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/
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V
\
LES
ARGONAUTIQUES
DAPOLLONIOS DE RHODES
«
OUVRAGES DU MEME AUTEUR:
SAVINE, Paris:
Le poète Louis Bouilhet, étude, in-i6, 1888.
HACHETTE, Paris:
Mythologie élémentaire des Grecs et des Romains, in- 16,
30 édition, 1892.
Contes mythologiques, in-80, 1891 .
GOUNOUILHOU, Bordeaux :
D. M. Ausonii Mosella, la Moselle d'Ausone, édition critique
et traduction française, in-40, 1889.
(Otnrage couronné ftir r Académit françaist .)
APOLLON lOS DE RHODES
ARGONAUTIQUES
TRADUCTION FRANÇAISE
De Noies critiques, mythologiques, géographiques et kisforiqu.-s
et de deux Index di's noms propres
H. DE LA VILLE DE MIRMONT
G. GOUNOUILHOU, EDITEUR J. ROUAM & C". ÉDITEURS
8, rue de Clicvcrui, B I i-i, rus du Kcider, i|
1802
A LA MÉMOIRE D'EMILE SOULE
2.5 avril iSsi* — iS mars i88g.
« G ma mère... les dieux distribuent
des maux imprévus aux mortels. Le
sort qu'ils nous envoient, quoique pro-
fondément affligée, aie la force de le
supporter... »
{ÀrgonauliqueSf Ch. I, v. 195-30O.)
PRÉFACE
'illustre philologue strasbourgeois,
Brunck, condamnait sans merci les
traductions des auteurs grecs; dans
une note de sa savante édition des
Argonautiques y il répétait, en lui
donnant son entière approbation,, un jugement
sévère de Ruhnken : c Mieux vaut ignorer les
auteurs grecs que de les connaître d'après une
version '. » Sans doute, l'éditeur des Argonautiques
faisait allusion aux traductions latines d'Hoelzlin et
de Shaw. Mais son arrêt semble avoir découragé
surtout les traducteurs français. Depuis l'édition de
Brunck, en effet, le poème d'ApoUonios a été mis en
latin par Beck (Leipzig, 1 797) et par Lehrs (Paris,
collection Didot, 1840), qui a reproduit à peu près
textuellement le travail de Beck; en allemand, par
Wilmann (Cologne, 1832); en italien, par Flangini
I . Verissimum est quod nuper Ruhnkenius professus est, melius esse
Graecos poetas ignorare, q%Mm ex versione cognoscere. (âpollonii
Rhodii ârgonautica. E scriptis octo veteribus libris quorum plerique
nondum collati fuerant nunc primum emendate edidit Rich. Fr. Phil.
Brunck, regiae Inscriptionum et Humaniorum Literarum Academiae socius.
Argentorati, apud socios bibliopolas Bauer et Treuttel. MDCCLXXX.)
— In librum IV Notae, v. 1 196.
Vai PRÉFACE
(Rome, 1 791-1794), par Rota (3c édit., Milan, 1864)
et par Felice Bellotti (Florence, 1873); ^^ anglais,
par Préston (Dublin, 1 803) et, tout récemment, par
Coleridge (Londres, 1889) ^ D'autre part, la France
ne possède encore que la vieille traduction de
Caussin 2, belle infidèle, dont la beauté est assuré-
ment contestable et qui, en tous cas, ne donne
qu'une idée très éloignée de l'original grec.
Cette très mauvaise traduction est à la fois le motif
et l'excuse de la mienne; si l'œuvre de Caussin eût
été bonne, je me serais gardé de la refaire, ou, du
moins, elle m'aurait peut-être permis de donner un
travail définitif fait d'après l'édition critique d'Apol-
lonios qui manquait à la fin du xviii® siècle et que
nous possédons aujourd'hui, grâce à R. Merkel 3.
Malheureusement, le livre de Caussin n'a pu
m'être d'aucune utilité. Occupé depuis plusieurs
années à la préparation d'une thèse qui paraîtra
bientôt, je l'espère, sous ce titre : Les Argonau tiques
d' Apollonius de Rhodes^ et leur influence sur V Enéide,
je me suis vu forcé de traduire moi-même pour mon
propre usage le poème que je voulais étudier.
Cette première traduction a été terminée en 1885.
1. Les Argonautiques avaient déjà été traduites eu allemand par
Budmer (Zurich, 1779). et en anglais par Burnaby Green (Londres, 178J),
et par Francis Fawkes (Londres, 178a).
2. L'Expédition des Argonautes ou la Conquête de la Toison d'or,
poème en quatre chants par Apollonius de Rhodes, traduit pour la pre-
mière fois du grec en françois p^r J,-J,- A. Caussin, professeur au collège
de France. A Paris, Tan V de la République française. — Les catalogues
de librairie indiquent, en outre, la traduction d'un fragment des Argonau-
tiques publiée chez Quantin, à Paris, en i832, sous ce titre : « Apollonius
de Rhodes, Jason et Mîdéj. Traduction et notices d'A. Pons. » Ji ne
connais pas ce volume.
PRÉFAC15 IX
M. Waltz a bien voulu demander ce travail à son
maître de conférences pour les Annales de la Faculté
des lettres de Bordeaux, qu'il dirigeait alors. C'est
ainsi que la traduction des quatre chants des Ar go-
nautiques et les notes qui accompagnent les deux
premiers ont paru dans nos Annales à partir de
Tannée 1886 4. Mais ce n'est pas seulement pour les
ouvrages satiriques dont parle La Bruyère que
c l'impression est l'écueil >. A mesure que la tra-
duction s'imprimait^ les défauts m'en apparaissaient
plus évidents et je reprenais le travail en sous-œuvre.
Les notes surtout me semblaient si médiocres que je
n'ai pas voulu publier celles qui avaient rapport aux
deux derniers chants.
Cependant, le nouveau manuscrit, corrigé quant
au texte, amélioré et considérablement augmenté
quant aux notes, était à peu près terminé à la fin de
1889, lorsque M. Gounouilhou, aussi bienveillant
pour ApoUonios que si c'eût été un concitoyen
comme notre Ausone, a eu la généreuse pensée
d'offrir aui Argonautiques cette flatteuse hospitalité
de sa belle Collection bordelaise qu'il avait déjà si
libéralement donnée à la Moselle s. Grâce à lui, le
3. ÂPOLLONii ÂRQONAUTICA cmendavit, apparatum criticum et pro-
legomena adiecit R. Merkél. Scholia- vetera « codice Laurentiano edidit
Henricus Keil, Lipsiae, Bumptibus et typis B. G. Teubneri, 1854, i vol.
ia-So de cxc-562 pàg-es. — Deux ans avant cette editio maior, Merkel
avait publié une editio minor, réimprimée en 187a, qui ne contient que le
texte, lequel a, d'au Heurs, été souvent et heureusement amendé dans le
volume de 1854.
4. Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, année 1886,
2« fascicule; année 1887, 3* fascicule; année 1889, pp. 234-282.
5. La Moselle d'Ausone, édition critique et traduction française,
précédées d'une introduction, suiviss de commentaires explicatifs et
//
X PRÉFACE
poème alexandrin se présente au public érudit avec
cette élégance et ce luxe typographiques qui ont
valu à l'éditeur de la Moselle une des plus hautes
récompenses décernées par le jury de l'Exposition
universelle en 1889.
Il ne m'appartient pas de décider si mon travail
méritait une pareille édition. Mais je dois expliquer
comment je me suis efforcé de le rendre digne du
poète que j'ai traduit et annoté, aussi bien que de
cette élégance elzévirienne qui convient si parfaite-
ment au talent alexandrin.
Pour ce qui est de la traduction, j'ai suivi fidèle-
ment le texte constitué par Merkel dans sa grande
édition critique de 1854. Je ne m'en écarte que pour
quatre passages où j'ai essayé d'améliorer les leçons
établies par le savant éditeur ' et pour un autre où
j'adopte une ingénieuse correction de M. Weil *. Rien
n'a été ajouté pour embellir l'original grec; aucune
longueur n'a été supprimée : l'exactitude précise a été
la loi de cette traduction. Sans doute, les hellénistes
pourront relever de nombreux contresens,* mais, du
moins, on ne me reprochera pas d'inexactitudes volon-
taires. A vrai dire, pour ce qui est des noms propres,
je n'ai pas poussé à l'extrême le respect absolu du
mot, comme le fait Leconte de Lisie dans ses traduc-
ornées d'une carte de la Moselle et de fac-similés d'éditions anciennes.
Bordeaux, Gounouilfaou, 1889. (Ouvragée couronné par l'Académie fran-
çaise, prix Jules Janin, 1890.) — Ce livre complète ma thèse latine, 2>é
Ausonii Mosella, comme le présent ouvrage est le complément nécessaire
de ma thèse française.
I . Chant I*r, V. 566 ; III, 847; IV, 289 et 308. — Voir celles de mes notes
qui concernent ces vers. On trouvera les corrections que j*ai tentées à
propos de ces divers passages des Argonautiques exposées avec plus de
PRÉFACE XI
tions des grands poètes grecs. Je dis bien Zeus çt
Héra et non Jupiter etjunon; car Jupiter et Junpn,
divinités latines qui ressemblent assez peu à Zeus et
à Héra, n'ont rien à faire dans la traduction d'un
poème grec. Mais je n'ai pu me résoudre à écrire
lésoft, Médéia, Polydeucès : les noms de Jason^ de
Médée^ de PolluXy sont consacrés par l'usage. Quant
aux inconnus, je les laisse tels que je les trouve dans
le texte : j'écris Pelée et non PéleiiSy car tout le
monde connaît le père d'Achille ; mais j'admets, sans
le traduire, le nom de NycteuSj que tout le monde
ignore. C'est évidemment une anomalie, mais qui a
des précédents dans l'usage français. Ne disons-nous
pas Horatius Codés et le poète Horace, Livius
Andronicus et Tite-Live^ Valérius Flaccus et Valére
Maxime^ le tribun Tibérius Gracchus et l'empereur
Tibère?
En même temps que le texte des Argonautiques ,
j'ai cru devoir traduire aussi, du moins dans leurs
parties essentielles, les scolies qui accompagnent le
poème d'ÂpoUonios. Il ne faut pas s'exagérer le
mérite de ces scolies : elles sont souvent oiseuses
ou absurdes 3, mais elles nous donnent aussi de nom-
breux fragments d'auteurs anciens qu'on ne trouve
développements dans la Revue des Études grecques (189 1, fascicule de
juillet-septembre, pp. 30 1 -3 1 3) .
2. Chant UI, v. 745.
3. Voir, par exemple, une étymolog^e citée dans la note au vers 292 du
Chant I*'.— J'ai laissé de côté beaucoup d'autres puérilités de même ordre :
car je ne prétends pas donner une traduction complète des scolies ; je
me contente d'en extraire les renseignements utiles pour l'inteUigence et
le commentaire du texte d'ApoUonios.
XII PREFACE
pas ailleurs. Elles m'ont servi quelquefois à éclaircir
le sens des passages qu'elles commentent; discutées
et complétées, elles m'ont donné la plus grande partie
des notes qui se trouvent à la suite de la traduction.
Ces scolies ont leur histoire qu'il faut rappeler
rapidement. Jean Lascaris les a publiées dans l'édi-
tion princeps des ArgonauHques (Florence, 1496).
Les éditeurs d'ApolIonios qui ont imprimé les scolies
se sont contentés, pendant trois siècles, de repro-
duire telle quelle la recension de Lascaris, sans se
donner la peine de recourir au manuscrit. D. Ruhn-
ken, le premier, ayant trouvé dans le Parisinus
2727 des scolies notablement différentes de celles
que le premier éditeur avait publiées, jugea bien
supérieur au commentaire plusieurs fois réimprimé
ce commentaire nouveau qui avait à ses yeux le
double mérite d'être inédit et d'avoir été découvert
par lui. Schaefer a publié ces scolies parisiennes, en
même temps que celles de Lascaris, dans le second
tome de la nouvelle édition des Argonautiques de
Brunck qu'il a donnée en 18 13 ». Wellauer, après
lui, a également admis les deux séries de scolies, les
Florentines et les Parisiennes : mais au lieu de les
donner à la suite l'une de l'autre, comme Schaefer,
« ita ut eadem pleraque bis legenda sint 2, > il a
essayé de les fondre et d'en faire un tout complet.
1. Afollonii Rhodii Argonautica; ex recensione et cum notis
Rich. Fr. Phil. Brunckii. Editio nova, auctior et correctior. Accedunt
Scholiagraecaezcodice Biblioth. Impérial. Paris., nunc primum evulgata.
Lipsiae, apud Gerh. Fleischer Jun. Toraus I, 1810; Tomus II [celui qui
contient les scolies]^ i%\Z'
2. Apollomii Rhodii Argonautica. Ad ûdem librorum manuscrip-
PRÉFACE XIII
Henri Keil, qui a publié les scolies à la suite de
l'édition de Merkel, n'avait pas les motifs personnels
qui poussaient Ruhnken à s'enthousiasmer pour le
manuscrit de Paris. Il a jugé, sans doute, qu'il était
peu scientifique d'imprimer à la suite l'une de l'autre
deux séries de scolies qui font souvent double
emploi et peu nécessaire de tenter de les combiner.
Il a préféré prendre la peine d'examiner les manus-
crits. Cet examen l'a convaincu que les scolies de
Paris, comme celles de Florence, procèdent du Lau-
rentianus, XXXII, 9. L'archétype étant le même, les
variantes, souvent considérables, des deux recen-
sions sont le fait des copistes qui d'un même ouvrage
en ont fait deux par les additions et les suppressions
qu'ils se sont permis d'opérer sur le texte original.
Keil a donc donné le texte des scolies qu'il trouvait
dans le Laurentianus^ en le corrigeant, en le débar-
rassant surtout de certaines remarques puériles qui
sont évidemment des interpolations de date récente 3.
C'est la recension de Keil que j'ai traduite, en
supprimant beaucoup d'inutilités qu'il avait épar-
gnées, et que je n'avais aucune raison de conserver
dans un travail qui ne prétend pas être une traduc-
tion complète des scolies.
Quels sont les érudits auxquels le compilateur a
emprunté la matière de ses notes? La dernière remar-
tonim et editionum antiquarum recenauit, integram lectionis varietatem
et annotationes adiecit, scholia aucta et emendata indicesque locuple-
tissimos addidit Augustus Wellauer. Lipaiae, sumtibus et typis B. G.
Teubneri, MDCCCXXVIII. [Deux volumes in-8«; le second contient les
scolies.] — Vol. I, Praê/citiOf p. ix.
3. H. Keil, Praefatiot pp. 299-301 de l'édition Merkel.
XIV PREFACE
que qui termine le9 scolies du Laurentiantts nous
rapprend, en même temps qu'elle nous donne une
preuve de la puérilité de ce compilateur i : au lieu
d'un renseignement banal sur Tarra, il aurait mieux
fait de nous indiquer ce qu'il doit à chacun des trois
philologues dont il cite les noms: Lucillus de Tarra»
Sophocle et Théon. Mais il ne nomme Lucillus
que quatre fois, et toujours dans les scolies du
Chant I" 2 j Sophocle, qu'une seule fois, également
dans les scolies du Chant ?' 3. Quant à Théon, il
n'en parle jamais.
Stender 4 a essayé de conjecturer quelle part
revient à Théon et à Sophocle dans la compilation
qui nous est parvenue. Je me borne à résumer ses
conclusions. Stéphane de Byzance dit que Théon
a commenté Lycophron et Nicandre : Stender en
conclut que l'on doit à Théon celles des scolies
qui ont trait aux légendes d'Étolie dont Nicandre
s'est occupé et aux mythes dont il est à la fois
question dans Lycophron et dans Apollonios.
Stéphane de Byzance cite souvent l'autorité d'A-
poUonios à propos de certains noms géographiques ;
plusieurs notes géographiques des scolies sont à peu
près textuellement reproduites par Stéphane, qui
I. Voir ma note au vers 1781 du Chant IV.
3. Voir mes notes aux vers 186, 1040, 1 165 du Chant I*r. Le compila-
teur reproduit aussi l'explication que Lucillus donnait du vers 1 083 de ce
Chant.
3. < Au dire de Sophocle, Déilochos fait mention de ceux qui ont été
tués. > (Scolie au vers j 039 du Chant I*!*.)
4. Stender, de Argonautarum ad Colchos usque expeditione fabulae
historia crUica, Kiliae, 1874; 68 p. in-S». ~ C'est dans les pagres 13-18 que
Stender traite la question des Scoliastes originaux des Argonautiques. Sa
dissertation ne me semble pas définitive. Je compte revenir ailleurs sur cette
PREFACE XV
dit se fonder sur Sophocle : Stender en conclut que
toutes ces notes des scolies sont dues à Sophocle»
Enfin, le compilateur citant Déilochos d'après So-
phocle (scolie au vers 1039 ^^ Chant I"), les douze
citations de Déilochos qu'on trouve dans le Lauren-
tianus viendraient des scolies de Sophocle.
En outre des trois Scoliastes originaux nommés à
la fin du Laurentianus y Stender admet l'existence
d'un quatrième, Eirénaios. Il est parlé de ce dernier
dans la scolie au vers 1299 du Chant P*^, à propos du
sens que ce philologue donnait du mot \(iXv^% dans
le livre IV de son ouvrage sur ApoUonios. Il est
aussi question des travaux d'Eirénaios sur les-
Argonautiques dans les scolies aux vers 127, 992
et TOI 5 du Chant Ils. Stender estime, comme
Weichert^, qu'il ne faut pas mettre Charès et Aristo-
phane au nombre des Scoliastes primitifs d'Apol-
lonios ; il est question dans les scolies de Charès 7 et
d'Aristophane 8 ; mais le passage qui a rapport à
Charès ne donne pas à entendre qu'il ait composé
des scolies sur les Argonautiques, et Aristophane
est cité seulement à propos du sens qu'il attribue au
mot èpet'xaXxoç. Rien ne prouve que la note sur ce mot
se trouve dans un ouvrage consacré au poème
question dont l'étude serait hors de propos dans la préface de ma traduction.
5. Voir mes notes au vers 992 et 1 o 1 5 du Chant H. — Weichert s'occupe
d'Eirénaios ainsi que des autres Scoliastes des Argottautiques dans le
Chapitre lU, p. 390-399. de son ouvrage sur ApoUonios : Ueber dos Leben
und Gedicht des Apollonius von Rhodus. Eine historisch-kritische
Abhandlung von M. August Weichert... Meissen, bei Friedrich Wilhelm.
Goedsche, 1821.
6. Weichert, ouvr. cité, p. 391-393.
7. Voir ma note au vers 1 05 du Chant II.
8. Voir ma note au vers 973 du Chant IV.
XVI PRÉFACE
d'Apollonios. Enfin, comme Suidas fait mention
d'un 6ri|jLVT;;jLa sur Apollonios composé par Hypathia,
laquelle était fille d'un certain Théon, Stender
conjecture que le père d'Hypathia n'est autre que le
Théon cité par le compilateur du Laurentianus
parmi les Scoliastes originaux des Argonautiques ;
il admet, en outre, que l'Apollonios dont Hypathia
s'est occupée est Apollonios de Rhodes. Ces conjec-
tures peuvent sembler ingénieuses, mais il est aussi
difficile d'en admettre que d'en prouver la justesse.
Merkel, d'autre part, met avec assez de vrai-
semblance un certain Méthodios au nombre des
premiers Scoliastes d'ApoUonios. Le savant éditeur
des Argonautiques fait remarquer, en effet, dans les
Prolegomena ^ de son édition, que les auteurs de
V Etymologicunt magnum citent souvent les scolies
d'ApoUonios ; en général, ces citations se rapportent
mal aux scolies que nous connaissons : elles doivent
avoir été faites d'après une recension antérieure à
celle que le Laurentianus nous a transmise. Or, le
principal rédacteur de V Etymologicum magnum
semble être un érudit nommé Méthodios, dont le
nom se trouve, en effet, cité à la suite des remarques
les plus importantes du recueil. Merkel est donc
fondé, sinon à mettre Méthodios au nombre des
Scoliastes primitifs, du moins à prétendre que ce
I . Pages LX et suivantes.
a. Scolies aux vers 156, 824 du Chant I"; 296 du Chant U. ~ Voir mes
notes aux vers 156 du Ch. I*' et 296 du Ch. U.
3. Voir les Fragmenta Historicorum Graecorum (édit. Didot).
4. Voir Pherecydis Fragmenta e variis scriptoribus collegit, emendayit,
illu8travit...Fridericus Guilielmus Sturz.Editio altéra, aucta et emendata
PREFACE XVII
philologue reproduit, mieux que ne fait le compi-
lateur du Laurentianus , la tradition des plus anciens
Scoliastes des Argonautiques .
On le voit : pour être meilleure que la recension
du ParisinuSy celle du Laurentianus est encore fort
sujette à caution. Si Ton admet que Lucillus,
Sophocle et Théon étaient des philologues érudits
et consciencieux, on doit reconnaître que le compi-
lateur anonyme du Laurentianus a fort mal usé de
teur travail original; il l'a mutilé mal à propos,
encombré d'inutiles interpolations, dénaturé par
des changements de tout genre, accumulant les
remarques ridicules, juxtaposant les observations
contradictoires. Mais il a le mérite de nous donner
des fragments d'auteurs anciens qui, sans lui, seraient
restés inconnus : quelques vers d'Hésiode^, beaucoup
de fragments des historiens grecs perdus 3, une
grande partie des renseignements mythologiques
contenus dans ces livres de Phérécyde, qui seraient
si utiles pour essayer une histoire de la science
mythologique en Grèce entre l'époque d'Homère et
d'Hésiode et celle d'Apollodore4. Enfin, il ne faut
pas l'oublier, c'est grâce aux scolies du Laurentianus
seules qu'c une indiscrétion de Mnaséas nous a révélé
les noms mystiques de trois des Cabires de Samo-
thrace »5.
Lipsiae, sumtu Cnoblochii, do lo CGC XXIV. — Sur les 8i fragmenta
de Phérécyde que Sturz a publiés, 33, et parmi eux quelques-uns des
plus importants (voir, par exemple, mes notes aux vers 1091, 139^ et 15 15
du Chant IV), lui ont été fournis par les scolies des Argonautiques,
5. Decharme, Mythologie de la Grèce antique ^ 2' édition revue et
corrigée, Paris, 18S6, p. 270. — Voir ma note au vers 917 du Chant I".
XVIII PRÉFACE
Les parties essentielles de ces scolies méritaient
donc d'être traduites. Mais elles ne pouvaient me
servir uniquement pour établir le sens des passages
difficiles du poème et pour en annoter l'ensemble.
J'ai donc eu recours aux éditions : celle de Merkel^
dont je traduis le texte, a des notes excellentes
mais trop rares; son commentaire est critique et
non exégétique'. Brunck, le premier éditeur cri-
tique d'Apollonios, cite sept éditions des Argonau-
tiques qui ont précédé la sienne : c Florentina^
Aldina, Parisina, Brubachii, Basileensis, Stephani
et Hoeltzlini (sic)^. » Toutes ces éditions sont diffi-
ciles à trouver, dit Brunck, et généralement mau-
vaises; mais la pire est celle de Hoelztlin: c'est la
seule que je connaisses.
J'emprunte à Beck4 les indications suivantes sur
les premières éditions d'ApoUonios :
L'édition princeps est la Florentine de 1496, qui
contient les scolies en marge du textes.
La seconde est l'Aldine c Venetiis, in aedibus
Aldi et Andreae soceri, mense aprili MDXXI >.
C'est un petit in-S** qui contient le texte, puis les
scolies. La Préface est due à Franciscus Asulanus
qui dit avoir eu pour collaborateur Hercules Man-
tuanus.
1 . Merkel a le mérite, peu commun dans l'Allemagne contemporaine,
de ne pas injurier l'érudition française ; il ne l'attaque qu'une seule fois
et, d'ailleurs, cette unique accusation tombe à faux. — Voir ma note au
vers 945 du Chant IV.
2. Brunck, édit, citée, Avis au Lecteur» p. m.
3. Apolloniirhodii argon auticorum libri IVabJeremia Hoelxlino
in Latinum conversi ; commentario et notis, illustrati, emaculati ; scholiis ad
carmina numerato additis concinnati. Commentarius in verborum etrerum
PREFACE XIX
La troisième est l'édition parisienne de i54t, in-8**,
sans scolies.
La quatrième est l'édition de Francfort, in-8°:
€ Francoforti (sic), ex officina Pétri Erubachii. Anno
Dom. MD.XLVL * A la suite de l'exemplaire de
Beck se trouvait un exemplaire de la première
traduction latine des Argonautiques : c Apollonii
Rhodii Argonauticorum libri quatuor nunc pri-
mum latinitate donati atque in lucem editi. loanne
Hartungo interprète. Basileae M. D. L., mense
Februario.»
La cinquième est l'édition de Bâie avec les scolies
à la suite du texte, in-8°, 1572. Le même volume
comprend une traduction en vers latins due à
€ Valentinus Rotmarus, Salisburgensis >, et imprimée
dès 1570.
La sixième est celle d'Henri Estienne, Genève,
1574, contenant, avant le texte dont la marge ren-
ferme les scolies, une préface où sont discutées
plusieurs questions ayant trait aux scolies aussi
bien qu'au poème, et, à la fin du volume, un certain
nombre de conjectures.
Beck mentionne enfin une édition dont Brunck
ne parlait pas : c'est le Corpus Poetarum Graecorum,
Genève, 1606, in-folio, où Jacobus Lectius a inséré
Indicem contractua. Lugd. Batavorum ex Officina Elzeviriana. Anno cl3 Idc
XLI. — Il faut remarquer que Brunck travestit en Hoeltelinus le nom de
réditeur qui signe lui-môme son Epiatola dedicatoria c Jeremias Hoelzlin >.
4. Apollonii khodii argonauticorum libri quatuor. Graece
cum versione lat.,8cholii3 g^rr., commentario, indicibus ediditChristianus
Daniel Beckius. Volumen primum. Lipsiie, apui E. B. Schwickertum,
cIO ccXcVII. Praefutio, p. xi et suiv.
5. Voir plus haut, p. xii.
XX PRÉFACE
le texte des Argonautiques avec l'interprétation
latine de Hartung.
Brunck est très dur pour l'éditeur de Leyde; il
parle avec mépris des ienebrae Hoeltzlinianae » ; il
est d'accord avec D. Ruhnken qui le qualifiait de
futilissimus hominuniy de tetrictis et ineptus ApoU
lonii comtneutator ; il l'attaque sans cesse et ne loue
de lui qu'une seule correction : c Quot culpas
bona illa emendatio redemerit aliis decernendum
relinquo^!» Plus tard, Caussin, qui, semble-t-il, n'a
pourtant le droit de mépriser personne, raille le
fatras des notes d'Hoelzlin : c II suffit de lire la
première, dans laquelle il cite successivement les
Actes des Apôtres, la comédie des Grenouilles
d'Aristophane, le livre I** des Rois^ YÉnéide de
Virgile, Oppien et plusieurs mots hébreux3. >
Assurément, Hoelzlin explique souvent obscurum
per obscur ius; mais il s'est efforcé de donner une
version latine meilleure que celle de ses prédé-
cesseurs4. L'éditeur de Leyde est un polymathe,
et l'on sait ce qui advient à un homme € que l'esprit
de polymathie commence à agiter >5. Mais Caussin
aurait pu lire les notes de Hoelzlin et consulter sa
traduction latine ; cela lui aurait évité quelques con-
1 . Brunck, édit. citée, note au vers 1 057 du Chant IV.
2. Brunck, édit, citée, note au vers 1500 du Chant IV. — Tout en
jug^eant cette correction de Hoelzlin admissible, Merkel ne l'adopte pas :
c [IV,] 1501, (xup6|xevoi- xà 8à {irjXa: Hoelzlinus, fort, rêcte. 9
3. Caussin, ouvr. cité, Préface, p. ay.
. 4. Hoelzlin, édit citée, Epistola dedicatoria, p. xix : « Latinam inter-
Pretationem, qua vix insulsius quid editum putem, mea suhstituenda
abolevi, >
5. Malebranche, Recherche de la vérité, IV, 7.
PREFACE XXI
tresens. Quant à moi, cette vieille interprétation et
ces notes encombrées d'inutilités m'ont souvent servi.
J'ai également tiré quelque profit d'une édition
que Brunck ne daigne pas compter au nombre de
celles qui ont précédé la sienne : l'édition de Shaw^.
Voici en quels termes il la juge : < In editionum
Apollonii censunt referri non meretur Baiavae
repetitiOy quae unie hos très annos Oxonii prodiit
cura Joannis Shaw, Artium magistri. Qui pri-
mam tantunt praefationis paginant legerity statim
arbitratus fuerity eximium forte in ceteris artibus
Magistrum, in arte Graecos poetas edendi Shawium
illunt ne tironeni quidem esse. De ejus in Apollonium
meritis quid censeam in notis abunde declaravi 7. i
En effet, les injures à l'adresse de Shaw abondent
dans les notes de Brunck : si Hoelzlin était un Alle-
mand peu érudit qu'on avait fait venir à Leyde pour
être helléniste, nteliorum doctorum penuria, — tout
comme on avait fait venir Petit-Jean d'Amiens, pour
être Suisse — Shaw, l'ignorant magister Oxoniensis,
est, à en croire Brunck, le dernier des ignorants; il
a déshonoré ApoUonios : « Dijudica an de literis
bene meritus sit artium ille magister^ quod tant
putida versione Apollonium infamem fecerit^! »
6. Apollonii Rhodii Asgonauticosum libri quatuor. Edidit,
nova fere interprétât! one illustravit, priorum editorum notas praecipuas
seleg^t, Sanctamandi nunquam prius edîtis nonnullaa suas adjecit, nec non
indices très addidit Johannes Shaw, A. M., Coll. Beatae Mariae Magda-
lenae apud Oxonienses socius. Oxonii, e typographeo Clarendoniano,
MDCCLXXVII. — a vol. gr. in-4*.
7. Brunck, édit. citée, Avis au Lecteur, p. iv.
8. Brunck, édit. citée, note an vers 1403 du Chant IV, — Jugé très
sévèrement par un des collaborateurs de la Bibliotheca Critica AmstelO'
XXII PRÉFACE
Le texte de Shaw n'est qu'une médiocre réim-
pression ; sa traduction n'est pas aussi nouvelle qu'il
le prétend; le choix des notes des éditeurs précé-
dents n'est pas très heureux ; celles qu'il a tirées de
son fonds sont assez piaigres. Toutefois son travail
n'est pas sans utilité; il ne mérite pas toutes, les
lourdes railleries de Brunck.
Il est assez curieux que les principaux éditeurs des
Argonautiques semblent, parmi tant de héros bien-
veillants et polis qu'Apollonios nous présente, avoir
voulu choisir pour modèle Idas, qui fait tache au
milieu des Argonautes. Comme le fils d'Aphareus
ils sont «irrités et injurieux »i. Ils montrent à
l'endroit de leurs prédécesseurs la même férocité
dont les guerriers, nés des dents du serpent, sont
animés les uns contre les autres : « Quant aux
guerriers, semblables à des chiens impétueux qui se
sautent dessus mutuellement, ils se déchiraient en
hurlant*. » Hoelzlin déchirait ses prédécesseurs qui
avaient, dit-il, donné d'Apollonios une traduction
latine insensée; Shaw déchirait Hoelzlin, dont il
condamnait la traduction comme incompréhensible
et les notes comme stupides. Brunck, plus tard,
déchirait à la fois Hoelzlin et Shaw; Wellauer, qui
a procuré une bonne édition d'Apollonios3 quarante-
damensts (vol. i, p. III. p. 113) qui lui reprochait de ne pas avoir consulté
les travaux de Pierson* de Ruhnken, etc., Shaw donna, en 1779, en deux
volumes in-S^, une nouvelle édition de ses Argonautiques, augmentée
des remarques de ces érudits. Je ne connais pas ce dernier ouvrage qui,
au dire de Flangini (voir plus loin, p. xxiv, note 3), ne constituait pas un
progrès sérieux sur la première édition.
1 . Argonautiques, Ch. I", v. 492,
2. Argonautiques, Ch. III, v. 1 373-1 374-
PREFACE XXIII
huit ans après celle de Brunck, épargne peu l'éditeur
de 1780 et traite fort mal ceux qui ont réimprimé les
Argonautiques entre 1780 et 1828.
Pour ce qui est de Brunck, il lui reproche d'avoir
laissé subsister beaucoup de fautes et aussi d'en
avoir ajouté beaucoup, de s'être laissé aller, malgré
sa sagacité, à un goût démesuré pour les correc-
tions, et d'avoir souvent gâté le texte par suite de la
trop grande confiance qu'il accordait aux manuscrits
dont il avait, le premier, fait la collation 4. Les
critiques de Wellauer sont justes : je n'ai pas à
m'occuper du texte constitué par Brunck, puisque
ma traduction est faite sur celui de Merkel; mais je
dois remarquer que l'éditeur de 1 780 veut corriger à
tout prix, et que, dans bien des cas, le ton tranchant
de la note est impuissant à justifier l'audace de la
correction, qui y est plutôt imposée qu'indiquée.
Très grossier à l'endroit de ses prédécesseurs,
Brunck affecte la manière de Scaliger, traitant,
comme lui, d'absurdes des leçons qu'il ne se donne
pas la peine de comprendre 5. D'autre part, les notes
de l'édition de 1780 abondent en rapprochements
précieux et en explications ingénieuses. Elles m'ont
été très utiles pour comprendre et pour commenter
les Argonautiques,
3. Voir p. XII, note 3.
4. Wellauer, édit. citée ^ Praefaiio, pp. iii-iv: * Mendosa muHa
relicta, multa illata... Sagracissimus ceteroquin poetarum emendaior
saepe tatnen emendandi pruritu se ultra quam par erat, abripi passus
est, saepe ex legibus metricis et grammaticiSt a se ipso perperam
scriptis, locos sanissimos corrupit, saepe codicibus suis propterea, quod
a se primum collati erant, nimiamfidem habuit. »
5. Voir, par exemple, ma note au vers 1521 du Chant IV.
XXIV PREFACE
Wellauer insiste peu sur lessucesseurs de Brunck :
c Quutn enim très post Brunckiunt exorti sint Apol^
lonii editores, Flanginius, Beckius, Hoerstelius,
omnes novis ad textum entendandum copiis iftstructi,
niUltis tatnen eorum iis uti aut potuit, aut volnit, »
De ces trois éditeurs, c'est le dernier, Hoerstel, que
Wellauer traite le plus durement : c Hoerstelium
plane silentio praeterire licet quent ligna potins
scindere quam Apollonititn edere oportebatK > Boileau
disait avec plus d'atticisme :
Soyez plutôt maçon, si c'est votre talent.
Je n'ai pu me procurer l'édition d'Hoerstel, qui,
au dire de Weichert *, ne serait pas sans mérite.
Quant à la publication de Flangini, c'est une
monumentale édition variorum qui comprend une
traduction en vers italiens en regard du texte de
Brunck, avec des notes abondantes au bas des pages
et des Observazioni très développées à la suite de
chaque Chant 3. Elle m'a assez souvent servi pour la
rédaction de mes notes.
J'ai déjà cité l'édition de Beck4 : je lui dois les
renseignements que j'ai donnés sur les premières
éditions. La Préface de l'éditeur de 1797 est surtout
1. Wellauer, édit. citée, PraeJatiOy p. m et iv.
2. Weichert, ouvr. cité, p. 42a : « Nicht ohne Verdienst ist die Ausgabe
von Hôratel, Braunschweig^, 1807, in-80. »
3. L*Argonautica di Apollonio Rodio, tradotta, ed illustrata.Tomo
primo. In Roma MDCCXCI. — Totno secondo. In Roma MDCCXCiV.
[Deux vol. in-40 de XL-434 et xzvui-532 pages.] C'est aux pages xx-xxi
de la Préface du premier volume que se trouve l'opinion de Flangini sur
la deuxième édition de Shaw, opinion que j'ai citée, note 8 de la page xxi.
4. Voir la note 4 de la page xix.
PREFACE XXV
consacrée à des renseignements bibliographiques :
plus de six pages (pp. xviii-xxiv) sont employées à
une minutieuse description de l'édition de Flangini.
Beck expose aussi le plan de l'ouvrage qu'il publie
lui-même : son texte est à peu près celui de Brunck,
son interprétation latine, une refonte de celle de
Shaw ; son Index verborum est celui du même Shaw
corrigé, complété et disposé dans un meilleur ordre.
Enfin, un second volume devait contenir les scolies
et un double commentaire critique et explicatif : ce
second volume n'a jamais été publié. La traduction
latine de Beck m'a souvent servi.
Wellauer ne cite pas l'édition de Schaefer, dont
j'ai déjà parlé à propos des scolies s et qui ne pouvait
m'être d'aucune utilité, puisqu'elle ne donne qu'une
simple réimpression du texte et des notes de Brunck.
Uédition même de Wellauer^, qui corrige avec raison
et dans bien des endroits le texte de Brunck, m'a été
utile, surtout par ses notes abondantes qui fixent
avec précision le sens de beaucoup de passages
difiiciles. Elles donnent aussi de nombreux extraits
de la dissertation de Ruhnken sur Âpollonios, que
je n'ai pu me procurer?.
On trouvera assez fréquemment dans mes notes
5. Voir p. XII, note i .
6. Voir p. zu, note a.
7. Dav. Ruhnken, Epistola critica in Callimachum et Apollonium
Rhodium, Leidae, 1752. —Je ne connais que de nom les dissertations
suivantes : J. F. Facius, Epistola critica in aliquot Orphêi et Apollonii
Rhodii loca, Erlangae, 1 772 ; Spitzner, Observationes criticae in ApoU
lonii Rhodii Argonautica, Wittemberg-ae, 181 o. — J*ai pu, du moins,
consulter le précieux travail de Gerhard : Lectiones Apollonianae, acripsit
Eduardus Gerhardus. Lipsiae apud Gerhardum Fleischerum lun., 18 16.
XXVI PREFACE
des citations de F. Diibner qui n'a publié cependant
ni édition d'ApoUonios ni dissertation sur les
Argonautiques . Ce sont des remarques inédites
dont je dois communication à Tobligeance de
M. Dezeimeris. Diibner devait donner dans la
collection Didot une recension des scolies qui n'a
jamais paru : M. Dezeimeris possède la mise en
pages des scolies parisiennes sur les vers 1-224 du
Chant P"" corrigées de la main de Diibner. Le savant
philologue avait sans doute commencé par revoir le
texte avant de s'occuper des scolies; car M. Dezei-
meris m'a confié un exemplaire interfolié de l'édition
Tauchnitz d'ApoIlonios (Lipsiae, 18 19) dont les
feuilles blanches, aussi bien que les marges du texte
imprimé, sont couvertes de notes critiques et expli-
catives rédigées par DQbner tantôt en latin, tantôt
en allemand. J'ai usé de ces notes avec la plus
grande réserve; d'abord, elles sont très souvent
illisibles; ensuite, il y a, semble-t-il, quelque inutilité
et même quelque indélicatesse à publier des notes
qui ont été rédigées pour un usage personnel et qui
n'étaient pas destinées à la publicité. Ici Diibner
copie ou résume les remarques de ses prédécesseurs ;
là, il écrit des observations sans utilité ou sans
valeur qu'il aurait évidemment fait disparaître s'il
avait imprimé son travail. Il est à. regretter que le
I. Hesiodi Carmifui, Apollonii Argonautica,,, Graece et latine cum
indicibus nominum et renim edidit F. S. Lehrs... Parisiis, Editore
Ambrosio Firmin Didot... MDCCCXL.
a. Lehrs, édii. citée^ Praefatio, pp. vi-vii.
3. Lehrs, édit, citée^ Prae/aliOt p. zv : « Indicibus nominum et rerum,
quos singulis auctoribus subiunxintus locuf^letissimost leciorum commodo
PRÉFACE XXVII
commentaire ébauché et la recension desscolies, dont
rimpressîon était commencée, n'aient pas paru. II est
encore plus regrettable que l'édition d'Apollonios
dans la collection Didot n'ait pas été confiée à
Dtibner, plutôt que d'être abandonnée à Lehrs, dont
le travail est absolument sans valeur». L'éditeur
de l'Apollonios- Didot reconnaît qu'il a presque
toujours suivi le texte de Wellauer»; mais il ne dit
pas qu'il a reproduit à peu près textuellement la
version latine de Beck, et il surfait singulièrement
le mérite de son Index nominum et rerunt^. Plusieurs
noms propres sont omis4; quelques confusions géo-
graphiques sont étrangess. Enfin, dans le texte,
comme dans la traduction et dans l'Index, les fautes
d'impression abondent : cette édition, on le voit,
n'a pu m'être d'aucune utilité.
Depuis Merkel, le texte d'Apollonios n'a fourni la
matière d'aucune édition ni d'aucun travail d'en-
semble. Le seul ouvrage magistral qui ait été
consacré à la poésie alexandrine, le beau livre de
M. Couat ^, indispensable pour quiconque essaie une
étude sur quelque poète du Musée, ne pouvait me
donner grand secours pour le détail des notes.
Quant aux morceaux des Argonautiques traduits
dans le chapitre de la Poésie Alexandrine qui est
nos optime consuluisse eorumque approhationem meruisse confidimus.*
4. Il suffit de citer romission des noms suivants : TepaiaTo;, III» 1240;
•Ep'j^toTrjÇ. I, 71 ; eifii;, IV, 800; Kà).irr,;, II, 659; '0Tpr,j>;^, II, 387, etc.
5. Voir, par exemple, ma note au v. 131 du Ch. IV.
6. La Poésie Alexandrine sous les trois premiers Plolémécst
Paris, 1882.
XXVIII PRÉFACE
consacré à Tétude d'Apollonios, j'ai évité de repro-
duire le travail de M. Couat : le lecteur y perdra,
mais je crois que Tunité de la traduction y gagne.
J'ai usé assez souvent des remarques sur ApoUo-
nios rédigées par H. van Herwerden'. Je dois une
des rares corrections que j'ai apportées au texte de
Merkel à un article de mon ancien maître de confé-
rences à l'Ecole Normale, M. H, Weil^.
Quant aux notes qui forment plus de la moitié de
ce volume, le lecteur reconnaîtra que je ne les ai pas
seulement empruntées aux scolies, aux éditions et
aux travaux critiques qui viennent d'être énumérés.
Pour la mythologie, on verra cités à chaque page, à
côté de la Bibliothèque d'Apollodore, les ouvrages
contemporains de Preller et de Decharme. Pour
l'histoire, qui, dans un commentaire des Argonau-
tiques y se confond généralement avec la mythologie,
les Fragmenta Historicorum Graecorum de la collec-
tion Didot ont été mis le plus souvent à contribution.
L'œuvre célèbre de Strabon a été la base de mes
notes géographiques; j'ai aussi beaucoup emprunté
pour le commentaire de la navigation des Argonautes
sur le Pont-Euxin aux divers Périples de la Mer
Noire insérés dans les Geographici Minores de la
collection Didot.
Je dois enfin une mention toute spéciale à l'excel-
lente étude de M. Cartault, la Trière Athénienne^ qui
I. H. van Herwerden, ad Apollonii Argonautica (Mnemosyne, 1883).
a. H. Weil, Revue de Philologie, année et tome XI, 1887, p. 5 et suiv.
— Voir ma note au vers 745 du Chant lU.
3. Voir mes notes aux vers 368-370, 393, 565, 733 du Chant I«', etc.
PRÉFACE XXIX
m'a servi aussi bien à expliquer les termes nautiques,
si fréquents dans le poème d'ApoUonios, qu'à com-
pléter les renseignements et à corriger les erreurs du
Scoliaste. Le travail de M. Vars, l'Art nautique dans
l'Antiquité, m'a été beaucoup moins utile. M. Vars
cite souvent ApoUonios, d'ailleurs sans exactitude,
et ses explications sont en général inadmissibles 3.
Mon livre se termine par deux Index qui occupent
plus de soixante-six pages à deux colonnes. Le pre-
mier contient près de huit cent cinquante noms
propres qui se trouvent à la fois dans le texte et
dans les notes; le second, plus d'un millier de noms
mythologiques, historiques et géographiques qui
ne sont cités que dans les notes. La confection de
ces deux Index a été très laborieuse; je n'ose affir-
mer qu'ils soient complets: ils pourront servir du
moins à contrôler les contresens de ma traduction
et les erreurs de mes notes4.
Je n'ai pas jugé utile de faire un Index des auteurs
cités, qui aurait demandé un grand nombre de pages
et offert peu d'utilité. Il m'aurait d'ailleurs fallu
mentionner Alfred de Musset (dont il est question
incidemment dans la note au vers 65 du Chant P') à
côté de Phérécyde ou de Mnaséas : cette disparate
entre des noms si divers donnerait, semble-t-il, un
caractère peu scientifique à un catalogue qui les
rapprocherait.
4. Dans le second Index, je cite bien les personnages de Tépopée et
de la tragédie qui ont une existence historique ou mythologique : mais j*ai
laissé de côté les noms de fantaisie : par exemple, le Thrason de Térence,
dont il est question dans la note au vers i88 du Chant III.
XXX PREFACE
Tels sont le plan et le contenu de ce volume qui
m'a coûté beaucoup de temps et de travail. J'espère
que ce temps n'a pas été tout à fait perdu et que ce
travail ne sera pas absolument inutile. Je ne me suis
pas laissé décourager par l'assertion pessimiste de
Brunck : non, il vaut mieux connaître les auteurs
grecs par une traduction consciencieuse que de les
ignorer tout à fait. Les poètes alexandrins surtout
méritent l'intérêt des lecteurs français. M. Couat a
écrit sa Poésie Alexandrine pour répondre à l'appel
déjà lointain de Sainte-Beuve, qui, en 1843, dans
un article fameux de la Revue des Deux -Mondes y
signalait à l'attention des travailleurs et du public
français cette poésie si intéressante et si peu
connue ^ Je publie cette traduction, à mon tour,
dans l'espoir de faire relire à ceux qui savent le
grec le texte que j'ai essayé de traduire et de faire
connaître à la partie du grand public qui se soucie
de littérature un poème ancien digne de prendre
place à côté des œuvres de notre siècle et capable
d'être compris par les hommes de notre temps ^.
M. Couat a parfaitement démontré que les Alexan-
drins sont les précurseurs de notre Art moderne. Je
renvoie le lecteur à la Conclusion de la Poésie Alexan-
drine en me bornant à en citer les dernières lignes :
c Nous ne pouvons lire les Alexandrins sans faire un
retour sur nous-mêmes, et, peut-être, par l'effet de
certaines sympathies intellectuelles, sommes-nous
1. Couat, ouvr. cité. Préface, p. xiii.
2. En même temps que cette édition, il en paraît une autre qui ne
contient, avec une Préface différente, que la traduction, sans les notes et
PRÉFACE XXXI
plus capables qu'on ne Tétait autrefois de les
comprendre. > Apollonios, en particulier, nous fait
souvent penser aux meilleurs de nos poètes et de
nos romanciers. L'analyse psychologique des pas-
sions, inconnue à l'épopée homérique et entrevue
par la tragédie d'Euripide, est chez Apollonios aussi
subtile parfois que chez Paul Bourget. Notre poète
aime, comme François Coppée, à s'intéresser aux
humbles et aux petits; il se complaît aux Intimités ,
aux tableaux d'intérieurs modestes; et, en même
temps, quelques-unes de ses descriptions épiques
ont la largeur des tableaux de Leconte de l'Isle. Il
a su, dans ses Argonautiques , < mettre la grande
monotonie de la mer 3, » dont l'auteur de Mon frère
Yves et de Pêcheur d'Islande nous laisse une impres-
sion inoubliable. Enfin et surtout, Apollonios est
pénétré de cette mélancolie, parfois pessimiste, qui
fait de lui un précurseur et un inspirateur de la
poésie virgilienne et de celle de notre temps.
Le poète des Argonautiques s'intéresse à tous
ces jeunes héros morts avant le temps, Canthos,
Cyzicos, Idmon, Tiphys. Des circonstances particu-
lières m'ont fait apprécier d'une manière toute
spéciale cette sympathie d'ApoUonios pour ceux
qui meurent jeunes. C'est au moment de la mort
de mon fraternel ami d'enfance, Emile Soulé, à la
chère mémoire de qui ce livre est dédié, que j'ai
commencé à revoir ma traduction; et je termine cette
les Index. Celle-là est plus spécialement destinée aux élèves de nos Lycées
et de nos Collèges et aux gens du monde.
3. Pierre Loti, Préface de Mot frère Yves,
préface le lendemain du jour où nous avons conduit
à sa dernière demeure notre bien-aimé collègue de la
Faculté des lettres, Charles Cucuel, enlevé, comme
Seule, par une de ces atteintes subites et inattendues
qui déconcertent la science et désolent l'affection.
< O père Zeus, un grand étonnement trouble mon
âme : ce n'est donc pas seulement par des maladies
ou des blessures que la mort vient vers nous; un
ennemi peut aussi nous atteindre de loin! > (Argon.,
Ch. IV, V. 1673-1675.)
H. DE La Ville de Mirmont.
Bordeaux, a; novembrô i8gi.
LES
ARGONAUTIQUES
CHANT PREMIER
SOMMAIRE
I&TOCAtion à Phoibos (1-4).— Qiiuet de rexpédition ; constraction du navire (S-23). — Cata-
logne do Argonautes : Orphée (a)-34). — Astèrion (5S-59)* — Polyphémoi (40-44).—
Iphidos (4$-48). — Admète (49-50). — Êrytos, Échion et Aithalidès (si-s6). — Coronos
(S7-^)' "^ Mopsot (6s-é6). — Eaiydamas (67-68). — Mènoitios (69-70). — Eurytion,
Érybotèt, Oilena (71-76). — Gmthos (77-8$). — Clytios et Iphitos (86-89). — Télamon et
Pelée (90-94). — Bontés et Phaléros (9S-100). — Absence de Thésée (101-104). — Tiphys
(io;-iZ4). — Phlias (zis-117). — Talaos, Aréios» Léodocos (118-121).— Héraclès et
Hylas (xaa-i 3a). — Manptios (1 3 3~' 38). — Idmon (1 39-14$). — Castor et Polloz (146-1 $0).
— Lyncée et Idas (i$i-z5$). — Périclyménos (is6-z6o). — Amphidamas, Cépheos et
Ancaios (161-171). — Angétés (173-17$). — Astérios et Amphion (i76-Z78).— Enphémos
(t79-z84). — Erginos et Ancaios (z8$-z89). — Méléagros, Laocoon et Iphidos (z90-aoz).
— Palaimonios (202-206). — Iphitos (207-2 zo). — Zétés et Calais (21 z -22 3). — Acastos et
Argos (124-227). — Ponrqnoi on désigne les Argonautes sous le nom de Minyens (228-
233). — Marche des héros vers le poit. Réflexions de la foule, émotion des femmes. Adieux
d*Alcimédé et de Jason. Plaintes de la mère et réponse du fils (234-305). — Marche de
Jason vers le navire (306-3Z6). — Arrivée d*Acastos et d'Aigos (3Z7-330). — Discours de
Jason (33Z-340). — Jason élu chef (34Z-362). — Prépanti£i de départ (363-4OZ). — Autel
et prière 4 Apollon (402-424). — Sacrifice et prédiction d'Idmon (42$-447). — Le festin;
insolences d'Idas (448-495). — Chant d'Orphée (496-$i8). — Le départ ($t9-5$8). — Le
navire double le cap Tisée ($$9-$79)« — Voyage jusqu'à Lemnos : le promontoire Sépias,
Sciathos, Peirésies et Magnésa, le tombeau de Dolops, le fleuve Amyros, le mont Athos
($80-608). — Retour sur l'histoire des femmes de Lemnos; arrivée des Argonautes à
Lemnos (609-639). — Aithalidès est député à Hypsîpylé ; elle réunit les femmes au conseil
(640-656). — Discours d'Hypsipylè (657-666). — Discours de Polyxo (667-696). — Iphinoé
envoyée en ambassade aux Argonautes (697-720). — Départ de Jason pour la ville ; des-
cription de son manteau (72 z -729). — Les Cydopes (730-734). — La fondation de Thèbes
par Amphion et Zéthos(73$-74z). — Cythéréia tenant le bouclier d'Ares (742^46). — Les
Téléboens et les fils d'mectryon (747-7$ z). — Lutte de Pélops et d'Oinomaos (7 $2-7 $8).
— Apollon châtiant Tityos (7$9-762). — Phrixos et le bélier (763-767). — Marche de
Jason vers la ville ; son entrée au palais d'Hypsipylè (768-792). — Discours mensonger
d*H)rpsipylé (793-83 3). — Les Argonautes, excepté Héraclès et quelques héros, s'installent
dans la ville d'Hjrpsipylè (834-860). — Héradés, par ses reproches, décide les Argonautes
à quitter 111e(86z-874). — Douleur des femmes de Lemnos (87$-88$). — Adieux de Jason
et d'Hypsipylè (886-909). — Départ de Lemnos ; arrivée à Samothrace (910-921). — Navi-
gation de Samothrace à la Propontide (922-935). — Arrivée chex les Dolions (936-960). —
|. LES ARGONAUTIQUES
RècfptioB uniole 4n ArgotuuHi par Cyiîcot (^Ai-^SS)- — Comtxi iatart le* gJ4Dts
(9B9-1011). — Dtpantla Argounui. Li mgptu Ici tara it nTtnirchn la Dolûxu.
^caftu■, priutctlc ulme iDUiprèit puMopa (1078-1101). — SktîEcc t Rhtinrk
DiDilynuii « dépin ac C^iiiiiie (iioj-iiji)- — Ajntt ane npide uiTCnit oA HfauUi
briie u Twatf 1» bèm irriTcnt Tcn Je toir tha Lu lijticiu ; prif^nùb pou la nh
(iiS3'iiB£).-' Héncléi n duis Lei boù k £urc une nmc (liSf-iJoQ. — EnL^vcmcot
d'Hylu pu la NympliEi (iw7-ii;9}. — Po]n<h'<Baa uiaoBcc à lUncIti la diipiriiiia
d'Kflu(ii4a-ii6o}.— Htradti, diiôpM, pan t n ncbercl» (iiti-ii?!). — Tiphyi
l^vc l'aviez SD( fôii en mtr, lu hiiot l'apcriDivEDi de l'ilsciia d'HitaaUi et de Poly-
phimoi; icprocliei de Tilamm i JatoB (ii7)-iijj)' — Oppotiliaii fun i Ttiaaun pai
Ictfibde Borit (1196-1 J09). — Frèdictigii do dieDmirinGlaiK09(i)io-i)ig). — EKna
de TilaDum 4 laioD et l^ponK de l'Aisonide (l}19-e]44). — Reaiei^enieDIi dooD^a par
lepoinn» te ton de PaI>phtii>oi et d'HtracUi (i]4S-iIl7}' — Le unrc aborde ta
linage dn BibiTat (1311-1311).
Ven 1-4- 'BSTapr^ avoir commencé par t'invoquer,
6 Phoibos, que je rappellerai les exploits
de ces héros d'autrefois qui, sur l'ordre
du roi Pélias, firent voguer vers le détroit
qui ouvre le Pont et au travers des roches
Cyanées, à la conquête de la toison d'or,
le navire Argo, muni de bancs nombreux de rameurs.
V. s-»- Car voici l'oracle que Pélias avait entendu : un jour, un
destin terrible lui serait réservé par le fait d'un homme
qu'il aurait vu sortir du milieu de la foule, chaussé d'un
seul brodequin; il serait victime des desseins de cet homme.
Peu de temps après, et suivant cet oracle véridique, Jason
traversait à pied le courant de l'Anauros, que les tempêtes
de l'hiver avaient grossi. Il put sauver de la bourbe l'un de
ses brodequins, maïs l'autre resta au fond, retenu dans le
sol que recouvraient les eaux débordées. Sans s'en inquiéter,
il vint auprès de Pélias, pour prendre part A un festin que
le roi offrait au père Poséidon et aux autres dieux; quant
à Héra Pélasgienne, il ne s'en souciait pas. Dés que Pélias
vit Jason, il pensa à l'oracle : alors il prépara au héros le
travail d'une navigation pleine de dangers, dans l'espoir
que, soit sur la mer, soit parmi les hommes étrangers, il
perdrait toute chance de retour.
Quant au navire, les anciens aédes chantent qu'il fut
CHANT PREMIER 5
construit par Argos, sur les conseils d'Athéné. Pour moi,
je vais dire la race et le nom des héros, leurs voyages sur la
mer immense, toutes leurs actions dans leurs courses errantes.
Que les Muses soient les inspiratrices de mon chant I
D'abord, nous rappellerons Orphée : autrefois, dit-on, V. 23-54.
Calliopé elle-même, unie au Thrace Oiagros, lenfanta
auprès des hauteurs de Pimpléa. On raconte qu'il charmait,
au son de ses chants, les durs rochers des montagnes et les
cours des fleuves. Et les chênes sauvages, qui attestent encore
aujourd'hui le pouvoir de ses accents, les chênes qui pous-
sent vigoureux le long du rivage thrace, à Zôné, sont venus
s'avançant à sa suite en rangs nombreux, amenés bien loin
par le charme de sa phorrainx, depuis les hauteurs du Piéros.
Tel était Orphée, roi de la Piérie Bistonienne, quand TAiso-
nide, par déférence pour les conseils de Chiron, l'accueillit
comme auxiliaire secourable à ses travaux.
Astérion, lui, vint de son propre mouvement; Astérion que V. 35-39.
Comètes engendra auprès des eaux de l'Apidanos aux flots
tournoyants. Comètes habitait Peirésies, non loin du mont
Phylléios, à l'endroit où le grand Apidanos et le divin
Énipeus, deux fleuves qui viennent de loin, se rejoignent
et n'en forment plus qu'un.
Après ces deux héros, TEilatide Polyphémos arrivait, v. 40-44.
ayant quitté Larissa; c'est lui qui autrefois avait combattu
au nombre des robustes Lapithes, lorsque les Lapithes
s'étaient armés contre les Centaures. Il était jeune alors :
maintenant ses membres s'appesantissaient déjà, mais son
cœur restait toujours digne d'Ares, comme autrefois.
Et, à Phylacé, Iphidos n'était pas resté longtemps en v. 45-48.
arrière. C'était le frère de la mère de l'Aisonide; car Aison
avait épousé sa sœur, la Phylacéide Alcimédé. L'alliance
de sa sœur, sa parenté avec Jason, le poussaient à s'associer
à la troupe des héros.
Et Admète, roi de Phères, qui abonde en beaux agneaux, v. 49.50.
ne restait pas non plus dans sa ville, au pied des hauteurs
du mont Chalcodonion.
6 LES ARGONAUTIQUES
V. s 1-56* Ils ne restaient pas non plus à Alopé les fils d'Hermès,
riches en champs de blé, Érytos et Échion, tons deux habiles
en ruses. Un troisième frère vint les rejoindre à leur départ,
Aithalidès; auprèsdu courant de l'Amphrysos, la fille de Myr-
midon, la Phthienne Eupoléméia l'avait enfiinté. Quant aux
deux autres, ils étaient nés d'Antianéiré, la fille de Ménétos.
V. 57-64. Il vint aussi, ayant quitté l'opulente Gyrtone, Coronos,
fils de Caineus. Certes il était brave, mais il ne surpassait
pas son père : car les aèdes chantent que Caineus, vivant
encore, disparut sous les coups des Centaures ; d'abord, seul,
sans Taide des autres héros, il les chassa; mais eux revinrent
à la charge et se jetèrent sur lui : ils ne purent ni le faire
plier, ni le tuer. Inébranlable, toujours droit, il descendit
au fond de l'abîme souterrain, terriblement frappé à coups
de solides sapins.
V. 65-66. Il vint aussi le. Titarésien Mopsos, que le fils de Létô
instruisit entre tous dans la divination par le moyen des
oiseaux.
V. 67.68. Puis, Eurydamas, fils de Ctiménos; il habitait, près du
lac Xynias, Ctiméné, ville des Dolopes.
V. 69.70. Actor envoya d'Opous son fils Ménoitios, pour qu'il navi-
guât avec les héros.
V. 71-76. Eurytion et le vigoureux Érybotès venaient ensuite; ils
étaient fils, l'un de Téléon, l'autre d'Iros, fils d'Actor.
L'illustre Érybotès, en effet, était fils de Téléon, et Eurytion,
d'Iros. Avec eux venait un troisième héros, Oileus, éminent
par son courage, très habile à s'élancer par derrière sur les
ennemis, au moment oîi ils commencent à fiiire plier les
phalanges.
V. 77-85. D'autre part, Canthos vint d'Eubée, envoyé de son plein
gré par Canéthos, fils d'Abas : et cependant il ne devait pas
rentrer à Cérinthos, de retour de l'expédition; car c'était le
destin que lui et Mopsos, habile à la divination, périraient
errants aux confins de la Libye. En effet, il n'est pas pour
les hommes de malheur si lointain qu'il ne puisse les
atteindre: ainsi tous les deux sont ensevelis en Libye, et
CHANT PREMIER ^
de la Libye au pays des Colchiens, la distance est égale à
celle que le soleil voit entre son lever et son coucher.
Après lui venaient ensemble Clytios et Iphitos^ chefs v. 86-89.
d'Oichalié, fils du cruel Eurytos, d'Eurytos à qui le dieu
qui lance au loin les traits, donna un arc; mais il ne profita
pas de ce présent; car, de lui-même, il entra en lutte avec
celui qui le lui avait fait.
Après eux vinrent les Aiacides; mais ils n'arrivaient pas v. 90.94.
ensemble et n'étaient pas partis du même endroit; car,
chacun de son côté, ils étaient allés en exil loin d'Aiginé,
après avoir tué leur frère Phocos, sans le vouloir. Télamon
se fixa dans Tile Attique, et Pelée établit sa demeure en
Phthie, bien loin de son frère.
Après eux, de Cécropie vint Boutés, cher à Ares, fils du v. 95-100.
courageux Téléon; puis Phaléros, habile à manier la lance.
C'est Alcon, son père, qui le fit partir; et cependant il
n'avait pas d'autres fils de sa vieillesse pour prendre soin
de ses jours. Mais, quoique ce fût l'enfant né dans son âge
avancé, le seul qu'il eût, il l'envoya, pour qu'il se distinguât
parmi les héros audacieux.
Mais Thésée, illustre parmi tous les Érechtides, était v. 101-104.
retenu sous la terre Tainarienne par des liens terribles, lui
qui avait suivi Peirithoos dans une voie commune. Il est
certain que Peirithoos et lui auraient rendu bien plus facile
à tous l'issue de l'expédition.
L'Agniade Tiphys quitta le déme Thespien de Sipha; il v. 105-114.
était habile, soit à prévoir le moment où vont se soulever
les flots de la vaste mer, soit à présager les tempêtes des
vents, et à diriger la navigation en se fixant sur le soleil et la
Grande-Ourse. C'est la déesse Tritonide, Athéné elle-même,
qui l'envoya se joindre aux héros. Il arriva alors qu'on
souhaitait sa venue. [C'est elle, en effet, qui fabriqua le
navire rapide et, avec elle, l'Arestoride Argos, aidé de ses
conseils. Aussi fut-il supérieur à tous les navires qui jamais
ont éprouvé la mer par le mouvement des rames.]
Et Phlias, après ceux-ci, venait d'Araithyréa, où il habi- v. 115-117.
8 LES ARGONAUTIQUES
tait, très riche par la volonté de Dionysos son père, auprès
des sources de TAsopos.
V. 1 18-121. D'Argos, vinrent Talaos et Aréios, fils tous deux de Bias,
et le courageux Léodocos, eux qu'enfanta la Néléide Péro :
à cause d'elle, TAiolide Mélampous dut subir de terribles
épreuves dans les étables d'Iphiclos.
V. 122-132. Nous n'avons pas entendu dire que la force du magnanime
Héraclès ait trompé l'attente de TAisonide. Loin de là, dès
qu'il apprit la nouvelle que les héros se rassemblaient, — il
arrivait à peine d'Arcadie à Argos Lyrcéienne, ayant suivi
jusqu'au bout le chemin le long duquel il portait vivant le
sanglier qui paissait dans les vallées du Lampéia, auprès du
vaste marais d'Érymanthos; à l'entrée de l'agora de Mycènes,
il déchargea de ses fortes épaules le monstre enveloppé de
liens, — et par sa propre volonté, sans l'ordre d'Eurysihée, il
s'élança. Avec lui venait Hylas, son bon compagnon, encore
dans la première jeunesse, porteur de ses flèches et gardien
de son arc.
V. 133-138. Après lui, arriva un descendant du divin Danaos, Nau«
plios: c'était le fils du Naubolide Clytonéos; or, Naubolos
était fils de Lernos; or nous savons que Lernos était le fils
du Naupliade Proitos; et jadis, la jeune Danaide Amymoné,
unie à Poséidon, lui avait enfanté ce Nauplios qui l'empor-
tait sur tous dans l'art de la navigation.
V. 139-145- Idmon vint le dernier de tous ceux qui habitaient Argos;
les présages donnés par les oiseaux lui avaient appris sa
destinée : mais il vint, craignant que le peuple ne traitât avec
mépris sa bonne renommée. Il n'était pas le vrai fils d*Abas;
quoiqu'il fût compté parmi les nobles Aiolides, il avait été
engendré par le fils de Létô, qui lui enseigna l'art de prédire
l'avenir, d'observer les oiseaux, et de tirer des présages des
entrailles brûlées des victimes.
V. 146-150. Et rÉtolienne Léda envoya le courageux Pollux i et
I. Polydeucès est connu sous le nom latinisé de Pollux, que Tusage
nous force de conserver.
CHANT PREMIER 9
Castor, habile conducteur de chevaux aux pieds rapides : ils
venaient de Sparte. C'est dans le palais de Tyndare qu'elle
eut d'un seul enfantement ces deux fils bien-aimés; elle
était pleine de confiance quand ils partirent, car ses pensées
étaient dignes d'une épouse de Zeus.
Les ApharétiadeSt Lyncée et le violent Idas, partirent V. 151-155*
d'Aréné; ils étaient tous les deux sûrs d'eux-mêmes^ et fiers
de leur grande force, et Lyncée était doué d'yeux si perçants
que, si la renommée est véridique, il pouvait porter facile-
ment ses regards même à l'intérieur de la terre.
En même temps, le Néléien Périclyménos se prépara à V. 156-160.
partir; c'était le plus âgé des enfants du divin Nélée qui
naquirent à Pylos; Poséidon lui avait donné une force sans
limites et permis de prendre, au milieu des périls de la mêlée,
toute forme qu'il souhaiterait d'avoir en combattant.
Amphidamas et Cépheus venaient d'Arcadie; habitants de V. 161-171.
Tégée et de tout l'héritage d'Aphéidas, ils étaient fils tous
deux d'Aléos. Un troisième héros suivait leur marche,
Ancaios, envoyé par son père Lycourgos, frère aîné d' Am-
phidamas et de Cépheus. Mais lui, comme Aléos devenait
déjà vieux, il était resté à la ville pour prendre soin de lui,
et il avait donné à ses deux frères son fils pour compagnon.
Celui-ci arriva dans une peau d'ourse du Ménale, et bran-
dissant de sa main droite une grande hache à deux tranchants.
Car toutes les armes, son grand-père Aléos les avait cachées
au fond du grenier, cherchant tous les moyens de l'empêcher
de partir.
Augéiès vint aussi; la renommée le disait fils d'Hélios; v. 172-175.
glorieux de sa fortune, il commandait aux hommes de
l'Élide. Un grand désir le prit de voir la terre de Colchide,
et Aiétès lui-même, le roi des Colchiens.
Astérios et Amphion, fils d'Hypérasios, vinrent de Pellène v. 176-178.
en Achaïe, ville que le père de leur père, Pelles, avait
autrefois bâtie sur les falaises sourcilleuses de l'Aigialos.
Après eux arrivait Euphémos, parti de Tainaros, lui le V. 179-184.
plus rapide des hommes, qu'enfanta à Poséidon Europe, fille
10 LES ARGONAUTIQUBS
du très vigoureux Tityos: cet homme courait même sur
les flots gonflés de la mer azurée sans y baigner ses pieds
agiles; il en mouillait à peine la pointe, quand il se faisait
supporter par cette route liquide.
V. 185-189. Deux autres fils de Poséidon vinrent aussi : l'un, Erginos,
qui abandonnait la ville de l'illustre Milétos; l'autre, le
très vigoureux Ancaios, qui venait de Parthénia, demeure
d'Héra Imbrasienne. Tous deux étaient habiles et glorieux
de leur habileté, soit dans l'art de la navigation, soit dans
les travaux d'Ares.
V. 190-201. Après ceux-ci arriva, parti de Calydon, le fils d'Oineus,
le courageux Méléagros; avec lui, Laocoon, frère d'Oineus,
mais non de la même mère. Une femme esclave l'avait
enfanté; il était déjà assez âgé, et Oineus l'envoyait pour
diriger son fils. C'est ainsi que Méléagros, encore adolescent,
pénétrait dans la magnanime compagnie des héros. Aucun
d'eux, je crois, excepté Héraclès, ne se serait joint à l'expé-
dition, supérieur à lui, si, restant dans sa patrie, il avait été
encore élevé, ne fût-ce qu'une seule année, parmi les Étoliens.
D'autre part, son oncle maternel l'accompagna dans le même
voyage. C'était un homme habile à combattre avec la lance
.et aussi de pied ferme, le Thestiade Iphiclos.
V. ao2-ao6. En même temps, vint Palaimonios, fils de Lernos Olénien.
Il n'était fils de Lernos que de nom; son père par le sang
était Héphaistos. Aussi était-il infirme d'un pied; mais per-
sonne n'aurait osé adresser un reproche à la vigueur de son
corps, car on le comptait parmi tous ces chefs qui devaient
accroître la gloire de Jason.
V. 207-210. Du pays des Phocéens vint Iphitos, né de Naubolos, fils
d'Ornytos. Auparavant, quand Jason était allé consulter
l'oracle à Pytho, au sujet de son expédition, il avait été son
hôte et l'avait alors reçu dans son palais.
V. 21 1-223. Les fils de Borée, Zétès et Calais, vinrent aussi, eux
qu'autrefois l'Érechthéide Oréithyia enfanta à Borée au fond
de la Thrace, où l'hiver est rigoureux. C'est là que le Thrace
Borée l'avait enlevée loin de Cécropie, alors qu'elle tournait
CHANT PREMIER il
dans un chœur de danse auprès de Tllissos. Il l'amena bien
loin, au lieu que l'on appelle le « rocher de Sarpédon », près
du cours du fleuve Erginos. C'est là qu'il la posséda, après
l'avoir cachée dans des nuages sombres. Ses deux fils s'éle-
vaient du sol en agitant au bout et de chaque côté des pieds
des ailes noires — c'était grand'merveille de les voir! — des
ailes noires, où brillaient des écailles d'or. Venant du haut
de la tête, entourant leurs épaules, et tombant de tous côtés
sur leur cou, leur chevelure azurée flottait avec le vent.
Le fils du puissant Pélias lui-même, Acastos, ne désirait V. 224-227.
certes pas demeurer dans le palais de son père; Argos non
plus, qui avait travaillé sous les ordres de la déesse Athéné.
Loin de là, ils allaient tous les deux s'adjoindre à la troupe
des héros.
Tel était le nombre de ceux qui s'assemblèrent pour aider v. 228-233.
Jason. Les peuples voisins les désignaient tous sous le nom
de Minyens, car la plupart et les meilleurs d'entre eux pou-
vaient se glorifier d'être du sang des filles de Minyas : Jason
lui-même avait pour mère Alcimédé, fille de Clyméné, la
fille de Minyas.
Lorsque tout eut été préparé par les esclaves, tout ce dont v. 234-305.
il faut munir l'intérieur d'un navire, quand la nécessité
pousse les hommes à faire un voyage sur mer, alors iU
traversèrent la ville, allant à leur vaisseau, là oti le rivage
est connu sous le nom de Pagases Magnésiennes. Autour
d'eux, de tous côtés, des citoyens empressés accouraient en
foule. Mais ils brillaient comme des astres éclatants au
milieu des nuages; et chacun se disait, en contemplant les
héros en armes qui se hâtaient : « O roi Zeus, quel est le
dessein de Pélias? Od lance-t-il, loin de la terre Panachéenne,
une telle réunion de héros? Ils seront capables, sans doute,
de dévaster avec la flamme funeste les demeures d'Aiétès, le
jour même oti il aura refusé de leur livrer la toison de son
plein gré. Mais un long voyage est inévitable : rude est la
peine pour ceux qui partent 1 »
Ainsi parlèrent les hommes çà et là dans la ville; et les
13 LES ARGONAUTIQUBS
femmes levaient les mains au ciel, demandant aux dieux,
dans de nombreuses prières, de leur accorder l'accomplisse-
ment heureux du retour. Et, en pleurant, elles s'adressaient
l'une à l'autre ces paroles de lamentation : — « Misérable
Alcimédé, le malheur, quoique tardif, est aussi venu pour
toi. Tu n'as pu mener jusqu'au bout une vie fortunée.
Aison a, lui aussi, un sort bien pénible. Qu'il eût mieux
valu pour lui d'être enveloppé dans des bandelettes sépul-
crales et enseveli sous la terre, encore ignorant de cette
mauvaise expédition l Plût au ciel que Phrixos, lui aussi,
quand périt la vierge Hellé, eût été englouti avec le bélier
dans les flots sombres 1 Mais non: ce bélier, monstre funeste,
fit entendre les accents d'une voix humaine, pour causer
ensuite à Alcimédé des soucis et des douleurs sans nombre! »
Elles parlaient ainsi, alors qu'ils s'éloignaient pour partir.
Déjà les serviteurs et les femmes servantes s'empressaient
en grand nombre. La mère tenait son fils embrassé; une
douleur aiguë pénétrait toutes les femmes; et, avec elles, le
père, que la désastreuse vieillesse fieiisait rester enfoncé dans
son lit, au point que la forme de son corps était seule visible,
le père gémissait. Alors Jason adoucit leurs angoisses par
ses exhortations et ordonna aux serviteurs de prendre ses
armes de guerre; ils le faisaient, silencieux et tête basse.
Comme elle avait jeté tout d'abord les bras autour du cou
de son fils, ainsi la mère restait attachée à lui, pleurant
abondamment : telle une jeune fille, seule avec sa nourrice
aux cheveux blancs, la tient embrassée tendrement et
gémit : car elle n'a plus de parents qui s'intéressent à elle;
mais elle traîne une vie lourde sous la domination d'une
marâtre, qui vient précisément de l'accabler d'outrages;
elle gémit, mais son cœur est serré par la peine, et elle ne
peut exhaler autant de sanglots qu'elle le voudrait. C'est
ainsi qu* Alcimédé pleurait abondamment en tenant son fils
embrassé. Et elle dit ces paroles inspirées par son angoisse :
a Plût au ciel qu'en ce jour où j'ai entendu — malheureuse
que je suis! — le roi Pélias prononcer l'ordre funeste,
CHANT PREMIER l3
j'eusse aussitôt rendu Tâme et oublié les soucis de la vie.
Car c'est toi qui m'aurais ensevelie de tes mains chéries, ô '\
mon enfant I Seul devoir que j'eusse encore à espérer de toi : J
dans tout le reste, en effet, je savoure la récompense des
soins que j'ai pris pour t'élever. Mais voici que, vénérable
jusqu'à présent aux femmes d'Achaïe, je vais, comme une
esclave, être laissée dans le palais vide, malheureuse qui me
consumerai à te regretter, toi par qui j'ai eu précédemment
tant de gloire et d'honneur, toi seul à cause de qui j'ai
délié ma ceinture pour la première et dernière fois : car la '^
déesse Eiléithyia m'a absolument envié les accouchements J
nombreux. Malheur à moil Jamais, même en songe, je
n'aurais pensé que la fuite de Phrixos dût être pour moi la
cause d'un tel malheur 1 »
C'est ainsi qu'elle se lamentait en gémissant, et les femmes
servantes qui se tenaient auprès d'elle poussaient des cris :
alors il s'adressa à sa mère, la consolant par des paroles
douces comme du miel : « O ma mère, ne me pénètre pas
ainsi d'une tristesse funeste I Certes, tu ne me défendras pas
du malheur par tes larmes. Tu ne pourrais qu'ajouter une
nouvelle souffrance à nos souffrances. Car les dieux distri-
buent des maux imprévus aux mortels. Le sort qu'ils nous
envoient, quoique profondément affligée, aie la force de le
supporter. Sois confiante dans notre alliance avec Athéné,
dans les oracles aussi, puisque Phoibos a donné des réponses
favorables, et enfin dans l'aide que les chefs me prêteront.
Et maintenant, reste calme à la maison au milieu de ties
servantes, de peur d'être un oiseau de mauvais augure pour
le navire. Je vais m'y rendre, et mes compagnons et mes
esclaves me feront escorte dans ma marche. »
Il dit, et se hâta de sortir de la maison. Tel, hors de son V. 306-316.
temple, que l'encens parfume, s'avance Apollon dans la
divine Délos, dans Claros, dans Delphes Pytbienneou, dans
la vaste Lycie, au bord des eaux du Xanthos, tel il marcha à
travers la foule du peuple. Un grand cri s'éleva : tous à la
fois lui adressaient leurs encouragements. Alors se précipita
14 LES ARGONAUTIQUES
à sa rencontre la vieille Iphias, prétresse d'Artémis, protec*
trice de la ville, et elle baisa sa main droite, mais malgré
tout son désir, elle ne put lui rien dire, car la foule qui
s*empressait la devança. On la laissait en arrière, écartée du
chemin, comme une vieille qu'elle était, par des gens plus
jeunes. Mais lui fut entraîné très loin d'elle.
V. 317-330. Cependant, après être sorti des rues bien bâties de la ville,
Jason parvint au rivage de Pagases : et là, il fut reçu par ses
compagnons qui se tenaient nombreux auprès du navire
Argo. Il s'arrêta aux abords du navire, et eux, venant à sa
rencontre, s'assemblèrent. Alors on aperçut Acastos avec
Argos, qui descendaient de la ville en courant; et l'étonné-
ment fut grand, en voyant comme ils mettaient toutes leurs
forces à s'empresser à rencontre des volontés de Pélias. L'un,
l'Arestoride Argos, avait les épaules couvertes d'une peau de
taureau au poil noir, qui lui tombait jusqu'aux pieds; l'autre
portait un double manteau magnifique, don de sa sœur
Pélopéia. Jason s'abstint de leur adresser à tous deux des
questions particulières, et il ordonna à tous les héros de
s'asseoir pour l'assemblée. Là, sur la voile roulée et le mât
encore couché, ils s'assirent tous à la file.
V. 331-340. Alors le prudent fils d'Aison leur adressa ces paroles:
a Tout ce dont il convient d'armer un navire, tout cela est
bien en ordre et prêt pour le départ: de ce côté donc, nulle
cause de retard pour l'expédition, dès que les vents auront
commencé de souffler favorablement. Mais, mes amis, c'est
ensemble que nous retournerons en Hellade; c'est ensemble
que nous allons d'abord faire route vers le pays d'Aiétès.
Aussi maintenant, sans ménagement ni réserve, choisissez
le meilleur, pour qu'il soit notre chef qui s'occupe de
toutes choses, qui décide de la paix ou de la guerre avec les
étrangers. »
V. 341-362. II parla ainsi : les yeux des jeunes gens se tournèrent vers
le courageux Héraclès assis au milieu d'eux, et tous, d'une
seule voix, lui dirent de prendre le commandement; mais,
restant à l'endroit où il était assis, il éleva la main droite,
CHANT PREMIER l5
la tint étendue, et dit: « Que personne ne m'attribue cet
honneur. Car je ne me soumettrai pas, et aussi j'empêcherai
tout autre de se lever comme chef parmi nous. Que celui-là
qui nous a réunis commande aussi notre troupe I »
Telles furent ses paroles magnanimes, et tous approu-
vèrent ce que demandait Héraclès. Alors le vaillant Jason
se leva, plein de joie, et parla ainsi, au milieu de l'enthou-
siasme de tous : « Si donc vous me confiez la charge de cet
honneur, il n'y a plus rien ici qui doive désormais retarder
notre départ. Tout d'abord, rendons-nous Phoibos propice
par l'immolation de victimes, et préparons sur-le-champ
un festin. En attendant l'arrivée de mes serviteurs qui
président aux étables, eux qui ont mission de chasser
devant eux, jusqu'ici, des bœufs choisis avec soin dans le
troupeau, traînons le navire à la mer, et, après que tous les
objets d'équipement auront été disposés, tirez au sort les
rames, suivant chaque banc. Et, cependant, élevons aussi
un autel sur le rivage à Apollon, qui protège les embarque-
ments, lui qui m'a promis, dans ses prédictions, qu'il nous
indiquerait par des signes certains les routes de la mer, si
toutefois je commençais en lui offrant des sacrifices les
travaux que j'entreprends pour le roi. »
Il dit, et le premier se détourna pour se mettre à l'ouvrage; v. 363-401.
eux aussi, obéissants, ils se levèrent, et accumulèrent en
masse leurs vêtements sur la plate-forme d'un rocher poli que
la mer n'atteignait pas de ses vagues, mais que le flot de la
tempête lavait parfois. Ils commencèrent, suivant le conseil
d'Argos, par entourer solidement le navire avec un câble
formé de cordes bien tordues à l'intérieur; ils le tendirent
des deux côtés, afin que les pièces de la charpente restassent
bien ajustées aux chevilles et pussent soutenir la violence ,
ennemie des eaux. Aussitôt après, ils creusèrent, de la proue,
jusqu'à la mer, un fossé dont la largeur était suffisante pour
le navire qui devait le parcourir, tiré à force de bras. Plus
ils avançaient, plus ils creusaient profondément au-dessous
du niveau de l'étrave; et, dans ce fossé, ils disposèrent des
l6 LES ARGONAUTIQUES
rouleaux polis. Sur les premiers, ils inclinèrent le navire,
pour qu'il y. glissât peu à peu. Des deux côtés du navire, ils
retournèrent les rames de bas en haut, et, autour des chevilles
qui les maintiennent, ils lièrent fortement les manches de
rames qui font saillie. Puis, s'étant divisés pour se placer
des deux côtés du vaisseau, chacun près d'une cheville, ils
appuyèrent à la fois de leurs mains et de leurs poitrines.
Cependant, Tiphys monta sur le navire, pour exhorter les
jeunes gens à le tirer en avant au moment voulu. Il donna
le signal en poussant un grand cri. Aussitôt ceux-ci, pesant
de toute leur force, l'ébranlèrent d'une même impulsion
hors de la place où il s'enfonçait dans le sol. Ils s'établirent
solidement sur leurs pieds, faisant un effort pour le tirer en
avant, et le navire Argo, enfant du mont Pélion, suivait
facilement l'impulsion donnée. Et, des deux côtés, les jeunes
gens qui le faisaient aller poussaient des acclamations; sous
la quille solide, les rouleaux gémissaient, broyés par le
frottement. Le poids du navire en faisait monter une noire
fumée; et Argo glissa dans la mer. Alors, par un effort
contraire, ils le retenaient en arrière avec des cordes pour
l'empêcher de pénétrer trop avant dans les flots. Des deux
côtés des chevilles ils adaptèrent les rames; et, à l'intérieur
du navire, ils placèrent le mât, la voile artistement faite et
les provisions de route.
Après s'être acquittés avec habileté de ces soins divers, ils
se partagèrent tout d'abord par le sort les places des bancs, de
façon que l'équipage de chacun d'eux fût de deux hommes.
Mais le banc du milieu fut réservé à Héraclès et, de préfé-
rence aux autres héros, à Ancaios, qui habitait la viUe de
Tégée. C'est ainsi qu'à eux seuls on abandonna les places
du banc du milieu, sans tirage au sort; et, d'un commun
accord, on confia à Tiphys le soin de diriger le gouvernail
du navire à l'étrave solide.
V. 402^24* Ensuite, ayant roulé des pierres au bord de la mer, là oti
elles furent amoncelées, ils élevèrent sur le rivage un autel
à Apollop, un autel portant ses surnoms de Dieu des rivages.
CHANT PREMIER 17
et de Dieu qui protège les embarquements; et, sans tarder,
ils étendirent par-dessus de grosses branches d'olivier sec.
Cependant les bouviers de TAisonide amenèrent deux bœufs,
qu'ils poussaient devant eux. Les plus jeunes des compa-
gnons les entraînèrent auprès de l'autel; puis ils présentèrent
le bassin plein d'eau pour les ablutions, et les grains d'orge
sacrée. Alors Jason commença à prier, en invoquant Apollon
paternel : « Écoute, roi, toi qui habites Pagases et la ville
Aisonide, qui porte le nom de notre père; toi qui m'as
promis, alors que j'interrogeais ton oracle à Pytho, de
m'enseigner comment accomplir et terminer avec succès ce
voyage; car c'est toi qui m'as poussé à entreprendre ces tra-
vaux. — Maintenant, conduis aussi toi-même ce navire avec
mes compagnons sains et saufs là où nous devons aller, et
ensuite fais-le revenir en Hellade. Alors, dans un nouveau
sacrifice, autant nous serons revenus d'hommes, autant sur
l'autel nous placerons de taureaux, riches victimes. Et je
t'enverrai des offrandes sans nombre, les unes à Pytho, les
autres à Ortygie. Mais maintenant, ô Dieu qui lances au
loin les traits, accueille de notre part ce sacrifice que nous
t'offrons comme prix de notre voyage, le premier que nous
fassions en l'honneur de ce navire. Puissé-je, avec un sort
favorable, ô roi, détacher le câble suivant tes desseins. Qu'il
souffle le vent propice qui nous fera aller sur la mer, heureux
du beau temps! »
Il dit, et avec sa prière, il répandit les grains d'orge sacrée. V. a^s-mj»
Deux de ses compagnons se ceignirent les reins et s'appro-
chèrent des bœufs: c'étaient le robuste Ancaios et Héraclès;
celui-ci frappa un des bœufs de sa massue, au milieu de la
tête, au front : aussitôt, tombant comme une masse, l'animal
s'abattit sur le sol. Quant à Ancaios, s'attaquant à la vaste
nuque de l'autre bœuf, sa hache d'airain lui trancha les
Solides muscles du cou. L'animal, projeté en avant, tomba
sur ses deux cornes; les compagnons se hâtèrent d'égorger
les victimes et de les dépouiller de leur peau; ils les décou-
paient, les dépeçaient en morceaux. Ils tranchèrent pour le
l8 LES ARGONAUTIQUES
sacrifice les cuisses consacrées; et, quand toutes ces parties
eurent été recouvertes d*une couche épaisse de graisse» on
les fit brûler sur des morceaux de bois fendu. L'Aisonide
versait des libations de vin pur, et Idmon était plein de joie
à la vue de la flamme du sacrifice, qui brillait de tous côtés,
et de la fumée qui — présage heureux — s'en élevait en
tourbillons éclatants. Aussitôt, sans hésiter, il interpréta la
pensée du fils de Létô :
c Pour vous, la destinée divine, la nécessité est que vous
reveniez ici, porteurs de la toison. Mais dans l'intervalle, à
l'aller et au retour, innombrables sont les épreuves. Quant
à moi, la cruelle volonté du dieu a fixé que je mourrai loin
d'ici, quelque part sur le continent asiatique. C'est ce
que déjà, autrefois, de funestes présages d'oiseaux m'avaient
appris sur mon sort; cependant, j'ai quitté ma patrie pour
monter en navire, afin de laisser, après mon départ, une
bonne renommée dans ma maison. »
V. 448-495- Il parla ainsi : en entendant l'oracle, les jeunes gens se
réjouirent, parce que le retour leur était promis; mais la
douleur les saisit à cause de la destinée d'Idmon.
Au moment où le soleil dans son cours dépasse le point où
il s'est arrêté, alors que déjà les rochers étendent leur ombre
sur les campagnes, — car le soleil descend vers l'obscurité du
soir, — alors, sur le sable, ils étendirent tous un lit épais de
feuillage, le long du rivage blanc d'écume. Ils s'y couchèrent
en bon ordre; et, auprès d'eux, étaient placés en abondance
les aliments et le vin^réable que les échansons tiraient des
vases pour le verser. Bientôt ils commencèrent à causer entre
eux, avec ces nombreuses plaisanteries que des jeunes gens
échangent agréablement, au milieu du festin et du vin, alors
qu'on s'abstient des violences funestes.
Cependant Jason, inquiet, songeait en lui-même à tous les
dangers de l'expédition, semblable à un homme qui baisse
la tête sous le poids de la tristesse. Idas, qui soupçonnait
l'état de son âme, l'interpella à haute voix :
« Aisonide, quelles sont les réflexions que tu roules dans
CHANT PREMIER 19
ton esprit? Expose au milieu de nous tes pensées. Es-tu
dompté par Tattaque de la terreur qui égare les hommes
sans force? Elle peut le savoir, cette lance rapide, grâce à
laquelle je remporte dans les guerres plus de gloire que les
autres (car Zeus ne m'est certes pas d*un aussi grand secours
que ma lance). Il n*y aura ni désastre déplorable, ni lutte
impossible à terminer, tant qu'Idas sera là, un dieu même
fût-il votre adversaire. Tel est en ma personne le protecteur
que tu amènes d'Aréné. »
Il dit, et, tenant à deux mains une pleine coupe, il but,
sans mélange d'eau, le vin agréable; et le vin arrosait ses
lèvres et sa barbe noire. Ils murmurèrent tous ensemble, mais
Idmon prit la parole, pour se faire entendre publiquement :
c Insensé! ce que tu penses est funeste, et à toi-même
tout le premier. ^t-ce le vin pur qui, pour ta perte, gonfle
dans ta poitrine ton cœur audacieux, et lui a fait mépriser
les dieux? Il y a bien d'autres manières encourageantes de
parler pour exhorter un compagnon. Ta parole, à toi, a été
tout à fait odieuse. C'est de la sorte, à en croire la renommée,
que jadis ils invectivaient contre les dieux, ces fils Aloïades,
auxquels tu ne peux guère te prétendre égal en courage; et
cependant, ils furent domptés tous deux par les flèches
rapides du fils de Létô, malgré leur force puissante. »
Il parla ainsi : mais Idas, fils d'Aphareus, poussa de longs
éclats de rire; puis, le regardant de travers, il lui répondit
par ces paroles injurieuses: «Allons, vite! Indique-moi
maintenant, par tes prédictions, si les dieux doivent me
. préparer une fin semblable à celle q^ ton père a procurée
aux Aloîades; mais réfi&rhis bien au moyen d'échapper sain
et sauf à mon bras, si tu es un jour convaincu de m'avoir
rendu un oracle menteur. »
Il était irrité et injurieux : et la dispute aurait été plus
loin, si les compagnons ne s'étaient empressés d'adresser des
reproches aux querelleurs, et si l'Aisonide lui-même ne les
avait arrêtés. Orphée, de son côté, ayant pris sa cithare de
sa main gauche, préluda à un chant.
20 LES ARGONAUTIQUES
V. 496.518. Il chantait comment la terre, le ciel et la mer, autrefois
confondus entre eux dans une seule forme, avaient été
séparés, chaque élément de son côté, et tirés de cet état
funeste de lutte; comment, dans les airs, les astres, la lune,
et les chemins du soleil conservent toujours fixe la place qui
leur est assignée; comment les montagnes se sont élevées,
comment sont nés, avec les Nymphes, les fleuves sonores,
comment se sont produits tous les animaux qui vont sur
la terre. Il chantait aussi comment à l'origine Ophion et
rOcéanide Eurynomé régnaient ensemble sur l'Olympe
neigeux ; comment, vaincu par la violence d'un bras puissant,
Ophion dut céder la souveraineté à Cronos, et Eurynomé à
Rhéa; comment tous les deux furent précipités dans les flots
de rOcéan. Cependant, leurs vainqueurs étaient rois des
Titans^ dieux bienheureux. Zeus alors était un enfant, il ne
savait encore dans son esprit que ce que savent les enfants.
Il habitait dans l'antre du Dicté, et les Cyclopes, nés de la
terre, ne l'avaient pas encore armé de la foudre, du tonnerre
et de l'éclair: car ce sont là les insignes qui font la gloire
de Zeus.
Il dit, et arrêta à la fois son chant divin et sa phorminx.
Quoiqu'il eût cessé, les compagnons insatiables avançaient
toujours la tête vers lui, et, l'oreille tendue, restaient silen-
cieux, tout à leur plaisir : si grand était le charme que les
chants leur laissaient. Mais bientôt, quand les libations à
Zeus eurent été préparées, suivant l'usage religieux, ils les
versèrent de la manière consacrée sur les langues enflammées
des victimes. Puis ils s'occupèrent de passer la nuit dans le
sommeil.
V. 519-558. Mais lorsque l'éclatante Éos commença à regarder de ses
yeux brillants les sommets élevés du Pélion, alors que, sous
l'action du vent, les calmes promontoires étaient arrosés par
la mer agitée, alors Tiphys se réveilla; il ordonna aussitôt
à ses compagnons de monter dans le navire et d*ajuster les
rames.
Tout à coup, un bruit terrible fit retentir le port de
CHANT PREMIER 21
Pagases, et Argo elle-même, en&nt du Pélion,qui avait hâte
de prendre la mer. Car dans le navire une poutre divine
avait été enfoncée, qu'Athéné avait tirée d'un chêne de
Dodone pour l'adapter au milieu de l'étrave.
Les héros montèrent vers les bancs, l'un après l'autre, à
la file, pour se mettre chacun à la place oti il avait été fixé
d'avance qu'ils devaient ramer; ils s'assirent en bon ordre,
ayant chacun auprès de lui ses propres objets d'équipement.
Au milieu s'installèrent Ancaios et le robuste Héraclès, qui
plaça près de lui sa massue, et sous ses pieds la quille fut
inondée par en bas. Déjà on retirait les câbles et on versait
sur les flots les libations de vin pur. Mais Jason détourna
en pleurant les yeux de la terre de la patrie.
Quant à ses compagnons, tels des jeunes hommes qui ont
institué un chœur de danse en l'honneur de Phoibos, soit
à Pytho, soit à Ortygie, ou auprès des eaux de l'Isménos, se
tiennent autour de l'autel et, au son de la phorminx, frappent
le sol en cadence de leurs pieds rapides : tels, au son de la
cithare d'Orphée, ils frappaient de leurs rames l'eau impé-
tueuse de la mer; les vagues bruyantes grandissaient, et, des
deux côtés, l'écume jaillissait de la mer sombre, qui gémissait
terriblement sous les efforts puissants des robustes rameurs.
Et, au soleil, tout l'armement du navire en marche brillait
comme la flamme; et toujours la suite du long sillage
blanchissait, comme un sentier de traverse que l'on aperçoit
au milieu d'une plaine verte.
Ce jour-là, du haut du ciel, toutes les divinités regardaient
le navire et la force des hommes demi-dieux qui, pleins de
courage, naviguaient alors sur les flots. Aux sommets de
la montagne, les Nymphes du Pélion se tenaient, saisies
d'étonnement à la vue de l'œuvre d'Athéné Tritonide, et
des héros eux-mêmes dont les mains faisaient mouvoir les
rames. Des hauteurs du mont, Chiron Phillyride descendit
vers la mer : ses pieds se mouillaient dans les vagues qui se
brisaient en blanchissant d'écume; sa forte main leur faisait
de nombreux signes d'encouragement, et, par ses cris, il
22 LES ARGONAUTIQUES
souhaita à ceux qui partaient un retour exempt de soucis.
Auprès de lui, sa femme, qui portait dans ses bras Achille
Péléide, le présentait à son père chéri.
V. 559-579- Mais eux, une fois qu'ils furent sortis du rivage circulaire
qui enferme le port, grâce à la sagesse et à l'intelligence du
prudent Agniade Tiphys, qui tenait avec habileté dans ses
mains le gouvernail bien poli, afin de diriger sûrement le
navire, alors ils dressèrent le mât immense sur la poutre
transversale où on l'assujettit, et le fixèrent à des cordes
tendues des deux côtés. Puis, ils déployèrent la voile après
l'avoir tirée jusqu'à la partie supérieure du mât. Le vent
se lança sur elle en sifflant; les cordages étaient déjà fixés
chacun à sa place, autour des vergues, par des anneaux faits
en bois bien poli, quand ils dépassèrent tranquillement le
long cap Tisée. Le fils d'Oiagros leur disait sur la phorminx,
dans un chant harmonieux, les louanges de la gardienne des
vaisseaux, fille d'un père illustre, Artémis, qui veillait sur
ces hauteurs qui dominent la mer, protectrice aussi de la terre
d'Iolcos. Les poissons cependant, s'élevant au-dessus de la
surface de la mer profonde, les petits au milieu des monstres
énormes, suivaient en bondissant les routes humides. Telle
parfois, sur les traces d'un maître rustique, va une longue
suite de brebis qui rentrent au bercail bien rassasiées
' d'herbes : le berger marche devant, en modulant harmo-
nieusement sur sa syrinx perçante une mélodie pastorale;
tels les poissons suivaient, et le vent en poupe qui frappait
toujours la voile à coups pressés entraînait le navire.
V. 580-608. Bientôt a disparu dans la brume la terre des Pélasges,
riche en moissons; déjà leur course continue laissait en
arrière les rocs détachés du Pélion ; le promontoire Sépias
semblait se retirer. Sciathos, que la mer entoure, apparaissait,
et au loin Peirésies et Magnésa, et le tranquille rivage du
continent et le tombeau de Dolops. C'est là que, sur le soir,
le souffle contraire du vent les força d'aborder; et, pour
honorer le héros, ils consumèrent des brebis, à la tombée
de la nuit, comme sacrifice à son ombre. La mer était
CHANT PREMIER 23
gonflée et excitée : ils restèrent deux jours sur ce rivage, dans
l'inaction. Mais, le troisième jour, ils firent partir le navire,
ayant tendu très haut Timmense voile. Cette côte s'appelle
encore aujourd'hui «le lieu de départ du navire Argo».
En partant de là, ils passèrent au large de Méliboia, dont
ils évitèrent le rivage et la grève toujours battue par les
vents. Au matin, ils côtoyèrent Homolé, en voyant de près
cette ville qui se penche vers la mer; ils ne tardèrent pas
longtemps à franchir l'embouchure du fleuve Amyros. Ils
virent ensuite Eurymènes et les vallées humides de l'Ossa et
de l'Olympe; ensuite, ils passèrent de nuit devant Pallénées,
bâtie sur la pente du promontoire Canastrée; leur course
était hâtée par les souffles du vent. Au matin, ils étaient
assez avancés pour voir s'élever le mont Athos de Thrace.
Lemnos en est éloignée de toute la distance qu'un vaisseau
de transport bien équipé peut parcourir depuis le matin
jusqu'à midi : et cependant l'ombre du sommet de l'Athos
couvre l'île jusqu'à la ville de Myriné.
Ce jour-là, ils avaient une brise, qui devait continuer de
souffler toute la nuit avec une grande violence; la voile
du navire était gonflée. Mais, aux premiers rayons du
soleil, le vent s'apaisa, et c'est en ramant qu'ils abordèrent
à la stérile Lemnos, séjour des Sintiens.
Dans cette île, tout le peuple des hommes^ victime des v. 609-639.
fureurs des femmes, avait été misérablement mis à mort,
l'année précédente. Caries hommes, pris de haine pour leurs
femmes légitimes, les avaient abandonnées ; ils éprouvaient
au contraire un violent amour pour des captives dont ils
s'emparaient, en ravageant la Thrace, située en face de
Lemnos. C'est que les Lemniennes étaient poursuivies par
le terrible courroux de Cypris, parce que, depuis longtemps,
elles ne l'avaient pas honorée de leurs offrandes. Oh!
malheureuses, tristement insatiables dans leur haine! Ce ne
fut pas assez de tuer leurs maris avec les captives dans leurs
lits, mais elles détruisirent à la fois tout le sexe mâle, afin
de n'avoir pas à subir de représailles pour leur crime atroce.
24 LES ARGONAUTIQUBS
Seule entre toutes, elle épargna son vieux père, Hypsipylé,
fille de Thoas, qui régnait sur le peuple. Elle le mit dans
un coffre creux, et le fit ainsi emporter par la mer, avec
chance pour lui d*échapper à la mort. En effet, des pécheurs
le recueillirent dans l'île anciennement nommée Oinoié,
mais qui, dans la suite, fut appelée Sicinos, du nom de
Sicinos que la nymphe Oinoié, une des Naïades, enfanta
à Thoas, dont elle partageait la couche.
Quant aux femmes de Lemnos, s'occuper des troupeaux
de bœufs, revêtir les armes d'airain, fendre avec la charrue
le sol des champs fertiles en blé, cela leur semblait à toutes
bien plus facile que les travaux d'Athéné, qui faisaient
jusque alors leur unique occupation. Cependant, elles tour-
naient bien souvent les yeux vers la vaste mer, pleines
d'une terrible inquiétude : quand les Thraces viendraient-ils
contre elles? C'est pourquoi, lorsqu'elles aperçurent, auprès
de l'île, Argo qui arrivait à force de rames, aussitôt, toutes
en masse, en toute hâte, revêtues de leurs armes de guerre,
elles se mirent à sortir des portes de Myriné et à se répandre
sur le rivage, semblables aux Thyades qui mangent la chair
crue : car elles pensaient que peut-être les Thraces arrivaient.
Avec elles était Hypsipylé, fille de Thoas, revêtue des armes
de son père. La foule des femmes restait muette, incapable de
prendre une décision : si grande était la crainte qui planait
sur leurs esprits.
V. 640-656. Cependant, du navire, les Argonautes envoyèrent Aitha-
lidès, héraut rapide, auquel ils confiaient le soin des
ambassades et le sceptre d'Hermès, son propre père, qui
lui avait donné de toutes choses une mémoire inaltérable.
Maintenant encore qu'il s'en est allé vers les terribles
tournants d'eau de l'Achéron, l'oubli n'a pu pénétrer dans
son âme. Or, il a été arrêté par le destin qu'une alternative
éternelle le ferait tantôt compter parmi ceux qui habitent
sous la terre, tantôt parmi les hommes qui vivent à la
clarté du soleil. — Mais quelle nécessité de raconter la suite
des récits qui ont rapport à Aithalidès? C'est lui qui, en
CHANT PREMIER 25
cette circonstance, persuada, par de douces paroles, à
Hypsipylé de recevoir ceux qui arrivaient : le jour tombait,
ils ne passeraient que la nuit; — mais, le lendemain matin,
ils ne détachèrent pas les amarres, car le vent Borée soufflait.
De leur côté, les femmes de Lemnos allaient par la ville
pour se réunir en séance à l'agora; car Hypsipylé elle-même
les avait convoquées. Toutes étaient déjà rassemblées en
masse : aussitôt, elle leur adressa ces paroles d'exhortation :
« O mes amies, hâtons-nous; envoyons à ces hommes des V. 6s7«666.
présents de nature à satisfaire leur cœur, des provisions,
du vin agréable, toutes choses qu'il convient d'emporter
sur un navire. De la sorte, ils resteront toujours hors de
l'enceinte de nos tours; n'ayant aucun besoin de venir chez
nous, ils ne sauront rien d'exact sur notre compte. Et nous
éviterons que des bruits funestes ne se répandent au loin
sur nous. Car nous avons accompli une action terrible qui,
s'ils l'apprenaient, ne leur serait guère agréable. Telle est la
pensée qui s'est présentée à nous. Si quelqu'une de vous a
dans Pesprit quelque dessein meilleur, qu'elle se lève : car
c'est pour cela que je vous ai rassemblées ici. »
Elle parla en ces termes, et s'assit sur le trône de pierre de V. 667-696.
son père. Après elle, sa chère nourrice Polyxo se leva. Elle
chancelait sur ses pieds contractés par la vieillesse; elle
s'appuyait sur un bâton. Cependant, elle désirait ardem-
ment prendre la parole. Quatre jeunes filles, quatre vierges,
assistaient la vieille femme, qui était couverte comme d'un
duvet de cheveux blancs. Elle se leva donc au milieu de
l'agora, et, dressant avec peine autant qu'elle le put son
cou sur son dos voûté, elle prononça ces paroles:
«Sans doute, envoyons des présents à ces étrangers,
comme le veut Hypsipylé : c'est en effet le meilleur parti.
Mais comment pensez-vous que nous pourrons jouir de la
vie, si nous sommes attaquées par l'armée thrace ou par
quelque autre ennemi? De telles invasions sont fréquentes
parmi les hommes : aujourd'hui, par exemple, cette troupe
arrive à l'improviste. Si quelqu'un des dieux bienheureux
26 LES ARGONAUTIQUES
détourne un semblable malheur, bien d'autres vous sont
réservés, pires encore que l'attaque des ennemis. Quand les
vieilles femmes seront mortes, quand vous, les plus jeunes,
vous serez arrivées sans enfants à une détestable vieillesse,
comment vivrez- vous alors, malheureuses? Croyez- vous
que, dans les champs aux sillons profonds, les bœufs iront
d'eux-mêmes se mettre, pour vous, sous le joug, et tireront à
travers la jachère la charrue qui fend le sol? Croyez-vous que,
l'année révolue, ils couperont eux-mêmes vos moissons?
Quant à moi, si jusqu'à présent les Kères ont craint de me
faire mourir, je pense bien que, l'année prochaine, la terre me
couvrira. On m'aura rendu les honneurs funèbres, comme
il est juste, avant que cette calamité n'arrive. C'est aux plus
jeunes que je demande de bien songer à ces choses. Main-
tenant, en elSet, le moyen de salut est à votre portée, devant
vous : c'est de confier à ces étrangers vos maisons, tous vos
biens et le gouvernement de cette illustre ville. »
V. 69^73o. Elle parla ainsi, et un tumulte approbateur emplit l'agora ;
car ce discours leur plaisait. Aussitôt après Polyxo,
Hypsipylé se leva de nouveau, et, prenant à son tour la
parole, elle dit :
« Si ce projet vous plaît à toutes, je vais envoyer sur-le-
champ une messagère au navire. »
Elle dît, et s'adressa à Iphinoé, placée à ses côtés : « Fais-
moi le plaisir de te lever, Iphinoé; va demander de venir
chez nous à cet homme, quel qu'il soit, qui commande
l'expédition : j'ai à lui communiquer une résolution de mon
peuple qui lui plaira. Quant- à ses compagnons, invite-les,
s'ils le veulent, à entrer sur notre terre et dans notre ville,
sans rien craindre et avec des sentiments de paix. »
Elle dit, et renvoya l'assemblée; puis elle se leva pour
rentrer chez elle. De son côté, Iphinoé alla vers les Minyens»
Ils lui demandèrent dans quelle pensée elle venait vers eux;
aussitôt, elle leur adressa la parole, et son discours répondait
à la fois à toutes leurs interrogations :
« C'est la fille de Thoas, Hypsipylé, qui m'a envoyée ici
CHANT PREMIER 27
pour appeler le chef du navire, quel qu'il soit. Elle doit lui
communiquer une résolution de son peuple qui lui plaira.
Quant à vous, elle vous invite, si vous le voulez, à entrer
tout de suite sur notre terre et dans notre ville, avec des
sentiments de paix. »
Elle parla ainsi, et ce discours honnête leur plut à tous.
Ils supposèrent que Thoas était mort, et qu'Hypsipylé, sa
fille unique, régnait à sa-place. Ik envoyèrent aussitôt Jason,
et firent eux-mêmes leurs préparatife de départ.
Le héros agrafa autour de ses épaules un manteau dou- V. Tai-Tsç.
ble, couleur de pourpre, ouvrage de la déesse Tritonide
Pallas, qu'elle-même lui avait donné alors que, commençant
la construction du navire Argo, elle disposait les premiers étais
destinés à le soutenir et enseignait à régler les dimensions
des traverses. Il aurait été plus facile de fixer les yeux sur le
soleil à son lever que de supporter l'éclat de ce manteau. Le
fond en était rouge, et les bords couleur de pourpre pure. A
chaque extrémité, des sujets variés, en grand nombre, étaient
tissés avec un art extrême.
C'étaient d'abord les Cyclopes, courbés sur leur ouvrage ^* 730-734-
éternel, forgeant la foudre pour le roi Zeus. Ils étaient déjà
si avancés dans sa fabrication, la foudre était si brillante
d^à, qu'il n'y manquait plus qu'un seul rayon; et ce rayon
s'étendait sous les marteaux de fer, étincelante émanation
du feu vigoureux.
Puis, les deux fils de l'Asopide Antiopé, Amphion et V. 735-741.
Zéthos : auprès d'eux était une ville, encore sans tours,
Thèbes, dont il venaient de jeter avec ardeur les fondements.
Zéthos portait sur ses épaules le sommet d'une montagne
escarpée; il semblait peiner sous le fardeau. Auprès de luij
Amphion, chantant sur sa phorminx d'or, marchait, et un
rocher, deux fois aussi grand que celui de Zéthos, suivait
ses pas.
Plus loin était tracée la déesse aux tresses épaisses et v. 742-746.
longues, Cythéréia, tenant le bouclier commode à manier
d'Ares. Depuis l'épaule jusqu'au coude gauche, sa tunique
28 LES ARGONAUTIQUES
était entr'ouverte au-dessous du sein: en face d'elle, son
image apparaissait, visible dans le bouclier d*airain.
V. 747-751* Puis, c'était un gras pftturage de bœuis; auprès des
bœufs, les Téléboens combattaient avec les fils d'Électryon;
ceux-ci se défendaient : les autres, les brigands de Taphos,
voulaient les dépouiller. La prairie, couverte de rosée, se
teignait du sang des combattants; mais la quantité des
voleurs l'emportait par la force .sur les bergers moins
nombreux.
V. 752-758. Ensuite était tracé le combat de deux chars. Celui qui
courait le premier était conduit par Pélops, qui agitait les
rênes; avec lui, sur le char, Hippodaméia était sa compagne.
Le suivant à la course, Myrtilos poussait ses chevaux; à
son côté, Oinomaos, ayant saisi sa lance en main, la tendait
en avant. Mais l'essieu fléchit d'un côté et se brise dans
le moyeu. Oinomaos tombe, au moment oti il s'efforce de
transpercer Pélops par derrière.
V. 759-762. Phoibos Apollon était aussi représenté, robuste enfant,
quoique encore dans un âge tendre, lançant des flèches sur
un insolent qui tirait sa mère par son voile, le grand Tityos,
que la divine Élaré avait enfanté, mais que Gaia avait
nourri et mis au monde de nouveau.
V. 7^-767. Phrixos le Minyen y était aussi. Il semblait écouter réelle-
ment le bélier, et celui-ci avait l'air de parler. A leur vue, on
demeure stupéfait; l'esprit est le jouet d'une illusion. On
s'attend à leur entendre prononcer de sages paroles, et, dans
cet espoir, on les contemple longuement.
V. 768-7^, Tel était le don de la déesse Tritonide Athéné. Jason prit
ensuite dans sa main droite sa lance qui frappait au loin,
présent d'hospitalité qu'Atalante lui avait donné, après lui
avoir fait un accueil ami sur le mont Ménale. Elle avait uii
vif désir de suivre l'expédition : mais, quant à lui, il s'occupa
de détourner la jeune fille de son projet, dans la crainte
des discordes pénibles qui auraient pu s'élever par amour
pour elle.
Il se mit donc en marche pour aller vers la ville, semblable
CHANT PREMIER 29
à un astre brillant que les jeunes filles, enfermées dans une
demeure nouvellement bâtie, regardent s'élever au-dessus
des maisons; leurs yeux sont charmés en voyant son éclat
rouge, si beau au milieu du ciel obscur; elle se réjouit, la
vierge qui attend avec impatience le jeune homme en voyage
parmi les peuples étrangers, celui à qui ses parents l'ont
fiancée, et pour qui ils la gardent. Semblable à cet astre, le
héros s'avançait sur la route qui mène à la ville.
Quand Jason et ses compagnons eurent franchi les portes
et furent entrés dans la ville, les femmes du peuple s'agi-
taient derrière eux, heureuses d'un tel hôte. Mais lui, les
yeux fixés à terre, il s'avança sans se laisser distraire,
jusqu'au moment oti il eut pénétré dans le palais splendide
d'Hypsipylé. A sa vue, les servantes ouvrirent les portes
à deux battants, adaptées à des montants artistement tra*
vailles. Alors Iphinoé s'empressa de le conduire à travers
une belle salle, et le fit asseoir sur un siège brillant en face
de sa maîtresse* Celle-ci baissa les yeux, et ses joues virgi«
nales rougirent; cependant, toute confuse, elle lui adressa
ces paroles pleines d'une flatteuse habileté :
« Etranger, quelle est votre idée de rester si longtemps V« 793-833*
établis ainsi, en dehors de nos murs? En effet, notre ville n'est
point habitée par des hommes : ils sont allés, en étrangers,
cultiver les champs fertiles de la Thrace, sur le continent.
Toute leur méchanceté, je vais la dire sincèrement pour que
vous la connaissiez à fond, vous aussi. Lorsque Thoas, mon
père, était roi des habitants de Lemnos, alors nos guerriers,
quittant leur pays, allaient faire des incursions sur la terre
des Thraces, qui habitent en face de nous; ils s'élançaient
hors de leurs navires, dévastaient les étables, et ramenaient
ici, au milieu d'un immense butin, des jeunes filles. Ainsi
s'accomplissait le dessein de la fatale déesse Cypris, qui leur
avait mis dans l'âme une passion criminelle, ruine de leur
raison. Car ils prenaient en haine leurs femmes légitimes,
et, obéissant à leur folie, ils les chassaient de leurs demeures;
et, cependant, ils dormaient auprès de ces femmes qu'ils
3o LES ARGONAUTIQUBS
avaient amenées captives, conquises à la pointe de la lance :
les malheureux! Nous avons longtemps tout supporté: peut-
être un jour leur cœur changerait-il. Mais il doublait, il
s'accroissait sans cesse, leur mal terrible. Les enfants nés
légitimement dans la maison étaient méprisés, et une race de
bâtards commençait à grandir. Les choses en étaient arrivées
à ce point que les jeunes filles vierges et, avec elles, les mères,
comme des veuves, erraient par la ville, n^ligées de tous.
Le père ne s'inquiétait pas le moins du monde de sa fille,
la vit-il, sous ses yeux, mise en pièces par les mains d'une
indigne marfttre. Les fils ne pensaient pas, comme aupa-
ravant, à garantir leurs mères des injures outrageantes ; la
sœur n'était plus à cœur à son frère. C'est de ces filles
captives que l'on s'occupait uniquement, dans la maison, aux
chœurs de danse, sur la place publique, dans les festins.
Cela fut ainsi jusqu'au jour où un dieu mit dans nos cœurs
une audace qu'aucune force n'aurait pu arrêter: une fois
qu'ils revenaient de chez les Thraces, nous refusâmes de les
recevoir dans l'enceinte des tours ; ils pouvaient ou rentrer
dans des sentiments l^itimes, ou aller avec leurs captives
s'établir quelque part ailleurs. Mais alors, demandant leurs
fils, tout ce qui restait en ville du sexe mâle, ils repartirent
pour le pays où ils sont encore maintenant, habitants des
champs neigeux de la Thrace. Ainsi donc, demeurez au milieu
de nous : faites partie de notre peuple. Pour toi, si tu veux
habiter ici, si cela te plaît, certes les honneurs de mon père
Thoas te seront réservés. Tu ne pourras, je crois, rien
reprocher à cette terre : elle est plus fertile que les autres
lies, si nombreuses que l'on en trouve d'habitées dans la
mer Egée. Va donc maintenant, fais route vers ton navire,
répète nos paroles à tes compagnons, et ne demeure pas plus
longtemps hors de la ville I »
V. 834-860. Elle parla ainsi, dissimulant le meurtre qui avait été
commis sur les hommes. Jason, à son tour, lui adressa la
parole avec adresse :
« Hypsipylé, c'est bien volontiers que nous accepterions
CHANT PREMIER 3l
raimable secours que tu nous offres, alors que nous avons
besoin de toi. Je vais revenir en ville, quand j'aurai exposé,
comme il convient, toutes tes offres à mes compagnons. Mais
que l'autorité royale, que l'île de Lemnos restent tiennes.
Pour moi, ce n'est pas dédain si je refuse, mais de terribles
combats me réclament en hâte. »
Il dit, et lui toucha la main droite; aussitôt, il se mit en
route pour revenir. Autour de lui, de tous côtés, pleines de
joie, des jeunes filles sans nombre s'empressaient jusqu'au
moment où il sortit des portes. Bientôt après, sur des chariots
rapides, elles descendaient vers le rivage, portant de nom-
breux dons d'hospitalité. Déjà, le héros avait répété avec
soin à ses compagnons le discours qu'Hypsipylé avait tenu
pour les appeler dans la ville. Elles les déridèrent sans peine
à venir en hôtes dans leurs maisons. Car Cypris leur avait
mis dans l'âme un doux désir, par égard pour Héphaistos,
le dieu plein de sagesse, afin que, désormais, grâce à l'arrivée
de ces hommes, la population de Lemnos fût complète.
L'Aisonide partit pour la demeure royale d'Hypsipylé.
Les autres allèrent un peu partout, chacun oti le hasard le
conduisait. Excepté Héraclès : il resta auprès du navire, de
son plein gré, et, avec lui, quelques compagnons choisis.
Aussitôt, la ville s'égaie de chœurs de danse et de festins;
elle est pleine d'une fumée odorante : au-dessus de tous les
autres dieux immortels, c*est le fils illustre d'Héra, et Cypris
elle-même que l'on se conciliait par le chant et les sacrifices.
On différait de jour en jour le départ sur la mer. Ils
seraient restés longtemps à s'oublier dans leur séjour, si
Héraclès, convoquant ses compagnons loin des femmes, ne
leur eût adressé ces paroles pleines de blâme :
« Malheureux! un meurtre commis sur des concitoyens y. 86i-S74.
nous tient-il éloignés de la patrie? Est-ce par besoin de nous
marier que nous sommes venus de notre pays ici, dédaigneux
des femmes de chez nous? Est-ce notre plaisir d'habiter ici,
pour labourer les fécondes campagnes de Lemnos? Certes,
ce n'est pas ainsi que nous conquerrons de la gloire à
32 LES ARGONAUTIQUES
cohabiter si longtemps avec des femmes étrangères! Et lu
toison, ce n'est pas quelque dieu qui ira l'arracher pour
nous la donner, proie qui s'offrirait d'elle-même à nos
prières. Rentrons donc, chacun chez soi; quant à lui,
laissez-le s'éterniser dans le lit d'Hypsipylé, jusqu'à ce
qu'il ait peuplé Lemnos de ses enfants, et qu'une grande
gloire lui soit arrivée ainsi I »
V. 875-865. C'est en ces termes qu'il gourmanda l'assemblée : en face
de lui, personne n'osa lever les yeux, ni prendre la parole.
Loin de là, aussitôt après la réunion, ils allèrent préparer
leur départ en hâte. Mais les femmes coururent vers eux
dès qu'elles se furent rendu compte de leur projet. Telles,
autour de lis splendides, bourdonnent des abeilles, qui se
répandent hors du rocher creux qui leur sert de ruche; au
loin s'étend une riante prairie baignée de rosée, et, dans
leur vol d'une fleur à l'autre, elles expriment les sucs les
plus doux : telles, ces femmes, en larmes, se répandaient
autour des hommes; elles ne les quittaient pas; par leurs
gestes et leurs paroles, elles montraient leur empressement
auprès de chacun d'eux, priant les dieux immortels de leur
accorder un retour exempt de toute peine.
V. 886-909. Ce fut aussi la prière d'Hypsipylé : elle prit les mains de
l'Aisonide, et le regret de celui qui partait faisait couler ses
larmes:
« Va, et que les dieux te ramènent avec tes compagnons
sains et sauSs, portant au roi la toison d'or; que tout se
passe suivant tes vœux, comme tu le désires. Cette île et le
sceptre de mon père seront toujours pour toi, si jamais, à
ton retour, tu veux revenir ici. Facilement tu pourrais y
amener d'autres villes un peuple immense. Mais cette pensée
tu ne l'auras pas, et moi-même je ne pressens pas que ces
choses s'accomplissent : toutefois, et pendant ton voyage, et
quand tu seras rentré dans ta patrie, souviens-toi d'Hyp-
sipylé. Laisse- moi tes instructions, que j'exécuterai avec
bonheur, si les dieux me permettent de devenir mère. »
Le fils d'Aison répondit ainsi, plein d'égards pour elle:
CHANT PREMIER 33
« Hypsipylé, puissent les événements tourner aussi bien, les
dieux le voulant. Mais toi, prends de moi une meilleure
opinion : tout ce que je demande, c'est de pouvoir habiter
ma patrie, avec le consentement de Pélias, pourvu que les
dieux me laissent sortir des combats! Mais si la destinée ne
veut pas que de mon lointain voyage je revienne sur la
terre d*Hellade, et si tu as mis au monde un enfant
mâle, envoie-le, quand il sera parvenu à la puberté, dans
lolcos Pélasgienne, à mon père et à ma mère, pour qu'il
console leur deuil, si toutefois ils sont encore vivants. Et,
loin du roi Pélias, dans leur palais, ils se relèveront à leur
foyer. »
Il dit, et il monta sur le navire le premier : et les autres V. 910-921.
héros y montèrent. Ils prenaient les rames dans leurs mains,
après s'être assis à leur place. Argos leur détacha le câble de
la roche marine oti il était fixé; et déjà, à grands efforts, ils
fendaient l'eau de leurs longues rames. Vers le soir, sur
les conseils d'Orphée, ils abordèrent à l'île de l'Atlantide
Électra, pour apprendre, dans les saintes cérémonies de
l'initiation, ces arrêts des dieux qu'on ne peut répéter, et
pour continuer ensuite, avec plus de sûreté, leur voyage sur
la mer effrayante. Mais je ne parlerai pas davantage de ces
initiations. Salut à cette île, salut à ces dieux indigènes,
maîtres de mystères qu'il ne m'est pas permis de chanter I
Partis de là, ils parcoururent à la rame la vaste étendue V. 922-935.
du golfe Mêlas, ayant d'un côté la terre des Thraces, de l'autre
et au nord, l'île d'Imbros. Puis, peu de temps après le coucher
du soleil, ils arrivèrent à la pointe dé la Chersonèse. Là, un
rapide vent du midi vint souffler à leur aide; ayant disposé
la. voile pour prendre la brise, ils se lancèrent dans les
difficiles courants de la fille d'Athamas. Ils avaient laissé au
nord l'autre mer dès le matin, et, à la nuit, ils arpentaient
les fiots limités par le rivage Rhœtéien, ayant à leur droite
la terre Idéenne. Laissant de côté Dardanie, ils abordaient à
Abydos; ensuite, ils dépassaient Percoté, la côte sablonneuse
d'Abarnis, et la divine Pityéia; et, cette nuit même, après
34 LES ARGONAUTIQUBS
que le navire eut couru tantôt d'un côté, tantôt de l'autre,
ils arrivèrent au terme de THellespont, rembruni par les
tourbillons qui l'agitent.
V. 936-960. Il est, dans la Propontide, une presqu'île élevée, non loin
du continent phrygien, riche en blés. Autant, d'un côté, elle
s'incline vers la mer, aussi loin, d'autre part, entouré de
flots mugissants, un isthme descend vers la terre ferme. Ses
rivages, accessibles des deux côtés, sont situés au-dessus du
fleuve Aisépos.
Les peuples qui demeurent aux environs appellent cet
endroit la montagne des Ours: mais il a des habitants sau-
vages et féroces, enfants de Gaia, étranges prodiges aux yeux
de leurs voisins. Car ils font mouvoir chacun six bras d'une
force extrême : deux, fixés à leurs robustes épaules, et les
quatre autres, plus bas^ adaptés à leurs flancs monstrueux.
L'isthme et la plaine, située en face, étaient habités par des
hommes Dolions. Celui qui leur commandait était un héros,
fils d'Aineus, Cyzicos, que la fille du divin Eusoros, Ainété,
avait mis au monde. Quoique bien terribles, les enfants de
Gaia n'attaquaient jamais ce peuple, car Poséidon le pro*
tégeait; de lui, en effet, les Dolions étaient issus à l'origine.
C'est en ce pays qu'Argo aborda, poussée par les vents de
Thrace; le port Calos l'accueillit dans sa course. C'est là
aussi que, sur les conseils de Tiphys, ils détachèrent la pierre
de fond, qui était petite, et la laissèrent auprès d'une source,
de la source d'Artacié. Ils en prirent une autre qui convenait
bien, une très pesante. Mais celle qu'ils avaient laissée fut
plus tard, suivant l'arrêt du dieu qui lance au loin les traits,
placée, pierre consacrée, par les Ioniens, compagnons de
Nélée, dans le sanctuaire d'Athéné, protectrice de Jason.
V. 961-988. Pleins de dispositions amicales, tous les Dolions et Cyzicos
lui-même vinrent à la rencontre des Argonautes, dès qu'ils
eurent appris quelle expédition ils avaient entreprise, quelle
était leur race, qui ils étaient. Ils les reçurent avec hospitalité
et leur persuadèrent de pénétrer plus avant, à force de rames,
pour fixer dans le port de la ville les amarres du navire. Ils
CHANT PREMIER 35
élevèrent alors à Apollon, qui préside aux débarquements, un
autel établi sur le rivage, et ils s'occupèrent des sacrifices.
Le roi lui-même leur donna le vin exquis dont ils avaient
grand besoin, et aussi des moutons. Car un oracle lui avait
dit que lorsqu'il viendrait une divine expédition de héros, il
faudrait aussitôt la recevoir avec bienveillance, loin d'avoir
contre elle des desseins hostiles. Semblable à Jason, le
premier duvet de la jeunesse croissait sur son visage, et
il ne pouvait pas encore se glorifier d'être père. Il avait»
dans sa demeure, une épouse qui ne connaissait pas encore
les travaux de l'enfantement, la fille du Percosien Mérops,
Cleité à la belle chevelure, qu'il avait récemment emmenée,
grftce à de splendides présents de noces, hors de la maison
de son père, située de l'autre côté de la mer. Mais il laissa
la chambre et le lit nuptial de sa jeune femme, pour venir
partager leur repas; toute crainte était bannie loin de lui.
Ils s'interrogeaient mutuellement les uns les autres; lui, U
leur demandait quel était le but de leur voyage, quels étaient
les ordres de Pélias; eux, de leur côté, ils s'informaient des
villes avoisinantes et de toutes les sinuosités de la vaste
Propontide : malgré tout leur désir de savoir, il ne pouvait
les renseigner au delà. Aussi, à l'aurore, ils gravissaient le
grand mont Dindymos, pour se rendre compte par eux-
mêmes des routes de cette mer. Et cependant, quelques-uns
d'entre eux faisaient avancer le navire de son premier
mouillage au port Chy tos. Le chemin par lequel ils allèrent
a gardé le nom de route de Jason.
Mais, arrivant de l'autre côté, les enfants de Gaia se v. 989-1011.
précipitaient de la montagne; ils obstruèrent, en lançant
des rochers au fond, l'issue du vaste port Chytos qui va
vers la mer. Tels des chasseurs, disposant un piège pour y
enfermer une béte sauvage. Mais, avec les plus jeunes
hommes, Héraclès était resté au port, et aussitôt, bandant
son arc dont il ramenait la corde en arrière, il en renversa
bon nombre à terre, les uns sur les autres. Eux, de leur
côté, ils brandissaient des pierres abruptes qu'ils lançaient.
36 LES ARGONAUTIQUES
C'est qu'une déesse suscitait ces monstres terribles, Héra,
femme de Zeus ; car cette lutte était un des travaux réservés à
Héraclès. Se joignant à leurs compagnons, les autres héros
qui revenaient de la montagne, avant d'être arrivés à l'en*
droit d'oti ils voulaient observer la mer, les héros vaillants
commencèrent à mettre à mort les enfants de Gaia, soit à
coups de flèches, soit en les accueillant avec leurs lances;
et le combat dura, jusqu'au moment oti tous ces assaillants
furieux eurent été mis en pièces.
Ainsi, lorsque les bûcherons jettent en longue file sur la
pente abrupte d'un rivage les grands troncs d'arbres qu'ils
viennent d'abattre à coups de hache, afin que ces arbres, une
fois humectés par les flots, se laissent pénétrer par les coins
solides; ainsi, à la suite les uns des autres, les vaincus gisaient
étendus, à l'endroit où se rétrécissait le port aux vagues blan*
ches d'écume; les uns, masse serrée, avaient la tête et la poi«
trine plongées dans l'eau salée; le reste du corps, plus élevé,
s'étendait sur la terre ferme. D'autres, au contraire, avaient
la tête sur le sable du rivage, et leurs pieds s'enfonçaient
dans la mer. Les uns et les autres devaient être la proie des
oiseaux et des poissons.
V. ioia-1077. Les héros, après avoir achevé sans crainte cette lutte,
détachaient au souflle du vent les amarres du navire, et
poursuivaient leur route plus avant au travers des vagues
gonflées de la mer. Argo avait couru toute la journée à la
voile; mais, à l'arrivée de la nuit, le souffle du vent ne
restait pas ce qu'il avait été. La tempête contraire saisissait
le navire, le ramenait en arrière, en sorte qu'ils abordèrent
de nouveau chez les Dolions hospitaliers. Les héros débar*
quèrent cette même nuit : encore aujourd'hui on nomme
<c Pierre Sacrée » la pierre autour de laquelle ils jetèrent les
amarres du navire, s'étant avancés jusque-là.
Aucun d'eux ne fut assez avisé pour reconnaître que
c'était la même presqu'île qu'ils avaient naguère quittée.
Eux, non plus, les Dolions ne s'aperçurent pas, dans la nuit,
que c'étaient réellement les héros qui revenaient; mais ils
CHANT PREMIER Zj
pensèrent que Tarmée Pélasgienne des Macriens venait
d'aborder. Aussi, revêtant leurs armes, ils engagèrent la
bataille avec eux. Ils manœuvrèrent les uns contre les autres
de la lance et du bpuclier : telle la rapide violence du feu
fait rage, quand elle s'est abattue sur des buissons desséchés.
C'est ainsi qu'une attaque terrible et violente s'abattit sur le
peuple des Dolions. Et, de cette bataille, leur roi lui-même
ne devait pas, violant l'ordre des destins, revenir chez lui,
dans sa chambre, à son lit nuptial. Le voyant qui se tournait
droit contre lui, l'Aisonide se précipita et le frappa en pleine
poitrine, et, tout autour, les os furent fracassés par le coup
de lance. Et le roi, renversé sur le sable, accompli t sa destinée.
Car il n'est jamais permis aux mortels de l'éviter : c'est
une dure barrière qui, de tous côtés, s'étend autour d'eux.
Cyzicos se croyait bien à Tabri de tout malheur fâcheux de
la part des héros; et, cette nuit même, le destin l'enchaîna,
alors qu'il combattait contre eux. Beaucoup d'autres qui
l'aidaient dans la lutte furent tués. Héraclès tua Téléclès et
Mégabrontès; Acastos dépouilla Sphodris; Pelée se rendit
maître de Zélys et de Géphyros, agile dans les combats;
Télamon, habile à manier la lance, mit à mort Basileus ; Idas
tua Promeus; Clytios, Hyacinthos; et les deux Tyndarides,
Mégalossakès et Phlogios. En outre de ceux-ci, le fils
d'Oineus tua l'audacieux Itymoneus et Artakès, qui com-*
battait au premier rang; tous guerriers, que les habitants
du pays honorent encore du culte qu^on rend aux héros.
Le reste lâcha pied et s'enfuit de frayeur, comme, devant
les éperviers rapides, s'échappe en tremblant la foule des
colombes. Ils se précipitèrent vers les portes, troupe en
désordre; aussitôt, cette retraite d'une lutte lamentable
remplit la ville de cris. A l'aurore, on reconnut de part et
d'autre la terrible, l'irréparable erreur. Une douleur cruelle
s'empara des héros Minyens, quand ils virent le fils d'Aineus,
Cyzicos, étendu devant eux dans la poussière et le sang.
Trois jours entiers, ils gémirent, ils arrachèrent leurs
cheveux, eux et le peuple des Dolions. Ensuite, avec leurs
38 LES ARGONAUTIQUES
armes d'airain, ils firent trois fois le tour du tombeau,
accomplirent les justes cérémonies funèbres, et instituèrent,
comme il est convenable, des jeux dans la plaine herbeuse
oti, encore aujourd'hui, le tertre du tombeau s'élève à la
vue de la postérité.
Mais Cleité, femme de Cyzicos, ne survécut pas plus
longtemps à la mort de son époux : à ce malheur, elle en
ajouta un autre plus affreux, car elle s'attacha une corde au
cou. Sa mort fut pleurée par les Nymphes des bois elles-
mêmes. Toutes les larmes qui de leurs yeux coulèrent vers
la terre, les déesses en firent une source appelée Cleité, nom
illustre de la malheureuse jeune femme. Ce fut un jour bien
funèbre, par la volonté de Zeus, pour les femmes des Dolions
et pour les hommes. Personne, parmi le peuple, ne put
goûter à la moindre nourriture; et, longtemps, leur douleur
les empêcha de broyer le grain sous la meule; mais ils
soutenaient leur existence en se nourrissant seulement de
grains crus. De là vient qu'à présent encore, au jour anni-
versaire oti les Ioniens, habitants de Cyzique, répandent des
libations, c'est sous la meule publique que le grain est broyé
pour le gâteau des sacrifices.
V. 1078-1103. Après cela, s'élevèrent de rudes tempêtes, qui, pendant
douze jours et douze nuits, empêchèrent les héros de prendre
la mer. Au bout de ce temps, la nuit étant venue, déjà
domptés par le sommeil, ils dormaient tous, étendus. C'était
la dernière partie de la nuit. Acastos et Mopsos Ampycide
veillaient sur leur profond sommeil. C'est alors qu'au-dessus
de la tête blonde de l'Aisonide, un alcyon vola, prédisant par
son chant clair la fin de la tourmente soulevée. Mopsos le
comprit, quand il eut entendu les accents de bon augure de
l'oiseau qui aime les rivages. Bientôt, suivant l'ordre de la
divinité qui l'envoyait, l'oiseau se détourna et vint se poser
çn haut de la poupe, perché à l'endroit le plus élevé. Jason
était couché sur les molles toisons des brebis : Mopsos alla
le secouer, le réveilla aussitôt, et lui adressa ces paroles :
a Aisonide,'il faut que tu ailles au temple du Dyndimos
CHANT PREMIER Bg
escarpé, apaiser la mère de tous les dieux, qui y réside, assise
sur un beau trône; alors cesseront les tempêtes véhémentes.
Voilà ce que m'a appris le chant d'un alcyon marin que je
viens d'entendre; il a volé tout autour de toi et au«dessu8
de ta tête, pendant que tu dormais. Certes, les vents et la
mer, aussi bien que toute la terre en bas et en haut le siège
neigeux de l'Olympos, tout dépend de la déesse. Aussi,
lorsque, venant des montagnes, elle entre dans le ciel
immense, le Cronide Zeus lui-même recule devant elle. Et,
de la même manière, tous les autres dieux immortels entou'
rent d'honneur la terrible déesse. »
Il parla ainsi, et ses paroles furent agréables à celui qui V. 1103-1153.
les entendait; Jason s'élança de sa couche, et, plein de joie, il
fit lever ses compagnons, les excitant tous à se hâter. Quand
ils furent éveillés, il leur exposa le présage divin, interprété
par l'Ampycide Mopsos. Aussitôt, les plus jeunes gens firent
sortir des boeufs des étables, et les amenèrent jusqu'au plus
haut sommet de la montagne. D'autres, ayant détaché les
amarres de la Pierre Sacrée, conduisirent à la rame le navire
dans le port thrace. Puis, ils se mirent en marche eux-mêmes,
ne laissant à bord qu'un petit nombre de leurs compagnons.
Déjà les roches Macriades et, de l'autre côté de la mer,
tout le pays de Thrace, qui semblait sous leurs mains, se
découvraient à leur vue. Dans la brume, apparaissait
Vembouchure du Bosphore, et, plus loin, les montagnes de
Mysie; et, d'autre part, le courant du fleuve Aisépos et la
ville et la plaine Népéienne d'Adrestéia.
Là, s'élevait un solide cep de vigne, né dans la forêt, que
Tâge avait séché jusqu'aux racines. Ils le coupèrent, pour
en faire un simulacre sacré de la déesse de la montagne.
Argos tailla ce bois avec art, et ils l'établirent sur le sommet
escarpé, à l'abri des chênes élevés, les plus hauts de tous
ceux qui sont enracinés dans la terre. Puis ils construisirent
un autel en cailloutage, et, tout autour, couronnés de
feuilles de chêne, ils s'occupèrent de la cérémonie sacrée,
invoquant la mère du Dindymos, déesse qui habite la
4Ô LES ARGONAUTIQUES
Phrygie, vénérable entre toutes; et, en même temps, Titias
et Cyllénos, les seuls de tous que Ton nomme les conduc-
teurs des destins et les associés des travaux de la mère du
mont Ida, les seuls de tous ces Dactyles Cretois de Tlda, nés
de la nymphe Anchialé, qui jadis les mit au monde, dans
une caverne du mont Dicté, saisissant à deux mains la terre
Oiaxienne.
L'Aisonide suppliait à genoux, en versant des libations
sur les victimes enflammées; en même temps, d'après les
conseils d'Orphée, les jeunes gens bondissaient en mesure,
dansant la danse armée; ils heurtaient leurs boucliers de
leurs épées, afin d'égarer dans Tair les lamentations de
mauvais augure que les peuples poussaient encore pour les
funérailles du roi. De là vient que les Phrygiens, encore
aujourd'hui, se rendent Rhéa propice par le son du rhombe
et du tympan.
Ce[)endanty accessible aux prières, la déesse prêta son
attention à ces cérémonies pures; les signes convenables au
caractère de la déesse se manifestaient. Les arbres produi-
saient des fruits en abondance, et la terre faisait naître
d'elle-même, aux pieds des héros, les fleurs du gazon délicat.
Les bétes féroces, quittant les bois épais et leurs tanières,
arrivèrent en remuant la queue d'un air caressant. La déesse
fit éclater aussi un autre présage : jusque alors aucune source
n'arrosait le Dindymos, et voici que, pour les Argonautes,
l'eau se mit à couler du sommet aride, sans s'arrêter. Et
dans la suite, les hommes qui habitaient auprès de cette
fontaine d'eau bonne à boire l'appelèrent « source de Jason ».
Mais, en ce moment, les héros préparèrent sur les monts des
Ours, en l'honneur de la déesse, un festin oti ils célébrèrent
Rhéa très auguste. Vers l'aurore, les vents s'étant apaisés,
ils quittèrent la presqu'île à la rame.
V. 1153-1186. Une émulation excitait chacun des héros : qui d'entre
eux serait le dernier à cesser de ramer? Autour d'eux, l'air
n'étant plus agité, avait calmé le tournoiement des eaux et
endormi la mer. Les rameurs, encouragés par la tranquillité
CHANT PREMIER 41
des flots, poussaient toujours à grands efiforts le navire en
avant. Argo bondissait si bien sur la mer, que les chevaux
de Poséidon, aux pieds agiles comme les tempêtes, n'au-
raient pu l'atteindre. Cependant, les vagues s'étaient excitées
sous l'action des fortes brises qui, sur le soir, venaient de
s'élever des fleuves; épuisés enfin, ils s'arrêtaient. Alors, ces
hommes qui peinaient de toutes leurs forces, c'est Héraclès
qui, seul, les entraînait par la vigueur de ses bras; à lui seul,
il mettait en mouvement l'assemblage des bois du navire.
Dans leur course rapide vers le rivage des Mysiens, les héros
côtoyaient l'embouchure du Rhyndacos et le grand tombeau
d'Aigaiôn, qui était en vue, un peu au-dessous de la Phrygie ;
mais, alors, Héraclès brisa sa rame au milieu, en soulevant
les sillons de la mer gonflée. Tenant à deux mains l'un des
morceaux, il tomba de côté; l'autre morceau fut englouti
par le reflux des vagues. Le héros dut s'asseoir, oisif; il
restait silencieux, tournant de tous côtés des yeux étonnés :
car ses mains n'avaient pas coutume de rester en repos.
Or, c'était le moment où, de la pleine campagne, le
terrassier, qui creuse le sol autour des arbres, et le
laboureur reviennent avec joie à leur cabane, avides du
souper. Arrivé à sa porte, le malheureux se repose; ses
genoux sont brisés, la poussière le dessèche; il considère
ses mains broyées par le travail, et maudit longuement son
estomac qui a besoin de nourriture. C'est à ce moment de
la journée que les héros arrivèrent aux habitations de la
terre Cianide, près du mont Arganthonéios et de l'embou-
chure du Cios. Ils venaient en amis; les Mysiens, habitants
du pays, les reçurent avec hospitalité et leur fournirent les
provisions de route dont ils avaient besoin : des moutons
et du vin en abondance. Ensuite, parmi les héros, les uns
apportent du bois sec, les autres une quantité de feuilles et
d'herbes des prairies, amassées pour faire des lits. D'autres
faisaient tourner des morceaux de bois l'un dans l'autre,
pour les allumer par le frottement; ou bien ils mélangeaient
le vin dans les cratères et préparaient le festin. Au crépuscule
42 LES ARGONAUTIQUES
un sacrifice était fait en l'honneur d'Apollon, qui préside
aux débarquements.
V. 1 187-1206. Le fils de Zeus recommanda bien à ses compagnons de
préparer le repas, et il partit pour la foret; il avait hâte
de se fabriquer, avant tout, une rame qui fût commode à sa
main. Après avoir erré quelque peu, il trouva un sapin qui
n'était pas chargé de beaucoup de branches, ni recouvert de
feuilles, et qui ressemblait à la tige d'un long peuplier noir;
il paraissait en effet de même hauteur et de même épaisseur*
Aussitôt Héraclès posa à terre son carquois plein de flèches,
avec son arc, et il se dépouilla de sa peau de lion. De sa
massue consolidée d'un cercle d'airain, il ébranla le tronc
jusqu'à la racine, et l'entoura par en bas de ses deux mains,
confiant dans sa force. Solide sur ses jambes écartées, il
appliqua avec vigueur contre l'arbre sa large épaule; dans
son effort, il l'arracha du sol, quoiqu'il eût de profondes
racines, et, avec lui, les mottes qui le retenaient dans
la terre. Aussi vite le mât d'un navire, au moment des
tempêtes excitées par le déclin du funeste Orion, est, d'un
seul coup, enlevé avec ses coins eux-mêmes des câbles qui le
maintiennent, car le rapide ouragan se précipite d'en haut :
aussi vite il arracha l'arbre. Puis, reprenant son arc, ses
flèches, la peau qui le couvrait et sa massue, il se mit en
route pour revenir.
V. 1207-1239. Cependant Hylas, muni d'un vase d'airain, s'était écarté
de l'assemblée des héros, à la recherche du jaillissement sacré
d'une source, pour prévenir le retour d'Héraclès en puisant
l'eau nécessaire à son repas, et en s'occupant avec hâte et
avec soin de tous les préparatifs. Car, depuis sa petite enfance,
il était nourri par Héraclès dans ces habitudes, depuis que
celui-ci l'avait enlevé de la maison de son père, le divin
Théiodamas, tué misérablement au pays des Dryopes par
le héros, alors qu'il contestait avec lui au sujet d'un hœui
de labour. En effet, victime de la fatalité, Théiodamas fendait
avec sa charrue le sol d'une jachère. Héraclès lui ordonna
de livrer ce bœuf laboureur, et Théiodamas n'y consentit
CHANT PREMIER ^3
pas. C'est que Héraclès cherchait quelque prétexte déplorable
pour porter la guerre chez les Dryo[)es, parce que ces hommes
vivaient sans se soucier en rien de la justice. Mais tout cela
m*égarerait bien loin de ce poème.
Or, Hylas arriva bien vite à une fontaine que les habitants
qui en sont voisins appellent les Sources. Par hasard, en ce
moment, des chœurs de Nymphes y étaient installés; car
toutes, tant qu'elles étaient, habitantes de ce riant promon-
toire, elles avaient soin, chaque nuit, de célébrer Artémis
par leurs chants. Toutes celles à qui le sort avait assigné
les hauteurs ou les grottes des montagnes, celles aussi qui
habitent les forêts arrivaient de loin : et, de la source aux
belles ondes, venait de s'élever la Nymphe de la fontaine.
Elle aperçut Hylas près d'elle, brillant de beauté et de grâces
séduisantes; car, du haut du ciel, la lune dans son plein le
feisait resplendir sous ses rayons éclatants. Cypris frappa
le cœur de la Nymphe : dans sa stupeur, elle eut peine à
rassembler ses esprits. Mais, dès qu'il eut plongé son vase
dans le courant, en se penchant de côté, dès que l'eau en
abondance commença à s'engloutir avec bruit dans Tairain
sonore, aussitôt la Nymphe lui mit sur le cou son bras
gauche, pleine du désir de baiser sa bouche délicate; de sa
main droite, le saisissant au coude, elle l'entraînait au
milieu du tournant d'eau.
Il criait : seul, parmi tous ses compagnons, le héros V. 1240-1260.
Polyphémos Eilatide l'entendit, lui qui avait fait route plus
avant, car il attendait le retour du grand Héraclès. Il
s'avança en hâte vers les Sources, comme un animal des
forêts à qui le bêlement des moutons est arrivé de loin : la
faim le rend ardent, il se précipite, et pourtant il ne s'est
pas emparé des troupeaux; car auparavant les bergers les
ont rentrés dans leurs étables. Mais lui, haletant, pousse
d'a£freux hurlements, jusqu'à en être épuisé. Tel l'Eilatide
gémissait profondément; il allait et venait, en criant, dans
tous les endroits d'alentour, mais c'est en vain que sa voix
retentissait.
44 LES ARGONAUTIQUES
Tout à coup, dégainant sa grande épée, il se mit à la
recherche d*Hylas; il craignait que l'enfant devînt la proie
des bétes sauvages, ou que, étant seul, il tombât dans quelque
embuscade des habitants, et fût emmené par eux, facile
butin. Il allait ainsi, brandissant son épée nue dans sa
main, quand il se rencontra sur sa route avec Héraclès
lui-même. Il reconnut facilement le héros, qui se hâtait vers
le navire, au milieu des ténèbres. Aussitôt, il lui annonça
le malheur déplorable qui venait d'arriver; sa respiration
était pénible, car la douleur l'oppressait :
«Malheureux! je vais, le premier de tous, te dire une
nouvelle bien triste : Hylas, qui était allé à la source, ne
revient pas sain et sauf. Mais des brigands l'ont saisi et
Tentrainent de force, ou des bétes le dévorent. Quant à moi,
je l'ai entendu crier. >
V. 1161-1273. Il dit : Héraclès écoutait, et une abondante sueur coulait
de ses temf)es, et un sang noir bouillonnait dans son cœur.
Hors de lui, il jeta à terre le sapin qu'il avait en main, et
se mit en route, courant devant lui, oii ses pieds l'empor-
taient. Tel, piqué par un taon, un taureau se précipite:
il abandonne les prairies et les marais; il ne pense plus aux
bergers, ni aux troupeaux, mais il poursuit sa course. Tantôt
il va sans repos, tantôt il s'arrête, et, élevant sa large tête,
pousse un mugissement; car le taon mauvais le torture.
Ainsi Héraclès, dans les mouvements impétueux de son âme,
tantôt agite ses rapides genoux, longtemps, sans s'arrêter;
tantôt, il interrompt sa course pénible, et sa grande voix
pénètre au loin.
V. 1273-1295. Mais, au moment oti l'étoile du matin commençait à
briller au-dessus des plus hautes cimes, les brises revinrent.
Aussitôt Tiphys ordonna de monter en navire pour profiter
du vent. Ils s'embarquèrent sans tarder, pleins d'entrain;
ayant tiré à eux sur le navire les pierres de fond, ils halèrent
les câbles sur l'arrière. Le milieu de la voile se gonfla sous le
vent, et, loin du rivage, ils étaient entraînés, joyeux, le long
du cap Posidéios. Mais, quand l'aurore sereine resplendit,
CHANT PREMIER 4$
dans le ciel, au matin, s'élevant de l'extrémité de l'horizon,
alors que les sentiers paraissent blancs au milieu de la
campagne, et que les plaines humides de rosée brillent d'un
éclat transparent, alors ils s'aperçurent que, sans y prendre
garde, ils avaient laissé leurs compagnons.
Une violente querelle s'éleva entre eux, un tumulte
affreux; car ils s'en allaient, ayant oublié en arrière le
meilleur d'eux tous. Effrayé, incapable de prendre un parti,
l'Aisonide ne parlait ni dans un sens ni dans l'autre. Il
restait assis, profondément accablé d'un lourd chagrin, et
se rongeant le cœur. Mais Télamon, .saisi de colère, parla
ainsi :
«Si tu restes tranquille comme tu l'es, c'est que tu avais
tout arrangé pour abandonner Héraclès. C'est de toi que ce
dessein est parti; car tu craignais que sa gloire par toute
l'Hellade n'obscurcît la tienne, si toutefois les dieux nous
accordent de rentrer chez nous. Mais, à quoi bon les paroles?
Car, je vais me séparer de tes compagnons qui ont préparé
avec toi cette perfidie! »
Il dit, et se précipita sur l'Agniade Tiphys, et ses yeux V. 1296-1309.
brillaient comme les flammes qui s'élèvent en spirales du
milieu d'un feu ardent. Et, certes, ils seraient revenus en
arrière, vers la terre des Mysiens, à force de lutter contre la
mer et le vent qui continuait à souffler en sens contraire, si
les deux fils du Thrace Borée n'avaient interpellé l'Aiacide
par de dures paroles: infortunés I Une terrible vengeance
leur était réservée dans l'avenir, de la main d'Héraclès,
pour avoir empêché qu'on n'allât à sa recherche. Car, au
retour des combats célébrés aux funérailles de Pélias, ils
fiirent tués par Héraclès dans Ténos que la mer entoure;
il entassa de la terre autour de leurs cadavres, et éleva
au-dessus deux colonnes, dont l'une, miracle surprenant aux
yeux des hommes, se meut au souffle du retentissant Borée. Et
ces choses devaient s'accomplir ainsi, dans la suite des temps.
Mais, du fond de la mer mugissante, Glaucos apparut aux V. 1310-1328.
Argonautes, Glaucos, le très sage interprète du divin Nérée.
46 LES ARÛONAUTIQUES
•
Il éleva à la surface de l'eau sa tête couverte de cheveux, et
le haut du corps, depuis la ceinture; et, saisissant d'une
main robuste les flancs du navire, il leur parla ainsi au
milieu de leur impétueuse discussion :
« Pourquoi voulez-vous, contrairement au dessein du
grand Zeus, amener le courageux Héraclès dans la ville
d'Aiétès? Le destin l'appelle à Argos, pour accomplir les
douze travaux jusqu'au bout, à force de peine, et suivant
les ordres de l'injuste Eurysthée; puis, il doit habiter au
foyer des immortels, quand il aura fini le petit nombre
de travaux qu'il lui reste encore à exécuter. Qu'il n'y ait
donc pas de regret au sujet de lui. Quant à Polyphémos,
l'ordre fatal est qu'après avoir fondé une ville illustre
chez les Mysiens, à l'embouchure du Cios, il achève son
destin dans le pays immense des Chalybes. Pour Hylas,
une nymphe divine en a fait son époux par amour; c'est à
cause de leurs courses errantes à sa recherche que les deux
héros ont été abandonnés. »
11 dit, et, ayant plongé, se précipita au fond de la mer
agitée; autour de lui, bouleversée par les tourbillons, l'eau
écumait, éclatante de blancheur, et rejaillissait sur le navire
aux flancs creux.
V. 1329-1344- Les héros furent remplis de joie; l'Aiacide Télamon s'em-
pressa de marcher vers Jason, et, lui ayant pris l'extrémité
de la main dans la sienne, il l'embrassa et parla ainsi :
« Aisonide, ne sois point irrité contre moi, si, dans mon
fol emportement, je t'ai blessé. Car la douleur m'a fait tenir
un discours insolent et insupportable. Que les vents empor-
tent cet égarement, et soyons, comme par le passé, bien-
veillants l'un pour l'autre. »
Le flls d'Aison lui répondit alors avec sagesse :
« Ami, tu m'as sans doute injurié par de mauvaises paroles,
quand tu as dit, devant tous nos compagnons, que je me
conduisais mal à l'égard d'un homme excellent. Mais je ne
nourris pas un courroux amer, quoique, sur le moment,
j'aie été très peiné. Car, enfin, ce n'est pas à cause de
CHANT PREMIER 47
troupeaux de brebis ou de richesses que tu t'es emporté
contre moi, mais au sujet d'un de nos compagnons. Et
j'espère que, si l'occasion s'en présente, tu soutiendras de
même ma querelle contre quelque autre. » Il dit, et, récon-
ciliés, ils reprirent leurs places primitives.
Quant aux deux héros laissés en arrière, la volonté de V. 1545-1357-
Zeus était que l'un, l'Eilatide Polyphémos, fondât chez les
Mysiens une ville du même nom que le fleuve qui la baigne,
et que l'autre partit pour continuer de se fatiguer aux travaux
imposés par Eurysthée. Mais il menaça de bouleverser, avant
de partir, le pays des Mysiens, si on ne découvrait ce qu'était
devenu Hylas, qu'il fût mort ou vif. Les Mysiens donnèrent
en otage à Héraclès des enfants choisis parmi les plus nobles
du peuple, et ils s'engagèrent par serment à ne jamais cesser
leur travail de recherches. Voilà pourquoi les Cianiens
recherchent encore maintenant Hylas, fils de Théiodamas,
et s'intéressent à Trachine, la ville bien construite. Car
c'est là qu'Héraclès installa les enfants que les Mysiens lui
donnèrent à emmener de chez eux en otages.
Pendant tout le jour, le navire fut entraîné par le vent, et v. 1358-1362.
pendant toute la nuit; car le souffle était impétueux. Mais
il n'y avait plus la moindre brise quand l'aurore se leva. Or,
ayant aperçu un rivage qui s'élevait autour d'une baie, et
qui semblait très vaste, ils y abordèrent à la rame, au
moment où le soleil commençait à briller.
CHANT II
SOMMAIRE
Provocation d'Amycos(i-i8). — PoUax accepte de lutter conue lui (19-24). — Préparatift du
combat du ceste (2^-66), — Le comlMt; dé&ite et mort d'Amycos (67-97). — I^cs Bébryces
veolent venger leur roi ; bataille ginérale et victoire des Argonautes (98-1 S 3). — Repoa
ée» héroa après la victoire (1S4-163). — Départ ; arrivée à la demeure de Phinée (164-177).
— Histoire de Phinée; il fait appel & la compassion des Argonautes (178-239). — Zétès
s'assure de la véracité de Phinée (240-261). — Zétés et Calais chassent les Harpyes
(262-300). — Prédiction de Phinée (301-407). — Derniers conseils de Phinée; retour des
fils de Borée (408-447). — Épisode de Paraibios (448-499). — Origine des vetts Étésiens
(50O-$27). — Départ des Argonautes; Athéné aide leur navigation au travers des Sjrmplé-
gades ($ 28-61 8). — Craintes de Jason ; ses compagnons Tencouragent (619-647). — Arrivée
d'Argo à rUe Thynias; apparition d'Apollon ; cérémonies en l'honneur du dieu (648-719).
— Les Argonautes abordent au pays des Mariandyniens (720-7$!). — • Accueil qui leur est
fait par le roi Lycos (752-814). — Mort et funérailles d'Idmon (8is-8$o). — Mort de
Ttphys; Ancaios le remplace comme pilote; les héros arrivent à l'embouchure du Calli-
choros (8> I-9I0). — Apparition de l'ombre de Sthénélos ; le navire Argo cAtoie les rivages
d'Asie jusqu'à Sinopé (911-94$). — Arrivée des Argonautes au cap des Amazones ; le
navire côtoie la terre des Chalybes (946-1008). — Argo c6toie les pays des Tibaréniens et
des Mossynoiciens (1009-1029) — Lutte des héros contre les oiseaux de l*ile Arétia
(1030-1089). — La tempête jette les fils de Phrizos sur le rivage de rtle(i09o-ii33). —
Jason les accueille et leur expose ses projets ; Argos dit combien il sera difficile d'enlever
la toison (1134-122$). — Arrivée des héros en Colchide (1226-1283).
À étaient les étables des bœufs et la demeure Vers t-i8.
d'Amycos, le roi superbe des Bébryces, lui
qu'enfanta autrefois la nymphe bithynienne
Mélia, unie au dieu de la génération,
Poséidon. C'était le plus insolent des hom-
mes : il avait même coutume d'imjyoser aux
étrangers une loi injuste. Personne ne pouvait quitter le
pays avant de s'être essayé contre lui au pugilat; il avait
50 LES ARGONAUTIQUES
ainsi tué beaucoup d'hommes des peuples voisins. Alors
aussi il vint vers le navire s'enquérir de ce qui avait rendu
l'expédition nécessaire, demander aux héros qui ils étaient;
il les traita avec un souverain mépris et, s'étant avancé au
milieu de leur assemblée, il parla ainsi : « Gens qui errez
sur la mer, écoutez ce qu'il convient que vous sachiez. La
loi est ici que nul étranger qui a abordé chez les Bébryces
ne puisse partir avant d'en être venu aux mains avec moi.
Aussi, choisissez-moi le plus brave de votre compagnie et
placez-le ici même, seul, en face de moi, pour lutter au
pugilat. Mais, si vous négligez mes lois, si vous les foulez
aux pieds, une invincible nécessité vous poursuivra cruel-
lement. B
V. 19-24- Il parla ainsi, plein d'orgueil; eux, en entendant ces
paroles, une sauvage colère les prit. Mais PoUux surtout se
sentit atteint par cette provocation. Il se leva aussitôt,
champion de ses compagnons, et s'écria : « Contiens-toi,
maintenant : quel que tu te vantes d'être, n'étale pas devant
nous cette violence mauvaise. Tes lois, nous nous y sou-
mettrons comme tu le demandes. Et moi-même, dès à
présent, je m'engage bien volontiers à lutter contre toi. »
V. 25-66. Il parla ainsi, sans ménagements; l'autre le regarda
en roulant les yeux; tel un lion, frappé par un javelot,
un lion que des hommes attaquent dans les montagnes.
Enveloppé par leur foule, il ne s'inquiète plus d'eux, mais il
regarde seul à seul celui qui Ta blessé le premier, et qui ne
•l'a pas tué. Alors donc leTyndaride déposa le manteau bien
foulé, finement tissé, qu'une des Lemniennes lui avait donné
comme présent d'hospitalité. Amycos, de son côté, jeta à
terre, avec les agrafes, son double manteau de peau de couleur
sombre et un bâton recourbé qu'il portait, un bâton raboteux
d'olivier sauvage né sur la montagne. Quand, après avoir
regardé de tous côtés aux environs, ils eurent trouvé un
endroit à leur convenance, ils placèrent tous leurs compa-
gnons sur le sable du rivage, en deux troupes séparées.
Pour ceux qui les voyaient, rien d'égal dans les deux
CHANT DEUXIÈME 5f
adversaires: ni la stature, ni la prestance. L'un semblait
le fils du funeste Typhoeus, ou même l'être monstrueux
qu'autrefois Gaia, dans sa colère contre Zeus, mit au
monde; l'autre, le T/ndaride, était comparable à un astre
céleste dont la vive lumière est si belle quand elle resplendit
dans les ombres de la nuit. Tel était le fils de Zeus : un
léger duvet poussait encore sur ses joues; l'éclat de la
jeunesse brillait encore dans ses yeux. Mais sa force, son
impétuosité grandissaient comme celles d'une bête féroce.
Il lançait ses bras en tous sens pour voir s'ils se mouvaient,
agiles comme autrefois, si le travail continu et la navigation
à la rame ne les avaient pas alourdis. Amycos, lui, ne
taisait pas l'essai de ses forces; mais il se tenait en silence
loin du Tyndaride, les yeux fixés sur lui, et son cœur
bondissait, tant il désirait faire couler le sang de la poitrine
de son ennemi. Cependant Lycoreus, le serviteur d'Amycos,
plaça devant chacun d'eux, à leurs pieds, une paire de cestes
de cuir cru, desséchés, qui étaient devenus très durs. Alors
Amycos adressa à son adversaire ces paroles arrogantes : « De
ces deux paires de cestes, je te remettrai en mains celle que
tu voudras, sans tirer au sort. Je le ferai de moi-même, bien
volontiers, pour que tu ne puisses pas ensuite m'adresser
de reproches. Mets-les autour de tes mains; et puis tu
diras à d'autres, en connaissance de cause, combien je suis
habile à me tailler de dures lanières dans le cuir de bœuf
et à souiller de sang les joues des hommes. »
Il dit : mais PoUux ne lui répondit aucune parole d'injure;
il sourit doucement et prit, sans hésiter, les cestes placés à
ses pieds. Vers lui vinrent Castor et le grand Talaos, fils de
Bias; ils lièrent rapidement les cestes autour de ses poignets,
et, par beaucoup de paroles, l'encouragèrent à la valeur.
Arétos et Ornytos rendirent le même office à Amycos : ils
ne se doutaient pas — ignorants de l'avenir! — que c'était
pour la dernière fois qu'ils les attachaient à cet homme
destiné à un sort funeste.
Alors donc que les deux adversaires se trouvèrent placés v. 67-97.
52 LES ARGONAUTIQUES
à quelque distance Tun de Tautre et munis de leurs cestes,
aussitôt ils élevèrent devant leur visage leurs mains devenues
lourdes, et marchèrent Tun contre l'autre, pleins de fureur*
Le roi des Bébryces s'élance : tel le flot de la mer se dresse et
se rue contre un navire rapide; mais, grâce à Thabileté d'un
sage pilote, le navire se détourne un peu, alors que le flot
fait effort pour se précipiter à travers les parois. C'est ainsi
qu'il faisait fuir et poursuivait le Tyndaride, sans lui donner
de relâche; mais celui-ci, toujours sans blessure, grâce à sa
prudence, reculait devant lui en bondissant. Quand il se fut
rendu compte du fort et du faible d'Amycos au cruel pugilat,
alors il s'arrêta tout à coup et en vint furieusement aux
mains avec lui. Ainsi, lorsque des hommes qui travaillent
le bois battent à coups de marteau les pièces d*un navire qui
résistent aux chevilles aiguës, et les fixent de la sorte les
unes par-dessus les autres, en même temps le bruit des unes
est répercuté par le bruit des autres. Ainsi leurs joues à
tous deux et leurs mâchoires craquaient sous les coups;
leurs dents grinçaient d'une manière indicible. Ils ne
cessèrent leurs coups ininterrompus qu'au moment où, leur
respiration devenant haletante et pénible, ils se trouvèrent
domptés tous les deux. Ils s'écartèrent un peu l'un de l'autre
pour essuyer l'abondante sueur qui coulait de leur visage;
essoufflés, leur respiration était pénible. Mais bientôt ils
se précipitèrent de nouveau l'un contre l'autre : tels deux
taureaux qui combattent avec fureur pour une génisse
engraissée dans les pâturages. Enfin, Amycos se dressa sur
la pointe des pieds, comme un homme qui va assommer un
bœuf; il prit son élan, et laissa retomber sa lourde main sur
PoUux; mais celui-ci soutint le choc en détournant la tête,
et garantit son épaule en élevant le coude. Ensuite, faisant
quelques pas vers Amycos, sans se hâter, il le frappa vio-
lemment au-dessus de l'oreille et lui brisa les os à l'intérieur
de la tête; la souffrance fit tomber le roi à genoux et les
héros Myniens poussèrent des exclamations; mais la vie
d'Amycos s'en alla avec rapidité.
CHANT DEUXIÈME 53
Cependant les hommes Bébryces n'abandonnèrent pas V. 98-153.
leur roi : loin de là, tous ensemble, armés de dures massues
et d*épieux, ils marchèrent droit à PoUux et se lancèrent sur
lui. Mais, devant le héros se dressèrent ses compagnons,
leurs glaives aigus dégainés. Le premier. Castor, frappa
un assaillant sur la tête; et, fendue en deux, la tête retomba
des deux côtés sur les épaules de l'homme. PoUux était
attaqué à la fois par l'immense Itymoneus et par Mimas;
celui-ci, il se précipita sur lui à coups de pied, le frappa
au-dessous de la poitrine et le fit rouler dans la poussière;
celui-là s'approchait de très près : de la main droite, it
Tatteignit sur le sourcil gauche, déchira la paupière et laissa
Tœil à nu. Oreidès, que sa force faisait un des plus insolents
compagnons d'Amycos, blessa au flanc le Biantide Talaos.
Mais il ne le tua pas; car, sans atteindre les intestins,
l'airain ne fit qu'entamer légèrement la peau au-dessous de
la ceinture. De même, Arétos attaqua et frappa de sa massue
en bois dur le courageux fils d'Eurytos, Iphitos, qui n'était
pas encore marqué pour une destinée fatale : et Arétos devait
lui-même bientôt périr par le glaive de Clytios. Et alors
Ancaios, fils audacieux de Lycourgos, brandissant vigoureu«
sèment une hache immense, et de sa main gauche tenant
devant lui, comme un bouclier, la noire dépouille d'un ours,
Ancaios se lança tout à coup avec impétuosité au milieu
des Bébryces; en même temps se précipitaient les Aiacides,
et, avec eux, Jason, cher à Ares. Tels, dans les parcs des
troupeaux, par un jour d'hiver, des loups au poil gris
effraient la foule des brebis : ils se sont précipités dans
l'enclos, sans être devinés par les chiens à Todorat subtil, ni
parles bergers eux-mêmes; impatients, ils se demandent sur
quelle brebis ils vont se jeter, quelle ils emporteront la pre-
mière, et cependant ils en contemplent beaucoup à la fois;
mais elles se serrent de tous côtés, tombant les unes contre
les autres. Tels, les héros frappaient d'une crainte terrible
les Bébryces insolents. De même que des bergers ou des
hommes qui s'occupent de recueillir le miel enfument un
54 LES ARGONAUTIQUES
nombreux essaim dans un rocher creux : les abeilles, d'abord,
restent quelque temps, foule pressée, à s'agiter en bourdon-
nant dans leur demeure; mais, une fois que la fumée épaisse
commence à les étouffer, elles se précipitent hors de leur
rocher. Ainsi les Bébryces résistèrent peu de temps, et
bientôt se dispersèrent à l'intérieur de leur pays pour an-
noncer la destinée d'Amycos. Malheureux! Ils ne savaient
pas quelle nouvelle calamité, quelle calamité funeste les
menaçait! Car, en ce moment, ils étaient dévastés, leurs
vignobles et leurs villages, par la lance acharnée de Lycos
et des Mariandyniens, qui profitaient de l'absence du roi.
Car les deux peuples ne cessaient de combattre au sujet du
sol riche en mines de fer. Mais les héros mettaient déjà au
pillage les étables et les bergeries; ils immolaient un bétail
nombreux, ramassé de tous côtés. Alors l'un d'eux parla
ainsi : « Pensez donc! qu'auraient-ils fait, ces gens-là, avec
leur lâcheté, si quelque dieu avait amené Héraclès ici? Car
je compte bien que, lui présent, le combat au pugilat n'aurait
pas même eu lieu. Certes, à peine Amycos serait- il venu
établir ses lois, la massue d'Héraclès lui aurait fait oublier
à la fois sa férocité et les lois qu'il a établies. Oui, notre
négligence l'a abandonné sur cette terre lointaine, et nous
continuons de naviguer. Mais chacun de nous éprouvera des
malheurs désastreux à cause de son absence. »
V. 154-163. Ainsi parla ce héros : mais toutes ces choses étaient arrivées
suivant la volonté de Zeus. Ils passaient la nuit dans cet
endroit : ils soignaient les blessures de ceux qui avaient été
atteints ; puis, après avoir offert des sacrifices aux immortels,
ils apprêtèrent un riche festin. Aucun d'eux ne se laissa
surprendre par le sommeil auprès du cratère et des victimes
sacrées que la flamme consumait. Ayant couronné, au-dessus
du front, leurs chevelures blondes avec les branches d'un
laurier voisin de la mer (les amarres du navire étaient fixées
à l'arbre et aux alentours), Orphée prit sa phorminx; et tous
accompagnaient la phorminx harmonieusement en chantant
un hymne à l'unisson; tout autour des chanteurs, le rivage
CHANT DEUXIÈME 55
était tranquille et joyeux; c*est le fils Thérapnaien de Zeus
qu'ils célébraient.
Mais lorsque le soleil brilla au-dessus des collines couvertes V. 164-177.
de rosée, à son retour des extrémités du monde, au moment
où il réveillait les pasteurs de brebis, alors ils détachèrent les
amarres, en finissant par celle qui était fixée au laurier, et
ils mirent leur butin sur le navire, autant qu'il en fallait
emporter; le vent favorable les conduisit à travers le Bosphore
aux fiots tournoyants. Et là, voici qu'une vague, semblable .
à un mont escarpé, se dresse en face du navire, comme si
elle voulait s'y précipiter; et toujours elle s'élève jusque
par-dessus les nuages. On croirait impossible d'échapper à
un destin funeste : car elle menace en plein le milieu du
navire, la vague impétueuse, la vague immense. Et, cepen-
dant, elle retombe inoffensive, si elle s'est présentée en face
d'un pilote expérimenté. C'est ainsi que, grâce à l'habileté
de Tiphys, les héros échappaient au danger, sains et saufs,
mais pleins de terreur. Le jour suivant, ils attachèrent les
amarres à la côte, en face de la terre de Bithynie.
C'est là, au bord de la mer, que l'Agénoride Phinée avait V. 178-239.
sa demeure : lui qui, plus que tous les hommes, eut à sup-
porter de funestes maux, à cause de cette science de devin
que le Létoïde lui avait autrefois donnée : car il n'avait pas
eu la moindre réserve, et ses oracles avaient dévoilé aux
hommes en toute exactitude les desseins sacrés de Zeus lui-
même. Aussi le dieu lui envoya une vieillesse qui devait
durer longtemps, et lui ravit la douce lumière des yeux. Et
il ne lui permettait pas de se réjouir des nombreux aliments
que portaient en foule à sa demeure les habitants du voisi-
nage, qui venaient sans cesse interroger ses oracles. Car
aussitôt, du haut des nuages, se précipitant vers lui d'un vol
rapide, les Harpyes venaient continuellement lui arracher à
coups de becs les aliments de la bouche et des mains. Tantôt
elles ne lui laissaient rien, tantôt elles lui abandonnaient un
peu de nourriture, juste assez pour qu'il pût continuer à
vivre en souffrant de privations. Et elles répandaient sur ces
56 LES ARGONAUTIQUES
aliments une odeur si infecte que personne n*eût supporté,
non seulement de les approcher de la bouche, mais même
de s'en tenir à quelque distance. Telle était la puanteur qui
s'exhalait des restes de nourriture qui lui étaient laissés.
Aussitôt qu'il entendit les voix de cette troupe d'hommes et
le bruit qu'ils faisaient, il comprit qu'ils étaient là, ceux
dont l'arrivée, suivant l'oracle de Zeus, devait lui permettre
de jouir de sa nourriture. Il se leva de sa couche, — tel un
fantôme sans vie qui apparaît en songe, — appuyé sur un
bâton, et ses pieds, contractés par Tâge, le menèrent vers la
porte. Il tâtonnait contre les murs; dans sa marche, ses
membres tremblaient de vieillesse et de faiblesse; la misère
avait durci sa chair desséchée; il n'avait que la peau et les
os. Sorti de sa demeure, il s'assit, les genoux lourds, sur le
seuil de la porte. Un vertige l'enveloppa; un voile de sang
s'étendit sur lui, il lui sembla que la terre tournait sous ses
pieds, et il tomba, sans voix, dans un état de sommeil stupide.
Quand les héros le virent, ils s'assemblèrent autour de lui
pleins d'étonnement. Alors, avec grande peine, tirant sa
respiration du fond de sa poitrine, il leur adressa ces paroles
qu'inspirait sa science prophétique :
« Ecoutez, ô les.meilleurs de tous les Hellènes, si vous êtes
réellement ceux que, suivant l'ordre cruel du roi, Jason
conduit vers la toison d'or sur le navire Argo... Mais c'est
vous certainement, car mon esprit connaît encore toute
chose par sa science de l'avenir. Grâces te soient rendues, ô
roi, fils de Létô, même au milieu de mes pénibles misères!
Par Zeus, protecteur des suppliants, le plus terrible des
dieux pour les hommes criminels; au nom de Phoibos et de
Héra elle-même, qui, entre toutes les divinités, vous protège
particulièrement dans votre expédition : je vous supplie!
Soyez-moi secourables; arraches à son malheur un homme
infortuné. Ne vous éloignez pas en mabandonnant, indiffé-
rents à mon sort : car ce n'est pas seulement sur mes yeux
que l'Érinys s'est ruée à coups de pied; ce n'est pas seule-
ment une vieillesse interminableque je dois traîner jusqu'au
CHANT DEUXIÈME Sj
bout. Mais le plus amer des maux s'ajoute aux autres. Les
Harpyes m'arrachent la nourriture de la bouche : elles font
irruption de quelque repaire funeste et mystérieux. Aucune
habileté ne peut me secourir contre elles : plutôt que de les
abuser, j'abuserais plus facilement mon propre esprit, quand
je songe à me nourrir; telle est la rapidité de leur vol à
travers les airs. Si parfois elles me laissent quelque chose à
manger, il s'en exhale une odeur de pourriture qui n'est pas
supportable. Aucun mortel ne pourrait s'en approcher de
près, pas même l'homme dont le cœur serait cuirassé de
l'acier le plus dur. Cependant l'amèrc, l'invincible nécessité
me force à rester là et à engloutir cette nourriture dans mon
misérable estomac. Mais ces Harpyes, la parole des dieux
déclare que les fils de Borée les chasseront. Et ce ne sont pas
des étrangers qui me porteront secours, puisque je suis ce
Phinée, célèbre jadis parmi les hommes par sa fortune et son
art de la divination. Le père qui m'a engendré était Agénor;
et la sœur des Boréades, Cléiopâtré, alors que je régnais sur
les Thraces, je lui fis des présents de noce, et je la conduisis
comme épouse dans ma maison. »
Ainsi parlait l'Agénoride; une profonde commisération v. 240-261
s'emparait de chacun des héros, et surtout des deux fils de
Borée. Ils s'approchèrent tous deux, en essuyant leurs
larmes, et Zétès adressa ces paroles au vieillard affligé dont
il tenait la main dans sa main :
« O malheureux, il n'y a, je le proclame, aucun être plus
misérable que toi parmi les hommes I Pourquoi tant de
maux se sont-ils attachés à toi? Sans doute, par ta fatale
imprudence, tu as péché contre les dieux, toi si habile à la
divination! Et c'est pourquoi ils ont une grande colère à ton
endroit. Quant à nous qui souhaitons te secourir, nous
sommes angoissés jusqu'au fond du cœur. La volonté divine
nous a-t-elle spécialement réservé ce soin? Car ils se mani-
festent terriblement aux habitants de la terre, l^s reproches
des immortels. Et nous n'écarterons pas de toi les Harpyes
quand elles viendront — nous le voudrions bien cependant I
8
58 LES ARGONAUTIQUES
— avant que tu n'aies juré que cette action ne nous rendra
pas haïssables aux dieux. »
Il parla ainsi ; mais, ayant fixé sur lui les prunelles vides
de ses yeux grands ouverts, le vieillard lui répondit en ces
termes: « Tais-toi: ne va pas me mettre dans Tesprit de
telles idées, ô mon enfant! Qu'ils soient mes témoins, et le
fils de Létô, qui, dans sa bienveillance, m'a enseigné l'art de
la divination ; et le sort odieux qui est mon partage; et cette
nuée obscure répandue sur mes yeux; et les dieux d'en bas,
qui, une fois que je serai mort, se montreraient sans pitié
pour mon parjure : que tous soient mes témoins I Non,
aucune vengeance divine ne vous éprouvera à cause du
secours que vous m'aurez donné. »
V. 262-300. Rassurés par son serment, les fils de Borée brûlaient de lui
porter secours. Aussitôt, les plus jeunes des héros préparèrent
le repas du vieillard, ce repas qui devait être la dernière
proie des Harpyes. Tout auprès se tenaient les deux Boréades
pour les chasser avec leurs épées dès qu'elles arriveraient. A
peine le vieillard commençait-il à toucher aux aliments : au
même instant — tels de funestes ouragans ou des éclairs —
ces monstres se précipitaient à l'improviste, s'élançaient des
nuages, poussant des cris aigus, avides de nourriture. A leur
vue, du milieu des héros, une clameur s'éleva. Mais elles,
après avoir dévoré en hurlant tous les aliments, planaient
déjà au-dessus de la mer, s'éloignant; et là où elles s'étaient
arrêtées, il restait une insupportable puanteur. A leur suite,
les deux fils de Borée, brandissant leurs épées, s'élancèrent
en avant; Zeus leur avait envoyé une vigueur infatigable.
Sans le secours de Zeus, ils n'auraient pu les suivre, car elles
dépassaient en vitesse le souffle du Zéphyre, chaque fois
qu'elles allaient vers Pbinée ou qu'elles revenaient d'auprès
de lui. Tels, sur les fiancs boisés d'une colline, des chiens
habiles à la chasse, lancés sur la piste de chèvres aux cornes
élevées ou de chevreuils, courent : ils sont un peu en arrière,
ils s'allongent, et c'est en vain que leurs crocs s'entre-
choquent aux extrémités de leurs mâchoires. Tels Zétès et
CHANT DEUXIÈME 59
Calaïs, se lançant tout près d'elles, manquaient sans cesse
de les saisir du bout des doigts. Et certes, après les avoir
atteintes dans les îles Plotées, bien loin de leur point de
départ, ils les auraient exterminées, malgré la volonté des
dieux, si la rapide Iris n'avait vu ce qu'ils allaient faire :
elle se précipita du ciel, et, venue du haut des airs, elle les
arrêta par ces paroles : « Il n'est pas permis, ô fils de Borée,
de tuer avec vos épées les Harpyes^ chiennes du grand Zeus.
Mais moi-même je vais vous faire ce serment que jamais
elles ne reviendront plus toucher cet homme. »
Ayant ainsi parlé, elle jura par l'eau du Styx^ très vénérée
et très redoutée de tous les dieux, que jamais à l'avenir elles
ne s'approcheraient plus des demeures de l'Agénoride Phinée ;
car c'était aussi l'ordre du destin. Ils cédèrent devant ce
serment et retournèrent sur leurs pas pour revenir au navire.
C'est à cause de cela que les hommes appellent Strophades
ces îles qu'auparavant ils nommaient Plotées. Les Harpyes
et Iris se séparèrent. Celles-là s'enfoncèrent dans une caverne
de la Crète, île de Minos; celle-ci, emportée de terre par ses
ailes rapides, s'éleva vers l'Olympe.
Cependant, les héros, ayant nettoyé complètement le corps v. 301^07.
crasseux du vieillard, immolèrent des brebis choisies qu'ils
avaient prises parmi le butin emmené de chez Amycos.
Ensuite, après qu'ils eurent préparé un grand repas dans la
demeure, ils s'assirent et mangèrent; et, avec eux, Phinée
mangeait, avidement, réjouissant son cœur, comme dans un
songe. Après s'être rassasiés de nourriture et de boisson, ils
passèrent toute la nuit à veiller en attendant le retour des
fils de Borée; et, au milieu d'eux, près du foyer, le vieillard
était assis, leur enseignant quelles seraient les épreuves de
leur navigation et le terme du voyage :
« Écoutez donc : certes, il n'est pas permis que vous
connaissiez toute chose clairement. Mais, pour tout ce qu'il
est agréable aux dieux que vous sachiez, je ne vous le
cacherai pas. J'ai pâti déjà pour avoir révélé imprudemment
les conseils de Zeus, et prédit l'avenir en annonçant Tenchaî-
6o LES ARGONAUTIQUES
nement des faits jusqu'à leur terme. Car le dieu veut ne
dévoiler aux hommes qu'incomplètement la connaissance de
Ta venir, pour qu'ils ignorent toujours quelque chose des
conseils divins.
» Des roches, tout d'abord après que vous m*aurez quitté,
les roches Cyanées, vous apparaîtront au nombre de deux
dans un endroit où la mer se rétrécit. Or, je vous le dis,
personne n'a jamais pu les traverser sans dommage. Car
elles ne sont pas solidement établies sur des bases profondes,
mais, opposées l'une à l'autre, elles viennent souvent se
réunir et ne faire qu'une; et l'eau de la mer s'élève en
abondance, bouillonnante, et fait retentir aux alentours
1 âpre falaise d'un bruit perçant. Aussi, maintenant, écoutez
nos avertissements, s'il est vrai qu'un esprit prudent et que le
respect des dieux vous guident dans votre expédition. N'allez
pas de vous-mêmes vous perdre dans un désastre volontaire,
comme des insensés, et vous précipiter à la mort avec Tem-
. portement de la jeunesse. Faites d'abord un essai par le vol
1/ d'une colombe que vous lâcherez du navire pour qu'elle aille
en avant. Si, au travers des roches, l'oiseau est parvenu,
dans son vol, sain et sauf vers la haute mer, vous ne devez
pas non plus vous détourner de cette route. Mais, tenant
bien en main les rames, fendez les flots du détroit : car votre
salut ne sera pas tant dans vos prières que dans la force de
vos bras. Aussi, laissant de côté tout le reste, occupez-vous
courageusement de ce qui est le plus utile. Avant ce moment,
je ne vous défends pas d'invoquer les dieux. Que si, au
contraire, la colombe, en volant vers les rochers, a péri au
milieu d'eux, il faut retourner en arrière : le meilleur de
beaucoup c'est de céder aux immortels. Car vous n'échap-
periez pas au sort funeste que réservent les roches, quand
même Argo serait en fer. O malheureux 1 n'ayez pas l'audace
d'aller contre mes oracles, me croiriez -vous même haï des
dieux du ciel trois fois autant que je le suis et davantage
encore; n'ayez pas l'audace de faire franchir ce passage à
votre navire, contrairement au présage donné par la
CHANT DEUXIÈME 6l
colombe! Et il en sera de cela ce que le destin veut qu'il
en soit. — Mais si vous pouvez échapper sains et saufs du
lieu où les roches se rencontrent, et si vous pénétrez dans
le Pont, naviguez aussitôt en gardant à votre droite la terre
des Bithyniens; évitez prudemment ces rivages escarpés,
jusqu'au moment oîi, ayant obliqué vers le fleuve Rhébas
au cours rapide, et vers le cap Mêlas, vous arriverez au
mouillage de Tîle Thynias. Partis de là, vous n'aurez pas
à faire un grand trajet par mer pour aborder à la terre des
Mariandyniens, qui est en face sur la côte. Là se trouve une
route qui descend chez Adès; là s*élève très haut le cap
Achérousias qui s'avance au loin dans la mer, fendu en sa
profondeur par TAchéron tourbillonnant, qui lance, du haut
de ce vaste escarpement, ses eaux débordantes. Immédia-
tement après ce cap, vous côtoierez les nombreuses collines
des Paphiagoniens : Pélops l'Énétéien, le premier, régna sur
ces hommes qui se prétendent issus de son sang. Il y a dans
ce pays un promontoire situé à l'opposite de THélice, aussi
nommée la Grande-Ourse : il est escarpé de tous côtés, on
l'appelle Carambis, et, au-dessus de lui, les tempêtes de
Borée se brisent, tellement ce cap, tourné vers la mer, s'élève
dans les airs. Une fois qu'on a doublé ce promontoire, voici
le vaste Aigialos qui s'étend au loin : aux limites de ce vaste
Aigialos, en un lieu où la grève fait saillie, les eaux du
fleuve Halys se précipitent avec un mugissement terrible.
Après ce fleuve, l'Iris, moins important, qui coule dans son
voisinage, roule vers la mer ses blancs tourbillons. Plus loin,
un coude de terrain s'avance, long et aigu; tout près de là,
l'embouchure du Thermodon se déverse doucement dans un
golfe tranquille, à l'abri du cap Thémiscyréios, après que
le fleuve a parcouru une vaste étendue de pays. Là est la
plaine de Doias, et, aux environs, les trois villes des Ama-
zones; ensuite les Chalybes, les plus misérables des hommes,
occupent un sol rude et difficile à fendre : ce sont des artisans
occupés aux travaux du fer. Dans leur voisinage habitent
les Tibaréniens, riches en troupeaux, au delà du cap Gêné-
62 LES ARGONAUTIQUES
taios de Zeus Euxène. Après le cap, leurs voisins, les
Mossynoiciens, habitent le pays boisé qui suit et la région
qui s*étend au pied des montagnes. Ils arrangent avec art des
demeures dans des tours faites en troncs d*arbres [des
demeures de bois et des clôtures bien jointes qu'ils appellent
« mossynes », et c'est de là que vient leur nom]. Après les
avoir dépassés, vous aborderez dans une lie au sol nu : il
vous faudra d'abord disperser, par toutes sortes d'iiabtletés,
des oiseaux très importuns qui fréquentent en grand nombre
cette île solitaire. Dans cette Ile, un temple de pierre a été
élevé à Ares par les reines des Amazones, Otréré et Antiopé,
pendant une expédition. Là, de la mer fâcheuse, un secours
souhaité vous viendra : aussi, désirant votre bien, je vous
dis de vous y arrêter. Mais quel besoin de me rendre encore
coupable, en racontant dans ma prédiction, avec suite, tout
ce qui vous arrivera?... Au delà de cette île et de la partie
du continent qui lui fait face, vivent les Philyres. Au-dessus
des Philyres sont les Macrônes et, après eux, les nombreuses
tribus des Bécheires; puis les Sapeires habitent auprès
d'eux; après ceux-ci, et dans la même région, les Byzères,
au-dessus desquels voici déjà les belliqueux Colchiens eux-
mêmes. Mais vous continuerez de naviguer jusqu'au moment
où vous aurez pénétré dans les parties les plus reculées de la
mer. Là, sur le territoire de Cytais et des Amarantes, loin
des montagnes et de la plaine Circaienne, le Phase tourbil-
lonnant jette dans la mer ses vastes flots. Poussant le navire
dans les marais qu'inonde l'eau débordée de ce fleuve, vous
apercevrez les tours du Cytaien Aiétès, et le sombre bois
sacré d'Ares, oti la toison, déployée au sommet d'un chêne,
est sous la garde d'un dragon — monstre horrible à voir —
qui observe de tous côtés et attend. Ni jour ni nuit le doux
sommeil ne dompte ses yeux infatigables. »
V. 408-447- Il parla ainsi; et, à l'entendre, une crainte subite s'empara
d'eux. Ils étaient restés longtemps silencieux, frappés de
stupeur; enfin, le héros, fils d'Aison, dit, impuissant en
présence des diflicultés qui lui étaient prédites : « O vieillard.
CHANT DEUXIÈME 63
tu as énuméré jusqu'à leur terme les dangers de notre navi-
gation; tu nous as dit à quel signe nous devrions nous fier
pour passer dans le Pont, au travers de ces roches terribles.
Mais, après y avoir échappé, le retour vers l'Hellade nous
sera-t-il de nouveau possible? C'est ce que j'apprendrais de
toi avec bonheur. Comment faire? Comment exécuter de
nouveau un si grand voyage sur mer? Car je suis ignorant,
entouré de compagnons ignorants; et Aia, ville de Colchide,^
est située aux extrêmes confins du Pont et de la terre! »
Il dit, et, lui répondant, le vieillard parla ainsi : « Mon
enfant, quand tu auras une fois échappé à travers les roches
funestes, prends courage : une divinité conduira par une
autre route votre navigation au retour d'Aia. Pour aller vers
Aia, vous aurez assez de guides. Mais ayez soin, mes amis,
de vous préparer le secours artificieux de la déesse Cypris.
C'est en elle que réside le succès glorieux de vos épreuves.
Maintenant, ne me demandez plus rien sur ces choses. »
Ainsi parla l'Agénoride; et, près de lui, les deux fils du
Thrace Borée, ayant fendu les airs, fixèrent sur le seuil
leurs pieds rapides; et les héros s'élancèrent de leurs sièges,
dès qu'ils les virent en leur présence. Zétès, cédant à leur
désir, — par suite de sa fatigue, il exhalait encore à grand'-
peine un souffle haletant et répété, — leur disait comme
ils avaient mené loin leur poursuite, et comment Iris leur
avait défendu de les tuer, quels serments avait faits la
bienveillante déesse, et comment les Harpyes, effrayées,
avaient dû s'enfoncer dans l'antre profond du mont Dicté.
Tous les compagnons qui étaient dans la demeure, et
Phinée, en particulier, se réjouirent de cette nouvelle.
Aussitôt après, l'Aisonide lui adressa la parole, plein de
bienveillance : « Sans doute, Phinée, quelque dieu s'in-
quiétait de ta déplorable misère; et ce dieu nous a fait
venir ici de bien loin, pour qu'il fût possible aux fils de
Borée de te secourir. S'il rendait la lumière à tes yeux, je
crois que j'aurais autant de bonheur que si je me trouvais
de retour dans ma maison. »
64 LES ARGONAUTIQUES
Il parla ainsi; mais Phinée, baissant la tête, lui répondit :
« O Aisonide, ceci est irrévocable, et il n'y a plus de
remède; car les orbites de mes yeux, consumés peu à peu,
sont maintenant vides. Puisse la divinité m'accorder au
plus tôt la mort à la place de la vue, et, une fois mort, je
serai au comble du bonheur! »
V. 448-499- C'est ainsi qu'ils s'entretenaient mutuellement; cepen-
^dant, bientôt après, au milieu de leur conversation, parut
Érigène. Autour de Phinée se rassemblaient les hommes
du voisinage, qui, jusque alors, avaient coutume de venir
lui porter chaque jour une part de leur nourriture. Tous
ces hommes qui arrivaient vers lui, y eût-il même parmi
eux de très pauvres gens, il leur annonçait l'avenir avec le
plus grand soin; et ses prédictions les avaient délivrés de
bien des maux. Aussi, ils allaient vers lui et le nourrissaient.
Avec eux venait Paraibios, qui lui était très cher : et ce
dernier fut heureux de voir les héros dans la demeure. Car
Phinée avait prédit, depuis longtemps, qu'une expédition
de héros, allant par mer de l'Hellade à la ville d'Aiétès,
attacherait ses amarres à la terre Thyniade, et que ces héros
arrêteraient, par l'ordre de Zeus, les attaques des Harpyes.
Après avoir satisfait les visiteurs avec de sages paroles, le
vieillard les congédia. Quant au seul Paraibios, il le fit
rester avec les héros. Bientôt après, il l'envoya, en le priant
de lui ramener le plus beau de ses moutons. Lorsqu'il
fut parti de la demeure, Phinée adressa avec affabilité ces
paroles aux rameurs assemblés autour de lui : « O mes amis,
certes tous les hommes ne sont pas violents et oublieux des
bienfaits. Ainsi, cet homme-là n'est pas un ingrat: il vint
ici pour connaître sa destinée; car plus il travaillait, plus
il prenait de peine, et plus il lui était impossible de vivre,
plus l'indigence le frappait à coups redoublés. A chaque
jour mauvais un pire succédait, et le misérable ne pouvait
reprendre haleine. Loin de là! Il payait la dure punition
due par une faute de son père. Car cet homme, un jour
qu'étant seul il coupait des arbres dans les montagnes,
CHANT DEUXIÈME 65
avait méprisé les prières d'une nymphe Hamadryade. Celle-
ci, tout en larmes, avait essayé de l'attendrir par des paroles
plaintives; elle lui demandait de ne pas couper le tronc
d'un chêne qui avait son âge, dans lequel elle avait passé
sans interruption un long espace de temps. Mais il coupa
l'arbre, l'insensé! Telle est la folle arrogance de la jeunesse.
Aussi, la nymphe envoya à lui et à ses enfants une calamité
nuisible. Quand Paraibios vint vers moi, je devinai quelle
avait été la faute de son père. Je lui recommandai d'élever
un autel à la nymphe Thyniade, et d'y célébrer des
sacrifices qui le délivreraient de ses maux, en la suppliant
de détourner de lui le sort paternel. Depuis qu'il a échappé
au malheur envoyé par les dieux, il ne m'a ni oublié, ni
négligé; et c'est avec difficulté et malgré lui que je le
congédie, car il persévère à m'assister dans mon afBiction. »
Ainsi parla l'Agénoride; et, presque aussitôt après la fin
de son discours, Paraibios revint, conduisant deux moutons
de son troupeau. Jason se leva, ainsi que les deux fils
de Borée, sur l'invitation du vieillard. Ils se hâtèrent
d'invoquer Apollon, dieu des oracles, et célébrèrent le
sacrifice sur le foyer de la maison; le jour allait finir. Les
plus jeunes des compagnons préparaient le repas qui réjouit
le cœur. Puis, après s'être bien rassasiés, les uns auprès
des amarres du navire, les autres serrés en nombre dans la
demeure de Phinée, ils s'endormaient : mais, au matin, les
vents Étésiens commencèrent à s'élever. Voici par quel ordre
de Zeus ces vents soufflent à la fois sur toute la terre.
On dit qu'une certaine Cyrène faisait paître ses troupeaux V. 500-527.
auprès du marais du Pénée; c'était au temps des hommes
d'autrefois. Elle se réjouissait de sa virginité et de son
lit intact. Or, Apollon l'enleva, alors qu'elle conduisait
ses troupeaux au bord du fleuve. Il la transporta loin de
l'Haimonie et la confia aux Nymphes indigènes qui habi-
taient en Libye, auprès des sommets du Myrtose. C'est
là qu'elle enfanta à Phoibos Aristée, que les Haimoniens,
riches en nombreuses terres à blé, surnomment Agreus et
66 LES ARGONAUTIQUES
Nomios. Par suite de son amour, le dieu fil de Cyrène une
nymphe de ce pays, chasseresse et destinée à de longues
années. Quant à son fils, il le prit tout enfant, pour le faire
élever dans Tantre de Chiron. Lorsqu'il fut grand, les Muses
s'entremirent pour le marier, et elles lui enseignèrent Tart de
guérir les maladies et celui d'interpréter les présages divins.
Et elles l'établirent comme chef de tous leurs nombreux
troupeaux, qui paissaient dans la plaine Athamantienne
de Phthie et aux environs de l'abri protecteur du mont
Othrys et du cours sacré du fleuve Apidanos. Mais, alors
que, du haut du ciel, Seirios desséchait les îles Minoides et
que les habitants ne trouvaient aucun remède qui fût
longtemps efficace, alors, sur l'ordre du dieu qui lance au
loin ses traits, ils appelèrent Aristée, pour écarter d'eux
le fléau. Celui-ci quitta donc la Phthie, comme son père
le lui commandait, et s'établit à Céos, ayant rassemblé le
peuple des Parrhasiens, qui sont de la race de Lycaon.
Il éleva un grand autel à Zeus qui répand la pluie; et il
célébra sur les montagnes des sacrifices en l'honneur de
cet astre Seirios et de Zeus lui-même, fils de Cronos. C'est
grâce à ces cérémonies que les vents Étésiens, envoyés
par Zeus, rafraîchissent la terre de leur souffle pendant
quarante jours. Et, maintenant encore, à Céos, les prêtres
sacrifient des victimes un peu avant le lever de la constel-
lation du Chien.
V. 528^18. Telle est la tradition que l'on chante. Les héros restaient
là, retenus par les vents; et, chaque jour, les Thyniens
envoyaient à Phinée, pour lui être agréables, d'jnnombra-
bles présents d'hospitalité Ensuite, les héros construisirent,
en l'honneur des douze dieux bienheureux, un autel sur
le bord de la mer, au delà de la demeure de Phinée; et,
ayant célébré un sacrifice, ils s'embarquèrent pour faire
avancer à force de rames le navire rapide. Ils n'oubliaient
pas d'amener avec eux une timide colombe : Euphémos
portait dans sa main l'oiseau qui se blottissait de peur. Ils
détachèrent du rivage les doubles amarres.
CHANT DEUXIÈME 67
Mais leur départ pour des régions plus lointaines ne resta
point caché à Athéné. Aussitôt, elle mit impétueusement
les pieds sur un nuage léger, qui la transportât vite, malgré
son poids. Elle se hâta d'arriver à la mer, pleine de bonnes
dispositions pour les rameurs. Tel un homme qui mène
une vie errante, loin de sa patrie : — souvent, nous autres
hommes, nous devons supporter d'être ainsi errants, et
alors ce n'est pas seulement quelque terre lointaine, mais
toutes les villes du monde qui s'offrent à notre vue; —
il songe à sa propre maison; la route de terre et la route
de mer sont devant lui : agité profondément de diverses
pensées, c'est tantôt sur Tune, tantôt sur l'autre qu'il fixe
les yeux; aussi rapide que la pensée de cet homme, la
fille de Zeus, s'étant élancée, mit les pieds sur le rivage
inhospitalier de la côte Thyniade.
Les héros étaient parvenus dans le passage tortueux, à
la partie étroite, resserrée des deux côtés entre les pointes
des écueils; un courant tourbillonnant prenait par-dessous
et soulevait le navire en marche; c'est avec grand'peur qu'ils
naviguaient plus avant. Déjà, le fracas des rochers qui se
heurtaient frappait leurs oreilles d'une manière continue, et
les falaises, oti la mer se brise, mugissaient. Alors, Euphé-
mos, tenant la colombe dans sa main, se leva pour monter
à la proue; et les héros, sur l'ordre de l'Agniade Tiphys, se
mirent à ramer de tout leur cœur, pour pouvoir ensuite ^
lancer le navire au travers des roches, confiants dans leur
force. Ces roches, quand ils eurent tourné le coude du
détroit, ils les virent séparées; ils devaient être les derniers à
les voir ainsi éloignées. Aussitôt le cœur des héros s*amollit.
Euphémos lança la colombe pour que ses ailes la portassent
au delà du passage : tous les rameurs à la fois levèrent la
tête pour voir; mais elle vola au milieu des roches qui,
bientôt, revenant l'une vers Tautre, se réunirent avec un
bruit retentissant. Une masse d'eau bouillonnante s'éleva
comme une nuée; la mer mugissait d'une manière effrayante;
et tout autour, au loin, l'air vibrait. Les cavernes creuses.
68 LES ARGONAUTIQUES
SOUS les écueils hérissés, comme l'eau s y engouffrait, gron-
daient; et jusqu'en haut du rivage escarpé, le flot tumultueux
crachait une écume blanche. Ensuite, le flux enveloppait et
roulait le navire. Mais la rencontre des rocs ne fit que tran-
cher les plumes de la queue de la colombe, et Toiseau passa
sans danger. Les héros poussaient de grandes clameurs :
Tiphys leur cria de faire force de rames. Car, de nouveau,
les roches s'ouvraient pour se séparer: ils ramèrent effrayés,
jusqu'au moment où, par lui-même, le reflux, s'élevant vers
le navire, l'entraîna à l'intérieur des rochers. Alors une
crainte affreuse les saisit tous; car, au-dessus de leur tête,
inévitable, était la mort. Déjà, ici et là, apparaissait le vaste
Pont, quand, à l'improviste, une vague immense se dressa
devant eux, menaçante, semblable à un roc escarpé; à cette
vue, ils se détournèrent, en inclinant la tête : cette vague
semblait devoir s'écrouler sur le navire et le couvrir tout
entier. Mais Tiphys la prévint en donnant quelque relâche
au navire fatigué par le rapide mouvement des rames : une
masse d'eau se précipita en tourbillonnant sous la quille, et,
soulevant le navire lui-même, à partir de la poupe, l'entraîna
loin des rochers; et, après cela, Argo restait portée au sommet
des flots. Euphémos courait à tous ses compagnons, en leur
criant de se courber sur leurs rames de toutes leurs forces :
ceux-ci frappaient l'eau à grands cris. Mais, si le navire avan-
çait sous l'action des rames, la violence des flots le faisait
reculer deux fois plus loin qu'il n'avançait; les rames pliaient
comme des arcs recourbés, tant les héros faisaient d'efforts.
Tout à coup, cependant, une vague se précipita obliquement;
et le navire courait, comme un corps arrondi, sur la vague
impétueuse de la mer agitée qui le roulait. Au milieu des
Symplégades, un tourbillon le retenait : des deux côtés, les
rochers s'ébranlaient en mugissant. Et le bois dont le
vaisseau était construit restait là comme captif. Mais alors,
Athéné, de sa main gauche, arracha le navire au rocher,
qui le tenait fortement, et, de sa droite, le poussa, pour
qu'il franchît d'outre en outre le passage. Et Argo s'élança,
CHANT DEUXIÈME 69
suspendue dans les airs, semblable à une flèche ailée. Cepen-
dant les ornements du haut de la poupe furent comme
moissonnés par le choc obstiné des deux roches opposées.
Mais Athéné s'élança vers TOlympe, du moment qu'ils furent
hors de danger. Quant aux rocs, s'étant rapprochés pour se
réunir au même endroit, ils s'enracinèrent d'une manière
stable, car l'ordre des dieux avait fatalement établi qu'il en
serait ainsi, du jour oti un mortel les aurait vus et traversés
sur un navire. Les héros commençaient à respirer au sortir
de cette terreur qui les avait glacés,' et ils contemplaient
en même temps les airs et l'étendue de la haute mer qui
s'ouvrait au loin. Il leur sembla qu'ils venaient de se sauver
de la demeure d'Adès. Tiphys, le premier, commença à
parler : « J'espère que, grâce au navire, nous sommes défini-
tivement sauvés. Et personne n'est cause de notre salut
autant qu'Athéné, qui a animé ce navire d'une force divine,
alors qu'Argos en unissait les pièces avec des chevilles. Il
n'est donc pas permis qu'il succombe. O Aisonide, l'ordre
de ton roi, tu n'as plus à craindre de ne pouvoir l'exécuter,
du moment que la volonté divine nous a permis de nous
échapper au travers des rochers; puisque, quant aux épreu-
ves qui se présenteront ensuite, l'Agénoride Phinée nous a
dit qu'elles seraient facilement surmontées. j>
Il dit, et en même temps il poussait le navire plus avant V. 619-647.
dans la haute mer, le long de la côte de Bithynie. Mais
Jason lui adressa, en déguisant sa pensée, ces paroles pleines
de douceur: «Tiphys, pourquoi me parler ainsi, au milieu
de mes inquiétudes? J'ai commis une faute et je me suis
ainsi attiré de terribles malheurs dont je ne pourrai me
dégager. J'aurais dû, malgré les ordres de Pélias, refuser
dès le principe d'entreprendre cette expédition, m'eût-il
ensuite fait périr misérablement en coupant mes membres
par morceaux. Maintenant, je suis dans la crainte et les
alarmes intolérables, plein d'effroi quand il faut naviguer
sur les routes terribles de la mer, plein d'effroi encore
quand nous débarquons sur la terre ferme. Car il y a
70 LES ARGONAUTIQUES
partout des hommes ennemis. Après chaque jour, je passe
dans les veilles une nuit gémissante, réfléchissant à toutes
choses : et cela, depuis le moment oti vous vous êtes rassem-
blés pour l'amour de moi. Il t*est facile de parler quand tu
ne songes qu'à ta propre vie. Mais moi, ce n*est pas le moins
du monde pour moi-même que je m'effraie : c'est à cause de
celui-ci et aussi de celui-là, c'est à cause de toi et de mes
autres compagnons que j'ai peur. Je crains de ne pouvoir
vous ramener tous sains et saufs vers la terre d'Hellade. »
Il parla ainsi pour éprouver les sentiments des héros:
mais ceux-ci se récrièrent et lui adressèrent des paroles
d'encouragement. Il se réjouit jusqu'au fond du cœur de
leurs acclamations, et leur parla de nouveau, cette fois en
toute franchise : a O mes amis, c'est votre vertu qui augmente
ma confiance. Aussi, dorénavant, quand même j'entrepren-
drais une expédition au travers des abîmes d'Adès, je ne
serai plus accessible à la crainte : car vous êtes solides au
milieu des plus redoutables difficultés. D'ailleurs, mainte-
nant que nous avons navigué hors des roches Symplégades,
je pense que nous ne rencontrerons plus pareil sujet de terreur,
pourvu que, dans notre navigation, nous suivions fidèlement
les conseils de Phi née. s
V. 64S.719. Il parla ainsi; et, aussitôt après, terminant ces discours,
les héros se mettaient au travail continu de la rame: bientôt
le rapide fieuve Rhébas, le rocher de Coloné, et peu après
le cap Mêlas étaient dépassés, puis les bouches du fleuve
Phyllis; c'est là qu'autrefois Dipsacos avait reçu dans ses
demeures le fils d'Athamas, alors qu'il fuyait avec le bélier
^ la ville d'Orchomène. Dipsacos était fils d'une Nymphe des
prairies; loin de se plaire à une vie orgueilleuse, il était
heureux d'habiter avec sa mère auprès des eaux du fleuve, son
père, et de faire paître des troupeaux sur la rive. Bientôt
le temple consacré à ce héros, les rives spacieuses du fleuve
et la plaine, et le Calpé, qui coule dans un lit profond,
apparaissaient à leurs yeux, puis étaient laissés en arrière.
Et cependant, après le jour venait la nuit qu'aucun vent ne
CHANT DEUXIÈME 71
troublait, et ils loccupèrent aussi à ramer, infatigables. Tels,
fendant le sol d'un champ humide et gras, des bœufs de
travail peinent; de partout, de leurs flancs et de leur nuque,
une sueur abondante coule goutte à goutte; sous le joug,
leurs yeux ont un regard oblique; de leur mufle sec un
souffle bruyant s'exhale sans cesse; et cependant, enfon-
çant leurs pieds fourchus dans le sol, les bétes accouplées
travaillent tout le jour: semblables à ces bœufs, les héros
labouraient la mer de leurs rames.
Au moment où la lumière divine ne brille pas encore et
où l'obscurité n'est déjà plus si profonde, alors que dans
la nuit s'est répandue cette faible lumière que les hommes
qu'elle réveille appellent le crépuscule, alors, ayant fait
entrer le navire dans le port de l'île déserte de Thynias,
ils montèrent à grand'peine sur le rivage. Or, à leurs yeux^
le fils de Létô, qui revenait de Lycie et se dirigeait au loin
vers le peuple innombrable des hommes Hyperboréens^
apparut. Des deux côtés de ses joues, des boucles de cheveux
d'or tombaient en grappes et s'agitaient à chacun de ses
mouvements. Sa main gauche brandissait un arc d'argent,
sur son dos était un carquois suspendu à son épaule. Sous
ses pieds, l'île entière tremblait, et les flots agités débordaient
sur le rivage. Les héros, à cette vue, furent saisis d'une
terreur pleine d'angoisse : aucun d'eux n^osa fixer son regard
sur les yeux éclatants du dieu. Ils se tenaient, la tête penchée
vers la terre. Mais le dieu était déjà loin d'eux, et passait
dans les airs au-dessus des flots de la mer. Enfin, Orphée
prononça ces paroles, en s'adressant aux héros : « Allons,
consacrons cette île à Apollon Matinal, et appelons -la de
son nom^ puis(^ue c'est en y passant le matin qu'il nous est
apparu à tous. Elevons un autel sur le rivage, pour offrir un
sacrifice avec ce que nous pouvons avoir. Que si, plus tard,
il nous fait revenir sains et saufs dans la terre d'Haimonie,
alors, en son honneur, nous placerons sur l'autel des cuisses
de chèvres cornues. Maintenant, laisse-toi apaiser par ce que
nous pouvons t'offrir, par la fumée de la graisse brûlée et par
Â
72 LES ARGONAUTIQUES
des libations, je t'en conjure! Sois-nous propice, ô dieuf...
Sois-nous propice, toi qui as apparu devant nous!...»
Il parla ainsi; et, parmi les héros, les uns aussitôt cons-
truisirent un autel avec des pierres; les autres se répandirent,
de côté et d'autre, dans Tîle, pour chercher s'ils verraient
quelque faon ou quelque chèvre sauvage : car les animaux
de ce genre sont nourris en grand nombre par les forêts
profondes. Le Létoîde leur fit trouver du gibier. Tous les
animaux qu'ils prirent, ils consumèrent sur l'autel, suivant
les rites, leurs cuisses dans une double enveloppe de graisse,
en invoquant Apollon Matinal. Autour des victimes qui se
consumaient, ils instituèrent un large chœur de danse; ils
célébraient le bel lépaiéôn, Phoibos lépaiéôn. Et, avec eux,
le noble fils d'Oiagros commençait sur sa phorminx de Bis-
tonie un chant harmonieux : il disait comment autrefois, au
pied de la rocheuse montagne du Parnasse, le dieu avait
tué à coups de flèches et dépouillé le monstrueux serpent
Delphyné; il était encore tout jeune et combattait nu, heu-
reux de ses cheveux bouclés... « O dieu favorable, pardonne!
Jamais tes cheveux ne seront coupés, ils ne subiront d'atteinte
jamais : telle est la loi éternelle. La Coiogène Létô est la seule
qui puisse les manier dans ses mains amies. » — Orphée
disait aussi combien les nymphes Coryciennes, filles de
Pleistos, l'encourageaient par leurs paroles en lui criant :
« O léiosi », cri d'oîi est venu ce beau refrain qui accom-
pagne l'hymne de Phoibos.
Quand ils eurent célébré le dieu par ce chant et ce chœur
de danse, ils se jurèrent, en faisant de saintes libations, de
se secourir toujours les uns les autres et de conserver une
concorde perpétuelle : et ils faisaient ce serment, la main
sur les victimes. Et maintenant encore subsiste en cet
endroit un monument sacré de la bienveillante Concorde,
monument qu'ils élevèrent alors, pleins de vénération,
pour la très illustre déesse.
V. 720-751. Quand le jour revint pour la troisième fois, alors secondés
par la forte brise du Zéphire, ils quittèrent l'île escarpée.
CHANT DEUXIÈME
Partis de là, sur le continent en face d'eux, l'embouchure du
fleuve Sangarios, la terre verdoyante des hommes Marian-
dyniens, puis le cours du Lycos et le marais Anthémoëisis
leur apparurent successivement. Ils passèrent plus outre, et
sous la brise, les câbles, qui maintiennent la voile, et tous
les agrès du navire étaient agités dans leur course rapide.
Mais, au matin, comme le vent s'était apaisé pendant la nuit,
iU arrivèrent avec joie au port du cap Achérousis. Ce cap
élevé sur des rocs escarpés, d'un accès difficile, regarde la
mer de Bithynie : à sa base sont enracinés des rochers unis,
baignés par la mer; autour d'eux, le flot roule et mugit à
grand bruit; et, au sommet du cap, des platanes ont poussé
très touffus. A l'intérieur, tournée vers le continent, se
creuse obliquement une vallée oti est l'antre d'Adès; un
bois et des rochers le couvrent d'une voûte; il en sort une
vapeur glaciale, qui, s' exhalant d'une manière continue de cet
abîme effrayant, condense sans cesse aux alentours un givre
éclatant de blancheur, qui ne fond qu'au soleil de midi. Le
silence ne règne jamais sur ce cap terrible : la mer retentis-
sante le fait gémir, en même temps que du fond de l'abîme
des souffles viennent agiter les feuilles. C'est là que sont les
bouches du fleuve Achéron, qui, se précipitant du haut du
cap, décharge ses eaux dans la mer du côté de l'Orient; un
profond ravin le conduit des sommets. Bien longtemps après,
ce fleuve fut nommé le Soonautès par les Mégariens de
Nisaia, alors qu'ils allaient habiter le pays des Mariandy-
niens; car, tombés au milieu d'une mauvaise tempête, il les
sauva avec leurs navires. C'est donc de ce côté que les héros,
ayant dirigé le vaisseau dans le port du cap Achérousis,
abordèrent, alors que le vent venait de cesser.
Cependant, Lycos qui était le chef de ce pays, et les v. 752-814
hommes Mariandyniens n'ignorèrent pas longtemps le
débarquement des meurtriers d'Amycos, comme disait la
renommée qu'ils avaient déjà entendue. Aussi, en raison de
ce fait, ils conclurent amitié avec les héros. Quant à Poliux
en particulier, ils se rassemblaient de tous côtés pour lui
10
74 LES ARGONAUTIQUES
faire accueil comme à un dieu : car il y avait longtemps
qu*ils étaient en guerre avec les Bébryces insolents. Aussi,
s'étant rendus à la ville, tous ensemble dans le palais de
Lycos, ils passèrent cette journée en amis, célébrant un
festin et se charmant le cœur par leurs récits. L'Aisonide
disait au roi la race et le nom de chacun de ses compagnons,
les ordres de Pélias ; comment ils avaient été les hôtes des
femmes de Lemnos, tout ce qu'ils avaient fait dans la
dolionienne Cyzique, comment ils étaient arrivés à Cios en
Mysie, où ils avaient laissé, bien malgré eux, le héros
Héraclès; il exposa Toracle de Glaucos et raconta comment
ils avaient tué Amycos et les Bébryces; puis, il dit les
prophéties de Phinée et sa misère, comment ils avaient
échappé aux roches Cyanées, et comment ils avaient ren-
contré le fils de Létô dans une île. En entendant la suite de
ces récits, Lycos était intéressé jusqu'au fond du cœur. Mais
le chagrin le saisit, quand il apprit comment Héraclès avait
été abandonné, et il leur dit» s*adressant à tous :
« O mes amis, de quel homme avez-vous perdu le secours
pour naviguer si loin, jusque chez Aiétèsl Car je le connais
bien, pour Ta voir vu ici même dans le palais de Dascylos,
mon père, alors qu'à travers le continent asiatique il s'avança
jusqu'ici, à pied, portant le baudrier de la belliqueuse
Hippolyté. Il me trouva tout jeune, le visage à peine
couvert d'un léger duvet. On célébrait alors des jeux
funèbres en l'honneur de Priolas, mon frère, tué par les
hommes Mysiens, Priolas que depuis lors le peuple pleure
encore aujourd'hui dans de lamentables élégies : à ces jeux
il vainquît Titias, le solide combattant au pugilat, qui se
distinguait entre tous les jeunes gens par sa beauté et sa
force. Il fit tomber ses dents sur le sol. Ensuite, il soumit à
mon père, en même temps que les Mysiens, les Phrygiens
qui habitent des terres voisines des nôtres; il conquit aussi
les tribus des Bithyniens avec leur territoire, jusqu'à
l'embouchure du Rhébas et au rocher de Coloné. Après
ceux-ci, les Paphlagoniens Pélopéiens durent se soumettre
CHANT DEUXIEME
aussi, tous tant qu'ils sont que le noir Billaios entoure de
son cours sinueux. Mais, maintenant, les Bébryces et
l'injustice d'Amycos m'ont dépouillé, pendant qu'Héraclès
était loin. Ils m'ont enlevé un grand espace de territoire,
et ils ont étendu leurs frontières jusqu'aux plaines basses
arrosées par l'Hypios, qui coule dans un lit profond. Mais
TOUS leur avez fait expier leurs crimes; et certes, je le dis,
il n'agissait pas contre la volonté des dieux, le Tyndaride,
en ce jour oCi il porta la guerre aux Bébryces, en ce jour oU
il tua cet homme. Aussi maintenant je vous témoignerai,
à cause de cela, toute la reconnaissance dont je suis capable;
je le ferai de grand cœur. Car telle est l'obligation des
hommes faibles, quand de plus forts les ont aidés les
premiers. Avec vous tous j'enverrai, pour vous suivre dans
votre expédition, Dascylos, mon fils. En sa compagnie, vous
êtes sûrs de rencontrer dans votre navigation des hommes
hospitaliers jusqu'aux bouches mêmes du Thermodon. Mais,
en outre, aux Tyndarides en particulier, je construirai
sur le cap Achérousis un temple élevé : un temple que de
très loin en mer tous les matelots apercevront et auquel
ils adresseront des prières. De plus, je leur consacrerai
devant la ville, comme on fait pour les dieux, les fertiles
sillons d'un champ bien labouré. »
C'est ainsi qu'au milieu des festins ils se plaisent à
converser tout le jour. Au matin, ils se hâtèrent de retour-
ner au navire. Lycos vint avec eux : il leur avait donné
mille présents à emporter, et il faisait sortir son fils du
palais pour les accompagner.
C'est là qu'une destinée fatale atteignit l'Abantiade Idmon, V. 815-850.
qui était doué de l'art des devins. Mais elle ne put le sauver,
sa science de l'avenir : car la nécessité voulait qu'il mourût.
Dans des prairies basses inondées par un fieuve couvert de
roseaux, se vautrait, rafraîchissant au milieu de la fange ses
flancs et son ventre immense, un sanglier aux défenses
blanches, monstre funeste que les Nymphes elles-mêmes,
habitantes du marais, redoutaient. Aucun homme ne savait
76 LES ARGONAUTIQUES
Texistence de Tanimal : car il se nourrissait solitaire dans
le vaste marécage. Cependant TAbantiade suivait les acci-
dents du terrain, au bord de ce fleuve bourbeux, quand,
à l'improviste, sortant de quelque endroit au milieu des
roseaux, la béte bondit et, d*un choc violent, l'atteignit à la
cuisse; les nerfs furent pénétrés profondément, et fendus
ainsi que Tos. Idmon poussa un cri perçant et tomba sur le
sol : les héros répondirent tous ensemble par leurs clameurs
aux cris du blessé. Aussitôt, Pelée s'élança avec son javelot:
le monstrueux sanglier se hâtait de fuir, mais il fit face
de nouveau et s'élança. Alors Idas blessa l'animal qui,
en rugissant, s'enferra sur la lance aiguë. Ils le laissèrent
à terre, là où il était tombé : le héros à l'agonie était porté
au vaisseau par ses compagnons affligés, et il expira dans
leurs bras.
En ce moment, ils ne pouvaient penser à naviguer; mais
ils restaient là, s'occupant avec tristesse des funérailles du
mort. Trois jours entiers ils pleurèrent; et le jour suivant,
ils l'ensevelirent magnifiquement : le peuple tout entier et
le roi Lycos prenaient part aux cérémonies funèbres. On
égorgea sur la tombe d'innombrables brebis, comme l'on a
coutume de le faire pour honorer les morts. Et un tertre fut
élevé sur cette terre à Idmon : et la postérité peut voir
encore, au-dessus de ce tertre, comme monument de ces funé-
railles, un tronc d'olivier sauvage, dont on aurait pu faire
un rouleau de navire; il abonde en feuilles vertes, ce tronc
planté un peu au-dessous du cap Achérousis. Et, s'il faut
que, par l'ordre des Muses, je dise toute chose sans détours,
Phoibos ordonna en termes formels aux Béotiens et aux
Nisaïens d'honorer Idmon comme protecteur de la ville
qu'ils devaient fonder auprès de ce tronc d'antique olivier
sauvage, semblable à un rouleau de navire. Ce culte est
encore observé aujourd'hui : mais, à la place du religieux
Aiolide Idmon, ils vénèrent Agamestor.
V. 851-910. Mais quel est l'autre Argonaute qui mourut aussi dans
ces régions? Car les héros élevèrent alors pour la seconde
CHANT DEUXIÈME 77
fois le tombeau d'un compagnon défunt. En effet, on voit
encore deux monuments consacrés à ces hommes. C'est, dit
la renommée, l'Agniade Tiphys qui mourut : sa destinée
n'était pas de naviguer plus avant. Mais c'est là, loin de
sa patrie, qu'une courte maladie l'endormit du dernier
sommeil, alors que la réunion des héros rendait les hon-
neurs funèbres au cadavre de TAbantiade. Ce malheur
funeste leur causa un deuil insupportable. Après l'avoir
enseveli auprès d'Idmon, se laissant tomber de douleur en
face de la mer, incapables d'agir, ils restaient enveloppés de
leurs manteaux, sur le sable, oti l'empreinte de leur corps
s'enfonçait: et ils ne songeaient ni à manger, ni à boire;
leur cœur était abattu par l'angoisse, car l'espoir du retour
s'en allait bien loin d'eux. Et ils seraient restés plus long-
temps encore arrêtés par leur angoisse, si Héra n'avait
inspiré à Ancaios une audace extraordinaire : Ancaios,
qu'Astypalaia avait enfanté à Poséidon auprès des eaux
Imbrasiennes, était particulièrement doué de l'art de gou-
verner un navire. Il courut vers Pelée, et lui parla ainsi :
« O Aiacide, comment serait-il honorable de délaisser la
lutte et de rester si longtemps dans un pays étranger ? Ce
n'est pas tant pour mon habileté à la guerre que pour ma
science des navires que Jason m'a amené loin de Parthénia,
vers le pays de la toison. Que l'on abandonne donc, grâce
à moi, toute crainte au sujet du navire. D'ailleurs, il y a ici
d'autres hommes habiles: faisons monter à la poupe n'importe
lequel d'entre eux; aucun ne mettra l'expédition en péril.
Aussi, va vite communiquer ces avis, et, plein de hardiesse,
encourage nos compagnons à se souvenir de leurs travaux. »
Il dit ainsi, et le cœur de Pelée bondissait de joie. Aussi
ne tarda-t-il pas à venir parler au milieu des héros : « Chers
amis, pourquoi rester ainsi plongés dans une douleur vaine?
Car ces hommes ont succombé à la mort qui leur était
destinée. Mais, dans notre réunion, nous avons des pilotes,
et en nombre. Aussi, loin de différer le voyage, réveillez-
vous au travail, libres de toute inquiétude. »
78 LES ARGONAUTIQUKS
Le fils d'Aison, plein d'embarras, lui répondit : a Aiacide,
où sont-ils ces pilotes ? Car ceux dont nous vantions jadis
riiabileté, ceux-là maintenant ont la tête basse, et sont
encore plus affligés que moi. Aussi, je prévois pour nous
un sort aussi funeste que celui des morts : s*il ne nous est
pas jpossible d'aller jusqu'à la ville du cruel Aiétés, ni de
retourner vers la terre d'Hellade, en passant au large des
roches Cyanées, c'est ici même que nous ensevelira sans
gloire une mort misérable, succédant à une vieillesse
inutile. »
Il parla ainsi, mais Ancaios promit avec empressement
qu'il dirigerait le navire rapide; car il était entraîné par un
élan venu de la déesse. Mais, après lui, Erginos, Nauplios
et Euphémos se levèrent, désireux de prendre le gouvernail :
on les arrêta, car la plupart des compagnons acceptaient
Ancaios avec faveur.
Ensuite, ils s'embarquèrent au matin du douzième jour,
car la forte brise du Zéphire les secondait. Ils mirent peu
de temps à traverser l'Achéron à la rame; puis, confiants
dans le vent, ils déployèrent la voile, et, profitant de la séré-
nité du ciel, ils s'avancèrent bien au delà. Ils arrivèrent
bientôt aux embouchures du fleuve Callichoros, où Ion dit
que le fils Nyséien de Zeus, au temps où, ayant quitté les
peuples de l'Inde, il allait s'établir à Thèbes, célébra des
orgies et institua des chœurs devant un antre où il passait
des nuits sévères et saintes. De là vient que les habitants
du pays ont surnommé le fleuve Callichoros, et l'antre
Aulion.
V. 911-945. Ils virent ensuite la sépulture de TActoride Sthénélos,
qui, au retour de l'audacieuse guerre contre les Amazones
(il y était allé avec Héraclès), blessé d'une flèche, mourut
en cet endroit sur le rivage de la mer. Ils n'arpentèrent pas
la mer plus loin : car Perséphoné elle-même laissa sortir
l'âme déplorable de l'Actoride, qui l'avait suppliée de lui
permettre de voir quelques instants des hommes dans l'inti-
mité desquels il avait vécu. Monté sur le couronnement
CHANT DEUXIÈME 79
du tombeau, il contemplait le navire : il était tel qu'on le
voyait autrefois, quand il partait en guerre. Son casque
brillant était orné de quatre cimiers, et une aigrette de
pourpre le rendait éclatant. Bientôt il s'enfonça de nouveau
dans les ténèbres profondes ; et les héros qui Tavaient
aperçu, furent saisis d'effroi : mais l'Ampycide Mopsos,
interprète de la volonté des dieux, les excita à aborder et
à apaiser par des libations Tâme du mort. Ils se hâtèrent
donc d'amener la voile, et quand ils eurent fixé les amarres
sur le rivage, ils s'empressèrent autour du tombeau de
Sthénélos. En son honneur, des libations furent répandues,
et des brebis, sacrifiées au mort, furent consumées sur
l'autel. Dans un autre endroit que celui où les libations
avaient été faites, ils élevèrent un autel à Apollon, sauveur
des vaisseaux, et firent brûler les cuisses des victimes; et
Orphée y consacra sa lyre, d'oii le nom de Lyre reste encore
à ce lieu.
Aussitôt après, comme le vent les pressait, ils montèrent
sur le navire; ils hissèrent la voile et la déployèrent en la
tendant sur les deux cordages de droite et de gauche : et le
navire était rapidement emporté sur la mer, comme on voit
en haut des airs un épervier, les ailes abandonnées au vent,
enlevé par un vol rapide; aucun mouvement brusque ne
l'agite : il plane dans un ciel serein sur ses ailes en repos.
Cependant ils dépassaient le cours du Parthénios, fleuve
qui va très paisiblement vers la mer : c'est dans ses eaux
désirées que la fille de Létô, quand, après la chasse, elle
remonte vers le ciel, vient rafraîchir ses membres. Pendant
la nuit suivante, ils ne cessèrent pas de naviguer plus avant
sans interruption : ils arrivèrent au delà de Sésamos, des
hauts rochers Érythiniens, de Crobialos, de Cromna et
du Cytoros couvert de forêts. Ils tournèrent ensuite le cap
Carambis, au moment où le soleil lançait ses premiers
rayons. Après cela, ils firent avancer le navire à la rame le
long de l'Aigialos infini, pendant tout le jour et la nuit qui
suivit ce jour.
8o LES ARGONAUTIQUES
V. 946-1008. Bientôt après, ils abordèrent sur la terre assyrienne, oti
Sinopé, fille d'Asopos, fut établie par Zeus lui-mértie, qui,
dupe de ses propres engagements, dut lui permettre de
conserver sa virginité. Car, désirant la posséder, il lui avait
promis de lui donner ce qu'elle souhaiterait dans son
cœur: elle lui demanda, pleine d*astuce, de conserver sa
virginité. Par un semblable artifice, elle trompa Apollon,
qui désirait s'unir à elle, et, après eux, le fleuve Halys. Et
aucun homme ne put la dompter dans des enlacements
voluptueux. C'est là que les trois fils du vénérable Triccaien
Deimachos, Deiiéon, Autolycos et Phlogios habitaient,
depuis qu'ils s'étaient égarés loin d'Héraclès. Dès qu'ils
connurent l'arrivée de l'expédition des héros, ils allèrent à
leur rencontre, en déclarant d'une manière exacte qui ils
étaient eux-mêmes. Ils ne voulaient plus demeurer davan-
tage en ce lieu; et ils s'embarquèrent sur le navire, carie
vent Argestès commençait précisément de souffler. Emportés
par le vent rapide avec eux, les Argonautes laissèrent bientôt
après en arrière le fleuve Halys, Tlris qui coule dans ses
environs, et les alluvions de la terre d'Assyrie; et ce même
jour, ils doublèrent de loin le cap des Amazones, qui
possède un port.
C'est jusque-là que s'était avancée autrefois l'Arétiade
Mélanippé; c'est là que le héros Héraclès la prit dans une
embuscade, et Hippolyté lui donna, comme rançon de sa
sœur, un baudrier éclatant de diverses couleurs; et alors il
la renvoya, exempte de tout dommage. Ils abordèrent dans
la baie formée par le cap, auprès des embouchures du
Thermodon, car la mer était excitée contre les navigateurs.
Aucun fleuve n'est comparable au Thermodon, aucun
fleuve ne lance sur la terre autant de cours d'eau divers
sortant tous de lui-même. A en faire le compte précis, on
voit qu'il n'en manque que quatre pour atteindre cent : et
il n'y avait réellement qu'une seule source pour tous ces
cours d'eau; cette source descend vers la terre, sortie des
monts élevés, qu'on appelle, dit-on, monts Amazoniens.
CHANT DEUXIEME 8r
De là, le fleuve se répand, en face de lui, à l'intérieur d'un
pays assez élevé : aussi, ses routes sont sinueuses. Mais
toujours, allant, l'un d'un côté, l'autre de l'autre, ces cours
d'eau serpentent dans la direction où ils trouvent un ter-
rain plus bas. La route de ceux-ci est longue; de ceux-là,
courte. Il en est beaucoup qui sont sans nom : on ne sait
où ils vont se perdre. Et c'est avec peu de branches que
le Thermodon lui-même décharge, à la vue de tous, dans le
Pont-Axin, ses flots, à l'abri d'un cap qui se recourbe.
Si les héros avaient séjourné longtemps en cet endroit,
ils auraient dû engager le combat avec les Amazones, et
cela n'aurait pas été sans effusion de sang; car les Amazones
qui habitaient la plaine Doiantienne n'étaient pas affables
ni respectueuses du droit d*hospitalité. Au contraire, elles
se plaisaient à l'injustice lamentable et aux travaux d'Ares;
elles étaient en effet de la race d'Ares et de la nymphe
Harmonia, qui, s*étant unie au dieu dans les profondeurs
du bois Acmonios, lui enfanta des filles amies de la guerre.
Mais Zeus envoya de nouveau le souffle de l'Argestès. Et
le navire, poussé par le vent, quitta le rivage arrondi où
s'armaient les Amazones Thémiscyréiennes. Car elles ne
demeuraient pas réunies dans une seule ville; mais, divisées
par tribus, elles habitaient des parties distinctes du pays;
celles-là demeuraient à part, et elles avaient alors pour
reine Hippolyté; à part aussi étaient les Lycastiennes, et.
à part les Chadésiennes, habiles à lancer les traits.
Le lendemain et la nuit suivante, ils côtoyèrent la terre
des Chalybes. Ces hommes ne s'occupent ni du labourage
qui se fait avec les bœufs, ni d'aucune autre manière de
produire les fruits de la terre agréables au cœur; ils ne font
pas paître de troupeaux dans les prairies humides de rosée.
Mais ils fendent le sol rude, abondant en fer : en échange de
ce fer, ils se procurent ce qui est nécessaire à leur vie.
Jamais pour eux Éos ne se lève sans ramener des travaux;
au milieu de la suie noire et de la fumée, ils supportent
un dur labeur.
82 LES ARGONAUTIQUES
V. 1009-1029. Après avoir dépassé ces peuples et doublé le cap de Zeus
Génétaios, ils hâtaient leur course le long de la côte des
Tibaréniens. Dans ce pays, quand les femmes ont donné
des enfants à leurs maris, ce sont les hommes qui gémissent,
abattus sur des lits, la tête enveloppée; et les femmes
soignent bien leurs maris, les font manger et leur préparent
les bains qui conviennent aux accouchées.
Ensuite, ils longeaient le mont Sacré et le pays où les
Mossynoiciens habitent dans les montagnes des «mossy nés»,
d'oti vient le nom qu'ils portent. Les mœurs et les lois sont
chez eux différentes de ce qu'elles sont ailleurs. Ce qu'il
est permis de faire ouvertement dans la ville, sur la place,
toutes ces choses ils les exécutent dans leurs maisons. Tout
ce que nous faisons dans nos demeures. Us l'accomplissent
hors de chez eux, au milieu des rues, sans encourir de
blâme. Ils n'ont pas même de retenue à s'unir en public:
au contraire, semblables aux porcs qu'on engraisse dans
les pâturages, sans le moindre respect pour les assistants, ils
ont commerce avec leurs femmes, par terre, s'abandonnant
à des embrassements réciproques. Quant à leur roi, st^eant
dans une très haute « mossyne » il rend la justice suivant
l'équité à un peuple nombreux : le malheureux! Si, en
prononçant ses arrêts, il se trompe, on le renferme et on le
tient toute la journée sans manger*
V. 1030-10894 Après avoir dépassé ces peuples, et à peu près en face de
l'île Arétias, c'est avec la rame que, pendant toute la journée,
ils se frayèrent une route au milieu des eaux : car le vent
tiède les avait abandonnés vers le crépuscule du matin.
Mais bientôt ils virent voler dans l'air, au-dessus d'eux, un
oiseau d'Ares, habitant de l'île. Celui-ci, battant fortement
des ailes contre le navire en marche, lui lança une plume
aiguè qui tomba sur l'épaule gauche du divin Oileus :
blessé, celui-ci laissa échapper sa rame de ses mains; les
héros furent frappés de stupeur à la vue du trait ailé.
Érybotès, qui était assis auprès d'Oileus, retira la plume et
défit, pour en bander la plaie, le baudrier auquel le fourreau
CHANT DEUXIÈME 83
de son épée était suspendu. Mais un autre oiseau apparut,
qui volait à la suite du premier. Le héros Clytios Eurytide
avait tendu d'avance son arc recourbé : il lança une flèche
prompte, — l'oiseau s'avançait en volant, — et le frappa;
il vint en tournoyant tomber auprès du navire rapide.
Amphtdamas, fils d'Aléos, dit alors à ses compagnons:
« Près de nous est l'île Arétias : vous le savez, vous aussi,
depuis que vous avez vu ces oiseaux. Quant à moi, je
n'espère pas que nos flèches suffisent pour nous permettre
de débarquer. Mettons plutôt à exécution quelque autre
dessein qui nous aide, si vous voulez aborder, vous sou-
venant des recommandations de Pbinée. Car Héraclès,
lorsqu'il vint en Arcadie, n'a pas eu le pouvoir de chasser
avec ses flèches du marais où ils nageaient les oiseaux Stym*
phalides : moi-même je l'ai vu. Mais agitant en ses mains
une cliquette d'airain, il faisait grand bruit, les guettant sur
une vaste hauteur; et les oiseaux s'enfuyaient au loin; la
crainte terrible les faisait crier. Aussi, cherchons maintenant
quelque expédient de ce genre : ce que j'ai déjà imaginé
moi-même, je vais vous le dire. Mettons sur nos têtes nos
casques aux aigrettes élevées; qu'à tour de rôle la moitié
de nous s'occupe de ramer, et que l'autre moitié munisse
le navire de lances en bois bien poli et de boucliers. Alors,
d'un seul élan, poussez un cri immense, tous ensemble:
les oiseaux seront effrayés de ce tumulte étrange, de la vue
de nos aigrettes agitées et de nos lances dressées bien haut.
Mais, si nous arrivons à l'île elle-même, alors, de nouveau,
poussez des cris et heurtez vos boucliers, de manière à faire
un bruit prodigieux. »
Il parla ainsi, et cet utile dessein leur plut à tous. Ils
mirent sur leurs têtes les casques d'airain à la splendeur
effrayante; au-dessus s'agitaient les aigrettes de pourpre.
Et ils ramaient alternativement, et ceux qui ne ramaient pas
enveloppèrent Argo de lances et de boucliers. Ainsi, quand
un homme se prépare à couvrir d'un toit de tuiles les murs
de sa maison, pour l'orner et la garantir contre la pluie,
84 LES ARGONAUTIQUES
une tuile succède constamment à une autre et s*y adapte :
c'est ainsi que, par l'arrangement de leurs boucliers, ils
faisaient comme un toit au navire. Tel, le bruit qui sort
d'une multitude ennemie d'hommes, rassemblés pour la
guerre, qui s'agitent au moment où les phalanges se réunis-
sent : telle, la clameur qui, au-dessus du navire, se répandit
dans les airs. Et ils ne virent plus un seul des oiseaux;
mais, comme, après avoir échoué le navire sur le rivage de
l'île, ils faisaient résonner leurs boucliers, les oiseaux par
milliers voltigeaient incertains, s'enfuyant de côté et d'autre.
De même, quand le Cronide lance, du haut des nuages, une
grêle "épaisse sur la ville et les maisons, les habitants qui,
de l'intérieur, entendent le crépitement sur les toits, se
tiennent assis en repos; car le moment de la tempête ne
les a pas surpris à l'improviste; leur toit a été consolidé
auparavant. Ainsi les oiseaux lancèrent aux Argonautes des
plumes nombreuses en s'envolant bien haut au-dessus de
la mer, vers les montagnes des régions situées de l'autre côté
des flots.
V. I090-II33* Mais quelle était la pensée de Phinée, quand il ordonnait
à la divine expédition des héros d'aborder dans cette île, et
quel était l'avantage qui devait ensuite s*y produire pour
eux, suivant leurs désirs?
Les fils de Phrixos s'en retournaient vers la ville d'Orcho-
mène, loin d'Aia et de la demeure du Cytaien Aiétès; ils
s'étaient embarqués sur un navire de Colchide, dans le
but d'aller prendre possession des immenses richesses de
leur père : car, en mourant, celui-ci leur avait ordonné
ce voyage. Et ils étaient bien près de l'île, ce jour-là^
Zeus excita l'impétuosité du vent Borée, et le fit souffler,
indiquant par des pluies la marche humide de TArctouros.
Et cependant, durant la journée, le vent agitait un peu
les feuilles dans les montagnes, soufflant légèrement au
sommet des grosses branches; et, pendant la nuit, il envahit
la mer avec violence, et il souleva le flot de son souffle
strident; une profonde obscurité enveloppait le ciel : nulle
CHANT DEUXIÈME 85
part les astres éclatants ne se laissaient voir du milieu des
nuages, partout s'abattaient de noires ténèbres. Mouillés,
craignant la mort odieuse, les fils de Phrixos étaient ainsi
portés sur les flots. La force du vent arracha la voile, et,
du même effort, brisa en deux parties le navire ébranlé
par les vagues bruyantes. Alors, obéissant à un conseil
qui venait des dieux, ils saisirent, tous les quatre, une
poutre énorme, une de ces poutres, comme il s en trouvait
beaucoup, qu'on avait unies les unes aux autres par des
chevilles aiguës, et qui se dispersaient maintenant autour
du navire fracassé. C'est vers Tile que les flots et l'impé-
tuosité des vents les portaient, désolés, car ils avaient
échappé, de bien peu à la mort. Aussitôt éclata une averse
inouïe qui couvrit de pluie la mer, Tîle et, en face de l'île,
toute la région qu'habitaient les farouches Mossynoiciens.
Les fils de Phrixos furent jetés, en même temps, par la
force des flots, avec leur poutre solide, sur les rivages de
l'île : la nuit était obscure. Mais la pluie immense, que Zeus
avait envoyée, cessa avec le soleil levant. Les naufragés et
les héros se rencontrèrent bientôt, et Argos, le premier, prit
la parole :
« Au nom de Zeus, qui voit tout, nous vous prions,
qui que vous soyez parmi les hommes^ de nous être
favorables et de nous secourir dans notre misère. Car de
rudes tempêtes, qui se sont appesanties sur la mer, ont brisé
toutes les poutres du chétif navire sur lequel nous faisions
route, embarqués par nécessité. Aussi, maintenant, nous
vous supplions à genoux (puissiez- vous vous laisser per-
suader!) de nous donner quelque vêtement à nous mettre
sur le corps, et de prendre soin, par pitié, d'hommes de
votre âge qui sont dans le malheur. Ayez donc égard à
des hôtes suppliants, au nom de Zeus, protecteur des hôtes
et des suppliants : ils appartiennent, les uns et les autres,
à Zeus, les suppliants et les hôtes; et certes, le dieu qui voit
tout est pour nous. »
Le fils d'Aison l'interrogea avec prudence, pensant bien y. 1134.1225.
86 LES AkGONAUTIQURS
que les prédictions de Phinée étaient accomplies : « Tout
ce que vous demandez, nous allons vous le donner bien-
volontiers. Mais, voyons, dis -moi d'une manière exacte*
quel pays vous habitez, quelle nécessité vous force à navi-
guer sur mer, quel est votre nom illustre et votre race, b
Argos lui répondit, tout perplexe à cause de sa misère :
« Un Aiolide, Phrixos, est jadis allé de t'Hellade vers Aia ; le-
fait est certain, et, je le suppose, vous le savez vous-mêmes
avant que je vous le dise : Phrixos, qui est venu dans la
ville d'Aiétès, monté sur un bélier qu'Hermès a changé
en bélier d'or. Et certes, aujourd'hui encore vous pourriez
voir sa toison [pendue aux hautes branches feuillues d'un
chêne]. Ensuite, sur l'ordre de l'animal lui-même, il l'im-
mola entre tous les dieux au Cronide Zeus qui avait protégé
sa fuite. Aiétès reçut Phrixos dans son palais, et lui donna
pour femme sa fille Chalciopé, sans exiger de présents de
noces, car son esprit était bienveillant. Nous sommes les
enfants de Phrixos et de Chalciopé. Or, Phrixos est mort,
déjà vieux, dans la maison d' Aiétès. Aussitôt, par respect
pour les volontés de notre père, nous nous embarquons
vers Orchomène, dans le but d'aller y chercher les richesses
d'Athamas. Mais, si tu tiens à savoir aussi notre nom,
celui-ci se nomme Cytisoros, celui-là Phrontis, cet autre
Mêlas; pour moi, vous pouvez m'appeler Argos. »
Il parla ainsi : les héros se réjouirent de cette rencontre
et embrassèrent les étrangers pleins d'étonnement. Et Jason
de nouveau, comme il lui était convenable, répondit en
ces termes : ix Certes, parents du côté de mon père, c'est
à des hommes pleins de bienveillance pour vous que vous
demandez de vous aider dans votre misère. Car Crétheus
et Athamas étaient frères; et moi, fils du fils de Crétheus, je
vais de l'Hellade même, accompagné de ces hommes, à la
ville d'Aiétès. Mais, toutes ces choses, nous en parlerons
plus tard entre nous : maintenant, commencez par vous
vêtir... C'est, je pense, par un conseil des immortels que,
dans votre malheur, vous êtes tombés entre mes mains. »
CHANT DEUXIÈME 87
Il parla ainsi et leur donna du navire des habits pour se
vêtir. Ensuite, ils se rendirent tous ensemble au temple
d'Ares pour sacrifier des brebis. Ils s'empressèrent de se
placer autour de Tautel, fait de petites pierres, qui s'élevait
en dehors du temple, lequel était sans toit. A rin^térieur
avait été enfoncée une pierre sacrée, noire, à laquelle toutes
les Amazones adressaient leurs prières. Mais ce n'était pas
leur usage, quand elles revenaient du continent situé en face
de l'île, de consumer sur cet autel des sacrifices de brebis
ou de bœufs : elles sacrifiaient des chevaux qu'elles avaient
nourris pendant une année. Quand les héros, après leur
sacrifice, se furent rassasiés du festin qu'ils avaient préparé,
l'Aisonide s'adressa à ses hôtes et commença en ces termes :
« Zeus voit avec attention toute chose; et nous autres
hommes nous n'avons rien de caché pour lui, que nous
soyons d'une piété solide ou bien injustes. De même qu'il
a sauvé votre père de la mort que lui préparait une marâtre
et qu'il lui a permis d'acquérir loin d'elle une immense
richesse, de même, vous aussi, il vous a arrachés sains et
saufs à une funeste tempête. Sur ce navire il vous est loisible
d'aller ici ou là, suivant votre volonté, soit vers Aia, soit
vers la ville riche du divin Orchomène. Car l'art d'Athéné
a fabriqué notre vaisseau : sa hache d'airain en a coupé les
poutres sur les sommets du Pélion: et, avec la déesse, Argos
l'a construit. Quant au vôtre, le fiot furieux l'a brisé, avant
même que vous vous soyez approchés des pierres qui, dans
la mer étroite, se heurtent entre elles constamment. Mais
voyez: nous désirons porter en Hellade la toison d'or;
venez-nous en aide, guidez notre navigation, puisque je vais
accomplir des sacrifices expiatoires en l'honneur de Phrixos, et
apaiser la colère de Zeus contre les Aiolides. »
Il parla ainsi pour les exhorter : mais eux, ils l'écoutaient
avec terreur; car ils ne pensaient pas trouver Aiétès bien-
veillant pour ceux qui voudraient emporter la toison du
bélier. Argos leur adressa ces paroles, les blâmant de
s'occuper d'une telle expédition : « Mes amis, tout ce que
88 LES ARGONAUTIQUES
nous avons de force, nous ne manquerons jamais de le
mettre à votre service, d'une manière absolue, quand la
nécessité s'en présentera. Mais il est terriblement armé
d'une cruauté funeste, Aiétès. Aussi, ce voyage me fait
grand'peur. On assure qu'il est le fils d'Hélios; autour
de lui habitent les peuples sans nombre des Colchiens; et
lui-même, par sa voix effrayante et sa grande force, il
égale Ares. Certes, enlever la toison malgré Aiétès, ce
n'est pas chose facile : si redoutable est le dragon qui veille
autour, à l'abri de la mort et du sommeil, lui que Gaia
elle-même a enfanté sur les flancs boisés du Caucase, là oti
est la pierre Typhaonienne, oti Ton dit que Typhaon, frappé
par le tonnerre du Cronide Zeus, alors qu'il avait mis sur
lui ses fortes mains, vit couler goutte à goutte de sa tête
son sang bouillant : blessé de la sorte, il vint aux monts et à
la plaine de Nysa, oti, maintenant encore, il gît, englouti
sous les eaux du marais Serbonis. »
Il parla ainsi; et aussitôt, en apprenant quelles luttes il
faudrait affronter, bien des joues pâlirent. Mais bientôt
Pelée répondit par des paroles audacieuses, et s'exprima
de la sorte : « Mon ami, n'aie pas ainsi dans l'esprit une
crainte exagérée, car nous ne manquons pas à ce point de
force que nous soyons incapables de lutter avec Aiétès, les
armes à la main. Il me semble, au contraire, que nous
arrivons dans son pays, expérimentés à la guerre, nés, ou
peu s'en faut, du sang des dieux : aussi, dans le cas où il
ne nous donnerait pas de bon cœur la toison d'or, j'ai bon
espoir que les peuples de Colchide ne lui seront pas d'un
grand secours. »
V. 1226-1283. C'est ainsi qu'ils s'entretenaient mutuellement, jusqu'au
moment oîi, rassasiés par un nouveau repas, ils s'endor-
mirent. Réveillés au matin, une brise modérée soufflait
favorable pour eux : ils élevèrent la voile, qui se détendait
sous rimpulsion du vent; et bientôt ils laissaient, loin
derrière eux, l'île d'Ares.
A la nuit tombante, ils côtoyaient Tîle Philyréide : c'est
CHANT DEUXIÈME 89
là que, du temps qu'il régnait dans TOlympe sur les Titans
«t que Zeus était encore nourri, s^u milieu des Courètes
Jdaiens, dans i*antre de Crète, TOuranide Cronos, trompant
Rhéa, s'unit à Philyra. La déesse, pendant qu'ils étaient
dans le lit, les y surprit: Cronos bondit hors de la couche
et s'enfuit, semblable par la forme à un cheval à l'épaisse
crinière. Et, quittant, pleine de honte, ces lieux, son séjour
habituel, l'Océanide Philyra vint dans les longues chaînes
de montagnes des Pélasges, oti elle enfanta le monstrueux
Chiron, semblable à la fois à un dieu et à un cheval, fruit
de cette union équivoque.
Ensuite les héros passaient le long du pays des Macrônes,
de la région immense des Bécheires, et devant les Sapeires
sauvages et les Byzères, qui sont après eux ; et ils naviguaient
toujours plus avant, avec rapidité, poussés par un vent tiède.
Ils étaient déjà arrivés assez loin pour voir le golfe le plus
enfoncé du Pont ; déjà s'élevaient devant eux les pics escarpés
des monts du Caucase : c'est là que, les membres fixés aux
âpres rochers par des entraves d'airain, Prométhée repaissait
de son propre foie un aigle qui revenait sans cesse, pour
s'élancer sur lui. Ils virent cet oiseau, le soir, voler près
.<les nuages, autour des parties les plus élevées du navire, en
poussant des cris aigus; et, cependant, il ébranla la voile de
toutes parts, en l'attaquant à coups d'ailes. Car il n'avait
pas la conformation d'un oiseau des airs; mais il agitait avec
violence les extrémités de ses ailes, semblables à des rames
polies. Peu de temps après, ils entendaient la voix gémis-
sante de Prométhée dont le foie était arraché; et l'air retentit
de ses lamentations, jusqu'au moment où ils virent l'aigle
carnassier, s'envolant de nouveau delà inontagne, en suivant
la même direction. C'est de nuit que l'habileté d'Argos les
fit arriver au large cours du Phase et aux limites extrêmes
de la mer.
Aussitôt ils amenèrent la voile et la vergue, et les placèrent
dans la fosse du mât, oti ils les rangèrent; le mât lui-même
fut, bientôt après, abattu et couché : ils se hâtèrent de faire
12
go LES ARGONAUTIQUBS
entrer, à torce de rames, le navire dans le vaste lit du fleuve,
qui cédait de tous côtés en bouillonnant avec bruit. Us
avaient donc ft leur gauche le Caucase élevé et la ville
Cytaienne d'Aia, et de l'autre côté la plaine d'Ares et les
bois sacrés de ce dieu, où le dragon attentif gardait la toison
suspendue en haut des branches feuillues d'un cbéne. Mais
l'Aisonide lui-même versait dans le fleuve avec une coupe
d'or les libations douces comme le miel d'un vin sans
mélange, en l'honneur de Gaia, des dieux du pays et des
âmes des héros morts; il les suppliait i genoux de lui être
secourables et propices dans leur bienveillance et de rece-
voir favorablement les amarres du navire. Aussitôt après,
Ancaios parla en ces termes : « Nous voici parvenus A la
terre de Colchide et au fleuve du Phase; c'est le temps de
nous consulter entre nous pour savoir si nous ferons une
tentative amicale auprès d'Aiétès, ou s'il y a quelque autre
manière d'atteindre notre but. n
Il dit; cependant, d'après les conseils d'Argos, Jason fît
établir sur les pierres de fond, à un endroit ob il était k
Rot, le navire que l'on avait conduit dans un marais très
ombragé, qui était voisin du lieu où ils éiaient arrivés.
C'est là qu'ils dormirent pendant ta nuit; et Èos ne fut pas
longue à apparaître, comme ils le souhaitaient.
CHANT III
SOMMAIRE
Invocation à Érato (i-s)- — Héra et Athèné se concertent sur les moyens de venir en a*de
aux Argonautes (6-);). — Les deux déesses se rendent chex Cypris pour lui demander de
Cure intervenir Éros (36-110). -~ Cypris obtient de son fils qu'il aille fcapper d'une flèche
Médée, fille d'Aiitès (m -166). — Jason expose aux Argonautes son plan de conduite
(167-209). — Arrivée de Jason et de quelques compagnons choisis au palais d'Aîétès
(210-274). — Éros perce Mèdée d'une flèche (27S-a98). — Entrevue d'Aiétès et des héros;
Jason s'engage à entreprendre le travail imposé par le rot (299-438). — Angoisses de
Médée, occupée du souvenir de Jason (439-470). — Délibération des héros : sur les conseils
d'Argos, on décide d'avoir recours à l'intervention de Chalciopé auprès de Médée (47i-)7S)*
— Projets d'Aiétès contre les Argonautes ($76-608). — Médée promet à Chalciopé de
secourir ses fils et leurs compagnons (609-743). — Après de longues hésitations, Médée
se dispose à porter & Jason les substances magiques (744-824). — Médée va avec sca
suivantes au temple d'Hécate pour y rencontrer Jason (82S-911). — Jason s'y rend de son
côté; entrevue du héros avec la jeune fille (912-114$). — Retour de Médée dans sa
maison (1146-1162). — Aiétés remet les denu du dragon aux envoyés de Jason (1163-
1190). — Jason offre un sacrifice nocturne k Hécate (i 191 -1224). — Aiétés se dispose à
aller assister à la lutte de Jason contre les taureaux (122S-124;). — Jason se prépare k la
bataille (1246-1277). — Jason met les uureaux sous le joug et force les géants k se tuer
entre eux (i 278-1407).
LLONS, ô Erato, viens m^assister, et raconte- V. 1-5.
moi comment Jason put rapporter de Col-
chide la toison à lolcos, grâce à l'amour
de Médée. Car tu partages la destinée de
Cypris; les soucis qui viennent de toi
charment les jeunes filles vierges : de là,
le nom aimable qui t'a été donné.
C'est ainsi que, sans être vus des Colchiens, les héros V. 6-35.
restaient embusqués au milieu des roseaux épais. Mais Héra
92 LES ARGONAUTIQUES
et Athéné s'aperçurent de leur présence : loin de Zeus et des
autres dieux immortels, elles délibéraient, étant allées dans
une chambre. Et d*abord Héra sondait Athéné par ses ques-
tions : «Fille de Zeus, toi-même ouvre, la première, la
discussion: que faut-il faire? Imagineras-tu quelque ruse
qui leur permettra de prendre la toison d'or d'Aiétès et de
ramener en Hellade; ou veux-tu qu'usant auprès du roi de
paroles douces comme le miel, ils obtiennent la toison par
persuasion? Sans doute, son arrogance est intraitable : mais
il me semble bon de ne négliger aucune tentative. »
Elle dit, et aussitôt Athéné lui répondit : « C'est au mo-
ment oQ, moi aussi, j'agite bien des projets semblables que
tu m'interroges d'une manière si pressante, Héra. Je sens
bien que je n'ai pas encore combiné cette ruse qui sera
capable d'aider le courage dts héros, et, cependant, f'ai
examiné bien des projets. »
Elle dit, et toutes deux tinrent leurs yeux fixés à terre
(levant leurs pieds, songeant, à part, à des desseins divers.
Soudain Héra, prenant, la première, la parole, exposa en ces
termes ce qu'elle méditait: «Allons! rendons-nous auprès
de Cypris : arrivées chez elle, nous la prierons toutes deux
de demander à son enfant s'il veut bien frapper de ses traits
et concilier à Jason la fille d'Aiétès, elle qui est si habile
dans la science des poisons. Car je pense que, grâce à ses
conseils, il pourra rapporter la toison en Hellade. »
Elle dit: cette sage résolution fut agréable à Athéné, qui
répondit par ces douces paroles : « Héra, mon père m'a fait
naître ignorante des traits d'Eros, et je ne connais aucune
des choses nécessaires pour séduire à l'amour. Mais, si ce
projet te plait, certes je te suivrai : tu prendras la parole
quand tu seras arrivée auprès de Cypris. »
V. 36-110. Elle dit; et, s'étant aussitôt levées, elles se mettaient en
marche vers la grande maison de Cypris, maison que son
mari, boiteux des deux pieds, lui avait construite, alors
qu'il venait de l'emmener avec lui, épouse reçue de la main
de Zeus. Étant entrées dans l'enceinte de la demeure, elles
CHANT TROISIÈME 93.
s*afrétèrent sous-le poriique de la chambre où la déesse
avait coutume de préparer le lit d'Héphaistos. Celui-ci était
parti dès le matin pour sa forge et ses enclumes, dans les
vastes profondeurs de Tile errante, où il fabrique en airain
toutes sortes douvrages merveilleux, grâce à la puissance
du feu. Elle était seule à la maison, assise vis-à-vis des
portes sur un siège fait au tour; elle avait ses blanches
épaules couvertes, des deux côtés, de sa chevelure déployée
qu'elle ordonnait avec un peigne d'or, avant de tresser ses
longues boucles. Quand elle les aperçut en face d'elle, elle
s'arrêta, leur dit d'entrer, se leva de son siège et les fit
asseoir sur des fauteuils à dossier; ensuite, elle s'assit elle-
même, et ses mains liaient ses cheveux qui n'étaient pas
encore peignés. Alors, elle leur adressa, en souriant, ces
douces paroles: «Vénérables amies, quel dessein, quelle
nécessité vous amène, vous si rares? Pourquoi donc venez-
vous toutes deux, vous qui jusqu'à présent ne fréquentiez
guère ici? Car vous êtes au plus haut rang parmi les déesses, n
Héra lui répondit en ces termes : « Tu railles; mais,
toutes deux, notre âme est émue par la crainte d'un mal-
heur. Car déjà, dans le fleuve du Phase, l'Aisonide arrête
son navire, et avec lui, tous ceux qui le suivent pour
conquérir la toison. C'est pour tous ces héros, puisqu'une
terrible entreprise s'élève devant eux, que nous craignons
beaucoup : c'est surtout pour l'Aisonide. Devrait-il naviguer
jusque chez Adès pour délivrer aux enfers Ixion de ses liens
d'airain, j'emploierais à le sauver toute la force qui est en
moi, poGr que Pélias ne puisse me railler, ayant évité son
destin funeste, lui dont l'insolence m'a exclue de l'honneur
de ses sacrifices. D'ailleurs, il y a longtemps que Jason m'est
très cher: depuis que, sur les rives de l'Anauros débordé, un
jour que j'éprouvais les bonnes dispositions des hommes, H
s'est présenté à moi, revenant de la chasse : la neige blan-
chissait toutes les montagnes, tous les sommets élevés, d'oQ
les torrents, formés par les pluies d'hiver, s'élançaient,
tourbillons retentissants. Je m'étais faite semblable à une
94 I-ES ARGONAUTIQUES
vieille femme : il eut pitié de moi, et, m'ayant enlevée sur
:ses épaules, il me porta à travers l'eau qui se précipitait.
Aussi, depuis lors, est-il sans cesse l'objet de mes soins : et
cependant, Pélias ne pourra subir sa peine, si tu ne donnes
à Jason le moyen de revenir. »
Elle dit, et Cypris fut saisie de stupeur, émue de respect
•en se voyant suppliée par Héra ; mais, ensuite, elle lui adressa
ces douces paroles : « Vénérable déesse, il n'y aurait certes
rien de pire que Cypris, si, quand tu le désires, je négligeais
de parler ou d'accomplir quelque œuvre dont mes mains
sont capables, malgré leur faiblesse. Je né demande même
pas de reconnaissance en retour. »
Elle parla ainsi, et Héra lui répondit pleine de prudence :
« Nous ne venons pas désireuses de ta force et du secours
de tes mains. Même, reste tranquille, et contente- toi de
recommander à ton fils d'inspirer à la fille d'Aiétès une
passion pour Jason. Car, s'ils sont d'accord, si elle est bien
disposée pour lui, je pense qu'il deviendra facile au héros
de rentrer à lolcos, en possession de la toison : car cette fille
est habile. »
Elle dit, et, s'adressant à toutes deux, Cypris répondit :
« Héra et Athéné, mon fils obéirait plutôt à vous qu'à
moi : car, malgré toute son impudence, votre vue lui
inspirera quelque respect; de moi, il n'a aucun souci: au
contraire, il me provoque, il se joue de moi sans cesse.
Certes, toujours en proie à sa méchanceté, j'ai pris une fois
la résolution de briser, en même temps que son arc, ses
flèches au bruit odieux, et cela sans me cacher. Alors, plein
de colère, il me dit avec menaces que, si je ne tenais les
mains loin de lui pendant qu'il maîtrisait encore sa colère,
j'aurais ensuite à m'adresser des reproches à moi-même, n
Elle parla ainsi, et les deux déesses se regardèrent en
souriant; mais Cypris, très triste, continua : « Pour les
autres, mes peines sont un sujet de risée; et je ne devrais
pas les dire à tout le monde : c'est assez que je les connaisse
moi-même. Mais, puisque cela vous est agréable à toutes les
CHANT TROISIÈME qJ
deux, je tenterai l'expérience: je vais l'apaiser^ et il ne me
sera pas indocile. »
Elle parla ainsi; mais Héra prit sa main délicate, et lui
répondit à son tour, avec un doux sourire : « C'est cela^
Cythérée; cette affaire difficile, comme tu dis, termine-la
bien vite: ne te montre pas exigeante; ne te querelle pas,
t'irritant contre ton fils; car il finira par te céder. »
A ces mots, elle quitta son siège et Athéné l'accompagna; V. 1 1 1-166.
elles sortirent toutes deux pour s'en revenir. Mais Cypris se
mit en route vers les endroits retirés de l'Olympe, espérant
y découvrir son fils. EUle le trouva, loin de Zeus, dans une
plaine fleurie: il n'était pas seul; avec lui se trouvait Gany*
mède que Zeus autrefois établit dans le ciel, convive des
immortels, car il était passionné pour sa beauté. Tous deux
jouaient avec des osselets d'or, comme de jeunes amis : et
l'insolent Éros cachait déjà contre sa poitrine le creux de
sa main gauche plein d'osselets; il était debout, ses joues
s'illuminaient d'une douce rougeur. A côté de lui, Gany-
mèJe était à genoux, silencieux et tête basse : il n'avait plus
que deux osselets, ayant jeté en vain les autres tour à tour;
il était furieux contre Éros qui riait aux éclats. Ayant aussi
perdu ses derniers osselets, bientôt après les autres, il s'en alla
les mains vides, ne sachant plus que faire; il ne s'aperçut
pas de l'arrivée de Cypris. Celle-ci s'arrêta en face de son fils
et, aussitôt, le prenant par le menton, elle lui dit: « Pour-
quoi donc souris-tu, affreuse peste? Tu Tas donc trompé
ainsi; tu as injustement triomphé de sa simplicité? Mais,
voyons, termine, plein de bonne volonté pour moi, l'affaire
dont je vais te parler : et je te donnerai un très beau jouet
de Zeus, celui que lui fit sa chère nourrice Adrestéia, alors
que, dans l'antre Idaien, il s'amusait en enfant. C'est une
boule qui roule si bien que tu ne pourrais obtenir des mains
d'Héphaistos un présent plus précieux : elle est formée de
cercles d'or; autour de chacun d'eux s'enroulent de doubles
anneaux qui l'enveloppent; on n'en voit pas les jointures :
car, une spirale bleuâtre court à leur surface. Mais, si tu
96 LES ARGONAUTIQUES
prends cette boule dans tes mains pour la lancer, semblable
à un astre, elle répand dans l'air une traînée brillante.
C'est le cadeau que je te ferai : de ton côté, frappe d'une
flèche la vierge, fille d'Aiétès, et séduis son âme en faveur
de Jason. Qu'il n'y ait pas de retard, car alors on te saurait
moins de gré de ce que tu feras. »
Elle dit; et ce langage était agréable à celui qui i'écoutait.
Aussi, il jeta tous ses jouets; et, des deux mains, il tenait
ferme la tunique de sa mère qu'il avait saisie des deux
côtés : il la suppliait de lui faire son cadeau tout de suite.
Celle-ci, l'accueillant avec de douces paroles et le prenant
par les joues, l'embrassa, le tenant serré contre elle, et lui
répondit en souriant : «Que ta tête chérie, que la mienne
elle-même en témoigne! Certes, je te donnerai ce présent
et je ne te tromperai pas, aussitôt que tu auras percé d'un
trait la fille d'Aiétès I »
Elle dit : Éros rassembla ses osselets, et, après les avoir
tous bien comptés, il les lança dans le pli éclatant que les
vêtements de sa mère faisaient au-dessous du sein. Aussitôt,
il fixa à un baudrier d'or son carquois, qui était appuyé au
pied d*un arbre, et il saisit son arc recourbé. Il sortit des
demeures de Zeus, en traversant une plaine abondante en
fruits; et il franchit ensuite les portes éthérées de l'Olympe.
De là descend une route céleste: deux pôles soutiennent les
hauteurs des montagnes inaccessibles; ce sont les sommets
de la terre, c'^st là que le soleil, à son lever, lance avec force
ses premiers rayons. Au-dessous apparaissaient et la terre,
qui porte des moissons, et les villes des hommes, et les cours
sacrés des fleuves; d'autre part, les crêtes des montagnes,
et, tout autour, la mer. Eros voyait tout cela pendant qu'il
s'avançait au milieu des airs.
V. 167-209. Cependant, les héros, embusqués à l'écart, au milieu des
marais du fleuve, se tenaient assis sur les bancs de leur
navire et ils avaient ouvert la discussion. Jason parlait, et
ils l'écoutaient silencieux, assis en ordre, chacun à sa place.:
«Mes amis, ce qui me paraît bon à moi-même, je vais vous
CHANT TROISIÈME 97
le dire. C'est à vous qu'il appartient de décider et d'agir. Le
péril est pour tous : à chacun aussi de parler. Que celui qui
se tairait, cachant son dessein et sa pensée, sache qu'ainsi il
peut, à lui seul, faire obstacle au retour de cette expédition.
Demeurez donc tous tranquillement, en armes, sur le navire.
Et j'irai au palais d'Aiétès, prenant avec moi les fils de
Phrixos, et, en outre, deux autres compagnons. Je me rendrai
compte, en commençant par les paroles, s'il veut nous céder
amicalement la toison d'or, ou si, au contraire, confiant
dans sa force, il ne fait aucun cas de notre démarche. Alors,
instruits d'avance par lui-même de sa méchanceté, nous
déciderons ou de recourir à Ares, ou de prendre une autre
résolution utile, si nous nous abstenons de pousser le cri de
guerre. Mais, avant d'avoir essayé le pouvoir des paroles,
n'employons pas la force pour le priver de son bien. Il vaut
mieux d'abord aller vers lui, nous le rendre favorable par
nos discours. Car, souvent, ce que la force obtiendrait avec
peine, la parole en vient à bout facilement, usant des ména-
gements nécessaires. C'est Aiétés qui autrefois a reçu Phrixos
innocent, fuyant les perfidies de sa marâtre et les sacrifices
auxquels son père le destinait : car, partout, tous les hom-
mes, même les plus impudents, vénèrent les justes lois de
Zeus hospitalier, et les observent. »
Il dit; et les jeunes gens approuvèrent en masse la parole
de l'Aisonide; et il n'y avait pas de dissident qui proposât
un autre plan de conduite. Alors, il se fit suivre des fils
de Phrixos, de Télamon et d'Augéiès; il prit lui-même
le sceptre d'Hermès. Et, aussitôt, conduits par le navire
au-dessus des roseaux et de l'eau, ils abordèrent sur le
rivage, à l'escarpement d'une plaine qui se nomme la plaine
Circaienne. Une suite d'arbrisseaux aux branches flexibles
et de saules s'y élevaient, portant à leurs sommets, attachés
par des liens, des cadavres suspendus. Maintenant encore,
c'est un sacrilège pour les Colchiens de brûler sur un bûcher
les hommes morts; il n'est pas permis de les ensevelir en
terre et d'élever au-dessus d'eux un monument. Mais on
gS LES ARGONAUTIQUES
les enferme dans des peaux de bœufs non travaillées, et
on les suspend ainsi à des arbres, loin de la ville. La terre
cependant obtient des droits égaux à ceux de Tair: car c*est
en terre qu'on ensevelit les femmes, plus délicates que les
hommes. Telle est la pratique de cet usage.
V. 210-274..' Pendant qu'ils s'avançaient, Héra, dans un dessein ami,
jrépandit au travers de la ville un brouillard épais, pour
cacher au peuple innombrable des Colchiens leur marche
vers la maison d*Aiétès. Mais, lorsque ayant quitté la plaine,
ils furent parvenus dans la ville et à la maison d'Aiétès,
aussitôt Héra dissipa la nuée. Ils s'arrêtèrent à l'entrée,
dans la contemplation de l'enclos royal, des larges portes,
des colonnes dont la suite s'élevait, entourant les murs.
Au-dessus de la demeure, un entablement de pierre était
muni de triglyphes d'airain. Ensuite, ils franchirent le
seuil, sans que rien les arrêtât; tout auprès, des vignes
cultivées, couvertes de feuilles verdoyantes, s'élevaient dans
toute leur vigueur. A leur pied coulaient quatre sources
intarissables; Héphaistos les avait creusées: de l'une, jail-
lissait du lait; de l'autre, du vin; la troisième ruisselait
d'un liquide huileux et parfumé. La dernière lançait de
l'eau chaude, dans la saison où les Pléiades se couchent;
mais cette eau sortait du roc creux, froide comme la glace,
au moment où les Pléiades se lèvent. Telles étaient dans
le palais du Cytaien Aiétès les œuvres divines que le for-
geron Héphaistos avait accomplies. Le dieu lui avait fait,
en outre, des taureaux aux pieds d'airain; leurs mufles,
d'airain eux aussi, exhalaient une flamme terrible. Il avait
encore fabriqué une charrue toute d'une pièce et du métal
le plus résistant : tous ces dons, en témoignage de sa recon-
naissance pour Hélios qui Tavait recueilli sur son char,
alors qu'il était épuisé par le combat de Phlégra.
C'est là qu'on avait fait la cour intérieure sur laquelle
s'ouvraient de nombreuses portes à deux battants, bien
agencées; tout autour de la cour étaient les appartements.
De part et d'autre était construit un portique artistement
CHANT TROISIÈME 99
travaillé; transversalement et des deux côtés, des bâtiments
plus hauts s'élevaient. Dans Tun qui dominait, le roi Âiétès
habitait avec sa femme; dans l'autre demeurait Apsyrtos, fils
d'Aiétès, qu'avait enfanté Astérodéia, nymphe du Caucase,
avant que le roi eût pris pour femme légitime Eidyia, la
plus jeune des filles de Téthys et d'Océanos. — Les fils des
Colchiens avaient donné à Apsyrtos le nom de Phaéthon,
parce qu'il était remarquable entre tous les jeunes gens. —
Les autres bâtiments étaient occupés par les servantes et les
deux filles d' Aiétès, Chalciopé et Médée. Or, celle-ci fut
aperçue des héros au moment où elle passait de son appar-
tement à celui de sa sœur (car Médée avait été retenue par
Héra à la maison : avant ce jour, elle n'avait pas coutume
d'aller et de venir dans l'enceinte du palais, mais elle
s'occupait toute la journée au temple d'Hécate, étant pré-
tresse de la déesse). Dès qu'elle les vit s'approcher, elle
poussa un cri : Chalciopé l'entendit aussitôt. Les servantes,
jetant à leurs pieds les tissus et les fuseaux, s'élancèrent,
toutes en foule, au dehors. Mais Chalciopé, voyant ses fils
avec les héros, éleva les bras en signe de joie. Et eux, de
leur côté, ils touchaient de leurs mains les mains de leur
mère et l'embrassaient, heureux de la voir; et elle leur
adressa ces paroles en gémissant : <c Vous ne deviez donc
pas naviguer bien loin, vous qui m'abandonniez, indiffé-
rents: le destin vous a ramenés. Malheureuse que je suisi
Quel regret de l'Hellade les recommandations de votre père
ne vous ont-elles pas inspiré, par suite d'une erreur fatale!
En mourant, il vous a donné des ordres qui sont pour notre
cœur une douleur cruelle. Cette ville d'Orchomène — quel
qu'ait été cet Orchomène, — pourquoi avez-vous voulu y
aller à cause des trésors d'Athamas, abandonnant votre
mère désolée? »
Elle dit; cependant Aiétès sortit le dernier de sa demeure,
et, en même temps que lui, sa femme Eidyia, qui enten-
dait Chalciopé. Toute la cour extérieure s'était bien vite
remplie d'une foule tumultueuse. Des esclaves s'occupsûetit.
100 LES ARGONAUTIQUES
en nombre, d'apprêter un grand taureau; d*autres fendaient
le bois sec avec Tairain; d'autres encore chauffaient sur le
feu Teau du bain : personne qui s'abstînt de travail parmi
les serviteurs du roi.
V. 275-298. Cependant, à travers Tair transparent, Eros arriva invi-
sible, portant avec lui le trouble de la passion : tel au
milieu des jeunes génisses le taon s'élance, lui que les
gardiens des bœufs appellent mjrops. Aussitôt, s'arrétant
dans le passage qui mène de la cour à la maison, contre le
montant de la porte, le dieu bande son arc et tire de son
carquois une flèche qui n'a pas encore servi, une flèche qui
doit causer bien des gémissements. Toujours invisible, il
franchit le seuil de ses pieds rapides: ses yeux perçants
regardent de tous côtés. Le petit dieu se blottit aux pieds
mêmes de Jason, fixe la coche de la flèche au centre de la
corde, tend l'arc des deux mains, bien droit, et tire sur-
Médée: une stupeur envahit l'âme de la jeune fille. Et lui,
'il s'élança du palais au toit élevé, en riant aux éclats. Mais
le trait brûlait au fond du cœur de la jeune fille, tel qu'une
fiamme : en face de l'Aisonide, elle jetait sans cesse sur lui
le regard de ses yeux brillants; son cœur angoissé battait
/ à coups redoublés dans sa poitrine, elle n'avait pas d'autre
pensée et son âme était consumée par cette charmante
douleur. — Telle une femme qui vit du travail de ses
mains, occupée à faire de la laine, jette des brindilles de
bois sur un tison ardent, afin que, pendant qu'il fait nuit,
elle puisse se procurer dans sa demeure un feu brillant, elle
qui s'éveille de bien bonne heure; du petit tison s'élève une
flamme prodigieuse qui réduit en cendres tous les brins de
bois. Tel, blotti au fond du cœur de Médée, il brûlait en
secret, le cruel amour : les tendres joues de la jeune fille
pâlissaient et rougissaient tour à tour, car son âme était
troublée.
V. 299-438. Quand les esclaves eurent placé devant les héros la nour-
riture préparée pour eux, après qu'ils étaient sortis bien
.nçftG^és des bains tièdes, leur âme se trouva agréablement
CHANT TROISIÈME lOI
charmée par les aliments et la boisson. Alors Aiétès inter-
rogea les fils de sa fille, en leur adressant ces paroles
d'encouragement : « Fils de mon enfant et de ce Phrixos
que j*ai honoré plus que tous les étrangers dans ce palais,
comment étes-vous de retour dans Aia? Quelque accident
vous a-t-il arrêtés au milieu de votre route? Vous n'avez
pas cru à ma parole, quand je vous annoni^ais la longueur
infinie de votre voyage. Je savais bien ce que je disais, moi
qui ai fait autrefois une course immense sur le char de
mon père Hélios, quand il amena ma sœur Circé au
milieu des régions occidentales, quand nous pénétrâmes
jusqu'au rivage du continent Tyrrhénien, oîi elle habite
encore maintenant, bien loin de la terre de Colchide. Mais
à quoi bon ces paroles? Quels obstacles se sont dressés
devant vous: dites-le-moi exactement; dites-moi aussi quels
sont les hommes qui vous accompagnent et en quel lieu
vous êtes sortis du navire profond?»
A ces questions, ayant conçu quelques craintes pour
l'expédition de TAisonide, Argos prit la parole avant ses
frères, et répondit en termes conciliants, car il était l'aîné :
« O Aiétès, notre navire a été bien vite brisé par les
tempêtes violentes; quant à nous, qui nous étions blottis
sur des poutres, la vague nous a jetés au rivage de l'île
d'Ényalios, dans la nuit noire : un dieu nous sauva. Car,
ces oiseaux d'Ares, qui jusqu'alors étaient à demeure dans
l'île déserte, nous ne les y avons plus trouvés. Ces hommes,
qui étaient sortis de leur navire depuis la veille, les avaient
chassés : ils avaient été retenus là par la pitié de Zeus pour
nous, ou par quelque hasard. En effet, ils s'empressèrent de
nous donner de la nourriture et des vêtements en quantité
suffisante, aussitôt qu'ils nous eurent entendu prononcer le
nom illustre de Phrixos et le tien : car ta ville est le but de
leur voyage. Si tu veux savoir pour quel motif, je ne te le
cacherai pas. Ce héros, un roi violemment désireux de le
chasser bien loin de sa patrie et de ses possessions, parce
qu'il l'emporte en mérite sur tous les Aiolides, — un roi
I02 LES ARGONAUTIQUES
le force à venir ici, malgré lui. Il prétend en effet que la
race des Aiolides ne pourra pas éviter la colère funeste de
l'implacable Zeus, ni la souillure insupportable, ni l'expia-
tion qu'il faut offrir à Phrixos, avant d'avoir fait revenir
la toison en Hellade. Le navire a été construit par Pallas
Athéné : il ne ressemble pas à ceux que l'on trouve chez les
hommes Colcbiens, à ces navires dont nous avons eu le
plus mauvais; car l'impétuosité des eaux et le vent l'ont
facilement brisé. Mais celui-ci, maintenu par des chevilles,
•est capable de résister au choc de toutes les tempêtes. Il va
aussi bien quand le vent le pousse, ou quand les hommes
eux-mêmes entretiennent à force de bras le mouvement des
ramené Ce navire oti s'est rassemblé tout ce que l'Achaîe
entière a de meilleur en fait de héros, après avoir erré par
bien des mers aux vagues effrayantes et abordé à bien des
cités, est arrivé vers ta ville, dans l'espoir que tu céderas la
toison. Mais il adviendra ce que tu voudras : car ce héros
ne vient pas pour s'en emparer de vive force. Loin de là,
il a résolu de te rendre des services dignes de ce don, en
apprenant de moi que les Sauromates sont tes ennemis
acharnés : il les soumettra à ton sceptre. Que si tu veux
savoir le nom et la naissance de ceux qui sont devant toi,
je vais te dire tout cela. Celui à cause de qui tous les autres
sont venus de l'Hellade se rassembler pour l'expédition,
ils rappellent Jason, fils du Créthéide Aison. Mais, s'il
descend réellement de Crétheus, il est notre parent du côté
paternel. Car, tous deux, Crétheus et Athamas, étaient fils
d'Âiolos; or, Phrixos était fils de l'Aiolide Athamas. Si tu
veux que l'on te cite quelque fils d'Hélios, voici Augéiès;
cet autre, c'est Télamon, qui est né du très illustre Aiacos :
Zeus lui-même engendra Aiacos. De même tous les autres,
autant sont- ils qui accompagnent Jason, sont des fils ou
des petits- fils de dieux. »
Ainsi parla Argos : en entendant ce discours, le roi s'irri-
tait; et une profonde rage transportait son cœur: il dit
plein d'indignation — il était surtout furieux contre les fils
CHANT TROISIÈME io3
de Chalciopé; car, pensait*il, c'était à cause d*eux que les
autres héros étaient venus; ses yeux brillaient sous ses
sourcils, il était menaçant : « Insolents, ne vous en irez-vous
pas à rinstant loin de mes regards, loin de ce pays, avec
toutes vos ruses, avant qu'un seul de vous ait vu la fatale
toison de Phrixos? Vous qui vous êtes empressés de partir
de THellade, et de venir ici, non pas pour la toison, mais
pour ravir mon sceptre et mon autorité jroyale! Si vous
n'aviez déjà touché à ma table, je vous ferais arracher
la langue, couper les deux mains, et je vous renverrais,
n'ayant plus d'intacts que les pieds, rendus de la sorte
incapables de faire ici une nouvelle invasion. Car ils sont
grands les mensonges que vous avez proférés à la face des<
dieux bienheureux!»
Il dit, plein de fureur; TAiacide était outré jusqu'au fond
du cœur, et sa colère le poussait à répondre par de funestes-
paroles. L'Aisonide l'arrêta et répondit lui-même avec dou-
ceur : « Aiétès, je te prie de contenir ta colère au sujet de
cette expéditioir; car ce n'est pas avec les dispositions que
tu crois que nous venons dans ta ville et dans ton palais :
aucune cupidité ne nous amène. Qui donc oserait traverser
volontairement une si grande étendue de flots en courroux,
pour aller prendre le bien d'autrui? Loin de là: c'est un
dieu, c'est l'ordre effrayant d'un roi injuste qui m'a envoyé
ici. Accomplis le vœu de ceux qui t'implorent; et^ par toute
l'Hellade, je porterai ta renommée divine. Nous sommes
déjà prêts à te payer immédiatement de retour dans les
luttes d'Ares, si tu désires soumettre à ton sceptre, soit les
Sauromates, soit tout autre peuple. »
Il dit, essayant de l'apaiser par ces douces paroles. Mais
la passion du roi agitait dans son cœur une double pensée :
se jetterait- il sur eux pour les tuer tout de suite, ou ne
mettrait-il pas leur force à l'épreuve? Après avoir réfléchi,.
c'est ce parti qui lui sembla le meilleur. Aussi adressa-t-il
de nouveau la parole à Jason : « Etranger, pourquoi passer .
ainsi en revue toutes choses? Si vous êtes la vraie race des
104 L^S ARGONAUTIQUES
dieux, ou si d'autre part vous êtes venus, avec des forces
qui ne le cèdent pas aux miennes, conquérir ce qui ne vous
appartient pas, je te donnerai la toison d*or à emporter, si
tu la veux, mais quand tu auras été mis à l'épreuve. Car
je ne porte pas envie aux hommes braves, comme fait,
dites- vous, ce souverain de THellade. Mais l'épreuve que
je ferai de ta force et de ton courage, c'est un travail dont
mes bras viennent à bout, malgré tous ses dangers. J'ai deux
taureaux aux pieds d'airain; de leur mufle s'exhalent des
flammes: ils paissent dans la plaine d'Ares. Je les mets
sous le joug et je les fais avancer dans cette âpre jachère
d'Ares, vaste de quatre arpents; elle est vite fendue jusqu'au
bout par la charrue : alors, ce n'est pas la semence de
Déméter, la graine, que je jette dans les sillons. Mais j'y
lance les dents d'un terrible serpent, qui croissent sous la
forme nouvelle d'hommes armés: ces ennemis qui m'entou-
rent, je les taille en pièces, je les tue avec ma lance. C'est
au matin que je mets les bœufs sous le joug, et c'est au
moment oîi le soir arrive que je termine la moisson. Quant
à toi, si tu accomplis semblable travail, ce jour-là même, tu
pourras emporter la toison chez ton roi : auparavant, je ne
te la donnerai pas, n'en aie point l'espoir. Car il serait
indigne qu'un homme, né courageux, cédât à un homme
qui ne le vaut pas. »
Il dit, et Jason, silencieux, les yeux fixés à ses pieds,
demeura ainsi, sans voix, très embarrassé de sa mauvaise
situation. Il resta longtemps à agiter dans son esprit quel
parti il prendrait, n'osant rien promettre avec assurance,
car ce travail lui paraissait bien grand. Enfin, il répondit
par ces paroles habiles : « Aiétès, c'est avec une rigoureuse
justice que tu m'enfermes dans cette dure condition. Aussi,
quoique ce travail dépasse mes forces, je l'accomplirai,
quand même il devrait amener ma mort fatalement. Car
aucun mal ne peut être imposé aux hommes, plus dur que
la nécessité ennemie, et c'est elle qui, par l'ordre du roi,
m'a fait partir pour ce pays. »
CHANT TROISIÈME 10$
Il parla ainsi, angoissé par les difficultés qui le frappaient;
au milieu de sa tristesse, Aiéiès lui répliqua par ces dures
paroles: «Va, maintenant, vers tes amis, puisque tu oses
affronter cette épreuve. Mais, si tu as peur de mettre le
joug sur les bœufs, ou si cette moisson funeste t*effraie, je
saurai m'arranger pour tout cela de façon qu'à l'avenir on
craigne de s'attaquer à plus fort que soi. »
Il avait parlé sans ménagements. Jason se leva de son ^- 439-470-
siège, et, aussitôt après, Augéiès et Télamon; Argos suivait,
seul : car, avant de partir, il avait fait signe à ses frères de
rester. Quant à eux, ils sortirent du palais. Le fils d'Aison
brillait divinement entre tous par sa beauté et sa grâce.
Tenant les yeux tournés vers lui, la jeune fille le contem-
plait, au travers de son voile resplendissant : son cœur se
consumait dans l'angoisse, et son âme, comme un songe,
voltigeait, se glissant sur les traces de celui qui partait. Et
ils sortirent de la maison, attristés. Quant à Chalciopé, se
tenant en garde contre la colère d'Aiétès, elle marcha en
hâte avec ses fils vers son appartement. De son côté, Médée
se retira aussi : bien des pensées s'agitaient dans son cœur,
toutes ces pensées dont les Éros forcent à se préoccuper :
devant ses yeux, tout ce qui s'était passé revenait; elle le
voyait lui-même, tel qu'il était; elle se rappelait quels
vêtements il portait, quelles paroles il avait dites, comment
il s'était assis sur son siège, comment il était sorti. Elle ne
pouvait, dans son trouble, s'imaginer qu'il existât un autre
homme tel que lui. A ses oreilles résonnaient toujours les
accents de sa voix et les paroles douces au cœur qu^il avait
prononcées. Elle craignait pour lui : les taureaux, Aiétès
lui-même, ne seraient-ils pas cause de sa perte? Elle le
pleurait, comme s'il était déjà tout à fait mort, et, sur ses
joues, des larmes coulaient doucement, signe de sa profonde
pitié; car elle était angoissée. Au milieu de ses larmes
muettes, elle dit de sa voix harmonieuse : « Infortunée,
pourquoi suis- je en proie à cette douleur? S'il doit mourir,
soit en se montrant le plus brave des héros, soit le plus
14
106 LES ARGONAUTIQUES
lâche, qu'il périsse! Mais s'il plaisait aux dieux qu*il sortît
du danger sain et sauf!... O vénérable déesse, fille de
Perses, qu'il en soit ainsi! Qu'il retourne dans sa maison,
ayant échappé à la mort! Au contraire, si le destin est qu'il
soit tué par les taureaux, qu'il le sache du moins, avant de
mourir, son malheur n'est pas pour moi un sujet de joie! b
V. 471-575* C'est ainsi que, dans son cœur, la jeune fille était remuée
par les soucis. Cependant, quand les héros furent sortis du
milieu du peuple et de la ville, en suivant la même route
par od ils étaient venus auparavant de la plaine, alors Argos
interpella Jason en ces termes : « Aisonide, tu blâmeras le
dessein que je vais exposer. Mais il me semble que, dans
notre situation difficile, on ne doit négliger de rien tenter.
Tu as déjà appris de moi qu'ici une jeune fille s'occupe de
l'art des poisons, d'après les idées que lui a inspirées Hécate,
fille de Perses. Si nous pouvons nous la concilier, je pense
que tu n'auras plus à craindre de périr dans la lutte; mais
j'ai terriblement peur que ma mère ne veuille pas me pro-
mettre d'intervenir : j'irai cependant de nouveau à la ville
pour me rencontrer avec elle, car c'est une perte commune
qui nous menace tous. »
Il parla ainsi, plein de bonnes intentions, et Jason lui
répondit par ces mots : « Mon ami, si tel est ton avis, je ne
m'y oppose en rien. Va donc : que tes sages paroles fléchissent
ta mère et l'excitent à intervenir! Mais, bien faible est notre
espérance, si nous confions à des femmes le soin de notre
retour. »
Il dit; ils furent bientôt arrivés au marais. Dès qu'ils les
virent devant eux, leurs compagnons, pleins de joie, les inter*
rogèrent. Mais l' Aisonide, affligé, leur adressa ce discours :
« O mes amis, le cœur du cruel Aiétès est manifestement
irrité contre nous. Certes, s'il fallait tout vous raconter en
détail, je n'en finirais pas de parler, ni vous d*interroger. Il
m'a dit, en somme, que dans la plaine d'Ares paissent deux
taureaux aux pieds d'airain, qui exhalent des flammes de
leur mufle. Il m'a ordonné de leur faire labourer une jachère
CHANT TROISIÈME tOj
de quatre arpents; il me donnera, pour les y semer, des dents
de serpent, d'oti doivent naître des hommes qui sortiront de
la terre, couverts d'armes d'airain. Dans ce jour-là même il
faut les tuer. Eh bien! — comme je ne voyais rien de mieux
à imaginer, — j'ai promis intrépidement de faire ce qu'il
ordonnait. »
Il parla ainsi, et l'entreprise leur semblait à tous impos-
sible à accomplir; silencieux, ne trouvant rien à dire, ils se
regardaient les uns les autres, abattus par le malheur et la
difficulté de la situation. Enfin, Pelée osa prendre la parole
au milieu de tous les héros : « C'est le moment de délibérer
sur ce que nous ferons. Ce n'est pas que je compte trouver
dans la délibération autant d'utilité que dans la force des
bras. Si, dès maintenant, tu penses mettre les bœufs d'Aiétès
sous le joug, ô héros Aisonide, si tu te portes avec ardeur à
cette lutte, fidèle à tes engagements, prépare-toi à agir. Mais
si tu n'as pas entière confiance en ton courage, ne t'empresse
pas; ne reste pas non plus assis dans cette assemblée à jeter
les yeux sur l'un ou l'autre de ces hommes : car, moi, je ne
demeurerai pas inactif; la mort, en effet, sera le pire des
maux que cette lutte peut causer. »
Ainsi parla l'Aiacide; mais le cœur de Télamon s'émut :
impétueux, il se leva en hâte. Idas se leva le troisième, plein
de hardiesse; et, après lui, les deux fils de Tyndare; puis le
fils d'Oineus se mit au nombre de ces jeunes hommes dans
la force de l'âge, et cependant la floraison des premiers poils
ne s'élevait pas encore sur ses joues : si grande était l'audace
qui excitait son cœur. Les autres, s'effaçant derrière eux,
restaient silencieux. Alors Argos adressa ces paroles à ceux
qui aspiraient au combat : « Mes amis, c'est un parti extrême;
mais je pense que l'aide de ma mère pourra vous être de
quelque utilité. Aussi, malgré votre ardeur, restez encore un
peu de temps enfermés dans le navire, comme vous l'avez
fait jusqu'à présent; car il vaut certes mieux nous contenir
que de nous perdre par dédain du péril. Une jeune fille a
été nourrie dans le palais d'Aiétès, instruite, entre toutes les
Io8 LES ARGONAUTIQUES
femmes, par la déesse Hécate à préparer tous les poisons que
produisent la terre et la mer aux vastes flots. Grâce à eux
s'adoucit la flamme du feu indomptable; elle arrête à Tinstant
les fleuves qui coulent avec bruit, elle enchaîne les astres et
le cours de la lune sacrée. Quand nous revenions du palais
ici, chemin faisant, nous nous sommes souvenus d'elle:
peut-être notre mère, qui est sa sœur, pourrait la persuader
de nous aider dans ce combat. Si ce que je dis vous plaît, je
vais revenir, aujourd'hui même, à la maison d'Aiétés pour
faire la tentative; et je pourrais la faire avec l'aide d'un dieu, b
Il dit; mais les dieux bienveillants leur donnèrent un
présage. Car une timide colombe, fuyant l'attaque d'un
faucon, vint, du haut du ciel, tomber tout effrayée dans le
sein de Jason, et le faucon s'abattit lui-même sur le haut de
la poupe. Aussitôt Mopsos, interprète des dieux, prononça
ces paroles au milieu de tous les héros : « C'est pour vous,
ô mes amis, que ce présage a été produit par la volonté des
dieux. Il n'y a pas de meilleure manière de l'interpréter que
d'aller à la jeune fille et de la supplier par tous les moyens
possibles. Je pense qu'elle ne repoussera pas notre demande,
si toutefois Phinée s'est montré véridique en prédisant que
notre retour aurait lieu grâce à la déesse Cypris. Or, ce doux
oiseau, qui lui est consacré, a échappé à la mort; puisse donc
arriver ce que, dans ma poitrine, mon cœur pressent, d'après
ce présage! Ainsi, mes amis, implorez Cythérée à votre aide
et hâtez-vous de suivre les conseils d'Argos. »
Il dit, et les jeunes gens approuvèrent, se souvenant des
recommandations de Phinée; seul, Idas, fils d'Aphareus, se
leva d'un bond, profondément indigné, et il s'écria très
haut : « Malheur à nous! Nous sommes donc venus ici pour
faire campagne avec des femmes, puisqu'on invoque pour
nous le secours de Cypris et qu'il n'est plus question de la
grande force d'Ényalios! Est-ce la vue des colombes et des
faucons qui vous écarte des combats? Allez-vous-en, ne
vous occupez plus des choses de la guerre, mais des faibles
jeunes fllles qu'on séduit avec des prières. »
CHANT TROISIÈME 109
Telles furent ses paroles irritées; beaucoup parmi les
héros frémirent, mais sans faire d'éclat. Personne n'éleva
la parole contre lui; quand il se fut assis, bouillonnant de
colère, Jason dit aux héros, pour affermir leur résolution :
« Qu'Argos quitte le navire et soit envoyé à la ville, puisque
tel est votre désir à tous. Quant à nous, du fleuve où est le
navire, nous irons, dès à présent, attacher, sans nous dissi-
muler^ les amarres au rivage. Car il ne convient pas de
nous cacher plus longtemps, comme si nous redoutions le
combat. »
Il parla ainsi, et fit repartir rapidement Argos vers la
ville; quant aux autres, ayant retiré les pierres de fond
dans le navire, sur Tordre de TAisonide, ils avancèrent un
peu à la rame hors du marais, et abordèrent la terre ferme.
Mais Aiétès réunit l'assemblée des Colchiens hors de sa V. 576-608.
maison, où Ton avait dès longtemps coutume de s'asseoir
pour le conseil; il préparait contre les Minyens des ruses qui
devaient les faire succomber et d'inquiétantes machinations.
Il assurait qu'aussitôt que les taureaux auraient mis en
pièces cet homme qui s'était engagé à accomplir un si terrible
travail, il ferait déraciner la forêt de chênes qui couvrait de
sa masse le sommet de la colline, et brûler avec le bois du
navire tous les hommes qui le montaient : ainsi s'évanouirait
la misérable insolence de ces gens aux orgueilleuses entre-
prises. En effet, jadis il n'aurait jamais consenti à recevoir
comme hôte, dans son palais, malgré tout le désir qu'il en
montrait, l'Aiolide Phrixos, rccommandable entre tous les
étrangers par sa douceur et sa piété, — il ne l'aurait jamais
reçu, si Zeus lui-même n'avait envoyé du ciel le messager
Hermès, pour lui ordonner que Phrixos trouvât en lui un
hôte bienveillant. A plus forte raison, ces brigands, qui
avaient pénétré sur le sol de son pays, ne pouvaient échapper
longtemps au châtiment, eux qui n'avaient d'autre but que
de mettre la main sur le bien d'autrui, de préparer des
embûches dans l'ombre, et de dévaster les parcs des bergers
dans de tumultueuses incursions. Cependant, il se dit à part
IIO LES ARGONAUTIQUES
iui que les fils de Phrixos subiraient pour leur part un
châtiment expiatoire bien mérité, eux qui étaient revenus,
•en compagnie de ces hommes pleins de mauvaises intentions,
pour lui arracher ses honneurs royaux, et son sceptre, les
impudents! C'était l'accomplissement du terrible oracle qu'il
avait jadis entendu de son père Hélios, lui annonçant qu*il
fallait déjouer les ruses habiles et les projets de sa race, et
éviter ainsi de nombreuses calamités. Aussi, quand les fils
de Phrixos avaient manifesté le désir d'aller en Achaïe,
d'entreprendre ce long voyage, d*après les recommandations
de leur père, il les avait envoyés. Car, du côté de ses filles, il
n'avait pas la moindre crainte de leur voir méditer quelque
dessein funeste; pas davantage du côté de son fils Apsyrtos.
Mais ces machinations perfides devaient venir des enfants
de Chalciopé. Et ces crimes, il ne les tolérerait pas : c'est ce
que, plein de fureur, il déclara aux hommes de son peuple;
il ordonna, avec grandes menaces, de surveiller le navire et
les héros, pour qu'aucun d'eux n'échappât à la mort.
V. 609-743. Cependant, de retour dans la maison d'Aiétès, Argos
exhortait sa mère avec toute sorte de prières à supplier
Médée de venir à leur secours. Chalciopé elle-même y
pensait déjà; mais une crainte arrêtait son esprit: c'était,
ou de chercher, hors de propos et inutilement, à se concilier
une fille effrayée du terrible courroux de son père, ou, si
Médée cédait à ses demandes, que ce qu'elle ferait ne fût
trop visible, trop manifeste.
La jeune fille se reposait de ses douleurs dans un profond
sommeil, étendue sur son lit. Mais, tout à coup, des songes
vains l'agitèrent, effrayants, comme il en arrive à une per-
sonne maîtrisée par la douleur. Il lui sembla que l'étranger
avait entrepris la lutte; ce n'était pas qu'il désirât ardem-
ment emporter la toison du bélier, ni qu'il fût venu dans ce
but vers la ville d'Aiétès : non, il était venu pour l'emmener
elle-même dans sa maison, comme sa jeune épouse. Il lui
semblait qu'elle combattait elle-même les taureaux, et que
le combat lui était aisé. Mais ses parents ne restaient pas
CHANT TROISIEME III
fidèles à lear promesse : car, ce n'était pas à la jeune fille^
mais à lui-même qu'ils avaient ordonné de mettre lef boeufs
sous le joug; de là un débat, une contestation, entre son
père et les étrangers. Quant à elle, des deux parts, on la
laissait libre de se conduire suivant l'impulsion de son
cœur : et aussitôt, c'est l'étranger, oublieuse de ses parents,
qu'elle se choisit. Ceux-ci furent saisis d'une insup]X)rtable
douleur et ils poussèrent des cris d'indignation. En même:
temps qu'elle entendait ces cris, le sommeil l'abandonna.
Le cœur palpitant, la crainte la fit sauter à bas de son lit;
jetant autour d'elle des regards effrayés, ses yeux parcou-
rurent successivement les murs de la chambre. C'est avec
peine qu'elle rassembla ses esprits et qu'elle fit reprendre à
son cœur le calme qu'il avait auparavant dans sa poitrine;
alors, elle prononça ces paroles plaintives : « Malheureuse
que je suis! Quels songes pénibles m'ont épouvantée I Je
crains qu'elle ne soit cause d'un grand malheur, cette expé-
dition des héros. Autour de l'étranger, mon âme voltige.
Qu'il recherche en mariage dans son peuple, bien loin d'ici,
une jeune fille d'Achaïel Nous, que notre virginité, que la
maison paternelle nous intéressent seules; en tous cas,
laissant de côté toute intention cruelle, je ne tenterai rien
sans ma sœur: je verrai si elle me demande d'intervenir
dans le combat, inquiète pour ses enfants. Car ainsi la
cruelle souffrance de mon âme s'apaiserait I »
Elle dit, et, s'étant levée, elle ouvrit les portes de la
chambre, pieds nus, revêtue seulement d'une robe; elle
désirait aller chez sa sœur et elle franchit le seuil. Cepen-
dant, elle s'attardait là, dans le vestibule de son apparte-
ment, retenue par la pudeur; puis elle retourna sur ses pas
et rentra dans sa chambre; elle en sortit une seconde fois
pour s'y réfugier encore. L'inutile mouvement de ses pieds
l'amenait et la ramenait. Quand elle s'élançait pour sortir,
la pudeur la faisait rentrer; et, retenue par la pudeur,
l'audacieux amour la poussait en avant. Trois fois elle
essaya de sortir, trois fois elle fut retenue; à la quatrième
112 LES ARGONAUTIQUES
tentati||S, elle se jeta en avant sur son lit, et s'y roula. —
Telle une jeune mariée pleure dans sa chambre nuptiale
répoux florissant de jeunesse auquel ses frères ou ses
parents l'ont unie. Sa pudeur et sa sage réserve l'empêchent
de se mêler à la foule des servantes; dans son affliction, elle
s'assied à l'écart. Lui, un destin funeste l'a enlevé avant
qu'ils aient pu jouir de leur mutuelle affection; et elle,
déchirée par une douleur intime, elle pleure en silence à la
vue de son lit désert; elle craint que les femmes moqueuses
ne l'accablent de leurs railleries : telle Médée se lamentait.
— Au milieu de ses gémissements, elle fut tout à coup
surprise par une esclave, une jeune fille qui était sa suivante.
Cette fille alla aussitôt avertir Chalciopé, qui était assise
entre ses fils, cherchant les moyens de se concilier l'aide
de sa sœur. Elle ne resta pas incrédule, en entendant ces
paroles inattendues de la servante : pleine de trouble, elle
se précipita en hâte de sa chambre à la chambre oîi la jeune
fille était couchée, en proie à la douleur, et déchirait ses
joues de ses deux mains. Voyant ses yeux baignés de larmes,
elle l'interpella ainsi: «Malheur à moi! Médée, pourquoi
verses-tu ces larmes? Que t'est-il arrivé? Quelle douleur
terrible s'est glissée dans ton cœur? Un mal envoyé par les
dieux parcourt- il tes membres, ou bien as -tu entendu de
mon père quelque parole terrible sur moi et sur mes fils?
Plût aux dieux qu'il me fût permis de ne plus voir ni la
maison de mes parents, ni cette ville, mais d'habiter aux
confins de la terre, là où l'on ne connaît pas même le nom
des Colchiens! »
Elle parla ainsi; les joues de la jeune fille rougirent, et
longtemps sa pudeur virginale la retint, quoiqu'elle fût
impatiente de répondre. Tantôt les paroles lui venaient au
bout de la langue, tantôt elles s'envolaient jusqu'au fond
de sa poitrine. Bien des fois, elle désirait tout dire de sa
bouche aimable; mais sa parole ne pouvait aller plus avant.
Enfin, elle s'exprima de cette manière artificieuse, car elle
était poussée par les Éros audacieux : « Chalciopé, c'est au
CHANT TROISIÈME Il3
sujet de tes fils que mon cœur est agité; je crains que mon
père ne les fasse bientôt périr avec ces hommes étrangers.
Assoupie tout à Theure, dans un court sommeil, tels sont
les songes terribles que j'ai encore devant les yeux! Puisse
un dieu faire qu'ils ne s'accomplissent pas! Puisses-tu ne
pas éprouver à cause de tes fils une affliction pénible! »
Elle parla ainsi, pour éprouver sa sœur : Chalciopé allait-
elle s'adresser à elle, la première, pour lui demander son
secours en faveur de ses fils? Mais le cœur de Chalciopé était
accablé d'une angoisse insupportable : car ce qu'elle avait
entendu l'effrayait. Elle répondit par ces paroles : « Et moi
aussi, c'est agitée par toutes ces pensées que je suis venue
à toi, voir si tu pourrais te concerter avec moi et imaginer
quelque moyen de salut. Mais jure par Gaia et par Oura^
nos que tu garderas mes paroles dans ton cœur et que tu
seras mon aide. Je te conjure par les dieux, par toi-même,
par nos parents : ces enfants, que je ne les voie pas, victimes
d*un destin funeste, périr misérablement. Autrement je
serais pour toi, moi morte avec mes fils chéris, une terrible
Erinys qui te poursuivrait depuis la maison d'AdèsI »
Elle dit, et versa aussitôt d'abondantes larmes; tombée
aux pieds de Médée, elle entourait ses genoux de ses deux
mains et jetait sa tête dans le sein de la jeune fille. Toutes
les deux se lamentèrent Tune sur l'autre d'une manière
pitoyable. Des cris aigus s'élevèrent dans la maison : telle
était la douleur des deux affligées! Mais, la première, Médée
prit la parole et dit à sa sœur avec tristesse : « Malheureuse!
quel remède trouver, alors que tu parles d'imprécations et
d'Érinyes terribles! Plût au cielqu*il fût sûrement en notre
pouvoir de sauver tes filsl Qu'il sache — c'est le serment
inviolable des Colchiens par lequel tu me forces de jurer, —
qu'il le sache, le grand Ouranos, qu'elle le sache aussi celle
qui est au-dessous de lui, Gaia, la mère des dieux : elle ne
te fera jamais défaut, toute la force qui peut être en moi, si
tu me supplies de faire ce qui est possible. »
Elle dit; et Chalciopé lui répondit par ces mots : « N'ose-
114 LBS ÂRGONAUTIQUES
rais-tu pas, quand cet étranger le désire lui-même^ imaginer
quelque ruse, quelque artifice pour le combat, à cause de
mes âls? De sa part, en effet, Argos est venu me pousser
à solliciter ton secours. Et je Tai laissé à la maison pour
me rendre ici. »
Elle dit; le cœur de Médée bondit de joie; son beau visage
rougit et, dans l'excès de son bonheur, elle eut comme un
éblouissement; alors, elle prononça ces paroles : cChalciopé,
ce qui vous est utile et agréable, je le ferai. Qu'à mes yeux
ne brille plus Taurore, que toi-même tu ne me revoies plus
vivante, s'il est quelque chose au monde que je fasse passer
avant ta vie et avant tes fils, qui sont pour moi des frères,
des parents bien-aimés et de mon âge. Et toi, ne puis-je pas
me dire à la fois ta sœur et ta fille, puisque, comme eux, ton
sein m'a nourrie, alors que j'étais une petite enfant : je l'ai
toujours entendu raconter par ma mère. Mais, va; ne dis
pas ce que je veux faire pour toi, que je puisse, à l'insu de
mes parents, accomplir ce que j'ai promis. Au matin, je
porterai dans le temple d'Hécate les substances magiques qui
charmeront les taureaux. [Je les porterai à l'étranger qui
cause ces difficultés.]»
Chalciopé quitta la chambre et alla annoncer à ses fils
le secours que sa sœur leur donnerait. Mais elle, la pudeur
et la crainte terrible la saisirent de nouveau quand elle se
trouva seule. Car, à cause de cet homme, elle méditait bien
des projets contre son père.
V. 744-824. Cependant la nuit étendait ses ombres sur la terre: en
mer, les matelots s'endormaient en contemplant de leur
navire l'Hélice et les astres d'Orion ; le moment du sommeil
était souhaité du voyageur en route et du gardien qui veille
aux portes. La mère elle-même qui vient de voir mourir ses
enfants, était enveloppée dans la torpeur d'un assoupissement
profond; l'aboiement des chiens ne s'entendait plus dans la
ville; plus de rumeur sonore; le silence possédait les ténèbres
de la nuit.
Mais Médée n'était pas envahie par le doux sommeil.
CHANT TROISIÈME Il5
Bien des inquiétudes, nées de son amour pour Jason, la
tenaient éveillée: elle redoutait la force puissante des
taureaux par qui — sort indigne! — il était destiné à être
tué dans le champ d'Ares. Sans cesse, son cœur bondissait
dans sa poitrine. Tel, dans une chambre, un rayon de soleil
bondit, reflété par l'eau qui vient d'être versée dans un
chaudron ou dans une terrine; agité par un rapide tour-
noiement, il sautille cà et là : de même, le cœur de la jeune
fille tourbillonnait dans sa poitrine. Des larmes de pitié
coulaient de ses yeux; une douleur intime ne cessait de
l'accabler de consumer toutes les parties de son corps, autour
des nerfs minces, et surtout à la nuque, au nerf le plus bas
derrière la tête; c'est là que pénètre la souffrance la plus
insupportable, quand les Éros ne se lassent pas de lancer
dans l'âme les tourments d'amour. Elle se disait tantôt
qu'elle donnerait la substance pour calmer les taureaux,
tantôt qu'elle ne le ferait pas; elle pensait à périr elle-même,
puis à ne pas mourir, à ne pas donner la substance, à
supporter son mal sans rien faire. Puis, s'étant assise, elle
réfléchit et dit :
« Infortunée que je suis! Entourée de malheurs, de quel
côté me laisser aller! Partout, des incertitudes pour mon
âme : aucun remède à ma souffrance, elle est toujours là qui
me brûle. Ohl si Artémis, de ses flèches rapides, avait pu
me tuer avant qu'il me fût apparu, avant que les fils de
Chalciopé fussent partis vers la terre Achéenne : eux qu'un
dieu ou une Érinys a ramenés ici de là- bas, pour nous
porter de lamentables angoisses. Qu'il périsse en combattant,
si la fatalité veut qu'il meure dans ce champ! Comment, en
effet, pourrais-je, à l'insu de mes parents, préparer ces subs-
tances magiques? Quelle fable dire? Quelle ruse, quelle
habileté secrète pourrait dissimuler l'aide que je lui
donnerais? Et lui! loin de ses compagnons, l'entretiendrai-je
amicalement, le voyant seul? Malheureuse! Quand même il
mourrait, je n'espère pas être délivrée de mes tourments!
La douleur nous entourerait, fût-il privé de la vie! Adieu
Il6 LES ARGONAUTIQUES
pudeur, adieu honneur! Sauvé, grâce à moi, sain et sauf, là
où son cœur le poussera, qu'il s*en aille! Quant à moi, ce
jour-là même oîi il aura livré son combat, puissé-je mourir
pendue par le cou à la poutre qui soutient le toit, ou rassa-
siée des poisons qui détruisent la vie. Mais, morte ainsi, les
railleries me poursuivront; et, au loin, la ville entière
proclamera ma destinée; et, passant de bouche en bouche,
je serai indignement outragée par les Colchiennes, moi, la
morte par excès d'amour pour un homme étranger, la fille
opprobre de ses parents et de sa maison, la fille qui s'est
abandonnée à une folle passion! Quelle ne sera pas mon
infamie! Hélas, malheur à moi, quelle destinée! Il me serait
bien meilleur de quitter la vie dans ma chambre, cette nuit
même, par une mort imprévue qui m'éviterait ces hontes;
il me vaudrait mieux mourir, avant d'avoir mis à exécution
cette action misérable, à laquelle je n'ose donner un nom! »
Elle dit, et alla chercher un coffret où étaient enfermées
beaucoup de substances, les unes salutaires, les autres funes-
tes. L'ayant placé sur ses genoux, elle se lamentait; elle
inondait, sans s'arrêter, sa poitrine de larmes qui coulaient
et se répandaient, pendant qu'elle déplorait sa destinée. Elle
désirait choisir des poisons meurtriers pour s'en rassasier;
elle avait déjà défait les liens du coffret, dans le désir d'en tirer
ces poisons, la malheureuse! Mais, tout à coup, la terreur
de l'odieux Adès pénétra son âme. Elle resta muette long-
temps, et, autour d'elle, toutes les occupations de la vie, qui
sont douces au cœur, apparaissaient. Elle se souvenait des
plaisirs qui charment les vivants; jeune fille, elle se souve-
nait des compagnes de son âge et de leur gaieté; et la vue
du soleil lui devenait plus douce qu'auparavant, à mesure
qu'elle repassait toutes ces choses dans son esprit. Alors elle
enleva le coffret de dessus ses genoux; l'influence d'Héra
changeait son âme, ses pensées n'étaient plus hésitantes. Elle
n'avait plus qu'un désir: voir le plus tôt possible Ëos se
lever, pour lui donner, à lui, les substances qu'elle avait
promises, pour paraître en sa présence. Bien des fois elle
CHANT TROISIÈME l 17
défit les verrous de ses portes, épiant les clartés de l'aube.
Érigène lui envoya enfin la lumière bien-aimée, et déjà,
dans la ville, tous étaient en mouvement.
Cependant Argos ordonnait à ses frères de demeurer V. 825-911
encore là où ils étaient, afin d'observer les dispositions
et les projets de la jeune fille. Quant à lui, il retourna au
vaisseau dont il était jusque alors resté éloigné.
Mais, dès que la jeune fille eut aperçu les premières lueurs
d'Ëos, elle lia de ses mains ses blonds cheveux, qui flottaient
abandonnés à eux-mêmes en désordre; elle essuya ses joues
où les larmes s'étaient séchées; grâce à un enduit aussi doux
que le nectar, elle rendit son corps brillant. Elle revêtit un
beau péplos attaché par des agrafes bien arrondies; et, sur sa
tête divine, elle jeta un voile blanc. Alors, circulant dans le
palais, elle foulait aux pieds le sol, oublieuse des angoisses
présentes qui étaient sans nombre, et de celles qui devaient
plus tard s'élever devant elle. Elle avait douze esclaves qui,
toutes, étaient du même âge et habitaient dans le vestibule
de sa chambre parfumée; elles n'avaient jamais paré un lit
qui leur fût commun avec un homme : elle leur ordonna de
mettre en hâte les mules sous le joug de son char pour
la conduire au temple splendide d'Hécate. Aussitôt, les
servantes préparaient le char; elle tira cependant de son
coffret profond un poison qu'on appelle, dit-on, du nom de
Prométhée. Si, après avoir apaisé par des sacrifices nocturnes
Coré, fille unique de sa mère, on s'enduit le corps du suc de
cette plante, on est sûr d'être invulnérable aux blessures de
l'airain, et de ne pouvoir être dompté par l'ardeur du feu : au
contraire, on devient, ce jour-là, plus remarquable en force
et en courage. Cette plante est née pour la première fois
alors que l'aigle carnassier laissait couler sur les coteaux
boisés du Caucase le sang divin du misérable Prométhée.
Sa fieur, haute d'une coudée environ, apparut semblable à
peu près par la couleur au safran de Corycie : elle s'élevait
sur deux tiges jumelles; et, dans la terre, la racine se déve-
loppait, pareille à de la chair que l'on vient de couper. Son
Il8 LES ARGONAUTIQUES
SUC, semblable au suc noir des chênes des montagnes, la
jeune fille l'avait recueilli pour ses enchantements dans une
coquille des bords de la mer Caspienne, après s'être lavée
sept fois dans des eaux qui ne tarissent jamais, après avoir
appelé sept fois Brimô, nourricière de la jeunesse, Brimô
errante la nuit, déesse souterraine, maltresse des enfers:
Médée Tavait invoquée, couverte d'un sombre manteau, au
milieu de l'obscurité lugubre. Les noires entrailles de la
terre étaient ébranlées par un gémissement, qui sortait de
leurs profondeurs, au moment oti la racine Titanienne était
tranchée; et lui-même il gémissait, le fils de Japet, agité
dans son cœur par l'excès de la souffrance. L'ayant donc
enlevée, elle l'avait nouée dans la ceinture parfumée qui
était placée au-dessous de sa poitrine divine.
Sortie de la maison, elle monta sur le char rapide, et, avec
elle, deux esclaves montèrent de chaque côté; elle prit dans
la main droite les rênes et le fouet artistement travaillé, et
elle conduisit à travers la ville; les autres esclaves, se tenant
cramponnées par derrière au coffre d'osier adapté au char,
couraient dans la large rue, retroussant leurs fines tuniques
jusqu'à leur genou blanc. — Telle, après s'être baignée dans
les eaux tièdes du Parthénios ou du fleuve Amnisos, la fille
de Létô, montée sur son char d'or, se fait emporter par ses
biches rapides à travers les collines, et vi^t de loin pour
une hécatombe qui exhale une forte odeur de graisse; elle
est suivie par la foule des Nymphes, ses compagnes, qui se
sont rassemblées, les unes à la source même de l' Amnisos,
les autres dans les bois et au milieu des rochers d'oti les
cours d'eau jaillissent en abondance. Et, tout autour de la
déesse qui s'avance, les bêtes sauvages, pleines d'effroi,
remuent la queue en poussant des rugissements craintifs :
telles, les jeunes filles s'avançaient par la ville; tout autour
le peuple se retirait pour éviter les yeux de la vierge royale. —
Mais une fois sortie des quartiers bien bâtis de la ville,
quand elle fut arrivée, à travers champs, vers le temple, alors,
en cet endroit même, elle se hâta de descendre de son char
CHANT TROISIÈME 119
aux roues rapides, et elle parla ainsi à ses servantes : « Mes
amies, j'ai commis une grande faute; je n*ai pas songé aa
ressentiment que doivent éprouver contre nous ces hommes
étrangers qui vont et viennent sur notre sol. Toute la ville
est dans le trouble et la confusion : aussi, il n*est venu aucune
de ces femmes, qui auparavant s'assemblaient ici chaque
jour. Mais, puisque nous voilà arrivées, puisqu'il n'y a
personne autre que nous, allons, nous pouvons, sans nous
gêner, charmer notre cœur par des chants agréables, en
cueillant les belles fleurs de cette tendre prairie. Puis, nous-
reviendrons, quand il en sera temps. D'ailleurs, vous pourrez
rentrer aujourd'hui à la maison en rapportant bien des^
richesses, si vous approuvez mon dessein. Car Argos me
circonvient par ses discours, ainsi que Chalciopé elle-même :
— mais gardez dans le silence de votre cœur ce que vous
entendez de moi; il ne faut pas que ces paroles parviennent
aux oreilles de mon père. — Ils veulent donc que cet
étranger, qui s'est engagé à lutter contre les taureaux, je
l'arrache, moyennant des présents que je recevrai, aux
funestes dangers de ce combat. J'ai accueilli cette demande,,
et je fais venir devant moi l'étranger, seul, sans ses compa-
gnons, pour que nous partagions entre nous les présents
qu'il pourra porter; quant à nous, nous lui donnerons
quelque substance funeste. Pour vous, éloignez-vous de moi,,
quand il viendra. »
Elle parla ainsi, et ce plan perfide leur plaisait à toutes, v*. 912-1:43,
Or, bientôt après, ayant emmené à l'écart de ses compagnons
l'Aisonide seul, Argos, qui avait déjà appris de ses frères
que la jeune fille viendrait dès le matin au temple sacré
d'Hécate, conduisait le héros à travers la plaine. A leur suite
venait l'Ampycide Mopsos, habile à tirer des présages des
oiseaux qu'il apercevait, habile à conseiller ceux avec qui il
allait.
Certes, à ce moment, personne parmi les anciens héros^
ceux qui étaient nés du sang de Zeus lui-même ou des autres
dïeux, personne n'était tel que parut Jason en ce jour, tant
I20 LES ARGONAUTIQUES
l*épouse de Zeus avait donné de charmes à son aspect et à
sa parole. A sa vue, ses compagnons eux-mêmes étaient
frappés d'admiration, car il resplendissait de grâces. Et,
pendant la route, TAmpycide était rempli de joie, car il
prévoyait à peu près tout ce qui allait arriver.
Or, il y avait sur la route de la plaine, près du temple,
iin peuplier à qui ses feuilles sans nombre faisaient une
chevelure touffue; les corneilles bavardes avaient coutume
de s'y percher. Au moment oti les héros passaient, un de
ces oiseaux se plaça, d'un mouvement d'ailes, sur une des
hautes branches, et interpréta ainsi la volonté d'Héra :
« Méprisable est le devin qui n'a pas su concevoir dans son
esprit ce que savent les enfants eux-mêmes : certes, la vierge
ne dira à ce jeune homme aucune parole de bienveillance ou
d'amour, tant qu'il sera accompagné par d'autres hommes, par
des intrus. Va-t-en, ô mauvais devin, ô mauvais conseiller!
Ni Cypris ni les aimables Éros ne te protègent de leurs
faveurs. »
Elle lui adressa ces reproches; Mopsos sourit en enten-
dant la voix de l'oiseau, inspirée par la divinité, et il dit:
« Aisonide, va donc vers le temple de la déesse, où tu trouveras
la jeune fille; elle sera bien disposée en ta faveur, grâce à
Cypris qui luttera avec toi dans tes épreuves, suivant ce
qu'a prédit l'Agénoride Phinée. Quant à nous, Argos et
moi, en attendant que tu reviennes, nous resterons ici
même à l'écart. Seul avec elle, prie-la, persuade -la par
d*habiles discours. »
Il parla ainsi avec sagesse : les deux héros s'empressèrent
de l'approuver. De son côté, Médée, malgré ses chants,
ne pouvait penser qu'à Jason; tous les jeux accompagnés
de chant, quel que fût celui auquel elle se livrât, étaient
impuissants à la charmer longtemps. Mais elle s'interrom-
pait, pleine d'angoisses, et ne pouvait tenir un instant en
repos ses yeux fixés sur le groupe de ses servantes : elle
regardait au loin sur la route, la tête fixée en avant. Certes,
son cœur battait à se rompre dans sa poitrine, chaque fois
CHANT TROISIEME 121
qu'il lui semblait entendre passer rapidement le bruit d'un
pas ou celui du vent. Mais bientôt il apparut à ses yeux qui
l'attendaient, s'élevant rapide vers elle, tel que Seirios
s'élève de l'Océan : il est beau sans doute et resplendissant
aux yeux, mais il amène bien souvent pour les troupeaux
des misères affreuses. Aussi beau à voir s'avançait l'Aisonide
dont la vue causa à Médée des peines terribles. Le cœur
de la jeune fille cessa de battre dans sa poitrine; ses yeux
s'enveloppèrent de ténèbres; une ardente rougeur couvrit
ses joues, et ses genoux ne pouvaient la faire avancer ni
^reculer : mais ses pieds étaient cloués au sol sous elle. Et
cependant, toutes ses servantes s'étaient retirées bien loin
d'elle et de lui. Us se trouvaient en présence tous les deux,
silencieux, incapables de parler, semblables à des chênes
ou à de hauts sapins qui, côte à côte, ont poussé leurs
racines dans les montagnes, calmes, alors que les vents se
taisent : mais si l'impétuosité des vents s*élève, les arbres
s'agitent et retentissent d'un bruit immense. C'est ainsi
qu'ils allaient s'entretenir ardemment tous les deux, sous
le souffle d'Éros. L'Aisonide reconnut que la jeune fille
était atteinte du mal envoyé par les dieux, et il lui adressa
ces paroles pleines de douceur :
« Pourquoi, jeune fille, un tel trouble en face de moi,
alors que je suis seul? Non certes, je ne suis pas ce que sont
certains hommes insupportables par leur orgueil; et je n'ai
jamais été ainsi, autrefois, quand j'habitais dans ma patrie.
Ne crains donc pas, ô jeune fille, soit de m'interroger sur
ce qui peut t'intéresser, soit d'exposer la première ce que
tu as à dire. Puisque nous nous rencontrons, mutuellement
animés de dispositions favorables, dans ce lieu divin, où une
tromperie serait un sacrilège, interroge- moi et parle -moi
avec franchise. Ne me joue pas avec des paroles aimables,
puisque déjà tu as promis à ta propre sœur que tu me
donnerais le charme nécessaire. C'est au nom d'Hécate elle-
même que je te supplie, au nom de tes parents et de Zeus,
qui étend sa main protectrice sur les étrangers et sur les
i6
122 LES ARGONAUTIQUES
suppliants: je suis Tun et Tautre; c'est comme étranger et
comme suppliant que je viens ici, forcé par la dure nécessité
de t'implorer à genoux. Car, sans vous, je ne pourrai venir
à bout de ce travail qui me cause bien des peines. Plus
tard, je te témoignerai, comme il est juste, ma reconnais-
sance pour Taide que tu m'auras donnée : je le ferai, comme
on peut, quand on habite bien loin Tun de l'autre. Je ren-
drai célèbres ton nom et ta gloire; et, de même, les autres
héros parleront de toi quand ils seront de retour en Hellade,
et aussi les femmes et les mères des héros qui, peut-être
déjà, pleurent notre sort, immobiles sur les rivages : c'est
toi qui feras cesser leurs tristes soucis. Certes, autrefois
Thésée fut délivré de ses funestes travaux par la vierge
Minoïde, Ariane, qui était bien disposée pour lui, elle
qu'avait enfantée Pasiphaé, la fille d'Hélios. Mais, après
que Minos eut apaisé sa colère, montée sur le navire de
Thésée avec lui, elle quitta sa patrie. Aussi les immortels
eux-mêmes l'ont chérie, et, au milieu des régions supé-
rieures de l'air, un signe céleste, une couronne d'étoiles,
qu'on appelle couronne d'Ariane, accomplit toutes les nuits
sa révolution parmi les constellations du ciel. C'est ainsi
que les dieux te témoigneront de la reconnaissance, si tu
sauves une si nombreuse troupe de héros. Et, certes, à voir
le charme de tes traits, tu semblés parée d'une aimable
bonté. »
Il lui dit ces paroles louangeuses; mais elle, la tête
penchée, les yeux baissés, eut un sourire doux comme le
nectar; son cœur se fondait, tant l'éloge Texaltait. Puis elle
leva les yeux et le regarda en face. Elle ne savait quelle
parole lui dire pour commencer, et elle désirait ardemment
lui tout dire à la fois. Et, d'abord, se livrant tout entière,
elle tira de sa ceinture embaumée la substance magique :
et lui, aussitôt, il la saisit dans ses mains, rempli de joie.
Certes, elle aurait arraché toute son âme du fond de son
cœur, bien heureuse de la lui donner s'il l'eût désirée. Si char-
mant était l'éclat qu'Éros faisait rayonner de la tête blonde
CHANT TROISIÈME 123
de TAisonide; ravis, les yeux de Médée étaient entraînés
vers lui; une ardeur la brûlait : au fond de sa poitrine son
âme se fondait, comme, sur les roses, on voit se fondre les
gouttes de rosée à l'ardeur des rayons du matin. Tantôt ils
tenaient tous les deux les yeux fixés à terre, car ils étaient
vaincus par la pudeur; tantôt, au contraire, ils se regar-
daient, et la joie détendait leurs sourcils par un aimable
sourire. Enfin, à grand'peine, la jeune fille adressa ces
paroles à Jason :
« Maintenant, rends-toi compte de la manière dont je dois
combiner le secours que je te prêterai. Quand tu seras allé
vers mon père et qu'il t'aura donné à semer les funestes
dents arrachées aux mâchoires du serpent, alors observe le
moment exact qui divise en deux parties égales la nuit au
milieu de sa course; alors, lave-toi dans le courant d'un
fleuve dont les eaux ne tarissent jamais; et, seul, loin de
tous, en vêtements sombres, creuse une fosse circulaire, et
là égorge un agneau femelle et place crue et tout entière la
victime sur un bûcher que tu auras construit avec soin
dans la fosse même. Rends-toi propice Hécate, fille unique
de Perses, en versant de ta coupe, comme libation, la subs-
tance produite dans les ruches des abeilles. Alors, aussitôt
que tu te seras souvenu d'apaiser la déesse, hâte- toi de
t'éloigner du bûcher. Que le bruit de pas que tu entendras
ne te fasse pas retourner en arrière, pas plus que le hurle-
ment des chiens. Sans quoi, tout ce que tu aurais fait
deviendrait inutile, et toi-même tu ne retournerais pas dans
un état convenable vers tes compagnons. Au matin, fais
fondre cette substance magique, et, nu, frottes-en complète-
ment ton corps, comme on fait d'un onguent : alors tu
auras une force immense, une grande vigueur; tu ne te
croirais plus égal aux hommes, mais aux dieux immortels.
Que non seulement ta lance, mais aussi ton bouclier et ton
épée soient enduits de la substance. Tu seras de la sorte
invulnérable aux lances pointues des hommes fils de la terre,
et à la flamme irrésistible que lancent les funestes taureaux.
124 LES ARGONAUTIQUES
Tu ne resteras pas longtemps en cet état, mais ce jour- là
seulement : aussi, n'hésite en rien à engager la lutte. Je vais te
donner, en outre, une autre indication utile : quand tu auras
mis sous le joug les boeufs robustes, et labouré rapidement
toute la rude jachère, grâce à la force de tes bras et à ton
courage, quand déjà les géants seront montés comme des
épis du fond des sillons — moisson née des dents du serpent
semées dans la glèbe noire, — si tu vois qu'ils se dressent
nombreux dans le champ, lance, sans qu'ils s'en aperçoi-
vent, une pierre des plus solides. A cause d'elle, semblables
à des chiens affamés autour d'un aliment, ils se tueront les
uns les autres. Alors, empresse-toi d'aller toi-même droit
au combat; tu pourras ainsi emporter la toison en Hellade,
bien loin d'Aia. Va cependant là oti il te plaît d'aller au
loin, étant parti d'ici. »
Elle dit; puis, silencieuse, tenant les yeux baissés et fixés
à ses pieds, ses joues s'arrosèrent d'une violente pluie de
larmes chaudes, à la pensée qu'il dût aller bien loin d'elle
errer sur la mer. Elle lui adressa de nouveau des paroles
affligées et lui saisit la main droite: car la modeste pudeur
avait quitté ses yeux : « Souviens-toi, si du moins tu reviens
un jour dans ta patrie, souviens- toi du nom de Médée,
comme moi aussi je me souviendrai de celui qui sera parti.
Mais dis- moi de bon cœur où est ta demeure, quelle route
ton navire prendra sur la mer en partant d'ici? Dois-tu
aller auprès de Topulente Orchomène ou aux environs de
l'île d'Aia? Parle- moi de cette jeune fille que tu m'as
nommée, enfant illustre de Pasiphaé, qui est la sœur de
mon père. »
Elle parla ainsi: mais lui, avec les larmes de la jeune
fille, le cruel amour le pénétrait, et il répondit de son côté
en ces termes : <c Certes, jamais, ni jour nf nuit, je ne pense
t'oublier, si j'échappe au destin, si je puis réellement me
réfugier sain et sauf en Achaïe, au cas où Aiétès ne placera
pas devant nous quelque travail plus funeste encore. Mais,
s'il te plaît de savoir ce qu'est notre patrie, je vais t'en
CHANT TROISIÈME 125
parler : moi-même, mon cœur m*y pousse ardemment. C'est
une terre entourée de hautes montagnes; elle est tout à fait
abondante en brebis et en gras pâturages; c'est là que l'Iapé-
tide Prométhée a engendré le bienfaisant Deucalion qui, le
premier, a bâti des villes et élevé des temples aux dieux
immortels, et qui le premier a régné sur les hommes. Les
peuples voisins de ce pays l'appellent Haimonîe. C'est là
que se trouve lolcos, ma ville; c'est là que se trouvent
beaucoup d'autres villes pleines d'habitants : on n'y connaît,
même pas de nom, l'île d'Aia. C'est de ce pays que Minyas
partit, l'Aiolide Minyas, qui, dit-on, alla fonder la ville
d'Orchomène, dans le voisinage des peuples de Cadmos.
Mais, pourquoi te raconter toutes ces choses inutiles sur nos
demeures, sur la fille de Minos, Ariane, dont la renommée
s'est étendue bien loin? Car elle a reçu le nom charmant
de vierge aimable, celle sur qui tu m'interroges. Minos a
convenu avec Thésée de la lui donner : plaise au ciel que,
de même, ton père s'accorde avec nous!»
Il dit, la caressant par l'intimité de ses douces paroles;
mais elle avait le cœur tourmenté par de pénibles angoisses,
et c'est avec une grande tristesse qu'elle lui adressa ces
plaintes désolées: «En Hellade, il peut être beau d'avoir
égard à de telles conventions d'alliance. Mais Aiétès n'est pas
parmi les hommes ce qu'était, comme tu viens de me le dire,
Minos, époux de Pasiphaé; et moi, je ne me juge pas égale à
Ariane. Aussi, ne parle plus d'amitié faite avec un étranger.
Je ne te demande qu'une chose : de retour à lolcos, souviens-
toi de moi; et moi aussi, en dépit de mes parents, je me
souviendrai de toi. Et que, de là-bas, il nous vienne quelque
vague rumeur ou quelque oiseau messager, le jour oti tu
m'auras oubliée! Ou que moi-même, les tempêtes rapides
m'enlèvent par-dessus les flots d'ici à lolcos, pour que
j'arrive devant toi t'accabler de reproches et te rappeler que
c'est grâce à moQ secours que tu as échappé à la mort. Ah !
plût au ciel qu'il me fût permis de me trojuver ainsi à
l'improviste dans ton palais^ à ton foyer! »
126 LÈS ARGONAUTIQUES
Elle parla ainsi, et des larmes pitoyables coulaient sur ses
joues. Mais il lui dit à son tour : « Amie, laisse errer les
vaines tempêtes et les oiseaux messagers, car tu prononces
des paroles inutiles. En effet, si tu viens dans ma demeure
sur la terre d'Hellade, tu seras honorée par les femmes et
par les hommes, tu seras un objet de respect. Tous te
vénéreront en toute chose, comme une divinité, puisque
les fils de ceux-ci auront pu revenir à la maison grâce à tes
conseils, puisque les frères, les amis et les jeunes époux de
celles-là auront été arrachés par toi à tout danger. Et tu
partageras notre couche qui sera ton lit nuptial de jeune
femme légitime : rien ne nous séparera dans notre amour
jusqu'au moment oti la mort fixée par le destin nous enve-
loppera dans son ombre. »
Il dit; à ces mots, le cœur de la jeune fille défaillait. En
présence des crimes affreux qu'il faudrait commettre, elle
frissonna d'horreur, la malheureuse! Et cependant, elle ne
devait pas longtemps refuser d'aller habiter en Hellade. En
effet, Héra méditait que, pour la perte de Pélias, la jeune
fille d'Aia, Médée, vînt dans la ville sacrée d'Iolcos, ayant
quitté sa patrie. Déjà les esclaves, qui observaient de loin
avec curiosité, s'inquiétaient en silence: à ce moment de
la journée, il devenait nécessaire que la jeune fille retournât
à la maison, vers sa mère. Mais elle ne se serait jamais
souvenue qu'il fallait rentrer — car son cœur se charmait à
Contempler Jason, à écouter ses douces paroles — si l'Aise-
nide, soucieux enfin de leur sûreté, ne lui avait dit : « Il est
temps de nous séparer; que le coucher du soleil ne nous
prévienne pas, ou quelque étranger pourrait tout deviner.
Nous reviendrons ici et nous nous retrouverons. »
V. 1146-1162. C'est ainsi que longtemps, avec de douces paroles, ils
éprouvèrent leurs sentiments mutuels; et, ensuite, ils s'arra-
chèrent l'un à l'autre. Car Jason, plein de joie, se mit en
route pour rejoindre le navire et ses compagnons. Mais elle
se dirigea vers ses esclaves qui toutes ensemble s'appro-
chèrent à sa rencontre; et, cependant, Médée ne s'aperçut
CHANT TROISIEME 127
pas que ses suivantes l'entouraient : car, loin de la terre,
son âme s'était envolée dans les nuages. D*un mouvement
machinal de ses pieds, elle monta sur le char rapide; elle
prit les rênes d'une main, et, de l'autre, le fouet de cuir,
artistement travaillé, pour mettre en mouvement les mules;
et celles-ci se hâtaient de courir à la ville vers le palais.
Quand Médée fut de retour, Chalciopé, angoissée au sujet
de ses enfants, se mit à l'interroger : mais, en proie au
trouble et à l'indécision, elle n'écoutait rien, elle désirait
vivement ne répondre à aucune question. Elle se tenait
assise sur un escabeau très bas, au pied de son lit de repos,
la tête inclinée, la joue appuyée sur sa main gauche. Ses
yeux étaient humides entre ses paupières, car elle était
inquiète, songeant quel terrible forfait allait s'accomplir,
dont ses conseils la faisaient complice.
Une fois que l'Aisonide eut de nouveau rencontré ses V. 1163-1190.
compagnons, à l'endroit où il les avait laissés en les quit-
tant, il se dirigea avec eux, leur racontant toute chose, vers
l'assemblée des héros. Ils arrivèrent ensemble au navire:
à peine l'eurent-ils aperçu, les compagnons s'empressaient,
amicalement autour de Jason et le questionnaient. Il leur
communiqua à tous les projets de la jeune fille, et il leur
montra la substance puissante. Seul de tous, Idas restait à
l'écart de ses compagnons, dévorant sa colère. Tous les
autres étaient pleins de joie, et, comme les ténèbres de la
nuit les tenaient captifs, ils s'occupaient tranquillement de
ce qui les concernait eux-mêmes. Mais, à l'aube, ils en*
voyèrent à Aiétès, pour demander la semence, deux d'entre
eux, d'abord Télamon lui-même, chéri d'Ares, et avec lui
Aithalidès, fils illustre d'Hermès. Ils se mirent en route, et
ce ne fut pas un voyage inutile : car, lorsqu'ils furent arrivés
devant lui, le roi Aiéiès leur donna, pour faire naître la
bataille, les dents terribles du serpent Aonien que Cadmos
avait tué dans Thèbes Ogygienne, alors qu'il y était venu à
la recherche d*Europé : le monstre était le gardien d'une
source consacrée à Ares. — C'est là que s'établit Cadmos,
128 LES ARGON AUTIQUES
merveilleusement conduit par une génisse que l'oracle
d'Apollon lui avait donnée comme guide de son chemin.
La déesse Tritonide arracha ces dents des mâchoires du
•serpent et en fit présent, partie à Aiétès, partie à celui-là
même qui avait tué le monstre. L'Agénoride Cadmos les
sema dans les champs d'Aonie, et, avec tous ceux des guer-
riers sortis de ces dents qui avaient survécu après que la
lance d'Ares eut moissonné au milieu d'eux, il établit un
peuple d'hommes nés du sol. — Quant à Aiétès, il permit
bien volontiers qu'on emportât au navire celles des dents
qu'il possédait; car il ne pensait pas que Jason arrivât au
terme du combat, quand même il aurait réussi à mettre les
taureaux sous le joug.
V. 1191-1224. Cependant le soir venait; au-dessus des sommets les plus
reculés des Éthiopiens, le soleil allait, au loin, s'enfoncer
dans la terre obscure. Et la Nuit mettait ses chevaux sous
le joug; les héros préparaient leurs couches sur le sol, près
des amarres du vaisseau. Mais, au moment où les étoiles de
l'Hélice — la Grande-Ourse splendide — furent couchées,
alors que du ciel l'atmosphère se répandait, partout, très
calme, Jason s'en alla secrètement, comme un voleur qui se
' cache, dans la plaine déserte. Il avait avec lui toutes les
choses nécessaires dont il s'était muni pendant le jour. Argos
lui porta, d'une bergerie où il était allé, l'agaean fem'CTte et
lej^t; et il se procura le reste au navire même. Quand il
eut trouvé un endroit à l'écart de la route fréquentée par
les hommes, le héros, en sûreté au milieu des prés tran-
quilles arrosés par des ruisseaux, commença par laver,
suivant les rites, son corps délicat dans le fleuve divin. Il
jeta autour de lui un manteau sombre que la Lemnienne
Hypsipylé lui avait donné en souvenir de la couche où ils
avaient souvent reposé ensemble. Puis, ayant creusé dans
le sol une fosse profonde d'une coudée, il y amoncela des
morceaux de bois fendus pour le feu, il égorgea l'agneau et
rétendit avec soin sur le bûcher. Il enflamma le bois en
allumant du feu au-dessous, et il versa par-dessus, comme
CHANT TROISIÈME 129
libations, ufT mélangée substances diverses, en invoquant
Brimô-HécatèTprotectrice de ses travaux. Après cet appel,
il se retira en arrière. L'avant entendu du fond de ses
demeures souterraines, la déesse redoutable se rendit aux
cérémonies sacrées de TAisonide. Elle avait une couronne
de terribles serpents entrelacés à des rameaux de chêne; des
torches répandaient autour d'elle une lumière éclatante, et
les chiens des enfers faisaient retentir le bruit perçant de
leurs aboiements. Sous ses pas, les prairies tremblaient au
loin ; elles hurlèrent aussi, les Nymphes fluviales des marais,
qui parcourent, dans leurs courses errantes, les plaines
basses et humides du Phase Amarantien. L'Aisonide fut
saisi de crainte; mais, sans qu'il regardât derrière lui, ses
pieds le ramenèrent vers ses compagnons auxquels il se
joignit. Et déjà, au-dessus du Caucase neigeux, Èos, qui
naît le matin, se levait et répandait la lumière.
C'est à ce moment qu'Aiétès fixait autour de sa poitrine v. 1225-1245.
la cuirasse toute d'une pièce, dépouille du Phlégraien Mimas
qu'Ares lui avait donnée, après avoir tué le géant de ses
propres mains. 11 plaça sur sa tête un casque d'or, orné de
quatre pointes en métal brillant, aussi splendide que la
lumière qui rayonne autour du soleil au moment oti il sort
de l'Océan. Il brandissait un bouclier recouvert de plusieurs
couches de cuir, et une épée immense, invincible : aucun
des héros n'aurait pu en soutenir le choc, depuis qu'ils
avaient laissé loin derrière eux Héraclès, qui, seul, eût été
capable de lui résister, opposant la force à la force. Auprès
de lui, Phaéthon tenait en mains, pour qu'il y montât, le
rapide attelage d'un char à deux places, bien construit : le
roi y monta lui-même, et prit les rênes en mains; il le fit
sortir de la ville et le lança par la vaste route praticable aux
chariots, pour aller assister à la lutte; une foule immense
se répandit à leur suite. — Tel, monté sur son char, Poséidon
se rend aux combats de l'Isthme, ou à Tainaros, ou à la
source de Lerne, ou au bois d'Onchestos Hyantien; tel il
arrive avec ses chevaux à Calauréia ou à Pétra Haimo-
n
l3o LES ARGONAUTIQUES
nienne, ou au Géraistos, planté d*arbres : semblable au dieu
apparaissait Aiétès, roi des Colchiens.
V. 1246-1277. Cependant, suivant les instructions de Médée, Jason avait
fait fondre la substance merveilleuse, et en avait enduit
son bouclier, sa forte lance et son épée. Autour de lui, ses
compagnons mirent ses armes à Tépreuve, en usant de
toutes leurs forces: mais ils ne pouvaient pas le moins du
monde faire plier cette lance, qui, résistant au contraire à
leurs mains robustes, s*éiait durcie en séchant. Plein de
rage, TApharéien Idas frappa avec sa grande épée sur la
pointe qui terminait le bas de la lance. Mais 1 epée rebondit
comme le marteau du forgeron repoussé par Tenclume : un
frémissement de joie agita les héros, car ils concevaient
bonne espérance de la lutte. Ensuite, Jason s'enduisit tout
entier de la substance merveilleuse; il fut pénétré d*une
force effrayante, indicible, irrésistible: la vigueur coulait
comme une sève dans ses deux mains devenues admirable-
ment robustes. Tel, un cheval guerrier qui désire la bataille
avec impatience, hennit, frappe le sol en bondissant, puis
se cabre, dresse Toreille et lève la tête : aussi ardent était
TAisonide, plein de confiance dans la force de ses membres.
Il allait de tous côtés, à grands pas, d*une démarche fière,
brandissant dans ses mains son bouclier d'airain et sa lance^
On aurait cru voir s'élancer du haut du ciel sombre Téclair
dont les fréquentes lueurs, pendant la tempête, sillonnent les
nuages, quand ils vont amener la pluie noire à leur suite.
— Les héros ne pouvaient pas rester éloignés plus longtemps
du lieu du combat; ils se placèrent en ordre à leurs bancs
de rameurs, et amenèrent vite le navire au rivage de la
plaine d'Ares. Cette plaine se trouvait au delà de la ville et
de Tautre côté que celui oti ils étaient, à la distance qui
sépare de la barrière, limite du champ des luttes, la borne
qu'un char doit atteindre, dans les jeux que les chefs d'un
peuple, après la mort du roi, proposent à ceux qui se dispu-
tent le prix, soit à pied, soit en char. Ils trouvèrent au lieu
du combat Aiétès et la foule des Colchiens; ceux ci s'étaient
CHANT TROISIÈME ^ l3l
placés sur les rochers du Caucase, et le roi se tenait au bord
du fleuve^ à l'endroit oti il y a un tournant.
Quand les amarres eurent été attachées par ses compa- v. 1278-1437.
gnons, TAisonide sauta du navire et marcha au combat avec
son bouclier et sa lance; il prit aussi son casque d'airain
brillant, qui était rempli des dents aiguës du serpent; nu^
l'épée suspendue aux épaules, il semblait à la fois aussi fort
qu'Ares et aussi beau qu'Apollon, le dieu aux armes d'or.
Il jeta les yeux sur la jachère et vit le joug d'airain destiné
aux taureaux, et, à côté, une charrue d'une seule pièce, tout
entière du métal le plus dur. Il s'en approcha jusqu'à la
toucher, et enfonça tout auprès sa terrible lance, qui se tint
droite sur la pointe inférieure; contre sa lance, il appuya
son casque et le laissa à terre. Alors, couvert de son bouclier,
il s'en alla plus avant dans la plaine, cherchant des traces
certaines des taureaux. Tout à coup, sans qu'il s'y attendît,
sans qu'il sût d'oti ils venaient, sortant d'un abîme souter-
rain où étaient leurs affreuses étables, enveloppés de tous
côtéi d'une épaisse vapeur, les deux taureaux se précipitèrent
à la fois, en exhalant une flamme éclatante. Les héros furent
saisis de crainte à leur vue : mais, solide sur ses jambes
écartées, Jason attend leur choc : tel un écueil qui s'avance
dans la mer résiste aux flots excités par les tempêtes déchaî-
nées. Il tenait devant lui son bouclier qu'il leur présentait :
les deux taureaux, en mugissant, le frappèrent de leurs
cornes solides: mais leur impétuosité; ne put pas l'ébranler
le moins du monde. De même que, dans ces creusets ouverts
par un bout, où l'on fond des métaux, les soufflets de cUir
solide que les ouvriers manient, tantôt s'illuminent des
reflets du feu violent qu'ils allument, tantôt se tiennent en
repos : et alors il s'exhale un épouvantable frémissement,
car l'air s'échappe du fond de l'appareil : de même les deux
taureaux soufflaient une flamme rapide qui sortait à grand
bruit de leur gueule. L'éclat ennemi de la flamme brillait
autour du héros comme les éclairs d'un orage; mais le
charme donné par la jeune fllle le protégeait. Il saisit par
l32 LES ARGONAUTIQUES
rextrémité de sa corne le taureau qui était à sa droite, et,
usant de toute sa vigueur, il entraîna l'animal maîtrisé
jusqu'auprès du joug d'airain; là, d'un coup de pied rapide,
lancé sur le pied d'airain du monstre, il le renversa à
genoux sur le sol. Le second taureau s'approchait : il le jeta
lui aussi à genoux, terrassé d'un seul coup. Il avait lancé à
terre loin de lui son large bouclier; et, solidement établi, il
maintenait de part et d'autre sous ses deux mains les deux
taureaux tombés en avant sur leurs genoux : les flammes
l'avaient aussitôt enveloppé.
Aiétès fut saisi d'admiration en voyant la force du héros.
Cependant, les Tyndarides — suivant ce qui avait été réglé
à l'avance entre eux et Jason — lui amenèrent de la plaine
le joug dont il devait couvrir le cou des taureaux : il les
assujettit, en effet, très solidement, puis, saisissant le timon
d'airain, il l'adapta à la pointe de l'extrémité recourbée
qui termine la charrue. Les Tyndarides s'éloignèrent des
flammes et retournèrent au navire. Quant à Jason, il reprit
son bouclier, le plaça derrière lui sur ses épaules, et il saisit
son casque solide rempli des dents aiguës du dragon, et sa
lance invincible qu'il tint par le milieu : tel un laboureur
aiguillonne de sa perche Pélasgique les bœufs dont il pique
les flancs. Jason dirigeait d'une main ferme le manche de la
charrue solidement adapté et fait de l'acier le plus dur.
Pendant un moment, la fui^ur des animaux fut terrible; ils
vomissaient des torreçts de flammes, et leur souffle s'élevait,
semblable à l'agitatioh des vents mugissants, grande terreur
des navigateurs qui alors carguent leur large voile. Mais
bientôt, contraints par la lance, ils marchèrent; derrière eux,
l'âpre jachère se brisait, fendue par la force des taureaux et
la vigueur du laboureur. Cependant, des mottes de terre,
grosses à faire la charge d'un homme, éclataient avec un
bruit affreux dans le sillon de la charrue; le héros marchait
à la suite, appuyant son robuste pied sur le coutre, et
il jetait les dents loin de lui dans la terre qu'il ne cessait
de labourer : il se retournait, craignant d'être prévenu par
CHANT TROISIÈME l33
l'attaque des hommes nés de la terre, funeste moisson qui ,
allait sortir du sol. Et les taureaux peinaient, enfonçant
toujours plus avant leurs ongles d'airain.
A l'heure oQ, depuis le matin, I0 jour a tellement avancé
qu'il n'en reste plus que la troisième partie à accomplir, alors
que les laboureurs fatigués appellent avec impatience le
moment qui leur est si doux où l'on dételle les bœufs, à cet .
instant, Jason, le laboureur infatigable, avait fini de défoncer
la jachère, quoiqu'elle fût vaste de quatre arpents ; il détachait
les taureaux, et les effrayait pour leur faire prendre la fuite
dans le champ. Quant à lui il retourna au navire, profitant
de ce qu'il ne voyait encore sortir des sillons aucun des
guerriers, fils de la terre. Ses compagnons l'entouraient avec
des paroles d'encouragement; et lui, il puisa avec son casque
même dans le fleuve, et l'eau apaisa sa soif. Il courba ses
genoux rapides, et son grand cœur se remplit de force; il
attendait, impatient, le combat : tel un sanglier qui aiguise,
ses dents pour attaquer les chasseurs; dans sa rage, l'écume
qui sort de sa gueule coule en abondance sur le sol, autour
de lui.
Déjà, par tout le champ, on voyait s'élever, comme des
épis, les fils de la terre; et de tous côtés se hérissait de '
solides boucliers, de lances à deux pointes et de casques
splendides, Tenceinte d'Ares, dieu qui fait périr les hommes :
et, du sol, l'éclat du métal montail à travers les airs jusqu'au
ciel. Comme on voit, dans une nuit noire où la neige est
tombée sur la terre en grande quantité, la tempête dissiper
ensuite les nuées hivernales et les astres apparaître tous en
rangs pressés, éclatants de splendeur au milieu des ténèbres :
de même ces guerriers resplendissaient, à mesure qu'ils
s'élevaient de terre. — Mais Jason se souvint des instruc-
tions que lui avait données Médée, féconde en ruses. Il
arracha du sol une grande pierre arrondie, disque terrible
d'Ares Ényalios: certes, quatre hommes dans la force de
l'âge n'auraient pu la soulever de terre. Jason la saisit et, de
bien loin, il la lança, en bondissant, au milieu d'eux; puis,
l34 LES ARGONAUTIQUES
il s'assit à l'abri de son bouclier qui le cachait : it était plein
de confiance. Les Colchiens poussaient de grands cris : tels
les mugissements de la mer, quand elle se lance avec bruit
contre des rocs aigus. Mais, en voyant lancer ce disque
immense, une muette sttipeur s'empara d'Aiétès. Quant aux
guerriers, semblables à des chiens impétueux qui se sautent
dessus mutuellement, ils se déchiraient en hurlant; certains
d'entre eux tombaient sous les coups de leurs lances vers la
terre, leur mère, comme des pins ou des chênes que les
tourbillons du vent renversent. Tel, du haut du ciel, un
astre de feu est lancé, laissant derrière lui une trace lumi-
neuse, prodige étonnant aux yeux des hommes qui le voient
passer rapidement dans sa splendeur au milieu de Tair
obscur : tel le fils d'Aison se précipita contre les guerriers
nés de la terre. Il portait son épée nue hors du fourreau, et
il frappait, moissonnant au hasard ceux en grand nombre
dont la moitié du corps, jusqu'aux fkncs et au ventre,
émergeait seule encore à la lumière du jour, et ceux qui
sortaient de terre jusqu'aux membres inférieurs, et ceux qui
commençaient à se tenir debout, et ceux dont les pieds se
hâtaient vers le combat. De même, si, un jour, la guerre
s'élève aux frontières, le maître d'un champ qui craint que
fes ennemis ne le préviennent en coupant sa moisson, saisit
à deux mains sa faux flexible qu'il vient d'aiguiser et se hâte
de couper les épis qui ne sAnt pas encore mûrs : il n'attend
pas la saison oti les rayons du soleil les auront desséchés :
de même, Jason fauchait la moisson des enfants de la terre;
et le sang remplissait les sillons, comme l'eau remplit le
canal d'une fontaine. Ils tombaient les uns en avant, prenant
entre leurs dents le sol raboteux et le mordant, les autres en
arrière, ou sur les mains et sur le flanc; et en voyant ces
corps étendus on eût cru voir des baleines. Plusieurs, blessés,
avant d'avoir détaché leurs pieds du sol, courbés sous le
poids de leur tête qui se laissait tomber, inclinaient vers la
terre tout ce qui de leur corps s'était élevé à l'air libre. C'est
ainsi que des plantes accablées par les pluies sans fin que
CHANT TROISIÈME I 35
Zeus envoie, des plantes qui viennent de grandir dans une
pépinière, s'affaissent vers la terre, brisées jusqu'aux racines^
elles, Tobjet des travaux des cultivateurs. Il baisse la tête,
envahi par une mortelle tristesse, le possesseur du fonds de
terre qui a fait la plantation. Cest ainsi que le roi Aiétès
sentait son coeur envahi par une douleur accablante. 11 partit,
reprenant le chemin de la ville, en même temps que les
Colchiens : il pensait au moyen le plus prompt de se venger
des héros.
Le jour disparaissait, et Jason avait accompli le travail
imposé.
»■ I
V!
CHANT IV
SOMMAIRE
Invocation i U Muse (i-S). — Projets d'Aiétèf et angoisses de Mèdée (6-33). — Elle s'enfuit
du palais pendant la nuit (34-6;). — Elle va rejoindre les Argonautes (66-91). — Les
héros conduisent le navire à la rive où se trouve la toison (92-108). — Avec l'aide de
Médée, Jason s'empare de la toison d'or (109-182). — Départ des Argonautes (183-21 1).
— Aiétés donne l'ordre de poursuivre les héros (212-23 j)- — Poursuivis par les Colchiens,
les Argonautes débarquent en Paphlagonie (2 3 6-2 $2). — Argos leur indique la route à
suivre (2(3-293). — Les Argonautes pénétrent dans l'Ister (294-302). — Les Colchiens
leur ferment le passage vers la mer (303-337). — Convention des Argonautes avec les
Colchiens (338-349). — Reproches de Médée à Jason ; le héros l'apaise et ils décident tous
deux de tuer Apsyrtos par trahison (3SO-444). — Imprécation du poète contre Êros(44$-
4SI). — Apsyrtos est tué par Jason (4;2-48i). — Les Argonautes s'embarquent, sur le
conseil de Pelée, et les Colchiens renoncent i les poursuivre (482-$ 21). — Les héros
abordent chez les Hylléens ($22-ssi). — Zeus ordonne à Jason et à Médée de se faire
purifier par Ctrcé du meurtre d' Apsyrtos ($ S2*$9i)- — ^ navire Argo entre dans l'Êridan
($92-626). — Il passe de ce fleuve dans le Rhodanos d'où il sort, en face des îles
Stoichades (627-6$ 8). — Il arrive à l'Ile de Circé (6; 9-684). — Jason et Médée se font
purifier par Circé (68s*7i7). — Circé, ayant appris qui est Médée, la chasse de sa
demeure (718-752). — Héra ordonne à Thétis de secourir le navire Argo dans les difficiles
parages de Charybde et de Scylla (7S 3-832). — Thétis va annoncer à Pelée le secours que
ses soeurs et elle porteront aux Argonautes d'après les ordres d'Héra (833-884). —Le
navire Argo passe en vue de l'île des Sirènes; les Néréides le sauvent des Roches-
Errantes (88$-98i). — Arrivée des héros chez les Phaiaciens. Les Colchiens viennent
réclamer Médée ; supplications adressées par la jeune fille à la reine Arété et aux héros
(982-1067). — Arété obtient d'Aldnoos que, si Médée est déjà la femme de Jason, il ne la
rendra pas aux Colchiens (1068-1109). — Arété prévient Jason de la décision d'Alcinoos;
les héros se hâtent de célébrer le mariage (iz lo-i 169). — Alcinoos rend son arrêt; départ
des Argonautes (1170-1227). — La tempête jette Argo dans la Syrte de Libye; désespoir
des héros (1228-1304). — Les déesses tutélaires de la Libye apparaissent à Jason; prodige
qu'elles montrent aux Argonautes (130$-! 379). — Les héros portent le navire sur les
épaules jusqu'au lac Triton; gr&ce aux Hespérides, ils trouvent une source (i 380-1460).
Quelques héros vont à la recherche d'Héraclès (i46i-i$oi). — Mort de Mopsos
(i $02-1 $36). — Le dieu Triton conduit le navire hors du lac et le fait pénétrer dans la
mer (iS 37-1^37)* — Épisode du géant Talos (1638-1693). — Arrivée des héros à l'Ile
Anaphé (1694-1730). — Le songe d'Euphémos; Jason l'interprète (1731-1764). — Arrivée
k llle Aiginé (x76$-i772). — Conclusion du poème (1773-1781).
18
l38 LES ARGONAUTIQUES
V. i-s. Maintenant, dis-moi toi-même, 6 déesse,
[Muse, enfant de Zeus, la peine et les
l projets de la jeune fille Colchtenne. Car
mon esprit profondément troublé s'agite
dans l'impossibilité de prononcer si je
[dois attribuer à la dure passion d'amour
taialité, ou aux outrages dont on l'accablait,
la fuite qui lui a fait quitter les nations de Colchide.
V. 6-33- En effet, au milieu des hommes les plus illustres de
son peuple, Aiélés passa, dans son palais, toute la nuit à
combiner des ruses profondes contre les héros. Ce combat
odieux excitait dans son âme une colère sans bornes; et
il soupçonnait bien que toutes ces choses ne s'étaient pas
accomplies sans le concours de ses filles.
Cependant, Héra jeta dans le cœur de Médée une terreur
pleine d'angoisses. La jeune fille se mit à trembler, comme
une biche légère, effrayée au plus profond d'un taillis épais
par les aboiements des chiens qui s'appellent. Aussitôt,
elle se persuada, en toute sincérité, que l'assistance qu'elle
avait donnée àJason n'était pas ignorée de son père, et qu'il
allait bientôt mettre le comble à sa misère. Elle redoute ses
esclaves qui savent tout; et, aussitôt, ses yeux s'emplissent de
flammes, et à ses oreilles retentissent des bruits effrayants;
à plusieurs reprises, elle porta violemment les mains à sa
gorge; à plusieurs reprises aussi, elle arracha les boucles de
sa chevelure en gémissant, dans son chagrin lamentable. Et
certes, à ce moment, la jeune hlle serait morte, contrairement
aux arrêts de la destinée, elle aurait pris du poison et rendu
ainsi inutiles les desseins d'Héra, si la déesse ne lui avait
inspiré, au milieu de son effroi, l'idée de fuir avec les fils de
Phrlxos. Et, dans sa poitrine, son cœur agité se calmait;
ses projets étaient changés. Aussitôt, elle tira du pli de
son vêtement toutes les substances vénéneuses, et les jeta
ensemble dans le cotfret d'où elle les avait tirées. Elle
embrassa son lit et les montants qui, des deux côtés, entou-
raient la porte aux doubles battants, elle c
CHANT QUATRIÈME I Sq
puis, elle arracha de ses mains une longue boucle de cheveux
qu'elle laissa dans la chambre, souvenir de sa virginité des-
tiné à sa mère, et, élevant la voix, elle se lamenta : « Je m'en
vais, te laissant au lieu de moi cette longue boucle de cheveux,
ô ma mèret Sois heureuse! c'est le souhait de celle qui s'en
va au loin. Sois heureuse, ô Chalciopé! Que toute la maison
soit heureuse!... Mais plût au ciel que la mer t'eût englouti,
ô étranger, avant ton arrivée à la terre de Colchide! »
Elle parla ainsi; et de ses paupières coulèrent des larmes V. 34-65.
abondantes. — Telle, d'une demeure opulente, s'échappe
une jeune femme qui y a été amenée captive, enlevée
naguère à sa patrie par la destinée : elle n'a jamais eu l'expé-
rience des labeurs difficiles; elle n'est pas accoutumée à la
misère; c'est avec un étonnement indigné qu'elle se voit
soumise aux travaux de la servitude, entre les mains d'une
maîtresse exigeante. — Semblable à cette femme, l'aimable
jeune fille sortit du palais. Devant elle, les verrous des
portes cédèrent d'eux-mêmes, se retirant en arrière sous
l'influence rapide de ses incantations. Pieds nus, elle courait
par les rues étroites, étendant de sa main gauche son long
voile sur ses belles joues et sur son front, jusque par-dessus
les sourcils, et, de sa main droite, relevant les bords de sa
tunique, q^ui tombaient jusqu'à ses pieds. Rapidement, sa
frayeur l'entraîna, par la route obscure, hors des murailles
de la ville spacieuse; personne ne la reconnut parmi les
gardiens, et elle put s'échapper à leur insu. De là, elle
résolut de se diriger vers le temple; elle n'ignorait pas les
routes, car elle avait souvent autrefois erré dans ces lieux à la
recherche des cadavres et de ces racines cachées dans la terre,
dont la puissance est irrésistible, comme ont coutume de le
faire les femmes qui s'occupent de magie; et son cœur était
secoué par une terreur qui la faisait trembler. Mais la déesse,
fille du Titan, qui commençait à s'élever de l'extrémité de
l'horizon, la Lune, en la voyant errer de la sorte, se réjouis-
sait ardemment, et parlait ainsi en elle-même: «Je ne suis
donc pas la seule à m'enfuir vers la caverne du Latmos; je
140 LES ARGONAUTIQUES
ne suis pas la seule à me consumer d'amour pour le bel
Endymion. Oui, bien des fois, par tes habiles incantations
tu m'as fait souvenir de ma passion, tu m'as fait descendre
du ciel pour pouvoir, dans la nuit obscure, te livrer, sans
être inquiétée, à ces opérations magiques qui te sont si
chères. Mais voici sans doute que tu as en partage une
semblable calamité. Un dieu cruel a voulu que Jason t'ame-
nât cette peine affligeante : mais val malgré toute ta sagesse,
il te faut supporter une souffrance qui te fera pousser bien
des gémissements! >»
V. 66-91. Ainsi parla la déesse; cependant la jeune fille se hâtait,
et ses pieds la portaient rapidement. C'est avec bonheur
qu'elle monta sur les rivages escarpés du fleuve, voyant sur
l'autre bord l'éclat du feu que les héros faisaient briller
toute la nuit, en signe de la joie que leur avait causée l'issue
du combat. Alors, du milieu des ténèbres où elle se trouvait
sur la rive opposée, elle appela bien haut — sa voix était
perçante — le plus jeune des fils de Phrixos, Phrontis.
Celui-ci, comme ses frères et comme Jason lui-même, devina
que c'était la voix de Médée. Leurs compagnons demeuraient
dans un silence fait d'étonnement, car ils avaient compris
ce qui était vrai en effet. Trois fois, Méd^ répéta son cri ;
et, trois fois, sur les conseils de ceux qui l'entouraient,
Phrontis lui répondit en criant de son côté; cependant les
héros, avec leurs rames rapides, conduisaient le navire vers
la jeune fille. Ils n'avaient pas encore lancé les amarres
sur la rive opposée à celle d'où ils étaient partis, que Jason
se hâta de sauter à terre du haut du tillac; et, après lui,
Phrontis et Argos, tous deux fils de Phrixos, s'élancèrent
sur le rivage. Mais elle, leur saisissant les genoux dans
ses deux mains, parla ainsi: «Mes amis, arrachez-moi,
malheureuse que je suis, et en même temps arrachez-vous
vous-mêmes à Aiétès ! Car tout est découvert, il n'y a plus
de moyen de salut: fuyons sur le navire avant qu'il soit
monté sur son char traîné par de rapides chevaux. Je vous
donnerai la toison d'or, ayant endormi le dragon qui la
CHANT QUATRIÈME 141
garde. Mais toi, étranger, prends d'abord, en présence de
tes compagnons, les dieux à témoin des promesses que tu
m as faites, pour que tu ne me laisses pas m'éloigner d'ici,
rendue méprisable et vile par l'absence de défenseurs qui
me protègent! »
Elle parla ainsi, en proie à la douleur; mais le cœur de V. 92-108.
l'Aisonide était plein de joie; aussitôt, il releva doucement
en l'embrassant la jeune fille qui était tombée à ses genoux,
et il lui adressa ces paroles encourageantes: «Chère amie,
je prends à témoin de mon serment Zeus Olympien lui-
même, et l'épouse de Zeus, Héra qui préside au mariage :
oui, je t'établirai dans ma demeure à titre d'épouse légitime,
dès que nous serons de retour dans le pays d'Hellade! »
Il dit, et serra aussitôt de sa main droite la main de la
jeune fille; et elle, cependant, les engagea à faire avancer
en hâte le navire rapide vers le bois sacré, pour pouvoir,
tant que la nuit durait encore, enlever la toison, contre la
volonté d'Aiétès. Telle était leur hâte que l'action eut lieu
presque en même temps que ses paroles. Car, ayant embar-
qué Médée, ils poussèrent bien vite le navire loin du
rivage; et les héros faisaient grand bruit, courbés sur leurs
rames. Mais, se retournant brusquement, elle étendait les
mains vers la terre, profondément troublée; cependant,
Jason l'encourageait par ses paroles, et la retenait dans sa
douleur.
Au moment oii les chasseurs secouent le sommeil appe- V. 109-182.
santi sur leurs yeux, — les chasseurs qui, malgré la confiance
qu'ils ont dans leurs chiens, ne dorment jamais aux appro-
ches du matin, craignant que la lumière de l'aurore ne fasse
disparaître la trace et l'odeur des bétes sauvages, si elle a eu
le temps d'accabler la terre de ses blancs rayons, — à ce
moment, l'Aisonide et la jeune fille débarquèrent dans un
endroit couvert d'herbes, qu'on appelle ia couche du Bélier : .
car c'est là que, pour la première fois, se plièrent les genoux
fatigués de l'animal qui portait sur son dos le Minyen, fils
d'Athamas. Aux environs se trouvaient, noircis par le feu,
142 LES ARGONAUTIQUES
les fondements de l'autel qu'autrefois TAiolide Pbrixos avait
élevé à Zeus protecteur des fugitifs, pour immoler le prodi-
gieux animal tout en or, suivant les instructions qu'Hermès
bienveillant était venu lui donner. C'est en cet endroit que,
sur les conseils d'Argos, les héros firent descendre Jason et
Médée. Par le sentier, ils arrivèrent tous deux au bois sacré,
cherchant le chêne immense oti était suspendue la toison,
semblable à un nuage que rougissent les rayons enflammés
du soleil levant.
Mais, précisément devant l'arbre, le dragon aux sens
pénétrants tendait son cou très long en les voyant s'appro-
cher, grâce à ses yeux toujours en éveil, et il faisait entendre
un horrible sifflement; et, aux alentours, les vastes rivages
du fleuve et l'immense étendue de la forêt retentissaient. Ils
entendirent ce sifflement ceux qui, bien loin de la Tita-
nienne Aia, habitaient la terre de Colchide, auprès des
bouches du Lycos, fleuve qui, s'éloignant de l'Araxe sonore,
porte au Phase son cours sacré; et tous deux, réunis en un
seul, coulent vers la mer Caucasienne. La terreur réveilla
les femmes nouvellement accouchées; et elles serrèrent dans
leurs bras, pleines d'angoisse, les tout petits enfants qui
reposaient sur leurs seins, et dont ce sifflement faisait
palpiter le cœur. Comme, au-dessus d'une forêt embrasée,
les tourbillons ardents de fumée s'enroulent immenses,
se suivant sans interruption l'un après l'autre, s'élevant
du fond de ce gouffre de feu : ainsi ce monstre enroulait
les innombrables spirales de son corps couvert d'écaillés
desséchées.
Pendant qu'il se roulait ainsi, la jeune fllle s'avançait en
face de lui, demandant d'une douce voix à Hypnos protec-
teur, le plus puissant des dieux, de fasciner le monstre;
elle invoquait aussi la reine vagabonde des nuits, la déesse
souterraine, en la priant de donner à l'entreprise une issue
favorable. L'Aisonide suivait, plein de terreur; mais déjà le
monstre, charmé par Tincantation, laissait fléchir la longue
arête de son corps sinueux né de la terre, et il dénouait
CHANT QUATRIÈME 143
ses nœuds innombrables. Tel, sur une mer languissante^
se roule un flot noir, qui va sans force et sans bruit.
Cependant, le dragon tenait encore haute son horrible
tête, plein du désir de les saisir tous deux dans ses
mâchoires funestes. Mais, au moyen d'une branche de
genévrier récemment coupée, puisant les pures substances
qui composaient la préparation magique, Médée lui en
arrosait les yeux, en chantant; et Todeur pénétrante de
ces substances l'enveloppa d'un profond sommeil. Il laissa
retomber sa mâchoire, et s'abattit à l'endroit même où il se
tenait; et ses innombrables anneaux s'étendaient bien loin
en arrière dans la forêt aux arbres abondants.
Alors Jason enleva du chêne la toison, sur Tordre de la
jeune fille; mais, se tenant toujours dans la même attitude,
elle continua à enduire de la substance magique la tête du
monstre, jusqu'au moment oti Jason lui dit de retourner au
navire; et elle quitta le bois obscur d'Ares. — Telle, au
moment oQ la splendeur de la pleine lune brille au-dessus
de l'étage supérieur de la maison, une jeune fille en recueille
les rayons sur sa robe d'un fin tissu; et son cœur se réjouit
profondément à la vue de la lueur éclatante : tel, à ce
moment, Jason, plein de joie, élevait dans ses mains la
grande toison; et, sur ses joues qui se doraient, sur son
front, l'éclat de la laine mettait un rouge ardent semblable
à celui du feu. — Aussi vaste est la peau d'une génisse d'une
année, ou celle d'une de ces biches que les chasseurs appel-
lent biches achaïnéennes, aussi grande était la surface de
la toison d'or chargée de lourds flocons; et toufoSps le sol
resplendissait bien loin devant les pieds de Jason. Il s'avan-
çait, tantôt la portant sur son épaule gauche, — et alors
depuis son cou, elle descendait jusqu'à ses pieds, — tantôt
il la prenait dans ses mains et la roulait, car il avait grand'-
peur que quelque homme ou quelque dieu ne survînt pour
la lui enlever.
La lumière d'Èos se répandait déjà sur la terre quand ils V. 183-aix.
rejoignirent l'assemblée des héros. Les jeunes gens furent
144 LES ARGONAUTIQUES
saisis d'étonnement à la vue de cette immense toison qui
brillait, semblable à Téclair de Zeus. Chacun s'élança avec
le désir de la toucher et de la manier. Mais l'Aisonide les
écarta, et, ayant jeté sur la toison un manteau nouvellement
fait, il la déposa à la poupe et y fit asseoir la jeune fille. Puis
il s'adressa en ces termes à tous ses compagnons : « Main-
tenant, amis, n'hésitez pas davantage à retourner vers la
patrie. Car nous avons heureusement accompli, grâce aux
conseils de cette jeune fille, ce qui avait rendu nécessaire
cette navigation pénible que nous avons accomplie en
faisant effort au milieu des difficultés. Cette jeune fille, je
ramènerai de son plein gré dans ma maison, comme mon
épouse légitime. Vous, comme elle porte un courageux
secours à TAchaïe entière et à vous tous en particulier,
veillez à son salut. Car, j'en suis bien sûr, Aiétès viendra
avec une troupe nombreuse nous empêcher de passer du
fleuve dans la mer. Aussi, que, sur le navire, les uns —
chaque homme s'asseyant à son tour à la place d'un autre
homme — manœuvrent les rames; que les autres — la
moitié de notre troupe — tenant dressés devant eux les
boucliers en peau de bœuf, rapide protection contre les
traits ennemis, assurent notre retour. Car maintenant, mes
amis, nos enfants, notre patrie, nos .parents vénérables,
nous les avons entre nos mains. L'Hellade a l'esprit fixé
sur notre entreprise qui lui donnera ou la honte ou une
grande gloire. »
Il parla ainsi et revêtit ses armes de guerre; ses compa-
gnons a'dkclamèrent, pleins d'une ardeur qui venait des
dieux. Maïs Jason, ayant tiré son épée du fourreau, trancha
les amarres qui retenaient le navire du côté de la poupe;
puis il alla, tout armé, près de la jeune fille, se placer, pour
l'aider, aux côtés du pilote Ancaios; et le navire était poussé
à force de rames, car les héros se hâtaient de le faire sortir
du fleuve le plus tôt possible.
V. 212.235. Mais déjà le superbe Aiétès et tous les Colchiens connais-
saient bien Tamour de Médée et tout ce qu'elle avait fait;
CHANT QUATRIÈME 146
lis se rassemblaient en armes sur la place publique : aussi
nombreux les flots de la mer se soulèvent sous Taction
d'un vent de tempête, aussi nombreuses, d'une forêt que des
branches ombragent de toutes parts, les feuilles tombent à
terre dans un de ces mois qui dépouillent les arbres — et
qui pourrait en apprécier le nombre? — Aussi nombreux
les Colchiens arpentaient les rivages escarpés du fleuve,
en poussant des cris de fureur; sur son char bien cons-
truit, Aiétès se distinguait entre tous, grâce à ses chevaux
qu'Hélios lui avait donnés, rapides comme le soufRe du
vent. Il élevait de sa main gauche un bouclier arrondi, de
l'autre, une immense branche de pin; à ses côtés se dressait
sa larïce énorme. Apsyrtos avait en mains les rênes des
chevaux. Mais déjà, bien loin de la côte, le navire fendait
les flots, poussé par de vigoureux rameurs et par le courant
du grand fleuve qui se précipite dans la mer. Le roi, sous
le coup d'un malheur qui lui causait une grande peine, leva
les bras et invoqua Hélios et Zeus, témoins des mauvaises
actions; il appela aussitôt des malédictions sur son peuple
entier. Si on ne lui ramenait pas la jeune fille soumise à
son pouvoir, qu'on la découvrît sur terre, ou dans le navire,
au milieu des flots de la mer navigable, si Aiétès ne pouvait
apaiser son cœur avide de se venger de tous ces forfaits,
leurs têtes éprouveraient toute sa colère; ils supporteraient
tout le poids de son propre malheur.
Ainsi parla Aiétès; et, dans ce même jour, les Colchiens v. 236-252.
tirèrent les vaisseaux dans les flots, les munirent de tous
leurs agrès et prirent la mer : à leur vue, on n'aurait pas
cru avoir devant les yeux une simple expédition navale,
mais un peuple innombrable d'oiseaux réunis en troupe et
frémissants sur la mer.
Cependant, d'après les desseins de la déesse Héra qui
voulait que Médée, la jeune fille d'Aia, arrivât le plus tôt
possible sur la terre Pélasgienne, comme un fléau pour la
maison de Pélias, le soufHe du vent entraînait rapidement
les héros, et, à la troisième aurore, ils attachèrent les
19
146 LES ARGONAUTIQUES
amarres du navire sur les rivages des Paphlagoniens, en
avant du fleuve Halys. Alors, descendus à terre, la jeune fille
leur ordonnait d'apaiser Hécate par des sacrifices. Mais ce
sacrifice, les préparatifs qu'elle fit pour l'accomplir, que
personne n'en soit instruit; que mon cœur ne me pousse
pas à en faire l'objet de mes chants! La crainte m'empêche
de parler... Depuis ce temps, il est un monument que les
héros élevèrent à la déesse sur la falaise; il subsiste toujours
et peut aujourd'hui encore être vu de bien loin par les
hommes nés longtemps après Texpédition.
V. 253-393. Aussitôt Jason se souvint, et les autres héros comme lui,
des paroles de Phinée, qui avait dit qu'il fallait naviguer
par une autre route pour revenir d'Aia; mais aucun d'eux
ne savait rien de cette route. Comme ils avaient grand désir
de savoir, Argos leur parla ainsi : « Nous nous en retournons
vers Orchomène où vous a dit d'aller cet infaillible devin
que vous avez rencontré naguère. Il y a pour la navigation
une autre route qu'ont révélée ces prêtres des immortels
qui sont originaires de Thèbes la Tritonienne. Alors que
tous ces astres qui font leur révolution dans le ciel n'exis-
taient pas encore, alors que ceux qui s'en seraient informés
n'auraient pas entendu parler de la race sacrée des Danaens,
alors que seuls existaient les Arcadiens Apidanéens, les
Arcadiens qui, suivant ce que dit la renommée, existaient
antérieurement à Séléné, se nourrissant de glands dans
les montagnes; alors la terre Pélasgienne n'avait pas encore
pour rois les illustres fils de Deucalion : déjà en ce temps
l'Ééria, riche en moissons, était célèbre, l'Egypte, mère
d'une jeune population, la première qui soit venue au
monde; et le fleuve Triton au large cours était célèbre
aussi, lui qui arrose toute TÉéria. Car Zeus n'y fait jamais
tomber la rosée de la pluie : les inondations du fleuve suffi-
sent à faire monter les blés en épis. C'est de là, dit-on,
qu'un homme partit pour faire le tour de toute l'Europe
et de toute l'Asie, confiant dans la force et la vigueur de
ses soldats et dans sa propre audace; sur sa route, il fonda
CHANT QUATRIÈME 147
dix mille villes; il en est encore çà et là qui sont habitées
aujourd'hui; les autres ne le sont plus: car il s'est écoulé
depuis lors une bien longue suite d'années. Mais Aia subsiste
encore aujourd'hui, ainsi que les descendants des hommes
qu'il avait établis dans Aia pour y habiter. Ceux-ci conser-
vent des colonnes qui ont été gravées par leurs pères, et oQ
se trouvent toutes les routes de la terre et de la mer, les
termes de tous les voyages que l'on peut entreprendre. Or,
il y a un fleuve — bras extrême de l'Océan — qui est large
et très profond et qui peut être traversé par un navire de
transport; ils le nomment l'Ister, et l'ont indiqué bien
loin sur ces colonnes. En vérité, l'Ister est, pendant un long
espace, le seul de tous les fleuves qui coule à travers la terre
immense; car, au delà du pays où souffle le Borée, ses
sources lointaines murmurent dans les monts Riphées. Mais,
une fois entré sur le territoire des Thraces et des Scythes,
alors il se divise en deux branches : l'une se jette directement
dans la mer Orientale; l'autre rétrograde et se déverse dans
un golfe profond qui s'étend au-dessus de la mer de Trinacrie,
laquelle est située auprès de votre terre, s'il est vrai que
l'Achéloos jaillisse du sol de votre patrie. 9
Il parla ainsi; et la déesse leur procura un présage favo- V. 294-302.
rable. A cette vue, ils l'interprétèrent tous en s' écriant qu'il
fallait suivre la direction qui leur était indiquée : en effet,
sur une longue étendue, apparaissait le sillon d'un rayon
céleste qui traçait la route à prendre. Ils étaient pleins de
joie; c'est en cet endroit qu'ils laissèrent le flls de Lycos.
Ils naviguaient sur la mer, ayant la voile déployée. Us
passèrent en vue des monts de Paphlagonie, mais ils ne
doublèrent pas le Carambis, car les vents et l'éclat de cette
flamme céleste persistèrent jusqu'au moment oîi ils eurent
pénétré dans le large courant de l'Ister.
Cependant quelques-uns des Colchiens, dont la poursuite V. 303-337-
devait être vaine, sortirent du Pont en passant entre les
roches Cyanées; mais les autres se dirigèrent vers le fleuve :
Apsyrtos les commandait. Celui-ci, s'étant détourné, pénétra
148 LES ARGONAUTIQUES
par la bouche de l'Ister que l'on nomme Calon : aussi,
ayant traversé la langue de terre qui l'en séparait, il arriva
avant les Argonautes au golfe le plus reculé de la mer
Orientale. Car une île, nommée Peucé, est enfermée par
rister; elle est de forme triangulaire, et sa plus grande
largeur s'étend dans le sens de la grève, tandis qu'elle
dirige du côté du courant un angle aigu. Le fleuve se
sépare en deux embouchures qui l'embrassent. On nomme
la première Narécos, et Calon celle qui se trouve en face
de l'extrémité de l'île. C'est par celle-là qu'Apsyrtos et les
Colchiens, plus rapides que les Argonautes, se précipitèrent.
Ceux-ci naviguaient loin d'eux et plus haut, vers la partie
supérieure de l'île. Mais, dans les prairies basses, les sau-
vages bergers abandonnaient leurs innombrables troupeaux,
aussi effrayés à Taspect des navires que s'ils avaient aperçu
des monstres sortant de la mer que peuplent les baleines.
Car ils n'avaient jamais vu les navires qui parcourent les
flots, ces peuples : Scythes mêlés aux Thraces, Siginniens,
Graucéniens, Sindiens, qui habitaient déjà la vaste plaine
déserte de Laurion. Ensuite, les Colchiens côtoyèrent le
mont Angouros et le rocher Cauliacos, qui est bien loin du
mont Angouros; c'est près de ce rocher que l'Ister partage
son courant en deux âeuves qu'il déverse dans la mer à
des endroits différents : ayant enfin dépassé la plaine de
Laurion, ils pénétrèrent dans la mer de Cronos dont ils
interceptèrent tous les passages, pour empêcher les Argo-
nautes de leur échapper. Ceux-ci descendirent après eux le
fleuve, et en sortirent auprès des deux îles Brygéiennes d'Ar-
témis. Dans l'une était un lieu consacré; c'est dans l'autre
que, se préservant de la troupe d'Apsyrtos, ils débarquèrent.
Car, au milieu de beaucoup d'autres îles qui sont dans cet
endroit, les Colchiens avaient respecté ces deux-là par véné-
ration pour la fille de Zeus; mais ils remplissaient les autres,
qui fermaient ainsi tout passage vers la mer. C'est ainsi
qu'ils avaient mis des troupes sur les rivages voisins des
îles jusqu'au fleuve Salangon et jusqu'à la terre Nestienne.
CHANT QUATRIÈME 149
Là, les Minyens auraient alors succombé dans un funeste V. 338-349*
combat, vu leur petit nombre en face d'ennemis trop nom-
breux. Mais ils se hâtèrent, pour éviter une lutte terrible,
de conclure une convention : puisque la toison d'or leur
avait été promise par Aiétès lui-même, dans le cas où ils
auraient accompli les travaux imposés, elle devait toujours
rester de plein droit leur propriété, qu'ils l'eussent enlevée,
malgré le roi, soit par des ruses, soit ouvertement. Quant à
Médée — c'est elle qui faisait l'objet de la contestation —
elle serait remise en dépôt à la vierge, fille de Létô, loin de
la compagnie des héros, jusqu'à ce que quelqu'un des rois
qui rendent la justice eût décidé s'il fallait qu'elle revînt
dans la maison de son père où qu'elle allât à la suite des
héros vers la terre d'Hellade.
Alors la jeune fille, ayant médité dans son esprit toutes V. 350-444-
ces conventions, sentit son cœur cruellement agité par des
angoisses aiguës, incessantes. Aussitôt, elle appela Jason
seul, loin de ses compagnons, l'emmena à l'écart, et quand
ils se trouvèrent bien éloignés, elle lui adressa face à face
ces paroles désolées : « Aisonide, quel arrangement avez-vous
donc préparé ensemble à mon sujet? Est-ce que l'heureuse
fortune t'a amené à une complète absence d'esprit? Est-ce que
tu ne t'inquiètes plus en rien des paroles que tu m'adressais,
alors que tu étais pressé par la nécessité? Où sont les
serments par lesquels tu attestais Zeus, protecteur des
suppliants? Que sont devenues ces promesses, douces comme
le miel? C'est à cause d'elles que, contrairement à mon
devoir, obéissant à de honteux sentiments, j'ai abandonné
ma patrie, la gloire de ma maison, mes parents eux-mêmes,
tout ce que j'avais de plus précieux; loin des miens, seule
avec les tristes alcyons, je suis entraînée sur la mer; et cela,
à cause de tes travaux, pour t'avoir fait achever sain et sauf
tes combats contre les taureaux et contre les géants. En
dernier lieu, la toison — le fait est avéré — c'est grâce à
ma folie que tu as pu t'en saisir; et j'ai jeté sur les femmes
un opprobre funeste. Aussi je prétends, comme ta fille.
l5o LES ARGONAUTIQUES
comme ton épouse et comme ta sœur, te suivre vers la terre
d'Hellade. Maintenant, défends -moi en toute chose avec
bienveillance, au lieu de me laisser seule, loin de toi,
pendant que tu iras chercher l'avis des rois. Voici comment
tu dois me protéger : considère comme immuables la justice
et la loi suivant lesquelles nous nous sommes engagés tous
deux. Ou bien, de ton épée coupe-moi sur-le-champ le
milieu de la gorge, que je reçoive un bonheur convenable
à mes folies. Malheureuse! S'il juge que je dois appartenir
à mon frère, ce roi auquel vous confiez tous deux le soin
de régler ce triste pacte! Comment me présenter devant les
yeux de mon père? C'est sans doute avec une glorieuse
attitude? Quel châtiment, quelle terrible malédiction n*aurai-
je pas à supporter, dans ma misère, pour les crimes que j'ai
accomplis! Mais toi, auras-tu un retour capable de te
réjouir le cœur? Ah! qu'elle ne le permette pas l'épouse
de Zeus, la reine du monde, dont tu te glorifies d'être le
protégé. Puisses-tu te souvenir de moi, un jour, quand tu
seras lentement consumé par les peines! Puisse la toison
s'évanouir comme un songe et disparaître dans les ténèbres
infernales! Que loin de ta patrie, dès que tu y seras arrivé,
mes Érinyes te chassent I C'est ce que moi-même j'ai souffert
de ta perversité. La justice ne permet pas que ces malédic-
tions que je lance tombent à terre sans accomplissement.
Car c'est un bien grand serment que tu as violé, homme
sans pitié! Mais certes vous ne continuerez pas à vous
moquer de moi, vous ne resterez pas longtemps tranquilles,
grâce à vos pactes. »
Elle parla ainsi; et dans son cœur bouillonnait une pro-
fonde colère: elle désirait mettre le feu au navire, en détruire
toute la masse solide, et se jeter ensuite elle-même au milieu
du violent incendie. Jason, qui n'était pas sans craintes, lui
adressa alors ces paroles douces comme le miel : « Apaise-toi,
mon amie. Ce pacte ne me plaît pas non plus à moi-même.
Mais nous cherchons quelque moyen de retarder le combat:
si grande est la nuée d'ennemis dont la colère s'allume
CHANT QUATRIÈME l5l
autour de nous, à cause de toi. Car tous, autant sont-ils
qui habitent cette terre, brûlent de prêter leur aide à Apsyr-
tos,pour te conduire à ton père, pour te faire rentrer, comme
une captive, dans ta maison. Quant à nous, nous mourrons
tous d'une mort misérable, si nous en venons aux mains. Et
notre douleur serait d'autant plus affreuse qu*en mourant
nous te laisserions comme butin à ces hommes. Mais ce
pacte a pour résultat une ruse par laquelle nous ferons aller
Apsyrtos à sa perte. Et les habitants de ces contrées ne
marcheront pas contre nous de concert avec les Colchiens;
ils ne les aideront pas à te prendre, s'ils sont privés du chef
qui est ton protecteur et ton frère. Quant aux Colchiens
seuls, je ne leur céderai pas, je n'hésiterai point à les com-
battre en face, s'ils s'opposent à notre passage. »
Il parla ainsi pour l'apaiser; Médée alors prononça ces
terribles paroles: a Poursuis donc ton projet. Après mes
actions indignes, je dois encore m'occuper de cette perfidie,
puisque, du moment oîi j'ai commencé à me laisser aller à de
coupables égarements, j'ai accompli tant de funestes desseins
inspirés par les dieux. Quant à toi, évite la bataille et les
lances des Colchiens; pour lui, il viendra entre tes mains :
je l'y attirerai par mes séductions. A toi de lui témoigner
ton amitié par des présents splendides; pourvu que je puisse
persuader aux hérauts qui seront envoyés vers lui de le faire
venir seul se mettre d'accord avec moi seule, grâce à mes
paroles; alors, si cette action te plaît, je ne m'oppose à rien,
tue-le et engage la bataille avec les Colchiens. »
C'est ainsi que, d'accord tous les deux, ils formèrent un
terrible complot contre Apsyrtos; ils préparèrent beau-
coup de présents d'hospitalité; ils donnèrent entre autres le
péplos sacré d'Hypsipylé; ce péplos était couleur de pourpre,
c'était l'œuvre des déesses Charités elles-mêmes qui l'avaient
fait pour Dionysos à Dia, que la mer entoure de tous côtés.
Puis, le dieu l'avait donné à son fils Thoas, qui l'avait
laissé à son tour à sa fille Hypsipylé. Celle-ci remit à Jason
ce chef-d'œuvre, comme cadeau d'hospitalité, à emporter
l52 LES ARGONAUTIQUES
avec beaucoup d'autres riches ornements. A le manier, à le
voir même, on ne pouvait rassasier la douce passion qu'il
inspirait, car il s'en exhalait un parfum divin, depuis que le
roi Nyséien lui-même s'y était endormi, ivre à demi de vin
et de nectar, après avoir serré dans ses bras la belle poitrine
de la vierge fille de Minos, par qui Thésée s'était autrefois
fait suivre depuis Cnosse, et qu'il avait abandonnée dans Tile
de Dia. — Cependant Médée communiqua aux hérauts ses
avis mensongers : il s'agissait de lui persuader, aussitôt qu'il
serait arrivé au temple de la déesse, suivant la convention,
et dès que la nuit l'aurait entouré de son ombre obscure,
de venir concerter ses ruses, afin qu'elle-même, s'étant
emparée de la grande toison d'or, elle pût retourner dans la
demeure d'Aiétès; car (il fallait le dire à Apsyrtos) c'était
grâce à la violence que les fils de Phrixos l'avaient fait
emmener par les étrangers. Après avoir dit ces mensonges,
elle répandit dans l'air, au souffle des vents, des substances
magiques dont le charme était capable de faire venir du
haut des montagnes escarpées la bête sauvage, errant dans
le lointain.
V. 44S-45I- Misérable Éros, peine cruelle, grand objet de haine pour
les mortels, de toi viennent les discordes funestes, les gémis-
sements, les cris de deuil et, par surcroît, toutes les
innombrables douleurs dont l'âme est troublée! Arme-toi
contre les fils de mes ennemis, ô dieu, élève-toi contre eux,
tel que tu t'es élevé contre Médée, quand tu as inspiré à son
âme cet égarement odieux 1 Comment, en effet, a-t-elle
dompté par une mort affreuse Apsyrtos qui s'avançait vers
elle? C'est ce qui nous reste encore à chanter.
V. 452-481. Lorsque, suivant ce qui avait été convenu, les Argonautes
eurent laissé Médée dans l'île d'Artémis, les Colchiens
abordèrent en divers endroits, avec leurs vaisseaux, s'étant
séparés les uns des autres. Mais Jason se plaçait en embus-
cade, pour recevoir Apsyrtos, et, ensuite, ses compagnons.
Cependant, Apsyrtos, trompé par les promesses les plus
cruelles, se hâta de traverser sur son navire les flots de la
CHANT QUATRIÈME l53
mer, et, au milieu de la nuit noirô, il aborda dans Tile
sacrée. Se présentant seul en face de sa sœur, il essaya de la
persuader par ses paroles; — tel un petit enfant, en face
d'un torrent gonflé par les tempêtes, que les hommes, qui
sont dans la force de l'âge, n'essaieraient pas eux-mêmes de
traverser; — il voulait la persuader de préparer quelque
piège aux hommes étrangers. Us étaient d'accord sur toutes
choses, quand l'Aisonide bondit de sa perfide embuscade,
tenant dans la main son épée nue. Aussitôt, la jeune fille
détourna les yeux et se couvrit de son voile, pour ne pas
voir le meurtre de son frère qui allait être frappé. Jason;
comme un tueur de bœufs qui s'attaque à un grand taureau
dont la force réside dans les cornes, frappa Apsyrtos qu'il
épiait. C'était près du temple qu'avaient élevé à Artémis les
Brygiens qui demeurent sur le continent, en face de l'île.
Le héros s'abattit à genoux dans le vestibule du temple,
et enfin, exhalant son dernier souffle, il recueillit dans ses
deux mains le sang de couleur foncée qui sortait de sa
blessure ouverte, et en rougit le voile blanc et le péplos de
sa sœur qui se détournait. Et cependant, celle qui dompte
tout, l'impitoyable Érinys vit, aussitôt, de son œil au regard
oblique, l'horrible forfait qu'ils venaient d*accomplir. Mais
le héros Aisonide trancha les extrémités des membres du
mort; trois fois, il essuya le sang en le léchant, et, trois fois,
il cracha hors de ses dents ce sang expiatoire; car c'est ainsi
qu'il est permis aux meurtriers d'expier le meurtre commis
par trahison. Puis, il ensevelit dans la terre le cadavre
humide de sang, à Tendroit où ses os gisent encore aujour-
d'hui, dans le pays des hommes Apsyrtiens.
Mais, ayant aperçu en face d'eux l'éclat d'une torche, v. 482-521
signal que la jeune fille avait élevé pour les faire venir, les
héros lancèrent leur navire contre le navire colchien. Ils
massacrèrent l'équipage des Colchiens, comme des éperviers
font d'une troupe de colombes, ou comme des lions féroces
qui portent la dévastation au milieu d*un grand troupeau,
quand ils se précipitent dans une bergerie. Aucun des
20
1
l54 LES ARGONAUTIQUES
Colchiens n'évita la mort; semblables à un incendie, les
héros parcoururent toute leur troupe en Texterminant.
Jason n'arriva que plus tard, avec l'envie de leur porter
secours, mais ils n'avaient pas besoin d'aide, et ils étaient
même déjà inquiets à propos de lui. Alors ils s'assirent et
commencèrent à délibérer avec sagesse au sujet de leur
navigation. Pendant qu'ils réfléchissaient, la jeune fille vint
vers eux-; mais Pelée prit la parole le premier : « Tout
d'abord, je vous exhorte à monter en navire, pendant qu'il
fait encore nuit, et à naviguer à la rame dans la direction
opposée à celle que les ennemis surveillent. A Taurore,
quand ils se rendront compte de tout ce qui s'est passé,
j'espère qu'ils n'auront pas tous un avis unanime, qu'ils ne
seront pas tous convaincus qu'il faut nous poursuivre plus
avant. Privés de leur chef, ils se disperseront, à la suite de
pénibles discussions; et plus tard, quand nous reviendrons,
comme ces gens se seront séparés, la route nous sera facile. »
Il parla ainsi, et les jeunes gens approuvèrent le discours
de l'Aiacide. Montés aussitôt en navire, ils se courbèrent
sur les rames, sans relâche, jusqu'au moment où ils furent
arrivés à l'île sacrée Électris, la dernière de toutes les îles
Électrides, celle qui est voisine du fleuve Éridan.
Lorsqu'ils se furent aperçus du meurtre de leur roi, les
Colchiens entreprenaient déjà de rechercher dans toute la
mer de Cronos le navire Argo et les Minyens. Mais Héra
les en détournait en faisant briller dans l'air des éclairs
effrayants. Enfin — le séjour de la terre Cytaienne leur
devenait odieux, car ils redoutaient la sauvage colère
d'Aiétès — ils se dirigèrent les uns d'un côté, les autres de
l'autre, et s'établirent dans le pays d'une manière stable.
Les uns débarquèrent dans les îles mêmes que les Argonautes
avaient occupées, et ils y habitent encore, conservant,
comme nom de nation, celui d'Apsyrtos. D'autres, auprès
du profond et sombre fleuve d'IUyrie, à l'endroit où se
trouve le tombeau d'Harmonia et de Cadmos, bâtirent une
forteresse et s'établirent ainsi dans le pays des hommes
CHANT QUATRIÈME l55
Enchéliens; d'autres, enfin, habitent dans les montagnes
qui ont reçu le nom de monts Cërauniens, du jour où le
tonnerre du Cronide Zeus les a détournés de passer dans
Tîle qui est située en face.
Quand les héros pensèrent pouvoir revenir en sûreté, ils v. 52^-551
s'avancèrent vers la terre des Hylléens, et y attachèrent les
amarres. Car des îles s'avançaient en saillie, nombreuses,
qui ne laissaient entre elles que des passages difficiles pour
les navigateurs. Mais les Hylléens n'avaient plus, comme
auparavant, de projets hostiles contre les héros. Au contraire,
ils combinaient avec eux la route à suivre, ayant reçu
comme récompense un des grands trépieds d'Apollon. Car
Phoibos avait donné deux trépieds à l'Aisonide, pour qu'il
les emportât au loin dans le voyage qu'il était forcé d'entre-
prendre; il les lui avait donnés quand le héros était venu,
dans la ville sacrée de Pytho, consulter l'oracle, au sujet de
cette expédition même. Or, il était dans les destinées que là
oîi ces trépieds seraient établis, là les ennemis ne pourraient
faire d'invasion. Aussi, ce trépied est-il aujourd'hui encore
près de la ville Agané des Hylléens; on l'a profondément
enfoui dans le sol, pour qu'il reste à jamais invisible aux
yeux des mortels. Les héros ne trouvèrent plus vivant dans
cet endroit le roi Hyllos, que la belle Mélité avait enfanté à
Héraclès dans le pays des Phaiaciens. Car Héraclès s'était
rendu vers les demeures de Nausithoos et vers l'île Macris,
nourricière de Dionysos, pour se purifier du meurtre funeste
de ses enfants; là, il soumit à l'amour dont il était possédé
la fille du fleuve Aigaios, la naïade Mélité, qui enfanta le
courageux Hyllos. Or, quand celui-ci fut devenu grand, il
ne voulut plus demeurer dans cette île, soumis à l'orgueil
du roi Nausithoos. Mais il s'embarqua sur la mer de Cronos,
ayant assemblé le peuple indigène des Phaiaciens; le roi
lui-même, le héros Nausithoos, lui facilita son voyage, et il
s'établit dans cet endroit oti les Mentores le tuèrent, alors
qu'il défendait contre eux ses bœufs parqués dans la cam-
pagne.
l56 LES ARGONAUTIQUES
V. 552-591. Mais, ô déesses, comment se fait-il que, hors de cette mer
et sur la terre Ausoniehne et dans les îles Liguriennes,
que Ton nomme Stoichades, des marques éclatantes du pas-
sage du navire Argo aient pu réellement se manifester?
Quelle fatalité, quelle nécessité a entraîné les héros aussi
loin? Quels vents les ont conduits?
C'est apparemment Zeus lui-même, roi des dieux, saisi
d'une violente colère à cause de la mort d'Apsyrtos qu'ils
avaient tué. Il arrêta qu'ils devaient se purifier par les
soins de Circé, déesse d'Aia, du sang qu'ils avaient versé
d'une manière impie, et subir bien des peines, avant de
retourner dans leut patrie. Aucun des héros ne devina les
ordres de Zeus; mais ils voyageaient, s'éloignant de la terre
des Hylléens. Ils laissaient en arrière toutes les îles Libur-
niennes, qui, naguère, avaient été successivement occupées
par les Colchiens, Issa et Dyscélados, et l'aimable Pityéia.
Ensuite, ils passèrent le long de Cercyra, o£i Poséidon
établit la jeune Asopide à la belle chevelure, Cercyra, qu'il
avait enlevée par amour bien loin de la terre de Phlionte:
les matelots, qui, depuis la haute mer, voient cette île
obscurcie par de sombres forêts qui la couvrent de toutes
parts, les matelots donnent à Cercyra le surnom de Mélaina.
Après cette île, ils dépassèrent, secondés par une brise tiède,
Mélité et Cérossos aux rivages escarpés, et Nymphaié, qui
se trouve bien au delà; c'est dans cette île qu'habitait la
reine Atlantide, Calypso. Il leur semblait déjà apercevoir
les nébuleux monts Cérauniens : mais alors Héra pénétra
les desseins que Zeus avait sur eux, et devina la grande
colère du dieu. Soucieuse de leur faire accomplir la navi-
gation qui leur était fixée, elle excita en face d'eux des vents
impétueux, qui les ramenaient violemment en arrière vers
les côtes d'Électris, l'île rocailleuse. Et voici que, tout à
coup, au milieu des héros dont le vent précipitait la course,
une voix humaine retentit, la voix de la poutre douée de
la parole, qui faisait partie du navire creux; car Athéné
avait adapté dans le milieu de la carène cette poutre tirée
CHANT QUATRIÈME l5j
d'un chêne de Dodone. Et, cependant, une affreuse terreur
les saisit, en entendant cette voix et l'annonce de la pénible
colère de Zeus. Car cette voix leur disait qu'ils ne sorti*
raient sains et saufs ni des routes de la mer immense ni
des tempêtes cruelles, à moins que Circé ne les purifiât du
meurtre atroce d'Apsyrtos; elle ordonnait à PoUux et à
Castor de supplier les dieux immortels d'ouvrir devant eux
les routes de la mer d^Ausonie oQ ils trouveraient Circé,
fille de Perse et d'Hélios.
Ainsi parla Argo au moment du crépuscule; mais les V. 592-626.
Tyndarides se levèrent et, tendant les mains vers les immor-
tels, ils firent toutes les prières qui avaient été indiquées ;
et une morne tristesse possédait les autres héros Minyens.
Mais le navire était entraîné bien en avant par sa voile, et
ils se jetèrent jusqu'au fond du cours de TÉridan : c'est là
qu'autrefois, frappé au cœur par la foudre ardente, Phaéthon
tomba à demi consumé du char d'Hélios dans l'estuaire,
vaste comme un étang, du fleuve profond; et, maintenant
encore, le fleuve exhale une lourde fumée qui provient de
la blessure enflammée. Au-dessus de ces eaux, aucun oiseau
ne peut étendre ses ailes légères et planer : mais son vol le
précipite au milieu de l'abîme incandescent. Aux alentours,
les jeunes Héliades, enfermées dans de hauts peupliers noirs,
gémissent, les misérables! Plaintives sont les lamentations
de leur deuil; de leurs paupières se répandent et coulent vers
la terre des gouttes transparentes d'ambre, qui sont séchées
par le soleil sur le sable. Mais, quand l'abîme noir se gonfle
et inonde le rivage, sous l'action du vent retentissant, alors
tout ce qui se trouve sur le rivage est roulé dans l'Eridan
par les eaux en fureur. — Les Celtes, cependant, ont attri-
bué à ce fait une autre origine : ce sont, disent-ils, les larmes
du Létoide Apollon qui sont emportées dans ces tourbillons,
les larmes sans nombre qu'il versa autrefois, alors qu'il se
dirigeait vers le peuple sacré des Hyperboréens, chassé du
ciel éclatant par les reproches de son père; car il s'était
irrité au sujet de son fils, celui que, dans la riche Lacéréia,
l58 LES ARGONAUTIQUES
la divine Coronis lui avait enfanté, près de Tembouchure
de l'Amyros. Telle est la tradition répandue parmi ces
hommes. — Cependant, les héros n'éprouvaient aucun désir
de boire ni de manger, et leur esprit n'était pas tourné vers
la joie; pendant le jour, ils s'épuisaient dans l'angoisse, supî-
portant avec peine, et fort incommodés, la lourde odeur,
l'odeur intolérable du corps fumant de Phaéthon qui s'exha-
lait des eaux de l'Éridan; pendant la nuit, ils entendaient
les cruelles lamentations, les cris perçants des Héliadés; et,
comme elles pleuraient, leurs larmes étaient portées sur les
eaux, semblables à des gouttes d'huile.
V. 627-658. Sortis de ce fleuve, ils pénétrèrent dans le cours profond
du Rhodanos qui se jette dans l'Éridan; en se mêlant, leurs
eaux retentissent et se soulèvent à leur confluent. Ce fleuve
vient des terres les plus reculées, oti sont les portes et le
domaine de la Nuit; c'est de là qu'il s'élance : il précipite
une partie de ses eaux sur les rivages de TOcéan, et il jette
les autres soit dans la mer Ionienne, soit dans la mer
Sardonienne, golfe immense où son cours se déverse par
sept embouchures. De ce fleuve, ils passèrent dans les lacs
aux rudes tempêtes, qui s'étendent à l'inflni sur le territoire
des Celtes. Et là, assurément, ils auraient trouvé une
destinée indigne; car un courant les portait aux golfes de
l'Océan, oti ils allaient entrer sans l'avoir prévu, et d'oti ils
n'auraient pu revenir sains et saufs. Mais, du haut des
monts Hercyniens, Héra poussa un cri : elle s'était élancée
du ciel; en entendant ce cri, ils furent, tous à la fois, saisis
de terreur, car l'air immense le répercutait d'une manière
terrible. Ils étaient donc ramenés en arrière par la déesse,
et ils comprirent alors quelle était la route par laquelle
leur retour devait s'accomplir. Longtemps après, ils arri-
vèrent aux rivages de la mer, suivant les desseins d'Héra,
s'avançant invisibles au milieu des peuples innombrables
des Celtes et des Ligyens. Car, autour d'eux, la déesse avait
répandu une nuée obscure qui les enveloppa tout le temps
qu'ils traversèrent ces pays. Lors donc que le navire eut
CHANT QUATRIÈME ï5g
franchi Tembouchure du milieu, ils arrivèrent aux îles
Stoichades, sains et saufs, grâce aux fils de Zeus : c'est
pourquoi des autels ont été élevés et des cérémonies sacrées
instituées en leur honneur d'une manière stable; ce n'est
pas seulement cette expédition qu'ils devaient accompagner
pour lui porter secours, mais Zeus leur confia aussi les
navires des hommes qui sont nés dans la suite. — Ayant
laissé les Stoichades, ils passèrent dans l'île Aithalia où,
épuisés de fatigue, ils essuyèrent avec des galets leur abon-
dante sueur; depuis lors, les galets répandus sur la grève
sont d'une couleur semblable à celle de la sueur des héros.
On voit encore dans l'île leurs disques de fer et leurs armes
merveilleuses, et un port d'Aithalia a été surnommé Argoos.
De là, ils naviguaient rapidement au milieu des flots V. 659-684.
gonflés de la mer Ausonienne; les rivages Tyrrhéniens
passaient devant leurs yeux. Ils arrivèrent au port célèbre
d'Aia; et, du navire, ils jetèrent les amarres sur le rivage,
qui était proche. Ils y trouvèrent Circé qui purifiait sa tête
dans les flots de la mer, tant elle avait été effrayée par des
songes nocturnes. Elle avait cru voir les chambres et toute
Tenceinte de sa demeure dégouttant de sang; le feu consu-
mait les nombreux charmes magiques qui lui avaient
jusqu'alors servi à enchanter les hommes étrangers, quel
que fût celui qui arrivât dans son île; ce feu éclatant, elle
l'éteignait avec le sang d'un meurtre qu'elle puisait à
pleines mains; et, agissant ainsi, elle cessait d'éprouver cet
effroi funeste. C'est pourquoi, au retour de l'aurore, à peine
éveillée, elle lavait dans les eaux de la mer ses cheveux et
ses vêtements. Et des bétes sauvages, qui ne ressemblaient
pas aux animaux carnassiers, et qui n'avaient pas non plus
un corps pareil à celui des hommes, mais dont les membres
étaient un mélange emprunté aux uns et aux autres, s'avan-
çaient nombreuses, comme des brebis qui sortent en foule
des étables à la suite du berger. — Tels, du limon primitif,
la terre elle-même enfanta des monstres aux membres hété-
rogènes, alors que l'air sec ne l'avait pas encore condensée,
l6o LES ARGONAUTIQUES
et qu'elle n'avait pas encore suffisamment absorbé les
vapeurs humides, grâce aux rayons brûlants du soleil : mais
la suite des temps combina les diverses parties de ces
monstres et les classa pour en former des espèces. De même
des êtres de genre incertain suivaient Circé. — Les héros
furent saisis d'une immense stupeur; mais ayant considéré
l'aspect et les yeux de Circé, chacun d'eux conjectura sans
peine que la sœur d'Aiétès était devant eux.
V. 685-717. Après s'être délivrée ainsi des terreurs causées par les
songes de la nuit, elle se retira aussitôt vers sa demeure, et,
les flattant de la main, elle voulut, par ses ruses, les contrain^
dre de la suivre. Mais, sur l'ordre de l'Aisonide, la foule des
héros resta oti elle était, sans s'inquiéter de Circé; quant à
Jason, il entraîna avec lui la vierge Colchienne. Tous deux,
ils suivirent la même route que Circé, jusqu'au moment oti
ils furent parvenus à sa demeure : elle leur dit de s'asseoir
sur des sièges splendides, très embarrassée de leur venue.
Tous deux, silencieux, sans dire un mot, ils s'élancèrent vers
le foyer et s'y assirent, car telle est la coutume des tristes
suppliants. Médée mit son visage dans ses mains, et Jason
enfonça dans le sol sa grande épée munie d'une poignée,
qui lui avait servi à tuer le fils d'Aiétès; et ils gardaient
tous deux les yeux baissés sous les paupières. Circé comprit,
aussitôt, qu'un malheur les exilait et qu'ils avaient commis
un meurtre horrible. Aussi, ayant adoré la justice de Zeus,
dieu des suppliants, qui s'irrite beaucoup, mais qui porte
aussi un grand secours aux meurtriers, elle accomplit les
sacrifices qui purifient, lorsqu'ils se sont approchés du
foyer, les suppliants dont l'âme a été sans pitié. Et d'abord,
pour expier le meurtre irréparable, elle tint étendu au-dessus
d'eux le petit d'une truie (sa mère venait de mettre bas, et
ses mamelles débordaient encore du premier lait); elle
arrosait leurs mains de son sang, lui ayant tranché le cou
par devant; puis elle expiait le crime par d'autres libations,
en invoquant Zeus purificateur, protecteur des suppliants
dont les mains sont ensanglantées. Et toutes les eaux
CHANT QUATRIÈME l6l
impures que Ton rejette après les purifications furent
portées hors de la demeure par les Naïades servantes, qui
lui préparaient toute chose. Mais, se tenant à son foyer,
elle consumait elle-même dans sa maison les gâteaux de
fleur de farine et les offrandes expiatoires, en prononçant
les prières qui accompagnent les sacrifices où les libations
se font sans vin; elle se proposait d*apaiser ainsi la colère
des redoutables Érinyes et de rendre Zeus lui-même doux
et propice aux deux criminels, quelle que fût Tangoisse qui
les amenât, souillés soit d*un sang étranger, soit même du
meurtre d*un parent.
Quand elle eut accompli toutes ces cérémonies, elle leur v. 718-752.
ordonna de se relever, et les fit asseoir sur des sièges bien
polis, et elle s'assit elle-même tout près, en face d'eux.
Aussitôt, elle prit la parole et les interrogea en détail sur
la nécessité qui les pressait et sur leur navigation; elle leur
demanda d'oti ils étaient partis pour venir ainsi, dans son
pays et dans sa maison, s'asseoir à son foyer; car le souvenir
affreux de ses songes pénétrait son âme, et son cœur s'agi-
tait. Elle désira connaître la langue nationale de la jeune
fille, aussitôt qu'elle lui vit lever les yeux du sol. Car tous
ceux qui descendaient d'Hélios étaient faciles à reconnaître:
l'éclat brillant de leurs yeux jetait au loin, en face d'eux,
une splendeur semblable à celle de l'or. Elle répondit à
toutes les interrogations, en s'exprimant dans la langue
des Colchiens, avec douceur, la fille d'Aiétès aux sombres
pensées; elle dit l'expédition et les routes suivies par les
héros; elle raconta tout ce qu'ils avaient souffert dans les
combats impétueux, comment elle avait elle-même péché
par les conseils de sa sœur affligée; comment elle avait fui
au loin les menaces terribles de son père, avec les fils
de Phrixos; mais elle recula devant le récit du meurtre
d'Apsyrtos. Mais rien ne resta caché à l'esprit de Circé;
apitoyée, cependant, par les lamentations de la jeune fille,
elle lui adressa la parole en ces termes : « Malheureuse,
certes, tu as résolu un voyage funeste et déshonorant. Je
21
102 LES ARGONAUTIQUES
pense que tu ne pourras pas longtemps éviter la terrible
colère d'Aiétès. Bientôt, il viendra même dans les demeures
de la terre d'Hellade, pour venger le meurtre de son fils,
car tu as accompli des crimes qu'on ne peut supporter.
Toutefois, puisque tu es venue en suppliante et que tu es de
ma race, je ne méditerai aucun malheur nouveau contre toi
qui t'es rendue ici. Mais sors de cette demeure, toi qui es la
compagne d'un étranger, quel qu'il soit, cet inconnu que tu
as choisi, sans l'aveu de ton père. Ne reste pas à mon foyer,
me suppliant à genoux. Car je n'approuverai pas tes desseins
et ta faute honteuse. »
Elle parla ainsi; une douleur insupportable s'empara de
Médée; ayant jeté son voile sur ses yeux, elle pleura en
gémissant, jusqu'au moment oti le héros, l'ayant prise par
la main, l'emmena, tremblante d'effroi, hors des portes; ils
quittèrent ainsi la demeure de Circé.
V. 753-832. Mais ils ne restèrent pas cachés à l'épouse du Cronide
Zeus; car Iris les lui fit voir, quand elle les aperçut sortant
de la demeure. Héra lui avait, en effet, ordonné d'épier le
moment où ils iraient vers le navire. Aussi, elle lui adressa
ces paroles pour l'exhorter : « Chère Iris, si jamais tu as
exécuté mes ordres, va maintenant, t'élançant sur tes ailes
rapides; ordonne à Thétis de sortir de la mer et de venir
me trouver ici : car j'ai besoin d'elle. Ensuite, tu iras vers
les rivages où les enclumes d'airain d'Héphaistos sont heur-
tées par les durs marteaux; dis-lui de tenir en repos les
soufflets qui excitent le feu, jusqu'à ce qu'Argo ait dépassé
ces rivages. Puis, tu iras encore vers Aiolos, Aiolos qui
commande aux vents nés de la région supérieure de l'air.
Dis-lui ma volonté : qu'il arrête tous les soufHes dans
l'espace, qu'aucun vent ne hérisse la mer. Seule, la brise du
Zéphyre doit souffler jusqu'à ce que ceux-ci soient arrivés
dans l'île Phaiacienne d'Alcinoos. »
Elle parla ainsi : aussitôt, s'élançant de l'Olympe, Iris
fendait l'air, ayant déployé ses ailes légères. Elle pénétra
sous la mer Egée, là où sont les demeures de Nérée. Tout
CHANT QUATRIÈME l63
d'abord, elle alla trouver Thétis; elle lui parla suivant les
instructions d'Héra, et lui commanda de se rendre auprès
de la déesse. En second lieu, elle se dirigea vers Héphaistos
et lui fit arrêter aussitôt le mouvement de ses marteaux
de fer : déjà les soufflets noircis par le feu retenaient leur
haleine. En troisième lieu, elle se rendit auprès d'Aiolos,
l'illustre fils d'Hippotas. En même temps que, lui rap-
portant son message, elle faisait terminer leur course à ses
rapides genoux, Thétis^ ayant quitté Nérée et ses propres
sœurs, allait de la mer au ciel, vers la déesse Héra. Celle-ci
la fit asseoir auprès d'elle et lui déclara ses intentions:
a Écoute maintenant, ô divine Thétis, ce que je désire te
dire. Tu sais, certes, combien est cher à mon cœur le héros
Aisonide, ainsi que les autres héros qui l'aident dans son
entreprise; tu sais comment je les ai sauvés alors qu'ils
pénétraient au travers des roches mobiles, dans ce passage
oti de terribles tempêtes accueillent en grondant les navi-
gateurs, oîi les flots jaillissent de tous côtés sur les durs
rochers. Maintenant, le grand roc de Scylla et Charybde,
qui rejette les flots d'une manière horrible, se trouvent sur
leur route. Or, je t'ai nourrie moi-même depuis ton enfance,
et chérie par-dessus toutes les déesses qui demeurent dans
la mer : à cause de cela, tu as craint d'entrer dans le lit de
Zeus qui le désirait. Certes, il a toujours à cœur de pareilles
entreprises, qu'il s'agisse de coucher soit avec des immor-
telles, soit avec des mortelles. Mais, pleine de respect pour
moi, effrayée dans ton cœur, tu l'as fui; et ensuite il a juré,
en s'engageant par un serment terrible, que tu ne serais
jamais appelée la compagne d'un dieu immortel. Cependant
il n'a pas cessé de tourner vers toi et malgré toi ses regards,
jusqu'au jour oti la vénérable Thémis lui a fait connaître
toutes choses : la fatalité avait ordonné que tu enfanterais
un fils supérieur à son père. Aussi, quoique enflammé 4e
désirs, il a renoncé à toi, dans la crainte que quelque dieu
égal à lui ne régnât sur les immortels; car il voulait garder
pour lui-même sa puissance à jamais. Mais, moi, je t'ai
164 LES ARGONAUTIQUES
donné pour époux le meilleur de ceux qui habitent la terre,
afin qu'il te fût possible d'obtenir un mariage agréable à ton
cœur, et d'avoir des enfants; j'ai appelé aux festins des noces
rassemblée de tous les dieux; moi-même, j'ai tenu dans
mes mains la torche nuptiale, en témoignage de l'honneur
flatteur que je te faisais. Or, écoute, je vais te dire une
parole infaillible : quand ton fils sera arrivé à la plaine
Élyséenne, ton fils, enfant privé du lait de sa mère, que les
Naïades élèvent maintenant dans les demeures du centaure
Chiron, il doit être l'époux de la fille d'Aiétès, de Médée;
toi donc, belie-mère future, viens au secours de ta bru et
de Pelée lui-même. Pourquoi cet inflexible courroux contre
lui? Il a commis une faute; mais les fautes fatales atteignent
les dieux mêmes. Certes, je pense que, sur mon ordre,
Héphaistos va s'arrêter de faire jaillir la violence du feu; et
l'Hippotade Aiolos apaisera Télan rapide des vents, excepté
le souffle calme du Zéphyre, jusqu'au moment où ils seront
arrivés dans les ports des Phaiaciens. Mais toi, prépare-leur
un retour sûr. Ils n'ont à craindre que les rochers et les
vagues irrésistibles : détourne-les d'eux avec l'aide de tes
sœurs. Ne les laisse pas donner dans leur impuissance sur
Charybde, de peur qu'elle ne les emporte en les englou-
tissant tous. Ne les laisse pas arriver au gouffre haïssable de
Scylla, de cette Scylla, monstre malfaisant d'Ausonie, que
la déesse vagabonde des nuits, Hécate, enfanta à Phorcos, et
qu'on appelle Crataîs : car, se précipitant, armée de ses
horribles mâchoires, elle détruirait cette élite de héros. Mais
dirige le navire du côté où un passage, bien étroit, sans
doute, leur permettra d'échapper à la mort. »
V. 833-884. Elle parla ainsi, et Thétis lui répondit en ces termes :
tf Si la force du feu impétueux, si les violentes tempêtes
doivent réellement s'apaiser, certes, je peux affirmer avec
confiance que, malgré les flots contraires, le navire sera
sauvé grâce à la douce agitation du Zéphyre; mais il est
temps d'entreprendre une longue, une immense route, pour
aller rejoindre mes sœurs qui seront mes aides, et pour me
CHANT QUATRIÈME i65
rendre à l'endroit oîi sont fixées les amarres du navire,
afin que, dès le point du jour, les héros se souviennent de
reprendre leur voyage. »
Elle dit et, s*étant lancée du haut des airs, elle plongea
dans les tourbillons de la mer azurée; elle appelait à son
aide les autres Néréides, ses sœurs, et celles-ci, 1 ayant enten-
due, arrivaient, se rencontrant mutuellement. Thétis leur
exposait les instructions d*Héra, et, aussitôt après, elle les
envoyait toutes vers la mer Ausonienne. Pour elle, plus
prompte que la lumière, ou que les traits du soleil quand il
se lève, apparaissant au-dessus des terres les plus lointaines,
elle se mit en mouvement, rapide, au milieu des eaux jus-
qu'à ce qu'elle fût parvenue au rivage d*Aia, dans le pays
Tyrrhénien. Elle trouva les héros auprès de leur navire,
en train de s'amuser au disque et au jet des flèches; elle
s'approcha davantage de l'Aiacide Pelée, et le toucha de
l'extrémité de la main: car il était son époux; personne
ne put la voir d'une manière certaine; à lui seul, elle lui
apparut devant les yeux, et elle parla ainsi : « Ne vous
attardez pas plus longtemps sur les rivages Tyrrhéniens;
mais, au point du jour, déliez les amarres de votre vaisseau
rapide, dociles à Héra qui vous aide. Car, suivant son
ordre, toutes ensemble, les jeunes Néréides vont se réunir
pour tirer le navire hors des roches qu*on nomme les Roches-
Errantes; là se trouve, en effet, la route où vous devez
passer. Quant à toi, ne me montre à personne, lorsque tu
me verras m'avancer avec mes sœurs; garde mes paroles
dans ton esprit, pour ne pas m'irriter encore plus que tu ne
l'as fait autrefois, quand tu as agi avec moi sans nul
ménagement. »
Elle dit, et se plongea invisible dans les abîmes de la mer.
Une cruelle douleur blessa Pelée; en effet, il ne l'avait
plus revue venir vers lui depuis qu'elle avait quitté sa
chambre et sa couche, pleine de colère à cause de l'illustre
Achille, qui était encore un tout petit enfant. Car elle avait
coutume de brûler ses chairs mortelles, au milieu de la nuit,
l66 LES ARGONAUTIQUES
à la flamme du feu; pendant le jour, d'autre part, elle
oignait d'ambroisie son tendre corps, pour qu'il devînt
immortel, pour que sa chair fût garantie de l'odieuse
vieillesse. Mais Pélée, ayant sauté de sa couche, vit son
fils se débattre au milieu des flammes; à cette vue, il poussa
un cri affreux: grande était son imprudence! Car, en
l'entendant, Thétis arracha son fils aux flammes, le lança à
terre, gémissant; elle-même, son corps devint semblable au
vent, et, comme un songe, elle s'élança, rapide, hors de sa
demeure et se précipita dans les flots, indignée. Et, depuis,
elle ne revint plus. — Aussi, une angoisse serra le cœur de
Pélée: cependant, il communiqua à ses compagnons toutes
les instructions de Thétis. Ceux-ci s'arrêtèrent aussitôt,
cessant sur-le-champ leurs exercices; et ils s'occupaient de
préparer leur repas et de disposer sur le sol leurs couches,
où, après avoir mangé, ils dormirent la nuit, comme ils
l'avaient fait auparavant.
V. 885-981. Au moment oti Éos, qui porte la lumière, atteignait le
haut du ciel, alors, en même temps que descendait un doux
Zéphyre, ils quittèrent la terre pour aller à leurs bancs; du
fond de l'eau, ils tiraient les ancres, joyeux, et paraient tous
les agrès, comme il convenait. Ils dressèrent la voile, l'ayant
tendue sur les câbles de la vefgue. Une brise modérée
poussait le navire. Bientôt, une île charmante fut en vue, l'île
Anthémoessa, oti les harmonieuses Sirènes Achéloïdes cau-
saient par le charme de leurs suaves accents la perte de tous
ceux qui jetaient l'amarre sur leur rivage. Unie à Achéloos,
la belle Terpsichore, une des Muses, les enfanta. Autrefois,
elles servaient l'irréprochable fille, vierge encore, de Déméter,
chantant avec elle ; mais alors, elles apparaissaient semblables
en partie à des oiseaux, en partie à des jeunes filles. Toujours
en observation sur un lieu élevé qui domine un bon port,
elles avaient déjà privé d'un doux retour bien des hommes,
en les faisant périr peu à peu de langueur. Aussi, c'est avec
empressement que leurs bouches envoyèrent aux Argonautes
des chants délicieux; et déjà les héros étaient au moment de
CHANT QUATRIÈME 167
lancer les amarres du navire au rivage, si le fils d*Oiagros,
le Thrace Orphée, n'avait tendu dans ses mains sa phor-
minx de Bistonie et fait entendre la rapide mélodie d'un
chant léger : et voici que, entendant les accents du musicien,
les oreilles de tous les héros frémissent : le chant des vierges
a été vaincu par la phorminx. Le navire était entraîné, à la
fois, par le Zéphyre et par le flot sonore qui le poussait,
venant du côté de la poupe; le chant des Sirènes n'arrivait
plus que d'une manière indistincte.
Cependant, seul des compagnons, le noble fils de Téléon,
Boutés, plus ardent que les autres, s'élança du banc bien
poli dans la mer, le cœur séduit par la voix harmonieuse
des Sirènes. Il nageait au milieu de l'éclat des vagues
gonflées, dans l'espoir d*aborder, le malheureux! Certes,
elles lui auraient enlevé tout espoir de retour, si, prise de
pitié pour lui, la déesse qui règne sur TÉryx, Cypris, ne
l'avait enlevé, alors qu'il était encore dans les flots tour-
billonnants, et sauvé en venant vers lui, bienveillante^ pour
rétablir sur le cap Lilybéen.
Les héros, en proie à l'angoisse, s'éloignèrent des Sirènes,
mais ils s'engageaient entre les écueils dans des passes de la
mer plus funestes encore aux navires. Car, d'un côté^ appa-
raissait le rocher abrupt de Scylla; de l'autre, mugissait
sans trêve le gouffre bouillonnant de Charybde. Ailleurs
encore, frémissaient sous les flots immenses les Roches-
Errantes qui, naguère, exhalaient de la cime de leurs pics,
par-dessus les rocs brûlants, une flamme ardente. La fumée
obscurcissait l'air : on ne pouvait apercevoir l'éclat du
soleil. Héphaistos avait bien cessé alors ses travaux, mais
la mer continuait de lancer une chaude vapeur. Dans ces
parages, les jeunes Néréides se réunissaient, venant de
divers côfés; la divine Thétis toucha par derrière l'extré-
mité amincie du gouvernail, pour le diriger au milieu des
Roches-Errantes. — Tels des dauphins, heureux à la surface
de la mer, se groupent en troupeau autour d'un navire qui
se hâte; tantôt on les voit à l'avant, tantôt à l'arrière, tantôt
l68 LES ARGONAUTIQUES
sur les côtés, et leur présence réjouit les matelots : de même
les Néréides, s*élançant en troupe serrée, se groupaient
autour du navire Argo dont Thétis dirigeait la course. —
Au moment où les héros allaient se heurter contre les
Roches-Errantes, ayant relevé la bordure de leurs robes
jusqu'à leurs blancs genoux et s'étant placées en haut des
écueils eux-mêmes et aux endroits où les vagues se brisent,
elles s'empressaient de-ci et de-là, à quelque distance les
unes des autres. Le navire s'élevait, frappé par le flot, et,
autour de lui, les vagues violemment lancées se brisaient
avec bruit sur les roches, qui tantôt s'élevaient dans les
airs, semblables à des pics escarpés, tantôt, plongées au
plus profond des abîmes de la mer, se fixaient dans les
endroits où les tourbillons les plus furieux font rage. Mais
les Néréides, — telles auprès d'une grève sablonneuse des
vierges, ayant retroussé des deux côtés leur vêtement
jusqu'aux hanches, jouent avec une balle qu'elles se lancent
à la ronde; elles la reçoivent l'une de l'autre, l'envoient
dans les airs : elle monte très haut, mais ne touche jamais le
sol; — ainsi, tour à tour, elles se renvoyaient l'une à l'autre
le navire qui volait élevé au-dessus des flots, toujours loin
des roches; et l'eau, autour d'elles, bouillonnait et s'élan-
çait. Debout sur la cime d'un rocher uni, le roi Héphaistos,
sa lourde épaule appuyée sur le manche d'un marteau, les
considérait; elle les regardait aussi, se tenant en haut du
ciel éclatant, l'épouse de Zeus; elle entourait Athéné de ses
bras : telle était sa frayeur de ce qu'elle voyait.
Aussi longue s'étend la durée d'une journée de printemps,
aussi long fut le travail des Néréides, occupées à faire
avancer le navire au travers des roches au bruit reten-
tissant. Mais les héros, profitant de nouveau du vent,
s'avançaient toujours davantage; bientôt ils dépassaient le
pré de Trinacrie qui nourrit les génisses d'Hélios. C'est
alors que, semblables à des plongeons, les déesses s'enfon-
cèrent dans les abîmes de la mer, après avoir accompli les
ordres de l'épouse de Zeus. Mais le bêlement des troupeaux
CHANT QUATRIÈME 169
parvenait aux héros à travers l'espace, en même temps
que le mugissement des génisses frappait leurs oreilles.
Phaéthousa, la plus jeune des filles d'Hélios, faisait paître
ces troupeaux dans les prairies couvertes de rosée, tenant
en main une houlette d'argent; et Lampétia suivait les
génisses en brandissant une barre recourbée de cuivre étin-
celant. Les héros voyaient ces bétes qui paissaient auprès
des eaux du fleuve, dans la plaine et dans la prairie maré-
cageuse. Aucune d'elles n'avait un corps de couleur sombre;
toutes, semblables au lait, étaient parées de cornes d'or. Ils
dépassèrent, pendant le jour, l'endroit où elles paissaient;
et, la nuit venant, ils pénétraient, joyeux, dans les abîmes
de la haute mer; ils y firent route jusqu'au moment oti
Êos, qui naît le matin, leur envoya sa lumière.
Avant le détroit Ionien, il est, dans la mer de Céraunie, v. 982-1067.
une île riche et d'un abord facile, oti, dit la tradition, se
trouve la faux (Muses, pardonnez-moi; ce n'est pas de mon
plein gré que je rapporte la parole des anciens), la faux
dont Cronos se servit pour trancher cruellement les parties
sexuelles de son père. — D'autres prétendent que c'est la
faucille que Déméter, déesse de la terre, employait pour
couper le blé. Car Déméter a autrefois habité ce pays, et,
par amour pour Macris, elle a enseigné aux Titans à
moissonner les épis nourrissants ; c'est pourquoi cette terre,
nourrice sacrée des Phaiaciens, a reçu le nom de Drépané :
les Phaiaciens eux-mêmes sont, par leur origine, du sang
d'Ouranos. — C'est vers ce peuple qu'Argo, après avoir été
soumise à de nombreuses épreuves, arriva, venant de la
mer de Trinacrie sous l'action des vents. Alcinoos et son
peuple reçurent les arrivants avec amitié, en célébrant
des sacrifices agréables aux dieux. En leur honneur, la
ville entière faisait éclater sa joie : on aurait dit que les
Phaiaciens se réjouissaient du retour de leurs propres
enfants. Les héros eux-mêmes marchaient parmi la foule
aussi heureux que s'ils se fussent avancés au milieu' de
l'Haimonie. Mais ils devaient bientôt s'armer pour la
22
170 LES ARGONAUTIQUES
guerre : car, tout auprès de Tîle, apparut une expédition
immense de Colchiens; sortis du Pont par le détroit qui y
donne accès, et au milieu des rochçs Cyanées, ils avaient
traversé les mers, à la recherche des héros. Ils déclaraient
bien haut qu'ils désiraient reprendre Médée aux héros, et
la ramener chez son père; si elle ne leur était pas livrée, ils
tpenaçaient avec une rigueur cruelle d'engager sur-le-champ
une lutte lamentable, une lutte qui recommencerait avec
larrivée d'Aiétès. Ils étaient impatients de combattre : mais
le roi Alcinoos les arrêta, car il désirait apaiser des deux
parts, sans qu'il fût besoin de bataille, une aussi violente,
querelle. La jeune fille, en proie à une terreur affreuse,
essayait de se concilier par ses nombreuses supplications,
les compagnons de TAisonide; bien souvent, elle touchait
de ses mains les genoux d'Arété, femme d' Alcinoos: «Je
suis à tes genoux, ô reine; mais toi, sois-moi propice; ne
me livre pas aux Colchiens qui m'emmèneraient chez mon
père, si toutefois tu es toi-même une des filles de cette race
humaine qu'un esprit trop prompt aux vaines erreurs,
entraîne vers les fautes d'où naît l'infortune. C'est ainsi
que toute la prudence de mon esprit s'est évanouie; ce
n'est pas une passion mauvaise qui m'a séduite : j'en
atteste la lumière sacrée d'Hélios et les mystères de la
vierge, fille de Perses, qui erre pendant la nuit. Non, je ne.
suis point partie volontairement de là-bas avec ces hommes,
étrangers : mais une crainte odieuse m'a persuadée de me
résoudre à cette fuite, alors que j'avais déjà commis une.
faute; c'est le seul motif qui m'a fait partir. Ma ceinture
reste encore intacte, comme elle l'était dans la maison de.
mon père: elle n^a été ni profanée ni souillée. Prends-moi
en pitié, ô femme vénérable; concilie-moi ton mari; et que.
les dieux immortels t'accordent une longue vie, tous les
bonheurs, des enfants et la gloire d'une ville invincible. »
C'est ainsi qu'elle supplia Arété à genoux, en versant des
larmes; mais voici comment elle s'adressait à chacun des
héros l'un après l'autre : « C'est à cause de vous, ô hommes
CHANT QUATRIÈME 171
très illustres, à cause de vos travaux, auxquels je me suis
fatiguée, que je suis maintenant pleine de terreur. Grâce à
moi, vous avez mis les taureaux sous le joug et vous ayez
taillé cette funeste moisson d*hommes nés de la terre; grâce
à moi, vous retournerez en Haimonie, portant la toison d'or«
Moi, qui ai perdu ma patrie et mes parents, qui ai aban-
donné ma maison et tous les plaisirs de la vie, j*ai réussi à
vous faire revenir, vous, dans votre patrie et dans vos
demeures; et vous reverrez vos parents, leur vue sera douce
à vos yeux. Moi, une divinité, qui appesantit sa colère, m*a
enlevé mon honneur : j'erre, odieuse, en compagnie d*étran-
gers. Mais respectez les conventions et les serments; respectez
rÉrinys qui protège les suppliants, et la vengeance des
dieux : craignez de me remettre aux mains d'Aiétès et de me
laisser périr dans des supplices affreux. Je ne cherche ni des
temples, ni une forteresse qui me protège, ni aucun autre
moyen de salut: c*est vers vous seuls que je me réfugie...
Misérables au cœur dur, hommes insensibles à la pitié,
n'étes-vous pas honteux, au fond du cœur, de me voir, dans
mon angoisse, tendre les mains vers les genoux d'une reine
étrangère! Certes, quand vous désiriez enlever la toison,
le fer en main, vous auriez engagé la lutte avec tous les
Colchiens, avec le superbe Aiétès lui-même. Maintenant,
vous avez oublié votre courage, alors qu'ils sont seulement
quelques-uns, séparés du reste du peuple! »
Telles étaient ses prières instantes, et chacun de ceux
qu'elle suppliait à genoux l'encourageait, calmait ses
angoisses. Ils brandissaient dans leurs mains les lances à la
pointe acérée, et tiraient les épées du fourreau : ils ne
manqueraient pas de la secourir, affirmaient-ils, s*ils se
trouvaient en présence d'un jugement inique. Pendant que
leur assemblée s'agitait ainsi, survint la nuit, qui fait
reposer les hommes de leurs travaux; elle étendit le calme
sur toute la terre à la fois. Mais elle, le sommeil ne put
lui donner un instant de repos : au contraire, son cœur
angoissé s'agitait dans sa poitrine. — Telle une femme, qui
172 LES ARGONAUTIQUES
doit supporter patiemment le travail, fait tourner son
fuseau pendant la nuit; auprès d*elle gémissent ses enfants
orphelins; elle pleure elle-même la perte de son mari, et,
comme elle se souvient, les larmes coulent sur ses joues, si
misérable est la destinée qui Taccable. De même, les joues
de Médée étaient humides, et son cœur se serrait, transpercé
d'une pénétrante douleur.
V. 1068-X109. Or, dans la ville, à Tintérieur de leur maison, comme de
coutume, le roi Alcinoos et la très vénérable épouse d'Alci-
noos, Arété, réfléchissaient au sujet de la jeune fille; c'était
la nuit, et ils étaient couchés. En femme qui s'adresse à
son légitime époux, Arété parlait sans crainte : « Certes,
mon ami, si tu veux m'écouter, allons ! délivre des Colchiens
cette jeune fille que les soucis tourmentent, et rends -toi
agréable aux 'Minyens. Car Argos et le pays des hommes
Haimoniens sont proches de notre île. Aiétès, au contraire,
ne demeure pas dans notre voisinage; Aiétès nous est tout
à fait inconnu : nous entendons seulement parler de lui.
Cette jeune fille, qui a souffert des maux si cruels, m'a
déchiré le cœur, quand elle est venue vers moi. O roi, ne
permets pas aux Colchiens de la reconduire chez son père :
elle a commis une faute, au début, quand elle a donné à
Jason les substances qui devaient charmer les taureaux. Et
bientôt, voulant (comme cela nous arrive souvent dans
notre égarement) remédier à un mal par un autre mal, elle
s'est dérobée par la fuite à la pesante colère de son père,
homme immodéré dans la vengeance. Mais Jason, je le sais,
est engagé envers elle par de grands serments qu'il lui a
faits; il lui a promis de l'établir dans sa maison à titre de
femme légitime. Aussi, mon ami, ne va pas être cause de
ton plein gré que l'Aisonide se parjure; évite que, par ta
faute, cette jeune fille, livrée au cœur irrité de son père, ne
soit cruellement châtiée. Car les pères ne sont que trop
souvent animés d'une haine funeste à l'égard de leurs filles :
témoin les maux que Nycteus a préparés à la belle Antiopé;
témoin les châtiments que Danaé a subis en mer, victime
CHANT QUATRIÈME 173
de la folle méchanceté de son père. Récemment encore, et
non loin d'îci^ l'injuste Écbétos a enfoncé des pointes
d'airain dans les veux de sa fille. Elk se consume, s€>rt
a*
déplorable ! à tourner la meule pour broyer de raîrain, au
fond d'une cabane sans jourl >
Telle fut sa prière, et le cœur d*Alcinoos s'amollissait aux
paroles de sa femme; il lui répendit en ces termes : « Arété,
mes armes chasseraient bien les Colchiens, et je rendrais ce
service aux héros à cause de la :eune filk. Mais je crains
de traiter sans respect l'impartiale justice de Zeus. D'autre
part, mépriser Aiétés, comme tu me le conseilles, ce serait
mauvais : car il n'est pas de roi plus puissant que lui; s'il
le voulait, il pourrait, de son lointain pavs, porter la guerre
jusqu'en Hellade. Aussi, il me semble juste de rendre un
arrêt qui sera regardé comme le meilleur par lotis les hom-
mes; cet arrêt, je ne le tiendrai pas secret pour toL Si elle
est vierge, je la fais reconduire à son père; si elle a dtÂ
paitagé le lit de cet homme, je ne la séparerai p«» ^^
mari ; et son enfant, si elle en porte un dans ses entrailks,
je ne le livrerai pas à ses ennemis. »
Il parla ainsi, et aussitôt après le sommeil l'accaila, ▼, i;î-> ;-^
Mais, gravant dans son esprit les sages paroks de u.fï «rar;.
Arété se leva aussitôt de son lit. et passa dar.s uae auue
chambre de la demeure. Or. les femmes, ses serran-et.
l'entourèrent, s'empressant auprts de leur maîtresse. Arar;t
fait mander sans bruit son béraa:. e!!e îuî expcM v>o ?r^
sage : elle exhortait, dans sa prudence. T Aiv>t;;de a t '^r:îr
à la jeune fille et à ne pas adresser de prières a- r.t
Alcinoos; car son mari. d^sait^IIe. allait rer^re cet arrtt
aux Colchieos: si Médée était Tierge. û U Urtt^^i yr^r
qu'on la conduisît aux demeures de sco père, n;a3, t; t .k
avait partagé le lit de Jason. ;1 ne 1 arrar^tra;* v^ a t*
tendresse conjugale. . . ^ ,^ * v -^>-*i>'* e**
EUe parla ainsi, mais les pieds à. bera.t ^ ^^""^r^M
hâte loin du palais; il s'empressait ie ^;^^ '^:^:;^'^
message favorable d'Arété et îa 4tc;t.c<; <i. V^^ >- ^^^'
174 LES ARGONAUTIQUES
Il trouva les Argonautes auprès de leur navire, veillant en
armes dans le port d'Hyllos, près de la ville. Il exposa tout
le message dont il était chargé, et chacun d'eux se réjouit
dans son cœur, car le héraut leur disait des paroles bien
agréables pour eux.
Aussitôt, ayant fait dans un cratère le mélange d'eau et
de vin en l'honneur des dieux, comme il convient, ils
entraînèrent, suivant les rites sacrés, les brebis qu'ils
devaient sacrifier à l'autel, et dans cette nuit même ils
préparèrent à la jeune fille la couche nuptiale, au fond
d'une caverne divine où habitait autrefois Macris, fille
d'Aristée, celui qui s'occupait du miel, celui qui découvrit
aux hommes l'œuvre des abeilles et le liquide onctueux
qu'on fait sortir, à force de travail, des olives. C'est elle
qui reçut dans ses bras le fils Nyséien de Zeus, dès sa
naissance, c'est elle qui humecta de miel les lèvres sèches
de l'enfant, qu'Hermès venait d'arracher au feu et lui
apportait. Elle habitait alors l'Eubée Abantide : mais Héra
la vit, et, pleine de colère, elle la chassa de toute l'île. C'est
alors qu'elle vint habiter, bien loin de l'Eubée, dans la
caverne sacrée des Phaiaciens; et elle procura aux habitants
une inexprimable félicité. C'est donc dans cette caverne
qu'on prépara un vaste lit; on étendit par-dessus l'éclatante
toison d'or, afin d'entourer d'honneur ces noces, dignes
d'être chantées. Et les Nymphes avaient cueilli pour les
époux des fleurs de diverses couleurs qu'elles portaient
serrées contre leurs blanches poitrines. Toutes, elles étaient
entourées d'un éclat semblable à celui du feu, si vive était
la splendeur que lançaient les flocons d'or. La toison
allumait dans leurs yeux un désir qui les séduisait; mais,
vaincues par leur réserve, elles s'abstinrent toutes d^y porter
les mains, malgré l'envie qu'elles en avaient. Parmi elles,
on nommait les unes les filles du fleuve Aigaios; les autres
habitaient les sommets du mont Mélitéien; d'autres encore,
les Nymphes des bois, demeuraient dans la plaine. Car
Héra elle-même, l'épouse de Zeus, les avait fait venir pour
CHANT QUATRIÈME JjS
honorer Jason. Cette caverne s'appelle maintenant encore
la caverne sacrée de Médëe, nom qu'elle a reçu depuis le
jour oQ les Nymphes y unirent les deux époux, après avoir
étendu des voiles parfumés. Les héros, brandissant dans
leurs mains leurs lances de guerre — car ils craignaient
d'être prévenus par la troupe des ennemis se ruant ino-
pinément au combat — la tête couronnée de branches
feuillues, chantaient en mesure Thyménée à l'entrée de
la chambre nuptiale, au son de l'harmonieuse phorminx
d'Orphée. Certes, ce n'est pas dans le pays d'Alcinoos que
le héros Aisonide aurait souhaité de célébrer ses noces,
mais dans le palais de son père, une fois de retour à lolcos;
Médée elle-même pensait comme lui ; c'est la nécessité qui
les forçait de s'unir en ce pays. Mais, race misérable des
hommes que nous sommes, nous avons beau courir au
plaisir de toute la force de nos pieds, toujours quelque peine
amère marche à côté de nos joies. C'est ainsi qu'au milieu
des voluptés de leur douce passion, une crainte les possé-
dait: la décision d'Alcinoos serait-elle exécutée?
Mais Ëos s'élevant, avec ses divines lueurs, dissipa la nuit V. 1170-1227.
noire dans l'air; tout dans la nature était souriant: et les
rivages de l'ile, et, au loin, par les plaines, les sentiers
couverts de rosée; une rumeur s'élevait déjà dans les rues;
les habitants commençaient à s'agiter dans la ville, comme
au loin les Colchiens à l'extrémité de l'île de Macris. Alors
Alcinoos s'avança^ fidèle à ses conventions, pour prononcer
son arrêt au sujet de la jeune fille. Il avait dans sa main le
sceptre d'or dont il se servait pour rendre la justice, le
sceptre grâce auquel il soumettait dans la ville ses peuples
à des jugements équitables. A la suite du roi, recouverts de
leurs armes de guerre, les plus nobles des Phaiaciens
s'avançaient en foule. Pour voir les héros, les femmes
sortaient nombreuses hors des murs; les hommes de la
campagne arrivaient, eux aussi, ayant appris ce qui se
passait, car Héra avait déjà répandu des bruits exacts. Ils
conduisaient, celui-ci, un bélier de choix, mis à part du
176 LES ARGONAUTIQUES
reste du troupeau; celui-là, une génisse qui n'avait pas
encore travaillé la terre. D'autres placèrent, aux environs,
des amphores de vin, pour faire les mélanges consacrés:
et, au loin, s'élevait la fumée des sacrifices. Les femmes,
comme il leur convient, portaient des voiles, objet d'un
long travail, des joyaux d'or, et, en outre, tous les divers
ornements dont se parent les jeunes mariées. Elles furent
saisies de stupeur à la vue des illustres héros, de leur aspect
et de leur visage, à la vue du fils d'Oiagros qui, se tenant
au milieu d'eux, accompagnait les accents de sa phorminx
sonore en frappant le sol à coups pressés de sa sandale
splendide. Et les Nymphes, toutes ensemble, chaque fois
qu'il faisait mention des noces, entonnaient un voluptueux
hyménée; et, par moment, elles chantaient, chacune à part,
en dansant en rond, ô Héra, grâce à toi : car c'est toi qui
as inspiré à l'esprit d*Arété de révéler le sage dessein
d'Alcinoos. Mais, à peine celui-ci avait-il prononcé les
termes de sa juste décision, déjà l'accomplissement du
mariage était proclamé. Il resta ferme dans ses résolutions,
sans se laisser ébranler par la crainte funeste, ni par le
terrible ressentiment d'Aiétès; c^r il était lié par d'invio-
lables serments. Aussi, quand les Colchiens eurent compris
que leur opposition serait inutile, et qu'Alcinoos leur eut
ordonné ou de respecter ses arrêts, ou d'éloigner leurs
navires des ports et des rivages de l'île, alors, redoutant
l'effet des menaces de leur roi, ils le supplièrent de les
recevoir en alliés. Depuis lors, ils habitèrent très long-
temps dans l'île, avec les Pbaiaciens, jusqu'au jour où,
bien des années plus tard, les Bacchiades, qui sont des
hommes originaires d'Éphyra, vinrent s'installer dans le
pays. Ils passèrent alors dans une île plus lointaine; de là,
ils devaient encore se rendre aux monts Cérauniens des
Abantes, et chez les Nestaiens, et dans la ville d'Oricos :
mais le temps avait marché longuement, quand ces événe-
ments eurent lieu. Dans l'île des Phaiaciens, aujourd'hui
encore, des victimes sont immolées, chaque année, en
CHANT QUATRIÈME 177
l'honneur des Moires et des Nymphes, au temple d'Apollon
Nomios, sur les autels que Médée a élevés. Cependant,
Alcinoos donna de nombreux présents d'hospitalité aux
Minyensqui partaient. Arété leur en donna aussi beaucoup;
de plus, elle fit cadeau à Médée de douze Phaiaciennes,
esclaves du palais, pour qu'elles fussent ses suivantes. Le
septième jour après leur arrivée, ils quittèrent Drépané;
il vint au matin une brise favorable, envoyée par Zeus,
et poussés par le souffle du vent ils avançaient rapidement.
Mais le destin ne permettait pas encore aux héros de débar-
quer en Achaîe : ils devaient, auparavant, supporter de
nouvelles épreuves sur les frontières de la Libye.
Déjà, depuis longtemps, ils avaient laissé derrière eux, V. 1228-1304.
naviguant la voile déployée, le golfe qui doit son nom aux
Ambraciens^ et le pays des Courètes, et les îles qui le
suivent, entre autres les étroites Échinades; et la terre de
Pélops commençait à être en vue : alors, violemment, une
funeste tempête, excitée par Borée, les emporta, pendant neuf
nuits entières et pendant autant de jours, au milieu de la
mer de Libye, jusqu'au moment où ils furent arrivés tout
à fait au fond de la Syrte, golfe d*oti les navires qui ont été
forcés d'y entrer ne peuvent plus sortir. Car c'est partout
un marais, partout de profonds abîmes recouverts d'algues :
à leur surface, l'écume afflue sans bruit; à la suite des
marais s'étend une plaine aussi vaste que les plaines de
l'air. Aucun des animaux qui se meuvent sur la terre ou
qui volent ne s'y hasarde. C'est là que le flux de la mer
(car souvent le flot s'éloigne du continent et se rue ensuite
sur les rivages oti il est violemment lancé), c'est là que le
flux les emporta rapidement, pour les jeter sur le rivage
au fond du golfe; une faible partie de la quille était restée
au milieu des eaux. Les héros sautèrent hors du navire,
et l'angoisse les saisit, car ils ne voyaient que les plaines
de l'air et la surface de la terre immense qui s'étendait au
loin, sans interruption, aussi vaste que l'air même. Aucun
abreuvoir, aucun sentier battu; ils n'apercevaient au loin
2i
178 LES ARGONAUTIQUES
aucune étabie de berger; partout régaait un calme silence.
Dans leur inquiétude, ils s'interrogeaient Tun l'autre :
c Quel nom donner avec certitude à cette terre? Oîi les
tempêtes nous ont-elles jetés? Plût au ciel que nous eussions
osé, dédaigneux de la crainte funeste, nous lancer et traverser
d'un bout à l'autre cette route au milieu des rochers, par
où nous avons déjà passé 1 Partis contre la volonté de Zeus,
il nous aurait mieux valu périr en méditant quelque grand
dessein. Maintenant qu'allons-nous faire, si les vents nous
retiennent ici, quelque peu de temps que ce soit? Si déserte
est la plaine qui s'étend au loin sur ce continent! »
Ils s'entretenaient ainsi; mais alors, poussé lui-même
au désespoir par l'impuissance où le mettait leur situation
pénible, le pilote Ancaios leur dit : « Nous périssons,
vaincus par la destinée la plus funeste; il n'est aucun
moyen d'échapper à la fatalité. Il nous faut subir les plus
affreuses épreuves, puisque nous avons été jetés dans ce
désert. C'est en vain que les vents souffleraient de terre.
Car, aussi loin que je puisse voir, je n'aperçois partout
qu'une mer marécageuse : les masses d'eau roulent pour
se briser sur des sables blancs d'écume. Certes, il y a long-
temps que notre navire sacré aurait été fracassé misérable-
ment, même loin du rivage, si, depuis la haute mer, le
fiux lui-même ne l'avait lancé au-dessus des flots. Mais
maintenant les vagues ont reflué vers la mer; l'eau salée
ne fait que rouler le vaisseau qu'elle ne peut mettre à flot,
tant elle s'élève peu au-dessus du fond. Aussi, je dis que
tout espoir nous est enlevé de prendre la mer et de nous
en retourner. Qu'un autre fasse montre de son habileté.
Libre à qui désirera guider notre retour de s'asseoir au
gouvernail. Mais assurément Zeus ne veut pas mettre le
jour du retour comme terme à nos épreuves! »
Il parla ainsi en pleurant; tous ceux qui étaient habiles
dans la conduite des navires s'associaient par leurs paroles
à son désespoir. Tous, ils sentirent leur cœur se glacer
d'effroi, et la pâleur se répandait sur leurs joues. — Tels,
CHANT QUATRIÈME 179
semblables à des fantômes sans vie, des hommes errent dans
leur ville, soit qu'ils attendent la fin d*une guerre ou d*une
peste, soit qu'ils voient tomber, infinie, la pluie d orage
qui submerge tous les innombrables travaux des boeufs,
soit que des statues des dieux découle spontanément une
sueur de sang ou qu'on croie entendre des mugissements
retentir dans les temples, soit qu'au milieu du jour le soleil
amène du ciel la nuit, et que les astres brillants paraissent
dans l'air : tels les héros, le long de la plage immense, se
traînaient, en proie à la tristesse. — Cependant, vint le soir
obscur. Après de tristes embrassements, ils se faisaient
leurs adieux en pleurant, pour aller ensuite, chacun de
son côté, s'abattre et mourir sur le sable. Ils s'avançaient,
l'un plus loin que l'autre, pour choisir un lieu oîi s'étendre^
la tête enveloppée de leurs manteaux, ils restèrent couchés
toute la nuit et toute la journée qui suivit, sans boire ni
manger, attendant la plus triste des morts. D'autre part
gémissaient les jeunes esclaves, réunies autour de la fille
d'Aiétès. — Tels abandonnés, tombés de la cavité du roc
oti est leur nid, des petits oiseaux qui ne peuvent encore
voler poussent des cris perçants; tels encore, sur les bords
escarpés du Pactole au cours magnifique, les cygnes font
entendre leur chant; au loin, résonnent les prairies couvertes
de rosée et le gracieux courant du fleuve. De même ces
jeunes filles, ayant souillé de poussière leurs blondes cheve-
lures, se lamentaient toute la nuit en exhalant les plaintes
d'un chant de deuil.
Certes, ils auraient tous péri en ce lieu, sans gloire, v. 1305-1379.
inconnus des hommes, ces héros illustres entre tous; ils
auraient péri sans avoir accompli leur tâche : mais, alors
que le malheur les épuisait, elles eurent pitié d'eux, les
héroïnes tutélaires de la Libye, elles qui, autrefois, lors-
qu'Athéné s'élançait, dans tout son éclat, de la tête de son
père, allèrent la chercher pour la baigner dans les eaux du
lac Triton. C'était le milieu du jour, et, de toutes parts,
les rayons les plus ardents du soleil brûlaient la Libye. A
l8o LES ARGONAUTIQUES
ce moment, les déesses vinrent se placer auprès de TAiso-
nide, et, de leurs mains, enlevèrent doucement le manteau
qui couvrait sa tête. Alors le héros détourna les yeux d*un
autre côté, par respect pour les déesses. Mats, comme il
était seul, et frappé de terreur, elles lui adressèrent de
douces paroles : « Malheureux, pourquoi t'étre ainsi laissé
atteindre par un désespoir qui te rend incapable de décision?
Nous savons que vous êtes allés à la recherche de la toison
d'or; nous connaissons chacune de vos épreuves, chacun
des travaux au-dessus de la force humaine que vous avez
accomplis sur la terre, sur la plaine humide, errant au
milieu des mers. Nous sommes les déesses solitaires,
indigènes, douées de la parole humaine, héroïnes tutélaires
et filles de la Libye. Mais lève-toi : ne continue pas davan-
tage de pleurer et de te lamenter. Fais lever tes compagnons;
et, aussitôt qu'Amphitrite aura dételé le char aux belles
roues de Poséidon, alors empressez -vous de rendre la
pareille, pour ses peines, à votre mère, elle qui s*est fatiguée
si longtemps à vous porter dans son ventre. C'est ainsi que
vous pourrez revenir dans la divine Achaïe. »
Elles parlèrent ainsi, et devinrent invisibles, à l'endroit
même où elles venaient de se tenir auprès du héros, et de
lui faire entendre leur voix. Alors Jason, après avoir
regardé de tous côtés, s'assit à terre et parla en ces termes :
« Soyez-nous propices, ô vénérables déesses qui habitez les
déserts. Je suis loin de pénétrer complètement le sens de
votre parole au sujet de notre retour. Mais je vais rassem-
bler tous mes compagnons et leur rapporter ce que vous
m'avez dit, dans l'espoir d*y trouver quelque signe qui
guide notre retour : car la sagesse de plusieurs vaut mieux
que celle d'un seul. »
Il dit, et, bondissant de sa place, il appela longuem'^nt
ses compagnons; sale de poussière, il était comme un lion
qui, à travers la forêt, rugit à la recherche de sa compagne :
sa voix puissante ébranle au loin les halliers des mon-
tagnes; une profonde terreur fait frissonner les bœufs qui
CHANT QUATRIÈME l8l
paissent dans les campagnes, et les bouviers qui conduisent
les bœufs. Mais elle n'avait rien d'effrayant pour les héros,
la voix d'un compagnon appelant ses amis; ils se rassem-
blaient autour de lui, les yeux baissés. Ayant fait asseoir,
auprès de l'endroit où le navire était mouillé, ses tristes
compagnons, ainsi que les femmes, il prit la parole pour
leur exposer toutes choses : « Écoutez, mes amis! Au milieu
de mes angoisses, trois déesses ceintes de peaux de chèvres
qui, du haut de la nuque, leur retombaient sur le dos et les
hanches, trois déesses, semblables à des jeunes filles, se sont
dressées auprès de moi, au-dessus de ma tête. Elles ont
écarté de leur main légère et retiré le manteau qui me cou-
vrait, et m'ont ordonné de me lever moi-même et d'aller
vers vous pour vous faire lever et vous dire de rendre la
pareille, comme il est juste, à votre mère, pour ^es travaux,
elle qui s'est si longtemps fatiguée à nous porter dans son
ventre. Il faudra le faire aussitôt qu'Amphitrite aura dételé
le char aux belles roues de Poséidon. Quant à moi, je ne
peux comprendre d*une manière précise cette prédiction
divine. Elles m'ont dit qu'elles étaient les héroïnes tutélaires
et filles de la Libye; et tout ce que nous avons supporté
jusqu'à présent sur terre et sur mer, elles affirmaient le
savoir en détail. Puis, je ne les ai plus aperçues, à l'endroit
oii elles se tenaient : mais une nuée ou une obscurité subite
est intervenue qui m'a caché leur apparition. >
Il parla ainsi, et tous l'écoutaient avec stupeur: alors un
très grand prodige eut lieu i>our les Minyens. Car, sortant
de la mer, un cheval d'une taille merveilleuse bondit sur le
rivage; une crinière dorée retombait des deux côtés de son
cou qu'il portait très haut. A peine eut-il secoué l'eau salée
qui découlait de ses membres, il commença à courir; et ses
pieds étaient aussi rapides que le vent. Aussitôt Pélée^
plein de joie, dit à ses compagnons réunis : « Certes, je puis
affirmer que maintenant le char de Poséidon a été dételé
par les mains de sa chère épouse. Quant à notre mère, je
reconnais qu'elle n'est autre qu'Argo elle-même; car, nous
l82 LES ARGONAUTIQUES
portant continuellement dans son ventre, elle gémit acca-
blée par de pénibles travaux. Mais, que notre vigueur ne
fléchisse pas : élevons le navire sur nos épaules infatigables
et portons-le à l'intérieur de cette région sablonneuse, dans
la direction où se sont lancés les pieds rapides de ce cheval.
Il n'ira pas, en effet, vers la terre ferme : mais j'espère que
ses traces nous indiqueront quelque gol£e qui domine la
mer. »
V. 1380-1460. Il parla ainsi, et son heureuse conjecture fut approuvée
de tous. C'est ici la tradition des Muses; pour moi, c'est en
écoutant les Piérides que je chante, et j'ai entendu leur voix
d'une manière très certaine; oui, ô vous les plus illustres
entre tous les fils des rois, grâce à votre force et à votre
courage, par les dunes solitaires de la Libye, vous avez
porté, pendant douze jours entiers et pendant autant de
nuits, le navire que vous aviez élevé sur vos épaules et, avec
lui, tout ce qu'il contenait à l'intérieur. Les souffrances,
la misère des héros, qui pourrait les dire? Que de travaux
pénibles ils ont accomplis! Certes, ils étaient du sang des
dieux, eux qui ont supporté une telle entreprise, forcés par
la nécessité. Après une très longue marche, c'est avec
grande joie que, aussitôt entrés dans les eaux du lac Triton,
ils Y déposèrent le fardeau de leurs robustes épaules.
Puis, semblables à des chiens furieux, ils se précipitaient
à la recherche d'une source; car ils étaient accablés d'une
soif desséchante, par suite de leurs efforts et de leurs
souffrances. Leur course errante ne fut pas inutile; car ils
arrivèrent à la plaine sacrée oti, la veille encore, le serpent
Ladon, né de la terre, gardait les pommes d'or dans le champ
d'Atlas. Autour de lui, les Nymphes Hespérides s'empres-
saient, chantant avec des accents charmants. Or, il avait été
mis en pièces ce jour -là même par Héraclès, et il gisait
auprès du tronc du pommier; seule, l'extrémité de sa queue
s'agitait encore : de la tête jusqu'à l'extrémité de la noire
échine du dos, tout le reste du corps était étendu sans vie.
Comme les flèches avaient laissé dans le sang du monstre le
CHANT QUATRIÈME l83
funeste venin de l'hydre de Lerne, les mouches mouraient
au milieu de la putréfaction des blessures. Près du serpent,
les Hespérides, tenant leurs blondes têtes dans leurs mains
blanches, poussaient d'harmonieux gémissements. Soudain,
les héros s'approchèrent tous ensemble : mais à peine
étaient-ils arrivés que les Nymphes se changèrent aussitôt,
à la place oti elles étaient, en terre et en poussière. Orphée
reconnut un prodige divin, et leur adressa ces prières pour
les concilier aux héros : « Belles et bienveillantes divinités,
soyez-nous propices; ô reines, soit que l'on vous compte au
nombre des déesses du ciel ou de la terre, soit que vou&
portiez le nom de Nymphes habitantes des déserts : allez,
ô Nymphes, postérité sacrée d'Océanos, apparaissez devant
nous qui souhaitons votre présence, et montrez-nous soit
quelque cours d'eau qui découle des rochers, soit quelque
source sacrée qui jaillisse de la terre, que nous puissions,
ô déesses, apaiser la soif qui nous brûle furieusement. Si
notre navigation nous ramène un jour au sol de l'Achaïe^
alors, parmi les premières des déesses, vous recevrez de
notre reconnaissance dix mille dons, des libations et de&
festins qui suivent les sacrifices. »
Telle fut la prière qu'il prononça d'une voix plaintive;
elles prirent en pitié ceux qui s'affligeaient auprès d'elles.
Elles firent sortir du sol d'abord de l'herbe; puis, du milieu
de cette herbe, naquirent et grandirent de vastes arbustes, et
ensuite de jeunes arbres verdoyants croissaient et se dres-
saient bien au-dessus de la terre. Hespéré devenait un
peuplier noir, Érythéis, un ormeau, et Aigle, le tronc sacré
d'un saule : et, du milieu de ces arbres, elles apparaissaient
encore telles exactement qu'elles étaient autrefois, prodige
merveilleux 1 Aigle, d'une voix douce, leur répondit suivant
leur désir : « Certes, c'est tout à fait pour porter une aide
puissante à vos épreuves, que cet homme, le plus effronté de
tous, est venu ici, lui qui, après avoir privé de la vie le
serpent, leur gardien, est parti en enlevant les pommes d'or
des déesses; et il nous en reste une horrible douleur. Ouî^
184 LES ARGONAUTIQUES
hier, un homme est venu, aussi dangereux par sa violence
que par sa stature; sous un front farouche, ses yeux étin-
celaient; il avait Tair impitoyable; la peau d'un lion prodi-
gieux l'entourait, crue, sans préparation; il tenait une
solide et noueuse branche d'olivier, et des flèches qui,
lancées contre le monstre, l'ont tué. Cet homme est donc
venu, et comme il parcourait la terre à pied, la soif le
desséchait : il fouillait des yeux cet endroit dans tous les
sens, cherchant Teau qu'il ne devait rencontrer nulle part.
Mais voici ce rocher, près du lac Triton : soit qu'il y eût
pensé de lui-même, soit qu'il obéît à un avis envoyé par les
dieux, il en frappa la base à coup de pieds, et l'eau coula en
abondance. Alors, ayant appuyé sur le sol ses deux mains et
sa poitrine, il s'abreuva abondamment à la crevasse du rocher,
jusqu'au moment où, toujours courbé en avant comme une
génisse, il eut fini de remplir ses vastes entrailles. »
Ainsi parla THespéride : dès qu'Aigle leur eut indiqué la
source souhaitée, aussitôt, pleins de joie, ils y coururent et
ne s'arrêtèrent pas avant d'y être arrivés. — Telles, autour
de l'ouverture étroite d'un trou, vont et viennent en foule
les fourmis qui fouillent la terre, ou telles des mouches qui,
autour d'une petite goutte de miel délicieux, se pressent,
masse serrée, pleines d'une ardente convoitise : tels les
Minyens nombreux s'empressaient autour de la source du
rocher. — Et l'un d'eux, ranimé après avoir abreuvé ses
lèvres, s'écria alors : « Par les dieux! Il est certain que,
même loin de ses compagnons, Héraclès les a sauvés alors
qu'ils étaient accablés de soif. Plût au ciel qu'en nous
avançant nous puissions le rencontrer, faisant route à travers
le continent I »
V. 1461-X501. Il dit: on répondit à ses paroles, et ceux qui étaient
propres à une telle entreprise se séparèrent des autres héros,
partant, chacun de son côté, à la recherche d'Héraclès.
Car ses traces avaient été effacées par les vents qui, pendant
la nuit, avaient agité le sable. Les deux fils de Borée se
précipitèrent, confiants dans leurs ailes, et Euphémos, qui
CHANT QUATRIÈME r85
comptait sur ses pieds légers, et Lyncëe, dont les yeux
perçants pénétraient au loin; le cinquième, qui partit en
même temps qu'eux, était Canthos. La volonté des dieux
et sa valeur le poussaient à entreprendre cette course, dans
l'espoir d'apprendre sûrement d'Héraclès oti il avait laissé
l'Eilatide Polyphémos : car il avait à cœur de s'enquérir de
tout ce qui concernait son compagnon. — Mais celui-ci,
après avoir fondé chez les Mysiens une ville illustre, était
allé, soucieux du retour dans sa patrie, au loin sur le
continent, à la recherche d'Argo. Cependant, il arriva au
pays des Chalybes voisins de la mer, et c'est là que la Moire
le dompta. Au pied d'un haut peuplier blanc, un tombeau
lui a été élevé en face et non loin de la mer. -r- Or, à ce
moment, Héraclès, seul, apparaissait à Lyncée, au loin dans
la plaine sans bornes; il lui semblait le voir, comme au
premier jour du mois on aperçoit la lune, ou on croit
l'apercevoir cachée par un nuage. Il retourna vers ses
compagnons et leur dit que nul parmi ceux qui le cher-
chaient ne pourrait l'atteindre en marchant à sa suite. Ils
revinrent de leur côté, Euphémos aux pieds rapides, et
les deux fils du Thrace Borée, qui avaient fait des efforts
inutiles.
Mais toi, Canthos, les Kères funestes t'ont pris en Libye.
Tu avais rencontré des troupeaux qui paissaient; le berger
qui les suivait, défendant ses brebis que tu voulais mener
à tes compagnons qui en avaient grand besoin, te tua d'un
coup de pierre. — Ce n'était pas un adversaire à dédaigner,
ce berger, Caphauros, petit-fils de Phoibos Lycoréios et de
la vénérable Acacallis, fille de Minos, qu'autrefois son père
avait fait partir pour la Libye, alors que, dans son sein
appesanti, elle portait l'enfant d'un dieu. Elle donna à
Phoibos un fils illustre qu'on nomme Amphithémis ou
Garamas. Amphithémis s'unit plus tard à la nymphe
Tritonis, qui lui enfanta Nasamon et le robuste Caphauros,
celui qui, à cause de ses brebis, tua alors Canthos. — Mais
il ne put échapper aux bras terribles des héros quand ils
24
l86 LES ARGONAUTIQUBS
eurent appris ce qu'il avait fait. Les Minyens cherchèrent
ensuite le cadavre de leur compagnon, le prirent et l'ense-
velirent dans la terre : et c'est en pleurant qu'ils emmenèrent
avec eux ceà troupeaux.
V. ]Soa-i53<^- C'est là aussi, et le même jour, que l'Ampycide Mopsos
fut enlevé par un' sort impitoyable; et il ne put éviter
l'amère destinée, malgré son art de la divination : car il n'y
a pas de moyen de détourner la mort. Dans le sable, évitant
la chaleur du milieu du jour, se tenait couché un affreux
serpent : peu disposé à blesser de lui-même le passant
inoffénsif, il ne se serait pas non plus élancé sur celui qui,
à sa vue, aurait pris la fuite. Mais, à peine aurait- il jeté
son venin noirâtre sur un quelconque des êtres vivants,
aussi nombreux sont-ils ceux qui vivent nourris par la
terre fertile, que la route qui conduit vers Adès serait
devenue pour cet être plus courte qu'une coudée ; Paiéon
lui-même, s'il m'est permis de tout dire ouvertement, eût-il
donné des remèdes à celui sur lequel se seraient seulement
appliquées les dents du monstre. En effet, lorsque au-dessus
de la Libye volait le héros égal aux dieux, Persée-Eurymédon
(c'est de ce dernier nom que sa mère l'appelait), portant
au roi la tête de la Gorgone qu'il venait de couper, aussi
nombreuses tombèrent sur le sol les gouttes de sang noir,
aussi nombreux grandirent les serpents nés de chacune
d'elle. C'est sur l'extrémité de l'épine du dos d'un de ces
reptiles que Mopsos en marchant appuya la plante du pred
gauche : au même instant, s'étant roulé par suite de la
douleur, le serpent, mordant la chair, entailla le gras de
la jambe et le péroné. Aussitôt, Médée et les autres femmes,
ses suivantes, tremblèrent d'effroi. Mais Mopsos porta à sa
sanglante blessure une main intrépide, car il n'y éprouvait
pas de douleur excessive, le malheureux I Et déjà son corps
était pénétré d'une langueur qui lui engourdissait les
membres; un nuage épais se répandait sur ses yeux.
Bientôt, il laissa tomber sur le sol ses membres appesantis,
qui se refroidirent, vaincus par un mal sans remède : ses
CHANT QUATRIÈME 187
compagnons, et avec eux le héros Jason, se rassemblaient
autour de lui, stupéfaits de cet affreux malheur. Mais le
mort ne pouvait rester un instant de plus exposé au soleil^
car, à l'intérieur du corps, le venin décomposait les chairs
instantanément, et les poils tombaient en pourriture de la
peau. Ils se hâtèrent de creuser aussitôt avec leurs pioches
d'airain une tombe profonde; ils s'arrachèrent, ainsi que les
jeunes filles, une partie de leur chevelure, en pleurant le
mort qui avait été victime d'un sort misérable. Trois fois,
les héros, revêtus de leurs armes, tournèrent autour du
cadavre, lui rendant les honneurs funèbres, comme il
convenait : ensuite, ils amoncelèrent la terre pour élever
le tombeau.
Mais, alors qu'ils se furent embarqués, le vent du sud V. 1537-1637*
soufflait sur la mer; ils cherchèrent par conjecture les
passages par oti il fût possible de sortir du lac Triton; mais,
pendant longtemps, ils n'eurent aucun dessein arrêté : toute
la journée, ils se laissaient porter cà et là, au hasard. — Tel
un serpent va son chemin, rampant en biais, quand l'éclat
éblouissant du soleil le brûle; il tourne, en sifflant, la tête
de côté et d'autre, et les yeux de l'animal furieux brillent,
semblables aux étincelles du feu, jusqu'à ce qu'il ait pénétré
dans son trou par quelque crevasse : telle Argo, cherchant
une passe du lac qui fût accessible aux navires, alla long-
temps, dans diverses directions. — Mais, tout à coup, Orphée
ordonna que l'on tirât du navire le grand trépied d'Apollon
pour l'exposer comme offrande aux dieux indigènes, afin
d'obtenir un retour favorable. Aussi, ils descendirent à
terre et y établirent le don de Phoibos : semblable à un
jeune homme, le très puissant Triton se présenta à eux;
élevant dans ses mains une motte de terre, il l'offrit aux
héros comme présent d'hospitalité et il leur dit : a Recevez-la,
mes amis : car je n'ai ici pour le moment aucun magnifique
présent d'hospitalité à donner à ceux qui viennent. Mais, si
vous souhaitez de connaître les passes de cette mer, comme
c'est souvent le désir ardent des hommes qui voyagent
l88 LES ARGONAUTIQUES
dans des régions étrangères, je vous les indiquerai : car,
en vérité, mon père Poséidon m*a instruit de tout ce qui
concerne cette mer. Je règne, en effet, sur cette contrée
maritime : peut-être, alors que vous étiez loin d'ici,
avez-vous entendu parler d'Eurypylos, né dans la Libye,
nourricière des bétes féroces. »
Il parla ainsi; aussitôt, Euphémos s*empressa de tendre
la main vers la motte de terre, et il répondit à son tour en
ces termes: «Si l'Apide, si la mer de Minos, ô héros, te
sont par hasard connues, réponds, sans nous tromper, à nos
questions. Car ce n'est pas volontairement que nous som*
mes arrivés ici. Jetés par les tempêtes qui nous accablaient
sur les rivages de ce pays, nous avons élevé sur nos épaules,
et, fatigués sous le poids, nous avons porté notre navire à
travers le continent jusqu*aux flots de ce lac. Et nous ne
savons de quel côté entreprendre notre navigation pour aller
à la terre de Pélops. »
Telles furent ses paroles; le dieu étendit la main et dési-
gna, en les indiquant par ses paroles, la mer au loin, et la
passe profonde qui conduisait hors du lac : « C'est par ici
qu'on pénètre dans la mer, à Tendroit oti l'abîme est le plus
immobile et le plus sombre. Des deux côtés, de blanches
falaises se hérissent, éclatantes à la vue ; et, encre ces falaises,
est une route étroite pour sortir du lac. La mer que vous
apercevez dans le brouillard s'étend jusqu'à la divine terre
de Pélops, au delà de la Crète; une fois sortis du lac et jetés
au milieu des vagues de la mer, dirigez votre course à main
droite et serrez de près la côte jusqu'à un endroit oti vous la
verrez s'avancer vers la mer : en ce lieu oîi elle se recourbe
de part et d'autre et se développe dans une autre direction,
une route droite et sans danger s'étend devant vous sur la
mier, pourvu que vous vous éloigniez de l'angle de terre qui
fait saillie. Allez donc, joyeux, et que vos efforts n'amènent
aucune fatigue capable de lasser vos membres ornés des
dons de la jeunesse. »
C'est ainsi que le dieu leur donnait des avis bienveillants;
CHANT QUATRIÈME 189
aussitôt ils s'embarquèrent, désireux de sortir du lac à la
rame. Ils avançaient pleins d*ardeur; cependant ils voyaient
Triton, qui tenait le grand trépied, entrer dans le lac; mais
bientôt aucun d'eux ne le vit plus, car il disparut tout
à coup ainsi que le trépied. Leur cœur se réjouit : ils
comprenaient qu'un dieu s'était présenté à eux pour leur
donner un bon présage. Alors ils demandèrent à 1 Aisonide
de choisir entre toutes la plus belle des brebis et de
l'immoler en disant des paroles pieuses, qui plaisent aux
dieux, quand il la tiendrait dans ses mains. Aussitôt, le
héros se hâta de choisir une brebis; il l'éleva dans ses bras
et l'immola à la poupe, en même temps qu'il prononçait
ces prières: «O dieu, quel que tu sois, toi qui nous es
apparu aux limites de ce lac, — que l'on te nomme Triton,
le monstre marin, ou Phorcys, ou que tes filles, habitantes
de la mer, te donnent le nom de Nérée, — sois -nous
propice et accorde -nous l'accomplissement souhaité du
retour I »
Pendant qu'il priait ainsi, il égorgeait la brebis, et, du
haut de la poupe, la précipitait dans les flots; mais, du
milieu de l'abîme, le dieu leur apparut tel qu'il devait être
vu sous sa forme véritable. Ainsi, quand un homme lance
un cheval rapide dans la vaste enceinte de la carrière, il
tient par son épaisse crinière l'animal docile et l'entraîne à
la course; et le cheval, superbe, la tête haute, le suit; des
deux côtés de sa bouche on entend craquer le frein blanc
d'écume qu'il mord. C'est ainsi que, s'attachant à la quille
d'Argo, le navire aux flancs creux, Triton le conduisait
plus avant dans la mer. A partir du haut de la tête jusqu'au
ventre, dans la région du dos et au-dessus des hanches, son
corps était d'une conformation admirablement pareille à
celle du corps des dieux bienheureux; mais, au-dessous de
ses flancs, de part et d'autre, s'allongeaient les deux extré-
mités d'une queue traînante de baleine. Il fendait la surface
de la mer, au moyen des arêtes de cette queue dont .les
extrémités courbées se partageaient, semblables au croissant
igo LES ARGONAUTIQUES
de la lune. Le dieu conduisit le navire jusqu^à ce qu*il l'eût
fait entrer dans la mer oîi il devait s'avancer : aussitôt
après, il plongea au fond des vastes abîmes, et les héros
poussèrent de grands cris, à la vue de ce mon&tre terrible
qui s'était montré à leurs yeux.
En cet endroit se trouvent des souvenirs du passage du
navire, un port nommé Argoos et des autels élevés à
Poséidon ainsi qu'à Triton. Car ils durent s*arréter tout
le jour : mais à l'aurore suivante ils s'avançaient, la voile
déployée au souffle du Zéphyre, ayant à leur droite une
côte déserte. Le lendemain matin, ils virent à la fois l'angle
de la côte et la partie la plus reculée de la mer, s'étendant
au delà de ce coude qui fait saillie sur les flots. Aussitôt
le Zéphyre s'apaisa, et le souffle du Notos, qui amasse
au ciel des nuages blancs, s'éleva : et la force de ce vent
réjouissait leurs cœurs. Au coucher du soleil, quand parut
l'étoile du soir, qui ramène les troupeaux à la bergerie et
qui fait cesser le travail des laboureurs misérables, alors,
dans la nuit noire, le vent les abandonna; ils détachèrent
la voile, couchèrent le long mât, et restèrent courbés sur
leurs rames bien polies toute la nuit, tout le jour suivant, et
encore la nuit qui vint après ce jour. Au loin, la rocailleuse
Carpathos les accueillit : de là, ils devaient passer dans l'île
de Crète, qui surpasse par sa grandeur toutes les îles de
la mer.
V. 1638-1693. Mais un géant d'airain, Talos, qui arrachait pour les leur
lancer les fragments d'un dur rocher, les empêcha de fixer
les amarres au rivage et de trouver une station sûre dans le
port de Dicté. — C'était, parmi les héros demi-dieux, un
survivant de cette race d'hommes d'airain, nés des frênes;
le Cronide l'avait donné à Europe pour qu'il fût le gardien
de l'île de Crète dont ses pieds d'airain faisaient le tour
trois fois chaque jour. Son corps entier, tous ses membres
étaient d'airain indestructible; mais, sous le muscle du cou,
il avait une veine pleine de sang, qui descendait jusqu'à la
cheville du pied. Dans cette mince enveloppe résidait la
CHANT QUATRIÈME 191
condition essentîelk de la vie ou de la mort. — Domptés par
le malheur qui les menaçait, les héros, pleins d'effroi,
entraînaient à force de rames le navire loin de la terre. C'est
d'une manière affligeante qu'ils auraient été écartés de la
Crète, accablés qu'ils étaient à la fois de soif et de fatigues^
si Médée ne leur eût parlé ainsi, alors qu'ils s'enfuyaient:
« Écoutez-moi : car ^e pense que seule je peux vous tuer cet
homme, quel qu*il soit, quoique son corps soit tout d'airain;
en effet, il n'est pas doué d'une vie éternelle. Mais veuilles
bien tenir le navire hors de portée de ses rochers jusqu'à ce
que, dompté, il m'ait cédé. »
Elle parla ainsi; les rames des héros tinrent le navire à
l'abri des pierres qui leur étaient lancées; ils attendaient
l'exécution du projet inattendu de Médée. Mais elle, ayant
relevé et fixé de part et d'autre de ses^ joues les plis de son
voile de pourpre, elle monta sur le tillac : lui ayant pris la
main dans la sienne, l'Aisonide la conduisait pendant
qu'elle s'avançait à travers les bancs des rameurs. Une fois
parvenue au tillacj elle charma par ses chants et invoqua
les Kères, qui rongent le cœur des humains, chiennes
rapides d'Adès, qui, du milieu des brouillards oti elles
tourbillonnent^ se lancent sur les vivants. Les adorant à
genoux, elle ^es invoqua trois fois en chantant, et trois
fois en leur adressant des prières. Pénétrée de leur esprit
funeste, elle fascina de ses yeux ennemis les yeux de Talos,
le géant d'airain, elle l'étreignit d'une rage pernicieuse et
fit passer devant ses yeux d'affreuses apparitions : car sa
colère contre lui était violente.
O père Zeus, un grand étonnement trouble mon âme: ce
n'^st donc pas seulement par des maladies ou des blessures
que la mort vient vers nous; un ennemi peut aussi nous
atteindre de loin! C'est ainsi que ce géant, quoique son
corps fût d'airain, se laissa dompter par la colère de Médée,
savante dans les poisons. Alors qu'il soulevait avec peine
de lourdes pierres, pour empêcher les héros d'aborder au
port, il s'écorcha à la cheville sur la pointe d'un rocher:
192 LES ARGONAUTIQUES
de la blessure coulait une humeur semblable à du plomb
fondu; il ne put pas rester longtemps debout sur le cap
formé par la falaise. Mais, tel un pin immense, qui se
dressait sur la montagne laissé à moitié fendu par les
haches bien affilées des bûcherons qui se sont retirés de
la forêt, est d'abord ébranlé pendant la nuit par le choc
des vents, et enfin, déraciné complètement, s'écroule : ainsi,
' ce géant, après s'être tenu droit quelque temps sur ses
pieds infatigables, tomba enfin sans force avec un bruit
immense. Aussi les héros purent-ils passer la nuit en
Crète; et quand Éos apparut ensuite, ils construisirent
un temple à Athéné Minoïde, puis ils firent de l'eau, et
s'embarquèrent pour doubler à la rame au plus vite le
cap Salmonide.
V. 1694-1730. Mais, dès qu'ils furent en route sur la vaste merde Crète,
la nuit les effraya, celle qu'on appelle « la nuit pleine de
dangers affreux » ; cette nuit funeste n'était traversée ni par
les astres, ni par les rayons de la lun«. Du ciel tombait une
profonde obscurité, et il s'élevait d'épaisses ténèbres qui se
dégageaient du fond des abîmes. Les héros ne pouvaient
même plus se rendre compte s'ils étaient emportés au milieu
des régions d'Adès ou sur les flots. Ils abandonnèrent à la
mer le soin de leur retour, incapables de savoir où elle les
menait. Alors Jason éleva les mains et invoqua Pboibos à
grands cris, en le suppliant de les sauver; et, dans son
angoisse, ses larmes coulaient : il promit de porter en grand
nombre des présents magnifiques à Pytho, à Amyclées, à
Ortygie. *
Certes, tu l'entendis, ô Létoïde, et, du haut du ciel, tu
vins en hâte vers les rochers Mélantiens, qui sont assis dans
la mer; te plaçant sur l'un de ces deuï rochers, tu tins
élevé ton arc d'or dans ta main droite : et l'arc projeta de
toutes parts un éclat splendide. En même temps, au-dessus
des eaux apparut aux yeux des héros une des Sporades, une
île peu étendue située en face de la petite île Hippouris;
ils y jetèrent les pierres de fond et y abordèrent, et déjà Éos,
CHANT QUATRIÈME içS
à son lever, brillait. Alors, au milieu d'un bois ombreux,
ils tracèrent pour Apollon une magnifique enceinte sacrée,
et ils élevèrent un autel que l'ombre des arbres couvrait;
ils donnèrent à Phoibos le surnom d'Aiglétès, à cause de
réclatante lumière qui leur avait permis d'y voir, et ils
appelèrent Anaphé cette île plate, parce que le dieu la leur
avait découverte au milieu de leurs inquiétudes. Ils prépa-
rèrent ensuite toutes les cérémonies sacrées que des hommes
peuvent préparer sur un rivage désert. Aussi, en les voyant
jeter, comme libations, de Teau sur des charbons ardents,
les suivantes Phaiaciennes de Médée ne purent plus retenir
leur rire dans leur poitrine, car elles avaient toujours vu
chez Alcinoos les sacrifices consister dans l'immolation de
bœufs nombreux. Les héros ripostaient par de libres paroles
de raillerie, et s'amusaient de leurs moqueries. Un agréable
échange de plaisanteries, une lutte de mots piquants s'en-
gageait entre elles et eux. C'est en souvenir de ce jeu
des héros que les femmes de cette île font assaut de
railleries avec les hommes, chaque fois qu'on institue des
cérémonies sacrées en l'honneur d'Apollon Aiglétès, protec-
teur d'Anaphé.
Alors que, confiants dans la sérénité de l'air, ils avaient v. i73i-i7^4-
déjà détaché les amarres, Euphémos se souvint d'un songe
qu'il avait eu pendant la nuit : il vénéra le fils illustre de
Maia. Car il lui avait semblé qu'il tenait serrée dans ses
bras, contre son sein^ une divine motte de terre qui s'abreu-
vait de blanches gouttes de lait; de cette motte de terre,
quoiqu'elle fût fort petite, sortait une femme qui paraissait
être une vierge; il s'unit à elle dans les embrassements de
l'amour, possédé par une irrésistible passion : et il déplorait
de s'être uni avec une femme qu'il croyait vierge et qu'il
avait nourrie de son propre lait, quand elle lui adressa ces
paroles douces comme le miel : « Fille de Triton, ô mon
ami, et nourrice de tes enfants, je ne suis pas une vierge
mortelle, car Triton et Libye sont mes parents. Mais
confie-moi aux vierges, filles de Nérée, pour que j'habite la
25
j
194 LES ARGONAUTIQUES
mer aux environs d'Anaphé; et j'apparaîtrai plus tard à la
lumière du soleil, prête à recevoir tes descendants. »
Son esprit se rappela ces choses : il les raconta à T Aisonide.
Celui-ci, après avoir médité dans son cœur les prédictions
du dieu qui lance au loin les traits, les comprit et s'écria :
tt O mon ami, certes, une grande, une brillante gloire t*est
réservée. Car, lorsque tu auras lancé dans la mer cette motte
de terre, les dieux en feront naître une ile où demeureront,
jusqu'aux derniers, les iils de tes fils, puisque Triton t'a
offert comme présent d'hospitalité cette motte de la terre
Libyenne. Ce n'est pas un autre des immortels, c'est bien
lui qui, s'étant présenté à nous, t'a fait ce don. »
Il parla ainsi, et la réponse de l'Aisonide ne resta pas vaine
pour Euphémos, car, heureux de cette prédiction, il lança au
milieu des flots la motte de terre, d'où s'éleva l'île Callisté,
nourrice sacrée des fils d'Euphémos. — Ceux-ci, après avoir
habité d'abord pendant quelque temps la Sintéide Lemnos,
chassés de Lemnos par les hommes Tyrrhcniens, vinrent à
Sparte pour y établir leur foyer. Mais Théras, iils illustre
d'Autésion, leur fit quitter Sparte et les conduisit dans l'ile
Callisté; il lui fit changer de nom, et, de son propre nom
de Thcras, il la nomma Théra. — Mais ces événements
arrivèrent bien après le temps d'Euphémos.
V. 1765-1772. Partis de là sans retard, après avoir laissé derrière eux les
vagues innombrables de la mer, les Argonautes abordèrent
sur les côtes d'Aiginé. Aussitôt, descendus pour faire de
l'eau, ils engagèrent une lutte sans aigreur à qui se procu-
rerait de l'eau le premier et reviendrait au navire avant les
autres : car ils avaient deux motifs pour se hâter : le besoin
d'eau et la force du vent. — De là vient qu'aujourd'hui
encore, portant sur leurs épaules des amphores pleines, les
fils des Myrmidons se hâtent dans la carrière de toute la
vitesse de leurs pieds légers et se disputent la victoire.
V. 1773-1782. Soyez-moi propices, ô fils des héros bienheureux; et que,
d'année en année, ces chants semblent aux hommes plus
CHANT QUATRIÈME igS
doux à chanter. Car j'arrive déjà au lermc glorieux de vos
iruvaus. Vous n'avez plus eu aucune lutte à affronter depuis
que vous avez pris le large, après avoir quitté Aiginé; aucun
ouragan ne s'est opposé à voire route : mais c'est au milieu
du calme que vous ave?: arpenté la mer le long de lu terre
de Cëcrops et devant Aulis, entre la côte du continent et
l'Eubée, et qu'ayant dépassé les villes Opountiennes des
Locriens, vous avez abordé avec joie sur les rivages de
Pagases.
NOTES
CHANT PREMIER
Vers I . — On n'a pas à rappeler ici la légende de la Toison d'or
et les motifs du voyage des Argonautes. Voir, à ce propos, les détails
donnés par M. Decharroe sur l'expédition des Argonautes (Mytho-
logie de la Grèce antique, 2* édition, Paris^ 1886, pages 606-614),
et le chapitre consacré aux Argonautiques par M. Couat, dans son
livre sur la Poésie alexandrine (Paris, 1882, livre III, chapitre I*%
pp. 294-326).
V. 3. Sur Vordre du roi Pélias. — Pélias est fils de Crétheus et
neveu d*Athamas. — Âthamas et Crétheus étaient fils d'Aiolos, roi des
Minyens d^Orchomène, en Béotie. Âthamas, qui régnait à Orchomène,
fut père de Phrixos et d*Heilé, qu'il eut de la déesse Néphélé; sa
seconde femme, Ino, dénaturant la réponse de Toracle, qu*on avait
consulté sur les moyens de faire cesser une peste qui dévastait le pays
d*Orchomène, prétendit qu'il fallait immoler Phrixos à Zeus. Ce qui
aurait eu Heu si Phrixos et Hellé ne s'étaient échappés sur le bélier à
la toison d*or, doué de la parole, présent d'Hermès à Néphélé. Pendant
le voyage, Hellé tomba dans la mer, qui prit son nom, et Phrixos
arriva en Colchide, chez le roi Aiétès, fils d'Hélios et de Perse, frère
de Circé et de Pasiphaé. Phrixos fit présent de la toison d'or au roi
Aiétès, qui lui donna en mariage sa fille Chalciopé. Phrixos resta en
Colchide. — Crétheus fonda la ville d'Iolcos, sur la côte méridionale
de la Thessalie; après lui, son fils Aison occupa le trône, qui lui
fut bientôt perfidement enlevé par son frère Pélias. Jason est le fils
d' Aison et le neveu de Pélias.
V. 3. Les roches Cyanées. — (Cf. Strabon, édit. Didot, p. 265, 1. 35).
Ce sont deux petites îles à l'entrée du détroit du Pont-Euxin ; l'une
située du côté de l'Europe, l'autre de celui de l'Asie, distantes l'une de
l'autre de vingt stades environ. On les appelle aussi Symplégades;
elles rendent difficile la navigation dans le détroit (cf. Hérodote, IV, 85 ;
Pline l'Ancien, IV, 92 (»); Pomponius Mêla, II, 7; — Ovide, dans
plusieurs passages, et, en particulier. Met., XV, v. 337, où il rappelle
(I) Je cite r//»/oiW Naturelle de Pline d'après Tédition de L. Janus (Leipzig, 2« édit.»
1870 et années suiv.).
19^ NOTES
que ces rochers, mouvants avant le passage du navire Argo, devinrent
ensuite stables). — Le mot xuâvsai indique la couleur bleu foncé de ces
roches. — Le mot <rjjxir>.r,ydt56ç rappelle qu'elles s'entre-choquaient.
V. 4. Argo. — « Apolloiiios dit que le nom d'Argo vient d'Argos, qui
construisit le navire; Phérécyde, d'Argos, fils de Phrixos [tradition
adoptée par Apollodore, BiN., I, 9, 16 (')]. On dit qu*Argo fut le pre-
mier navire. D'autres prétendent que Danaos, poursuivi par Aigyptos,
construisit, le premier, un navire qui, de son nom, s'appela Danaïs.»
(Scol.) (*). Argo peut aussi venir d'*ApY^Ç> r^/7i<f^ (Decharme, MytkoL,
p. Oio). — D'après Pindare {Pyth.y IV, v. 184), c'est sous l'inspiration
■d'Héra, protectrice de Jason (cf. Hom., Od,, XII, v. 72, et tout le
poème d'Apollonios), que le navire est construit. — «.Le navire Argo,
muni de bancs nombreux de rameurs (Èu^uyov 'Apyw). » Le sens du mot
s'jJ^'jyoç est déterminé par le Scol. qui lui donne pour synonyme
fiOxaèsSpo;, qui a de bons ou de nombreux sièges.
V. 5. Car voici / orac/e... (Toir,v ydtp). — Dûbner conjecture OciV,v « un
oracle divin ».
V, 8. Suivant cet oracle véridique... {txzT^^). — Les manuscrits ont xer^v
/ton oracle), mot qui n'a pas de sens ici, puisque le poète raconte les
faits et ne s'adresse pas à Pélias : d'ailleurs, tuum oraculum pourrait-il
signifier oraculum quod tibi latum et datum est? Cupcr, qui fait cette
remarque [Observ., Lib. III, cap. vu), propose aer^v {suum oraculum), ou
mieux, 6e^v pour Oei'tqv. Brunck approuve et adopte cette dernière conjec-
ture; Ruhnken écrit toirjv, qui se trouve dans la marge de certains
mss.; cette leçon est adoptée par Wellauer, Beck, Lchrs, etc. Merkel
cite une conjecture de Kœchly, a-jT-^v, et écrit lui-même èTcr,v, mot qui
donne un sens satisfaisant.
V. 9. L'Anauros. - L'Anauros est un torrent de Thessalie qui se jette
dans le golfe de Pagascs. C'est près de son embouchure que Démétrios
Poliorcète construisit une ville qu'il appela, de son nom, Démétrias
(cf. Strabon, 373,3). Lucain cite l'Anauros dans la description géogra-
phique qu'il fait de la Thessalie, au moment où César et Pompée vont
s'y rencontrer {Pharsale, VI, v. 333-38o). Il dit de l'Anauros (v. 369) :
Qutque nec humcnijs ncbulas, nec rore madcntem
Aéra, nec tenues vcntos snspirat Anauros.
C'est une allusion à l'étymologie possible du mot "Avaupo; (à privatif,
aupa, brise), sans brise, qui n'exhale aucun soufile. L'editio minor de
Mcrkcl porte àva'jpov, ce qui signifierait « un torrent ».
V. i3. Au pure Poséidon. — Pcut-ûtre faudrait-il traduire : 0 à son
père Poséidon »; j'ai dit (note au v. 3) que Pélias était fils de Crélheus :
mais, d'après une autre tradition, Tyro, fille de Salmoneus, après avoir
-eu de Poséidon Nélée et Pélias, épousa Crétheus et lui donna Aison,
Phérès et Amythaon (Scol. Odyss., XII, v. 70). Rien dans les Argo-
(') Je cite Apollodore d'aprôs l'cdition de R. Hcrclier, Berlin, 1871.
(-f) Je cite toujours les Schtylia l'ii A^>llonii Arj^imaulitu ex recensiont Hcutki Kctlii, quî se
trouvent A l.i suite de l'editio m.iior de Merkel, Leipzig, 1854. — (Malgré rétymologie, fccris
suivant l'us.ige fr.inçAis, sa-IidfU. Voir le Dulioniiaire de Liltré.)
NOTES 199
nautiques ne prouve qu^VpoUonios se soit conformé à cette tradition.
Au contraire, il est question, au v. 263, de la funeste vieillesse qui
rend Aison incapable de tout mouvement, et il n'est jamais parlé, dans-
les Argonautiques, de la vieillesse de Pélias, qui semble le frère cadet
d*Aison, et qui ne doit donc pas être né de Poséidon avant le mariage
de Tyro avec Crétheus.
V. 14. Héra Pélasgienne. — Héra, adorée dans les lUXocvYtxà iteôi'a
(Strabon, 374, 29), dans la Pélasgiotide, région de la Thessalie.
V. 18. Les anciens aèdes- chantent.. (èictxXeioudiv). — Les mss. et les-
édit. antérieures à celle de Brunck ont ïx\ xXetov^iv, leçon absurde, dit
ce dernier, qui corrige en èicixXe{ou<Tiv, correction généralement adoptée.
Cf. Wellauer : Veram lectionem reposuit Brunck,, quem recte secuti
sunt omnes, Merkel, qui conservait l'ancienne leçon dans son editia
minor, adopte la correction de Brunck dans l'editio maior, et dit en
note : Brunckii correctio evitari vix passe videtur.
V. 23. Orphée, — Ce héros est trop connu pour qu'il soit besoin
d'en parler; je me borne à traduire la note du Scoliaste : a Hérodorc
dit qu'il y a deux Orphée, dont Tun suivit Texpéditicn des Argonautes.
Phérécyde, dans son livre VI, dit que c'est Philammon, et non pas
Orphée, qui navigua avec eux. Orphée, suivant Asclépiade, était tils
d'Apollon et de Calliopé; suivant quelques autres, d'Oiagros et de
Polymnia. On se demande pourquoi Orphée, qui était faible de corps,
navigua avec les héros. C'est qu'en sa qualité de devin, Chiron prédit
qu'ils pourraient passer sans danger devant les Sirènes, si Orphée
était avec eux. n — Philammon était un célèbre chanteur de Thracc»
qui aurait institué les chœurs de danse à Delphes. Cf. Scol. au v. 432
du Ch. XIX de VOdyssée.
V. 23. Les hauteurs de Pimpléa. — Pimpléa, bourg de Macédoine,
près de la ville de Dion, au pied de l'Olympe, patrie d'Orphée (Stra-
bon, 276, 40). Ce bourg fut consacré aux Muses; ce dont les poètes
latins, ceux surtout de la décadence (cf. Stace, Silv., 1, iv, v. 25; Ausone,
Epist,, XIV, v. 9; Sidoine, X, v. 17, etc.), abusent, pour faire de perpé-
tuelles allusions aux Muses, déesses de la source, de la montagne ou de
la ville de Pimpléa. Le Scoliaste constatait déjà cette divergence d'opinions
sur ce que pouvait être Pimpléa: «Lieu de Picrie; les uns croient
que c'est une montagne de Thrace, les autres une source et un bourg
de Piérie. d
V. 29. Zôné. — a Région montagneuse et ville du même nom, au
dire de Nicandre. » (Scol.) — Ville citée par Pline (IV, 43) et par Pom-
ponius Mêla (II, 2), qui rappelle la légende rapportée par Apollonios :
(( Serrium, et quo canentem Orphea secuta narrantur etiam nemora.
Zone, »
V. 3o. Sont venus, s'avançant à sa suite, — Le texte dit : s'avancent à
sa suite. Les scoliesdu ms. de Paris, dans l'explication qu'elles donnent
de ce vers, mettent le verbe à l'imparfait. Merkel admet le présent
qu'il explique ainsi : « <rcixiwffi recte habct et significat 'ordine stani'
A rat. SytjNicand, Ther, 442, ut memini etiam cl. Lobeckium ntonere, »
Wellauer, dès 1828, rejetait à la fois l'imparfait des scol. du ms.de Paris,
et l'explication du présent que Merkel devait conserver : « Ccterum
200 NOTES
(Tttx/>(i>ai non estf ut solet h. t. verti, stant ex ordine, quod ne poiest
quidem significare, sed, ut u bique ordine incedunt, quodpoetica Ucentia
de stante arborum série dixit Apollonius. » Je crois que Wellauer a
raison : ne voulant pas détruire Timage d'Apollonios, mais ne pouvant,
en français, conserver toute l'audace que lui donne remploi du présent,
j'ai dû me résigner à employer un passé dans la traduction, comme
le faisaient les scolies de Paris dans l'explication de ce vers.
V. 3i. Les hauteurs du Piéros. — a Piéria, mont de Thrace où vivait
Orphée. )> (Scol.) Du mont Piéros vient Fépithète bien connue des
Muses, Piérides. D'après le Scol., Hérodore dit, comme Âpollonios,
que Chiron conseilla à Jason de s'adjoindre Orphée.
V. 34. La Piérie Bistonienne. — La Piérie, région de Macédoine qui
va jusqu'au fleuve Axios (Strabon, 275, 29). Les Bistoniens étaient des
Thraces qui habitaient au sud du mont Rhodope (Strabon, 281, 5i);
Bistonien est une épithète fréquente d'Orphée.
V. 35. Astérion. — Ce héros est mentionné par Valérius Flaccus(»)
(l, v. 355 sqq.):
... celer Astérion quem matre cadentem
Piresius gemiiio lavit pater amne Comètes,
Segnior Apidani vires ubi sentit Enipeus.
V. 36, 38. L'Apidanos,.., VÉnipeus. — «Ce sont, tous les deux, des
fleuves de Thessalie.» (Scol.) L'Apidanos, après avoir reçu TÉnipeus,
se jette dans le Pénée (Strabon, 371, 5; 3o6, 24). Lucain (VI, v. 373)
en parle dans la description de la Thessalie, à laquelle il a été fiiit
allusion à propos de TAnauros (cf. note au v. 9) :
it gurgite rapto
Apidanos, nunquamque celer, nisi mixtus, Hnipeus.
Cf. Ovide, Met., I, v. 579 :
irreqaietus Enipeus
Apidanusque sencx...
V. 37. Peirésies. — « Nom de ville. » (Scol.) — Phylléios. — « Mon-
tagne de Macédoine. » (Scol.)
V. 40. Larissa, — Le Scoliaste remarque que trois villes portent ce
nom de Larissa, et fait observer que le poète parle ici de Larissa, ville de
Thessalie, que fonda Acrisios, et qui, au dire d'Hellanicos, reçut son nom
de Larissa, Allé de Pélasgos. Strabon distingue, en Thessalie, Larissa
Pélasgique ou Crémaste, à vingt stades du golfe Maliaque (373, 38),
Larissa, voisine du Pénée (376, 3o), et enfin Larissa, près du mont
Ossa (378, 20). Comme le Scoliaste nomme Adtpiva rupT(6vy)ç celle dont
Apollonios fiait venir TEilatide Polyphémos, et que la ville de Gyrtone
est voisine de l'Ossa, il est permis de supposer qu'il s'agit ici de
Larissa qui est près du mont Ossa.
(I) Je cite Valérius Flaccus d'après Tcdition de Thilo, Halle, 1863. — Pour Astérion et
pour tous les Argonautes, voir Burmann, Catalogus Argonautarum ex Argonauticis (Valerii
Flacci) et aliis scriplotihus coiUctm, \ la fin du tome II du Valérius Fhccns de l'édition Lemairc.
NOTES 201
Polypbémos. — « Âpollonios dit que Polyphémos est fils d'Élatos;
Socrate, au contraire, et Euphorion, disent qu'il est fîls de Poséidon, n
(Scol.) — On connaît la guerre des Centaures et des Lapithes (voir
Decharfne, MythoL, p. 591 et suiv.). — Le Lapithe Élatos, père de
Polyphémos, n'est pas le même que celui dont le Scoliaste parle au
V. 102 : a Phérécyde, au 1. IX, dit qu'Élatos, fils d'Icarios, épouse
Érymédé, fille de Daraasiclos; de lui naît Tainaros, de qui se nomment
la ville, le golfe et le cap de Tainaron. » — Au v. 1 241, le Scoliaste
ajoute que Polyphémos avait pour femme Laonomé, sœur d'Héraclès
et fille d'Amphitryon et d'Alcmène.
V. 45. Phylacé, — Il y a plusieurs villes de ce nom, par exemple,
aux confins de l'Argolide et de la Laconie (Pausanias, VIII, 54); chez
les Molosses, en Épire (Tite-Live, XLV, 26, etc.)- Il s'agit ici de Phylacé
en Phthiotide (Strabon, 371, 52), ainsi nommée par Phylacos, père
d'Iphiclos, qui la fonda.
« Ni Homère, ni Hésiode, ni Phérécyde ne disent qu'Iphiclos alla avec
les Argonautes. Mais Phérécyde est d'accord avec Apollonios pour dire
que Jason était fils d'Alcimédé. Hérodore lui donne pour mère Poly-
phémé, fille d'Autolycos. [Apollodore, I, g, 16, dit que Jason était fils
d'Aison, fils de Crétheus et de Polymédé, fille d'Autolycos.] Andron,
dans VAbrégé des généalogies communes, dit qu'il éiait fils d'Aison
et de Théognété, fille de Laodicos. Hésiode dit qu'Iphiclos courait sur
les épis de blé [cf. Hésiode-Didot, fragment CLXII]; Démarate, qu'il
courait à la surface de la mer. C'est le fils de Phylacos et de Clyméné,
fille de Minyas. » (Scol.)— Burmann, dans son Catalogue des Argo*
nautes, donne, sur l'origine d'Iphiclos, des indications différentes dues
à d'autres auteurs, et remarque qu'il ne faut pas le confondre, comme
on Ta fait souvent, avec un autre Iphiclos, fils de Thestios, Argonaute,
lui aussi, qu'Apollonios mentionne au v. 201.
V. 49. Phères. — a Phèrcs se nomme ainsi de Phérès, fils de Cré-
theus et père d'Admète; le mont Chalcodonion domine Phères. »
(Scol.) — Phères est une ville de la Pélasgiotide, voisine de Pagases
(Strabon, 374, 28; 432, 8). — On connaît le roi de Phères, Admète,
chez qui Apollon fut esclave, et qui eut pour femme Alceste, Théroine
de la tragédie d'Euripide. Comme Iphiclos, c'est une raison de parenté
qui le poussait à venir rejoindre Jason. On a vu (note au v. 3) que
Jason, fils d'Aison, est petit-fils de Crétheus; Crétheus, père de Phérès,
est aussi grand-père d'Admète. Les deux héros, fils de deux frères,
sont donc cousins germains du côté paternel.
V. 5i. Alopé, — 11 y a plusieurs villes de ce nom dans les Locrides.
Celle-ci serait, d'après le Scoliaste, en Thessalie ou en Magnésie. Stra-
bon (371, 33) dit qu'on se demande si Alopé ne serait pas en Locride,
pays jusqu'où s'étendait le royaume d'Achille, plutôt qu'en Thessalie
(cf. aussi 366, 42 et 369, 5o, où il cite Y Iliade, II, v. 682). Mais il
semble que l'Âlopé, dont il est ici question, doit être une ville entre
le golfe Maliaque et la monugne, en Phthiotide (Strabon, 366, 42).
\,S^, VAmphrysos, — Fleuve de Thessalie (Strabon, 371, 49;
374, 10), auprès duquel Apollon, le pastor ab Amphryso de Virgile
{Georg,, III, v. 2), fit paître les troupeaux d'Admète.
202 NOTES
Aithalidès, — Le Scoliaste remarque que, maigre sa forme de patro-
nymique, c'est un nom propre. — Apollonios met en premier dans sa
liste les parents et alliés de Jason : ta mère d*Aithalidès, Eupoléméia,
est, en effet, la fille de Myrmidqn et de Peisidicé, sœur de Crétheus
(cf. Apollodore, I, 7, 3). Quant à Érytos et Échion, le Scoliaste n'en dit
rien ; c'est par une double erreur que le Dictionnaire latin de Freund*
Theil, au mot Antianira, dit que la mère d'Échion et d*Eurytus était
lille de Ménélas; Apollonios la dit fille de Ménétos.
V. 57. Gyrtone. — Ville de la Pélasgiotide, près du Renée (cf. Stra-
bon, 377, 39, etc.). Le Scoliaste dit que, suivant certains auteurs, ce
n^est pas Coronos, mais son père, Caineus, qui accompagna les Argo-
nautes.— On sait que Caineus, fils d'Élatos, naquit fille et devint
garçon, grâce à Poséidon. Ses aventures, sa lutte contre les Centaures,
sa transformation en oiseau sont racontées par Ovide {Met., VIII,
V. 3o5 sqq. ; XII, v. 189 sqq., v. 507 sqq.). Diaprés Virgile (Aen., VI,
V. 448), il redevint fille aux enfers.
V. 59. Vivant encore... — Wellauer explique bien comment Caineus
descendit vivant encore dans la demeure des morts : « Caeneum quam-
quam etiamtum viventem per Centauros periisse tradunt poetae, quo
exprimitur idj qitod deinde pluribus enarratur, Caeneum a Centauris
non inter/ectttm esse, sed vivum periisse, »
V. 65. Mopsos. — « C'est le fils de la nymphe Chloris et d'Ampycos,
fils lui-même de Titaron. i» (Scol.) D'où Tépithète que lui donne Lyco-
phron, v. 881 : Tiratpci&yeio;. Le surnom de Titarésien semble venir, non
de Titaron, mais du fleuve thessalien, le Titarésos, voisin de TOlympe
et affluent du Pénée. Strabon (379, 11) remarque qu'il ne se fait pas de
mélange entre Teau limpide du Pénée et Teau chargée du Titarésos.
Cf. Lucain ^VI, v. 375) :
Solus, in alterius ncHnen cum venerit undae
Défendit Titaresus aquas, lapsusque superne
Gurgite Penei pro siccis utitur arvis.
On connaît les vers de Musset, dans la Nuit de mai:
Et le front chevelu du Pélion changeant,
Et le bleu Titarèse
V. 67. Eurydamas. — l-e Scoliaste n'en dit rien; Valérius Flaccus ne
le cite pas dans son catalogue. Burmann avoue qu'il n'a pas trouvé
grand'chose sur son compte. Hygin {FabuL, 14), qui semble, pour le
reste, sMnspirer du passage d'ApoUonios, le dit fils d'Iros, ce qui le
ferait frère d'Eurytion dont le poète va parler. Ctiménos, qu'Apollonios
donne pour père à Eurydamas, est absolument inconnu.
Le lac Xynias. — « Lac deThessalie; certains nomment ainsi la ville
dont est voisin le lac Bobéias. Le poète a nommé ce lac Xynias, à cause
de la ville qui en est voisine. Ctiméné, ville de Thessalie ; le poète appelle
Dolopie la Thessalie, car les Dolopes sont un peuple de Thessalie. »
(Scol.) Mais la Dolopie, voisine de l'Épi re et de TÉtolie, est bien loin de
la Magnésie où se trouve le lac Bobéias (aujourd'hui lac de Karla, d'après
C. Mûllcr, éditeur du Strabon-Didot). Cela n'a pas empâché Vossius
NOTES 2o3
d'essayer de restituer ainsi un des vers les plus illisibles du poème LXIV
de Catulle (v. 288 des anciennes éditions, 287 de Tcdit. L. M<iller} :
Xyniasi et linquens Doris celebranda choreis
Boebiados...
et le Dictionnaire latin de Freund et Theil de traduire le mot Xyniades
par • nymphes du lac Bobéis, près de Xynia ». — Strabon ne parle pas
de Xynia, lac ou ville, pas plus que de Ctiméné.
V. 69. Opous, — « Opous est une ville de la Locride fondée par
Opous, fils d*Éléios. » (Scol.) C*est la métropole des LocriensOpontiens
(Strabon, ^3 67, 8).
V. 71. Éry botes. — « Hérodore, dans ses Argonautiques, Pappelle
Eurybatès, et dit qu'il était fils de Téléon. Actor eut pour fils Ménoitios,
père de Patrocle, et Iros, père d'Eurytion. » (Scol.) Erybotès n'est guère
connu : son père Téléon n'est pas le Téléon père de Boutés (cf. le Scol.
au V. gS). — Eurytion ne doit pas être confondu avec Erytos (v. 52). —
Oileus, roi de Locride, eut, de sa femme Ériopis, Ajax qu'on distingue,
par Tadditton du nom de son père, d*Ajax, 6Is de Télamon(//.,XIU,
V. 697 ; XV, V. 336). Il eut, de sk concubine Rhéné, Médon (//., II, v.727).
V. 76. — Les interprètes ne sont pas d'accord sur la manœuvre habile
d'Oileus dont parle Apollonios : est-ce quand Tennemi fuit, ou quand
ses amis commencent à lâcher pied qu'Oileus attaque les ennemis par
derrière i II semble qu*il y a peu d'habileté à attaquer par derrière un
ennemi qui fuit. Il y en a bien plus à faire diversion sur les derrières
d*un adversaire, au moment où il se croit vainqueur. Burmann (dans
son Catalogue, au mot Oileus) explique à peu près comme je le fais :
n Dotes eius praecipuas fuisse dolo hostes aggredi a ter go, si inclinata
esset acies, canit Apollonius; quodposset intelligi non de acie hostium,
sed de sua, in quapugnabat Oileus, quaecumfugeret, ipse, quasi in ter go
manus haberet, insequentes hostes poterat impetere. u
V. 77. Canthos. — « Canthos est aussi cité par Cléon. Il est le fils
de Canéthos, qui a donné son nom à une montagne d'Eubée [que
Strabon, 384, 9, mentionne, en effet, comme voisine de Chalcis] . Celui-ci
était fîls d'Abas, à cause duquel les Eubéens se nomment Abantes
[origine du nom des Abantes citée par Strabon, 382, 25].» (Scol.)
V. 82. Il n'est pas pour les hommes,.. — Ce vers obscur a été diver-
sement interprété. Le Scoliaste dit : « Il n*y a pas de malheur si grand
qu'il ne puisse arriver à l'homme. » — Shaw traduit : « Adeo non licet
hominibus se a maximo malo (morte sci licet) eripere. » Beck : c Sic a
nemine longe remotum est malum, quin iliud subeant. » Lehrs : a Nam
non hominibus malum longe remotum est quin incidant. » Wellauer
explique : c Nullum est malum hominibus adeo in longinquo situm, quin
in illud incidere possint. » Dûbner n'explique rien ; il se borne à
constater judicieusement : « Taie epiphonema praecipue Alexandri-
norum est et Romanorum eos imitantium. m
V. 85. Entre son lever et son coucher. — « Il veut dire : aussi loin du
pays des Colchiens que les endroits où le soleil se couche sont loin de
ceux où il se lève. Car la Libye est au couchant, et la Colchide au
levant. » (Scol.)
204 NOTES
V. 86. Clytios et Iphitos, — De ces deux fils d'Antiopé, l'un, Clytios,
est omis dans le Catalogue de Valérius Flaccus. Ils avaient pour sœur
lolé, qu*Hcraclès enleva; le Scoliaste de Sophocle {Trachin., v. 335)
dit qu'Héraclès furieux arracha à Iphitos son arc et le précipita du
haut d'une tour. Le père de ces deux Argonautes, Eurytos, ne doit pas
être confondu avec l'Argonaute Erytos, cité au v. 52. D'après une
tradition, ce roi, célèbre par son adresse à l'arc, avait promis sa fille
lolé à celui qui l'emporterait sur lui dans l'art de lancer les flèches.
Vaincu par Héraclès, il lui refusa la récompense promise et fut tué
par lui, ainsi que ses fils. La tradition citée par Apollonios, au sujet
des rapports d'Eurytos avec Apollon, se trouve déjà indiquée dans
VOdyssée (VIII, v. 224-228).
Oichalié, — Il s'agit de la ville d'Eubée, dit le Scoliaste. Le passage
d*Apollonios montre bien qu'il est question de l'Oichalié qu'Honàère
(//., II, V. 730) appelait la ville d'Eurytos. Mais Strabon (376, 32) fiiit
remarquer que cette ville d'Eurytos est placée soit en Thessalie, soit
eu Eubée, soit en Arcadie.
V. 93. Sans le vouloir (à^paStT)). — ^it par imprudence, soit par
suite d'un mauvais dessein (xaxÔ6o<jX£x), dit le Scoliaste. Ce dernier
sens, qui n*est pas donné dans les dictionnaires et qui ne semble pas
venir légitimement de à privatif, 9pàCo|jiat, aura été imaginé par le
Scoliaste pour concilier ce que dit Apollonios avec la tradition com-
mune, d'après laquelle Télamon et Pelée, jaloux de leur frère Phocos,
qui l'emportait sur eux dans les concours gymniques, voulurent se
débarrasser de lui : au milieu d'un jeu, l'un des deux complices,
Télamon (suivant Apollodore, III, 12, 6), ou Pelée (suivant Diodore de
Sicile, IV, 72; Pausanias, II, 29, 9; X, 3o, 4), lança le disque à la tête
de Phocos qui mourut sur le coup. — On trouvera pour Télamon
d'autres renseignements au v. 1289. — Quant à Pelée, la légende de
son mariage avec Thétis est trop connue pour qu'on y revienne ici.
Il y a cependant un détail à noter : au moment où le navire Ârgo
gagne la haute mer, Apollonios montre le Centaure qui tend le petit
Achille à son père (v. 558). Or, la tradition ordinaire, celle même que
suit Catulle dans VÉpithalame, donne le mariage de Pelée comme
postérieure l'expédition des Argonautes; Valérius Flaccus (I, v. 255)
a suivi son modèle grec :
lamque aderat summo decurrens vertice Qiiron,
ClamantcxnqQc patri procul ostentabat Achillen.
A iginé, — L'île d'Égine, située dans le golfe Saronique entre l'Attique
et l'Argolide. Cf. Strabon, loa, 40; 372, 27.
L'île Attique, — C'est-à-dire Salamine, remarque le Scoliaste.
La Phthie, — Strabon fait observer (370, 26 sqq.) qu'Homère (//., II,
V. 683 ; IX, V. 395 et 498) distingue 4»6{a et *£XXàc. Mais il se demande si,
dans VIliade, Phthie est une ville ou un pays. Chez les poètes romains,
c'est une ville, par exemple, dans Virgile {Aen., I, v. 284) :
Cum domas Assaraci Phthiam clarasque Mycenas
Servitio premet ac victis dominabitur Argis.
NOTES 205
Il semble qu'ici Apollonios désigne la Phthiotide, c^est-à-dire la
Thessalie méridionale.
V. 95. De Cécropie, — De TAttique, dit le Scoliaste, ainsi nommée
du roi Cécrops. Cest aussi le nom d'une des douze villes d'Attique
fondées par Cécrops et réunies ensuite par Thésée (Strabon, 341, 28).
Catulle (LXIV, v. 79) en fiait un synonyme d'Athènes.
<i Ce Téléon, père de Boutés, est un autre que le Téléon, père d'Ery-
botès, dont il a été déjà parlé [v. 71]. Quant à Alcon, Proxène le dit fils
d'Érechtée; il dit aussi qu'il s'enfuit d'Attique en Eubce avec sa fille
Chalciopé, et que, malgré les réclamations de son père, les habitants
de Chalcis ne le livrèrent pas. » (Scol.) — A propos d'Alcon, on peut
relever cette conjecture, assurément inattendue, de Burmann : dans son
catalogue des Argonautes, le commentateur cite le vers connu de Virgile
{Ed., V, V. Il):
Aut Alconis habes laades, aut iurgia Codri.
Il y voit matière à supposer qu'Alcon avait accompli quelque action
admirable, digne d'être mise en parallèle avec le dévouement du roi
Codros. — Il y a beaucoup de Boutés dans la légende grecque, entre
autres, celui dont parle Ovide (Met., VII, v. 5oo), un Troyen et un
écuyer d^Anchise cités par Virgile (Aen,, XI, v. 690; IX, v. 647), et
surtout le fameux descendant d'Amycos {Aen,, V, v. 372) :
Victorem Baten immani corpore qui se
Bebrycia venieas Amyci de gente ferebat.
D'après une tradition citée par Servius(cf. le v. 913 du IV* chant des
Argonautiques), c'est Boutés, fils de Téléon, qui eut d'Aphrodite cet
Éryx dont il est question dans ce même V* chant de Y Enéide (v. 24).
— Phaléros aurait, d'après Pausanias (II, i), donné son nom au port
de Phaières à Athènes.
V. loi. Mais Thésée, .. — L'amitié de Thésée et de Peirithoos et
leurs expéditions faites de concert sont célèbres. Il semble que Thésée
n'avait pas besoin d'être retenu aux enfers pour ne pas pouvoir
prendre part à l'expédition des Argonautes, qui, d'après Apollonios lui-
même, est bien postérieure à ses exploits. En effet, Jason {Argon., III,
V. 997) racontera à Médée, comme un fait antique, les amours de
Thésiéeavec Ariane; et, qui plus est, Jason est aimé d'Hypsipylé, fille
de Thoas {Argon,, I, v. 609 sqq.). Or, Thoas est le fils d'Ariane et de
Dionysos qui, comme on sait, succéda à Thésée dans le cœur de la
fille de Minos et de Pasiphaé. — D'autre part, Apollodore (I, 9, 16) et •
Hygin font de Thésée un Argonaute; suivant cette tradition, Stace
{Theb., V, V. 431) le montre venant rejoindre les héros et fait dire à
Chiron {AchilL, I, v. i36) qu'il l'a vu aux côtés d'Héraclès sur le
navire Argo. Plutarque ne dit rien de semblable.
V. 102. La terre Tainarienne. — On plaçait près du cap Tainaros,
en Laconie, une des portes des enfers; d'où, chez les poètes latins, la
synonymie de Taenarius et dUnfernus (Virg., Georg,, IV, v. 467; Ovide,
Met., X, V. i3, etc.). Claudien va jusqu'à dire Taenarius currus pour le
char de Pluton {Rapt. Proserp., l, v. 2).
2o6 NOTES
V. io5. 5t/^/?a. — «Siphai est une ville de Béotie; et le dème
Siphaen est un dème des Thespiens. » (Scol.) Thespies est une ville de
Béotie, près de IHélicon. (Cf. Strabon, 35i, 36.)
V. io8. // était habile,.,— D'après le Scoliaste, le sens est: habile
à diriger le navire, le jour, diaprés le soleil; la nuit, d*après quelqu'un
des astres. Shaw traduit ex sole et Stella; Beck et Lehrs, ex sole et
sidère. Je traduis par la Grande-Ourse, suivant une observation de
Brunck qui se fonde sur un vers d'Aratos disant que les hommes
Achéens guident la marche de leur vaisseau sur la Grande-Ourse. Ce
serait là ce quelqu'un des astres dont parle le Scoliaste.
ApoUonios donne à Tiphys toutes les connaissances requises d*un
bon xupcpvi^TQc. Dans VOdyssie (V, v. 271 et suiv.), Ulysse se bornait à
diriger habilement son embarcation en se guidant sur Tobsen'ation des
étoiles. A Tëpoque classique, on demandait davantage au pilote : « C'est
sur les connaissances techniques de cet ofiBcier qu'insiste Aristote
{Rhe't., II, 21), lorsqu'il fait ressortir l'anomalie qu'il y aurait à tirer
au sort parmi les gens du bord celui qui doit diriger le navire, au lieu de
choisir le plus capable. Platon cite quelques-unes de ces connaissances
en disant : Pour mériter réellement de commander un vaisseau, il faut
savoir tenir compte dfi Vannée, des saisons, du ciel, des astres, des vents
et de tout ce qui intéresse la science du timonier, {Rép,, 6, p. 488.)
C'était en effet une science qui portait un nom spécial; on l'appelait
r^ xupepvyiTtxinf ^^ ^^ 'u' attribuait une grande importance... Et Maxime
de Tyr {Dissert., xxxi), pour résumer les principales connaissances
qu'elle renferme, nous apprend qu'elle consiste surtout à faire la route,
à tenir compte de l'état du ciel et à connaître les ports. » (Cartault, La
Trière Athénienne, p. 228, Paris, 1881.)
V. 1 1 1 - 1 14. — Je mets ces vers entre crochets comme le font Wellauer
et Lehrs. Wellauer explique ainsi les doutes qu'il a, sinon sur l'authenti-
cité de ces vers, du moins sur leur opportunité à cette place : « Mirum in
hoc et tribus qui sequuntur versibus neminem praeter Beckium offendisse,
[Beck dit : Quatuor versus videntur hue e priore editione venisse]
quum eos quam ineptissime hoc loco legi quivis intelligere facile possit.
Facilius tuleris, si supra ante v, 20 legerentur, quamquam et illi loco,
ut nunc legitur, parum apti forent. Vero igitur simillimum est, in priore
recensione poetam de navi aediflcata paulo fusius locutum esse, et ex
illa enarratione hos quatuor versus superesse, qui deinde, propter
pronomen «vtri, quod ad praecedens Minervae nomen referri débet, huic
loco assuti sunt. Hic vero eos abesse debere vel scholia docent quae eos
ne verbo quidem tangunt. Propterea non dubitavi uncis eos includere, d
Les scolies ne passent pas absolument ces vers sous silence, puisque
H. Keil donne une note, d'ailleurs additionnelle, du Scoliaste concer-
nant le vers 112. Mais, que les vers 111-114 appartiennent à la
première édition, ou qu'ils proviennent d'une interpolation, ils ne
sont évidemment pas à leur place ici ; ils semblent, comme Wellauer
le remarque, amenés par le nom d'Athéné, cité incidemment à propos
de Tiphys. D'ailleurs, s'il a déjà été dit (v. 19-20) que le navire a
été construit par Argos sur les conseils d'Athéné, Argos lui-même
aura plus loin (v. 226) sa place dans le Catalogue des héros.
NOTES 207
V. Il 3. Phlias, — Ce héros n*est pas mentionné dans Apollodore;
d'après Burmann, il serait le âls d'Ariane et, par suite, oncle d'Hy psi py lé,
tille de Thoas, lequel est, comme Phlias, fils de Dionysos et d*Arianc>
c Araithyréa, ville du Péloponèse, maintenant nommée Phlious, de
Phlious, tilsde Dionysos et de Chthonophylë, située près des frontières
de Sicyone. Dionysos s'appelle, lui aussi, Phlious, parce que le vin
coule en abondance [9>iîv, 0 etrxiv eOOy)vetv]. » (Scol.) Pausanias (II, 12)
attribue la fondation de cette ville à Phlias, fils de Dionysos et
d'Araithyréa. Apollonios cite, sans doute, Phlias, parce qu'il voit en
lui le fondateur de Phlionte (ou Phlious). Araithyréa est citéj dans le
Catalogue des navires (//., II, v. 571) parmi les villes d'Agamemnon
(cf. Strabon, 828, 24). — Dûbner fait observer que Phlias était riche
ob vint cultum, — L'Asopos, fleuve de Sicyonie, prend sa source au
mont Caméatès, passe devant Sicyone et se jette dans le golfe de
Corinihe (Strabon, 328, 29). Il ne faut pas le confondre avec les
fleuves du même nom qui coulent dans l'île de Paros (Strabon»
328, 34), et dans la Phthiotide (Strabon, 326, 7), et surtout avec
TAsopos, fleuve de Béotie, qui, personnifié, est père d'Aiginé, la mère
d'Aiacos. Le Scoliaste fait cette confusion : « L'Asopos, dit-il, fleuve
thébain, qui a ses sources à Araithyréa. Il fut foudroyé par Zeus^
ravisseur de sa fille, qu'il poursuivait, selon ce que dit Callimaque. u
(Cf. Hymne à Délos, v. 77.) Ibycos affirmait bien, au dire de Strabon
(225, 46), que l'Asopos, qui coule à Sicyone, venait de Phrygie!
V. 118. D'Argos. — Il s'agit du pays et non de la ville, dit le Scoliaste.
— Il semblerait que Talaos, Aréios et Léodocos ont tous trois Péro pour
mère, mais que, seuls, les deux premiers sont fils de Bias. Apollodore
(1,9, i3)dit que Talaos est fils de Bias et de Péro, et énumère les enfants
qu'il eut de Lysimaché, mais il ne parle pas des frères de Talaos. Ces
trois héros sont d'ailleurs peu connus; ils étaient parents assez proches
de Jason : en eflet, Aiolos, comme on l*a déjà dit (note au v. 3), eut pour
fils Crétheus et Athamas; Crétheus, Aison et Amythaon; Aison, Jason;
Amythaon, Bias et Mélampous. Jason est donc cousin germain de Bias,
père des héros. Properce (II, m, v. 3i; édit. Mûller II, iv, v. 7) fait
allusion à Faventure de Mélampous, racontée au long par Apollodore
(I, 9, 11 sqq.).
Nélée, père de Nestor, avait pour fille Péro, que, par haine pour
Iphiclos, il avait juré de ne donner qu'au héros capable de voler les
bœufs de cet Iphiclos (d'après Apollodore, I, 9, 12, cet Iphiclos, qui
aurait eu son étable à Phylacé, serait le même qu'Iphiclos de Phylacé,
parent de Jason et Argonaute, cité par Apollonios, v. 45). Bias aimait
Péro : pour être agréable à son frère, le devin Mélampous entreprit ce
vol. Surpris par Iphiclos, il fut enfermé dans Tétable. Mais Iphiclos
était stérile; le devin lui enseigna le moyen d'avoir des enfants; par
reconnaissance, Iphiclos lui rendit la liberté et lui donna ses bœufs.
Nélée accorda alors à Bias sa hlle Péro (cf. Odyssée^ XI, v. 286 sqq.;
Pausanias, IV, 36).
V. 122. — Le travail d'Héraclès, auquel Apollonios fait ici allusion,
est bien connu (cf. Decharme, Afythol., p. 32o). Aristote {Politique,
III, i3) dit qu'il ne voulut pas accepter Jason pour chef et qu'il se
2o8 NOTES
retira de l'expédition. Apollon ios suit la tradition commune. Hylas est
bien connu : Cui non dictus Hytas? La suite du poème raconte
d*aiUeur8 son origine et son enlèvement par les Nymphes.
V. 125. Argos Lyrcéienne. — Le Scoliaste, qui lit Auyxi^iov {leçon du
Guelferbytanus et du Laurentianus), dit que ce nom d'Argos Lyncéienne
vient de Lyncée, roi d^ Argos (qu'il ne faut pas confondre avec l'Argo-
naute cité au V. i3i, ni avec le fils d'Aigyptos que sa femme Hyperm-
nestra, seule des Danaldes, sauva de la mort; cf. Apollodore, II, i, 3). Si
on lit Avpxr,iov, il admet que Torigine de cette épithète est une montagne
argienne où Tlnachos a sa source. L*Inachos, qui passe à Argos, sort en
eflët du Lyre ios, montagne qui sert de frontière entre l'Argolide et
i*Arcadie (cf. Strabon, 3i8, 25; 323, 41).
Brunck soutient la leçon des mss. avec plus de vivacité que de bonnes
raisons : c Sic codices omnes, bene. Argos Lyncelum dicitur a Lynceo
Danaï genero, qui post socerum ibi regnavit. Notus quidem ille satis et
abunde,,. Ridiculum esset celebrem urbem, regionis caput ab ignobili
oppiduîo cognominari. Si quis vero Lyncei filiusfuit Lyrcius, cujus rti
fi des pênes Hesychium esto, quem vide in Aupxfou «tjjiov, a^eo -4rgri
denominarinonpotuerunt, quum ibi ille nunquam regnaverit. Successores
habuit Lynceus nepotes ex Abantefilio A crisium et Prœtum.it Vignobile
oppidulum, auquel Brunck fait allusion, est, sans doute, le bourg de
Lyrccion en Argolide (Strabon, 364, 21); mais ce n'est pas de cette
ville, c'est, on Fa déjà vu, du mont Lyrcios que vient le surnom d'Argos.
Dûbner l'affirme et le prouve à l'aide d'une citation de Valérius Flaccus :
« Omnino legendum Aupxf^iov ob montent ibi situm; sic apud Valerium
Flaccum, IV, v. 355, Lyrceia tellus.»
V. 1 27. Lampéia, , . Erymanthos, — Le Lampéia est un mont d'Arcadie
(Strabon, 293, 37), où prend sa source l'Érymanthos qui se jette dans
l'AIphée (Strabon, 295, 12; 3o6, 5o). L'Érymanthos est aussi le nom
d'un massif montagneux d'Arcadie dont le Lampéia ne serait qu'une
partie, et où Héraclès tua le sanglier (Apollodore, II, 5, 4).
V. i3o. Sans l'ordre. — Je traduis suivant l'interprétation de Dûbner,
injussu.
V. 1 34. — « Nauplios, fils de Poséidon ctd'Amymoné, fille de Danaos.
Celui-ci descend de l'ancien Nauplios. Le poète parle du Proitos,
ennemi de Bellérophon, et mari d'Antéia [plus connue sous le nom de
Sthénébée]. M (Scol.) Le texte d'Apollonios ne permet pas de douter
qu'il ne s'agisse ici du jeune Nauplios, fils de Clytonéos, comme dit le
poète en termes précis. Burmann, qui consacre à Nauplios une longue
notice, veut que l'Argonaute soit le Nauplios, fils de Poséidon et
d'Amymoné. Properce parle en deux endroits (IV, i, v. 1 15, édit. Mûller
V, r, V. ii5; III, vu, v. 39, édit. Mûller, IV, vi, v. 39) d'un Nauplios,
fils de Poséidon, roi d'Eubée et père du fameux Palamède (Apollodore,
II, r, 5, i3; III, 2, 2), que les manœuvres déloyales d'Ulysse firent tUer
devant Troie. Pour se venger de cette trahison, Nauplios attira par
de faux signaux, sur le roc de Opharéa, les Achéens qui retournaient
dans leur patrie, et causa ainsi leur naufrage. Le père de Palamède ne
semble pas être le même que le père de Proitos, mais un homonyme.
Apollonios ne fait aucune allusion à Palamède : Nauplios né de Poséidon
NOTES 209
et d*Atnymoné a pour lîls Proitos; Proitos a pour fils Lernos; Lernos,
Naubolos; Naubolos, Clytonéos; et Clytonéos est le père de Nauplios
TArgonaute. Le Nauplios, père de Palamède, était roi d'£ubée; le
Nauplios, père de Proitos, passe pour le fondateur de Nauplia, port
de TArgolide (Strabon, 3i5, 46; 3 16, 48): il devait donc régner en
Argolide et non en Eubée. C'est d'Argos, en efi'et, que vient le jeune
Nauplios.
V. 1 39. — a Chamailéon dit que les anciens donnaient à Thestor le
nom d'Idmon à cause de sa science [fô(ui)vde olda]. D'autres disent aussi
que Thestor navigua avec les Argonautes; Déilochos dit qu'Amphiaraos
les suivit. Mais Idmon, à ce que raconte Phérécyde, était fils d'Astéria,
fille de Coronos, et d*Apollon; et Thestor, d'Idmon et de Laothoc; et
Calchas, de Thestor. Idmon fut tué chez les Mariandyniens par un
sanglier. Hérodore le dit fils d*Abas. » (Scol.) Si Idmon était fils d'Abas,
il était parent de Jason, puisque Abas était fils de Mélampous dont il a
déjà été parlé. Apollonios (II, v. 8i5-85o) raconte cette mort d*Idmon
chez les Mariandyniens, peuple de Bithynie.
V. 141. Craignant que le peuple ne traitât avec mépris sa bonne
renommée, — Wellauer explique : « Ne populus ipsi propter gloriam
deficientem indignaretur, »
V. 146. L'Étolienne Léda. — «Il l'appelle naturellement Étolienne,
puisque Thestios était Étolien. [On sait que Léda avait pour père
Thestios, fils d^Arès, cf. ApoUodore, III, 10, 5.] U la désigne par le
nom de son pays, comme on désignerait un Syracusain par le nom de
Sicilien, ou un Romain par le nom d'Italien. Ibycos la nomme
Pleuronia [petite-fille de Pleurôn qui donna son nom à une ville
d'Étolie, voisine de Calydon,cf. Strabon, 395,^4]; Hellanicos la nomme
Calydonia [descendante de Calydon, roi d'Etolie, ou née à Calydon,
ville fondée par ce roi?].. Elle était fille de Thestios, roi d'Étolie, fils
d'Ares et de Démodicé. On dit que sa mère était Déidamcia. » (Scol.)
Le Scoliaste rapporte aussi d'autres traditions sur l'origine de I^a :
mais celle-là est la plus communément admise. Castor et PoUux sont
trop connus pour qu'il faille ici en parler davantage. Apollonios donne
à entendre qu'ils sont fils de Zeus. Dans VOdyssée (XI, v. 298-305),
ils sont fils de Tyndare. Dans Pindare, Léda, unie la même nuit
à Zeus et à Tyndare, a Pollux du dieu et, de son mari, Castor
(Néméennes, X, v. 80). Plus tard les deux frères, surnommés les
Dioscures,sont regardés tous deux comme fils de Zeus (Théocrite, XXII,
V. 1), comme ils l'étaient déjà, d'ailleurs, dans l'Hymne homérique qui
leur est consacré.
V. i52. Aréné, — «Ville du Péloponèse près de Pylos. » (Scol.) Le
Catalogue des vaisseaux la cite en même temps que Pylos {IL, II,
V. 591). Strabon (297, 53) hésite sur sa position. — Pylos est la patrie
de Nestor, bien connue, grâce à Homère. — Aphareus (le Dictionnaire
latin de Freund et Theil parle de ses filles Lynée et Idas?), fils de
Périérès, était frère de Leucippos et, suivant certaines traditions, de
Tyndare, d'Icarios, d'Hippocoon, tous héros de Messénie et de Laconie.
Hippocoon fut tué par Héraclès; Icarios eut pour fille Pénélope; Tyn-
dare fut l'époux de Léda; Leucippos eut deux filles qui furent enlevées
37
2IO NOTES
par Castor et PoHux, et Aphareus eut ces deux fils, Idas et Lyticée,
qui c composent une paire fraternelle qui a peut-être la même origine
que celle de Castor et Pollux» (Decharme, MythoL, p. 633). Mais
une longue inimitié devait régner entre ces deux couples de héros
et avoir un dénouement fatal pour les deux fils d'Aphareus. Lyncée
fut tué par Pollux, et Idas, consumé par la foudre de Zeus, pour avoir
tué Castor (ApoUodorc, III, 1 1 , i ). Le rôle de Lyncée est assez efiacé dans
les Argonautiques ; quant au « violent Idas », son caractère tranche sur
la politesse commune des autres héros. Apollonios le montre toujours
colère et insolent. — « La mère de ces deux héros, dit le Scoliaste, est,
d'après Phérécyde, Aréné, qui donna son nom à la ville; diaprés Pisandre,
Polydora ; d'après Théocritc, Laocoosa. Les deux frères furent rivaux des
Dioscures. » Apollodore (III, lo, 3) leur donne, comme Phérécyde, pour
mère Aréné, tîlle d*Oibalos. — Wellauer insiste sur le commencement
du V. 1 5 1 : Ot t' * A^apvrnadat. v^Ùià* ex conjectura dédit Beck., quia in
hac heroum enumeratione semper d£ transitui inservit, nunquam xc. Sed
in omnium librorum consensu nihil hic mutandum est, quum pœta hos
Apharetiadas arctius cum praecedentibus Dioscuris jungere voluisse
videatur, par fratrum cum pari, Simile quid innuere videtur Scho!,,
cujus haec sunt verba : outoi Sa (rjvr,xpt.a<Tav toTc Tuv^op^dsiç. >
V. 1 56. — Poséidon, père de Nélée, suivant le Scoliaste, était par suite
le grand-père de Périclyménos. D'après la IV* Pythique de Pindare,
M. Decharme voit dans Périclyménos un tils de Poséidon {Mythol.,
p. 609]. Apollodore (1, 9, 9) cite, entre autres fîls de Nélée et de Chloris,
Nestor et Périclyménos : celui-ci avait, dit-il, reçu de Poséidon le
pouvoir de se transformer. Il cite, il est vrai, un autre Périclyménos,
lîls de Poséidon (III, 6, 8). Un fragment d'Hésiode (édit. Didot,
n* XXX), cité par le Scoliaste, dit que, grâce à Poséidon, Périclyménos
pouvait se changer en aigle, en fourmi, en abeille, en serpent, mais
que la volonté d'Athéné le fit s'abuser sur le pouvoir de ces transfor-
mations. Il fut en effet vaincu par Héraclès, quoiqu'il eût pris dans
la lutte la forme d'un lion, puis celles d'un serpent et d'une abeille
(Apollodore, I, 9, 9, et II, 7, 3). Cette lutte est racontée par Ovide
[Met., XII, v. 556, sqq.).
V. i58. Du divin Nélée. — Quiafilius est Neptuni, dit Dûbner.
V. 162. L'héritage, — « L'héritage veut dire le royaume d'Aphéidas.
Car on dit qu'AIéos est le fils d'Aphéidas, fils lui-même d'Arcas... Il
y a deux Cépheus, l'un fils d'Aléos, dont parle Apollonios, l'autre
dont Hellanicos fait mention dans son livre sur l'Arcadie. Ancaios et
Epochos étaient fils d'Antinoé et de Lycourgos, héros honoré chez les
Arcadiens, au dire d'Aristoménès ». (Scol.) Apollodore, qui ne nomme
pas Amphidamas, dans son Catalogue des Argonautes, énumère toute
la postérité d'Arcas, le héros de l'Arcadie. Arcas eut pour iils Élatos
et Aphéidas; Aphéidas, Aléos et Sthénobéia, ou Sthénëbée, nommée
aussi Antéia (voir la note au v. 134). Aléos eut pour fils Cépheus et
Lycourgos, et pour fille Auge, qui fut violée par Héraclès et enfanta
Téléphos (III, 9, i). On voit qu'Apollodore ne cite pas Amphidamas
parmi les fils d'Aléos. C'est parmi les fils de Lycourgos qu'il le place;
il donne, en effet, pour hls à Lycourgos Ancaios, qui, après l'expédition
NOTES 21 r
des Argonautes, devait être tué par le sanglier de Calydon, Epochos,
Amphidamas et lasos, père de la fameuse Atalante (III, 9, 2). Ce
Lycourgos n*a aucun rapport avec le roi des Edoniens, ennemi et
victime de Dionysos. — Tégée, ville d'ArcaJie (Strabon, 320, 45). —
Du Ménale. « Mainalos, montagne et ville d'Arcadie, dont le nom vient
de Mainalos, Arcadien^, tils de Lycaon. y (Scol.) Le massif montagneux
du Ménale va de Mégalopolis à Tégée ; il est souvent célébré par les
poètes latins, en particulier comme berceau de la poésie pastorale en
Arcadie (cf. Virgile, Ed. VIIÏ, v. 2 1 , etc.)- Strabon (333, 40) mentionne
aussi en Arcadie la ville homonyme.
V. 170. Au fond du grenier, — cxaXtî), horreum ligneum, a quo
calones » (Dûbner). Le Scoliaste indique qu'il s'agit d'une construction
en bois.
V. 172. Augéiès. — A II était réellement fils d'Hélios et soi-disant de
Phorbas. 1 (Scol.) C'est l'Augias des Latins, bien connu par ses étables
et ses démêlés avec Héraclès.
V. 176. Astérios. — Cet Argonaute se distingue d'Astérion dont il a
déjà été parlé. Hygin et d'autres auteurs confondent les deux héros.
Apollodore, qui n'en dit rien, donne le nom d' Astérios (I, 9, 16) au
fils de CométéS) Astérion, cité au vers 35. 11 cite sous le nom d'Asté-
rion le roi de Crète qui épousa Europe (III, i, 2). Amphion, fils
d'Hypérasios, se distingue du fameux Amphion, fils de Zeus et
d'Antiopé, évidemment plus ancien, puisque Amphion et Zéthos sont
représentés sur le manteau de Jason {Argon., I, v. 736). Quant à
Hypérasios, le Scoliaste se borne à dire que c'était un roi d'Achaie,
fondateur de la ville d'Hypérasia, mentionnée par Homère (//., II,
V. 573). — Pelles semble inconnu : quant à la ville fondée par lui,
voici ce qu'en dit le Scoliaste : a Pellène, ville d'Achaie, s'écrit avec
un e; Pallène, ville d'Arcadie, avec un a; TAchaîe est une partie de
a Thessalie où se trouvait Pellène. » Pellène est une ville d'Achaie,
capitale du plus oriental des douze petits États d'Achaie, aux environs
de Sicyone, distante de la mer de 60 stades, dans une position forte
(Strabon, 324, 14; 33i, i7).QuantkrAchaïe, on sait que c'est uae région
du Péloponèse. Le Scoliaste fait une confusion avec l'Achaïe Phthiotide,
petite contrée de la Thessalie, sur le golfe Maliaque, d'où étaient
d'ailleurs originaires les Achaïens du Péloponèse (Strabon, 329, 34).
C'est d'après O. Schneider que Merkel écrit, dans son édit. maior,
AtyiaXoTo, avec une majuscule : ce qui signifie non plus du rivage,
mais de YAigialos, ancien nom de l'Achaïe (Strabon, 33 1, 39; 329, 3;
cf. lliad., II, V. 576).
V. 1 79. Tainaros. — « Cap de Laconie dont le nom vient deTainaros,
fils de Poséidon. » (Scol.) Cf. la note du vers 102. — Pour Euphémos,
voir la IV* Pythique de Pindare. Sa mère Europe, qu'il ne faut pas
confondre avec la Phénicienne, sœur de Cadmos, qui fut enlevée par
Zeus, changé en taureau, est la fille du géant Tityos, bien connu pour
sa tentative sur Létô, et sa punition aux enfers où deux vautours lui
rongent le foie. Voir, pour Tityos, la note au v. 761.
V. 186. La ville de Villustre Milétos. — «Cette ville s'appelait
autrefois Pityussa; son nom lui vient de Milétos, fils d'Euxantios, fils
212 NOTES
de Minos [et de Dexithca, Apollodore, III, i, 2]. On dit aussi que
Miiélns était fils d'Apollon et d*Aréia, fille de Cléochos. [Cest la
tradition adoptée par Apollodorc, HI, i, 2.] On dit que la ville s*appela
d*abord Pit>'ussa ou Astéria, ensuite Anactorion et enfin Milétos. »
(Scol.) Cest la ville bien connue de Milet, en Carie. — Parthénia,
demeure d*Héra Imhrasienne. Le Scoliaste voit dans ces mots une
désignation de Samos, Tlmbrasos étant un fleuve de Samos nommé
Parthénien, parce qu*Héra, vierge encore (ic«pO£vov o^ov), fut nourrie
sur ses bords (voir Strabon, SgS, 3; 544, 17). Diaprés Lucillus de
Tarra, cité par le Scoliaste, Samos aurait été nommée Parthénia, à
cause de Parthénia, femme du roi Samos. — Il s*agit évidemment ici
de l'île de Samos pour laquelle on connaît l'amour d'Héra. Artémis
partageait avec elle la désignation d^Imbrasienne (Callimaque, Hymne
à Artémis, v. 228). — Erginos, dit le Scoliaste, n'est que le descendant,
mais Ancaios le fils de Poséidon. Ancaios (qu'il ne faut pas confondre
avec son homonyme déjà cité, v. 161-171) est le fils de Poséidon et
d'Astypalaia, fille de Phoinix; et Erginos, le fils de Clyménos, fils de
Prcsbon, et de Bouzygé, fille de Lycos. ^- Apollodore ne cite pas
cet Ancaios et fait d^Erginos un fils de Poséidon (I, 9, 16). Pour
Apollodore, Erginos, fils de Clyménos, roi des Minyens, est un autre
héros qui fut tué par Héraclès (II, 4, 11).
V. 190. Calydon. — C'est une ancienne ville d*Étolie, bien connue
par le sanglier qu'Artémis suscita dans la forêt voisine et qui fut tué
par Méléagros. — Méléagras, fils d'Oineus, est aussi très connu
(Decharme, MythoL, pp. 386-389). Apollonios en fait un tout jeune
homme au moment de l'expédition (cf. aussi Argonautiqites, ch. III,
V. 3 18). — Laocoon, cité aussi par Hygin, n'est pas autrement connu :
Apollodore et Valérius Flaccus ne parlent pas de lui. — Jphiclos, fils
de Thestios et frère d'Althaia, mère de Méléagros (qu'il ne faut pas
confondre avec Iphiclos, frère d'Alcimédé, mère de Jason, cf. v. 43),
est cité par Valérius Flaccus (I, v. Syo) et par Apollodore (I, 9, 16).
V. 202. Palaimonios» — Ce héros est un des plus inconnus parmi
les Argonautes; il ne fait que figurer dans le catalogue d'Apollonios et
ne joue aucun rôle dans le poème. Valérius Flaccus ne le cite pas.
Apollodore, qui le mentionne dans son catalogue (I, 9, 16), dit qu'il
était fils d'Héphaistos ou d'Aitolos, et le nomme Palaimon. Son père
putatif, Lernos d'Olénos, est inconnu; ce n'est pas 4e même que le
père de Naubolos (cf. v. i33). — Il y a deux villes du nom d'Olénos :
Tune en Achaîe (Strabon, 33i, 24), l'autre en Étolie, citée dans le
Catalogue des navires (IL, II, v. 639). C'est sans doute de celle-là que
venait Palaimonios, puisqu'il est cité immédiatement après d'autres
héros, venant aussi d'Étolie.
V. 207. — « Les Phocéens [Phocidiens, suivant la dénomination
moderne] s'appelaient ainsi de Phocos, fils d'Aiacos. » (Scol.) C'est ce
Phocos qui fut tué par ses frères Télamon et Pelée (cf. v. 90-94). —
Pytho est l'ancien nom de Delphes; nom qui vient soit du serpent
Python, soit de ce que l'on y apprenait les oracles (ipjvOavEaOai). Iphitos,
mentionne par tous les catalogues d'Argonautes et qu'il ne faut pas
confondre avec son homonyme (v. 86), est le fils de Naubolos, inconnu
NOTES 2l3
qù'Apollonios a soin, par Padjonction du nom de son père Ornytos, de
distinguer de l'autre Naubolos qui avait pour père Lernos (v. i35).
V. 211.— Pour le mythe de Zétès et Calais, voir Decharme, MythoL
p. 563 sqq. Les fils de Borée jouent un rôle important dans le poème
d*Apollonios. — Cécropie, Voir la note au vers 95. — Vllissos, cours
d'eau de TÂttique bien connu. — Le rocher de Sarpédon, cap de
Thrace (Strabon, 283, 16), entre le golfe Mêlas et le fleuve Erginos
(qui n'a aucun rapport avec TArgonaute cité au vers 187), fleuve qui
coule à Touest de Byzance et se jette dans la Propontide (Stra-
bon, 2H2, 52). Le Scoliaste dit que le cap Sarpédon a pris son nom
d'un roi de Thrace, frère de Poltys, et il fait remarquer qu'il y a sur
la côte de Cilicie un autre cap Sarpédon (cf. Strabon, 572, 5).
V. 219. Des ailes noires (êpe(ivdc). — D'après le Guelf. et le Laur',
Merkel admettait dans son edit. minor cpu|ivac (fortes), mot qui n*a pas
ici un sens satisfaisant; Èpc|j.vaç fait image; c'est d'ailleurs la leçon
que le Scoliaste explique.
V. 224. ^ca5/05. — Cet Argonaute qui est cité par Apollodore
(I, 9, 16), quoi qu'en dise Burmann, fut le héros d'une légende
curieuse mentionnée par le Scoliaste et exposée dans la Mythol. de
Decharme (pp. 599-600). Pour ce qui est de son rôle dans les Argo-
nautiques, Apollonios se borne à dire qu'il désirait ardemment faire
partie de l'expédition. Démagétos, cité par le Scoliaste, rapporte
qu'Acastos ne partit qu'après avoir pris ses précautions : Pélias avait,
en effet, ordonné de n'employer à la construction du navire que des
chevilles peu solides, afin que le vaisseau se perdit bien vite; Argos fit
tout le contraire et Acastos ne s'embarqua que sûr de la solidité d'Argo.
V. 226. Argos, — 11 ne faut pas confondre avec Argos constructeur
du navire, ses homonymes, le gardien d'Io, et le fils de Phrixos et de
Chalciopé, que les Argonautes recueillirent en route ainsi que ses
frères, et qui leur rendirent en Colchide des services importants.
D'après Apollodore (I, 9, 16), suivi par Decharme (MythoL, p. 610),
c'est le fils de Phrixos, Argos, qui construit le navire. Telle n'est pas
la tradition d'Apollonios qui, à plusieurs reprises {Argon., I, v. 112,
v. 325, etc.), répète que le constructeur du navire est fils d'Arestor.
C'est par suite d'une confusion qu'Ovide appelle le gardien d'Io :
91 Arestoridae Argo y* {Met., I, v. 624). Cet Argos, qui voyait tout,
était fils d'Agénor (Apollod., II, i, 2).
V. 23o. Les filles de Minyas. — «Minyas avait beaucoup de filles.
Jason est fils d'Alcimédé, fille de Clyméné, fille de Minyas. Stésichore
le dit fils d'Etéoclyméné, et Phérécyde, d'Alcimédé, fille de Phylacos. De
Zeus et d'Isinoé, fille de Danaos, naît Orchomène qui donne son nom à
la ville d'Orchomène. D'Orchomène soi-disant, de Poséidon en réalité,
et d'Hermippé, fille de Boiotos, naît Minyas qui habita à Orchomène et
donna son nom au peuple des Minyens. De Minyas et de Clytodora
naissent Presbon, Périclyméné et Etéoclyméné; de Phanosyra, fille de
Paion et de Minyas, naissent Orchomène, Diochtondès et Athamas.
Démétrios de Scepsis dit que les habitants d'Iolcos se nommaient
Minyens.» (Scol.) Strabon (356, 4) rapporte une tradition d'après
laquelle ce nom de Minyens donné aux Argonautes viendrait de ce
214 NOTES
que les Minyens auraient conduit une colonie à Iolcos.(\'oir Decharme,
MvthoL, p. 324.)
V. 235. Tout ce dont il faut munir l'intérieur d'un navire, — Lehrs
traduit èvruvovxat par armantur. Vannement proprement dit du navire
ne regardait pas les esclaves dont l'office doit se borner à munir l'embar-
cation des provisions et autres objets nécessaires à la traversée. Homère
énumère les outres de vin et d'eau et les vivres dont Calypso garnit
le bateau qu'Ulysse s'est construit {Odjrss.^ V, v. 265-267 }. Scheffer
{De MUitia navali veterum^ Ubsaliae, 1654, pp. 254-255) indique de
quelles provisions on munissait, à l'époque classique, les navires en
partance.
V. 238. Pagases Magnésiennes, — C'est une ville de la Thessalie, en
Magnésie, sur le golfe Pélasgique ou Pagaséen. Le Scoliaste parle d'un
cap du môme nom sur la côte de Magnésie, et d'un temple d'Apollon
Pagaséen. Strabon (374, 35) cite les deux étymologies de ce nom : soit
parce que le navire Argo y fut construit (xicb Tr,< vaviri)y{a; xijc 'Apyoû;),
soit à cause des sources qui y abondent («iro Tfi»v ir«}T<ôv). Strabon admet
plutôt la seconde étymologie; le Scoliaste les mentionne toutes deux,
la seconde d'après Démétrios de Scepsis. — Cf. Properce (I, xx, v. 17) :
Namque ferunt olim Pagasac navalibas Argon
Egressam...
V.243. La terre Panachéenne, — Cette expression semble signifier
la Grèce tout entière. Le Scoliaste, au contraire, prétend qu'il s'agit de
la Thessalie, parce que cette contrée, la première, reçut d'Achaios, fils
de Xouthos, le nom d'Achaie. Achaios, cité par ApoUodore (1, 7, 3),
dut, à la suite d'un homicide commis par imprudence, se réfugier dans
une contrée du Péioponèse à laquelle il donna son nom (Strabon,
329, 14). Le sens général montre qu'il s'agit ici de toute l'Hellade,
puisque de toutes ses parties il est venu des compagnons à Jason.
V. 246. Mais un long voyage est inévitable : rude est la peine pour
ceux qui partent. — Les explications du Scoliaste sont fort embrouillées;
si on fait retomber la négation oO sur àitpv]XToc aussi bien que sur fvxTd,
il faut détourner la signification d'à(KpY)XTOc pour avoir un sens acceptable.
Brunck remarque avec raison qu'il n'y a de justes parmi les explications
du Scoliaste que celles-ci : « !X7cpv)XTo;, 6u<9RpaxToc, duffepYrj^, du^xaTÀpOtoToc. »
Cetera Scholiastarum expositiones nauci non sunt; latina interpretatio,
ineptissima : Brunck fait sans doute allusion à la traduction de Shaw,
le magister oxoniensis, comme il l'appelle, qu'il malmène volontiers.
Cette traduction latine est, en effet, peu intelligible : « Sed inevitabile
est iter, laborque inefficax abeuntibus, » Brunck donne de tout le passage
une paraphrase très claire que Wellauer approuve et reproduit : «c Mens
loquentium haec est : Aeetem vi cogent, ut sibi vellus tradat, si ad eum
pervenerint. Sed illuc perveniendum est. Quantumlibet animi et corpo-
ris robore praestent, non efiugient quin longissimum iter conficiendum
.sit, et iter facientibus (coO<Ttv) difficiilimi perferendi sint labores. »
V. 2 58. Les accents d'une voix humaine. — On a déjà vu (note au vers 3 )
que le bélier était doué de la parole. Voici, d'après le Scoliaste, à quelle
occasion le bélier fit entendre ces accents qui devaient être si funestes
NOTES 215
a Alcimédé : « On dit qu'au moment où Hellc était tombée à la mer,
alors que Phrixos était indécis de ce qu*il ferait, le bélier, obéissant à
la volonté de Zeus, prit la parole pour Tencourager à se réfugier en
Scythie [c*est*à-dire en Colchide]. Cest ce qui devait être dans la suite
un malheur pour Alcimédé elle-même, puisque son lils y serait envoyé
en expédition. Cest dans Hécatée qu*on trouve cette tradition que le
bélier prit la parole. Quelques auteurs disent que Phrixos naviguait
sur un navire dont la proue portait la représentation d'un bélier.
Denys [de Mitylène] dit que Crios, pédagogue de Phrixos, navigua
avec lui en Colchide : d^où la fable du bélier sacrihé dans ce pays. »
*— Voir la note au v. 1144 du Ch. II.
V. 260. Alors qu'ils s'éloignaient (em icpofio>^<Ti). — «Au départ des
héros: du verbe s*en aller en avant (|ioXelv); de'là vient qu*on appelle
icpo(AoXai les premiers avancements (le pied) d*une montagne. » (Scol.)
— Voir la note au v. 32o.
V. 264. Que la forme de son corps, — J*ai dû paraphraser le mot
èvr^icac que les interprétations latines ne rendent pas. Ce mot, dana
V Iliade (XXIV, v. i63), désigne la manière dont Priam s'enveloppe
dans son manteau. Eustathe l'explique ainsi : « Être moulé dans son
manteau, de façon que la forme du corps paraisse seule, et qu'à travers
ce qui enveloppe on voie seulement la forme, le moule de celui qui
est enveloppé. »
V. 269. Telle une jeune fille»,. — Le Scoliaste trouve la comparaison
incohérente, car, dit-il, le poète suppose que c'est Jason qui représente
la vieille, et sa mère, la jeune fille. Une autre scolie contredit cette
dernière : a On prétend que, dans cette comparaison, il aurait fallu le
contraire de ce qu'il y a. Mais nous disons que le rôle de Jason est
convenable, sinon à son âge, du moins aux soins dont il entoure sa
mère, v — Le poète rend plus touchante la situation de cette mère>
aussi abandonnée que la jeune fille, victime d'une marâtre, et qui ne
peut même plus compter sur sa nourrice. Jason est tout pour Alcimédé,
exposée, ainsi que son mari, à la haine de Pélias contre laquelle
Aison infirme est impuissant. Dûbncr remarque l'art de cette compa-
raison : uAlexandrini imagines optime exornare soient.»
V. 275. Elle ne peut exhaler autant de sanglots qu'elle le voudrait. —
C'est aussi la situation de l'Electre de Sophocle (i::,lectre, v. 285):
m II ne m'est pas permis de pleurer autant que mon cœur y trouverait
plaisir. »
V. 281. Oest toi qui m'aurais ensevelie. — Cette phrase est la
reproduction presque textuelle des paroles de la Médée d'Euripide
(v. io3i sqq.) à ses enfants.
V. 287. Toi seul à cause de qui j'ai délié ma ceinture. — Le Scoliaste
dit que, d'après Ibycos, elle aurait eu une fille, Hippolyté. Il ajoute :
« Celles qui accouchent pour la première fois délient leur ceinture et la
consacrent à Artémis : d'où, à Athènes, le temple d'Artémis qui délie
les ceintures (Au9i!^(i&vy)). »
V. 289. Eiléithyia. — C'est la déesse de la maternité, fille de Zeus
et d'Héra (cf. Dccharme, MythoL, p. 290).
V. 292. Elle se lamentait» — Le Scoliaste cite de ce mot (xiv^pcTo)
2l6 NOTES
une étymologie au moins bizarre, due, paraît-il, à Apollodore : to xtvelv
TT)v o'jpàv êv TÔ> (iux&96ai, parce que les baufs remuent la queue en
mugissant. Cf. Apollodore, /l'â^m. 217 {Fragment. Histor, graec,
Didot, vol. I, p. 465).
V. 293. Qui se tenaient auprès d'elle» -- Je traduis ainsi, d*après
Tcxplication du Scoliaste (cçe9TT)xutai), l'adverbe ÎKioraSiv, que Hoelzlin
et Shaw traduisent par sine intermissu et Beck et Lehrs par assidue.
\\ semble que si les servantes avaient crié sans cesse, cela aurait
singulièrement gêné l'entretien de Jason et de sa mère.
V. 293. — Est-il besoin de remarquer combien ces paroles de Jason
à sa mère font penser à celles d'Hector à Andromaque (//., VI, v. 486),
et à celles de Priam à Hécube (//.. XXIV, v. 218)?
V. 3o5. Je vais m'y rendre. — C'est-à-dire évidemment : aller au
navire. Le Scoliaste veut que ce soit jusqu'en Scythie (c'est-à-dire en
Colchide) qu'on accompagne Jason ; ce qui, dans aucun cas, ne pourrait
s'admettre des esclaves, qui ne doivent pas monter dans le navire. Ces
esclaves (d|i&ec) sont évidemment les serviteurs mâles de Jason; je
ne sais pourquoi Shaw, Beck et Lehrs, dont le texte porte aussi dfiA»»;,
traduisent ce mot par ancillae.
V. 3o8. Délos. — Délos est bien connue par la naissance d'Apollon.
— Claros, petite ville d'Ionie, près de Colophon, célèbre par le temple
et Toracle d*Apollon. — Delphes Pjrthienne. Cf. note au vers 207. —
La Lycie, daps TAsie-Mineure, entre la Carie et la Pamphylie; à
Patara, sur la côte de Lycie, était un oracle d'Apollon. — Le Xanthos^
nom de plusieurs fleuves en Epire, en Troade, en Lycie; il s'agit ici
de ce dernier (cf. Horace, Od., IV, vi, v. 26; Virgile, Aen., IV, v. 143,
qui imite cette comparaison).
V. 3 1 2 . Jphias. — Il n*est pas question de cette prêtresse dans Valérius
Flaccus, dans le Scoliaste, ni dans Apollodore. Son nom est un nom
patronymique dont Ovide a usé {Trist., V, xiv, v. 38) pour désigner
Evadné, la femme de Capaneus, qui était fille d'Iphis (Apollod., III, 7, i).
V. 320. Aux abords du navire. — Je traduis ainsi l'expression peu
claire 8ic\ npo\Lokrfi, que les traducteurs latins rendent par in aditu,
Dûbner, par le mot allemand zugang (accès, abord, avenue, approche),
et que le Scoliaste expliquait par xcAq 7rpo6âoic (action de s'avancer, de
paraître en public). Flangini, auteur d'une édition d'ApoUonios avec
traduction en vers italiens et commentaire (Rome, 2 vol., 1791 et 1794),
se fondant sur un passage du Scoliaste (note au vers 260) où il est dit
que ce mot tcpo(io>T) signifie soit Vaction de sortir, soit les premières
hauteurs qui précèdent les montagnes (toc; k^iôxolç icpo^ffctç t&v op&v),
croit devoir adopter ici ce dernier sens du mot et traduit : fcEi sit un'
altura Stea di quelsito. » Cette interprétation me semble inadmissible :
Jason arrive, et comme il est le chef de l'expédition, il s'arrête aux
abords du navire, attendant que ses compagnons viennent à sa
rencontre, ce qu'ils ne manquent pas de faire.
V. 326. Un double manteau magnifique. — Dûbner : • Vi^^g-, duplex
amictus; sive de duplici subtemine, sive de magnitudine, » On donne en
eft'et ces deux sens du mot Siic).a| (double, sous-entendu manteau) : soit,
ce qui semble le plus vraisemblable, un manteau assez ample pour se
NOTES 217
doubl-jr et envelopper deux fois celui qui en est recouvert; soit un
vêtement fait d'une étoffe à double tissu, c'est-à-dire brochée, avec des
dessins formant une seconde trame sur celle du fond. — Pélopéia. Le
Scoliaste n*en dit rien. Apollodore (I, 9, 10) se borne à la citer parmi
les filles de Pélias : «t Peisidicé, Pélopéia, Hippothoé, Alcestis » (TAlceste
d'Euripide). Une autre Pélopéia ou Pelopéa, plus connue, est la fille
de Thyeste, fils de Pélops, qui fut la mère d'Égisthe.
V. 358. Tire^ au sort les rames (epertm), suivant chaque banc (xoLxk
xXir;l8ac}. — « La x>r/ç est une barre, une traverse, et les bancs de rameurs
sont proprement des planches transversales (transtra) du navire. Dans
Apollonius de Rhodes, les xXviîSec sont les bancs de rameurs et non les
tolets [les tolets sont des chevilles placées sur le plat-bord des deux côtés
de Faviron, pour lui donner un point d*appui].... Les tolets se nomment
dans Apollonius ol 9xaX|j.ot. » (Vars, L'art nautique dans Vantiquité,
Paris, 1887, p. 1 19.) — a Si nous examinons le navire grec primitif, nous
voyons que chaque rameur est assis le long du bord sur un banc qui
traverse le bâtiment dans toute sa largeur et fait l'office de bau [les
baux sont les poutres principales placées en travers des bâtiments pour
en lier les deux murailles, pour les maintenir dans l'écartement voulu
et pour supporter les bordages des ponts ainsi que leur charge]. Chaque
banc porte donc deux rameurs, Tun à tribord, l'autre à bâbord, et ces
rameurs, assis l'un derrière l'autre, à distance égale, forment deux files
horizontales le long des flancs du navire. Lorsqu'il s'agit d'armer le
navire Argo, on tire les bancs au sort, en assignant deux rameurs à
chaque banc; le banc du milieu, considéré sans doute comme la place
d'honneur, est excepté du sort et réservé à Héraklès et à Ancée. . Tous
les bâtiments de guerre grecs de l'époque primitive sont construits selon
le système décrit par Apollonius de Rhodes pour le navire Argo. Ils
ont deux files horizontales de rameurs, une le long de chaque bord, a
(Cartault, ouvr. cité, pp. 126-127.) — Rien ne prouve que ce fût, dans
l'antiquité héroïque la coutume de tirer au sort les places sur les bancs
des rameurs : ainsi, dans VOdyssée (II, v. 419), quand les compagnons
de Téiémaque montent sur le navire, ils vont se placer tout simplement
sur les bancs sans tirer leurs places au sort. Mais ici, il est question de
rameurs d'élite, tous héros égaux entre eux : les places, bonnes ou
mauvaises, doivent donc leur être atribuées par le sort. Le banc du
milieu serait réservé, d'après M. Cartault, comme une place d'honneur
à Héraclès et à Ancaios : je crois que c'est aussi par mesure de sécurité
qu'on place le géant Héraclès au centre du vaisseau; quand il s'y
installera il fera enfoncer le navire (cf. v. 533) : placé à un autre
endroit, il le ferait peut-être chavirer. Il n'y a aucune ressemblance
entre le tirage au sort des Argonautes et l'expression de Virgile, sortiti
remos {Aen., III, v. 5 10). c I^ sens de ce passage n'est pas clair. Selon
quelques interprètes, les Troyens désignent par la voie du sort ceux
qui doivent tenir les rames. Cf. Properce, III, xx, v. 12 : Nunc agite,
o socii, propellite in aequora navem, Remorumque pares ducite sorte
vices. Mais il est plus vraisemblable, comme le veut Dûbner, qu'il
s'agit de partager en deux bandes ceux qui doivent aller à terre et ceux
qui doivent passer la nuit sur le navire à côté des rames. 1» (Note de
28
2l8 NOTES
redit. Bjnoist à ce vers de Virgile.) En tout cas, il ne peut être
question de tirer au sort les places sur le navire, puisque dans ce
passage de V Enéide nous voyons les héros débarquer et se préparer
à passer la nuit à terre.
V. 364. Ht accumulèrent en masse leurs vêtements, — Dûbner : « Ut
celerius navem in mare ducerent. »
V. 366. Que le flot de la tempête lavait parfois, — Le sens de nâXst
me semble fixé, comme Brunck le montre bien, par rimitation connue
que Virgile a faite de ce vers {Aen., V, v. 126 [Saxum] quod.,, tunditur
olim Fluctibus). Je traduis par l'imparfait àicoixX^jvev, qui est un aoriste
d'habitude. Je crois que Shaw (hiberna vero iamdiu abluerat salsugo),
Bjck et Lehrs (hiberna vero olim abluerat aqua marina) se trompent
en traduisant par un plus-qus-parfait, et en donnant à «âXai son sens
ordinaire.
V. 36B-370. Ils commencèrent, etc.. — Il semble assez facile de
comprendre cette manœuvre tout à fait primitive, qui montre — à
dessein, sans doute, chez un docte Alexandrin — Tenfance de Tart des
constructions navales au temps des Argonautes : on entoure le navire
d'un câble solide, pour que, sous Telfort de Teau, les diverses parties de
la coque, mal retenues par des chevilles, ne se désagrègent pas. —
Shaw trouve le passage inintelligible : « Hic locus, vel nondum est
intellectuSf vel corruptus, quod potius puto. Nam, non video quomodo
/unes intrinsecus costricti navis compagines reddant firmiores. » (Mais
ce nVst pas à l'intérieur du navire que le câble est disposé; ce sont les
cordes qui sont si fortement tendues à l'intérieur du câble formé par
leur réunion.) Brunck attendait une meilleure leçon et la découverte des
scolies concernant ce passage, lesquelles sont perdues ('). ^A meliori
libro expectanda hujus loci restitutio, aut a codice qui integriora scholia
habeat. Nam desunt qua ad hune locum annotaverunt veteres critici. w
Aucun de ces deux vœux n'a été exaucé : Merkel a le même texte et ne
donne aucune scolie nouvelle. Le dernier éditeur cite simplement les
critiques qui ont interprété dans le sens de cette ceinture de cordes le
vers de Catulle (LXIV, v. 174) : Perfidus in Creta religasset navita
funem,..'—k tort, ce me semble, religare funem étant une expression
toute faite qui veut dire amarrer — ciEtym. Magn. 22, 20, a^cixrro; vaO;
eariv ^ avuir^Xtpo;, c.-a.-d., un navire sans ceinture est un navire qui n'est
pas enduit, goudronné. — La difficulté de l'intelligence de ce vers vient
de ce que les interprètes ont tous voulu que le mot ifvdoOsv se rapportât
à l'intérieur du navire. Brunck le dit expressément: c Codices omnes
dant ^v6o0cv qupd quid sibi velit, nondum comminisci potui, Absurdum
sane videtur, IxtoOev facili conjectura reponit eruditus Britannus,
Sed vereor ut hoc a Poêta sit, Adeo manifestum est funem, quo navis
constrictafuit extrinsecus eam cinxisse, ut hoc addidisse pêne ineptum
fuerit, 1) Mais ce câble qui entoure le navire à Vextérieur est formé
lui-même â Vintérieur de cordes bien tressées : ^v6o6ev, qui se trouve
placé entre eu^Tpe^et et oirXu ne se rapporte pas évidemment au navire.
(I) Le ScoUaste nous fait défaut entre les vers 32; et 401 (hors une observation insignifiante,
et d'ailleurs additionnelle, ayant trait au vers 3)4).
NOTES 219
Il est queslion de rintérieur de ce câble que des cordes constituent par
leur assemblage. Aussi ne semble-t-il pas utile de remplacer IvôoOsv
par les conjectures que Wellauer et Merkel rapportent (èv8yt<iv, Ifpiicedov,
èvôuxic). Cette dernière est proposée par DQbner, avant Merkel :
ikCorrige £v3ux£; {pro Hom. èvâ^^xsa»;) : accurate. » — Cette ceinture de
cordes (Oic^t(*>{<'«i tormentum, mitra) s'employait dans Tantiquité en cas
de gros temps pour maintenir la charpente du vaisseau (voir Isidore,
Orig,, XIV, IV, 6; Horace, Od,, I, xiv, v. 6; SchefFer, op. ciL, p. i5i).
M. Cartault parle des Oico^^toiiaTa de la trière athénienne, qui, à Tépoque
classique, étaient « de gros câbles vraisemblablement aplatis et disposés
à une certaine distance les uns des autres. On pouvait à volonté les
mettre ou les enlever, et ils formaient autour de la trière de fortes
ceintures horizontales. » {Oitvr, cité, p. 36.) Il n'y a évidemment aucun
rapport entre ces fortes ceintures et le câble que les Argonautes sont
obligés de mettre autour de leur navire pour éviter que les parties ne
s'en disjoignent pendant la laborieuse opération du lancement. —
Dans le chapitre de son livre qu'il consacre à Tétude du naufrage de
Saint-Paul, M. Vars s'occupe de ce passage d'Apollonios qu'il traduit
ainsi : « Sur les conseils d'Argus, ils ceintrèrent fortement le navire,
et raidirent à l'intérieur le cable aux torons bien tordus pour maintenir
l'assemblage du bordé, et le fortifier contre la violence des lames. Cette
description — continue M. Vars — est d'autant plus digne de créance
qu'Apollonius avait été souvent témoin, à Alexandrie, du lancement
d*un navire. On plaçait le câble d'arrière en avant, autour des deux
côtés du navire (IxdtTepOev) ; on faisait passer Textrémité tribord du
câble par l'écubier de bâbord (en lui faisant contourner l'avant), et
l'extrémité bâbord par Técubier de tribord. I^s deux bouts une fois
rentrés dans le navire, on les raidissait sur le pont, itvSoôev Tsivâfievoi,
soit à l'aide de poulies, soit au moyen du cabestan. On ne faisait
pas passer les extrémités tribord et bâbord du câble par les écubiers
correspondants, car, dans ce cas, tout l'avant au delà des écubiers
eût été dépourvu de ceintrage. En outre, la forte tension du câble
eût séparé Tétrave du reste de la coque. L'uTC62;(i>fia était donc double
autour de Tétrave. On a critiqué la leçon fvôodev, et Bœckh lui-même
prétend que la traction des câbles à l'intérieur était impossible. Le
procédé mentionné ici est cependant très clair pour tout marin, et
ne permet pas d'autre leçon qu'i^vSoOsv. Qu'Apollonius ait prôté aux
Argonautes une manoeuvre employée de son temps et inconnue même
à Homère, cela va sans dire. » (Ouvr. cité, pp. 215-217.) Cette savante
démonstration ne me convainc pas le moins du monde : que le procédé
longuement expliqué par M. Vars soit très clair pour tout marin
moderne, c'est probable; mais les Argonautes n'auraient guère compris
toutes les belles manoeuvres que le savant archéologue leur prête. La
leçon ^vdodev me semble défendue par des raisons bien différentes.
Prétendre enfin qu'Apollonios attribue aux Argonautes une manoeuvre
absolument inconnue de leur temps, c'est se méprendre singulièrement
sur le caractère de ce poète qui a vécu plus au Musée que sur le port
et qui connaissait aussi bien les navires primitifs qu'il essayait de
restituer, que le lancement des navires de son temps. J'ai cité (note au
220 NOTES
vers 358) un passage de M. Cartault, qui démontre bien qu'Argo est pour
Apollon ios le type du navire primitif: il semble superflu de chercher
des rapprochements entre cette embarcation archaïque et le navire de
Saint-Paul, comme M. Vars essaie de le faire. Cependant, M. Cartault
lui-mâme, qui voit dans Argo le type du navire primitif, se fonde sur ce
passage pour admettre dans Pembarcation des Argonautes l'existence
des préceintes intérieures qui se trouvent dans la trière athénienne :
« L'existence des préceintes intérieures nous est attestée par un passage
d'Apollonius de Rhodes (1, 367). Il s'agit de la construction du navire
Argo : « Sur les conseils d*A rgos, ils commencèrent par lier fortement
à Vintérieur les parties du navire par une préceinte qui en épousait la
courbure et qui s'étendait des deux côtés afin que les bordages, bien
assujettis par des chevilles, résistassent à Veffort des flots. » Je ne peux
pas admettre l'interprétation de M. Cartault, plus que celle de M. Vars.
V. 371. Ils creusèrent.., un fossé. — On voit dans V Iliade (II, v. i5o
et suiv.) une manœuvre à peu près semblable : au moment de lancer les
navires, les Achéens nettoient les fossés (ovpouc T*ÊUxol^tpov); ces fossés
avaient été creusés pour tirer les vaisseaux à terre et depuis le temps
qu'ils ne servaient plus, ils s'étaient remplis de vase, de sable, d'immon-
dices de tout genre qui les avaient comblés et mis hors d'usage ; il fallait
donc les nettoyer pour s*en servir de nouveau : telle est Texplication
ordinaire. M. Pierron ne Tadmet pas : « Oùpo^Sç, les sentines. On entend
ordinairement par ce mot les fossés ou canaux par où les Grecs lançaient
les vaisseaux à la mer. Les Scholies donnent ce sens, mais elles ajoutent,
\ ta; àvxXfac: interprétation bien plus vraisemblable. Il n'y a pas
trace, chez Homère, de l'usage de ces prétendus canaux. C'est à force
de bras que l'on tirait les navires de la mer en terre, de la terre en
mer. Plus un héros était brave et vigoureux, plus il avait tenu à
honneur de tirer loin ses vaisseaux. Achille et Ajax campaient à une
grande distance de la mer. Voyez VIII, 325-226, et XI, 8-9. On ne se
figure pas aisément des canaux portant l'eau jusqu'à leurs campements.
Vider la sentine est donc probablement l'opération dont il s'agit. »
Il n'est pas question de canaux portant l'eau jusqu'aux campements;
le texte d'Apollonios montre bien qu'il n'y a pas d*eau dans les fossés
qui servent à lancer et à tirer les navires, à force de bras. L'aide de
ce fossé en pente n'économise pas tellement le travail des hommes
qu'Achille et Ajax ne puissent faire montre d'une vigueur prodigieuse
en faisant remonter à leurs bâtiments la pente des oupo(. L'étymologie
probable du mot (c(jp(i>, jTpvutti, tirer, pousser) montre qu'il ne s'agit pas
d'une sentine, et désigne bien le fossé sur la pente duquel on mettait
les navires en mouvement.
V. 375. De Vétrave (vTc(pT}c). — « L'étrave portait chez les Grecs le
nom de ontpa. Les lexicographes la confondent à tort avec la quille,
dont elle est en réalité le prolongement, et avec laquelle elle forme un
angle qui varie selon le système de la construction. » (Cartault, ouvr,cité,
p. 33.) M. Cartault donne de l'étrave la définition suivante empruntée à
Jal. C'est ( une pièce de bois forte, recourbée en dedans et plantée à
l'extrémité antérieure et dans le plan de la quille qu'elle continue. C'est
sur cette pièce, qui souvent, au lieu d'être d'un seul morceau, est
NOTES 221
composée de plusieurs pièces unies par des écarts pratiqués à leurs
bouts, que repose en partie l'édifice de la construction de la proue. » Le
mot oTctpa (ou, en dialecte ionien, axtipri) vient de l'adjectif vrelpo; (fet^me,
solide), et désigne la partie la plus solide du navire. — Des rouleaux
polis. Les (^akayytQ sont des rouleaux ou cylindres de bois que Ton plaçait,
pour les mettre en mouvement, sous des objets pesants, tels que la quille
d'un vaisseau, pour le lancer ou pour le mener à terre. Le mot a passé
en latin. Cf. Nonius Marcellus, i63, 23: % Phalangae dicuntur fustes
teretes qui navibus subjiciuntur, quum attrahuntur ad pelagus, vel
quum ad litora subducuntur. »
V. 379. Autour des chevilles. — Il s'agit des tolets (<nia)(i6c, scalmus),
fortes chevilles en bois auxquelles la rame était attachée au moyen
d'une courroie, pour qu'elle se maintînt toujours en place pendant
qu'on la maniait. Aujourd'hui on place deux tolets sur le plat-bord et
des deux côtés de l'aviron. «Chez les anciens, on se contentait d'un
tolet. On maintenait la rame sur le tolet à l'aide d'un anneau en cuir,
à Tpoic6c ou Tpoiicdx^p. » (Vars, ouvr. cité, p. 1 17. Voir la note au vers 358.)
A propos de ce vers précisément, M. Vars ajoute (p. 1 18) : « Un passage
d'Apollonius de Rhodes (I, 379) semble prouver que les anciens avaient
également deux tolets, et qu'ils fixaient à bord la partie extérieure de
l'aviron à l'aide d'une lanière. >
-V. 393. — M. Vars (ouvr. cité, pp. 144-145) développe ainsi le tableau
d'Apollonios : < Apollonius de Rhodes nous a décrit le lancement d'un
grand navire... On creusait à partir de la mer jusqu'à Tétrave une
fosse de la largeur du navire. Au milieu de cette fosse, on pratiquait
un profond sillon destiné à la quille. Au fond du sillon on plaçait des
rouleaux. On retournait ensuite les rames, la pelle à l'intérieur, en
leur donnant une saillie extérieure d'une coudée, et on les fixait
fortement sur leurs tolets. Alors l'équipage appuyait les mains et les
épaules sur l'extrémité des rames pour pousser l'avant du navire vers le
premier rouleau. A un signal du pilote posté sur le navire, l'impulsion
de tous les bras se produisait en même temps pour éviter un gaspillage
"futile de force. Le navire une fois arrivé sur le premier cylindre,
l'effort à exercer était moindre. — l^ lourde coque accélère de plus en
plus sa descente. Les rouleaux grincent et s'échauffent sous la pesante
masse, au point de faire jaillir une épaisse fumée. Le navire pénètre
alors dans l'eau, et irait loin du bord avant de s'arrêter, s'il n'était retenu
par des câbles frappés d'avance sur le navire et halés à terre. Comme le
poids du navire emporté aurait pu briser les câbles, on avait soin, avant
le lancement, de préparer quelques avirons à bord, pour faire force de
rames vers le rivage. Pour le navire ArgOt cette précaution n'était pas
indispensable; on se contenta de le ramener avec des câbles. Après le
lancement, tout était disposé pour le départ. » — Le navire Argo n'était
certes pas « un grand navire », comme M. Vars lui-môme l'avoue en
faisant remarquer que la précaution nécessaire pour les grands bâtiments
n'était pas indispensable pour l'embarcation des Argonautes. Ce n'est
pas « à partir de la mer jusqu'à l'étrave » que la fosse est creusée, c'est de
la proue à la mer (v. 372), et nous voyons que plus ils avançaient, plus ils
creusaient profondément au-dessous du niveau de Vétrave (v. 374-375).
222 NOTES
II n'est pas question «d*un profond sillon pratiqué au milieu de cette
fosse et destiné à la quille » : j^ai déjà dit que le mot propre qui indique
la fosse, ovp6;, n'est pas exprimé (note au vers Syi); le mot ^Xxiç est
employé comme synonyme de oOp&ç. Les mots grecs icri^utov icpovx^vta
ne peuvent signifier c une saillie extérieure d'une coudée», mais bien
un objet long d'une coudée qui fait saillie : cet objet long d'une coudée
(ict;xuio;), c'est le manche de la rame (autrement nommé icn^aXcu;).
V. 398. Ancaios, qui habitait la ville de Tégée. — Cette désignation
est nécessaire pour éviter toute confusion entre cet Ancaios (v. 164)
et l'autre Argonaute, son homonyme, qui venait de Samos (v. 188).
V. 40 r. Le gouvernail (oli^ioi). — Le mot oiT^tov est, dans la langue
d'Homère, le synonyme du mot oTs^ « I^s ol^i« sont les iro^déXta; c'est
comme si l'on disait les oii^vta, car celui qui gouverne a besoin de
rcHexion (otr,9eb>;). Les glossateurs emploient le mot oiaxec* » (Scol). 11
n'est pas besoin de discuter Tétymologie proposée par le Scoliaste; le
mot nx-aX vient sans doute du verbe oui>, porter, et signifie la barre du
gouvernail: on emploie ce mot au pluriel parce que le navire antique
possédait deux gouvernails (voir la note au vers 362); la synonymie
entre les deux mots otr,t9t et icYjdâXia est indiquée par de nombreux
passages des lexicographes (voir Cartault, ouvr. cité, p. 102), mais elle
n'est pas exacte: les oîaxe; sont proprement les barres qui font mouvoir
les gouvernails.
W 407. Deux bœufs, — Le Scoliaste explique que ce nombre de
deux est naturellement amené par les deux appellations sous lesquelles
ou invoque le dieu. 11 ajoute que le soin de ces préparatifs revient aux
jeunes, puisque Apollon est un dieu toujours jeune. — On sait que le
type d'Apollon toujours jeune est relativement récent. « Apollon est
désormais conçu (depuis l'école de Praxitèle qui a fixé le type) comme
un adolescent qui n'est pas encore arrivée son complet développement,
qui n'a rien de la maturité virile, mais dont les formes délicates sont
déjà empreintes de vigueur et de force. » (Decharme, Mythologie,
p. i3o, d'après O. Mûller, Handbuch d. Arch. d. KunstJ)
V. 411. La ville Aisonide, — «C'est une ville de Magnésie, ainsi
nommée du père de Jason, comme le rapportent aussi Pindare et
Phérécyde. » (Scol.) — Strabon n'en parle pas. Dûbner dit avec raison
que cette ville est lolcos.
V. 419. Ortygie. — t Phanodicos en a parlé dans ses Déliaques; et
Nicandre, au i*' livre de ses ÉtoliqueSy dit que Délos a reçu le nom
d'Ortygie, ville d'Étolie. Voici ses paroles: « Les gens partis d'Ortygie
Titanienne allèrent, les uns à Éphèse, d'autres dans l'île appelée
autrefois Délos, d'autres encore dans une île contiguê à la Sicile; de là
vient que tous ces lieux se nomment Ortygie. » C'est ainsi que Délos a
pris ce nom, et non pas, comme on Ta imaginé, à cause de la méta-
morphose d'Astéria, sœur de Létô, mais parce que toutes les Ortygies
sont des colonies de l'Ortygie d'Étolie. » (Scol.) — Cette Astéria, soeur
de Létô, est mentionnée par ApoUodorc (I, 2, 2), qui raconte comment,
en fuyant les poursuites de Zeus, elle fut changée en caille (opTu|, caille)^
se jeta à la mer et donna son nom d' Astéria à l'île de Délos, près de
laquelle elle tomba dans les ttots (I, 4, i). — Ovide {Met., VI, v. 108)
NOTES 223
fait allusion à Astéria, et Callimaque (H, à Délos, v. 37J en parle.
— Strabon cite l'île d*Ortygie, voisine de la Sicile et célèbre par la
fontaine d'Aréthuse (224, 48), et le bois d^Ortygie, près d'Éphèse, où,
suivant une tradition, Létô aurait enfanté Apollon et Artémis (346, 27).
Il remarque aussi (417, 38) qu*Ortygie est Tancien nom de Délos, et
(S46, 41) que c^est aussi le nom de la nourrice d'Apollon et d'Artémis.
— 11 ne parle pas d'Ortygie en Étoile.
V. 421. Comme prix de notre voyage. — Le mot cic{pgi6pov signifie
le prix du passage que le voyageur paie au maître du navire sur lequel
il s*embarque (cf. Odyss.y XV, v. 449). Il s'agit ici, comme le Scoliaste
le remarque, de sacrifices qui sont le prix offert à Apollon de la traversée
heureuse demandée pour le navire.
V. 428. Comme une masse (à0p6oc). — Dûbner : « Uno impetu, ita ut
non primum in genua prolaberetur. »
V. 431. L'animai, projeté en avant (iKpippT)dr,c). — Dûbner: ^Qui
prima capitis parte in terram cadit (cf. Odyss., XXII, v. 84). » D'après
le Scoliaste, Antimaque dit que ce mot signifie tomber après avoir tourné
sur soi-même; il ajoute qu'ici icepipptidili; indique la chute en avant.
V. 444. Le continent asiatique.— « L'Asie a été ainsi nommée d'Asia,.
mère de Prométhée et d'Atlas [Asia est fille d'Océanos et femme de
Japet; cf. Apollodore, I, 2, 2]; ou, suivant d'autres, du limon qui s'y
trouve en abondance (ô^aïc). » (Scol.) — La mort d'Idmon, tué par un
sanglier, est racontée par ApoUonios {Argon,, H, v. 81 b, sqq.).
V. 43o. Le point oit il s'est arrêté. — Le Scoliaste explique que le mot
9Ta(kp6v, stationnaire, signifie ici le moment le plus chaud, le plus
ardent, car le moment où le soleil passe au milieu du ciel est celui où sa
position le fait être le plus ardent, et celui aussi où il semble immobile.
IJEtymol. Magn. (cité par Brunck) rappelle l'expression d' ApoUonios
et dit aussi qu'elle signifie le milieu du jour, moment où le soleil reste
stationnaire.
V. 466. — Cf. Eschyle, Les Sept contre Thèbes, v. 529 : « U jure par
la lance qu'il porte et qu'il juge dans sa confiance plus vénérable qu'un
Dieu. 0
V. 47 1 . — Cf. Iliade, XV, v. 254 : « Prends courage maintenant; tel est
le protecteur que le Cronide a envoyé de l'Ida pour se tenir auprès de
toi et pour te défendre» »
V. 475. Idmon.., — « Le poète fait naturellement répondre Idmon qui
est devin, à Uas, l'ennemi d'Apollon. » ^Scol.) Idmon est d'ailleurs fils
d'Apollon (cf. V. 139).
V. 482. Ces fils A Modes».. — « Homère connaît leur histoire. Ératos-
thène dit qu'ils étaient fils de la Terre, mais qu'ayant été nourris par la
femme d'Aloeus, on imagina qu'ils étaient fils d'Aloeus. Hésiode dit
qu'ils étaient soi-disant fils d'Aloeus et d'Iphimédéia, mais en réalité
de Poséidon et d'Iphimédéia, et que leur père prétendu fonda Alos en
Étolie, ville dont Homère fait mention. » (Scol.) Homère cite Alos dans
le Catalogue des vaisseaux (//., II, v. 682) et les Aloïades, Otos et
Éphialtès dans VIliade (V, v. 385), où il raconte comment les deux
frères chargèrent Ares de liens, et dans VOdyssée (XI, v. 3o5 et suiv.),
où il rappelle leur tentative malheureuse pour escalader l'Olympe.
2^4 NOTES
— On n*a plus le passage où Hésiode donnait sur les AloUdes les
renseignements conservés par le Scoliaste. — Cf. Decharme, Mjrtkoi,,
p. 397, et les auteurs qui y sont cités.
V. 487. Indique-4noi maintenant, — Merkel admet êvtviccc (leçon du
Laur.) qui signifie : tu m'indiques. Il me semble que l'impératif (Guelf.*
édit. vulgo) convient mieux à la vivacité de la phrase, comme Bninck
et Wellauer le font remarquer.
V. 496. Il chantait,..— «Il veut chanter la confusion primitive des
éléments, comment chacun d'eux est sorti de Tétat de lutte et s'est
organisé. Ce chant est adapté aux événements qui viennent de se passer,
car il est convenable de cesser la lutte et de revenir à des dispositions
naturelles... Empédocle dit que, dans la confusion primitive de tous les
éléments, la Lutte et l'Amitié [la Discorde et l'Amour], qui y furent
envoyées, établirent la distinction ordonnée des parties, et que, sans
elles, rien ne peut se faire : c'est lui, semble-t-il, que suit ApoUonios.
Thaïes a supposé que le principe de tout est l'eau; il empruntait cette
idée au poète qui a dit : Afais, vous tous, devenez eau et terre [Iliade,
VII, V. 99]. Zenon dit que le chaos dont parle Hésiode, c'est l'eau [sur la
conception du chaos dans Hésiode, cf. Théogonie, v. 116 sqq.]. Quand
elle se solidifia, vint la boue, dont la condensation forma la terre ferme.
En troisième lieu, selon Hésiode, naquit Éros, pour que le feu se pro-
duisît : car la passion qu'il inspire est comme le feu. Anaxagore dit que
le soleil est une masse incandescente d'où toutes choses sont nées. Aussi,
Euripide, qui le connaissait, dit-il que le soleil est un lingot d'or. Le
même Anaxagore prétend que la lune est une vaste contrée, d*où il pense
que le lion de Némée est tombé. » (Scol.)
V. 5o I . Les montagnes. — c Douris dit que des pierres précipitées par
les géants, celles qui tombèrent dans la mer devinrent des lies, et celles
qui tombèrent sur la terre, des montagnes. » (Scol.)
V. 5o3. Ophion et VOcéanide Eurynomé. — Brunck rapproche de
ce passage les paroles de Prométhée (Eschyle, Prométhée, v. 9S6) :
<i N*ai-je pas déjà vu tomber deux de ces tyrans?,.. », et la note du
Scoliaste d'Eschyle : < // veut dire Ophion et Eurynomé. 1» Nous avons
peu de renseignements sur Ophton (cf. Claudien, H. Proserp., III,
v. 348). Quant à l'Océanide Eurynomé, mère des Charités (Hésiode,
Théogonie, v. 907), elle fut une des épouses de Zeus, après avoir
régné sur les Titans avec Ophion, son époux primitif.
V, 509. L'antre du Dicté. — Le Dicté, montagne dans la partie
orientale de Pile de Crète, où Zeus avait été élevé et possédait un
temple. (Cf. Strabon, 411, 18; Virgile, Georg., IV, v. i52 :
Dictaeo caeli regem [apes] pavere sub antro.
V. 5 10. De la foudre (xepavvo»), du tonnerre (ppovi^, et de Péclair
((TTepoicY^ — Le sens du mot xspauv6c comprend celui 'des deux autres
qui y sont joints ici par ApoUonios : xepauvic est en effet le coup de
foudre, c'est-à-dire réclair qui est suivi aussitôt du tonnerre. On sait
que des trois Cyclopes deux, Brontès et Stéropès (Hésiode, Tliéog.,
v. 140), ont des noms qui rappellent les phénomènes de réclair et
NOTES 225
du tonnerre. Le troisième, Argès, est, dit M. Decharme (Afythol.,
p. 6), « réclat blanchâtre des feux électriques «.
V. 5 1 6-5 17. — Je traduis suivant le texte de Merkel, qui adopte, d'après
Ruhnken Au, au lieu de la leçon des mss., dr„ et qui remplace la leçon
èuTtTêcdç {ha, xitùi vulgo; Itrà, Oeot; Gerhard) par la conjecture £\;ari(«»;.
W.bi*], Suivant l'usage religieux, — «C'était l'usage parmi les
anciens de faire le mélange dans les cratères, quand on allait dormir,
de consacrer les langues des victimes à Hermès et de répandre le vin.
Et c'est naturel : comme Hermès est par tradition le dieu de la parole,
dont Torganc est la langue qui s'arrête quand vient le sommeil, il est
tout simple de la sacrifier à Hermès. Homère dit aussi : Ils jetaient les
langues dans le feu [Odyssée, III, v. 341].» (Scol.) Une autre scolie
donne une autre origine à cet usage : « Dieuchidas, dans ses Mégariques,
raconte qu*Alcathous, fils de Pélops, exilé à cause du meurtre de
Chrysippos, s'en allait loin de Mégare pour s'établir dans une autre
ville. Il rencontre un lion qui dévastait le pays de Mégare et contre
lequel le roi avait envoyé bien des gens; il en est vainqueur, lui coupe
la langue, la met dans son sac et rentre à Mégare. Et comme ceux qu'on
avait envoyés contre la béte prétendaient en être les vainqueurs, il
apporta son sac et les convainquit de mensonge. Le roi fît à cause de la
mort du lion un sacrifice aux dieux, et plaça en dernier lieu cette langue
sur l'autel. Telle est l'origine de cette coutume qui a subsisté chez les
Mégariens. Philochoros, dans son livre sur les Sacrifices, dit que la
langue est la plus belle partie du corps, celle qjui tient le premier rang; et
Homère : Allons, coupe:^ les langues, au sens de : Cesse\ de parler, »
(Scol.) L'interprétation du vers d'Homère {Od., III, v. 332, même passage
que le vers précédemment cité) est un contre-sens. Homère dit :
c Allons, coupez les langues, faites le mélange du vin, 0 dans le sens
même de ce passage d'Apollon ios. — Cet Alcathous, fils de Pélops, est
simplement mentionné par ApoUodore comme père de Périboia (III,
1 1 , 2) et d'Automédousa (II, 4, 1 1 ). Ovide {Met,, VIII, v. 8) appelle Mégare
urbs Alcathoi.
V. 523. D'ajuster les rames. -— On comprend qu'il est nécessaire de
remettre en place pour pouvoir s'en servir les rames qui ont été retour*
nées au moment du lancement (v. 378-379). D'ailleurs, l'expression
otpTÛvsaOai epexiidé est expliquée par un passage de VOdyssée (IV, v. 782)
où l'on voit des navigateurs, au moment du départ, après avoir tiré le
navire en mer, ajuster les rames rpoiroTc sv 8sp(iaTCvo(fftv, c'est-à-dire en
emboîter la poignée dans les anneaux de cuir nommés aujourd'hui les
estropes d'aviron. Quant au mot epeT|i.6ç, employé par Apollonios comme
par Homère, M. Cartault (ouvr. cité, p. 1 54) fait remarquer, en s'appuyant
sur Hésychius et sur le Scoliaste d' Apollonios (scolie au v. i255 du
chant II), que c'est une expression poétique pour xcoir/), qui signifie
proprement /701^/fee^ puis poignée de la rame et, enfin, par extension,
la rame elle-même.
V. 526. Une poutre divine. — Le Scoliaste rappelle que les chênes de
la forêt de Dodone parlaient, et il cite le vers de VOdyssée (XIV, v. 327) :
« // disait être allé à Dodone, lui-même, pour entendre d'un chêne au
feuillage touffu les desseins du dieu Zeus, »
29
226 NOTES
V. 538. Vers les bancs (viXyLOLxa'. — Les aiX^tara, dit le Scoliaste,
sont à la fois les sièges des rameurs et les espaces qui séparent deux
rangs de bancs (9eXid<â(i.aTa). « En général, ajoute-t-il, on donne à toute
vaste pièce de bois le nom de selma ou de se'lidôma, d*où nous disons
même les sélides [les pages] des rhapsodies à cause de leurs dimensions
étendues. » Le mot aUjMt signifie donc le vaste espace à Tintérieur du
navire où sont disposés les bancs de rameurs, et par suite ces bancs
eux-mêmes. Les commentateurs assimilent en général les 9éX|taTa aux
transira et traduisent les deux mots par bancs de rameurs. (Voir
SchefTer, op. cit., p. i36; Rich, Dictionn. antiq. rom, et grecq., au root
transtrum, etc.) M. Vars {ouvrage cité, p. 61) traduit aéXpia par la
coque du navire, terme qui me semble avoir trop d^extension, puisque
le mot coque signifie c l'enveloppe des bordages, le corps v (Dictionn.
de Littré). Il est ici question seulement de l'endroit où se trouvent les
bancs des rameurs.
V. 533. Là quille fut inondée par en bas. — Le mot tp6inc (en latin
carina, cf. SchefTer, op. cit. p. 46) signifie quille. Il s'agit ici de la
seconde quille t) Scutépa tpimc (cf. SchefTer, p. 47), qui consistait en
«poutres munies d^entailles, aujourd'hui carlingue. Ces entailles
n'étaient pas assez profondes pour s*appuyer sur la quille. On obtenait
ainsi des ouvertures pour le passage de l'eau de l'un à l'autre bord :
disposition indispensable pour dégorger un vaisseau trop incliné. »
(Vars, ouvr. cit., p. 42.) C'est par ces ouvertures que s'introduit Teau
qui inonde par en bas la quille, le fond du vaisseau. Cette explication
confirmerait, s'il en était besoin, la leçon de Merkel vnsxXûoOt) contre
celle de Lehrs, vicexXecvOr), inclinabatur. Le Scoliaste dit d'ailleurs:
« Quand il s'assit, la quille s'inonda d'en bas à ses pieds, et s'enfonça
dans la mer par le poids du héros. »
V. 537. LIsménos. — L'Isménos est un fleuve defiéotie; de là le nom
du temple d'Apollon Isménien.» (Scol.) — Cf. Strabon, 35i, 19.
V. 540. Au son de lacithare d'Orphée. — M. Cartault {ouv. cité, p. 162)
fait remarquer qu'Orphée remplit sur le navire Ârgo la fonction du
TpiY)paûXrjc, joueur de flûte chargé de faire entendre pendant toute la
durée de la nage un air qui excitait les rameurs et leur faisait oublier
leur fatigue.
V. 55 1. Tritonide. — Voir, sur le sens du surnom Tritonide ou 7'rt-
togéneia, Decharme, Myth., pp. 75-76. Merkel admet dans son edit.
miner la leçon Itonide ('Ita>vtSoc) qui se trouve dans la plupart des mss.
et qui a été adoptée par la généralité des éditions. Wellauer dit à propos
de la leçon TptTuvCdoc, qu'il n'adopte pas : c Quod valde dubitavi an
recipiendum sit, quia reliquis omnibus locis Apollonius eam Tritonidem
vocat, cujus omnino magnae sunt in fabulis ad Minyas pertinentibus
partes, cf, C, O. Mùller, , Orchom. , pp, 21 3,355. Sed 'ItuiviSoc non potuit
a librariis proficisci, TpiTuvtdo; facile reponere potuerunt, quum id reli-
quis locis reperissent. Praeterea vulgatam eamdemque librorum pluri-
morum lectionem tuetur etiam Etymol. M., /. /., et qui ejus vevba ex-
scripserunt, T:çet\, ad Lycophr. 355, Eudoc.,p. 322 et Phavorin. » ï.e
Scoliaste ne connaît que la leçon 'Itinvtdoc : le temple d'Athéna Itonienne,
dit-il, est à Coronée en Béotie. Mais il ajoute qu'Athéné est nommée ici
NOTES 227
à cause d'un autre temple qu*etle avait à Itône, en Thessalie. Strabon cite
le temple d'Itône en Thessalie (376, 26) et celui de Coronée en Béotie
(333, 27). Â propos de la ville d*Itône, dans la Thessalie Phthiotide,
il dit que c'est de ce temple d'Athcnc Itonienne que vient le nom du
temple de la déesse en Béotie (374, 1 1). Cf. Catulle, LXIV, v. 228 :
Qaod dbi si saocti conc^sserit incola Itoni.
Itône en Thessalie n'étant pas bien loin de Pagases, il serait naturel
de supposer qu'en parlant de l'œuvre de la déesse qui a construit Argo,
ApoUonios lui donne plutôt le nom de déesse d'Itône que celui de
déesse Tritonide.
V. 554. Chiron. — «Suidas, dans ses Thessaliques, dit que Chiron
était fils d'Ixion. L'auteur de la Gigantomachie dit que Cronos, méta-
morphosé en cheval, s'unit à TOcéanide Philyra, et c'est pourquoi
Chiron, qui naquit d'eux, fut un hippocentaure. La femme de ce dernier
était Chariclo. » (Scol.) Apollodore (I, 2,4) le dit fils de Cronos et de
Philyra. Chiron, le plus doux et le plus juste des Centaures, est le maître
en médecine de tous les hérosThessaliens,de Jason entre autres, comme
rindique le Scoliaste, qui prétend que le nom de Jason vient de ses
études médicales (lâvcov icopà tt}v ibcaiv). Quant à Chariclo, femme du
Centaure, Apollodore n'en parle pas: il cite (III, 6, 7) une nymphe
Chariclo, mère de Tirésias; mais Ovide {Met,, II, v. 636) dit que
Chariclo eut du Centaure une fille, Ocyrhoé. On donne aussi comme
fils à Chiron et Chariclo le héros Carystos qui fonda et nomma de son
nom la ville de Caryste en Eubée (Strabon, 383, 20).
V. 558. Achille. — c ApoUonios a suivi les poètes posthomériques
en disant qu'Achille fut élevé par Chiron. » (Scol.) Homère (IL, XI,
V. 83o) se borne à dire que la médecine a été enseignée à Achille par
Chiron, le plus juste des Centaures. La fable de l'éducation d'Achille par
le Centaure n'est pas connue des poèmes homériques. (Cf. Decharme,
Myth., p. 597.)
V. 562. Le gouvernail (irQ^àXta). — Le gouvernail primitif est un fort
aviron à large pelle (irvidov, qui donna son nom au gouvernail tout
entier), fixé extérieurement à l'arrière du navire, a Les anciens ne
connaissaient pas notre gouvernail à poste fixe, attaché à l'étambot
par des pivots tournant dans des manchons... On gouvernait dans
rantiquité au moyen de rames qui différaient des autres avirons par
leur longueur et leur largeur. » (Vars, ouvr. cit., p. 120.) Le pluriel,
icf}8àXta, s'explique naturellement puisque le navire antique avait deux
gouvernails (voir la note au v. 401).
V. 563. La poutre transversale. — « C'est n<rTodr,xtî [place du mât],
où Ton place le mât et où on le couche. * (Scol.) — « Pour dresser ou
abaisser le mât, on pratiquait une ouverture qui traversait les baux et
le pont situés à l'arrière du navire. Des madriers (aujourd'hui épontilles)
devaient soutenir par dessous les baux ainsi tranchés. Cette sorte de
fosse ou de cage pour le mât se nommait t\ (XKa65|AY}, ou ((ttoOtixt), et
parfois aussi v^ tvToSâxY). » [Vars, ouvr. cite\ p. 63. Le même auteur
traduit ailleurs par emplanture (p. 76) le mot laToîoxYj.]
228 NOTES
V. 564. Des cordes tendues, — «c Les câbles que Ton tend du haut du
mât jusqu^à la proue et jusqu'à la poupe. » (Scol.) Cf. Odyss., H,
V. 424-423. Ces cordes (icp^Tovoi) équivalent, d'après M.Var8,aux Aau^âM
modernes. Le même auteur accuse d'erreur Bœckh, Pierron, etc., qui
disent que les icp6tovot vont du mât à la proue et à la poupe {ùuvr. cité,
p. 71). Hésychius avait affirmé la même chose : mais M. Vars suppose
son texte interpolé, et s'appuie, ce qui semble assez piquant, sur « le
Scoliaste d'Apollonius de Rhodes remarquable entre tous par la sûreté
de son savoir». Le Scoliaste dit en effet (scolie au vers 567) que les
ffp6tovot sont les câbles qui vont du mât à la proue. La scolie au
vers 564 disait que ce sont les câbles qui vont à la proue et à la poupe.
Si ce Scoliaste est remarquable par la sûreté de son savoir, il Test
encore plus par le nombre de ses contradictions; ce n'est pas à lui
qu'il fiaut demander la preuve que les icp^Tovoi vont du mât à la proi^e,
et les èmtovoi, du mât à la poupe. Hésychius, Bœckh, Pierron, etc.,
peuvent aussi bien fonder leur opinion sur la scolie au vers 364 que
M. Vars appuie la sienne sur la scolie au vers 367. M. Cartault, qui
pense que les icpirovot vont de chaque côté du mât à l'avant du navire,
admet que le Scoliaste corrige au vers 367 son erreur du vers 364 :
« Le Scoliaste d'Apollonius de Rhodes (I, v. 1204) explique qu'ils [les
icp&tovoi] tiennent le mât par en haut, comme les coins introduits
dans la carlingue le fixent par en bas. Ailleurs Apollonius de Rhodes
(I, V. 3O4) dit qu'après avoir dressé le grand mât on Tassujettit au
moyen d'étais qu'on tend à bâbord et a tribord (IxaTcpOev). Il faut
noter que le Scoliaste entend le mot autrement et prétend qu'il s'agit
de l'avant et de l'arrière; il serait donc ici question à la fois des étais
et des galhaubans : mais il se corrige lui-même, deux vers plus loin,
quand il ajoute que les icp6Tovoi sont les cordages qui vont de chaque
côté du mât à l'avant du navire. » {Ouvr. cité, p. 209-210.)
V. 363. La partie supérieure. — t L'endroit le plus haut et le plus
mince du mât; au-dessus se trouve le xap^^iriov. Le poète indique que
ta voile est tirée jusqu'en haut du mât. » (Scol.) « Le sommet du mât
(t) Y)XaxeKTT]) avait la forme d'une quenouille comme son nom l'indique
[T)XsxaT/) signifie, en effet, quenouille], L'rjXaxâto était assez mince
pour permettre au carchésium (to xocp^rjo^tov) de l'envelopper comme
un manchon. Le carchésium était une sorte de gobelet fait de pièces
d'assemblage et portant les poulies destinées au passage de la drisse
(cordage qui sert à hisser la vergue). » (Vars, ouvr. cité, p. 64.)
V. 366. Autour des vergues (e7c'lxpi6fiv). — Le mot txpiov que je
rends par vergue est traduit dans les Dictionnaires d'Alexandre et de
Chassang par tillac, pont de vaisseau, et, dans les diverses traductions
latines, par tabulata, mot qui signifie tillac. Je suis l'explication du
Scoliaste : « LTxptov est une partie du mât. Eratosthène dit dans son
Architectonique : c Dans le mât, il y a le pied, la hune, le parapet de
la hune (Ooipâxiov), la flèche, les vergues et l'&piov. » Et le Scoliaste
ajoute que ce mot désigne l'extrémité des vergues. Voici, d'ailleurs,
une confirmation de ce sens dans les Scholia grœca ex codice
biblioth, impérial, Paris,, nunc primum evulgata (édit. Brunck-
Schaêfer, Leipzig, 181 3): « L'5cpiov est, au dire de certains, une partie
NOTES 229
du mât; il vaut mieux penser que c'est ce que d'ordinaire on appelle
vergue. On entend aussi par Ixpia le plancher du navire [c'est-à-dire, le
tillac]. 9 M. Vars, qui traduit ixptx par gaillards d'avant et d'arrière
(p. 5o), te fonde sur la scolie que je viens de citer, pour dire: « L'extré-
mité du mât (tète) se nommait parfois to îxpiov. » (Ouvr. cité, p. 66.)
La scolie au vers 566 n'indique rien de semblable. Scheffer, qui a bien
lu la scolie, avoue ne pas comprendre clairement le sens du mot : « Sed
quid schoiiasti Apollonii faciamus qui quartam adhuc mali partent
ex Eratosthene nominat?... An et in malo txpia habuere? hocest alia
quaedam ligna, supra carchesium erecta, velut parvas arbores, ut hodie
in navibus quandoque fieri videmus? An potius quaedam cornua in ea
parte dénotant, qualia et in nostris sunt? »{Op. cit., p. 1 44.) M . Cartault,
après avoir iait remarquer {ouvr. cité, p. 47) que les Txpia Tcpc&pa;
et les ikpia icp\S|Avnc correspondent à nos gaillards d'avant et gaillards
d'arrière, montre avec raison que le passage d'Eratosthëne cité par
le Scoliaste ne nous enseigne rien sur la façon dont se succédaient
les diverses parties du mât énumérées dans un ordre absolument
arbitraire (p. 173). « Quant au mot ikpiov, il désigne le mât à l'époque
primitive. » (P. 1 73.) Ce sens du mot Txptov est attesté par divers passages
d'Eustathe, mais je crois que le pluriel employé ici par ÂpoUonios
désigne les vergues. — Il me semble d'ailleurs qu'une correction bien
simple ferait disparaître toute difficulté. Il s'agit évidemment ici des
vergues, ou plutôt de la vergue qui était composée de plusieurs pièces.
Au lieu de eic'lxpi&^iv, que l'on écrive, en un seul mot, èmxptiçtv. On
sait qu'Homère nomme la vergue xh sic{xpiov.
— Fardes anneaux faits en bois bien poli, — M. Vars (oi/yr. cité, p. 112)
voit dans le mot tcep6vat, que je traduis par anneaux, un équivalent des
cabillots modernes, chevilles arrondies, émoussées, débordant des deux
côtés, qui reposent sur le râtelier, sorte de planchette disposée le long
de la muraille du vaisseau. Le Scoliaste dit en e£fet : n Les irep^vat sont
des irâ<r(raXot (chevilles en bois) disposés sur les (ravid<û(ixTa {ouvrages en
planches, bordages); c'est aux icep6vcii que Ton attache les câbles de la
voile. » Mais M. Cartault dit justement à propos des cordages (xoD-wec)
dont il est ici question que ces cordages sont les car gués, a Les cargues
étaient comprises sous le nom générique de xdcXot ou xâXu>ec. Ce sont,
nous dit le Scol. d'Apollonius de Rhodes (I, 566), les cordages qui servent
à carguer la voile, et ils passent à travers les cosses. » {Ouvr. cité, p. 195.)
M. Cartault traduit par cosses le mot xpfxoi; il dit ailleurs (p. 21 3):
« Quant aux xp{xoi par lesquels passaient les cordages... il est difficile
de ne pas y voir les cosses. Eustathe nous apprend qu'on les faisait en
fer, mais qu'on se servait aussi pour les fobriquer d'autres matières
analogues. » La cosse est aujourd'hui un a anneau de fer cannelé dans
sa circonférence extérieure, et qui présente ainsi un canal circulaire
propre à recevoir et à maintenir un cordage » (Dictionnaire de marine,
de Bonnefoux et Paris). Les icep6vat sont ici synonymes des xpfxoi
qu' ApoUonios suppose avoir été en bois au temps des Argonautes. Dans
toute la manœuvre que le poète décrit, les Argonautes /^are/if les câbles
et les vergues pour que tout, dans le navire, soit en situation de pouvoir
être utilisé suivant que le vent continuera à être fort ou qu'il s'apaisera.
230 NOTES
V. 368. Le cap Tisée. — « Ce cap est en Thessalie ou en Magnésie,
suivant certains, en Thesprotie. » (Scol.) La Thesprotie est une contrée
de l'Épire. Strabon ne mentionne pas le cap Tisée, mais Valérius
Flaccus (II, V. 7) le cite :
TempUqae Tisaeae mergunt obliqua Diaaae.
V. 572. La terre dlolcos, ~ lolcos est une ville de Thessalie, à vingt
stades de Pagases, patrie de Jason; toute la côte voisine se nomme
côte dlolcos (Strabon, 356, 4; 375, 5).
V. 373. Les petits au milieu des monstres énormes, — Dûbner fait
remarquer que, grâce au pouvoir des chants d* Orphée, tous ces animaux
se réunissent en bonne intelligence, uniquement occupés d'entendre
Tiède : Majores cum minoribus mixti (nec iis insidiantes).
V. 38o. Dans la brume. — Le mot Tjiptoc signifie aérien, enveloppé de
brouillards, obscur, matinal. Le Scoliaste dit que cette épithète vient
de ce que la terre de la Thessalie est noire et qu'elle s'applique pour le
môme motif au sol d'Egypte. Ou bien ce mot veut dire matinal, venant
de T^pi qui signifie le matin. — Il me semble que l'on traduirait mieux :
« Bientôt a disparu dans les brouillards.., » C'est d'ailleurs l'opinion de
Dûbner qui, après avoir combattu les sens proposés par le Scoliaste,
ajoute : Sed multo melius esseputo, sic explicare : nubilus, ob discessum
ab hac terra, » — A propos des Pélasges, le Scoliaste dit : « Il s'agit des
Thessaliens, dont le nom vient soit de Pëlasgos, fils d'Inachos, soit des
Pélasges, peuple barbare qui habita la Thessalie et le pays d'Argos, soit
de Pélasgos, fils de Poséidon et de Larissa. Staphytos de Naucratis dit
que Pélasgos, de race argienne, émigra dans la Thessalie qui, à cause
de lui, fut nommée Pélasgie. » Les Pélasges, regardés comme les plus
anciens habitants de la Grèce, habitaient principalement TÉpire et la
Thessalie; expulsés, ils durent se retirer soit en Asie-Mineure, soit en
Étrurie. ApoUonios fait ici montre d'érudition archéologique, en donnant
à la Thessalie le nom de ses plus anciens habitants.
V. 38i. Les rocs détachés du Pélion (epdcvac). — Le Scoliaste dit que
l'on donne ce nom aux caps parce que le vent y soufBe beaucoup (icapà
Tb ^y9N frvico6ai). Mais êp{nvT) semble venir du verbe êpc^icci» qui, à l'aoriste
second, a le sens de s*abattre. — Ces rocs du Pélion rendaient difficile
la navigation le long de la côte (Strabon, 38o, 47).
V^ 582. Sépias. — C'est la pointe la plus orientale de toute la Magnésie
(Strabon, 279, 33). Le Scoliaste dit que le nom de ce cap lui vient de ce
que c'est là que Thétis, poursuivie par Pelée, se changea en sèche ((ri}ffCa) .
V. 583. Sciathos. — C'est une île de la mer Egée en face du cap Sépias
(Strabon, 375, 17).
V. 584. Peirésies. — Cf. v. Sy.^^ Magnésa. Ville de Magnésie qui
porte le même nom que la contrée et que le Scoliaste distingue de son
homonyme d'Asie.
V. 585. Le tombeau deDolops. — Dolops était fils d'Hermès. Valérius
Flaccus (II, V. I o) traduit : Vidisseputant Dolopeia busta, que le Thésaurus
de Quicherat et le Dictionnaire de Freund et Theil traduisent mal en
expliquant Dolopeia, a qui a rapport aux Dolopes », peuple de Thessalie,
NOTES 231
qui n*a que faire ici. Le vers 587 d^ApolIonios montre bien que les
héros rendent un culte à Dolops qui, dit le Scoliaste, mourut à
Magnésa; Cléon, diaprés le Scol., parle, au premier livre de ses
Argonautiques, du tombeau qui fut élevé sur la grève à ce héros.
V. 591. Le lieu de départ du navire Argo, — Je traduis textuellement
le nom grec 'AçiTai 'ApYoOc Strabon (374, 38) indique l'origine de
ce nom de lieu : 'Açirai, uc ocv af £Ti^pt6v ti t&v 'ApyovavTûv, passage qui
est ainsi rendu dans la traduction Tardieu (Paris, 1873, tome 11^
p. 289) :«.... un lieu appelé Aphètes, comme qui dirait VAphétérion
ou embarcadère des Argonautes. »
V. 592. Méliboia.^^ Ville maritime de Thessalie, au pied de TOssa»
lieu de naissance de Philoctète (Strabon, 375, i5).
V. 593. Dont ils évitèrent, — Je traduis suivant la correction de
Meinecke (Vindic. Strabon. ^ p. i83) sxictpéwvreç (= traverser, passer
au loin) adoptée par Merkel dans son edit. maior. Les mss. terminent
les vers 593 et 694 par le même mot elaopiwvrtc, ce qui semble une
répétition inadmissible. On a esayé plusieurs conjectures. Voici, à ce
propos, les remarques judicieuses de Wellauer : « Quod versus hic et
sequens in idem vocabulum eIaop6(i>vxec exeunt, id omnino ferri nequit,
quamquam enim II, 5y4s,, uterque versus in avOi; [corrigé par Merkel,
d'après Kcechly], et II, 1 108 s,, in ctCxoK [corrigé aussi par Merkel}
exit, ea et breviora sunt vocabula et minoris momenti, hanc autem
ejusmodi repetitionem tolérasse ApoUonium nemo putaverit. Quare
Brunck. ad Theocr, XX, 26,prius eivopiwvTtc in sxvtûvavxec mutandum
judicavitf quo in simile re utitur Orph., Arg. 460, idque deinde in
textum recepit, et eamdem emendationem iterum laudibus extulit. Ad
Aristoph, Eccles. 614» Sedea est admodum temeraria mutatio neque
probabilior Jacobsii conjectura apud Weicliert,, de versibus Virgilii et
Valerii injuria suspectis, p. 88 5u9iQve|Aov oppcoioOvrcc* Praetera lotus
versus ita est comparatus, ut sine uUo sensus aetrimento abesse
possit; denique «xt^v et oLtyioîkà^, vocabula idem signijicantia, quis
conjuncta ferai? Itaque rectius vidisse videntur Matthiae Obss. p. 26,
et Beckius qui versum spurium judicant. Omnino dubitari non potest,
quin ex priore recensione irrepserit in qua sequens versus ita. CompO'
ratus erat ut non in et<rop6uvTec desineret, quae est et Gerhardip. 2 g s.
senlentia. Portasse tum âxpY)v T'alrtaX^v xe lectum est» His causis commo-
tus versum uncis inclusif » Lehrs met, comme Wellauer, le vers 393
entre crochets. La plupart des éditions modernes adoptent la conjecture
de Brûnck, êxvevvavttç fs*étant détournés), qui a à peu près le mâme
sens que le mot èxicep6aivtec, mais qui s'éloigne bien davantage de la
lettre des mss. La conjecture de Meineke me semble très admissible:
si on l'adopte, le vers bg3, loin de faire double emploi avec le vers 692,
le renforce et en explique le sens.
V. 594. Homolé, — « C'est une montagne de Thessalie ou une ville
de Thrace.» (Scol.) C'est, d'après Strabon (38o, 28), une ville de
Magnésie près du mont Ossa. Virgile (Aen., VII, v. 675, Descendunt
centauri Homolen Othrymque nivalem) fait de l'Homolé une montagne,
voisine de TOthrys, qui est en Thessalie (Strabon, 374, 4). On voit
donc, quoi qu'il en soit, que les Argonautes suivent la côte de Magnésie .
232 NOTES
V. 596. L'embouchure du fleuve Amyros. — «C'est un fleuve de
Thessalie, voisin de Méliboia, ainsi nommé d'Amyros, flisde Poséidon;
il y a aussi une ville de ce nom. » (Scol.) Apollonios cite encore
TAmyros (IV, v. 617). Strabon (38o, 11) ne dit rien du fleuve et cite
une ville de Thessalie, Amyros, près du lac Boebeis. Cf. Valérius
Flaccus (II, v. Il):
Intranteinque Amyron carvts quaesita per oras.
Aequora.
V. 597. Eury mènes. — \\ n'est question de cette ville ni dans le
Scoliaste, ni dans Strabon, ni dans Pausanias. Hécatée (fragm. m,
Fragm. Histor, Graec, Didot, vol. I) la cite comme une ville de
Thcssalie. Il en est fait mention dans Tite-Live (XXXIX, 25) et
dans Valérius Flaccus (II, v. i3).
V. 599. Pallénées. — « Palléné est le nom d'une montagne de Thrace
et d'une ville d'où était Protée. Canastrée est le promontoire de
Palléné. » (Scol.) Strabon (278, 35 et suiv.) dit que Palléné est une
presqu'île située en face de celle de Magnésie et terminée par le
cap Canastrée. Cette presquMle serait l'ancienne Phlégra, autrefois
célèbre par le séjour des géants. Cf. Pausanias (I, 25 ; VIII, 29). — Les
Argonautes, après avoir suivi la côte de Magnésie du cap Sépias au
mont Ossa, traversent le golfe Therméen, longent la côte méridionale
de la presquMIede Palléné jusqu'au cap Canastrée; de là, ils passent
en vue du mont Athos pour aborder dans Tîle de Lemnos qui en est
voisine.
V. 601. Le mont Athos. — « L' Athos est la plus haute montagne de
Thrace. Le poète veut dire qu'en môme temps que le jour, leur apparut
l'Athos, qui est de Lemnos à une distance égale à celle qu'un navire
voguant depuis l'aurore jusqu'à midi pourrait parcourir; et cependant
il couvre d'ombre Lemnos si éloignée de lui, car son sommet intercepte
le soleil et il couvre l'île d'ombre jusqu'à Myriné. » (Scol.) Les anciens
se faisaient une idée extraordinaire de la hauteur de l'Athos. Strabon
(279, 43 et suiv.) dit que les habitants du sommet voient le soleil se
lever trois heures plus tôt que ceux de la côte. Pline rapporte la môme
tradition qu'Apollonios : « ... Afyrinam, in cuius forum solstitio Athos
eiaculatur umbram. » (N. H., IV, 73.)
V. 602. Myriné. — « Myriné est une ville située à l'extrémité de
Lemnos qui en possède deux, Héphaistia et Myriné, cette dernière
ainsi nommée de Myriné, femme de Thoaset tille de Crétheus. » (Scol.)
Strabon ne parle pas de ces deux villes. On a vu (note précédente) que
Pline cite Myriné, qui est aussi mentionnée par Ptolémée, Stéphane
de Byzance, etc. Les mômes auteurs citent aussi Héphaistia. Il est
déjà question de ces villes dans Hécatée (fragm. 102, io3, 104, Fragm,
Histor. Graec. f Didot, vol. 1), qui dit que Lemnos possède deux
villes, Héphaistia et Myriné, et dans Denys de Chalcis (fragm. 2,
Fragm. Histor. Graec. t Didot, vol. IV), qui rapporte aussi, au
III* livre de ses Fondations des villes, que Lemnos avait deux villes
nommées Héphaistia et Myriné. Le nom d'Héphaistia est dû, sans
doute, au dieu Héphaistos, protecteur de Lemnos. Quant à Myriné,
NOTES 233
on n'a pas de renseignements sur son compte, et il est peu probable
que son père Crétheus soit le même que Crétheus, père de Pélias.
V. 6o3. Un vaisseau de transport bien équipé. — Si Apollonios
prend dans son sens propre, ce qui est probable, le mot éXxdc, il
fait allusion à un genre de bâtiments dont la marche était peu
rapide. Les éXxaSec, comme leur nom l'indique (fXxa>, tirer, remorquer)
étaient primitivement remorquées par d'autres navires. Cf. Scheffer
{op. cit., p. 257) : c Dicebantur autem 6>xâ8cc a trahendo, quia funibus
nonnunquam consueverunt religari ad naves militares. y Quand ces
navires n'étaient pas remorqués, lourdement construits, pesamment
chargés, et disposés pour n'aller qu'à la voile, ils devaient avoir une
allure fort lente. D'après Pline {N. H., IV, 73), la distance entre
le mont Athos et Lemnos est de 87,000 pas; le pas romain vaut
5 pieds, d'après Pline, lui-môme {N. H., Il, 85 : Stadium centum
viginti quinque nostros efficit passus, hoc est pedes sexcentos viginti
quinque). Le pied romain = 0^296; le pas = o"2ç6 K 3 = 1*48;
87,000 pas = i"48 X 87,000 = 128,760 mètres. Il paraît invraisem-
blable qu'un navire de charge puisse parcourir plus de 128 kilomètres
entre le matin et midi. Mais les mesures de Pline sont évidemment
fort inexactes : il n'y a que 70 kilomètres entre le mont Athos et
Lemnos. M. Cartault {ouvr. cité, p. 252) dit à propos de ce vers
d'Apollonios : « La vitesse qu'ils [les anciens] obtenaient pour leurs
navires à voiles n'était pas de beaucoup inférieure a celle que réalise
notre marine, ce qui prouve une fois de plus que les anciens avaient
poussé fort loin la pratique de l'art naval. Apollonius de Rhodes, en
parlant de l'Athos, dit qu'il est éloigné de Lemnos de la distance
qu'une holcadc bonne marcheuse parcourrait du matin au milieu du
jour. Malheureusement, le poète ne nous indique pas l'heure du
départ. Si nous plaçons le matin à six heures, comme il y a de l'Athos
à Lemnos environ 70 kilomètres en ligne droite, nous obtiendrons
une vitesse d'un peu plus de 1 1 kilomètres et demi ou d'environ
6 nœuds et demi par heure. » Cette vitesse semble exagérée pour un
navire de charge : le bâtiment qui portait saint Paul de Sidon à
Césarée ne faisait que 3 nœuds à l'heure (Vars, ouvr. cité, p. 181). Je
crois qu'il faut fixer le départ de cette holcade à l'aurore d'un jour d'été,
soit vers quatre heures du matin; la distance de 70 kilomètres
parcourue en 8 heures donne 8,750 mètres à l'heure, c'est-à-dire plus
de 4 nœuds et demi, ce qui me semble encore beaucoup pour une
holcade, quelque bien équipée qu'elle soit.
V. 608. Et c'est en ramant... — « Ils [les Athéniens] naviguaient
donc à la voile et ne considéraient les rames que comme un secours
auxiliaire qu'on employait lorsque le vent faiblissait ou devenait
contraire. On s'en servait également pour gagner ou pour quitter le
mouillage ou pour franchir un passage difficile dans des cas spéciaux
et pour un trajet de peu de durée. C'est ainsi que nous sont repré-
sentés les marins du navire Argo; ils utilisent les voiles tant que le
vent leur est propice, puis ils mettent à la rame et se dirigent vers la
terre.» (Cartault, ouvr. cité, p. i23.)
Lemnos, séjour des Sintiens. — Strabon (282, 17; 471, 3) dit que les
30
234 NOTES
premiers habitants de Letnnos furent des Sintiens, peuple de Thrace;
ils recueillirent Héphaistos précipité du ciel (Iliad,, I, v. 593-594). Le
Scoliaste donne sur Lemnos, séjour des Sintiens, les renseignements
suivants : « Sintéis est une épithëte de Lemnos, car elle eut pour
premiers habitants les Tyrrhéniens, les plus méchants des hommes
[ai^ffç signifie de brigand] ; Homère dit : // alla à Lemnos vers les
Sintiens au parler sauvage {Odyss., VIU, v. 394.) Hellanicos dit que
les Lemniens furent nommés Sintiens parce que, les premiers, ils
firent des armes de guerre pour piller [otveffOai] leurs voisins et leur
faire du mal. » — Strabon dit qu'il est resté a Lemnos beaucoup de
traces du passage des Argonautes (38, 35); il parle d'un certain
Eunéos, fils de Jason, qui régna à Lemnos (37, 42). Il est question
dans 17/iV2^e(VII, v. 468 et suiv.; XXHI, v. 747) de cet Eunéos, fils de
Jason et d'Hypsipylé : c*est à la naissance future de ce fils qu'Apol-
lonios fera allusion (v. 905 et suiv.)-
V. 609. Dans cette île.., — Le Scoliaste paraphrase le récit d*Apollo-
nios. Mais il explique comment Aphrodite se vengea des Lemniennes :
elle les affligea d'une puanteur insupportable; ce détail nécessaire, qui
est une circonstance atténuante pour les maris, est négligé par la
réserve du poète alexandrin. Mais ApoUodore (I, 9, 17) ne manque
pas d'y faire allusion. Le Scoliaste cite une autre tradition, due à
l'historien Myrsilos : « Alors que d'autres disent que les Lemniennes
étaient devenues puantes par une vengeance d'Aphrodite, Myrsilos,
dans le livre I de ses Lesbiques, raconte les faits d'une manière
différente. Médée, dit-il, alors qu'elle côtoyait Lemnos, jeta, par
jalousie, dans l'île, une substance magique qui affligea les femmes
d'une mauvaise odeur. Aussi, maintenant encore, il y a, chaque
année, un jour où, à cause de leur puanteur, les femmes écartent
leurs maris et leurs fils. 1 D'après Myrsilos, comme d'après Pindare
(IV* Pythique), c'est au retour de la Colchide que les Argonautes
s'arrêtent à Lemnos.
V. 620. Seule entre toutes. — « C'est d'abord parce qu'il était son
père qu'Hypsipylé sauva Thoas, comme elle le devait; ensuite, à cause
de son fige et parce qu'il n'était ni le conseiller ni le complice du
libertinage des Lemniens. » (Scol.)
V. 623. Oînoié. — « Cette histoire est prise de Théolytos. Sicinos
est une ile, au Sud de l'Eubée, qui s'appelait autrefois Oinoié, parce
qu'elle était plantée de vignes [olvoc, vifi]. Xénagoras fait mention .
de ce changement de nom, en disant qu'il eut lieu à cause de Sicinos,
fils de Thoas et de la nymphe Oinoié. Que Thoas fut sauvé des eaux
en cet endroit, Cléon de Curium le raconte, ainsi qu'AscIépiade de
Myrléa, qui montre qu'Apollonios a tout emprunté à Cléon. » (Scol.)
Sicinos est une petite île, située dans la partie de la mer Egée qu'on
appelle d'ordinaire mer de Crète (Strabon, 416, i5). Pline l'Ancien
(N. H., IV, 70) constate ce changement du nom de l'île.
V. 636. Les Thyades» — C'est de là, dit le Scoliaste, que Sémélé
est appelée Thyoné; l'étymologie de ce mot serait ou OOstv (offrir un
sacrifice, immoler) ou evOeaCo(&évT), à cause des transports divins de la
Thyade. ApoUodore (III, 5, 2) rappelle que c'est sous ce nom de
NOTES 235
Thyoné que Dionysos amena ta mère au ciel, et M. Decharme
{MythoL, p. 460) remarque la ressemblance de prononciation entre
Buci&vY), la Ménade divine, Sémélé, et Aicdv^, qui est quelquefois attri-
buée comme mère à Aiôvuaoc, peut-être aussi par suite d'une simi-
litude de mots. — Les Bacchantes d'Euripide montrent, entre autres
exemples, comment les Thyades méritent cette épithète de «man-
geuses de chair crue ».
V. 645. Aithalidès, — Voir la note qui le concerne au vers 64. — Le
Scoliaste explique ce que veulent dire ces mots : l'oubli n'a pu pénétrer
dans son dme. « Cest, dit-il, que les morts passent poiA* oublier ce qui
leur est arrivé pendant leur vie. Quant à lui, quoique mort, il n'oublia
pas, et, possesseur d'une nouvelle âme, par la métempsycose, comme
parlent les philosophes, suivant la volonté d'Hermès, il savait toujours
qui il était. Phérécyde dit qu'il avait reçu d'Hermès ce privilège que
son ftme fût tantôt dans la demeure d'Adès, tantôt sur la terre. Les
Pythagoriciens disent que, doué d'une ftme impérissable, il revécut en
la personne d'Euphorbos, fils de Panthos^ au temps de la guerre de
Troie, puis en la personne de Pyrrhos de Crète, puis d'un homme
d'Élide dont le nom n*est pas connu, et enfin de Pythagore lui-même.
Pythagore disait que son àme, avant de lui appartenir, avait été celle
d'Aiihalidès, puis d'Euphorbos le Troyen, ensuite d'un fils d'Hermès
et d'une courtisane de Samos, et enfin la sienne. » — Ces renseigna
ments sont à peu près les seuls que nous ayons sur Aithalidès, dont
il n'est parlé ni par Apollodore et les autres mythographes, ni par les
poètes latins, excepté Valérius Flaccus, qui le cite parmi les Argo-
nautes (I, V. 437.)— Diogène Lierce (VIII, 4) rappelle que Pythagore
prétendait avoir été autrefois Aithalidès, fils d'Hermès. Le Pythagore
d'Ovide se souvient seulement d'avoir été Euphorbos {Met., XV,
V. 161):
Ipse ego nam memini, Troitni tempore belli,
Pamhoidet EuphorbuA eram...
Aulu-Gelle (IV, xi, 14, edit. Hertz, Teubner) cite Aithalidès parmi
les incarnations de Pythagore, mais dans un autre ordre que le Scoliaste :
« Pythagoram vero ipsum (sicuti) célèbre est, Euphorbum primo fuisse
dictasse, Ita haec. Remotiora sunt his quae Clearchus et Dicaearchus
memoriae tradiderunt, fuisse eum postea Pyrlrhum Px]ranthium,
deinde Aethaliden, deinde feminam pulcra fade meretricem, cui
nomen fuerat A Ico. »
V. 652. Ils ne détachèrent pas les amarres (icet9)LaTa). — « Lorsqu'ils
[les marins grecs] ne retiraient pas à terre leur navire, ils l'amarraient
au rivage au moyen de câbles qui portent, dans les inscriptions
navales, le nom de <rxoiv{a inlyyjoLf et chez les lexicographes, ceux de
axotv(a ti^Y^a, àic^Yvoc, de yvata, de neiaiAotTa ou de tcpupivrivia. Pollux
nous apprend que ce dernier terme était poétique; en tout cas, le mot
nous indique que ces amarres partaient généralement de l'arrière.
C'est en effet par l'arrière que devaient de préférence accoster les
navires, qui, à cause de leur éperon, avaient à l'avant un tirant d'eau
plus fort qu'à l'arrière, et qui ne pouvaient guère aborder par le
236 NOTES
travers à cause des avirons qui garnissaient leurs flancs. • (Cartault,
ouvr. cité, p. 87.)
Le veut Borée. — c Le sens est : et cependant Borée soufflait, dont
le souffle était utile à la navigation des Argonautes. » (Scol.) Shaw
interprète contre le sens du Scoliaste : « Ob flatum AquUonis, > De
plus, il reproduit une note de Wesseling {Observât,, p. i3o), qui dit
que Borée était contraire aux Argonautes : « Mihi perspectum est
nihil veri his inesse. Non enim ventus Aquilo secundus est tendentibus
in Pontwn, sed adversum tenet. Debuisset enarrator in memoriam
redigere Lemniarum responsum, quo irri dentés Miltiadi olim dixisse
perhibentur, tum se in Atheniensium potestatem venturos, cum ille
domo navibus proficiscens Lemnum, vento Aquilone, venisset. Hoc
ergo Apollonius indicat Minyas non solvisse illo mane ex insuta
Lemno quod Aquilo, qui ipsis in Pontum porrecturis adversus erat,
flaret, » Cette anecdote que Cornélius Nepos raconte {Miltiade, I) n^a
rien à faire ici : Athènes étant au Sud de Lemnos, le Borée, dont le
souffle vient du Nord, ne peut conduire d'Athènes à Lemnos. Quant
aux Argonautes, qui, après avoir longé TAthos, ont abordé au Nord
de Lemnos, il semble que, pour arriver à THellespont, ils auraient
besoin d'un vent soufflant de POuest, car la partie septentrionale de
nie de Lemnos se trouve, comme l'ouverture de THellespont, au
40* degré de latitude. Mais les Argonautes auront besoin d'un vent
du Midi pour arriver à THellespont où ils ne se rendent pas directe-
ment. On verra en effet (v. 910 et suiv.) qu'au départ de Lemnos ils se
rendent à Samothrace, et reviennent de là à THellespont en côtoyant
la Chersonèse. Voilà pourquoi, chose qui semble étrange au premier
abord, ils ont besoin d'un vent du Midi pour aller de Lemnos à
THellespont.
V. 668. Polyxo. — ApoUodore (II, i , 5) parle d'une Naïade de ce
nom, femme de Danaos, et (III, 10, i) d'une autre Polyxo, femme de
Nycteus et mère d'Antiopé. On en cite une autre, Rhodienne, femme
de Tlépolémos, chez qui Hélène se serait réfugiée après la mort de
Ménélas (cf. Decharme, MythoL, p. 663). Polyxo est aussi le nom
d'une des Hyades (Hygin, Pœt. Astr., II, 31). Mais nous n'avons dans
le Scoliaste, ou dans les mythographes, aucun renseignement sur la
nourrice d'Hypsipylé. Valérius Flaccus, qui parle d'elle, avoue cette
ignorance à son sujet (II, v. 3 16) :
Vîtes Phoebo dilecta Polyxo
Non patriam non certa genus...
Hypsipylé, dans le discours que lui prête Stace, dit que c'est Polyxo
qui a conseillé aux femmes de Lemnos de tuer leurs maris {Theb.,
V, v. 90, sqq.).
V. 672. Couverte comme d'un duvet de cheveux blancs, — Je traduis
suivant le texte de Merkel, qui adopte la conjecture de Frank Passow,
éictxvoaovtrr), déjà adoptée par Wellauer, au lieu de la leçon des mss.
ticixvoàouvai, leçon d'après laquelle ce seraient les jeunes filles qui
auraient les cheveux blancs. Lehrs traduit en ce sens : « Albis obtectae
capillis. » Le Scoliaste remarque que les cheveux des jeunes filles
NOTES 237
étaient comme un duvet, mais il ne dit rien de leur couleur. Shaw
pense que ce sont des cheveux qui paraissent blancs, tant ils sont
blonds, et traduit : a Flavis pubescentes crinibus. » Shaw suit d'ailleurs
l'opinion d'Hoelzlin, combattue par Brunck, qui fait remarquer qu*il
n'y a aucun exemple de ce sens de blonds attribué à Xeux^mv, et qui veut
corriger en ^vO^o-iv, se fondant sur ce que les servantes de Médée {Arg.,
Ch. IV, V. i3o3) ont ÇavOocc eOetpaç. WcUauer cite d'autres corrections
du mot Xcux^<nv : nXeux^oiv (Weston), Xeup^vtv (Gerhard); mais il adopte
comme dénnitive la correction de Passow, qui porte sur le mot
Èntxvodtovvat, qua omnis loci difficuUas ita toUitur, ut eam in textum
recipiendam esse judicaverim. La conjecture de Passow ajoute un trait
à la description de cette vieille, sur qui le poète attire l'attention, sans
s*inquiéter de ses suivantes. Dûbner ne parle pas de cette correction ;
il trouve trop hardie celle de Brunck, mais il avoue ne pas bien
comprendre le sens de la leçon qu'il conserve : « Habentes primant
lanuginem; sed cur cani? Sine dubio de pubescentium puellarum
crinibus in temporibus crescentibus, »
V. 689. Les Kéres ont craint de me faire mourir. — Dûbner croit
que cette crainte des Kères leur est inspirée par l'horrible décrépitude
de Polyxo: €ld est me horrentem ob formam, scilicet decrepitam;
cf. Plaut, Pastidium orci, id est quem orcus ipse fastidit. » Mais si les
Kères craignent de faire mourir Polyxo à cause de sa décrépitude qui
leur inspire du dégoût, comment la vieille femme peut-elle dire
(v. 691) qu'elle mourra l'année suivante, alors que sa décrépitude,
aggravée avec le temps, sera encore plus dégoûtante pour les déesses
de la mort? Le Scoliaste dit bien : « Les Kères ont peur de venir vers
itioi maintenant; cependant, je mourrai, c'est-à-dire je mourrai de
vieillesse. • Mais je crois qu'Âpollonios veut dire que si les Kères ont,
jusqu'à présent, évité de faire mourir Polyxo, soit à cause du respect
qu'elle leur inspire, soit dans la crainte de dépeupler Lemnos, le
temps viendra bientôt où, malgré ces considérations, la vieille femme
devra disparaître.
V. 703. Jphinoé. — Cette Lemnienne n'est pas autrement connue
que par ce passage. — Dans Valérius Flaccus, Iphinoé est également
envoyée en ambassade auprès des Argonautes (II, v. 326, portatque
preces ad litora Gratis Jphinoe). Le poète latin a montré auparavant
la Renommée qui, sur l'ordre de Vénus, excite au meurtre de leurs
maris plusieurs femmes de Lemnos, entre autres Iphinoé (II, v. 162).
V. 721. Tritonide. -^ Voir la note au vers 55i. Le Scoliaste lit et
explique 'Ittovidçlt, comme au vers 55 1.
V. 722. Un manteau double, couleur de pourpre. — Voir la note au
vers 326. Il ne s'agit pas ici, comme dans ce vers, d'un de ces vêtements
très amples qui se mettent doubles, mais d'un manteau de luxe dont
l'éto^ est à double tissu, c'est-à-dire brochée : en effet, les dessins
variés forment une seconde trame dans la première.
V. 723. Les premiers étais {^puix^^O- — L'étymologie de ce mot
(dpOc, ïx'à, qt*i contient des pièces de chêne) ne peut en déterminer le
sens exact. Le Scoliaste, qui se contredit dans ses explications, ne
nous est d'aucun secours : 0 On appelle ainsi les pièces de bois sur
238 NOTES
desquelles on établit la quille. Homère a dit : // dressait en ordre comme
des Spuo^oi toutes [les haches qui étaient] au nombre de dou^e. Les
dpvoxot sont donc les entrailles [(yxoOiia, mot qu*on traduit par le
terme technique de cotes ou varangues] du navire. > D'après le
Scoliasle, les 8p\joxot correspondent donc aux colombiers; puis il se
contredit en les assimilant aux varangues. Les colombiers sont des
appuis latéraux qui soutiennent par leurs têtes la carène du vaisseau
en construction; les varangues sont des pièces de bois qui font partie
du navire même et non du ber que l'on établit autour du navire en
construction. Le sens de la phrase d'Âpollonios est que la déesse a
fait cadeau du manteau à Jason au moment où l'on commençait à
s'occuper d'Argo : comme il faut établir le ber avant de songer au
navire même, il est logique que le mot Spuoxoi se rapporte au ber
plutôt qu'au navire. M. Cartault donne des raisons excellentes qui
prouvent qu'il s'agit bien en effet des colombiers : « Nous retrouvons
les colombiers dans les ipuo^oi» E^n effet, les SpiSo^oc sont, pour Suidas
et Zonaras, des étais dont on se servait pendant la construction du
bâtiment. Le grand Étymologique y voit des pièces de bois verticales,
des supports qui soutiennent ta quille du vaisseau qu*on édifie. Eustathe
entend par là des étais disposés enfile, et sur lesquels repose la quille
du bâtiment en construction, afin qu*elle ait une forme régulière. Il
ajoute qu'ils maintiennent la carène des deux côtés et l'entourent de
soutiens continus. Platon, dans le Timée, donne du mot dpuoxot une
explication courte, mais parfaitement nette. Ce sont des appuis qui
servent pendant la construction du bâtiment, Hésychius, qui emploie
la forme dpûaxcc, les définit d'une façon plus vague : pièces de bois
qui soutiennent la quille du navire. De même, le Scoliaste d'Apollonius
de Rhodes : ;7iéce5 de bois sur lesquelles on établit la quille. Plus loin,
il confond à tort les dp^jo^ot avec les côtes du bâtiment. Malgré cela,
toutes ces explications sont suffisamment claires et concordantes pour
-qu'il faille admettre sans hésitation l'identification des Spuoxoi avec
nos colombiers. » (Ouvr. cite', p. 27-28.) M. Vars {ouvr. cité, p. 39-40),
qui se fonde précisément sur le vers d'Homère cité par le Scoliaste
d'Apollonios {Odyss., XIX, v. bjS), où il est dit qu*Ulysse dispose à
la suite ses douze haches comme autant de dpuoxot, prétend que les
dpvoxot sont des couples, « pièces de construction à deux branches qui
s'élèvent symétriquement de chaque côté de la quille jusqu'à hauteur
du bat-bord ». {Dictionnaire de marine de Bonnefoux.) « A la question
suivante : quelles parties dans un navire peuvent ressembler le plus à
des haches placées sur une ligne, des marins répondraient à l'unani-
mité : ce sont les couples. * M. Vars impose aux marins qu'il met en
scène la réponse qu'il veut avoir en posant la question d'une manière
favorable à son système. Il ne faut pas demander : quelles parties dans
un navire; mais : quelles parties, soit dans un navire, soit dans le ber
qui sert à la construction de ce navire. Le vers de Catulle (LXIV^, v. 10),
évidemment inspiré de ce passage d'Apollonios, ne peut en rien nous
éclairer sur le sens du mot 2puoxot. Le poète latin rappelle que Minerve
«lle-méme (diva ipsa) a présidé à la construction du navire Argo :
Pinea coniange.is inflexae texta caritme.
NOTES 239
L*ëdition Lemaire explique bien : « Inserens et adaptans curvae
carinae trabes et alia quitus naves instruuntur. 1 Le mot texere est
le terme propre qui signifie disposer la contexture d*un navire,
le construire. Le jeu de mots de Properce (III, vu; IV, vi, édit^
Muller, V. 29) :
Ite, rates curvas et leti texite causas,
nous rindique ainsi que le vers de TÉnëide (XI, v. 326) :
Bis denas Italo texamas robore naves...
et les divers passages d'Ovide {Met. XI, v. 624; XIV, v. 53 1; Fast,,
Ii V. 5o6) où se trouve l'expression pinea texta carinae. Il n'y a aucun
rapport entre ct^ pinea texta et les 8pvoxot.
V. 724. Des traverses (J^\jyà), — C'est dans son sens primitif qu'Apol-
lonios emploie le mot Cvyà. a II y avait pour désigner les baux [poutres
principales placées en travers des bâtiments pour en lier les deux
murailles] un terme qui remontait aux premiers âges de la marine
grecque, celui de K^yà. Dans les navires primitifs et non pontés, les
couples étaient, à leur extrémité supérieure, réunis par des poutres
qui servaient en même temps à asseoir les rameurs... La double
fonction des Çuyà est nettement indiquée par Eustathe : Ils servent à
la fois à joindre les flancs du bâtiment et à fournir une place aux
rameurs. Il s'exprime d'une façon aussi précise ailleurs : On appelle
CvY^ ces longues poutres qui rattachent l'un à l'autre les flancs du
navire et les maintiennent comme un joug. » (Cartault, ouvr. cité,
p. 41.) M. Cartault explique comment, plus tard, le mot Cvy^v étant
resté dans la langue maritime, mais les deux objets qu'il désignàft
étant devenus très différents, il en est résulté une confusion qui n'a
pas peu contribué à fausser les restitutions de la trière (p. 42). Mais
ici il n'y a pas de confusion possible : ÂpoUonios, qui est un
archéologue, emploie le mot dans son sens homérique (cf. Odyss.,
IX, V. 99; XIII, V. 21).
V. 72g. Étaient tissés (ini'Kaaxo). —^ Merkel admet dans son edit.
maior le mot iitinoLoxo « Ruhnkenii est coniectura, non fortasse cer^
tissima », alors qu'il conservait dans l'edit. minor exéxa<rro, leçon des
mss., commentas par le Scoliaste et adoptée par la plupart des
éditions. Weilauer, qui admettait déjà la correction de Ruhnken, la
jugeait fort bonne à cause de deux passages de VIliade où le mot
proposé par Ruhnken se trouve en effet dans des phrases tout à fait
semblables à celle d'ApoUonios : « Certa est emendatio, propter locos
Homericos [Iliad,, III, v. i25; XXII, v. 440]. »
V. 730. Les Cyclopes. — Hésiode {Théog,, v. 141) dit aussi que les
durs Cyclopes Brontès, Stéropès, Argès, ont donné à Zeus la foudre
et ont forgé son tonnerre. (Voir aussi Argon,, Ch. I, v. 5 10.)
V. 735. Antiopé, — ii\\ y a deux Antiopé, l'une fille de Nycteus,
l'autre d'Asopos; c'est de celle-ci qu'il est fait mention. D'elle et de
Zeus naquirent Amphion et Zéthos, qui bâtirent Thèbes, comme dit
Homère : Les premiers, ils établirent les fondements de Thèbes aux
Sept Portes \pdyss., XI, v. 263]. Phérécyde en donne le motif: c'est
240 NOTES
parce qu*ils prenaient leurs précautions contre les Phl^yens, ennemis
de Cadmos alors régnant. 11 (Scol.) D'après Apollodore (III, 10, 1),
c'est l'Antiopé, fille de Nycteus et de Polyxo, qui aurait été la mère de
Zéthos et d'Amphion. Apollonios parle (i4rg., Ch. IV, ▼. 1090) de la fille
de Nycteus, Antiopé. Voir la note à ce vers. — II y a encore une
Antiopé, fille de Thespios, de laquelle Héraclès eut Alopios (ApoUod.,
II, 7, 8). — Une autre Antiopé, au dire du Scoliaste, fut mère des
Argonautes Clytios et Iphitos. (Voir la note au vers 86.) Le père de
TAntiopé, mère d'Amphion et de Zéthos, était, suivant Apollonios,
le fleuve Asopos (cf. Decharme, Mythol., p. SyS). Amphion est bien
connu comme fondateur de Thèbes (Apollod., III, 5, 5). Cf. Horace,
Art poétique, v. 394, sqq. cArménidas raconte dans son livre I que
les pierres suivaient d'elles-mêmes la lyre d' Amphion; il dit aussi qne
cette lyre lui fut donnée par les Muses; c'est ce que rapporte Phéré-
cyde dans son livre X. Suivant Dioscoride, la lyre était un présent
d'Apollon. » (Scol.)
Amphion épousa Niobé, dont on sait l'histoire, et Zéthos, Thébé ou
Aédon (le rossignol), image de Téclat du printemps.
V. 743. Le bouclier commode à manier (Oobv vdxoc). — Dûbner traduit
bien par habile le mot Ooiv qui signifie rapide et quelquefois aigu. Le
sens à^aigUj terminé en pointe, ne peut évidemment pas convenir au
adtxoc, le grand bouclier ovale de Tépoque archaïque.
V. 748. Les Téléboens, — Les Téiéboens, ou Taphiens, étaient un
peuple d'Acarnanie, célèbre par ses brigandages (Strabon, 394, 26).
Le Scoliaste rappelle cette lutte d'Électryon, père d'Alcmène, et de
ses fils, contre les brigands qui venaient lui voler ses bœufs. Il dit que
Taphos est une des Échinades, petit groupe d'îles de la mer Ionienne,
à l'embouchure de l'Achéloos, le long de la côte d'Acarnanie. Leur
double nom vient de Téléboos et de Taphios; ou, suivant Apollodore
(II, 4, 5), de ce que Taphios alla loin de sa patrie (ti}XoO ijfi irorcpcdoc
IpY)) ou enfin, suivant le Scoliaste, de ce qu'ils amenaient au loin les
bœufs volés (TT;Xe... t&c poOc). On sait que, dans V Amphitryon de
Plante, les Téléboens sont en guerre avec les Thébains : « Nam cum
Telebois bellumst Thebano popto. » {Prolog., v. loi.)
V. 752. Le combat de deux chars, — La lutte d'Oinomaos et de
Pélops est trop connue pour qu'il soit nécessaire d'y insister. (Voir
Decharme, Mythol., p. 647, sqq.)
V. 760. Par son voile (xaXuirrpv)c). — La xaXuicrpT), terme fréquem-
ment employé par Homère {Iliad., XXII, v. 406; Odyss., V, v. a 32;
X, V. 545), est Venveloppe (xaXuircio, envelopper)^ le voile dont les
femmes s'enveloppaient le visage quand elles sortaient. Ce voile, placé
sur le haut de la tôte et entourant le visage de manière à le cacher,
excepté la partie supérieure du nez et les yeux (Eschyle, Agamemnon,
V. II 78; Euripide, Iphigénie en Tauride, v. 372), retombait sur les
épaules et descendait jusqu'au milieu du corps.
V. 761. Tityos. — On sait que ce géant Tityos, qui avait tenté de
violer Létô, est puni aux enfers de sa concupiscence par deux vautours
qui lui rongent le foie (cf. Odyss., XI, v. 575 ; Lucrèce, III, v. 984; Aen,,
VI, V. 595, etc.). Voir Decharme, Myth.^ p. 137 et 429. Quant à sa
NOTES 241
double naissance, voici les diverses explications données dans les
scolies : a Élaré fut la roère de Tityos [c'était une fille d'Orchomène,
Âpollodore, 1,4, i]. Après la mort de sa mère, il fut, dit-on, nourri par
la terre, comme Homère le raconte : Et je vis Tityos, fils de la terre
illustre [Od,, XI, v. 576]. — Phérccyde dit qu'uni à Élaré, fille d'Orcho-
mène, Zeus, par crainte de la jalousie d'Héra, la renferma sous la terre
[cf. môme récit dans Apollodore, I, 4, i], d'où sortit Tityos, nommé à
cause de cela fils de la terre. — Autre tradition : Élaré, mère de Tityos,
enceinte des œuvres de Zeus, ne put mettre l'enfant au monde à cause
de ses grandes dimensions, et mourut. Mais que Tityos ait été mis au
monde une seconde fois par la terre, cette histoire ne semble mériter
foi ni croyance. Nous pouvons dire que les poètes donnent le nom de
fils de la terre aux 6tres dont le corps est monstrueusement grand.
C'est ainsi que Callimaque a dit que les animaux monstrueux naissent
de la terre. Homère constate la grande taille de Tityos en disant que
étendu, il couvrait neuf arpents [Orf., XI, v. 577]. Notre avis est que,
lorsqu'il fut mis au monde par Élaré, les faibles dimensions de son
corps firent penser qu'il était son fils; mais quand, en grandissant,
il devint monstrueux, on imagina qu'il avait été enfanté et nourri par
la terre.»
V. 763. — Le Scoliaste se demande quel sens il feut attribuer aux
sujets brodés sur le manteau. Il pense que le poète a voulu simplement
représenter, par les dessins de la chlamyde, l'ordre de l'univers et les
actes de l'humanité, «c D'abord, par le tonnerre et les Cyclopes, il fait
une allusion allégorique à quelque dieu et à la nature divine, et c'est
pourquoi il dit qu'iVs sont courbés sur un ouvrage éternel; ensuite,
au moyen de la lyre d'Amphion, il indique la fondation des villes;
puis tous les événements qui arrivent dans les villes, les amours et
les guerres; c'est ce que signifie, dans son idée, Aphrodite, porteuse
d'armes. La violence et les combats sont représentés par l'histoire des
Taphiens; les jeux et les mariages, par la course en char de Pélops;
l'impiété et le châtiment qui vient des dieux, par Tityos; les embûches,
les trajets sur mer et le salut final par l'histoire de Phrixos : en un
mot, à peu près tout ce qui arrive dans les villes est poétiquement
décrit sur la chlamyde. 1» Dûbner trouve ces tableaux fort bien faits,
mais il leur reproche de ne se rapporter en rien à Jason : Optime
Apollonius êico{v)9ev, hac una in re vitupèrandus quod pleraeque, quas
recenset, picturae ad lasonem proprie non pertinent,
V. 766. De sages paroles (iwxivrjv pâÇtv). — « 4>ptjv icuxivrj est mens in
se congesta ap, Claud, de Rapt. Pros., hoc loco sapiens. « (Dûbner.) On
trouve dans VIliade (XIV, v. 294) nvxivàc 9p£vac- Claudien (de Rapt.
Pros., I, V. 4) a bien mens congesta; mais cette expression ne me
semble pas répondre exactement à çp^^v icuxtvY). L'adjectif icuxv6c ou
icuxiv6c signifie compact, serré et, par suite, intense, sage,
V. 769. Sa lance qui frappait au loin (îyxoc ixif)p6Xov). ~ La lance
était à deux fins; elle se jetait comme un javelot ou elle servait à percer
de près un ennemi.
— Atalante. — c Atalante, fille d'Iasos qu'épousa Milanion; c'est une
autre Atalante, Argienne et fille de Schoineus, qu'épousa Hippomédon. »
31
242 NOTES
(Scol.) La fiile d'Iasos et celle de Schoineus semblent génértiement
confondues; d'après Apoltodore (III, 9, 2), Hésiode et quelques autres
auteurs disent que la fameuse Ataîante, la chasseresse du sanglier
de Calydon, était fille de Schoineus et non dlasos; Euripide lui
donne pour père Mainalos, fils d*Ârcas, héros éponjrme du mont
Ménale. Vaincue à la course, grfice au stratagème des pommes d*or
par Milanion, ou, suivant Euripide, par Hippoménès, elle épousa son
vainqueur. (Voir, pour la l^nde d' Ataîante, Decharme, Mythoi,,
p. 587.)*- Dans leurs catalogues^ ApoUodore (I, 9, 16) et Diodore de
Sicile (IV, 41) mettent au nombre des Argonautes Ataîante, fille de
Schoineus. — « Quant à ce fait, que les Argonautes eurent commerce
avec les femmes de Leranos, Hérodore en parle dans ses Argonau'
tiques. Eschyle, dans son Hypsipylé, raconte que les femmes de
Lemnos vinrent en armes attaquer les Argonautes que la tempête
avait fait échouer à la côte, et les repoussèrent jusqu'au moment où
elles leur eurent fait promettre par serment qu'une fois débarqués,
ils auraient commerce avec elles [cf. Atschyli Fragmenta, Hypsipyle,
p. ao5 de V Eschyle grec4atin, Didot]. Sophocle, dans ses Lemniennes,
dit aussi que les Argonautes durent engager un combat sérieux
[cf. Sophoclis Fragmenta, Lemniae, p. 32 1 du Sophocle grec-latin,
Didot]. » (Scol.)
V. 775. Dans une demeure (xaXupTjatv). ^ Le mot xaX>SpY}, qui corres-
pond au tugurium latin, désigne proprement une chaumière de paysan,
faite de branchages, de claies et d'autres matériaux aussi simples.
Dûbner pense avec raison que le poète désigne ici par ce mot le
«apOcvwv ou appartement des jeunes filles.
V. 788. Iphinoé. — Dûbner fait observer qu'Iphinoé joue ici le rôle
du xinpv^ homérique. Cest la maîtresse des cérémonies du palais
d'Hypsipylé. — Le Scoliaste dit qu'on lisait dans l'édition primitive
des Argonautiques : «Alors Iphinoé s'empressa de le conduire à
travers le vestibule [icp6^|jLoc; voir sur le icpS^o^toç la note au vers 789]
construit avec art et le fit asseoir sur un beau siège [8tf pa^]. » Au sens
propre, le df^pal est un siège pour deux personnes.
V. 789. Une belle salle (naord^c)- ~ Le Scoliaste lit comme les mss.
àvavxddoC) mot qui ne semble pas avoir de sens précis, et qu'il explique
par naoràdoc; ce dernier mot viendrait de ndaaur^ai (se nourrir), et
signifierait par suite salle à manger. L'auteur de la correction naordftoc
est, d'après Brunck, Jean Rutgers; d'ailleurs, VEtymol. M. cite le mot
«aaT{ic comme se trouvant dans ApoUonios, et ajoute que, d'après
quelques auteurs, c'est un synonyme du terme Rp6£o(M€, souvent
employé dans Homère: le irpido{fcoc homérique, Vavant- maison y a,
semble- 1- il, un sens assez étendu: «np&(h>pa et icp68o|j.oc, ex Vossii
sententia, omnino ad eas aedificii partes referenda sunt, quae intrart-
tibus ex adverso sunt, et generali notione vel spatium ante fores
aedificii vacuum, vel aedium partem aliquam désignant. » (Terpstra,
Antiquitas homerica, Lugd. Batav., i83i, p. 194.) — cSur un siège
(xXiaiA^). » — Le xXi(r{i6c (xXfvci>) est spécialement un siège oii Von
s*appuie.
V. 800. Les étables (eica^Xouc). — « Les étables ou, par abus, les
NOTES 243
demeures des Thraces. 1 (Scol.) Le mot ïkcêmXoç signifie évidemment
étable dans le seul passage où Homère remploie (Odyss., XXIII^
V. 358). Le ScoHaste a été choqué que le poète ne désigne en fait
d'endroits pillés que les étables, et en fait de butin que les jeunes
filles, que les Lemniens ne devaient pas enlever dans les étables.
Mais ce n'est pas une raison d'étendre le sens du mot IficotuXo;. D'ailleurs,
le Scoliaste cite un vers de la première édition, où il est dit que les
Lemniens emmenaient de Thrace des brebis et des bœufs : ApoUonios
n'a pas fait attention qu'en supprimant ce vers il rendait difficile à
expliquer le sens du mot ITicavXoc*
V. 83 1. La mer Egée, — « La mer Aigée [Egée] a été ainsi nommée
de l'île Aigai. Homère dit : Ceux qui te portent des présents à Hélice
et à Aigai [lliad., VIII, v. 2o3]. Elle est consacrée à Poséidon, et l'on
rapporte, dit Nicocrate, que personne ne peut y passer la nuit à cause
des apparitions du dieu. D'autres disent que la mer a été ainsi nommée
à cause de Poséidon; car, suivant Phérécyde, le dieu est appelé
Aigaios. Nicocrate dit que le nom de la mer vient d'Aigeus [Egée], qui
s'y précipita du haut de l'Acropole ; mais c'est à tort, car l'Acropole
est loin du rivage de la mer. » (Scol.) On admet généralement qu'Ai gai
et Hélice sont deux villes de la côte du Péloponèse qu'un tremblement
de terre détruisit, au nr* siècle av. J.-C. (Cf. Strabon, 33i, 43 et suiv.)
Strabon distingue cette Aigai d'une ville homonyme, située en Eubée,
qui, dit-il (33 1, 47), est citée par Homère {lliad., XIII, v. 21) et qui a
donné sans doute son nom à la mer Egée. Strabon et Pausanias ne
citent aucune île Aigai. Mais Nicocrate (Scol. ad lliad,, XIII, v. 21}
distingue l' Aigai, ville d'Eubée, d'Aigai, île de la mer Egée, où les
navigateurs craignaient d'aborder, car tous ceux qui s'y étaient
arrêtés disparaissaient dans la nuit. Virgile parle de Neptunus Aegeus
{Aen., III, V. 74), mais c'est sans doute comme dieu de la mer Egée
que Poséidon a pris ce surnom. — L'étymologie du nom de la mer
Egée venant du roi Egée est aussi assez répandue.
V. 845. Sur des chariots (â|i.a(aic). — L'apiaU est le chariot de trans-
port, par opposition au char de combat (ap|ia).
V. 85i. Par égard pour Héphaistos, — « Car Lemnos est consacrée
à Héphaistos. t (Scol.) Tradition bien connue : d'après Homère (7/.^ I,
v. 593), c'est à Lemnos que fut recueilli Héphaistos, précipité par
Zeus de l'Olympe.
V. 833. Excepté Héraclès. — « Le poète parle ainsi à cause de
l'économie de son ouvrage. Car, alors que tous sont vaincus par les
plaisirs, il [Héraclès] les excite à la lutte; c'est aussi à cause de la
nature sage du héros. > (Scol.) Shaw remarque qu' ApoUonios fait
toujours Héraclès semblable à lui-même, et qu'il suit le précepte
d'Horace, longtemps, il est vrai, avant qu'il soit formulé:
HoQoratQm si forte reponis Achillem,
Impiger, iracandus, ioexorabilis, acer
V. 839. Le fils illustre d'Héra. — c Le poète suit Hésiode qui dit
[Théog.^t V. 927] que Héphaistos est le fils de la seule Héra. Homère
le dit fils de Zeus et d'Héra. » (Scol.)
244 NOTES
V. 874. — Ce discours est une imitation évidente de V Iliade (II,
y. 336 sqq.V
V. 880. Qui leur sert de ruche (at|ipX7f)(89c). — «On appelle ruches
(«{|ipXoi) les objets creux où les abeilles construisent leurs cellules.
XitipXVc ic£tpa est donc ici une roche, où, dans les montagnes, on élève
les abeilles, roche disposée comme un ot^^Xoc. » (ScoK) Cest un rocher
creux, comme Homère le spécifie dans le passage de V Iliade (II, v. 88),
d*où celui-ci est imité : icitpY)c ex ^Xaçupt);.
V. 882. Telles, ces femmes.,, ^l^e Scoliaste trouve à redire à
l'exactitude de cette comparaison : « Cette comparaison n'est pas juste
et ne s*accorde pas dans tous ses termes. Que Ton compare les femmes
aux abeilles, les héros aux fleurs, la ville aux roches creuses, soit.
Mais pour le reste, comment cela ne serait-il pas incohérent, alors
que la prairie est joyeuse, et la ville triste, et que les femmes sont en
larmes? Voici encore un détail auquel rien ne répond : Dans leur vol
d*une fleur à Vautre, elles expriment les sucs les plus doux. Cat elles
ne tâchent pas de ravir à chaque héros ce qu'il y a de meilleur en lui :
cela s'accordait mieux à leur première union, à leur premier commerce. 1
En imitant cette comparaison, Virgile a compris ce qu*elle avait de
défectueux, puisqu'il Va. appliquée à l'empressement des travailleurs
et non à la désolation de femmes abandonnées (Aen., I, v. 430).
Shaw, appuyé sur l'autorité de Sanctamandus, prétend que le Scoliaste
et Hoelzlin n'ont pas compris cette comparaison : « Quid enim ineptius
quam quae ab Hoelzlino dicuntur : Heroes sunt flores, ac discessu
gaudent; apes, seu Lemniae mulieres, dolent. Quomodo enim flores
discessu gaudere possunt? An apes, dum flores sugunt, dolent? Nihil
taie in ipso ApoUonio, Rupes alveata est urbs, ex qua mulieres se
effundunt in campos, sicut apes ex rupe. » (Sanct.)
V. 908. Loin du roi Pélias (av^i^a toto avaxToç). — Le traducteur
latin de l'édit. Oidot croit que ce roi est Jason lui-même : ut sine me
rege suis de/endantur incolae in aedibus. D'ailleurs, le mot icopaOvuvrai
ne peut guère se traduire par de/endantur. Au lieu d'cçlottoi, leçon des
mss. que Merkel conserve, Brunck veut écrire s^lortov, accusatif qui se
trouve dans des passages à peu près semblables d'Euripide {Médée,
V. 714), de Sophocle {Trachin.y v. 263), etc.; il trouve sa correction
définitive : tiSic certissime emendo Sensus est: ut seorsum a Pelia
pater meus et mater in suis aedibus commorantem eum alant. > Le
besoin de cette correction ne se fait pas sentir; si nous gardons eçéonot,
nous pouvons admettre l'interprétation de Brunck en changeant seule-
ment commorantem en commorantes, ce qui ne modifie pas le sens de
la phrase. En tout cas, la traduction française : ils se relèveront à leur
foyer, correspond aussi bien à i^ittxio»^ lui étant à leur foyer, qu'à
tf ioTioi, eux-mêmes se tenant à leur propre foyer.
V. 913. De la roche marine (&Xt{iupéoO* — * C'est-à-dire d'une roche
baignée tout autour par la mer. On appelle fleuves &Xi|iiup^evTec ceux qui
se jettent dans la mer.» (Scol.) C'est dans ce dernier sens et joint au
mot y7euve qu* Homère emploie l'adjectif &Xi(iupiqc {Iliad., XXI, v. 190;
Odyss., V, v. 460). M. Couat fait observer {ouvr. cité, p. 104) que
l'autre sens, celui d'Âpollonios, est employé de préférence par les
NOTES 245
poètes alexandrins. On le trouve, en effet, deux fois encore, dans les
Argonautiques (Ch. II, v. 554; Ch. IV, v. 645), dans un fragment de
Phanoclès, dans Oppien (Halieut,, Ch. II, v. 238), où l'expression est
la même qu'ici : Ttixptfi &Xi(iup£oc. — C'est autour d'une roche que le
câble avait été enroulé, t A l'époque homérique, dit M. Cartault {ouvr.
cité, p. 88), les marins avaient coutume de passer leurs amarres dans
un trou de rocher ou dans de grosses pierres percées. » Apollonios ne
parle pas ici d'un trou de rocher, mais simplement d'une roche autour
de laquelle Tamarre aura été enroulée, ce qui semble le procédé le plus
primitif et le plus facile à pratiquer. Les Argonautes font à la rame le
trajet de Lemnos à Samothrace. a C'est également à la rame qu'ils
[les Argonautes] s*éloignent de la terre pour aller chercher la brise au
large. Quelquefois, quand le vent fait défaut, ils font un certain trajet
à la rame.» (Cartault, ouvr. cité, p. i23. Voir la note au vers 608.)
V. 916. L'i7e de P Atlantide Électra. — « Il désigne Samothrace, où
habitait Électra, fille d'Atlas, laquelle était nommée Stratégis par les
indigènes. Hellanicos dit qu'elle s'appelait Électryoné. Elle eut trois
enfants : Dardanos, qui alla s'établir à Troie; les habitants, dit-on,
l'appelaient Polyarchès; — puis, Éétion, que l'on nomme lasion, et qui
fut, dit-on, foudroyé pour avoir outragé une statue de Déméter; — en
troisième lieu, Harmonia, que Cadmos épousa. C'est en souvenir de
la mère de sa femme, dit Hellanicos au I*' livre de ses Troiques, et
Idoménée dit comme lui, que Cadmos nomma Électrides les portes de
Thèbes. » (Scol.) — ApoUodore cite Électra au nombre des filles d'Atlas
et de rOcéanide Pléioné (III, 10, i). Il parle, comme le Scoliaste, de ses
deux fils (III, 12, i). Mais, pour Harmonia, femme de Cadmos, il la dit
fille d'Ares et d'Aphrodite (III, 4, 2). Ephore (fragm. 12, Histor,
Graec, Fragm., Didot, vol. I) dit, comme Hellanicos, qu'Électra est la
mère d'Harmonia. Voir Decharme, Mythologie, p. 572. Voir pour
l'amazone Harmonia la note au vers 990 du Chant II, et, pour la
femme de Cadmos, la note au vers 5 17 du Chant IV. — Samothrace
est une ilc de la mer Egée, près de la côte de Thrace et de l'embou-
chure de THèbre. Valérius Flaccus (II, v. 431) dit de cette île:
Electria tellus,
Threiciis arcana sacris.
Strabon rappelle, à propos de Samothrace, les mêmes traditions que
le Scoliaste sur lasion et Dardanos (283, i et suiv.). Il parle aussi des
dieux mystérieux de Samothrace.
V. 917. Ces arrêts des dieux. — « Il parle des cérémonies d'initiation
célébrées à Samothrace; l'initié échappe aux tempêtes de la mer. On
dit qu'Ulysse, initié à Samothrace, se mit un bandeau autour de la
tête, au lieu d'user de la ceinture. Car les initiés s'entourent le ventre
d'une ceinture de pourpre. On dit qu'Agamemnon, se faisant initier,
au milieu de tous les troubles où il se trouvait devant Troie, mit fin
au désordre des Hellènes quand il eut pris la bande de pourpre. C'est
au culte des Cabires qu'on s'initie à Samothrace, comme le dit Mnaséas.
Ils sont quatre et se norfiment Axiéros, qui est Déméter, Axiokersa
qui est Perséphoné, Axiokersos qui est Adès. Un quatrième qui leur
246 NOTES
«st adjoint, Casmilos, est Hermès, à ce qae raconte Dionyiodore.
Athénicon dit que Dardanos et lasion sont fils de Zeus et d'Électra.
Les Cabires semblent avoir été ainsi nommés des Cabtres, monts de
Phiygte d*où leur culte a été apporté. [D'après Stésimbrote, cité par
^trabon(4o5, 42), leur nom vient du montCabirosen Bérécynthte.] On
dit aussi que les Cabires n'étaient d'abord que deux : le plus ancien
était Zeus, et le plus jeune Dionysos. Samothrace s'appelait d*abord
Leucosia, comme le dit Aristote dans la Constitution de Samothrace.
Plus tard, de Saos, fils d'Hermès et de Rhéné, elle se nomma Samos,
avec intercalation de la lettre m. [Homère donne à Samothrace le nom
^e Samos; cf. Strabon, 392, 41; 283, i.] {.«sThraces l'ayant habitée,
elle prit le nom de Samothrace. » (Scol.) M. Decharme {Mythol.,
p. 266-273) complète les renseignements du Scoliaste au moyen des
témoignages d'Hérodote, de Pindare, etc. L'assurance où se trouvaient
les initiés aux mystères de Samothrace de voir leura vœux écoutés
favorablement, est confirmée par une allusion d'Aristophane {La Paix,
v. 277 et scolies à ce vers).
V. 922. A la rame. — Voir la note au vera 91 3. — Du golfe Mélos. —
Le golfe Mêlas borne au Nord -Ouest la Chereonèse de Thrace. Le
Scoliaste dit que ce golfe, cité par Homère {Iliad., XXIV, v. 79), fiit
ainsi nommé soit du fleuve Mêlas qui s'y déverse [c'est l'opinion de
Strabon (283, 23) qui s'appuie sur Hérodote et Eudoxe], soit de Mêlas,
fils de Phrixos, qui y tomba. — Mêlas est mentionné par Apollodore
(I* 9» Oi ^ui ne dit rien de cette chute. D'ailleure, comme Mêlas est
bien vivant au temps de l'expédition des Argonautes (cf. Argon., Ch. II,
V. 1 1 56), Apollonios ne peut admettre qu'il ait donné, en s'y noyant,
son nom au golfe Mêlas.
V. 924. Au nord (xafKSitepOe). — Le mot xadKSiccpSe signifie en haut;
comme terme géographique, au nord. L'tle d'Imbros est un peu au
Nord -Ouest des Argonautes quand ils arrivent à la pointe de la
Chersonèse.
V. 927. Les difficiles courants de la fille d*Athamas. — « C'est-à-dire
dans l'Hellespont, ainsi nommé d'Hellé, fille d'Athamas. » (Scol.) Voir
la note au vers 3.
V. 929. Le rivage Rhœtéien. — c De Rhœteia, fille de Proteus. •
(Scol.) Le cap Rhœtéien est sur THellespont; c'est là que se trouvait
le tombeau d'Ajax (Strabon, 509, 36).
V. 930. La terre Idaienne. — La Phrygie, ainsi nommée à cause du
mont Ida, voisin de Troie.
V. 931. Dardanie... Abydos. ~ Dardanie est une ville de la Dardanie
sur THellespont, à l'embouchure du Rhodios (Strabon, 509, 18, l'ap-
pelle Aàpdavoc), à soixante-dix stades d'Abydos, ville bien connue par
sa position en face de Sestos en Chersonèse, par l'amour de Léandre et
d'Héro, et par le pont de Xerxès.
V. 932. Percoté,.. Abarnis... Pityéia.-^ « Abarnis est une ville du
pays de Lampsaque. Voici pourquoi elle fut nommée ainsi : Prise
d'amour pour Dionysos, Aphrodite eut commerce avec lui; à son
départ pour l'Inde, elle eut commerce avec Adonis. Quand Dionysos
revint, elle fit une couronne, alla à sa rencontre et le couronna ; mais
NOTES 247
elle avait honte de raccompagner, à cause de sa précédente union.
S'étant retirée à Lampsaque, elle voulait y mettre au monde l'enfant
dont elle était enceinte. Mais Héra, jalouse, lui toucha le ventre de sa
main magicienne, et lui fit enfanter un être informe [dont le membre
viril avait une indécente longueur] et qui fut appelé Priape. Aphrodite
le renia : à Cause de cela, la ville fut appelée Aparnis [àicapvi^vaoBat^
avoir renié]. Plus tard, par le déplacement d'une lettre, elle s'appela.
Abarnis. » (Scol.) Strabon ne parle pas d*Abarnis ou Aparnis; Valérius
Flaccus n'en dit rien non plus, quoiqu'il mentionne Percoté et Pityéia.
(II, V. 622) :
lam iuj;a Percotes, Pariumque infâme iragosis
EuopersDt Pityamque vadis.
Hécatée de Milet parle d^Abarnos, promontoire de Lampsaque
{Fragm. Histor, Graec, Didot, vol. I, p. 260, fragm. g3 d'Éphore).
— Pour la légende de Priape, voir Decharme (MythoL, p. 482-483). —
«Percoté est une ville de la Troade dont parle Homère [Iliad,, II,
V. 835;XV,v. 348].i (Scol.) Voir aussi Strabon (Soi, 18 et 25; 5o5, i5).
— « Pitycia : c'est l'ancien nom de Lampsaque, aussi nommée Pitjra
[ou Pityussa, d'après Strabon, 604, i3]. Certains disent que ce nono
vient de ce que Phrixos y déposa un trésor. Car les Thraces appellent
un trésor pityé, Homère fait mention de cette ville [//.,II, v. 829]. 1 (Scol.)
V. 934. Après que le navire eut couru tantôt d'un côté, tantôt de
Vautre (8iàv8ix«)- ~~}^ ^^^ Siàvôi^a (dia, àva, Uxa) signifie en deux
parties, de deux côtés), DObner interprète : c Vento utrinque fiante,
non remis, t Je ne crois pas cette interprétation exacte, et il me semble
que le sens de dtdvSixat est indiqué par un passage de Catulle (IV,
V. 19-31) :
... lac va sive deztera
Vocaret aura sive ntrninque lapiter
Simul aecundus incidisset in pcdem.
c Soit que le vent appelât le navire à droite ou à gauche, soit qu'il
frappât les deux écoutes à la fois. » Le vent souffle tantôt de droite,
tantôt de gauche, et change ainsi la direction du navire Argo.
V. 936. Une presquHle (vriaoc). * Apollonios donne le nom d'Ile à la
presqu'île de Cyzique parce que, dit le Scoliaste, elle n'était pas d'abord
rattachée au continent. La ville de Cyzique est située sur une langue
de terre qui relie la côte de la Dolionie à la péninsule qui s'avance dana
la Propontide.
V. 940. L*Aisépos, — Ce fleuve vient du mont Ida et se jette dans la
Propontide, au Sud -Ouest de la presqu'île de Cyzique; il formait la
limite de la Mysie et de la Troade (Strabon, 483, 26; 484, 4, etc.).
V. 941. La montagne des Ours. — Cette montagne ("ApxTwv époc)
domine la ville; au-dessus d'elle est mn autre mont, le Dindymos, où,
dit Strabon (493, i), les Argonautes élevèrent un temple à la mère
Dindymène des dieux. Apollonios en parlera d'ailleurs (v. o85), et, à
ce vers, le Scoliaste explique que ce mont, consacré à Rhea, est, au
dire de Philostéphane, ainsi nommé à cause de deux mamelons
jumeaux (8{du|&oi) qui s'y élèvent. Il y avait beaucoup d'ours dans le
148 NOTES
pays, puisque, d*tprès Pline (S. H., V, 142), la presqu'Ue s'appelait, à
cause d*eux, ArctonnesusCk^xxwt vT)<roc). a Le mont des Ours a reçu ce
nom au sens propre, parce que, dit-on, les nourrices de 21eus qui 7
séjournèrent furent changées en ourses; ou bien, parce que, rempli
d'animaux sauvages, il prit le nom de Tun d'eux. Tours; ou bien, à
cause de la hauteur de la monugne qui semblait voisjne des constellar
tions des Ourses. » (Scol.)
V. 943. Enfants de Gaitf . — > c Hérodore en fiiit mention dans ses
Argonautiques, et dit qu'ils combattirent contre Héraclès. Donc, ces
fils de la terre habitaient Cyzique, et les Dotions dans Tisthme. »
(Scol.)
V, 947. Des hommes Dotions. — Strabon (483, 1 3) confirme que les
Dolions habitaient auprès de Cyzique.
V. 949. Çyzicos. — a I^ père de Cyzicos était Aineus, fils d* A potion
et de Stilbé... Aineus, Thessalien d'origine, s'établit au bord de l'Helles-
pont; il épousa Aincté, fille d'Eusoros, roi des Thraces, et engendra
Cyzicos, qui donna son nom à la ville. Le fils d'Eusoros, Acamas, est
cité dans Homère [Iliad., Il, v. 844]. » (Scol.) Cyzicos n'est guère connu
que par cet épisode des Argonautiques. Apollodore fiiit mention de lui
^, 9, 18). Valérius Flaccus raconte aussi dans son poème les événements
qui le concernent.
V. 934. Le port Calos. — Ce port, d'après le Scoliaste, s'appelle
Panormos. Le poète distingue donc deux ports : Calos, où le vent
amène les Argonautes, et un autre, voisin de la ville, Chytos, où ils
conduisirent le navire Argo, sur le conseil des habitants; Chytos,
fortifié par des digues, était fiiit de main d'homme; Calos était un
port naturel. — Merkel, dans son editio maior, est le première écrire
KaXhç X((ii^v avec une majuscule, ce qui fait de l'épithète un nom
propre. KaXb; Xt^tviv signifie le Beau port.
V. 955. La pierre de/ond,qui était petiteit'j'talr^oXiyoMÏJibo^). — «Ayant
délié, parce qu'elle était rongée par la mer, la pierre qui leur tenait
lieu d'eOvata et d'ancre (ôtpiupa), ils en prirent une autre.» (Scol.)
Hoelzlin pense qu'il s'agit d'une ancre de pierre : « Pro ancora lapidem :
e Scholiis. Alius mihi sensus. Non iUe pro ancora erat lapis, sed ancora
est igitur icepf^pavic et ancora intelHgenda lapidea. » Apollonios ne
parle pas d'une ancre semblable aux ancres de fer, mais faite en pierre :
il donne comme ancre aux Argonautes la pierre dont la marine antique
se servait à l'époque la plus reculée. Tel est le sens du mot eOv^Q, qui se
trouve souvent dans Homère, et que M. Vars traduit parjjierre de fond
ou pierreHxmarre {puvr. cité, p. 1 3o). « Les ancres n'étaient pas connues
aux époques primitives de la marine grecque. On y suppléait en jetant
au fond de l'eau de grosses pierres, des sacs pleins de cailloux ou de
sable, des masses métalliques pesantes liées à des câbles; ce sont là
les engins qu'Homère appelle eOvaC et qu'Eustathe confond à tort avec
les ancres proprement dites. » (Cartault, ouvr. cité, p. 90.) Apollonios
dit que la pierre qui compose l'êuv^Q étant trop faible, les Argonautes
en choisissent une autre capable de plus de résistance.
V. 957. Artacié. — «C'est une source près de Cyzique dont font
mention Aicée et Callimaque. « (Scol.) Strabon ne parle pas de la
NOTES 249
fontaine Artacié : il mentionne le mont Artacé, dans la presqu'île de
Cyzique (493, 39), une ville du môme nom au même lieu (498, 45), et
une île Artacé, près de Cyzique, en face de la montagne homonyme
(493, 3q). Homère {Odyss., X, v. 108) cite, dans le pays des Lestrygons,
une source Artacié à laquelle Tibulle (ou, d'après Tédition Mûller,
IV, I, V. 59, un auctor incertus) fait allusion :
Inciiltos adiit Laestrygonas, Antiphatenque
Nobilis Artacié geiida quos irrigat unda.
V. 959. Nélée, — c Les Ioniens, qui avaient émigré d*Attique avec
Nélée, fils de Codros, et qui étaient allés s'établir en Carie et en Phrygie,
dociles à Toracle d'Apollon, consacrèrent cette pierre à Athéné. » (Scol.)
Ce Nélée fonda Ér>'thra, d'après Hellanicos {Fragm. Histor. Graec,
Didot, vol. I, p. 53).
V. 96 1 . Tous les Dolions, — D'après le Scoliaste, on voit que l'épisode
des Argonautes chez Cyzicos avait été raconté par Déilochos.
V. 965. Pour fixer dans le port de la ville les amarres du navire. —
Dans ce port, il ne sera plus nécessaire d'amarrer le navire au moyen
de la pierre de fond, comme dans le « port Calos » où les héros ont déjà
abordé. Le port où les Dolions invitent les Argonautes à fixer les
amarres de leur navire est fait de main d'hommes; il est sans doute
muni de ces pierres percées, dont parle Homère (tptiTol WOoi), et qui
étaient destinées à recevoir les amarres, «Dans les ports véritables,
habités par une population civilisée, vouée par métier à la navigation,
on avait recours à l'art pour offrir un accostage facile aux vaisseaux.
On y trouvait des digues et des jetées, cela n'est pas douteux; Homère
en attribue aux Phéacicns. » (Vars, ouvr. cité, p. i52-i53.) Le nom
même de Chytos (fortifié par des digues, par des jetées) prouve que
le port des Dolions n'avait rien à envier à celui des Phaiaciens.
V. 966. Apollon qui préside aux débarquements. — a Déilochos dit
que l'autel n'était pas dédié à Apollon qui préside aux débarquements,
mais à Apollon Jasonien ; Socrate, dans son ouvrage sur les Dénomina"
tions, dit qu'il était dédié à Apollon de Cyzique. » (Scol.) Voir, pour
*Aic6XXci>v 'laa&vio;, L. Preller, Griechische Mythologie, dritte Auflage,
Berlin, 1872, erster Band, note i de la page 208.
V. 975. Mérops. — «Cleité était la tille Mérops, Percosien de nais-
sance, devin. Déilochos et Éphore racontent que Cyzicos l'épousa. »
(Scol.) Une autre fille de Mérops, Arisbé, épousa Priam et en eut un
fils, Aisacos, à qui son grand -père enseigna l'art d'interpréter les
songes (Apollodore, HI, 12, 5).
V. 987. Le port de Chytos.,. la route de Jason. — « Un port de l'île
de Cyzique portait le nom de Chytos. Les Pélasges, dit Déilochos,
essayèrent de le combler par haine contre les Thessaliens par qui ils
avaient été repoussés. Apollonios dit poétiquement que c'est par les
fils de Gaia qu'il fut comblé. » (Scol.) Le Scoliaste ne dit rien de la
route de Jason; les géographes anciens ne parlent ni du port ni de
la route. Mcrkel a heureusement corrigé en Xutov Ai(téva le texte des
mss. et de la vulgate, yiynyj Xi|Aivoc, ce qui signifierait, comme traduit
Lehrs : Navem fossi portus priore propulerunt e statione. Le poète
aSO NOTES
veut dire, au contraire (voir la note au vers 963), que les Argonautes
amenèrent leur navire du premier ipouillage au port de Chytos.
V. 997. Un des travaux réservés à Héraclès. — Cette lutte avec
les géants n'est pas au nombre des douze travaux consacrés par les
mythographes (cf. Apollodore, H, 5; Decharme, Mythol,, p. 5 17 et
suiv.). Apollodore n'en parle pas davantage dans les travaux supplé-
mentaires (icâpcpya) d*Héraclès ni dans le récit qu'il fait de Texpédition
des Argonautes. Les vieillards thébains qui, dans V Héraclès furieux
d'Euripide, chantent les louanges du héros, n'en disent rien ; pas plus
que Valérius Flaccus, dans les derniers vers de son Chant II, consacré
à la réception des Argonautes chez Cyzîcos. Le Scoliaste rapporte qu'au
dire de Polygnoste, auteur d'un ouvrage sur Cyzique, Héraclès eut
affiiire à des brigands; il rappelle aussi que Callimaque {Hymne à
Arte'mis, v. 107) fait allusion à la lutte d'Héraclès et des géants.
V. 100 3. Ainsi, lorsque... — La comparaison est tout à fait exacte et
convenable; le poète assimile les géants à des troncs d'arbres à cause
de la disposition de leurs corps et de leur habitude de vivre dans les
montagnes; il compare les héros à des bûcherons. Quant au vers,
c ajin que ces arbres, une fois humectés par les flots, se laissent
pénétrer par les coins solides, » il s'explique par la proximité du
rivage, et aussi parce que les charpentiers agissent ainsi pour s'éviter
un travail trop considérable quand ils enfoncent les coins : de même
les héros les avaient renversés pour que, désormais, Tascension de la
montagne fût sans dangers, u (Scol.)
V. ioi5. A la voile. — Le grec a le pluriel Xaifcovt. Mais on sait que
le navire Argo n'avait qu'une seule voile, et M. Vars (ouvr. cité, p. 79)
explique que le pluriel employé, même quand il est question d'une seule
voile, vient de ce que, sur la largeur insu£Esante des grandes voiles, on
devait coudre plusieurs bandes ou laides,
V. 1019. Pierre sacrée. — « C'est un euphémisme; car, par euphé-
misme, nous appelons beaux, sacrés, les plus grands des maux, comme
les Érinyes, qu'on surnomme les Euménides; comme la maladie
pestilentielle, appelée sacrée, dont Callimaque dit : C'est par un
mensonge que nous Vappelons sacrée. » (Scol.)
V. 1024. U armée Pélasgienne des Macriens. — «On les appelle
aussi Macrônes, car ce sont des colons de l'Ile d'Eubée qui se nommait
d'abord Macris. Les Macrônes étaient voisins des Dolions. Certains
disent que les Macriens, qui étaient toujours en guerre avec les habitants
de Cyzique, étaient un peuple des Bécheires. ils étaient très exercés
dans les travaux de la guerre, comme le racontent Philostéphane et
Nymphodore qui ont écrit sur leur vie. Denys de Chalcis dit qu'on
les a nommés Macrônes parce qu'ils étaient colons de l'île d'Eubée.
D'autres disent qu'on les a nommés Macrônes parce qu'il y avait parmi
eux beaucoup de macrocéphales... Il dit V armée Pélasgienne des
Macriens, car ce sont des colons des Eubéens, et l'île d'Eub^ est
voisine du Péloponèse qui se nommait autrefois Pélasgis. » (Scol.) On
saitquel'Eubée se nommaitautrefoisMacris(Strabon, 382,6; cf.iirgiOM.,
Ch. iv, note au vers 540). Nous ne connaissons pas les Macriens et
nous ne pouvons affirmer s'ils viennent de l'île d'Eubée. Le Scoliaste
NOTES 251
les confond avec les Macrônes, peuple du Pont-Euxin, voisin de
Trapézonte (Strabon, 470, 10), dont il sera question au Chant II (notes
au vers SgS et 1242). Apollonios distingue nettement par les noms qu'il
leur donne les deux peuplades des Macriens et des Macrônes. Scylax
{PeripU, % 85, Geogr, Graec, Minor., Didot, vol. I, p. 63) donne aux
Macrônes le nom de Macrocéphales. Voir les notes de l'édit. Didot à ce
passage de Scylax.
V. 1037. A r abri de tout malheur fâcheux, — Déilochos fait le récit
du combat. Mais au sujet de la mort de Cyzicos et de Tensemble du
combat, il n'y a pas d'accord entre les historiens. Éphore dit que les
Dolions, étant Pélasges et animés de dispositions hostiles contre les
habitants de la Thessalie et de la Magnésie, parce que ceux-ci les
avaient expulsés de leur pays, les attaquèrent. C'est dans son livre IX*
qu'il écrit cela. Apollonios a suivi Déilochos. Mais Callisthène, dans le
livre I" de son Périple, dit que c'est avec des intentions ennemies que
les habitants de Cyzique attaquèrent de nuit les Argonautes. > (Scol.)
V. 1 040. Téléclès, Mégabrontès, .. — « Apollonios a imaginé ces noms
et ne les a pas pris dans l'histoire. C'est ce que dit I.ucillus de Tarra.
Quant à Cyzicos, les uns disent qu'il fut tué par les Dioscures, les
autres par jason. » (Scol.) — La plupart de ces noms ont d'ailleurs un
sens : Téléclès = Tf,XB, xXéoç, gloire au loin ; — Mégabrontès = luyâXYj,
^povr^, grand tonnerre; — Sphodris = aço^pi;, impétueux; — Géphy-
ros = yifvpai pont, etc.
V. loSg. Ils firent trois fois le tour du tombeau, — Cf. Iliade, XXHI,
V. i3 et suiv.
V. 1061. La plaine herbeuse. — Le Scoliaste dit que Déilochos fait
mention de cette plaine (il écrit Aei{A(oviov avec une majuscule, comme
s'il s'agissait non de l'épithète herbeux, mais d'un nom propre : la
plaine Leimonienne) et du tombeau de Cyzicos.
V. io63. Cleité. — a Apollonios dit que Cyzicos était nouvellement
marié et sans enfants; Euphorion, dans ApoUodore, qu'il était sur le
point de se marier non à Cleité, fille de Mérops, mais à Larissa, fille
de Piasos, laquelle ne souffrit aucun mal, mais fut emmenée par son
père. Néanthès, dans ses Mythiques, est d'accord avec Apollonios.
Déilochos dit de Cleité qu'elle mourut de chagrin. Apollonios raconte
que Cyzicos mourut sans enfants; Néanthès qu'il avait un fils nommé
comme lui. » (Scol.)
V. 1068. Une source appelée Cleité, — Néanthès et Déilochos, au
dire du Scoliaste, confirment l'existence à Cyzique de cette source dont
les anciens géographes ne disent rien.
V. 1076. Les Ioniens, — «Il les appelle Ioniens parce qu'ils étaient
venus de Mileten colonie : Nélée conduisit à Milet une colonie; et de
Milet, longtemps après, on émigra à Cyzique. C'est pourquoi il donne
aux Milésiens le nom d'Ioniens, f (Scol.) Pour Nélée, voir la note du
vers 959.
V. 1082. La dernière partie de la nuit, — « Ils prenaient la dernière
portion de sommeil sur la terre de Dolonie, car ils devaient ensuite
se mettre en mer. » (Scol.) L'explication du Scoliaste ne semble pas
exacte : il n'est pas dit qu'ils dussent s'embarquer, puisque rien encore
2S2 NOTES
ne prouve que la tempête qui les arrête va cesser. IIu|iatov Xâ^o^, c'est
la dernière veille pendant laquelle Acastos et Mopsos sont de garde.
Shaw, qui admet la leçon du cod. Laur., Xé^oc» traduit : in extremo
lecto. Brunck remarque que cette expression se retrouve encore dans
ApoUonios (Ch. III, v. 1340) et dans Moschos (Idylle II, v. 2); c'est,
dit-il, la troisième veille de la nuit que Ton divise en trois parties à
répoque héroïque, et non en quatre. Dûbner explique inexactement :
per totam noctem,
V. 1086. La divinité qui l'envoyait, — Héra, selon Pindarc, dans ses
Pe'ans, dit le Scoliaste.
V. 1089. En haut de la poupe (àfXavroto). — «ApoUonios, dans son
Lexique, explique âfXaorov par àxpoariXiov. C'est une erreur, puisque
ràxpo9T6Xiov est Textrémité du <rr&Xoc. Or, on appelle vt&Xo; la pièce de
bois qui part de la irru^^ et qui traverse jusqu'à la proue. L*àtxpooT&Xiov
est donc ràc^Xavrov qui se trouve à la proue. Le poète Tentend aussi de
la poupe quand il dit : Hector qui avait saisi le navire par la poupe ne
le lâchait pas, tenant /a^Xaorov dans ses mains [Iliad,, XV, v. 716].
Par suite de la parenté du 9 avec le 6, Ta^Xa^rov se dit aftXaorov par
antiphrase, car il est fragile [e(?6XaoTov]. L'i^Xavrov est donc une poutre
du côté de la poupe. » (Scol.) Il est impossible de se reconnaître dans
cette juxtaposition de remarques incohérentes et contradictoires.
M. Cartault {ouvr. cité, p. 82) propose bien une heureuse correction
qui fait disparaître le non -sens de la phrase concernant le vt&Xo< :
«Or, on appelle <tt6Xoc la pièce de bois qui part de la mvxn ^^ qui
partage Tavant en deux.» Mais il faudrait bien d'autres corrections
pour mettre d^accord les diverses parties de la scolie. Toutefois, en se
fondant sur des témoignages plus nets que ceux du Scoliaste d'ApolIo-
nios, M. Cartault a pu définir d'une manière précise le sens de ces
divers mots techniques : c Nous pouvons conclure, dit-il, que les Grecs
avaient deux mots distincts pour désigner les extrémités, souvent
assez différentes de l'avant et de l'arrière de leurs navires. Ces termes
techniques étaient afXavTs pour l'arrière, àxpooriXta pour l'avant...
Le <tt6Xoc, large à sa base et pointu à son extrémité, qu^on appelait
ràxpoaréXiov, prenait naissance à la hauteur de la irrux^,, large bor-
dage, qui portait le nom du navire. 1» (Cartault, ouvr. cité, p. 82-83.)
Le mot ôtfXaffTov est devenu en latin aplustre (Festus croyait qu'il
fallait dire amplustra, « quia erant amplius quam essent necessaria
usu »). Le mot aplustre, que le Thésaurus de Quiéherat traduit par
« ornements de navire qu'on suspendait au mât », ne se trouve pas à
l'époque d'Auguste. Cicéron (dans ses poèmes) et Lucrèce, plus tard
Lucain, Silius Italicus, Juvénal l'emploient.
V. II 10. Le port thrace. — Dûbner explique bien : Idem portus,
sed ostium ejus e regione Thraciae situm. Flangini paraphrase de
même : al porto, che volto E' ver la Tracia. L'explication du Scoliaste
ne me semble pas juste. « Il l'appelle le port thrace, parce que
Cyzique se trouve aux confins de la Phrygie; or, la Bithynie touche à
la Phrygie, et les habitants de la partie orientale de la Bithynie sont
des Thraces. Ou bien ce nom vient de ce que les Thraces ont peuplé
Cyzique. »
NOTES 253
V. II 12. Les roches Macriades.'^ a Les Macrônes sont un peuple
du Pont. » (Scol.) — Le Scoliaste les confond encore avec les Macriens
(voir la note au vers 1024).
V. 1 1 14. L'embouchure du Bosphore, — « Le Bosphore, passage
étroit de la Propontide, ainsi nommé de ce qu'il fut traversé à la nage
par une génisse, lo. 1» (Scol.) II s'agit ici du Bosphore de Thrace,
primitivement nommé le Bosphore de Mysie (Strabon. 484, 45).
V. 1 1 15. D'autre part. — « Il ne veut pas dire sur l'autre continent;
car la Mysie et TAisépos sont en Asie; il veut dire dans l'autre pays, la
Troade, où coule TAisépos, qui la sépare de la Mysie. » (Scol.) Sur
l'Aisépos, voir la note du vers 940.
V. II 16. La ville et la plaine Népéienne d*Adrestéia.^ C'est une
contrée de la Mysie qui touche au Nord à THellespont, et à l'Ouest à
la Propontide (Strabon, 5o3, 1 1, sqq.). — « Cette plaine est voisine de
Cyzique : Callimaque en fait mention dans VHécalé. Denys de Milet
dit que c'est une plaine de Mysie; car le roi de Mysie, Olympos, épousa
la fille de lasos, nommée Népéia, et s'établit dans cette plaine^ qui
s'appelle maintenant plaine de Népéia. Apollodore dit que cette plaine
est en Phrygie. Callimaque, dans ses Commentaires, dit que c'est
Némésis qui a occupé cette plaine. Il y a aussi une ville nommée
Adrestéia du nom de son fondateur. Apollonios fait mention et de la
ville et de la plaine. Homère cite la ville [Iliad,, II, v. 828]. » (Scol.)
La ville d'Adrastcia ou Adrestéia est ainsi nommée de son fondateur.
Callisthène, d*après Strabon (5o3, 14), dit qu'Adrastéia prit son nom
du roi Adrastos qui, le premier, éleva un temple à Némésis. C'était
un petit roi de Mysie, iîls de Mérops et frère d'Amphios, roi de
Troade. — Dans cette légende du temple de Némésis élevé à Adrestéia,
on trouve une preuve de la confusion ordinaire entre Némésis, déesse
grecque, et Adrastée, divinité asiatique, originaire de Phrygie, qui
s'associe à Némésis et n'est souvent qu'une de ses épithètes. (Voir
Decharme, MythoL, p. 3o5.)
V. 1 1 ig. Un simulacre sacré. — Le mot que je traduis par simulacre
(Ppéxaç, To ppoTÙ êoix6c, un brétas, ce qui ressemble à un mortel, dit le
Scoliaste) indique un antique (6avov, comme le Scoliaste lui-même le
fait remarquer. « Euphorion dit à propos de cela que le xoanon de
la mère des dieux est taillé dans un cep de vigne, parce que la vigne
est, elle aussi, consacrée à Rhéa. » Pour les xoana, types primitifs de
la statuaire archaïque, voir Col li gnon. Mythologie figurée de la Grèce,
p. 14 et suiv.
V. 1 122. Qui sont enracinés, — Au lieu du mot èppt;;(i>vTai, leçon des
mss. de Merkcl, Brunck préfère epptCcovro, leçon d'un ms. de Paris :
« 'Eppf^uyvrai tueri quis possit, intelligendo poetam de his arboribus
loqui, tamquam sua aetate adhuc vigentibus. » Ou, plus simplement,
le poète se met à la place de ses héros, pour qui les chênes étaient les
plus hauts de tous ceux enracinés dans la terre, au moment où le
sacrifice se célébrait.
V. 1 124. Couronnés de feuilles de chêne. — « C'est naturel; car,suivant
Apollodore, dans son livre III sur les dieux, le chêne était consacré à
Rhéa. > (Scol.)
^54 NOTES
V. 1 125. La mère du Dindymos. — f Cjrbèle est essentiellement la
-déesse montagneuse, comme on rappelait, celle qui trône sur les hauts
sommets et dans les solitudes impénétrables des forêts. » (Decharroe,
MythoL, p. 365.)
V. 1 136. Titias et Cyllénos, — « 11 dit que ceux-ci sont les premiers
•des Dactyles Idaiens, les assesseurs de la mère des dieux. Il suit
Maiandros diaprés qui les Milésiens, quand ils vont foire un sacrifice
à Rhéa, commencent par sacrifier à Titias et à Cyllénos : ce sont,
parmi les Dactyles Idaiens, les conducteurs des destins et les assesseurs
•de la mère des dieux. Callistrate, dans son livre II* de l'histoire
d*Héraclée, dit de Titias : «C'est un héros indigène que les uns disent
» fils de Zeus, et les autres Tainé des enfants de Mariandynos, fils de
> Cimmérios; gr&ce à lui, la nation s'est augmentée et fait encore des
» progrès en bonheur. » Promathidas, dans son ouvrage sur Héraclée,
dit qui était ce Titias; Thcophane le dit aussi. Il a été divinisé par les
Mariandyniens. Qu'une Nymphe ait enfanté les Dactyles Idaiens en
saisissant dans ses mains la terre Oiaxienne..., et que c'est parce qu*elle
les a mis au monde entre ses propres mains qu'ils ont été nommés
Dactyles, Apollonios Ta emprunté à Stésimbrote. Sophocle, dans
■son drame satyrique, les Kôphoi, les appelle Phrygiens. » (Scol.) La
lacune de la fin de la citation de Stésimbrote en rend Tintelligence
difficile. C. Muller {Fragm. Histor. Graec, Didot, vol. II, p. 56)
explique ainsi : Haec ad eam narrationem spectant, ex qua liactyli
e iactu pulveris Nympharum digitis sparsi nati nominatique dicuntur.
Callistrate confond le Dactyle Titias avec un homonyme, fils ou
descendant de Mariandynos. Il sera question {Argon., Ch. II, v. ySB)
d'un Mariandynien nommé Titias, qui a lutté au pugilat avec Héraclès.
V. 1 129. Les Dactyles Idaiens, — « On dit qu'ils étaient six et cinq,
ceux de droite mâles, ceux de gauche femelles. Phérécyde dit que
ceux de droite sont vingt, et ceux de gauche trente-deux. On dit qu'ils
étaient enchanteurs, habiles dans la connaissance des poisons, et qu*ils
furent les premiers à travailler le fer et les autres métaux. Ils étaient
nommés Idaiens de leur mère Ida. Ceux de gauche, dit Phérécyde,
étaient les enchanteurs; ceux de droite détruisaient les enchantements.
Hellanicos dit qu'ils furent nommés Dactyles Idaiens, parce que,
s'étant rencontrés avec Rhéa dans les cavernes de l'Ida, ils accueillirent
bien la déesse et lui touchèrent les doigts. Mnaséas, dans le livre I de
son ouvrage sur TAsie, dit qu'ils s'appelaient Dactyles Idaiens de leur
père Dactylos et de leur mère Ida. Voici comment s'exprime l'auteur
de la Phoronide : Là, ces enchanteurs Phrygiens de l'Ida, hommes
montagnards, avaient leurs demeures. C'étaient Celmis, le grand
Damnaméneus et le puissant Acmon, serviteurs aux mains habiles
d'Adrestéia, déesse des montagnes; eux qui les premiers ont découvert
dans les vallons, entre les monts, l'art d'Héphaistos aux nombreuses
pensées, le fer bleuâtre, eux qui l'ont mis sur le feu et qui ont montré
des œuvres remarquables. i> (Scol.) I^ Phoronide était un poème con-
sacré à Phoroneus, personnage adoré en Argolide comme un génie du
feu (Pausanias, II, 19, 5). — Pour les Dactyles, voir Pausanias (V, 7, 6),
Diodore de Sicile (V, 64), Pline {N. H., VII, 197) et surtout Strabon.
NOTES ass
V. ii3i. — La terre OiAxteitite. — La terre de Crète est ainsi
nommée du fleuve crétois, TOaxe, mentionné par Virgile (Ed. I,.
V. 65):
Pars Scythiam et rapidum Cretae Tcniemas Oaxen.
 propos de ce vers, Servius cite ce passage de la traduction des.
A rgonautiqueSf par Varron de TAtax :
Qaos magno Âncbiale partus adducta dolore.
Et geminis capiens tellurcm Oaxida palmis.
Xénion (Histor. Graec. Fragm., Didot, vol. IV, fragm. lo) cite
une ville de Crète nommée Oaxos. — c C'est l'habitude des femmes,
dans les douleurs de Fenfieintement, de saisir les objets à leur portée,
en y cherchant un allégement à leurs souffrances. C'est ainsi que Létô
tenait le palmier de Délos. » (Scol.)
V. II 35. Tournoyaient, — Merkel admet la leçon de VEtymol. M,,
cU(990VT0, leçon qui semblait déjà la seule bonne à Ruhnken, au lieu
du mot b>px<^^>^09 4^' ^^ ^^^ dans tous les mss.
V. 114t. Accessible aux prières (âvroifv}). — Le Scoliaste voit dans-
ce mot une épithète ordinaire de Rhéa, parce que la déesse vint à la
rencontre des Telchines (evavrta); d'autres, dit-il, admettent que àvra^Yi
est un synonyme de rj)iTàvcutoc (facile à apaiser par des prières) et
de tvàvTT]Toc (que l'on rencontre avec plaisir). Le Scoliaste confond les.
Telchines avec les Dactyles; Hellanicos (voir la note au vers 11 29) a
parlé de la rencontre des Dactyles avec Rhéa. Un hymne orphique est
adressé à la Mi^tt)p 'AvratiQ.
V. 1 156. Les rameurs. — Voir la note aux vers 91 3 et 922.
V. 1 165. Le fleuve Rhyndacos. — C'est un fleuve de Mysie (Strabon,.
492, 39). — La Phrygte, dont il est ici question, est cette partie de la
Phrygie qui côtoie la mer et se nomme Phrygie sur l'Hellespont; elle
s'étend sur la Propontide jusqu'au fleuve Rhyndacos, et est séparée par
la Mysie de la Phrygie proprement dite, qui est située à l'intérieur des
terres et se divise en grande et en petite Phrygie.
Aigaiôn. — On diffère d'opinion sur l'identité de ce personnage. Une
scolie dit que c'était un héros mysien ; mais les autres reconnaissent
en lui ce géant de la mer que Thétis (Jliad., I, v. 404) appelle au
secours de Zeus en lutte avec Héra, et qui est nommé Briareus par les
dieux et Aigaiôn par les hommes. Le Scoliaste dit que sa légende a
été traitée par Démétrios de Cnide. Il ajoute : c Conon, dans son
Hèracléide, dit qu'Aigaiôn, vaincu par Poséidon, fut jeté à la mer à
l'endroit appelé par Apollonios le tombeau d' Aigaiôn; il le nomme
aussi Briareus... Hésiode le dit fils d'Ouranos et de Gaia. Il dit que
Briareus, Aigaiôn et Gyès sont le même personnage. Eumélos, dans
sa Titanomachie, dit qu'il était fils de Gaia et de Pontos; il habitait
la mer et fut allié des Titans. Ion, dans son Dithyrambe, dit qu'il
était fils de Thalassé et que Thétis le fit venir de la mer pour secourir
Zeus; d'autres disent que c'était un monstre marin. Voici quel est le
mythe d'Aigaiôn : s'étant enfui de TEubée, il vint en Phrygie où il
mourut. C'était un géant. Tel est le récit de Lucillus de Tarra. > (Scol.).«
256 NOTES
Les scolies rapportent encore une tradition suivant laquelle le nom
de la mer Egée viendrait de celui de ce géant. Voir, pour les origines
du nom de la mer Egée, la note au vers 83 1.
V. 1168. Héraclès brisa sa rame eut milieu, — c Quelquefois, sous
l'action du rameur d'une part et sous Teffort du flot de Tautre, Taviron
se brisait par le milieu. C'est précisément d*un accident pareil qu*Héra-
klès est victime dans les A rgonautiques. » (Cartault, ouvr. cité, p. 161.)
V. 1177. La terre Cianide. — C'est le territoire d'une ville de la
Bithynie, sur la côte, auprès du mont Arganthonéios et de l'embou-
chure d'un fleuve, appelé Cios, comme la ville. Strabon rappelle que
la disparition d*Hylas eut lieu en cet endroit (482, 48}. — •La terre
Cianide est une périphrase pour Cios. C'est une ville de Mysie, ainsi
nommée de Cios, chef d'une colonie de Milésiens, comme le raconte
Aristote dans sa Constitution de Cios. Cios fut occupée d'abord par les
Mysiens, puis par les Cariens, en troisième lieu par les Milésiens. II y
a un fleuve du même nom qui baigne la Mysie; Scylaz de Caryanda en
fait mention [Peripl., | 93]. » (Scol.) D'après Strabon (482, 52), Cios,
fils d'Olympos, était un compagnon d'Héraclès; c'est à son retour de
Colchide qu'il fonda la ville qu'il nomma de son nom, et qui, plus
tard y fut appelée Pruses. D'autre part, Glaucos annonce aux héros
{Argon,, Ch. I, v. i32i) que Polyphémos doit fonder une ville illustre
chez les Mysiens, à l'embouchure du fleuve Cios. Cette ville, qui
portera le nom du fleuve qui la baigne (Argon., Ch. I, v. 1347), ^^^
Cios. l^ Scoliaste dit en effet (note au vers 1470 du Chant IV) :
« Polyphémos, laissé en Mysie, fonda la ville de Cios, ainsi nommée
du fleuve qui la baigne. Il mourut en combattant contre les Chalybes,
au dire de Nymphodore. Charax dit, au livre I de ses Chroniques,
qu'il a fondé Cios. » Pour Apollonios, Polyphémos est le fondateur de
Cios. La terre Cianide, au moment où les Argonautes y arrivent, tire
son nom du fleuve Cios et non pas de la ville qui n'existe pas encore.
V. 1184. D'autres faisaient tourner... — Le sens de ce vers est
éclairci par le Scoliaste : m Ils faisaient tourner, ils frottaient les uns
contre les autres les morceaux de bois et en faisaient jaillir le feu. Le
poète appelle in>pr,ia ces morceaux de bois, frottés les uns contre les
autres pour faire naître le feu; l'un de ces morceaux est étendu à plat,
on l'appelle (rrope\Sc [mot que le Dictionnaire grec d'Alexandre inter-
prète ainsi : morceau de bois dans lequel on en tourne un autre pour
qu* il prenne feu]; l'autre a quelque rapport avec une tarière, c'est lui
qu'on fait tourner dans le vropevc. »
V. 1 196. De sa massue consolidée d^un cercle d'airain, — «Pisandre
dit que la massue d'Héraclès est en airain.» (Scol.) On sait combien
VHéracléide de Pisandre a contribué à constituer la légende d*HéracIès
(voir E. des Essarts, Du Type d'Hercule dans la littérature grecque,
Paris, i87i,p. 35 et suiv.). D'après Strabon (587, 14), c'est Pisandre,
ou quelque autre auteur d*Héracléide, qui aurait le premier attribué
à Héraclès la massue et la peau de lion. « C'est un poète rhodicn du
VII* siècle, Pisandre de Camiros, qui, dans son Hérakléide, retrace, le
premier, l'énergique figure d'Héraklès, telle qu'elle est connue par les
monuments de l'art grec archaïque, et donne pour attributs au héros
NOTES 257
la massue et la peau de lion. 9 (Collignon, Mythologie figurée de la
Grèce, p. 332.)
V. 1204. Avec ses coins eux-mêmes. — « Les coins qui, placés autour
de rioTod^xY), assurent le mât. La comparaison est, en tout, convenable
et solide; car il assimile au mât le sapin, à cause de sa belle venue et
de son éI6ration en ligne droite : il se dresse comme un mât. L*attaque
véhémente du héros se compare à la tempête, sa force est comparable
au vent véhément; avec ses coins eux-mêmes, à cause des mottes de
terre qui entourent la racine du sapin. Car ces mottes entourent Tarbre
comme les coins entourent le mât, que les cordes par leur tension
retenaient comme des icp^Tovoi. » (Scol.) M. Cartault {ouvr. cité, p. 209)
corrige la dernière phrase, et lit : ot 6à np^TOvoi T6vcdv d^xiQv... Il ajoute :
«Les icpirovot étaient destinés à maintenir le mât par devant. Le
Scoliaste d'Apollonius de Rhodes explique qu'ils tiennent le mât par
en haut, comme les coins introduits dans la carlingue le fixent par en
bas. 1» Cf. p. 174 : « Tandis que le corps du mât est arrondi, le pied est
taillé rectangulairement pour s'adapter à la carlingue, et comme
l'adhérence entre le mât et la carlingue ne serait pas suffisante pour
rendre la construction inébranlable, on la renforce par des coins qu'on
introduit violemment dans l'espace resté libre. » Voir pour VXtrrMxti et
les icp^ovoi les notes aux vers 563 et 564. Quant aux afTjvec ou coins,
dont il n*est pas question dans le navire homérique, M. Vars donne
â leur sujet {ouvr. cité, p. 63) les renseignements suivants: «De
chaque côté [du mât], et presque à le toucher, on fixait des montants
sur le pont. Entre les montants et le mât on enfonçait des coins (on
coinçait le mât). Montants et coins se nommaient a^vive;. L'ouverture
ménagée dans le pont (aujourd'hui étambrai) pour le passage du mât
s'appelait r\ 19To36xt]. v
V. 1 207. — Voici cette fameuse légende d'Hylas, racontée par beaucoup
d'auteurs dont les écrits, aujourd'hui perdus, sont cités par le Scoliaste,
popularisée par ÂpoUonios et Théocrite (IdylL, XIII), si rebattue â
Rome, au temps de Virgile : « Cui non dictus Hylas puer? 0 Properce
(I, XX) traite à son tour l'histoire d'Hylas et l'imitateur d'ApoUonios,
Valérius Flaccus, ne peut se dispenser d'y revenir (III, v. 545, sqq.),
en même temps que Juvénal (I, v. 164) y fait allusion :
Aut multum quaesitus Hylas, urnamque secutus.
L'histoire d'Hylas a passé aussi en France où, entre autres, Parny
{fa Journée champêtre, dans l'édition Lematre de Properce) et André
Chénier {Églogue XI, p. 59, !•' vol., édit. Lemerre, avec notes de
Gabriel de Chénier) la racontent, le premier d'après Properce, le
second d'après les Grecs directement imités. L'enlèvement d'Hylas par
les Nymphes est le symbole du charme irrésistible et de l'attraction
exercée par les eaux profondes sur celui qui, après les avoir longtemps
contemplées, finit par s'y précipiter. Mais Hylas n'est pas seulement
un enfant victime du charme fatal des eaux : les fêtes asiatiques,
célébrées en son honneur, montrent que, comme Adonis et Hyacinthe,
il est l'image de la fraîche végétation du printemps, si vite flétrie.
(Voir Decharme, MythoL, p. 354.)
33
258 NOTES
Le Scoliaste donne sur Hylas de nombreux renceignements qui
montrent combien d'auteurs grecs s'en étaient occupés : « Apollonios
dit qu'Hylas était fils de Théiodamas, Hellanicos de Tbâoménès.
Anticléidès, dans ses Déliaques, a raconté non qu'Hylas était tombé
dans une fontaine, mais que ce fut Hyllos, et qu'on ne le retrouva
plus. Il y eut beaucoup de gens aimés par Héraclès : Hylas, Philoctète,
Diomos, Périthoas et Phrtx, qui donna son nom à une ville de Libye.
Socrate, dans son livre à Eidothéos, dit qu'Hylas était aimé de Poly-
phémos et non d*Héraclès. Onasos, dans le livre I de ses Anut{oniques,
donne à cette histoire une apparence plus vraisemblable, en disant
qu'il ne fut pas ravi par les Nymphes, mais qu'ayant été entraîné dans
la source il mourut ainsi. » Le Scoliaste raconte plus loin (note au
vers I2i2)dans quelles circonstances Héraclès tua Théiodamas: «Le
héros se trouvait chez les Dryopes avec son fils Hyllos, qui mourait
de fiai m ; son pédagogue Lichas l'avait abandonné. Héraclès demanda à
Théiodamas un peu de nourriture qui lui fut refusée. Héraclès, saisi
de colère, lui arracha un de ses bœufs, l'immola et s*en régala. Mais
Théiodamas rentra dans sa ville et fit une expédition contre Héraclès;
il le réduisit, dit~on, à une telle extrémité qu'Héraclès arma sa femme
Déianeira qui, dans ces combats, fut blessée au sein. Cependant, il fut
vainqueur et tua Théiodamas dont il prit auprès de lui le fils Hylas.
Quant au peuple, à cause de ses habitudes de brigandage, il le fit
émigrer tout entier auprès de la ville thessalienne de Trachine, voisine
du mont Œta, près des frontières de Phocide. C'était pour que, mêlés
à beaucoup d'autres hommes, ils perdissent leurs mœurs de brigands
[cf. Strabon, 32 1, 9; 372, 46]. Callimaque fait mention de ces faits.
Phérécyde, dans son livre II*, dit que le fleuve Pénée, uni à Polydora,
fille de Danaos, eut d'elle Dryops de qui ont tiré leur nom les Dryopes
qui habitent auprès du fleuve Sperchios. » Dans sa note au vers 12 18, le
Scoliaste cite une autre tradition : « Les Dryopes sont un peuple injuste,
voisin du Parnasse, qu'Héraclès vainquit et transporta dans le Pélopo-
nèse. Ils se nommaient ainsi de Dryops, fils d'Apollon, et de Dia, fille
de Lycaon. »
V. 1246. Victime de la fatalité. —Je traduis suivant la correction
de Merkel qui a changé en ârv) la leçon ordinaire avCir} (souffrance) qui
blessait le sens de la phrase et la prosodie, et que*Dûbner essayait
d'expliquer ainsi : Est tristis, aeger, utfere omnes arantes finguntur,
V. 1222. Les Sources. — Le Scoliaste ne dit rien de ces Sources; il
remarque seulement que le nom commun devient ici un nom propre.
Dans la pièce qu'il consacre à Hylas (I, xx, v. 33), Properce transcrit
sans le traduire en latin le mot lliiyat qui devient Pegae.
V. 1236. Aussitôt, la Nymphe,.. — «Théocrite, dans celle de ses
Bucoliques qui est intitulée Hylas, dit qu'il fut ravi par toutes les
Nymphes. Onasos, dans le livre I" de ses Ama^oniques, dit qu'Hylas
tomba et s'enfonça. Nicandre, dans le livre II* des Heteroioumena
(Métamorphoses), dit qu'il fut ravi par toutes les Nymphes; Apollonios,
par une seule. » (Scol.)
V. 1240, Polyphémos Eilatide, — «On écrit aussi Eilaside, car,
suivant certains auteurs, Polyphémos est fils d'Élasos; suivant certains
NOTES 259
autres, de Poséidon. Polyphémos eut pour femme Laonomé, sœur
d*Héraclès, et fille d^ Amphitryon et d'Alcmène. » (Scol.) Voir la note au
vers 40. - Je ne trouve aucun auteur qui dise Polyphémos fils d*Élasos.
On ne connaît guère, d'ailleurs, qu'un seul Élasos, Troyen obscur, tué
par Patrocle {Iliad., XVI, v. 696).
V. 1248. Tel VEilatide,,. — «La comparaison est en tout juste et
exacte. Le poète assimile Hylas aux moutons bêlants, à cause de sa
jeunesse et de la délicatesse de son corps. Il compare Polyphémos
à une béte féroce qui a entendu et qui se hâte, à cause de la force
naturelle du héros. La faim le rend ardent : lui aussi, il se précipite avec
ardeur vers l'enfant. Ces mots : // ne s'est pas empare' des troupeaux,
sont justifiés par Tévénement. Car la Nymphe s'est emparée de l'enfant
avant l'arrivée de Polyphémos et le secours qu'il aurait porté. » (Scol.)
V. 1265. Par un taon (\vjtmt). — c Le myops est une sorte de mouche
qui paraît au printemps; cet insecte s'établit sur le blanc de l'œil des
bœufs qu'il affoUe par ses morsures, d'où le nom d*oistros qu'on lui a
donné [oZvtpoc de oi<ro>, futur de fépoi; idée de transport], Sostrate, dans
le livre IV* de son ouvrage sur les animaux, distingue le myops de
Voistros : car le myops nait du bois, et Voistros des animalcules qui
nagent dans les fleuves. » (Scol.) Virgile, qui emploie le mot oestrus
{George, III, v. 148), dit que c'est le second terme que les Grecs ont
employé pour désigner cet insecte. Cf. l'explication de NigidiusFigulus:
A silus apud Graecos \k'jta>^ vocabatur, postea magnitudine incommodi
oiiTTpov appellarunt. Le terme même d'asilus dont Virgile se sert devint
assez vite suranné et fut remplacé par celui de tabanus, d'où le français
taon. Servius {ad Georg,, I, v. 148) croit que le mot olorpo; est une
onomatopée : Oestrum Graii vertere vocantes; vertere ex sont simi-
litudine, onomatopeiam fecere. Voir la note de l'édition Benoist à ce
vers des Géorgiques.
V. 1270. Ainsi Héraclès. — « La comparaison est exacte en tout. Le
poète assimile Héraclès au taureau qui souffre, à cause de l'impétuosité
du héros. Le taon qui s'attache à lui, c'est son angoisse à rechercher
Hylas; il en souffre comme d'un i2ion. Il abandonne les prairies et les
marais : c*est le navire et la réunion de ses compagnons. // ne pense
plus aux bergers ni aux troupeaux : car il oublie Jason, chef de l'expé-
dition, et les autres héros. Tantôt il va sans repos: c'est que tantôt il
court jusqu'à être fatigué, tantôt il s'arrête. Il pousse un mugissement :
c'est que lui aussi criait parfois en appelant Hylas. » (Scol.)
V. 1 276. A yant tiré à eux sur le navire les pierres de fond. — « Ayant
retiré les ancres et dégagé le navire du mouillage. Ephore est ridicule,
lui qui croit qu'Anacharsis le premier a inventé l'ancre à deux bras.
Les Argonautes sont plus anciens qu'Anacharsis.» (Scol.) Il a déjà été
dit (note au vers g55) que l'érudit Apollonios ne donne à ses Argo-
nautes que l'antique Imht^ ou pierre de fond. Nous ne savons pas si c'est
Anacharsis qui a inventé l'ancre à deux bras. En tous cas, la raillerie
que le Scoliaste dirige contre Éphore tombe à faux. Voici comment
M. Vars {ouvr. cité, p. 147) explique la manœuvre des Argonautes :
c Le vers suivant d'Apollonius de Rhodes (I, 1227 [stc pour 1277]),
1/5 levèrent la pierre-amarre en halant les cables sur l'arrière, peut
a6o NOTES
t^expliquer de la manière suivante : à Tépoque où les cabestans étaient
inconnus, on soulevait Tancre ou la pierre de fond en halant le câble
de Pavant à Parrière. Par suite de la traction exercée par Téquipage, le
navire arrivait d*abord au-dessus de !a place occupée par Pancre. Il était
alors à pic. A ce moment, le bras de Pancre lâchait prise, dérapait, »
V. 1279. Le cap Posidéios. — Cest un cap de la Bithynie méridio-
nale, aujourd'hui le Bos-Burun, selon Mannert.
V. 1289. Télamony saisi de colère. — «Car il était Pami intime
d*Héraclès; il combattit avec lui dans beaucoup d^expéditions, navigua
avec lui contre Ilion, guerroya avec lui contre les Amazones et tua
Alcyoneus, comme le raconte Pindare [Nem., IV, v. 27; Isthm., V,
V. 33; cf. Decharme, Mythol., p. 528]. Le poète bucolique dit simple-
ment qu'ils étaient amis, eux qui partageaient toujours en compagnons
la même table [Théocrite, XIII, v. 38]. Apollonios affirme donc
qu*Héraclès, s'étant avancé dans les terres à la recherche d'Hylas, fut
abandonné aux environs de Cios. Denys de Mitylène dit qi^e le héros
navigua avec les guerriers jusqu'au pays des Colchiens et aida Jason
dans toutes les conjonctures concernant Médée. Démarate dit la même
chose; Hérodore dit, au contraire, que lui et quelques autres ne suivi-
rent pas Pexpédition jusqu'au bout. Hésiode, dans les Noces de Céyx,
dit qu'Héraclès, débarqué en Magnésie pour chercher de Peau, fut aban-
donné à Pendroit appelé Aphetai, à cause de sa séparation (â^^c^tc)
d'avec les héros effectuée en ce lieu [voir, v. 591, le même mot, 'AçItsi
*ApYoOc]. Antimaque, dans son poème de Lydé, dit qu'Héraclès fut mis
à terre, parce aue le navire Argo était surchargé par le poids du héros.
Poséidippos, Pepigrammatiste, et Phérécyde ont suivi Hésiode. Éphore,
dans son livre V, dit qu'il fut laissé, de son plein gré, auprès d'Om-
phale, reine de Lydie [cf. Apollodore, I, 9, 19]. Suivant une tradition
qui lui est particulière, Anticléidès, au livre II* des Déliaques, dit
qu'Hyllos, fils d'Héraclès, étant descendu à terre pour rechercher de
Peau, ne revint plus [voir la note au vers 1207]. » (Scol.)
V. 1 3oo. Les fils du Thrace Borée. — t Héraclès les tua plus tard,
les ayant rencontrés dans Pile de Ténos, voisine de Délos. Ainésidamos,
dans ses Téniaques, dit qu'ils avaient tendu des embûches à leur hôte
Héraclès et voulu le tuer. » (Scol.)
V. i3o4. Aux funérailles de Pélias. — «Apollonios dit qu'Héraclès
tua les Boréades, parce qu'ils avaient empêché le navire de revenir
en Mysie. Sémos dit que ce fut parce que Héraclès avait été vaincu à
la course par les Boréades; Stésimbrote, à cause des différends qu'ils
eurent avec Héraclès, au sujet des présents donnés par Jason aux héros.
Nicandre de Colophon, au livre l*^ de ses Oitalques [POitaia, petit pays
de Thessalie, cf. Strabon, 372, 44], dit que Borée fut la cause de leur
mort, après les avoir avertis : car il avait arrêté par des tempêtes
Héraclès qui retournait à Cos.» (Scol.) Voir Apollodore, III, i5, 2.
La victoire d'Héraclès, héros solaire, sur les fils du vent du Nord
a évidemment un sens symbolique.
V. 1309. Et ces choses... — « Ce vers est de Callimaque. » (Scol.)
V. i3io. Glaucos. — « Glaucos, fils de Polybos, d'Anthédon, ville de
Béotie, pécheur de profession, un jour qu'il avait pris un grand nombre
NOTES 261
de poissons, fatigué au milieu de la route, déposa le panier qui les
contenait. L*un d*euXy ayant mangé une plante qui donne Timmortatité,
revint à la vie. Glaucos aussi, en ayant pris et mangé, devint dieu.
Plus tard, parvenu à une extrême vieillesse, et la supportant mal, il se
jeta à la mer et fut honoré comme un dieu marin. Cest de lui, dit-on,
que vient le nom du poisson glaucos. i> (Scol.) — Strabon (347, 53)
cite une autre tradition, diaprés laquelle Glaucos fut transformé en
cétacé. Dans Ovide {Metam., XIII, v. 904, sqq.)f Glaucos raconte
comment il est devenu dieu de la mer après avoir mangé de l'herbe
magique, k l'imitation des poissons qu'il avait pris. Âusone {AfoselL,
V. 276, sqq.) reprend et résume le récit d'Ovide. Voir Decharme,
Mythol,, p. 3 16.
V. i3i4. Les flancs du navire,— m On appelle ainsi (ôXxdtov) la
partie du navire que Ton tire, pour le descendre à la mer. » (Scol.)
M. Vars pense que ce mot correspond à Vétambot, c pièce de construction
de même largeur que la quille, qui s'élève selon le plan diamétral du
navire sur l'extrémité arrière de celle-ci... C'est sur l'étambot que
s'édifient Tarcasse et la poupe. » (Dictionn, de Bonne/oux et Paris.)
Cf. Vars, ouvr. cité, p. 39 : « Aucun terme ne désigne l'étambot dans
les grammairiens; mais dans Apollonius de Rhodes il apparaît sous
le nom de 6Xxatov ou 6Xxelov. L'explication de la scolie ne peut
s'appliquer qu'à l'étambot. » Dans Apollon ios, je ne trouve nulle
part la forme éXx^ov: on lit (Ch. IV, v. 1609) ^^xtîiov, et le Scoliaste
explique ainsi le sens de ce mot : c C'est une pièce de bois, dans les
parties inférieures du bâtiment et dans le prolongement de la quille;
c'est par cette pièce qu*on tire le navire à la mer; et c'est elle qu'on
fixe la première à terre quand on le ramène. »
V. i323. Les Chalybes, — C'est un peuple de Scythie (Strabon»
470, 3o). Voir les notes aux vers 373 et looi du Chant II. Le Scoliaste
dit que Polyphémos mourut en combattant contre eux. C'est la ville
de Ctos, à l'embouchure du Cios (voir la note au vers 1 177) que Poly-
phémos devait fonder.
V. 1 356. Trackine. — C'est une ville de Thessalie (Strabon, 367, 42),
au pied du mont Œta.
V. i362. Us y abordèrent à la rame. — Voir la note au vers 608.
CHANT II
V. 2. Le roi des Bébryces, — « Amycos était le rot des Bébiyces. Il
possédait à cette époque toutes les régions de la Bithynie, y compris
le littoral. Quelques Bébry ces s'établirent du côté de la Lydie, dans les
contrées voisines d*Éphèse et de Magnésie. Charon dit qu^on appelait
autrefois le pays de Lampsaque Bébry cie à cause des Bébryces qui
l'habitaient. » (Scol.) Strabon dit que les Bébryces, qui ne sont pas
cités par Homère, occupèrent la Mysie avant les Thyniens et les
Bithyniens, et qu'ils éuient Thraccs d'origine (464, 18); ils possé-
dèrent la région d'Abydos (5oi, 47).
V. 4. Ltf nymphe bithynienne Mélia, — « On ne sait lequel des deux
noms est le nom propre. On dit qu'elle s'appelait Mélia, parce que
certaines nymphes, au dire de Callimaque, portaient ce nom à cause
<le Mélia, fille d'Océanos; ou à cause de ce qu'elles habitaient les
pommiers [piYjXéiz, pommier] : ce serait la même origine que celle du
nom des Hamadryades. Bithynis viendrait de ce qu'elle était d'origine
bithynienne. Le poète appelle Poséidon dieu de la génération^ parce
•que, maître de l'élément humide, il nourrit et engendre toute chose,
puisque l'eau fait tout naître. » (Scol.) Dûbner ne partage pas cette
opinion du Scoliaste au sujet de Poséidon : « De Amyco tantum, sub
hoc nomine eum colente, intelligendum ; mirijice nugantur scholiastae. »
Il semble cependant que Poséidon puisse être considéré comme dieu
de la génération. « Cette heureuse union de l'eau et de la terre, d'où
naissent les fruits nourriciers de la vie humaine, s'exprimait, dans le
langage mythique, par l'image du commerce amoureux de Poséidon avec
des nymphes ou avec des filles de personnages fabuleux. » (Decharme,
Mythologie, p. 325.) L'orthographe des deux noms interdit toute
confusion entre la nymphe Mélia (MsXii]) et les nymphes Méliades
(Mv)Xiad8c). Quant à la mère d' Amycos, Apollodore la nomme Bithynis,
d'après les cdit. vulg., Bithynis ou Mélia, d'après l'édit. Hercher
<I, 9, 20); il cite ailleurs deux Mélia : l'une, fille d'Océanos et femme
d'Inachos(II, i, i); l'autre, qui eut de Silène le centaure Pholos(II, 5, 4).
Les auteurs latins (Valérius Flaccus, IV, v. 1 19; Servius, adAeneid., V,
V. 373; Hygin, FabuL, 17; Scol. ad Stat. Theb., III, v. 533, etc.)
nomment cette nymphe Mélié. Brunck suit l'opinion d'ApolIodore, ou
plutôt des édit. vulg. de la Bibliotheca, et il ajoute : « Potior in his
veterum Graecorum auctoritas quam Latinorum poetarum quorum
nonnulli in diversa abierunt, »
V. 8. L'expédition, — * Théocrite a raconté les faits autrement [dans
Vldylle XXII] », dit le Scoliaste, et peut être mieux, ajoute Dûbner :
<K A liter et nescio an melius apud Theocritum. » L'épisode de Pollux et
d' Amycos se trouvait encore dans d'autres auteurs anciens qui sont
cités par le Scoliaste (voir la note au vers 98). Nous avons les récits
NOTES 263
d'ApoUodore (I, 9, 2) et de Valérius Flaccus (IV, v. 1 et suiv.), qui
procèdent de celui d*Apollonios.
V. 28. Seul à seul. — « Aristote dit aussi que le lion agit de la sorte. »•
(Scol.)
V. 34. Olivier sauvage, — On sait que le bois en est fort dur. Il
servait à faire les rouleaux de navire. (Voir la note au vers 843.) —
Dûbner : « Ligni genus durissimum e quo et Herculis clava. » Le
Scoliaste dit que ce bâton raboteux d^olivier sauvage, semblable à
ceux des bergers, est une preuve du caractère dur et féroce de celui
qui le portait.
V. 40. Dans sa colère, — « Car on dit que la Terre, dans sa colère de
voir les Titans précipités par Zeus au fond du Tartare, enfanta les
géants. » (Scol.) Quant à Typhoeus ou Typhaon, qui sont généralement
regardés comme deux noms du même monstre, quoique Hésiode et
Apoilonios établissent une distinction entre les deux, Apollodore lui
attribue une nombreuse postérité : la Chimère (II, 3, 4), le lion de
Némée (II, 5, i), le chien Orthros (II, 5, 10), le dragon des Hespérides
(II, 5, II), Toiseau du Caucase (II, 5, 11), le Sphinx (III, 5, 8).
V. 48. Amycos, lui,., — aAmycos ne fait pas Tessai de ses forces.
Par cela» le poète montre quel était son orgueil. » (Scol.)
V. 5 1 . Lycoreus. — Lycoreus est un personnage imaginé par le poète
et que Thistoire ne lui donne pas.» (Scol.)— Dans la Thébaîde de
Stace (VII, V. 71 5), il est question d*un Lycoreus, fils d*Apollon..
Cf. Hygin., FabuL, 161. Voir la note au v. 711.
V. 55. Sans tirer au sort. — a Par cela aussi, le poète montre de
nouveau l'orgueil d'Amycos; pour que tu ne puisses pas ensuite nCadres^
ser de reproches, il dit cela en homme déjà sûr de vaincre. C'est là
aussi un langage de barbare.» (Scol.)
V. 73. A travers les parois (xo^xoto). — « La paroi ou le flanc du^
navire s'appelait toî^oc ou tcXcupâ. Les deux termes étaient synonymes.
Il semble toutefois que le premier était le terme technique. » (Cartault,
ouvr. cité, p. 53.) Ce sens du mot toT^oc se trouve déjà dans Homère
(Iliad., XV, V. 38a ; Odyss,, XII, v. 420).
V. 76. Reculait devant lui en bondissant (klaota^t àXUtvev) — Je traduis
selon la leçon vulgaire des mss. et des anciennes éditions, celle que
le Scoliaste connaissait et commentait et que Merkel reprend dans son
edit. maior, après avoir admis dans l'edit. minor, à l'exemple de Brunck,
Wellauer, etc., la correction àtavovr' proposée par Pierson dans ses
VerisimiL, p. i25. Le sens serait alors : Pollux reculait devant son
adversaire bondissant contre lui, La leçon des mss. donne un sens qui
convient mieux à la légèreté de Pollux. Merkel ne blâme pas d'ailleurs
la correction de Pierson : Piersonus coniecit, fortassis recte. Brunck
est plus absolu : pour lui, seule la correction est admissible : Vulgo
àiVaiov àX£eivev, quae sibi repugnantia neutiquam conjungi possunt.
V. 79. Aux chevilles aiguës (^^lifoiO* — « On appelle cheville un
morceau de fer ou de bois, cylindrique ou quadrangulaire, générale»
ment peu gros et peu long, dont on se sert pour lier ensemble les pièces
qui entrent dans la composition d'un navire et dans les ouvrages de^
menuiserie (Jal)... Le second [le mot y^\L^oi] s'applique aux chevilles.
304 NOTES
de bois. Elles jouaient un grand rôle dans la construction du navire.
Eschyle (SuppL, v. 846), en parlant d*un vaisseau, TappcUe yofifodltw
dipct. Apollonius de Rhodes (IH, v. 343) nous dit quW/ef maintien-
nent les diverses parties du navire Argo, de façon qu'il puisse braver
leffort de tous les ouragans. C'est au moyen de fortes chevilles de bois
qu*étaient implantées sur la quille les diverses pièces de la membrure
du bâtiment. i> (Cartault, ouvr, cité, p. 43-44.) Ulysse use déjà de
y^fi^ot dans la construction de son chaland (Odyss,, V, v. 248). Voir
Vars, ot/yr. cité, p. 161 et suiv.
V. 85. — Dûbner : « Kaî magnopere offendit; melius legeris xolx, »
Merkel a conservé xaf et ne signale aucun texte où se trouve la correc-
tion désirée par Dûbner.
V. 94. Sans se hâter, — Je dois rendre par un équivalent l'expression
icap* ex y6vu yovvbc aiteipcov, qui ne peut se traduire littéralement en
français, et qui signifie échangeant un genou contre un autre, mettant
successivement un pied devant Vautre, c'est-à-dire, marchant sans
hfite, ou, comme on dit vulgairement, « à pas comptés ». Homère
emploie cette expression pour indiquer la lenteur de la retraite d'Ajax
(Jliad., XI, V. 547).
V. 98. Cependant les hommes Bébryces.,, — «ApoUonios présente
Amycos comme tué. Mais Épicharme et Pisandre disent que Poilu x le
chargea de liens. Déilochos, dans le premier livre de son ouvrage sur
Cyzique, dit qu'il fut tué au pugilat par Pollux. > (Scol.) — Pour les
divers récits de la lutte d'Amycos et de Pollux, voir Stender, de Argo-
nautarum expeditione, Keil, 1874, p. 5i et suiv.
V. 105-117. ^lynoneus, Mimas, Oreidès, Talaos, Arétos, Iphitos,
Cly tios, — Ixymoneus n*est pas autrement connu; dans Vlliade (XI,
V. 672), il est question d'un Itymoneus, fils d'Hypérochos, qui est tué
par Nestor. — Mimas, d'ailleurs inconnu, ne doit pas être confondu
avec le fameux géant (le validus Mimas d'Horace) auquel ApoUonios
fera d'ailleurs allusion (Ch. III, v. 1227). Oreidès et Arétos sont
inconnus. (Il est question dans Homère d*un fils de Nestor, d'un tils
de Priam et d'un homme de Dulichion qui se nomment tous les trois
Arétos.) Talaos, Iphitos et Clytios ont été cités dans le catalogue des
Argonautes (Ch. I, v. 86 et 118).
V. 106. A coups de pied. — Dûbner fait remarquer que Pollux sans
armes ne peut se défendre qu'au moyen de ses pieds et de ses mains,
munies de cestes, il est vrai.
V. 118. A ncaios. — Ce héros a été cité dans le catalogue (Ch. I, v. 164).
V. 123. Tels, dans les parcs.,. — Le Scoliaste remarque quMl y a dans
Homère une comparaison semblable (Iliad., XVI, v. 352). Il ajoute :
«IloXioC veut dire soit d'une couleur un peu cendrée, soit vénérables.
Car cet animal était respecté des Athéniens. Celui qui a tué un loup
doit réunir de quoi pourvoir à sa sépulture. D'ailleurs, comme lorsque
Létô arriva enceinte à Délos, elle resta pendant douze jours changée en
loup, il y a depuis, chaque année, une période fixe de douze jours où
toute louve met bas : Philostéphane le dit dans ses Mémoires. » On
s'explique comme Létô, personnification de la nuit (voir Decharme,
Mythologie, p. 100) est changée en loup, animal nocturne. Quant à
NOTES 26s
IIo>to(, c*est évidemment une épithète de nature indiquant la couleur
du loup auquel Homère l'applique déjà {Iliad,, X, v. 334).
V. 140. Mariandyniens, — «Les fils de Phinée, nés de Cléiopâtré,
étaient Parthénios et Crambos. D*ldaia, fille de Dardanos, ou de
quelque concubine scythe, il eut Thynos et Mariandynos, de qui les
deux peuples des Thyniens et des Mariandyniens furent nommés.
D'autres disent que ce nom vient de Mariandynos, fils de Cimmérios. »
(Scol.) Voir, sur les fils de Phinée, la note au vers 178. Apollodore
(I, 9, 23) mentionne l'arrivée des Argonautes chez les Mariandyniens,
mais il ne dit rien de Mariandynos. Strabon rapporte que les Marian-
dyniens, qui ne sont pas nommés par Homère (475, 16), étaient, comme
les Thyniens et les Bithyniens, originaires de Thrace (245, 35) et
qu'ils habitaient auprès des Thyniens et des Paphlagoniens (466, 25;
482, 12). Ils devaient leur nom à Mariandynos (464, 2g), sur lequel
Strabon ne donne aucun renseignement. Les Mariandyniens sont cités
dans le Périple de Scylax, | 91 {Geogr, Graec. Min,, Didot, vol. I),
dans Pomponius Mêla (I, 19), etc.
V. 145. Qu*auraient^Hs fait, ces gens -là, avec leur lâcheté Q<nv
avaXx8tT)(nv fp«|av)! — Dûbner : « Sic leguntl Scilicet Bippuxs;; sedpost
Amycicaedem àva>xâc erant, Sed ad Amycum ipsum référendum; sed
optime Ruhnkenius, quamvis audacius, àtao6aX(v)9tv ïpelev, scilicet
Amycus: quid tum de eo futurum fuisset si Hercules, etc., scilicet:
tum dtcretum caestu non fuisset. » Brunck rejette aussi la leçon vul-
gaire, quod nec Behrycibus, nec eorum régi convenit. Il admet soit la
conjecture de Ruhnken, soit une de ces deux qu*il propose lui-mêmç :
àity)vti'T)9iv ou àXaCov{T}9iv. Horum quodcumque eligatur vulgato praefC'
renduin erit, Merkel, qui ne change rien, propose simplement de
remplacer le substantif, sans parler de mettre le verbe au singulier :
tLpoterat temptari àinQvo^'v^atv [fierté, arrogance], quod Etym. M.,
p, g, 5o, cum. Apoll, nomirie sed versu Homerico e scholiis arripuit. »
Je ne vois pas la nécessité de remplacer le substantif par un autre de
sens opposé : les Bébryces ont montré peu de courage, et c'est d'ail-
leurs, dans l'antiquité, une habitude de rabaisser la valeur de l'ennemi
vaincu.
V. 159. Ayant couronné,,, — t C'est à cause d'Apollon qu'ils se cou-
ronnaient de laurier. Ils se couronnaient de trois manières : sur la
tête, sur le front, sur la nuque, plaçant les couronnes en signe de la
joie de leur âme. Ces couronnes étaient faites avec le laurier auquel
étaient fixées les amarres du navire. Ce n'est pas par une fiction
poétique qu'ApolIonios a imaginé ce laurier. Il y en avait réellement
un en cet endroit, qui était un très grand arbre, comme dit Androitas
le Ténédien dans son Périple de la Propontide, où il raconte en
passant que la ville nommée Amycos, qui conserve encore quelques
habitations, est éloignée de cinq stades du temple des Nymphes des
Chalcédoniens. Apollodore, dans le premier livre de ses Pontiques,
dit que là était le tombeau d'Amycos, et que celui qui aurait pris une
branche du laurier se serait exposé à un reproche. » (Scol.) Strabon
parle du temple des Chalcédoniens (265, 38; 482, 21), mais il ne dit
rien de cette ville d'Amycos que l'on trouve mentionnée dans Pline
34
266 NOTES
l'Ancien (N. H,, V, i5o; XVI, 239) sous le nom de Fortus Amyci
(aujourd'hui Beikos, d'après le Dictionnaire latin de Freund-Theil).
V. 160. A Varbre et aux alentours. — Merkel écrit t^ «ot te isipc,
corrigeant les textes vulgaires x^ «al toi inp(. Wellauer, qui écrivait
t^ T^ x«\ T^ expliquait et justifiait ainsi sa correction : c Lauro ad quam
hic et illic retinacuU alligata erant. Omiâsopriore «^, quod quam facile
excidere potuerit nemo non videt, reliquae turhae exortae sitnt, Neque
in duptici t^ t^ offendipotest quum 01 ol et similia saepissime ocatrramt.9
Dûbner avait déjà proposé la correction adoptée par Merkel : c Lege
T^ %al Tt fuçl. Cf, y. 38q [où Ton lit t«» xotC tt] ; Hiad., IX, v. 1 59 [où Ton
trouve aussi xoU tc]. » Cette correction est d'autant plus vraisemblable
que, le laurier n'offrant pas une résistance suffisante, on avait dû
enrouler un câble autour de son tronc, et les autres autour des rochers
voisins. Le vers 166 où l'on voit les Argonautes, au moment de partir,
détacher après les autres l'amarre fixée au laurier, vcornc » Sdfwqc
(du laurier en dernier lieu), ne peut que confirmer cette hypothèse.
V. i63. Thérapnaïen, — Cet adjectif vient de Thérapnai qui^ dit le
Scoliaste, est le nom d'une ville ou d'un canton de Laconie (cf. Pausa-
nias, m, 14, 8). Strabon ne cite qu'une ville de Thérapné qui se txxiuve
en Béotié (35i, 3i). Thérapnai en Laconie est le lieu de naissance des
Dioscures (cf. Stace, Thebaid,, VII, v. 793 : Therapnaeifratres\ qui y
étaient l'objet d'un culte. C'est sans doute le Thérapnaïen Pollux,
vainqueur d'Amycos, que les héros célèbrent par leur cha«t. Le
Scoliaste suppose cependant que TeinvCxtov d'Orphée s'adresse à
Apollon, qui avait un sanctuaire à Thérapnai; il a déjà dit (voir la note
au vers 159) que les Argonautes se sont couronnés de laurier en
rhonneur d'Apollon.
V. 168. Le Bosphore, — Voir la note au vers 1 1 14 du Chant I*' où le
Scoliaste donne î'étymologie ordinaire du mot (mer passée par la
génisse lo). Ici, dans une longue note où il établit la distinction des
divers Bosphores (Thrace, Scythique ou Cimmérien), il donne d'autres
origines plus ou moins fantaisistes de ce nom. Il suffit de reproduire
les renseignements qu'il emprunte aux anciens historiens : « Nymphis
dit qu'Acarion raconte que les Phrygiens, ayant voulu traverser le
détroit, construisirent un navire à l'avant duquel le mufle d'un taureau
était sculpté. Après avoir traversé le bras de mer, ils le nommèrent
Bosphore à cause de Temblème que leur navire portait. Éphore raconte
qu'Io, enlevée par les Phéniciens, fut conduite en Egypte : le roi de ce
pays envoya à Inachos un taureau en échange de la jeune fille. Le
taureau étant mort, on le porta de divers côtés, car cet animal n'était
pas encore connu; et le Bosphore reçut son nom de ce qu'il avait été
traversé par ceux qui portaient le taureau. 9
V. 177. A la cote, en face de la terre de Bithynie (àvtiicifi]v). — Le
Scoliaste est embarrassé pour expliquer ce mot ocvrticipîjv, que je traduis
par en face de la terre de Bithynie : « Il y a, dit-il, deux Bithynies,
l'une sur le littoral de l'Europe, l'autre sur celui de l'Asie. Celle
d'Europe est près du Salmydesse en Thrace, l'autre sur le Bosphore, à
l'embouchure du Pont. [Strabon remarque bien que les Bitbyniens
sont originaires de Thrace et que de son temps il y en a encore en
NOTES aO?
Thrace (464, 19); il dit, d'autre part, que le Salmydesse est une longue
cdte du Pont-Euxin, rocheuse et sans ports (464, 17}, mais il ne
distingue pas deux Bithynies.] 11 y a une troisième Bithynie, qui est
une île du Pont. [C'est THe Thynia citée par Strabon (463,32).] On ne
peut dire avec certitude à laquelle des deux Apollonios fait allusion,
puisqu'elles sont Tune et l'autre êir\ rà iripav. Il vaut donc mieux penser
qu'il s'agit de la Bithynie d'Europe. Car, dit le poète, le jour suivant,
ils attachèrent les amarres en Bithynie : il est évident qu'ils viennent
d'Asie en Europe. Et Phinée, au dire du plus grand nombre, habitait
le Salmydesse, rivage de la Thrace qui se présente à gauche quand oq
entre dans le Pont. » On ne peut hésiter sur la position de la côte 4u
Salmydesse, quoique Eschyle (Prométhée, v. 726) place auprès du
Thermodon le golfe terrible de Salmydesse.
Le Scoliaste a été évidemment gêné par la tradition constante qui
place la demeure de Phinée dans le Salmydesse sur la côte thrace
du Pont-Euxin. C'est ce qui justifie cette note embarrassée ^ui
n*explîque rien. Au vers 178, le Scoliaste répète que c'est en Thrace,
sur le continent européen, que Phinée réside : mais il cite aussi Hella*
nicos, d'après lequel Phinée avait été roi de la Paphlagonie, en Asie.
Au vers 181, il mentionne Topinion de Phérécyde qui dit, en son
livre XVIII*, que Phinée régnait sur tous les peuples d'Asie jusqu'au
Bosphore de Thrace, c'est-à-dire sur les Bithyniens et les Paphla*
goniens. Mais l'opinion commune, celle d'ApoUodore (I, 9, 21) aussi
bien que celle des modernes (cf. Decharme, Mythologie, p. 61 1), c'est
que Phinée, tout au moins depuis sa cécité, demeurait sur la côte du
Salmydesse. II. me semble évident qu* Apollonios n'a pu établir sur
cette côte la demeure de Phinée, puisque* après avoir quitté le vieux
devin, les héros doivent passer entre les roches Cyanées pour entrer
dans le Pont. Or, il suffit de jeter les yeux sur la carte VI du Strabon,
édit. Didot, pour se rendre compte que si les Argonautes étaient déjà
arrivés à la côte du Salmydesse, qui est sur le Pont, ils auraient dû
commencer par traverser le Bosphore de Thrace et par passer au
milieu des roches Cyanées; en sorte que, partant de la côte du Sal-
mydesse, ils se trouveraient déjà dans le Pont et n'auraient pas à
traverser les roches Cyanées pour y pénétrer. — Holstenius (Luc
Holste) suppose qu'ApoUonios se trompe et nomme la Bithynie au lieu
d'un cap de Thrace, le cap Thynias : t ConfundU Bithyniam cum
Thjrniade loco ceu promontorio Thraciae. > Mais la côte Thyniade
(Ouvi&c àxTi^), ou le cap Thynias, esc justement auprès de la côte du
Salmydesse (Strabon, 265, 28; 464, 17). Que les Argonautes aient
abordé à la côte du Salmydesse ou au cap Thynias, ils sont dans le
Pont-Euxin et n'ont plus à franchir les roches Cyanées. — Dûbner
propose une explication ingénieuse du mot àvrinépt^v : « Ex opposite,
scilicety ut saepe apud Apollonium, in opposito nonnuUorum sinuum
littore, ita ut eadem tamen sit terra, » Ce sens de àvTticipvjv peut être
confirmé par le sens de ex ^'ixipr^, etc. (v. 1 1 15 du Ch, I*'; voir la note
à ce vers). Mais l'explication de ce passage semble bien simple :
Apollonios sait que Phinée demeurait sur la côte du Salmydesse;
Téconomie de son poème ne lui permet pas d'admettre cette résidence
a68 NOTES
du vieux devin, qui doit donner aux Argonautes des instructions pour
franchir les roches Cyanées. Il suppose donc que Phinée demeure
bien en Thrace, mais sur la côte du Bosphore, en fiice de la Bithjnie,
et non sur la côte du Pont : ce qui est confirmé par le vers 271 où
Ton voit les Boréades passer le BÎosphore à la suite des Harpyes, pour
aller vers les îles Strophades.
V. 1 78. UAgénoride Phinée, — « A Salmydessos, sur la côte de
Thrace, le vieux prophète aveugle Phineus, persécuté par les Harpyes,
est délivré de ces monstres par les Boréades; il enseigne aux Argo-
nautes le chemin de la Colchide... Il est à peine besoin d'indiquer le
sens naturel de cette ftible. Les Harpyes, vents d'orage, sont chassées
par les fils de Borée, le vent du nord au souffle purifiant. Phineus, le
prophète aveugle, est probablement le soleil enveloppé dans la noée
d'orage. » (Decharme, MythoL, p. 61 1, texte et note 3.) Le Scoliaste
donne sur Phinée un grand nombre de renseignements (v. 178, 181,
207), dont voici le résumé : suivant Hellanicos, Phinée est le fils
d'Agénor; suivant Hésiode, Asclépiade, Antimaque et Phérécyde, il
est le fils de Phoinix, fils d*Agénor, et de Cassiépée, fille d'Arabos.
Celle-ci donne à son mari Cilix, Phinée et Doryclos, et à Zeus,
Atjrmnos. (D*après Apollodore, I, 9, 2t, III, i, i etlH, i, 2, Phinée
était fils d'Agénor ou de Poséidon ; Cilix et Phoinix étaient fils d*Agénor,
et Atymnos [Atymnios, dans Apollodore], de Zeus et de Cassiépée.)
Les anciens attribuent beaucoup de motifs différents à la cécité de
Phinée : Hésiode dit, dans les grandes Éées, que Phinée fut privé de
la vue parce qu'il indiqua son chemin à Phrixos; dans le III* livre des
Catalogues, il dit, au contraire, que ce fut par choix, ayant préféré
une longue vie à Tusage de ses yeux. Istros dit qu'Aiétès, ayant su que
Phinée avait sauvé les enfants de Phrixos par ses prédictions, le
maudit; Hélios, qui l'entendit, priva Phinée de la vue. Sophocle dit que
son infirmité lui vint de ce qu'il avait crevé les yeux à Parthénios et
Crambos, fils qu'il avait eus de Cleiopfttré, persuadé par les calomnies
d'Idaia leur marâtre. D'après d'autres auteurs, les mauvais traitements
qu'il infligea à ses fils lui auraient valu une punition plus forte, la
mort. Denys, dans ses Argonautes, dit que Phinée fut tué par Héra-
clès, quand celui-ci eut vu ses enfsnts à l'abandon et eut appris que
Phinée les avait chassés à cause des calomnies de l'épouse scythe qu'il
avait prise après avoir répudié Cleiopfttré. Un vieillard se fit le dénon-
ciateur de Phinée auprès d'Héraclès. Aussi celui-ci, ayant découvert
ces entants innocents, les amena à la maison paternelle. Phinée se levait
et voulait jeter l'un d'eux à la nter : Héraclès le tua alors à coups de
pied. D'autre part, certains auteurs jugeant peu vraisemblable que
Phinée ait vécu tant de vies d'hommes, ont pensé qu'il y a plusieurs
personnages de ce nom et que c'est un autre Phinée, un descendant
de Phoinix au septième degré, que les héros rencontrèrent, et que
celui-ci avait été privé de la vue pour avoir tendu des embûches à
Persée. Apollodore, dans son récit de l'expédition des Argonautes
(1, 9, 21) parle longuement de Phinée et dit, comme ApoUonios, que
le vieux devin aveugle fut délivré des Harpyes par les BÎoréades et, en
récompense, enseigna aux héros la route qu'ils auraient à suivre. La
NOTES 269
cécité de Phinée viendrait, d*après Apollodoré, soit de ce qu'il avait
indiscrètement révélé aux hommes l'avenir — tradition suivie par
Apollonios —, soit du fait de Borée et des Argonautes, en punition de
ce quMl avait aveuglé ses enfonts sur les instigations de leur marâtre,
soit du fait de Poséidon, qui l'aurait puni d'avoir indiqué aux enfants
de Phrixos la route à suivre pour revenir par mer de Colchide en
Hellade. Ailleurs (III, i5, 2), ApoUodore raconte qu'Oréithyia, ravie
par Borée,' eut de lui deux filles, Cléiopâtré et Chioné, et deux fils,
Zétès et Calais. Cléiopâtré épousa Phinée et eut de lui Plexippos et
Pandion que leur père priva de la vue, trompé par les mensonges
d'Idaiaj fille de Dardanos, qu'il épousa après Cléiopâtré. Les Argo-
nautes, dans leur voyage, le châtièrent de concert avec les fils de Borée.
Cette tradition, on le voit, est tout à fait contraire à celle qu'ApolIodore
rapporte dans son récit du voyage des Argonautes. — Comme le mythe
de Borée a reçu en Attique des développements particuliers (Decharme,
Mythol., p. 502-363), comme la mère de Cléiopâtré, Oréithyia est une
Attique, fille d'Erechthée ou de Pandion, il est probable que c'est à
Athènes que la tradition de la cécité de Phinée, punition des mauvais
traitements infligés aux enfants de Cléiopâtré, s'est développée et
qu'Eschyle et Sophocle l'ont mise au théâtre dans leurs pièces inti-
tulées Phinée, aujourd'hui perdues. Apollonios, qui devait rendre son
Phinée intéressant et sympathique, n'a eu garde de rien prendre èice»
légendes, et il donne à la cécité du vieux devin une origine honorable,
qui en fait un héros philanthrope, à la manière de Prométhée. Quant
à la tradition rapportée par le Scoliaste, d'après laquelle un autre
Phinée aurait été privé de la vue pour avoir tendu des embûches à
Persée, Apollodore (II, 4, 3) raconte â peu près la même histoire dont
le héros Phinée, fils de Bélos et frère de Céphée, fut changé en pierre
par Persée. Heyne (ad Apollodori Bibliothecam observationes, I, 9, 21)
fait observer avec raison que si les traditions sur Phinée sont si
différentes, cela vient de ce qu'elles ont été associées à beaucoup de
légendes diverses: De Phineo miris modis fabulae variatae èxstant:
quia et in Argonauticis et in Heracliis eae tractatae, mox et in fabulas
Atticas per Cleopatram uxorem inductae, et in scenam productae
fuere,
V. 2o5. Un état de sommeil stupide (xii&(iaTi). — Dûbncr : « Hoc ipso
verbo utuntur medici.T» C'est-à-dire Tétat comateux. Apollonios met
une grande exactitude dans les descriptions physiologiques. On en
verra des exemples au Chant III, à propos de Médée. Cf., en particulier,
la note au verp y 63 du Chant III.
V. 224. De quelque repaire funeste et mystérieux, — Dûbner :
<i A licunde, e loco funesto (oXsOpif;)) : sic omnino interpretandum. v
V. 271. Au-dessus de la mer, — «Phérécyde, dans son livre VI,
dit que les Boréades les poursuivirent à travers la mer Egée et la mer
de Sicile. » (Scol.) Il est évident que, puisque les Harpyes sont en vue
des Argonautes, alors qu'elles planent au-dessus de la mer, C'est le
Bosphore qu'elles traversent. Elles ne peuvent se trouver déjà au-dessus
de la mer Egée : la demeure de Phinée est donc bien sur la côte
thrace du Bosphore. Voir la note au vers 177.
ayo NOTES
V. 274. En avant (ispi««w). — Merkel, dans son edit. maior, adopte
avec raison i'heureuse coniecture Kpi^ow, proposée par O. Schneider,
au lieu de la leçon des mss. suivie par toutes les éditions, mrom (à la
4uite), qui fait double emploi avec le mot iutT&ina6c du vers 273.
V. 276. Elles dépassaient en vitesse le souffle du Zéphyre. — Cf. ce
qu'Hésiode dit de leur vol rapide, Théog,, v. 268-269.
V. 279. De chevreuils (icp6xac)< — Le mot icp6C se trouve une fois
dans Homère {Odyss,, XVII, v. 295); les Scoliastes Teipliqusnt par les
mots tepxac (chevreuil femelle) ou XXa^oc (cerf, biche). Le Sooliaste
d*Apollonio8 donne du mot icp&( des eiplications fantaisistes : c Cest
un animal semblable au cerf qu*on nomme ys^&c [Jàon ou chevreuil).
Denys l'Athénien, dans ses Fondations des villes [je pense que le
Scoliaste confond Denys de Pergame, surnommé TAttique (Strabon,
534, 33), avec Denys de Chalcis, auteur des Ktfattc ou Fondations des
villes (Strabon, 484, 45)], dit que le cerf se nomme icp^, d'où le nom de
la Proconnèse [npox6vvi}ooc], fie où ces animaux abondent. Cette île est
aussi nommée 'ÈXa^ivri^oc [île des cerfs; cf. Plin., N. H., V, i5i;
Scylaz, I 94, distingue les deux îles]. D'autres lisent Prochonnèse
[npox^wvjvov] et disent que ce nom vient de ce que cette île fut réunie
à une autre par des amas de terre [icpo9tx«Mi}]. Philétas dit qu'on
nomme %p6l la biche qui a mis bas pour la première fois : ce mot
équivaut à primipare [icpc^Toxocj. » — Je traduis ici «p^ par chevreuil,
comme le fait Theil, dans son Dictionnaire d'Homère et des Homérides :
car des faons ne seraient pas capables de distancer des chiens de chasse.
V. 286. Iris. — Le Scoliaste fiiit remarquer que, d'après Hésiode
(fragment qui n'est connu que par cette allusion), c'est Hermès et non
Iris qui arrêta les Boréades. Il ajoute que le poète a raison de supposer
cette intervention d'Iris, puisqu*elle est sœur des Harpyes. Cf. Dûbner :
< Rarissime ab love mittitur Iris; hoc autem loco sic factum quia,
e Thaumante et Electra, Harpyarum soror. » — En effet, Thaumas,
second fils de Pontos, a épousé une fille d*Océanos, Electre (la brillante).
Cette union (Decharme, MythoL, p. 220) est une image des reflets
éclatants de la vague imprégnée d*azur et de lumière. De cette union
naissent les météores célestes qui semblent avoir leur origine dans
les flots d'où on les voit s'élever, au fond desquels on les voit rentrer :
Iris (l'arc-en-ciel), qui paraît d'ordinaire après l'orage, les Harpyes
(les vents violents qui ravissent tout), Aello (le souffle de l'ouragan),
Ocypété (la tempête impétueuse), Celaeno (les nuées obscures).
V. 296. Les Strophades, — Le Scoliaste dit qu'en donnant cette
Interprétation du nom des Strophades, Apollonios suit Antimaque,
dans sa Lydé; que, d'après Hésiode, ces îles devaient leur nom
nouveau à ce fait que Zétès et Calais, en s'en retournant, avaient adressé
à Zeus, honoré sur le mont Aïnos, une prière pour qu'il retint les
Harpyes en ce lieu. — Plotées signifie, d'après le Scoliaste, « entourées
d*eau de toutes parts » ; d'après Dûbner « nantes insulae i [cf. Odyss.,
X, V. 3]. Certains auteurs, dit encore le Scoliaste, racontent que les
Harpyes furent tuées par les Boréades. Hésiode et Antimaque adoptent
la tradition suivie plus tard par Apollonios. — Strabon, qui ne parle
pas du nom primitif de ces deux îles, dit que les Strophades se
NOTES 271
trouvent dans la mer de Sicile, à 400 stades de Cyparissia, ville de la
côte de Messénie (3o8, 5o}. Le nom de Plotae est mentionné par
Pline (N. H., IV, 55) et par Pomponius Mêla (II, 7).
V. 299. Une caverne de la Crète. — « Ce fait est affirmé par Néopto-
lème. L'auteur des Naupactiques et Phérécyde, dans son livre VI,
disent que cette caverne de Crète est sous la hauteur Arginon. [D'après
Charon, cité par Pausanias (X, 38], Tauteur des Naupactiques serait
un nommé Carcinos de Naupacte. Keil (Index Scriptorum, p. 539, au
mot hesiodus) adopte Topinion qui attribue ce poème à Hésiode.] »
(Scol.) — Apollodore (I, 9, 21) suit des traditions toutes différentes
de celles d'ApoUonios. Il dit que les Harpyes devaient être tuées par
les Boréades; que l'une d'elles tomba dans le fleuve Tigrés, du Pélo-
ponèse, depuis nommé Harpys, et que l'autre (Apollodore n'en compte
que deux), s'enfuyant vers la Propohiide, alla jusqu*aux îles Échinades,
qui, à cause d'elle, prirent le nom de Strophades, car elle se détourna
de sa course pour s'y arrêter et tomba de fatigue sur le rivage avec
celui qui la poursuivait. Les îles Échinades, sur la côte d'Étolie, n'ont
aucun rapport avec les Strophades. Apollodore est, je crois, le seul
à faire mention du fleuve Tigrés ou Harpys. Voir les notes critiques
de Heyne à ce passage d'ApoUodore.
V. 3o6. Comme dans un songe. — « Il mangeait avidement avec un
plaisir semblable à celui qu'on éprouve en songe, n'osant même pas
supposer, à cause de ce qu'il avait souffert, quHl se régalait, se croyant
le jouet d'un rêve. )» (Scol.) Dûbner : « Sive : animum cibo delectans;
sive: animum delectans, tanquam in somnis ederet; scilicet, ei videbatur
quia dudum vere non vescitus erat. »
V. 3 18. Les roches Cyanées. — Voir la note au vers 3 du Chant I*'.
V. 328. Faites d'abord un essai par le vol d'une colombe. — c Asclé-
piade dit aussi, dans ses Histoires tragiques, que ceux qui vont entre-
prendre une navigation se servent d'une colombe. » (Scol.)
V. 333. Car votre salut,,, — Dûbner: a Cato, ap. Sallust. : Frustra
deos implores... »
V. 349. Le fleuve Rhébas.., le cap Mêlas... Vile Thynias... — Le
Scoliaste dit que le fleuve Rhébas est un fleuve de Bithynie; Strabon
ne mentionne pas ce fleuve, non plus que le cap Mêlas, dont le
Scoliaste se borne à dire «cap ainsi nommé ». L'île Thynias est citée
par Strabon (465, 32). Le fleuve Rhébas est cité dans le Périple de
Scylax, en même temps que l'île Thynias {Geogr. Graec. Minor.,
Didot, vol. I, p. 67), dans la Périégèse de Denys, qui donne de grands
éloges au charme et à la beauté de son cours (v. 794-796), dans le
Périple d'Arrien {Geogr. Graec. Minor., vol. I, p. 38 1), où il est
question à la fois du fleuve Rhébas et du cap Mêlas. — Je lis au vers 349
âxpY)v te MéXaivav et non âxTTJv ts MiXaivav, qui est la leçon des mss.
adoptée généralement par les éditeurs, y compris Merkel; axpi)v est
une correction de Pierson, adoptée par Brunck, Beck et Wellauer.
D'ailleurs, le Scoliaste disait déjà : MiXaivav : âxpa out(i>« xaXov(i£vi].
V. 352. La terre des Mariandyniens. — Voir la note au vers 140.
V. 353-355. Une route qui descend che^ Adès... le cap Achérou-
sias.,, VAchéron.., — Strabon ne parle ni de ce cap ni de ce fleuve.
aya notes
On sait que le marais Achérousias et le fleuve Achéron sont dans la
Thesprotide. II semble qu'ici ApoUonios, servi par son érudition
aiexandrine, ait reproduit des traditions locales qui assimilaient un
cours d*eau tributaire du Pont au tieuve fameux devenu fleuve infernal.
Le Scoliaste constate, en effet, l'existence d'un Achéron dans le pajrs des
Mariandyniens; il dit que ce fleuve est près d'Héraclée, qu'il passe
pour descendre dans la demeure d'Adès et que les habitants du pays
nomment Achérousias un cap situé près de la même ville, t Hérodore
et Euphorion, dans le Xenion, disent que c'est par ce précipice que
Héraclès tira Cerbère sur la terre où il vomit son venin qui donna
naissance au poison nommé aconit. Andron de Téos, dans son Périple,
dit que ce pays eut pour roi un certain Achéron, qui fut père de
Dardanis; ayant eu commerce avec celle-ci, Héraclès la rendit mère
d'un fils nommé Poimén. Dardanis et son fils étant morts vers le
même temps, des endroits voisins d'Héraclée furent appelés de leurs
noms Dardanis et Poimén.» (Scol.) Denys le Périégète rapporte la
même tradition au sujet de Cerbère : c'est, dit-il, sur la terre des
Mariandyniens que le chien du Cronide infernal, entraîné par les
mains du magnanime Héraclès, vomit son venin terrible (v. 789-792).
Diodore de Sicile raconte (XIV, 3i) que, près d'Héraclée, colonie
des Mégariens, se trouve la presqu'île Achérousias, où, selon la
tradition, Héraclès amena des enfers Cerbère, après l'avoir tué. Voir,
pour la presqu'île Achérousias, Hérodore {Fragm. aS, vol. II des Fr.
Hist. Graec, Didot), Eustathe {Comment, au vers 791 de la Périégèse
de Denys). Le ileuve Achéron est aussi mentionné par Valérius Flaccus
(IV, v. 595). Cf. Pline (N. //., VI, 4) et Ammien Marcellin : t Acheru-
sium specus, quod accolae itu^onévriov appellant,., fluvii diversi,
Achéron... » (XXII, 8, 17.) Ce fleuve est aussi connu sous le nom de
Soonautès. Voir la note au vers 746.
V. 359. Pélops VÉnétéien. — Dûbner : « Longe alia igitur hoc loco
de Pelope traduntur quam vulgo. » L'Alexandrin ApoUonios se garde
bien en effet de suivre la tradition commune; il semble quMl remonte
aux légendes les plus antiques. C'est assez tard que les poètes tragi-
ques font de Pélops le fils de Tantale. Au Chant II de VHiade, dans
l'énumération des possesseurs primitifs du sceptre d'Agamemnon, il
est dit qu'Hermès l'a transmis à Pélops, Pélops à Atrée, Atrée à
Thyeste et Thyeste à Agamemnon (v. 100-108). Il n'est pas question
du père de Pélops : celui-ci semble bien un fondateur de dynastie. Il
n'y a rien d'impossible à ce que le héros éponyme du Péloponèse soit
originaire de l'Asie septentrionale, qu'il soit de la race de ces Énètes
dont il est déjà question dans le Chant II de V Iliade (v. 852), et dont Stra-
bon dit que, suivant une opinion commune, ils étaient les premiers
habitants de la Paphlagonie (465, 47). Strabon dit d'ailleurs (266, 44)
que Pélops était Phrygien et qu'il amena son peuple dans la partie
de PHellade qui prit ensuite son nom. Le Scoliaste constate que si,
d'après ApoUonios, Pélops était Paphlagonien, selon d'autres, il était
Lydien, et qu'Euphorion admet les deux opinions.
\.16i. Carambis. — Le Scoliaste constate qu'Éphore, dans son
livre IV, fait sur le cap Carambis les mêmes observations qu'Apollo-
NOTES 273
nios. — Strabon parle de ce cap à plusieurs reprises ei remarque
méme(io3, 17} qu'il divise pour ainsi dire le Pont en deux mers.
Le Carambis est également cité dans le Périple d*Arrien, dans la
Périégèse de Oenys (v. 785), etc.
V. 365. Le vaste A igialos. — C'est, en effet, dit Strabon, une côte
longue de cent stades où est situé le bourg paphlagonien d'Aigialos
(464, 47). Mais le géographe place TAigialos avant le cap Carambis :
« A TAigialos succède immédiatement le cap immense de Carambis,
qui s'avance vers les Ourses, en face de la Chersonnèse Taurique. »
(467, 7-9.) C'est probablement à cause de cette erreur géographique
d'Apollonios que les éditeurs — Merkel lui-môme dans son edit. minor
— ont conservé la leçon des mss., aiyiaX&c, signifiant un rivage. Dans
son edit. maior, Merkel adopte la correction AtyiaX^, proposée par
O. Schneider, d'après Meineke {Vind, Strab., p. 192). D'ailleurs, un
passage d'Eustathe, cité par Merkel, prouve que les anciens lisaient
A<YtaiX6c dans ce passage d'Apollonios : c AtT^aXbc icpoacxric tu nirru
l&rrà Tr)v Kapoc|ipiv «xpocv cî>c 8v]XoT 'AicoXXe&vtoc* Eustath., ad II., p. 302,
Lips. » II faut donc admettre qu'au temps d'Apollonios les géographes
alexandrins n'avaient pas sur la position de l'Aigialos l'opinion que
Strabon devait exprimer plus tard. — Dans sa note au vers 945, où il
est encore question de l'Aigialos, le Scoliaste dit expressément que cette
côte s'étend au delà du Carambis : c Après que le navigateur a doublé
le cap Carambis, l'Aigialos s'étend sur une longueur de neuf cents
stades jusqu'à Sinope.» Meineke {Vind. Strab., p. 214) a conjecturé
mille stades au lieu de neuf cents. — On a déjà vu (note au vers 176 du
Chant I*') que Merkel a aussi corrigé dans son edit. maior en AlytaXoTo
le mot atyiaXolo du vers 178 du Chant I*'.
V. 366. En un lieu où la grève fait saillie, — Le texte porte àxTîj
lia icpopXviTi; Wellauer veut écrire ^xpr^: il Nam i'ià nsfpaotv àtytaXoTÔ
in fine littoris non est littus, sed prômontorium; praeterea supra
etiam v. 354 non erat k%xr\ sed axpTj icpo^Xtic; postremo conferatur
Dionys, Perieg. v. 784, qui ex nostro loco pro/ecit, et Orph, Arg.
v, y 33, » D'abord, il faut remarquer qu'au vers 354 i^ ^'y > P^' d2iTiS
les mss. âxpv), qui est une correction de Pierson, mais bien àxtiq; ensuite
atYtaX6< et âxn^ ne sont pas^ comme Wellauer le croit, deux synonymes
du latin littus : aiytaX^c est une plage, âxTr) une grève, où les flots se
brisent (de àrvuiAi). Quand même on n'admettrait pas qu'AtyiaXâc soit
ici un nom propre, on comprend sans peine qu'à une plage succède
une grève qui fait saillie. L'Halys, aujourd'hui le Kiiil-Irmak, se jette
dans la Mer Noire à un endroit où la côte foit saillie, mais où il n'y a
aucun cap. Enfin, les passages de Denys le Périégète et du Pseudo-
Orphée, invoqués par Wellauer, n'ont aucune importance, puisque ces
deux poètes disent que llialys se jette dans la mer auprès du cap Caram-
bis, lequel est séparé par tout l'Aigialos de l'embouchure du fleuve.
Les eaux du fleuve Halys, — C'est un fleuve de Paphlagonie bien
connu. Strabon, qui en parle souvent, dit que son nom vient des
nombreuses salines (âXcc) auprès desquelles il passe (468, 17).
V. 367. L'Iris. — Ce fleuve, souvent cité par Strabon, ne manque
pas d'importance, quoique inférieur au fleuve Halys.
i5
374 NOTES
V. 370-371. Vembouchure du Thermodon,,. le cap Thémiscyréios,
-* Strabon dit que le Thermodon parcourt la plaine de Thémiscjrm
(469, 8); d'après lui, à Tembouchure du Thermodon, la côte basse et
plate se compose de terrains d*alluvions. — Je ne trouve aucune mention
du cap Thémiscyréios ni dans Strabon, ni dans les autres géographes
grecs. C. M aller, dans ses notes au Périple. d*Arrien (Geogr. Graec.
Min,, Dtdot, vol. I, p. 389), suppose que ce cap est le même que le cap
des Amazones, mentionné par Apollonios, au vers 965 du même
Chant. Le cap Thémiscyréios ou des Amazones ne serait autre que le
cap Héracléios cité par Strabon (469, 5a) : « Haec duorum promonto-
riorum distinctio nonnisi eo niti videtur, quod alio nominepoeta, alto
geographi eumdem loatm appellant. »
V. 373. La plaine de Doias. — Strabon n'en parle pas. Stéphane de
Byzance dit, au mot Aofavroc iccifov : « Cest une plaine de Phrygie; on
dit qu*Acmon et Doias étaient frères. Ils ont donné leurs noms à la
forêt Ooiantienne et à la forêt Acmonienne.» Voir la note au vers 993.
« Acmon et Doias [qui ne sont pas cités dans la bibliothèque d'ApoIlo-
dore] étaient deux frères. Aucune tradition, dit Phérécyde, n'enseigne
quel était leur père. Non loin de la plaine de Doias, sont les trois villes
des Amazones, Lycastia, Thémiscyra et Chadésia. Les Chalybes sont
un peuple Scythe, voisin du Thermodon, nommé de Chalybs fils
d'Ares. 1 (Scol.) Pour les Amazones, voir la note au vers 995; pour les
Chalybes, voir la note au vers 100 1.
V. 377. Les Tibaréniens, — C'était, dit le Scoliaste, un peuple
Scythe voisin des Chalybes; Strabon cite souvent les Tibaréniens.
Voir la note au vers 10 10.
V. 378. Le cap Génétaios de Zeus Euxène. — C'est, dit le Scoliaste,
un cap ainsi nommé du fleuve Génétès; il s'y trouve un temple de
Zeus protecteur des étrangers. Voir Strabon (469, 53).
V. 379. Les Mossynoiciens, — Voir la note au vers 10 16.
[V. 383-383.] Des demeures de bois.,, — Ces deux vers, que Merkel
place entre crochets et ne fait pas entrer en ligne de compte, se
trouvent dans le texte des mss. et de toutes les éditions antérieures
à celle de Brunck, qui les a rejetés comme interpolés. Depuis Brunck,
certaines éditions les ont conservés, entre crochets, d'autres (celles de
Wellauer, Tauchnitz, Didot, etc.) les ont absolument rejetés. Dans
redit, minor de Merkel, ils font partie intégrante du texte. Le second
de ces vers se retrouve, dans certains mss. et dans les éditions, à la
suite du vers 1016.
V. 382. Une île au sol nu. — C'est l'île Arétias. Il n'en est pas
question dans Strabon. Scylax {PeripL, | 86) la nomme *Apt(i>c vTjaoc.
Cf. Pomponius Mêla, II, 7; Pline, N, H,, VI, 32 : c Chdlceritis^ quant
Graeci Ariam dixerunt, Marti sacrant. » Au dire du Scoliaste, dans le
Phrixos d'Euripide (voir p. 819 de V Euripide grec-latin, Didot), il
était parlé de cette ile habitée par des oiseaux qui se servaient de leurs
plumes comme de flèches. Contrairement à la tradition commune,
d'après laquelle Héraclès aurait tué les oiseaux du lac Stymphale, ce
seraient ces mêmes oiseaux qui auraient fui devant le héros jusqu*à
cette île du Pont. Voir la note au vers io52.
NOTES 275
V. 387. Otréré et Antiopé. ~ Le Scoliaste constate qu'on ne sait pas
dans le cours de quelle expédition elles ont élevé ce temple.
V. 388. Un secours souhaite'. — La rencontre avec les fils de Phrixos
et de Chalciopé. Voir le vers 1093.
V. 393-396. Les Philyres,.., Us Macrones.,,, les Bécheires,,., les
Sapeires..,, les By^ères,., — Les Phi lyres sont ainsi nommés de
Philyra, mère de Chiron. Voir la note au vers i23i. — Les MacrAnes
sont un peuple du Pont. que le Scoliaste (Ch. I*% v. 1024) assimile aux
Macriens venus d*Eubée; les Sanniens qui habitent au delà de Trapé-
zonte se nommaient autrefois Macrônes» dit Strabon (470, 8); maïs
il ne dit pas qu'ils soient venus de TEubée; Strabon ne mentionne pas
les Bécheires; il dit que les Byzères étaient des barbares, habitant la
contrée montagneuse qui est au-dessus de Trapézonte (470, 39). Le
Scoliaste dit que les Sapeires devaient leur nom à l'abondance des
saphirs qui se trouvaient dans leur pays. Voir la note au vers 1242.
V. 397. Vous continuerez de naviguer,.. — « Car après la Scythie la
mer finit; le marais Méotide lui succède, après lequel est TOcéan
Arctique. » (Scol.)
V. 399. Cytais, •— « La Colchide est ainsi nommée de la ville Cytaia. »
(Scol.) — Les Amarantes, — t Amarantos est une ville du Pont.
Quelques-uns croient que c'est le nom des montagnes de Colchide
d'où le Phase descend. Ce qu'ignorait Hégestrate d*Éphèse, qui a
prétendu qu'on appelait Amarantiennes les prairies du Phase, parce
qu'elles étaient florissantes et ne se flétrissaient pas [à|i,apavToc, qui ne
se flétrit pas], Ctésias dit, dans son livre II, que les Amarantes sont
des montagnes de Colchide. Le Phase, d'après Ératosthène, descend
des monts d'Arménie et se jette dans la mer, après avoir traversé
le pays des Colchiens... Timée dit qu'une plaine de Colchide se
nomme Circaienne; ce nom vient de Circé, sœur d'Aiétès. » (Scol.)
Denys le Périégète dit aussi (v. 692-694) que le Phase, après avoir
pris sa source dans les monts d'Arménie, traverse la plaine Circaienne
pour se jeter, écumant, dans le Pont-Euxin. Cf. Avienus (v. 876) :
... Phatis... Circaeaqae lapsus io arva
Inddit Euxinam.
Prîsciea (v. 673) :
... Phasidot undae
Circaeosqae sécant caropos.
— Voir la note au vers 1220 du Chant III sur le Phase Amarantien.
V. 404. Le sombre bois sacré d'A rés. — « Hellanicos dit que la Toison
était dans le temple de Zeus. Beaucoup d'auteurs font mention d'une
plaine, dite plaine d'Ares, qui se trouvait en Colchide, et d'une
enceinte consacrée à Ares qui était dans cette plaine. » (Scol.)
V. 414. Après y avoir échappé. — Dûbner : « Peius : hos scopulos in
reditu superantes. Potius: in expeditione fecienda; nam hoc et haec
verba et Phinei responsio liquido dont, »
V. 417. Aia, ville de Colchide... — Aia est citée par Strabon (38, 12).
V. 421. Une autre route,.. ~ Dûbner : « Alium, id est diversum, ut
vere accidit, Sed melius videtur : secundus cursus, id est simpliciter
276 NOTES
reditus. i J*aime mieux une autre, sens du Scoliaste, qui s'accorde avec
le vers 414.
V. 424. Succès glorieux. — Dûbner : t In hoc verho sententiae pon-
dus est. »
V. 434. L'antre du mont Dicté» — Voir la note au vers 509 du
Chant I*'.
V. 447. iltt comble du bonheur (arWiptfiv). — Dûbner: tcyrsfia,
honores sepulcri. 1 Cette interprétation de Dobner me semble inad-
missible: Phinée s'inquiète non pas d'avoir de belles funérailles,
mais de jouir, après une vie si pénible, du repos de la mort, qui
comblera s^ vœux. Hoelzlin explique avec raison : t Anima corporis
egressa ergastulo, etiam sine usu oculorum, omnigena circumjundetur
voluptate.iÈ Mais il traduit d'une manière assex vague: ^Defunctus,
omnis Jlam nitoris compos. » Shaw traduit, avec plus de précision :
c Mortuus, omnium particeps ero bonorum, > Il est difficile de compren-
dre ce que Beck et Lehrs veulent dire exactement : € Mortuus, omnibus
fruar omamentis, »
V. 45o. Érigène, — Érigène, celle qui naît le matin, est un surnom
d'Èos (l'Aurore). Apollontos emploie la forme 'HptycviQC (cf. Ch. III,
V. 834), et Homère la forme 'Hpir^vcta. Voir Decharme, Mjrthol.,
p« 243.
V. 456. Paraibios. — « Apollonios dit que c'est un ami dé Phinée,
d'autres, un esclave fidèle. » (Scol.) Je ne sais à quels autres auteurs le
Scoliaste fait allusion, car on ne trouve nulle part aucun renseigne-
ment sur ce Paraibios.
V. 460. La terre Thjmiade. — Allusion évidente au pajrs où demeure
Phinée. Il est certain que ce n'est pas l'île Thynias, île du Pont-Euxin,
où les Argonautes, comme le leur prédit Phinée (v. 35o), aborderont
(v. 673-719). Par une singulière inadvertance, l'auteur de VIndex
de l'Âpollonios-Didot a cru qu'au vers 35o il était question de la
demeure de Phinée, et il dit : Thynias, insula littoribus Bithyniae
adjacens, ubi Phineus habitabat (II, 35o); et plus loin : 7%^ia5...
insula, ubi Apollo Argonautis primo mane apparuit,,, (II, 673-719). —
Ce n'est pas davantage — on l'a déjà dit à la note au vers 178 — cette
Ovvtotc àxTQ que Strabon mentionne comme voisine de la ville d'Apol-
lonie et de la côte de Salmydesse (464, 17). Il s'agit ici de la terre de
ces Thyniens, colonie des Thyniens d'Europe, qui ont passé en Asie
et peuplé la Bithynie. (Strab., 464, 14; 245, 35.)
V. 461. Arrêteraient, par Vordre de Zeus.., — Dûbner: •Omnino
iungendum AiiOsv cum sequenti verbo ox^oouaiv. »
V. 467. Adressa.,, ces paroles.., — Dûbner fiait remarquer la loqua-
cité du vieillard.
V. 474. Reprendre haleine... — Dûbner : t Omnino non sumendum
metaphorice; est respiratio in labore. ».
V. 477. D*une nymphe Hamadryade. — Après avoir cité Mnésima-
que, qui dit que les Hamadryades naissent et meurent avec les chênes,
le Scoliaste emprunte à Charon de Lampsaque une histoire d'Hama-
dryade qui fait le pendant de celle qui est racontée par Apollonios :
Rhoicos, ayant vu un châne qui manquait d'être renversé à terre,
NOTES 277
ordonna à ses enfiints de Tétayer. La nymphe, qui devait mourir en
même temps que le chêne, apparut à Rhoicos, lui dit combien elle lui
était reconnaissante de l'avoir sauvée et lui permit de demander ce
qu'il souhaitait. Il osa lui demander d*avoir commerce avec elle et
elle promit de le lui accorder : mais qu'il se gardfit de fréquenter une
autre femme ; d'ailleurs, une abeille serait leur messagère. Un jour,
pendant qu'il jouait, l'abeille vint voler auprès de lui. II prononça
alors des paroles amères qui mirent la nymphe en courroux au point
qu'elle le priva de l'usage de ses membres. Voir, surïesHamadtyades,
Decharme, Mythol., p. 355.
V. 5oo. Çyrène.— Le Scoliaste cite les traditions ayant rapport à
Cyrène, fille du fleuve Pénée ou d'Hypseus, fils lui-même du Pénée;
enlevée en Libye par Apollon, qui s*unit à elle dans le lieu où fut
fondée la ville de Cyrène, elle enfanta Aristée. Voir Pindare, IX^Pythi-
que. Il est assez curieux qu'ÂpoUodore, du moins dans ce qui nous
reste de sa Bibliothèque, ne parie pas de Cyrène (il cite une Cyréné,
qui donna à Ares Diomède, roi de Thrace), et se borne à dire d'Aristée,
dont il est question un peu partout (Diodore de Sicile, IV, 82; Pausa-
nias, X, 17, 3, etc.)» qu'il fut père d'Actéon (III, 4, 2). — «Phérécyde
et Ariaithos racontent que c'est sur un char traîné par des cygnes
qu'Apollon fit enlever et conduire Cyrène à la ville qui devait porter
son nom. Agroitas, dans le livre I*' de ses Libyques, dit qu'Apollon
l'amena d'abord en Crète et, de là, en Libye... Mnaséas dit que c'est de
son propre mouvement, et non pas enlevée par Apollon, qu'elle alla
en Libye. Acésandros, dans son histoire de Cyrène, raconte qu'au
moment où Cyrène fut amenée en Libye par Apollon, Eurypylos, roi
du pays où devait s'élever la ville de Cyrène, avait promis la royauté
en récompense à celui qui tuerait un lion par lequel le pays était
dévasté : c'est Cyrène qui le tua; elle eut pour fils Autouchos et Aristée.
Phylarque dit qu'elle arriva en Libye avec plusieurs compagnons, et
que, ceux-ci ayant été envoyés à la poursuite du lion, elle se joignit
à eux. [Pindare raconte tout autrement cette lutte légendaire de Cyrène
contre le lion.] Certains auteurs, Bacchylide entre autres, comptent
quatre héros du nom d'Aristée : l'un, fils de Carystos, un autre fils de
Chiron, un troisième fils de Gaia et d'Ouranos, et enfin le fils de Cyrène. »
(Scol.) Voir, pour la légende d'Aristée, Decharme, MythoL, p. 491-492.
V. 504. LHaimonie. — t C'est la Thessalie, ainsi nommée d'Haimon,
fils d'Ares. » (Scol.) Voir Strabon (38i, i3). Haimon fut père de Thes-
salos. Voir la note au vers 1090 du Chant III.
V. 5o3. Le Myrtose. — Strabon ne parle pas de cette montagne, qui
est, dit le Scoliaste, voisine de Cyrène. Callimaque cite le Myrtose
{Hymne à Apollon, v. 91).
V. 507. Agreus et Nomios. — « Parce que c'est dans un champ [èv àypû]
qu'Apollon s'unit à sa mère qui était bergère [ve|Aouav)]. D'autres disent
que ces noms lui viennent de ce qu'il enseigna aux bergers à cultiver
les champs. » (Scol.) 'AYpe\Sc signifie le chasseur, plutôt que le dieu des
champs, et N6{iioc, le protecteur des troupeaux.
V. 509. Chasseresse. — Le Scoliaste justifie ce surnom par l'histoire
de la chasse au lion, rapportée dans la note au v. 5oo.
a?^ NOTES
V. 5 10. Chirùn. — Voir la oote au vers 554 ^^ Chant I*'.
V. 5i I. Pour ie marrer. -* Cest Autonoé, fille de Cadmos, que les
Muses firent épouser à Aristée (Apollodore, III, 4, 2).
V. 514. La plaine Athamantienne. ^ « Cette plaine, située près d'Ha-
los, fut ainsi nommée d*Athamas, qui habita Halos, ayant quitté son
royaume par suite de folie. » (Scol.) Il s*agit d'Athamas, fils d*Aiolos,
frère de Crétheus, oncle de Pélias et père de Phrixos et d^Hellé. (Voir
la note au vers 3 du Chant I«r.) Victime d*Héra, acharnée contre lui
et sa seconde femme Ino, fille de Cadmos et sœur de Sémélé. dont elle
avait recueilli le fils Dionysos, Athamas devint fou et tua, dans son
égarement, Léarchos, un des fils qu'il avait eus d*Ino. Il quitta son
royaume de Béotie et alla fonder la ville d'Halos (Strabon, 371, 47)
en Phthie. (Cf. Pausanias, IX, 24).
V. 5i5. VOthrys. — C'est un mont de Thessalie (Strabon, 371,42;
374, 4); pour le fleuve Apidanos, voir la note au vers 36 du Chant I^^.-
V. 5i6. Les lies Minoldes, — € Il désigne ainsi les Cydades que
Minos de Crète gouvernait, comme maître de la mer et des Ues. »
(Scol.) Ceue OaXartoxpaTfa, que le Scoliaste attribue à Minos, est
confirmée par le témoignage de Strabon (40, 32).
V. 517. Seirios. — C'est le chien du chasseur Orion, la plus brillante
des étoiles fixes, qui fait son apparition dans le crépuscule du matin,
au plus fort de Tété, alors que les chiens deviennent enragés : Seirios
symbolise tous les effets funestes de la Canicule. Voir Decharme,
Mythol., p. 25o. Le Scoliaste veut que Seirios soit une altération du
mot Ze{pioc venant de C^tric (ébullition) : mais Seirios appartient évidem-
ment à la même racine que oiXoCt IsXiqvi).
V. 520. Céos, — L'île de Céos est une des Cyclades. Sur les monnaies
de Céos on voyait, en mémoire du fait rapporté par ApoUonios, la tête
d'Aristée et l'image de Seirios, sous la forme d'un chien couronné de
rayons. Voir Decharme, MythoL, p. 25i.
V. 521. Parrhasiens,.. de la race de Lycaon. — «Les Parrhasiens
sont un peuple d'Arcadie, ainsi nommés de la ville de Parrhasios. »
(Scol.) Strabon, qui place ce peuple (333, 21) au sud de TArcadie, ne
cite pas la ville de Parrhasios. Lycaon, fils de Pélasgos et de Méliboia
ou de Cyllène (Apollodore, III, 8, i), premier roi des Arcadiens, fut
métamorphosé en loup (Pausanias, VIII, 2). » V Iliade (II, v. 608)
mentionne la ville de Parrhasia. (Cf. Pline, N, H., IV, 20.)
V. 522. Zeus qui répand la pluie, — Zea% pluvieux ('Ix(&dteC) d'cit(iâct
pluie) avait en efiet un temple à Céos, dit le Scoliaste. Dieu de tous les
phénomènes atmosphériques, 21eus est honoré en beaucoup d'endroits
comme dieu de la pluie, avec des surnoms analogues à celui-ci. Voir
Decharme, Afythol., p. 18, et Preller, Griech, AîythoL, erster Band,
dritte Auflage, p. 114 et 374.
V. 526. Pendant quarante Jours, — « Les vents Étésiens soufflent
pendant quarante jours, disent les uns, pendant cinquante, disent les
autres, par exemple Timosthène. Ils commencent quand le soleil est
à la fin du Cancer; ils soufflent pendant tout le Lion et cessent aux
deux tiers de la Vierge. » (Scol.) — Les prêtres,.. — Voir Diodore de
Sicile, IV, 82.
NOTES 379
V. 528. Retenus par les vents. — Le Scoliaste fait observer que,
venant du nord, les vents Étésiens sont, en effet, contraires aux navires
qui veulent entrer dans le Pont.
V. 532. Au delà de la demeure de Phinée (icépyrv). ^> « Le poète veut
dire qu'ils traversèrent le détroit pour aller construire cet autel aux
douze dieux en face d'eux (icipav), sur la côte d*Asie. Il est donc évident
qu'ils étaient alors en Europe. Il y a encore maintenant sur la côte
d'Asie, en face de l'Europe, un lieu consacré ainsi nommé. Timosthène
dit que les fils de Phrixos élevèrent douze autels aux douze dieux, et
que les Argonautes n'en élevèrent qu'un à Poséidon. Hérodore dit que
l'on sacrifia sur l'autel où Argos, fils de Phrixos, avait sacrifié à son
retour. » (Scol.) Le sens attribué par le Scoliaste au mot icipt}v me
semble inadmissible. Brunck rejette le mot icipyjv, qu'il remplace par
Kdpoc, ou par icéXac, et il explique : c In litoris extrema ora ad mare, »
Bûttroann {Lexilog., II, p. 3i), cité par Wellauer, conserve iciptjv, en
lui attribuant le sens de ex adverso: €Monet„. aram enim illam
duodecim Deorum in littore Asiatico exstructam fuisse, ubi nomine
*ltp6v a multis scriptoribus commemoratur, » Pourquoi, étant en Europe
avec Phinée, les Argonautes iraient-ils construire leur autel sur le
continent opposé ? Comme icipijv signifie au delà, je crois qu'on peut
comprendre ce vers, à peu près comme Brunck: ils élèvent l'autel
au delà de la demeure de Phinée, plus près de la mer, d'où il pourra
être aperçu par les navigateurs.
V. 536. Les doubles amarres {iinkia ictiayLùLxa). — Le poète ne dit
pas que les amarres soient au nombre de deux; il indique qu'elles
sont doublées. Les Argonautes ont amarré en faisant, pour obtenir
plus de solidité, ce que l'on appelle aujourd'hui un tour-^mort, « Un
Tour mort est le Tour que l'on fait avec un cordage sur un autre
cordage, ou sur un objet quelconque, avant de faire un nœud, et pour
qu'il y ait plus de frottement exercé, et, par suite, plus de solidité dans
le nœud. » (Dictionnaire de Bonnefoux et Paris,)
V. 541. Tel un homme,., —' Le Scoliaste remarque que c'est une
comparaison homérique (lliad., XV, v. 80). Mais cette mélancolie, qui
ne se trouve guère dans VJliade et qui est si profonde ici, ne serait-
elle pas une impression du temps où Apollonios était loin d'Alexandrie?
V. 543. Toutes les villes. — Au lieu de xiXeuOoi (routes), leçon des
mss., qui semble amenée par le mot xiXtvOoc du vers 544, avec lequel
xiXeuOoi fait double emploi, Merkel admet le mot ic&Xv)cc (villes), que le
Scoliaste, d'ailleurs, d'après son commentaire, paraît avoir lu dans son
texte.
V. 559. Les derniers. ~ Puisque, dit le Scoliaste, le destin avait
arrêté que ces roches deviendraient stables, une fois qu'un navire les
aurait traversées.
V. 562. La colombe. ~ c Asclépiade aussi dit, dans le livre II de ses
Histoires tragiques, que les Argonautes firent l'épreuve des Symplé-
gades au moyen d'une colombe. » (Scol.) — Voir la note au vers 328.
V, 575. Par lui'méme (avrn). — Les mss. ont cv!niç, Koechly, se fon-
dant sur la leçon du vers 1268 du Chant IV, avtv) icXv)|i|ivp(c, écrit de
même ici bvtv) icXiUA|i.vp(c. Merkel adopte cette correction, et change au
38o , NOTES
vert S74 «50ic, leçon des mss., en o^kic. H estime avec raisoi» que ce
rapprochement des deux mots oi^tK et a^iCi placés à la fin de deux
vers qui se suivent immédiatement, est dû à quelque grammairien qui
aura voulu donner un exemple frappant de la différence de leur sens,
différence que l'usage d'Apollonios ne semble pas confirmer dans les
Argotîautiques.
V. 391. La violence des Jlots le faisait reculer, "-^ Je traduis suivant
l'interprétation de Wellauer qui se fonde sur le Scoliaste : « QuantËtm
quovis remorum impulsu provehebatur Argo, bis tantum rétro veke-
batur, fluctuum vi refecta. 1 L'explication erronée de Beck c quantum
vero cedebat navis remigibus, bis tantum aequor resiluitiê est repro-
duite par Lehrs.
V. 601. Les ornements du haut de la poupe (àfXa<rtoto «xpa «6pv{iPa).
— Il a déjà été question de rôcflavrov (note au vers 1089 du Chant i*^).
L'expression £xpa «^(&pa se trouve dans V Iliade {JX, v. 241). «C'est,
dit M. Cartauit {ouvr, cité, p. 83), une expression poétique qui s'ap-
plique aux uns aussi bien qu'aux autres [aux a^iaaxa comme aux
àxpooTiXta]. » Le vers qui fait Tobjet de cette note contredit l'affirmation
suivante de M. Vars : a L'étambot ne se terminait pas en arête brusque,
mais se recourbait en volutes élégantes, et représentait tantôt une
aigrette, tantôt un corymbe. Cette partie se nommait xb açXavrov,
poétiquement xk £xpa x6pu)ipa. 1 {Ouvr. cité, p. 55.) D'abord, les axpa
«6pv|&pa ne sont pas un synonyme poétique de l'âtfXaorov, puisque
nous avons ici les axpat %6çiu\Lpai de l'é^fXaaTOv et, ensuite, les axpa
xipuiA^a se trouvent aussi bien à la proue qu'à la poupe.
V. 602. Par le choc obstiné (va>XE|i.lc, d'une manière continue). —
Ce mot qui se retrouve au vers 6o5 (d*une manière stable) semble à
Dûbner hors de propos au vers 602 : le critique préférerait quelque
mot ayant le sens de celeriter. Au vers 60 5, Bninck, pour éviter la
répétition du terme, propose ê|A)uvic qui a le même sens, et que
Dûbner désapprouve; Merkel pense qu'ÂpoUonios a pu écrire vw^eXéct
qui signifie d'une manière lente et lourde.
V. 606. Les aurait vus (tfic&v). ^ Dûbner trouve que le mot est ici
déplacé, et qu'il faudrait peut-être icov. Wackefield avait, dit Wellauer,
déjà fait cette conjecture qui est d'ailleurs la leçon d'un des mss. du
Vatican. Wellauer repousse la leçon le&v, disant que l5«i&v signifie ici
avivens, ut saepe»; il est plus simple d'expliquer, comme Hoelzlin,
<c interius videns ».
V. 611. Grâce au navire (aùxîj srf)* — Le Scoliaste propose deux
sens: que nous sommes sauvés avec le navire (en sous- entendant
9\jv, ce qui arrive souvent devant le datif d'auT^c)* ou grâce au navire
même : la fin du discours de Tiphys montre bien que tel est le sens.
V. 614. Avec des chevilles, — Voir la note au vers 79.
V. 63 1 . Nuit gémissante, — Le Scoliaste rapproche ces vers de
V Odyssée (XXII, v. 195).
V. 637. Vous ramener, — Merkel adopte, dans son edit. maior, {^{ipie,
leçon du Guelf. et conjecture de Brunck, au lieu de la leçon vulgaire
â|A[i.e, qu'il avait lui-môme dans son edit. minor. Wellauer défend a|i(is :
« Sensus est : Sollicitus sum, an salvi redituri simus, verum non mea
NOTES 28ï
sed vestra causa. » Cette nuance semble bien subtile. Oûbner dit, de
son côté : c Rectius in editionibus veteribus &\^\^y quia ipse cum illis
domum reverti vult. » Mais Jason vient de dire quMl ne pense pas i
lui : il se préoccupe uniquement du retour de ses compagnons et non
du sien propre. La leçon C|i|xi semble donc la meilleure.
V. 65o. Le Rhébas... le rocher de Coloné,.. le cap Mêlas, -r Voir
la note au vers 349. — Coloné est une hauteur près du fleuve Lycos.
Nymphis d'Héraclée, dit le Scoliaste, en fait mention dans son livre
sur Héraclée. Strabon n'en parle pas.
V. 653. Les bouches du fleuve Phyllis. — « Le Phyllis est un fleuve
de Bithynie. » (Scol.) Strabon ne parle pas de ce fleuve; mais il dit
(463, 19) qu'au nombre des fleuves de Bithynie qui coulent entre
Chalcédon et Héraclée il s*en trouve un nommé le Psillis. Se fondant
sur ce passage de Strabon et sur une phrase du livre VI de Pline où
il est question du Psillis, Brunck voudrait écrire YtXXnj^Sac au lieu de
<^uXXT}(èac : mais Wellauer fait remarquer que Stéphane de Byzance
indique nettement, aux mots 4>uXXfc et YiXiov, l'existence en Bithynie
de deux fleuves bien distincts, le Phyllis et le Psillis. D'ailleurs,
Pline ne parle ni de l'un ni de l'autre de ces fleuves puisque la vraie
leçon du passage sur lequel Brunck s'appuyait est Sjrris (N. H,, VI, 4).
V. 633. Dipsacos. — Ce héros était flls du fleuve Phyllis et d'une
nymphe du pays dont le Scoliaste ne dit rien de plus qu'ApoUonios
et dont Apoliodore ne parle pas. Le Scoliaste ajoute que Phrixos flt
chez Dipsacos un sacrifice à Zeus Laphystios. La légende de Phrixos
est intimement liée au culte de Zeus Laphystios, le dieu glouton
(Xafvaacd, dévorer)^ ou le dieu du mont Laphystion en Béotie (Pausa-
nias, IX, 34, 3), qui était spécialement adoré à Orchomène (Pausanias, I,
34, 3). C'est à 2^us Laphystios qu'Athamas voulait sacrifier Phrixos.
Voir Preller, Griech. MythoL, zweiter Band, dritte Auflage, Athamas
und die Athamantiden, p. 3 10 et suiv.
V. 639. Le Calpé. — Ce fleuve, dont le Scoliaste ne dit rien, est
probablement le Calpas, fleuve de Bithynie, que Strabon (463, 20)
cite immédiatement après le Psillis. C'est à l'embouchure de ce fleuve
que se trouve le port Calpé, cité par Pline {Calpas portus, N, H,, VI, 4),
par Xénophon (KaXirT)c X(|ai^v, Anabase, VI, 11, i3, etc.), par Arrien
{Peripl, % 17 et 18), etc.
V. 662. Tels fendant le soL., — c I ji nage était extrêmement fati-
gante... Apollonius compare ses héros à des bœufs couverts de sueur
qui tracent péniblement leur sillon. 1 (Cartault, ouvr, cité, p. 122.)
V. 673. L'ile Thynias. — Voir la note au vers 349. Le Scoliaste
ajoute ici, à propos de cette île, que, d'après Nymphis d'Héraclée, elle
a sept stades de périmètre; et que Callisthène dit, dans son Périple, que
les Hellènes appelaient lïle et le pays Thynias, et les barbares Bithynie.
V. 673. Des hommes Hyperboréens. — Pour ce qui concerne Apollon
Hyperboréen, voir Decharme, Mythol., p. 107-109. Le Scoliaste donne
des renseignements sur le peuple mythique des Hyperboréens : 0 Héro-
dote [IV, 36] dit qu'il n'y a pas réellement d'Hyperboréens, puisque,
s'il y a des peuples au delà de Borée, il doit y en avoir au delà de Notos.
[Sur cette opinion d'Hérodote, voir Strabon, 3i, 33.] Poseidonios dit
36
a8a NOTES
qu'ils existent et habitent aux environs des Alpes d*Italie. Mnaséas dit
que les Hyperboréens se nomment maintenant Delphiens. Hécatée dit
que, iu8qu*à son temps, il existait un peuple Hyperboréen. Il a composé
un livre avec ce titre : Des Hyperboréens. Il y avait trois races d Hyper-
boréens : les Épizéphyriens, les Épicnémidiens et les Ozoles. b Quand
il dit que les Hyperboréens se nomment maintenant les Delphiens,
Mnaséas fiiit sans doute allusion aux traditions sur les Hyperboréens
qui avaient cours à Delphes : Apollon serait venu du pajrs des Hyper-
boréens à Delphes, et, nouveaux serviteurs du dieu, les Delphiens
auraient remplacé les Hyperboréens dans Toffice de OcpâicovTtc 'Air&»t*-
voc- Les Delphiens seraient donc, au temps de Mnaséas, les successeurs
des Hyperboréens. Diodore de Sicile (II, 47) résume les traditions
d'Hécatée sur les Hyperboréens. — Quant à cette division des Hyper-
boréens en Épizéphyriens, Épicnémidiens et Ozoles, division qui n*est
mentionnée, à notre connaissance, nulle part ailleurs que dans cette
scolie, elle semble le résultat d'une confusion entre les Hyperboréens
et les Locriens dont les diverses tribus entourent la Phocide où se
trouve Delphes. On sait, en e£fet, que les Locriens se divisent en Épi-
cnémidiens, Épizéphyriens, Opuntiens et Ozoles (Strabon, 357, 25 et
suiv.; 21 5, 32 et suiv.).
V. 686. Apollon Matinal, — c II y a dans l'île Thynias un temple
d'Apollon. Hérodore dit que, s'il est nommé Apollon Matinal, et si un
autel lui a été élevé dans l'fle, ce n'est pas parce que le dieu leur est
apparu au point du jour, mais parce que les Argonautes ont débarqué
au point du jour.i (Scol.) Sur 'AiciXXwv *£a&toc, voir Preller, Griech,
Mythol,, erster Band, dritte Auflage, p. 199.
V. 699. Leurs cuisses dans une double enveloppe de graisse.^' Je
traduis comme Beck : « Duplicata (duplici omento involuta) femora. »
Dûbner explique cette expression par l'expression homérique HvorfoL
icotTJaavTtc {lliad., I, v. 461), qui signifie la double couche de graisse
dont on enveloppe les cuisses des victimes.
V. 704. Bistonie. — Voir la note au vers 34 du Chant I*'.
V. 706. Delphyni. — C'est, dit le Scoliaste, d'après Maiandrios et
Callimaque, le nom du dragon femelle qui gardait l'oracle de Delphes.
Apollodore donne le nom de Delphyné à un monstre moitié serpent,
moitié femme, qui garda Zeus enchaîné par Typhon (I, 6, 3). On sait
que, d'après la tradition ordinaire, le monstre vaincu par Apollon
est le serpent Python. Voir Decharme, MythoL, p. io3-io5. Preller
(Griech, MythoL, erster Band, dritte Auflage, p. 194) s'appuie juste-
ment sur ce vers d'ApoHonios et sur les scolies qui l'accompagnent
pour conjecturer que c'est une tradition alexandrine qui a remplacé,
dans la légende d'Apollon vainqueur du serpent, le monstre Python
par le dragon femelle Delphyné.
V. 707. Et combattait nu. — Le Scoliaste explique par c qui n'a pas
atteint la puberté d, et Dûbner par c impubes, sine lanugine i, inter-
prétations du mot yyiyyiç qui semblent peu exactes. D'ailleurs, Apollon,
plus Agé, n'est pas représenté barbu. Schneider proposait tuw6<, enfant.
Hoelzlin traduit y^j|iv6c par inermis ou « imberbis, seu investis, aut magis
impubes ». Brunck adopte ce dernier sens.
NOTES a83
V. 710. La Coiogène Létâ. — Létô est fille de Coios et de Phoibé.
Coios était un Titan, et Phoibé, une Titanide, fille d'Ouraaos et de
Gaia, comme Coios (Hésiode, Théog,, v. i34et suiv., v. 404 et suiv.;
Apollodore, I, 2, 4). Dûbner trouve ce détail trop familier : « Gaudet
Latona crines eius permulcens : epico poeta indignumt*
V. 71 1. Les Nymphes Coryciennes, filles de Pleistos, — Le ScoUaste
dit que, dans le Parnasse, il y avait un antre nommé Corycien de la
nymphe Corycia, qui eut d'Apollon un fils nommé Lycoreus (voir la
note au vers 3 1), de qui Delphes se nomma Lycoréia. Le fleuve Pleistos
est un fleuve du pays; quant au Parnasse, diaprés Hellanicos, il dut
son nom à Parnassos, héros indigète. Andron dit que cette montagne
s'appela d'abord Lamassos parce que le vaisseau (XdtpvaO de Deucalion
y aborda, et ensuite Parnassos, par suite de l'altération de la première
lettre. Les nymphes Coryciennes encourageaient le dieu alors qu'il
lançait ses flèches au dragon ; elles lui criaient : c Lance, lance (rq, iij) tes
traits!» d'où le surnom d"iT)fcaiin«*^- ** ^^rabon (358, i3) dit que l'on
connaît bien ce bel antre Corycien des Nymphes situé dans le Parnasse ;
le Pleistos est un fleuve de Phocide (339, > ^)- Lycoréia est une ville
située au-dessus de Delphes; ses habitants l'abandonnèrent pour
s'établir à Delphes même (339, 11). D'après Macrobe (Sat,, I, 17),
Apollodore aurait donné une autre étymologie du surnom d'Apollon :
t Apollodorus in libro quartodecimo IItp% dtuv, i:qiov Solem scribit ita
appellari Apollinem àicb toO xatà tov x69|fcov UoOai xai Uvai, quod solper
orbem impetu fertur, » La différence d'aspiration entre UoOai, Uvat et
lv)tov semble s'opposer à cette étymologie comme aussi à celle du ScoUaste
((Y) et iTinaiTicdy). Le surnom d'Apollon vient plutôt de l'interjection ^
(de la, cri),
V. 722. Sangarios, — c Le Sangarios est un fleuve de Phrygie, nommé
Sangaros, au dire d'Asclépiade de Myrléa. Hermogène, dans son livre
sur la Phrygie, dit qu'un certain Sangas, ayant été impie envers Rhéa,'
fut changé en ce fleuve qui, de lui, se nomma Sangarios. Dans les
environs, dit Xanthos, il y a un temple de Déméter, déesse des mon-
tagnes. » (Scol.) Strabon parle souvent du Sangarios, fleuve de Bithynie
(cf. 482, 14; 465, 21, etc.). Apollodore dit que, suivant, certaines
traditions, Hécube, que l'on donne ordinairement pour la fille de
Dymas ou de Cissée, était la fille du fleuve Sangarios (III, 12, 3).
V. 723. Mariandyniens. — Voir la note au vers 140.
V. 724. Le cours du Lycos, — t Le Lycos est un fleuve qui porte le
même nom que le roi, et qui coule au travers du pays des Marian-
dyniens. Le nom du marais Anthémoéisis vient de la fille de Lycos,
femme de Dascylos, le fils de Tantale. » (Scol.) Strabon, qui parle du
Lycos d'Arménie, affluent de l'Iris, du Lycos de Phrygie, affluent du
Méandre, etc., ne cite pas le Lycos de Bithynie, dont il est d'ailleurs
question dans Scylax (Peripl,, 291), dans Xénophon (A nabase, VI, zi, 3),
dans Arrien {Peripl., % 18), etc., et peut-être dans ()vide (Pont., IV, x,
V. 47), à côté du Sangarios :
Hue Lycaa, hue Sagaris...
Apollodore parle de Lycos dans son récit de l'expédition des Argonautes
284 NOTES
(I, 9, 23); il dit aussi (II, 5, 9) quel secoure Héraclès lui avait porté
contre les Bébryces; dans les Argonautiques (Ch. Il, v. 774 et suiv.)»
c'est à Dascylos, père de Lycos, que le héros rend ces serWces. Le fils
de Lycos se nomme aussi Dascylos (Arg., Ch. II, v. 8o3). Le Scolîaste
dit, dans sa note su vere 762, qu*une fille du fleuve Lycos, nommée
Anthémoéisis, femme de Dascylos, fils de Tantale, fut la mère de
Lycos, rhôte des Argonautes. Cette descendance du roi Lycos est, dit
le Scoliaste, attestée par Hérodore et par Nymphis, dans le livre I** de
son ouvrage sur Héraclée. Le fleuve Lycos a donc une fille nommée
Anthémoéisis, qui, mariée à Dascylos, a pour fils Lycos, roi des
Mariandyniens, lequel a, à son tour, un fils nommé Dascylos.
V. 725. Les cables qui maintiennent la voile (xâXMsc) et tous les agrès
du navire (SicXa ti vrjia icâvra). — On a vu (note au vere 566 du Chant I")
que les xaXcotc sont proprement les cargues. Pour ce qui est des ôvXo,
d'après M. Vars (oi/vr. cite', p. 61), dans le navire antique « l*armemcnt
total se nommait vj oxeur). Le gréement et la voilure se nommaient
Ta oic^a; le gréement seul, xh 9xcOo<. » Les instruments en bois se
nommaient xk ffxcui] ^OXtvai, les cordages ou manceuvres, xk vxrjii
xpciiaord : diaprés Pollux, cité par M. Cartault {puvr. cité, p. 54), on
désignait les uns et les autres sous le nom commun de toc SicXa : c Tè
ti 9\S|AivoivTa 01UVV) SfcXa xaXctxat. »
V. 728. Achérousis, — Le Scoliaste dit que tous ces détails sur le
cap Achérousis, voisin d*Héraclée, se trouvent dans le livre I*' de
Touvrage de Nymphis sur Héraclée, où ApoUonios semble les avoir
pris.
V. 784. A l'intérieur..,— c Dans la partie du cap Achérousis, qui
est tournée vere le continent et vers le midi, se trouve la caverne de
TAchéron et Tabîme souterrain. » (Scol.)
V. 743. Les bouches du fleuve Achéron. — Voir la note aux vere
353-355.
V. 745. Du coté de VOrient. — Je traduis suivant le texte ordinaire
7)o{t}v (cod. Laur. et Guelf., edit. minor de Merkel, etc.) vjcdvjv (mss. de
Paris, édit. vulg ). Dans son edit. maior, Merkel prétend que ce mot
ici n*oflre pas de sens, car le golfe où se jette le fleuve est du côté de
rOccident, comme le disent les scolies et comme le montrent les cartes
de géographie. Je ne sais pas si le golfe en question est indiqué par
beaucoup de cartes ; en tout cas, je ne le trouve pas dans la carte du
Strabon-Didot. Quant au Scoliaste, qui n'est pas d'ailleurs générale-
ment infaillible en pareille matière, il dit, dans sa note au vere 743 :
« Le poète dit que TAchéron... se jette dans la mer du côté de TOrient
(irpbc âvaToXaç)* * Quoi qu*il en soit, le texte du poète n'indique pas
d'une manière précise l'orientation du golfe. Merkel conclut : «i4iif
igitur scribendum 'Ho(t)v pro nomine eius sinus, aut temptanda emert"
datio. » La correction tentée est *Iov{riv : « lonium mare pars occiden^
talis Ponti Euxini etiam A 288, 3 08 nuncupatur, Ammianus Marc,
(XXII, i3): Bospori vocati quod per eos quondam Inachi filia... ad
mare lonium permeavit, » Nous verrons aux vers 289 (non 288) et 3o8
du Chant IV quelle est la valeur des renseignements géographiques
donnés par ApoUonios au sujet des bouches de l'Ister. Quant à
NOTES 285
Ammien Marcellin, son autorité en matière de géographie n*a pas
lieu d*6tre invoquée ici; dans le passage de son histoire que Merkel
cite à Tappui de sa thèse, il est question des voyages d*Io : « Le nom
des Bosphores de Thrace et de Cimmérie vient de ce que la fille
d'Inachus, transformée en génisse, comme parlent les poètes, les
traversa pour se rendre dans la mer Ionienne. 1» Or, M. Decharme
(Mythol., p. 632) dit fort bien, à propos de la fille d'Inachus : c La
fantaisie géographique des poètes s'était plu à décrire son itinéraire
vagabond, itinéraire qui varie chez Eschyle lui-même. La tradition
qui lui fait diriger d^abord sa course vers la mer Ionienne a sa raison
unique dans le rapprochement établi par les Grecs entre le nom de
cette mer et celui de la fille d*Inachus. » Les poètes n*ont jamais pensé
à une mer Ionienne qui fût la partie occidentale du Pont-Euxin.
D'ailleurs, puisque Ammien dit que lo a traversé les Bosphores pour
se rendre dans la mer Ionienne, il donne à entendre qu'elle est sortie
du Pont-Euxin pour arriver à la mer Ionienne, qui ne peut donc faire
partie du Pont.
V. 746. Le Soonautès. — Ce second nom de TAchéron se retrouve
dans Pline (VI, 4): a Flumina,., Callichorum, Sonautes. »
V. 747. Les Mégariens de Nisaia. — Nisaia, ville de la Mégaride,
ainsi nommée de son fondateur Nisos, servait de port et d'arsenal à
Mégare dont elle était peu distante (Strabon, 337, i^î ^^^> ^^)- ^
Scoliaste place l'événement raconté par Apollonios pendant le voyage
que firent les Mégariens pour aller s'établir à Héradée. Mais, d'après
Strabon (464, 24), Héraclée, ville du Pont, située sur le territoire des
Mariandyniens, est une colonie de Milet et non de Mégare. Arrien
dit, d'autre part {Peripl,, { 18), qu'Héraclée est une ville grecque
dorienne, colonie des Mégariens.
V. 738. Avec les Bébryces, — Le Scoliaste dit que, dans ces fré-
quentes guerres avec les Bébryces, les Mariandyniens étaient le plus
souvent vaincus, et que Priolas, frère ou, suivant d'autres, fils de Lycos,
avait été tué par Amycos. Dans sa note au vers 780, le Scoliaste dit que
Priolas, qui semble d'ailleurs inconnu (Apollodore ne parle pas de lui),
était frère de Lycos et fils de Titias (voir la scolie au vers 1126 du
Chant I*% lequel était ou l'un des Dactyles Idaiens, fils de Zeus, ou le fils
aîné de Mariandynos, fils lui-même de Phrixos ou de Cimmérios, et
héros éponyme de la ville de Tition. — Le Scoliaste a dit, dans sa
note au vers 140, que Mariandynos était fils de Cimmérios ou de
Phinée : la tradition suivie par Apollonios empoche qu'il ne soit, pour
l'auteur des Argonautiques, fils de Phrixos; les fils de Phrixos sont, en
efl'et, des jeunes gens qui vont paraître à la fin du Chant II. Leur père
ne pourrait être le bisaïeul de ce Priolas qui fut tué avant le temps où
Héraclès trouva tout jeune homme ce Lycos qui est maintenant le
père d'un grand fils. Quoi qu'il en soit, les scolies de ce vers et celles
des vers 724 et 752 permettent d'établir la filiation du Lycos qui
accueille les Argonautes. Il a pour père Dascylos, fils de Tantale; pour
mère Anthémoéisis, fille du fleuve Lycos. Ce Lycos est fils de Titias;
Titias est fils de Zeus ou de Mariandynos, fils lui-même de Cimmérios,
de Phinée ou de Phrixos. » Quant à la ville de Tition, c'est celle que
286 NOTES
Strabon nomme Téion (464, 42). Scylax cite cette ville (Perip!,, 1 90).
C. Mûller corrige en TUiov la leçon xfOcov du ms. de Paris. Mais il
remarque lui-même dans ses notes critiques au | 19 du Périple
•d*AiTien, où il est question aussi de T(ov, que cette ville est bien celle
dont parle la scolie au vers 780 du Chant II des Argonautiques. Il
propose de corriger dans cette scolie Tmov en T{ov, en se fondant sur
ce que cette ville a pour héros éponyme, d'après Stéphane de Byzance,
un certain Tios de race milésienne. Mais si la ville a été nommée du
nom de Titias, elle doit bien s'appeler Tition.
V. 777. A pied. — I^ conquête de la ceinture d'Hippolyté est le
neuvième des travaux d'Héraclès (Decharme, Afythoi.f p. 325). ApoUo-
dore (11, 5, 9) dit, comme Apollonios, que c'est après sa victoire sur
Hippolyté que le héros vint porter secours aux Mariandynîens. Le
Scoliaste ajoute qu*Héraclès allait à pied, parcourant par voie de terre
le continent d'Asie, parce qu'il n'était pas encore possible de passer au
travers des Symplégades.
V. 782. Dans de lamentables élégies. — D'après le Scoliaste, Nymphis
et Callistrate disent que c'est Bormos, fils de Titias, que l'on pleurait.
Nymphis raconte aussi qu'Héraclès soumit les Phrygiens aux Marian-
dyniens.
V. 783. Titias, — Ce Titias est inconnu; ce ne peut être ni le Dactyle
Idaien (Ch. I*', v. 1226), ni le père de Priolas, en l'honneur de qui on
célèbre les jeux funèbres (voir la note au vers 738). Le Titias dont il
est ici question était un jeune homme au moment où il lutta au pugilat
avec Héraclès.
V. 789. Rhébas,,. Coloné, — Voir la note au ven 63o. Le Scoliaste
dit que la soumission des Paphlagoniens à Lycos par Héraclès est
racontée dans le livre 1*' des Argotiques de Deinias, et dans le X* des
Bithyniques d'Asciépiade de Myrléa. — Pour l'explication de l'épithète
Pélopéiens attribuée aux Paphlagoniens, voir la note au vers 339.
V. 791. Le noir Billaios. — Ce fleuve, omis par Strabon, mais cité
par divera auteurs (Arrien, Peripl., {19; Pline, N. H., VI, 4, etc.),
est, dit le Scoliaste, un cours d'eau qui arrose la Phrygie et qui se jette
dans la mer, près de la ville des Tianes (Tiéion).
V. 793. L'Hypios, — Ce fleuve est omis par Strabon. Le Scoliaste
dit qu'il arrose la ville d'Hypia et qu'il a reçu son nom des monts
Hypiens. L'Hypios est cité par Scylax {Peripl,, | 91), Arrien, etc. Pline
mentionne le mons Hypius (N, H., V, 148).
V. 804. A ux bouches mêmes du Thermodon. — Pour le Thermodon,
voir les vers 370 et 970, et les notes qui s'y rapportent.
V. 81 3. L'Abantiade Idmon. — Le Scoliaste dit que, d'après Héro-
dore, Idmon mourut dans le pays des Mariandynîens et que Promathidas,
dans son histoire d'Héraclée, et Nymphis, dans le livre I*' de son
ouvrage sur Héradée, racontent qu'il fut tué par un sanglier. La même
tradition se trouve dans ApoUodore (I, 9, 23).
V. 823. Les accidents du terrain au bord de ce fleuve,,. — Au lieu de
6pwa|&ouc KOToiiioto, Brunck, se fondant sur la manière dont H. Estienne,
dans le Thésaurus, cite ce vere, et probablement aussi sur la leçon du
vers 199 du Chant III, Opwa|ioO iccfiioio, veut écrire iredioto, au lieu de
NOTES 287
icotat&oto, qui lui semble une répétition absurde du même mot déjà mi&
au vers 818. Je crois la leçon des mss. préférable : s'il peut y avoir des
accidents de terrain (OpuiviAovO au bord à^Mn fleuve bourbeux, il n'y en
a pas dans une plaine bourbeuse.
V. 843. Un tronc d'olivier sauvage dont on aurait pu faire un rouleau
de navire, — Apolionios désigne cette poutre par le mot fccXarl dont il
a déjà été question à propos du lancement du navire Argo (voir sur les
faXaYY^C 1a note au vers Sjb du Chant I")* Les mss. et les édit. portent
vnCou ix xotivoio ^akxifit une 9âXaY^ d*olivier sauvage, arbre qui sert à
la construction du vaisseau; Merkel corrige wjfou en vi^ioc : une ^\ar(\
navale d'olivier sauvage. Ce qui semble indiquer qu'il est question
d'une 9aXorf( appartenant au navire. Merkel peut avoir été amené i
cette correction par la note du Scoliaste : « Les héros avaient beaucoup
de ces çaXaYY^C pour tirer le navire à sec. C'est l'une d'elles qu'ils
choisirent, etc..» Il est évident que le prodige est plus remarquable
encore si c'est un vieux rouleau de navire qui reverdit tout a coup.
Mais rien ne prouve que les Argonautes aient eu la place de porter
dans leur navire une provision de ces lourds rouleaux. Au contraire,
nous savons qu'ils n'avaient même pas de rames de rechange, puisque
Héraclès, après avoir brisé son aviron, est forcé d'aller dans la forêt
chercher un jeune sapin pour se foire une nouvelle rame (voir Ch. I*%
V. 1 168 et la note à ce vers). M. Cartault (ouvr. cité, p. 161) remarque
à ce propos que, a bien que rien ne nous atteste l'existence de rames de
rechange, il est vraisemblable qu'un triérarque prévoyant se procurait
à ses frais quelques avirons de plus pour parer à des accidents de cette
nature ». 11 est seulement vraisemblable qu'au temps de la civilisation
athénienne les triérarques avaient des rames de rechange; il n'est pas
prouvé le moins du monde qu'ils aient eu des faXaTyec, en vue d'un
séjour à terre de longue durée. Peut-on admettre que les Argonautes
qui, nous le savons, n'ont pas une provision de rames, en aient une de
9âXaYYe<^ D'ailleurs, ces encombrants rouleaux ne leur auraient été
d'aucune utilité. Nulle part nous ne les voyons, comme les Achéens
devant Troie, tirer leur navire sur le rivage en prévision d'un long
séjour à terre. Ils ne font que passer; ils mouillent presque toujours
en pays ennemi. D'ailleurs, même à l'époque de la plus grande civili-
sation grecque, on comprend que les navires n'aient pas eu besoin de
porter des fdXaYT^ * on ne s'arrête à demeure que dans des ports
d'importance, et ces ports possèdent tout le matériel nécessaire à haler
le navire à terre. Je suis donc persuadé que les Argonautes ne prennent
pas, pour la dresser sur le tombeau d'Idmon, une çàXaYl qu'ils auraient
eue dans leur navire. Us coupent un tronc d'olivier sauvage qui aurait
pu foire une fàXayl et ils le plantent sur l'éminence qui recouvre les
restes de leur compagnon. Je traduis donc : Un tronc d'olivier sauvage
dont on aurait pu faire un rouleau de navire, c'est-à-dire semblable
par sa longueur et sa largeur à un rouleau. Ils lui donnent même la
forme d'une çâXay^ pour en foire un monument de leur navigation; et
c'est un prodige que cette sorte de colonne funéraire, ce tronc dépouillé
de ses branches, reverdisse encore. — Apolionios embellit ici, en l'imi-
tant, le passage de ^Odyssée (XII, v. 14- 1 5) où l'on voit Ulysse et ses
388 NOTES
compagnons dresser en haut du tertre qui recouvre les cendres
d*Elpénor une rame facile à manier.
V. 845. Et s'il faut que,,, — « ApoIIonios parle ainsi parce que les
habitants d*HéracIée ne savaient pas quel était le héros mort sur leur
territoire que Toracle leur avait ordonné d*adorer comme protecteur
de leur ville. Promathidas confirme cette ignorance des habitants
d'HéracIée. Éphore, dans son livre V, et d'autres racontent que les
Béotiens et les Mégariens fondèrent Héradée dans le Pont. [On a vu,
dans la note au vers 747, que telle n*est pas l'opinion de Strabon.j
Hérodore dit que sur la place publique d^Héraclée se trouve le tombeau
d'Idmon, au-dessus duquel est un olivier sauvage. Agamestor est
quelque héros indigète. > (Scol.)
V. 854. L*Agmade Tiphys, — c Nymphis dit que Tiphys mourut à
Héraclée; Hérodore dit que cette mort n'arriva pas quand les Argo-
nautes se rendaient en Colchide, mais quand ils en revenaient. »
(Scol.) Apollodore place la mort de Tiphys chez les Mariandyniens,
peu après celle d*Idmon (I, 9, 23).
V. 861. Où Vempreinte (êvrjicac). — Voir la note au vers 264 du
Chant !•'.
V. 865-872. Ancaio5,„f Astypalaia,,,, eaux Imbrasiennes..., Par-
thénia,., — Voir la note au vers 186 du Chant l•^ «t Sîmonide le
Généalogiste dit, comme ApoIIonios, qu^Ancaios, le Samien, qui fut
pilote après la mort de Tiphys, était fils de Poséidon et d'Astypalaia,
fille de Phoinix. v (Scol.) Apollodore ne cite au nombre des Argonautes
qu^Ancaios fils de Lycourgos (I, g, 16), qui fut pilote après la mort
de Tiphys (I, 9, 23).
V. 898. Acceptaient Ancaios avec faveur, — « Hérodore dit que c*est
Erginos qui fut le pilote d^Argo après la mort de Tiphys. » (Scol.)
Cette tradition a été suivie par Valérius Flaccus, qui dit(i4r^. V, v. 65)
que le chêne fatidique d'Argo demande lui-même Erginos pour pilote.
V. 901. L'Acheron, — D'après le Scoliaste, Hérodore, dans ses ^rgo-
nautes, dit qu'ils tirent cinq stades dans l'Achéron pour s'éloigner du
port et arriver à la mer. — Voir la note au vers 91 3 du Chant [*<'.
V. 904. Callichoros, — « Le Callichoros est un fieuve de Paphiagonie
consacré à Dionysos, près d'HéracIée; Callimaque en fait mention. Il
se jette dans la mer par une double embouchure. Il a été ainsi nommé
parce que Dionysos, à son retour de chez les Indiens, institua des chœurs
sur ses bords. On l'appelait aussi l'Oxynon. » (Scol.) Strabon ne men-
tionne pas le Callichoros; Scylax le cite {Perip!., { 90). Cf. Pline
{N, H., VI, 4). Ammien Marccllin (XXII, 8, 22) parle de tous les lieux
dont il est ici question : « Brevi spatio distant virorum monumenta
nobilium, in quitus Sthenelus est humatus et Idmon et Tiphys.,, Prae-
tercursis partibus memoratis, Aulion antrum est, et fluenta Callichori
ex facto cognominati quod superatis post triennium Indicis nationibus,
ad eos tractus Liber reversus, circa huius ripas virides et opacas orgia
pristina reparavit et choros, » — Le nom du fleuve Oxynon se trouve,
plus ou moins modifié, dans Arrien, Marcien^ etc. (Voir les notes à la
page 67 du vol. I des Geogr. Graec, Min. de Didot.) Pour le surnom
Nyséien de Dionysos, voir Decharme, MythoL, p. 437-438. — Il ne
NOTES 289
semble pas possible d'établir nettement à quelle désignation moderne
s^identifie le nom de Tantre Aulion.*Au).tov signifie lieu de retraite pour
la nuit : d'où, probablement, au vers 908 la leçon tiOXiCcto de VEt. M.,
que Merkcl préfère à la leçon des mss., cOvâCeTo. (Voir les notes à la
page 384 du vol. I des Geogr. Graec. Min. de Didot.)
V. 911. Sthénélos. — Le Scoliaste dit qu'Apollonios a emprunté à
Promathidas Phistoire de la mort de Sthénélos, arrivée alors qu*il se
rendait en Paphlagonie, mais qu*il a lui-même imaginé l'apparition. —
Valérius Flaccus (V, v. 90) a reproduit l'épisode de Sthénélos. — Les
mythographes citent plusieurs Sthénélos; le fils d'Actor est un des
moins connus.
V. 920. Son casque brillant était orné de quatre cimiers (TctpâçaXo;).
— Le 9<xXo; est le cimier, cminence conique, qui s^élève le long du
casque, et où se plante Taigrette (Xifoc)* Les quatre cimiers du casque
de Sthénélos forment, sans doute, un couronnement carré; du centre
s*élève Taigrette. Voir, pour le sens de TCxpà^aXo;, les diverses explica-
tions proposées par les commentateurs d'Homère (Iliade, XII, v. 384;
XXII, V. 3 i 5).
V. 924. Ils se hâtèrent donc d'amener la voile. — M. Cartault (ouvr.
cité, p. 195) dit à propos de ce vers : « Quand on voulait arrêter brus-
quement le navire, on se servait des cargues pour plier la voile, u
V. 938. Les cuisses ((&Y;p(x). — Brunck a corrigé en |&T;pa la leçon
|Ar,Xa (brebis) des mss.; il dit à l'appui de cette correction : « Caesae in
In/erorum sacris victimae integrae comburebantur ; quae autem Superis
diis obferebantur, earum coxae tantum aris imponebantur, reliquae
partes sacrificantium epulo reservabantur. Pueris haec nota sunt. »
iMerkel adopte la correction de Brunck, que Wellauer rejette parce
que le mot (At;pa, très rare dans Homère, ne se trouve jamais dans
les Argonautiques. J*ai traduit, au vers 926, Ivtoj&a (ai^Xcov par des brebis
sacrifiées au mort, puisqu'elles sont sacrifiées en entier, et non par des
parties de brebis, comme le voudrait Dûbner, qui interprète : « Non
viscera, sed praesectae partes. >
V. 929. Lyre. — D'après le Scoliaste, Promathidas dit qu'Orphée
plaça sa lyre sur la colonne du tombeau, et certains auteurs disent
qu'une partie de la Paphlagonie prit le nom de Lyre. Valérius Flaccus
(V, v. 100) dit aussi que le nom de Lyre resta à cet endroit. Strabon ne
mentionne pas d'endroit ainsi nommé.
V. 931. Ils hissèrent la voile et la déployèrent en la tendant sur les
deux cordages de droite et de gauche (e; ic66a; àfA^oTipouc). — Hoelzlin
explique ainsi cette manœuvre : « Vélum igitur in utrumque pedem
dimittere, est veli sinus utrinque alligare, adeoque plenis navigare
velis. » Cf. Weil {Sept tragédies d'Euripide, note au vers 10 10
d'Hécabe) : « Comme terme de marine, icoOç se dit toujours de l'un
des deux cordages attachés aux deux bouts inférieurs de la voile. »
On sait que le mot a passé en latin, par exemple Enéide, V, v. 83o:
V Una omnes fecere pedem, pariterque sînistros,
NuQC dextroi solvere tinus.
Les icide; sont les écoutes : « Quand Apollonius de Rhodes (II, v. 93 1 )
37
290 NOTES
décrit la manœuvre qui consiste à larguer la voile, il s'exprime ainsi:
Ayant hissé la voile, ils la déployèrent au moyen des deux %Utç. C'est
bien là, comme nous Tavons vu, la fonction que Jal assigne aux
écoutes... L'identification des écoutes avec les vhUç n'en reste pas
moins absolument certaine.» (Cartault, ouvr, cité, p. 221.) M. Vars
{ouvr. cité, p. 83) traduit ce vers d'ApoUonios en se servant des termes
techniques modernes : c La voile hissée, ils la bordent avec les deux
écoutes. > Et il ajoute, en note : « Border une voile, c'est rétablir une
fois déployée (larguée), en tirant (halant) sur les écoutes, afin de raidir
la ralingue du bas. »
V. 936. Le cours du Parthénios. — c Le Parthénios est un fleuve de
Paphlagonie qui se jette dans le Pont, près de la ville de Sésamos.
Callisthène dit qu'il a reçu le nom de Parthénios [virginal]^ parce
qu'Artémis s'y bîcigne. Quelques-uns, parce que son cours est tran-
quille et presque stagnant. » (Scol.) Strabon (463, 39) dit que le nom
du fleuve lui vient de ce que, coulant au travers de plaines fleuries, il
a, pour ainsi dire, un air virginal. Cf. Scylax (PeripL, { 90X Arrien
(PeripLyl 19), etc.
V. 941. Sésamos. — «Sésamos est une ville de Paphlagonie, citée
par Homère. [Iliad., II, v. 853 : il est question dans ce passage du
roi des Paph lagon iens, Pylaiménès, qui commandait aux peuples de
Sésamos, du Cytore, du fleuve Parthénios, de Cromna, d'Aigialos et
d'Érythinos, tous noms qui reparaissent ici.] Sésamos reçut plus tard
le nom d'Amastris, de la fille du frère de Dareios. » (Scol.) Strabon
(466, 42) complète cette dernière indication du Scoliaste en disant
qu'Amastris, femme de Dionysios, tyran d'Héraclée, était fiUe d'Oxya-
thras, frère du Dareios qui fut vaincu par Alexandre. Sésamos est
aussi citée par Scylax {PeripL, { 90), par Mêla, par Pline, etc. — Des
hauts rochers Érythiniens. ~ « Ce sont des hauteurs de Paphlagonie,
ainsi nommées à cause de leur couleur [*EpuOivoi, rouges]y et citées par
Homère. i> (Scol.) Mais Homère (Jliad,, II, v. 855) parle, semble-t-il,
de la ville située au pied de ces rochers. Arrien (PeripL, \ 20) ne dit
pas nettement si, pour lui, le mot Eryth{nien désigne une ville ou des
rochers. Stéphane de Byzance parle de la ville d'Erythinos, Ptolémée,
des rochers. (Voir la note à la page 386 des Geogr, Graec, Afin., Didot,
vol. I.) Strabon (467, 6) dit que l'on nommait, à cause de leur couleur
rouge, Érythiniens deux rochers de Paphlagonie, appelés de son temps
Érythriniens.
V. 942. Crobialos, Cromna, Cytoros, — Ce sont des villes de Paphla-
gonie, dit le Scoliaste. Dans le passage d'Homère, cité plus haut, le
Scoliaste fait remarquer, ainsi que Strabon (464, 47; 466, 54), qu^on
lit souvent Crobialos au lieu d'Aigialos, Valérius Flaccus (V, v. 102)
cite Crobialos — Strabon (466, 46) dit que Sésamos, Cytoros, Cromna
et Tiéos sont les quatre bourgs dont la réunion a formé Amastris; et
-que Cytoros, dont les environs produisent beaucoup de buis, et qui
doit, d'après Éphore, son nom à Cytoros, fils de Phrixos, a été b
marché de Sinope. Mais l'cpithète {)>i^eic, couvert de forêts, permet de
supposer qu'il s'agit ici non de la ville, mais du mont Cytoros, voisin
lui aussi de la mer. Virgile s'est souvenu sans doute de ce passage
• NOTES 29;
d*ApoUonio8 quand il a dit {Georg., II, v. 437) : undantem bux<r,.,
Cytorum. Voir Catulle, IV, v. 11, Cytorio in iugo, v. i3... Cytor€
èixi/er; Valérius Flaccua, V, v. xo5... pallentemque Cytorum, etc.
V. 943-945. Le cap Carambis,., VAigialos. — Voir les notes aux
vers 36 1 et 363. Valérius Flaccus ne parle pas de TAigialos, mais il
cite le Carambis dans la prédiction de Phinée (IV, v. 599) et dans le
récit de la navigation des héros (V, v. 107).
V. 946. La terre assyrienne, — Il est évident qu*il ne s'agit pas ici
de l'Assyrie proprement dite, mais bien de la Leuco-Syrie, pays du
Pont, séparé de |a Paphlagonie par le fleuve Halys. (Voir Strabon,
468, 21.) Scylax (Peripl., | 89), Denys {Perieg., v. 772 et suîv.), etc.,
donnent aussi le nom d'Assyrie au pays voisin de Sinope. t Le poète
•ntend par Assyrie, la Syrie, la Cappadoce. Ce pays s'appelait autrefois
Syrie, parce que, comme dit Hérodote [I, 6], le fleuve Halys, qui se
ittte dans le Pont, coule entre la Syrie et la Paphlagonie. Certains,
parmi les anciens, appelaient ce pays Leucosyrie. » (Scol.)
— Sinope'. — La ville qui prit le nom de Sinopé est bien connue. Il
faut remarquer que, du temps de Texpédition des Argonautes, elle
n'était pas encore fondée. (Voir Couat, ouvr, cité, p. 3o2, et Stender,
ouvr, cité, p. 62.) Strabon parle longuement de Sinope, colonie des
Milésiens (467, 17 et suiv.), mais il dit d'autre part (38, 23) qu'aux
environs de Sinope on Toit de nombreuses traces des expéditions de
Jason et de Phrixos; ce qui prouve, en tous cas, que, suivant les
anciennes légendes, ces expéditions se sont arrêtées auprès de Tendroit
où Sinope devait être fondée. — c Sinope, ville du Pont, fut nommée
de Sinopé, fille d^Asopos, qu'Apollon enleva et amena de Syrie aux
bords du Pont; s'étant uni à elle, il en eut Syros, de qui descendent les
Syriens. Andron [d'Halicamasse], dans son ouvrage sur le Pont, dit
que le pays des Assyriens était nommé Leucosyrie par opposition à la
Syrie de Phénicie. Andron de Téos dit qu'une des Amazones, s'étant
réfugiée vers le Pont, épousa le roi de ces pays; ayant coutume de
boire beaucoup de vin, elle fut nommée Sanapé, nom qui, traduit en
grec, signifie grande buveuse. Artémidore dit que certains appelaient
les Assyriens, Leucosyriens. Dans les Orphiques, il est dit que Sinopé
est fille d'Ares et d'Aiginé; suivant d'autres, d'Ares et de Parnasse;
d'Asopos, suivant Eumélos et Aristote. Le poète dit qu'elle trompa le
fleuve Halys, et Apollon et Zeus, leur ayant d'abord demandé d'obtenir
d'eux ce qu'elle désirerait, et leur ayant dit ensuite qu'elle désirait
garder sa virginité: ce qu'elle obtint, car ils étaient enchaînés par leur
serment. Philostéphane dit, au contraire, qu'unie à Apollon elle
enfanta celui qit'on appela Syros. Comme les ivrognes sont appelés
sanapai dans le dialecte des Thraces, dialecte dont usent aussi les
Amazones, la ville se nomma Sanapé et ensuite, par corruption,
Sinope. L'Amazone ivrogne quitta la ville pour aller vers Lytidas, au
dire d'Hécatée. » (Scol.) Tels sont à peu près tous les renseignements
que nous avons sur Sinopé. Apollodore s'occupe du fleuve Asopos, fils,
suivant Acousilaos, d'Océanos et de Téthys, et mari de Métope, fille du
fleuve Ladon. Le mythographe nomme les deux fils d'Asopos, mais il
ne cite qu'Aiginé parmi les vingt filles nées du fleuve et de Métope
292 NOTES
(III, 12, 6). Diodore de Sicile donne les noms des deux fils et des
douze filles d*Asopos et de Métope : Tune d'elles est Sinopé qui, enlevée
par Apollon, fut transportée à Tcndroit où s'éleva la ville appelée
Sinope de son nom. Sinopé donna À Apollon un fils, Syros, qui fat roi
du peuple qui prit son nom, le peuple des Syriens (IV, 72).
V. 953. Le fleuve Halys, — Voir la note au vers 366.
V. 955. Les fils du vénérable Triccaien Deimachos, Deiléon, Auto-
lycos et Phlogios. — Le Scoliaste dit qu'Autolycos et ses compagnons,
s^étant égarés loin d'Héraclès, ou, suivant d'autres traditions, ayant
été abandonnés par lui, se fixèrent près de Sinope. Valérius Flaccus
(V, V. II 5) dit aussi que ces trois personnages furent recueillis par
les Argonautes. Tricca est une ville de PHistiaiotide en Thessalie
(Strabon, 376, 1); ce Deimachos de Tricca ne semble pas être le même
que Deimachos, père d'Énarété, ni que Deimachos, fils de Nélée, cités
tous deux par Àpollodore (I, 7, 3; I, 9, 9). Ses trois fils ne sont pas
mieux connus. Apollodore met au nombre des Argonautes Autolycos,
fils d'Hermès (I, 9, 16), voleur proverbial, père d'Anticlée et aïeul
maternel d'Ulysse. C'est probablement au fils de Deimachos que
Strabon foit allusion quand il cite un Autolycos, compagnon de Jason,
habitant de Sinope, où il était honoré comme un dieu et où Sthéois
lui avait élevé une statue qui fut ravie par Lucullus (468, 2 et suiv.).
Il n'y a aucun renseignement sur Deiléon et Phlogios. D*ailleurs, les
trois fils de Deimachos ne jouent aucun rôle dans la suite du poème
d'Apollonios.
V. 961. Le vent Ar gestes, — « C'est le Zéphyre, ainsi nommé parce
qu'il commence (xpxetat) à souffler à la fin de Tété, d (Scol.) Dans
Homère (Iliad., XI, v. 3o6; XXI, v. 334), ^^ mot opyeffTr,;, que Ton
explique par blanchâtre, qui amasse les nuages blancs (àpyéc), est une
simple épithète du Notos, vent du Sud -Ouest. II devint plus tard le
nom d'un vent particulier que les Romains ont identifié avec le Corus,
vent du Nord-Ouest. Cf. Pline {N. M, XVHI, 338) : Corus, Graecis
dictus A r gestes; Sénèque {Nat, Quaest., V, xvi): Corus, qui apud
quosdam A r gestes dicitur; Aulu-Gelle {Att. Noct., II, xxii, 12) : Corus
quem soient Graeci *ApY£ffTT,v vocare. Le scoliaste d'Apollonios assimile
TArgestès au Zéphyre, qui est le vent d'Ouest en général : c'est du vent
du Nord-Ouest que les Argonautes ont besoin pour aller de Sinope au
cap des Amazones.
V. 963. Le fleuve Halys, l'Iris. — Voir les notes aux vers 366 et 367.
V. 964. Les alluvions de la terre d^ Assyrie. — Voir la note au
vers 371. Le Scoliaste explique comment les grands fleuves qui arrosent
cette terre ont formé à leurs embouchures des terrams d'alluvions. II
cite, à ce propos, Apollonidès.
V\ 965. Le cap des Ama:^ones. — «De Sinope à Trapé/onle en
Colchide [Trapézontc est dans le Pont et non en Colchide], à une
distance de 3, 000 stades, il n'y a pas d'autre port que celui qui est
dans le golfe Hcracléios. » (Scol.) Voir, pour le port Héracléios, la note
au vers 371. Le Scoliaste donne les renseignements suivants sur les
Amazones : « hphore, dans son livre IX, dit que les Amazones, insul-
tées par les hommes, ceux-ci étant partis pour une guerre, tuèrent
NOTES 293
ceux qui étaient restés dans le pays et ne reçurent plus ceux qui
venaient de Tétranger. Denys, dans son livre II, dit qu'elles habitaient
du côté de la Libye; que, supérieures en force à leurs voisins, elles les
mirent en fuite, vinrent en Europe, y fondèrent plusieurs villes et se
soumirent le peuple Atlantique, le plus puissant de ceux de la Libye.
Zénothémis dit qu^elles habitaient en Ethiopie, et qu^ayant passé sur
le continent opposé, elles s'unirent aux hommes de ces pays; si elles
donnaient le jour à un enfant du sexe féminin, elles Thabituaient à
leur genre de vie; si c*était un mâle, elles le donnaient aux hommes. »
Voir sur les Amazones en général Apollodore (II, 3, i ; II, 5, 9)» Diodore
de Sicile (II, 44 et suiv.; leur victoire sur le peuple Atlantique, III, 54;
leur défaite par Héraclès, IV, 16), etc., et la MythoL de Decharmc
(p. 143), où sont indiqués les travaux modernes sur les Amazones, en
particulier ceux de Mordtmann (Hanovre, 1862), et de Klûgmann
(Philologus, XXX). Stender {puvr. cité, p. 63), s^autorisant du silence
gardé, après Apollonios, par Apollodore, par Hygin et par Valérius
Flaccus, sur les rapports des xVrgonautes avec les Amazones (Diodore,
dans le long récit qu'il fait de l'expédition des Argonautes, IV, 40 et
Buiv., n*en dit rien non plus), suppose qu'Apollonios le premier a
introduit les Amazones dans l'histoire des Argonautes. Il se fonde sur
la scolie au vers 990 : a Harmonia, nymphe naïade, de laquelle et
d'Ares sont nées les Amazones, au dire de Phérécyde que suit Apollo-
nios. » Apollonios suit-il Phérécyde pour tout Tépisode, ou simplement
pour ce renseignement particulier sur la filiation des Amazones? Il est
probable que c'est simplement pour cette question généalogique. (Voir
Couat, ouvr. cité, p. 296, note 2.)
V. 966-968. Mélanippé.., Hippolyté, — Le Scoliaste ne dit rien de
Mélanippé, qui n'est pas non plus nommée par Apollodore dans le
récit qu*il fait de la lutte d'Héraclès avec Hippolytc (II, 5, 9). Diodore
de Sicile (IV, 16) raconte à peu près comme Apollonios l'épisode de
Mélanippé. D'autres Mélanippé sont citées dans les légendes grecques.
Le Scoliaste de Pindare {Nem,, III, v. 64) rapporte des vers de VAtthis
d'Hégésinooft, où il est dit que Téiamon tua Mélanippé, sœur de la
reine des Amazones, qui portait le baudrier d'or. D'après Decharme
{Mythol., p. 525), Hippolyté serait la même que Mélanippé: cLeur
reine [des Amazones], Hippolyté ou Mélanippé, possédait comme
insigne de sa royauté une ceinture qui lui avait été donnée par Ares. »
V. 969. Exempte de tout dommage (àTCTiiiova). — Dûbner précise :
indelibata virginitate.
V. 970. Auprès des embouchures du Thermodon, — Voir la note au
vers 370. Strabon ne donne aucun de ces détails curieux sur le Ther-
modon, auxquels Apollonios se complaît. Arrien (Peripl,, § 23), et
Scylax {PeripL, 2 89) citent simplement le nom du fleuve.
V. 977. Qu'on appelle, dit-on, monts Amazoniens. — Ces monts ne
sont mentionnés que par Pline (AT. H., VI, 10) : ikAmnis Thermodon...
praeterque radiées Ama:[onii montis lapsus. 0 Denys le Périégète
(v. 772) dit que le Thermodon vient du mont Arménios, àn'ov/peo;
'AppievCoto. Cf. Priscitfn, v. 749; Aviénus, v. 950. Mais le mont Armé-
nios est inconnu, et Strabon assure d'autre part qu'Ératosthènc se
294 NOTES
trompe en mettant ie Thermodon au nombre des fleuves d'Arménie
(453, 46). Dans U digression géographique dont il a déjà été question
(voir note au vers 904), où Ammien Marcellin (XXII. 8) parie de tous
les peuples et de tous les pays que nous trouvons cités par Apollonios
dans ce Chant II des Argonautiques, on lit : « ThermoJon,.. ab Armonio
defluens monte, » Le mont Armonius n*est pas plus connu que le mont
Arménius. C. Mûller. {Geogr. Graec. Min,, Didot, vol. I, note à la
page 390) voudrait lire Anusjfonio monte, comme dans Pline. Mais il est
plus probable qu'Ammien a écrit Acmonio, confondant le mont d'où
sort le Thermodon avec le bois Acmonios auprès duquel il passe. Voir
la note au vers 992.
V. 984. A Vabri d*Hn cap qui se recourbe, — Merkel dit : xupr^ Sxpi)
erit Xi]uvrii^xoç (qui a un port).
V. 988. La plaine Doiantienne, — Voir la note au vers 373.
V. 990. De la race d'Ares, — Voir, à la note au vers 963, la citation
de Phérécyde faite par le Scoltaste. Suivant les traditions ordinaires
(Apollodore, III, 4, 2), Harmonia est fille d'Ares et non une de ses
femmes. Le père des Amazones est, suivant la plupart des mytho-
graphes, Ares; leur mère, Otréré (Hygin, Fa6ii/.,3o), ou Aphrodite
(Scol. Iliad,, I, V. 189).
V. 992. Du bois Acmonios. — Nulle part, dit le Scoliaste, Eirénaios
n'a donné d'éclaircissement sur le bois Acmonios; il est voisin du
Thermodon. Phérécyde en (ait mention dans son livre II. Voir la note
au vers 373.
V. 995-999. Thémiscxréiennes..,,Ljrcastiennes.,., Chadésiennes..,-^
Strabon dit que l'on plaçait le royaume des Amazones à Thémiscyra,
dans les plaines du Thermodon (433, 21). D'après le Scoliaste, c'est
d'une place de la Leucosyrie qu'Apollonios tire leur nom de Lycas-
tiennes, et Hécatée les nomme Chadésiennes, de la ville de Chadésia.
Dans sa note au vers 373, le Scoliaste a déjà dit que les trois villes
des Amazones étaient Thémiscyra, Lycastia et Chadésia. Le nom de
Lycastia se trouve, diversement modifié, dans Pomponius Mêla (1, 19) :
c Urbs.., Lycasto », et dans Pline (N. H,, VI, 9) : « /n ora autem ab
Amiso oppidum et flumen Chadisia, Lycastum, a quo Themiscyrena
regio» » Scylax {Peripl,, | 89) mentionne le fleuve Lycaatos, qui est
également cité dans le Périple de Ménippe {Geogr, Graec. Min,,
Didot, vol. 1, p. 572), en même temps qu'un fleuve et un bourg du
nom de Chadisios; ce dernier bourg est aussi nommé par Stéphane
de Byzance.
V. looi. Des Chalybes. ^ Voir Strabon (470, 3o); Geogr, Graec,
Min., Didot, vol. I, p. 63, note au { 88 du Périple de Scylax; Denys
{Perieg., v. 768-771), qui s'inspire de ce passage d'ApoUonios.
V. 1008. Ils supportent un dur labeur. — Le vers est spondalque,
peut-être pour insister sur la vie pénible des Chalybes, remarque
Shaw, qui rapproche ce vers d'un autre spondalque (Ch. I*% v. 272),
où le poète montre la triste existence à laquelle une jeune fille est
condamnée par une marâtre.
V. 1009. Le cap Génétaios, — Voir la note au vers 378.
V. 1010. Des Tibaréniens. — Voir la note au vers 377. — Les Tiba-
NOTES 295
rëniens semblent avoir donné lieu à cl*autres légendes; l'auteur de la
Périégèse, attribuée à Scymnos {Geogr, Graec, Min,, Didot, vol. I,
p. 234, V. 914-916), prétend que les Tibaréniens s'efforcent de rire à
propos de tout, pensant que c'est là le bonheur suprâme. Cf. Éphore
[Fragment, Hist, Graec, Ûidot, vol. I, fragm, 82) : « Éphore dit dans
son livre V que les Tibaréniens sont possédés du goût de s*amuser et
de rire. Cest en cela, d'après eux, que réside le bonheur suprême. >
Mêla dit aussi (I, 19) : « Tibareni ..,quibus in risu lusuque summum
bonum est, > Le Scoliaste rapporte de plus que les Tibaréniens sont les
plus lâches des hommes. Xénophon (Anabase, V, v) dit que les Grecs
durent traverser le pays des Tibaréniens après celui des Chalybes, et
qu'ils en reçurent des présents : il ne donne aucun détail sur l'usage
bizarre attribué aux hommes de ce peuple par ApoUonios et ^fympho-
dore, cité par le Scoliaste, et aux hommes de Corse par Diodore de
Sicile (V, 14). Cette coutume étrange, que les anthropologistes contem-
porains désignent sous le nom de couvade, servait à attester d'une
manière symbolique les droits du père sur l'enfant nouveau-né. On la
trouve encore dans quelques contrées de l'Europe et surtout en
Amérique. Voir Zaborowski, article Couvade, vol. XIII de la Grande
Encyclopédie (1891).
V. 101 3. Le mont Sacré. — «Ce mont, qui s'étend jusqu'au Pont-
Euxin, est mentionné par Ctésias dans le livre I*' de sa Periodos, et par
Suidas, dans son livre II, à propos des Macrônes. Agathon [ou Andron,
d'après C. MûUer, Fragm, Hist, Graec, Didot, vol. IV, p. 291], dans
son Périple du Pont, en parle d'une manière plus précise, disant qu'il
est à une distance de cent stades de Trapézonte. Eirénaios prétend que
Mnésimaque en parle dans son livre I*' sur les Scythes : c'est une
erreur, car Mnésimaque parle de la Scythie, située en Europe. » (Scol.)
— Ce mont sacré n'est pas mentionné par Strabon, mais par Arrien
{PeripL, % 24), etc.
V. 10 16. Les Mossynoiciens„ — On a de nombreux renseignements
sur ce peuple étrange dont les usages bizarres semblent avoir vivement
étonné les anciens. Strabon (470, 20 et suiv.) confirme les renseigne-
ments que donne ApoUonios sur les demeures des Mossynoiciens. Il
ajoute que ces barbares vivent de la chair des betes sauvages et des
glands qui tombent des arbres; ils s'élancent du haut de leurs mossynes
pour attaquer et piller les voyageurs. Le géographe dit que, parmi ces
peuples, la tribu la plus sauvage était celle des Heptacomètes qui
réussit à massacrer trois cohortes de Pompée, après les avoir enivrées
d'une sorte de miel capiteux que distillent les branches de certains
arbres de ces régions. Xénophon (Anabase,Vy v) dit que les Grecs,
pendant toute leur expédition, n'avaient jamais rencontré une nation
dont les mœurs fussent plus éloignées des leurs. Il donne, d'ailleurs,
à peu près les mômes détails sur eux qu' ApoUonios : « Us font en public
ce dont les autres humains se cachent et dont ils s'abstiendraient s'ils
étaient vus.» — Pomponius Mêla (I, 19) : mMossyni turres ligneas
subeunt,,, promiscue concumbunt et palam [ApoUonios ne parle pas de
cette promiscuité, et le Scoliaste a soin de faire remarquer, dans sa
note au vers 102 5, que c'est avec sa propre femme, mais aux yeux de
396 NOTES
tous, que chacun a commerce]; reges suffragio detigunt, vincuUsque
et artissima cttstodia teitent, atque ubi culpam prave quid imperando
meruere, inedia totius diei afficiunL » Cette particularité sur les
punitions infligées au roi est aussi, dit le Scoliaste, rapportée par
Éphore et par Nymphodore. Xénophon raconte que le roi est entretenu
et gardé par ses sujets dans une tour de hors, située au sommet de la
montagne. La Périégèse, attribuée à Scymnos (v. 900-910), rapporte à
peu près les mêmes traditions sur les Mossynoicicns. — Valérius
Flaccus (V, V. 141-154) se borne à résumer ce que dit ApoUonios des
Chalybes, des Tibarénicns, des Mossynoicicns, en évitant prudemment
d*insister sur les détails trop réalistes. — Voir aussi Oiodore de Sicile
(XIV, 3o], et les auteurs cités dans les Geogr, Graec, Min., Didot,
vol. I, notes à la page 64.
V. io3i. Vile Arétias. — Voir la note au vers 382. — « On dit que
cette lie fut colonisée par Otréré, fllle d'Ares. Timagète fait mention
de rîle d'Ares et des oiseaux qui s*y trouvaieut : oiseaux aux ailes de
fer qu'on nomme les Stymphalides. d (Scol.) L'tle Arétias est citée par
Scylax {PeripL, | 86), par Arrien {PeripL, | 24), etc. Hygin {FabuL,
20 et 21) raconte la lutte des Argonautes avec les oiseaux Stymphalides
et la place dans une île voisine des Symplégades, Oia. Ailleurs (Fabul.,
3o), il dit qu'Héraclès tua ces oiseaux « in insula Martis », ce qui ne
concorde aucunement avec les traditions ordinaires. Apollodore (II»
5, 6) raconte la lutte d*Héraclès contre les oiseaux Stymphalides, qui
se trouvaient dans le marais Stymphalis, près de Stymphale, Ville
d'Arcadie; mais il ne dit nulle part que les Argonautes aient eu à les
combattre.
V. 1041. Le baudrier, -^ Dûbner dit à ce propos : « Maie intellexe-
runt xeXgtputfv, balteus; descendit super dextrum humerum, cui adsita
vagina gladii ; et in ipso iam Homero ttsurpatus est vulneribus curandis,
dcinde, abusive de eo quod dicimus : Vcrband. »
V. io52. Car Héraclès.,, — Le Scoliaste donne plusieurs renseigne-
ments sur cet épisode qui est, d'après Apollodore (II, 5, 6), le sixième
travail d'Héraclès: «On ne pouvait, dit-on, repousser les oiseaux
Stymphalides,qu'en étant muni d*un crotale d*airain, et en les effrayant
par le bruit. On les nomme oiseaux nageurs, parce quMls nageaient
dans un marais d'Arcadie, d'où Héraclès les chassa. Stymphélos est
une ville d'Arcadie, et Stymphélis, un marais. Homère a dit : Ils
possédaient Stymphélos [Iliad,, II, v. 608]. De là se nomment Stym-
phélides ces oiseaux qu*Apollonios appelle nageurs. Séleucos, dans ses
Mélanges, leur donne le môme nom ; Charcs le fait aussi dans son
livre sur les histoires d'Apollonios, lui qui était connu d*Apollonios.
Mnascas dit, en termes formels, que le héros Stymphalos et une
femme nommée Omis [oiseau} avaient eu pour Hlies les Stymphalides,
qu'Héraclès tua parce qu'elles ne l'avaient pns accueilli et qu'elles
avaient reçu comme hôtes les Molions. Phérécyde dit que ce n'étaient
pas des femmes, mais des oiseaux qui furent tués par Héraclès, grâce
à la cliquette qui lui avait été donnée pour faire du bruit et les effrayer.
Hellanicos dit de m<îme. On dit ()ue le marais Stymphalis disparut
dans des fondrières et fut desséché. » Cette cliquette — ou crotale —
NOTES 297
œuvre d*Héphaistos, aurait été, dit le Scoliaste, donnée à Héraclès par
Athéna; suivant Hellanicos, le héros se la serait fabriquée. — Apollo-
dore (II, 3, 6) raconte qu*Héraclès, muni de crotales d*airain, œuvre
d*Héphaistos, qu* Athéna lui avait donnés, effraya les oiseaux Stynv-
phalides et les tua à coups de flèches. D'après Diodore de Sicile (IV, 1 3),
c'est Héraclès qui imagine Pinstrument d'airain dont le bruit fait fîiir
les oiseaux. Pausanias (VIII, aa) dit que dans un temple, à Stymphale^
on voyait sculptées les images de ces oiseaux. M. Decharme (AfythoL,
p. 5a 2) constate certains rapports entre leur légende et celle des
Harpyes. Strabon (3 19, 4) dit qu*Héraclès chassa ces oiseaux avec un
tympan et ses flèches. — Pour Amphtdamas, voir la note au vers 162
du Chant I*'. Ce héros semble se donner pour témoin oculaire de la
lutte d'Héraclès avec les oiseaux Stymphalides : aucun des auteurs qui
racontent cette lutte ne dit qu'il y ait assisté.
V. 1081. Mais, comme après avoir échoué le navire (xpiV^^avrec). —
Le verbe ^pc(iimd, que les traducteurs, Beck par exemple, et Oûbner
dans ses notes manuscrites, rendent inexactement par appropinquare,
est un terme technique qui diffère du terme ordinaire xiXXiii, aborder,
que nous trouvons souvent dans Homère et dans Apollonios (en parti-
culier au vers 1090). Ce verbe a un sens particulier. tA côté de
l'expression vrja xéXvai ou citixéXvat (Homère), on peut considérer le
mot xp^tiil^atoOai comme une expression technique signifiant échouer
sur le sable {Hymne hom, à Apoll., v. 439). Littéralement, xfi^^v^cLofku
signifie plutôt, en ce cas, racler, frotter le sol que être sur le point
4*aborder, comme on a pu le soutenir. Le sens de ce terme ressort
clairement d'un passage d'Apollonius de Rhodes (II, v. 1082), où
^p(|&4^a(VTec s'applique à un échouage effectué. Il en est de même dans
Euripide (Hél., v. 333). Échouer violemment, brusquement, heurter
un écueil se dit, par suite, èy^p^ti^^aoOflii. » (Vars, ouvr. cité, p. i5i.)
V. 1088. i4t»5i les oiseaux,.,-' « Pi sandre dit, d'une manière pro-
bable, que les oiseaux s'envolèrent en Scythie, d'où ils partirent
ensuite. » (Scol.) C'est à Pisandre qu'Apollonios emprunte sans doute
la tradition du séjour des oiseaux Stymphalides dans l'île Arétias.
Pausanias (VIII, 23) rapporte, en effet, qu'au dire de Pisandre, Héraclès
ne les tua pas, mais les chassa d'Arcadie.
V. 1092. Lesflls de Phrixos. — Pour Phrixos, voir la note au vers 3
du Chant 1*'. — Les fils qu'il eut de Chalciopé sont Argos, qui prendra
la parole devant les Argonautes et qui jouera un certain rôle dans les
deux derniers chants, Cytisoros, Phrontis, le plus jeune (cf. Argonaut.,
Ch. IV, V. 72) et Mêlas. D'après le Scoliaste (note au vers i laa), Hérô-
dore dit, comme Apollonios, qu'ils sont nés de Chalciopé, fille d'Aiétès;
mais Acousilaos et Hésiode, dans les Grandes Éées, les disent fils
d'Iophossé, fille d'Aiétès; Hésiode donne à ces quatre héros les mêmes
noms qu'Apollonios. Épiménide en ajoute un cinquième, Presbon.
:D'autre part, d'après le Scoliaste encore (note au vers 1 149), Phérécyde,
dans son livre VI, dit que leur mère s'appelait Euénia, et qu'elle avait
pour j^âron/'me Chalciopé et lophossa. Apollodore (I, 9, 1) donne aux
quatre fils de Phrixos et de Chalciopé les mêmes noms qu'Apollonios.
Hygin dit aussi {Fabul,, 3) que Phrixos eut de Chalciopé quatrr fils
i«
298 NOTES
auxquels il donne les mêmes noms qu'ApolIonios et Apollodore; c'est
à l'île Dis, d'après Hygin (voir la note au vers io3i) que les Argonautes
les recueillirent. D'après Valérius Flaccus (V, v. 461), c'est en Golchide,
à la cour même d'Aiétès, que Jason les aurait rencontrés. Apollodore
confond Argos, fils de Phrixos, avec Argos, fils d'Arestor, qui construisit
le navire (voir la note au vers 126 du Chant I*'}. Argos, fils de Phrixos,
épousa Périmélé, fille d'Admète, de laquelle il eut Magnés, qui^ donna
son nom à la Magnésie en Thessalie. — Strabon donne, d'aprà Éphore»
le nom de Cytoros au fils de Phrixos, appelé d'ordinaire Cytisoros, et
en fait le héros éponyme de Cytore, ville du Pont (466, 5i). Cf. Mêla
(I, 19): ...i4 Ciiysoro, Phrixi fiiio... Cytoros, Phérécyde, d*après le
Scoliaste de Pindare {Pyth,, IV, v. 220), dit que Mêlas épousa Eurydée
qui lui donna Hypêrès; c*est de ce dernier que la source Hypéréia prit
son nom. Cette source Hypéréia est en Thessalie (Strabon, 370, 48}.
V. 1099. L'Arctouros. — C*est, comme on sait, une étoile brillante
de la constellation du Bouvier, qui se lève le 5 septembre et le
1 3 février, et qui se couche le 29 octobre et le 22 mai, au milieu de
violents orages. Au sujet des pluies amenées par TArctouros, le Scoliaste
cite Aratos {Phaenom., v. 744) et le Traité d'Astronomie de Démocrite.
— Voir le Prologue du Rudens de Plaute, Virgile {Georg,, I, v. 204), etc.
D'après Hygin {FabuL, i3o, 224), Icarios, roi légendaire d'Attique,
dont Apollodore raconte l'histoire, sans parler de sa métamorphose en
étoile (III, 14, 7), devint l'Arctouros. Ovide suit cette tradition {Met,
X, V. 450). Voir Servius (ad Georg,, I, v. 68).
V. 1 107. Ainsi, — Dûbner explique le sens du mot a{h«K : « ^d est,
ita ut se tueri non possent. »
V. un. Une de ces j^oufret... — f Aussi nombreuses les poutres
avaient été primitivement unies par les chevilles, aussi nombreuses
elles se dispersaient, alors que le navire avait été fracassé. » (Scol.) Ce
vers donne une nouvelle preuve de l'importance des chevilles (y^iifoO
dans l'agencement des pièces du vaisseau (voir la note au vers 79).
V. 1 144. Monté sur un bélier. — Pour la légende de Phrixos, voir la
note au vers 3 du Chant I"', et Decharme {MythoL, p. 606 et suiv.).
«Denys, dans ses Argonautes, dit que Crios était le nourricier de
Phrixos; s'étant aperçu des embûches qu'Ino tendait à Phrixos, il le
fit fuir; d'où le mythe que Phrixos avait été sauvé par un bélier (xpiic)* >
(Scol.)
Sur Vordre de Vanimal lui-même, — Le Scoliaste rappelle à ce
propos que le bélier jouissait, en effet, de la voix humaine. D'après
Diodore de Sicile (IV, 47), c'est un oracle qui ordonna à Phrixos
d'immoler le bélier. Apollodore (I, 9, i) suit les traditions d'ApoIlonios
pour tout ce qui concerne les aventures de Phrixos chez Aiétès : mais
il ne dit pas que le bélier ait demandé la mort, et il précise le lieu o(k
la toison fut suspendue : c'est à un chêne du bois d'Ares; c'est dans le
temple d'Ares, dit Diodore, qui cite aussi la tradition relative à
Crios, rapportée par Denys, suivant le Scoliaste : c Le précepteur, qui
s'appelait Crios, fut immolé, et, ayant été écorché, sa peau fut suspen-
due dans un temple, conformément à l'usage. Aiétés apprit ensuite
par un oracle qu'il mourrait dès que la peau de Crios serait enlevée
NOTES 299
par des navigateurs étrangers; le roi fit dorer cette peau afin qu'elle
fût plus soigneusement gardée par des soldats qu'il y avait établis.
Le lecteur est libre d*adopter l'opinion qui lui pûira le plus. 1 (Dio-
dore, IV, 47, traduction Hoefer.) — Hygin {FabuL, 3) : « (Phrixus),
matris praeceptis, arietem immolavit, peilemque eius inauratam in
templo Martis posuit, » Hygin dit encore (FabuL, 188) que ce bélier,
fils de Poséidon et de Théophané, se nommait Chrysomallus. — Au
vers 120 du Chant IV, le texte d'Apollonios indique clairement que le
bélier fiit immolé par Tordre d'Hermès; ici, au contraire, c'est le
bélier lui-même qui demande d'être tué. On peut supposer que l'une
de ces deux traditions contradictoires appartient à la première édition
des Argonautiques.
[V. 1 146. Pendue, — Ce vers se trouve dans l'edit. minor de Merkel;
redit, maior l'a aussi, mais sans le fieiire compter dans la numération
des vers, et les édit. en général, depuis celle de Brunck, l'omettent, car
il se retrouve textuellement un peu plus loin (v. 1270).]
V. 1 147. Qui avait protégé sa fuite (4»^Çtoc). — Cette épithète, dit le
Scoliaste, a été donnée à Zeus chez les Thessaliens, soit parce qu'ils
avaient pu fuir le déluge de Deucalion, soit à cause de la fuite même
de Phrixos. Voir, pour la double origine du surnom de Zsùc <^(to«,
Preller, Griech. MythoL, dritte Auflage, erster Band, p. 116, n. x et
zweiter Band, p. 3i i.
V. 1149. «^^i^ exiger de présents de noces (XaXxi6icy|v àtvatdvov). —
L'adjectif peut signifier Chalciopé, qui ne reçoit pas de dot{Iliad,, XIII,
V. 366), ou Chalciopé, pour laquelle le fiancé ne donne pas aux parents
les présents d'usage (Iliad., IX, v. 146); tel est évidemment ici le sens.
Dûbner explique : « Ita, ut Phrixus nihil eipro ea solveret, »
V. 1162. iL Crétheus, -^ Pour tous ces rapports de parenté, voir la
note au vers 3 du Chant I*'.
V. 1171. Sans toit. — Dûbner dit à ce propos : uSine tecto; Pausa^
nias magnum talium iemplorum numerum narrât; ara exstructa e
minimis lapillis; — XtOoc, proprie, minime statua. Cf. dea Pessinuntia. »
La pierre noire qui représentait la Mère des Dieux se trouvait dans
son temple, à Pessinonte, ville de la Grande Phrygie. Brunck ne veut
pas admettre la vulgate (ilXac XfOoç et propose [Uyaç^ qui fait antithèse
aux petits cailloux de l'autel extérieur : « Méya; Xtdoc : sic omnino legen^
dum, manifesta oppositione inter hoc altare ex uno grandi lapide
factum et alterum, quod e calculis structum erat.,, Voces {ilraç, t&iXac
saepissime a librariis commutatae. Vide ad 119, 921.»
V. 1176. Pendant une année. -^ Le Scoliaste ne prend pas le mot
cmitTaviv dans son sens précis; il explique: «Des chevaux qu'elles
avaient nourris avec soin et abondamment. » Il semble que le poète
veut dire que les Amazones engraissaient pendant un an les chevaux
destinés à être immolés.
V. 1 1 80. D'une piété solide ou bien injustes (ot ts Oeovdlcç, ou 6Ï Sfxatot).
— La leçon n'est pas sûre : Brunck la trouve tout simplement absurde :
vulgo inepte legitur, dit-il, et il préfère r^H qui supprime l'opposition
qui semble ici nécessaire (Zeus voit tous- les hommes bons ou méchants).
Merkel cite les diverses corrections qui ont été proposées; aucune ne
300 NOTES
semble bien satisfaisante. Wellauer torture la construction de la phrase,
pour lui faire signifier : ^Probi viri lovem non latent, et si quando in
res adversas inciderunt, tamen ab eo servantur, »
V. 1 186. Vers la ville riche du divin Orckoméne («çvciV-- «iî^»^)- —
C'est une correction de Facius {Ep, crit,, p. 1 2) complétée par Brunck^
au lieu de [uxk 4>9{n^, qu*ont les mss., et que le Scoliaste explique:
« Les uns disent qu'une ville d*Orchomène se nommait Phthia [voir la
note au vers 93 du Ch. I*']... Il peut aussi foire allusion à Orchoroène,
limitrophe de la Macédoine et de la Thessalie. Car le nom d'Orcho-
mène désigne une montagne et une ville de Thessalie, de Béotie,
d'Arcadie et du Pont. » Strabon mentionne Orchomène, la ville connue
de Béotie (291, i3, etc.), et les Orchomènes d'Arcadie (333, 38) et
d*£ubée (337, 1 7). La ville d*Orchomène, dans le Pont, semble inconnue.
Il ne s'agit pas ici de la ville, mais du roi € le divin Orchomènes. Sur
Orchomène, voir la note au vers 23o du Chant I*'. — Bninck : a Dixe-
rant supra (v. 1 1 53) Phrixifilii se navem conscendisse ut Orchomenum
Bœotiae urbem pelèrent, quo eos se vecturum lason hic poil iceri débet.
Vera lectio eruitur ex eodem hoc versu, qui Libro 1 V inepte repetitus
vulgo habetur post versum 34.8. — Confer III, 1073. »
V. 1187. Sa hache d'airain.^ Le texte porte simplement x>^^^ ^^
ne précise pas de quel instrument d'airain la déesse s'est servie. II
s'agit évidemment d'une hache de charpentier (icéXexv;); c*est en efiet
au moyen d'une grande iciXcxvç d'airain, commode à manier, bien
aiguisée sur les deux bords du tranchant et qui lui est fournie par
Calypso (Odyss., V, v. 234-233), qu'Ulysse abat les vingt arbres, aunes,
sapins et peupliers, qui lui sont nécessaires pour la construction de son
chaland.
V. 1193. Accomplir des sacrifices expiatoires {kV^tnùs),— Le mot
àXOi^owv est une correction de Merkel pour ài&icXYJawv (explicatum non
habere, coniectura opus esse visum) que Brunck s'efforce d'expliquer
en se fondant sur Pindare (Pyth,, IV, v. 282): cSacrificia peractunis
pro Phrixo, ad placandum Phrixum, id est, ad revocandos Phrixi
mânes, quibus peregre degentibus, Aeolidis irasci Jupiter non desinet. »
Merkel se fonde pour sa correction sur l'emploi du mot àX^^et dans
Nicandre (Ther,, v. 387) et du mot aX6a{vetv dans Lycophron (v. 1122).
V. 12 10. Du Caucase. ^ An dire du Scoliaste, Hérodore raconté
aussi que Typhon fut englouti sous les eaux du marais Serbonis, situé
en Syrie. Au contraire, Phérécyde, dans sa Théogonie, dit que Typhon
se réfugia sur le Caucase, et, une fois la montagne consumée par le
tonnerre, en Italie, où l'île Pithécoussa se forma au-dessus de lui. Pour
la légende de Typhon, voir Decharme (MythoL, p. i3i 274-276), Apol-
lodore (I, 6, 3). D'après la tradition ordinaire, Typhon fut englouti
sous l'Etna (Virgile, Aen., IX, v. 716; Hygin, Fabul., 1 32, etc.). Strabon
(206, 33; 333, 42) rapporte la tradition d'après laquelle Typhon aurait
été enseveli sous l'île Pithécoussa. — Le marais Serbonis, aux confins
de l'Egypte et de la Syrie, est cité par Strabon (687, 53, etc.), par
Diodore de Sicile (L, 3o), par Pline {N. H., V, 68), etc.
V. 1221, Lutter avec Aiétès. — lï a déjà été souvent question
d'Aiétès, et on le verra au Chant UI jouer un rôle important. — Cest
NOTES 301
un fils d'Hélïos (v. 1204) et de TOcéanide Perséis; il est frère de Circé,
de Perses et de Pasiphaé, femme de Minos (Apoilodore, I, 9, i); il est
père d'Apsyrtos, qu'il eut de la nymphe caucasienne Astérodéia (Argo-
naute, Ch. III, V. a4iX et de Chalciopë et Médée, qu*il eut toutes deux
de rOcéanide Eidyia (Argonaut, Ch. III, v. 243; Apollodore, I, 9, 23).
Les traditions sur Aiétès varient beaucoup : par exemple, Diodore de
Sicile (IV, 45) dit qu*Aiétès épousa Hécate, fille de son frère Perses, et
en eut deux filles, Circéet Médée, et un fils, Aigialeus, que Ton assimile
d'ordinaire à Âpsyrtos. Ce nom d'Aigialeus se trouve aussi dans Justin
(XLII, 3), et dans Pacuvius cité par Cicéron, N, D,, III, 19, 48:
...Absyrtofratri qui est, apud Pacuvium, Aegialeus, — Les scolies du
Chant III donneront l'occasion de revenir sur quelques-unes de ces
divergences entre les traditions concernant Aiétès. Quoi qu'il en soit,
il semble qu' Aiétès est un héros solaire, serviteur d'Ares, représenté
comme un dieu solaire. Voir Decharme, ÂlythoL, p. 191.
V. I23i. Vile Philyréide. — Voir les notes au vers 554 d" Chant I*',
et au vers 393 du Chant II. c II parle de l'île des Philyres. ApoUonios
dit qu'elle prit son nom de Philyra, l'Océanide, qui habita dans cette
région. Cronos s'unit à elle au temps qu'il était roi des Titans. Mais
Rhéa l'ayant pris en flagrant délit, Cronos, plein de honte, se méta-
morphosa en cheval et Philyra s'enfuit en Thessalie. Phérécyde dit que
Cronos, changé en cheval, s'unit à Philyra, fille d'Océanos, et que, à
cause de cela, Chiron eut la double forme de l'homme et du cheval.
Suidas, dans le livre I*' de ses Thessaliques, dit que Chiron fut fils
d'Ixion et frère de Peirithoos. » (Scol.) — On voit que cette scolie
rappelle et complète celle du Chant I*', v. 554. Les Philyres ne sont pas
mentionnés parStrabon. Denys (Pert>^.^ v. 765-767) cite dans Tordre
suivant les peuples du littoral, à partir de la Colchide : les Byzères, les
fiécheires, les Macrônes, les Philyres, les Mossynoiciens, les Tibaré-
niens et les Chalybes. Cf. Aviénus, v. 946, et Priscien, v. 740.
Valérius Flaccus (V, v. 1 5 i-i 52) énumère les Mossynoiciens, les Macro*
nés, les Byzères et les Philyres. Cf. Ammien Marcellin (XXII, 8, 21):
« Chalybes.., By:çares... et Sapires et Tibareni et Mossynœci et
Macrônes et Philyres, populi nulla nobis assuetudine cogniti. i
V. 1238. Ces lieux, son séjour habituels >- D'après Virgile, qui imite
les vers d'Apollonios (Georg., III, v. 92-94), cette aventure de Cronos
et de Philyra aurait eu lieu sur le mont Pélion en Thessalie, et non
dans nie Philyréide. D'après Hygin (FabuL, i38), l'événement eut lieu
en Thrace. -^ Philyra fut changée en tilleul, arbre c dont la fieur a dû
être souvent en usage dans la médecine grecque primitive, n (Decharme,
Mythol., p. 597.)
V. 1241. Union équivoque. --^ La mot que je traduis par équivoque
n'a pas précisément ce sens : c'est àtLoipaf;^, dont Merkel dit fort bien :
« Explicari adhuc non potuit, vix tamen ut corrigere tutum sit. » Quant
au sens général, il se comprend : Chiron a les deux formes du dieu et
du cheval, à cause des deux formes prises successivement par Cronos
au moment de la conception.
V. 1242-1244. Le pays des Macrônes, la région immense des
Bécheires, les Sapeires sauvages et les By:çères après eux. — Cf. la
303 NOTES
note aux yen SgB-Sçô. On a vu (note au vert i23i) que les Macr6neft
sont cités par les divers géographes. anciens. L'auteur anonyme d'un
Périple du Pont-Euxin (Geogr, Graec» Min,, Didot, vol. I, p. 410,
] 37) dit que les Macrùnes étaient aussi nommés Macrocéphales, et
Scylax {JPeripL, { 85) ne les désigne que sous cette dernière appellation.
— Les Bécheires, que Strabon ne nomme pas, et les Byzères sont
mentionnés au vers 763 de Denys, et aux vers 739 de Priscien et 946
•d'Aviénus. Valérius Flaccus cite les Byzères (V, v. 1S2.) Ces divers
peuples sont aussi nommés par Pline l'Ancien (VI, 1 1), et par Scylax
{Peripl., I 82 et suiv.). Quant aux Sapeires, il n'en est guère question
<iue dans tes Histoires d'Hérodote (£aairctpcc, I, 104, 1 10; III, 94, etc.),
dans Stéphane de Byzance et dans Touvrage d'Amroien Marcellin, où
les Sapires sont cités au milieu de toutes ces autres peuplades (XXII,
•8,21).
V. 1 248. — Le Scoliaste donne un certain nombre de renseignements
à propos de la légende bien connue de Prométhée : c Prométhée était
«nchalné sur le Caucase et l'aigle lui dévorait le foie. Agroitas, dans le
livre XIII de ses Libyques, dit que l'on a cru que le foie de Prométhée
était dévoré par un aigle, parce que la partie la plus importante de son
pays était rongée par un fleuve appelé l'Aétos [VAigU]^ et que Ton donne
«ouvent le nom de foie à une terre très fertile. Mais Héraclès ayant
détourné le fleuve au moyen de tranchées, on crut que l'aigle avait
^té éloigné et Prométhée délivré de ses liens : Théophraste dit que
Prométhée, qui était un sage, fit part le premier aux hommes de la
philosophie, d'où le mythe qu'il leur avait fait part du feu. Hérodore
se montre étranger à ces traditions dans ce qu*il raconte des liens de
Prométhée : il dit en effet que c'était un roi des Scythes, qui, ne pouvant
fournir le nécessaire à ses sujets parce qu'un fleuve appelé l'Aétos
inondait les campagnes, fut enchaîné par les Scythes; mais Héraclès,
ayant paru, détourna le fleuve dans la mer, et, à cause de cela, on
imagina fabuleusement qu'Héraclès avait fait disparaître l'aigle et
délivré Prométhée de ses liens. Phérécyde, dans son livre 11^ dit que
Taigle envoyé contre Prométhée était né de Typhon et d'Echidna,
fille de Phorcys. On dit que l'aigle mangeait le foie de Prométhée
pendant le jour, et que ce qui en restait s'augmentait pendant la nuit
pour devenir égal à ce qu'il était auparavant. Hésiode dit que Promé-
thée fut enchaîné et l'aigle envoyé contre lui parce qu'il avait dérobé
le feu [Théog,, v. 52 1; Œuvres et jours, v. 47 et suiv.]. Douris dit
qu'il fut puni pour avoir été épris d'Athéné : d'où vient que les habi-
tants des environs du Caucase ne rendent aucun culte à Zeus et à
Athéné, seuls entre les dieux, parce qu'ils ont été cause du châtiment
de Prométhée, et que ces peuples honorent au contraire Héraclès d'une
manière excessive, parce qu'il a tué l'aigle de ses flèches. C'est donc
naturellement qu'ApoUonios, ayant eu à parler du (^ucase, a fiiit
mention de ces choses. » C'est la tradition la plus ordinaire qu'Héraclès,
abandonné par les Argonautes (voir la note au vers 1289 du Chant I*'),
délivra ensuite Prométhée : cette délivrance est un des exploits qui
composent le XI* travail d'Héraclès, d'après Apollodore, qui dit, comme
.Phérécyde cité par le Scoliaste, que l'aigle éuit né de Typhon et
NOTES 305
d'Ëchidna (II, 5, ti). D après Valérius Flaccus (V, v. i55 et suiv.),.
c'est au moment où les Argonautes passent en vue du Caucase qu*à
rinsu des héros Héraclès délivre Prométhée. — Diodore de Sicile
(I, 19) suit une tradition à peu près identique à celles d^Agroitas et
d'Hérodore que rapporte le Scoliaste. Prométhée, dit-il, était le gou-
verneur d'une partie de l'Egypte, au moment où le Nil, ayant rompu
ses digues, inonda le pays; la plupart des habitants furent noyés et
Prométhée pensait se tuer de désespoir. L'impétuosité du fleuve
débordé l'avait fait surnommer 1*^1 é/<u (l'Aigle). Héraclès survint alors,,
répara les digues et fît rentrer le fleuve dans son lit : c*est, conclut
Diodore, ce fait qui explique le mythe grec d'après lequel Héraclès tua
Taigle qui rongeait le foie de Prométhée.
V. 1260. Vhabiletê d'Argos, — Le Scoliaste fait remarquer qu'il
s'agit ici d'Argos, fils de Phrixos, qui avait l'expérience de ces lieux.
D'ailleurs, Argos, 61s d'Arestor, est le constructeur et non le pilote du
navire. On a vu (v. 898) que c'est Ancaios qui a remplacé Tiphys au
gouvernail ; Argos, fils de Phrixos, remplace à son tour Ancaios, mais
provisoirement, pour amener les héros dans le Phase.
V. 1262. Aussitôt ils amenèrent la voile et la vergue et les placèrent
dans la fosse du mat, où ils les rangèrent; le mat lui-même fut, bientôt
après, abattu et couché, — « Pour dresser ou abaisser le mât, on prati-
quait une ouverture qui traversait les baux et le pont situés à l'arrière
du navire. Des madriers (aujourd'hui épontilles) devaient soutenir par
dessous les baux ainsi tranchés. Cette sorte de fosse ou de cage pour le
mât se nommait v) yuivià^ri ou Ivto^xy) et parfois aussi ^ iaxoMxv)... On
voit en outre qu'avant d'incliner le mât, la voile et la vergue étaient
amenées dans la (isaidf&T)... L'extrémité du mât se nommait parfois
xh txpiov. DTxpiov dérive le nom donné à la vergue par Homère (Odyss.,
V, V. 234 [51c pour 254] et 3 18) et par Apollonius de Rhodes (II, v. 126a) ;
To ticixpiov. Le nom ordinaire était y\ xtpotCa. Le premier terme doit
avoir été en usage en Attique, le second dans le reste de la Grèce..»
Abattre le mât se disait xbv f^rov ^aX&v {Apollonius de Rh,, II, v. 1464
[sic pour v. 1264]); xXivciv {Apollonius de Rh,, IV, v. i632}. » (Vars^
ouvr. cité, p. 63-64, 66, 98.)
V. 1264. A force de rames, — On a déjà vu (note au vers 913 da
Chant I*') dans quelles circonstances les anciens usaient des rames au
lieu d'aller à la voile. M. Vars explique en particulier pourquoi il fiiUait
entrer dans le port à la rame : « Alors on prenait les avirons, et l'on se
dirigeait vers la terre. On était ainsi plus libre de ses mouvements, et
on pouvait modérer la course à volonté. Si l'on avait abordé avec voiles
dehors, le mât aurait été, suivant toute probabilité, lancé par-dessus
bord. Nullus nauta plenis velis venit ad terram, sed cum adhuc in alto
est, deponit vêla et navigium ad littus remigando perducit, (Donat,
ad Verg,, Aen., V, v. 281.) C'est-à-dire : nul marin n'accoste toutes
voiles dehors; c'est au large qu'on amène les voiles. On rame (nage}
pour pousser le navire vers la côte. » (Ouvr, cité, p. i5o.)
V. 1282. Dans un endroit oit il était à flot (64^1). — On traduit
d'ordinaire v4>60i, alte, au large. A propos d'un vers de VOdjrssée (IV^
V. 78S, et non 780 comme il l'indique par erreur), M. Vars (OMi^r. cité.
304 NOTES
p. 143) établît que O^'oO op(i(U(v ne signifie pas cingler vers la haute
mêr, mais bien ancrer, mouiller un navire qui est à flot « En efièt, on
ne peut, au large, ni mouiller d*ancres, ni ûxcr. frapper d*amarres
comme cela se voit dans Apollonius de Rhodes (II, v. i283), où les
Argonautes mettent à Tancre dans une crique ombragée. » D'ailleurs,
ce n*est pas dans une crique, c'est dans un marais (fXoc), formé proba-
blement par les eaux débordées du fleuve, que les Argonautes font
pénétrer leur navire qui ne devait pas être à flot dans toutes les parties
de ce marais; de plus, les Argonautes ne mouillent pas d'ancres, puis-
qu'ils ne connaissent que les pierres de fond, et ils ne frapperont
d'amarres que quand ils seront sortis du marais et revenus dans le
Phase (Ch. III, v. b-jb).
CHANT III
V. I. Érato. — c On dit que la danse fut inventée par Érato. C'est
avec raison qu*ÂpoIlonios dit qu^Érato a part- aux mystères d* Aphro-
dite, je veux dire ceux qui ont rapport aux mariages, car la danse
accompagne les mariages. Dans les œuvres attribuées à Musée, il est
raconté que les Muses procèdent d'une double origine : les plus
anciennes sont contemporaines de Cronos, les plus jeunes sont nées
de Zeus et de Mnémosyne [Voir, sur l'origine des Muses, Decharme,
AfythoL, p. 224]... On se demande pourquoi le poète qui, dans le
Chant I*', a invoqué Apollon, invoque ici les Muses. Certains pensent
que c'est parce que, dans les poèmes orphiques, Érato est donnée
comme inventrice de la danse : par conséquent, comme le poète doit
raconter le mariage de Médée, il invoque la Muse inventrice des danses
qui accompagnent les noces. D'autres disent que c'est parce que les
Muses président aux réjouissances; aussi la Muse n'est pas étrangère
aux fêtes du mariage. Que les Muses président aux réjouissances, c'est
démontré dans les poèmes orphiques : Les mortels ne sont pas oubliés
par les Muses; car elles sont les maîtresses qui s'occupent des chœurs
de danse et des fêtes aimables. Rhianos, dans le premier livre de sçs
Héliaques, dit qu'il importe peu que l'on invoque l'une quelconque
des Muses : car, en parlant d'une seule, on les désigne toutes. 11 dit
ainsi : Toutes entendent, si tu nommes l'une d'elles. » (Scol.) « brato...
est la Muse de l'hyménée... et son image a une grande analogie avec
les représentations de Vénus. La fonction de cette Muse n'est donc pas
douteuse : elle préside aux noces et à la poésie erotique. Apollonius
l'invoque au début du Chant III des Argonautiques, où il célèbre
Tamour de Médée pour Jason; au commencement du Chant VIII [sic]
de ï Enéide [VII, v. 37 : Nunc âge, qui reges, Erato...], Virgile
l'invoque également; car l'hymen d'Énée et de Lavinie est l'événement
capital de la seconde partie du poème. » (Decharme, MythoL,
p. 233-234, ^^ ^^^^ ^.^ 1* P^8^ 2^0 Dûbner juge sévèrement l'invo-
cation de Virgile à Érato : « Vergil., lib. VII, in recensu populorum
temere imitatus est. » Il ajoute, à propos de ce qu'Apollonios dit
d'Érato: m. Sine dubio in nullo veterum poetarum haec occurrunt.»
, Mais, s'il n'imitait pas les vieux poètes, ApoUonios a eu lui-même
des imitateurs. Cf. Ovide, de Art. Am., II, v. i5 :
Nanc mihi, si quando, paer et Cytherea Tavete,
Nttoc Erato; nam ta nomea amoris habes.
V. 9. Dans une chambre (OaXa|tov). — Cette chambre serait, d'après
Dûbner, la salle où les dieux s'assemblent : lovis conclave in quo
conveniunt dei. Il semble peu probable que les déesses se retirent dans
cette salle où elles auraient chance d'être dérangées; elles vont plutôt
S9
3o6 NOTES
dans quelque chambre intérieure de la demeure d*Héra cù aucun des
dieux ne gônera leur délibération.
V. 26. A son en^fant, — «Apoilonios fàxx naître Éros d* Aphrodite;
Sappho, de Gaia et d*Ouranos; Simonide, d^ Aphrodite et d*Ârès:
Cruel, fils rusé d'Aphrodite, toi qu'elle a enfanté à Ares qui machine
des ruses. Hésiode dit qu*£ros est né du Chaos; dans les poèmes
orphiques, il est dit fils de Chronos : Or, Chronos engendra Éros
et tous les esprits. » (Scol.) Chronos, dieu du temps, ne serait pas le
même que Cronos. Voir Decharme, MythoL, p. 7, n. i ; Prcller,
Griech. MythoL, erster Band, dritte Aufiage, p. 45, n. 2. Pour les
diverses généalogies des deux Éros, celui de la Théogonie et celui des
traditions postérieures, voir Decharme, Mythoî., p. 209.
V. 39. L'enceinte de la demeure (Cpxea)... le portique de la chambre
(61c* atdoutfiji). — Dans la maison homérique, rCpxoç est le mur qui clôt
la cour; et ratBou<ra, [portique] brûlant^ parce qu*il était ouvert au
soleil, est la galerie ou colonnade, qui part des deux côtés de la porte.
Cf. le commentaire d'Eustathe aux vers 472-477 du Chant IX de
VJliade. «On voit par ces vers quelle était la disposition d'un palais
au temps d'Homère. Il y avait une enceinte, puis une cour, puis un
portique, puis un vestibule qui menait à la maison proprement dite
et aux chambres de la maison. «(Pierron.) La maison divine, décrite
par Apoilonios, est un peu plus simple que la maison homérique,
puisqu'il n'y a pas de icp6So|A,oc : la chambre d'Aphrodite s'ouvre direc-
tement sur le portique.
V. 41. Sa forge et ses enclumes, — c C*est dans une des îles d*Aiolos,
nommée Hiéra, qu'Héphaistos avait, dit-on, sa forge. Le poète nomme
cette île errante, soit parce qu'il suit la tradition de ceux qui ont
raconté les erreurs légendaires d'Ulysse aux environs de Tltalie et de
la Sicile, soit parce qu'autrefois toutes les îles étaient errantes et
manquaient de base fixe. D'après Callimaque [Hymne à Artémis,
V. 47], ce n'est pas Hiéra, mais Lipara qui était consacrée à Héphais-
tos. Ces îles d'Aiolos, au nombre de sept, sont : Strongylé, Euonymé,
Hiéra, Lipara, Didymé, Éricodès et Phoinicodès, toutes voisines de la
Sicile... Callias dit, dans le livre X de son ouvrage sur Agathocle, qu'il
y a dans l'île d'Hiéra une montagne élevée, à deux cratères, dont
l'un, qui a un périmètre de trois stades, produit une lumière capable
d'éclairer un grand espace de pays aux alentours. En outre, il sort par
cette ouverture des pierres enflammées d'une grosseur démesurée; et
un bruit si fort retentit quand Héphaistos travaille, qu'on l'entend à
cinq cents stades. Les matières enflammées, rejetées par l'éruption,
ont une teinte complètement violette, à cause de leur embrasement,
et leur combustion fait qu'elles ont l'aspect et la puissance du soleil.
La nuit, on voit parfaitement tous les actes du travail du dieu; et,
pendant le jour, on aperçoit comme un nuage en suspension
au-dessus du sommet d'où sort la lueur éclatante.» (Scol.) Ùlliade,
où Héphaistos est l'époux de Charis, place les forges du dieu dans le
ciel (XVIII, V. 369 et suiv.); VOdyssée, où il est le mari malheureux
d'Aphrodite, les placera Lemnos (VIII, v. 283 et suiv.), île dont le
volcan fiameux s'éteignit au iv* siècle avant J.-C; après leur établis*
NOTES 307
sèment en Sicile, les Grecs admirent l'existence des forges divines,
soit dans TEtna, soit dans les îles Éoliennes ou Lipariennes. Strabon
(229, II) dit que Thermessa, l'une de ces îles, prit le nom de Hiëra,
quand elle eut été consacrée à Héphaistos. Elle avait trois cratères
qui lançaient des flammes; le plus vaste des trois vomissait même des
blocs incandescents. Diodore de Sicile parle longuement des îles
Éoliennes (V, 7); Virgile place les forges de Vulcain dans Tîle Vulcania,
c'est-à-dire Hiéra, voisine de Liparé (Aen., VI H, v. 422), où demeure
Éole (Aiolos). Strabon fixe le séjour de ce dieu dans l'île de Strongylé
(229, 53). Quoi qu*il en soit, le voisinage dHéphaistos et d'Aiolos est
confirmé par les vers 778 et suivants du Chant IV des Argonautiques,
V. 43. Elle était seule à la maison. — Scaliger (Poetices libr. V,
cap, VI) îsxi remarquer que cette description de la toilette de Cypris a
été imitée par Claudien {de Nupt. Hon,, v. 99, sqq.) supérieur, d'après
lui, au modèle grec.
V. 52. Vénérables amies (T)Otfat). — Le Scoliaste fait observer que,
dans Homère, le mot ifiaoç est toujours employé par une personne
plus jeune s'adressant à une personne plus ftgée, et il pense qu'ApoUo-
nios emploie dans un sens général cette expression dont Cypris peut
user en s'adressant à Héra, mais non à Athéné. Quelle que soit la
généalogie de Cypris, née des parties sexuelles d'Ouranos, ou fille de
Zeus, venue au monde avant op après Athéné, il est évident que,
dans la hiérarchie olympienne établie par ApoUonios, la femme
d'Héphaistos est bien inférieure à Héra et à Athéné, qui ont l'air de
croire se compromettre en venant la voir pour un motif intéressé,
elles, la femme irréprochable et la vierge, qui fréquentent peu chez la
mère d'Éros.
V. 62. Pour délivrer aux en/ers Ixion de ses liens d'airain, — Il
suffit, pour apprécier toute la force des paroles d'Héra, de se rappeler
la conduite qulxion avait tenue à son égard, lui qui « eut l'audace de
poursuivre de ses amoureux désirs la reine même du ciel ». (Decharme,
AijrthoL, p. 592. Voir, pour le mythe d*Ixion, les sources indiquées
dans les notes de cette page.)
V. 67. VAnauros,'-' Voir la note au vers 0 du Chant I". Ce n'est
pas en portant Héra à travers les eaux débordÀ^s du torrent que Jason
a perdu une de ses sandales* puisque, le jour où il a rencontré la
déesse, il revenait de la chasse et il ne se rendait pas aux fêtes célé-
brées par Pélias en l'honneur des dieux.
V. 79. // n'y aurait certes rien de pire que Cypris,,, — Brunck
rapproche ces paroles de celles du vieillard de Térence, dans VHeau»
tontimoroumenos (I, i, v. 1 33) :
Malo qaideoi me qaovis dignum deputem,
Si id faciam...
V. 86. La fille d*A iétès, — « Le poète emploie icopOivov pour (h^raTipa.
On peut aussi entendre : celle des filles d'Aiétès qui est vierge. » (Scol.)
V. 93. De moi il n*a aucun souci, — Lucien a imité de près toutes
ces récriminations de la déesse contre son fils dans le XI* des Dialogues
des dieux où Aphrodite les répète à Séléné presque en propres termes.
308 NOTES
Le Dialogue XII entre Aphrodite et Éros est aussi imité de i*entrevae
de la déesse avec son fils {Argon., Ch. III, v. m et suiv.).
V. 1 14. Loin de Zeus, dans une plaine fleurie, — « La phrase est
amphibologique; on peut comprendre : loin de Zeus, ce qui vaut
mieux ; ou : loin des autres, dans une prairie fleurie de Zeus. Quant à
Ganymède, Homère ne dit pas que Zeus l'ait enlevé à cause de ses
désirs amoureux, il dit qu'il fut enlevé par les dieux, pour servir
d'échanson à Zeus. » (Scol.) Le Scoliaste se fonde sur le vers 234 du
Chant XX de VJliade, Mais ApoUonios suit la tradition généralement
adoptée, qui se trouve aussi dans VIliade (V, y. 266), où il est dit que
Zeus donna à Tros de merveilleux coursiers, en Change de son fils
Ganymède, et dans VHymne homérique à Aphrodite, où il est dit
(v. 2o3 et suiv.) que 2Îeus enleva Ganymède pour faire de lui son
échanson. Voir Decharme, Mythol., p. 231-222. — Brunck lait remar-
quer que ce tableau gracieux d*Lros et de Ganymède jouant aux
osselets est peut-être emprunté au groupe célèbre de Polyclète, les
Astragali\ontes, qui, au temps de Pline, qui en parle avec admiration,
se trouvait dans Tatrium du palais de Titus (N. H., XXXIV, 55). Voir
Couat, Poésie alexandrine, p. 309.
V. i33. Adrestéia. — tCest une sœur des Courètes; Callimaque a
dit : Adrestéia a pris soin de toi [Hymne à Zeus, v. 47]. » (Scol.) Voir
la note au vers 1 1 29 du Chant I*'. t Chez Apollonius {A rgon., III, v. 1 32),
Ad restée donne une sphère comme jouet à Tenfant divin. Cette balle
enfantine deviendra plus tard la sphère du monde, attribut de Zeus.
Les monnaies Cretoises de l'époque romaine nous montrent Zeus
enfant, assis sur une sphère à côté de la chèvre Amalthée. 1 (Decharme,
MythoL, p. 39, note 2.) On sait que les scènes de l'enfance de Zeus se
passent en Crète : mais, préoccupé peut-être de ce qu'il vient d'être
question du Troyen Ganymède, le Scoliaste suppose qu'il peut s'agir
ici aussi bien de l'Ida, mont de la Troade, que de l'Ida de Crète; et il
cite, à l'appui de cette hypothèse, l'opinion de Démétrios de Scepsis
(en Troade), dont l'amour-propre national affirme que la Troade
revendique l'honneur d'être le lieu de naissance de Zeus.
V. 188. Ce que la force obtiendrait avec jt^iite... — Brunck fait
remarquer que Térence montre, dans V Eunuque (IV, vu, v. 789},
Thrason justifiant sa lâcheté au moyen de cette sage maxime:
Omnia prius experiri qaam araiis Mpientem decet.
ApoUonios imite ici un passage des Phéniciennes (v. 5 16-517)
d'Euripide : « La parole vient à bout de toutes les difficultés, mieux
que ne le feraient les armes des ennemis. »
V. 197. // prit lui-même le sceptre d* Hermès. — Hermès, messager
de Zeus, est l'ambassadeur primitif. Dans le Chant I*' (v. 640 et suiv.),
c'est Aithalidès, le propre fils du dieu, qui est député aux femmes de
Lemnos : on lui confie « le soin des ambassades et le sceptre d'Hermès ».
Mais ici, les conjonctures étant plus graves, c'est le chef luinnême de
l'expédition qui prend le rôle de héraut.
V. 198. Conduits par le navire. — Hoelzlin, qui lit âva, leçon ordi-
naire, au lieu de àpa, leçon des mss. de Paris, rétablie depuis l'édition
NOTES 309
de BniDck» explique : c Non admota ad litttts itavi, nec adhibita scapka,
sed pedibus per vadosam paludem in campum pervenerunt, more
heroico, 1 Rien, dans ces vers, ne confirme cette « coutume héroïque *.
Il semble probable que le navire Ârgo est amené au rivage du Phase
pour permettre aux héros de descendre à terre, sans qu'ils aient, ce
qui ne serait nullement nécessaire, à traverser à gué le marais.
V. 200. Une plaine qui se nomme la plaine Circaienne, — Voir la
note au vers 399 du Chant II. — Le Scoliaste donne les diverses
généalogies de Circé mentionnées par les auteurs anciens. On la disait
fille ou sœur d'Aiétès. Denys de Milet, en particulier, raconte, au
premier livre de ses Argonautiques, que Circé était la fille d'Aiétès et
d'Hécate, fille elle-même de Perseus ou Perses (voir la note au vers 467),
et la sœur de Médée. Aiétès et Perseus, fils d*Hélios, régnaient le
premier en Colchide, le second en Tauride; Aiétès épousa la fille de
son frère, Hécate, dont il eut d'abord Circé, puis Médée. Telle est la
tradition rapportée par Denys de Milet. ApoUonios, comme Apollodore
(I, 9, i)etla plupart des mythographes, fait de Circé la fille d'Hélios
et la sœur d' Aiétès. Diodore de Sicile (IV, 45) reproduit la version de
Denys.
V. 201. Une suite d*arbrisseaux aux branches flexibles (icp6|jiacXoO*
— On lit, dans les mss., np^fiaSot, mot qui n*a pas de sens, et que
H. Estienne a corrigé en icp^iiaXot; VEtymoL M. dit de ce mot:
icpijMiXoi, ddoc âypCac ^uic C'est le vitex des Latins, vitex agnus castus
de Linné (gattilier commun).
V. 202. A leurs sommets, — Le Scoliaste dit que cette coutume des
Colchiens est mentionnée par Nymphodore. Après ApoUonios, Élien
(Var. Hist,, IV, 1) rappelle aussi cet usage, qui est attribué également
aux Scythes par divers auteurs, en particulier, par Silius Italiens
(XIII, V. 486).
V. 210. Pendant qu'ils s'avançaient...'^ ApoUonios imite ici de
très près le récit de l'arrivée d'Ulysse chez Alcinoos (Odyss., VII, v. 14),
comme il va bientôt (v. 21 5) imiter la description du palais du roi des
Phaiaciens {Odyss., VII, v. 86).
V. 2i5. A Ventrée (ev icpofiioXMi). — Ils se tiennent à l'entrée de
l'enclos (Cpxoc)} de la cour entourée par un mur. Les colonnes (x(ovec)*
dont parle ici ApoUonios, ne jouent pas le même rôle que dans
VOdyssée, où elles s'élèvent à l'intérieur du {t£Y>pov, destinées à
soutenir le toit. Il est question, dans les Argonautiques, d'une colonnade
extérieure : les murs de la maison d'Aiétès sont entourés par une suite
de colonnes qui supportent l'entablement (xpcY^ic), dont la frise présente
des surfaces saillantes d'airain, ornées chacune de trois rainures
verticales appelées triglyphes, ^ KpoWonios n'emploie pas le mot
triglyphe, mais le simple yXvf^c (coche, entaille) qui doit avoir le sens
du composé.
V. 224. Un liquide huileux et parfumé, — « Il coulait une eau mêlée
d'aromates, ou une huile parfumée. » (Scol.) ApoUonios se souvient
des quatre fontaines de Calypso {Odyss., V, v. 70).
V. 226. Les Pléiades. — Voir, pour la légende des Pléiades, Dechar-
me, MythoL, p. 253; Apollodore, III, 10, i et suiv.; Phérécyde, /ra^m..
3IO NOTES
46 (Fragm, Hist, Graec, Didot, vol. I*', p. 84). Les Pléiades sont une
constellation composée de sept étoiles, qui se lève du 32 avril au
10 mai, et qui se couche du 20 octobre au 11 novembre. Le coucher
de cette constellation annonçait aux Hellènes l'approche des grandes
pluies et des tempêtes d'hiver (cf. Hésiode, Œuvres et Jours, v. 619
et suiv.).
V. 23o. Des taureaux aux pieds d'airain. — « Phérécyde dit aussi
que ces taureaux aux pieds d'airain exhalaient des flammes. «(Scol.)
Apollodore (I, 9, 23) rapporte aussi la même tradition. Ces taureaux,
comme les chiens d'or du roi Alcinoos {Odyss,, VII, v. 91), comme les
servantes d'or que Thétis voit dans la maison olympienne du dieu,
semblables à des jeunes filles vivantes, douées de la voix et du mouve-
ment {Uiad., XVIII, V. 418 et suiv.), sont autant de preuves de cette
puissance créatrice d'Héphaistos, dont Pandore est le chef-d'œuvre.
Voir Decharme, MythoL, p. 174.
V. 232. Une charrue toute d'une pièce. — «Il y a deux sortes de
charrues : celle qui est toute d*une pièce, et celle qui est formée de
parties ajustées ensemble. La partie \pférieure de cette dernière
({Xu|ia) se joint à l'ensemble : c'est à l'DLvi&a que le soc (uvk) est fixé.
La pièce de bois qui va de r{Xu|ia jusqu'aux bœufs se nomme ^vv};; i
partir du yvYK commence le timon (laro^oc^c); les parties du joug(Cv)f^)
qui s'étendent sur les nuques des bœufii se nomment les Ct^Xat ou les
Ifcivvoipa. L'organisation des charrues a été décrite par Ératosthène
dans son Architectonique.^ (Scol.) L*l>uf&a correspond au dentale
(dens, la dent qui mord, qui fixe le soc); l'Ovic correspond au vomer;
le Yvv)c, à la buris (cf. Virg., Georg,, I, v. 170), pièce de bois courbe, en
forme de queue de bœuf (Pobc oupci), dont le prolongement forme le
timon 0<rroposvc, temo), qui passe entre les boeufs et porte le joug.
Voir, au sujet de ces diverses pièces, Hésiode (Œuvres et Jours, v. 437
et suiv.), qui indique la différence entre les deux sortes de charrues, et
Virgile (Georg., I, v. 169 et suiv.).
V. 333. En témoignage de sa reconnaissance pour Héiios.^^Cc
mythe a été imaginé à cause de l'infirmité des pieds du dieu; mais il
manque de vraisemblance, puisque Héphaistos se montra plus fort
que les Géants et les mit en fuite. Mais ApoUonios a trouvé ce motif
pour imaginer qu'Héphaistos ait construit à Aiétès les taureaux aux
pieds d'airain et la charrue. 1 (Scol.) Apollodore (I, 6, 2) mentionne
en effet la victoire d'Héphaistos sur les Géants; quant aux champs de
Phlégra (les champs ardents), il en est souvent parlé par les auteurs
anciens qui, suivant les traditions locales, les placent en Thessalie, en
Arcadie, en Campanie, mais toujours au milieu de riions volcaniques.
— Voir Strabon (202, 64; 204, 41; a33, 53; 278, 44), Diodore (IV, 21 ;
V, 71), etc.
V. 235. La cour intérieure ((lévaav^o;). — «C'est le milieu de la
cour, où l'on tient les bœufs. Les Attiques donnent ce nom au passage
qui conduit à l'appartement des hommes et à celui des femmes.»
(Scol.) Brunck fait observer avec raison qu'aucun de ces deux sens du
mot ne convient au passage d'Apollonios : c A poetae mente aliéna sunt
quae in scoliis leguntur. » C'est dans Homère que i&iavovXoc signifie la
NOTES 311
cour des bestiaux, l'espace libre entre les divers bâtiments ou étables;
et c'est seulement à partir de la période attique que le iiiaaavXoc est le
passage qui sépare les deux parties principales du rez-de-chaussée»
Tappartement des hommes et celui des femmes. Brunck dit fort bien :
c MÎaaavXoc ApoUonio nihil est aliud quam aùXi^. t II îslmi toutefois
remarquer que c'est une cour intérieure, puisqu'elle est entourée de
constructions.
V. 242. Astérodéia, nymphe du Caucase, — « L'auteur des NaupaC'
tiques la nomme Eurylyté. Denys de Milet rapporte, comme cela a été
déjà dit, que la mère de Médée et de Circé était Hécate; Sophocle dit
que c'était Néaira, une des Néréides; Hésiode, que c'était Idya [Théog.,
V. 968]. Epiménide dit qu'Aiétès était de race corinthienne et que sa
mère était Éphyra [le nom archaïque de Corinthe est Éphyra; voir
Strabon, 290, 3o; Âpollodore, I, 9, 3, etc.]. Diophante, dans le livre 1"
de ses Histoires Pontiques, dit que la mère d'Âiétès était Aniiopé. »
(Scol.) Voir la note au vers 200 de ce Chant et la note au vers 122 1 du
Chant II. IjQ Scoliaste (note au vers i236 du Chant III) dit que, d'après
le témoignage de Timonax, dans le second livre de ses Scythiques,
Apsyrtos se nommait aussi Phaéthon. Dans les Argonautiques, c*est le
peuple qui a donné ce surnom à Apsyrtos^ comme dans VIliade
(VI, V. 402), c'est le peuple de Troie qui a donné le surnom d'Astyanax
au petit Scamandrios.
V. 273. Cependant, — Voir le rapprochement que fait M. Couat
{Poésie alexandrine, p. 3o9-3io) entre tout ce passage et les vers
d'Anacréon imités par le poète alexandrin.
V. 276. Le taon, — Voir la note au vers 1263 du Chant I*'.
V. 278. Le passage qui mène à la maison (np62o|jioc]. — C'est littéra-
lement Vavant-maison, le ve5/t^M/i<m des Latins: Éros traverse ce passage,
et s'arrête contre le montant de la porte qui ouvre l'intérieur des appar-
tements* Pierron (Uiad., XXIV, v. 673) traduit cv irpo8i(Ao> 86(tou par in
vestibulo domus et fait de ce mot un synonyme de galerie (aZèouaa).
V. 279. Tire de son carquois, — Brunck rapproche ce vers du vers 1 16
du Chant IV de VIliade.
V. 281. Se blottit (c>vo6efc). — ApoUonios se souvient du passage de
VOdyssée (IX, v. 433), où Homère montre Ulysse blotti (eAÛ<j6ctc) sous
le ventre du bélier à la longue laine duquel il se cramponne.
V. 291. Telle une femme,,, — Le Scoliaste rapproche cette compa-
raison d'une comparaison homérique (Odyss., V, v. 488).
V. 3 II. Circé, — «ApoUonios suit les traditions d'après lesquelles
il est supposé que les erreurs d'Ulysse l'ont conduit dans la mer
Ty rrhénienne ; le premier auteur de ces traditions est Hésiode, qui dit
que Circé avait sa demeure dans une ile de cette mer. Circé a habité
aux environs de l'Italie; c'est d'elle que vient le nom du mont Circaion
qu'elle a rendu fécond en poisons [cf. Diodore, IV, 43]. ApoUonios suit
Hésiode quand il dit que Circé vint sur le char d'Hélioa dans une île
située près de la Tyrrhénie. Il appelle cette région occidentale parce
qu'elle est du côté où le soleil se couche. » (Scol.) On ne connaît pas
l'ouvrage d*Hésiode auquel le Scoliaste fait ici allusion. — Voir, sur
Circé, la note au vers 200. •
312 NOTES
V. 322. Lile d'Ényalios.^Cest'k'dire Vile d*Arès. Ényalios est un
des surnoms du dieu de la guerre. Eustathe fait dériver ce surnom
homérique du verbe êvuw qui serait synonyme du verbe 90veutf>, tuer.
Il est plus simple de noter la ressemblance du surnom d*Arès avec le
nom de la déesse Ényo, nom qui c n*est probablement que l'antique
cri de guerre des Grecs : Ényo, la destructrice des villes, la déesse
meyrtrière des batailles, qui devint plus tard la mère, la fille ou la
nourrice d'Ares. Le dieu lui-même est, en effet, souvent désigné par
répithète d'Ényalios.n (Decharme, MythoL, p. 189.) Voir PrcUcr,
Griech. MythoL, erster Band, dritte Auflage, p. 265.
V. 343. Maintenu par des chevilles {'^^vC^, — Ce veis apporte une
nouvelle preuve de l'importance que les chevilles avaient dans la
construction des navires de l'antiquité grecque (voir la note au vers 79
du Chant II). Si Argo peut braver l'effort des ouragans, c'est que ses
diverses parties sont maintenues par des chevilles. Le poète donne
à entendre que les Colchiens encore barbares n'usaient pas des 7^11901
pour consolider leurs embarcations; mais on a vu (note au vers 4
du Chant I*') qu*Apollonios ne suit pas la tradition d'après laquelle
Argo serait le premier navire qui ait sillonné les meri.
V. 353. Lej Sauromates. — Il n'est question dans aucun autre
passage des Argonautiques^ excepté (v. 394) dans le discours de Jason,
de ce peuple et de ses luttes contre les Colchiens. Les Sauromates
semblent, d'ailleurs, ne pas avoir été les voisins immédiats des
Colchiens : diaprés Scylax {Peripl., | 70-80), on trouve, entre les deux
peuples, les Maiotes, les Sindes, les Cercètes, les Torètes, les Achalens,
les Hénioches, les Coraxiens, les Coliciens, les Mélanchlainiens et
les Gélones. Le Scoliaste ne cite aucun historien qui fasse allusion
aux luttes des Colchiens et des Sauromates. Une tradition rapportée
par Diodore (IV, 45), mais qui contredit celle qu'Apollonios suit à
propos de Circé, pourrait donner les causes de ces guerres entre
les deux peuples : Circé, mariée au roi des Sauromates, aurait empoi-
sonné son époux et gouverné tyranniquement ses sujets.
V. 374. La toison de Phrixos. — Le texte dit la toison et Phrixos:
« 'Ev 5ià 6uoTv, fait remarquer Dûbner; nam Phrixus mortuus est, » Le
trouble et la colère d*Aiétès le font parler avec plus de passion que de
correction grammaticale. — Les vers 374 et 375 ont beaucoup inquiété
les commentateurs : on peut voir, en particulier dans Tédition de
Wellauer, les diverses corrections proposées pour rendre ce passage
plus clair. Je me borne à traduire simplement le texte de Merkel, qui
me semble offrir un sens très satisfaisant, pourvu qu'on admette
l'existence d'un Cv Bik Suotv au vers 374. Van Herwerden {ad Apol'
lonii Argonautica, in Mnemosyne, i883) dit très justement pour
défendre la leçon du vers 374 :
TIp(v nvflt XcvraXiov tc 6ipoc xoi <&p((ov Ifif^Oat,
contre tout essai de correction : t Infeliciter vir summus Madvigius
versum tentavit scribendo:
npfv Tiva XevyaXéou tc 6épouc xa\ <^{|ou itaOat,
NOTES 313
itinnemor illam loquendi rationem in minitando satis usitatam esse,
lam Homerus Od, p 448 cecinerat:
Mt) Taxa mxpriv AlV^irrov xx\ Kuicpiv tSijat
et similia reperiuntur apud tragicos. Ex Aristophane citaho locum
Thesmophor, 854.»
V. 388. Qui donc oserait traverser volontairement,,, — On peut
rapprocher ces paroles de Jason de celles qu'Hermès adresse à Calypso
{Odxss,, V, V. 99-101).
V. 409. J'ai deux taureaux, -^ a Antimaque, dans sa Lydé, dit aussi
que les taureaux étaient Toeuvre d'Héphaistos. • (Scpl.) Voir la note au
vers 23o.
V. 412. Vaste de quatre arpents. — c Phérécyde, dans son livre VI,
dit qu*elle avait cinquante arpents. » (Scol.)
V. 444. Sa beauté et sa grâce, '— Brunck rapproche ce passage des
vers 236-237 du Chant VI de VOd^ssée.
V. 446. Son dme, comme un songe,,. — Van Herwerden remarque
qu'ÂpoUonios imite le vers 222 du Chant XI de VOdyssée : < Son Ame,
comme un songe, voltige en s*envolant au loin. »
V. 452. Les Èros, — M. Couat {Poésie aiexandrine, p. 3 10) remarque
qu'ici Apollonios fait intervenir non plus Éros seul, mais la troupe
turbulente des Éros, et qu'il ramène ainsi notre pensée, d'abord séduite
et touchée par son pathétique récit, vers la banalité de la littérature
erotique. Les Éros reparaîtront encore dans d'autres passages du
Chant III (v. 687, 765, 937) : le Scotiaste ne fait à leur sujet aucune
observation, quoique, semble-t-il, Apollonios soit le premier à les
introduire dans la poésie sérieuse qui ne connaissait encore qu'Éros et
Himéros, faisant Tun et l'autre partie du cortège d'Aphrodite (Hésiode,
Théog., v. 201). Au temps où Apollonios écrivait son poème, l'art
grec avait multiplié les Éros, petits génies ailés qui symbolisent les
diverses nuances de la passion : « Un seul Éros ne suffit pas, et c'est
tout un petit peuple ailé qui voltige dans le champ des peintures
céramiques.» (Collignon, Mythol. figurée de la Grèce, p. 162.)
V. 467. Fille de Perses, — C'est Hécate qu'Âpollonios désigne ainsi :
« Quelques-uns disent qu'elle est fille de Zeus; dans les Orphiques, elle
est née de Déméter : Alors Déô enfanta Hécate, fille d'un père illustre.
Bacchylide dit qu'elle est fille de la Nuit : Hécate, porteuse de torches,
fille de la Nuit au vaste sein* Musée dit qu'elle est fille d'Astéria et de
Zeus; Phérécyde, d'Aristée le fils de Paiôn. 1 (Scol.) Apollonios suit la
tradition ordinaire, d'après laquelle Hécate est fille de Perses, dieu
ancien de la lumière, et d'Astéria, la Nuit étoilée (cf. Hésiode, Tliéùg,,
V. 409 et suiv.; Apollodore, I, 2, 4, etc.). Au vers io35 de ce Chant
(voir aussi la note au vers 847), le poète rappelle qu'elle est i&ovvoYtvric
t l'unique enfant des deux puissances qui lui ont donné la vie : les
ténèbres et la lumière» (Decharme, MythoL, p. 141). Dans sa note à
ce rers, le Scoliaste rapporte une tradition de Musée qui contredit un
peu celle qui vient d'être citée : c Musée raconte que Zeus, épris
d'Astéria, s'unit à elle et qu'il la donna ensuite à Perses. » Fille d'Astéria,
tiécate pourrait donc^ d'après Musée, avoir pour père ou Zeus, ou Perses.
40
314 NOTES
V. 522. Ceux qui 4ispiraient au combat, — «Tels sont, diaprés
Apollon ios, ceux qui se proposaient de mettre les bœufs sous le joug.
Mais Tauteur des Naupactiques compte, comme voulant tenter Tentre-
prise, tous les héros qu'il a cités... Dans le même poème, Idmon,
rétant levé, exhorte Jason à soutenir la lutte.» (Scol.) Apollonios a
déjà fait mourir Idmon dans le pays des Mariandyniens {Argon., Il,
V. 8i5 et suiv.).
V. 533. Les astres et le cours de la lune sacrée. — Faire descendre la
lune du ciel sur la terre par leurs incantations était, on le sait, un des
prodiges par lesquels se manifestait le plus souvent la puissance des
sorcières antiques. Le Scoliaste donne à ce sujet plusieurs renseigne-
ments qui sont complétés par la scolie au vers 59 du Chant IV. c 11
fait allusion à cette légende bien connue suivant laquelle les magi-
ciennes font descendre la lune du ciel. Aussi, certains donnaient aux
éclipses de la lune et du soleil le nom de descentes de ces dieux [xottai-
pivcic]- ^^ pensait autrefois que les magiciennes faisaient descendre la
lune et le soleil. Aussi, jusqu'au temps de Démocrite, beaucoup de
personnes appelaient les éclipses des descentes. Sosiphane dit dans
son Méléagre : Par ses incantations magiques, toute jeune fille de
Thessalie prétend mensongèrenient faire descendre la lune du haut du
ciel. [Voir Poet. Tragic, Fragmenta, Didot, p. 157. Sosiphane est
un des sept poètes qui, d'après le catalogue de Suidas, formaient la
pléiade tragique d^Alexandrie. Quant au philosophe Démocrite, on
sait que son matérialisme sceptique écartait de l'explication de l'uni-
vers l'intervention de tout principe divin.] On dit qu'Aglaonicé, fille
d^Hégémon, ayant l'expérience de l'astrologie et connaissant 'à quels
moments les éclipses de lune devaient se produire, prétendait attirer
la déesse. » Voir, pour l'histoire de cette Aglaonicé, nommée aussi
Aganicé, Plutarque {De/ect. Orac, 1 3 ; Conjug, Praecept., 48J. Platon
(Gorgias, 5i3 a), Aristophane [Nuées, v. 749), etc., parlent des Thes^
saliennes qui font descendre la lune sur la terre. Cf. Virgile {Ed. VIIl,
V. 69), Horace {Epod., V, v. 45), Ovide {Met., XII, v. 263;Amor., II,
I, V. 23), etc.
V. 540. Un présage» — Brunck fait remarquer que l'idée de ce
présage est empruntée au passage de VIliade (VIII, v. 245 et suiv.) où
Zeus fait apparaître un aigle aux yeux d'Agamemnon qui implore le
secours des dieux. La colombe, consacrée à Cypris, est ici à sa place.
V. 55o. Ce doux oiseau, qui lui est consacré. — t Apollodore, dans
son ouvrage sur les dieux, dit quç la colombe [icsp torcpâ] est consacrée
à Aphrodite a cause de sa lasciveté, car son nom vient de iccpi9v6< cp&v
[aimer avec excès]. » (Scol.)
V. 570. Nous irons... attacher... les amarres au rivage. — On a vu
(v. 1 282 du Chant II et note à ce vers) que les Argonautes ne s'étaient
pas approchés du rivage du Phase; ils avaient dit entrer le navire dans
un marais communiquant avec le fleuve et, profitant d'un endroit où
Argo était à flot, ils l'avaient établie sur les pierres de fond. Ils sont
ainsi, tout d'abord, restés cachés au milieu des roseaux épais, sans
être vus des Colchiens (v. 6 et 7 du Chant III). Maintenant qu'ils ne
veulent plus se dissimuler, ils vont attacher leurs amarres au rivage
NOTES 315
même et prendre ainsi possession de la terre des Colchiens. — Du
fleuve oit est le navire, c'est-à-dire du marais, comme Dûbner Ta bien
compris : « êx icoxaiidto, id est (Xof. > Les Argonautes vont retirer les
pierres de fond, amener i la rame le navire hors du marais et jeter les
amarres (v, SyS-SyS).
V. 587. Si Zeus lui-même, ^ a II dit que Zeus envoya Hermès en
messager pour lui ordonner de recevoir Phrizos, afin que celui-ci
épousât la fille d'Aiétès. L*auteur de VAigimios dit qu*Aiétès le reçut
volontairement à cause de la toison; car il raconte qu'ayant purifié
cette toison après le sacrifice il se rendit, en la portant, vers les demeures
d*Aiétès. » (Scol.) [VAigimios, ouvrage dont l'auteur serait Hésiode,
d*après Stéphane de Byzance (au mot 'Apavric), Hésiode ou Cercops de ,
Mtlet, d'après Athénée (XI, p. 5o3 D), aurait eu pour sujet, d'après
Valkenaer {ad Eurip. Phœniss,, p. 735), O. MQller (JDorier, I, p. 28},,
Th. Bergk \Gr» Lit, Gesch., p. 1006), la guerre faite avec succès contre
les Lapithes par Aigimios^ chef des Doriens, aidé d*HéracIès, guerre
dont il eat parlé par Apollodore (II, 7, 7) et par Diodore de Sicile
(IV, 37).]
V. 597. L'accomplissement du terrible oracle, — t Un oracle rendu à
Aiétès lui annonçait qu'il serait tué par des gens nés de lui : Hérodore
le raconte aussi dans ses Argonautes; c*est à cause de cela, dit-il, que
le roi imagina d'imposer l'attelage des taureaux. » (Scol.)
V. 640. Que notre virginité. — « Medeae servanda erat virginitas,
quia Hecates sacerdotiofungebatur. Vide Spanhemium ad CaUim, H.
in Lav. Palladis 34» i (Brunck.) Il me semble plus probable de penser
que Médée ne songe pas pour le moment à son caractère de prétresse
d'Hécate, mais qu'elle obéit à un sentiment naturel de pudeur virgi-
nale : elle ne s'inquiète que de son titre de jeune fille et de la place
qu'elle occupe, comme telle, dans la maison de ses parents.
V.646. Revêtue seulement d'une robe (oUavoc). — On trouve une
expression semblable dans un passage d'Euripide (Hécube, v. 933),
dont ApoUonios semble se souvenir: «Ayant laissé mon Ut, vêtue
seulement d'un péplos ((lovimicXoc)} comme une jeune fille dorienne... »
M. Weil dit à propos de ce vers d'Euripide : c Les jeunes filles de
Sparte ne portaient qu'un vêtement flottant sans tunique intérieure. \
Le mot ftocv^, que Pierron, dans son édition de V Iliade, rend toujours
par le mot robe, semble avoir le même sens que le mot iréiiXoc.
D'ailleurs l'adjectif iav6« signifie souple, moelleux; pris substantive-
ment, il désigne un vêtement souple, une sorte de peignoir ou de
robe de chambre commode que les femmes gardaient la nuit.
V. 653. Trois fois.,. — Dûbner trouve que le poète insiste trop sur
ce tableau; il pense qu'il se trouve dans ce passage quelques vers de
la première rédaction des Argonautiques : nln his fortasse versus
aliqui e priore IMm : nam nimis perfecta pictura, 1 Je crois plutôt
que, par toutes ces répétitions, ApoUonios veut rendre plus visibles
les incertitudes de Médée.
[V. 739. Je les porterait — Je mets entre crochçts ce vers que Merkel
compte, sans le faire entrer dans son texte. Ce vers ne se trouve dans
aucu{^ des mss. des Argonautiques que nous connaissons : le gçoliasie
3l6 NOTES
lé cite et dît qu'on le lit dans certains mss. Brunck, le premier, Ta fait
entrer dans son texte : « Hune versant in nulio libro reperi; sed eum e
scholiis, suadente doctissimo Ruhnkenio, in texîum revocàvi,»]
V. 745. Les matelots s'endormaient (vOoTaXoi). — Les mss. ont vaOrai.
Je traduis suivant la correction de M. Wcil (Revue de Philologie, année
et tome XI [1887], p. 5) : «Au vers 744 [M. Weil ne compte pas le
vers 739], la diphtongue finale de voOrat devrait s^abréger devant la
diphtongue suivante. Porson proposait de remédier à cette irrégularité
prosodique en écrivant voutCXot. La correction est très facile ; mais elle
me semble insuffisante, car je crois que le sens laisse à désirer autant
que la facture du vers. Le poète trace un tableau du calme de la nuit,
du sommeil répandu partout et refusé à la seule Médée : or, les marins
qui observent les constellations et qui sont très éveillés font tache
dans ce tableau. Virgile n*a eu garde dMntroduire pareille disparate
dans sa description du silence de la nuit, et ApoUonios était un auteur
trop attentif, trop calculé, pour laisser échapper une inadvertance de
ce genre. Je crois donc que vaOTat doit être remplacé par vuaraXoi; c*est
ainsi que la transition à la scène suivante, qui se fait par les mots
Oirvoto 8à xb( Tt; 6^ti^, sera convenablement préparée. Dans le texte
traditionnel, la particule xa( et la place du mot vtcvoio en tête de la
phrase ne s'expliquaient pas. » Cette correction, qui semble excellente,
a été combattue par R. C. Seator (American Journal of Philology,
vol. X, 4, n* 40, année 1889), qui défend la conjecture de Porson, vovriXou
— L* Hélice. — « La Grande-Ourse, t (Scol.) Voir le vers 36o du
Chant II : a L'Hélice, aussi nommée la Grande-Ourse. »
— Les astres d*Orion. — Voir la note au vers 517 du Chant II sur
Seirios, le chien d'Orion. Il a déjà été parlé (Ch. I, v. 1202) du t déclin
du funeste Orion t. Voir, pour la légende du chasseur Orion et pour
son rôle comme constellation, Decharme, Mythol., p. 248 et suiv.
V. 750. Le silence, — Brunck rapproche ce vers des vers 38-39 de
la II« Idylle de Théocrite.
V. 76^. Et surtout à la nuque (tvCov). — « A l'endroit où se trouve la
partie de TAme qui souffre le plus, quand on est, sans relAche, possédé
par l'amour. » (Scol.) Le sens du mot iWov est précisé par une note de
Daremberg (Iliade, édit. Pierron, V, v. 73) : « Il s'agit de la limite du
col et de la tète. C'est, en effet, cette partie que désigne le mot iWov
dans les autres auteurs et particulièrement dans les m^ecins. »
V. 770. Elle réfléchit (fioecoasTo). — Il semble difficile d'indiquer
avec précision le sens du mot iodvvato. En tous cas, il ne peut signifier
«t7 parut 1^, comme dans Homère« Pierron dit, en effet (note au
vers 458 du Chant XIII de VIliade) : « Aoaovaroi visum est, il parut.
Les Alexandrins rapportaient ce mot à doxilv. Scholies : toO Scxû
KapdTwyiv c(m * 8cx(o, ooxi^|9(i>, Scxiob), iScxiaGratO) SoxiaaaTO, «c«opoX^
ToO X doetovaTo. Les modernes en font plutôt un dérivé de Ha\/ua, voir,
ou une forme abrégée de doidéC». Mais le sens n*est pas douteux. C'est
un synonyme de tdolu* Ici, dodaaaxo ne peut être un synonyme de
fôoU> car il n'est pas employé d'une manière impersonnelle, il a Médée
pour sujet : Médée s'occupa de voir, réfléchit. Beck interprète par le
mot fluctuabat, qui me paraît ne pas rendre le sens du grec.
NOTES 317
V. 774. Oh! si Artémis..,"^ On sait que les traditions antiques
attribuaient à Artémis la mort subite des femmes, causée, disait-on,
par les traits que lançait la déesse. Voir VIliade, VI, v. 2o5, 428, etc.
Apollon fait de même mourir subitement les hommes: «Les douces
flèches d*Apollon ou d'Artémis, telle est la poétique expression qui
servait aux Grecs à désigner et à expliquer les morts subites. 1
(Decharme, Mythol», p. 1 1 hé)
V. 775. Avant que les fils de Chalciopé fussent partis (IxMai). — Le
mot Ixiotoi signifie fussent arrivés et non fussent partis* Mais si les
fils de Chalciopé sont partis pour la terre Achéenne, ils n'y sont pas
arrivés. Je crois que, dans le trouble de la passion, Médée ne fait pas
attention à la propriété du terme qu'elle emploie : c'est le départ, c'est
surtout le retour des fils de Chalciopé en compagnie de Jason qui
cause ses angoisses; peu lui importe jusqu'où leur voyage a été
poursuivi, du moment quMls sont revenus en Colchide. Il faut donc
donner au mot fxéoOai le sens de partir ou le remplacer par un autre
mot qui ait ce sens. C'est ce que Van Herwerdcn propose : c Phrixi
filii, de quitus hic sermo est, susceperant quidem iter in Graeciam, sed
incidentes in Argonautas nondum longe progressi cum ils in Aeaeam
reverterant, neque igitur 'Axaiida yalav txovro. Corrigendum igitur
tBo6ai, f. e. priusquam Graeciam peterent, in Graeciam tenderent
Chalciopae filii, ut fréquenter est apud Homerum locutio tiio6at ofxaSc,
cpsp&ffde, Tpo(T)v6c. »
V. 789. La poutre qui soutient le toit (|uXàOp(i>). — Le Scoliaste
explique le sens du mot (&iXaOpov, en lui donnant comme synonyme le
mot dox6c, qui signifie en effet la poutre destinée à soutenir le toit.
Le mot |i£Xa0^v signifie souvent toit en général (cf. Argon, II, v. 1087)
ou même, comme le latin tectum, toute la maison que le toit recouvre*
Mais ici il a son sens primitif de poutre saillante du milieu : cette
poutre qui soutient le plancher de Tétage supérieur et à côté de
laquelle s'échappe la fumée. C'est même à la fumée dont le voisinage
la noircit aue cette poutre devrait son nom, d'après VEtym, M. :
< MiXaOpov, aicb toO }LeXaivca6at xamMu. 1
V. 791. Les railleries me poursuivront (tmXXfÇoyffiv). — «On se mo-
quera de moi : le sens propre de ce mot est regarder de travers en se
moquant. * (Scol.) Le Scoliaste a déjà fait remarquer (note au vers 486
du Chant I*') que IfiriXXoc a le même sens que orpap^c (louche).
V. 8o2, Un coffret (f«i>pta|i6v). — « Il veut dire une xottCc [corbeille,
coffret],.. Ératosthène, dans son Hermès, donne l'étymologie du mot
çdtpiai&ic : Ils nommèrent j^Aoriamof ce qui cacha le butin volé [çc&ptoc],
d*où vient parmi les hommes le nom de Tobjet qu'on appelle j^Aortâmo^.»
Dans VIliade (XXIV, v. 128), le mot çwptaii&ç, qui semble venir de
9ip«>, désigne la caisse, le coffre où l'on garde les vêtements. Brunck
voit dans le terme employé par ApoUonios un synonyme de ces
xaXvirra\ xtVtai (corbeilles couvertes) où Médée et ses compagnes, dans
la tragédie de Sophocle intitulée les Ehi^otomes, enferment les racines
qu'elles ont arrachées. (Cf. Sophocle, édit. Didot, Pelias sive Rhi:(0»
tomae, p. 328.)
V. 8o3. Beaucoup de substances, les unes salutaires, les autres
3l8 NOTES
fune$te9, — Ce passage semble imité des vers 229-230 du Chant IV
de VOdyssée: t Dans ce pays, la terre féconde produit une foule de
plantes merveilleuses, dont beaucoup sont salutaires, à côté de beau-
coup qui sont pernicieuses. »
V. 840. Elles n'avaient jamais paré un lit, — L'expression homérique
mp9uv«» XixTptt signifie préparer le lit et s*applique à la femme qui
partage avec un homme le lit qu'elle prépftfe. « Il ne s*agit pas simple-
ment d'une besogne domestique, quoique l'expression réponde au
français faire le lit. Eustathe : 6t)Xov fin icopvvvnv Xix^c to ourHottaCccr-
fktt. » (Pierron, note au vers 41 1 du Chant III de V Iliade,)
V. S45. Du nom de Prométhée, — 11 ne semble pas qu*il soit question
avant Apollonios de la plante nommée plante de Frométhée par le
poète. Après lui. Properce (I, xii, v. 10, Lecta Prometheis.,, herba
iugis) et Valérius Flaccus (VII, v. 356) font allusion à cette plante
merveilleuse. D'après Ausone (édiL Schenkl, XXVII, 9, v. 9 sqq.), le
sang de Prométhée tombé sur le roc aurait donné naissance à l'aconit :
Sicca inter rupes Scythicas stelit alitibiis crax :
Unde Prometheo de corpore saogaioeiii ros
Adstpergit caates et dira aconits créât cos.
V. 847. Coré. — Coré (la jeune fille) est l'enfant unique et bien-
aimée de Déméter. Au lieu de KoOpYjv, le Scoliaste écrit ÂdEpav, leçon
de quelques mss., qui a été admise dans le texte de plusieurs éditions.
€ Perséphoné était nommée Daîra : Timosthène l'établit dans VExé^
gétique; et Eschyle, dans les Psychagogues, donne ce nom à Persé-
phoné. • (Scol.) DaIra est, d*après Phérécyde, la sœur du Styx, et,
d'après Phanodème, Déméter elle-même {Fragm, Hist. Graec, Didot,
vol. I*', p. 72 et 369). On fait venir de 6t8d«xio le nom de AsOps ou
Adtcipa, la savante; c*était une des divinités des mjrstères d'Eleusis
qu*on identifiait avec Déméter, Perséphoné, Héra ou Aphrodite. —
DaIra n*a rien à faire ici; Perséphoné, non plus, ce me semble. Malgré
l'autorité de Merkel dont je traduis le texte, j'aimerais mieux lire
xo^pv}v (et non Kovprjv) jAcuvoylvatav, et voir dans cette déesse, fille
unique, non pas Coré, qui ne joue aucun rôle dans les cérémonies
magiques de Médée, mais bien Hécate elle-même, fille unique de
Perses (ilr^Tm., Ch. III, v. io35 : |«,ovvoT>vvi d*^ExàTt)v Ilfp^ia), que sa
prêtresse doit invoquer avant de cueillir la plante de Prométhée,
comme Jason, sur les conseils de Médée elle-même, l'invoquera
pendant le sacrifice célébré en l'honneur de la fille unique de Perses
{Argon,, III, V. io37; v. 121 1).
V. 833. Le sang divin (atiiSTityr' lxfi>p«)* — Littéralement : Vichor
sanglant. « Dans la langue des médecins grecs» l'ichor est le sérum du
sang, et même quelquefois la sanie. Il s'agit pour Homère de tout
autre chose, d'un liquide presque volatil et d'une nature peu s'en
iaut immatérielle. Bothe : Poeta hac voce usus est ad deelarandum
humorem tenuem, nec crassiori ex diverso victu mortalium sanguini
comparandum, » (Pierron, note au vers 340 du Chant V de V Iliade.)
Prométhée est un dieu : le poète ne manque pas d'appeler plus loin
la racine de cette plante, racine Titanienne (v. 865). Ùest donc l'ichor
NOTES 319
divin, ce n*eftt pas la sanie provenant du sang humain corrompu qui
sort de sa blessure toujours à vif.
V. 856. Semblable,,, au safran de Corycie, — La célèbre caverne de
Corycie, en Cilicie, produisait le meilleur safran connu des anciena
(Strabon, 57a, 34). Cf. Horace {Sat, II, iv, v. 68) : Corycioque croco,,,;
Pline {N, H,, XXI, 3i) : Prima nobilitas [croco] Cilicio, et ibi in
Coryco monte, •
V. 859. La mer Caspienne, — aÀrtémidore, dans son Abrégé des
géographies, s'occupe de la mer Caspienne. Elle est près de TOcéan ;
sur ses bords se trouve un peuple nommé Caspien, qui est voisin
immédiat des Perses. » (Scol.) Pour la mer Caspienne, voir Strabon
(100, ao; 434, 44, etc.), etc.
V. 861. Brima, — «Le poète veut dire qu'elle invoqua sept fois
Hécate, car les magiciennes paraissent faire venir Hécate vers elles.
Il lui donne le nom de Brimd à cause du caractère effrayant et terrible
de cette déesse. Car elle envoie, dit-on, les apparitions qu'on appelle
Hécatées, souvent elle change elle-même de forme, d'où son nom
d'Empousa, Brimô peut aussi venir du pétillement (Pp6|ioc) du feu : car
la déesse porte une torche. Brimô peut encore signifier la déesse qui a
une grande, une violente colère (ppt|ii)vtc)' » (Scol.) Ici, Brimô est un
synonyme d'Hécate : les épithètes qui accompagnent ce nom se
rapportent bien à la déesse, quoique xoupotpi^oc semble se rapporter
mieux à Déméter : mais le poète fait sans doute allusion à une des
nombreuses influences que Ton attribuait à la lune. Voir, pour le
surnom KovpoTpifoc d'Hécate, Preller, Griech, MythoL, erster Band,
dritte Auflage, p. 238, note 3. -^ Brimô est également citée dans les
poètes latins (Properce, 11, 11, v. 13; Stace, Silv,, II, m, v. 38): mais»
chez eux, elle semble se confondre avec Perséphoné, comme, à leur
époque, la fille de Déméter se confondait d'ailleurs avec Hécate. Dans
les Mystères d'Eleusis, c'est Déméter elle-même qui, sous le nom de
Brimô, enfante Brimos, c'est-à-dire Dionysos-Zagreus. (Voir Decharme»
MythoL, p. 396.)
V. 863. Couverte d*un sombre manteau (opfvafotvt çdpMaiv). — Le
fSfoc est proprement une grande pièce d'étoffe, un linceul pour couvrir
les morts. C'est un f ftpoc que Pénélope (Odyss,, II, v. 97) se propose
de faire pour en couvrir Laerte quand il sera mort. Le mot signifie,
par extension, manteau; et l'on comprend que ce manteau, qui a
l'apparence d'un drap mortuaire, soit le costume le plus convenable à
une magicienne évoquant Hécate.
V. 864. Les noires entrailles de la terre (spctivr)... yola).— Il est
question de la terre noire à l'intérieur. C'est le sens de cette expression
dans l'Odyssée (XXIV, v. 106).
V. 867. Dans la ceinture {{lIxçh^). — Le mot |Aftpa signifie d'ordinaire
un bandeau qui sert de coiffure; 'dans VIliade, il désigne une sorte de
ceinture de laine, garnie extérieurement de plaques de métal, destinées
à protéger le bas-ventre du guerrier {Iliad., IV, v. 137). Ici, la lA^tpa
de Médée est cette large bande d'étoffe que les jeunes filles portaient
au-dessous du sein, et que l'on nommait d'ordinaire arpiçtov.
V. 873. Au coffre d'osier (ice{pivOoc). — La icc(piv( est un panier d'osier
320 NOTES
qui se place sur le char pour recevoir les bagages. Ce panier, qui
correspond à la scirpea des Latins, laquelle servait souvent à former le
corps d*un plaustrum, employé dans les travaux des champs, se plaçait
sur P^icf^Tcpfa, le dessus, le train supérieur du char, comme on peut s'en
rendre compte par la description du char deNausicaa(Oi>^s^ee,VI, v.70).
V» 876. Telle, après s*éire baignée,., — La comparaison est imitée
dMn passage bien connu de VOdyssée (VI, v. 102 et suiv.); quand il
montre les b^tes sauvages qui se retirent devant la déesse, le poète
se souvient d*un passage de VHjrmne homérique à Aphrodite (v. 70 et
suiv.). — Il a déjà été question du Parthénios (voir la note au vers 936
du Chant II); TAmnisos est un Heuve de Crète à Tembouchure duquel
était située une ville homonyme (Strabon, 409, 12), dont il est déjà
question dans VOdyssée (XIX,, v. 188). — Si les habitants se retirent
pour éviter Us yeux de la vierge royale, c'est que les 3reux de tous les
descendants du Soleil lançaient des lueurs insupportables : c'est même
cette particularité de famille qui permettra à Circé, quand Médée
lèvera les yeux devant elle, de reconnaître dans cette jeune fille une
personne de sa race {Argon,, IV, v. 727 et suiv.).
V. 899. En cueillant les belles fleurs, — c On est surpris de lire à
cdté de ces vers la scholte : Af(Qt(icvati àcrà [toO] àvaxXtOttffQit. II va sans
dire que le Scholiaste avait sous les yeux une leçon différente de la
nôtre. Son exemplaire portait sans doute tultol xaXà Tepitvv)c S'dEvOts tmir^z
Xc|a|icvai. De ces deux leçons, laquelle faut-il préférer? Que les jeunes
compagnes de Médée cueillent des fleurs, rien ne saurait être plus
convenable, mais elles peuvent aussi se coucher dans l'herbe après
avoir dansé à cœur joie. Voici cependant un indice qui pourrait servir
à décider nos préférences; on ne voit pas bien comment la leçon xa €à
•Koka aurait été altérée en xarà xaXa, mais si le texte portait d'abord
cette dernière leçon, il était naturel de transposer la conjonction 8é à sa
place habituelle et d'écrire xaxa 8è xaXd. Pour rétablir le vers, on aura
introduit la correction xk Bï xaXdt, qui offrait, elle aussi, un sens très
satisfaisant. » (Weil, Revue de Philologie, année 1887, p. 7.).
V. 918. Habile à conseiller ceux avec qui il allait, — « Le sens est :
habile à bien tirer des présages des oiseaux alors qu'ils apparaissaient
ou qu'ils se retiraient. » (Scol.) Hoelzlin et Shaw traduisent comme le
Scoliaste, ce qui me semble un contresens.
V. 939. La voix de Voiseau, — Mopsos, qui comprend les chants des
oiseaux, entend seul ce que la corneille veut dire, et il l'explique à ses
compagnons qui n'ont pas la même faculté que lui. Hoelzlin dit avec
raison : « Comix non humana quidem sed comicina lingua Mopsum
objurgat : idque solus intelligit Aiopsus. » Mopsos, comme l'Hélénus de
Virgile (Aen., III, v. 36o),
sentit
Et volacrttm liogoas et praepetis omina pennae.
V. 957. Seirios, — Voir la note au vers 317 du Chant II. La compa-»
raison est d'ailleurs imitée d'une comparaison de V Iliade (V, v. 5).
V. 962. Le cœur de la jeune fille. — Cf. Iliade, X, v. 93-95.
V. 986. Zeus, qui étend sa main protectrice sur les étrangers, —
Cf. Odyssée, VI, v. 207-208.
NOTES 321
V. too3. Qu'oit appelle couronne d'Ariane, — t Par ce discours, il
demaiide habilement à Médde de s*embarquer avec lui, en citant
Tezemple d*Ariane... [Il dit aussi] que, pour avoir sauvé Thésée, sa
couronne fut placée parmi les astres. Aucune de ces deux affirmations
n*est exacte, car elle fut abandonnée par Thésée à Naxos. Mais, au
dire de quelques-uns, elle fut privée de sa virginité par Dionysos, de
qui elle eut Oinopion, Thoas, Staphylos, Latramis, Euanthès, Tauro-
polis. Minos ne consentit pas au mariage d'Ariane, et Thésée ne la
conduisit pas à Athènes, c*est ce qu'Homère affirme expressément : car
Ulysse dit qu'elle mourut, abandonnée par Thésée : Je vis Phèdre et
Procris, et la belle Ariane, ftlle du cruel Minos, elle que Thésée épousa,
mais dont il ne jouit pas. [Citation inexacte des vers 32 1 et suivants du
Chant XI de VOdyssée.] Aratos dit que sa couronne fut mise au nombre
des astres par Dionysos : Et cette couronne dont, au départ d'Ariane,
Dionysos fit une admirable constellation [Phaen,, v. 71].» (Scol.)
Quand Apollonios parle en son propre nom, il rectifie les mensonges
intéressés de Jason, et il rappelle qu'Ariane fut abandonnée par Thésée
dans rtle de Naxos {Argon, IV, v. 433-434^. La plus ancienne mention
que l'on connaisse de la couronne d'Ariane est due à Phérécyde :
« Thésée, revenant de Crète avec Ariane, aborde à l'He de Naxos où il
s'endort sur le rivage. Pendant son sommeil, Athéna s'approche de lui :
elle lui ordonne d'abandonner Ariane et de faire voile aussitôt pour
Athènes. Thésée exécute sans retard l'ordre de la déesse. Ariane,
abandonnée, pousse des cris de désespoir; mais Aphrodite s'approche
d'elle et réussit à la consoler, car bientôt Ariane devient l'épouse de
Dionysos, qui, en s'unissant à elle, lui fait don d'une magnifique
couronne d'or.» (Cité par Decharme, Mythol,, p. 453-454.) Hygin
{Pœt, Astron., /. // c. 5) donne de nombreux renseignements sur
cette couronne : « Haec [corona]* existimatur Ariadnae fuisse, a
Libero pâtre inter sidéra collocata, Dicitur enim in insula Dia cum
Ariadne Libero nuberet, hanc primum muneri accepisse a Venere et
Horis, cum omnes âii in eius nuptiis dona conferrent... Dicitur etiam
a Vulcano facta,» Il est souvent question dans les poètes latins de la
constellation formée par la couronne d'Ariane (Manilius, V, v. 21;
Catulle, LXVI, v. 60; Ovide, A, Am., I, v. 558; Met., VIII, v. 178;
Fast., III, V. 459; etc.).
V. 1006. Et, certes, à voir le charme de tes traits.,, — Il y a une idée
sous-entendue avant cette phrase : si tu sauves les héros, disait Jason ;
et j'espère bien que tu les sauveras, car tu semblés très bonne. Dabner
dit avec raison : « Supple : Et hoc quidem iure mihi sperare videor, »
V. 10 1 3. Se livrant tout entière (àfufti^vava). — Le Scoliaste traduit
ce mot par ne songeant pas à parler. Ce sens est adopté par Beck et
Lehrs : omisso sermone; Shaw s'en écartait peu, en comprenant :
omissis caeteris, Hoelzlin, qui dit dans ses notes : Huius in vocabuli
evolutione vagatur scholiasta, me semble se rapprocher de la vérité en
traduisant par prodige, Dabner dit avec raison : nonparcens, cupida. En
effet, le sens premier du verbe a^eiSiu est ne pas épargner. Ce sens est
confirmé par le vers 101 5 où il est dit que Médée aurait arraché toute
son âme du fond de son cœur, pour la donner à Jason, s'il l'eût désirée.
4'
332 NOTBS
V. ioi8. Ravis, les yeux de Médée... — Brunck note une double
îmi talion d*Ovide,
Amor.y H, SIX, v. 19:
Ta quoqiie, qaae nottroft npui»ti noper ocellot.
Amor,, m, zi, V. 48 :
Perqac toos ocalos, qui impucre awos.
V. 1 030. Son âme se fondait, — 1 II a paraphrasé ce passage d^Homère :
Son dme se fondit, comme la rosée se fond sur les épis [Iliad,, XXIII,
V. 398]. Ce qui est fondu se répand complètement : Mais, aussitôt, la
cire se liquéfiait, sous Faction de la violente ardeur d*Hélios [Odyss,,
XII, V. 175].! (Scol.) Pierron dit à propos des vers 598-599 du
Chant XXIII de V Iliade: «Il est évident qu^Apollonius de Rhodes a
voulu rappeler et commenter Texpression d'Homère. Cependant, la
comparaison d*Homère n*a pas tout à fait le sens de la sienne, où il
s'agit d'amour. Homère dit seulement que le cœur de Ménélas s*épanouit
de joie par un effet semblable à celui de la rosée sur les épis. C'est à
l'épi que le cœur est réellement comparé, et non à la rosée. L'épi
s'épanouit comme le cœur... Il y a un commentaire encore plus ancien
et surtout plus précis que celui d'Apollonius de Rhodes. C'est un
passage de ÏAgamemnon d'Eschyle, vers 1390- 1392. Clytemnestre
explique le plaisir qu'elle a eu d'être arrosée du sang de son époux...
Il s'agit, dans les vera d'Homère, de la joie de l'épi, comme ici de la
joie de la terre au temps où elle enfante les épis. Peu importe la
liquéfaction de la rosée. »
V. io33. Place crue et tout entière la victime (àMctpv Miiodct^oi).
— Le verbe a>tioOeTi«», qui signifie placer les morceaux de chair crue,
indique la partie de l'opération di> sacrifice ordinaire où, après avoir
coupé, pour en faire la part des dieux, des petits morceaux de chair
appartenant à chaque membre de la victime, on les place sur les os des
cuisses, enveloppés de Vépiploon (membrane qui recouvre les intestins).
Voir la description du sacrifice, dans V Iliade (I, v. 459 et suiv.), où
Pierron explique ainsi le mot o^yiMv/^wt : « Par-dessus les os des cuisses-
et la graisse, on jetait des morceaux pris dans les autres parties de la
victime, bipià, cruda; et c'est ainsi que la victime était censée avoir été
offerte entière. 1 Mais, si Ton procédait de la sorte dans les sacrifices
ordinaires offerts aux divinités du ciel, quand on sacrifiait aux dieux
infernaux, on ne réservait aucune partie de la victime, on la brûlait
tout entière, àdaîrrov. Virgile, parlant du sacrifice offert Stygio régi, dit
bien {Aen,, VI, v. a53):
Et solida imponît taurorum viscert flammis.
V. 1039. Retourner en arrière, — C'est une précaution indispensable
dans les sacrifices qu'on offre aux dieux infernaux. Voir les conseils
que le chœur adresse à Œdipe pour le sacrifice expiatoire qu'il doit
offrir aux Euménides : 1 11 ne faut ni articuler une parole, ni élever la
voix. Ensuite, retire-toi sans tourner la tête. » (Sophocle, Œdipe à
Colone, V. 489-490.}
NOTES 323
V. 1040. Tout ce que tu aurais fait deviendrait inutile (xoXovtfac). —
cTu rendras sans effet tout ce que tu auras déjà accompli [le sens
propre du verbe xoXo>Sca est mutiler], Sophocle, dans les Colchiennes,
met en scène Mëdée donnant à Jason, dans un dialogue, des instruc-
tions au sujet du combat. » (Scol.) Apollonios aurait donc ici imité ce
dialogue de Sophocle; le Scoliaste cite encore cette tragédie perdue
de Sophocle dans ses notes aux vers iBya du Chant II(, et 228 du
Chant IV.
V. 1061. Va cependant là oii il te plaît d'aller, — Il me semble que
Dobner force le sens de ces mots en interprétant : c Tecte et se in
Graeciam esse secuturam significat, « C'est après bien des luttes intimes
et quand la fuite sera devenue nécessaire que Médée s*7 décidera. Elle
n'y pense pas encore.
V. 1064. Une violente pluie de larmes c/^âi/^^j. — Brune k se fonde
sur ce passage imitée dit-il, par Ovide {Amor,, III, vi, v. 68) pour
corriger la leçon vulgaire tepidos dans ce distique :
Dixerat : illa, oculos in haroum deiecta modestos,
SpargetMit tepido flebilis imbre sinus.
c E nostro Apollonii loco hoc distichon expressum, quod Ovidii interpre^
tibus observatum non fuit. * Dans son édition d'Ovide (Teubner, 1881;
reproduction de son teite de i832), Merkel, qui cependant connaît
bien Apollonios, admet teneros au lieu de tepido, mot qui est d'ailleurs
une leçon du Sangallensis en m6me temps qu'une conjecture de Brunck.
V. 1074. L*ile d'Aia. — « L'tle d'Aia est dans le Phase; c'est là que
se trouvait la toison. » (Scol.) Dans sa note au ven» 1093, le Scoliaste
répète que l'tle d'Aia où se trouve la toison est dans le Phase, et il
s'appuie sur Tautorité de Phérécyde. M. Weil (Revue de Philologie, 1 887,
t. XI, p. 7) dit à ce propos : « Phérécyde, cité par le Scholiaste, avait
appelé Ala{T| une île du Phase, où la toison d'or se trouvait déposée.
Partant de là, on croit généralement, autant que je puis voir, que
vTjaoc AtatT} désigne ici, par extension, la Colchide. Mais Médée sait
très bien que le pays des Hellènes est loin du sien : elle vient de le
dire au vers 1060. Comment demanderait -elle donc si la patrie de
Jason est près de Colchos? Jason répond, au vers 1091, que dans
lolkos on ignore jusqu'au nom de Tile Ééenne. Cette fie ne saurait être
le pays vers lequel il s'est dirigé en partant d'Iolkos. Il est vrai que la
fabuleuse JEa. des plus anciennes traditions fut de bonne heure loca-
lisée dans la Colchide; aussi Apollonios dit-il indifféremment KoXx^c et
Ala. Mais il faut distinguer entre ATa et aWv) vf|9o«; ce dernier nom
désigne, chez Apollonios, comme dans VOdyssée, l'Ile de Circé (cf. IV,
v. 661). Revenons au passage qu'il s'agit d'interpréter. En foitde pays
lointains, Médée n'a entendu parler que de la riche Orchomène, si
célèbre dans les temps héroïques, et de Tlle habitée par la soeur de
son père. Il est donc naturel qu'elle demande si le pays où va retourner
le bel étranger est voisin de l'un ou de l'autre de ces deux endroits.
Jason répond que le fondateur d'Orchomène était parti de l'Hémonie,
où se trouve sa patrie, lolkos, mais que l'île Ééenne y est inconnue. »
M. Weil a parfaitement et éicilement raison contre le Scoliaste et
324 NOTES
Phërécyde; mais je ne voift pas que Ton croie généralemcat, comme
il le dit, que v¥)9oc Alati) désigne ici par extension la Coichide : sans
doute l'erreur se trouve dans Tindex de Tédition Didot c Ktaiii vr,o>o;,
i. e. Colchis, ill, 1074, 1094. t Mais, parmi les traducteurs ou commen-
tateurs d*Apollonios, aucun ne donne son opinion sur ce que pouvait
être Pile d*Aia, excepté Hoelzlin, qui pense qu'il est question de Tile de
Circé et non de la Coichide : c Vaide mihi du^ium puellane ex simpli''
cilate aliqua quaerat quant procul ab sua €tbsit patria Jasonis patria;
an loquatur de insuta Circae amitae suae, quant jEaeam vocat et in
Jtdlia coUocat Homerus, et libro I Strabo. Posterius horum videtur
Jirmius. » On s'étonne que M. Weil suppose que Médée puisse se
demander t si la patrie de Jason est prés de Colckos » : Médée connaît
aussi peu Colchos qu'Iphigénie connaissait VAuHde, avant la tragédie
de Racine.
V. 108 5. C'est une terre entourée de hautes montagnes, — Jason fiait
l'éloge de sa patrie avec un enthousiasme qui rappelle les louanges que
Virgile donne à ritolie {Georg,, II, v. i36 et suiv.). Mais, malgré tout,
méthodique et précis comme un Alexandrin, le héros commence par
le tableau général de son pays; après avoir parlé de la situation
géographique, il passe à Torographie et, pour ainsi dire, à la description
économique de la Thessalie, et enfin à l'histoire du pays. ApoUonios,
qui ne connaissait pas la Thessalie, met à profit ce qu'Hérodote en
rapportait dans ses Histoires (VII, 129); le Scoliaste le £ait remarquer:
« Hérodote raconte que la Thessalie est entourée d'un cercle de mon-
tagnes. Hellanicos dit que Deucalion, fils de Prométhée, régna sur la
Thessalie et qu'il éleva l'autel des douze dieux. La Thessalie est arrosée
par plusieurs fleuves dont les plus illustres sont au nombre de quatre :
le Pénée, l'Apidanos, le Pamisos et l'Énipeus. Mais, comme ils
confondent leurs eaux, le Pénée, dont le nom domine, fait que les
autres ont perdu le leur. » Nous ne comprenons guère ce que vient
foire ici ce renseignement sur les fleuves de Thessalie dont le poète ne
parle pas : il dit que le pays a de beaux troupeaux (cuppvjvoc, leçon du
Laur, et du Guelf., adoptée par Merkel, et confirmée par VEtym, M.,
SgS, 54, et par Suidas, au mot cvpvjYoc) : pour comprendre la scolie, il
faut admettre, comme Brunck, la leçon tuppcixoç (= «oXXoùç txv^»99L
ptitovOt QU*il trouvait dans un ms. de Paris. Mais Ruhnken a fait
remarquer que ce mot n'est pas grec (Epist, crit,, p. 207); et il faut se
demander si la scolie a été faite pour expliquer ce mot qui n'est pas
grec, ou si ce mot a été introduit dans le texte par quelque correcteur
demi-savant, à cause de la scolie. Je crois que le mot cûppetTo; est une
mauvaise correction amenée par la scolie. Wellauer dit fort bien:
« Hic [Brunck] quoque suorum iibrorum auctoritati nimium tribuens,
nam quod Schol. Thessaliae fiuvios commémorât, adjidem huic lectioni
faciendam nihii /acit, quum saepe doctissimus Schol, multa obiter
tangat, quae cum poetae textu nihil commune habent. » D'ailleurs, le
très docte Scoliaste ne s'est pas mis ici en grands frais d'érudition,
car il a simplement paraphrasé le passage d'Hérodote sur les fleuves
de Thessalie : ayant remarqué qu'Apollonios reproduisait ce que
l'historien dit des montagnes de Thessalie, il a voulu, en copiant les
NOTES 32s
renseignements sur les fleuves, compléter par les notes le texte du
poème.
V. 1086. Prométhée. — n Hésiode, dans le premier livre des Cata-
logues, dit que Deucalion était fîls de Prométhée et de Pandore, et
Hellen, de Deucalion et de Pyrrha. Hellanicos, dans le premier livre
de la Deucalionéia, dit que Deucalion régna sur la Thessalie. Il dit
aussi, dans le même ouvrage, que Deucalion éleva l'autel des douze
dieux... De quelle femme Prométhée eut Deucalion, la chose est passée
sous silence. Il y a un autre Deucalion dont parle Hellanicos, un troi-
sième, fils de Mi nos, dont parle Phérécyde,et un quatrième, fils d*Abas,
dont Aristippe foit mention dans ses Arcadiques. » Le Deucalion dont
il est question ici est surtout fameux pour avoir échappé seul avec sa
femme Pyrrha au £smeux déluge qui fit mourir Thumanité perverse. 11
semble qu*en établissant le type du fils de Prométhée, les anciens aient
voulu faire une antithèse entre sa piété et Taudace impie de son père.
— Deucalion, fils de Minos, est mentionné par Apollodore (III, f, 2).
Voir, pour la légende de Prométhée, la note au vers 1248 du Chant II.
V. 1090. L*Haimonie, — c La Thessalie se nommait d'abord Hai-
monte, et elle eut plusieurs autres noms, car elle s'appela Pyrrhaia,
de Pyrrha, femme de Deucalion; c'est ce que dit Rhianos : Les plus
anciens, jadis, l'appelaient Pyrrhaia, du nom de Pyrrha, l'antique
épouse de Deucalion. Puis, on Vappela Haimonie, d'Haimon, le très
vaillant fils que Pélasgos engendra ; et cet Haimon engendra Thessalos ;
c'est de lui que les peuples donnèrent au pays le nom nouveau de
Thessalie. D'autres disent que ce nom lui vint, après la guerre de
Troie, de THéraclide Thessalos, père de Pheidippos. » (Scol.) Dans sa
note au vers 5o4 du Chant II, le Scoliaste disait qu'Haimon était fils
d'Ares : aucun témoignage ancien ne confirme cette tradition. Strabon
(38i, Il et suiv.) rappelle les divers noms de la Thessalie. D'après
Phérécyde (Historic. Graec. Fragm., Didot, vol. !•% p. 81), l'Héraclide
Thessalos est né d'Héraclès et de Chalciopé, fille d'Eurypylos.
V. 1091. Jolcos.., Minyas, — Voir la note au vers 23o du Chant I*'.
« L'Aiolide Minyas n'est pas fils d'Aiolos, mais des descendants d'Aiolos;
car Sisyphe [fils d*Aiolos; cf. Iliade, VI, v. 154] eut pour fils Almos
et Porphyrion; de Chrysogoné, fille d' Almos, et de Poséidon naquit
Minyas, le fondateur d'Orchomène. » (Scol.) Aiolos est aussi Tancétre
du roi des vents, Aiolos, dont il sera question dans le Chant IV des
Argonautiques {y. 778 et suiv.). Les traditions sur l'origine de Minyas
sont contradictoires : on le disait fils de Chrysès, fils lui-même de
Poséidon et de Chrysogoné, fille d'Almos. Le Scoliaste de Pindare
{Isthm., I, V. 79) dit que les uns* Phérécyde par exemple, font de
Minyas le fils d'Orchomène, les autres d'Orchomène, le fils de Minyas;
que d'autres enfin font des deux héros les fils d'ÉtéocIe. D'ordinaire,
on regarde Minyas comme un fils de Poséidon : « Poséidon était un des
dieux principaux des Minyens. Minyas, le père de la race, passait pour
être le fils du dieu. 1 (Decharme, MythoL, p. 324.)
V. 1093. Vile d'Aia, — cAia est la métropole des Colchiens. Le
poète foit mention d'une île du Phase, où, au dire de Phérécyde, la
toison se trouvait, t (Scol.)— Voir la note au vers 1074.
3a6 NOTES
V,. 1 1 1 1 . Quelque vague rumeur (é(ff9ai). — Ce mot, dit Theil (Diction'
naire d'Homère et des Homérides), est rendu dans la traduction que
Voss a faîte de VOdyssée par yorahnendes Gerûcht, « rumeur qui est
un pressentiment». Ce sens, semble-t-il, convient parfaitement au
vers d'Apollonios.
V. I iSg. Sur un escabeau très basÇiià,., 9^i\a:<). — Le v^IIbc est un
escabeau que Ton place devant le lit pour servir de marche-pied.
V. 1178. Les dents terribles du serpent Aonien que Cadtnos avait
tué, — Les scolies donnent de nombreux renseignements sur cet
épisode de la légende de Cadmos : « Aonien est mis pour Béotien, car
la Bëotie se nomma d*abord Aonie [cf. Strabon, 344, 40; Hellanicos,
cité dans les scolies au vers 494 du Chant H de VJliade; Pausanias, IX,
5, 1 , etc.]. Thèbes se nomme Ogygienne, d'Ogygos qui y régna. Corinne
dit qu'Ogygos était fils de Boiotos, c*est de lui que les portes de Thèbes
ont reçu leur nom [Boiotos, héros éponyme de la Béotie, est le fils
dltonos et de Mélanippé (Pausanias, IX, i, i), ou de Poséidon et d*Arné;
les portes Ogygiennes de Thèbes sont mentionnées par Apollodore
<III, 6, 6); un déluge eut lieu à Thèbes pendant le règne d'Ogygès ou
Ogygos; cf. Decharme, Aiythot,, p. a88]. Au sujet d'Europe et de
l'arrivée de Cadmos à Thèbes, Lysimaque, dans le premier livre de ses
Merveilles [icapaSiÇwv] Thébaines, a recueilli une foule de renseigne-
ments contradictoires... Lysimaque raconte, dans son Recueil des
Merveilles Thébaines, ainsi qu'Hellanicos, dans le livre V' de sa
Phoronide, que, suivant la volonté d'Ares, Cadmos sema les dents du
serpent, et qu'il en naquit cinq hommes armés, Oudaios, Chthonios,
Pélor, Hypérénor, Échion. ApoUonios dit qu'il en naquit bien d*autres
qui se combattirent mutuellement. Musée, dans le livre III de sa
TitanographiCy dit que Cadmos vint du temple de Delphes, suivant
une vache <\v\ marchait devant lui [cf. Decharme, Mjrthol., p. 570].
Hippias d'Élée, dans ses Noms des peuples, dit qu'il y a un peuple
qu'on nomme les Spartes; Atrométos dit la même chose [Sirocptof, les
hommes semés, nés de la semence des dents du dragon ; voir Apollo-
dore, III, 4, i; Decharme, MythoL, p. S70, note 2; d'après Androtion
{Fragm, Histor, Graec, vol. I*', p. 373-374), les Spartes seraient
des compagnons que Cadmos aurait recueillis çà et là, oicopdtdijv, en
Phénicie]. Phérécyde dit dans son livre V : t Lorsque Cadmos se fut
établi à Thèbes, Ares et Athéné lui donnèrent une moitié des dents
du serpent et l'autre à Aiétès. Cadmos les sema aussitôt dans un
champ labouré, sur l'ordre d'Ares, et il lui en naquit beaucoup
d'hommes armés. Cadmos, effrayé, les attaqua à coups de pierre, et
ceux-ci, croyant qu'ils s'étaient attaqués eux-mêmes, se saisirent
mutuellement et se tuèrent à l'exception de cinq : Oudaios, Chthonios,
Échion, Pélor, Hypérénor, dont Cadmos fit des citoyens de sa ville. »
[Ce récit de Phérécyde est résumé par Apollodore (III, 4, i) et par le
Scoliaste de Pindare {Isthm,, VII, v. i3).]... Les uns disent que
Cadmos était fils d'Agénor, les autres de Phoinix. Phérécyde dit,
dans son livre IV : « Agénor, fils de Poséidon, épousa Damnô, fille de
Béios. D'eux naquirent Phoinix et Isaia, qu'épousa Aigyptos, et Mélia
qu'épousa Danaos. Ensuite, Agénor épousa Argiopé, fille du dieu du
NOTES 327
fleuve Nil^ et de ce mariage naquit Cadmos. » [Pour les traditions
ordinaires sur la généalogie de Cadmos, voir Decharme, MythoL,
p. 569.] » (Scol.) — Voir, à propos de Cadmos et du serpent, le chœur
(v. 647 e^suiv.) et la prédiction de Tirésias (v. 942 et suiv.}, dans les.
Phéniciennes d'Euripide.
V. 1 192. Des Éthiopiens, — Il est ici question de ce peuple mythique
des Éthiopiens, qui est souvent mentionné dans les poèmes homéri-
ques. € Les Éthiopiens (brûlés par le soleil) sont, de tous les hommes,
ceux qui contemplent de plus près la gloire du dieu [le soleil]; car il»
habitent à la fois le pays où il se lève et celui où il se couche. %
(Decharme, MythoL, p. 2.39,) Plus tard, le pays des Éthiopiens fut
seulement la contrée du soleil levant : ApoUonios est âdèle à la
tradition homérique.
V. 1 193. Leurs couches sur le sol (xaiicvvac). — Vlliade (XVI, v. 235)
donne le nom de ^aiMtuOvat aux Selles, qui établissent leurs couches,
sur la terre.
V. 1202. Les prés tranquilles arrosés par des ruisseaux (xaOap^tv...
claïuv^tv). — Une tla|&cvr), dit Pierron, d*après les scolies (au vers 483
du Chant IV de VIliade\ est tun pré qui borde un marais».
V. 1206. La couche oii ils avaient souvent reposé ensemble (&dtvT;c...
cùvT^c). — Le Scoliaste explique aipsi à^wr^ : a Maintenant triste, déplo-
rable à cause de l'abandon. » La résignation des adieux qu*Hypsipylé
adresse à Jason (cf. Argon,, I, v. 886 et suiv.) m'empêche d'admettre
ce sens; la Lemnienne est plutôt reconnaissante à Jason de la longue
durée de leurs relations inespérées, qu'inconsolable d'un départ
qu'elle a dû prévoir dès le jour de l'arrivée des héros.
V. 1214. Elle avait une couronne de terribles serpents. — «c Sophocle
fait dire aussi à un chœur des Rhi\otomes qu'Hécate a une couronne
de serpents et de rameaux de chêne : O souverain Hélios, et toiy
lumière sacrée, trait d'Hécate qui protège les carrefours, lumière
qu'elle porte dans ses courses à travers VOlympe et quand elle va
fréquenter sur la terre les endroits consacrés où trois routes se
rencontrent, couronnée de branches de chêne et des spirales entrelacées
que forment les cruels serpents! » (Scol.)
V. 1220. Le Phase Amarantien, — « Les Amarantiens sont un peuple
barbare qui demeure plus avant que les Colchiens sur le continent.
C'est de leur pays que sortent les sources du Phase. On dit aussi que
le Phase descend d'une montagne de Colchide, nommée le mont
Amarantien. » (Scol.) — Voir la note au vers 399 du Chant II.
V. 1226. La cuirasse toute d'une pièce (Ocopnxa otâdiov). — r Parce
qu*elle n'était pas faite de mailles, mais qu'elle se tenait debout : de là
son nom. D'autres y voient un synonyme à solide.» (Scol.) Otte
cuirasse, dit le Dictionnaire d'antiquités de Rich (traduction Chéruel),
était ainsi nommée parce que, lorsqu'on la retirait et qu'on la plaçait
à terre toute vide, d'elle-même elle se tenait debout.
V. 1227. Le Phlégraien Mimas. — t Mimas de Phlégra, plaine de
Thessalie, près de Palléné. Mimas est le nom propre du géant. » (Scol.)
Voir la note au vers io3 du Chant II, sur l'autre Mimas, le Bébryce,.
et la note au vers 233 du Chant III sur les champs de Phlégra.
328 NOTES
V. 1228. Un casque d'or, orné de quatre pointes (TtTpa9âXT)pov}. —
Voir la note au vers 920 du Chant II.
V. i23i. Un bouclier recouvert de plusieurs couches de cuir (aabcoc
icoX^ppivov). — La différence du vâxoc et de l'àoinc n*est pas nettement
indiquée dans les poèmes homériques. Un passage de 17/tâ<fe (d'ailleurs
mis entre crochets, comme peu authentique) semblerait prouver qxie
te <râxoc est moins grand que l'à^icCc {Iliad,, XIV, v. 376-377). Quoi
qu'il en soit, le aâxoc icoXuppivov d' Ai étés rappelle le bouclier d*A|ax, ce
bouclier d'airain, aussi solide qu'une tour, dont l'airain était couvert
de sept peaux de bœuf superposées (Iliad,, VII, v. 220).
V. 1232. Invincible (àpLaifiaxirov). — c Ce mot paraît se rattacher à
(iaXO|iai. Il marque certainement quelque chose d'énorme et de terrible. »
(Pierron, note au vers 179 du Chant VI de V Iliade.)
V. 1234. Qui, seul, eût été capable de lui résister, opposant la force à
la force. — H. Van Herwerden (Mnemosyne, i883) juge ce vers inter-
polé. « Quicumque ultimum versum de suo adscripsit non assecutus est
mentem poetae, qui ad Homeri exemplum fecit lasonem gestantem
hastam tant gravent, ut nemopraeter Herculem eam vibraresustinuisset.
In versu spurio utrum Herculem procul an prope reliquerint nihil facit
ad rem, praepositio icatpU non habet quo referatur, nec intellegitur quid
sibi velit, et contra poetae consilium dicitur solus Hercules contra
pugnaturus fuisse. Quare ineptum versiculum delere non dubito. t Le
sens de la préposition icaipi( me semble très clair : il y a longtemps que
les héros ont laissé Héraclès bien loin derrière eux, et, cependant, son
souvenir est toujours vivant; on pense toujours à lui quand on se
trouve en face de quelque combat terrible dont il serait sorti vainqueur
(cf. i4r^. II, V. 146). Apollonios ne dit pas le moins du monde qu'Héraclès
aurait combattu contre Aiétès, ce qui n*est pas nécessaire, puisqu'il
s'agit de combattre les taureaux, mais que, seul, le cas échéant, il
aurait pu soutenir le choc de l'épée d'Aiétès. — Je ne vois pas pourquoi
Van Herwerden considère comme apocryphe ce vers qui confirme le
vers 146 du Chant II.
V. 1236. Phaéthon. — C'est-à-dire Apsyrtos. Voir la note au
vers 242.
V^ 1240. Tel, monté sur son c/^<ir... — Apollonios a voulu faire
montre de sa science mythologique, en citant tous les lieux consacrés
au culte de Poséidon. Le Scoliaste donne de nombreux renseignements
sur tous ces sanctuaires du dieu : t Les jeux Isthmiques furent célébrés
dans l'isthme de Corinthe, d'abord en l'honneur de Poséidon, ensuite
et sur l'ordre de Sisyphe, fils d'Aiolos, qui gouvernait alors le pays, en
l'honneur de Mélicerte. [Apollodore (III, 4) dit aussi que Sisyphe
institua des jeux Isthmiques en Thonneur de Mélicerte. M. Decharme
dit, au contraire, et sans indiquer sur quels auteurs il s'appuie : t On
faisait remonter jusqu'au héros Sisyphe l'institution à Corinthe du
culte de Poséidon. 1 {MythoL, p. 329.)] Voyant le corps de Mélicerte
rejeté par les flots sur le rivage de Corinthe, il lui rendit les honneurs
convenables, reconnaissant que c'était son neveu, fils d'Athamas, le
fils d'Aiolos, et il institua les jeux Isthmiques où les vainqueurs,
d'abord couronnés de branches de pin, le furent ensuite de persil
NOTBS 329
desséché. [Sisyphe est, en effet, le frère d'Athainas; cf. Hésiode, édtt.
Didot, Fragm. XXIII; ÂpoIIodore (I^ 7, 3).] Musée, dans ses Isthmiques,
dit qu'on célébrait dans Tlsthme deux sortes de jeux, les uns en
l'honneur de Mélicerte, les autres en Thonneur de Poséidon. Tainaros
est un cap de Laconie; Lerne une source en Argolide, elle est consacrée
à Poséidon : le grand initiateur aux mystères des sanctuaires de
Lerne, En disant Onchestos Hyantien, le poète veut dire Béotien, car
les Hyantes habitaient d'abord la Béotie. Onchestos est une ville consa-
crée à Poséidon. Homère a dit : Onchestos, la sainte, ville illustre de
Poséidon [Iliad,, II, v. 5o6]. Calauréia est, dit Philostéphane, consacrée
à Poséidon ; elle était d'abord consacrée à Apollon, et Pythô, à Poséidon ;
mais les deux dieux firent un échange entre eux. Pétra Haimonienne
est dite pour Pétra Thessalienne; c*est une place de Thessalie où se
donnent des jeux en Thonneur de Poséidon, nommé de là Pétraien.»
Après avoir parlé de l'Isthme, ApoUonios passe en revue les principaux
sanctuaires de Poséidon, honoré comme dieu des gigantesques masses
de rochers (au cap Tainaros, en particulier; voir Decharme, Mythol,,
p. 334), des eaux douces qui sortent des rocs : la source de Lerne est
née d'un coup du trident divin lancé contre le roc (voir la légende
résumée par Decharme, Mythol., p« 3 a 6). C'est comme dieu des
chevaux que Poséidon était honoré à Onchestos : « La ville d'Oncheste,
sur les bords du Copals, ville qui n'était plus qu'une ruine du temps
de Pausanias, avait été le centre principal de la religion de Poséidon
en Béotie. Le dieu y avait un SXtîoç [Iliade, II, v. 3o6 : il fiiut
remarquer que le Scoliaste, qui cite ce vers que je viens de traduire
plus haut d'après le texte qu'il donne, écrit ioru et non oXaoc], près
duquel se célébraient des courses d'un genre particulier. » (Decharme,
Mythol., p« 329.) On sait que c'est dans le temple de Poséidon à
Calauréia, petite ile de la côte de l' Argolide, que Demosthène mourut.
Le Géraistos est un cap de l'île d'Eubée; la ville qui y éuit construite
possédait un temple de Poséidon dont Strabon fait mention (383, 34).
Le surnom de Pétraios est donné à Poséidon par Pindare (Pythiques,
IV, V. 26, icfltC Iloatid&voc nttpafou); d'après le Scoliaste de Pindare, ce
surnom viendrait non pas de Pétra Haimonienne, mais de la pierre
d'où le premier cheval, créé par le dieu, serait sorti « Sicou àicb TTjc«iTpac
V. 1253. La pointe qui terminait le bas de la lance (oùpfaxov). — On
entend par oùpCaxoc la pointe qui, se trouvant à la partie inférieure
de la lance, sert à la ficher en terre (cf. Aeneid., XII, v. 1 3o, De/lgunt
telluri hastas)f ou, au besoin, à remplacer, en retournant l'arme, la
pointe proprement dite, l'aixiiia* >i celle-ci est brisée.
V. 1359. Tel, un cheval,.. — ApoUonios imite ici une comparaison
célèbre de VIliade (VI, v. 5o6} qui montre Paris courant à la bataille
avec l'impétuosité d'un cheval ardent.
V. 1374. Ceux qui se disputent le prix, soit à pied, soit en char
(ictC6t9t xa\ Imrritaffi). — Je prends le mot Uckïï^ dans son sens homé-
rique, c'est-à-dire désignant non un cavalier, mais un conducteur
de char. Dans les descriptions de batailles, ImccOc s'oppose souvent,
comme ici, à ict^ic (cf. Iliad., II, v. 810; VUI, v. 59, etc.), et finctvc
42
330 NOTES
dcAîgne aussi, dans les jeux, celui qui dispute le prix de la course
des chars (cf« lUad., XXIIl, v. 362).
V. 1285. Une charrue d*une seule pièce. — Voir la note au vers iSa.
V. 1187. Sur ia pointe inférieure (cic' oupidxv). ~~ Voir, pour le sens
du mot oupja^oc» la note au vers i233.
V. I a88. iSts traces certaines (vi^iTa). — t Des traces immenses,
innombrables. » (Scol.) J'aime mieux, comme Dûbner, qui traduit par
certa, entendre des traces manifestes (de vi) privatif, et if(JO»y desquelles
il n'y a pas à douter). Si ces traces étaient immenses et innombrables,
Jason n'aurait pas à les chercher; au contraire, il n'en voit pas, et doit
tenter une exploration pour les trouver.
V. 1294. Tel un écueil,., — Cette comparaison est imitée des vers
618-621 du Chant XV de VIliade. — La comparaison du souffle des
uureaux avec celui qui s*exhale des soufflets de cuir (v. 1299 et suiv.)
vient aussi d'une description homérique (Iliad., XV lU, v. 470 et
suiv.). L'expression cvi... ^ootvoiatv (v. 1299) signifie dans les creusets,
et non in fornacibus, comme on lit d'ordinaire dans les traductions
latines. Pierron dit, en efiet, à propos de ces mou qui se trouvent au
vers 470 du Chant XVIII de VIliade : < *£v xooivottf tv, dans les creusets.
La traduction lit fomacibus n'est point inexacte, puisque les creusets
sont dans le foyer de la forge; mais elle manque de précision. Xiovsc*
ou x^avov, vient de x^y fondre, et désigne ce qui contenait le métal
destiné à être fondu. »
V. 1 3 1 8. A la pointe de V extrémité recourbée qui termine la charrue
(xopwvv^. — Le Scoliaste explique xopcMW) par xp^xoc, mot qui signifie
l'anneau du joug placé à la cheville du timon {iaxtûç), pour atteler les
chevaux. Voir le vers 272 du Chani XXIV de VIliade. La xop^ est
ici l'extrémité recourbée qui termine la charrue et où s'adapte l'anneau
(dont Apollonios ne parle pas) qui unit au timon la charrue propre-
ment dite.
V. i323. Sa perche Pélasgique (àxerfvv^. — cil emploie &tatva pour
«évTpov. L'^xttiva est une mesure de dix pieds, imaginée par les Thessa-
liens; ou un bAton de berger, invention des Pélasges, dont (^limaque
a dit : 7/ sert à deux fins, aiguillon des bœufs et mesure agraire. »
(Scol.)
V. i333. Le coutre (Xalov). — Au lieu du mot Xolov, qui semble peu
usité, la plupart des éditeurs adoptent Pa0|i6v, glose explicative du
Laurentianus, et leçon d'autres mss. Le mot ^a%xic (de ^vw) indique
la partie inférieure de la charrue où le laboureur appuie le pied.
Wdlauer explique bien le sens du mot XoEov : « Est cuiter aratri, cm
pedem imponere aratorem oportebat, quo profundius in terram pene^
traret. » Le coutre (cuiter aratri), semblable à la lame d'un large
couteau, est placé verticalement au-devant du soc
V. i33o. // courba ses genoux rapides (yvfti&il't 2à yovyoet' cXofpd).—
Cette expression (yvâ|iicTh» est identique à xâiumo) signifie d'ordinaire
(par exemple, au vers 1 174 du Chant I*') se reposer, sens qu'elle a
dans Homère (cf. la scoiie au vers 118 du Chant VII de VIliade: y^
%d\k^€vi, àvanavotoOtti). Mais ici il est évident que Jason ne songe pas
à se reposer, puisque» reprenant une célèbre comparaison homérique
NOTES 331
(Iliade, XIII, V. 471-475), Apollonios le montre entrant en fureur
comme un sanglier : si donc le héros a tout d*abord courbé les genoux,
c'était, comme Dûbner le dit fort bien, ut vim probaret
V. 1 356. De tances à deux pointes (Soûpaoi t* âii^iruoic). — Littérale-
ment, le mot ayj^yM^ signifie qui a des membres des deux côtés; on le
traduit d'ordinaire par qui a deux tranchants (ce qui ne peut s'appliquer
à une lance), ou par que l'on prend à deux mains (ce que ne faisaient
pas les anciens qui tenaient la lance dans la main droite et le bouclier
dans la gauche) : le sens précis du mot me semble fixé par ce qui a été
dit de roùptaxoc, dans la note au vers 1253. Une lance à deux membres
est celle qui possède l'alxt^LTi et l'oùp(a^oc.
V. i365. // arracha du soi une grande pierre arrondie. — Ces vers
sont imités de deux passages de Vlliade (V, v. 3oa et suiv.; Xll, v. 445
et suiv.).
V. 1372. Une muette stupeur. — «Ce vers et ceux qui suivent sont
empruntés d*£umélos, qui les fait adresser par Médée à Idmon.
Sophocle, dans les Colchiennes, a mis en scène le messager et Aiétès.
Le roi demande : La moisson qui devait sortir de terre est-elle sortie?
Et le messager répond : Certes, hérissée de cimiers aux belles aigrettes,
et d'armes d'airain, la moisson est sortie du sein de sa mère. C'est ce
passage qu'ApoUonios a paraphrasé. » (Scol.) D'après la tradition
suivie par Apollonios, Médée ne pourrait s'entretenir avec Idmon, qui
est mort chez les Marlandyniens (Argon, II, v. 81 5 et suiv.). On verra
(note au vers 86 du Chant IV) que d'autres auteurs faisaient, comme
Eumélos, jouer à Idmon un rôle assez important en Colchide.
V. 1377. Tel, du haut du ciel... — Cette comparaison est imitée de
Vlliade (IV, V. 75 et suiv.).
V. 1384. Jusqu'aux membres inférieurs (xc&Xidv). — Les mss. et les
éditions ont &\uù^, jusqu'aux épaules, ce qui ne saurait être conservé
dans le texte, puisqu'il a déjà été question de géants dont la moitié du
corps sortait du sol. Lehrs admet yo^Svwv, correction proposée par
Struve, en 1822; yovvwv ofire un sens satisfaisant, mais il semble
curieux que, de ce mot, les copistes aient fait ta\uù^. Merkel propose
xwXwv: ce mot qui indique les membres, en général, aussi bien les
jambes que les bras, n'aura pas été compris par le copiste qui l'aura
changé en io|Mtfv, mot d'un sens plus précis, mais qui ne saurait convenir
dans ce vers.
V. 1393. Prenant entre leurs dents le sol raboteux et le mordant, —
Je traduis ainsi, conservant comme Merkel la leçon des mss., ôià^..
ôteOmv, qui semble faire double emploi. Brunck, qui trouve cette
leçon absurde, inepte (perquam absurde... ineptum est, etc.), admet une
conjecture d'Abresch {Dilucidationes Thuçydideae, p. 547, Utrecht,
1753), ôxXaÇ, à genoux. Mais Wellauer dit fort bien de ce mot : Qui in
genua cadit, non terram ore tangit. Il cite la correction SicXocatv,
proposée par Pierson (Veris., p. 212), mais il aime mieux admettre
avec Hermann (ad Orph., p. 760) qu'oéoO^iv est une explication d'odaÇ
qui s'est glissée dans le vers à la place d'un mot du texte ôcpoupv}c, par
exemple (ce mot a été admis par Lehrs dans son texte); on peut aussi
remarquer l'emploi inusité de p^Xo; au masculin : ce mot est toujours au
33^ NOTES
féminin dans ApoUontos {Argon,, III, v. io55, 1 336; IV, v. 1736, 1756).
Il est donc permis de supposer que toute cette fin de vers est altérée.
Merkel montre quMl y aurait peu d'avantage à remplacer oUt( par o^te;»
et qu*il vaudrait peut-être mieux écrire ^o^tv (de ÀoxsCt mot rare pour
oKnîonuc, silloHs), au lieu de o^Ovtv, mot qu*il faut évidemment faire
disparaître et sur lequel porte la correction, si Ton veut en essayer une.
V. i394« Sur les mains (sic* àyoarû).-» Hoelzlin, que les autres tra*
ducteurs latins, Shaw, Beck, Lehrs, suivent scrupuleusement, rend
C1C* orro«rT^ par in cubitum. liais le vers 425 du Chant XI de Vliiade,
...6 8'tv «0W1J101 mvÀv tXt ypB^ gyogty,
montre bien que ce mot signifie le plat de la main, et non le coude.
CHANT IV
V. 4. De prononcer,.^ — Locum difficilem, dit Merkel avec raison.
J^étabiis ma traduction de ce passage obscur sur l*explication que
donne le Scoliaste: tLe sens est: Dis -moi maintenant, toi-mâme,
ô Muse» la peine et les projets de Médée, car je ne sais si je peux dire
que c'est à cause de sa souffrance d'amour, ou des mauvais traitements
qu*on lui fisisait subir, qu*elle a quitté sa patrie en fuyant. » Wellauer
dit aussi : « Sensus est : nescio utrum Medeam fugae consilium cepisse
dicam lasonis amore commotam an patris metu, » Je ne puis admettre
l'interprétation de Beck c utrum ipsum (laborem) malum ingratum, an
hoc dicam, fugam indignam». Le poète ne peut se demander s'il va
dire ou les peines de Médée, ou sa fuite, puisqu'il parlera de celle-ci et
de celles-là.
V. 12. Comme une biche légère (xc(iâc). — «La xeiiac est une jeune
biche. On établit une différence entre la itc|&ac et le vc^piç [foon]. Car
la ict)&âc gîte [iMi(i»|Aivv)] encore dans la tanière et le ve^p^c, déjà plus
grand, va chercher sa nourriture au dehors, et paît [vc|j^|jlcvoc ; cette
étymologie est contestable : vt^pic vient plutôt de vcoip6c. Jeune], •
(Scol.) La comparaison est inspirée de deux comparaisons homériques
(lliad,, XI, V. 414 et suiv.; XXI, v. 573 et suiv.); dans la deuxième, on
trouve aussi l'expression paOe{v)c ex (au lieu de êv) ÇuXi^oto.
V. 18. A sa gorge (XavixaWv)^). — « La gorge, la trachée-artère (otpTV)-
p(a), par où passe le souffle qu^on aspire.» (Scol.)— « Daremberg:
Xauxav{Y), comme Xati&ic» a deux significations, celle de gosier ou œsO'
phage, et celle de région extérieure du cou. Cette région est nettement
déterminée par un passage de VIliade (XXII, v. 324-323), où il est
dit qu'elle se trouve au point de jonction des deux clavicules. C'est
bien la région sus^ternale, ou fossette jugulaire, là où l'on égorge les
animaux. Cette région est, en effet, désignée comme très dangereuse
par Homère, qui a reconnu aussi qu'elle est en rapport direct avec la
trachée-artère. » (Note de Pierron au vers 325 du Chant XXH de
VIliade.) C'est par un mouvement machinal que Médée, étouffée par
l'angoisse, porte les mains à sa gorge : « Non putem ad suspendendum ;
sedfactum sine ipsius consilio; ïny'ile plane facit, > (Dûbner.)
V. 24. Son cœur agité se calmait (ittep6nc... lavdv)).— Voir sur le
sens de loi{vu la note au vers 1020 du Chant III. « IlTtpiuc est synonyme
de X0O90C [léger, allégé]. Allégé par ses premiers raisonnements, son
cœur change de dispositions et tourne à la joie. » (Scol.) J'aime mieux
comprendre : son cœur, agité jusqu'alors, se calme maintenant.
V. 25. Dans le coffret (9ftBpta|ft6to). — Voir, pour ce mot, la note au
vers 802 du Chant III. Je comprends comme Brunck : « Confestim
e sinu suo medicamenta omnia defudit in arculam. Scilicet extraxerat
medicamenta, illud selectura, quo mortem sibi conscisceret. »
334 NOTES
V. 53. Dont la puissance est irrésistible (8v9«ai)iou). ^ « Difficiles et
funestes, ou que la terre produit pour le ma! (car les racines funestes
sont plus nombreuses que les salutaires), ou bien celles qui sont pro-
duites avec difficulté. • (Scol.) Hoelzlin traduit par fixas; Shaw, par
diJUciles avulsu; Beck, par dijtciles (noeentes); I^hrs, par dijiciies.
Ruhnken dit: inteUigo herhas noeentes. Le mot dutfvsXéoc signifie
contre qui on ne peut lutter, contre qui on lutte avec peine (Suc. iraXi|>.
Je ne pense pas qu'il s'agisse de la lutte nécessaire à la magicienne
pour les arracher du sol; il doit être question de la force magique de
ces plantes, force A laquelle celui qui lui est soumis ne peut résister.
Ce sont les potentes herbae dont Circé a usé (Aen.j VII, t. 19) pour
changer les hommes en bêtes. — Il est probable qu'Apollonios se
souvient ici d'un passage des Rhijotomes de Sophocle auquel Klacrobe
(Satum., V, 19) fait allusion : « in qua [tragoedia] Aiedeam describit,
maleficas herbas secantem, sed aversam, ne vi noxii odoris ipsa inter^
ilceretur, » Les mots vt noxii odoris peuvent édaircir le sens du mot
V. 54. La déesse fille du Titan, -^ c Hélios et Séléné sont les enfants
du Tiun Hypérion et de Théia, comme le dit Hésiode : Théia ettfanta
Hélios et la brillante Séléné [Théog,, v. Byi].» (Scol.) Ce sont les
Titania astra de Virgile (Aen., VI, y. 723).
V. 58. Endymion, — > « Dans le Latmos, mont de Carie, est une grotte
où demeurait Endymion ; c'est aussi le nom d'une ville qui fut nommée
Héradéia. [Strabon (543, 12 et suiv.) parle d'Héradéia, petite Tille
située au pied du Latmos, qui avait d'abord le même nom que la
montagne.] Hésiode raconte qu'Endymion, fils de Calycé et d'Aethlios,
fils de Zeus, obtint de Zeus ce privilège qu'il fixerait lui-même le
moment de sa mort, qu'il mourrait quand il le voudrait. Le même
fait est rapporté par Pisandre, par Acousilaos, par Phérécyde, par
Nicandre, dans le livre II de ses Étoliques^ et par Théopompe, le poète
épique. Il est dit, dans les Grandes Éées, qu'Endymion fut enlevé au
ciel par Zeus; mais s'étant épris d'amour pour Héra, il fut trompé par
l'apparence d'une nuée et précipité dans la demeure d'Adès. Au sujet
de l'amour que Séléné éprouva pour lui, Sappho et Nicandre, dans le
livre II de VEuropé, rapportent des traditions; il est dit que Séléné
descendait dans cet antre, pour aller rejoindre Endymion. Épiménide
rapporte que, vivant parmi les dieux, il s'éprit d'amour pour Héra, et
que Zeus, Irrité, lui ordonna de dormir sans cesse. Ibycos, dans son
livre I*% dit qu'il régna sur TÉlide. D'autres disent qu'il fut, A cause de
sa justice, élevé au rang des dieux et qu'il obtint de Zeus de dormir
toujours. Les uns disent qu'il était de Sparte, les autres qu'il était de
l'Élide. Quelques-uns suppriment le mythe du sommeil d'Endymion.
Ils disent qu'aimant à chasser, il chassait la nuit au lever de la lune,
car c'est le moment où tes bêtes fauves sortent de leurs tanières,
pour aller chercher leur nourriture, et qu'il se reposait^ pendant le
jour, dans une grotte, si bien que certains pensaient qu'il y dormait
constamment. D'autres font du mythe une allégorie, disant qu' Endy-
mion est le premier qui se soit occupé de l'étude philosophique des
météores, et que la lune, par sa lumière et ses phases, lui en fournit
NOTES 33S
le moyen : aussi, s'occupant de ces spéculations pendant la nuit, il ne
dormait pas, mais c'est le jour qu'il se reposait. Quelques-uns disent
qu'il y eut réellement un Endymion ami du sommeil, qui a donné
lieu à ce proverbe, le sommeil d'Endymion, qu'on applique à ceux qui
dorment beaucoup, ou qui agissent avec une telle négligence qu'ils
semblent dormir. Théocrite [Idylle, III, v. 49 -5o] en fait mention,
quand il dit : Heureux était cet Endymion, dormant un éternel
sommeil. » (Scol.) Le Scoliaste cite à peu près toutes les traditions
qui ont rapport à Endymion : ApoUodore (I, 7, 5) dit de plus que,,
fils d'Aethlios et de Calycé, il passa de Thessalie en Élide; Séléné
s'éprit de lui, et ayant obtenu de Zeus de choisir le don qu'il voudrait,
il demanda une jeunesse éternelle et un sommeil perpétuel. Cicéron
fait allusion à Endymion {de Finib., V, 20; Tusc, Quaest,, I, 38), et
Pline (H, 43} voit en lui le premier astronome qui ait étudié le cours
de la lune : Tardeur qu'il mettait à cette étude aurait donné lieu à la
tradition qui fait de lui un amant de la lune. — D'après M. Decharme
{MythoL, p. xzv de V Introduction)^ le mythe d'Endymion est un de
ceux qui s'expliquent le plus aisément : t Endymion (son nom Tindi-
que), c*est le soleil qui disparaît à l'horizon céleste ou qui se plonge
dans les flots de la mer, à l'heure même où la lune s'avance dans le
ciel. Un gracieux sentiment poétique avait donc inspiré la fiible
grecque qui représentait Séléné venant embrasser son bien -aimé
étendu dans la caverne de Latmos, ou autrement, la Lune caressant
de ses rayons la couche mystérieuse du beau Soleil endormi. 1 Le
mythe a été ensuite localisé en Carie et en Élide; dans cette dernière
contrée, la légende d'Endymion se mêlait aux généalogies des premiers
rois du pays.— Voir Preller« Criech. MythoL, erster Band, dritte
Auflage, p. 363-304.
V. 59. Par tes habiles incantations, — Voir la note au vers 533 du
Chant m.
V. 62. Mais voici sans doute.,. — « D'après Fauteur des Naupacti-
ques, ce n'est pas suivant sa propre volonté que Médée s'en alla, mais
elle fut appelée au dehors, alors qu'elle se trouvait dans sa maison.
Car le moment approchait où l'on devait mettre à mort les Argonautes
par trahison, quand Aiétés se sentit l'envie d'avoir commerce avec sa
femme Eurylyté. Alors Idmon conseilla aux Argonautes de s'enfuir, et
Médée s'embarqua avec eux. i (Scol.) Cette scolie, qu'une lacune rend peu
claire, est expliquée et complétée par celle qui accompagne le vers 86.
— Voir la note à ce vers.
V. 66. Ainsi parla la déesse.^ Dûbner trouve cette allusion à la
légende d'Endymion fort déplacée : « Pessime hat fabulae mixtae. »
M. Girard {Études sur la Poésie grecque, Paris, 1884, p. 334) qualifie
d' «étrange discours > ces plaintes de Séléné.
V. 80. Du haut du tillac (aie' Ixpiif iv). — On a déjà vu (note au
vers 566 du Chant I*') que le mot ucpia désigne les gaillards soit
d'avant, soit d'arrière. M. Cartault {ouvr. cité, p. 5o) montre, d'après
des figures de navires archaïques qui proviennent de vases antiques,
que dans le navire primitif t le gaillard d'avant est plus élevé que le
gaillard d'arrière... C'éuit là un poste de combat favorable, mais de
336 NOTES
diroensiont fort restreintes. » Cest là (Ot|^o<î) que se tenait sans doute
Jason, le chef de Teipédition, au moment où il entendit les cris de
Médée, et non au gaillard d*arrière, poste du icv§fpvf,TY)c* — Nous avons
vu (Ch. III, V. laÔQ et soiv.) les Argonautes conduire leur navire Ters
le champ d'Ares. Il ne fallait pas traverser le Phase pour aller de U
ville à ce champ, puisque Aiétès s*y rend en char (Ch. III, v. i233 et
suiv.). Si donc les Argonautes doivent maintenant se rapprocher en
ramant du rivage où ils ont entendu les appels de Médée, qui vient de
la ville, c'est que, par crainte de quelque surprise, ils ont bivouaqué
sur la rive opposée où brillait le feu de joie allumé en Thonneur de
la victoire de Jason (v. 68).
V. 86. Fuyons.., — « ApoUonios dit que Médée se réfugia pendant
la nuit sur le navire, alors qu'Aiétès réunissait les Colchiens en
assemblée pour s'occuper de la perte des héros. Mais Tauteur des
Naupactiques dit que, sous l'influence d'Aphrodite, Aiétès, ayant
désiré avoir commerce avec sa femme, alla se coucher auprès d'elle.
Les Colchiens se couchèrent aussi, après avoir soupe chez le roi qui
voulait incendier le navire des Argonautes : Alors, la divine Aphrodite
inspira à A iètès le désir de s*unir d'amour avec sa femme Éurylyté
[on sait que l'auteur des Naupactiques nomme ainsi la femme d' Aiétès;
voir la note au vers 24a du Chant III] ; car la déesse s'occupait dans
son cœur de p9'0curer à Jason le retour vers sa demeure, avec ses
compagnons belliqueux. Idmon, ayant compris ce qui se passait, dit :
il faut fuir en hdte du palais, au milieu de la nuit noire. Médée, ayant
entendu le bruit des pas, se levm et s'enfuit. Hérodore hit le même
récit. » (Scol.) Dans la tradition suivie par ApoUonios, Idmon est mort
depuis longtemps chez les Mariandyniens, tué par un sanglier (cf. Ch. H,
V. 81 5 et suiv.). Voir la note au vers î3j% du Chant III.
V. 87. Je vous donnerai la toison d*or. — « ApoUonios imagine que,
s'étant enfuie de la maison d'Aiétès, Médée promet la toison d'or à
Jason. Mais l'auteur des Naupactiques dit qu'elle emportait, en s'en-
fuyant, la toison qui se trouvait dans la maison d' Aiétès. Hérodore,
d'autre part, dit qu'après que les Argonautes eurent quitté leurs
campement, Jason fut envoyé par Aiétès vers la toison ; qu'ayant fait
cette expédition il tua le dragon et rapporta la toison à Aiétès, qui alors
convia traîtreusement les héros à un festin. » (Scol.)
V. io3. L'action eut lieu presqu'en même temps que ses paroles. —
ApoUonios reproduit une expression homérique {Iliade, XIX, v. 24a)
dont Pierron dit : < C'est évidemment le proverbe a|ji' î%oç, a|i' Iprov, et
le dictum, factum, des Latins. Cest notre aussitôt dit, aussitôt fait. •
Brunck disait déjà, à propos du vers d'ApoUonios, après avoir cité
celui d'Homère : « Ovidius, Metam., IV, v. 549 : res dicta secuta est.
Terentio, dictum, factum ; Gallis^ aussitôt dit que fait. > I^ dictum,
factum de Térence se trouve dans VHeautontimoroumenos (V, i, v« 3i).
V. III. Aux approches du matin (Sr^avpov). — « Cest le moment le
plus proche, le plus voisin du jour, c'est comme le crépuscule; cette
expression rappelle le vers du poète [Odyss., V, v. 469] : La brise [affptj]
souffle du fleuve, très fraîche aux approches de l'aurore, t (ScoL)
Xénophon {Cynégétique, IV et V) dit qu'il faut se mettre en chasse
NOTES 337
dès Taube du jour; la rosée et les grandes pluies dissipent Todeur
de la trace du gibier. En été, cette odeur est très peu marquée, parce
que la terre, alors échauffée, dissipe les émanations déposées par
ranimai.
V. iig. L'AioUde Phrixos, — « Denys, dans ses Argonautiques, dit
que le pédagogue de Phrixos, qui se nommait Crios, s*étant aperçu le
premier des embûches que sa marâtre lui préparait^ persuada au jeune
homme de fuir : comme il fut ainsi sauvé, grâce à lui, la tradition se
répandit que Phrixos avait été sauvé, porté jusqu'en Colchide par un
bélier (ètc^ xptoO). » (Scol.) — Voir les notes au vers 1144 du Chant II.
V. 1 3 1 . Loin de la Titanienne A ta. — « Ératosthène, dans ses Géogra-
phiques, fait mention du fleuve Titan, qui donne son nom à la terre
Titanienne. Le Lycos, fleuve qui s'éloigne de TAraxe, se joint au Phase
et se jette ainsi dans la mer, après avoir perdu le nom qui lui était
propre... L'Araxe est un fleuve de Scythie. Métrodore, dans le livre I*'
de son ouvrage sur Tigrane, dit que le Thermodon se nomme aussi
Araxe. Le poète appelle Caucasienne la mer Caspienne, parce qu'elle
est voisine du Caucase.» (Scol.) Strabon (476, 32, etc.) mentionne un
fleuve Lycos qui coule en Arménie et se jette dans l'Iris. Il faut le
distinguer du Lycos de Bithynie, cité au vers 724 du Chant II, malgré
cette note étonnante de VIndex de l'édition Didot : « Auxoc, Bithyniae
amnis (II, 724), qui cum Phaside confluit (IV, t32). » Je ne trouve le
fleuve Titan de Colchide cité nulle part : peut-être est-ce le même que
le Gyénos ou Tyénos mentionné par Scylax (PeripL, f 81; voir les
notes à la page 61 du volume I*' des Geogr. Graec. Min.). Pline (N.
H,, V, 121) parle d*un fleuve Titanus en Eolide : ^Titanus amnis et
civitas ab eo cognominata fuit, » Le Phase et l' Araxe sont bien connus;
mais on sait que le Lycos se jette dans l'Iris et non dans le Phase.
Peut-être doit-on voir une allusion à la tradition géographique rap-
portée par Apolionios dans ce passage d'Ovide (i/ip/.^ XV, v. 273):
Sic ubi terreno Lycus est epotus hlatu,
Existit procul hinc, ilioqne reoascitur ore.
Pline {N. H., II, 225) dit aussi : c Subeunt terras rursusque redduntur
Lycus in Asia, Erasinus in Argolica,., » — A propos de la Titanienne
A ia, Dûbner dit : « Sine dubio afluvio aliquo, nullo modo a Prometheo. »
Aia ne tire son surnom ni de Prométhée, ni du fleuve inconnu que cite
Ératosthène, mais de l'origine titanienne de son roi Aiétès, petit-fils
du Titan Hypérion.
V. i36. Les femmes nouvellement accouchées, ^ On connaît l'imi-
tation que Virgile {Aen., VII,. v. 5i3 et suiv.) a faite de ce passage.
Brunck remarque qu'Apollonios lui-même s'inspire d'un chœur des
Troyennes d'Euripide (v. SSg et suiv.}.
V. 146. Hypnos,,. le plus puissant des dieux, — Héra, dans Homère
{Iliad., XIV, V. 333) appelle Hypnos le roi de tous les dieux et de tous
les hommes.
V. i56. Au moyen d*une branche de genévrier, — « Le récit du poète
est d'accord avec celui d'Antimaque; Phérécydc, dans son livre VII,
dit que le dragon fut tué par Jason. Le genévrier est un arbuste
43
338 NOTES
épineux, consacré à Apollon, comme il e&t dit dans le livre III des
œuvres attribuées à Musée. » (Scol.) Pline {N, H., XXIV, 64) parle des
vertus du genévrier pour se débarrasser des serpents : c lunipints... et
huius duo gênera,,. Utraque accensa serpentes fugat,., Sunt qui et
perunguant corpus e semine eius in serpentium ictus, »
V. 168. Au-dessus de V étage supérieur de la maison ((ncMpoçcoj
OaXdtiioto). — Le mot ùtccDp^^io; (Oici, opofi^) signifie qui est sous le toit :
il s*agit donc de la chambre haute où se tiennent les femmes; Tadjectif
va fort bien avec le substantif OdXat&oc, et Merkel semble avoir Êiit une
heureuse conjecture en le mettant au génitif, alors que les mss. et la
plupart des éditions qui ont précédé la sienne avaient viRApi^iov, qui
se rapporte assez mal à propos à la lumière de la lune. D'après les mss.
de Paris, Brunck écrivait Omôpif loc et il expliquait : Refertur ad iropOivoç.
Beck adopte cette leçon, quod admodum friget, suivant Wellauer qui
reprend Ciccopiftov. — On peut rapprocher cette comparaison de celle
du Chant I*', v. 775 et suiv.
V. 175. Biches ac/biinéennes. — « Achaia est une ville de Crète où
naissent les biches dites achaînéennes. » (Scol.) Cette explication me
semble inadmissible : d'abord les géographes anciens ne citent pas en
Crète de ville nommée Achaia; Pline (N. H., Vlll, 228) dit formelle-
ment qu^il n'y a de cerfs en Crète qu'aux environs de la ville de Cydonia :
« Jn eadem insula [Creta] cervos praeterquam in Çydoneatarum regione
non esse. > Ensuite, si le nom de ces cerfs venait d'une ville, ce serait
un nom connu généralement, et les chasseurs ne seraient pas les seuls
à le leur donner. Il faut donc admettre que ce mot appartient à leur
vocabulaire spécial. Hardouin dit à ce propos : a Nimis diffusa oratione
usus, Scaligero post Dalecampium, Plinius videtur, nec satis vera, qui
ad universum genus transtulerit quod de Achainis tantutn appellatis
Philosophus scripsit, Histor. Anim., lib. II, cap. xviii, p. 253 : Tùv 5*sXâfwv
al *Axttiva\ xaXo'j(avai 8oxo09iv {^eiv èv t^ xépxcii x^^'H^- Quod et Antigonus,
Histor. 76, p. 66, repetit totidem/ere verbis. Sed existimavit is nimirum
gentHe id loci alicujus nomen esse, non aetatis : impulsus in fraudent
fortassis ab Apollonii Scholiaste, ita scribente... Verum nugari
grammaticulum constat ex ipso Apollonii carminé quod interpretatur :
ubi non ab alicujus regionis indigenis cervo id nominis inditum, sed a
venatoribus ipsis, unde unde illi fuerint, testatur,,, Cervumjuvenculum
ea vox sonat. » {Ad Plin, N. H,, XI, 192.) Dans ses Ptin, Exercit.
(p. i36), Saumaise fait venir ce mot de ôéxotta, lanae molles; par suite,
àxoctivéT] ifXaçoc est une biche cui tenera adhuc cornua et mollis ad instar
velleris lanuginosa. On peut douter de cette étymologie, adoptée par
Beck et par Lehrs, qui traduisent : c achaeineam (moUibus pilis
insignemjji. Dûbner, qui repousse l'explication du Scoliaste, admet
que ce terme désigne les biches à un âge déterminé : « Nam saepius
ita vocatur cervus certae aetatis. 0 Mais il me semble indispensable de
rendre tel quel le mot àxauviiQv, sans tâcher de le traduire en français,
puisque Apollonios lui-même nous dit que c'est un terme propre au
vocabulaire des chasseurs.
V. 177. Le sol resplendissait. — n Beaucoup d'auteurs ont dit que la
toison était d*or; Apollonios les suit. Simonide dit tantôt qu'elle est
NOTES 339
blanche, tantôt qu^elle est couleur de pourpre. » (Scol.) Voir la note
au vers 1 142.
V. i85. Chacun s'élança. — Dûbner trouve tout ce tableau parfaite-
ment inutile : « Sequentia plane superflua. »
V. 201. Tenant dressés devant eux les boucliers en peau de bœuf, —
« Naturellement on songea d'abord à défendre la partie du corps des
rameurs qui dépassait \c plat-bord au moyen des boucliers des combat-
tants. C'est la manœuvre qu^ordonne Jason dans le navire Argo : Que
dans tout le vaisseau un homme sur deux prenne place sur les bancs
et manie l'aviron; que les autres les couvrent en présentant à l'ennemi
leurs boucliers de cuir qui arrêtent les traits, et assurent ainsi notre
retour. Un joli modèle de navire en terre cuite de style italo-grec,
trouvé à Ardée et exposé au Musée du Louvre, nous montre précisément
tous les boucliers rangés le long du bord qu'ils exhaussent, de façon à
préserver au besoin Téqui page dans un combat naval. Il fournit ainsi
comme une illustration toute naturelle du passage qui nous occupe. »
(Cartault, ouvr. cité, p. 61.] — C'est ainsi que le groupe célèbre de
Polydète, les Astragoàiiçontes, fournit une illustration toute naturelle
des jolis vers où ApoUonios montre Ganymède et Éros jouant aux
osselets. Voir la note au vers 1 14 du Chant III.
V. 208. Les amarres qui retenaient le navire du coté de la poupe. —
«Y avait-il manque de temps ou danger à courir pour larguer les
amarres, on coupait les câbles à bord. Ce procédé fut employé par
Ulysse poursuivi par les Lestrygons (Odyss., X, v. 126). » (Vars, ouvr,
cité, p. 147.) Homère emploie pour montrer Ulysse coupant les amarres
avec son épée les expressions mêmes qu* ApoUonios reprend, et que
Virgile traduira en latin. Cf. Aen., IV, v. byg :
Dlxit vaginaque eripit enssm
Fulmineum, strictoque ferit retinacala ferro.
V. 210. // alla.., se placer, pour l'aider.., — Je traduis ainsi le verbe
icapipoKrxe dont le sens est très fort. Cf. Pierron, note au vers 104 du
Chant XI de VJliade : « Ilapipaaxt ne signifie pas seulement qu'Antiphus
était monté à côté d'Irus, mais qu'il combattait du haut du char. » Le
icapaipaTTic est, en effet, le guerrier qui se place pour combattre à côté
du conducteur. Jason se place à côté du pilote Ancaios pour l'assister,
et pour combattre au besoin.
V. 223. Une immense branche de pin.— « Il s'agit de la torche qu'il
porte pour incendier le navire. ApoUonios dit qu'Aiétès partit en vain,
monté sur son char qu'Apsyrtos conduisait; Denys de Milet dit
qu'ayant atteint le navire, le roi en vint aux mains avec les héros et
tua l'Argien Iphis, frère d'Eurysthée [Argonaute qui n'est pas men-
tionné par ApoUonios], mais qu'il perdit beaucoup d'hommes de son
côté. Phérécyde, dans son livre VH, dit que, sur l'ordre de Jason,
Médée enleva de son lit Apsyrtos qui était un petit enfant et l'emporta
vers les Argonautes; puis, quand ils furent poursuivis, ils l'immo-
lèrent et le jetèrent coupé par morceaux dans le tleuvc. Sophocle, dans
Les Scythes, dit qu'Apsyrtos était né d'une autre mère que Médce [voir
le vers 242 du Chant III] : Ils ne sont pas nés du même lit; celui-ci, fils
340 NOTES
d'une Néréide^ grandissait, tout jeune encore; elle, la jeune fille, était
née depuis plus longtemps de VOcéanide Eidyia. » (Scol.)
V. 228. Le roi, sous le coup d'un malheur. — Les scolies de ce vers
complètent celles du vers 223. t Denys de Milet dit qu*Aiétès pour-
suivit les Argonautes. Les héros lançaient leurs javelou; Aiétès et ses
compagnons étaient sur des chars. C'est là que mourut Iphis, fils de
Sthénélos... Sophocle, dans Les Cotchiennes, dit qu*Apsyrtos fut ^orgé
dans la maison d* Aiétès. »
V. 23 1 . Soumise à son pouvoir (aOrâTprrov). — Il semble assez difficile
de déterminer avec précision le sens du mot ecÛTdlYpctoc qui ne se trouve
qu^une fois dans Homère {Odjrss., Ch. XVI, v. 148), où il signifie
soumis au libre choix de chacun, qu*on peut choisir soi-même. Ici Shaw
traduit ce mot par ultro oblatam, les autres interprètes par captam,
Hoelzlin précise : captam solum, sine caede, vulnere. Flangini, qui pense
que le mot vient de out&c et de oypa (capture), dit qu*il signifie statim ab
ipsa, captura, talquai è presa, appena presa. — Aiétès demande qu'on
remette la jeune fille en son pouvoir, à sa discrétion ; qu'elle redevienne
sa chose. Il ne s'agit pas de la prendre sans blessure ou de la lui livrer
aussitôt prise, mais de la remettre entre ses mains.
V. 247. Mais ce sacrifice.,. — c Le poète veut indiquer par là qu'elle
célébra un sacrifice à la manière des magiciennes. Nymphis, dans le
livre VI de son ouvrage sur Héraclée, dit qu'il y a, en Paphlagonie, un
temple d'Hécate que Médée fit construire. » (Scol.)
V. 269. Il y a pour la navigation une autre route. — « Hérodore,
dans ses Argonautes, dit qu'ils passèrent par la même mer par laquelle
ils éuicnt venus en Colchide. Hécate de Milet dit qu'ils allèrent du
Phase à TOcéan, de là ensuite au Nil, d'où ils arrivèrent à notre mer.
[Cette affirmation est contredite par la scolie au vers 284 : Hésiode dit
que du Phase ils entrèrent en mer; Hécatée, qui le réfute, raconte
que le Phase ne se jette pas dans la mer, qu'ils ne naviguèrent pas par
le Tanals, mais qu'ils revinrent par le môme chemin qu*ils avaient
pris à l'aller, comme Sophocle le rapporte dans Les Scythes.] Arté-
midore d'Éphèsc dit que c'est fieiux, car le Phase qui descend des
montagnes ne se jette pas dans l'Océan ; Ératosthène, dans le livre III
de ses Géographiques, est du même avis. Timagète, dans le livre I*'
de son ouvrage sur les ports, dit que le Phase descend des monts
Celtiques, situés dans la Celtique, et se jette dans un marais des
Celtes; puis il se partage en deux fleuves dont l'un va au Pont>Euxtn,
l'autre à la mer Celtique : c'est sur ce dernier que les Argonautes
naviguèrent pour arriver en Tyrrhénie. Apollonios suit Timagète.
Hésiode et Pindare, dans ses Pythioniques [IV« Pythique, v. 25 et
suiv.], et Antimaque, dans sa Lydé, disent que les héros arrivèrent
par l'Océan en Libye; là, ayant porté à force de bras le navire Argo,
ils parvinrent dans notre mer. » (Scol.) Je n'essaierai pas de mettre
d'accord toutes ces traditions contradictoires; je me borne à les citer.
M. Decharme dit fort bien (Mythol., p. 61 3): «Les Argonautes, pour
rentrer dans leur patrie, suivent un itinéraire tout de fantaisie, qui
varie d'Hésiode à Pindare, de Pindare à Apollonius, et qui, comme
celui d'Hercule, revenant du pays des Hespérides, s'est modifié succès-
NOTES 341
sivement, en môme temps que s*étendaient et se développaient les
connaissances géographiques des Grecs. »
V. 260. Thèbes la Tritonienne, — Dûbner : « Tpixiov, vetustissimum
Nili nomen; cf. v, 26g, » Pline (N. H,, V, 54) dit aussi que le Nil a été
connu sous le nom de Triton. Lycophron (v. 1 19) parlait du Triton, et
Tzetzès explique ce surnom du Nil par ces trois changements successifs
de dénomination : Tpfxcdv, h NetXoc, Sxi Tp\c pLeTcovoitavOy). — Voir la fin
de la note au vers 269.
V. 261. Tous ces astres,,, — Ce vers semble imité du vers 485 du
Chant XVIII de Vlliade.
V. 262.^ La race sacrée des Danaens. — c Beaucoup d'auteurs disent
que les Égyptiens sont les plus anciens des peuples. Hérodote [II, 2]
dit que ce sont les Phrygiens. Mosmès, dans le livre 1"^ de ses Égyptia^
queSt et Léon, dans le I"*" des livres à sa mère [à la mère d*Âlexandre,
suivant Mûller, Fr^gm, Hist, Graec, Didot, vol. II, p. 33 1], et Cnossos,
dans le livre I*' de ses Géographiques, disent que les Égyptiens étaient
le plus ancien de tous les peuples de TAsie. Nicanor, disant que
Thèbes fut la première ville fondée en Egypte, est d'accord avec Arche-
maque dans ses Métonomasies [changements de noms]. Il semble, au
dire de Xénagoras, dans le livre I*' de ses Époques [Xp6vu»v], que, tout
d*abord, Thèbes ait été fondée en Egypte. Hippys dit que, les premiers,
les Égyptiens ont compris la constitution de Tair, et que Teau du Nil
est très féconde. Apollonios dit qu'ils sont nés avant que tous les astres
aient fait leur apparition : c'est qu'ils paraissent avoir connu la nature
des astres et leur avoir donné des noms. Ils saluaient les douze signes
du Zodiaque du nom de dieux qui président aux conseils, et les pla-
nètes, du nom de dieux qui portent les sceptres [insignes des juges].
Hérodote [II, 2] dit que les Phrygiens sont le plus ancien des peuples.
Psammiticos, roi des Égyptiens, voulant savoir quel peuple était né
de la terre, confia deux enfants nouveau-nés à un berger en lui recom-
mandant de ne leur faire entendre aucune parole et de se borner à les
fiïire allaiter par une chèvre. Les années s'étant passées, le premier mot
que ces deux enfants prononcèrent fut le mot hëcos : or, c'est ainsi que
pain se dit en Phrygie. On reconnut d'après cela que le peuple des
Phrygiens était né de la terre. D'autres assurent qu'il y a sottise à faire
cette supposition. Car les enfents, ayant entendu les moutons crier
bléc [pXT)xo|i.ivu>v], essayèrent, poussés par uno influence naturelle,
d'articuler ce mot.» (Scol.) Dans ses notes au chapitre 2 du livre II
d'Hérodote, Larcher dit à ce propos: «Ces enfants prononcèrent,
suivant toutes les apparences, le mot bec, qui est le cri des chèvres,
comme le prétend le Scoliaste d'Apollonius de Rhodes; os étant une
terminaison particulière à la langue grecque. 1» C'est à cette tradition
que se rapporte le mot pcxxcaUvivoc qu'on lit au vers 398 des Nuées
d'Aristophane. Le Scoliaste du poète comique raconte à ce propos
l'histoire de Psammiticos, à peu près dans les mômes termes que
celui d'Apollonios. (Voir Scholia in Aristophanem, édit. Didot, p. loi-
102, et Adnot, in Schol., p. 431.)— Pour les connaissances astrono-
miques des Égyptiens, voir Hérodote (II, 4), Strabon (693, 27 et suiv.),
Diodore de Sicile (I, 3o}, etc. — Les Danaens sont les habitants
342 NOTES
<l*Argos prirnittvement appelés Pélasgiotes et qui reçurent, dit-on,
leur nouveau nom de l'Égyptien Danaoa (cf. Euripide, édit. Didot,
Fragm. 237). C'est avec intention que le fils de Phrixos désigne les
Hellènes en général par le nom de Danaens, pour rappeler qu'ils ont
été civilisés et dominés par un roi venu d*Égypte. C'est une tradition
bien connue que les Grecs tiraient leur origine d'Egypte, t On fit de
Danaûs un personnage égyptien, quoique son nom accuse une origine
essentiellement grecque. Ce roi est une personnification du sol aride
de l'Argolide, xo davotbv "Apyoç. » (Maury, Histoire des Religions de la
Grèce antique, vol. I, p. '-^34.)
V. 2Ô3. Les Arcadiens Apidanéens. — « Il n'y avait encore, dit-il,
que les Arcadiens, les plus anciens des Hellènes. C'est d'Apis, fils de
Phoroneus, que les Péloponésiens se nomment Apidanéens. Les
Arcadiens semblent être nés avant la lune, comme le dit Eudoxe dans
sa Description du circuit de la terre. Théodore, dans son livre XX il,
dit que la lune a paru un peu avant la guerre d'Héraclès contre les
géants. Aristias de Chios, dans ses Fondations [KTtVevi], et Denys de
-Chalcis,dans le livre I*' de ses Fondations, dis^nl que les Arcadiens sont
Sélénites. Mnaséas dit que Prosélcnos régna sur les Arcadiens. Aristote,
dans sa Constitution des Tégéates, dit que TArcadie fut habitée par
des barbares qui furent chasses par les Arcadiens; ceux-ci les avaient
attaqués avant que la lune se fût levée, d'où leur nom de Proséiénites.
Douris, dans le livre XV de ses Macédoniques, dit qu'Arcas, qui
donna son nom à l'Arcadie, était fils d'Orchomène, d'où vient le nom
d'Orchomène, ville d'Arcadie. Certains disent qu'Endymion découvrit
et calcula le cours de la lune, d'où le nom de Proséiénites donné aux
Arcadiens. Quelques-uns rapportent cette découverte à Typhon;
Xénagoras l'attribue à Atlas. » (Scol.) On sait que les Arcadiens pas-
.saicnt pour être les plus anciens des Hellènes (cf. Strabon, 333, 20, etc.).
Hellanicos (Fra^w. 'jy, Hist, Graec. Fragm,, Didot, vol. I*')ditquils
étaient autochtones (cf. Pausanias, V, i). Apis, fils de Phoroneus, est
cité par Apollodore (I, 7, 6; II, i, i) : il est la personnification du
Péloponèse, appelé anciennement 'Awtot yîj, la terre des fruits (cf. Maur}',
ouvr. cité, vol. I, p. 222). Voir la note au vers 1564.
V. 2O6. Les illustres fils de Deucalion. — «Les descendants de
Deucalion régnèrent sur la Thessalie, comme disent Hésiode et Hécatée.
La Thessalie se nonrmait Pélasgie, de Pélasgos qui y avait régné.»
(Scol.) Pour Deucalion, voir la note au vers 1086 du Chant 111; pour
Pélasgos, voir la note au vers 58o du Chant I*'.
V. 267. L'Ee'riaÇHt^iri). — Merkel écrit le premier, avec une majuscule
initiale, ce mot qui ici désigne évidemment l'Egypte, et que les éditions
écrivent Y;«piv) {nigra, dans les traductions latines). Mais, dans la note
au vers 5 80 du Chaut I", le Scoliaste disait qu'à cause de sa terre noire
on nommait l'Egypte 'Hefia (rriv Axyyjvxos 'Hspiav çaviv). Que ce soit à
cause de sa terre noire ou pour un autre motif, il est certain que
l'Egypte a porté autrefois ce nom. Cf. Aulu-Gelle, XIV, 6 : « Quitus
urbibus regionibusque vocabula iam mutata sint, quod Boeotia ante
appellata fuevit Aonia, quod Aegyptus Aeria... » Il est naturel
qu'Apollonios, qui rend au Nil son vieux nom de Triton, rende à
NOTES 345
l'Egypte son vieux nom d*Eéria. Wellauer, qui conserve dans son texte
la leçon r)ep\Yi, dit cependant fort bien : « Mihi quidem... littera majus-
cula *H(pî)Q scribendum videtur, quod antiquum A egypti nomen fuisse
testantur Etymol. M, v. r,epiY), He:çych. et Steph. By:f. s. v. àcpia, sive
ab onip, sive ab Aeria, Aegypti matre, v. Steph. By^. s. v. AîyuicTo;.
Ejusmodi nomine uti decuit poetam eruditionis speciem prae se
fer entent, eoque usum esse eo verisimilius est quod et Nili antiquissimo
nomine Triton utitur, i> Le chœur des Suppliantes d'Eschyle dit (v. 75)
s'être enfui àcpiac àicb y&c : peut-être faudrait-il écrire 'Aepiac.
V. 269. Et le fleuve Triton, — Voir la note au vers 260. «Au sujet de
la production du Nil, les anciens ont eu des opinions diverses. Anaxa-
gore dit qu'il se gonfle de la fonte des neiges. Euripide le suit, disant :
Ce sont ici les eaux virginales du iVi7... Grâce à la fonte de la neige
blanche, il arrose le sol [Hélène, v. i et 3]. Eschyle et Sophocle ont
aussi supposé qu'il y a au-dessus de l'Egypte des contrées couvertes
d'une neige qui, lorsqu'elle se fond, se déverse dans le Nil. Nicagora&
dit qu'il coule des pays situés en face. Démocrite le physicien dit que
le Nil prend sa source dans la mer située bien loin au midi et que son
eau s'adoucit par la longue distance qu'elle parcourt, et qu'elle est
amollie et comme cuite par l'ardeur du soleil; aussi le goût en est-il
spécial. Aristias de Chios dit qu'en hiver, le soleil, étant sous la terre,
en fait sortir l'eau; mais que, pendant l'été, se trouvant au-dessus de
la terre, il ne le fait plus, car elle est trop échauffée; aussi, c'est quand
la terre est amollie qu'elle produit le plus d*eau. Éphore dit que le sol
de l'Egypte est élevé par le limon du fleuve, et qu'au printemps,
ouverte par les rayons du soleil, la terre répand l'eau au dehors et fait
gonfler le Nil. [Voir pour cette opinion d'Ephore les fragments de cet
historien réunis à la page 263 du vol. l*' des l'ragm. Hist, Graec, Didot.]
Thaïes de Milet dit que les nuages, resserrés contre les monts d'Ethio-
pie par l'action des vents Étésiens, y éclatent. Aussi, quand les vents,
s'abattant sur la mer, soufflent en face du fleuve, par suite de la crue
des eaux qu'ils amènent, le Nil subit des inondations. Ûiogène d'ApoI-
lonie dit que l'eau de la mer est ravie par le soleil qui la transporte
dans le Nil : il pense que le Nil se remplit en été, parce que le soleil
y déverse toute l'humidité qui vient de la terre. Le Nil se nommait
d'abord Triton : il a, au dire d'Hermippos, reçu son nouveau nom de
Neilos, le Cyclope, fils de Tantale, qui*régna sur le pays [ou : de Neilos,
fils du Cyclope, fils de Tantale].» (Scol.) Hérodote (II, ig et suiv.)
cite et réfute d'avance à peu près toutes les opinions sur l'origine du
Nil, énumérées dans cette scolie. Diodore de Sicile (voir aussi la note
au vers i248du Chant II) donne d'autres renseignements qu'Hermippos
sur ce Neilos ou Neileus, roi légendaire d'Egypte : c'est en reconnais-
sance des nombreux canaux creusés par ce roi que la postérité
aurait appelé de son nom le fleuve précédemment nommé Aigyptos
(Diodore, I, 63). Il faut remarquer que Diodore ne mentionne pas le nom
de Triton parmi ceux que le Nil a reçus successivement : le fleuve se
serait nommé d'abord Océanès, puis, à cause de son impétuosité, ^4^/05
(l'Aigle), ensuite Aigyptos, du nom d'un roi du pays, et enfin Neilos,
du nom du roi Neileus (Diodore, I, 19). Le Nil se serait aussi appelé
344 NOTES
Mélo (Servius, ad Georg,, IV, v. 292). Je ne sais où le Scoliaste a pris
la tradition qui fait du roi égyptien Neilos le fils d*un Cyclope nommé
Tantale ou un Cyclope fils de Tantale. J'aimerais mieux, au lieu de
NcOiov ToO KvxXftficoc -roO TavraXov, lire toO IliXoicoc, Neilos, fils de Pélops,
le fils de Tantale, — Quant au fleuve Nil, les écrivains grecs Tont fait
entrer de bonne heure dans leurs généalogies divines. Ainsi, Phérécyde
(scolie au vers 1 186 du Chant III) dit qu^Agénor, ayant épousé Argiopé,
fille du Nil, eut d'elle Cadmos. Apollodore parle de deux filles du Nil,
Memphis et Anchirroé, qui fiirent épousées, Tune par Épaphos et
l'autre par Bélos (II, i , 4).
V. 272. Oest de là qu'un homme partit, — « Sésonchosis [nommé
par Hérodote et par Strabon Sésostris, et par Diodore de Sicile,
Sésoosis], roi de toute TÉgypte après Horos, fils d'Isis et d*Osiris, se
jeta sur l'Asie qu'il bouleversa tout entière, ainsi que la plus grande
partie de l'Europe. Hérodote parle de lui avec beaucoup de précision
[II, 102 et suiv.]. Théopompe, dans son livre III, lui donne le nom
de Sésostris. Hérodote dit en outre que, chez les peuples qu*il avait
soumis par la guerre, il élevait des colonnes où il inscrivait comment
il les avait vaincus. Quant à ceux qui s'étaient rendus, il ajoutait sur
ces colonnes l'image des parties naturelles de la femme, symbole de
leur lâcheté. [Diodore (I, 53) dit qu'il faisait aussi représenter sur ces
colonnes, pour les peuples guerriers, les parties sexuelles de l'homme,
afin d'indiquer, par cette partie importante du corps, le caractère de
chaque nation.] • (Scol.)
V. 276. // s'est écoulé depuis lors une longue suite d'années. —
m Apollonios dit que cette longue suite d'années s'est écoulée depuis
le temps de Sésonchosis. Dicéarque, dans son livre l*\ dit qu'il établit
des lois pour empêcher que personne de ses sujets ne quittât le métier
paternel; car il supposait que c'était le commencement de l'ambition.
C'est lui le premier, dit-on, qui a imaginé de faire monter les hommes
à cheval; d'autres disent que c'est Horos et non Sésonchosis... Cer-
taines villes, en effet, ont disparu; d'autres ont changé de nom, et l'on
ne sait plus par qui elles ont été fondées : c'est le temps qui en est
cause. Dicéarque, dans son livre I*% dit que Sésonchoisis fut roi après
Horos, fils d'Isis et d'Osiris. De Sésonchosis au règne de Neilos, il y a
deux mille cinq cents ans; du r^ne de Neilos à la prise d'Ilion, il y en
a sept; de la prise d'Ilion à la I'* Olympiade, quatre cent trente-six; en
tout deux mille neuf cent quarante- trois. » (Scol.) Diodore de Sicile
(I, 63) cite le roi Neilos comme bien postérieur à Sésostris, mais il ne
donne aucune date.
V. 277. Mais A ta subsiste encore aujourd'hui. — « Il dit qu'Aia reste
intacte depuis le tjmps de Sésonchosis, ainsi que les descendants de
ceux qui y avaient été établis par Sésonchosis. C'est par catachrèse
qu'il les appelle ula>vo{, comme on nomme Héraclides non seulement
les fils d'Héraclès, mais les fils de ses descendants, ceux mômes qui se
sont établis en Scythie. Les Colchicns descendent des Égyptiens,
comme le dit Apollonios; Scymnos, dans son livre sur l'Asie, dit aussi
que les Colchiens sont une colonie d'Égyptiens. Hérodote, dans son
livre II, rappelle qu'ils pratiquent la circoncision, qu'ils tissent le lin
NOTES 345
et qu'ils usent des lois des Égyptiens. Philostëphane dit qu'il est de
petites îles sur le Phase et qu'Aia se trouve dans Tune d'elles. » (Scol.)
Hérodote s'étend beaucoup, dans les chapitres 104 et io5 du livre II,
sur les traits de ressemblance que l'on peut remarquer entre les usages
des Égyptiens et ceux des Colchiens. Il admet que les Colchiens sont
d'origine égyptienne. Strabon (5i,7)dit que, parmi les migrations les
plus célèbres, on cite celles des Égyptiens vers l'Ethiopie et la Colchide.
11 rappelle les diverses preuves invoquées à l'appui de leur opinion par
les auteurs qui veulent fieiire croire à l'existence d'un lien de parenté
entre les Colchiens et les Egyptiens (427, 35 et suiv.), mais il ne
semble pas partager cette opinion. Diodore de Sicile (I, 28) dit aussi
que les Colchiens du Pont descendent des colons égyptiens : il explique
ainsi l'origine de la circoncision, coutume qui aurait été importée en
Colchide par les ^Égyptiens. Cette tradition d'une colonisation de la
Colchide par les Égyptiens, très ancienne et très répandue, est encore
rappelée par Ammien Marcellin (XXII, 8, 24) : c Colchos.., Aegyptiorum
antiquam subolem, » Voir aussi Denys {Perieg., v. 689) et les imitations
en latin d'Aviénus (v. 874) et de Priscien (v. 671).
V. 280. Des colonnes (xuppiaç). — « On appelle xiSppeic, dit Ératos-
thène, ce qu'on nomme à Athènes les axones [aÇovcç], où Ton écrit les
lois, comme dit Aristophane, le poète comique. ApoUodore dit qu'on
appelle xOppic toute action publique, toute loi, parce que les anciens
avaient coutume d'ériger des pierres pour y inscrire leurs décrets; ces
pierres, ils les nommaient, soit stèles [onriXac] & cause de leur stabilité
[àith TT)c oraffetoç], soit à cause de leur élévation en hauteur, xuppcic,
synonyme de xupfcic: car elles s'élevaient en pointe [xcxopufûoiai].
Plus tard, ils conservèrent le même nom aux tables de bois peintes en
blanc où ils écrivaient les décrets. Laxupptc est donc destinée à recevoir
des inscriptions sacrées. » (Scol.) La citation d'Apollodore se trouve à
peu près textuellement dans les scolies au vers 448 des Nuées d'Aristo-
phane. D'ailleurs, ce passage est reproduit par divers auteurs de scolies
ou de commentaires avec des variantes plus ou moins importantes.
(Voir Hist. Graec. Fragm., Didot, vol. 1*% p. 432 : on y trouvera
un certain nombre d'étymologies qui ont été proposées du mot xvppic.)
— Quant au passage d'Aristophane auquel le Scoliaste d'Apollonios
fait allusion, c'est le vers i354 des Oiseaux : ^ Cette loi antique se
trouve dans les x^Sppcic des cigognes, > — 11 semble assez difficile de
décider s'il faut traduire ici xupptic par colonnes ou par tables; Hoelzlin
admet également les deux interprétations : Tabulae scilicet geogra-
phicae, aut columnae lapideae. Il adopte columnas dans sa traduction
latine; Shaw admet tabulas; Beck et Lehrs, cippos. Je crois qu'il faut
traduire le mot xvppetc par colonnes puisque c'est le sens le plus ancien
qu'il ait eu, avant de désigner les tables de bois peintes en blanc où
l'on écrivait les décrets.
V. 282. Bras (xlpa;) extrême de l'Océan. — a On donne le nom de
xipata à tous les fleuves qui sortent de l'Océan lui-même. L'Ister est
un fleuve de Scythie. Le sens est : Ils ont fait connaître par des signes
certains un fleuve situé bien loin d'eux, et dont ils savaient l'exis-
tence. » (Scol.) Hésiode (Théogonie , v. 789) donne au Styx le nom de
44
34^ NOTES
*lhtfav6{o «ipoc. ApoUonios suit naturellement la tradition homérique
d*après laquelle le fleuve Océan, qui embrasse toute la circonférence
de la terre, est la source commune «de tous les fleuves, de toute la
mer, de toutes les eaux jaillissantes, de tous les puits profonds » [Iliade,
XXI, V. igS). Je n*ai pas osé traduire «Ipotc par corne, qui est le mot
propre, mais qui semblerait étrange en français. HoeUlin explique
bien : « Mare est quasi quoddam animal; ejus pedes et brachia sumt
sinus; cornuafluvii. »
V. 384. Ils le nomment VIster, — Voir la note au vers 2S9, que celle-
ci complète et contredit souvent. — « Il dit que Tlster descend du pays
des Hyperboréens et des monts Riphées. Il suit en cela Eschyle qui,
dans le Prométhée délivré, parle ainsi : Arrivé dans la r^on qui se
trouve entre les Scythes et les Thraces, il se partage en plusieurs bran-
ches; il en déverse une dans notre mer, une autre dans la mer Pontique,
une troisième dans le golfe Adriatique. Scymnos, dans le livre XVI
de son ouvrage sur TEurope, dit que l'Ister est le seul fleuve qui vienne
des déserts. Quant aux monts Riphées, ils sont situés à Torient...
Ératosthène, dans le livre III de ses Géographiques, dit que Tlster vient
de pays désens et entoure l'île Peucé. Aucun auteur, excepté Timagète
qu*Apollonios suit, ne dit que les Argonautes aient passé par l'Ister
pour arriver à notre mer. Car Scymnos dit qu'ils ont navigué par le
Tanals vers la grande mer, d*où ils ont passé dans la nôtre. Et il est
raconté qu'arrivés au continent, ils ont porté Argo sur des solives
jusqu'au moment où ils parvinrent à la mer... L'Ister, qui descend du
pays des Hyperboréens, après être arrivé à un endroit qui se trouve
entre la Scythie et la Thrace, se partage en deux branches dont l'une
se jette dans le Pont-Euxin, l'autre dans la mer Tyrrhénienne. »
(Scol.) Ces théories sur les deux branches de l'Ister étaient très
communes dans l'antiquité. Strabon, en effet (47, 40 et suiv.), doit
réfuter Hipparque, qui, reproduisant une erreur commune à quelques-
uns de ses devanciers, disait que le Pont se réunit à l'Adriatique,
puisque l'Ister, à son point de départ dans la région du Pont, se divise
en deux bras et se déverse à la fois dans les deux mers. Le savant
géographe fait remarquer que l'Ister se jette seulement dans le Pont
et ne se divise en deux branches qu'à son embouchure. Il suppose
qu'Hipparque et ceux qui ont écrit avant lui ont imaginé l'existence
d'un fleuve homonyme qui, se séparant du véritable Ister, aurait été
descendu tout entier par Jason, lors de son retour de Colchide. Strabon
n'est pas éloigné de croire que Jason a passé, en effet, par ce second
fleuve Ister. « Suivant certains auteurs, Jason et ses compagnons
auraient remonté la plus grande partie de l'Ister; suivant d'autres, ils
l'auraient remonté jusqu'à l'Adriatique. Les uns ne connaissent pas
les endroits dont ils parlent; les autres supposent un Ister qui sortirait
du grand Ister pour se jeter dans l'Adriatique : leur supposition n'est
ni invraisemblable ni absurde. » (Strabon, 38, 39-44.) Strabon cite
encore, pour la réfuter, l'opinion de Théopompe, qui prétendait qu'une
des branches de l'Ister débouche dans l'Adriatique (263, 3o). Diodore
de Sicile (IV, 56) réfute aussi l'opinion de ceux qui ont prétendu que
les Argonautes, après avoir remonté l'Ister jusqu'à ses sources, étaient
NOTES 347
entrés par une autre branche du fleuve dans l'Adriatique. Il distingue
rister qui se jette dans le Pont-Euxin et un autre fleuve homonyme
qui se jette dans l'Adriatique. Ce dernier ne nous est pas connu : c'est
quelque petit cours d'eau du pays des Istriens. *
V. 286. Au delà du pays ou souffle le Borée.., dans les monts Riphées.
— Pour le peuple et le pays des Hyperboréens, voir la note au vers 675
du Chant II. Les anciens ont entendu d'une manière générale et vague
par monts Riphées les montagnes situées aux extrémités septentrionales
de l'Europe. A mesure que les connaissances géographiques s'étendaient
vers le nord, on reculait d'autant la position légendaire de cette chaîne
de montagnes, séjour des neiges éternelles et des tempêtes glacées. Les
monts Riphées se trouvaient dans le pays des Hyperboréens. Cf. Vir-
gile, Georg,, IH, v. 38i :
Talis Hyperboreo Septem subiecta trioni
Gens effrena virum Riphaeo tunditur Euro.
Pomponius Mêla, III, 5 : c Hyperhorei super Aquilonem Riphaeosque
montes,., iacent.n En plaçant les sources de l'Ister dans le pays des
Hyperboréens, Apollonios suit une tradition qui se trouve déjà dans
les Olympiques de Pindare (III, v. 25 et suiv.) et peut-être dans le
Prométhée délivré d'Eschyle (voir la note au vers 284).
V. 289. Dans la mer Orientale; v. 3o8. Au golfe le plus reculé de la
mer Orientale. — Tous les mss. et toutes les éditions ont, v. 289 :
'Iov{y}v oXot, et V. 3o8 : irivroto... 'lovtoto. Nous n'avons pas de scolie sur
le vers 289; voici celle qui concerne le vers 3o8 : c La mer Ionienne
est une mer d'Italie où aboutit l'Adriatique; aussi, certains auteurs lui
donnent le nom de mer Adriatique. La mer Ionienne a été ainsi appelée
de rillyrien lonios, comme le dit Théopompe dans son livre XXI.
Certains disent que le nom de cette mer vient des voyages errants d'Io. »
Strabon (263, 14) fait remarquer que, pour distinguer le golfe Ionien et
le golfe Adriatique, qui ont tous deux la même entrée, on est convenu
d'appeler golfe Ionien la partie antérieure de la mer, et Adriatique, la
partie intérieure jusqu'au fond; il ajoute que, de son temps, le nom
d'Adriatique s'est étendu à la mer tout entière. Strabon rappelle aussi
que, d'après Théopompe, le nom de mer Ionienne viendrait d'un
ancien roi de ce pays, originaire d'Issa. Pour la tradition qui attribue
à lo l'origine du nom de la mer Ionienne, voir la note au vers 746 du
Chant II. — Cette note du Scoliaste donne de banales indications sur
la mer Ionienne : mais ces indications n'ont que faire ici, puisque,
dans les deux passages qui nous occupent, il ne peut être question de
la mer communément désignée sous le nom de mer Ionienne ou, si
l'on veut, de mer Adriatique. On a vu (note au vers 284) que, suivant
les traditions anciennes, l'Ister se déverse soit par deux embouchures
dans la mer Tyrrhénienne et dans le Pont, ou dans la mer Adriatique-
Ionienne et dans le Pont, soit par trois embouchures dans la Médi-
terranée (notre mer), dans la mer Adriatique-Ionienne et dans le Pont.
Or, des deux embouchures mentionnées ici par Argos, l'une se trouve
a dans un golfe profond qui s'étend au-dessus de la mer de Trinacrie ».
Qu'est-ce que la mer de Trinacrie ï Le Scoliaste nous le dit dans sa
348 NOTES
note au vers 291 : tCest la mer Tyrrhénienne qui baigne la Sicile;
celle-ci se nommait d*abord Trinacrie à cause de ses trois promontoires
[dià to xpétç £xpac S^x*H> Pachyne, Lilybée et Pélore. » Le golfe profond
qui s'étend au-dessus de la mer de Trinacrie (ou mer Tyrrhénienne)
est le golfe de Ligurie. Puisque Argos n*admet que deux embouchures
de rister, il ne peut dire que Tune se trouve dans la mer Tyrrhénienne,
l'autre dans la mer Ionienne : comment oublierait-il celle qui intéresse
le plus les Argonautes, celle par où ils vont entrer dans le fleuve pour
le remonter, Tembouchure qui se trouve dans le Pont-Euxin ? Ajoutez
à cela qu*au vers 3o8 les Colchiens se séparent en deux troupes pour
donner la chasse aux Argonautes : les uns sortent du Pont-Euxin, en
passant au travers des roches Cyanées; les autres, qui n*en sortent pas,
se trouvent bientôt c dans le golfe le plus reculé de la mer Ionienne t,
où se trouve justement une embouchure de l'Ister : il fiiut donc que
mer Ionienne soit, pour ApoUonios, synonyme de Pont-Euxin. Cest
ce qu*a bien vu Flangini qui propose de lire tout simplement 'Alcfvijiv.
I^ correction est juste en principe, mais elle s*éloigne trop de la lettre
des mss. pour être admissible. Gerhard {Lection, ApolL, p. 80) dit
avec raison : c Insignis difficultas neminem advertit nisi Flanginium
qui, cum probe intelligeret de soh Ponto Euxino hoc loco cogitari
posse, coniecit |ut' 'Alctw^v aXa, bonam ad sensum coniecturam, sed ex
scripiurae rationibus omni verisimilitudine destitutam. > Mais remar-
quant que l'expression mer Ionienne, appliquée au Pont, revient au
vers 3o8, Gerhard propose de corriger 'loWviv en Y)wr)v, puisque, dit-il,
le poète a déjà donné au Pont-Euxin le nom de mer Orientale (Ch. II,
V. 745). Wellauer se rend aux raisons de Flangini et de Gerhard, mais
il n'admet dans son texte ni Tune ni l'autre de leurs corrections, et il
garde 'Iov(tiv et 'Iov{oio, mots corrompus qui cachent quelque nom
savant et peu connu du Pont : c Corrupta esse illa vocabula neque ego
dubito, de emendatione ambigo; illud certum videtur, in vocabulis
'Iov{y)v et 'loWoio rarius aliquod et doctius Ponti nomen latere. » Je
pense que le nom savant et peu connu du Pont est r,o{v}v ou t)<^v, que
le copiste aura changé en 'lovtVt trompé par la tradition d'après
laquelle une bouche de l'Ister aboutit à la mer Ionienne, et aussi par
la similitude apparente des deux leçons des vers 632 et 982 avec celles
des vers 289 et 3o8. On lit, en effet, au v. 632 :
et au vers 982 :
ï<m ai TIC icopOiJicTo icapoixipYi 'lovCoio*
II est facile de se rendre compte que l'influence de ces deux vers ait
amené le copiste à changer les leçons v)ofv}v ou T)cpv2v et r^oloto ou T)<doto
pour écrire, au vers 289 :
Ma B%x^ To |itv IfvOa pieT' 'Iov{y]V Ska, ^iXXet.
et au vers 3o8 :
NOTES 349
L'emploi des mots 'Iov{t)v et 'Iov(oio aux vers 632 et 982, où il s'agit
bien de la mer Ionienne (voir les notes à ces vers), prouve qu'Apollonios
ne saurait confondre le Pont-Euxin avec cette mer. Comme, d'autre
part, dans tout le discours qu'il prête à Argos (v. 257-393), le poète a
soin de faire employer par son héros les termes géographiques les plus
archaïques (p. ex., v. 267 : Ééria pour l'Egypte; v. 269 : Triton pour
le Nil), il n'y a rien d'étonnant à ce que le fils de Phrixos désigne par le
nom de mer Orientale ('H<ttV)v ou 'I1o(t}v âXa) le Pont-Euxin qui était, en
effet, au temps des Argonautes, situé à l'extréme-orient du monde
connu. Le nom de mer Orientale attribué au Pont est donc ce rarius
et doctius Ponti nomen soupçonné par Wellauer. Il semble qu'on doive,
aux vers 289 et 3o8, changer en 'Ho^iqv ou 'Hcay^v et 'Hofoto ou 'Hototo les
leçons 'Iov{v}v et 'loWoio, introduites mal à propos dans le texte par le
copiste ou le correcteur demi-savant.
V. 293. VAchéloos, — Ce fleuve, dont le cours sépare TAcarnanie
de rÉtolie, se jette, en eifet, dans la mer qu' Argos appelle la mer de
Trinacrie, et que Strabon (102, 3 et suiv.) désigne sous le nom de
IixcXtxbv iréXarfoc. (Voir Strabon, 288, 26; 386, 24.)
V. 3oo. Le Carambis. — Voir, pour le cap Carambis, la note au
vers 36 1 du Chant II.
V. 3o3. Quelques-uni des Colchiens, ^ « Parmi les Colchiens, les
uns naviguèrent en passant au travers des roches Cyanées; c'est aussi
ce que dit Callimaque. Mais, contrairement à Callimaque, ApoUonios
dit qu'ils s'en retournèrent. Les autres, avec Apsyrtos, atteignirent
rister. 1 (Scol.)
V. 3o6. La bouche de VIster que Von nomme Calon. — « L'Ister à
trois bouches, dont l'une se nomme Calon, comme dit Timagète,
dans son ouvrage sur les ports. » (Scol.) Le Calon stoma est cité au
nombre des diverses embouchures de l'Ister par Pline l'Ancien (N. H,,
IV, 79) et par Ammien Marcellin (XXII, 8, 43), qui copie à peu près
textuellement la phrase de Pline. Cf. Ptolémée (III, 10), Arrien (Pe-
rij7/.,|35),etc.
V. 3io. Elle est de forme triangulaire. ^ nÉmonhène, dans le
livre III de ses Géographiques, dit qu'il y a dans l'Ister une Ile triangu-
laire, égale à Rhodes, quMl nomme Peucé, à cause du grand nombre de
pins qu'elle possède [iik xh icoXXàc Itxttv ictôxac]- > (Scol.) L'île Peucé est
souvent mentionnée par les auteurs anciens : Strabon (253, 45; 254,
33); Pline l'Ancien (N. H,, IV, 79); Ammien Marcellin (XXII, 8, 43 et
45), etc. Scymnos de Chios, dans sa Périégèse (Geogr, Graec. Minor.,
Didot, vol. I*', p. 227-228, V. 785-790), donne sur l'île Peucé exactement
les mêmes indications que le Scoliaste emprunte à Ératosthène.
Cf. Pomponius Mêla (II, 7), etc.
V. 3x2. Narécos (Nàpvpioc). — Le Guelf. et le Laur. ont apT)xo<, que
lisait le Scoliaste; les mss. de Paris, é^pv)oc. Hoelzlin a fait la correction
Nâpt^Koc, adoptée par tous les éditeurs qui l'ont suivi, en se fondant
sur le passage d* Ammien Marcellin (XXII, 8, 45), où on lit Naracus-
toma, nom qui se trouve d'ailleurs déjà dans le passage correspondant
de Pline l'Aiicien (N. //., IV, 79). Dans son Périple du Pont-Euxin
({ 35), Arrien cite aussi xh Ndipaxov ax6\ui, — Je suppose que NdtpTjxoç
350 NOTES
est un substantif neutre à l'accusatif; Lehrs et Beck en font le génitif
d'un mot Napv)(.
V. 3i6. Dans les prairies basses (tla|ttv^«t). — « Ce sont des endroiu
humides et fangeux. U fiiut entendre que,' sur les deux rives du fleuve,
les bergers prennent la fuite.» (Scol.) Pour le sens précis du mot
«tat'LCvrî, voir la note au vers 1203 du Chant III.
V. 317. Effrayés à Vaspect des navires, — «L'avant du navire de
guerre primitif ressemblait, au moins sur certains chantiers de
l'Archipel, à une tête d'animal... Ce n'est donc pas sans raison
<)u' Apollonius de Rhodes dit, en parlant des premiers navires grecs :
Et dans les prairies marécageuses les bergers abandonnaient leurs
nombreux troupeaux, épouvantés à la vue de ces vaisseaux semblables
à des monstres énormes sortant de la mer qui en est peuplée. » (Cartault,
ouvr. cité, p. 64-63.) Il n'est pas question ici des premiers navires
grecs, mais d'un seul navire grec, Argo, et de plusieurs navires
colchiens. ApoUonios a fait dire par Argos (Ch. III, v. 341 et suiv.)
que les navires construits en Colchide sont bien inférieurs à Argo:
du moins leur apparence extérieure était à peu près la même, puisque
les bergers pouvaient trouver au navire des Minyens comme a ceux
des Colchiens la même apparence de monstres marins.
V. 319. Car ils n'avaient jamais vu, — Brunck rapproche de ce vers
le passage où Cicéron {de Nat. Deor., II, 33, 89) cite et commente
les vers d'Attius montrant Tétonnement du berger qui voit pour la
première fois le navire Argo. Cf. Ribbeck, Tragic, Latin. Reliquiae
(Attius, Medea, fragm. 1).
V. 320. Scythes mêlés aux Thraces. — c Les Scythes sont voisins des
Th races d'Europe. Le Laurion est une plaine de Scythie. Timonax
enregistre cinquante-cinq peuples de Scythie, dans le premier livre de
son ouvrage Sur les Scythes, C'est dans la plaine des Sindiens que
rister se divise en deux fleuves dont l'un se jette dans l'Adriatique, et
l'autre dans le Pont-Euxin... Hipponax fait mention de la séparation
des deux courants du fleuve, chez les Sindiens. Hellanicos, dans son
ouvrage Sur les nations, dit : c Celui qui a complètement traversé le
Bosphore, arrive chez les Sindiens; au-dessus de ceux-ci, sont les
Scythes Maiotides. » Le afyuwoç est une sorte d'arme de trait qui porte
le même nom que le peuple [des Sigynniens].» (Scol.) Hérodote
(V, 9) dit que les Sigynniens sont le seul peuple qu'il ait entendu citer
comme habitant le pays désert et immense de i'Ister; il dit aussi que
les Cypriens donnent aux javelots le nom de Sigynnes. Strabon (446,
4 et suiv.) place les Sigynniens (qu'il nomme Z^^twoi) entre la mer
Caspienne et la Perse! Le même auteur (424, 34) met les Sindiens au
nombre des peuples qui habitent les bords asiatiques des marais
Maiotides. C'est dans ces régions qu'Hérodote (IV, 28), Scylax {Peripl.,
l 72), Mêla (I, 19), Ammien Marcel! in (XXII, 8, 41), etc., placent le
pays des Sindiens. Je ne trouve auci n renseignement sur les Grau-
céniens et sur la plaine du Laurion.
V. 324. Le mont Angouros, — « Le mont Angouros est voisin de
rister. Timagète en fait mention dans son ouvrage Sur les ports. Le
rocher Cauliacos est en Scythie, auprès de I'Ister. Polémon en feit
NOTES 351
mention dans ouvrage Sur les fondations des villes d* Italie et de
Sicile,., Cest devant ce rocher, dit le poète, que l'Ister se partage en
deux fleuves, l'un qui se jette dans TAdriatique, Tautre dans le Pont-
Euxin. La mer de Cronos: il désigne l'Adriatique; car on dit que
Cronos habita ces régions. » (Scol.) Preller (cité dans les Fragm, Hist,
GraeCj Didot, vol. III, p. 126) suppose qu^il faut chercher le rocher
Cauliacos au confluent du Danube et de la Drave. Eschyle (Prométhée^
y, S3y) désigne l'Adriatique par le nom de vaste golfe de Rhia.
V. 33o. Auprès des deux îles Brygéiennes d'Artémis. — Les Bryges
sont un peuple d*Illyrie cité par Strabon (271, 20), par Scymnos de
Chios (Perieg,, v. 434 et suiv.). Scylax {Peripl,, | 23) cite les Nestiens,
dont le nom vient du fleuve Nestos; mais il ne parle pas du fleuve
Salangon, sur lequel je ne trouve nulle part aucun renseignement.
Dans sa note au vers 121 5, le Scoliaste s'occupe des Nestiensou Nes-
taiens : « Scylax dit que les Nestaiens sont un peuple d'Illyrie. De chez
eux on s'embarque sur le golfe. Ératosthène, dans le livre III de ses
Géographiques, dit : Après les Ulyriens sont les Nestaiens; près de leur
pays se trouve Tîle de Pharos, colonie des Phariens [cf. Scylax, Peripl,,
l 23; Diodore, XV, i3, 3, qui dit que Pharos est une colonie des
Pariens]. 1
V. 353. Aisonide,., — On a remarqué que ces imprécations de Médée
ont servi de modèle à celles d'Ariane, dans VÉpithaiame de Thétis et
de Pelée, à celles de Didon, dans V Enéide, à celles de la Médée d'Ovide,
dans VÉpttre à Jason, et à celles de la Médée de Valérius Flaccus, dans
le livre VIII de ses Argonautiques, On peut aussi noter, dans les
imprécations que le poète alexandrin prête à son héroïne, un certain
nombre de réminiscences classiques : ainsi, quand la Médée d'Apollo-
nios rappelle à Jason qu'elle l'a sauvé (v. 364 et suiv.), elle parle
comme la Médée d'Euripide (Médée, v. 476 et suiv.); quand elle lui
dit qu'il doit la regarder comme sa fille, sa femme et sa sœur (v. 368 et
suiv.), elle répète à peu près les paroles que l'Andromaque d'Homère
adressait à Hector {Iliad., VI, v. 429 et suiv.).
V. 357. Uheureuse fortune (àyXatai)* — Dûbner : « Vellus aureum,
sive splendida fortuna, » C'est évidemment la seconde interprétation
qui est la bonne.
V. 408. Quant aux Colchiens seuls, je ne leur céderai pas, je n^hési-
terai pointa les combattre,., {o^ S'av iy<a,,. {iiccCÇw |aiq iroXc|i(Cctv). — Je
traduis le texte de Merkel, constitué d'après une heureuse correction
de Gerhard, déjà adoptée par Wellauer et Lehrs. Le Laur. et le Guelf.
ont ^%tilù[LaLi ircoXc|iiUtv et ûicc(^|iai icToXt|i{Cciv. Les mss. de Paris, au
lieu de où 8*av ont xo^ 8'âv. Conservant la leçon de ces derniers pour
le commencement du vers, Brunck écrit à la fin du vers 6icei^i|it ircoXe-
|jiC»v, « ex ingenio », comme dit Beck, qu'il explique : « Ipse vero
Colchis inferendi arma necessitate solutus fuerim, quum mihi transitum
non intercludent [|&tî |u itaTin^Cuat, mss. Parts]. » Gerhard fait remar-
quer avec raison (Lection. Apollon,, p. 47) que, parlant ainsi, Jason
serait loin de parler en héros: €lgnavi hominis illud dictum est,
pugnae periculo se liber atum tri, nisi forte Colchi eum retenturi sint;
fortis herois, quod hic habemus, nolie se Colchis pugnam remittere.
35^ NOTES
nisi apertam sinant viam. » A la vérité, Théroîque bravoure de Jason
est trop sujette à caution pour que Gerhard l'invoque à l'appui de sa
correction (&ire{(u> pii^), laquelle me semble pourtant excellente, c vere
palmaria », comme dit Wellauer, mais pour d'autres causes. Rien, en
effet, ne prouve, comme Brunck le prétend, que les Colchiens laisse-
raient la route ouverte, si Apsyrtos était tué : le poète dit seulement
que les indigènes lâcheraient pied, si le chef des Colchiens n*éuît
plus là. De plus, Médée a compris, exactement comme Wellauer, les
paroles de Jason, puisqu'elle lui répond (v. 410) : Tue-le, et engage la
bataille avec les Colchiens.
V. 417. Pourvu que je puisse persuader aux hérauts,,. — tHaec
intelligo, tanquam si plenius sic scriptum esset : eT xhi mdç iceinlloifu
XTJpuxac àirip^effSai, xtt\ (ruvaipd|i^9ai tbv 'A^prov ol&(tev olov ^otc c|LQtc
ticittTfTi. Si forte praeconibus perauasero, ut, quum frater meus
accesserit, a nobis discedant, solumque eum mecum committant. Si
enim colloquio intéressent praecones, opprimi non posset Apsjrrtus*
Erant autem illi praecones ministri publici templi Dianae, quibus
Medeae custodia mandata, » (Brunck.) Cette interprétation de Brunck
me paraît tout à fait erronée. D*abord, les hérauts ne sont pas des
prêtres d'Artémis: rien ne le prouve dans le poème; d^ailleurs, il est
probable que, dans le pays des Brygiens comme ailleurs, comme en
Tauride, par exemple, Artémis avait des prêtresses et non des prêtres;
de plus, Médée n'a pas encore été remise en garde à ces prêtresses ou
à ces prêtres; elle ne le sera qu'une fois le pacte conclu. Ces hérauts
sont des Argonautes, ceux qui auront porté à Apsyrtos les présents
splendides, dont il est question au vers 416, çai^Tc... Scapoïc, que Dûbner
explique bien par tnuntiis cum muneribus ad eum missist. Il me
semble donc que x^puxotc àcmpxo|tivouc signifie praeconibus a nobis ad
eum abeuntibus. Ces hérauts étant évidemment des Argonautes,
Apsyrtos pourrait être tué en leur présence sans difficulté; ce que
Médée espère d'eux, ce n*est donc pas qu'ils s'éloigneront pour rendre
à Jason le meurtre plus facile, mais qu'ils sauront, pereuadés par elle,
faire venir Apsyrtos sans escorte au temple de la déesse. Il me semble
que cette interprétation est confirmée par la suite du récit. En efiet, on
prépare, immédiatement après le discours de Médée à Jason, les
présents qui vont être envoyés à Apsyrtos (v. 421-434). Ces présents
seront portés par les hérauts Argonautes, puisqu'il n'est question ni de
hérauts Colchiens, ni, comme le voulait Brunck, de prêtres d'Artémis
chargés du rôle de parlementaires. Avant que ces hérauts partent,
Médée leur communique les mensonges qu'ils auront à redire (v. 433...
xT}p>Sxe(r<nv èicc^ve&craTo (iajOouc), elle les met dans le secret, elle les per-
suade ainsi (comme elle souhaitait de le fisire, v. 417) d'amener Apsyrtos
dans le piège où il trouvera la mort. — Telle est, à mon avis, la suite
des idées dans ce passage difficile dont Wellauer disait : et Hic locus
vulgo maie intelligitur.,. », et que Gerhard (Lect, Apollon,, p. 36) ne
trouvait intelligible qu'à condition de supprimer deux vera : « Ac mihi
quidem id quoque certum est, versus 436 -4 3 j plane ex nostro textu
eiiciendos esse, »
V. 425. Dia, — On sait que Dia est l'ancien nom de l'île de Naxos.
NOTES 353
Le Scoliaste cite, à ce propos, un vers de Callimaque : A Dia, car
tel était le plus ancien nom de Naxos, Bninck pense qu'Apollonios,
énumërant les divers possesseurs de ce péplos, imite l'énumération
semblable qui se trouve dans V Iliade (II, v. loi et suiv.)» à propos du
sceptre d*Âgamemnon. Il renvoie aussi aux vers 37 et suiv. de VEurope
de Moschos (Idylle II)i où il est question des possesseurs successifs de
la corbeille d*or. L'abandon d'Ariane par Thésée devait être connu de
Jason à qui Hypsipylé l'avait, sans doute, appris en lui remettant le
péplos sacré : le héros mentait donc impudemment quand il racontait
à Médée la romanesque et chaste histoire des amours de Thésée avec la
fille de Minos (Ch. III, v. 998 et suiv.).
V. 432. Ivre à demi (àxpox^XiO* — Joseph Scaliger trouve le trait
grossier, et il le dit avec sa brutalité ordinaire : a Ineptus poeta, omni
abjecta verecundia, et majestate heroici carminis illam foeditatem
ipsis verhis expressit. (In Varron,, de L. L.) Ruhnken admire, au
contraire, la délicatesse du poète : c Rem ita elocutus est ut ne castis-
simas quidem aures offenderet. » Le mot âxpoxaXil ne semble pas avoir
effarouché les anciens puisque Denys (JPerieg,, v. 948) ne craint pas de
le reprendre pour en foire une épithète caractéristique de Dionysos.
V. 433. La vierge, fille de Minos. — Le mot icapOfvtxi^ doit avoir ici
son sens propre de vierge \ voir la scolie au vers 997 du Chant III
(note au vers ioo3), où il est dit que c*est Dionysos qui priva la fille de
Minos de sa virginité.
V. 448. Les fils de mes ennemis. — Cette formule d'imprécation,
reproduite par Denys (Perieg., v. 600), a été souvent imitée par les
poètes latins. Cf. Virgile, Georg., III, v. 5i3; Horace, Od., III, xzvii,
V. 21 ; Ovide, Amor., III, xx, v. 16, etc.
V. 471. Dans le vestibule (cv\ icpod6{i(^}. — « C'est par catachrèse que
le poète dit le prodomos au lieu du pronaon [vestibule de temple]. »
(Scol.) Voir, pour le prodomos, la note au vers 278 du Chant III.
V. 477. Les extrémités des membres du mort, — C'est l'amputation
qui a été subie par Agamemnon ; Electre (Sophocle, Electre, v. 445)
le rappelle, en disant de son père : c|MC9xa>{^- < Au dire du Scoliaste
et des anciens lexicographes, les assassins croyaient se garantir des
représailles auxquelles leur crime les exposait, en coupant à leurs
victimes les extrémités des membres, qu'ils leur attachaient ensuite
sous les aisselles (c'est ce qu'on appelait tiat<rxaX(Cttv, de iMt^xaXY)). En
leur essuyant sur la tête l'instrument du meurtre, ils s'imaginaient
rejeter sur elles la responsabilité du sang versé. » (Tournier, Les tra-
gédies de Sophocle, 2* édit., Paris, 1877, note au vers 445 é* Electre.)
Déiphobe a été mutilé comme Agamemnon et comme Apsyrtos,
quand Enée le rencontre aux enfers (Aen., VI, v. 494) :
... Uniatum corpore toto
Deiphobum vidit, laceram crudeliter ora,
Ora maouaque ambas, populataqae tempora' raptis
Aaribas et truncai inbonesto vulnere nares.
V. 481. Les hommes Apsyrtiens. — « C'est un peuple ainsi nommé
d'Apsyrtos. » (Scol.) Strabon parle des îles Apsyrtiennes, situées dan»
4S
354 NOTES
le golfe de la mer Adriatique (102, 22 et 8ttiv.)î îl rappelle ausai
(261, 42 et suiv.) que c'eat dana ces flea que la tradition place le
meurtre d'Aptyrtoa. Pline (N. H., III, i5i) cite parmi les ilea de la
c6te dlllyrie, dans le voisinage des Istriens, les Apsjrrtides, ainsi
nommées par lea Grecs, à cause d'Apsyrtos, frère de Médée, qui y, ^t
tué. Non loin d^elles, continue*t-ily les Grecs ont placé les lies Elec-
trides : Apollonios va en parler (v. 5o3). Cf. Apollodore, I, 9, 24 et
25 ; Stéphane de Byzance, etc.
V. 5o3. VUe sacrée Électris. — « Cette île est voisine du fleuve
Éridan. » (Scol.) Strabon (179, 11 et suiv.) ne croit pas à Tezistence
des îles Élect rides : il met au nombre des mythes Thistoire de Phaéthon
et des Héliades, changées en aunes sur les bords du fleuve Éridan,
fleuve qu'on a prétendu voisin du Pd, et qu'on ne retrouve en aucune
contrée de la terre; il dit que les prétendues îles Électridea, situées en
avant des bouches du Pô, ne sont, elles aussi, qu'un mythe, puisque, de
son temps, il n'existe rien de semblable dans ces parages. — Pline (voir
la note au vers 481) dit aussi (N. 7/., III, i5i)que la mention que lea
Grecs font des îles Éiectrides, voisines du lieu où Apsyrtos fut tué,
est une preuve manifeste du peu de foi que ce peuple mérite, puisqu*on
n*a jamais pu savoir quelles îles ce nom d'Électrides désignait. L'auteur
de l'Histoire naturelle revient encore (N. H., XXX VU, 3 1 ) sur cette
question des îles Éiectrides, et sur toute la légende (dont Apollonios
va parler, v. 604 et suiv.) des Héliades, sœurs de Phaéthon, qui, au
dire des poètes grecs, furent tellement désolées de la mort de leur
frère foudroyé par Jupiter qu'elles furent changées en peupliers et que
leurs larmes devinrent de Vélectrum (ambre jaune, en latin sucinum).
Cette origine de l'ambre jaune est aussi fantaiaiste que Texistence des
îles Éiectrides où les eaux du Pd auraient porté cet ambre. « Qua
appellatione [Eiectrides insulae] nullas unquam ibi fuisse certum est,
nec vero ullas ita positas esse in quas quidquam cursu Padi devehi
possit, > D'ailleurs, Pline comprend qu'ignorant comme il l'est en
géographie, Apollonios ait pu ignorer ausai la provenance de l'ambre :
c ... Apollonius in Hadriaiico litore confluere Rkodanum et Padum,
faciliorem veniam facit ignorati sucini in tanta ignorantia orbis. »
Cette ignorance d' Apollonios lui est d'ailleurs commune avec la plupart
des géographes grecs, puisque Scylax {PeripL, {21) place lea Eiec-
trides dans l'Adriatique, et puisque Scymnos de Chios {Perieg,, v. 374)
cite les 'A^prCdcc et les 'HXtxtpàcc, comme voisines. Pomponius Mêla,
qui n'est pas Grec, dit, lui aussi (II, 7) : c /it Hadria,., Apsyrtis.*.
Eiectrides, »
V. 517. Le tombeau d'Harmonia et de Cadmos. — Cadmos, laissant
le trône de Thèbes à son petit-fils Penthée, quitta la Béotie, en compa-
gnie de sa femme, Harmonia, fille d'Ares et d'Aphrodite, et se rendit
en Occident, chei les Illyriens, qui firent de lui leur roi. (Voir
Decharme, Aiythol., p. 573.) Les descendants de Cadmos et d'Har-
monia régnèrent dans le pays des Enchéliens (Strabon, 271, 27), peuple
d'Illyrie souvent cité par les auteurs grecs et latins (Scylax, PeripL,
I 25; Scymnos de Chios, -Perieg-., v. 437; Pomponius Mêla, II, 3;
Pline, N, H., III, 139, etc.). Le tombeau d'Harmonia et de Cadmoa est
NOTES 355
pité par Denys {Perieg., v. Sgi) et par Scylax {PeripL, % 24), qui le
place dans le pays des Maniens, peuple d*Illyrie, voisin des Enchéliens.
Lucain semble faire allusion à ce passage d'Apollonios, quand il dit
{Pharsal., III, v. 188 et suiv.) :
nomine prisco
EocfacUae, verei testantes funera Cadmi ;
Colchis, et Hadriacas spumans Absyrtas in andas.
Le profond et sombre fleuve d'Illyrie, dont parle Apollonios (v. 5 16),
serait le Rhizon, d'après C. MuUer (note au | 24 du Périple de Scylax).
Ératosthène, d'autre part (cité par C. Muller, même note), dit que ce
tombeau fameux se trouvait au bord du Drilon, ou Drinon. Comme
le Drino moderne, qui se jette dans TAdriatique au-dessous d*Alessio^
est formé de la réunion du Drino-Bianco et du Drino-Negro, on peut
supposer que c'est à ce dernier qu'Apollonios fait allusion, quand il
parle d'un profond et sombre fleuve.
La forteresse, bâtie par les Colchiens, est sans doute Tacropole de la
future ville de Pola, dont Strabon (179, 40 et suiv.) dit qu'elle fut
fondée par les Colchiens envoyés à la recherche de Médée, qui, ayant
échoué dans leur expédition, se condamnèrent à l'exil. Il cite à ce
propos un fragment d'une élégie perdue de Callimaque : Les Grecs
Vaqueraient ville des exilés; dans leur langue, ils [les Colchiens]
Vont nommée Polai, Voir aussi Strabon (38, 34 et suiv.). Cf. Pompon ius
Mêla (II, 3) : c Pola, quondam a Colchis, utferunt, habitata. »
V. 519. Le nom de monts Cérauniens, — Les monts Cérauniens sont
très souvent cités par les auteurs grecs et latins. Apollonios donne,
dans ce passage, l'étymologie de leur nom (xepauv6c, tonnerre), Strabon
(17, 16) dit que, de son temps encore, on montrait, aux environs des
monts Cérauniens, quelques vestiges du passage des Argonautes.
L'île qui est située en face des mo^ Cérauniens est l'île de Corcyre,
habitée par les pacifiques Phaiacim; c'est, sans doute, pour que les
Colchiens n'aillent pas troubler leur tranquillité que Zeus les empoche
de passer dans l'Ile de Corcyre.
V. 524. La terre des Hylléens. — Les Hylléens, peuple du littoral
de l'Ulyrie, sont souvent cités par les auteurs grecs (Denys, Perieg,,
V. 386; voir les notes de C. MûUer à ce vers). Scylax {PeripL, g 22) dit
qu'ils habitent une presqu'île, aussi vaste à peu près que le Péloponèse.
Scymnos de Chios {Perieg,, v. 4o5), qui attribue la mâme étendue à
leur péninsule, dit qu'elle contient quinze villes. Cf. ApoUodore,
Fragm. 1 19 {Histor, Graec, Fragm,, Didot, vol. I"). — Quant à Hyllos,
héros éponyme de ce peuple, Apollonios a soin de donner sur sa
naissance des détails précis (v. 538), pour qu'on ne le confonde pas avec
un autre Hyllos, fils d'Héraclès aussi, mais né de Déjanire, et beaucoup
plus connu. Dans sa note au vers 1 149, le Scoliaste explique pour quel
motif Héraclès donna le même nom d'Hyllos à deux de ses fils :
« Panyasis dit qu'Héraclès, s'étant trouvé malade en Lydie, fut guéri
par Hyllos : c'est un fleuve qui coule dans ce pays. Voilà pourquoi il
donna le nom d'Hyllos à deux de ses fils. » Pour ce qui est du fleuve
Aigaios et de sa fille Mélité, [e ne trouve à leur sujet aucun renseigne-
356 NOTES
ment. Il est souvent parié d'une autre Mélité, fille de Nérée (Hésiode^
Théog., V. 246 ; Homère, Iliad,, XVIII, v. 42; ÂpoUodore, 1, 2, 7, eu.);
je pense que la Mélité, fille du fleuve Aigaios, est la déesse éponyme
de cette petite Ile située entre Corcyre et la côte d*Illyrie, où Ton élevail
les catuU Melitaei dont Pline (N, H,, III, ibi) fait mention, d'après
Callimaque : « Melite, ufttie catuios Melitaeas appeliari Callimachus
auctor est, t D'autre part, Strabon (uSo, 32) dit que ces chiens, xuvidia
MeXtTttta, sont originaires d'une autre île Mélité, la moderne île de Malte.
V. 528. Un des grands trépieds d* Apollon. ~ L'autre trépied sera
offert à Triton (v. iSSg). On sait que ces trépieds étaient une des
grandes richesses du temple de Pytho. Dans V Hymne homérique à
Hermès (v. 179), le petit dieu se vante qu'il ira à Pytho les voler, ainsi
que les vases et les métaux précieux qui ornent la demeure d'Apollon.
V. 535. La ville Agané des Hylléens (ic6Xtv 'Ayavriv). — Les éditions
ont toutes niXtv àyor^v, une ville illustre, Koechly voulait lire ic6Xtv
|jLtYaXT)v. Merkel fait du mot àyavri un nom propre, qui, pense-t-il, esC
celui d'une de ces quinze villes que les Hylléens possédaient, au dire
de Scymnos de Chios (Perieg,, v. 407). Voir la note au vers 524.
V. 539. Les demeures de Nausithoos. — Nausithoos est connu par
VOdyssée : c'est lui qui conduisit les Phaiaciens dans l'île de Schéria
(Odyss., VI, v. 7- xi); fils de Poséidon et de Périboia, il fut père
d'Àlcinoos {Odyss., VII, v. 56-63). Quant à ses rapports avec cet
Hyllos, inconnu aux auteurs anciens, il n'en est naturellement question
nulle part.
V. 540. Vile Macris, — « Autrefois, l'île Schéria s'appelait Macris,
du nom de la nourrice de Dionysos. » (Scol.) D'après Strabon, Schéria
est le nom ancien de l'île de Corcyre (224, 17; 248, 53); il dit, d'autre
part, que Macris était l'ancien nom de l'Eubée (382, 6). Voir la note
au vers 1024 du Chant 1*'. — Mais ApoUonios fait allusion ici à une
légende que nous ne connaissoa§ que par lui : au lieu de suivre la
tradition commune d'après laquAe Dionysos à peine né a été confié
par les soins d'Hermès aux Nymphes, ses nourrices, qui relevèrent
dans les cavernes de Nysa, la montagne sacrée (voir, par exemple,
Decharme, MythoU, p. 437), il raconte (v. 1131-1140) que Macris,
fille d'Aristée, reçut des mains d'Hermès Dionysos nouveau -né, et
l'éleva dans l'île d'Eubée; chassée de cette île par le ressentiment
d'Héra, elle vint se réfugier à Schéria auprès des Phaiaciens; l'île prit
son nom qu'elle perdit ensuite, dit ApoUonios (v. 900), pour recevoir
celui de Drépané, et le poète indique les diverses étymologies de ce
second nom de Corcyre, qui est mentionné par plusieurs auteurs
anciens, a L'île de Drépané est l'île de Corcyre; elle s'appelait d'abord
Schéria; dans sa Constitution des Corçyréens, Aristote donne l'origine
de ce premier nom. Car il dit que Déméter, craignant que les fleuves
qui venaient du continent ne fissent de l'île une partie du continent
[sans doute, que les alluvions de ces fleuves ne rejoignissent l'île au
continent qui en est peu éloigné], demanda à Poséidon de détourner
le cours de ces fleuves; ces fleuves ayant été contenus [efft<rxcO£vta»v],
l'île, au lieu du nom de Drépané, prit celui de Schéria [£xep{a]. [Or,
elle se nommait Drépané] parce que Déméter, ajrant demandé une fiiux
NOTES 357
[Spcirdiw)] à Héphaistos, enseigna aux Titans à faire la moisson ; ensuite
elle cacha cette faux dans une partie de l*fle voisine de la mer. Mais
comme les flots battaient ce lieu, la forme de cette terre devint sem*
blable à celle d'une faux. Timée dit que le nom de Drépané vint de ce
que Zeus cacha dans cette île la faux avec laquelle il avait coupé les
parties sexuelles d'Ouranos ou de Cronos. (Scoliaste, note au vers 984.)
Hellanicos (Fragm. Hist, Graec, Didot, vol. I*% p. 5i) dit que Phaiax
éuit fils de Poséidon et de l'Asopide Cercyra (cf. Diodore, IV, 72)
et donna son nom à l'île autrefois nommée Drépané et Schéria. Cf. Pline
l'ancien {N. H., IV, 52) : t Corcyra,,, Homero dicta Scheria et
Phaeacia, Callimacho etiam Drepane» » Apollonios donne donc à l'île
de Corcyre, ou, si Ton aime mieux, à l'île fabuleuse des Phaiaciens,
tous les noms successifs qui lui sont attribués d'ordinaire, et il men-
tionne, en outre, un autre nom, Macris, dont les auteurs anciens ne
parlent pas. C'est probablement pour concilier avec la tradition qu'il
suit sur Tenfiance de Dionysos une autre tradition, reprise depuis par
Nonnos, d'après laquelle Dioaysos aurait été élevé par les Courètes
et les Corybantes dans l'île d'Eubée, primitivement nommée Macris.
D'ailleurs, suivant Strabon (386, 7 et suiv.), au retour du siège de
Troie, des navires Eubéens furent jetés sur les côtes dlllyrie, et une
ville de l'Ile de Corcyre prit le nom d'Eubée. Apollonios semble
vouloir confirmer les traditions qui établissaient des rapports entre
les îles d'Eubée et de Corcyre. — Il faut remarquer que l'auteur des
Argonautiques ne donne jamais à l'île des Phaiaciens le nom de
Corcyre par lequel on la désigne d'ordinaire. Il réserve ce nom de
Kipxupa pour une autre île de la mer d'Illyrie, CorcyrC'la^Noire
(Kipvupa MiXatva, v. 571), où, dit-il, Poséidon établit la jeune Asopide
Cercyra qu'il avait enlevée. D'après le fragment d'Hellanicos cité plus
haut, l'Asopide Cercyra, mère de Phaiax, aurait donné son nom à* l'île
de Drépané, qui devint plus tard la demeure des Phaiaciens. Mais les
géographes anciens distinguent généralement Corcyre (Cor/ou) de
Corcyre-la-Noire (Cur^ola ou Karkar), Il est question de cette dernière
tle dans Strabon (102, 24), dans Pline l'ancien (III, i52), dans Pompo-
nius Mêla (II, 7X etc.
V. 341. Pour se purifier du meurtre funeste de ses enfants, — Apol-
lodore (II, 4, 12) raconte qu'Héraclès, rendu fou par Héra, tua les
enfants qu'il avait eus de Mégara, et que, revenu à la raison, il s'exila
et se fit purifier par Thestios. Mais, quant à son voyage dans le pays
des Phaiaciens où il aurait aimé la nymphe Mélité, j'ai déjà dit (note
au vers 524) que, nulle part à ma connaissance, il n'en est question
dans les auteurs anciens. Pour les diverses folies furieuses d'Héraclès
et les purifications rendues nécessaires par les crimes commis pendant
ses accès, voir Heyne, ad ApoUodori Bihliothecam Observationes,
p. 1 30-140.
V. 543. Le courageux Hyllos, — Après ce vers, les éditions vulgaires
ont, d'ordinaire, les unes dans la suite du texte, les autres entre crochets,
les deux vers suivants : « [Qui enfanta le courageux Hyllos] dans le
pays des Phaiaciens. Il habita d'abord les demeures de Nausithoos,
alors qu'il était enfant; puis, il quitta Vile,» Hoelzlin n'admettait pas
35S NOTES
ces deux vers, qui font évidemment double emploi avec les deux
suivants; ils ne se trouvent pas dans les mss. de Merkel. Weliauer
pense avec raison qu'ils appartiennent à la première édition des
A rgonautiques.
V. 5 5 1 . Les Mentores. — Les Mentores sont, d'après Hécatée (Fragm.
Histor. GraeC; Didot, vol. I*', p. 4), un peuple voisin des Libumiens.
Pline (M H,, III, 139) en fiiitune tribu de la nation des Libumiens.
5eul, à la connaissance de C Muller {Geogr, Graec, Min,, Didot,
vol. 1*% p. 27), Scylax cite les îles Mentorides, dans le voisinage des
Électrtdes, et semble placer ainsi les Mentores parmi les insulaires et
non parmi les continentaux, comme le font les autres auteurs anciens
qui parlent de ce peuple.
V. 353. Dans les îles Liguriennes, que Von nomme Stoichades. ^-^
< Auprès de l'Italie sont trois îles nommées Ligustiades ou Stotchades,
parce qu'elles sont rangées en ligne (oWx»); les Ligyens les habitent. >
<Scol.) Strabon cite (i53, 24) les cinq fies Stoichades dont trois sont
grandes, et deux, petites : ce sont nos îles d'Hières. Pline {N, H., III,
79) ne compte que trois Stoichades; il donne de leur nom la même
étymologie que le ScoUaste : c Très Stoechades a vicinis Massiliensiha
dictae propter ordinem quo sitae sunt, 1 Cf. Pompon ius Mêla (H, 7). —
A propos de l'expression la terre Ausonienne, le Scoliaste fait remar*
quer que Ton a blâmé ApoUonios d'avoir donné à Tltalie un nom
qu'elle n'avait pas au temps de l'expédition des Argonautes, puisque
ce nom vient d'Auson, né d'Ulysse et de Calypso, longtemps après
l'expédition; il défend le poète en disant qu'il ne rapportait pas ce
nom au temps des héros. On sait, en effet, que l'expédition des Argo-
nautes est antérieure aux aventures d'Ulysse, puisque, dans VOdyssée
(cf. XII, V. 69 et suiv.), il est fait allusion à Jason et au vo3rage d'Argo.
V. 364. Les îles Libumiennes. — Strabon parle de ces îles, situées
près de la côte d'Illyrie (102, 23); il dit qu'il y en a une quarantaine
(261, 46). Cf. Scylax (PeripL, { 21), Pline l'Ancien (UI, i32), etc. On
sait que les Li bûmes étaient un des peuples de l'Ulyrie. — Llle d^Jssa
est très souvent citée parles auteurs anciens : Strabon (ro2, a 3, etc.),
Scylax (i 23), Scymnos (v. 41 3), Pline l'Ancien (III, t32), Pomponius
Mêla (II, 7), etc. — Dyscélados et Pityéia ne semblent guère mention-
nées que par Pomponius Mêla (II, 7). Les anciens éditeurs voyaient
dans éucnUXaSoc (dont le bruit est terrible) une épithète d'Issa, et Voss
pensait qu'induit en erreur par une mauvaise intelligence du texte
d' ApoUonios, Pomponius Mêla avait feit de l'épithète un nom propre.
Brunck rétablit AuaxiXa6oc et pense que, par suite de corruption, le
nom de cette île est devenu Celadussa dans Pline (AT. H., III, 1 52). Le
Scoliaste fait aussi de Dyscélados le nom propre d'une île. — Pour
Cercyra-Mélaina, voir la note au vers 540. Les auteurs cités dans
cette note admettent que Cercyra a été établie, non dans Cercyra-
Mélaina, comme le dit ApoUonios, mais dans Cercyra, pays des Phaia-
ciens. L'Asopos, père de Cercyra, est le fleuve de Sicyonie, qui passe
devant la ville de Phlionte (voir la note au vers ii5 du Chant I**). —
Mélité (voir la note au vers 524) est mentionnée aussi par Scylax
{PeripL, { 23). ^ Cérossos et Nymphaié ne semblent pas mentionnées
NOTES 359
par les anciens. Pline l'Ancien (N. H,, III, 144) parle d'un Nymphaeum
promontorium situé en Ulyrie. Si l'on ne sait rien de Cérossos, on peut,,
du moins, identifier Nymphaié avec la légendaire Ogygie où, d*aprè&
VOdyssée (VII, v. 243)^ demeurait la fille rusée d'Atlas, Calypso.
V. 382. La poutre douée de la parole, — Voir la note au vers 326 du
Chant !•'.
V. 391. Circé, fille de Perse et d'Hélios. — Voir, au sujet de Circé,
la note au vers 3 1 1 du Chant III, et, pour ses origines^ la note au
vers 1 22 1 du Chant II. Hésiode, qui dit aussi que Perse ou Perséis est
la mère d'Aiétès et de Circé {Théog., v. 937), fait de cette déesse une
Océan ide (Théog., v. 336).
V. 396. Au fond du cours de VÉridan. — D'après les auteurs latins»
rÉridan est le nom grec du Padus (le Pô). Cf. Pline (N. H., XXXVU,
3i): aEridanum amnem quem Padum vocavimus.t Hygin {Fabul.,
134): «/fie amnis [Padus] a Graecis Eridanus dicitur quem Phere^
cydes primus vocavit. » Le nom de l'Éridan se trouve mentionné par
Hésiode {Théog,, v. 338) avant Phérécyde : mais dans la Théogonie
ce n'est qu'un nom mythique compris dans une énumération qui n'a
qui
mers septentrionales: il n'a vu personne qui ait pu lui donner des
renseignements sur ce fleuve, et il pense que le nom de l'Éridan est de
l'invention de quelque poète. A l'époque classique, TÉridan est regardé
comme un fleuve du légendaire pays des Hyperboréens. (Cf. Preller^
Griech, Mythol., erster Band, dritte Auflage, p. 196.) Plus tard, on
admet que TÉridan est voisin du Pô, on prétend même qu'il n'est
autre chose que le Pô : cette seconde opinion, qui est celle des auteurs
latins en général, est aussi rapportée par Diodore de Sicile (V, 23).
Strabon (179, 9) ne veut pas admettre l'identification de l'Éridan et du
Pô, ni même le voisinage de ces deux fleuves, car, dit-il, l'Éridan iji'est
nulle part, il n'existe pas (voir la note au vers 3o3). Pour Apollonios,
rÉridan est, sans doute, le même fleuve que le Padus. dts Latins; il
suit les traditions fantaisistes de l'ancienne géographie au sujet de ce
fleuve qu*il fiiit communiquer avec le Rhodanos (v. 628). Ses connais-
sances sur le cours de l'Éridan sont aussi bizarres que celles quMl a
sur le cours de Tlster. A supposer que les géographes d'Alexandrie
connussent bien les fleuves de 1* Europe, l'auteur des Argonautiques,
qui fait accomplir à ses héros leur voyage traditionnel, est forcé par
l'économie de son poème de se conformer aux systèmes géographiques
primitifs.
V. 397. Cest là qû'autrtfois,., — On a vu (note au vers 3o3) la
manière dont Pline l'Ancien traite la légende des Héliades et la tradi-
tion rapportée par Apollonios à propos de la production de l'ambre. —
Mais l'histoire de Phaéthon foudroyé par Zeus et précipité au fond de
l'Éridan est populaire dans les légendes grecques. « Le mythe grec
ajoutait que Phaéthon avait été enseveli par les Nymphes; que ses
sœurs, les Héliades, s'étaient lamentées sans fin sur son tombeau,
jusqu'au jour où elles avaient été changées en aunes, ou en peupliers
360 NOTES
blancs. Leurs pleurs sëchés et figés sur le sol étaient devenus de
l'ambre : la brillante matière qui a Téclat doré du soleil et la transpa*
rence d*une larme. A cette fable localisée sur les bords de TÉridan se
rattachait, comme on le voit, l'origine mjrthique de l'ambre, dont le
commerce dans Tantiquité a suivi les voies de l'Adriatique pour se
répandre en Grèce. » (Decharme, Mythoi., p. 243.) Hésiode qui, au
dire d'Hygin (Fabul,^ 134), semble être le premier qui ait raconl»é la
légende de Phaéthon et des Héliades, disait que les filles d'Hélîos
furent changées en peupliers, m arbores sunt populos versae, comme
l'auteur latin traduit le texte perdu d'Hésiode. D*après Virgile, elles
furent changées en aunes {Ed., VI, v. 62) :
Tarn Pbaethootiadat matoo drcoindat «marte
Cortici», «tqae ëo\o proceras erigit aloot,
ou en peupliers (Aen., X, v. 190) :
Populeat inter frondes, ombramqoe aororam.
Ovide, qui raconte avec grands détails toute Thistoire de Phaéthon
{Met,, II, v. 1-366), ne pi&ise pas en quels arbres les Héliades furent
changées. Euripide {Hippoljrte, v. 735 et suiv.) parle des larmes
d'ambre des Héliades, mais il ne dit rien de leur métamorphose.
Strabon (179, 9) rapporte comme fiibuleuse la tradition d'après laquelle
elles auraient été changées en aunes. Apollonios, il me semble, indique
nettement que l'arbre en question est le peuplier noir, aPftipoCt que
V Odyssée (X, v. 5 10) place dans les bois de Perséphoné. Denys
{Perieg., v. 290 et suiv.), dans un passage imité d' Apollonios, dit que,
se tenant au pied des peupliers noirs (Ofv)|uvoi aijdpoi9i\ les Celtes
recueillent les larmes d'ambre des Héliades. Diodore de Sicile (V, 23)
dit aussi que les Héliades furent changées en peupliers noirs, ^cvoiUvoïc
aÎYftpotic.
V. 604. Enfermées (teXpiivai). — Le mot etXtUvat est une excellente
correction de Gerhard {Lection. Apollon., p. 52), adoptée par Wellauer
et par Merkel. Le Laur. et le Guelf. ont èf^pievat (la première leçon du
Laur. était âc((icyat), mot qui fait ici un contre -sens et qui semble
amené par le Oçi^picvot de Denys (voir la note au vers 597). Mais î^i^iuvai,
dans le passage d' Apollonios, ne peut se rapporter aux Héliades comme,
dans la Périégèse, Oçi^ficvot se rapporte aux Celtes qui se tiennent au
pied des peupliers. Brunck rejette s^i^tuvat €quod nobis Héliades
repraesentat, tanquam aves, arborum ramis insidentes •, pour admettre
iXiyiiivat, leçon des mss. de Paris. Mais (Xiyiiévai (roulées, entortillées)
n'offre pas un sens satisfiiisant et semble, comme la première leçon
du Laur., àe(|ievat, une faute de copie pour tiX|iivai.
V. 616. Irrité au sujet de son fils, -^ Ce fils d'Apollon, mis au monde
par O>ronis, fille de Phlégyas, dans la riche Lacéréia, ville de Thessalie,
près de l'embouchure de l'Amyros (voir la note au vers 396 du
Chant I*Oi est Asclépios (voir Decharme, MythoL, p. 293). Quant à la
légende des larmes d'Apollon qu'Apollonios dit avoir prise aux Celtes,
elle ne semble pas se trouver dans la mythologie ordinaire des Grecs.
Sturz {Pherecydis fragmenta, editio altéra, Lipsiae, 1824, p. 84),
NOTES 361
énumérant les divers auteurs qui ont parlé de la mort d^Asclëpiosetdu
châtiment d'Apollon, fait remarquer que la légende empruntée par
ApoUonios aux Celtes est en désaccord avec la légende consacrée.
D'après le récit traditionnel (ApoUodore, IFl, 10; Diodore de Sicile,
IV, 71; cf. Decharme, MythoL, p. 294), Zeus foudroya Asclépios dont
la science médicale rendait les hommes immortels; ayant voulu venger
son fils, Apollon tua les Cyclopes qui fieibriquent la foudre, et, pour le
punir de ce meurtre, Zeus l'exila du ciel et le condamna à être l'esclave
d'Admète. Il n'est pas question des larmes qu'Apollon aurait versées au
bord de l'Éridan en se rendant chez les hommes Hyperboréens. Mais,
comme l'Éridan était un fleuve mythique du pays des Hyperboréens
(voir la note au vers Sgô), comme, d'autre part, les Hyperboréens
étaient un des peuples favoris d'Apollon (voir la note au vers 675 du
Chant II), la légende, citée par ApoUonios, pour s'éloigner des traditions
reçues, n'a rien d'invraisemblable. On peut admettre qu'Apollon ait
obtenu d'aller passer chez les Hyperboréens le temps de son exil
terrestre; on connaît d'ailleurs le goût d' ApoUonios pour les traditions
peu vulgaires où son érudition alexandrine se complatt.
V. 627. Le cours profond du Rhodanos qui se jette dans VÉridan, —
c Le Rhodanos est un fleuve de la Celtique qui s'unit à l'Éridan. Puis
ils se séparent en deux; l'une des branches se jette dans l'Océan,
l'autre dans le golfe Ionien. » (Scol.) Les anciens géographes que suit
ApoUonios se faisaient sur le cours du Rhodanos (le Rhône) des idées
aussi étranges que sur celui de Tlster. Pline (iV. H., XXXVII, 3a)
accuse Eschyle, Euripide et ApoUonios d'ignorance au sujet du Rhône
et du Pô: tiNam quod Aeschylus in Iberia, hoc est in Hispania,
Eridanum esse dixit, eumdetnque appellari Rhodanum, Euripides
rursus et Apollonius in Hadriatico litore confluere Rhodanum et
Padum,,. 1 ApoUonios adopte quelque tradition géographique qui se
trouvait dans une pièce d'Euripide aujourd'hui perdue.
V. 633. Dans la mer Sardonienne, golfe immense. — L'expression
grecque £aif d^vtov ntXaLyùç xa\ àntfpova x6Xicov est un £v 8ià 8u6Cv. Apol-
lonios fiiit de la mer Sardonienne un golfe immense qui s'étend
jusqu'aux bouches du Rhône. D'ordinaire, on donne le nom de Aiyva-
Ttxbv icéXorjfo^ au golfe où le Rhône se jette, et Strabon (88, i) fait
remarquer que ce golfe est distinct de la mer Sardonienne.
V. 634. Par sept embouchures, — t Au sujet des bouches du Rhoda-
nos, Polybe accuse Timée d'ignorance, disant qu'elles ne sont pas au
nombre de cinq, comme Timée le prétend, mais bien au nombre de
deux. Artémidore rapporte qu'il y en a trois... Quelques-uns disent
que ce fleuve a sept bouches. » (Strabon, i52, 27 et suiv.).
V. 635. Les lacs.,, sur le territoire des Celtes. — Le Rhône ne traverse
qu'un lac, qui est le Léman, Av^iéwa X{|&vv) (Strabon, 170, 7, etc.).
Mais puisque ApoUonios admet que la suite des lacs traversés par le
Rhodanos aurait conduit les Argonautes jusqu'à l'Océan, on comprend
qu'il s'agit des divers lacs helvétiques, plus ou moins vaguement
connus des géographes alexandrins. Le territoire des Celtes s'étend à
l'infini au nord de l'Europe connue des contemporains d' ApoUonios.
Il ne faut pas entendre par Celtes, comme le fait Scylax (Peripl,, { 18),
4(5
302 NOTES
par exemple, un peuple qui soit voisin des Tyrrhéniens et qui habite
au bord de TAdriatique, mais bien, comme le dit Strabon (27, 37),
l'ensemble des peuples de l'Europe occidentale que l'ignorance des
premiers géographes rangeait sous une seule et même dénomination.
V. 640. Du haut des monts Hercyniens. — t Le mont Hercynien est
un mont du pays des Celtes. » (Scol.) La forât Hercynienne passait
pour la plus vaste de toute TEurope (Diodore, V, 21). Strabon dit que
les forêts Hercyniennes s'étendent sur une vaste contrée montagneuse
et qu'elles sont voisines des sources du Rhin et de l'Ister et des lacs du
Rhin (172, 35; 242, 45). C'est sur un mont voisin des lacs du Rhin
(qu'Apoilonios confond avec les prétendus lacs du Rhône) qu'Héra
s'élance pour pousser ce grand cri et donner cet avertissement aux
Argonautes.
V. 646. Les peuples innombrables des Celtes et des Ligyens. — Des
monts Hercyniens jusqu'aux environs de la mer, les héros ont traversé
le pays des Celtes; en arrivant vers la Méditerranée, ils se trouvent
chez les Ligyens, peuple méditerranéen et riverain du Rhône, dont la
ville principale est Massilia (Scylax, PeripL, { 4). Voir Strabon, etc.
V. 65o. Ils arrivèrent aux ilesStoichades. — Pour les Iles Stoichades,
voir la note au vers 553.
V. 653. Zeus leur confia les navires des hommes. — On sait que les
Dioscures, sous les noms de îtotripec et de 'AyaOol «opocardlTat, sont
devenus les dieux bienveillants de la mer, les protecteurs des marins
en danger. Voir Decharme, Afythol., p. 656; Preller, Griech. Mythol.,
zweiter Band, dritte Auflage, p. 104-105. Apollonios rattache l'origine
de cette légende au souvenir des services que Castor et Pollux rendent
aux Argonautes, leurs compagnons.
V. 656. D*une couleur semblable à celle de la sueur des héros (-xj^otTi.,.
vktkoLi). — Strabon rapporte les mêmes traditions qu'Apoilonios sur le
séjour des Argonautes dans l'île d'Aithalia, qui se trouve à 3oo stades
de la côte et à la même distance de l'île Cymos (186, 37 et suiv.):
f II y a sur la côte d'Aithalia un port appelé Argoos, du nom, dit-^n,
du navire Argo; on prétend qu'en cherchant la demeure de Circé, que
Médée voulait voir, Jason aborda dans cette île; on assure même que
des strigilles dont se servaient les héros, des gouttes d'huile sont
tombées qui, en se pétrifiant, ont formé les cailloux de diverses couleurs
qu'on voit sur le rivage (t£>v àico<rrXcYifta|iflhi0v icaY^vtwv... StaicotxOiouc
xiç>" ^çouç)** On trouve les mêmes renseignements dans le livre
mpl 0Qcu|ia9(«ûv àxov9{iâtii>v, attribué à Aristote, où il est dit (p. 107,
édit. Sylburg) que sur le rivage d'Aithalia on voit des cailloux de
diverses couleurs (4nr}fouc... icoixfXoc), qui ont pris la couleur de la
crasse que les héros, couverts d'huile, s'enlevaient avec leurs stngilles
(ry)v xpo^ot^ Xapclv àicb'T&v aTXrffi9|idt(^, (uv ciroioOvto àXct^étuvoi). Ces mots
ètoticoixfXovc, icoixOiac, ont fait penser à plusieurs critiques (à Dûbner,
entre autres) qu'il foudrait changer fiuXot ou c&cXoi, leçon des mss.,
et tîxtXai, correction de Brunck, en tcoixfXai, parce que le texte ne dit
pas à quoi ces cailloux sont semblables. Wellauer répond à cela:
« Quod minime necessarium est : subintelligendum est sTxeXai Idp&it,
nam colorem acceperant ành Tfi>v arXrfjriviJAtwv, ut dicunt qui hanc rem
NOTES 363
fusius narrant. » Si Ton prends le mot yipoiti non dant le sens de
couleur, mais dans le sens de peau humaine qu'il semble avoir (cf., à
ce mot, le Dictionnaire d'Homère de Theil), la seule fois qu'il est
employé dans Homère {Iliad,, XIV, v. 164), on n'a rien à sous-entendre :
Xpom eiktXai signifie des cailloux semblables par leur couleur à la peau
des héros (souillée de sueur). — L'Ile Aithalia (aujourd'hui l'île d*£lbe>
est très souvent citée par les auteurs latins et grecs. D'après C. Mûller
(Strabon-Didot, /n^ex, au mot Argous), le port 'Ap^âoc est aujourd'hui
le Porto Ferrtqo. Diodore de Sicile (IV, 56) dit que le nom d'Argoos,
donné par les Argonautes à un des ports de l'ile Aithalia, est encore
conservé de son temps. Il sera question (v. 1620) d'un port homonyme,
voisin du lac Triton, nommé lui aussi Argoos en souvenir du passage
d'Argo.
V. 661. Ils arrivèrent au port célèbre d* A ta. — Voir la note au
vers 3i I du Chant III. Dans ce passage, Aiétès disait qu'Hélios avait
conduit Circé au milieu des régions occidentales, sur le rivage du
continent Tyrrhénien. Le poète indique ici avec précision en vue de
quelle partie des rivages Tyrrhéniens se trouve l'île d'Aia, demeure
de Circé. Elle est un peu au sud de l'île Aithalia que les héros viennent
de quitter et au nord de l'île des Sirènes et de la Trinacrie qu'ils longe-
ront après être partis de la demeure de Circé. — On ne peut établir
la position de la légendaire Aia où la Circé d'Homère habitait. Virgile
semble placer Aia, Aeaeae insula Circae {A en», III, v. 386), dans la
même région qu'ApoUonios (cf. Aen,, VII, v. 10). Les auteurs latins,
voulant identifier la demeure de Circé avec le Circeium promontorium,
ont imaginé que ce cap formait autrefois l'tle d'Aia, disparue depuis.
Cf. Servius (tid Aen., III, v. 386) : « Qui nunc Circeius mons a Circe
dicitur, aliquando, ut Varro dicit, insula fuit, nondum siccatis palU"
dibus quae eam a continenti dividebant. »
V. 66a. Circé qui puriftait sa tête, — C'est ainsi qu'Atossa se purifie
dans l'eau d'une source du songe qui a troublé son sommeil (Eschyle,
Les Perses, v. 201 et suiv.). Dans les Grenouilles (v. i338 et suiv.),
Aristophane fait dire à Eschyle, dans la bouche de qui il met sans
doute la parodie de quelques vers d'Euripide : « Servantes, allumez
une lampe, puisez dans vos urnes la rosée des fleuves, faites chaufier
l'eau, que je me purifie de ce songe envoyé par les dieux... 1
V. 665. Toute Venceinte de sa demeure (Spxta navra 8i|ioio). ~ Voir
la note au vers 39 du Chant III.
V. 672. Des bêtes sauvages... dont les membres étaient un mélange...
— Cette idée d'animaux primitifs monstrueux appartient à Empédocle.
En réfutant ce philosophe, Lucrèce (V, v. 905 et suiv.) semble £iire
allusion à cette description d'Apollonios :
TalU qui fiogit potuisse aolintUa gigni...
Nil tamen est signi mizlas potuisse creari
Inter te pecodet oompactaqne membra anioBantum.
V. 676. Tels, du limon primitif... — ApoUonios s'exprime dans les
termes mêmes que Diogène de Laerce (édit. Tauchnitz, 1. II, cap. iv, 3)
prête à Archélaos : < 'A^iXooç ... SXrrt ... ts C6a âicb t^c IXiSoc yrmfiift». »
364 NOTES
Archélaos, en effet, qui passe pour avoir été le maître de Socrate, et
qui était l'élève d^Anazagore, dit que les êtres vivants doivent leur
origine première à Tinfluence de la chaleur solaire qui les fit éclore du
limon de la terre. Ces animaux aux membres hétérogènes (àv&fcoici,
Hippolyte, Refut, I, 9) se nourrissaient de ce limon qui les avait
produits : ils vécurent peu de temps. La génération sexuelle n'eut lieu
que plus tard; et, peu à peu, par l'industrie et par les moeurs^ les
hommes s'élevèrent au-dessus des autres créatures. — Mais cette
doctrine sur la production primitive des êtres animés n*est pas parti-
culière à Archélaos : il l'a empruntée à son maître Anaxagore, qui
disait que tous les animaux viennent à Torigine de la terre vaseuse,
fécondée par les germes contenus dans l'éther. Empédocle admettait
aussi cette théorie qui avait été enseignée avant lui par Anaximandre
et Parménide, et qui fut répandue dans la suite par Démocrite et par
Diogène. (Voir Zeller, Philosophie des Grecs, t. H de la traduction
Boutroux, Hachette, 1882, chap. II, m, | 4, surtout la note 4 de la
page 421.) D'après Diodore de Sicile (I, 47), Euripide, dans sa tragédie
de Mélanippé, disait, lui aussi, que les animaux étaient nés à l'origine
du limon de la terre. — On voit qu'ApoIlonios reproduit dans ce pas-
sage un véritable lieu commun de l'ancienne philosophie cosmogonique.
V. 683. Les yeux de Circe\ — ApoUonios dira (v. 727 et suiv.) que
tous les descendants d'Hélios étaient âiciles à reconnaître grâce à cet
éclat de leurs yeux qui permet aux héros de conjecturer que la sceur
d'Aiétès est devant eux, et à Circé de deviner que la jeune fille qui
vient chez elle en suppliante est de sa race.
V. 694. Telle est la coutume des tristes suppliants, — Ulysse observe
cette coutume quand il se présente en suppliant dans la maison
d'Alcinoos {Odyss,, VII, v. i53). Les Thébains qui supplient Apollon
de fiiire cesser la peste sont assis en silence au pied des autels du dieu,
devant le palais d'Œdipe (Sophocle, Œdipe-Roi, v. i5 et suiv.).
V. 696. Sa grande épie, munie d*une poignée (xioicrjcv (iffa ^avrocvov).
— Le f^iayœto^ (de afoitù, immoler) est l'arme meurtrière par excellence;
il a deux tranchants (a(ifY|x«(, Iliad,, X, v. 256, etc.). La xcâm} est la
poignée sans garde : elle correspond au capulus des Latins, qui s*oppose
à Vansa, poignée recourbée. La traduction latine d'Hoelzlin, Shaw,
Beck et LÎehrs, ansatus magnus gladius, semble inexacte.
V. 7o3. Les suppliants dont l'âme a été sans pitié (yY}XT)<tc). — Merkel
adopte la leçon du Laur.; le Guelf. et les mss. de Paris ont yi^Xtiifc.
Les deux mots ont le même sens et viennent l'un et l'autre de wj, (Xeoc.
Hoelzlin a corrigé en vriXTintc ou vv^XiTtfc (de w}, àXtTa{vw), qui signifie
ceux qui n'ont pas expié leur faute. Wellauer, suivi par Lehrs, adinet
cette correction, déjà approuvée par Ruhnken : ils estiment que le mot
vir)XT)tfc ou vt)Xtiftc contredit le sens de la phrase. Il semble, au contraire,
que dire de Jason et de Médée suppliants qu'ils n'ont pas expié leur
fkute, c'est une simple banalité. Rappeler que leur âme a été sans pitié
au moment du crime et que cependant Zeus, touché par la cérémonie
expiatoire, aura pitié d'euz, c'est donner une grande idée de l'impor-
tance de ces pratiques mystérieuses auxquelles Circé va procéder et
dont le poète décrira minutieusement tous les rites.
NOTES 365
V. 704. Le meurtre irréparable (àrpiicroto... fivoto). — €Agitur de
nefanda caede Absyrti, fratrie Medeae, lustranda Circae. Pro adiec-
tivo merito suspecta eruditis non inepte suspiceris àry^To vel àpprJToio. »
(H. van Herwerden.) Merkel dit à propos de cet adjectif: t In «tpéirtoio
nescio an recte Schneiderus offenderit : temptari varia possunt. >
Hoeizlin déjà trouvait le sens du mot faible : t 'Arpiicroio, immutabilis :
nullam mutabilem esse caedem ante satis omnes novimus, » La nécessité
d'un changement ne semble pas évidente : le mot irréparable est une
sorte d'épithète de nature, à la manière homérique.
V. 705. Le petit d'une truie. — Flangini fiait remarquer que cette
description des cérémonies expiatoires d'un meurtre ne se trouve que
dans Apollon ios: tiE* propria di Apollonio nel suo intiero complesso
questa descri:(ione del rito usato da Circe nella espiύione di Giasone e
Medea. Non se ne trova, ch*io sappia, altro esempio pressa altri Scrit-
tari. » L'usage de se faire purifier d'un meurtre paraît postérieur à
répoque homérique: on n*en trouve pas d'exemple dans VJliade et
dans VOdyssée, Le Scoliaste des Argonautiques (note au vers 62 du
Chant III) dit que Phérécyde parle de la purification d'Ixion accomplie
par Zeus : il y est fait allusion dans les Euménides d*EschyIe (v. 718).
Cette tragédie indique toutes les pratiques de purification auxquelles
Oreste est soumis (v. 40-4S, 63, 79, 237, 283, 446-452). Le porc est
l'animal expiatoire pour Oreste comme pour Jason et Médée. Mais
Oreste est arrosé d'eau lustrale et non du sang de l'animal : cette rosée
sanglante qui coule sur les mains des coupables fait penser aux rites
expiatoires du taurobole, inconnus au temps d*Eschyle. Les autres
pratiques de la cérémonie se trouvent dans les poèmes homériques et
dans les Euménides. Quand, sur Tordre d'Agamemnon, les guerriers
se purifient, ils jettent à la mer, comme font les Naïades de Circé, l'eau
qui a servi aux purifications (Ili€ui., I, v. 3i3). On sait que les sacri-
fices où les libations se font sans vin s'adressent spécialement aux
Erinyes {Euménides, v. 107).
V. 709. Zeus protecteur des suppliants dont les mains sont ensan-
glantées (icaXa|fcva{ft»v). — Zeus lui-même a le surnom de naXa{ivdtoc.
Voir Preller, Griech. Mjrthol., erster Band, dritte Auflage, p. 11 5.
V. 711. Les Naïades servantes. — Dans VOdysséeÇ^y v. 348 et suiv.)f
Circé est servie par quatre Naïades des sources et des forêts.
V. 715. Doux et propice, — Ce vers est imité de Callimaque (Hymne
à Artémis, v. 129).
V. 757. Chère Iris... — Voir sur Iris la note au vers 286 du Chant II.
— Apollonios se souvient ici du passage de VIliade (XXIV, v. 74 et
suiv.) où Iris va trouver Thétis de la part de Zeus.
V. 761. Les rivages ait les enclumes d'airain d'Héphaistos... » Le
Scoliaste reproduit avec quelques compléments sa note au vers 41 du
Chant III sur les îles d'Aiolos et les forges d'Héphaistos. t C'est dans
celles de ces îles que l'on nomme Lipara et Strongylé qu'Héphaistos,
dit-on, habite, et qu'on entend le frémissement du feu et le fracas des
marteaux. On rapportait autrefois que celui qui le voulait pouvait porter
au dieu du fer brut et recevoir le lendemain une épée ou tout autre
objet qu'il désirait, pourvu qu'il payât le prix. C'est Pythéas qui raconte
360 NOTES
cela dans son Circuit de la terre; il 7 dit aussi que la mer est bouillante
{aux environs de ces îles?]. Agathocle, dans ses Mémoires, dit au sujet
des forges d*Héphaistos que, près de la Sicile, il y a detix îles dont
l'une se nomme Hiéra et l'autre Strongylé, que toutes les deux
exhalent du feu nuit et jour... L'une s'appelle l'ile d'Aiolos, l'autre
l'île d'Héphaistos. »
V. 764. A lo/off. — U est déjà question d'Âiolos dans VOdysséeÇi^ ▼. i
et suiY.). « Dans VOdjrssée (X, v. 1*21), jEole est un roi qui tient de la
faveur des dieux le pouvoir de calmer et d!exciier les vents à son gré.
Mais, chez les Grecs, il n'est nullement ce qu'il sera plus tard dans la
mythologie romaine : le roi et le père des vents. » (Decharme, Mythol.,
p. 279, n. 3.) Voir, à propos d'Aiolos et de sa demeure, Prcller, Grieck,
Mythol,, erster Band, dritte Auflage, p. Sig-Sai.
V. 763. Aux vents nés de la région supérieure de /'âirCàtdpirrtvIfao'iY).
— c Aux vents qui amènent le beau temps et la fraîcheur. » (Scol.)
Cette interprétation, qui est celle de quelques traducteurs d'Apollonios,
est aussi celle de Vos8,.qui rend par vent qui souffle la sérénité l'épi-
thète alOpvjYEvi^c qu'Homère donne à Borée; elle semble inadmissible.
M. Pierron dit fort bien (note au vers 171 du Chant XV de VJliade):
« Né de rafOpi) (de la couche supérieure de l'air) : soufflant du haut du
ciel... C*est donc bien à tort que quelques-uns donnent à aîOpirrevi^ un
sens actif. La terminaison ycvvic sl même toujours le sens de natus; et
nos chimistes du dernier siècle se sont trompés du tout au tout, quand
ils ont fait les mots oxygène et hydrogène, pour dire engendre-acides
et engendre-eau. »
V. 772. La mer Egée. — Voir la note au vers 83 1 du Chant I*\ Pour
Homère, la demeure de Nérée est une grotte brillante au fond des
abîmes de la mer (Iliad., XVIII, v. 36, 5o, 140). ApoUonios précise la
situation de cette demeure en la plaçant au-dessous de la mer Egée.
V. 778. Aiolos, Villustre fils d'Hippotas. — En faisant d'Aiolos le
fils d'Hippotas, ApoUonios suit la tradition homérique {Odyss., X,
V. a, 36), qui est d'ailleurs généralement admise. Diodore de Sicile (IV,
67) établit ainsi la filiation d'Aiolos. Deucalion, fils de Prométhée, est
père d'Hellen; Hellen, d'Aiolos; Aiolos, de Mimas; Mimas, d*Hippotas.
Hippotas, enfin, eut de sa femme Mélanippé un fils nommé Aiolos, qui,
abandonnant l'Hellade continentale, royaume de ces ancêtres, vint
s'établir dans les ties de la mer Tyrrhéntenne, qui, de son nom,
s'appelèrent îles Aioliennes. Zeus fit de lui le maître des vents. D'après
d'autres traditions, Aiolos, le maître des vents, serait fils de Zeus ou
de Poséidon.
V. 786. Au travers des roches mobiles (nXorpcToic... icirpoc). — c Les
icXayx'^al icitpai sont dans le détroit, comme le disent Timée et Pisistnte
de Lipara. » (Scol.) Le Scoliaste ne dit pas à quel détroit il fiait allusion :
mais puisqu'il cite Pisistrate de Lipara, il est probable qu'il entend
par ce détroit celui qui se trouve entre les îles d'Aiolos et la côte
.d'Italie. C'est une erreur : Héra rappelle qu'elle a sauvé les Argonautes
alors qu'ils pénétraient %u travers des Roches Cyanées ou Sy mplégades
qui sont situées à l'entrée du Pont [Argon., II, v. 528-618}. Il semble
qu'Héra se vante, car le poète a montré Athéna s'empressant à aider
NOTES 367
les héros dans ce passage difficile; il n'a rien dit du secours qu'Héra
leur aurait porté. — Quoi qu*il en soit, pour éviter la confusion où le
Scoliaste est tombé, je traduis, dans ce passage où il est évidemment
question des Roches Cysnées, nXorpctol nixpai par roches mobiles, et je
réserve le nom de Roches-Errantes aux nXotyxTot^ nixpat, voisines de
la cdte d'Italie, qui avaient déjà ce nom dans VOdyssée (XII, v. 61), et
qui l'ont aussi dans les Argonautiques (IV, v. Séo). Strabon (i23, 42
et suiv.) suppose qu'Homère a imaginé ses Planctai à l'instar des
Cjranées ou Symplégades, On sait d'ailleurs que ces trois noms
désignent également les rochers qui se trouvent à l'entrée du Pont :
« Insulae in Ponto Planctae, sive Çyaneae, sive Symplegades. » (Pline,
N. //., VI, 32.)
V. 791. Je fai nourrie moi-mm«. — L'Héra d'Homère s'exprime
à peu près dans les mêmes termes {Iliad,, XXIV, v. 59-63).
V. 793. A cause de cela (ovvcxtv). — Le sens de la phrase est : Je t'ai
nourrie et aimée; c'est à cause de cela, en reconnaissance de mes
bontés pour toi que tu as craint d'entrer dans le lit de Zeus. Beck me
semble fiiire un contresens en traduisant ovvsxtv par quoniam. Il fait
en effet dire par Héra à Thétis : Je t'ai nourrie, aimée, etc., parce que
tu as craint d'entrer dans le lit de Zeus; or, il est évident qu'au moment
où Héra a commencé à s'occuper d'élever Thétis, celle-ci n'avait pas
encore eu l'occasion de résister aux poursuites de Zeus.
V. 800. La vénérable Thémis lui a fait connaître toutes choses. —
Pour la prédiction de Thémis, voir la VII* Isthmique de Pindare. Cf.
aussi Apollodore (III, i3, 5) et Decharme {ÀfythoL, p. 600 et suiv.).
V. 80 5. Le meilleur de ceux qui habitent la terre. — C'est à cause de
sa sagesse, dit le Juste, dans les Nuées d'Aristophane (v. 1067) que
Pelée épousa Thétis.
V. 807. J'ai appelé au festin des noces l'assemblée de tous les dieux.
— Voir, pour la description des noces de Thétis et de Pelée, la V* Né'
mienne de Pindare et le chœur à^lphigénie à Aulis{y, 1040 et suiv.).
« Tous les dieux assistaient à ce banquet, souvent chanté par les poètes
grecs et latins, depuis Hésiode (dont on cite des '£ictOaXa|Aia tic IlviXia
ica\ eéxtv) jusqu'à Catulle {Carm., LXIV). > (Weil, Sept tragédies
d* Euripide y note au vers 1041 d*Jphigénie à Aulis.)
V. 808. J'ai tenu dans mes mains la torche nuptiale. — « C'était une
antique coutume que, dans les mariages, les mères de ceux qui se
mariaient portassent une torche [8x8oux<^]» Euripide dit, dans les
Phéniciennes [v. 344-346] : Je n'ai pas allumé pour toi la lumière du
feu suivant l'usage, comme il convient à une mère bienheureuse. Donc^
Héra dit qu'elle a tenu la torche en l'honneur de Thétis, remplis-
sant à son endroit le rôle d'une mère, à cause de la bienveillance
qu'elle avait pour elle. » (Scol.) (Zette coutume semble postérieure à
l'époque homérique; il n'en est pas question dans l'Iliade et dans
VOdyssée. Dans la description de la noce gravée sur le bouclier d'Achille
{Iliad., XVIII, V. 490 et suiv.), on voit seulement le cortège nuptial
qui conduit les fiancés par la ville à la lueur des torches.
V. 81 3. Les Naïades.^ € Il veut dire Charido et Philyra par qui
Achille Ait élevé. Charido était la femme de Chiron, et Philyra, sa
368 NOTES
mère. » (Scol.) Voir, pour Charido, Philyra et Téducation d* Achille,
les notes aux vers 554 ^^ ^^^ ^^ Chant I** et ia3i du Chant II.
V. 814. // doit être l'époux,., de Médét, — t Anazagore dit que les
habitants de la Laconie ont réellement honoré Achille comme un dieu.
Quelques-uns rapportent que, par sympathie pour Thétis, les dieux
ont donné Timmortalité à Achille. Quant au fiiiit qu'une fois parvenu
dans la plaine Elyséenne il épousa Médée, Ibycos l*a rapporté le
premier et, après lui, Simonide. » (Scol.) Pour les diverses traditions
concernant la destinée d'Achille après sa mort, voir Decharme (Mjthol.,
p. 43i, 5oo, 662).
V. 8 1 6. Pourquoi cet inflexible courroux? — « L'auteur de VA igimios
[voir la note au vers 587 du Chant 111] dit, dans son livre II, que Thétis
plongeait dans une chaudière pleine d'eau bouillante les enfants qui
lui étaient nés de Pelée, voulant savoir s'ils étaient mortels; d'autres,
comme Apollonios, disent qu'elle les jetait dans le feu. L'auteur ajoute
que, beaucoup étant déjà morts ainsi. Pelée s'irrita et empêcha qu* Achille
ne fût plongé dans la chaudière. Sophocle, dans les Amants d^ Achille,
dit que Thétis, outragée par Pelée, l'abandonna. Staphylos, dans le
livre m de ses Histoires de Thessalie, dit que Chiron, qui était savant
et habile dans l'astronomie, voulant rendre Pelée illustre, envoya
chercher Philoméla, fille d'Actor, le descendant de Myrmidon, et
répandit le bruit que Pélée devait épouser Thétis qui lui était donnée
par Zeus, et que les dieux viendraient à ses noces, au milieu de la
pluie et de la tempête. Ayant ainsi parlé, il observa le moment où il y
aurait une grande tempête avec abondance de pluie, et alors il donna
Philoméla à Pélée, et c'est ainsi que se confirma le bruit du mariage
de Thétis et de Pélée. » (Scol.) Cette Philoméla serait la mère d'Achille,
d'après d'autres auteurs cités par le Scoliaste (Ch. I*', v. 558) : « Certains
auteurs sont en désaccord au sujet de la mère d'Achille; ainsi,
Lysimaque d'Alexandrie, dans le livre II des Retours, dit en propres
termes : Suidas, Aristote [de Chalcis], qui a écrit un ouvrage sur
l'Eubée, et Tauteur des histoires de Phrygie, ainsi que Dai machos et
Denys de Chalcis sont loin de suivre la tradition commune qui est
répandue parmi nous; au contraire, les uns disent qu'Achille est né de
Thétis, fille de Chiron; Oaimachos dit qu'il naquit de Philoméla, fille
d'Actor. » Apollodore (III, i3, 6) rapporte une tradition semblable à
celle qu' Apollonios exposera (v. 873 et suiv.). Voulant rendre immortel
le fils qu'elle avait eu de Pélée, Thétis l'exposait au feu, la nuit, en
secret, pour détruire tout ce qui en lui était mortel, par le foit de son
père; en même temps, elle l'oignait dVmbroisie. Pélée la surprit; en
voyant son fils qui palpitait au milieu des flammes, il jeta un cri.
Thétis, empochée d'exécuter ^on projet, abandonna son petit en&nt
et se retira chez les Néréides. Alors Pélée porta son fils à Chiron qui
le nourrit des entrailles des lions et de la moelle des ours et des
sangliers, et qui le nomma Achille (l'enfant s'appelait d'abord Ligjrron),
parce que ses lèvres ne s'étaient pas approchées des mamelles d'une
nourrice (xeOiv), lèvres). Voir Heyne, ad Apollodori Bibliothecam
Observationes, III, i3, 6, p. 3i5.
V. 825. Charybde, — Apollonios se conforme aux traditions de la
NOTES 369
géographie homérique {Odyss., XII, v. 104 et suiv.), quand il place
Charybde auprès de Scylla. « Ces deux monstres n'étaient que
Texpression poétique du double péril qui attendait au passage du
détroit de Sicile les navigateurs exposés à âtre perdus dans un tournant
ou à se briser contre un écueil. Mais si Charybde est une simple
image empruntée au spectacle des dangers de la mer, Scylla a une
légende.» (Decharme, MythoL, p. 341.) On trouvera la légende de
Scylla dans la note au vers 826. Comme Homère, Apollonios s'abstient
de faire de Charybde une personnalité divine ayant des parents; d'après
des traditions postérieures, Charybde était fille de Poséidon et de Gaia.
c Charybdis femina fuit voracissima, ex Neptuno et Terra genita,
quae quia boves Herculis rapuit, fulminata a love est et in maria
praecipitata. Unde naturam pristinam servat : nam sorbet universa
quae prehendit, » (Servius, ad Aen., III, v. 420.) Je ne sais où Servius
a pris cette légende du vol des boeufk d'Héraclès, qui est aussi attribué
à Scylla. — Voir la note au vers 826.
V. 826. Scylla. — « Acousilaos dit que Scylla est née de Phorcys et
d^Hécate. Homère dit que la mère de Scylla est Crataïs [Odyss., XII,
v. 124]. Apollonios a donc suivi les deux auteurs. Dans les Grandes
Éées, Scylla est la fille de Phorbas et d*Hécate. Stésichore, dans sa
Scylla, dit que Scylla est fille du monstre Lamia. » (Scol.) Scylla avait
sa place dans la légende d*Héraclès; Denys de Rhodes (Fragm. Histor.
Graec, Didot, vol. II, p. 10) raconte, au dire du Scoltaste d'Homère
{Odyss., XII, V. 83), que lorsque le héros traversait le détroit de Sicile
avec le troupeau de Géryon, Scylla enleva un des bœufs pour le
dévorer. Héraclès irrité la tua, mais son père Phorcys lui donna une
nouvelle vie en consumant son cadavre au milieu des flammes. Des
traditions postérieures, rappelées par les poètes latins (Ovide, Aîetam.,
XIV, V. 1-74; Virgile, Aen., III, v. 426), font de Scylla une belle vierge
de la mer, aimée de Glaucos ou de Poséidon, et qui fut transformée en
monstre par la jalousie de Circé ou d'Amphitrite.
V. 834. La force du feu impétueux. — « Aux environs du détroit, il
se produit dans la mer des exhalaisons de feu assez intenses pour
l'échauffer, à ce que disent Métrodore, dans le premier livre de son
Histoire, et Théophraste, dans ses Mémoires historiques. Celui-ci dit
également que le bruit qui vient des îles d'Aiolos s'entend jusqu'à
mille stades; c'est ainsi qu'à Tauroménion on entendait un fracas
semblable à celui du tonnerre. » (Scol.) Tauroménion est une ville de
Sicile. Cf. Strabon (221, 36; 223, i3, etc.).
V. 85o. Au rivage d'Aia, dans le pays Tyrrhénien. — « Le poète
appelle l'île de Circé Tyrrhénienne parce qu'elle est voisine de la
Tyrrhénic. » (Scol.)
V. 83i. Au disque et au jet des flèches. — C'est ainsi que s'amusent
au bord de la mer, devant llion, les Achéens, et les prétendants, à
Ithaque, dans la cour du palais d'Ulysse {Iliad., II, v. 774; Odyss., IV,
v. 626). Flangini suppose que le poète mentionne ces deux exercices
comme étant les plus nobles et les plus dignes des héros parmi les cinq
dont l'ensemble constituait le pentathle.
V. 869. Elle avait coutume de brûler ses chairs mortelles. — Ruhnkcn
47
370 NOTES
ft fait remarquer que tout ce passage d'ApoUonios est imité de r//piui«
homérique à Démiter (v. 236 et suiv.). — Voir la note au vers 8i6. —
On peut aussi admettre que TAlexandrin Apollonios s*est inspiré d'une
légende égyptienne où Isis joue chez le roi de Byblos le même rôle que
la Dcmétcr de Thym ne homérique chez le roi d*£leusis. La veuve
d'Osiris, à la recherche du cadavre de son mari, s*est arrêtée à Byblos
où elle tait qu*il a été apporté par les flots. Choisie pour nourrice de
Tenfant nouveau-né du roi de Byblos, chaque nuit, elle entoure de
flammes le berceau de son nourrisson. Surprise par la reine qui pousse
des cris d'efl'roi en voyant son flls au milieu du feu, elle éteint les flam-
mes et explique qui elle est et quels événements l'ont amenée a Byblos.
V. 883. Disposer sur le sol leurs couches (xa|uvvac)* -~ Voir la note
au vers 1 193 du Chant III.
V. 887. Pour aller à leurs bancs (cic\ xXvjlôac). ^ « Ils allèrent vers les
aavtdcoi&aTot [plancher] du navire et leurs sièges, i (Scol.) Pour les
xXY^dcc, voir la note au vers 338 du Chant I*'.
V. 888. Ils tiraient les ancres (cvvxCac cfXxov). — « Du fond de leau,
ils faisaient remonter et ils tiraient à eux les masses de fer [xà vî^r^pa],
se rejouissant de ce que le Zéphyre était venu et ils amoncelaient et
rend lient disponibles les agrès [ta Spiuva]. » (Scol.) En donnant crfdijpa
pour synonyme à tvva{a, le Scoliaste semble admettre que Tancre
d'Argo était une masse de fer. Il a été dit, en effet, dans la note au
vers 953 du Chant I", que les txrml ou cOvotCo» sont aussi bien des masses
métalliques que des sacs pleins de cailloux ou des grosses pierres.
Mais on a vu dans le môme passage que TcOviq du navire Argo était une
pierre très pesante que Ton s'est procurée auprès de la source Artacié.
Le pluriel cûvxfac semble indiquer que les Argonautes ont maintenant
plusieurs pierres. — J'aurais traduit plus exactement en écrivant, au
lieu de les ancres, les pierres-amarres ou les pierres de fond.
V. 890. Sur les cables de la vergue (lm liiâvtcaat xepa{ïi;).— M. Vars
{ouvr, cité, p. 77) établit que ^ (|iâc est l'expression technique pour la
drisse, c*est-à-dire le câble qui sert à hisser la vergue du navire.
M. Cartautt (ouvr, cité, p. 21 3) reconnaît dans les deux Ifiâvre; fournis
aux iricrarques de l'État athénien la drisse double de la grande vergue.
Ici Apollonios donne à la vergue son nom ordinaire de xepata, au lieu
de la désigner, comme il le fait ailleurs, par le terme homérique de
tiHxpiov. (\oir la note au vers 1262 du Chant II.) — Avant de hisser
la voile, les Argonautes ont fait une autre manœuvre, fcâvra apiie^a
|iV)pvovTo, ce que le Scoliaste explique : c Ils amoncelaient et rendaient
disponibles les apiisva. » Hoelzlin interprète : Qiticquid caeterorum
erat armorum dextre expediunt, Shaw : Aliaque omnia arma pro rei
cxigentia expedierunt; Beck et Lehrs: Aliaque omnia armamenta
(navis) laxarunt, ut necesse erat. Ces interprétations sont peu claires,
et, pour avoir le sens du passage, il faut en revenir à l'explication du
Scoliaste, mais en établissant d^abord ce que signifie le moi apfLcvs. On
entend d'ordinaire par apjicvov la voile. « Les lexicographes établissent
réquivalence des trois mots appiivov, Xarlos et Xatfoc pour désigner la
voile. » (Cartault, ouvr. cité, p. 193.) Ce sens est ici inadmissible : en
effet, dans un passage de VOdyssée (XII, v. 170 et suiv.), on voit les
NOTES 371
compagnons d*Ulysse enrouler la voile, la placer dans le vaisseau et
prendre les rames en mains; or, Texpression qu*Homère emploie pour
indiquer que les marins enroulent la voile afin de ne plus s*en servir,
c'est justement totCa |iy)p'j9avto. Si donc apticvov est synonyme de l^ov,
dans le vers qui nous occupe, il faut admettre que les Argonautes
enroulent la voile pour ne plus s*en servir. Mais le vers 890 prouve
bien que, loin de renoncer à Tusage de la voile pour ramer, ils vont la
hisser pour la présenter au vent. Il faut donc admettre un autre sens
du mot ^pfjLcvov; ce participe aoriste 2 passif du verbe àpap^vxw signifie
en général un objet bien adapté, bien attaché. Il s*agit ici évidemment
des cordages ou manœuvres courantes dont on enroule les bouts après
avoir hissé la voile : « I«es voiles une fois hissées et les manœuvres
amarrées, les extrémités libres traînaient encore çà et là sur le pont.
Pour les empêcher de s'entortiller, il était nécessaire de les iover
(l&i)pueo6at), c'est-à-dire de les ployer en rond et de les suspendre à leur
cabillot respectif. Les cordages lovés et accrochés à bord formaient un
|i7ipu{ia, sorte de spirale nommée aujourd'hui glène. • (Vars, ouvr, cité,
p. II3-Il3.)
V. 892. L'île Anthémoessa. — c II a suivi Hésiode qui donné ce nom
à l'He des Sirènes : Dans Vile Anthémoessa, oit le Cronide leur a donné»..
Quant aux Sirènes, elles se nomment Thelxiopé ou Theixinoé, Molpé,
Agiaophonos. » (Scol.) Merkel est le seul des éditeurs d'Apollouios qui
considère Anthémoessa comme un nom propre; il écrivait lui-même,
dans son edit. minor : vy;9ov xoiXt^v àvOe|t6c9aav, la belle île fleurie.
Homère parle lui aussi du pré fleuri des Sirènes, Xttfi&v' àvOc(i6fvTa
{Odyss., XII, V. 1 59). Brunck ne veut pas admettre que le mot àvbct&ievaav
soit un nom propre dans le passage d'ApoUonios: ti Appellativum est,
nonproprium itomen... Homeri tamen Scholiastes insulam 'AvOcpLoOvaav
nomine agnoscit ad Odyss,, XII, v. 39. » DQbner, qui partage l'opinion
de Brunck, donne une preuve à l'appui : c Non est insulae nomen; apud
Apollodorum, \vjxo9xia ob Xcvxà ooria ibi iacentia. » Je ne trouve ni
dans la Bibliothèque ni dans les Fragments le passage d'Apollodore
auquel Dûbner fait allusion. D'ailleurs, l'île des Sirènes mérite aussi
bien le nom d^ Anthémoessa que celui de Leucostéa, puisque c'est au
milieu d'un pré fleuri que blanchissent les os des victimes de ces Muses
de la mer (cf. Odyss,, XII, v. 43 et 159). Tout en écrivant àv6c|i6s99av,
Wellauer croit qu'on doit admettre 'AvOs}A6e9(rsv : ff 'Av6e(i6c99av littera
majusculascribendum videtur, ita enim acceperunt Scholiastae Hesiodum
testem afférentes, et insulam 'Av6e|io0avav agnoscit SchoL ad. Hom.
Odyss., XII, 39. t Enfin, Prellcr {Griech. MythoL, erster Band, dritte
AuAage, p. 304, n. 2) ne juge pas utile de voir un nom propre au
vers 892 d'Apollonios. Il semble cependant qu'Apollonios n'aurait pas
donné deux épithètes de suite à l'île des Sirènes et qu'on est autorisé
par le texte d'Hésiode et lesScoliastes de VOdyssée et des Argonautigues,
à faire de cette seconde épithète un nom propre. — Les noms et le
nombre des Sirènes, auxquels Apollonios ne fait pas allusion, varie
dans les auteurs anciens. Dans VOdyssée, elles sont deux qu'Eustathe
nomme Aglaophémi et Thelxiépéia. Tzetzès (scolies aux vers 713-716
de Lycophron) en compte trois : Pisinoé, Aglaopé, Thelxiépéia.
372 NOTES
V. 895. Unie à Achéloos.., Terpsichore .», les enfanta. -^ lysprès
ApoUodore, les Sirènes sont filles d'Achéloos et de Melpomène (I, 3, 4)
ou d'Achélooset de Stéropé (I, 7, 10). Pour les diverses traditions sur
rorigine des Sirènes, voir Heyne, ad Apoilodori Bibliothecam Obser*
vationes, p. i5.
V. 896. Autre/ois,,. — « D'après certaines versions de la légende de
Fersëphoné, les Sirènes jouaient avec la vierge divine dans les prairies
d'Achéloos quand la terre s'entr*ouvrit et apparut le ravisseur. Après
Tenlèvemcnt, elles volèrent sur terre et sur mer, et elles vinrent enfin
8*abattre sur les côtes de Sicile où elles fixèrent désormais leur séjour
(Apollon., Argonaut,, IV, 896). » (Decharme, MythoL, p. 338.) Apollo-
nios, dont M. Dechanne invoque ici l'autorité, ne dit rien de semblable;
et Ton ne trouve rien non plus, dans les scolies des Argonautiques,<\M\
ait trait au rôle des Sirènes dans ces versions particulières de la légende
de Perséphoné. Le passage de la Mythologie que je viens de citer est
d'ailleurs traduit de Preller {Griech. Mythol., erster Band, dntte
Auâage, p. 5o5), qui cite Apollonios uniquement à propos de la filiation
des Sirènes. Quant aux rapports des filles d'Achéloos avec Perséphoiié,
je ne les trouve pas mentionnés avant Ovide (Met,, V, v. 53 1 et suiv.)
et Hygin {FabuL, 141). C'est peut-être à Apollonios que Fauteur des
Métamorphoses emprunte la tradition d*après laquelle les Sirènes
formaient autrefois le cortège de Perséphoné et sont devenues depuis
«L semblables en partie à des oiseaux, en partie à des jeunes filles > :
artuB
Vidistis vestros subitis flavescere penois...
Virginei vultus et vox humana rcmansit.
L'art antique a consacré la forme qu* Apollonios attribue à « ces divinités
au buste de femme et au corps d'oiseau» (Collignon, Mythologie
figurée de la Grèce, p. 289).
V. 901. Elles avaient déjà privé d*un doux retour,,, — Cest une
allusion évidente au récit que Circé fait à Ulysse (Odyss., XII, v. 39
et suiv.).
V. 906. Bistonie, — Voir les notes aux vers 34 du Chant !•' et 704
du Chant II.
V. 914. Boutes. — Voir, à propos de Boutés, fils de Tcléon, la note
au vers 95 du Chant I*'. — La légende d'après laquelle la déesse de
rÉryx, Cypris, saisie de pitié pour Boutés, le sauve et l'établit sur le
cap Lilybéen, semble, dit Flangini, être de l'invention d'Apollonios.
En effet, nous ne la trouvons pas avant lui; Apollodore (I, 9, 23)
résume son récit, et Hygin {Fabul., 24) le traduit en latin. Hygin dit
encore {FabuL, 260) que Boutés eut d'Aphrodite Éryx qui fut tué par
Héraclès; le mont où il fut enseveli prit son nom. C'est sur cette
montagne qu'Énée construisit un temple à sa mère. Cette tradition
est reprise par Servius {ad Aen., I, v. 370). Elle semble appartenir aux
auteurs latins qui ont voulu rattacher le culte de la déesse adorée sur
le mont Éryx, Venus Erycina, aux légendes grecques. Diodore de
Sicile, qui dit qu'tryx est fils de Boutés et d'Aphrodite (IV, 23; 83),
fait de ce Boatès un roi indigène (paaiXéwc Ttvbc ^TX^P^'^^) ^^ ^^^ un
NOTES 373
Argonaute. Quand Apollonioi dit que la déesse qui règne sur TÉryx
sauve Boutés, il est peu probable que la pensée du poète soit : la
déesse qui règne sur le mont que Ton nommera TÉryx, plus tard,
justement du nom du fils qui lui naîtra de ce Boutés au secours duquel
elle s^élance maintenant. D'ailleurs, dans la légende grecque, Éryx est
d'ordinaire (cf. Apollodore, II, 5, lo) un fils de Poséidon, qui gouverne
les Élyraes, peuple de Sicile. — Le mont Éryx, en Sicile (Strabon, 226,
3o; 223, 24, etc.), aujourd'hui San Giuiano, possédait un temple
d'Aphrodite et une ville forte. Le cap Lilybéen (Strabon, 220, 5o, etc.)
est aujourd'hui le Capo Boeo.
V. 920. Les héros.., s'éloignèrent des Sirènes (xàc (tàv Xiicov). —
Dûbner pense qu'il s'agit non des Sirènes, mais des rivages : « Tac,
scilicet ocxTCKC. » Le mot axTaC, n'ayant ^pas été exprimé dans tout le
passage où il est question des Sirènes, ne peut être ainsi sous-entendu
au vers 920. Le poète a bien dit que les héros étaient au moment de
jeter les amarres au rivage (v. 904, en' Y)i6vea9i); mais le mot xàç se
rapporte bien moins au mot rivages qu'au mot Sirènes qui se trouve
au vers 914.
V. 922. D'un coté... de Vautre. — ApoUonios résume les descriptions
de Charybde et deScylla qui se trouvent dans VOdyssée (XII, v. 73 et
suiv.; v. 234 et suiv.).
V. 929. La mer continuait de lancer une chaude vapeur. — Strabon
(23o, 6 et suiv.) rapporte que, dans les parages des fies Éoliennes, on
voit souvent des flammes courir à la surface de la mer, par suite
apparemment de l'ouverture de quelque cratère sous-marin due aux
eflbrts que fait incessamment le feu intérieur pour se frayer de
nouvelles issues au dehors.
V. 931. U extrémité amincie du gouvernail (ictipvYoc). — cLa pale
du gouvernail s'appelait, d'après Pollux, icTepûyiov. On la nommait
aussi icTipuyec au pluriel, parce qu'en effet elle se composait de deux
parties et comme de deux ailes.» (Cartault, ouvr, cité, p.. io3.)
V. 943. Les roches qui tantôt... (at^' M), — Merkel a raison de
vanter la correction atb' qu'il fait entrer dans le texte de son edit. maior,
après avoir admis dans son edit. minor al 8', leçon des mss. adoptée
par tous les éditeurs : « aid' quam salutaris sit correctio, intelligi potest
ex interpretatione Parisiensi Did. ubi nymphae praecipitiis similes
dicuntur. » Mais il a tort de faire responsable de cette absurdité qui
compare les Nymphes à des précipices, Vinterpretatio parisiensis, qui
n*est pas, d'ailleurs, de Oidot, mais bien de Lehrs. L'allemand Lchrs a
simplement copié, suivant sa coutume, Vinterpretatio lipsiensis de
l'Allemand Daniel Beck.
V. 955. Veau... bouillonnait (l^ity). — Les mss. ont dliv. La correction
Cicv, adoptée par les éditeurs à partir de Brunck, est de Facius {Epist,
crit., p. 16, Erlangae, 1772) qui se fonde sur le vers 365 du Chant XXI
de VJliade : t ipevyôiu^v Odwp et Oiev 51^1 invicem non respondere, aures
statim sentiunt. Qui Oiciv et Cieiv saepissime a librariis inter se permu-
tari scit, ni fallor, adsensum huic correction i praebebit. Homerus
lliad.^ f , 365 :
'Û; ToO xaXà pieOpa mip\ fXlyeTO, C^c 6' CÔMp. 1
374 NOTES
V. 961. La durée d'une journée de printemps (cîopivoO... ^yiatoc al<rx).
— « Le poète entend par une journée de printemps une journée au
moment de l'équinoxe. » (Scol.) Brunck fait remarquer que l'expression
^iliaxoc alva est une périphrase pour T)|&ap, comme, dans VOd^ssée
<XIX, V. 84), èXic{8o« cdva pour cXirfc*
V. 965. Le pré de Trinacrie, — c Timée dit que la Sicile se nomme
Thrinacie, parce qu'elle a trois caps [tpetc axpoc; voir la scolie au
vers 291 (note au vers 289)]. Mais les historiens disent que Thrinacos
a été roi de Sicile. C'est dans la presqu'île de Myles, en Sicile, que
paissaient les génisses d'Hélios. » (Scol.) Je ne trouve nulle part aucun
renseignement sur ce roi Thrinacos. On sait, au contraire, que les
historiens et les géographes de l'antiquité s'accordent à dire que le
nom de Trinacrie vient de la forme triangulaire de la Sicile. — La
tradition des troupeaux d'Hélios remonte à une haute antiquité. Il est
•déjà question dans VOdyssée (XII, v. 127 et suiv.) des génisses et des
brebis d'Hélios, des sept troupeaux de génisses et des sept troupeaux
de brebis à la belle toison, qui comptent, chacun, cinquante têtes de
bétail et n'augmentent et ne diminuent jamais. Les bergères de ces
troupeaux sont deux déesses, nymphes aux beaux cheveux, que la
•divine Néaira a enfantées à Hclios, Phaéthousa (la brillante, de ^aéOw
pour çâo»; cf. Phaéthon) et Lampétia (l'éclatante, de Xâ|tim>). Apollonios
cite Phaéthousa (▼. 971) et Lampétia (v. 973). Les noms de ces deux
Héliades se retrouvent encore dans Ovide (Met., II, v. 346, 349) qui
abandonne la tradition suivie par Apollonios : en effet, dans les
Métamorphoses, Phaéthousa est l'aînée des trois soeurs de Phaéthon
(Phaethusa sororum maxima}; de plus, Phaéthusa, Lampétia et la
troisième sœur qu'Ovide ne nomme pas sont les Héliades qui se
changent en arbres après la mort de Phaéthon. Apollonios distingue
nettement les Héliades qui ont été métamorphosées en peupliers noirs
■avant le voyage des Argonautes (Arg., IV, v. 603-626) et les Héliades
Lampétia et Phaéthousa que les Argonautes aperçoivent, conduisant
les troupeaux de leur père, alors que les héros passent devant la Sicile.
Properce (cdit. Mûller, IV, xt, v. 29-30) cite aussi Lampétia :
Lampeties Ithacis veribus mugisse iuveocos
(Paverat hos Phoebo filia Lampetie).
•« Les bœufs et les brebis d'Hélios désignent évidemment, comme on
s'accorde à le reconnaître, les trois cent cinquante jours et les trois cent
•cinquante nuits de l'année primitive. La succession des jours ou des
soleils avait donc été comparée, sans doute, à la procession d'un
brillant troupeau dont les animaux s'avancent l'un après l'autre dans
les pâturages célestes.» (Decharme, MythoL, p. 241.)
V. 966. Semblables à des plongeons (àXiyxiai alOutT)(nv). — Cette com-
paraison est imitée d'une comparaison homérique. 'Après avoir donné
des conseils à Ulysse, Inô-Leucothée s'enfonce dans la mer, semblable
à un plongeon (Odyss., V, v. 353, aidutr) iixvta). Les Latins nomment
fulica mergus l'oiseau que les Grecs appellent atOuts.
V. 968. Le bêlement des troupeaux.., — C^ passage est imite de
VOiyssée (XII, v. 265-266).
NOTES 375
É
V. 972. Une houlette émargent (ipyupeov x^^^^)- — « Le x«îo^ e*^ l«
bâton recourbé dont les bergers se servent. Amérias donne pour défi-
nition de ce mot : bâton mince et lisse, Callimaque a dit : On remarquait
le large voile qui couvrait sa tète, faisant saillie en avant : c*est la
coiffure des bergères. Elle tenait dans sa main un xottov. On lit dans
Alcman le mot îpuv{xaiov, qui veut dire celui qui porte la houlette, le
berger. » (Scol.) Phaéthousa porte un ^atov, Lampétia, un xaXaOpo4'.
Les deux mots, dit Dûbner, ont le m6me sens. Le Scoliaste £eiit simple-^
ment remarquer que le xaXaOpo^ est un bâton de bouvier et il cite
l'emploi de ce mot dans VIliade (XXIU, v. 845). L'usage spécial du
xaXaOpo<|; est déterminé par ce vers de V Iliade et par les scolies qui
l'expliquent : c'est le bâton que le bouvier lance quand il veut ramener
quelque animal qui s'écarte, ou disperser le troupeau à l'arrivée au
pâturage. Le xaXaOpoi|; semble recourbé comme le x^^ov; son étymo-
îogie est, d'après Pierron (note au vers 845 du Chant XXIII de Vlliadé),
x&Xa, de x&Xov (bois sec), et la racine peic (^iicco, se courber), La seule
différence entre les deux termes dont Apollon ios se sert, semble donc
résider non dans la forme des deux instruments, qui sont tous deux
recourbés, mais dans leur emploi. Le xaXaOpo<]^, que tient Lampétia,.
est la houlette des bouviers; on le lance au loin pour atteindre les
génisses. Le x«^ov, que tient Phaéthousa, est la houlette du berger; on
le garde en main pour saisir, au moyen de la partie recourbée en crosse^
la patte de la brebis qui tente de s'éloigner du troupeau.
V. 973. De cuivre étincelant (opeixaXxoio). — « On dit que Voreichal-
que est une sorte d'airain [x>Xx&c] ainsi nommé d'un certain Oréios
qui Ta découvert. Aristote, dans les Téiétai, dit que le nom et l'espèce
de ce métal n'ont aucune réalité. Certains supposent qu'on peut biea
nommer l'oreichalque, mais que ce nom ne répond à rien de réel :
c'est affirmation de gens qui parlent à la légère. Car les hommes au
courant disent que ce métal existe. Stésichore et Bacchylide en font
mention, et Aristophane le grammairien en a pris note. D'autres disent
que son nom vient d'un sculpteur, comme font Socrate et Théopompe,
dans son livre XXV*. » (ScoL) Voreichalque semble être un métal
fabuleux : il n'en est guère question que dans les poèmes qui ont
trait à l'âge mythique (cf. Hymne homérique ( V) à Aphrodite, v. 9,
âvOcpi' opeixâXxou ; Bouclier d'Héraclès, v. 122, xvf)|itaa; opcr/âXxoio
9auvo0; Aen., XII, v. 87, auro squalentem alboque orichalco.., loricam),
ou dans des expressions proverbiales. Cf. Cicéron, de Offic, III, 23 : Si
quis aurum vendens orichalcum se putet vendere, indicetne ei vir bonus
aurum illud esse, an emat denario quod sit mille denarium? Plaute,
Mil» glor,, III, I, V. 69 : Cedo tris mi homines aurichalco contra cum his
moribus. On peut remarquer que Plaute écrit toujours aurichalque
(cf. PseudoL, II, m, v. 23; CurcuL, I, m, v. 46), admettant ainsi la
fausse étymologie qui devait ôtre plus tard proposée par Servius (note
au vers 87 du Chant XII de VEnéide : Orichalcum pretiosius visum est,
quod et splendorem auri et aeris duritiem possideret), et par Isidore
{Orig,, XVI, 19). Festus semble donner l'étymologie exacte : « Orichal-
cum, quod in montuosis locis invenitur : mons enim graece opoc appel"
latur, » Mais dans quels monts trouve-t-on ce métal j>récieux ? Pline
376 NOTES
dit qu^il y a longtemps que, la terre étant épuisée, on ne trouve plus
d^orichalque : c*cuit un métal remarquable qui excitait l'admiration
générale (iV. //., XXXIV, 2); on a, plus tard, donné le nom d'ori-
chalque à un métal composé: Strabon (52 1, 46} dit qu*on Tobtenait
en mélangeant quelques parties de cuivre à une certaine terre qui
se trouve aux environs de la ville d'Andira en Troadc; brûlé dans
un fourneau, ce mélange produit Torichalque. A Tépoque d*Horace
[Epist., Il, III, V. 202) on entendait par orichalque le laiton ou cuivre
jaune, alliage de cuivre et de zinc. — J*ai cru devoir traduire ôper^aXxoio
fscivoO par cm y re étincelant, au lieu de transcrire simplement le mot
grec, car il semble bien que le métal légendaire cité par Apollonios
correspond au cuivre.
V. 983. Dans la mer de Céraunie (KepayviTi elv àX(). — Par mer de
Céraunie, Apollonios entend la partie de la mer qui s'étend entre la
mer Ionienne et la mer de Cronos, en face des monts Cérauniens. C'est
là que se trouve l'île des Phaiaciens. Voir la note au vers 5ig.
V. 984. Lâ/7i/jir($p£fcavov}. — Voir, sur Tîle de Drépané ou Corcyre,
la note au vers 540.
— Muses, pardonne:^ -moi! .,. — Brunck rapproche cette formule de
celle qu'on trouve au vers 708 du Chant II : a O dieu favorable,
pardonne!.,.!» Il fait aussi remarquer qu'Apollonios imite un passage
d'Aratos {Phaenom., v. 637 et suiv.).
V. 989. Les épis nourrissants (orà^v^ ^iitcviov). — «Le mot ojiimo:
signihc abondant, fertile. Philétas, dans ses Termes irréguliers [èv
'AxaxToïc yXwffffai;], dit qu'un épi o(iirvioc veut dire un épi succulent,
nourrissant. Certains des habitants de Cyrène appellent à'fiicvioc celui
qui est riche, opulent, » (Scol.) Déméter est surnommée opiicvtx. Voir
Preller, Griech. Mythol., erster Band, dritte Auflage, p. 63 1.
V. 990. Le nom de Drépané. — Voir la note au vers 540.
V. 992. Du sang d'Ouranos. — « Acousilaos, dans son livre III, dit
que, lorsque Ouranos fut mutilé, des gouttes de son sang furent
portées sur la terre et donnèrent naissance aux Phaiaciens : d'après
d'autres auteurs, aux Géants. Alcée dit aussi que les Phaiaciens ont
pour origine les gouttes du sang d'Ouranos. Mais Homère dit que les
Phaiaciens sont de la famille des dieux à cause de leur origine qui
vient de Poséidon [Odyss., VII, v. 56 et suiv.]. » (Scol.)
V. 995. Alcinoos. — Le roi mythique des Phaiaciens, Alcinoos, est
bien connu par les Chants VI et suiv. de VOdyssée. Flangini pense
qu'en faisant ce tableau de l'accueil affectueux que les Argonautes
reçoivent du peuple entier des Phaiaciens, Apollonios a voulu montrer
quelle différence sépare l'hospitalité primitive du peuple de Corcyre de
l'hostilité que les Phaiaciens doivent plus tard témoigner à Ulysse,
quand il arrive dans leur île. « N'interroge aucun des hommes de ce
pays, — dit Athéné à Ulysse, ^ car ils reçoivent mal les étrangers; ils
ne font pas un accueil aimable à celui qui vient vers eux d'un autre
pays.» (Odyss., VII, v. 3i-33.)
V. 1000. L'Haimonie. — Voir les notes aux vers 504 du Chant II et
1090 du Chant III.
V. 1002. Sortis du Pont, — Flangini fait observer que le poète
NOTES 377
ffeprend un membre de phrase (Ilivroto xatà 9xh\ui xo^ dtoi icitpac
Kuaviac) qui se trouve déjà aux vers 2 et 3 du Chant I*'. — Le Scoliaste
explique longuement que, parmi les Coichiens, les uns qui étaient
entrés avec Apsyrtos, à la suite des Argonautes, dans le courant de
rister, s'établirent après la mort de leur chef en Illyrie et dans les îles
voisines (voir les vers Soy et suiv. du Chant IV) et les autres qui
avaient continué à naviguer dans le Pont en sortirent en passant entre
les roches Cyanées. Ce sont ces derniers qui arrivent maintenant en
vue de l'île des Phaiaciens.
V. 1007. Avec r arrivée d* A iétès {ayiH A^Tao xcUuOcp). — H. van Her-
werden dit ne pas comprendre les derniers mots du vers 1007 : « Quid
ultima verba sibi veiint, non exputo. Vide an ferri possit oùv AlVitao
xt>tu9|Aâ, Aeetae iussu, ut praepositio 9vv in formula oùv xû v&{M}i simili-
busqué subinde ponitur pro xaxà. » Cette correction ingénieuse me
semble inutile. Circé a déjà fait craindre à Médée l'arrivée d*Aiétès :
c Bientôt il viendra même dans les demeures de la terre d'Hellade pour
venger le meurtre de son fils. » (Chant IV, v. 741.) Alcinoos dira aussi
à sa femme : t S'il le voulait, il pourrait, de son lointain pays, porter
la guerre jusqu'en Hellade. « (Chant IV, v. i io3.) Il faut, ce me semble,
admettre que le mot xiUuOoCi qui signifie au sens propre le chemin, la
marche, indique ici, par extension, le but de la marche, l'arrivée. C'est
ainsi que Beck interprète, adveniente Aeete, Les mots a^ tt xol
(trriicttta, et nunc etpostea, prouvent bien d'ailleurs que les Colchiens
font allusion à deux luttes successives, celle qui aurait lieu immédia-
tement, et celle qui recommencerait plus terrible^ non pas sur l'ordre
d'Aie'tès(\A première se serait évidemment engagée d'après les ordres
donnés par le roi à l'expédition, à son départ d'Aia), mais avec Varrivée
d'Aiétès lui-même et de nouvelles troupes.
V. 10 14. Je suis à tes genoux, 6 reine... — Apollon ios imite le
discours d'Ulysse à Nausicaa(04r<5., VI, v. 149 et suiv.).
V. 10 19. Une passion mauvaise (|mipyo9uvt)c). — Brunck relève dans
un des mss. de Paris la leçon lAaxXoouvnc» qu'il n'adopte pas, tout en
faisant remarquer que |iax^^^^ ^^^ ^'^ poetica et bonae notae. Ce
mot se trouve en effet dans V Iliade (XXIV, v. 3o) appliqué à Paris, et
dans un fragment d'Hésiode {Hésiode-Didot, fragm. XXVIII) appliqué
aux Proitides. Il convient aussi bien à la lasciveté des filles de Proitos
qu'à celle du fils de Priam. Mais il ne saurait convenir à Médée.
c Vocabulum ab Apollonii dignitate alienum, > dit Merkel : il dirait
mieux a Medeae dignitate alienum, car ApoUonios ne recule pas
devant le mot brutal, quand il le juge nécessaire.
V. 1020. J'en atteste.., Hélios... et la fille de Perses. — Fille d'Aiétès,
Médée jure par Hélios, père de son père; magicienne, par Hécate, dont
elle est la prétresse et l'élève.
V. 1024. Ma ceinture... ^- Voir la note au vers 287 du Chant I".
V. 1026. Que les dieux immortels... — Cette péroraison du discours
de Médée à Arété est imitée de la péroraison du discours d'Ulysse à
Nausicaa {Odyss., VI, v. 180 et suiv.).
V. io3i. A cause de vos travaux auxquels je me suis fatiguée {k[L^
X* àiOXoK Jiv xatAov O|atépoiaiv). — Je traduis le texte de Merkel où la
48
378 NOTES
correction wv «tf|iov remplace U leçon oûwmv adoptée par tous les
éditeurs. Merkel fonde cette correction sur les leçons du vers i328 où
les ross. de Paris ont wv Cvna |u au lieu de iv {koiuv, bonne leçon du
Guelf. et du Laur., et sur celle du vers i354 où le Guelf. a «ov ivcxa (Uv
au lieu de wv lxa|ttv, bonne leçon du Laur. La correction de Merkel
rend intelligible un passage dont il était difficile auparavant de se
rendre un compte exact malgré les essais d^explîcation tentés par les
p commentateurs, en particulier par H. Estienne et par Brunck.
V. 1043. Respectex»^* la vengeance des dieux: craigne^ de me
remettre aux mains d'Aiétès (vi(U9iv xi Oc&v, eic xtfpoc loOaav aI^'om).—
c La vengeance qui est dans les mains des dieux [loOffav cv toîc x*P^
t£»v OIttv], c'est-à-dire la némésis vengeresse [m YC|uatrr6v]. » (ScoL) Le
Scoliaste fait un contresens, car il ne s*agit pas de la vengeance. qui
est dans les mains des dieux (cv toAc Xf^ ^^ 6éwv), mais de Médée qui
serait remise dans les mains d'Aiétès (clc x^P^ loO^ov Al;^t«w). Brunck
explique avec raison : c Subauditur |u, pro lov9i}c cfioO. Accusativus est
absolutus : Timete deorum indignationem quam experturi estis, dcdiu
me, id est, si dedar Aeetae, acerbissimis plectenda suppliciis. »
V. 1037. SHls se trouvaient en présence d*un jugement inique
(àvtiavetav). — Le Guelf. a àvTtâ<rctiv et le Laur. àvxiâ<ruacv corrigé en
avtiaaciev. La leçon vulgaire est, jusqu'à Brunck, àvtiâ«tiav que les
traducteurs latins semblent ne pas avoir compris. On lit, en effet, dans
Hoelzlin : « Si ius ipsis prodatur abscissius^ » et dans Shaw : c Si causae
iniquae obstarent. » Il suffit de changer causae iniquae en iudicio
iniquo pour que cette interprétation soit acceptable. Tel n*est pas Tavis
de Brunck qui malmène, suivant sa coutume, le professeur d'Oxford :
« Cimmeriis et plus quam Hoelt^linianis tenebris mentem pœtae invol-
vit magister Shawius. > 11 préfère lui-même la leçon àvnâocu : « Si
iniquum Medea pateretur judicium, si injusta sententia opprimeretur.
Judicium enim de nova hac contestatione ferre debebat Alcinous.
Vide supra v. 100 g."» La leçon et Tinterprétation de Brunck ont été
adoptées par les éditeurs qui Tont suivi. Merkel reprend avec raison U
leçon avTiâffciav : ce verbe, comme les autres de la phrase, doit se
rapporter aux Argonautes et non à Médée; ce sont les Argonautes qui
brandissent les lances, qui tirent les épées, qui affirment ce qu'ils
feront s'ils se trouvent en présence d'un jugement inique porté au sujet
de Médée.
V. 1070. Alcincos,.. et Arété... réfléchissaient, — Arété joue déjà,
dans VOdyssée, ce rôle de conseillère sage et écoutée par le peuple et
par son mari. Alcinoos l'honore plus que jamais femme n'a été honorée
par son époux, et c'est elle qui décide au sujet des contestations entre
les Phaiaciens {Odyss., VII, v. 67 et 74).
V. 1086. Ne va pas être cause de ton plein gré que VAisonide se
parjure (aùtov ixùv èicCopxov o|i,699ai Oe(t)c Ai90v{8v)v). — On lit avToc i^iûv
dans une phrase à peu près semblable de VOdyssée{\l^ v. i33). Brunck
se fonde sur ce fait pour écrire aM< : ikPerperam vulgo legitur aurôv,
quod ad At9ovi6r|V relatum frigide et paene inepte, otiosum est. > La
correction de Brunck semble inutile : aOtiv se rapporte bien à At9ovidr,v
et s'oppose au mot icalSa (Médée) qu'on lit au vers 108S.
NOTES 379
V. 1090. ilnfto;;/. — Voir, au sujet des diverses héroïnes qui ont
porté ce nom, la note au vers 735 du Chant I*'. c Antiopé était la fille
de Nycteus. S'étant fait semblable à un satyre, 21eus abusa d*elle« et,
fuyant les menaces de Nycteus, elle se réfugia à Sicyone, auprès d*Épo-
peus. Ayant enfanté Amphion et Zéthos, elle les déposa sur le Cithéron,
auprès d*un bouvier. Mais Nycteus, affligé de la hardtesse de sa fille,
meurt après avoir prié son frère Lycos de ne pas laisser Antiopé
impunie, mais d^aller à Sicyone pour s'emparer dVUe. Lycos fait une
expédition contre cette ville, tue Épopeus, et ayant fait Antiopé
prisonnière, il la donne à garder à sa femme Dircé. Elle s'enfuit;
mais elle est reprise et livrée à ses fils. Alors le bouvier qui les avait
nourris révèle ce qui avait eu lieu. Mais ceux-ci sauvent Antiopé et
mettent à mort Dircé, l'ayant attachée à un taureau sauvage. Ayant
mandé Lycos, comme pour lui remettre Antiopé, ils voulaient le tuer.
Mais Hermès les en empêcha et ordonna à Lycos de se démettre de
la royauté. » (Scol.) Cette scolie n'a aucun rapport avec le passage
d'ApoUonios : elle n'explique en rien à quels cruels châtiments Nycteus
soumit la belle Antiopé. Oe plus, elle est en contradiction avec le
vers 73s du Chant I*% et la scolie à ce vers où il est dit qu'Antiopé,
mère de Zéthos et d'Amphion, est fille d'Asopos. Heyne {ad Apollodori
Bibliothecam Oàservationes, III, 5, 5, p. 237) remarque avec raison,
à propos des récits contradictoires dont Antiopé est l'objet : Magna in
primis in hac narratione divcrsitas, quia a tragicis poetis frequentata
est. » Apollonios admet que la mère d*Amphion et de Zéthos est fille
d'Asopos (Arg., I, V. 735). En ce cas, nous ne savons rien de l' Antiopé,
fille de Nycteus, et des châtiments que son père lui fit subir. — Cette
scolie, qui n'a aucun rapport avec levers 1090 qu'elle prétend expli-
quer, doit être un simple résumé de l'argument de V Antiopé, tragédie
perdue d'Euripide. Elle ressemble en effet beaucoup aux récits d'Apol-
lodore(III, 5, 3) et d'Hygin (FabuL, 8) : or celui-ci dit qu'il rédige sa
narration d'après la tragédie d'Euripide et l'imitation qu'Ennius en
avait faite.
V. 1091. Z)aii^. — « Phérécyde raconte, dans son livre II, qu'Acri-
sios épousa Eurydice, fille de Lacédaimon; de ce mariage naquit
Danaé. Acrisios ayant consulté l'oracle pour savoir s'il aurait un enfant
mâle, le dieu de Pytho lui répondit qu'il n'en aurait pas, mais que de
sa fille naîtrait un fils qui causerait sa mort. De retour à Argos, il fit
construire une chambre d'airain qu'il établit sous la terre, dans la
cour de sa maison. Il y plaça Danaé avec sa nourrice et la garda ainsi
prisonnière pour éviter qu'il ne naquît d'elle un enfant. Mais Zeus,
épris de la jeune fille, coula du toit, semblable à une pluie d'or que
Danaé reçut dans son sein; ayant dévoilé qui il était, Zeus s'unit à
elle. De cette union naquit Persée que Danaé et la nourrice élevèrent
en se cachant d'Acrisios. Persée avait trois ou quatre ans quand
Acrisios entendît la voix de l'enfant qui jouait. S'étant fait amener par
ses serviteurs Danaé ainsi que la nourrice, il tua cette dernière et
conduisit Danaé et l'enfant à l'autel de Zeus qui est situé auprès du
mur d'enceinte de la maison, et, seul avec sa fille, il lui demanda de
qui cet enfiint lui était né. Elle répondit que c'était de Zeus. Il ne la
380 NOTES
crut p«8 et l'enferma «vec son enfant dans un coffre qu'il mit à la
mer. Les flots portèrent le coffre à THe de Séripfaos où Dictys, fils de
Péristhénès, Tamena à terre, l'ayant péché avec un filet. Oanaé le
supplia d*ouvrir le coffre. Il le fit et ajant appris qui ils étaient, il les
conduisit dans sa maison et les nourrit comme étant ses parentt. Car
Dictys et Polydêctès étaient fils d'Androthoé, fille de Péricastor, et de
Péristhénès, fils de Damastor, fils lui-même de Nauplios, né de
Poséidon et d'Amymoné, comme le dit Phérécyde, dans le livre I*'.
— Pour les événements qui suivent et au sujet de la mort d'Acrisios, il
raconte qu'après le changement en pierre de Polydêctès et de ceux qui
étaient avec lui à Sériphos, par Teffet de la tête de la Gorgone, Persée
laissa Dictys régner à Sériphos sur ce qui restait d'habitants dans nie,
et navigua lui-même vers Argos avec les Cyclopes, Andromède et
Danaé. Mais, arrivé à Argos, il n'y trouva pas Acrisios. Car celui-ci,
saisi de crainte, s'était retiré à Larissa, chez les Pélasges. Ne s*arrêtant
pas à Argos où il laissait Danaé auprès de sa mère Eurydice, et
Andromède et les Cyclopes, il se dirigea vers Larissa. Y étant arrivé,
il reconnaît Acrisios et lui persuade (de venir avec lui à Argos. Au
moment où ils devaient partir, il arriva qu'un combat de jeunes gens
fut célébré à Larissa. Persée, s'étant dépouillé de ses vêtements pour
prendre part au combat, lance un disque. Ce n'était pas un pentathle,
mais on concourait à chacun des exercices à part. Le disque vint
tomber en tournant sur le pied d'Acrisios et le blessa. Malade de cette
blessure, Acrisios meurt à Larissa même. Persée et les habitants de
Larissa l'ensevelirent devant la ville; et là les gens du pays lui élevèrent
un temple comme on en élève aux héros. Persée resta hors d'Argos. >
(Scol.) Pour la légende de Persée, voir Decharme, Afythoi,, p. 637-642.
On trouvera un commentaire abondant du texte de Phérécyde dans les
Pherecydis Fragmenta de G. Sturz, 2* édit., Leipzig, 1824, p. 73-77.
V. 1093. L'injuste Échétos. — c Homère cite Échétos comme un
personnage très cruel... Nous trouvons sa légende dans le Catalogue
des Impies, ouvrage de Lysippos d'Épire. i (Scol.) Echétos, roi d'Epire,
le fléau de tous les mortels {Odyss,, XVIII, v. 85, v. 116; XXI, v. 3o8),
semble être, dans l'Odyssée, un monstre proverbial : il arrachait le
nez et les oreilles et infligeait les plus odieuses mutilations à ses
victimes (Odyss., XVIII, v. 86-87). C'est le traitement qu'il avait fait
subir a Aichmodicos, amant de sa fille Métope ou Amphissa. Quant à
la jeune fille, il l'avait condamnée à broyer de l'airain en lui promettant
de lui rendre la vue si elle parvenait à faire de la farine au moyen de
cet airain une fois moulu.
V. 1 1 15. Elle exhortait, dans sa prudence (Vt^ eTctçpo^vvriotv). — Je
traduis suivant la leçon de Merkel qui est, d'ailleurs, la leçon vulgaire.
Brunck admettait T^atv e9r,|jL09vvT)9tv, leçon du Guelf. et note marginale
d'un ms. de Paris :*« Genuiniim esse credo, » dit-il. Mais en admettant
cette leçon, il faut traduire : Elle exhortait par ses ordres, ce qui
donne un sens peu satisfaisant. 11 semble meilleur de conserver
C7ci9po9vvY)atv. Van Herwerden pense que la leçon êçijiAoorSvT^viv est la
copie inexacte du mot avvv){i.oavvv|ariv, leçon de quelque ms. très ancien,
et d'ailleurs inacceptable, puisque 9vvi)|ioauv«) signifie fac^e, convention :
NOTES 381
c Alloquitur Arête suum praeconem, sua prudentia lasonem incitatura
ut rem habeat cum Medea, Si c^ifpo<n3vv)9iv, 9110^ scholiasta explicat
cfY)|Movvy}viv, recte receptum est, ea vox hoc loco signiflcat prudent
consilium. In libro Laurentiano iegitur, teste Merkelio, Tiivtv ovvTJi«tv,
superscripto a imutu secunda c^iiiioovv^tvtv, quod in textu habet Guel/er^
bitanus. Sub corrupto vocabulo latet, nisi egregiefallor, avv[iQ|io«\iv]i)t«tVj
ita ut vetustissimus testis legerit :
, ^m avvY}|jL09vvv^atv cnoTpvivlovva lityrivat.
Ut est I, 3oo:
ubi Scholiasta explicat ouvO^xoti;, av|&pouXatc- Nihilominus haec optimi
libri lectio reicienda est. Nam ovwK&oavwi significat avv^xv)v non
V. 1 123. Dans le port d*Hyllos ('r>Xixû c^ Xiitévi}. — c Ce port est
ainsi nommé d*Hyllos, fils de Mélité et d'Héraclès. 1 (Scol.) Voir, pour
Hyllos, la note au vers 524.
V. 1 1 34. Le fils Nyséien de Zeus. ^ Voir la note au vers 904 du
Chant IL t Nysa ne fut à l'origine qu'un lieu de fiintaisie, éclos de
l'imagination grecque par suite d'une méprise étymologique. Pour les
Grecs, en effet, le nom de Dionysos décomposé en deux parties ne
pouvait signifier autre chose que le dieu de Nysa. » (Decharme,
Mythol,, p. 438.) Il est déjà question du divin mont Nyséion dans
17/iâ</e(Vl,v.i33),quile place enThrace.L'//pnittf homérique (XXVI)
à Dionysos (v. 9-10) place la montagne Nysa, où le dieu a passé
son enfance, assez loin de la Phénicie et assez près de TÉgyptc. A
répoque classique, il y a un grand nombre de villes et de montagnes
nommées Nysa : dans chacune d'elles on localisait les légendes qui se
rapportent à l'enfance du dieu Nyséien.
V. 1 138. Héra,., pleine de colère. — « Héra chassa Macris de TEubée
parce qu'elle avait reçu des mains d'Hermès et nourri Dionysos.
L'Eubée est consacrée à Héra. Macris éleva Dionysos dans son antre
d'où le nom de dithyrambos donné au dieu, parce que Tantrc avait
deux portes [8uo 6vpac]> Le poète dit que le mariage de Jason et de
Médée eut lieu dans l'antre de Macris. Philétas, dans son Télèphe, dit
que ce fut dans la maison d'Alcinoos. » (Scol.) Pour Macris, voir la note
au vers 540. On sait que l'origine de l'épithète dithyrambos appliquée
à Dionysos est tout autre que celle que donne le Scoliaste ^cf. Decharme,
MythoL, p. 436). Pausanias (IX, 3, 1) montre Héra se retirant dans
rile d'Eubée comme dans l'un de ses sanctuaires. — %oir (notes aux
vers II 53 et 1217) d'autres traditions sur l'endroit où le mariage de
Médée et de Jason se serait célébré.
V. 1 141. On prépara un vaste lit. — Apollonios imite la description
de VOdyssée (VII, v. 335 et suiv.) où l'on voit les servantes d'Arété
préparer le lit d'Ulysse : elles disposent des tissiA couleur de pourpre
et, par-dessus, des tapis et d'épaisses couvertures de laine. C'est ainsi
qu'en guise de tapis et de couvertures de laine on étend pai^dessus le
lit nuptial de Jason et de Médée Véclatante toison d'or.
382 NOTES
V. 1 14a. Vétiatante toison ^or(^(p^eovott7Xfi(vic6aEc). — « La plupart
des auteurs disent que cette toison était d'or. Acouailaos, dans son
livre sur les Généalogies, dit que la toison avait été teinte en pourpre
par la mer. » (Scol.) Voir la note au vers 177. Presque tous les auteurs
qui ont, à notre connaissance, parlé de la toison, lui donnent Tépithète
consacrée de toison d'or. Cf. Phérécyde {apud SchoL Pindar., Pytkiq.,
IV, V. 1 33) : To x&otc xh xpu9i(iaX>ov. Euripide {Afédée, v. 5) : xb icây^puffov
-dipoc. Théocrite (Id», XIII, v. 16) : to xp^^ov xûac. Apollodore (1, 9, 16) :
-rb Xpu96|iaXXov Sepaç, etc.
V. 1 149. Du fleuve Aigaios,,, du mont Mêlitéien. — Voir la note au
vers 624. Le mont Mélitéien, dit le Scoliaste, est un mont de Corcyre.
Je ne trouve pas plus de renseignements sur le mont Mélitéien que sur
la Mélité à qui il doit son nom.
V. 1 1 53. La caverne sacrée de Médée, — « Timée dit que les noces
de Jason et de Médée furent célébrées à Corcyre; Denys de Milet, dans
le second livre de ses Argonautiques, dit que ce fîit à Byzance; Antima-
•que, dans sa Lydé, dit qu'ils s*unirent chez les Colchiens, auprès du
fleuve. » (Scol.) Pour les divergences des auteurs anciens au sujet de
l'endroit où l'union de Jason et de Médée fut consommée, voir les
notes aux vers 1 1 38 et 12 17.
V. 1 166. Toujours quelque peine amère marche à coté de nos joies.
— Bruock cite la remarque suivante de Ruhnken : Callimachum forte
Noster habuit ante oculos, fragm. 418 :
... tict\ Oebç oùdà Y^^^^^s^
àxXautl (opéKCvatv ôi^upotaiv ïTdwxs.
Apollonium pressius imitatus est Ovidius, Metam. VII, 453 :
...usque adeo nulli siocera voluptas
Sollicitique aliquid Uetts iotervenit...
On peut aussi rapprocher du passage d*ApolIonios le vers connu de
Lucrèce (édit. Bernays, IV, v. iia5):
... medio de fonte leponim
Surgit amari aliquid...
V. 1 1 7 1 . 7*014/ dans la nature était souriant. — Brunck fait remarquer
qu'Apollonios imite le vers i3 de VHymne homérique à Déméter:
« La terre entière s* égayait ainsi que le gonflement salé de la mer, > et
les premiers vers des sentences de Théognis : a La terre immense riait
et les profandei^s de la mer à l'écume blanchâtre se réjouissaient. » Le
poète de Mégare imite d'ailleurs le vers 1 18 de YHymne homérique à
Apollon : « La terre sourit. » Catulle a fait son profit de tous ces passages
grecs, quand il a écrit (LXIV, v. 284) :
Quo permulsa domus iucundo risit odore.
On connaît le vers d'André Chénier {Eclogue II, p. 17, i" volume de
rédition de Gabriel de Chénier) :
Le toit s'égaye et rit de mille odeurs divines.
1
NOTES 383
V. 1 176. Alcinoos s'avança. — Tout ce développement est imité des
premiers vers du Chant VIII de VOdyssée, Il faut remarquer qu*en
disant le sceptre justicier (v. 11 78, oxrjircpov... 6(xaaff6Xov), ApoIlonio&
applique au sceptre une épithète qui, dans les poèmes homériques,
n'appartient qu'aux hommes. Cf. Iliad., I, v. a 38 : dtxaaniXoi; Odyss.,
XI, V. 186 : 8txa9ic6Xov àv8pa.
V. 1196. Chaque fois qu'il faisait mention des noces (otk (ivi^aatT»
Ya|ioto}. — Les mss. ont |tv;qaaivTo, qui se rapporterait aux Nymphes. La
correction est de Brunck : c otc |Aviq<rairo, scilicet Orpheus. Sic omnino
legendum. Vulgo contra mani/estum loci sensum, tiviqaaivto. Quoties in
cantico, quod ad lyram canebat Orpheus, nuptiarum meminerat, sal"
tantes Nymphae Hymenaeum acclamabant : interdum vero seorsum
canebant, solae, quiescentibus Orphei lyra et voce»» Cette excellente
correction a été admise par tous les éditeurs qui ont suivi Brunck.
Merkel fait remarquer que le poète décrit le yopbc xuxXioc : nDescribitur
^ofbc xuxXioc. KuxXta \kiXri dicta sunt xa. ttiv ocuxTiv uis60ea-iv ttx^^^» epcorrt-
9Ctc xa\ sicoxfcaeic, SchoL Aristoph, Av., gig, "»
V. 1 199. C'est toi qui as inspire' à l'esprit d'Arété (ov yàp xa\ iià 9peoV
Ovixac 'Apr^TncV — ApoUonios emploie ici une expression homérique :
« Car la déesse aux bras blancs, Héra, l'avait inspiré à son esprit. >
{Iliad., I, V. 55.) Cf. Iliad., VIII, v. 218.
V. 1 2o5. Car il était lié par d'inviolables serments (àppiqxToiffi S'êvi-
Ceu^ac txfn Spxoïc)- — Dûbner propose de corriger ti^ ^^ ^X^*^' • ^iLegen-
dum ix^x\ V. 1084. 1 On lit, en effet, au vers 1084 ' i^ydiXotaiv ev^v^etai
c( £Oev opxoic. La correction de Dûbner est très admissible; mais elle ne
semble pas indispensable. Il y aura peut-être été amené par la manière
dont Beck traduit la leçon vulgaire : a Inviolabilibus constrictam tenuit
(sententiam) sacramentis. » Mais il n'est pas besoin de sous-entendre
sententiam; on peut prendre ïxv^ dans le sens intransitif et traduire : il
se tenait ferme (il était) ayant lié (lui-même) par d'inviolables ser-
ments. On sait, en effet, que dans la langue des poètes le verbe f^civ
joint à un participe passé ou aoriste a le sens intransitif de être, se
trouver dans tel ou tel état, qu'il a dans la langue ordinaire quand il
est joint à un adverbe. Cf. l'exemple connu du Philoctète de Sophocle
(v. 1 362) : « Oauitdéaaç ïx^ TÔôt, je suis ayant été étonné, ou j'ai été
étonné, ou simplement je m'étonne de cela. »
V. 1212. Les Bacchiades.— liBsLCch'is, fils de Dionysos, vivait à
Corinthe. Les plus nobles citoyens de cette ville tiraient de lui leur
origine; ils en furent chassés à cause du meurtre d'Actaion. Voici les
motifs de cette expulsion. Mélissos avait été le bienfaiteur des Corin-
thiens : car il les avait sauvés alors qu'ils allaient être détruits par
Pheidon, roi des Argiens; aussi il obtint des honneurs au milieu d'eux.
Une nuit, s'étant rendus devant la maison d'Actaion, ils voulurent
enlever l'enfant; les parents ayant résisté, il arriva que l'enfant fut
mis en pièces. Au moment où les jeux Isthmiques allaient avoir lieu,'
Mélissos, se tenant devant l'autel, prononça de nombreuses imprécations
contre les Corinthiens et les maudit s'ils ne vengeaient pas la mort
d'Actaion. Ayant ainsi parlé, il se jeta dans le précipice qui était
au-dessous de lui. Craignant de laisser sans vengeance la mort
384
NOTES
d*Actaion et obéissant aux ordres de la divinité elle-même, les Corin-
thiens chassèrent les Bacchiades. L'un d*eux, Chersicrate, colonisa
Corcyre, en a3*ant expulsé les Colchiens qui y habitaient. Ceux-ci
passèrent en kpire. » (Scol.) Les Bacchiades avaient régné à Corinthe
pendant trois siècles environ (de 936 à 657 av. J.-C.); avec eux tomba
le régime aristocratique. Leur histoire est racontée par Hérodote
(V, 92), par Diodore de Sicile {/ragm. du livre VH, p. 3i5 du
volume I*' de l'édition Didot), par Strabon (3a5, 8 et suiv.}, par
Pausanias (II, 4), etc. Dans un fragment du livre VIII (p. 3ao
du volume I*' de Tédition Didot), Diodore raconte avec détails la
mort d*Actaion, qui, d*après lui, était fils de Mélissos, ce que le Sco-
Itaste d'ApoUonios ne dit pas. Archias de Corinthe, épris d*amour
pour le jeune Actaion et n'ayant pu se faire aimer de lui, malgré toutes
ses promesses, se précipita avec ses convives à la suite d'une orgie,
contre la maison d* Actaion. Mélissos, père de l'enfant, secondé par ses
serviteurs, opposa à cette invasion de gens avinés une vive résistance;
Tenfant mourut pendant la lutte. Après leur expulsion, les Bacchiades
s'établirent en Sicile et à Sparte. Strabon (234, i5 et suiv.) rapporte
que Chereicrate, qui serait, d'après lui, un Héraclide et non un descen-
dant de Dionysos, partit de Corinthe avec Archias qui devait aller
fonder Syracuse, et s'établit lui-même à Corcyre d'où il chassa les
Liburniens qui occupaient alors cette île.
— Éphyra» — c Corinthe s'est nommée Éphyra, d'Éphyra, fille d'Épi"
méthée. Eumélos dit qu'Éphyra, fille d'Océanos et de, Téthys, était la
femme d'Épi méthée. » (Scol.) D'après Épiménide, Éphyra serait la
mère d'Aiétès (voir la note au vers 242 du Chant III). Pausanias (II, i)
rapporte, d'après Eumélos également, qu'Éphyra, fille d'Océanos,
habita d'abord dans la région de Corinthe. Beaucoup de villes de
l'Hellade antique ont porté ce nom d'Éphyra (cf. Strabon, 390, 28 et
suiv.) Il est déjà question dans les poèmes homériques d'une Éphyra
en ÉUde {Iliad,, II, v. 659) gt d'une Éphyra en Thesprotide {Odyss,, I,
v. 259), en même temps que de l'Éphyra qui se trouve à l'extrémité du
pays d'Argos fécond en couraiera (Iliad., M, v. i52).
V. 12 14. Aux monts Cérauniens des Ahantes, — Voir la note au
vers 519.
V. 121 5. Les Nestaiens» — Les Nestaiens ou Nestiens sont les habi-
tants de la terre Nestienne dont il a déjà été parlé (v. 337). Voir la note
au vera 33o.
— Dans la ville d'Oricos. — Oricos ou Oricon est une ville d'Épi re
située au milieu des monts Cérauniens. Elle a Panormos pour port
(Strabon, 263, 1 1 ; 369, 29). Cette ville est très souvent mentionnée
par les auteurs anciens. Pline rapporte la tradition d'après laquelle
elle fut fondée par les Colchiens : « Oppidum Oricum a Colchis
conditum. » (AT. If., III, 145.)
V. 1 2 1 6. Le temps avait marché longuement, — « C'est-à-di re longtemps
après. Timée dit que, six cents ans après la guerre de Troie, Chersicrate,
descendant des Bacchiades, colonisa l'île. Les Colchiens ayant passé
dans l'Ile voisine, et, après cela, s'étant rendus dans les monts Cérau-
niens et dans le pays des Abantes et des Nestaiens, établirent une
NOTES 385
colonie à Oricos. Celui qui conduisit cette colonie est un des Bacchiades,
Chersicrate, qui avait été dépouillé de ses honneurs par les Corinthiens.
V. 12 17. En l'honneur des Moires et des Nymphes. — aTimonax,
dans le premier livre de ses Scythiques, dit que Jason épousa Médée
en Colchide, Aiétès la lui ayant fiancée. Il dit aussi : c Quand vous
naviguez le long des rivages du Pont, on vous montre des jardins
nommés Jardins de Jason, où Ton rapporte que le héros aborda; dans
Aia même, il y a des gymnases, des disques, Tappartement nuptial de
Médée, où elle fut donnée en mariage à Jason; il est aussi, près de la
ville, un temple élevé en Thonneur de Jason, et, auprès, beaucoup
d'autres temples encore. » Timée donne aussi des renseignements sur
le sacrifice : il dit qu'on le célèbre encore chaque année et que Médée
avait commencé par sacrifier dans le temple d'Apollon. On a élevé des
monuments en souvenir des noces, tout près de la mer, non loin de la
ville. On nomme l'un [des autels] celui des Nymphes, l'autre celui des
Néréides. ApoUonios appelle l'un celui des Nymphes et l'autre celui
des Moires. « (Scol.)
V. 1 2 1 8. Au temple d'Apollon Nomios. — « C*est parce que la décision
d'Alcinoos a été rendue suivant la loi [xixk v6|aov] que Médée a élevé le
temple d'Apollon Nomios. t (Scol.) On a vu (note au vers boy du
Chant II) quel est le sens ordinaire de Tépithète N&ti,ioc. Souvent
appliqué à Apollon (voir Preller, Griech. MythoL, erster Band, dritte
Auflage, p. 21 3), ce mot semble désigner toujours c le dieu pasteur qui
habite les pâturages et qui veille sur les troupeaux». (Decharme,
Afythol., p. i27.)L'étymologie de N6|xioc est ^i[ua, paître. Le Scoliaste
imagine, pour les besoins de sa cause, l'étymologie v6(ioc, loi.
V. 1227. Sur les frontières de la Libye. — Tout cet épisode des aven-
tures des Argonautes en Libye se trouve déjà dans Hérodote (IV, 179)
et dans Pindare (/ V* Pythique), Les auteurs qui se sont occupés des
Argonautes après ApoUonios n'y font pas allusion : Apollodore et
Diodore de Sicile n'en disent rien. Strabon, qui a collectionné soigneu-
sement tous les renseignements plus ou moins authentiques sur
l'itinéraire des héros, ne donne aucune preuve de leur passage en
Libye.
V. 1228. Le golfe qui doit son nom aux Ambraciens. — Le golfe
d'Ambracie, formé par la mer de Sicile, a trois cents stades de circuit;
le canal, large de quatre stades, qui lui sert d'entrée, est à treize cents
stades des monts Cérauniens. (Strabon, 269 et 270.) Au lieu du mot
'A(JLppaxir,wv, leçon des mss., Brunck écrit 'ApLicpaxir.fov, qui se lit dans
beaucoup de mss. au vers 493 de la Périégèse de Denys : « Vêtus est
haec scriptura in poeta cujusve antiquitatis studioso reponenda. » Cette
justification de la correction semble insuffisante. — Les mss. ont itoxi
X&X1COV èictSvupLov 'A{i.ppoixir|Wv. Flangini le premier a corrigé noT{, qui
n'a pas de sens ici, en icotc, correction adoptée par Beck, Wellauer et
Lehrs. Merkel préfère avec raison icoOi, qui a le mâme sens que icoxt,
qui se rapproche davantage de la leçon des mss. et qui se lit déjà au
vers 225 du Chant III.
V. 1229. Le pays des Courètes, — Le contexte indique qu'Apollonios
place ce pays sur le continent, au sud du golfe d'Ambracie et avant les
49
386 NOTES
îles Échinades, situées sur la côte d^Acarnanie. Le Scoliaste ne dit rien
du pays des Courètes, mais il est facile de Tidentifier avec rAcarnanie.
En effet, Éphore, cité par Strabon (398, 4 et suiv.), dit que les Courètes,
maîtres à Torigine de TAitolie entière, furent vaincus dans plusieurs
combats par Aitolos, fils d*£ndymion, qui venait d*Élide, et durent se
retirer dans le pays nommé depuis TAcarnanie. Archémaque d^Eubée,
cité également par Strabon (399, 44 et suiv.), dit aussi que les Courètes,
habiunts de Chalcis en Eub^, passèrent en Aitolie dans le canton de
Fleuron. Aristote, dans la Constitution des Acamaniens (Strabon, 267,
28), dit qu'à Torigine la partie orientale de TAcarnanie fiit occupée
par les Courètes. Apollodore (I^ 7, 6) appelle la terre des Courètes le
pays qu^Aitolos envahit et auquel il donna son nom, après Tavoir
conquis. D'après Pausanias (VIII, 24, 9), plusieurs auteurs disent que
les habitants de l'Acarnanie, appelés d'abord les Courètes, reçurent
leur nouveau nom d^Acarnan, fils d'Alcmaion et de Callirhoé. —
Homère {liiad., IX, v. 629) fait déjà allusion à une guerre entre
les Courètes et les Aitoliens.
V. i23o. Les étroites Échinades, — Ce sont des îlots voisins de la
côte d^Acarnanie. Voir Strabon (393, 43, etc.). VOdyssée (XV, v. 299)
les appelle les îles pointues (f^çii), à cause de leurs rochers qui s'avancent
en pointe dans la mer. Le mot Échinades signifie hérisson (e^voc),
surnom dû à la forme de ces îlots étroits aux pointes rocheuses qui
semblaient se grouper autour de l'embouchure de l'Achéloos comme
les piquants d'un hérisson.
V. 1235. Au fond de la Syrie, — c II y a deux Syrtes en Libye; elles
sont bourbeuses, il s'y produit des reflux comme dans l'Océan. Ce
sont des endroits où les navigateurs sont entraînés [xaTaa>ifovTat] et
où ils trouvent la mort. » (Scol.) Cette note du Scoliaste fait allusion
à l'étymologie probable du mot Syrte (^jpco, entraîner). Ce mot peut
désigner tout golfe vaseux et encombré de bancs de sables où les
navires peuvent se perdre. Les auteurs anciens l'appliquaient à deux
golfes de la côte de Libye, aux environs de la Cyrénaîque. ApoUonios
ne parle que d'une Syrie: on en distinguait généralement deux, la
Grande-Syrte (golfe de Sidre) et la Petite-Syrte (golfe de Gabès). On
trouve de nombreux renseignements sur les Syrtes dans Strabon,
dans Pline l'Ancien, etc.
V. 1238. L'écume afflue sans bruit (xcaçti). — «Immobile parce que
la Syrte est bourbeuse. » (Scol.) Cette scolie n'explique pas le sens du
mot xctffT) que Brunck, suivi par flangini et l'édition Tauchnitz, a
corrigé en xovfT) (légère), d'après une conjecture de Valckenaer. Cette
correction inutile supprime un mot qui fait image. Dûbner dit avec
raison : c Lege ut vulgo xio^i^, sine ullo strepitu fiuctus, quasi muta
aqua. »
V. 1246. La sur/ace de la terre immense. — Cette description du
désert voisin des Syrtes ressemble à celle que Salluste (Jugurtha, 79)
a faite de la môme région : « Ager in medio harenosus, una specie;
neque flumen^ neque mons erat...»
V. 1266. Les masses d'eau roulent pour se briser sur des sables
blancs d'écume. — Dans sa description des Syrtes, qui est un résumé
NOTES 387
de celle d*Apollonios, Denys {Perieg., v. 198 et suiv.) imite en parti-
culier ce vers : Les flots refluent et roulent sur les sables secs.
V. 1280. Tels... des hommes... — Tout ce passage est le développe-
ment d*une comparaison homérique [lliad., XVI, v. 384 et suiv.). La
description et la comparaison d^Apollonios ont été reprises par Virgile
(Georg., I, V. 32 5 et suiv.; v. 476 et suiv.; IV, v. 261 et suiv.), par
Tibulle (II, v, v. 77-78, édit. Mullcr).
V. 1284. Soit que des statues des dieux... — t Quand un événement
terrible devait avoir lieu, citait l'ordinaire de voir les statues des dieux
suer. C'est ce qui arriva à Thèbes, au moment de la bataille de Chéronée,
entre Philippe et les Thébains. t (Scol.) Pour les prodiges qui ont
annoncé la bataille de Chéronée, voir Plutarque ( Vie de Démosthène, 19).
V. 1289. Les héros .. se traînaient en proie à la tristesse (r,Xuov). —
Les mss. ont îJXuOov. La correction, qui semble fort bonne, est de Brunck :
« Sic ineptam libroi'um omnium lectionem, tJXuOov, certissime emendo. »
Apollonios imite un vers de VIliade (XXIV, v. 12): // se traînait,
triste, le long du rivage de la mer (dtvevcox' âX^Swv icapà Otv* &>&c).
Brunck fait remarquer qu'Oppien use du même mot àXuw dans une
belle comparaison (Halieut., IV, v. 335-344) qui n'est pas sans rapports
avec ce passage d* Apollonios : c Quand une mère désolée, quand une
épouse voit partir pour un lointain pays le fils aimé de sa vieillesse ou
le compagnon de sa couche, le cœur de cette femme se meut avec peine
dans sa poitrine {hAw aXrSet). »
V. i3oo. Tels, sur les bords escarpés du Pactole... les cygnes. —
« Le Pactole est un fleuve de Lydie qui se nomme maintenant le Chry-
sorroas. » (Scol.) On connaît la tradition d'après laquelle le Pactole roule
de l'or depuis que Midas s'y est baigné. Mais, d'après Strabon (642,
52), le fleuve qui roule de Vor, le Chrysorroas, est un cours d'eau
de la Coelésyrie qui n'a aucun rapport avec le Pactole. Pline cite le
Chrysorroas de Coelésyrie (V, 74) et d'autres fleuves du Pont et de
Btthynie qui portent le même nom (V, 148; VI, 14); mais il fait remar*
quer que le Pactole se nomme aussi Chrysorroas : ^Ex quo [Tmofo
monte] pro^uen te Pactolo eodemque Chrysorrhoa. » (iV. H., V, 110.)
Quant à la double comparaison de Médée et de ses compagnes avec
des petits oiseaux tombés de leur nid et avec des cygnes qui chantent
au bord du Pactole, on peut en trouver les éléments dans deux compa-
raisons de VIliade: l'une (II, v. 461 et suiv.), où il est question de
grues et de cygnes dont les cris font retentir les bords du Caystros;
l'autre (IX, v. 323-324) où l'on voit un oiseau portant leur nourriture
à ses petits encore sans plumes.
V. 1 304. Les plaintes d'un chant de deuil (eXutvbv c^Xepiov). — c Le
mot tT)Xe|ioc signifie thrène. Son nom lui vient de lalémos, fils d'une
Muse. » (Scol.) Le Guelf. a la leçon êXutvbv laXcfiov. Fils d'Apollon et de
Calliope, lalémos est un de ces poètes mythiques auxquels on attri-
buait l'invention des chants primitifs destinés à exprimer la joie ou la
douleur. Voir Preller, Griech. Mythol., zweiter Band, dritte Auflage,
p. 490.
V. 1 309. Les héroïnes tutélaires (tt(iin9pot). — « Le mot niJLriopot désigne
les héroïnes qui surveillent [Sfçopoi] la Libye, ou bien celles qui sont
388 NOTES
honorées [tt|uA|uvai] en Libye; Tifii^ofot veut dire les juges [ifxâixoi]. >
(Scol.)
V. 1 3 10.7 De la tête de son père. — « Stésichore est le premier qui ait
dit que la déesse Athéné a bondi armée de la tête de Zeus. » (Scol.}
V. i3ii. Pour la baiser dans les eaux du lac Triton (T^'tuvoc
C9' dSaat xvtXfi&aavTo). — Callimaque {Hymne à Zeus, v. 17) emploie la
même expression pour décrire un foit semblable : ...t6xoio Xiifiatta
XutXctfvavTo. « I^ Triton est un fleuve de Libye; il y a aussi un fleuve
du même nom en Béotic. Cest, paraît-il, auprès du premier de ces
fleuves que naquit Athéné, d'où son nom de Tritoge'néia, Telle est la
tradition de^ quelques-uns. D'autres disent que ce nom vient de tpâv, >
verbe qui signifie avoir peur, à cause de la frayeur qu'elle inspire à ses
ennemis. » (Scol.) Cf. la scolie au vers 109 du Chant I** : « Il y a trois lacs
nommés lac] Triton : Tun en Béotie, le second en Thessalie, le troi-
sième en Libye; c'est auprès de ce dernier que naquit Athéné. > Voir,
pour Athéné Tritonide, la note au vers 55 1 du Chant I*'. « Duaefabulae
mixtae, » dit Dûbner avec raison; en efiet, pour donner plus d'impor-
tance à ces héroïnes de la Libye et peut-être aussi plus de vraisemblance
à leur bienveillante intervention auprès de Jason, le protégé d*Àthéné,
Apollonios rattache la légende de ces héroïnes à celle de la déesse
Tritonide, et leur fait jouer un rôle important au moment de la nais-
sance merveilleuse de la fllle de Zeus. Cette tradition concernant les
héroïnes de la Libye doit appartenir au poète des Argonautiques : je
ne connais aucun autre auteur qui ait rapporté que ces déesses se
soient occupées d*Athéné enfant. D'après le Scoliaste, Stésichore est le
premier qui ait dit que la déesse Athéné a bondi armée de la tête de
Zeus; c'est donc Stésichore que Pindare suivait, quand il montrait
{VII* Olympique, v. 35 et suiv.) la tête de Zeus fendue par la hache
d'Héphaistos et Athéné en bondissant avec des cris effroyables qui
faisaient frémir d'horreur le ciel et la terre. U Hymne homérique
(XXVIII) à Athéné^ où se trouve la même description, serait donc
postérieur, sinon à la VII* Olympique, du moins au poème de
Stésichore auquel le Scoliaste fait allusion.
V. i322. Nous sommes les déesses solitaires (oioiràXoi)* ~ ç C'est-à-
dire qui errent à la suite de leurs brebis [icep^ Tac olc noXoOaai]. Il les
appelle indigènes [xOovi'ac] parce qu'elles sont les filles de la Libye;
elles sont protectrices des troupeaux. Le mot xOovtai veut dire nées de
la terre [ynY''^^^]* Douées de la parole humaine, parce qu'elles peuvent
entrer en conversation avec les hommes. Callimaque fait mention de
ces nymphes, disant : O héroïnes, maîtresses de la Libye^ vous qui
portez vos regards vers le séjour des Nasamons et leurs rivages étendus,
prolonge!^, je vous It demande, la vie de ma mère!» Hoelzlin, trompé
peut-être par cette citation où il est question des Nasamons, comprend
le mot oton6Xoi comme le Scoliaste et le traduit par deae pecorariae :
css déesses, dit-il, s'occupent de soigner les troupeaux comme font les
Nasamons. Shaw est seul à reproduire la traduction d'Hoelzlin. Brunck
dit fort bien : «Oioic6Xoi, déserta habitantes, l'^em quod épi)|jiov6|Aot, in/ra
i333 [en efiet, comme Jason, en répondant aux déesses, les appelle
(pri|iov6|Aoi, cela prouve bien qu'il a donné le sens de déesses habitantes
NOTES 389
des déserts au mot oion6Xoi, par lequel elles se sont désignées elles-
mêmes, quand elles lui ont, les premières, adressé la parole]... Per-
peram vero Scholiastes exponit. Triton a Pindaro vocatur oioic6aoc
isti&itfv, Pythion., IV, 49, ubi non adeo insulsus fuit latinus interpres,
ut verteret pecorarius deus. »
V. i323. Héroïnes tutélaires et filles de la Libye. — « Libye, Epaphi
filia, Neptuno amata, quae tertiae orbis parti nomen suum dédit. »
(Brunck.) Il me semble qu'en disant AipuY]c TtfjiiQopot T)8à OuyoïTpec,
ApoUonios montre qu'il entend par Ai^uv) le pays même, la Libye,
et non Libye, qui a donné son nom à ce pays. Il sera question d^
Libye au vers 1742.
V. i3a5. Aussitôt qu'Amphitrite aura dételé le char,., de Poséidon.
— Divinité relativement récente, Amphitrite n*est pas citée dans
V Iliade; elle est mentionnée dans VOdyssée (V, v. 421; XII, v. 60, 97),
Cest à partir d'Hésiode {Théogonie, v. 930) qu'elle est regardée comme
la femme de Poséidon. Elle participe à son pouvoir et à ses honneurs,
comme Héra à ceux de Zeus. Souvent représentée sur les monuments
de l'art grec et surtout de l'art gréco-romain, on la voit d'ordinaire à
côté de Poséidon sur un char traîné par des chevaux marins. Cf. De-
charme, Mythol., p. 331-334; I^reller, Griech. Mythol., erster Band,
dritte Auflage, p. 489-490; CoUignon, Mythol, figurée de la Grèce,
p. 2 10. — Je pense qu*en montrant Amphitrite, non pas sur le char de
Poséidon comme une reine,. mais occupée à dételer les chevaux de son
époux, ApoUonios a voulu vieillir en quelque sorte cette divinité marine
d*origine récente. Il donne à cette déesse que Vlliade ne connaît pas
des occupations servîtes dont la déesse Héra de Vlliade ne dédaignait
pas de s'acquitter. Ne voit-on pas, en effet, l'épouse de Zeus atteler
elle-même ses propres chevaux (Iliad., V, v. 731-732), comme, dans
les Argonautiques, l'épouse d'un dieu moins haut placé que Zeus daps
la hiérarchie détellera les chevaux de son mari ?
V. 1327. A votre mère. — « Il veut dire [ou plutôt, elles veulent dire,
puisque ce sont les déesses qui parlent] le navire, car le navire les porte
dans sa cavité, comme une mère [porte un enfant] dans ses flancs. »
(Scol.) M. Cartault (ouvr. cité, p. 41) dit à propos du nom de ictpitdvaiov
(péritoine) que les anciens Grecs donnaient, d'après Pollux, aux baux
qui réunissent par en haut les deux Aancs du navire : c Nous trouvons
là une de ces métaphores hardies qui forment le fonds de la langue des
matelots et sur lesquelles nous aurons à chaque instant l'occasion de
revenir. La concavité du navire était comparée par les marins au
ventre d'un animal : xvto; xa\ fà^Tpa, selon l'expression de Pollux. Le
Scoliaste d'Apollonius de Rhodes dit, en parlant du navire Argo, qu'il
renferme ceux qui le montent, comme une mère porte ses enfants dans
son sein. »
V. 1329. Dans la divine Achaîe. — «Le poète désigne l'Achale, ou
la Thessalie, ou l'Hellade : plutôt la Thessalie. Car les habitants de ce
pays se nomment les Achalens. Homère a dit : Maintenant ceux, tous
tant qu'ils sont, qui habitaient Argos Pélasgique [Jliad., II, v. 681];
et plus loin : On les appelait et Myrmidons et Hellènes et Achalens
[Iliad., II, v. 684]. » (Scol.)
390 NOTBS
V. 1339. Sa voix puissante (|l«pttT) f^oYT^. — Les mss. ont poptfst
qui se rapporte mal au mot pTi^^ct (lis hailiers). Les anciennes éditions
ont pofc^x que Bninck corrige en pcltfoii: c5ic omnino legenéum,
Vulgo poptltt, f MO^ ad floYT^ re/emnt Non satis aptum leonis rugitui
epithetum iÙud est, quod tamen si ei Poeta tribuere poiuisset, script
tisset papc{i), non papefa. » Wellauer propose la correction papeCv} adoptée
par Merkef : cette correction a le double avantage de se rapprocher plus
quep«6tfai de la leçon des mss. et de donner un sens plus satisfaisant
que ce mot. Comme le dit Wellauer, Tadjectif convient parfieiitement à
la Toix du lion, et, de plus, « ^vj^vat adjectivo non eget^ sed tOotth
^egre epitheto caret ».
V. 1 348. Ceintes de peaux de chèvres» — * Brunck fait remarquer à
propos de ce vers quel soin Apollonios prend de donner aux person-
nages qu'il met en scène le costume qui leur convient: mAccuratam
in minimis rébus peritiam ostendit Poeta morum, habitus, cultusque
Mversarum, quarum meminit, gentium, ut ex comparatione Herodotei
loci, in recensione populorum Africae Ubro l V, p. 364, constabit. »
Voici, en effet, ce que dit Hérodote (IV, 189) : f Les femmes de Libye
portent par-dessus leurs habits des peaux de chèvre sans poil, garnies
de franges et teintes en rouge. » Brunck rapproche aussi du vers
d'Apollonios une épigramme de Nicenaetos (Analect,,, 1. 1*', p. 416):
•« Héroïnes, vous qui habitez le rivage montagneux des Libyens,
«ceintes de peaux de chèvre et de franges entrelacées ! »
V. i363. Un ckeuat. — C'est à tort que Ton rapproche Tapparition
tnerveilleuse de ce cheval du présage que donne à Enée Tapparition de
quatre chevaux aperçus sur les cdtes d'Italie {A en., IH, v. 537 et suiv.) ;
Anchise comprend que ces chevaux sont un signe de guerre, tandis
que les Argonautes voient dans Tapparition du cheval qui sort de la
mer une confirmation de ce que les héroïnes ont dit à Jason : le char
de Poséidon a été dételé par Amphitrite.
V. i386. Pendant dou^e jours entiers, — Il est probable que si Apol-
lonios n*insiste pas sur cet épisode, c'est parce que la Médéede Pindare
y a déjà fait allusion dans ta /K* Pythique. — D'après une autre tradi-
tion rapportée par Justin {Histor,, XXXII, 3), c'est pour passer de
rister à l'Adriatique que les Argonautes auraient porté leur navire sur
leurs épaules, aucun cours d'eau n'ayant la largeur et la profondeur
nécessaires à Argo.
V. 1 39 1 . Les eaux du lac Triton. — Le lac Triton, dans lA Cyrénaîque,
est cité par Strabon (710, 7 et suiv.); près de lui se trouve un autre lac,
dit lac des Hespérides. Le lac Triton, formé par le fleuve du même
nom, est situé au sud-ouest de la Petite-Syrte. Scylax {PeripL, {no)
donne à entendre que le lac Triton communique avec la Syrte, puisque
il affirme qu'alors que la mer se retire, ce lac qui a un circuit de
mille stades ne peut donner accès aux navigateurs. Pour Apollonios, le
lac Triton est évidemment un lac d'eau salée qui communique avec la
mer, puisque, quand les héros y sont parvenus, ils y déposent bien le
navire Argo, mais ils ne peuvent y apaiser leur soif et se mettent
immédiatement à la recherche d'une source d'eau douce (v. 1394);
plus tard, le dieu Triton, qu'ils ont la bonne fortune de rencontrer et
NOTES 391
de se rendre favorable, fera passer le navire Argo du lac dans la
mer.
V. 1396. Le serpent Ladon né de la terre, —r « Pisandre suppose que
le dragon était né de la terre; Hésiode dit qu'il est né de Typhon.
Âgroitas, dans le livre III de ses Libyques, dit qu'il ne s'agissait pa&
de pommes [{i.r|Xa], mais de moutons [(in^a signifie aussi moutons] fort
beaux, qu'on appelait les moutons d'or, et qu'ils avaient un berger
sauvage qu*on surnommait le dragon à cause de sa férocité. Phérécyde
raconte, dans son livre X, qu'au moment du mariage d'Héra, la terre
produisit des pommiers qui portaient un fruit d'or; les Nymphes, filles
de Zeus et de Thémis, qui habitaient une caverne auprès de TÉridan^
conseillèrent à Héraclès dans l'embarras de demander à Nérée où il
pourrait prendre ces pommes d'or; Héraclès s'empara de Nérée par
force : s'étant d'abord transformé en eau et en feu, puis revenu à sa
première forme, celui-ci donna des indications au héros. Le héros se
met donc en route vers les pommes d'or. Arrivé à Tartessos, il passe
en Libye, où il tue le cruel Antée, fils de Poséidon. Puis il arrive sur
les bords du Nil, à Memphis, auprès de Busiris, fils de Poséidon, qu'il
tue ainsi que son fils Iphidamas et son héraut Chalbès et ses serviteurs^
davant l'autel de Zeus où ils immolaient les étrangers. Arrivé à Thèbes,
il passa en traversant les montagnes dans les déserts de Libye où il
tua à coups de flèches beaucoup de bétes sauvages. Après en avoir
purgé le pays, il descendit jusqu'à la mer extérieure ; ayant reçu d'Hélios
une coupe d'or, il s'y embarqua et arriva au pays situé en face, ayant
traversé la terre, la mer et l'Océan. Étant arrivé auprès de Prométhée
et ayant été vu par celui-ci, il fut apitoyé par ses supplications et tua à
coups de flèches, alors qu'il volait vers lui, l'aigle qui rongeait le foie
de Prométhée. En récompense, celui-ci lui donna l'idée de ne pas aller
lui-même chercher les pommes, mais de se rendre auprès d'Atlas et de
le prier de les lui porter, pendant qu'il soutiendrait le ciel à la place
d'Atlas, jusqu'à son retour de chez les Hespérides. Ayant écouté ces
paroles, Héraclès va trouver Atlas, lui explique quel travail lui est
imposé et lui demande d'aller prendre trois pommes chez les Hespérides
et de les lui porter. Atlas établit le ciel sur les épaules d'Héraclès, alla
vers les Hespérides, reçut d'elles les pommes et revint vers Héraclès;
mais il lui dit qu'il porterait lui-même les pommes à Eurysthée et
demanda à Héraclès de soutenir le ciel à sa place. Héraclès, le lui ayant
promis, imposa à son tour par une ruse la charge du ciel à Allas. Car
il lui demanda, comme Prométhée le lui avait conseillé, de se charger
du ciel, pendant qu'il se ferait une tresse qu'il placerait sur sa tête.
Atlas, ayant jeté les pommes à terre, reprit le fardeau du ciel. Héraclès,
s'étant saisi des pommes, s'éloigne et va à Mycènes auprès d'Eurysthée
les lui montrer. -* Le même Phérécyde fait le récit suivant dans son
livre II : Quand Zeus épousa Héra, la terre lui donna en présent les
pommes d'or voisines de l'Océan. Un dragon les gardait, qui était né
de Typhon et d'Échidna, qui avait cent têtes et des voix de toutes
sortes. » (Scol.)Pour toute la légende de la conquête des pommes d*or
des Hespérides, voir Decharme, MythoU, p. 53i-333.
V. 1 399. Les Nymphes Hespérides s'empressaient, -^ « Leur nom
392 NOTES
vient soit de ce qu'elles apparaissent le soir [laicâpac], soit de ce que
leur demeure est en Hespérie. Les Hespérides étaient filles de Phorcos
et de Cétô. De l'une d*elles Tile où habitait Géryon a pris son nom, ce
Géryon qui possédait le chien Orthos, frère de Cerbère, qu*Héraclès
tua. D*autres disent les Hespérides filles d* Atlas. » (Scol.), Phérécyde
place la demeure de ces Nymphes en Hespérie, auprès de TEridan (voir
la note au vers 1396) et il les confond avec les Héliades, voisines de
rÉridan (voir Scol. au vers 742 de VHippol^te d'Euripide et Heync,
ad Apollodori Bibliothecam Observationes, p. 167). D'après d'autres
traditions (Decharme, MythoL, p. 248), les Hespérides, nuages dorés
du couchant, ont pour père un astre brillant, Hespéros, fils lui-même
d'Atlas. Hésiode {TTiéogonie, v. 21 5) fait des Hespérides les filles
de la nuit. ApoUonios nomme trois Hespérides: Hespéré (v. 1427),
THespéride par excellence, Aigle (v. 1428), Véclatante, et Érythéis
(v. 1427), la rougeâtre; c'est cette dernière, qui a, comme dit le
Scoliaste, donné son nom à l'île Érythéia (Hésiode, TTiéogonie, v. 290
et 983) où Héraclès tua le chien Orthros (et non Orthos, comme dit le
Scoliaste). Cf. Decharme, MythoL, p. 627. M. Decharme (MythoL,
p. 53 1) fait d'ailleurs remarquer que c le dragon Ladon, fils de
Typhaon et d'Echidna, a évidemment une certaine affinité avec le
chien Orthros».
— Chantant avec des accents charmants. — Hespérides Hesiodo Itfu-
ç<dvoi [Théogonie^ v. 276 et 5 18], Euripidi &|iva>^ [Herc. Fur., v. 394,
u(iv(i>douc TK x6pac] et âoidai [HippoL, v. 742 : *£9icepiSa>v... t5v àoid&v]
dicùntur,"» (Brunck.)
V. 1403. Comme les flèches avaient laissé... — Brunck explique très
nettement le sens de cette phrase, embrouillé comme à plaisir par les
traducteurs latins : c Serpentem sagittis conflxerat Hercules : sagittae
vero in serpentis vulneribus et proinde sanguine admiscuerant et reli^
querant lethale virus Lernaeae hydrae, quo olim intinctaefuerunt. Ideo
quae vulneribus insidebant muscae, gustato venenato tabo, statim ares-
cebant et moriebantur, »
V. 1405. Au milieu de la putréfaction des blessures (icuOofiivotviv èç'
ëXxevi). — c Au lieu de oir)ico(Aévoi;, il emploie icvOofjifvotc, mot d*où vient
le nom de la Pythie, car elle résidait là où le dragon avait pourri. Myclos
de Nëapolis dit que le nom du pus [icOov] vient de la même origine, car
le pus est le sang pourri. D'autres disent que le nom de la Pythie vient
soit de ce que ceux qui venaient interroger l'oracle étaient avides de
savoir [ic8u9Ttxfi>ç ^X'^vrac], soit d'une vierge Pythique, dont le nom était
Pythis, et qui était fille de Delphos. » (Scol.) Pour les étymologies du
nom de Pytho, voir la note au vers 207 du Chant I*'. On trouve dans
V Hymne homérique à Apollon (v. 179-197) l'étymologie qui fiiit venir
le nom du serpent Python de icuO», pourrir. Percé des flèches du dieu,
le monstre devient le pourrissant, le Python. En souvenir de sa
victoire, Apollon est surnommé le Pythien, et la ville qui s'élève à
l'endroit où le serpent était établi, prend le nom de Pytho. Voir
Decharme, Mythol.^ p. 104 et suiv.
V. 141 2. Soit que l'on vous compte au nombre des déesses du ciel.., —
c II s'exprime ainsi, car, parmi les Nymphes, les unes sont célestes, les
NOTES 393
autres terrestres; celles-ci habitent les fleuves, celles-là, les marais,
d'autres encore, la mer. En somme, la race des Nymphes admet de
nombreuses divisions, comme le dit Mnésimaque de Phasélis, dans ses
Catalogues méthodiques [ev Atax^apioïc].» (Scol.) A vrai dire, il n*y a
pas de Nymphes qui méritent exactement le nom de Nymphes célestes,
comme le Scoliaste Taffirme, puisqu'elles «ont quitté les demeures
célestes où elles sont nées pour résider désormais sur la terre ».
(Decharme, MythoL, p. 33 1). Orphée donne à toutes les Nymphes qu'il
invoque le nom général de postérité sacrée d'Océanos (v. 14 14). A
l'époque homérique, au contraire, la plupart des Nymphes sont consi-
dérées comme filles de Zeus {Iliad., VI, v. 420; Odyss,, VI, v. io5).
V. 1442. La soif le desséchait (il^ xotpxa^îo;). — C'est une expres-
sion homérique : c Desséchés par la soit (fii'^ xapxatXéoOf couverts de
poussière, ils fuyaient. » (Iliad,, XXI, v. 341.)' Pierron dit à propos de
ce vers de V Iliade : « Il ne faut pas confondre xapxQt^^oc avec xap^aXéo;
quoiqu'ils se rapprochent beaucoup pour le sens. Ils viennent l'un de
xâpxapoc (violent, rude), et l'autre de xàpfo» (sécher),,. Les Troyens ont
la langue et le gosier tout rugueux, tout racornis, ce qui dit plus encore
que secs, » On peut rapprocher de l'expression homérique l'expression
virgilienne asperque siti (Georg,, III, v. 434).
V. 1449. Courbé en avant comme une génisse, — Une comparaison
semblable se trouve deux fois dans Nicandre : « Si un homme, accablé
par la soif, s'abreuve à un fleuve, courbé en avant à la manière d'un
taureau. » {Alexiph., v. 493.) c Tel un taureau courbé en avant boit à
un fleuve...» (TTreriac.^ v. 340.)
V. 1452. Telles.,, les fourmis,,, ou telles, des mouches. — « Formica^
rum similitudine usus est Virgilius, sed aliorsum transtulit, A en. IV,
V, 402,'» (Brunck.) Quant à la comparaison des mouches, Apollonios
semble en avoir emprunté l'idée à deux comparaisons homériques.
Dans V Iliade (II, v. 469 et suiv.), l'empressement des Achéens qui se
préparent à combattre les Troyens est comparé à celui des essaims de
mouches qui envahissent une bergerie, alors que les vases s'emplissent
de lait; la même comparaison est appliquée (XVI, v. 641 et suiv.) aux
guerriers qui se pressent autour du cadavre de Sarpédon renversé
dans la poussière.
V. 1464 et suiv. Les deux fils de Borée,,. Euphémos,,, Lyncée...
Canthos, — Voir, au sujet de ces divers héros, les notes aux vers 211,
179, i32, 77 du Chant I*'. Les fils de Borée se confient dans leurs
ailes; Euphémos, dans la rapidité de ses pieds; Lyncée, dans l'excel-
lence de ses yeux qui pénètrent au loin. Seul, Canthos n'est doué
d'aucune qualité physique qui le désigne pour aller à la recherche
d'Héraclès. Il est entraîné par son courage, son amitié pour Polyphémos
et surtout par sa destinée qui est de mourir en Libye (cf. les vers 77 et
suiv. du Chant 1*').
V. 1470. L'Eilatide Polyphémos, — Voir la note au vers 1177 ^^
Chant I".
V. 1479. Comme au premier Jour du mois on aperçoit la lune,., —
On sait comment Virgile (Aen,, VI, v. 432-434) a fait sienne cette
comparaison qu'il a rendue à la fois bien plus touchante et bien plus
$0
394 NOTES
juste: il ne s'agit plus du géant Héraclès, dans VÉnéide, mais de
I*ombre pâle et silencieuse de Didon qui apparaît au loin dans la clarté
lugubre des enfers, semblable à la lune qui, mince encore, au premier
jour du mois, glisse à peine aperçue eûtre les nuages.
V. 1485. Les Kères funestes. — Voir Ta note au vers 689 du Chant I**.
Apollonios parlera encore au vers i665 des Kères « qui rongent le cœur
des humains, chiennes rapides d'Adès, qui, du milieu des brouillards
où elles tourbillonnent, se lancent sur les vivants ». Noires divinités,
filles de la Nuit (Hé&iode, Théogonie, v. 211), les Kères exercent sur-
tout leur activité pendant les batailles sanglantes où elles font leur
proie des mourants et des blessés (cf. le Bouclier d'He'raclès, v. 349
et suiv.). C'est ainsi que les Kères s'emparent de Canthos tombé sous
les coups de Caphauros. c Outre les Kères des champs de bataille, il y
en a d'autres qui, sous des formes diverses, tendent des pièges incessants
à la vie humaine, qu'elles sont avides de détruire. » (Decharme, Mythol.,
p. 419.) Ce sont celles-là qui aideront Médée à faire mourir le géant
Talos (v. 1669 et suiv.); enfin, les Kères, synonymes des Parques
romaines, sont souvent les Moires qui donnent aux humains la mort
naturelle : c'est à elle que faisait allusion Polyxo, s*attendant à mourir
de vieillesse {Argonaut., I, v. 690).
V. 1490. Phoibos Lycoréios. — « Lycoréios est pour Delphique;'Car,
d'abord, les Delphiens se nommaient Lycoréiens; ils tiraient ce nom
d'un village appelé Lycoréia.» (Scol.) Voir la note au vers 711 du
Chant II. Le surnom Lycoréios d'Apollon a peut -être ici une autre
origine : le dieu, en même temps qu'il a aimé une Nymphe nommée
Acacallis(Pausanias, X, 16, 5), a aussi été l'amant d'une autre Acacallis,
fille de Minos (Pausanias, VIII, 53, 4). Antoninus Liberalis {Trans-
forma, lib. XXX) rapporte, d'après Nicandre, que cette Acacallis eut
Milétos d'Apollon. Redoutant la vengeance de Minos, son père, elle
exposa cet enfant dans une forôt, où Apollon le fit nourrir par des
loups (X'jxot). Apollonios suit sans doute une légende où Garamas
remplace Milétos, et le nom de Lycoréios peut venir des loups par
lesquels Apollon fit nourrir le fils qu'il avait eu d'Acacallis. C'est,
semble- 1- il, l'opinion de Brunck: € Acacallidis Minois flliae ex
Nicandro meminit Antoninus Liberalis, cujus ex narratione, cap* 3o,
colligere quis possit non temere hic a Poeta Apollini epitheton Auxe»-
peioio tributum fuisse, sed ad nominis etymon eum respexisse. »
V. 1493. Dans son sein appesanti, — < Alexandre, dans le livre I*' de
ses Crétiques, dit qu'Acacallis eut commerce avec Apollon et avec
Hermès; d'Apollon elle eut Naxos; d'Hermès, Cydon, qui donna son
nom à la ville de Cydonia en Crète. » (Scol.) Pausanias (VIII, 33, 4) dit
que Cydon, le fondateur de Cydonia, est fils d'Hermès et d'Acacallis,
fille de Minos.
V. 1494. Garamas. — «Les Garamantes sont un peuple de Libye
[cf. Strabon, 709, 7 et suiv.; etc.]. Il est incertain si c'est ce peuple
qui a pris son nom de Garamas, ou si c'est Garamas qui a pris le sien
de ce peuple. » (Scol.) Il est probable que Garamas est le héros éponyme
des Garamantes; mais ce héros est également inconnu sous ses deux
noms de Garamas et d'Amphithémis. Agroitas, cité par Hérodien
NOTES 395
{Histor. Graec. Fragm., vol. IV, p. 294) rapporte qu^Amphithémis,
uni i diverses Nymphes, eut d'elles plusieurs fils, entre autres Psyllos
qui donna son nom au peuple des Psylles. Agroitas ne cite pas Caphauros
parmi les fils d*Amphtthémis. On ne sait rien de ce Caphauros, ni de
sa mère, la Nymphe Tritonis, qui était probablement une Nymphe du
lac Triton.
V. i5o2. VAmpycide Mopsos, — Cf. les vers 77-85 du Chant !•'.
V. 1 5 1 1 . Paiéon, — C*est le médecin homérique des dieui (Iliad., V,
V. 401, etc.), bien distinct d*ApolIon en Thonneur de qui on chante le
péan (icatr,ttiv, Iliad., I, v. 473), non pour le prier de guérir les héros
malades de la peste, mais pour le remercier d*avoir fait cesser le fléau.
Le dieu en Thonneur de qui on chante le péan et le divin médecin
Paiéon seront confondus bientôt après Tépoque homérique. Mais,
fidèle aux traditions anciennes, Apollonios a soin de distinguer Paiéon
d'Apollon.
V. i5i3. Persée-Eurymédon (c*est de ce dernier nom que sa mère
l'appelait), — Voir pour Danaé, mère de Persée, la note au vers 1091.
Dans ses notes à ce vers et au vers i5i5, le Scoliaste raconte à peu
près toute la légende de Danaé et de Persée, d'après Phérécyde. —
Apollonios est, à ma connaissance, le premier qui ait donné à Persée
ce second nom d'Eurymédon, celui qui règne au loin. Plusieurs person-
nages homériques portent ce nom : le cocher d'Agamemnon {Iliad., IV,
V. 228), un serviteur de Nestor {Iliad,, VIII, v. 1 14), un roi des géants
{Odyss,, VII, V. 58). D'autres héros légendaires se sont nommés de
même. C'est seulement après Apollonios qu*on trouve la mention de
ce nom d'Eurymédon appliqué à Persée. Hésychius : « EOpuiiiSwv à
Ilcpvtùc?^ Iloaeidfiiv [cf. Pindare, Olymp,, VIII, v. 3i : tOpu|Aé$(i>v tc Iloaci-
2&v] ^ Mx^ xa\ '£p|AT)<. » Etym, M., 687, 36 : c EvpviiéSoiv Bï à IIsp^cvc
txaXitto. » Apollonios a soin de noter les deux noms de Persée, comme
il a noté les deux noms d'Apsyrtos (voir la note au vers 242 du
Chant III). Je suppose que le poète se conforme à quelque tradition
savante : Danaé nommait son fils Eurymédon, et c'est seulement
quand le fils de Danaé fut considéré comme un héros solaire qu'on
lui donna le nom de Persée. « Fils du Dieu lumineux du ciel, conçu
par sa mère dans l'obscurité, il se rapproche par là d'Apollon, fils de
Zeus et de Létô. Son nom même confirme ce rapprochement. Dans la
Théogonie, Perses est un Titan, frère d'Astraeos, mari d'Astéria;
rOcéanide Perséis est l'épouse d'Hélios. Le héros argien est nécessai-
rement de la même famille que ces personnifications des grands astres
du ciel. » (Decharme, AiythoU, p. 637.)
V. i5i5. La Gorgone, — « Alors que Persée vivait à Sériphos avec
sa mère auprès de Dictys et devenait déjà grand, le frère utérin
de Dictys, Polydectès, qui était alors roi de Sériphos, ayant vu Danaé,
en devint amoureux; mais il ne savait comment s'unir à elle. Alors,
ayant préparé un festin, il y invita beaucoup de convives, Persée entre
autres. On demanda à Persée quel serait 1 écot du festin ; Polydectès
disait que ce serait un cheval, Persée répondit : Ce sera la tête de la
Gorgone. Mais, le lendemain du repas, comme les autres convives qui
devaient payer leur écot, Persée amena un cheval. Le roi ne voulut pas
396 NOTES
I*acc«pter et lui réclama, conformément à sa promesse, la tête de la
Gorgone : s'il ne la lui apportait pas, le roi disait qu*il prendrait sa
mère en mariage. Plein d*angoisse, déplorant son malheur, Perséc se
retire dans la partie la plus reculée de Tile. Mais Hermès, lui étant
apparu et Payant interrogé, apprend la cause de ses lamentitions. Il
Tencourage, et le conduit d'abord auprès des Craies, filles de Phorcos,
Péphrédo, Enyo et Deino; Âthéné avait pris les devants. Il enlève aux
Craies Pœil et la dent qu'elles se prêtaient Tune à l'autre. S'étant aper-
çues de ce vol, elles poussent des cris et supplient qu'on leur rende
leur oeil et leur dent : car toutes trois elles se servaient tour à tour du
même œil et de la même dent. Persée leur répond qu'il les a et qull
les rendra si elles lui indiquent les Nymphes qui possèdent le casque de
cuir, les sandales ailées et la besace d'Adès. Elles lui donnent les indi-
cations nécessaires, et il leur rend leur œil et leur dent. Étant allé vers
les Nymphes avec Hermès, leur ayant demandé et ayant reçu d'elles
ce qu'il désirait, il attache à ses pieds les sandales ailées, il suspend
la besace à son épaule et il met le casque de cuir sur sa tête. Ainsi
équipé, il arrive en volant vers TOcéan et vers les Corgones; Hermès
et Athéné l'accompagnaient. Il trouve les Corgones endormies. Les
dieux lui enseignent comment il faut s'y prendre pour couper la tête
en se détournant, et ils lui montrent Méduse qui, seule des Gorgones,
était mortelle. S'étant approché d'elle, il lui coupe la tête, la jette dans
la besace et s'enfuit. Les deux autres Corgones, s'en étant aperçues, le
poursuivent, mais elles ne le voient pas. Persée, arrivé àSériphos, se
rend auprès de Polydectès et lui demande de rassembler son peuple,
pour montrer à tous la tête de la Gorgone; il savait que ceux qui la
verraient seraient changés en pierres. Polydectès rassemble son peuple
et dit à Persée de montrer la tête; celui-ci la tire de sa besace, en
se détournant, la montre et tous ceux qui l'ont vue sont change en
pierres. Mais Athéné, ayant demandé la tête de la Gorgone à Perséc,
la place sur son égide; il donne à Hermès la besace, et il rend aux
Nymphes les sandales et le casque de cuir. — Telle est l'histoire que
Phérécyde raconte dans son livre II. D'autres disent que Persée ayant
coupé la tête de la Gorgone, vola au-dessus de la Libye et que des
gouttes de sang qui tombèrent à terre, des bétes féroces naquirent, ce
qui fit donner à la Libye le surnom d'abondante en bétes féroces.
[Lycophron] fait le même récit dans VAlexandra [v. 835].» (Scol.)
C'est l'éditeur des Scolies, H. Keil, qui renvoie au vers 835 de Lyco»
phron : en réalité, c'est dans les vers 88o et suiv. de VAlexandra qu'il
est question de la mort de Mopsos. — Je ne trouve pas avant Apollo-
nios trace de cette légende des serpents de Libye nés du sang de la
Gorgone. Ovide {Met,, IV, v. 6i5 et suiv.) a développé ce passage des
A rgonautiques :
Viperei referens spolium mcmorabile monstri,
Aera carpebat (eneram stridentibus «lis.
Cumque super Libycas victor penderet barenas,
Gorgone! capitis gutiae cecidere cruentae ;
Quas humus exceptas varies animavit in aogues,
Lnde fiequens illa est infestaque tcnra colubris.
NOTES 397
Lucain {Pharsal., IX, v.6i 9-699) a raconté à son tour très longuement
tout l'épisode de la victoire de Persée sur la Gorgone et de sa course
aérienne au-dessus de la Libye pour expliquer Porigine des innombra-
bles serpents qui infestent ce pays. Cf. v. 696-699 :
111a tamen sterilis tellus, fecundaqae nullo
Arva bono, Tirus stillantis tabe Medusae
Concipiunt, dirosqae fero de sanguine rores,
Quos calor adiuvit putrique iocoxii harenae.
V. 1519. — I^ plante du pied gauche (Xatov... xapabv itoô6ç). — Cf.
Iliad,,. XI, V. 377 : Tapabv dsÇiTepoTo no56(. Le mot Tapvb; signifie en
général toute superficie plane et unie.
V. 1 5 20. Le gras de la jambe et le péroné {xipMoL xoi (Au&va). — Le mot
|iu<tfv (de {1.0c, muscle) signifie la chair musculaire, le gras de la jambe
(Iliad. ^ XVI, V. 3i5) ou du bras (Iliad., XVI, v. 3-24). Le mot xepxtç,
dans les poèmes homériques (Iliad., XXII, v. 448 ; OJyss., V, v. 62),
désigne le bâton au moyen duquel les tisserands primitifs fixaient les
fils de la trame : c'est le radius des Latins. Plus tard, on a entendu par
xipxCc l'os long et grêle placé à la partie externe de la jambe, le péroné^
et aussi l'os long qui occupe la partie externe de l'avant-bras et qu'on
désigne en français par le mot latin radius. Cf. Celse, VIII, i : « Radius,
quem xcpxfôa Graeci appellant... » On peut, à propos de ce passage,
constater une fois de plus la précision qu'Âpollonios met dans les
descriptions physiologiques. Voir les notes aux vers 2o5 du Chant II
et 763 du Chant III.
V. 1 52 1 . Aféde'e et les autres femmes, ses suivantes (Mi^Seia xa\ oXXai. ..
àfi^ficoXoi). — «t xcà aZxai. Sic emcndo. A bsurde vulgo xa\ étXXai. >
(Brunck.) Il est facile de traiter une leçon d^absurde : mais il vaudrait
mieux essayer de la comprendre. Brunck devrait, en effet, savoir qu'on
trouve souvent en grec aXXoc seul, là où un nom devrait se joindre en
apposition à aXXo; qui, dans ce cas, signifie en outre, déplus ou d'autre
part. Cf. Koch, Grammaire grecque, traduction de Rouff, \ 81,
Remarque III, p. 269. Brunck aurait trouvé dans VOdyssée de nom-
breux exemples de cet emploi d*àXXoc, exemples qui prouvent que sa
correction est aussi déplacée que pédante. Cf. Odyss., II, v. 41 1 :
Ma mère ne le sait pas, non plus que les autres [femmes, qui sont ses]
servantes. Voir encore Odyss., VI, v. 84, etc.
V. i523. De douleur excessive (Owéppiov aXyoç).— Les mss. ont à la
fin du vers i523 Oic&pptov iXttoç jfxetpsv, et, à la fin du vers 1622, fofvtov
CXxoc ôéça^aev. Cette répétition du mot £Xxoc dans deux vers de suite,
à la même place, a semblé suspecte à Brunck qui corrige, au vers i523,
sXxoc en «Xyoç : « Vox £Xxo; librarii errore e praec. v. repetita, hic
absurdissima es*t. Sane Oicéppiov erat vulnus illud, quo statim mortuus
est Mopsus. Sed cum ratio reddenda esset cur ille vulnus audacter
contrectaret, addidit Poeta, vulneris dolorem non ita magnum fuisse,
quod in carnium puirsdine et gangrena solemne est. » Combattue par
398 NOTES
Wellauer, cette correction a été adoptée par Flangini, Beck et rédition
Tauchnitz. Merkel, qui conserve cXkoc, dit : « oXyoc Brunckius, fort,
recte. » C*est d*aiUeurs diaprés le même principe qui faisait supprimer
par Brunck Tun des deux eXxoc des vers iSai et iSz'S que Merkel a
corrigé heureusement les vers 574 et SyS du Chant II qui se termi-
naient l'un par a^tc» Tautre par «ùttc. Voir la note au vers byS du
Chant II. — Dans un long développement sur les effets des morsures
faites par les serpents de Libye, Lucain {Pharsal., IX, v. 734 et suiv.),
qui imite évidemment ApoUonios, constate le peu de douleur qui suit
la blessure. Cf. v. 739-740 :
Vil dolor aut s«nsus dentit fuit ; iptaque leti
Frons caret invidia ; iiec quidqotm plaga mioatur.
V. 1524. Une langueur (xfii|ia). — Voir la note au vers 2o5 du
•Chant IL
V. iSiS. Un nuage épais («x^^^c)* — ApoUonios emploie ici une
expression homérique {Iliad., V, v. 696; Odyss,, XXII, v. 88). Nicandre
■{THeriac, v. 430) constate aussi Tefiet du venin sur la vue de l'individu
atteint : « Le venin rapide infecte les membres et s*en repaît, un nuage
épais s*étend sur les yeux et les dompte. »
V. i53i. Les poils (Xâx^). — Brunck écrif a^vi), leçon qu*il avait
-conjecturée avant de la trouver dans un ms. de Paris. Il entend par ce
mot l'écume que produit le violent afflux des liquides purulents qui
sortent d'un corps en décomposition, putrificae uliginis effluxu,
spumae illius, quae liquescentibus camibus oboriiur, Wellauer, qui
<iéfend avec raison la leçon Xâxv<}> dit bien : « *Axv«) quomodo deputrijfca
uligine dici possit, prorsus non intelligo, neque ilia àicb x?^ ^^^ <^
Xpo6< fluere dici debebat. Pilorum vero defluvium saepe tanquam
4ummae putredinis signum commemoratur. 1
V. 1 533. Us s* arrachèrent... une partie de leur chevelure. — C*cst une
coutume homérique : aux funérailles de Patrocle {Iliad., XXIII, v. i33),
les Myrmidons couvrent le mort de leurs cheveux qu'ils s'arrachent.
Les Danaens agissent de même dans les cérémonies funèbres en
rhonneur d'Achille {Odyss., XXIV, v. 46).
V. i535. Trois fois.,. — Voir la note au vers loSg du Chant I*'.
V. 1541. Tel un serpent... — Dans VIliade (XXII, v. 93 et suiv.),
Hector qui marche contre Achille est comparé à un serpent furieux
qui rampe et se roule rapidement. Hésiode {Fragm. CXLII, édit. Didot)
comparait le cours sinueux du Céphisos à travers la Phocide à la marche
oblique d*un serpent : Apollonios a pu se souvenir de cette comparaison ;
il a été lui-môme imité par Denys {Perieg., v. 1-23-126) qui compare
à la marche oblique d*un serpent la direction du golfe d'Issos vers la
mer.
V. i552. Le très puissant Triton. — c Pindare, lui aussi, dans ses
Pjrthioniques, dans l'ode à Arcésilaos, raconte l'apparition de Triton. »
(Scoi.) Apollonios se borne, en effet, à développer toiis les détails de
l'épisode de Triton et d'Euphémos, déjà indiqués dans le discours de
Médée qui se trouve au commencement de la IV* Pythique. Hérodote
(1^1 179) raconte aussi l'apparition de Triton aux Argonautes, l'aide
NOTES 399
qu'il leur prête pour sortir des bas-fonds et la prédiction qu*il leur fait
après avoir reçu le trépied en récompense. — Dieu inconnu à Tépoque
homérique et dont il est question pour la première fois dans la
Théogonie d^Hésiode (v. gSo et suiv.), ie très puissant Triton (Pexpres-
sion TpcTuv tupup(v)c se trouve au vers gS i de la Théogonie, comme au
vers i552 du Chant IV des Argonautiques) est une divinité terrible
qui habite, au plus profond de la mer, des demeures d*or, auprès de son
père Poséidon et de sa mère Amphitrite. Apollonios fait de lui un dieu
bienveillant et prophétique comme Glaucos, dont il a été question au
vers i3io du Chant I*'. Doué du pouvoir de se métamorphoser, il
apparaît d'abord aux Argonautes, «semblable à un jeune homme»
(v. i55i), comme dans la IV* Pythique, Plus loin, Apollonios décrira
le dieu «tel qu'il devait 6tre vu sous sa forme véritable» (v. i6o3),
c'est-à-dire sous la forme consacrée par l'art antique. — Diodore de
Sicile (IV, 56), fidèle à son système inspiré d'Évhémère, fait de Triton
non un dieu, mais un roi de Libye qui secourut les Argonautes.
V. i558. Mon père Poséidon m'a instruit (effi{(rropa... Ovixc). — «Il
emploie êicUoropa pour xpirriv [juge"], Homère a dit d'Agamemnon :
Agamemnon Atride, celui qui sait, qui juge [Iliad., XXI II, v. 486].
Il entend par urva^, Agamemnon, le témoin, celui qui fait observer
la convention. Apollonios veut dire ici le surveillant, celui qui observe
la mer. » (Scol.) Au lieu de donner un exemple du mot Tanop, le Scoliaste
aurait mieux fait d'édaircir le sens du mot ivti^vùp, employé par
Apollonios, en citant l'emploi qui en est fait dans VOdyssée (XXI,
v. 26} : *IIpaxXT)a {leyâ^niv êiciîaTopa l^pytov, Héraclès qui connaît les grands
travaux. Tel doit être, dans notre passage aussi, le sens du mot. Triton»
pour tirer le navire Argo des bas-fonos d'où il ne peut sortir, doit
connaître ces parages et, de plus, avoir la puissance d'aider les Argo-
nautes. Il dit d'abord qu'il est êicuorcop : il connaît ces endroits; il dit
ensuite qu'il règne sur cette contrée maritime (v. i359, àvavvu») :
savoir, pouvoir, il a donc tout ce qu'il faut pour porter aux Argonautes
une aide efiBcace.
V. i56i. Eurypylos. — C'est aussi sous ce nom que le Triton de
Pindare se présente aux Argonautes : il leur dit « qu'il se nomme
Eurypylos, fils du dieu qui embrasse la terre de ses eaux et qui
rébranle» (/F« Pyth,, v. Sy-Sg). Le Scoliaste a déjà parlé (note au
vers 5oo du Chant H) d'Eurypylos, roi du pays où la ville de Cyrène
devait s'élever. Il ajoute ici : t Eurypylos, fils de Poséidon et de
Célaino, fille d'Atlas, était roi de Cyrène. Phylarque, dans son
livre VII, l'appelle Eurytos et dit qu'il avait un frère nommé Lycaon.
Acésandros, dans le premier livre de son ouvrage surCyrène, dit que
Cyrène régna après lui sur la Libye. Callimaque, en parlant de
Cyrène, fait mention d'Eurypylos [Hymne à Apollon, v. 92]. »
-^ La Libye, nourricière des bétes féroces {Xi^^i^ dtjpotpôço)). — Les
scolies de Paris disent qu'on lit OY^porpifo» et ii-vjXoTp^^o) [qui nourrit des
brebis]; les scolies I^urentiennes n'expliquent que cette dernière leçon
qui pourrait être défendue par l'emploi de la même épithète appliquée
à la Libye que fait la Pythie dans son discours à Battos (Hérodote, IV,
i55, Aipvf)^ |&r|XoTp6fov). Mais Varron de l'Atax avait sous les yeux un
40D NOTES
ms. portant la leçon Qr^poTpi^, quand il écrivait sa traduction des
Argonautiques, Cf. Philargyrii Commentarius in Virgil. Georg., III,
V. 1 76 : ff A ntiqui autem fetum pro gravido soient ponere. Ut Varro
Atacinus: Fêta feris Libye. »
V. 1 562. La motte de terre, — Dans Pindarc, c'est Triton lui-même,
se faisant passer pour Eurypylos, qui offre à Euphëmos la motte de
terre comme gage d^hospitalité. Dans Apollonios, au contraire, c*est
Euphëmos qui se présente pour accepter la motte offerte aux héros en
général. Fils de Poséidon, il reconnaît naturellement un frère dans
le prétendu Eurypylos; tandis que le Triton de Pindarc trahit son
incognito en s*adressant de lui-mâme à Euphémos dont le prétendu
Eurypylos, qui n^est pas un dieu, ne peut avoir deviné Torigine.
V. 1564. L'Apide, — €L*Atthide et la mer: on écrit aussi VApide:
c'est une île située devant la Crète; la mer de Minos est aussi devant la
Crète, qui était le royaume de Minos : comme il éuit maître de la mer
[OxXarroxfat&v; sur la OaXarroxpax{a de Minos, voir la note au vers 5 16
du Chant II], il s*était soumis les îles. » (Scol.) Tous les mss. ont 'At6î8x,
leçon conservée par les éditions antérieures à celle de Wellauer. Mais
ce n'est pas la route de TAtthide, c'est-à-dire de l'Attique, que les
Argonautes veulent savoir: ils cherchent à aller vers la terre de
Pélops (v. 1370). D'autre part on ne connaît pas Tile Apis ou Apide
dont parle le Scoliaste. Gerhard {Lection, Apollon,, p. 19) dit fort
bien : « Ut, qua ratione in Graeciam proficiscendum sit, sibi indicet,
Tritonem rogat Euphemus, Is quoniam et ipse fuit Peloponnesius, et
ceteri omnes versus Peloponnesum ut proximam Graeciae terram
tendebant, neque, Attica quamobrem memoretur, apparet, bona est
altéra lectio a Scholiis Florentinis memorata, 'Aicfds, si modo, quod
non dubito, alla forma fuit 'Aictc pro 'Am'a» quae, ut notum, et proprie
est Argos et latiore significatu Peloponnesus. "» Le contexte prouve
bien qu'il faut écrire 'Aicids, et que ce mot signifie le Péloponèse; si
la forme 'Aictç semble ne pas se trouver ailleurs, la forme 'Aicta est
bien connue (Acousilaos, /r^gm. 11, Histor. Graec. Fragm., vol. I*';
Ister, fragm, 43, op, cit.; Apollodore, II, i, i; Strabon, 3 19, 35;
Pausanias, H, 5, 7, etc.). Voir la note au vers a63.
V. 1578. Dirige^ votre course à main droite. — Voici l'itinéraire
que Triton indique aux Argonautes. Une fois entrés dans la mer, ils
serreront de près la côte, jusqu'à l'endroit où ils lui verront former un
cap, probablement le cap Phycous, qui, dit Strabon (710, 22 et suiv.),
est tourné vers le Nord et se trouve juste en face du cap Tainaros en
Laconie, dont il est éloigné d'une distance de 2,800 stades. Parvenus
à ce cap, ils doivent cesser de suivre la côte et s'avancer en ligne droite :
ils arriveront ainsi au cap Tainaros et n'auront plus qu'à côtoyer le
Péloponèse, puis l'Attique pour arriver à Pagases. Mais le souffle du
Notos (v. 1628) les détournera de cette ligne droite et ils n'arriveront
à l'île Aiginé (v. 1766), d'où la route sera facile vers Pagases, qu'après
avoir fait un long détour en passant par Carpathos, par la Crète et
par les Iles de la mer de Crète.
V. i588. Triton qui tenait le grand trépied (aOrocp ô teûac Tpitwv
àvO{{igvo; tpficoSoc ixéyav). — Brunck, suivi par Flangini, corrige aOràp
NOTES 401
oy' eb'iMic, jugeant le mot xtitaz oiseux, froid et inepte, et l'emploi du
verbe âvOioBai au sens absolu insolite chez Apollonios. c Praeterea cum
sequatur àvOipMvo;, 9110^ significat cum sîbi imposuisset, addi debuit
quo, cuinam corporis parti, impositum tripodem abstulerit : nam capiti,
humero, brachio imponi potuit. » Wellauer £iit remarquer que le mot
Ts(ii>; n'est pas si dénué de sens que Brunck le prétend: uSedsigni^
ficat: Interea, dum illi navem conscendebant et provehebantur. » De
plus, ajoute>t-il : « Seque obstat quidquam quominus àvad£«Oat ti in
universum significet sarcinam sublatam ferre. »
V. 1598. Triton, le monstre marin (âXtov T^pot;). — A propos du
vers 16 19 où revient le mot ripac appliqué à Triton, le Scoliaste dit :
«Il appelle Triton un monstre parce qu'une partie de son corps est
d'un homme, l'autre d'un cétacé. » Jason comprend bien que le préi>
tendu Eurypylos est un dieu marin, mais, ne Payant vu encore que
sous sa forme humaine, il ne peut décider si c'est le monstre Triton.
V. i6o3. Tel qu'il devait être vu sous sa forme véritable. — Apollo»
nios décrit Triton tel que nous le voyons représenté par l'art antique.
Cf. Pausanias, IX, 21. Voir Decharme, MythoL, p. 335; Collignon,
MythoL figurée de la Grèce, p. 212.
V. 1609. La quille (6Xxi^tov). — Voir la note au vers 1 3 14 du Chant !•'.
V. 1620. Un port nommé A rgoos. — « Il y a près du lac Triton un port
nommé port Argoos. » (Scol.) Strabon, qui mentionne le port homo-
nyme de l'île Aithalia (voir la note au vers 656), ne dit rien de ce port
Argoos situé sur la côte de Libye. Je ne trouve à ce sujet aucun rensei*
gnement dans les géographes anciens. Flangini identifie ce port avec le
Xi(&T)v *E9iitpt^v dont parle Strabon (710, 9).
V. 1628. Le Notos qui amasse au ciel des nuages blancs (àpy^orao
v6toii). — On a vu (Ch. II, v. 961 et 993) qu'Apollonios fait ailleurs du
mot âpY^vtv}; le nom propre d'un vent spécial, VArgestés, que le
Scoliaste (note au vers 961 du Chant II) assimile au Zéphyre. Ici,
suivant la tradition homérique (Iliad., XI, v. 3o6; XXI, v. 334),
Apollonios emploie kpylaxi^ comme simple épithète du Notos.
V. i632. Ils détachèrent la voile, couchèrent le long mat, -^ « Déver*
guer la voile se disait xà Ifftia Xûetv {pdjrss., XV, v. 495 [sic pour 496] ;
Apollon, de Rhod., IV, v. i632)... Abattre le mât se disait xX(veiv
(Apollon, de Rhod., IV, v. i632). » (Vars, ouvr, cité, p. 82 et 98.)
Apollonios dit aussi ^«X&v toriv pour abattre le mat (voir la note au
vers 1262 du Chant II).
V. i633. Courbés sur leurs rames, — Voir la note au vers 913 du
Chant I*'.
V. i636. La rocailleuse Carpathos (voLiicaXUfTvcL KapicaOoc). — a Car-*
pathos, une des Sporades, est voisine de Cos [de Casos?]. Homère l'a
nommée : Carpathos et Casos [Iliad,, II, v. 676]. » (Scol.) L'épithète
homérique itaticaX6eic est souvent appliquée dans VIliade et dans
VOdyssée à des montagnes abruptes, des chemins escarpés, des îles
hérissées de rochers. Strabon (419, 49) dit, dans le même sens
qu'Apollonios : 'H KdtpicaOoc {à'^iikt^ evrt. Dans VHymne homérique à
Apollon (v. 43), Carpathos est surnommée l'île exposée aux vents
(T)VE|AiSe<r9a). Cette épithète, qui est souvent, dans VIliade et dans
SI
402 NOTES
YOdyssée, appliquée aux endroits élevés, aux hautes montagnes et aux
grands arbres, confirme peut-être le sens de haute {^^i\kr) qu'il
conviendrait d'attribuer à icatica)6ca9a, au lieu de traduire ce mot par
rocailleuse,
V. i638. Talos. — «C'était, dit Sophocle dans son Talos, Tarrét du
destin que ce géant mourrait, i (Scol.) Pour la pièce consacrée par
Sophocle à Talos, voir le Sophocle-Didot, Daedalus, p. 370. L'histoire
de Talos est diversement racontée dans les légendes attiques et dans
les légendes Cretoises. A Athènes, Talos est un élève de Dédale, victime
de la jalousie de son maître. En Crète, c'est le 61s de Crès, ou un
homme d*airain fabriqué et donné par Héphaistos à Minos pour garder
rîle. Voir Heyne, ad ApoUodori Bibliothecam Observationes, p. 89;
Preller, Griech. MythoL, zweiter Band, dritte Auflage, p. 125-127 et
498; Decharme, MythoL, p. 673-674, etc. — Apollodore raconte,
comme Apollonios, U mort de Talos, vaincu par les enchantements de
Médée ([, 9, 26). Mais Tauteur des A rgonautiques est, à notre connais-
sance, le seul qui rapporte que Talos avait été donné par Zeus à Europe
pour être le gardien de Tîle de Crète. Cette tradition ne se retrouve
que dans Eustathe (note au vers 3o2 du Chant XX de VOdyssée).
Suivant la tradition ordinaire, c'est Héphaistos qui, après avoir
fabriqué le géant d'airain, le donne à Minos pour garder son île.
D'après Cinaithon, cité par Pausanias (VIII, 53), Crès est père de
Talos; Talos, d'Héphaistos, et Héphaistos, de Rhadamanthe. Apollo-
dore cite la tradition commune, qui fait de Talos un homme d'airain
fabriqué par Héphaistos, et aussi celle que suit Apollonios, diaprés
laquelle Talos serait un survivant de la race terrible et robuste des
hommes d'airain que Zeus a fait naftre des frênes (Hésiode, Œuvres
et jours, V. 143-145).
V. 1 640. Une station sûre (èitiarpiv) dans le port de Dicte', — Hésychi us
explique ainsi le terme homérique initùyoLÎ (Odyss., V, v. 404) : « Les
imwyaii sont des endroits accessibles où l'on peut relâcher et aborder. »
Ce sont, dit le Scoliaste, des lieux abrités où la force du vent est brisée
(«YVuTai). Le mol inuayri vient de itayri (Odyss., XIV, v. 533) que les
commentateurs d'Homère expliquent par vx^icy), abri. — Le mont Dicté
(voir les notes aux vers 509 du Chant I*', et 434 du Chant II) est
éloigné de la mer et n'est voisin d'aucun port. Je pense que par Dicté
Apollonios entend la Crète en général. Peut-être cependant l'auteur
des Argonautiques fait-il allusion au mont Dicté et le suppose-t-il,
comme faisait Callimaque, voisin de la mer. Strabon, en effet, rapporte
(411, 24) que, d'après Callimaque, dont il combat l'opinion, Britomartis,
s'élançant du haut du mont Dicté, serait tombée dans des filets de
pêcheurs.
V. 1644. Trois fois chaque jour (Tpt;).— Merkel avait d'abord, dans
son edit. minor, conjecturé toTc. C'est l'autorité de Meineke qui le
ramène à la leçon des mss. c Nunc video clar. Meinekium Vind. Strab,
p. 28 intelligere Tp\c Tr,; TJjiipa;; cui, ut par est, accedo.t Flanginî
rapporte que Mazzoni (Dif. di Dante, lib. III, cap. 20) avait déjà dit
que, d'après ApoIlonios,Talos tre volte il giorno correva tutto lo spa^ifio
delV Isola di Creta. Mais, blâmant cette interprétation qu'il trouve trop
NOTES 403
précise, Flangini préfère traduire simplement xplç par trois fois, sans
expliquer diene obiret, an mense, an anno. Excepté Hoelzlin qui traduit
ter in anno, les autres traducteurs latins obser\xnt| au détriment de la
clarté de ce passage, la prudente réserve de Flangini, en rendant xpiç
par ter,
V. 1647. ^Ai^ cette mince enveloppe.,, — Je traduis le texte de
Merkel, qui est celui des mss. : aùràp Ô Tvjvyc Xeictoç 0{ir,v, Wr,ç, ïx^,
«stpata xoi OavdTMo. Ce qui veut dire littéralement : Cette mince enve-
loppCj limite de la vie et de la mort, recouvrait la veine (n^vye qui se
rapporte à ouptyO* Brunck dit avec le ton tranchant qui lui est ordi«
naire : Vulgo, absque nullo sensu legitur t^v ys. Il écrit : tô; y*» nempe
TTjc ovpiYYoc Cette correction, qui a été adoptée par les éditeurs, excepté
Wellauer et Merkel, semble inutile. Wellauer, qui ne change rien au
texte, propose cependant une correction : «c Poetae manum levissima
mutatione restituere posse mihi videor scribendo : autàp 6 xin^^c* Xtirro-
a*jv«)v, X,tar^ '1%^ irctpaxa xa\ OavaToto, sed hic venam illam tenuissimam
{ab adjectivo Xeirciouvoc), mortis vitaeque terminum habuit, ut Melea-
ger, Carm. XXI, év 9o{ jjloi C(Ar,c icc{pata xx\ Oxvàtoio. » Cette correction
est plus ingénieuse que vraisemblable.
V. 1639. A l'abri des pierres (peXécav). — « Le mot peXiiav est pour
iciTpci>v. Homère donne aussi le nom de ^iXoç à la pierre lancée par le
cyclope [Odyss., IX, v. 495] et à toute espèce d'objet lancé. » (Scol.)
V. 1664. A travers les bancs des rameurs (Stà xXY)tda;). — Les mss.
ont xXv^Soc que Brunck a heureusement corrigé en xXv^$ac. « Médée
monte non sur les tolets, mais sur les bancs pour arriver au pont. »
(Vars, ouvr, cité, p. 119.) Voir la note au vers 358 du Chant I*'. Ce
n*est pas précisément sur le pont, mais sur le gaillard (en* txpti^iv) que
Médée se place.
V. i665. Les Kères. — Voir la note au vers 1485.
V. 1682. Tel un pin immense.,, — Cette comparaison, imitée de
l'Iliade (XIII, V. 389 et suiv.), rappelle celle qu'on a déjà vue aux
vers ioo3 et suiv. du Chant I*'.
V. 1691. Athéné Minolde. — L'épi thète de Minolde n'est pas au
nombre de celles qui accompagnent d'ordinaire le nom de la déesse.
Apollonios fait allusion au culte d*Athéné en Crète, quand il montre
les héros élevant un temple à Athéné Minoîde. Mi nos, le père de cette
Ariane dont nous avons vu Jason entretenir Médée (Ch. III, v. 998 et
suiv.), a régné avant l'époque de l'expédition des Argonautes. Mais
nous ne voyons nulle part qu'il ait institué en Crète le culte de la
déesse. L' Athéné Minoîde signifie sans doute simplement l' Athéné
honorée en Crète.
V. 1693. Le cap Salmonide. — Ce cap, qui forme l'extrémité orien-
tale de la Crète, est désigné dans Strabon sous la double forme de
IaX|ia»vtov axpov (87, 3o) et de Sotpudviov «xpov (406, i; 407, 41; 408, 7;
41 1, 22). C'est le promontorium Samonium de Pomponius Mêla (II, 7),
Sammonium ou Samoneum de Pline (AT. H,, IV, 58, 60, 61, 71).
V. 1695. La nuit,,, qu'on appelle « la nuit pleine de dangers affreux p
(tT)v icip Tc xstouXdcSa xtxXiqo-xouviv). — « Une nuit très obscure se nomme
xxTouXs; à cause de son caractère dangereux [vapà xh oXoov]. On Ut aussi
404 NOTES
dans le Nauplios de Sophocle rczpression vuxti xatouXoii. » (ScoL)
Suidas donne du mot xaTouXâc la mftme explication que le Scoliaste.
Hésychius fait venir ce mot soit de tTXw ou elXiu, envelopper, soit de
ovXoc, épais (r»»), soit enfin de oîXoc ou oXoi^, funeste (ÀXvtit). C'est
cette dernière étymologie qu*ApoIlonios adopte sans doute puisqu*il
donne au vers 1696 vûxt' oXoiqv comme synonyme de vuxra xatouXâia.
V. 1697. Cette nuit funeste {oiSXri oxotit)). — Les mss. ont oXXy}, une
autre nuit, que Hoelzlin explique par c quae non est ovpavifkv, sed e
barathron^ explication au moins peu claire, sinon ineptissima, comme
le dit Brunck, auteur lui-même de la correction alivin (invisible) qui
a le tort de sYloigner beaucoup de la leçon des mss. Hemsterhuys,
cité par Pierson ( VerisimiL, p. 216), proposait de lire "Aiîo^i, Vobscurité
du royaume d'Adès, Wellauer conserve èéXXv), qu*il explique autrement
qu'Hoelzlin. Mais son interprétation ne semble guère satisfaisante:
9Llmmo âXXT) axotiv) est, alter Tartarus, altéra inferorum caligo, ut
âXXv) K^icpic avavaa altéra Venus ap, Musaeum de Her, et Leandr., v. 33. »
Se fondant sur les étymolo^ies du mot xaTouXâç données par Hésychius
(voir la note au vers 1693), Merkel conjecture oiSkt^ avec beaucoup de
vraisemblance. Il semble^ en effet, qu*Apollonios tienne à expliquer
ce qu'il entend par le terme insolite de vuxtoi xxxovXâda, en accumulant
dans son texte les gloses, vvxt' oXoi^v. ovXi) oxotii).
V. 1 704. A Pytho, à A mycle'es, à Ortygie. — Ce vers est une répé-
tition presque textuelle des vers 418-419 du Chant I*'. — Voir sur
Pytho la note au vers 207, et sur Ortygie la note au vers 419 du
Chant I*'. Amyclées est une ville de Laconie célèbre par son temple
.d*Apollon (Strabon, 3 11, 38). Le dieu est, à cause de ce sanctuaire,
souvent désigné^par le surnom de 'A|iuxXaTo< (Preller, Griech, MythoL,
erster Band, dritte Auâage, p. 204).
V. 1707. Les rochers Mélantiens. -^ € Les rochers Mélantiens sont
au nombre de deux, situés auprès de Théra. Leur nom vient de Mêlas
qui a régné sur ce pays, j» (ScoI.) Les rochers Mélantiens sont mentionnés
par Strabon (544, 2) qui dit que, pour aller directement du cap Trogilion
au cap Sounion, le navigateur laisse à droite Samos, Icaria et Corsia,
et passe à gauche des rochers Mélantiens. Le Mêlas dont parle le
Scoliaste n*est pas autrement connu. Cf. Heyne, ad ApoUodori
Bibliothecam Observationes, p. 88.
V . 1 7 1 1 . Une des Sporades. . . A naphé. — Strabon (4 1 6, 4) fait mention
de Pile Anaphé qui est voisine de Théra et qui possède un temple
d'Apollon AiyXtjTto;. Pour ce surnom d'Apollon, voir Preller, Griech.
MythoL, erster Band, dritte Auflage, p. 207-208. Apollonios semble
être le premier auteur qui ait raconté l'origine merveilleuse d'Anaphé;
Apollodore (I, 9, 26) la raconte comme lui, mais il place la découverte
de cette île avant l'arrivée des Argonautes en Crète et avant Tépisode
de Talos.
V. 171 2. La petite île Hippouris. — «Hippouris est une île voisine
de Théra. 11 en est fait mention par Timosthène et par Pythainétos
dans le livre I*' de son ouvrage sur Aiginé. » (Scol.) L'île Hippouris
n'est pas citée par Strabon, mais Pline {N. H., IV, 71) la nomme en
mémo temps qu' Anaphé. Cf. Pomponius Mêla, II, 7.
NOTES 405
V. 1726. Un agréable échange de plaisanteries,,. — ApoWodore
résume le récit d'ApoUonios. Hérodote (V, 83) parle de cérémonies
religieuses célébrées à Aiginé où des chœurs de femmes échangeaient
des invectives. Pausanias (VII, 27) rapporte que, dans les fêtes de
Déméter Mysia, qui avaient lieu au Mysaion, sanctuaire de la déesse en
Achale, les hommes échangeaient avec les femmes des sarcasmes et
des plaisanteries. Voir Heyne, ad Apollodori Bibliothecam Observa-
tiones, p. 26 et 88.
V. 1733. Jl vénéra le fils illustre de Maia,— «Le poète dit qu*£u-
phémos adressa une prière à Hermès parce qu*un songe lui était
apparu. Hermès est, en effet, le dieu préposé aux songes; c'est à lui
qu'on en attribue l'envoi.» (Scol.) Ce caractère d'Hermès conducteur
des songes, noté avec précision dans l'Hymne homérique (II) à Hermès
(v. 14, ^TOtop' ôvcip«>Y), est déjà indiqué dans VIliade, « On croyait que
les fontômes des songes avaient une nature aérienne (âepoetdi^O» <)u'ils
étaient amenés par les vents auprès des hommes endormis. Hermès
est donc le dieu des songes et du sommeil. Il a une baguette merveilleuse,
dont il se sert à son gré, soit pour charmer les yeux des humains, soit
pour les tirer de leur sommeil {Iliad,, XXIV, v. 343-344). » (Decharme,
Mythol., p. 1 56.)
V. 1736. Une femme,,, — Tout cet épisode est imité de la IV* Py-
thique. Mais le songe d'Euphémos, dont il n'est pas question dans
Pindare, semble être de l'invention d'ApoUonios.
V. 1742. Libye, — Apollodore (II, i, 4) mentionne une Libye, fille
d'Epaphos et de Memphis, qui donna son nom à la Libye et qui eut de
Poséidon Agénor et Bélos. D'après Andron d'Halicarnasse (Fragm,
Histor. Graec, vol. II, p. 349), Océanos et Pompholygé eurent pour
filles Asia et Libye, qui donnèrent leurs noms à l'Asie et à la Libye.
V. 1751. Une île, — cEuphémos habitait en Laconie sur le rivage
de la mer. Un de ses descendants, Sésamos, passa à Théra; celui-ci
eut pour descendant Aristotélès qui conduisit une colonie à Cyrène.
Ces événements sont racontés par Pindare dans ses Pythioniques, et,
d'une manière plus détaillée, par Thëochrestos dans le livre I*' de ses
Libyques, et par Acésandros, dans le livre I*' de son ouvrage sur
Cyrène. » (Scol.) L'Aristotélès qui conduisit une colonie à Cyrène est
généralement connu sous le nom de Battos, qui lui fut donné par la
Pythie. Cf. Hérodote, IV, i55; Héraclidès {Histor, Graec, Fragm.,
vol. II, p. 212); Scol. de Pindare, Pythiq., IV, v. i.
V. 1758. Vile Callisté, — Strabon(298, 29) cite ce nom primitif de
l'ile Théra : « Un certain nombre de Minyens, sous la conduite de
Théras, fils d'Autésion, qui descendait lui-môme de Polynice, navigua
vers l'île qui se trouve entre la Crète et la Cyrénaïque, et qui, comme
dit Oillimaque, nommée d'abord Callisté, s'appela ensuite Théra. »
Théras est un Labdacide : « L'origine de Théras remontait à Œdipe.
Car il était fils d'Autésion ; Autésion était fils de Tisaménos ; Tisaménos,
de Thersandros ; celui-ci, de Polynice, le fils d'Gidipe. » (Scol.) Cf. Héro-
dote, IV, 147. On ne comprend pas très bien comment Apollonios
admet que les descendants d'Euphémos aient habité la Sintéide Lemnos,
(Voir, pour ce surnom de Lemnos, la note au vers 608 du Chant P'.)
4o6 NOTES
La chose est naturelle pour Pindare qui dit que les Argonautes se sont
arrêtés à Lemnos au retour de Colchide (voir la note au vers 609 du
Chant I*'), et qu'Euphémos, ayant partagé la couche des femmes'
étrangères et étant resté dans Tîle, y engendra une race de héros qui
devait coloniser Théra, après avoir vécu dans le pays des Lacédé*
moniens. Apollonios, qui n'a pas parlé des fils qu'Euphémos aurait
laissés à Lemnos, semble ici se contredire lui-même par suite d'une
imitation malheureuse de la IV* Pythique, Quoi qu*il en soit, Strabon
(298, iS) dit que les descendants des Argonautes, chassés de Lemnos,
passèrent à Lacédémone. D'après Hérodote (IV, 145), ce sont les
Pélasges qui ont chassé les descendants des Argonautes de Lemnos.
Mais les hommes Tyrrkéniens, comme dit ApoUonios, ont occupé
Lemnos, puisque Diodore rapporte (X, 19) qu'ils durent quitter File
par crainte des Perses. Cailimaque dit aussi {Hymne à Apollon, v. 74)
que le sixième descendant d'Œldipe quitta Sparte pour aller coloniser
Théra. — En somme, Apollonios reproduit au sujet d^Euphémos une
légende qui se trouve déjà dans Pindare et dans Cailimaque, qui est
plus tard confirmée par Strabon et par Diodore, mais qui semble
s'accorder assez mal avec les traditions que l'auteur àt^ Argonautiques
a suivies en plaçant le séjour de ses héros à Lemnos pendant le voyage
vers Aia.
V. 1763. Théra, — D'après Pindare et Apollonios, la motte de terre
donnée par Triton à Euphémos serait l'origine merveilleuse de l'île
Théra. Pline (iV. H,, II, 202) met cette île au nombre de celles qui ont
surgi soudainement à la surface de la mer. Théra serait née ainsi, comme
Rhodes et comme Délos, mais bien longtemps après elles, l'an IV de
la 145* Olympiade, c'est-à-dire cent quatre-vingt-dix-sept ans avant
l'ère chrétienne. Pline rapporte aussi {N, H,, IV, 70) que Théra se
nommait d'abord Callisté : c Thera, cum primum emersit, Calliste
dicta, » L'auteur de VHistoire naturelle ne dit pas la cause du change-
ment de nom de l'iie Callisté; mais puisque, d'après lui, l'île n'aurait
émergé que l'an IV de la 145* Olympiade, il ne peut évidemment
attribuer ce nouveau nom de Théra à Théras, dont Hérodote et
Cailimaque font le sixième descendant d'CEdipe. — L'île Théra
est aujourd'hui l'île Santorin. Voir H. Mamet, De insula Thera,
Lille, 1875.
V. 1766. Les côtes d'Aiginé. — Voir la note au vers 93 du Chant {•',
On sait que cette île se nommait d'abord Oinoné (Strabon, 323, 1); le
roi Aiacos lui donna plus tard le nom de sa mère Aiginé.
V. 1772. Les fils des Myrmidons, — Apollonios donne aux habitants
d'Aiginé leur nom mythologique qui fait allusion à la fameuse trans-
formation des fourmis en hommes destinés à remplacer les premiers
habitants de Tîie enlevés par la peste. Cette légende, déjà racontée par
Hésiode (Fragm. LXIV, édit. Didot) et connue surtout par la longue
narration qu'Ovide en a faite {Met., VII, v. 5 1 7-657), a été combattue
par Strabon (322, 47 et suiv.): «On dit que les Aiginètes se sont
nommés d'abord Myrmidons. Ce n'est pas, comme les mythes le
rapportent, qu'à la suite d'une terrible famine et sur le vœu d'Aiacos,
les fourmis (|&vp|&Tixec) soient devenues des hommes. Mais ce nom vient
NOTES 407
sans doute de ce que, creusant la terre à la manière des fourmis, les
habitants jetaient cette terre sur les rochers pour pouvoir y labourer,
et, pour économiser les briques, demeuraient dans les trous qu'ils
avaient creusés.» Apollodore (I, 9, 26) raconte, comme Apollonios,
qu'une contestation s*éleva parmi les Argonautes au sujet de l'eau
qu'ils devaient se procurer. — Je ne trouve aucun renseignement sur
cette course aux amphores, instituée par les Aighiètes en mémoire du
passage des Argonautes.
V. 1779. La terre de Cécrops. — Voir la note au vers 95 du Chant I*'.
Aulis est une ville maritime de Béotie bien connue. Cf. Strabon,
344, i5, etc.
V. 1780. Les villes Opountiennes des Locriens, — «Opous est le
nom d'un fleuve et d'une ville de Locride. » (Scol.) Voir la note au
vers 69 du Chant I*'.
V. 1 78 1 . Pagases. — Voir la note au vers 338 du Chant !•'. — « Voilà,
sous vos yeux, les scolies tirées de celles de Lucillus de Tarra, de
Sophocle et de Théon. Tarra est une ville de Crète, comme dit Longin
dans ses Entretiens philologiques. % (Scol.) C'est par cette remarque
puérile sur la patrie de Lucillus que se termine la compilation de
scolies qui se trouve dans le Laurentianus.
INDEX
NOMS QUI SE TROUVENT DANS LE TEXTE
ET DANS LES NOTES.
Abantbs (ot "ApavraO [/m], peu-
ple qui habite les monts Cérauniens,
p. 176, 1. 33. — Notes : Gh. IV.
V. 1214; 1216.
ABANTIA.DB (*ApavTta5y)ç)) Idmon»
fils d*Abas, p. 75, 1. 29, etc. Voir
Idmon. — Notes : Ch. II, v. 815.
Abantidb CApavxt;) [rEubée],
p. 174, 1. 18. Voir Eubée (V).
Ababnis (t) 'ApafïvfOi ville sur la
côte de la Propontide, p. 33, L 36.
— Notes : Ch. I*', v. 932.
Abas (*Apac)i père de Canéthos,
grand-père de Canthos, p. 6, 1. 31;
père putatif d'Idmon, p. 8, 1. 28. -»
Notes : Ch. !•', v. 77; 125; 139.
Abtdos (in ^'ApuSo;)» ville de
Troade sur l'Hellespontt p. 33* 1. 35.
— Notes: Ch.I*',v.93i.Ch.II,v.2.
ACACALLis ('AxaxaXXiOi ûHe de
Mino8,p.i85,1.29. — Notes: Ch.IV,
V. 1490; 1492.
AcASTOS C'Axa<rtoO> Argonaute,
fils de Pélias, p. 11, 1. 10; vient
rejoindre les héros, p. 14, 1. 1 1; tue
Sphodris dans le combat nocturne
contre les Dolions, p. 37, 1. 19; il
veille avec Mopsos, pendant le som*
meil de ses compagnons, p. 38, 1. 26.
— Notes : Ch. I*', v. 224; 1082.
ACHAÏB (^ 'Axott^O [^']i région du
Péloponèse, p. 9, 1. 33. — Notes :
Ch. I", V. 176; 202. Ch. IV, V. 1329;
1726.
ACHAÏB (V), prise pour THellade
en général, p. 13, 1. 6; p. 1 10, 1. 9;
p. 111,1. 20; p. 124, 1. 34; p. 144,
1* 14; P* 177» L 11; p. 180, 1. 20;
p. 183, 1. 18. — Cf. p. 102, 1. 13,
VAchaXB entière (t| riavaxatfc)- Voir
Panachienne (la terre).
AcHAÎNéBNMB ('AxativcT^, nom
donné par les chasseurs à une cer-
taine espèce de biches, p. 143, 1. 27.
— Notes: Ch. IV, v. 175.
ACHÂBNNB [la terre] (t) 'Abatte
YaTa), p. 1 1 5,1. 26. — Notes : Ch. III,
V. 775-
AcuÉLOlDBS CAxcXcoiae;) {les
Sirènes]^ p. 166, 1. 25. Voir Stri-
nés (les).
AcHÉLOOS (d 'AxeXcoioç)[/'], fleuve
qui coule entre TAcamanie et l'Éto-
lie, p. 1 47, 1. 2 1 ; le dieu de ce fleuve
uni à Terpsichore est le père des
Sirènes, p. 166, 1. 27. — Notes :
Ch. V\ V. 748. Ch. IV, V. 293 ; 895 ;
896; 1230.
ACHÉRON (ô 'Axiptûv) [/'], fleuve
de la région infernale, p. 24, 1. 31.
ACHÉRON (6 'Ax^pciAv) [/'], fleuve
du pays des Mariandyniens, indiqué
par Phinée aux Argonautes, p. 61,
1. 13; les héros arrivent en vue de
ce fleuve, p. 73, 1. 22 ; ils le traver-
sent à la rame, p. 78, 1. 19. Voir
Soonautès (le). — Notes : Ch. Il,
V. 353; 734; 743; 745; 746; 901.
ACHEROUSIAS (t) 'Axcpouviàc
axpYi) ,OM Achérousis(tj 'Axtpo*J9iO >
52
4IO
INDEX
cap de la côte des Mariandyniens,
signalé par Phinée aux Argonautes,
p. 6i, 1. la; description de ce cap,
p. 73, 1> 8 et suiv.; le roi Lycos
promet d*y élever un temple aux
Tyndarides, p. 75, 1. 18; tronc
d'arbre planté, en mémoire d'Idmon,
auprès du cap Achérousis, p. 76,
1. 27. — Notes : Ch. U, v. 353; 72b;
734.
Achille ('AxOeûOt ûls de Pelée
et de Thétis; la femme du centaure
Chiron le présente à son père Pelée,
embarqué sur le navire Argo, p. 22,
1. 2 ; Thétis brûlait les chairs de son
iils pour le rendre immortel, p. 165,
1. 35 et suiv. — Notes : Ch. I",
V. 5»; 93; 371 ; 558. Ch. IV, V.808;
813; 814; 816; 1541.
AcMONios (to 'Axji^viov à>«To;)
[le bois]t où Ares s'unit à la nymphe
Hamionia, p. 81, I. 18. — Notes:
Ch. II, V. 977; 992.
ACTOS C'AxTwp), père de 1* Argo-
naute Ménoitios, p. 6, 1. 2 1 ; grand-
père de l'Argonaute Eurytion, p. 6,
1. 24 ; père de Sthénélos. Voir Sthé-
nélos. — Notes : Ch. I*', v. 71.
Ch. II, V. 91 1.
AcTOKiDB (*AxToptdy]ç), Sthéné-
los, fils d'Actor, p. 78, 1. 29, 1. 34.
Voir Sthénélos.
Ad Es (*Aiôr,0. dieu infernal. —
La route qui descend chez Adès,
p. 61, 1. ii; la demeure d'Adès,
p. 69, 1. 13; les abîmes d'Adès,
p. 70, 1. 16; Tantre d'Adès, p. 73,
1. 14; chez Adès, p. 93, 1. 26; la
maison d'Adés, p. 113, ]. 20; la
terreur inspirée par Adès, p. 116,
1. 25; la route qui conduit vers
Adès, p. 186, 1. 15; les Kères,
chiennes d'Adès, p. 191, 1. 21; les
régions d'Adès, p. 192, 1. 22. —
Notes : Ch. I'% v. 645; 917. Ch. II,
V. 353. Ch. IV, v. 58; 1485; 1515;
1697.
Admets rAôtiotoOf roi de Phè-
res, Tun des Argonautes, p. 5, 1. 34.
— Notes : Ch. I", v. 49; 54. Ch. II,
v. 1092. Ch. IV, V. 616.
ADKESTBiA(*A3pr|<7Teia),nymphe,
nourrice de Zeus en Crète, p. 95,
1. 30. — Notes : Ch. I*', v. 1 129.
Ch. III, V. 133.^
Adkestéia (t) *Adpi^9TEia), ville
et plaine de Mysie, p. 39, 1. 27. —
Notes : Ch. I", v. 1 1 1 6.
Agamestor CAYaiir^ffreop), nom
sous lequel les Ééotiens et les
Nisaiens vénèrent Idmon, p. 76,
1. 34. Voir Idmon. — Notes: Ch.Il,
V. 845.
Agané (tj *Aywfri)t ville des Hyl-
léens, p. 1 55, 1. 20. — Notes : Ch. IV,
V. 535.
Agénos CkyrtMiùp), père de Phi-
née, p. 57, 1. 17. — Notes : Ch. II,
V. 178. Ch. m, V. 1178. Ch. IV,
V. 269; 1742.
AoBNOKiDE CAYTjvopiÔTQç), Cad-
mos, fils d'Agénor, p. 1 28, 1. 5.
Agénoride ('ArnvopiÔnOi Puî-
née, fils d'Agénor, p. 55, 1. 20;
p. 57, 1. 21; p. 59, 1. 13; p. 63,
1. 18; p. 65, 1. 16; p. 69, 1. 22;
p. 120, 1. 24. Voir Phinée, —
Notes : Ch. II, v. 1 78.
Agniade CAyviôÇTjç). Tiphys,
Argonaute, fils d'Agnios, p. 7,
1. 26; p. 22, L 6; p. 45, 1. 20;
p. 67, 1. 24; p. 77, 1. 3. Voir
Tiphys. — Notes : Ch. II, v. 854.
A G KEUS ( ' AypsvO I surnom d' Aris-
tée, p. 6j, 1. 36. Voir Aristée, —
Notes : Ch. II, v. 507.
AiA (t) Ala), île du Phase, p. 125,
1. 10. — Notes: Ch. III, v. 1074;
1093. ^
Ai A (v] Ala), ville des Colchiens,
p. 63, 1. 8 ; mentionnée par Phinée,
p- 63, 1. 13 et 14; les fils de Phrixos
s'en éloignent, p. 84, 1. 25; Phrixos
y est allé jadis, p. 86, 1. 7; cf.
p. 87, 1. 21 ; p. 90, 1. 4; p. 101,1.5;
p. 124, 1. 14; p. 126, 1, 20; laTita-
nienne Aia, p. 142, 1. 16 ; cf. p. 145,
1. 33; p. 14^. 1- 13; P- 147» l- 3 et 5.
— Notes: Ch. II, v. 417. Ch. III,
V. 775; 1074. Ch. IV, V. 131 ; 277;
1007; 1217; 1758.
Aia ^1^ Ala), île de Circé, p. 124,
1. 27; Circé, déesse d'Aia, p. 150,
1. 10; le port d'Aia, p. 159,1. 17;
le rivage d'Aia, p. 165, 1. 13. —
Notes : Ch. IV, v. 661 ; 850.
AlAClDB (Aîaxiôr}?), Péléc, fils
d'Aiacos, p. 77, 1. 20, ctc.V oit Pelée.
AiACiDB (Atax{Ôf}{)> Télamon, fils
d'Aiacos, p. 45, 1. 25, etc. Voir
Télamon.
Ai ACIDES (ol AiaxtSai) [les], Téla-
INDEX
411
mon et Pelée, p. 7, 1. 8; p. 53, 1. 25.
Voir Télamon et Pelée.
AiACOS (Aiaxo;), père de Téla-
mon et de Pelée, p. 102; 1. 30 et
31. — Notes: Ch. I", V. 115; 207.
Gh. IV, V. 1763.
AiÉTÈs (Atr|T/);), roi deColchide,
p. 9* 1- 31 1 p. iii 1.3a; p. 14» 1- 28;
p. 46, 1. 7; p. 62, 1. 28; p. 64, 1. 19;
p. 74, 1. 20; p. 78, 1.6; p. 84, 1.25;
Aiétès a reçu Phrixos, p. 86, 1. 10
et suiv.; p. 87, 1. 33; p. 88, 1. 4, 8 et
33; P* 90> 1- 16; P* 92, 1. 6 et 23; I
p. 94, 1. 16; p. 96, 1. 4 et 16; p. 97,
1. 6 et 19; les héros se rendent chez
Aiétès,p.98,l. 10; le palais d*Aiétés,
p. 98 et 99 ; Aiétès interroge les fils
de Phrixos, p. i o i ; son discours
de menaces, p. 103 et 104; Aiétès
congédie Jason, p. 105, 1. 2 et suiv.;
p. 105, 1. 18 et 29; p. 106, 1. 31;
p. 1 07, 1. 14 et 36 ; p. 1 08, 1. 9 ; Aiétès
réunit rassemblée des Colchiens,
p. 109, 1. 15; p. 110, I. 19 et 33;
p. 124, 1. 34; P* I25i 1- 33; Aiétès
donne aux héros les dents du ser-
pent, p. 127 et 128; Aiétès se pré-
pare à aller assister au combat,
^ 129 et 130; il est saisi d' admira-
non en voyant la force de Jason;
p. 132, 1. 11; sa stupeur quand Ja-
son lance le disque, p. 134, 1. 5 ; son
retour vers la ville, p. 135, 1. 5; il
combine des ruses contre les héros,
p. 138, 1. 10; p. 140, I. 33; p. 141,
1. 18; Aiétès se met à la poursuite
de sa fille et des héros, p. 144 et 14s ;
p. 149, 1. 5; p. 152, 1. 14; p. 154,
1.29; p. 160, 1.8 et 22; p. 161,1.26;
p. 162, 1. 2; p. 164, 1. 10; p. 170,
1. 9; p. 171,1. 14 et 23; p. 172,1. 16
et 17; p. I73i !• 11; p. 176, 1. 21;
p. 1 79, 1. 19. — Notes : Ch. I", v. 3 ;
246.Ch.II,v. 178; 399; 1092;! 144;
i22i.Gh. lU, v. 86; 200; 215; 233;
242 ;374; 587; 597; X 178; 1231; 1234;
1372. Ch. IV, V. 62;8o;86;87;i3i;
223; 228; 231; S9i;6^i;^3; 1007;
1020; 1043; 1212; I2I7.
AiGAiÔN (Aiyaicav); le tombeau
d*Aigaiôn sur la côte d'Asie, un
peu au-dessous de U Phrygie,
p.41,1.12. — Notes: Ch. I",v. 1 165.
AiGAios (6 Alvato;) [/'], fleuve,
père de la Naïade Miêlité, p. 1 S5>
I. 28; des Naïades qui assistent au
mariage de Jason et de Médée,
p. 174. !• 33- — Notes : Gh. IV,
V. 524; 1149.
AiQiALOS (0 AîytxXô;)[r], rivage
d'Achaïe, p. 9, 1. 34. — Notes :
Gh. I«', V. 1 76.
AiGiALOS (ô Atria'^'^0[''l.côtedu
Pont, signalée aux Argonautes pjir
Phinée, p. 61 , 1. 23 et 24; les héros
longent cette côte à la rame, p. 79,
1. 35. — Notei : Gh. II, v. 365; 366;
943*
AïOiNÉ (t) Aiytvn)! île du golfe
Saronique; Télamon et Pelée s'en
exilent après le meurtre de leur
frère Phocos, p. 7, 1. 10; les Argo-
nautes y abordent à leur retour de
Colchide, p. 194, 1. 23; ils en partent
pour se diriger vers Pagases, p. 1 95,
1. 3. — Notes : Gh. !«', v. 93. Gh. IV,
v. 1578; 1712; 1726; 1766; 1772.
AiGLÂ (AtyXYi)» Tune des Hespé-
rides, changée en saule, p. 183,
1. 28; son discours aux héros,
p* 183, 1. 31; source qu'elle leur
indique, p. 184,1. 17. Voir Hespé-
rides (lesj.— Hôtes: Gh. IV,v.i399.
AlGLÉTÊS (k\yXr\xrfi)t surnom
d'Apollon. Pourquoi les héros lui
donnent ce surnom, p. 193, 1. 4;
cérémonies instituées à Anaphé en
l'honneur d'Apollon Aiglétès, p. 193,
1. 2o.Voir^>o//o»t.— Notes : Gh.IV,
V. 171 1.
Ain ÉTÉ (Atvi^TT^, fille d'Eusoros
et mère de Cyzicos, p. 34, 1. 18. —
Notes : Gh. I", v. 949.
Ain BUS (AivcuO* héros Dolion,
père de Cyzicos, p. 34, 1. 18; le fils
d'Aineus (Cyzicos), p. 37, 1. 33. —
Notes : Ch. î*', v. 949.
AïOLiDB (AioXtdr,ô> Athamas, fils
d'AioIos, roi de Thessalie, p. 102,
1.28.
AïOLiDB (AtoXidr,;), Idmon, fils
putatif d*Abas, fils lui-même de
Mélampous, descendant d'Aiolos,
roi de Thessalie, p. 76, 1. 34.
AïOLiDB (AîoXCdyjô, Mélampous,
fils d'Amythaon, fils lui-même de
Crétheus et petit-fils d'Aiolos, roi
de TheMalie, p. 8, 1. 5.
AïOLiDB (AioXidf);), Minyas, fils
ou descendant du roi Aiolos, p. 125,
1. 1 1. ~ Notes : Ch. III, v. 1091.
AïOLiOB (AîoXt'anO» Phrixos, fils
412
INDEX
d*Athamat, p. 86, 1. 7; p. 109, 1. 27;
p. 142, 1. 1 . — Notes : Ch. IV ,v. 1 19.
AïOLiDKS (ol AioXifiat) [Us], fils ou
petits-fils d'Aiolos, roi deThessalie,
p. 8, 1. 29 ; colère de Zeus contre les
Aiolides, p. 87, 1. 31; p. 101, 1. 3^ i
p. 102, 1. 2. — Notes : Ch. II,v. 1 195.
AtOLOS (AibXoc), dUu des vente .
— Hén envoie Iris ordonnera Aio-
los d'apaiser le souffle des vents,
excepté celui du Zéphyre, pour
permettre aux Argonautes d*arri>
ver dans les ports des Phaiaciens,
pp. 162-164. — Notes: Ch. III,
V. 41; 1091. Ch. IV, V. 761; 764;
778; 786; 834.
AïOLOS (AroXoOi l'oi de Thessa-
lie, père de Crétheus et d*Athamas,
p. I oa, 1. 28. — Notes : Ch. I", v. 3 ;
1 18. Ch. II, v. 514. Ch. m, V. 1091;
1240.
AisÉPOS il Aurv]iioc) [/'], fleuve
d'Asie-Mineure qui se jette dans la
Propontide, p. 34, 1. 9; p. 39, 1. 26.
— Notes : Ch. I*', v. 940; 1 1 15.
AisoN (Ar9«0v), fils de Crétheus,
mari d'Alcimédé et père dejason,
p« 5> 1* 30; vieillard infirme au
moment du départ de l'expédition,
p. 12, 1. 7; le fils d'Aison, p. 14,
1. 22; p. 32, 1.36; p. 46, 1.31; p. 62,
1. 35; P- 78. 1. 1; p. 85, 1. 36; le
Créthéide Aison, p. 102, 1. 25; le
fils d'Aison, p. 105, I. 11; p. 134,
1. 14. Voir Aisonide. — Notes:
Ch. !•', v. 3; 13; 45 5 49; 118; 269.
Aisonide (At<rovt2T)c)» Jason, fils
d'Aison, p. 5, 1. 14 et 30 ; p. 8, 1. 8, etc.
Voir Jason, — Notes : Ch. IV,
V. 355; 1086.
AisoNiDB (AiffMvt;) [/avi7/e], où
règne Aison (lolcos), p. 1 7, 1. 9. —
Notes : Ch. I", v. 41 1 .
AiTHALiA (rj AtOaXiVi), tle où les
Argonautes abordent, après avoir
quitté les Iles Stoichades, p. 159,
1. 8 et 13. — Notes : Ch. IV, v. 656;
661; 1620.
AiTHALiDÈs (A(6aXî5T)c)t Argo-
naute, fils d'Hermès et d'Eupolé-
méia, p. 6, 1. 4; envoyé comme
héraut aux femmes de Lemnos,
p. 24, 1. 26; renseignements donnés
par le poète sur le sort réservé à
Aithalidès après sa mort, p. 24,
1. 30-36; il est envoyé comme i
héraut à Aiétès, p. 127, 1. 30. —
Notes : Ch. l", v. 54 î 645. Ch. III,
V. 197.
AlcimAdA CAXxifiédt}), fille de
Phylacos, sœur d'Iphidos, femme
d'Aison, mère dejason, p. 5, 1. 31;
fille de Clyméné, fille elle-même de
Minyas, p. 11, 1. 19; les femmes
prennent pitié d'Alcimédé, p. 12,
1. 5 et 14; elle fait ses adieux à son
fils, p. 12, 1. 33 et suiv. — Notes:
Ch. I**, V. 45; 190; 230; 258; 269.
Alcinoos CAXxivooOi roi des
Phaiaciens, p. 162, 1. 33; accueille
les Argonautes, p. 169, 1. 29; les
empêche d'en venir aux mains avec
les Colchiens, p. 170, 1. 10; Arété,
femme d' Alcinoos, suppliée par
Médée, p. 1 70, 1. 1 5 ; Alcinoos réflé-
chit au sujet de Médée, p. 172, 1. 9;
les paroles de sa femme l'émeuvent,
p. 1 73, 1. 6 ; sa décision, p. 1 73, 1. 29
et 36; le pays d* Alcinoos, p. 175,
1. 10 ; Alcinoos prononce son arrêt,
p. 1 75, 1. 19 et a6; il le fait respec-
ter par les Colchiens, p. 1 76, 1. 17
et 23; présenU d'hospitalité qu'il
donne aux Argonautes, p. 177,
1. 3; les sacrifices qu'on célébn^
chez Alcinoos, p. 193, 1. 13. —
Notes : Ch. III, v. 2 1 o ; 230. Ch. IV,
V. 539;694;995; 1007; 1057; 1070;
1138; 1176; 1218.
Alcon TAXxwv), père de l'Argo-
naute Phaléros, p. 7, 1. 16. —
Notes : Ch. I", v. 95.
Aléos ('AXciOf père des Argo-
nautes Amphidamas et Cépheus,
p. 9, 1. 18; son fils aine Lycourgos
reste à Tégée pour prendre soin de
lui, p. 9, 1 20 ; Aléos cache toutes
les armes pour empêcher son petit-
fils Ancaios de prendre part à l'ex-
pédition, p. 9, 1. 25; Amphidamas,
fils d'Aléos, p. 83, 1. 6. — Notes :
Ch. I", V. 162.
Aloî ADBS (ol 'AX(i>iadat) [les]y fils
putatifs d'Aloeus, mis à mort par
Apollon, p. 19, 1. 20 et 29. — Notes :
Ch. P', V. 482.
Alopé (^ 'AXoici)), ville de Thés-
salie, p. 6, 1. I . — Notes : Ch. I**,
V. 51.
Amabantbs (ol 'A|iâpavT9i) [/es],
peuple de Colchide, p. 62, 1. 24. —
Notes : Ch. II, v. 399.
INDEX
413
Amarantien ('ApiapâvTioOt épi-
thète du Phase, qui coule dans le
pays des Amarantes, p. 129, 1. 12.
— Notes : Ch. II, v. 399. Ch. III,
V. 1220.
Amazones (ol\ * A(JiQtC6vec) [les] ; les
trois villes des Amazones, p. 61,
1. 32 ; les reines des Amazones, p. 62,
1. 11; expédition d'Héraclès et de
Sthénélos contre les Amazones,
p* 7^1 1* 30; esprit belliqueux des
Amazones, p. 81, 1. 11 et 12; les
Amazones Thémiscyréiennes, p. 8 1 ,
1.21 ; la pierre sacrée des Amazones,
p. 87, 1.7. — Notes : Ch. I", v. 1 289.
Ch. II, V. 373; 946; 965; 966; 990;
995; 1 176.
Amazones [le cap des] (y) AfiaCo-
N{6(k>v âxpTi), doublé de loin par les
Argonautes, p. 80, 1. 21. — Notes:
Ch. II, V. 370; 9^1; 9^5-
Amazoniens [les monts] (ta
'A|tBC6vta o(>pea), d'où sort la source
du Thermodon, p. 80, 1. 36. — No-
tes : Ch. II, V. 977.
Ambeacibns (ol 'A|tPpaxiTjeO
[les], peuple qui donne son nom à
un golfe, p. 177, 1. 15. — Notes :
Ch. IV, V. 1228.
Amnisos (é 'Apivoc) [/'], fleuve
où Artémis se baigne, p. 118, 1. 22 ;
quelques-unes des Nymphes, com-
pagnes de la déesse, viennent des
sources de TAmnisos, p. 118, 1. 27.
— Notes : Ch. III, v. 876.
Ampuidamas ('A(i9iSâ|AaO> ^Is
d'Aléos, Argonaute, p. 9, 1. 16 et
19; il indique aux héros le moyen
de chasser les oiseaux de Tîle d*Arès,
p. 83, 1.6. — Notes : Ch. I", v. 162.
Ch. II, V. 1052.
Amphion ('A|&^u>v), fils d'An-
tiopé, représenté sur le manteau de
Jason, p. 27, 1. 25-31. — Notes :
Ch. I«', V. 176; 735; 763. Ch. IV,
V. 1090.
Amphion ('Aii^cwv), Argonaute,
fils d'Hypérasios, p. 9, 1. 32. —
Notes: Ch. I", v. 176.
Amphithémis rA|i9t6((jLic) [ou
Garamas], fils de Phoibos et
d'Acacallis, père de Nasamon et de
Caphauros, p. 185, 1. 32-33- —
Notes: Ch. IV, v. 1494.
Amphitrite ('Aii^iipiTTi), déesse
marine, chargée de aételer le char
de Poséidon, p. 180, 1. 16; p. 181,
1. 17. — Notes :Ch. IV, v. 826;
1325; 1365; 155a-
Amphbysos (ô *A|x^pu<riç) [/'],
fleuve de Thessalie, p. 6, 1. 4. —
Notes : Ch. I*', V. 54.
Amptcidb ('A|ticvx{dnc)i Mopsos,
fils d'Ampycos, p. 38, 1. 26, etc.
Voir Mopsos. — Notes : Ch. IV,
V. 1502.
Amyclées (al "ApivxXaO, ville de
Laconie, célèbre par un temple
d'Apollon, p. 192, 1. 27. — Notes:
Ch. IV, V. 1704.
Amycos CApiuxoc), roi des Bé-
bryces, fils de la Nymphe Mélia et
de Poséidon, p. 49, 1. 2 ; il provoque
les Argonautes et se prépare au
combat du ceste, p. 50-51; ses pa-
roles arrogantes à Pollux, p. 51,
1. 19; on lie les cestes autour de
ses poignets, p. 51, 1. 32 ; combat
de Pollux et d' Amycos, mort de ce
dernier, p. 52; Oreidès, compagnon
d'Amycos, blesse Talaos, p. 53,
1. 14; les Bébryces vont annoncer
dans le pays la mort d'Amycos, p. 54,
1. 7; Héraclès aurait tué facilement
Amycos, p.54, 1. 1 9 ; le butin emmené
par les héros du pays d'Amycos,
p. 59, 1. 23; la mort d'Amycos,
connue de Lycos, p. 73, 1. 33 ; Jason
raconte la mort d'Amycos, p. 74,
1. 12; Amycos avait autrefois dé-
pouillé Lycos d'une partie de ses
possessions, p. 75, 1. 3. — Notes :
Ch. I*', V. 95. Ch. II, V. 2 ; 4; 8;
48; 55; 98; 145; 159; 163; 758.
AmymonA ('AfJLUficuw^, Danalde,
mère de Nauplios, p. 8, 1. 22. —
Notes: Ch. I", v. 134. Ch. IV,
V. 1091.
Amyros {h *Auupoç) [/'], fleuve de
Thessalie ; les Argonautes en fran-
chissent l'embouchure, p. 23, 1, 9;
Asclépios né au bord de ce fleuve,
p. 158, 1. 2. — Notes : Ch. I*', v.596.
Ch. IV,v. 616.
Anaphé (y| 'Avd(9r2),tle découverte
aux Argonautes par Apollon, p. 1 93,
1.6; cérémoniesinstituées dans cette
île en l'honneur du dieu, p. 193,
1. 21 ; rtle Callisté, aux environs
d*Anaphé, p. 194, 1. i. — Notes:
Ch. IV, V. 171 1; 1712.
Anauros(ô "AvavpoOL^'Jiflcuve de
4î4
INDEX
Thessalie traversé à pied par Jason,
p. 4, 1. 13 ; le héros transporte Héra
à travers le courant de ce fleuve
débordé, p. 93, 1. 31 et suiv. —
Notes : Gh. I"»v.9;36. Gh. III,v.67.
Ancaius ('Ayxaîo;), Argonaute,
fils de Lycourgos, p. 9, 1. 19; par-
tage le banc du milieu du navire
Argo avec Héraclès, p. 16, 1. 29;
immole un bœuf pour le sacrifice,
p. 1 7, 1. 28 et 31 ; prend place avec
Héraclès sur le navire, p. 21, 1. 9;
Ancaios- se précipite sur les Bé-
bryces, p. 53, 1. 2 1 et suiv. — Notes :
Gh. I«% V. 162; 358; 398. Gh. Il,
V. 118; 865.
Ancaios (* Ayxaîo;), Argonaute,
fils de Poséidon, p. 10,1 7; demande,
après la mort deTiphys à être pilote ;
les héros le choisissent comme tel,
p. 77-78; à l'arrivée en Golchide,
Ancaios provoque une délibération
«ur la conduite à tenir, p. 90, 1. 13;
au départ de Golchide, Jason se
place à ses cdtés, p. 144, 1. 32;
quand le navire a été jeté dans la
Syrte, Ancaios renonce à le diriger
plus longtemps, p. 178, 1. 14 et suiv.
— Notes: Gh. 1", v. 186. Gh. Il,
V. 865; 898; 1260. Gh. IV, V. 210.
Anch.ialé CAyxiâXti), Nymphe,
mère des Dactyles Grétois de l'Ida,
p. 40, 1.5. — Notes: Gh. I«',v. 1 131.
Angouros (tô "Ayyoupov ^po;),
mont de Scythie, p. 140, 1. 21 et 22.
— Notes : Gh. IV, v. 324.
Anthémoéisis (t) 'AvOe{i.oei9ic
XifA^'î) l^** marais]^ en Asie-Mineure,
auprès du pays des Mariandyniens,
V' 73. !• 3- — Notes : Gh. H, v. 724.
Anthémobssa (t) 'Av0s|jL6e<r(re(
vTi<To;) [l*tl€]y demeure des Sirènes,
p. 166, 1. 25. — Notes: Gh. IV,
V. 892.
ANTiANéiRÉ (*,AvTtave(pY)). fille de
Ménétos, mère d'Érytos etd'Échion,
p. 6, 1. 6. — Notes : Gh. I", v. 54.
Antiopé ('AvTiouïi), reine des
Amazones, qui a élevé, dans Ttle
Arétias, un temple & Ares, p. 62,
L II. — Notes : Gh. II, v. 387.
Antiopé ('AvTi6ir*j), fille de Nyc-
teus, p. 1 72, 1. 35. — Notes : Gh. I",
V. 668; 735. Gh. IV, v. 1090.
Antiopé CA^ixihizr), fille d'Aso-
pos, mère d*Amphion et de Zéthos,
p. 27, 1. 26. — Notes : Gh. I", v. 1 76 ;
735. Gh. IV, V. 1090.
AONIE (Ta *A6vi« tcsSta) [les
champs d'], où Cadmos a semé les
dents du serpent, p. 128, 1. 6. —
Notes : Gh. III, v. 1 178.
AONIEN (6 'Aôvto; Ôpaxwv) [le ser-
pent]t tué par Gadmos, p. 127, 1. 33.
— Notes : Ch. III, v. 11 78.
Aphakéien ('A9api^io;), Idas, fils
d'Aphareus, p. 130,1. 10. Voir/cfos.
Aphakétiades ( 'AçopTjTiaôai >,
les fils d'Aphareus, Idas et Lyncée,
p. 9, 1. 6. Voir Idas et Lyncée, —
Notes: Ch. I", v. 152.
Aphareus CAçapcO;)* père d'Idas
et de Lyncée, p. 19, 1. 24; p. 108,
1. 28. Voir Idas et Lyncée. — Notes :
Gh. I", V. 152.
ApHÂiDAS CAçeîdac)* roi d'Arca-
die, p. 9, 1. 17. — Notes: Gh. !•%
V. 162.
Apidanéens (*Àict5avrie;), sur-
nom des Arcadiens, p. 146, 1. 23. —
Notes: Ch. IV,v. 2')3.
Apidanos (6 AictfiavoO [H* fleuve
de Thessalie, qui se réunit à l'Éni-
peus, p. 5, 1. 18 et 20; troupeaux
des Muses qui paissent sur les bords
de r Apidanos, p. 66, 1. 10. — Notes :
Gh. I", V. 35; 36. Gh. II, v. 515.
Ch. m, V. 1085.
Apide (t) 'Aicîc) [n> nom du
Péloponèse, p. 188, 1. 9. — Notes:
Ch. IV, V. 1564.
Apollon ('AicéXXwv), fils de Zeus
et de Létô; invoqué par le poète,
p. 4, 1. 2; Apollon, le dieu qui
lance les traits, donne un arc à
Eurytos, p. 7, 1. 4; Apollon, père
d'Idmon, p. 8, 1. 30 ; réponses favo*
râbles qu'il a données à Jason, p. 13,
1. 25; autel élevé à Apollon qui
protège les rivages et les embar-
quements, p. 15, 1. 10 et 18; p. 16,
1. 36; invocation de Jason à Apol-
lon, p. 17, 1. 7 et suiv.; Apollon
invoqué sous le nom de dieu qui
lance les traits, p. 17, 1. 19; fêtes
en l'honneur d'Apollon, p. 2 1 , 1. 1 5 ;
Apollon représenté sur le manteau
de Jason, p. 28, 1. 18; la pierre de
fond d'Argo consacrée sur l'ordre
d'Apollon, p. 34, 1. 28; Apollon qui
préside aux débarquements, p. 35,
1. 1; p. 42,1. i; l'art de la divination
INDEX
415
donné à Phinée par Apollon, p. 55,
1. 23; Apollon invoqué par Phinée,
p. 56, 1. 29; Apollon honoré par les
Argonautes, p. 65, 1. 20; Apollon
ravisseur de Cyrène qui lui enfante
Aristée, p. 65, 1. 31 et suiv.; Aristée
invoqué sur l'ordre d'Apollon, p. 66,
1. 13; île consacrée par les Argo-
nautes à Apollon matinal, p. 71,
1. 29; p. 72, 1. 11; cérémonies en
l'honneur d'Apollon, p. 72 ; Apollon
ordonne d'honorer Idmon, p. 76,
1. 29; autel élevé à Apollon sauveur
des vaisseaux, p. 79i 1. 14; Apollon
trompé par Sinopé, p. $0, 1. 7; Tora*
cle d'Apollon, p. 128, 1. 2; Jason
parait aussi beau qu'Apollon, p. 1 3 1 ,
1. 8 ; un des trépieds d'Apollon donné
aux Hylléens, p. 155, 1. 12; les lar-
mes d'Apollon, p. 157, 1. 32; le
temple d'Apollon Nomios, p. 177,
I. I ; Apollon, père d'Amphithémis,
p. 185, 1. 28; un trépied d'Apollon
offert & Triton, p. 187, 1. 26 et suiv.;
Apollon, invoqué par Jason, montre
aux héros l'Ile Anaphé, p. 192-193;
cérémonies en l'honneur d'Apollon
Aiglétès, p. 193, 1.20; les prédic-
tions d'Apollon comprises par Jason,
P* 194» 1- 5- — Notes : Ch. I", v. 23 ;
49; 54; 86; 139; i86; 238; 308; 407;
419; 421 ; 475; 537; 735; 949; 959;
966; 1207. Ch. II, V. 51; 159; 163;
460; 500; 507; 675; 686; 706; 707;
711; 946. Ch. III, V. i; 774; 1240.
Ch. IV, V. 528; 616; 6H5Î4; 1217;
1218; 1304; 1405; 1490; 149a; 1511;
1513; 1704; 171»-
Apstbtiens (ot 'A^I/vpteU) ['«s],
habitants des îles d'Artémis, ainsi
nommés à cause d'Apsyrtos, p. 1 53,
I. 29. Voir Apsyrtos. — Notes:
Ch. IV, V. 481.
Aps\ ktos rA«]/upToç), filsd'Aiétès
et d'Astérodéia, p. 99, 1. 3; sur-
nommé Phaéthon par les Colchiens,
P' 99* 1- 7* Aiétés ne se défie pas
d'Apsyrtos, p. 110, 1. 13; celui-ci
conduit le char de son père, p. 129,
1. 28, et p. 145, 1. 13; il commande
les Colchiens qui vont à la poursuite
des Argonautes, p. 147, 1. 36, et
p. 148; complot formé par Médée
et Jason contre Apsyrtos, p. 151;
Aps3'rt08, attiré dans un piège, est
mis à mort par Jason, p. 152-153;
Colchiens qui ont pria le nom d'Ap-
syrtos comme nom de nation, p. 1 54 ;
colère de Zeus à cause du meurtre
d'Apsyrtos, p. 156, 1. 8; Jason et
Médée doivent se faire purifier de
ce meurtre par Circé, p. 157, 1. 6;
Médée n'ose le raconter à Circé,
p. 161, 1. 33. — Notes: Ch. II,
V. 1221. Ch. III, V. 242; 1236.
Ch. IV, V. 223; 228; 303; 408; 41 7;
477;48i;505;5i7;704;ioo2;i5i3.
Akaithyréa (y^ 'Apat(bpsa), ville
voisine de l'Asopos, patrie de l'Ar-
gonaute Phlias, p. 7, 1. 36. — Notes :
Ch. I", V. 115.
Araxe (6 'Apa|r,c) [/'], fleuve,
p. 142, 1.17. — Notes: Ch.IV, v. 131,
Arcadie (ri ' ApxaôiTQ) [/'], pays du
Péloponèse, p. 8, 1. 10; d'où vien-
nent les Argonautes Amphidamas
et Cépheus, p. 9, 1. 16; Héraclès
et les oiseaux Stymphalides en Ar-
cadie, p. 83, 1. 13. — Notes : Ch. I",
V. 86; 125; 127; 162. Ch.II,v. 521;
1031; 1052; 1088; 1186. Ch. m,
v. 233. Ch. IV, V. 263.
Arcaoiens (ol 'ApxaSs;) [les],
peuple du Péloponèse qui se pré-
tend antérieur à Séléné, p. 146,
1. 23-24. — Notes : Ch. I*', v. 162.
Ch. U, V. 521. Ch. IV, v. 263.
Arctouros (6 'ApxToOpoO [/'],
constellation, p. 84, 1. 31 . — Notes :
Ch. II, V. 1099.
Arâios ( 'ApTiioc), Argonaute,
frère de Talaos et fils de Bias et de
Péro, p. 8, 1. 3. — Notes: Ch. I",
V. 118.
Aréné (y^ 'ApT)vr,), ville de Messe-
nie, d'où viennent Idas et Lyncée,
P- 9» 1- 7î P- ï9» !• 9. — Notes:
Ch. I", v. 152.
Ares rApr|Ç), dieu de la guerre;
Polyphémos, digne d'Ares, p. 5,
1. 28; Boutés, cher à Ares, p. 7,
1. 14; les travaux d'Ares, p. to,
1. 10; le bouclier d'Ares, p. 27,
!• 36; Jason, cher à Ares, p. 53,
1. 26; temple élevé à Ares par les
reines des Amazones, p. 62, 1. 1 1 ;
le bois sacré d'Ares, p. 62, 1. 29;
Ares, père des Amazones, p. 81,
1. 15 et suiv.; les oiseaux d'Ares,
p. 82, 1. 30 ; sacrifice des héros dans
le temple d'Ares, p. 87, 1. 3; Aiétès
aussi redoutable qu'Ares, p. 88,
4i6
INDEX
1. 8; l'île d'Ares, p. 88, 1. 35 ivoir
Arétias) ; la plaine d' Arët, en Col-
chide, p. 90, 1. 4; Ares, p. 97, 1. la;
les oiseaux d'Ares, p. 101, 1. 25;
les luttes d'Ares, p. 103, 1. 28; la
jachère d'Ares, p. 104, 1. loetl. 12;
la plaine d'Ares, p. 106, 1. 34; la
grande, force d'Ares, p. 108, 1. 33
(voir Ényalios) ; le champ d'Ares,
p. 1 15, 1. 4; Télamon, chéri d'Ares,
p. 127, 1. 29; source consacrée à
Ares, p. 127, 1. 36; la lance d'Ares,
p. 128, 1. 8; cuirasse donnée à Aie-
tés par Ares, p. 129, 1. 19; la plaine
d'Ares, p. 130, 1. 30; Jason semble
aussi ifort qu'Ares, p. 131, 1. 8;
l'enceinte d'Ares, p. 133, 1. 24; le
disque d'Ares Ényalios, p. 133, 1.34;
le bois d'Ares, p. 143, 1. 1 7. — Notes :
Ch. I", V. 146; 482; 916. Ch. II,
V. 404; 500; 504; 946; 965; 966;
990; 1031; 1 144; i22i.Ch. III,v.26;
322; 1090; 1 178. Ch. IV, V. 80; 517.
Arestoridb (*Ape<rcopc8»iç)i Ar-
gos, fils d'Arestor, p. 7, 1. 33; p. 14,
1. 15. Voir Argos, fils d'Arestor.
AsâTÉ CApi^ty)), femme d'Alci-
noos, suppliée par Médée, p. 170,
1. 15-34; discours d'Arété à Alcinoos,
p. 172, 1. loetsuiv.; réponse d'Alci-
noos à Arété, p. 173, 1. 7 et suiv.;
Arété envoie son héraut à Jason,
p. 173, I. 23-36; elle est inspirée en
cela par Héra, p. 176, 1. 16; pré-
sents donnés par Arété aux Argo-
nautes et & Médée, p. 177, 1. 4. —
Notes: Ch. IV, v. 1026; 1070; 1 1 15;
1141; II99-
AsÉTiADE ('Apy]TtcKC)i Mélanippé,
Amazone, fille a' Ares, p. 80, 1. 23.
Voir Mélanippé.
Arétias (t) 'Aprjxiàt; vr,ero;) [H/e],
consacrée à Ares; signalée aux
Argonautes par Phinée, p. 62, 1. 10;
les héros arrivent en vue de cette
tle, p. 82, 1. 26; p. 83, 1. 7; ils en
partent, p. 88, 1. 35 ; l'ile d'Enyalios,
p. ICI, 1. 24. — Notes: Ch. II,
V. 382; 1031; 1088.
Arétos O^Apr^To;)» Bébryce, lie
les cestes autour des poignets
d'Amycos, p. 51, 1. 32; il blesse
Iphitos, p. S3, 1. 17; il est tué par
Clytios, p. 53, 1. 1 9. — Notes : Ch. II,
V. 105.
Arganthonéios (To'ApyavOf^vetov
^poO [le «ftof»^], montagne de Mysie,
p. 41, 1. 27. — Notes: Ch. I",
V. II 77.
Argestès (ô •ApYsffToO I/*]t vent
du Nord-Ouest, p. 90, 1. 17; p. 81,
1. 19. — Notes: Ch. II, v. 961.
Ch. IV, v. 1628.
Argo (t) 'ApTitf), navire, p. 4,
1. 7; construit par Argos, sur les
conseils d'Athéné, p. 5, 1. 1 ; les héros
rassemblés autour du navire Argo,
p. 1 4, 1. 1 0 ; lancement d'Argo, p. 16,
1. 14-19; la poutre divine d'Argo,
p. 21, 1. i; le lieu de départ du
navire Argo (' Agirai *ApYoOc)i P>23i
1.4; la construction d'Argo dirigée
par Athéné, p. 27, 1. 13; Argo
aborde chez les Dolions, p. 34, 1. 22 ;
Argo court à la voile, p. 36, 1. 25 ;
Argo bondit sur la mer, p. 41, 1. 2;
le navire Argo, p. 56, 1. 24; p. 60,
1. 32; Argo portée au sommet des
flots, p. 68, 1. 21; Argo s'élance
entre les Symplégades, p. 68, 1. 36 ;
Argo enveloppée de lances et de
boucliers, p. 83, 1. 34 ; les Colchiena
à la recherche d'Argo, p. 154, 1. 25;
marques éclatantes du passage
d'Argo sur la terre Ausonienne,
p. 156, 1. 4; Argo parle, p. 157,
!• 3; Argo protégée par Héra,
p. 162, 1. 27; les Néréides groupées
autour d'Argo, p. 168, 1. 3; Argo
arrive chez les Phaiaciens, p. 169,
1. 27; Argo, mère des Argonautes,
p. 181, 1. 36; Polyphémos à la
recherche d'Argo, p. 185, 1. 10;
Argo cherche à sortir du lac Triton,
p. 187, 1. 23; le dieu Triton conduit
Argo, p. 189, 1. 28. — Notes : Ch. I",
v.3;4;93; loi; 226; 238; 358; 368;
393; 540; 551; 591 ; 608; 723; 934;
954; 1015; 1289. Ch. II, V. 79; 591 ;
843; 898. Ch. m, V. 198; 343; 570.
Ch. IV, V. 201; 259;284;3i7;3i9;
553; 656; 888; 1327; 1386; 1391;
1558.
Argonautes [les] (i).
(X) II n'y a pas liea d'admettre dans cet Index ce mot qui n'a été employé que pour des
nécessités de traduction et qu'ApolIonios ne pouvait faire entrer dans un vers hexamètre, à
cause de sa quantité.
INDEX
4'7
AHGOOS(oXt;xr,v 'Apy&o;) [le port],
dans rUe Aithalia, p. 159, 1. 13. —
Notes : Ch. IV, v. 656; 1620.
AkgOOS (o Xi|iY|v 'Asyûo;) [le
port], à l'endroit où le lac Triton
communique avec la mer, p. 190,
1. 7. — Notes : Ch. IV, v. 1620.
Argos CAsyo;), fils d'Arestor,
constructeur du navire Argo, p. 5,
1. i; p. 7. 1- 33; p. 69, 1. 17; p. 87,
1. 24; vient se joindre aux Argo-
nautes, p. 1 1, 1. 1 1; p. 14, 1. 12;
son costume, p. 14, 1. 15 et suiv. ;
Argos fait mettre le navire à la
mer, p. 15, 1. 28 et suiv.; Argos
détache le câble au départ de Lem-
nos, p. 33i 1. 15; il taille une statue
de bois de la déesse Rhéa, p. 39,
1. 31 . — Notes : Ch. I", v. 4; m ;
226; 368. Ch. II, V. 1092; 1260.
Argos rApyoOt fils de Phrixos
et de Chalciopé; son discours à
Jason, p. 85, 1. 20 et suiv. ; il expli-
que en détail qui il est, p. 86, 1. 6
et suiv. ; il blâme les héros d'avoir
entrepris leur expédition, p. 87,
1. 35 et suiv.; il conduit le navire
Argo à l'embouchure du Phase,
p. 89, 1. 31 ; il fait placer le navire
dans un marais, p. 90, 1. 18;
discours d' Argos à Aiétès, p. ici,
1. 19 — p. 102, 1. 34; Argos retourne
au navire avec Jason, p. 105, 1. 9;
il conseille à Jason de se concilier
le secours de Médée, p. 106, 1. 10;
il expose son projet aux héros,
p. 107, 1. 29; Mopsos est d*avis
qu'on l'adopte, p. 108, 1. 26; Argos
envoyé par Jason à la ville, p. 1 09,
1. 5-1 1 ; Argos exhorte sa mère à
concilier Médée aux héros, p. 1 10,
1. 19; Chalciopé annonce à Médée
la mission dont Argos s'est chargé,
p. 114, 1. 3; Argos retourne au
navire, p. 1 17, 1. 4; Argos, au dire
de Médée, la circonvient par ses
discours, p. 119, 1. 13; Argos
conduit Jason au temple d'Hécate,
p. 119, 1. 28; il reste à l'écart,
avec Mopsos, pendant l'entrevue de
Jason et de Médée, p. 120, 1. 24;
il procure à Jason ce qu'il faut pour
le sacrifice, p. 128, 1. 23; Argos
s'élance sur le rivage pour embar-
quer Médée, p. 140, 1. 29; il débar-
que Jason et Médée pour qu'ils
aillent s'emparer de la toison,
p. 142, 1. 5; Argos indique aux
héros la route du retour, p. 146,
1. 1 5 et suiv. — Notes : Ch. I*"", v. 4 ;
226. Ch. II, V. 532; 1092; 1260.
Ch. IV, V. 289; 293; 317.
Argos (to "Apyo;), ville du Pélo-
ponèse, patrie de Talaos, d'Aréios
et de Léodocos, p. 8, 1. 3; Argos
Lyrcéienne, p. 8, 1. 10; Idmon vient
d' Argos, p. 8, l. 25 ,' Héraclès appelé
par le destin à Argos, p. 46, \. 7;
la ville d' Argos, au sens du Pélo-
ponèse en général, p. 172, I. 15. —
Notes: Ch.I'',v. 93; 118; 125; 134;
580. Ch. rV, V. 262; 1091; 1212;
1329; 15^-
Ariane ('Apia^vrJ, fille deMinos
et de Pasiphaé, p. 122, I. 14; la
couronne d'Ariane, p. 122, 1. 20;
la renommée d'Ariane, p. 125, 1. 14;
Médée ne sejuge pas égale à Ariane,
p. 125, 1. 26; Ariane abandonnée
par Thésée et aimée par Dionysos,
p. 1 52, 1. 6. — Notes : Ch. I«', v. i o i ;
1 1 5. Ch. ni, V. 1 003. Ch. IV, V. 355 ;
425; 1691.
Aristâe C'Apio-tato;), fils d'Apol-
lon et de Cyrène, p. 65, I. 35; sur-
nommé Agreus et Nomios (voir
Agreus et Nomioi), p. 65, 1. 36 et
66, 1. I ; Macris, fille d'Aristée (voir
Miicris), p. 174, I. 12. — Notes:
Ch. II, V. 500 ; 5 1 1 ; 520. Ch. III,
V. 467. Ch. IV, V. 540.
ARTACiÉ(f/ApTaxiï] xpiQvr,), source
du pays des Dolions, près de la-
quelle les Argonautes laissent leur
pierre de fond, p. 34, 1. 26. — Notes :
Ch. I", V. 957. Ch. IV, V. 888.
Artakès ( ApTdixr,;), Dolion tué
par Méléagros, p. 37, l. 24.
Artémis C'ApTS|xic), fille de Zeus
et de Létô ; Iphias, prétresse d' Arté-
mis, à lolcos, p. 14, 1. i; louanges
d'Artémis, chantées par Orphée,
p. 22, 1. 17; les Nymphes célèbrent
Artémis par leurs chants, p. 43,
1. 9; les flèches rapides d' Artémis,
p. 115, l. 24; les îles Brygéiennes
d' Artémis, p. 148,1.28; p. 152, 1. 31;
temple élevé à Artémis par les Bry-
giens.p. 153,1. 14. — Notes : Ch.I",
v. 186; 190; 287; 4 19. Ch. II, v. 936.
Ch. m, v. 774. Ch. IV, V. 330 ; 4 1 7.
Asiatique (t, 'A71; r,neipoO ['«
Ci
4iB
INDEX
coniiHeHt]t où Idmon doit mourir,
p. i8, L 13; marche d'Héraclès au
travers du continent asiatique,
p. 74, 1. 22. — Notes : Ch. I", v.444.
Asie (t) *A9tv)) [/'], parcourue par
Sésostris, p. 146, 1. 35. — Notes:
Ch. 1", V. 3 ; 444 ; 1 1 1 5 ; 1 1 29. Ch. II,
V. 177; 359; 532; 777- Ch. IV, V. 131;
262; 272; 277; 1742.
AsopiDE CkfHùitiç,)y Antiopé, fille
du fleuve Asopos, p. 27, 1. 26. Voir
AMÉiopé.
AsoPiDE (*A9ei>ic{;), Ccrcyra, fille
d' Asopos, enlevée par Poséidon,
p. 156, 1. 18. — Notes : Ch. IV,
V. 540.
Asopos (à 'Atrumoc), fleuve de
Béotie; le dieu de ce fleuve, père
de Sinopé, p. 80, 1. 2 ; père d' An-
tiopé, p. 27, 1. 26. — Notes : Ch.I",
V- 1 ïS; 735- Ch. II, V. 946. Ch. IV,
V. 1090.
Asopos (ô 'Adwirô;), fleuve de
Sicyonie, voisin d'Araithyréa, p. 8,
1. 2; père de Cercyxa, p. 156, 1. 18.
— Notes: Ch. 1", v. 115. Ch. IV,
V. 564.
Assyrienne (t; 'Aer<n»ptyj -/^wv)
[la terre] ; les Argonautes y abor-
dent, p. 80, 1. I ; ils en repartent,
p. 80, 1. 1 S ; les alluvions de la terre
d'Assyrie, p. 80, 1. 20. — Notes :
Ch. II, V. 964.
AsTÉRiON (*A>TTepta)v), Argo-
naute, fils de Comètes, p. 5, 1. 17.
— Notes : Ch. I", v. 35; 176.
AsTÉRios('A(rT£pio;), Argonaute,
fils d'Hypérasios, p. 9, 1. 32. —
Notes : Ch. I", v. i y6.
AsTÉRODÉiA ('ATxepôoÊia), Nym-
phe du Caucase, mère d'Apsyrtos,
p. 99, 1.4. — Notes : Ch. II, v. 1221.
Ch. III, V. 242.
AsTYPALAiA ('A<iTuitaXaia), mère
d'Ancaios, p. 77, 1. 17. — Notes :
Ch. I". V. 186. Ch. II, V. 865.
Atalante ('AxaXavTy;); présent
d'hospitalité qu'elle fait à Jason,
p. 28, 1. 30 et suiv. — Notes : Ch. I",
V. 162 ; 769.
Athamantienne (to 'AQajJiavTiov
TceÔîov) [la plaine], en Phthic, ainsi
nommée d'Athamas, p. 65, 1. 8. —
Noies: Ch. II, v. 514.
Athamas C'AOstiia;), fils d'Aiolos,
frère de Crétheus, père de Phrixos;
la fille d'Athamas (Hellé), p. 33,
1. 3 1 (voir Hellé); le fils d'Athamas
(Phrixos), p. 70, 1. 27 (voir Phrixos);
les richesses d'Athamas, p. 86, 1. 22 ;
Athamas, frère de Crétheus (voir
Créiheus)t p. 86, 1. 31; les trésors
d'Athamas, p. 99, 1. 31; Athamas,
fils d'Aiolos et père de Phrixos,
p. 102, 1. 27 et 28; le Minyen
(Phrixos), fils d'Athamas, p. 141,
1. 36. — Notes : Ch. I", v. 3 ; 230 ;
927. Ch. II, V. 514; 653. Ch. m,
v. 1240.
Athéné ('AOnvtj et 'AOnvaiV^,
déesse, fille de Zeus, conseille à
Argos de bâtir le navire Argo, p. 5,
1. I ; envoie Tiphys se joindre aux
héros, p. 7, 1. 30; fait travailler
Argos au navire Argo, p. 11, 1. 12;
alliance a' Athéné avec Jason, p. 13,
1. 24; Athéné adapte à l'étrave du
navire Argo une poutre divine tirée
d'un chêne de Dodone, p. 21, 1. 3;
p. 1 56, 1. 35 ; Argo, œuvre d' Athéné,
p. 21, 1. 31; les travaux d' Athéné,
p. 24, 1. 12; le manteau de Jason,
œuvre d' Athéné, p. 27, 1. 1 1 ; p. 28,
1. 28; Athéné, protectrice de Jason,
p. 34, 1. 30 ; Athéné aide le passage
d'Argo au milieu des roches Cya-
nées, p. 67, 1. 2 ; p. 68, 1. 34 ,* Athéné
remonte vers l'Olympe, p. 69, 1. 4 ;
Athéné, cause du salut d'Argo,
p. 69, 1. 16; l'art d' Athéné a fabrt-
que Argo, p. 87, 1. 22; Athéné voit
les héros embusqués dans les marais
du Phase, p. 92, 1. i; sa conversa-
tion avec Héra, p. 92, 1. 3 et suiv.;
son entrevue avec Cypris, p. 94;
elle s'en retourne avec Héra, p. 95,
1. 8; le navire Argo construit par
Athéné, p. 102, 1. 6; Athéné fait
présent à Aiétès d*une partie des
dents du serpent, p. 1 28, I. 3 ; Héra
effrayée entoure Athéné de ses bras,
p. 168, 1. 26; Athéné baignée dans
les eaux du lac Triton par les
héroïnes tutélaires de la Libye,
p. 179, 1. 33; temple construit par
les Argonautes à Athéné Minoïde,
p. 192,1.12. — Notes: Ch.I«',v. 1 1 1;
1 56 ; 55 1 i 959- Ch. n, V. 1 052 ; 1 248.
Ch. III, V. 52; 1003; 1 178. Ch. IV,
V. 786; 1310; 131 1; 1515; 1691.
Athos (é "Ad«i);) [/'], mont de
Thrace dont l'ombre couvre l'île de
INDEX
419
Lemnos jusqu'à la ville de Myriné,
p. a3, 1. 14, 1. 17. — Notes : Ch. I",
V 599; 601; 603; 652.
Atlantide ('AiXavriç), Electra,
fille d'Atlas, reine de l'île de Samo-
thrace,p.33>l. 18. — Notes: Ch.I",
V. 916.
Atlantide (*AT>.otvT(ç)> Calypso,
fille d'Atlas, p. 156, 1. 26. Voir
Calypso.
Atlas (à x^qoz "AtXavtoc) [le
champ d*]y où le serpent Ladon
gardait les {sommes d'or, p. 182,
1.30.
ATTiguE (ti 'At6ic vîj<ro;) [l*Ue]j
où Télamon s'est fixé après le meur-
tre de son frère Phocos, p. 7, 1. 12.
— Notes : Ch. 1", v. 93.
AuGÉiÈs (AuyEtY}?), Argonaute,
fils d'Hélios, roi d'Elide, p. 9, 1. 28;
est au nombre de ceux qui accom-
pagnent Jason chez Aiétès, p. 97,
1. 27; présenté à Aiétès comme fils
d'Hélios, p. 102, 1. 29 ; raccompa-
gne Jason au navire, p. 105, 1. 9. —
Notes: Ch. I", v. 172.
Au LION (xb AOXiov i'vTpov) [l'an-
ire], en Paphiagonie; origine de
son nom, p. 78, 1. 28. — Notes :
Ch. II. V. 904.
Au LIS (ri AyXî;), ville de Béotie;
le navire Argo passe en vue d'Aulis,
p. 195, 1. 6. — Notes: Ch. IV,
V. 1779-
AusONiB (t) Au(rov{rt) [/'], nom de
l'Italie ; Scylla, le monstre d* Auso-
nie, p. 164, 1. 24; la mer d'Ausonie,
p. 157, 1. 8; p. 159, 1. 15; p. 165,
1. 9; la terre Ausonienne, p. 156,
1. 2. — Notes : Ch. IV, v. 553.
AuTÉsiON (AOteffiwv), père de
Théras, p. 194, 1. 20. — Notes :
Ch. IV, V. 1758.
Auto LYCOS (AOtoXuxo;), l'un des
fils de Deimachos, p. 80, 1. 1 1. Voir
Deimachos. — Notes: Ch.II,v.95S.
AxiN (6 "AÇeivoç tc6vto;) [le Po»/] ,
p. 81. 1. 9. Voir Pont (le), ~ Notes :
Ch. IV, V. 289.
Bacchiades (ot BaxxiâSai [/«s],
originaires d'Ephyra, s'installent
dans l'île Drépané, p. 176, 1. 29. —
Notes : Ch. IV, v. 12 12; 12 16.
Basileus (BaatXEÛ;), Dolion tué
par Télamon, p. 37, 1. 2 1 .
BÉBR^CES (oî Bippyxs;) [les], ha-
bitants d'une contrée voisine de la
Mysie; lesArgonautes abordent dans
leur pays, p. 49, 1. 2 ; loi à laquelle
sont soumis les étrangers qui abor-
dent chez les Bébryces, p. 50, 1. 7;
le roi des Bébryces (voir Amycoa),
p. 52, 1. 4; les Bébryces vengent
leur roi, p. 53, 1. i ; ils sont vaincus,
p. 53, 1. 25 et suiv.; ils fuient, p. 54,
1. 5; leur pays (t| BeppuxiiQ), p. 54,
1. 6; longue guerre des Mariandy-
niens avec les Bébryces, p. 74, 1. 2 ;
Jason raconte à Lycos sa victoire
sur les Bébryces, p. 74, 1. 2 ; Lycos
dépouillé par les Bébryces, p. 75,
1. 2; il rend grâces à PoUux qui a
tué leur roi, p. 75, 1. 9. — Notes :
Ch.I", V. 95. Ch. II, V. 2; 98; 145;
724; 758.
BéCHEiRES {n\ Béx^ipEç) [les],
peuple qui habite les rivages du
Pont, signalé par Phi née aux Argo-
nautes, p. 62,1. 19; les héros côtoient
leur pays, p. 89, 1. 13. — Notes:
Ch.I", V. 1024. Ch. II, V. 393; 1231;
1242.
BéLiEB («t KpioO î.\isa\)[la couche
du], lieu, sur les bords du Phase,
où le bélier de Phrixos se reposa à
l'arrivée en Colchide, p. 141, 1. 33.
Béotiens (oî Boiwtoi) [les], re-
çoivent d'Apollon l'ordre d honorer
Idmon, p. 76, 1. 29.
BiANTiDE (Biavnafir,?)» Talaos,
Argonaute, fils deBias, p. 53, 1. 14.
Voir Talaos.
BiAS (Bia;), père des Argonautes
Aréios et Talaos, p. 8, 1. 3 ; p. 5 1 ,
1. 30. — Notes : Ch. I", v. 118.
BiLLAios (0 BiXXaîo;) [le], fleuve
de Paphiagonie, p. 75, 1. 1 . — Notes :
Ch. Il, V. 791.
BiSTONiK(f, BiJTOviV^) [/a], contrée
de Thrace ; ia phorminx de Bistonie
d'Orphée (r, Biarovîti 9op{JLtY^)>p>7^i
1. 14; p. 167, 1. 3; la Piérie Bisto-
nienne (t) MiepÎT] Bi(TTb)vtO> p> 5>1' M*
— Notes : Ch. I", v. 34. Ch. II,
V. 704. Ch. IV, V. 906.
BiTHYNiE (t) BiOvv\; yàXa) [la],
contrée de l'Asie ; arrivée des Argo-
nautes dans ce pays, p. 55, 1. 19 ; ils
longent la côte de Bithynie, p. 69,
1. 25; le cap Achérousis s'avance
dans la mer de Bithynie, p. 73, 1. 1 o.
420
INDEX
— Notes: Ch. I«', v. 139; 1177;
1379. Ch. II» V. 2; 177; 460; 652;
659; 673. Gh. IV, V. 131; 1300.
BiTHYNiBNNE (BtOuvt'c); la Nym-
phe Mélia, mère d'Amycos, p. 49,
1. 3. — Notes : Ch. II, v. 4.
BiTHYNiENS (ol BiOuvot) [/es],
peuple d*Âsie; la terre des Bithy*
niens, p. 61, 1. 5; les tribus des
Bithyniens soumises par Héraclès,
p. 74, 1. 34. — Notes : Gh. II, v. 1 40 ;
177.
BORÉADES (ol BopTÎtot) [les]j Zé-
tès et Calais, fils de Borée, p. 57,
1. 18; p. 58, 1. 17. Voir Calais et
Z^/è». — Notes : Ch. I", v. 1304.
Ch. II, V. 177; 178; 271; 286; 296;
299.
Borée (Bopir^;), Thrace, dieu du
vent du nord, père de Zétès et de
Calais, nés d'Oréithyia, qu'il a en-
levée, p. 10, 1. 33 etsuiv.; le souffle
de Borée empêche les Argonautes
de quitter Lemnos, p. 25, 1. 4; les
fils de Borée interpellent Télamon,
p. 45, 1. 25; le souffle de Borée,
P- 45f 1- 33 J les fils de Borée, p. 57,
1. 14 et 1. 23; p. 58, 1. 14 et 1. 27;
P* 59) 1- 7 c^ 1- ^9> les tempêtes de
Borée, p. 61, 1. 21 ; les deux fils du
Thrace Borée, p. 63, 1. 19 et 1. 34;
p. 65, 1. 19; rimpétuosité de Borée,
p. 84, 1.30; les pays où souffle Borée,
p. 147, 1. 14 ; la tempête excitée par
Borée, p. i77i 1* 17; les deux fils de
Borée se précipitent à la recherche
d'Héraclès, p. 184, 1. 35 ; ils revien-
nent, après avoir fait des efforts
inutiles, p. 1 85, 1. 21. — Notes :
Ch. !•', V. 652; 1300; 1304. Ch. II,
v. 1 78 ; 675. Ch. IV, V. 286 ; 765 ; 1 464.
Bosphore (^ B6<T7copoc [/e], Tem-
bouchure du Bosphore, p. 39, 1. 25;
le Bosphore aux flots tournoyants,
p. 55, 1. 8. — Notes : Ch. I"',v. 1114.
Ch. II, V. 168; i77;27i;745. Ch.IV,
V.320.
Boutés (Bo jt/);), Argonaute, fils
de Téléon, p. 7, 1. 14; séduit par la
voix harmonieusedes Sirènes,p. 1 67,
1. 1 1 et suiv. — Notes : Gh. I"', v.71 ;
95. Ch. IV, v. 914.
Brimô (Bpi|ia>), nom d'Hécate,
p. 1 1 8, 1. 5 ; p. 1 29, 1. 2. Voir Hécate.
— Notes: Ch. III, v. 85 1.
Bryqéiennes (aï Bp^yr/Se; vr.aoi)
[les îles], consacrées à Artémis,
p. 148,1. 28. Voir^r/éfMts. — Notes:
Ch. IV, v. 330.
Brigiens (ol BpuYoO [/es], peuple
qui demeure sur le continent, en
face des îles Brygéiennes, p. 1 53,
1. 15. — Notes : Ch. IV, v. 330; 417.
Btzères (ol Bû^npec) [/es], peuple
voisin des Colchiens, signalé par
Phi née aux Argonautes, p. 62, 1. 20;
les Argonautes passent devant leur
pays, p. 89, 1. 14. — Notes : Ch. Il,
V. 393; 1231; 1242.
Cadmos (KâS(ioc)) fils d'Agénor;
les peuples de Cadmos, p. 1 25, 1. 1 2 ;
Cadmos venu à Thèbes, en cher-
chant sa sœur Europe, s'y établit,
p. !27, 1. 33 et suiv.; l'Agénoride
Cadmos sème les dents du serpent,
p. 1 28, 1. 5 ; le tombeau d'Harmonia
et de Cadmos, p. 154,1.35. — Notes:
Ch. I»', V. 179; 735; 916. Ch. II,
V. 5ii;5i4. Ch. m, V. 1178. Ch.IV,
V. 269; 517.
Gain BUS (Katve-j;), père de l'Ar-
gonaute Coronos, p. 6, 1. 8; com-
ment Caineus fut vaincu par les
Centaures, p. 6, 1. 9 et suiv. —
Notes : Ch. I*', v. 57; 59.
Calais (Kdtiaiç). Argonaute, fils
de Borée et d'Oréithyia, p. 10, 1. 33;
se prépare à chasser les Harpyes,
p. 58, 1. 17; se lance à leur pour-
suite, p. 59, 1. 1. Voir Borée. —
Notes : Ch. I'% v. 2 1 1 . Ch. II, v. 1 78 ;
296.
Calauréia (t| KsXxvpEta), île où
Poséidon a un temple, p. 129, 1. 36.
— Notes: Ch. III, v. 1240.
Caluchoros (ô KaXXi'xocoî) [/e],
fieuvede Paphlagonie, p. 78, 1. 22;
origine du nom de ce fleuve, p. 78,
1. 27. — Notes : Ch. II, v. 746; 9C14.
Calliopé (KaXXi6irr^,Muse, mère
d'Orphée, p. 5, 1. 6. — Notes : Ch. I",
V. 23. Ch. IV, V. 1304.
Cal LISTÉ (t2 KaXXiaTr^), île sortie
de la motte de terre jetée dans les
fiots par Ëuphémos, p. 194, 1. 16;
Théras conduit une colonie à Cal-
liâté qu'il nomme Théra, p. 194,
1. 22.Voir Théra, - Notes : Ch. IV,
V. 1758; 1763.
Galon (to KaXbv <rrôpia), Tune
des bouches de l'Ister, par laquelle
INDEX
421
Apsyrtos et les Colchiens pénètrent
dans le fleuve, p. 148, 1. i et 1. 9.
— Notes : Ch. IV, v. 306.
Calos (o KaXo; Xi|iin'v)> P^^ ^^
pays des Dolions, p. 34, 1. 23. —
Notes : Ch. I", v. 954; 965.
Calpâs (ô KâXiinc) [le], fleuve de
Bithynie, p. 70, 1. 34. — Notes :
Ch. II, V. 659.
Cal YDON (t) KaXuScôv) , ville d'Eto-
lie, patrie de Méléagros, p. 10, 1. 1 1 .
— Notes : Ch. I", v. 146; 190; 769.
Calypso (KaÀurl^w), fille d* Atlas,
habite l'île Nymphaié, p. 156, 1. 26.
— Notes : Ch. I«', v. 235. Ch. II,
V. 1 187. Ch. m, V. 224; 388. Ch. IV,
V. 553.
CanastbÉE (tj KavaTTpatr) tzxprj,
promontoire où la ville de Pallénées
est bâtie, p. 33, 1. 12. — Notes:
Ch. I", v. 599.
Canétuos (Kavy)6oi;), fils d'Abas.
père de Canthos, Argonaute, p. 6,
1. 31. — Notes : Ch. I", v. 77.
Canthos (KdtvOoOi Argonaute, fils
de Canéthos, venu de l'île d*Eubée,
p. 6, 1. 30; part à la recherche
d'Héraclès, p. 185, 1. 3; tué par le
berger Caphauros auquel il voulait
enlever ses brebis, p. 185, 1. 23-25.
— Notes : Ch. I*', v. 77. Ch. IV,
V. 1464; 1485.
CAPHAUKOS(Kâ9avpoc), filsd'Am-
phithémis et de la nymphe Tritonis ;
tue Canthos qui voulait lui enlever
son troupeau, p. 185, 1. 28-34. —
Notes : Ch. IV, v. 1485; 1494.
Casambis (r, Kalpa(π axpiî), pro-
montoire de Paphlagonie, signalé
aux Argonautes par Phinée, p. 61,
I. 20; tourné par les héros, p. 79,
!• 33 1 au retour de Colchide, ils ne
doublent pas le cap Carambis, p. 147,
1. 30. — Notes : Ch. II, v. 361 ; 365 ;
366; 943. Ch. IV, v. 300.
Car PATHOS (y) KâpicaOoOi île d'où
les Argonautes passent en Crète,
p. 190, 1. 23. — Notes: Ch. IV,
V. 1578; 1636.
Caspienne (KaeriRt) x^'/Xoç) [co^
quille de la mer] , où Médée recueille
le suc de la racine de Prométhée,
p. 1 18,1.3. — Notes :Ch. III, V. 859.
Ch. IV, V. 131; 320.
Castos (KâdTup), Argonaute, fils
de Léda, p. 9, 1. i; lie les cestes
autour des poignets de Pollux . p. 5 1 ,
1. 29; tue un Bébryce qui l'attaque,
P* 53* 1* 5> supplie les dieux sur
l'ordre d'Argo, p. 157, 1. 7 et suiv.
Voir Pollux et Tyndarides (les). —
Notes : Ch. I", v. 146; 152. Ch. IV,
V. 653.
Caucase (o KavxaaoO [le] , mon-
tagne sur les flancs de laquelle est
né le serpent qui garde la toison,
p. 88, 1. 1 1; les Argonautes passent
en vue du Caucase, p. 89, 1. 18; ils
ont le Caucase à leur gauche quand
ils entrent dans le Phase, p. 90, 1. 3 ;
Astérodéia, nymphe du Caucase,
p. 99, 1. 4; le sang de Prométhée
coule sur les flancs du Caucase,
P- I i7t 1- 32; le Caucase neigeux,
p. 129, 1. 15; les rochers du Caucase,
p. 131, 1. I. — Notes : Ch. II, v.40;
1210; 1248. Ch. UI, V. 242. Ch. IV,
V. 131.
Caucasienne ( t| Kœuxokti'yj aXç)
[la mer], autre nom du Pont, p. 142,
1.19. VoirPo»/(^/€;.— Notes: Ch.IV,
V. 131.
Cauliacos (6 KauXiaxolo vxiite-
Xo;) [le rocher], près duquel l'Ister
se partage en deux fleuves, p. 148,
1. 2 1 . — Notes : Ch. IV, v. 324.
CÉCBOPiE (t) KexpomV,), autre
nom d'Athènes, patrie de l'Argo-
naute Boutés, p. 7, I. 14; patrie
d'Oréithyia, qui en est enlevée par
Borée, p. i o, 1. 36. — Notes : Ch. I",
V. 95 ; 211.
CéCKOPS (tj Kexpoicfri Yaî«) ['«
terre de], l'Attique, devant laquelle
les Argonautes passent au retour de
Colchide, p. 195, 1. ô. — Notes :
Ch. I". V. 95. Ch. IV, V. 1779.
Ce ltbs (o\ KtXxoi) [les] , habitants
des pays voisins de t'Eridan et du
Rhodanos; tradition des Celtes au
sujet de l'ambre de l'Eridan, p. 157,
1. 30; les lacs qui s'étendent sur le
territoire des Celtes, p. 158, 1. 22;
les Argonautes passent invisibles au
milieu des Celtes, p. 158, I. 34. —
Notes: Ch. IV, v. 259; 616; 635;
640; 646.
Centaures (ol Klvtaupot) [les];
lutte des Centaures contre les Lapi-
thes, p. 5, I. 26; Caineus disparaît
sous les coups des Centaures, p. 6,
1. 10; le Centaure Chiron, p. 164,
422
INDEX
1. 9. Voir Chiron, — Notes : Ch. I*',
V. 40; 59.^
Céos (t) Ké(<>;)i une des Cyclades
où Aristée s'établit, p. 66, 1.16; sacri-
fices célébrés à Céos, p. 66, 1. 23. —
Notes : Ch. II, v. 520; 522.
CâPHEus (ù^r.^eûO* Argonaute
venu d'Arcadie, p. 9, 1. 16 et 20. —
Notes: Ch. I", v. 163.
CÉKAUNIE (yj KepavjviT} a>c) [la mer
dé]t voisine des monts Cérauniens,
p. 169, 1.1 5. — Notes: Ch. IV, v. 983.
CiRAUNiENS (ta Ksoxjvia oupea)
[les fnonis\i origine de leur nom,
P- i55i 1- 2i ces monts aperçus par
les Argonautes, p. 156, 1. 27; les
Colchiens établis d'abord parmi les
Phaiaciens se retirent dans les
monts Cérauniens, p. 176, 1. 32.
— Notes: Ch.IV, v.5i3;989; 1215;
1216; 122S.
Cercyra (Képxupa), fille d'Aso-
pos, enlevée par Poséidon, p. 1 56,
1. 18. — Notes : Ch. IV, v. 540; 564.
Cercyra (f, Kipxupa), île de la
mer d'illyrie, ainsi nommée de Cer-
cyra, fille d'Asopos, p. 156, 1. 17;
Cercyra surnommée Mélaina par les
matelots, p. 15», 1. 22. — Notes:
Ch. IV, v. 540; 564.
CÊRINTHOS (tj KTqpivOoç), ville de
TEubée d'où vient l'Argonaute Can-
thos, p. 6, 1. 32.
CÉROSSOS (7; Kspo>7(T6ç), île de la
mer d'illyrie, p. 1 56, 1. 24. — Notes :
Ch. IV, V. 564.
Chadésiennes (al Xa"5r,<n2tO
[/es], une des tribus d'Amazones de
la plaine Doiantienne, p. 81, 1. 26.
— Notes : Ch. II, v. 995.
Chalciopé (Xa/.xioiry;), fille
d'Aiétès, donnée en mariage à
Phrixos, p. 86, 1. 16; mère d'Argos,
de Cytisoros, de Mêlas et de Phron-
tis, p. 8"), 1. 18; bâtiment qu'elle
occupe dans le palais d'Aiétès,
p. 99, 1. 10; son «ntrevue avec ses
fils, p. 99, 1. 17 et suiv.; fureur
d'Aiétès contre les fils de Chalciopé,
p. 103, 1. I ; Chalciopé se retire chez
elle avec ses fils, p. 105, 1. 17;
Aiétès se défie des fils de Chalciopé,
p. iio, 1. 15; Chalciopé pense à
provoquer l'intervention de Médée,
p. iio, 1. 21; Chalciopé prévenue
des angoisses de Médée, p. 11 2,
1. 13; discours de Médée à Chai"
ciopé, p. 112, 1. 36; inquiétudes de
Chalciopé; sa réponse à sa sœur,
p. 1 12-1 13; Chalciopé annonce à
^es fils le secours que Médée leur
portera, p. 1 14, 1. 22 ; les fils de
Chalciopé, p. 115, 1. 26; Médée dit
à ses suivantes que Chalciopé la
circonvient, p. 119, 1. 14; Chal-
ciopé interroge Médée, p. 127, 1. 7;
adieux de Âfédée à Chaîciopé
absente, p. 139, 1. 6. — Notes:
Ch. I". v. 3; 326. Ch. II, V. 388;
1 092 ; 1 149 ; 1 22 1 . Ch. III, V. 775.
Chalcodonion (to XaXxwoôvtov
opoO W^li mont voisin de Phëres,
ville d'Admète, p. 5, 1. 36. — Notes :
Ch. I", v. 49.
Chalybes(oI XâXupeç)[/M], peu-
ple du littoral du Pont ; Poljrphémos
meurt dans leur pays, p. 46, 1. 1 5 ;
p. 185, l. 11; les travaux des Cha-
lybes, p. 61, 1. 33; leur vie pénible,
p.81,1.28.— Notes: Ch.I",v.i 177;
i323.Ch.II,v.373;374; 1001; 1008;
loio; 10 16; 1231.
Charités {iX Xorpirsc) [les}; le
péplos d'Hypsipylé, œuvre des Cha-
ntes, p. 151, 1.32. — Notes : Ch.P',
V. 503.
Charybde (t| Xâpvpôi;), gouffre
qui se trouve sur la route des Argo-
nautes, à leur retour de Colchide,
p. 163, 1. 19 ; Héra demande à Thétis
de préserver les héros de Charybde,
p. 164, 1. 22; le navire Argo passe
devant Charybde, p. 167, 1. 24 et
suiv. — Notes : Ch. IV, v. 825 ; 922.
Chbrsonèsb (t) Xep6vY2<Toc) [/«},
presqu'île de Thrace devant laquelle
les Argonautes passent avant d'en-
trer dans l'Hellespont, p. 33, 1. 28.
— Notes : Ch. I"', v. 652 ; 922 ; 924 ;
931.
Chiek (o K*jo>v) [la constellation
duj, au lever de laquelle les prêtres
de Céos font des sacrifices, p. 66,
1.25.
Chiron (Xeîpwv), Centaure, con-
seille à Jason d'appeler Orphée pour
faire partie de l'expédition, p. 5, 1. 1 5 ;
Chiron fait ses adieux aux Argo-
nautes, p. 21, 1. 33; Aristée élevé
par Chiron, p. 65, 1. 4 ; la naissance
de Chiron, fils de Cronos et de
Phil3Ta, p. 89, 1. 10; Achille élevé
INDEX
423
parChiron, p. 164, 1. 10. — Notes :
Ch.I«',v. 23;3i;93; 101; 554; 558.
Ch.II,v.393; 500; 510; 1231; 1241.
Ch. IV, V. 813; 816.
Chttos (à XuToc XiiATQv) [le port];
un des porta des Dolions où Argo
s'arrôte, p. 35, 1. 26; le port Chytos
obstrué par les enfants de Gaia,
P«35i 1- 30. — Notes : Ch.I«', v.954;
965 ; 987. ,
CiANiDB (7) Kiavtç Yaîa) [la terre],
voisine de reroboucnure du Cios,
p. 4 1,1. 27. — Notes: Ch. I",v.i 177.
CiANiENS (of Kiavoi) [/es], peuple
de Mysie, voisin du fleuve Cios,
p.47, 1. 15.
CiOS (à Kio;) [/e], fleuve de Mysie,
p. 41, 1. 28; ville fondée par Poly-
phémos à l'embouchure du Cios,
p. 46, 1. 14. — Notes: Ch. I",
V. 1177; 1323.
Cios (t) Ktoc), ville de Mysie,
p. 74, 1. 9. — Notes : Ch. I*', v. 1 1 77;
1289; 1323.
CiKCAiSNKE (tb Kipxaîov iceSiov)
[la plaine], en Colchide, traversée
par le Phase, p. 62, 1. 25; p. 97,
1. 31. — Notes : Ch. II, v. 399.
Ch. III, V. 200.
Ciscé(Kîpxrt), fille d'Hélios, sœur
d*Aiétès, conduite par son père au
rivag^e du continent Tyrrhénien,
p. ICI, 1. 10; Zeus décide que
Jason et Médée doivent être purifiés
par Circé, p. 1 56, 1. lo ; p. 1 57, 1. 5 ;
les Argonautes se dirigent vers la
mer d' Ausonie où ils doivent trouver
Circé, p. 1 57, 1. 8 ; ils trouvent Circé,
p. 159, 1* 18; monstres qui suivent
Circé, p. 160, 1. 5; Taspect et les
yeux de Circé, p. 160, 1. 7; les héros
ne s*inquiëtent pas de Circé, p. 160,
1. 13; Jason et Médée suivent Circé,
p. 160, 1. 15; Circé comprend qu'un
malheur les exile, p. 160, 1. 23; rien
ne reste caché à l'esprit de Circé,
p. 16 1 , 1. 33; Jason et Médée quittent
la demeure de Circé, p. 162,1. 16. —
Notes : Ch. I", v. 3. Ch. II, v. 399;
1221. Ch. III,v.2oo;242;3i i;353;
876; 1074. Ch. IV, V. 52; 591; 656;
661; 662; 683; 703; 704; 705; 7»»;
825; 850; 901; 1007.
Clabos (t) KXâpo;), ville d'Ionie,
consacrée à Apollon, p. 13, 1. 33.
— Notes : Ch. I", v. 308.
ClÉiopâTRÉ (KXEiouoTpr,), sœur
des Boréades et femme de Phinée,
P- 57. 1. 1 8. — Notes : Ch. II, v. 140;
178.
Clbité (KXeCtTi), fille de Mérops,
femme de Cyzicos, p. 35, 1. 12; sa
mort, p. 38, 1. 6. — Notes : Ch. I*',
V. 975; 1063.
Cleité (^ KXsfTY) xpi^vY)), source
formée des larmes répandues par
les Nymphes à la mort de Cleité,
p.38,1.1 1. — Notes: Ch.I", v.1068.
Clyméné (KXu{&£vt)), fille de
Minyas et mère d'Alcimédé, la mère
de Jason, p. ii, 1. 19. — Notes:
Ch. I", V, 230.
Clytios (KXutioç). Argonaute,
fils d'Eury tos, p. 7,1.3; tue le Dolion
Hyacinthos, p. 37, 1. 22; tue le
Bébryce Arétos, p. 53, 1. 20; frappe
d'une flèche l'oiseau d'Ares, p. 83,
1. 2. — Notes : Ch. I", v. 86; 735.
Ch. II, V. 105.
Clytonéos (KXutAvtjoç)» fil» de
Naubolos et père de l'Argonaute
Nauplios, p. 8, 1. 30. — Notes :
Ch. I", V. 134.
Cnosse (tj Kv(i><T(r60i Heu de Crète
d'où Thésée se fit suivre par Ariane,
p. 152, 1. 7.
CoiOGÈNE (KoioYéveia), Létô, fille
de Coios, p. 72, 1. 21. — Notes:
Ch. II, V. 710.
Colchide (t| KoX*xfO [la], pays
du Pont, p. 9, 1. 30; Aia, ville de
Colchide, p. 63, 1. 8; un navire de
Colchide, p. 84, 1. 26; les peuples
de Colchide, p. 88, 1. 28; la terre de
Colchide, p. 90, 1. 14; p-9i, 1. 2;
p. toi, 1. 13; les nations de Colchide,
p. 138, 1. 8; la terre de Colchide,
p. 139, 1. 8; p. 142, 1. 16. — Notes:
Ch. I", V. 3 ; 85 ; 226; 258; 305 ; 609;
1177. Ch. II, V. 178; 399; 404; 417;
854 ; 965 ; 1231- Ch. III, V. 2on ; 775 ;
1074; 1220; 1372. Ch. IV, V. 119;
i3';259;277; 284;3i7; 1217; 1758.
COLCHIENNE (RoX/î;). Médée,
p- 138, 1.3; p. 160, 1. 14. Voit Médée.
COLCHIENNES (al KoXxi^c;) [les],
p. I 16, 1. 8.
COLCHIENS (oî KAXyoi) [les], peu-
ple du Pont; le pays des Colchiens,
p. 7, 1. i; le roi des Colchiens, p. 9,
1. 3 1 ; les belliqueux Colchiens, p. 62,
1. 21; les peuples sans nombre des
424
INDEX
Colchiens, p. 88r 1.6; lesÂrgonau*
tes s'embusquent dans les marais du
Phase, sans être vus des Colchiens,
p. 91, 1. 8; les funérailles chez les
Colchiens, p. 97, 1. 34; le peuple
innombrable des Colchiens, p. 98,
1. 8; les hommes Colchiens, p. 102,
1. 7; rassemblée des Colchiens,
p. I (>9, 1. 1 5 ; les confins de la terre
où Ton ne connaît pas le nom des
Colchiens, p. 1 12, 1. 28; Aiétés, roi
des Colchiens, p. 130, 1. 2; la foule
des Colchiens, p. 130, 1. 36; cris des
Colchiens, en voyant Jason vain-
queur des gréants, p. 1 34, 1. 2 ; retour
des Colchiens à la ville, p. 135,
1. 8; les Colchiens connaissent
la passion de Médée, p. 144, 1. 35;
les Colchiens poursuivent Médée,
P> i45t !• 7\ les Colchiens prennent
la mer, p. 145, 1. 26; ils sortent du
Pont. p. 147, 1. 33; ils entrent dans
rister, p. 14H, 1. 11; ils côtoient le
mont Angouros, p. 148, 1. 2 >; ils
n'osent p<ts pénétrer dans les îles
d*Artémis, p. 148, 1. 32; Jason veut
combattre contre eux, p. 151, 1. in-
12; Médée Ten détourne, p. 151,
1. 21-27; Ic^ Colchiens abordent en
divers endroits, p. 152, 1. 31 ; l'équi-
pag^e des Colchiens massacré par
les Argonautes, p. 153, 1. 33; aucun
des Colchiens n'évite la mort, p. 1 54.
1. i; les Colchiens à la recherche
d'Argo, p. 154, 1. 24; îles occupées
par les Colchiens, p. 156, 1. 16;
Médée parle à Circé dans la langue
des Colchiens, p. 161, 1. 26; une
expédition de Colchiens arrive vers
l'île des Phaiaciens, p. 170, 1. 2;
Médée supplie Arété de ne pas la
laisser livrer aux Colchiens, p. 170,
1. 17; la lutte que les Argonautes
auraient engagée avec tous les Col-
chiens, p. 171,1.23; Arété demande
à Alcinoos de ne pas livrer Médée
aux Colchiens, p. 172,1. i3etsuiv.;
réponse d'Alcinoos au sujet de la
demande des Colchiens, p. 173, 1.8 et
suiv.; les Colchiens dans l'île d'Alci-
noos, p. 175, 1. 25; ils demandent
d'y être reçus en alliés, p. 1 76, 1. 22
et suiv. — Notes : Ch. I", v. 85 ;
1289. Ch. II, v. 399. Ch. III, V. 343;
353; 570; 1093; 1220. Ch. IV, V.86;
277; 289; 303; 317; 408; 417; 517;
519; 1002; 10C7; 1 153; 1212; 12 15;
1216.
COLONÉ (6 KoXeîivi); vxôicsXo;) [le
rocher de], en Bithynie, dépaaaê
par les Argonautes, p. 70, 1. 25;
limite des conquêtes de Dascylos,
p. 74, 1. 35. — Notes ; Ch. II, v. 650 ;
789.
CoM&T&s (Ko|ir,Tr,Ot habitant de
Peirésies, père d*Astérion, p. 5,
1. 18 et suiv. — Notes : Ch. I'',
V.35; 176.
Concorde (tq '0|iôvoia) [la],
déesse à laquelle les Argonautes
élèvent un temple, p. 72, 1. 32.
CoKÉ (Kovpn), surnom de Persé-
phoné, fille unique de Déméter,
p. 117, 1. 26. Voir Perséphoné.
— Notes : Ch. III, v. 847.
COKONis(Kopcdv:;). Nymphe, mère
d* Asclépios, p. 1 58, 1. 1 . — Notes :
Ch. IV, V. 616.
COKONOS (Kopcdva;), Argonaute,
fils de Caineus, p. 6, 1.7. — Notes :
Ch. P% v. 57.
CoRTCiE (to Kwpuxlov avTpov)
[la caverne de], en Cilicie, aux
environs de laquelle on trouvait un
safran célèbre, p. 117, 1. 34. —
Notes : Ch. lïl, v. 855.
COSYCIENNES (st KoiprSxiXl
Nuji^ai) [les Nymphes], habitantes
de la caverne de Corycie, dans le
mont Parnasse, p. 72, 1. 23. — Notes :
Ch. II, v. 71 1.
CouRÈTEs Idâibns (ol Koupri*^;
'ISatot) [les], divinités de la Crète
qui éle\èrent Zeus, p. 89, I. 2. —
Notes : Ch. III, v. 133. Ch. IV,
V. 540.
CouRÈTES^/« j^ays des)[ri Koupr^ti;
^6(ov], l'Acarnanie, d'abord habitée
par les Courètes, p. 177, 1. 15. —
Notes : Ch. IV, v. 1229.
Crataïs (KpaTau;), surnom de
Scylla, p. 164, 1. 26. — Notes :
Ch. IV, V. 826.
Crète rf, Kp -.xn) [pie de] ; île de
Minos, p. 59, 1. 19; Tantre de Crète
où Zeus a été nourri (to Kprjatov
avrpov), p. 89, 1. 3; l'île de Crète,
p. 188, 1. 26; les Argonautes se
dirigent vers cette île, p. 190, 1. 24;
le géant Talos, gardien de l'île de
Oète, p. 190, 1. 32 ; il les écarte de la
Crète, p. 191 , 1. 5 ; les héros peuvent
INDEX
425
passer la nuit en Crète, p. 192, 1. 12 ;
la vaste mer de Crète (xb Kpr,Taîov
XxlTp.ai), p. 192, 1. 16. — Notes:
Ch. l",v. 176; 368; 509; 623; 645;
I i3i.Ch.II,v.299;5oo;5i6.Ch.UI,
V. 133; 876; 1003. Ch. IV, V. 175;
1492; 1564; 1578; 1638; 1640; 1644;
1691; 1693; 1711; 1758; 17S1.
Créthéioe (KpY)Oei'â/ic), Aison,
fils de Crétheus, p. 102, 1. 25.
Crétubus (Kpv)Oeû;), frère d' Atha-
mas, père d' Aison et g^rand-père de
Jason, p. 86, 1. 30 et 31; Crétheus
fils d'Aiolos, p. 102, 1. 26 et 27. —
Notes: Ch.I«', v. 3; i3;45;49; 1 18.
Ch. II, V. 514; 1162.
Cretois (ol AdixTu^oi 'Halot
Kpyitstsec) [les Dactyles Idaiens],
p. 40, 1. 4.
Crobialos (t) Kpco^taXoOt ville
de Paphlagonie, p. 79, 1. 31. —
Notes : Ch. II, v. 942.
Cromna (y) Kpfi>|xva), ville de
Paphlag^onie, p. 79, 1. 3 1 . — Notes :
Ch. II, V. 941; 942.
Cronide (Kpov{S/}Ot Zeus, fils de
Cronos, p. 39, 1. 9, etc. Voir Zeus.
— Notes: Ch. I", v. 471. Ch. IV,
V. 892.
Cronos (KpôvoOi dieu, fils d'Ou-
ranos et père de Zeus; enlève la
souveraineté de TOlympe à Ophion,
p. 20, 1. 12; Zeus fils de Cronos,
p. 66, 1. 20; Cronos s'unit à Philyra,
p* 89, 1. 3; surpris par Rhéa, p. 89,
1. 5 ; mutile son père Ouranos, p. 169,
1. 19. — Notes : Ch. I*', v. 554. Ch.II,
V. 1231; 1238; 124t. Ch. III, v. i;
26. Ch. IV, v. 324; 540,
Cronos (ti Kpovi'rj aXO [la mer de],
nom de la mer Adriatique ; les Col-
chiens pénètrent avant les Argo-
nautes dans la mer de Cronos, p. 1 48,
I. 25 ; ils cherchent le navire Argo
dans toute la mer de Cronos, p. 1 54,
1. 25 ; Hyllos s*embarque sur la mer
de Cronos, p. 155, 1. 31. — Notes :
Ch. IV, v. 324 ; 983.
Ctiméné (^ Kti|jlIvt)), ville des
Dolopea, voisine . du lac Xynias,
p. 6, 1. 20. — Notes : Ch. ï*', v. 67.
Ctiménos (KTipiEvo;), père de
TArgonaute Eurydamas, p. 6, 1. 19.
— Notes : Ch. I", v. 67.
Cyanéss (oLi Kudtveai icéxpaO [les
roches], ou Symplégades, à rentrée
du Pont-Euxin, p. 4, 1. 6; signalées
aux Argonautes par Phinée, p. 60,
1. 6; franchies par le navire Argo,
p. 68, 1. 31 et huiv.; p. 70, 1. 19;
p. 74,1. 14; p. 78, 1. 8; les Colchiens
sortent du Pont en passant entre les
roches Cyanées, p. 1 47, 1. 35 ; p. 1 70,
1. 3. — Notes : Ch. I", v. 3. Ch. li,
v.i77;3»8. Ch. IV,v.289;3o3;786;
1002.
Cyclopes (ol KOxXwite:) [les],
nés de la terre, font la foudre pour
2eus, p. 20, 1. 17; représentés sur
le manteau de Jason, p. 27, 1. 20.
— Notes : Ch. I", v. 510; 730; 7 3.
Ch. IV, v. 616; 1091.
CvLLéNOS (KûXX/)voc), l'un des
Dactyles Cretois de Tlda, p. 40,
1. 2. — Notes : Ch. I", v. 1 126.
Cypris (K'JTcpi;), un des noms
d'Aphrodite ; irritée contre les fem-
mes de Lemnos, p. 23, 1. 31; repré-
sentée sur le manteau de Jason,
p. 27, 1. 35 ; met une passion crimi-
nelle dans l'âme des hommes de
Lemnos, p. 29, 1. 32 ; inspire aux
femmes de Lemnos une passion
pour les Argonautes, p. 31, 1. 15;
sacrifices à Lemnos en l'honneur de
Cypris, p. 31, 1.25; Cypris frappe
le cœur d'une Nymphe, p. 43, 1. 16;
Phinée recommande aux héros de
se ménager le secours de Cypris,
p. 63, 1. 15; Erato partage la desti-
née de Cypris, p. 91, 1. 5; visite
d'Héra et d'Athéné chez Cypris,
p. 92, 1. 21 et suiv.; conversation
des déesses, p. 94; Cypris à la
recherche d'Eros, p. 95; Jason se
ménage, malgré Idas, le secours de
Cypris, p. 108, 1. 22 et suiv.; il va
trouver Médée, confiant dans l'aide
de Cypris, p. 120, 1. 17 et suiv.;
Cypris sauve Boutés, p. 167, 1. 16.
— Notes: Ch. III, v. 43; 52; 79;
540. Ch. IV, v. 914.
Cyrène (K'jpvn)f enlevée par
Apollon, p. 65, I. 28; elle est mère
d'Aristée, et le dieu fait d'elle une
nymphe de Libye, p. 66, 1. i. —
Notes : Ch.II, v. 500. Ch.IV, v. 1 56 1 .
Cytaien (KuTaiev; ou Kuxxîoc).
épithète d'Aiétès, p. 62, 1. 28; p. 84,
1. 2$; p. 98, 1. 25. Voir Aiélès,
Cytaien NE (^ Kuxaù; yoila) [la
terre], la Colchid«î, p. 154, 1. 27;
54
426
INDEX
la ville Cytaienne d*Aia (tJ K'jtsCi;
«T^Atc AtV')> p. 90. 1- 4-
Cytais (r| K'Jtsuc t.icîtpoc) [le
territoire de]^ la Colchide, p. 62,
1. 24. — Notes : Ch. II, v. 399.
Cythi&réia (K'jOipeta)t un des
noms d'Aphrodite; p. 27, 1. 35, etc.
Voir CyPris. — Notes : Ch.IIi, v. i.
Cytisosos (K'jxifitùpoç)^ Tun des
fils de Phrixos, p. 86, 1. 23. — Notes :
Ch. II, V. 1092.
Cytokos (ô Kv'.copoç), montagne
de Paphlagonie,p.79,1.32. — Notes :
Ch. Il, V. 941; 943.
Cyzicos(Kû;ixi>:), roi des Dotions,
au d'Aineus et d' Ainété, p. 34, 1. 1 8 ;
vient à la rencontre des Argonautes,
p. 34, 1.31; tué par les Argonautes,
P* 37* 1* 15 et suiv.; Cleité, femme
de Cyzicos, se tue, p. 38, 1. 6. —
Notes : Ch.I'S v.949; 975 ; 997; 1037;
1040; 1061; it63.
Cyzique (t| K'jCixoc), ville des
Dolions, p. 38, 1. 19; la dolionienne
Cyzique,p.74, 1.9. — Notes : Gh.I*%
V. 936; 961; 966; 997; 1024; 1037.
Ch. II, V. 98.
Dactyles (ol Aâxrj).ot *Hxtot
Kpr,Taile;) [/«s], nés de la nymphe
Anchi.ilé, p. 40, 1. 4. Voir Ida. ^-
Notes : Ch. I", v. i 126; 1 129; 1 141.
Ch. II, V. 758; 783.
Danaé (Aavo(V))i victime de la folle
méchanceté de son père, p. 1 72, 1. 36.
— Notes: Ch. IV, v. 1091; 1513»*
1515-
Danaens (ol AavQioO f/«s], l'un
des noms des habitants de l'Hellade,
p. 1 46, 1. 22. — Notes : Ch.I V, v. 262;
*533.
Dan AIDE (Aotvaî:). Amymoné, fille
de Danaos et mère de Nauplios
l'ancien, p. 8, 1. 22.
Danaos (Aavaô;), père d'Amy-
moné et ancctrc de Nauplios le
jeune, Argonaute, p. 8, 1. 19. —
Notes: Ch. !•', V. 4; 125; 134; 230;
668; 1207. Ch. III, v. 1 178.
Dardanie (t) AotpcaviV,), ville de
la Troade devant laquelle les Argo*
nautes passent sans y aborder, p. 33,
1. 34.— Notes : Ch. I", v, 931.
Dascvlos (Aâaxvyoç), père de
Lycos, roi des Mariandyniens, reçoit
H;!:raclc8 dans son palais, p. 74, 1. 2 1 .
Dasctlos (Aâ<7x*jXoc), fils de Ly
cos, roi des Mariandyniens, donné
par son père comme compagnon aux
Argonautes, p. 75, 1. 14; au retour
de Colchide, les Argonautes le
laissent en Paphlagonie, p. 147,
1. 27. — Notes : Ch. II, v. 724.
Deiléon (Ar,r/.é<i>v), un des fils de
Deimachos, p. 80, I. 1 1. Voir Dei-
machos. — Notes : Ch. II, v. 955.
Deimachos (Xr,i\LOLxoç), deXricca,
en Thessalie, établi avec ses trois
fils Autolycos, Deiiéon et Phlogios,
en Assyrie, auprès du fleuve Halys;
ils s'embarquent tous les quatre
avec les Argonautes, p. 80, 1. 1 1 et
suiv. — Notes : Ch. II, v. 935.
Dé LOS (y) ArjXoç), tle consacrée i
Apollon, p. 13, 1. 33. — Notes:
Ch. I", V. 308; 419; 1131; 1300.
Ch. II, v. 123. Ch. IV, V. 1763.
Delphes Pythienne (t; UuOû),
P-i3»1.33« — Notes : Ch. I", v.207;
308. Ch. II, v. 675; 706; 71 1.
Delphynâ (t| AeXçûvTi), serpent
monstrueux tué par Apollon, p. 72,
1. 18. — Notes : Ch. II, v. 706.
DÉMÉTER (Av]<d); la semence de
Déméter, p. 104, 1. 14; la fille de
Déméter (voir Perséphoné}^ p. 166,
]. 29; Déméter déesse de la terre,
p. 169, 1. 2 1 ; Déméter enseigne aux
Titans à faire la moisson, p. 169,
1. 22. — Notes: Ch. I*', v. 9i6;9i7.
Ch. II, V. 722. Ch. III, V. 467; 847;
8Ô1. Ch. IV, v. 540; 869; 1726.
Deucalion (AE*jxa>.tci)v), fils de
Proniéthée, est le premier qui ait
bâti des villes et élevé des temples,
p. 125, 1. 4; les descendants de
Deucalion (ol Asvxa).idat), habitants
de la terre Pélasgienne, p. 146,
1. 27. — Notes : Ch. II, v. 71 1 , 1 147.
Ch.III,v.ic85; 1086; 1090. Ch. IV,
V. 266; 778.
DiA (vj AÎT^), ancien nom de Naxos,
tle où les Charités ont fait un péplos
pour Dionysos, p. 151, 1. 33; où
Thésée abandonna Ariane, p. 152,
1. 8. ~,Notes : .Ch. II, v. 1092.
Ch. III,*v. 1003. Ch. IV, v. 425.
Dicté (to AtxTaîov trizioç) [l^antre
du], où Zeus fut élevé, p. 20, 1. 17;
caverne du mont Dicté où sont nés
les Dactyles Cretois, p. 40, 1. 6; les
Harpyes, poursuivies par les Boréa-
INDEX
427
des, s'enfoncent dana l'antre da
mont Dicté, p. 63, 1. 27; le port de
Dicté fc'est^-dire ttn port de
Crète), p. 190, 1. 39. — Notes:
Ch. I", V. 509. Ch. IV, V. 1640.
Dieu des rivages ("AxtioOi «ur-
nom d* Apollon, p. 16, 1. 36. Voir
Apollon,
Dieu qui lance les traits
(*Exy}fiiXo« ou "ËxQiToc), surnom
d'Apollon, p. 7, 1. 4; p. 17, I. 19;
p.34, 1. 28; p.66, 1. 13; p. 194, 1.5.
Voir Apollon.
Dieu qui préside aux débar-
quements CExpdtaioç), surnom
d'Apollon, p. 35, 1. 1; p. 42, 1. I.
Voir Apollon.
Dieu qui protège les embar-
QURMENiS ('£)i.^d(9io;), sumom
d'Apollon, p. 17, 1. 1 . Voir Apollon.
Dindtmos (to A{v$v(&ov ^poc)
f/e mont]^ en Phry^ie; les Argo-
nautes le gravissent, p. 35, 1. 23;
Jason va y faire un sacrifice à Rhéa,
la mère du Dindymos (y| Mr|Tr,p
Aiv^u|xt7,), p. 38, 1. 36 et suiv. ; une
source coule du sommet du Din-
dymos, p. 40, 1. 25. — Notes : Ch.I",
v. 941; 1125.
Dionysos (At6&*/v<7o;), père de
l'Argonaute Phlias, p. 8, 1. 1; Dio-
nysos à Dia, p. 151, 1. 33; l'île
Macris, nourricière de Dionysos,
p. 1 55, 1. 2D. — Notes : Ch.I*', v. i o i ;
115; 162; 636; 917; 932. Ch. II,
V. 514; 904. Ch. III, V. 861; 1003.
Ch. IV, V. 432; 433; 540; 1134;
1138; 1212.
D1PSACOS (Ai]/ax6ç), fils d'une
nymphe, reçoit Phiixos dans sa
demeure, p. 70, 1. 27 et suiv. —
Notes : Ch. II, V. 653.
DODONB (T) Acii^v\< çnr^ç) [le
chêne de\t dont Athéné a adapté
une poutre à l'étrave du navire
Argo, p. 21, 1. 4; p. 157, 1. I.-—
Notes: Ch. I", v. 526.
DOIANTIEMNB (TOAOKXVTtOV IClSlOv)
[la plaine], voisine du Thermodon,
où les Amazones ont leur demeure,
p. 8 1,1. 13. — Notes: Ch.II,v.373;
988.
DoiAS(Aoia;) ; la plaine de Doias,
p. 61, 1. 32. Voir Doiantienne (la
plaine). — Notes : Ch. II, v. 373.
DoLiONiENNE(AoXiov{r^,épithète 1
de Cyzique, p. 74, 1. 9. Voir Cy-
gique.
Do LIONS (ol AoXiovEç) [les], habi-
tants de Cyzique, p- 34i !• 17; issus
de Poséidon à l'origine, p. 34, 1. 2 1 ;
dispositions amicales des Dolions
pour les Argonautes, p. 34, 1. 31;
retour des Argonautes chez les Do-
lions, p. 36, 1. 29 et suiv.; combat
de nuit entre les Argonautes et les
Dolions, p. 37-38; douleur des
femmes des Dolions et des hommes,
p. 38, 1.13. — Notes : Ch. I", v. 943 ;
947; 961; 965; 1024; 1037.
DOLOPES ifAs6Xo'Ktç)[les]. peuple
de Thessalie; Ctiméné, ville des
Dolopes (Ao).oicrji;), p. 6, 1. 20. —
Notes : Ch. I", v. 67; 585.
DOLOPS (AôXo'V)* héros; le tom-
beau de Dolopa (4 Ao>.o7cr,ioCTÛ(ifioOi
p. 22, 1. 33. — Notes : Ch. I", v. 585.
Dr É PANÉ (t) ApeiccKvr,), !le de la
mer de Céraunie; pourquoi l'ile
Macris a reçu le nom de Drépané,
p. 169, 1.^5; les Argonautes quittent
Drépané, après y fttre restés sept
jours, p. 1 77i 1- 7. — Notes : Ch. IV,
V. 540; 9^4; 990.
Dryopes (ol Apvone;) [les], peu-
ple impie chez qui Héraclès a porté
la guerre, p. 42, 1. 32 e{ suiv. —
Notes: Ch. i*', v. 1207.
Dyscélados (t) Au(rx£Xado;),
l'une des îles Liburniennes, p. 1 56,
1. 16. — Notes : Ch. IV, v. 564.
ECHÉTOS CEx^xoç), personnage
barbare qui creva les yeux de si
fille, p. 173, 1. 2.— Notes : Ch. IV,
V. 1093.
EcHiNADES (al *Ext'*2lî«) [''*]•
petites îles à l'embouchure de
l'Achéloos, p. 177, 1. 16. — Notes:
Ch. I*', V. 748. Ch. lï, V.' 299.
Ch. IV, V. 1230.
ECHION ('Ext<ov), Argonaute,
frère d'Erytos et fils d'Hermès,
p. 6, 1. 2. — Notes : Ch. V", v. 54.
EÉRiA (?) 'llEpîr,) [/'], nom ancien
de l'Egypte, p. 146, 1. 28 et 31. Voir
Egypte r/';. — Notes: Ch. IV,
V • 267 ' 280
Egée (^Alyociti âU et o Atyalo;
itivTo;) [la mer], p. 30, 1. 30; la
mer Egée, demeure de Nérée,
p. 162, 1. 36.— Notes: Ch. I'%
(
428
INDEX
V. 583; 623; 831; 916; 1165. Ch. U,
V. 271. Gh. IV, V. 772.
Egypte (r^ AryjicToc) f/']; élojgrc
de l'Egypte, p. 146, 1. 28 et suiv.
— Notea : Ch. I*' , v. 580. Ch. II,
V. 1210; 1248. Ch. IV, V. 262;
267; 269; 272; 289; 1134.
ËIDYIA (btd'jia), la plus jeane des
filles de Téthys et d'Océanos, femme
d'Aiétèâ, p. 99, 1. 5; elle sort du
palais, p. 99,1. 34. — Notes : Ch. II,
V. 1221. Ch. IV, V. 323.
EiLATiDE (tUatio/j;), Polyphé-
mo8, hlsd*£latos, p. 5, 1. 23, etc. Voir
Polyphèmos. — Notes : Ch. I«',
V. 1240; 1248. Ch. IV, V. 1470.
EiLÊiTHYiA (El>.etOuia), déesse
des accouchements, p. 13, 1. 11. —
Notes : Ch. P , v. 289.
Elaré ('EXoîpn), mère dcTityos,
p. 28, 1.21.— Notes: Ch.I", v.761.
ELKCTRA('Il)iéxTpa),fiUe d'Atlas,
reine de Tile de Samothrace, p. 33*
1. 19. — Notes : Ch. P% v.916; 917.
ELECTRlDES(ail 'HXextpt^ec vr.aoi)
[les Ues]^ voisines de l'embouchure
de TEridan, p. 154, 1. 22. — Notes :
Ch. IV, V. 481; 551.
Electris (t| 'IIXexTpi; vt,<toç)
[Vile], celle qui est la plus voisine
de l'Ehdan, p. 15^, 1. 21; le vent
ramène lia Argonautes vers l'île
Electris, p. 1 56, 1. 32. — Notes :
Ch. IV, v. 481.
Electryon ClIXexTpucdv) ; le
combat des tils d' Electryon avec
les Télébocns, représenté sur le
manteau de Jason, p. 28, 1. 4.
Eli DE (ol 'H>.£ioi âvSpeç) [les
hommes de /'], qui ont Augéiès
pour roi, p. 9, 1. 30. — Notes :
Ch. I", V. 645. Ch. IV, v. 58 ; 1212;
1229.
Elyséenne (to *HX'j<jiov ttsôiov)
[la plaine], p. 164, 1. 8.
Enchéliens (ol 'EyxsXie;) [les],
peuple d'Illyrie chez lequel s'établit
une partie des Colchiens envoyés à
la poursuite des Argonautes, p. 155,
l. 1 . — Notes : Ch. IV, v. 517.
Endymion ('Evôv|xûov), pour qui
la Lune se consume d*amour, p. 140,
1. 2. — Notes: Ch. IV, v. 58; 66;
263; 1229.
Enétéien (*Ev£Ty,ioc)» épithètc
de Pélops, le premier roi des
Paphlagoniens, p. 61, 1. 16. Voir
Pélops, — Notes : Ch. II, v. 359.
Enipbus (ô 'Evticrk) [/']* f)euve
qui se joint à l'Apidanos, p. 5, 1. 21.
— Notes : Ch. I-', v. 35; 36. Ch.IU,
v. 108s.
Enyalios (*ErjalXioOt surnom
d'Ares, p. 108, 1. 33; p. 133, 1. 34.
Voir ^rés. L'i.e d'Enyalios, p. loi,
1. 24. WoiTArélias(nieJ, — Notes:
Ch. III, v. 322.
Eos CHoSc), personnification de
l'Aurore; p. 20, 1. 30; p. 81, 1. 34;
p. 90, 1. 22 ; p. 116, 1. 34 ; p. 117,
I. 9; p. 129, 1. 15; p. 143, 1. 35;
p. 166, 1. 18; p. 169, 1. 14; p. 175,
1. 20 ; p. 192, 1. 1 1 et 36. — Notes :
Ch. II, v. 450.
Efmyra (t) 'E^'jpY)), nom ancien
de Corinthe, d'où les Bacchiades
étaient originaires, p. 176, 1. 30. —
Notes : Ch. UI, v. 242. Ch. IV,
V. 1212.
Erato (*EpaTu), Muse qui par-
tage la destinée de Cypris, p. 91»
1. I . — Notes : Ch. III, v. 1 .
Erechtéiob CEpexOr/Ot Oréi-
thyia, fille d'Erechtée, enlevée par
Borée, mère des Boréades, p. 10,
1. 34.
ErechtéidesCoI 'Epcxûetdai)
[les], p. 7, 1. 21. Voir Thésée.
Erginos ('EpYtvoc)i Argonaute,
fils de Poséidon, p. 10, 1. 5; Tun de
ceux qui veulent être pilotes après
la mort de Tiphys, p. 78, 1. 13.—
Notes : Ch. I*% v. i 86. Ch. II, v. 898.
Erginos (à 'Epyîvo;) [/'], fleuve
de Thruce, p. 11 « 1. 3. — Notes :
Ch. P', v. 211.
Eridan (ô *Hpt$av6;) [H, fleuve
dont l'embouchure est voisine de
l'île Electris, p. 154, 1. 22; les Argo-
nautes y pénètrent, p. 157, I. 15;
tempêtes dans r Eridan, p. 157,1. 29;
odeur qui s'exhale des eaux de
l'Eridan, p. 158, 1. 8; le Rhodanos
se jette dans l'Eridan, p. 158, 1. 13.
— Notes : Ch. IV, v. 505; 596; 597;
616; 627; 1396; 1399.
Erigène ('HpirevriC)i épithète
d'Eos, p. 64, 1. 9; p. 1 17, 1. 2. Voir
Eos, — Notes : Ch. II, v. 450.
Erints (y\ 'Epivj;) [/'], déesse in-
fernale; l'Erinys accable Phinée,
p* 56, 1. 35; TErinys qui poursui-
INDEX
429
vra Médée, si elle ne secourt pas
les fîls de Chalciopé, p. 1 13, 1. 20;
une Erinys a ramené en Colchide
les fils de Chalciopé, p. 115, 1. 27;
une Erinys voit le crime dejason
et de Médée, p. 153. 1. 21; TErinys
qui protège les suppliants (*Ixcatr,),
p. 171, 1. 13. Erinyes (ol\ *Epivv£ç)
[les]t p. 113, 1. 29; les Erinyes de
Médée, p. 1 50, 1. 22 ; les redoutables
Erinyes, p. 161,1.8. — Notes : Ch.I",
V. 1019. Ch. IV, V. 705.
Esos rEpu>ç), dieu de Tamour,
fils de Cypris; Athéné ignore les
traits d'Eros, p. 92, 1. 28; Erosjoue
aux osselets avec Ganymède, p. 95,
1. 16 et suiv.; Eros envoyé par sa
mère vers Médée, p. 96, 1. 17 et
suiv. ; Eros arrive au palais d'Aiétès,
p. 1 00, 1 . 5 ; le souffle d'Eros, p. 121,
1. 20; Eros rend la beauté de Jason
éclatante, p. 122, 1. 36; imprécation
du poète contre Eros, p. 152, 1. 21.
Eros (ol "EpwTs;) [les], p. 105,
1. 21; les Eros audacieux, p. 112,
1. 36; les Eros lancent dans l'âme
le tourment de l'amour, p. 115,
1. 14; les aimables Eros, p. 120,
1. 17. — Notes: Ch. I*', v. 496.
Ch. III, V. 26; 52; 93; 278; 452.
Ch. IV, V. 201.
Erybotës ('EpvpwTr,;), Argo-
naute, fils de Téléon, p. 6, 1. 23
et suiv.; retire de la blessure
d'Oileus la plume de Toiseau d'Ares,
p. 82, 1. 35. — Notes : Ch. I", v. 7 1 .
Ekymanthos (to 'Ëpu(iâv6tov
TîçoO [le marais d']^ d'où Héraclès
a enlevé le sanglier, p. 8, 1. 13. —
Notes: Ch. 1", v. 127.
ESYTHÉIS ('EpuQr)(;), une des
Hespérides, changée en ormeau,
p. 183, 1. 28. - Notes : Ch. IV,
V. 1399-
Erythinibns (ot 'Ep^j©îvoi) [les
rochers]t auprès de Sésamos, en
Paphlagonie, p. 79, 1. 31 . — Notes :
Ch. II, v. 94T.
Erytos (*EpuTo;), Argonaute,
fils d'Hermès, p. 6, 1. 2. — Notes :
Ch. !•', V. 54; 71; 86.
Eryx (6 "Epu^), mont de Sicile
où Cypris règne, p. 167, 1. 16. —
Notes: Ch. IV, v. 914.
Etésiens (ai 'ETr,«j{ai aùpxi) [les
vents]; leur origine, p. 65-66. —
Notes : Ch. II, v. 526; 528. Ch. IV,
v. 269.
Ethiopiens (ol AlôtoirTeO [les],
peuple mythique, p. 128, 1. 15. —
Notes : Ch. III, v. 1 192.
Etolienne (AtTuiXtç), épithètc
de Léda, fille de l'EtoIien Thestios,
p. 8, 1. 33. — Notes : Ch. I", v. 146.
EtolÎens (ol AtTwXoi') [les], peu-
pie chez lequel Méléagros était
élevé, p. 10, 1. 19.
EUBÉE (t) *Eupoia) [/']. île d'où
vient l'Argonaute Canthos, p. 6,
1. 30 ; Macris chassée de l'Eubée par
Héra, p. 1 74, 1. 1 8 et suiv.; les Argo-
nautes passent entre le continent et
l'Eubée pour rentrer à Pagases,
p. 195, 1. 7. — Notes : Ch. P', v. 77;
86; 95; 134:623; 1024; 1165. Ch.II,
V. 393. Ch. III, V. 1240. Ch. IV,
V. 540; î 138; 1229.
EuPHÉMOS (Eu^rjiJLo;) , Argonaute,
fils de Poséidon, p. 9, 1. 35; porte
la colombe dans ses mains, p. 66,
1. 34; il la lance, p. 67, 1. 22 et suiv.;
Euphémos court à ses compagnons,
p. 68, 1. 22 ; il est parmi ceux qui
veulent prendre le gouvernail après
la mort de Tiphys, p. 78, 1. 14;
Euphémos part à la recherche
d'Héraclès, p. 184, 1. 36; il revient
sans succès, p. 185, 1. 20; il reçoit
la motte de terre de Triton, p. 188,
1. 7; le songe d'Euphémos, p. 193,
1. 23 et siiiv.; Euphémos jette la
motte de terre dans les flots, p. 194,
1. 14 et suiv. — Notes: Ch. 1",
V. 179. Ch.IV, V. 1464; 1552; 1562;
1564; 1733; 1736; 1751; 1758; 1763.
EuPOLÉMÉiA (EuTToXéjuia), fille
de Myrmidon et mère d'Aithalidès,
p. 6, 1. 5. — Notes : Ch. I*', v. 54,
Europe (Eup^wri), fille d'Agénor,
sœur de Cadmos; Cadmos à la
recherche d'Europe, p. 127, 1. 35;
le géant Talos gardien d'Europe,
p. 190,1.31. — Notes: Ch.I",v. 176.
Ch. III, V. 1 178. Ch. IV, V. 1638.
Europe (Eup<o7rn), fille de Tityos,
mère d'Euphémos, p. 9, 1. 36. —
Notes: Ch. I", v. 179.
Europe (tj E^ptlmt^) [/'], partie
du monde, p. 146, 1. 34. — Notes :
Ch. I", V. 3. Ch. II, V. 177; 460;
532;965; lOis.Ch. IV, V. 272;2H4;
286; 635.
430
INDEX
EuRYDAMAS (Ejp'j^afix;), Argo-
naute, fils de Ctiménos, p. 6, 1. 19.
— Note* : Ch. I*', V. 67.
EusYMâooN (Eupvi(i.éâù>v), nom
donné à Persée par sa mère, p. 186,
1. 20. — Notes : Ch. IV, v. 1513.
EUKYMÈNES («l EOpU}lEVaO, Ville
de Thessalie, p. 23, 1. 10. — Notes :
Ch. I", V. 597.
EuRYNOMÉ (ECpuv6|AY)), Océanide
qui régnait sur TOlyinpe avec
Ophion, p. 20, 1. 10 et soiv. —
Notes : Ch. I", v. 503.
EuRYPYLOS (EùpuicvXo;), nom
que se donne Triton, quand il appa*
rait aux Argonautes, p. 188, 1. 5.
-—Notes: Ch. IV, v. 1561; 1562;
1598.
hluRYSTHÉE (E-jp*ja6su;), roi
d'Argos; Héraclès vient, sans son
ordre, se joindre aux Argonautes,
p. 8, 1. 15; travaux qu*Eurysthée
fait accomplir à Héraclès, p. 4),
1. 9; p. 47, 1. 10.
EuRYTiDE (EipyTi8/i;), Clytios,
lils d'Eurytos, p. 83, 1. 2. Voir
Clytios.
EuRYTiON (EvpvTt(i>v), Argonaute,
lils d'Iros, p. 6, 1. 23 et suiv. —
Notes: Ch. !«', v. 67; 71.
EURYTOS (EvpuToç), père de Cly-
tios et d'Iphitos, p. 7, 1. 4; Iphitos,
lils d'Eurytos, p. 53, 1. 18. Voir
Clytios et Iphitos.— Notes: Ch.I*',
v. 86.
EusoROS (E'jTcii^o;), père d*Ai-
nété, mère de Cyzicos, p. 34, 1. 18.
— Notes : Ch. I", v. 949.
EuxÈNB (EuÇsivo;), épithète de
Zeus, p. 62, 1. I. Voir Zeus. —
Notes : Ch. II, v. 378.
Gaia (rata), déesse de la terre;
mère de Tityos, p. 28, I. 21; les
enfants de Gaia (ol Vr,yv*Uç) : 1* les
Cyclopes (voir Cy dopes) ^ nés de la
terre, p. 20, 1. 17; 2» les géants
monstrueux qui habitent la mon-
tagne des Ours, p. 34, 1. 12; les
enfants de Gaia attaquent les Argo-
nautes, et sont vaincus et tués,
P> 34-3^f Tètre monstrueux que
Gaia mit au monde, p. 51, 1. 3;
Gaia enfante le dragon qui garde
la toison, p. 88, 1. 10; sacrifices de
Jason en l'honneur de Gaia, p. 90,
1. 9; Chalciopé fait jurer Médée par
Gaia, p. 1 13, 1. 14 et 33. — Les fils
de la terre (o\ Vi\yv*iti ou Viforf-
te;), nés des dents du dragon semées
dans la terre, p. 104, 1. 16; p. 107,
1. 2; p. 123, 1. 35; Jason les force à
s'entre-tuer, p. 133-135; Médée rap-
pelle à Jason son succès sur les fils
de la terre, p. 149, 1. 33- — Notes :
Ch. I-',v. 943; 987; 1165. Ch. n,
v. 710. Ch, lil, V. 26. Ch. IV, V.825.
Ganymède (Vayj^riàf^), établi
par Zeus dans le ciel, joue aux
osselets avec Eros, p. 95, 1. 12 et
suiv. — Notes : Ch. III, v. 114; 133.
Ch. IV, v. 231.
Garamas (rapdcp.a;), le même
qu'Amphithémis, p. 185, 1. 33. Voir
Amphithémis. — Notes : Ch. IV,
v. 149^; 1494-
GÉNÉTAios rt r6v.'.Tai*i axpr,) [le
cap\^ p. 6 1 , 1. 36 ; ou le cap de Zeus
Génélaios (rev/)Txtou Aiô; aspr^u
p. 82, 1. 2, promontoire de la côte
des Tibaréniens. — Notes : Ch. II,
v. 378; 1009.
GÉPHYROS (réçvpo;), Dolion tué
par Pelée, p. 37, 1. 20. — Notes:
Ch. I", v. 1040.
GéRAiSTOS (6 repa:<rt6ç) [le], cap
planté d'arbres, dans TUe d'Eubée,
p. 130, 1. I. — Notes: Ch. III,
V. 1240.
Glaucos (DaOxoc)* interprète
du divin Nérée, p. 45, 1. 35; sa
prédiction aux Argonautes, p. 46;
rapportée par Jason à Lycos, p. 74*
1. II. — Notes: Ch. I", v. 1177;
1310. Ch. IV, V. 826.
Gorgone (rj l'opycu) [la], monstre ;
serpents nés de son sang, p. 186,
1. 22. — Notes: Ch. IV, v. 1091;
1515.
Grande-Ourse (r, *ApxToç) [/a],
p. 7f 1. 30, etc. Voir Hélice [F].
Graucéniens (ol Tpauxé^oi)
[les], peuple qui habite auprès de
rister, p. 148, 1. 19. — Notes : Ch.IV,
V. 320.
Gyrtone (t) rvp-nov), ville de
Thessalie, patrie de l'Argonaute
Coronos, p. 6, 1.7. — Notes : Ch.I",
V. 40; 57-
Haimokie (v| AVoviVi) [/'], nom
de la Thessalie, p. 65, 1. 33; p. 71,
INDEX
431
1. 33; P- 125, 1. 7; p. 169, 1. 36;
p. 171,1.5. — Notes: Ch.III, v.1090.
Ch. IV, V. 1000.
Haimonienne (t) liérpT) Atfi'^vtrt)
[Pitra]t lieu de Thessalie, p. 129,
1. 36. — Notes : Ch. III, v. 1240.
Haimoniens (ol AlpLovir.e;) [les],
habitants de l'Haimonie, p. 65, 1. 35 ;
p. 172, 1. 16.
Halys (ô "AXy;) [/•], fleuve de
Paphlagonie, p. 61, 1. 25; le dieu
de ce fleuve trompé par Sinopé,
p. 80, 1. 8; les Argonautes laissent
derrière eux le fleuve Halys, p. 80,
]. 19; sacrifice fait par les Argo-
nautes au retour de Colchide, près
du fleuve Halys, p. 146, 1. 2. —
Notes : Ch. II, v. 366 ; 367 ; 946 ; 953 ;
963.
Hamadrtadb (t) *A}ix^^jâO [la
uymphe\t dont le père de Paraibios
a mépridé les prières, p. 65, 1. 1 . —
Notes ; Ch. II, v. 4; 477.
Harmonia (*Ap{iovtV(), nymphe,
mère des Amazones, p. 81, 1. 17.
— Notes: Ch. I", v. 916. Ch. II,
Harmonia (*Ap(iovîr|), femme de
Cadmos ; son tombeau pt^sdu fleuve
d'Illyrie. p. 154, 1. 35.— Notes:
Ch. !•', v. 916. Ch. IV, v. 517.
Harpyes (ol\ 'Apu'jiai) [les] ; elles
tourmentent Phinée, p. 55, 1. 32 ;
p. 57, 1. 2 et suiv. ; les Borcades
poursuivent les Harpyes qui vont
se réfugier dans une caverne de la
Crète, p. 58-59; P- 63. 1- 26; p. 64,
1. 21. — Notes: Ch. II, v. 178; 271;
2S6; 296; 299; 1052.
HécATB ('Exà-cr^), déesse infer-
nale dont Mcdée est la prêtresse,
p. 99, I. 15; Hécate, fille de Per-
ses, p. io6, 1. 3 et 15; Hécate,
maîtresse de Médée, dans Tart de
préparer les poisons, p. 108, 1. i; le
templed'Hécate, p. 1 14>1>19; P*i 17,
1. 22; Brimô-Hécate, invoquée par
Médéc, p. 1 18, 1. 5; le temple d'Hé-
cate, p. 119, 1. 30; Jason supplie
Médéc au nom d^Hécate, p. 12 1,
1. 34 ; Hécate, fille unique de Perses,
p. 123, 1. 2n; Brimd-Hccate, protec-
trice des travaux de Jason, p. 129,
1. 2 ; les Argonautes apaisent Hécate
par des sacrifices, p. 146,1.3 ; Hécate,
mère de Scylla, p. 164, 1. 25; Médée
jure par Hécate, fille de Perses»
p. 170, 1. 24. — Notes : Ch. II,
V. 1221. Ch. III, V. 200; 242; 467;
640; 847; 861; 863; 1214. Ch. IV,
V. 247; 826; 1020.
HBLiADES(al *HMiUi)[les], filles
d'Héhos et sœurs de Phaéthon,
enfermées dans des peupliers noirs,
p. 157, 1. 23; les Argonautes enten-
dent les cris perçants des Héliades,
p: 158, 1.9. — Notes : Ch.IV, v.505;
597; 604; 965; 1399.
HÉLICE (t) 'EXixr.) [/'], ou la
Grande-Ourse, p. 7, 1. 3u; p. 61,
1. 18 et 19; p. 1 14, 1. 29; p. 128,
1. 19. — Notes : Ch. III, v. 745.
HÉLios ('fUXio;), dieu du soleil,
père d'Augéiès, p. 9, 1. 28; p. 102,
1. 29; d'Aiétès, p. 88, 1. 5; p. 110,
1. 6; dons qu'Héphaistos fait à
Aiétès par reconnaissance pour
Hélios, p. 98, 1. 31; Hélios conduit
Circé dans les régions occidentales,
p. I o 1 , 1. 1 o ; Pasiphaé, fille d'Hélios,
p. 122, 1. 15; chevaux donnés à
Aiétès par Hélios, p. 145, 1. 10;
Aiétès invoque Hélios, p. 145, 1. 18;
Circé, tille d*Hélios, p. 157, 1. 9; le
char d'Hélios.d'où tombe Phaéthon,
p. 157, 1. 17; réclat des yeux parti-
culier aux descendants d'Hélios,
p. 161, 1.22; les génisses d'Hélios,
conduites par ses filles (voir Pliai-
thousa et Lampétia)^ p. 168, 1. 33
et suiv.; la lumière sacrée d'Hélios,
p. 1 70, 1. 23. — Notes : Ch. I", v. 3 ;
172. Ch. II, V. 178; 1221. Ch. m,
V. 200; 233; 1214. Ch. IV, V. 54;
591; 597; 661; 683; 955; 1020;
1396; 1513. ,
Helladb (t| 'EUaç) [/'], p. I4i
1.27; p. 17, 1. 15; p. 33. I. 7; p. 45,
1. 16; p. 63, 1. 4; p. 64, 1. 19; p. 70,
1. 9; p. 78, I. 7; p. 86, 1. 32; p. 87,
1. 28; p. 92, 1. 7 et 25; p. 99, 1. 26;
p. 102, 1. 5 et 24; p. 1(13, I. 26;
p. 104, 1. 6; p. 122, 1. 9; 124 1. 13;
p. 125, 1. 22; p. 126, 1. 5 et 18;
p. 141, 1. 13; p. 144, 1. 24; p. 149,
1. 14; p. 150, 1. 2; p. 1(2, 1. 3;
p» 1 73t !• 4- — Notes : Ch. II, v. 1 78 ;
359. Ch. IV, v. 778; 1007; 1212;
1329.
Hellé rE*A>.r,), fille d'Athamas
et sœur de Phrixos, engloutie dans
les flots, p. 1 2, 1. 1 1; la mer d'IIcllé,
432
INDEX
p- 33. 1- 31- - Notes : Ch. I". v. 3;
25« ; 927-
Hellènes (01 llo(v£X>r,ve;) [tous
les], p. 56, 1. 22. — Notes ; Ch. I",
V.917. Ch. Il, V.673. Ch. HI,v.226.
Ch. IV, V. 262; 2.3; 1329.
Hellkspont (ô 'KX>.t,<t«ovto;)
I/']; les Argonautes arrivent au
terme de l'Hcllcspont, p. 34, 1. 2. —
Notei: Ch. I", v. 652; 927; 929;
HÉFHAisTOS ClIçaiiTo;), fils
d'Héra, p. 3 » » 1- 25 î père de l'Argo-
naute Palaimonios, p. 10, 1. 25;
égards de Cyprin pour Héphaistos,
p. 31, 1. 16; Cypris prépare le lit
d'Héphaiâtos, p. f3, 1. 2; présenta
qui viennent d'Héphaistos, p. 95,
1. 33; œuvres merveilleuses faites
par Héphaistos pour Aiétès. p. 98,
1. 19 et suiv.; les enclumes d'airain
d'Héphaistos, p. 162, 1. 25; Iris se
dirige vers Héphaistos, p. 163, 1. 3;
Héphaistos arrête le feu de ses for-
ges, p. 164, 1. 15; p. 167, 1. 29; il
assiste au travail des Néréides,
p. 168, 1.23. — Notes: Ch.I",v. 202;
602 ; 6(8 ; 85 1 ; 859. Ch. II, v. 1 052.
Ch. III. v. 41; 52; 230; 233; 409.
Ch. IV, V. 540; 761; 1638.
HÉRA ("Hprj), déesse, femme de
Zeus; Héra Pélasgienne méprisée
par Pélias, p. 4, 1. 19; Parlhénia,
demeure d'Héra Imbrasienne,p. 10,
1. 8 ; Héphaistos, fils illustre d'Héra,
p. 3 1 , 1. 25 ; Héra suscite les enfants
de Gaia contre Héraclès, p. 3'>, 1. 1 ;
Héra, protectrice des Argonautes,
p« 56, 1. 3<>; Héra inspire à Ancaios
une audace extraordinaire, p. 77,
1. 15; Héra persuade à Athéné de
venir avec elle chez Cypris pour
ménager aux Argonautes le secours
de cette dernière ; entrevue des trois
déesses, p. 91-95; Héra entoure
d'une nuée les héros qui vont au
palais d' Aiétès, p. 98, 1. 6; elle dis-
sipe la nuée, p. 98, 1. 1 1; elle retient
Médée chez elle, p. 99, 1. 13; elle
change les dispositions de Médée,
p. 116, 1. 32; la volonté d'Héra
interprétée par une corneille, p. 1 20,
1. 1 1; Héra veut que Médée vienne
à lolcos pour la perte de Pélias,
p. 126, 1. 19; Héra jette la terreur
dans r.lme de Médée, p. 13S, 1. 15;
elle lui persuade de fuir avec les
fils de Phrixos, p. 138, 1. 29; Héra
qui préside au mariage, prise à
témoin par Jason, p. 141, I. 11;
Héra veut que Médée arrive le plus
\6t possible à lolcos, p. 145, 1. 32;
Héra pénètre les desseins de Zeus
sur les Argonautes, p. 156, 1. 27;
Héra pousse un cri, p. 158, 1. 26;
Héra enveloppe les héros d'une
nuée, pendant qu'ils traversent le
pays des Celtes, p. 158, 1. 32; Héra
fait surveiller la marche du navire
par Iris qu'elle envoie vers Thétis,
vers Aiolos et vers Héphaistos,
p. 162, 1. 19 et suiv.; entretien
d'Héra avec Thétis, p. 163-164;
Thétis expose aux Néréides les ins-
tructions d'Héra, p. 165, 1. 8; elle
prévient Pelée de faire obéir les
Argonautes aux ordres d'Héra qui
les aide, p. 165, I. 22; Héra chasse
Macris de l'ile d'Eubée, p. 174,
1. 18; elle fait venir les Nymphes
au mariage de Jason et de Médée,
p. 174, 1. 36; elle répand la nou-
velle de ce mariage, p. 175, 1. 35;
c'est Héra qui a inspiré à Arété de
révéler le dessein d' Alcinoos, p. 1 76,
1. 15. — Notes: Ch. I", v. 4; 14;
186; 761; 859; 932; 1086; 1165.
Ch. II, V. 514. Ch. III, V. 52; 6j;
67; 847. Ch. IV, V. 58; 146; 540;
541; 78); 791; 793; 808; 1138;
1199; 1325; 1396.
HÉRACLKs ('HpaxX6/K)i Argo-
naute, p. 8, 1. 8; supérieur à tous
ses compagnons, p. 10, 1. 17; il
refuse le commandement de l'expé-
dition, p. 14, 1. 34; p. 15, I. 6; on
lui réserve le banc du milieu, p. 16,
1. 28; Héraclès tue un bœuf pour le
sacrifice, p. 17, 1. 28; il s'installe à
sa place sur le navire, p. 21, 1. 9;
il ne va pas chez les Lemniennes
et blâme ses compagnons, p. 31,
1. 21 et suiv.; sa lutte contre les
enfants de Gaia, p. 35, 1. 33; cette
lutte est un des travaux qu'Héra
lui réservait, p. 36, I. 3; Héra-
clès tue les Dolions Téléclès et
Mégabrontès, p. 37, 1. 18; Héraclès
rame seul, p. 41, 1. 7; sa rame se
brise, p. 41, 1. 13; il va à terre se
fabriquer une autre rame, p. 42,
1. 1 o et suiv. ; Héraclès a élevé Hylas,
INDEX
433
après avoir tué ton père Théioda-
inAa,p.4a, I.27et auiv.; Héraclès est
attjndu par Polyphémos, p. 43, 1.27 ;
il est rencontré par ce héros, p. 44,
1. 6; Héraclès, ayant appris de lui
la disparition d'Hylas, se met à sa
recherche, p. 44, 1. 16 ei suiv.;
colère de Télamon quand les Argo*
nautes, déjà embarqués, s'aperçoi-
vent qu'Héraclès a été laissé à terre,
p. 45, 1. 14 et suiv.; vengeance
réservée aux Boréades par Héraclès
qui doit les tuer plus tard à Ténos,
p. 45, 1. 27-30; Glaucos rassure les
héros sur le sort d'Héraclès, p. 46,
1. 6 et suiv.; otages donnés à Héra-
clès parles Mysiens, p. 47, 1. 13-18;
les héros regrettent Héraclès au
moment du défi d'Amycos, p. 54,
1. 17-20; Tason raconte à Lycos
comment Héraclès a été laissé à
terre, p. 74, 1. 1 1-17; Lycos dit tout
ce qu'il doit à Héraclès, p. 74-75 ;
Sthénélos compagnon d'Héraclès
dans la guerre contre les Amazones,
p* 7B, 1. 3 1 ; les fils do Deimachos
égarés loin d'Héraclès, p. 80, 1. 12;
Héraclès vainqueur de l'amazone
Mélanippé, p. 80, 1. 24; comment
Héraclès a chassé les oiseaux Stym*
phalides, p. 83, 1. 12; Héraclès seul
capable de soutenir le chocd'Aiétès,
p. 129, 1. 26; pourquoi Héraclès a
dû se rendre dansl'tle Macris, p. 1 55,
1.21; Héraclès tue le serpent Ladon,
p. 182, 1. 32; même loin d'eux, il
sauve ses compagnons, p. 1 84, 1. 27 ;
héros qui partent à la recherche
d'Héraclès, p. 184, 1. 33; Héraclès
aperçu de loin par Lyncée, p. 18^,
1. 14. ~ Notes: Ch. I*', v. 40; 80;
122; 127; 152; 156; 173; 358; 735;
855; 943; 997; 1168; 1177; 1196;
1207; 1370; 1289; 1300; 1304.
Ch. n, V. 178; 353; 382; 724 ; 758;
777; 782; 783; 789; 843; 955; 965;
966 ; 1 03 1 ; 1 052 ; 1 088 ; 1 248. Ch.III,
V. 587; 1090; 1234. Ch. IV, V. 263;
277;524;54i;825;826;9i4; 1396;
1399; 1464; 1479; »558.
Hercyniens (ô 'Ewjv.oç 9x6irs-
>o;) [les monts], du Haut desquels
Héra pousse un cri, p. 158,1. 26. —
Notes : Ch. IV, v. 640 ; 646.
Hebmès (*Rp:Ast?t;), dieu, père
des Argonautes Erytos, Echion et
Aithalidès, p. 6, I. i et suiv.; le
sceptre d'Hermès confié à Aitha-
lidès, p. 24, 1. 28; Hermès change
en bélier d'or le bélier de Phrixos,
p. 86, 1. 10; Jason prend le sceptre
d'Hermès, p. 97, 1. 28; Hermès
envoyé par Zeus à Aiétès, p. i c:9,
1. 30; Aithalidès, fils illustre d'Her-
mès, p. 127, 1. 30 ; Hermès conseille
à Phrixos d'immoler le bélier d'or,
p. 142, 1. 3; Hermès arrache au feu
l'enfant Dionysos, p. 174, 1. 17.—
Notes : Ch. I-'', v. 3 ; 5 1 7 ; 585 ; 645 ;
917. Ch. Il, V. 286; 359; 955; 1 144.
Ch. III, V. 197; 388; 587. Ch. IV,
V. 540; 1090; 1138; 149a; 1515;
1733.
Hespérâ (*E<r7téprJ, l'une des
Hespérides, changée en peuplier,
p. 183, 1. 27. — Notes: Ch. IV,
V. 1399.
Hespérides (olX *E(ritepîaeO [/««],
nymphes qui habitent le champ
d'Atlas, p. 182, 1. 30; elles pleurent
auprès du serpent Ladon, p. 183,
1. 3. L'Hespéride Aigle : voir Aigle.
— Notes: Ch. Il, v. 40. Ch. IV,
V. 259; 1396; 1399; 1620.
HIPPOOAMÊIA CliticoÔdiiBiflt). re-
présentée sur le manteau de Jason,
p. 28, 1. 12.
H1PPOLYTE CliwtoXutrJ, reine
des Amazones Thémiscyréiennes,
p. 81, 1. 25; Héraclès porte le bau-
drier qu'elle lui a donné comme
rançon de sa sœur, p. 74, 1. 24;
p. 80, 1. 25. — Notes : Ch. II, v. 777 ;
966.
HiPPOTADB (*lT:tioT«d/)ç), Aiolos,
fils d'Hippotas, p. 164, 1. 16. -— Voir
Aiolos,
HiPPOTAS (*Inic^Trjc), père d' Aio-
los, p. 163, 1. 7. — Notes: Ch. IV,
V. 778,
HiPPOURis rt 'Imioupf; vr.ao;)
{/'f/e], une des Sporades, p. 192,
. 35. — Notes : Ch. IV, v. 1712.
HOMOLÉ (t) *0|i6Xr,), ville mari-
time de Thessalie, p. 23, 1. 7. —
Notes : Ch. I", v. 594.
Hyacinthos (*r«xiv6o;), Dolion
tué par Clytios. p. 37, 1. 22.
Hyantibn ( ravTio;)i synonyme
de Béotien, épithète du bois d'On*
chestos, p. 129, 1. 35. — Notes:
Ch. III, V. 1240.
55
434
INDEX
Hylas O")»;)» jeune compagnon
d'Héraclès, p. 8, 1. i6; va puiser de
Teau, p. 42, 1. 25; arrive à une fon-
taine, p. 43, 1.5; la Nymphe de la
fontaine, éprise d'Hylas, Tentraîne
au fond de l*eau, p. 43, 1. 14 etsuiv.;
Polyphémos se met à la recherche
d'Hylas, p. 44, 1. 2; il annonce à
Héraclès la disparition d'Hylas,
p. 44, 1. 12; Glaucos révèle aux
Argonautes le sort d'Hylas, p. 46,
1- 15> pourquoi les Cianiens recher-
chent Hylas, p. 47, 1. 12 et suiv. —
Notes : Gh. 1", v. 122; 1 177; 1207;
1222; 1236; 1248; 1270; 1289.
Hylléens (ol 'l'XXr.eO [/es], peu-
ple voisin de Tîle Electris ; les Argo-
nautes abordent dans leur pays,
p.'i 55> 1. 6; les Hylléens les accueil-
lent bien, p. 1 55, 1. 9 ; la ville Agané
des Hylléens, p. 155, 1. 20; les Ar-
gonautes s'éloignent de la terre des
Hylléens, p. 156, 1. 14. — Notes:
Ch. IV, v. 524; 535.
H\LLOS (lrX>.o;), fils d'Héraclès
et de Mélité, p. 155, 1. 23 et suiv.
— Notes : Ch. IV, v. 524; 539; 543;
1 125.
Hyllos (ô *n>ixbç Xi|ir.v) [Uport
d']t dans Tile des Phaiaciens, p. 1 74,
1. 2. — Notes : Ch. IV, v. 1 125.
Hypérasios (*rnEpi<Tio;), père
des Argonautes Astérios et Am-
phion, p. 9, 1. 32. — Notes : Ch. I*',
v. 176.
Hypbkbosébns (o\ *Ticepp6peot)
[les], peuple septentrional; Apollon
va dans leur pays, p. 7 1 , 1. 1 7 ; p. 1 57i
1. 34. — Notes : Ch.II, v.675. Ch.IV,
v. 284; 286; 596; 616.
Hypios (0 Titio;) [/'], fleuve jus-
qu'auquel les Bébryces avaient
étendu leur territoire, p. 75, 1. 6. —
Notes : Ch. II, v. 795.
Hypnos (Tirvoc), dieu du som-
meil, invoqué par Médée, p. 142,
1. 30. — Notes : Ch. IV, v. 146.
Hypsipylé (*r4/iirûXr) ou *r+i-
iruXtta) épargne son père Thoas,
p. 24, 1. i; revêt les armes de son
père, p. 24, 1. 22; Aithalidès demande
à Hypsipylé de recevoir les héros,
p. 25, 1. 2; Hypsipylé réunit les
Lemniennes à l'agora et les haran-
gue, p. 25; Hypsipylé envoie une
messagère aux Argonautes, p.26-27 ;
Jason entre dans le palais d'Hyp»i-
pylé, p. 29, 1. 14; discours d'Hypsi>
pylé, p. 30; Jason le répète à ses
compagnons, p. 31, 1. 13; Jason
retourne chez Hypsipylé, p. 31,
1. 19; le lit d'Hypsipylé, p. 32, 1. 5;
prière d'Hypsipylé à Jason, p. 32,
1. 22 et suiv.; manteau donné à
Jason par Hypsipylé, p. 128, 1. 31;
péplos sacré donné à Jason par
Hypsipylé, p. 151, 1. 31 et suiv. —
Notes: Ch. I", v. loi; 115; 608;
620; 668. Ch. in, V. 1206. Ch. IV,
v. 425.
lAPÉTiDE CïaitETiovtÔnOt Promé-
thée, fils de Japet, p. 125, 1. 3. Voir
Prométhée,
Ida (t} "lôrj, mont de Crète; la
mère du mont Ida (vj Mr,Tn? 'Bat a),
Rhéa, p. 40, 1. 4; les Dactyles de
l'Ida (ol ÀcKXTuXoi 'l$atoi), p.40, 1.4-
— Notes: Ch. I", v. 1126; 1129.
Ch. II, v. 758. Ch. m, V. 133
Idaien (to avcpov 'ISalov)
\l' antre] 1 p. 95, 1. 31; Idaienne {ri
HaiY] Yfltîa) [la terre]^ voisine du
mont laa en Troade, c'est-à-dire la
Troade, p. 33, 1. 34; Idaiens (oi
Kovpr;tec Haîot) [les Courètes],
p. 89, 1. 2. — Notes : Ch. I", v. 930.
Ida s C'I5ac)« Argonaute, fils
d'Aphareus, p. 9, 1. 6; interpelle
Jason avec insolence, au moment
du départ, p. 1 8- 1 9 ; il défie Idmon,
p. 19, 1. 24 et suiv.; il tue le Dolion
Promeus, p. 37, 1. 21; il blesse le
sanglier qui a tué Idmon, p. 76,
1. 1 1 ; il demande à combattre les
taureaux d'Aiétès, p. 107, 1. 23; il
veut qu*on lutte, au lieu de se
confier à Cypris, p. 108, 1. 28 et
suiv.; sa colère en voyant le succès
du projet contraire au sien, p. 127,
1. 23; il essaie, avec rage, d'endom-
mager les armes de Jason, enduites
d'une substance merveiileuse,p. 1 30,
1. 10. — Notes : Ch. I«', v. 152; 475.
Idmon (^IS^tuv), Argonaute et
devin, fils d'Apollon, p. 8, 1. 25;
Idmon interprète la pensée d'Apol-
lon, p. 18, 1. 4 et suiv.; destinée
funeste qui lui est prédite, p. 18,
1. 20; querelle d'Idmon et d'Idas,
p. 19, 1. 13 et suiv.; Idmon atteint
par la destinée, p. 75, 1. 29; Idmon
INDEX
435
meurt blessé par un sanglier, p. 76,
1. 7 et suiv.; tertre élevé à Idinon,
p. 76, 1. 23; Idmon adoré par les
Béotiens sous le nom d*Âgamestor,
p. 76, 1. 30-34 i Tiphys, enseveli
auprès d'Idmon, p. 77, 1. 9. — Notes :
Ch. P', V. 139; 444; 475. Ch. II,
V. 815; 843; 845; 904. Ch. m,
V. 522; 1372. Ch. IV, V. 62; 86.
léios Clrito;), surnom d'Apollon,
p. 72, 1. 25. Voir Apollon.
lÉPAiéôN ny)ffair(dv), surnom
d*Apollon, p. 72,1. i3.Voiril^o//on.
iLissos (o 'IXi(j<TÔ;) [/'], fleuve
d*Attique auprès duquel Oréithyia
dansait quand elle fut enlevée par
Borée, p. 1 1 , 1. i . — Notes : Ch. !•',
v. 211.
Illtrib (i *IX).upixb; noTa(ié;)
[le fleuve ol'j, auprès duquel une
colonie des Colchiens s'établit,
p. 154, 1.34.— Notes: Ch.IV,v.33o;
481; 517; 524; 540; 564.
IMBKASIBNNE ('l(lSpGt(nr,), épi-
thète d'Héra, p. 10, 1. 8; Imbra-
siennes Cl\kfipd<TiaL vianoL) [les eaux],
les eaux de Tlmbrasos, fleuve de
l'île de Samos, p. 77, 1. 18. — Notes :
Ch. I", V. 186.
IMBKOS (Tj "I^lPpo; vr,(lOC) [/'î/« d'],
dans la mer E^ée, entre Lemnos et
Samothrace, p. 33, 1. 27. — Notes :
Ch. I", V. 924.
Inde (ta 'IvSôv çOXa) [les peuples
de rj. p. 78, 1. 24. — Notes : Ch. I",
V. 932.
lOLCos (t| 'Ib)Xx6c ou T) 'ïawXxéO,
ville Pélasgienne, patrie de Jason,
P- 33» 1- 9Î P- 91. 1- 3; P- 94. 1. 19;
p. 125, 1. 7, 2Ô et 32; p. 126, 1. 20;
P* I75t !• 12; la terre d'Iolcos
(rj 'IwAxt; yoiîa), p. 22, 1. 19. —
Notes: Ch. !•', v. 3; 230; 411;
572. Ch. m; V. 1074; 1091.
Ioniens (ol 'Idcove;) [les], compa-
gnons de Nélée, p. 34, 1. 29; les
Ioniens, habitants de Cyzique, p. 38,
1. 19; le détroit Ionien (ô 'lovio;
ffopO{&6;), p. 169, 1. 15; la mer
Ionienne (t| 'Iovî/)otXc)t p. 158, 1. 19.
— Notes : Ch. I", v. 748; 959; 1076.
Ch. n, V. 745. Ch. IV, V. 289; 627;
983.
I PHI AS ('I^idcOt vieille prêtresse
d'Artémis à lolcos, p. 14, 1. i. ~
Notes: Ch. I«', v. 312.
Iphiclos CIçixXo;), Argonaute,
fils de Thestios et oncle maternel
de Méléagros, p. i o, 1. 22. — Notes :
Ch. I", V. 45; 1 18; 190.
Iphiclos Ô'IstxXoc)» Argonaute,
oncle maternel de Jason, p. 5, 1. 29;
les étables d'Iphiclos, p. 8, i. 6. —
Notes : Ch. P', v. 45 ; 49; 118; 190.
Iphinoé Clfivo/i), femme de
Lemnos, envoyée par Hypsipylé
aux Argonautes, p. 26, 1. 24 et suiv.;
elle conduit Jason dans le palais
d'Hypsipylé, p. 29, 1. 16. — Notes :
Ch. I", V. 702 ; 788.
Iphitos Clf iToc)i Argonaute, fils
de Naubolos, p. 10, 1. 29. — Notes :
Ch. I«% V. 207.
Iphitos n?ito;)> Argonaute, fils
d'Eurytos, p. 7, 1. 3 ; blessé par le
Bébryce Arétos, p. 53, 1. 18. —
Notes : Ch. I", v. 86.
Iris ('lptO> déesse; empêche les
Boréades de tuer les Harpyes, p. 59,
!• 5> P' 63, 1. 24; remonte vers
l'Olympe, p. 59, 1. 18; Iris montre
à Héra Jason et Médée sortant de
la demeure de Circé, p. 162, 1. 18;
missions qui lui sont confiées par
Héra, p. 162, 1. 21 et suiv. -> Notes :
Ch. H, V. 286. Ch. IV, V. 757. •
Isis (ô *lpt;) [/'], fleuve qui se
jette dans le Pont, p. 61, 1. 26;
l'embouchure de l'Iris dépassée par
lesArgonautes,p.8o,l.i9.— Notes:
Ch. II, V. 367; 963. Ch. IV, V. 131.
Iros CipoO» ^^8 d'Actor, père de
l'Argonaute Eurytion, p. 6, 1. 24 et
suiv. — Notes : Ch. I*', v. 67; 71.
ISMâNOS (o 'I(T|ir,v6;) [/*], fleuve
de Béotie, p. 21, 1. 16. — Notes:
Ch. I", V. 537.
ISSA (tj ''l<rffa), Tune des îles Li-
burniennes, p. 156, 1. 16. — Notes :
Ch. IV, V. 289; 564.
ISTBR (i "liTTpoO [/•], fleuve qui
sort des monts Riphées et se divise
en deux branches, p. 147, 1. 1 1 et
suiv.; les Argonautes pénètrent dans
le courant de l'Ister, p. 147, 1. 32;
les Colchiens entrent dans l'Ister,
p. 148,1. i; l'île Peucé, dans l'Ister,
p. 148, 1. 5; l'Ister se divise près du
rocher Cauliacos, p. 148, 1. 22. —
Notes : Ch. II, v. 745. Ch. IV, v. 282 ;
284; 286; 289; 303; 306; 310; 320;
324; 596; 627; 640; 1002; 1386.
436
INDEX
Isthme (ô "Mfiioc ocyc^v) [les com-
bats de /'], combats qui se livrent
dans risthme de Corinthe, p. 129,
I. 34. — Notes : Ch. III, v. 1240.
ITYMONRUS ClTUfiovr^c), Dolion
tué par Méléagros, p. 37, 1. 24.
IT YMON EUS ( ' ltv|jiovr^c) > Bébryce,
blessé par Pollux, p. 53, 1. 8. —
Notes : Ch. II, v. 105.
IxiON CUiwv), enchaîné chexAdès
par des liens d*airain, p. 93, 1. 26. —
Notes : Ch. I", v . 554. Ch. II, v. 1 23 1 .
Ch. III, V. 62. Ch. IV, V. 705.
Japbt ('laTCET^O» père de Promé-
thée, p. 1 18, 1. 1 1 . — Notes : Gh.I",
V. 444.
Jason ('Ir,<Twv), fils d*Aison, p. 5,
1. 14, etc., et d'Alcimédé, p. 5,
1. 30, etc.; Jason traverse TAnauros,
p. 4, 1. 1 2; travaux préparés à Jason
par Pélias, p. 4, 1. 20; Jason
accueille Orphée au nombre des
Argonautes, p. 5, 1. 14; parenté de
Jason avec Iphiclos, p. 5, 1. 32;
Héraclès vient rejoindre Jason,
p. 8, 1. 8; Palaimonios doit accroître
la gloire de Jason, p. 10, 1. 28;
Jason hôte d*Iphito8, p. 10, I. 30;
nombre des héros assemblés pour
aider Jason, p. 1 1, 1. 16; adieux de
Jason à sa mère, p. 11-12; Jason
arrive au rivage de Pagases, p. M,
1.8; il accueille Acastos et Argos,
p. 14, 1. 18; discours de Jason à
ses compagnons, p. 14, 1. 22 et suiv.;
p. 15, 1. 6 et suiv.; bœufs amenés
par les bouviers de Jason, p. 17,
1. 3; prière de Jason, p. 17, 1. 7 et
suiv.; libations versées par Jason,
p. 18, 1. 3; inquiétudes de Jason,
p. 18, 1. 32; Jason interpellé par
idas, p. 18, 1. 36 et suiv.; Jason
arrête la querelle suscitée par Idas,
p. 19, 1. 34; Jason détourne en
pleurant les yeux de la terre de la
patrie, p. 2 1 , 1. 12. — Jason va chez
Hypsipylé ; description du manteau
de Jason; entretien du héros avec
Hypsipylé, p. 27-31; le départ de
Lemnos ; adieux de Jason et d*Hyp*
sipylé, p. 32-33- — Athéné protec-
trice de Jason, p. 34, 1. 30; Cyzicos
jeune comme Jason, p. 35, 1. 7; la
route de Jason (t) 'Iïj<tov{/j ôôôç), p. 35»
1. 27 ; Jason tue Cyzicos, p. 37, 1. 1 o.
— Un alcyon vole au-dessus de la
tète de Jason endormi ; discours de
Mopsos à Jason; Jason fait Taecec-
sion du Dindymos, p. 38-40; la
source de Jason (tj *InTO"w*ï xpvrj,
p. 40, 1. 28. — Angoisses de Jason,
quand on s'aperçoit qu'Héraclès est
resté à terre; querelle et réconci-
liation de Jason et de Télamon,
p. 45-47. — Jason lutte contre les
Bébryces, p. 53, 1. 26. — Jason
deviné par PMnée, p. 56, 1. 23;
angoisses causées à Jason par la
prédiction de Phinée; discours de
Jason à Phinée, p. 62, 1. 35 et suiv.;
Jason chez Phinée, p. 64-65. —
Entretien de Jason et de Tiphys,
p. 69-70 ; Jason chez Lycos, p. 74-75 ;
Ancaios amené par Jason à cause
de sa science des navires, p. 77,
1. 24 ; entretien de Jason et de Pélée,
p. TiS ; Jason et les fils de Phrixos,
p. 85-87; prières de Jason, p. 90,
1. 7; il fait établir le navire sur les
pierres de fond, p. 90, 1. 18. —
Comment Jason put conquérir la
toison, p. 91, 1. 2; Héra veut inté-
resser Cypris à Jason, p. 92, 1. 23
et suiv. ; Jason a transporté à travers
l'Anauros Héra changée en vieille
femme, p. 93, 1. 30 et suiv.; Héra
prie Cypris d'inspirer à Médée une
passion pour Jason, p. 94, 1. 17;
Cypris transmet la commission à
Eros, p. 96, 1. 5. — Jason s'entretient
avec ses compagnons, p. 96, 1. 34;
il est approuvé de tous, p. 97, 1. 25.
— Eros, blotti aux pieds de Jason,
perce Médée d'une flèche, p. loo,
1.15; Jason contemplé par Médée,
p. 100, 1. 20; le discours d'Aiétès
inspire à Argos des craintes pour
l'expédition de Jason, p. 101, 1. 19;
Argos présente Jason au roi, p. ic2,
1. 25 et suiv.; Jason répond au
discours irrité d'Aiétès, p. 103, 1. 17
et suiv.; nouveau discours du roi i
Jason, p. 1 03, 1. 35 et suiv.; embarras
de Jason, sa réponse k Aiétès, p. 1 04,
1. 25 et suiv.; départ de Jason,
p. 105, 1. 8; éclat de sa beauté,
p. 105, 1. 1 1 et suiv.; discours
d' Argos à Jason, et réponse de
Jason, p. 106-107; présage envoyé
à Jason, p. 108, 1. 14 et suiv.; Jason
envoie Argos à la ville et fait
INDEX
437
conduire le navire au rivage, p. 1 09,
1. 4 et suiv. — Mcdée angoissée par
son amour pour Jason, p. 115, 1. 1;
Jason va au temple où il doit trou-
ver Médée, p. I i9f 1. 28; charmes
.qu'Héra lui donne ce jour-là, p. 1 19,
1. 36; Médée ne pense qu'à Jason,
p. 120, 1. 30; beauté de Jason qui
cause à Médée des peines terribles,
p. 121, 1. 6; discours de Jason à
Médée, p. 121 , 1. 20 et suiv.; beauté
qu*£roj donne à Jason, p. 123, 1. 1;
entretien de Jason et de Médée,
p. 123-126; Jason se sépare de
Médée et retourne vers ses compa*
gnons, p. 126, 1. 26-33. — Jason
rend compte à ses compagnons de
son entrevue avec Médée, p. 127,
1. 16 et suiv.; Jason va faire secrè-
tement un sacrifice à Hécate, p. 128-
1 29 ; Jason fait fondre la substance
merveilleuse, p. 130, 1. 3; ii s'en
enduit, p. 130, 1. 14; sa confiance,
p. 130, 1. 2 1 et suiv. — Jason v^ au
combat, p. 131, 1. 4 ; sa lutte cotitre
les taureaux, p. 131*133; il détruit
les fils de la terre, p. 1 33- 1 35 ; Jason
a accompli le travail imposé par
Aiétès,p.i35,l. 10. — Médée devine
que son père sait qu'elle a aidé
Jason, p. 133, 1. 19; Jason reconnaît
la voix de Médée, p. 140, 1. 19; il
saute sur le rivage, p. 140, 1. 28;
ses paroles affectueuses à Médée,
p. 141, 1. 9 et suiv.; il va avec elle
chercher la toison , p. 1 4 1 - 1 43 ; Jason
empoche ses compagnons de toucher
la toison, p. 144, 1. 3; son discours
aux Argonautes; il coupe les
amarres, p. 1 44, 1. 6 et suiv. — Jason
se souvient des paroles de Phinée,
p. 146, 1. 1 1; Médée appelle Jason à
l'écart, p. 149, 1. 1 7 et suiv.; discours
de Jason à Médée, p. 150, 1. 32 et
suiv.; péplos donné à Jason par
Hypsipylé, p. 151, 1. 35 î Jason se
place en embuscade pour recevoir
Apsyrtos, p. 152. 1. 33; il tue
Apsyrtos, p. 1 53. — Trépieds donnés
à Jason par Apollon, p. 155* 1. 13;
Jason et Médée chez Circé, p. i6o-
162. — Héra dit à Thétis combien
Jason lui est cher, p. 163, 1. 14;
Médée veut se concilier les compa-
gnons de Jason, p. 1 70, 1 . 1 4 ; discours
d'Arété à Alcinoos, au sujet de Jason
et de Méiée, p. 172; Arété commu-
nique à Jason ce qui lui a été dit
par Alcinoos, p. 173; Héra fait
venir lej Nymphes pour honorer
Jason, p. 175, 1. 1; Jason n'aurait
pas voulu célébrer son mariage dans
le palais d'Alcinoos, p. 1 75, 1. 1 1 . —
Les déesses de Libye apparaissent
à Jason, p. 180; sacrifice de Jason,
P- i^; Jason conduit Médée vers
le tillac d'Argo, p. 1 9 1 , 1. 17; Jason
invoque Phoibos, p. 192, 1. 24;
Euphémos raconte à Jason le rêve
qu'il a eu, p. 194, 1. 3; la réponse
de Jason ne reste pas vaine pour
Euphémos, p. 194, 1. 13. Voir Médée.
— Notes : Ch. 1", v. 3 ; 3 1 ; 45 ; 49;
54; 101; 118; 122; 139; 243; 269;
293; 305; 4« 1; 554; 572; 608; 723;
763; 908; 987; 1270; 1289. Ch. II,
v.637;946;955; 1092; ii86.Ch.III,
v. i; 67; 388; 522; 775; 847; 1003;
1013; 1040; 1074; 1206; 1234; 1350.
Ch.IV, V. 4; 86; 87; 156; 210; 223;
284; 335; 408; 417; 425; 553; 65Ô;
703; 705; 1138; 114»; 1153; 1217;
131 1; »323; 1365; 159S; 1691.
KÈRES (ol\ K'f-.psç) [les]^ déesses de
la mort, p. 26. 1. 10; prennent Can-
thos en Libye, p. 185, 1. 23; les
Kères, chiennes rapides d'Adès,
p. 191, 1. 20. — Notes: Ch. I",
V. 689. Ch. IV, V. 1485; 1665.
Lacéréia (t) AaxIpEia), ville de
Thessalie où Coronis enfanta Asclé-
pios, p. 157, 1. 36. — Notes : Ch. IV,
V. 616.
Ladon (0 Aaocov), serpent, gar-
dien des pommes d'or, tué par
Héraclès, p. 182, 1. 29. — Notes :
Ch. IV, V. 1396.
LAMPâiA (T| Aa(i.nety)), montagne
d'Arcadie, p. 8, 1. 12. — Notes:
Ch. 1", V. 127.
LampÉtia (AajJLTteriTj), fille d'Hé-
lios, fait paître les génisses de son
père, p. 169, 1. 5. — Notes : Ch. IV,
V. 965 ; 972.
Laocoon (Aaox6cdv), Argonaute,
oncle de Méléagros, p. 10, 1. 12. —
Notes: Ch. I", v. 190.
Lapithes (oi AamOat) [les] ; allu-
sion à la lutte des Lapitnes et des
438
INDEX
Centaures, p. 5, 1. 25. — Notes :
Ch. 1", V, 4^». Ch. III, V. 587.
Lari>sa (r, .VscpKTx), ville de Thes-
salie d'où vient l'Argonaute Poly-
phémos, p. 5, 1. 24. — Notes : Ch. I",
V. 40. Ch. IV, V. 1091.
Latmos (tô AâT(j.tov ôîvTpov) [la
caverne du]^ où la Lune va trouver
Endymion, p. 139, 1. 36. — Notes :
Ch. IV, V. 58.
Laurion (to Aauptov ice$iov) [la
plaine du], voisine des bouches de
rister.p. 148, 1.20 etsuiv. — Notes:
Ch. IV, V. 320.
LÉDA (\rfir^ envoie ses fils Cas-
tor et PoUux pour prendre part à
l'expédition des Argonautes, p. 8,
1. 33 et suiv. — Notes : Ch. I*',
V. 146; 152.
Lemnienne (Ar,;jLvia;), épithète
d'Hypsipylé, p. 128, l. 30. Voir
Hypsipylé. — Notes: Ch. 1", v.702.
Ch. in, V. i2()6.
Lemniennes (tX Ar,(xvidt5£;) [les],
poursuivies par le courroux de
Cypris, p. 23, 1. 30; une des Lem.
niennes, p. 50, 1. 28. Voir Lemnos.
— Notes : Ch. I", v. 609; 882.
Lemnos (t| Ar,(ivo;), île de la mer
Egée ; distance entre Lemnos et le
mont Athos, p. 23, 1. 15; Lemnos,
séjour des Sintiens, p. 23, 1. 23;
Lemnos, située en face de laThrace,
p. 23, 1. 30 ; les femmes de Lemnos,
p. 24, 1. 9; p. 25, 1. 5; P- 74. 1. 8
(voir Lemniennes) [/t'sl;Thoas, roi
de Lemnos, p. 29, 1. 27 ; Ttle de
Lemnos, p. 31, I.4; la population
de Lemnos, p. 31, 1. 18; les campa*
gnea de Lemnos, p* 31, 1. 35; Lem-
nos, p. 32, 1. 6; les descendants
d'Euphémos chassés de la Sintéide
Lemnos, p. 194, 1. 17 et suiv. —
Notes: Ch. I", v. 59g; 601; 602;
603 ; 608 ; 609 ; 652 ; 668 ; 689 ; 702 ;
7<^; S51; 9'3. Ch. m, V. 4S 197.
Ch. IV, V. 1758.
LÉODOCOS (AstoôoxoOi Argo-
naute, fils de Péro, p. 8, 1. 4. —
Notes : Ch. I", v. 1 18.
Lern e (to AepvT); uSoîp) [la source
de], en Argolide, où l'on célébrait
des jeux en l'honneur de Poséidon,
p. 129, 1. 35; l'hydre de Lerme (rj
'j^pa Aspvaia), p. 183, 1. i.— Notes:
<:h. III, V. 1240. Ch. IV, V. 1403.
Lesnos (Aspvo;), fils de Proitos
et père de Naubolos, p. 8, 1. 21. —
Notes : Ch. I*'. v. 134; 202.
Lbrnos (.Vipvoc), Olénien, père
putatif de l'Argonaute Palaimonios,
p. I o, 1. 23 et suiv. — Notes :
Ch. I", V. 202.
LéTÔ (.\.r,Tco), Coiogène, p. 72,
1. 2 1 ; le fils de Létô (voir Apollon),
p. 6, 1. 16; p. 8, 1. 30; p. 18, 1. 8;
p. 19, 1. 23; p. 56, 1.27; p. 58, 1. 7;
p. 71, 1. 16; p. 74, 1. 1$; la fille de
Létô (voir Arténtis), p. 79, ]. 27;
p. 118, 1. 23; p. 149, 10. — Notes :
Ch. I", v. 179; 419; 761; 1131,
Ch. II, v. 123; 710.
LÉTOIDE (Ar,Toîôr);). Apollon, fils
de Létô, p.55, 1. 23, etc. Voir il^//off.
LiBURNIENNBS (ai vr.VOl Al^Up>t-
Se;) [les îles], Issa, Dycélados et
Pit>'éia, dans la mer Adriatique,
p. 156, 1. 14. — Notes: Ch. IV,
V. 554.
Libye (tj Ai^vrJ [lai, partie du
monde où Canthos et Mopsos doi-
vent périr, p. 6, 1. 34 et suiv.; dis-
tance qui sépare la Libye de la
Colchide, p. 7, 1. i; les Nymphes
de Libye, p. 65, 1. 34; épreuves des
Argonautes en Libye, p. 1 77, 1. 12; la
mer de Libyc(Tb icéXayo; .VifJ'jorixôv),
p. 1 77, 1. 20 ; les héroïnes tutélaires
de la Libye apparaissent à Jason,
p* 179, 1. 32 et suiv., p. 180 et 181;
les héros portent Argo dans les
dunes solitaires de la Libye, p. 182,
1. 14; Canthos meurt en Libye,
p. 185, 1. 23; Acacallis envoyée en
Libye par son père, Minos, p. 1 85,
1. 30 ; Persée volant au-dessus de la
Libye, p. 186, 1. 20; Eurypylos né
en Libye, p. 188, 1. 5. — Notes:
Ch. I", v. 85; 1207. Ch. II, V. 500;
965. Ch. IV, V. 259; 1227; 1235;
i3f>9; 1311; 1322; 1323; 1348; 1396;
1464; 1515; »5a3; 1552; 1561; 1620;
174a.
LiBTÉ ( A iB'jrj), nymphe de Libye,
épouse de Triton, p. 193, 1. 35. —
Notes : Ch. IV, v. 1323; 1742.
Libyenne (y; Aipuortç T.ireipo;) \la
terre], p. 194, 1. 1 1. Voir Litye[la].
Liguriennes (al Aiyv^TiSs; vr.ffot)
[les îles], autrement nommées Stoi-
chades, p. 1 56, 1. 2. Voir Stoichades
[les îles].— Notes : Ch. IV, v. 553.
INDEX
439
LiGYENS (o\ Aîyyeç) Ues], ou Li-
gures, peuple au milieu duquel le
navire Argo descend le Rhodanos,
entouré d'une nuée obscure, p. 158,
1. 34. — Notes : Ch. IV, v. 553 ; 646.
LlLYBÉEN (tj AiXu^/;\; axp/i) [le
capy où Cypris établit Boutes,
p. 167,1. 19. — Notes: Ch.IV,v.9i4.
LocRiENS (ol AoxpoO [^^^Ji peu-
ple de la côte, au sud de la Thés-
salie, p. 195, 1. 8. ~ Notes : Ch. I",
V. 69. Ch. II. V. 675. Ch. IV, V. 1 780.
Lune (t) MTÎvr,) [/a], personnifiée
comme amante d'Endymion, p. 139,
1.34-
Lycaon (AuxatDv), roi d'Arcadie,
ancêtre du peuple des Parrhasiens,
p. 66,1. 17. — Notes : Ch. I«', v. 162.
Ch. II, V. 521.
Lycastiennes (al Auxa<TTiai)
[lei]t nom d'une des tribus des
Amazones, p. 81, 1. 25. — Notes:
Ch. II, V. 995.
Lycie (y) Avxta) [la], pays d'Asie
où Apollon était particulièrement
honoré, p. 13* !• 34> ?• 7i» 1- 16. —
Notes : Ch. I", v. 308.
Lycorâios (Aux(opEtoO> épithète
d'Apollon, p. 185, 1.28. Voir ^^o//on.
— Notes : Ch. IV, v. 1490.
Lycosbus (Auxcopeuc), serviteur
d'Amycos, p. 51, 1. 16. -—Notes:
Ch. II, V. 51.
Lycos (Auxoç), roi des Marian-
dyniens, dévaste le pays des Bé-
bryces, p. 54, 1. 10; Lycos apprend
l'arrivée des Argonautes et les
accueille, p. 73, 1. 31 et suiv.; les
Argonautes chez Lycos; leurs
entretiens avec lui , p. 74 et 75 ; Lycos
leur donne son fils Dascylos comme
compagnon, p. 75, 1. 14; Lycos les
reconduit vers leur navire, p. 75,
1. 26;. Lycos prend part aux
cérémonies funèbres en l'honneur
d'Idmon, p. 76, 1. 20; le fils de
Lycos, p. 147, 1. 27. — Voir Das-
cylos. — Notes : Ch. II, v. 724; 758;
789.
Lycos (ô Avxoc) [/«]. fleuve de
Bithynie, devant l'embouchure du-
quel passe le navire Argo, p. 73,
1. 3. — Notes : Ch. II, v. 650; 724.
Ch. IV, V. 131.
Lycos {h AOxo;) [/«], fleuve qui
sort des montagnes d'Arménie,
p. 142,1.17. — Notes : Ch. II,v.724^
Ch. IV, V. 131.
Lycourgos (.\'jx6opYo;), fils
d'Aléos, frère de Cépheus et d'Ara-
phidamas, père de l'Argonaute
Ancaios, p. 9, 1. 19; Ancaios, fils
de Lycourgos, p. 53, 1. 21. Voir
Ancaios. — Notes: Ch. I", v. 162^
Ch. II, V. 865.
Lyncée (Auyxeu;), Argonaute,
fils d'Aphareus, p. 9, 1. 6; les yeux
perçants de Lyncée, p. 9, 1. 8;
confiant dans sa vue excellente, il
va à la recherche d'Héraclès,
p. 185, 1. i; il l'aperçoit au loin^
p. 185,1.14. — Notes: Ch.I", v.152.
Ch. IV, v. 1464.
LyrcÉienne (xb^Apyo; Aupxr.iov),
épithète d'Argos, p. 8, 1. 10. Voir
Argos [ville]. — Notes : Ch. I*',v. 1 25.
Lyre (yj Aupr^), endroit voisin de
la sépulture de Sthénélos, ainsi
nommé parce qu'Orphée y consacra
sa lyre, p. 79, 1. j6.— Notes:
Ch. II, V. 929.
Macriades (al Maxpiâdc; vxoTciaO
[les roches], dans la Propontide,
près de Cyzique, p. 39, 1. 22. -r
Notes : Ch.'l*', v. 1 1 12.
Macriens (ol Maxpietc) [les], peu-
ple de race Pélasgique, ennemi des.
Dolions, p. 37, 1 . I . — Notes : Ch. I",
V. 1024; 1 1 12. Ch. II, V. 393.
Ma cris (Mâxpt;), Nymphe chère
à Déméter, p. 169, 1. 23; fille
d'Aristée, elle prend soin de Dio-
nysos enfant, p. 174, h 1 1 et suiv.;
l'île de Macris (tj Maxpi$iv} x^pvTj<joç)»
p. 175, 1. 25. Voir Macris\l*Ué]. —
Notes : Ch. IV, v. 540 ; 1 138.
Macris (yJ Mâxpic ^r.voç) [Vîle]y
où Dionysos fut nourri, p. 155,.
1. 25. — Notes: Ch. I", v. 1024.
Ch. IV, V. 540.
Macrônes (ol MdtxpowsO [les]^
peuple de la côte du Pont, voisin
des Philyres, p. 62, l. 18. — Notes :
Ch.I*',v. 1024; II 12. Ch. II, V.393;
10 15; 1231; 1242.
Magnés A (t) Mâyvriaa), ville de la
côte de Thessalie, p. 22, 1. 32. >-
Notes : Ch. I«', v. 584; 585,
Magnésiennes (Mayvi^TiSe^), épi-
thète de Pagases, p. i (, 1. 25. Voir
Pagases, — Notes : Ch. I", v. 238.
440
INDEX
Maia (Mata), mère d*Hennè8,
p. 193, 1. 25. Voir Hermès. —
Notes : Ch. IV, v. 1 733.
Mariandtniens (oï HopixvdvvoO
f/«s], habitants de la Bithynie,
dévastent les villages des Bébryces,
p. 54, 1. 1 1 ; la terre des Marian-
dyniens, p. 61, 1. 10; p. 73, 1. 2 et
2ô; les hommes Mariandyniens,
p. 73, 1. 32. — Notes : Ch. I*', v. 193 ;
1 126. Ch. H, V. 140; 352; 353; 723;
724; 747; 758; 777; 782; 815; 854.
Ch. m, V. 522; 1372. Ch. IV, V. 86.
Matinal (*£(oiq;). épithète
d'Apollon, p. 71, 1. 29; p. 72, 1. 1 1.
Voir Apollon. — Notes : Ch. II,
V. 686.
MÉDÉE (Mri^eia), fille d'Aiétès,
p. 99, 1. 10; amour de Médée pour
Jason, p. 91, 1. 4; Médée retenue à
la maison par Héra, p. 99, 1. 12;
Médée atteinte par la flèche d'Eros,
p. 100, 1. 17-30; Médée se retire
chez elle, p. 105, 1. 19 et suiv.;
songe et angoisses de Médée, p. 1 1 <>•
1 1 1 ; son entretien avec Chalciopé,
p. 1 12-114; SA nuit sans sommeil,
p. 1 1 5- 1 1 7 ; Médée va attendre Jason
auprès du temple d'Hécate, p. 1 18-
119; son entrevue avec Jason,
p. 1 20- 1 27; Jason suit les instructions
de Médée, p. 130, 1. 3; Jason se
souvient des avis de Médée, p. 133,
1. 32. — La peine et les projets de
Médée, p. 138, 1. 3; terreur de
Médée, p. 138, 1. 14; Médée crie
trois fois vers les héros, p. 140,
I. 20-22; Médée embarquée par
Jason, p. 141, 1. 20; elle débarque
avec lui pour aller chercher la
toison, p. 141, 1. 32; p. 142, 1. 6;
Médée charme le dragon, p. 143,
1. 7 et suiv. — Aiétès sait tout ce
que Médée a fait, p. 1 44, 1. 36 ; Héra
veut que Médée aille sur la terre
Pélasgienne, p. 145, 1. 33; les Col-
chiens demandent que Médée soit
remise en dépôt au temple d'Arté-
mis, p. 149, 1. 9; Médée consent au
meurtre d'ApsyrtOâ, p. 151, 1. 15 et
suiv.; elle communique aux hérauts
des avis mensongers, p. 152, 1. 8;
Eros inspire à Médée un égarement
odieux, p. 152, 1. 2^1; Médée laissée
dans l'île d'Artémia, p. 152, 1. 31;
elle assiste au meurtre et fait un
signal aux Argonautes, p. 153. —
Médée et Jason chez Circé, p. 160-
162 ; Médee destinée à être i épouse
d'Achille dans la plaine Elyséenne,
p. 164, 1. 10; Médée, réclamée par
les Colchiens, supplie Arété et les
Argonautes, p. 170-172; Arété
communique à Jason la décision
d'Alcinoos au sujet de Médée, p. 1 73,
1. 30; la caverne de Médée, p. 175,
I. 2; Médée aurait voulu ne pas se
marier dans le pays d'Alcinoos,
p. I75t 1* 13; autels élevés par
Médée, p. 177, 1. 2; cadeaux faits à
Médée par Arété, p. 177, 1. 5. —
Frayeur de Médée à la vue de
Mopsos mourant, p. 186, 1.29; Médée
charme le géant Talos, p. 191-192;
les suivantes de Médée, p. 1 93, 1. 1 1 .
Voir/oso». — Notes : Ch . !•', v . i o i ;
281; 609; 672; 1289. Ch. II, V. 205;
1221. Ch. IH, V. i; 200; 242; 640;
653; 745; 775; ^02; 847; 867; 876;
899; 1003; 1013; 1018; 1040; 1061;
1074; 1372. Ch. IV, V. 4; 18; 52;
62; 8v'>; 8j; 87; 223; 247; 355;4':;8;
417; 425; 481; 517; 656; 703; 704;
705; 814; 1007; 1019; 1020; 1026;
1043; 1057; «086; Il 15; 1138;
I i4i; I I53Î 1217; 1218; 1300; 1386;
1485; 1521; 1552; 1638; 1664; 1691.
MÉGABROMTÈs (MsyaîipôvTr,:),
Dolion tué par Héraclès, p. 37,
1. 19. — Notes : Ch. I"', v. 104-».
MÉGALOSSAKÂs OAzyoLKovnâxtfi),
guerrier Dolion tué par l'un d-js
Tyndarides, p. 37, 1. 23.
MÉGASiBNs (ot Msyapr.ec) [lês]y
qui vont habiter le paj s des Martan-
dyniens, p. 73, 1. 25. — Notes : Ch.U,
V. 353; 747; 845-
M É L A I N A ( HsXat vse) , surnom
donné par les matelots à Cercyra,
île de la mer d'UIyrie, p. 156, L 22.
Voir Cêrcyra.
MftLAMPOUS (MeXvfjLtcovOi Aio-
lide, qui subit de terribles épreuves
dans les étables d'Iphiclos, p. 8.
1. 5. — Notes : Ch. !•', v. 1 18; 139.
M&LANiPPâ (Mslgtv{tcitY;)« Ama-
zone, fille d'Ares, prise par Héraclès
dans une embuscade, p. 80, 1. 24. —
Ch. II, v. 96J.
MéLANTXBNS(xl McXdtVTtOt ICSTpai)
[les rochers]^ où Apollon se place
pour envoyer aux Argonautes la
INDEX
44»
lumière de son arc, p. 192, 1. 30. —
Notes : Ch. IV, v. 1707.
MÊLAS (MsXa;), l'un des fils de
Phrixos, p. 85, 1. 24. — Notes :
Ch. I", V. 922. Ch. II, V. 1092.
MéLAS (t| MfiXaiva axpy)) [le cap],
indiqué par Phinée aux Argonautes ,
p. 61, 1. 7; dépassé par le navire
Argo, p. 70, 1. 26. — Notes : Ch. II,
V. 349; 650.
MÊLAS (ô Ms/.a; itovto;) [le golfe],
parcouru à la rame par les Argo-
nautes, p. 33, 1.26. — Notes : Gh.l"',
V. 211; 922.
MÉLÊAGROS (MeXéocypo;), Argo-
naute, à peine adolescent, fils
d'Oineus, p. 10, 1. 12 et suiv.; tue
Itymoneus et Artakès, guerriers
Dolions, p. 37, 1. 24; se met, malgré
sa jeunesse, au nombre de ceux qui
veulent combattre les taureaux
d'Aiétès, p. 107, 1. 25.— Notes:
Ch. I*% V. 190.
MÉLLA (MsXt'n)» Nymphe de Bi-
thynie, mère d*Amycos, p. 49, 1. 4.
— Notes : Ch. II, v. 4.
MÊLIBOIA (ti MsXi'poia), ville ma-
ritime de Magnésie, p. 23, 1. 5. —
Notes : Ch. I", v. 592; 596.
MÉLITÉ (MsXtTrJ, Naïade, fille du
fleuve Aigaios, aimée d*Héraclès,
mère d'Hyllos. p. 155, 1. 23 et suiv.
— Notes : Ch. IV, v. 524 ; 54 1 ; 1 1 25 ;
1 149-
MÊLITÊ (t) MeXiTr,), île de la mer
d'Illyric, p. 156, 1. 24. — Notes:
Ch. IV, V. 524.
MÉLITÉIEN (to MeXiTT^iov opoç) [le
tnont], dans l'île des Phaiaciens,
P- I74> 1. 34. — Notes: Ch. IV,
V. I 149.
MÉNALE (o MxivaXoO [le]y mont
d'Arcadie où Atalante accueille
Jason, p. 28, 1. 31; une ourse du
Ménale (MatvaXiv) apxioOi P* 9»
1. 23. — Notes : Ch. I", v. 162; 769.
MénétosCt) Msv6Triî;)[/ayï//<îdcJ,
Antianéiré, mère des Argonautes
Erytos et Echion, p. 6, 1. 6. —
Notes : Ch. I", v. 54.
MÉNOiTios (MsvoiTio;), Argo-
naute, fils d'Actor, p. 6, 1. 21. —
Notes: Ch. I", v. 71.
Mentobes (ol MévTopeç) [les],
meurtriers d'Hyllos, p. 155, 1. 34.
— Notes : Ch. ÎV, v. 55 1 .
MÉROPS (M;po'V)« Percosien, père
de Cléité, la femme de Cyzicos,
p. 35, 1. II. — Notes: Ch. I«%
V. 1063; 1 1 16.
MiLÊTOS (MiXr,Toc), fondateur de
la ville de Milet, p. 10, 1. 6. —
Notes: Ch. I«', v. 186. Ch. IV,
V. 1490.
Mimas (Mi^Loa;), géant Phlégraien
tué par Ares, qui donne sa cuirasse
à Aiétès, p. 129, 1. 18. — Notes:
Ch. II, V. 105. Ch. III, V. 1227.
Mimas (Mî{xa;), guerrier Bébryce
blessé par PoUux, p. 53, 1. 8. ~
Notes: Ch. II, v. 105. Ch. III,
V. 1227.
M I N O ï D E ( Mivu>î; ), surnom
d'Athéné, p. 192, I. 12. Voir Athéné,
— Notes : Ch. IV, v. 1691.
MiNOÏDE (MtvcoiO, Ariane, fille
de Minos, p. 122, I.14. Voir Ariane.
MinoIdes (otX MivùKoe; v?.<toi) [les
îles], nom des Cyclades, p. 66, 1. 1 1 .
— Notes : Ch. II, v. 516.
Minos (Mivb>ôi père d'Ariane,
apaise sa colère contre sa fille,
p. 122, 1. 16; la fille de Minos (voir
Ariane)^ p. 125, 1. 14; p. 152, 1. 6;
convention de Minos avec Thésée,
p. 125, 1. 16; Minos, époux de Pasi-
phaé, p. 125,1.25; Acacallis, fille
de Minos, p. 185, 1. 29. — La Crète,
île de Minos (y; Kpr.tr, Mivcoi';), p. 59,
1. 19. — La mer de Minos (tb
Mivwiov izi^oLyoç), nom de la mer de
Crète, p. 188, 1. 9. — Notes : Ch. I",
v. loi; 186. Ch. II, v. 516; 1221.
Ch. m, V. 1003; 1086. Ch. IV,
V. 425; 433; 1490; 1492; 1564;
1638; 1691.
MiNYAS (Mivvaç), héros de qui
descendent les meilleurs des Argo-
nautes, p. II, I. 18; père de Cly-
mené, p. 1 1, 1. 20; l'Aiolide Minyas,
fondateur d'Orchomène,p. 125,1. 10
et suiv. — Notes : Ch. I", v. 45 ; 230.
Ch. ni, v. 1091.
Ml N YEN (Mtrjr.vo;), épithète de
Phrixos, fils d'Athamas et descen-
dant de Minyas, p. 28, 1. 23; p. 141,
1. 35-
MiNYENS (ol MivûacO [l^s]; pour-
quoi les peuples de Thessalie don-
nent ce nom aux Argonautes, p. i i ,
1. 17; Iphinoé va vers les Minyens,
p. 20, 1. 32; douleur des héros Mi-
56
\
442
INDf X
nyens, p. 37, 1. 33 ; exclamations
des héros Minyens, p. 52, 1. 35;
ruses préparées par Aiétës contre
les Minyens, p. 1C9, I. 17; combat
dont les Minyens sont menacés,
p. I49i I. 1; les Minyens cherchés
par les Colchiens, p. 154, 1. 25;
tristesse des héros Minyens, p. 157,
1. 13; Arété demande à Alcinoos
de se rendre agréable aux Minj'ens,
p. 172, 1. 15; présents d'hospitalité
donnés par Alcinoos aux Minyens,
p. 1 77. 1. 4 ; prodige qui a lieu pour
les Minyens, p. 181, I. 27; les Mi-
nyens autour de la source, p. 184,
1. 24; les Minyens ensevelissent
Canthos, p. 186, 1. i. — Notes:
Ch. I", V. 3; 186; 230; 551; 652.
Ch.III, V.1091. Ch.lV, V.317; 1758.
Moire (t) Motpa) [/a], déesse de
la destinée, p. 185, 1. 11. — Les
Moires (ai Moîpai), p. 177, 1. i. —
Notes: Ch. IV, v. 1217; 1485.
Mopsos (M'^'^o;), Argonaute, ins-
truit par Apollon dans la divination,
p. 6, 1. 16; destiné à périr en Libye,
p. 6, 1. 33; pendant qu'il veille
auprès du vaisseau, Mopsos reçoit
d'un alcyon un présage favorable
qu'il rapporte à Jason, p. 38 et 39;
Mopsos ordonne aux héros d'apaiser
l'âme de Sthénélos par des libations,
p. 79, 1. 6; il interprète le présage
donné par une colombe, p. 108,
1. 1 5 ; il accompagne Jason qui va
à un rendez-vous avec Médée,
p* ( i9i 1* 31 i raillé par une cor-
neille, il se contente d'attendre le
retour de Jason, p. 120; Mopsos
meurt, piqué à la jambe par un
serpent; les héros lui rendent les
honneurs funèbres, 186-187. —
Notes : Ch. 1", v. 65 ; 1 082. Ch. III,
V. 939. Ch. IV, v. 1 502 ; 1515; 1523.
MOSSYNOICIENS (ol Moffd'JVOlXOl)
[/«s], peuple du Pont signalé aux
Argonautes par Phinée, p. 62, 1. 2;
mœurs étranges des Mossynoiciens,
p. 82, 1. 9 et suiv. ; le pays des
farouches Mossynoiciens, p. 85,
1. 15. — Notes: Ch. II, v. 379;
1016; 1231.
Muse (r| MoO<ja) [la], déesse
enfant de Zeus, invoquée par le
poète, p. 138, 1. i. — Les Muses
(xl MoOua:), invoquées par le poète, ..
p. 5, 1. 4; comment les Muses se
sont occupées d'Anstée, p. 66, 1. 4
et suiv.; le poète doit tout dire par
l'ordre des Muses, p. 76, 1. 28;
Terpsichore, une des Muses, mère
des Sirènes, p. 166, I. 2$; le poète
s'excuse auprès des Muses de l'au^
dace de ses chants, p. 169, 1. 17; la
tradition des Muses chantée par le
poète, p. 182, 1. 10. Voir Caliiope,
Erato, Terpsichore, — Notes :
Ch. 1", v. 25; 31; 735. Ch. U,
V. 5 1 1 . Ch. III, v. I . Ch, IV, V. 4 ;
892; 984; 1304.
MvcàNES (o\ M'jxr.vaîoO [les ha-
bitants de], p. 8, 1. i^. — Notes:
Ch. IV, V. 1396.
Myriné (t) M-jptvr.), ville de l'île
de Lemnos, couverte par l'ombre
de l'Athos, p. 23, I. 18; les femmes
sortent des portes de Myriné, p. 24,
1. 1 9. — Notes : Ch. I»*", v. 60 1 ; 602.
Myrmidon (Mvp{Al$(.>v),pèred'Ett-
poléméia, p. 6, 1.4. — Notes: Ch.I*',
v. 54. Ch. IV. v. 816.
Mtr.midons (ol Muptii56>*e;) [les],
peuple d'Egine, p. 194, 1. 32. —
Notes : Ch. IV, v. 1 329 ; 1 533 ; 1 772.
MyRTiLOS (MvpxiXoOi cocher
d'Oinomaos, représenté sur le man«
teau de Jason, p. 28, 1. 13.
Myrtosb (to MupTo^atov aÎKo;)
[les sommets du], montagne de
Libye, p. 65, 1. 34. — Notes : Ch.II,
V. 505.
Mysie (t| Mvffi'ç) [la], contrée de
l'Asie-Mineure, p. 74, 1. 10. — Les
montagnes de Mysie (al Mvi^'ai
xoXb>vai), p. 39» 1- 26. — Notes :
Ch. I", V. 940; 1 114; II 15; 1 116;
1 177; 1304. Ch. II, V. 2.
Mysiens (ol M*j<Toi)[les]\ le rivage
des Mysiens, p. 4 1 , 1 1 o ; les Mysiens
accueillent bien les Argonautes,
p. 41, 1. 28; la terre des Mysiens,
p. 45, 1. 23; ville fondée chez les
Mysiens par Polyphémos, p. 46,1. 13;
p. 47, 1. 8; p. 185, I. 8; le pays des
Mysiens (tj Muotç yaîa), p. 47i Lu;
guerre d'Héraclès contre les My-
siens, p. 47, 1. 12 et suiv.; les Mysiens
meurtriers de Priolas, fils de Das-
cylos, p. 74, 1. 27; les Mysiens
soumis par Héraclès à Dascylos,
p. 74. 1.
V. 1 177.
32. — Notes : Ch. I«
INDEX
443
Naïade (Nr.tdt;), Mélité, fille du
fleuve Aig^aios, p. 155, 1. 28.
Naïades («i yrnièvôlles]; Oinoié,
une des Naïades, p. 24, I. 7; les
Naïades, servantes de Circé, p. i6(,
1. 2 ; les Naïades élèvent Achille,
p. 164, 1. 9. — Notes : Ch.I", v.668.
Ch. II, V. 965. Ch. IV, v. 705; 71 1;
813.
Nasécos (to NâpT)xo; ^Tipia),
nom d'une des bouches de Tlster,
p. 1 48, 1. 9. — Notes : Ch. IV, v. 3 12.
Nasamon (Na(Ta|jLCi)v), fils d'Am-
phithémis et de Tritonis, frère de
Caphauros, p. 185, 1. 34.
Naubolidb (lSawpo>{5/i;), Clyto-
néos, fils de Naubolos et père de
Nauplios, p. 8, 1. 20.
Naubolos (Naûpo^o;), fils de
Lemos et père de Clytonéos, p. 8»
1. 20. — Notes : Ch. I*', v. 202.
Naubolos (Nau^oXo;), fils d*Or-
nytos et père de l'Argonaute Iphitos,
p. 10, 1.29. — Notes : Ch.I", v.207.
N AU PLI ADE(Na'jir>.iaôr,c) , Proi tos,
fils de Nauplios l'ancien, et père de
Lemos, p. 8, 1. 22.
Nauplios (NaûnÂio;) l'ancien»
fils de Poséidon et d'Amymoné, père
de Proitos et ancêtre de Nauplios
le jeune, p. 8, 1. 23. — Notes : Ch. I*',
V. 134. Ch. IV, V. 1091.
Nauplios (Naûn/io;) le jeune,
Argonaute, fils de Clytonéos, des-
cendant de Nauplios l'ancien, p. 8,
1. 19; est un des héros qui veulent
prendre le gouvernail après la mort
de Tiphys, p. 78, 1. 13. — Notes :
Ch. I*% V. 134.
Nausithoos (NxuotOoo;), roi de
l'île Macris, chez lequel Héraclès
se rend pour se purifier du meurtre
de ses enfants, p. 155, 1. 25 ; Hyllos,
fils d'Héraclès, ne veut pas rester
soumis à l'orgueil de Nausithoos,
p.- 155, k 31; Nausithoos facilite le
départ d'Hyllos, p. 155, 1. 33. —
Notes : Ch. IV, v. 539; 543.
NÉLÉB (Nr.XEuOi roi de Pylos,
père de l'Argonaute Périclyménos,
p. 9, 1. 12.— Notes : Ch. I"', v. 13;
118; 156; 158. Ch. II, V. 955.
NÉLÔE (o\ Nr,>et5ai) [les Ioniens
compagnons dé\^ fils de Codros,
P-34il.3i>. — Notes: Ch.I", v.959;
1 076.
NÉLéiDE (Nr.Xr/;), Péro, fille de
Nélée, roi de Pylos, p. 8, 1. 4.
NÊLÉiEN (N/iXyo;), Périclymé-
nos, Argonaute, fils de Nélée, roi
de Pylos, p. 9, I. 11 .
NÉPÉIENNE (to ajrj xi xoti rb
iiliStQvN/i^rjiov) [laville et la plaine]
d'Adrestéia, en Troade, p. 39, 1. 27.
— Notes : Ch. I", v. 1116.
NÉBÉB (Ny]23sû;), dieu de la mer;
Glaucos, interprète de Nérée, p. 45,
1.36; les demeures de Nérée, p. 162,
1. 36; Thétis, fille de Nérée, p. 163,
1. 9 ; les filles de Nérée, p. 189, 1. 1 6 ;
p. 193, 1. 36 Notes : Ch. IV,
V. 772; 1396.
NÉRÉIDES (x( Nopy]t$c;) [les],
déesses de la mer, filles de Nérée,
appelées par leur sœur Thétis,
p. 165, 1.6; se préparent à dégager
Argo des roches, p. 165, 1. 23; se
réunissent au tour du navire, p. 1^7,
1. 31; se renvoient Argo, p. 168,
1. 2-15 ; le travail des Néréides dure
une journée, p. 168, 1. 29. — Notes :
Ch. m, V. 242. Ch. IV, V. 223;
816; 1217.
Nestaiens (ol NeaTxîoi) [les],
peuple qui habite la côte d'Illyrie,
p. 176, 1. 33. — Notes: Ch. IV,
V. 330; 12 15; 1216.
Nestienne (Tj Ni<yTic ala) [la
terre], en Illyrie, p. 148, 1. 36. —
Notes : Ch. IV, 12 15.
NisAiA (ol Niaaîot Msyaûr.e^) [les
Mégariens de], p. 73, 1. 26. —
Notes : Ch. II, v. 747.
N1SAIENS (ol Ni<raToi) [Us], habi-
tants de Nisaia, p. 76, 1. 30.
NoMios (Nijjiio;), surnom d'Aris-
tée, p. 66, 1. i. Voir Aristée. —
Notes : Ch. Il, v. 507.
NoMios (Nô{xioOi surnom d'Apol-
Ion, p. 177, 1. 2. Voir Apollon. —
Notes: Ch. IV, v. 1218.
NOTOS (à N^To;) [le], vent du
Midi, p. 190,1. 14. — Notes : Ch.II,
V. 675; 961. Ch. IV, V. 1578;
1628.
Nuit (;; NO^) [la], personnifiée ;
la Nuit met ses chevaux sous le
joug, p. 128, 1. 16; le domaine de
la Nuit, p. 158, 1. 16. — Notes :
Ch, III, V. 4'D7. Ch. IV, V. 1485.
Nycteus (Nuxtsu;), traite d'une
manière cruelle sa fill^ Antiopé,
444
INDEX
p. 172» 1- 35. — Ch. V\ V. 668; 735.
Ch. IV, V. 1090.
Ntmphaié (t) Nvjxçatrj), île de la
mer d'Illyrie, où demeuie Calypso,
p. 156, 1. 24. — Notes: Ch. IV,
V. 564.
Nymphb (Nviift;), divinité des
eaux ; la Nymphe Oinoié, une des
Naïades (voir Oinoié) ^ p. 24, 1. 7;
la Nymphe Anchialé,mëre des Dac-
tyles Cretois (voir Anchialé)^ p-40,
1. 5 ; la Nymphe de la fontaine, éprise
d'Hylas, l'entraîne au fond de l'eau,
p. 43, 1. 7 et suiv.; elle fait de lui
son époux, p. 46, 1. 16; la Nymphe
Mélia, mère d'Amycos (voir Mélia)^
p. 49, 1. 3 ; la Nymphe Hamadryade
méprisée par le père de Paraibios,
p. 65, 1. I et suiv.; Cyrène devient
une Nymphe de Libye, p. 66, 1. 2 ;
la Nymphe des prairies, mère de
Dipsacos, p. 70, 1. 29; la Nymphe
Harmonia, mère des Amazones (voir
Harm<mia)t p. 81, 1. 16; Astéro-
déia. Nymphe du Caucase, mère
d'Apsyrtos (voir Astérodéta), p. 99,
1. 4; la Nymphe Tritonis, mère de
Nasamon et de Caphauros, p. 185,
1. 33. — Les Nymphes (al N'Vçai);
leur naissance, p. 20, 1. 7; les
Nymphes du Pélion, p. 21, 1. 30;
les Nymphes des bois pleurent la
mort de Cleité, et font de leurs
larmes une source, p. 38, 1. 9 et
suiv.; les Nymphes célèbrent
Artémis, chaque nuit, p. 43, 1. 7;
Cyrène confiée aux Nymphes de
Libye, p. 65, 1. 33; les Nymphes
habitantes du marais, p. 75, 1. 35;
les Nymphes suivent Artémis,
p. 1 1 8, 1. 26 ; les Nymphes du Phase,
p. 129, 1. 10; les Nymphes au ma-
riage de Jason et de Médée, p. 1 74-
] 75 ; p. 1 76, 1. 12 et suiv.; sacrifices
en rhonneur des Nymphes, p. 1 77,
]. i; les Nymphes Hespérides pleu-
rent autour du cadavre du serpent
Ladon, p. 182, 1. 30; leur conduite
avec les Argonautes, p. 183. — No-
tes : Ch. I", V. 122; 1126; 1207;
I236;i248. Ch.II,v.4;i59;477;7ii;
965. Ch. UI, V. 242. Ch. IV, V. 540 ;
597; 945: 1196; 1217; 1396; 1399;
1412; 1490; 1494; 1515-
Nysa (to N'jffViiov iie8îov)[/a^/at««
de]y où Typhaon, frappé par la
foudre de Zeus, se réfugia, p. 88,
1. 16. — Notes : Ch. IV, v. 540;
1134.
Ntséibn (NuoT.ioc), épithète de
Dionysos, p. 78, 1. 23; p. 152, 1. 4;
p. 174, 1. 15. Voir Ifionysos, —
Notes: Ch. II, v. 904. Ch. IV,
V. 1134.
Océan (é 'ûxtavô;) [/'], fleuve
qui entoure la terre, p. 20, 1. 14;
p. 121, 1. 4; p. 129, 1. 23; p. 147,
1. 9; p. 158, 1. 17 et 24. — Notes:
Ch. m, V. 859. Ch. IV, V. 259; 282 ;
627; 635; 1235; 1396; 1515.
OcÉANiDE CUxeavi'O, fille d'Océa-
nos; rOcéanide Eurynomé, p. 20,
1. 10; rOcéanide Philyra, p. 89,
1. 8. — Notes : Ch. I", v. 503; 554;
916. Ch. II, V. 1221; 1231. Ch, IV,
V. 223; 591; 1513.
Océan os ('UxEav6ç), dieu de
rOcéan, époux de Téthys, père
d'Eidyia, p. 99, 1. 6; père des Nym-
phes, p. 183, 1. 13. — Notes : Ch. I**,
V. 444. Ch. II, V. 4; 286; 946; 1231.
Ch. IV, V. 1212; 1412; 1742.
Ogygienne CUyvyir), épithète
de Thèbes, p. 127, 1. 34. — Notes:
Ch. m, V. II 78.
OiAGBOS (OîaYpoç), Thrace, père
d'Orphée, p. 5, 1. o ; le fils d'Oiagros
(voir Orphée) t p. 22, 1. 15; p. 72,
1. 14: p. 167, 1. i; p. 176,1.9.—
Notes : Ch. I", v. 23.
OiAXiENNE (t| Oiafic yaîa) [la
terre]y saisie à deux mains par
Anchialé, p. 40, 1. 7. — Notes :
Ch. I", V. 1126; 1131.
OiCHALiÉ (t) OIxolmtJ, ville d'où
viennent les Argonautes Clytios et
Iphitos, p. 7, 1. 4. — Notes : Ch. I*',
V. 86.
OiLEUS COiAe-jç), Argonaute, p.6,
1. 26; blessé par un oiseau d'Ares,
p. 82, 1. 32 et suiv. — Notes :.Ch. P',
V. 7J; 7^«
OiNEUS (OiveJç), père de Méléa-
gros, p. 10, 1. Il et suiv.; le fils
d'Oineus (o Oîva'Stjç), p. 37i 1- 24;
p. 107, 1. 25. Voir Méléagros.--
Notes: Ch. I", v. 190.
Oinoié (OlvoCr^, Naïade, mère de
Sicinos, p. 24, 1. 7. — Notes : Ch. I*%
v. 623.
Oinoié (y) OIvoît]), île de la mer
Egée, nommée plus tard Sicinos du
nom du fils de la Naïade Oinoié,
p. 24, 1. 5 et suiv. — Notes : Ch. I",
V. 623.
OiNOMAOS (0(v6{iaoc), père d'Hip-
podaméia, représenté sur le manteau
de Jasoui p. 28, 1. 14 et suiv. —
Notes : Ch. I", v. 752.
Olénien (*llXévtoc)i épithète de
Lernos,. habitant de la ville d*01é*
nos, p. 10, 1. 23.
Olympe (ô *OXy|xiro; et ô CKîXuji.-
1C0;) [/'], montagne de Thessalie,
p. 20, 1. 10; p. 23, 1. n; p. 39, 1. 7;
demeure des dieux, p. 59, 1. 20;
p. 69, 1. 4; p. 89, 1. i; p. 95, 1. lo;
p. 96, 1. 23; p. 162, 1. 34. — Notes :
Ch. P', V. 25 ; 65 ; 482 ; 85 1 . Ch. lU,
V. 1214.
Olympien ('OXu|jl«ioç), épithète
de Zeus, p. 141, 1. 11. Voir
Onchestos (t| 'GY^tiaxiO [le bois
d*]f où se célèbrent des jeux en
Fhonneur de Poséidon, p. 129, 1.35.
— Notes : Ch. III, v. 1240.
Ophion ('Offcov), dieu qui régnait
sur rOlympe et qui fut dépossédé
par Cronos, p. 20, 1. 9 et suiv. —
Notes : Ch. I", v. 503.
Opountibnnes (xà 'Oicouvna
âcrcea) [les villes]^ en Locride, p. 1 95,
1. 7. — Notes : Ch. IV, v. 1780.
Opous (6 *OiioOO> ▼ille de Lo-
cride, patrie de l'Argonaute Ménoi-
tios, p. 6, 1. 21. — Notes : Ch. !«',
V. 69. Ch. IV, V. 1780.
Orchomène COp^opicvéc), roi de
la ville homonyme, p. 70, 1. 29;
p. 84, 1. 24; p. 87, 1. 22; p. 99, 1.29
et 30.— Notes :Ch. I", v. 230; 761.
Ch. II, V. 1186. Ch. m, V. 1091.
Ch. IV, V. 263.
Obchcmène (t| *Op*/o|jiev6«), ville
fondée par Mlnyas, p. 86, 1. 21;
p. 124, 1. 26; p. 125, 1. 12; p. 146,
1. 16. — Notes: Ch. I«', v. 3; 230.
Ch. II, V.653; 1186. Ch. III, V. 1074.
Ch. IV, V. 263.
Okeidës (*Ûpetôy}Oi compagnon
d'Amycos, blesse Talaos, p. 53,
1. 13. — Notes : Ch. II, v. 105.
Okéithyia (*Ûpe{Ovia), fille
d'Erechtheus, enlevée par Borée,
mère de Zétès et de Calais, p. 10,
1. 34. — Notes : Ch.II, v. 178.
INDEX 445
Oricos (ï| "Opixo;), ville d'Epire,
p. 176, 1. 33. — Notes: Ch. IV,
V. 1215; 1216.
Orient (t; "AX; 'UoirO [la mer
d*]t p. 73, 1. 23. — La mer Orien-
tale (Yj "AX; 'HotT)), p. 147, 1. 18;
p. 148, 1. 4. — Notes : Ch.II, v.745.
Ch. IV, V. 289; 308.
Orion (6 'llpfwvj, astre, p. 42,
1. 19; p. 1 14, 1.29. — Notes : Ch.II,
V. 517. Ch. III, V. 745.
Ornytos COpwToç), père de
Naubolos, p. 10, 1. 30. — Notes:
Ch. I", V. 207.
Ornytos rOpwto;), Bébryce, lie
les cestes autour des poignets
d'Amycos, p. 51, 1. 32.
Orphée COp^vjç)^ Argonaute,
fils d'Oiagros, p. 5, 1. 5; roi de la
Piérie Bistonienne, p. 5, 1. 14;
chant d'Orphée, p. 19, 1. 35 et suiv.;
la cithare d'Orphée règle le mouve-
ment des rames des Argonautes,
p. 21, 1. 19; Orphée chante les
louanges d'Artémis, p. 22, 1. 15;
Orphée conseille aux Argonautes
d'aborder à Tîle d'Electra, p. 33,
1. 18; Orphée fait danser aux Argo-
nautes la danse armée, p. 40, 1. 10 ;
la phorminx d'Orphée (7) 'Opçeiv]
ç^piityOi P- 54» 1*34; discours d'Or-
phée aux Argonautes, p. 71 , 1. 27 et
suiv.; chant d'Orphée accompagné
de la phorminx, p. 72,1. i4-22;Orphée
consacre sa lyre, p. 79, 1. 1 6 ; Orphée
vainqueur par son chant des accents
des Sirènes, p. 167, 1. 1 et suiv.; la
phorminx d'Orphée retentit en
l'honneur de l'hyménée de Jason et
de Médée, p. 175, 1. 10; admiration
des Phaiaciennes à la vue d'Orphée,
p. 176, 1. 9; prière d'Orphée aux
Hespérides, p. 183, 1. 7 et suiv.;
Orphée ordonne qu'on expose le
trépied d'Apollon, p. 187, 1. 25. —
Notes : Ch. I", v. 23; 25; 29; 31;
34; 540; 573. Ch. II, v. 163; 929.
Ch. IV, V. 1 196; 1412.
Ortygie (t| 'OprjyiV,), nom de
l'île Délos, consacrée à Apollon;
chœurs de danse à Ortygie, p. 21,
1. 16; Jason promet d'envoyer des
offrandes à Ortygie, p. 17, 1. 19;
p. 192, 1. 28. — Notes: Ch. I",
v. 419. Ch. IV, V. 1704.
OSSA (xh opo; "Odaa) [/*J, mont de
446
INDEX
Thessalie, p. 33, 1. 10. — Notes:
Ch. 1<% V. 40; 594; 599-
Othrys (o "OÔpv;) [/'], mont de
Thessalie, p. 66, I. 10. — Notes:
Ch. I«% V. 594. Ch. II, V. 515.
Otbâré (*Otpt)pTt), Tune des
reines des Amazones, p. 62, 1. 1 1 .
— Notes : Ch. II, v. 387 ; 990 ; 1 03 1 .
OURANIDE (OOpatviôr,;), Cronos,
fila d'Ouranos, p. 89, 1. 3. Voir
Cronos.
OuRAMOS «>jpxv6;), dieu, père
de Cronos; Médée jure par Oura-
nos, p. 1 13, 1. 14 et 32. — Le sang
d'Ouranos (to Oupdtviov aiJAs), p. 1 69,
1. 27. — Notes: Ch. I", v. IJ65.
Ch. II, V. 500; 710. Ch. m, V. 26;
52. Ch. IV, V. 540; 992.
Ours (to "Apxrwv opo;) [/« mont
des\y dans la presqu'île de Cyzique,
p. 34, 1. I i ; les héros font un sacri-
tice à Rhéa sur le mont des Ours,
p. 40, 1.30. — Notes: Ch.I*'',v.94i.
Pactole (o naxT«D)i6ç)[/e], fleuve,
p. 179, l. 22. — Notes: Ch. IV,
V. 1300.
Pag AS ES (aX nayaiaO, ville de
Magnéâie d'où partit le navire
Argfo, p. II, 1. 25; p. 17, 1. 8. —
Le rivage de Pagases {y^ Ilayafftfi;
àxTT, et al lIaYa(T/]tde< àxTai), où les
Argonautes s'embarquèrent, et où
ils débarquèrent au retour, p. 14,
1. 8, et p. 195, 1. 9. — Le port de
Pagases (ô IIaY»<rr,io; Xi|iiqv), p. 21,
1. I. — Notes : Ch.I«', v. 9;49; 238;
572. Ch. IV, V. 1578; 1781.
Paiêon (ilai^wv), le médecin des
dieux, p. i8i6, 1. 16. — Notes : Ch.IV,
V. 151 1.
Palaimonios (rïaXaiuL&vio;), Ar-
ji^onaute, flls putatif de Lernos, fils
réellement d'Héphaistos, p. 10,
1. 23. — Notes : Ch. I", v. 202.
Pallas (llaXXâ;), nom d'Athéné,
p. 27, 1. 12; p. 102, 1. 5. Voir
Athéné.
PALLÉNÉES(Tà ïlaXXrîvaia xXiTsa)
[les coteaux rfc], p. 23, 1. 11. —
Notes : Ch. I", v. 599.
Panachéenne (ri llavxxa^C yaîa)
[la terre]t p. 11. 1. 30. — Notes:
Ch. I«% v. 243.
Paphlagonie (toi o'jpea IlaçXa-
yovwv) [les monts de], p. 147, 1. 29.
— Notes: Ch. Il, v. 177; 359;
904; 936; 94ii 942; 94^- Ciï- ^V.
V. 247.
Paphlagoniens (ol llx^Aayâvsc)
[les], signalés par Phinée aux Ârg'o-
nautes, p. 61, 1. 16; les Paphlag'O*
niens soumis par Héraclès, p. 74»
1. 36 ; les ri vages des Paphlagoniens,
p. 146, 1.1. — Notes : Ch. II, v. 140 ;
1 77; 359; 789; 911; 9*9-
Paraibios (IIxpzt^KK), voisin de
Phinée, vient le visiter, p. 64, 1. 16;
Phinée fait rester Paraibios avec
les Argonautes, p. 64, 1. 23; il le
congédie et raconte son histoire
aux héros, p. 64, 1. 24 et suiv.;
Paraibios conduit deux moutons
pour le sacrifice, p. 65, 1. 17. —
Notes : Ch. II, v. 456.
Parnasse (6 Iïapvr,Taç) [le], où
Apollon tue le serpent Delphyné,
p. 72, l. 16. — Notes : Ch. II, v. 71 1 .
Parrhasiens (o IIixpp(X4Tto; Xahz)
[le peuple des], conduit à Céos par
Aristée, p. 66, 1. 1 7, — Notes : Ch.II,
V. 521.
Parthénia (t| lïapOevir^. nom de
l'ile de Samos, patrie de l'Argonaute
Ancaios, fils de Poséidon, p. 10,
1. 7; p. 77, 1. 23. — Notes : Ch.I«'.
V. 186. Ch. II. V. 865.
Parthénios (ô IIap8£vioç) [le],
fleuve où Artémis se baigne, p. 79,
1.25; p. 1 18,1.22. — Ch.U, V. 936;
941. Ch. III, V. 876.
Pasiphaé (FI adif dtr;), fille d'Hé-
lios, femme de Minos,mère d'Ariane,
p. 122, 1. is ; sœur d'Aiétès, p. 1*24,
I. 28; l'époux de Pasiphaé (voir
Afinos), p. 125, 1. 25. — Notes:
Ch. I*S V. 3; loi. Ch. II, V. 1221.
Peirésies (jX netps(Tiai)i ville de
Thessalie, patrie de l'Argonaute
Comètes, p. 5, 1. 19; p. 22, 1. 32. —
Notes : Ch. I", v. 37; 584.
Peirithoos (neipiOoo;), compa-
gnon de Thésée, retenu avec lui
sous la terre Tainarienne, p. 7> 1. 23
et suiv. — Notes: Ch. I«S v. ici.
Ch. II, V. 1231.
PÉLASGBS (ol neXa<ryoO [les],
peuple de Thessalie. — La terre
des Pelas ires (tj «îa neXaff^ôiv),
p. 22, l. 28; les monts des Pelas-
ges (Ta oupea lleXatryûv), p. 89, 1. 9.
— Notes: Ch. I", v. 580; 987;
I
INDEX
447
1037. Ch. III, V. 1323. Ch. VI,
V. 1091; 1758.
PÉLASGiENNE (IlfiXaffYiç), Héra
Pélasgienne (voir Héra)^ p. 4, 1. 19;
lolcoa Pélasgienne (voir lolcos)^
P* 33i 1* 9} Tarraéc Pélasgienne (h
IlEXavyixo; apiQç), p. 37i 1- ijia terre
Pélasgienne, p. 145, 1. 34; p. 146,
1. 26. — La perche Pélasgique (t)
ilEÀatJYi; àxaivY]), p. 132, 1. 22. —
Notes: Ch. I", v. 14; 40; 1024.
Ch. UI, v. 1323. Ch. IV, V. 1329.
PELÉE (IlriXeûc), fils d'Aiacos et
frère de Télamon, habite en Phthie,
vient rejoindre les Argonautes, p. 7,
1. 12 et suiv.; Pelée tue les Dolions
Zélys et Géphyros, p. 37, 1. 19;
Pelée s^élance sur le sanglier qui a
blessé Idmoh, p. 76, 1. 9; Ancaios
annonce à Pelée qu'il est prêt à
prendre le gouvernail, p. 77i 1. 19
et suiv.; Pelée communique cette
résolution aux héros, p. 77, 1. 30;
Pelée interrogé par Jason, p. 78, 1. 1
et suiv.; paroles d'encouragement
adressées par Pelée à Jason, p. 88,
1. 20 et suiv.; Pelée prend la parole
au milieu des héros, p. 107, 1. 10
et suiv.; discours de Pelée aux
Argonautes, p. 154, 1. 8 et suiv.;
ce discours est approuvé par tous,
p. 154, L 19; Héra prie Thêtis
d'aller au secours de Pelée, p. 164,
1. 12; Thétis va vers Pelée, p. 165,
1. 16; tristesse de Pelée, p. 165,
!• 32; pourquoi Pelée a été jadis
abandonné par Thétis, p. 166, 1. 4
et suiv.; Pelée explique aux Argo-
nautes un prodige dont ils ont été
témoins, p. 181, I. 32. — Notes :
Ch. I", V. 93; 207; 582. Ch. IV,
V. 805; 807; 816.
PÉLÉiDE (llT)Xeiô/,;), nom patro-
nymique d'Achille, p. 22, 1. 3. Voir
Achille,
PÉLIAS (neXt'Y)0> ordonne l'expé-
dition des Argonautes, p. 4, I. 14;
oracle entendu par Pélias, p. 4,
I. 8; Jason vient auprès de Pélias,
p. 4, 1. 17; Pélias l'aperçoit, p. 4,
1. 19; Acastos, fils de Pélias, p. 1 1,
1. 10; le peuple de Pagases se
demande quel est le dessein de
Pélias, p. II, 1. 30; ordre funeste
prononcé par Pélias, p. 12, I. 36;
Acastos se joint aux Argonautes
malgré Pélias, p. 14, 1. 14; Jason
voudrait habiter dans sa patrie avec
le consentement de Pélias, p. 33,
1.4; il espère que ses parents élève-
ront le fils qu'il aura d'Hypsipylé,
loin de Pélias, p. 33, 1. 1 1. Cyzicos
demande aux Argonautes quels
sont les ordres de Pélias, p. 35, 1. 19;
combats célébrés aux funérailles de
Pélias, p. 45, 1. 29; les ordres de
Pélias, p. 69, 1. 30; p. 74, 1. 7; Héra
ne veut pas que Pélias puisse désor-
mais la railler, p. 93, 1. 28; elle veut
la punition de Pélias, p. 94, 1. 4;
Héra médite la perte de Pélias,
p. 126, 1. 19; Héra veut que Médée
soit un fléau pour la maison de
Pélias, p. 145, 1. 35. — Notes:
Ch. !«', V. 3; 8; 13; 224; 269; 326;
602; 908; 1304. Ch. II, V. 514.
PÉLION (to flr^Xiov) [/c], mont de
Thessalie, p. 20, 1. 31. — Argo,
enfant du mont Pélion (llr,Xiàc
*ApYco), p. 16, 1. 14; p. 21, 1. I.—
Les Nymphes du Pélion {aX llr^Xtâôfic
v'V?3(0> P- 21, 1. 30. — Les rocs
détachés du montPélioniaX IIo>.id(6&;
Èpinvai), p. 22, 1.30. — Les sommets
du Pélion (t) 1It)Xio(C xopy9r,) p. 87,
1. 24. — Notes : Ch. I", v. 65; 581.
Ch. II, V. 1238.
Pelléne (t) IleUrvr,), ville
d'Achaîe, patrie des Argonautes
Astérios et Amphion, p. 9, 1. 32. —
Notes : Ch. I*', v. 1 76.
Pelles (IlÉUrjO, père d'Hypé-
rasios, fondateur de la ville de
Pellène en Achaïe, p. 9, 1. 33- —
Notes : Ch. I", v. 176.
PÉLOPÉIA (TTcAOïreta), fille de
Pélias et soeur d' Acastos, p. 14,
1. 18. — Notes : Ch. !•', v. 326.
PÉLOPéiENS (FleXoTi^ioO. épi-
thète des Paphlagoniens, p. 74,
1. 36. Voir Paphlagoniens [les]. —
Notes : Ch. II, v. 789.
PÉLOPS (IlêXo'J/), représenté sur
le manteau de Jason, p. 28, 1. i 1 et
suiv. — Le dos de Pélops (t« IIsXo-
iiT,ia vûTo), p. 28, 1. 17; Pélops
l'Énétéien, p. 61, 1. 16. — La terre
de Pélops (t) lUXoffo; ou r\ IU>.o-
irrjic yaî»)» P- ^77» !• 175 P- »88, 1. 17
et 26. — Notes : Ch. I", v. 326 ; 5 1 7 i
752; 7^3- Ch. n, V. 359- Ch. IV,
V. 269; 1564.
448
INDEX
PÉNéE (ô flr(Vsi/>;) [le], lleuvc de
Thessalie, p. C5, 1. 29. — Notes:
Ch. l-, V. 36; 40; 57; 65. Ch. II,
V. 500. Ch. III, V. 1085.
Percosien (à llepxcoaio;) [le],
surnom de Mérops, habitant de Per-
cote, p. 35, 1. 1 1. — Notes : Ch. I*',
V. 975-
Percoté (r, nepucoTr^, ville de
la Troadc, p. 33, 1. 35. — Notes ;
Ch. I", V. 932.
PÉRiCLYMÉNOS (nspixXjiievo;),
Arf^onaute, fils de Nélée, p. 9, 1. 1 1 .
— Notes : Ch. I", v. 156.
PéRO (UnçMÔ), fille de Nélée, mère
des Argonautes Talaos, Aréios et
Léodocos, p. 8, 1. 4. — Notes :
Ch. P', V. 118.
Perse (llépo-/;), mère de Circé,
p. 157, 1. 9. — Notes : Ch. I", v. 3.
Ch. IV, V. 591.
Persée <nep(Teu;), surnommé
Eurymédon par sa mère, vole au-
dessus de la Libye en portant la
tête de la Gorgone qu'il a coupée,
p. 186, 1. 20. — Notes : Ch. II,
V. 178. Ch. IV, V. 1091; 1513; 15 15.
PERSéruoNé (4>-p<7£9Ôv/;), fille
de Déméter. permet à Stnénélos de
sortir de son tombeau, p. 78, 1. 33;
sacrifices que Ton fait à Coré-
Perséphoné, p. 117, 1. 26; les
Sirènes compagnes de Perséphoné,
p. 166, 1. 29. — Notes : Ch. P%
V.917. Ch.III, V. 847; 861. Ch.IV,
V. 597; 896.
Perses (lUpayjtc) [la fille de]^
Hécate, p. lob, 1. 3 et 16; p. 123,
1. 21; p. 170, 1. 24. Voir Hécate. —
Notes: Ch. II, v. 1221. Ch. III,
V. 200; 467; 847. Ch. IV, V. [513.
PÉTRA (r, lIÉTp/l). p. 129- 1- 36.
Voir Haitnonienne [Pètra], — No-
tes : Ch. ni, V. 1240.
Peucé (yj Ms'jxrj), île dans Tlster,
p. 148, 1. 4. — Notes : Ch. IV,
V. 284; 310.
Phaéthon (*a60wv),filsd'Hélios.
Légende de Phaéthon précipité
dans TEridan, p. 157 et 158. —
Notes : Ch. IV, v. 505; 597; 965-
Phaéthon (<^aéQwv), surnom
d'Apsyrtos, p. 99, 1. 7, etc. Voir
Apsyrtos. — Notes : Ch. III, v. 242 ;
1236.
PiiAÉTHOUSA (<l>aéOo'jaa), la plus
jeune des filles d'Hélios, p. 169,
1. 3. — Notes : Ch. IV, v. 965 ; 972.
Phaiaciennb (tJ 4»air,x:; vr.cxo;)
[l*tle] d*Alcinoo8, p. 162, 1. 33.
Phaiaciennes (ùlI §{ui>xi 4>xtY;xt-
ds;) [les esclaves], données par Arété
à Médée, p. 177, 1. 5; pleurent
réunies autour de Médée, p. 179,
1. 18-25; font assaut de rdilleries
avec les héros, p. 193, 1. 1 1 et suiv.
Phaiaciens (ol <t>atr,xE;) [les];
Héraclès dans le pays des Phaia-
ciens, p. 155, 1. 24; Hyllos fait
émigrer le peuple des Phaiaciens,
P* t55> !• 32; les ports des Phaia-
ciens, p. 164, 1. 18; Drépané, île
nourrice des Phaiaciens, p. 169,
1. 25; les Phaiaciens tirent leur
origine du sang d'Ouranos, p. 1 69,
1. 26; joie des Phaiaciens à 1 arrivée
des Argonautes, p. 169, 1. 33; la
caverne sacrée des Phaiaciens,
p. 174, 1. 21; les plus nobles des
Phaiaciens marchent à la suite
d*Alcinoos, p. 175, 1. 31; les Col-
chiens s'établissent chez les Phaia-
ciens, p. 176, 1. 28; Tile des Phaia-
ciens, p. 176,1.35. — Notes : Ch.P',
V. 965. Ch. m, V. 210. Ch. IV,
V. 5«9; 539; 540; 543; 564; 983;
992 ; 995 ; i 002 ; 1 070.
PHALÉROS((|>âXr,po;), Argonaute,
fils d'Alcon, p. 7, 1. 15. —Notes:
Ch. I", V. 95.
Phase (o <l>à(Ti;) [le], fleuve qui
traverse le territoire des Circaiens
et des Amarantes, p. 62, 1. 25; le
navire Argo pénètre dans le Phase,
p. 89, 1.32;p. 90, L 14; p. 93.1- ai;
le Phase Amarantien, p. 129, I. 12;
le Lycos, affluent du Phase, p. 142,
1. 18. — Notes: Ch. II, v. 399;
1282. Ch. III. V. 198; 570; 1074;
1093; 1220. Ch. IV, V. 131; 259;
277.
Phères (Qtt<^epal), ville d'Admète,
p. 5, 1. 34. — Notes : Ch. P% v. 49.
Phillyridb ((^tXXup{^^^0> nom
patronymique de Chiron, fil» de
Philyra, p. 21, I.33. Voir Chiron.
Philyra (<hiXupr^, - Océanide.
s^unit à Cronos, p. 89, 1. 4 ; enfante
Chiron, p. 89, 1. 8 et suiv. — Notes :
Ch.^^ V. 554. Ch.II, V.393; 1231;
1238. Ch. IV, V. 813.
Philyréide (t) «|>avpyii; vr.do;)
INDEX
449
[l'tle]t où Cronos s'unit à Phil3'ra,
p. 88, 1.36. — Notes: Gh.II, v.1231;
1238.
Philtres (01 <l>i),upe;)[/c«], peuple
des bords du Pont signalé parPhinée
aux Argonautes, p. 62, 1. 17-18. —
Notes : Ch. U, v. 393; 1231 .
Phi NÉE (4>ive'jc), fils d'Âgénor; sa
demeure et son histoire, p. 55, 1. 20
et suiv.; discours de Phinée aux
Argonautes, p. 56-57; les Boréades
délivrent Phinée des Harpyes,
p. 58-59; Phinée annonce aux héros
les difficultés de leur entreprise,
p. 59-63 ; Phinée leur raconte l'his-
toire de Paraibios, p. 64-65 ; séjour
des Argonautes chez Phinée, p. 66;
Tiphys rappelle les conseils de
Phinée, p. 69, 1. 22 ; Jason recom-
mande à ses compagnons de suivre
les instructions de Phinée, p. 70,
1. 22; Jason raconte à Lycos les
prophéties de Phinée, p. 74, 1. 13;
Amphidamas rappelle les recom-
mandations de Phinée, p. 83, 1. 12;
le poète explique quelle était la
pensée de Phinée, p. 84, 1. 20;
Jason comprend que les prédictions
de Phinée sont accomplies, p. 86,
1. I ; Mopsos rappelle les prédictions
de Phinée, p. 108, 1. 21; les héros
se souviennent de ces prédictions,
p. 108, 1. 28; Mopsos rappelle à
Jason les prédictions de Phinée,
p. 120, 1. 24; Jason se souvient des
paroles de Phinée, p. 146, 1. 12. —
Notes: Ch. II, v. 140; 177; 178;
271; 414; 447; 460; 532; 758; 943.
Phlégra (yJ 4>).Eypaîrî 3r,i6Tr|0 [le
combat cEe], entre les géants et les
dieux, d'où Héphaistos sortit épuisé,
p.98, 1.32.— PWé^raicn(<I>X£Ypotîo;),
épithète de Mimas, p. 129, 1. 18.
Voir Mimas. — Notes : Ch. I",
V. 599. Ch. III, V. 233; 1227.
Phlias (4>Xi'ac)} Argonaute, fils
de Dionysos, p. 7, 1. 36. — Notes :
Ch. I", V. 115.
Phliontb (il «ï>>.iouvt:; aîa) [la
terre d«], p. 156, 1. 19. — Notes :
Ch. IV, V. 564.
Phlogios (<I>X6Yto;), Dolion tué
par Tun des Tyndarides, p. 37, 1. 23.
Phlogios (4>X6yioOi un des fils
de Deimachos, p. 80, 1. 11. Voir
Deimachos.— Notes: Ch. II, v.955.
Phocéens (oî *(i)xr,60 [/m],
p. 10, 1.29. — Notes : Gh.I*', v.207.
Phocos ((|>(t>xo;)> tué involontai-
rement par ses frères Télamon et
Pelée, p. 7, 1. 1 1 . — Notes : Ch.I",
V. 93; 207.
Phoibos ((|>ot^o;), Apollon, p. 4,
1. 2, etc. Voir Apollon.
Phorcos (<l>(Spxoc),përedeScylla,
p. 164, 1.25. — Notes: Gh.IV,v.i399;
1515-
PHORCYs{<I>'Spx*j;), monstre marin,
p. 1 89, 1. 1 5. — Notes : Ch.II, v. 1 248.
Ch.IV. V.826.
Phrixos (4>pt^o;), fils d'Athamas,
frère d'Hellé, p. 12, 1. 10; la fuite
de Phrixos, p. 13, 1. 13; Phrixos
représenté sur le manteau de Jason,
p. 28, 1. 23; les fils de Phrixos (voir
Cytisorosy Phrontis, Mélos, Argos)^
p. 84, 1. 24 ; leur naufrage, p. 85, 1. 3
et suiv.; Phrixos chez Aiétès, p. 86,
1. 7-18; sacrifices promis par Jason
en l'honneur de Phrixos, p. 87,
1. 30 ; les fils de Phrixos, p. 97, 1. 7 ;
Phrixos accueilli par Aiétès, p. 97,
1. 19; les fils de Phrixos accompa-
gnent Jason, p. 97, 1. 27; Phrixos
honoré par Aiétès, p. 101, 1. 3; le
nom illustre de Phrixos, p. ici,
1. 32; expiation due à Phrixos,
p. 102, 1.4; Phrixos fils d'Athamas,
p. 102, 1. 28; la toison de Phrixos,
p. 103, 1. 6; piété et douceur de
Phrixos, p. 109, 1. 27; Hermès
ordonne à Aiétès de bien recevoir
Phrixos, p. 109, 1. 30; les fils de
Phrixos, p. 1 10, 1. I et 9; p. 138,
1. 30; p. 140, 1. 18 et 29; autel
élevé à Zeus par Phrixos, p. 142,
1. I ; les fils de Phrixos, p. 1 52, 1. 1 5 ;
p. 161, 1.32. — Notes: Ch. I", v.3;
4 ; 226 ; 258 ; 763 ; 932. Ch. II, v. 1 78 ;
388; 514; 532; 653; 758; 942; 946;
1092; 1 144; 1 147; 1 149; 1 186; 1 195;
1260. Ch. III, V. 374; 587; 775.
Ch. IV, V. 119; 262; 289.
Phrontis (<^p6vTlOl l*un des fils
de Phrixos, p. 86, 1. 23; le plus
jeune, p. 140, 1. 18; Médée l'appelle
dans la nuit, et il lui répond, p. 140,
1. 24; il s'élance sur le rivage pour
l'amener au navire,^. 140, 1. 29.
— Notes : Ch. II, v. 1092.
Phrygie (t, <l>pyYirt) [/a], habitée
par la déesse Rhéa, p. 40, 1. i;
57
45o
INDEX
p. 4 1,1. 12. — Notes: Ch. P'.v.i 15;
917* 959 « 1110; 1 1 16; 1 165. Ch. II,
v.373;722;724;79i; 1171. Ch. IV,
V. 262; 816.
Ph R YG I B N (Tj «l>p'jYÎt; r.iceiDo;) [ le
cofttin€Ht\, p. 34, 1. 5. — Notes :
Ch. Il, V. 359.
Phrygiens (ol<^pvyE;) [les] ; com-
ment ils se rendent Khéa propice,
p. 4t>, 1. 14; soumis par Héraclès à
Dascylos, p. 74, 1. 32. — Notes :
Ch. 1»', V. 1129. Ch. II, V. 782.
Ch. IV, V. 262.
Phthie (r, <l>Otr,) (/a], demeure
de Pelée, p. 7, j. 13; Aristée, établi
en Phthie par les Muses, quitte ce
pays, sur Tordre de son père, p. 66,
1. 9-15. — Notes : Ch. I«', v. 93.
Ch. II, V. 514; 1 186.
Phthiennb («|»Oiâ;), épithètc
d'Eupoléméia, p. 6, 1. 5. Voir
Eupolémèia.
Phylack (y; «^jXixr^, patrie de
TArj^onautc Iphiclos, p. 5, 1. 29. —
Notes : Ch. I", v. 45 ; 118.
Phylacéide (a»u)aixr,i;), Alci-
médé, iîHe de Phylacos et mère de
Jason, p. 5, 1. 31. Voir Alcimèdé.
Phylléios (tÎ) «l»'jV>.r,iov opo;)
Ue mont\„ voisin de Peirésies, p. 5,
I. 20. — Notes : Ch. I", v. 37,
Phyllis (oii «|»'jXXr,to£î 7cpo)roaO
\les bouches du fleuve], auprès des-
quelles Dipsacos a reçu Phri>oi,
p. 70, 1. 27. — Notes : Ch. II, v. 652 ;
653.
Piérides (ai lïiEptSec) [les], nom
des Muscs, p. 182, 1. II. Voir
Muses [les].— Notes: Ch.I", v.31.
Piérie Bistonienne (tj lltepir,
Hkttwvic) [/a], région de Macédoine
ou de Thrace dont Orphée était roi,
p. 5, 1. 14. Voir Bistonienne [la
Piérie^. — Notes : Ch. 1", v. 25 ; 34.
PiÉKOS (|liEp(Y]0£v) [depuis les
hauteurs c2u|, montagne d*où la
phorminx d'Orphée a entraîné des
chênes jusqu'au rivag^e thrace de
Zôné, p. 5, 1. 13. — Notes : Ch. 1",
V.31.
PiMPLÉA (r, llijJLTt/.r.u (Txontr,) [les
hauteurs deL lieu de naissance
d'Orphée, p.* 5, 1. 7. — Notes :
Ch. 1*% V. 25.
Pityéia (r, IliTJEia), une des îles
Liburniennes occupées par les Col-
chiens, p. 156, 1. 16. — Notes:
Ch. IV. V. 564.
PiTYÉiA (;, Ihrjeia), ville de la
Troade, p. 33, 1. 36. — Notes :
Ch. I", V. 932.
Pléiades (oiilUtitâSEC) [/es], cons-
tellation ; le moment où les Pléiades
se lèvent et celui où elles se cou-
chent, p. 98, 1. 22-24. — Notes :
Ch. III, V. 226.
Pleistos (nXEi<rro<), père des
Nymphes Coryciennes, p. 7a, I. 24.
— Notes : Ch. II, v. 71 1.
Plotéks (al llÀUTot vr.vot) [les
Uesh où les Boréades atteignirent
les Harpyes, p. 59, 1. 3; pourquoi
les îles Plotées reçurent le nom de
Strophades, p. 59, 1. 17. — Notes :
Ch. II. V. 296.
POLLUX (IloXvdrjxri;), Argonaute,
fils de Léda, né dans le palais de
Tyndare, p. 8, 1. 33 et suiv.; Castor
et PoUux tuent les Dolions Méga-
lossakës et Phlogios (voir Tynda-
rides) [les], p. 37, 1. 22; Pollux
accepte le défi d'Amycos. p. 50,
1. 15; Pollux dépose son manteau
pour être prêt au combat, p. 50,
1. 27; combat de Pollux et d'Amy-
cos, et victoire de Pollux, p. 5 1 -52;
Pollux attaqué par les Bébryces.
p* 53i 1* 3f Pollux met hors de com-
bat Itymoneus et Mimas, p. 53,
1. 7 ; chants des héros en l'honneur
de Pollux, p. 55,1. 1; les Mariandy-
niens font accueil à Pollux comme
à un dieu, p. 73, 1. 35; Lycos dit
que Pollux a agi suivant la volonté
des dieux quand il a tué Amycos.
p. 75, 1. 8; honneurs que Lycos
rendra à Castor et à Pollux, p. 75,
1. 17; Castor et Pollux veulent
combattre les taureaux, 107, 1. 24;
Castor et Pollux portent le joug à
Jason, puis ils se retirent, p. 132,
1. 12-17; la voix d*Argo ordonne à
Castor et à Pollux de supplier les
dieux, p. 157, 1. 6; Castor et Pol-
lux se lèvent pour prier, p. 157,
1. 11; la conduite des vaisseaux est
désormais confiée par Zeus à Cas-
tor et à Pollux, p. 1 59, I. I et suiv.
— Notes: Ch. I*', v. 146; 152.
Ch. II, v. 8; 76; 98; H)6; 163.
Ch. IV, V. 653.
POLYPHÉMOS (IIoXvçr^jjLo;), Eila-
INDEX
45'
tide, Argonaute, déjà âgé, p. 5,
1. 23 et suiv.; Polyphémos entend
les cris d'Hylas, p. 43, 1. 26; il
appelle en vain ses compagnons,
P- 43> 1* 33) il rencontre Héraclès
et l'interpelle, p. 44; le destin est
que Polyphémos fonde une ville
chez les Mysiens, p. 46, 1. 12; p. 47,
1. 7; Canthos veut savoir où Héra-
clès a laissé Polyphémos, p. 185, 1.6.
— Notes : Ch. 1", v. 40 ; 1 1 77 ; 1 240 ;
1248; 1323. Ch. IV, V. 14^14; 1470.
PoLYXOdîoXu^w), nourrice d'Hyp-
sipylé ; son discours aux femmes de
Lemnos, p. 25-26. — Notes : Ch. I*',
V. 668; 689. Ch. IV, v. 1485.
Pont (ô IIôvtoç) [le]; le détroit
qui ouvre le Pont, p. 4, 1. 5 ; le Pont,
p. 61, 1. 4; p. 63, 1. 3 et 9; p. 68,
1. 13; p. 81, 1. 9; le golfe le plus
enfoncé du Pont, p. 89, 1. 17; le
Pont, p. 147, 1. 34; p. 170, 1. 2. —
Notes : Ch. 1", v. 652 ; 1 024. Ch. II,
V. 177; 353; 361; 382; 399; 460; 528;
745;845;936;946;965; 1015; 1186.
Ch. IV, V. 259 ; 277; 284 ; 289; 320 ;
324; 786; 1002; 1217.
Poséidon (Ilovci'Sttcov), dieu de
la mer; festin offert à Poséidon par
Pélias, p. 4, 1. 18; Poséidon, père
de Nauplios, p. 8, 1. 23; privilèges
accordés par Poséidon à Péricly-
roénos, p. 9, 1. 13; Poséidon, père
d*Euphémos, p. 9, 1. 36; Poséidon,
père d'Erginos et d'Âncaios, p. 10,
1. 5 et suiv.; Poséidon protège les
Dolions qui descendent de lui, p. 34,
1. 20; les chevaux de Poséidon,
p>4i • 1-3 * Poséidon, père d^Amycos,
p. 49, 1. 5 ; Ancaios, fils de Poséidon,
p. 77, 1. 17; Poséidon se rendant
aux jeux célébrés en son honneur,
p. 129, 1. 33; Poséidon enlève Cer-
cyra, p. 156, 1. 17; Amphitrite
détèle le char de Poséidon, p. 180,
1. 17; p. 181, 1. 18 et 34; Poséidon
père d'Eurypylos, p. 188, 1. 2 ; autels
élevés à Poséidon par les Argo-
nautes, p. 190, 1.8. — Notes: Ch.I",
V. 13; 40; 57Î 134; 156; 186; 230;
482; 580; 831; 1165; 1240. Ch. II,
V. 4; 178; 532; 865; 1 144. Ch. III,
V. 1091; 1 178; 1240. Ch. IV, v. 539;
54o;778;825;826;992; 1091; 1325;
1365; 1396; 1513; 1552; 1558; i5^j;
1562; 1742.
POSIDÉIOS (ri no<Ti8r,to; axpr)) [le
cap]t dépassé par les Argonautes,
p. 44, 1.36. — Notes: Ch. I'', v.1279.
PRiOLAS(ilpi6Xa;),frère de Lycos,
tué par les Mysiens, p. 74, 1. 26 et
suiv. — Notes : Ch. II, v. 758; 783.
PROiTOS(IIpoiToc))fils de Nauplios
et père de l'Argonaute Lernos, p. 8,
l. 22. — Notes : Ch. I", v. 134.
PROMÉTHâs (ÏIpo(jLT)Oeu;), fils de
Japet, dévoré vivant par un aigle,
p. 89, 1. 19; les Argonautes entendent
les gémissements de Prométhée,
p. 89, 1. 28 ; le poison appelé du nom
de Prométhée (to IIpo]xi^Oetov çscpixa-
xov), p. 117, 1. 25; le sang de Pro-
méthée, p. 117, 1. 32; Prométhée,
père de Deucalion, p. 125, 1. 4. —
Notes : Ch. I", v. 444; 503. Ch. II,
V. 178; 1248. Ch. III, V. 845; 847;
853; 1085; 1086. Ch. IV, V. 131;
778; 1396.
Promeus (IIpo(XE*iç), Dolion tué
par Idas, p. 37, 1. 22.
PROPONTIDK (tJ lIpOTCOVTlî) [là],
petite mer où se trouve la pres-
qu'île de Cyzique, p. 34, 1. 4 ; les
sinuosités de la Propontidc, p. 35,
1.21. — Notes : Ch. I", v. 2 1 1 ; 936 ;
940; 1 1 16; 1 165. Ch. II, V. 299.
Pylos (t) IIûXoc), ville de Messé-
nie, patrie de l'Argonaute Péri-
clyménos, p. 9, 1. 13. — Notes:
Ch. I", V. 152.
Pttho (t) Ilu6(d), nom de Delphes ;
Jason va y consulter l'oracle, p. 10,
1- 31; P' ï7» 1- ïo; p. 155, I. 16;
Apollon à Pytho, p. 13, 1. 33; Jason
promet d'envoyer des offrandes à
Pytho, p. 17, 1. 18; p. 192, 1. 27;
chœur de danse en l'honneur d' Apol«
Ion à Pytho, p. 21, 1. 16. — Notes :
Ch. I", V. 207. Ch. HI, v. 1240.
Ch. IV, V. 528; 1091; 1405; 1704.
Rhéa (*Péa), épouse de Cronos,
règne avec lui sur l'Olympe, p. 20,
1. 13; comment les Phrygiens se
rendent Rhéa propice, p. 40, 1. 15;
les Argonautes célèbrent Rhéa,
p. 40, 1. 31; Rhéa surprend Cronos
uni à Philyra, p. 89, 1. 4. — Notes :
Ch. I", v. 941; I 119; 1124; II 26;
1 129; 1 141. Ch. II, V. 1231.
Rhébas (f5 'Pr,?otc ou *PT,6aio;)
[/e], fleuve de Bithynie signalé par
45^
INDEX
Phinée aux Argonautes, p. 6i , 1.6;
le Rhêbas dépassé par les Ar|^o-
nautes, p. 70, 1. 25; le territoire des
Mariandyniens étendu par Héraclès
jusqu'à l'embouchure du Rhébas,
p.74. 1-35-— Notes: Ch.II, v.349;
650; 789.
Rhodanos (i •Poîatvo:) [/«],fleuve
qui se jette dans TEridan, p. 158,
1. 13. — Notes : Ch. IV, v.596; 627;
654; 635. , , ,
Rhœteibn (r, ToiTCià; ax-cr,) [le
riva^e]^ en Troade, p. 33, 1. 33- —
Notes: Ch. P', v. 929.
Rhtndacos (al *l»vv2axiôt; icpo-
yood) [l'embouchure du], côtoyée
par les Argonautes, p. 41, 1. 11. —
Notes: Ch. I", v. 1165.
RiPHÉKS (Ta 'PiK«îa opO ['««
monts]^ d'où sortent les sources de
rister, p. 147. 1. 15. — Notes:
Ch.IV. V. 284; 286.
Roches-Errantes (xl lUa^xtot
icérpai) |/«s], au milieu desquelles
les Argonautes doivent passer,
p. 165, 1. 24; les Roches-Errantes
frémissent sous les flots, p. 167,
1. 25 ; Thétia dirige Argo au milieu
des Roches-Errantes, p. 167, 1. 34;
les Néréides sauvent Argo des
Roches-Errantes, p. 1C8, 1. 5. —
Notes: Ch.IV, v. 786.
Sacré (t<S *lpov opoc) [le mont]^
longé par les Argonautes, après
qu'ils ont dépassé la côte des Tiba-
réniens, p. 82, 1. 8. — Notes :
Ch. II, V. 1015.
Sacrée (yj ' hpr, Tilrpr,) [la pierre],
autour de laquelle les Argonautes
fixèrent les amarres de leur navire
à leur retour chez les Dolions, p. 36,
1. 31; on détache les amarres de la
pierre Sacrée, p. 39 1. 19. — Notes :
Ch. I", V. 1019.
Salangon (o Ia).aYYwv) f/«],
fleuve voisin de la terre Nesticnne,
p. 148, 1. 36. — Notes: Ch. IV,
V. 330.
SalmONIDE (t) Sa).fia>v\; axprj) [le
cap]^ en Crète, doublé à la rame
par les Arp^onautes, p. 192, 1. 14.
— Notes : Ch. IV, v. 1693.
Sangarios (ô laYTrâpto;) [le],
fleuve qui se jette dans le Pont,
p. 73, 1. 2. — Notes : Ch. II, v. 722.
Sapsisbs (ol LâicEipc;) [lesh
peuple voisin des Bécheires, signalé
par Phinée aux Argonautes, p. 62,
1. 19; les héros passent devant le
pays des Sapeires, p. 89, I. 13. ~
Notes : Ch. II, v. 393; 1231 ; 1242.
Sabdonienne (to Sap^oviov Ktkx-
yoO i/o Mer], où TEridan se déverse,
p. 1 58, 1. 1 9. — Notes : Ch. rV, V. 6S3.
SaspÉDON (r, Sapirnôoviii xix^J
Ue rocher de], voisin du fleuve
Ergînos, en Thrace, p. 1 1, 1. 2. —
Notes: Ch. !•% v. 211.
S AU RO MATES (o\ £xvpO{lxÎTai)
[/es], ennemis acharnés des Col-
chiens, p. 102, 1. 20; Jason offre à
Aiétès de lui soumettre les Sauro-
mates, p. 1 03, 1.29. — Notes : Ch. III,
V. 353.
SciATHOS (t) £xta6o;), ile de la
mer Egée, p. 22, 1. 31. — Notes:
Ch. I", v. 583.
SCTLLA (SxjUa), fille de Phor-
cos et d'Hécate, p. 164, 1. 25; le
roc de Scylla, p. 163, 1. 19; p. 167,
1. 23; le gouffre de Scylla, p. 164,
1. 23. — Notes: Ch. IV, v. 825;
826; 922.
Scythes (ol îxûdai) [/es], peuple
dont i'Ister traverse le territoire,
p. 147, 1. 16; les Scythes n'avaient
jamais vu de navire, p. 148, 1. 18.
— Notes : Ch. II, v. 373 ; 377»* i o 1 5 ;
1248. Ch. m, V. 202. Ch. IV, V.284;
320.
Seirxos (o leipto;), astre ; Seirios
dessèche les ties Minoîdes, p. 66,
1. 1 1 ; sacrifices en Thonneur de
Seirios, p. 66, 1. 20 ; Jason comparé
à Seirios, p. 121, 1. 3. — Notes:
Ch. II, 5 1 7 ; 520. Ch. III, V. 745 ; 957.
SÉLÂNÉ (le>T]va{rJ, nom de la
Lune (voir Xufie [/a] ); les Arcadiens
existaient antérieurement à Séléné,
p. 146, 1. 25. — Notes: Ch. III,
V. 93. Ch. IV, v. 54; 58.
SÉPIAS (t; iri'Riàc axptj) [le cap],
en Thessalie, p. 22, 1. 30. — Notes :
Ch. I", V. 582 ; 583 ; 599.
Serbonis (y] £ep^ci>vt; lipyr) [le
tnarais], où Typhaon, foudroyé par
Zeus, fut englouti, p. 88, 1. 17. —
Notes : Ch. II, v. 12 10.
SÉSAMOS (Tj £r,aa|xoc)i ville de
Paphl agonie, p. 79, 1. 30. — Notes :
Ch.II, V. 936; 941; 94a*
INDEX
453
SiciNOS (IixtvoO) fils de Thoas
et d*Oinoiét donne son nom à Tile
nommée d'abord Oinoié, p. 24, 1. 7.
— Notes : Ch. !•', v. 623.
SiciNOS (t) Iîxivo;)i île ainsi
nommée de Sicinos, fils de Thoas
et d'Oinoié, p. 24, 1. 6. Voir Oinoié.
— Notes : Ch. I", v. 623.
SiQYNNiENs (ol l.iy^Jv^ol) [les],
peuple qui habite auprès des bou-
ches de rister, p. 148, 1. 18. —
Notes : Ch. IV, v. 320.
SiNDiENS (ol £{v6oi) [/es], peu-
ple qui habite la plaine de Laurion
auprès des bouches de l'Ister, p. 148,
1. 19. — Notes : Ch. IV, v. 320.
SiNOPÉ (2:tvfoiin)t fille d'Asopos,
trompe Zeus, Apollon et le fleuve
Halys, p. 80, 1. 2 et suiv. — Notes :
Ch. II, V. 946.
SiNTÉiDE (Sivrrii;), épithète de
Lemnos, habitée par les Sintiens,
p. 23, 1. 23; p. 194, 1. 17. — Notes:
Ch. I", V. 608. Ch. IV, V. 1758.
SipHA (o SiçxEu; 8r,|io;) [le dême
de]^ demeure de l'Argonaute Ti-
phys, p. 7, 1. 26. — Notes : Ch. P',
V. 105.
Sirènes (al ££ipy;veO [/es], filles
d'Achéloos etdeTerpsichore.p. 166,
1. 25 et suiv.; le chant des Sirènes
vaincu par la phorminx d*Orphée,
p. 167, 1. 8; Boutés séduit par la
voix des Sirènes, p. 167, 1. 13;
les héros s'éloignent des Sirènes,
p. 167, 1. 20. — Notes : Ch. I*',
V. 23. Ch. IV, V. 661; 892; 895;
896 ; 920.
SOONAUTÈS (à lowvauT/jc) [/e],
nom donné par les Mégariens de
Nisaia à TAchéron, fleuve du pays
des Mariandyniens, p. 73, 1. 25.
Voir Achéron (V). — Notes : Ch. II,
V. 353 ; 746.
Sources («l IIy;YaO [/««]. nom de
la fontaine où Hylas fut entraîné
par la Nymphe, p. 43, 1. 6 et suiv.
— Notes : Ch. I«% v. 1222.
Sparte (tj iTcâprrj), ville d'où
viennent les Argonautes Castor et
Pollux, p. 9, 1.2; les descendants
d'Euphémos s'établissent à Sparte,
p. 194, 1. 19; Théras leur fait quitter
Sparte, p. 194, 1. 20. — Notes :
Ch. IV, V. 58; 1212; 1758.
Sphodris (2^p6dpiO> Dolion tué
par Acastos, p. 37, 1. 19. — Notes :
Ch. I*'', V. 1 040.
Sporades {ol\ I:ïopô8e; vyj<Toi) [les
î/es], p. 192, 1. 34. — Notes : Ch.IV,
V. 171 1.
Sthénélos (IOêve>oc), fils d'Ac-
tor, enseveli auprès du fleuve Calli-
choros, p. 78, 1. 29 et suiv.; il appa-
raît aux héros, qui font des sacrifices
en son honneur, p. 79. — Notes :
Ch. II, V. 904; 911; 920. Ch. IV,
V. 228.
Stoichades (al StoixotSeç vf.aoi)
[les î/esj, aussi nommées Ligu-
riennes (voir Liguriennes [f/es]),
p. 156, 1. 3 ; arrivée des Argonautes
aux îles Stoichades, p. 159, 1. 2;
leur départ des Stoichades, p. 1 59,
1. 8. — Notes : Ch. IV, v. 553; 650.
Strophadbs (al iTpoçâôe; vT;<Tot)
[les I/es]; pourquoi elles ont reçu
ce nom, p. 59, 1. 16. Voir Plotées
[les î/es]. — Notes : Ch. II, v. 177;
296; 299.
Stymphalides (al SxvpiçaXi'oe;
OjQviQec) [les oiseaux]^ dispersés par
Héraclès, p. 83, 1. 14. — No'.es :
Ch. II, V. 1031; 1052; 1088.
Styx (t) 1tv5) [/«]. fleuve des
enfers, par lequel Iris jure, p. 59,
1. II. — Notes : Ch. ÙI, v. 847.
Ch. IV, V. 282.
SymplÉGAdes (al nXriyâôt;
«éxpaO [les roches]^ p. 68, 1. 31;
p. 70, 1. 19. Voir Cyanées [les
roches], — Notes : Ch. I", v. 3.
Ch. II, V. 777; 1031. Ch. IV, V. 786.
Syrte (f, S'jpxi;) [la], golfe de
Libye où les Argonautes sont jetés,
p. 177, 1. 21. — Notes: Ch. IV,
V. 1235; 1238; 1246; 1266; 1391.
Tainaribnne (yj Taivapfr] xOwv)
[la terre], en Laconie, où était une
route des enfers, p. 7, 1. 22. —
Notes: Ch. I", v. 102.
Tainaros (tj Taîvapo;), ville de
Laconie, patrie de TArgonaute Eu-
phémos, p. 9, 1. 35; consacrée à
Poséidon, p. 129, 1. 34. — Notes:
Ch.I",v. 102; 179. Ch. m, V. 1240.
Ch. IV, V. 1578.
Talaos (TaXa60t Argonaute, fils
de Bias et de Péro, p. 8, 1. 3 ; lie
les cestes autour des poignets de
Pollux, p. 51, 1. 29; est blessé au
454
INDEX
flanc par le Bébrycc Orcidès, p. 53, i
1. 14. — Notes: Ch. !«% v. 118.
Ch. il, V. 105.
Ta LOS (Tâ>.ciK), gréant d*airain,
gardien de la Crètef victime des en-
chantements de Médée, p. 190-192.
— Notes : Ch. IV, 1485; 1638; 1644.
Taphos (o\ Xr,i«TT3i; Tctçioi) [les
brigands de]y représentéà sur le
manteau de Jason, p. 28, 1. 5. Voir
Téléboens (les). — Notes ; Ch. I*',
V. 748.
TÉGÉE rt TcYlr,), ville d'Arcadic
d*où viennent les Argonautes Am-
phidamas et Cépheus, p. 9, I. 17;
Ancaios, habitant de Tégée, p. 16,
1. 30. — Notes : Ch. I", v. 162; 398.
TÉLAMON (Te>.a|Jiwv), Argonaute,
Als d^Aiacos et frère de Pelée,
p. 7, 1. II et suiv.; tue le Dolion
Basileus, p. 37, 1. 21; querelle de
Télamon avec Jason au sujet de
l'abandon d'Héraclès, et leur récon-
ciliation, p. 45-47; Télamon accom-
pagne Jason au palais d'Aiétès,
p. 97, 1. 27; Télamon nommé à
Aiétès, p. 102, 1. 30; Télamon
outré des paroles d'Aiétès, p. 103,
1.15; Télamon retourne au navire,
p. 1(15, 1. 9; Télamon veut dompter
les taureaux, p. 107, 1. 22; Télamon
envoyé à Aiétès pour demander la
semence, p. 127, 1. 29.— Notes:
Ch. I", v. 71; 93; 207; 1289. Ch. II,
v. 9^6.
TÉLÉBOENS (o\ Tr,>£[5ôai) [les],
ou Taphiens, représentés sur le
manteau de Jason, luttant avec les
tils d'Electryon, p. 28, 1. 4. —
Notes : Ch. !•% v. 748.
TÉLÉCLÉs (Trj).£xXr,ç). Dolion tué
par Héraclès, p. 37, 1. 18. — Notes :
Ch. I", V. 104 ).
Tkléox (TeXéwv), père de Boutés,
p- 7. !• 15; p. 167, 1. 10. — Notes :
Ch. I", V. 71; 95. Ch. IV, V. 914.
TÉ LÉON (TeXitrtv), père d'Erybo-
tès, p. 6, 1. 24, 25. — Notes : Ch. I",
V. 71; 95. ,
TÉNOS (tj Tr.voO. île où Héraclès
tua les fils de Borée, p. 45, 1. 30 et
suiv. — Notes : Ch. I*% v. 1300.
Terpsichork (Tiçi'\ii'/ffiQT,), Musc,
mère des Sirènes, p. 166, 1. 28. —
Notes : Ch. IV, v. 895.
TÉTHYS (Tr,6jç), déesse, femme
d'Océanos, mère d^Eidyia, la femme
d'Aiétès, p. 99. 1.6. -- Notes: Ch.U,
V. 946. Ch. IV, V. 1212.
Thèbes (r\ (i^t^ri) Ogygicnne, où
Cadmos est venu, p. 127, {, 34;
Amphion et Zéthos sont représen-
tés sur le manteau de Jason, occupés
k construire les murs de Thèbes,
p. 27, 1. 28; Dionysos s'établit à
Thèbes, p. 78, 1. 24. — Notes:
Ch. I«',v. 735;9i6. Ch. ni» v. 11 78.
Ch. IV, v. 517; 1284.
Thèbes la Tritoniknnb (r^
Br.pn TpiwvtO, ville d'Egypte,
p. 146, 1. 19. — Notes: Ch. IV,
V. 2x>; 262; 1396.
Théiodamas (BEio2a{iac)i
Dryope, père d'Hylas, tué par Hé-
raclès, p. 42, 1. 32 et suiv.; Hylas,
fils de Théiodamas, p. 47, 1. 16. —
Notes : Ch. I»*, v. 1207.
Thé MIS (6s(itc), déesse, fait
connaître l'avenir à Zeus, p. 163,
l. 3 1 . — Notes : Ch. IV, v, 800; 1396.
Thémiscyréiennes (al Hs|it<T*
xupsiott *A}ia'6veO [les Amasanes]^
s'arment contre les Argonautes,
p. 8 1 , 1. 2 1 . — Notes : Ch. II, v. 995.
Thémiscyréxos (t) He(ii<rxupeioc
axpr,) [le cap\^ voisin de l'embou-
chure du Thermodon, p. 61, 1. 30.
— Notes: Ch. II, v. 371.
Théra (tj Hf,pT|), île autrefois
nommée Cal listé, à laquelle Théras
donne son nom, p. 194, 1. 22. —
Notes: Ch. IV, v. 1707; 1711; 1712;
1751; »758; 1763.
ThérapnaÏEN (HspaTTvaîoç)» ori-
ginaire de Thérapna, en Laconie;
Pollux, le fils Thérapnaïen de Zeus,
p. 55, 1. I. Voir Pollux. — Notes :
Ch. II, V. 163.
Théras (er.pa;), fils d'Autésion,
conduit les descendants d'Euphé-
mos de Sparte dans l'île Callisté, à
laquelle il donne son nom, p. I94»
1. 19 et suiv. — Notes: Ch. IV,
V. 1758; I7'^3-
Thermodon (à Bspixwôwv) [le],
fleuve qui se jette dans le Pont, au-
près du cap Thémiscyréios, p. 61,
1. 29 ; Dascylos, fils de Lycos, ren-
dra facile le voyage des Argonautes
jusqu'à l'embouchure du Thermo-
don, p. 75, 1. 16; particularités
merveilleuses du Thermodon, p. 80,
INDEX
455
1. 29 et suiv. — Notes : Ch. II,
V. 177; 37»; 373; 804; 970; 977;
992; 995. Ch. IV, V. 131.
Thésée (B/]<reûc)i retenu sous la
terre Tainarienne, p. 7, 1. 21; Thé-
sée délivré de ses travaux par
Ariane, p. 122, 1. 13; Thésée em-
mène Ariane avec lui, p. 122, 1. 17;
Minos a convenu avec Thésée de
lui donner Ariane, p. 125, 1. 17;
Thésée abandonne Ariane dans Tile
de Dia, p. 152, 1. 6.— Notes:
Ch. I**, V.95; 101. Ch. III.v. 1003.
Ch. IV, V. 425.
Thespien (à 9e<Ticilwv ÔTipioO [le
dêtne]^ patrie de Tiphys, p. 7, 1. 26.
Thestiadb (HsdttdÔnç), Iphiclos,
fils de Thestios, p. 10, 1. 22.
Thétis (HsTiç), mandée par Héra,
p. 162, 1. 23; Iris communique à
Thétis les ordres d'Héra, p. 163,
1. I ; Thétis va trouver Héra, p. 1 63,
1. 9; entretien de Thétis et d'Héra,
p. 163-164; Thétis expose aux
Néréides les instructions d*Héra,
p. 165, 1. 7; son entrevue avec
Pelée, p. 165-166; Thétis dirige le
gouvernail d'Argo, p. 167, 1. 32;
p. 168,1.3.— Notes: Ch. I", v.93;
582; 1 165. Ch. III, V. 230. Ch. IV,
V. 757; 793; 805; 807; 808; 814;
816.
Thoas (Boa;), sauvé par sa fille
Hypsipylc, p. 24, 1. 2; Thoas, père
de Sicinos, p. 24, 1. 8; la fille de
Thoas (BoavTidt;), Hypsipylé (voir
Hypsipylé)t p. 24, 1. 22 ; p. 26, 1. 3 ) ;
les Argonaute s supposent que Thoas
est mort, p. 27, 1. 7; Thoas, roi de
Lemnos, p. 29, 1. 26; p. 30, 1. 27;
péplos laissé par Thoas à Hypsi-
pylé, p. 1 5 1 , 1. 34- — Notes : Ch. I«',
V. 1 0 1 ; 1 1 5 ; 602 ; 620; 623. Ch. III,
V. 1003.
ThraCB (t, BpTjXYi et 7j Hpoixir,)
[to], patrie de Zé'tès et de Calais,
P* I o, 1. 35 ; ravagée par les habi-
tants de Lemnos, p. 23, 1. 29; p. 29,
1. 29; habitée par les Lemniens,
p. 30, 1. 24; tout le pays de Thrace,
P- 39» 1-23. — Notes : Ch. I", v. 23 ;
25; 31; 211; 594; 599; 6ji; 608;
800; 916; 922; II 14. Ch. II, v.
140; 168; 177; 178; 500; 745;
1238. Ch. IV, V. 284; 1 134.
Thrace (6 Hprjtxtoç et HprjiÇ); le
Thrace (0pr,iÇ) Oiagros, p. 5, 1. 6;
le Thrace (Hpr,ixio;) Borée, p. 10,
1. 35; p. 45. 1- 25; p. 63, 1. 19;
p. 185, 1. 21; le Thrace (Hpr^ixio;)
Orphée, p. 167, 1. 2; le mont Athos
de Thrace (HpoixiiQ xoXcovrJ, p. 23,
1. 14; l'armée Thrace (t| (-)pr,i^ crxpa-
TOc)> p- 25, 1. 33; les champs de la
Thrace, sur le continent (y, Hpï;ixiiQ
f,7iEipoc), p. 29, 1. 24; les vents de
Thrace (ol Hp/jîxioi àveiioi), p. 34,
1. 23; le port Thrace (ô Hpr,txioç
XiaTjv), p. 39, 1. 20. — Notes :
Ch. I«', V. 1300.
ThrAces (ol epTjixs; et oî Hpf,x£;)
[/«s], ennemis aes habitants de
Lemnos, p. 24, 1. 15 et 21; p. 30,
1. 18; la terre des Thraces, p. 33,
1. 26; Pninée, roi des Thraces,
p. 57, 1. 19 ; le territoire de Thraces,
p. 147,1. i6; les Scythes mêlés aux
Thraces, p. 148, 1. 18. — Notes:
Ch. I", V. 34; 800; 917; 932; 949;
Il 10. Ch. II, V. 2, 946. Ch. IV,
V. 284 ; 320.
Thyades (aï Huiâos;) [les], qui
mangent la chair crue, p. 24, 1. 20.
— Notes : Ch. I*', v. 636.
T11YNIADE (7) H-jvtc Y«î«) t''*
terre]^ où Phinée avait prédit que
les Argonautes attacheraient leurs
amarres, p. 64,1. 20; la Nymphe
Thyniade (r, Wuvià; vjiiçr,), à qui
Phinée recommande à Paraibios
d'offrir des libations, p. 65, 1. 10;
la côte Thyniade (rj Huv/;i; àxTr,),
où Athéné s'élance, p. 67, 1. 15.
— Notes : Ch. II, v. 1 77 ; 460.
Thvnias (r| «uvtàç vr,(To;) [/'«/«],
signalée par Phinée aux Argonau-
tes, p. 61, 1. 8; Argo dans le port
de l'île Thvnias, p. 71, 1. 14. —
Notes: Ch. Il, v. 349; 460; 673; (86.
Thyniens (oî Huvoi) {les]t habi-
tants de la terre Thyniade, p. ()6,
1. 27. — Notes : Ch. II, v. 2; 140;
460.
TiBARÉNIENS (ol Tlpap/jvoî) [/tfs],
peuple signalé par Phinée aux
Argonautes, p. 6 1 , 1. 36 ; /a côte des
Tibarèniens (f|Tipapr,vi; yaia), p. 82,
1. 3. -- Notes: Ch. II, v. 377; 1010;
1016; 1231.
Tiphys (Tîçu;), Agniade,
qu' Athéné envoie se joindre aux
Argonautes, p. 7, 1. 26 et suiv. ;
456
INDEX
Tiphys fait lancer le navire, p. i6,
1. 8; Tiphys appelé au |3^ouvernail,
p. i6, 1. 32 ; réveil de Tiphys, p. 20,
î- 33 1 Tiphys dirige sûrement le
navire, p. 22, 1. o; Tiphys fait
changer la pierre de fond, p. 34,
1. 24; Tiphys ordonne .l'embarque-
ment, p. 44, 1. 3 1 ; Télamon se pré-
cipite sur Tiphys, p. 45, 1. 20;
rhabileté de Tiphys fait échapper
les héros au danger, p. 55, 1. 17;
Tiphys ordonne aux héros do ramer,
p. 67, 1. 24 ; Tiphys crie aux héros
de faire force de rames, p. 68, 1. 7;
Tiphys évite une vague immense,
p. 68, I. 17; discours de Tiphys et
réponse de Jason, p. 69-70 ; mort de
Tiphys, p. 77, 1.3. — Notes : Ch. !•',
v. I c>8 ; III. Ch. II, v. 6 1 1 ; 854 ;
H65; H98; 904; i25o.
TiSKK (T) TiToti'tj i-Kpr^) [le cap],
dépassé par les Argonautes, p. 22,
1. 1 5. — Notes : Ch. 1*', v. 568.
Titan (Tit^vi;) [filie dit], épithète
de la lune, p. 139, 1. 33. — Notes:
Ch. IV, V. 54.
TiTANlENNE (TiT-ivi;), épithète
de la racine de Prométhée, p. 118,
1. 10; épithète d'Aia, p. 142,1. 15.
— Notes : Ch. I", v. 419. Ch. III,
V. 853. Ch. IV, v. 131.
Titans (01 Tixr.vc;) [/es], ont pour
roi Cronos, p. 20, 1. 15; Cronos
régne dans l'Olympe sur les Titans,
p. 89, 1. i; Déméter enseigne aux
Titans à faire la moisson, p. 169,
1. 23. — Notes : Ch. I«^ v. 503 ;
1165. Ch. II, V. 40; 710; 1231.
Ch. IV, v. 540.
TiTAKÉsiEN (6 TiTapr,<Tio;) [le],
Mopsos, né près du fleuve Titaré-
sos, p. 6, 1. 16. Voir Mopsos. —
Notes: Ch. I*', v. 65.
TiTiAs (TiTÎrj;). l'un des Dactyles
Cretois de l'Ida, p. 40, 1. 1 . — Notes :
Ch. I", v. II25. Ch. II, V. 758;
782.
TiTiAS (TirrriO, combattant au
pui^ilat, vaincu par Héraclès aux
jeux funèbres donnés en l'honneur
de Priolas, p. 74, 1. 29. — Notes :
Ch. I", V. 1 126. Ch. II, V. 783.
TiTYOS (TiTuo;), géant, fils
d'Klaré, mis de nouveau au monde
par Gaia, représenté sur le manteau
de Jason, p. 28, 1. 20; père d'Eu-
> ropé, mère de l'Argonaute Euphé-
mos, p. 10, 1. I. — Notes : Ch. I**,
V. 179; 761; 763.
Trachike rt Tpr/iv), ville de
Thessalie où Héraclès établit les
enfants que les Mysiens lui avaient
remis en otages, p. 47, 1. 17 et
suiv. — Notes: Ch. I**, v. 1207;
1356.
Triccaien (Tpixxzto;). Deima-
chos de Tricca, en Thessalie, p. 80,
1. 10. V'oir Deimachos. — Notes:
Ch. I(. v. 955.
Trinacrie (tj BpivatxirJ [la], île
où se trouve la prairie qui nourrit
les génisses d'Hélios, p. 168, 1. 33.
~ La mer de Trinacrie (o Tpivi-
xpioç it^vTo; ou tj HptvxxtVj «à;),
p. 147, 1. 19; p. 169,1-29. — Notes:
Ch. IV, V. 289; 293; 661; 965.
Triton (Tpttiiyv), dieu marin,
qui se présente aux Argonautes
sous le nom d'Eurypylos, p. 187-
1 88 ; Triton reçoit le trépied, p. 1 89 ;
1. 3; Triton invoqué par Jason,
p. 189, I. 14; Triton dirige Argo,
p. 189, 1. 28; autels élevés par les
Argonautes à Triton, p. 1 90, 1. 8 ;
la tille d^ Triton et de Libye vue
en songe par Euphéroos, p. 193,
I. 33 et suiv. ; présent d'hospitalité
offertparTritonàEuphémos,p. 194,
1. 9. — Notes: Ch. IV, v. 528; 1322;
i39«;is52; 155B; 1561; 1562; 1578;
15^; 1598; 1^03.
Triton (t» Tpixwvo; CôxTa ou r,
TpiT(t>vt; Xtfivri) [le lac], où Athéné
fut baignée par les héroïnes tuté-
laires de la Libye, p. 1 79, 1. 35; les
Argonautes entrent dans le lac
Triton, p. 182, 1. 22; le rocher,
voisin du lac Triton, fendu par
Héraclès, p. 184, I. 10; les Arc^o-
nautes essaient de sortir du Tac
Triton, p. 187, 1. 16. — Notes:
Ch. IV, V. 656; 131 1 ; 1391 ; I494Î
1620.
Triton (è TptTu>\) [le], fleuve qui
arrose l'Egypte, le même que le
Nil, p. 146, 1. 30. — Notes : Ch. IV,
V. 260 ; 267 ; 269 ; 289.
Tritonide (TpiTcov{;), surnom
d'Athéné, p. 7, 1. 30; p. 21, 1. 31 ;
p. 27, I. 1 1 ; p. 28, 1. 28; p. 128, 1.3.
Voir Athéné. — Notes : Ch. I*',
^'- 55» ; 721- Ch. IV, V. 13 II.
I
INDEX
457
Tritonxbnne {TpiTfovi;), épithète
de Thèbes, ville d*£)^ypte, p. 146,
1. 19. — Notes : Ch. IV, v. 260.
TsiTO)«is (TpiTwvîc), Nymphe
mère de Nasamon et de Caphauros,
p. 185, 1.34.— Notes :Ch.IV,v. 1494.
Ttndare (TuvÔooeu;), époux de
Léda; Castor et PoUux naissent
dans le palais de Tyndare, p. 9, 1. 2;
les fils de Tyndare (Castor et Pol-
lux), p. 107, 1. 24. Voir Castor et
Po//m«.— Notes : Ch. !•', v. 146; 1 52.
Tyndaridb(ô Tvv8apî5ia;) U«] ,
PoUux, né dans le palais de Tyn-
dare. p. 50, 1. 27; p. 51, 1. 4 et 14;
p. 52, 1. 8; p. 75, 1. 8. Voir PoUux.
Tyndasidbs (ol Tuv5ap:Ô«0 [les].
Castor et PoUux, nés dans le palais
de Tyndare, p. 9, 1. 2 ; les Tynda-
rides tuent les Dolions Mégalos-
sakés et Phlog^os, p. 37, 1. 22;
honneurs que Lycos rendra aux
Tyndarides, p. 75, 1. 17; les Tynda-
rides portent le joug à Jason, puis
ils se retirent, p. 132, 1. 12-17; les
Tyndarides se lèvent pour prier les
dieux, p. 157) 1. H-
Typhaom (Tuçacov), frappé par le
tonnerre de Zeus, p. 88, 1. 12. — .
Notes: Ch. II, v. 40; 706; 1210;
I24«. Ch. IV, V. 1396; 1399.
Typhaonibmnb (yj Tvçaovfrj
TCCTgri) [la pierre]^ où coula le sang
de Typhaon, frappé par la foudre
de Zeus, p. 88, 1. 12.
Typhoeus (Tu9u>c^0> gréant
monstrueux, p. 51, 1. 2. — Notes:
Ch. II, V. 40.
Thyrsénien (r, Tup<rYjv\î tjiteipoc)
[le continent]^ où Hélios conduisit
Circé, p. 101, 1. 12; où Thétis va
porter à Pelée les ordres d*Héra,
p. 165, 1. 14. — Les rivages Tyr-
rhiniens (alTup<JY]vide; àxTat) ,p. 1 59,
1. 15; p. 165, 1.20. — Notes: Ch.III,
V. 311. Ch. IV, V. 284; 289; 661 ;
778:850.
Tyrrhénibms (ol T\)p<rn'voO f/es],
chassent de Lemnos les descendants
d*Euphémos, p. 194, 1. 18. —
Notes: Ch. !•', v. 6c8. Ch. IV,
V. 635; 1758.
Xanthos (6 S(xv6o;) [/«], fleuve de
Lycie,p. 13, 1.34. — Notes : Ch. I",
V. 308.
Xynias (r, Suviàç XtfivrJ [le lac],
voisin de Ctiméné, ville des Dolo-
pes, patrie de l'Argonaute Euryda-
mas, p. 6, 1. 20. — Notes : Ch. 1*%
v. 67!
ZÉLYS (ZiXuc), Dolion tué par
Pelée, p. 37, 1. 20.
ZÉPHYRS (6 ZéfvpoO [le]\ les
Harpyes plus rapides que le Zé-
phyre, p. 58, 1. 30 ; les Argonautes
quittent Tile Thynias, grâce à la
brise du Zéphyre, p. 72, 1. 36; la
brise du Zéphyre conduit les Argo-
nautes aux embouchures du fleuve
Callichoros, p. 78, 1. 18; la brise
du Zéphyre doit seule souffler jus-
qu'à l'arrivée des Argonautes dans
l'ile des Phaiaciens, p. 162, 1. 32;
p. 164, 1. 17 et 34; la brise du
Zéphyre seconde le voyage des
Argonautes, p. 166, 1. 20; le navire
entraîné par le Zéphyre, p. 167, 1. 7;
la voile est déployée au souffle du
Zéphyre, p. 190, 1. 10; le Zéphyre
s'apaise, p. 190, 1. 14. — Notes :
Ch. II, V. 276; 961. Ch. IV, V.888;
1628.
ZÉTÈs (Zi^ty;c)> Argonaute, fils
de Borée et d'Oréithyia, p. 10,
1. 33; adresse la parole à Phinée,
p. 57, 1. 24 et suiv.; se prépare à
chasser les Harpyes, p. 58, 1. 17; se
lance à leur poursuite, p. 58, 1. 36;
raconte aux Argonautes comment,
avec Calais, il a poursuivi les Har-
pyes, p. 63, 1. 21. Voir Borée. —
Notes: Ch. I<s v. 211. Ch. II,
v. 178; 296.
ZÉTHOS (Zr.Ooc) et Amphion
représentés sur le manteau de
Jason, p. 27, 1. 27 et suiv. — Notes :
Ch. !•', V. 1 76; 735. Ch. IV, V. 1 090.
Zeus (Ztu;); Léda, épouse de
Zeus, p. 9, 1. 5; Zeus invoqué par
les habitants d'Iolcos, p. 1 1, 1. 29;
Zeus méprisé par Idas, p. 19, 1. 5;
Zeus enfant, p. 20, 1. 1 5 ; le tonnerre
qui fait la gloire de Zeùs, p. 20,
1. 20; libations à Zeus, p. 20, 1. 25;
les Cyclopes forgeant la foudre de
Zeus, p. 27, 1. 2 1 ; Héra, femme de
Zeus, p. 36, 1. 2; jour funeste
envoyé par Zeus aux Dolions,
p. 38, 1. 1 3 ; le Cronide Zeus recule
devant la mère des dieux, p. 39,
5«
458
INDEX
]. 9; Héraclès, fiU de Zeus, p. 4a,
1. 3; le dessein de Zeus sur Héra-
clès et sur Polyphémos, p. 4Ô, 1. 6 ;
p. 47. 1- 7-
Colère de Gaia contre Zeus,
P' 5 1 « I- 3 ; le fils de Zeus (PoUux),
p. 51, 1. 6; tout est arrivé suivant
la volonté de Zeus, p. 54, 1. a6 ; le
âls Thérapnaïen de Zeus, p. 55, 1. 1 ;
les desseins sacrés de Zeus dévoilés
par Phinée, p. 55, 1. 25 ; l'oracle de
Zeus, p. 56 1. 7; Zeus, protecteur
des suppliants (*lxi<noô> P> 56,
1. 28; vig^ueur envoyée par Zeus
aux Boréades, p. 58, 1. 28-29; les
Harpyes, chiennes du grand Zeus,
p. 59, 1. 8; Phinée a souffert pour
avoir révélé imprudemment les
conseils de Zeus, p. 59, 1. 36 ; Zeus
Euxène ('ËuUvoc)f p* 62, 1. 1 ; les
Boréades ont arrêté, par Tordre de
Zeus, les attaques des Harpyes,
p. 64, 1. 21 ; Tordre de Zeus fait
souffler les vents Etésiens, p. 65,
I. 27; Zeus qui répand la pluie
('Ix(xaîoO> p. 66, 1. 18; Zeus, fils de
Cronos, p. C6, l. 20; les vents
Etésiens, envoyés par Zeus, p. 66,
1. 23; la fille de Zleus (Athéné),
p. 67, 1. 14; le fils Nyséien de Zeus
(Dionysos), p. 78, 1. 23 ; Zeus trompé
par Sinopé, p. 80, 1. 2; Zeus envoie
le souffle de TArgestès, p. 8t, 1. 19;
Zeus Génétaios (TevoTaîoc), p. 82,
1. 2; Zeus excite Timpétuosité de
Borée, p. 84, 1. 30; Zeus envoie
une pluie immense, p. 85, 1. 18;
Zeus qui voit tout (*Eic&^toc), p. 85,
1. 22; Zeus, protecteur des hôtes et
des suppliants (Seivioc, *Ixé9io;),
p* 85, 1. 32-34 ; le bélier immolé par
Phrixos au Cronide Zeus, p. 85,
I. 14; Zeu3 voit tout, p. 87, 1. 14;
Jason va apaiser la colère de Zeus
contre les Aiolides, p. 87, 1. 31 ; le
Cronide Zeus foudroie Typhaon,
p. 8^, 1. 13; Zeus nourri au milieu
d.'s Courètes, p. 89, 1. 2.
H'ira et Athéné délibèrent loin
de Zeus, p. 92, 1. i ; Athéné, fille
de Zeus, p. 92, ]. 4; Héphaistos a
reçu Cypris comme épouse de la
miin de Zeus, p. 92, 1. 36; Eros,
dans une plaine fleurie, loin de
Zeus, p. 95, 1. I I ; Ganymède établi
par Zeuâ dans le ciel, p. 95, 1. 13;
le magnifique jouet fait pour Zens
enfant par sa nourrice Adrestéta,
P* 95* 1* 3^1 les demeures de Zeus,
p.96, 1 . 22 ; Zeus hospitalier (Seivt<K),
p. 97, 1. 23; la pitié de Zeus pour
les fils de Phrixos, p. ici, 1. 28; la
colère funeste de Zeus, p. 102, l. 3 ;
Zsus engendra Aiacos, p. 1 02, 1. 3 1 ;
Zeus fait ordonner par Hennés à
Aiétès de bien recevoir Phrixos,
p. 109, 1. 29; les anciens héros nés
du sang de Zeus, p. 119, 1. 35;
Tépouse de Zeus, p. 1 20, 1. i ; Zeus
étend sa main protectrice sur les
étrangers et les suppliants, p. 121,
1. 35; les pluies sans fin que Zeus
envoie, p. 135, I. t.
La Muse, enfant de Zeus, p. 138,
1. 2; Zeus Olympien ('0X<j(iiruȍ)9
p. 141, l. 10; Héra, Tépouse de
Zeus, p. 141, 1. 1 1 ; Zeus, protec-
teur des fugitifs (4>*j;ioc)t p* 142,
1. 2; Téclair de Zeus, p. 144, 1. 2;
Zeus, témoin des mauvaises actions,
p. 145, 1. 18; Zeus ne fait jamais
tomber la pluie en Egypte, p. 146,
1. 3 1 ; la fille de Zeus (Artémis),
p. 148, 1. 33; Zeus, protecteur des
suppliants (*Ixsoio;), p. 149, 1. 25;
Tépouse de Zeus, p. 150, 1. 17; le
tonnerre de Zeus détourne les Col-
chiens de passer dans Tile qui est
en face des monts Cérauniens,
P* I S5> 1* 3 1 Zeus décide que Jason
et Médée seront purifiés par Circé,
p. 156, l. 7; les héros ne devinent
pas les ordres de Zeus, p. 156, 1. 13;
Héra les pénètre, p. 156. 1. 28; la
poutre divine d'Argo annonce aux
héros la colère de Zeus, p. 1 57, 1. 3 ;
les fils de Zeus (Castor et Pollux),
p. 159, 1. 2; Zcus leur confie le soin
des navires, p. 159, 1. 6; Zeus
protecteur des meurtriers qui le
supplient, p. 160, 1. 25-35; Circé
veut rendre Zeus propice aux deux
criminels, p. 161, 1. 8; Tépouse de
Zeus, p. 162, 1. 18; Tliétis a craint
d'entrer dans le lit de Zeus, p. 163,
1. 24; Tépouse de Zeus, p. 168, l. 26
et 36; l'impartiale justice de Zeus,
p> I73> 1- 10; le fils Nyséien de
Zeus (Dionysos), p. 174, 1. 15;
Tépouse de Zeus, p. 174, 1. 36;
Zeus envoie aux héros une brise
favorable, p. 177, 1. 8; les héros
INDEX
459
pensent qu'ils sont partis contre la
volonté de Zeus et que le dieu ne
veut pas leur retour, p. 178, 1. 7
et 3 1 ; Zeus confie au géant Talos
la garde de la Crète, p. 19'j,
!• 31 » 1^ poète, plein d^étonnement
de la mort de Talos, invoque Zeus,
p. 191, 1. 29. — Notes : Ch. P',
V. 3; 115; 146; 152; 176; 179;
330; 258; 419; 503; 509; 536; 730;
735; 7^ï: 851; 859; 917; 941; 1 136;
1 165. Ch. II, V. 4(>; 178; 296; 378;
4-4; 461; 532; 653; 7:6; 758; 1147;
I iSo.Ch. III, V. 52; 114; 133; 197:
4^7; 540; 587; 98J. Ch. IV, V. 58;
540; 597; 616; 653; 703; 705; 709;
757; 778; 793; 816; 1090; 109 ;
1134; 1310; 1311; 1325; 1396;
1412; 1513; 1638.
ZÔNÉ (t) Z'ôvr,), lieu sur le rivagre
Thrace, où la phorminz d'Orphée
a entraîné les chênes des hauteurs
du Piéros, p. 5, 1. 11. — Noteà:
Ch. I", V. 29.
V*®
II
NOMS MYTHOLOGIQUES, HISTORIQUES & GÉOGRAPHIQUES
QUI NE SE TROUVENT QUE DANS LES NOTES.
AbatUês (les), autre nom des
EubéenSj Ch. I, v. 77.
Abaruos, cap voisin de Lamp-
saque, I, 932.
À bas , père de Deucalion, m, 1 086.
Acacallist Nymphe, IV, 1490.
Acamas, fils d'Eusoros, I, 949.
Acarftan, fils d'Alcmaion, IV,
1229.
Acarnaniê (1'), I, 748; IV, 293,
1229, 1230.
Ackaia, ville de Crète, IV, 175.
Achaïê Fhihiotidé (1*), I, 176,
243-
Achaïêns (les), i) peuple voisin
des Colchiens, UI, 353 ; — 2) peu*
pie du Péloponèse, I» 176; IV, 1329.
Achaios, fils de Xouthos, I, 243.
Achiens (les), I, 108, 134, 371;
II, 843; IV, 851, 1452.
Achéron, roi des Mariandyniens,
n, 353.
AcmoH, i) l'un des Dactyles, I,
1 129; — 2) frère de Dnias, II, 373.
Acmoniênnê (la forêt), II, 373.
Acrisiot, fondateur de Larissa,
I« 40, 125; IV, 1091.
ActaioHt enfant corinthien, IV,
1212.
Action, fils d*Aristée, II, 500.
Actor, père de Philoméla, IV, 8 16.
Adonis, I, 932, 1207.
Adrastie et Adrttstéia, autres
noms d^Adrestiia, 1, 1 1 16; III, 133.
Adrasios, héros éponyme de la
ville d'Adrastéia, I, 1 1 10.
Adriatique (le golfe), IV, 284,
289, 320, 324, 481, 505, 517, 597.
627, 635.
jEa, la même qu*il»a, III, 1074.
Aédon, autre nom de Thébé, I,
735.
Aêllo, Tune des Harpyes, II, 286.
JEole, le même ç^Aiolos, IV, 764.
Aéria, i) mère d'Aigyptos, IV,
267; — 2) ancien nom de TE^^ypte,
IV, 267.
Aéthlios, père d*Endymion, IV,
58.
Aitos{V), fleuve, II, 1248; IV, 269.
- Aûgeus (Neptunus), I, 831.
AfriçHê (D. IV, 1348.
Agamemnon, I, 115, 917; ni,
540; IV, 425, 477» 705. I5Î3, 1558.
Aganicé ou Aglaonicé, magi*
cienne, III, 533.
Aglaopi, Sirène, IV, 892.
Agrlaophémé, Sirène, IV, 892.
Aglaophonos, Sirène, IV, 892.
Aichn%odicos, amant d'Amphissa,
IV, 1093.
Aigai, 1) île de la mer Egée, I,
831 ; — 2) ville d'Eubce, I, 831.
Aigaios (Poséidon), I, 831.
Aigée iEgéé] (la mer), I, 83 1 .
Aigeus YEgée]y roi d'Athènes,
I.831.
Aigialêus, autre nom d*Apsyrtos,
II, 1221.
Aigialos, bourg paphlagonien,
11,365,941.942.
Aigimios, chef dorien, III, 587.
Aiginé, I ) mère d*Aiacos, I, 115;
IV, i;66; — 2) mère de Sinopè,
11.946.
Aiginites (les), IV, 1772.
Aigyptos, I) roi d'Egypte, I, 4,
1 25 ; III, 1 1 78 ; — 2) ancien nom du
NU. IV, 269.
Aïnos (le mont). II, 296.
Aioliennss (les îles), IV, 778.
Aisacos, fils d'Arisbè, I, 975.
Aitoliê iV),iy, 1229.
Aitoliens (les), IV, 1229.— Voir
Etoliens (les).
Aitolos, père de Palaimonios, I,
202; IV, 1229.
Aja», I) fils d'Oileus, I, 71; —
2) fils de Télamon, I, 71 , 371 , 929;
11,94; lu. 1331.
INDEX
461
Alcaihous, fils de Pélops, I, 517.
Alceste ouAlcestis, femme d'Ad-
mète, 1, 49, 326.
Alcmaiont père d'Acarnan, IV,
1229.
Alcmènê, I, 40, 7481 1240.
Alco, couitisane, I, 645.
AlcyotteuSt tué par Télamon, I,
1289.
Alessio, ville de Dalmatie, IV,
517.
Alexandre, vainqueur de Dareios,
n,94i.
Alexandrie, I, 368; n, 541; ni,
533-
Almos, fila de Sisyphe, m, 1091 .
Alœus, I, 482.
Alopios, fila d'Héraclèa et d'An-
tiopé, I, 735«
Alos, ville d'Etolie, I, 482.
Alpes (les), II, 675.
Aiphie (1*), fleuve, I, 127.
Althaia, mère de Méléag^ros, I,
190.
AmaUhie (la chèvre), III, 133.
Amurantien (le mont), III, 1220.
Amaraniiennes (les prairies), II,
399-
Amarantiens (les), les mêmes
que les Amarantes , III, 1220.
Amarantos, ville du Pont, II, 399.
Amastris, 1) nièce de Dareios,
II> 94t> — 2) nom nouveau de la
ville de Sésamos, II, 941, 942.
Ambracie (le golfe d*), IV, 1228,
1229.
Amérique (V), II, loio.
Amisos, ville du Pont, II, 995.
Amitié (1'), I, 496.
Amour (l')t If 49^.
Amphiaraos, I, 139.
Amphios, roi de Troade, I, 1 1 16.
Amphissa, fille d'Echétos, IV,
1093.
Amphitryon, I, 40, 1240.
Ampycos, père de Mopsos, I, 65.
Amyros, i) fils de Poséidon, I,
596; — 2) ville de Thessalie, 1, 596.
Amytkaon, fils de Crétheus, I,
]3> 118.
Anacharsis, inventeur de Tancre,
I, 1276.
Anactorùm, nom ancien deMilet,
I, 186.
Ancée, le même qu'iiMcatos, 1,358.
Anchirroé, fille du Nil, IV, 269.
Anchise, I, 95; IV, 1365.
Andira, ville de Troade, IV, 973.
Andromaque, I, 295 ; IV, 355.
Andromède, IV, 1091.
Androthoé, mère de Dictys et de
Polydectès, IV, 1091.
Antaié, surnom de Rhéa, I, 1 141.
Antée, fils de Poséidon, IV, 1396.
Antéia ou Sthénobée, femme de
Proitos, I, 134.
Anthédon, ville de Béotie, I,
1310.
Anthémoéisis, fille du fleuve
Lycos, U, 724, 758.
Anticlée, fille d' Autolycos, II,95S«
Antinoé, femme de Lycourgos,
I, 162.
Antiopé, I) mère d'Aiétès, lU,
242 ; — 2) mère d' Alopios, I, 735 ;
~ 3) mère de Clytios et dlphitos,
I. 86, 735,
Antiphatès, roi des Lestrygons,
I, 957-
Antiphus, IV, 210.
Aonia, ancien nom de la Béotie,
IV, 267.
Aparnis, nom primitif de la ville
diAbarnis, I, 932.
Aphétest nom de lieu, 1, 59 1 , 1 289.
Aphrodite, I, 609, 763, 916, 932;
II, 990; III, I, 26,39,41,93,452,
550. 847, 1003; IV, 86, 517, 914.
— Voir Cypris.
Apia (X) ou Apide (1*), autre nom
du Péloponése, IV, 263, 1 564.
Apide iX) ou ApU {V), tle, IV,
1564.
Apis, fils de Phoroneus, IV, 263.
Apollonie, ville du Pont, II, 460.
Apsyrtide (l'Ile), IV, 505.
Apsyrtides ou Apsyrtiennes (les
îles), IV, 481, 505.
Aquilon (le vent), 1, 652 ; IV, 286.
Arabos, père de Classiépée, II,
178.
Arcas, 1) père d'Apheidas, 1, 162 ;
— 2) fils d'Orchomène, IV, 263; —
3) père de Mainalos, I, 769.
Archias de Corinthe, IV, 12 12.
Archipel (F), IV, 3 1 7.
Arctique (1* Océan), II, 397.
Arctonnésos (la presqu'île), f , 94 1 .
Ardée, ville d'Italie, IV, 201.
Aréia,^\\e de Cléochos, I, 186.
Arène, fille d'Oibalos, I, 152.
Aréthuse (la source d'), I, 419»
462
INDEX
ArétoSf I) homme de Dulichion,
II> 1 05 ; — a) fils de Nestor, II, 1 05 ;
— 3) tiU de Priam, II, 105.
Argés, Tun des Cyclopes, I» 510,
730.
Argien (Iphis, héros), IV, 223.
Argiens (les), IV, 12 12.
ArginoH (!'), montag-ne de Crète,
II, 299.
Argiopi, femme d'Agénor, III,
1 178; IV, 269.
ArgoHd€ir),l,4S^ 125, 134, 1 129;
m, 1240; IV, 131, 262.
Argonautes (les). I, 1 , 23, 45, 57,
86, 93. 95t >o«» «39» 162.202,207,
226. 230, 358. 368. 393, 566, 594,
599. 608, 609, 645, 652. 769. 913.
922. 924, 941, 954, 955, 961, 9.5.
987^997. 1037, 1177, 1276; II, 105.
140, 160, 163, 177, 178, 271,460,
532, 536, 562, 686, 724, 758, 843.
854, 865, 946, 955. 9î>i. 965. 1031,
1092, 1248, 1282; m, 570, 775; IV,
62, 80, 86, 87, 223, 228, 259, 284,
289, 417. 519, 553, 635, 653, 656,
78 î, 888, 890, 965, 1002, 1057, 1227,
1365. 1386, 1552, 1558. 1561, 1564,
1578, 1691, 171 I, 1758, 1772.
Argos, fils d'Agénor, I, 226.
Arisbi, fille de Mérops, I, 975.
Aristie, 1) fils de Carystos, II,
500; — 2) fils de Chiron, II, 500;
— 3) fils d'Ouranos et de Gaia, II,
500.
Aristotilès, premier nom de
Banos, IV, 1751.
Arménie (D, II, 399i 7*4. 977;
IV. 131.
Arménios (le mont). II, 977.
Armonios (le mont), II, 977.
Amé, mère de Boiotos. III, 1 178.
Artaci, i ) Ile voisine de Cyzique,
I> 957; — 3) ville dans la presqu'île
de Cysique, I. 957; ~ 3) montagfne
dans la presqu'île de Cyzique, 1,957.
AscUpias, IV, 616.
Asia, fille d'Océanos, I, 444; IV,
1742.
Asie- Mineure (l*), I, 308.
Asopos (1*), I ) fleuve de la Phthio-
tide, I, 11$; — 2) fleuve de Ttle de
Paros, I, 115.
AssaracuSp I, 93.
Assyrie (!'), synonyme de la
Leuco-Syrie, II, 946.
Assyriens (le^). li, 946.
Astêria, i) fille de Coronos, I.
139; — 2) sœur de Létô, I, 419;
III. 467; IV, 1513; — 3) nom de
Déios, I, 419» — A) nom ancien de
Milet, I, 186.
Astériom, roi de Crète, I» 176.
Astragalizontes (les), III, 1 14;
IV, 20 1 .
Astraeos, Titan, IV, 15 13.
Astyanax, III, 242.
Atalante, 1) fille de Mainalos, I.
769; — 2) fille de Schoineus, 1, 769.
Athènes, I, 95. 287, 652; II, 178;
III, 1003; IV, 280, 1638.
Athéniens (les), I, 608, 652; II,
123.
Atlantique (le peuple), II, 965.
Atlas, I, 444, 916; IV, 263, 564,
1396. 1399. 1561.
A/os5a, IV,(>62.
Atrée» H, 359.
Atride (Ag^amemnon, T), IV, 1 558.
Atthide (F), autre nom de VAiti-
que, IV, 1564.
Attique (1*). I. 95. 2i». 959; H.
178, 1099; IV, 1564, 1578.
Attiques (les), III, 235.
Atymnios ou Atymnos, fils de
Cassiépée, II, 178.
Auge, fille d*Aléos. I, 162.
Aulide (D [?], III. 1 074.
Aur€Mre (I*). U, 450. —Voir £as.
Auson, fils d'Ulysse, IV, 553.
Autolycos, père de Poljrmédé et
d*Anticlée, I, 45; II. 955.
Automédousa, fille d'Alcathous,
I. 517.
Autonoé, fille de Cadmos, n, 5 1 1 .
Autouchos, fils de Cyrène. II, 500.
Axiéros, Axiokersa, et Axioker-
SOS, divinités Cabires, I. 917.
Axios (1'), fleuve, I, 34.
Bacchis, fils de Dionysos, Ch. IV,
V. I2l2.
Baitos, autre nom d*Aristotélés,
IV. 1751.
Bébryce (Mimas, le), III, 1227.
Bébrycie (la), pays des Bébryces,
11,2.
Beikos, nom moderne de la ville
d' Amycos, II, 1 59.
Bellérophon, I, 134.
Bélos, père de Phinée, II, 178;
III. 1178; IV. 269.
Béotie (la), I, 3, 105. II5. 537.
r
INDEX
463
55». «3»o; II, 163, 514, 1186; m.
1178, 1240; IV, 517, 131 1. 1779.
Béotien (le serpent), III, 1 1 78.
Bistoni€Hsilùn)tpG\ip\t de Thrace,
1,34.
Biihynie (la), 1) d'Europe, II,
1 77 ; — a) île du Pont, II, j 77.
Bithynis, Nymphe, II, 4.
Bobéias, Bobéis ou Bœbéis (le),
lac de Magnésie, I, 67, 596.
Boeo (capo), nom moderne du
cap Lilybéen, IV, 914.
BoiotoSf père d*Hennippé, I, 230 ;
UI, 1 1 78.
Bormoa, fils de Titias, II, 782.
BoS'Burutt {l6)t cap de Bithynie,
I, 1279.
Bosphore (le), 1) Scythique ou
Cimmirien, II, 168, 745; — 2) de
Thrace ou de Mysie, 1, 1 1 14 ; II, 745.
Boutés y I ) guerrier Troyen, 1, 95 ;
— 2) descendant d' Amycos, I, 95 ;
— 3) écuyer d*Anchise, I, 95 ; — 4)
le Pallantide, I, 95.
Bouvier (la constellation du), II,
1099.
Bouaygé, fille de Lycos, I, 186.
Briareus (le géant), I, j 165.
Brimos, III, 861.
Britomartis, surnom d*Artémis,
IV, 1640.
Broutés, l'un des Cyclopcs, I,
510» 730.
Bryges (les), les mêmes que les
Brygiens, IV, 330.
Busiris, fils de Poseidon,IV, 1 396.
Byblos, ville d'Egypte, IV, 869.
Bynance, I, 2i j.
Cabires (les), i) divinités, Ch. I,
V. 917; ~ 2) monts de Phryg^c, I,
917.
Cabiros (le), mont de Bérécyn-
thic, I, 917.
CalcJtas, fils de Thestor, I, 139.
Callirhoé, mère d'Acarnan, IV,
1229.
Ca/^a5(le), i) fleuve de Bithynie,
II, 659. — Voir Caipés (le); — 2)
port de Bithynie, II, 059.
Calpé (le) ou Caipés, port de
Bithynie, II, 659. — Voir Caipas
(le).
Calycé, mèred'Endymion, IV, 58.
Calydonia, surnom de Léda, I,
146.
Campante (la), III, 233.
Capaneus, mari d'Evadné, 1, 3 1 2.
Capharéa (le roc de), I, 134.
Cappadoce (la), II, 946.
Carte (la), I, 186,308,959; IV, 58.
Cariens (les), I, 1 1 77.
Carnéatés (le mont), I, 115.
Caryste, ville d'Eubée, I, 554.
Carystos, fils de Chiron, I, 554 ;
II, 500.
Casmilos, l'un des Cabires, 1, 91 7.
Casos (l'île de), IV, 1633.
Caspien (le peuple), III, 859.
Cassiépée, fille d'Arabos, II, 178.
Caystros (le), fleuve, IV, 1300.
Céladussa^ l'une des îles Libur-
niennes, IV, 564.
Celaeno, l'une des Harpyes, II,
286.
Celainot mère d'Eurypylos, IV,
1561.
Ce/mis, l'un des Dacty les, 1, 1 129.
Celtique, i) (la région), IV, 259,
627; — (la mer), IV, 259.
Celtiques (les monts), IV, 259.
Centaure (le), I, 93, 554, 558.
— Voir Chiron.
Céphée, frère de Phinée, II, 178.
Cépheus, héros arcadien, I, 162.
Céphisos (le), fleuve de la Pho«
cide, IV, 1541.
Cerbère, II, 353; IV, 1399.
Cer cèles (les), III, 353.
Cercyra (l'île de), la même que
Corcyre, IV, 564.
Césarée, ville de Palestine, 1, 603.
Cétô, mère des Hespérides, IV,
1399.
Chadésia, Chadisia ou Chadi-
sios, ville des Amazones, II, 373,
995-
Cliadisios (le fleuve), II, 995.
Chalbés, héraut de Busiris, IV,
1396.
Chalcédon, ville de Bithynie,
II, 652.
Chalcédoniens (les), II, 159.
Chalcéritis (l'Ile), la même que
l'île Arétias, II, 382.
Chalciopé, i ) fille d'AIcon, 1, 95 ;
— 2) fille d'Eurypylos, III, 1090.
Chalcis, ville d'Eubée, I, 77, 95 ;
IV, 1229.
Chalybs, fils d'Ares, II, 373.
Ch€MS (le), III, 2i.
Chariclo, 1) femme d^ Chiron,
464
INDEX
I, 554 ; IV, 813 ; — 2) mère de Tiré-
sias. I, 554.
Charis, femme d'Héphaistos, tll,
41.
Chironée (la bataille de), IV,
1284.
Chersicrate, TandesBacchiades,
IV, 1212, 1216.
Chersonèse Taurique (la), II,
365.
Chimère (la), II, 40.
Chioni, fille de Borée, II, 178.
Chloris, 1) femme de Nélée, I,
156; — 2) Nymphe, I, 65.
ChroHoSf dieu du temps, III, 25.
Chrysippost I» 517.
Chrysès, fils de Poséidon, m,
1091.
Chrysogvné, fille d'Almos, III,
1091.
Chrysotnallus, nom du bélier à
la toison d'or, II, 1 144.
Chrysorrotu (le), i) le même que
le Pactole, IV, 1300; — 2) fleuve
de Coclésyrie, IV, 1300; — 3) fleuve
de Bithynie, IV, 1300; — 4) fleuve
du Pont, IV, 1300.
Chthonias, l'un des hommes nés
des dents du serpent, III, 1 1 78.
ChthoHophylé, mère de Phlious,
I, 115.
Cilicie (la), I, 2t i; III, 855.
Cilix, fils d'Agénor ou de Phoi-
nix, II, 178.
Cimmérie (le Bosphore de). H,
745.
Cimmèrien (le Bosphore), II» 168.
Cf mm^rios^pére de Mariandynos,
I, 1 126, II, 140, 758.
Circaion (le mont), III, 311.
Circeium promontorium (le cap
deCircé), IV,65r.
Circeius mons (le mont de Circé),
IV, 661.
Cissée, père d'Hécube, II, 722.
CithéroH (le), mqnt de Béotie,
IV, 1090.
CUochos, père d'Aréia, I, 186.
Clyménos, père-d'Erginos, 1, 186.
Clytemnestre, III, 1020.
Cfytodora, femme de Minyas, I,
230.
Codros, roi d'Athènes, 1, 95, 959.
Cœlésyrie (la), IV, 1300.
Coios, père de Létô, II, 710.
Colchos (?), III, 1074.
Coliciens (les), III, 353.
Colophon, I, 308.
Copaïs (le lac), III, 1240.
Coraxiens (les), III, 353.
Corcyre (l'île de), IV, 519, 524.
540,984.995. ii49. 1153. lata.
Cor/ou, nom moderne de Tîle de
Corcyre, IV, 540.
Corinthe, I, 115; III, 242, 1 240 ;
IV, 12 12.
Corinthiens (les), FV, 1212, 1 2 1 6.
Coronée, ville de Béotie, I, 551.
CoronoSt père d'Astéria, I, 139.
Corse (l'île de). H, 10 10.
Corsia (l'île de), IV, 1707.
Corus (le), vent du Sud-Ouest,
n,96i.
Corybantes (les), IV, 540.
Corycia, mère de Lycoreus, II,
711.
Corycien (l'antre), dans le Par-
nasse, a, 71 1.
Cos (l'île de), I, 1304.
Cramhos, fils de Phinée, II, 140,
178.
CrénMste (Larissa), [, 40.
Crès, père de Talos, IV, 1638.
Créiheus, père de Myriné, 1, 602.
Crios, pédagogue de Phrixos, I,
258; II, 1144; IV, 119.
Cronide infernal (Adès le), II,
353.
CusMola, nom moderne de Cor-
cyre-la-Noire, IV, 540.
Cybèle, I, 1 125.
Cyclades (les îles), II, 516, 520.
Cyclope (Neilos, le), IV, 269.
Cycl^pe (le), père de Neilos, IV,
269.
Cydon» fils d'Hermès, IV, 1492.
Oydonia, ville de Crète, IV, 175,
1492.
Cyllène, mère de Lycaon, II, 52 1 .
Cyparissia, ville de Messénie,
n, 296.
Cypriens (les), IV, 320.
Cyrinaïque (la), IV, 1235, 1391,
1758.
Cyrène, ville de Libye, II, 505;
IV, 989, 1561, 1751.
Cyréné, mère de Diomède, II,
500.
Cyrnos (rtle de), IV, 656.
Cytaia» ville de Colchide, II, 399.
Cyiore ou Cytoros, ville de Pa<
phlagonie. II, 1092.
I
INDEX
465
Cyioros, le m£me que Cytisoros,
11,942, 1092.
Cytique (la presqu'île de), 1, 936,
940. 943. 947. 957. 987. 1068, xoA
II 10, Il 16.
Dactylos, père des Dactyles,
Ch. I, V. 1129.
Daira, divinité des mystères
d'Eleusis, lU, 847.
Damasiclos, père d'Erymédé, I,
40.
Damastor, père de Péristhénès,
IV, 1091.
Damnaméneus, Tun des Dactyles,
I, 1129.
Damnô, fille de Bélos, III, 1 178.
Danaîdes (les), I, 125.
Danaïs, navire de Danaos, I, 4.
DanaOs, le même que DanaoSf
IV, 262.
Dardante (la), I, 931.
Dardants, fille d*Achéron, II,
353.
Dardanos, I, 916, 917; II, 140,
178.
Dareios, roi de Perse, II, 941 .
Dédale, IV, 1638.
Déianeira ou Déjanire, femme
d'Héraclès, I, 107; IV, 524.
Déidaméia, mère de Léda, I, 146.
Deimachos, 1) père d'Enarété,
II* 935; — 2) fils de Nélée, II, 955.
Deino, l'une des Graies, IV, 1515.
Déiphohe, IV, 477.
Deiphiens (les), II, 675 ; IV, 1490.
Deiphique (Apollon), IV; 1490.
Delphos, père de Pythis, IV, 1405.
Démélrias, ville de Magnésie,
1,9.
Démodicé, mère de Thestios,
I, 146.
Diô, nom de Déméter, III, 467.
Deucaliont i) fils d'Abas, II(,
1086; — 2) fils de Minos, III, 1086;
— 3) cité par Hellanicos, III, 1086.
Dexithéa, femme de Minos, 1, 186.
Dm, fille de Lycaon, I, 1207.
Dictys, fils de Péristhénès, IV,
1091, 1515.
Didon, IV, 355, 1479-
Didymé, l'une des lies d'Aiolos,
111,41.
Dindymène (la mère), I, 941.
Diomos, aimé par Héraclès, I,
1207.
Dion, ville de Macédoine, I, 25.
Diane, mère de Dionysos, I, 636.
Dionysios, tyran d'Héraclée, II,
941 .
Diosctfrtf 5 (les), I, 146, 152, 1040;
II, 163; IV, 653.
Dircé, femme de Lycos, IV, 1090.
Discorde (la), I, 496.
Doias, frère d'Acmon, II, 373.
Dolionie (la), I, 936, 1082.
Dolopie (la), I, 67.
Doriens (les), III, 587.
Doryclos, fils de Phoinix, II, 178.
Drilon ou Drinon (le), fleuve
d'IUyrie, IV, 517.
I>rmo(le), fleuve formé du Drino-
Bianco et du Drino-Negro, IV, 5 r 7.
DryopSt i) fils du fleuve Pénée,
I, 1 207 ; — 2) fils d'Apollon, I, 1 207.
Dymas, père d'Hécube, II, 722.
Echidna, fille de Phorcys, Ch. I ,
V. 1248; IV, 1396, 1399.
Echion, l'un des hommes nés des
dents du serpent, III, 11 78.
Eéenne (1 Ile), la même qu'^m,
m. 1074.
Eétion, fils d'Electra, I, 916.
Egée, le même qix'Aigeus, I, 83 1 .
Egine (l'île d'), la même qu'Ai*
giné, I, 93.
Egistke, fils de Pélopéia, I, 326.
Egyptiens (les), IV, 262, 277.
Eilaside (Polyphémos), I, 1240.
Elaphanésos (l'île des cerfs), II,
279.
Elasos, i) guerrier troyen, I,
1 240 ; — 2) père de Polyphémos,
I, 1240.
Elatos, i) fils d'Arcas, I, 162;
— 2) fils d'Icarios, I, 40, 57; — 3)
père de Polyphémos, I, 40. — Voir
Elasos.
Electre, fille d'Agamemnon, I,
275 ; rv, 477.
Electre, fille d'Océanos. II, 286.
Electrides (les), nom des portes
de Thèbes, I, 916.
Electryôné, la môme qvL^ Electra,
I, 916.
Eléios, père d'Opous, I, 69.
Eleusis, I) (les mystères d'), III,
847. 861 ; — 2) (la viUe d'), IV, 869.
Eipénor, II, 843.
Etymes (les), peuple d^ Sicile,
IV, 914.
S9
466
INDEX
Empousa, surnom d*Hécate, III,
86i.
Enaréié, fille de Deimachos, II,
955.
JCnée, rV, 477, 914.
Enèies (les), II, 359.
EnyOt I ) déesse de la guerre, III,
322 ; — 2) Tune des Graies,IV, 1515.
EoUf le même qsCAiolos, III, 41 .
JSo/ide (1'), IV, 131.
Eoliennes (les îles), les mêmes
que les Iles Aioliennes, III, 41;
IV, 929.
Epaphos, IV, 259, 1323, 1742.
Ephèse, I, 419; Ht 2.
Ephialtèa , 1' undesAloîades,I,482 .
Ephyra, 1) m^re d'Aiétès, III,
242; IV, 1212;— 2) fille ou femme
d'Epiméthée, IV, 1212; — 3) fille
d^Océanos, IV, 1212; — 4) ville
d'Elide, IV, 1212; -5) ville de
Thesprotide, IV, 1212.
Epicnémidiens (les), nom d'une
tribu des Hyperboréens et des
Locriens, II, 075.
Epiméthée, IV, 1212.
Epire (P), 1, 45, 67, 308, 568, 580 ;
IV, 1C93; 1212; 1215.
Epizèphyriens (les), nom d'une
tribu des Hyperboréens et des Lo>
c riens, II, 675.
Epochos, filsdeLycourgos, 1, 162.
£J^o^eu5,roideSicyone, IV, 1090.
Erasinus (1*), fleuve de l'Argo-
lide, IV, 131.
Erechthée, père d'Alcon, I, 95;
II, 178.
Erginos, fils de Clyménos, I, 1 86.
Ericodès, l'une des îles d'Aiolos,
111,41.
Eriopis, femme d'Oileus, I, 71.
Erycina, surnom de Vénus, IV,
914.
Erymédé, fille de Damasiclos,
I, 40.
Erythéia (Vîic), IV, 1399.
Erytkinos, ville de Paphlagonie,
II, 941.
Erythra, ville d'Asie, I, 959.
Erythriniens (les rochers), les
mêmes que leâ Erythiniens, II, 94 1 .
Eryx, I) fils de Boutés, I, 95; IV,
914; -- 2) fils de Poséidon, IV, 914.
Etéocle, III, 11-91 .
Etèoclytnéné , mère de Jason, I,
230.
EthiopU (!'), II, 965; IV. 269,
277.
Eina (le mont), II, 1 2 1 o ; III, 4 1 .
Etolie (1'), I, 67, 146, 190, 203,
419, 482; II, 299; IV, 293. — Voir
AUolie (1').
Etolien (Thestios T), I, 146.
Etrurie (1'), I, 580.
Euanthès, fils de Dionysos, III,
1003.
Eubéens (les), I, 77, 1024; IV,
540.
Euénia, autre nom de Chalciopé,
II, 1092.
Euménides (les), I, 10 19; III,
I039-
Eunéos, fils de Jason, I, 608.
Euonymé, l'une des îles d^Aiolos,
111,41.
Euphorbos, fils de Panthos, I,
645.
Eurus (D, IV, 286.
Eurybaiès, le môme qn*Erybotés,
I, 71.
Eurydice, femme d'Acrisios, IV,
1091.
Eurylyté, femme d'Aiétès, III,
242 ; IV, 62, 86.
EurynUdon, i ) surnom d'Hermès,
IV, 1 5 1 3 ; — a) surnom de Poséidon,
IV, 1 5 » 3 ; — 3) cocher d'Agamem-
non, IV, 1513; — 4) serviteur de
Nestor, IV, 1513; — 5) roi des
géants, IV, 1513.
EuryPylos ou Eurytos, roi de
Cyrène, II, 500; IV, 1561.
Eu»afUio3, père de Milétos, 1, 1 86.
Euxin (le Pont), I, 3; II, 177,
460 ; IV, 259, 284, 289.
Evadné, femme de Capaneus,
1,312.
Cràbès (le golfe de), nom moderne
de \z.Petit€'Syrie, Ch. IV, v. 1235.
Garamantes (les), IV, 1494.
Géaii/s (les), 111,233; IV,992, 1 5 1 3.
Gélones (les), III, 353.
Génétès (le), fleuve, II, 378.
Géryon, IV, 826, 1399.
Gorgones (les), IV, 1515.
Gra»«5 (les), IV, 1515.
Grèce (la), I, 580; III, 775, 1061;
IV, 597, 1564.
Grecs (les), II, 1010, 1016; III,
41, 322; IV, 481, 505. 59^» 616,
764, 1134.
INDSX
467
Gyénos (le), fleuve de Colchide,
IV, 131. — Voir Tyénos (le).
Gyés, le même qu.* Aignijn, I,
1165.
Haimon, fils de Pélasgos, Ch. III,
V. 1090.
Harpys (le), fleuve, II, 299.
Hèhr€ (1'), fleuve de Thrace, I,
916.
Hector, I, 1089; IV, 355.
Hècube» I, 295 ; II, 722.
Hégémon, père d^Àglaonicé, III,
533.
Hélène, I, 668.
Hélénus, III, 939.
Hélice, ville du Péloponèse, I,
831.
Hélicon(\% I, 105.
Hellen, fils de Deucalion, III,
1086; IV, 778.
Hénioches (les), III, 353.
Héphaistia, ville de TUe de Lem-
nos, I, 602.
HeptacoMtètes (iea)t II, 1016.
Héraclée, ville de Bithynie, II,
353. 650, 652, 724, 728, 747, 815,
845» 854. 904, 941; IV, 247.
Héracléia, ville voisine du Lat-
mos, IV» 58.
Héracléios, i) (le cap), II, 370;
- 2) (le golfe), II, 965.
Héraclide, i) (Chersicrate T),
IV, 12 12; — 2) (Thessalos 1'), III,
1090.
Héraclides (les), IV, 277.
Hercule, le même (\vC Héraclès ,
II, 34, 145; III, 1234; IV, 259, 825,
1403.
Hercynienne (la forêt), IV, 640.
Hermippé, fille de Boiotos, 1,230.
Héro, amoureuse de Léandre, I,
931-
Hespérie (1'), IV, 1399.
Hespéros, fils d'Atlas, IV, 1399.
Hièra, Tune des iles d'Aiolos,
III, 41; IV, 761.
Hières (les îles d'), IV, 553.
Hippocoon, héros de Messênie,
I. 152-
mppolyté, fille d'AIcimédé, I,
287.
Hippomédon ou Hippoménès,
époux d'Atalante, I, 769.
Hippothoé, fille de Pélias, I, 326.
Hispania (l'Espagne), IV, 627.
Histiaiotide (!'), en Thessalie,
n, 955.
Horos, roi d'Egypte, IV, 272,
276.
Hyacinthe, I, 1207.
Hyades (les), I, 668,
Hyantes (les), III, 1240.
Hyllos, I) fils d'Héraclès et de
Déjanire, I, 1207, 1289; IV, 524; —
2) (1*), fleuve de Lydie, IV, 524.
Hyjfférasiot ville d'Achaïe, I,
176.
Hypéréia (la source), II, 1092.
Hypérénor, l'un des hommes nés
des dents du serpent, III, 1 178.
Hypérès, fils de Mêlas, II, 1092.
Hypérion (le Titan), IV, 54, 131.
Hypermnestra, l'une des Danaï-
des, I, 125.
Hypérochos, père d'Itymoneus,
II, 105.
Hypia, ville de Phrygie, II, 795.
Hypiens (les monts), il, 793.
lalémos, fils d'Apollon, Ch. IV,
v. 1304.
lasion, autre nom d'Eétion, I,
916,917.
lasos, I) père d'Atalante, I, 162,
769; — 2) père de Népéia, I, i 1 16.
Ibérie (1'), IV, 627.
/carm (l'île d'). IV, 1707.
Icarios, 1) père de Pénélope, I,
152; — 2) père d'Elatos, I, 4j; —
3) roi d'Attique, II, 1099.
Ida (!'), mont de Troade, I, 471,
940; III, 133.
Idaia, fille de Dardanos, II, 140,
178.
Ilion, I, 1289; IV, 276, 851.
Illyrien (lonios 1'), IV, 289.
Illyriens (les), IV, 330, 5 1 7.
Imhrasienne (Artémis), I, 186.
Imbrasos (1'), fleuve, I, 186.
Inachos, i) père de Pélasgos, I,
580; — 2) (1'), fleuve d'Argolide.
père d'Io, I, 125; II. 4, 168, 745.
Ino, femme d'Athamas, I, 3; II,
514, 1144; IV, 966.
lo, fille d*Inacho8, I, 226, 1 1 14;
II. 168, 745; IV. 289.
lolé, fille d*Ëurytos, I, 8ô.
lonie (1'), I. 308.
lonios, homme Illyrien, IV. 289.
lopHossa ou lophossé, autre nom
de Ch%lciopé, II, 1092.
468
INDEX
iphitiSf nom patronymique d*£-
vadné, I, 312.
IphigéniCt III, 1074.
Jphimédéia, femme d*AloeuB, I,
482.
Iphis, I) frère d'Eurysthée, IV,
223, 228;— 2) père d'Evadné, I,
312.
Irus, IV, 210.
IsaiUy fille d*Af;énor, III, 11 78.
Isinoé, mèred*Orchomène, 1, 230.
IsiSt déesse égyptienne, IV, 272,
276, 869.
Isménien (Apollon), I, 537.
Issos (le golfe d'), IV, 1541.
Ister (1*), fleuve du pays des
Istriens, IV, 284.
Jsthmiques (les jeux), III, 1240.
Istriens (les), IV, 284, 481 .
ItalU(V),U, 1210; III, 41,311;
IV, 324. 553. 786, 1365.
Ithaque (Vîle d'), IV, 851.
Itône, ville de Thessalie, I, 55 1 .
Itonide ou Itonienne (Athéné),
I» 55»! 731.
ItoHos, père de Boiotos, III, 1 1 78.
Itymoneus, fils d'Hypérochos,
II, 105-
Jasonien (Apollon), Ch.I, v.966.
Jupiter y II, 286, 1180, 1195;
III, 9; IV, 505, 825. — Voir Zeus,
Karla (le lac de), Ch. I, v. 67.
Kitil'Irmak (le), nom moderne
du fleuve HalySy II, 366.
Labdacide (Théras le), Ch. IV,
v. 1758.
Lacédaimon, père d'Eurydice,
IV, 1091.
Lacèdémone, IV, 1758.
Lacédémoniens (les), IV, 1 758.
Laconie (la), I, 45, 152, 179; II,
163; IV, 814, 1578, 1704, 1751.
Ladon (le), fleuve, II, 946.
Laerte, père d'Ulysse, III, 863.
Lamia (le monstre), IV, 826.
Lampsaque, ville de Mysie, I,
932; II, 2.
Laococsa, femme d'Aphareus, I,
152.
Laodicos, père de Théognété,
I, 45-
Laonomé, sœv.T d'Héraclès, I,
40, 1240.
Laothoé, femme d'idmon, I, 139.
Laphystion (le), mont de Béoàe,
n, 653.
Laphystios (Zeus), II, 653.
Larissa, i ) fille de Pélasgos, I,
40; — 2) mère de Pélasgos, I, 580;
— 3) fille de Piasos, I, 1063; — 4)
Crémaste ou Pélasgique, ville de
Thessalie, I, 40 ; — 5) ville voisine
du Pénée, I, 40.
Larnassos (le), nom ancien du
ParfMSse, II, 71 1.
Latins (les), I, 172; II, 4; III,
278, 873; IV, 103, 596, 1520.
Latramis, fils de Dionysos et
d'Ariane, III, 1003.
Lavinie, III, i.
Léandre, amant d'Héro, I, 931.
Lèarchos, fils d'Athamas, II, 5 14.
Leinumienne (la plaine), I, loôi.
Léman (le lac), IV, 635.
Lemniens (les), I, 608, 620, 652,
800.
Lestrygons (les), I, 957 ; IV, 208.
Leucippos, frère d'Aphareus, I,
152.
Leucosia, premier nom de Samo-
ihrace, I, 917.
Leucosiéa (?), nom de l'île des
Sirènes, IV, 892.
LeucO'Syrie ou Leucosyrie (ia),
II, 946, 995.
Leucosyriens (les), II, 946.
Leucothée, la même qu'/no, IV,
966.
Liber, nom latin de Dionysos,
II, 904; III, 1003.
Liburnes ou Liburniens (les),
IV, 551, 564, 1212.
Lichas, pédagogue d'Hyllos, I,
1207.
Ligustiades (les îles), IV, 553.
Ligyron, premier nom d^ Achille,
IV, 816.
Lipara ou Liparé (l'île), III, 41;
IV, 761.
Lipariennes (les îles), III, 41.
Locride (la), I, 51, 69, 71; IV,
1780.
Locrides (les), I, 5 1 .
Lucullus, II, 955.
Lutte (la) ou Discorde (la), 1, 496.
Lycaon, i) père de Dia, I, 1207;
— 2) frère d'Eurytos, IV, 1561.
Lycastia, Lycasto ou Lycastos,
ville des Amazones, II, 373, 995.
INDEX
469
Lycastos (le), fleuve du pays des
Amazones, II, 995.
Lycoréia, nom ancien de Del-
phes, II, 711; IV, 1490.
Lycoréiens (les), IV, 1490.
Lycoreus, fils d^ApoUon, II, 51,
711.
Lycos, 1) frère de Nycteus, IV,
1 090 ; — 2) père de Bouzy gé, 1, 1 86 ;
— 3) (le),fleuvedePhry(pe,II, 724.
Lydie (la), I, 1289; II, 2; IV, 524,
1300.
Lyncée, roi d'Argos, I, 125.
Lynciienne (Argos), I, 125.
Lynée (?), I, 152.
LyrcéioH, ville d*Argolide, 1, 1 25.
Lyrcios, i) fils de Lyncée, I, 125;
— 2) (le mont), en Argolide, I, 125.
Lysimaché, «femme de Talaos,
I, 118.
Lytidas, II, 946.
Macédoine (la), Ch. I, v. 25, 34,
37; II, 1186.
Macris, ancien nom de VEuhée,
IV, 540.
Macrocéphales (les), les mêmes
que les Miicriens, I, 1024; II, 1242.
Magnés t fils d'Argos, II, 1092.
Magnésie (la), 1,51, 67, 238, 411,
568, 582, 584, 594, 599» 1037. 1289;
II, 2, 1C92.
Mainalos, 1) fils d'Arcas, I, 769;
— 2) fils de Lycaon, I, 162; — 3)
ville et mont d'Arcadie, I, 162. —
Voir Ménale (le).
Maiotes (les), peuple voisin des
Colchiens, III, 353.
Maiotide ou Méotide (le marais),
II, 397; IV, 320.
Maiotides (les Scythes), IV, 320.
Maliaque (le golfe), 1, 40, 5 1 , 1 76.
Maniens (les), peuple d'illyrie,
IV. 517.
Mariandynos, 1) fils de Cimmé>
rios, l, 1 126; II, 140, 758; — 2) fils
de Phinée, II, 140, 758.
Mars, 11,382, 1 144. — Voir Ares,
Massilia (Marseille), IV, 646.
Massilienses (les Marseillais),
IV. 553.
Méandre (le), fleuve de Phrygie,
II, 724.
Méditerranée (la mer), IV, 289,
646.
Méilon, fils d'Oileus, I, 71.
Méduse, IV, 1515.
Mégalopolis, ville d'Arcadie, I,
162.
Mégara, femme d'Héraclès, IV,
541-
Mégare (la ville de), I, 517; II,
747; IV, 1171.
Mégaride (la), II, 747.
Mélanchlainiens (les), peuple
voisin des Colchiens, III, 353.
Mélanippé, i) mère de Boiotos,
III, 1178; — 2) femme d'Hippotas,
IV, 778.
Mélos, i) héros qui a donné son
nom aux rochers Mélantiens, IV,
»707; — 3) (le), fleuve de Thrace,
I, 922.
Mélîa, femme deDanaos,III, 1 1 78.
Méliades (les Nymphes), II, 4.
Mélihoia, mère de Lycaon, II,
521.
Mélicerte, fils d'Athamas, III,
1240.
Mélissos, père d'Actaiôn, IV,
1212.
Mélité, I ) fille de Nérée, IV, 524 ;
— 2) ancien nom de l'île de Malte,
IV, 524.
Mélo, ancien nom du ^i7, IV,269.
Meipomène ,V}ine des Muses, IV,
895.
Memphis, i) fille du Nil, IV.
269, 1742; — 2) ville d'Egypte, IV,
1396.
Ménade (la). I, 636.
Ménélas, I, 54, (68; in. 1020.
Mentorides (les lies), IV, 55 1 .
Mer Noire (la), II, 366.
Messénie (la), I, 152; II, 296.
Métope p I) fille du fleuve Ladon,
II, 946; — 2) fille d'Echétos, IV,
1093.
Midas, roi de Phrygie, IV, 1300.
Milanion, époux d'Atalante, I,
769.
Milésiens (les), I, 1 076, 1 1 26,
II 77.
Milet, ville de Carie, 1, 1 86, 1 07Ô ;
III, 200, 242.
Miltiade, I, 652.
Mimas, fils d'Aiolos, IV. 778.
Minerve, I, 1 1 1 , 723. — Voir
Athéné.
Mnémosyne, mère dss Muses,
III. I.
Molosses (les), I, 45.
470
INDEX
Molpê, Tune des Sirènes, IV, 892.
ify/é!s, presqu'Ue de Sicile,! V, 965.
Myriné, femme de Thoas, I.éoa.
Mysaion (le), sanctuaire de Dé*
métcr en Achaïe, IV, 1736.
Mysia (Démétcr), IV, 1726.
Narcicustoma, nom de l'une des
bouches de Tlster, Ch. IV, v. 312.
— Voir Narécos.
Nasamons (les), IV, 1322.
Nauplia, port de TArgolide, I,
134.
Nausicaa, III, 873; IV, 1014,
1026.
Naxos, I) fils d'Apollon, IV, 1492;
- 2) (l'île de), III, 1003; IV, 425.
Néaira, l'une des Néréides, III,
242; IV, 965.
Neileus ou Neilos, roi d'Egypte,
IV, 269, 276.
Némée (le lion de), I, 496.
Némésis, I, 1 1 16.
Népéia, fille d'Iasos, I, 1 1 16.
Néphélé, femme d'Athamas, I, 3.
Neptune, I, 158, 831; IV, 825,
1323. — Voir Poseidyn.
Nestiens (les), les mêmes que les
Nestaiens, IV, 330, 1215.
Nestor, fils de Nélée, I, 1 18, 156;
II, 105; IV, 1513.
Nestos (le), fleuve du pays des
Nestiens, IV, 330.
Nil (le), fleuve d'Egypte, III,
1 1 78; I V,259,26o,262, 267, 269, 1 396.
Niobé, femme d'Amphion, I, 735.
Oaxe (1'), fleuve de Crête, Gh. I,
V. 1 131-
Oaxos, ville de Crète, I, 1 131.
Orcirfi'n^(r), II, 745;IV, 517.
Ocypété, l'une des Harpyes, II,
286.
Ocyrhoé, fille de Chiron, I, 554.
Œdipe, III, 1039; IV, 694, 1758.
Ogyfft's ou Ogygos, roi deThébes.
III, I 178.
Ogygie, nom de l'île de Calypso,
IV. 564.
Ogyoiennes (les), nom des portes
deThèbeâ, III, 1178.
Oibalos, père d'Aréné, I, 152.
Oinonè, ancien nom d'Aiginé,
IV, 17^)6.
Oinopion, fils de Dionysos, III,
1003.
Oitaia (1'), en Thessalie, I, 1304.
Olénos, 1) ville d'Etolie, l, 202;
— 2) ville d' Achaïe, I, 202.
Olympos, roi de Myaie, père de
Cios, I, II 16, II 77.
Omphaie, reine de Lydie, 1, 1289.
Opontieus on Opouniiens (les
Hyperboréens ou les I^ocriens), I,
69; II, 675.
Opaus (V), fleuve de Locride, IV,
1780.
Orchomène, i) ville d'Arcadic,
n, II 86; — a) ville de Béotie, II,
1 186; — 3) ville du Pont, II, 1 186;
— 4) montagne de Thessalie, II.
1186.
OréioSy nom d'homme, IV, 973.
Or este, IV, 705.
Oricon ou OriCum, la même
ville qu' Or»cos, IV, 12 15.
Omis, femme de Stymphalos,
II, 1052.
Orthos ou Orthros (le chien), II,
40; IV, 1399.
Ortygie, 1) (l'île d'), voisine de
la Sicile, I, 419; — 2) (le bois d'),
voisin d'Ephèse, 1,4 «9; — 3) ville
d'EtoIie, I, 419.
OsirÎB, roi d'Egypte, IV, 272,
276, 869.
0/05, l'un des Aloïades, I, 482.
Oudaios, l'un des hommes nés
des dents du serpent, III, 1 1 78.
Oxyathras, frère de Daréioa, II.
94».
Oxynon (D, le même que le Cai-
lichoros, II, 904.
Ozoles (les Hyperboréens ou les
Locriens), II, 675.
Pizchyne, promontoire de Sicile,
Ch. IV, V. 289.
Padus (le Pô), IV, 505, 596, 627.
— Voir Eridan (V).
Pagaséen, i) Apollon, I, 238; —
2) le golfe, I, 238.
Paiôn, i) (Apollon), père d'Aris-
tée, III, 467; — 2) père de Phano-
syra, I, 230.
Palaimon, I, 202. — Voir Palai-
monios.
Palamède, filsdeKaupIios, 1, 134.
Pallène, ville d'Arcadie, I, 176.
Palléné, i ) ville de Protée, 1, 599;
— 2) presqu'île de Ghalcidiquc, I,
599; — 3) mont de Thrace, I, 599.
INDEX
47"
Pamisos (le), fleuve de Thessa-
lie, m, iu85.
Pandion, i) père d'Oréithyia, II,
178; — 2) fiU de Phinée, II, 178.
Pandore, III, 230, io8ô.
Panormos, i) port de Cyzique, I,
954; — 2) port d*Orico8, IV, 1215.
Pauthoide (Euphorbos, le) , 1, 645.
PanMos, père d' Euphorbos, 1,645.
Pa riens (les), IV, 330.
Paris, III, 1259; IV, 1019.
Parium, ville de Mysie, I, 932.
Partuissé, mère de Sinopé, II, 946.
Parnassos, héros éponyme du
Parnasse, II, 71 1.
Paros, île de la mer Ejjrée, 1, 1 1 5.
Parques (les), IV, 1485.
Parrhasia ou Parrkasios, ville
d'Arcadie, II, 521.
Parthénia, femme du roi Samos,
I, 186.
Parthénien (l'imbrasos), I, 186.
Parthénios, fils de Phinée, II,
140, 178.
Patara, ville de Lycie, I, 308.
Pairocle, fils de Ménoitios, I, 71 ,
1240; IV, 1533.
Patf/ (saint), I, 368, 603.
Pegae, I, 1222. — Voir Sources
(les).
Peisidicé, 1) femme de Myrmidon,
I, S4 ; — 3) fille de Pélias, I, 326.
Pélasgie (la), nom de la Thés-
salie, IV. 266.
Pélasgiotes (les), habitants d'Ar-
gos, IV, 262.
Pélasgiotide (la), I, 14, 49. 57-
Pélasgique (le golfe), I, 238.
Pélasgis, ancien nom du Pélopo-
nëse, I, 1024.
Pélasgos, i) père de Larissa, I,
40; ~ 2) fils de Larissa, I, 580; —
3) héros éponyme de la Pélasgie,
IV, 265; — 4) père de Lycaon, II,
521 ; — 5) père d'Haimon,III, 1090.
Pélopéa ou Pélopéia, mère d'E-
gisthe, I, 326.
Péloponèse (le), I, 115, 152, 176,
243, 831, X024; n, 299; IV, 263,
524, 1564. 1578-
Péloponésiens (les), IV, 263.
Pélor, Tun des hommes nés des
dents du serpent, III, 1 1 78.
Pélore (le), cap de Sicile, IV, 289.
Pénélope, fille d'Icarios, I, 152;
III, 863.
Penthée, petit-fils de Cadmos,
IV, 517.
Péphrédo, Tun^ des Graies, IV,
515-
Périhoia, i ) fille d'Alcathous, I,
5 1 7 ; — 2) épouse de Poséidon, IV,
519-
Péricastor, père d'Androthoé,
IV, 1091.
Périclyméné, fille de Minyas,
I, 230.
Périérès, père d'Aphareus, I,
152.
Périmélé,ûne d*AdmèteJI,io92.
Péristhinès, fils de Damastor,
IV, 1091.
Périthoas, aimé par Héraclès,
I, 1207.
Perséis, la même que Perse, II,
1221; IV, 591, 1513.
Perses (les), III, 859; IV, 1758.
Perseus, le même que Perses^
III, 200.
Pessinonie, ville de Phrygie, II,
1171.
Pitraien ou Pé'ratos (Poséidon),
III, 1240.
P^«acta,nom de l'île des Phaia-
ciens, IV, 1540.
Phaéthontiades (les), sœurs de
Phaéton, IV, 597.
Phaéthusa, la môme que Phaé-
thousa, IV, 965.
Phaiax, fils de Cercyra, IV, 540.
Pkalères, port d'Athènes, I, 95.
Phanosyra, fille de Paidn, 1, 230.
Phariens (les), IV, 330.
Pharos, colonie des Phariens,
IV, 330.
Phéaciens (les), les mêmes que
les PhaiaciefUt I, 965.
Phèdre, III, 1003.
Pheidippos, fils de Thessalos, UI,
1090.
Pheidon, roi des Argiens, IV,
I2l2.
Phénicie (la), II, 946; III, 1 178;
IV, 1 134.
Phéniciens (les), II, 168.
PhérèSf fils de Crétheus, 1,13, 49.
Philammon, I, 23.
Philippe, roi de Macédoine, IV,
1284.
Philociète, aimé par Héraclès, 1,
1207.
Philoméla, fille d'Actor, IV, 816.
472
INDEX
PUinfHs, le même que Phinée,
U, 178.
Phlégyas, père de Coronist IV,
616.
Pklious, i) le même que Phlias,
I, 1 15 ; -> 2) ou Phlionie, ville du
Péloponèse, I, 1 15.
Phocide (la), H, 675; IV, 1541.
Phocidiens (les), les mêmes que
les Phocéens, I, 207.
Phoibé, fille d'Ouranos, II, 710.
Phoinicodés, Tune des îles d*Aio>
los, m, 41.
Phainix, père d'Astypalaia et de
Phinée, I, 186; II, 178, 865, 1 178.
Pholos, Centaure, II, 4.
Phorbas, père de Scylla, IV, 826.
Phoroneus, génie du feu, I, 1 129;
IV, 263.
Phrix, aimé par Héraclès, 1, 1 207.
Phthiotide (la), I, 45» 5 1 . 93. 1 1 5.
176. 551.
Phycous (le cap), en Libye, IV,
1578.
Phylacos, père d*IphicIos et d'Aï-
cimédé, I, 45, 230.
Piasos, père de Larissa, I, 1063.
Piéria (le mont), le même que
le Piéro3p I, 31.
Pirésien (Comètes, le), I, 35.
Pisinoé, Sirène, IV, 892.
Pithécoxissa (l'île), II, 1210.
Pitya ou Pityussa, la même que
Pityêia, I, 932.
Pityussa, ancien nom de Milet,
I, 186.
Pleioné, Océanide, I, 916.
Pleuron, i) héros d'Etolie, 1, 146 ;
— 2) canton et ville d'Etolie, I, 146;
IV, 1229.
P/eMrowia,surnomdeLéda,I,i46.
Plexippos, fils de Phinée, II, 1 78.
Pluton, I, 102. — Voir Àdès.
Poimèn, fils d'Héraclès, II, 353.
Pola ou Polai, ville d'Illyrie,
IV, 517.
Poliorcète (Démétrios), 1,9.
Poltys, héros de Thrace, I, 21 1 .
Polyarchès, surnom de Dardanos,
I, 916.
Polybos , père de Glaucos, 1,1310.
Polydectès, fils de Péristhénès,
IV, 1091, 15 [5.
Polydora, mère d'Idas et de Lyn-
cée, I,. 152.
Polymédé, mère de Jason, I, 45.
Polymnia, Muse, I, 23.
Polynice, fils d'Œdlpe.IV, 1758.
Polyphémé, mère de Jason, 1, 45.
Poiyxo, I) Naïade, I, 668; —
2) femme rhodienne, I, 668; — 3)
femme de Nycteus, I, 668, 735.
Pompée, I, 9; II, 10 16.
Pompholygéf épouse d'Océanos,
IV, 1742.
Pontiquê (la mer), IV, 284. —
Voir Pont (le).
Pontos, père d*Aig^On et de
Thaumas, I, 1165; II, 285.
Porphyrion, fils de Sisyphe, III,
1091.
Porto Ferrajo, nom moderne du
port Argoos de Tîle d'Elbe, IV, 656.
Porius-Amyci, nom de la ville
d'Amycos, II, 159.
Presbon, i) fils de Minyas et
père de Clyménos, I, 186, 230;
— 2) fils de PhriKos, II, 1 092.
Priant, I, 264, 295,975; IV, 1019.
Priape, I, 932.
Prochonnèse ou Proconnèse (la),
U, 279.
Procris f III, 1003.
Proitides (les), IV, 1019.
Proitos, père des Proitides, IV,
1019.
Prosélênites (les), nom des Arca-
diens, IV, 263.
Prosélénos, roi des Arcadiens,
IV, 263.
Proiée ou Proteus, I, 599, 929.
Pruses, ville de Bithynie, 1, 1 1 77.
Psammitichost roi d'Egypte, IV,
262.
Psillis (le), fleuve de Bithynie,
II, 652, 659.
Psylles (les), peuple de Libye,
IV, 1494.
Psyllos, fils d'Amphithémis, IV,
1494.
Pylaiménès, roi de Paphlagonie,
n, 941.
Pyrrha, femme de Deucalion, III,
1086, 1090.
Pyrrhaia, Tun des anciens noms
de la Thessalie, III, 1090.
Pyrrhos de Crète, I, 645.
Pyrrhus Pyranthius, I, 645.
Pyihagore, I, 645.
Py/*fc (la), IV, 1405, i55i, 1751.
Py^Aw» (Apollon), IV, 1405.
Pythiqtie (la vierge), IV, 1405.
INDEX
473
Pythis, fille de Delphos, IV, 1405.
Python (le serpent), I, 207; II,
706; IV, 1405.
Renommée (la), Ch. I, v. 702.
Rhadamanthe, fils d'Héphaistos,
IV, 1638.
Rhéné, i) concubine d'Oileus, I,
71; — 2) épouse d'Hermès, I, 917.
Rhin (le), fleuve, IV, 640.
Rhizon (le), fleuve d'Illyrie, IV,
517.
Rhodes (l'île de), IV, 310, 1763.
Rhodienne (Polyxo, femme), I,
668.
Rhodios (le), fleuve de Dardanie,
1,931-
Rhodope (le mont), I, 34.
Rhœtéia, fille de Proteus, I, 929.
Rhoicos, personnag^e lég'endaire,
n, 477-
RhOne (le), fleuve, IV, 633, 635,
640, 646.
Sagaria ou Sangaros (le), fleuve,
le mâmc que le Sangarios, Ch. II,
V. 722, 724.
Salamine (Vile de), I. 93.
Salmoneus, père de Tyro, I, 13.
Salmonion, Samoneum, Samo-
nion, Samonium ou Sammonium
(le cap), le mime que le cap Salmo-
nide, IV, 1693.
Salmydesse ou Salmydessos (le),
cdte de Thrace, II, 177, 178, 460.
Samos, 1) héros éponyme de l'ile
de Samos, I, 186; — 2) île de la mer
Egée, 1, 186,398,645,917; IV, 1707;
— 3) la m âme que Samothrace, I,
917-
Samothrace, île de la mer Egée,
1,652, 913,916,917-
Sanapé, 1) surnom d'une Ama-
zone, II, 946 ; — 2) premier nom de
la ville de Sinope, II, 946.
Sangas, héros éponyme du fleuve
Sangarios, II, 722.
San-Giulano (le), nom moderne
du mont Eryx, IV, 914.
Sanniens (les), peuple du Pont,
n, 393.
Santorin (l'île de), nom moderne
de l'île Théra, IV, 1763.
Saos, fils d'Hermès et de Rhéné,
I. 917.
Saronique (le golfe), I, 93.
Sarpédm, i) roi de Thrace, I,
2 1 1 ; — 2) héros allié des Troyens,
IV, 1452.
Scamandrios, le même q}x*Astya-
nax, III, 242.
Schéria (l'île de), IV, 539, 540.
Schoineus, père d'Atalante, I,
739.
Scythie (la), I, 305, 1 131; H, 397,
1015, 1088; IV, 131, 277, 282,284,
320. 334.
Scythique (le Bosphore), II, 168.
Scythiques (les roches), III, 845.
Sélénites (les Arcadiens), IV, 203.
Sémélé, mère de Dionysos, 1,636 ;
II. 5»4-
Sériphoa, île de la mer Egée, IV,
1091, 151S-
Serrium, lieu de Thrace, 1, 29.
Sésamos, descendant d'Euphé-
mos, IV, 1751.
Sésonchosis, Sésoosis ou Sésos-
tris, roi d'Egypte, IV. 272, 276, 277.
Sestos, ville de la Chersonèse de
Thrace, I, 93 1 .
Sicile (la), I, 419; U, 296; III,
41; IV, 289, 834, 914, 965, 1212.
Sicyone, ville du Péloponèse, I,
1 15. 176; IV, 1090.
Sicyonie (la), I, 115.
Sidon, ville de Phénicie, I, 603.
Sidre (le golfe de), nom moderne
de la Grande-Syrte, IV, 1235.
Silène, II, 4.
Sindes (les), peuple voisin des
Colchiens, III, 353.
Sinope, ville sur les bords duj'ont-
Euxin, II, 365, 94^, 955, 961 , 965-
Sintiens (les), habitants de Lem-
nos, I, 608.
Siphaen (le dème), I, ir.5.
Siphai, ville de Béotie, I, 105.
Sisyphe, fils d'Aiolos, III, 1091,
1240.
Soleil (le), III. 876; IV, 58.-
Voir Hélios.
Sounion (le cap), IV, 1 707.
spartes (les), nés des dents du
dragon, III, 1 178.
Sperchios (le), fleuve de Thessa-
lie, I, 1207.
Staphylos, fils de Dionysos, IIC,
1003.
Stiropi, mère des SirènesJV, 895.
Stéropès, l'un des Cyclopes, I,
510, 730-
60
474
INDEX
Sihénéhée ou Sthénobéia, femme
de Proitos, I, 162.
Stratégis, surnom de TAtlantide
Eiectra, I, 916.
Strongylé» Tune des îles d' Aiolos,
III, 41; IV, 761.
Stymphale ou Stymphélos, ville
d*Arcadie, II, 1031, 1052.
Siymphalis ou Siymphélis (le
marais de), II, 1031, 1052.
Styntphalos, père des Stympha*
lides, II, 1052.
Stymphélides (les oiseaux), les
mômes que les Stymphalides, II,
1052.
Syracuse, ville de SiciIe,IV, 1 2 1 2.
Syrie (la), II, 946, 1210.
Syriens (les). II, 946.
Syris (le), fleuve de Bithynie, II,
652.
SyroSf héros éponyme des Sy-
riens, II, 946.
TainaroH (le), i) golfe de Laco-
nie, Ch. I, v. 40 ; — 2) cap de Laco-
nie, I, 40.
Tainaros, 1) fils d'Elatos, I, 40;
— 2) fils de Poséidon, I, 179; —
3) (le), cap de Laconie, le même
que le Tainaron, I, 102, 179.
TatMis (le), fleuve de Sarmatie,
IV, 259, 284.
Tantale, U, 359, 724. 758 ; IV, 269.
Taphiens (les), I, 74». — Voir
Taphos.
Taphios, héros éponyme des
Taphiens, I, 748.
Tarra, ville de Crète, IV, 1781.
Tartare (le), II, 40; IV, 1697.
Tartessos, ville d'Espagne, IV,
1396.
Tauride (la), III, 200 ; IV, 417.
Taurique (la Chersonèse), 11,365.
TauroménioH, ville de Sicile, IV,
834.
Tauropolis, fils de Dionysos, III,
1003.
Telchines (les), I, 1 141.
Téléboios, héros éponyme des
Téléhoens, I, 748.
Télémaque, fils d'Ulysse, I, 358.
Terre (la), I. 482; II, 40; IV,
£23. — Voir Gâta.
Thalassi, déesse de la mer, I,
ii6i>.
TkaumaSt fils de Pontos, II, 2S6.
Thébains (les), I, 748, 997; IV,
694, 1284.
Thébé, autre nom d'Aédon, 1, 735.
Théia, mère d'Hélios, IV, 54.
Tkéioménès, père d'Hylas, I,
1207. — Voir Thiiodamas,
Tkelxiépéia, Thelxinoé ou Thel-
xiopé. Tune des Sirènes, IV, 892.
Thémiscyra, 1) (la plaine de), II,
371 ; — a) (la ville de), U, 373. 995-
Théognété, mère de Jason, I, 45.
Théophani, mère de Chryso-
mallos, II, 1 144.
Thérapnai, ville ou canton de
Laconie, U, 163.
Thirapné, ville de Béotie, II, 163.
Therméen (le golfe), I, 599.
Thermessa, l'une des îles d'Aio-
los, m, 41.
Thersandros, fils de Polynice,
rV, 1758.
Thespiens (les), I, 105.
Theipies, ville de Béotie, I, 105.
Thesprotide (la), contrée de
l'Epire. I. 5^8; U. 353; IV, 12 12.
Thessalie (la), I, 3* 9> i4i 3^, 40,
51. 54» 67, 93, 176, 238, 243,551,
568, 572, 580. 585, 592, 594. 596, 597.
1037. 1304. i35<»; 11.504.515» 1092,
1186, 1231. 1238; m, 233, 533,
1085, 1086, 1090, 1227, 1240; IV,
58, 266, 616, 1329.
Thessalienne (Pétra), III, 1240.
Thessaliens (les), 1, 554, 580; III,
1333.
Thessalos, i) fils d'Haimon, II,
504 ; m, 1090 ; — 2) fils d'Héraclès,
III, 1090.
ThestioSt père d'Iphiclos et de
Léda, I, 45, 146, 190; IV, 541.
Thestor, fils d'Idmon, I, 139.
Thrinacie (la), ancien nom de la
S»c»/«,I V,965.— Voir Trinacrw (la).
Thrinacos, roi de Sicile, IV, 965.
Thyade (la), I, 63^.
Thyeste, fils de Pélops, I, 326;
n, 359.
Thynia (Yîlt), II, 177.
Thynias (le cap), II, 177.
Thynos, fils de Phinée, II, 140.
Thyoné, surnom de Séntélé, 1,636.
Tianes (les), II, 791.
Tiéion, Tion ou Tition, ville des
Tianes, II, 758, 791.
Tigrés (le), fleuve du Péloponèse,
II, 299.
lU, I
I jni, ûla de Charido. I, S54 '.
mienne (Artémis), I, s'^-
Titaménot, fils Ue Therdandros,
IV. 1758.
TUatt, i)(Hypirion.Ie).IV, 131;
— a) (PerièB, le), IV, 1513; —
3) le fleuve, IV, 131.
Tilanui (le), fleuve d'Eolide, IV,
Titanide (Phoibé, la), II, 710.
Tiiarise ou Titaréeoi (le), fleuve
deTheualie, I, 65.
TiiaroH, pire d'Ampycoi, I, 65.
TUiai, fiU de Mariandyno», II,
7S8, 78a. 793.
Tlipolimta, mui de Polyxo, I,
668.
Torète» Oea). peuple voisin dei
Colchieu, m, 353.
TrapitoHle, ville du Pont, I,
10Î4: U. 393. 965.
Tricca, ville de l'Hiatiaiotide,
II, 955.
Triton, i)roideLibye,lV, 155»;
-'i)(le),fleuvedeBéolie,lV, 1311;
— 3) lac de Béotie, IV, 1311; —
4) lac de Theiaalie, IV, 1311.
Troa4» (la), I, 931, 940, m;.
11.6; III, 133: IV, 973.
Trogilion (le cap), IV, 1 707.
■EX 475
TroU. I, 134, 916. 917; II. 843:
III, 141. I<J9^; IV. 1116.
Tros, pire deGanymède, III. 1 1 4.
Troyen (le). — Voir Boutii. Elu.
103, Euphorbes et Ganymède.
Troyem (l«), I, 358; IV, ,441.
145a-
Tyénoi (le), fleuve de Colchide,
IV, 131 . - Voir Gyénos (le).
Typhon, aatronome Ueendaire
(?). IV. Î63.
Tyro, fille de Salmonew, I, 13.
TyrrAr<ni((la), UI,3]ii IV, 339,
850.
Utyiie. Ch. I, v. 733, 9(7; II, 79.
843. 1187; III, 4[, ïio, 311; IV,
J08. S53, 694, 851, 89;>, 901, 96,-.
995, 1014. 1016, 1141.
T'^i«,Cli.I,v.7oj;UI, I. rooj.
— Voit Aphrodite, Cypris ttCyllié-
Vutcain, Itt, fi, 1003.— Voir
Héphaittos,
Vuhania (l'Ile), la mime que
Hiira. III, 41.
Xerxii, Ch. I, v. 931.
XouilHa, ptr« d'Achaios. I. 143-
Xynia, lac ou ville de Thessalie,
I, 67. — Voir XynUts.
Zi^eH)(DioDyK»),Cli.III.v.86i.
ERRATA
Page 7, ligne 21 : au lieu de Érechtides, lire Érechtéides.
— 16, — 22 : au lieu de des chevilles, lire aux chevilles.
— 33, — 34 : au lieu de Idéenne, lire Idaienm.
— 3^> — 36 : au lieu de Dyndimos, lire Dindyntos,
— 39, — 7 : au lieu de Olympos, lire Olympe.
— 52, — 35 : au lieu de Myniens, lire Minyens.
— 70, — 34 : au lieu de Caipé, lire Calpès.
— 72, — 36 : au lieu de Zéphire, lire Zéphyre.
— 76, — 30 : au lieu de Nisaîens, lire Nisaiens.
— 78, — i8:aulieude Zéphire, lire Zéphyre,
— 88, — 33 : au lieu de se détendait, lire se tendait.
— 95» ~ 5 : au lieu de Cythérée, lire Cythéréia.
— 108, — 25 : au lieu de Cythérée, lire Cythéréia.
— 148, — 18: au lieu de Siginniens, lire Sigynniens.
— 166, — 21 : au lieu de ancres, Wvt pierres-amarres.
— 192, — 36 : au lieu de ils y jetèrent, lire ils jetèrent.
— 230, — 2 : au lieu de Thesprotie, lire Thesprotide.
— 251, — 47 : au lieu de Dolonie, lire Dolionie
— 254, — 7 : au lieu de Maiandros y^lirt Maiandrios.
— 264, — 25 : au lieu de Keil, lire Kiel.
— 273, — 9 : au lieu de Cliersonnèse, lire Chersonèse.
— 281, — 31 : au lieu de Caipé, lire Caipès.
— 34 1> — 29 et 45 : au lieu de Psammiticos, lire Psammi-
thicos.
— 344i — 34 • au lieu de Sésonchoisis, lire Sésonchosis.
— 364, — 17 : au lieu de r, 4y, lire 1,7,
TABLE DES MATIÈRES
Préface j Page vu
Chant Premier page. 3 à 47
Ctuloguc dn Argonjuici ■■ OqiWt (JJ-Ji). — An*i:on (} J-)»). — Po1y[lh*mDl(40-4^).—
IphicJat 441-4B). — AdDiic Un"). — Eiytos. EthJan et Ailhtliiltt |; i-;«I. — CoroDoi
117-**)- — «opw (6s-«). — EuryJtnm (t7-66). — MinatiM (*»-7o). — EuryiLon,
Eiyboi*>, Oileni (71-7*). — Cuitho. (77»i). — Clvlioi tt Irbhcs (86-89). — Ttl.moa n
Ptlie (9o-«4).~Boulit CI P1ultr«(9]-iixi}. — At«iictdEThiiie (101-104). — Tiphyi
(10S-114). — Phlki (11Î-117). — Tikoi, Artiot, UaJ«o> (iiB-iii)- — Htncl«i «
HyU.(iJi-i}i).— N.npUoi(iî}-'i»)- -l'l'Mn(ijj.i4i)--Curcir(t Poilu. (,46..(0).
— Lpcle « Idu (i[i-ist). — Firiclyninot (i;6-i6o). — Anphidamat, Cjphcut ci
AKiiM(i6i-i7i). — Aug*iti(i7i-i7i). — *"*""« Amphioii|i76-i78). — Eiipli*iroi
1I79-I84) Eiginosn Aatii« (181-189). — Hiléigmi, Laocoon et Iphiclot Ti 90.101).
— Pdiimiuioi (101-106). — rphiioi (]<>7-iio).— ZHit a aiû (in-ii)). — Aianotci
Ar^oi (U4-J17). — Pour^Doi «1 déiigac les Argontom »ui le nom de Uinycn$ (ijft-
1)))' — Muclie de> htm nri le pon. Rélleiïaiu de \x foule, tEoatlondeifciniiKS. Adieiia
d'AkinMl « da JuoB. PUiniade li ntrc et rtpoue du fili (i}4-)o;). — Muthc d(
luon itn leDKire ()06-)i6), — Anivfc d'Aun» et d'Argoi (;i7-;jo). — Diicoun de
Juan (])i-)40). — JuoD tin chef (}4l-)6i). — Prtpiniiti de dtpan ()6)-40t). — Autel
« pritle à Apollon (401-414). — Sacrifice et prtdiniOD d-ldoion (411-447). — Le rntin ;
■B«d«u« d'Idii (448-49;). — Chut d'Oipht((496-;i!). — Le diptn (ii9-{(8). — Le
Biiïre double le cap TWe (îJJ-îîS). — Voyage juiqu'i Lemnoi : le pionontoiie StpUi,
Scialhoi. PcirMci et MigdiUi lelonbeao de Doïopi} le fleuve Apiyn», le noni Aihoa
<l8o-(a8). — Retour lur lliiilaire dei femiaei de Leiunoi; ITrivie ikl Argonauio à
Lenaoi (609-639). — Ajthalidïi eii députa A Kyptïpylé; eUe réunit Le» femoaM an codkïI
((40-616). — DiKoun d'Hypvpylt (6;7-66<). — Diuoun de Potyio (667-696). — Iphinoi
envoyée eu iiubduadeauA Argoiuuui (697-710). ^^ Df part de juon pour It viUc; dca-
triplion de >od nuntciu (711-719). — Lo Cyclopei (7 )i>-7 M)- — La rondailon île TUIki
pir Amphion et 26ilu» (735-741). — CyiMrcia leninilc boodiet d'Am (741-746).- Lei
Ttiiboeu et laftUd'Ëlcciryon {747-7(1). — Lune de Ptlopi et d'Oinomaoi (7ii-7s8).
— Apollon chliiant TityDi <7t9-76i). — Pbriu» « le Ulici (763-767). — Marche de
Juoii ten la ville : «m eairtc au palaii d'Hypiipjrlé (768-791I. — DiKonn mensoDgct
d'Hypiipyli (793-8)3). — Lea Argonaoïei. eiccpti Héraclès ci iioclquei hèroi, t'installent
dant la ville d'KyptipyU (834-860). — HiFa«ï£*i pr aet reproche», décide lea Argonaultt
k quiner l'ile (861-874). — ■>oDteDC dci feminci de Lemuoi <87;-S8s). — Adicui de Jiion
CI d'Mypîipyli(8!6-jo9),— Oipart deLemnmiarrivie tSanloll.race(91D-911).— Navi-
gation de Simoibiace lia Propontide (911-9)1). — Arrivée chez lea Dolioni (9 )i-96o). —
Réception amicale dei Aigonauiet par Cyiicos (961-9^81. — Combat conue Ici géants
(989-1011). — Départ dci A^ouulei. La tempite les force de levenic cliei les Dnliona.
Dîndyiuof tt départ de Cyiii|uc (1 103-11 s i). — Après une rapide traversée où Iféraclès
Lutie pendanl la nuit ; mon de Cyltcos et bonueun i^vâ lui sont rendus (EOia-1077). —
Tempftc; pr*»agedecalnieiolcrpr*tiparllopsot(i07e.iioi). — Sacrifice* Rhéa sur le
Lindvmos II départ de Cyiique (lioj-lisi).- Après une rapide Irivir^rod lléradéi
478 TABLE DES MATIÈRES
bruc sa r^me, les héros arrivent vers le soir chez les Mysiens; préparatifs poar La nuit
(il) )-ii8i). — Héraclès va dans les bots se faire une rame (x 187-1206). — Enlèvement
d'Hylas par les Nymphes (1207-1239). — Polyphémos annonce à Héraclès la disparition
d'Hylas (1240-1260). — Héraclès, désespéré, part k sê. recherche (1261- 1272). — Tiphys
lève l'ancre ; une fois en mer, les héros s'aperçoivent de rabsence d'Héraclès et de Poly-
phémos; reproches de Télamon & Jason (i27}-X29s). — Opposition faite à Télamon par
les iîls de Borée (1296-1 309). — Prédiction du dieu marin Glancos (i 3 io*i 328). — Excuses
de Télamon à Jason et réponse de TAisonide (1329*1344). — Renseignementt donnés par
le poète sur le sort de Polyphémos et d'Héraclès (i)4>-i3S7)* — Le navire aborde au
rivage des Bcbryccs (13)8-1362).
Chant II Pages 49 à 90
Provocation d'Amycos (x-i8). — PoUux accepte de lutter contre lui (19-24). — Préparatifs
du combat du cestc (2 % -66) . — Le combat ; défaite et mort d'Amycos (67-97). — Les Bébryces
veulent venger leur roi; bataille générale et vîctmre des Argonautes (98-1; 3). — Repcs
des héros après la virtoire (1)4-163). — Départ ; arrivée à la demeure de Phinée (164-177).
Histoire de Phinée; il fait appel A la compassion des Argonautes (178-239). — Zétés
s'assure de la véracité de Phinée (240-261). — Zétés et Calais chassent les Harpyes
(262- 300}. — Prédiction de Phinée (301-407). — Derniers conseils de Phinée; retour des
fils de Borée (408-447). — Épisode de Paraibios (448-499). — Origine des vents Étésiens
(jOO-527). — Départ des Argonautes; Athéné aide leur navigation au travers des Symplé-
gades ()28-6i 8). — Craintes de Jason ; ses compagnons l'encouragent (6x9-647). — > Arrivée
d'Argo à nie Thynias; apparition d'Apollon; cérémonies en l'honneur du dieu (648-719).
— Les Argonautes abordent au pays des Mariandyniens (720-7$ t). — : Accueil qui leur est
fait par le roi Lycos (7;2-8i4). — Mort et funérailles d'Idmon (81S-8S0). — Mort de
Tiph>-s ; Ancaios le remplace comme pilote ; les héros arrivent à l'embouchure du Calli-
choros (8) 1-910). — Apparition de Pombre de Sthénélos; le navire Argo cdtoie les rivages
d'Asie jusquà Sinopé (911-94)). — Arrivée des Argonautes au cap des Amazones; le
navire cdtoie la terre des Chalybes (946-1008). — Argo cdfoie les pays de» Tibaréniens et
des Mossynoiciens (1009- 1029). — Lutte des héros contre les oiseaux de l'ile Arétias
(1030-1089). — La tempête jette-les fils de Phrixos sur le rivage de l'île (1090-1133). —
Jason les accueille et leur expose ses projets ; Ai^os dit combien il sera difficile d'enlever
la toison (1134-122$). — Arrivée des héros en Colchide (1226-1283).
Chant III Pages 91 à 135
Invocation à Èrato (i-$). — Héra et Athéné se concertent sur les moyens de venir en aide
aux Argonautes (6-3;). — Les deux déesses se rendent chez Cypris pour lui demander de
fiiire intervenir Éros (36-110). — Cypris obtient de son fils qu'il aille firapper d^une flèche
Médée, fille d'Aiétcs (iix-166). — Jason expose aux Argonautes son plan de conduite
(167-209). — Arrivée de Jason et de quelques compagnons choisis au palais d'Aiétés
(210-274). — Êros perce Médée d'une flèche (27)-298). — Entrevue d'Aiétés et des héros;
Jason s'engage à entreprendre le travail imposé par le roi (299-438). — Angoisses de
Médée, occupée du souvenir de Jason (439-470). — Délibération des héros : sur les conseils
d'Argos, on îiécide d'avoir recours h riutervention de Chalciopé auprès de Médée (47i-)7)).
— Projets d'Aiétés contre les Argonautes ($76-608). — Médée promet à Chalciopé de
secourir ses fils et leurs compagnons (609-743). — Après de longues hésitations, Médée
se dispose à porter i Jason les subsunces magiques (744-824). — Médée va avec ses
suivantes au temple d'Hécate pour y rencontrer Jason (82$-9ii). — Jason s'y rend de son
côté; entrevue du héros avec la jeune fille (912-114)). — Retour de Médée dans sa
maison (1x46-1162). — Aictés remet les dents du dragon aux envoyés de Jason (1163-
1190). — Jason offre un sacrifice nocturne i Hécate (1191-1224). — Aiétès se dispose A
aller assister à la lutte de Jason contre les taureaux (x22)-X24S). — Jasou se prépare i la
bataille (1246-1277). — Jason met les taureaux sous le joug et force les géants à se tuer
entre eux ^1278-1407).
TABLE DES MATIERES 479
Chant IV p«.ge» 137 à 195
l'cnhiil du paliii pcndHI U nuit (î4-*i)- — I^"' •" n\Bi,iin \tt Argonaoi» (M-»i). —
Lti him (DDduiKal le lurire I Ie rive o* gc Irouvi U loiwD 191-108). — Avtc rM< de
Mtd^, Juan iVmpare dt l> lolHin d'or <i09-iti). -~ Dfpan dt> Argonaum(i)l;-iii).
— Aitiii donne l'ordn de pounuint lu hènu (iii-i)i)- — PûunuiTii [lar Is Colchicui,
la ArgoniDtn débuqaenl en Piphlf^onie (7)6-J)ll- — Argoi Jcur indi(|ue la rovic i
tmm <];)-]9)). — Ln Argoiuut» rlntireni din> riiRt (194-)D3)._ LeiCokbieu
leur ferDcni Je peuage vert U mer ftO)'|)7). — Convention dei Argoneutei itec 1h
Coicbieni (n^}4»)' — Repnxbeide lUdte i Jaun ; le btrcnl-ipiiie et ilt décident tou(
deaide tuer Apiynoi per mbiwn (j io-444f. ~ Imprtation dn potte cnnne Erai(445-
4iU. — Apiyno» ett tu* pur luon (453-481). — Le» Aiguoiuiei l'ciuberquen, ur le
conieil de P(l*e, et le> Cakbitni montent 1 lu ponriuivte <48i-lii). ~ Ln hin»
•bordent ehei lei HjUlcni (Sli-sti), — 2eui ordonne k Juon et t Midtede le fiin
puriAcr pu Cire* du meurtre d'Apiynot (((l'igi)- — Le nuire Arfo entre dam t'Erïdin
<;9i-<i6). — Il paue de ce fleuve dam le Khodanot d'où il ton, ta &ee d« ilei
Steichadei («I7-«(e). — Il arrive 1 111e de Cint («sf-iftt)' — J<>»n et Midte k font
purifiei pat Cire* (««{-717). — Gre«, tj-ani apprii qui eli M*déc. U cbiaie de u
demeure (7iï-71>). — M" ordonne 1 Th*iu de lecourii le naiire Argo dana lei difficile!
patagea de Oiaiybdc « de ScylU (7) }-«}». — Tbiiia va annoncer k P*l*c le letoun que
Kl Knn el eUe porteront Bui Atgouaiti d'iptti lei ordrci d'Hcra I8}i-U4). — Le
Krraniei ige^-}!!). — Arriva dei h*rot tbei l'et Phiiiûni. Lei Colcliieni viennent
<9t>-io«7). — Âr*ti obtient d'Alcinooi que, tj Mèd^ en déj! la fi.-mme de luon. il ne U
rendra pu aux ColtbleDi<i0«8-iiO9). — Ar*t* provient lason de la d*dsian d'Alc.'nooi}
dcl Argonautes {1170-1317). — ' La tempête jette Argn dam la Syrte de Libye ^ dêtclpoir
dtsb*roi<i]ie-i)04). — Lei dtcuei niitliirei de la Libye appiraiiaent i JiKin; prodige
épaukl {imiu'iu Ut Trilon; grlte aua Heipcridei, ila trouvent une (ourte (i}tO-i4to).
— Qvelqnea h*ru vont à la rttbtrthe d'Hêrulci li4éi-i;oi). — Uort de Mopwa
mer {tï;7-lfi)7). — £pUode du gfant Talo* (lélA-iÊ^I). — Arrivée dei b*roi A l'ile
Anaphé (.«94-17J01. — Le longe d-Eophcmoi ; Juun rimerprite (17)1-17*4), — Arrivie
t l'ile Aiginc (1765-1773), — CoutlnaiDn du pocmc (177^-17»!),
Notes Page» 197 à 407
Chant I" Page 1 97
Cbanl II — 362
Chant Ul - 305
^■"""IV - 333
Index Page» 409 à 475
I, — Noms qui se trouvent dans le texte el dans lei notei. Page 409
U. — Noms mythologiques, historique set géographiques
qui ne >e trouvent que dans les noies — 460
Errata Page 476
FEB 1 fi l')H)