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Full text of "Les argonautiques. Traduction française suivie de notes critiques, mythol ogiques, géographiques et historiques et de deux index des noms propres"

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LES 


ARGONAUTIQUES 


DAPOLLONIOS  DE  RHODES 


« 


OUVRAGES  DU  MEME  AUTEUR: 

SAVINE,  Paris: 
Le  poète  Louis  Bouilhet,  étude,  in-i6,  1888. 

HACHETTE,  Paris: 

Mythologie  élémentaire  des  Grecs  et  des  Romains,    in-  16, 

30  édition,  1892. 
Contes  mythologiques,  in-80,  1891 . 

GOUNOUILHOU,  Bordeaux  : 

D.  M.  Ausonii  Mosella,  la  Moselle  d'Ausone,  édition  critique 
et  traduction  française,  in-40,  1889. 

(Otnrage  couronné ftir  r Académit françaist .) 


APOLLON  lOS  DE  RHODES 


ARGONAUTIQUES 


TRADUCTION   FRANÇAISE 


De  Noies  critiques,  mythologiques,  géographiques  et  kisforiqu.-s 
et  de  deux  Index  di's  noms  propres 


H.  DE  LA  VILLE  DE  MIRMONT 


G.  GOUNOUILHOU,  EDITEUR        J.  ROUAM  &  C".  ÉDITEURS 

8,  rue  de  Clicvcrui,  B  I  i-i,  rus  du  Kcider,   i| 

1802 


A  LA  MÉMOIRE  D'EMILE  SOULE 


2.5  avril  iSsi*  —  iS  mars  i88g. 


«  G  ma  mère...  les  dieux  distribuent 
des  maux  imprévus  aux  mortels.  Le 
sort  qu'ils  nous  envoient,  quoique  pro- 
fondément affligée,  aie  la  force  de  le 
supporter...  » 

{ÀrgonauliqueSf  Ch.  I,  v.  195-30O.) 


PRÉFACE 


'illustre  philologue  strasbourgeois, 
Brunck,  condamnait  sans  merci  les 
traductions  des  auteurs  grecs;  dans 
une  note  de  sa  savante  édition  des 
Argonautiques y  il  répétait,  en  lui 
donnant  son  entière  approbation,,  un  jugement 
sévère  de  Ruhnken  :  c  Mieux  vaut  ignorer  les 
auteurs  grecs  que  de  les  connaître  d'après  une 
version  '.  »  Sans  doute,  l'éditeur  des  Argonautiques 
faisait  allusion  aux  traductions  latines  d'Hoelzlin  et 
de  Shaw.  Mais  son  arrêt  semble  avoir  découragé 
surtout  les  traducteurs  français.  Depuis  l'édition  de 
Brunck,  en  effet,  le  poème  d'ApoUonios  a  été  mis  en 
latin  par  Beck  (Leipzig,  1 797)  et  par  Lehrs  (Paris, 
collection  Didot,  1840),  qui  a  reproduit  à  peu  près 
textuellement  le  travail  de  Beck;  en  allemand,  par 
Wilmann  (Cologne,  1832);  en  italien,  par  Flangini 

I .  Verissimum  est  quod  nuper  Ruhnkenius  professus  est,  melius  esse 
Graecos  poetas  ignorare,  q%Mm  ex  versione  cognoscere.  (âpollonii 
Rhodii  ârgonautica.  E  scriptis  octo  veteribus  libris  quorum  plerique 
nondum  collati  fuerant  nunc  primum  emendate  edidit  Rich.  Fr.  Phil. 
Brunck,  regiae  Inscriptionum et Humaniorum  Literarum  Academiae  socius. 
Argentorati,  apud  socios  bibliopolas  Bauer  et  Treuttel.  MDCCLXXX.) 
—  In  librum  IV  Notae,  v.  1 196. 


Vai  PRÉFACE 

(Rome,  1 791-1794),  par  Rota  (3c  édit.,  Milan,  1864) 
et  par  Felice  Bellotti  (Florence,  1873);  ^^  anglais, 
par  Préston  (Dublin,  1 803)  et,  tout  récemment,  par 
Coleridge  (Londres,  1889)  ^  D'autre  part,  la  France 
ne  possède  encore  que  la  vieille  traduction  de 
Caussin  2,  belle  infidèle,  dont  la  beauté  est  assuré- 
ment contestable  et  qui,  en  tous  cas,  ne  donne 
qu'une  idée  très  éloignée  de  l'original  grec. 

Cette  très  mauvaise  traduction  est  à  la  fois  le  motif 
et  l'excuse  de  la  mienne;  si  l'œuvre  de  Caussin  eût 
été  bonne,  je  me  serais  gardé  de  la  refaire,  ou,  du 
moins,  elle  m'aurait  peut-être  permis  de  donner  un 
travail  définitif  fait  d'après  l'édition  critique  d'Apol- 
lonios  qui  manquait  à  la  fin  du  xviii®  siècle  et  que 
nous  possédons  aujourd'hui,  grâce  à  R.  Merkel  3. 

Malheureusement,  le  livre  de  Caussin  n'a  pu 
m'être  d'aucune  utilité.  Occupé  depuis  plusieurs 
années  à  la  préparation  d'une  thèse  qui  paraîtra 
bientôt,  je  l'espère,  sous  ce  titre  :  Les  Argonau tiques 
d' Apollonius  de  Rhodes^  et  leur  influence  sur  V Enéide, 
je  me  suis  vu  forcé  de  traduire  moi-même  pour  mon 
propre  usage  le  poème  que  je  voulais  étudier. 

Cette  première  traduction  a  été  terminée  en  1885. 

1.  Les  Argonautiques  avaient  déjà  été  traduites  eu  allemand  par 
Budmer  (Zurich,  1779).  et  en  anglais  par  Burnaby  Green  (Londres,  178J), 
et  par  Francis  Fawkes  (Londres,  178a). 

2.  L'Expédition  des  Argonautes  ou  la  Conquête  de  la  Toison  d'or, 
poème  en  quatre  chants  par  Apollonius  de  Rhodes,  traduit  pour  la  pre- 
mière fois  du  grec  en  françois  p^r  J,-J,- A.  Caussin,  professeur  au  collège 
de  France.  A  Paris,  Tan  V  de  la  République  française.  —  Les  catalogues 
de  librairie  indiquent,  en  outre,  la  traduction  d'un  fragment  des  Argonau- 
tiques publiée  chez  Quantin,  à  Paris,  en  i832,  sous  ce  titre  :  «  Apollonius 
de  Rhodes,  Jason  et  Mîdéj.  Traduction  et  notices  d'A.  Pons.  »  Ji  ne 
connais  pas  ce  volume. 


PRÉFAC15  IX 

M.  Waltz  a  bien  voulu  demander  ce  travail  à  son 
maître  de  conférences  pour  les  Annales  de  la  Faculté 
des  lettres  de  Bordeaux,  qu'il  dirigeait  alors.  C'est 
ainsi  que  la  traduction  des  quatre  chants  des  Ar go- 
nautiques  et  les  notes  qui  accompagnent  les  deux 
premiers  ont  paru  dans  nos  Annales  à  partir  de 
Tannée  1886  4.  Mais  ce  n'est  pas  seulement  pour  les 
ouvrages  satiriques  dont  parle  La  Bruyère  que 
c  l'impression  est  l'écueil  >.  A  mesure  que  la  tra- 
duction s'imprimait^  les  défauts  m'en  apparaissaient 
plus  évidents  et  je  reprenais  le  travail  en  sous-œuvre. 
Les  notes  surtout  me  semblaient  si  médiocres  que  je 
n'ai  pas  voulu  publier  celles  qui  avaient  rapport  aux 
deux  derniers  chants. 

Cependant,  le  nouveau  manuscrit,  corrigé  quant 
au  texte,  amélioré  et  considérablement  augmenté 
quant  aux  notes,  était  à  peu  près  terminé  à  la  fin  de 
1889,  lorsque  M.  Gounouilhou,  aussi  bienveillant 
pour  ApoUonios  que  si  c'eût  été  un  concitoyen 
comme  notre  Ausone,  a  eu  la  généreuse  pensée 
d'offrir  aui  Argonautiques  cette  flatteuse  hospitalité 
de  sa  belle  Collection  bordelaise  qu'il  avait  déjà  si 
libéralement  donnée  à  la  Moselle  s.  Grâce  à  lui,  le 

3.  ÂPOLLONii  ÂRQONAUTICA  cmendavit,  apparatum  criticum  et  pro- 
legomena  adiecit  R.  Merkél.  Scholia- vetera  «  codice  Laurentiano  edidit 
Henricus  Keil,  Lipsiae,  Bumptibus  et  typis  B.  G.  Teubneri,  1854,  i  vol. 
ia-So  de  cxc-562  pàg-es.  —  Deux  ans  avant  cette  editio  maior,  Merkel 
avait  publié  une  editio  minor,  réimprimée  en  187a,  qui  ne  contient  que  le 
texte,  lequel  a,  d'au  Heurs,  été  souvent  et  heureusement  amendé  dans  le 
volume  de  1854. 

4.  Annales  de  la  Faculté  des  lettres  de  Bordeaux,  année  1886, 
2«  fascicule;  année  1887,  3*  fascicule;  année  1889,  pp.  234-282. 

5.  La  Moselle  d'Ausone,  édition  critique  et  traduction  française, 
précédées  d'une  introduction,   suiviss    de   commentaires    explicatifs   et 

// 


X  PRÉFACE 

poème  alexandrin  se  présente  au  public  érudit  avec 
cette  élégance  et  ce  luxe  typographiques  qui  ont 
valu  à  l'éditeur  de  la  Moselle  une  des  plus  hautes 
récompenses  décernées  par  le  jury  de  l'Exposition 
universelle  en  1889. 

Il  ne  m'appartient  pas  de  décider  si  mon  travail 
méritait  une  pareille  édition.  Mais  je  dois  expliquer 
comment  je  me  suis  efforcé  de  le  rendre  digne  du 
poète  que  j'ai  traduit  et  annoté,  aussi  bien  que  de 
cette  élégance  elzévirienne  qui  convient  si  parfaite- 
ment au  talent  alexandrin. 

Pour  ce  qui  est  de  la  traduction,  j'ai  suivi  fidèle- 
ment le  texte  constitué  par  Merkel  dans  sa  grande 
édition  critique  de  1854.  Je  ne  m'en  écarte  que  pour 
quatre  passages  où  j'ai  essayé  d'améliorer  les  leçons 
établies  par  le  savant  éditeur  '  et  pour  un  autre  où 
j'adopte  une  ingénieuse  correction  de  M.  Weil  *.  Rien 
n'a  été  ajouté  pour  embellir  l'original  grec;  aucune 
longueur  n'a  été  supprimée  :  l'exactitude  précise  a  été 
la  loi  de  cette  traduction.  Sans  doute,  les  hellénistes 
pourront  relever  de  nombreux  contresens,*  mais,  du 
moins,  on  ne  me  reprochera  pas  d'inexactitudes  volon- 
taires. A  vrai  dire,  pour  ce  qui  est  des  noms  propres, 
je  n'ai  pas  poussé  à  l'extrême  le  respect  absolu  du 
mot,  comme  le  fait  Leconte  de  Lisie  dans  ses  traduc- 

ornées  d'une  carte  de  la  Moselle  et  de  fac-similés  d'éditions  anciennes. 
Bordeaux,  Gounouilfaou,  1889.  (Ouvragée  couronné  par  l'Académie  fran- 
çaise, prix  Jules  Janin,  1890.) — Ce  livre  complète  ma  thèse  latine,  2>é 
Ausonii  Mosella,  comme  le  présent  ouvrage  est  le  complément  nécessaire 
de  ma  thèse  française. 

I .  Chant  I*r,  V.  566  ;  III,  847;  IV,  289  et  308.  —  Voir  celles  de  mes  notes 
qui  concernent  ces  vers.  On  trouvera  les  corrections  que  j*ai  tentées  à 
propos  de  ces  divers  passages  des  Argonautiques  exposées  avec  plus  de 


PRÉFACE  XI 

tions  des  grands  poètes  grecs.  Je  dis  bien  Zeus  çt 
Héra  et  non  Jupiter  etjunon;  car  Jupiter  et  Junpn, 
divinités  latines  qui  ressemblent  assez  peu  à  Zeus  et 
à  Héra,  n'ont  rien  à  faire  dans  la  traduction  d'un 
poème  grec.  Mais  je  n'ai  pu  me  résoudre  à  écrire 
lésoft,  Médéia,  Polydeucès  :  les  noms  de  Jason^  de 
Médée^  de  PolluXy  sont  consacrés  par  l'usage.  Quant 
aux  inconnus,  je  les  laisse  tels  que  je  les  trouve  dans 
le  texte  :  j'écris  Pelée  et  non  PéleiiSy  car  tout  le 
monde  connaît  le  père  d'Achille  ;  mais  j'admets,  sans 
le  traduire,  le  nom  de  NycteuSj  que  tout  le  monde 
ignore.  C'est  évidemment  une  anomalie,  mais  qui  a 
des  précédents  dans  l'usage  français.  Ne  disons-nous 
pas  Horatius  Codés  et  le  poète  Horace,  Livius 
Andronicus  et  Tite-Live^  Valérius  Flaccus  et  Valére 
Maxime^  le  tribun  Tibérius  Gracchus  et  l'empereur 
Tibère? 

En  même  temps  que  le  texte  des  Argonautiques , 
j'ai  cru  devoir  traduire  aussi,  du  moins  dans  leurs 
parties  essentielles,  les  scolies  qui  accompagnent  le 
poème  d'ÂpoUonios.  Il  ne  faut  pas  s'exagérer  le 
mérite  de  ces  scolies  :  elles  sont  souvent  oiseuses 
ou  absurdes  3,  mais  elles  nous  donnent  aussi  de  nom- 
breux fragments  d'auteurs  anciens  qu'on  ne  trouve 

développements  dans  la  Revue  des  Études  grecques  (189 1,  fascicule  de 
juillet-septembre,  pp.  30 1  -3 1 3) . 

2.  Chant  UI,  v.  745. 

3.  Voir,  par  exemple,  une  étymolog^e  citée  dans  la  note  au  vers  292  du 
Chant  I*'.— J'ai  laissé  de  côté  beaucoup  d'autres  puérilités  de  même  ordre  : 
car  je  ne  prétends  pas  donner  une  traduction  complète  des  scolies  ;  je 
me  contente  d'en  extraire  les  renseignements  utiles  pour  l'inteUigence  et 
le  commentaire  du  texte  d'ApoUonios. 


XII  PREFACE 

pas  ailleurs.  Elles  m'ont  servi  quelquefois  à  éclaircir 
le  sens  des  passages  qu'elles  commentent;  discutées 
et  complétées,  elles  m'ont  donné  la  plus  grande  partie 
des  notes  qui  se  trouvent  à  la  suite  de  la  traduction. 
Ces  scolies  ont  leur  histoire  qu'il  faut  rappeler 
rapidement.  Jean  Lascaris  les  a  publiées  dans  l'édi- 
tion princeps  des  ArgonauHques  (Florence,  1496). 
Les  éditeurs  d'ApolIonios  qui  ont  imprimé  les  scolies 
se  sont  contentés,  pendant  trois  siècles,  de  repro- 
duire telle  quelle  la  recension  de  Lascaris,  sans  se 
donner  la  peine  de  recourir  au  manuscrit.  D.  Ruhn- 
ken,  le  premier,  ayant  trouvé  dans  le  Parisinus 
2727  des  scolies  notablement  différentes  de  celles 
que  le  premier  éditeur  avait  publiées,  jugea  bien 
supérieur  au  commentaire  plusieurs  fois  réimprimé 
ce  commentaire  nouveau  qui  avait  à  ses  yeux  le 
double  mérite  d'être  inédit  et  d'avoir  été  découvert 
par  lui.  Schaefer  a  publié  ces  scolies  parisiennes,  en 
même  temps  que  celles  de  Lascaris,  dans  le  second 
tome  de  la  nouvelle  édition  des  Argonautiques  de 
Brunck  qu'il  a  donnée  en  18 13  ».  Wellauer,  après 
lui,  a  également  admis  les  deux  séries  de  scolies,  les 
Florentines  et  les  Parisiennes  :  mais  au  lieu  de  les 
donner  à  la  suite  l'une  de  l'autre,  comme  Schaefer, 
«  ita  ut  eadem  pleraque  bis  legenda  sint  2,  >  il  a 
essayé  de  les  fondre  et  d'en  faire  un  tout  complet. 


1.  Afollonii  Rhodii  Argonautica;  ex  recensione  et  cum  notis 
Rich.  Fr.  Phil.  Brunckii.  Editio  nova,  auctior  et  correctior.  Accedunt 
Scholiagraecaezcodice  Biblioth.  Impérial. Paris.,  nunc  primum  evulgata. 
Lipsiae,  apud  Gerh.  Fleischer  Jun.  Toraus  I,  1810;  Tomus  II  [celui  qui 
contient  les  scolies]^  i%\Z' 

2.  Apollomii  Rhodii  Argonautica.  Ad  ûdem  librorum  manuscrip- 


PRÉFACE  XIII 

Henri  Keil,  qui  a  publié  les  scolies  à  la  suite  de 
l'édition  de  Merkel,  n'avait  pas  les  motifs  personnels 
qui  poussaient  Ruhnken  à  s'enthousiasmer  pour  le 
manuscrit  de  Paris.  Il  a  jugé,  sans  doute,  qu'il  était 
peu  scientifique  d'imprimer  à  la  suite  l'une  de  l'autre 
deux  séries  de  scolies  qui  font  souvent  double 
emploi  et  peu  nécessaire  de  tenter  de  les  combiner. 
Il  a  préféré  prendre  la  peine  d'examiner  les  manus- 
crits. Cet  examen  l'a  convaincu  que  les  scolies  de 
Paris,  comme  celles  de  Florence,  procèdent  du  Lau- 
rentianus,  XXXII,  9.  L'archétype  étant  le  même,  les 
variantes,  souvent  considérables,  des  deux  recen- 
sions sont  le  fait  des  copistes  qui  d'un  même  ouvrage 
en  ont  fait  deux  par  les  additions  et  les  suppressions 
qu'ils  se  sont  permis  d'opérer  sur  le  texte  original. 
Keil  a  donc  donné  le  texte  des  scolies  qu'il  trouvait 
dans  le  Laurentianus^  en  le  corrigeant,  en  le  débar- 
rassant surtout  de  certaines  remarques  puériles  qui 
sont  évidemment  des  interpolations  de  date  récente  3. 

C'est  la  recension  de  Keil  que  j'ai  traduite,  en 
supprimant  beaucoup  d'inutilités  qu'il  avait  épar- 
gnées, et  que  je  n'avais  aucune  raison  de  conserver 
dans  un  travail  qui  ne  prétend  pas  être  une  traduc- 
tion complète  des  scolies. 

Quels  sont  les  érudits  auxquels  le  compilateur  a 
emprunté  la  matière  de  ses  notes?  La  dernière  remar- 


tonim  et  editionum  antiquarum  recenauit,  integram  lectionis  varietatem 
et  annotationes  adiecit,  scholia  aucta  et  emendata  indicesque  locuple- 
tissimos  addidit  Augustus  Wellauer.  Lipaiae,  sumtibus  et  typis  B.  G. 
Teubneri,  MDCCCXXVIII.  [Deux  volumes  in-8«;  le  second  contient  les 
scolies.]  —  Vol.  I,  Praê/citiOf  p.  ix. 

3.  H.  Keil,  Praefatiot  pp.  299-301  de  l'édition  Merkel. 


XIV  PREFACE 

que  qui  termine  le9  scolies  du  Laurentiantts  nous 
rapprend,  en  même  temps  qu'elle  nous  donne  une 
preuve  de  la  puérilité  de  ce  compilateur  i  :  au  lieu 
d'un  renseignement  banal  sur  Tarra,  il  aurait  mieux 
fait  de  nous  indiquer  ce  qu'il  doit  à  chacun  des  trois 
philologues  dont  il  cite  les  noms:  Lucillus  de  Tarra» 
Sophocle  et  Théon.  Mais  il  ne  nomme  Lucillus 
que  quatre  fois,  et  toujours  dans  les  scolies  du 
Chant  I"  2  j  Sophocle,  qu'une  seule  fois,  également 
dans  les  scolies  du  Chant  ?'  3.  Quant  à  Théon,  il 
n'en  parle  jamais. 

Stender  4  a  essayé  de  conjecturer  quelle  part 
revient  à  Théon  et  à  Sophocle  dans  la  compilation 
qui  nous  est  parvenue.  Je  me  borne  à  résumer  ses 
conclusions.  Stéphane  de  Byzance  dit  que  Théon 
a  commenté  Lycophron  et  Nicandre  :  Stender  en 
conclut  que  l'on  doit  à  Théon  celles  des  scolies 
qui  ont  trait  aux  légendes  d'Étolie  dont  Nicandre 
s'est  occupé  et  aux  mythes  dont  il  est  à  la  fois 
question  dans  Lycophron  et  dans  Apollonios. 

Stéphane  de  Byzance  cite  souvent  l'autorité  d'A- 
poUonios  à  propos  de  certains  noms  géographiques  ; 
plusieurs  notes  géographiques  des  scolies  sont  à  peu 
près  textuellement  reproduites  par  Stéphane,  qui 

I.  Voir  ma  note  au  vers  1781  du  Chant  IV. 

3.  Voir  mes  notes  aux  vers  186,  1040,  1 165  du  Chant  I*r.  Le  compila- 
teur reproduit  aussi  l'explication  que  Lucillus  donnait  du  vers  1 083  de  ce 
Chant. 

3.  <  Au  dire  de  Sophocle,  Déilochos  fait  mention  de  ceux  qui  ont  été 
tués.  >  (Scolie  au  vers  j  039  du  Chant  I*!*.) 

4.  Stender,  de  Argonautarum  ad  Colchos  usque  expeditione  fabulae 
historia  crUica,  Kiliae,  1874;  68  p.  in-S».  ~  C'est  dans  les  pagres  13-18  que 
Stender  traite  la  question  des  Scoliastes  originaux  des  Argonautiques.  Sa 
dissertation  ne  me  semble  pas  définitive.  Je  compte  revenir  ailleurs  sur  cette 


PREFACE  XV 

dit  se  fonder  sur  Sophocle  :  Stender  en  conclut  que 
toutes  ces  notes  des  scolies  sont  dues  à  Sophocle» 
Enfin,  le  compilateur  citant  Déilochos  d'après  So- 
phocle (scolie  au  vers  1039  ^^  Chant  I"),  les  douze 
citations  de  Déilochos  qu'on  trouve  dans  le  Lauren- 
tianus  viendraient  des  scolies  de  Sophocle. 

En  outre  des  trois  Scoliastes  originaux  nommés  à 
la  fin  du  Laurentianus y  Stender  admet  l'existence 
d'un  quatrième,  Eirénaios.  Il  est  parlé  de  ce  dernier 
dans  la  scolie  au  vers  1299  du  Chant  P*^,  à  propos  du 
sens  que  ce  philologue  donnait  du  mot  \(iXv^%  dans 
le  livre  IV  de  son  ouvrage  sur  ApoUonios.  Il  est 
aussi  question  des  travaux  d'Eirénaios  sur  les- 
Argonautiques  dans  les  scolies  aux  vers  127,  992 
et  TOI 5  du  Chant  Ils.  Stender  estime,  comme 
Weichert^,  qu'il  ne  faut  pas  mettre  Charès  et  Aristo- 
phane au  nombre  des  Scoliastes  primitifs  d'Apol- 
lonios  ;  il  est  question  dans  les  scolies  de  Charès  7  et 
d'Aristophane  8  ;  mais  le  passage  qui  a  rapport  à 
Charès  ne  donne  pas  à  entendre  qu'il  ait  composé 
des  scolies  sur  les  Argonautiques,  et  Aristophane 
est  cité  seulement  à  propos  du  sens  qu'il  attribue  au 
mot  èpet'xaXxoç.  Rien  ne  prouve  que  la  note  sur  ce  mot 
se   trouve   dans    un   ouvrage  consacré    au   poème 

question  dont  l'étude  serait  hors  de  propos  dans  la  préface  de  ma  traduction. 

5.  Voir  mes  notes  au  vers  992  et  1  o  1 5  du  Chant  H.  —  Weichert  s'occupe 
d'Eirénaios  ainsi  que  des  autres  Scoliastes  des  Argottautiques  dans  le 
Chapitre  lU,  p.  390-399.  de  son  ouvrage  sur  ApoUonios  :  Ueber  dos  Leben 
und  Gedicht  des  Apollonius  von  Rhodus.  Eine  historisch-kritische 
Abhandlung  von  M.  August  Weichert...  Meissen,  bei  Friedrich  Wilhelm. 
Goedsche,  1821. 

6.  Weichert,  ouvr.  cité,  p.  391-393. 

7.  Voir  ma  note  au  vers  1 05  du  Chant  II. 

8.  Voir  ma  note  au  vers  973  du  Chant  IV. 


XVI  PRÉFACE 

d'Apollonios.  Enfin,  comme  Suidas  fait  mention 
d'un  6ri|jLVT;;jLa  sur  Apollonios  composé  par  Hypathia, 
laquelle  était  fille  d'un  certain  Théon,  Stender 
conjecture  que  le  père  d'Hypathia  n'est  autre  que  le 
Théon  cité  par  le  compilateur  du  Laurentianus 
parmi  les  Scoliastes  originaux  des  Argonautiques  ; 
il  admet,  en  outre,  que  l'Apollonios  dont  Hypathia 
s'est  occupée  est  Apollonios  de  Rhodes.  Ces  conjec- 
tures peuvent  sembler  ingénieuses,  mais  il  est  aussi 
difficile  d'en  admettre  que  d'en  prouver  la  justesse. 
Merkel,  d'autre  part,  met  avec  assez  de  vrai- 
semblance un  certain  Méthodios  au  nombre  des 
premiers  Scoliastes  d'ApoUonios.  Le  savant  éditeur 
des  Argonautiques  fait  remarquer,  en  effet,  dans  les 
Prolegomena  ^  de  son  édition,  que  les  auteurs  de 
V Etymologicunt  magnum  citent  souvent  les  scolies 
d'ApoUonios  ;  en  général,  ces  citations  se  rapportent 
mal  aux  scolies  que  nous  connaissons  :  elles  doivent 
avoir  été  faites  d'après  une  recension  antérieure  à 
celle  que  le  Laurentianus  nous  a  transmise.  Or,  le 
principal  rédacteur  de  V Etymologicum  magnum 
semble  être  un  érudit  nommé  Méthodios,  dont  le 
nom  se  trouve,  en  effet,  cité  à  la  suite  des  remarques 
les  plus  importantes  du  recueil.  Merkel  est  donc 
fondé,  sinon  à  mettre  Méthodios  au  nombre  des 
Scoliastes  primitifs,  du  moins  à  prétendre  que  ce 


I .  Pages  LX  et  suivantes. 

a.  Scolies  aux  vers  156,  824  du  Chant  I";  296  du  Chant  U.  ~  Voir  mes 
notes  aux  vers  156  du  Ch.  I*'  et  296  du  Ch.  U. 

3.  Voir  les  Fragmenta  Historicorum  Graecorum  (édit.  Didot). 

4.  Voir  Pherecydis  Fragmenta  e  variis  scriptoribus  collegit,  emendayit, 
illu8travit...Fridericus  Guilielmus  Sturz.Editio  altéra,  aucta  et  emendata 


PREFACE  XVII 

philologue  reproduit,  mieux  que  ne  fait  le  compi- 
lateur du  Laurentianus ,  la  tradition  des  plus  anciens 
Scoliastes  des  Argonautiques . 

On  le  voit  :  pour  être  meilleure  que  la  recension 
du  ParisinuSy  celle  du  Laurentianus  est  encore  fort 
sujette  à  caution.  Si  Ton  admet  que  Lucillus, 
Sophocle  et  Théon  étaient  des  philologues  érudits 
et  consciencieux,  on  doit  reconnaître  que  le  compi- 
lateur anonyme  du  Laurentianus  a  fort  mal  usé  de 
teur  travail  original;  il  l'a  mutilé  mal  à  propos, 
encombré  d'inutiles  interpolations,  dénaturé  par 
des  changements  de  tout  genre,  accumulant  les 
remarques  ridicules,  juxtaposant  les  observations 
contradictoires.  Mais  il  a  le  mérite  de  nous  donner 
des  fragments  d'auteurs  anciens  qui,  sans  lui,  seraient 
restés  inconnus  :  quelques  vers  d'Hésiode^,  beaucoup 
de  fragments  des  historiens  grecs  perdus  3,  une 
grande  partie  des  renseignements  mythologiques 
contenus  dans  ces  livres  de  Phérécyde,  qui  seraient 
si  utiles  pour  essayer  une  histoire  de  la  science 
mythologique  en  Grèce  entre  l'époque  d'Homère  et 
d'Hésiode  et  celle  d'Apollodore4.  Enfin,  il  ne  faut 
pas  l'oublier,  c'est  grâce  aux  scolies  du  Laurentianus 
seules  qu'c  une  indiscrétion  de  Mnaséas  nous  a  révélé 
les  noms  mystiques  de  trois  des  Cabires  de  Samo- 
thrace  »5. 


Lipsiae,  sumtu  Cnoblochii,  do  lo  CGC  XXIV.  —  Sur  les  8i  fragmenta 
de  Phérécyde  que  Sturz  a  publiés,  33,  et  parmi  eux  quelques-uns  des 
plus  importants  (voir,  par  exemple,  mes  notes  aux  vers  1091,  139^  et  15 15 
du  Chant  IV),  lui  ont  été  fournis  par  les  scolies  des  Argonautiques, 

5.  Decharme,  Mythologie  de  la  Grèce  antique ^  2'  édition  revue  et 
corrigée,  Paris,  18S6,  p.  270.  —  Voir  ma  note  au  vers  917  du  Chant  I". 


XVIII  PRÉFACE 

Les  parties  essentielles  de  ces  scolies  méritaient 
donc  d'être  traduites.  Mais  elles  ne  pouvaient  me 
servir  uniquement  pour  établir  le  sens  des  passages 
difficiles  du  poème  et  pour  en  annoter  l'ensemble. 

J'ai  donc  eu  recours  aux  éditions  :  celle  de  Merkel^ 
dont  je  traduis  le  texte,  a  des  notes  excellentes 
mais  trop  rares;  son  commentaire  est  critique  et 
non  exégétique'.  Brunck,  le  premier  éditeur  cri- 
tique d'Apollonios,  cite  sept  éditions  des  Argonau- 
tiques  qui  ont  précédé  la  sienne  :  c  Florentina^ 
Aldina,  Parisina,  Brubachii,  Basileensis,  Stephani 
et  Hoeltzlini  (sic)^.  »  Toutes  ces  éditions  sont  diffi- 
ciles à  trouver,  dit  Brunck,  et  généralement  mau- 
vaises; mais  la  pire  est  celle  de  Hoelztlin:  c'est  la 
seule  que  je  connaisses. 

J'emprunte  à  Beck4  les  indications  suivantes  sur 
les  premières  éditions  d'ApoUonios  : 

L'édition  princeps  est  la  Florentine  de  1496,  qui 
contient  les  scolies  en  marge  du  textes. 

La  seconde  est  l'Aldine  c  Venetiis,  in  aedibus 
Aldi  et  Andreae  soceri,  mense  aprili  MDXXI  >. 
C'est  un  petit  in-S**  qui  contient  le  texte,  puis  les 
scolies.  La  Préface  est  due  à  Franciscus  Asulanus 
qui  dit  avoir  eu  pour  collaborateur  Hercules  Man- 
tuanus. 

1 .  Merkel  a  le  mérite,  peu  commun  dans  l'Allemagne  contemporaine, 
de  ne  pas  injurier  l'érudition  française  ;  il  ne  l'attaque  qu'une  seule  fois 
et,  d'ailleurs,  cette  unique  accusation  tombe  à  faux.  —  Voir  ma  note  au 
vers  945  du  Chant  IV. 

2.  Brunck,  édit,  citée,  Avis  au  Lecteur»  p.  m. 

3.  Apolloniirhodii  argon auticorum  libri  IVabJeremia  Hoelxlino 
in  Latinum  conversi  ;  commentario  et  notis,  illustrati,  emaculati  ;  scholiis  ad 
carmina  numerato  additis  concinnati.  Commentarius  in  verborum  etrerum 


PREFACE  XIX 

La  troisième  est  l'édition  parisienne  de  i54t,  in-8**, 
sans  scolies. 

La  quatrième  est  l'édition  de  Francfort,  in-8°: 
€  Francoforti  (sic),  ex  officina  Pétri  Erubachii.  Anno 
Dom.  MD.XLVL  *  A  la  suite  de  l'exemplaire  de 
Beck  se  trouvait  un  exemplaire  de  la  première 
traduction  latine  des  Argonautiques  :  c  Apollonii 
Rhodii  Argonauticorum  libri  quatuor  nunc  pri- 
mum  latinitate  donati  atque  in  lucem  editi.  loanne 
Hartungo  interprète.  Basileae  M.  D.  L.,  mense 
Februario.» 

La  cinquième  est  l'édition  de  Bâie  avec  les  scolies 
à  la  suite  du  texte,  in-8°,  1572.  Le  même  volume 
comprend  une  traduction  en  vers  latins  due  à 
€  Valentinus  Rotmarus,  Salisburgensis  >,  et  imprimée 
dès  1570. 

La  sixième  est  celle  d'Henri  Estienne,  Genève, 
1574,  contenant,  avant  le  texte  dont  la  marge  ren- 
ferme les  scolies,  une  préface  où  sont  discutées 
plusieurs  questions  ayant  trait  aux  scolies  aussi 
bien  qu'au  poème,  et,  à  la  fin  du  volume,  un  certain 
nombre  de  conjectures. 

Beck  mentionne  enfin  une  édition  dont  Brunck 
ne  parlait  pas  :  c'est  le  Corpus  Poetarum  Graecorum, 
Genève,  1606,  in-folio,  où  Jacobus  Lectius  a  inséré 

Indicem  contractua.  Lugd.  Batavorum  ex  Officina  Elzeviriana.  Anno  cl3  Idc 
XLI.  —  Il  faut  remarquer  que  Brunck  travestit  en  Hoeltelinus  le  nom  de 
réditeur  qui  signe  lui-môme  son  Epiatola  dedicatoria  c  Jeremias  Hoelzlin  >. 

4.  Apollonii  khodii  argonauticorum  libri  quatuor.  Graece 
cum  versione  lat.,8cholii3  g^rr.,  commentario,  indicibus  ediditChristianus 
Daniel  Beckius.  Volumen  primum.  Lipsiie,  apui  E.  B.  Schwickertum, 
cIO  ccXcVII.  Praefutio,  p.  xi  et  suiv. 

5.  Voir  plus  haut,  p.  xii. 


XX  PRÉFACE 

le    texte    des   Argonautiques  avec    l'interprétation 
latine  de  Hartung. 

Brunck  est  très  dur  pour  l'éditeur  de  Leyde;  il 
parle  avec  mépris  des  ienebrae  Hoeltzlinianae  »  ;  il 
est  d'accord  avec  D.  Ruhnken  qui  le  qualifiait  de 
futilissimus  hominuniy  de  tetrictis  et  ineptus  ApoU 
lonii  comtneutator ;  il  l'attaque  sans  cesse  et  ne  loue 
de  lui  qu'une  seule  correction  :  c  Quot  culpas 
bona  illa  emendatio  redemerit  aliis  decernendum 
relinquo^!»  Plus  tard,  Caussin,  qui,  semble-t-il,  n'a 
pourtant  le  droit  de  mépriser  personne,  raille  le 
fatras  des  notes  d'Hoelzlin  :  c  II  suffit  de  lire  la 
première,  dans  laquelle  il  cite  successivement  les 
Actes  des  Apôtres,  la  comédie  des  Grenouilles 
d'Aristophane,  le  livre  I**  des  Rois^  YÉnéide  de 
Virgile,  Oppien  et  plusieurs  mots  hébreux3.  > 
Assurément,  Hoelzlin  explique  souvent  obscurum 
per  obscur ius;  mais  il  s'est  efforcé  de  donner  une 
version  latine  meilleure  que  celle  de  ses  prédé- 
cesseurs4.  L'éditeur  de  Leyde  est  un  polymathe, 
et  l'on  sait  ce  qui  advient  à  un  homme  €  que  l'esprit 
de  polymathie  commence  à  agiter  >5.  Mais  Caussin 
aurait  pu  lire  les  notes  de  Hoelzlin  et  consulter  sa 
traduction  latine  ;  cela  lui  aurait  évité  quelques  con- 


1 .  Brunck,  édit.  citée,  note  au  vers  1 057  du  Chant  IV. 

2.  Brunck,  édit,  citée,  note  au  vers  1500  du  Chant  IV. —  Tout  en 
jug^eant  cette  correction  de  Hoelzlin  admissible,  Merkel  ne  l'adopte  pas  : 
c  [IV,]  1501,  (xup6|xevoi-  xà  8à  {irjXa:  Hoelzlinus,  fort,  rêcte.  9 

3.  Caussin,  ouvr.  cité,  Préface,  p.  ay. 

.  4.  Hoelzlin,  édit  citée,  Epistola  dedicatoria,  p.  xix  :  «  Latinam  inter- 
Pretationem,  qua  vix  insulsius  quid  editum  putem,  mea  suhstituenda 
abolevi,  > 

5.  Malebranche,  Recherche  de  la  vérité,  IV,  7. 


PREFACE  XXI 

tresens.  Quant  à  moi,  cette  vieille  interprétation  et 
ces  notes  encombrées  d'inutilités  m'ont  souvent  servi. 
J'ai  également  tiré  quelque  profit  d'une  édition 
que  Brunck  ne  daigne  pas  compter  au  nombre  de 
celles  qui  ont  précédé  la  sienne  :  l'édition  de  Shaw^. 
Voici  en  quels  termes  il  la  juge  :  <  In  editionum 
Apollonii  censunt  referri  non  meretur  Baiavae 
repetitiOy  quae  unie  hos  très  annos  Oxonii  prodiit 
cura  Joannis  Shaw,  Artium  magistri.  Qui  pri- 
mam  tantunt  praefationis  paginant  legerity  statim 
arbitratus  fuerity  eximium  forte  in  ceteris  artibus 
Magistrum,  in  arte  Graecos  poetas  edendi  Shawium 
illunt  ne  tironeni  quidem  esse.  De  ejus  in  Apollonium 
meritis  quid  censeam  in  notis  abunde  declaravi  7.  i 
En  effet,  les  injures  à  l'adresse  de  Shaw  abondent 
dans  les  notes  de  Brunck  :  si  Hoelzlin  était  un  Alle- 
mand peu  érudit  qu'on  avait  fait  venir  à  Leyde  pour 
être  helléniste,  nteliorum  doctorum  penuria,  —  tout 
comme  on  avait  fait  venir  Petit-Jean  d'Amiens,  pour 
être  Suisse  —  Shaw,  l'ignorant  magister  Oxoniensis, 
est,  à  en  croire  Brunck,  le  dernier  des  ignorants;  il 
a  déshonoré  ApoUonios  :  «  Dijudica  an  de  literis 
bene  meritus  sit  artium  ille  magister^  quod  tant 
putida  versione  Apollonium  infamem  fecerit^!  » 


6.  Apollonii  Rhodii  Asgonauticosum  libri  quatuor.  Edidit, 
nova  fere  interprétât! one  illustravit,  priorum  editorum  notas  praecipuas 
seleg^t,  Sanctamandi  nunquam  prius  edîtis  nonnullaa  suas  adjecit,  nec  non 
indices  très  addidit  Johannes  Shaw,  A.  M.,  Coll.  Beatae  Mariae  Magda- 
lenae  apud  Oxonienses  socius.  Oxonii,  e  typographeo  Clarendoniano, 
MDCCLXXVII.  —  a  vol.  gr.  in-4*. 

7.  Brunck,  édit.  citée,  Avis  au  Lecteur,  p.  iv. 

8.  Brunck,  édit.  citée,  note  an  vers  1403  du  Chant  IV,  —  Jugé  très 
sévèrement  par  un  des  collaborateurs  de  la  Bibliotheca  Critica  AmstelO' 


XXII  PRÉFACE 

Le  texte  de  Shaw  n'est  qu'une  médiocre  réim- 
pression ;  sa  traduction  n'est  pas  aussi  nouvelle  qu'il 
le  prétend;  le  choix  des  notes  des  éditeurs  précé- 
dents n'est  pas  très  heureux  ;  celles  qu'il  a  tirées  de 
son  fonds  sont  assez  piaigres.  Toutefois  son  travail 
n'est  pas  sans  utilité;  il  ne  mérite  pas  toutes,  les 
lourdes  railleries  de  Brunck. 

Il  est  assez  curieux  que  les  principaux  éditeurs  des 
Argonautiques  semblent,  parmi  tant  de  héros  bien- 
veillants et  polis  qu'Apollonios  nous  présente,  avoir 
voulu  choisir  pour  modèle  Idas,  qui  fait  tache  au 
milieu  des  Argonautes.  Comme  le  fils  d'Aphareus 
ils  sont  «irrités  et  injurieux  »i.  Ils  montrent  à 
l'endroit  de  leurs  prédécesseurs  la  même  férocité 
dont  les  guerriers,  nés  des  dents  du  serpent,  sont 
animés  les  uns  contre  les  autres  :  «  Quant  aux 
guerriers,  semblables  à  des  chiens  impétueux  qui  se 
sautent  dessus  mutuellement,  ils  se  déchiraient  en 
hurlant*.  »  Hoelzlin  déchirait  ses  prédécesseurs  qui 
avaient,  dit-il,  donné  d'Apollonios  une  traduction 
latine  insensée;  Shaw  déchirait  Hoelzlin,  dont  il 
condamnait  la  traduction  comme  incompréhensible 
et  les  notes  comme  stupides.  Brunck,  plus  tard, 
déchirait  à  la  fois  Hoelzlin  et  Shaw;  Wellauer,  qui 
a  procuré  une  bonne  édition  d'Apollonios3  quarante- 

damensts  (vol.  i,  p.  III.  p.  113)  qui  lui  reprochait  de  ne  pas  avoir  consulté 
les  travaux  de  Pierson*  de  Ruhnken,  etc.,  Shaw  donna,  en  1779,  en  deux 
volumes  in-S^,  une  nouvelle  édition  de  ses  Argonautiques,  augmentée 
des  remarques  de  ces  érudits.  Je  ne  connais  pas  ce  dernier  ouvrage  qui, 
au  dire  de  Flangini  (voir  plus  loin,  p.  xxiv,  note  3),  ne  constituait  pas  un 
progrès  sérieux  sur  la  première  édition. 

1 .  Argonautiques,  Ch.  I",  v.  492, 

2.  Argonautiques,  Ch.  III,  v.  1 373-1 374- 


PREFACE  XXIII 

huit  ans  après  celle  de  Brunck,  épargne  peu  l'éditeur 
de  1780  et  traite  fort  mal  ceux  qui  ont  réimprimé  les 
Argonautiques  entre  1780  et  1828. 

Pour  ce  qui  est  de  Brunck,  il  lui  reproche  d'avoir 
laissé  subsister  beaucoup  de  fautes  et  aussi  d'en 
avoir  ajouté  beaucoup,  de  s'être  laissé  aller,  malgré 
sa  sagacité,  à  un  goût  démesuré  pour  les  correc- 
tions, et  d'avoir  souvent  gâté  le  texte  par  suite  de  la 
trop  grande  confiance  qu'il  accordait  aux  manuscrits 
dont  il  avait,  le  premier,  fait  la  collation  4.  Les 
critiques  de  Wellauer  sont  justes  :  je  n'ai  pas  à 
m'occuper  du  texte  constitué  par  Brunck,  puisque 
ma  traduction  est  faite  sur  celui  de  Merkel;  mais  je 
dois  remarquer  que  l'éditeur  de  1 780  veut  corriger  à 
tout  prix,  et  que,  dans  bien  des  cas,  le  ton  tranchant 
de  la  note  est  impuissant  à  justifier  l'audace  de  la 
correction,  qui  y  est  plutôt  imposée  qu'indiquée. 
Très  grossier  à  l'endroit  de  ses  prédécesseurs, 
Brunck  affecte  la  manière  de  Scaliger,  traitant, 
comme  lui,  d'absurdes  des  leçons  qu'il  ne  se  donne 
pas  la  peine  de  comprendre  5.  D'autre  part,  les  notes 
de  l'édition  de  1780  abondent  en  rapprochements 
précieux  et  en  explications  ingénieuses.  Elles  m'ont 
été  très  utiles  pour  comprendre  et  pour  commenter 
les  Argonautiques, 

3.  Voir  p.  XII,  note  3. 

4.  Wellauer,  édit.  citée ^  Praefaiio,  pp.  iii-iv:  *  Mendosa  muHa 
relicta,  multa  illata...  Sagracissimus  ceteroquin  poetarum  emendaior 
saepe  tatnen  emendandi  pruritu  se  ultra  quam  par  erat,  abripi  passus 
est,  saepe  ex  legibus  metricis  et  grammaticiSt  a  se  ipso  perperam 
scriptis,  locos  sanissimos  corrupit,  saepe  codicibus  suis  propterea,  quod 
a  se  primum  collati  erant,  nimiamfidem  habuit.  » 

5.  Voir,  par  exemple,  ma  note  au  vers  1521  du  Chant  IV. 


XXIV  PREFACE 

Wellauer  insiste  peu  sur  lessucesseurs  de  Brunck  : 
c  Quutn  enim  très  post  Brunckiunt  exorti  sint  Apol^ 
lonii  editores,  Flanginius,  Beckius,  Hoerstelius, 
omnes  novis  ad  textum  entendandum  copiis  iftstructi, 
niUltis  tatnen  eorum  iis  uti  aut  potuit,  aut  volnit,  » 
De  ces  trois  éditeurs,  c'est  le  dernier,  Hoerstel,  que 
Wellauer  traite  le  plus  durement  :  c  Hoerstelium 
plane  silentio  praeterire  licet  quent  ligna  potins 
scindere  quam  Apollonititn  edere  oportebatK  >  Boileau 
disait  avec  plus  d'atticisme  : 

Soyez  plutôt  maçon,  si  c'est  votre  talent. 

Je  n'ai  pu  me  procurer  l'édition  d'Hoerstel,  qui, 
au  dire  de  Weichert  *,  ne  serait  pas  sans  mérite. 

Quant  à  la  publication  de  Flangini,  c'est  une 
monumentale  édition  variorum  qui  comprend  une 
traduction  en  vers  italiens  en  regard  du  texte  de 
Brunck,  avec  des  notes  abondantes  au  bas  des  pages 
et  des  Observazioni  très  développées  à  la  suite  de 
chaque  Chant  3.  Elle  m'a  assez  souvent  servi  pour  la 
rédaction  de  mes  notes. 

J'ai  déjà  cité  l'édition  de  Beck4  :  je  lui  dois  les 
renseignements  que  j'ai  donnés  sur  les  premières 
éditions.  La  Préface  de  l'éditeur  de  1797  est  surtout 


1.  Wellauer,  édit.  citée,  PraeJatiOy  p.  m  et  iv. 

2.  Weichert,  ouvr.  cité,  p.  42a  :  «  Nicht  ohne  Verdienst  ist  die  Ausgabe 
von  Hôratel,  Braunschweig^,  1807,  in-80.  » 

3.  L*Argonautica  di  Apollonio  Rodio,  tradotta,  ed  illustrata.Tomo 
primo.  In  Roma  MDCCXCI.  —  Totno  secondo.  In  Roma  MDCCXCiV. 
[Deux  vol.  in-40  de  XL-434  et  xzvui-532  pages.]  C'est  aux  pages  xx-xxi 
de  la  Préface  du  premier  volume  que  se  trouve  l'opinion  de  Flangini  sur 
la  deuxième  édition  de  Shaw,  opinion  que  j'ai  citée,  note  8  de  la  page  xxi. 

4.  Voir  la  note  4  de  la  page  xix. 


PREFACE  XXV 

consacrée  à  des  renseignements  bibliographiques  : 
plus  de  six  pages  (pp.  xviii-xxiv)  sont  employées  à 
une  minutieuse  description  de  l'édition  de  Flangini. 
Beck  expose  aussi  le  plan  de  l'ouvrage  qu'il  publie 
lui-même  :  son  texte  est  à  peu  près  celui  de  Brunck, 
son  interprétation  latine,  une  refonte  de  celle  de 
Shaw  ;  son  Index  verborum  est  celui  du  même  Shaw 
corrigé,  complété  et  disposé  dans  un  meilleur  ordre. 
Enfin,  un  second  volume  devait  contenir  les  scolies 
et  un  double  commentaire  critique  et  explicatif  :  ce 
second  volume  n'a  jamais  été  publié.  La  traduction 
latine  de  Beck  m'a  souvent  servi. 

Wellauer  ne  cite  pas  l'édition  de  Schaefer,  dont 
j'ai  déjà  parlé  à  propos  des  scolies  s  et  qui  ne  pouvait 
m'être  d'aucune  utilité,  puisqu'elle  ne  donne  qu'une 
simple  réimpression  du  texte  et  des  notes  de  Brunck. 
Uédition  même  de  Wellauer^,  qui  corrige  avec  raison 
et  dans  bien  des  endroits  le  texte  de  Brunck,  m'a  été 
utile,  surtout  par  ses  notes  abondantes  qui  fixent 
avec  précision  le  sens  de  beaucoup  de  passages 
difiiciles.  Elles  donnent  aussi  de  nombreux  extraits 
de  la  dissertation  de  Ruhnken  sur  Âpollonios,  que 
je  n'ai  pu  me  procurer?. 

On  trouvera  assez  fréquemment  dans  mes  notes 

5.  Voir  p.  XII,  note  i . 

6.  Voir  p.  zu,  note  a. 

7.  Dav.  Ruhnken,  Epistola  critica  in  Callimachum  et  Apollonium 
Rhodium,  Leidae,  1752.  —Je  ne  connais  que  de  nom  les  dissertations 
suivantes  :  J.  F.  Facius,  Epistola  critica  in  aliquot  Orphêi  et  Apollonii 
Rhodii  loca,  Erlangae,  1 772  ;  Spitzner,  Observationes  criticae  in  ApoU 
lonii  Rhodii  Argonautica,  Wittemberg-ae,  181  o.  —  J*ai  pu,  du  moins, 
consulter  le  précieux  travail  de  Gerhard  :  Lectiones  Apollonianae,  acripsit 
Eduardus  Gerhardus.  Lipsiae  apud  Gerhardum  Fleischerum  lun.,  18 16. 


XXVI  PREFACE 

des  citations  de  F.  Diibner  qui  n'a  publié  cependant 
ni  édition  d'ApoUonios  ni  dissertation  sur  les 
Argonautiques .  Ce  sont  des  remarques  inédites 
dont  je  dois  communication  à  Tobligeance  de 
M.  Dezeimeris.  Diibner  devait  donner  dans  la 
collection  Didot  une  recension  des  scolies  qui  n'a 
jamais  paru  :  M.  Dezeimeris  possède  la  mise  en 
pages  des  scolies  parisiennes  sur  les  vers  1-224  du 
Chant  P""  corrigées  de  la  main  de  Diibner.  Le  savant 
philologue  avait  sans  doute  commencé  par  revoir  le 
texte  avant  de  s'occuper  des  scolies;  car  M.  Dezei- 
meris m'a  confié  un  exemplaire  interfolié  de  l'édition 
Tauchnitz  d'ApoIlonios  (Lipsiae,  18 19)  dont  les 
feuilles  blanches,  aussi  bien  que  les  marges  du  texte 
imprimé,  sont  couvertes  de  notes  critiques  et  expli- 
catives rédigées  par  DQbner  tantôt  en  latin,  tantôt 
en  allemand.  J'ai  usé  de  ces  notes  avec  la  plus 
grande  réserve;  d'abord,  elles  sont  très  souvent 
illisibles;  ensuite,  il  y  a,  semble-t-il,  quelque  inutilité 
et  même  quelque  indélicatesse  à  publier  des  notes 
qui  ont  été  rédigées  pour  un  usage  personnel  et  qui 
n'étaient  pas  destinées  à  la  publicité.  Ici  Diibner 
copie  ou  résume  les  remarques  de  ses  prédécesseurs  ; 
là,  il  écrit  des  observations  sans  utilité  ou  sans 
valeur  qu'il  aurait  évidemment  fait  disparaître  s'il 
avait  imprimé  son  travail.  Il  est  à. regretter  que  le 

I.  Hesiodi  Carmifui,  Apollonii  Argonautica,,,  Graece  et  latine  cum 
indicibus  nominum  et  renim  edidit  F.  S.  Lehrs...  Parisiis,  Editore 
Ambrosio  Firmin  Didot...  MDCCCXL. 

a.  Lehrs,  édii.  citée^  Praefatio,  pp.  vi-vii. 

3.  Lehrs,  édit,  citée^  Prae/aliOt  p.  zv  :  «  Indicibus  nominum  et  rerum, 
quos  singulis  auctoribus  subiunxintus  locuf^letissimost  leciorum  commodo 


PRÉFACE  XXVII 

commentaire  ébauché  et  la  recension  desscolies,  dont 
rimpressîon  était  commencée,  n'aient  pas  paru.  II  est 
encore  plus  regrettable  que  l'édition  d'Apollonios 
dans  la  collection  Didot  n'ait  pas  été  confiée  à 
Dtibner,  plutôt  que  d'être  abandonnée  à  Lehrs,  dont 
le  travail  est  absolument  sans  valeur».  L'éditeur 
de  l'Apollonios- Didot  reconnaît  qu'il  a  presque 
toujours  suivi  le  texte  de  Wellauer»;  mais  il  ne  dit 
pas  qu'il  a  reproduit  à  peu  près  textuellement  la 
version  latine  de  Beck,  et  il  surfait  singulièrement 
le  mérite  de  son  Index  nominum  et  rerunt^.  Plusieurs 
noms  propres  sont  omis4;  quelques  confusions  géo- 
graphiques sont  étrangess.  Enfin,  dans  le  texte, 
comme  dans  la  traduction  et  dans  l'Index,  les  fautes 
d'impression  abondent  :  cette  édition,  on  le  voit, 
n'a  pu  m'être  d'aucune  utilité. 

Depuis  Merkel,  le  texte  d'Apollonios  n'a  fourni  la 
matière  d'aucune  édition  ni  d'aucun  travail  d'en- 
semble. Le  seul  ouvrage  magistral  qui  ait  été 
consacré  à  la  poésie  alexandrine,  le  beau  livre  de 
M.  Couat  ^,  indispensable  pour  quiconque  essaie  une 
étude  sur  quelque  poète  du  Musée,  ne  pouvait  me 
donner  grand  secours  pour  le  détail  des  notes. 
Quant  aux  morceaux  des  Argonautiques  traduits 
dans  le  chapitre  de  la  Poésie  Alexandrine  qui  est 


nos  optime  consuluisse  eorumque  approhationem  meruisse  confidimus.* 

4.  Il  suffit  de  citer  romission  des  noms  suivants  :  TepaiaTo;,  III»  1240; 
•Ep'j^toTrjÇ.  I,  71  ;  eifii;,  IV,  800;  Kà).irr,;,  II,  659;  '0Tpr,j>;^,  II,  387,  etc. 

5.  Voir,  par  exemple,  ma  note  au  v.  131  du  Ch.  IV. 

6.  La    Poésie    Alexandrine    sous    les    trois  premiers    Plolémécst 
Paris,  1882. 


XXVIII  PRÉFACE 

consacré  à  Tétude  d'Apollonios,  j'ai  évité  de  repro- 
duire le  travail  de  M.  Couat  :  le  lecteur  y  perdra, 
mais  je  crois  que  Tunité  de  la  traduction  y  gagne. 

J'ai  usé  assez  souvent  des  remarques  sur  ApoUo- 
nios  rédigées  par  H.  van  Herwerden'.  Je  dois  une 
des  rares  corrections  que  j'ai  apportées  au  texte  de 
Merkel  à  un  article  de  mon  ancien  maître  de  confé- 
rences à  l'Ecole  Normale,  M.  H,  Weil^. 

Quant  aux  notes  qui  forment  plus  de  la  moitié  de 
ce  volume,  le  lecteur  reconnaîtra  que  je  ne  les  ai  pas 
seulement  empruntées  aux  scolies,  aux  éditions  et 
aux  travaux  critiques  qui  viennent  d'être  énumérés. 
Pour  la  mythologie,  on  verra  cités  à  chaque  page,  à 
côté  de  la  Bibliothèque  d'Apollodore,  les  ouvrages 
contemporains  de  Preller  et  de  Decharme.  Pour 
l'histoire,  qui,  dans  un  commentaire  des  Argonau- 
tiques  y  se  confond  généralement  avec  la  mythologie, 
les  Fragmenta  Historicorum  Graecorum  de  la  collec- 
tion Didot  ont  été  mis  le  plus  souvent  à  contribution. 

L'œuvre  célèbre  de  Strabon  a  été  la  base  de  mes 
notes  géographiques;  j'ai  aussi  beaucoup  emprunté 
pour  le  commentaire  de  la  navigation  des  Argonautes 
sur  le  Pont-Euxin  aux  divers  Périples  de  la  Mer 
Noire  insérés  dans  les  Geographici  Minores  de  la 
collection  Didot. 

Je  dois  enfin  une  mention  toute  spéciale  à  l'excel- 
lente étude  de  M.  Cartault,  la  Trière  Athénienne^  qui 


I.  H.  van  Herwerden,  ad  Apollonii  Argonautica  (Mnemosyne,  1883). 
a.  H.  Weil,  Revue  de  Philologie,  année  et  tome  XI,  1887,  p.  5  et  suiv. 
—  Voir  ma  note  au  vers  745  du  Chant  lU. 

3.  Voir  mes  notes  aux  vers  368-370,  393,  565,  733  du  Chant  I«',  etc. 


PRÉFACE  XXIX 

m'a  servi  aussi  bien  à  expliquer  les  termes  nautiques, 
si  fréquents  dans  le  poème  d'ApoUonios,  qu'à  com- 
pléter les  renseignements  et  à  corriger  les  erreurs  du 
Scoliaste.  Le  travail  de  M.  Vars,  l'Art  nautique  dans 
l'Antiquité,  m'a  été  beaucoup  moins  utile.  M.  Vars 
cite  souvent  ApoUonios,  d'ailleurs  sans  exactitude, 
et  ses  explications  sont  en  général  inadmissibles  3. 

Mon  livre  se  termine  par  deux  Index  qui  occupent 
plus  de  soixante-six  pages  à  deux  colonnes.  Le  pre- 
mier contient  près  de  huit  cent  cinquante  noms 
propres  qui  se  trouvent  à  la  fois  dans  le  texte  et 
dans  les  notes;  le  second,  plus  d'un  millier  de  noms 
mythologiques,  historiques  et  géographiques  qui 
ne  sont  cités  que  dans  les  notes.  La  confection  de 
ces  deux  Index  a  été  très  laborieuse;  je  n'ose  affir- 
mer qu'ils  soient  complets:  ils  pourront  servir  du 
moins  à  contrôler  les  contresens  de  ma  traduction 
et  les  erreurs  de  mes  notes4. 

Je  n'ai  pas  jugé  utile  de  faire  un  Index  des  auteurs 
cités,  qui  aurait  demandé  un  grand  nombre  de  pages 
et  offert  peu  d'utilité.  Il  m'aurait  d'ailleurs  fallu 
mentionner  Alfred  de  Musset  (dont  il  est  question 
incidemment  dans  la  note  au  vers  65  du  Chant  P')  à 
côté  de  Phérécyde  ou  de  Mnaséas  :  cette  disparate 
entre  des  noms  si  divers  donnerait,  semble-t-il,  un 
caractère  peu  scientifique  à  un  catalogue  qui  les 
rapprocherait. 


4.  Dans  le  second  Index,  je  cite  bien  les  personnages  de  Tépopée  et 
de  la  tragédie  qui  ont  une  existence  historique  ou  mythologique  :  mais  j*ai 
laissé  de  côté  les  noms  de  fantaisie  :  par  exemple,  le  Thrason  de  Térence, 
dont  il  est  question  dans  la  note  au  vers  i88  du  Chant  III. 


XXX  PREFACE 

Tels  sont  le  plan  et  le  contenu  de  ce  volume  qui 
m'a  coûté  beaucoup  de  temps  et  de  travail.  J'espère 
que  ce  temps  n'a  pas  été  tout  à  fait  perdu  et  que  ce 
travail  ne  sera  pas  absolument  inutile.  Je  ne  me  suis 
pas  laissé  décourager  par  l'assertion  pessimiste  de 
Brunck  :  non,  il  vaut  mieux  connaître  les  auteurs 
grecs  par  une  traduction  consciencieuse  que  de  les 
ignorer  tout  à  fait.  Les  poètes  alexandrins  surtout 
méritent  l'intérêt  des  lecteurs  français.  M.  Couat  a 
écrit  sa  Poésie  Alexandrine  pour  répondre  à  l'appel 
déjà  lointain  de  Sainte-Beuve,  qui,  en  1843,  dans 
un  article  fameux  de  la  Revue  des  Deux -Mondes  y 
signalait  à  l'attention  des  travailleurs  et  du  public 
français  cette  poésie  si  intéressante  et  si  peu 
connue  ^  Je  publie  cette  traduction,  à  mon  tour, 
dans  l'espoir  de  faire  relire  à  ceux  qui  savent  le 
grec  le  texte  que  j'ai  essayé  de  traduire  et  de  faire 
connaître  à  la  partie  du  grand  public  qui  se  soucie 
de  littérature  un  poème  ancien  digne  de  prendre 
place  à  côté  des  œuvres  de  notre  siècle  et  capable 
d'être  compris  par  les  hommes  de  notre  temps  ^. 

M.  Couat  a  parfaitement  démontré  que  les  Alexan- 
drins sont  les  précurseurs  de  notre  Art  moderne.  Je 
renvoie  le  lecteur  à  la  Conclusion  de  la  Poésie  Alexan- 
drine en  me  bornant  à  en  citer  les  dernières  lignes  : 
c  Nous  ne  pouvons  lire  les  Alexandrins  sans  faire  un 
retour  sur  nous-mêmes,  et,  peut-être,  par  l'effet  de 
certaines  sympathies   intellectuelles,  sommes-nous 


1.  Couat,  ouvr.  cité.  Préface,  p.  xiii. 

2.  En  même  temps  que  cette  édition,  il  en  paraît  une  autre  qui  ne 
contient,  avec  une  Préface  différente,  que  la  traduction,  sans  les  notes  et 


PRÉFACE  XXXI 

plus  capables  qu'on  ne  Tétait  autrefois  de  les 
comprendre.  >  Apollonios,  en  particulier,  nous  fait 
souvent  penser  aux  meilleurs  de  nos  poètes  et  de 
nos  romanciers.  L'analyse  psychologique  des  pas- 
sions, inconnue  à  l'épopée  homérique  et  entrevue 
par  la  tragédie  d'Euripide,  est  chez  Apollonios  aussi 
subtile  parfois  que  chez  Paul  Bourget.  Notre  poète 
aime,  comme  François  Coppée,  à  s'intéresser  aux 
humbles  et  aux  petits;  il  se  complaît  aux  Intimités , 
aux  tableaux  d'intérieurs  modestes;  et,  en  même 
temps,  quelques-unes  de  ses  descriptions  épiques 
ont  la  largeur  des  tableaux  de  Leconte  de  l'Isle.  Il 
a  su,  dans  ses  Argonautiques ,  <  mettre  la  grande 
monotonie  de  la  mer  3,  »  dont  l'auteur  de  Mon  frère 
Yves  et  de  Pêcheur  d'Islande  nous  laisse  une  impres- 
sion inoubliable.  Enfin  et  surtout,  Apollonios  est 
pénétré  de  cette  mélancolie,  parfois  pessimiste,  qui 
fait  de  lui  un  précurseur  et  un  inspirateur  de  la 
poésie  virgilienne  et  de  celle  de  notre  temps. 

Le  poète  des  Argonautiques  s'intéresse  à  tous 
ces  jeunes  héros  morts  avant  le  temps,  Canthos, 
Cyzicos,  Idmon,  Tiphys.  Des  circonstances  particu- 
lières m'ont  fait  apprécier  d'une  manière  toute 
spéciale  cette  sympathie  d'ApoUonios  pour  ceux 
qui  meurent  jeunes.  C'est  au  moment  de  la  mort 
de  mon  fraternel  ami  d'enfance,  Emile  Soulé,  à  la 
chère  mémoire  de  qui  ce  livre  est  dédié,  que  j'ai 
commencé  à  revoir  ma  traduction;  et  je  termine  cette 

les  Index.  Celle-là  est  plus  spécialement  destinée  aux  élèves  de  nos  Lycées 
et  de  nos  Collèges  et  aux  gens  du  monde. 
3.  Pierre  Loti,  Préface  de  Mot  frère  Yves, 


préface  le  lendemain  du  jour  où  nous  avons  conduit 
à  sa  dernière  demeure  notre  bien-aimé  collègue  de  la 
Faculté  des  lettres,  Charles  Cucuel,  enlevé,  comme 
Seule,  par  une  de  ces  atteintes  subites  et  inattendues 
qui  déconcertent  la  science  et  désolent  l'affection. 
<  O  père  Zeus,  un  grand  étonnement  trouble  mon 
âme  :  ce  n'est  donc  pas  seulement  par  des  maladies 
ou  des  blessures  que  la  mort  vient  vers  nous;  un 
ennemi  peut  aussi  nous  atteindre  de  loin!  >  (Argon., 
Ch.  IV,  V.  1673-1675.) 

H.  DE  La  Ville  de  Mirmont. 


Bordeaux,  a;  novembrô  i8gi. 


LES 


ARGONAUTIQUES 


CHANT  PREMIER 


SOMMAIRE 


I&TOCAtion  à  Phoibos  (1-4).—  Qiiuet  de  rexpédition  ;  constraction  du  navire  (S-23).  —  Cata- 
logne do  Argonautes  :  Orphée  (a)-34).  —  Astèrion  (5S-59)*  —  Polyphémoi  (40-44).— 
Iphidos  (4$-48). —  Admète  (49-50). —  Êrytos,  Échion  et  Aithalidès  (si-s6). —  Coronos 
(S7-^)'  "^  Mopsot  (6s-é6).  —  Eaiydamas  (67-68).  —  Mènoitios  (69-70).  —  Eurytion, 
Érybotèt,  Oilena  (71-76).  —  Gmthos  (77-8$).  —  Clytios  et  Iphitos  (86-89).  —  Télamon  et 
Pelée  (90-94). — Bontés  et  Phaléros  (9S-100).  — Absence  de  Thésée  (101-104). — Tiphys 
(io;-iZ4).  —  Phlias  (zis-117).  —  Talaos,  Aréios»  Léodocos  (118-121).—  Héraclès  et 
Hylas  (xaa-i  3a). — Manptios  (1 3  3~'  38). — Idmon  (1 39-14$). — Castor  et  Polloz  (146-1  $0). 

—  Lyncée  et  Idas  (i$i-z5$).  —  Périclyménos  (is6-z6o). —  Amphidamas,  Cépheos  et 
Ancaios  (161-171).  —  Angétés  (173-17$).  —  Astérios  et  Amphion  (i76-Z78).—  Enphémos 
(t79-z84).  —  Erginos  et  Ancaios  (z8$-z89).  —  Méléagros,  Laocoon  et  Iphidos  (z90-aoz). 

—  Palaimonios  (202-206).  —  Iphitos  (207-2  zo).  —  Zétés  et  Calais  (21  z -22  3).  —  Acastos  et 
Argos  (124-227).  —  Ponrqnoi  on  désigne  les  Argonautes  sous  le  nom  de  Minyens  (228- 
233).  —  Marche  des  héros  vers  le  poit.  Réflexions  de  la  foule,  émotion  des  femmes.  Adieux 
d*Alcimédé  et  de  Jason.  Plaintes  de  la  mère  et  réponse  du  fils  (234-305). —  Marche  de 
Jason  vers  le  navire  (306-3Z6).  —  Arrivée  d*Acastos  et  d'Aigos  (3Z7-330).  —  Discours  de 
Jason  (33Z-340). —  Jason  élu  chef  (34Z-362).  —  Prépanti£i  de  départ  (363-4OZ).  —  Autel 
et  prière  4  Apollon  (402-424).  —  Sacrifice  et  prédiction  d'Idmon  (42$-447).  —  Le  festin; 
insolences  d'Idas (448-495).  —  Chant  d'Orphée  (496-$i8).  —  Le  départ  ($t9-5$8). —  Le 
navire  double  le  cap  Tisée  ($$9-$79)«  —  Voyage  jusqu'à  Lemnos  :  le  promontoire  Sépias, 
Sciathos,  Peirésies  et  Magnésa,  le  tombeau  de  Dolops,  le  fleuve  Amyros,  le  mont  Athos 
($80-608).  —  Retour  sur  l'histoire  des  femmes  de  Lemnos;  arrivée  des  Argonautes  à 
Lemnos  (609-639).  —  Aithalidès  est  député  à  Hypsîpylé  ;  elle  réunit  les  femmes  au  conseil 
(640-656).  —  Discours  d'Hypsipylè  (657-666).  —  Discours  de  Polyxo  (667-696).  —  Iphinoé 
envoyée  en  ambassade  aux  Argonautes  (697-720).  —  Départ  de  Jason  pour  la  ville  ;  des- 
cription de  son  manteau  (72 z -729).  —  Les  Cydopes  (730-734).  —  La  fondation  de  Thèbes 
par  Amphion  et  Zéthos(73$-74z).  —  Cythéréia  tenant  le  bouclier  d'Ares  (742^46).  —  Les 
Téléboens  et  les  fils  d'mectryon  (747-7$  z).  —  Lutte  de  Pélops  et  d'Oinomaos  (7 $2-7  $8). 

—  Apollon  châtiant  Tityos  (7$9-762).  —  Phrixos  et  le  bélier  (763-767).  —  Marche  de 
Jason  vers  la  ville  ;  son  entrée  au  palais  d'Hypsipylè  (768-792).  —  Discours  mensonger 
d*H)rpsipylé  (793-83  3).  —  Les  Argonautes,  excepté  Héraclès  et  quelques  héros,  s'installent 
dans  la  ville  d'Hjrpsipylè  (834-860).  —  Héradés,  par  ses  reproches,  décide  les  Argonautes 
à  quitter  111e(86z-874).  —  Douleur  des  femmes  de  Lemnos  (87$-88$).  —  Adieux  de  Jason 
et  d'Hypsipylè  (886-909).  —  Départ  de  Lemnos  ;  arrivée  à  Samothrace  (910-921).  —  Navi- 
gation de  Samothrace  à  la  Propontide  (922-935).  —  Arrivée  chex  les  Dolions  (936-960).  — 


|.  LES    ARGONAUTIQUES 

RècfptioB  uniole  4n  ArgotuuHi  par  Cyiîcot  (^Ai-^SS)-  —  Comtxi  iatart  le*  gJ4Dts 
(9B9-1011).  —  Dtpantla  Argounui.  Li  mgptu  Ici  tara  it  nTtnirchn  la  Dolûxu. 

^caftu■,  priutctlc  ulme  iDUiprèit  puMopa  (1078-1101).  — SktîEcc  t  Rhtinrk 
DiDilynuii  «  dépin  ac  C^iiiiiie  (iioj-iiji)-  — Ajntt  ane  npide  uiTCnit  oA  HfauUi 
briie  u  Twatf  1»  bèm  irriTcnt  Tcn  Je  toir  tha  Lu  lijticiu  ;  prif^nùb  pou  la  nh 
(iiS3'iiB£).-'  Héncléi  n  duis  Lei  boù  k  £urc  une  nmc  (liSf-iJoQ.  —  EnL^vcmcot 
d'Hylu  pu  la  NympliEi  (iw7-ii;9}.  —  Po]n<h'<Baa  uiaoBcc  à  lUncIti  la  diipiriiiia 
d'Kflu(ii4a-ii6o}.— Htradti,  diiôpM,  pan  t  n  ncbercl»  (iiti-ii?!).  — Tiphyi 
l^vc  l'aviez  SD(  fôii  en  mtr,  lu  hiiot  l'apcriDivEDi  de  l'ilsciia  d'HitaaUi  et  de  Poly- 
phimoi;  icprocliei  de  Tilamm  i  JatoB  (ii7)-iijj)'  —  Oppotiliaii  fun  i  Ttiaaun  pai 
Ictfibde  Borit (1196-1  J09).  —  Frèdictigii  do  dieDmirinGlaiK09(i)io-i)ig).  —  EKna 
de  TilaDum  4  laioD  et  l^ponK  de  l'Aisonide  (l}19-e]44).  —  Reaiei^enieDIi  dooD^a  par 
lepoinn»  te  ton  de  PaI>phtii>oi  et  d'HtracUi  (i]4S-iIl7}' —  Le  unrc  aborde  ta 
linage  dn  BibiTat  (1311-1311). 


Ven  1-4-  'BSTapr^  avoir  commencé  par  t'invoquer, 

6  Phoibos,  que  je  rappellerai  les  exploits 

de  ces  héros  d'autrefois  qui,  sur  l'ordre 

du  roi  Pélias,  firent  voguer  vers  le  détroit 

qui  ouvre  le  Pont  et  au  travers  des  roches 

Cyanées,  à  la  conquête  de  la  toison  d'or, 

le  navire  Argo,  muni  de  bancs  nombreux  de  rameurs. 

V.  s-»-      Car  voici  l'oracle  que  Pélias  avait  entendu  :  un  jour,  un 

destin  terrible  lui  serait  réservé  par  le  fait  d'un  homme 

qu'il  aurait  vu  sortir  du  milieu  de  la  foule,  chaussé  d'un 

seul  brodequin;  il  serait  victime  des  desseins  de  cet  homme. 

Peu  de  temps  après,  et  suivant  cet  oracle  véridique,  Jason 

traversait  à  pied  le  courant  de  l'Anauros,  que  les  tempêtes 

de  l'hiver  avaient  grossi.  Il  put  sauver  de  la  bourbe  l'un  de 

ses  brodequins,  maïs  l'autre  resta  au  fond,  retenu  dans  le 

sol  que  recouvraient  les  eaux  débordées.  Sans  s'en  inquiéter, 

il  vint  auprès  de  Pélias,  pour  prendre  part  A  un  festin  que 

le  roi  offrait  au  père  Poséidon  et  aux  autres  dieux;  quant 

à  Héra  Pélasgienne,  il  ne  s'en  souciait  pas.  Dés  que  Pélias 

vit  Jason,  il  pensa  à  l'oracle  :  alors  il  prépara  au  héros  le 

travail  d'une  navigation  pleine  de  dangers,  dans  l'espoir 

que,  soit  sur  la  mer,  soit  parmi  les  hommes  étrangers,  il 

perdrait  toute  chance  de  retour. 

Quant  au  navire,  les  anciens  aédes  chantent  qu'il  fut 


CHANT    PREMIER  5 

construit  par  Argos,  sur  les  conseils  d'Athéné.  Pour  moi, 
je  vais  dire  la  race  et  le  nom  des  héros,  leurs  voyages  sur  la 
mer  immense,  toutes  leurs  actions  dans  leurs  courses  errantes. 
Que  les  Muses  soient  les  inspiratrices  de  mon  chant I 

D'abord,  nous  rappellerons  Orphée  :  autrefois,  dit-on,  V.  23-54. 
Calliopé  elle-même,  unie  au  Thrace  Oiagros,  lenfanta 
auprès  des  hauteurs  de  Pimpléa.  On  raconte  qu'il  charmait, 
au  son  de  ses  chants,  les  durs  rochers  des  montagnes  et  les 
cours  des  fleuves.  Et  les  chênes  sauvages,  qui  attestent  encore 
aujourd'hui  le  pouvoir  de  ses  accents,  les  chênes  qui  pous- 
sent vigoureux  le  long  du  rivage  thrace,  à  Zôné,  sont  venus 
s'avançant  à  sa  suite  en  rangs  nombreux,  amenés  bien  loin 
par  le  charme  de  sa  phorrainx,  depuis  les  hauteurs  du  Piéros. 
Tel  était  Orphée,  roi  de  la  Piérie  Bistonienne,  quand  TAiso- 
nide,  par  déférence  pour  les  conseils  de  Chiron,  l'accueillit 
comme  auxiliaire  secourable  à  ses  travaux. 

Astérion,  lui,  vint  de  son  propre  mouvement;  Astérion  que  V.  35-39. 
Comètes  engendra  auprès  des  eaux  de  l'Apidanos  aux  flots 
tournoyants.  Comètes  habitait  Peirésies,  non  loin  du  mont 
Phylléios,  à  l'endroit  où  le  grand  Apidanos  et  le  divin 
Énipeus,  deux  fleuves  qui  viennent  de  loin,  se  rejoignent 
et  n'en  forment  plus  qu'un. 

Après  ces  deux  héros,  TEilatide  Polyphémos  arrivait,  v.  40-44. 
ayant  quitté  Larissa;  c'est  lui  qui  autrefois  avait  combattu 
au  nombre  des  robustes  Lapithes,  lorsque  les  Lapithes 
s'étaient  armés  contre  les  Centaures.  Il  était  jeune  alors  : 
maintenant  ses  membres  s'appesantissaient  déjà,  mais  son 
cœur  restait  toujours  digne  d'Ares,  comme  autrefois. 

Et,  à  Phylacé,  Iphidos  n'était  pas  resté  longtemps  en  v.  45-48. 
arrière.  C'était  le  frère  de  la  mère  de  l'Aisonide;  car  Aison 
avait  épousé  sa  sœur,  la  Phylacéide  Alcimédé.  L'alliance 
de  sa  sœur,  sa  parenté  avec  Jason,  le  poussaient  à  s'associer 
à  la  troupe  des  héros. 

Et  Admète,  roi  de  Phères,  qui  abonde  en  beaux  agneaux,  v.  49.50. 
ne  restait  pas  non  plus  dans  sa  ville,  au  pied  des  hauteurs 
du  mont  Chalcodonion. 


6  LES    ARGONAUTIQUES 

V.  s  1-56*  Ils  ne  restaient  pas  non  plus  à  Alopé  les  fils  d'Hermès, 
riches  en  champs  de  blé,  Érytos  et  Échion,  tons  deux  habiles 
en  ruses.  Un  troisième  frère  vint  les  rejoindre  à  leur  départ, 
Aithalidès;  auprèsdu  courant  de  l'Amphrysos,  la  fille  de  Myr- 
midon,  la  Phthienne  Eupoléméia  l'avait  enfiinté.  Quant  aux 
deux  autres,  ils  étaient  nés  d'Antianéiré,  la  fille  de  Ménétos. 

V.  57-64.  Il  vint  aussi,  ayant  quitté  l'opulente  Gyrtone,  Coronos, 
fils  de  Caineus.  Certes  il  était  brave,  mais  il  ne  surpassait 
pas  son  père  :  car  les  aèdes  chantent  que  Caineus,  vivant 
encore,  disparut  sous  les  coups  des  Centaures  ;  d'abord,  seul, 
sans  Taide  des  autres  héros,  il  les  chassa;  mais  eux  revinrent 
à  la  charge  et  se  jetèrent  sur  lui  :  ils  ne  purent  ni  le  faire 
plier,  ni  le  tuer.  Inébranlable,  toujours  droit,  il  descendit 
au  fond  de  l'abîme  souterrain,  terriblement  frappé  à  coups 
de  solides  sapins. 

V.  65-66.  Il  vint  aussi  le.  Titarésien  Mopsos,  que  le  fils  de  Létô 
instruisit  entre  tous  dans  la  divination  par  le  moyen  des 
oiseaux. 

V.  67.68.  Puis,  Eurydamas,  fils  de  Ctiménos;  il  habitait,  près  du 
lac  Xynias,  Ctiméné,  ville  des  Dolopes. 

V.  69.70.  Actor  envoya  d'Opous  son  fils  Ménoitios,  pour  qu'il  navi- 
guât avec  les  héros. 

V.  71-76.  Eurytion  et  le  vigoureux  Érybotès  venaient  ensuite;  ils 
étaient  fils,  l'un  de  Téléon,  l'autre  d'Iros,  fils  d'Actor. 
L'illustre  Érybotès,  en  effet,  était  fils  de  Téléon,  et  Eurytion, 
d'Iros.  Avec  eux  venait  un  troisième  héros,  Oileus,  éminent 
par  son  courage,  très  habile  à  s'élancer  par  derrière  sur  les 
ennemis,  au  moment  oîi  ils  commencent  à  fiiire  plier  les 
phalanges. 

V.  77-85.  D'autre  part,  Canthos  vint  d'Eubée,  envoyé  de  son  plein 
gré  par  Canéthos,  fils  d'Abas  :  et  cependant  il  ne  devait  pas 
rentrer  à  Cérinthos,  de  retour  de  l'expédition;  car  c'était  le 
destin  que  lui  et  Mopsos,  habile  à  la  divination,  périraient 
errants  aux  confins  de  la  Libye.  En  effet,  il  n'est  pas  pour 
les  hommes  de  malheur  si  lointain  qu'il  ne  puisse  les 
atteindre:  ainsi  tous  les  deux  sont  ensevelis  en  Libye,  et 


CHANT    PREMIER  ^ 

de  la  Libye  au  pays  des  Colchiens,  la  distance  est  égale  à 
celle  que  le  soleil  voit  entre  son  lever  et  son  coucher. 

Après  lui  venaient  ensemble  Clytios  et  Iphitos^  chefs  v.  86-89. 
d'Oichalié,  fils  du  cruel  Eurytos,  d'Eurytos  à  qui  le  dieu 
qui  lance  au  loin  les  traits,  donna  un  arc;  mais  il  ne  profita 
pas  de  ce  présent;  car,  de  lui-même,  il  entra  en  lutte  avec 
celui  qui  le  lui  avait  fait. 

Après  eux  vinrent  les  Aiacides;  mais  ils  n'arrivaient  pas  v.  90.94. 
ensemble  et  n'étaient  pas  partis  du  même  endroit;  car, 
chacun  de  son  côté,  ils  étaient  allés  en  exil  loin  d'Aiginé, 
après  avoir  tué  leur  frère  Phocos,  sans  le  vouloir.  Télamon 
se  fixa  dans  Tile  Attique,  et  Pelée  établit  sa  demeure  en 
Phthie,  bien  loin  de  son  frère. 

Après  eux,  de  Cécropie  vint  Boutés,  cher  à  Ares,  fils  du  v.  95-100. 
courageux  Téléon;  puis  Phaléros,  habile  à  manier  la  lance. 
C'est  Alcon,  son  père,  qui  le  fit  partir;  et  cependant  il 
n'avait  pas  d'autres  fils  de  sa  vieillesse  pour  prendre  soin 
de  ses  jours.  Mais,  quoique  ce  fût  l'enfant  né  dans  son  âge 
avancé,  le  seul  qu'il  eût,  il  l'envoya,  pour  qu'il  se  distinguât 
parmi  les  héros  audacieux. 

Mais  Thésée,  illustre  parmi  tous  les  Érechtides,  était  v.  101-104. 
retenu  sous  la  terre  Tainarienne  par  des  liens  terribles,  lui 
qui  avait  suivi  Peirithoos  dans  une  voie  commune.  Il  est 
certain  que  Peirithoos  et  lui  auraient  rendu  bien  plus  facile 
à  tous  l'issue  de  l'expédition. 

L'Agniade  Tiphys  quitta  le  déme  Thespien  de  Sipha;  il  v.  105-114. 
était  habile,  soit  à  prévoir  le  moment  où  vont  se  soulever 
les  flots  de  la  vaste  mer,  soit  à  présager  les  tempêtes  des 
vents,  et  à  diriger  la  navigation  en  se  fixant  sur  le  soleil  et  la 
Grande-Ourse.  C'est  la  déesse  Tritonide,  Athéné  elle-même, 
qui  l'envoya  se  joindre  aux  héros.  Il  arriva  alors  qu'on 
souhaitait  sa  venue.  [C'est  elle,  en  effet,  qui  fabriqua  le 
navire  rapide  et,  avec  elle,  l'Arestoride  Argos,  aidé  de  ses 
conseils.  Aussi  fut-il  supérieur  à  tous  les  navires  qui  jamais 
ont  éprouvé  la  mer  par  le  mouvement  des  rames.] 

Et  Phlias,  après  ceux-ci,  venait  d'Araithyréa,  où  il  habi-  v.  115-117. 


8  LES    ARGONAUTIQUES 

tait,  très  riche  par  la  volonté  de  Dionysos  son  père,  auprès 
des  sources  de  TAsopos. 

V.  1 18-121.  D'Argos,  vinrent  Talaos  et  Aréios,  fils  tous  deux  de  Bias, 
et  le  courageux  Léodocos,  eux  qu'enfanta  la  Néléide  Péro  : 
à  cause  d'elle,  TAiolide  Mélampous  dut  subir  de  terribles 
épreuves  dans  les  étables  d'Iphiclos. 

V.  122-132.  Nous  n'avons  pas  entendu  dire  que  la  force  du  magnanime 
Héraclès  ait  trompé  l'attente  de  TAisonide.  Loin  de  là,  dès 
qu'il  apprit  la  nouvelle  que  les  héros  se  rassemblaient,  —  il 
arrivait  à  peine  d'Arcadie  à  Argos  Lyrcéienne,  ayant  suivi 
jusqu'au  bout  le  chemin  le  long  duquel  il  portait  vivant  le 
sanglier  qui  paissait  dans  les  vallées  du  Lampéia,  auprès  du 
vaste  marais  d'Érymanthos;  à  l'entrée  de  l'agora  de  Mycènes, 
il  déchargea  de  ses  fortes  épaules  le  monstre  enveloppé  de 
liens,  —  et  par  sa  propre  volonté,  sans  l'ordre  d'Eurysihée,  il 
s'élança.  Avec  lui  venait  Hylas,  son  bon  compagnon,  encore 
dans  la  première  jeunesse,  porteur  de  ses  flèches  et  gardien 
de  son  arc. 

V.  133-138.  Après  lui,  arriva  un  descendant  du  divin  Danaos,  Nau« 
plios:  c'était  le  fils  du  Naubolide  Clytonéos;  or,  Naubolos 
était  fils  de  Lernos;  or  nous  savons  que  Lernos  était  le  fils 
du  Naupliade  Proitos;  et  jadis,  la  jeune  Danaide  Amymoné, 
unie  à  Poséidon,  lui  avait  enfanté  ce  Nauplios  qui  l'empor- 
tait sur  tous  dans  l'art  de  la  navigation. 

V.  139-145-  Idmon  vint  le  dernier  de  tous  ceux  qui  habitaient  Argos; 
les  présages  donnés  par  les  oiseaux  lui  avaient  appris  sa 
destinée  :  mais  il  vint,  craignant  que  le  peuple  ne  traitât  avec 
mépris  sa  bonne  renommée.  Il  n'était  pas  le  vrai  fils  d*Abas; 
quoiqu'il  fût  compté  parmi  les  nobles  Aiolides,  il  avait  été 
engendré  par  le  fils  de  Létô,  qui  lui  enseigna  l'art  de  prédire 
l'avenir,  d'observer  les  oiseaux,  et  de  tirer  des  présages  des 
entrailles  brûlées  des  victimes. 

V.  146-150.      Et  rÉtolienne  Léda  envoya  le  courageux  Pollux  i   et 


I.  Polydeucès  est  connu  sous  le  nom  latinisé  de  Pollux,  que  Tusage 
nous  force  de  conserver. 


CHANT    PREMIER  9 

Castor,  habile  conducteur  de  chevaux  aux  pieds  rapides  :  ils 
venaient  de  Sparte.  C'est  dans  le  palais  de  Tyndare  qu'elle 
eut  d'un  seul  enfantement  ces  deux  fils  bien-aimés;  elle 
était  pleine  de  confiance  quand  ils  partirent,  car  ses  pensées 
étaient  dignes  d'une  épouse  de  Zeus. 

Les  ApharétiadeSt  Lyncée  et  le  violent  Idas,  partirent  V.  151-155* 
d'Aréné;  ils  étaient  tous  les  deux  sûrs  d'eux-mêmes^  et  fiers 
de  leur  grande  force,  et  Lyncée  était  doué  d'yeux  si  perçants 
que,  si  la  renommée  est  véridique,  il  pouvait  porter  facile- 
ment ses  regards  même  à  l'intérieur  de  la  terre. 

En  même  temps,  le  Néléien  Périclyménos  se  prépara  à  V.  156-160. 
partir;  c'était  le  plus  âgé  des  enfants  du  divin  Nélée  qui 
naquirent  à  Pylos;  Poséidon  lui  avait  donné  une  force  sans 
limites  et  permis  de  prendre,  au  milieu  des  périls  de  la  mêlée, 
toute  forme  qu'il  souhaiterait  d'avoir  en  combattant. 

Amphidamas  et  Cépheus  venaient  d'Arcadie;  habitants  de  V.  161-171. 
Tégée  et  de  tout  l'héritage  d'Aphéidas,  ils  étaient  fils  tous 
deux  d'Aléos.  Un  troisième  héros  suivait  leur  marche, 
Ancaios,  envoyé  par  son  père  Lycourgos,  frère  aîné  d' Am- 
phidamas et  de  Cépheus.  Mais  lui,  comme  Aléos  devenait 
déjà  vieux,  il  était  resté  à  la  ville  pour  prendre  soin  de  lui, 
et  il  avait  donné  à  ses  deux  frères  son  fils  pour  compagnon. 
Celui-ci  arriva  dans  une  peau  d'ourse  du  Ménale,  et  bran- 
dissant de  sa  main  droite  une  grande  hache  à  deux  tranchants. 
Car  toutes  les  armes,  son  grand-père  Aléos  les  avait  cachées 
au  fond  du  grenier,  cherchant  tous  les  moyens  de  l'empêcher 
de  partir. 

Augéiès  vint  aussi;  la  renommée  le  disait  fils  d'Hélios;  v.  172-175. 
glorieux  de  sa  fortune,  il  commandait  aux  hommes  de 
l'Élide.  Un  grand  désir  le  prit  de  voir  la  terre  de  Colchide, 
et  Aiétès  lui-même,  le  roi  des  Colchiens. 

Astérios  et  Amphion,  fils  d'Hypérasios,  vinrent  de  Pellène  v.  176-178. 
en  Achaïe,  ville  que  le  père  de  leur  père,  Pelles,  avait 
autrefois  bâtie  sur  les  falaises  sourcilleuses  de  l'Aigialos. 

Après  eux  arrivait  Euphémos,  parti  de  Tainaros,  lui  le  V.  179-184. 
plus  rapide  des  hommes,  qu'enfanta  à  Poséidon  Europe,  fille 


10  LES    ARGONAUTIQUBS 

du  très  vigoureux  Tityos:  cet  homme  courait  même  sur 
les  flots  gonflés  de  la  mer  azurée  sans  y  baigner  ses  pieds 
agiles;  il  en  mouillait  à  peine  la  pointe,  quand  il  se  faisait 
supporter  par  cette  route  liquide. 

V.  185-189.  Deux  autres  fils  de  Poséidon  vinrent  aussi  :  l'un,  Erginos, 
qui  abandonnait  la  ville  de  l'illustre  Milétos;  l'autre,  le 
très  vigoureux  Ancaios,  qui  venait  de  Parthénia,  demeure 
d'Héra  Imbrasienne.  Tous  deux  étaient  habiles  et  glorieux 
de  leur  habileté,  soit  dans  l'art  de  la  navigation,  soit  dans 
les  travaux  d'Ares. 

V.  190-201.  Après  ceux-ci  arriva,  parti  de  Calydon,  le  fils  d'Oineus, 
le  courageux  Méléagros;  avec  lui,  Laocoon,  frère  d'Oineus, 
mais  non  de  la  même  mère.  Une  femme  esclave  l'avait 
enfanté;  il  était  déjà  assez  âgé,  et  Oineus  l'envoyait  pour 
diriger  son  fils.  C'est  ainsi  que  Méléagros,  encore  adolescent, 
pénétrait  dans  la  magnanime  compagnie  des  héros.  Aucun 
d'eux,  je  crois,  excepté  Héraclès,  ne  se  serait  joint  à  l'expé- 
dition, supérieur  à  lui,  si,  restant  dans  sa  patrie,  il  avait  été 
encore  élevé,  ne  fût-ce  qu'une  seule  année,  parmi  les  Étoliens. 
D'autre  part,  son  oncle  maternel  l'accompagna  dans  le  même 
voyage.  C'était  un  homme  habile  à  combattre  avec  la  lance 
.et  aussi  de  pied  ferme,  le  Thestiade  Iphiclos. 

V.  ao2-ao6.  En  même  temps,  vint  Palaimonios,  fils  de  Lernos  Olénien. 
Il  n'était  fils  de  Lernos  que  de  nom;  son  père  par  le  sang 
était  Héphaistos.  Aussi  était-il  infirme  d'un  pied;  mais  per- 
sonne n'aurait  osé  adresser  un  reproche  à  la  vigueur  de  son 
corps,  car  on  le  comptait  parmi  tous  ces  chefs  qui  devaient 
accroître  la  gloire  de  Jason. 

V.  207-210.  Du  pays  des  Phocéens  vint  Iphitos,  né  de  Naubolos,  fils 
d'Ornytos.  Auparavant,  quand  Jason  était  allé  consulter 
l'oracle  à  Pytho,  au  sujet  de  son  expédition,  il  avait  été  son 
hôte  et  l'avait  alors  reçu  dans  son  palais. 

V.  21 1-223.  Les  fils  de  Borée,  Zétès  et  Calais,  vinrent  aussi,  eux 
qu'autrefois  l'Érechthéide  Oréithyia  enfanta  à  Borée  au  fond 
de  la  Thrace,  où  l'hiver  est  rigoureux.  C'est  là  que  le  Thrace 
Borée  l'avait  enlevée  loin  de  Cécropie,  alors  qu'elle  tournait 


CHANT    PREMIER  il 

dans  un  chœur  de  danse  auprès  de  Tllissos.  Il  l'amena  bien 
loin,  au  lieu  que  l'on  appelle  le  «  rocher  de  Sarpédon  »,  près 
du  cours  du  fleuve  Erginos.  C'est  là  qu'il  la  posséda,  après 
l'avoir  cachée  dans  des  nuages  sombres.  Ses  deux  fils  s'éle- 
vaient du  sol  en  agitant  au  bout  et  de  chaque  côté  des  pieds 
des  ailes  noires  —  c'était  grand'merveille  de  les  voir!  —  des 
ailes  noires,  où  brillaient  des  écailles  d'or.  Venant  du  haut 
de  la  tête,  entourant  leurs  épaules,  et  tombant  de  tous  côtés 
sur  leur  cou,  leur  chevelure  azurée  flottait  avec  le  vent. 

Le  fils  du  puissant  Pélias  lui-même,  Acastos,  ne  désirait  V.  224-227. 
certes  pas  demeurer  dans  le  palais  de  son  père;  Argos  non 
plus,  qui  avait  travaillé  sous  les  ordres  de  la  déesse  Athéné. 
Loin  de  là,  ils  allaient  tous  les  deux  s'adjoindre  à  la  troupe 
des  héros. 

Tel  était  le  nombre  de  ceux  qui  s'assemblèrent  pour  aider  v.  228-233. 
Jason.  Les  peuples  voisins  les  désignaient  tous  sous  le  nom 
de  Minyens,  car  la  plupart  et  les  meilleurs  d'entre  eux  pou- 
vaient se  glorifier  d'être  du  sang  des  filles  de  Minyas  :  Jason 
lui-même  avait  pour  mère  Alcimédé,  fille  de  Clyméné,  la 
fille  de  Minyas. 

Lorsque  tout  eut  été  préparé  par  les  esclaves,  tout  ce  dont  v.  234-305. 
il  faut  munir  l'intérieur  d'un  navire,  quand  la  nécessité 
pousse  les  hommes  à  faire  un  voyage  sur  mer,  alors  iU 
traversèrent  la  ville,  allant  à  leur  vaisseau,  là  oti  le  rivage 
est  connu  sous  le  nom  de  Pagases  Magnésiennes.  Autour 
d'eux,  de  tous  côtés,  des  citoyens  empressés  accouraient  en 
foule.  Mais  ils  brillaient  comme  des  astres  éclatants  au 
milieu  des  nuages;  et  chacun  se  disait,  en  contemplant  les 
héros  en  armes  qui  se  hâtaient  :  «  O  roi  Zeus,  quel  est  le 
dessein  de  Pélias?  Od  lance-t-il,  loin  de  la  terre  Panachéenne, 
une  telle  réunion  de  héros?  Ils  seront  capables,  sans  doute, 
de  dévaster  avec  la  flamme  funeste  les  demeures  d'Aiétès,  le 
jour  même  oti  il  aura  refusé  de  leur  livrer  la  toison  de  son 
plein  gré.  Mais  un  long  voyage  est  inévitable  :  rude  est  la 
peine  pour  ceux  qui  partent  1  » 

Ainsi  parlèrent  les  hommes  çà  et  là  dans  la  ville;  et  les 


13  LES    ARGONAUTIQUBS 

femmes  levaient  les  mains  au  ciel,  demandant  aux  dieux, 
dans  de  nombreuses  prières,  de  leur  accorder  l'accomplisse- 
ment heureux  du  retour.  Et,  en  pleurant,  elles  s'adressaient 
l'une  à  l'autre  ces  paroles  de  lamentation  :  —  «  Misérable 
Alcimédé,  le  malheur,  quoique  tardif,  est  aussi  venu  pour 
toi.  Tu  n'as  pu  mener  jusqu'au  bout  une  vie  fortunée. 
Aison  a,  lui  aussi,  un  sort  bien  pénible.  Qu'il  eût  mieux 
valu  pour  lui  d'être  enveloppé  dans  des  bandelettes  sépul- 
crales et  enseveli  sous  la  terre,  encore  ignorant  de  cette 
mauvaise  expédition  l  Plût  au  ciel  que  Phrixos,  lui  aussi, 
quand  périt  la  vierge  Hellé,  eût  été  englouti  avec  le  bélier 
dans  les  flots  sombres  1  Mais  non:  ce  bélier,  monstre  funeste, 
fit  entendre  les  accents  d'une  voix  humaine,  pour  causer 
ensuite  à  Alcimédé  des  soucis  et  des  douleurs  sans  nombre!  » 
Elles  parlaient  ainsi,  alors  qu'ils  s'éloignaient  pour  partir. 
Déjà  les  serviteurs  et  les  femmes  servantes  s'empressaient 
en  grand  nombre.  La  mère  tenait  son  fils  embrassé;  une 
douleur  aiguë  pénétrait  toutes  les  femmes;  et,  avec  elles,  le 
père,  que  la  désastreuse  vieillesse  fieiisait  rester  enfoncé  dans 
son  lit,  au  point  que  la  forme  de  son  corps  était  seule  visible, 
le  père  gémissait.  Alors  Jason  adoucit  leurs  angoisses  par 
ses  exhortations  et  ordonna  aux  serviteurs  de  prendre  ses 
armes  de  guerre;  ils  le  faisaient,  silencieux  et  tête  basse. 
Comme  elle  avait  jeté  tout  d'abord  les  bras  autour  du  cou 
de  son  fils,  ainsi  la  mère  restait  attachée  à  lui,  pleurant 
abondamment  :  telle  une  jeune  fille,  seule  avec  sa  nourrice 
aux  cheveux  blancs,  la  tient  embrassée  tendrement  et 
gémit  :  car  elle  n'a  plus  de  parents  qui  s'intéressent  à  elle; 
mais  elle  traîne  une  vie  lourde  sous  la  domination  d'une 
marâtre,  qui  vient  précisément  de  l'accabler  d'outrages; 
elle  gémit,  mais  son  cœur  est  serré  par  la  peine,  et  elle  ne 
peut  exhaler  autant  de  sanglots  qu'elle  le  voudrait.  C'est 
ainsi  qu* Alcimédé  pleurait  abondamment  en  tenant  son  fils 
embrassé.  Et  elle  dit  ces  paroles  inspirées  par  son  angoisse  : 
a  Plût  au  ciel  qu'en  ce  jour  où  j'ai  entendu  —  malheureuse 
que  je  suis!  —  le  roi  Pélias  prononcer  l'ordre   funeste, 


CHANT    PREMIER  l3 

j'eusse  aussitôt  rendu  Tâme  et  oublié  les  soucis  de  la  vie. 
Car  c'est  toi  qui  m'aurais  ensevelie  de  tes  mains  chéries,  ô  '\ 
mon  enfant  I  Seul  devoir  que  j'eusse  encore  à  espérer  de  toi  :  J 
dans  tout  le  reste,  en  effet,  je  savoure  la  récompense  des 
soins  que  j'ai  pris  pour  t'élever.  Mais  voici  que,  vénérable 
jusqu'à  présent  aux  femmes  d'Achaïe,  je  vais,  comme  une 
esclave,  être  laissée  dans  le  palais  vide,  malheureuse  qui  me 
consumerai  à  te  regretter,  toi  par  qui  j'ai  eu  précédemment 
tant  de  gloire  et  d'honneur,  toi  seul  à  cause  de  qui  j'ai 
délié  ma  ceinture  pour  la  première  et  dernière  fois  :  car  la  '^ 
déesse  Eiléithyia  m'a  absolument  envié  les  accouchements  J 
nombreux.  Malheur  à  moil  Jamais,  même  en  songe,  je 
n'aurais  pensé  que  la  fuite  de  Phrixos  dût  être  pour  moi  la 
cause  d'un  tel  malheur  1  » 

C'est  ainsi  qu'elle  se  lamentait  en  gémissant,  et  les  femmes 
servantes  qui  se  tenaient  auprès  d'elle  poussaient  des  cris  : 
alors  il  s'adressa  à  sa  mère,  la  consolant  par  des  paroles 
douces  comme  du  miel  :  «  O  ma  mère,  ne  me  pénètre  pas 
ainsi  d'une  tristesse  funeste  I  Certes,  tu  ne  me  défendras  pas 
du  malheur  par  tes  larmes.  Tu  ne  pourrais  qu'ajouter  une 
nouvelle  souffrance  à  nos  souffrances.  Car  les  dieux  distri- 
buent des  maux  imprévus  aux  mortels.  Le  sort  qu'ils  nous 
envoient,  quoique  profondément  affligée,  aie  la  force  de  le 
supporter.  Sois  confiante  dans  notre  alliance  avec  Athéné, 
dans  les  oracles  aussi,  puisque  Phoibos  a  donné  des  réponses 
favorables,  et  enfin  dans  l'aide  que  les  chefs  me  prêteront. 
Et  maintenant,  reste  calme  à  la  maison  au  milieu  de  ties 
servantes,  de  peur  d'être  un  oiseau  de  mauvais  augure  pour 
le  navire.  Je  vais  m'y  rendre,  et  mes  compagnons  et  mes 
esclaves  me  feront  escorte  dans  ma  marche.  » 

Il  dit,  et  se  hâta  de  sortir  de  la  maison.  Tel,  hors  de  son  V.  306-316. 
temple,  que  l'encens  parfume,  s'avance  Apollon  dans  la 
divine  Délos,  dans  Claros,  dans  Delphes  Pytbienneou,  dans 
la  vaste  Lycie,  au  bord  des  eaux  du  Xanthos,  tel  il  marcha  à 
travers  la  foule  du  peuple.  Un  grand  cri  s'éleva  :  tous  à  la 
fois  lui  adressaient  leurs  encouragements.  Alors  se  précipita 


14  LES    ARGONAUTIQUES 

à  sa  rencontre  la  vieille  Iphias,  prétresse  d'Artémis,  protec* 
trice  de  la  ville,  et  elle  baisa  sa  main  droite,  mais  malgré 
tout  son  désir,  elle  ne  put  lui  rien  dire,  car  la  foule  qui 
s*empressait  la  devança.  On  la  laissait  en  arrière,  écartée  du 
chemin,  comme  une  vieille  qu'elle  était,  par  des  gens  plus 
jeunes.  Mais  lui  fut  entraîné  très  loin  d'elle. 

V.  317-330.  Cependant,  après  être  sorti  des  rues  bien  bâties  de  la  ville, 
Jason  parvint  au  rivage  de  Pagases  :  et  là,  il  fut  reçu  par  ses 
compagnons  qui  se  tenaient  nombreux  auprès  du  navire 
Argo.  Il  s'arrêta  aux  abords  du  navire,  et  eux,  venant  à  sa 
rencontre,  s'assemblèrent.  Alors  on  aperçut  Acastos  avec 
Argos,  qui  descendaient  de  la  ville  en  courant;  et  l'étonné- 
ment  fut  grand,  en  voyant  comme  ils  mettaient  toutes  leurs 
forces  à  s'empresser  à  rencontre  des  volontés  de  Pélias.  L'un, 
l'Arestoride  Argos,  avait  les  épaules  couvertes  d'une  peau  de 
taureau  au  poil  noir,  qui  lui  tombait  jusqu'aux  pieds;  l'autre 
portait  un  double  manteau  magnifique,  don  de  sa  sœur 
Pélopéia.  Jason  s'abstint  de  leur  adresser  à  tous  deux  des 
questions  particulières,  et  il  ordonna  à  tous  les  héros  de 
s'asseoir  pour  l'assemblée.  Là,  sur  la  voile  roulée  et  le  mât 
encore  couché,  ils  s'assirent  tous  à  la  file. 

V.  331-340.  Alors  le  prudent  fils  d'Aison  leur  adressa  ces  paroles: 
a  Tout  ce  dont  il  convient  d'armer  un  navire,  tout  cela  est 
bien  en  ordre  et  prêt  pour  le  départ:  de  ce  côté  donc,  nulle 
cause  de  retard  pour  l'expédition,  dès  que  les  vents  auront 
commencé  de  souffler  favorablement.  Mais,  mes  amis,  c'est 
ensemble  que  nous  retournerons  en  Hellade;  c'est  ensemble 
que  nous  allons  d'abord  faire  route  vers  le  pays  d'Aiétès. 
Aussi  maintenant,  sans  ménagement  ni  réserve,  choisissez 
le  meilleur,  pour  qu'il  soit  notre  chef  qui  s'occupe  de 
toutes  choses,  qui  décide  de  la  paix  ou  de  la  guerre  avec  les 
étrangers.  » 

V.  341-362.  II  parla  ainsi  :  les  yeux  des  jeunes  gens  se  tournèrent  vers 
le  courageux  Héraclès  assis  au  milieu  d'eux,  et  tous,  d'une 
seule  voix,  lui  dirent  de  prendre  le  commandement;  mais, 
restant  à  l'endroit  où  il  était  assis,  il  éleva  la  main  droite, 


CHANT    PREMIER  l5 

la  tint  étendue,  et  dit:  «  Que  personne  ne  m'attribue  cet 
honneur.  Car  je  ne  me  soumettrai  pas,  et  aussi  j'empêcherai 
tout  autre  de  se  lever  comme  chef  parmi  nous.  Que  celui-là 
qui  nous  a  réunis  commande  aussi  notre  troupe  I  » 

Telles  furent  ses  paroles  magnanimes,  et  tous  approu- 
vèrent ce  que  demandait  Héraclès.  Alors  le  vaillant  Jason 
se  leva,  plein  de  joie,  et  parla  ainsi,  au  milieu  de  l'enthou- 
siasme de  tous  :  «  Si  donc  vous  me  confiez  la  charge  de  cet 
honneur,  il  n'y  a  plus  rien  ici  qui  doive  désormais  retarder 
notre  départ.  Tout  d'abord,  rendons-nous  Phoibos  propice 
par  l'immolation  de  victimes,  et  préparons  sur-le-champ 
un  festin.  En  attendant  l'arrivée  de  mes  serviteurs  qui 
président  aux  étables,  eux  qui  ont  mission  de  chasser 
devant  eux,  jusqu'ici,  des  bœufs  choisis  avec  soin  dans  le 
troupeau,  traînons  le  navire  à  la  mer,  et,  après  que  tous  les 
objets  d'équipement  auront  été  disposés,  tirez  au  sort  les 
rames,  suivant  chaque  banc.  Et,  cependant,  élevons  aussi 
un  autel  sur  le  rivage  à  Apollon,  qui  protège  les  embarque- 
ments, lui  qui  m'a  promis,  dans  ses  prédictions,  qu'il  nous 
indiquerait  par  des  signes  certains  les  routes  de  la  mer,  si 
toutefois  je  commençais  en  lui  offrant  des  sacrifices  les 
travaux  que  j'entreprends  pour  le  roi.  » 

Il  dit,  et  le  premier  se  détourna  pour  se  mettre  à  l'ouvrage;  v.  363-401. 
eux  aussi,  obéissants,  ils  se  levèrent,  et  accumulèrent  en 
masse  leurs  vêtements  sur  la  plate-forme  d'un  rocher  poli  que 
la  mer  n'atteignait  pas  de  ses  vagues,  mais  que  le  flot  de  la 
tempête  lavait  parfois.  Ils  commencèrent,  suivant  le  conseil 
d'Argos,  par  entourer  solidement  le  navire  avec  un  câble 
formé  de  cordes  bien  tordues  à  l'intérieur;  ils  le  tendirent 
des  deux  côtés,  afin  que  les  pièces  de  la  charpente  restassent 
bien  ajustées  aux  chevilles  et  pussent  soutenir  la  violence  , 
ennemie  des  eaux.  Aussitôt  après,  ils  creusèrent,  de  la  proue, 
jusqu'à  la  mer,  un  fossé  dont  la  largeur  était  suffisante  pour 
le  navire  qui  devait  le  parcourir,  tiré  à  force  de  bras.  Plus 
ils  avançaient,  plus  ils  creusaient  profondément  au-dessous 
du  niveau  de  l'étrave;  et,  dans  ce  fossé,  ils  disposèrent  des 


l6  LES    ARGONAUTIQUES 

rouleaux  polis.  Sur  les  premiers,  ils  inclinèrent  le  navire, 
pour  qu'il  y. glissât  peu  à  peu.  Des  deux  côtés  du  navire,  ils 
retournèrent  les  rames  de  bas  en  haut,  et,  autour  des  chevilles 
qui  les  maintiennent,  ils  lièrent  fortement  les  manches  de 
rames  qui  font  saillie.  Puis,  s'étant  divisés  pour  se  placer 
des  deux  côtés  du  vaisseau,  chacun  près  d'une  cheville,  ils 
appuyèrent  à  la  fois  de  leurs  mains  et  de  leurs  poitrines. 
Cependant,  Tiphys  monta  sur  le  navire,  pour  exhorter  les 
jeunes  gens  à  le  tirer  en  avant  au  moment  voulu.  Il  donna 
le  signal  en  poussant  un  grand  cri.  Aussitôt  ceux-ci,  pesant 
de  toute  leur  force,  l'ébranlèrent  d'une  même  impulsion 
hors  de  la  place  où  il  s'enfonçait  dans  le  sol.  Ils  s'établirent 
solidement  sur  leurs  pieds,  faisant  un  effort  pour  le  tirer  en 
avant,  et  le  navire  Argo,  enfant  du  mont  Pélion,  suivait 
facilement  l'impulsion  donnée.  Et,  des  deux  côtés,  les  jeunes 
gens  qui  le  faisaient  aller  poussaient  des  acclamations;  sous 
la  quille  solide,  les  rouleaux  gémissaient,  broyés  par  le 
frottement.  Le  poids  du  navire  en  faisait  monter  une  noire 
fumée;  et  Argo  glissa  dans  la  mer.  Alors,  par  un  effort 
contraire,  ils  le  retenaient  en  arrière  avec  des  cordes  pour 
l'empêcher  de  pénétrer  trop  avant  dans  les  flots.  Des  deux 
côtés  des  chevilles  ils  adaptèrent  les  rames;  et,  à  l'intérieur 
du  navire,  ils  placèrent  le  mât,  la  voile  artistement  faite  et 
les  provisions  de  route. 

Après  s'être  acquittés  avec  habileté  de  ces  soins  divers,  ils 
se  partagèrent  tout  d'abord  par  le  sort  les  places  des  bancs,  de 
façon  que  l'équipage  de  chacun  d'eux  fût  de  deux  hommes. 
Mais  le  banc  du  milieu  fut  réservé  à  Héraclès  et,  de  préfé- 
rence aux  autres  héros,  à  Ancaios,  qui  habitait  la  viUe  de 
Tégée.  C'est  ainsi  qu'à  eux  seuls  on  abandonna  les  places 
du  banc  du  milieu,  sans  tirage  au  sort;  et,  d'un  commun 
accord,  on  confia  à  Tiphys  le  soin  de  diriger  le  gouvernail 
du  navire  à  l'étrave  solide. 
V.  402^24*  Ensuite,  ayant  roulé  des  pierres  au  bord  de  la  mer,  là  oti 
elles  furent  amoncelées,  ils  élevèrent  sur  le  rivage  un  autel 
à  Apollop,  un  autel  portant  ses  surnoms  de  Dieu  des  rivages. 


CHANT    PREMIER  17 

et  de  Dieu  qui  protège  les  embarquements;  et,  sans  tarder, 
ils  étendirent  par-dessus  de  grosses  branches  d'olivier  sec. 
Cependant  les  bouviers  de  TAisonide  amenèrent  deux  bœufs, 
qu'ils  poussaient  devant  eux.  Les  plus  jeunes  des  compa- 
gnons les  entraînèrent  auprès  de  l'autel;  puis  ils  présentèrent 
le  bassin  plein  d'eau  pour  les  ablutions,  et  les  grains  d'orge 
sacrée.  Alors  Jason  commença  à  prier,  en  invoquant  Apollon 
paternel  :  «  Écoute,  roi,  toi  qui  habites  Pagases  et  la  ville 
Aisonide,  qui  porte  le  nom  de  notre  père;  toi  qui  m'as 
promis,  alors  que  j'interrogeais  ton  oracle  à  Pytho,  de 
m'enseigner  comment  accomplir  et  terminer  avec  succès  ce 
voyage;  car  c'est  toi  qui  m'as  poussé  à  entreprendre  ces  tra- 
vaux. —  Maintenant,  conduis  aussi  toi-même  ce  navire  avec 
mes  compagnons  sains  et  saufs  là  où  nous  devons  aller,  et 
ensuite  fais-le  revenir  en  Hellade.  Alors,  dans  un  nouveau 
sacrifice,  autant  nous  serons  revenus  d'hommes,  autant  sur 
l'autel  nous  placerons  de  taureaux,  riches  victimes.  Et  je 
t'enverrai  des  offrandes  sans  nombre,  les  unes  à  Pytho,  les 
autres  à  Ortygie.  Mais  maintenant,  ô  Dieu  qui  lances  au 
loin  les  traits,  accueille  de  notre  part  ce  sacrifice  que  nous 
t'offrons  comme  prix  de  notre  voyage,  le  premier  que  nous 
fassions  en  l'honneur  de  ce  navire.  Puissé-je,  avec  un  sort 
favorable,  ô  roi,  détacher  le  câble  suivant  tes  desseins.  Qu'il 
souffle  le  vent  propice  qui  nous  fera  aller  sur  la  mer,  heureux 
du  beau  temps!  » 

Il  dit,  et  avec  sa  prière,  il  répandit  les  grains  d'orge  sacrée.  V.  a^s-mj» 
Deux  de  ses  compagnons  se  ceignirent  les  reins  et  s'appro- 
chèrent des  bœufs:  c'étaient  le  robuste  Ancaios  et  Héraclès; 
celui-ci  frappa  un  des  bœufs  de  sa  massue,  au  milieu  de  la 
tête,  au  front  :  aussitôt,  tombant  comme  une  masse,  l'animal 
s'abattit  sur  le  sol.  Quant  à  Ancaios,  s'attaquant  à  la  vaste 
nuque  de  l'autre  bœuf,  sa  hache  d'airain  lui  trancha  les 
Solides  muscles  du  cou.  L'animal,  projeté  en  avant,  tomba 
sur  ses  deux  cornes;  les  compagnons  se  hâtèrent  d'égorger 
les  victimes  et  de  les  dépouiller  de  leur  peau;  ils  les  décou- 
paient, les  dépeçaient  en  morceaux.  Ils  tranchèrent  pour  le 


l8  LES    ARGONAUTIQUES 

sacrifice  les  cuisses  consacrées;  et,  quand  toutes  ces  parties 
eurent  été  recouvertes  d*une  couche  épaisse  de  graisse»  on 
les  fit  brûler  sur  des  morceaux  de  bois  fendu.  L'Aisonide 
versait  des  libations  de  vin  pur,  et  Idmon  était  plein  de  joie 
à  la  vue  de  la  flamme  du  sacrifice,  qui  brillait  de  tous  côtés, 
et  de  la  fumée  qui  —  présage  heureux  —  s'en  élevait  en 
tourbillons  éclatants.  Aussitôt,  sans  hésiter,  il  interpréta  la 
pensée  du  fils  de  Létô  : 

c  Pour  vous,  la  destinée  divine,  la  nécessité  est  que  vous 
reveniez  ici,  porteurs  de  la  toison.  Mais  dans  l'intervalle,  à 
l'aller  et  au  retour,  innombrables  sont  les  épreuves.  Quant 
à  moi,  la  cruelle  volonté  du  dieu  a  fixé  que  je  mourrai  loin 
d'ici,  quelque  part  sur  le  continent  asiatique.  C'est  ce 
que  déjà,  autrefois,  de  funestes  présages  d'oiseaux  m'avaient 
appris  sur  mon  sort;  cependant,  j'ai  quitté  ma  patrie  pour 
monter  en  navire,  afin  de  laisser,  après  mon  départ,  une 
bonne  renommée  dans  ma  maison.  » 
V.  448-495-  Il  parla  ainsi  :  en  entendant  l'oracle,  les  jeunes  gens  se 
réjouirent,  parce  que  le  retour  leur  était  promis;  mais  la 
douleur  les  saisit  à  cause  de  la  destinée  d'Idmon. 

Au  moment  où  le  soleil  dans  son  cours  dépasse  le  point  où 
il  s'est  arrêté,  alors  que  déjà  les  rochers  étendent  leur  ombre 
sur  les  campagnes,  —  car  le  soleil  descend  vers  l'obscurité  du 
soir,  —  alors,  sur  le  sable,  ils  étendirent  tous  un  lit  épais  de 
feuillage,  le  long  du  rivage  blanc  d'écume.  Ils  s'y  couchèrent 
en  bon  ordre;  et,  auprès  d'eux,  étaient  placés  en  abondance 
les  aliments  et  le  vin^réable  que  les  échansons  tiraient  des 
vases  pour  le  verser.  Bientôt  ils  commencèrent  à  causer  entre 
eux,  avec  ces  nombreuses  plaisanteries  que  des  jeunes  gens 
échangent  agréablement,  au  milieu  du  festin  et  du  vin,  alors 
qu'on  s'abstient  des  violences  funestes. 

Cependant  Jason,  inquiet,  songeait  en  lui-même  à  tous  les 
dangers  de  l'expédition,  semblable  à  un  homme  qui  baisse 
la  tête  sous  le  poids  de  la  tristesse.  Idas,  qui  soupçonnait 
l'état  de  son  âme,  l'interpella  à  haute  voix  : 

«  Aisonide,  quelles  sont  les  réflexions  que  tu  roules  dans 


CHANT    PREMIER  19 

ton  esprit?  Expose  au  milieu  de  nous  tes  pensées.  Es-tu 
dompté  par  Tattaque  de  la  terreur  qui  égare  les  hommes 
sans  force?  Elle  peut  le  savoir,  cette  lance  rapide,  grâce  à 
laquelle  je  remporte  dans  les  guerres  plus  de  gloire  que  les 
autres  (car  Zeus  ne  m'est  certes  pas  d*un  aussi  grand  secours 
que  ma  lance).  Il  n*y  aura  ni  désastre  déplorable,  ni  lutte 
impossible  à  terminer,  tant  qu'Idas  sera  là,  un  dieu  même 
fût-il  votre  adversaire.  Tel  est  en  ma  personne  le  protecteur 
que  tu  amènes  d'Aréné.  » 

Il  dit,  et,  tenant  à  deux  mains  une  pleine  coupe,  il  but, 
sans  mélange  d'eau,  le  vin  agréable;  et  le  vin  arrosait  ses 
lèvres  et  sa  barbe  noire.  Ils  murmurèrent  tous  ensemble,  mais 
Idmon  prit  la  parole,  pour  se  faire  entendre  publiquement  : 

c  Insensé!  ce  que  tu  penses  est  funeste,  et  à  toi-même 
tout  le  premier. ^t-ce  le  vin  pur  qui,  pour  ta  perte,  gonfle 
dans  ta  poitrine  ton  cœur  audacieux,  et  lui  a  fait  mépriser 
les  dieux?  Il  y  a  bien  d'autres  manières  encourageantes  de 
parler  pour  exhorter  un  compagnon.  Ta  parole,  à  toi,  a  été 
tout  à  fait  odieuse.  C'est  de  la  sorte,  à  en  croire  la  renommée, 
que  jadis  ils  invectivaient  contre  les  dieux,  ces  fils  Aloïades, 
auxquels  tu  ne  peux  guère  te  prétendre  égal  en  courage;  et 
cependant,  ils  furent  domptés  tous  deux  par  les  flèches 
rapides  du  fils  de  Létô,  malgré  leur  force  puissante.  » 

Il  parla  ainsi  :  mais  Idas,  fils  d'Aphareus,  poussa  de  longs 
éclats  de  rire;  puis,  le  regardant  de  travers,  il  lui  répondit 
par  ces  paroles  injurieuses:  «Allons,  vite!  Indique-moi 
maintenant,  par  tes  prédictions,  si  les  dieux  doivent  me 
.  préparer  une  fin  semblable  à  celle  q^  ton  père  a  procurée 
aux  Aloîades;  mais  réfi&rhis  bien  au  moyen  d'échapper  sain 
et  sauf  à  mon  bras,  si  tu  es  un  jour  convaincu  de  m'avoir 
rendu  un  oracle  menteur.  » 

Il  était  irrité  et  injurieux  :  et  la  dispute  aurait  été  plus 
loin,  si  les  compagnons  ne  s'étaient  empressés  d'adresser  des 
reproches  aux  querelleurs,  et  si  l'Aisonide  lui-même  ne  les 
avait  arrêtés.  Orphée,  de  son  côté,  ayant  pris  sa  cithare  de 
sa  main  gauche,  préluda  à  un  chant. 


20  LES    ARGONAUTIQUES 

V.  496.518.  Il  chantait  comment  la  terre,  le  ciel  et  la  mer,  autrefois 
confondus  entre  eux  dans  une  seule  forme,  avaient  été 
séparés,  chaque  élément  de  son  côté,  et  tirés  de  cet  état 
funeste  de  lutte;  comment,  dans  les  airs,  les  astres,  la  lune, 
et  les  chemins  du  soleil  conservent  toujours  fixe  la  place  qui 
leur  est  assignée;  comment  les  montagnes  se  sont  élevées, 
comment  sont  nés,  avec  les  Nymphes,  les  fleuves  sonores, 
comment  se  sont  produits  tous  les  animaux  qui  vont  sur 
la  terre.  Il  chantait  aussi  comment  à  l'origine  Ophion  et 
rOcéanide  Eurynomé  régnaient  ensemble  sur  l'Olympe 
neigeux  ;  comment,  vaincu  par  la  violence  d'un  bras  puissant, 
Ophion  dut  céder  la  souveraineté  à  Cronos,  et  Eurynomé  à 
Rhéa;  comment  tous  les  deux  furent  précipités  dans  les  flots 
de  rOcéan.  Cependant,  leurs  vainqueurs  étaient  rois  des 
Titans^  dieux  bienheureux.  Zeus  alors  était  un  enfant,  il  ne 
savait  encore  dans  son  esprit  que  ce  que  savent  les  enfants. 
Il  habitait  dans  l'antre  du  Dicté,  et  les  Cyclopes,  nés  de  la 
terre,  ne  l'avaient  pas  encore  armé  de  la  foudre,  du  tonnerre 
et  de  l'éclair:  car  ce  sont  là  les  insignes  qui  font  la  gloire 
de  Zeus. 

Il  dit,  et  arrêta  à  la  fois  son  chant  divin  et  sa  phorminx. 
Quoiqu'il  eût  cessé,  les  compagnons  insatiables  avançaient 
toujours  la  tête  vers  lui,  et,  l'oreille  tendue,  restaient  silen- 
cieux, tout  à  leur  plaisir  :  si  grand  était  le  charme  que  les 
chants  leur  laissaient.  Mais  bientôt,  quand  les  libations  à 
Zeus  eurent  été  préparées,  suivant  l'usage  religieux,  ils  les 
versèrent  de  la  manière  consacrée  sur  les  langues  enflammées 
des  victimes.  Puis  ils  s'occupèrent  de  passer  la  nuit  dans  le 
sommeil. 
V.  519-558.  Mais  lorsque  l'éclatante  Éos  commença  à  regarder  de  ses 
yeux  brillants  les  sommets  élevés  du  Pélion,  alors  que,  sous 
l'action  du  vent,  les  calmes  promontoires  étaient  arrosés  par 
la  mer  agitée,  alors  Tiphys  se  réveilla;  il  ordonna  aussitôt 
à  ses  compagnons  de  monter  dans  le  navire  et  d*ajuster  les 
rames. 

Tout  à  coup,  un  bruit  terrible  fit  retentir  le  port  de 


CHANT    PREMIER  21 

Pagases,  et  Argo  elle-même,  en&nt  du  Pélion,qui  avait  hâte 
de  prendre  la  mer.  Car  dans  le  navire  une  poutre  divine 
avait  été  enfoncée,  qu'Athéné  avait  tirée  d'un  chêne  de 
Dodone  pour  l'adapter  au  milieu  de  l'étrave. 

Les  héros  montèrent  vers  les  bancs,  l'un  après  l'autre,  à 
la  file,  pour  se  mettre  chacun  à  la  place  oti  il  avait  été  fixé 
d'avance  qu'ils  devaient  ramer;  ils  s'assirent  en  bon  ordre, 
ayant  chacun  auprès  de  lui  ses  propres  objets  d'équipement. 
Au  milieu  s'installèrent  Ancaios  et  le  robuste  Héraclès,  qui 
plaça  près  de  lui  sa  massue,  et  sous  ses  pieds  la  quille  fut 
inondée  par  en  bas.  Déjà  on  retirait  les  câbles  et  on  versait 
sur  les  flots  les  libations  de  vin  pur.  Mais  Jason  détourna 
en  pleurant  les  yeux  de  la  terre  de  la  patrie. 

Quant  à  ses  compagnons,  tels  des  jeunes  hommes  qui  ont 
institué  un  chœur  de  danse  en  l'honneur  de  Phoibos,  soit 
à  Pytho,  soit  à  Ortygie,  ou  auprès  des  eaux  de  l'Isménos,  se 
tiennent  autour  de  l'autel  et,  au  son  de  la  phorminx,  frappent 
le  sol  en  cadence  de  leurs  pieds  rapides  :  tels,  au  son  de  la 
cithare  d'Orphée,  ils  frappaient  de  leurs  rames  l'eau  impé- 
tueuse de  la  mer;  les  vagues  bruyantes  grandissaient,  et,  des 
deux  côtés,  l'écume  jaillissait  de  la  mer  sombre,  qui  gémissait 
terriblement  sous  les  efforts  puissants  des  robustes  rameurs. 
Et,  au  soleil,  tout  l'armement  du  navire  en  marche  brillait 
comme  la  flamme;  et  toujours  la  suite  du  long  sillage 
blanchissait,  comme  un  sentier  de  traverse  que  l'on  aperçoit 
au  milieu  d'une  plaine  verte. 

Ce  jour-là,  du  haut  du  ciel,  toutes  les  divinités  regardaient 
le  navire  et  la  force  des  hommes  demi-dieux  qui,  pleins  de 
courage,  naviguaient  alors  sur  les  flots.  Aux  sommets  de 
la  montagne,  les  Nymphes  du  Pélion  se  tenaient,  saisies 
d'étonnement  à  la  vue  de  l'œuvre  d'Athéné  Tritonide,  et 
des  héros  eux-mêmes  dont  les  mains  faisaient  mouvoir  les 
rames.  Des  hauteurs  du  mont,  Chiron  Phillyride  descendit 
vers  la  mer  :  ses  pieds  se  mouillaient  dans  les  vagues  qui  se 
brisaient  en  blanchissant  d'écume;  sa  forte  main  leur  faisait 
de  nombreux  signes  d'encouragement,  et,  par  ses  cris,  il 


22  LES    ARGONAUTIQUES 

souhaita  à  ceux  qui  partaient  un  retour  exempt  de  soucis. 
Auprès  de  lui,  sa  femme,  qui  portait  dans  ses  bras  Achille 
Péléide,  le  présentait  à  son  père  chéri. 

V.  559-579-  Mais  eux,  une  fois  qu'ils  furent  sortis  du  rivage  circulaire 
qui  enferme  le  port,  grâce  à  la  sagesse  et  à  l'intelligence  du 
prudent  Agniade  Tiphys,  qui  tenait  avec  habileté  dans  ses 
mains  le  gouvernail  bien  poli,  afin  de  diriger  sûrement  le 
navire,  alors  ils  dressèrent  le  mât  immense  sur  la  poutre 
transversale  où  on  l'assujettit,  et  le  fixèrent  à  des  cordes 
tendues  des  deux  côtés.  Puis,  ils  déployèrent  la  voile  après 
l'avoir  tirée  jusqu'à  la  partie  supérieure  du  mât.  Le  vent 
se  lança  sur  elle  en  sifflant;  les  cordages  étaient  déjà  fixés 
chacun  à  sa  place,  autour  des  vergues,  par  des  anneaux  faits 
en  bois  bien  poli,  quand  ils  dépassèrent  tranquillement  le 
long  cap  Tisée.  Le  fils  d'Oiagros  leur  disait  sur  la  phorminx, 
dans  un  chant  harmonieux,  les  louanges  de  la  gardienne  des 
vaisseaux,  fille  d'un  père  illustre,  Artémis,  qui  veillait  sur 
ces  hauteurs  qui  dominent  la  mer,  protectrice  aussi  de  la  terre 
d'Iolcos.  Les  poissons  cependant,  s'élevant  au-dessus  de  la 
surface  de  la  mer  profonde,  les  petits  au  milieu  des  monstres 
énormes,  suivaient  en  bondissant  les  routes  humides.  Telle 
parfois,  sur  les  traces  d'un  maître  rustique,  va  une  longue 
suite  de  brebis  qui  rentrent  au  bercail  bien  rassasiées 
'  d'herbes  :  le  berger  marche  devant,  en  modulant  harmo- 
nieusement sur  sa  syrinx  perçante  une  mélodie  pastorale; 
tels  les  poissons  suivaient,  et  le  vent  en  poupe  qui  frappait 
toujours  la  voile  à  coups  pressés  entraînait  le  navire. 

V.  580-608.  Bientôt  a  disparu  dans  la  brume  la  terre  des  Pélasges, 
riche  en  moissons;  déjà  leur  course  continue  laissait  en 
arrière  les  rocs  détachés  du  Pélion  ;  le  promontoire  Sépias 
semblait  se  retirer.  Sciathos,  que  la  mer  entoure,  apparaissait, 
et  au  loin  Peirésies  et  Magnésa,  et  le  tranquille  rivage  du 
continent  et  le  tombeau  de  Dolops.  C'est  là  que,  sur  le  soir, 
le  souffle  contraire  du  vent  les  força  d'aborder;  et,  pour 
honorer  le  héros,  ils  consumèrent  des  brebis,  à  la  tombée 
de  la  nuit,  comme  sacrifice  à  son  ombre.  La  mer  était 


CHANT    PREMIER  23 

gonflée  et  excitée  :  ils  restèrent  deux  jours  sur  ce  rivage,  dans 
l'inaction.  Mais,  le  troisième  jour,  ils  firent  partir  le  navire, 
ayant  tendu  très  haut  Timmense  voile.  Cette  côte  s'appelle 
encore  aujourd'hui  «le  lieu  de  départ  du  navire  Argo». 

En  partant  de  là,  ils  passèrent  au  large  de  Méliboia,  dont 
ils  évitèrent  le  rivage  et  la  grève  toujours  battue  par  les 
vents.  Au  matin,  ils  côtoyèrent  Homolé,  en  voyant  de  près 
cette  ville  qui  se  penche  vers  la  mer;  ils  ne  tardèrent  pas 
longtemps  à  franchir  l'embouchure  du  fleuve  Amyros.  Ils 
virent  ensuite  Eurymènes  et  les  vallées  humides  de  l'Ossa  et 
de  l'Olympe;  ensuite,  ils  passèrent  de  nuit  devant  Pallénées, 
bâtie  sur  la  pente  du  promontoire  Canastrée;  leur  course 
était  hâtée  par  les  souffles  du  vent.  Au  matin,  ils  étaient 
assez  avancés  pour  voir  s'élever  le  mont  Athos  de  Thrace. 
Lemnos  en  est  éloignée  de  toute  la  distance  qu'un  vaisseau 
de  transport  bien  équipé  peut  parcourir  depuis  le  matin 
jusqu'à  midi  :  et  cependant  l'ombre  du  sommet  de  l'Athos 
couvre  l'île  jusqu'à  la  ville  de  Myriné. 

Ce  jour-là,  ils  avaient  une  brise,  qui  devait  continuer  de 
souffler  toute  la  nuit  avec  une  grande  violence;  la  voile 
du  navire  était  gonflée.  Mais,  aux  premiers  rayons  du 
soleil,  le  vent  s'apaisa,  et  c'est  en  ramant  qu'ils  abordèrent 
à  la  stérile  Lemnos,  séjour  des  Sintiens. 

Dans  cette  île,  tout  le  peuple  des  hommes^  victime  des  v.  609-639. 
fureurs  des  femmes,  avait  été  misérablement  mis  à  mort, 
l'année  précédente.  Caries  hommes,  pris  de  haine  pour  leurs 
femmes  légitimes,  les  avaient  abandonnées  ;  ils  éprouvaient 
au  contraire  un  violent  amour  pour  des  captives  dont  ils 
s'emparaient,  en  ravageant  la  Thrace,  située  en  face  de 
Lemnos.  C'est  que  les  Lemniennes  étaient  poursuivies  par 
le  terrible  courroux  de  Cypris,  parce  que,  depuis  longtemps, 
elles  ne  l'avaient  pas  honorée  de  leurs  offrandes.  Oh! 
malheureuses,  tristement  insatiables  dans  leur  haine!  Ce  ne 
fut  pas  assez  de  tuer  leurs  maris  avec  les  captives  dans  leurs 
lits,  mais  elles  détruisirent  à  la  fois  tout  le  sexe  mâle,  afin 
de  n'avoir  pas  à  subir  de  représailles  pour  leur  crime  atroce. 


24  LES    ARGONAUTIQUBS 

Seule  entre  toutes,  elle  épargna  son  vieux  père,  Hypsipylé, 
fille  de  Thoas,  qui  régnait  sur  le  peuple.  Elle  le  mit  dans 
un  coffre  creux,  et  le  fit  ainsi  emporter  par  la  mer,  avec 
chance  pour  lui  d*échapper  à  la  mort.  En  effet,  des  pécheurs 
le  recueillirent  dans  l'île  anciennement  nommée  Oinoié, 
mais  qui,  dans  la  suite,  fut  appelée  Sicinos,  du  nom  de 
Sicinos  que  la  nymphe  Oinoié,  une  des  Naïades,  enfanta 
à  Thoas,  dont  elle  partageait  la  couche. 

Quant  aux  femmes  de  Lemnos,  s'occuper  des  troupeaux 
de  bœufs,  revêtir  les  armes  d'airain,  fendre  avec  la  charrue 
le  sol  des  champs  fertiles  en  blé,  cela  leur  semblait  à  toutes 
bien  plus  facile  que  les  travaux  d'Athéné,  qui  faisaient 
jusque  alors  leur  unique  occupation.  Cependant,  elles  tour- 
naient bien  souvent  les  yeux  vers  la  vaste  mer,  pleines 
d'une  terrible  inquiétude  :  quand  les  Thraces  viendraient-ils 
contre  elles?  C'est  pourquoi,  lorsqu'elles  aperçurent,  auprès 
de  l'île,  Argo  qui  arrivait  à  force  de  rames,  aussitôt,  toutes 
en  masse,  en  toute  hâte,  revêtues  de  leurs  armes  de  guerre, 
elles  se  mirent  à  sortir  des  portes  de  Myriné  et  à  se  répandre 
sur  le  rivage,  semblables  aux  Thyades  qui  mangent  la  chair 
crue  :  car  elles  pensaient  que  peut-être  les  Thraces  arrivaient. 
Avec  elles  était  Hypsipylé,  fille  de  Thoas,  revêtue  des  armes 
de  son  père.  La  foule  des  femmes  restait  muette,  incapable  de 
prendre  une  décision  :  si  grande  était  la  crainte  qui  planait 
sur  leurs  esprits. 
V.  640-656.  Cependant,  du  navire,  les  Argonautes  envoyèrent  Aitha- 
lidès,  héraut  rapide,  auquel  ils  confiaient  le  soin  des 
ambassades  et  le  sceptre  d'Hermès,  son  propre  père,  qui 
lui  avait  donné  de  toutes  choses  une  mémoire  inaltérable. 
Maintenant  encore  qu'il  s'en  est  allé  vers  les  terribles 
tournants  d'eau  de  l'Achéron,  l'oubli  n'a  pu  pénétrer  dans 
son  âme.  Or,  il  a  été  arrêté  par  le  destin  qu'une  alternative 
éternelle  le  ferait  tantôt  compter  parmi  ceux  qui  habitent 
sous  la  terre,  tantôt  parmi  les  hommes  qui  vivent  à  la 
clarté  du  soleil.  —  Mais  quelle  nécessité  de  raconter  la  suite 
des  récits  qui  ont  rapport  à  Aithalidès?  C'est  lui  qui,  en 


CHANT    PREMIER  25 

cette  circonstance,  persuada,  par  de  douces  paroles,  à 
Hypsipylé  de  recevoir  ceux  qui  arrivaient  :  le  jour  tombait, 
ils  ne  passeraient  que  la  nuit;  —  mais,  le  lendemain  matin, 
ils  ne  détachèrent  pas  les  amarres,  car  le  vent  Borée  soufflait. 

De  leur  côté,  les  femmes  de  Lemnos  allaient  par  la  ville 
pour  se  réunir  en  séance  à  l'agora;  car  Hypsipylé  elle-même 
les  avait  convoquées.  Toutes  étaient  déjà  rassemblées  en 
masse  :  aussitôt,  elle  leur  adressa  ces  paroles  d'exhortation  : 

«  O  mes  amies,  hâtons-nous;  envoyons  à  ces  hommes  des  V.  6s7«666. 
présents  de  nature  à  satisfaire  leur  cœur,  des  provisions, 
du  vin  agréable,  toutes  choses  qu'il  convient  d'emporter 
sur  un  navire.  De  la  sorte,  ils  resteront  toujours  hors  de 
l'enceinte  de  nos  tours;  n'ayant  aucun  besoin  de  venir  chez 
nous,  ils  ne  sauront  rien  d'exact  sur  notre  compte.  Et  nous 
éviterons  que  des  bruits  funestes  ne  se  répandent  au  loin 
sur  nous.  Car  nous  avons  accompli  une  action  terrible  qui, 
s'ils  l'apprenaient,  ne  leur  serait  guère  agréable.  Telle  est  la 
pensée  qui  s'est  présentée  à  nous.  Si  quelqu'une  de  vous  a 
dans  Pesprit  quelque  dessein  meilleur,  qu'elle  se  lève  :  car 
c'est  pour  cela  que  je  vous  ai  rassemblées  ici.  » 

Elle  parla  en  ces  termes,  et  s'assit  sur  le  trône  de  pierre  de  V.  667-696. 
son  père.  Après  elle,  sa  chère  nourrice  Polyxo  se  leva.  Elle 
chancelait  sur  ses  pieds  contractés  par  la  vieillesse;  elle 
s'appuyait  sur  un  bâton.  Cependant,  elle  désirait  ardem- 
ment prendre  la  parole.  Quatre  jeunes  filles,  quatre  vierges, 
assistaient  la  vieille  femme,  qui  était  couverte  comme  d'un 
duvet  de  cheveux  blancs.  Elle  se  leva  donc  au  milieu  de 
l'agora,  et,  dressant  avec  peine  autant  qu'elle  le  put  son 
cou  sur  son  dos  voûté,  elle  prononça  ces  paroles: 

«Sans  doute,  envoyons  des  présents  à  ces  étrangers, 
comme  le  veut  Hypsipylé  :  c'est  en  effet  le  meilleur  parti. 
Mais  comment  pensez-vous  que  nous  pourrons  jouir  de  la 
vie,  si  nous  sommes  attaquées  par  l'armée  thrace  ou  par 
quelque  autre  ennemi?  De  telles  invasions  sont  fréquentes 
parmi  les  hommes  :  aujourd'hui,  par  exemple,  cette  troupe 
arrive  à  l'improviste.  Si  quelqu'un  des  dieux  bienheureux 


26  LES    ARGONAUTIQUES 

détourne  un  semblable  malheur,  bien  d'autres  vous  sont 
réservés,  pires  encore  que  l'attaque  des  ennemis.  Quand  les 
vieilles  femmes  seront  mortes,  quand  vous,  les  plus  jeunes, 
vous  serez  arrivées  sans  enfants  à  une  détestable  vieillesse, 
comment  vivrez- vous  alors,  malheureuses?  Croyez- vous 
que,  dans  les  champs  aux  sillons  profonds,  les  bœufs  iront 
d'eux-mêmes  se  mettre,  pour  vous,  sous  le  joug,  et  tireront  à 
travers  la  jachère  la  charrue  qui  fend  le  sol?  Croyez-vous  que, 
l'année  révolue,  ils  couperont  eux-mêmes  vos  moissons? 
Quant  à  moi,  si  jusqu'à  présent  les  Kères  ont  craint  de  me 
faire  mourir,  je  pense  bien  que,  l'année  prochaine,  la  terre  me 
couvrira.  On  m'aura  rendu  les  honneurs  funèbres,  comme 
il  est  juste,  avant  que  cette  calamité  n'arrive.  C'est  aux  plus 
jeunes  que  je  demande  de  bien  songer  à  ces  choses.  Main- 
tenant, en  elSet,  le  moyen  de  salut  est  à  votre  portée,  devant 
vous  :  c'est  de  confier  à  ces  étrangers  vos  maisons,  tous  vos 
biens  et  le  gouvernement  de  cette  illustre  ville.  » 
V.  69^73o.  Elle  parla  ainsi,  et  un  tumulte  approbateur  emplit  l'agora  ; 
car  ce  discours  leur  plaisait.  Aussitôt  après  Polyxo, 
Hypsipylé  se  leva  de  nouveau,  et,  prenant  à  son  tour  la 
parole,  elle  dit  : 

«  Si  ce  projet  vous  plaît  à  toutes,  je  vais  envoyer  sur-le- 
champ  une  messagère  au  navire.  » 

Elle  dît,  et  s'adressa  à  Iphinoé,  placée  à  ses  côtés  :  «  Fais- 
moi  le  plaisir  de  te  lever,  Iphinoé;  va  demander  de  venir 
chez  nous  à  cet  homme,  quel  qu'il  soit,  qui  commande 
l'expédition  :  j'ai  à  lui  communiquer  une  résolution  de  mon 
peuple  qui  lui  plaira.  Quant- à  ses  compagnons,  invite-les, 
s'ils  le  veulent,  à  entrer  sur  notre  terre  et  dans  notre  ville, 
sans  rien  craindre  et  avec  des  sentiments  de  paix.  » 

Elle  dit,  et  renvoya  l'assemblée;  puis  elle  se  leva  pour 
rentrer  chez  elle.  De  son  côté,  Iphinoé  alla  vers  les  Minyens» 
Ils  lui  demandèrent  dans  quelle  pensée  elle  venait  vers  eux; 
aussitôt,  elle  leur  adressa  la  parole,  et  son  discours  répondait 
à  la  fois  à  toutes  leurs  interrogations  : 

«  C'est  la  fille  de  Thoas,  Hypsipylé,  qui  m'a  envoyée  ici 


CHANT    PREMIER  27 

pour  appeler  le  chef  du  navire,  quel  qu'il  soit.  Elle  doit  lui 
communiquer  une  résolution  de  son  peuple  qui  lui  plaira. 
Quant  à  vous,  elle  vous  invite,  si  vous  le  voulez,  à  entrer 
tout  de  suite  sur  notre  terre  et  dans  notre  ville,  avec  des 
sentiments  de  paix.  » 

Elle  parla  ainsi,  et  ce  discours  honnête  leur  plut  à  tous. 
Ils  supposèrent  que  Thoas  était  mort,  et  qu'Hypsipylé,  sa 
fille  unique,  régnait  à  sa-place.  Ik  envoyèrent  aussitôt  Jason, 
et  firent  eux-mêmes  leurs  préparatife  de  départ. 

Le  héros  agrafa  autour  de  ses  épaules  un  manteau  dou-  V.  Tai-Tsç. 
ble,  couleur  de  pourpre,  ouvrage  de  la  déesse  Tritonide 
Pallas,  qu'elle-même  lui  avait  donné  alors  que,  commençant 
la  construction  du  navire  Argo,  elle  disposait  les  premiers  étais 
destinés  à  le  soutenir  et  enseignait  à  régler  les  dimensions 
des  traverses.  Il  aurait  été  plus  facile  de  fixer  les  yeux  sur  le 
soleil  à  son  lever  que  de  supporter  l'éclat  de  ce  manteau.  Le 
fond  en  était  rouge,  et  les  bords  couleur  de  pourpre  pure.  A 
chaque  extrémité,  des  sujets  variés,  en  grand  nombre,  étaient 
tissés  avec  un  art  extrême. 

C'étaient  d'abord  les  Cyclopes,  courbés  sur  leur  ouvrage  ^*  730-734- 
éternel,  forgeant  la  foudre  pour  le  roi  Zeus.  Ils  étaient  déjà 
si  avancés  dans  sa  fabrication,  la  foudre  était  si  brillante 
d^à,  qu'il  n'y  manquait  plus  qu'un  seul  rayon;  et  ce  rayon 
s'étendait  sous  les  marteaux  de  fer,  étincelante  émanation 
du  feu  vigoureux. 

Puis,  les  deux  fils  de  l'Asopide  Antiopé,  Amphion  et  V.  735-741. 
Zéthos  :  auprès  d'eux  était  une  ville,  encore  sans  tours, 
Thèbes,  dont  il  venaient  de  jeter  avec  ardeur  les  fondements. 
Zéthos  portait  sur  ses  épaules  le  sommet  d'une  montagne 
escarpée;  il  semblait  peiner  sous  le  fardeau.  Auprès  de  luij 
Amphion,  chantant  sur  sa  phorminx  d'or,  marchait,  et  un 
rocher,  deux  fois  aussi  grand  que  celui  de  Zéthos,  suivait 
ses  pas. 

Plus  loin  était  tracée  la  déesse  aux  tresses  épaisses  et  v.  742-746. 
longues,  Cythéréia,  tenant  le  bouclier  commode  à  manier 
d'Ares.  Depuis  l'épaule  jusqu'au  coude  gauche,  sa  tunique 


28  LES    ARGONAUTIQUES 

était  entr'ouverte  au-dessous  du  sein:  en  face  d'elle,  son 
image  apparaissait,  visible  dans  le  bouclier  d*airain. 

V.  747-751*  Puis,  c'était  un  gras  pftturage  de  bœuis;  auprès  des 
bœufs,  les  Téléboens  combattaient  avec  les  fils  d'Électryon; 
ceux-ci  se  défendaient  :  les  autres,  les  brigands  de  Taphos, 
voulaient  les  dépouiller.  La  prairie,  couverte  de  rosée,  se 
teignait  du  sang  des  combattants;  mais  la  quantité  des 
voleurs  l'emportait  par  la  force  .sur  les  bergers  moins 
nombreux. 

V.  752-758.  Ensuite  était  tracé  le  combat  de  deux  chars.  Celui  qui 
courait  le  premier  était  conduit  par  Pélops,  qui  agitait  les 
rênes;  avec  lui,  sur  le  char,  Hippodaméia  était  sa  compagne. 
Le  suivant  à  la  course,  Myrtilos  poussait  ses  chevaux;  à 
son  côté,  Oinomaos,  ayant  saisi  sa  lance  en  main,  la  tendait 
en  avant.  Mais  l'essieu  fléchit  d'un  côté  et  se  brise  dans 
le  moyeu.  Oinomaos  tombe,  au  moment  oti  il  s'efforce  de 
transpercer  Pélops  par  derrière. 

V.  759-762.  Phoibos  Apollon  était  aussi  représenté,  robuste  enfant, 
quoique  encore  dans  un  âge  tendre,  lançant  des  flèches  sur 
un  insolent  qui  tirait  sa  mère  par  son  voile,  le  grand  Tityos, 
que  la  divine  Élaré  avait  enfanté,  mais  que  Gaia  avait 
nourri  et  mis  au  monde  de  nouveau. 

V.  7^-767.  Phrixos  le  Minyen  y  était  aussi.  Il  semblait  écouter  réelle- 
ment le  bélier,  et  celui-ci  avait  l'air  de  parler.  A  leur  vue,  on 
demeure  stupéfait;  l'esprit  est  le  jouet  d'une  illusion.  On 
s'attend  à  leur  entendre  prononcer  de  sages  paroles,  et,  dans 
cet  espoir,  on  les  contemple  longuement. 

V.  768-7^,  Tel  était  le  don  de  la  déesse  Tritonide  Athéné.  Jason  prit 
ensuite  dans  sa  main  droite  sa  lance  qui  frappait  au  loin, 
présent  d'hospitalité  qu'Atalante  lui  avait  donné,  après  lui 
avoir  fait  un  accueil  ami  sur  le  mont  Ménale.  Elle  avait  uii 
vif  désir  de  suivre  l'expédition  :  mais,  quant  à  lui,  il  s'occupa 
de  détourner  la  jeune  fille  de  son  projet,  dans  la  crainte 
des  discordes  pénibles  qui  auraient  pu  s'élever  par  amour 
pour  elle. 
Il  se  mit  donc  en  marche  pour  aller  vers  la  ville,  semblable 


CHANT    PREMIER  29 

à  un  astre  brillant  que  les  jeunes  filles,  enfermées  dans  une 
demeure  nouvellement  bâtie,  regardent  s'élever  au-dessus 
des  maisons;  leurs  yeux  sont  charmés  en  voyant  son  éclat 
rouge,  si  beau  au  milieu  du  ciel  obscur;  elle  se  réjouit,  la 
vierge  qui  attend  avec  impatience  le  jeune  homme  en  voyage 
parmi  les  peuples  étrangers,  celui  à  qui  ses  parents  l'ont 
fiancée,  et  pour  qui  ils  la  gardent.  Semblable  à  cet  astre,  le 
héros  s'avançait  sur  la  route  qui  mène  à  la  ville. 

Quand  Jason  et  ses  compagnons  eurent  franchi  les  portes 
et  furent  entrés  dans  la  ville,  les  femmes  du  peuple  s'agi- 
taient derrière  eux,  heureuses  d'un  tel  hôte.  Mais  lui,  les 
yeux  fixés  à  terre,  il  s'avança  sans  se  laisser  distraire, 
jusqu'au  moment  oti  il  eut  pénétré  dans  le  palais  splendide 
d'Hypsipylé.  A  sa  vue,  les  servantes  ouvrirent  les  portes 
à  deux  battants,  adaptées  à  des  montants  artistement  tra* 
vailles.  Alors  Iphinoé  s'empressa  de  le  conduire  à  travers 
une  belle  salle,  et  le  fit  asseoir  sur  un  siège  brillant  en  face 
de  sa  maîtresse*  Celle-ci  baissa  les  yeux,  et  ses  joues  virgi« 
nales  rougirent;  cependant,  toute  confuse,  elle  lui  adressa 
ces  paroles  pleines  d'une  flatteuse  habileté  : 

«  Etranger,  quelle  est  votre  idée  de  rester  si  longtemps  V«  793-833* 
établis  ainsi,  en  dehors  de  nos  murs?  En  effet,  notre  ville  n'est 
point  habitée  par  des  hommes  :  ils  sont  allés,  en  étrangers, 
cultiver  les  champs  fertiles  de  la  Thrace,  sur  le  continent. 
Toute  leur  méchanceté,  je  vais  la  dire  sincèrement  pour  que 
vous  la  connaissiez  à  fond,  vous  aussi.  Lorsque  Thoas,  mon 
père,  était  roi  des  habitants  de  Lemnos,  alors  nos  guerriers, 
quittant  leur  pays,  allaient  faire  des  incursions  sur  la  terre 
des  Thraces,  qui  habitent  en  face  de  nous;  ils  s'élançaient 
hors  de  leurs  navires,  dévastaient  les  étables,  et  ramenaient 
ici,  au  milieu  d'un  immense  butin,  des  jeunes  filles.  Ainsi 
s'accomplissait  le  dessein  de  la  fatale  déesse  Cypris,  qui  leur 
avait  mis  dans  l'âme  une  passion  criminelle,  ruine  de  leur 
raison.  Car  ils  prenaient  en  haine  leurs  femmes  légitimes, 
et,  obéissant  à  leur  folie,  ils  les  chassaient  de  leurs  demeures; 
et,  cependant,  ils  dormaient  auprès  de  ces  femmes  qu'ils 


3o  LES    ARGONAUTIQUBS 

avaient  amenées  captives,  conquises  à  la  pointe  de  la  lance  : 
les  malheureux!  Nous  avons  longtemps  tout  supporté:  peut- 
être  un  jour  leur  cœur  changerait-il.  Mais  il  doublait,  il 
s'accroissait  sans  cesse,  leur  mal  terrible.  Les  enfants  nés 
légitimement  dans  la  maison  étaient  méprisés,  et  une  race  de 
bâtards  commençait  à  grandir.  Les  choses  en  étaient  arrivées 
à  ce  point  que  les  jeunes  filles  vierges  et,  avec  elles,  les  mères, 
comme  des  veuves,  erraient  par  la  ville,  n^ligées  de  tous. 
Le  père  ne  s'inquiétait  pas  le  moins  du  monde  de  sa  fille, 
la  vit-il,  sous  ses  yeux,  mise  en  pièces  par  les  mains  d'une 
indigne  marfttre.  Les  fils  ne  pensaient  pas,  comme  aupa- 
ravant, à  garantir  leurs  mères  des  injures  outrageantes  ;  la 
sœur  n'était  plus  à  cœur  à  son  frère.  C'est  de  ces  filles 
captives  que  l'on  s'occupait  uniquement,  dans  la  maison,  aux 
chœurs  de  danse,  sur  la  place  publique,  dans  les  festins. 
Cela  fut  ainsi  jusqu'au  jour  où  un  dieu  mit  dans  nos  cœurs 
une  audace  qu'aucune  force  n'aurait  pu  arrêter:  une  fois 
qu'ils  revenaient  de  chez  les  Thraces,  nous  refusâmes  de  les 
recevoir  dans  l'enceinte  des  tours  ;  ils  pouvaient  ou  rentrer 
dans  des  sentiments  l^itimes,  ou  aller  avec  leurs  captives 
s'établir  quelque  part  ailleurs.  Mais  alors,  demandant  leurs 
fils,  tout  ce  qui  restait  en  ville  du  sexe  mâle,  ils  repartirent 
pour  le  pays  où  ils  sont  encore  maintenant,  habitants  des 
champs  neigeux  de  la  Thrace.  Ainsi  donc,  demeurez  au  milieu 
de  nous  :  faites  partie  de  notre  peuple.  Pour  toi,  si  tu  veux 
habiter  ici,  si  cela  te  plaît,  certes  les  honneurs  de  mon  père 
Thoas  te  seront  réservés.  Tu  ne  pourras,  je  crois,  rien 
reprocher  à  cette  terre  :  elle  est  plus  fertile  que  les  autres 
lies,  si  nombreuses  que  l'on  en  trouve  d'habitées  dans  la 
mer  Egée.  Va  donc  maintenant,  fais  route  vers  ton  navire, 
répète  nos  paroles  à  tes  compagnons,  et  ne  demeure  pas  plus 
longtemps  hors  de  la  ville  I  » 
V.  834-860.  Elle  parla  ainsi,  dissimulant  le  meurtre  qui  avait  été 
commis  sur  les  hommes.  Jason,  à  son  tour,  lui  adressa  la 
parole  avec  adresse  : 
«  Hypsipylé,  c'est  bien  volontiers  que  nous  accepterions 


CHANT    PREMIER  3l 

raimable  secours  que  tu  nous  offres,  alors  que  nous  avons 
besoin  de  toi.  Je  vais  revenir  en  ville,  quand  j'aurai  exposé, 
comme  il  convient,  toutes  tes  offres  à  mes  compagnons.  Mais 
que  l'autorité  royale,  que  l'île  de  Lemnos  restent  tiennes. 
Pour  moi,  ce  n'est  pas  dédain  si  je  refuse,  mais  de  terribles 
combats  me  réclament  en  hâte.  » 

Il  dit,  et  lui  toucha  la  main  droite;  aussitôt,  il  se  mit  en 
route  pour  revenir.  Autour  de  lui,  de  tous  côtés,  pleines  de 
joie,  des  jeunes  filles  sans  nombre  s'empressaient  jusqu'au 
moment  où  il  sortit  des  portes.  Bientôt  après,  sur  des  chariots 
rapides,  elles  descendaient  vers  le  rivage,  portant  de  nom- 
breux dons  d'hospitalité.  Déjà,  le  héros  avait  répété  avec 
soin  à  ses  compagnons  le  discours  qu'Hypsipylé  avait  tenu 
pour  les  appeler  dans  la  ville.  Elles  les  déridèrent  sans  peine 
à  venir  en  hôtes  dans  leurs  maisons.  Car  Cypris  leur  avait 
mis  dans  l'âme  un  doux  désir,  par  égard  pour  Héphaistos, 
le  dieu  plein  de  sagesse,  afin  que,  désormais,  grâce  à  l'arrivée 
de  ces  hommes,  la  population  de  Lemnos  fût  complète. 

L'Aisonide  partit  pour  la  demeure  royale  d'Hypsipylé. 
Les  autres  allèrent  un  peu  partout,  chacun  oti  le  hasard  le 
conduisait.  Excepté  Héraclès  :  il  resta  auprès  du  navire,  de 
son  plein  gré,  et,  avec  lui,  quelques  compagnons  choisis. 
Aussitôt,  la  ville  s'égaie  de  chœurs  de  danse  et  de  festins; 
elle  est  pleine  d'une  fumée  odorante  :  au-dessus  de  tous  les 
autres  dieux  immortels,  c*est  le  fils  illustre  d'Héra,  et  Cypris 
elle-même  que  l'on  se  conciliait  par  le  chant  et  les  sacrifices. 

On  différait  de  jour  en  jour  le  départ  sur  la  mer.  Ils 
seraient  restés  longtemps  à  s'oublier  dans  leur  séjour,  si 
Héraclès,  convoquant  ses  compagnons  loin  des  femmes,  ne 
leur  eût  adressé  ces  paroles  pleines  de  blâme  : 

«  Malheureux!  un  meurtre  commis  sur  des  concitoyens  y.  86i-S74. 
nous  tient-il  éloignés  de  la  patrie?  Est-ce  par  besoin  de  nous 
marier  que  nous  sommes  venus  de  notre  pays  ici,  dédaigneux 
des  femmes  de  chez  nous?  Est-ce  notre  plaisir  d'habiter  ici, 
pour  labourer  les  fécondes  campagnes  de  Lemnos?  Certes, 
ce  n'est  pas  ainsi  que  nous  conquerrons  de  la  gloire  à 


32  LES    ARGONAUTIQUES 

cohabiter  si  longtemps  avec  des  femmes  étrangères!  Et  lu 
toison,  ce  n'est  pas  quelque  dieu  qui  ira  l'arracher  pour 
nous  la  donner,  proie  qui  s'offrirait  d'elle-même  à  nos 
prières.  Rentrons  donc,  chacun  chez  soi;  quant  à  lui, 
laissez-le  s'éterniser  dans  le  lit  d'Hypsipylé,  jusqu'à  ce 
qu'il  ait  peuplé  Lemnos  de  ses  enfants,  et  qu'une  grande 
gloire  lui  soit  arrivée  ainsi  I  » 

V.  875-865.  C'est  en  ces  termes  qu'il  gourmanda  l'assemblée  :  en  face 
de  lui,  personne  n'osa  lever  les  yeux,  ni  prendre  la  parole. 
Loin  de  là,  aussitôt  après  la  réunion,  ils  allèrent  préparer 
leur  départ  en  hâte.  Mais  les  femmes  coururent  vers  eux 
dès  qu'elles  se  furent  rendu  compte  de  leur  projet.  Telles, 
autour  de  lis  splendides,  bourdonnent  des  abeilles,  qui  se 
répandent  hors  du  rocher  creux  qui  leur  sert  de  ruche;  au 
loin  s'étend  une  riante  prairie  baignée  de  rosée,  et,  dans 
leur  vol  d'une  fleur  à  l'autre,  elles  expriment  les  sucs  les 
plus  doux  :  telles,  ces  femmes,  en  larmes,  se  répandaient 
autour  des  hommes;  elles  ne  les  quittaient  pas;  par  leurs 
gestes  et  leurs  paroles,  elles  montraient  leur  empressement 
auprès  de  chacun  d'eux,  priant  les  dieux  immortels  de  leur 
accorder  un  retour  exempt  de  toute  peine. 

V.  886-909.  Ce  fut  aussi  la  prière  d'Hypsipylé  :  elle  prit  les  mains  de 
l'Aisonide,  et  le  regret  de  celui  qui  partait  faisait  couler  ses 
larmes: 

«  Va,  et  que  les  dieux  te  ramènent  avec  tes  compagnons 
sains  et  sauSs,  portant  au  roi  la  toison  d'or;  que  tout  se 
passe  suivant  tes  vœux,  comme  tu  le  désires.  Cette  île  et  le 
sceptre  de  mon  père  seront  toujours  pour  toi,  si  jamais,  à 
ton  retour,  tu  veux  revenir  ici.  Facilement  tu  pourrais  y 
amener  d'autres  villes  un  peuple  immense.  Mais  cette  pensée 
tu  ne  l'auras  pas,  et  moi-même  je  ne  pressens  pas  que  ces 
choses  s'accomplissent  :  toutefois,  et  pendant  ton  voyage,  et 
quand  tu  seras  rentré  dans  ta  patrie,  souviens-toi  d'Hyp- 
sipylé. Laisse- moi  tes  instructions,  que  j'exécuterai  avec 
bonheur,  si  les  dieux  me  permettent  de  devenir  mère.  » 
Le  fils  d'Aison  répondit  ainsi,  plein  d'égards  pour  elle: 


CHANT    PREMIER  33 

«  Hypsipylé,  puissent  les  événements  tourner  aussi  bien,  les 
dieux  le  voulant.  Mais  toi,  prends  de  moi  une  meilleure 
opinion  :  tout  ce  que  je  demande,  c'est  de  pouvoir  habiter 
ma  patrie,  avec  le  consentement  de  Pélias,  pourvu  que  les 
dieux  me  laissent  sortir  des  combats!  Mais  si  la  destinée  ne 
veut  pas  que  de  mon  lointain  voyage  je  revienne  sur  la 
terre  d*Hellade,  et  si  tu  as  mis  au  monde  un  enfant 
mâle,  envoie-le,  quand  il  sera  parvenu  à  la  puberté,  dans 
lolcos  Pélasgienne,  à  mon  père  et  à  ma  mère,  pour  qu'il 
console  leur  deuil,  si  toutefois  ils  sont  encore  vivants.  Et, 
loin  du  roi  Pélias,  dans  leur  palais,  ils  se  relèveront  à  leur 
foyer.  » 

Il  dit,  et  il  monta  sur  le  navire  le  premier  :  et  les  autres  V.  910-921. 
héros  y  montèrent.  Ils  prenaient  les  rames  dans  leurs  mains, 
après  s'être  assis  à  leur  place.  Argos  leur  détacha  le  câble  de 
la  roche  marine  oti  il  était  fixé;  et  déjà,  à  grands  efforts,  ils 
fendaient  l'eau  de  leurs  longues  rames.  Vers  le  soir,  sur 
les  conseils  d'Orphée,  ils  abordèrent  à  l'île  de  l'Atlantide 
Électra,  pour  apprendre,  dans  les  saintes  cérémonies  de 
l'initiation,  ces  arrêts  des  dieux  qu'on  ne  peut  répéter,  et 
pour  continuer  ensuite,  avec  plus  de  sûreté,  leur  voyage  sur 
la  mer  effrayante.  Mais  je  ne  parlerai  pas  davantage  de  ces 
initiations.  Salut  à  cette  île,  salut  à  ces  dieux  indigènes, 
maîtres  de  mystères  qu'il  ne  m'est  pas  permis  de  chanter  I 

Partis  de  là,  ils  parcoururent  à  la  rame  la  vaste  étendue  V.  922-935. 
du  golfe  Mêlas,  ayant  d'un  côté  la  terre  des  Thraces,  de  l'autre 
et  au  nord,  l'île  d'Imbros.  Puis,  peu  de  temps  après  le  coucher 
du  soleil,  ils  arrivèrent  à  la  pointe  dé  la  Chersonèse.  Là,  un 
rapide  vent  du  midi  vint  souffler  à  leur  aide;  ayant  disposé 
la. voile  pour  prendre  la  brise,  ils  se  lancèrent  dans  les 
difficiles  courants  de  la  fille  d'Athamas.  Ils  avaient  laissé  au 
nord  l'autre  mer  dès  le  matin,  et,  à  la  nuit,  ils  arpentaient 
les  fiots  limités  par  le  rivage  Rhœtéien,  ayant  à  leur  droite 
la  terre  Idéenne.  Laissant  de  côté  Dardanie,  ils  abordaient  à 
Abydos;  ensuite,  ils  dépassaient  Percoté,  la  côte  sablonneuse 
d'Abarnis,  et  la  divine  Pityéia;  et,  cette  nuit  même,  après 


34  LES    ARGONAUTIQUBS 

que  le  navire  eut  couru  tantôt  d'un  côté,  tantôt  de  l'autre, 
ils  arrivèrent  au  terme  de  THellespont,  rembruni  par  les 
tourbillons  qui  l'agitent. 

V.  936-960.  Il  est,  dans  la  Propontide,  une  presqu'île  élevée,  non  loin 
du  continent  phrygien,  riche  en  blés.  Autant,  d'un  côté,  elle 
s'incline  vers  la  mer,  aussi  loin,  d'autre  part,  entouré  de 
flots  mugissants,  un  isthme  descend  vers  la  terre  ferme.  Ses 
rivages,  accessibles  des  deux  côtés,  sont  situés  au-dessus  du 
fleuve  Aisépos. 

Les  peuples  qui  demeurent  aux  environs  appellent  cet 
endroit  la  montagne  des  Ours:  mais  il  a  des  habitants  sau- 
vages et  féroces,  enfants  de  Gaia,  étranges  prodiges  aux  yeux 
de  leurs  voisins.  Car  ils  font  mouvoir  chacun  six  bras  d'une 
force  extrême  :  deux,  fixés  à  leurs  robustes  épaules,  et  les 
quatre  autres,  plus  bas^  adaptés  à  leurs  flancs  monstrueux. 
L'isthme  et  la  plaine,  située  en  face,  étaient  habités  par  des 
hommes  Dolions.  Celui  qui  leur  commandait  était  un  héros, 
fils  d'Aineus,  Cyzicos,  que  la  fille  du  divin  Eusoros,  Ainété, 
avait  mis  au  monde.  Quoique  bien  terribles,  les  enfants  de 
Gaia  n'attaquaient  jamais  ce  peuple,  car  Poséidon  le  pro* 
tégeait;  de  lui,  en  effet,  les  Dolions  étaient  issus  à  l'origine. 
C'est  en  ce  pays  qu'Argo  aborda,  poussée  par  les  vents  de 
Thrace;  le  port  Calos  l'accueillit  dans  sa  course.  C'est  là 
aussi  que,  sur  les  conseils  de  Tiphys,  ils  détachèrent  la  pierre 
de  fond,  qui  était  petite,  et  la  laissèrent  auprès  d'une  source, 
de  la  source  d'Artacié.  Ils  en  prirent  une  autre  qui  convenait 
bien,  une  très  pesante.  Mais  celle  qu'ils  avaient  laissée  fut 
plus  tard,  suivant  l'arrêt  du  dieu  qui  lance  au  loin  les  traits, 
placée,  pierre  consacrée,  par  les  Ioniens,  compagnons  de 
Nélée,  dans  le  sanctuaire  d'Athéné,  protectrice  de  Jason. 

V.  961-988.  Pleins  de  dispositions  amicales,  tous  les  Dolions  et  Cyzicos 
lui-même  vinrent  à  la  rencontre  des  Argonautes,  dès  qu'ils 
eurent  appris  quelle  expédition  ils  avaient  entreprise,  quelle 
était  leur  race,  qui  ils  étaient.  Ils  les  reçurent  avec  hospitalité 
et  leur  persuadèrent  de  pénétrer  plus  avant,  à  force  de  rames, 
pour  fixer  dans  le  port  de  la  ville  les  amarres  du  navire.  Ils 


CHANT    PREMIER  35 

élevèrent  alors  à  Apollon,  qui  préside  aux  débarquements,  un 
autel  établi  sur  le  rivage,  et  ils  s'occupèrent  des  sacrifices. 
Le  roi  lui-même  leur  donna  le  vin  exquis  dont  ils  avaient 
grand  besoin,  et  aussi  des  moutons.  Car  un  oracle  lui  avait 
dit  que  lorsqu'il  viendrait  une  divine  expédition  de  héros,  il 
faudrait  aussitôt  la  recevoir  avec  bienveillance,  loin  d'avoir 
contre  elle  des  desseins  hostiles.  Semblable  à  Jason,  le 
premier  duvet  de  la  jeunesse  croissait  sur  son  visage,  et 
il  ne  pouvait  pas  encore  se  glorifier  d'être  père.  Il  avait» 
dans  sa  demeure,  une  épouse  qui  ne  connaissait  pas  encore 
les  travaux  de  l'enfantement,  la  fille  du  Percosien  Mérops, 
Cleité  à  la  belle  chevelure,  qu'il  avait  récemment  emmenée, 
grftce  à  de  splendides  présents  de  noces,  hors  de  la  maison 
de  son  père,  située  de  l'autre  côté  de  la  mer.  Mais  il  laissa 
la  chambre  et  le  lit  nuptial  de  sa  jeune  femme,  pour  venir 
partager  leur  repas;  toute  crainte  était  bannie  loin  de  lui. 
Ils  s'interrogeaient  mutuellement  les  uns  les  autres;  lui,  U 
leur  demandait  quel  était  le  but  de  leur  voyage,  quels  étaient 
les  ordres  de  Pélias;  eux,  de  leur  côté,  ils  s'informaient  des 
villes  avoisinantes  et  de  toutes  les  sinuosités  de  la  vaste 
Propontide  :  malgré  tout  leur  désir  de  savoir,  il  ne  pouvait 
les  renseigner  au  delà.  Aussi,  à  l'aurore,  ils  gravissaient  le 
grand  mont  Dindymos,  pour  se  rendre  compte  par  eux- 
mêmes  des  routes  de  cette  mer.  Et  cependant,  quelques-uns 
d'entre  eux  faisaient  avancer  le  navire  de  son  premier 
mouillage  au  port  Chy  tos.  Le  chemin  par  lequel  ils  allèrent 
a  gardé  le  nom  de  route  de  Jason. 

Mais,  arrivant  de  l'autre  côté,  les  enfants  de  Gaia  se  v.  989-1011. 
précipitaient  de  la  montagne;  ils  obstruèrent,  en  lançant 
des  rochers  au  fond,  l'issue  du  vaste  port  Chytos  qui  va 
vers  la  mer.  Tels  des  chasseurs,  disposant  un  piège  pour  y 
enfermer  une  béte  sauvage.  Mais,  avec  les  plus  jeunes 
hommes,  Héraclès  était  resté  au  port,  et  aussitôt,  bandant 
son  arc  dont  il  ramenait  la  corde  en  arrière,  il  en  renversa 
bon  nombre  à  terre,  les  uns  sur  les  autres.  Eux,  de  leur 
côté,  ils  brandissaient  des  pierres  abruptes  qu'ils  lançaient. 


36  LES    ARGONAUTIQUES 

C'est  qu'une  déesse  suscitait  ces  monstres  terribles,  Héra, 
femme  de  Zeus  ;  car  cette  lutte  était  un  des  travaux  réservés  à 
Héraclès.  Se  joignant  à  leurs  compagnons,  les  autres  héros 
qui  revenaient  de  la  montagne,  avant  d'être  arrivés  à  l'en* 
droit  d'oti  ils  voulaient  observer  la  mer,  les  héros  vaillants 
commencèrent  à  mettre  à  mort  les  enfants  de  Gaia,  soit  à 
coups  de  flèches,  soit  en  les  accueillant  avec  leurs  lances; 
et  le  combat  dura,  jusqu'au  moment  oti  tous  ces  assaillants 
furieux  eurent  été  mis  en  pièces. 

Ainsi,  lorsque  les  bûcherons  jettent  en  longue  file  sur  la 
pente  abrupte  d'un  rivage  les  grands  troncs  d'arbres  qu'ils 
viennent  d'abattre  à  coups  de  hache,  afin  que  ces  arbres,  une 
fois  humectés  par  les  flots,  se  laissent  pénétrer  par  les  coins 
solides;  ainsi,  à  la  suite  les  uns  des  autres,  les  vaincus  gisaient 
étendus,  à  l'endroit  où  se  rétrécissait  le  port  aux  vagues  blan* 
ches  d'écume;  les  uns,  masse  serrée,  avaient  la  tête  et  la  poi« 
trine  plongées  dans  l'eau  salée;  le  reste  du  corps,  plus  élevé, 
s'étendait  sur  la  terre  ferme.  D'autres,  au  contraire,  avaient 
la  tête  sur  le  sable  du  rivage,  et  leurs  pieds  s'enfonçaient 
dans  la  mer.  Les  uns  et  les  autres  devaient  être  la  proie  des 
oiseaux  et  des  poissons. 
V.  ioia-1077.  Les  héros,  après  avoir  achevé  sans  crainte  cette  lutte, 
détachaient  au  souflle  du  vent  les  amarres  du  navire,  et 
poursuivaient  leur  route  plus  avant  au  travers  des  vagues 
gonflées  de  la  mer.  Argo  avait  couru  toute  la  journée  à  la 
voile;  mais,  à  l'arrivée  de  la  nuit,  le  souffle  du  vent  ne 
restait  pas  ce  qu'il  avait  été.  La  tempête  contraire  saisissait 
le  navire,  le  ramenait  en  arrière,  en  sorte  qu'ils  abordèrent 
de  nouveau  chez  les  Dolions  hospitaliers.  Les  héros  débar* 
quèrent  cette  même  nuit  :  encore  aujourd'hui  on  nomme 
<c  Pierre  Sacrée  »  la  pierre  autour  de  laquelle  ils  jetèrent  les 
amarres  du  navire,  s'étant  avancés  jusque-là. 

Aucun  d'eux  ne  fut  assez  avisé  pour  reconnaître  que 
c'était  la  même  presqu'île  qu'ils  avaient  naguère  quittée. 
Eux,  non  plus,  les  Dolions  ne  s'aperçurent  pas,  dans  la  nuit, 
que  c'étaient  réellement  les  héros  qui  revenaient;  mais  ils 


CHANT    PREMIER  Zj 

pensèrent  que  Tarmée  Pélasgienne  des  Macriens  venait 
d'aborder.  Aussi,  revêtant  leurs  armes,  ils  engagèrent  la 
bataille  avec  eux.  Ils  manœuvrèrent  les  uns  contre  les  autres 
de  la  lance  et  du  bpuclier  :  telle  la  rapide  violence  du  feu 
fait  rage,  quand  elle  s'est  abattue  sur  des  buissons  desséchés. 
C'est  ainsi  qu'une  attaque  terrible  et  violente  s'abattit  sur  le 
peuple  des  Dolions.  Et,  de  cette  bataille,  leur  roi  lui-même 
ne  devait  pas,  violant  l'ordre  des  destins,  revenir  chez  lui, 
dans  sa  chambre,  à  son  lit  nuptial.  Le  voyant  qui  se  tournait 
droit  contre  lui,  l'Aisonide  se  précipita  et  le  frappa  en  pleine 
poitrine,  et,  tout  autour,  les  os  furent  fracassés  par  le  coup 
de  lance.  Et  le  roi,  renversé  sur  le  sable,  accompli  t  sa  destinée. 
Car  il  n'est  jamais  permis  aux  mortels  de  l'éviter  :  c'est 
une  dure  barrière  qui,  de  tous  côtés,  s'étend  autour  d'eux. 
Cyzicos  se  croyait  bien  à  Tabri  de  tout  malheur  fâcheux  de 
la  part  des  héros;  et,  cette  nuit  même,  le  destin  l'enchaîna, 
alors  qu'il  combattait  contre  eux.  Beaucoup  d'autres  qui 
l'aidaient  dans  la  lutte  furent  tués.  Héraclès  tua  Téléclès  et 
Mégabrontès;  Acastos  dépouilla  Sphodris;  Pelée  se  rendit 
maître  de  Zélys  et  de  Géphyros,  agile  dans  les  combats; 
Télamon,  habile  à  manier  la  lance,  mit  à  mort  Basileus  ;  Idas 
tua  Promeus;  Clytios,  Hyacinthos;  et  les  deux  Tyndarides, 
Mégalossakès  et  Phlogios.  En  outre  de  ceux-ci,  le  fils 
d'Oineus  tua  l'audacieux  Itymoneus  et  Artakès,  qui  com-* 
battait  au  premier  rang;  tous  guerriers,  que  les  habitants 
du  pays  honorent  encore  du  culte  qu^on  rend  aux  héros. 

Le  reste  lâcha  pied  et  s'enfuit  de  frayeur,  comme,  devant 
les  éperviers  rapides,  s'échappe  en  tremblant  la  foule  des 
colombes.  Ils  se  précipitèrent  vers  les  portes,  troupe  en 
désordre;  aussitôt,  cette  retraite  d'une  lutte  lamentable 
remplit  la  ville  de  cris.  A  l'aurore,  on  reconnut  de  part  et 
d'autre  la  terrible,  l'irréparable  erreur.  Une  douleur  cruelle 
s'empara  des  héros  Minyens,  quand  ils  virent  le  fils  d'Aineus, 
Cyzicos,  étendu  devant  eux  dans  la  poussière  et  le  sang. 
Trois  jours  entiers,  ils  gémirent,  ils  arrachèrent  leurs 
cheveux,  eux  et  le  peuple  des  Dolions.  Ensuite,  avec  leurs 


38  LES    ARGONAUTIQUES 

armes  d'airain,  ils  firent  trois  fois  le  tour  du  tombeau, 
accomplirent  les  justes  cérémonies  funèbres,  et  instituèrent, 
comme  il  est  convenable,  des  jeux  dans  la  plaine  herbeuse 
oti,  encore  aujourd'hui,  le  tertre  du  tombeau  s'élève  à  la 
vue  de  la  postérité. 

Mais  Cleité,  femme  de  Cyzicos,  ne  survécut  pas  plus 
longtemps  à  la  mort  de  son  époux  :  à  ce  malheur,  elle  en 
ajouta  un  autre  plus  affreux,  car  elle  s'attacha  une  corde  au 
cou.  Sa  mort  fut  pleurée  par  les  Nymphes  des  bois  elles- 
mêmes.  Toutes  les  larmes  qui  de  leurs  yeux  coulèrent  vers 
la  terre,  les  déesses  en  firent  une  source  appelée  Cleité,  nom 
illustre  de  la  malheureuse  jeune  femme.  Ce  fut  un  jour  bien 
funèbre,  par  la  volonté  de  Zeus,  pour  les  femmes  des  Dolions 
et  pour  les  hommes.  Personne,  parmi  le  peuple,  ne  put 
goûter  à  la  moindre  nourriture;  et,  longtemps,  leur  douleur 
les  empêcha  de  broyer  le  grain  sous  la  meule;  mais  ils 
soutenaient  leur  existence  en  se  nourrissant  seulement  de 
grains  crus.  De  là  vient  qu'à  présent  encore,  au  jour  anni- 
versaire oti  les  Ioniens,  habitants  de  Cyzique,  répandent  des 
libations,  c'est  sous  la  meule  publique  que  le  grain  est  broyé 
pour  le  gâteau  des  sacrifices. 
V.  1078-1103.  Après  cela,  s'élevèrent  de  rudes  tempêtes,  qui,  pendant 
douze  jours  et  douze  nuits,  empêchèrent  les  héros  de  prendre 
la  mer.  Au  bout  de  ce  temps,  la  nuit  étant  venue,  déjà 
domptés  par  le  sommeil,  ils  dormaient  tous,  étendus.  C'était 
la  dernière  partie  de  la  nuit.  Acastos  et  Mopsos  Ampycide 
veillaient  sur  leur  profond  sommeil.  C'est  alors  qu'au-dessus 
de  la  tête  blonde  de  l'Aisonide,  un  alcyon  vola,  prédisant  par 
son  chant  clair  la  fin  de  la  tourmente  soulevée.  Mopsos  le 
comprit,  quand  il  eut  entendu  les  accents  de  bon  augure  de 
l'oiseau  qui  aime  les  rivages.  Bientôt,  suivant  l'ordre  de  la 
divinité  qui  l'envoyait,  l'oiseau  se  détourna  et  vint  se  poser 
çn  haut  de  la  poupe,  perché  à  l'endroit  le  plus  élevé.  Jason 
était  couché  sur  les  molles  toisons  des  brebis  :  Mopsos  alla 
le  secouer,  le  réveilla  aussitôt,  et  lui  adressa  ces  paroles  : 

a  Aisonide,'il  faut  que  tu  ailles  au  temple  du  Dyndimos 


CHANT    PREMIER  Bg 

escarpé,  apaiser  la  mère  de  tous  les  dieux,  qui  y  réside,  assise 
sur  un  beau  trône;  alors  cesseront  les  tempêtes  véhémentes. 
Voilà  ce  que  m'a  appris  le  chant  d'un  alcyon  marin  que  je 
viens  d'entendre;  il  a  volé  tout  autour  de  toi  et  au«dessu8 
de  ta  tête,  pendant  que  tu  dormais.  Certes,  les  vents  et  la 
mer,  aussi  bien  que  toute  la  terre  en  bas  et  en  haut  le  siège 
neigeux  de  l'Olympos,  tout  dépend  de  la  déesse.  Aussi, 
lorsque,  venant  des  montagnes,  elle  entre  dans  le  ciel 
immense,  le  Cronide  Zeus  lui-même  recule  devant  elle.  Et, 
de  la  même  manière,  tous  les  autres  dieux  immortels  entou' 
rent  d'honneur  la  terrible  déesse.  » 

Il  parla  ainsi,  et  ses  paroles  furent  agréables  à  celui  qui  V.  1103-1153. 
les  entendait;  Jason  s'élança  de  sa  couche,  et,  plein  de  joie,  il 
fit  lever  ses  compagnons,  les  excitant  tous  à  se  hâter.  Quand 
ils  furent  éveillés,  il  leur  exposa  le  présage  divin,  interprété 
par  l'Ampycide  Mopsos.  Aussitôt,  les  plus  jeunes  gens  firent 
sortir  des  boeufs  des  étables,  et  les  amenèrent  jusqu'au  plus 
haut  sommet  de  la  montagne.  D'autres,  ayant  détaché  les 
amarres  de  la  Pierre  Sacrée,  conduisirent  à  la  rame  le  navire 
dans  le  port  thrace.  Puis,  ils  se  mirent  en  marche  eux-mêmes, 
ne  laissant  à  bord  qu'un  petit  nombre  de  leurs  compagnons. 

Déjà  les  roches  Macriades  et,  de  l'autre  côté  de  la  mer, 
tout  le  pays  de  Thrace,  qui  semblait  sous  leurs  mains,  se 
découvraient  à  leur  vue.  Dans  la  brume,  apparaissait 
Vembouchure  du  Bosphore,  et,  plus  loin,  les  montagnes  de 
Mysie;  et,  d'autre  part,  le  courant  du  fleuve  Aisépos  et  la 
ville  et  la  plaine  Népéienne  d'Adrestéia. 

Là,  s'élevait  un  solide  cep  de  vigne,  né  dans  la  forêt,  que 
Tâge  avait  séché  jusqu'aux  racines.  Ils  le  coupèrent,  pour 
en  faire  un  simulacre  sacré  de  la  déesse  de  la  montagne. 
Argos  tailla  ce  bois  avec  art,  et  ils  l'établirent  sur  le  sommet 
escarpé,  à  l'abri  des  chênes  élevés,  les  plus  hauts  de  tous 
ceux  qui  sont  enracinés  dans  la  terre.  Puis  ils  construisirent 
un  autel  en  cailloutage,  et,  tout  autour,  couronnés  de 
feuilles  de  chêne,  ils  s'occupèrent  de  la  cérémonie  sacrée, 
invoquant  la  mère  du   Dindymos,  déesse  qui  habite  la 


4Ô  LES    ARGONAUTIQUES 

Phrygie,  vénérable  entre  toutes;  et,  en  même  temps,  Titias 
et  Cyllénos,  les  seuls  de  tous  que  Ton  nomme  les  conduc- 
teurs des  destins  et  les  associés  des  travaux  de  la  mère  du 
mont  Ida,  les  seuls  de  tous  ces  Dactyles  Cretois  de  Tlda,  nés 
de  la  nymphe  Anchialé,  qui  jadis  les  mit  au  monde,  dans 
une  caverne  du  mont  Dicté,  saisissant  à  deux  mains  la  terre 
Oiaxienne. 

L'Aisonide  suppliait  à  genoux,  en  versant  des  libations 
sur  les  victimes  enflammées;  en  même  temps,  d'après  les 
conseils  d'Orphée,  les  jeunes  gens  bondissaient  en  mesure, 
dansant  la  danse  armée;  ils  heurtaient  leurs  boucliers  de 
leurs  épées,  afin  d'égarer  dans  Tair  les  lamentations  de 
mauvais  augure  que  les  peuples  poussaient  encore  pour  les 
funérailles  du  roi.  De  là  vient  que  les  Phrygiens,  encore 
aujourd'hui,  se  rendent  Rhéa  propice  par  le  son  du  rhombe 
et  du  tympan. 

Ce[)endanty  accessible  aux  prières,  la  déesse  prêta  son 
attention  à  ces  cérémonies  pures;  les  signes  convenables  au 
caractère  de  la  déesse  se  manifestaient.  Les  arbres  produi- 
saient des  fruits  en  abondance,  et  la  terre  faisait  naître 
d'elle-même,  aux  pieds  des  héros,  les  fleurs  du  gazon  délicat. 
Les  bétes  féroces,  quittant  les  bois  épais  et  leurs  tanières, 
arrivèrent  en  remuant  la  queue  d'un  air  caressant.  La  déesse 
fit  éclater  aussi  un  autre  présage  :  jusque  alors  aucune  source 
n'arrosait  le  Dindymos,  et  voici  que,  pour  les  Argonautes, 
l'eau  se  mit  à  couler  du  sommet  aride,  sans  s'arrêter.  Et 
dans  la  suite,  les  hommes  qui  habitaient  auprès  de  cette 
fontaine  d'eau  bonne  à  boire  l'appelèrent  «  source  de  Jason  ». 
Mais,  en  ce  moment,  les  héros  préparèrent  sur  les  monts  des 
Ours,  en  l'honneur  de  la  déesse,  un  festin  oti  ils  célébrèrent 
Rhéa  très  auguste.  Vers  l'aurore,  les  vents  s'étant  apaisés, 
ils  quittèrent  la  presqu'île  à  la  rame. 
V.  1153-1186.  Une  émulation  excitait  chacun  des  héros  :  qui  d'entre 
eux  serait  le  dernier  à  cesser  de  ramer?  Autour  d'eux,  l'air 
n'étant  plus  agité,  avait  calmé  le  tournoiement  des  eaux  et 
endormi  la  mer.  Les  rameurs,  encouragés  par  la  tranquillité 


CHANT    PREMIER  41 

des  flots,  poussaient  toujours  à  grands  efiforts  le  navire  en 
avant.  Argo  bondissait  si  bien  sur  la  mer,  que  les  chevaux 
de  Poséidon,  aux  pieds  agiles  comme  les  tempêtes,  n'au- 
raient pu  l'atteindre.  Cependant,  les  vagues  s'étaient  excitées 
sous  l'action  des  fortes  brises  qui,  sur  le  soir,  venaient  de 
s'élever  des  fleuves;  épuisés  enfin,  ils  s'arrêtaient.  Alors,  ces 
hommes  qui  peinaient  de  toutes  leurs  forces,  c'est  Héraclès 
qui,  seul,  les  entraînait  par  la  vigueur  de  ses  bras;  à  lui  seul, 
il  mettait  en  mouvement  l'assemblage  des  bois  du  navire. 
Dans  leur  course  rapide  vers  le  rivage  des  Mysiens,  les  héros 
côtoyaient  l'embouchure  du  Rhyndacos  et  le  grand  tombeau 
d'Aigaiôn,  qui  était  en  vue,  un  peu  au-dessous  de  la  Phrygie  ; 
mais,  alors,  Héraclès  brisa  sa  rame  au  milieu,  en  soulevant 
les  sillons  de  la  mer  gonflée.  Tenant  à  deux  mains  l'un  des 
morceaux,  il  tomba  de  côté;  l'autre  morceau  fut  englouti 
par  le  reflux  des  vagues.  Le  héros  dut  s'asseoir,  oisif;  il 
restait  silencieux,  tournant  de  tous  côtés  des  yeux  étonnés  : 
car  ses  mains  n'avaient  pas  coutume  de  rester  en  repos. 

Or,  c'était  le  moment  où,  de  la  pleine  campagne,  le 
terrassier,  qui  creuse  le  sol  autour  des  arbres,  et  le 
laboureur  reviennent  avec  joie  à  leur  cabane,  avides  du 
souper.  Arrivé  à  sa  porte,  le  malheureux  se  repose;  ses 
genoux  sont  brisés,  la  poussière  le  dessèche;  il  considère 
ses  mains  broyées  par  le  travail,  et  maudit  longuement  son 
estomac  qui  a  besoin  de  nourriture.  C'est  à  ce  moment  de 
la  journée  que  les  héros  arrivèrent  aux  habitations  de  la 
terre  Cianide,  près  du  mont  Arganthonéios  et  de  l'embou- 
chure du  Cios.  Ils  venaient  en  amis;  les  Mysiens,  habitants 
du  pays,  les  reçurent  avec  hospitalité  et  leur  fournirent  les 
provisions  de  route  dont  ils  avaient  besoin  :  des  moutons 
et  du  vin  en  abondance.  Ensuite,  parmi  les  héros,  les  uns 
apportent  du  bois  sec,  les  autres  une  quantité  de  feuilles  et 
d'herbes  des  prairies,  amassées  pour  faire  des  lits.  D'autres 
faisaient  tourner  des  morceaux  de  bois  l'un  dans  l'autre, 
pour  les  allumer  par  le  frottement;  ou  bien  ils  mélangeaient 
le  vin  dans  les  cratères  et  préparaient  le  festin.  Au  crépuscule 


42  LES    ARGONAUTIQUES 

un  sacrifice  était  fait  en  l'honneur  d'Apollon,  qui  préside 
aux  débarquements. 

V.  1 187-1206.  Le  fils  de  Zeus  recommanda  bien  à  ses  compagnons  de 
préparer  le  repas,  et  il  partit  pour  la  foret;  il  avait  hâte 
de  se  fabriquer,  avant  tout,  une  rame  qui  fût  commode  à  sa 
main.  Après  avoir  erré  quelque  peu,  il  trouva  un  sapin  qui 
n'était  pas  chargé  de  beaucoup  de  branches,  ni  recouvert  de 
feuilles,  et  qui  ressemblait  à  la  tige  d'un  long  peuplier  noir; 
il  paraissait  en  effet  de  même  hauteur  et  de  même  épaisseur* 
Aussitôt  Héraclès  posa  à  terre  son  carquois  plein  de  flèches, 
avec  son  arc,  et  il  se  dépouilla  de  sa  peau  de  lion.  De  sa 
massue  consolidée  d'un  cercle  d'airain,  il  ébranla  le  tronc 
jusqu'à  la  racine,  et  l'entoura  par  en  bas  de  ses  deux  mains, 
confiant  dans  sa  force.  Solide  sur  ses  jambes  écartées,  il 
appliqua  avec  vigueur  contre  l'arbre  sa  large  épaule;  dans 
son  effort,  il  l'arracha  du  sol,  quoiqu'il  eût  de  profondes 
racines,  et,  avec  lui,  les  mottes  qui  le  retenaient  dans 
la  terre.  Aussi  vite  le  mât  d'un  navire,  au  moment  des 
tempêtes  excitées  par  le  déclin  du  funeste  Orion,  est,  d'un 
seul  coup,  enlevé  avec  ses  coins  eux-mêmes  des  câbles  qui  le 
maintiennent,  car  le  rapide  ouragan  se  précipite  d'en  haut  : 
aussi  vite  il  arracha  l'arbre.  Puis,  reprenant  son  arc,  ses 
flèches,  la  peau  qui  le  couvrait  et  sa  massue,  il  se  mit  en 
route  pour  revenir. 

V.  1207-1239.  Cependant  Hylas,  muni  d'un  vase  d'airain,  s'était  écarté 
de  l'assemblée  des  héros,  à  la  recherche  du  jaillissement  sacré 
d'une  source,  pour  prévenir  le  retour  d'Héraclès  en  puisant 
l'eau  nécessaire  à  son  repas,  et  en  s'occupant  avec  hâte  et 
avec  soin  de  tous  les  préparatifs.  Car,  depuis  sa  petite  enfance, 
il  était  nourri  par  Héraclès  dans  ces  habitudes,  depuis  que 
celui-ci  l'avait  enlevé  de  la  maison  de  son  père,  le  divin 
Théiodamas,  tué  misérablement  au  pays  des  Dryopes  par 
le  héros,  alors  qu'il  contestait  avec  lui  au  sujet  d'un  hœui 
de  labour.  En  effet,  victime  de  la  fatalité,  Théiodamas  fendait 
avec  sa  charrue  le  sol  d'une  jachère.  Héraclès  lui  ordonna 
de  livrer  ce  bœuf  laboureur,  et  Théiodamas  n'y  consentit 


CHANT    PREMIER  ^3 

pas.  C'est  que  Héraclès  cherchait  quelque  prétexte  déplorable 
pour  porter  la  guerre  chez  les  Dryo[)es,  parce  que  ces  hommes 
vivaient  sans  se  soucier  en  rien  de  la  justice.  Mais  tout  cela 
m*égarerait  bien  loin  de  ce  poème. 

Or,  Hylas  arriva  bien  vite  à  une  fontaine  que  les  habitants 
qui  en  sont  voisins  appellent  les  Sources.  Par  hasard,  en  ce 
moment,  des  chœurs  de  Nymphes  y  étaient  installés;  car 
toutes,  tant  qu'elles  étaient,  habitantes  de  ce  riant  promon- 
toire, elles  avaient  soin,  chaque  nuit,  de  célébrer  Artémis 
par  leurs  chants.  Toutes  celles  à  qui  le  sort  avait  assigné 
les  hauteurs  ou  les  grottes  des  montagnes,  celles  aussi  qui 
habitent  les  forêts  arrivaient  de  loin  :  et,  de  la  source  aux 
belles  ondes,  venait  de  s'élever  la  Nymphe  de  la  fontaine. 
Elle  aperçut  Hylas  près  d'elle,  brillant  de  beauté  et  de  grâces 
séduisantes;  car,  du  haut  du  ciel,  la  lune  dans  son  plein  le 
feisait  resplendir  sous  ses  rayons  éclatants.  Cypris  frappa 
le  cœur  de  la  Nymphe  :  dans  sa  stupeur,  elle  eut  peine  à 
rassembler  ses  esprits.  Mais,  dès  qu'il  eut  plongé  son  vase 
dans  le  courant,  en  se  penchant  de  côté,  dès  que  l'eau  en 
abondance  commença  à  s'engloutir  avec  bruit  dans  Tairain 
sonore,  aussitôt  la  Nymphe  lui  mit  sur  le  cou  son  bras 
gauche,  pleine  du  désir  de  baiser  sa  bouche  délicate;  de  sa 
main  droite,  le  saisissant  au  coude,  elle  l'entraînait  au 
milieu  du  tournant  d'eau. 

Il  criait  :  seul,  parmi  tous  ses  compagnons,  le  héros  V.  1240-1260. 
Polyphémos  Eilatide  l'entendit,  lui  qui  avait  fait  route  plus 
avant,  car  il  attendait  le  retour  du  grand  Héraclès.  Il 
s'avança  en  hâte  vers  les  Sources,  comme  un  animal  des 
forêts  à  qui  le  bêlement  des  moutons  est  arrivé  de  loin  :  la 
faim  le  rend  ardent,  il  se  précipite,  et  pourtant  il  ne  s'est 
pas  emparé  des  troupeaux;  car  auparavant  les  bergers  les 
ont  rentrés  dans  leurs  étables.  Mais  lui,  haletant,  pousse 
d'a£freux  hurlements,  jusqu'à  en  être  épuisé.  Tel  l'Eilatide 
gémissait  profondément;  il  allait  et  venait,  en  criant,  dans 
tous  les  endroits  d'alentour,  mais  c'est  en  vain  que  sa  voix 
retentissait. 


44  LES    ARGONAUTIQUES 

Tout  à  coup,  dégainant  sa  grande  épée,  il  se  mit  à  la 
recherche  d*Hylas;  il  craignait  que  l'enfant  devînt  la  proie 
des  bétes  sauvages,  ou  que,  étant  seul,  il  tombât  dans  quelque 
embuscade  des  habitants,  et  fût  emmené  par  eux,  facile 
butin.  Il  allait  ainsi,  brandissant  son  épée  nue  dans  sa 
main,  quand  il  se  rencontra  sur  sa  route  avec  Héraclès 
lui-même.  Il  reconnut  facilement  le  héros,  qui  se  hâtait  vers 
le  navire,  au  milieu  des  ténèbres.  Aussitôt,  il  lui  annonça 
le  malheur  déplorable  qui  venait  d'arriver;  sa  respiration 
était  pénible,  car  la  douleur  l'oppressait  : 

«Malheureux!  je  vais,  le  premier  de  tous,  te  dire  une 
nouvelle  bien  triste  :  Hylas,  qui  était  allé  à  la  source,  ne 
revient  pas  sain  et  sauf.  Mais  des  brigands  l'ont  saisi  et 
Tentrainent  de  force,  ou  des  bétes  le  dévorent.  Quant  à  moi, 
je  l'ai  entendu  crier.  > 

V.  1161-1273.  Il  dit  :  Héraclès  écoutait,  et  une  abondante  sueur  coulait 
de  ses  temf)es,  et  un  sang  noir  bouillonnait  dans  son  cœur. 
Hors  de  lui,  il  jeta  à  terre  le  sapin  qu'il  avait  en  main,  et 
se  mit  en  route,  courant  devant  lui,  oii  ses  pieds  l'empor- 
taient. Tel,  piqué  par  un  taon,  un  taureau  se  précipite: 
il  abandonne  les  prairies  et  les  marais;  il  ne  pense  plus  aux 
bergers,  ni  aux  troupeaux,  mais  il  poursuit  sa  course.  Tantôt 
il  va  sans  repos,  tantôt  il  s'arrête,  et,  élevant  sa  large  tête, 
pousse  un  mugissement;  car  le  taon  mauvais  le  torture. 
Ainsi  Héraclès,  dans  les  mouvements  impétueux  de  son  âme, 
tantôt  agite  ses  rapides  genoux,  longtemps,  sans  s'arrêter; 
tantôt,  il  interrompt  sa  course  pénible,  et  sa  grande  voix 
pénètre  au  loin. 

V.  1273-1295.  Mais,  au  moment  oti  l'étoile  du  matin  commençait  à 
briller  au-dessus  des  plus  hautes  cimes,  les  brises  revinrent. 
Aussitôt  Tiphys  ordonna  de  monter  en  navire  pour  profiter 
du  vent.  Ils  s'embarquèrent  sans  tarder,  pleins  d'entrain; 
ayant  tiré  à  eux  sur  le  navire  les  pierres  de  fond,  ils  halèrent 
les  câbles  sur  l'arrière.  Le  milieu  de  la  voile  se  gonfla  sous  le 
vent,  et,  loin  du  rivage,  ils  étaient  entraînés,  joyeux,  le  long 
du  cap  Posidéios.  Mais,  quand  l'aurore  sereine  resplendit, 


CHANT    PREMIER  4$ 

dans  le  ciel,  au  matin,  s'élevant  de  l'extrémité  de  l'horizon, 
alors  que  les  sentiers  paraissent  blancs  au  milieu  de  la 
campagne,  et  que  les  plaines  humides  de  rosée  brillent  d'un 
éclat  transparent,  alors  ils  s'aperçurent  que,  sans  y  prendre 
garde,  ils  avaient  laissé  leurs  compagnons. 

Une  violente  querelle  s'éleva  entre  eux,  un  tumulte 
affreux;  car  ils  s'en  allaient,  ayant  oublié  en  arrière  le 
meilleur  d'eux  tous.  Effrayé,  incapable  de  prendre  un  parti, 
l'Aisonide  ne  parlait  ni  dans  un  sens  ni  dans  l'autre.  Il 
restait  assis,  profondément  accablé  d'un  lourd  chagrin,  et 
se  rongeant  le  cœur.  Mais  Télamon,  .saisi  de  colère,  parla 
ainsi  : 

«Si  tu  restes  tranquille  comme  tu  l'es,  c'est  que  tu  avais 
tout  arrangé  pour  abandonner  Héraclès.  C'est  de  toi  que  ce 
dessein  est  parti;  car  tu  craignais  que  sa  gloire  par  toute 
l'Hellade  n'obscurcît  la  tienne,  si  toutefois  les  dieux  nous 
accordent  de  rentrer  chez  nous.  Mais,  à  quoi  bon  les  paroles? 
Car,  je  vais  me  séparer  de  tes  compagnons  qui  ont  préparé 
avec  toi  cette  perfidie!  » 

Il  dit,  et  se  précipita  sur  l'Agniade  Tiphys,  et  ses  yeux  V.  1296-1309. 
brillaient  comme  les  flammes  qui  s'élèvent  en  spirales  du 
milieu  d'un  feu  ardent.  Et,  certes,  ils  seraient  revenus  en 
arrière,  vers  la  terre  des  Mysiens,  à  force  de  lutter  contre  la 
mer  et  le  vent  qui  continuait  à  souffler  en  sens  contraire,  si 
les  deux  fils  du  Thrace  Borée  n'avaient  interpellé  l'Aiacide 
par  de  dures  paroles:  infortunés I  Une  terrible  vengeance 
leur  était  réservée  dans  l'avenir,  de  la  main  d'Héraclès, 
pour  avoir  empêché  qu'on  n'allât  à  sa  recherche.  Car,  au 
retour  des  combats  célébrés  aux  funérailles  de  Pélias,  ils 
fiirent  tués  par  Héraclès  dans  Ténos  que  la  mer  entoure; 
il  entassa  de  la  terre  autour  de  leurs  cadavres,  et  éleva 
au-dessus  deux  colonnes,  dont  l'une,  miracle  surprenant  aux 
yeux  des  hommes,  se  meut  au  souffle  du  retentissant  Borée.  Et 
ces  choses  devaient  s'accomplir  ainsi,  dans  la  suite  des  temps. 

Mais,  du  fond  de  la  mer  mugissante,  Glaucos  apparut  aux  V.  1310-1328. 
Argonautes,  Glaucos,  le  très  sage  interprète  du  divin  Nérée. 


46  LES    ARÛONAUTIQUES 

• 

Il  éleva  à  la  surface  de  l'eau  sa  tête  couverte  de  cheveux,  et 
le  haut  du  corps,  depuis  la  ceinture;  et,  saisissant  d'une 
main  robuste  les  flancs  du  navire,  il  leur  parla  ainsi  au 
milieu  de  leur  impétueuse  discussion  : 

«  Pourquoi  voulez-vous,  contrairement  au  dessein  du 
grand  Zeus,  amener  le  courageux  Héraclès  dans  la  ville 
d'Aiétès?  Le  destin  l'appelle  à  Argos,  pour  accomplir  les 
douze  travaux  jusqu'au  bout,  à  force  de  peine,  et  suivant 
les  ordres  de  l'injuste  Eurysthée;  puis,  il  doit  habiter  au 
foyer  des  immortels,  quand  il  aura  fini  le  petit  nombre 
de  travaux  qu'il  lui  reste  encore  à  exécuter.  Qu'il  n'y  ait 
donc  pas  de  regret  au  sujet  de  lui.  Quant  à  Polyphémos, 
l'ordre  fatal  est  qu'après  avoir  fondé  une  ville  illustre 
chez  les  Mysiens,  à  l'embouchure  du  Cios,  il  achève  son 
destin  dans  le  pays  immense  des  Chalybes.  Pour  Hylas, 
une  nymphe  divine  en  a  fait  son  époux  par  amour;  c'est  à 
cause  de  leurs  courses  errantes  à  sa  recherche  que  les  deux 
héros  ont  été  abandonnés.  » 

11  dit,  et,  ayant  plongé,  se  précipita  au  fond  de  la  mer 
agitée;  autour  de  lui,  bouleversée  par  les  tourbillons,  l'eau 
écumait,  éclatante  de  blancheur,  et  rejaillissait  sur  le  navire 
aux  flancs  creux. 
V.  1329-1344-  Les  héros  furent  remplis  de  joie;  l'Aiacide  Télamon  s'em- 
pressa de  marcher  vers  Jason,  et,  lui  ayant  pris  l'extrémité 
de  la  main  dans  la  sienne,  il  l'embrassa  et  parla  ainsi  : 

«  Aisonide,  ne  sois  point  irrité  contre  moi,  si,  dans  mon 
fol  emportement,  je  t'ai  blessé.  Car  la  douleur  m'a  fait  tenir 
un  discours  insolent  et  insupportable.  Que  les  vents  empor- 
tent cet  égarement,  et  soyons,  comme  par  le  passé,  bien- 
veillants l'un  pour  l'autre.  » 

Le  flls  d'Aison  lui  répondit  alors  avec  sagesse  : 

«  Ami,  tu  m'as  sans  doute  injurié  par  de  mauvaises  paroles, 
quand  tu  as  dit,  devant  tous  nos  compagnons,  que  je  me 
conduisais  mal  à  l'égard  d'un  homme  excellent.  Mais  je  ne 
nourris  pas  un  courroux  amer,  quoique,  sur  le  moment, 
j'aie  été  très  peiné.  Car,  enfin,  ce  n'est  pas  à  cause  de 


CHANT    PREMIER  47 

troupeaux  de  brebis  ou  de  richesses  que  tu  t'es  emporté 
contre  moi,  mais  au  sujet  d'un  de  nos  compagnons.  Et 
j'espère  que,  si  l'occasion  s'en  présente,  tu  soutiendras  de 
même  ma  querelle  contre  quelque  autre.  »  Il  dit,  et,  récon- 
ciliés, ils  reprirent  leurs  places  primitives. 

Quant  aux  deux  héros  laissés  en  arrière,  la  volonté  de  V.  1545-1357- 
Zeus  était  que  l'un,  l'Eilatide  Polyphémos,  fondât  chez  les 
Mysiens  une  ville  du  même  nom  que  le  fleuve  qui  la  baigne, 
et  que  l'autre  partit  pour  continuer  de  se  fatiguer  aux  travaux 
imposés  par  Eurysthée.  Mais  il  menaça  de  bouleverser,  avant 
de  partir,  le  pays  des  Mysiens,  si  on  ne  découvrait  ce  qu'était 
devenu  Hylas,  qu'il  fût  mort  ou  vif.  Les  Mysiens  donnèrent 
en  otage  à  Héraclès  des  enfants  choisis  parmi  les  plus  nobles 
du  peuple,  et  ils  s'engagèrent  par  serment  à  ne  jamais  cesser 
leur  travail  de  recherches.  Voilà  pourquoi  les  Cianiens 
recherchent  encore  maintenant  Hylas,  fils  de  Théiodamas, 
et  s'intéressent  à  Trachine,  la  ville  bien  construite.  Car 
c'est  là  qu'Héraclès  installa  les  enfants  que  les  Mysiens  lui 
donnèrent  à  emmener  de  chez  eux  en  otages. 

Pendant  tout  le  jour,  le  navire  fut  entraîné  par  le  vent,  et  v.  1358-1362. 
pendant  toute  la  nuit;  car  le  souffle  était  impétueux.  Mais 
il  n'y  avait  plus  la  moindre  brise  quand  l'aurore  se  leva.  Or, 
ayant  aperçu  un  rivage  qui  s'élevait  autour  d'une  baie,  et 
qui  semblait  très  vaste,  ils  y  abordèrent  à  la  rame,  au 
moment  où  le  soleil  commençait  à  briller. 


CHANT   II 


SOMMAIRE 


Provocation  d'Amycos(i-i8).  —  PoUax  accepte  de  lutter  conue  lui  (19-24).  —  Préparatift  du 
combat  du  ceste  (2^-66),  —  Le  comlMt;  dé&ite  et  mort  d'Amycos  (67-97).  —  I^cs  Bébryces 
veolent  venger  leur  roi  ;  bataille  ginérale  et  victoire  des  Argonautes  (98-1 S  3).  —  Repoa 
ée»  héroa  après  la  victoire  (1S4-163).  —  Départ  ;  arrivée  à  la  demeure  de  Phinée  (164-177). 

—  Histoire  de  Phinée;  il  fait  appel  &  la  compassion  des  Argonautes  (178-239). —  Zétès 
s'assure  de  la  véracité  de  Phinée  (240-261).  —  Zétés  et  Calais  chassent  les  Harpyes 
(262-300).  —  Prédiction  de  Phinée  (301-407).  —  Derniers  conseils  de  Phinée;  retour  des 
fils  de  Borée  (408-447).  —  Épisode  de  Paraibios  (448-499).  —  Origine  des  vetts  Étésiens 
(50O-$27).  —  Départ  des  Argonautes;  Athéné  aide  leur  navigation  au  travers  des  Sjrmplé- 
gades  ($  28-61 8).  —  Craintes  de  Jason  ;  ses  compagnons  Tencouragent  (619-647).  —  Arrivée 
d'Argo  à  rUe  Thynias;  apparition  d'Apollon  ;  cérémonies  en  l'honneur  du  dieu  (648-719). 

—  Les  Argonautes  abordent  au  pays  des  Mariandyniens  (720-7$!).  — •  Accueil  qui  leur  est 
fait  par  le  roi  Lycos  (752-814).  —  Mort  et  funérailles  d'Idmon  (8is-8$o).  —  Mort  de 
Ttphys;  Ancaios  le  remplace  comme  pilote;  les  héros  arrivent  à  l'embouchure  du  Calli- 
choros  (8>  I-9I0).  —  Apparition  de  l'ombre  de  Sthénélos  ;  le  navire  Argo  cAtoie  les  rivages 
d'Asie  jusqu'à  Sinopé  (911-94$).  —  Arrivée  des  Argonautes  au  cap  des  Amazones  ;  le 
navire  côtoie  la  terre  des  Chalybes  (946-1008).  —  Argo  c6toie  les  pays  des  Tibaréniens  et 
des  Mossynoiciens  (1009-1029)  —  Lutte  des  héros  contre  les  oiseaux  de  l*ile  Arétia 
(1030-1089).  —  La  tempête  jette  les  fils  de  Phrizos  sur  le  rivage  de  rtle(i09o-ii33).  — 
Jason  les  accueille  et  leur  expose  ses  projets  ;  Argos  dit  combien  il  sera  difficile  d'enlever 
la  toison  (1134-122$).  —  Arrivée  des  héros  en  Colchide  (1226-1283). 


À  étaient  les  étables  des  bœufs  et  la  demeure  Vers  t-i8. 
d'Amycos,  le  roi  superbe  des  Bébryces,  lui 
qu'enfanta  autrefois  la  nymphe  bithynienne 
Mélia,  unie  au  dieu  de  la  génération, 
Poséidon.  C'était  le  plus  insolent  des  hom- 
mes :  il  avait  même  coutume  d'imjyoser  aux 
étrangers  une  loi  injuste.  Personne  ne  pouvait  quitter  le 
pays  avant  de  s'être  essayé  contre  lui  au  pugilat;  il  avait 


50  LES    ARGONAUTIQUES 

ainsi  tué  beaucoup  d'hommes  des  peuples  voisins.  Alors 
aussi  il  vint  vers  le  navire  s'enquérir  de  ce  qui  avait  rendu 
l'expédition  nécessaire,  demander  aux  héros  qui  ils  étaient; 
il  les  traita  avec  un  souverain  mépris  et,  s'étant  avancé  au 
milieu  de  leur  assemblée,  il  parla  ainsi  :  «  Gens  qui  errez 
sur  la  mer,  écoutez  ce  qu'il  convient  que  vous  sachiez.  La 
loi  est  ici  que  nul  étranger  qui  a  abordé  chez  les  Bébryces 
ne  puisse  partir  avant  d'en  être  venu  aux  mains  avec  moi. 
Aussi,  choisissez-moi  le  plus  brave  de  votre  compagnie  et 
placez-le  ici  même,  seul,  en  face  de  moi,  pour  lutter  au 
pugilat.  Mais,  si  vous  négligez  mes  lois,  si  vous  les  foulez 
aux  pieds,  une  invincible  nécessité  vous  poursuivra  cruel- 
lement. B 

V.  19-24-  Il  parla  ainsi,  plein  d'orgueil;  eux,  en  entendant  ces 
paroles,  une  sauvage  colère  les  prit.  Mais  PoUux  surtout  se 
sentit  atteint  par  cette  provocation.  Il  se  leva  aussitôt, 
champion  de  ses  compagnons,  et  s'écria  :  «  Contiens-toi, 
maintenant  :  quel  que  tu  te  vantes  d'être,  n'étale  pas  devant 
nous  cette  violence  mauvaise.  Tes  lois,  nous  nous  y  sou- 
mettrons comme  tu  le  demandes.  Et  moi-même,  dès  à 
présent,  je  m'engage  bien  volontiers  à  lutter  contre  toi.  » 

V.  25-66.  Il  parla  ainsi,  sans  ménagements;  l'autre  le  regarda 
en  roulant  les  yeux;  tel  un  lion,  frappé  par  un  javelot, 
un  lion  que  des  hommes  attaquent  dans  les  montagnes. 
Enveloppé  par  leur  foule,  il  ne  s'inquiète  plus  d'eux,  mais  il 
regarde  seul  à  seul  celui  qui  Ta  blessé  le  premier,  et  qui  ne 
•l'a  pas  tué.  Alors  donc  leTyndaride  déposa  le  manteau  bien 
foulé,  finement  tissé,  qu'une  des  Lemniennes  lui  avait  donné 
comme  présent  d'hospitalité.  Amycos,  de  son  côté,  jeta  à 
terre,  avec  les  agrafes,  son  double  manteau  de  peau  de  couleur 
sombre  et  un  bâton  recourbé  qu'il  portait,  un  bâton  raboteux 
d'olivier  sauvage  né  sur  la  montagne.  Quand,  après  avoir 
regardé  de  tous  côtés  aux  environs,  ils  eurent  trouvé  un 
endroit  à  leur  convenance,  ils  placèrent  tous  leurs  compa- 
gnons sur  le  sable  du  rivage,  en  deux  troupes  séparées. 
Pour  ceux  qui  les  voyaient,  rien  d'égal  dans   les  deux 


CHANT    DEUXIÈME  5f 

adversaires:  ni  la  stature,  ni  la  prestance.  L'un  semblait 
le  fils  du  funeste  Typhoeus,  ou  même  l'être  monstrueux 
qu'autrefois  Gaia,  dans  sa  colère  contre  Zeus,  mit  au 
monde;  l'autre,  le  T/ndaride,  était  comparable  à  un  astre 
céleste  dont  la  vive  lumière  est  si  belle  quand  elle  resplendit 
dans  les  ombres  de  la  nuit.  Tel  était  le  fils  de  Zeus  :  un 
léger  duvet  poussait  encore  sur  ses  joues;  l'éclat  de  la 
jeunesse  brillait  encore  dans  ses  yeux.  Mais  sa  force,  son 
impétuosité  grandissaient  comme  celles  d'une  bête  féroce. 
Il  lançait  ses  bras  en  tous  sens  pour  voir  s'ils  se  mouvaient, 
agiles  comme  autrefois,  si  le  travail  continu  et  la  navigation 
à  la  rame  ne  les  avaient  pas  alourdis.  Amycos,  lui,  ne 
taisait  pas  l'essai  de  ses  forces;  mais  il  se  tenait  en  silence 
loin  du  Tyndaride,  les  yeux  fixés  sur  lui,  et  son  cœur 
bondissait,  tant  il  désirait  faire  couler  le  sang  de  la  poitrine 
de  son  ennemi.  Cependant  Lycoreus,  le  serviteur  d'Amycos, 
plaça  devant  chacun  d'eux,  à  leurs  pieds,  une  paire  de  cestes 
de  cuir  cru,  desséchés,  qui  étaient  devenus  très  durs.  Alors 
Amycos  adressa  à  son  adversaire  ces  paroles  arrogantes  :  «  De 
ces  deux  paires  de  cestes,  je  te  remettrai  en  mains  celle  que 
tu  voudras,  sans  tirer  au  sort.  Je  le  ferai  de  moi-même,  bien 
volontiers,  pour  que  tu  ne  puisses  pas  ensuite  m'adresser 
de  reproches.  Mets-les  autour  de  tes  mains;  et  puis  tu 
diras  à  d'autres,  en  connaissance  de  cause,  combien  je  suis 
habile  à  me  tailler  de  dures  lanières  dans  le  cuir  de  bœuf 
et  à  souiller  de  sang  les  joues  des  hommes.  » 

Il  dit  :  mais  PoUux  ne  lui  répondit  aucune  parole  d'injure; 
il  sourit  doucement  et  prit,  sans  hésiter,  les  cestes  placés  à 
ses  pieds.  Vers  lui  vinrent  Castor  et  le  grand  Talaos,  fils  de 
Bias;  ils  lièrent  rapidement  les  cestes  autour  de  ses  poignets, 
et,  par  beaucoup  de  paroles,  l'encouragèrent  à  la  valeur. 
Arétos  et  Ornytos  rendirent  le  même  office  à  Amycos  :  ils 
ne  se  doutaient  pas  —  ignorants  de  l'avenir!  —  que  c'était 
pour  la  dernière  fois  qu'ils  les  attachaient  à  cet  homme 
destiné  à  un  sort  funeste. 

Alors  donc  que  les  deux  adversaires  se  trouvèrent  placés  v.  67-97. 


52  LES    ARGONAUTIQUES 

à  quelque  distance  Tun  de  Tautre  et  munis  de  leurs  cestes, 
aussitôt  ils  élevèrent  devant  leur  visage  leurs  mains  devenues 
lourdes,  et  marchèrent  Tun  contre  l'autre,  pleins  de  fureur* 
Le  roi  des  Bébryces  s'élance  :  tel  le  flot  de  la  mer  se  dresse  et 
se  rue  contre  un  navire  rapide;  mais,  grâce  à  Thabileté  d'un 
sage  pilote,  le  navire  se  détourne  un  peu,  alors  que  le  flot 
fait  effort  pour  se  précipiter  à  travers  les  parois.  C'est  ainsi 
qu'il  faisait  fuir  et  poursuivait  le  Tyndaride,  sans  lui  donner 
de  relâche;  mais  celui-ci,  toujours  sans  blessure,  grâce  à  sa 
prudence,  reculait  devant  lui  en  bondissant.  Quand  il  se  fut 
rendu  compte  du  fort  et  du  faible  d'Amycos  au  cruel  pugilat, 
alors  il  s'arrêta  tout  à  coup  et  en  vint  furieusement  aux 
mains  avec  lui.  Ainsi,  lorsque  des  hommes  qui  travaillent 
le  bois  battent  à  coups  de  marteau  les  pièces  d*un  navire  qui 
résistent  aux  chevilles  aiguës,  et  les  fixent  de  la  sorte  les 
unes  par-dessus  les  autres,  en  même  temps  le  bruit  des  unes 
est  répercuté  par  le  bruit  des  autres.  Ainsi  leurs  joues  à 
tous  deux  et  leurs  mâchoires  craquaient  sous  les  coups; 
leurs  dents  grinçaient  d'une  manière  indicible.  Ils  ne 
cessèrent  leurs  coups  ininterrompus  qu'au  moment  où,  leur 
respiration  devenant  haletante  et  pénible,  ils  se  trouvèrent 
domptés  tous  les  deux.  Ils  s'écartèrent  un  peu  l'un  de  l'autre 
pour  essuyer  l'abondante  sueur  qui  coulait  de  leur  visage; 
essoufflés,  leur  respiration  était  pénible.  Mais  bientôt  ils 
se  précipitèrent  de  nouveau  l'un  contre  l'autre  :  tels  deux 
taureaux  qui  combattent  avec  fureur  pour  une  génisse 
engraissée  dans  les  pâturages.  Enfin,  Amycos  se  dressa  sur 
la  pointe  des  pieds,  comme  un  homme  qui  va  assommer  un 
bœuf;  il  prit  son  élan,  et  laissa  retomber  sa  lourde  main  sur 
PoUux;  mais  celui-ci  soutint  le  choc  en  détournant  la  tête, 
et  garantit  son  épaule  en  élevant  le  coude.  Ensuite,  faisant 
quelques  pas  vers  Amycos,  sans  se  hâter,  il  le  frappa  vio- 
lemment au-dessus  de  l'oreille  et  lui  brisa  les  os  à  l'intérieur 
de  la  tête;  la  souffrance  fit  tomber  le  roi  à  genoux  et  les 
héros  Myniens  poussèrent  des  exclamations;  mais  la  vie 
d'Amycos  s'en  alla  avec  rapidité. 


CHANT    DEUXIÈME  53 

Cependant  les  hommes  Bébryces  n'abandonnèrent  pas  V.  98-153. 
leur  roi  :  loin  de  là,  tous  ensemble,  armés  de  dures  massues 
et  d*épieux,  ils  marchèrent  droit  à  PoUux  et  se  lancèrent  sur 
lui.  Mais,  devant  le  héros  se  dressèrent  ses  compagnons, 
leurs  glaives  aigus  dégainés.  Le  premier.  Castor,  frappa 
un  assaillant  sur  la  tête;  et,  fendue  en  deux,  la  tête  retomba 
des  deux  côtés  sur  les  épaules  de  l'homme.  PoUux  était 
attaqué  à  la  fois  par  l'immense  Itymoneus  et  par  Mimas; 
celui-ci,  il  se  précipita  sur  lui  à  coups  de  pied,  le  frappa 
au-dessous  de  la  poitrine  et  le  fit  rouler  dans  la  poussière; 
celui-là  s'approchait  de  très  près  :  de  la  main  droite,  it 
Tatteignit  sur  le  sourcil  gauche,  déchira  la  paupière  et  laissa 
Tœil  à  nu.  Oreidès,  que  sa  force  faisait  un  des  plus  insolents 
compagnons  d'Amycos,  blessa  au  flanc  le  Biantide  Talaos. 
Mais  il  ne  le  tua  pas;  car,  sans  atteindre  les  intestins, 
l'airain  ne  fit  qu'entamer  légèrement  la  peau  au-dessous  de 
la  ceinture.  De  même,  Arétos  attaqua  et  frappa  de  sa  massue 
en  bois  dur  le  courageux  fils  d'Eurytos,  Iphitos,  qui  n'était 
pas  encore  marqué  pour  une  destinée  fatale  :  et  Arétos  devait 
lui-même  bientôt  périr  par  le  glaive  de  Clytios.  Et  alors 
Ancaios,  fils  audacieux  de  Lycourgos,  brandissant  vigoureu« 
sèment  une  hache  immense,  et  de  sa  main  gauche  tenant 
devant  lui,  comme  un  bouclier,  la  noire  dépouille  d'un  ours, 
Ancaios  se  lança  tout  à  coup  avec  impétuosité  au  milieu 
des  Bébryces;  en  même  temps  se  précipitaient  les  Aiacides, 
et,  avec  eux,  Jason,  cher  à  Ares.  Tels,  dans  les  parcs  des 
troupeaux,  par  un  jour  d'hiver,  des  loups  au  poil  gris 
effraient  la  foule  des  brebis  :  ils  se  sont  précipités  dans 
l'enclos,  sans  être  devinés  par  les  chiens  à  Todorat  subtil,  ni 
parles  bergers  eux-mêmes;  impatients,  ils  se  demandent  sur 
quelle  brebis  ils  vont  se  jeter,  quelle  ils  emporteront  la  pre- 
mière, et  cependant  ils  en  contemplent  beaucoup  à  la  fois; 
mais  elles  se  serrent  de  tous  côtés,  tombant  les  unes  contre 
les  autres.  Tels,  les  héros  frappaient  d'une  crainte  terrible 
les  Bébryces  insolents.  De  même  que  des  bergers  ou  des 
hommes  qui  s'occupent  de  recueillir  le  miel  enfument  un 


54  LES    ARGONAUTIQUES 

nombreux  essaim  dans  un  rocher  creux  :  les  abeilles,  d'abord, 
restent  quelque  temps,  foule  pressée,  à  s'agiter  en  bourdon- 
nant dans  leur  demeure;  mais,  une  fois  que  la  fumée  épaisse 
commence  à  les  étouffer,  elles  se  précipitent  hors  de  leur 
rocher.  Ainsi  les  Bébryces  résistèrent  peu  de  temps,  et 
bientôt  se  dispersèrent  à  l'intérieur  de  leur  pays  pour  an- 
noncer la  destinée  d'Amycos.  Malheureux!  Ils  ne  savaient 
pas  quelle  nouvelle  calamité,  quelle  calamité  funeste  les 
menaçait!  Car,  en  ce  moment,  ils  étaient  dévastés,  leurs 
vignobles  et  leurs  villages,  par  la  lance  acharnée  de  Lycos 
et  des  Mariandyniens,  qui  profitaient  de  l'absence  du  roi. 
Car  les  deux  peuples  ne  cessaient  de  combattre  au  sujet  du 
sol  riche  en  mines  de  fer.  Mais  les  héros  mettaient  déjà  au 
pillage  les  étables  et  les  bergeries;  ils  immolaient  un  bétail 
nombreux,  ramassé  de  tous  côtés.  Alors  l'un  d'eux  parla 
ainsi  :  «  Pensez  donc!  qu'auraient-ils  fait,  ces  gens-là,  avec 
leur  lâcheté,  si  quelque  dieu  avait  amené  Héraclès  ici?  Car 
je  compte  bien  que,  lui  présent,  le  combat  au  pugilat  n'aurait 
pas  même  eu  lieu.  Certes,  à  peine  Amycos  serait- il  venu 
établir  ses  lois,  la  massue  d'Héraclès  lui  aurait  fait  oublier 
à  la  fois  sa  férocité  et  les  lois  qu'il  a  établies.  Oui,  notre 
négligence  l'a  abandonné  sur  cette  terre  lointaine,  et  nous 
continuons  de  naviguer.  Mais  chacun  de  nous  éprouvera  des 
malheurs  désastreux  à  cause  de  son  absence.  » 
V.  154-163.  Ainsi  parla  ce  héros  :  mais  toutes  ces  choses  étaient  arrivées 
suivant  la  volonté  de  Zeus.  Ils  passaient  la  nuit  dans  cet 
endroit  :  ils  soignaient  les  blessures  de  ceux  qui  avaient  été 
atteints  ;  puis,  après  avoir  offert  des  sacrifices  aux  immortels, 
ils  apprêtèrent  un  riche  festin.  Aucun  d'eux  ne  se  laissa 
surprendre  par  le  sommeil  auprès  du  cratère  et  des  victimes 
sacrées  que  la  flamme  consumait.  Ayant  couronné,  au-dessus 
du  front,  leurs  chevelures  blondes  avec  les  branches  d'un 
laurier  voisin  de  la  mer  (les  amarres  du  navire  étaient  fixées 
à  l'arbre  et  aux  alentours),  Orphée  prit  sa  phorminx;  et  tous 
accompagnaient  la  phorminx  harmonieusement  en  chantant 
un  hymne  à  l'unisson;  tout  autour  des  chanteurs,  le  rivage 


CHANT    DEUXIÈME  55 

était  tranquille  et  joyeux;  c*est  le  fils  Thérapnaien  de  Zeus 
qu'ils  célébraient. 

Mais  lorsque  le  soleil  brilla  au-dessus  des  collines  couvertes  V.  164-177. 
de  rosée,  à  son  retour  des  extrémités  du  monde,  au  moment 
où  il  réveillait  les  pasteurs  de  brebis,  alors  ils  détachèrent  les 
amarres,  en  finissant  par  celle  qui  était  fixée  au  laurier,  et 
ils  mirent  leur  butin  sur  le  navire,  autant  qu'il  en  fallait 
emporter;  le  vent  favorable  les  conduisit  à  travers  le  Bosphore 
aux  fiots  tournoyants.  Et  là,  voici  qu'une  vague,  semblable  . 
à  un  mont  escarpé,  se  dresse  en  face  du  navire,  comme  si 
elle  voulait  s'y  précipiter;  et  toujours  elle  s'élève  jusque 
par-dessus  les  nuages.  On  croirait  impossible  d'échapper  à 
un  destin  funeste  :  car  elle  menace  en  plein  le  milieu  du 
navire,  la  vague  impétueuse,  la  vague  immense.  Et,  cepen- 
dant, elle  retombe  inoffensive,  si  elle  s'est  présentée  en  face 
d'un  pilote  expérimenté.  C'est  ainsi  que,  grâce  à  l'habileté 
de  Tiphys,  les  héros  échappaient  au  danger,  sains  et  saufs, 
mais  pleins  de  terreur.  Le  jour  suivant,  ils  attachèrent  les 
amarres  à  la  côte,  en  face  de  la  terre  de  Bithynie. 

C'est  là,  au  bord  de  la  mer,  que  l'Agénoride  Phinée  avait  V.  178-239. 
sa  demeure  :  lui  qui,  plus  que  tous  les  hommes,  eut  à  sup- 
porter de  funestes  maux,  à  cause  de  cette  science  de  devin 
que  le  Létoïde  lui  avait  autrefois  donnée  :  car  il  n'avait  pas 
eu  la  moindre  réserve,  et  ses  oracles  avaient  dévoilé  aux 
hommes  en  toute  exactitude  les  desseins  sacrés  de  Zeus  lui- 
même.  Aussi  le  dieu  lui  envoya  une  vieillesse  qui  devait 
durer  longtemps,  et  lui  ravit  la  douce  lumière  des  yeux.  Et 
il  ne  lui  permettait  pas  de  se  réjouir  des  nombreux  aliments 
que  portaient  en  foule  à  sa  demeure  les  habitants  du  voisi- 
nage, qui  venaient  sans  cesse  interroger  ses  oracles.  Car 
aussitôt,  du  haut  des  nuages,  se  précipitant  vers  lui  d'un  vol 
rapide,  les  Harpyes  venaient  continuellement  lui  arracher  à 
coups  de  becs  les  aliments  de  la  bouche  et  des  mains.  Tantôt 
elles  ne  lui  laissaient  rien,  tantôt  elles  lui  abandonnaient  un 
peu  de  nourriture,  juste  assez  pour  qu'il  pût  continuer  à 
vivre  en  souffrant  de  privations.  Et  elles  répandaient  sur  ces 


56  LES    ARGONAUTIQUES 

aliments  une  odeur  si  infecte  que  personne  n*eût  supporté, 
non  seulement  de  les  approcher  de  la  bouche,  mais  même 
de  s'en  tenir  à  quelque  distance.  Telle  était  la  puanteur  qui 
s'exhalait  des  restes  de  nourriture  qui  lui  étaient  laissés. 
Aussitôt  qu'il  entendit  les  voix  de  cette  troupe  d'hommes  et 
le  bruit  qu'ils  faisaient,  il  comprit  qu'ils  étaient  là,  ceux 
dont  l'arrivée,  suivant  l'oracle  de  Zeus,  devait  lui  permettre 
de  jouir  de  sa  nourriture.  Il  se  leva  de  sa  couche,  —  tel  un 
fantôme  sans  vie  qui  apparaît  en  songe,  —  appuyé  sur  un 
bâton,  et  ses  pieds,  contractés  par  Tâge,  le  menèrent  vers  la 
porte.  Il  tâtonnait  contre  les  murs;  dans  sa  marche,  ses 
membres  tremblaient  de  vieillesse  et  de  faiblesse;  la  misère 
avait  durci  sa  chair  desséchée;  il  n'avait  que  la  peau  et  les 
os.  Sorti  de  sa  demeure,  il  s'assit,  les  genoux  lourds,  sur  le 
seuil  de  la  porte.  Un  vertige  l'enveloppa;  un  voile  de  sang 
s'étendit  sur  lui,  il  lui  sembla  que  la  terre  tournait  sous  ses 
pieds,  et  il  tomba,  sans  voix,  dans  un  état  de  sommeil  stupide. 
Quand  les  héros  le  virent,  ils  s'assemblèrent  autour  de  lui 
pleins  d'étonnement.  Alors,  avec  grande  peine,  tirant  sa 
respiration  du  fond  de  sa  poitrine,  il  leur  adressa  ces  paroles 
qu'inspirait  sa  science  prophétique  : 

«  Ecoutez,  ô  les.meilleurs  de  tous  les  Hellènes,  si  vous  êtes 
réellement  ceux  que,  suivant  l'ordre  cruel  du  roi,  Jason 
conduit  vers  la  toison  d'or  sur  le  navire  Argo...  Mais  c'est 
vous  certainement,  car  mon  esprit  connaît  encore  toute 
chose  par  sa  science  de  l'avenir.  Grâces  te  soient  rendues,  ô 
roi,  fils  de  Létô,  même  au  milieu  de  mes  pénibles  misères! 
Par  Zeus,  protecteur  des  suppliants,  le  plus  terrible  des 
dieux  pour  les  hommes  criminels;  au  nom  de  Phoibos  et  de 
Héra  elle-même,  qui,  entre  toutes  les  divinités,  vous  protège 
particulièrement  dans  votre  expédition  :  je  vous  supplie! 
Soyez-moi  secourables;  arraches  à  son  malheur  un  homme 
infortuné.  Ne  vous  éloignez  pas  en  mabandonnant,  indiffé- 
rents à  mon  sort  :  car  ce  n'est  pas  seulement  sur  mes  yeux 
que  l'Érinys  s'est  ruée  à  coups  de  pied;  ce  n'est  pas  seule- 
ment une  vieillesse  interminableque  je  dois  traîner  jusqu'au 


CHANT    DEUXIÈME  Sj 

bout.  Mais  le  plus  amer  des  maux  s'ajoute  aux  autres.  Les 
Harpyes  m'arrachent  la  nourriture  de  la  bouche  :  elles  font 
irruption  de  quelque  repaire  funeste  et  mystérieux.  Aucune 
habileté  ne  peut  me  secourir  contre  elles  :  plutôt  que  de  les 
abuser,  j'abuserais  plus  facilement  mon  propre  esprit,  quand 
je  songe  à  me  nourrir;  telle  est  la  rapidité  de  leur  vol  à 
travers  les  airs.  Si  parfois  elles  me  laissent  quelque  chose  à 
manger,  il  s'en  exhale  une  odeur  de  pourriture  qui  n'est  pas 
supportable.  Aucun  mortel  ne  pourrait  s'en  approcher  de 
près,  pas  même  l'homme  dont  le  cœur  serait  cuirassé  de 
l'acier  le  plus  dur.  Cependant  l'amèrc,  l'invincible  nécessité 
me  force  à  rester  là  et  à  engloutir  cette  nourriture  dans  mon 
misérable  estomac.  Mais  ces  Harpyes,  la  parole  des  dieux 
déclare  que  les  fils  de  Borée  les  chasseront.  Et  ce  ne  sont  pas 
des  étrangers  qui  me  porteront  secours,  puisque  je  suis  ce 
Phinée,  célèbre  jadis  parmi  les  hommes  par  sa  fortune  et  son 
art  de  la  divination.  Le  père  qui  m'a  engendré  était  Agénor; 
et  la  sœur  des  Boréades,  Cléiopâtré,  alors  que  je  régnais  sur 
les  Thraces,  je  lui  fis  des  présents  de  noce,  et  je  la  conduisis 
comme  épouse  dans  ma  maison.  » 

Ainsi  parlait  l'Agénoride;  une  profonde  commisération  v.  240-261 
s'emparait  de  chacun  des  héros,  et  surtout  des  deux  fils  de 
Borée.    Ils  s'approchèrent  tous  deux,   en  essuyant    leurs 
larmes,  et  Zétès  adressa  ces  paroles  au  vieillard  affligé  dont 
il  tenait  la  main  dans  sa  main  : 

«  O  malheureux,  il  n'y  a,  je  le  proclame,  aucun  être  plus 
misérable  que  toi  parmi  les  hommes I  Pourquoi  tant  de 
maux  se  sont-ils  attachés  à  toi?  Sans  doute,  par  ta  fatale 
imprudence,  tu  as  péché  contre  les  dieux,  toi  si  habile  à  la 
divination!  Et  c'est  pourquoi  ils  ont  une  grande  colère  à  ton 
endroit.  Quant  à  nous  qui  souhaitons  te  secourir,  nous 
sommes  angoissés  jusqu'au  fond  du  cœur.  La  volonté  divine 
nous  a-t-elle  spécialement  réservé  ce  soin?  Car  ils  se  mani- 
festent terriblement  aux  habitants  de  la  terre,  l^s  reproches 
des  immortels.  Et  nous  n'écarterons  pas  de  toi  les  Harpyes 
quand  elles  viendront  —  nous  le  voudrions  bien  cependant  I 

8 


58  LES    ARGONAUTIQUES 

—  avant  que  tu  n'aies  juré  que  cette  action  ne  nous  rendra 
pas  haïssables  aux  dieux.  » 

Il  parla  ainsi  ;  mais,  ayant  fixé  sur  lui  les  prunelles  vides 
de  ses  yeux  grands  ouverts,  le  vieillard  lui  répondit  en  ces 
termes:  «  Tais-toi:  ne  va  pas  me  mettre  dans  Tesprit  de 
telles  idées,  ô  mon  enfant!  Qu'ils  soient  mes  témoins,  et  le 
fils  de  Létô,  qui,  dans  sa  bienveillance,  m'a  enseigné  l'art  de 
la  divination  ;  et  le  sort  odieux  qui  est  mon  partage;  et  cette 
nuée  obscure  répandue  sur  mes  yeux;  et  les  dieux  d'en  bas, 
qui,  une  fois  que  je  serai  mort,  se  montreraient  sans  pitié 
pour  mon  parjure  :  que  tous  soient  mes  témoins  I  Non, 
aucune  vengeance  divine  ne  vous  éprouvera  à  cause  du 
secours  que  vous  m'aurez  donné.  » 
V.  262-300.  Rassurés  par  son  serment,  les  fils  de  Borée  brûlaient  de  lui 
porter  secours.  Aussitôt,  les  plus  jeunes  des  héros  préparèrent 
le  repas  du  vieillard,  ce  repas  qui  devait  être  la  dernière 
proie  des  Harpyes.  Tout  auprès  se  tenaient  les  deux  Boréades 
pour  les  chasser  avec  leurs  épées  dès  qu'elles  arriveraient.  A 
peine  le  vieillard  commençait-il  à  toucher  aux  aliments  :  au 
même  instant  —  tels  de  funestes  ouragans  ou  des  éclairs — 
ces  monstres  se  précipitaient  à  l'improviste,  s'élançaient  des 
nuages,  poussant  des  cris  aigus,  avides  de  nourriture.  A  leur 
vue,  du  milieu  des  héros,  une  clameur  s'éleva.  Mais  elles, 
après  avoir  dévoré  en  hurlant  tous  les  aliments,  planaient 
déjà  au-dessus  de  la  mer,  s'éloignant;  et  là  où  elles  s'étaient 
arrêtées,  il  restait  une  insupportable  puanteur.  A  leur  suite, 
les  deux  fils  de  Borée,  brandissant  leurs  épées,  s'élancèrent 
en  avant;  Zeus  leur  avait  envoyé  une  vigueur  infatigable. 
Sans  le  secours  de  Zeus,  ils  n'auraient  pu  les  suivre,  car  elles 
dépassaient  en  vitesse  le  souffle  du  Zéphyre,  chaque  fois 
qu'elles  allaient  vers  Pbinée  ou  qu'elles  revenaient  d'auprès 
de  lui.  Tels,  sur  les  fiancs  boisés  d'une  colline,  des  chiens 
habiles  à  la  chasse,  lancés  sur  la  piste  de  chèvres  aux  cornes 
élevées  ou  de  chevreuils,  courent  :  ils  sont  un  peu  en  arrière, 
ils  s'allongent,  et  c'est  en  vain  que  leurs  crocs  s'entre- 
choquent aux  extrémités  de  leurs  mâchoires.  Tels  Zétès  et 


CHANT    DEUXIÈME  59 

Calaïs,  se  lançant  tout  près  d'elles,  manquaient  sans  cesse 
de  les  saisir  du  bout  des  doigts.  Et  certes,  après  les  avoir 
atteintes  dans  les  îles  Plotées,  bien  loin  de  leur  point  de 
départ,  ils  les  auraient  exterminées,  malgré  la  volonté  des 
dieux,  si  la  rapide  Iris  n'avait  vu  ce  qu'ils  allaient  faire  : 
elle  se  précipita  du  ciel,  et,  venue  du  haut  des  airs,  elle  les 
arrêta  par  ces  paroles  :  «  Il  n'est  pas  permis,  ô  fils  de  Borée, 
de  tuer  avec  vos  épées  les  Harpyes^  chiennes  du  grand  Zeus. 
Mais  moi-même  je  vais  vous  faire  ce  serment  que  jamais 
elles  ne  reviendront  plus  toucher  cet  homme.  » 

Ayant  ainsi  parlé,  elle  jura  par  l'eau  du  Styx^  très  vénérée 
et  très  redoutée  de  tous  les  dieux,  que  jamais  à  l'avenir  elles 
ne  s'approcheraient  plus  des  demeures  de  l'Agénoride  Phinée  ; 
car  c'était  aussi  l'ordre  du  destin.  Ils  cédèrent  devant  ce 
serment  et  retournèrent  sur  leurs  pas  pour  revenir  au  navire. 
C'est  à  cause  de  cela  que  les  hommes  appellent  Strophades 
ces  îles  qu'auparavant  ils  nommaient  Plotées.  Les  Harpyes 
et  Iris  se  séparèrent.  Celles-là  s'enfoncèrent  dans  une  caverne 
de  la  Crète,  île  de  Minos;  celle-ci,  emportée  de  terre  par  ses 
ailes  rapides,  s'éleva  vers  l'Olympe. 

Cependant,  les  héros,  ayant  nettoyé  complètement  le  corps  v.  301^07. 
crasseux  du  vieillard,  immolèrent  des  brebis  choisies  qu'ils 
avaient  prises  parmi  le  butin  emmené  de  chez  Amycos. 
Ensuite,  après  qu'ils  eurent  préparé  un  grand  repas  dans  la 
demeure,  ils  s'assirent  et  mangèrent;  et,  avec  eux,  Phinée 
mangeait,  avidement,  réjouissant  son  cœur,  comme  dans  un 
songe.  Après  s'être  rassasiés  de  nourriture  et  de  boisson,  ils 
passèrent  toute  la  nuit  à  veiller  en  attendant  le  retour  des 
fils  de  Borée;  et,  au  milieu  d'eux,  près  du  foyer,  le  vieillard 
était  assis,  leur  enseignant  quelles  seraient  les  épreuves  de 
leur  navigation  et  le  terme  du  voyage  : 

«  Écoutez  donc  :  certes,  il  n'est  pas  permis  que  vous 
connaissiez  toute  chose  clairement.  Mais,  pour  tout  ce  qu'il 
est  agréable  aux  dieux  que  vous  sachiez,  je  ne  vous  le 
cacherai  pas.  J'ai  pâti  déjà  pour  avoir  révélé  imprudemment 
les  conseils  de  Zeus,  et  prédit  l'avenir  en  annonçant  Tenchaî- 


6o  LES    ARGONAUTIQUES 

nement  des  faits  jusqu'à  leur  terme.  Car  le  dieu  veut  ne 
dévoiler  aux  hommes  qu'incomplètement  la  connaissance  de 
Ta  venir,  pour  qu'ils  ignorent  toujours  quelque  chose  des 
conseils  divins. 

»  Des  roches,  tout  d'abord  après  que  vous  m*aurez  quitté, 
les  roches  Cyanées,  vous  apparaîtront  au  nombre  de  deux 
dans  un  endroit  où  la  mer  se  rétrécit.  Or,  je  vous  le  dis, 
personne  n'a  jamais  pu  les  traverser  sans  dommage.  Car 
elles  ne  sont  pas  solidement  établies  sur  des  bases  profondes, 
mais,  opposées  l'une  à  l'autre,  elles  viennent  souvent  se 
réunir  et  ne  faire  qu'une;  et  l'eau  de  la  mer  s'élève  en 
abondance,  bouillonnante,  et  fait  retentir  aux  alentours 
1  âpre  falaise  d'un  bruit  perçant.  Aussi,  maintenant,  écoutez 
nos  avertissements,  s'il  est  vrai  qu'un  esprit  prudent  et  que  le 
respect  des  dieux  vous  guident  dans  votre  expédition.  N'allez 
pas  de  vous-mêmes  vous  perdre  dans  un  désastre  volontaire, 
comme  des  insensés,  et  vous  précipiter  à  la  mort  avec  Tem- 
.  portement  de  la  jeunesse.  Faites  d'abord  un  essai  par  le  vol 
1/  d'une  colombe  que  vous  lâcherez  du  navire  pour  qu'elle  aille 
en  avant.  Si,  au  travers  des  roches,  l'oiseau  est  parvenu, 
dans  son  vol,  sain  et  sauf  vers  la  haute  mer,  vous  ne  devez 
pas  non  plus  vous  détourner  de  cette  route.  Mais,  tenant 
bien  en  main  les  rames,  fendez  les  flots  du  détroit  :  car  votre 
salut  ne  sera  pas  tant  dans  vos  prières  que  dans  la  force  de 
vos  bras.  Aussi,  laissant  de  côté  tout  le  reste,  occupez-vous 
courageusement  de  ce  qui  est  le  plus  utile.  Avant  ce  moment, 
je  ne  vous  défends  pas  d'invoquer  les  dieux.  Que  si,  au 
contraire,  la  colombe,  en  volant  vers  les  rochers,  a  péri  au 
milieu  d'eux,  il  faut  retourner  en  arrière  :  le  meilleur  de 
beaucoup  c'est  de  céder  aux  immortels.  Car  vous  n'échap- 
periez pas  au  sort  funeste  que  réservent  les  roches,  quand 
même  Argo  serait  en  fer.  O  malheureux  1  n'ayez  pas  l'audace 
d'aller  contre  mes  oracles,  me  croiriez -vous  même  haï  des 
dieux  du  ciel  trois  fois  autant  que  je  le  suis  et  davantage 
encore;  n'ayez  pas  l'audace  de  faire  franchir  ce  passage  à 
votre    navire,    contrairement    au    présage    donné    par    la 


CHANT    DEUXIÈME  6l 

colombe!  Et  il  en  sera  de  cela  ce  que  le  destin  veut  qu'il 
en  soit.  —  Mais  si  vous  pouvez  échapper  sains  et  saufs  du 
lieu  où  les  roches  se  rencontrent,  et  si  vous  pénétrez  dans 
le  Pont,  naviguez  aussitôt  en  gardant  à  votre  droite  la  terre 
des  Bithyniens;  évitez  prudemment  ces  rivages  escarpés, 
jusqu'au  moment  oîi,  ayant  obliqué  vers  le  fleuve  Rhébas 
au  cours  rapide,  et  vers  le  cap  Mêlas,  vous  arriverez  au 
mouillage  de  Tîle  Thynias.  Partis  de  là,  vous  n'aurez  pas 
à  faire  un  grand  trajet  par  mer  pour  aborder  à  la  terre  des 
Mariandyniens,  qui  est  en  face  sur  la  côte.  Là  se  trouve  une 
route  qui  descend  chez  Adès;  là  s*élève  très  haut  le  cap 
Achérousias  qui  s'avance  au  loin  dans  la  mer,  fendu  en  sa 
profondeur  par  TAchéron  tourbillonnant,  qui  lance,  du  haut 
de  ce  vaste  escarpement,  ses  eaux  débordantes.  Immédia- 
tement après  ce  cap,  vous  côtoierez  les  nombreuses  collines 
des  Paphiagoniens  :  Pélops  l'Énétéien,  le  premier,  régna  sur 
ces  hommes  qui  se  prétendent  issus  de  son  sang.  Il  y  a  dans 
ce  pays  un  promontoire  situé  à  l'opposite  de  THélice,  aussi 
nommée  la  Grande-Ourse  :  il  est  escarpé  de  tous  côtés,  on 
l'appelle  Carambis,  et,  au-dessus  de  lui,  les  tempêtes  de 
Borée  se  brisent,  tellement  ce  cap,  tourné  vers  la  mer,  s'élève 
dans  les  airs.  Une  fois  qu'on  a  doublé  ce  promontoire,  voici 
le  vaste  Aigialos  qui  s'étend  au  loin  :  aux  limites  de  ce  vaste 
Aigialos,  en  un  lieu  où  la  grève  fait  saillie,  les  eaux  du 
fleuve  Halys  se  précipitent  avec  un  mugissement  terrible. 
Après  ce  fleuve,  l'Iris,  moins  important,  qui  coule  dans  son 
voisinage,  roule  vers  la  mer  ses  blancs  tourbillons.  Plus  loin, 
un  coude  de  terrain  s'avance,  long  et  aigu;  tout  près  de  là, 
l'embouchure  du  Thermodon  se  déverse  doucement  dans  un 
golfe  tranquille,  à  l'abri  du  cap  Thémiscyréios,  après  que 
le  fleuve  a  parcouru  une  vaste  étendue  de  pays.  Là  est  la 
plaine  de  Doias,  et,  aux  environs,  les  trois  villes  des  Ama- 
zones; ensuite  les  Chalybes,  les  plus  misérables  des  hommes, 
occupent  un  sol  rude  et  difficile  à  fendre  :  ce  sont  des  artisans 
occupés  aux  travaux  du  fer.  Dans  leur  voisinage  habitent 
les  Tibaréniens,  riches  en  troupeaux,  au  delà  du  cap  Gêné- 


62  LES    ARGONAUTIQUES 

taios  de  Zeus  Euxène.  Après  le  cap,  leurs  voisins,  les 
Mossynoiciens,  habitent  le  pays  boisé  qui  suit  et  la  région 
qui  s*étend  au  pied  des  montagnes.  Ils  arrangent  avec  art  des 
demeures  dans  des  tours  faites  en  troncs  d*arbres  [des 
demeures  de  bois  et  des  clôtures  bien  jointes  qu'ils  appellent 
«  mossynes  »,  et  c'est  de  là  que  vient  leur  nom].  Après  les 
avoir  dépassés,  vous  aborderez  dans  une  lie  au  sol  nu  :  il 
vous  faudra  d'abord  disperser,  par  toutes  sortes  d'iiabtletés, 
des  oiseaux  très  importuns  qui  fréquentent  en  grand  nombre 
cette  île  solitaire.  Dans  cette  Ile,  un  temple  de  pierre  a  été 
élevé  à  Ares  par  les  reines  des  Amazones,  Otréré  et  Antiopé, 
pendant  une  expédition.  Là,  de  la  mer  fâcheuse,  un  secours 
souhaité  vous  viendra  :  aussi,  désirant  votre  bien,  je  vous 
dis  de  vous  y  arrêter.  Mais  quel  besoin  de  me  rendre  encore 
coupable,  en  racontant  dans  ma  prédiction,  avec  suite,  tout 
ce  qui  vous  arrivera?...  Au  delà  de  cette  île  et  de  la  partie 
du  continent  qui  lui  fait  face,  vivent  les  Philyres.  Au-dessus 
des  Philyres  sont  les  Macrônes  et,  après  eux,  les  nombreuses 
tribus  des  Bécheires;  puis  les  Sapeires  habitent  auprès 
d'eux;  après  ceux-ci,  et  dans  la  même  région,  les  Byzères, 
au-dessus  desquels  voici  déjà  les  belliqueux  Colchiens  eux- 
mêmes.  Mais  vous  continuerez  de  naviguer  jusqu'au  moment 
où  vous  aurez  pénétré  dans  les  parties  les  plus  reculées  de  la 
mer.  Là,  sur  le  territoire  de  Cytais  et  des  Amarantes,  loin 
des  montagnes  et  de  la  plaine  Circaienne,  le  Phase  tourbil- 
lonnant jette  dans  la  mer  ses  vastes  flots.  Poussant  le  navire 
dans  les  marais  qu'inonde  l'eau  débordée  de  ce  fleuve,  vous 
apercevrez  les  tours  du  Cytaien  Aiétès,  et  le  sombre  bois 
sacré  d'Ares,  oti  la  toison,  déployée  au  sommet  d'un  chêne, 
est  sous  la  garde  d'un  dragon  —  monstre  horrible  à  voir  — 
qui  observe  de  tous  côtés  et  attend.  Ni  jour  ni  nuit  le  doux 
sommeil  ne  dompte  ses  yeux  infatigables.  » 
V.  408-447-  Il  parla  ainsi;  et,  à  l'entendre,  une  crainte  subite  s'empara 
d'eux.  Ils  étaient  restés  longtemps  silencieux,  frappés  de 
stupeur;  enfin,  le  héros,  fils  d'Aison,  dit,  impuissant  en 
présence  des  diflicultés  qui  lui  étaient  prédites  :  «  O  vieillard. 


CHANT    DEUXIÈME  63 

tu  as  énuméré  jusqu'à  leur  terme  les  dangers  de  notre  navi- 
gation; tu  nous  as  dit  à  quel  signe  nous  devrions  nous  fier 
pour  passer  dans  le  Pont,  au  travers  de  ces  roches  terribles. 
Mais,  après  y  avoir  échappé,  le  retour  vers  l'Hellade  nous 
sera-t-il  de  nouveau  possible?  C'est  ce  que  j'apprendrais  de 
toi  avec  bonheur.  Comment  faire?  Comment  exécuter  de 
nouveau  un  si  grand  voyage  sur  mer?  Car  je  suis  ignorant, 
entouré  de  compagnons  ignorants;  et  Aia,  ville  de  Colchide,^ 
est  située  aux  extrêmes  confins  du  Pont  et  de  la  terre!  » 

Il  dit,  et,  lui  répondant,  le  vieillard  parla  ainsi  :  «  Mon 
enfant,  quand  tu  auras  une  fois  échappé  à  travers  les  roches 
funestes,  prends  courage  :  une  divinité  conduira  par  une 
autre  route  votre  navigation  au  retour  d'Aia.  Pour  aller  vers 
Aia,  vous  aurez  assez  de  guides.  Mais  ayez  soin,  mes  amis, 
de  vous  préparer  le  secours  artificieux  de  la  déesse  Cypris. 
C'est  en  elle  que  réside  le  succès  glorieux  de  vos  épreuves. 
Maintenant,  ne  me  demandez  plus  rien  sur  ces  choses.  » 

Ainsi  parla  l'Agénoride;  et,  près  de  lui,  les  deux  fils  du 
Thrace  Borée,  ayant  fendu  les  airs,  fixèrent  sur  le  seuil 
leurs  pieds  rapides;  et  les  héros  s'élancèrent  de  leurs  sièges, 
dès  qu'ils  les  virent  en  leur  présence.  Zétès,  cédant  à  leur 
désir,  —  par  suite  de  sa  fatigue,  il  exhalait  encore  à  grand'- 
peine  un  souffle  haletant  et  répété,  —  leur  disait  comme 
ils  avaient  mené  loin  leur  poursuite,  et  comment  Iris  leur 
avait  défendu  de  les  tuer,  quels  serments  avait  faits  la 
bienveillante  déesse,  et  comment  les  Harpyes,  effrayées, 
avaient  dû  s'enfoncer  dans  l'antre  profond  du  mont  Dicté. 
Tous  les  compagnons  qui  étaient  dans  la  demeure,  et 
Phinée,  en  particulier,  se  réjouirent  de  cette  nouvelle. 
Aussitôt  après,  l'Aisonide  lui  adressa  la  parole,  plein  de 
bienveillance  :  «  Sans  doute,  Phinée,  quelque  dieu  s'in- 
quiétait de  ta  déplorable  misère;  et  ce  dieu  nous  a  fait 
venir  ici  de  bien  loin,  pour  qu'il  fût  possible  aux  fils  de 
Borée  de  te  secourir.  S'il  rendait  la  lumière  à  tes  yeux,  je 
crois  que  j'aurais  autant  de  bonheur  que  si  je  me  trouvais 
de  retour  dans  ma  maison.  » 


64  LES    ARGONAUTIQUES 

Il  parla  ainsi;  mais  Phinée,  baissant  la  tête,  lui  répondit  : 
«  O  Aisonide,  ceci  est  irrévocable,  et  il  n'y  a  plus  de 
remède;  car  les  orbites  de  mes  yeux,  consumés  peu  à  peu, 
sont  maintenant  vides.  Puisse  la  divinité  m'accorder  au 
plus  tôt  la  mort  à  la  place  de  la  vue,  et,  une  fois  mort,  je 
serai  au  comble  du  bonheur!  » 
V.  448-499-  C'est  ainsi  qu'ils  s'entretenaient  mutuellement;  cepen- 
^dant,  bientôt  après,  au  milieu  de  leur  conversation,  parut 
Érigène.  Autour  de  Phinée  se  rassemblaient  les  hommes 
du  voisinage,  qui,  jusque  alors,  avaient  coutume  de  venir 
lui  porter  chaque  jour  une  part  de  leur  nourriture.  Tous 
ces  hommes  qui  arrivaient  vers  lui,  y  eût-il  même  parmi 
eux  de  très  pauvres  gens,  il  leur  annonçait  l'avenir  avec  le 
plus  grand  soin;  et  ses  prédictions  les  avaient  délivrés  de 
bien  des  maux.  Aussi,  ils  allaient  vers  lui  et  le  nourrissaient. 
Avec  eux  venait  Paraibios,  qui  lui  était  très  cher  :  et  ce 
dernier  fut  heureux  de  voir  les  héros  dans  la  demeure.  Car 
Phinée  avait  prédit,  depuis  longtemps,  qu'une  expédition 
de  héros,  allant  par  mer  de  l'Hellade  à  la  ville  d'Aiétès, 
attacherait  ses  amarres  à  la  terre  Thyniade,  et  que  ces  héros 
arrêteraient,  par  l'ordre  de  Zeus,  les  attaques  des  Harpyes. 
Après  avoir  satisfait  les  visiteurs  avec  de  sages  paroles,  le 
vieillard  les  congédia.  Quant  au  seul  Paraibios,  il  le  fit 
rester  avec  les  héros.  Bientôt  après,  il  l'envoya,  en  le  priant 
de  lui  ramener  le  plus  beau  de  ses  moutons.  Lorsqu'il 
fut  parti  de  la  demeure,  Phinée  adressa  avec  affabilité  ces 
paroles  aux  rameurs  assemblés  autour  de  lui  :  «  O  mes  amis, 
certes  tous  les  hommes  ne  sont  pas  violents  et  oublieux  des 
bienfaits.  Ainsi,  cet  homme-là  n'est  pas  un  ingrat:  il  vint 
ici  pour  connaître  sa  destinée;  car  plus  il  travaillait,  plus 
il  prenait  de  peine,  et  plus  il  lui  était  impossible  de  vivre, 
plus  l'indigence  le  frappait  à  coups  redoublés.  A  chaque 
jour  mauvais  un  pire  succédait,  et  le  misérable  ne  pouvait 
reprendre  haleine.  Loin  de  là!  Il  payait  la  dure  punition 
due  par  une  faute  de  son  père.  Car  cet  homme,  un  jour 
qu'étant  seul   il  coupait  des  arbres  dans  les  montagnes, 


CHANT    DEUXIÈME  65 

avait  méprisé  les  prières  d'une  nymphe  Hamadryade.  Celle- 
ci,  tout  en  larmes,  avait  essayé  de  l'attendrir  par  des  paroles 
plaintives;  elle  lui  demandait  de  ne  pas  couper  le  tronc 
d'un  chêne  qui  avait  son  âge,  dans  lequel  elle  avait  passé 
sans  interruption  un  long  espace  de  temps.  Mais  il  coupa 
l'arbre,  l'insensé!  Telle  est  la  folle  arrogance  de  la  jeunesse. 
Aussi,  la  nymphe  envoya  à  lui  et  à  ses  enfants  une  calamité 
nuisible.  Quand  Paraibios  vint  vers  moi,  je  devinai  quelle 
avait  été  la  faute  de  son  père.  Je  lui  recommandai  d'élever 
un   autel  à   la    nymphe  Thyniade,  et   d'y   célébrer  des 
sacrifices  qui  le  délivreraient  de  ses  maux,  en  la  suppliant 
de  détourner  de  lui  le  sort  paternel.  Depuis  qu'il  a  échappé 
au  malheur  envoyé  par  les  dieux,  il  ne  m'a  ni  oublié,  ni 
négligé;  et  c'est  avec  difficulté  et  malgré  lui  que  je  le 
congédie,  car  il  persévère  à  m'assister  dans  mon  afBiction.  » 
Ainsi  parla  l'Agénoride;  et,  presque  aussitôt  après  la  fin 
de  son  discours,  Paraibios  revint,  conduisant  deux  moutons 
de  son  troupeau.  Jason  se  leva,  ainsi  que  les  deux  fils 
de   Borée,  sur  l'invitation  du  vieillard.    Ils  se   hâtèrent 
d'invoquer  Apollon,  dieu  des  oracles,  et   célébrèrent   le 
sacrifice  sur  le  foyer  de  la  maison;  le  jour  allait  finir.  Les 
plus  jeunes  des  compagnons  préparaient  le  repas  qui  réjouit 
le  cœur.  Puis,  après  s'être  bien  rassasiés,  les  uns  auprès 
des  amarres  du  navire,  les  autres  serrés  en  nombre  dans  la 
demeure  de  Phinée,  ils  s'endormaient  :  mais,  au  matin,  les 
vents  Étésiens  commencèrent  à  s'élever.  Voici  par  quel  ordre 
de  Zeus  ces  vents  soufflent  à  la  fois  sur  toute  la  terre. 

On  dit  qu'une  certaine  Cyrène  faisait  paître  ses  troupeaux  V.  500-527. 
auprès  du  marais  du  Pénée;  c'était  au  temps  des  hommes 
d'autrefois.  Elle  se  réjouissait  de  sa  virginité  et  de  son 
lit  intact.  Or,  Apollon  l'enleva,  alors  qu'elle  conduisait 
ses  troupeaux  au  bord  du  fleuve.  Il  la  transporta  loin  de 
l'Haimonie  et  la  confia  aux  Nymphes  indigènes  qui  habi- 
taient en  Libye,  auprès  des  sommets  du  Myrtose.  C'est 
là  qu'elle  enfanta  à  Phoibos  Aristée,  que  les  Haimoniens, 
riches  en  nombreuses  terres  à  blé,  surnomment  Agreus  et 


66  LES    ARGONAUTIQUES 

Nomios.  Par  suite  de  son  amour,  le  dieu  fil  de  Cyrène  une 
nymphe  de  ce  pays,  chasseresse  et  destinée  à  de  longues 
années.  Quant  à  son  fils,  il  le  prit  tout  enfant,  pour  le  faire 
élever  dans  Tantre  de  Chiron.  Lorsqu'il  fut  grand,  les  Muses 
s'entremirent  pour  le  marier,  et  elles  lui  enseignèrent  Tart  de 
guérir  les  maladies  et  celui  d'interpréter  les  présages  divins. 
Et  elles  l'établirent  comme  chef  de  tous  leurs  nombreux 
troupeaux,  qui  paissaient  dans  la  plaine  Athamantienne 
de  Phthie  et  aux  environs  de  l'abri  protecteur  du  mont 
Othrys  et  du  cours  sacré  du  fleuve  Apidanos.  Mais,  alors 
que,  du  haut  du  ciel,  Seirios  desséchait  les  îles  Minoides  et 
que  les  habitants  ne  trouvaient  aucun  remède  qui  fût 
longtemps  efficace,  alors,  sur  l'ordre  du  dieu  qui  lance  au 
loin  ses  traits,  ils  appelèrent  Aristée,  pour  écarter  d'eux 
le  fléau.  Celui-ci  quitta  donc  la  Phthie,  comme  son  père 
le  lui  commandait,  et  s'établit  à  Céos,  ayant  rassemblé  le 
peuple  des  Parrhasiens,  qui  sont  de  la  race  de  Lycaon. 
Il  éleva  un  grand  autel  à  Zeus  qui  répand  la  pluie;  et  il 
célébra  sur  les  montagnes  des  sacrifices  en  l'honneur  de 
cet  astre  Seirios  et  de  Zeus  lui-même,  fils  de  Cronos.  C'est 
grâce  à  ces  cérémonies  que  les  vents  Étésiens,  envoyés 
par  Zeus,  rafraîchissent  la  terre  de  leur  souffle  pendant 
quarante  jours.  Et,  maintenant  encore,  à  Céos,  les  prêtres 
sacrifient  des  victimes  un  peu  avant  le  lever  de  la  constel- 
lation du  Chien. 
V.  528^18.  Telle  est  la  tradition  que  l'on  chante.  Les  héros  restaient 
là,  retenus  par  les  vents;  et,  chaque  jour,  les  Thyniens 
envoyaient  à  Phinée,  pour  lui  être  agréables,  d'jnnombra- 
bles  présents  d'hospitalité  Ensuite,  les  héros  construisirent, 
en  l'honneur  des  douze  dieux  bienheureux,  un  autel  sur 
le  bord  de  la  mer,  au  delà  de  la  demeure  de  Phinée;  et, 
ayant  célébré  un  sacrifice,  ils  s'embarquèrent  pour  faire 
avancer  à  force  de  rames  le  navire  rapide.  Ils  n'oubliaient 
pas  d'amener  avec  eux  une  timide  colombe  :  Euphémos 
portait  dans  sa  main  l'oiseau  qui  se  blottissait  de  peur.  Ils 
détachèrent  du  rivage  les  doubles  amarres. 


CHANT    DEUXIÈME  67 

Mais  leur  départ  pour  des  régions  plus  lointaines  ne  resta 
point  caché  à  Athéné.  Aussitôt,  elle  mit  impétueusement 
les  pieds  sur  un  nuage  léger,  qui  la  transportât  vite,  malgré 
son  poids.  Elle  se  hâta  d'arriver  à  la  mer,  pleine  de  bonnes 
dispositions  pour  les  rameurs.  Tel  un  homme  qui  mène 
une  vie  errante,  loin  de  sa  patrie  :  —  souvent,  nous  autres 
hommes,  nous  devons  supporter  d'être  ainsi  errants,  et 
alors  ce  n'est  pas  seulement  quelque  terre  lointaine,  mais 
toutes  les  villes  du  monde  qui  s'offrent  à  notre  vue;  — 
il  songe  à  sa  propre  maison;  la  route  de  terre  et  la  route 
de  mer  sont  devant  lui  :  agité  profondément  de  diverses 
pensées,  c'est  tantôt  sur  Tune,  tantôt  sur  l'autre  qu'il  fixe 
les  yeux;  aussi  rapide  que  la  pensée  de  cet  homme,  la 
fille  de  Zeus,  s'étant  élancée,  mit  les  pieds  sur  le  rivage 
inhospitalier  de  la  côte  Thyniade. 

Les  héros  étaient  parvenus  dans  le  passage  tortueux,  à 
la  partie  étroite,  resserrée  des  deux  côtés  entre  les  pointes 
des  écueils;  un  courant  tourbillonnant  prenait  par-dessous 
et  soulevait  le  navire  en  marche;  c'est  avec  grand'peur  qu'ils 
naviguaient  plus  avant.  Déjà,  le  fracas  des  rochers  qui  se 
heurtaient  frappait  leurs  oreilles  d'une  manière  continue,  et 
les  falaises,  oti  la  mer  se  brise,  mugissaient.  Alors,  Euphé- 
mos,  tenant  la  colombe  dans  sa  main,  se  leva  pour  monter 
à  la  proue;  et  les  héros,  sur  l'ordre  de  l'Agniade  Tiphys,  se 
mirent  à  ramer  de  tout  leur  cœur,  pour  pouvoir  ensuite  ^ 
lancer  le  navire  au  travers  des  roches,  confiants  dans  leur 
force.  Ces  roches,  quand  ils  eurent  tourné  le  coude  du 
détroit,  ils  les  virent  séparées;  ils  devaient  être  les  derniers  à 
les  voir  ainsi  éloignées.  Aussitôt  le  cœur  des  héros  s*amollit. 
Euphémos  lança  la  colombe  pour  que  ses  ailes  la  portassent 
au  delà  du  passage  :  tous  les  rameurs  à  la  fois  levèrent  la 
tête  pour  voir;  mais  elle  vola  au  milieu  des  roches  qui, 
bientôt,  revenant  l'une  vers  Tautre,  se  réunirent  avec  un 
bruit  retentissant.  Une  masse  d'eau  bouillonnante  s'éleva 
comme  une  nuée;  la  mer  mugissait  d'une  manière  effrayante; 
et  tout  autour,  au  loin,  l'air  vibrait.  Les  cavernes  creuses. 


68  LES    ARGONAUTIQUES 

SOUS  les  écueils  hérissés,  comme  l'eau  s  y  engouffrait,  gron- 
daient; et  jusqu'en  haut  du  rivage  escarpé,  le  flot  tumultueux 
crachait  une  écume  blanche.  Ensuite,  le  flux  enveloppait  et 
roulait  le  navire.  Mais  la  rencontre  des  rocs  ne  fit  que  tran- 
cher les  plumes  de  la  queue  de  la  colombe,  et  Toiseau  passa 
sans  danger.  Les  héros  poussaient  de  grandes  clameurs  : 
Tiphys  leur  cria  de  faire  force  de  rames.  Car,  de  nouveau, 
les  roches  s'ouvraient  pour  se  séparer:  ils  ramèrent  effrayés, 
jusqu'au  moment  où,  par  lui-même,  le  reflux,  s'élevant  vers 
le  navire,  l'entraîna  à  l'intérieur  des  rochers.  Alors  une 
crainte  affreuse  les  saisit  tous;  car,  au-dessus  de  leur  tête, 
inévitable,  était  la  mort.  Déjà,  ici  et  là,  apparaissait  le  vaste 
Pont,  quand,  à  l'improviste,  une  vague  immense  se  dressa 
devant  eux,  menaçante,  semblable  à  un  roc  escarpé;  à  cette 
vue,  ils  se  détournèrent,  en  inclinant  la  tête  :  cette  vague 
semblait  devoir  s'écrouler  sur  le  navire  et  le  couvrir  tout 
entier.  Mais  Tiphys  la  prévint  en  donnant  quelque  relâche 
au  navire  fatigué  par  le  rapide  mouvement  des  rames  :  une 
masse  d'eau  se  précipita  en  tourbillonnant  sous  la  quille,  et, 
soulevant  le  navire  lui-même,  à  partir  de  la  poupe,  l'entraîna 
loin  des  rochers;  et,  après  cela,  Argo  restait  portée  au  sommet 
des  flots.  Euphémos  courait  à  tous  ses  compagnons,  en  leur 
criant  de  se  courber  sur  leurs  rames  de  toutes  leurs  forces  : 
ceux-ci  frappaient  l'eau  à  grands  cris.  Mais,  si  le  navire  avan- 
çait sous  l'action  des  rames,  la  violence  des  flots  le  faisait 
reculer  deux  fois  plus  loin  qu'il  n'avançait;  les  rames  pliaient 
comme  des  arcs  recourbés,  tant  les  héros  faisaient  d'efforts. 
Tout  à  coup,  cependant,  une  vague  se  précipita  obliquement; 
et  le  navire  courait,  comme  un  corps  arrondi,  sur  la  vague 
impétueuse  de  la  mer  agitée  qui  le  roulait.  Au  milieu  des 
Symplégades,  un  tourbillon  le  retenait  :  des  deux  côtés,  les 
rochers  s'ébranlaient  en  mugissant.  Et  le  bois  dont  le 
vaisseau  était  construit  restait  là  comme  captif.  Mais  alors, 
Athéné,  de  sa  main  gauche,  arracha  le  navire  au  rocher, 
qui  le  tenait  fortement,  et,  de  sa  droite,  le  poussa,  pour 
qu'il  franchît  d'outre  en  outre  le  passage.  Et  Argo  s'élança, 


CHANT    DEUXIÈME  69 

suspendue  dans  les  airs,  semblable  à  une  flèche  ailée.  Cepen- 
dant les  ornements  du  haut  de  la  poupe  furent  comme 
moissonnés  par  le  choc  obstiné  des  deux  roches  opposées. 
Mais  Athéné  s'élança  vers  TOlympe,  du  moment  qu'ils  furent 
hors  de  danger.  Quant  aux  rocs,  s'étant  rapprochés  pour  se 
réunir  au  même  endroit,  ils  s'enracinèrent  d'une  manière 
stable,  car  l'ordre  des  dieux  avait  fatalement  établi  qu'il  en 
serait  ainsi,  du  jour  oti  un  mortel  les  aurait  vus  et  traversés 
sur  un  navire.  Les  héros  commençaient  à  respirer  au  sortir 
de  cette  terreur  qui  les  avait  glacés,'  et  ils  contemplaient 
en  même  temps  les  airs  et  l'étendue  de  la  haute  mer  qui 
s'ouvrait  au  loin.  Il  leur  sembla  qu'ils  venaient  de  se  sauver 
de  la  demeure  d'Adès.  Tiphys,  le  premier,  commença  à 
parler  :  «  J'espère  que,  grâce  au  navire,  nous  sommes  défini- 
tivement sauvés.  Et  personne  n'est  cause  de  notre  salut 
autant  qu'Athéné,  qui  a  animé  ce  navire  d'une  force  divine, 
alors  qu'Argos  en  unissait  les  pièces  avec  des  chevilles.  Il 
n'est  donc  pas  permis  qu'il  succombe.  O  Aisonide,  l'ordre 
de  ton  roi,  tu  n'as  plus  à  craindre  de  ne  pouvoir  l'exécuter, 
du  moment  que  la  volonté  divine  nous  a  permis  de  nous 
échapper  au  travers  des  rochers;  puisque,  quant  aux  épreu- 
ves qui  se  présenteront  ensuite,  l'Agénoride  Phinée  nous  a 
dit  qu'elles  seraient  facilement  surmontées.  j> 

Il  dit,  et  en  même  temps  il  poussait  le  navire  plus  avant  V.  619-647. 
dans  la  haute  mer,  le  long  de  la  côte  de  Bithynie.  Mais 
Jason  lui  adressa,  en  déguisant  sa  pensée,  ces  paroles  pleines 
de  douceur:  «Tiphys,  pourquoi  me  parler  ainsi,  au  milieu 
de  mes  inquiétudes?  J'ai  commis  une  faute  et  je  me  suis 
ainsi  attiré  de  terribles  malheurs  dont  je  ne  pourrai  me 
dégager.  J'aurais  dû,  malgré  les  ordres  de  Pélias,  refuser 
dès  le  principe  d'entreprendre  cette  expédition,  m'eût-il 
ensuite  fait  périr  misérablement  en  coupant  mes  membres 
par  morceaux.  Maintenant,  je  suis  dans  la  crainte  et  les 
alarmes  intolérables,  plein  d'effroi  quand  il  faut  naviguer 
sur  les  routes  terribles  de  la  mer,  plein  d'effroi  encore 
quand  nous  débarquons  sur  la  terre  ferme.  Car  il  y  a 


70  LES    ARGONAUTIQUES 

partout  des  hommes  ennemis.  Après  chaque  jour,  je  passe 
dans  les  veilles  une  nuit  gémissante,  réfléchissant  à  toutes 
choses  :  et  cela,  depuis  le  moment  oti  vous  vous  êtes  rassem- 
blés pour  l'amour  de  moi.  Il  t*est  facile  de  parler  quand  tu 
ne  songes  qu'à  ta  propre  vie.  Mais  moi,  ce  n*est  pas  le  moins 
du  monde  pour  moi-même  que  je  m'effraie  :  c'est  à  cause  de 
celui-ci  et  aussi  de  celui-là,  c'est  à  cause  de  toi  et  de  mes 
autres  compagnons  que  j'ai  peur.  Je  crains  de  ne  pouvoir 
vous  ramener  tous  sains  et  saufs  vers  la  terre  d'Hellade.  » 
Il  parla  ainsi  pour  éprouver  les  sentiments  des  héros: 
mais  ceux-ci  se  récrièrent  et  lui  adressèrent  des  paroles 
d'encouragement.  Il  se  réjouit  jusqu'au  fond  du  cœur  de 
leurs  acclamations,  et  leur  parla  de  nouveau,  cette  fois  en 
toute  franchise  :  a  O  mes  amis,  c'est  votre  vertu  qui  augmente 
ma  confiance.  Aussi,  dorénavant,  quand  même  j'entrepren- 
drais une  expédition  au  travers  des  abîmes  d'Adès,  je  ne 
serai  plus  accessible  à  la  crainte  :  car  vous  êtes  solides  au 
milieu  des  plus  redoutables  difficultés.  D'ailleurs,  mainte- 
nant que  nous  avons  navigué  hors  des  roches  Symplégades, 
je  pense  que  nous  ne  rencontrerons  plus  pareil  sujet  de  terreur, 
pourvu  que,  dans  notre  navigation,  nous  suivions  fidèlement 
les  conseils  de  Phi  née.  s 
V.  64S.719.  Il  parla  ainsi;  et,  aussitôt  après,  terminant  ces  discours, 
les  héros  se  mettaient  au  travail  continu  de  la  rame:  bientôt 
le  rapide  fieuve  Rhébas,  le  rocher  de  Coloné,  et  peu  après 
le  cap  Mêlas  étaient  dépassés,  puis  les  bouches  du  fleuve 
Phyllis;  c'est  là  qu'autrefois  Dipsacos  avait  reçu  dans  ses 
demeures  le  fils  d'Athamas,  alors  qu'il  fuyait  avec  le  bélier 
^  la  ville  d'Orchomène.  Dipsacos  était  fils  d'une  Nymphe  des 
prairies;  loin  de  se  plaire  à  une  vie  orgueilleuse,  il  était 
heureux  d'habiter  avec  sa  mère  auprès  des  eaux  du  fleuve,  son 
père,  et  de  faire  paître  des  troupeaux  sur  la  rive.  Bientôt 
le  temple  consacré  à  ce  héros,  les  rives  spacieuses  du  fleuve 
et  la  plaine,  et  le  Calpé,  qui  coule  dans  un  lit  profond, 
apparaissaient  à  leurs  yeux,  puis  étaient  laissés  en  arrière. 
Et  cependant,  après  le  jour  venait  la  nuit  qu'aucun  vent  ne 


CHANT    DEUXIÈME  71 

troublait, et  ils  loccupèrent  aussi  à  ramer,  infatigables. Tels, 
fendant  le  sol  d'un  champ  humide  et  gras,  des  bœufs  de 
travail  peinent;  de  partout,  de  leurs  flancs  et  de  leur  nuque, 
une  sueur  abondante  coule  goutte  à  goutte;  sous  le  joug, 
leurs  yeux  ont  un  regard  oblique;  de  leur  mufle  sec  un 
souffle  bruyant  s'exhale  sans  cesse;  et  cependant,  enfon- 
çant leurs  pieds  fourchus  dans  le  sol,  les  bétes  accouplées 
travaillent  tout  le  jour:  semblables  à  ces  bœufs,  les  héros 
labouraient  la  mer  de  leurs  rames. 

Au  moment  où  la  lumière  divine  ne  brille  pas  encore  et 
où  l'obscurité  n'est  déjà  plus  si  profonde,  alors  que  dans 
la  nuit  s'est  répandue  cette  faible  lumière  que  les  hommes 
qu'elle  réveille  appellent  le  crépuscule,  alors,  ayant  fait 
entrer  le  navire  dans  le  port  de  l'île  déserte  de  Thynias, 
ils  montèrent  à  grand'peine  sur  le  rivage.  Or,  à  leurs  yeux^ 
le  fils  de  Létô,  qui  revenait  de  Lycie  et  se  dirigeait  au  loin 
vers  le  peuple  innombrable  des  hommes  Hyperboréens^ 
apparut.  Des  deux  côtés  de  ses  joues,  des  boucles  de  cheveux 
d'or  tombaient  en  grappes  et  s'agitaient  à  chacun  de  ses 
mouvements.  Sa  main  gauche  brandissait  un  arc  d'argent, 
sur  son  dos  était  un  carquois  suspendu  à  son  épaule.  Sous 
ses  pieds,  l'île  entière  tremblait,  et  les  flots  agités  débordaient 
sur  le  rivage.  Les  héros,  à  cette  vue,  furent  saisis  d'une 
terreur  pleine  d'angoisse  :  aucun  d'eux  n^osa  fixer  son  regard 
sur  les  yeux  éclatants  du  dieu.  Ils  se  tenaient,  la  tête  penchée 
vers  la  terre.  Mais  le  dieu  était  déjà  loin  d'eux,  et  passait 
dans  les  airs  au-dessus  des  flots  de  la  mer.  Enfin,  Orphée 
prononça  ces  paroles,  en  s'adressant  aux  héros  :  «  Allons, 
consacrons  cette  île  à  Apollon  Matinal,  et  appelons -la  de 
son  nom^  puis(^ue  c'est  en  y  passant  le  matin  qu'il  nous  est 
apparu  à  tous.  Elevons  un  autel  sur  le  rivage,  pour  offrir  un 
sacrifice  avec  ce  que  nous  pouvons  avoir.  Que  si,  plus  tard, 
il  nous  fait  revenir  sains  et  saufs  dans  la  terre  d'Haimonie, 
alors,  en  son  honneur,  nous  placerons  sur  l'autel  des  cuisses 
de  chèvres  cornues.  Maintenant,  laisse-toi  apaiser  par  ce  que 
nous  pouvons  t'offrir,  par  la  fumée  de  la  graisse  brûlée  et  par 


 


72  LES    ARGONAUTIQUES 

des  libations,  je  t'en  conjure!  Sois-nous  propice,  ô  dieuf... 
Sois-nous  propice,  toi  qui  as  apparu  devant  nous!...» 

Il  parla  ainsi;  et,  parmi  les  héros,  les  uns  aussitôt  cons- 
truisirent un  autel  avec  des  pierres;  les  autres  se  répandirent, 
de  côté  et  d'autre,  dans  Tîle,  pour  chercher  s'ils  verraient 
quelque  faon  ou  quelque  chèvre  sauvage  :  car  les  animaux 
de  ce  genre  sont  nourris  en  grand  nombre  par  les  forêts 
profondes.  Le  Létoîde  leur  fit  trouver  du  gibier.  Tous  les 
animaux  qu'ils  prirent,  ils  consumèrent  sur  l'autel,  suivant 
les  rites,  leurs  cuisses  dans  une  double  enveloppe  de  graisse, 
en  invoquant  Apollon  Matinal.  Autour  des  victimes  qui  se 
consumaient,  ils  instituèrent  un  large  chœur  de  danse;  ils 
célébraient  le  bel  lépaiéôn,  Phoibos  lépaiéôn.  Et,  avec  eux, 
le  noble  fils  d'Oiagros  commençait  sur  sa  phorminx  de  Bis- 
tonie  un  chant  harmonieux  :  il  disait  comment  autrefois,  au 
pied  de  la  rocheuse  montagne  du  Parnasse,  le  dieu  avait 
tué  à  coups  de  flèches  et  dépouillé  le  monstrueux  serpent 
Delphyné;  il  était  encore  tout  jeune  et  combattait  nu,  heu- 
reux de  ses  cheveux  bouclés...  «  O  dieu  favorable,  pardonne! 
Jamais  tes  cheveux  ne  seront  coupés,  ils  ne  subiront  d'atteinte 
jamais  :  telle  est  la  loi  éternelle.  La  Coiogène  Létô  est  la  seule 
qui  puisse  les  manier  dans  ses  mains  amies.  »  —  Orphée 
disait  aussi  combien  les  nymphes  Coryciennes,  filles  de 
Pleistos,  l'encourageaient  par  leurs  paroles  en  lui  criant  : 
«  O  léiosi  »,  cri  d'oîi  est  venu  ce  beau  refrain  qui  accom- 
pagne l'hymne  de  Phoibos. 

Quand  ils  eurent  célébré  le  dieu  par  ce  chant  et  ce  chœur 
de  danse,  ils  se  jurèrent,  en  faisant  de  saintes  libations,  de 
se  secourir  toujours  les  uns  les  autres  et  de  conserver  une 
concorde  perpétuelle  :  et  ils  faisaient  ce  serment,  la  main 
sur  les  victimes.  Et  maintenant  encore  subsiste  en  cet 
endroit  un  monument  sacré  de  la  bienveillante  Concorde, 
monument  qu'ils  élevèrent  alors,  pleins  de  vénération, 
pour  la  très  illustre  déesse. 
V.  720-751.  Quand  le  jour  revint  pour  la  troisième  fois,  alors  secondés 
par  la  forte  brise  du  Zéphire,  ils  quittèrent  l'île  escarpée. 


CHANT    DEUXIÈME 

Partis  de  là,  sur  le  continent  en  face  d'eux,  l'embouchure  du 
fleuve  Sangarios,  la  terre  verdoyante  des  hommes  Marian- 
dyniens,  puis  le  cours  du  Lycos  et  le  marais  Anthémoëisis 
leur  apparurent  successivement.  Ils  passèrent  plus  outre,  et 
sous  la  brise,  les  câbles,  qui  maintiennent  la  voile,  et  tous 
les  agrès  du  navire  étaient  agités  dans  leur  course  rapide. 
Mais,  au  matin,  comme  le  vent  s'était  apaisé  pendant  la  nuit, 
iU  arrivèrent  avec  joie  au  port  du  cap  Achérousis.  Ce  cap 
élevé  sur  des  rocs  escarpés,  d'un  accès  difficile,  regarde  la 
mer  de  Bithynie  :  à  sa  base  sont  enracinés  des  rochers  unis, 
baignés  par  la  mer;  autour  d'eux,  le  flot  roule  et  mugit  à 
grand  bruit;  et,  au  sommet  du  cap,  des  platanes  ont  poussé 
très  touffus.  A  l'intérieur,  tournée  vers  le  continent,  se 
creuse  obliquement  une  vallée  oti  est  l'antre  d'Adès;  un 
bois  et  des  rochers  le  couvrent  d'une  voûte;  il  en  sort  une 
vapeur  glaciale,  qui,  s' exhalant  d'une  manière  continue  de  cet 
abîme  effrayant,  condense  sans  cesse  aux  alentours  un  givre 
éclatant  de  blancheur,  qui  ne  fond  qu'au  soleil  de  midi.  Le 
silence  ne  règne  jamais  sur  ce  cap  terrible  :  la  mer  retentis- 
sante le  fait  gémir,  en  même  temps  que  du  fond  de  l'abîme 
des  souffles  viennent  agiter  les  feuilles.  C'est  là  que  sont  les 
bouches  du  fleuve  Achéron,  qui,  se  précipitant  du  haut  du 
cap,  décharge  ses  eaux  dans  la  mer  du  côté  de  l'Orient;  un 
profond  ravin  le  conduit  des  sommets.  Bien  longtemps  après, 
ce  fleuve  fut  nommé  le  Soonautès  par  les  Mégariens  de 
Nisaia,  alors  qu'ils  allaient  habiter  le  pays  des  Mariandy- 
niens;  car,  tombés  au  milieu  d'une  mauvaise  tempête,  il  les 
sauva  avec  leurs  navires.  C'est  donc  de  ce  côté  que  les  héros, 
ayant  dirigé  le  vaisseau  dans  le  port  du  cap  Achérousis, 
abordèrent,  alors  que  le  vent  venait  de  cesser. 

Cependant,  Lycos  qui  était  le  chef  de  ce  pays,  et  les  v.  752-814 
hommes  Mariandyniens  n'ignorèrent  pas  longtemps  le 
débarquement  des  meurtriers  d'Amycos,  comme  disait  la 
renommée  qu'ils  avaient  déjà  entendue.  Aussi,  en  raison  de 
ce  fait,  ils  conclurent  amitié  avec  les  héros.  Quant  à  Poliux 
en  particulier,  ils  se  rassemblaient  de  tous  côtés  pour  lui 

10 


74  LES    ARGONAUTIQUES 

faire  accueil  comme  à  un  dieu  :  car  il  y  avait  longtemps 
qu*ils  étaient  en  guerre  avec  les  Bébryces  insolents.  Aussi, 
s'étant  rendus  à  la  ville,  tous  ensemble  dans  le  palais  de 
Lycos,  ils  passèrent  cette  journée  en  amis,  célébrant  un 
festin  et  se  charmant  le  cœur  par  leurs  récits.  L'Aisonide 
disait  au  roi  la  race  et  le  nom  de  chacun  de  ses  compagnons, 
les  ordres  de  Pélias  ;  comment  ils  avaient  été  les  hôtes  des 
femmes  de  Lemnos,  tout  ce  qu'ils  avaient  fait  dans  la 
dolionienne  Cyzique,  comment  ils  étaient  arrivés  à  Cios  en 
Mysie,  où  ils  avaient  laissé,  bien  malgré  eux,  le  héros 
Héraclès;  il  exposa  Toracle  de  Glaucos  et  raconta  comment 
ils  avaient  tué  Amycos  et  les  Bébryces;  puis,  il  dit  les 
prophéties  de  Phinée  et  sa  misère,  comment  ils  avaient 
échappé  aux  roches  Cyanées,  et  comment  ils  avaient  ren- 
contré le  fils  de  Létô  dans  une  île.  En  entendant  la  suite  de 
ces  récits,  Lycos  était  intéressé  jusqu'au  fond  du  cœur.  Mais 
le  chagrin  le  saisit,  quand  il  apprit  comment  Héraclès  avait 
été  abandonné,  et  il  leur  dit»  s*adressant  à  tous  : 

«  O  mes  amis,  de  quel  homme  avez-vous  perdu  le  secours 
pour  naviguer  si  loin,  jusque  chez  Aiétèsl  Car  je  le  connais 
bien,  pour  Ta  voir  vu  ici  même  dans  le  palais  de  Dascylos, 
mon  père,  alors  qu'à  travers  le  continent  asiatique  il  s'avança 
jusqu'ici,  à  pied,  portant  le  baudrier  de  la  belliqueuse 
Hippolyté.  Il  me  trouva  tout  jeune,  le  visage  à  peine 
couvert  d'un  léger  duvet.  On  célébrait  alors  des  jeux 
funèbres  en  l'honneur  de  Priolas,  mon  frère,  tué  par  les 
hommes  Mysiens,  Priolas  que  depuis  lors  le  peuple  pleure 
encore  aujourd'hui  dans  de  lamentables  élégies  :  à  ces  jeux 
il  vainquît  Titias,  le  solide  combattant  au  pugilat,  qui  se 
distinguait  entre  tous  les  jeunes  gens  par  sa  beauté  et  sa 
force.  Il  fit  tomber  ses  dents  sur  le  sol.  Ensuite,  il  soumit  à 
mon  père,  en  même  temps  que  les  Mysiens,  les  Phrygiens 
qui  habitent  des  terres  voisines  des  nôtres;  il  conquit  aussi 
les  tribus  des  Bithyniens  avec  leur  territoire,  jusqu'à 
l'embouchure  du  Rhébas  et  au  rocher  de  Coloné.  Après 
ceux-ci,  les  Paphlagoniens  Pélopéiens  durent  se  soumettre 


CHANT    DEUXIEME 

aussi,  tous  tant  qu'ils  sont  que  le  noir  Billaios  entoure  de 
son  cours  sinueux.  Mais,  maintenant,  les  Bébryces  et 
l'injustice  d'Amycos  m'ont  dépouillé,  pendant  qu'Héraclès 
était  loin.  Ils  m'ont  enlevé  un  grand  espace  de  territoire, 
et  ils  ont  étendu  leurs  frontières  jusqu'aux  plaines  basses 
arrosées  par  l'Hypios,  qui  coule  dans  un  lit  profond.  Mais 
TOUS  leur  avez  fait  expier  leurs  crimes;  et  certes,  je  le  dis, 
il  n'agissait  pas  contre  la  volonté  des  dieux,  le  Tyndaride, 
en  ce  jour  oCi  il  porta  la  guerre  aux  Bébryces,  en  ce  jour  oU 
il  tua  cet  homme.  Aussi  maintenant  je  vous  témoignerai, 
à  cause  de  cela,  toute  la  reconnaissance  dont  je  suis  capable; 
je  le  ferai  de  grand  cœur.  Car  telle  est  l'obligation  des 
hommes  faibles,  quand  de  plus  forts  les  ont  aidés  les 
premiers.  Avec  vous  tous  j'enverrai,  pour  vous  suivre  dans 
votre  expédition,  Dascylos,  mon  fils.  En  sa  compagnie,  vous 
êtes  sûrs  de  rencontrer  dans  votre  navigation  des  hommes 
hospitaliers  jusqu'aux  bouches  mêmes  du  Thermodon.  Mais, 
en  outre,  aux  Tyndarides  en  particulier,  je  construirai 
sur  le  cap  Achérousis  un  temple  élevé  :  un  temple  que  de 
très  loin  en  mer  tous  les  matelots  apercevront  et  auquel 
ils  adresseront  des  prières.  De  plus,  je  leur  consacrerai 
devant  la  ville,  comme  on  fait  pour  les  dieux,  les  fertiles 
sillons  d'un  champ  bien  labouré.  » 

C'est  ainsi  qu'au  milieu  des  festins  ils  se  plaisent  à 
converser  tout  le  jour.  Au  matin,  ils  se  hâtèrent  de  retour- 
ner au  navire.  Lycos  vint  avec  eux  :  il  leur  avait  donné 
mille  présents  à  emporter,  et  il  faisait  sortir  son  fils  du 
palais  pour  les  accompagner. 

C'est  là  qu'une  destinée  fatale  atteignit  l'Abantiade  Idmon,  V.  815-850. 
qui  était  doué  de  l'art  des  devins.  Mais  elle  ne  put  le  sauver, 
sa  science  de  l'avenir  :  car  la  nécessité  voulait  qu'il  mourût. 
Dans  des  prairies  basses  inondées  par  un  fieuve  couvert  de 
roseaux,  se  vautrait,  rafraîchissant  au  milieu  de  la  fange  ses 
flancs  et  son  ventre  immense,  un  sanglier  aux  défenses 
blanches,  monstre  funeste  que  les  Nymphes  elles-mêmes, 
habitantes  du  marais,  redoutaient.  Aucun  homme  ne  savait 


76  LES    ARGONAUTIQUES 

Texistence  de  Tanimal  :  car  il  se  nourrissait  solitaire  dans 
le  vaste  marécage.  Cependant  TAbantiade  suivait  les  acci- 
dents du  terrain,  au  bord  de  ce  fleuve  bourbeux,  quand, 
à  l'improviste,  sortant  de  quelque  endroit  au  milieu  des 
roseaux,  la  béte  bondit  et,  d*un  choc  violent,  l'atteignit  à  la 
cuisse;  les  nerfs  furent  pénétrés  profondément,  et  fendus 
ainsi  que  Tos.  Idmon  poussa  un  cri  perçant  et  tomba  sur  le 
sol  :  les  héros  répondirent  tous  ensemble  par  leurs  clameurs 
aux  cris  du  blessé.  Aussitôt,  Pelée  s'élança  avec  son  javelot: 
le  monstrueux  sanglier  se  hâtait  de  fuir,  mais  il  fit  face 
de  nouveau  et  s'élança.  Alors  Idas  blessa  l'animal  qui, 
en  rugissant,  s'enferra  sur  la  lance  aiguë.  Ils  le  laissèrent 
à  terre,  là  où  il  était  tombé  :  le  héros  à  l'agonie  était  porté 
au  vaisseau  par  ses  compagnons  affligés,  et  il  expira  dans 
leurs  bras. 

En  ce  moment,  ils  ne  pouvaient  penser  à  naviguer;  mais 
ils  restaient  là,  s'occupant  avec  tristesse  des  funérailles  du 
mort.  Trois  jours  entiers  ils  pleurèrent;  et  le  jour  suivant, 
ils  l'ensevelirent  magnifiquement  :  le  peuple  tout  entier  et 
le  roi  Lycos  prenaient  part  aux  cérémonies  funèbres.  On 
égorgea  sur  la  tombe  d'innombrables  brebis,  comme  l'on  a 
coutume  de  le  faire  pour  honorer  les  morts.  Et  un  tertre  fut 
élevé  sur  cette  terre  à  Idmon  :  et  la  postérité  peut  voir 
encore,  au-dessus  de  ce  tertre,  comme  monument  de  ces  funé- 
railles, un  tronc  d'olivier  sauvage,  dont  on  aurait  pu  faire 
un  rouleau  de  navire;  il  abonde  en  feuilles  vertes,  ce  tronc 
planté  un  peu  au-dessous  du  cap  Achérousis.  Et,  s'il  faut 
que,  par  l'ordre  des  Muses,  je  dise  toute  chose  sans  détours, 
Phoibos  ordonna  en  termes  formels  aux  Béotiens  et  aux 
Nisaïens  d'honorer  Idmon  comme  protecteur  de  la  ville 
qu'ils  devaient  fonder  auprès  de  ce  tronc  d'antique  olivier 
sauvage,  semblable  à  un  rouleau  de  navire.  Ce  culte  est 
encore  observé  aujourd'hui  :  mais,  à  la  place  du  religieux 
Aiolide  Idmon,  ils  vénèrent  Agamestor. 
V.  851-910.  Mais  quel  est  l'autre  Argonaute  qui  mourut  aussi  dans 
ces  régions?  Car  les  héros  élevèrent  alors  pour  la  seconde 


CHANT    DEUXIÈME  77 

fois  le  tombeau  d'un  compagnon  défunt.  En  effet,  on  voit 
encore  deux  monuments  consacrés  à  ces  hommes.  C'est,  dit 
la  renommée,  l'Agniade  Tiphys  qui  mourut  :  sa  destinée 
n'était  pas  de  naviguer  plus  avant.  Mais  c'est  là,  loin  de 
sa  patrie,  qu'une  courte  maladie  l'endormit  du  dernier 
sommeil,  alors  que  la  réunion  des  héros  rendait  les  hon- 
neurs funèbres  au  cadavre  de  TAbantiade.  Ce  malheur 
funeste  leur  causa  un  deuil  insupportable.  Après  l'avoir 
enseveli  auprès  d'Idmon,  se  laissant  tomber  de  douleur  en 
face  de  la  mer,  incapables  d'agir,  ils  restaient  enveloppés  de 
leurs  manteaux,  sur  le  sable,  oti  l'empreinte  de  leur  corps 
s'enfonçait:  et  ils  ne  songeaient  ni  à  manger,  ni  à  boire; 
leur  cœur  était  abattu  par  l'angoisse,  car  l'espoir  du  retour 
s'en  allait  bien  loin  d'eux.  Et  ils  seraient  restés  plus  long- 
temps encore  arrêtés  par  leur  angoisse,  si  Héra  n'avait 
inspiré  à  Ancaios  une  audace  extraordinaire  :  Ancaios, 
qu'Astypalaia  avait  enfanté  à  Poséidon  auprès  des  eaux 
Imbrasiennes,  était  particulièrement  doué  de  l'art  de  gou- 
verner un  navire.  Il  courut  vers  Pelée,  et  lui  parla  ainsi  : 

«  O  Aiacide,  comment  serait-il  honorable  de  délaisser  la 
lutte  et  de  rester  si  longtemps  dans  un  pays  étranger  ?  Ce 
n'est  pas  tant  pour  mon  habileté  à  la  guerre  que  pour  ma 
science  des  navires  que  Jason  m'a  amené  loin  de  Parthénia, 
vers  le  pays  de  la  toison.  Que  l'on  abandonne  donc,  grâce 
à  moi,  toute  crainte  au  sujet  du  navire.  D'ailleurs,  il  y  a  ici 
d'autres  hommes  habiles:  faisons  monter  à  la  poupe  n'importe 
lequel  d'entre  eux;  aucun  ne  mettra  l'expédition  en  péril. 
Aussi,  va  vite  communiquer  ces  avis,  et,  plein  de  hardiesse, 
encourage  nos  compagnons  à  se  souvenir  de  leurs  travaux.  » 

Il  dit  ainsi,  et  le  cœur  de  Pelée  bondissait  de  joie.  Aussi 
ne  tarda-t-il  pas  à  venir  parler  au  milieu  des  héros  :  «  Chers 
amis,  pourquoi  rester  ainsi  plongés  dans  une  douleur  vaine? 
Car  ces  hommes  ont  succombé  à  la  mort  qui  leur  était 
destinée.  Mais,  dans  notre  réunion,  nous  avons  des  pilotes, 
et  en  nombre.  Aussi,  loin  de  différer  le  voyage,  réveillez- 
vous  au  travail,  libres  de  toute  inquiétude.  » 


78  LES    ARGONAUTIQUKS 

Le  fils  d'Aison,  plein  d'embarras,  lui  répondit  :  a  Aiacide, 
où  sont-ils  ces  pilotes  ?  Car  ceux  dont  nous  vantions  jadis 
riiabileté,  ceux-là  maintenant  ont  la  tête  basse,  et  sont 
encore  plus  affligés  que  moi.  Aussi,  je  prévois  pour  nous 
un  sort  aussi  funeste  que  celui  des  morts  :  s*il  ne  nous  est 
pas  jpossible  d'aller  jusqu'à  la  ville  du  cruel  Aiétés,  ni  de 
retourner  vers  la  terre  d'Hellade,  en  passant  au  large  des 
roches  Cyanées,  c'est  ici  même  que  nous  ensevelira  sans 
gloire  une  mort  misérable,  succédant  à  une  vieillesse 
inutile.  » 

Il  parla  ainsi,  mais  Ancaios  promit  avec  empressement 
qu'il  dirigerait  le  navire  rapide;  car  il  était  entraîné  par  un 
élan  venu  de  la  déesse.  Mais,  après  lui,  Erginos,  Nauplios 
et  Euphémos  se  levèrent,  désireux  de  prendre  le  gouvernail  : 
on  les  arrêta,  car  la  plupart  des  compagnons  acceptaient 
Ancaios  avec  faveur. 

Ensuite,  ils  s'embarquèrent  au  matin  du  douzième  jour, 
car  la  forte  brise  du  Zéphire  les  secondait.  Ils  mirent  peu 
de  temps  à  traverser  l'Achéron  à  la  rame;  puis,  confiants 
dans  le  vent,  ils  déployèrent  la  voile,  et,  profitant  de  la  séré- 
nité du  ciel,  ils  s'avancèrent  bien  au  delà.  Ils  arrivèrent 
bientôt  aux  embouchures  du  fleuve  Callichoros,  où  Ion  dit 
que  le  fils  Nyséien  de  Zeus,  au  temps  où,  ayant  quitté  les 
peuples  de  l'Inde,  il  allait  s'établir  à  Thèbes,  célébra  des 
orgies  et  institua  des  chœurs  devant  un  antre  où  il  passait 
des  nuits  sévères  et  saintes.  De  là  vient  que  les  habitants 
du  pays  ont  surnommé  le  fleuve  Callichoros,  et  l'antre 
Aulion. 
V.  911-945.  Ils  virent  ensuite  la  sépulture  de  TActoride  Sthénélos, 
qui,  au  retour  de  l'audacieuse  guerre  contre  les  Amazones 
(il  y  était  allé  avec  Héraclès),  blessé  d'une  flèche,  mourut 
en  cet  endroit  sur  le  rivage  de  la  mer.  Ils  n'arpentèrent  pas 
la  mer  plus  loin  :  car  Perséphoné  elle-même  laissa  sortir 
l'âme  déplorable  de  l'Actoride,  qui  l'avait  suppliée  de  lui 
permettre  de  voir  quelques  instants  des  hommes  dans  l'inti- 
mité desquels  il  avait  vécu.  Monté  sur  le  couronnement 


CHANT    DEUXIÈME  79 

du  tombeau,  il  contemplait  le  navire  :  il  était  tel  qu'on  le 
voyait  autrefois,  quand  il  partait  en  guerre.  Son  casque 
brillant  était  orné  de  quatre  cimiers,  et  une  aigrette  de 
pourpre  le  rendait  éclatant.  Bientôt  il  s'enfonça  de  nouveau 
dans  les  ténèbres  profondes  ;  et  les  héros  qui  Tavaient 
aperçu,  furent  saisis  d'effroi  :  mais  l'Ampycide  Mopsos, 
interprète  de  la  volonté  des  dieux,  les  excita  à  aborder  et 
à  apaiser  par  des  libations  Tâme  du  mort.  Ils  se  hâtèrent 
donc  d'amener  la  voile,  et  quand  ils  eurent  fixé  les  amarres 
sur  le  rivage,  ils  s'empressèrent  autour  du  tombeau  de 
Sthénélos.  En  son  honneur,  des  libations  furent  répandues, 
et  des  brebis,  sacrifiées  au  mort,  furent  consumées  sur 
l'autel.  Dans  un  autre  endroit  que  celui  où  les  libations 
avaient  été  faites,  ils  élevèrent  un  autel  à  Apollon,  sauveur 
des  vaisseaux,  et  firent  brûler  les  cuisses  des  victimes;  et 
Orphée  y  consacra  sa  lyre,  d'oii  le  nom  de  Lyre  reste  encore 
à  ce  lieu. 

Aussitôt  après,  comme  le  vent  les  pressait,  ils  montèrent 
sur  le  navire;  ils  hissèrent  la  voile  et  la  déployèrent  en  la 
tendant  sur  les  deux  cordages  de  droite  et  de  gauche  :  et  le 
navire  était  rapidement  emporté  sur  la  mer,  comme  on  voit 
en  haut  des  airs  un  épervier,  les  ailes  abandonnées  au  vent, 
enlevé  par  un  vol  rapide;  aucun  mouvement  brusque  ne 
l'agite  :  il  plane  dans  un  ciel  serein  sur  ses  ailes  en  repos. 
Cependant  ils  dépassaient  le  cours  du  Parthénios,  fleuve 
qui  va  très  paisiblement  vers  la  mer  :  c'est  dans  ses  eaux 
désirées  que  la  fille  de  Létô,  quand,  après  la  chasse,  elle 
remonte  vers  le  ciel,  vient  rafraîchir  ses  membres.  Pendant 
la  nuit  suivante,  ils  ne  cessèrent  pas  de  naviguer  plus  avant 
sans  interruption  :  ils  arrivèrent  au  delà  de  Sésamos,  des 
hauts  rochers  Érythiniens,  de  Crobialos,  de  Cromna  et 
du  Cytoros  couvert  de  forêts.  Ils  tournèrent  ensuite  le  cap 
Carambis,  au  moment  où  le  soleil  lançait  ses  premiers 
rayons.  Après  cela,  ils  firent  avancer  le  navire  à  la  rame  le 
long  de  l'Aigialos  infini,  pendant  tout  le  jour  et  la  nuit  qui 
suivit  ce  jour. 


8o  LES    ARGONAUTIQUES 

V.  946-1008.  Bientôt  après,  ils  abordèrent  sur  la  terre  assyrienne,  oti 
Sinopé,  fille  d'Asopos,  fut  établie  par  Zeus  lui-mértie,  qui, 
dupe  de  ses  propres  engagements,  dut  lui  permettre  de 
conserver  sa  virginité.  Car,  désirant  la  posséder,  il  lui  avait 
promis  de  lui  donner  ce  qu'elle  souhaiterait  dans  son 
cœur:  elle  lui  demanda,  pleine  d*astuce,  de  conserver  sa 
virginité.  Par  un  semblable  artifice,  elle  trompa  Apollon, 
qui  désirait  s'unir  à  elle,  et,  après  eux,  le  fleuve  Halys.  Et 
aucun  homme  ne  put  la  dompter  dans  des  enlacements 
voluptueux.  C'est  là  que  les  trois  fils  du  vénérable  Triccaien 
Deimachos,  Deiiéon,  Autolycos  et  Phlogios  habitaient, 
depuis  qu'ils  s'étaient  égarés  loin  d'Héraclès.  Dès  qu'ils 
connurent  l'arrivée  de  l'expédition  des  héros,  ils  allèrent  à 
leur  rencontre,  en  déclarant  d'une  manière  exacte  qui  ils 
étaient  eux-mêmes.  Ils  ne  voulaient  plus  demeurer  davan- 
tage en  ce  lieu;  et  ils  s'embarquèrent  sur  le  navire,  carie 
vent  Argestès  commençait  précisément  de  souffler.  Emportés 
par  le  vent  rapide  avec  eux,  les  Argonautes  laissèrent  bientôt 
après  en  arrière  le  fleuve  Halys,  Tlris  qui  coule  dans  ses 
environs,  et  les  alluvions  de  la  terre  d'Assyrie;  et  ce  même 
jour,  ils  doublèrent  de  loin  le  cap  des  Amazones,  qui 
possède   un   port. 

C'est  jusque-là  que  s'était  avancée  autrefois  l'Arétiade 
Mélanippé;  c'est  là  que  le  héros  Héraclès  la  prit  dans  une 
embuscade,  et  Hippolyté  lui  donna,  comme  rançon  de  sa 
sœur,  un  baudrier  éclatant  de  diverses  couleurs;  et  alors  il 
la  renvoya,  exempte  de  tout  dommage.  Ils  abordèrent  dans 
la  baie  formée  par  le  cap,  auprès  des  embouchures  du 
Thermodon,  car  la  mer  était  excitée  contre  les  navigateurs. 
Aucun  fleuve  n'est  comparable  au  Thermodon,  aucun 
fleuve  ne  lance  sur  la  terre  autant  de  cours  d'eau  divers 
sortant  tous  de  lui-même.  A  en  faire  le  compte  précis,  on 
voit  qu'il  n'en  manque  que  quatre  pour  atteindre  cent  :  et 
il  n'y  avait  réellement  qu'une  seule  source  pour  tous  ces 
cours  d'eau;  cette  source  descend  vers  la  terre,  sortie  des 
monts  élevés,  qu'on  appelle,  dit-on,  monts  Amazoniens. 


CHANT    DEUXIEME  8r 

De  là,  le  fleuve  se  répand,  en  face  de  lui,  à  l'intérieur  d'un 
pays  assez  élevé  :  aussi,  ses  routes  sont  sinueuses.  Mais 
toujours,  allant,  l'un  d'un  côté,  l'autre  de  l'autre,  ces  cours 
d'eau  serpentent  dans  la  direction  où  ils  trouvent  un  ter- 
rain plus  bas.  La  route  de  ceux-ci  est  longue;  de  ceux-là, 
courte.  Il  en  est  beaucoup  qui  sont  sans  nom  :  on  ne  sait 
où  ils  vont  se  perdre.  Et  c'est  avec  peu  de  branches  que 
le  Thermodon  lui-même  décharge,  à  la  vue  de  tous,  dans  le 
Pont-Axin,  ses  flots,  à  l'abri  d'un  cap  qui  se  recourbe. 

Si  les  héros  avaient  séjourné  longtemps  en  cet  endroit, 
ils  auraient  dû  engager  le  combat  avec  les  Amazones,  et 
cela  n'aurait  pas  été  sans  effusion  de  sang;  car  les  Amazones 
qui  habitaient  la  plaine  Doiantienne  n'étaient  pas  affables 
ni  respectueuses  du  droit  d*hospitalité.  Au  contraire,  elles 
se  plaisaient  à  l'injustice  lamentable  et  aux  travaux  d'Ares; 
elles  étaient  en  effet  de  la  race  d'Ares  et  de  la  nymphe 
Harmonia,  qui,  s*étant  unie  au  dieu  dans  les  profondeurs 
du  bois  Acmonios,  lui  enfanta  des  filles  amies  de  la  guerre. 
Mais  Zeus  envoya  de  nouveau  le  souffle  de  l'Argestès.  Et 
le  navire,  poussé  par  le  vent,  quitta  le  rivage  arrondi  où 
s'armaient  les  Amazones  Thémiscyréiennes.  Car  elles  ne 
demeuraient  pas  réunies  dans  une  seule  ville;  mais,  divisées 
par  tribus,  elles  habitaient  des  parties  distinctes  du  pays; 
celles-là  demeuraient  à  part,  et  elles  avaient  alors  pour 
reine  Hippolyté;  à  part  aussi  étaient  les  Lycastiennes,  et. 
à  part  les  Chadésiennes,  habiles  à  lancer  les  traits. 

Le  lendemain  et  la  nuit  suivante,  ils  côtoyèrent  la  terre 
des  Chalybes.  Ces  hommes  ne  s'occupent  ni  du  labourage 
qui  se  fait  avec  les  bœufs,  ni  d'aucune  autre  manière  de 
produire  les  fruits  de  la  terre  agréables  au  cœur;  ils  ne  font 
pas  paître  de  troupeaux  dans  les  prairies  humides  de  rosée. 
Mais  ils  fendent  le  sol  rude,  abondant  en  fer  :  en  échange  de 
ce  fer,  ils  se  procurent  ce  qui  est  nécessaire  à  leur  vie. 
Jamais  pour  eux  Éos  ne  se  lève  sans  ramener  des  travaux; 
au  milieu  de  la  suie  noire  et  de  la  fumée,  ils  supportent 
un  dur  labeur. 


82  LES    ARGONAUTIQUES 

V.  1009-1029.  Après  avoir  dépassé  ces  peuples  et  doublé  le  cap  de  Zeus 
Génétaios,  ils  hâtaient  leur  course  le  long  de  la  côte  des 
Tibaréniens.  Dans  ce  pays,  quand  les  femmes  ont  donné 
des  enfants  à  leurs  maris,  ce  sont  les  hommes  qui  gémissent, 
abattus  sur  des  lits,  la  tête  enveloppée;  et  les  femmes 
soignent  bien  leurs  maris,  les  font  manger  et  leur  préparent 
les  bains  qui  conviennent  aux  accouchées. 

Ensuite,  ils  longeaient  le  mont  Sacré  et  le  pays  où  les 
Mossynoiciens  habitent  dans  les  montagnes  des  «mossy nés», 
d'oti  vient  le  nom  qu'ils  portent.  Les  mœurs  et  les  lois  sont 
chez  eux  différentes  de  ce  qu'elles  sont  ailleurs.  Ce  qu'il 
est  permis  de  faire  ouvertement  dans  la  ville,  sur  la  place, 
toutes  ces  choses  ils  les  exécutent  dans  leurs  maisons.  Tout 
ce  que  nous  faisons  dans  nos  demeures.  Us  l'accomplissent 
hors  de  chez  eux,  au  milieu  des  rues,  sans  encourir  de 
blâme.  Ils  n'ont  pas  même  de  retenue  à  s'unir  en  public: 
au  contraire,  semblables  aux  porcs  qu'on  engraisse  dans 
les  pâturages,  sans  le  moindre  respect  pour  les  assistants,  ils 
ont  commerce  avec  leurs  femmes,  par  terre,  s'abandonnant 
à  des  embrassements  réciproques.  Quant  à  leur  roi,  st^eant 
dans  une  très  haute  «  mossyne  »  il  rend  la  justice  suivant 
l'équité  à  un  peuple  nombreux  :  le  malheureux!  Si,  en 
prononçant  ses  arrêts,  il  se  trompe,  on  le  renferme  et  on  le 
tient  toute  la  journée  sans  manger* 

V.  1030-10894  Après  avoir  dépassé  ces  peuples,  et  à  peu  près  en  face  de 
l'île  Arétias,  c'est  avec  la  rame  que,  pendant  toute  la  journée, 
ils  se  frayèrent  une  route  au  milieu  des  eaux  :  car  le  vent 
tiède  les  avait  abandonnés  vers  le  crépuscule  du  matin. 
Mais  bientôt  ils  virent  voler  dans  l'air,  au-dessus  d'eux,  un 
oiseau  d'Ares,  habitant  de  l'île.  Celui-ci,  battant  fortement 
des  ailes  contre  le  navire  en  marche,  lui  lança  une  plume 
aiguè  qui  tomba  sur  l'épaule  gauche  du  divin  Oileus  : 
blessé,  celui-ci  laissa  échapper  sa  rame  de  ses  mains;  les 
héros  furent  frappés  de  stupeur  à  la  vue  du  trait  ailé. 
Érybotès,  qui  était  assis  auprès  d'Oileus,  retira  la  plume  et 
défit,  pour  en  bander  la  plaie,  le  baudrier  auquel  le  fourreau 


CHANT    DEUXIÈME  83 

de  son  épée  était  suspendu.  Mais  un  autre  oiseau  apparut, 
qui  volait  à  la  suite  du  premier.  Le  héros  Clytios  Eurytide 
avait  tendu  d'avance  son  arc  recourbé  :  il  lança  une  flèche 
prompte,  —  l'oiseau  s'avançait  en  volant,  — et  le  frappa; 
il  vint  en  tournoyant  tomber  auprès  du  navire  rapide. 

Amphtdamas,  fils  d'Aléos,  dit  alors  à  ses  compagnons: 
«  Près  de  nous  est  l'île  Arétias  :  vous  le  savez,  vous  aussi, 
depuis  que  vous  avez  vu  ces  oiseaux.  Quant  à  moi,  je 
n'espère  pas  que  nos  flèches  suffisent  pour  nous  permettre 
de  débarquer.  Mettons  plutôt  à  exécution  quelque  autre 
dessein  qui  nous  aide,  si  vous  voulez  aborder,  vous  sou- 
venant  des  recommandations  de  Pbinée.  Car  Héraclès, 
lorsqu'il  vint  en  Arcadie,  n'a  pas  eu  le  pouvoir  de  chasser 
avec  ses  flèches  du  marais  où  ils  nageaient  les  oiseaux  Stym* 
phalides  :  moi-même  je  l'ai  vu.  Mais  agitant  en  ses  mains 
une  cliquette  d'airain,  il  faisait  grand  bruit,  les  guettant  sur 
une  vaste  hauteur;  et  les  oiseaux  s'enfuyaient  au  loin;  la 
crainte  terrible  les  faisait  crier.  Aussi,  cherchons  maintenant 
quelque  expédient  de  ce  genre  :  ce  que  j'ai  déjà  imaginé 
moi-même,  je  vais  vous  le  dire.  Mettons  sur  nos  têtes  nos 
casques  aux  aigrettes  élevées;  qu'à  tour  de  rôle  la  moitié 
de  nous  s'occupe  de  ramer,  et  que  l'autre  moitié  munisse 
le  navire  de  lances  en  bois  bien  poli  et  de  boucliers.  Alors, 
d'un  seul  élan,  poussez  un  cri  immense,  tous  ensemble: 
les  oiseaux  seront  effrayés  de  ce  tumulte  étrange,  de  la  vue 
de  nos  aigrettes  agitées  et  de  nos  lances  dressées  bien  haut. 
Mais,  si  nous  arrivons  à  l'île  elle-même,  alors,  de  nouveau, 
poussez  des  cris  et  heurtez  vos  boucliers,  de  manière  à  faire 
un  bruit  prodigieux.  » 

Il  parla  ainsi,  et  cet  utile  dessein  leur  plut  à  tous.  Ils 
mirent  sur  leurs  têtes  les  casques  d'airain  à  la  splendeur 
effrayante;  au-dessus  s'agitaient  les  aigrettes  de  pourpre. 
Et  ils  ramaient  alternativement,  et  ceux  qui  ne  ramaient  pas 
enveloppèrent  Argo  de  lances  et  de  boucliers.  Ainsi,  quand 
un  homme  se  prépare  à  couvrir  d'un  toit  de  tuiles  les  murs 
de  sa  maison,  pour  l'orner  et  la  garantir  contre  la  pluie, 


84  LES    ARGONAUTIQUES 

une  tuile  succède  constamment  à  une  autre  et  s*y  adapte  : 
c'est  ainsi  que,  par  l'arrangement  de  leurs  boucliers,  ils 
faisaient  comme  un  toit  au  navire.  Tel,  le  bruit  qui  sort 
d'une  multitude  ennemie  d'hommes,  rassemblés  pour  la 
guerre,  qui  s'agitent  au  moment  où  les  phalanges  se  réunis- 
sent :  telle,  la  clameur  qui,  au-dessus  du  navire,  se  répandit 
dans  les  airs.  Et  ils  ne  virent  plus  un  seul  des  oiseaux; 
mais,  comme,  après  avoir  échoué  le  navire  sur  le  rivage  de 
l'île,  ils  faisaient  résonner  leurs  boucliers,  les  oiseaux  par 
milliers  voltigeaient  incertains,  s'enfuyant  de  côté  et  d'autre. 
De  même,  quand  le  Cronide  lance,  du  haut  des  nuages,  une 
grêle  "épaisse  sur  la  ville  et  les  maisons,  les  habitants  qui, 
de  l'intérieur,  entendent  le  crépitement  sur  les  toits,  se 
tiennent  assis  en  repos;  car  le  moment  de  la  tempête  ne 
les  a  pas  surpris  à  l'improviste;  leur  toit  a  été  consolidé 
auparavant.  Ainsi  les  oiseaux  lancèrent  aux  Argonautes  des 
plumes  nombreuses  en  s'envolant  bien  haut  au-dessus  de 
la  mer,  vers  les  montagnes  des  régions  situées  de  l'autre  côté 
des  flots. 
V.  I090-II33*  Mais  quelle  était  la  pensée  de  Phinée,  quand  il  ordonnait 
à  la  divine  expédition  des  héros  d'aborder  dans  cette  île,  et 
quel  était  l'avantage  qui  devait  ensuite  s*y  produire  pour 
eux,  suivant  leurs  désirs? 

Les  fils  de  Phrixos  s'en  retournaient  vers  la  ville  d'Orcho- 
mène,  loin  d'Aia  et  de  la  demeure  du  Cytaien  Aiétès;  ils 
s'étaient  embarqués  sur  un  navire  de  Colchide,  dans  le 
but  d'aller  prendre  possession  des  immenses  richesses  de 
leur  père  :  car,  en  mourant,  celui-ci  leur  avait  ordonné 
ce  voyage.  Et  ils  étaient  bien  près  de  l'île,  ce  jour-là^ 
Zeus  excita  l'impétuosité  du  vent  Borée,  et  le  fit  souffler, 
indiquant  par  des  pluies  la  marche  humide  de  TArctouros. 
Et  cependant,  durant  la  journée,  le  vent  agitait  un  peu 
les  feuilles  dans  les  montagnes,  soufflant  légèrement  au 
sommet  des  grosses  branches;  et,  pendant  la  nuit,  il  envahit 
la  mer  avec  violence,  et  il  souleva  le  flot  de  son  souffle 
strident;  une  profonde  obscurité  enveloppait  le  ciel  :  nulle 


CHANT    DEUXIÈME  85 

part  les  astres  éclatants  ne  se  laissaient  voir  du  milieu  des 
nuages,  partout  s'abattaient  de  noires  ténèbres.  Mouillés, 
craignant  la  mort  odieuse,  les  fils  de  Phrixos  étaient  ainsi 
portés  sur  les  flots.  La  force  du  vent  arracha  la  voile,  et, 
du  même  effort,  brisa  en  deux  parties  le  navire  ébranlé 
par  les  vagues  bruyantes.  Alors,  obéissant  à  un  conseil 
qui  venait  des  dieux,  ils  saisirent,  tous  les  quatre,  une 
poutre  énorme,  une  de  ces  poutres,  comme  il  s  en  trouvait 
beaucoup,  qu'on  avait  unies  les  unes  aux  autres  par  des 
chevilles  aiguës,  et  qui  se  dispersaient  maintenant  autour 
du  navire  fracassé.  C'est  vers  Tile  que  les  flots  et  l'impé- 
tuosité des  vents  les  portaient,  désolés,  car  ils  avaient 
échappé,  de  bien  peu  à  la  mort.  Aussitôt  éclata  une  averse 
inouïe  qui  couvrit  de  pluie  la  mer,  Tîle  et,  en  face  de  l'île, 
toute  la  région  qu'habitaient  les  farouches  Mossynoiciens. 
Les  fils  de  Phrixos  furent  jetés,  en  même  temps,  par  la 
force  des  flots,  avec  leur  poutre  solide,  sur  les  rivages  de 
l'île  :  la  nuit  était  obscure.  Mais  la  pluie  immense,  que  Zeus 
avait  envoyée,  cessa  avec  le  soleil  levant.  Les  naufragés  et 
les  héros  se  rencontrèrent  bientôt,  et  Argos,  le  premier,  prit 
la  parole  : 

«  Au  nom  de  Zeus,  qui  voit  tout,  nous  vous  prions, 
qui  que  vous  soyez  parmi  les  hommes^  de  nous  être 
favorables  et  de  nous  secourir  dans  notre  misère.  Car  de 
rudes  tempêtes,  qui  se  sont  appesanties  sur  la  mer,  ont  brisé 
toutes  les  poutres  du  chétif  navire  sur  lequel  nous  faisions 
route,  embarqués  par  nécessité.  Aussi,  maintenant,  nous 
vous  supplions  à  genoux  (puissiez- vous  vous  laisser  per- 
suader!) de  nous  donner  quelque  vêtement  à  nous  mettre 
sur  le  corps,  et  de  prendre  soin,  par  pitié,  d'hommes  de 
votre  âge  qui  sont  dans  le  malheur.  Ayez  donc  égard  à 
des  hôtes  suppliants,  au  nom  de  Zeus,  protecteur  des  hôtes 
et  des  suppliants  :  ils  appartiennent,  les  uns  et  les  autres, 
à  Zeus,  les  suppliants  et  les  hôtes;  et  certes,  le  dieu  qui  voit 
tout  est  pour  nous.  » 

Le  fils  d'Aison  l'interrogea  avec  prudence,  pensant  bien  y.  1134.1225. 


86  LES    AkGONAUTIQURS 

que  les  prédictions  de  Phinée  étaient  accomplies  :  «  Tout 
ce  que  vous  demandez,  nous  allons  vous  le  donner  bien- 
volontiers.  Mais,  voyons,  dis -moi  d'une  manière  exacte* 
quel  pays  vous  habitez,  quelle  nécessité  vous  force  à  navi- 
guer sur  mer,  quel  est  votre  nom  illustre  et  votre  race,  b 

Argos  lui  répondit,  tout  perplexe  à  cause  de  sa  misère  : 
«  Un  Aiolide,  Phrixos,  est  jadis  allé  de  t'Hellade  vers  Aia  ;  le- 
fait  est  certain,  et,  je  le  suppose,  vous  le  savez  vous-mêmes 
avant  que  je  vous  le  dise  :  Phrixos,  qui  est  venu  dans  la 
ville  d'Aiétès,  monté  sur  un  bélier  qu'Hermès  a  changé 
en  bélier  d'or.  Et  certes,  aujourd'hui  encore  vous  pourriez 
voir  sa  toison  [pendue  aux  hautes  branches  feuillues  d'un 
chêne].  Ensuite,  sur  l'ordre  de  l'animal  lui-même,  il  l'im- 
mola entre  tous  les  dieux  au  Cronide  Zeus  qui  avait  protégé 
sa  fuite.  Aiétès  reçut  Phrixos  dans  son  palais,  et  lui  donna 
pour  femme  sa  fille  Chalciopé,  sans  exiger  de  présents  de 
noces,  car  son  esprit  était  bienveillant.  Nous  sommes  les 
enfants  de  Phrixos  et  de  Chalciopé.  Or,  Phrixos  est  mort, 
déjà  vieux,  dans  la  maison  d' Aiétès.  Aussitôt,  par  respect 
pour  les  volontés  de  notre  père,  nous  nous  embarquons 
vers  Orchomène,  dans  le  but  d'aller  y  chercher  les  richesses 
d'Athamas.  Mais,  si  tu  tiens  à  savoir  aussi  notre  nom, 
celui-ci  se  nomme  Cytisoros,  celui-là  Phrontis,  cet  autre 
Mêlas;  pour  moi,  vous  pouvez  m'appeler  Argos.  » 

Il  parla  ainsi  :  les  héros  se  réjouirent  de  cette  rencontre 
et  embrassèrent  les  étrangers  pleins  d'étonnement.  Et  Jason 
de  nouveau,  comme  il  lui  était  convenable,  répondit  en 
ces  termes  :  ix  Certes,  parents  du  côté  de  mon  père,  c'est 
à  des  hommes  pleins  de  bienveillance  pour  vous  que  vous 
demandez  de  vous  aider  dans  votre  misère.  Car  Crétheus 
et  Athamas  étaient  frères;  et  moi,  fils  du  fils  de  Crétheus,  je 
vais  de  l'Hellade  même,  accompagné  de  ces  hommes,  à  la 
ville  d'Aiétès.  Mais,  toutes  ces  choses,  nous  en  parlerons 
plus  tard  entre  nous  :  maintenant,  commencez  par  vous 
vêtir...  C'est,  je  pense,  par  un  conseil  des  immortels  que, 
dans  votre  malheur,  vous  êtes  tombés  entre  mes  mains.  » 


CHANT    DEUXIÈME  87 

Il  parla  ainsi  et  leur  donna  du  navire  des  habits  pour  se 
vêtir.  Ensuite,  ils  se  rendirent  tous  ensemble  au  temple 
d'Ares  pour  sacrifier  des  brebis.  Ils  s'empressèrent  de  se 
placer  autour  de  Tautel,  fait  de  petites  pierres,  qui  s'élevait 
en  dehors  du  temple,  lequel  était  sans  toit.  A  rin^térieur 
avait  été  enfoncée  une  pierre  sacrée,  noire,  à  laquelle  toutes 
les  Amazones  adressaient  leurs  prières.  Mais  ce  n'était  pas 
leur  usage,  quand  elles  revenaient  du  continent  situé  en  face 
de  l'île,  de  consumer  sur  cet  autel  des  sacrifices  de  brebis 
ou  de  bœufs  :  elles  sacrifiaient  des  chevaux  qu'elles  avaient 
nourris  pendant  une  année.  Quand  les  héros,  après  leur 
sacrifice,  se  furent  rassasiés  du  festin  qu'ils  avaient  préparé, 
l'Aisonide  s'adressa  à  ses  hôtes  et  commença  en  ces  termes  : 

«  Zeus  voit  avec  attention  toute  chose;  et  nous  autres 
hommes  nous  n'avons  rien  de  caché  pour  lui,  que  nous 
soyons  d'une  piété  solide  ou  bien  injustes.  De  même  qu'il 
a  sauvé  votre  père  de  la  mort  que  lui  préparait  une  marâtre 
et  qu'il  lui  a  permis  d'acquérir  loin  d'elle  une  immense 
richesse,  de  même,  vous  aussi,  il  vous  a  arrachés  sains  et 
saufs  à  une  funeste  tempête.  Sur  ce  navire  il  vous  est  loisible 
d'aller  ici  ou  là,  suivant  votre  volonté,  soit  vers  Aia,  soit 
vers  la  ville  riche  du  divin  Orchomène.  Car  l'art  d'Athéné 
a  fabriqué  notre  vaisseau  :  sa  hache  d'airain  en  a  coupé  les 
poutres  sur  les  sommets  du  Pélion:  et,  avec  la  déesse,  Argos 
l'a  construit.  Quant  au  vôtre,  le  fiot  furieux  l'a  brisé,  avant 
même  que  vous  vous  soyez  approchés  des  pierres  qui,  dans 
la  mer  étroite,  se  heurtent  entre  elles  constamment.  Mais 
voyez:  nous  désirons  porter  en  Hellade  la  toison  d'or; 
venez-nous  en  aide,  guidez  notre  navigation,  puisque  je  vais 
accomplir  des  sacrifices  expiatoires  en  l'honneur  de  Phrixos,  et 
apaiser  la  colère  de  Zeus  contre  les  Aiolides.  » 

Il  parla  ainsi  pour  les  exhorter  :  mais  eux,  ils  l'écoutaient 
avec  terreur;  car  ils  ne  pensaient  pas  trouver  Aiétès  bien- 
veillant pour  ceux  qui  voudraient  emporter  la  toison  du 
bélier.  Argos  leur  adressa  ces  paroles,  les  blâmant  de 
s'occuper  d'une  telle  expédition  :   «  Mes  amis,  tout  ce  que 


88  LES    ARGONAUTIQUES 

nous  avons  de  force,  nous  ne  manquerons  jamais  de  le 
mettre  à  votre  service,  d'une  manière  absolue,  quand  la 
nécessité  s'en  présentera.  Mais  il  est  terriblement  armé 
d'une  cruauté  funeste,  Aiétès.  Aussi,  ce  voyage  me  fait 
grand'peur.  On  assure  qu'il  est  le  fils  d'Hélios;  autour 
de  lui  habitent  les  peuples  sans  nombre  des  Colchiens;  et 
lui-même,  par  sa  voix  effrayante  et  sa  grande  force,  il 
égale  Ares.  Certes,  enlever  la  toison  malgré  Aiétès,  ce 
n'est  pas  chose  facile  :  si  redoutable  est  le  dragon  qui  veille 
autour,  à  l'abri  de  la  mort  et  du  sommeil,  lui  que  Gaia 
elle-même  a  enfanté  sur  les  flancs  boisés  du  Caucase,  là  oti 
est  la  pierre  Typhaonienne,  oti  Ton  dit  que  Typhaon,  frappé 
par  le  tonnerre  du  Cronide  Zeus,  alors  qu'il  avait  mis  sur 
lui  ses  fortes  mains,  vit  couler  goutte  à  goutte  de  sa  tête 
son  sang  bouillant  :  blessé  de  la  sorte,  il  vint  aux  monts  et  à 
la  plaine  de  Nysa,  oti,  maintenant  encore,  il  gît,  englouti 
sous  les  eaux  du  marais  Serbonis.  » 

Il  parla  ainsi;  et  aussitôt,  en  apprenant  quelles  luttes  il 
faudrait  affronter,  bien  des  joues  pâlirent.  Mais  bientôt 
Pelée  répondit  par  des  paroles  audacieuses,  et  s'exprima 
de  la  sorte  :  «  Mon  ami,  n'aie  pas  ainsi  dans  l'esprit  une 
crainte  exagérée,  car  nous  ne  manquons  pas  à  ce  point  de 
force  que  nous  soyons  incapables  de  lutter  avec  Aiétès,  les 
armes  à  la  main.  Il  me  semble,  au  contraire,  que  nous 
arrivons  dans  son  pays,  expérimentés  à  la  guerre,  nés,  ou 
peu  s'en  faut,  du  sang  des  dieux  :  aussi,  dans  le  cas  où  il 
ne  nous  donnerait  pas  de  bon  cœur  la  toison  d'or,  j'ai  bon 
espoir  que  les  peuples  de  Colchide  ne  lui  seront  pas  d'un 
grand  secours.  » 
V.  1226-1283.  C'est  ainsi  qu'ils  s'entretenaient  mutuellement,  jusqu'au 
moment  oîi,  rassasiés  par  un  nouveau  repas,  ils  s'endor- 
mirent. Réveillés  au  matin,  une  brise  modérée  soufflait 
favorable  pour  eux  :  ils  élevèrent  la  voile,  qui  se  détendait 
sous  rimpulsion  du  vent;  et  bientôt  ils  laissaient,  loin 
derrière  eux,  l'île  d'Ares. 

A  la  nuit  tombante,  ils  côtoyaient  Tîle  Philyréide  :  c'est 


CHANT     DEUXIÈME  89 

là  que,  du  temps  qu'il  régnait  dans  TOlympe  sur  les  Titans 
«t  que  Zeus  était  encore  nourri,  s^u  milieu  des  Courètes 
Jdaiens,  dans  i*antre  de  Crète,  TOuranide  Cronos,  trompant 
Rhéa,  s'unit  à  Philyra.  La  déesse,  pendant  qu'ils  étaient 
dans  le  lit,  les  y  surprit:  Cronos  bondit  hors  de  la  couche 
et  s'enfuit,  semblable  par  la  forme  à  un  cheval  à  l'épaisse 
crinière.  Et,  quittant,  pleine  de  honte,  ces  lieux,  son  séjour 
habituel,  l'Océanide  Philyra  vint  dans  les  longues  chaînes 
de  montagnes  des  Pélasges,  oti  elle  enfanta  le  monstrueux 
Chiron,  semblable  à  la  fois  à  un  dieu  et  à  un  cheval,  fruit 
de  cette  union  équivoque. 

Ensuite  les  héros  passaient  le  long  du  pays  des  Macrônes, 
de  la  région  immense  des  Bécheires,  et  devant  les  Sapeires 
sauvages  et  les  Byzères,  qui  sont  après  eux  ;  et  ils  naviguaient 
toujours  plus  avant,  avec  rapidité,  poussés  par  un  vent  tiède. 
Ils  étaient  déjà  arrivés  assez  loin  pour  voir  le  golfe  le  plus 
enfoncé  du  Pont  ;  déjà  s'élevaient  devant  eux  les  pics  escarpés 
des  monts  du  Caucase  :  c'est  là  que,  les  membres  fixés  aux 
âpres  rochers  par  des  entraves  d'airain,  Prométhée  repaissait 
de  son  propre  foie  un  aigle  qui  revenait  sans  cesse,  pour 
s'élancer  sur  lui.  Ils  virent  cet  oiseau,  le  soir,  voler  près 
.<les  nuages,  autour  des  parties  les  plus  élevées  du  navire,  en 
poussant  des  cris  aigus;  et,  cependant,  il  ébranla  la  voile  de 
toutes  parts,  en  l'attaquant  à  coups  d'ailes.  Car  il  n'avait 
pas  la  conformation  d'un  oiseau  des  airs;  mais  il  agitait  avec 
violence  les  extrémités  de  ses  ailes,  semblables  à  des  rames 
polies.  Peu  de  temps  après,  ils  entendaient  la  voix  gémis- 
sante de  Prométhée  dont  le  foie  était  arraché;  et  l'air  retentit 
de  ses  lamentations,  jusqu'au  moment  où  ils  virent  l'aigle 
carnassier,  s'envolant de  nouveau  delà  inontagne,  en  suivant 
la  même  direction.  C'est  de  nuit  que  l'habileté  d'Argos  les 
fit  arriver  au  large  cours  du  Phase  et  aux  limites  extrêmes 
de  la  mer. 

Aussitôt  ils  amenèrent  la  voile  et  la  vergue,  et  les  placèrent 
dans  la  fosse  du  mât,  oti  ils  les  rangèrent;  le  mât  lui-même 
fut,  bientôt  après,  abattu  et  couché  :  ils  se  hâtèrent  de  faire 


12 


go  LES    ARGONAUTIQUBS 

entrer,  à  torce  de  rames,  le  navire  dans  le  vaste  lit  du  fleuve, 
qui  cédait  de  tous  côtés  en  bouillonnant  avec  bruit.  Us 
avaient  donc  ft  leur  gauche  le  Caucase  élevé  et  la  ville 
Cytaienne  d'Aia,  et  de  l'autre  côté  la  plaine  d'Ares  et  les 
bois  sacrés  de  ce  dieu,  où  le  dragon  attentif  gardait  la  toison 
suspendue  en  haut  des  branches  feuillues  d'un  cbéne.  Mais 
l'Aisonide  lui-même  versait  dans  le  fleuve  avec  une  coupe 
d'or  les  libations  douces  comme  le  miel  d'un  vin  sans 
mélange,  en  l'honneur  de  Gaia,  des  dieux  du  pays  et  des 
âmes  des  héros  morts;  il  les  suppliait  i  genoux  de  lui  être 
secourables  et  propices  dans  leur  bienveillance  et  de  rece- 
voir favorablement  les  amarres  du  navire.  Aussitôt  après, 
Ancaios  parla  en  ces  termes  :  «  Nous  voici  parvenus  A  la 
terre  de  Colchide  et  au  fleuve  du  Phase;  c'est  le  temps  de 
nous  consulter  entre  nous  pour  savoir  si  nous  ferons  une 
tentative  amicale  auprès  d'Aiétès,  ou  s'il  y  a  quelque  autre 
manière  d'atteindre  notre  but.  n 

Il  dit;  cependant,  d'après  les  conseils  d'Argos,  Jason  fît 
établir  sur  les  pierres  de  fond,  à  un  endroit  ob  il  était  k 
Rot,  le  navire  que  l'on  avait  conduit  dans  un  marais  très 
ombragé,  qui  était  voisin  du  lieu  où  ils  éiaient  arrivés. 
C'est  là  qu'ils  dormirent  pendant  ta  nuit;  et  Èos  ne  fut  pas 
longue  à  apparaître,  comme  ils  le  souhaitaient. 


CHANT   III 


SOMMAIRE 

Invocation  à  Érato  (i-s)-  —  Héra  et  Athèné  se  concertent  sur  les  moyens  de  venir  en  a*de 
aux  Argonautes  (6-);).  —  Les  deux  déesses  se  rendent  chex  Cypris  pour  lui  demander  de 
Cure  intervenir  Éros  (36-110).  -~  Cypris  obtient  de  son  fils  qu'il  aille  fcapper  d'une  flèche 
Médée,  fille  d'Aiitès  (m -166).  —  Jason  expose  aux  Argonautes  son  plan  de  conduite 
(167-209).  —  Arrivée  de  Jason  et  de  quelques  compagnons  choisis  au  palais  d'Aîétès 
(210-274).  —  Éros  perce  Mèdée  d'une  flèche  (27S-a98).  —  Entrevue  d'Aiétès  et  des  héros; 
Jason  s'engage  à  entreprendre  le  travail  imposé  par  le  rot  (299-438).  —  Angoisses  de 
Médée,  occupée  du  souvenir  de  Jason  (439-470).  —  Délibération  des  héros  :  sur  les  conseils 
d'Argos,  on  décide  d'avoir  recours  à  l'intervention  de  Chalciopé  auprès  de  Médée  (47i-)7S)* 
—  Projets  d'Aiétès  contre  les  Argonautes  ($76-608).  —  Médée  promet  à  Chalciopé  de 
secourir  ses  fils  et  leurs  compagnons  (609-743).  —  Après  de  longues  hésitations,  Médée 
se  dispose  à  porter  &  Jason  les  substances  magiques  (744-824).  —  Médée  va  avec  sca 
suivantes  au  temple  d'Hécate  pour  y  rencontrer  Jason  (82S-911).  —  Jason  s'y  rend  de  son 
côté;  entrevue  du  héros  avec  la  jeune  fille  (912-114$).  —  Retour  de  Médée  dans  sa 
maison  (1146-1162).  —  Aiétés  remet  les  denu  du  dragon  aux  envoyés  de  Jason  (1163- 
1190).  —  Jason  offre  un  sacrifice  nocturne  k  Hécate  (i  191 -1224).  —  Aiétés  se  dispose  à 
aller  assister  à  la  lutte  de  Jason  contre  les  taureaux  (122S-124;).  —  Jason  se  prépare  k  la 
bataille  (1246-1277).  —  Jason  met  les  uureaux  sous  le  joug  et  force  les  géants  k  se  tuer 
entre  eux  (i  278-1407). 


LLONS,  ô  Erato,  viens  m^assister,  et  raconte-  V.  1-5. 
moi  comment  Jason  put  rapporter  de  Col- 
chide  la  toison  à  lolcos,  grâce  à  l'amour 
de  Médée.  Car  tu  partages  la  destinée  de 
Cypris;  les  soucis  qui  viennent  de  toi 
charment  les  jeunes  filles  vierges  :  de  là, 

le  nom  aimable  qui  t'a  été  donné. 
C'est  ainsi  que,  sans  être  vus  des  Colchiens,  les  héros  V.  6-35. 

restaient  embusqués  au  milieu  des  roseaux  épais.  Mais  Héra 


92  LES    ARGONAUTIQUES 

et  Athéné  s'aperçurent  de  leur  présence  :  loin  de  Zeus  et  des 
autres  dieux  immortels,  elles  délibéraient,  étant  allées  dans 
une  chambre.  Et  d*abord  Héra  sondait  Athéné  par  ses  ques- 
tions :  «Fille  de  Zeus,  toi-même  ouvre,  la  première,  la 
discussion:  que  faut-il  faire?  Imagineras-tu  quelque  ruse 
qui  leur  permettra  de  prendre  la  toison  d'or  d'Aiétès  et  de 
ramener  en  Hellade;  ou  veux-tu  qu'usant  auprès  du  roi  de 
paroles  douces  comme  le  miel,  ils  obtiennent  la  toison  par 
persuasion?  Sans  doute,  son  arrogance  est  intraitable  :  mais 
il  me  semble  bon  de  ne  négliger  aucune  tentative.  » 

Elle  dit,  et  aussitôt  Athéné  lui  répondit  :  «  C'est  au  mo- 
ment oQ,  moi  aussi,  j'agite  bien  des  projets  semblables  que 
tu  m'interroges  d'une  manière  si  pressante,  Héra.  Je  sens 
bien  que  je  n'ai  pas  encore  combiné  cette  ruse  qui  sera 
capable  d'aider  le  courage  dts  héros,  et,  cependant,  f'ai 
examiné  bien  des  projets.  » 

Elle  dit,  et  toutes  deux  tinrent  leurs  yeux  fixés  à  terre 
(levant  leurs  pieds,  songeant,  à  part,  à  des  desseins  divers. 
Soudain  Héra,  prenant,  la  première,  la  parole,  exposa  en  ces 
termes  ce  qu'elle  méditait:  «Allons!  rendons-nous  auprès 
de  Cypris  :  arrivées  chez  elle,  nous  la  prierons  toutes  deux 
de  demander  à  son  enfant  s'il  veut  bien  frapper  de  ses  traits 
et  concilier  à  Jason  la  fille  d'Aiétès,  elle  qui  est  si  habile 
dans  la  science  des  poisons.  Car  je  pense  que,  grâce  à  ses 
conseils,  il  pourra  rapporter  la  toison  en  Hellade.  » 

Elle  dit:  cette  sage  résolution  fut  agréable  à  Athéné,  qui 
répondit  par  ces  douces  paroles  :  «  Héra,  mon  père  m'a  fait 
naître  ignorante  des  traits  d'Eros,  et  je  ne  connais  aucune 
des  choses  nécessaires  pour  séduire  à  l'amour.  Mais,  si  ce 
projet  te  plait,  certes  je  te  suivrai  :  tu  prendras  la  parole 
quand  tu  seras  arrivée  auprès  de  Cypris.  » 
V.  36-110.  Elle  dit;  et,  s'étant  aussitôt  levées,  elles  se  mettaient  en 
marche  vers  la  grande  maison  de  Cypris,  maison  que  son 
mari,  boiteux  des  deux  pieds,  lui  avait  construite,  alors 
qu'il  venait  de  l'emmener  avec  lui,  épouse  reçue  de  la  main 
de  Zeus.  Étant  entrées  dans  l'enceinte  de  la  demeure,  elles 


CHANT    TROISIÈME  93. 

s*afrétèrent  sous-le  poriique  de  la  chambre  où  la  déesse 
avait  coutume  de  préparer  le  lit  d'Héphaistos.  Celui-ci  était 
parti  dès  le  matin  pour  sa  forge  et  ses  enclumes,  dans  les 
vastes  profondeurs  de  Tile  errante,  où  il  fabrique  en  airain 
toutes  sortes  douvrages  merveilleux,  grâce  à  la  puissance 
du  feu.  Elle  était  seule  à  la  maison,  assise  vis-à-vis  des 
portes  sur  un  siège  fait  au  tour;  elle  avait  ses  blanches 
épaules  couvertes,  des  deux  côtés,  de  sa  chevelure  déployée 
qu'elle  ordonnait  avec  un  peigne  d'or,  avant  de  tresser  ses 
longues  boucles.  Quand  elle  les  aperçut  en  face  d'elle,  elle 
s'arrêta,  leur  dit  d'entrer,  se  leva  de  son  siège  et  les  fit 
asseoir  sur  des  fauteuils  à  dossier;  ensuite,  elle  s'assit  elle- 
même,  et  ses  mains  liaient  ses  cheveux  qui  n'étaient  pas 
encore  peignés.  Alors,  elle  leur  adressa,  en  souriant,  ces 
douces  paroles:  «Vénérables  amies,  quel  dessein,  quelle 
nécessité  vous  amène,  vous  si  rares?  Pourquoi  donc  venez- 
vous  toutes  deux,  vous  qui  jusqu'à  présent  ne  fréquentiez 
guère  ici?  Car  vous  êtes  au  plus  haut  rang  parmi  les  déesses,  n 
Héra  lui  répondit  en  ces  termes  :  «  Tu  railles;  mais, 
toutes  deux,  notre  âme  est  émue  par  la  crainte  d'un  mal- 
heur. Car  déjà,  dans  le  fleuve  du  Phase,  l'Aisonide  arrête 
son  navire,  et  avec  lui,  tous  ceux  qui  le  suivent  pour 
conquérir  la  toison.  C'est  pour  tous  ces  héros,  puisqu'une 
terrible  entreprise  s'élève  devant  eux,  que  nous  craignons 
beaucoup  :  c'est  surtout  pour  l'Aisonide.  Devrait-il  naviguer 
jusque  chez  Adès  pour  délivrer  aux  enfers  Ixion  de  ses  liens 
d'airain,  j'emploierais  à  le  sauver  toute  la  force  qui  est  en 
moi,  poGr  que  Pélias  ne  puisse  me  railler,  ayant  évité  son 
destin  funeste,  lui  dont  l'insolence  m'a  exclue  de  l'honneur 
de  ses  sacrifices.  D'ailleurs,  il  y  a  longtemps  que  Jason  m'est 
très  cher:  depuis  que,  sur  les  rives  de  l'Anauros débordé,  un 
jour  que  j'éprouvais  les  bonnes  dispositions  des  hommes,  H 
s'est  présenté  à  moi,  revenant  de  la  chasse  :  la  neige  blan- 
chissait toutes  les  montagnes,  tous  les  sommets  élevés,  d'oQ 
les  torrents,  formés  par  les  pluies  d'hiver,  s'élançaient, 
tourbillons  retentissants.  Je  m'étais  faite  semblable  à  une 


94  I-ES    ARGONAUTIQUES 

vieille  femme  :  il  eut  pitié  de  moi,  et,  m'ayant  enlevée  sur 
:ses  épaules,  il  me  porta  à  travers  l'eau  qui  se  précipitait. 
Aussi,  depuis  lors,  est-il  sans  cesse  l'objet  de  mes  soins  :  et 
cependant,  Pélias  ne  pourra  subir  sa  peine,  si  tu  ne  donnes 
à  Jason  le  moyen  de  revenir.  » 

Elle  dit,  et  Cypris  fut  saisie  de  stupeur,  émue  de  respect 
•en  se  voyant  suppliée  par  Héra  ;  mais,  ensuite,  elle  lui  adressa 
ces  douces  paroles  :  «  Vénérable  déesse,  il  n'y  aurait  certes 
rien  de  pire  que  Cypris,  si,  quand  tu  le  désires,  je  négligeais 
de  parler  ou  d'accomplir  quelque  œuvre  dont  mes  mains 
sont  capables,  malgré  leur  faiblesse.  Je  né  demande  même 
pas  de  reconnaissance  en  retour.  » 

Elle  parla  ainsi,  et  Héra  lui  répondit  pleine  de  prudence  : 
«  Nous  ne  venons  pas  désireuses  de  ta  force  et  du  secours 
de  tes  mains.  Même,  reste  tranquille,  et  contente- toi  de 
recommander  à  ton  fils  d'inspirer  à  la  fille  d'Aiétès  une 
passion  pour  Jason.  Car,  s'ils  sont  d'accord,  si  elle  est  bien 
disposée  pour  lui,  je  pense  qu'il  deviendra  facile  au  héros 
de  rentrer  à  lolcos,  en  possession  de  la  toison  :  car  cette  fille 
est  habile.  » 

Elle  dit,  et,  s'adressant  à  toutes  deux,  Cypris  répondit  : 
«  Héra  et  Athéné,  mon  fils  obéirait  plutôt  à  vous  qu'à 
moi  :  car,  malgré  toute  son  impudence,  votre  vue  lui 
inspirera  quelque  respect;  de  moi,  il  n'a  aucun  souci:  au 
contraire,  il  me  provoque,  il  se  joue  de  moi  sans  cesse. 
Certes,  toujours  en  proie  à  sa  méchanceté,  j'ai  pris  une  fois 
la  résolution  de  briser,  en  même  temps  que  son  arc,  ses 
flèches  au  bruit  odieux,  et  cela  sans  me  cacher.  Alors,  plein 
de  colère,  il  me  dit  avec  menaces  que,  si  je  ne  tenais  les 
mains  loin  de  lui  pendant  qu'il  maîtrisait  encore  sa  colère, 
j'aurais  ensuite  à  m'adresser  des  reproches  à  moi-même,  n 

Elle  parla  ainsi,  et  les  deux  déesses  se  regardèrent  en 
souriant;  mais  Cypris,  très  triste,  continua  :  «  Pour  les 
autres,  mes  peines  sont  un  sujet  de  risée;  et  je  ne  devrais 
pas  les  dire  à  tout  le  monde  :  c'est  assez  que  je  les  connaisse 
moi-même.  Mais,  puisque  cela  vous  est  agréable  à  toutes  les 


CHANT    TROISIÈME  qJ 

deux,  je  tenterai  l'expérience:  je  vais  l'apaiser^  et  il  ne  me 
sera  pas  indocile.  » 

Elle  parla  ainsi;  mais  Héra  prit  sa  main  délicate,  et  lui 
répondit  à  son  tour,  avec  un  doux  sourire  :  «  C'est  cela^ 
Cythérée;  cette  affaire  difficile,  comme  tu  dis,  termine-la 
bien  vite:  ne  te  montre  pas  exigeante;  ne  te  querelle  pas, 
t'irritant  contre  ton  fils;  car  il  finira  par  te  céder.  » 

A  ces  mots,  elle  quitta  son  siège  et  Athéné  l'accompagna;  V.  1 1 1-166. 
elles  sortirent  toutes  deux  pour  s'en  revenir.  Mais  Cypris  se 
mit  en  route  vers  les  endroits  retirés  de  l'Olympe,  espérant 
y  découvrir  son  fils.  EUle  le  trouva,  loin  de  Zeus,  dans  une 
plaine  fleurie:  il  n'était  pas  seul;  avec  lui  se  trouvait  Gany* 
mède  que  Zeus  autrefois  établit  dans  le  ciel,  convive  des 
immortels,  car  il  était  passionné  pour  sa  beauté.  Tous  deux 
jouaient  avec  des  osselets  d'or,  comme  de  jeunes  amis  :  et 
l'insolent  Éros  cachait  déjà  contre  sa  poitrine  le  creux  de 
sa  main  gauche  plein  d'osselets;  il  était  debout,  ses  joues 
s'illuminaient  d'une  douce  rougeur.  A  côté  de  lui,  Gany- 
mèJe  était  à  genoux,  silencieux  et  tête  basse  :  il  n'avait  plus 
que  deux  osselets,  ayant  jeté  en  vain  les  autres  tour  à  tour; 
il  était  furieux  contre  Éros  qui  riait  aux  éclats.  Ayant  aussi 
perdu  ses  derniers  osselets,  bientôt  après  les  autres,  il  s'en  alla 
les  mains  vides,  ne  sachant  plus  que  faire;  il  ne  s'aperçut 
pas  de  l'arrivée  de  Cypris.  Celle-ci  s'arrêta  en  face  de  son  fils 
et,  aussitôt,  le  prenant  par  le  menton,  elle  lui  dit:  «  Pour- 
quoi donc  souris-tu,  affreuse  peste?  Tu  Tas  donc  trompé 
ainsi;  tu  as  injustement  triomphé  de  sa  simplicité?  Mais, 
voyons,  termine,  plein  de  bonne  volonté  pour  moi,  l'affaire 
dont  je  vais  te  parler  :  et  je  te  donnerai  un  très  beau  jouet 
de  Zeus,  celui  que  lui  fit  sa  chère  nourrice  Adrestéia,  alors 
que,  dans  l'antre  Idaien,  il  s'amusait  en  enfant.  C'est  une 
boule  qui  roule  si  bien  que  tu  ne  pourrais  obtenir  des  mains 
d'Héphaistos  un  présent  plus  précieux  :  elle  est  formée  de 
cercles  d'or;  autour  de  chacun  d'eux  s'enroulent  de  doubles 
anneaux  qui  l'enveloppent;  on  n'en  voit  pas  les  jointures  : 
car,  une  spirale  bleuâtre  court  à  leur  surface.  Mais,  si  tu 


96  LES    ARGONAUTIQUES 

prends  cette  boule  dans  tes  mains  pour  la  lancer,  semblable 
à  un  astre,  elle  répand  dans  l'air  une  traînée  brillante. 
C'est  le  cadeau  que  je  te  ferai  :  de  ton  côté,  frappe  d'une 
flèche  la  vierge,  fille  d'Aiétès,  et  séduis  son  âme  en  faveur 
de  Jason.  Qu'il  n'y  ait  pas  de  retard,  car  alors  on  te  saurait 
moins  de  gré  de  ce  que  tu  feras.  » 

Elle  dit;  et  ce  langage  était  agréable  à  celui  qui  i'écoutait. 
Aussi,  il  jeta  tous  ses  jouets;  et,  des  deux  mains,  il  tenait 
ferme  la  tunique  de  sa  mère  qu'il  avait  saisie  des  deux 
côtés  :  il  la  suppliait  de  lui  faire  son  cadeau  tout  de  suite. 
Celle-ci,  l'accueillant  avec  de  douces  paroles  et  le  prenant 
par  les  joues,  l'embrassa,  le  tenant  serré  contre  elle,  et  lui 
répondit  en  souriant  :  «Que  ta  tête  chérie,  que  la  mienne 
elle-même  en  témoigne!  Certes,  je  te  donnerai  ce  présent 
et  je  ne  te  tromperai  pas,  aussitôt  que  tu  auras  percé  d'un 
trait  la  fille  d'Aiétès  I  » 

Elle  dit  :  Éros  rassembla  ses  osselets,  et,  après  les  avoir 
tous  bien  comptés,  il  les  lança  dans  le  pli  éclatant  que  les 
vêtements  de  sa  mère  faisaient  au-dessous  du  sein.  Aussitôt, 
il  fixa  à  un  baudrier  d'or  son  carquois,  qui  était  appuyé  au 
pied  d*un  arbre,  et  il  saisit  son  arc  recourbé.  Il  sortit  des 
demeures  de  Zeus,  en  traversant  une  plaine  abondante  en 
fruits;  et  il  franchit  ensuite  les  portes  éthérées  de  l'Olympe. 
De  là  descend  une  route  céleste:  deux  pôles  soutiennent  les 
hauteurs  des  montagnes  inaccessibles;  ce  sont  les  sommets 
de  la  terre,  c'^st  là  que  le  soleil,  à  son  lever,  lance  avec  force 
ses  premiers  rayons.  Au-dessous  apparaissaient  et  la  terre, 
qui  porte  des  moissons,  et  les  villes  des  hommes,  et  les  cours 
sacrés  des  fleuves;  d'autre  part,  les  crêtes  des  montagnes, 
et,  tout  autour,  la  mer.  Eros  voyait  tout  cela  pendant  qu'il 
s'avançait  au  milieu  des  airs. 
V.  167-209.  Cependant,  les  héros,  embusqués  à  l'écart,  au  milieu  des 
marais  du  fleuve,  se  tenaient  assis  sur  les  bancs  de  leur 
navire  et  ils  avaient  ouvert  la  discussion.  Jason  parlait,  et 
ils  l'écoutaient  silencieux,  assis  en  ordre,  chacun  à  sa  place.: 
«Mes  amis,  ce  qui  me  paraît  bon  à  moi-même,  je  vais  vous 


CHANT    TROISIÈME  97 

le  dire.  C'est  à  vous  qu'il  appartient  de  décider  et  d'agir.  Le 
péril  est  pour  tous  :  à  chacun  aussi  de  parler.  Que  celui  qui 
se  tairait,  cachant  son  dessein  et  sa  pensée,  sache  qu'ainsi  il 
peut,  à  lui  seul,  faire  obstacle  au  retour  de  cette  expédition. 
Demeurez  donc  tous  tranquillement,  en  armes,  sur  le  navire. 
Et  j'irai  au  palais  d'Aiétès,  prenant  avec  moi  les  fils  de 
Phrixos,  et,  en  outre,  deux  autres  compagnons.  Je  me  rendrai 
compte,  en  commençant  par  les  paroles,  s'il  veut  nous  céder 
amicalement  la  toison  d'or,  ou  si,  au  contraire,  confiant 
dans  sa  force,  il  ne  fait  aucun  cas  de  notre  démarche.  Alors, 
instruits  d'avance  par  lui-même  de  sa  méchanceté,  nous 
déciderons  ou  de  recourir  à  Ares,  ou  de  prendre  une  autre 
résolution  utile,  si  nous  nous  abstenons  de  pousser  le  cri  de 
guerre.  Mais,  avant  d'avoir  essayé  le  pouvoir  des  paroles, 
n'employons  pas  la  force  pour  le  priver  de  son  bien.  Il  vaut 
mieux  d'abord  aller  vers  lui,  nous  le  rendre  favorable  par 
nos  discours.  Car,  souvent,  ce  que  la  force  obtiendrait  avec 
peine,  la  parole  en  vient  à  bout  facilement,  usant  des  ména- 
gements nécessaires.  C'est  Aiétés  qui  autrefois  a  reçu  Phrixos 
innocent,  fuyant  les  perfidies  de  sa  marâtre  et  les  sacrifices 
auxquels  son  père  le  destinait  :  car,  partout,  tous  les  hom- 
mes, même  les  plus  impudents,  vénèrent  les  justes  lois  de 
Zeus  hospitalier,  et  les  observent.  » 

Il  dit;  et  les  jeunes  gens  approuvèrent  en  masse  la  parole 
de  l'Aisonide;  et  il  n'y  avait  pas  de  dissident  qui  proposât 
un  autre  plan  de  conduite.  Alors,  il  se  fit  suivre  des  fils 
de  Phrixos,  de  Télamon  et  d'Augéiès;  il  prit  lui-même 
le  sceptre  d'Hermès.  Et,  aussitôt,  conduits  par  le  navire 
au-dessus  des  roseaux  et  de  l'eau,  ils  abordèrent  sur  le 
rivage,  à  l'escarpement  d'une  plaine  qui  se  nomme  la  plaine 
Circaienne.  Une  suite  d'arbrisseaux  aux  branches  flexibles 
et  de  saules  s'y  élevaient,  portant  à  leurs  sommets,  attachés 
par  des  liens,  des  cadavres  suspendus.  Maintenant  encore, 
c'est  un  sacrilège  pour  les  Colchiens  de  brûler  sur  un  bûcher 
les  hommes  morts;  il  n'est  pas  permis  de  les  ensevelir  en 
terre  et  d'élever  au-dessus  d'eux  un  monument.  Mais  on 


gS  LES    ARGONAUTIQUES 

les  enferme  dans  des  peaux  de  bœufs  non  travaillées,  et 
on  les  suspend  ainsi  à  des  arbres,  loin  de  la  ville.  La  terre 
cependant  obtient  des  droits  égaux  à  ceux  de  Tair:  car  c*est 
en  terre  qu'on  ensevelit  les  femmes,  plus  délicates  que  les 
hommes.  Telle  est  la  pratique  de  cet  usage. 
V.  210-274..'  Pendant  qu'ils  s'avançaient,  Héra,  dans  un  dessein  ami, 
jrépandit  au  travers  de  la  ville  un  brouillard  épais,  pour 
cacher  au  peuple  innombrable  des  Colchiens  leur  marche 
vers  la  maison  d*Aiétès.  Mais,  lorsque  ayant  quitté  la  plaine, 
ils  furent  parvenus  dans  la  ville  et  à  la  maison  d'Aiétès, 
aussitôt  Héra  dissipa  la  nuée.  Ils  s'arrêtèrent  à  l'entrée, 
dans  la  contemplation  de  l'enclos  royal,  des  larges  portes, 
des  colonnes  dont  la  suite  s'élevait,  entourant  les  murs. 
Au-dessus  de  la  demeure,  un  entablement  de  pierre  était 
muni  de  triglyphes  d'airain.  Ensuite,  ils  franchirent  le 
seuil,  sans  que  rien  les  arrêtât;  tout  auprès,  des  vignes 
cultivées,  couvertes  de  feuilles  verdoyantes,  s'élevaient  dans 
toute  leur  vigueur.  A  leur  pied  coulaient  quatre  sources 
intarissables;  Héphaistos  les  avait  creusées:  de  l'une,  jail- 
lissait du  lait;  de  l'autre,  du  vin;  la  troisième  ruisselait 
d'un  liquide  huileux  et  parfumé.  La  dernière  lançait  de 
l'eau  chaude,  dans  la  saison  où  les  Pléiades  se  couchent; 
mais  cette  eau  sortait  du  roc  creux,  froide  comme  la  glace, 
au  moment  où  les  Pléiades  se  lèvent.  Telles  étaient  dans 
le  palais  du  Cytaien  Aiétès  les  œuvres  divines  que  le  for- 
geron Héphaistos  avait  accomplies.  Le  dieu  lui  avait  fait, 
en  outre,  des  taureaux  aux  pieds  d'airain;  leurs  mufles, 
d'airain  eux  aussi,  exhalaient  une  flamme  terrible.  Il  avait 
encore  fabriqué  une  charrue  toute  d'une  pièce  et  du  métal 
le  plus  résistant  :  tous  ces  dons,  en  témoignage  de  sa  recon- 
naissance pour  Hélios  qui  Tavait  recueilli  sur  son  char, 
alors  qu'il  était  épuisé  par  le  combat  de  Phlégra. 

C'est  là  qu'on  avait  fait  la  cour  intérieure  sur  laquelle 
s'ouvraient  de  nombreuses  portes  à  deux  battants,  bien 
agencées;  tout  autour  de  la  cour  étaient  les  appartements. 
De  part  et  d'autre  était  construit  un  portique  artistement 


CHANT    TROISIÈME  99 

travaillé;  transversalement  et  des  deux  côtés,  des  bâtiments 
plus  hauts  s'élevaient.  Dans  Tun  qui  dominait,  le  roi  Âiétès 
habitait  avec  sa  femme;  dans  l'autre  demeurait  Apsyrtos,  fils 
d'Aiétès,  qu'avait  enfanté  Astérodéia,  nymphe  du  Caucase, 
avant  que  le  roi  eût  pris  pour  femme  légitime  Eidyia,  la 
plus  jeune  des  filles  de  Téthys  et  d'Océanos.  —  Les  fils  des 
Colchiens  avaient  donné  à  Apsyrtos  le  nom  de  Phaéthon, 
parce  qu'il  était  remarquable  entre  tous  les  jeunes  gens.  — 
Les  autres  bâtiments  étaient  occupés  par  les  servantes  et  les 
deux  filles  d' Aiétès,  Chalciopé  et  Médée.  Or,  celle-ci  fut 
aperçue  des  héros  au  moment  où  elle  passait  de  son  appar- 
tement à  celui  de  sa  sœur  (car  Médée  avait  été  retenue  par 
Héra  à  la  maison  :  avant  ce  jour,  elle  n'avait  pas  coutume 
d'aller  et  de  venir  dans  l'enceinte  du  palais,  mais  elle 
s'occupait  toute  la  journée  au  temple  d'Hécate,  étant  pré- 
tresse de  la  déesse).  Dès  qu'elle  les  vit  s'approcher,  elle 
poussa  un  cri  :  Chalciopé  l'entendit  aussitôt.  Les  servantes, 
jetant  à  leurs  pieds  les  tissus  et  les  fuseaux,  s'élancèrent, 
toutes  en  foule,  au  dehors.  Mais  Chalciopé,  voyant  ses  fils 
avec  les  héros,  éleva  les  bras  en  signe  de  joie.  Et  eux,  de 
leur  côté,  ils  touchaient  de  leurs  mains  les  mains  de  leur 
mère  et  l'embrassaient,  heureux  de  la  voir;  et  elle  leur 
adressa  ces  paroles  en  gémissant  :  <c  Vous  ne  deviez  donc 
pas  naviguer  bien  loin,  vous  qui  m'abandonniez,  indiffé- 
rents: le  destin  vous  a  ramenés.  Malheureuse  que  je  suisi 
Quel  regret  de  l'Hellade  les  recommandations  de  votre  père 
ne  vous  ont-elles  pas  inspiré,  par  suite  d'une  erreur  fatale! 
En  mourant,  il  vous  a  donné  des  ordres  qui  sont  pour  notre 
cœur  une  douleur  cruelle.  Cette  ville  d'Orchomène  —  quel 
qu'ait  été  cet  Orchomène,  —  pourquoi  avez-vous  voulu  y 
aller  à  cause  des  trésors  d'Athamas,  abandonnant  votre 
mère  désolée?  » 

Elle  dit;  cependant  Aiétès  sortit  le  dernier  de  sa  demeure, 
et,  en  même  temps  que  lui,  sa  femme  Eidyia,  qui  enten- 
dait Chalciopé.  Toute  la  cour  extérieure  s'était  bien  vite 
remplie  d'une  foule  tumultueuse.  Des  esclaves  s'occupsûetit. 


100  LES    ARGONAUTIQUES 

en  nombre,  d'apprêter  un  grand  taureau;  d*autres  fendaient 
le  bois  sec  avec  Tairain;  d'autres  encore  chauffaient  sur  le 
feu  Teau  du  bain  :  personne  qui  s'abstînt  de  travail  parmi 
les  serviteurs  du  roi. 

V.  275-298.  Cependant,  à  travers  Tair  transparent,  Eros  arriva  invi- 
sible, portant  avec  lui  le  trouble  de  la  passion  :  tel  au 
milieu  des  jeunes  génisses  le  taon  s'élance,  lui  que  les 
gardiens  des  bœufs  appellent  mjrops.  Aussitôt,  s'arrétant 
dans  le  passage  qui  mène  de  la  cour  à  la  maison,  contre  le 
montant  de  la  porte,  le  dieu  bande  son  arc  et  tire  de  son 
carquois  une  flèche  qui  n'a  pas  encore  servi,  une  flèche  qui 
doit  causer  bien  des  gémissements.  Toujours  invisible,  il 
franchit  le  seuil  de  ses  pieds  rapides:  ses  yeux  perçants 
regardent  de  tous  côtés.  Le  petit  dieu  se  blottit  aux  pieds 
mêmes  de  Jason,  fixe  la  coche  de  la  flèche  au  centre  de  la 
corde,  tend  l'arc  des  deux  mains,  bien  droit,  et  tire  sur- 
Médée:  une  stupeur  envahit  l'âme  de  la  jeune  fille.  Et  lui, 
'il  s'élança  du  palais  au  toit  élevé,  en  riant  aux  éclats.  Mais 
le  trait  brûlait  au  fond  du  cœur  de  la  jeune  fille,  tel  qu'une 
fiamme  :  en  face  de  l'Aisonide,  elle  jetait  sans  cesse  sur  lui 
le  regard  de  ses  yeux  brillants;  son  cœur  angoissé  battait 
/  à  coups  redoublés  dans  sa  poitrine,  elle  n'avait  pas  d'autre 
pensée  et  son  âme  était  consumée  par  cette  charmante 
douleur.  —  Telle  une  femme  qui  vit  du  travail  de  ses 
mains,  occupée  à  faire  de  la  laine,  jette  des  brindilles  de 
bois  sur  un  tison  ardent,  afin  que,  pendant  qu'il  fait  nuit, 
elle  puisse  se  procurer  dans  sa  demeure  un  feu  brillant,  elle 
qui  s'éveille  de  bien  bonne  heure;  du  petit  tison  s'élève  une 
flamme  prodigieuse  qui  réduit  en  cendres  tous  les  brins  de 
bois.  Tel,  blotti  au  fond  du  cœur  de  Médée,  il  brûlait  en 
secret,  le  cruel  amour  :  les  tendres  joues  de  la  jeune  fille 
pâlissaient  et  rougissaient  tour  à  tour,  car  son  âme  était 
troublée. 

V.  299-438.      Quand  les  esclaves  eurent  placé  devant  les  héros  la  nour- 
riture préparée  pour  eux,  après  qu'ils  étaient  sortis  bien 
.nçftG^és  des  bains  tièdes,  leur  âme  se  trouva  agréablement 


CHANT    TROISIÈME  lOI 

charmée  par  les  aliments  et  la  boisson.  Alors  Aiétès  inter- 
rogea les  fils  de  sa  fille,  en  leur  adressant  ces  paroles 
d'encouragement  :  «  Fils  de  mon  enfant  et  de  ce  Phrixos 
que  j*ai  honoré  plus  que  tous  les  étrangers  dans  ce  palais, 
comment  étes-vous  de  retour  dans  Aia?  Quelque  accident 
vous  a-t-il  arrêtés  au  milieu  de  votre  route?  Vous  n'avez 
pas  cru  à  ma  parole,  quand  je  vous  annoni^ais  la  longueur 
infinie  de  votre  voyage.  Je  savais  bien  ce  que  je  disais,  moi 
qui  ai  fait  autrefois  une  course  immense  sur  le  char  de 
mon  père  Hélios,  quand  il  amena  ma  sœur  Circé  au 
milieu  des  régions  occidentales,  quand  nous  pénétrâmes 
jusqu'au  rivage  du  continent  Tyrrhénien,  oîi  elle  habite 
encore  maintenant,  bien  loin  de  la  terre  de  Colchide.  Mais 
à  quoi  bon  ces  paroles?  Quels  obstacles  se  sont  dressés 
devant  vous:  dites-le-moi  exactement;  dites-moi  aussi  quels 
sont  les  hommes  qui  vous  accompagnent  et  en  quel  lieu 
vous  êtes  sortis  du  navire  profond?» 

A  ces  questions,  ayant  conçu  quelques  craintes  pour 
l'expédition  de  TAisonide,  Argos  prit  la  parole  avant  ses 
frères,  et  répondit  en  termes  conciliants,  car  il  était  l'aîné  : 
«  O  Aiétès,  notre  navire  a  été  bien  vite  brisé  par  les 
tempêtes  violentes;  quant  à  nous,  qui  nous  étions  blottis 
sur  des  poutres,  la  vague  nous  a  jetés  au  rivage  de  l'île 
d'Ényalios,  dans  la  nuit  noire  :  un  dieu  nous  sauva.  Car, 
ces  oiseaux  d'Ares,  qui  jusqu'alors  étaient  à  demeure  dans 
l'île  déserte,  nous  ne  les  y  avons  plus  trouvés.  Ces  hommes, 
qui  étaient  sortis  de  leur  navire  depuis  la  veille,  les  avaient 
chassés  :  ils  avaient  été  retenus  là  par  la  pitié  de  Zeus  pour 
nous,  ou  par  quelque  hasard.  En  effet,  ils  s'empressèrent  de 
nous  donner  de  la  nourriture  et  des  vêtements  en  quantité 
suffisante,  aussitôt  qu'ils  nous  eurent  entendu  prononcer  le 
nom  illustre  de  Phrixos  et  le  tien  :  car  ta  ville  est  le  but  de 
leur  voyage.  Si  tu  veux  savoir  pour  quel  motif,  je  ne  te  le 
cacherai  pas.  Ce  héros,  un  roi  violemment  désireux  de  le 
chasser  bien  loin  de  sa  patrie  et  de  ses  possessions,  parce 
qu'il  l'emporte  en  mérite  sur  tous  les  Aiolides,  —  un  roi 


I02  LES    ARGONAUTIQUES 

le  force  à  venir  ici,  malgré  lui.  Il  prétend  en  effet  que  la 
race  des  Aiolides  ne  pourra  pas  éviter  la  colère  funeste  de 
l'implacable  Zeus,  ni  la  souillure  insupportable,  ni  l'expia- 
tion qu'il  faut  offrir  à  Phrixos,  avant  d'avoir  fait  revenir 
la  toison  en  Hellade.  Le  navire  a  été  construit  par  Pallas 
Athéné  :  il  ne  ressemble  pas  à  ceux  que  l'on  trouve  chez  les 
hommes  Colcbiens,  à  ces  navires  dont  nous  avons  eu  le 
plus  mauvais;  car  l'impétuosité  des  eaux  et  le  vent  l'ont 
facilement  brisé.  Mais  celui-ci,  maintenu  par  des  chevilles, 
•est  capable  de  résister  au  choc  de  toutes  les  tempêtes.  Il  va 
aussi  bien  quand  le  vent  le  pousse,  ou  quand  les  hommes 
eux-mêmes  entretiennent  à  force  de  bras  le  mouvement  des 
ramené  Ce  navire  oti  s'est  rassemblé  tout  ce  que  l'Achaîe 
entière  a  de  meilleur  en  fait  de  héros,  après  avoir  erré  par 
bien  des  mers  aux  vagues  effrayantes  et  abordé  à  bien  des 
cités,  est  arrivé  vers  ta  ville,  dans  l'espoir  que  tu  céderas  la 
toison.  Mais  il  adviendra  ce  que  tu  voudras  :  car  ce  héros 
ne  vient  pas  pour  s'en  emparer  de  vive  force.  Loin  de  là, 
il  a  résolu  de  te  rendre  des  services  dignes  de  ce  don,  en 
apprenant  de  moi  que  les  Sauromates  sont  tes  ennemis 
acharnés  :  il  les  soumettra  à  ton  sceptre.  Que  si  tu  veux 
savoir  le  nom  et  la  naissance  de  ceux  qui  sont  devant  toi, 
je  vais  te  dire  tout  cela.  Celui  à  cause  de  qui  tous  les  autres 
sont  venus  de  l'Hellade  se  rassembler  pour  l'expédition, 
ils  rappellent  Jason,  fils  du  Créthéide  Aison.  Mais,  s'il 
descend  réellement  de  Crétheus,  il  est  notre  parent  du  côté 
paternel.  Car,  tous  deux,  Crétheus  et  Athamas,  étaient  fils 
d'Âiolos;  or,  Phrixos  était  fils  de  l'Aiolide  Athamas.  Si  tu 
veux  que  l'on  te  cite  quelque  fils  d'Hélios,  voici  Augéiès; 
cet  autre,  c'est  Télamon,  qui  est  né  du  très  illustre  Aiacos  : 
Zeus  lui-même  engendra  Aiacos.  De  même  tous  les  autres, 
autant  sont- ils  qui  accompagnent  Jason,  sont  des  fils  ou 
des  petits- fils  de  dieux.  » 

Ainsi  parla  Argos  :  en  entendant  ce  discours,  le  roi  s'irri- 
tait; et  une  profonde  rage  transportait  son  cœur:  il  dit 
plein  d'indignation  —  il  était  surtout  furieux  contre  les  fils 


CHANT    TROISIÈME  io3 

de  Chalciopé;  car,  pensait*il,  c'était  à  cause  d*eux  que  les 
autres  héros  étaient  venus;  ses  yeux  brillaient  sous  ses 
sourcils,  il  était  menaçant  :  «  Insolents,  ne  vous  en  irez-vous 
pas  à  rinstant  loin  de  mes  regards,  loin  de  ce  pays,  avec 
toutes  vos  ruses,  avant  qu'un  seul  de  vous  ait  vu  la  fatale 
toison  de  Phrixos?  Vous  qui  vous  êtes  empressés  de  partir 
de  THellade,  et  de  venir  ici,  non  pas  pour  la  toison,  mais 
pour  ravir  mon  sceptre  et  mon  autorité  jroyale!  Si  vous 
n'aviez  déjà  touché  à  ma  table,  je  vous  ferais  arracher 
la  langue,  couper  les  deux  mains,  et  je  vous  renverrais, 
n'ayant  plus  d'intacts  que  les  pieds,  rendus  de  la  sorte 
incapables  de  faire  ici  une  nouvelle  invasion.  Car  ils  sont 
grands  les  mensonges  que  vous  avez  proférés  à  la  face  des< 
dieux  bienheureux!» 

Il  dit,  plein  de  fureur;  TAiacide  était  outré  jusqu'au  fond 
du  cœur,  et  sa  colère  le  poussait  à  répondre  par  de  funestes- 
paroles.  L'Aisonide  l'arrêta  et  répondit  lui-même  avec  dou- 
ceur :  «  Aiétès,  je  te  prie  de  contenir  ta  colère  au  sujet  de 
cette  expéditioir;  car  ce  n'est  pas  avec  les  dispositions  que 
tu  crois  que  nous  venons  dans  ta  ville  et  dans  ton  palais  : 
aucune  cupidité  ne  nous  amène.  Qui  donc  oserait  traverser 
volontairement  une  si  grande  étendue  de  flots  en  courroux, 
pour  aller  prendre  le  bien  d'autrui?  Loin  de  là:  c'est  un 
dieu,  c'est  l'ordre  effrayant  d'un  roi  injuste  qui  m'a  envoyé 
ici.  Accomplis  le  vœu  de  ceux  qui  t'implorent;  et^  par  toute 
l'Hellade,  je  porterai  ta  renommée  divine.  Nous  sommes 
déjà  prêts  à  te  payer  immédiatement  de  retour  dans  les 
luttes  d'Ares,  si  tu  désires  soumettre  à  ton  sceptre,  soit  les 
Sauromates,  soit  tout  autre  peuple.  » 

Il  dit,  essayant  de  l'apaiser  par  ces  douces  paroles.  Mais 
la  passion  du  roi  agitait  dans  son  cœur  une  double  pensée  : 
se  jetterait- il  sur  eux  pour  les  tuer  tout  de  suite,  ou  ne 
mettrait-il  pas  leur  force  à  l'épreuve?  Après  avoir  réfléchi,. 
c'est  ce  parti  qui  lui  sembla  le  meilleur.  Aussi  adressa-t-il 
de  nouveau  la  parole  à  Jason  :  «  Etranger,  pourquoi  passer . 
ainsi  en  revue  toutes  choses?  Si  vous  êtes  la  vraie  race  des 


104  L^S    ARGONAUTIQUES 

dieux,  ou  si  d'autre  part  vous  êtes  venus,  avec  des  forces 
qui  ne  le  cèdent  pas  aux  miennes,  conquérir  ce  qui  ne  vous 
appartient  pas,  je  te  donnerai  la  toison  d*or  à  emporter,  si 
tu  la  veux,  mais  quand  tu  auras  été  mis  à  l'épreuve.  Car 
je  ne  porte  pas  envie  aux  hommes  braves,  comme  fait, 
dites- vous,  ce  souverain  de  THellade.  Mais  l'épreuve  que 
je  ferai  de  ta  force  et  de  ton  courage,  c'est  un  travail  dont 
mes  bras  viennent  à  bout,  malgré  tous  ses  dangers.  J'ai  deux 
taureaux  aux  pieds  d'airain;  de  leur  mufle  s'exhalent  des 
flammes:  ils  paissent  dans  la  plaine  d'Ares.  Je  les  mets 
sous  le  joug  et  je  les  fais  avancer  dans  cette  âpre  jachère 
d'Ares,  vaste  de  quatre  arpents;  elle  est  vite  fendue  jusqu'au 
bout  par  la  charrue  :  alors,  ce  n'est  pas  la  semence  de 
Déméter,  la  graine,  que  je  jette  dans  les  sillons.  Mais  j'y 
lance  les  dents  d'un  terrible  serpent,  qui  croissent  sous  la 
forme  nouvelle  d'hommes  armés:  ces  ennemis  qui  m'entou- 
rent, je  les  taille  en  pièces,  je  les  tue  avec  ma  lance.  C'est 
au  matin  que  je  mets  les  bœufs  sous  le  joug,  et  c'est  au 
moment  oîi  le  soir  arrive  que  je  termine  la  moisson.  Quant 
à  toi,  si  tu  accomplis  semblable  travail,  ce  jour-là  même,  tu 
pourras  emporter  la  toison  chez  ton  roi  :  auparavant,  je  ne 
te  la  donnerai  pas,  n'en  aie  point  l'espoir.  Car  il  serait 
indigne  qu'un  homme,  né  courageux,  cédât  à  un  homme 
qui  ne  le  vaut  pas.  » 

Il  dit,  et  Jason,  silencieux,  les  yeux  fixés  à  ses  pieds, 
demeura  ainsi,  sans  voix,  très  embarrassé  de  sa  mauvaise 
situation.  Il  resta  longtemps  à  agiter  dans  son  esprit  quel 
parti  il  prendrait,  n'osant  rien  promettre  avec  assurance, 
car  ce  travail  lui  paraissait  bien  grand.  Enfin,  il  répondit 
par  ces  paroles  habiles  :  «  Aiétès,  c'est  avec  une  rigoureuse 
justice  que  tu  m'enfermes  dans  cette  dure  condition.  Aussi, 
quoique  ce  travail  dépasse  mes  forces,  je  l'accomplirai, 
quand  même  il  devrait  amener  ma  mort  fatalement.  Car 
aucun  mal  ne  peut  être  imposé  aux  hommes,  plus  dur  que 
la  nécessité  ennemie,  et  c'est  elle  qui,  par  l'ordre  du  roi, 
m'a  fait  partir  pour  ce  pays.  » 


CHANT    TROISIÈME  10$ 

Il  parla  ainsi,  angoissé  par  les  difficultés  qui  le  frappaient; 
au  milieu  de  sa  tristesse,  Aiéiès  lui  répliqua  par  ces  dures 
paroles:  «Va,  maintenant,  vers  tes  amis,  puisque  tu  oses 
affronter  cette  épreuve.  Mais,  si  tu  as  peur  de  mettre  le 
joug  sur  les  bœufs,  ou  si  cette  moisson  funeste  t*effraie,  je 
saurai  m'arranger  pour  tout  cela  de  façon  qu'à  l'avenir  on 
craigne  de  s'attaquer  à  plus  fort  que  soi.  » 

Il  avait  parlé  sans  ménagements.  Jason  se  leva  de  son  ^-  439-470- 
siège,  et,  aussitôt  après,  Augéiès  et  Télamon;  Argos  suivait, 
seul  :  car,  avant  de  partir,  il  avait  fait  signe  à  ses  frères  de 
rester.  Quant  à  eux,  ils  sortirent  du  palais.  Le  fils  d'Aison 
brillait  divinement  entre  tous  par  sa  beauté  et  sa  grâce. 
Tenant  les  yeux  tournés  vers  lui,  la  jeune  fille  le  contem- 
plait, au  travers  de  son  voile  resplendissant  :  son  cœur  se 
consumait  dans  l'angoisse,  et  son  âme,  comme  un  songe, 
voltigeait,  se  glissant  sur  les  traces  de  celui  qui  partait.  Et 
ils  sortirent  de  la  maison,  attristés.  Quant  à  Chalciopé,  se 
tenant  en  garde  contre  la  colère  d'Aiétès,  elle  marcha  en 
hâte  avec  ses  fils  vers  son  appartement.  De  son  côté,  Médée 
se  retira  aussi  :  bien  des  pensées  s'agitaient  dans  son  cœur, 
toutes  ces  pensées  dont  les  Éros  forcent  à  se  préoccuper  : 
devant  ses  yeux,  tout  ce  qui  s'était  passé  revenait;  elle  le 
voyait  lui-même,  tel  qu'il  était;  elle  se  rappelait  quels 
vêtements  il  portait,  quelles  paroles  il  avait  dites,  comment 
il  s'était  assis  sur  son  siège,  comment  il  était  sorti.  Elle  ne 
pouvait,  dans  son  trouble,  s'imaginer  qu'il  existât  un  autre 
homme  tel  que  lui.  A  ses  oreilles  résonnaient  toujours  les 
accents  de  sa  voix  et  les  paroles  douces  au  cœur  qu^il  avait 
prononcées.  Elle  craignait  pour  lui  :  les  taureaux,  Aiétès 
lui-même,  ne  seraient-ils  pas  cause  de  sa  perte?  Elle  le 
pleurait,  comme  s'il  était  déjà  tout  à  fait  mort,  et,  sur  ses 
joues,  des  larmes  coulaient  doucement,  signe  de  sa  profonde 
pitié;  car  elle  était  angoissée.  Au  milieu  de  ses  larmes 
muettes,  elle  dit  de  sa  voix  harmonieuse  :  «  Infortunée, 
pourquoi  suis- je  en  proie  à  cette  douleur?  S'il  doit  mourir, 
soit  en  se  montrant  le  plus  brave  des  héros,  soit  le  plus 

14 


106  LES    ARGONAUTIQUES 

lâche,  qu'il  périsse!  Mais  s'il  plaisait  aux  dieux  qu*il  sortît 
du  danger  sain  et  sauf!...  O  vénérable  déesse,  fille  de 
Perses,  qu'il  en  soit  ainsi!  Qu'il  retourne  dans  sa  maison, 
ayant  échappé  à  la  mort!  Au  contraire,  si  le  destin  est  qu'il 
soit  tué  par  les  taureaux,  qu'il  le  sache  du  moins,  avant  de 
mourir,  son  malheur  n'est  pas  pour  moi  un  sujet  de  joie!  b 
V.  471-575*  C'est  ainsi  que,  dans  son  cœur,  la  jeune  fille  était  remuée 
par  les  soucis.  Cependant,  quand  les  héros  furent  sortis  du 
milieu  du  peuple  et  de  la  ville,  en  suivant  la  même  route 
par  od  ils  étaient  venus  auparavant  de  la  plaine,  alors  Argos 
interpella  Jason  en  ces  termes  :  «  Aisonide,  tu  blâmeras  le 
dessein  que  je  vais  exposer.  Mais  il  me  semble  que,  dans 
notre  situation  difficile,  on  ne  doit  négliger  de  rien  tenter. 
Tu  as  déjà  appris  de  moi  qu'ici  une  jeune  fille  s'occupe  de 
l'art  des  poisons,  d'après  les  idées  que  lui  a  inspirées  Hécate, 
fille  de  Perses.  Si  nous  pouvons  nous  la  concilier,  je  pense 
que  tu  n'auras  plus  à  craindre  de  périr  dans  la  lutte;  mais 
j'ai  terriblement  peur  que  ma  mère  ne  veuille  pas  me  pro- 
mettre d'intervenir  :  j'irai  cependant  de  nouveau  à  la  ville 
pour  me  rencontrer  avec  elle,  car  c'est  une  perte  commune 
qui  nous  menace  tous.  » 

Il  parla  ainsi,  plein  de  bonnes  intentions,  et  Jason  lui 
répondit  par  ces  mots  :  «  Mon  ami,  si  tel  est  ton  avis,  je  ne 
m'y  oppose  en  rien.  Va  donc  :  que  tes  sages  paroles  fléchissent 
ta  mère  et  l'excitent  à  intervenir!  Mais,  bien  faible  est  notre 
espérance,  si  nous  confions  à  des  femmes  le  soin  de  notre 
retour.  » 

Il  dit;  ils  furent  bientôt  arrivés  au  marais.  Dès  qu'ils  les 
virent  devant  eux,  leurs  compagnons,  pleins  de  joie,  les  inter* 
rogèrent.  Mais  l' Aisonide,  affligé,  leur  adressa  ce  discours  : 
«  O  mes  amis,  le  cœur  du  cruel  Aiétès  est  manifestement 
irrité  contre  nous.  Certes,  s'il  fallait  tout  vous  raconter  en 
détail,  je  n'en  finirais  pas  de  parler,  ni  vous  d*interroger.  Il 
m'a  dit,  en  somme,  que  dans  la  plaine  d'Ares  paissent  deux 
taureaux  aux  pieds  d'airain,  qui  exhalent  des  flammes  de 
leur  mufle.  Il  m'a  ordonné  de  leur  faire  labourer  une  jachère 


CHANT    TROISIÈME  tOj 

de  quatre  arpents;  il  me  donnera,  pour  les  y  semer,  des  dents 
de  serpent,  d'oti  doivent  naître  des  hommes  qui  sortiront  de 
la  terre,  couverts  d'armes  d'airain.  Dans  ce  jour-là  même  il 
faut  les  tuer.  Eh  bien!  —  comme  je  ne  voyais  rien  de  mieux 
à  imaginer,  —  j'ai  promis  intrépidement  de  faire  ce  qu'il 
ordonnait.  » 

Il  parla  ainsi,  et  l'entreprise  leur  semblait  à  tous  impos- 
sible à  accomplir;  silencieux,  ne  trouvant  rien  à  dire,  ils  se 
regardaient  les  uns  les  autres,  abattus  par  le  malheur  et  la 
difficulté  de  la  situation.  Enfin,  Pelée  osa  prendre  la  parole 
au  milieu  de  tous  les  héros  :  «  C'est  le  moment  de  délibérer 
sur  ce  que  nous  ferons.  Ce  n'est  pas  que  je  compte  trouver 
dans  la  délibération  autant  d'utilité  que  dans  la  force  des 
bras.  Si,  dès  maintenant,  tu  penses  mettre  les  bœufs  d'Aiétès 
sous  le  joug,  ô  héros  Aisonide,  si  tu  te  portes  avec  ardeur  à 
cette  lutte,  fidèle  à  tes  engagements,  prépare-toi  à  agir.  Mais 
si  tu  n'as  pas  entière  confiance  en  ton  courage,  ne  t'empresse 
pas;  ne  reste  pas  non  plus  assis  dans  cette  assemblée  à  jeter 
les  yeux  sur  l'un  ou  l'autre  de  ces  hommes  :  car,  moi,  je  ne 
demeurerai  pas  inactif;  la  mort,  en  effet,  sera  le  pire  des 
maux  que  cette  lutte  peut  causer.  » 

Ainsi  parla  l'Aiacide;  mais  le  cœur  de  Télamon  s'émut  : 
impétueux,  il  se  leva  en  hâte.  Idas  se  leva  le  troisième,  plein 
de  hardiesse;  et,  après  lui,  les  deux  fils  de  Tyndare;  puis  le 
fils  d'Oineus  se  mit  au  nombre  de  ces  jeunes  hommes  dans 
la  force  de  l'âge,  et  cependant  la  floraison  des  premiers  poils 
ne  s'élevait  pas  encore  sur  ses  joues  :  si  grande  était  l'audace 
qui  excitait  son  cœur.  Les  autres,  s'effaçant  derrière  eux, 
restaient  silencieux.  Alors  Argos  adressa  ces  paroles  à  ceux 
qui  aspiraient  au  combat  :  «  Mes  amis,  c'est  un  parti  extrême; 
mais  je  pense  que  l'aide  de  ma  mère  pourra  vous  être  de 
quelque  utilité.  Aussi,  malgré  votre  ardeur,  restez  encore  un 
peu  de  temps  enfermés  dans  le  navire,  comme  vous  l'avez 
fait  jusqu'à  présent;  car  il  vaut  certes  mieux  nous  contenir 
que  de  nous  perdre  par  dédain  du  péril.  Une  jeune  fille  a 
été  nourrie  dans  le  palais  d'Aiétès,  instruite,  entre  toutes  les 


Io8  LES    ARGONAUTIQUES 

femmes,  par  la  déesse  Hécate  à  préparer  tous  les  poisons  que 
produisent  la  terre  et  la  mer  aux  vastes  flots.  Grâce  à  eux 
s'adoucit  la  flamme  du  feu  indomptable;  elle  arrête  à  Tinstant 
les  fleuves  qui  coulent  avec  bruit,  elle  enchaîne  les  astres  et 
le  cours  de  la  lune  sacrée.  Quand  nous  revenions  du  palais 
ici,  chemin  faisant,  nous  nous  sommes  souvenus  d'elle: 
peut-être  notre  mère,  qui  est  sa  sœur,  pourrait  la  persuader 
de  nous  aider  dans  ce  combat.  Si  ce  que  je  dis  vous  plaît,  je 
vais  revenir,  aujourd'hui  même,  à  la  maison  d'Aiétés  pour 
faire  la  tentative;  et  je  pourrais  la  faire  avec  l'aide  d'un  dieu,  b 

Il  dit;  mais  les  dieux  bienveillants  leur  donnèrent  un 
présage.  Car  une  timide  colombe,  fuyant  l'attaque  d'un 
faucon,  vint,  du  haut  du  ciel,  tomber  tout  effrayée  dans  le 
sein  de  Jason,  et  le  faucon  s'abattit  lui-même  sur  le  haut  de 
la  poupe.  Aussitôt  Mopsos,  interprète  des  dieux,  prononça 
ces  paroles  au  milieu  de  tous  les  héros  :  «  C'est  pour  vous, 
ô  mes  amis,  que  ce  présage  a  été  produit  par  la  volonté  des 
dieux.  Il  n'y  a  pas  de  meilleure  manière  de  l'interpréter  que 
d'aller  à  la  jeune  fille  et  de  la  supplier  par  tous  les  moyens 
possibles.  Je  pense  qu'elle  ne  repoussera  pas  notre  demande, 
si  toutefois  Phinée  s'est  montré  véridique  en  prédisant  que 
notre  retour  aurait  lieu  grâce  à  la  déesse  Cypris.  Or,  ce  doux 
oiseau,  qui  lui  est  consacré,  a  échappé  à  la  mort;  puisse  donc 
arriver  ce  que,  dans  ma  poitrine,  mon  cœur  pressent,  d'après 
ce  présage!  Ainsi,  mes  amis,  implorez  Cythérée  à  votre  aide 
et  hâtez-vous  de  suivre  les  conseils  d'Argos.  » 

Il  dit,  et  les  jeunes  gens  approuvèrent,  se  souvenant  des 
recommandations  de  Phinée;  seul,  Idas,  fils  d'Aphareus,  se 
leva  d'un  bond,  profondément  indigné,  et  il  s'écria  très 
haut  :  «  Malheur  à  nous!  Nous  sommes  donc  venus  ici  pour 
faire  campagne  avec  des  femmes,  puisqu'on  invoque  pour 
nous  le  secours  de  Cypris  et  qu'il  n'est  plus  question  de  la 
grande  force  d'Ényalios!  Est-ce  la  vue  des  colombes  et  des 
faucons  qui  vous  écarte  des  combats?  Allez-vous-en,  ne 
vous  occupez  plus  des  choses  de  la  guerre,  mais  des  faibles 
jeunes  fllles  qu'on  séduit  avec  des  prières.  » 


CHANT    TROISIÈME  109 

Telles  furent  ses  paroles  irritées;  beaucoup  parmi  les 
héros  frémirent,  mais  sans  faire  d'éclat.  Personne  n'éleva 
la  parole  contre  lui;  quand  il  se  fut  assis,  bouillonnant  de 
colère,  Jason  dit  aux  héros,  pour  affermir  leur  résolution  : 
«  Qu'Argos  quitte  le  navire  et  soit  envoyé  à  la  ville,  puisque 
tel  est  votre  désir  à  tous.  Quant  à  nous,  du  fleuve  où  est  le 
navire,  nous  irons,  dès  à  présent,  attacher,  sans  nous  dissi- 
muler^ les  amarres  au  rivage.  Car  il  ne  convient  pas  de 
nous  cacher  plus  longtemps,  comme  si  nous  redoutions  le 
combat.  » 

Il  parla  ainsi,  et  fit  repartir  rapidement  Argos  vers  la 
ville;  quant  aux  autres,  ayant  retiré  les  pierres  de  fond 
dans  le  navire,  sur  Tordre  de  TAisonide,  ils  avancèrent  un 
peu  à  la  rame  hors  du  marais,  et  abordèrent  la  terre  ferme. 

Mais  Aiétès  réunit  l'assemblée  des  Colchiens  hors  de  sa  V.  576-608. 
maison,  où  Ton  avait  dès  longtemps  coutume  de  s'asseoir 
pour  le  conseil;  il  préparait  contre  les  Minyens  des  ruses  qui 
devaient  les  faire  succomber  et  d'inquiétantes  machinations. 
Il  assurait  qu'aussitôt  que  les  taureaux  auraient  mis  en 
pièces  cet  homme  qui  s'était  engagé  à  accomplir  un  si  terrible 
travail,  il  ferait  déraciner  la  forêt  de  chênes  qui  couvrait  de 
sa  masse  le  sommet  de  la  colline,  et  brûler  avec  le  bois  du 
navire  tous  les  hommes  qui  le  montaient  :  ainsi  s'évanouirait 
la  misérable  insolence  de  ces  gens  aux  orgueilleuses  entre- 
prises. En  effet,  jadis  il  n'aurait  jamais  consenti  à  recevoir 
comme  hôte,  dans  son  palais,  malgré  tout  le  désir  qu'il  en 
montrait,  l'Aiolide  Phrixos,  rccommandable  entre  tous  les 
étrangers  par  sa  douceur  et  sa  piété,  —  il  ne  l'aurait  jamais 
reçu,  si  Zeus  lui-même  n'avait  envoyé  du  ciel  le  messager 
Hermès,  pour  lui  ordonner  que  Phrixos  trouvât  en  lui  un 
hôte  bienveillant.  A  plus  forte  raison,  ces  brigands,  qui 
avaient  pénétré  sur  le  sol  de  son  pays,  ne  pouvaient  échapper 
longtemps  au  châtiment,  eux  qui  n'avaient  d'autre  but  que 
de  mettre  la  main  sur  le  bien  d'autrui,  de  préparer  des 
embûches  dans  l'ombre,  et  de  dévaster  les  parcs  des  bergers 
dans  de  tumultueuses  incursions.  Cependant,  il  se  dit  à  part 


IIO  LES    ARGONAUTIQUES 

iui  que  les  fils  de  Phrixos  subiraient  pour  leur  part  un 
châtiment  expiatoire  bien  mérité,  eux  qui  étaient  revenus, 
•en  compagnie  de  ces  hommes  pleins  de  mauvaises  intentions, 
pour  lui  arracher  ses  honneurs  royaux,  et  son  sceptre,  les 
impudents!  C'était  l'accomplissement  du  terrible  oracle  qu'il 
avait  jadis  entendu  de  son  père  Hélios,  lui  annonçant  qu*il 
fallait  déjouer  les  ruses  habiles  et  les  projets  de  sa  race,  et 
éviter  ainsi  de  nombreuses  calamités.  Aussi,  quand  les  fils 
de  Phrixos  avaient  manifesté  le  désir  d'aller  en  Achaïe, 
d'entreprendre  ce  long  voyage,  d*après  les  recommandations 
de  leur  père,  il  les  avait  envoyés.  Car,  du  côté  de  ses  filles,  il 
n'avait  pas  la  moindre  crainte  de  leur  voir  méditer  quelque 
dessein  funeste;  pas  davantage  du  côté  de  son  fils  Apsyrtos. 
Mais  ces  machinations  perfides  devaient  venir  des  enfants 
de  Chalciopé.  Et  ces  crimes,  il  ne  les  tolérerait  pas  :  c'est  ce 
que,  plein  de  fureur,  il  déclara  aux  hommes  de  son  peuple; 
il  ordonna,  avec  grandes  menaces,  de  surveiller  le  navire  et 
les  héros,  pour  qu'aucun  d'eux  n'échappât  à  la  mort. 
V.  609-743.  Cependant,  de  retour  dans  la  maison  d'Aiétès,  Argos 
exhortait  sa  mère  avec  toute  sorte  de  prières  à  supplier 
Médée  de  venir  à  leur  secours.  Chalciopé  elle-même  y 
pensait  déjà;  mais  une  crainte  arrêtait  son  esprit:  c'était, 
ou  de  chercher,  hors  de  propos  et  inutilement,  à  se  concilier 
une  fille  effrayée  du  terrible  courroux  de  son  père,  ou,  si 
Médée  cédait  à  ses  demandes,  que  ce  qu'elle  ferait  ne  fût 
trop  visible,  trop  manifeste. 

La  jeune  fille  se  reposait  de  ses  douleurs  dans  un  profond 
sommeil,  étendue  sur  son  lit.  Mais,  tout  à  coup,  des  songes 
vains  l'agitèrent,  effrayants,  comme  il  en  arrive  à  une  per- 
sonne maîtrisée  par  la  douleur.  Il  lui  sembla  que  l'étranger 
avait  entrepris  la  lutte;  ce  n'était  pas  qu'il  désirât  ardem- 
ment emporter  la  toison  du  bélier,  ni  qu'il  fût  venu  dans  ce 
but  vers  la  ville  d'Aiétès  :  non,  il  était  venu  pour  l'emmener 
elle-même  dans  sa  maison,  comme  sa  jeune  épouse.  Il  lui 
semblait  qu'elle  combattait  elle-même  les  taureaux,  et  que 
le  combat  lui  était  aisé.  Mais  ses  parents  ne  restaient  pas 


CHANT    TROISIEME  III 

fidèles  à  lear  promesse  :  car,  ce  n'était  pas  à  la  jeune  fille^ 
mais  à  lui-même  qu'ils  avaient  ordonné  de  mettre  lef  boeufs 
sous  le  joug;  de  là  un  débat,  une  contestation,  entre  son 
père  et  les  étrangers.  Quant  à  elle,  des  deux  parts,  on  la 
laissait  libre  de  se  conduire  suivant  l'impulsion  de  son 
cœur  :  et  aussitôt,  c'est  l'étranger,  oublieuse  de  ses  parents, 
qu'elle  se  choisit.  Ceux-ci  furent  saisis  d'une  insup]X)rtable 
douleur  et  ils  poussèrent  des  cris  d'indignation.  En  même: 
temps  qu'elle  entendait  ces  cris,  le  sommeil  l'abandonna. 
Le  cœur  palpitant,  la  crainte  la  fit  sauter  à  bas  de  son  lit; 
jetant  autour  d'elle  des  regards  effrayés,  ses  yeux  parcou- 
rurent successivement  les  murs  de  la  chambre.  C'est  avec 
peine  qu'elle  rassembla  ses  esprits  et  qu'elle  fit  reprendre  à 
son  cœur  le  calme  qu'il  avait  auparavant  dans  sa  poitrine; 
alors,  elle  prononça  ces  paroles  plaintives  :  «  Malheureuse 
que  je  suis!  Quels  songes  pénibles  m'ont  épouvantée I  Je 
crains  qu'elle  ne  soit  cause  d'un  grand  malheur,  cette  expé- 
dition des  héros.  Autour  de  l'étranger,  mon  âme  voltige. 
Qu'il  recherche  en  mariage  dans  son  peuple,  bien  loin  d'ici, 
une  jeune  fille  d'Achaïel  Nous,  que  notre  virginité,  que  la 
maison  paternelle  nous  intéressent  seules;  en  tous  cas, 
laissant  de  côté  toute  intention  cruelle,  je  ne  tenterai  rien 
sans  ma  sœur:  je  verrai  si  elle  me  demande  d'intervenir 
dans  le  combat,  inquiète  pour  ses  enfants.  Car  ainsi  la 
cruelle  souffrance  de  mon  âme  s'apaiserait  I  » 

Elle  dit,  et,  s'étant  levée,  elle  ouvrit  les  portes  de  la 
chambre,  pieds  nus,  revêtue  seulement  d'une  robe;  elle 
désirait  aller  chez  sa  sœur  et  elle  franchit  le  seuil.  Cepen- 
dant, elle  s'attardait  là,  dans  le  vestibule  de  son  apparte- 
ment, retenue  par  la  pudeur;  puis  elle  retourna  sur  ses  pas 
et  rentra  dans  sa  chambre;  elle  en  sortit  une  seconde  fois 
pour  s'y  réfugier  encore.  L'inutile  mouvement  de  ses  pieds 
l'amenait  et  la  ramenait.  Quand  elle  s'élançait  pour  sortir, 
la  pudeur  la  faisait  rentrer;  et,  retenue  par  la  pudeur, 
l'audacieux  amour  la  poussait  en  avant.  Trois  fois  elle 
essaya  de  sortir,  trois  fois  elle  fut  retenue;  à  la  quatrième 


112  LES    ARGONAUTIQUES 

tentati||S,  elle  se  jeta  en  avant  sur  son  lit,  et  s'y  roula.  — 
Telle  une  jeune  mariée  pleure  dans  sa  chambre  nuptiale 
répoux  florissant  de  jeunesse  auquel  ses  frères  ou  ses 
parents  l'ont  unie.  Sa  pudeur  et  sa  sage  réserve  l'empêchent 
de  se  mêler  à  la  foule  des  servantes;  dans  son  affliction,  elle 
s'assied  à  l'écart.  Lui,  un  destin  funeste  l'a  enlevé  avant 
qu'ils  aient  pu  jouir  de  leur  mutuelle  affection;  et  elle, 
déchirée  par  une  douleur  intime,  elle  pleure  en  silence  à  la 
vue  de  son  lit  désert;  elle  craint  que  les  femmes  moqueuses 
ne  l'accablent  de  leurs  railleries  :  telle  Médée  se  lamentait. 
—  Au  milieu  de  ses  gémissements,  elle  fut  tout  à  coup 
surprise  par  une  esclave,  une  jeune  fille  qui  était  sa  suivante. 
Cette  fille  alla  aussitôt  avertir  Chalciopé,  qui  était  assise 
entre  ses  fils,  cherchant  les  moyens  de  se  concilier  l'aide 
de  sa  sœur.  Elle  ne  resta  pas  incrédule,  en  entendant  ces 
paroles  inattendues  de  la  servante  :  pleine  de  trouble,  elle 
se  précipita  en  hâte  de  sa  chambre  à  la  chambre  oîi  la  jeune 
fille  était  couchée,  en  proie  à  la  douleur,  et  déchirait  ses 
joues  de  ses  deux  mains.  Voyant  ses  yeux  baignés  de  larmes, 
elle  l'interpella  ainsi:  «Malheur  à  moi!  Médée,  pourquoi 
verses-tu  ces  larmes?  Que  t'est-il  arrivé?  Quelle  douleur 
terrible  s'est  glissée  dans  ton  cœur?  Un  mal  envoyé  par  les 
dieux  parcourt- il  tes  membres,  ou  bien  as -tu  entendu  de 
mon  père  quelque  parole  terrible  sur  moi  et  sur  mes  fils? 
Plût  aux  dieux  qu'il  me  fût  permis  de  ne  plus  voir  ni  la 
maison  de  mes  parents,  ni  cette  ville,  mais  d'habiter  aux 
confins  de  la  terre,  là  où  l'on  ne  connaît  pas  même  le  nom 
des  Colchiens!  » 

Elle  parla  ainsi;  les  joues  de  la  jeune  fille  rougirent,  et 
longtemps  sa  pudeur  virginale  la  retint,  quoiqu'elle  fût 
impatiente  de  répondre.  Tantôt  les  paroles  lui  venaient  au 
bout  de  la  langue,  tantôt  elles  s'envolaient  jusqu'au  fond 
de  sa  poitrine.  Bien  des  fois,  elle  désirait  tout  dire  de  sa 
bouche  aimable;  mais  sa  parole  ne  pouvait  aller  plus  avant. 
Enfin,  elle  s'exprima  de  cette  manière  artificieuse,  car  elle 
était  poussée  par  les  Éros  audacieux  :  «  Chalciopé,  c'est  au 


CHANT    TROISIÈME  Il3 

sujet  de  tes  fils  que  mon  cœur  est  agité;  je  crains  que  mon 
père  ne  les  fasse  bientôt  périr  avec  ces  hommes  étrangers. 
Assoupie  tout  à  Theure,  dans  un  court  sommeil,  tels  sont 
les  songes  terribles  que  j'ai  encore  devant  les  yeux!  Puisse 
un  dieu  faire  qu'ils  ne  s'accomplissent  pas!  Puisses-tu  ne 
pas  éprouver  à  cause  de  tes  fils  une  affliction  pénible!  » 

Elle  parla  ainsi,  pour  éprouver  sa  sœur  :  Chalciopé  allait- 
elle  s'adresser  à  elle,  la  première,  pour  lui  demander  son 
secours  en  faveur  de  ses  fils?  Mais  le  cœur  de  Chalciopé  était 
accablé  d'une  angoisse  insupportable  :  car  ce  qu'elle  avait 
entendu  l'effrayait.  Elle  répondit  par  ces  paroles  :  «  Et  moi 
aussi,  c'est  agitée  par  toutes  ces  pensées  que  je  suis  venue 
à  toi,  voir  si  tu  pourrais  te  concerter  avec  moi  et  imaginer 
quelque  moyen  de  salut.  Mais  jure  par  Gaia  et  par  Oura^ 
nos  que  tu  garderas  mes  paroles  dans  ton  cœur  et  que  tu 
seras  mon  aide.  Je  te  conjure  par  les  dieux,  par  toi-même, 
par  nos  parents  :  ces  enfants,  que  je  ne  les  voie  pas,  victimes 
d*un  destin  funeste,  périr  misérablement.  Autrement  je 
serais  pour  toi,  moi  morte  avec  mes  fils  chéris,  une  terrible 
Erinys  qui  te  poursuivrait  depuis  la  maison  d'AdèsI  » 

Elle  dit,  et  versa  aussitôt  d'abondantes  larmes;  tombée 
aux  pieds  de  Médée,  elle  entourait  ses  genoux  de  ses  deux 
mains  et  jetait  sa  tête  dans  le  sein  de  la  jeune  fille.  Toutes 
les  deux  se  lamentèrent  Tune  sur  l'autre  d'une  manière 
pitoyable.  Des  cris  aigus  s'élevèrent  dans  la  maison  :  telle 
était  la  douleur  des  deux  affligées!  Mais,  la  première, Médée 
prit  la  parole  et  dit  à  sa  sœur  avec  tristesse  :  «  Malheureuse! 
quel  remède  trouver,  alors  que  tu  parles  d'imprécations  et 
d'Érinyes  terribles!  Plût  au  cielqu*il  fût  sûrement  en  notre 
pouvoir  de  sauver  tes  filsl  Qu'il  sache  —  c'est  le  serment 
inviolable  des  Colchiens  par  lequel  tu  me  forces  de  jurer,  — 
qu'il  le  sache,  le  grand  Ouranos,  qu'elle  le  sache  aussi  celle 
qui  est  au-dessous  de  lui,  Gaia,  la  mère  des  dieux  :  elle  ne 
te  fera  jamais  défaut,  toute  la  force  qui  peut  être  en  moi,  si 
tu  me  supplies  de  faire  ce  qui  est  possible.  » 
Elle  dit;  et  Chalciopé  lui  répondit  par  ces  mots  :  «  N'ose- 


114  LBS    ÂRGONAUTIQUES 

rais-tu  pas,  quand  cet  étranger  le  désire  lui-même^  imaginer 
quelque  ruse,  quelque  artifice  pour  le  combat,  à  cause  de 
mes  âls?  De  sa  part,  en  effet,  Argos  est  venu  me  pousser 
à  solliciter  ton  secours.  Et  je  Tai  laissé  à  la  maison  pour 
me  rendre  ici.  » 

Elle  dit;  le  cœur  de  Médée  bondit  de  joie;  son  beau  visage 
rougit  et,  dans  l'excès  de  son  bonheur,  elle  eut  comme  un 
éblouissement;  alors,  elle  prononça  ces  paroles  :  cChalciopé, 
ce  qui  vous  est  utile  et  agréable,  je  le  ferai.  Qu'à  mes  yeux 
ne  brille  plus  Taurore,  que  toi-même  tu  ne  me  revoies  plus 
vivante,  s'il  est  quelque  chose  au  monde  que  je  fasse  passer 
avant  ta  vie  et  avant  tes  fils,  qui  sont  pour  moi  des  frères, 
des  parents  bien-aimés  et  de  mon  âge.  Et  toi,  ne  puis-je  pas 
me  dire  à  la  fois  ta  sœur  et  ta  fille,  puisque,  comme  eux,  ton 
sein  m'a  nourrie,  alors  que  j'étais  une  petite  enfant  :  je  l'ai 
toujours  entendu  raconter  par  ma  mère.  Mais,  va;  ne  dis 
pas  ce  que  je  veux  faire  pour  toi,  que  je  puisse,  à  l'insu  de 
mes  parents,  accomplir  ce  que  j'ai  promis.  Au  matin,  je 
porterai  dans  le  temple  d'Hécate  les  substances  magiques  qui 
charmeront  les  taureaux.  [Je  les  porterai  à  l'étranger  qui 
cause  ces  difficultés.]» 

Chalciopé  quitta  la  chambre  et  alla  annoncer  à  ses  fils 
le  secours  que  sa  sœur  leur  donnerait.  Mais  elle,  la  pudeur 
et  la  crainte  terrible  la  saisirent  de  nouveau  quand  elle  se 
trouva  seule.  Car,  à  cause  de  cet  homme,  elle  méditait  bien 
des  projets  contre  son  père. 
V.  744-824.  Cependant  la  nuit  étendait  ses  ombres  sur  la  terre:  en 
mer,  les  matelots  s'endormaient  en  contemplant  de  leur 
navire  l'Hélice  et  les  astres  d'Orion  ;  le  moment  du  sommeil 
était  souhaité  du  voyageur  en  route  et  du  gardien  qui  veille 
aux  portes.  La  mère  elle-même  qui  vient  de  voir  mourir  ses 
enfants,  était  enveloppée  dans  la  torpeur  d'un  assoupissement 
profond;  l'aboiement  des  chiens  ne  s'entendait  plus  dans  la 
ville;  plus  de  rumeur  sonore;  le  silence  possédait  les  ténèbres 
de  la  nuit. 

Mais  Médée  n'était  pas  envahie  par  le  doux  sommeil. 


CHANT    TROISIÈME  Il5 

Bien  des  inquiétudes,  nées  de  son  amour  pour  Jason,  la 
tenaient  éveillée:  elle  redoutait  la  force  puissante  des 
taureaux  par  qui  —  sort  indigne!  —  il  était  destiné  à  être 
tué  dans  le  champ  d'Ares.  Sans  cesse,  son  cœur  bondissait 
dans  sa  poitrine.  Tel,  dans  une  chambre,  un  rayon  de  soleil 
bondit,  reflété  par  l'eau  qui  vient  d'être  versée  dans  un 
chaudron  ou  dans  une  terrine;  agité  par  un  rapide  tour- 
noiement, il  sautille  cà  et  là  :  de  même,  le  cœur  de  la  jeune 
fille  tourbillonnait  dans  sa  poitrine.  Des  larmes  de  pitié 
coulaient  de  ses  yeux;  une  douleur  intime  ne  cessait  de 
l'accabler  de  consumer  toutes  les  parties  de  son  corps,  autour 
des  nerfs  minces,  et  surtout  à  la  nuque,  au  nerf  le  plus  bas 
derrière  la  tête;  c'est  là  que  pénètre  la  souffrance  la  plus 
insupportable,  quand  les  Éros  ne  se  lassent  pas  de  lancer 
dans  l'âme  les  tourments  d'amour.  Elle  se  disait  tantôt 
qu'elle  donnerait  la  substance  pour  calmer  les  taureaux, 
tantôt  qu'elle  ne  le  ferait  pas;  elle  pensait  à  périr  elle-même, 
puis  à  ne  pas  mourir,  à  ne  pas  donner  la  substance,  à 
supporter  son  mal  sans  rien  faire.  Puis,  s'étant  assise,  elle 
réfléchit  et  dit  : 

«  Infortunée  que  je  suis!  Entourée  de  malheurs,  de  quel 
côté  me  laisser  aller!  Partout,  des  incertitudes  pour  mon 
âme  :  aucun  remède  à  ma  souffrance,  elle  est  toujours  là  qui 
me  brûle.  Ohl  si  Artémis,  de  ses  flèches  rapides,  avait  pu 
me  tuer  avant  qu'il  me  fût  apparu,  avant  que  les  fils  de 
Chalciopé  fussent  partis  vers  la  terre  Achéenne  :  eux  qu'un 
dieu  ou  une  Érinys  a  ramenés  ici  de  là- bas,  pour  nous 
porter  de  lamentables  angoisses.  Qu'il  périsse  en  combattant, 
si  la  fatalité  veut  qu'il  meure  dans  ce  champ!  Comment,  en 
effet,  pourrais-je,  à  l'insu  de  mes  parents,  préparer  ces  subs- 
tances magiques?  Quelle  fable  dire?  Quelle  ruse,  quelle 
habileté  secrète  pourrait  dissimuler  l'aide  que  je  lui 
donnerais?  Et  lui!  loin  de  ses  compagnons,  l'entretiendrai-je 
amicalement,  le  voyant  seul?  Malheureuse!  Quand  même  il 
mourrait,  je  n'espère  pas  être  délivrée  de  mes  tourments! 
La  douleur  nous  entourerait,  fût-il  privé  de  la  vie!  Adieu 


Il6  LES    ARGONAUTIQUES 

pudeur,  adieu  honneur!  Sauvé,  grâce  à  moi,  sain  et  sauf,  là 
où  son  cœur  le  poussera,  qu'il  s*en  aille!  Quant  à  moi,  ce 
jour-là  même  oîi  il  aura  livré  son  combat,  puissé-je  mourir 
pendue  par  le  cou  à  la  poutre  qui  soutient  le  toit,  ou  rassa- 
siée des  poisons  qui  détruisent  la  vie.  Mais,  morte  ainsi,  les 
railleries  me  poursuivront;  et,  au  loin,  la  ville  entière 
proclamera  ma  destinée;  et,  passant  de  bouche  en  bouche, 
je  serai  indignement  outragée  par  les  Colchiennes,  moi,  la 
morte  par  excès  d'amour  pour  un  homme  étranger,  la  fille 
opprobre  de  ses  parents  et  de  sa  maison,  la  fille  qui  s'est 
abandonnée  à  une  folle  passion!  Quelle  ne  sera  pas  mon 
infamie!  Hélas,  malheur  à  moi,  quelle  destinée!  Il  me  serait 
bien  meilleur  de  quitter  la  vie  dans  ma  chambre,  cette  nuit 
même,  par  une  mort  imprévue  qui  m'éviterait  ces  hontes; 
il  me  vaudrait  mieux  mourir,  avant  d'avoir  mis  à  exécution 
cette  action  misérable,  à  laquelle  je  n'ose  donner  un  nom!  » 
Elle  dit,  et  alla  chercher  un  coffret  où  étaient  enfermées 
beaucoup  de  substances,  les  unes  salutaires,  les  autres  funes- 
tes. L'ayant  placé  sur  ses  genoux,  elle  se  lamentait;  elle 
inondait,  sans  s'arrêter,  sa  poitrine  de  larmes  qui  coulaient 
et  se  répandaient,  pendant  qu'elle  déplorait  sa  destinée.  Elle 
désirait  choisir  des  poisons  meurtriers  pour  s'en  rassasier; 
elle  avait  déjà  défait  les  liens  du  coffret,  dans  le  désir  d'en  tirer 
ces  poisons,  la  malheureuse!  Mais,  tout  à  coup,  la  terreur 
de  l'odieux  Adès  pénétra  son  âme.  Elle  resta  muette  long- 
temps, et,  autour  d'elle,  toutes  les  occupations  de  la  vie,  qui 
sont  douces  au  cœur,  apparaissaient.  Elle  se  souvenait  des 
plaisirs  qui  charment  les  vivants;  jeune  fille,  elle  se  souve- 
nait des  compagnes  de  son  âge  et  de  leur  gaieté;  et  la  vue 
du  soleil  lui  devenait  plus  douce  qu'auparavant,  à  mesure 
qu'elle  repassait  toutes  ces  choses  dans  son  esprit.  Alors  elle 
enleva  le  coffret  de  dessus  ses  genoux;  l'influence  d'Héra 
changeait  son  âme,  ses  pensées  n'étaient  plus  hésitantes.  Elle 
n'avait  plus  qu'un  désir:  voir  le  plus  tôt  possible  Ëos  se 
lever,  pour  lui  donner,  à  lui,  les  substances  qu'elle  avait 
promises,  pour  paraître  en  sa  présence.  Bien  des  fois  elle 


CHANT    TROISIÈME  l  17 

défit  les  verrous  de  ses  portes,  épiant  les  clartés  de  l'aube. 
Érigène  lui  envoya  enfin  la  lumière  bien-aimée,  et  déjà, 
dans  la  ville,  tous  étaient  en  mouvement. 

Cependant  Argos  ordonnait  à  ses   frères  de  demeurer  V.  825-911 
encore  là  où   ils  étaient,  afin  d'observer  les  dispositions 
et  les  projets  de  la  jeune  fille.  Quant  à  lui,  il  retourna  au 
vaisseau  dont  il  était  jusque  alors  resté  éloigné. 

Mais,  dès  que  la  jeune  fille  eut  aperçu  les  premières  lueurs 
d'Ëos,  elle  lia  de  ses  mains  ses  blonds  cheveux,  qui  flottaient 
abandonnés  à  eux-mêmes  en  désordre;  elle  essuya  ses  joues 
où  les  larmes  s'étaient  séchées;  grâce  à  un  enduit  aussi  doux 
que  le  nectar,  elle  rendit  son  corps  brillant.  Elle  revêtit  un 
beau  péplos  attaché  par  des  agrafes  bien  arrondies;  et, sur  sa 
tête  divine,  elle  jeta  un  voile  blanc.  Alors,  circulant  dans  le 
palais,  elle  foulait  aux  pieds  le  sol,  oublieuse  des  angoisses 
présentes  qui  étaient  sans  nombre,  et  de  celles  qui  devaient 
plus  tard  s'élever  devant  elle.  Elle  avait  douze  esclaves  qui, 
toutes,  étaient  du  même  âge  et  habitaient  dans  le  vestibule 
de  sa  chambre  parfumée;  elles  n'avaient  jamais  paré  un  lit 
qui  leur  fût  commun  avec  un  homme  :  elle  leur  ordonna  de 
mettre  en  hâte  les  mules  sous  le  joug  de  son  char  pour 
la  conduire  au  temple  splendide  d'Hécate.  Aussitôt,  les 
servantes  préparaient  le  char;  elle  tira  cependant  de  son 
coffret  profond  un  poison  qu'on  appelle,  dit-on,  du  nom  de 
Prométhée.  Si,  après  avoir  apaisé  par  des  sacrifices  nocturnes 
Coré,  fille  unique  de  sa  mère,  on  s'enduit  le  corps  du  suc  de 
cette  plante,  on  est  sûr  d'être  invulnérable  aux  blessures  de 
l'airain,  et  de  ne  pouvoir  être  dompté  par  l'ardeur  du  feu  :  au 
contraire,  on  devient,  ce  jour-là,  plus  remarquable  en  force 
et  en  courage.  Cette  plante  est  née  pour  la  première  fois 
alors  que  l'aigle  carnassier  laissait  couler  sur  les  coteaux 
boisés  du  Caucase  le  sang  divin  du  misérable  Prométhée. 
Sa  fieur,  haute  d'une  coudée  environ,  apparut  semblable  à 
peu  près  par  la  couleur  au  safran  de  Corycie  :  elle  s'élevait 
sur  deux  tiges  jumelles;  et,  dans  la  terre,  la  racine  se  déve- 
loppait, pareille  à  de  la  chair  que  l'on  vient  de  couper.  Son 


Il8  LES    ARGONAUTIQUES 

SUC,  semblable  au  suc  noir  des  chênes  des  montagnes,  la 
jeune  fille  l'avait  recueilli  pour  ses  enchantements  dans  une 
coquille  des  bords  de  la  mer  Caspienne,  après  s'être  lavée 
sept  fois  dans  des  eaux  qui  ne  tarissent  jamais,  après  avoir 
appelé  sept  fois  Brimô,  nourricière  de  la  jeunesse,  Brimô 
errante  la  nuit,  déesse  souterraine,  maltresse  des  enfers: 
Médée  Tavait  invoquée,  couverte  d'un  sombre  manteau,  au 
milieu  de  l'obscurité  lugubre.  Les  noires  entrailles  de  la 
terre  étaient  ébranlées  par  un  gémissement,  qui  sortait  de 
leurs  profondeurs,  au  moment  oti  la  racine  Titanienne  était 
tranchée;  et  lui-même  il  gémissait,  le  fils  de  Japet,  agité 
dans  son  cœur  par  l'excès  de  la  souffrance.  L'ayant  donc 
enlevée,  elle  l'avait  nouée  dans  la  ceinture  parfumée  qui 
était  placée  au-dessous  de  sa  poitrine  divine. 

Sortie  de  la  maison,  elle  monta  sur  le  char  rapide,  et,  avec 
elle,  deux  esclaves  montèrent  de  chaque  côté;  elle  prit  dans 
la  main  droite  les  rênes  et  le  fouet  artistement  travaillé,  et 
elle  conduisit  à  travers  la  ville;  les  autres  esclaves,  se  tenant 
cramponnées  par  derrière  au  coffre  d'osier  adapté  au  char, 
couraient  dans  la  large  rue,  retroussant  leurs  fines  tuniques 
jusqu'à  leur  genou  blanc.  —  Telle,  après  s'être  baignée  dans 
les  eaux  tièdes  du  Parthénios  ou  du  fleuve  Amnisos,  la  fille 
de  Létô,  montée  sur  son  char  d'or,  se  fait  emporter  par  ses 
biches  rapides  à  travers  les  collines,  et  vi^t  de  loin  pour 
une  hécatombe  qui  exhale  une  forte  odeur  de  graisse;  elle 
est  suivie  par  la  foule  des  Nymphes,  ses  compagnes,  qui  se 
sont  rassemblées,  les  unes  à  la  source  même  de  l' Amnisos, 
les  autres  dans  les  bois  et  au  milieu  des  rochers  d'oti  les 
cours  d'eau  jaillissent  en  abondance.  Et,  tout  autour  de  la 
déesse  qui  s'avance,  les  bêtes  sauvages,  pleines  d'effroi, 
remuent  la  queue  en  poussant  des  rugissements  craintifs  : 
telles,  les  jeunes  filles  s'avançaient  par  la  ville;  tout  autour 
le  peuple  se  retirait  pour  éviter  les  yeux  de  la  vierge  royale.  — 
Mais  une  fois  sortie  des  quartiers  bien  bâtis  de  la  ville, 
quand  elle  fut  arrivée,  à  travers  champs,  vers  le  temple,  alors, 
en  cet  endroit  même,  elle  se  hâta  de  descendre  de  son  char 


CHANT    TROISIÈME  119 

aux  roues  rapides,  et  elle  parla  ainsi  à  ses  servantes  :  «  Mes 
amies,  j'ai  commis  une  grande  faute;  je  n*ai  pas  songé  aa 
ressentiment  que  doivent  éprouver  contre  nous  ces  hommes 
étrangers  qui  vont  et  viennent  sur  notre  sol.  Toute  la  ville 
est  dans  le  trouble  et  la  confusion  :  aussi,  il  n*est  venu  aucune 
de  ces  femmes,  qui  auparavant  s'assemblaient  ici  chaque 
jour.  Mais,  puisque  nous  voilà  arrivées,  puisqu'il  n'y  a 
personne  autre  que  nous,  allons,  nous  pouvons,  sans  nous 
gêner,  charmer  notre  cœur  par  des  chants  agréables,  en 
cueillant  les  belles  fleurs  de  cette  tendre  prairie.  Puis,  nous- 
reviendrons,  quand  il  en  sera  temps.  D'ailleurs,  vous  pourrez 
rentrer  aujourd'hui  à  la  maison  en  rapportant  bien  des^ 
richesses,  si  vous  approuvez  mon  dessein.  Car  Argos  me 
circonvient  par  ses  discours,  ainsi  que  Chalciopé  elle-même  : 
—  mais  gardez  dans  le  silence  de  votre  cœur  ce  que  vous 
entendez  de  moi;  il  ne  faut  pas  que  ces  paroles  parviennent 
aux  oreilles  de  mon  père.  —  Ils  veulent  donc  que  cet 
étranger,  qui  s'est  engagé  à  lutter  contre  les  taureaux,  je 
l'arrache,  moyennant  des  présents  que  je  recevrai,  aux 
funestes  dangers  de  ce  combat.  J'ai  accueilli  cette  demande,, 
et  je  fais  venir  devant  moi  l'étranger,  seul,  sans  ses  compa- 
gnons, pour  que  nous  partagions  entre  nous  les  présents 
qu'il  pourra  porter;  quant  à  nous,  nous  lui  donnerons 
quelque  substance  funeste.  Pour  vous,  éloignez-vous  de  moi,, 
quand  il  viendra.  » 

Elle  parla  ainsi,  et  ce  plan  perfide  leur  plaisait  à  toutes,  v*.  912-1:43, 
Or,  bientôt  après,  ayant  emmené  à  l'écart  de  ses  compagnons 
l'Aisonide  seul,  Argos,  qui  avait  déjà  appris  de  ses  frères 
que  la  jeune  fille  viendrait  dès  le  matin  au  temple  sacré 
d'Hécate,  conduisait  le  héros  à  travers  la  plaine.  A  leur  suite 
venait  l'Ampycide  Mopsos,  habile  à  tirer  des  présages  des 
oiseaux  qu'il  apercevait,  habile  à  conseiller  ceux  avec  qui  il 
allait. 

Certes,  à  ce  moment,  personne  parmi  les  anciens  héros^ 
ceux  qui  étaient  nés  du  sang  de  Zeus  lui-même  ou  des  autres 
dïeux,  personne  n'était  tel  que  parut  Jason  en  ce  jour,  tant 


I20  LES    ARGONAUTIQUES 

l*épouse  de  Zeus  avait  donné  de  charmes  à  son  aspect  et  à 
sa  parole.  A  sa  vue,  ses  compagnons  eux-mêmes  étaient 
frappés  d'admiration,  car  il  resplendissait  de  grâces.  Et, 
pendant  la  route,  TAmpycide  était  rempli  de  joie,  car  il 
prévoyait  à  peu  près  tout  ce  qui  allait  arriver. 

Or,  il  y  avait  sur  la  route  de  la  plaine,  près  du  temple, 
iin  peuplier  à  qui  ses  feuilles  sans  nombre  faisaient  une 
chevelure  touffue;  les  corneilles  bavardes  avaient  coutume 
de  s'y  percher.  Au  moment  oti  les  héros  passaient,  un  de 
ces  oiseaux  se  plaça,  d'un  mouvement  d'ailes,  sur  une  des 
hautes  branches,  et  interpréta  ainsi  la  volonté  d'Héra  : 
«  Méprisable  est  le  devin  qui  n'a  pas  su  concevoir  dans  son 
esprit  ce  que  savent  les  enfants  eux-mêmes  :  certes,  la  vierge 
ne  dira  à  ce  jeune  homme  aucune  parole  de  bienveillance  ou 
d'amour,  tant  qu'il  sera  accompagné  par  d'autres  hommes,  par 
des  intrus.  Va-t-en,  ô  mauvais  devin,  ô  mauvais  conseiller! 
Ni  Cypris  ni  les  aimables  Éros  ne  te  protègent  de  leurs 
faveurs.  » 

Elle  lui  adressa  ces  reproches;  Mopsos  sourit  en  enten- 
dant la  voix  de  l'oiseau,  inspirée  par  la  divinité,  et  il  dit: 
«  Aisonide,  va  donc  vers  le  temple  de  la  déesse,  où  tu  trouveras 
la  jeune  fille;  elle  sera  bien  disposée  en  ta  faveur,  grâce  à 
Cypris  qui  luttera  avec  toi  dans  tes  épreuves,  suivant  ce 
qu'a  prédit  l'Agénoride  Phinée.  Quant  à  nous,  Argos  et 
moi,  en  attendant  que  tu  reviennes,  nous  resterons  ici 
même  à  l'écart.  Seul  avec  elle,  prie-la,  persuade -la  par 
d*habiles  discours.  » 

Il  parla  ainsi  avec  sagesse  :  les  deux  héros  s'empressèrent 
de  l'approuver.  De  son  côté,  Médée,  malgré  ses  chants, 
ne  pouvait  penser  qu'à  Jason;  tous  les  jeux  accompagnés 
de  chant,  quel  que  fût  celui  auquel  elle  se  livrât,  étaient 
impuissants  à  la  charmer  longtemps.  Mais  elle  s'interrom- 
pait, pleine  d'angoisses,  et  ne  pouvait  tenir  un  instant  en 
repos  ses  yeux  fixés  sur  le  groupe  de  ses  servantes  :  elle 
regardait  au  loin  sur  la  route,  la  tête  fixée  en  avant.  Certes, 
son  cœur  battait  à  se  rompre  dans  sa  poitrine,  chaque  fois 


CHANT    TROISIEME  121 

qu'il  lui  semblait  entendre  passer  rapidement  le  bruit  d'un 
pas  ou  celui  du  vent.  Mais  bientôt  il  apparut  à  ses  yeux  qui 
l'attendaient,  s'élevant  rapide  vers  elle,  tel  que  Seirios 
s'élève  de  l'Océan  :  il  est  beau  sans  doute  et  resplendissant 
aux  yeux,  mais  il  amène  bien  souvent  pour  les  troupeaux 
des  misères  affreuses.  Aussi  beau  à  voir  s'avançait  l'Aisonide 
dont  la  vue  causa  à  Médée  des  peines  terribles.  Le  cœur 
de  la  jeune  fille  cessa  de  battre  dans  sa  poitrine;  ses  yeux 
s'enveloppèrent  de  ténèbres;  une  ardente  rougeur  couvrit 
ses  joues,  et  ses  genoux  ne  pouvaient  la  faire  avancer  ni 
^reculer  :  mais  ses  pieds  étaient  cloués  au  sol  sous  elle.  Et 
cependant,  toutes  ses  servantes  s'étaient  retirées  bien  loin 
d'elle  et  de  lui.  Us  se  trouvaient  en  présence  tous  les  deux, 
silencieux,  incapables  de  parler,  semblables  à  des  chênes 
ou  à  de  hauts  sapins  qui,  côte  à  côte,  ont  poussé  leurs 
racines  dans  les  montagnes,  calmes,  alors  que  les  vents  se 
taisent  :  mais  si  l'impétuosité  des  vents  s*élève,  les  arbres 
s'agitent  et  retentissent  d'un  bruit  immense.  C'est  ainsi 
qu'ils  allaient  s'entretenir  ardemment  tous  les  deux,  sous 
le  souffle  d'Éros.  L'Aisonide  reconnut  que  la  jeune  fille 
était  atteinte  du  mal  envoyé  par  les  dieux,  et  il  lui  adressa 
ces  paroles  pleines  de  douceur  : 

«  Pourquoi,  jeune  fille,  un  tel  trouble  en  face  de  moi, 
alors  que  je  suis  seul?  Non  certes,  je  ne  suis  pas  ce  que  sont 
certains  hommes  insupportables  par  leur  orgueil;  et  je  n'ai 
jamais  été  ainsi,  autrefois,  quand  j'habitais  dans  ma  patrie. 
Ne  crains  donc  pas,  ô  jeune  fille,  soit  de  m'interroger  sur 
ce  qui  peut  t'intéresser,  soit  d'exposer  la  première  ce  que 
tu  as  à  dire.  Puisque  nous  nous  rencontrons,  mutuellement 
animés  de  dispositions  favorables,  dans  ce  lieu  divin,  où  une 
tromperie  serait  un  sacrilège,  interroge- moi  et  parle -moi 
avec  franchise.  Ne  me  joue  pas  avec  des  paroles  aimables, 
puisque  déjà  tu  as  promis  à  ta  propre  sœur  que  tu  me 
donnerais  le  charme  nécessaire.  C'est  au  nom  d'Hécate  elle- 
même  que  je  te  supplie,  au  nom  de  tes  parents  et  de  Zeus, 
qui  étend  sa  main  protectrice  sur  les  étrangers  et  sur  les 

i6 


122  LES    ARGONAUTIQUES 

suppliants:  je  suis  Tun  et  Tautre;  c'est  comme  étranger  et 
comme  suppliant  que  je  viens  ici,  forcé  par  la  dure  nécessité 
de  t'implorer  à  genoux.  Car,  sans  vous,  je  ne  pourrai  venir 
à  bout  de  ce  travail  qui  me  cause  bien  des  peines.  Plus 
tard,  je  te  témoignerai,  comme  il  est  juste,  ma  reconnais- 
sance pour  Taide  que  tu  m'auras  donnée  :  je  le  ferai,  comme 
on  peut,  quand  on  habite  bien  loin  Tun  de  l'autre.  Je  ren- 
drai célèbres  ton  nom  et  ta  gloire;  et,  de  même,  les  autres 
héros  parleront  de  toi  quand  ils  seront  de  retour  en  Hellade, 
et  aussi  les  femmes  et  les  mères  des  héros  qui,  peut-être 
déjà,  pleurent  notre  sort,  immobiles  sur  les  rivages  :  c'est 
toi  qui  feras  cesser  leurs  tristes  soucis.  Certes,  autrefois 
Thésée  fut  délivré  de  ses  funestes  travaux  par  la  vierge 
Minoïde,  Ariane,  qui  était  bien  disposée  pour  lui,  elle 
qu'avait  enfantée  Pasiphaé,  la  fille  d'Hélios.  Mais,  après 
que  Minos  eut  apaisé  sa  colère,  montée  sur  le  navire  de 
Thésée  avec  lui,  elle  quitta  sa  patrie.  Aussi  les  immortels 
eux-mêmes  l'ont  chérie,  et,  au  milieu  des  régions  supé- 
rieures de  l'air,  un  signe  céleste,  une  couronne  d'étoiles, 
qu'on  appelle  couronne  d'Ariane,  accomplit  toutes  les  nuits 
sa  révolution  parmi  les  constellations  du  ciel.  C'est  ainsi 
que  les  dieux  te  témoigneront  de  la  reconnaissance,  si  tu 
sauves  une  si  nombreuse  troupe  de  héros.  Et,  certes,  à  voir 
le  charme  de  tes  traits,  tu  semblés  parée  d'une  aimable 
bonté.  » 

Il  lui  dit  ces  paroles  louangeuses;  mais  elle,  la  tête 
penchée,  les  yeux  baissés,  eut  un  sourire  doux  comme  le 
nectar;  son  cœur  se  fondait,  tant  l'éloge  Texaltait.  Puis  elle 
leva  les  yeux  et  le  regarda  en  face.  Elle  ne  savait  quelle 
parole  lui  dire  pour  commencer,  et  elle  désirait  ardemment 
lui  tout  dire  à  la  fois.  Et,  d'abord,  se  livrant  tout  entière, 
elle  tira  de  sa  ceinture  embaumée  la  substance  magique  : 
et  lui,  aussitôt,  il  la  saisit  dans  ses  mains,  rempli  de  joie. 
Certes,  elle  aurait  arraché  toute  son  âme  du  fond  de  son 
cœur,  bien  heureuse  de  la  lui  donner  s'il  l'eût  désirée.  Si  char- 
mant était  l'éclat  qu'Éros  faisait  rayonner  de  la  tête  blonde 


CHANT    TROISIÈME  123 

de  TAisonide;  ravis,  les  yeux  de  Médée  étaient  entraînés 
vers  lui;  une  ardeur  la  brûlait  :  au  fond  de  sa  poitrine  son 
âme  se  fondait,  comme,  sur  les  roses,  on  voit  se  fondre  les 
gouttes  de  rosée  à  l'ardeur  des  rayons  du  matin.  Tantôt  ils 
tenaient  tous  les  deux  les  yeux  fixés  à  terre,  car  ils  étaient 
vaincus  par  la  pudeur;  tantôt,  au  contraire,  ils  se  regar- 
daient, et  la  joie  détendait  leurs  sourcils  par  un  aimable 
sourire.  Enfin,  à  grand'peine,  la  jeune  fille  adressa  ces 
paroles  à  Jason  : 

«  Maintenant,  rends-toi  compte  de  la  manière  dont  je  dois 
combiner  le  secours  que  je  te  prêterai.  Quand  tu  seras  allé 
vers  mon  père  et  qu'il  t'aura  donné  à  semer  les  funestes 
dents  arrachées  aux  mâchoires  du  serpent,  alors  observe  le 
moment  exact  qui  divise  en  deux  parties  égales  la  nuit  au 
milieu  de  sa  course;  alors,  lave-toi  dans  le  courant  d'un 
fleuve  dont  les  eaux  ne  tarissent  jamais;  et,  seul,  loin  de 
tous,  en  vêtements  sombres,  creuse  une  fosse  circulaire,  et 
là  égorge  un  agneau  femelle  et  place  crue  et  tout  entière  la 
victime  sur  un  bûcher  que  tu  auras  construit  avec  soin 
dans  la  fosse  même.  Rends-toi  propice  Hécate,  fille  unique 
de  Perses,  en  versant  de  ta  coupe,  comme  libation,  la  subs- 
tance produite  dans  les  ruches  des  abeilles.  Alors,  aussitôt 
que  tu  te  seras  souvenu  d'apaiser  la  déesse,  hâte- toi  de 
t'éloigner  du  bûcher.  Que  le  bruit  de  pas  que  tu  entendras 
ne  te  fasse  pas  retourner  en  arrière,  pas  plus  que  le  hurle- 
ment des  chiens.  Sans  quoi,  tout  ce  que  tu  aurais  fait 
deviendrait  inutile,  et  toi-même  tu  ne  retournerais  pas  dans 
un  état  convenable  vers  tes  compagnons.  Au  matin,  fais 
fondre  cette  substance  magique,  et,  nu,  frottes-en  complète- 
ment ton  corps,  comme  on  fait  d'un  onguent  :  alors  tu 
auras  une  force  immense,  une  grande  vigueur;  tu  ne  te 
croirais  plus  égal  aux  hommes,  mais  aux  dieux  immortels. 
Que  non  seulement  ta  lance,  mais  aussi  ton  bouclier  et  ton 
épée  soient  enduits  de  la  substance.  Tu  seras  de  la  sorte 
invulnérable  aux  lances  pointues  des  hommes  fils  de  la  terre, 
et  à  la  flamme  irrésistible  que  lancent  les  funestes  taureaux. 


124  LES    ARGONAUTIQUES 

Tu  ne  resteras  pas  longtemps  en  cet  état,  mais  ce  jour- là 
seulement  :  aussi,  n'hésite  en  rien  à  engager  la  lutte.  Je  vais  te 
donner,  en  outre,  une  autre  indication  utile  :  quand  tu  auras 
mis  sous  le  joug  les  boeufs  robustes,  et  labouré  rapidement 
toute  la  rude  jachère,  grâce  à  la  force  de  tes  bras  et  à  ton 
courage,  quand  déjà  les  géants  seront  montés  comme  des 
épis  du  fond  des  sillons  —  moisson  née  des  dents  du  serpent 
semées  dans  la  glèbe  noire,  —  si  tu  vois  qu'ils  se  dressent 
nombreux  dans  le  champ,  lance,  sans  qu'ils  s'en  aperçoi- 
vent, une  pierre  des  plus  solides.  A  cause  d'elle,  semblables 
à  des  chiens  affamés  autour  d'un  aliment,  ils  se  tueront  les 
uns  les  autres.  Alors,  empresse-toi  d'aller  toi-même  droit 
au  combat;  tu  pourras  ainsi  emporter  la  toison  en  Hellade, 
bien  loin  d'Aia.  Va  cependant  là  oti  il  te  plaît  d'aller  au 
loin,  étant  parti  d'ici.  » 

Elle  dit;  puis,  silencieuse,  tenant  les  yeux  baissés  et  fixés 
à  ses  pieds,  ses  joues  s'arrosèrent  d'une  violente  pluie  de 
larmes  chaudes,  à  la  pensée  qu'il  dût  aller  bien  loin  d'elle 
errer  sur  la  mer.  Elle  lui  adressa  de  nouveau  des  paroles 
affligées  et  lui  saisit  la  main  droite:  car  la  modeste  pudeur 
avait  quitté  ses  yeux  :  «  Souviens-toi,  si  du  moins  tu  reviens 
un  jour  dans  ta  patrie,  souviens- toi  du  nom  de  Médée, 
comme  moi  aussi  je  me  souviendrai  de  celui  qui  sera  parti. 
Mais  dis- moi  de  bon  cœur  où  est  ta  demeure,  quelle  route 
ton  navire  prendra  sur  la  mer  en  partant  d'ici?  Dois-tu 
aller  auprès  de  Topulente  Orchomène  ou  aux  environs  de 
l'île  d'Aia?  Parle- moi  de  cette  jeune  fille  que  tu  m'as 
nommée,  enfant  illustre  de  Pasiphaé,  qui  est  la  sœur  de 
mon  père.  » 

Elle  parla  ainsi:  mais  lui,  avec  les  larmes  de  la  jeune 
fille,  le  cruel  amour  le  pénétrait,  et  il  répondit  de  son  côté 
en  ces  termes  :  <c  Certes,  jamais,  ni  jour  nf  nuit,  je  ne  pense 
t'oublier,  si  j'échappe  au  destin,  si  je  puis  réellement  me 
réfugier  sain  et  sauf  en  Achaïe,  au  cas  où  Aiétès  ne  placera 
pas  devant  nous  quelque  travail  plus  funeste  encore.  Mais, 
s'il  te  plaît  de  savoir  ce  qu'est  notre  patrie,  je  vais  t'en 


CHANT    TROISIÈME  125 

parler  :  moi-même,  mon  cœur  m*y  pousse  ardemment.  C'est 
une  terre  entourée  de  hautes  montagnes;  elle  est  tout  à  fait 
abondante  en  brebis  et  en  gras  pâturages;  c'est  là  que  l'Iapé- 
tide  Prométhée  a  engendré  le  bienfaisant  Deucalion  qui,  le 
premier,  a  bâti  des  villes  et  élevé  des  temples  aux  dieux 
immortels,  et  qui  le  premier  a  régné  sur  les  hommes.  Les 
peuples  voisins  de  ce  pays  l'appellent  Haimonîe.  C'est  là 
que  se  trouve  lolcos,  ma  ville;  c'est  là  que  se  trouvent 
beaucoup  d'autres  villes  pleines  d'habitants  :  on  n'y  connaît, 
même  pas  de  nom,  l'île  d'Aia.  C'est  de  ce  pays  que  Minyas 
partit,  l'Aiolide  Minyas,  qui,  dit-on,  alla  fonder  la  ville 
d'Orchomène,  dans  le  voisinage  des  peuples  de  Cadmos. 
Mais,  pourquoi  te  raconter  toutes  ces  choses  inutiles  sur  nos 
demeures,  sur  la  fille  de  Minos,  Ariane,  dont  la  renommée 
s'est  étendue  bien  loin?  Car  elle  a  reçu  le  nom  charmant 
de  vierge  aimable,  celle  sur  qui  tu  m'interroges.  Minos  a 
convenu  avec  Thésée  de  la  lui  donner  :  plaise  au  ciel  que, 
de  même,  ton  père  s'accorde  avec  nous!» 

Il  dit,  la  caressant  par  l'intimité  de  ses  douces  paroles; 
mais  elle  avait  le  cœur  tourmenté  par  de  pénibles  angoisses, 
et  c'est  avec  une  grande  tristesse  qu'elle  lui  adressa  ces 
plaintes  désolées:  «En  Hellade,  il  peut  être  beau  d'avoir 
égard  à  de  telles  conventions  d'alliance.  Mais  Aiétès  n'est  pas 
parmi  les  hommes  ce  qu'était,  comme  tu  viens  de  me  le  dire, 
Minos,  époux  de  Pasiphaé;  et  moi,  je  ne  me  juge  pas  égale  à 
Ariane.  Aussi,  ne  parle  plus  d'amitié  faite  avec  un  étranger. 
Je  ne  te  demande  qu'une  chose  :  de  retour  à  lolcos,  souviens- 
toi  de  moi;  et  moi  aussi,  en  dépit  de  mes  parents,  je  me 
souviendrai  de  toi.  Et  que,  de  là-bas,  il  nous  vienne  quelque 
vague  rumeur  ou  quelque  oiseau  messager,  le  jour  oti  tu 
m'auras  oubliée!  Ou  que  moi-même,  les  tempêtes  rapides 
m'enlèvent  par-dessus  les  flots  d'ici  à  lolcos,  pour  que 
j'arrive  devant  toi  t'accabler  de  reproches  et  te  rappeler  que 
c'est  grâce  à  moQ  secours  que  tu  as  échappé  à  la  mort.  Ah  ! 
plût  au  ciel  qu'il  me  fût  permis  de  me  trojuver  ainsi  à 
l'improviste  dans  ton  palais^  à  ton  foyer!  » 


126  LÈS    ARGONAUTIQUES 

Elle  parla  ainsi,  et  des  larmes  pitoyables  coulaient  sur  ses 
joues.  Mais  il  lui  dit  à  son  tour  :  «  Amie,  laisse  errer  les 
vaines  tempêtes  et  les  oiseaux  messagers,  car  tu  prononces 
des  paroles  inutiles.  En  effet,  si  tu  viens  dans  ma  demeure 
sur  la  terre  d'Hellade,  tu  seras  honorée  par  les  femmes  et 
par  les  hommes,  tu  seras  un  objet  de  respect.  Tous  te 
vénéreront  en  toute  chose,  comme  une  divinité,  puisque 
les  fils  de  ceux-ci  auront  pu  revenir  à  la  maison  grâce  à  tes 
conseils,  puisque  les  frères,  les  amis  et  les  jeunes  époux  de 
celles-là  auront  été  arrachés  par  toi  à  tout  danger.  Et  tu 
partageras  notre  couche  qui  sera  ton  lit  nuptial  de  jeune 
femme  légitime  :  rien  ne  nous  séparera  dans  notre  amour 
jusqu'au  moment  oti  la  mort  fixée  par  le  destin  nous  enve- 
loppera dans  son  ombre.  » 

Il  dit;  à  ces  mots,  le  cœur  de  la  jeune  fille  défaillait.  En 
présence  des  crimes  affreux  qu'il  faudrait  commettre,  elle 
frissonna  d'horreur,  la  malheureuse!  Et  cependant,  elle  ne 
devait  pas  longtemps  refuser  d'aller  habiter  en  Hellade.  En 
effet,  Héra  méditait  que,  pour  la  perte  de  Pélias,  la  jeune 
fille  d'Aia,  Médée,  vînt  dans  la  ville  sacrée  d'Iolcos,  ayant 
quitté  sa  patrie.  Déjà  les  esclaves,  qui  observaient  de  loin 
avec  curiosité,  s'inquiétaient  en  silence:  à  ce  moment  de 
la  journée,  il  devenait  nécessaire  que  la  jeune  fille  retournât 
à  la  maison,  vers  sa  mère.  Mais  elle  ne  se  serait  jamais 
souvenue  qu'il  fallait  rentrer  —  car  son  cœur  se  charmait  à 
Contempler  Jason,  à  écouter  ses  douces  paroles  —  si  l'Aise- 
nide,  soucieux  enfin  de  leur  sûreté,  ne  lui  avait  dit  :  «  Il  est 
temps  de  nous  séparer;  que  le  coucher  du  soleil  ne  nous 
prévienne  pas,  ou  quelque  étranger  pourrait  tout  deviner. 
Nous  reviendrons  ici  et  nous  nous  retrouverons.  » 
V.  1146-1162.       C'est  ainsi  que  longtemps,  avec  de  douces   paroles,  ils 

éprouvèrent  leurs  sentiments  mutuels;  et,  ensuite,  ils  s'arra- 
chèrent l'un  à  l'autre.  Car  Jason,  plein  de  joie,  se  mit  en 
route  pour  rejoindre  le  navire  et  ses  compagnons.  Mais  elle 
se  dirigea  vers  ses  esclaves  qui  toutes  ensemble  s'appro- 
chèrent à  sa  rencontre;  et,  cependant,  Médée  ne  s'aperçut 


CHANT    TROISIEME  127 

pas  que  ses  suivantes  l'entouraient  :  car,  loin  de  la  terre, 
son  âme  s'était  envolée  dans  les  nuages.  D*un  mouvement 
machinal  de  ses  pieds,  elle  monta  sur  le  char  rapide;  elle 
prit  les  rênes  d'une  main,  et,  de  l'autre,  le  fouet  de  cuir, 
artistement  travaillé,  pour  mettre  en  mouvement  les  mules; 
et  celles-ci  se  hâtaient  de  courir  à  la  ville  vers  le  palais. 
Quand  Médée  fut  de  retour,  Chalciopé,  angoissée  au  sujet 
de  ses  enfants,  se  mit  à  l'interroger  :  mais,  en  proie  au 
trouble  et  à  l'indécision,  elle  n'écoutait  rien,  elle  désirait 
vivement  ne  répondre  à  aucune  question.  Elle  se  tenait 
assise  sur  un  escabeau  très  bas,  au  pied  de  son  lit  de  repos, 
la  tête  inclinée,  la  joue  appuyée  sur  sa  main  gauche.  Ses 
yeux  étaient  humides  entre  ses  paupières,  car  elle  était 
inquiète,  songeant  quel  terrible  forfait  allait  s'accomplir, 
dont  ses  conseils  la  faisaient  complice. 

Une  fois  que  l'Aisonide  eut  de  nouveau  rencontré  ses  V.  1163-1190. 
compagnons,  à  l'endroit  où  il  les  avait  laissés  en  les  quit- 
tant, il  se  dirigea  avec  eux,  leur  racontant  toute  chose,  vers 
l'assemblée  des  héros.  Ils  arrivèrent  ensemble  au  navire: 
à  peine  l'eurent-ils  aperçu,  les  compagnons  s'empressaient, 
amicalement  autour  de  Jason  et  le  questionnaient.  Il  leur 
communiqua  à  tous  les  projets  de  la  jeune  fille,  et  il  leur 
montra  la  substance  puissante.  Seul  de  tous,  Idas  restait  à 
l'écart  de  ses  compagnons,  dévorant  sa  colère.  Tous  les 
autres  étaient  pleins  de  joie,  et,  comme  les  ténèbres  de  la 
nuit  les  tenaient  captifs,  ils  s'occupaient  tranquillement  de 
ce  qui  les  concernait  eux-mêmes.  Mais,  à  l'aube,  ils  en* 
voyèrent  à  Aiétès,  pour  demander  la  semence,  deux  d'entre 
eux,  d'abord  Télamon  lui-même,  chéri  d'Ares,  et  avec  lui 
Aithalidès,  fils  illustre  d'Hermès.  Ils  se  mirent  en  route,  et 
ce  ne  fut  pas  un  voyage  inutile  :  car,  lorsqu'ils  furent  arrivés 
devant  lui,  le  roi  Aiéiès  leur  donna,  pour  faire  naître  la 
bataille,  les  dents  terribles  du  serpent  Aonien  que  Cadmos 
avait  tué  dans  Thèbes  Ogygienne,  alors  qu'il  y  était  venu  à 
la  recherche  d*Europé  :  le  monstre  était  le  gardien  d'une 
source  consacrée  à  Ares.  —  C'est  là  que  s'établit  Cadmos, 


128  LES    ARGON AUTIQUES 

merveilleusement  conduit  par  une  génisse  que  l'oracle 
d'Apollon  lui  avait  donnée  comme  guide  de  son  chemin. 
La  déesse  Tritonide  arracha  ces  dents  des  mâchoires  du 
•serpent  et  en  fit  présent,  partie  à  Aiétès,  partie  à  celui-là 
même  qui  avait  tué  le  monstre.  L'Agénoride  Cadmos  les 
sema  dans  les  champs  d'Aonie,  et,  avec  tous  ceux  des  guer- 
riers sortis  de  ces  dents  qui  avaient  survécu  après  que  la 
lance  d'Ares  eut  moissonné  au  milieu  d'eux,  il  établit  un 
peuple  d'hommes  nés  du  sol.  —  Quant  à  Aiétès,  il  permit 
bien  volontiers  qu'on  emportât  au  navire  celles  des  dents 
qu'il  possédait;  car  il  ne  pensait  pas  que  Jason  arrivât  au 
terme  du  combat,  quand  même  il  aurait  réussi  à  mettre  les 
taureaux  sous  le  joug. 
V.  1191-1224.  Cependant  le  soir  venait;  au-dessus  des  sommets  les  plus 
reculés  des  Éthiopiens,  le  soleil  allait,  au  loin,  s'enfoncer 
dans  la  terre  obscure.  Et  la  Nuit  mettait  ses  chevaux  sous 
le  joug;  les  héros  préparaient  leurs  couches  sur  le  sol,  près 
des  amarres  du  vaisseau.  Mais,  au  moment  où  les  étoiles  de 
l'Hélice  —  la  Grande-Ourse  splendide  —  furent  couchées, 
alors  que  du  ciel  l'atmosphère  se  répandait,  partout,  très 
calme,  Jason  s'en  alla  secrètement,  comme  un  voleur  qui  se 
'  cache,  dans  la  plaine  déserte.  Il  avait  avec  lui  toutes  les 
choses  nécessaires  dont  il  s'était  muni  pendant  le  jour.  Argos 
lui  porta,  d'une  bergerie  où  il  était  allé,  l'agaean  fem'CTte  et 
lej^t;  et  il  se  procura  le  reste  au  navire  même.  Quand  il 
eut  trouvé  un  endroit  à  l'écart  de  la  route  fréquentée  par 
les  hommes,  le  héros,  en  sûreté  au  milieu  des  prés  tran- 
quilles arrosés  par  des  ruisseaux,  commença  par  laver, 
suivant  les  rites,  son  corps  délicat  dans  le  fleuve  divin.  Il 
jeta  autour  de  lui  un  manteau  sombre  que  la  Lemnienne 
Hypsipylé  lui  avait  donné  en  souvenir  de  la  couche  où  ils 
avaient  souvent  reposé  ensemble.  Puis,  ayant  creusé  dans 
le  sol  une  fosse  profonde  d'une  coudée,  il  y  amoncela  des 
morceaux  de  bois  fendus  pour  le  feu,  il  égorgea  l'agneau  et 
rétendit  avec  soin  sur  le  bûcher.  Il  enflamma  le  bois  en 
allumant  du  feu  au-dessous,  et  il  versa  par-dessus,  comme 


CHANT    TROISIÈME  129 

libations,  ufT  mélangée  substances  diverses,  en  invoquant 
Brimô-HécatèTprotectrice  de  ses  travaux.  Après  cet  appel, 
il  se  retira  en  arrière.  L'avant  entendu  du  fond  de  ses 
demeures  souterraines,  la  déesse  redoutable  se  rendit  aux 
cérémonies  sacrées  de  TAisonide.  Elle  avait  une  couronne 
de  terribles  serpents  entrelacés  à  des  rameaux  de  chêne;  des 
torches  répandaient  autour  d'elle  une  lumière  éclatante,  et 
les  chiens  des  enfers  faisaient  retentir  le  bruit  perçant  de 
leurs  aboiements.  Sous  ses  pas,  les  prairies  tremblaient  au 
loin  ;  elles  hurlèrent  aussi,  les  Nymphes  fluviales  des  marais, 
qui  parcourent,  dans  leurs  courses  errantes,  les  plaines 
basses  et  humides  du  Phase  Amarantien.  L'Aisonide  fut 
saisi  de  crainte;  mais,  sans  qu'il  regardât  derrière  lui,  ses 
pieds  le  ramenèrent  vers  ses  compagnons  auxquels  il  se 
joignit.  Et  déjà,  au-dessus  du  Caucase  neigeux,  Èos,  qui 
naît  le  matin,  se  levait  et  répandait  la  lumière. 

C'est  à  ce  moment  qu'Aiétès  fixait  autour  de  sa  poitrine  v.  1225-1245. 
la  cuirasse  toute  d'une  pièce,  dépouille  du  Phlégraien  Mimas 
qu'Ares  lui  avait  donnée,  après  avoir  tué  le  géant  de  ses 
propres  mains.  11  plaça  sur  sa  tête  un  casque  d'or,  orné  de 
quatre  pointes  en  métal  brillant,  aussi  splendide  que  la 
lumière  qui  rayonne  autour  du  soleil  au  moment  oti  il  sort 
de  l'Océan.  Il  brandissait  un  bouclier  recouvert  de  plusieurs 
couches  de  cuir,  et  une  épée  immense,  invincible  :  aucun 
des  héros  n'aurait  pu  en  soutenir  le  choc,  depuis  qu'ils 
avaient  laissé  loin  derrière  eux  Héraclès,  qui,  seul,  eût  été 
capable  de  lui  résister,  opposant  la  force  à  la  force.  Auprès 
de  lui,  Phaéthon  tenait  en  mains,  pour  qu'il  y  montât,  le 
rapide  attelage  d'un  char  à  deux  places,  bien  construit  :  le 
roi  y  monta  lui-même,  et  prit  les  rênes  en  mains;  il  le  fit 
sortir  de  la  ville  et  le  lança  par  la  vaste  route  praticable  aux 
chariots,  pour  aller  assister  à  la  lutte;  une  foule  immense 
se  répandit  à  leur  suite.  —  Tel,  monté  sur  son  char,  Poséidon 
se  rend  aux  combats  de  l'Isthme,  ou  à  Tainaros,  ou  à  la 
source  de  Lerne,  ou  au  bois  d'Onchestos  Hyantien;  tel  il 
arrive  avec  ses  chevaux  à  Calauréia  ou  à  Pétra  Haimo- 

n 


l3o  LES    ARGONAUTIQUES 

nienne,  ou  au  Géraistos,  planté  d*arbres  :  semblable  au  dieu 
apparaissait  Aiétès,  roi  des  Colchiens. 
V.  1246-1277.  Cependant,  suivant  les  instructions  de  Médée,  Jason  avait 
fait  fondre  la  substance  merveilleuse,  et  en  avait  enduit 
son  bouclier,  sa  forte  lance  et  son  épée.  Autour  de  lui,  ses 
compagnons  mirent  ses  armes  à  Tépreuve,  en  usant  de 
toutes  leurs  forces:  mais  ils  ne  pouvaient  pas  le  moins  du 
monde  faire  plier  cette  lance,  qui,  résistant  au  contraire  à 
leurs  mains  robustes,  s*éiait  durcie  en  séchant.  Plein  de 
rage,  TApharéien  Idas  frappa  avec  sa  grande  épée  sur  la 
pointe  qui  terminait  le  bas  de  la  lance.  Mais  1  epée  rebondit 
comme  le  marteau  du  forgeron  repoussé  par  Tenclume  :  un 
frémissement  de  joie  agita  les  héros,  car  ils  concevaient 
bonne  espérance  de  la  lutte.  Ensuite,  Jason  s'enduisit  tout 
entier  de  la  substance  merveilleuse;  il  fut  pénétré  d*une 
force  effrayante,  indicible,  irrésistible:  la  vigueur  coulait 
comme  une  sève  dans  ses  deux  mains  devenues  admirable- 
ment robustes.  Tel,  un  cheval  guerrier  qui  désire  la  bataille 
avec  impatience,  hennit,  frappe  le  sol  en  bondissant,  puis 
se  cabre,  dresse  Toreille  et  lève  la  tête  :  aussi  ardent  était 
TAisonide,  plein  de  confiance  dans  la  force  de  ses  membres. 
Il  allait  de  tous  côtés,  à  grands  pas,  d*une  démarche  fière, 
brandissant  dans  ses  mains  son  bouclier  d'airain  et  sa  lance^ 
On  aurait  cru  voir  s'élancer  du  haut  du  ciel  sombre  Téclair 
dont  les  fréquentes  lueurs,  pendant  la  tempête,  sillonnent  les 
nuages,  quand  ils  vont  amener  la  pluie  noire  à  leur  suite. 
—  Les  héros  ne  pouvaient  pas  rester  éloignés  plus  longtemps 
du  lieu  du  combat;  ils  se  placèrent  en  ordre  à  leurs  bancs 
de  rameurs,  et  amenèrent  vite  le  navire  au  rivage  de  la 
plaine  d'Ares.  Cette  plaine  se  trouvait  au  delà  de  la  ville  et 
de  Tautre  côté  que  celui  oti  ils  étaient,  à  la  distance  qui 
sépare  de  la  barrière,  limite  du  champ  des  luttes,  la  borne 
qu'un  char  doit  atteindre,  dans  les  jeux  que  les  chefs  d'un 
peuple,  après  la  mort  du  roi,  proposent  à  ceux  qui  se  dispu- 
tent le  prix,  soit  à  pied,  soit  en  char.  Ils  trouvèrent  au  lieu 
du  combat  Aiétès  et  la  foule  des  Colchiens;  ceux  ci  s'étaient 


CHANT    TROISIÈME     ^  l3l 

placés  sur  les  rochers  du  Caucase,  et  le  roi  se  tenait  au  bord 
du  fleuve^  à  l'endroit  oti  il  y  a  un  tournant. 

Quand  les  amarres  eurent  été  attachées  par  ses  compa- v.  1278-1437. 
gnons,  TAisonide  sauta  du  navire  et  marcha  au  combat  avec 
son  bouclier  et  sa  lance;  il  prit  aussi  son  casque  d'airain 
brillant,  qui  était  rempli  des  dents  aiguës  du  serpent;  nu^ 
l'épée  suspendue  aux  épaules,  il  semblait  à  la  fois  aussi  fort 
qu'Ares  et  aussi  beau  qu'Apollon,  le  dieu  aux  armes  d'or. 
Il  jeta  les  yeux  sur  la  jachère  et  vit  le  joug  d'airain  destiné 
aux  taureaux,  et,  à  côté,  une  charrue  d'une  seule  pièce,  tout 
entière  du  métal  le  plus  dur.  Il  s'en  approcha  jusqu'à  la 
toucher,  et  enfonça  tout  auprès  sa  terrible  lance,  qui  se  tint 
droite  sur  la  pointe  inférieure;  contre  sa  lance,  il  appuya 
son  casque  et  le  laissa  à  terre.  Alors,  couvert  de  son  bouclier, 
il  s'en  alla  plus  avant  dans  la  plaine,  cherchant  des  traces 
certaines  des  taureaux.  Tout  à  coup,  sans  qu'il  s'y  attendît, 
sans  qu'il  sût  d'oti  ils  venaient,  sortant  d'un  abîme  souter- 
rain où  étaient  leurs  affreuses  étables,  enveloppés  de  tous 
côtéi  d'une  épaisse  vapeur,  les  deux  taureaux  se  précipitèrent 
à  la  fois,  en  exhalant  une  flamme  éclatante.  Les  héros  furent 
saisis  de  crainte  à  leur  vue  :  mais,  solide  sur  ses  jambes 
écartées,  Jason  attend  leur  choc  :  tel  un  écueil  qui  s'avance 
dans  la  mer  résiste  aux  flots  excités  par  les  tempêtes  déchaî- 
nées. Il  tenait  devant  lui  son  bouclier  qu'il  leur  présentait  : 
les  deux  taureaux,  en  mugissant,  le  frappèrent  de  leurs 
cornes  solides:  mais  leur  impétuosité; ne  put  pas  l'ébranler 
le  moins  du  monde.  De  même  que,  dans  ces  creusets  ouverts 
par  un  bout,  où  l'on  fond  des  métaux,  les  soufflets  de  cUir 
solide  que  les  ouvriers  manient,  tantôt  s'illuminent  des 
reflets  du  feu  violent  qu'ils  allument,  tantôt  se  tiennent  en 
repos  :  et  alors  il  s'exhale  un  épouvantable  frémissement, 
car  l'air  s'échappe  du  fond  de  l'appareil  :  de  même  les  deux 
taureaux  soufflaient  une  flamme  rapide  qui  sortait  à  grand 
bruit  de  leur  gueule.  L'éclat  ennemi  de  la  flamme  brillait 
autour  du  héros  comme  les  éclairs  d'un  orage;  mais  le 
charme  donné  par  la  jeune  fllle  le  protégeait.  Il  saisit  par 


l32  LES    ARGONAUTIQUES 

rextrémité  de  sa  corne  le  taureau  qui  était  à  sa  droite,  et, 
usant  de  toute  sa  vigueur,  il  entraîna  l'animal  maîtrisé 
jusqu'auprès  du  joug  d'airain;  là,  d'un  coup  de  pied  rapide, 
lancé  sur  le  pied  d'airain  du  monstre,  il  le  renversa  à 
genoux  sur  le  sol.  Le  second  taureau  s'approchait  :  il  le  jeta 
lui  aussi  à  genoux,  terrassé  d'un  seul  coup.  Il  avait  lancé  à 
terre  loin  de  lui  son  large  bouclier;  et,  solidement  établi,  il 
maintenait  de  part  et  d'autre  sous  ses  deux  mains  les  deux 
taureaux  tombés  en  avant  sur  leurs  genoux  :  les  flammes 
l'avaient  aussitôt  enveloppé. 

Aiétès  fut  saisi  d'admiration  en  voyant  la  force  du  héros. 
Cependant,  les  Tyndarides —  suivant  ce  qui  avait  été  réglé 
à  l'avance  entre  eux  et  Jason  —  lui  amenèrent  de  la  plaine 
le  joug  dont  il  devait  couvrir  le  cou  des  taureaux  :  il  les 
assujettit,  en  effet,  très  solidement,  puis,  saisissant  le  timon 
d'airain,  il  l'adapta  à  la  pointe  de  l'extrémité  recourbée 
qui  termine  la  charrue.  Les  Tyndarides  s'éloignèrent  des 
flammes  et  retournèrent  au  navire.  Quant  à  Jason,  il  reprit 
son  bouclier,  le  plaça  derrière  lui  sur  ses  épaules,  et  il  saisit 
son  casque  solide  rempli  des  dents  aiguës  du  dragon,  et  sa 
lance  invincible  qu'il  tint  par  le  milieu  :  tel  un  laboureur 
aiguillonne  de  sa  perche  Pélasgique  les  bœufs  dont  il  pique 
les  flancs.  Jason  dirigeait  d'une  main  ferme  le  manche  de  la 
charrue  solidement  adapté  et  fait  de  l'acier  le  plus  dur. 
Pendant  un  moment,  la  fui^ur  des  animaux  fut  terrible;  ils 
vomissaient  des  torreçts  de  flammes,  et  leur  souffle  s'élevait, 
semblable  à  l'agitatioh  des  vents  mugissants,  grande  terreur 
des  navigateurs  qui  alors  carguent  leur  large  voile.  Mais 
bientôt,  contraints  par  la  lance,  ils  marchèrent;  derrière  eux, 
l'âpre  jachère  se  brisait,  fendue  par  la  force  des  taureaux  et 
la  vigueur  du  laboureur.  Cependant,  des  mottes  de  terre, 
grosses  à  faire  la  charge  d'un  homme,  éclataient  avec  un 
bruit  affreux  dans  le  sillon  de  la  charrue;  le  héros  marchait 
à  la  suite,  appuyant  son  robuste  pied  sur  le  coutre,  et 
il  jetait  les  dents  loin  de  lui  dans  la  terre  qu'il  ne  cessait 
de  labourer  :  il  se  retournait,  craignant  d'être  prévenu  par 


CHANT    TROISIÈME  l33 

l'attaque  des  hommes  nés  de  la  terre,  funeste  moisson  qui , 
allait  sortir  du  sol.  Et  les  taureaux  peinaient,  enfonçant 
toujours  plus  avant  leurs  ongles  d'airain. 

A  l'heure  oQ,  depuis  le  matin,  I0  jour  a  tellement  avancé 
qu'il  n'en  reste  plus  que  la  troisième  partie  à  accomplir,  alors 
que  les  laboureurs  fatigués  appellent  avec  impatience  le 
moment  qui  leur  est  si  doux  où  l'on  dételle  les  bœufs,  à  cet . 
instant,  Jason,  le  laboureur  infatigable,  avait  fini  de  défoncer 
la  jachère,  quoiqu'elle  fût  vaste  de  quatre  arpents  ;  il  détachait 
les  taureaux,  et  les  effrayait  pour  leur  faire  prendre  la  fuite 
dans  le  champ.  Quant  à  lui  il  retourna  au  navire,  profitant 
de  ce  qu'il  ne  voyait  encore  sortir  des  sillons  aucun  des 
guerriers,  fils  de  la  terre.  Ses  compagnons  l'entouraient  avec 
des  paroles  d'encouragement;  et  lui,  il  puisa  avec  son  casque 
même  dans  le  fleuve,  et  l'eau  apaisa  sa  soif.  Il  courba  ses 
genoux  rapides,  et  son  grand  cœur  se  remplit  de  force;  il 
attendait,  impatient,  le  combat  :  tel  un  sanglier  qui  aiguise, 
ses  dents  pour  attaquer  les  chasseurs;  dans  sa  rage,  l'écume 
qui  sort  de  sa  gueule  coule  en  abondance  sur  le  sol,  autour 
de  lui. 

Déjà,  par  tout  le  champ,  on  voyait  s'élever,  comme  des 
épis,  les  fils  de  la  terre;  et  de  tous  côtés  se  hérissait  de  ' 
solides  boucliers,  de  lances  à  deux  pointes  et  de  casques 
splendides,  Tenceinte  d'Ares,  dieu  qui  fait  périr  les  hommes  : 
et,  du  sol,  l'éclat  du  métal  montail  à  travers  les  airs  jusqu'au 
ciel.  Comme  on  voit,  dans  une  nuit  noire  où  la  neige  est 
tombée  sur  la  terre  en  grande  quantité,  la  tempête  dissiper 
ensuite  les  nuées  hivernales  et  les  astres  apparaître  tous  en 
rangs  pressés,  éclatants  de  splendeur  au  milieu  des  ténèbres  : 
de  même  ces  guerriers  resplendissaient,  à  mesure  qu'ils 
s'élevaient  de  terre.  —  Mais  Jason  se  souvint  des  instruc- 
tions que  lui  avait  données  Médée,  féconde  en  ruses.  Il 
arracha  du  sol  une  grande  pierre  arrondie,  disque  terrible 
d'Ares  Ényalios:  certes,  quatre  hommes  dans  la  force  de 
l'âge  n'auraient  pu  la  soulever  de  terre.  Jason  la  saisit  et,  de 
bien  loin,  il  la  lança,  en  bondissant,  au  milieu  d'eux;  puis, 


l34  LES    ARGONAUTIQUES 

il  s'assit  à  l'abri  de  son  bouclier  qui  le  cachait  :  it  était  plein 
de  confiance.  Les  Colchiens  poussaient  de  grands  cris  :  tels 
les  mugissements  de  la  mer,  quand  elle  se  lance  avec  bruit 
contre  des  rocs  aigus.  Mais,  en  voyant  lancer  ce  disque 
immense,  une  muette  sttipeur  s'empara  d'Aiétès.  Quant  aux 
guerriers,  semblables  à  des  chiens  impétueux  qui  se  sautent 
dessus  mutuellement,  ils  se  déchiraient  en  hurlant;  certains 
d'entre  eux  tombaient  sous  les  coups  de  leurs  lances  vers  la 
terre,  leur  mère,  comme  des  pins  ou  des  chênes  que  les 
tourbillons  du  vent  renversent.  Tel,  du  haut  du  ciel,  un 
astre  de  feu  est  lancé,  laissant  derrière  lui  une  trace  lumi- 
neuse, prodige  étonnant  aux  yeux  des  hommes  qui  le  voient 
passer  rapidement  dans  sa  splendeur  au  milieu  de  Tair 
obscur  :  tel  le  fils  d'Aison  se  précipita  contre  les  guerriers 
nés  de  la  terre.  Il  portait  son  épée  nue  hors  du  fourreau,  et 
il  frappait,  moissonnant  au  hasard  ceux  en  grand  nombre 
dont  la  moitié  du  corps,  jusqu'aux  fkncs  et  au  ventre, 
émergeait  seule  encore  à  la  lumière  du  jour,  et  ceux  qui 
sortaient  de  terre  jusqu'aux  membres  inférieurs,  et  ceux  qui 
commençaient  à  se  tenir  debout,  et  ceux  dont  les  pieds  se 
hâtaient  vers  le  combat.  De  même,  si,  un  jour,  la  guerre 
s'élève  aux  frontières,  le  maître  d'un  champ  qui  craint  que 
fes  ennemis  ne  le  préviennent  en  coupant  sa  moisson,  saisit 
à  deux  mains  sa  faux  flexible  qu'il  vient  d'aiguiser  et  se  hâte 
de  couper  les  épis  qui  ne  sAnt  pas  encore  mûrs  :  il  n'attend 
pas  la  saison  oti  les  rayons  du  soleil  les  auront  desséchés  : 
de  même,  Jason  fauchait  la  moisson  des  enfants  de  la  terre; 
et  le  sang  remplissait  les  sillons,  comme  l'eau  remplit  le 
canal  d'une  fontaine.  Ils  tombaient  les  uns  en  avant,  prenant 
entre  leurs  dents  le  sol  raboteux  et  le  mordant,  les  autres  en 
arrière,  ou  sur  les  mains  et  sur  le  flanc;  et  en  voyant  ces 
corps  étendus  on  eût  cru  voir  des  baleines.  Plusieurs,  blessés, 
avant  d'avoir  détaché  leurs  pieds  du  sol,  courbés  sous  le 
poids  de  leur  tête  qui  se  laissait  tomber,  inclinaient  vers  la 
terre  tout  ce  qui  de  leur  corps  s'était  élevé  à  l'air  libre.  C'est 
ainsi  que  des  plantes  accablées  par  les  pluies  sans  fin  que 


CHANT    TROISIÈME  I  35 

Zeus  envoie,  des  plantes  qui  viennent  de  grandir  dans  une 
pépinière,  s'affaissent  vers  la  terre,  brisées  jusqu'aux  racines^ 
elles,  Tobjet  des  travaux  des  cultivateurs.  Il  baisse  la  tête, 
envahi  par  une  mortelle  tristesse,  le  possesseur  du  fonds  de 
terre  qui  a  fait  la  plantation.  Cest  ainsi  que  le  roi  Aiétès 
sentait  son  coeur  envahi  par  une  douleur  accablante.  11  partit, 
reprenant  le  chemin  de  la  ville,  en  même  temps  que  les 
Colchiens  :  il  pensait  au  moyen  le  plus  prompt  de  se  venger 
des  héros. 

Le  jour  disparaissait,  et  Jason  avait  accompli  le  travail 
imposé. 


»■  I 


V! 


CHANT   IV 


SOMMAIRE 


Invocation  i  U  Muse  (i-S).  —  Projets  d'Aiétèf  et  angoisses  de  Mèdée  (6-33).  —  Elle  s'enfuit 
du  palais  pendant  la  nuit  (34-6;).  —  Elle  va  rejoindre  les  Argonautes  (66-91).  —  Les 
héros  conduisent  le  navire  à  la  rive  où  se  trouve  la  toison  (92-108).  —  Avec  l'aide  de 
Médée,  Jason  s'empare  de  la  toison  d'or  (109-182).  —  Départ  des  Argonautes  (183-21 1). 
—  Aiétés  donne  l'ordre  de  poursuivre  les  héros  (212-23  j)-  —  Poursuivis  par  les  Colchiens, 
les  Argonautes  débarquent  en  Paphlagonie  (2  3 6-2 $2).  —  Argos  leur  indique  la  route  à 
suivre  (2(3-293).  —  Les  Argonautes  pénétrent  dans  l'Ister  (294-302).  —  Les  Colchiens 
leur  ferment  le  passage  vers  la  mer  (303-337).  —  Convention  des  Argonautes  avec  les 
Colchiens  (338-349).  —  Reproches  de  Médée  à  Jason  ;  le  héros  l'apaise  et  ils  décident  tous 
deux  de  tuer  Apsyrtos  par  trahison  (3SO-444).  —  Imprécation  du  poète  contre  Êros(44$- 
4SI).  —  Apsyrtos  est  tué  par  Jason  (4;2-48i).  —  Les  Argonautes  s'embarquent,  sur  le 
conseil  de  Pelée,  et  les  Colchiens  renoncent  i  les  poursuivre  (482-$  21).  —  Les  héros 
abordent  chez  les  Hylléens  ($22-ssi).  —  Zeus  ordonne  à  Jason  et  à  Médée  de  se  faire 
purifier  par  Ctrcé  du  meurtre  d' Apsyrtos  ($  S2*$9i)-  —  ^  navire  Argo  entre  dans  l'Êridan 
($92-626).  —  Il  passe  de  ce  fleuve  dans  le  Rhodanos  d'où  il  sort,  en  face  des  îles 
Stoichades  (627-6$ 8).  —  Il  arrive  à  l'Ile  de  Circé  (6; 9-684).  —  Jason  et  Médée  se  font 
purifier  par  Circé  (68s*7i7).  —  Circé,  ayant  appris  qui  est  Médée,  la  chasse  de  sa 
demeure  (718-752).  —  Héra  ordonne  à  Thétis  de  secourir  le  navire  Argo  dans  les  difficiles 
parages  de  Charybde  et  de  Scylla  (7S  3-832).  —  Thétis  va  annoncer  à  Pelée  le  secours  que 
ses  soeurs  et  elle  porteront  aux  Argonautes  d'après  les  ordres  d'Héra  (833-884).  —Le 
navire  Argo  passe  en  vue  de  l'île  des  Sirènes;  les  Néréides  le  sauvent  des  Roches- 
Errantes  (88$-98i).  —  Arrivée  des  héros  chez  les  Phaiaciens.  Les  Colchiens  viennent 
réclamer  Médée  ;  supplications  adressées  par  la  jeune  fille  à  la  reine  Arété  et  aux  héros 
(982-1067).  —  Arété  obtient  d'Aldnoos  que,  si  Médée  est  déjà  la  femme  de  Jason,  il  ne  la 
rendra  pas  aux  Colchiens  (1068-1109).  —  Arété  prévient  Jason  de  la  décision  d'Alcinoos; 
les  héros  se  hâtent  de  célébrer  le  mariage  (iz lo-i  169).  —  Alcinoos  rend  son  arrêt;  départ 
des  Argonautes  (1170-1227).  —  La  tempête  jette  Argo  dans  la  Syrte  de  Libye;  désespoir 
des  héros  (1228-1304).  —  Les  déesses  tutélaires  de  la  Libye  apparaissent  à  Jason;  prodige 
qu'elles  montrent  aux  Argonautes  (130$-!  379).  —  Les  héros  portent  le  navire  sur  les 
épaules  jusqu'au  lac  Triton;  gr&ce  aux  Hespérides,  ils  trouvent  une  source  (i 380-1460). 
Quelques  héros  vont  à  la  recherche  d'Héraclès  (i46i-i$oi).  —  Mort  de  Mopsos 
(i $02-1  $36).  —  Le  dieu  Triton  conduit  le  navire  hors  du  lac  et  le  fait  pénétrer  dans  la 
mer  (iS 37-1^37)*  — Épisode  du  géant  Talos  (1638-1693).  —  Arrivée  des  héros  à  l'Ile 
Anaphé  (1694-1730).  —  Le  songe  d'Euphémos;  Jason  l'interprète  (1731-1764).  —  Arrivée 
k  llle  Aiginé  (x76$-i772).  —  Conclusion  du  poème  (1773-1781). 


18 


l38  LES    ARGONAUTIQUES 

V.  i-s.  Maintenant,  dis-moi   toi-même,  6   déesse, 

[Muse,   enfant  de   Zeus,  la   peine   et   les 

l  projets  de  la  jeune  fille  Colchtenne.  Car 

mon  esprit  profondément  troublé  s'agite 

dans   l'impossibilité   de    prononcer   si   je 

[dois  attribuer  à  la  dure  passion  d'amour 

taialité,  ou  aux  outrages  dont  on  l'accablait, 

la  fuite  qui  lui  a  fait  quitter  les  nations  de  Colchide. 

V.  6-33-      En   effet,  au   milieu  des  hommes  les  plus  illustres  de 

son  peuple,  Aiélés  passa,  dans  son  palais,  toute  la  nuit  à 

combiner  des  ruses  profondes  contre  les  héros.  Ce  combat 

odieux  excitait  dans  son  âme  une  colère  sans  bornes;  et 

il  soupçonnait  bien  que  toutes  ces  choses  ne  s'étaient  pas 

accomplies  sans  le  concours  de  ses  filles. 

Cependant,  Héra  jeta  dans  le  cœur  de  Médée  une  terreur 
pleine  d'angoisses.  La  jeune  fille  se  mit  à  trembler,  comme 
une  biche  légère,  effrayée  au  plus  profond  d'un  taillis  épais 
par  les  aboiements  des  chiens  qui  s'appellent.  Aussitôt, 
elle  se  persuada,  en  toute  sincérité,  que  l'assistance  qu'elle 
avait  donnée  àJason  n'était  pas  ignorée  de  son  père,  et  qu'il 
allait  bientôt  mettre  le  comble  à  sa  misère.  Elle  redoute  ses 
esclaves  qui  savent  tout;  et,  aussitôt,  ses  yeux  s'emplissent  de 
flammes,  et  à  ses  oreilles  retentissent  des  bruits  effrayants; 
à  plusieurs  reprises,  elle  porta  violemment  les  mains  à  sa 
gorge;  à  plusieurs  reprises  aussi,  elle  arracha  les  boucles  de 
sa  chevelure  en  gémissant,  dans  son  chagrin  lamentable.  Et 
certes,  à  ce  moment,  la  jeune  hlle  serait  morte,  contrairement 
aux  arrêts  de  la  destinée,  elle  aurait  pris  du  poison  et  rendu 
ainsi  inutiles  les  desseins  d'Héra,  si  la  déesse  ne  lui  avait 
inspiré,  au  milieu  de  son  effroi,  l'idée  de  fuir  avec  les  fils  de 
Phrlxos.  Et,  dans  sa  poitrine,  son  cœur  agité  se  calmait; 
ses  projets  étaient  changés.  Aussitôt,  elle  tira  du  pli  de 
son  vêtement  toutes  les  substances  vénéneuses,  et  les  jeta 
ensemble  dans  le  cotfret  d'où  elle  les  avait  tirées.  Elle 
embrassa  son  lit  et  les  montants  qui,  des  deux  côtés,  entou- 
raient la  porte  aux  doubles  battants,  elle  c 


CHANT    QUATRIÈME  I  Sq 

puis,  elle  arracha  de  ses  mains  une  longue  boucle  de  cheveux 
qu'elle  laissa  dans  la  chambre,  souvenir  de  sa  virginité  des- 
tiné à  sa  mère,  et,  élevant  la  voix,  elle  se  lamenta  :  «  Je  m'en 
vais,  te  laissant  au  lieu  de  moi  cette  longue  boucle  de  cheveux, 
ô  ma  mèret  Sois  heureuse!  c'est  le  souhait  de  celle  qui  s'en 
va  au  loin.  Sois  heureuse,  ô  Chalciopé!  Que  toute  la  maison 
soit  heureuse!...  Mais  plût  au  ciel  que  la  mer  t'eût  englouti, 
ô  étranger,  avant  ton  arrivée  à  la  terre  de  Colchide!  » 

Elle  parla  ainsi;  et  de  ses  paupières  coulèrent  des  larmes  V.  34-65. 
abondantes.  —  Telle,  d'une  demeure  opulente,  s'échappe 
une  jeune  femme  qui  y  a  été  amenée  captive,  enlevée 
naguère  à  sa  patrie  par  la  destinée  :  elle  n'a  jamais  eu  l'expé- 
rience des  labeurs  difficiles;  elle  n'est  pas  accoutumée  à  la 
misère;  c'est  avec  un  étonnement  indigné  qu'elle  se  voit 
soumise  aux  travaux  de  la  servitude,  entre  les  mains  d'une 
maîtresse  exigeante.  —  Semblable  à  cette  femme,  l'aimable 
jeune  fille  sortit  du  palais.  Devant  elle,  les  verrous  des 
portes  cédèrent  d'eux-mêmes,  se  retirant  en  arrière  sous 
l'influence  rapide  de  ses  incantations.  Pieds  nus,  elle  courait 
par  les  rues  étroites,  étendant  de  sa  main  gauche  son  long 
voile  sur  ses  belles  joues  et  sur  son  front,  jusque  par-dessus 
les  sourcils,  et,  de  sa  main  droite,  relevant  les  bords  de  sa 
tunique,  q^ui  tombaient  jusqu'à  ses  pieds.  Rapidement,  sa 
frayeur  l'entraîna,  par  la  route  obscure,  hors  des  murailles 
de  la  ville  spacieuse;  personne  ne  la  reconnut  parmi  les 
gardiens,  et  elle  put  s'échapper  à  leur  insu.  De  là,  elle 
résolut  de  se  diriger  vers  le  temple;  elle  n'ignorait  pas  les 
routes,  car  elle  avait  souvent  autrefois  erré  dans  ces  lieux  à  la 
recherche  des  cadavres  et  de  ces  racines  cachées  dans  la  terre, 
dont  la  puissance  est  irrésistible,  comme  ont  coutume  de  le 
faire  les  femmes  qui  s'occupent  de  magie;  et  son  cœur  était 
secoué  par  une  terreur  qui  la  faisait  trembler.  Mais  la  déesse, 
fille  du  Titan,  qui  commençait  à  s'élever  de  l'extrémité  de 
l'horizon,  la  Lune,  en  la  voyant  errer  de  la  sorte,  se  réjouis- 
sait ardemment,  et  parlait  ainsi  en  elle-même:  «Je  ne  suis 
donc  pas  la  seule  à  m'enfuir  vers  la  caverne  du  Latmos;  je 


140  LES    ARGONAUTIQUES 

ne  suis  pas  la  seule  à  me  consumer  d'amour  pour  le  bel 
Endymion.  Oui,  bien  des  fois,  par  tes  habiles  incantations 
tu  m'as  fait  souvenir  de  ma  passion,  tu  m'as  fait  descendre 
du  ciel  pour  pouvoir,  dans  la  nuit  obscure,  te  livrer,  sans 
être  inquiétée,  à  ces  opérations  magiques  qui  te  sont  si 
chères.  Mais  voici  sans  doute  que  tu  as  en  partage  une 
semblable  calamité.  Un  dieu  cruel  a  voulu  que  Jason  t'ame- 
nât cette  peine  affligeante  :  mais  val  malgré  toute  ta  sagesse, 
il  te  faut  supporter  une  souffrance  qui  te  fera  pousser  bien 
des  gémissements!  >» 
V.  66-91.  Ainsi  parla  la  déesse;  cependant  la  jeune  fille  se  hâtait, 
et  ses  pieds  la  portaient  rapidement.  C'est  avec  bonheur 
qu'elle  monta  sur  les  rivages  escarpés  du  fleuve,  voyant  sur 
l'autre  bord  l'éclat  du  feu  que  les  héros  faisaient  briller 
toute  la  nuit,  en  signe  de  la  joie  que  leur  avait  causée  l'issue 
du  combat.  Alors,  du  milieu  des  ténèbres  où  elle  se  trouvait 
sur  la  rive  opposée,  elle  appela  bien  haut  —  sa  voix  était 
perçante  —  le  plus  jeune  des  fils  de  Phrixos,  Phrontis. 
Celui-ci,  comme  ses  frères  et  comme  Jason  lui-même,  devina 
que  c'était  la  voix  de  Médée.  Leurs  compagnons  demeuraient 
dans  un  silence  fait  d'étonnement,  car  ils  avaient  compris 
ce  qui  était  vrai  en  effet.  Trois  fois,  Méd^  répéta  son  cri  ; 
et,  trois  fois,  sur  les  conseils  de  ceux  qui  l'entouraient, 
Phrontis  lui  répondit  en  criant  de  son  côté;  cependant  les 
héros,  avec  leurs  rames  rapides,  conduisaient  le  navire  vers 
la  jeune  fille.  Ils  n'avaient  pas  encore  lancé  les  amarres 
sur  la  rive  opposée  à  celle  d'où  ils  étaient  partis,  que  Jason 
se  hâta  de  sauter  à  terre  du  haut  du  tillac;  et,  après  lui, 
Phrontis  et  Argos,  tous  deux  fils  de  Phrixos,  s'élancèrent 
sur  le  rivage.  Mais  elle,  leur  saisissant  les  genoux  dans 
ses  deux  mains,  parla  ainsi:  «Mes  amis,  arrachez-moi, 
malheureuse  que  je  suis,  et  en  même  temps  arrachez-vous 
vous-mêmes  à  Aiétès  !  Car  tout  est  découvert,  il  n'y  a  plus 
de  moyen  de  salut:  fuyons  sur  le  navire  avant  qu'il  soit 
monté  sur  son  char  traîné  par  de  rapides  chevaux.  Je  vous 
donnerai  la  toison  d'or,  ayant  endormi  le  dragon  qui  la 


CHANT    QUATRIÈME  141 

garde.  Mais  toi,  étranger,  prends  d'abord,  en  présence  de 
tes  compagnons,  les  dieux  à  témoin  des  promesses  que  tu 
m  as  faites,  pour  que  tu  ne  me  laisses  pas  m'éloigner  d'ici, 
rendue  méprisable  et  vile  par  l'absence  de  défenseurs  qui 
me  protègent!  » 

Elle  parla  ainsi,  en  proie  à  la  douleur;  mais  le  cœur  de  V.  92-108. 
l'Aisonide  était  plein  de  joie;  aussitôt,  il  releva  doucement 
en  l'embrassant  la  jeune  fille  qui  était  tombée  à  ses  genoux, 
et  il  lui  adressa  ces  paroles  encourageantes:  «Chère  amie, 
je  prends  à  témoin  de  mon  serment  Zeus  Olympien  lui- 
même,  et  l'épouse  de  Zeus,  Héra  qui  préside  au  mariage  : 
oui,  je  t'établirai  dans  ma  demeure  à  titre  d'épouse  légitime, 
dès  que  nous  serons  de  retour  dans  le  pays  d'Hellade!  » 

Il  dit,  et  serra  aussitôt  de  sa  main  droite  la  main  de  la 
jeune  fille;  et  elle,  cependant,  les  engagea  à  faire  avancer 
en  hâte  le  navire  rapide  vers  le  bois  sacré,  pour  pouvoir, 
tant  que  la  nuit  durait  encore,  enlever  la  toison,  contre  la 
volonté  d'Aiétès.  Telle  était  leur  hâte  que  l'action  eut  lieu 
presque  en  même  temps  que  ses  paroles.  Car,  ayant  embar- 
qué Médée,  ils  poussèrent  bien  vite  le  navire  loin  du 
rivage;  et  les  héros  faisaient  grand  bruit,  courbés  sur  leurs 
rames.  Mais,  se  retournant  brusquement,  elle  étendait  les 
mains  vers  la  terre,  profondément  troublée;  cependant, 
Jason  l'encourageait  par  ses  paroles,  et  la  retenait  dans  sa 
douleur. 

Au  moment  oii  les  chasseurs  secouent  le  sommeil  appe-  V.  109-182. 
santi  sur  leurs  yeux,  —  les  chasseurs  qui,  malgré  la  confiance 
qu'ils  ont  dans  leurs  chiens,  ne  dorment  jamais  aux  appro- 
ches  du  matin,  craignant  que  la  lumière  de  l'aurore  ne  fasse 
disparaître  la  trace  et  l'odeur  des  bétes  sauvages,  si  elle  a  eu 
le  temps  d'accabler  la  terre  de  ses  blancs  rayons,  —  à  ce 
moment,  l'Aisonide  et  la  jeune  fille  débarquèrent  dans  un 
endroit  couvert  d'herbes,  qu'on  appelle  ia  couche  du  Bélier  :  . 
car  c'est  là  que,  pour  la  première  fois,  se  plièrent  les  genoux 
fatigués  de  l'animal  qui  portait  sur  son  dos  le  Minyen,  fils 
d'Athamas.  Aux  environs  se  trouvaient,  noircis  par  le  feu, 


142  LES    ARGONAUTIQUES 

les  fondements  de  l'autel  qu'autrefois  TAiolide  Pbrixos  avait 
élevé  à  Zeus  protecteur  des  fugitifs,  pour  immoler  le  prodi- 
gieux animal  tout  en  or,  suivant  les  instructions  qu'Hermès 
bienveillant  était  venu  lui  donner.  C'est  en  cet  endroit  que, 
sur  les  conseils  d'Argos,  les  héros  firent  descendre  Jason  et 
Médée.  Par  le  sentier,  ils  arrivèrent  tous  deux  au  bois  sacré, 
cherchant  le  chêne  immense  oti  était  suspendue  la  toison, 
semblable  à  un  nuage  que  rougissent  les  rayons  enflammés 
du  soleil  levant. 

Mais,  précisément  devant  l'arbre,  le  dragon  aux  sens 
pénétrants  tendait  son  cou  très  long  en  les  voyant  s'appro- 
cher, grâce  à  ses  yeux  toujours  en  éveil,  et  il  faisait  entendre 
un  horrible  sifflement;  et,  aux  alentours,  les  vastes  rivages 
du  fleuve  et  l'immense  étendue  de  la  forêt  retentissaient.  Ils 
entendirent  ce  sifflement  ceux  qui,  bien  loin  de  la  Tita- 
nienne  Aia,  habitaient  la  terre  de  Colchide,  auprès  des 
bouches  du  Lycos,  fleuve  qui,  s'éloignant  de  l'Araxe  sonore, 
porte  au  Phase  son  cours  sacré;  et  tous  deux,  réunis  en  un 
seul,  coulent  vers  la  mer  Caucasienne.  La  terreur  réveilla 
les  femmes  nouvellement  accouchées;  et  elles  serrèrent  dans 
leurs  bras,  pleines  d'angoisse,  les  tout  petits  enfants  qui 
reposaient  sur  leurs  seins,  et  dont  ce  sifflement  faisait 
palpiter  le  cœur.  Comme,  au-dessus  d'une  forêt  embrasée, 
les  tourbillons  ardents  de  fumée  s'enroulent  immenses, 
se  suivant  sans  interruption  l'un  après  l'autre,  s'élevant 
du  fond  de  ce  gouffre  de  feu  :  ainsi  ce  monstre  enroulait 
les  innombrables  spirales  de  son  corps  couvert  d'écaillés 
desséchées. 

Pendant  qu'il  se  roulait  ainsi,  la  jeune  fllle  s'avançait  en 
face  de  lui,  demandant  d'une  douce  voix  à  Hypnos  protec- 
teur, le  plus  puissant  des  dieux,  de  fasciner  le  monstre; 
elle  invoquait  aussi  la  reine  vagabonde  des  nuits,  la  déesse 
souterraine,  en  la  priant  de  donner  à  l'entreprise  une  issue 
favorable.  L'Aisonide  suivait,  plein  de  terreur;  mais  déjà  le 
monstre,  charmé  par  Tincantation,  laissait  fléchir  la  longue 
arête  de  son  corps  sinueux  né  de  la  terre,  et  il  dénouait 


CHANT    QUATRIÈME  143 

ses  nœuds  innombrables.  Tel,  sur  une  mer  languissante^ 
se  roule  un  flot  noir,  qui  va  sans  force  et  sans  bruit. 
Cependant,  le  dragon  tenait  encore  haute  son  horrible 
tête,  plein  du  désir  de  les  saisir  tous  deux  dans  ses 
mâchoires  funestes.  Mais,  au  moyen  d'une  branche  de 
genévrier  récemment  coupée,  puisant  les  pures  substances 
qui  composaient  la  préparation  magique,  Médée  lui  en 
arrosait  les  yeux,  en  chantant;  et  Todeur  pénétrante  de 
ces  substances  l'enveloppa  d'un  profond  sommeil.  Il  laissa 
retomber  sa  mâchoire,  et  s'abattit  à  l'endroit  même  où  il  se 
tenait;  et  ses  innombrables  anneaux  s'étendaient  bien  loin 
en  arrière  dans  la  forêt  aux  arbres  abondants. 

Alors  Jason  enleva  du  chêne  la  toison,  sur  Tordre  de  la 
jeune  fille;  mais,  se  tenant  toujours  dans  la  même  attitude, 
elle  continua  à  enduire  de  la  substance  magique  la  tête  du 
monstre,  jusqu'au  moment  oti  Jason  lui  dit  de  retourner  au 
navire;  et  elle  quitta  le  bois  obscur  d'Ares.  —  Telle,  au 
moment  oQ  la  splendeur  de  la  pleine  lune  brille  au-dessus 
de  l'étage  supérieur  de  la  maison,  une  jeune  fille  en  recueille 
les  rayons  sur  sa  robe  d'un  fin  tissu;  et  son  cœur  se  réjouit 
profondément  à  la  vue  de  la  lueur  éclatante  :  tel,  à  ce 
moment,  Jason,  plein  de  joie,  élevait  dans  ses  mains  la 
grande  toison;  et,  sur  ses  joues  qui  se  doraient,  sur  son 
front,  l'éclat  de  la  laine  mettait  un  rouge  ardent  semblable 
à  celui  du  feu.  —  Aussi  vaste  est  la  peau  d'une  génisse  d'une 
année,  ou  celle  d'une  de  ces  biches  que  les  chasseurs  appel- 
lent biches  achaïnéennes,  aussi  grande  était  la  surface  de 
la  toison  d'or  chargée  de  lourds  flocons;  et  toufoSps  le  sol 
resplendissait  bien  loin  devant  les  pieds  de  Jason.  Il  s'avan- 
çait, tantôt  la  portant  sur  son  épaule  gauche,  —  et  alors 
depuis  son  cou,  elle  descendait  jusqu'à  ses  pieds,  —  tantôt 
il  la  prenait  dans  ses  mains  et  la  roulait,  car  il  avait  grand'- 
peur  que  quelque  homme  ou  quelque  dieu  ne  survînt  pour 
la  lui  enlever. 

La  lumière  d'Èos  se  répandait  déjà  sur  la  terre  quand  ils  V.  183-aix. 
rejoignirent  l'assemblée  des  héros.  Les  jeunes  gens  furent 


144  LES    ARGONAUTIQUES 

saisis  d'étonnement  à  la  vue  de  cette  immense  toison  qui 
brillait,  semblable  à  Téclair  de  Zeus.  Chacun  s'élança  avec 
le  désir  de  la  toucher  et  de  la  manier.  Mais  l'Aisonide  les 
écarta,  et,  ayant  jeté  sur  la  toison  un  manteau  nouvellement 
fait,  il  la  déposa  à  la  poupe  et  y  fit  asseoir  la  jeune  fille.  Puis 
il  s'adressa  en  ces  termes  à  tous  ses  compagnons  :  «  Main- 
tenant, amis,  n'hésitez  pas  davantage  à  retourner  vers  la 
patrie.  Car  nous  avons  heureusement  accompli,  grâce  aux 
conseils  de  cette  jeune  fille,  ce  qui  avait  rendu  nécessaire 
cette  navigation  pénible  que  nous  avons  accomplie  en 
faisant  effort  au  milieu  des  difficultés.  Cette  jeune  fille,  je 
ramènerai  de  son  plein  gré  dans  ma  maison,  comme  mon 
épouse  légitime.  Vous,  comme  elle  porte  un  courageux 
secours  à  TAchaïe  entière  et  à  vous  tous  en  particulier, 
veillez  à  son  salut.  Car,  j'en  suis  bien  sûr,  Aiétès  viendra 
avec  une  troupe  nombreuse  nous  empêcher  de  passer  du 
fleuve  dans  la  mer.  Aussi,  que,  sur  le  navire,  les  uns  — 
chaque  homme  s'asseyant  à  son  tour  à  la  place  d'un  autre 
homme  —  manœuvrent  les  rames;  que  les  autres  —  la 
moitié  de  notre  troupe  —  tenant  dressés  devant  eux  les 
boucliers  en  peau  de  bœuf,  rapide  protection  contre  les 
traits  ennemis,  assurent  notre  retour.  Car  maintenant,  mes 
amis,  nos  enfants,  notre  patrie,  nos  .parents  vénérables, 
nous  les  avons  entre  nos  mains.  L'Hellade  a  l'esprit  fixé 
sur  notre  entreprise  qui  lui  donnera  ou  la  honte  ou  une 
grande  gloire.  » 

Il  parla  ainsi  et  revêtit  ses  armes  de  guerre;  ses  compa- 
gnons a'dkclamèrent,  pleins  d'une  ardeur  qui  venait  des 
dieux.  Maïs  Jason,  ayant  tiré  son  épée  du  fourreau,  trancha 
les  amarres  qui  retenaient  le  navire  du  côté  de  la  poupe; 
puis  il  alla,  tout  armé,  près  de  la  jeune  fille,  se  placer,  pour 
l'aider,  aux  côtés  du  pilote  Ancaios;  et  le  navire  était  poussé 
à  force  de  rames,  car  les  héros  se  hâtaient  de  le  faire  sortir 
du  fleuve  le  plus  tôt  possible. 
V.  212.235.  Mais  déjà  le  superbe  Aiétès  et  tous  les  Colchiens  connais- 
saient bien  Tamour  de  Médée  et  tout  ce  qu'elle  avait  fait; 


CHANT    QUATRIÈME  146 

lis  se  rassemblaient  en  armes  sur  la  place  publique  :  aussi 
nombreux  les  flots  de  la  mer  se  soulèvent  sous  Taction 
d'un  vent  de  tempête,  aussi  nombreuses,  d'une  forêt  que  des 
branches  ombragent  de  toutes  parts,  les  feuilles  tombent  à 
terre  dans  un  de  ces  mois  qui  dépouillent  les  arbres  —  et 
qui  pourrait  en  apprécier  le  nombre?  —  Aussi  nombreux 
les  Colchiens  arpentaient  les  rivages  escarpés  du  fleuve, 
en  poussant  des  cris  de  fureur;  sur  son  char  bien  cons- 
truit, Aiétès  se  distinguait  entre  tous,  grâce  à  ses  chevaux 
qu'Hélios  lui  avait  donnés,  rapides  comme  le  soufRe  du 
vent.  Il  élevait  de  sa  main  gauche  un  bouclier  arrondi,  de 
l'autre,  une  immense  branche  de  pin;  à  ses  côtés  se  dressait 
sa  larïce  énorme.  Apsyrtos  avait  en  mains  les  rênes  des 
chevaux.  Mais  déjà,  bien  loin  de  la  côte,  le  navire  fendait 
les  flots,  poussé  par  de  vigoureux  rameurs  et  par  le  courant 
du  grand  fleuve  qui  se  précipite  dans  la  mer.  Le  roi,  sous 
le  coup  d'un  malheur  qui  lui  causait  une  grande  peine,  leva 
les  bras  et  invoqua  Hélios  et  Zeus,  témoins  des  mauvaises 
actions;  il  appela  aussitôt  des  malédictions  sur  son  peuple 
entier.  Si  on  ne  lui  ramenait  pas  la  jeune  fille  soumise  à 
son  pouvoir,  qu'on  la  découvrît  sur  terre,  ou  dans  le  navire, 
au  milieu  des  flots  de  la  mer  navigable,  si  Aiétès  ne  pouvait 
apaiser  son  cœur  avide  de  se  venger  de  tous  ces  forfaits, 
leurs  têtes  éprouveraient  toute  sa  colère;  ils  supporteraient 
tout  le  poids  de  son  propre  malheur. 

Ainsi  parla  Aiétès;  et,  dans  ce  même  jour,  les  Colchiens  v.  236-252. 
tirèrent  les  vaisseaux  dans  les  flots,  les  munirent  de  tous 
leurs  agrès  et  prirent  la  mer  :  à  leur  vue,  on  n'aurait  pas 
cru  avoir  devant  les  yeux  une  simple  expédition  navale, 
mais  un  peuple  innombrable  d'oiseaux  réunis  en  troupe  et 
frémissants  sur  la  mer. 

Cependant,  d'après  les  desseins  de  la  déesse  Héra  qui 
voulait  que  Médée,  la  jeune  fille  d'Aia,  arrivât  le  plus  tôt 
possible  sur  la  terre  Pélasgienne,  comme  un  fléau  pour  la 
maison  de  Pélias,  le  soufHe  du  vent  entraînait  rapidement 
les  héros,   et,  à  la  troisième  aurore,    ils  attachèrent    les 

19 


146  LES    ARGONAUTIQUES 

amarres  du  navire  sur  les  rivages  des  Paphlagoniens,  en 
avant  du  fleuve  Halys.  Alors,  descendus  à  terre,  la  jeune  fille 
leur  ordonnait  d'apaiser  Hécate  par  des  sacrifices.  Mais  ce 
sacrifice,  les  préparatifs  qu'elle  fit  pour  l'accomplir,  que 
personne  n'en  soit  instruit;  que  mon  cœur  ne  me  pousse 
pas  à  en  faire  l'objet  de  mes  chants!  La  crainte  m'empêche 
de  parler...  Depuis  ce  temps,  il  est  un  monument  que  les 
héros  élevèrent  à  la  déesse  sur  la  falaise;  il  subsiste  toujours 
et  peut  aujourd'hui  encore  être  vu  de  bien  loin  par  les 
hommes  nés  longtemps  après  Texpédition. 
V.  253-393.  Aussitôt  Jason  se  souvint,  et  les  autres  héros  comme  lui, 
des  paroles  de  Phinée,  qui  avait  dit  qu'il  fallait  naviguer 
par  une  autre  route  pour  revenir  d'Aia;  mais  aucun  d'eux 
ne  savait  rien  de  cette  route.  Comme  ils  avaient  grand  désir 
de  savoir,  Argos  leur  parla  ainsi  :  «  Nous  nous  en  retournons 
vers  Orchomène  où  vous  a  dit  d'aller  cet  infaillible  devin 
que  vous  avez  rencontré  naguère.  Il  y  a  pour  la  navigation 
une  autre  route  qu'ont  révélée  ces  prêtres  des  immortels 
qui  sont  originaires  de  Thèbes  la  Tritonienne.  Alors  que 
tous  ces  astres  qui  font  leur  révolution  dans  le  ciel  n'exis- 
taient pas  encore,  alors  que  ceux  qui  s'en  seraient  informés 
n'auraient  pas  entendu  parler  de  la  race  sacrée  des  Danaens, 
alors  que  seuls  existaient  les  Arcadiens  Apidanéens,  les 
Arcadiens  qui,  suivant  ce  que  dit  la  renommée,  existaient 
antérieurement  à  Séléné,  se  nourrissant  de  glands  dans 
les  montagnes;  alors  la  terre  Pélasgienne  n'avait  pas  encore 
pour  rois  les  illustres  fils  de  Deucalion  :  déjà  en  ce  temps 
l'Ééria,  riche  en  moissons,  était  célèbre,  l'Egypte,  mère 
d'une  jeune  population,  la  première  qui  soit  venue  au 
monde;  et  le  fleuve  Triton  au  large  cours  était  célèbre 
aussi,  lui  qui  arrose  toute  TÉéria.  Car  Zeus  n'y  fait  jamais 
tomber  la  rosée  de  la  pluie  :  les  inondations  du  fleuve  suffi- 
sent à  faire  monter  les  blés  en  épis.  C'est  de  là,  dit-on, 
qu'un  homme  partit  pour  faire  le  tour  de  toute  l'Europe 
et  de  toute  l'Asie,  confiant  dans  la  force  et  la  vigueur  de 
ses  soldats  et  dans  sa  propre  audace;  sur  sa  route,  il  fonda 


CHANT    QUATRIÈME  147 

dix  mille  villes;  il  en  est  encore  çà  et  là  qui  sont  habitées 
aujourd'hui;  les  autres  ne  le  sont  plus:  car  il  s'est  écoulé 
depuis  lors  une  bien  longue  suite  d'années.  Mais  Aia  subsiste 
encore  aujourd'hui,  ainsi  que  les  descendants  des  hommes 
qu'il  avait  établis  dans  Aia  pour  y  habiter.  Ceux-ci  conser- 
vent des  colonnes  qui  ont  été  gravées  par  leurs  pères,  et  oQ 
se  trouvent  toutes  les  routes  de  la  terre  et  de  la  mer,  les 
termes  de  tous  les  voyages  que  l'on  peut  entreprendre.  Or, 
il  y  a  un  fleuve  —  bras  extrême  de  l'Océan  —  qui  est  large 
et  très  profond  et  qui  peut  être  traversé  par  un  navire  de 
transport;  ils  le  nomment  l'Ister,  et  l'ont  indiqué  bien 
loin  sur  ces  colonnes.  En  vérité,  l'Ister  est,  pendant  un  long 
espace,  le  seul  de  tous  les  fleuves  qui  coule  à  travers  la  terre 
immense;  car,  au  delà  du  pays  où  souffle  le  Borée,  ses 
sources  lointaines  murmurent  dans  les  monts  Riphées.  Mais, 
une  fois  entré  sur  le  territoire  des  Thraces  et  des  Scythes, 
alors  il  se  divise  en  deux  branches  :  l'une  se  jette  directement 
dans  la  mer  Orientale;  l'autre  rétrograde  et  se  déverse  dans 
un  golfe  profond  qui  s'étend  au-dessus  de  la  mer  de  Trinacrie, 
laquelle  est  située  auprès  de  votre  terre,  s'il  est  vrai  que 
l'Achéloos  jaillisse  du  sol  de  votre  patrie.  9 

Il  parla  ainsi;  et  la  déesse  leur  procura  un  présage  favo-  V.  294-302. 
rable.  A  cette  vue,  ils  l'interprétèrent  tous  en  s' écriant  qu'il 
fallait  suivre  la  direction  qui  leur  était  indiquée  :  en  effet, 
sur  une  longue  étendue,  apparaissait  le  sillon  d'un  rayon 
céleste  qui  traçait  la  route  à  prendre.  Ils  étaient  pleins  de 
joie;  c'est  en  cet  endroit  qu'ils  laissèrent  le  flls  de  Lycos. 
Ils  naviguaient  sur  la  mer,  ayant  la  voile  déployée.  Us 
passèrent  en  vue  des  monts  de  Paphlagonie,  mais  ils  ne 
doublèrent  pas  le  Carambis,  car  les  vents  et  l'éclat  de  cette 
flamme  céleste  persistèrent  jusqu'au  moment  oîi  ils  eurent 
pénétré  dans  le  large  courant  de  l'Ister. 

Cependant  quelques-uns  des  Colchiens,  dont  la  poursuite  V.  303-337- 
devait  être  vaine,  sortirent  du  Pont  en  passant  entre  les 
roches  Cyanées;  mais  les  autres  se  dirigèrent  vers  le  fleuve  : 
Apsyrtos  les  commandait.  Celui-ci,  s'étant  détourné,  pénétra 


148  LES    ARGONAUTIQUES 

par  la  bouche  de  l'Ister  que  l'on  nomme  Calon  :  aussi, 
ayant  traversé  la  langue  de  terre  qui  l'en  séparait,  il  arriva 
avant  les  Argonautes  au  golfe  le  plus  reculé  de  la  mer 
Orientale.  Car  une  île,  nommée  Peucé,  est  enfermée  par 
rister;  elle  est  de  forme  triangulaire,  et  sa  plus  grande 
largeur  s'étend  dans  le  sens  de  la  grève,  tandis  qu'elle 
dirige  du  côté  du  courant  un  angle  aigu.  Le  fleuve  se 
sépare  en  deux  embouchures  qui  l'embrassent.  On  nomme 
la  première  Narécos,  et  Calon  celle  qui  se  trouve  en  face 
de  l'extrémité  de  l'île.  C'est  par  celle-là  qu'Apsyrtos  et  les 
Colchiens,  plus  rapides  que  les  Argonautes,  se  précipitèrent. 
Ceux-ci  naviguaient  loin  d'eux  et  plus  haut,  vers  la  partie 
supérieure  de  l'île.  Mais,  dans  les  prairies  basses,  les  sau- 
vages bergers  abandonnaient  leurs  innombrables  troupeaux, 
aussi  effrayés  à  Taspect  des  navires  que  s'ils  avaient  aperçu 
des  monstres  sortant  de  la  mer  que  peuplent  les  baleines. 
Car  ils  n'avaient  jamais  vu  les  navires  qui  parcourent  les 
flots,  ces  peuples  :  Scythes  mêlés  aux  Thraces,  Siginniens, 
Graucéniens,  Sindiens,  qui  habitaient  déjà  la  vaste  plaine 
déserte  de  Laurion.  Ensuite,  les  Colchiens  côtoyèrent  le 
mont  Angouros  et  le  rocher  Cauliacos,  qui  est  bien  loin  du 
mont  Angouros;  c'est  près  de  ce  rocher  que  l'Ister  partage 
son  courant  en  deux  âeuves  qu'il  déverse  dans  la  mer  à 
des  endroits  différents  :  ayant  enfin  dépassé  la  plaine  de 
Laurion,  ils  pénétrèrent  dans  la  mer  de  Cronos  dont  ils 
interceptèrent  tous  les  passages,  pour  empêcher  les  Argo- 
nautes de  leur  échapper.  Ceux-ci  descendirent  après  eux  le 
fleuve,  et  en  sortirent  auprès  des  deux  îles  Brygéiennes  d'Ar- 
témis.  Dans  l'une  était  un  lieu  consacré;  c'est  dans  l'autre 
que,  se  préservant  de  la  troupe  d'Apsyrtos,  ils  débarquèrent. 
Car,  au  milieu  de  beaucoup  d'autres  îles  qui  sont  dans  cet 
endroit,  les  Colchiens  avaient  respecté  ces  deux-là  par  véné- 
ration pour  la  fille  de  Zeus;  mais  ils  remplissaient  les  autres, 
qui  fermaient  ainsi  tout  passage  vers  la  mer.  C'est  ainsi 
qu'ils  avaient  mis  des  troupes  sur  les  rivages  voisins  des 
îles  jusqu'au  fleuve  Salangon  et  jusqu'à  la  terre  Nestienne. 


CHANT    QUATRIÈME  149 

Là,  les  Minyens  auraient  alors  succombé  dans  un  funeste  V.  338-349* 
combat,  vu  leur  petit  nombre  en  face  d'ennemis  trop  nom- 
breux. Mais  ils  se  hâtèrent,  pour  éviter  une  lutte  terrible, 
de  conclure  une  convention  :  puisque  la  toison  d'or  leur 
avait  été  promise  par  Aiétès  lui-même,  dans  le  cas  où  ils 
auraient  accompli  les  travaux  imposés,  elle  devait  toujours 
rester  de  plein  droit  leur  propriété,  qu'ils  l'eussent  enlevée, 
malgré  le  roi,  soit  par  des  ruses,  soit  ouvertement.  Quant  à 
Médée  —  c'est  elle  qui  faisait  l'objet  de  la  contestation  — 
elle  serait  remise  en  dépôt  à  la  vierge,  fille  de  Létô,  loin  de 
la  compagnie  des  héros,  jusqu'à  ce  que  quelqu'un  des  rois 
qui  rendent  la  justice  eût  décidé  s'il  fallait  qu'elle  revînt 
dans  la  maison  de  son  père  où  qu'elle  allât  à  la  suite  des 
héros  vers  la  terre  d'Hellade. 

Alors  la  jeune  fille,  ayant  médité  dans  son  esprit  toutes  V.  350-444- 
ces  conventions,  sentit  son  cœur  cruellement  agité  par  des 
angoisses  aiguës,  incessantes.  Aussitôt,  elle  appela  Jason 
seul,  loin  de  ses  compagnons,  l'emmena  à  l'écart,  et  quand 
ils  se  trouvèrent  bien  éloignés,  elle  lui  adressa  face  à  face 
ces  paroles  désolées  :  «  Aisonide,  quel  arrangement  avez-vous 
donc  préparé  ensemble  à  mon  sujet?  Est-ce  que  l'heureuse 
fortune  t'a  amené  à  une  complète  absence  d'esprit?  Est-ce  que 
tu  ne  t'inquiètes  plus  en  rien  des  paroles  que  tu  m'adressais, 
alors  que  tu  étais  pressé  par  la  nécessité?  Où  sont  les 
serments  par  lesquels  tu  attestais  Zeus,  protecteur  des 
suppliants?  Que  sont  devenues  ces  promesses,  douces  comme 
le  miel?  C'est  à  cause  d'elles  que,  contrairement  à  mon 
devoir,  obéissant  à  de  honteux  sentiments,  j'ai  abandonné 
ma  patrie,  la  gloire  de  ma  maison,  mes  parents  eux-mêmes, 
tout  ce  que  j'avais  de  plus  précieux;  loin  des  miens,  seule 
avec  les  tristes  alcyons,  je  suis  entraînée  sur  la  mer;  et  cela, 
à  cause  de  tes  travaux,  pour  t'avoir  fait  achever  sain  et  sauf 
tes  combats  contre  les  taureaux  et  contre  les  géants.  En 
dernier  lieu,  la  toison  —  le  fait  est  avéré  —  c'est  grâce  à 
ma  folie  que  tu  as  pu  t'en  saisir;  et  j'ai  jeté  sur  les  femmes 
un  opprobre  funeste.  Aussi  je  prétends,  comme  ta  fille. 


l5o  LES    ARGONAUTIQUES 

comme  ton  épouse  et  comme  ta  sœur,  te  suivre  vers  la  terre 
d'Hellade.  Maintenant,  défends -moi  en  toute  chose  avec 
bienveillance,  au  lieu  de  me  laisser  seule,  loin  de  toi, 
pendant  que  tu  iras  chercher  l'avis  des  rois.  Voici  comment 
tu  dois  me  protéger  :  considère  comme  immuables  la  justice 
et  la  loi  suivant  lesquelles  nous  nous  sommes  engagés  tous 
deux.  Ou  bien,  de  ton  épée  coupe-moi  sur-le-champ  le 
milieu  de  la  gorge,  que  je  reçoive  un  bonheur  convenable 
à  mes  folies.  Malheureuse!  S'il  juge  que  je  dois  appartenir 
à  mon  frère,  ce  roi  auquel  vous  confiez  tous  deux  le  soin 
de  régler  ce  triste  pacte!  Comment  me  présenter  devant  les 
yeux  de  mon  père?  C'est  sans  doute  avec  une  glorieuse 
attitude?  Quel  châtiment,  quelle  terrible  malédiction  n*aurai- 
je  pas  à  supporter,  dans  ma  misère,  pour  les  crimes  que  j'ai 
accomplis!  Mais  toi,  auras-tu  un  retour  capable  de  te 
réjouir  le  cœur?  Ah!  qu'elle  ne  le  permette  pas  l'épouse 
de  Zeus,  la  reine  du  monde,  dont  tu  te  glorifies  d'être  le 
protégé.  Puisses-tu  te  souvenir  de  moi,  un  jour,  quand  tu 
seras  lentement  consumé  par  les  peines!  Puisse  la  toison 
s'évanouir  comme  un  songe  et  disparaître  dans  les  ténèbres 
infernales!  Que  loin  de  ta  patrie,  dès  que  tu  y  seras  arrivé, 
mes  Érinyes  te  chassent  I  C'est  ce  que  moi-même  j'ai  souffert 
de  ta  perversité.  La  justice  ne  permet  pas  que  ces  malédic- 
tions que  je  lance  tombent  à  terre  sans  accomplissement. 
Car  c'est  un  bien  grand  serment  que  tu  as  violé,  homme 
sans  pitié!  Mais  certes  vous  ne  continuerez  pas  à  vous 
moquer  de  moi,  vous  ne  resterez  pas  longtemps  tranquilles, 
grâce  à  vos  pactes.  » 

Elle  parla  ainsi;  et  dans  son  cœur  bouillonnait  une  pro- 
fonde colère:  elle  désirait  mettre  le  feu  au  navire,  en  détruire 
toute  la  masse  solide,  et  se  jeter  ensuite  elle-même  au  milieu 
du  violent  incendie.  Jason,  qui  n'était  pas  sans  craintes,  lui 
adressa  alors  ces  paroles  douces  comme  le  miel  :  «  Apaise-toi, 
mon  amie.  Ce  pacte  ne  me  plaît  pas  non  plus  à  moi-même. 
Mais  nous  cherchons  quelque  moyen  de  retarder  le  combat: 
si  grande  est  la  nuée  d'ennemis  dont  la  colère  s'allume 


CHANT    QUATRIÈME  l5l 

autour  de  nous,  à  cause  de  toi.  Car  tous,  autant  sont-ils 
qui  habitent  cette  terre,  brûlent  de  prêter  leur  aide  à  Apsyr- 
tos,pour  te  conduire  à  ton  père,  pour  te  faire  rentrer, comme 
une  captive,  dans  ta  maison.  Quant  à  nous,  nous  mourrons 
tous  d'une  mort  misérable,  si  nous  en  venons  aux  mains.  Et 
notre  douleur  serait  d'autant  plus  affreuse  qu*en  mourant 
nous  te  laisserions  comme  butin  à  ces  hommes.  Mais  ce 
pacte  a  pour  résultat  une  ruse  par  laquelle  nous  ferons  aller 
Apsyrtos  à  sa  perte.  Et  les  habitants  de  ces  contrées  ne 
marcheront  pas  contre  nous  de  concert  avec  les  Colchiens; 
ils  ne  les  aideront  pas  à  te  prendre,  s'ils  sont  privés  du  chef 
qui  est  ton  protecteur  et  ton  frère.  Quant  aux  Colchiens 
seuls,  je  ne  leur  céderai  pas,  je  n'hésiterai  point  à  les  com- 
battre en  face,  s'ils  s'opposent  à  notre  passage.  » 

Il  parla  ainsi  pour  l'apaiser;  Médée  alors  prononça  ces 
terribles  paroles:  a  Poursuis  donc  ton  projet.  Après  mes 
actions  indignes,  je  dois  encore  m'occuper  de  cette  perfidie, 
puisque,  du  moment  oîi  j'ai  commencé  à  me  laisser  aller  à  de 
coupables  égarements,  j'ai  accompli  tant  de  funestes  desseins 
inspirés  par  les  dieux.  Quant  à  toi,  évite  la  bataille  et  les 
lances  des  Colchiens;  pour  lui,  il  viendra  entre  tes  mains  : 
je  l'y  attirerai  par  mes  séductions.  A  toi  de  lui  témoigner 
ton  amitié  par  des  présents  splendides;  pourvu  que  je  puisse 
persuader  aux  hérauts  qui  seront  envoyés  vers  lui  de  le  faire 
venir  seul  se  mettre  d'accord  avec  moi  seule,  grâce  à  mes 
paroles;  alors,  si  cette  action  te  plaît,  je  ne  m'oppose  à  rien, 
tue-le  et  engage  la  bataille  avec  les  Colchiens.  » 

C'est  ainsi  que,  d'accord  tous  les  deux,  ils  formèrent  un 
terrible  complot  contre  Apsyrtos;  ils  préparèrent  beau- 
coup de  présents  d'hospitalité;  ils  donnèrent  entre  autres  le 
péplos  sacré  d'Hypsipylé;  ce  péplos  était  couleur  de  pourpre, 
c'était  l'œuvre  des  déesses  Charités  elles-mêmes  qui  l'avaient 
fait  pour  Dionysos  à  Dia,  que  la  mer  entoure  de  tous  côtés. 
Puis,  le  dieu  l'avait  donné  à  son  fils  Thoas,  qui  l'avait 
laissé  à  son  tour  à  sa  fille  Hypsipylé.  Celle-ci  remit  à  Jason 
ce  chef-d'œuvre,  comme  cadeau  d'hospitalité,  à  emporter 


l52  LES    ARGONAUTIQUES 

avec  beaucoup  d'autres  riches  ornements.  A  le  manier,  à  le 
voir  même,  on  ne  pouvait  rassasier  la  douce  passion  qu'il 
inspirait,  car  il  s'en  exhalait  un  parfum  divin,  depuis  que  le 
roi  Nyséien  lui-même  s'y  était  endormi,  ivre  à  demi  de  vin 
et  de  nectar,  après  avoir  serré  dans  ses  bras  la  belle  poitrine 
de  la  vierge  fille  de  Minos,  par  qui  Thésée  s'était  autrefois 
fait  suivre  depuis  Cnosse,  et  qu'il  avait  abandonnée  dans  Tile 
de  Dia.  —  Cependant  Médée  communiqua  aux  hérauts  ses 
avis  mensongers  :  il  s'agissait  de  lui  persuader,  aussitôt  qu'il 
serait  arrivé  au  temple  de  la  déesse,  suivant  la  convention, 
et  dès  que  la  nuit  l'aurait  entouré  de  son  ombre  obscure, 
de  venir  concerter  ses  ruses,  afin  qu'elle-même,  s'étant 
emparée  de  la  grande  toison  d'or,  elle  pût  retourner  dans  la 
demeure  d'Aiétès;  car  (il  fallait  le  dire  à  Apsyrtos)  c'était 
grâce  à  la  violence  que  les  fils  de  Phrixos  l'avaient  fait 
emmener  par  les  étrangers.  Après  avoir  dit  ces  mensonges, 
elle  répandit  dans  l'air,  au  souffle  des  vents,  des  substances 
magiques  dont  le  charme  était  capable  de  faire  venir  du 
haut  des  montagnes  escarpées  la  bête  sauvage,  errant  dans 
le  lointain. 

V.  44S-45I-  Misérable  Éros,  peine  cruelle,  grand  objet  de  haine  pour 
les  mortels,  de  toi  viennent  les  discordes  funestes,  les  gémis- 
sements, les  cris  de  deuil  et,  par  surcroît,  toutes  les 
innombrables  douleurs  dont  l'âme  est  troublée!  Arme-toi 
contre  les  fils  de  mes  ennemis,  ô  dieu,  élève-toi  contre  eux, 
tel  que  tu  t'es  élevé  contre  Médée,  quand  tu  as  inspiré  à  son 
âme  cet  égarement  odieux  1  Comment,  en  effet,  a-t-elle 
dompté  par  une  mort  affreuse  Apsyrtos  qui  s'avançait  vers 
elle?  C'est  ce  qui  nous  reste  encore  à  chanter. 

V.  452-481.  Lorsque,  suivant  ce  qui  avait  été  convenu,  les  Argonautes 
eurent  laissé  Médée  dans  l'île  d'Artémis,  les  Colchiens 
abordèrent  en  divers  endroits,  avec  leurs  vaisseaux,  s'étant 
séparés  les  uns  des  autres.  Mais  Jason  se  plaçait  en  embus- 
cade, pour  recevoir  Apsyrtos,  et,  ensuite,  ses  compagnons. 
Cependant,  Apsyrtos,  trompé  par  les  promesses  les  plus 
cruelles,  se  hâta  de  traverser  sur  son  navire  les  flots  de  la 


CHANT    QUATRIÈME  l53 

mer,  et,  au  milieu  de  la  nuit  noirô,  il  aborda  dans  Tile 
sacrée.  Se  présentant  seul  en  face  de  sa  sœur,  il  essaya  de  la 
persuader  par  ses  paroles;  —  tel  un  petit  enfant,  en  face 
d'un  torrent  gonflé  par  les  tempêtes,  que  les  hommes,  qui 
sont  dans  la  force  de  l'âge,  n'essaieraient  pas  eux-mêmes  de 
traverser;  —  il  voulait  la  persuader  de  préparer  quelque 
piège  aux  hommes  étrangers.  Us  étaient  d'accord  sur  toutes 
choses,  quand  l'Aisonide  bondit  de  sa  perfide  embuscade, 
tenant  dans  la  main  son  épée  nue.  Aussitôt,  la  jeune  fille 
détourna  les  yeux  et  se  couvrit  de  son  voile,  pour  ne  pas 
voir  le  meurtre  de  son  frère  qui  allait  être  frappé.  Jason; 
comme  un  tueur  de  bœufs  qui  s'attaque  à  un  grand  taureau 
dont  la  force  réside  dans  les  cornes,  frappa  Apsyrtos  qu'il 
épiait.  C'était  près  du  temple  qu'avaient  élevé  à  Artémis  les 
Brygiens  qui  demeurent  sur  le  continent,  en  face  de  l'île. 
Le  héros  s'abattit  à  genoux  dans  le  vestibule  du  temple, 
et  enfin,  exhalant  son  dernier  souffle,  il  recueillit  dans  ses 
deux  mains  le  sang  de  couleur  foncée  qui  sortait  de  sa 
blessure  ouverte,  et  en  rougit  le  voile  blanc  et  le  péplos  de 
sa  sœur  qui  se  détournait.  Et  cependant,  celle  qui  dompte 
tout,  l'impitoyable  Érinys  vit,  aussitôt,  de  son  œil  au  regard 
oblique,  l'horrible  forfait  qu'ils  venaient  d*accomplir.  Mais 
le  héros  Aisonide  trancha  les  extrémités  des  membres  du 
mort;  trois  fois,  il  essuya  le  sang  en  le  léchant,  et,  trois  fois, 
il  cracha  hors  de  ses  dents  ce  sang  expiatoire;  car  c'est  ainsi 
qu'il  est  permis  aux  meurtriers  d'expier  le  meurtre  commis 
par  trahison.  Puis,  il  ensevelit  dans  la  terre  le  cadavre 
humide  de  sang,  à  Tendroit  où  ses  os  gisent  encore  aujour- 
d'hui, dans  le  pays  des  hommes  Apsyrtiens. 

Mais,  ayant  aperçu  en  face  d'eux  l'éclat  d'une  torche,  v.  482-521 
signal  que  la  jeune  fille  avait  élevé  pour  les  faire  venir,  les 
héros  lancèrent  leur  navire  contre  le  navire  colchien.  Ils 
massacrèrent  l'équipage  des  Colchiens,  comme  des  éperviers 
font  d'une  troupe  de  colombes,  ou  comme  des  lions  féroces 
qui  portent  la  dévastation  au  milieu  d*un  grand  troupeau, 
quand  ils  se   précipitent  dans   une   bergerie.   Aucun   des 


20 

1 


l54  LES    ARGONAUTIQUES 

Colchiens  n'évita  la  mort;  semblables  à  un  incendie,  les 
héros  parcoururent  toute  leur  troupe  en  Texterminant. 
Jason  n'arriva  que  plus  tard,  avec  l'envie  de  leur  porter 
secours,  mais  ils  n'avaient  pas  besoin  d'aide,  et  ils  étaient 
même  déjà  inquiets  à  propos  de  lui.  Alors  ils  s'assirent  et 
commencèrent  à  délibérer  avec  sagesse  au  sujet  de  leur 
navigation.  Pendant  qu'ils  réfléchissaient,  la  jeune  fille  vint 
vers  eux-;  mais  Pelée  prit  la  parole  le  premier  :  «  Tout 
d'abord,  je  vous  exhorte  à  monter  en  navire,  pendant  qu'il 
fait  encore  nuit,  et  à  naviguer  à  la  rame  dans  la  direction 
opposée  à  celle  que  les  ennemis  surveillent.  A  Taurore, 
quand  ils  se  rendront  compte  de  tout  ce  qui  s'est  passé, 
j'espère  qu'ils  n'auront  pas  tous  un  avis  unanime,  qu'ils  ne 
seront  pas  tous  convaincus  qu'il  faut  nous  poursuivre  plus 
avant.  Privés  de  leur  chef,  ils  se  disperseront,  à  la  suite  de 
pénibles  discussions;  et  plus  tard,  quand  nous  reviendrons, 
comme  ces  gens  se  seront  séparés,  la  route  nous  sera  facile.  » 

Il  parla  ainsi,  et  les  jeunes  gens  approuvèrent  le  discours 
de  l'Aiacide.  Montés  aussitôt  en  navire,  ils  se  courbèrent 
sur  les  rames,  sans  relâche,  jusqu'au  moment  où  ils  furent 
arrivés  à  l'île  sacrée  Électris,  la  dernière  de  toutes  les  îles 
Électrides,  celle  qui  est  voisine  du  fleuve  Éridan. 

Lorsqu'ils  se  furent  aperçus  du  meurtre  de  leur  roi,  les 
Colchiens  entreprenaient  déjà  de  rechercher  dans  toute  la 
mer  de  Cronos  le  navire  Argo  et  les  Minyens.  Mais  Héra 
les  en  détournait  en  faisant  briller  dans  l'air  des  éclairs 
effrayants.  Enfin  —  le  séjour  de  la  terre  Cytaienne  leur 
devenait  odieux,  car  ils  redoutaient  la  sauvage  colère 
d'Aiétès  —  ils  se  dirigèrent  les  uns  d'un  côté,  les  autres  de 
l'autre,  et  s'établirent  dans  le  pays  d'une  manière  stable. 
Les  uns  débarquèrent  dans  les  îles  mêmes  que  les  Argonautes 
avaient  occupées,  et  ils  y  habitent  encore,  conservant, 
comme  nom  de  nation,  celui  d'Apsyrtos.  D'autres,  auprès 
du  profond  et  sombre  fleuve  d'IUyrie,  à  l'endroit  où  se 
trouve  le  tombeau  d'Harmonia  et  de  Cadmos,  bâtirent  une 
forteresse  et  s'établirent  ainsi  dans  le  pays  des  hommes 


CHANT    QUATRIÈME  l55 

Enchéliens;  d'autres,  enfin,  habitent  dans  les  montagnes 
qui  ont  reçu  le  nom  de  monts  Cërauniens,  du  jour  où  le 
tonnerre  du  Cronide  Zeus  les  a  détournés  de  passer  dans 
Tîle  qui  est  située  en  face. 

Quand  les  héros  pensèrent  pouvoir  revenir  en  sûreté,  ils  v.  52^-551 
s'avancèrent  vers  la  terre  des  Hylléens,  et  y  attachèrent  les 
amarres.  Car  des  îles  s'avançaient  en  saillie,  nombreuses, 
qui  ne  laissaient  entre  elles  que  des  passages  difficiles  pour 
les  navigateurs.  Mais  les  Hylléens  n'avaient  plus,  comme 
auparavant,  de  projets  hostiles  contre  les  héros.  Au  contraire, 
ils  combinaient  avec  eux  la  route  à  suivre,  ayant  reçu 
comme  récompense  un  des  grands  trépieds  d'Apollon.  Car 
Phoibos  avait  donné  deux  trépieds  à  l'Aisonide,  pour  qu'il 
les  emportât  au  loin  dans  le  voyage  qu'il  était  forcé  d'entre- 
prendre; il  les  lui  avait  donnés  quand  le  héros  était  venu, 
dans  la  ville  sacrée  de  Pytho,  consulter  l'oracle,  au  sujet  de 
cette  expédition  même.  Or,  il  était  dans  les  destinées  que  là 
oîi  ces  trépieds  seraient  établis,  là  les  ennemis  ne  pourraient 
faire  d'invasion.  Aussi,  ce  trépied  est-il  aujourd'hui  encore 
près  de  la  ville  Agané  des  Hylléens;  on  l'a  profondément 
enfoui  dans  le  sol,  pour  qu'il  reste  à  jamais  invisible  aux 
yeux  des  mortels.  Les  héros  ne  trouvèrent  plus  vivant  dans 
cet  endroit  le  roi  Hyllos,  que  la  belle  Mélité  avait  enfanté  à 
Héraclès  dans  le  pays  des  Phaiaciens.  Car  Héraclès  s'était 
rendu  vers  les  demeures  de  Nausithoos  et  vers  l'île  Macris, 
nourricière  de  Dionysos,  pour  se  purifier  du  meurtre  funeste 
de  ses  enfants;  là,  il  soumit  à  l'amour  dont  il  était  possédé 
la  fille  du  fleuve  Aigaios,  la  naïade  Mélité,  qui  enfanta  le 
courageux  Hyllos.  Or,  quand  celui-ci  fut  devenu  grand,  il 
ne  voulut  plus  demeurer  dans  cette  île,  soumis  à  l'orgueil 
du  roi  Nausithoos.  Mais  il  s'embarqua  sur  la  mer  de  Cronos, 
ayant  assemblé  le  peuple  indigène  des  Phaiaciens;  le  roi 
lui-même,  le  héros  Nausithoos,  lui  facilita  son  voyage,  et  il 
s'établit  dans  cet  endroit  oti  les  Mentores  le  tuèrent,  alors 
qu'il  défendait  contre  eux  ses  bœufs  parqués  dans  la  cam- 
pagne. 


l56  LES    ARGONAUTIQUES 

V.  552-591.  Mais,  ô  déesses,  comment  se  fait-il  que,  hors  de  cette  mer 
et  sur  la  terre  Ausoniehne  et  dans  les  îles  Liguriennes, 
que  Ton  nomme  Stoichades,  des  marques  éclatantes  du  pas- 
sage du  navire  Argo  aient  pu  réellement  se  manifester? 
Quelle  fatalité,  quelle  nécessité  a  entraîné  les  héros  aussi 
loin?  Quels  vents  les  ont  conduits? 

C'est  apparemment  Zeus  lui-même,  roi  des  dieux,  saisi 
d'une  violente  colère  à  cause  de  la  mort  d'Apsyrtos  qu'ils 
avaient  tué.  Il  arrêta  qu'ils  devaient  se  purifier  par  les 
soins  de  Circé,  déesse  d'Aia,  du  sang  qu'ils  avaient  versé 
d'une  manière  impie,  et  subir  bien  des  peines,  avant  de 
retourner  dans  leut  patrie.  Aucun  des  héros  ne  devina  les 
ordres  de  Zeus;  mais  ils  voyageaient,  s'éloignant  de  la  terre 
des  Hylléens.  Ils  laissaient  en  arrière  toutes  les  îles  Libur- 
niennes,  qui,  naguère,  avaient  été  successivement  occupées 
par  les  Colchiens,  Issa  et  Dyscélados,  et  l'aimable  Pityéia. 
Ensuite,  ils  passèrent  le  long  de  Cercyra,  o£i  Poséidon 
établit  la  jeune  Asopide  à  la  belle  chevelure,  Cercyra,  qu'il 
avait  enlevée  par  amour  bien  loin  de  la  terre  de  Phlionte: 
les  matelots,  qui,  depuis  la  haute  mer,  voient  cette  île 
obscurcie  par  de  sombres  forêts  qui  la  couvrent  de  toutes 
parts,  les  matelots  donnent  à  Cercyra  le  surnom  de  Mélaina. 
Après  cette  île,  ils  dépassèrent,  secondés  par  une  brise  tiède, 
Mélité  et  Cérossos  aux  rivages  escarpés,  et  Nymphaié,  qui 
se  trouve  bien  au  delà;  c'est  dans  cette  île  qu'habitait  la 
reine  Atlantide,  Calypso.  Il  leur  semblait  déjà  apercevoir 
les  nébuleux  monts  Cérauniens  :  mais  alors  Héra  pénétra 
les  desseins  que  Zeus  avait  sur  eux,  et  devina  la  grande 
colère  du  dieu.  Soucieuse  de  leur  faire  accomplir  la  navi- 
gation qui  leur  était  fixée,  elle  excita  en  face  d'eux  des  vents 
impétueux,  qui  les  ramenaient  violemment  en  arrière  vers 
les  côtes  d'Électris,  l'île  rocailleuse.  Et  voici  que,  tout  à 
coup,  au  milieu  des  héros  dont  le  vent  précipitait  la  course, 
une  voix  humaine  retentit,  la  voix  de  la  poutre  douée  de 
la  parole,  qui  faisait  partie  du  navire  creux;  car  Athéné 
avait  adapté  dans  le  milieu  de  la  carène  cette  poutre  tirée 


CHANT    QUATRIÈME  l5j 

d'un  chêne  de  Dodone.  Et,  cependant,  une  affreuse  terreur 
les  saisit,  en  entendant  cette  voix  et  l'annonce  de  la  pénible 
colère  de  Zeus.  Car  cette  voix  leur  disait  qu'ils  ne  sorti* 
raient  sains  et  saufs  ni  des  routes  de  la  mer  immense  ni 
des  tempêtes  cruelles,  à  moins  que  Circé  ne  les  purifiât  du 
meurtre  atroce  d'Apsyrtos;  elle  ordonnait  à  PoUux  et  à 
Castor  de  supplier  les  dieux  immortels  d'ouvrir  devant  eux 
les  routes  de  la  mer  d^Ausonie  oQ  ils  trouveraient  Circé, 
fille  de  Perse  et  d'Hélios. 

Ainsi  parla  Argo  au  moment  du  crépuscule;  mais  les  V.  592-626. 
Tyndarides  se  levèrent  et,  tendant  les  mains  vers  les  immor- 
tels, ils  firent  toutes  les  prières  qui  avaient  été  indiquées  ; 
et  une  morne  tristesse  possédait  les  autres  héros  Minyens. 
Mais  le  navire  était  entraîné  bien  en  avant  par  sa  voile,  et 
ils  se  jetèrent  jusqu'au  fond  du  cours  de  TÉridan  :  c'est  là 
qu'autrefois,  frappé  au  cœur  par  la  foudre  ardente,  Phaéthon 
tomba  à  demi  consumé  du  char  d'Hélios  dans  l'estuaire, 
vaste  comme  un  étang,  du  fleuve  profond;  et,  maintenant 
encore,  le  fleuve  exhale  une  lourde  fumée  qui  provient  de 
la  blessure  enflammée.  Au-dessus  de  ces  eaux,  aucun  oiseau 
ne  peut  étendre  ses  ailes  légères  et  planer  :  mais  son  vol  le 
précipite  au  milieu  de  l'abîme  incandescent.  Aux  alentours, 
les  jeunes  Héliades,  enfermées  dans  de  hauts  peupliers  noirs, 
gémissent,  les  misérables!  Plaintives  sont  les  lamentations 
de  leur  deuil;  de  leurs  paupières  se  répandent  et  coulent  vers 
la  terre  des  gouttes  transparentes  d'ambre,  qui  sont  séchées 
par  le  soleil  sur  le  sable.  Mais,  quand  l'abîme  noir  se  gonfle 
et  inonde  le  rivage,  sous  l'action  du  vent  retentissant,  alors 
tout  ce  qui  se  trouve  sur  le  rivage  est  roulé  dans  l'Eridan 
par  les  eaux  en  fureur.  —  Les  Celtes,  cependant,  ont  attri- 
bué à  ce  fait  une  autre  origine  :  ce  sont,  disent-ils,  les  larmes 
du  Létoide  Apollon  qui  sont  emportées  dans  ces  tourbillons, 
les  larmes  sans  nombre  qu'il  versa  autrefois,  alors  qu'il  se 
dirigeait  vers  le  peuple  sacré  des  Hyperboréens,  chassé  du 
ciel  éclatant  par  les  reproches  de  son  père;  car  il  s'était 
irrité  au  sujet  de  son  fils,  celui  que,  dans  la  riche  Lacéréia, 


l58  LES    ARGONAUTIQUES 

la  divine  Coronis  lui  avait  enfanté,  près  de  Tembouchure 
de  l'Amyros.  Telle  est  la  tradition  répandue  parmi  ces 
hommes.  —  Cependant,  les  héros  n'éprouvaient  aucun  désir 
de  boire  ni  de  manger,  et  leur  esprit  n'était  pas  tourné  vers 
la  joie;  pendant  le  jour,  ils  s'épuisaient  dans  l'angoisse,  supî- 
portant  avec  peine,  et  fort  incommodés,  la  lourde  odeur, 
l'odeur  intolérable  du  corps  fumant  de  Phaéthon  qui  s'exha- 
lait des  eaux  de  l'Éridan;  pendant  la  nuit,  ils  entendaient 
les  cruelles  lamentations,  les  cris  perçants  des  Héliadés;  et, 
comme  elles  pleuraient,  leurs  larmes  étaient  portées  sur  les 
eaux,  semblables  à  des  gouttes  d'huile. 
V.  627-658.  Sortis  de  ce  fleuve,  ils  pénétrèrent  dans  le  cours  profond 
du  Rhodanos  qui  se  jette  dans  l'Éridan;  en  se  mêlant,  leurs 
eaux  retentissent  et  se  soulèvent  à  leur  confluent.  Ce  fleuve 
vient  des  terres  les  plus  reculées,  oti  sont  les  portes  et  le 
domaine  de  la  Nuit;  c'est  de  là  qu'il  s'élance  :  il  précipite 
une  partie  de  ses  eaux  sur  les  rivages  de  TOcéan,  et  il  jette 
les  autres  soit  dans  la  mer  Ionienne,  soit  dans  la  mer 
Sardonienne,  golfe  immense  où  son  cours  se  déverse  par 
sept  embouchures.  De  ce  fleuve,  ils  passèrent  dans  les  lacs 
aux  rudes  tempêtes,  qui  s'étendent  à  l'inflni  sur  le  territoire 
des  Celtes.  Et  là,  assurément,  ils  auraient  trouvé  une 
destinée  indigne;  car  un  courant  les  portait  aux  golfes  de 
l'Océan,  oti  ils  allaient  entrer  sans  l'avoir  prévu,  et  d'oti  ils 
n'auraient  pu  revenir  sains  et  saufs.  Mais,  du  haut  des 
monts  Hercyniens,  Héra  poussa  un  cri  :  elle  s'était  élancée 
du  ciel;  en  entendant  ce  cri,  ils  furent,  tous  à  la  fois,  saisis 
de  terreur,  car  l'air  immense  le  répercutait  d'une  manière 
terrible.  Ils  étaient  donc  ramenés  en  arrière  par  la  déesse, 
et  ils  comprirent  alors  quelle  était  la  route  par  laquelle 
leur  retour  devait  s'accomplir.  Longtemps  après,  ils  arri- 
vèrent aux  rivages  de  la  mer,  suivant  les  desseins  d'Héra, 
s'avançant  invisibles  au  milieu  des  peuples  innombrables 
des  Celtes  et  des  Ligyens.  Car,  autour  d'eux,  la  déesse  avait 
répandu  une  nuée  obscure  qui  les  enveloppa  tout  le  temps 
qu'ils  traversèrent  ces  pays.  Lors  donc  que  le  navire  eut 


CHANT    QUATRIÈME  ï5g 

franchi  Tembouchure  du  milieu,  ils  arrivèrent  aux  îles 
Stoichades,  sains  et  saufs,  grâce  aux  fils  de  Zeus  :  c'est 
pourquoi  des  autels  ont  été  élevés  et  des  cérémonies  sacrées 
instituées  en  leur  honneur  d'une  manière  stable;  ce  n'est 
pas  seulement  cette  expédition  qu'ils  devaient  accompagner 
pour  lui  porter  secours,  mais  Zeus  leur  confia  aussi  les 
navires  des  hommes  qui  sont  nés  dans  la  suite.  —  Ayant 
laissé  les  Stoichades,  ils  passèrent  dans  l'île  Aithalia  où, 
épuisés  de  fatigue,  ils  essuyèrent  avec  des  galets  leur  abon- 
dante sueur;  depuis  lors,  les  galets  répandus  sur  la  grève 
sont  d'une  couleur  semblable  à  celle  de  la  sueur  des  héros. 
On  voit  encore  dans  l'île  leurs  disques  de  fer  et  leurs  armes 
merveilleuses,  et  un  port  d'Aithalia  a  été  surnommé  Argoos. 

De  là,  ils  naviguaient  rapidement  au  milieu  des  flots  V.  659-684. 
gonflés  de  la  mer  Ausonienne;  les  rivages  Tyrrhéniens 
passaient  devant  leurs  yeux.  Ils  arrivèrent  au  port  célèbre 
d'Aia;  et,  du  navire,  ils  jetèrent  les  amarres  sur  le  rivage, 
qui  était  proche.  Ils  y  trouvèrent  Circé  qui  purifiait  sa  tête 
dans  les  flots  de  la  mer,  tant  elle  avait  été  effrayée  par  des 
songes  nocturnes.  Elle  avait  cru  voir  les  chambres  et  toute 
Tenceinte  de  sa  demeure  dégouttant  de  sang;  le  feu  consu- 
mait les  nombreux  charmes  magiques  qui  lui  avaient 
jusqu'alors  servi  à  enchanter  les  hommes  étrangers,  quel 
que  fût  celui  qui  arrivât  dans  son  île;  ce  feu  éclatant,  elle 
l'éteignait  avec  le  sang  d'un  meurtre  qu'elle  puisait  à 
pleines  mains;  et,  agissant  ainsi,  elle  cessait  d'éprouver  cet 
effroi  funeste.  C'est  pourquoi,  au  retour  de  l'aurore,  à  peine 
éveillée,  elle  lavait  dans  les  eaux  de  la  mer  ses  cheveux  et 
ses  vêtements.  Et  des  bétes  sauvages,  qui  ne  ressemblaient 
pas  aux  animaux  carnassiers,  et  qui  n'avaient  pas  non  plus 
un  corps  pareil  à  celui  des  hommes,  mais  dont  les  membres 
étaient  un  mélange  emprunté  aux  uns  et  aux  autres,  s'avan- 
çaient nombreuses,  comme  des  brebis  qui  sortent  en  foule 
des  étables  à  la  suite  du  berger.  —  Tels,  du  limon  primitif, 
la  terre  elle-même  enfanta  des  monstres  aux  membres  hété- 
rogènes, alors  que  l'air  sec  ne  l'avait  pas  encore  condensée, 


l6o  LES    ARGONAUTIQUES 

et  qu'elle  n'avait  pas  encore  suffisamment  absorbé  les 
vapeurs  humides,  grâce  aux  rayons  brûlants  du  soleil  :  mais 
la  suite  des  temps  combina  les  diverses  parties  de  ces 
monstres  et  les  classa  pour  en  former  des  espèces.  De  même 
des  êtres  de  genre  incertain  suivaient  Circé.  —  Les  héros 
furent  saisis  d'une  immense  stupeur;  mais  ayant  considéré 
l'aspect  et  les  yeux  de  Circé,  chacun  d'eux  conjectura  sans 
peine  que  la  sœur  d'Aiétès  était  devant  eux. 
V.  685-717.  Après  s'être  délivrée  ainsi  des  terreurs  causées  par  les 
songes  de  la  nuit,  elle  se  retira  aussitôt  vers  sa  demeure,  et, 
les  flattant  de  la  main,  elle  voulut,  par  ses  ruses,  les  contrain^ 
dre  de  la  suivre.  Mais,  sur  l'ordre  de  l'Aisonide,  la  foule  des 
héros  resta  oti  elle  était,  sans  s'inquiéter  de  Circé;  quant  à 
Jason,  il  entraîna  avec  lui  la  vierge  Colchienne.  Tous  deux, 
ils  suivirent  la  même  route  que  Circé,  jusqu'au  moment  oti 
ils  furent  parvenus  à  sa  demeure  :  elle  leur  dit  de  s'asseoir 
sur  des  sièges  splendides,  très  embarrassée  de  leur  venue. 
Tous  deux,  silencieux,  sans  dire  un  mot,  ils  s'élancèrent  vers 
le  foyer  et  s'y  assirent,  car  telle  est  la  coutume  des  tristes 
suppliants.  Médée  mit  son  visage  dans  ses  mains,  et  Jason 
enfonça  dans  le  sol  sa  grande  épée  munie  d'une  poignée, 
qui  lui  avait  servi  à  tuer  le  fils  d'Aiétès;  et  ils  gardaient 
tous  deux  les  yeux  baissés  sous  les  paupières.  Circé  comprit, 
aussitôt,  qu'un  malheur  les  exilait  et  qu'ils  avaient  commis 
un  meurtre  horrible.  Aussi,  ayant  adoré  la  justice  de  Zeus, 
dieu  des  suppliants,  qui  s'irrite  beaucoup,  mais  qui  porte 
aussi  un  grand  secours  aux  meurtriers,  elle  accomplit  les 
sacrifices  qui  purifient,  lorsqu'ils  se  sont  approchés  du 
foyer,  les  suppliants  dont  l'âme  a  été  sans  pitié.  Et  d'abord, 
pour  expier  le  meurtre  irréparable,  elle  tint  étendu  au-dessus 
d'eux  le  petit  d'une  truie  (sa  mère  venait  de  mettre  bas,  et 
ses  mamelles  débordaient  encore  du  premier  lait);  elle 
arrosait  leurs  mains  de  son  sang,  lui  ayant  tranché  le  cou 
par  devant;  puis  elle  expiait  le  crime  par  d'autres  libations, 
en  invoquant  Zeus  purificateur,  protecteur  des  suppliants 
dont  les  mains  sont  ensanglantées.   Et   toutes   les   eaux 


CHANT    QUATRIÈME  l6l 

impures  que  Ton  rejette  après  les  purifications  furent 
portées  hors  de  la  demeure  par  les  Naïades  servantes,  qui 
lui  préparaient  toute  chose.  Mais,  se  tenant  à  son  foyer, 
elle  consumait  elle-même  dans  sa  maison  les  gâteaux  de 
fleur  de  farine  et  les  offrandes  expiatoires,  en  prononçant 
les  prières  qui  accompagnent  les  sacrifices  où  les  libations 
se  font  sans  vin;  elle  se  proposait  d*apaiser  ainsi  la  colère 
des  redoutables  Érinyes  et  de  rendre  Zeus  lui-même  doux 
et  propice  aux  deux  criminels,  quelle  que  fût  Tangoisse  qui 
les  amenât,  souillés  soit  d*un  sang  étranger,  soit  même  du 
meurtre  d*un  parent. 
Quand  elle  eut  accompli  toutes  ces  cérémonies,  elle  leur  v.  718-752. 

ordonna  de  se  relever,  et  les  fit  asseoir  sur  des  sièges  bien 
polis,  et  elle  s'assit  elle-même  tout  près,  en  face  d'eux. 
Aussitôt,  elle  prit  la  parole  et  les  interrogea  en  détail  sur 
la  nécessité  qui  les  pressait  et  sur  leur  navigation;  elle  leur 
demanda  d'oti  ils  étaient  partis  pour  venir  ainsi,  dans  son 
pays  et  dans  sa  maison,  s'asseoir  à  son  foyer;  car  le  souvenir 
affreux  de  ses  songes  pénétrait  son  âme,  et  son  cœur  s'agi- 
tait. Elle  désira  connaître  la  langue  nationale  de  la  jeune 
fille,  aussitôt  qu'elle  lui  vit  lever  les  yeux  du  sol.  Car  tous 
ceux  qui  descendaient  d'Hélios  étaient  faciles  à  reconnaître: 
l'éclat  brillant  de  leurs  yeux  jetait  au  loin,  en  face  d'eux, 
une  splendeur  semblable  à  celle  de  l'or.  Elle  répondit  à 
toutes  les  interrogations,  en  s'exprimant  dans  la  langue 
des  Colchiens,  avec  douceur,  la  fille  d'Aiétès  aux  sombres 
pensées;  elle  dit  l'expédition  et  les  routes  suivies  par  les 
héros;  elle  raconta  tout  ce  qu'ils  avaient  souffert  dans  les 
combats  impétueux,  comment  elle  avait  elle-même  péché 
par  les  conseils  de  sa  sœur  affligée;  comment  elle  avait  fui 
au  loin  les  menaces  terribles  de  son  père,  avec  les  fils 
de  Phrixos;  mais  elle  recula  devant  le  récit  du  meurtre 
d'Apsyrtos.  Mais  rien  ne  resta  caché  à  l'esprit  de  Circé; 
apitoyée,  cependant,  par  les  lamentations  de  la  jeune  fille, 
elle  lui  adressa  la  parole  en  ces  termes  :  «  Malheureuse, 
certes,  tu  as  résolu  un  voyage  funeste  et  déshonorant.  Je 

21 


102  LES    ARGONAUTIQUES 

pense  que  tu  ne  pourras  pas  longtemps  éviter  la  terrible 
colère  d'Aiétès.  Bientôt,  il  viendra  même  dans  les  demeures 
de  la  terre  d'Hellade,  pour  venger  le  meurtre  de  son  fils, 
car  tu  as  accompli  des  crimes  qu'on  ne  peut  supporter. 
Toutefois,  puisque  tu  es  venue  en  suppliante  et  que  tu  es  de 
ma  race,  je  ne  méditerai  aucun  malheur  nouveau  contre  toi 
qui  t'es  rendue  ici.  Mais  sors  de  cette  demeure,  toi  qui  es  la 
compagne  d'un  étranger,  quel  qu'il  soit,  cet  inconnu  que  tu 
as  choisi,  sans  l'aveu  de  ton  père.  Ne  reste  pas  à  mon  foyer, 
me  suppliant  à  genoux.  Car  je  n'approuverai  pas  tes  desseins 
et  ta  faute  honteuse.  » 

Elle  parla  ainsi;  une  douleur  insupportable  s'empara  de 
Médée;  ayant  jeté  son  voile  sur  ses  yeux,  elle  pleura  en 
gémissant,  jusqu'au  moment  oti  le  héros,  l'ayant  prise  par 
la  main,  l'emmena,  tremblante  d'effroi,  hors  des  portes;  ils 
quittèrent  ainsi  la  demeure  de  Circé. 
V.  753-832.  Mais  ils  ne  restèrent  pas  cachés  à  l'épouse  du  Cronide 
Zeus;  car  Iris  les  lui  fit  voir,  quand  elle  les  aperçut  sortant 
de  la  demeure.  Héra  lui  avait,  en  effet,  ordonné  d'épier  le 
moment  où  ils  iraient  vers  le  navire.  Aussi,  elle  lui  adressa 
ces  paroles  pour  l'exhorter  :  «  Chère  Iris,  si  jamais  tu  as 
exécuté  mes  ordres,  va  maintenant,  t'élançant  sur  tes  ailes 
rapides;  ordonne  à  Thétis  de  sortir  de  la  mer  et  de  venir 
me  trouver  ici  :  car  j'ai  besoin  d'elle.  Ensuite,  tu  iras  vers 
les  rivages  où  les  enclumes  d'airain  d'Héphaistos  sont  heur- 
tées par  les  durs  marteaux;  dis-lui  de  tenir  en  repos  les 
soufflets  qui  excitent  le  feu,  jusqu'à  ce  qu'Argo  ait  dépassé 
ces  rivages.  Puis,  tu  iras  encore  vers  Aiolos,  Aiolos  qui 
commande  aux  vents  nés  de  la  région  supérieure  de  l'air. 
Dis-lui  ma  volonté  :  qu'il  arrête  tous  les  soufHes  dans 
l'espace,  qu'aucun  vent  ne  hérisse  la  mer.  Seule,  la  brise  du 
Zéphyre  doit  souffler  jusqu'à  ce  que  ceux-ci  soient  arrivés 
dans  l'île  Phaiacienne  d'Alcinoos.  » 

Elle  parla  ainsi  :  aussitôt,  s'élançant  de  l'Olympe,  Iris 
fendait  l'air,  ayant  déployé  ses  ailes  légères.  Elle  pénétra 
sous  la  mer  Egée,  là  où  sont  les  demeures  de  Nérée.  Tout 


CHANT    QUATRIÈME  l63 

d'abord,  elle  alla  trouver  Thétis;  elle  lui  parla  suivant  les 
instructions  d'Héra,  et  lui  commanda  de  se  rendre  auprès 
de  la  déesse.  En  second  lieu,  elle  se  dirigea  vers  Héphaistos 
et  lui  fit  arrêter  aussitôt  le  mouvement  de  ses  marteaux 
de  fer  :  déjà  les  soufflets  noircis  par  le  feu  retenaient  leur 
haleine.  En  troisième  lieu,  elle  se  rendit  auprès  d'Aiolos, 
l'illustre  fils  d'Hippotas.  En  même  temps  que,  lui  rap- 
portant son  message,  elle  faisait  terminer  leur  course  à  ses 
rapides  genoux,  Thétis^  ayant  quitté  Nérée  et  ses  propres 
sœurs,  allait  de  la  mer  au  ciel,  vers  la  déesse  Héra.  Celle-ci 
la  fit  asseoir  auprès  d'elle  et  lui  déclara  ses  intentions: 
a  Écoute  maintenant,  ô  divine  Thétis,  ce  que  je  désire  te 
dire.  Tu  sais,  certes,  combien  est  cher  à  mon  cœur  le  héros 
Aisonide,  ainsi  que  les  autres  héros  qui  l'aident  dans  son 
entreprise;  tu  sais  comment  je  les  ai  sauvés  alors  qu'ils 
pénétraient  au  travers  des  roches  mobiles,  dans  ce  passage 
oti  de  terribles  tempêtes  accueillent  en  grondant  les  navi- 
gateurs, oîi  les  flots  jaillissent  de  tous  côtés  sur  les  durs 
rochers.  Maintenant,  le  grand  roc  de  Scylla  et  Charybde, 
qui  rejette  les  flots  d'une  manière  horrible,  se  trouvent  sur 
leur  route.  Or,  je  t'ai  nourrie  moi-même  depuis  ton  enfance, 
et  chérie  par-dessus  toutes  les  déesses  qui  demeurent  dans 
la  mer  :  à  cause  de  cela,  tu  as  craint  d'entrer  dans  le  lit  de 
Zeus  qui  le  désirait.  Certes,  il  a  toujours  à  cœur  de  pareilles 
entreprises,  qu'il  s'agisse  de  coucher  soit  avec  des  immor- 
telles, soit  avec  des  mortelles.  Mais,  pleine  de  respect  pour 
moi,  effrayée  dans  ton  cœur,  tu  l'as  fui;  et  ensuite  il  a  juré, 
en  s'engageant  par  un  serment  terrible,  que  tu  ne  serais 
jamais  appelée  la  compagne  d'un  dieu  immortel.  Cependant 
il  n'a  pas  cessé  de  tourner  vers  toi  et  malgré  toi  ses  regards, 
jusqu'au  jour  oti  la  vénérable  Thémis  lui  a  fait  connaître 
toutes  choses  :  la  fatalité  avait  ordonné  que  tu  enfanterais 
un  fils  supérieur  à  son  père.  Aussi,  quoique  enflammé  4e 
désirs,  il  a  renoncé  à  toi,  dans  la  crainte  que  quelque  dieu 
égal  à  lui  ne  régnât  sur  les  immortels;  car  il  voulait  garder 
pour  lui-même  sa  puissance  à  jamais.  Mais,  moi,  je  t'ai 


164  LES    ARGONAUTIQUES 

donné  pour  époux  le  meilleur  de  ceux  qui  habitent  la  terre, 
afin  qu'il  te  fût  possible  d'obtenir  un  mariage  agréable  à  ton 
cœur,  et  d'avoir  des  enfants;  j'ai  appelé  aux  festins  des  noces 
rassemblée  de  tous  les  dieux;  moi-même,  j'ai  tenu  dans 
mes  mains  la  torche  nuptiale,  en  témoignage  de  l'honneur 
flatteur  que  je  te  faisais.  Or,  écoute,  je  vais  te  dire  une 
parole  infaillible  :  quand  ton  fils  sera  arrivé  à  la  plaine 
Élyséenne,  ton  fils,  enfant  privé  du  lait  de  sa  mère,  que  les 
Naïades  élèvent  maintenant  dans  les  demeures  du  centaure 
Chiron,  il  doit  être  l'époux  de  la  fille  d'Aiétès,  de  Médée; 
toi  donc,  belie-mère  future,  viens  au  secours  de  ta  bru  et 
de  Pelée  lui-même.  Pourquoi  cet  inflexible  courroux  contre 
lui?  Il  a  commis  une  faute;  mais  les  fautes  fatales  atteignent 
les  dieux  mêmes.  Certes,  je  pense  que,  sur  mon  ordre, 
Héphaistos  va  s'arrêter  de  faire  jaillir  la  violence  du  feu;  et 
l'Hippotade  Aiolos  apaisera  Télan  rapide  des  vents,  excepté 
le  souffle  calme  du  Zéphyre,  jusqu'au  moment  où  ils  seront 
arrivés  dans  les  ports  des  Phaiaciens.  Mais  toi,  prépare-leur 
un  retour  sûr.  Ils  n'ont  à  craindre  que  les  rochers  et  les 
vagues  irrésistibles  :  détourne-les  d'eux  avec  l'aide  de  tes 
sœurs.  Ne  les  laisse  pas  donner  dans  leur  impuissance  sur 
Charybde,  de  peur  qu'elle  ne  les  emporte  en  les  englou- 
tissant tous.  Ne  les  laisse  pas  arriver  au  gouffre  haïssable  de 
Scylla,  de  cette  Scylla,  monstre  malfaisant  d'Ausonie,  que 
la  déesse  vagabonde  des  nuits,  Hécate,  enfanta  à  Phorcos,  et 
qu'on  appelle  Crataîs  :  car,  se  précipitant,  armée  de  ses 
horribles  mâchoires,  elle  détruirait  cette  élite  de  héros.  Mais 
dirige  le  navire  du  côté  où  un  passage,  bien  étroit,  sans 
doute,  leur  permettra  d'échapper  à  la  mort.  » 
V.  833-884.  Elle  parla  ainsi,  et  Thétis  lui  répondit  en  ces  termes  : 
tf  Si  la  force  du  feu  impétueux,  si  les  violentes  tempêtes 
doivent  réellement  s'apaiser,  certes,  je  peux  affirmer  avec 
confiance  que,  malgré  les  flots  contraires,  le  navire  sera 
sauvé  grâce  à  la  douce  agitation  du  Zéphyre;  mais  il  est 
temps  d'entreprendre  une  longue,  une  immense  route,  pour 
aller  rejoindre  mes  sœurs  qui  seront  mes  aides,  et  pour  me 


CHANT    QUATRIÈME  i65 

rendre  à  l'endroit  oîi  sont  fixées  les  amarres  du  navire, 
afin  que,  dès  le  point  du  jour,  les  héros  se  souviennent  de 
reprendre  leur  voyage.  » 

Elle  dit  et,  s*étant  lancée  du  haut  des  airs,  elle  plongea 
dans  les  tourbillons  de  la  mer  azurée;  elle  appelait  à  son 
aide  les  autres  Néréides,  ses  sœurs,  et  celles-ci,  1  ayant  enten- 
due, arrivaient,  se  rencontrant  mutuellement.  Thétis  leur 
exposait  les  instructions  d*Héra,  et,  aussitôt  après,  elle  les 
envoyait  toutes  vers  la  mer  Ausonienne.  Pour  elle,  plus 
prompte  que  la  lumière,  ou  que  les  traits  du  soleil  quand  il 
se  lève,  apparaissant  au-dessus  des  terres  les  plus  lointaines, 
elle  se  mit  en  mouvement,  rapide,  au  milieu  des  eaux  jus- 
qu'à ce  qu'elle  fût  parvenue  au  rivage  d*Aia,  dans  le  pays 
Tyrrhénien.  Elle  trouva  les  héros  auprès  de  leur  navire, 
en  train  de  s'amuser  au  disque  et  au  jet  des  flèches;  elle 
s'approcha  davantage  de  l'Aiacide  Pelée,  et  le  toucha  de 
l'extrémité  de  la  main:  car  il  était  son  époux;  personne 
ne  put  la  voir  d'une  manière  certaine;  à  lui  seul,  elle  lui 
apparut  devant  les  yeux,  et  elle  parla  ainsi  :  «  Ne  vous 
attardez  pas  plus  longtemps  sur  les  rivages  Tyrrhéniens; 
mais,  au  point  du  jour,  déliez  les  amarres  de  votre  vaisseau 
rapide,  dociles  à  Héra  qui  vous  aide.  Car,  suivant  son 
ordre,  toutes  ensemble,  les  jeunes  Néréides  vont  se  réunir 
pour  tirer  le  navire  hors  des  roches  qu*on  nomme  les  Roches- 
Errantes;  là  se  trouve,  en  effet,  la  route  où  vous  devez 
passer.  Quant  à  toi,  ne  me  montre  à  personne,  lorsque  tu 
me  verras  m'avancer  avec  mes  sœurs;  garde  mes  paroles 
dans  ton  esprit,  pour  ne  pas  m'irriter  encore  plus  que  tu  ne 
l'as  fait  autrefois,  quand  tu  as  agi  avec  moi  sans  nul 
ménagement.  » 

Elle  dit,  et  se  plongea  invisible  dans  les  abîmes  de  la  mer. 
Une  cruelle  douleur  blessa  Pelée;  en  effet,  il  ne  l'avait 
plus  revue  venir  vers  lui  depuis  qu'elle  avait  quitté  sa 
chambre  et  sa  couche,  pleine  de  colère  à  cause  de  l'illustre 
Achille,  qui  était  encore  un  tout  petit  enfant.  Car  elle  avait 
coutume  de  brûler  ses  chairs  mortelles,  au  milieu  de  la  nuit, 


l66  LES    ARGONAUTIQUES 

à  la  flamme  du  feu;  pendant  le  jour,  d'autre  part,  elle 
oignait  d'ambroisie  son  tendre  corps,  pour  qu'il  devînt 
immortel,  pour  que  sa  chair  fût  garantie  de  l'odieuse 
vieillesse.  Mais  Pélée,  ayant  sauté  de  sa  couche,  vit  son 
fils  se  débattre  au  milieu  des  flammes;  à  cette  vue,  il  poussa 
un  cri  affreux:  grande  était  son  imprudence!  Car,  en 
l'entendant,  Thétis  arracha  son  fils  aux  flammes,  le  lança  à 
terre,  gémissant;  elle-même,  son  corps  devint  semblable  au 
vent,  et,  comme  un  songe,  elle  s'élança,  rapide,  hors  de  sa 
demeure  et  se  précipita  dans  les  flots,  indignée.  Et,  depuis, 
elle  ne  revint  plus.  —  Aussi,  une  angoisse  serra  le  cœur  de 
Pélée:  cependant,  il  communiqua  à  ses  compagnons  toutes 
les  instructions  de  Thétis.  Ceux-ci  s'arrêtèrent  aussitôt, 
cessant  sur-le-champ  leurs  exercices;  et  ils  s'occupaient  de 
préparer  leur  repas  et  de  disposer  sur  le  sol  leurs  couches, 
où,  après  avoir  mangé,  ils  dormirent  la  nuit,  comme  ils 
l'avaient  fait  auparavant. 
V.  885-981.  Au  moment  oti  Éos,  qui  porte  la  lumière,  atteignait  le 
haut  du  ciel,  alors,  en  même  temps  que  descendait  un  doux 
Zéphyre,  ils  quittèrent  la  terre  pour  aller  à  leurs  bancs;  du 
fond  de  l'eau,  ils  tiraient  les  ancres,  joyeux,  et  paraient  tous 
les  agrès,  comme  il  convenait.  Ils  dressèrent  la  voile,  l'ayant 
tendue  sur  les  câbles  de  la  vefgue.  Une  brise  modérée 
poussait  le  navire.  Bientôt,  une  île  charmante  fut  en  vue,  l'île 
Anthémoessa,  oti  les  harmonieuses  Sirènes  Achéloïdes  cau- 
saient par  le  charme  de  leurs  suaves  accents  la  perte  de  tous 
ceux  qui  jetaient  l'amarre  sur  leur  rivage.  Unie  à  Achéloos, 
la  belle  Terpsichore,  une  des  Muses,  les  enfanta.  Autrefois, 
elles  servaient  l'irréprochable  fille,  vierge  encore,  de  Déméter, 
chantant  avec  elle  ;  mais  alors,  elles  apparaissaient  semblables 
en  partie  à  des  oiseaux,  en  partie  à  des  jeunes  filles.  Toujours 
en  observation  sur  un  lieu  élevé  qui  domine  un  bon  port, 
elles  avaient  déjà  privé  d'un  doux  retour  bien  des  hommes, 
en  les  faisant  périr  peu  à  peu  de  langueur.  Aussi,  c'est  avec 
empressement  que  leurs  bouches  envoyèrent  aux  Argonautes 
des  chants  délicieux;  et  déjà  les  héros  étaient  au  moment  de 


CHANT    QUATRIÈME  167 

lancer  les  amarres  du  navire  au  rivage,  si  le  fils  d*Oiagros, 
le  Thrace  Orphée,  n'avait  tendu  dans  ses  mains  sa  phor- 
minx  de  Bistonie  et  fait  entendre  la  rapide  mélodie  d'un 
chant  léger  :  et  voici  que,  entendant  les  accents  du  musicien, 
les  oreilles  de  tous  les  héros  frémissent  :  le  chant  des  vierges 
a  été  vaincu  par  la  phorminx.  Le  navire  était  entraîné,  à  la 
fois,  par  le  Zéphyre  et  par  le  flot  sonore  qui  le  poussait, 
venant  du  côté  de  la  poupe;  le  chant  des  Sirènes  n'arrivait 
plus  que  d'une  manière  indistincte. 

Cependant,  seul  des  compagnons,  le  noble  fils  de  Téléon, 
Boutés,  plus  ardent  que  les  autres,  s'élança  du  banc  bien 
poli  dans  la  mer,  le  cœur  séduit  par  la  voix  harmonieuse 
des  Sirènes.  Il  nageait  au  milieu  de  l'éclat  des  vagues 
gonflées,  dans  l'espoir  d*aborder,  le  malheureux!  Certes, 
elles  lui  auraient  enlevé  tout  espoir  de  retour,  si,  prise  de 
pitié  pour  lui,  la  déesse  qui  règne  sur  TÉryx,  Cypris,  ne 
l'avait  enlevé,  alors  qu'il  était  encore  dans  les  flots  tour- 
billonnants, et  sauvé  en  venant  vers  lui,  bienveillante^  pour 
rétablir  sur  le  cap  Lilybéen. 

Les  héros,  en  proie  à  l'angoisse,  s'éloignèrent  des  Sirènes, 
mais  ils  s'engageaient  entre  les  écueils  dans  des  passes  de  la 
mer  plus  funestes  encore  aux  navires.  Car,  d'un  côté^  appa- 
raissait le  rocher  abrupt  de  Scylla;  de  l'autre,  mugissait 
sans  trêve  le  gouffre  bouillonnant  de  Charybde.  Ailleurs 
encore,  frémissaient  sous  les  flots  immenses  les  Roches- 
Errantes  qui,  naguère,  exhalaient  de  la  cime  de  leurs  pics, 
par-dessus  les  rocs  brûlants,  une  flamme  ardente.  La  fumée 
obscurcissait  l'air  :  on  ne  pouvait  apercevoir  l'éclat  du 
soleil.  Héphaistos  avait  bien  cessé  alors  ses  travaux,  mais 
la  mer  continuait  de  lancer  une  chaude  vapeur.  Dans  ces 
parages,  les  jeunes  Néréides  se  réunissaient,  venant  de 
divers  côfés;  la  divine  Thétis  toucha  par  derrière  l'extré- 
mité amincie  du  gouvernail,  pour  le  diriger  au  milieu  des 
Roches-Errantes.  —  Tels  des  dauphins,  heureux  à  la  surface 
de  la  mer,  se  groupent  en  troupeau  autour  d'un  navire  qui 
se  hâte;  tantôt  on  les  voit  à  l'avant,  tantôt  à  l'arrière,  tantôt 


l68  LES    ARGONAUTIQUES 

sur  les  côtés,  et  leur  présence  réjouit  les  matelots  :  de  même 
les  Néréides,  s*élançant  en  troupe  serrée,  se  groupaient 
autour  du  navire  Argo  dont  Thétis  dirigeait  la  course.  — 
Au  moment  où  les  héros  allaient  se  heurter  contre  les 
Roches-Errantes,  ayant  relevé  la  bordure  de  leurs  robes 
jusqu'à  leurs  blancs  genoux  et  s'étant  placées  en  haut  des 
écueils  eux-mêmes  et  aux  endroits  où  les  vagues  se  brisent, 
elles  s'empressaient  de-ci  et  de-là,  à  quelque  distance  les 
unes  des  autres.  Le  navire  s'élevait,  frappé  par  le  flot,  et, 
autour  de  lui,  les  vagues  violemment  lancées  se  brisaient 
avec  bruit  sur  les  roches,  qui  tantôt  s'élevaient  dans  les 
airs,  semblables  à  des  pics  escarpés,  tantôt,  plongées  au 
plus  profond  des  abîmes  de  la  mer,  se  fixaient  dans  les 
endroits  où  les  tourbillons  les  plus  furieux  font  rage.  Mais 
les  Néréides,  —  telles  auprès  d'une  grève  sablonneuse  des 
vierges,  ayant  retroussé  des  deux  côtés  leur  vêtement 
jusqu'aux  hanches,  jouent  avec  une  balle  qu'elles  se  lancent 
à  la  ronde;  elles  la  reçoivent  l'une  de  l'autre,  l'envoient 
dans  les  airs  :  elle  monte  très  haut,  mais  ne  touche  jamais  le 
sol;  —  ainsi,  tour  à  tour,  elles  se  renvoyaient  l'une  à  l'autre 
le  navire  qui  volait  élevé  au-dessus  des  flots,  toujours  loin 
des  roches;  et  l'eau,  autour  d'elles,  bouillonnait  et  s'élan- 
çait. Debout  sur  la  cime  d'un  rocher  uni,  le  roi  Héphaistos, 
sa  lourde  épaule  appuyée  sur  le  manche  d'un  marteau,  les 
considérait;  elle  les  regardait  aussi,  se  tenant  en  haut  du 
ciel  éclatant,  l'épouse  de  Zeus;  elle  entourait  Athéné  de  ses 
bras  :  telle  était  sa  frayeur  de  ce  qu'elle  voyait. 

Aussi  longue  s'étend  la  durée  d'une  journée  de  printemps, 
aussi  long  fut  le  travail  des  Néréides,  occupées  à  faire 
avancer  le  navire  au  travers  des  roches  au  bruit  reten- 
tissant. Mais  les  héros,  profitant  de  nouveau  du  vent, 
s'avançaient  toujours  davantage;  bientôt  ils  dépassaient  le 
pré  de  Trinacrie  qui  nourrit  les  génisses  d'Hélios.  C'est 
alors  que,  semblables  à  des  plongeons,  les  déesses  s'enfon- 
cèrent dans  les  abîmes  de  la  mer,  après  avoir  accompli  les 
ordres  de  l'épouse  de  Zeus.  Mais  le  bêlement  des  troupeaux 


CHANT    QUATRIÈME  169 

parvenait  aux  héros  à  travers  l'espace,  en  même  temps 
que  le  mugissement  des  génisses  frappait  leurs  oreilles. 
Phaéthousa,  la  plus  jeune  des  filles  d'Hélios,  faisait  paître 
ces  troupeaux  dans  les  prairies  couvertes  de  rosée,  tenant 
en  main  une  houlette  d'argent;  et  Lampétia  suivait  les 
génisses  en  brandissant  une  barre  recourbée  de  cuivre  étin- 
celant.  Les  héros  voyaient  ces  bétes  qui  paissaient  auprès 
des  eaux  du  fleuve,  dans  la  plaine  et  dans  la  prairie  maré- 
cageuse. Aucune  d'elles  n'avait  un  corps  de  couleur  sombre; 
toutes,  semblables  au  lait,  étaient  parées  de  cornes  d'or.  Ils 
dépassèrent,  pendant  le  jour,  l'endroit  où  elles  paissaient; 
et,  la  nuit  venant,  ils  pénétraient,  joyeux,  dans  les  abîmes 
de  la  haute  mer;  ils  y  firent  route  jusqu'au  moment  oti 
Êos,  qui  naît  le  matin,  leur  envoya  sa  lumière. 

Avant  le  détroit  Ionien,  il  est,  dans  la  mer  de  Céraunie,  v.  982-1067. 
une  île  riche  et  d'un  abord  facile,  oti,  dit  la  tradition,  se 
trouve  la  faux  (Muses,  pardonnez-moi;  ce  n'est  pas  de  mon 
plein  gré  que  je  rapporte  la  parole  des  anciens),  la  faux 
dont  Cronos  se  servit  pour  trancher  cruellement  les  parties 
sexuelles  de  son  père.  —  D'autres  prétendent  que  c'est  la 
faucille  que  Déméter,  déesse  de  la  terre,  employait  pour 
couper  le  blé.  Car  Déméter  a  autrefois  habité  ce  pays,  et, 
par  amour  pour  Macris,  elle  a  enseigné  aux  Titans  à 
moissonner  les  épis  nourrissants  ;  c'est  pourquoi  cette  terre, 
nourrice  sacrée  des  Phaiaciens,  a  reçu  le  nom  de  Drépané  : 
les  Phaiaciens  eux-mêmes  sont,  par  leur  origine,  du  sang 
d'Ouranos.  —  C'est  vers  ce  peuple  qu'Argo,  après  avoir  été 
soumise  à  de  nombreuses  épreuves,  arriva,  venant  de  la 
mer  de  Trinacrie  sous  l'action  des  vents.  Alcinoos  et  son 
peuple  reçurent  les  arrivants  avec  amitié,  en  célébrant 
des  sacrifices  agréables  aux  dieux.  En  leur  honneur,  la 
ville  entière  faisait  éclater  sa  joie  :  on  aurait  dit  que  les 
Phaiaciens  se  réjouissaient  du  retour  de  leurs  propres 
enfants.  Les  héros  eux-mêmes  marchaient  parmi  la  foule 
aussi  heureux  que  s'ils  se  fussent  avancés  au  milieu'  de 
l'Haimonie.   Mais  ils   devaient   bientôt   s'armer   pour   la 

22 


170  LES    ARGONAUTIQUES 

guerre  :  car,  tout  auprès  de  Tîle,  apparut  une  expédition 
immense  de  Colchiens;  sortis  du  Pont  par  le  détroit  qui  y 
donne  accès,  et  au  milieu  des  rochçs  Cyanées,  ils  avaient 
traversé  les  mers,  à  la  recherche  des  héros.  Ils  déclaraient 
bien  haut  qu'ils  désiraient  reprendre  Médée  aux  héros,  et 
la  ramener  chez  son  père;  si  elle  ne  leur  était  pas  livrée,  ils 
tpenaçaient  avec  une  rigueur  cruelle  d'engager  sur-le-champ 
une  lutte  lamentable,  une  lutte  qui  recommencerait  avec 
larrivée  d'Aiétès.  Ils  étaient  impatients  de  combattre  :  mais 
le  roi  Alcinoos  les  arrêta,  car  il  désirait  apaiser  des  deux 
parts,  sans  qu'il  fût  besoin  de  bataille,  une  aussi  violente, 
querelle.  La  jeune  fille,  en  proie  à  une  terreur  affreuse, 
essayait  de  se  concilier  par  ses  nombreuses  supplications, 
les  compagnons  de  TAisonide;  bien  souvent,  elle  touchait 
de  ses  mains  les  genoux  d'Arété,  femme  d' Alcinoos:  «Je 
suis  à  tes  genoux,  ô  reine;  mais  toi,  sois-moi  propice;  ne 
me  livre  pas  aux  Colchiens  qui  m'emmèneraient  chez  mon 
père,  si  toutefois  tu  es  toi-même  une  des  filles  de  cette  race 
humaine  qu'un  esprit  trop  prompt  aux  vaines  erreurs, 
entraîne  vers  les  fautes  d'où  naît  l'infortune.  C'est  ainsi 
que  toute  la  prudence  de  mon  esprit  s'est  évanouie;  ce 
n'est  pas  une  passion  mauvaise  qui  m'a  séduite  :  j'en 
atteste  la  lumière  sacrée  d'Hélios  et  les  mystères  de  la 
vierge,  fille  de  Perses,  qui  erre  pendant  la  nuit.  Non,  je  ne. 
suis  point  partie  volontairement  de  là-bas  avec  ces  hommes, 
étrangers  :  mais  une  crainte  odieuse  m'a  persuadée  de  me 
résoudre  à  cette  fuite,  alors  que  j'avais  déjà  commis  une. 
faute;  c'est  le  seul  motif  qui  m'a  fait  partir.  Ma  ceinture 
reste  encore  intacte,  comme  elle  l'était  dans  la  maison  de. 
mon  père:  elle  n^a  été  ni  profanée  ni  souillée.  Prends-moi 
en  pitié,  ô  femme  vénérable;  concilie-moi  ton  mari;  et  que. 
les  dieux  immortels  t'accordent  une  longue  vie,  tous  les 
bonheurs,  des  enfants  et  la  gloire  d'une  ville  invincible.  » 
C'est  ainsi  qu'elle  supplia  Arété  à  genoux,  en  versant  des 
larmes;  mais  voici  comment  elle  s'adressait  à  chacun  des 
héros  l'un  après  l'autre  :  «  C'est  à  cause  de  vous,  ô  hommes 


CHANT    QUATRIÈME  171 

très  illustres,  à  cause  de  vos  travaux,  auxquels  je  me  suis 
fatiguée,  que  je  suis  maintenant  pleine  de  terreur.  Grâce  à 
moi,  vous  avez  mis  les  taureaux  sous  le  joug  et  vous  ayez 
taillé  cette  funeste  moisson  d*hommes  nés  de  la  terre;  grâce 
à  moi,  vous  retournerez  en  Haimonie,  portant  la  toison  d'or« 
Moi,  qui  ai  perdu  ma  patrie  et  mes  parents,  qui  ai  aban- 
donné ma  maison  et  tous  les  plaisirs  de  la  vie,  j*ai  réussi  à 
vous  faire  revenir,  vous,  dans  votre  patrie  et  dans  vos 
demeures;  et  vous  reverrez  vos  parents,  leur  vue  sera  douce 
à  vos  yeux.  Moi,  une  divinité,  qui  appesantit  sa  colère,  m*a 
enlevé  mon  honneur  :  j'erre,  odieuse,  en  compagnie  d*étran- 
gers.  Mais  respectez  les  conventions  et  les  serments;  respectez 
rÉrinys  qui  protège  les  suppliants,  et  la  vengeance  des 
dieux  :  craignez  de  me  remettre  aux  mains  d'Aiétès  et  de  me 
laisser  périr  dans  des  supplices  affreux.  Je  ne  cherche  ni  des 
temples,  ni  une  forteresse  qui  me  protège,  ni  aucun  autre 
moyen  de  salut:  c*est  vers  vous  seuls  que  je  me  réfugie... 
Misérables  au  cœur  dur,  hommes  insensibles  à  la  pitié, 
n'étes-vous  pas  honteux,  au  fond  du  cœur,  de  me  voir,  dans 
mon  angoisse,  tendre  les  mains  vers  les  genoux  d'une  reine 
étrangère!  Certes,  quand  vous  désiriez  enlever  la  toison, 
le  fer  en  main,  vous  auriez  engagé  la  lutte  avec  tous  les 
Colchiens,  avec  le  superbe  Aiétès  lui-même.  Maintenant, 
vous  avez  oublié  votre  courage,  alors  qu'ils  sont  seulement 
quelques-uns,  séparés  du  reste  du  peuple!  » 

Telles  étaient  ses  prières  instantes,  et  chacun  de  ceux 
qu'elle  suppliait  à  genoux  l'encourageait,  calmait  ses 
angoisses.  Ils  brandissaient  dans  leurs  mains  les  lances  à  la 
pointe  acérée,  et  tiraient  les  épées  du  fourreau  :  ils  ne 
manqueraient  pas  de  la  secourir,  affirmaient-ils,  s*ils  se 
trouvaient  en  présence  d'un  jugement  inique.  Pendant  que 
leur  assemblée  s'agitait  ainsi,  survint  la  nuit,  qui  fait 
reposer  les  hommes  de  leurs  travaux;  elle  étendit  le  calme 
sur  toute  la  terre  à  la  fois.  Mais  elle,  le  sommeil  ne  put 
lui  donner  un  instant  de  repos  :  au  contraire,  son  cœur 
angoissé  s'agitait  dans  sa  poitrine.  —  Telle  une  femme,  qui 


172  LES    ARGONAUTIQUES 

doit  supporter  patiemment  le  travail,  fait  tourner  son 
fuseau  pendant  la  nuit;  auprès  d*elle  gémissent  ses  enfants 
orphelins;  elle  pleure  elle-même  la  perte  de  son  mari,  et, 
comme  elle  se  souvient,  les  larmes  coulent  sur  ses  joues,  si 
misérable  est  la  destinée  qui  Taccable.  De  même,  les  joues 
de  Médée  étaient  humides,  et  son  cœur  se  serrait,  transpercé 
d'une  pénétrante  douleur. 
V.  1068-X109.  Or,  dans  la  ville,  à  Tintérieur  de  leur  maison,  comme  de 
coutume,  le  roi  Alcinoos  et  la  très  vénérable  épouse  d'Alci- 
noos,  Arété,  réfléchissaient  au  sujet  de  la  jeune  fille;  c'était 
la  nuit,  et  ils  étaient  couchés.  En  femme  qui  s'adresse  à 
son  légitime  époux,  Arété  parlait  sans  crainte  :  «  Certes, 
mon  ami,  si  tu  veux  m'écouter,  allons  !  délivre  des  Colchiens 
cette  jeune  fille  que  les  soucis  tourmentent,  et  rends -toi 
agréable  aux  'Minyens.  Car  Argos  et  le  pays  des  hommes 
Haimoniens  sont  proches  de  notre  île.  Aiétès,  au  contraire, 
ne  demeure  pas  dans  notre  voisinage;  Aiétès  nous  est  tout 
à  fait  inconnu  :  nous  entendons  seulement  parler  de  lui. 
Cette  jeune  fille,  qui  a  souffert  des  maux  si  cruels,  m'a 
déchiré  le  cœur,  quand  elle  est  venue  vers  moi.  O  roi,  ne 
permets  pas  aux  Colchiens  de  la  reconduire  chez  son  père  : 
elle  a  commis  une  faute,  au  début,  quand  elle  a  donné  à 
Jason  les  substances  qui  devaient  charmer  les  taureaux.  Et 
bientôt,  voulant  (comme  cela  nous  arrive  souvent  dans 
notre  égarement)  remédier  à  un  mal  par  un  autre  mal,  elle 
s'est  dérobée  par  la  fuite  à  la  pesante  colère  de  son  père, 
homme  immodéré  dans  la  vengeance.  Mais  Jason,  je  le  sais, 
est  engagé  envers  elle  par  de  grands  serments  qu'il  lui  a 
faits;  il  lui  a  promis  de  l'établir  dans  sa  maison  à  titre  de 
femme  légitime.  Aussi,  mon  ami,  ne  va  pas  être  cause  de 
ton  plein  gré  que  l'Aisonide  se  parjure;  évite  que,  par  ta 
faute,  cette  jeune  fille,  livrée  au  cœur  irrité  de  son  père,  ne 
soit  cruellement  châtiée.  Car  les  pères  ne  sont  que  trop 
souvent  animés  d'une  haine  funeste  à  l'égard  de  leurs  filles  : 
témoin  les  maux  que  Nycteus  a  préparés  à  la  belle  Antiopé; 
témoin  les  châtiments  que  Danaé  a  subis  en  mer,  victime 


CHANT    QUATRIÈME  173 

de  la  folle  méchanceté  de  son  père.  Récemment  encore,  et 
non  loin  d'îci^  l'injuste  Écbétos  a  enfoncé  des  pointes 
d'airain  dans  les  veux  de  sa  fille.   Elk  se  consume,  s€>rt 

a* 

déplorable  !  à  tourner  la  meule  pour  broyer  de  raîrain,  au 
fond  d'une  cabane  sans  jourl  > 

Telle  fut  sa  prière,  et  le  cœur  d*Alcinoos  s'amollissait  aux 
paroles  de  sa  femme;  il  lui  répendit  en  ces  termes  :  «  Arété, 
mes  armes  chasseraient  bien  les  Colchiens,  et  je  rendrais  ce 
service  aux  héros  à  cause  de  la  :eune  filk.  Mais  je  crains 
de  traiter  sans  respect  l'impartiale  justice  de  Zeus.  D'autre 
part,  mépriser  Aiétés,  comme  tu  me  le  conseilles,  ce  serait 
mauvais  :  car  il  n'est  pas  de  roi  plus  puissant  que  lui;  s'il 
le  voulait,  il  pourrait,  de  son  lointain  pavs,  porter  la  guerre 
jusqu'en  Hellade.  Aussi,  il  me  semble  juste  de  rendre  un 
arrêt  qui  sera  regardé  comme  le  meilleur  par  lotis  les  hom- 
mes; cet  arrêt,  je  ne  le  tiendrai  pas  secret  pour  toL  Si  elle 
est  vierge,  je  la  fais  reconduire  à  son  père;  si  elle  a  dt 
paitagé  le  lit  de  cet  homme,  je  ne  la  séparerai  p«»  ^^ 
mari  ;  et  son  enfant,  si  elle  en  porte  un  dans  ses  entrailks, 
je  ne  le  livrerai  pas  à  ses  ennemis.  » 

Il  parla  ainsi,  et  aussitôt  après  le  sommeil  l'accaila,  ▼,  i;î->  ;-^ 
Mais,  gravant  dans  son  esprit  les  sages  paroks  de  u.fï  «rar;. 
Arété  se  leva  aussitôt  de  son  lit.  et  passa  dar.s  uae  auue 
chambre  de  la  demeure.  Or.  les  femmes,  ses  serran-et. 
l'entourèrent,  s'empressant  auprts  de  leur  maîtresse.  Arar;t 
fait  mander  sans  bruit  son  béraa:.  e!!e  îuî  expcM  v>o  ?r^ 
sage  :  elle  exhortait,  dans  sa  prudence.  T Aiv>t;;de  a  t  '^r:îr 
à  la  jeune  fille  et  à  ne  pas  adresser  de  prières  a-  r.t 
Alcinoos;  car  son  mari.  d^sait^IIe.  allait  rer^re  cet  arrtt 
aux  Colchieos:  si  Médée  était  Tierge.  û  U  Urtt^^i  yr^r 
qu'on  la  conduisît  aux  demeures  de  sco  père,  n;a3,  t;  t  .k 
avait  partagé  le  lit  de  Jason.   ;1  ne  1  arrar^tra;*  v^  a  t* 

tendresse  conjugale.  .    .     ^     ,^       *  v -^>-*i>'*  e** 

EUe  parla  ainsi,  mais  les  pieds  à.  bera.t  ^  ^^""^r^M 

hâte  loin  du  palais;  il  s'empressait  ie  ^;^^  '^:^:;^'^ 

message  favorable  d'Arété  et  îa  4tc;t.c<;  <i.  V^^  >-    ^^^' 


174  LES    ARGONAUTIQUES 

Il  trouva  les  Argonautes  auprès  de  leur  navire,  veillant  en 
armes  dans  le  port  d'Hyllos,  près  de  la  ville.  Il  exposa  tout 
le  message  dont  il  était  chargé,  et  chacun  d'eux  se  réjouit 
dans  son  cœur,  car  le  héraut  leur  disait  des  paroles  bien 
agréables  pour  eux. 

Aussitôt,  ayant  fait  dans  un  cratère  le  mélange  d'eau  et 
de  vin  en  l'honneur  des  dieux,  comme  il  convient,  ils 
entraînèrent,  suivant  les  rites  sacrés,  les  brebis  qu'ils 
devaient  sacrifier  à  l'autel,  et  dans  cette  nuit  même  ils 
préparèrent  à  la  jeune  fille  la  couche  nuptiale,  au  fond 
d'une  caverne  divine  où  habitait  autrefois  Macris,  fille 
d'Aristée,  celui  qui  s'occupait  du  miel,  celui  qui  découvrit 
aux  hommes  l'œuvre  des  abeilles  et  le  liquide  onctueux 
qu'on  fait  sortir,  à  force  de  travail,  des  olives.  C'est  elle 
qui  reçut  dans  ses  bras  le  fils  Nyséien  de  Zeus,  dès  sa 
naissance,  c'est  elle  qui  humecta  de  miel  les  lèvres  sèches 
de  l'enfant,  qu'Hermès  venait  d'arracher  au  feu  et  lui 
apportait.  Elle  habitait  alors  l'Eubée  Abantide  :  mais  Héra 
la  vit,  et,  pleine  de  colère,  elle  la  chassa  de  toute  l'île.  C'est 
alors  qu'elle  vint  habiter,  bien  loin  de  l'Eubée,  dans  la 
caverne  sacrée  des  Phaiaciens;  et  elle  procura  aux  habitants 
une  inexprimable  félicité.  C'est  donc  dans  cette  caverne 
qu'on  prépara  un  vaste  lit;  on  étendit  par-dessus  l'éclatante 
toison  d'or,  afin  d'entourer  d'honneur  ces  noces,  dignes 
d'être  chantées.  Et  les  Nymphes  avaient  cueilli  pour  les 
époux  des  fleurs  de  diverses  couleurs  qu'elles  portaient 
serrées  contre  leurs  blanches  poitrines.  Toutes,  elles  étaient 
entourées  d'un  éclat  semblable  à  celui  du  feu,  si  vive  était 
la  splendeur  que  lançaient  les  flocons  d'or.  La  toison 
allumait  dans  leurs  yeux  un  désir  qui  les  séduisait;  mais, 
vaincues  par  leur  réserve,  elles  s'abstinrent  toutes  d^y  porter 
les  mains,  malgré  l'envie  qu'elles  en  avaient.  Parmi  elles, 
on  nommait  les  unes  les  filles  du  fleuve  Aigaios;  les  autres 
habitaient  les  sommets  du  mont  Mélitéien;  d'autres  encore, 
les  Nymphes  des  bois,  demeuraient  dans  la  plaine.  Car 
Héra  elle-même,  l'épouse  de  Zeus,  les  avait  fait  venir  pour 


CHANT    QUATRIÈME  JjS 

honorer  Jason.  Cette  caverne  s'appelle  maintenant  encore 
la  caverne  sacrée  de  Médëe,  nom  qu'elle  a  reçu  depuis  le 
jour  oQ  les  Nymphes  y  unirent  les  deux  époux,  après  avoir 
étendu  des  voiles  parfumés.  Les  héros,  brandissant  dans 
leurs  mains  leurs  lances  de  guerre  —  car  ils  craignaient 
d'être  prévenus  par  la  troupe  des  ennemis  se  ruant  ino- 
pinément au  combat  —  la  tête  couronnée  de  branches 
feuillues,  chantaient  en  mesure  Thyménée  à  l'entrée  de 
la  chambre  nuptiale,  au  son  de  l'harmonieuse  phorminx 
d'Orphée.  Certes,  ce  n'est  pas  dans  le  pays  d'Alcinoos  que 
le  héros  Aisonide  aurait  souhaité  de  célébrer  ses  noces, 
mais  dans  le  palais  de  son  père,  une  fois  de  retour  à  lolcos; 
Médée  elle-même  pensait  comme  lui  ;  c'est  la  nécessité  qui 
les  forçait  de  s'unir  en  ce  pays.  Mais,  race  misérable  des 
hommes  que  nous  sommes,  nous  avons  beau  courir  au 
plaisir  de  toute  la  force  de  nos  pieds,  toujours  quelque  peine 
amère  marche  à  côté  de  nos  joies.  C'est  ainsi  qu'au  milieu 
des  voluptés  de  leur  douce  passion,  une  crainte  les  possé- 
dait: la  décision  d'Alcinoos  serait-elle  exécutée? 

Mais  Ëos  s'élevant,  avec  ses  divines  lueurs,  dissipa  la  nuit  V.  1170-1227. 
noire  dans  l'air;  tout  dans  la  nature  était  souriant:  et  les 
rivages  de  l'ile,  et,  au  loin,  par  les  plaines,  les  sentiers 
couverts  de  rosée;  une  rumeur  s'élevait  déjà  dans  les  rues; 
les  habitants  commençaient  à  s'agiter  dans  la  ville,  comme 
au  loin  les  Colchiens  à  l'extrémité  de  l'île  de  Macris.  Alors 
Alcinoos  s'avança^  fidèle  à  ses  conventions,  pour  prononcer 
son  arrêt  au  sujet  de  la  jeune  fille.  Il  avait  dans  sa  main  le 
sceptre  d'or  dont  il  se  servait  pour  rendre  la  justice,  le 
sceptre  grâce  auquel  il  soumettait  dans  la  ville  ses  peuples 
à  des  jugements  équitables.  A  la  suite  du  roi,  recouverts  de 
leurs  armes  de  guerre,  les  plus  nobles  des  Phaiaciens 
s'avançaient  en  foule.  Pour  voir  les  héros,  les  femmes 
sortaient  nombreuses  hors  des  murs;  les  hommes  de  la 
campagne  arrivaient,  eux  aussi,  ayant  appris  ce  qui  se 
passait,  car  Héra  avait  déjà  répandu  des  bruits  exacts.  Ils 
conduisaient,  celui-ci,  un  bélier  de  choix,  mis  à  part  du 


176  LES    ARGONAUTIQUES 

reste  du  troupeau;  celui-là,  une  génisse  qui  n'avait  pas 
encore  travaillé  la  terre.  D'autres  placèrent,  aux  environs, 
des  amphores  de  vin,  pour  faire  les  mélanges  consacrés: 
et,  au  loin,  s'élevait  la  fumée  des  sacrifices.  Les  femmes, 
comme  il  leur  convient,  portaient  des  voiles,  objet  d'un 
long  travail,  des  joyaux  d'or,  et,  en  outre,  tous  les  divers 
ornements  dont  se  parent  les  jeunes  mariées.  Elles  furent 
saisies  de  stupeur  à  la  vue  des  illustres  héros,  de  leur  aspect 
et  de  leur  visage,  à  la  vue  du  fils  d'Oiagros  qui,  se  tenant 
au  milieu  d'eux,  accompagnait  les  accents  de  sa  phorminx 
sonore  en  frappant  le  sol  à  coups  pressés  de  sa  sandale 
splendide.  Et  les  Nymphes,  toutes  ensemble,  chaque  fois 
qu'il  faisait  mention  des  noces,  entonnaient  un  voluptueux 
hyménée;  et,  par  moment,  elles  chantaient,  chacune  à  part, 
en  dansant  en  rond,  ô  Héra,  grâce  à  toi  :  car  c'est  toi  qui 
as  inspiré  à  l'esprit  d*Arété  de  révéler  le  sage  dessein 
d'Alcinoos.  Mais,  à  peine  celui-ci  avait-il  prononcé  les 
termes  de  sa  juste  décision,  déjà  l'accomplissement  du 
mariage  était  proclamé.  Il  resta  ferme  dans  ses  résolutions, 
sans  se  laisser  ébranler  par  la  crainte  funeste,  ni  par  le 
terrible  ressentiment  d'Aiétès;  c^r  il  était  lié  par  d'invio- 
lables serments.  Aussi,  quand  les  Colchiens  eurent  compris 
que  leur  opposition  serait  inutile,  et  qu'Alcinoos  leur  eut 
ordonné  ou  de  respecter  ses  arrêts,  ou  d'éloigner  leurs 
navires  des  ports  et  des  rivages  de  l'île,  alors,  redoutant 
l'effet  des  menaces  de  leur  roi,  ils  le  supplièrent  de  les 
recevoir  en  alliés.  Depuis  lors,  ils  habitèrent  très  long- 
temps dans  l'île,  avec  les  Pbaiaciens,  jusqu'au  jour  où, 
bien  des  années  plus  tard,  les  Bacchiades,  qui  sont  des 
hommes  originaires  d'Éphyra,  vinrent  s'installer  dans  le 
pays.  Ils  passèrent  alors  dans  une  île  plus  lointaine;  de  là, 
ils  devaient  encore  se  rendre  aux  monts  Cérauniens  des 
Abantes,  et  chez  les  Nestaiens,  et  dans  la  ville  d'Oricos  : 
mais  le  temps  avait  marché  longuement,  quand  ces  événe- 
ments eurent  lieu.  Dans  l'île  des  Phaiaciens,  aujourd'hui 
encore,   des  victimes    sont    immolées,  chaque    année,   en 


CHANT    QUATRIÈME  177 

l'honneur  des  Moires  et  des  Nymphes,  au  temple  d'Apollon 
Nomios,  sur  les  autels  que  Médée  a  élevés.  Cependant, 
Alcinoos  donna  de  nombreux  présents  d'hospitalité  aux 
Minyensqui  partaient.  Arété  leur  en  donna  aussi  beaucoup; 
de  plus,  elle  fit  cadeau  à  Médée  de  douze  Phaiaciennes, 
esclaves  du  palais,  pour  qu'elles  fussent  ses  suivantes.  Le 
septième  jour  après  leur  arrivée,  ils  quittèrent  Drépané; 
il  vint  au  matin  une  brise  favorable,  envoyée  par  Zeus, 
et  poussés  par  le  souffle  du  vent  ils  avançaient  rapidement. 
Mais  le  destin  ne  permettait  pas  encore  aux  héros  de  débar- 
quer en  Achaîe  :  ils  devaient,  auparavant,  supporter  de 
nouvelles  épreuves  sur  les  frontières  de  la  Libye. 

Déjà,  depuis  longtemps,  ils  avaient  laissé  derrière  eux,  V.  1228-1304. 
naviguant  la  voile  déployée,  le  golfe  qui  doit  son  nom  aux 
Ambraciens^  et  le  pays  des  Courètes,  et  les  îles  qui  le 
suivent,  entre  autres  les  étroites  Échinades;  et  la  terre  de 
Pélops  commençait  à  être  en  vue  :  alors,  violemment,  une 
funeste  tempête,  excitée  par  Borée,  les  emporta,  pendant  neuf 
nuits  entières  et  pendant  autant  de  jours,  au  milieu  de  la 
mer  de  Libye,  jusqu'au  moment  où  ils  furent  arrivés  tout 
à  fait  au  fond  de  la  Syrte,  golfe  d*oti  les  navires  qui  ont  été 
forcés  d'y  entrer  ne  peuvent  plus  sortir.  Car  c'est  partout 
un  marais,  partout  de  profonds  abîmes  recouverts  d'algues  : 
à  leur  surface,  l'écume  afflue  sans  bruit;  à  la  suite  des 
marais  s'étend  une  plaine  aussi  vaste  que  les  plaines  de 
l'air.  Aucun  des  animaux  qui  se  meuvent  sur  la  terre  ou 
qui  volent  ne  s'y  hasarde.  C'est  là  que  le  flux  de  la  mer 
(car  souvent  le  flot  s'éloigne  du  continent  et  se  rue  ensuite 
sur  les  rivages  oti  il  est  violemment  lancé),  c'est  là  que  le 
flux  les  emporta  rapidement,  pour  les  jeter  sur  le  rivage 
au  fond  du  golfe;  une  faible  partie  de  la  quille  était  restée 
au  milieu  des  eaux.  Les  héros  sautèrent  hors  du  navire, 
et  l'angoisse  les  saisit,  car  ils  ne  voyaient  que  les  plaines 
de  l'air  et  la  surface  de  la  terre  immense  qui  s'étendait  au 
loin,  sans  interruption,  aussi  vaste  que  l'air  même.  Aucun 
abreuvoir,  aucun  sentier  battu;  ils  n'apercevaient  au  loin 

2i 


178  LES    ARGONAUTIQUES 

aucune  étabie  de  berger;  partout  régaait  un  calme  silence. 
Dans  leur  inquiétude,  ils  s'interrogeaient  Tun  l'autre  : 
c  Quel  nom  donner  avec  certitude  à  cette  terre?  Oîi  les 
tempêtes  nous  ont-elles  jetés?  Plût  au  ciel  que  nous  eussions 
osé,  dédaigneux  de  la  crainte  funeste,  nous  lancer  et  traverser 
d'un  bout  à  l'autre  cette  route  au  milieu  des  rochers,  par 
où  nous  avons  déjà  passé  1  Partis  contre  la  volonté  de  Zeus, 
il  nous  aurait  mieux  valu  périr  en  méditant  quelque  grand 
dessein.  Maintenant  qu'allons-nous  faire,  si  les  vents  nous 
retiennent  ici,  quelque  peu  de  temps  que  ce  soit?  Si  déserte 
est  la  plaine  qui  s'étend  au  loin  sur  ce  continent!  » 

Ils  s'entretenaient  ainsi;  mais  alors,  poussé  lui-même 
au  désespoir  par  l'impuissance  où  le  mettait  leur  situation 
pénible,  le  pilote  Ancaios  leur  dit  :  «  Nous  périssons, 
vaincus  par  la  destinée  la  plus  funeste;  il  n'est  aucun 
moyen  d'échapper  à  la  fatalité.  Il  nous  faut  subir  les  plus 
affreuses  épreuves,  puisque  nous  avons  été  jetés  dans  ce 
désert.  C'est  en  vain  que  les  vents  souffleraient  de  terre. 
Car,  aussi  loin  que  je  puisse  voir,  je  n'aperçois  partout 
qu'une  mer  marécageuse  :  les  masses  d'eau  roulent  pour 
se  briser  sur  des  sables  blancs  d'écume.  Certes,  il  y  a  long- 
temps que  notre  navire  sacré  aurait  été  fracassé  misérable- 
ment, même  loin  du  rivage,  si,  depuis  la  haute  mer,  le 
fiux  lui-même  ne  l'avait  lancé  au-dessus  des  flots.  Mais 
maintenant  les  vagues  ont  reflué  vers  la  mer;  l'eau  salée 
ne  fait  que  rouler  le  vaisseau  qu'elle  ne  peut  mettre  à  flot, 
tant  elle  s'élève  peu  au-dessus  du  fond.  Aussi,  je  dis  que 
tout  espoir  nous  est  enlevé  de  prendre  la  mer  et  de  nous 
en  retourner.  Qu'un  autre  fasse  montre  de  son  habileté. 
Libre  à  qui  désirera  guider  notre  retour  de  s'asseoir  au 
gouvernail.  Mais  assurément  Zeus  ne  veut  pas  mettre  le 
jour  du  retour  comme  terme  à  nos  épreuves!  » 

Il  parla  ainsi  en  pleurant;  tous  ceux  qui  étaient  habiles 
dans  la  conduite  des  navires  s'associaient  par  leurs  paroles 
à  son  désespoir.  Tous,  ils  sentirent  leur  cœur  se  glacer 
d'effroi,  et  la  pâleur  se  répandait  sur  leurs  joues.  —  Tels, 


CHANT    QUATRIÈME  179 

semblables  à  des  fantômes  sans  vie,  des  hommes  errent  dans 
leur  ville,  soit  qu'ils  attendent  la  fin  d*une  guerre  ou  d*une 
peste,  soit  qu'ils  voient  tomber,  infinie,  la  pluie  d  orage 
qui  submerge  tous  les  innombrables  travaux  des  boeufs, 
soit  que  des  statues  des  dieux  découle  spontanément  une 
sueur  de  sang  ou  qu'on  croie  entendre  des  mugissements 
retentir  dans  les  temples,  soit  qu'au  milieu  du  jour  le  soleil 
amène  du  ciel  la  nuit,  et  que  les  astres  brillants  paraissent 
dans  l'air  :  tels  les  héros,  le  long  de  la  plage  immense,  se 
traînaient,  en  proie  à  la  tristesse.  —  Cependant,  vint  le  soir 
obscur.  Après  de  tristes  embrassements,  ils  se  faisaient 
leurs  adieux  en  pleurant,  pour  aller  ensuite,  chacun  de 
son  côté,  s'abattre  et  mourir  sur  le  sable.  Ils  s'avançaient, 
l'un  plus  loin  que  l'autre,  pour  choisir  un  lieu  oîi  s'étendre^ 
la  tête  enveloppée  de  leurs  manteaux,  ils  restèrent  couchés 
toute  la  nuit  et  toute  la  journée  qui  suivit,  sans  boire  ni 
manger,  attendant  la  plus  triste  des  morts.  D'autre  part 
gémissaient  les  jeunes  esclaves,  réunies  autour  de  la  fille 
d'Aiétès.  —  Tels  abandonnés,  tombés  de  la  cavité  du  roc 
oti  est  leur  nid,  des  petits  oiseaux  qui  ne  peuvent  encore 
voler  poussent  des  cris  perçants;  tels  encore,  sur  les  bords 
escarpés  du  Pactole  au  cours  magnifique,  les  cygnes  font 
entendre  leur  chant;  au  loin,  résonnent  les  prairies  couvertes 
de  rosée  et  le  gracieux  courant  du  fleuve.  De  même  ces 
jeunes  filles,  ayant  souillé  de  poussière  leurs  blondes  cheve- 
lures, se  lamentaient  toute  la  nuit  en  exhalant  les  plaintes 
d'un  chant  de  deuil. 

Certes,  ils  auraient  tous  péri  en  ce  lieu,  sans  gloire,  v.  1305-1379. 
inconnus  des  hommes,  ces  héros  illustres  entre  tous;  ils 
auraient  péri  sans  avoir  accompli  leur  tâche  :  mais,  alors 
que  le  malheur  les  épuisait,  elles  eurent  pitié  d'eux,  les 
héroïnes  tutélaires  de  la  Libye,  elles  qui,  autrefois,  lors- 
qu'Athéné  s'élançait,  dans  tout  son  éclat,  de  la  tête  de  son 
père,  allèrent  la  chercher  pour  la  baigner  dans  les  eaux  du 
lac  Triton.  C'était  le  milieu  du  jour,  et,  de  toutes  parts, 
les  rayons  les  plus  ardents  du  soleil  brûlaient  la  Libye.  A 


l8o  LES    ARGONAUTIQUES 

ce  moment,  les  déesses  vinrent  se  placer  auprès  de  TAiso- 
nide,  et,  de  leurs  mains,  enlevèrent  doucement  le  manteau 
qui  couvrait  sa  tête.  Alors  le  héros  détourna  les  yeux  d*un 
autre  côté,  par  respect  pour  les  déesses.  Mats,  comme  il 
était  seul,  et  frappé  de  terreur,  elles  lui  adressèrent  de 
douces  paroles  :  «  Malheureux,  pourquoi  t'étre  ainsi  laissé 
atteindre  par  un  désespoir  qui  te  rend  incapable  de  décision? 
Nous  savons  que  vous  êtes  allés  à  la  recherche  de  la  toison 
d'or;  nous  connaissons  chacune  de  vos  épreuves,  chacun 
des  travaux  au-dessus  de  la  force  humaine  que  vous  avez 
accomplis  sur  la  terre,  sur  la  plaine  humide,  errant  au 
milieu  des  mers.  Nous  sommes  les  déesses  solitaires, 
indigènes,  douées  de  la  parole  humaine,  héroïnes  tutélaires 
et  filles  de  la  Libye.  Mais  lève-toi  :  ne  continue  pas  davan- 
tage de  pleurer  et  de  te  lamenter.  Fais  lever  tes  compagnons; 
et,  aussitôt  qu'Amphitrite  aura  dételé  le  char  aux  belles 
roues  de  Poséidon,  alors  empressez -vous  de  rendre  la 
pareille,  pour  ses  peines,  à  votre  mère,  elle  qui  s*est  fatiguée 
si  longtemps  à  vous  porter  dans  son  ventre.  C'est  ainsi  que 
vous  pourrez  revenir  dans  la  divine  Achaïe.  » 

Elles  parlèrent  ainsi,  et  devinrent  invisibles,  à  l'endroit 
même  où  elles  venaient  de  se  tenir  auprès  du  héros,  et  de 
lui  faire  entendre  leur  voix.  Alors  Jason,  après  avoir 
regardé  de  tous  côtés,  s'assit  à  terre  et  parla  en  ces  termes  : 
«  Soyez-nous  propices,  ô  vénérables  déesses  qui  habitez  les 
déserts.  Je  suis  loin  de  pénétrer  complètement  le  sens  de 
votre  parole  au  sujet  de  notre  retour.  Mais  je  vais  rassem- 
bler tous  mes  compagnons  et  leur  rapporter  ce  que  vous 
m'avez  dit,  dans  l'espoir  d*y  trouver  quelque  signe  qui 
guide  notre  retour  :  car  la  sagesse  de  plusieurs  vaut  mieux 
que  celle  d'un  seul.  » 

Il  dit,  et,  bondissant  de  sa  place,  il  appela  longuem'^nt 
ses  compagnons;  sale  de  poussière,  il  était  comme  un  lion 
qui,  à  travers  la  forêt,  rugit  à  la  recherche  de  sa  compagne  : 
sa  voix  puissante  ébranle  au  loin  les  halliers  des  mon- 
tagnes; une  profonde  terreur  fait  frissonner  les  bœufs  qui 


CHANT    QUATRIÈME  l8l 

paissent  dans  les  campagnes,  et  les  bouviers  qui  conduisent 
les  bœufs.  Mais  elle  n'avait  rien  d'effrayant  pour  les  héros, 
la  voix  d'un  compagnon  appelant  ses  amis;  ils  se  rassem- 
blaient autour  de  lui,  les  yeux  baissés.  Ayant  fait  asseoir, 
auprès  de  l'endroit  où  le  navire  était  mouillé,  ses  tristes 
compagnons,  ainsi  que  les  femmes,  il  prit  la  parole  pour 
leur  exposer  toutes  choses  :  «  Écoutez,  mes  amis!  Au  milieu 
de  mes  angoisses,  trois  déesses  ceintes  de  peaux  de  chèvres 
qui,  du  haut  de  la  nuque,  leur  retombaient  sur  le  dos  et  les 
hanches,  trois  déesses,  semblables  à  des  jeunes  filles,  se  sont 
dressées  auprès  de  moi,  au-dessus  de  ma  tête.  Elles  ont 
écarté  de  leur  main  légère  et  retiré  le  manteau  qui  me  cou- 
vrait, et  m'ont  ordonné  de  me  lever  moi-même  et  d'aller 
vers  vous  pour  vous  faire  lever  et  vous  dire  de  rendre  la 
pareille,  comme  il  est  juste,  à  votre  mère,  pour  ^es  travaux, 
elle  qui  s'est  si  longtemps  fatiguée  à  nous  porter  dans  son 
ventre.  Il  faudra  le  faire  aussitôt  qu'Amphitrite  aura  dételé 
le  char  aux  belles  roues  de  Poséidon.  Quant  à  moi,  je  ne 
peux  comprendre  d*une  manière  précise  cette  prédiction 
divine.  Elles  m'ont  dit  qu'elles  étaient  les  héroïnes  tutélaires 
et  filles  de  la  Libye;  et  tout  ce  que  nous  avons  supporté 
jusqu'à  présent  sur  terre  et  sur  mer,  elles  affirmaient  le 
savoir  en  détail.  Puis,  je  ne  les  ai  plus  aperçues,  à  l'endroit 
oii  elles  se  tenaient  :  mais  une  nuée  ou  une  obscurité  subite 
est  intervenue  qui  m'a  caché  leur  apparition.  > 

Il  parla  ainsi,  et  tous  l'écoutaient  avec  stupeur:  alors  un 
très  grand  prodige  eut  lieu  i>our  les  Minyens.  Car,  sortant 
de  la  mer,  un  cheval  d'une  taille  merveilleuse  bondit  sur  le 
rivage;  une  crinière  dorée  retombait  des  deux  côtés  de  son 
cou  qu'il  portait  très  haut.  A  peine  eut-il  secoué  l'eau  salée 
qui  découlait  de  ses  membres,  il  commença  à  courir;  et  ses 
pieds  étaient  aussi  rapides  que  le  vent.  Aussitôt  Pélée^ 
plein  de  joie,  dit  à  ses  compagnons  réunis  :  «  Certes,  je  puis 
affirmer  que  maintenant  le  char  de  Poséidon  a  été  dételé 
par  les  mains  de  sa  chère  épouse.  Quant  à  notre  mère,  je 
reconnais  qu'elle  n'est  autre  qu'Argo  elle-même;  car,  nous 


l82  LES    ARGONAUTIQUES 

portant  continuellement  dans  son  ventre,  elle  gémit  acca- 
blée par  de  pénibles  travaux.  Mais,  que  notre  vigueur  ne 
fléchisse  pas  :  élevons  le  navire  sur  nos  épaules  infatigables 
et  portons-le  à  l'intérieur  de  cette  région  sablonneuse,  dans 
la  direction  où  se  sont  lancés  les  pieds  rapides  de  ce  cheval. 
Il  n'ira  pas,  en  effet,  vers  la  terre  ferme  :  mais  j'espère  que 
ses  traces  nous  indiqueront  quelque  gol£e  qui  domine  la 
mer.  » 
V.  1380-1460.  Il  parla  ainsi,  et  son  heureuse  conjecture  fut  approuvée 
de  tous.  C'est  ici  la  tradition  des  Muses;  pour  moi,  c'est  en 
écoutant  les  Piérides  que  je  chante,  et  j'ai  entendu  leur  voix 
d'une  manière  très  certaine;  oui,  ô  vous  les  plus  illustres 
entre  tous  les  fils  des  rois,  grâce  à  votre  force  et  à  votre 
courage,  par  les  dunes  solitaires  de  la  Libye,  vous  avez 
porté,  pendant  douze  jours  entiers  et  pendant  autant  de 
nuits,  le  navire  que  vous  aviez  élevé  sur  vos  épaules  et,  avec 
lui,  tout  ce  qu'il  contenait  à  l'intérieur.  Les  souffrances, 
la  misère  des  héros,  qui  pourrait  les  dire?  Que  de  travaux 
pénibles  ils  ont  accomplis!  Certes,  ils  étaient  du  sang  des 
dieux,  eux  qui  ont  supporté  une  telle  entreprise,  forcés  par 
la  nécessité.  Après  une  très  longue  marche,  c'est  avec 
grande  joie  que,  aussitôt  entrés  dans  les  eaux  du  lac  Triton, 
ils  Y  déposèrent  le  fardeau  de  leurs  robustes  épaules. 

Puis,  semblables  à  des  chiens  furieux,  ils  se  précipitaient 
à  la  recherche  d'une  source;  car  ils  étaient  accablés  d'une 
soif  desséchante,  par  suite  de  leurs  efforts  et  de  leurs 
souffrances.  Leur  course  errante  ne  fut  pas  inutile;  car  ils 
arrivèrent  à  la  plaine  sacrée  oti,  la  veille  encore,  le  serpent 
Ladon,  né  de  la  terre,  gardait  les  pommes  d'or  dans  le  champ 
d'Atlas.  Autour  de  lui,  les  Nymphes  Hespérides  s'empres- 
saient, chantant  avec  des  accents  charmants.  Or,  il  avait  été 
mis  en  pièces  ce  jour -là  même  par  Héraclès,  et  il  gisait 
auprès  du  tronc  du  pommier;  seule,  l'extrémité  de  sa  queue 
s'agitait  encore  :  de  la  tête  jusqu'à  l'extrémité  de  la  noire 
échine  du  dos,  tout  le  reste  du  corps  était  étendu  sans  vie. 
Comme  les  flèches  avaient  laissé  dans  le  sang  du  monstre  le 


CHANT    QUATRIÈME  l83 

funeste  venin  de  l'hydre  de  Lerne,  les  mouches  mouraient 
au  milieu  de  la  putréfaction  des  blessures.  Près  du  serpent, 
les  Hespérides,  tenant  leurs  blondes  têtes  dans  leurs  mains 
blanches,  poussaient  d'harmonieux  gémissements.  Soudain, 
les  héros  s'approchèrent  tous  ensemble  :  mais  à  peine 
étaient-ils  arrivés  que  les  Nymphes  se  changèrent  aussitôt, 
à  la  place  oti  elles  étaient,  en  terre  et  en  poussière.  Orphée 
reconnut  un  prodige  divin,  et  leur  adressa  ces  prières  pour 
les  concilier  aux  héros  :  «  Belles  et  bienveillantes  divinités, 
soyez-nous  propices;  ô  reines,  soit  que  l'on  vous  compte  au 
nombre  des  déesses  du  ciel  ou  de  la  terre,  soit  que  vou& 
portiez  le  nom  de  Nymphes  habitantes  des  déserts  :  allez, 
ô  Nymphes,  postérité  sacrée  d'Océanos,  apparaissez  devant 
nous  qui  souhaitons  votre  présence,  et  montrez-nous  soit 
quelque  cours  d'eau  qui  découle  des  rochers,  soit  quelque 
source  sacrée  qui  jaillisse  de  la  terre,  que  nous  puissions, 
ô  déesses,  apaiser  la  soif  qui  nous  brûle  furieusement.  Si 
notre  navigation  nous  ramène  un  jour  au  sol  de  l'Achaïe^ 
alors,  parmi  les  premières  des  déesses,  vous  recevrez  de 
notre  reconnaissance  dix  mille  dons,  des  libations  et  de& 
festins  qui  suivent  les  sacrifices.  » 

Telle  fut  la  prière  qu'il  prononça  d'une  voix  plaintive; 
elles  prirent  en  pitié  ceux  qui  s'affligeaient  auprès  d'elles. 
Elles  firent  sortir  du  sol  d'abord  de  l'herbe;  puis,  du  milieu 
de  cette  herbe,  naquirent  et  grandirent  de  vastes  arbustes,  et 
ensuite  de  jeunes  arbres  verdoyants  croissaient  et  se  dres- 
saient bien  au-dessus  de  la  terre.  Hespéré  devenait  un 
peuplier  noir,  Érythéis,  un  ormeau,  et  Aigle,  le  tronc  sacré 
d'un  saule  :  et,  du  milieu  de  ces  arbres,  elles  apparaissaient 
encore  telles  exactement  qu'elles  étaient  autrefois,  prodige 
merveilleux  1  Aigle,  d'une  voix  douce,  leur  répondit  suivant 
leur  désir  :  «  Certes,  c'est  tout  à  fait  pour  porter  une  aide 
puissante  à  vos  épreuves,  que  cet  homme,  le  plus  effronté  de 
tous,  est  venu  ici,  lui  qui,  après  avoir  privé  de  la  vie  le 
serpent,  leur  gardien,  est  parti  en  enlevant  les  pommes  d'or 
des  déesses;  et  il  nous  en  reste  une  horrible  douleur.  Ouî^ 


184  LES    ARGONAUTIQUES 

hier,  un  homme  est  venu,  aussi  dangereux  par  sa  violence 
que  par  sa  stature;  sous  un  front  farouche,  ses  yeux  étin- 
celaient;  il  avait  Tair  impitoyable;  la  peau  d'un  lion  prodi- 
gieux l'entourait,  crue,  sans  préparation;  il  tenait  une 
solide  et  noueuse  branche  d'olivier,  et  des  flèches  qui, 
lancées  contre  le  monstre,  l'ont  tué.  Cet  homme  est  donc 
venu,  et  comme  il  parcourait  la  terre  à  pied,  la  soif  le 
desséchait  :  il  fouillait  des  yeux  cet  endroit  dans  tous  les 
sens,  cherchant  Teau  qu'il  ne  devait  rencontrer  nulle  part. 
Mais  voici  ce  rocher,  près  du  lac  Triton  :  soit  qu'il  y  eût 
pensé  de  lui-même,  soit  qu'il  obéît  à  un  avis  envoyé  par  les 
dieux,  il  en  frappa  la  base  à  coup  de  pieds,  et  l'eau  coula  en 
abondance.  Alors,  ayant  appuyé  sur  le  sol  ses  deux  mains  et 
sa  poitrine,  il  s'abreuva  abondamment  à  la  crevasse  du  rocher, 
jusqu'au  moment  où,  toujours  courbé  en  avant  comme  une 
génisse,  il  eut  fini  de  remplir  ses  vastes  entrailles.  » 

Ainsi  parla  THespéride  :  dès  qu'Aigle  leur  eut  indiqué  la 
source  souhaitée,  aussitôt,  pleins  de  joie,  ils  y  coururent  et 
ne  s'arrêtèrent  pas  avant  d'y  être  arrivés.  —  Telles,  autour 
de  l'ouverture  étroite  d'un  trou,  vont  et  viennent  en  foule 
les  fourmis  qui  fouillent  la  terre,  ou  telles  des  mouches  qui, 
autour  d'une  petite  goutte  de  miel  délicieux,  se  pressent, 
masse  serrée,  pleines  d'une  ardente  convoitise  :  tels  les 
Minyens  nombreux  s'empressaient  autour  de  la  source  du 
rocher.  —  Et  l'un  d'eux,  ranimé  après  avoir  abreuvé  ses 
lèvres,  s'écria  alors  :  «  Par  les  dieux!  Il  est  certain  que, 
même  loin  de  ses  compagnons,  Héraclès  les  a  sauvés  alors 
qu'ils  étaient  accablés  de  soif.  Plût  au  ciel  qu'en  nous 
avançant  nous  puissions  le  rencontrer,  faisant  route  à  travers 
le  continent  I  » 
V.  1461-X501.  Il  dit:  on  répondit  à  ses  paroles,  et  ceux  qui  étaient 
propres  à  une  telle  entreprise  se  séparèrent  des  autres  héros, 
partant,  chacun  de  son  côté,  à  la  recherche  d'Héraclès. 
Car  ses  traces  avaient  été  effacées  par  les  vents  qui,  pendant 
la  nuit,  avaient  agité  le  sable.  Les  deux  fils  de  Borée  se 
précipitèrent,  confiants  dans  leurs  ailes,  et  Euphémos,  qui 


CHANT    QUATRIÈME  r85 

comptait  sur  ses  pieds  légers,  et  Lyncëe,  dont  les  yeux 
perçants  pénétraient  au  loin;  le  cinquième,  qui  partit  en 
même  temps  qu'eux,  était  Canthos.  La  volonté  des  dieux 
et  sa  valeur  le  poussaient  à  entreprendre  cette  course,  dans 
l'espoir  d'apprendre  sûrement  d'Héraclès  oti  il  avait  laissé 
l'Eilatide  Polyphémos  :  car  il  avait  à  cœur  de  s'enquérir  de 
tout  ce  qui  concernait  son  compagnon.  —  Mais  celui-ci, 
après  avoir  fondé  chez  les  Mysiens  une  ville  illustre,  était 
allé,  soucieux  du  retour  dans  sa  patrie,  au  loin  sur  le 
continent,  à  la  recherche  d'Argo.  Cependant,  il  arriva  au 
pays  des  Chalybes  voisins  de  la  mer,  et  c'est  là  que  la  Moire 
le  dompta.  Au  pied  d'un  haut  peuplier  blanc,  un  tombeau 
lui  a  été  élevé  en  face  et  non  loin  de  la  mer.  -r-  Or,  à  ce 
moment,  Héraclès,  seul,  apparaissait  à  Lyncée,  au  loin  dans 
la  plaine  sans  bornes;  il  lui  semblait  le  voir,  comme  au 
premier  jour  du  mois  on  aperçoit  la  lune,  ou  on  croit 
l'apercevoir  cachée  par  un  nuage.  Il  retourna  vers  ses 
compagnons  et  leur  dit  que  nul  parmi  ceux  qui  le  cher- 
chaient ne  pourrait  l'atteindre  en  marchant  à  sa  suite.  Ils 
revinrent  de  leur  côté,  Euphémos  aux  pieds  rapides,  et 
les  deux  fils  du  Thrace  Borée,  qui  avaient  fait  des  efforts 
inutiles. 

Mais  toi,  Canthos,  les  Kères  funestes  t'ont  pris  en  Libye. 
Tu  avais  rencontré  des  troupeaux  qui  paissaient;  le  berger 
qui  les  suivait,  défendant  ses  brebis  que  tu  voulais  mener 
à  tes  compagnons  qui  en  avaient  grand  besoin,  te  tua  d'un 
coup  de  pierre.  —  Ce  n'était  pas  un  adversaire  à  dédaigner, 
ce  berger,  Caphauros,  petit-fils  de  Phoibos  Lycoréios  et  de 
la  vénérable  Acacallis,  fille  de  Minos,  qu'autrefois  son  père 
avait  fait  partir  pour  la  Libye,  alors  que,  dans  son  sein 
appesanti,  elle  portait  l'enfant  d'un  dieu.  Elle  donna  à 
Phoibos  un  fils  illustre  qu'on  nomme  Amphithémis  ou 
Garamas.  Amphithémis  s'unit  plus  tard  à  la  nymphe 
Tritonis,  qui  lui  enfanta  Nasamon  et  le  robuste  Caphauros, 
celui  qui,  à  cause  de  ses  brebis,  tua  alors  Canthos.  —  Mais 
il  ne  put  échapper  aux  bras  terribles  des  héros  quand  ils 

24 


l86  LES     ARGONAUTIQUBS 

eurent  appris  ce  qu'il  avait  fait.  Les  Minyens  cherchèrent 
ensuite  le  cadavre  de  leur  compagnon,  le  prirent  et  l'ense- 
velirent dans  la  terre  :  et  c'est  en  pleurant  qu'ils  emmenèrent 
avec  eux  ceà  troupeaux. 
V.  ]Soa-i53<^-  C'est  là  aussi,  et  le  même  jour,  que  l'Ampycide  Mopsos 
fut  enlevé  par  un'  sort  impitoyable;  et  il  ne  put  éviter 
l'amère  destinée,  malgré  son  art  de  la  divination  :  car  il  n'y 
a  pas  de  moyen  de  détourner  la  mort.  Dans  le  sable,  évitant 
la  chaleur  du  milieu  du  jour,  se  tenait  couché  un  affreux 
serpent  :  peu  disposé  à  blesser  de  lui-même  le  passant 
inoffénsif,  il  ne  se  serait  pas  non  plus  élancé  sur  celui  qui, 
à  sa  vue,  aurait  pris  la  fuite.  Mais,  à  peine  aurait- il  jeté 
son  venin  noirâtre  sur  un  quelconque  des  êtres  vivants, 
aussi  nombreux  sont-ils  ceux  qui  vivent  nourris  par  la 
terre  fertile,  que  la  route  qui  conduit  vers  Adès  serait 
devenue  pour  cet  être  plus  courte  qu'une  coudée  ;  Paiéon 
lui-même,  s'il  m'est  permis  de  tout  dire  ouvertement,  eût-il 
donné  des  remèdes  à  celui  sur  lequel  se  seraient  seulement 
appliquées  les  dents  du  monstre.  En  effet,  lorsque  au-dessus 
de  la  Libye  volait  le  héros  égal  aux  dieux,  Persée-Eurymédon 
(c'est  de  ce  dernier  nom  que  sa  mère  l'appelait),  portant 
au  roi  la  tête  de  la  Gorgone  qu'il  venait  de  couper,  aussi 
nombreuses  tombèrent  sur  le  sol  les  gouttes  de  sang  noir, 
aussi  nombreux  grandirent  les  serpents  nés  de  chacune 
d'elle.  C'est  sur  l'extrémité  de  l'épine  du  dos  d'un  de  ces 
reptiles  que  Mopsos  en  marchant  appuya  la  plante  du  pred 
gauche  :  au  même  instant,  s'étant  roulé  par  suite  de  la 
douleur,  le  serpent,  mordant  la  chair,  entailla  le  gras  de 
la  jambe  et  le  péroné.  Aussitôt,  Médée  et  les  autres  femmes, 
ses  suivantes,  tremblèrent  d'effroi.  Mais  Mopsos  porta  à  sa 
sanglante  blessure  une  main  intrépide,  car  il  n'y  éprouvait 
pas  de  douleur  excessive,  le  malheureux  I  Et  déjà  son  corps 
était  pénétré  d'une  langueur  qui  lui  engourdissait  les 
membres;  un  nuage  épais  se  répandait  sur  ses  yeux. 
Bientôt,  il  laissa  tomber  sur  le  sol  ses  membres  appesantis, 
qui  se  refroidirent,  vaincus  par  un  mal  sans  remède  :  ses 


CHANT    QUATRIÈME  187 

compagnons,  et  avec  eux  le  héros  Jason,  se  rassemblaient 
autour  de  lui,  stupéfaits  de  cet  affreux  malheur.  Mais  le 
mort  ne  pouvait  rester  un  instant  de  plus  exposé  au  soleil^ 
car,  à  l'intérieur  du  corps,  le  venin  décomposait  les  chairs 
instantanément,  et  les  poils  tombaient  en  pourriture  de  la 
peau.  Ils  se  hâtèrent  de  creuser  aussitôt  avec  leurs  pioches 
d'airain  une  tombe  profonde;  ils  s'arrachèrent,  ainsi  que  les 
jeunes  filles,  une  partie  de  leur  chevelure,  en  pleurant  le 
mort  qui  avait  été  victime  d'un  sort  misérable.  Trois  fois, 
les  héros,  revêtus  de  leurs  armes,  tournèrent  autour  du 
cadavre,  lui  rendant  les  honneurs  funèbres,  comme  il 
convenait  :  ensuite,  ils  amoncelèrent  la  terre  pour  élever 
le  tombeau. 

Mais,  alors  qu'ils  se  furent  embarqués,  le  vent  du  sud  V.  1537-1637* 
soufflait  sur  la  mer;  ils  cherchèrent  par  conjecture  les 
passages  par  oti  il  fût  possible  de  sortir  du  lac  Triton;  mais, 
pendant  longtemps,  ils  n'eurent  aucun  dessein  arrêté  :  toute 
la  journée,  ils  se  laissaient  porter  cà  et  là,  au  hasard.  —  Tel 
un  serpent  va  son  chemin,  rampant  en  biais,  quand  l'éclat 
éblouissant  du  soleil  le  brûle;  il  tourne,  en  sifflant,  la  tête 
de  côté  et  d'autre,  et  les  yeux  de  l'animal  furieux  brillent, 
semblables  aux  étincelles  du  feu,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  pénétré 
dans  son  trou  par  quelque  crevasse  :  telle  Argo,  cherchant 
une  passe  du  lac  qui  fût  accessible  aux  navires,  alla  long- 
temps, dans  diverses  directions.  —  Mais,  tout  à  coup,  Orphée 
ordonna  que  l'on  tirât  du  navire  le  grand  trépied  d'Apollon 
pour  l'exposer  comme  offrande  aux  dieux  indigènes,  afin 
d'obtenir  un  retour  favorable.  Aussi,  ils  descendirent  à 
terre  et  y  établirent  le  don  de  Phoibos  :  semblable  à  un 
jeune  homme,  le  très  puissant  Triton  se  présenta  à  eux; 
élevant  dans  ses  mains  une  motte  de  terre,  il  l'offrit  aux 
héros  comme  présent  d'hospitalité  et  il  leur  dit  :  a  Recevez-la, 
mes  amis  :  car  je  n'ai  ici  pour  le  moment  aucun  magnifique 
présent  d'hospitalité  à  donner  à  ceux  qui  viennent.  Mais,  si 
vous  souhaitez  de  connaître  les  passes  de  cette  mer,  comme 
c'est  souvent  le  désir  ardent  des  hommes  qui  voyagent 


l88  LES    ARGONAUTIQUES 

dans  des  régions  étrangères,  je  vous  les  indiquerai  :  car, 
en  vérité,  mon  père  Poséidon  m*a  instruit  de  tout  ce  qui 
concerne  cette  mer.  Je  règne,  en  effet,  sur  cette  contrée 
maritime  :  peut-être,  alors  que  vous  étiez  loin  d'ici, 
avez-vous  entendu  parler  d'Eurypylos,  né  dans  la  Libye, 
nourricière  des  bétes  féroces.  » 

Il  parla  ainsi;  aussitôt,  Euphémos  s*empressa  de  tendre 
la  main  vers  la  motte  de  terre,  et  il  répondit  à  son  tour  en 
ces  termes:  «Si  l'Apide,  si  la  mer  de  Minos,  ô  héros,  te 
sont  par  hasard  connues,  réponds,  sans  nous  tromper,  à  nos 
questions.  Car  ce  n'est  pas  volontairement  que  nous  som* 
mes  arrivés  ici.  Jetés  par  les  tempêtes  qui  nous  accablaient 
sur  les  rivages  de  ce  pays,  nous  avons  élevé  sur  nos  épaules, 
et,  fatigués  sous  le  poids,  nous  avons  porté  notre  navire  à 
travers  le  continent  jusqu*aux  flots  de  ce  lac.  Et  nous  ne 
savons  de  quel  côté  entreprendre  notre  navigation  pour  aller 
à  la  terre  de  Pélops.  » 

Telles  furent  ses  paroles;  le  dieu  étendit  la  main  et  dési- 
gna, en  les  indiquant  par  ses  paroles,  la  mer  au  loin,  et  la 
passe  profonde  qui  conduisait  hors  du  lac  :  «  C'est  par  ici 
qu'on  pénètre  dans  la  mer,  à  Tendroit  oti  l'abîme  est  le  plus 
immobile  et  le  plus  sombre.  Des  deux  côtés,  de  blanches 
falaises  se  hérissent,  éclatantes  à  la  vue  ;  et,  encre  ces  falaises, 
est  une  route  étroite  pour  sortir  du  lac.  La  mer  que  vous 
apercevez  dans  le  brouillard  s'étend  jusqu'à  la  divine  terre 
de  Pélops,  au  delà  de  la  Crète;  une  fois  sortis  du  lac  et  jetés 
au  milieu  des  vagues  de  la  mer,  dirigez  votre  course  à  main 
droite  et  serrez  de  près  la  côte  jusqu'à  un  endroit  oti  vous  la 
verrez  s'avancer  vers  la  mer  :  en  ce  lieu  oîi  elle  se  recourbe 
de  part  et  d'autre  et  se  développe  dans  une  autre  direction, 
une  route  droite  et  sans  danger  s'étend  devant  vous  sur  la 
mier,  pourvu  que  vous  vous  éloigniez  de  l'angle  de  terre  qui 
fait  saillie.  Allez  donc,  joyeux,  et  que  vos  efforts  n'amènent 
aucune  fatigue  capable  de  lasser  vos  membres  ornés  des 
dons  de  la  jeunesse.  » 

C'est  ainsi  que  le  dieu  leur  donnait  des  avis  bienveillants; 


CHANT     QUATRIÈME  189 

aussitôt  ils  s'embarquèrent,  désireux  de  sortir  du  lac  à  la 
rame.  Ils  avançaient  pleins  d*ardeur;  cependant  ils  voyaient 
Triton,  qui  tenait  le  grand  trépied,  entrer  dans  le  lac;  mais 
bientôt  aucun  d'eux  ne  le  vit  plus,  car  il  disparut  tout 
à  coup  ainsi  que  le  trépied.  Leur  cœur  se  réjouit  :  ils 
comprenaient  qu'un  dieu  s'était  présenté  à  eux  pour  leur 
donner  un  bon  présage.  Alors  ils  demandèrent  à  1  Aisonide 
de  choisir  entre  toutes  la  plus  belle  des  brebis  et  de 
l'immoler  en  disant  des  paroles  pieuses,  qui  plaisent  aux 
dieux,  quand  il  la  tiendrait  dans  ses  mains.  Aussitôt,  le 
héros  se  hâta  de  choisir  une  brebis;  il  l'éleva  dans  ses  bras 
et  l'immola  à  la  poupe,  en  même  temps  qu'il  prononçait 
ces  prières:  «O  dieu,  quel  que  tu  sois,  toi  qui  nous  es 
apparu  aux  limites  de  ce  lac,  —  que  l'on  te  nomme  Triton, 
le  monstre  marin,  ou  Phorcys,  ou  que  tes  filles,  habitantes 
de  la  mer,  te  donnent  le  nom  de  Nérée,  —  sois -nous 
propice  et  accorde -nous  l'accomplissement  souhaité  du 
retour  I  » 

Pendant  qu'il  priait  ainsi,  il  égorgeait  la  brebis,  et,  du 
haut  de  la  poupe,  la  précipitait  dans  les  flots;  mais,  du 
milieu  de  l'abîme,  le  dieu  leur  apparut  tel  qu'il  devait  être 
vu  sous  sa  forme  véritable.  Ainsi,  quand  un  homme  lance 
un  cheval  rapide  dans  la  vaste  enceinte  de  la  carrière,  il 
tient  par  son  épaisse  crinière  l'animal  docile  et  l'entraîne  à 
la  course;  et  le  cheval,  superbe,  la  tête  haute,  le  suit;  des 
deux  côtés  de  sa  bouche  on  entend  craquer  le  frein  blanc 
d'écume  qu'il  mord.  C'est  ainsi  que,  s'attachant  à  la  quille 
d'Argo,  le  navire  aux  flancs  creux,  Triton  le  conduisait 
plus  avant  dans  la  mer.  A  partir  du  haut  de  la  tête  jusqu'au 
ventre,  dans  la  région  du  dos  et  au-dessus  des  hanches,  son 
corps  était  d'une  conformation  admirablement  pareille  à 
celle  du  corps  des  dieux  bienheureux;  mais,  au-dessous  de 
ses  flancs,  de  part  et  d'autre,  s'allongeaient  les  deux  extré- 
mités d'une  queue  traînante  de  baleine.  Il  fendait  la  surface 
de  la  mer,  au  moyen  des  arêtes  de  cette  queue  dont  .les 
extrémités  courbées  se  partageaient,  semblables  au  croissant 


igo  LES     ARGONAUTIQUES 

de  la  lune.  Le  dieu  conduisit  le  navire  jusqu^à  ce  qu*il  l'eût 
fait  entrer  dans  la  mer  oîi  il  devait  s'avancer  :  aussitôt 
après,  il  plongea  au  fond  des  vastes  abîmes,  et  les  héros 
poussèrent  de  grands  cris,  à  la  vue  de  ce  mon&tre  terrible 
qui  s'était  montré  à  leurs  yeux. 

En  cet  endroit  se  trouvent  des  souvenirs  du  passage  du 

navire,  un  port  nommé  Argoos  et   des   autels   élevés   à 

Poséidon  ainsi  qu'à  Triton.  Car  ils  durent  s*arréter  tout 

le  jour  :  mais  à  l'aurore  suivante  ils  s'avançaient,  la  voile 

déployée  au  souffle  du  Zéphyre,  ayant  à  leur  droite  une 

côte  déserte.  Le  lendemain  matin,  ils  virent  à  la  fois  l'angle 

de  la  côte  et  la  partie  la  plus  reculée  de  la  mer,  s'étendant 

au  delà  de  ce  coude  qui  fait  saillie  sur  les  flots.  Aussitôt 

le  Zéphyre  s'apaisa,  et  le  souffle  du  Notos,  qui  amasse 

au  ciel  des  nuages  blancs,  s'éleva  :  et  la  force  de  ce  vent 

réjouissait  leurs  cœurs.  Au  coucher  du  soleil,  quand  parut 

l'étoile  du  soir,  qui  ramène  les  troupeaux  à  la  bergerie  et 

qui  fait  cesser  le  travail  des  laboureurs  misérables,  alors, 

dans  la  nuit  noire,  le  vent  les  abandonna;  ils  détachèrent 

la  voile,  couchèrent  le  long  mât,  et  restèrent  courbés  sur 

leurs  rames  bien  polies  toute  la  nuit,  tout  le  jour  suivant,  et 

encore  la  nuit  qui  vint  après  ce  jour.  Au  loin,  la  rocailleuse 

Carpathos  les  accueillit  :  de  là,  ils  devaient  passer  dans  l'île 

de  Crète,  qui  surpasse  par  sa  grandeur  toutes  les  îles  de 

la  mer. 

V.  1638-1693.      Mais  un  géant  d'airain,  Talos,  qui  arrachait  pour  les  leur 

lancer  les  fragments  d'un  dur  rocher,  les  empêcha  de  fixer 

les  amarres  au  rivage  et  de  trouver  une  station  sûre  dans  le 

port  de  Dicté.  —  C'était,  parmi  les  héros  demi-dieux,  un 

survivant  de  cette  race  d'hommes  d'airain,  nés  des  frênes; 

le  Cronide  l'avait  donné  à  Europe  pour  qu'il  fût  le  gardien 

de  l'île  de  Crète  dont  ses  pieds  d'airain  faisaient  le  tour 

trois  fois  chaque  jour.  Son  corps  entier,  tous  ses  membres 

étaient  d'airain  indestructible;  mais,  sous  le  muscle  du  cou, 

il  avait  une  veine  pleine  de  sang,  qui  descendait  jusqu'à  la 

cheville  du  pied.   Dans  cette  mince  enveloppe  résidait  la 


CHANT     QUATRIÈME  191 

condition  essentîelk  de  la  vie  ou  de  la  mort.  —  Domptés  par 
le  malheur  qui  les  menaçait,  les  héros,  pleins  d'effroi, 
entraînaient  à  force  de  rames  le  navire  loin  de  la  terre.  C'est 
d'une  manière  affligeante  qu'ils  auraient  été  écartés  de  la 
Crète,  accablés  qu'ils  étaient  à  la  fois  de  soif  et  de  fatigues^ 
si  Médée  ne  leur  eût  parlé  ainsi,  alors  qu'ils  s'enfuyaient: 
«  Écoutez-moi  :  car  ^e  pense  que  seule  je  peux  vous  tuer  cet 
homme,  quel  qu*il  soit,  quoique  son  corps  soit  tout  d'airain; 
en  effet,  il  n'est  pas  doué  d'une  vie  éternelle.  Mais  veuilles 
bien  tenir  le  navire  hors  de  portée  de  ses  rochers  jusqu'à  ce 
que,  dompté,  il  m'ait  cédé.  » 

Elle  parla  ainsi;  les  rames  des  héros  tinrent  le  navire  à 
l'abri  des  pierres  qui  leur  étaient  lancées;  ils  attendaient 
l'exécution  du  projet  inattendu  de  Médée.  Mais  elle,  ayant 
relevé  et  fixé  de  part  et  d'autre  de  ses^  joues  les  plis  de  son 
voile  de  pourpre,  elle  monta  sur  le  tillac  :  lui  ayant  pris  la 
main  dans  la  sienne,  l'Aisonide  la  conduisait  pendant 
qu'elle  s'avançait  à  travers  les  bancs  des  rameurs.  Une  fois 
parvenue  au  tillacj  elle  charma  par  ses  chants  et  invoqua 
les  Kères,  qui  rongent  le  cœur  des  humains,  chiennes 
rapides  d'Adès,  qui,  du  milieu  des  brouillards  oti  elles 
tourbillonnent^  se  lancent  sur  les  vivants.  Les  adorant  à 
genoux,  elle  ^es  invoqua  trois  fois  en  chantant,  et  trois 
fois  en  leur  adressant  des  prières.  Pénétrée  de  leur  esprit 
funeste,  elle  fascina  de  ses  yeux  ennemis  les  yeux  de  Talos, 
le  géant  d'airain,  elle  l'étreignit  d'une  rage  pernicieuse  et 
fit  passer  devant  ses  yeux  d'affreuses  apparitions  :  car  sa 
colère  contre  lui  était  violente. 

O  père  Zeus,  un  grand  étonnement  trouble  mon  âme:  ce 
n'^st  donc  pas  seulement  par  des  maladies  ou  des  blessures 
que  la  mort  vient  vers  nous;  un  ennemi  peut  aussi  nous 
atteindre  de  loin!  C'est  ainsi  que  ce  géant,  quoique  son 
corps  fût  d'airain,  se  laissa  dompter  par  la  colère  de  Médée, 
savante  dans  les  poisons.  Alors  qu'il  soulevait  avec  peine 
de  lourdes  pierres,  pour  empêcher  les  héros  d'aborder  au 
port,  il  s'écorcha  à  la  cheville  sur  la  pointe  d'un  rocher: 


192  LES     ARGONAUTIQUES 

de  la  blessure  coulait  une  humeur  semblable  à  du  plomb 
fondu;  il  ne  put  pas  rester  longtemps  debout  sur  le  cap 
formé  par  la  falaise.  Mais,  tel  un  pin  immense,  qui  se 
dressait  sur  la  montagne  laissé  à  moitié  fendu  par  les 
haches  bien  affilées  des  bûcherons  qui  se  sont  retirés  de 
la  forêt,  est  d'abord  ébranlé  pendant  la  nuit  par  le  choc 
des  vents,  et  enfin,  déraciné  complètement,  s'écroule  :  ainsi, 
'  ce  géant,  après  s'être  tenu  droit  quelque  temps  sur  ses 
pieds  infatigables,  tomba  enfin  sans  force  avec  un  bruit 
immense.  Aussi  les  héros  purent-ils  passer  la  nuit  en 
Crète;  et  quand  Éos  apparut  ensuite,  ils  construisirent 
un  temple  à  Athéné  Minoïde,  puis  ils  firent  de  l'eau,  et 
s'embarquèrent  pour  doubler  à  la  rame  au  plus  vite  le 
cap  Salmonide. 
V.  1694-1730.  Mais,  dès  qu'ils  furent  en  route  sur  la  vaste  merde  Crète, 
la  nuit  les  effraya,  celle  qu'on  appelle  «  la  nuit  pleine  de 
dangers  affreux  »  ;  cette  nuit  funeste  n'était  traversée  ni  par 
les  astres,  ni  par  les  rayons  de  la  lun«.  Du  ciel  tombait  une 
profonde  obscurité,  et  il  s'élevait  d'épaisses  ténèbres  qui  se 
dégageaient  du  fond  des  abîmes.  Les  héros  ne  pouvaient 
même  plus  se  rendre  compte  s'ils  étaient  emportés  au  milieu 
des  régions  d'Adès  ou  sur  les  flots.  Ils  abandonnèrent  à  la 
mer  le  soin  de  leur  retour,  incapables  de  savoir  où  elle  les 
menait.  Alors  Jason  éleva  les  mains  et  invoqua  Pboibos  à 
grands  cris,  en  le  suppliant  de  les  sauver;  et,  dans  son 
angoisse,  ses  larmes  coulaient  :  il  promit  de  porter  en  grand 
nombre  des  présents  magnifiques  à  Pytho,  à  Amyclées,  à 
Ortygie.  * 

Certes,  tu  l'entendis,  ô  Létoïde,  et,  du  haut  du  ciel,  tu 
vins  en  hâte  vers  les  rochers  Mélantiens,  qui  sont  assis  dans 
la  mer;  te  plaçant  sur  l'un  de  ces  deuï  rochers,  tu  tins 
élevé  ton  arc  d'or  dans  ta  main  droite  :  et  l'arc  projeta  de 
toutes  parts  un  éclat  splendide.  En  même  temps,  au-dessus 
des  eaux  apparut  aux  yeux  des  héros  une  des  Sporades,  une 
île  peu  étendue  située  en  face  de  la  petite  île  Hippouris; 
ils  y  jetèrent  les  pierres  de  fond  et  y  abordèrent,  et  déjà  Éos, 


CHANT     QUATRIÈME  içS 

à  son  lever,  brillait.  Alors,  au  milieu  d'un  bois  ombreux, 
ils  tracèrent  pour  Apollon  une  magnifique  enceinte  sacrée, 
et  ils  élevèrent  un  autel  que  l'ombre  des  arbres  couvrait; 
ils  donnèrent  à  Phoibos  le  surnom  d'Aiglétès,  à  cause  de 
réclatante  lumière  qui  leur  avait  permis  d'y  voir,  et  ils 
appelèrent  Anaphé  cette  île  plate,  parce  que  le  dieu  la  leur 
avait  découverte  au  milieu  de  leurs  inquiétudes.  Ils  prépa- 
rèrent ensuite  toutes  les  cérémonies  sacrées  que  des  hommes 
peuvent  préparer  sur  un  rivage  désert.  Aussi,  en  les  voyant 
jeter,  comme  libations,  de  Teau  sur  des  charbons  ardents, 
les  suivantes  Phaiaciennes  de  Médée  ne  purent  plus  retenir 
leur  rire  dans  leur  poitrine,  car  elles  avaient  toujours  vu 
chez  Alcinoos  les  sacrifices  consister  dans  l'immolation  de 
bœufs  nombreux.  Les  héros  ripostaient  par  de  libres  paroles 
de  raillerie,  et  s'amusaient  de  leurs  moqueries.  Un  agréable 
échange  de  plaisanteries,  une  lutte  de  mots  piquants  s'en- 
gageait entre  elles  et  eux.  C'est  en  souvenir  de  ce  jeu 
des  héros  que  les  femmes  de  cette  île  font  assaut  de 
railleries  avec  les  hommes,  chaque  fois  qu'on  institue  des 
cérémonies  sacrées  en  l'honneur  d'Apollon  Aiglétès,  protec- 
teur d'Anaphé. 

Alors  que,  confiants  dans  la  sérénité  de  l'air,  ils  avaient  v.  i73i-i7^4- 
déjà  détaché  les  amarres,  Euphémos  se  souvint  d'un  songe 
qu'il  avait  eu  pendant  la  nuit  :  il  vénéra  le  fils  illustre  de 
Maia.  Car  il  lui  avait  semblé  qu'il  tenait  serrée  dans  ses 
bras,  contre  son  sein^  une  divine  motte  de  terre  qui  s'abreu- 
vait de  blanches  gouttes  de  lait;  de  cette  motte  de  terre, 
quoiqu'elle  fût  fort  petite,  sortait  une  femme  qui  paraissait 
être  une  vierge;  il  s'unit  à  elle  dans  les  embrassements  de 
l'amour,  possédé  par  une  irrésistible  passion  :  et  il  déplorait 
de  s'être  uni  avec  une  femme  qu'il  croyait  vierge  et  qu'il 
avait  nourrie  de  son  propre  lait,  quand  elle  lui  adressa  ces 
paroles  douces  comme  le  miel  :  «  Fille  de  Triton,  ô  mon 
ami,  et  nourrice  de  tes  enfants,  je  ne  suis  pas  une  vierge 
mortelle,  car  Triton  et  Libye  sont  mes  parents.  Mais 
confie-moi  aux  vierges,  filles  de  Nérée,  pour  que  j'habite  la 

25 


j 


194  LES     ARGONAUTIQUES 

mer  aux  environs  d'Anaphé;  et  j'apparaîtrai  plus  tard  à  la 
lumière  du  soleil,  prête  à  recevoir  tes  descendants.  » 

Son  esprit  se  rappela  ces  choses  :  il  les  raconta  à  T Aisonide. 
Celui-ci,  après  avoir  médité  dans  son  cœur  les  prédictions 
du  dieu  qui  lance  au  loin  les  traits,  les  comprit  et  s'écria  : 
tt  O  mon  ami,  certes,  une  grande,  une  brillante  gloire  t*est 
réservée.  Car,  lorsque  tu  auras  lancé  dans  la  mer  cette  motte 
de  terre,  les  dieux  en  feront  naître  une  ile  où  demeureront, 
jusqu'aux  derniers,  les  iils  de  tes  fils,  puisque  Triton  t'a 
offert  comme  présent  d'hospitalité  cette  motte  de  la  terre 
Libyenne.  Ce  n'est  pas  un  autre  des  immortels,  c'est  bien 
lui  qui,  s'étant  présenté  à  nous,  t'a  fait  ce  don.  » 

Il  parla  ainsi,  et  la  réponse  de  l'Aisonide  ne  resta  pas  vaine 
pour  Euphémos,  car,  heureux  de  cette  prédiction,  il  lança  au 
milieu  des  flots  la  motte  de  terre,  d'où  s'éleva  l'île  Callisté, 
nourrice  sacrée  des  fils  d'Euphémos.  —  Ceux-ci,  après  avoir 
habité  d'abord  pendant  quelque  temps  la  Sintéide  Lemnos, 
chassés  de  Lemnos  par  les  hommes  Tyrrhcniens,  vinrent  à 
Sparte  pour  y  établir  leur  foyer.  Mais  Théras,  iils  illustre 
d'Autésion,  leur  fit  quitter  Sparte  et  les  conduisit  dans  l'ile 
Callisté;  il  lui  fit  changer  de  nom,  et,  de  son  propre  nom 
de  Thcras,  il  la  nomma  Théra.  —  Mais  ces  événements 
arrivèrent  bien  après  le  temps  d'Euphémos. 
V.  1765-1772.  Partis  de  là  sans  retard,  après  avoir  laissé  derrière  eux  les 
vagues  innombrables  de  la  mer,  les  Argonautes  abordèrent 
sur  les  côtes  d'Aiginé.  Aussitôt,  descendus  pour  faire  de 
l'eau,  ils  engagèrent  une  lutte  sans  aigreur  à  qui  se  procu- 
rerait de  l'eau  le  premier  et  reviendrait  au  navire  avant  les 
autres  :  car  ils  avaient  deux  motifs  pour  se  hâter  :  le  besoin 
d'eau  et  la  force  du  vent.  —  De  là  vient  qu'aujourd'hui 
encore,  portant  sur  leurs  épaules  des  amphores  pleines,  les 
fils  des  Myrmidons  se  hâtent  dans  la  carrière  de  toute  la 
vitesse  de  leurs  pieds  légers  et  se  disputent  la  victoire. 

V.  1773-1782.      Soyez-moi  propices,  ô  fils  des  héros  bienheureux;  et  que, 
d'année  en  année,  ces  chants  semblent  aux  hommes  plus 


CHANT    QUATRIÈME  igS 

doux  à  chanter.  Car  j'arrive  déjà  au  lermc  glorieux  de  vos 
iruvaus.  Vous  n'avez  plus  eu  aucune  lutte  à  affronter  depuis 
que  vous  avez  pris  le  large,  après  avoir  quitté  Aiginé;  aucun 
ouragan  ne  s'est  opposé  à  voire  route  :  mais  c'est  au  milieu 
du  calme  que  vous  ave?:  arpenté  la  mer  le  long  de  lu  terre 
de  Cëcrops  et  devant  Aulis,  entre  la  côte  du  continent  et 
l'Eubée,  et  qu'ayant  dépassé  les  villes  Opountiennes  des 
Locriens,  vous  avez  abordé  avec  joie  sur  les  rivages  de 
Pagases. 


NOTES 


CHANT    PREMIER 

Vers  I .  —  On  n'a  pas  à  rappeler  ici  la  légende  de  la  Toison  d'or 
et  les  motifs  du  voyage  des  Argonautes.  Voir,  à  ce  propos,  les  détails 
donnés  par  M.  Decharroe  sur  l'expédition  des  Argonautes  (Mytho- 
logie de  la  Grèce  antique,  2*  édition,  Paris^  1886,  pages  606-614), 
et  le  chapitre  consacré  aux  Argonautiques  par  M.  Couat,  dans  son 
livre  sur  la  Poésie  alexandrine  (Paris,  1882,  livre  III,  chapitre  I*% 
pp.  294-326). 

V.  3.  Sur  Vordre  du  roi  Pélias.  —  Pélias  est  fils  de  Crétheus  et 
neveu  d*Athamas.  —  Âthamas  et  Crétheus  étaient  fils  d'Aiolos,  roi  des 
Minyens  d^Orchomène,  en  Béotie.  Âthamas,  qui  régnait  à  Orchomène, 
fut  père  de  Phrixos  et  d*Heilé,  qu'il  eut  de  la  déesse  Néphélé;  sa 
seconde  femme,  Ino,  dénaturant  la  réponse  de  Toracle,  qu*on  avait 
consulté  sur  les  moyens  de  faire  cesser  une  peste  qui  dévastait  le  pays 
d*Orchomène,  prétendit  qu'il  fallait  immoler  Phrixos  à  Zeus.  Ce  qui 
aurait  eu  Heu  si  Phrixos  et  Hellé  ne  s'étaient  échappés  sur  le  bélier  à 
la  toison  d*or,  doué  de  la  parole,  présent  d'Hermès  à  Néphélé.  Pendant 
le  voyage,  Hellé  tomba  dans  la  mer,  qui  prit  son  nom,  et  Phrixos 
arriva  en  Colchide,  chez  le  roi  Aiétès,  fils  d'Hélios  et  de  Perse,  frère 
de  Circé  et  de  Pasiphaé.  Phrixos  fit  présent  de  la  toison  d'or  au  roi 
Aiétès,  qui  lui  donna  en  mariage  sa  fille  Chalciopé.  Phrixos  resta  en 
Colchide.  —  Crétheus  fonda  la  ville  d'Iolcos,  sur  la  côte  méridionale 
de  la  Thessalie;  après  lui,  son  fils  Aison  occupa  le  trône,  qui  lui 
fut  bientôt  perfidement  enlevé  par  son  frère  Pélias.  Jason  est  le  fils 
d' Aison  et  le  neveu  de  Pélias. 

V.  3.  Les  roches  Cyanées.  —  (Cf.  Strabon,  édit.  Didot,  p.  265, 1.  35). 
Ce  sont  deux  petites  îles  à  l'entrée  du  détroit  du  Pont-Euxin  ;  l'une 
située  du  côté  de  l'Europe,  l'autre  de  celui  de  l'Asie,  distantes  l'une  de 
l'autre  de  vingt  stades  environ.  On  les  appelle  aussi  Symplégades; 
elles  rendent  difficile  la  navigation  dans  le  détroit  (cf.  Hérodote,  IV,  85  ; 
Pline  l'Ancien,  IV,  92  (»);  Pomponius  Mêla,  II,  7;  —  Ovide,  dans 
plusieurs  passages,  et,  en  particulier.  Met.,  XV,  v.  337,  où  il  rappelle 

(I)  Je  cite  r//»/oiW  Naturelle  de  Pline  d'après  Tédition  de  L.  Janus  (Leipzig,  2«  édit.» 
1870  et  années  suiv.). 


19^  NOTES 

que  ces  rochers,  mouvants  avant  le  passage  du  navire  Argo,  devinrent 
ensuite  stables).  —  Le  mot  xuâvsai  indique  la  couleur  bleu  foncé  de  ces 
roches.  —  Le  mot  <rjjxir>.r,ydt56ç  rappelle  qu'elles  s'entre-choquaient. 

V.  4.  Argo.  —  «  Apolloiiios  dit  que  le  nom  d'Argo  vient  d'Argos,  qui 
construisit  le  navire;  Phérécyde,  d'Argos,  fils  de  Phrixos  [tradition 
adoptée  par  Apollodore,  BiN.,  I,  9,  16  (')].  On  dit  qu*Argo  fut  le  pre- 
mier navire.  D'autres  prétendent  que  Danaos,  poursuivi  par  Aigyptos, 
construisit,  le  premier,  un  navire  qui,  de  son  nom,  s'appela  Danaïs.» 
(Scol.)  (*).  Argo  peut  aussi  venir  d'*ApY^Ç>  r^/7i<f^  (Decharme,  MytkoL, 
p.  Oio). —  D'après  Pindare  {Pyth.y  IV,  v.  184),  c'est  sous  l'inspiration 
■d'Héra,  protectrice  de  Jason  (cf.  Hom.,  Od,,  XII,  v.  72,  et  tout  le 
poème  d'Apollonios),  que  le  navire  est  construit.  —  «.Le  navire  Argo, 
muni  de  bancs  nombreux  de  rameurs  (Èu^uyov  'Apyw).  »  Le  sens  du  mot 
s'jJ^'jyoç  est  déterminé  par  le  Scol.  qui  lui  donne  pour  synonyme 
fiOxaèsSpo;,  qui  a  de  bons  ou  de  nombreux  sièges. 

V.  5.  Car  voici  /  orac/e...  (Toir,v  ydtp).  —  Dûbner  conjecture  OciV,v  «  un 
oracle  divin  ». 

V,  8.  Suivant  cet  oracle  véridique...  {txzT^^).  —  Les  manuscrits  ont  xer^v 
/ton  oracle),  mot  qui  n'a  pas  de  sens  ici,  puisque  le  poète  raconte  les 
faits  et  ne  s'adresse  pas  à  Pélias  :  d'ailleurs,  tuum  oraculum  pourrait-il 
signifier  oraculum  quod  tibi  latum  et  datum  est?  Cupcr,  qui  fait  cette 
remarque  [Observ.,  Lib.  III,  cap.  vu),  propose  aer^v  {suum  oraculum),  ou 
mieux,  6e^v  pour  Oei'tqv.  Brunck  approuve  et  adopte  cette  dernière  conjec- 
ture; Ruhnken  écrit  toirjv,  qui  se  trouve  dans  la  marge  de  certains 
mss.;  cette  leçon  est  adoptée  par  Wellauer,  Beck,  Lchrs,  etc.  Merkel 
cite  une  conjecture  de  Kœchly,  a-jT-^v,  et  écrit  lui-même  èTcr,v,  mot  qui 
donne  un  sens  satisfaisant. 

V.  9.  L'Anauros.  -  L'Anauros  est  un  torrent  de  Thessalie  qui  se  jette 
dans  le  golfe  de  Pagascs.  C'est  près  de  son  embouchure  que  Démétrios 
Poliorcète  construisit  une  ville  qu'il  appela,  de  son  nom,  Démétrias 
(cf.  Strabon,  373,3).  Lucain  cite  l'Anauros  dans  la  description  géogra- 
phique qu'il  fait  de  la  Thessalie,  au  moment  où  César  et  Pompée  vont 
s'y  rencontrer  {Pharsale,  VI,  v.  333-38o).  Il  dit  de  l'Anauros  (v.  369)  : 

Qutque  nec  humcnijs  ncbulas,  nec  rore  madcntem 
Aéra,  nec  tenues  vcntos  snspirat  Anauros. 

C'est  une  allusion  à  l'étymologie  possible  du  mot  "Avaupo;  (à  privatif, 
aupa,  brise),  sans  brise,  qui  n'exhale  aucun  soufile.  L'editio  minor  de 
Mcrkcl  porte  àva'jpov,  ce  qui  signifierait  «  un  torrent  ». 

V.  i3.  Au  pure  Poséidon.  —  Pcut-ûtre  faudrait-il  traduire  :  0  à  son 
père  Poséidon  »;  j'ai  dit  (note  au  v.  3)  que  Pélias  était  fils  de  Crélheus  : 
mais,  d'après  une  autre  tradition,  Tyro,  fille  de  Salmoneus,  après  avoir 
-eu  de  Poséidon  Nélée  et  Pélias,  épousa  Crétheus  et  lui  donna  Aison, 
Phérès  et  Amythaon  (Scol.  Odyss.,  XII,  v.  70).  Rien  dans  les  Argo- 

(')  Je  cite  Apollodore  d'aprôs  l'cdition  de  R.  Hcrclier,  Berlin,  1871. 

(-f)  Je  cite  toujours  les  Schtylia  l'ii  A^>llonii  Arj^imaulitu  ex  recensiont  Hcutki  Kctlii,  quî  se 
trouvent  A  l.i  suite  de  l'editio  m.iior  de  Merkel,  Leipzig,  1854.  —  (Malgré  rétymologie,  fccris 
suivant  l'us.ige  fr.inçAis,  sa-IidfU.  Voir  le  Dulioniiaire  de  Liltré.) 


NOTES  199 

nautiques  ne  prouve  qu^VpoUonios  se  soit  conformé  à  cette  tradition. 
Au  contraire,  il  est  question,  au  v.  263,  de  la  funeste  vieillesse  qui 
rend  Aison  incapable  de  tout  mouvement,  et  il  n'est  jamais  parlé,  dans- 
les  Argonautiques,  de  la  vieillesse  de  Pélias,  qui  semble  le  frère  cadet 
d*Aison,  et  qui  ne  doit  donc  pas  être  né  de  Poséidon  avant  le  mariage 
de  Tyro  avec  Crétheus. 

V.  14.  Héra  Pélasgienne.  —  Héra,  adorée  dans  les  lUXocvYtxà  iteôi'a 
(Strabon,  374,  29),  dans  la  Pélasgiotide,  région  de  la  Thessalie. 

V.  18.  Les  anciens  aèdes-  chantent..  (èictxXeioudiv).  —  Les  mss.  et  les- 
édit.  antérieures  à  celle  de  Brunck  ont  ïx\  xXetov^iv,  leçon  absurde,  dit 
ce  dernier,  qui  corrige  en  èicixXe{ou<Tiv,  correction  généralement  adoptée. 
Cf.  Wellauer  :  Veram  lectionem  reposuit  Brunck,,  quem  recte  secuti 
sunt  omnes,  Merkel,  qui  conservait  l'ancienne  leçon  dans  son  editia 
minor,  adopte  la  correction  de  Brunck  dans  l'editio  maior,  et  dit  en 
note  :  Brunckii  correctio  evitari  vix  passe  videtur. 

V.  23.  Orphée,  —  Ce  héros  est  trop  connu  pour  qu'il  soit  besoin 
d'en  parler;  je  me  borne  à  traduire  la  note  du  Scoliaste  :  a  Hérodorc 
dit  qu'il  y  a  deux  Orphée,  dont  Tun  suivit  Texpéditicn  des  Argonautes. 
Phérécyde,  dans  son  livre  VI,  dit  que  c'est  Philammon,  et  non  pas 
Orphée,  qui  navigua  avec  eux.  Orphée,  suivant  Asclépiade,  était  tils 
d'Apollon  et  de  Calliopé;  suivant  quelques  autres,  d'Oiagros  et  de 
Polymnia.  On  se  demande  pourquoi  Orphée,  qui  était  faible  de  corps, 
navigua  avec  les  héros.  C'est  qu'en  sa  qualité  de  devin,  Chiron  prédit 
qu'ils  pourraient  passer  sans  danger  devant  les  Sirènes,  si  Orphée 
était  avec  eux.  n  —  Philammon  était  un  célèbre  chanteur  de  Thracc» 
qui  aurait  institué  les  chœurs  de  danse  à  Delphes.  Cf.  Scol.  au  v.  432 
du  Ch.  XIX  de  VOdyssée. 

V.  23.  Les  hauteurs  de  Pimpléa.  —  Pimpléa,  bourg  de  Macédoine, 
près  de  la  ville  de  Dion,  au  pied  de  l'Olympe,  patrie  d'Orphée  (Stra- 
bon, 276,  40).  Ce  bourg  fut  consacré  aux  Muses;  ce  dont  les  poètes 
latins,  ceux  surtout  de  la  décadence  (cf.  Stace,  Silv.,  1,  iv,  v.  25;  Ausone, 
Epist,,  XIV,  v.  9;  Sidoine,  X,  v.  17,  etc.),  abusent,  pour  faire  de  perpé- 
tuelles allusions  aux  Muses,  déesses  de  la  source,  de  la  montagne  ou  de 
la  ville  de  Pimpléa.  Le  Scoliaste  constatait  déjà  cette  divergence  d'opinions 
sur  ce  que  pouvait  être  Pimpléa:  «Lieu  de  Picrie;  les  uns  croient 
que  c'est  une  montagne  de  Thrace,  les  autres  une  source  et  un  bourg 
de  Piérie.  d 

V.  29.  Zôné.  —  a  Région  montagneuse  et  ville  du  même  nom,  au 
dire  de  Nicandre.  »  (Scol.) —  Ville  citée  par  Pline  (IV,  43)  et  par  Pom- 
ponius  Mêla  (II,  2),  qui  rappelle  la  légende  rapportée  par  Apollonios  : 
((  Serrium,  et  quo  canentem  Orphea  secuta  narrantur  etiam  nemora. 
Zone,  » 

V.  3o.  Sont  venus,  s'avançant  à  sa  suite,  —  Le  texte  dit  :  s'avancent  à 
sa  suite.  Les  scoliesdu  ms.  de  Paris,  dans  l'explication  qu'elles  donnent 
de  ce  vers,  mettent  le  verbe  à  l'imparfait.  Merkel  admet  le  présent 
qu'il  explique  ainsi  :  «  <rcixiwffi  recte  habct  et  significat  'ordine  stani' 
A  rat.  SytjNicand,  Ther,  442,  ut  memini  etiam  cl.  Lobeckium  ntonere,  » 
Wellauer, dès  1828,  rejetait  à  la  fois  l'imparfait  des  scol.  du  ms.de  Paris, 
et  l'explication  du  présent  que  Merkel  devait  conserver  :   «  Ccterum 


200  NOTES 

(Tttx/>(i>ai  non  estf  ut  solet  h.  t.  verti,  stant  ex  ordine,  quod  ne  poiest 
quidem  significare,  sed,  ut  u bique  ordine  incedunt,  quodpoetica  Ucentia 
de  stante  arborum  série  dixit  Apollonius.  »  Je  crois  que  Wellauer  a 
raison  :  ne  voulant  pas  détruire  Timage  d'Apollonios,  mais  ne  pouvant, 
en  français,  conserver  toute  l'audace  que  lui  donne  remploi  du  présent, 
j'ai  dû  me  résigner  à  employer  un  passé  dans  la  traduction,  comme 
le  faisaient  les  scolies  de  Paris  dans  l'explication  de  ce  vers. 

V.  3i.  Les  hauteurs  du  Piéros.  —  a  Piéria,  mont  de  Thrace  où  vivait 
Orphée.  )>  (Scol.)  Du  mont  Piéros  vient  Fépithète  bien  connue  des 
Muses,  Piérides.  D'après  le  Scol.,  Hérodore  dit,  comme  Âpollonios, 
que  Chiron  conseilla  à  Jason  de  s'adjoindre  Orphée. 

V.  34.  La  Piérie  Bistonienne.  —  La  Piérie,  région  de  Macédoine  qui 
va  jusqu'au  fleuve  Axios  (Strabon,  275,  29).  Les  Bistoniens  étaient  des 
Thraces  qui  habitaient  au  sud  du  mont  Rhodope  (Strabon,  281,  5i); 
Bistonien  est  une  épithète  fréquente  d'Orphée. 

V.  35.  Astérion.  —  Ce  héros  est  mentionné  par  Valérius  Flaccus(») 
(l,  v.  355  sqq.): 

...  celer  Astérion  quem  matre  cadentem 
Piresius  gemiiio  lavit  pater  amne  Comètes, 
Segnior  Apidani  vires  ubi  sentit  Enipeus. 

V.  36,  38.  L'Apidanos,..,  VÉnipeus. —  «Ce  sont,  tous  les  deux,  des 
fleuves  de  Thessalie.»  (Scol.)  L'Apidanos,  après  avoir  reçu  TÉnipeus, 
se  jette  dans  le  Pénée  (Strabon,  371,  5;  3o6,  24).  Lucain  (VI,  v.  373) 
en  parle  dans  la  description  de  la  Thessalie,  à  laquelle  il  a  été  fiiit 
allusion  à  propos  de  TAnauros  (cf.  note  au  v.  9)  : 

it  gurgite  rapto 

Apidanos,  nunquamque  celer,  nisi  mixtus,  Hnipeus. 

Cf.  Ovide,  Met.,  I,  v.  579  : 

irreqaietus  Enipeus 

Apidanusque  sencx... 

V.  37.  Peirésies.  —  «  Nom  de  ville.  »  (Scol.)  —  Phylléios.  —  «  Mon- 
tagne de  Macédoine.  »  (Scol.) 

V.  40.  Larissa,  —  Le  Scoliaste  remarque  que  trois  villes  portent  ce 
nom  de  Larissa,  et  fait  observer  que  le  poète  parle  ici  de  Larissa,  ville  de 
Thessalie,  que  fonda  Acrisios,  et  qui,  au  dire  d'Hellanicos,  reçut  son  nom 
de  Larissa,  Allé  de  Pélasgos.  Strabon  distingue,  en  Thessalie,  Larissa 
Pélasgique  ou  Crémaste,  à  vingt  stades  du  golfe  Maliaque  (373,  38), 
Larissa,  voisine  du  Pénée  (376,  3o),  et  enfin  Larissa,  près  du  mont 
Ossa  (378,  20).  Comme  le  Scoliaste  nomme  Adtpiva  rupT(6vy)ç  celle  dont 
Apollonios  fiait  venir  TEilatide  Polyphémos,  et  que  la  ville  de  Gyrtone 
est  voisine  de  l'Ossa,  il  est  permis  de  supposer  qu'il  s'agit  ici  de 
Larissa  qui  est  près  du  mont  Ossa. 

(I)  Je  cite  Valérius  Flaccus  d'après  Tcdition  de  Thilo,  Halle,  1863. —  Pour  Astérion  et 
pour  tous  les  Argonautes,  voir  Burmann,  Catalogus  Argonautarum  ex  Argonauticis  (Valerii 
Flacci)  et  aliis  scriplotihus  coiUctm,  \  la  fin  du  tome  II  du  Valérius  Fhccns  de  l'édition  Lemairc. 


NOTES  201 

Polypbémos.  —  «  Âpollonios  dit  que  Polyphémos  est  fils  d'Élatos; 
Socrate,  au  contraire,  et  Euphorion,  disent  qu'il  est  fîls  de  Poséidon,  n 
(Scol.)  —  On  connaît  la  guerre  des  Centaures  et  des  Lapithes  (voir 
Decharfne,  MythoL,  p.  591  et  suiv.).  —  Le  Lapithe  Élatos,  père  de 
Polyphémos,  n'est  pas  le  même  que  celui  dont  le  Scoliaste  parle  au 
V.  102  :  a  Phérécyde,  au  1.  IX,  dit  qu'Élatos,  fils  d'Icarios,  épouse 
Érymédé,  fille  de  Daraasiclos;  de  lui  naît  Tainaros,  de  qui  se  nomment 
la  ville,  le  golfe  et  le  cap  de  Tainaron.  »  —  Au  v.  1 241,  le  Scoliaste 
ajoute  que  Polyphémos  avait  pour  femme  Laonomé,  sœur  d'Héraclès 
et  fille  d'Amphitryon  et  d'Alcmène. 

V.  45.  Phylacé,  —  Il  y  a  plusieurs  villes  de  ce  nom,  par  exemple, 
aux  confins  de  l'Argolide  et  de  la  Laconie  (Pausanias,  VIII,  54);  chez 
les  Molosses,  en  Épire  (Tite-Live,  XLV,  26,  etc.)-  Il  s'agit  ici  de  Phylacé 
en  Phthiotide  (Strabon,  371,  52),  ainsi  nommée  par  Phylacos,  père 
d'Iphiclos,  qui  la  fonda. 

«  Ni  Homère,  ni  Hésiode,  ni  Phérécyde  ne  disent  qu'Iphiclos  alla  avec 
les  Argonautes.  Mais  Phérécyde  est  d'accord  avec  Apollonios  pour  dire 
que  Jason  était  fils  d'Alcimédé.  Hérodore  lui  donne  pour  mère  Poly- 
phémé,  fille  d'Autolycos.  [Apollodore,  I,  g,  16,  dit  que  Jason  était  fils 
d'Aison,  fils  de  Crétheus  et  de  Polymédé,  fille  d'Autolycos.]  Andron, 
dans  VAbrégé  des  généalogies  communes,  dit  qu'il  éiait  fils  d'Aison 
et  de  Théognété,  fille  de  Laodicos.  Hésiode  dit  qu'Iphiclos  courait  sur 
les  épis  de  blé  [cf.  Hésiode-Didot,  fragment  CLXII];  Démarate,  qu'il 
courait  à  la  surface  de  la  mer.  C'est  le  fils  de  Phylacos  et  de  Clyméné, 
fille  de  Minyas.  »  (Scol.)—  Burmann,  dans  son  Catalogue  des  Argo* 
nautes,  donne,  sur  l'origine  d'Iphiclos,  des  indications  différentes  dues 
à  d'autres  auteurs,  et  remarque  qu'il  ne  faut  pas  le  confondre,  comme 
on  Ta  fait  souvent,  avec  un  autre  Iphiclos,  fils  de  Thestios,  Argonaute, 
lui  aussi,  qu'Apollonios  mentionne  au  v.  201. 

V.  49.  Phères.  —  a  Phèrcs  se  nomme  ainsi  de  Phérès,  fils  de  Cré- 
theus et  père  d'Admète;  le  mont  Chalcodonion  domine  Phères.  » 
(Scol.)  —  Phères  est  une  ville  de  la  Pélasgiotide,  voisine  de  Pagases 
(Strabon,  374,  28;  432,  8).  —  On  connaît  le  roi  de  Phères,  Admète, 
chez  qui  Apollon  fut  esclave,  et  qui  eut  pour  femme  Alceste,  Théroine 
de  la  tragédie  d'Euripide.  Comme  Iphiclos,  c'est  une  raison  de  parenté 
qui  le  poussait  à  venir  rejoindre  Jason.  On  a  vu  (note  au  v.  3)  que 
Jason,  fils  d'Aison,  est  petit-fils  de  Crétheus;  Crétheus,  père  de  Phérès, 
est  aussi  grand-père  d'Admète.  Les  deux  héros,  fils  de  deux  frères, 
sont  donc  cousins  germains  du  côté  paternel. 

V.  5i.  Alopé,  —  11  y  a  plusieurs  villes  de  ce  nom  dans  les  Locrides. 
Celle-ci  serait,  d'après  le  Scoliaste,  en  Thessalie  ou  en  Magnésie.  Stra- 
bon (371,  33)  dit  qu'on  se  demande  si  Alopé  ne  serait  pas  en  Locride, 
pays  jusqu'où  s'étendait  le  royaume  d'Achille,  plutôt  qu'en  Thessalie 
(cf.  aussi  366,  42  et  369,  5o,  où  il  cite  Y  Iliade,  II,  v.  682).  Mais  il 
semble  que  l'Âlopé,  dont  il  est  ici  question,  doit  être  une  ville  entre 
le  golfe  Maliaque  et  la  monugne,  en  Phthiotide  (Strabon,  366,  42). 

\,S^,  VAmphrysos,  —  Fleuve  de  Thessalie  (Strabon,  371,  49; 
374,  10),  auprès  duquel  Apollon,  le  pastor  ab  Amphryso  de  Virgile 
{Georg,,  III,  v.  2),  fit  paître  les  troupeaux  d'Admète. 


202  NOTES 

Aithalidès,  —  Le  Scoliaste  remarque  que,  maigre  sa  forme  de  patro- 
nymique, c'est  un  nom  propre.  —  Apollonios  met  en  premier  dans  sa 
liste  les  parents  et  alliés  de  Jason  :  ta  mère  d*Aithalidès,  Eupoléméia, 
est,  en  effet,  la  fille  de  Myrmidqn  et  de  Peisidicé,  sœur  de  Crétheus 
(cf.  Apollodore,  I,  7,  3).  Quant  à  Érytos  et  Échion,  le  Scoliaste  n'en  dit 
rien  ;  c'est  par  une  double  erreur  que  le  Dictionnaire  latin  de  Freund* 
Theil,  au  mot  Antianira,  dit  que  la  mère  d'Échion  et  d*Eurytus  était 
lille  de  Ménélas;  Apollonios  la  dit  fille  de  Ménétos. 

V.  57.  Gyrtone.  —  Ville  de  la  Pélasgiotide,  près  du  Renée  (cf.  Stra- 
bon,  377,  39,  etc.).  Le  Scoliaste  dit  que,  suivant  certains  auteurs,  ce 
n^est  pas  Coronos,  mais  son  père,  Caineus,  qui  accompagna  les  Argo- 
nautes.—  On  sait  que  Caineus,  fils  d'Élatos,  naquit  fille  et  devint 
garçon,  grâce  à  Poséidon.  Ses  aventures,  sa  lutte  contre  les  Centaures, 
sa  transformation  en  oiseau  sont  racontées  par  Ovide  {Met.,  VIII, 
V.  3o5  sqq.  ;  XII,  v.  189  sqq.,  v.  507  sqq.).  Diaprés  Virgile  (Aen.,  VI, 
V.  448),  il  redevint  fille  aux  enfers. 

V.  59.  Vivant  encore...  —  Wellauer  explique  bien  comment  Caineus 
descendit  vivant  encore  dans  la  demeure  des  morts  :  «  Caeneum  quam- 
quam  etiamtum  viventem  per  Centauros  periisse  tradunt  poetae,  quo 
exprimitur  idj  qitod  deinde  pluribus  enarratur,  Caeneum  a  Centauris 
non  inter/ectttm  esse,  sed  vivum  periisse,  » 

V.  65.  Mopsos.  —  «  C'est  le  fils  de  la  nymphe  Chloris  et  d'Ampycos, 
fils  lui-même  de  Titaron.  i»  (Scol.)  D'où  Tépithète  que  lui  donne  Lyco- 
phron,  v.  881  :  Tiratpci&yeio;.  Le  surnom  de  Titarésien  semble  venir,  non 
de  Titaron,  mais  du  fleuve  thessalien,  le  Titarésos,  voisin  de  TOlympe 
et  affluent  du  Pénée.  Strabon  (379,  11)  remarque  qu'il  ne  se  fait  pas  de 
mélange  entre  Teau  limpide  du  Pénée  et  Teau  chargée  du  Titarésos. 
Cf.  Lucain  ^VI,  v.  375)  : 

Solus,  in  alterius  ncHnen  cum  venerit  undae 
Défendit  Titaresus  aquas,  lapsusque  superne 
Gurgite  Penei  pro  siccis  utitur  arvis. 

On  connaît  les  vers  de  Musset,  dans  la  Nuit  de  mai: 

Et  le  front  chevelu  du  Pélion  changeant, 
Et  le  bleu  Titarèse 

V.  67.  Eurydamas.  —  l-e  Scoliaste  n'en  dit  rien;  Valérius  Flaccus  ne 
le  cite  pas  dans  son  catalogue.  Burmann  avoue  qu'il  n'a  pas  trouvé 
grand'chose  sur  son  compte.  Hygin  {FabuL,  14),  qui  semble,  pour  le 
reste,  sMnspirer  du  passage  d'ApoUonios,  le  dit  fils  d'Iros,  ce  qui  le 
ferait  frère  d'Eurytion  dont  le  poète  va  parler.  Ctiménos,  qu'Apollonios 
donne  pour  père  à  Eurydamas,  est  absolument  inconnu. 

Le  lac  Xynias.  —  «  Lac  deThessalie;  certains  nomment  ainsi  la  ville 
dont  est  voisin  le  lac  Bobéias.  Le  poète  a  nommé  ce  lac  Xynias,  à  cause 
de  la  ville  qui  en  est  voisine.  Ctiméné,  ville  de  Thessalie  ;  le  poète  appelle 
Dolopie  la  Thessalie,  car  les  Dolopes  sont  un  peuple  de  Thessalie.  » 
(Scol.)  Mais  la  Dolopie,  voisine  de  l'Épi re  et  de  TÉtolie,  est  bien  loin  de 
la  Magnésie  où  se  trouve  le  lac  Bobéias  (aujourd'hui  lac  de  Karla,  d'après 
C.  Mûllcr,  éditeur  du  Strabon-Didot).  Cela  n'a  pas  empâché  Vossius 


NOTES  2o3 

d'essayer  de  restituer  ainsi  un  des  vers  les  plus  illisibles  du  poème  LXIV 
de  Catulle  (v.  288  des  anciennes  éditions,  287  de  Tcdit.  L.  M<iller}  : 

Xyniasi  et  linquens  Doris  celebranda  choreis 
Boebiados... 

et  le  Dictionnaire  latin  de  Freund  et  Theil  de  traduire  le  mot  Xyniades 
par  •  nymphes  du  lac  Bobéis,  près  de  Xynia  ».  —  Strabon  ne  parle  pas 
de  Xynia,  lac  ou  ville,  pas  plus  que  de  Ctiméné. 

V.  69.  Opous,  —  «  Opous  est  une  ville  de  la  Locride  fondée  par 
Opous,  fils  d*Éléios.  »  (Scol.)  C*est  la  métropole  des  LocriensOpontiens 
(Strabon,  ^3 67,  8). 

V.  71.  Éry botes.  —  «  Hérodore,  dans  ses  Argonautiques,  Pappelle 
Eurybatès,  et  dit  qu'il  était  fils  de  Téléon.  Actor  eut  pour  fils  Ménoitios, 
père  de  Patrocle,  et  Iros,  père  d'Eurytion.  »  (Scol.)  Erybotès  n'est  guère 
connu  :  son  père  Téléon  n'est  pas  le  Téléon  père  de  Boutés  (cf.  le  Scol. 
au  V.  gS).  —  Eurytion  ne  doit  pas  être  confondu  avec  Erytos  (v.  52).  — 
Oileus,  roi  de  Locride,  eut,  de  sa  femme  Ériopis,  Ajax  qu'on  distingue, 
par  Tadditton  du  nom  de  son  père,  d*Ajax,  6Is  de  Télamon(//.,XIU, 
V.  697  ;  XV,  V.  336).  Il  eut,  de  sk  concubine  Rhéné,  Médon  (//.,  II,  v.727). 

V.  76.  —  Les  interprètes  ne  sont  pas  d'accord  sur  la  manœuvre  habile 
d'Oileus  dont  parle  Apollonios  :  est-ce  quand  Tennemi  fuit,  ou  quand 
ses  amis  commencent  à  lâcher  pied  qu'Oileus  attaque  les  ennemis  par 
derrière  i  II  semble  qu*il  y  a  peu  d'habileté  à  attaquer  par  derrière  un 
ennemi  qui  fuit.  Il  y  en  a  bien  plus  à  faire  diversion  sur  les  derrières 
d*un  adversaire,  au  moment  où  il  se  croit  vainqueur.  Burmann  (dans 
son  Catalogue,  au  mot  Oileus)  explique  à  peu  près  comme  je  le  fais  : 
n  Dotes  eius  praecipuas  fuisse  dolo  hostes  aggredi  a  ter  go,  si  inclinata 
esset  acies,  canit  Apollonius;  quodposset  intelligi  non  de  acie  hostium, 
sed  de  sua,  in  quapugnabat  Oileus,  quaecumfugeret,  ipse,  quasi  in  ter  go 
manus  haberet,  insequentes  hostes  poterat  impetere.  u 

V.  77.  Canthos.  —  «  Canthos  est  aussi  cité  par  Cléon.  Il  est  le  fils 
de  Canéthos,  qui  a  donné  son  nom  à  une  montagne  d'Eubée  [que 
Strabon,  384, 9,  mentionne,  en  effet,  comme  voisine  de  Chalcis] .  Celui-ci 
était  fîls  d'Abas,  à  cause  duquel  les  Eubéens  se  nomment  Abantes 
[origine  du  nom  des  Abantes  citée  par  Strabon,  382,  25].»  (Scol.) 

V.  82.  Il  n'est  pas  pour  les  hommes,..  —  Ce  vers  obscur  a  été  diver- 
sement interprété.  Le  Scoliaste  dit  :  «  Il  n*y  a  pas  de  malheur  si  grand 
qu'il  ne  puisse  arriver  à  l'homme.  »  —  Shaw  traduit  :  «  Adeo  non  licet 
hominibus  se  a  maximo  malo  (morte  sci licet)  eripere.  »  Beck  :  c  Sic  a 
nemine  longe  remotum  est  malum,  quin  iliud  subeant.  »  Lehrs  :  a  Nam 
non  hominibus  malum  longe  remotum  est  quin  incidant.  »  Wellauer 
explique  :  c  Nullum  est  malum  hominibus  adeo  in  longinquo  situm,  quin 
in  illud  incidere  possint.  »  Dûbner  n'explique  rien  ;  il  se  borne  à 
constater  judicieusement  :  «  Taie  epiphonema  praecipue  Alexandri- 
norum  est  et  Romanorum  eos  imitantium.  m 

V.  85.  Entre  son  lever  et  son  coucher.  —  «  Il  veut  dire  :  aussi  loin  du 
pays  des  Colchiens  que  les  endroits  où  le  soleil  se  couche  sont  loin  de 
ceux  où  il  se  lève.  Car  la  Libye  est  au  couchant,  et  la  Colchide  au 
levant.  »  (Scol.) 


204  NOTES 

V.  86.  Clytios  et  Iphitos,  —  De  ces  deux  fils  d'Antiopé,  l'un,  Clytios, 
est  omis  dans  le  Catalogue  de  Valérius  Flaccus.  Ils  avaient  pour  sœur 
lolé,  qu*Hcraclès  enleva;  le  Scoliaste  de  Sophocle  {Trachin.,  v.  335) 
dit  qu'Héraclès  furieux  arracha  à  Iphitos  son  arc  et  le  précipita  du 
haut  d'une  tour.  Le  père  de  ces  deux  Argonautes,  Eurytos,  ne  doit  pas 
être  confondu  avec  l'Argonaute  Erytos,  cité  au  v.  52.  D'après  une 
tradition,  ce  roi,  célèbre  par  son  adresse  à  l'arc,  avait  promis  sa  fille 
lolé  à  celui  qui  l'emporterait  sur  lui  dans  l'art  de  lancer  les  flèches. 
Vaincu  par  Héraclès,  il  lui  refusa  la  récompense  promise  et  fut  tué 
par  lui,  ainsi  que  ses  fils.  La  tradition  citée  par  Apollonios,  au  sujet 
des  rapports  d'Eurytos  avec  Apollon,  se  trouve  déjà  indiquée  dans 
VOdyssée  (VIII,  v.  224-228). 

Oichalié,  —  Il  s'agit  de  la  ville  d'Eubée,  dit  le  Scoliaste.  Le  passage 
d*Apollonios  montre  bien  qu'il  est  question  de  l'Oichalié  qu'Honàère 
(//.,  II,  V.  730)  appelait  la  ville  d'Eurytos.  Mais  Strabon  (376,  32)  fiiit 
remarquer  que  cette  ville  d'Eurytos  est  placée  soit  en  Thessalie,  soit 
eu  Eubée,  soit  en  Arcadie. 

V.  93.  Sans  le  vouloir  (à^paStT)).  —  ^it  par  imprudence,  soit  par 
suite  d'un  mauvais  dessein  (xaxÔ6o<jX£x),  dit  le  Scoliaste.  Ce  dernier 
sens,  qui  n*est  pas  donné  dans  les  dictionnaires  et  qui  ne  semble  pas 
venir  légitimement  de  à  privatif,  9pàCo|jiat,  aura  été  imaginé  par  le 
Scoliaste  pour  concilier  ce  que  dit  Apollonios  avec  la  tradition  com- 
mune, d'après  laquelle  Télamon  et  Pelée,  jaloux  de  leur  frère  Phocos, 
qui  l'emportait  sur  eux  dans  les  concours  gymniques,  voulurent  se 
débarrasser  de  lui  :  au  milieu  d'un  jeu,  l'un  des  deux  complices, 
Télamon  (suivant  Apollodore,  III,  12,  6),  ou  Pelée  (suivant  Diodore  de 
Sicile,  IV,  72;  Pausanias,  II,  29,  9;  X,  3o,  4),  lança  le  disque  à  la  tête 
de  Phocos  qui  mourut  sur  le  coup.  —  On  trouvera  pour  Télamon 
d'autres  renseignements  au  v.  1289.  —  Quant  à  Pelée,  la  légende  de 
son  mariage  avec  Thétis  est  trop  connue  pour  qu'on  y  revienne  ici. 
Il  y  a  cependant  un  détail  à  noter  :  au  moment  où  le  navire  Ârgo 
gagne  la  haute  mer,  Apollonios  montre  le  Centaure  qui  tend  le  petit 
Achille  à  son  père  (v.  558).  Or,  la  tradition  ordinaire,  celle  même  que 
suit  Catulle  dans  VÉpithalame,  donne  le  mariage  de  Pelée  comme 
postérieure  l'expédition  des  Argonautes;  Valérius  Flaccus  (I,  v.  255) 
a  suivi  son  modèle  grec  : 

lamque  aderat  summo  decurrens  vertice  Qiiron, 
ClamantcxnqQc  patri  procul  ostentabat  Achillen. 

A  iginé,  —  L'île  d'Égine,  située  dans  le  golfe  Saronique  entre  l'Attique 
et  l'Argolide.  Cf.  Strabon,  loa,  40;  372,  27. 

L'île  Attique,  —  C'est-à-dire  Salamine,  remarque  le  Scoliaste. 

La  Phthie,  —  Strabon  fait  observer  (370,  26  sqq.)  qu'Homère  (//.,  II, 
V.  683  ;  IX,  V.  395  et  498)  distingue  4»6{a  et  *£XXàc.  Mais  il  se  demande  si, 
dans  VIliade,  Phthie  est  une  ville  ou  un  pays.  Chez  les  poètes  romains, 
c'est  une  ville,  par  exemple,  dans  Virgile  {Aen.,  I,  v.  284)  : 

Cum  domas  Assaraci  Phthiam  clarasque  Mycenas 
Servitio  premet  ac  victis  dominabitur  Argis. 


NOTES  205 

Il  semble  qu'ici  Apollonios  désigne  la  Phthiotide,  c^est-à-dire  la 
Thessalie  méridionale. 

V.  95.  De  Cécropie,  —  De  TAttique,  dit  le  Scoliaste,  ainsi  nommée 
du  roi  Cécrops.  Cest  aussi  le  nom  d'une  des  douze  villes  d'Attique 
fondées  par  Cécrops  et  réunies  ensuite  par  Thésée  (Strabon,  341,  28). 
Catulle  (LXIV,  v.  79)  en  fiait  un  synonyme  d'Athènes. 

<i  Ce  Téléon,  père  de  Boutés,  est  un  autre  que  le  Téléon,  père  d'Ery- 
botès,  dont  il  a  été  déjà  parlé  [v.  71].  Quant  à  Alcon,  Proxène  le  dit  fils 
d'Érechtée;  il  dit  aussi  qu'il  s'enfuit  d'Attique  en  Eubce  avec  sa  fille 
Chalciopé,  et  que,  malgré  les  réclamations  de  son  père,  les  habitants 
de  Chalcis  ne  le  livrèrent  pas.  »  (Scol.)  —  A  propos  d'Alcon,  on  peut 
relever  cette  conjecture,  assurément  inattendue,  de  Burmann  :  dans  son 
catalogue  des  Argonautes,  le  commentateur  cite  le  vers  connu  de  Virgile 
{Ed.,  V,  V.  Il): 

Aut  Alconis  habes  laades,  aut  iurgia  Codri. 

Il  y  voit  matière  à  supposer  qu'Alcon  avait  accompli  quelque  action 
admirable,  digne  d'être  mise  en  parallèle  avec  le  dévouement  du  roi 
Codros.  —  Il  y  a  beaucoup  de  Boutés  dans  la  légende  grecque,  entre 
autres,  celui  dont  parle  Ovide  (Met.,  VII,  v.  5oo),  un  Troyen  et  un 
écuyer  d^Anchise  cités  par  Virgile  (Aen,,  XI,  v.  690;  IX,  v.  647),  et 
surtout  le  fameux  descendant  d'Amycos  {Aen,,  V,  v.  372)  : 

Victorem  Baten  immani  corpore  qui  se 
Bebrycia  venieas  Amyci  de  gente  ferebat. 

D'après  une  tradition  citée  par  Servius(cf.  le  v.  913  du  IV*  chant  des 
Argonautiques),  c'est  Boutés,  fils  de  Téléon,  qui  eut  d'Aphrodite  cet 
Éryx  dont  il  est  question  dans  ce  même  V*  chant  de  Y  Enéide  (v.  24). 
—  Phaléros  aurait,  d'après  Pausanias  (II,  i),  donné  son  nom  au  port 
de  Phaières  à  Athènes. 

V.  loi.  Mais  Thésée, .. —  L'amitié  de  Thésée  et  de  Peirithoos  et 
leurs  expéditions  faites  de  concert  sont  célèbres.  Il  semble  que  Thésée 
n'avait  pas  besoin  d'être  retenu  aux  enfers  pour  ne  pas  pouvoir 
prendre  part  à  l'expédition  des  Argonautes,  qui,  d'après  Apollonios  lui- 
même,  est  bien  postérieure  à  ses  exploits.  En  effet,  Jason  {Argon.,  III, 
V.  997)  racontera  à  Médée,  comme  un  fait  antique,  les  amours  de 
Thésiéeavec  Ariane;  et,  qui  plus  est,  Jason  est  aimé  d'Hypsipylé,  fille 
de  Thoas  {Argon,,  I,  v.  609  sqq.).  Or,  Thoas  est  le  fils  d'Ariane  et  de 
Dionysos  qui,  comme  on  sait,  succéda  à  Thésée  dans  le  cœur  de  la 
fille  de  Minos  et  de  Pasiphaé.  —  D'autre  part,  Apollodore  (I,  9,  16)  et  • 
Hygin  font  de  Thésée  un  Argonaute;  suivant  cette  tradition,  Stace 
{Theb.,  V,  V.  431)  le  montre  venant  rejoindre  les  héros  et  fait  dire  à 
Chiron  {AchilL,  I,  v.  i36)  qu'il  l'a  vu  aux  côtés  d'Héraclès  sur  le 
navire  Argo.  Plutarque  ne  dit  rien  de  semblable. 

V.  102.  La  terre  Tainarienne. —  On  plaçait  près  du  cap  Tainaros, 
en  Laconie,  une  des  portes  des  enfers;  d'où,  chez  les  poètes  latins,  la 
synonymie  de  Taenarius  et  dUnfernus  (Virg.,  Georg,,  IV,  v.  467;  Ovide, 
Met.,  X,  V.  i3,  etc.).  Claudien  va  jusqu'à  dire  Taenarius  currus  pour  le 
char  de  Pluton  {Rapt.  Proserp.,  l,  v.  2). 


2o6  NOTES 

V.  io5.  5t/^/?a.  —  «Siphai  est  une  ville  de  Béotie;  et  le  dème 
Siphaen  est  un  dème  des  Thespiens.  »  (Scol.)  Thespies  est  une  ville  de 
Béotie,  près  de  IHélicon.  (Cf.  Strabon,  35i,  36.) 

V.  io8.  //  était  habile,.,—  D'après  le  Scoliaste,  le  sens  est:  habile 
à  diriger  le  navire,  le  jour,  diaprés  le  soleil;  la  nuit,  d*après  quelqu'un 
des  astres.  Shaw  traduit  ex  sole  et  Stella;  Beck  et  Lehrs,  ex  sole  et 
sidère.  Je  traduis  par  la  Grande-Ourse,  suivant  une  observation  de 
Brunck  qui  se  fonde  sur  un  vers  d'Aratos  disant  que  les  hommes 
Achéens  guident  la  marche  de  leur  vaisseau  sur  la  Grande-Ourse.  Ce 
serait  là  ce  quelqu'un  des  astres  dont  parle  le  Scoliaste. 

ApoUonios  donne  à  Tiphys  toutes  les  connaissances  requises  d*un 
bon  xupcpvi^TQc.  Dans  VOdyssie  (V,  v.  271  et  suiv.),  Ulysse  se  bornait  à 
diriger  habilement  son  embarcation  en  se  guidant  sur  Tobsen'ation  des 
étoiles.  A  Tëpoque  classique,  on  demandait  davantage  au  pilote  :  «  C'est 
sur  les  connaissances  techniques  de  cet  ofiBcier  qu'insiste  Aristote 
{Rhe't.,  II,  21),  lorsqu'il  fait  ressortir  l'anomalie  qu'il  y  aurait  à  tirer 
au  sort  parmi  les  gens  du  bord  celui  qui  doit  diriger  le  navire,  au  lieu  de 
choisir  le  plus  capable.  Platon  cite  quelques-unes  de  ces  connaissances 
en  disant  :  Pour  mériter  réellement  de  commander  un  vaisseau,  il  faut 
savoir  tenir  compte  dfi  Vannée,  des  saisons,  du  ciel,  des  astres,  des  vents 
et  de  tout  ce  qui  intéresse  la  science  du  timonier,  {Rép,,  6,  p.  488.) 
C'était  en  effet  une  science  qui  portait  un  nom  spécial;  on  l'appelait 
r^  xupepvyiTtxinf  ^^  ^^  'u'  attribuait  une  grande  importance...  Et  Maxime 
de  Tyr  {Dissert.,  xxxi),  pour  résumer  les  principales  connaissances 
qu'elle  renferme,  nous  apprend  qu'elle  consiste  surtout  à  faire  la  route, 
à  tenir  compte  de  l'état  du  ciel  et  à  connaître  les  ports.  »  (Cartault,  La 
Trière  Athénienne,  p.  228,  Paris,  1881.) 

V.  1 1 1  - 1 14.  —  Je  mets  ces  vers  entre  crochets  comme  le  font  Wellauer 
et  Lehrs.  Wellauer  explique  ainsi  les  doutes  qu'il  a,  sinon  sur  l'authenti- 
cité de  ces  vers,  du  moins  sur  leur  opportunité  à  cette  place  :  «  Mirum  in 
hoc  et  tribus  qui  sequuntur  versibus  neminem  praeter  Beckium  offendisse, 
[Beck  dit  :  Quatuor  versus  videntur  hue  e  priore  editione  venisse] 
quum  eos  quam  ineptissime  hoc  loco  legi  quivis  intelligere  facile  possit. 
Facilius  tuleris,  si  supra  ante  v,  20  legerentur,  quamquam  et  illi  loco, 
ut  nunc  legitur,  parum  apti  forent.  Vero  igitur  simillimum  est,  in  priore 
recensione  poetam  de  navi  aediflcata  paulo  fusius  locutum  esse,  et  ex 
illa  enarratione  hos  quatuor  versus  superesse,  qui  deinde,  propter 
pronomen  «vtri,  quod  ad  praecedens  Minervae  nomen  referri  débet,  huic 
loco  assuti  sunt.  Hic  vero  eos  abesse  debere  vel  scholia  docent  quae  eos 
ne  verbo  quidem  tangunt.  Propterea  non  dubitavi  uncis  eos  includere,  d 
Les  scolies  ne  passent  pas  absolument  ces  vers  sous  silence,  puisque 
H.  Keil  donne  une  note,  d'ailleurs  additionnelle,  du  Scoliaste  concer- 
nant le  vers  112.  Mais,  que  les  vers  111-114  appartiennent  à  la 
première  édition,  ou  qu'ils  proviennent  d'une  interpolation,  ils  ne 
sont  évidemment  pas  à  leur  place  ici  ;  ils  semblent,  comme  Wellauer 
le  remarque,  amenés  par  le  nom  d'Athéné,  cité  incidemment  à  propos 
de  Tiphys.  D'ailleurs,  s'il  a  déjà  été  dit  (v.  19-20)  que  le  navire  a 
été  construit  par  Argos  sur  les  conseils  d'Athéné,  Argos  lui-même 
aura  plus  loin  (v.  226)  sa  place  dans  le  Catalogue  des  héros. 


NOTES  207 

V.  Il 3.  Phlias,  —  Ce  héros  n*est  pas  mentionné  dans  Apollodore; 
d'après  Burmann,  il  serait  le  âls  d'Ariane  et,  par  suite,  oncle  d'Hy psi py lé, 
tille  de  Thoas,  lequel  est,  comme  Phlias,  fils  de  Dionysos  et  d*Arianc> 
c  Araithyréa,  ville  du  Péloponèse,  maintenant  nommée  Phlious,  de 
Phlious,  tilsde  Dionysos  et  de  Chthonophylë,  située  près  des  frontières 
de  Sicyone.  Dionysos  s'appelle,  lui  aussi,  Phlious,  parce  que  le  vin 
coule  en  abondance  [9>iîv,  0  etrxiv  eOOy)vetv].  »  (Scol.)  Pausanias  (II,  12) 
attribue  la  fondation  de  cette  ville  à  Phlias,  fils  de  Dionysos  et 
d'Araithyréa.  Apollonios  cite,  sans  doute,  Phlias,  parce  qu'il  voit  en 
lui  le  fondateur  de  Phlionte  (ou  Phlious).  Araithyréa  est  citéj  dans  le 
Catalogue  des  navires  (//.,  II,  v.  571)  parmi  les  villes  d'Agamemnon 
(cf.  Strabon,  828,  24). —  Dûbner  fait  observer  que  Phlias  était  riche 
ob  vint  cultum,  —  L'Asopos,  fleuve  de  Sicyonie,  prend  sa  source  au 
mont  Caméatès,  passe  devant  Sicyone  et  se  jette  dans  le  golfe  de 
Corinihe  (Strabon,  328,  29).  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  les 
fleuves  du  même  nom  qui  coulent  dans  l'île  de  Paros  (Strabon» 
328,  34),  et  dans  la  Phthiotide  (Strabon,  326,  7),  et  surtout  avec 
TAsopos,  fleuve  de  Béotie,  qui,  personnifié,  est  père  d'Aiginé,  la  mère 
d'Aiacos.  Le  Scoliaste  fait  cette  confusion  :  «  L'Asopos,  dit-il,  fleuve 
thébain,  qui  a  ses  sources  à  Araithyréa.  Il  fut  foudroyé  par  Zeus^ 
ravisseur  de  sa  fille,  qu'il  poursuivait,  selon  ce  que  dit  Callimaque.  u 
(Cf.  Hymne  à  Délos,  v.  77.)  Ibycos  affirmait  bien,  au  dire  de  Strabon 
(225,  46),  que  l'Asopos,  qui  coule  à  Sicyone,  venait  de  Phrygie! 

V.  118.  D'Argos.  —  Il  s'agit  du  pays  et  non  de  la  ville,  dit  le  Scoliaste. 
—  Il  semblerait  que  Talaos,  Aréios  et  Léodocos  ont  tous  trois  Péro  pour 
mère,  mais  que,  seuls,  les  deux  premiers  sont  fils  de  Bias.  Apollodore 
(1,9,  i3)dit  que  Talaos  est  fils  de  Bias  et  de  Péro,  et  énumère  les  enfants 
qu'il  eut  de  Lysimaché,  mais  il  ne  parle  pas  des  frères  de  Talaos.  Ces 
trois  héros  sont  d'ailleurs  peu  connus;  ils  étaient  parents  assez  proches 
de  Jason  :  en  eflet,  Aiolos,  comme  on  l*a  déjà  dit  (note  au  v.  3),  eut  pour 
fils  Crétheus  et  Athamas;  Crétheus,  Aison  et  Amythaon;  Aison,  Jason; 
Amythaon,  Bias  et  Mélampous.  Jason  est  donc  cousin  germain  de  Bias, 
père  des  héros.  Properce  (II,  m,  v.  3i;  édit.  Mûller  II,  iv,  v.  7)  fait 
allusion  à  Faventure  de  Mélampous,  racontée  au  long  par  Apollodore 
(I,  9,  11  sqq.). 

Nélée,  père  de  Nestor,  avait  pour  fille  Péro,  que,  par  haine  pour 
Iphiclos,  il  avait  juré  de  ne  donner  qu'au  héros  capable  de  voler  les 
bœufs  de  cet  Iphiclos  (d'après  Apollodore,  I,  9,  12,  cet  Iphiclos,  qui 
aurait  eu  son  étable  à  Phylacé,  serait  le  même  qu'Iphiclos  de  Phylacé, 
parent  de  Jason  et  Argonaute,  cité  par  Apollonios,  v.  45).  Bias  aimait 
Péro  :  pour  être  agréable  à  son  frère,  le  devin  Mélampous  entreprit  ce 
vol.  Surpris  par  Iphiclos,  il  fut  enfermé  dans  Tétable.  Mais  Iphiclos 
était  stérile;  le  devin  lui  enseigna  le  moyen  d'avoir  des  enfants;  par 
reconnaissance,  Iphiclos  lui  rendit  la  liberté  et  lui  donna  ses  bœufs. 
Nélée  accorda  alors  à  Bias  sa  hlle  Péro  (cf.  Odyssée^  XI,  v.  286  sqq.; 
Pausanias,  IV,  36). 

V.  122.  —  Le  travail  d'Héraclès,  auquel  Apollonios  fait  ici  allusion, 
est  bien  connu  (cf.  Decharme,  Afythol.,  p.  32o).  Aristote  {Politique, 
III,  i3)  dit  qu'il  ne  voulut  pas  accepter  Jason  pour  chef  et  qu'il  se 


2o8  NOTES 

retira  de  l'expédition.  Apollon ios  suit  la  tradition  commune.  Hylas  est 
bien  connu  :  Cui  non  dictus  Hytas?  La  suite  du  poème  raconte 
d*aiUeur8  son  origine  et  son  enlèvement  par  les  Nymphes. 

V.  125.  Argos  Lyrcéienne.  —  Le  Scoliaste,  qui  lit  Auyxi^iov  {leçon  du 
Guelferbytanus  et  du  Laurentianus),  dit  que  ce  nom  d'Argos  Lyncéienne 
vient  de  Lyncée,  roi  d^ Argos  (qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  l'Argo- 
naute cité  au  V.  i3i,  ni  avec  le  fils  d'Aigyptos  que  sa  femme  Hyperm- 
nestra,  seule  des  Danaldes,  sauva  de  la  mort;  cf.  Apollodore,  II,  i,  3).  Si 
on  lit  Avpxr,iov,  il  admet  que  Torigine  de  cette  épithète  est  une  montagne 
argienne  où  Tlnachos  a  sa  source.  L*Inachos,  qui  passe  à  Argos,  sort  en 
eflët  du  Lyre  ios,  montagne  qui  sert  de  frontière  entre  l'Argolide  et 
i*Arcadie  (cf.  Strabon,  3i8,  25;  323,  41). 

Brunck  soutient  la  leçon  des  mss.  avec  plus  de  vivacité  que  de  bonnes 
raisons  :  c  Sic  codices  omnes,  bene.  Argos  Lyncelum  dicitur  a  Lynceo 
Danaï  genero,  qui  post  socerum  ibi  regnavit.  Notus  quidem  ille  satis  et 
abunde,,.  Ridiculum  esset  celebrem  urbem,  regionis  caput  ab  ignobili 
oppiduîo  cognominari.  Si  quis  vero  Lyncei  filiusfuit  Lyrcius,  cujus  rti 
fi  des  pênes  Hesychium  esto,  quem  vide  in  Aupxfou  «tjjiov,  a^eo -4rgri 
denominarinonpotuerunt,  quum  ibi  ille  nunquam  regnaverit.  Successores 
habuit  Lynceus  nepotes  ex  Abantefilio  A  crisium  et  Prœtum.it  Vignobile 
oppidulum,  auquel  Brunck  fait  allusion,  est,  sans  doute,  le  bourg  de 
Lyrccion  en  Argolide  (Strabon,  364,  21);  mais  ce  n'est  pas  de  cette 
ville,  c'est,  on  Fa  déjà  vu,  du  mont  Lyrcios  que  vient  le  surnom  d'Argos. 
Dûbner  l'affirme  et  le  prouve  à  l'aide  d'une  citation  de  Valérius  Flaccus  : 
«  Omnino  legendum  Aupxf^iov  ob  montent  ibi  situm;  sic  apud  Valerium 
Flaccum,  IV,  v.  355,  Lyrceia  tellus.» 

V.  1 27.  Lampéia, , .  Erymanthos,  —  Le  Lampéia  est  un  mont  d'Arcadie 
(Strabon,  293,  37),  où  prend  sa  source  l'Érymanthos  qui  se  jette  dans 
l'AIphée  (Strabon,  295,  12;  3o6,  5o).  L'Érymanthos  est  aussi  le  nom 
d'un  massif  montagneux  d'Arcadie  dont  le  Lampéia  ne  serait  qu'une 
partie,  et  où  Héraclès  tua  le  sanglier  (Apollodore,  II,  5,  4). 

V.  i3o.  Sans  l'ordre.  —  Je  traduis  suivant  l'interprétation  de  Dûbner, 
injussu. 

V.  1 34.  —  «  Nauplios,  fils  de  Poséidon  ctd'Amymoné,  fille  de  Danaos. 
Celui-ci  descend  de  l'ancien  Nauplios.  Le  poète  parle  du  Proitos, 
ennemi  de  Bellérophon,  et  mari  d'Antéia  [plus  connue  sous  le  nom  de 
Sthénébée].  M  (Scol.)  Le  texte  d'Apollonios  ne  permet  pas  de  douter 
qu'il  ne  s'agisse  ici  du  jeune  Nauplios,  fils  de  Clytonéos,  comme  dit  le 
poète  en  termes  précis.  Burmann,  qui  consacre  à  Nauplios  une  longue 
notice,  veut  que  l'Argonaute  soit  le  Nauplios,  fils  de  Poséidon  et 
d'Amymoné.  Properce  parle  en  deux  endroits  (IV,  i,  v.  1 15,  édit.  Mûller 
V,  r,  V.  ii5;  III,  vu,  v.  39,  édit.  Mûller,  IV,  vi,  v.  39)  d'un  Nauplios, 
fils  de  Poséidon,  roi  d'Eubée  et  père  du  fameux  Palamède  (Apollodore, 
II,  r,  5,  i3;  III,  2,  2),  que  les  manœuvres  déloyales  d'Ulysse  firent  tUer 
devant  Troie.  Pour  se  venger  de  cette  trahison,  Nauplios  attira  par 
de  faux  signaux,  sur  le  roc  de  Opharéa,  les  Achéens  qui  retournaient 
dans  leur  patrie,  et  causa  ainsi  leur  naufrage.  Le  père  de  Palamède  ne 
semble  pas  être  le  même  que  le  père  de  Proitos,  mais  un  homonyme. 
Apollonios  ne  fait  aucune  allusion  à  Palamède  :  Nauplios  né  de  Poséidon 


NOTES  209 

et  d*Atnymoné  a  pour  lîls  Proitos;  Proitos  a  pour  fils  Lernos;  Lernos, 
Naubolos;  Naubolos,  Clytonéos;  et  Clytonéos  est  le  père  de  Nauplios 
TArgonaute.  Le  Nauplios,  père  de  Palamède,  était  roi  d'£ubée;  le 
Nauplios,  père  de  Proitos,  passe  pour  le  fondateur  de  Nauplia,  port 
de  TArgolide  (Strabon,  3i5,  46;  3 16,  48):  il  devait  donc  régner  en 
Argolide  et  non  en  Eubée.  C'est  d'Argos,  en  efi'et,  que  vient  le  jeune 
Nauplios. 

V.  1 39.  —  a  Chamailéon  dit  que  les  anciens  donnaient  à  Thestor  le 
nom  d'Idmon  à  cause  de  sa  science  [fô(ui)vde  olda].  D'autres  disent  aussi 
que  Thestor  navigua  avec  les  Argonautes;  Déilochos  dit  qu'Amphiaraos 
les  suivit.  Mais  Idmon,  à  ce  que  raconte  Phérécyde,  était  fils  d'Astéria, 
fille  de  Coronos,  et  d*Apollon;  et  Thestor,  d'Idmon  et  de  Laothoc;  et 
Calchas,  de  Thestor.  Idmon  fut  tué  chez  les  Mariandyniens  par  un 
sanglier.  Hérodore  le  dit  fils  d*Abas.  »  (Scol.)  Si  Idmon  était  fils  d'Abas, 
il  était  parent  de  Jason,  puisque  Abas  était  fils  de  Mélampous  dont  il  a 
déjà  été  parlé.  Apollonios  (II,  v.  8i5-85o)  raconte  cette  mort  d*Idmon 
chez  les  Mariandyniens,  peuple  de  Bithynie. 

V.  141.  Craignant  que  le  peuple  ne  traitât  avec  mépris  sa  bonne 
renommée,  —  Wellauer  explique  :  «  Ne  populus  ipsi  propter  gloriam 
deficientem  indignaretur,  » 

V.  146.  L'Étolienne  Léda. —  «Il  l'appelle  naturellement  Étolienne, 
puisque  Thestios  était  Étolien.  [On  sait  que  Léda  avait  pour  père 
Thestios,  fils  d^Arès,  cf.  ApoUodore,  III,  10,  5.]  U  la  désigne  par  le 
nom  de  son  pays,  comme  on  désignerait  un  Syracusain  par  le  nom  de 
Sicilien,  ou  un  Romain  par  le  nom  d'Italien.  Ibycos  la  nomme 
Pleuronia  [petite-fille  de  Pleurôn  qui  donna  son  nom  à  une  ville 
d'Étolie,  voisine  de  Calydon,cf.  Strabon,  395,^4];  Hellanicos  la  nomme 
Calydonia  [descendante  de  Calydon,  roi  d'Etolie,  ou  née  à  Calydon, 
ville  fondée  par  ce  roi?].. Elle  était  fille  de  Thestios,  roi  d'Étolie,  fils 
d'Ares  et  de  Démodicé.  On  dit  que  sa  mère  était  Déidamcia.  »  (Scol.) 
Le  Scoliaste  rapporte  aussi  d'autres  traditions  sur  l'origine  de  I^a  : 
mais  celle-là  est  la  plus  communément  admise.  Castor  et  PoUux  sont 
trop  connus  pour  qu'il  faille  ici  en  parler  davantage.  Apollonios  donne 
à  entendre  qu'ils  sont  fils  de  Zeus.  Dans  VOdyssée  (XI,  v.  298-305), 
ils  sont  fils  de  Tyndare.  Dans  Pindare,  Léda,  unie  la  même  nuit 
à  Zeus  et  à  Tyndare,  a  Pollux  du  dieu  et,  de  son  mari,  Castor 
(Néméennes,  X,  v.  80).  Plus  tard  les  deux  frères,  surnommés  les 
Dioscures,sont  regardés  tous  deux  comme  fils  de  Zeus  (Théocrite,  XXII, 
V.  1),  comme  ils  l'étaient  déjà,  d'ailleurs,  dans  l'Hymne  homérique  qui 
leur  est  consacré. 

V.  i52.  Aréné,  —  «Ville  du  Péloponèse  près  de  Pylos.  »  (Scol.)  Le 
Catalogue  des  vaisseaux  la  cite  en  même  temps  que  Pylos  {IL,  II, 
V.  591).  Strabon  (297,  53)  hésite  sur  sa  position.  —  Pylos  est  la  patrie 
de  Nestor,  bien  connue,  grâce  à  Homère.  —  Aphareus  (le  Dictionnaire 
latin  de  Freund  et  Theil  parle  de  ses  filles  Lynée  et  Idas?),  fils  de 
Périérès,  était  frère  de  Leucippos  et,  suivant  certaines  traditions,  de 
Tyndare,  d'Icarios,  d'Hippocoon,  tous  héros  de  Messénie  et  de  Laconie. 
Hippocoon  fut  tué  par  Héraclès;  Icarios  eut  pour  fille  Pénélope;  Tyn- 
dare fut  l'époux  de  Léda;  Leucippos  eut  deux  filles  qui  furent  enlevées 

37 


2IO  NOTES 

par  Castor  et  PoHux,  et  Aphareus  eut  ces  deux  fils,  Idas  et  Lyticée, 
qui  c  composent  une  paire  fraternelle  qui  a  peut-être  la  même  origine 
que  celle  de  Castor  et  Pollux»  (Decharme,  MythoL,  p.  633).  Mais 
une  longue  inimitié  devait  régner  entre  ces  deux  couples  de  héros 
et  avoir  un  dénouement  fatal  pour  les  deux  fils  d'Aphareus.  Lyncée 
fut  tué  par  Pollux,  et  Idas,  consumé  par  la  foudre  de  Zeus,  pour  avoir 
tué  Castor  (ApoUodorc,  III,  1 1 ,  i  ).  Le  rôle  de  Lyncée  est  assez  efiacé  dans 
les  Argonautiques  ;  quant  au  «  violent  Idas  »,  son  caractère  tranche  sur 
la  politesse  commune  des  autres  héros.  Apollonios  le  montre  toujours 
colère  et  insolent.  —  «  La  mère  de  ces  deux  héros,  dit  le  Scoliaste,  est, 
d'après  Phérécyde,  Aréné,  qui  donna  son  nom  à  la  ville;  diaprés  Pisandre, 
Polydora  ;  d'après  Théocritc,  Laocoosa.  Les  deux  frères  furent  rivaux  des 
Dioscures.  »  Apollodore  (III,  lo,  3)  leur  donne,  comme  Phérécyde,  pour 
mère  Aréné,  tîlle  d*Oibalos.  —  Wellauer  insiste  sur  le  commencement 
du  V.  1 5 1  :  Ot  t'  * A^apvrnadat.  v^Ùià*  ex  conjectura  dédit  Beck.,  quia  in 
hac  heroum  enumeratione  semper  d£  transitui  inservit,  nunquam  xc.  Sed 
in  omnium  librorum  consensu  nihil  hic  mutandum  est,  quum  pœta  hos 
Apharetiadas  arctius  cum  praecedentibus  Dioscuris  jungere  voluisse 
videatur,  par  fratrum  cum  pari,  Simile  quid  innuere  videtur  Scho!,, 
cujus  haec  sunt  verba  :  outoi  Sa  (rjvr,xpt.a<Tav  toTc  Tuv^op^dsiç.  > 

V.  1 56.  —  Poséidon,  père  de  Nélée,  suivant  le  Scoliaste,  était  par  suite 
le  grand-père  de  Périclyménos.  D'après  la  IV*  Pythique  de  Pindare, 
M.  Decharme  voit  dans  Périclyménos  un  tils  de  Poséidon  {Mythol., 
p.  609].  Apollodore  (1, 9,  9)  cite,  entre  autres  fîls  de  Nélée  et  de  Chloris, 
Nestor  et  Périclyménos  :  celui-ci  avait,  dit-il,  reçu  de  Poséidon  le 
pouvoir  de  se  transformer.  Il  cite,  il  est  vrai,  un  autre  Périclyménos, 
lîls  de  Poséidon  (III,  6,  8).  Un  fragment  d'Hésiode  (édit.  Didot, 
n*  XXX),  cité  par  le  Scoliaste,  dit  que,  grâce  à  Poséidon,  Périclyménos 
pouvait  se  changer  en  aigle,  en  fourmi,  en  abeille,  en  serpent,  mais 
que  la  volonté  d'Athéné  le  fit  s'abuser  sur  le  pouvoir  de  ces  transfor- 
mations. Il  fut  en  effet  vaincu  par  Héraclès,  quoiqu'il  eût  pris  dans 
la  lutte  la  forme  d'un  lion,  puis  celles  d'un  serpent  et  d'une  abeille 
(Apollodore,  I,  9,  9,  et  II,  7,  3).  Cette  lutte  est  racontée  par  Ovide 
[Met.,  XII,  v.  556,  sqq.). 

V.  i58.  Du  divin  Nélée.  —  Quiafilius  est  Neptuni,  dit  Dûbner. 

V.  162.  L'héritage,  —  «  L'héritage  veut  dire  le  royaume  d'Aphéidas. 
Car  on  dit  qu'AIéos  est  le  fils  d'Aphéidas,  fils  lui-même  d'Arcas...  Il 
y  a  deux  Cépheus,  l'un  fils  d'Aléos,  dont  parle  Apollonios,  l'autre 
dont  Hellanicos  fait  mention  dans  son  livre  sur  l'Arcadie.  Ancaios  et 
Epochos  étaient  fils  d'Antinoé  et  de  Lycourgos,  héros  honoré  chez  les 
Arcadiens,  au  dire  d'Aristoménès  ».  (Scol.)  Apollodore,  qui  ne  nomme 
pas  Amphidamas,  dans  son  Catalogue  des  Argonautes,  énumère  toute 
la  postérité  d'Arcas,  le  héros  de  l'Arcadie.  Arcas  eut  pour  iils  Élatos 
et  Aphéidas;  Aphéidas,  Aléos  et  Sthénobéia,  ou  Sthénëbée,  nommée 
aussi  Antéia  (voir  la  note  au  v.  134).  Aléos  eut  pour  fils  Cépheus  et 
Lycourgos,  et  pour  fille  Auge,  qui  fut  violée  par  Héraclès  et  enfanta 
Téléphos  (III,  9,  i).  On  voit  qu'Apollodore  ne  cite  pas  Amphidamas 
parmi  les  fils  d'Aléos.  C'est  parmi  les  fils  de  Lycourgos  qu'il  le  place; 
il  donne,  en  effet,  pour  hls  à  Lycourgos  Ancaios,  qui,  après  l'expédition 


NOTES  21 r 

des  Argonautes,  devait  être  tué  par  le  sanglier  de  Calydon,  Epochos, 
Amphidamas  et  lasos,  père  de  la  fameuse  Atalante  (III,  9,  2).  Ce 
Lycourgos  n*a  aucun  rapport  avec  le  roi  des  Edoniens,  ennemi  et 
victime  de  Dionysos.  —  Tégée,  ville  d'ArcaJie  (Strabon,  320,  45).  — 
Du  Ménale.  «  Mainalos,  montagne  et  ville  d'Arcadie,  dont  le  nom  vient 
de  Mainalos,  Arcadien^,  tils  de  Lycaon.  y  (Scol.)  Le  massif  montagneux 
du  Ménale  va  de  Mégalopolis  à  Tégée  ;  il  est  souvent  célébré  par  les 
poètes  latins,  en  particulier  comme  berceau  de  la  poésie  pastorale  en 
Arcadie  (cf.  Virgile,  Ed.  VIIÏ,  v.  2 1 ,  etc.)-  Strabon  (333, 40)  mentionne 
aussi  en  Arcadie  la  ville  homonyme. 

V.  170.  Au  fond  du  grenier,  —  cxaXtî),  horreum  ligneum,  a  quo 
calones  »  (Dûbner).  Le  Scoliaste  indique  qu'il  s'agit  d'une  construction 
en  bois. 

V.  172.  Augéiès.  —  A  II  était  réellement  fils  d'Hélios  et  soi-disant  de 
Phorbas.  1  (Scol.)  C'est  l'Augias  des  Latins,  bien  connu  par  ses  étables 
et  ses  démêlés  avec  Héraclès. 

V.  176.  Astérios.  —  Cet  Argonaute  se  distingue  d'Astérion  dont  il  a 
déjà  été  parlé.  Hygin  et  d'autres  auteurs  confondent  les  deux  héros. 
Apollodore,  qui  n'en  dit  rien,  donne  le  nom  d' Astérios  (I,  9,  16)  au 
fils  de  CométéS)  Astérion,  cité  au  vers  35.  11  cite  sous  le  nom  d'Asté- 
rion le  roi  de  Crète  qui  épousa  Europe  (III,  i,  2).  Amphion,  fils 
d'Hypérasios,  se  distingue  du  fameux  Amphion,  fils  de  Zeus  et 
d'Antiopé,  évidemment  plus  ancien,  puisque  Amphion  et  Zéthos  sont 
représentés  sur  le  manteau  de  Jason  {Argon.,  I,  v.  736).  Quant  à 
Hypérasios,  le  Scoliaste  se  borne  à  dire  que  c'était  un  roi  d'Achaie, 
fondateur  de  la  ville  d'Hypérasia,  mentionnée  par  Homère  (//.,  II, 
V.  573).  —  Pelles  semble  inconnu  :  quant  à  la  ville  fondée  par  lui, 
voici  ce  qu'en  dit  le  Scoliaste  :  a  Pellène,  ville  d'Achaie,  s'écrit  avec 
un  e;  Pallène,  ville  d'Arcadie,  avec  un  a;  TAchaîe  est  une  partie  de 
a  Thessalie  où  se  trouvait  Pellène.  »  Pellène  est  une  ville  d'Achaie, 
capitale  du  plus  oriental  des  douze  petits  États  d'Achaie,  aux  environs 
de  Sicyone,  distante  de  la  mer  de  60  stades,  dans  une  position  forte 
(Strabon,  324, 14;  33i,  i7).QuantkrAchaïe,  on  sait  que  c'est  uae  région 
du  Péloponèse.  Le  Scoliaste  fait  une  confusion  avec  l'Achaïe  Phthiotide, 
petite  contrée  de  la  Thessalie,  sur  le  golfe  Maliaque,  d'où  étaient 
d'ailleurs  originaires  les  Achaïens  du  Péloponèse  (Strabon,  329,  34). 
C'est  d'après  O.  Schneider  que  Merkel  écrit,  dans  son  édit.  maior, 
AtyiaXoTo,  avec  une  majuscule  :  ce  qui  signifie  non  plus  du  rivage, 
mais  de  YAigialos,  ancien  nom  de  l'Achaïe  (Strabon,  33 1,  39;  329,  3; 
cf.  lliad.,  II,  V.  576). 

V.  1 79.  Tainaros.  —  «  Cap  de  Laconie  dont  le  nom  vient  deTainaros, 
fils  de  Poséidon.  »  (Scol.)  Cf.  la  note  du  vers  102.  —  Pour  Euphémos, 
voir  la  IV*  Pythique  de  Pindare.  Sa  mère  Europe,  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  la  Phénicienne,  sœur  de  Cadmos,  qui  fut  enlevée  par 
Zeus,  changé  en  taureau,  est  la  fille  du  géant  Tityos,  bien  connu  pour 
sa  tentative  sur  Létô,  et  sa  punition  aux  enfers  où  deux  vautours  lui 
rongent  le  foie.  Voir,  pour  Tityos,  la  note  au  v.  761. 

V.  186.  La  ville  de  Villustre  Milétos.  —  «Cette  ville  s'appelait 
autrefois  Pityussa;  son  nom  lui  vient  de  Milétos,  fils  d'Euxantios,  fils 


212  NOTES 

de  Minos  [et  de  Dexithca,  Apollodore,  III,  i,  2].  On  dit  aussi  que 
Miiélns  était  fils  d'Apollon  et  d*Aréia,  fille  de  Cléochos.  [Cest  la 
tradition  adoptée  par  Apollodorc,  HI,  i,  2.]  On  dit  que  la  ville  s*appela 
d*abord  Pit>'ussa  ou  Astéria,  ensuite  Anactorion  et  enfin  Milétos.  » 
(Scol.)  Cest  la  ville  bien  connue  de  Milet,  en  Carie. —  Parthénia, 
demeure  d*Héra  Imhrasienne.  Le  Scoliaste  voit  dans  ces  mots  une 
désignation  de  Samos,  Tlmbrasos  étant  un  fleuve  de  Samos  nommé 
Parthénien,  parce  qu*Héra,  vierge  encore  (ic«pO£vov  o^ov),  fut  nourrie 
sur  ses  bords  (voir  Strabon,  SgS,  3;  544,  17).  Diaprés  Lucillus  de 
Tarra,  cité  par  le  Scoliaste,  Samos  aurait  été  nommée  Parthénia,  à 
cause  de  Parthénia,  femme  du  roi  Samos.  —  Il  s*agit  évidemment  ici 
de  l'île  de  Samos  pour  laquelle  on  connaît  l'amour  d'Héra.  Artémis 
partageait  avec  elle  la  désignation  d^Imbrasienne  (Callimaque,  Hymne 
à  Artémis,  v.  228).  —  Erginos,  dit  le  Scoliaste,  n'est  que  le  descendant, 
mais  Ancaios  le  fils  de  Poséidon.  Ancaios  (qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  son  homonyme  déjà  cité,  v.  161-171)  est  le  fils  de  Poséidon  et 
d'Astypalaia,  fille  de  Phoinix;  et  Erginos,  le  fils  de  Clyménos,  fils  de 
Prcsbon,  et  de  Bouzygé,  fille  de  Lycos.  ^- Apollodore  ne  cite  pas 
cet  Ancaios  et  fait  d^Erginos  un  fils  de  Poséidon  (I,  9,  16).  Pour 
Apollodore,  Erginos,  fils  de  Clyménos,  roi  des  Minyens,  est  un  autre 
héros  qui  fut  tué  par  Héraclès  (II,  4,  11). 

V.  190.  Calydon.  —  C'est  une  ancienne  ville  d*Étolie,  bien  connue 
par  le  sanglier  qu'Artémis  suscita  dans  la  forêt  voisine  et  qui  fut  tué 
par  Méléagros.  —  Méléagras,  fils  d'Oineus,  est  aussi  très  connu 
(Decharme,  MythoL,  pp.  386-389).  Apollonios  en  fait  un  tout  jeune 
homme  au  moment  de  l'expédition  (cf.  aussi  Argonautiqites,  ch.  III, 
V.  3 18). —  Laocoon,  cité  aussi  par  Hygin,  n'est  pas  autrement  connu  : 
Apollodore  et  Valérius  Flaccus  ne  parlent  pas  de  lui.  —  Jphiclos,  fils 
de  Thestios  et  frère  d'Althaia,  mère  de  Méléagros  (qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  Iphiclos,  frère  d'Alcimédé,  mère  de  Jason,  cf.  v.  43), 
est  cité  par  Valérius  Flaccus  (I,  v.  Syo)  et  par  Apollodore  (I,  9,  16). 

V.  202.  Palaimonios»  —  Ce  héros  est  un  des  plus  inconnus  parmi 
les  Argonautes;  il  ne  fait  que  figurer  dans  le  catalogue  d'Apollonios  et 
ne  joue  aucun  rôle  dans  le  poème.  Valérius  Flaccus  ne  le  cite  pas. 
Apollodore,  qui  le  mentionne  dans  son  catalogue  (I,  9,  16),  dit  qu'il 
était  fils  d'Héphaistos  ou  d'Aitolos,  et  le  nomme  Palaimon.  Son  père 
putatif,  Lernos  d'Olénos,  est  inconnu;  ce  n'est  pas  4e  même  que  le 
père  de  Naubolos  (cf.  v.  i33).  —  Il  y  a  deux  villes  du  nom  d'Olénos  : 
Tune  en  Achaîe  (Strabon,  33i,  24),  l'autre  en  Étolie,  citée  dans  le 
Catalogue  des  navires  (IL,  II,  v.  639).  C'est  sans  doute  de  celle-là  que 
venait  Palaimonios,  puisqu'il  est  cité  immédiatement  après  d'autres 
héros,  venant  aussi  d'Étolie. 

V.  207.  —  «  Les  Phocéens  [Phocidiens,  suivant  la  dénomination 
moderne]  s'appelaient  ainsi  de  Phocos,  fils  d'Aiacos.  »  (Scol.)  C'est  ce 
Phocos  qui  fut  tué  par  ses  frères  Télamon  et  Pelée  (cf.  v.  90-94).  — 
Pytho  est  l'ancien  nom  de  Delphes;  nom  qui  vient  soit  du  serpent 
Python,  soit  de  ce  que  l'on  y  apprenait  les  oracles  (ipjvOavEaOai).  Iphitos, 
mentionne  par  tous  les  catalogues  d'Argonautes  et  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  son  homonyme  (v.  86),  est  le  fils  de  Naubolos,  inconnu 


NOTES  2l3 

qù'Apollonios  a  soin,  par  Padjonction  du  nom  de  son  père  Ornytos,  de 
distinguer  de  l'autre  Naubolos  qui  avait  pour  père  Lernos  (v.  i35). 

V.  211.—  Pour  le  mythe  de  Zétès  et  Calais,  voir  Decharme,  MythoL 
p.  563  sqq.  Les  fils  de  Borée  jouent  un  rôle  important  dans  le  poème 
d*Apollonios.  —  Cécropie,  Voir  la  note  au  vers  95.  —  Vllissos,  cours 
d'eau  de  TÂttique  bien  connu.  —  Le  rocher  de  Sarpédon,  cap  de 
Thrace  (Strabon,  283,  16),  entre  le  golfe  Mêlas  et  le  fleuve  Erginos 
(qui  n'a  aucun  rapport  avec  TArgonaute  cité  au  vers  187),  fleuve  qui 
coule  à  Touest  de  Byzance  et  se  jette  dans  la  Propontide  (Stra- 
bon, 2H2,  52).  Le  Scoliaste  dit  que  le  cap  Sarpédon  a  pris  son  nom 
d'un  roi  de  Thrace,  frère  de  Poltys,  et  il  fait  remarquer  qu'il  y  a  sur 
la  côte  de  Cilicie  un  autre  cap  Sarpédon  (cf.  Strabon,  572,  5). 

V.  219.  Des  ailes  noires  (êpe(ivdc).  —  D'après  le  Guelf.  et  le  Laur', 
Merkel  admettait  dans  son  edit.  minor  cpu|ivac  (fortes),  mot  qui  n*a  pas 
ici  un  sens  satisfaisant;  Èpc|j.vaç  fait  image;  c'est  d'ailleurs  la  leçon 
que  le  Scoliaste  explique. 

V.  224.  ^ca5/05.  —  Cet  Argonaute  qui  est  cité  par  Apollodore 
(I,  9,  16),  quoi  qu'en  dise  Burmann,  fut  le  héros  d'une  légende 
curieuse  mentionnée  par  le  Scoliaste  et  exposée  dans  la  Mythol.  de 
Decharme  (pp.  599-600).  Pour  ce  qui  est  de  son  rôle  dans  les  Argo- 
nautiques,  Apollonios  se  borne  à  dire  qu'il  désirait  ardemment  faire 
partie  de  l'expédition.  Démagétos,  cité  par  le  Scoliaste,  rapporte 
qu'Acastos  ne  partit  qu'après  avoir  pris  ses  précautions  :  Pélias  avait, 
en  effet,  ordonné  de  n'employer  à  la  construction  du  navire  que  des 
chevilles  peu  solides,  afin  que  le  vaisseau  se  perdit  bien  vite;  Argos  fit 
tout  le  contraire  et  Acastos  ne  s'embarqua  que  sûr  de  la  solidité  d'Argo. 

V.  226.  Argos,  — 11  ne  faut  pas  confondre  avec  Argos  constructeur 
du  navire,  ses  homonymes,  le  gardien  d'Io,  et  le  fils  de  Phrixos  et  de 
Chalciopé,  que  les  Argonautes  recueillirent  en  route  ainsi  que  ses 
frères,  et  qui  leur  rendirent  en  Colchide  des  services  importants. 
D'après  Apollodore  (I,  9,  16),  suivi  par  Decharme  (MythoL,  p.  610), 
c'est  le  fils  de  Phrixos,  Argos,  qui  construit  le  navire.  Telle  n'est  pas 
la  tradition  d'Apollonios  qui,  à  plusieurs  reprises  {Argon.,  I,  v.  112, 
v.  325,  etc.),  répète  que  le  constructeur  du  navire  est  fils  d'Arestor. 
C'est  par  suite  d'une  confusion  qu'Ovide  appelle  le   gardien    d'Io  : 

91  Arestoridae Argo  y*  {Met.,  I,  v.  624).  Cet  Argos,  qui  voyait  tout, 

était  fils  d'Agénor  (Apollod.,  II,  i,  2). 

V.  23o.  Les  filles  de  Minyas.  —  «Minyas  avait  beaucoup  de  filles. 
Jason  est  fils  d'Alcimédé,  fille  de  Clyméné,  fille  de  Minyas.  Stésichore 
le  dit  fils  d'Etéoclyméné,  et  Phérécyde,  d'Alcimédé,  fille  de  Phylacos.  De 
Zeus  et  d'Isinoé,  fille  de  Danaos,  naît  Orchomène  qui  donne  son  nom  à 
la  ville  d'Orchomène.  D'Orchomène  soi-disant,  de  Poséidon  en  réalité, 
et  d'Hermippé,  fille  de  Boiotos,  naît  Minyas  qui  habita  à  Orchomène  et 
donna  son  nom  au  peuple  des  Minyens.  De  Minyas  et  de  Clytodora 
naissent  Presbon,  Périclyméné  et  Etéoclyméné;  de  Phanosyra,  fille  de 
Paion  et  de  Minyas,  naissent  Orchomène,  Diochtondès  et  Athamas. 
Démétrios  de  Scepsis  dit  que  les  habitants  d'Iolcos  se  nommaient 
Minyens.»  (Scol.)  Strabon  (356,  4)  rapporte  une  tradition  d'après 
laquelle  ce  nom  de  Minyens  donné  aux  Argonautes  viendrait  de  ce 


214  NOTES 

que  les  Minyens  auraient  conduit  une  colonie  à  Iolcos.(\'oir  Decharme, 
MvthoL,  p.  324.) 

V.  235.  Tout  ce  dont  il  faut  munir  l'intérieur  d'un  navire, —  Lehrs 
traduit  èvruvovxat  par  armantur.  Vannement  proprement  dit  du  navire 
ne  regardait  pas  les  esclaves  dont  l'office  doit  se  borner  à  munir  l'embar- 
cation des  provisions  et  autres  objets  nécessaires  à  la  traversée.  Homère 
énumère  les  outres  de  vin  et  d'eau  et  les  vivres  dont  Calypso  garnit 
le  bateau  qu'Ulysse  s'est  construit  {Odjrss.^  V,  v.  265-267 }.  Scheffer 
{De  MUitia  navali  veterum^  Ubsaliae,  1654,  pp.  254-255)  indique  de 
quelles  provisions  on  munissait,  à  l'époque  classique,  les  navires  en 
partance. 

V.  238.  Pagases  Magnésiennes,  —  C'est  une  ville  de  la  Thessalie,  en 
Magnésie,  sur  le  golfe  Pélasgique  ou  Pagaséen.  Le  Scoliaste  parle  d'un 
cap  du  môme  nom  sur  la  côte  de  Magnésie,  et  d'un  temple  d'Apollon 
Pagaséen.  Strabon  (374,  35)  cite  les  deux  étymologies  de  ce  nom  :  soit 
parce  que  le  navire  Argo  y  fut  construit  (xicb  Tr,<  vaviri)y{a;  xijc  'Apyoû;), 
soit  à  cause  des  sources  qui  y  abondent  («iro  Tfi»v  ir«}T<ôv).  Strabon  admet 
plutôt  la  seconde  étymologie;  le  Scoliaste  les  mentionne  toutes  deux, 
la  seconde  d'après  Démétrios  de  Scepsis.  —  Cf.  Properce  (I,  xx,  v.  17)  : 

Namque  ferunt  olim  Pagasac  navalibas  Argon 
Egressam... 

V.243.  La  terre  Panachéenne,  —  Cette  expression  semble  signifier 
la  Grèce  tout  entière.  Le  Scoliaste,  au  contraire,  prétend  qu'il  s'agit  de 
la  Thessalie,  parce  que  cette  contrée,  la  première,  reçut  d'Achaios,  fils 
de  Xouthos,  le  nom  d'Achaie.  Achaios,  cité  par  ApoUodore  (1,  7,  3), 
dut,  à  la  suite  d'un  homicide  commis  par  imprudence,  se  réfugier  dans 
une  contrée  du  Péioponèse  à  laquelle  il  donna  son  nom  (Strabon, 
329,  14).  Le  sens  général  montre  qu'il  s'agit  ici  de  toute  l'Hellade, 
puisque  de  toutes  ses  parties  il  est  venu  des  compagnons  à  Jason. 

V.  246.  Mais  un  long  voyage  est  inévitable  :  rude  est  la  peine  pour 
ceux  qui  partent.  —  Les  explications  du  Scoliaste  sont  fort  embrouillées; 
si  on  fait  retomber  la  négation  oO  sur  àitpv]XToc  aussi  bien  que  sur  fvxTd, 
il  faut  détourner  la  signification  d'à(KpY)XTOc  pour  avoir  un  sens  acceptable. 
Brunck  remarque  avec  raison  qu'il  n'y  a  de  justes  parmi  les  explications 
du  Scoliaste  que  celles-ci  :  «  !X7cpv)XTo;,  6u<9RpaxToc,  duffepYrj^,  du^xaTÀpOtoToc.  » 
Cetera  Scholiastarum  expositiones  nauci  non  sunt;  latina  interpretatio, 
ineptissima  :  Brunck  fait  sans  doute  allusion  à  la  traduction  de  Shaw, 
le  magister  oxoniensis,  comme  il  l'appelle,  qu'il  malmène  volontiers. 
Cette  traduction  latine  est,  en  effet,  peu  intelligible  :  «  Sed  inevitabile 
est  iter,  laborque  inefficax  abeuntibus,  »  Brunck  donne  de  tout  le  passage 
une  paraphrase  très  claire  que  Wellauer  approuve  et  reproduit  :  «c  Mens 
loquentium  haec  est  :  Aeetem  vi  cogent,  ut  sibi  vellus  tradat,  si  ad  eum 
pervenerint.  Sed  illuc  perveniendum  est.  Quantumlibet  animi  et  corpo- 
ris  robore  praestent,  non  efiugient  quin  longissimum  iter  conficiendum 
.sit,  et  iter  facientibus  (coO<Ttv)  difficiilimi  perferendi  sint  labores.  » 

V.  2  58.  Les  accents  d'une  voix  humaine. — On  a  déjà  vu  (note  au  vers  3  ) 
que  le  bélier  était  doué  de  la  parole.  Voici,  d'après  le  Scoliaste,  à  quelle 
occasion  le  bélier  fit  entendre  ces  accents  qui  devaient  être  si  funestes 


NOTES  215 

a  Alcimédé  :  «  On  dit  qu'au  moment  où  Hellc  était  tombée  à  la  mer, 
alors  que  Phrixos  était  indécis  de  ce  qu*il  ferait,  le  bélier,  obéissant  à 
la  volonté  de  Zeus,  prit  la  parole  pour  Tencourager  à  se  réfugier  en 
Scythie  [c*est*à-dire  en  Colchide].  Cest  ce  qui  devait  être  dans  la  suite 
un  malheur  pour  Alcimédé  elle-même,  puisque  son  lils  y  serait  envoyé 
en  expédition.  Cest  dans  Hécatée  qu*on  trouve  cette  tradition  que  le 
bélier  prit  la  parole.  Quelques  auteurs  disent  que  Phrixos  naviguait 
sur  un  navire  dont  la  proue  portait  la  représentation  d'un  bélier. 
Denys  [de  Mitylène]  dit  que  Crios,  pédagogue  de  Phrixos,  navigua 
avec  lui  en  Colchide  :  d^où  la  fable  du  bélier  sacrihé  dans  ce  pays.  » 
*—  Voir  la  note  au  v.  1144  du  Ch.  II. 

V.  260.  Alors  qu'ils  s'éloignaient  (em  icpofio>^<Ti). —  «Au  départ  des 
héros:  du  verbe  s*en  aller  en  avant  (|ioXelv);  de'là  vient  qu*on  appelle 
icpo(AoXai  les  premiers  avancements  (le  pied)  d*une  montagne.  »  (Scol.) 
—  Voir  la  note  au  v.  32o. 

V.  264.  Que  la  forme  de  son  corps,  —  J*ai  dû  paraphraser  le  mot 
èvr^icac  que  les  interprétations  latines  ne  rendent  pas.  Ce  mot,  dana 
V Iliade  (XXIV,  v.  i63),  désigne  la  manière  dont  Priam  s'enveloppe 
dans  son  manteau.  Eustathe  l'explique  ainsi  :  «  Être  moulé  dans  son 
manteau,  de  façon  que  la  forme  du  corps  paraisse  seule,  et  qu'à  travers 
ce  qui  enveloppe  on  voie  seulement  la  forme,  le  moule  de  celui  qui 
est  enveloppé.  » 

V.  269.  Telle  une  jeune  fille»,.  —  Le  Scoliaste  trouve  la  comparaison 
incohérente,  car,  dit-il,  le  poète  suppose  que  c'est  Jason  qui  représente 
la  vieille,  et  sa  mère,  la  jeune  fille.  Une  autre  scolie  contredit  cette 
dernière  :  a  On  prétend  que,  dans  cette  comparaison,  il  aurait  fallu  le 
contraire  de  ce  qu'il  y  a.  Mais  nous  disons  que  le  rôle  de  Jason  est 
convenable,  sinon  à  son  âge,  du  moins  aux  soins  dont  il  entoure  sa 
mère,  v  —  Le  poète  rend  plus  touchante  la  situation  de  cette  mère> 
aussi  abandonnée  que  la  jeune  fille,  victime  d'une  marâtre,  et  qui  ne 
peut  même  plus  compter  sur  sa  nourrice.  Jason  est  tout  pour  Alcimédé, 
exposée,  ainsi  que  son  mari,  à  la  haine  de  Pélias  contre  laquelle 
Aison  infirme  est  impuissant.  Dûbncr  remarque  l'art  de  cette  compa- 
raison :  uAlexandrini  imagines  optime  exornare  soient.» 

V.  275.  Elle  ne  peut  exhaler  autant  de  sanglots  qu'elle  le  voudrait.  — 
C'est  aussi  la  situation  de  l'Electre  de  Sophocle  (i::,lectre,  v.  285): 
m  II  ne  m'est  pas  permis  de  pleurer  autant  que  mon  cœur  y  trouverait 
plaisir.  » 

V.  281.  Oest  toi  qui  m'aurais  ensevelie.  —  Cette  phrase  est  la 
reproduction  presque  textuelle  des  paroles  de  la  Médée  d'Euripide 
(v.  io3i  sqq.)  à  ses  enfants. 

V.  287.  Toi  seul  à  cause  de  qui  j'ai  délié  ma  ceinture.  —  Le  Scoliaste 
dit  que,  d'après  Ibycos,  elle  aurait  eu  une  fille,  Hippolyté.  Il  ajoute  : 
«  Celles  qui  accouchent  pour  la  première  fois  délient  leur  ceinture  et  la 
consacrent  à  Artémis  :  d'où,  à  Athènes,  le  temple  d'Artémis  qui  délie 
les  ceintures  (Au9i!^(i&vy)).  » 

V.  289.  Eiléithyia. —  C'est  la  déesse  de  la  maternité,  fille  de  Zeus 
et  d'Héra  (cf.  Dccharme,  MythoL,  p.  290). 

V.  292.  Elle  se  lamentait»  —  Le  Scoliaste  cite  de  ce  mot  (xiv^pcTo) 


2l6  NOTES 

une  étymologie  au  moins  bizarre,  due,  paraît-il,  à  Apollodore  :  to  xtvelv 
TT)v  o'jpàv  êv  TÔ>  (iux&96ai,  parce  que  les  baufs  remuent  la  queue  en 
mugissant.  Cf.  Apollodore, /l'â^m.  217  {Fragment.  Histor,  graec, 
Didot,  vol.  I,  p.  465). 

V.  293.  Qui  se  tenaient  auprès  d'elle»  --  Je  traduis  ainsi,  d*après 
Tcxplication  du  Scoliaste  (cçe9TT)xutai),  l'adverbe  ÎKioraSiv,  que  Hoelzlin 
et  Shaw  traduisent  par  sine  intermissu  et  Beck  et  Lehrs  par  assidue. 
\\  semble  que  si  les  servantes  avaient  crié  sans  cesse,  cela  aurait 
singulièrement  gêné  l'entretien  de  Jason  et  de  sa  mère. 

V.  293.  —  Est-il  besoin  de  remarquer  combien  ces  paroles  de  Jason 
à  sa  mère  font  penser  à  celles  d'Hector  à  Andromaque  (//.,  VI,  v.  486), 
et  à  celles  de  Priam  à  Hécube  (//..  XXIV,  v.  218)? 

V.  3o5.  Je  vais  m'y  rendre.  —  C'est-à-dire  évidemment  :  aller  au 
navire.  Le  Scoliaste  veut  que  ce  soit  jusqu'en  Scythie  (c'est-à-dire  en 
Colchide)  qu'on  accompagne  Jason  ;  ce  qui,  dans  aucun  cas,  ne  pourrait 
s'admettre  des  esclaves,  qui  ne  doivent  pas  monter  dans  le  navire.  Ces 
esclaves  (d|i&ec)  sont  évidemment  les  serviteurs  mâles  de  Jason;  je 
ne  sais  pourquoi  Shaw,  Beck  et  Lehrs,  dont  le  texte  porte  aussi  dfiA»»;, 
traduisent  ce  mot  par  ancillae. 

V.  3o8.  Délos.  —  Délos  est  bien  connue  par  la  naissance  d'Apollon. 
—  Claros,  petite  ville  d'Ionie,  près  de  Colophon,  célèbre  par  le  temple 
et  Toracle  d*Apollon.  —  Delphes  Pjrthienne.  Cf.  note  au  vers  207. — 
La  Lycie,  daps  TAsie-Mineure,  entre  la  Carie  et  la  Pamphylie;  à 
Patara,  sur  la  côte  de  Lycie,  était  un  oracle  d'Apollon.  —  Le  Xanthos^ 
nom  de  plusieurs  fleuves  en  Epire,  en  Troade,  en  Lycie;  il  s'agit  ici 
de  ce  dernier  (cf.  Horace,  Od.,  IV,  vi,  v.  26;  Virgile,  Aen.,  IV,  v.  143, 
qui  imite  cette  comparaison). 

V.  3 1 2 .  Jphias.  —  Il  n*est  pas  question  de  cette  prêtresse  dans  Valérius 
Flaccus,  dans  le  Scoliaste,  ni  dans  Apollodore.  Son  nom  est  un  nom 
patronymique  dont  Ovide  a  usé  {Trist.,  V,  xiv,  v.  38)  pour  désigner 
Evadné,  la  femme  de  Capaneus,  qui  était  fille  d'Iphis  (Apollod.,  III,  7,  i). 

V.  320.  Aux  abords  du  navire.  —  Je  traduis  ainsi  l'expression  peu 
claire  8ic\  npo\Lokrfi,  que  les  traducteurs  latins  rendent  par  in  aditu, 
Dûbner,  par  le  mot  allemand  zugang  (accès,  abord,  avenue,  approche), 
et  que  le  Scoliaste  expliquait  par  xcAq  7rpo6âoic  (action  de  s'avancer,  de 
paraître  en  public).  Flangini,  auteur  d'une  édition  d'ApoUonios  avec 
traduction  en  vers  italiens  et  commentaire  (Rome,  2  vol.,  1791  et  1794), 
se  fondant  sur  un  passage  du  Scoliaste  (note  au  vers  260)  où  il  est  dit 
que  ce  mot  tcpo(io>T)  signifie  soit  Vaction  de  sortir,  soit  les  premières 
hauteurs  qui  précèdent  les  montagnes  (toc;  k^iôxolç  icpo^ffctç  t&v  op&v), 
croit  devoir  adopter  ici  ce  dernier  sens  du  mot  et  traduit  :  fcEi  sit  un' 
altura  Stea  di  quelsito.  »  Cette  interprétation  me  semble  inadmissible  : 
Jason  arrive,  et  comme  il  est  le  chef  de  l'expédition,  il  s'arrête  aux 
abords  du  navire,  attendant  que  ses  compagnons  viennent  à  sa 
rencontre,  ce  qu'ils  ne  manquent  pas  de  faire. 

V.  326.  Un  double  manteau  magnifique.  —  Dûbner  :  •  Vi^^g-,  duplex 
amictus;  sive  de  duplici  subtemine,  sive  de  magnitudine,  »  On  donne  en 
eft'et  ces  deux  sens  du  mot  Siic).a|  (double,  sous-entendu  manteau)  :  soit, 
ce  qui  semble  le  plus  vraisemblable,  un  manteau  assez  ample  pour  se 


NOTES  217 

doubl-jr  et  envelopper  deux  fois  celui  qui  en  est  recouvert;  soit  un 
vêtement  fait  d'une  étoffe  à  double  tissu,  c'est-à-dire  brochée,  avec  des 
dessins  formant  une  seconde  trame  sur  celle  du  fond.  —  Pélopéia.  Le 
Scoliaste  n*en  dit  rien.  Apollodore  (I,  9,  10)  se  borne  à  la  citer  parmi 
les  filles  de  Pélias  :  «t  Peisidicé,  Pélopéia,  Hippothoé,  Alcestis  »  (TAlceste 
d'Euripide).  Une  autre  Pélopéia  ou  Pelopéa,  plus  connue,  est  la  fille 
de  Thyeste,  fils  de  Pélops,  qui  fut  la  mère  d'Égisthe. 

V.  358.  Tire^  au  sort  les  rames  (epertm),  suivant  chaque  banc  (xoLxk 
xXir;l8ac}.  —  «  La  x>r/ç  est  une  barre,  une  traverse,  et  les  bancs  de  rameurs 
sont  proprement  des  planches  transversales  (transtra)  du  navire.  Dans 
Apollonius  de  Rhodes,  les  xXviîSec  sont  les  bancs  de  rameurs  et  non  les 
tolets  [les  tolets  sont  des  chevilles  placées  sur  le  plat-bord  des  deux  côtés 
de  Faviron,  pour  lui  donner  un  point  d*appui]....  Les  tolets  se  nomment 
dans  Apollonius  ol  9xaX|j.ot.  »  (Vars,  L'art  nautique  dans  Vantiquité, 
Paris,  1887,  p.  1 19.)  —  a  Si  nous  examinons  le  navire  grec  primitif,  nous 
voyons  que  chaque  rameur  est  assis  le  long  du  bord  sur  un  banc  qui 
traverse  le  bâtiment  dans  toute  sa  largeur  et  fait  l'office  de  bau  [les 
baux  sont  les  poutres  principales  placées  en  travers  des  bâtiments  pour 
en  lier  les  deux  murailles,  pour  les  maintenir  dans  l'écartement  voulu 
et  pour  supporter  les  bordages  des  ponts  ainsi  que  leur  charge].  Chaque 
banc  porte  donc  deux  rameurs,  Tun  à  tribord,  l'autre  à  bâbord,  et  ces 
rameurs,  assis  l'un  derrière  l'autre,  à  distance  égale,  forment  deux  files 
horizontales  le  long  des  flancs  du  navire.  Lorsqu'il  s'agit  d'armer  le 
navire  Argo,  on  tire  les  bancs  au  sort,  en  assignant  deux  rameurs  à 
chaque  banc;  le  banc  du  milieu,  considéré  sans  doute  comme  la  place 
d'honneur,  est  excepté  du  sort  et  réservé  à  Héraklès  et  à  Ancée.  .  Tous 
les  bâtiments  de  guerre  grecs  de  l'époque  primitive  sont  construits  selon 
le  système  décrit  par  Apollonius  de  Rhodes  pour  le  navire  Argo.  Ils 
ont  deux  files  horizontales  de  rameurs,  une  le  long  de  chaque  bord,  a 
(Cartault,  ouvr.  cité,  pp.  126-127.)  —  Rien  ne  prouve  que  ce  fût,  dans 
l'antiquité  héroïque  la  coutume  de  tirer  au  sort  les  places  sur  les  bancs 
des  rameurs  :  ainsi,  dans  VOdyssée  (II,  v.  419),  quand  les  compagnons 
de  Téiémaque  montent  sur  le  navire,  ils  vont  se  placer  tout  simplement 
sur  les  bancs  sans  tirer  leurs  places  au  sort.  Mais  ici,  il  est  question  de 
rameurs  d'élite,  tous  héros  égaux  entre  eux  :  les  places,  bonnes  ou 
mauvaises,  doivent  donc  leur  être  atribuées  par  le  sort.  Le  banc  du 
milieu  serait  réservé,  d'après  M.  Cartault,  comme  une  place  d'honneur 
à  Héraclès  et  à  Ancaios  :  je  crois  que  c'est  aussi  par  mesure  de  sécurité 
qu'on  place  le  géant  Héraclès  au  centre  du  vaisseau;  quand  il  s'y 
installera  il  fera  enfoncer  le  navire  (cf.  v.  533)  :  placé  à  un  autre 
endroit,  il  le  ferait  peut-être  chavirer.  Il  n'y  a  aucune  ressemblance 
entre  le  tirage  au  sort  des  Argonautes  et  l'expression  de  Virgile,  sortiti 
remos  {Aen.,  III,  v.  5 10).  c  I^  sens  de  ce  passage  n'est  pas  clair.  Selon 
quelques  interprètes,  les  Troyens  désignent  par  la  voie  du  sort  ceux 
qui  doivent  tenir  les  rames.  Cf.  Properce,  III,  xx,  v.  12  :  Nunc  agite, 
o  socii,  propellite  in  aequora  navem,  Remorumque  pares  ducite  sorte 
vices.  Mais  il  est  plus  vraisemblable,  comme  le  veut  Dûbner,  qu'il 
s'agit  de  partager  en  deux  bandes  ceux  qui  doivent  aller  à  terre  et  ceux 
qui  doivent  passer  la  nuit  sur  le  navire  à  côté  des  rames.  1»  (Note  de 

28 


2l8  NOTES 

redit.  Bjnoist  à  ce  vers  de  Virgile.)  En  tout  cas,  il  ne  peut  être 
question  de  tirer  au  sort  les  places  sur  le  navire,  puisque  dans  ce 
passage  de  V Enéide  nous  voyons  les  héros  débarquer  et  se  préparer 
à  passer  la  nuit  à  terre. 

V.  364.  Ht  accumulèrent  en  masse  leurs  vêtements,  —  Dûbner  :  «  Ut 
celerius  navem  in  mare  ducerent.  » 

V.  366.  Que  le  flot  de  la  tempête  lavait  parfois,  —  Le  sens  de  nâXst 
me  semble  fixé,  comme  Brunck  le  montre  bien,  par  rimitation  connue 
que  Virgile  a  faite  de  ce  vers  {Aen.,  V,  v.  126  [Saxum]  quod.,,  tunditur 
olim  Fluctibus).  Je  traduis  par  l'imparfait  àicoixX^jvev,  qui  est  un  aoriste 
d'habitude.  Je  crois  que  Shaw  (hiberna  vero  iamdiu  abluerat  salsugo), 
Bjck  et  Lehrs  (hiberna  vero  olim  abluerat  aqua  marina)  se  trompent 
en  traduisant  par  un  plus-qus-parfait,  et  en  donnant  à  «âXai  son  sens 
ordinaire. 

V.  36B-370.  Ils  commencèrent,  etc..  —  Il  semble  assez  facile  de 
comprendre  cette  manœuvre  tout  à  fait  primitive,  qui  montre  —  à 
dessein,  sans  doute,  chez  un  docte  Alexandrin —  Tenfance  de  Tart  des 
constructions  navales  au  temps  des  Argonautes  :  on  entoure  le  navire 
d'un  câble  solide,  pour  que,  sous  Telfort  de  Teau,  les  diverses  parties  de 
la  coque,  mal  retenues  par  des  chevilles,  ne  se  désagrègent  pas.  — 
Shaw  trouve  le  passage  inintelligible  :  «  Hic  locus,  vel  nondum  est 
intellectuSf  vel  corruptus,  quod  potius  puto.  Nam,  non  video  quomodo 
/unes  intrinsecus  costricti  navis  compagines  reddant  firmiores.  »  (Mais 
ce  nVst  pas  à  l'intérieur  du  navire  que  le  câble  est  disposé;  ce  sont  les 
cordes  qui  sont  si  fortement  tendues  à  l'intérieur  du  câble  formé  par 
leur  réunion.)  Brunck  attendait  une  meilleure  leçon  et  la  découverte  des 
scolies  concernant  ce  passage,  lesquelles  sont  perdues  (').  ^A  meliori 
libro  expectanda  hujus  loci  restitutio,  aut  a  codice  qui  integriora  scholia 
habeat.  Nam  desunt  qua  ad  hune  locum  annotaverunt  veteres  critici.  w 
Aucun  de  ces  deux  vœux  n'a  été  exaucé  :  Merkel  a  le  même  texte  et  ne 
donne  aucune  scolie  nouvelle.  Le  dernier  éditeur  cite  simplement  les 
critiques  qui  ont  interprété  dans  le  sens  de  cette  ceinture  de  cordes  le 
vers  de  Catulle  (LXIV,  v.  174)  :  Perfidus  in  Creta  religasset  navita 
funem,..'—k  tort,  ce  me  semble,  religare  funem  étant  une  expression 
toute  faite  qui  veut  dire  amarrer —  ciEtym.  Magn.  22,  20,  a^cixrro;  vaO; 
eariv  ^  avuir^Xtpo;,  c.-a.-d.,  un  navire  sans  ceinture  est  un  navire  qui  n'est 
pas  enduit,  goudronné.  —  La  difficulté  de  l'intelligence  de  ce  vers  vient 
de  ce  que  les  interprètes  ont  tous  voulu  que  le  mot  ifvdoOsv  se  rapportât 
à  l'intérieur  du  navire.  Brunck  le  dit  expressément:  c  Codices  omnes 
dant  ^v6o0cv  qupd  quid  sibi  velit,  nondum  comminisci  potui,  Absurdum 
sane  videtur,  IxtoOev  facili  conjectura  reponit  eruditus  Britannus, 
Sed  vereor  ut  hoc  a  Poêta  sit,  Adeo  manifestum  est  funem,  quo  navis 
constrictafuit  extrinsecus  eam  cinxisse,  ut  hoc  addidisse  pêne  ineptum 
fuerit,  1)  Mais  ce  câble  qui  entoure  le  navire  à  Vextérieur  est  formé 
lui-même  â  Vintérieur  de  cordes  bien  tressées  :  ^v6o6ev,  qui  se  trouve 
placé  entre  eu^Tpe^et  et  oirXu  ne  se  rapporte  pas  évidemment  au  navire. 

(I)  Le  ScoUaste  nous  fait  défaut  entre  les  vers  32;  et  401  (hors  une  observation  insignifiante, 
et  d'ailleurs  additionnelle,  ayant  trait  au  vers  3)4). 


NOTES  219 

Il  est  queslion  de  rintérieur  de  ce  câble  que  des  cordes  constituent  par 
leur  assemblage.  Aussi  ne  semble-t-il  pas  utile  de  remplacer  IvôoOsv 
par  les  conjectures  que  Wellauer  et  Merkel  rapportent  (èv8yt<iv,  Ifpiicedov, 
èvôuxic).  Cette  dernière  est  proposée  par  DQbner,  avant  Merkel  : 
ikCorrige  £v3ux£;  {pro  Hom.  èvâ^^xsa»;)  :  accurate.  »  —  Cette  ceinture  de 
cordes  (Oic^t(*>{<'«i  tormentum,  mitra)  s'employait  dans  Tantiquité  en  cas 
de  gros  temps  pour  maintenir  la  charpente  du  vaisseau  (voir  Isidore, 
Orig,,  XIV,  IV,  6;  Horace,  Od,,  I,  xiv,  v.  6;  SchefFer,  op.  ciL,  p.  i5i). 
M.  Cartault  parle  des  Oico^^toiiaTa  de  la  trière  athénienne,  qui,  à  Tépoque 
classique,  étaient  «  de  gros  câbles  vraisemblablement  aplatis  et  disposés 
à  une  certaine  distance  les  uns  des  autres.  On  pouvait  à  volonté  les 
mettre  ou  les  enlever,  et  ils  formaient  autour  de  la  trière  de  fortes 
ceintures  horizontales.  »  {Oitvr,  cité,  p.  36.)  Il  n'y  a  évidemment  aucun 
rapport  entre  ces  fortes  ceintures  et  le  câble  que  les  Argonautes  sont 
obligés  de  mettre  autour  de  leur  navire  pour  éviter  que  les  parties  ne 
s'en  disjoignent  pendant  la  laborieuse  opération  du  lancement.  — 
Dans  le  chapitre  de  son  livre  qu'il  consacre  à  Tétude  du  naufrage  de 
Saint-Paul,  M.  Vars  s'occupe  de  ce  passage  d'Apollonios  qu'il  traduit 
ainsi  :  «  Sur  les  conseils  d'Argus,  ils  ceintrèrent  fortement  le  navire, 
et  raidirent  à  l'intérieur  le  cable  aux  torons  bien  tordus  pour  maintenir 
l'assemblage  du  bordé,  et  le  fortifier  contre  la  violence  des  lames.  Cette 
description  —  continue  M.  Vars  —  est  d'autant  plus  digne  de  créance 
qu'Apollonius  avait  été  souvent  témoin,  à  Alexandrie,  du  lancement 
d*un  navire.  On  plaçait  le  câble  d'arrière  en  avant,  autour  des  deux 
côtés  du  navire  (IxdtTepOev) ;  on  faisait  passer  Textrémité  tribord  du 
câble  par  l'écubier  de  bâbord  (en  lui  faisant  contourner  l'avant),  et 
l'extrémité  bâbord  par  Técubier  de  tribord.  I^s  deux  bouts  une  fois 
rentrés  dans  le  navire,  on  les  raidissait  sur  le  pont,  itvSoôev  Tsivâfievoi, 
soit  à  l'aide  de  poulies,  soit  au  moyen  du  cabestan.  On  ne  faisait 
pas  passer  les  extrémités  tribord  et  bâbord  du  câble  par  les  écubiers 
correspondants,  car,  dans  ce  cas,  tout  l'avant  au  delà  des  écubiers 
eût  été  dépourvu  de  ceintrage.  En  outre,  la  forte  tension  du  câble 
eût  séparé  Tétrave  du  reste  de  la  coque.  L'uTC62;(i>fia  était  donc  double 
autour  de  Tétrave.  On  a  critiqué  la  leçon  fvôodev,  et  Bœckh  lui-même 
prétend  que  la  traction  des  câbles  à  l'intérieur  était  impossible.  Le 
procédé  mentionné  ici  est  cependant  très  clair  pour  tout  marin,  et 
ne  permet  pas  d'autre  leçon  qu'i^vSoOsv.  Qu'Apollonius  ait  prôté  aux 
Argonautes  une  manoeuvre  employée  de  son  temps  et  inconnue  même 
à  Homère,  cela  va  sans  dire.  »  (Ouvr.  cité,  pp.  215-217.)  Cette  savante 
démonstration  ne  me  convainc  pas  le  moins  du  monde  :  que  le  procédé 
longuement  expliqué  par  M.  Vars  soit  très  clair  pour  tout  marin 
moderne,  c'est  probable;  mais  les  Argonautes  n'auraient  guère  compris 
toutes  les  belles  manoeuvres  que  le  savant  archéologue  leur  prête.  La 
leçon  ^vdodev  me  semble  défendue  par  des  raisons  bien  différentes. 
Prétendre  enfin  qu'Apollonios  attribue  aux  Argonautes  une  manoeuvre 
absolument  inconnue  de  leur  temps,  c'est  se  méprendre  singulièrement 
sur  le  caractère  de  ce  poète  qui  a  vécu  plus  au  Musée  que  sur  le  port 
et  qui  connaissait  aussi  bien  les  navires  primitifs  qu'il  essayait  de 
restituer,  que  le  lancement  des  navires  de  son  temps.  J'ai  cité  (note  au 


220  NOTES 

vers  358)  un  passage  de  M.  Cartault,  qui  démontre  bien  qu'Argo  est  pour 
Apollon ios  le  type  du  navire  primitif:  il  semble  superflu  de  chercher 
des  rapprochements  entre  cette  embarcation  archaïque  et  le  navire  de 
Saint-Paul,  comme  M.  Vars  essaie  de  le  faire.  Cependant,  M.  Cartault 
lui-mâme,  qui  voit  dans  Argo  le  type  du  navire  primitif,  se  fonde  sur  ce 
passage  pour  admettre  dans  Pembarcation  des  Argonautes  l'existence 
des  préceintes  intérieures  qui  se  trouvent  dans  la  trière  athénienne  : 
«  L'existence  des  préceintes  intérieures  nous  est  attestée  par  un  passage 
d'Apollonius  de  Rhodes  (1,  367).  Il  s'agit  de  la  construction  du  navire 
Argo  :  «  Sur  les  conseils  d*A  rgos,  ils  commencèrent  par  lier  fortement 
à  Vintérieur  les  parties  du  navire  par  une  préceinte  qui  en  épousait  la 
courbure  et  qui  s'étendait  des  deux  côtés  afin  que  les  bordages,  bien 
assujettis  par  des  chevilles,  résistassent  à  Veffort  des  flots.  »  Je  ne  peux 
pas  admettre  l'interprétation  de  M.  Cartault,  plus  que  celle  de  M.  Vars. 

V.  371.  Ils  creusèrent..,  un  fossé.  —  On  voit  dans  V  Iliade  (II,  v.  i5o 
et  suiv.)  une  manœuvre  à  peu  près  semblable  :  au  moment  de  lancer  les 
navires,  les  Achéens  nettoient  les  fossés  (ovpouc  T*ÊUxol^tpov);  ces  fossés 
avaient  été  creusés  pour  tirer  les  vaisseaux  à  terre  et  depuis  le  temps 
qu'ils  ne  servaient  plus,  ils  s'étaient  remplis  de  vase,  de  sable,  d'immon- 
dices de  tout  genre  qui  les  avaient  comblés  et  mis  hors  d'usage  ;  il  fallait 
donc  les  nettoyer  pour  s*en  servir  de  nouveau  :  telle  est  Texplication 
ordinaire.  M.  Pierron  ne  Tadmet  pas  :  «  Oùpo^Sç,  les  sentines.  On  entend 
ordinairement  par  ce  mot  les  fossés  ou  canaux  par  où  les  Grecs  lançaient 
les  vaisseaux  à  la  mer.  Les  Scholies  donnent  ce  sens,  mais  elles  ajoutent, 
\  ta;  àvxXfac:  interprétation  bien  plus  vraisemblable.  Il  n'y  a  pas 
trace,  chez  Homère,  de  l'usage  de  ces  prétendus  canaux.  C'est  à  force 
de  bras  que  l'on  tirait  les  navires  de  la  mer  en  terre,  de  la  terre  en 
mer.  Plus  un  héros  était  brave  et  vigoureux,  plus  il  avait  tenu  à 
honneur  de  tirer  loin  ses  vaisseaux.  Achille  et  Ajax  campaient  à  une 
grande  distance  de  la  mer.  Voyez  VIII,  325-226,  et  XI,  8-9.  On  ne  se 
figure  pas  aisément  des  canaux  portant  l'eau  jusqu'à  leurs  campements. 
Vider  la  sentine  est  donc  probablement  l'opération  dont  il  s'agit.  » 
Il  n'est  pas  question  de  canaux  portant  l'eau  jusqu'aux  campements; 
le  texte  d'Apollonios  montre  bien  qu'il  n'y  a  pas  d*eau  dans  les  fossés 
qui  servent  à  lancer  et  à  tirer  les  navires,  à  force  de  bras.  L'aide  de 
ce  fossé  en  pente  n'économise  pas  tellement  le  travail  des  hommes 
qu'Achille  et  Ajax  ne  puissent  faire  montre  d'une  vigueur  prodigieuse 
en  faisant  remonter  à  leurs  bâtiments  la  pente  des  oupo(.  L'étymologie 
probable  du  mot  (c(jp(i>,  jTpvutti,  tirer,  pousser)  montre  qu'il  ne  s'agit  pas 
d'une  sentine,  et  désigne  bien  le  fossé  sur  la  pente  duquel  on  mettait 
les  navires  en  mouvement. 

V.  375.  De  Vétrave  (vTc(pT}c).  —  «  L'étrave  portait  chez  les  Grecs  le 
nom  de  ontpa.  Les  lexicographes  la  confondent  à  tort  avec  la  quille, 
dont  elle  est  en  réalité  le  prolongement,  et  avec  laquelle  elle  forme  un 
angle  qui  varie  selon  le  système  de  la  construction.  »  (Cartault,  ouvr,cité, 
p.  33.)  M.  Cartault  donne  de  l'étrave  la  définition  suivante  empruntée  à 
Jal.  C'est  (  une  pièce  de  bois  forte,  recourbée  en  dedans  et  plantée  à 
l'extrémité  antérieure  et  dans  le  plan  de  la  quille  qu'elle  continue.  C'est 
sur  cette  pièce,  qui  souvent,  au  lieu  d'être  d'un   seul  morceau,  est 


NOTES  221 

composée  de  plusieurs  pièces  unies  par  des  écarts  pratiqués  à  leurs 
bouts,  que  repose  en  partie  l'édifice  de  la  construction  de  la  proue.  »  Le 
mot  oTctpa  (ou,  en  dialecte  ionien,  axtipri)  vient  de  l'adjectif  vrelpo;  (fet^me, 
solide),  et  désigne  la  partie  la  plus  solide  du  navire.  —  Des  rouleaux 
polis.  Les  (^akayytQ  sont  des  rouleaux  ou  cylindres  de  bois  que  Ton  plaçait, 
pour  les  mettre  en  mouvement,  sous  des  objets  pesants,  tels  que  la  quille 
d'un  vaisseau,  pour  le  lancer  ou  pour  le  mener  à  terre.  Le  mot  a  passé 
en  latin.  Cf.  Nonius  Marcellus,  i63,  23:  %  Phalangae  dicuntur  fustes 
teretes  qui  navibus  subjiciuntur,  quum  attrahuntur  ad  pelagus,  vel 
quum  ad  litora  subducuntur.  » 

V.  379.  Autour  des  chevilles.  —  Il  s'agit  des  tolets (<nia)(i6c,  scalmus), 
fortes  chevilles  en  bois  auxquelles  la  rame  était  attachée  au  moyen 
d'une  courroie,  pour  qu'elle  se  maintînt  toujours  en  place  pendant 
qu'on  la  maniait.  Aujourd'hui  on  place  deux  tolets  sur  le  plat-bord  et 
des  deux  côtés  de  l'aviron.  «Chez  les  anciens,  on  se  contentait  d'un 
tolet.  On  maintenait  la  rame  sur  le  tolet  à  l'aide  d'un  anneau  en  cuir, 
à  Tpoic6c  ou  Tpoiicdx^p.  »  (Vars,  ouvr.  cité,  p.  1 17.  Voir  la  note  au  vers  358.) 
A  propos  de  ce  vers  précisément,  M.  Vars  ajoute  (p.  1 18)  :  «  Un  passage 
d'Apollonius  de  Rhodes  (I,  379)  semble  prouver  que  les  anciens  avaient 
également  deux  tolets,  et  qu'ils  fixaient  à  bord  la  partie  extérieure  de 
l'aviron  à  l'aide  d'une  lanière.  > 

-V.  393.  —  M.  Vars  (ouvr.  cité,  pp.  144-145)  développe  ainsi  le  tableau 
d'Apollonios  :  <  Apollonius  de  Rhodes  nous  a  décrit  le  lancement  d'un 
grand  navire...  On  creusait  à  partir  de  la  mer  jusqu'à  Tétrave  une 
fosse  de  la  largeur  du  navire.  Au  milieu  de  cette  fosse,  on  pratiquait 
un  profond  sillon  destiné  à  la  quille.  Au  fond  du  sillon  on  plaçait  des 
rouleaux.  On  retournait  ensuite  les  rames,  la  pelle  à  l'intérieur,  en 
leur  donnant  une  saillie  extérieure  d'une  coudée,  et  on  les  fixait 
fortement  sur  leurs  tolets.  Alors  l'équipage  appuyait  les  mains  et  les 
épaules  sur  l'extrémité  des  rames  pour  pousser  l'avant  du  navire  vers  le 
premier  rouleau.  A  un  signal  du  pilote  posté  sur  le  navire,  l'impulsion 
de  tous  les  bras  se  produisait  en  même  temps  pour  éviter  un  gaspillage 
"futile  de  force.  Le  navire  une  fois  arrivé  sur  le  premier  cylindre, 
l'effort  à  exercer  était  moindre.  —  l^  lourde  coque  accélère  de  plus  en 
plus  sa  descente.  Les  rouleaux  grincent  et  s'échauffent  sous  la  pesante 
masse,  au  point  de  faire  jaillir  une  épaisse  fumée.  Le  navire  pénètre 
alors  dans  l'eau,  et  irait  loin  du  bord  avant  de  s'arrêter,  s'il  n'était  retenu 
par  des  câbles  frappés  d'avance  sur  le  navire  et  halés  à  terre.  Comme  le 
poids  du  navire  emporté  aurait  pu  briser  les  câbles,  on  avait  soin, avant 
le  lancement,  de  préparer  quelques  avirons  à  bord,  pour  faire  force  de 
rames  vers  le  rivage.  Pour  le  navire  ArgOt  cette  précaution  n'était  pas 
indispensable;  on  se  contenta  de  le  ramener  avec  des  câbles.  Après  le 
lancement,  tout  était  disposé  pour  le  départ.  »  —  Le  navire  Argo  n'était 
certes  pas  «  un  grand  navire  »,  comme  M.  Vars  lui-môme  l'avoue  en 
faisant  remarquer  que  la  précaution  nécessaire  pour  les  grands  bâtiments 
n'était  pas  indispensable  pour  l'embarcation  des  Argonautes.  Ce  n'est 
pas  «  à  partir  de  la  mer  jusqu'à  l'étrave  »  que  la  fosse  est  creusée,  c'est  de 
la  proue  à  la  mer  (v.  372),  et  nous  voyons  que  plus  ils  avançaient,  plus  ils 
creusaient  profondément  au-dessous  du  niveau  de  Vétrave  (v.  374-375). 


222  NOTES 

II  n'est  pas  question  «d*un  profond  sillon  pratiqué  au  milieu  de  cette 
fosse  et  destiné  à  la  quille  »  :  j^ai  déjà  dit  que  le  mot  propre  qui  indique 
la  fosse,  ovp6;,  n'est  pas  exprimé  (note  au  vers  Syi);  le  mot  ^Xxiç  est 
employé  comme  synonyme  de  oOp&ç.  Les  mots  grecs  icri^utov  icpovx^vta 
ne  peuvent  signifier  c  une  saillie  extérieure  d'une  coudée»,  mais  bien 
un  objet  long  d'une  coudée  qui  fait  saillie  :  cet  objet  long  d'une  coudée 
(ict;xuio;),  c'est  le  manche  de  la  rame  (autrement  nommé  icn^aXcu;). 

V.  398.  Ancaios,  qui  habitait  la  ville  de  Tégée.  —  Cette  désignation 
est  nécessaire  pour  éviter  toute  confusion  entre  cet  Ancaios  (v.  164) 
et  l'autre  Argonaute,  son  homonyme,  qui  venait  de  Samos  (v.  188). 

V.  40  r.  Le  gouvernail  (oli^ioi).  —  Le  mot  oiT^tov  est,  dans  la  langue 
d'Homère,  le  synonyme  du  mot  oTs^  «  I^s  ol^i«  sont  les  iro^déXta;  c'est 
comme  si  l'on  disait  les  oii^vta,  car  celui  qui  gouverne  a  besoin  de 
rcHexion  (otr,9eb>;).  Les  glossateurs  emploient  le  mot  oiaxec*  »  (Scol).  11 
n'est  pas  besoin  de  discuter  Tétymologie  proposée  par  le  Scoliaste;  le 
mot  nx-aX  vient  sans  doute  du  verbe  oui>,  porter,  et  signifie  la  barre  du 
gouvernail:  on  emploie  ce  mot  au  pluriel  parce  que  le  navire  antique 
possédait  deux  gouvernails  (voir  la  note  au  vers  362);  la  synonymie 
entre  les  deux  mots  otr,t9t  et  icYjdâXia  est  indiquée  par  de  nombreux 
passages  des  lexicographes  (voir  Cartault,  ouvr.  cité,  p.  102),  mais  elle 
n'est  pas  exacte:  les  oîaxe;  sont  proprement  les  barres  qui  font  mouvoir 
les  gouvernails. 

W  407.  Deux  bœufs,  —  Le  Scoliaste  explique  que  ce  nombre  de 
deux  est  naturellement  amené  par  les  deux  appellations  sous  lesquelles 
ou  invoque  le  dieu.  11  ajoute  que  le  soin  de  ces  préparatifs  revient  aux 
jeunes,  puisque  Apollon  est  un  dieu  toujours  jeune.  —  On  sait  que  le 
type  d'Apollon  toujours  jeune  est  relativement  récent.  «  Apollon  est 
désormais  conçu  (depuis  l'école  de  Praxitèle  qui  a  fixé  le  type)  comme 
un  adolescent  qui  n'est  pas  encore  arrivée  son  complet  développement, 
qui  n'a  rien  de  la  maturité  virile,  mais  dont  les  formes  délicates  sont 
déjà  empreintes  de  vigueur  et  de  force.  »  (Decharme,  Mythologie, 
p.  i3o,  d'après  O.  Mûller,  Handbuch  d.  Arch.  d.  KunstJ) 

V.  411.  La  ville  Aisonide,  —  «C'est  une  ville  de  Magnésie,  ainsi 
nommée  du  père  de  Jason,  comme  le  rapportent  aussi  Pindare  et 
Phérécyde.  »  (Scol.)  —  Strabon  n'en  parle  pas.  Dûbner  dit  avec  raison 
que  cette  ville  est  lolcos. 

V.  419.  Ortygie.  —  t  Phanodicos  en  a  parlé  dans  ses  Déliaques;  et 
Nicandre,  au  i*'  livre  de  ses  ÉtoliqueSy  dit  que  Délos  a  reçu  le  nom 
d'Ortygie,  ville  d'Étolie.  Voici  ses  paroles:  «  Les  gens  partis  d'Ortygie 
Titanienne  allèrent,  les  uns  à  Éphèse,  d'autres  dans  l'île  appelée 
autrefois  Délos,  d'autres  encore  dans  une  île  contiguê  à  la  Sicile;  de  là 
vient  que  tous  ces  lieux  se  nomment  Ortygie.  »  C'est  ainsi  que  Délos  a 
pris  ce  nom,  et  non  pas,  comme  on  Ta  imaginé,  à  cause  de  la  méta- 
morphose d'Astéria,  sœur  de  Létô,  mais  parce  que  toutes  les  Ortygies 
sont  des  colonies  de  l'Ortygie  d'Étolie.  »  (Scol.)  —  Cette  Astéria,  soeur 
de  Létô,  est  mentionnée  par  ApoUodorc  (I,  2,  2),  qui  raconte  comment, 
en  fuyant  les  poursuites  de  Zeus,  elle  fut  changée  en  caille  (opTu|,  caille)^ 
se  jeta  à  la  mer  et  donna  son  nom  d' Astéria  à  l'île  de  Délos,  près  de 
laquelle  elle  tomba  dans  les  ttots  (I,  4,  i).  —  Ovide  {Met.,  VI,  v.  108) 


NOTES  223 

fait  allusion  à  Astéria,  et  Callimaque  (H,  à  Délos,  v.  37J  en  parle. 

—  Strabon  cite  l'île  d*Ortygie,  voisine  de  la  Sicile  et  célèbre  par  la 
fontaine  d'Aréthuse  (224,  48),  et  le  bois  d^Ortygie,  près  d'Éphèse,  où, 
suivant  une  tradition,  Létô  aurait  enfanté  Apollon  et  Artémis  (346,  27). 
Il  remarque  aussi  (417,  38)  qu*Ortygie  est  Tancien  nom  de  Délos,  et 
(S46,  41)  que  c^est  aussi  le  nom  de  la  nourrice  d'Apollon  et  d'Artémis. 

—  11  ne  parle  pas  d'Ortygie  en  Étoile. 

V.  421.  Comme  prix  de  notre  voyage.  —  Le  mot  cic{pgi6pov  signifie 
le  prix  du  passage  que  le  voyageur  paie  au  maître  du  navire  sur  lequel 
il  s*embarque  (cf.  Odyss.y  XV,  v.  449).  Il  s'agit  ici,  comme  le  Scoliaste 
le  remarque,  de  sacrifices  qui  sont  le  prix  offert  à  Apollon  de  la  traversée 
heureuse  demandée  pour  le  navire. 

V.  428.  Comme  une  masse  (à0p6oc).  —  Dûbner  :  «  Uno  impetu,  ita  ut 
non  primum  in  genua  prolaberetur.  » 

V.  431.  L'animai,  projeté  en  avant  (iKpippT)dr,c).  —  Dûbner:  ^Qui 
prima  capitis  parte  in  terram  cadit  (cf.  Odyss.,  XXII,  v.  84).  »  D'après 
le  Scoliaste,  Antimaque  dit  que  ce  mot  signifie  tomber  après  avoir  tourné 
sur  soi-même;  il  ajoute  qu'ici  icepipptidili;  indique  la  chute  en  avant. 

V.  444.  Le  continent  asiatique.—  «  L'Asie  a  été  ainsi  nommée  d'Asia,. 
mère  de  Prométhée  et  d'Atlas  [Asia  est  fille  d'Océanos  et  femme  de 
Japet;  cf.  Apollodore,  I,  2,  2];  ou,  suivant  d'autres,  du  limon  qui  s'y 
trouve  en  abondance  (ô^aïc).  »  (Scol.)  —  La  mort  d'Idmon,  tué  par  un 
sanglier,  est  racontée  par  ApoUonios  {Argon,,  H,  v.  81  b,  sqq.). 

V.  43o.  Le  point  oit  il  s'est  arrêté.  —  Le  Scoliaste  explique  que  le  mot 
9Ta(kp6v,  stationnaire,  signifie  ici  le  moment  le  plus  chaud,  le  plus 
ardent,  car  le  moment  où  le  soleil  passe  au  milieu  du  ciel  est  celui  où  sa 
position  le  fait  être  le  plus  ardent,  et  celui  aussi  où  il  semble  immobile. 
IJEtymol.  Magn.  (cité  par  Brunck)  rappelle  l'expression  d' ApoUonios 
et  dit  aussi  qu'elle  signifie  le  milieu  du  jour,  moment  où  le  soleil  reste 
stationnaire. 

V.  466.  —  Cf.  Eschyle,  Les  Sept  contre  Thèbes,  v.  529  :  «  U  jure  par 
la  lance  qu'il  porte  et  qu'il  juge  dans  sa  confiance  plus  vénérable  qu'un 
Dieu.  0 

V.  47 1 .  —  Cf.  Iliade,  XV,  v.  254  :  «  Prends  courage  maintenant;  tel  est 
le  protecteur  que  le  Cronide  a  envoyé  de  l'Ida  pour  se  tenir  auprès  de 
toi  et  pour  te  défendre»  » 

V.  475.  Idmon..,  —  «  Le  poète  fait  naturellement  répondre  Idmon  qui 
est  devin,  à  Uas,  l'ennemi  d'Apollon.  »  ^Scol.)  Idmon  est  d'ailleurs  fils 
d'Apollon  (cf.  V.  139). 

V.  482.  Ces  fils  A  Modes»..  —  «  Homère  connaît  leur  histoire.  Ératos- 
thène  dit  qu'ils  étaient  fils  de  la  Terre,  mais  qu'ayant  été  nourris  par  la 
femme  d'Aloeus,  on  imagina  qu'ils  étaient  fils  d'Aloeus.  Hésiode  dit 
qu'ils  étaient  soi-disant  fils  d'Aloeus  et  d'Iphimédéia,  mais  en  réalité 
de  Poséidon  et  d'Iphimédéia,  et  que  leur  père  prétendu  fonda  Alos  en 
Étolie,  ville  dont  Homère  fait  mention.  »  (Scol.)  Homère  cite  Alos  dans 
le  Catalogue  des  vaisseaux  (//.,  II,  v.  682)  et  les  Aloïades,  Otos  et 
Éphialtès  dans  VIliade  (V,  v.  385),  où  il  raconte  comment  les  deux 
frères  chargèrent  Ares  de  liens,  et  dans  VOdyssée  (XI,  v.  3o5  et  suiv.), 
où  il  rappelle  leur  tentative  malheureuse  pour  escalader  l'Olympe. 


2^4  NOTES 

—  On  n*a  plus  le  passage  où  Hésiode  donnait  sur  les  AloUdes  les 
renseignements  conservés  par  le  Scoliaste.  —  Cf.  Decharme,  Mjrtkoi,, 
p.  397,  et  les  auteurs  qui  y  sont  cités. 

V.  487.  Indique-4noi  maintenant, —  Merkel  admet  êvtviccc  (leçon  du 
Laur.)  qui  signifie  :  tu  m'indiques.  Il  me  semble  que  l'impératif  (Guelf.* 
édit.  vulgo)  convient  mieux  à  la  vivacité  de  la  phrase,  comme  Bninck 
et  Wellauer  le  font  remarquer. 

V.  496.  Il  chantait,..—  «Il  veut  chanter  la  confusion  primitive  des 
éléments,  comment  chacun  d'eux  est  sorti  de  Tétat  de  lutte  et  s'est 
organisé.  Ce  chant  est  adapté  aux  événements  qui  viennent  de  se  passer, 
car  il  est  convenable  de  cesser  la  lutte  et  de  revenir  à  des  dispositions 
naturelles...  Empédocle  dit  que,  dans  la  confusion  primitive  de  tous  les 
éléments,  la  Lutte  et  l'Amitié  [la  Discorde  et  l'Amour],  qui  y  furent 
envoyées,  établirent  la  distinction  ordonnée  des  parties,  et  que,  sans 
elles,  rien  ne  peut  se  faire  :  c'est  lui,  semble-t-il,  que  suit  ApoUonios. 
Thaïes  a  supposé  que  le  principe  de  tout  est  l'eau;  il  empruntait  cette 
idée  au  poète  qui  a  dit  :  Afais,  vous  tous,  devenez  eau  et  terre  [Iliade, 
VII,  V.  99].  Zenon  dit  que  le  chaos  dont  parle  Hésiode,  c'est  l'eau  [sur  la 
conception  du  chaos  dans  Hésiode,  cf.  Théogonie,  v.  116  sqq.].  Quand 
elle  se  solidifia,  vint  la  boue,  dont  la  condensation  forma  la  terre  ferme. 
En  troisième  lieu,  selon  Hésiode,  naquit  Éros,  pour  que  le  feu  se  pro- 
duisît :  car  la  passion  qu'il  inspire  est  comme  le  feu.  Anaxagore  dit  que 
le  soleil  est  une  masse  incandescente  d'où  toutes  choses  sont  nées.  Aussi, 
Euripide,  qui  le  connaissait,  dit-il  que  le  soleil  est  un  lingot  d'or.  Le 
même  Anaxagore  prétend  que  la  lune  est  une  vaste  contrée,  d*où  il  pense 
que  le  lion  de  Némée  est  tombé.  »  (Scol.) 

V.  5o  I .  Les  montagnes.  —  c  Douris  dit  que  des  pierres  précipitées  par 
les  géants,  celles  qui  tombèrent  dans  la  mer  devinrent  des  lies,  et  celles 
qui  tombèrent  sur  la  terre,  des  montagnes.  »  (Scol.) 

V.  5o3.  Ophion  et  VOcéanide  Eurynomé.  —  Brunck  rapproche  de 
ce  passage  les  paroles  de  Prométhée  (Eschyle,  Prométhée,  v.  9S6)  : 
<i  N*ai-je  pas  déjà  vu  tomber  deux  de  ces  tyrans?,..  »,  et  la  note  du 
Scoliaste  d'Eschyle  :  <  //  veut  dire  Ophion  et  Eurynomé.  1»  Nous  avons 
peu  de  renseignements  sur  Ophton  (cf.  Claudien,  H.  Proserp.,  III, 
v.  348).  Quant  à  l'Océanide  Eurynomé,  mère  des  Charités  (Hésiode, 
Théogonie,  v.  907),  elle  fut  une  des  épouses  de  Zeus,  après  avoir 
régné  sur  les  Titans  avec  Ophion,  son  époux  primitif. 

V,  509.  L'antre  du  Dicté.  —  Le  Dicté,  montagne  dans  la  partie 
orientale  de  Pile  de  Crète,  où  Zeus  avait  été  élevé  et  possédait  un 
temple.  (Cf.  Strabon,  411,  18;  Virgile,  Georg.,  IV,  v.  i52  : 

Dictaeo  caeli  regem  [apes]  pavere  sub  antro. 

V.  5 10.  De  la  foudre  (xepavvo»),  du  tonnerre  (ppovi^,  et  de  Péclair 
((TTepoicY^ —  Le  sens  du  mot  xspauv6c  comprend  celui  'des  deux  autres 
qui  y  sont  joints  ici  par  ApoUonios  :  xepauvic  est  en  effet  le  coup  de 
foudre,  c'est-à-dire  réclair  qui  est  suivi  aussitôt  du  tonnerre.  On  sait 
que  des  trois  Cyclopes  deux,  Brontès  et  Stéropès  (Hésiode,  Tliéog., 
v.   140),  ont  des  noms  qui  rappellent  les  phénomènes  de  réclair  et 


NOTES  225 

du   tonnerre.  Le  troisième,  Argès,  est,  dit  M.  Decharme  (Afythol., 
p.  6),  «  réclat  blanchâtre  des  feux  électriques  «. 

V.  5 1 6-5 17.  —  Je  traduis  suivant  le  texte  de  Merkel,  qui  adopte,  d'après 
Ruhnken  Au,  au  lieu  de  la  leçon  des  mss.,  dr„  et  qui  remplace  la  leçon 
èuTtTêcdç  {ha,  xitùi  vulgo;  Itrà,  Oeot;  Gerhard)  par  la  conjecture  £\;ari(«»;. 

W.bi*],  Suivant  l'usage  religieux, —  «C'était  l'usage  parmi  les 
anciens  de  faire  le  mélange  dans  les  cratères,  quand  on  allait  dormir, 
de  consacrer  les  langues  des  victimes  à  Hermès  et  de  répandre  le  vin. 
Et  c'est  naturel  :  comme  Hermès  est  par  tradition  le  dieu  de  la  parole, 
dont  Torganc  est  la  langue  qui  s'arrête  quand  vient  le  sommeil,  il  est 
tout  simple  de  la  sacrifier  à  Hermès.  Homère  dit  aussi  :  Ils  jetaient  les 
langues  dans  le  feu  [Odyssée,  III,  v.  341].»  (Scol.)  Une  autre  scolie 
donne  une  autre  origine  à  cet  usage  :  «  Dieuchidas,  dans  ses  Mégariques, 
raconte  qu*Alcathous,  fils  de  Pélops,  exilé  à  cause  du  meurtre  de 
Chrysippos,  s'en  allait  loin  de  Mégare  pour  s'établir  dans  une  autre 
ville.  Il  rencontre  un  lion  qui  dévastait  le  pays  de  Mégare  et  contre 
lequel  le  roi  avait  envoyé  bien  des  gens;  il  en  est  vainqueur,  lui  coupe 
la  langue,  la  met  dans  son  sac  et  rentre  à  Mégare.  Et  comme  ceux  qu'on 
avait  envoyés  contre  la  béte  prétendaient  en  être  les  vainqueurs,  il 
apporta  son  sac  et  les  convainquit  de  mensonge.  Le  roi  fît  à  cause  de  la 
mort  du  lion  un  sacrifice  aux  dieux,  et  plaça  en  dernier  lieu  cette  langue 
sur  l'autel.  Telle  est  l'origine  de  cette  coutume  qui  a  subsisté  chez  les 
Mégariens.  Philochoros,  dans  son  livre  sur  les  Sacrifices,  dit  que  la 
langue  est  la  plus  belle  partie  du  corps,  celle  qjui  tient  le  premier  rang;  et 
Homère  :  Allons,  coupe:^  les  langues,  au  sens  de  :  Cesse\  de  parler,  » 
(Scol.)  L'interprétation  du  vers  d'Homère  {Od.,  III,  v.  332,  même  passage 
que  le  vers  précédemment  cité)  est  un  contre-sens.  Homère  dit  : 
c  Allons,  coupez  les  langues,  faites  le  mélange  du  vin,  0  dans  le  sens 
même  de  ce  passage  d'Apollon ios.  —  Cet  Alcathous,  fils  de  Pélops,  est 
simplement  mentionné  par  ApoUodore  comme  père  de  Périboia  (III, 
1 1 , 2)  et  d'Automédousa  (II,  4, 1 1  ).  Ovide  {Met,,  VIII,  v.  8)  appelle  Mégare 
urbs  Alcathoi. 

V.  523.  D'ajuster  les  rames.  -—  On  comprend  qu'il  est  nécessaire  de 
remettre  en  place  pour  pouvoir  s'en  servir  les  rames  qui  ont  été  retour* 
nées  au  moment  du  lancement  (v.  378-379).  D'ailleurs,  l'expression 
otpTÛvsaOai  epexiidé  est  expliquée  par  un  passage  de  VOdyssée  (IV,  v.  782) 
où  l'on  voit  des  navigateurs,  au  moment  du  départ,  après  avoir  tiré  le 
navire  en  mer,  ajuster  les  rames  rpoiroTc  sv 8sp(iaTCvo(fftv,  c'est-à-dire  en 
emboîter  la  poignée  dans  les  anneaux  de  cuir  nommés  aujourd'hui  les 
estropes d'aviron. Quant  au  mot  epeT|i.6ç,  employé  par  Apollonios  comme 
par  Homère,  M.  Cartault  (ouvr.  cité,  p.  1 54)  fait  remarquer,  en  s'appuyant 
sur  Hésychius  et  sur  le  Scoliaste  d' Apollonios  (scolie  au  v.  i255  du 
chant  II),  que  c'est  une  expression  poétique  pour  xcoir/),  qui  signifie 
proprement /701^/fee^  puis  poignée  de  la  rame  et,  enfin,  par  extension, 
la  rame  elle-même. 

V.  526.  Une  poutre  divine.  —  Le  Scoliaste  rappelle  que  les  chênes  de 
la  forêt  de  Dodone  parlaient,  et  il  cite  le  vers  de  VOdyssée  (XIV,  v.  327)  : 
«  //  disait  être  allé  à  Dodone,  lui-même,  pour  entendre  d'un  chêne  au 
feuillage  touffu  les  desseins  du  dieu  Zeus,  » 

29 


226  NOTES 

V.  538.  Vers  les  bancs  (viXyLOLxa'.  —  Les  aiX^tara,  dit  le  Scoliaste, 
sont  à  la  fois  les  sièges  des  rameurs  et  les  espaces  qui  séparent  deux 
rangs  de  bancs  (9eXid<â(i.aTa).  «  En  général,  ajoute-t-il,  on  donne  à  toute 
vaste  pièce  de  bois  le  nom  de  selma  ou  de  se'lidôma,  d*où  nous  disons 
même  les  sélides  [les  pages]  des  rhapsodies  à  cause  de  leurs  dimensions 
étendues.  »  Le  mot  aUjMt  signifie  donc  le  vaste  espace  à  Tintérieur  du 
navire  où  sont  disposés  les  bancs  de  rameurs,  et  par  suite  ces  bancs 
eux-mêmes.  Les  commentateurs  assimilent  en  général  les  9éX|taTa  aux 
transira  et  traduisent  les  deux  mots  par  bancs  de  rameurs.  (Voir 
SchefTer,  op.  cit.,  p.  i36;  Rich,  Dictionn.  antiq.  rom,  et  grecq.,  au  root 
transtrum,  etc.)  M.  Vars  {ouvrage  cité,  p.  61)  traduit  aéXpia  par  la 
coque  du  navire,  terme  qui  me  semble  avoir  trop  d^extension,  puisque 
le  mot  coque  signifie  c  l'enveloppe  des  bordages,  le  corps  v  (Dictionn. 
de  Littré).  Il  est  ici  question  seulement  de  l'endroit  où  se  trouvent  les 
bancs  des  rameurs. 

V.  533.  Là  quille  fut  inondée  par  en  bas.  —  Le  mot  tp6inc  (en  latin 
carina,  cf.  SchefTer,  op.  cit.  p.  46)  signifie  quille.  Il  s'agit  ici  de  la 
seconde  quille  t)  Scutépa  tpimc  (cf.  SchefTer,  p.  47),  qui  consistait  en 
«poutres  munies  d^entailles,  aujourd'hui  carlingue.  Ces  entailles 
n'étaient  pas  assez  profondes  pour  s*appuyer  sur  la  quille.  On  obtenait 
ainsi  des  ouvertures  pour  le  passage  de  l'eau  de  l'un  à  l'autre  bord  : 
disposition  indispensable  pour  dégorger  un  vaisseau  trop  incliné.  » 
(Vars,  ouvr.  cit.,  p.  42.)  C'est  par  ces  ouvertures  que  s'introduit  Teau 
qui  inonde  par  en  bas  la  quille,  le  fond  du  vaisseau.  Cette  explication 
confirmerait,  s'il  en  était  besoin,  la  leçon  de  Merkel  vnsxXûoOt)  contre 
celle  de  Lehrs,  vicexXecvOr),  inclinabatur.  Le  Scoliaste  dit  d'ailleurs: 
«  Quand  il  s'assit,  la  quille  s'inonda  d'en  bas  à  ses  pieds,  et  s'enfonça 
dans  la  mer  par  le  poids  du  héros.  » 

V.  537.  LIsménos.  —  L'Isménos  est  un  fleuve  defiéotie;  de  là  le  nom 
du  temple  d'Apollon  Isménien.»  (Scol.)  —  Cf.  Strabon,  35i,  19. 

V.  540.  Au  son  de  lacithare  d'Orphée.  —  M.  Cartault  {ouv.  cité,  p.  162) 
fait  remarquer  qu'Orphée  remplit  sur  le  navire  Ârgo  la  fonction  du 
TpiY)paûXrjc,  joueur  de  flûte  chargé  de  faire  entendre  pendant  toute  la 
durée  de  la  nage  un  air  qui  excitait  les  rameurs  et  leur  faisait  oublier 
leur  fatigue. 

V.  55 1.  Tritonide. —  Voir,  sur  le  sens  du  surnom  Tritonide  ou  7'rt- 
togéneia,  Decharme,  Myth.,  pp.  75-76.  Merkel  admet  dans  son  edit. 
miner  la  leçon  Itonide  ('Ita>vtSoc)  qui  se  trouve  dans  la  plupart  des  mss. 
et  qui  a  été  adoptée  par  la  généralité  des  éditions.  Wellauer  dit  à  propos 
de  la  leçon  TptTuvCdoc,  qu'il  n'adopte  pas  :  c  Quod  valde  dubitavi  an 
recipiendum  sit,  quia  reliquis  omnibus  locis  Apollonius  eam  Tritonidem 
vocat,  cujus  omnino  magnae  sunt  in  fabulis  ad  Minyas  pertinentibus 
partes,  cf,  C,  O.  Mùller, ,  Orchom. ,  pp,  21 3,355.  Sed  'ItuiviSoc  non  potuit 
a  librariis  proficisci,  TpiTuvtdo;  facile  reponere  potuerunt,  quum  id  reli- 
quis locis  reperissent.  Praeterea  vulgatam  eamdemque  librorum  pluri- 
morum  lectionem  tuetur  etiam  Etymol.  M.,  /.  /.,  et  qui  ejus  vevba  ex- 
scripserunt,  T:çet\,  ad  Lycophr.  355,  Eudoc.,p.  322  et  Phavorin.  »  ï.e 
Scoliaste  ne  connaît  que  la  leçon  'Itinvtdoc  :  le  temple  d'Athéna  Itonienne, 
dit-il,  est  à  Coronée  en  Béotie.  Mais  il  ajoute  qu'Athéné  est  nommée  ici 


NOTES  227 

à  cause  d'un  autre  temple  qu*etle  avait  à  Itône,  en  Thessalie.  Strabon  cite 
le  temple  d'Itône  en  Thessalie  (376,  26)  et  celui  de  Coronée  en  Béotie 
(333,  27).  Â  propos  de  la  ville  d*Itône,  dans  la  Thessalie  Phthiotide, 
il  dit  que  c'est  de  ce  temple  d'Athcnc  Itonienne  que  vient  le  nom  du 
temple  de  la  déesse  en  Béotie  (374,  1 1).  Cf.  Catulle,  LXIV,  v.  228  : 

Qaod  dbi  si  saocti  conc^sserit  incola  Itoni. 

Itône  en  Thessalie  n'étant  pas  bien  loin  de  Pagases,  il  serait  naturel 
de  supposer  qu'en  parlant  de  l'œuvre  de  la  déesse  qui  a  construit  Argo, 
ApoUonios  lui  donne  plutôt  le  nom  de  déesse  d'Itône  que  celui  de 
déesse  Tritonide. 

V.  554.  Chiron.  —  «Suidas,  dans  ses  Thessaliques,  dit  que  Chiron 
était  fils  d'Ixion.  L'auteur  de  la  Gigantomachie  dit  que  Cronos,  méta- 
morphosé en  cheval,  s'unit  à  TOcéanide  Philyra,  et  c'est  pourquoi 
Chiron,  qui  naquit  d'eux,  fut  un  hippocentaure.  La  femme  de  ce  dernier 
était  Chariclo.  »  (Scol.)  Apollodore  (I,  2,4)  le  dit  fils  de  Cronos  et  de 
Philyra.  Chiron,  le  plus  doux  et  le  plus  juste  des  Centaures,  est  le  maître 
en  médecine  de  tous  les  hérosThessaliens,de  Jason  entre  autres,  comme 
rindique  le  Scoliaste,  qui  prétend  que  le  nom  de  Jason  vient  de  ses 
études  médicales  (lâvcov  icopà  tt}v  ibcaiv).  Quant  à  Chariclo,  femme  du 
Centaure,  Apollodore  n'en  parle  pas:  il  cite  (III,  6,  7)  une  nymphe 
Chariclo,  mère  de  Tirésias;  mais  Ovide  {Met,,  II,  v.  636)  dit  que 
Chariclo  eut  du  Centaure  une  fille,  Ocyrhoé.  On  donne  aussi  comme 
fils  à  Chiron  et  Chariclo  le  héros  Carystos  qui  fonda  et  nomma  de  son 
nom  la  ville  de  Caryste  en  Eubée  (Strabon,  383,  20). 

V.  558.  Achille.  —  c  ApoUonios  a  suivi  les  poètes  posthomériques 
en  disant  qu'Achille  fut  élevé  par  Chiron.  »  (Scol.)  Homère  (IL,  XI, 
V.  83o)  se  borne  à  dire  que  la  médecine  a  été  enseignée  à  Achille  par 
Chiron,  le  plus  juste  des  Centaures.  La  fable  de  l'éducation  d'Achille  par 
le  Centaure  n'est  pas  connue  des  poèmes  homériques.  (Cf.  Decharme, 
Myth.,  p.  597.) 

V.  562.  Le  gouvernail  (irQ^àXta).  —  Le  gouvernail  primitif  est  un  fort 
aviron  à  large  pelle  (irvidov,  qui  donna  son  nom  au  gouvernail  tout 
entier),  fixé  extérieurement  à  l'arrière  du  navire,  a  Les  anciens  ne 
connaissaient  pas  notre  gouvernail  à  poste  fixe,  attaché  à  l'étambot 
par  des  pivots  tournant  dans  des  manchons...  On  gouvernait  dans 
rantiquité  au  moyen  de  rames  qui  différaient  des  autres  avirons  par 
leur  longueur  et  leur  largeur.  »  (Vars,  ouvr.  cit.,  p.  120.)  Le  pluriel, 
icf}8àXta,  s'explique  naturellement  puisque  le  navire  antique  avait  deux 
gouvernails  (voir  la  note  au  v.  401). 

V.  563.  La  poutre  transversale.  —  «  C'est  n<rTodr,xtî  [place  du  mât], 
où  Ton  place  le  mât  et  où  on  le  couche.  *  (Scol.)  —  «  Pour  dresser  ou 
abaisser  le  mât,  on  pratiquait  une  ouverture  qui  traversait  les  baux  et 
le  pont  situés  à  l'arrière  du  navire.  Des  madriers  (aujourd'hui  épontilles) 
devaient  soutenir  par  dessous  les  baux  ainsi  tranchés.  Cette  sorte  de 
fosse  ou  de  cage  pour  le  mât  se  nommait  t\  (XKa65|AY},  ou  ((ttoOtixt),  et 
parfois  aussi  v^  tvToSâxY).  »  [Vars,  ouvr.  cite\  p.  63.  Le  même  auteur 
traduit  ailleurs  par  emplanture  (p.  76)  le  mot  laToîoxYj.] 


228  NOTES 

V.  564.  Des  cordes  tendues,  —  «c  Les  câbles  que  Ton  tend  du  haut  du 
mât  jusqu^à  la  proue  et  jusqu'à  la  poupe.  »  (Scol.)  Cf.  Odyss.,  H, 
V.  424-423.  Ces  cordes  (icp^Tovoi) équivalent, d'après  M.Var8,aux  Aau^âM 
modernes.  Le  même  auteur  accuse  d'erreur  Bœckh,  Pierron,  etc.,  qui 
disent  que  les  icp6tovot  vont  du  mât  à  la  proue  et  à  la  poupe  {ùuvr.  cité, 
p.  71).  Hésychius  avait  affirmé  la  même  chose  :  mais  M.  Vars  suppose 
son  texte  interpolé,  et  s'appuie,  ce  qui  semble  assez  piquant,  sur  «  le 
Scoliaste  d'Apollonius  de  Rhodes  remarquable  entre  tous  par  la  sûreté 
de  son  savoir».  Le  Scoliaste  dit  en  effet  (scolie  au  vers  567)  que  les 
ffp6tovot  sont  les  câbles  qui  vont  du  mât  à  la  proue.  La  scolie  au 
vers  564  disait  que  ce  sont  les  câbles  qui  vont  à  la  proue  et  à  la  poupe. 
Si  ce  Scoliaste  est  remarquable  par  la  sûreté  de  son  savoir,  il  Test 
encore  plus  par  le  nombre  de  ses  contradictions;  ce  n'est  pas  à  lui 
qu'il  fiaut  demander  la  preuve  que  les  icp^Tovoi  vont  du  mât  à  la  proi^e, 
et  les  èmtovoi,  du  mât  à  la  poupe.  Hésychius,  Bœckh,  Pierron,  etc., 
peuvent  aussi  bien  fonder  leur  opinion  sur  la  scolie  au  vers  364  que 
M.  Vars  appuie  la  sienne  sur  la  scolie  au  vers  367.  M.  Cartault,  qui 
pense  que  les  icpirovot  vont  de  chaque  côté  du  mât  à  l'avant  du  navire, 
admet  que  le  Scoliaste  corrige  au  vers  367  son  erreur  du  vers  364  : 
«  Le  Scoliaste  d'Apollonius  de  Rhodes  (I,  v.  1204)  explique  qu'ils  [les 
icp&tovoi]  tiennent  le  mât  par  en  haut,  comme  les  coins  introduits 
dans  la  carlingue  le  fixent  par  en  bas.  Ailleurs  Apollonius  de  Rhodes 
(I,  V.  3O4)  dit  qu'après  avoir  dressé  le  grand  mât  on  Tassujettit  au 
moyen  d'étais  qu'on  tend  à  bâbord  et  a  tribord  (IxaTcpOev).  Il  faut 
noter  que  le  Scoliaste  entend  le  mot  autrement  et  prétend  qu'il  s'agit 
de  l'avant  et  de  l'arrière;  il  serait  donc  ici  question  à  la  fois  des  étais 
et  des  galhaubans  :  mais  il  se  corrige  lui-même,  deux  vers  plus  loin, 
quand  il  ajoute  que  les  icp6Tovoi  sont  les  cordages  qui  vont  de  chaque 
côté  du  mât  à  l'avant  du  navire.  »  {Ouvr.  cité,  p.  209-210.) 

V.  363.  La  partie  supérieure.  —  t  L'endroit  le  plus  haut  et  le  plus 
mince  du  mât;  au-dessus  se  trouve  le  xap^^iriov.  Le  poète  indique  que 
ta  voile  est  tirée  jusqu'en  haut  du  mât.  »  (Scol.)  «  Le  sommet  du  mât 
(t)  Y)XaxeKTT])  avait  la  forme  d'une  quenouille  comme  son  nom  l'indique 
[T)XsxaT/)  signifie,  en  effet,  quenouille],  L'rjXaxâto  était  assez  mince 
pour  permettre  au  carchésium  (to  xocp^rjo^tov)  de  l'envelopper  comme 
un  manchon.  Le  carchésium  était  une  sorte  de  gobelet  fait  de  pièces 
d'assemblage  et  portant  les  poulies  destinées  au  passage  de  la  drisse 
(cordage  qui  sert  à  hisser  la  vergue).  »  (Vars,  ouvr.  cité,  p.  64.) 

V.  366.  Autour  des  vergues  (e7c'lxpi6fiv).  —  Le  mot  txpiov  que  je 
rends  par  vergue  est  traduit  dans  les  Dictionnaires  d'Alexandre  et  de 
Chassang  par  tillac,  pont  de  vaisseau,  et,  dans  les  diverses  traductions 
latines,  par  tabulata,  mot  qui  signifie  tillac.  Je  suis  l'explication  du 
Scoliaste  :  «  LTxptov  est  une  partie  du  mât.  Eratosthène  dit  dans  son 
Architectonique  :  c  Dans  le  mât,  il  y  a  le  pied,  la  hune,  le  parapet  de 
la  hune  (Ooipâxiov),  la  flèche,  les  vergues  et  l'&piov.  »  Et  le  Scoliaste 
ajoute  que  ce  mot  désigne  l'extrémité  des  vergues.  Voici,  d'ailleurs, 
une  confirmation  de  ce  sens  dans  les  Scholia  grœca  ex  codice 
biblioth,  impérial,  Paris,,  nunc  primum  evulgata  (édit.  Brunck- 
Schaêfer,  Leipzig,  181 3):  «  L'5cpiov  est,  au  dire  de  certains,  une  partie 


NOTES  229 

du  mât;  il  vaut  mieux  penser  que  c'est  ce  que  d'ordinaire  on  appelle 
vergue.  On  entend  aussi  par  Ixpia  le  plancher  du  navire  [c'est-à-dire,  le 
tillac].  9  M.  Vars,  qui  traduit  ixptx  par  gaillards  d'avant  et  d'arrière 
(p.  5o),  te  fonde  sur  la  scolie  que  je  viens  de  citer,  pour  dire:  «  L'extré- 
mité du  mât  (tète)  se  nommait  parfois  to  îxpiov.  »  (Ouvr.  cité,  p.  66.) 
La  scolie  au  vers  566  n'indique  rien  de  semblable.  Scheffer,  qui  a  bien 
lu  la  scolie,  avoue  ne  pas  comprendre  clairement  le  sens  du  mot  :  «  Sed 
quid  schoiiasti  Apollonii  faciamus  qui  quartam  adhuc  mali  partent 
ex  Eratosthene  nominat?...  An  et  in  malo  txpia  habuere?  hocest  alia 
quaedam  ligna,  supra  carchesium  erecta,  velut  parvas  arbores,  ut  hodie 
in  navibus  quandoque  fieri  videmus?  An  potius  quaedam  cornua  in  ea 
parte  dénotant,  qualia  et  in  nostris sunt?  »{Op.  cit.,  p.  1 44.)  M . Cartault, 
après  avoir  iait  remarquer  {ouvr.  cité,  p.  47)  que  les  Txpia  Tcpc&pa; 
et  les  ikpia  icp\S|Avnc  correspondent  à  nos  gaillards  d'avant  et  gaillards 
d'arrière,  montre  avec  raison  que  le  passage  d'Eratosthëne  cité  par 
le  Scoliaste  ne  nous  enseigne  rien  sur  la  façon  dont  se  succédaient 
les  diverses  parties  du  mât  énumérées  dans  un  ordre  absolument 
arbitraire  (p.  173).  «  Quant  au  mot  ikpiov,  il  désigne  le  mât  à  l'époque 
primitive.  »  (P.  1 73.)  Ce  sens  du  mot  Txptov  est  attesté  par  divers  passages 
d'Eustathe,  mais  je  crois  que  le  pluriel  employé  ici  par  ÂpoUonios 
désigne  les  vergues.  —  Il  me  semble  d'ailleurs  qu'une  correction  bien 
simple  ferait  disparaître  toute  difficulté.  Il  s'agit  évidemment  ici  des 
vergues,  ou  plutôt  de  la  vergue  qui  était  composée  de  plusieurs  pièces. 
Au  lieu  de  eic'lxpi&^iv,  que  l'on  écrive,  en  un  seul  mot,  èmxptiçtv.  On 
sait  qu'Homère  nomme  la  vergue  xh  sic{xpiov. 

—  Fardes  anneaux  faits  en  bois  bien  poli, —  M.  Vars  (oi/yr.  cité,  p.  112) 
voit  dans  le  mot  tcep6vat,  que  je  traduis  par  anneaux,  un  équivalent  des 
cabillots  modernes,  chevilles  arrondies,  émoussées,  débordant  des  deux 
côtés,  qui  reposent  sur  le  râtelier,  sorte  de  planchette  disposée  le  long 
de  la  muraille  du  vaisseau.  Le  Scoliaste  dit  en  e£fet  :  n  Les  irep^vat  sont 
des  irâ<r(raXot  (chevilles  en  bois)  disposés  sur  les  (ravid<û(ixTa  {ouvrages  en 
planches,  bordages);  c'est  aux  icep6vcii  que  Ton  attache  les  câbles  de  la 
voile.  »  Mais  M.  Cartault  dit  justement  à  propos  des  cordages  (xoD-wec) 
dont  il  est  ici  question  que  ces  cordages  sont  les  car  gués,  a  Les  cargues 
étaient  comprises  sous  le  nom  générique  de  xdcXot  ou  xâXu>ec.  Ce  sont, 
nous  dit  le  Scol.  d'Apollonius  de  Rhodes  (I,  566),  les  cordages  qui  servent 
à  carguer  la  voile,  et  ils  passent  à  travers  les  cosses.  »  {Ouvr.  cité,  p.  195.) 
M.  Cartault  traduit  par  cosses  le  mot  xpfxoi;  il  dit  ailleurs  (p.  21 3): 
«  Quant  aux  xp{xoi  par  lesquels  passaient  les  cordages...  il  est  difficile 
de  ne  pas  y  voir  les  cosses.  Eustathe  nous  apprend  qu'on  les  faisait  en 
fer,  mais  qu'on  se  servait  aussi  pour  les  fobriquer  d'autres  matières 
analogues.  »  La  cosse  est  aujourd'hui  un  a  anneau  de  fer  cannelé  dans 
sa  circonférence  extérieure,  et  qui  présente  ainsi  un  canal  circulaire 
propre  à  recevoir  et  à  maintenir  un  cordage  »  (Dictionnaire  de  marine, 
de  Bonnefoux  et  Paris).  Les  icep6vat  sont  ici  synonymes  des  xpfxoi 
qu' ApoUonios  suppose  avoir  été  en  bois  au  temps  des  Argonautes.  Dans 
toute  la  manœuvre  que  le  poète  décrit,  les  Argonautes /^are/if  les  câbles 
et  les  vergues  pour  que  tout,  dans  le  navire,  soit  en  situation  de  pouvoir 
être  utilisé  suivant  que  le  vent  continuera  à  être  fort  ou  qu'il  s'apaisera. 


230  NOTES 

V.  368.  Le  cap  Tisée. —  «  Ce  cap  est  en  Thessalie  ou  en  Magnésie, 
suivant  certains,  en  Thesprotie.  »  (Scol.)  La  Thesprotie  est  une  contrée 
de  l'Épire.  Strabon  ne  mentionne  pas  le  cap  Tisée,  mais  Valérius 
Flaccus  (II,  V.  7)  le  cite  : 

TempUqae  Tisaeae  mergunt  obliqua  Diaaae. 

V.  572.  La  terre  dlolcos,  ~  lolcos  est  une  ville  de  Thessalie,  à  vingt 
stades  de  Pagases,  patrie  de  Jason;  toute  la  côte  voisine  se  nomme 
côte  dlolcos  (Strabon,  356,  4;  375,  5). 

V.  373.  Les  petits  au  milieu  des  monstres  énormes,  —  Dûbner  fait 
remarquer  que,  grâce  au  pouvoir  des  chants  d*  Orphée,  tous  ces  animaux 
se  réunissent  en  bonne  intelligence,  uniquement  occupés  d'entendre 
Tiède  :  Majores  cum  minoribus  mixti  (nec  iis  insidiantes). 

V.  38o.  Dans  la  brume.  —  Le  mot  Tjiptoc  signifie  aérien,  enveloppé  de 
brouillards,  obscur,  matinal.  Le  Scoliaste  dit  que  cette  épithète  vient 
de  ce  que  la  terre  de  la  Thessalie  est  noire  et  qu'elle  s'applique  pour  le 
môme  motif  au  sol  d'Egypte.  Ou  bien  ce  mot  veut  dire  matinal,  venant 
de  T^pi  qui  signifie  le  matin.  —  Il  me  semble  que  l'on  traduirait  mieux  : 
«  Bientôt  a  disparu  dans  les  brouillards..,  »  C'est  d'ailleurs  l'opinion  de 
Dûbner  qui,  après  avoir  combattu  les  sens  proposés  par  le  Scoliaste, 
ajoute  :  Sed  multo  melius  esseputo,  sic  explicare  :  nubilus,  ob  discessum 
ab  hac  terra,  »  —  A  propos  des  Pélasges,  le  Scoliaste  dit  :  «  Il  s'agit  des 
Thessaliens,  dont  le  nom  vient  soit  de  Pëlasgos,  fils  d'Inachos,  soit  des 
Pélasges,  peuple  barbare  qui  habita  la  Thessalie  et  le  pays  d'Argos,  soit 
de  Pélasgos,  fils  de  Poséidon  et  de  Larissa.  Staphytos  de  Naucratis  dit 
que  Pélasgos,  de  race  argienne,  émigra  dans  la  Thessalie  qui,  à  cause 
de  lui,  fut  nommée  Pélasgie.  »  Les  Pélasges,  regardés  comme  les  plus 
anciens  habitants  de  la  Grèce,  habitaient  principalement  TÉpire  et  la 
Thessalie;  expulsés,  ils  durent  se  retirer  soit  en  Asie-Mineure,  soit  en 
Étrurie.  ApoUonios  fait  ici  montre  d'érudition  archéologique,  en  donnant 
à  la  Thessalie  le  nom  de  ses  plus  anciens  habitants. 

V.  38i.  Les  rocs  détachés  du  Pélion  (epdcvac).  —  Le  Scoliaste  dit  que 
l'on  donne  ce  nom  aux  caps  parce  que  le  vent  y  soufBe  beaucoup  (icapà 
Tb  ^y9N  frvico6ai).  Mais  êp{nvT)  semble  venir  du  verbe  êpc^icci»  qui,  à  l'aoriste 
second,  a  le  sens  de  s*abattre.  —  Ces  rocs  du  Pélion  rendaient  difficile 
la  navigation  le  long  de  la  côte  (Strabon,  38o,  47). 

V^  582.  Sépias.  —  C'est  la  pointe  la  plus  orientale  de  toute  la  Magnésie 
(Strabon,  279,  33).  Le  Scoliaste  dit  que  le  nom  de  ce  cap  lui  vient  de  ce 
que  c'est  là  que  Thétis,  poursuivie  par  Pelée,  se  changea  en  sèche  ((ri}ffCa) . 

V.  583.  Sciathos.  —  C'est  une  île  de  la  mer  Egée  en  face  du  cap  Sépias 
(Strabon,  375,  17). 

V.  584.  Peirésies. —  Cf.  v.  Sy.^^  Magnésa.  Ville  de  Magnésie  qui 
porte  le  même  nom  que  la  contrée  et  que  le  Scoliaste  distingue  de  son 
homonyme  d'Asie. 

V.  585.  Le  tombeau  deDolops.  —  Dolops  était  fils  d'Hermès.  Valérius 
Flaccus  (II,  V.  I  o)  traduit  :  Vidisseputant  Dolopeia  busta,  que  le  Thésaurus 
de  Quicherat  et  le  Dictionnaire  de  Freund  et  Theil  traduisent  mal  en 
expliquant  Dolopeia,  a  qui  a  rapport  aux  Dolopes  »,  peuple  de  Thessalie, 


NOTES  231 

qui  n*a  que  faire  ici.  Le  vers  587  d^ApolIonios  montre  bien  que  les 
héros  rendent  un  culte  à  Dolops  qui,  dit  le  Scoliaste,  mourut  à 
Magnésa;  Cléon,  diaprés  le  Scol.,  parle,  au  premier  livre  de  ses 
Argonautiques,  du  tombeau  qui  fut  élevé  sur  la  grève  à  ce  héros. 

V.  591.  Le  lieu  de  départ  du  navire  Argo,  —  Je  traduis  textuellement 
le  nom  grec  'AçiTai  'ApYoOc  Strabon  (374,  38)  indique  l'origine  de 
ce  nom  de  lieu  :  'Açirai,  uc  ocv  af  £Ti^pt6v  ti  t&v  'ApyovavTûv,  passage  qui 
est  ainsi  rendu  dans  la  traduction  Tardieu  (Paris,  1873,  tome  11^ 
p.  289)  :«....  un  lieu  appelé  Aphètes,  comme  qui  dirait  VAphétérion 
ou  embarcadère  des  Argonautes.  » 

V.  592.  Méliboia.^^  Ville  maritime  de  Thessalie,  au  pied  de  TOssa» 
lieu  de  naissance  de  Philoctète  (Strabon,  375,  i5). 

V.  593.  Dont  ils  évitèrent,  —  Je  traduis  suivant  la  correction  de 
Meinecke  (Vindic.  Strabon. ^  p.  i83)  sxictpéwvreç  (=  traverser,  passer 
au  loin)  adoptée  par  Merkel  dans  son  edit.  maior.  Les  mss.  terminent 
les  vers  593  et  694  par  le  même  mot  elaopiwvrtc,  ce  qui  semble  une 
répétition  inadmissible.  On  a  esayé  plusieurs  conjectures.  Voici,  à  ce 
propos,  les  remarques  judicieuses  de  Wellauer  :  «  Quod  versus  hic  et 
sequens  in  idem  vocabulum  eIaop6(i>vxec  exeunt,  id  omnino  ferri  nequit, 
quamquam  enim  II,  5y4s,,  uterque  versus  in  avOi;  [corrigé  par  Merkel, 
d'après  Kcechly],  et  II,  1 108  s,,  in  ctCxoK  [corrigé  aussi  par  Merkel} 
exit,  ea  et  breviora  sunt  vocabula  et  minoris  momenti,  hanc  autem 
ejusmodi  repetitionem  tolérasse  ApoUonium  nemo  putaverit.  Quare 
Brunck.  ad  Theocr,  XX,  26,prius  eivopiwvTtc  in  sxvtûvavxec  mutandum 
judicavitf  quo  in  simile  re  utitur  Orph.,  Arg.  460,  idque  deinde  in 
textum  recepit,  et  eamdem  emendationem  iterum  laudibus  extulit.  Ad 
Aristoph,  Eccles.  614»  Sedea  est  admodum  temeraria  mutatio  neque 
probabilior  Jacobsii  conjectura  apud  Weicliert,,  de  versibus  Virgilii  et 
Valerii  injuria  suspectis,  p.  88  5u9iQve|Aov  oppcoioOvrcc*  Praetera  lotus 
versus  ita  est  comparatus,  ut  sine  uUo  sensus  aetrimento  abesse 
possit;  denique  «xt^v  et  oLtyioîkà^,  vocabula  idem  signijicantia,  quis 
conjuncta  ferai?  Itaque  rectius  vidisse  videntur  Matthiae  Obss.  p.  26, 
et  Beckius  qui  versum  spurium  judicant.  Omnino  dubitari  non  potest, 
quin  ex  priore  recensione  irrepserit  in  qua  sequens  versus  ita.  CompO' 
ratus  erat  ut  non  in  et<rop6uvTec  desineret,  quae  est  et  Gerhardip.  2  g  s. 
senlentia.  Portasse  tum  âxpY)v  T'alrtaX^v  xe  lectum  est»  His  causis  commo- 
tus  versum  uncis  inclusif  »  Lehrs  met,  comme  Wellauer,  le  vers  393 
entre  crochets.  La  plupart  des  éditions  modernes  adoptent  la  conjecture 
de  Brûnck,  êxvevvavttç  fs*étant  détournés),  qui  a  à  peu  près  le  mâme 
sens  que  le  mot  èxicep6aivtec,  mais  qui  s'éloigne  bien  davantage  de  la 
lettre  des  mss.  La  conjecture  de  Meineke  me  semble  très  admissible: 
si  on  l'adopte,  le  vers  bg3,  loin  de  faire  double  emploi  avec  le  vers  692, 
le  renforce  et  en  explique  le  sens. 

V.  594.  Homolé,  —  «  C'est  une  montagne  de  Thessalie  ou  une  ville 
de  Thrace.»  (Scol.)  C'est,  d'après  Strabon  (38o,  28),  une  ville  de 
Magnésie  près  du  mont  Ossa.  Virgile  (Aen.,  VII,  v.  675,  Descendunt 
centauri  Homolen  Othrymque  nivalem)  fait  de  l'Homolé  une  montagne, 
voisine  de  TOthrys,  qui  est  en  Thessalie  (Strabon,  374,  4).  On  voit 
donc,  quoi  qu'il  en  soit,  que  les  Argonautes  suivent  la  côte  de  Magnésie . 


232  NOTES 

V.  596.  L'embouchure  du  fleuve  Amyros. —  «C'est  un  fleuve  de 
Thessalie,  voisin  de  Méliboia,  ainsi  nommé  d'Amyros,  flisde  Poséidon; 
il  y  a  aussi  une  ville  de  ce  nom.  »  (Scol.)  Apollonios  cite  encore 
TAmyros  (IV,  v.  617).  Strabon  (38o,  11)  ne  dit  rien  du  fleuve  et  cite 
une  ville  de  Thessalie,  Amyros,  près  du  lac  Boebeis.  Cf.  Valérius 
Flaccus  (II,  v.  Il): 

Intranteinque  Amyron  carvts  quaesita  per  oras. 
Aequora. 

V.  597.  Eury mènes.  —  \\  n'est  question  de  cette  ville  ni  dans  le 
Scoliaste,  ni  dans  Strabon,  ni  dans  Pausanias.  Hécatée  (fragm.  m, 
Fragm.  Histor,  Graec,  Didot,  vol.  I)  la  cite  comme  une  ville  de 
Thcssalie.  Il  en  est  fait  mention  dans  Tite-Live  (XXXIX,  25)  et 
dans  Valérius  Flaccus  (II,  v.  i3). 

V.  599.  Pallénées. —  «  Palléné  est  le  nom  d'une  montagne  de  Thrace 
et  d'une  ville  d'où  était  Protée.  Canastrée  est  le  promontoire  de 
Palléné.  »  (Scol.)  Strabon  (278,  35  et  suiv.)  dit  que  Palléné  est  une 
presqu'île  située  en  face  de  celle  de  Magnésie  et  terminée  par  le 
cap  Canastrée.  Cette  presquMle  serait  l'ancienne  Phlégra,  autrefois 
célèbre  par  le  séjour  des  géants.  Cf.  Pausanias  (I,  25  ;  VIII,  29).  —  Les 
Argonautes,  après  avoir  suivi  la  côte  de  Magnésie  du  cap  Sépias  au 
mont  Ossa,  traversent  le  golfe  Therméen,  longent  la  côte  méridionale 
de  la  presquMIede  Palléné  jusqu'au  cap  Canastrée;  de  là,  ils  passent 
en  vue  du  mont  Athos  pour  aborder  dans  Tîle  de  Lemnos  qui  en  est 
voisine. 

V.  601.  Le  mont  Athos.  —  «  L' Athos  est  la  plus  haute  montagne  de 
Thrace.  Le  poète  veut  dire  qu'en  môme  temps  que  le  jour,  leur  apparut 
l'Athos,  qui  est  de  Lemnos  à  une  distance  égale  à  celle  qu'un  navire 
voguant  depuis  l'aurore  jusqu'à  midi  pourrait  parcourir;  et  cependant 
il  couvre  d'ombre  Lemnos  si  éloignée  de  lui,  car  son  sommet  intercepte 
le  soleil  et  il  couvre  l'île  d'ombre  jusqu'à  Myriné.  »  (Scol.)  Les  anciens 
se  faisaient  une  idée  extraordinaire  de  la  hauteur  de  l'Athos.  Strabon 
(279,  43  et  suiv.)  dit  que  les  habitants  du  sommet  voient  le  soleil  se 
lever  trois  heures  plus  tôt  que  ceux  de  la  côte.  Pline  rapporte  la  môme 
tradition  qu'Apollonios  :  «  ...  Afyrinam,  in  cuius  forum  solstitio  Athos 
eiaculatur  umbram.  »  (N.  H.,  IV,  73.) 

V.  602.  Myriné.  —  «  Myriné  est  une  ville  située  à  l'extrémité  de 
Lemnos  qui  en  possède  deux,  Héphaistia  et  Myriné,  cette  dernière 
ainsi  nommée  de  Myriné,  femme  de  Thoaset  tille  de  Crétheus.  »  (Scol.) 
Strabon  ne  parle  pas  de  ces  deux  villes.  On  a  vu  (note  précédente)  que 
Pline  cite  Myriné,  qui  est  aussi  mentionnée  par  Ptolémée,  Stéphane 
de  Byzance,  etc.  Les  mômes  auteurs  citent  aussi  Héphaistia.  Il  est 
déjà  question  de  ces  villes  dans  Hécatée  (fragm.  102,  io3, 104,  Fragm, 
Histor.  Graec. f  Didot,  vol.  1),  qui  dit  que  Lemnos  possède  deux 
villes,  Héphaistia  et  Myriné,  et  dans  Denys  de  Chalcis  (fragm.  2, 
Fragm.  Histor.  Graec. t  Didot,  vol.  IV),  qui  rapporte  aussi,  au 
III*  livre  de  ses  Fondations  des  villes,  que  Lemnos  avait  deux  villes 
nommées  Héphaistia  et  Myriné.  Le  nom  d'Héphaistia  est  dû,  sans 
doute,  au  dieu  Héphaistos,  protecteur  de  Lemnos.  Quant  à  Myriné, 


NOTES  233 

on  n'a  pas  de  renseignements  sur  son  compte,  et  il  est  peu  probable 
que  son  père  Crétheus  soit  le  même  que  Crétheus,  père  de  Pélias. 
V.  6o3.  Un  vaisseau  de  transport  bien  équipé.  —  Si  Apollonios 
prend  dans  son  sens  propre,  ce  qui  est  probable,  le  mot  éXxdc,  il 
fait  allusion  à  un  genre  de  bâtiments  dont  la  marche  était  peu 
rapide.  Les  éXxaSec,  comme  leur  nom  l'indique  (fXxa>,  tirer,  remorquer) 
étaient  primitivement  remorquées  par  d'autres  navires.  Cf.  Scheffer 
{op.  cit.,  p.  257)  :  c  Dicebantur  autem  6>xâ8cc  a  trahendo,  quia  funibus 
nonnunquam  consueverunt  religari  ad  naves  militares.  y  Quand  ces 
navires  n'étaient  pas  remorqués,  lourdement  construits,  pesamment 
chargés,  et  disposés  pour  n'aller  qu'à  la  voile,  ils  devaient  avoir  une 
allure  fort  lente.  D'après  Pline  {N.  H.,  IV,  73),  la  distance  entre 
le  mont  Athos  et  Lemnos  est  de  87,000  pas;  le  pas  romain  vaut 

5  pieds,  d'après  Pline,  lui-môme  {N.  H.,  Il,  85  :  Stadium  centum 
viginti  quinque  nostros  efficit  passus,  hoc  est  pedes  sexcentos  viginti 
quinque).  Le  pied  romain  =  0^296;  le  pas  =  o"2ç6  K  3  =  1*48; 
87,000  pas  =  i"48  X  87,000  =  128,760  mètres.  Il  paraît  invraisem- 
blable qu'un  navire  de  charge  puisse  parcourir  plus  de  128  kilomètres 
entre  le  matin  et  midi.  Mais  les  mesures  de  Pline  sont  évidemment 
fort  inexactes  :  il  n'y  a  que  70  kilomètres  entre  le  mont  Athos  et 
Lemnos.  M.  Cartault  {ouvr.  cité,  p.  252)  dit  à  propos  de  ce  vers 
d'Apollonios  :  «  La  vitesse  qu'ils  [les  anciens]  obtenaient  pour  leurs 
navires  à  voiles  n'était  pas  de  beaucoup  inférieure  a  celle  que  réalise 
notre  marine,  ce  qui  prouve  une  fois  de  plus  que  les  anciens  avaient 
poussé  fort  loin  la  pratique  de  l'art  naval.  Apollonius  de  Rhodes,  en 
parlant  de  l'Athos,  dit  qu'il  est  éloigné  de  Lemnos  de  la  distance 
qu'une  holcadc  bonne  marcheuse  parcourrait  du  matin  au  milieu  du 
jour.  Malheureusement,  le  poète  ne  nous  indique  pas  l'heure  du 
départ.  Si  nous  plaçons  le  matin  à  six  heures,  comme  il  y  a  de  l'Athos 
à  Lemnos  environ  70  kilomètres  en  ligne  droite,  nous  obtiendrons 
une  vitesse  d'un  peu  plus  de   1 1  kilomètres  et  demi  ou  d'environ 

6  nœuds  et  demi  par  heure.  »  Cette  vitesse  semble  exagérée  pour  un 
navire  de  charge  :  le  bâtiment  qui  portait  saint  Paul  de  Sidon  à 
Césarée  ne  faisait  que  3  nœuds  à  l'heure  (Vars,  ouvr.  cité,  p.  181).  Je 
crois  qu'il  faut  fixer  le  départ  de  cette  holcade  à  l'aurore  d'un  jour  d'été, 
soit  vers  quatre  heures  du  matin;  la  distance  de  70  kilomètres 
parcourue  en  8  heures  donne  8,750  mètres  à  l'heure,  c'est-à-dire  plus 
de  4  nœuds  et  demi,  ce  qui  me  semble  encore  beaucoup  pour  une 
holcade,  quelque  bien  équipée  qu'elle  soit. 

V.  608.  Et  c'est  en  ramant...  —  «  Ils  [les  Athéniens]  naviguaient 
donc  à  la  voile  et  ne  considéraient  les  rames  que  comme  un  secours 
auxiliaire  qu'on  employait  lorsque  le  vent  faiblissait  ou  devenait 
contraire.  On  s'en  servait  également  pour  gagner  ou  pour  quitter  le 
mouillage  ou  pour  franchir  un  passage  difficile  dans  des  cas  spéciaux 
et  pour  un  trajet  de  peu  de  durée.  C'est  ainsi  que  nous  sont  repré- 
sentés les  marins  du  navire  Argo;  ils  utilisent  les  voiles  tant  que  le 
vent  leur  est  propice,  puis  ils  mettent  à  la  rame  et  se  dirigent  vers  la 
terre.»  (Cartault,  ouvr.  cité,  p.  i23.) 

Lemnos,  séjour  des  Sintiens.  —  Strabon  (282,  17;  471,  3)  dit  que  les 

30 


234  NOTES 

premiers  habitants  de  Letnnos  furent  des  Sintiens,  peuple  de  Thrace; 
ils  recueillirent  Héphaistos  précipité  du  ciel  (Iliad,,  I,  v.  593-594).  Le 
Scoliaste  donne  sur  Lemnos,  séjour  des  Sintiens,  les  renseignements 
suivants  :  «  Sintéis  est  une  épithëte  de  Lemnos,  car  elle  eut  pour 
premiers  habitants  les  Tyrrhéniens,  les  plus  méchants  des  hommes 
[ai^ffç  signifie  de  brigand]  ;  Homère  dit  :  //  alla  à  Lemnos  vers  les 
Sintiens  au  parler  sauvage  {Odyss.,  VIU,  v.  394.)  Hellanicos  dit  que 
les  Lemniens  furent  nommés  Sintiens  parce  que,  les  premiers,  ils 
firent  des  armes  de  guerre  pour  piller  [otveffOai]  leurs  voisins  et  leur 
faire  du  mal.  »  —  Strabon  dit  qu'il  est  resté  a  Lemnos  beaucoup  de 
traces  du  passage  des  Argonautes  (38,  35);  il  parle  d'un  certain 
Eunéos,  fils  de  Jason,  qui  régna  à  Lemnos  (37,  42).  Il  est  question 
dans  17/iV2^e(VII,  v.  468  et  suiv.;  XXHI,  v.  747)  de  cet  Eunéos,  fils  de 
Jason  et  d'Hypsipylé  :  c*est  à  la  naissance  future  de  ce  fils  qu'Apol- 
lonios  fera  allusion  (v.  905  et  suiv.)- 

V.  609.  Dans  cette  île..,  —  Le  Scoliaste  paraphrase  le  récit  d*Apollo- 
nios.  Mais  il  explique  comment  Aphrodite  se  vengea  des  Lemniennes  : 
elle  les  affligea  d'une  puanteur  insupportable;  ce  détail  nécessaire,  qui 
est  une  circonstance  atténuante  pour  les  maris,  est  négligé  par  la 
réserve  du  poète  alexandrin.  Mais  ApoUodore  (I,  9,  17)  ne  manque 
pas  d'y  faire  allusion.  Le  Scoliaste  cite  une  autre  tradition,  due  à 
l'historien  Myrsilos  :  «  Alors  que  d'autres  disent  que  les  Lemniennes 
étaient  devenues  puantes  par  une  vengeance  d'Aphrodite,  Myrsilos, 
dans  le  livre  I  de  ses  Lesbiques,  raconte  les  faits  d'une  manière 
différente.  Médée,  dit-il,  alors  qu'elle  côtoyait  Lemnos,  jeta,  par 
jalousie,  dans  l'île,  une  substance  magique  qui  affligea  les  femmes 
d'une  mauvaise  odeur.  Aussi,  maintenant  encore,  il  y  a,  chaque 
année,  un  jour  où,  à  cause  de  leur  puanteur,  les  femmes  écartent 
leurs  maris  et  leurs  fils.  1  D'après  Myrsilos,  comme  d'après  Pindare 
(IV*  Pythique),  c'est  au  retour  de  la  Colchide  que  les  Argonautes 
s'arrêtent  à  Lemnos. 

V.  620.  Seule  entre  toutes.  —  «  C'est  d'abord  parce  qu'il  était  son 
père  qu'Hypsipylé  sauva  Thoas,  comme  elle  le  devait;  ensuite,  à  cause 
de  son  fige  et  parce  qu'il  n'était  ni  le  conseiller  ni  le  complice  du 
libertinage  des  Lemniens.  »  (Scol.) 

V.  623.  Oînoié.  —  «  Cette  histoire  est  prise  de  Théolytos.  Sicinos 
est  une  ile,  au  Sud  de  l'Eubée,  qui  s'appelait  autrefois  Oinoié,  parce 
qu'elle  était  plantée  de  vignes  [olvoc,  vifi].  Xénagoras  fait  mention  . 
de  ce  changement  de  nom,  en  disant  qu'il  eut  lieu  à  cause  de  Sicinos, 
fils  de  Thoas  et  de  la  nymphe  Oinoié.  Que  Thoas  fut  sauvé  des  eaux 
en  cet  endroit,  Cléon  de  Curium  le  raconte,  ainsi  qu'AscIépiade  de 
Myrléa,  qui  montre  qu'Apollonios  a  tout  emprunté  à  Cléon.  »  (Scol.) 
Sicinos  est  une  petite  île,  située  dans  la  partie  de  la  mer  Egée  qu'on 
appelle  d'ordinaire  mer  de  Crète  (Strabon,  416,  i5).  Pline  l'Ancien 
(N.  H.,  IV,  70)  constate  ce  changement  du  nom  de  l'île. 

V.  636.  Les  Thyades»  —  C'est  de  là,  dit  le  Scoliaste,  que  Sémélé 
est  appelée  Thyoné;  l'étymologie  de  ce  mot  serait  ou  OOstv  (offrir  un 
sacrifice,  immoler)  ou  evOeaCo(&évT),  à  cause  des  transports  divins  de  la 
Thyade.  ApoUodore  (III,  5,  2)  rappelle  que  c'est  sous  ce  nom  de 


NOTES  235 

Thyoné  que  Dionysos  amena  ta  mère  au  ciel,  et  M.  Decharme 
{MythoL,  p.  460)  remarque  la  ressemblance  de  prononciation  entre 
Buci&vY),  la  Ménade  divine,  Sémélé,  et  Aicdv^,  qui  est  quelquefois  attri- 
buée comme  mère  à  Aiôvuaoc,  peut-être  aussi  par  suite  d'une  simi- 
litude de  mots.  —  Les  Bacchantes  d'Euripide  montrent,  entre  autres 
exemples,  comment  les  Thyades  méritent  cette  épithète  de  «man- 
geuses de  chair  crue  ». 

V.  645.  Aithalidès,  —  Voir  la  note  qui  le  concerne  au  vers  64.  —  Le 
Scoliaste  explique  ce  que  veulent  dire  ces  mots  :  l'oubli  n'a  pu  pénétrer 
dans  son  dme.  «  Cest,  dit-il,  que  les  morts  passent  poiA*  oublier  ce  qui 
leur  est  arrivé  pendant  leur  vie.  Quant  à  lui,  quoique  mort,  il  n'oublia 
pas,  et,  possesseur  d'une  nouvelle  âme,  par  la  métempsycose,  comme 
parlent  les  philosophes,  suivant  la  volonté  d'Hermès,  il  savait  toujours 
qui  il  était.  Phérécyde  dit  qu'il  avait  reçu  d'Hermès  ce  privilège  que 
son  ftme  fût  tantôt  dans  la  demeure  d'Adès,  tantôt  sur  la  terre.  Les 
Pythagoriciens  disent  que,  doué  d'une  ftme  impérissable,  il  revécut  en 
la  personne  d'Euphorbos,  fils  de  Panthos^  au  temps  de  la  guerre  de 
Troie,  puis  en  la  personne  de  Pyrrhos  de  Crète,  puis  d'un  homme 
d'Élide  dont  le  nom  n*est  pas  connu,  et  enfin  de  Pythagore  lui-même. 
Pythagore  disait  que  son  àme,  avant  de  lui  appartenir,  avait  été  celle 
d'Aiihalidès,  puis  d'Euphorbos  le  Troyen,  ensuite  d'un  fils  d'Hermès 
et  d'une  courtisane  de  Samos,  et  enfin  la  sienne.  »  —  Ces  renseigna 
ments  sont  à  peu  près  les  seuls  que  nous  ayons  sur  Aithalidès,  dont 
il  n'est  parlé  ni  par  Apollodore  et  les  autres  mythographes,  ni  par  les 
poètes  latins,  excepté  Valérius  Flaccus,  qui  le  cite  parmi  les  Argo- 
nautes (I,  V.  437.)—  Diogène  Lierce  (VIII,  4)  rappelle  que  Pythagore 
prétendait  avoir  été  autrefois  Aithalidès,  fils  d'Hermès.  Le  Pythagore 
d'Ovide  se  souvient  seulement  d'avoir  été  Euphorbos  {Met.,  XV, 
V.  161): 

Ipse  ego  nam  memini,  Troitni  tempore  belli, 
Pamhoidet  EuphorbuA  eram... 

Aulu-Gelle  (IV,  xi,  14,  edit.  Hertz,  Teubner)  cite  Aithalidès  parmi 
les  incarnations  de  Pythagore,  mais  dans  un  autre  ordre  que  le  Scoliaste  : 
«  Pythagoram  vero  ipsum  (sicuti)  célèbre  est,  Euphorbum  primo  fuisse 
dictasse,  Ita  haec.  Remotiora  sunt  his  quae  Clearchus  et  Dicaearchus 
memoriae  tradiderunt,  fuisse  eum  postea  Pyrlrhum  Px]ranthium, 
deinde  Aethaliden,  deinde  feminam  pulcra  fade  meretricem,  cui 
nomen  fuerat  A  Ico.  » 

V.  652.  Ils  ne  détachèrent  pas  les  amarres  (icet9)LaTa).  —  «  Lorsqu'ils 
[les  marins  grecs]  ne  retiraient  pas  à  terre  leur  navire,  ils  l'amarraient 
au  rivage  au  moyen  de  câbles  qui  portent,  dans  les  inscriptions 
navales,  le  nom  de  <rxoiv{a  inlyyjoLf  et  chez  les  lexicographes,  ceux  de 
axotv(a  ti^Y^a,  àic^Yvoc,  de  yvata,  de  neiaiAotTa  ou  de  tcpupivrivia.  Pollux 
nous  apprend  que  ce  dernier  terme  était  poétique;  en  tout  cas,  le  mot 
nous  indique  que  ces  amarres  partaient  généralement  de  l'arrière. 
C'est  en  effet  par  l'arrière  que  devaient  de  préférence  accoster  les 
navires,  qui,  à  cause  de  leur  éperon,  avaient  à  l'avant  un  tirant  d'eau 
plus  fort  qu'à  l'arrière,  et  qui   ne  pouvaient  guère  aborder  par  le 


236  NOTES 

travers  à  cause  des  avirons  qui  garnissaient  leurs  flancs.  •  (Cartault, 
ouvr.  cité,  p.  87.) 

Le  veut  Borée.  —  c  Le  sens  est  :  et  cependant  Borée  soufflait,  dont 
le  souffle  était  utile  à  la  navigation  des  Argonautes.  »  (Scol.)  Shaw 
interprète  contre  le  sens  du  Scoliaste  :  «  Ob  flatum  AquUonis,  >  De 
plus,  il  reproduit  une  note  de  Wesseling  {Observât,,  p.  i3o),  qui  dit 
que  Borée  était  contraire  aux  Argonautes  :  «  Mihi  perspectum  est 
nihil  veri  his  inesse.  Non  enim  ventus  Aquilo  secundus  est  tendentibus 
in  Pontwn,  sed  adversum  tenet.  Debuisset  enarrator  in  memoriam 
redigere  Lemniarum  responsum,  quo  irri dentés  Miltiadi  olim  dixisse 
perhibentur,  tum  se  in  Atheniensium  potestatem  venturos,  cum  ille 
domo  navibus  proficiscens  Lemnum,  vento  Aquilone,  venisset.  Hoc 
ergo  Apollonius  indicat  Minyas  non  solvisse  illo  mane  ex  insuta 
Lemno  quod  Aquilo,  qui  ipsis  in  Pontum  porrecturis  adversus  erat, 
flaret,  »  Cette  anecdote  que  Cornélius  Nepos  raconte  {Miltiade,  I)  n^a 
rien  à  faire  ici  :  Athènes  étant  au  Sud  de  Lemnos,  le  Borée,  dont  le 
souffle  vient  du  Nord,  ne  peut  conduire  d'Athènes  à  Lemnos.  Quant 
aux  Argonautes,  qui,  après  avoir  longé  TAthos,  ont  abordé  au  Nord 
de  Lemnos,  il  semble  que,  pour  arriver  à  THellespont,  ils  auraient 
besoin  d'un  vent  soufflant  de  POuest,  car  la  partie  septentrionale  de 
nie  de  Lemnos  se  trouve,  comme  l'ouverture  de  THellespont,  au 
40*  degré  de  latitude.  Mais  les  Argonautes  auront  besoin  d'un  vent 
du  Midi  pour  arriver  à  THellespont  où  ils  ne  se  rendent  pas  directe- 
ment. On  verra  en  effet  (v.  910  et  suiv.)  qu'au  départ  de  Lemnos  ils  se 
rendent  à  Samothrace,  et  reviennent  de  là  à  THellespont  en  côtoyant 
la  Chersonèse.  Voilà  pourquoi,  chose  qui  semble  étrange  au  premier 
abord,  ils  ont  besoin  d'un  vent  du  Midi  pour  aller  de  Lemnos  à 
THellespont. 

V.  668.  Polyxo.  —  ApoUodore  (II,  i ,  5)  parle  d'une  Naïade  de  ce 
nom,  femme  de  Danaos,  et  (III,  10,  i)  d'une  autre  Polyxo,  femme  de 
Nycteus  et  mère  d'Antiopé.  On  en  cite  une  autre,  Rhodienne,  femme 
de  Tlépolémos,  chez  qui  Hélène  se  serait  réfugiée  après  la  mort  de 
Ménélas  (cf.  Decharme,  MythoL,  p.  663).  Polyxo  est  aussi  le  nom 
d'une  des  Hyades  (Hygin,  Pœt.  Astr.,  II,  31).  Mais  nous  n'avons  dans 
le  Scoliaste,  ou  dans  les  mythographes,  aucun  renseignement  sur  la 
nourrice  d'Hypsipylé.  Valérius  Flaccus,  qui  parle  d'elle,  avoue  cette 
ignorance  à  son  sujet  (II,  v.  3 16)  : 

Vîtes  Phoebo  dilecta  Polyxo 
Non  patriam  non  certa  genus... 

Hypsipylé,  dans  le  discours  que  lui  prête  Stace,  dit  que  c'est  Polyxo 
qui  a  conseillé  aux  femmes  de  Lemnos  de  tuer  leurs  maris  {Theb., 
V,  v.  90,  sqq.). 

V.  672.  Couverte  comme  d'un  duvet  de  cheveux  blancs, —  Je  traduis 
suivant  le  texte  de  Merkel,  qui  adopte  la  conjecture  de  Frank  Passow, 
éictxvoaovtrr),  déjà  adoptée  par  Wellauer,  au  lieu  de  la  leçon  des  mss. 
ticixvoàouvai,  leçon  d'après  laquelle  ce  seraient  les  jeunes  filles  qui 
auraient  les  cheveux  blancs.  Lehrs  traduit  en  ce  sens  :  «  Albis  obtectae 
capillis.  »  Le  Scoliaste  remarque  que  les  cheveux  des  jeunes  filles 


NOTES  237 

étaient  comme  un  duvet,  mais  il  ne  dit  rien  de  leur  couleur.  Shaw 
pense  que  ce  sont  des  cheveux  qui  paraissent  blancs,  tant  ils  sont 
blonds,  et  traduit  :  a  Flavis  pubescentes  crinibus.  »  Shaw  suit  d'ailleurs 
l'opinion  d'Hoelzlin,  combattue  par  Brunck,  qui  fait  remarquer  qu*il 
n'y  a  aucun  exemple  de  ce  sens  de  blonds  attribué  à  Xeux^mv,  et  qui  veut 
corriger  en  ^vO^o-iv,  se  fondant  sur  ce  que  les  servantes  de  Médée  {Arg., 
Ch.  IV,  V.  i3o3)  ont  ÇavOocc  eOetpaç.  WcUauer  cite  d'autres  corrections 
du  mot  Xcux^<nv  :  nXeux^oiv  (Weston),  Xeup^vtv  (Gerhard);  mais  il  adopte 
comme  dénnitive  la  correction  de  Passow,  qui  porte  sur  le  mot 
Èntxvodtovvat,  qua  omnis  loci  difficuUas  ita  toUitur,  ut  eam  in  textum 
recipiendam  esse  judicaverim.  La  conjecture  de  Passow  ajoute  un  trait 
à  la  description  de  cette  vieille,  sur  qui  le  poète  attire  l'attention,  sans 
s*inquiéter  de  ses  suivantes.  Dûbner  ne  parle  pas  de  cette  correction  ; 
il  trouve  trop  hardie  celle  de  Brunck,  mais  il  avoue  ne  pas  bien 
comprendre  le  sens  de  la  leçon  qu'il  conserve  :  «  Habentes  primant 
lanuginem;  sed  cur  cani?  Sine  dubio  de  pubescentium  puellarum 
crinibus  in  temporibus  crescentibus,  » 

V.  689.  Les  Kéres  ont  craint  de  me  faire  mourir.  —  Dûbner  croit 
que  cette  crainte  des  Kères  leur  est  inspirée  par  l'horrible  décrépitude 
de  Polyxo:  €ld  est  me  horrentem  ob  formam,  scilicet  decrepitam; 
cf.  Plaut,  Pastidium  orci,  id  est  quem  orcus  ipse  fastidit.  »  Mais  si  les 
Kères  craignent  de  faire  mourir  Polyxo  à  cause  de  sa  décrépitude  qui 
leur  inspire  du  dégoût,  comment  la  vieille  femme  peut-elle  dire 
(v.  691)  qu'elle  mourra  l'année  suivante,  alors  que  sa  décrépitude, 
aggravée  avec  le  temps,  sera  encore  plus  dégoûtante  pour  les  déesses 
de  la  mort?  Le  Scoliaste  dit  bien  :  «  Les  Kères  ont  peur  de  venir  vers 
itioi  maintenant;  cependant,  je  mourrai,  c'est-à-dire  je  mourrai  de 
vieillesse.  •  Mais  je  crois  qu'Âpollonios  veut  dire  que  si  les  Kères  ont, 
jusqu'à  présent,  évité  de  faire  mourir  Polyxo,  soit  à  cause  du  respect 
qu'elle  leur  inspire,  soit  dans  la  crainte  de  dépeupler  Lemnos,  le 
temps  viendra  bientôt  où,  malgré  ces  considérations,  la  vieille  femme 
devra  disparaître. 

V.  703.  Jphinoé.  —  Cette  Lemnienne  n'est  pas  autrement  connue 
que  par  ce  passage.  —  Dans  Valérius  Flaccus,  Iphinoé  est  également 
envoyée  en  ambassade  auprès  des  Argonautes  (II,  v.  326,  portatque 
preces  ad  litora  Gratis  Jphinoe).  Le  poète  latin  a  montré  auparavant 
la  Renommée  qui,  sur  l'ordre  de  Vénus,  excite  au  meurtre  de  leurs 
maris  plusieurs  femmes  de  Lemnos,  entre  autres  Iphinoé  (II,  v.  162). 

V.  721.  Tritonide.  -^  Voir  la  note  au  vers  55i.  Le  Scoliaste  lit  et 
explique  'Ittovidçlt,  comme  au  vers  55 1. 

V.  722.  Un  manteau  double,  couleur  de  pourpre.  —  Voir  la  note  au 
vers  326.  Il  ne  s'agit  pas  ici,  comme  dans  ce  vers,  d'un  de  ces  vêtements 
très  amples  qui  se  mettent  doubles,  mais  d'un  manteau  de  luxe  dont 
l'éto^  est  à  double  tissu,  c'est-à-dire  brochée  :  en  effet,  les  dessins 
variés  forment  une  seconde  trame  dans  la  première. 

V.  723.  Les  premiers  étais  {^puix^^O-  —  L'étymologie  de  ce  mot 
(dpOc,  ïx'à,  qt*i  contient  des  pièces  de  chêne)  ne  peut  en  déterminer  le 
sens  exact.  Le  Scoliaste,  qui  se  contredit  dans  ses  explications,  ne 
nous  est  d'aucun  secours  :  0  On  appelle  ainsi  les  pièces  de  bois  sur 


238  NOTES 

desquelles  on  établit  la  quille.  Homère  a  dit  :  //  dressait  en  ordre  comme 
des  Spuo^oi  toutes  [les  haches  qui  étaient]  au  nombre  de  dou^e.  Les 
dpvoxot  sont  donc  les  entrailles  [(yxoOiia,  mot  qu*on  traduit  par  le 
terme  technique  de  cotes  ou  varangues]  du  navire.  >  D'après  le 
Scoliasle,  les  8p\joxot  correspondent  donc  aux  colombiers;  puis  il  se 
contredit  en  les  assimilant  aux  varangues.  Les  colombiers  sont  des 
appuis  latéraux  qui  soutiennent  par  leurs  têtes  la  carène  du  vaisseau 
en  construction;  les  varangues  sont  des  pièces  de  bois  qui  font  partie 
du  navire  même  et  non  du  ber  que  l'on  établit  autour  du  navire  en 
construction.  Le  sens  de  la  phrase  d'Âpollonios  est  que  la  déesse  a 
fait  cadeau  du  manteau  à  Jason  au  moment  où  l'on  commençait  à 
s'occuper  d'Argo  :  comme  il  faut  établir  le  ber  avant  de  songer  au 
navire  même,  il  est  logique  que  le  mot  Spuoxoi  se  rapporte  au  ber 
plutôt  qu'au  navire.  M.  Cartault  donne  des  raisons  excellentes  qui 
prouvent  qu'il  s'agit  bien  en  effet  des  colombiers  :  «  Nous  retrouvons 
les  colombiers  dans  les  ipuo^oi»  E^n  effet,  les  SpiSo^oc  sont,  pour  Suidas 
et  Zonaras,  des  étais  dont  on  se  servait  pendant  la  construction  du 
bâtiment.  Le  grand  Étymologique  y  voit  des  pièces  de  bois  verticales, 
des  supports  qui  soutiennent  ta  quille  du  vaisseau  qu*on  édifie.  Eustathe 
entend  par  là  des  étais  disposés  enfile,  et  sur  lesquels  repose  la  quille 
du  bâtiment  en  construction,  afin  qu*elle  ait  une  forme  régulière.  Il 
ajoute  qu'ils  maintiennent  la  carène  des  deux  côtés  et  l'entourent  de 
soutiens  continus.  Platon,  dans  le  Timée,  donne  du  mot  dpuoxot  une 
explication  courte,  mais  parfaitement  nette.  Ce  sont  des  appuis  qui 
servent  pendant  la  construction  du  bâtiment,  Hésychius,  qui  emploie 
la  forme  dpûaxcc,  les  définit  d'une  façon  plus  vague  :  pièces  de  bois 
qui  soutiennent  la  quille  du  navire.  De  même,  le  Scoliaste  d'Apollonius 
de  Rhodes  :  ;7iéce5  de  bois  sur  lesquelles  on  établit  la  quille.  Plus  loin, 
il  confond  à  tort  les  dp^jo^ot  avec  les  côtes  du  bâtiment.  Malgré  cela, 
toutes  ces  explications  sont  suffisamment  claires  et  concordantes  pour 
-qu'il  faille  admettre  sans  hésitation  l'identification  des  Spuoxoi  avec 
nos  colombiers.  »  (Ouvr.  cite',  p.  27-28.)  M.  Vars  {ouvr.  cité,  p.  39-40), 
qui  se  fonde  précisément  sur  le  vers  d'Homère  cité  par  le  Scoliaste 
d'Apollonios  {Odyss.,  XIX,  v.  bjS),  où  il  est  dit  qu*Ulysse  dispose  à 
la  suite  ses  douze  haches  comme  autant  de  dpuoxot,  prétend  que  les 
dpvoxot  sont  des  couples,  «  pièces  de  construction  à  deux  branches  qui 
s'élèvent  symétriquement  de  chaque  côté  de  la  quille  jusqu'à  hauteur 
du  bat-bord  ».  {Dictionnaire  de  marine  de  Bonnefoux.)  «  A  la  question 
suivante  :  quelles  parties  dans  un  navire  peuvent  ressembler  le  plus  à 
des  haches  placées  sur  une  ligne,  des  marins  répondraient  à  l'unani- 
mité :  ce  sont  les  couples.  *  M.  Vars  impose  aux  marins  qu'il  met  en 
scène  la  réponse  qu'il  veut  avoir  en  posant  la  question  d'une  manière 
favorable  à  son  système.  Il  ne  faut  pas  demander  :  quelles  parties  dans 
un  navire;  mais  :  quelles  parties,  soit  dans  un  navire,  soit  dans  le  ber 
qui  sert  à  la  construction  de  ce  navire.  Le  vers  de  Catulle  (LXIV^,  v.  10), 
évidemment  inspiré  de  ce  passage  d'Apollonios,  ne  peut  en  rien  nous 
éclairer  sur  le  sens  du  mot  2puoxot.  Le  poète  latin  rappelle  que  Minerve 
«lle-méme  (diva  ipsa)  a  présidé  à  la  construction  du  navire  Argo  : 

Pinea  coniange.is  inflexae  texta  caritme. 


NOTES  239 

L*ëdition  Lemaire  explique  bien  :  «  Inserens  et  adaptans  curvae 
carinae  trabes  et  alia  quitus  naves  instruuntur.  1  Le  mot  texere  est 
le  terme  propre  qui  signifie  disposer  la  contexture  d*un  navire, 
le  construire.  Le  jeu  de  mots  de  Properce  (III,  vu;  IV,  vi,  édit^ 
Muller,  V.  29)  : 

Ite,  rates  curvas  et  leti  texite  causas, 

nous  rindique  ainsi  que  le  vers  de  TÉnëide  (XI,  v.  326)  : 

Bis  denas  Italo  texamas  robore  naves... 

et  les  divers  passages  d'Ovide  {Met.  XI,  v.  624;  XIV,  v.  53 1;  Fast,, 
Ii  V.  5o6)  où  se  trouve  l'expression  pinea  texta  carinae.  Il  n'y  a  aucun 
rapport  entre  ct^  pinea  texta  et  les  8pvoxot. 

V.  724.  Des  traverses  (J^\jyà),  —  C'est  dans  son  sens  primitif  qu'Apol- 
lonios  emploie  le  mot  Cvyà.  a  II  y  avait  pour  désigner  les  baux  [poutres 
principales  placées  en  travers  des  bâtiments  pour  en  lier  les  deux 
murailles]  un  terme  qui  remontait  aux  premiers  âges  de  la  marine 
grecque,  celui  de  K^yà.  Dans  les  navires  primitifs  et  non  pontés,  les 
couples  étaient,  à  leur  extrémité  supérieure,  réunis  par  des  poutres 
qui  servaient  en  même  temps  à  asseoir  les  rameurs...  La  double 
fonction  des  Çuyà  est  nettement  indiquée  par  Eustathe  :  Ils  servent  à 
la  fois  à  joindre  les  flancs  du  bâtiment  et  à  fournir  une  place  aux 
rameurs.  Il  s'exprime  d'une  façon  aussi  précise  ailleurs  :  On  appelle 
CvY^  ces  longues  poutres  qui  rattachent  l'un  à  l'autre  les  flancs  du 
navire  et  les  maintiennent  comme  un  joug.  »  (Cartault,  ouvr.  cité, 
p.  41.)  M.  Cartault  explique  comment,  plus  tard,  le  mot  Cvy^v  étant 
resté  dans  la  langue  maritime,  mais  les  deux  objets  qu'il  désignàft 
étant  devenus  très  différents,  il  en  est  résulté  une  confusion  qui  n'a 
pas  peu  contribué  à  fausser  les  restitutions  de  la  trière  (p.  42).  Mais 
ici  il  n'y  a  pas  de  confusion  possible  :  ÂpoUonios,  qui  est  un 
archéologue,  emploie  le  mot  dans  son  sens  homérique  (cf.  Odyss., 
IX,  V.  99;  XIII,  V.  21). 

V.  72g.  Étaient  tissés  (ini'Kaaxo).  —^  Merkel  admet  dans  son  edit. 
maior  le  mot  iitinoLoxo  «  Ruhnkenii  est  coniectura,  non  fortasse  cer^ 
tissima  »,  alors  qu'il  conservait  dans  l'edit.  minor  exéxa<rro,  leçon  des 
mss.,  commentas  par  le  Scoliaste  et  adoptée  par  la  plupart  des 
éditions.  Weilauer,  qui  admettait  déjà  la  correction  de  Ruhnken,  la 
jugeait  fort  bonne  à  cause  de  deux  passages  de  VIliade  où  le  mot 
proposé  par  Ruhnken  se  trouve  en  effet  dans  des  phrases  tout  à  fait 
semblables  à  celle  d'ApoUonios  :  «  Certa  est  emendatio,  propter  locos 
Homericos  [Iliad,,  III,  v.  i25;  XXII,  v.  440].  » 

V.  730.  Les  Cyclopes. —  Hésiode  {Théog,,  v.  141)  dit  aussi  que  les 
durs  Cyclopes  Brontès,  Stéropès,  Argès,  ont  donné  à  Zeus  la  foudre 
et  ont  forgé  son  tonnerre.  (Voir  aussi  Argon,,  Ch.  I,  v.  5 10.) 

V.  735.  Antiopé,  —  ii\\  y  a  deux  Antiopé,  l'une  fille  de  Nycteus, 
l'autre  d'Asopos;  c'est  de  celle-ci  qu'il  est  fait  mention.  D'elle  et  de 
Zeus  naquirent  Amphion  et  Zéthos,  qui  bâtirent  Thèbes,  comme  dit 
Homère  :  Les  premiers,  ils  établirent  les  fondements  de  Thèbes  aux 
Sept  Portes  \pdyss.,  XI,  v.  263].  Phérécyde  en  donne  le  motif:  c'est 


240  NOTES 

parce  qu*ils  prenaient  leurs  précautions  contre  les  Phl^yens,  ennemis 
de  Cadmos  alors  régnant.  11  (Scol.)  D'après  Apollodore  (III,  10,  1), 
c'est  l'Antiopé,  fille  de  Nycteus  et  de  Polyxo,  qui  aurait  été  la  mère  de 
Zéthos  et  d'Amphion.  Apollonios  parle  (i4rg.,  Ch.  IV,  ▼.  1090)  de  la  fille 
de  Nycteus,  Antiopé.  Voir  la  note  à  ce  vers. —  II  y  a  encore  une 
Antiopé,  fille  de  Thespios,  de  laquelle  Héraclès  eut  Alopios  (ApoUod., 
II,  7,  8).  —  Une  autre  Antiopé,  au  dire  du  Scoliaste,  fut  mère  des 
Argonautes  Clytios  et  Iphitos.  (Voir  la  note  au  vers  86.)  Le  père  de 
TAntiopé,  mère  d'Amphion  et  de  Zéthos,  était,  suivant  Apollonios, 
le  fleuve  Asopos  (cf.  Decharme,  Mythol.,  p.  SyS).  Amphion  est  bien 
connu  comme  fondateur  de  Thèbes  (Apollod.,  III,  5,  5).  Cf.  Horace, 
Art  poétique,  v.  394,  sqq.  cArménidas  raconte  dans  son  livre  I  que 
les  pierres  suivaient  d'elles-mêmes  la  lyre  d' Amphion;  il  dit  aussi  qne 
cette  lyre  lui  fut  donnée  par  les  Muses;  c'est  ce  que  rapporte  Phéré- 
cyde  dans  son  livre  X.  Suivant  Dioscoride,  la  lyre  était  un  présent 
d'Apollon.  »  (Scol.) 

Amphion  épousa  Niobé,  dont  on  sait  l'histoire,  et  Zéthos,  Thébé  ou 
Aédon  (le  rossignol),  image  de  Téclat  du  printemps. 

V.  743.  Le  bouclier  commode  à  manier  (Oobv  vdxoc).  —  Dûbner  traduit 
bien  par  habile  le  mot  Ooiv  qui  signifie  rapide  et  quelquefois  aigu.  Le 
sens  à^aigUj  terminé  en  pointe,  ne  peut  évidemment  pas  convenir  au 
adtxoc,  le  grand  bouclier  ovale  de  Tépoque  archaïque. 

V.  748.  Les  Téléboens,  —  Les  Téiéboens,  ou  Taphiens,  étaient  un 
peuple  d'Acarnanie,  célèbre  par  ses  brigandages  (Strabon,  394,  26). 
Le  Scoliaste  rappelle  cette  lutte  d'Électryon,  père  d'Alcmène,  et  de 
ses  fils,  contre  les  brigands  qui  venaient  lui  voler  ses  bœufs.  Il  dit  que 
Taphos  est  une  des  Échinades,  petit  groupe  d'îles  de  la  mer  Ionienne, 
à  l'embouchure  de  l'Achéloos,  le  long  de  la  côte  d'Acarnanie.  Leur 
double  nom  vient  de  Téléboos  et  de  Taphios;  ou,  suivant  Apollodore 
(II,  4,  5),  de  ce  que  Taphios  alla  loin  de  sa  patrie  (ti}XoO  ijfi  irorcpcdoc 
IpY))  ou  enfin,  suivant  le  Scoliaste,  de  ce  qu'ils  amenaient  au  loin  les 
bœufs  volés  (TT;Xe...  t&c  poOc).  On  sait  que,  dans  V Amphitryon  de 
Plante,  les  Téléboens  sont  en  guerre  avec  les  Thébains  :  «  Nam  cum 
Telebois  bellumst  Thebano  popto.  »  {Prolog.,  v.  loi.) 

V.  752.  Le  combat  de  deux  chars,  —  La  lutte  d'Oinomaos  et  de 
Pélops  est  trop  connue  pour  qu'il  soit  nécessaire  d'y  insister.  (Voir 
Decharme,  Mythol.,  p.  647,  sqq.) 

V.  760.  Par  son  voile  (xaXuirrpv)c).  —  La  xaXuicrpT),  terme  fréquem- 
ment employé  par  Homère  {Iliad.,  XXII,  v.  406;  Odyss.,  V,  v.  a  32; 
X,  V.  545),  est  Venveloppe  (xaXuircio,  envelopper)^  le  voile  dont  les 
femmes  s'enveloppaient  le  visage  quand  elles  sortaient.  Ce  voile,  placé 
sur  le  haut  de  la  tôte  et  entourant  le  visage  de  manière  à  le  cacher, 
excepté  la  partie  supérieure  du  nez  et  les  yeux  (Eschyle,  Agamemnon, 

V.  II 78;  Euripide,  Iphigénie  en  Tauride,  v.  372),  retombait  sur  les 
épaules  et  descendait  jusqu'au  milieu  du  corps. 

V.  761.  Tityos.  —  On  sait  que  ce  géant  Tityos,  qui  avait  tenté  de 
violer  Létô,  est  puni  aux  enfers  de  sa  concupiscence  par  deux  vautours 
qui  lui  rongent  le  foie  (cf.  Odyss.,  XI,  v.  575  ;  Lucrèce,  III,  v.  984;  Aen,, 

VI,  V.  595,  etc.).  Voir  Decharme,  Myth.^  p.  137  et  429.  Quant  à  sa 


NOTES  241 

double  naissance,  voici  les  diverses  explications  données  dans  les 
scolies  :  a  Élaré  fut  la  roère  de  Tityos  [c'était  une  fille  d'Orchomène, 
Âpollodore,  1,4,  i].  Après  la  mort  de  sa  mère,  il  fut,  dit-on,  nourri  par 
la  terre,  comme  Homère  le  raconte  :  Et  je  vis  Tityos,  fils  de  la  terre 
illustre  [Od,,  XI,  v.  576].  —  Phérccyde  dit  qu'uni  à  Élaré,  fille  d'Orcho- 
mène, Zeus,  par  crainte  de  la  jalousie  d'Héra,  la  renferma  sous  la  terre 
[cf.  môme  récit  dans  Apollodore,  I,  4,  i],  d'où  sortit  Tityos,  nommé  à 
cause  de  cela  fils  de  la  terre.  —  Autre  tradition  :  Élaré,  mère  de  Tityos, 
enceinte  des  œuvres  de  Zeus,  ne  put  mettre  l'enfant  au  monde  à  cause 
de  ses  grandes  dimensions,  et  mourut.  Mais  que  Tityos  ait  été  mis  au 
monde  une  seconde  fois  par  la  terre,  cette  histoire  ne  semble  mériter 
foi  ni  croyance.  Nous  pouvons  dire  que  les  poètes  donnent  le  nom  de 
fils  de  la  terre  aux  6tres  dont  le  corps  est  monstrueusement  grand. 
C'est  ainsi  que  Callimaque  a  dit  que  les  animaux  monstrueux  naissent 
de  la  terre.  Homère  constate  la  grande  taille  de  Tityos  en  disant  que 
étendu,  il  couvrait  neuf  arpents  [Orf.,  XI,  v.  577].  Notre  avis  est  que, 
lorsqu'il  fut  mis  au  monde  par  Élaré,  les  faibles  dimensions  de  son 
corps  firent  penser  qu'il  était  son  fils;  mais  quand,  en  grandissant, 
il  devint  monstrueux,  on  imagina  qu'il  avait  été  enfanté  et  nourri  par 
la  terre.» 

V.  763.  —  Le  Scoliaste  se  demande  quel  sens  il  feut  attribuer  aux 
sujets  brodés  sur  le  manteau.  Il  pense  que  le  poète  a  voulu  simplement 
représenter,  par  les  dessins  de  la  chlamyde,  l'ordre  de  l'univers  et  les 
actes  de  l'humanité,  «c  D'abord,  par  le  tonnerre  et  les  Cyclopes,  il  fait 
une  allusion  allégorique  à  quelque  dieu  et  à  la  nature  divine,  et  c'est 
pourquoi  il  dit  qu'iVs  sont  courbés  sur  un  ouvrage  éternel;  ensuite, 
au  moyen  de  la  lyre  d'Amphion,  il  indique  la  fondation  des  villes; 
puis  tous  les  événements  qui  arrivent  dans  les  villes,  les  amours  et 
les  guerres;  c'est  ce  que  signifie,  dans  son  idée,  Aphrodite,  porteuse 
d'armes.  La  violence  et  les  combats  sont  représentés  par  l'histoire  des 
Taphiens;  les  jeux  et  les  mariages,  par  la  course  en  char  de  Pélops; 
l'impiété  et  le  châtiment  qui  vient  des  dieux,  par  Tityos;  les  embûches, 
les  trajets  sur  mer  et  le  salut  final  par  l'histoire  de  Phrixos  :  en  un 
mot,  à  peu  près  tout  ce  qui  arrive  dans  les  villes  est  poétiquement 
décrit  sur  la  chlamyde.  1»  Dûbner  trouve  ces  tableaux  fort  bien  faits, 
mais  il  leur  reproche  de  ne  se  rapporter  en  rien  à  Jason  :  Optime 
Apollonius  êico{v)9ev,  hac  una  in  re  vitupèrandus  quod  pleraeque,  quas 
recenset,  picturae  ad  lasonem  proprie  non  pertinent, 

V.  766.  De  sages  paroles  (iwxivrjv  pâÇtv).  —  «  4>ptjv  icuxivrj  est  mens  in 
se  congesta  ap,  Claud,  de  Rapt.  Pros.,  hoc  loco  sapiens.  «  (Dûbner.)  On 
trouve  dans  VIliade  (XIV,  v.  294)  nvxivàc  9p£vac-  Claudien  (de  Rapt. 
Pros.,  I,  V.  4)  a  bien  mens  congesta;  mais  cette  expression  ne  me 
semble  pas  répondre  exactement  à  çp^^v  icuxtvY).  L'adjectif  icuxv6c  ou 
icuxiv6c  signifie  compact,  serré  et,  par  suite,  intense,  sage, 

V.  769.  Sa  lance  qui  frappait  au  loin  (îyxoc  ixif)p6Xov).  ~  La  lance 
était  à  deux  fins;  elle  se  jetait  comme  un  javelot  ou  elle  servait  à  percer 
de  près  un  ennemi. 

—  Atalante.  —  c  Atalante,  fille  d'Iasos  qu'épousa  Milanion;  c'est  une 
autre  Atalante,  Argienne  et  fille  de  Schoineus,  qu'épousa  Hippomédon.  » 

31 


242  NOTES 

(Scol.)  La  fiile  d'Iasos  et  celle  de  Schoineus  semblent  génértiement 
confondues;  d'après  Apoltodore  (III,  9,  2),  Hésiode  et  quelques  autres 
auteurs  disent  que  la  fameuse  Ataîante,  la  chasseresse  du  sanglier 
de  Calydon,  était  fille  de  Schoineus  et  non  dlasos;  Euripide  lui 
donne  pour  père  Mainalos,  fils  d*Ârcas,  héros  éponjrme  du  mont 
Ménale.  Vaincue  à  la  course,  grfice  au  stratagème  des  pommes  d*or 
par  Milanion,  ou,  suivant  Euripide,  par  Hippoménès,  elle  épousa  son 
vainqueur.  (Voir,  pour  la  l^nde  d' Ataîante,  Decharme,  Mythoi,, 
p.  587.)*-  Dans  leurs  catalogues^  ApoUodore  (I,  9,  16)  et  Diodore  de 
Sicile  (IV,  41)  mettent  au  nombre  des  Argonautes  Ataîante,  fille  de 
Schoineus.  —  «  Quant  à  ce  fait,  que  les  Argonautes  eurent  commerce 
avec  les  femmes  de  Leranos,  Hérodore  en  parle  dans  ses  Argonau' 
tiques.  Eschyle,  dans  son  Hypsipylé,  raconte  que  les  femmes  de 
Lemnos  vinrent  en  armes  attaquer  les  Argonautes  que  la  tempête 
avait  fait  échouer  à  la  côte,  et  les  repoussèrent  jusqu'au  moment  où 
elles  leur  eurent  fait  promettre  par  serment  qu'une  fois  débarqués, 
ils  auraient  commerce  avec  elles  [cf.  Atschyli  Fragmenta,  Hypsipyle, 
p.  ao5  de  V Eschyle  grec4atin,  Didot].  Sophocle,  dans  ses  Lemniennes, 
dit  aussi  que  les  Argonautes  durent  engager  un  combat  sérieux 
[cf.  Sophoclis  Fragmenta,  Lemniae,  p.  32 1  du  Sophocle  grec-latin, 
Didot].  »  (Scol.) 

V.  775.  Dans  une  demeure  (xaXupTjatv).  ^  Le  mot  xaX>SpY},  qui  corres- 
pond au  tugurium  latin,  désigne  proprement  une  chaumière  de  paysan, 
faite  de  branchages,  de  claies  et  d'autres  matériaux  aussi  simples. 
Dûbner  pense  avec  raison  que  le  poète  désigne  ici  par  ce  mot  le 
«apOcvwv  ou  appartement  des  jeunes  filles. 

V.  788.  Iphinoé.  —  Dûbner  fait  observer  qu'Iphinoé  joue  ici  le  rôle 
du  xinpv^  homérique.  Cest  la  maîtresse  des  cérémonies  du  palais 
d'Hypsipylé.  —  Le  Scoliaste  dit  qu'on  lisait  dans  l'édition  primitive 
des  Argonautiques :  «Alors  Iphinoé  s'empressa  de  le  conduire  à 
travers  le  vestibule  [icp6^|jLoc;  voir  sur  le  icpS^o^toç  la  note  au  vers  789] 
construit  avec  art  et  le  fit  asseoir  sur  un  beau  siège  [8tf  pa^].  »  Au  sens 
propre,  le  df^pal  est  un  siège  pour  deux  personnes. 

V.  789.  Une  belle  salle  (naord^c)-  ~  Le  Scoliaste  lit  comme  les  mss. 
àvavxddoC)  mot  qui  ne  semble  pas  avoir  de  sens  précis,  et  qu'il  explique 
par  naoràdoc;  ce  dernier  mot  viendrait  de  ndaaur^ai  (se  nourrir),  et 
signifierait  par  suite  salle  à  manger.  L'auteur  de  la  correction  naordftoc 
est,  d'après  Brunck,  Jean  Rutgers;  d'ailleurs,  VEtymol.  M.  cite  le  mot 
«aaT{ic  comme  se  trouvant  dans  ApoUonios,  et  ajoute  que,  d'après 
quelques  auteurs,  c'est  un  synonyme  du  terme  Rp6£o(M€,  souvent 
employé  dans  Homère:  le  irpido{fcoc  homérique,  Vavant- maison  y  a, 
semble- 1- il,  un  sens  assez  étendu:  «np&(h>pa  et  icp68o|j.oc,  ex  Vossii 
sententia,  omnino  ad  eas  aedificii  partes  referenda  sunt,  quae  intrart- 
tibus  ex  adverso  sunt,  et  generali  notione  vel  spatium  ante  fores 
aedificii  vacuum,  vel  aedium  partem  aliquam  désignant.  »  (Terpstra, 
Antiquitas  homerica,  Lugd.  Batav.,  i83i,  p.  194.)  —  cSur  un  siège 
(xXiaiA^).  »  —  Le  xXi(r{i6c  (xXfvci>)  est  spécialement  un  siège  oii  Von 
s*appuie. 

V.  800.  Les  étables  (eica^Xouc).  —  «  Les  étables  ou,  par  abus,  les 


NOTES  243 

demeures  des  Thraces.  1  (Scol.)  Le  mot  ïkcêmXoç  signifie  évidemment 
étable  dans  le  seul  passage  où  Homère  remploie  (Odyss.,  XXIII^ 
V.  358).  Le  ScoHaste  a  été  choqué  que  le  poète  ne  désigne  en  fait 
d'endroits  pillés  que  les  étables,  et  en  fait  de  butin  que  les  jeunes 
filles,  que  les  Lemniens  ne  devaient  pas  enlever  dans  les  étables. 
Mais  ce  n'est  pas  une  raison  d'étendre  le  sens  du  mot  IficotuXo;.  D'ailleurs, 
le  Scoliaste  cite  un  vers  de  la  première  édition,  où  il  est  dit  que  les 
Lemniens  emmenaient  de  Thrace  des  brebis  et  des  bœufs  :  ApoUonios 
n'a  pas  fait  attention  qu'en  supprimant  ce  vers  il  rendait  difficile  à 
expliquer  le  sens  du  mot  ITicavXoc* 

V.  83 1.  La  mer  Egée,  —  «  La  mer  Aigée  [Egée]  a  été  ainsi  nommée 
de  l'île  Aigai.  Homère  dit  :  Ceux  qui  te  portent  des  présents  à  Hélice 
et  à  Aigai  [lliad.,  VIII,  v.  2o3].  Elle  est  consacrée  à  Poséidon,  et  l'on 
rapporte,  dit  Nicocrate,  que  personne  ne  peut  y  passer  la  nuit  à  cause 
des  apparitions  du  dieu.  D'autres  disent  que  la  mer  a  été  ainsi  nommée 
à  cause  de  Poséidon;  car,  suivant  Phérécyde,  le  dieu  est  appelé 
Aigaios.  Nicocrate  dit  que  le  nom  de  la  mer  vient  d'Aigeus  [Egée],  qui 
s'y  précipita  du  haut  de  l'Acropole  ;  mais  c'est  à  tort,  car  l'Acropole 
est  loin  du  rivage  de  la  mer.  »  (Scol.)  On  admet  généralement  qu'Ai  gai 
et  Hélice  sont  deux  villes  de  la  côte  du  Péloponèse  qu'un  tremblement 
de  terre  détruisit,  au  nr*  siècle  av.  J.-C.  (Cf.  Strabon,  33i,  43  et  suiv.) 
Strabon  distingue  cette  Aigai  d'une  ville  homonyme,  située  en  Eubée, 
qui,  dit-il  (33 1,  47),  est  citée  par  Homère  {lliad.,  XIII,  v.  21)  et  qui  a 
donné  sans  doute  son  nom  à  la  mer  Egée.  Strabon  et  Pausanias  ne 
citent  aucune  île  Aigai.  Mais  Nicocrate  (Scol.  ad  lliad,,  XIII,  v.  21} 
distingue  l' Aigai,  ville  d'Eubée,  d'Aigai,  île  de  la  mer  Egée,  où  les 
navigateurs  craignaient  d'aborder,  car  tous  ceux  qui  s'y  étaient 
arrêtés  disparaissaient  dans  la  nuit.  Virgile  parle  de  Neptunus  Aegeus 
{Aen.,  III,  V.  74),  mais  c'est  sans  doute  comme  dieu  de  la  mer  Egée 
que  Poséidon  a  pris  ce  surnom.  —  L'étymologie  du  nom  de  la  mer 
Egée  venant  du  roi  Egée  est  aussi  assez  répandue. 

V.  845.  Sur  des  chariots  (â|i.a(aic).  —  L'apiaU  est  le  chariot  de  trans- 
port, par  opposition  au  char  de  combat  (ap|ia). 

V.  85i.  Par  égard  pour  Héphaistos,  —  «  Car  Lemnos  est  consacrée 
à  Héphaistos.  t  (Scol.)  Tradition  bien  connue  :  d'après  Homère  (7/.^  I, 
v.  593),  c'est  à  Lemnos  que  fut  recueilli  Héphaistos,  précipité  par 
Zeus  de  l'Olympe. 

V.  833.  Excepté  Héraclès.  —  «  Le  poète  parle  ainsi  à  cause  de 
l'économie  de  son  ouvrage.  Car,  alors  que  tous  sont  vaincus  par  les 
plaisirs,  il  [Héraclès]  les  excite  à  la  lutte;  c'est  aussi  à  cause  de  la 
nature  sage  du  héros.  >  (Scol.)  Shaw  remarque  qu' ApoUonios  fait 
toujours  Héraclès  semblable  à  lui-même,  et  qu'il  suit  le  précepte 
d'Horace,  longtemps,  il  est  vrai,  avant  qu'il  soit  formulé: 

HoQoratQm  si  forte  reponis  Achillem, 
Impiger,  iracandus,  ioexorabilis,  acer 

V.  839.  Le  fils  illustre  d'Héra.  —  c  Le  poète  suit  Hésiode  qui  dit 
[Théog.^t  V.  927]  que  Héphaistos  est  le  fils  de  la  seule  Héra.  Homère 
le  dit  fils  de  Zeus  et  d'Héra.  »  (Scol.) 


244  NOTES 

V.  874.  —  Ce  discours  est  une  imitation  évidente  de  V Iliade  (II, 
y.  336  sqq.V 

V.  880.  Qui  leur  sert  de  ruche  (at|ipX7f)(89c).  —  «On  appelle  ruches 
(«{|ipXoi)  les  objets  creux  où  les  abeilles  construisent  leurs  cellules. 
XitipXVc  ic£tpa  est  donc  ici  une  roche,  où,  dans  les  montagnes,  on  élève 
les  abeilles,  roche  disposée  comme  un  ot^^Xoc.  »  (ScoK)  Cest  un  rocher 
creux,  comme  Homère  le  spécifie  dans  le  passage  de  V Iliade  (II,  v.  88), 
d*où  celui-ci  est  imité  :  icitpY)c  ex  ^Xaçupt);. 

V.  882.  Telles,  ces  femmes.,,  ^l^e  Scoliaste  trouve  à  redire  à 
l'exactitude  de  cette  comparaison  :  «  Cette  comparaison  n'est  pas  juste 
et  ne  s*accorde  pas  dans  tous  ses  termes.  Que  Ton  compare  les  femmes 
aux  abeilles,  les  héros  aux  fleurs,  la  ville  aux  roches  creuses,  soit. 
Mais  pour  le  reste,  comment  cela  ne  serait-il  pas  incohérent,  alors 
que  la  prairie  est  joyeuse,  et  la  ville  triste,  et  que  les  femmes  sont  en 
larmes?  Voici  encore  un  détail  auquel  rien  ne  répond  :  Dans  leur  vol 
d*une  fleur  à  Vautre,  elles  expriment  les  sucs  les  plus  doux.  Cat  elles 
ne  tâchent  pas  de  ravir  à  chaque  héros  ce  qu'il  y  a  de  meilleur  en  lui  : 
cela  s'accordait  mieux  à  leur  première  union,  à  leur  premier  commerce.  1 

En  imitant  cette  comparaison,  Virgile  a  compris  ce  qu*elle  avait  de 
défectueux,  puisqu'il  Va.  appliquée  à  l'empressement  des  travailleurs 
et  non  à  la  désolation  de  femmes  abandonnées  (Aen.,  I,  v.  430). 
Shaw,  appuyé  sur  l'autorité  de  Sanctamandus,  prétend  que  le  Scoliaste 
et  Hoelzlin  n'ont  pas  compris  cette  comparaison  :  «  Quid  enim  ineptius 
quam  quae  ab  Hoelzlino  dicuntur  :  Heroes  sunt  flores,  ac  discessu 
gaudent;  apes,  seu  Lemniae  mulieres,  dolent.  Quomodo  enim  flores 
discessu  gaudere possunt?  An  apes,  dum  flores  sugunt,  dolent?  Nihil 
taie  in  ipso  ApoUonio,  Rupes  alveata  est  urbs,  ex  qua  mulieres  se 
effundunt  in  campos,  sicut  apes  ex  rupe.  »  (Sanct.) 

V.  908.  Loin  du  roi  Pélias  (av^i^a  toto  avaxToç).  —  Le  traducteur 
latin  de  l'édit.  Oidot  croit  que  ce  roi  est  Jason  lui-même  :  ut  sine  me 
rege  suis  de/endantur  incolae  in  aedibus.  D'ailleurs,  le  mot  icopaOvuvrai 
ne  peut  guère  se  traduire  par  de/endantur.  Au  lieu  d'cçlottoi,  leçon  des 
mss.  que  Merkel  conserve,  Brunck  veut  écrire  s^lortov,  accusatif  qui  se 
trouve  dans  des  passages  à  peu  près  semblables  d'Euripide  {Médée, 
V.  714),  de  Sophocle  {Trachin.y  v.  263),  etc.;  il  trouve  sa  correction 

définitive  :  tiSic  certissime  emendo Sensus  est:  ut  seorsum  a  Pelia 

pater  meus  et  mater  in  suis  aedibus  commorantem  eum  alant.  >  Le 
besoin  de  cette  correction  ne  se  fait  pas  sentir;  si  nous  gardons  eçéonot, 
nous  pouvons  admettre  l'interprétation  de  Brunck  en  changeant  seule- 
ment commorantem  en  commorantes,  ce  qui  ne  modifie  pas  le  sens  de 
la  phrase.  En  tout  cas,  la  traduction  française  :  ils  se  relèveront  à  leur 
foyer,  correspond  aussi  bien  à  i^ittxio»^  lui  étant  à  leur  foyer,  qu'à 
tf  ioTioi,  eux-mêmes  se  tenant  à  leur  propre  foyer. 

V.  913.  De  la  roche  marine  (&Xt{iupéoO*  —  *  C'est-à-dire  d'une  roche 
baignée  tout  autour  par  la  mer.  On  appelle  fleuves  &Xi|iiup^evTec  ceux  qui 
se  jettent  dans  la  mer.»  (Scol.)  C'est  dans  ce  dernier  sens  et  joint  au 
mot y7euve  qu* Homère  emploie  l'adjectif  &Xi(iupiqc  {Iliad.,  XXI,  v.  190; 
Odyss.,  V,  v.  460).  M.  Couat  fait  observer  {ouvr.  cité,  p.  104)  que 
l'autre  sens,  celui  d'Âpollonios,  est  employé  de  préférence  par  les 


NOTES  245 

poètes  alexandrins.  On  le  trouve,  en  effet,  deux  fois  encore,  dans  les 
Argonautiques  (Ch.  II,  v.  554;  Ch.  IV,  v.  645),  dans  un  fragment  de 
Phanoclès,  dans  Oppien  (Halieut,,  Ch.  II,  v.  238),  où  l'expression  est 
la  même  qu'ici  :  Ttixptfi  &Xi(iup£oc.  —  C'est  autour  d'une  roche  que  le 
câble  avait  été  enroulé,  t  A  l'époque  homérique,  dit  M.  Cartault  {ouvr. 
cité,  p.  88),  les  marins  avaient  coutume  de  passer  leurs  amarres  dans 
un  trou  de  rocher  ou  dans  de  grosses  pierres  percées.  »  Apollonios  ne 
parle  pas  ici  d'un  trou  de  rocher,  mais  simplement  d'une  roche  autour 
de  laquelle  Tamarre  aura  été  enroulée,  ce  qui  semble  le  procédé  le  plus 
primitif  et  le  plus  facile  à  pratiquer.  Les  Argonautes  font  à  la  rame  le 
trajet  de  Lemnos  à  Samothrace.  a  C'est  également  à  la  rame  qu'ils 
[les  Argonautes]  s*éloignent  de  la  terre  pour  aller  chercher  la  brise  au 
large.  Quelquefois,  quand  le  vent  fait  défaut,  ils  font  un  certain  trajet 
à  la  rame.»  (Cartault,  ouvr.  cité,  p.  i23.  Voir  la  note  au  vers  608.) 

V.  916.  L'i7e  de  P Atlantide  Électra.  —  «  Il  désigne  Samothrace,  où 
habitait  Électra,  fille  d'Atlas,  laquelle  était  nommée  Stratégis  par  les 
indigènes.  Hellanicos  dit  qu'elle  s'appelait  Électryoné.  Elle  eut  trois 
enfants  :  Dardanos,  qui  alla  s'établir  à  Troie;  les  habitants,  dit-on, 
l'appelaient  Polyarchès;  —  puis,  Éétion,  que  l'on  nomme  lasion,  et  qui 
fut,  dit-on,  foudroyé  pour  avoir  outragé  une  statue  de  Déméter;  —  en 
troisième  lieu,  Harmonia,  que  Cadmos  épousa.  C'est  en  souvenir  de 
la  mère  de  sa  femme,  dit  Hellanicos  au  I*'  livre  de  ses  Troiques,  et 
Idoménée  dit  comme  lui,  que  Cadmos  nomma  Électrides  les  portes  de 
Thèbes.  »  (Scol.)  —  ApoUodore  cite  Électra  au  nombre  des  filles  d'Atlas 
et  de  rOcéanide  Pléioné  (III,  10,  i).  Il  parle,  comme  le  Scoliaste,  de  ses 
deux  fils  (III,  12,  i).  Mais,  pour  Harmonia,  femme  de  Cadmos,  il  la  dit 
fille  d'Ares  et  d'Aphrodite  (III,  4,  2).  Ephore  (fragm.  12,  Histor, 
Graec,  Fragm.,  Didot,  vol.  I)  dit,  comme  Hellanicos,  qu'Électra  est  la 
mère  d'Harmonia.  Voir  Decharme,  Mythologie,  p.  572.  Voir  pour 
l'amazone  Harmonia  la  note  au  vers  990  du  Chant  II,  et,  pour  la 
femme  de  Cadmos,  la  note  au  vers  5 17  du  Chant  IV.  —  Samothrace 
est  une  ilc  de  la  mer  Egée,  près  de  la  côte  de  Thrace  et  de  l'embou- 
chure de  THèbre.  Valérius  Flaccus  (II,  v.  431)  dit  de  cette  île: 

Electria  tellus, 
Threiciis  arcana  sacris. 

Strabon  rappelle,  à  propos  de  Samothrace,  les  mêmes  traditions  que 
le  Scoliaste  sur  lasion  et  Dardanos  (283,  i  et  suiv.).  Il  parle  aussi  des 
dieux  mystérieux  de  Samothrace. 

V.  917.  Ces  arrêts  des  dieux.  —  «  Il  parle  des  cérémonies  d'initiation 
célébrées  à  Samothrace;  l'initié  échappe  aux  tempêtes  de  la  mer.  On 
dit  qu'Ulysse,  initié  à  Samothrace,  se  mit  un  bandeau  autour  de  la 
tête,  au  lieu  d'user  de  la  ceinture.  Car  les  initiés  s'entourent  le  ventre 
d'une  ceinture  de  pourpre.  On  dit  qu'Agamemnon,  se  faisant  initier, 
au  milieu  de  tous  les  troubles  où  il  se  trouvait  devant  Troie,  mit  fin 
au  désordre  des  Hellènes  quand  il  eut  pris  la  bande  de  pourpre.  C'est 
au  culte  des  Cabires  qu'on  s'initie  à  Samothrace,  comme  le  dit  Mnaséas. 
Ils  sont  quatre  et  se  norfiment  Axiéros,  qui  est  Déméter,  Axiokersa 
qui  est  Perséphoné,  Axiokersos  qui  est  Adès.  Un  quatrième  qui  leur 


246  NOTES 

«st  adjoint,  Casmilos,  est  Hermès,  à  ce  qae  raconte  Dionyiodore. 
Athénicon  dit  que  Dardanos  et  lasion  sont  fils  de  Zeus  et  d'Électra. 
Les  Cabires  semblent  avoir  été  ainsi  nommés  des  Cabtres,  monts  de 
Phiygte  d*où  leur  culte  a  été  apporté.  [D'après  Stésimbrote,  cité  par 
^trabon(4o5, 42),  leur  nom  vient  du  montCabirosen  Bérécynthte.]  On 
dit  aussi  que  les  Cabires  n'étaient  d'abord  que  deux  :  le  plus  ancien 
était  Zeus,  et  le  plus  jeune  Dionysos.  Samothrace  s'appelait  d*abord 
Leucosia,  comme  le  dit  Aristote  dans  la  Constitution  de  Samothrace. 
Plus  tard,  de  Saos,  fils  d'Hermès  et  de  Rhéné,  elle  se  nomma  Samos, 
avec  intercalation  de  la  lettre  m.  [Homère  donne  à  Samothrace  le  nom 
^e  Samos;  cf.  Strabon,  392,  41;  283,  i.]  {.«sThraces  l'ayant  habitée, 
elle  prit  le  nom  de  Samothrace.  »  (Scol.)  M.  Decharme  {Mythol., 
p.  266-273)  complète  les  renseignements  du  Scoliaste  au  moyen  des 
témoignages  d'Hérodote,  de  Pindare,  etc.  L'assurance  où  se  trouvaient 
les  initiés  aux  mystères  de  Samothrace  de  voir  leura  vœux  écoutés 
favorablement,  est  confirmée  par  une  allusion  d'Aristophane  {La  Paix, 
v.  277  et  scolies  à  ce  vers). 

V.  922.  A  la  rame.  —  Voir  la  note  au  vera  91 3.  —  Du  golfe  Mélos.  — 
Le  golfe  Mêlas  borne  au  Nord -Ouest  la  Chereonèse  de  Thrace.  Le 
Scoliaste  dit  que  ce  golfe,  cité  par  Homère  {Iliad.,  XXIV,  v.  79),  fiit 
ainsi  nommé  soit  du  fleuve  Mêlas  qui  s'y  déverse  [c'est  l'opinion  de 
Strabon  (283,  23)  qui  s'appuie  sur  Hérodote  et  Eudoxe],  soit  de  Mêlas, 
fils  de  Phrixos,  qui  y  tomba.  —  Mêlas  est  mentionné  par  Apollodore 
(I*  9»  Oi  ^ui  ne  dit  rien  de  cette  chute.  D'ailleure,  comme  Mêlas  est 
bien  vivant  au  temps  de  l'expédition  des  Argonautes  (cf.  Argon.,  Ch.  II, 
V.  1 1 56),  Apollonios  ne  peut  admettre  qu'il  ait  donné,  en  s'y  noyant, 
son  nom  au  golfe  Mêlas. 

V.  924.  Au  nord  (xafKSitepOe).  —  Le  mot  xadKSiccpSe  signifie  en  haut; 
comme  terme  géographique,  au  nord.  L'tle  d'Imbros  est  un  peu  au 
Nord -Ouest  des  Argonautes  quand  ils  arrivent  à  la  pointe  de  la 
Chersonèse. 

V.  927.  Les  difficiles  courants  de  la  fille  d*Athamas.  —  «  C'est-à-dire 
dans  l'Hellespont,  ainsi  nommé  d'Hellé,  fille  d'Athamas.  »  (Scol.)  Voir 
la  note  au  vers  3. 

V.  929.  Le  rivage  Rhœtéien.  —  c  De  Rhœteia,  fille  de  Proteus.  • 
(Scol.)  Le  cap  Rhœtéien  est  sur  THellespont;  c'est  là  que  se  trouvait 
le  tombeau  d'Ajax  (Strabon,  509,  36). 

V.  930.  La  terre  Idaienne.  —  La  Phrygie,  ainsi  nommée  à  cause  du 
mont  Ida,  voisin  de  Troie. 

V.  931.  Dardanie...  Abydos.  ~  Dardanie  est  une  ville  de  la  Dardanie 
sur  THellespont,  à  l'embouchure  du  Rhodios  (Strabon,  509,  18,  l'ap- 
pelle Aàpdavoc),  à  soixante-dix  stades  d'Abydos,  ville  bien  connue  par 
sa  position  en  face  de  Sestos  en  Chersonèse,  par  l'amour  de  Léandre  et 
d'Héro,  et  par  le  pont  de  Xerxès. 

V.  932.  Percoté,..  Abarnis...  Pityéia.-^  «  Abarnis  est  une  ville  du 
pays  de  Lampsaque.  Voici  pourquoi  elle  fut  nommée  ainsi  :  Prise 
d'amour  pour  Dionysos,  Aphrodite  eut  commerce  avec  lui;  à  son 
départ  pour  l'Inde,  elle  eut  commerce  avec  Adonis.  Quand  Dionysos 
revint,  elle  fit  une  couronne,  alla  à  sa  rencontre  et  le  couronna  ;  mais 


NOTES  247 

elle  avait  honte  de  raccompagner,  à  cause  de  sa  précédente  union. 
S'étant  retirée  à  Lampsaque,  elle  voulait  y  mettre  au  monde  l'enfant 
dont  elle  était  enceinte.  Mais  Héra,  jalouse,  lui  toucha  le  ventre  de  sa 
main  magicienne,  et  lui  fit  enfanter  un  être  informe  [dont  le  membre 
viril  avait  une  indécente  longueur]  et  qui  fut  appelé  Priape.  Aphrodite 
le  renia  :  à  Cause  de  cela,  la  ville  fut  appelée  Aparnis  [àicapvi^vaoBat^ 
avoir  renié].  Plus  tard,  par  le  déplacement  d'une  lettre,  elle  s'appela. 
Abarnis.  »  (Scol.)  Strabon  ne  parle  pas  d*Abarnis  ou  Aparnis;  Valérius 
Flaccus  n'en  dit  rien  non  plus,  quoiqu'il  mentionne  Percoté  et  Pityéia. 
(II,  V.  622)  : 

lam  iuj;a  Percotes,  Pariumque  infâme  iragosis 

EuopersDt  Pityamque  vadis. 

Hécatée  de  Milet  parle  d^Abarnos,  promontoire  de  Lampsaque 
{Fragm.  Histor,  Graec,  Didot,  vol.  I,  p.  260,  fragm.  g3  d'Éphore). 

—  Pour  la  légende  de  Priape,  voir  Decharme  (MythoL,  p.  482-483).  — 
«Percoté  est  une  ville  de  la  Troade  dont  parle  Homère  [Iliad,,  II, 
V.  835;XV,v.  348].i  (Scol.)  Voir  aussi  Strabon  (Soi,  18  et  25;  5o5,  i5). 

—  «  Pitycia  :  c'est  l'ancien  nom  de  Lampsaque,  aussi  nommée  Pitjra 
[ou  Pityussa,  d'après  Strabon,  604,  i3].  Certains  disent  que  ce  nono 
vient  de  ce  que  Phrixos  y  déposa  un  trésor.  Car  les  Thraces  appellent 
un  trésor  pityé,  Homère  fait  mention  de  cette  ville  [//.,II,  v.  829].  1  (Scol.) 

V.  934.  Après  que  le  navire  eut  couru  tantôt  d'un  côté,  tantôt  de 
Vautre  (8iàv8ix«)-  ~~}^  ^^^  Siàvôi^a  (dia,  àva,  Uxa)  signifie  en  deux 
parties,  de  deux  côtés),  DObner  interprète  :  c  Vento  utrinque  fiante, 
non  remis,  t  Je  ne  crois  pas  cette  interprétation  exacte,  et  il  me  semble 
que  le  sens  de  dtdvSixat  est  indiqué  par  un  passage  de  Catulle  (IV, 
V.  19-31)  : 

...  lac  va  sive  deztera 
Vocaret  aura  sive  ntrninque  lapiter 
Simul  aecundus  incidisset  in  pcdem. 

c  Soit  que  le  vent  appelât  le  navire  à  droite  ou  à  gauche,  soit  qu'il 
frappât  les  deux  écoutes  à  la  fois.  »  Le  vent  souffle  tantôt  de  droite, 
tantôt  de  gauche,  et  change  ainsi  la  direction  du  navire  Argo. 

V.  936.  Une presquHle  (vriaoc).  *  Apollonios  donne  le  nom  d'Ile  à  la 
presqu'île  de  Cyzique  parce  que,  dit  le  Scoliaste,  elle  n'était  pas  d'abord 
rattachée  au  continent.  La  ville  de  Cyzique  est  située  sur  une  langue 
de  terre  qui  relie  la  côte  de  la  Dolionie  à  la  péninsule  qui  s'avance  dana 
la  Propontide. 

V.  940.  L*Aisépos,  —  Ce  fleuve  vient  du  mont  Ida  et  se  jette  dans  la 
Propontide,  au  Sud -Ouest  de  la  presqu'île  de  Cyzique;  il  formait  la 
limite  de  la  Mysie  et  de  la  Troade  (Strabon,  483,  26;  484, 4,  etc.). 

V.  941.  La  montagne  des  Ours. —  Cette  montagne  ("ApxTwv  époc) 
domine  la  ville;  au-dessus  d'elle  est  mn  autre  mont,  le  Dindymos,  où, 
dit  Strabon  (493,  i),  les  Argonautes  élevèrent  un  temple  à  la  mère 
Dindymène  des  dieux.  Apollonios  en  parlera  d'ailleurs  (v.  o85),  et,  à 
ce  vers,  le  Scoliaste  explique  que  ce  mont,  consacré  à  Rhea,  est,  au 
dire  de  Philostéphane,  ainsi  nommé  à  cause  de  deux  mamelons 
jumeaux  (8{du|&oi)  qui  s'y  élèvent.  Il  y  avait  beaucoup  d'ours  dans  le 


148  NOTES 

pays,  puisque,  d*tprès  Pline  (S.  H.,  V,  142),  la  presqu'Ue  s'appelait,  à 
cause  d*eux,  ArctonnesusCk^xxwt  vT)<roc).  a  Le  mont  des  Ours  a  reçu  ce 
nom  au  sens  propre,  parce  que,  dit-on,  les  nourrices  de  21eus  qui  7 
séjournèrent  furent  changées  en  ourses;  ou  bien,  parce  que,  rempli 
d'animaux  sauvages,  il  prit  le  nom  de  Tun  d'eux.  Tours;  ou  bien,  à 
cause  de  la  hauteur  de  la  monugne  qui  semblait  voisjne  des  constellar 
tions  des  Ourses.  »  (Scol.) 

V.  943.  Enfants  de  Gaitf .  — >  c  Hérodore  en  fiiit  mention  dans  ses 
Argonautiques,  et  dit  qu'ils  combattirent  contre  Héraclès.  Donc,  ces 
fils  de  la  terre  habitaient  Cyzique,  et  les  Dotions  dans  Tisthme.  » 
(Scol.) 

V,  947.  Des  hommes  Dotions.  —  Strabon  (483,  1 3)  confirme  que  les 
Dolions  habitaient  auprès  de  Cyzique. 

V.  949.  Çyzicos.  —  a  I^  père  de  Cyzicos  était  Aineus,  fils  d*  A  potion 
et  de  Stilbé...  Aineus,  Thessalien  d'origine,  s'établit  au  bord  de  l'Helles- 
pont;  il  épousa  Aincté,  fille  d'Eusoros,  roi  des  Thraces,  et  engendra 
Cyzicos,  qui  donna  son  nom  à  la  ville.  Le  fils  d'Eusoros,  Acamas,  est 
cité  dans  Homère  [Iliad.,  Il,  v.  844].  »  (Scol.)  Cyzicos  n'est  guère  connu 
que  par  cet  épisode  des  Argonautiques.  Apollodore  fiiit  mention  de  lui 
^,  9,  18).  Valérius  Flaccus  raconte  aussi  dans  son  poème  les  événements 
qui  le  concernent. 

V.  934.  Le  port  Calos.  —  Ce  port,  d'après  le  Scoliaste,  s'appelle 
Panormos.  Le  poète  distingue  donc  deux  ports  :  Calos,  où  le  vent 
amène  les  Argonautes,  et  un  autre,  voisin  de  la  ville,  Chytos,  où  ils 
conduisirent  le  navire  Argo,  sur  le  conseil  des  habitants;  Chytos, 
fortifié  par  des  digues,  était  fiiit  de  main  d'homme;  Calos  était  un 
port  naturel. —  Merkel,  dans  son  editio  maior,  est  le  première  écrire 
KaXhç  X((ii^v  avec  une  majuscule,  ce  qui  fait  de  l'épithète  un  nom 
propre.  KaXb;  Xt^tviv  signifie  le  Beau  port. 

V.  955.  La  pierre  de/ond,qui  était  petiteit'j'talr^oXiyoMÏJibo^).  —  «Ayant 
délié,  parce  qu'elle  était  rongée  par  la  mer,  la  pierre  qui  leur  tenait 
lieu  d'eOvata  et  d'ancre  (ôtpiupa),  ils  en  prirent  une  autre.»  (Scol.) 
Hoelzlin  pense  qu'il  s'agit  d'une  ancre  de  pierre  :  «  Pro  ancora  lapidem  : 
e  Scholiis.  Alius  mihi  sensus.  Non  iUe  pro  ancora  erat  lapis,  sed  ancora 
est  igitur  icepf^pavic  et  ancora  intelHgenda  lapidea.  »  Apollonios  ne 
parle  pas  d'une  ancre  semblable  aux  ancres  de  fer,  mais  faite  en  pierre  : 
il  donne  comme  ancre  aux  Argonautes  la  pierre  dont  la  marine  antique 
se  servait  à  l'époque  la  plus  reculée.  Tel  est  le  sens  du  mot  eOv^Q,  qui  se 
trouve  souvent  dans  Homère,  et  que  M.  Vars  traduit  parjjierre  de  fond 
ou  pierreHxmarre  {puvr.  cité,  p.  1 3o).  «  Les  ancres  n'étaient  pas  connues 
aux  époques  primitives  de  la  marine  grecque.  On  y  suppléait  en  jetant 
au  fond  de  l'eau  de  grosses  pierres,  des  sacs  pleins  de  cailloux  ou  de 
sable,  des  masses  métalliques  pesantes  liées  à  des  câbles;  ce  sont  là 
les  engins  qu'Homère  appelle  eOvaC  et  qu'Eustathe  confond  à  tort  avec 
les  ancres  proprement  dites.  »  (Cartault,  ouvr.  cité,  p.  90.)  Apollonios 
dit  que  la  pierre  qui  compose  l'êuv^Q  étant  trop  faible,  les  Argonautes 
en  choisissent  une  autre  capable  de  plus  de  résistance. 

V.  957.  Artacié.  —  «C'est  une  source  près  de  Cyzique  dont  font 
mention  Aicée  et  Callimaque.  «  (Scol.)  Strabon  ne  parle  pas  de  la 


NOTES  249 

fontaine  Artacié  :  il  mentionne  le  mont  Artacé,  dans  la  presqu'île  de 
Cyzique  (493,  39),  une  ville  du  môme  nom  au  même  lieu  (498,  45),  et 
une  île  Artacé,  près  de  Cyzique,  en  face  de  la  montagne  homonyme 
(493,  3q).  Homère  {Odyss.,  X,  v.  108)  cite,  dans  le  pays  des  Lestrygons, 
une  source  Artacié  à  laquelle  Tibulle  (ou,  d'après  Tédition  Mûller, 
IV,  I,  V.  59,  un  auctor  incertus)  fait  allusion  : 

Inciiltos  adiit  Laestrygonas,  Antiphatenque 
Nobilis  Artacié  geiida  quos  irrigat  unda. 

V.  959.  Nélée,  —  c  Les  Ioniens,  qui  avaient  émigré  d*Attique  avec 
Nélée,  fils  de  Codros,  et  qui  étaient  allés  s'établir  en  Carie  et  en  Phrygie, 
dociles  à  Toracle  d'Apollon,  consacrèrent  cette  pierre  à  Athéné.  »  (Scol.) 
Ce  Nélée  fonda  Ér>'thra,  d'après  Hellanicos  {Fragm.  Histor.  Graec, 
Didot,  vol.  I,  p.  53). 

V.  96 1 .  Tous  les  Dolions,  —  D'après  le  Scoliaste,  on  voit  que  l'épisode 
des  Argonautes  chez  Cyzicos  avait  été  raconté  par  Déilochos. 

V.  965.  Pour  fixer  dans  le  port  de  la  ville  les  amarres  du  navire.  — 
Dans  ce  port,  il  ne  sera  plus  nécessaire  d'amarrer  le  navire  au  moyen 
de  la  pierre  de  fond,  comme  dans  le  «  port  Calos  »  où  les  héros  ont  déjà 
abordé.  Le  port  où  les  Dolions  invitent  les  Argonautes  à  fixer  les 
amarres  de  leur  navire  est  fait  de  main  d'hommes;  il  est  sans  doute 
muni  de  ces  pierres  percées,  dont  parle  Homère  (tptiTol  WOoi),  et  qui 
étaient  destinées  à  recevoir  les  amarres,  «Dans  les  ports  véritables, 
habités  par  une  population  civilisée,  vouée  par  métier  à  la  navigation, 
on  avait  recours  à  l'art  pour  offrir  un  accostage  facile  aux  vaisseaux. 
On  y  trouvait  des  digues  et  des  jetées,  cela  n'est  pas  douteux;  Homère 
en  attribue  aux  Phéacicns.  »  (Vars,  ouvr.  cité,  p.  i52-i53.)  Le  nom 
même  de  Chytos  (fortifié  par  des  digues,  par  des  jetées)  prouve  que 
le  port  des  Dolions  n'avait  rien  à  envier  à  celui  des  Phaiaciens. 

V.  966.  Apollon  qui  préside  aux  débarquements.  —  a  Déilochos  dit 
que  l'autel  n'était  pas  dédié  à  Apollon  qui  préside  aux  débarquements, 
mais  à  Apollon  Jasonien  ;  Socrate,  dans  son  ouvrage  sur  les  Dénomina" 
tions,  dit  qu'il  était  dédié  à  Apollon  de  Cyzique.  »  (Scol.)  Voir,  pour 
*Aic6XXci>v  'laa&vio;,  L.  Preller,  Griechische  Mythologie,  dritte  Auflage, 
Berlin,  1872,  erster  Band,  note  i  de  la  page  208. 

V.  975.  Mérops.  —  «Cleité  était  la  tille  Mérops,  Percosien  de  nais- 
sance, devin.  Déilochos  et  Éphore  racontent  que  Cyzicos  l'épousa.  » 
(Scol.)  Une  autre  fille  de  Mérops,  Arisbé,  épousa  Priam  et  en  eut  un 
fils,  Aisacos,  à  qui  son  grand -père  enseigna  l'art  d'interpréter  les 
songes  (Apollodore,  HI,  12,  5). 

V.  987.  Le  port  de  Chytos.,.  la  route  de  Jason.  —  «  Un  port  de  l'île 
de  Cyzique  portait  le  nom  de  Chytos.  Les  Pélasges,  dit  Déilochos, 
essayèrent  de  le  combler  par  haine  contre  les  Thessaliens  par  qui  ils 
avaient  été  repoussés.  Apollonios  dit  poétiquement  que  c'est  par  les 
fils  de  Gaia  qu'il  fut  comblé.  »  (Scol.)  Le  Scoliaste  ne  dit  rien  de  la 
route  de  Jason;  les  géographes  anciens  ne  parlent  ni  du  port  ni  de 
la  route.  Mcrkel  a  heureusement  corrigé  en  Xutov  Ai(téva  le  texte  des 
mss.  et  de  la  vulgate,  yiynyj  Xi|Aivoc,  ce  qui  signifierait,  comme  traduit 
Lehrs  :  Navem  fossi  portus  priore  propulerunt  e  statione.  Le  poète 


aSO  NOTES 

veut  dire,  au  contraire  (voir  la  note  au  vers  963),  que  les  Argonautes 
amenèrent  leur  navire  du  premier  ipouillage  au  port  de  Chytos. 

V.  997.  Un  des  travaux  réservés  à  Héraclès.  —  Cette  lutte  avec 
les  géants  n'est  pas  au  nombre  des  douze  travaux  consacrés  par  les 
mythographes  (cf.  Apollodore,  H,  5;  Decharme,  Mythol,,  p.  5 17  et 
suiv.).  Apollodore  n'en  parle  pas  davantage  dans  les  travaux  supplé- 
mentaires  (icâpcpya)  d*Héraclès  ni  dans  le  récit  qu'il  fait  de  Texpédition 
des  Argonautes.  Les  vieillards  thébains  qui,  dans  V Héraclès  furieux 
d'Euripide,  chantent  les  louanges  du  héros,  n'en  disent  rien  ;  pas  plus 
que  Valérius  Flaccus,  dans  les  derniers  vers  de  son  Chant  II,  consacré 
à  la  réception  des  Argonautes  chez  Cyzîcos.  Le  Scoliaste  rapporte  qu'au 
dire  de  Polygnoste,  auteur  d'un  ouvrage  sur  Cyzique,  Héraclès  eut 
affiiire  à  des  brigands;  il  rappelle  aussi  que  Callimaque  {Hymne  à 
Arte'mis,  v.  107)  fait  allusion  à  la  lutte  d'Héraclès  et  des  géants. 

V.  100 3.  Ainsi,  lorsque...  —  La  comparaison  est  tout  à  fait  exacte  et 
convenable;  le  poète  assimile  les  géants  à  des  troncs  d'arbres  à  cause 
de  la  disposition  de  leurs  corps  et  de  leur  habitude  de  vivre  dans  les 
montagnes;  il  compare  les  héros  à  des  bûcherons.  Quant  au  vers, 
c  ajin  que  ces  arbres,  une  fois  humectés  par  les  flots,  se  laissent 
pénétrer  par  les  coins  solides,  »  il  s'explique  par  la  proximité  du 
rivage,  et  aussi  parce  que  les  charpentiers  agissent  ainsi  pour  s'éviter 
un  travail  trop  considérable  quand  ils  enfoncent  les  coins  :  de  même 
les  héros  les  avaient  renversés  pour  que,  désormais,  Tascension  de  la 
montagne  fût  sans  dangers,  u  (Scol.) 

V.  ioi5.  A  la  voile.  —  Le  grec  a  le  pluriel  Xaifcovt.  Mais  on  sait  que 
le  navire  Argo  n'avait  qu'une  seule  voile,  et  M.  Vars  (ouvr.  cité,  p.  79) 
explique  que  le  pluriel  employé,  même  quand  il  est  question  d'une  seule 
voile,  vient  de  ce  que,  sur  la  largeur  insu£Esante  des  grandes  voiles,  on 
devait  coudre  plusieurs  bandes  ou  laides, 

V.  1019.  Pierre  sacrée.  —  «  C'est  un  euphémisme;  car,  par  euphé- 
misme, nous  appelons  beaux,  sacrés,  les  plus  grands  des  maux,  comme 
les  Érinyes,  qu'on  surnomme  les  Euménides;  comme  la  maladie 
pestilentielle,  appelée  sacrée,  dont  Callimaque  dit  :  C'est  par  un 
mensonge  que  nous  Vappelons  sacrée.  »  (Scol.) 

V.  1024.  U armée  Pélasgienne  des  Macriens. —  «On  les  appelle 
aussi  Macrônes,  car  ce  sont  des  colons  de  l'Ile  d'Eubée  qui  se  nommait 
d'abord  Macris.  Les  Macrônes  étaient  voisins  des  Dolions.  Certains 
disent  que  les  Macriens,  qui  étaient  toujours  en  guerre  avec  les  habitants 
de  Cyzique,  étaient  un  peuple  des  Bécheires.  ils  étaient  très  exercés 
dans  les  travaux  de  la  guerre,  comme  le  racontent  Philostéphane  et 
Nymphodore  qui  ont  écrit  sur  leur  vie.  Denys  de  Chalcis  dit  qu'on 
les  a  nommés  Macrônes  parce  qu'ils  étaient  colons  de  l'île  d'Eubée. 
D'autres  disent  qu'on  les  a  nommés  Macrônes  parce  qu'il  y  avait  parmi 
eux  beaucoup  de  macrocéphales...  Il  dit  V armée  Pélasgienne  des 
Macriens,  car  ce  sont  des  colons  des  Eubéens,  et  l'île  d'Eub^  est 
voisine  du  Péloponèse  qui  se  nommait  autrefois  Pélasgis.  »  (Scol.)  On 
saitquel'Eubée  se  nommaitautrefoisMacris(Strabon,  382,6;  cf.iirgiOM., 
Ch.  iv,  note  au  vers  540).  Nous  ne  connaissons  pas  les  Macriens  et 
nous  ne  pouvons  affirmer  s'ils  viennent  de  l'île  d'Eubée.  Le  Scoliaste 


NOTES  251 

les  confond  avec  les  Macrônes,  peuple  du  Pont-Euxin,  voisin  de 
Trapézonte  (Strabon,  470,  10),  dont  il  sera  question  au  Chant  II  (notes 
au  vers  SgS  et  1242).  Apollonios  distingue  nettement  par  les  noms  qu'il 
leur  donne  les  deux  peuplades  des  Macriens  et  des  Macrônes.  Scylax 
{PeripU,  %  85,  Geogr,  Graec,  Minor.,  Didot,  vol.  I,  p.  63)  donne  aux 
Macrônes  le  nom  de  Macrocéphales.  Voir  les  notes  de  l'édit.  Didot  à  ce 
passage  de  Scylax. 

V.  1037.  A  r  abri  de  tout  malheur  fâcheux,  —  Déilochos  fait  le  récit 
du  combat.  Mais  au  sujet  de  la  mort  de  Cyzicos  et  de  Tensemble  du 
combat,  il  n'y  a  pas  d'accord  entre  les  historiens.  Éphore  dit  que  les 
Dolions,  étant  Pélasges  et  animés  de  dispositions  hostiles  contre  les 
habitants  de  la  Thessalie  et  de  la  Magnésie,  parce  que  ceux-ci  les 
avaient  expulsés  de  leur  pays,  les  attaquèrent.  C'est  dans  son  livre  IX* 
qu'il  écrit  cela.  Apollonios  a  suivi  Déilochos.  Mais  Callisthène,  dans  le 
livre  I"  de  son  Périple,  dit  que  c'est  avec  des  intentions  ennemies  que 
les  habitants  de  Cyzique  attaquèrent  de  nuit  les  Argonautes.  >  (Scol.) 

V.  1 040.  Téléclès,  Mégabrontès, ..  —  «  Apollonios  a  imaginé  ces  noms 
et  ne  les  a  pas  pris  dans  l'histoire.  C'est  ce  que  dit  I.ucillus  de  Tarra. 
Quant  à  Cyzicos,  les  uns  disent  qu'il  fut  tué  par  les  Dioscures,  les 
autres  par  jason.  »  (Scol.) —  La  plupart  de  ces  noms  ont  d'ailleurs  un 
sens  :  Téléclès  =  Tf,XB,  xXéoç,  gloire  au  loin  ;  —  Mégabrontès  =  luyâXYj, 
^povr^,  grand  tonnerre;  —  Sphodris  =  aço^pi;,  impétueux;  —  Géphy- 
ros  =  yifvpai  pont,  etc. 

V.  loSg.  Ils  firent  trois  fois  le  tour  du  tombeau,  —  Cf.  Iliade,  XXHI, 
V.  i3  et  suiv. 

V.  1061.  La  plaine  herbeuse.  —  Le  Scoliaste  dit  que  Déilochos  fait 
mention  de  cette  plaine  (il  écrit  Aei{A(oviov  avec  une  majuscule,  comme 
s'il  s'agissait  non  de  l'épithète  herbeux,  mais  d'un  nom  propre  :  la 
plaine  Leimonienne)  et  du  tombeau  de  Cyzicos. 

V.  io63.  Cleité. —  a  Apollonios  dit  que  Cyzicos  était  nouvellement 
marié  et  sans  enfants;  Euphorion,  dans  ApoUodore,  qu'il  était  sur  le 
point  de  se  marier  non  à  Cleité,  fille  de  Mérops,  mais  à  Larissa,  fille 
de  Piasos,  laquelle  ne  souffrit  aucun  mal,  mais  fut  emmenée  par  son 
père.  Néanthès,  dans  ses  Mythiques,  est  d'accord  avec  Apollonios. 
Déilochos  dit  de  Cleité  qu'elle  mourut  de  chagrin.  Apollonios  raconte 
que  Cyzicos  mourut  sans  enfants;  Néanthès  qu'il  avait  un  fils  nommé 
comme  lui.  »  (Scol.) 

V.  1068.  Une  source  appelée  Cleité,  —  Néanthès  et  Déilochos,  au 
dire  du  Scoliaste,  confirment  l'existence  à  Cyzique  de  cette  source  dont 
les  anciens  géographes  ne  disent  rien. 

V.  1076.  Les  Ioniens,  —  «Il  les  appelle  Ioniens  parce  qu'ils  étaient 
venus  de  Mileten  colonie  :  Nélée  conduisit  à  Milet  une  colonie;  et  de 
Milet,  longtemps  après,  on  émigra  à  Cyzique.  C'est  pourquoi  il  donne 
aux  Milésiens  le  nom  d'Ioniens,  f  (Scol.)  Pour  Nélée,  voir  la  note  du 
vers  959. 

V.  1082.  La  dernière  partie  de  la  nuit,  —  «  Ils  prenaient  la  dernière 
portion  de  sommeil  sur  la  terre  de  Dolonie,  car  ils  devaient  ensuite 
se  mettre  en  mer.  »  (Scol.)  L'explication  du  Scoliaste  ne  semble  pas 
exacte  :  il  n'est  pas  dit  qu'ils  dussent  s'embarquer,  puisque  rien  encore 


2S2  NOTES 

ne  prouve  que  la  tempête  qui  les  arrête  va  cesser.  IIu|iatov  Xâ^o^,  c'est 
la  dernière  veille  pendant  laquelle  Acastos  et  Mopsos  sont  de  garde. 
Shaw,  qui  admet  la  leçon  du  cod.  Laur.,  Xé^oc»  traduit  :  in  extremo 
lecto.  Brunck  remarque  que  cette  expression  se  retrouve  encore  dans 
ApoUonios  (Ch.  III,  v.  1340)  et  dans  Moschos  (Idylle  II,  v.  2);  c'est, 
dit-il,  la  troisième  veille  de  la  nuit  que  Ton  divise  en  trois  parties  à 
répoque  héroïque,  et  non  en  quatre.  Dûbner  explique  inexactement  : 
per  totam  noctem, 

V.  1086.  La  divinité  qui  l'envoyait, —  Héra,  selon  Pindarc,  dans  ses 
Pe'ans,  dit  le  Scoliaste. 

V.  1089.  En  haut  de  la  poupe  (àfXavroto). —  «ApoUonios,  dans  son 
Lexique,  explique  âfXaorov  par  àxpoariXiov.  C'est  une  erreur,  puisque 
ràxpo9T6Xiov  est  Textrémité  du  <rr&Xoc.  Or,  on  appelle  vt&Xo;  la  pièce  de 
bois  qui  part  de  la  irru^^  et  qui  traverse  jusqu'à  la  proue.  L*àtxpooT&Xiov 
est  donc  ràc^Xavrov  qui  se  trouve  à  la  proue.  Le  poète  Tentend  aussi  de 
la  poupe  quand  il  dit  :  Hector  qui  avait  saisi  le  navire  par  la  poupe  ne 
le  lâchait  pas,  tenant  /a^Xaorov  dans  ses  mains  [Iliad,,  XV,  v.  716]. 
Par  suite  de  la  parenté  du  9  avec  le  6,  Ta^Xa^rov  se  dit  aftXaorov  par 
antiphrase,  car  il  est  fragile  [e(?6XaoTov].  L'i^Xavrov  est  donc  une  poutre 
du  côté  de  la  poupe.  »  (Scol.)  Il  est  impossible  de  se  reconnaître  dans 
cette  juxtaposition  de  remarques  incohérentes  et  contradictoires. 
M.  Cartault  {ouvr.  cité,  p.  82)  propose  bien  une  heureuse  correction 
qui  fait  disparaître  le  non -sens  de  la  phrase  concernant  le  vt&Xo<  : 
«Or,  on  appelle  <tt6Xoc  la  pièce  de  bois  qui  part  de  la  mvxn  ^^  qui 
partage  Tavant  en  deux.»  Mais  il  faudrait  bien  d'autres  corrections 
pour  mettre  d^accord  les  diverses  parties  de  la  scolie.  Toutefois,  en  se 
fondant  sur  des  témoignages  plus  nets  que  ceux  du  Scoliaste  d'ApolIo- 
nios,  M.  Cartault  a  pu  définir  d'une  manière  précise  le  sens  de  ces 
divers  mots  techniques  :  c  Nous  pouvons  conclure,  dit-il,  que  les  Grecs 
avaient  deux  mots  distincts  pour  désigner  les  extrémités,  souvent 
assez  différentes  de  l'avant  et  de  l'arrière  de  leurs  navires.  Ces  termes 
techniques  étaient  afXavTs  pour  l'arrière,  àxpooriXta  pour  l'avant... 
Le  <tt6Xoc,  large  à  sa  base  et  pointu  à  son  extrémité,  qu^on  appelait 
ràxpoaréXiov,  prenait  naissance  à  la  hauteur  de  la  irrux^,,  large  bor- 
dage,  qui  portait  le  nom  du  navire.  1»  (Cartault,  ouvr.  cité,  p.  82-83.) 
Le  mot  ôtfXaffTov  est  devenu  en  latin  aplustre  (Festus  croyait  qu'il 
fallait  dire  amplustra,  «  quia  erant  amplius  quam  essent  necessaria 
usu  »).  Le  mot  aplustre,  que  le  Thésaurus  de  Quiéherat  traduit  par 
«  ornements  de  navire  qu'on  suspendait  au  mât  »,  ne  se  trouve  pas  à 
l'époque  d'Auguste.  Cicéron  (dans  ses  poèmes)  et  Lucrèce,  plus  tard 
Lucain,  Silius  Italicus,  Juvénal  l'emploient. 

V.  II 10.  Le  port  thrace. —  Dûbner  explique  bien  :  Idem  portus, 
sed  ostium  ejus  e  regione  Thraciae  situm.  Flangini  paraphrase  de 
même  :  al  porto,  che  volto  E'  ver  la  Tracia.  L'explication  du  Scoliaste 
ne  me  semble  pas  juste.  «  Il  l'appelle  le  port  thrace,  parce  que 
Cyzique  se  trouve  aux  confins  de  la  Phrygie;  or,  la  Bithynie  touche  à 
la  Phrygie,  et  les  habitants  de  la  partie  orientale  de  la  Bithynie  sont 
des  Thraces.  Ou  bien  ce  nom  vient  de  ce  que  les  Thraces  ont  peuplé 
Cyzique.  » 


NOTES  253 

V.  II 12.  Les  roches  Macriades.'^  a  Les  Macrônes  sont  un  peuple 
du  Pont.  »  (Scol.) —  Le  Scoliaste  les  confond  encore  avec  les  Macriens 
(voir  la  note  au  vers  1024). 

V.  1 1 14.  L'embouchure  du  Bosphore,  —  «  Le  Bosphore,  passage 
étroit  de  la  Propontide,  ainsi  nommé  de  ce  qu'il  fut  traversé  à  la  nage 
par  une  génisse,  lo.  1»  (Scol.)  II  s'agit  ici  du  Bosphore  de  Thrace, 
primitivement  nommé  le  Bosphore  de  Mysie  (Strabon.  484,  45). 

V.  1 1 15.  D'autre  part.  —  «  Il  ne  veut  pas  dire  sur  l'autre  continent; 
car  la  Mysie  et  TAisépos  sont  en  Asie;  il  veut  dire  dans  l'autre  pays,  la 
Troade,  où  coule  TAisépos,  qui  la  sépare  de  la  Mysie.  »  (Scol.)  Sur 
l'Aisépos,  voir  la  note  du  vers  940. 

V.  II 16.  La  ville  et  la  plaine  Népéienne  d*Adrestéia.^  C'est  une 
contrée  de  la  Mysie  qui  touche  au  Nord  à  THellespont,  et  à  l'Ouest  à 
la  Propontide  (Strabon,  5o3,  1 1,  sqq.).  —  «  Cette  plaine  est  voisine  de 
Cyzique  :  Callimaque  en  fait  mention  dans  VHécalé.  Denys  de  Milet 
dit  que  c'est  une  plaine  de  Mysie;  car  le  roi  de  Mysie,  Olympos,  épousa 
la  fille  de  lasos,  nommée  Népéia,  et  s'établit  dans  cette  plaine^  qui 
s'appelle  maintenant  plaine  de  Népéia.  Apollodore  dit  que  cette  plaine 
est  en  Phrygie.  Callimaque,  dans  ses  Commentaires,  dit  que  c'est 
Némésis  qui  a  occupé  cette  plaine.  Il  y  a  aussi  une  ville  nommée 
Adrestéia  du  nom  de  son  fondateur.  Apollonios  fait  mention  et  de  la 
ville  et  de  la  plaine.  Homère  cite  la  ville  [Iliad,,  II,  v.  828].  »  (Scol.) 
La  ville  d'Adrastcia  ou  Adrestéia  est  ainsi  nommée  de  son  fondateur. 
Callisthène,  d*après  Strabon  (5o3,  14),  dit  qu'Adrastéia  prit  son  nom 
du  roi  Adrastos  qui,  le  premier,  éleva  un  temple  à  Némésis.  C'était 
un  petit  roi  de  Mysie,  iîls  de  Mérops  et  frère  d'Amphios,  roi  de 
Troade.  —  Dans  cette  légende  du  temple  de  Némésis  élevé  à  Adrestéia, 
on  trouve  une  preuve  de  la  confusion  ordinaire  entre  Némésis,  déesse 
grecque,  et  Adrastée,  divinité  asiatique,  originaire  de  Phrygie,  qui 
s'associe  à  Némésis  et  n'est  souvent  qu'une  de  ses  épithètes.  (Voir 
Decharme,  MythoL,  p.  3o5.) 

V.  1 1  ig.  Un  simulacre  sacré.  —  Le  mot  que  je  traduis  par  simulacre 
(Ppéxaç,  To  ppoTÙ  êoix6c,  un  brétas,  ce  qui  ressemble  à  un  mortel,  dit  le 
Scoliaste)  indique  un  antique  (6avov,  comme  le  Scoliaste  lui-même  le 
fait  remarquer.  «  Euphorion  dit  à  propos  de  cela  que  le  xoanon  de 
la  mère  des  dieux  est  taillé  dans  un  cep  de  vigne,  parce  que  la  vigne 
est,  elle  aussi,  consacrée  à  Rhéa.  »  Pour  les  xoana,  types  primitifs  de 
la  statuaire  archaïque,  voir  Col  li  gnon.  Mythologie  figurée  de  la  Grèce, 
p.  14  et  suiv. 

V.  1 122.  Qui  sont  enracinés,  —  Au  lieu  du  mot  èppt;;(i>vTai,  leçon  des 
mss.  de  Merkcl,  Brunck  préfère  epptCcovro,  leçon  d'un  ms.  de  Paris  : 
«  'Eppf^uyvrai  tueri  quis  possit,  intelligendo  poetam  de  his  arboribus 
loqui,  tamquam  sua  aetate  adhuc  vigentibus.  »  Ou,  plus  simplement, 
le  poète  se  met  à  la  place  de  ses  héros,  pour  qui  les  chênes  étaient  les 
plus  hauts  de  tous  ceux  enracinés  dans  la  terre,  au  moment  où  le 
sacrifice  se  célébrait. 

V.  1 124.  Couronnés  de  feuilles  de  chêne.  —  «  C'est  naturel;  car,suivant 
Apollodore,  dans  son  livre  III  sur  les  dieux,  le  chêne  était  consacré  à 
Rhéa.  >  (Scol.) 


^54  NOTES 

V.  1 125.  La  mère  du  Dindymos.  —  f  Cjrbèle  est  essentiellement  la 
-déesse  montagneuse,  comme  on  rappelait,  celle  qui  trône  sur  les  hauts 
sommets  et  dans  les  solitudes  impénétrables  des  forêts.  »  (Decharroe, 
MythoL,  p.  365.) 

V.  1 136.  Titias  et  Cyllénos,  —  «  11  dit  que  ceux-ci  sont  les  premiers 
•des  Dactyles  Idaiens,  les  assesseurs  de  la  mère  des  dieux.  Il  suit 
Maiandros  diaprés  qui  les  Milésiens,  quand  ils  vont  foire  un  sacrifice 
à  Rhéa,  commencent  par  sacrifier  à  Titias  et  à  Cyllénos  :  ce  sont, 
parmi  les  Dactyles  Idaiens,  les  conducteurs  des  destins  et  les  assesseurs 
•de  la  mère  des  dieux.  Callistrate,  dans  son  livre  II*  de  l'histoire 
d*Héraclée,  dit  de  Titias  :  «C'est  un  héros  indigène  que  les  uns  disent 
»  fils  de  Zeus,  et  les  autres  Tainé  des  enfants  de  Mariandynos,  fils  de 
>  Cimmérios;  gr&ce  à  lui,  la  nation  s'est  augmentée  et  fait  encore  des 
»  progrès  en  bonheur.  »  Promathidas,  dans  son  ouvrage  sur  Héraclée, 
dit  qui  était  ce  Titias;  Thcophane  le  dit  aussi.  Il  a  été  divinisé  par  les 
Mariandyniens.  Qu'une  Nymphe  ait  enfanté  les  Dactyles  Idaiens  en 
saisissant  dans  ses  mains  la  terre  Oiaxienne...,  et  que  c'est  parce  qu*elle 
les  a  mis  au  monde  entre  ses  propres  mains  qu'ils  ont  été  nommés 
Dactyles,  Apollonios  Ta  emprunté  à  Stésimbrote.  Sophocle,  dans 
■son  drame  satyrique,  les  Kôphoi,  les  appelle  Phrygiens.  »  (Scol.)  La 
lacune  de  la  fin  de  la  citation  de  Stésimbrote  en  rend  Tintelligence 
difficile.  C.  Muller  {Fragm.  Histor.  Graec,  Didot,  vol.  II,  p.  56) 
explique  ainsi  :  Haec  ad  eam  narrationem  spectant,  ex  qua  liactyli 
e  iactu  pulveris  Nympharum  digitis  sparsi  nati  nominatique  dicuntur. 
Callistrate  confond  le  Dactyle  Titias  avec  un  homonyme,  fils  ou 
descendant  de  Mariandynos.  Il  sera  question  {Argon.,  Ch.  II,  v.  ySB) 
d'un  Mariandynien  nommé  Titias,  qui  a  lutté  au  pugilat  avec  Héraclès. 

V.  1 129.  Les  Dactyles  Idaiens,  —  «  On  dit  qu'ils  étaient  six  et  cinq, 
ceux  de  droite  mâles,  ceux  de  gauche  femelles.  Phérécyde  dit  que 
ceux  de  droite  sont  vingt,  et  ceux  de  gauche  trente-deux.  On  dit  qu'ils 
étaient  enchanteurs,  habiles  dans  la  connaissance  des  poisons,  et  qu*ils 
furent  les  premiers  à  travailler  le  fer  et  les  autres  métaux.  Ils  étaient 
nommés  Idaiens  de  leur  mère  Ida.  Ceux  de  gauche,  dit  Phérécyde, 
étaient  les  enchanteurs;  ceux  de  droite  détruisaient  les  enchantements. 
Hellanicos  dit  qu'ils  furent  nommés  Dactyles  Idaiens,  parce  que, 
s'étant  rencontrés  avec  Rhéa  dans  les  cavernes  de  l'Ida,  ils  accueillirent 
bien  la  déesse  et  lui  touchèrent  les  doigts.  Mnaséas,  dans  le  livre  I  de 
son  ouvrage  sur  TAsie,  dit  qu'ils  s'appelaient  Dactyles  Idaiens  de  leur 
père  Dactylos  et  de  leur  mère  Ida.  Voici  comment  s'exprime  l'auteur 
de  la  Phoronide  :  Là,  ces  enchanteurs  Phrygiens  de  l'Ida,  hommes 
montagnards,  avaient  leurs  demeures.  C'étaient  Celmis,  le  grand 
Damnaméneus  et  le  puissant  Acmon,  serviteurs  aux  mains  habiles 
d'Adrestéia,  déesse  des  montagnes;  eux  qui  les  premiers  ont  découvert 
dans  les  vallons,  entre  les  monts,  l'art  d'Héphaistos  aux  nombreuses 
pensées,  le  fer  bleuâtre,  eux  qui  l'ont  mis  sur  le  feu  et  qui  ont  montré 
des  œuvres  remarquables.  i>  (Scol.)  I^  Phoronide  était  un  poème  con- 
sacré à  Phoroneus,  personnage  adoré  en  Argolide  comme  un  génie  du 
feu  (Pausanias,  II,  19,  5).  —  Pour  les  Dactyles,  voir  Pausanias  (V,  7,  6), 
Diodore  de  Sicile  (V,  64),  Pline  {N.  H.,  VII,  197)  et  surtout  Strabon. 


NOTES  ass 

V.  ii3i.  —  La  terre  OiAxteitite.  —  La  terre  de  Crète  est  ainsi 
nommée  du  fleuve  crétois,  TOaxe,  mentionné  par  Virgile  (Ed.  I,. 
V.  65): 

Pars  Scythiam  et  rapidum  Cretae  Tcniemas  Oaxen. 

  propos  de  ce  vers,  Servius  cite  ce  passage  de  la  traduction  des. 
A  rgonautiqueSf  par  Varron  de  TAtax  : 

Qaos  magno  Âncbiale  partus  adducta  dolore. 
Et  geminis  capiens  tellurcm  Oaxida  palmis. 

Xénion  (Histor.  Graec.  Fragm.,  Didot,  vol.  IV,  fragm.  lo)  cite 
une  ville  de  Crète  nommée  Oaxos.  —  c  C'est  l'habitude  des  femmes, 
dans  les  douleurs  de  Fenfieintement,  de  saisir  les  objets  à  leur  portée, 
en  y  cherchant  un  allégement  à  leurs  souffrances.  C'est  ainsi  que  Létô 
tenait  le  palmier  de  Délos.  »  (Scol.) 

V.  II 35.  Tournoyaient,  —  Merkel  admet  la  leçon  de  VEtymol.  M,, 
cU(990VT0,  leçon  qui  semblait  déjà  la  seule  bonne  à  Ruhnken,  au  lieu 
du  mot  b>px<^^>^09  4^'  ^^  ^^^  dans  tous  les  mss. 

V.  114t.  Accessible  aux  prières  (âvroifv}).  —  Le  Scoliaste  voit  dans- 
ce  mot  une  épithète  ordinaire  de  Rhéa,  parce  que  la  déesse  vint  à  la 
rencontre  des  Telchines  (evavrta);  d'autres,  dit-il,  admettent  que  àvra^Yi 
est  un  synonyme  de  rj)iTàvcutoc  (facile  à  apaiser  par  des  prières)  et 
de  tvàvTT]Toc  (que  l'on  rencontre  avec  plaisir).  Le  Scoliaste  confond  les. 
Telchines  avec  les  Dactyles;  Hellanicos  (voir  la  note  au  vers  11 29)  a 
parlé  de  la  rencontre  des  Dactyles  avec  Rhéa.  Un  hymne  orphique  est 
adressé  à  la  Mi^tt)p  'AvratiQ. 

V.  1 156.  Les  rameurs.  —  Voir  la  note  aux  vers  91 3  et  922. 

V.  1 165.  Le  fleuve  Rhyndacos.  —  C'est  un  fleuve  de  Mysie  (Strabon,. 
492,  39).  —  La  Phrygte,  dont  il  est  ici  question,  est  cette  partie  de  la 
Phrygie  qui  côtoie  la  mer  et  se  nomme  Phrygie  sur  l'Hellespont;  elle 
s'étend  sur  la  Propontide  jusqu'au  fleuve  Rhyndacos,  et  est  séparée  par 
la  Mysie  de  la  Phrygie  proprement  dite,  qui  est  située  à  l'intérieur  des 
terres  et  se  divise  en  grande  et  en  petite  Phrygie. 

Aigaiôn.  —  On  diffère  d'opinion  sur  l'identité  de  ce  personnage.  Une 
scolie  dit  que  c'était  un  héros  mysien  ;  mais  les  autres  reconnaissent 
en  lui  ce  géant  de  la  mer  que  Thétis  (Jliad.,  I,  v.  404)  appelle  au 
secours  de  Zeus  en  lutte  avec  Héra,  et  qui  est  nommé  Briareus  par  les 
dieux  et  Aigaiôn  par  les  hommes.  Le  Scoliaste  dit  que  sa  légende  a 
été  traitée  par  Démétrios  de  Cnide.  Il  ajoute  :  c  Conon,  dans  son 
Hèracléide,  dit  qu'Aigaiôn,  vaincu  par  Poséidon,  fut  jeté  à  la  mer  à 
l'endroit  appelé  par  Apollonios  le  tombeau  d' Aigaiôn;  il  le  nomme 
aussi  Briareus...  Hésiode  le  dit  fils  d'Ouranos  et  de  Gaia.  Il  dit  que 
Briareus,  Aigaiôn  et  Gyès  sont  le  même  personnage.  Eumélos,  dans 
sa  Titanomachie,  dit  qu'il  était  fils  de  Gaia  et  de  Pontos;  il  habitait 
la  mer  et  fut  allié  des  Titans.  Ion,  dans  son  Dithyrambe,  dit  qu'il 
était  fils  de  Thalassé  et  que  Thétis  le  fit  venir  de  la  mer  pour  secourir 
Zeus;  d'autres  disent  que  c'était  un  monstre  marin.  Voici  quel  est  le 
mythe  d'Aigaiôn  :  s'étant  enfui  de  TEubée,  il  vint  en  Phrygie  où  il 
mourut.  C'était  un  géant.  Tel  est  le  récit  de  Lucillus  de  Tarra.  >  (Scol.).« 


256  NOTES 

Les  scolies  rapportent  encore  une  tradition  suivant  laquelle  le  nom 
de  la  mer  Egée  viendrait  de  celui  de  ce  géant.  Voir,  pour  les  origines 
du  nom  de  la  mer  Egée,  la  note  au  vers  83 1. 

V.  1168.  Héraclès  brisa  sa  rame  eut  milieu,  —  c  Quelquefois,  sous 
l'action  du  rameur  d'une  part  et  sous  Teffort  du  flot  de  Tautre,  Taviron 
se  brisait  par  le  milieu.  C'est  précisément  d*un  accident  pareil  qu*Héra- 
klès  est  victime  dans  les  A  rgonautiques.  »  (Cartault,  ouvr.  cité,  p.  161.) 

V.  1177.  La  terre  Cianide.  —  C'est  le  territoire  d'une  ville  de  la 
Bithynie,  sur  la  côte,  auprès  du  mont  Arganthonéios  et  de  l'embou- 
chure d'un  fleuve,  appelé  Cios,  comme  la  ville.  Strabon  rappelle  que 
la  disparition  d*Hylas  eut  lieu  en  cet  endroit  (482,  48}.  —  •La  terre 
Cianide  est  une  périphrase  pour  Cios.  C'est  une  ville  de  Mysie,  ainsi 
nommée  de  Cios,  chef  d'une  colonie  de  Milésiens,  comme  le  raconte 
Aristote  dans  sa  Constitution  de  Cios.  Cios  fut  occupée  d'abord  par  les 
Mysiens,  puis  par  les  Cariens,  en  troisième  lieu  par  les  Milésiens.  II  y 
a  un  fleuve  du  même  nom  qui  baigne  la  Mysie;  Scylaz  de  Caryanda  en 
fait  mention  [Peripl.,  |  93].  »  (Scol.)  D'après  Strabon  (482,  52),  Cios, 
fils  d'Olympos,  était  un  compagnon  d'Héraclès;  c'est  à  son  retour  de 
Colchide  qu'il  fonda  la  ville  qu'il  nomma  de  son  nom,  et  qui,  plus 
tard  y  fut  appelée  Pruses.  D'autre  part,  Glaucos  annonce  aux  héros 
{Argon,,  Ch.  I,  v.  i32i)  que  Polyphémos  doit  fonder  une  ville  illustre 
chez  les  Mysiens,  à  l'embouchure  du  fleuve  Cios.  Cette  ville,  qui 
portera  le  nom  du  fleuve  qui  la  baigne  (Argon.,  Ch.  I,  v.  1347),  ^^^ 
Cios.  l^  Scoliaste  dit  en  effet  (note  au  vers  1470  du  Chant  IV)  : 
«  Polyphémos,  laissé  en  Mysie,  fonda  la  ville  de  Cios,  ainsi  nommée 
du  fleuve  qui  la  baigne.  Il  mourut  en  combattant  contre  les  Chalybes, 
au  dire  de  Nymphodore.  Charax  dit,  au  livre  I  de  ses  Chroniques, 
qu'il  a  fondé  Cios.  »  Pour  Apollonios,  Polyphémos  est  le  fondateur  de 
Cios.  La  terre  Cianide,  au  moment  où  les  Argonautes  y  arrivent,  tire 
son  nom  du  fleuve  Cios  et  non  pas  de  la  ville  qui  n'existe  pas  encore. 

V.  1184.  D'autres  faisaient  tourner... —  Le  sens  de  ce  vers  est 
éclairci  par  le  Scoliaste  :  m  Ils  faisaient  tourner,  ils  frottaient  les  uns 
contre  les  autres  les  morceaux  de  bois  et  en  faisaient  jaillir  le  feu.  Le 
poète  appelle  in>pr,ia  ces  morceaux  de  bois,  frottés  les  uns  contre  les 
autres  pour  faire  naître  le  feu;  l'un  de  ces  morceaux  est  étendu  à  plat, 
on  l'appelle  (rrope\Sc  [mot  que  le  Dictionnaire  grec  d'Alexandre  inter- 
prète ainsi  :  morceau  de  bois  dans  lequel  on  en  tourne  un  autre  pour 
qu*  il  prenne  feu];  l'autre  a  quelque  rapport  avec  une  tarière,  c'est  lui 
qu'on  fait  tourner  dans  le  vropevc.  » 

V.  1 196.  De  sa  massue  consolidée  d^un  cercle  d'airain,  —  «Pisandre 
dit  que  la  massue  d'Héraclès  est  en  airain.»  (Scol.)  On  sait  combien 
VHéracléide  de  Pisandre  a  contribué  à  constituer  la  légende  d*HéracIès 
(voir  E.  des  Essarts,  Du  Type  d'Hercule  dans  la  littérature  grecque, 
Paris,  i87i,p.  35  et  suiv.).  D'après  Strabon  (587,  14),  c'est  Pisandre, 
ou  quelque  autre  auteur  d*Héracléide,  qui  aurait  le  premier  attribué 
à  Héraclès  la  massue  et  la  peau  de  lion.  «  C'est  un  poète  rhodicn  du 
VII*  siècle,  Pisandre  de  Camiros,  qui,  dans  son  Hérakléide,  retrace,  le 
premier,  l'énergique  figure  d'Héraklès,  telle  qu'elle  est  connue  par  les 
monuments  de  l'art  grec  archaïque,  et  donne  pour  attributs  au  héros 


NOTES  257 

la  massue  et  la  peau  de  lion.  9  (Collignon,  Mythologie  figurée  de  la 
Grèce,  p.  332.) 

V.  1204.  Avec  ses  coins  eux-mêmes.  —  «  Les  coins  qui,  placés  autour 
de  rioTod^xY),  assurent  le  mât.  La  comparaison  est,  en  tout,  convenable 
et  solide;  car  il  assimile  au  mât  le  sapin,  à  cause  de  sa  belle  venue  et 
de  son  éI6ration  en  ligne  droite  :  il  se  dresse  comme  un  mât.  L*attaque 
véhémente  du  héros  se  compare  à  la  tempête,  sa  force  est  comparable 
au  vent  véhément;  avec  ses  coins  eux-mêmes,  à  cause  des  mottes  de 
terre  qui  entourent  la  racine  du  sapin.  Car  ces  mottes  entourent  Tarbre 
comme  les  coins  entourent  le  mât,  que  les  cordes  par  leur  tension 
retenaient  comme  des  icp^Tovoi.  »  (Scol.)  M.  Cartault  {ouvr.  cité,  p.  209) 
corrige  la  dernière  phrase,  et  lit  :  ot  6à  np^TOvoi  T6vcdv  d^xiQv...  Il  ajoute  : 
«Les  icpirovot  étaient  destinés  à  maintenir  le  mât  par  devant.  Le 
Scoliaste  d'Apollonius  de  Rhodes  explique  qu'ils  tiennent  le  mât  par 
en  haut,  comme  les  coins  introduits  dans  la  carlingue  le  fixent  par  en 
bas.  1»  Cf.  p.  174  :  «  Tandis  que  le  corps  du  mât  est  arrondi,  le  pied  est 
taillé  rectangulairement  pour  s'adapter  à  la  carlingue,  et  comme 
l'adhérence  entre  le  mât  et  la  carlingue  ne  serait  pas  suffisante  pour 
rendre  la  construction  inébranlable,  on  la  renforce  par  des  coins  qu'on 
introduit  violemment  dans  l'espace  resté  libre.  »  Voir  pour  VXtrrMxti  et 
les  icp^ovoi  les  notes  aux  vers  563  et  564.  Quant  aux  afTjvec  ou  coins, 
dont  il  n*est  pas  question  dans  le  navire  homérique,  M.  Vars  donne 
â  leur  sujet  {ouvr.  cité,  p.  63)  les  renseignements  suivants:  «De 
chaque  côté  [du  mât],  et  presque  à  le  toucher,  on  fixait  des  montants 
sur  le  pont.  Entre  les  montants  et  le  mât  on  enfonçait  des  coins  (on 
coinçait  le  mât).  Montants  et  coins  se  nommaient  a^vive;.  L'ouverture 
ménagée  dans  le  pont  (aujourd'hui  étambrai)  pour  le  passage  du  mât 
s'appelait  r\  19To36xt].  v 

V.  1 207.  —  Voici  cette  fameuse  légende  d'Hylas,  racontée  par  beaucoup 
d'auteurs  dont  les  écrits,  aujourd'hui  perdus,  sont  cités  par  le  Scoliaste, 
popularisée  par  ÂpoUonios  et  Théocrite  (IdylL,  XIII),  si  rebattue  â 
Rome,  au  temps  de  Virgile  :  «  Cui  non  dictus  Hylas  puer?  0  Properce 
(I,  XX)  traite  à  son  tour  l'histoire  d'Hylas  et  l'imitateur  d'ApoUonios, 
Valérius  Flaccus,  ne  peut  se  dispenser  d'y  revenir  (III,  v.  545,  sqq.), 
en  même  temps  que  Juvénal  (I,  v.  164)  y  fait  allusion  : 

Aut  multum  quaesitus  Hylas,  urnamque  secutus. 

L'histoire  d'Hylas  a  passé  aussi  en  France  où,  entre  autres,  Parny 
{fa  Journée  champêtre,  dans  l'édition  Lematre  de  Properce)  et  André 
Chénier  {Églogue  XI,  p.  59,  !•'  vol.,  édit.  Lemerre,  avec  notes  de 
Gabriel  de  Chénier)  la  racontent,  le  premier  d'après  Properce,  le 
second  d'après  les  Grecs  directement  imités.  L'enlèvement  d'Hylas  par 
les  Nymphes  est  le  symbole  du  charme  irrésistible  et  de  l'attraction 
exercée  par  les  eaux  profondes  sur  celui  qui,  après  les  avoir  longtemps 
contemplées,  finit  par  s'y  précipiter.  Mais  Hylas  n'est  pas  seulement 
un  enfant  victime  du  charme  fatal  des  eaux  :  les  fêtes  asiatiques, 
célébrées  en  son  honneur,  montrent  que,  comme  Adonis  et  Hyacinthe, 
il  est  l'image  de  la  fraîche  végétation  du  printemps,  si  vite  flétrie. 
(Voir  Decharme,  MythoL,  p.  354.) 

33 


258  NOTES 

Le  Scoliaste  donne  sur  Hylas  de  nombreux  renceignements  qui 
montrent  combien  d'auteurs  grecs  s'en  étaient  occupés  :  «  Apollonios 
dit  qu'Hylas  était  fils  de  Théiodamas,  Hellanicos  de  Tbâoménès. 
Anticléidès,  dans  ses  Déliaques,  a  raconté  non  qu'Hylas  était  tombé 
dans  une  fontaine,  mais  que  ce  fut  Hyllos,  et  qu'on  ne  le  retrouva 
plus.  Il  y  eut  beaucoup  de  gens  aimés  par  Héraclès  :  Hylas,  Philoctète, 
Diomos,  Périthoas  et  Phrtx,  qui  donna  son  nom  à  une  ville  de  Libye. 
Socrate,  dans  son  livre  à  Eidothéos,  dit  qu'Hylas  était  aimé  de  Poly- 
phémos  et  non  d*Héraclès.  Onasos,  dans  le  livre  I  de  ses  Anut{oniques, 
donne  à  cette  histoire  une  apparence  plus  vraisemblable,  en  disant 
qu'il  ne  fut  pas  ravi  par  les  Nymphes,  mais  qu'ayant  été  entraîné  dans 
la  source  il  mourut  ainsi.  »  Le  Scoliaste  raconte  plus  loin  (note  au 
vers  I2i2)dans  quelles  circonstances  Héraclès  tua  Théiodamas:  «Le 
héros  se  trouvait  chez  les  Dryopes  avec  son  fils  Hyllos,  qui  mourait 
de  fiai  m  ;  son  pédagogue  Lichas  l'avait  abandonné.  Héraclès  demanda  à 
Théiodamas  un  peu  de  nourriture  qui  lui  fut  refusée.  Héraclès,  saisi 
de  colère,  lui  arracha  un  de  ses  bœufs,  l'immola  et  s*en  régala.  Mais 
Théiodamas  rentra  dans  sa  ville  et  fit  une  expédition  contre  Héraclès; 
il  le  réduisit,  dit~on,  à  une  telle  extrémité  qu'Héraclès  arma  sa  femme 
Déianeira  qui,  dans  ces  combats,  fut  blessée  au  sein.  Cependant,  il  fut 
vainqueur  et  tua  Théiodamas  dont  il  prit  auprès  de  lui  le  fils  Hylas. 
Quant  au  peuple,  à  cause  de  ses  habitudes  de  brigandage,  il  le  fit 
émigrer  tout  entier  auprès  de  la  ville  thessalienne  de  Trachine,  voisine 
du  mont  Œta,  près  des  frontières  de  Phocide.  C'était  pour  que,  mêlés 
à  beaucoup  d'autres  hommes,  ils  perdissent  leurs  mœurs  de  brigands 
[cf.  Strabon,  32 1,  9;  372,  46].  Callimaque  fait  mention  de  ces  faits. 
Phérécyde,  dans  son  livre  II*,  dit  que  le  fleuve  Pénée,  uni  à  Polydora, 
fille  de  Danaos,  eut  d'elle  Dryops  de  qui  ont  tiré  leur  nom  les  Dryopes 
qui  habitent  auprès  du  fleuve  Sperchios.  »  Dans  sa  note  au  vers  12 18,  le 
Scoliaste  cite  une  autre  tradition  :  «  Les  Dryopes  sont  un  peuple  injuste, 
voisin  du  Parnasse,  qu'Héraclès  vainquit  et  transporta  dans  le  Pélopo- 
nèse.  Ils  se  nommaient  ainsi  de  Dryops,  fils  d'Apollon,  et  de  Dia,  fille 
de  Lycaon.  » 

V.  1246.  Victime  de  la  fatalité.  —Je  traduis  suivant  la  correction 
de  Merkel  qui  a  changé  en  ârv)  la  leçon  ordinaire  avCir}  (souffrance)  qui 
blessait  le  sens  de  la  phrase  et  la  prosodie,  et  que*Dûbner  essayait 
d'expliquer  ainsi  :  Est  tristis,  aeger,  utfere  omnes  arantes  finguntur, 

V.  1222.  Les  Sources.  —  Le  Scoliaste  ne  dit  rien  de  ces  Sources;  il 
remarque  seulement  que  le  nom  commun  devient  ici  un  nom  propre. 
Dans  la  pièce  qu'il  consacre  à  Hylas  (I,  xx,  v.  33),  Properce  transcrit 
sans  le  traduire  en  latin  le  mot  lliiyat  qui  devient  Pegae. 

V.  1236.  Aussitôt,  la  Nymphe,..  —  «Théocrite,  dans  celle  de  ses 
Bucoliques  qui  est  intitulée  Hylas,  dit  qu'il  fut  ravi  par  toutes  les 
Nymphes.  Onasos,  dans  le  livre  I"  de  ses  Ama^oniques,  dit  qu'Hylas 
tomba  et  s'enfonça.  Nicandre,  dans  le  livre  II*  des  Heteroioumena 
(Métamorphoses),  dit  qu'il  fut  ravi  par  toutes  les  Nymphes;  Apollonios, 
par  une  seule.  »  (Scol.) 

V.  1240,  Polyphémos  Eilatide, —  «On  écrit  aussi  Eilaside,  car, 
suivant  certains  auteurs,  Polyphémos  est  fils  d'Élasos;  suivant  certains 


NOTES  259 

autres,  de  Poséidon.  Polyphémos  eut  pour  femme  Laonomé,  sœur 
d*Héraclès,  et  fille  d^ Amphitryon  et  d'Alcmène.  »  (Scol.)  Voir  la  note  au 
vers  40.  -  Je  ne  trouve  aucun  auteur  qui  dise  Polyphémos  fils  d*Élasos. 
On  ne  connaît  guère,  d'ailleurs,  qu'un  seul  Élasos,  Troyen  obscur,  tué 
par  Patrocle  {Iliad.,  XVI,  v.  696). 

V.  1248.  Tel  VEilatide,,.  —  «La  comparaison  est  en  tout  juste  et 
exacte.  Le  poète  assimile  Hylas  aux  moutons  bêlants,  à  cause  de  sa 
jeunesse  et  de  la  délicatesse  de  son  corps.  Il  compare  Polyphémos 
à  une  béte  féroce  qui  a  entendu  et  qui  se  hâte,  à  cause  de  la  force 
naturelle  du  héros.  La  faim  le  rend  ardent  :  lui  aussi,  il  se  précipite  avec 
ardeur  vers  l'enfant.  Ces  mots  :  //  ne  s'est  pas  empare' des  troupeaux, 
sont  justifiés  par  Tévénement.  Car  la  Nymphe  s'est  emparée  de  l'enfant 
avant  l'arrivée  de  Polyphémos  et  le  secours  qu'il  aurait  porté.  »  (Scol.) 

V.  1265.  Par  un  taon  (\vjtmt).  —  c  Le  myops  est  une  sorte  de  mouche 
qui  paraît  au  printemps;  cet  insecte  s'établit  sur  le  blanc  de  l'œil  des 
bœufs  qu'il  affoUe  par  ses  morsures,  d'où  le  nom  d*oistros  qu'on  lui  a 
donné  [oZvtpoc  de  oi<ro>,  futur  de  fépoi;  idée  de  transport],  Sostrate,  dans 
le  livre  IV*  de  son  ouvrage  sur  les  animaux,  distingue  le  myops  de 
Voistros  :  car  le  myops  nait  du  bois,  et  Voistros  des  animalcules  qui 
nagent  dans  les  fleuves.  »  (Scol.)  Virgile,  qui  emploie  le  mot  oestrus 
{George,  III,  v.  148),  dit  que  c'est  le  second  terme  que  les  Grecs  ont 
employé  pour  désigner  cet  insecte.  Cf.  l'explication  de  NigidiusFigulus: 
A  silus  apud  Graecos  \k'jta>^  vocabatur,  postea  magnitudine  incommodi 
oiiTTpov  appellarunt.  Le  terme  même  d'asilus  dont  Virgile  se  sert  devint 
assez  vite  suranné  et  fut  remplacé  par  celui  de  tabanus,  d'où  le  français 
taon.  Servius  {ad  Georg,,  I,  v.  148)  croit  que  le  mot  olorpo;  est  une 
onomatopée  :  Oestrum  Graii  vertere  vocantes;  vertere  ex  sont  simi- 
litudine,  onomatopeiam  fecere.  Voir  la  note  de  l'édition  Benoist  à  ce 
vers  des  Géorgiques. 

V.  1270.  Ainsi  Héraclès.  —  «  La  comparaison  est  exacte  en  tout.  Le 
poète  assimile  Héraclès  au  taureau  qui  souffre,  à  cause  de  l'impétuosité 
du  héros.  Le  taon  qui  s'attache  à  lui,  c'est  son  angoisse  à  rechercher 
Hylas;  il  en  souffre  comme  d'un  i2ion.  Il  abandonne  les  prairies  et  les 
marais  :  c*est  le  navire  et  la  réunion  de  ses  compagnons.  //  ne  pense 
plus  aux  bergers  ni  aux  troupeaux  :  car  il  oublie  Jason,  chef  de  l'expé- 
dition, et  les  autres  héros.  Tantôt  il  va  sans  repos:  c'est  que  tantôt  il 
court  jusqu'à  être  fatigué,  tantôt  il  s'arrête.  Il  pousse  un  mugissement  : 
c'est  que  lui  aussi  criait  parfois  en  appelant  Hylas.  »  (Scol.) 

V.  1 276.  A  yant  tiré  à  eux  sur  le  navire  les  pierres  de  fond.  —  «  Ayant 
retiré  les  ancres  et  dégagé  le  navire  du  mouillage.  Ephore  est  ridicule, 
lui  qui  croit  qu'Anacharsis  le  premier  a  inventé  l'ancre  à  deux  bras. 
Les  Argonautes  sont  plus  anciens  qu'Anacharsis.»  (Scol.)  Il  a  déjà  été 
dit  (note  au  vers  g55)  que  l'érudit  Apollonios  ne  donne  à  ses  Argo- 
nautes que  l'antique  Imht^  ou  pierre  de  fond.  Nous  ne  savons  pas  si  c'est 
Anacharsis  qui  a  inventé  l'ancre  à  deux  bras.  En  tous  cas,  la  raillerie 
que  le  Scoliaste  dirige  contre  Éphore  tombe  à  faux.  Voici  comment 
M.  Vars  {ouvr.  cité,  p.  147)  explique  la  manœuvre  des  Argonautes  : 
c  Le  vers  suivant  d'Apollonius  de  Rhodes  (I,  1227  [stc  pour  1277]), 
1/5  levèrent  la  pierre-amarre  en  halant  les  cables  sur  l'arrière,  peut 


a6o  NOTES 

t^expliquer  de  la  manière  suivante  :  à  Tépoque  où  les  cabestans  étaient 
inconnus,  on  soulevait  Tancre  ou  la  pierre  de  fond  en  halant  le  câble 
de  Pavant  à  Parrière.  Par  suite  de  la  traction  exercée  par  Téquipage,  le 
navire  arrivait  d*abord  au-dessus  de  !a  place  occupée  par  Pancre.  Il  était 
alors  à  pic.  A  ce  moment,  le  bras  de  Pancre  lâchait  prise,  dérapait,  » 

V.  1279.  Le  cap  Posidéios.  —  Cest  un  cap  de  la  Bithynie  méridio- 
nale, aujourd'hui  le  Bos-Burun,  selon  Mannert. 

V.  1289.  Télamony  saisi  de  colère.  —  «Car  il  était  Pami  intime 
d*Héraclès;  il  combattit  avec  lui  dans  beaucoup  d^expéditions,  navigua 
avec  lui  contre  Ilion,  guerroya  avec  lui  contre  les  Amazones  et  tua 
Alcyoneus,  comme  le  raconte  Pindare  [Nem.,  IV,  v.  27;  Isthm.,  V, 
V.  33;  cf.  Decharme,  Mythol.,  p.  528].  Le  poète  bucolique  dit  simple- 
ment qu'ils  étaient  amis,  eux  qui  partageaient  toujours  en  compagnons 
la  même  table  [Théocrite,  XIII,  v.  38].  Apollonios  affirme  donc 
qu*Héraclès,  s'étant  avancé  dans  les  terres  à  la  recherche  d'Hylas,  fut 
abandonné  aux  environs  de  Cios.  Denys  de  Mitylène  dit  qi^e  le  héros 
navigua  avec  les  guerriers  jusqu'au  pays  des  Colchiens  et  aida  Jason 
dans  toutes  les  conjonctures  concernant  Médée.  Démarate  dit  la  même 
chose;  Hérodore  dit,  au  contraire,  que  lui  et  quelques  autres  ne  suivi- 
rent pas  Pexpédition  jusqu'au  bout.  Hésiode,  dans  les  Noces  de  Céyx, 
dit  qu'Héraclès,  débarqué  en  Magnésie  pour  chercher  de  Peau,  fut  aban- 
donné à  Pendroit  appelé  Aphetai,  à  cause  de  sa  séparation  (â^^c^tc) 
d'avec  les  héros  effectuée  en  ce  lieu  [voir,  v.  591,  le  même  mot,  'AçItsi 
*ApYoOc].  Antimaque,  dans  son  poème  de  Lydé,  dit  qu'Héraclès  fut  mis 
à  terre,  parce  aue  le  navire  Argo  était  surchargé  par  le  poids  du  héros. 
Poséidippos,  Pepigrammatiste,  et  Phérécyde  ont  suivi  Hésiode.  Éphore, 
dans  son  livre  V,  dit  qu'il  fut  laissé,  de  son  plein  gré,  auprès  d'Om- 
phale,  reine  de  Lydie  [cf.  Apollodore,  I,  9,  19].  Suivant  une  tradition 
qui  lui  est  particulière,  Anticléidès,  au  livre  II*  des  Déliaques,  dit 
qu'Hyllos,  fils  d'Héraclès,  étant  descendu  à  terre  pour  rechercher  de 
Peau,  ne  revint  plus  [voir  la  note  au  vers  1207].  »  (Scol.) 

V.  1 3oo.  Les  fils  du  Thrace  Borée.  —  t  Héraclès  les  tua  plus  tard, 
les  ayant  rencontrés  dans  Pile  de  Ténos,  voisine  de  Délos.  Ainésidamos, 
dans  ses  Téniaques,  dit  qu'ils  avaient  tendu  des  embûches  à  leur  hôte 
Héraclès  et  voulu  le  tuer.  »  (Scol.) 

V.  i3o4.  Aux  funérailles  de  Pélias.  —  «Apollonios  dit  qu'Héraclès 
tua  les  Boréades,  parce  qu'ils  avaient  empêché  le  navire  de  revenir 
en  Mysie.  Sémos  dit  que  ce  fut  parce  que  Héraclès  avait  été  vaincu  à 
la  course  par  les  Boréades;  Stésimbrote,  à  cause  des  différends  qu'ils 
eurent  avec  Héraclès,  au  sujet  des  présents  donnés  par  Jason  aux  héros. 
Nicandre  de  Colophon,  au  livre  l*^  de  ses  Oitalques  [POitaia,  petit  pays 
de  Thessalie,  cf.  Strabon,  372,  44],  dit  que  Borée  fut  la  cause  de  leur 
mort,  après  les  avoir  avertis  :  car  il  avait  arrêté  par  des  tempêtes 
Héraclès  qui  retournait  à  Cos.»  (Scol.)  Voir  Apollodore,  III,  i5,  2. 
La  victoire  d'Héraclès,  héros  solaire,  sur  les  fils  du  vent  du  Nord 
a  évidemment  un  sens  symbolique. 

V.  1309.  Et  ces  choses...  —  «  Ce  vers  est  de  Callimaque.  »  (Scol.) 

V.  i3io.  Glaucos.  —  «  Glaucos,  fils  de  Polybos,  d'Anthédon,  ville  de 
Béotie,  pécheur  de  profession,  un  jour  qu'il  avait  pris  un  grand  nombre 


NOTES  261 

de  poissons,  fatigué  au  milieu  de  la  route,  déposa  le  panier  qui  les 
contenait.  L*un  d*euXy  ayant  mangé  une  plante  qui  donne  Timmortatité, 
revint  à  la  vie.  Glaucos  aussi,  en  ayant  pris  et  mangé,  devint  dieu. 
Plus  tard,  parvenu  à  une  extrême  vieillesse,  et  la  supportant  mal,  il  se 
jeta  à  la  mer  et  fut  honoré  comme  un  dieu  marin.  Cest  de  lui,  dit-on, 
que  vient  le  nom  du  poisson  glaucos.  i>  (Scol.) — Strabon  (347,  53) 
cite  une  autre  tradition,  diaprés  laquelle  Glaucos  fut  transformé  en 
cétacé.  Dans  Ovide  {Metam.,  XIII,  v.  904,  sqq.)f  Glaucos  raconte 
comment  il  est  devenu  dieu  de  la  mer  après  avoir  mangé  de  l'herbe 
magique,  k  l'imitation  des  poissons  qu'il  avait  pris.  Âusone  {AfoselL, 
V.  276,  sqq.)  reprend  et  résume  le  récit  d'Ovide.  Voir  Decharme, 
Mythol,,  p.  3 16. 

V.  i3i4.  Les  flancs  du  navire,—  m  On  appelle  ainsi  (ôXxdtov)  la 
partie  du  navire  que  Ton  tire,  pour  le  descendre  à  la  mer.  »  (Scol.) 
M.  Vars  pense  que  ce  mot  correspond  à  Vétambot,  c  pièce  de  construction 
de  même  largeur  que  la  quille,  qui  s'élève  selon  le  plan  diamétral  du 
navire  sur  l'extrémité  arrière  de  celle-ci...  C'est  sur  l'étambot  que 
s'édifient  Tarcasse  et  la  poupe.  »  (Dictionn,  de  Bonne/oux  et  Paris.) 
Cf.  Vars,  ouvr.  cité,  p.  39  :  «  Aucun  terme  ne  désigne  l'étambot  dans 
les  grammairiens;  mais  dans  Apollonius  de  Rhodes  il  apparaît  sous 
le  nom  de  6Xxatov  ou  6Xxelov.  L'explication  de  la  scolie  ne  peut 
s'appliquer  qu'à  l'étambot.  »  Dans  Apollon ios,  je  ne  trouve  nulle 
part  la  forme  éXx^ov:  on  lit  (Ch.  IV,  v.  1609)  ^^xtîiov,  et  le  Scoliaste 
explique  ainsi  le  sens  de  ce  mot  :  c  C'est  une  pièce  de  bois,  dans  les 
parties  inférieures  du  bâtiment  et  dans  le  prolongement  de  la  quille; 
c'est  par  cette  pièce  qu*on  tire  le  navire  à  la  mer;  et  c'est  elle  qu'on 
fixe  la  première  à  terre  quand  on  le  ramène.  » 

V.  i323.  Les  Chalybes,  —  C'est  un  peuple  de  Scythie  (Strabon» 
470,  3o).  Voir  les  notes  aux  vers  373  et  looi  du  Chant  II.  Le  Scoliaste 
dit  que  Polyphémos  mourut  en  combattant  contre  eux.  C'est  la  ville 
de  Ctos,  à  l'embouchure  du  Cios  (voir  la  note  au  vers  1 177)  que  Poly- 
phémos devait  fonder. 

V.  1 356.  Trackine.  —  C'est  une  ville  de  Thessalie  (Strabon,  367, 42), 
au  pied  du  mont  Œta. 

V.  i362.  Us  y  abordèrent  à  la  rame.  —  Voir  la  note  au  vers  608. 


CHANT    II 


V.  2.  Le  roi  des  Bébryces,  —  «  Amycos  était  le  rot  des  Bébiyces.  Il 
possédait  à  cette  époque  toutes  les  régions  de  la  Bithynie,  y  compris 
le  littoral.  Quelques  Bébry ces  s'établirent  du  côté  de  la  Lydie,  dans  les 
contrées  voisines  d*Éphèse  et  de  Magnésie.  Charon  dit  qu^on  appelait 
autrefois  le  pays  de  Lampsaque  Bébry cie  à  cause  des  Bébryces  qui 
l'habitaient.  »  (Scol.)  Strabon  dit  que  les  Bébryces,  qui  ne  sont  pas 
cités  par  Homère,  occupèrent  la  Mysie  avant  les  Thyniens  et  les 
Bithyniens,  et  qu'ils  éuient  Thraccs  d'origine  (464,  18);  ils  possé- 
dèrent la  région  d'Abydos  (5oi,  47). 

V.  4.  Ltf  nymphe  bithynienne  Mélia,  —  «  On  ne  sait  lequel  des  deux 
noms  est  le  nom  propre.  On  dit  qu'elle  s'appelait  Mélia,  parce  que 
certaines  nymphes,  au  dire  de  Callimaque,  portaient  ce  nom  à  cause 
<le  Mélia,  fille  d'Océanos;  ou  à  cause  de  ce  qu'elles  habitaient  les 
pommiers  [piYjXéiz,  pommier]  :  ce  serait  la  même  origine  que  celle  du 
nom  des  Hamadryades.  Bithynis  viendrait  de  ce  qu'elle  était  d'origine 
bithynienne.  Le  poète  appelle  Poséidon  dieu  de  la  génération^  parce 
•que,  maître  de  l'élément  humide,  il  nourrit  et  engendre  toute  chose, 
puisque  l'eau  fait  tout  naître.  »  (Scol.)  Dûbner  ne  partage  pas  cette 
opinion  du  Scoliaste  au  sujet  de  Poséidon  :  «  De  Amyco  tantum,  sub 
hoc  nomine  eum  colente,  intelligendum  ;  mirijice  nugantur  scholiastae.  » 
Il  semble  cependant  que  Poséidon  puisse  être  considéré  comme  dieu 
de  la  génération.  «  Cette  heureuse  union  de  l'eau  et  de  la  terre,  d'où 
naissent  les  fruits  nourriciers  de  la  vie  humaine,  s'exprimait,  dans  le 
langage  mythique,  par  l'image  du  commerce  amoureux  de  Poséidon  avec 
des  nymphes  ou  avec  des  filles  de  personnages  fabuleux.  »  (Decharme, 
Mythologie,  p.  325.)  L'orthographe  des  deux  noms  interdit  toute 
confusion  entre  la  nymphe  Mélia  (MsXii])  et  les  nymphes  Méliades 
(Mv)Xiad8c).  Quant  à  la  mère  d' Amycos,  Apollodore  la  nomme  Bithynis, 
d'après  les  cdit.  vulg.,  Bithynis  ou  Mélia,  d'après  l'édit.  Hercher 
<I,  9,  20);  il  cite  ailleurs  deux  Mélia  :  l'une,  fille  d'Océanos  et  femme 
d'Inachos(II,  i,  i);  l'autre,  qui  eut  de  Silène  le  centaure  Pholos(II,  5, 4). 
Les  auteurs  latins  (Valérius  Flaccus,  IV,  v.  1 19;  Servius,  adAeneid.,  V, 
V.  373;  Hygin,  FabuL,  17;  Scol.  ad  Stat.  Theb.,  III,  v.  533,  etc.) 
nomment  cette  nymphe  Mélié.  Brunck  suit  l'opinion  d'ApolIodore,  ou 
plutôt  des  édit.  vulg.  de  la  Bibliotheca,  et  il  ajoute  :  «  Potior  in  his 
veterum  Graecorum  auctoritas  quam  Latinorum  poetarum  quorum 
nonnulli  in  diversa  abierunt,  » 

V.  8.  L'expédition,  —  *  Théocrite  a  raconté  les  faits  autrement  [dans 
Vldylle  XXII]  »,  dit  le  Scoliaste,  et  peut  être  mieux,  ajoute  Dûbner  : 
<K  A  liter  et  nescio  an  melius  apud  Theocritum.  »  L'épisode  de  Pollux  et 
d' Amycos  se  trouvait  encore  dans  d'autres  auteurs  anciens  qui  sont 
cités  par  le  Scoliaste  (voir  la  note  au  vers  98).  Nous  avons  les  récits 


NOTES  263 

d'ApoUodore  (I,  9,  2)  et  de  Valérius  Flaccus  (IV,  v.  1  et  suiv.),  qui 
procèdent  de  celui  d*Apollonios. 

V.  28.  Seul  à  seul.  —  «  Aristote  dit  aussi  que  le  lion  agit  de  la  sorte.  »• 
(Scol.) 

V.  34.  Olivier  sauvage,  —  On  sait  que  le  bois  en  est  fort  dur.  Il 
servait  à  faire  les  rouleaux  de  navire.  (Voir  la  note  au  vers  843.)  — 
Dûbner  :  «  Ligni  genus  durissimum  e  quo  et  Herculis  clava.  »  Le 
Scoliaste  dit  que  ce  bâton  raboteux  d^olivier  sauvage,  semblable  à 
ceux  des  bergers,  est  une  preuve  du  caractère  dur  et  féroce  de  celui 
qui  le  portait. 

V.  40.  Dans  sa  colère,  —  «  Car  on  dit  que  la  Terre,  dans  sa  colère  de 
voir  les  Titans  précipités  par  Zeus  au  fond  du  Tartare,  enfanta  les 
géants.  »  (Scol.)  Quant  à  Typhoeus  ou  Typhaon,  qui  sont  généralement 
regardés  comme  deux  noms  du  même  monstre,  quoique  Hésiode  et 
Apoilonios  établissent  une  distinction  entre  les  deux,  Apollodore  lui 
attribue  une  nombreuse  postérité  :  la  Chimère  (II,  3,  4),  le  lion  de 
Némée  (II,  5,  i),  le  chien  Orthros  (II,  5,  10),  le  dragon  des  Hespérides 
(II,  5,  II),  Toiseau  du  Caucase  (II,  5,  11),  le  Sphinx  (III,  5,  8). 

V.  48.  Amycos,  lui,.,  —  aAmycos  ne  fait  pas  Tessai  de  ses  forces. 
Par  cela»  le  poète  montre  quel  était  son  orgueil.  »  (Scol.) 

V.  5 1 .  Lycoreus.  —  Lycoreus  est  un  personnage  imaginé  par  le  poète 
et  que  Thistoire  ne  lui  donne  pas.»  (Scol.)—  Dans  la  Thébaîde  de 
Stace  (VII,  V.  71 5),  il  est  question  d*un  Lycoreus,  fils  d*Apollon.. 
Cf.  Hygin.,  FabuL,  161.  Voir  la  note  au  v.  711. 

V.  55.  Sans  tirer  au  sort.  —  a  Par  cela  aussi,  le  poète  montre  de 
nouveau  l'orgueil  d'Amycos;  pour  que  tu  ne  puisses  pas  ensuite  nCadres^ 
ser  de  reproches,  il  dit  cela  en  homme  déjà  sûr  de  vaincre.  C'est  là 
aussi  un  langage  de  barbare.»  (Scol.) 

V.  73.  A  travers  les  parois  (xo^xoto).  —  «  La  paroi  ou  le  flanc  du^ 
navire  s'appelait  toî^oc  ou  tcXcupâ.  Les  deux  termes  étaient  synonymes. 
Il  semble  toutefois  que  le  premier  était  le  terme  technique.  »  (Cartault, 
ouvr.  cité,  p.  53.)  Ce  sens  du  mot  toT^oc  se  trouve  déjà  dans  Homère 
(Iliad.,  XV,  V.  38a  ;  Odyss,,  XII,  v.  420). 

V.  76.  Reculait  devant  lui  en  bondissant  (klaota^t  àXUtvev)  —  Je  traduis 
selon  la  leçon  vulgaire  des  mss.  et  des  anciennes  éditions,  celle  que 
le  Scoliaste  connaissait  et  commentait  et  que  Merkel  reprend  dans  son 
edit.  maior,  après  avoir  admis  dans  l'edit.  minor,  à  l'exemple  de  Brunck, 
Wellauer,  etc.,  la  correction  àtavovr'  proposée  par  Pierson  dans  ses 
VerisimiL,  p.  i25.  Le  sens  serait  alors  :  Pollux  reculait  devant  son 
adversaire  bondissant  contre  lui,  La  leçon  des  mss.  donne  un  sens  qui 
convient  mieux  à  la  légèreté  de  Pollux.  Merkel  ne  blâme  pas  d'ailleurs 
la  correction  de  Pierson  :  Piersonus  coniecit,  fortassis  recte.  Brunck 
est  plus  absolu  :  pour  lui,  seule  la  correction  est  admissible  :  Vulgo 
àiVaiov  àX£eivev,  quae  sibi  repugnantia  neutiquam  conjungi  possunt. 

V.  79.  Aux  chevilles  aiguës  (^^lifoiO*  —  «  On  appelle  cheville  un 
morceau  de  fer  ou  de  bois,  cylindrique  ou  quadrangulaire,  générale» 
ment  peu  gros  et  peu  long,  dont  on  se  sert  pour  lier  ensemble  les  pièces 
qui  entrent  dans  la  composition  d'un  navire  et  dans  les  ouvrages  de^ 
menuiserie  (Jal)...  Le  second  [le  mot  y^\L^oi]  s'applique  aux  chevilles. 


304  NOTES 

de  bois.  Elles  jouaient  un  grand  rôle  dans  la  construction  du  navire. 
Eschyle  (SuppL,  v.  846),  en  parlant  d*un  vaisseau,  TappcUe  yofifodltw 
dipct.  Apollonius  de  Rhodes  (IH,  v.  343)  nous  dit  quW/ef  maintien- 
nent les  diverses  parties  du  navire  Argo,  de  façon  qu'il  puisse  braver 
leffort  de  tous  les  ouragans.  C'est  au  moyen  de  fortes  chevilles  de  bois 
qu*étaient  implantées  sur  la  quille  les  diverses  pièces  de  la  membrure 
du  bâtiment.  i>  (Cartault,  ouvr,  cité,  p.  43-44.)  Ulysse  use  déjà  de 
y^fi^ot  dans  la  construction  de  son  chaland  (Odyss,,  V,  v.  248).  Voir 
Vars,  ot/yr.  cité,  p.  161  et  suiv. 

V.  85. —  Dûbner  :  «  Kaî  magnopere  offendit;  melius  legeris  xolx,  » 
Merkel  a  conservé  xaf  et  ne  signale  aucun  texte  où  se  trouve  la  correc- 
tion désirée  par  Dûbner. 

V.  94.  Sans  se  hâter,  —  Je  dois  rendre  par  un  équivalent  l'expression 
icap*  ex  y6vu  yovvbc  aiteipcov,  qui  ne  peut  se  traduire  littéralement  en 
français,  et  qui  signifie  échangeant  un  genou  contre  un  autre,  mettant 
successivement  un  pied  devant  Vautre,  c'est-à-dire,  marchant  sans 
hfite,  ou,  comme  on  dit  vulgairement,  «  à  pas  comptés  ».  Homère 
emploie  cette  expression  pour  indiquer  la  lenteur  de  la  retraite  d'Ajax 
(Jliad.,  XI,  V.  547). 

V.  98.  Cependant  les  hommes  Bébryces.,,  —  «ApoUonios  présente 
Amycos  comme  tué.  Mais  Épicharme  et  Pisandre  disent  que  Poilu x  le 
chargea  de  liens.  Déilochos,  dans  le  premier  livre  de  son  ouvrage  sur 
Cyzique,  dit  qu'il  fut  tué  au  pugilat  par  Pollux.  >  (Scol.)  —  Pour  les 
divers  récits  de  la  lutte  d'Amycos  et  de  Pollux,  voir  Stender,  de  Argo- 
nautarum  expeditione,  Keil,  1874,  p.  5i  et  suiv. 

V.  105-117.  ^lynoneus,  Mimas,  Oreidès,  Talaos,  Arétos,  Iphitos, 
Cly tios,  —  Ixymoneus  n*est  pas  autrement  connu;  dans  Vlliade  (XI, 
V.  672),  il  est  question  d'un  Itymoneus,  fils  d'Hypérochos,  qui  est  tué 
par  Nestor.  —  Mimas,  d'ailleurs  inconnu,  ne  doit  pas  être  confondu 
avec  le  fameux  géant  (le  validus  Mimas  d'Horace)  auquel  ApoUonios 
fera  d'ailleurs  allusion  (Ch.  III,  v.  1227).  Oreidès  et  Arétos  sont 
inconnus.  (Il  est  question  dans  Homère  d*un  fils  de  Nestor,  d'un  tils 
de  Priam  et  d'un  homme  de  Dulichion  qui  se  nomment  tous  les  trois 
Arétos.)  Talaos,  Iphitos  et  Clytios  ont  été  cités  dans  le  catalogue  des 
Argonautes  (Ch.  I,  v.  86  et  118). 

V.  106.  A  coups  de  pied. —  Dûbner  fait  remarquer  que  Pollux  sans 
armes  ne  peut  se  défendre  qu'au  moyen  de  ses  pieds  et  de  ses  mains, 
munies  de  cestes,  il  est  vrai. 

V.  118.  A  ncaios.  —  Ce  héros  a  été  cité  dans  le  catalogue  (Ch.  I,  v.  164). 

V.  123.  Tels,  dans  les  parcs.,.  —  Le  Scoliaste  remarque  quMl  y  a  dans 
Homère  une  comparaison  semblable  (Iliad.,  XVI,  v.  352).  Il  ajoute  : 
«IloXioC  veut  dire  soit  d'une  couleur  un  peu  cendrée,  soit  vénérables. 
Car  cet  animal  était  respecté  des  Athéniens.  Celui  qui  a  tué  un  loup 
doit  réunir  de  quoi  pourvoir  à  sa  sépulture.  D'ailleurs,  comme  lorsque 
Létô  arriva  enceinte  à  Délos,  elle  resta  pendant  douze  jours  changée  en 
loup,  il  y  a  depuis,  chaque  année,  une  période  fixe  de  douze  jours  où 
toute  louve  met  bas  :  Philostéphane  le  dit  dans  ses  Mémoires.  »  On 
s'explique  comme  Létô,  personnification  de  la  nuit  (voir  Decharme, 
Mythologie,  p.  100)  est  changée  en  loup,  animal  nocturne.  Quant  à 


NOTES  26s 

IIo>to(,  c*est  évidemment  une  épithète  de  nature  indiquant  la  couleur 
du  loup  auquel  Homère  l'applique  déjà  {Iliad,,  X,  v.  334). 

V.  140.  Mariandyniens,  —  «Les  fils  de  Phinée,  nés  de  Cléiopâtré, 
étaient  Parthénios  et  Crambos.  D*ldaia,  fille  de  Dardanos,  ou  de 
quelque  concubine  scythe,  il  eut  Thynos  et  Mariandynos,  de  qui  les 
deux  peuples  des  Thyniens  et  des  Mariandyniens  furent  nommés. 
D'autres  disent  que  ce  nom  vient  de  Mariandynos,  fils  de  Cimmérios.  » 
(Scol.)  Voir,  sur  les  fils  de  Phinée,  la  note  au  vers  178.  Apollodore 
(I,  9,  23)  mentionne  l'arrivée  des  Argonautes  chez  les  Mariandyniens, 
mais  il  ne  dit  rien  de  Mariandynos.  Strabon  rapporte  que  les  Marian- 
dyniens, qui  ne  sont  pas  nommés  par  Homère  (475,  16),  étaient,  comme 
les  Thyniens  et  les  Bithyniens,  originaires  de  Thrace  (245,  35)  et 
qu'ils  habitaient  auprès  des  Thyniens  et  des  Paphlagoniens  (466,  25; 
482,  12).  Ils  devaient  leur  nom  à  Mariandynos  (464,  2g),  sur  lequel 
Strabon  ne  donne  aucun  renseignement.  Les  Mariandyniens  sont  cités 
dans  le  Périple  de  Scylax,  |  91  {Geogr,  Graec.  Min,,  Didot,  vol.  I), 
dans  Pomponius  Mêla  (I,  19),  etc. 

V.  145.  Qu*auraient^Hs  fait,  ces  gens -là,  avec  leur  lâcheté  Q<nv 
avaXx8tT)(nv  fp«|av)!  —  Dûbner  :  «  Sic  leguntl  Scilicet  Bippuxs;;  sedpost 
Amycicaedem  àva>xâc  erant,  Sed  ad  Amycum  ipsum  référendum;  sed 
optime  Ruhnkenius,  quamvis  audacius,  àtao6aX(v)9tv  ïpelev,  scilicet 
Amycus:  quid  tum  de  eo  futurum  fuisset  si  Hercules,  etc.,  scilicet: 
tum  dtcretum  caestu  non  fuisset.  »  Brunck  rejette  aussi  la  leçon  vul- 
gaire, quod  nec  Behrycibus,  nec  eorum  régi  convenit.  Il  admet  soit  la 
conjecture  de  Ruhnken,  soit  une  de  ces  deux  qu*il  propose  lui-mêmç  : 
àity)vti'T)9iv  ou  àXaCov{T}9iv.  Horum  quodcumque  eligatur  vulgato  praefC' 
renduin  erit,  Merkel,  qui  ne  change  rien,  propose  simplement  de 
remplacer  le  substantif,  sans  parler  de  mettre  le  verbe  au  singulier  : 
tLpoterat  temptari  àinQvo^'v^atv  [fierté,  arrogance],  quod  Etym.  M., 
p,  g,  5o,  cum.  Apoll,  nomirie  sed  versu  Homerico  e  scholiis  arripuit.  » 
Je  ne  vois  pas  la  nécessité  de  remplacer  le  substantif  par  un  autre  de 
sens  opposé  :  les  Bébryces  ont  montré  peu  de  courage,  et  c'est  d'ail- 
leurs, dans  l'antiquité,  une  habitude  de  rabaisser  la  valeur  de  l'ennemi 
vaincu. 

V.  159.  Ayant  couronné,,,  —  t  C'est  à  cause  d'Apollon  qu'ils  se  cou- 
ronnaient de  laurier.  Ils  se  couronnaient  de  trois  manières  :  sur  la 
tête,  sur  le  front,  sur  la  nuque,  plaçant  les  couronnes  en  signe  de  la 
joie  de  leur  âme.  Ces  couronnes  étaient  faites  avec  le  laurier  auquel 
étaient  fixées  les  amarres  du  navire.  Ce  n'est  pas  par  une  fiction 
poétique  qu'ApolIonios  a  imaginé  ce  laurier.  Il  y  en  avait  réellement 
un  en  cet  endroit,  qui  était  un  très  grand  arbre,  comme  dit  Androitas 
le  Ténédien  dans  son  Périple  de  la  Propontide,  où  il  raconte  en 
passant  que  la  ville  nommée  Amycos,  qui  conserve  encore  quelques 
habitations,  est  éloignée  de  cinq  stades  du  temple  des  Nymphes  des 
Chalcédoniens.  Apollodore,  dans  le  premier  livre  de  ses  Pontiques, 
dit  que  là  était  le  tombeau  d'Amycos,  et  que  celui  qui  aurait  pris  une 
branche  du  laurier  se  serait  exposé  à  un  reproche.  »  (Scol.)  Strabon 
parle  du  temple  des  Chalcédoniens  (265,  38;  482,  21),  mais  il  ne  dit 
rien  de  cette  ville  d'Amycos  que  l'on  trouve  mentionnée  dans  Pline 


34 


266  NOTES 

l'Ancien  (N.  H,,  V,  i5o;  XVI,  239)  sous  le  nom  de  Fortus  Amyci 
(aujourd'hui  Beikos,  d'après  le  Dictionnaire  latin  de  Freund-Theil). 

V.  160.  A  Varbre  et  aux  alentours.  —  Merkel  écrit  t^  «ot  te  isipc, 
corrigeant  les  textes  vulgaires  x^  «al  toi  inp(.  Wellauer,  qui  écrivait 
t^  T^  x«\  T^  expliquait  et  justifiait  ainsi  sa  correction  :  c  Lauro  ad  quam 
hic  et  illic  retinacuU  alligata  erant.  Omiâsopriore  «^,  quod  quam  facile 
excidere  potuerit  nemo  non  videt,  reliquae  turhae  exortae  sitnt,  Neque 
in  duptici  t^  t^  offendipotest  quum  01  ol  et  similia  saepissime  ocatrramt.9 
Dûbner  avait  déjà  proposé  la  correction  adoptée  par  Merkel  :  c  Lege 
T^  %al  Tt  fuçl.  Cf,  y.  38q  [où  Ton  lit  t«»  xotC  tt]  ;  Hiad.,  IX,  v.  1 59  [où  Ton 
trouve  aussi  xoU  tc].  »  Cette  correction  est  d'autant  plus  vraisemblable 
que,  le  laurier  n'offrant  pas  une  résistance  suffisante,  on  avait  dû 
enrouler  un  câble  autour  de  son  tronc,  et  les  autres  autour  des  rochers 
voisins.  Le  vers  166  où  l'on  voit  les  Argonautes,  au  moment  de  partir, 
détacher  après  les  autres  l'amarre  fixée  au  laurier,  vcornc  »  Sdfwqc 
(du  laurier  en  dernier  lieu),  ne  peut  que  confirmer  cette  hypothèse. 

V.  i63.  Thérapnaïen,  —  Cet  adjectif  vient  de  Thérapnai  qui^  dit  le 
Scoliaste,  est  le  nom  d'une  ville  ou  d'un  canton  de  Laconie  (cf.  Pausa- 
nias,  m,  14, 8).  Strabon  ne  cite  qu'une  ville  de  Thérapné  qui  se  txxiuve 
en  Béotié  (35i,  3i).  Thérapnai  en  Laconie  est  le  lieu  de  naissance  des 
Dioscures  (cf.  Stace,  Thebaid,,  VII,  v.  793  :  Therapnaeifratres\  qui  y 
étaient  l'objet  d'un  culte.  C'est  sans  doute  le  Thérapnaïen  Pollux, 
vainqueur  d'Amycos,  que  les  héros  célèbrent  par  leur  cha«t.  Le 
Scoliaste  suppose  cependant  que  TeinvCxtov  d'Orphée  s'adresse  à 
Apollon,  qui  avait  un  sanctuaire  à  Thérapnai;  il  a  déjà  dit  (voir  la  note 
au  vers  159)  que  les  Argonautes  se  sont  couronnés  de  laurier  en 
rhonneur  d'Apollon. 

V.  168.  Le  Bosphore,  —  Voir  la  note  au  vers  1 1 14  du  Chant  I*'  où  le 
Scoliaste  donne  î'étymologie  ordinaire  du  mot  (mer  passée  par  la 
génisse  lo).  Ici,  dans  une  longue  note  où  il  établit  la  distinction  des 
divers  Bosphores  (Thrace,  Scythique  ou  Cimmérien),  il  donne  d'autres 
origines  plus  ou  moins  fantaisistes  de  ce  nom.  Il  suffit  de  reproduire 
les  renseignements  qu'il  emprunte  aux  anciens  historiens  :  «  Nymphis 
dit  qu'Acarion  raconte  que  les  Phrygiens,  ayant  voulu  traverser  le 
détroit,  construisirent  un  navire  à  l'avant  duquel  le  mufle  d'un  taureau 
était  sculpté.  Après  avoir  traversé  le  bras  de  mer,  ils  le  nommèrent 
Bosphore  à  cause  de  Temblème  que  leur  navire  portait.  Éphore  raconte 
qu'Io,  enlevée  par  les  Phéniciens,  fut  conduite  en  Egypte  :  le  roi  de  ce 
pays  envoya  à  Inachos  un  taureau  en  échange  de  la  jeune  fille.  Le 
taureau  étant  mort,  on  le  porta  de  divers  côtés,  car  cet  animal  n'était 
pas  encore  connu;  et  le  Bosphore  reçut  son  nom  de  ce  qu'il  avait  été 
traversé  par  ceux  qui  portaient  le  taureau.  9 

V.  177.  A  la  cote,  en  face  de  la  terre  de  Bithynie  (àvtiicifi]v).  —  Le 
Scoliaste  est  embarrassé  pour  expliquer  ce  mot  ocvrticipîjv,  que  je  traduis 
par  en  face  de  la  terre  de  Bithynie  :  «  Il  y  a,  dit-il,  deux  Bithynies, 
l'une  sur  le  littoral  de  l'Europe,  l'autre  sur  celui  de  l'Asie.  Celle 
d'Europe  est  près  du  Salmydesse  en  Thrace,  l'autre  sur  le  Bosphore,  à 
l'embouchure  du  Pont.  [Strabon  remarque  bien  que  les  Bitbyniens 
sont  originaires  de  Thrace  et  que  de  son  temps  il  y  en  a  encore  en 


NOTES  aO? 

Thrace  (464,  19);  il  dit,  d'autre  part,  que  le  Salmydesse  est  une  longue 
cdte  du  Pont-Euxin,  rocheuse  et  sans  ports  (464,  17},  mais  il  ne 
distingue  pas  deux  Bithynies.]  11  y  a  une  troisième  Bithynie,  qui  est 
une  île  du  Pont.  [C'est  THe  Thynia  citée  par  Strabon  (463,32).]  On  ne 
peut  dire  avec  certitude  à  laquelle  des  deux  Apollonios  fait  allusion, 
puisqu'elles  sont  Tune  et  l'autre  êir\  rà  iripav.  Il  vaut  donc  mieux  penser 
qu'il  s'agit  de  la  Bithynie  d'Europe.  Car,  dit  le  poète,  le  jour  suivant, 
ils  attachèrent  les  amarres  en  Bithynie  :  il  est  évident  qu'ils  viennent 
d'Asie  en  Europe.  Et  Phinée,  au  dire  du  plus  grand  nombre,  habitait 
le  Salmydesse,  rivage  de  la  Thrace  qui  se  présente  à  gauche  quand  oq 
entre  dans  le  Pont.  »  On  ne  peut  hésiter  sur  la  position  de  la  côte  4u 
Salmydesse,  quoique  Eschyle  (Prométhée,  v.  726)  place  auprès  du 
Thermodon  le  golfe  terrible  de  Salmydesse. 

Le  Scoliaste  a  été  évidemment  gêné  par  la  tradition  constante  qui 
place  la  demeure  de  Phinée  dans  le  Salmydesse  sur  la  côte  thrace 
du  Pont-Euxin.  C'est  ce  qui  justifie  cette  note  embarrassée  ^ui 
n*explîque  rien.  Au  vers  178,  le  Scoliaste  répète  que  c'est  en  Thrace, 
sur  le  continent  européen,  que  Phinée  réside  :  mais  il  cite  aussi  Hella* 
nicos,  d'après  lequel  Phinée  avait  été  roi  de  la  Paphlagonie,  en  Asie. 
Au  vers  181,  il  mentionne  Topinion  de  Phérécyde  qui  dit,  en  son 
livre  XVIII*,  que  Phinée  régnait  sur  tous  les  peuples  d'Asie  jusqu'au 
Bosphore  de  Thrace,  c'est-à-dire  sur  les  Bithyniens  et  les  Paphla* 
goniens.  Mais  l'opinion  commune,  celle  d'ApoUodore  (I,  9,  21)  aussi 
bien  que  celle  des  modernes  (cf.  Decharme,  Mythologie,  p.  61 1),  c'est 
que  Phinée,  tout  au  moins  depuis  sa  cécité,  demeurait  sur  la  côte  du 
Salmydesse.  II.  me  semble  évident  qu* Apollonios  n'a  pu  établir  sur 
cette  côte  la  demeure  de  Phinée,  puisque*  après  avoir  quitté  le  vieux 
devin,  les  héros  doivent  passer  entre  les  roches  Cyanées  pour  entrer 
dans  le  Pont.  Or,  il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  la  carte  VI  du  Strabon, 
édit.  Didot,  pour  se  rendre  compte  que  si  les  Argonautes  étaient  déjà 
arrivés  à  la  côte  du  Salmydesse,  qui  est  sur  le  Pont,  ils  auraient  dû 
commencer  par  traverser  le  Bosphore  de  Thrace  et  par  passer  au 
milieu  des  roches  Cyanées;  en  sorte  que,  partant  de  la  côte  du  Sal- 
mydesse, ils  se  trouveraient  déjà  dans  le  Pont  et  n'auraient  pas  à 
traverser  les  roches  Cyanées  pour  y  pénétrer.  —  Holstenius  (Luc 
Holste)  suppose  qu'ApoUonios  se  trompe  et  nomme  la  Bithynie  au  lieu 
d'un  cap  de  Thrace,  le  cap  Thynias  :  t  ConfundU  Bithyniam  cum 
Thjrniade  loco  ceu  promontorio  Thraciae.  >  Mais  la  côte  Thyniade 
(Ouvi&c  àxTi^),  ou  le  cap  Thynias,  esc  justement  auprès  de  la  côte  du 
Salmydesse  (Strabon,  265,  28;  464,  17).  Que  les  Argonautes  aient 
abordé  à  la  côte  du  Salmydesse  ou  au  cap  Thynias,  ils  sont  dans  le 
Pont-Euxin  et  n'ont  plus  à  franchir  les  roches  Cyanées.  —  Dûbner 
propose  une  explication  ingénieuse  du  mot  àvrinépt^v  :  «  Ex  opposite, 
scilicety  ut  saepe  apud  Apollonium,  in  opposito  nonnuUorum  sinuum 
littore,  ita  ut  eadem  tamen  sit  terra,  »  Ce  sens  de  àvTticipvjv  peut  être 
confirmé  par  le  sens  de  ex  ^'ixipr^,  etc.  (v.  1 1 15  du  Ch,  I*';  voir  la  note 
à  ce  vers).  Mais  l'explication  de  ce  passage  semble  bien  simple  : 
Apollonios  sait  que  Phinée  demeurait  sur  la  côte  du  Salmydesse; 
Téconomie  de  son  poème  ne  lui  permet  pas  d'admettre  cette  résidence 


a68  NOTES 

du  vieux  devin,  qui  doit  donner  aux  Argonautes  des  instructions  pour 
franchir  les  roches  Cyanées.  Il  suppose  donc  que  Phinée  demeure 
bien  en  Thrace,  mais  sur  la  côte  du  Bosphore,  en  fiice  de  la  Bithjnie, 
et  non  sur  la  côte  du  Pont  :  ce  qui  est  confirmé  par  le  vers  271  où 
Ton  voit  les  Boréades  passer  le  BÎosphore  à  la  suite  des  Harpyes,  pour 
aller  vers  les  îles  Strophades. 

V.  1 78.  UAgénoride  Phinée,  —  «  A  Salmydessos,  sur  la  côte    de 
Thrace,  le  vieux  prophète  aveugle  Phineus,  persécuté  par  les  Harpyes, 
est  délivré  de  ces  monstres  par  les  Boréades;  il  enseigne  aux  Argo- 
nautes le  chemin  de  la  Colchide...  Il  est  à  peine  besoin  d'indiquer  le 
sens  naturel  de  cette  ftible.  Les  Harpyes,  vents  d'orage,  sont  chassées 
par  les  fils  de  Borée,  le  vent  du  nord  au  souffle  purifiant.  Phineus,  le 
prophète  aveugle,  est  probablement  le  soleil  enveloppé  dans  la  noée 
d'orage.  »  (Decharme,  MythoL,  p.  61 1,  texte  et  note  3.)  Le  Scoliaste 
donne  sur  Phinée  un  grand  nombre  de  renseignements  (v.  178,  181, 
207),  dont  voici  le  résumé  :  suivant  Hellanicos,  Phinée  est  le  fils 
d'Agénor;  suivant  Hésiode,  Asclépiade,  Antimaque  et  Phérécyde,  il 
est  le  fils  de  Phoinix,  fils  d*Agénor,  et  de  Cassiépée,  fille  d'Arabos. 
Celle-ci  donne  à  son  mari  Cilix,  Phinée  et  Doryclos,  et  à  Zeus, 
Atjrmnos.  (D*après  Apollodore,  I,  9,  2t,  III,  i,  i  etlH,  i,  2,  Phinée 
était  fils  d'Agénor  ou  de  Poséidon  ;  Cilix  et  Phoinix  étaient  fils  d*Agénor, 
et  Atymnos  [Atymnios,  dans  Apollodore],  de  Zeus  et  de  Cassiépée.) 
Les  anciens  attribuent  beaucoup  de  motifs  différents  à  la  cécité  de 
Phinée  :  Hésiode  dit,  dans  les  grandes  Éées,  que  Phinée  fut  privé  de 
la  vue  parce  qu'il  indiqua  son  chemin  à  Phrixos;  dans  le  III*  livre  des 
Catalogues,  il  dit,  au  contraire,  que  ce  fut  par  choix,  ayant  préféré 
une  longue  vie  à  Tusage  de  ses  yeux.  Istros  dit  qu'Aiétès,  ayant  su  que 
Phinée  avait  sauvé  les  enfants  de  Phrixos  par  ses  prédictions,  le 
maudit;  Hélios,  qui  l'entendit,  priva  Phinée  de  la  vue.  Sophocle  dit  que 
son  infirmité  lui  vint  de  ce  qu'il  avait  crevé  les  yeux  à  Parthénios  et 
Crambos,  fils  qu'il  avait  eus  de  Cleiopfttré,  persuadé  par  les  calomnies 
d'Idaia  leur  marâtre.  D'après  d'autres  auteurs,  les  mauvais  traitements 
qu'il  infligea  à  ses  fils  lui  auraient  valu  une  punition  plus  forte,  la 
mort.  Denys,  dans  ses  Argonautes,  dit  que  Phinée  fut  tué  par  Héra- 
clès, quand  celui-ci  eut  vu  ses  enfsnts  à  l'abandon  et  eut  appris  que 
Phinée  les  avait  chassés  à  cause  des  calomnies  de  l'épouse  scythe  qu'il 
avait  prise  après  avoir  répudié  Cleiopfttré.  Un  vieillard  se  fit  le  dénon- 
ciateur de  Phinée  auprès  d'Héraclès.  Aussi  celui-ci,  ayant  découvert 
ces  entants  innocents,  les  amena  à  la  maison  paternelle.  Phinée  se  levait 
et  voulait  jeter  l'un  d'eux  à  la  nter  :  Héraclès  le  tua  alors  à  coups  de 
pied.  D'autre  part,  certains  auteurs  jugeant  peu  vraisemblable  que 
Phinée  ait  vécu  tant  de  vies  d'hommes,  ont  pensé  qu'il  y  a  plusieurs 
personnages  de  ce  nom  et  que  c'est  un  autre  Phinée,  un  descendant 
de  Phoinix  au  septième  degré,  que  les  héros  rencontrèrent,  et  que 
celui-ci  avait  été  privé  de  la  vue  pour  avoir  tendu  des  embûches  à 
Persée.  Apollodore,  dans  son   récit  de  l'expédition  des  Argonautes 
(1,  9,  21)  parle  longuement  de  Phinée  et  dit,  comme  ApoUonios,  que 
le  vieux  devin  aveugle  fut  délivré  des  Harpyes  par  les  BÎoréades  et,  en 
récompense,  enseigna  aux  héros  la  route  qu'ils  auraient  à  suivre.  La 


NOTES  269 

cécité  de  Phinée  viendrait,  d*après  Apollodoré,  soit  de  ce  qu'il  avait 
indiscrètement  révélé  aux  hommes  l'avenir  —  tradition  suivie  par 
Apollonios  —,  soit  du  fait  de  Borée  et  des  Argonautes,  en  punition  de 
ce  quMl  avait  aveuglé  ses  enfonts  sur  les  instigations  de  leur  marâtre, 
soit  du  fait  de  Poséidon,  qui  l'aurait  puni  d'avoir  indiqué  aux  enfants 
de  Phrixos  la  route  à  suivre  pour  revenir  par  mer  de  Colchide  en 
Hellade.  Ailleurs  (III,  i5,  2),  ApoUodore  raconte  qu'Oréithyia,  ravie 
par  Borée,' eut  de  lui  deux  filles,  Cléiopâtré  et  Chioné,  et  deux  fils, 
Zétès  et  Calais.  Cléiopâtré  épousa  Phinée  et  eut  de  lui  Plexippos  et 
Pandion  que  leur  père  priva  de  la  vue,  trompé  par  les  mensonges 
d'Idaiaj  fille  de  Dardanos,  qu'il  épousa  après  Cléiopâtré.  Les  Argo- 
nautes, dans  leur  voyage,  le  châtièrent  de  concert  avec  les  fils  de  Borée. 
Cette  tradition,  on  le  voit,  est  tout  à  fait  contraire  à  celle  qu'ApolIodore 
rapporte  dans  son  récit  du  voyage  des  Argonautes.  —  Comme  le  mythe 
de  Borée  a  reçu  en  Attique  des  développements  particuliers  (Decharme, 
Mythol.,  p.  502-363),  comme  la  mère  de  Cléiopâtré,  Oréithyia  est  une 
Attique,  fille  d'Erechthée  ou  de  Pandion,  il  est  probable  que  c'est  à 
Athènes  que  la  tradition  de  la  cécité  de  Phinée,  punition  des  mauvais 
traitements  infligés  aux  enfants  de  Cléiopâtré,  s'est  développée  et 
qu'Eschyle  et  Sophocle  l'ont  mise  au  théâtre  dans  leurs  pièces  inti- 
tulées Phinée,  aujourd'hui  perdues.  Apollonios,  qui  devait  rendre  son 
Phinée  intéressant  et  sympathique,  n'a  eu  garde  de  rien  prendre  èice» 
légendes,  et  il  donne  à  la  cécité  du  vieux  devin  une  origine  honorable, 
qui  en  fait  un  héros  philanthrope,  à  la  manière  de  Prométhée.  Quant 
à  la  tradition  rapportée  par  le  Scoliaste,  d'après  laquelle  un  autre 
Phinée  aurait  été  privé  de  la  vue  pour  avoir  tendu  des  embûches  à 
Persée,  Apollodore  (II,  4,  3)  raconte  â  peu  près  la  même  histoire  dont 
le  héros  Phinée,  fils  de  Bélos  et  frère  de  Céphée,  fut  changé  en  pierre 
par  Persée.  Heyne  (ad  Apollodori  Bibliothecam  observationes,  I,  9,  21) 
fait  observer  avec  raison  que  si  les  traditions  sur  Phinée  sont  si 
différentes,  cela  vient  de  ce  qu'elles  ont  été  associées  à  beaucoup  de 
légendes  diverses:  De  Phineo  miris  modis  fabulae  variatae  èxstant: 
quia  et  in  Argonauticis  et  in  Heracliis  eae  tractatae,  mox  et  in  fabulas 
Atticas  per  Cleopatram  uxorem  inductae,  et  in  scenam  productae 
fuere, 

V.  2o5.  Un  état  de  sommeil  stupide  (xii&(iaTi).  —  Dûbncr  :  «  Hoc  ipso 
verbo  utuntur  medici.T»  C'est-à-dire  Tétat  comateux.  Apollonios  met 
une  grande  exactitude  dans  les  descriptions  physiologiques.  On  en 
verra  des  exemples  au  Chant  III,  à  propos  de  Médée.  Cf.,  en  particulier, 
la  note  au  verp  y 63  du  Chant  III. 

V.  224.  De  quelque  repaire  funeste  et  mystérieux,  —  Dûbner  : 
<i  A  licunde,  e  loco  funesto  (oXsOpif;))  :  sic  omnino  interpretandum.  v 

V.  271.  Au-dessus  de  la  mer,  —  «Phérécyde,  dans  son  livre  VI, 
dit  que  les  Boréades  les  poursuivirent  à  travers  la  mer  Egée  et  la  mer 
de  Sicile.  »  (Scol.)  Il  est  évident  que,  puisque  les  Harpyes  sont  en  vue 
des  Argonautes,  alors  qu'elles  planent  au-dessus  de  la  mer,  C'est  le 
Bosphore  qu'elles  traversent.  Elles  ne  peuvent  se  trouver  déjà  au-dessus 
de  la  mer  Egée  :  la  demeure  de  Phinée  est  donc  bien  sur  la  côte 
thrace  du  Bosphore.  Voir  la  note  au  vers  177. 


ayo  NOTES 

V.  274.  En  avant  (ispi««w).  —  Merkel,  dans  son  edit.  maior,  adopte 
avec  raison  i'heureuse  coniecture  Kpi^ow,  proposée  par  O.  Schneider, 
au  lieu  de  la  leçon  des  mss.  suivie  par  toutes  les  éditions,  mrom  (à  la 
4uite),  qui  fait  double  emploi  avec  le  mot  iutT&ina6c  du  vers  273. 

V.  276.  Elles  dépassaient  en  vitesse  le  souffle  du  Zéphyre.  —  Cf.  ce 
qu'Hésiode  dit  de  leur  vol  rapide,  Théog,,  v.  268-269. 

V.  279.  De  chevreuils  (icp6xac)<  —  Le  mot  icp6C  se  trouve  une  fois 
dans  Homère  {Odyss,,  XVII,  v.  295);  les  Scoliastes  Teipliqusnt  par  les 
mots  tepxac  (chevreuil  femelle)  ou  XXa^oc  (cerf,  biche).  Le  Sooliaste 
d*Apollonio8  donne  du  mot  icp&(  des  eiplications  fantaisistes  :  c  Cest 
un  animal  semblable  au  cerf  qu*on  nomme  ys^&c  [Jàon  ou  chevreuil). 
Denys  l'Athénien,  dans  ses  Fondations  des  villes  [je  pense  que  le 
Scoliaste  confond  Denys  de  Pergame,  surnommé  TAttique  (Strabon, 
534,  33),  avec  Denys  de  Chalcis,  auteur  des  Ktfattc  ou  Fondations  des 
villes  (Strabon,  484, 45)],  dit  que  le  cerf  se  nomme  icp^,  d'où  le  nom  de 
la  Proconnèse  [npox6vvi}ooc],  fie  où  ces  animaux  abondent.  Cette  île  est 
aussi  nommée  'ÈXa^ivri^oc  [île  des  cerfs;  cf.  Plin.,  N.  H.,  V,  i5i; 
Scylaz,  I  94,  distingue  les  deux  îles].  D'autres  lisent  Prochonnèse 
[npox^wvjvov]  et  disent  que  ce  nom  vient  de  ce  que  cette  île  fut  réunie 
à  une  autre  par  des  amas  de  terre  [icpo9tx«Mi}].  Philétas  dit  qu'on 
nomme  %p6l  la  biche  qui  a  mis  bas  pour  la  première  fois  :  ce  mot 
équivaut  à  primipare  [icpc^Toxocj.  »  —  Je  traduis  ici  «p^  par  chevreuil, 
comme  le  fait  Theil,  dans  son  Dictionnaire  d'Homère  et  des  Homérides  : 
car  des  faons  ne  seraient  pas  capables  de  distancer  des  chiens  de  chasse. 

V.  286.  Iris.  —  Le  Scoliaste  fiiit  remarquer  que,  d'après  Hésiode 
(fragment  qui  n'est  connu  que  par  cette  allusion),  c'est  Hermès  et  non 
Iris  qui  arrêta  les  Boréades.  Il  ajoute  que  le  poète  a  raison  de  supposer 
cette  intervention  d'Iris,  puisqu*elle  est  sœur  des  Harpyes.  Cf.  Dûbner  : 
<  Rarissime  ab  love  mittitur  Iris;  hoc  autem  loco  sic  factum  quia, 
e  Thaumante  et  Electra,  Harpyarum  soror.  »  —  En  effet,  Thaumas, 
second  fils  de  Pontos,  a  épousé  une  fille  d*Océanos,  Electre  (la  brillante). 
Cette  union  (Decharme,  MythoL,  p.  220)  est  une  image  des  reflets 
éclatants  de  la  vague  imprégnée  d*azur  et  de  lumière.  De  cette  union 
naissent  les  météores  célestes  qui  semblent  avoir  leur  origine  dans 
les  flots  d'où  on  les  voit  s'élever,  au  fond  desquels  on  les  voit  rentrer  : 
Iris  (l'arc-en-ciel),  qui  paraît  d'ordinaire  après  l'orage,  les  Harpyes 
(les  vents  violents  qui  ravissent  tout),  Aello  (le  souffle  de  l'ouragan), 
Ocypété  (la  tempête  impétueuse),  Celaeno  (les  nuées  obscures). 

V.  296.  Les  Strophades,  —  Le  Scoliaste  dit  qu'en  donnant  cette 
Interprétation  du  nom  des  Strophades,  Apollonios  suit  Antimaque, 
dans  sa  Lydé;  que,  d'après  Hésiode,  ces  îles  devaient  leur  nom 
nouveau  à  ce  fait  que  Zétès  et  Calais,  en  s'en  retournant,  avaient  adressé 
à  Zeus,  honoré  sur  le  mont  Aïnos,  une  prière  pour  qu'il  retint  les 
Harpyes  en  ce  lieu.  —  Plotées  signifie,  d'après  le  Scoliaste,  «  entourées 
d*eau  de  toutes  parts  »  ;  d'après  Dûbner  «  nantes  insulae  i  [cf.  Odyss., 
X,  V.  3].  Certains  auteurs,  dit  encore  le  Scoliaste,  racontent  que  les 
Harpyes  furent  tuées  par  les  Boréades.  Hésiode  et  Antimaque  adoptent 
la  tradition  suivie  plus  tard  par  Apollonios.  —  Strabon,  qui  ne  parle 
pas  du  nom  primitif  de  ces  deux  îles,  dit  que  les  Strophades  se 


NOTES  271 

trouvent  dans  la  mer  de  Sicile,  à  400  stades  de  Cyparissia,  ville  de  la 
côte  de  Messénie  (3o8,  5o}.  Le  nom  de  Plotae  est  mentionné  par 
Pline  (N.  H.,  IV,  55)  et  par  Pomponius  Mêla  (II,  7). 

V.  299.  Une  caverne  de  la  Crète.  —  «  Ce  fait  est  affirmé  par  Néopto- 
lème.  L'auteur  des  Naupactiques  et  Phérécyde,  dans  son  livre  VI, 
disent  que  cette  caverne  de  Crète  est  sous  la  hauteur  Arginon.  [D'après 
Charon,  cité  par  Pausanias  (X,  38],  Tauteur  des  Naupactiques  serait 
un  nommé  Carcinos  de  Naupacte.  Keil  (Index  Scriptorum,  p.  539,  au 
mot  hesiodus)  adopte  Topinion  qui  attribue  ce  poème  à  Hésiode.]  » 
(Scol.) — Apollodore  (I,  9,  21)  suit  des  traditions  toutes  différentes 
de  celles  d'ApoUonios.  Il  dit  que  les  Harpyes  devaient  être  tuées  par 
les  Boréades;  que  l'une  d'elles  tomba  dans  le  fleuve  Tigrés,  du  Pélo- 
ponèse,  depuis  nommé  Harpys,  et  que  l'autre  (Apollodore  n'en  compte 
que  deux),  s'enfuyant  vers  la  Propohiide,  alla  jusqu*aux  îles  Échinades, 
qui,  à  cause  d'elle,  prirent  le  nom  de  Strophades,  car  elle  se  détourna 
de  sa  course  pour  s'y  arrêter  et  tomba  de  fatigue  sur  le  rivage  avec 
celui  qui  la  poursuivait.  Les  îles  Échinades,  sur  la  côte  d'Étolie,  n'ont 
aucun  rapport  avec  les  Strophades.  Apollodore  est,  je  crois,  le  seul 
à  faire  mention  du  fleuve  Tigrés  ou  Harpys.  Voir  les  notes  critiques 
de  Heyne  à  ce  passage  d'ApoUodore. 

V.  3o6.  Comme  dans  un  songe.  —  «  Il  mangeait  avidement  avec  un 
plaisir  semblable  à  celui  qu'on  éprouve  en  songe,  n'osant  même  pas 
supposer,  à  cause  de  ce  qu'il  avait  souffert,  quHl  se  régalait,  se  croyant 
le  jouet  d'un  rêve.  )»  (Scol.)  Dûbner  :  «  Sive  :  animum  cibo  delectans; 
sive:  animum  delectans,  tanquam  in  somnis  ederet;  scilicet,  ei  videbatur 
quia  dudum  vere  non  vescitus  erat.  » 

V.  3 18.  Les  roches  Cyanées. —  Voir  la  note  au  vers  3  du  Chant  I*'. 

V.  328.  Faites  d'abord  un  essai  par  le  vol  d'une  colombe.  —  c  Asclé- 
piade  dit  aussi,  dans  ses  Histoires  tragiques,  que  ceux  qui  vont  entre- 
prendre une  navigation  se  servent  d'une  colombe.  »  (Scol.) 

V.  333.  Car  votre  salut,,,  —  Dûbner:  a Cato,  ap.  Sallust.  :  Frustra 
deos  implores...  » 

V.  349.  Le  fleuve  Rhébas..,  le  cap  Mêlas...  Vile  Thynias...  —  Le 
Scoliaste  dit  que  le  fleuve  Rhébas  est  un  fleuve  de  Bithynie;  Strabon 
ne  mentionne  pas  ce  fleuve,  non  plus  que  le  cap  Mêlas,  dont  le 
Scoliaste  se  borne  à  dire  «cap  ainsi  nommé  ».  L'île  Thynias  est  citée 
par  Strabon  (465,  32).  Le  fleuve  Rhébas  est  cité  dans  le  Périple  de 
Scylax,  en  même  temps  que  l'île  Thynias  {Geogr.  Graec.  Minor., 
Didot,  vol.  I,  p.  67),  dans  la  Périégèse  de  Denys,  qui  donne  de  grands 
éloges  au  charme  et  à  la  beauté  de  son  cours  (v.  794-796),  dans  le 
Périple  d'Arrien  {Geogr.  Graec.  Minor.,  vol.  I,  p.  38 1),  où  il  est 
question  à  la  fois  du  fleuve  Rhébas  et  du  cap  Mêlas.  —  Je  lis  au  vers  349 
âxpY)v  te  MéXaivav  et  non  âxTTJv  ts  MiXaivav,  qui  est  la  leçon  des  mss. 
adoptée  généralement  par  les  éditeurs,  y  compris  Merkel;  axpi)v  est 
une  correction  de  Pierson,  adoptée  par  Brunck,  Beck  et  Wellauer. 
D'ailleurs,  le  Scoliaste  disait  déjà  :  MiXaivav  :  âxpa  out(i>«  xaXov(i£vi]. 

V.  352.  La  terre  des  Mariandyniens.  —  Voir  la  note  au  vers  140. 

V.  353-355.  Une  route  qui  descend  che^  Adès...  le  cap  Achérou- 
sias.,,  VAchéron..,  —  Strabon  ne  parle  ni  de  ce  cap  ni  de  ce  fleuve. 


aya  notes 

On  sait  que  le  marais  Achérousias  et  le  fleuve  Achéron  sont  dans  la 
Thesprotide.  II  semble  qu'ici  ApoUonios,  servi  par  son  érudition 
aiexandrine,  ait  reproduit  des  traditions  locales  qui  assimilaient  un 
cours  d*eau  tributaire  du  Pont  au  tieuve  fameux  devenu  fleuve  infernal. 
Le  Scoliaste  constate,  en  effet,  l'existence  d'un  Achéron  dans  le  pajrs  des 
Mariandyniens;  il  dit  que  ce  fleuve  est  près  d'Héraclée,  qu'il  passe 
pour  descendre  dans  la  demeure  d'Adès  et  que  les  habitants  du  pays 
nomment  Achérousias  un  cap  situé  près  de  la  même  ville,  t  Hérodore 
et  Euphorion,  dans  le  Xenion,  disent  que  c'est  par  ce  précipice  que 
Héraclès  tira  Cerbère  sur  la  terre  où  il  vomit  son  venin  qui  donna 
naissance  au  poison  nommé  aconit.  Andron  de  Téos,  dans  son  Périple, 
dit  que  ce  pays  eut  pour  roi  un  certain  Achéron,  qui  fut  père  de 
Dardanis;  ayant  eu  commerce  avec  celle-ci,  Héraclès  la  rendit  mère 
d'un  fils  nommé  Poimén.  Dardanis  et  son  fils  étant  morts  vers  le 
même  temps,  des  endroits  voisins  d'Héraclée  furent  appelés  de  leurs 
noms  Dardanis  et  Poimén.»  (Scol.)  Denys  le  Périégète  rapporte  la 
même  tradition  au  sujet  de  Cerbère  :  c'est,  dit-il,  sur  la  terre  des 
Mariandyniens  que  le  chien  du  Cronide  infernal,  entraîné  par  les 
mains  du  magnanime  Héraclès,  vomit  son  venin  terrible  (v.  789-792). 
Diodore  de  Sicile  raconte  (XIV,  3i)  que,  près  d'Héraclée,  colonie 
des  Mégariens,  se  trouve  la  presqu'île  Achérousias,  où,  selon  la 
tradition,  Héraclès  amena  des  enfers  Cerbère,  après  l'avoir  tué.  Voir, 
pour  la  presqu'île  Achérousias,  Hérodore  {Fragm.  aS,  vol.  II  des  Fr. 
Hist.  Graec,  Didot),  Eustathe  {Comment,  au  vers  791  de  la  Périégèse 
de  Denys).  Le  ileuve  Achéron  est  aussi  mentionné  par  Valérius  Flaccus 
(IV,  v.  595).  Cf.  Pline  (N.  //.,  VI,  4)  et  Ammien  Marcellin  :  t  Acheru- 
sium  specus,  quod  accolae  itu^onévriov  appellant,.,  fluvii  diversi, 
Achéron...  »  (XXII,  8,  17.)  Ce  fleuve  est  aussi  connu  sous  le  nom  de 
Soonautès.  Voir  la  note  au  vers  746. 

V.  359.  Pélops  VÉnétéien.  —  Dûbner  :  «  Longe  alia  igitur  hoc  loco 
de  Pelope  traduntur  quam  vulgo.  »  L'Alexandrin  ApoUonios  se  garde 
bien  en  effet  de  suivre  la  tradition  commune;  il  semble  quMl  remonte 
aux  légendes  les  plus  antiques.  C'est  assez  tard  que  les  poètes  tragi- 
ques font  de  Pélops  le  fils  de  Tantale.  Au  Chant  II  de  VHiade,  dans 
l'énumération  des  possesseurs  primitifs  du  sceptre  d'Agamemnon,  il 
est  dit  qu'Hermès  l'a  transmis  à  Pélops,  Pélops  à  Atrée,  Atrée  à 
Thyeste  et  Thyeste  à  Agamemnon  (v.  100-108).  Il  n'est  pas  question 
du  père  de  Pélops  :  celui-ci  semble  bien  un  fondateur  de  dynastie.  Il 
n'y  a  rien  d'impossible  à  ce  que  le  héros  éponyme  du  Péloponèse  soit 
originaire  de  l'Asie  septentrionale,  qu'il  soit  de  la  race  de  ces  Énètes 
dont  il  est  déjà  question  dans  le  Chant  II  de  V Iliade  (v.  852),  et  dont  Stra- 
bon  dit  que,  suivant  une  opinion  commune,  ils  étaient  les  premiers 
habitants  de  la  Paphlagonie  (465,  47).  Strabon  dit  d'ailleurs  (266,  44) 
que  Pélops  était  Phrygien  et  qu'il  amena  son  peuple  dans  la  partie 
de  PHellade  qui  prit  ensuite  son  nom.  Le  Scoliaste  constate  que  si, 
d'après  ApoUonios,  Pélops  était  Paphlagonien,  selon  d'autres,  il  était 
Lydien,  et  qu'Euphorion  admet  les  deux  opinions. 

\.16i.  Carambis.  —  Le  Scoliaste  constate  qu'Éphore,  dans  son 
livre  IV,  fait  sur  le  cap  Carambis  les  mêmes  observations  qu'Apollo- 


NOTES  273 

nios.  —  Strabon  parle  de  ce  cap  à  plusieurs  reprises  ei  remarque 
méme(io3,  17}  qu'il  divise  pour  ainsi  dire  le  Pont  en  deux  mers. 
Le  Carambis  est  également  cité  dans  le  Périple  d*Arrien,  dans  la 
Périégèse  de  Oenys  (v.  785),  etc. 

V.  365.  Le  vaste  A  igialos.  —  C'est,  en  effet,  dit  Strabon,  une  côte 
longue  de  cent  stades  où  est  situé  le  bourg  paphlagonien  d'Aigialos 
(464,  47).  Mais  le  géographe  place  TAigialos  avant  le  cap  Carambis  : 
«  A  TAigialos  succède  immédiatement  le  cap  immense  de  Carambis, 
qui  s'avance  vers  les  Ourses,  en  face  de  la  Chersonnèse  Taurique.  » 
(467,  7-9.)  C'est  probablement  à  cause  de  cette  erreur  géographique 
d'Apollonios  que  les  éditeurs  —  Merkel  lui-môme  dans  son  edit.  minor 
—  ont  conservé  la  leçon  des  mss.,  aiyiaX&c,  signifiant  un  rivage.  Dans 
son  edit.  maior,  Merkel  adopte  la  correction  AtyiaX^,  proposée  par 
O.  Schneider,  d'après  Meineke  {Vind,  Strab.,  p.  192).  D'ailleurs,  un 
passage  d'Eustathe,  cité  par  Merkel,  prouve  que  les  anciens  lisaient 
A<YtaiX6c  dans  ce  passage  d'Apollonios  :  c  AtT^aXbc  icpoacxric  tu  nirru 
l&rrà  Tr)v  Kapoc|ipiv  «xpocv  cî>c  8v]XoT  'AicoXXe&vtoc*  Eustath.,  ad  II.,  p.  302, 
Lips.  »  II  faut  donc  admettre  qu'au  temps  d'Apollonios  les  géographes 
alexandrins  n'avaient  pas  sur  la  position  de  l'Aigialos  l'opinion  que 
Strabon  devait  exprimer  plus  tard.  —  Dans  sa  note  au  vers  945,  où  il 
est  encore  question  de  l'Aigialos,  le  Scoliaste  dit  expressément  que  cette 
côte  s'étend  au  delà  du  Carambis  :  c  Après  que  le  navigateur  a  doublé 
le  cap  Carambis,  l'Aigialos  s'étend  sur  une  longueur  de  neuf  cents 
stades  jusqu'à  Sinope.»  Meineke  {Vind.  Strab.,  p.  214)  a  conjecturé 
mille  stades  au  lieu  de  neuf  cents.  —  On  a  déjà  vu  (note  au  vers  176  du 
Chant  I*')  que  Merkel  a  aussi  corrigé  dans  son  edit.  maior  en  AlytaXoTo 
le  mot  atyiaXolo  du  vers  178  du  Chant  I*'. 

V.  366.  En  un  lieu  où  la  grève  fait  saillie,  —  Le  texte  porte  àxTîj 
lia  icpopXviTi;  Wellauer  veut  écrire  ^xpr^:  il  Nam  i'ià  nsfpaotv  àtytaXoTÔ 
in  fine  littoris  non  est  littus,  sed  prômontorium;  praeterea  supra 
etiam  v.  354  non  erat  k%xr\  sed  axpTj  icpo^Xtic;  postremo  conferatur 
Dionys,  Perieg.  v.  784,  qui  ex  nostro  loco  pro/ecit,  et  Orph,  Arg. 
v,  y 33,  »  D'abord,  il  faut  remarquer  qu'au  vers  354  i^  ^'y  >  P^'  d2iTiS 
les  mss.  âxpv),  qui  est  une  correction  de  Pierson,  mais  bien  àxtiq;  ensuite 
atYtaX6<  et  âxn^  ne  sont  pas^  comme  Wellauer  le  croit,  deux  synonymes 
du  latin  littus  :  aiytaX^c  est  une  plage,  âxTr)  une  grève,  où  les  flots  se 
brisent  (de  àrvuiAi).  Quand  même  on  n'admettrait  pas  qu'AtyiaXâc  soit 
ici  un  nom  propre,  on  comprend  sans  peine  qu'à  une  plage  succède 
une  grève  qui  fait  saillie.  L'Halys,  aujourd'hui  le  Kiiil-Irmak,  se  jette 
dans  la  Mer  Noire  à  un  endroit  où  la  côte  foit  saillie,  mais  où  il  n'y  a 
aucun  cap.  Enfin,  les  passages  de  Denys  le  Périégète  et  du  Pseudo- 
Orphée, invoqués  par  Wellauer,  n'ont  aucune  importance,  puisque  ces 
deux  poètes  disent  que  llialys  se  jette  dans  la  mer  auprès  du  cap  Caram- 
bis, lequel  est  séparé  par  tout  l'Aigialos  de  l'embouchure  du  fleuve. 

Les  eaux  du  fleuve  Halys,  —  C'est  un  fleuve  de  Paphlagonie  bien 
connu.  Strabon,  qui  en  parle  souvent,  dit  que  son  nom  vient  des 
nombreuses  salines  (âXcc)  auprès  desquelles  il  passe  (468,  17). 

V.  367.  L'Iris.  —  Ce  fleuve,  souvent  cité  par  Strabon,  ne  manque 
pas  d'importance,  quoique  inférieur  au  fleuve  Halys. 

i5 


374  NOTES 

V.  370-371.  Vembouchure  du  Thermodon,,.  le  cap  Thémiscyréios, 
-*  Strabon  dit  que  le  Thermodon  parcourt  la  plaine  de  Thémiscjrm 
(469,  8);  d'après  lui,  à  Tembouchure  du  Thermodon,  la  côte  basse  et 
plate  se  compose  de  terrains  d*alluvions.  —  Je  ne  trouve  aucune  mention 
du  cap  Thémiscyréios  ni  dans  Strabon,  ni  dans  les  autres  géographes 
grecs.  C.  M  aller,  dans  ses  notes  au  Périple.  d*Arrien  (Geogr.  Graec. 
Min,,  Dtdot,  vol.  I,  p.  389),  suppose  que  ce  cap  est  le  même  que  le  cap 
des  Amazones,  mentionné  par  Apollonios,  au  vers  965  du  même 
Chant.  Le  cap  Thémiscyréios  ou  des  Amazones  ne  serait  autre  que  le 
cap  Héracléios  cité  par  Strabon  (469,  5a)  :  «  Haec  duorum  promonto- 
riorum  distinctio  nonnisi  eo  niti  videtur,  quod  alio  nominepoeta,  alto 
geographi  eumdem  loatm  appellant.  » 

V.  373.  La  plaine  de  Doias.  —  Strabon  n'en  parle  pas.  Stéphane  de 
Byzance  dit,  au  mot  Aofavroc  iccifov  :  «  Cest  une  plaine  de  Phrygie;  on 
dit  qu*Acmon  et  Doias  étaient  frères.  Ils  ont  donné  leurs  noms  à  la 
forêt  Ooiantienne  et  à  la  forêt  Acmonienne.»  Voir  la  note  au  vers  993. 
«  Acmon  et  Doias  [qui  ne  sont  pas  cités  dans  la  bibliothèque  d'ApoIlo- 
dore]  étaient  deux  frères.  Aucune  tradition,  dit  Phérécyde,  n'enseigne 
quel  était  leur  père.  Non  loin  de  la  plaine  de  Doias,  sont  les  trois  villes 
des  Amazones,  Lycastia,  Thémiscyra  et  Chadésia.  Les  Chalybes  sont 
un  peuple  Scythe,  voisin  du  Thermodon,  nommé  de  Chalybs  fils 
d'Ares.  1  (Scol.)  Pour  les  Amazones,  voir  la  note  au  vers  995;  pour  les 
Chalybes,  voir  la  note  au  vers  100 1. 

V.  377.  Les  Tibaréniens,  —  C'était,  dit  le  Scoliaste,  un  peuple 
Scythe  voisin  des  Chalybes;  Strabon  cite  souvent  les  Tibaréniens. 
Voir  la  note  au  vers  10 10. 

V.  378.  Le  cap  Génétaios  de  Zeus  Euxène.  —  C'est,  dit  le  Scoliaste, 
un  cap  ainsi  nommé  du  fleuve  Génétès;  il  s'y  trouve  un  temple  de 
Zeus  protecteur  des  étrangers.  Voir  Strabon  (469,  53). 

V.  379.  Les  Mossynoiciens,  —  Voir  la  note  au  vers  10 16. 

[V.  383-383.]  Des  demeures  de  bois.,,  —  Ces  deux  vers,  que  Merkel 
place  entre  crochets  et  ne  fait  pas  entrer  en  ligne  de  compte,  se 
trouvent  dans  le  texte  des  mss.  et  de  toutes  les  éditions  antérieures 
à  celle  de  Brunck,  qui  les  a  rejetés  comme  interpolés.  Depuis  Brunck, 
certaines  éditions  les  ont  conservés,  entre  crochets,  d'autres  (celles  de 
Wellauer,  Tauchnitz,  Didot,  etc.)  les  ont  absolument  rejetés.  Dans 
redit,  minor  de  Merkel,  ils  font  partie  intégrante  du  texte.  Le  second 
de  ces  vers  se  retrouve,  dans  certains  mss.  et  dans  les  éditions,  à  la 
suite  du  vers  1016. 

V.  382.  Une  île  au  sol  nu.  —  C'est  l'île  Arétias.  Il  n'en  est  pas 
question  dans  Strabon.  Scylax  {PeripL,  |  86)  la  nomme  *Apt(i>c  vTjaoc. 
Cf.  Pomponius  Mêla,  II,  7;  Pline,  N,  H,,  VI,  32  :  c  Chdlceritis^  quant 
Graeci  Ariam  dixerunt,  Marti  sacrant.  »  Au  dire  du  Scoliaste,  dans  le 
Phrixos  d'Euripide  (voir  p.  819  de  V Euripide  grec-latin,  Didot),  il 
était  parlé  de  cette  ile  habitée  par  des  oiseaux  qui  se  servaient  de  leurs 
plumes  comme  de  flèches.  Contrairement  à  la  tradition  commune, 
d'après  laquelle  Héraclès  aurait  tué  les  oiseaux  du  lac  Stymphale,  ce 
seraient  ces  mêmes  oiseaux  qui  auraient  fui  devant  le  héros  jusqu*à 
cette  île  du  Pont.  Voir  la  note  au  vers  io52. 


NOTES  275 

V.  387.  Otréré  et  Antiopé.  ~  Le  Scoliaste  constate  qu'on  ne  sait  pas 
dans  le  cours  de  quelle  expédition  elles  ont  élevé  ce  temple. 

V.  388.  Un  secours  souhaite'.  —  La  rencontre  avec  les  fils  de  Phrixos 
et  de  Chalciopé.  Voir  le  vers  1093. 

V.  393-396.  Les  Philyres,..,  Us  Macrones.,,,  les  Bécheires,,.,  les 
Sapeires..,,  les  By^ères,.,  —  Les  Phi  lyres  sont  ainsi  nommés  de 
Philyra,  mère  de  Chiron.  Voir  la  note  au  vers  i23i.  —  Les  MacrAnes 
sont  un  peuple  du  Pont. que  le  Scoliaste  (Ch.  I*%  v.  1024)  assimile  aux 
Macriens  venus  d*Eubée;  les  Sanniens  qui  habitent  au  delà  de  Trapé- 
zonte  se  nommaient  autrefois  Macrônes»  dit  Strabon  (470,  8);  maïs 
il  ne  dit  pas  qu'ils  soient  venus  de  TEubée;  Strabon  ne  mentionne  pas 
les  Bécheires;  il  dit  que  les  Byzères  étaient  des  barbares,  habitant  la 
contrée  montagneuse  qui  est  au-dessus  de  Trapézonte  (470,  39).  Le 
Scoliaste  dit  que  les  Sapeires  devaient  leur  nom  à  l'abondance  des 
saphirs  qui  se  trouvaient  dans  leur  pays.  Voir  la  note  au  vers  1242. 

V.  397.  Vous  continuerez  de  naviguer,..  —  «  Car  après  la  Scythie  la 
mer  finit;  le  marais  Méotide  lui  succède,  après  lequel  est  TOcéan 
Arctique.  »  (Scol.) 

V.  399.  Cytais,  •—  «  La  Colchide  est  ainsi  nommée  de  la  ville  Cytaia.  » 
(Scol.)  —  Les  Amarantes,  —  t  Amarantos  est  une  ville  du  Pont. 
Quelques-uns  croient  que  c'est  le  nom  des  montagnes  de  Colchide 
d'où  le  Phase  descend.  Ce  qu'ignorait  Hégestrate  d*Éphèse,  qui  a 
prétendu  qu'on  appelait  Amarantiennes  les  prairies  du  Phase,  parce 
qu'elles  étaient  florissantes  et  ne  se  flétrissaient  pas  [à|i,apavToc,  qui  ne 
se  flétrit  pas],  Ctésias  dit,  dans  son  livre  II,  que  les  Amarantes  sont 
des  montagnes  de  Colchide.  Le  Phase,  d'après  Ératosthène,  descend 
des  monts  d'Arménie  et  se  jette  dans  la  mer,  après  avoir  traversé 
le  pays  des  Colchiens...  Timée  dit  qu'une  plaine  de  Colchide  se 
nomme  Circaienne;  ce  nom  vient  de  Circé,  sœur  d'Aiétès.  »  (Scol.) 
Denys  le  Périégète  dit  aussi  (v.  692-694)  que  le  Phase,  après  avoir 
pris  sa  source  dans  les  monts  d'Arménie,  traverse  la  plaine  Circaienne 
pour  se  jeter,  écumant,  dans  le  Pont-Euxin.  Cf.  Avienus  (v.  876)  : 

...  Phatis...  Circaeaqae  lapsus  io  arva 
Inddit  Euxinam. 

Prîsciea  (v.  673)  : 

...  Phasidot  undae 
Circaeosqae  sécant  caropos. 

—  Voir  la  note  au  vers  1220  du  Chant  III  sur  le  Phase  Amarantien. 

V.  404.  Le  sombre  bois  sacré  d'A  rés.  —  «  Hellanicos  dit  que  la  Toison 
était  dans  le  temple  de  Zeus.  Beaucoup  d'auteurs  font  mention  d'une 
plaine,  dite  plaine  d'Ares,  qui  se  trouvait  en  Colchide,  et  d'une 
enceinte  consacrée  à  Ares  qui  était  dans  cette  plaine.  »  (Scol.) 

V.  414.  Après  y  avoir  échappé.  —  Dûbner  :  «  Peius  :  hos  scopulos  in 
reditu  superantes.  Potius:  in  expeditione  fecienda;  nam  hoc  et  haec 
verba  et  Phinei  responsio  liquido  dont,  » 

V.  417.  Aia,  ville  de  Colchide...  —  Aia  est  citée  par  Strabon  (38, 12). 

V.  421.  Une  autre  route,..  ~  Dûbner  :  «  Alium,  id  est  diversum,  ut 
vere  accidit,  Sed  melius  videtur  :  secundus  cursus,  id  est  simpliciter 


276  NOTES 

reditus.  i  J*aime  mieux  une  autre,  sens  du  Scoliaste,  qui  s'accorde  avec 
le  vers  414. 

V.  424.  Succès  glorieux.  —  Dûbner  :  t  In  hoc  verho  sententiae  pon- 
dus est.  » 

V.  434.  L'antre  du  mont  Dicté»  —  Voir  la  note  au  vers  509  du 
Chant  I*'. 

V.  447.  iltt  comble  du  bonheur  (arWiptfiv).  —  Dûbner:  tcyrsfia, 
honores  sepulcri.  1  Cette  interprétation  de  Dobner  me  semble  inad- 
missible: Phinée  s'inquiète  non  pas  d'avoir  de  belles  funérailles, 
mais  de  jouir,  après  une  vie  si  pénible,  du  repos  de  la  mort,  qui 
comblera  s^  vœux.  Hoelzlin  explique  avec  raison  :  t  Anima  corporis 
egressa  ergastulo,  etiam  sine  usu  oculorum,  omnigena  circumjundetur 
voluptate.iÈ  Mais  il  traduit  d'une  manière  assex  vague:  ^Defunctus, 
omnis  Jlam  nitoris  compos.  »  Shaw  traduit,  avec  plus  de  précision  : 
c  Mortuus,  omnium  particeps  ero  bonorum,  >  Il  est  difficile  de  compren- 
dre ce  que  Beck  et  Lehrs  veulent  dire  exactement  :  €  Mortuus,  omnibus 
fruar  omamentis,  » 

V.  45o.  Érigène,  —  Érigène,  celle  qui  naît  le  matin,  est  un  surnom 
d'Èos  (l'Aurore).  Apollontos  emploie  la  forme  'HptycviQC  (cf.  Ch.  III, 
V.  834),  et  Homère  la  forme  'Hpir^vcta.  Voir  Decharme,  Mjrthol., 
p«  243. 

V.  456.  Paraibios.  —  «  Apollonios  dit  que  c'est  un  ami  dé  Phinée, 
d'autres,  un  esclave  fidèle.  »  (Scol.)  Je  ne  sais  à  quels  autres  auteurs  le 
Scoliaste  fait  allusion,  car  on  ne  trouve  nulle  part  aucun  renseigne- 
ment sur  ce  Paraibios. 

V.  460.  La  terre  Thjmiade.  —  Allusion  évidente  au  pajrs  où  demeure 
Phinée.  Il  est  certain  que  ce  n'est  pas  l'île  Thynias,  île  du  Pont-Euxin, 
où  les  Argonautes,  comme  le  leur  prédit  Phinée  (v.  35o),  aborderont 
(v.  673-719).  Par  une  singulière  inadvertance,  l'auteur  de  VIndex 
de  l'Âpollonios-Didot  a  cru  qu'au  vers  35o  il  était  question  de  la 
demeure  de  Phinée,  et  il  dit  :  Thynias,  insula  littoribus  Bithyniae 
adjacens,  ubi  Phineus  habitabat  (II,  35o);  et  plus  loin  :  7%^ia5... 
insula,  ubi  Apollo  Argonautis  primo  mane  apparuit,,,  (II,  673-719). — 
Ce  n'est  pas  davantage  —  on  l'a  déjà  dit  à  la  note  au  vers  178  —  cette 
Ovvtotc  àxTQ  que  Strabon  mentionne  comme  voisine  de  la  ville  d'Apol- 
lonie  et  de  la  côte  de  Salmydesse  (464,  17).  Il  s'agit  ici  de  la  terre  de 
ces  Thyniens,  colonie  des  Thyniens  d'Europe,  qui  ont  passé  en  Asie 
et  peuplé  la  Bithynie.  (Strab.,  464,  14;  245,  35.) 

V.  461.  Arrêteraient,  par  Vordre  de  Zeus.., —  Dûbner:  •Omnino 
iungendum  AiiOsv  cum  sequenti  verbo  ox^oouaiv.  » 

V.  467.  Adressa.,,  ces  paroles..,  —  Dûbner  fiait  remarquer  la  loqua- 
cité  du  vieillard. 

V.  474.  Reprendre  haleine...  —  Dûbner  :  t  Omnino  non  sumendum 
metaphorice;  est  respiratio  in  labore. ». 

V.  477.  D*une  nymphe  Hamadryade.  —  Après  avoir  cité  Mnésima- 
que,  qui  dit  que  les  Hamadryades  naissent  et  meurent  avec  les  chênes, 
le  Scoliaste  emprunte  à  Charon  de  Lampsaque  une  histoire  d'Hama- 
dryade  qui  fait  le  pendant  de  celle  qui  est  racontée  par  Apollonios  : 
Rhoicos,  ayant  vu  un  châne  qui  manquait  d'être  renversé  à  terre, 


NOTES  277 

ordonna  à  ses  enfiints  de  Tétayer.  La  nymphe,  qui  devait  mourir  en 
même  temps  que  le  chêne,  apparut  à  Rhoicos,  lui  dit  combien  elle  lui 
était  reconnaissante  de  l'avoir  sauvée  et  lui  permit  de  demander  ce 
qu'il  souhaitait.  Il  osa  lui  demander  d*avoir  commerce  avec  elle  et 
elle  promit  de  le  lui  accorder  :  mais  qu'il  se  gardfit  de  fréquenter  une 
autre  femme  ;  d'ailleurs,  une  abeille  serait  leur  messagère.  Un  jour, 
pendant  qu'il  jouait,  l'abeille  vint  voler  auprès  de  lui.  II  prononça 
alors  des  paroles  amères  qui  mirent  la  nymphe  en  courroux  au  point 
qu'elle  le  priva  de  l'usage  de  ses  membres.  Voir,  surïesHamadtyades, 
Decharme,  Mythol.,  p.  355. 

V.  5oo.  Çyrène.—  Le  Scoliaste  cite  les  traditions  ayant  rapport  à 
Cyrène,  fille  du  fleuve  Pénée  ou  d'Hypseus,  fils  lui-même  du  Pénée; 
enlevée  en  Libye  par  Apollon,  qui  s*unit  à  elle  dans  le  lieu  où  fut 
fondée  la  ville  de  Cyrène,  elle  enfanta  Aristée.  Voir  Pindare,  IX^Pythi- 
que.  Il  est  assez  curieux  qu'ÂpoUodore,  du  moins  dans  ce  qui  nous 
reste  de  sa  Bibliothèque,  ne  parie  pas  de  Cyrène  (il  cite  une  Cyréné, 
qui  donna  à  Ares  Diomède,  roi  de  Thrace),  et  se  borne  à  dire  d'Aristée, 
dont  il  est  question  un  peu  partout  (Diodore  de  Sicile,  IV,  82;  Pausa- 
nias,  X,  17,  3,  etc.)»  qu'il  fut  père  d'Actéon  (III,  4,  2).  —  «Phérécyde 
et  Ariaithos  racontent  que  c'est  sur  un  char  traîné  par  des  cygnes 
qu'Apollon  fit  enlever  et  conduire  Cyrène  à  la  ville  qui  devait  porter 
son  nom.  Agroitas,  dans  le  livre  I*'  de  ses  Libyques,  dit  qu'Apollon 
l'amena  d'abord  en  Crète  et,  de  là,  en  Libye...  Mnaséas  dit  que  c'est  de 
son  propre  mouvement,  et  non  pas  enlevée  par  Apollon,  qu'elle  alla 
en  Libye.  Acésandros,  dans  son  histoire  de  Cyrène,  raconte  qu'au 
moment  où  Cyrène  fut  amenée  en  Libye  par  Apollon,  Eurypylos,  roi 
du  pays  où  devait  s'élever  la  ville  de  Cyrène,  avait  promis  la  royauté 
en  récompense  à  celui  qui  tuerait  un  lion  par  lequel  le  pays  était 
dévasté  :  c'est  Cyrène  qui  le  tua;  elle  eut  pour  fils  Autouchos  et  Aristée. 
Phylarque  dit  qu'elle  arriva  en  Libye  avec  plusieurs  compagnons,  et 
que,  ceux-ci  ayant  été  envoyés  à  la  poursuite  du  lion,  elle  se  joignit 
à  eux.  [Pindare  raconte  tout  autrement  cette  lutte  légendaire  de  Cyrène 
contre  le  lion.]  Certains  auteurs,  Bacchylide  entre  autres,  comptent 
quatre  héros  du  nom  d'Aristée  :  l'un,  fils  de  Carystos,  un  autre  fils  de 
Chiron,  un  troisième  fils  de  Gaia  et  d'Ouranos,  et  enfin  le  fils  de  Cyrène.  » 
(Scol.)  Voir,  pour  la  légende  d'Aristée,  Decharme,  MythoL,  p.  491-492. 

V.  504.  LHaimonie.  —  t  C'est  la  Thessalie,  ainsi  nommée  d'Haimon, 
fils  d'Ares.  »  (Scol.)  Voir  Strabon  (38i,  i3).  Haimon  fut  père  de  Thes- 
salos.  Voir  la  note  au  vers  1090  du  Chant  III. 

V.  5o3.  Le  Myrtose.  —  Strabon  ne  parle  pas  de  cette  montagne,  qui 
est,  dit  le  Scoliaste,  voisine  de  Cyrène.  Callimaque  cite  le  Myrtose 
{Hymne  à  Apollon,  v.  91). 

V.  507.  Agreus  et  Nomios.  —  «  Parce  que  c'est  dans  un  champ  [èv  àypû] 
qu'Apollon  s'unit  à  sa  mère  qui  était  bergère  [ve|Aouav)].  D'autres  disent 
que  ces  noms  lui  viennent  de  ce  qu'il  enseigna  aux  bergers  à  cultiver 
les  champs.  »  (Scol.)  'AYpe\Sc  signifie  le  chasseur,  plutôt  que  le  dieu  des 
champs,  et  N6{iioc,  le  protecteur  des  troupeaux. 

V.  509.  Chasseresse.  —  Le  Scoliaste  justifie  ce  surnom  par  l'histoire 
de  la  chasse  au  lion,  rapportée  dans  la  note  au  v.  5oo. 


a?^  NOTES 

V.  5 10.  Chirùn.  —  Voir  la  oote  au  vers  554  ^^  Chant  I*'. 

V.  5i  I.  Pour  ie  marrer. -*  Cest  Autonoé,  fille  de  Cadmos,  que  les 
Muses  firent  épouser  à  Aristée  (Apollodore,  III,  4,  2). 

V.  514.  La  plaine  Athamantienne.  ^  «  Cette  plaine,  située  près  d'Ha- 
los, fut  ainsi  nommée  d*Athamas,  qui  habita  Halos,  ayant  quitté  son 
royaume  par  suite  de  folie.  »  (Scol.)  Il  s*agit  d'Athamas,  fils  d*Aiolos, 
frère  de  Crétheus,  oncle  de  Pélias  et  père  de  Phrixos  et  d^Hellé.  (Voir 
la  note  au  vers  3  du  Chant  I«r.)  Victime  d*Héra,  acharnée  contre  lui 
et  sa  seconde  femme  Ino,  fille  de  Cadmos  et  sœur  de  Sémélé.  dont  elle 
avait  recueilli  le  fils  Dionysos,  Athamas  devint  fou  et  tua,  dans  son 
égarement,  Léarchos,  un  des  fils  qu'il  avait  eus  d*Ino.  Il  quitta  son 
royaume  de  Béotie  et  alla  fonder  la  ville  d'Halos  (Strabon,  371,  47) 
en  Phthie.  (Cf.  Pausanias,  IX,  24). 

V.  5i5.  VOthrys.  —  C'est  un  mont  de  Thessalie  (Strabon,  371,42; 
374, 4);  pour  le  fleuve  Apidanos,  voir  la  note  au  vers  36  du  Chant  I^^.- 

V.  5i6.  Les  lies  Minoldes, —  €  Il  désigne  ainsi  les  Cydades  que 
Minos  de  Crète  gouvernait,  comme  maître  de  la  mer  et  des  Ues.  » 
(Scol.)  Ceue  OaXartoxpaTfa,  que  le  Scoliaste  attribue  à  Minos,  est 
confirmée  par  le  témoignage  de  Strabon  (40,  32). 

V.  517.  Seirios.  —  C'est  le  chien  du  chasseur  Orion,  la  plus  brillante 
des  étoiles  fixes,  qui  fait  son  apparition  dans  le  crépuscule  du  matin, 
au  plus  fort  de  Tété,  alors  que  les  chiens  deviennent  enragés  :  Seirios 
symbolise  tous  les  effets  funestes  de  la  Canicule.  Voir  Decharme, 
Mythol.,  p.  25o.  Le  Scoliaste  veut  que  Seirios  soit  une  altération  du 
mot  Ze{pioc  venant  de  C^tric  (ébullition)  :  mais  Seirios  appartient  évidem- 
ment à  la  même  racine  que  oiXoCt  IsXiqvi). 

V.  520.  Céos,  —  L'île  de  Céos  est  une  des  Cyclades.  Sur  les  monnaies 
de  Céos  on  voyait,  en  mémoire  du  fait  rapporté  par  ApoUonios,  la  tête 
d'Aristée  et  l'image  de  Seirios,  sous  la  forme  d'un  chien  couronné  de 
rayons.  Voir  Decharme,  MythoL,  p.  25i. 

V.  521.  Parrhasiens,..  de  la  race  de  Lycaon. —  «Les  Parrhasiens 
sont  un  peuple  d'Arcadie,  ainsi  nommés  de  la  ville  de  Parrhasios.  » 
(Scol.)  Strabon,  qui  place  ce  peuple  (333,  21)  au  sud  de  TArcadie,  ne 
cite  pas  la  ville  de  Parrhasios.  Lycaon,  fils  de  Pélasgos  et  de  Méliboia 
ou  de  Cyllène  (Apollodore,  III,  8,  i),  premier  roi  des  Arcadiens,  fut 
métamorphosé  en  loup  (Pausanias,  VIII,  2).  »  V Iliade  (II,  v.  608) 
mentionne  la  ville  de  Parrhasia.  (Cf.  Pline,  N,  H.,  IV,  20.) 

V.  522.  Zeus  qui  répand  la  pluie,  —  Zea%  pluvieux  ('Ix(&dteC)  d'cit(iâct 
pluie)  avait  en  efiet  un  temple  à  Céos,  dit  le  Scoliaste.  Dieu  de  tous  les 
phénomènes  atmosphériques,  21eus  est  honoré  en  beaucoup  d'endroits 
comme  dieu  de  la  pluie,  avec  des  surnoms  analogues  à  celui-ci.  Voir 
Decharme,  Afythol.,  p.  18,  et  Preller,  Griech,  AîythoL,  erster  Band, 
dritte  Auflage,  p.  114  et  374. 

V.  526.  Pendant  quarante  Jours,  —  «  Les  vents  Étésiens  soufflent 
pendant  quarante  jours,  disent  les  uns,  pendant  cinquante,  disent  les 
autres,  par  exemple  Timosthène.  Ils  commencent  quand  le  soleil  est 
à  la  fin  du  Cancer;  ils  soufflent  pendant  tout  le  Lion  et  cessent  aux 
deux  tiers  de  la  Vierge.  »  (Scol.)  —  Les  prêtres,..  —  Voir  Diodore  de 
Sicile,  IV,  82. 


NOTES  379 

V.  528.  Retenus  par  les  vents.  —  Le  Scoliaste  fait  observer  que, 
venant  du  nord,  les  vents  Étésiens  sont,  en  effet,  contraires  aux  navires 
qui  veulent  entrer  dans  le  Pont. 

V.  532.  Au  delà  de  la  demeure  de  Phinée  (icépyrv).  ^>  «  Le  poète  veut 
dire  qu'ils  traversèrent  le  détroit  pour  aller  construire  cet  autel  aux 
douze  dieux  en  face  d'eux  (icipav),  sur  la  côte  d*Asie.  Il  est  donc  évident 
qu'ils  étaient  alors  en  Europe.  Il  y  a  encore  maintenant  sur  la  côte 
d'Asie,  en  face  de  l'Europe,  un  lieu  consacré  ainsi  nommé.  Timosthène 
dit  que  les  fils  de  Phrixos  élevèrent  douze  autels  aux  douze  dieux,  et 
que  les  Argonautes  n'en  élevèrent  qu'un  à  Poséidon.  Hérodore  dit  que 
l'on  sacrifia  sur  l'autel  où  Argos,  fils  de  Phrixos,  avait  sacrifié  à  son 
retour.  »  (Scol.)  Le  sens  attribué  par  le  Scoliaste  au  mot  icipt}v  me 
semble  inadmissible.  Brunck  rejette  le  mot  icipyjv,  qu'il  remplace  par 
Kdpoc,  ou  par  icéXac,  et  il  explique  :  c  In  litoris  extrema  ora  ad  mare,  » 
Bûttroann  {Lexilog.,  II,  p.  3i),  cité  par  Wellauer,  conserve  iciptjv,  en 
lui  attribuant  le  sens  de  ex  adverso:  €Monet„.  aram  enim  illam 
duodecim  Deorum  in  littore  Asiatico  exstructam  fuisse,  ubi  nomine 
*ltp6v  a  multis  scriptoribus  commemoratur,  »  Pourquoi,  étant  en  Europe 
avec  Phinée,  les  Argonautes  iraient-ils  construire  leur  autel  sur  le 
continent  opposé  ?  Comme  icipijv  signifie  au  delà,  je  crois  qu'on  peut 
comprendre  ce  vers,  à  peu  près  comme  Brunck:  ils  élèvent  l'autel 
au  delà  de  la  demeure  de  Phinée,  plus  près  de  la  mer,  d'où  il  pourra 
être  aperçu  par  les  navigateurs. 

V.  536.  Les  doubles  amarres  {iinkia  ictiayLùLxa).  —  Le  poète  ne  dit 
pas  que  les  amarres  soient  au  nombre  de  deux;  il  indique  qu'elles 
sont  doublées.  Les  Argonautes  ont  amarré  en  faisant,  pour  obtenir 
plus  de  solidité,  ce  que  l'on  appelle  aujourd'hui  un  tour-^mort,  «  Un 
Tour  mort  est  le  Tour  que  l'on  fait  avec  un  cordage  sur  un  autre 
cordage,  ou  sur  un  objet  quelconque,  avant  de  faire  un  nœud,  et  pour 
qu'il  y  ait  plus  de  frottement  exercé,  et,  par  suite,  plus  de  solidité  dans 
le  nœud.  »  (Dictionnaire  de  Bonnefoux  et  Paris,) 

V.  541.  Tel  un  homme,., —' Le  Scoliaste  remarque  que  c'est  une 
comparaison  homérique  (lliad.,  XV,  v.  80).  Mais  cette  mélancolie,  qui 
ne  se  trouve  guère  dans  VJliade  et  qui  est  si  profonde  ici,  ne  serait- 
elle  pas  une  impression  du  temps  où  Apollonios  était  loin  d'Alexandrie? 

V.  543.  Toutes  les  villes.  —  Au  lieu  de  xiXeuOoi  (routes),  leçon  des 
mss.,  qui  semble  amenée  par  le  mot  xiXtvOoc  du  vers  544,  avec  lequel 
xiXeuOoi  fait  double  emploi,  Merkel  admet  le  mot  ic&Xv)cc  (villes),  que  le 
Scoliaste,  d'ailleurs,  d'après  son  commentaire,  paraît  avoir  lu  dans  son 
texte. 

V.  559.  Les  derniers.  ~  Puisque,  dit  le  Scoliaste,  le  destin  avait 
arrêté  que  ces  roches  deviendraient  stables,  une  fois  qu'un  navire  les 
aurait  traversées. 

V.  562.  La  colombe.  ~  c  Asclépiade  aussi  dit,  dans  le  livre  II  de  ses 
Histoires  tragiques,  que  les  Argonautes  firent  l'épreuve  des  Symplé- 
gades  au  moyen  d'une  colombe.  »  (Scol.) —  Voir  la  note  au  vers  328. 

V,  575.  Par  lui'méme  (avrn).  —  Les  mss.  ont  cv!niç,  Koechly,  se  fon- 
dant sur  la  leçon  du  vers  1268  du  Chant  IV,  avtv)  icXv)|i|ivp(c,  écrit  de 
même  ici  bvtv)  icXiUA|i.vp(c.  Merkel  adopte  cette  correction,  et  change  au 


38o  ,  NOTES 

vert  S74  «50ic,  leçon  des  mss.,  en  o^kic.  H  estime  avec  raisoi»  que  ce 
rapprochement  des  deux  mots  oi^tK  et  a^iCi  placés  à  la  fin  de  deux 
vers  qui  se  suivent  immédiatement,  est  dû  à  quelque  grammairien  qui 
aura  voulu  donner  un  exemple  frappant  de  la  différence  de  leur  sens, 
différence  que  l'usage  d'Apollonios  ne  semble  pas  confirmer  dans  les 
Argotîautiques. 

V.  391.  La  violence  des  Jlots  le  faisait  reculer,  "-^  Je  traduis  suivant 
l'interprétation  de  Wellauer  qui  se  fonde  sur  le  Scoliaste  :  «  QuantËtm 
quovis  remorum  impulsu  provehebatur  Argo,  bis  tantum  rétro  veke- 
batur,  fluctuum  vi  refecta.  1  L'explication  erronée  de  Beck  c  quantum 
vero  cedebat  navis  remigibus,  bis  tantum  aequor  resiluitiê  est  repro- 
duite par  Lehrs. 

V.  601.  Les  ornements  du  haut  de  la  poupe  (àfXa<rtoto  «xpa  «6pv{iPa). 
—  Il  a  déjà  été  question  de  rôcflavrov  (note  au  vers  1089  du  Chant  i*^). 
L'expression  £xpa  «^(&pa  se  trouve  dans  V Iliade {JX,  v.  241).  «C'est, 
dit  M.  Cartauit  {ouvr,  cité,  p.  83),  une  expression  poétique  qui  s'ap- 
plique aux  uns  aussi  bien  qu'aux  autres  [aux  a^iaaxa  comme  aux 
àxpooTiXta].  »  Le  vers  qui  fait  Tobjet  de  cette  note  contredit  l'affirmation 
suivante  de  M.  Vars  :  a  L'étambot  ne  se  terminait  pas  en  arête  brusque, 
mais  se  recourbait  en  volutes  élégantes,  et  représentait  tantôt  une 
aigrette,  tantôt  un  corymbe.  Cette  partie  se  nommait  xb  açXavrov, 
poétiquement  xk  £xpa  x6pu)ipa.  1  {Ouvr.  cité,  p.  55.)  D'abord,  les  axpa 
«6pv|&pa  ne  sont  pas  un  synonyme  poétique  de  l'âtfXaorov,  puisque 
nous  avons  ici  les  axpat  %6çiu\Lpai  de  l'é^fXaaTOv  et,  ensuite,  les  axpa 
xipuiA^a  se  trouvent  aussi  bien  à  la  proue  qu'à  la  poupe. 

V.  602.  Par  le  choc  obstiné  (va>XE|i.lc,  d'une  manière  continue). — 
Ce  mot  qui  se  retrouve  au  vers  6o5  (d*une  manière  stable)  semble  à 
Dûbner  hors  de  propos  au  vers  602  :  le  critique  préférerait  quelque 
mot  ayant  le  sens  de  celeriter.  Au  vers  60 5,  Bninck,  pour  éviter  la 
répétition  du  terme,  propose  ê|A)uvic  qui  a  le  même  sens,  et  que 
Dûbner  désapprouve;  Merkel  pense  qu'ÂpoUonios  a  pu  écrire  vw^eXéct 
qui  signifie  d'une  manière  lente  et  lourde. 

V.  606.  Les  aurait  vus  (tfic&v).  ^  Dûbner  trouve  que  le  mot  est  ici 
déplacé,  et  qu'il  faudrait  peut-être  icov.  Wackefield  avait,  dit  Wellauer, 
déjà  fait  cette  conjecture  qui  est  d'ailleurs  la  leçon  d'un  des  mss.  du 
Vatican.  Wellauer  repousse  la  leçon  le&v,  disant  que  l5«i&v  signifie  ici 
avivens,  ut  saepe»;  il  est  plus  simple  d'expliquer,  comme  Hoelzlin, 
<c  interius  videns  ». 

V.  611.  Grâce  au  navire  (aùxîj  srf)* — Le  Scoliaste  propose  deux 
sens:  que  nous  sommes  sauvés  avec  le  navire  (en  sous- entendant 
9\jv,  ce  qui  arrive  souvent  devant  le  datif  d'auT^c)*  ou  grâce  au  navire 
même  :  la  fin  du  discours  de  Tiphys  montre  bien  que  tel  est  le  sens. 

V.  614.  Avec  des  chevilles,  —  Voir  la  note  au  vers  79. 

V.  63 1 .  Nuit  gémissante,  —  Le  Scoliaste  rapproche  ces  vers  de 
V Odyssée  (XXII,  v.  195). 

V.  637.  Vous  ramener,  —  Merkel  adopte,  dans  son  edit.  maior,  {^{ipie, 
leçon  du  Guelf.  et  conjecture  de  Brunck,  au  lieu  de  la  leçon  vulgaire 
â|A[i.e,  qu'il  avait  lui-môme  dans  son  edit.  minor.  Wellauer  défend  a|i(is  : 
«  Sensus  est  :  Sollicitus  sum,  an  salvi  redituri  simus,  verum  non  mea 


NOTES  28ï 

sed  vestra  causa.  »  Cette  nuance  semble  bien  subtile.  Oûbner  dit,  de 
son  côté  :  c  Rectius  in  editionibus  veteribus  &\^\^y  quia  ipse  cum  illis 
domum  reverti  vult.  »  Mais  Jason  vient  de  dire  quMl  ne  pense  pas  i 
lui  :  il  se  préoccupe  uniquement  du  retour  de  ses  compagnons  et  non 
du  sien  propre.  La  leçon  C|i|xi  semble  donc  la  meilleure. 

V.  65o.  Le  Rhébas...  le  rocher  de  Coloné,..  le  cap  Mêlas,  -r  Voir 
la  note  au  vers  349.  —  Coloné  est  une  hauteur  près  du  fleuve  Lycos. 
Nymphis  d'Héraclée,  dit  le  Scoliaste,  en  fait  mention  dans  son  livre 
sur  Héraclée.  Strabon  n'en  parle  pas. 

V.  653.  Les  bouches  du  fleuve  Phyllis.  —  «  Le  Phyllis  est  un  fleuve 
de  Bithynie.  »  (Scol.)  Strabon  ne  parle  pas  de  ce  fleuve;  mais  il  dit 
(463,  19)  qu'au  nombre  des  fleuves  de  Bithynie  qui  coulent  entre 
Chalcédon  et  Héraclée  il  s*en  trouve  un  nommé  le  Psillis.  Se  fondant 
sur  ce  passage  de  Strabon  et  sur  une  phrase  du  livre  VI  de  Pline  où 
il  est  question  du  Psillis,  Brunck  voudrait  écrire  YtXXnj^Sac  au  lieu  de 
<^uXXT}(èac  :  mais  Wellauer  fait  remarquer  que  Stéphane  de  Byzance 
indique  nettement,  aux  mots  4>uXXfc  et  YiXiov,  l'existence  en  Bithynie 
de  deux  fleuves  bien  distincts,  le  Phyllis  et  le  Psillis.  D'ailleurs, 
Pline  ne  parle  ni  de  l'un  ni  de  l'autre  de  ces  fleuves  puisque  la  vraie 
leçon  du  passage  sur  lequel  Brunck  s'appuyait  est  Sjrris  (N.  H,,  VI,  4). 
V.  633.  Dipsacos.  —  Ce  héros  était  flls  du  fleuve  Phyllis  et  d'une 
nymphe  du  pays  dont  le  Scoliaste  ne  dit  rien  de  plus  qu'ApoUonios 
et  dont  Apoliodore  ne  parle  pas.  Le  Scoliaste  ajoute  que  Phrixos  flt 
chez  Dipsacos  un  sacrifice  à  Zeus  Laphystios.  La  légende  de  Phrixos 
est  intimement  liée  au  culte  de  Zeus  Laphystios,  le  dieu  glouton 
(Xafvaacd,  dévorer)^  ou  le  dieu  du  mont  Laphystion  en  Béotie  (Pausa- 
nias,  IX,  34,  3),  qui  était  spécialement  adoré  à  Orchomène  (Pausanias,  I, 
34,  3).  C'est  à  2^us  Laphystios  qu'Athamas  voulait  sacrifier  Phrixos. 
Voir  Preller,  Griech.  MythoL,  zweiter  Band,  dritte  Auflage,  Athamas 
und  die  Athamantiden,  p.  3 10  et  suiv. 

V.  639.  Le  Calpé.  —  Ce  fleuve,  dont  le  Scoliaste  ne  dit  rien,  est 
probablement  le  Calpas,  fleuve  de  Bithynie,  que  Strabon  (463,  20) 
cite  immédiatement  après  le  Psillis.  C'est  à  l'embouchure  de  ce  fleuve 
que  se  trouve  le  port  Calpé,  cité  par  Pline  {Calpas  portus,  N,  H,,  VI,  4), 
par  Xénophon  (KaXirT)c  X(|ai^v,  Anabase,  VI,  11,  i3,  etc.),  par  Arrien 
{Peripl,  %  17  et  18),  etc. 

V.  662.  Tels  fendant  le  soL.,  —  c  I ji  nage  était  extrêmement  fati- 
gante... Apollonius  compare  ses  héros  à  des  bœufs  couverts  de  sueur 
qui  tracent  péniblement  leur  sillon.  1  (Cartault,  ouvr,  cité,  p.  122.) 

V.  673.  L'ile  Thynias.  —  Voir  la  note  au  vers  349.  Le  Scoliaste 
ajoute  ici,  à  propos  de  cette  île,  que,  d'après  Nymphis  d'Héraclée,  elle 
a  sept  stades  de  périmètre;  et  que  Callisthène  dit,  dans  son  Périple,  que 
les  Hellènes  appelaient  lïle  et  le  pays  Thynias,  et  les  barbares  Bithynie. 
V.  673.  Des  hommes  Hyperboréens.  —  Pour  ce  qui  concerne  Apollon 
Hyperboréen,  voir  Decharme,  Mythol.,  p.  107-109.  Le  Scoliaste  donne 
des  renseignements  sur  le  peuple  mythique  des  Hyperboréens  :  0  Héro- 
dote [IV,  36]  dit  qu'il  n'y  a  pas  réellement  d'Hyperboréens,  puisque, 
s'il  y  a  des  peuples  au  delà  de  Borée,  il  doit  y  en  avoir  au  delà  de  Notos. 
[Sur  cette  opinion  d'Hérodote,  voir  Strabon,  3i,  33.]  Poseidonios  dit 

36 


a8a  NOTES 

qu'ils  existent  et  habitent  aux  environs  des  Alpes  d*Italie.  Mnaséas  dit 
que  les  Hyperboréens  se  nomment  maintenant  Delphiens.  Hécatée  dit 
que,  iu8qu*à  son  temps,  il  existait  un  peuple  Hyperboréen.  Il  a  composé 
un  livre  avec  ce  titre  :  Des  Hyperboréens.  Il  y  avait  trois  races  d  Hyper- 
boréens :  les  Épizéphyriens,  les  Épicnémidiens  et  les  Ozoles.  b  Quand 
il  dit  que  les  Hyperboréens  se  nomment  maintenant  les  Delphiens, 
Mnaséas  fiiit  sans  doute  allusion  aux  traditions  sur  les  Hyperboréens 
qui  avaient  cours  à  Delphes  :  Apollon  serait  venu  du  pajrs  des  Hyper- 
boréens à  Delphes,  et,  nouveaux  serviteurs  du  dieu,  les  Delphiens 
auraient  remplacé  les  Hyperboréens  dans  Toffice  de  OcpâicovTtc  'Air&»t*- 
voc-  Les  Delphiens  seraient  donc,  au  temps  de  Mnaséas,  les  successeurs 
des  Hyperboréens.  Diodore  de  Sicile  (II,  47)  résume  les  traditions 
d'Hécatée  sur  les  Hyperboréens.  —  Quant  à  cette  division  des  Hyper- 
boréens en  Épizéphyriens,  Épicnémidiens  et  Ozoles,  division  qui  n*est 
mentionnée,  à  notre  connaissance,  nulle  part  ailleurs  que  dans  cette 
scolie,  elle  semble  le  résultat  d'une  confusion  entre  les  Hyperboréens 
et  les  Locriens  dont  les  diverses  tribus  entourent  la  Phocide  où  se 
trouve  Delphes.  On  sait,  en  e£fet,  que  les  Locriens  se  divisent  en  Épi- 
cnémidiens, Épizéphyriens,  Opuntiens  et  Ozoles  (Strabon,  357,  25  et 
suiv.;  21 5,  32  et  suiv.). 

V.  686.  Apollon  Matinal,  —  c  II  y  a  dans  l'île  Thynias  un  temple 
d'Apollon.  Hérodore  dit  que,  s'il  est  nommé  Apollon  Matinal,  et  si  un 
autel  lui  a  été  élevé  dans  l'fle,  ce  n'est  pas  parce  que  le  dieu  leur  est 
apparu  au  point  du  jour,  mais  parce  que  les  Argonautes  ont  débarqué 
au  point  du  jour.i  (Scol.)  Sur  'AiciXXwv  *£a&toc,  voir  Preller,  Griech, 
Mythol,,  erster  Band,  dritte  Auflage,  p.  199. 

V.  699.  Leurs  cuisses  dans  une  double  enveloppe  de  graisse.^' Je 
traduis  comme  Beck  :  «  Duplicata  (duplici  omento  involuta)  femora.  » 
Dûbner  explique  cette  expression  par  l'expression  homérique  HvorfoL 
icotTJaavTtc  {lliad.,  I,  v.  461),  qui  signifie  la  double  couche  de  graisse 
dont  on  enveloppe  les  cuisses  des  victimes. 

V.  704.  Bistonie.  —  Voir  la  note  au  vers  34  du  Chant  I*'. 

V.  706.  Delphyni.  —  C'est,  dit  le  Scoliaste,  d'après  Maiandrios  et 
Callimaque,  le  nom  du  dragon  femelle  qui  gardait  l'oracle  de  Delphes. 
Apollodore  donne  le  nom  de  Delphyné  à  un  monstre  moitié  serpent, 
moitié  femme,  qui  garda  Zeus  enchaîné  par  Typhon  (I,  6,  3).  On  sait 
que,  d'après  la  tradition  ordinaire,  le  monstre  vaincu  par  Apollon 
est  le  serpent  Python.  Voir  Decharme,  MythoL,  p.  io3-io5.  Preller 
(Griech,  MythoL,  erster  Band,  dritte  Auflage,  p.  194)  s'appuie  juste- 
ment sur  ce  vers  d'ApoHonios  et  sur  les  scolies  qui  l'accompagnent 
pour  conjecturer  que  c'est  une  tradition  alexandrine  qui  a  remplacé, 
dans  la  légende  d'Apollon  vainqueur  du  serpent,  le  monstre  Python 
par  le  dragon  femelle  Delphyné. 

V.  707.  Et  combattait  nu.  —  Le  Scoliaste  explique  par  c  qui  n'a  pas 
atteint  la  puberté  d,  et  Dûbner  par  c  impubes,  sine  lanugine  i,  inter- 
prétations du  mot  yyiyyiç  qui  semblent  peu  exactes.  D'ailleurs,  Apollon, 
plus  Agé,  n'est  pas  représenté  barbu.  Schneider  proposait  tuw6<,  enfant. 
Hoelzlin  traduit  y^j|iv6c  par  inermis  ou  «  imberbis,  seu  investis,  aut  magis 
impubes  ».  Brunck  adopte  ce  dernier  sens. 


NOTES  a83 

V.  710.  La  Coiogène  Létâ. —  Létô  est  fille  de  Coios  et  de  Phoibé. 
Coios  était  un  Titan,  et  Phoibé,  une  Titanide,  fille  d'Ouraaos  et  de 
Gaia,  comme  Coios  (Hésiode,  Théog,,  v.  i34et  suiv.,  v.  404  et  suiv.; 
Apollodore,  I,  2,  4).  Dûbner  trouve  ce  détail  trop  familier  :  «  Gaudet 
Latona  crines  eius  permulcens  :  epico  poeta  indignumt* 

V.  71 1.  Les  Nymphes  Coryciennes,  filles  de  Pleistos,  —  Le  ScoUaste 
dit  que,  dans  le  Parnasse,  il  y  avait  un  antre  nommé  Corycien  de  la 
nymphe  Corycia,  qui  eut  d'Apollon  un  fils  nommé  Lycoreus  (voir  la 
note  au  vers  3 1),  de  qui  Delphes  se  nomma  Lycoréia.  Le  fleuve  Pleistos 
est  un  fleuve  du  pays;  quant  au  Parnasse,  diaprés  Hellanicos,  il  dut 
son  nom  à  Parnassos,  héros  indigète.  Andron  dit  que  cette  montagne 
s'appela  d'abord  Lamassos  parce  que  le  vaisseau  (XdtpvaO  de  Deucalion 
y  aborda,  et  ensuite  Parnassos,  par  suite  de  l'altération  de  la  première 
lettre.  Les  nymphes  Coryciennes  encourageaient  le  dieu  alors  qu'il 
lançait  ses  flèches  au  dragon  ;  elles  lui  criaient  :  c  Lance,  lance  (rq,  iij)  tes 
traits!»  d'où  le  surnom  d"iT)fcaiin«*^- ** ^^rabon  (358,  i3)  dit  que  l'on 
connaît  bien  ce  bel  antre  Corycien  des  Nymphes  situé  dans  le  Parnasse  ; 
le  Pleistos  est  un  fleuve  de  Phocide  (339,  >  ^)-  Lycoréia  est  une  ville 
située  au-dessus  de  Delphes;  ses  habitants  l'abandonnèrent  pour 
s'établir  à  Delphes  même  (339,  11).  D'après  Macrobe  (Sat,,  I,  17), 
Apollodore  aurait  donné  une  autre  étymologie  du  surnom  d'Apollon  : 
t  Apollodorus  in  libro  quartodecimo  IItp%  dtuv,  i:qiov  Solem  scribit  ita 
appellari  Apollinem  àicb  toO  xatà  tov  x69|fcov  UoOai  xai  Uvai,  quod  solper 
orbem  impetu  fertur,  »  La  différence  d'aspiration  entre  UoOai,  Uvat  et 
lv)tov  semble  s'opposer  à  cette  étymologie  comme  aussi  à  celle  du  ScoUaste 
((Y)  et  iTinaiTicdy).  Le  surnom  d'Apollon  vient  plutôt  de  l'interjection  ^ 
(de  la,  cri), 

V.  722.  Sangarios,  —  c  Le  Sangarios  est  un  fleuve  de  Phrygie,  nommé 
Sangaros,  au  dire  d'Asclépiade  de  Myrléa.  Hermogène,  dans  son  livre 
sur  la  Phrygie,  dit  qu'un  certain  Sangas,  ayant  été  impie  envers  Rhéa,' 
fut  changé  en  ce  fleuve  qui,  de  lui,  se  nomma  Sangarios.  Dans  les 
environs,  dit  Xanthos,  il  y  a  un  temple  de  Déméter,  déesse  des  mon- 
tagnes. »  (Scol.)  Strabon  parle  souvent  du  Sangarios,  fleuve  de  Bithynie 
(cf.  482,  14;  465,  21,  etc.).  Apollodore  dit  que,  suivant,  certaines 
traditions,  Hécube,  que  l'on  donne  ordinairement  pour  la  fille  de 
Dymas  ou  de  Cissée,  était  la  fille  du  fleuve  Sangarios  (III,  12,  3). 

V.  723.  Mariandyniens.  —  Voir  la  note  au  vers  140. 

V.  724.  Le  cours  du  Lycos,  —  t  Le  Lycos  est  un  fleuve  qui  porte  le 
même  nom  que  le  roi,  et  qui  coule  au  travers  du  pays  des  Marian- 
dyniens. Le  nom  du  marais  Anthémoéisis  vient  de  la  fille  de  Lycos, 
femme  de  Dascylos,  le  fils  de  Tantale.  »  (Scol.)  Strabon,  qui  parle  du 
Lycos  d'Arménie,  affluent  de  l'Iris,  du  Lycos  de  Phrygie,  affluent  du 
Méandre,  etc.,  ne  cite  pas  le  Lycos  de  Bithynie,  dont  il  est  d'ailleurs 
question  dans  Scylax  (Peripl,,  291),  dans  Xénophon  (A  nabase,  VI,  zi,  3), 
dans  Arrien  {Peripl.,  %  18),  etc.,  et  peut-être  dans  ()vide  (Pont.,  IV,  x, 
V.  47),  à  côté  du  Sangarios  : 

Hue  Lycaa,  hue  Sagaris... 
Apollodore  parle  de  Lycos  dans  son  récit  de  l'expédition  des  Argonautes 


284  NOTES 

(I,  9,  23);  il  dit  aussi  (II,  5,  9)  quel  secoure  Héraclès  lui  avait  porté 
contre  les  Bébryces;  dans  les  Argonautiques  (Ch.  Il,  v.  774  et  suiv.)» 
c'est  à  Dascylos,  père  de  Lycos,  que  le  héros  rend  ces  serWces.  Le  fils 
de  Lycos  se  nomme  aussi  Dascylos  (Arg.,  Ch.  II,  v.  8o3).  Le  Scolîaste 
dit,  dans  sa  note  su  vere  762,  qu*une  fille  du  fleuve  Lycos,  nommée 
Anthémoéisis,  femme  de  Dascylos,  fils  de  Tantale,  fut  la  mère  de 
Lycos,  rhôte  des  Argonautes.  Cette  descendance  du  roi  Lycos  est,  dit 
le  Scoliaste,  attestée  par  Hérodore  et  par  Nymphis,  dans  le  livre  I**  de 
son  ouvrage  sur  Héraclée.  Le  fleuve  Lycos  a  donc  une  fille  nommée 
Anthémoéisis,  qui,  mariée  à  Dascylos,  a  pour  fils  Lycos,  roi  des 
Mariandyniens,  lequel  a,  à  son  tour,  un  fils  nommé  Dascylos. 

V.  725.  Les  cables  qui  maintiennent  la  voile  (xâXMsc)  et  tous  les  agrès 
du  navire  (SicXa  ti  vrjia  icâvra).  —  On  a  vu  (note  au  vere  566  du  Chant  I") 
que  les  xaXcotc  sont  proprement  les  cargues.  Pour  ce  qui  est  des  ôvXo, 
d'après  M.  Vars  (oi/vr.  cite',  p.  61),  dans  le  navire  antique  «  l*armemcnt 
total  se  nommait  vj  oxeur).  Le  gréement  et  la  voilure  se  nommaient 
Ta  oic^a;  le  gréement  seul,  xh  9xcOo<.  »  Les  instruments  en  bois  se 
nommaient  xk  ffxcui]  ^OXtvai,  les  cordages  ou  manceuvres,  xk  vxrjii 
xpciiaord  :  diaprés  Pollux,  cité  par  M.  Cartault  {puvr.  cité,  p.  54),  on 
désignait  les  uns  et  les  autres  sous  le  nom  commun  de  toc  SicXa  :  c  Tè 
ti  9\S|AivoivTa  01UVV)  SfcXa  xaXctxat.  » 

V.  728.  Achérousis,  —  Le  Scoliaste  dit  que  tous  ces  détails  sur  le 
cap  Achérousis,  voisin  d*Héraclée,  se  trouvent  dans  le  livre  I*'  de 
Touvrage  de  Nymphis  sur  Héraclée,  où  ApoUonios  semble  les  avoir 
pris. 

V.  784.  A  l'intérieur..,—  c  Dans  la  partie  du  cap  Achérousis,  qui 
est  tournée  vere  le  continent  et  vers  le  midi,  se  trouve  la  caverne  de 
TAchéron  et  Tabîme  souterrain.  »  (Scol.) 

V.  743.  Les  bouches  du  fleuve  Achéron.  —  Voir  la  note  aux  vere 
353-355. 

V.  745.  Du  coté  de  VOrient.  —  Je  traduis  suivant  le  texte  ordinaire 
7)o{t}v  (cod.  Laur.  et  Guelf.,  edit.  minor  de  Merkel,  etc.)  vjcdvjv  (mss.  de 
Paris,  édit.  vulg  ).  Dans  son  edit.  maior,  Merkel  prétend  que  ce  mot 
ici  n*oflre  pas  de  sens,  car  le  golfe  où  se  jette  le  fleuve  est  du  côté  de 
rOccident,  comme  le  disent  les  scolies  et  comme  le  montrent  les  cartes 
de  géographie.  Je  ne  sais  pas  si  le  golfe  en  question  est  indiqué  par 
beaucoup  de  cartes  ;  en  tout  cas,  je  ne  le  trouve  pas  dans  la  carte  du 
Strabon-Didot.  Quant  au  Scoliaste,  qui  n'est  pas  d'ailleurs  générale- 
ment infaillible  en  pareille  matière,  il  dit,  dans  sa  note  au  vere  743  : 
«  Le  poète  dit  que  TAchéron...  se  jette  dans  la  mer  du  côté  de  TOrient 
(irpbc  âvaToXaç)*  *  Quoi  qu*il  en  soit,  le  texte  du  poète  n'indique  pas 
d'une  manière  précise  l'orientation  du  golfe.  Merkel  conclut  :  «i4iif 
igitur  scribendum  'Ho(t)v  pro  nomine  eius  sinus,  aut  temptanda  emert" 
datio.  »  La  correction  tentée  est  *Iov{riv  :  «  lonium  mare  pars  occiden^ 
talis  Ponti  Euxini  etiam  A  288, 3 08  nuncupatur,  Ammianus  Marc, 
(XXII,  i3):  Bospori  vocati  quod  per  eos  quondam  Inachi  filia...  ad 
mare  lonium  permeavit,  »  Nous  verrons  aux  vers  289  (non  288)  et  3o8 
du  Chant  IV  quelle  est  la  valeur  des  renseignements  géographiques 
donnés  par  ApoUonios  au  sujet  des  bouches  de   l'Ister.   Quant   à 


NOTES  285 

Ammien  Marcellin,  son  autorité  en  matière  de  géographie  n*a  pas 
lieu  d*6tre  invoquée  ici;  dans  le  passage  de  son  histoire  que  Merkel 
cite  à  Tappui  de  sa  thèse,  il  est  question  des  voyages  d*Io  :  «  Le  nom 
des  Bosphores  de  Thrace  et  de  Cimmérie  vient  de  ce  que  la  fille 
d'Inachus,  transformée  en  génisse,  comme  parlent  les  poètes,  les 
traversa  pour  se  rendre  dans  la  mer  Ionienne.  1»  Or,  M.  Decharme 
(Mythol.,  p.  632)  dit  fort  bien,  à  propos  de  la  fille  d'Inachus  :  c  La 
fantaisie  géographique  des  poètes  s'était  plu  à  décrire  son  itinéraire 
vagabond,  itinéraire  qui  varie  chez  Eschyle  lui-même.  La  tradition 
qui  lui  fait  diriger  d^abord  sa  course  vers  la  mer  Ionienne  a  sa  raison 
unique  dans  le  rapprochement  établi  par  les  Grecs  entre  le  nom  de 
cette  mer  et  celui  de  la  fille  d*Inachus.  »  Les  poètes  n*ont  jamais  pensé 
à  une  mer  Ionienne  qui  fût  la  partie  occidentale  du  Pont-Euxin. 
D'ailleurs,  puisque  Ammien  dit  que  lo  a  traversé  les  Bosphores  pour 
se  rendre  dans  la  mer  Ionienne,  il  donne  à  entendre  qu'elle  est  sortie 
du  Pont-Euxin  pour  arriver  à  la  mer  Ionienne,  qui  ne  peut  donc  faire 
partie  du  Pont. 

V.  746.  Le  Soonautès.  —  Ce  second  nom  de  TAchéron  se  retrouve 
dans  Pline  (VI,  4):  a  Flumina,.,  Callichorum,  Sonautes.  » 

V.  747.  Les  Mégariens  de  Nisaia.  —  Nisaia,  ville  de  la  Mégaride, 
ainsi  nommée  de  son  fondateur  Nisos,  servait  de  port  et  d'arsenal  à 
Mégare  dont  elle  était  peu  distante  (Strabon,  337,  i^î  ^^^>  ^^)-  ^ 
Scoliaste  place  l'événement  raconté  par  Apollonios  pendant  le  voyage 
que  firent  les  Mégariens  pour  aller  s'établir  à  Héradée.  Mais,  d'après 
Strabon  (464,  24),  Héraclée,  ville  du  Pont,  située  sur  le  territoire  des 
Mariandyniens,  est  une  colonie  de  Milet  et  non  de  Mégare.  Arrien 
dit,  d'autre  part  {Peripl,,  {  18),  qu'Héraclée  est  une  ville  grecque 
dorienne,  colonie  des  Mégariens. 

V.  738.  Avec  les  Bébryces,  —  Le  Scoliaste  dit  que,  dans  ces  fré- 
quentes guerres  avec  les  Bébryces,  les  Mariandyniens  étaient  le  plus 
souvent  vaincus,  et  que  Priolas,  frère  ou,  suivant  d'autres,  fils  de  Lycos, 
avait  été  tué  par  Amycos.  Dans  sa  note  au  vers  780,  le  Scoliaste  dit  que 
Priolas,  qui  semble  d'ailleurs  inconnu  (Apollodore  ne  parle  pas  de  lui), 
était  frère  de  Lycos  et  fils  de  Titias  (voir  la  scolie  au  vers  1126  du 
Chant  I*%  lequel  était  ou  l'un  des  Dactyles  Idaiens,  fils  de  Zeus,  ou  le  fils 
aîné  de  Mariandynos,  fils  lui-même  de  Phrixos  ou  de  Cimmérios,  et 
héros  éponyme  de  la  ville  de  Tition.  —  Le  Scoliaste  a  dit,  dans  sa 
note  au  vers  140,  que  Mariandynos  était  fils  de  Cimmérios  ou  de 
Phinée  :  la  tradition  suivie  par  Apollonios  empoche  qu'il  ne  soit,  pour 
l'auteur  des  Argonautiques,  fils  de  Phrixos;  les  fils  de  Phrixos  sont,  en 
efl'et,  des  jeunes  gens  qui  vont  paraître  à  la  fin  du  Chant  II.  Leur  père 
ne  pourrait  être  le  bisaïeul  de  ce  Priolas  qui  fut  tué  avant  le  temps  où 
Héraclès  trouva  tout  jeune  homme  ce  Lycos  qui  est  maintenant  le 
père  d'un  grand  fils.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  scolies  de  ce  vers  et  celles 
des  vers  724  et  752  permettent  d'établir  la  filiation  du  Lycos  qui 
accueille  les  Argonautes.  Il  a  pour  père  Dascylos,  fils  de  Tantale;  pour 
mère  Anthémoéisis,  fille  du  fleuve  Lycos.  Ce  Lycos  est  fils  de  Titias; 
Titias  est  fils  de  Zeus  ou  de  Mariandynos,  fils  lui-même  de  Cimmérios, 
de  Phinée  ou  de  Phrixos.  »  Quant  à  la  ville  de  Tition,  c'est  celle  que 


286  NOTES 

Strabon  nomme  Téion  (464,  42).  Scylax  cite  cette  ville  (Perip!,,  1 90). 
C.  Mûller  corrige  en  TUiov  la  leçon  xfOcov  du  ms.  de  Paris.  Mais  il 
remarque  lui-même  dans  ses  notes  critiques  au  |  19  du  Périple 
•d*AiTien,  où  il  est  question  aussi  de  T(ov,  que  cette  ville  est  bien  celle 
dont  parle  la  scolie  au  vers  780  du  Chant  II  des  Argonautiques.  Il 
propose  de  corriger  dans  cette  scolie  Tmov  en  T{ov,  en  se  fondant  sur 
ce  que  cette  ville  a  pour  héros  éponyme,  d'après  Stéphane  de  Byzance, 
un  certain  Tios  de  race  milésienne.  Mais  si  la  ville  a  été  nommée  du 
nom  de  Titias,  elle  doit  bien  s'appeler  Tition. 

V.  777.  A  pied.  —  I^  conquête  de  la  ceinture  d'Hippolyté  est  le 
neuvième  des  travaux  d'Héraclès  (Decharme,  Afythoi.f  p.  325).  ApoUo- 
dore  (11,  5,  9)  dit,  comme  Apollonios,  que  c'est  après  sa  victoire  sur 
Hippolyté  que  le  héros  vint  porter  secours  aux  Mariandynîens.  Le 
Scoliaste  ajoute  qu*Héraclès  allait  à  pied,  parcourant  par  voie  de  terre 
le  continent  d'Asie,  parce  qu'il  n'était  pas  encore  possible  de  passer  au 
travers  des  Symplégades. 

V.  782.  Dans  de  lamentables  élégies.  —  D'après  le  Scoliaste,  Nymphis 
et  Callistrate  disent  que  c'est  Bormos,  fils  de  Titias,  que  l'on  pleurait. 
Nymphis  raconte  aussi  qu'Héraclès  soumit  les  Phrygiens  aux  Marian- 
dyniens. 

V.  783.  Titias,  —  Ce  Titias  est  inconnu;  ce  ne  peut  être  ni  le  Dactyle 
Idaien  (Ch.  I*',  v.  1226),  ni  le  père  de  Priolas,  en  l'honneur  de  qui  on 
célèbre  les  jeux  funèbres  (voir  la  note  au  vers  738).  Le  Titias  dont  il 
est  ici  question  était  un  jeune  homme  au  moment  où  il  lutta  au  pugilat 
avec  Héraclès. 

V.  789.  Rhébas,,.  Coloné,  —  Voir  la  note  au  ven  63o.  Le  Scoliaste 
dit  que  la  soumission  des  Paphlagoniens  à  Lycos  par  Héraclès  est 
racontée  dans  le  livre  1*'  des  Argotiques  de  Deinias,  et  dans  le  X*  des 
Bithyniques  d'Asciépiade  de  Myrléa.  —  Pour  l'explication  de  l'épithète 
Pélopéiens  attribuée  aux  Paphlagoniens,  voir  la  note  au  vers  339. 

V.  791.  Le  noir  Billaios.  —  Ce  fleuve,  omis  par  Strabon,  mais  cité 
par  divera  auteurs  (Arrien,  Peripl.,  {19;  Pline,  N.  H.,  VI,  4,  etc.), 
est,  dit  le  Scoliaste,  un  cours  d'eau  qui  arrose  la  Phrygie  et  qui  se  jette 
dans  la  mer,  près  de  la  ville  des  Tianes  (Tiéion). 

V.  793.  L'Hypios,  —  Ce  fleuve  est  omis  par  Strabon.  Le  Scoliaste 
dit  qu'il  arrose  la  ville  d'Hypia  et  qu'il  a  reçu  son  nom  des  monts 
Hypiens.  L'Hypios  est  cité  par  Scylax  {Peripl,,  |  91),  Arrien,  etc.  Pline 
mentionne  le  mons  Hypius  (N,  H.,  V,  148). 

V.  804.  A  ux  bouches  mêmes  du  Thermodon.  —  Pour  le  Thermodon, 
voir  les  vers  370  et  970,  et  les  notes  qui  s'y  rapportent. 

V.  81 3.  L'Abantiade  Idmon.  —  Le  Scoliaste  dit  que,  d'après  Héro- 
dore,  Idmon  mourut  dans  le  pays  des  Mariandynîens  et  que  Promathidas, 
dans  son  histoire  d'Héraclée,  et  Nymphis,  dans  le  livre  I*'  de  son 
ouvrage  sur  Héradée,  racontent  qu'il  fut  tué  par  un  sanglier.  La  même 
tradition  se  trouve  dans  ApoUodore  (I,  9,  23). 

V.  823.  Les  accidents  du  terrain  au  bord  de  ce  fleuve,,.  —  Au  lieu  de 
6pwa|&ouc  KOToiiioto,  Brunck,  se  fondant  sur  la  manière  dont  H.  Estienne, 
dans  le  Thésaurus,  cite  ce  vere,  et  probablement  aussi  sur  la  leçon  du 
vers  199  du  Chant  III,  Opwa|ioO  iccfiioio,  veut  écrire  iredioto,  au  lieu  de 


NOTES  287 

icotat&oto,  qui  lui  semble  une  répétition  absurde  du  même  mot  déjà  mi& 
au  vers  818.  Je  crois  la  leçon  des  mss.  préférable  :  s'il  peut  y  avoir  des 
accidents  de  terrain  (OpuiviAovO  au  bord  à^Mn  fleuve  bourbeux,  il  n'y  en 
a  pas  dans  une  plaine  bourbeuse. 

V.  843.  Un  tronc  d'olivier  sauvage  dont  on  aurait  pu  faire  un  rouleau 
de  navire,  —  Apolionios  désigne  cette  poutre  par  le  mot  fccXarl  dont  il 
a  déjà  été  question  à  propos  du  lancement  du  navire  Argo  (voir  sur  les 
faXaYY^C  1a  note  au  vers  Sjb  du  Chant  I")*  Les  mss.  et  les  édit.  portent 
vnCou  ix  xotivoio  ^akxifit  une  9âXaY^  d*olivier  sauvage,  arbre  qui  sert  à 
la  construction  du  vaisseau;  Merkel  corrige  wjfou  en  vi^ioc  :  une  ^\ar(\ 
navale  d'olivier  sauvage.  Ce  qui  semble  indiquer  qu'il  est  question 
d'une  9aXorf(  appartenant  au  navire.  Merkel  peut  avoir  été  amené  i 
cette  correction  par  la  note  du  Scoliaste  :  «  Les  héros  avaient  beaucoup 
de  ces  çaXaYY^C  pour  tirer  le  navire  à  sec.  C'est  l'une  d'elles  qu'ils 
choisirent,  etc..»  Il  est  évident  que  le  prodige  est  plus  remarquable 
encore  si  c'est  un  vieux  rouleau  de  navire  qui  reverdit  tout  a  coup. 
Mais  rien  ne  prouve  que  les  Argonautes  aient  eu  la  place  de  porter 
dans  leur  navire  une  provision  de  ces  lourds  rouleaux.  Au  contraire, 
nous  savons  qu'ils  n'avaient  même  pas  de  rames  de  rechange,  puisque 
Héraclès,  après  avoir  brisé  son  aviron,  est  forcé  d'aller  dans  la  forêt 
chercher  un  jeune  sapin  pour  se  foire  une  nouvelle  rame  (voir  Ch.  I*% 
V.  1 168  et  la  note  à  ce  vers).  M.  Cartault  (ouvr.  cité,  p.  161)  remarque 
à  ce  propos  que,  a  bien  que  rien  ne  nous  atteste  l'existence  de  rames  de 
rechange,  il  est  vraisemblable  qu'un  triérarque  prévoyant  se  procurait 
à  ses  frais  quelques  avirons  de  plus  pour  parer  à  des  accidents  de  cette 
nature  ».  11  est  seulement  vraisemblable  qu'au  temps  de  la  civilisation 
athénienne  les  triérarques  avaient  des  rames  de  rechange;  il  n'est  pas 
prouvé  le  moins  du  monde  qu'ils  aient  eu  des  faXaTyec,  en  vue  d'un 
séjour  à  terre  de  longue  durée.  Peut-on  admettre  que  les  Argonautes 
qui,  nous  le  savons,  n'ont  pas  une  provision  de  rames,  en  aient  une  de 
9âXaYYe<^  D'ailleurs,  ces  encombrants  rouleaux  ne  leur  auraient  été 
d'aucune  utilité.  Nulle  part  nous  ne  les  voyons,  comme  les  Achéens 
devant  Troie,  tirer  leur  navire  sur  le  rivage  en  prévision  d'un  long 
séjour  à  terre.  Ils  ne  font  que  passer;  ils  mouillent  presque  toujours 
en  pays  ennemi.  D'ailleurs,  même  à  l'époque  de  la  plus  grande  civili- 
sation grecque,  on  comprend  que  les  navires  n'aient  pas  eu  besoin  de 
porter  des  fdXaYT^  *  on  ne  s'arrête  à  demeure  que  dans  des  ports 
d'importance,  et  ces  ports  possèdent  tout  le  matériel  nécessaire  à  haler 
le  navire  à  terre.  Je  suis  donc  persuadé  que  les  Argonautes  ne  prennent 
pas,  pour  la  dresser  sur  le  tombeau  d'Idmon,  une  çàXaYl  qu'ils  auraient 
eue  dans  leur  navire.  Us  coupent  un  tronc  d'olivier  sauvage  qui  aurait 
pu  foire  une  fàXayl  et  ils  le  plantent  sur  l'éminence  qui  recouvre  les 
restes  de  leur  compagnon.  Je  traduis  donc  :  Un  tronc  d'olivier  sauvage 
dont  on  aurait  pu  faire  un  rouleau  de  navire,  c'est-à-dire  semblable 
par  sa  longueur  et  sa  largeur  à  un  rouleau.  Ils  lui  donnent  même  la 
forme  d'une  çâXay^  pour  en  foire  un  monument  de  leur  navigation;  et 
c'est  un  prodige  que  cette  sorte  de  colonne  funéraire,  ce  tronc  dépouillé 
de  ses  branches,  reverdisse  encore.  —  Apolionios  embellit  ici,  en  l'imi- 
tant, le  passage  de  ^Odyssée  (XII,  v.  14- 1 5)  où  l'on  voit  Ulysse  et  ses 


388  NOTES 

compagnons  dresser  en  haut  du   tertre   qui   recouvre    les  cendres 
d*Elpénor  une  rame  facile  à  manier. 

V.  845.  Et  s'il  faut  que,,,  —  «  ApoIIonios  parle  ainsi  parce  que  les 
habitants  d*HéracIée  ne  savaient  pas  quel  était  le  héros  mort  sur  leur 
territoire  que  Toracle  leur  avait  ordonné  d*adorer  comme  protecteur 
de  leur  ville.  Promathidas  confirme  cette  ignorance  des  habitants 
d'HéracIée.  Éphore,  dans  son  livre  V,  et  d'autres  racontent  que  les 
Béotiens  et  les  Mégariens  fondèrent  Héradée  dans  le  Pont.  [On  a  vu, 
dans  la  note  au  vers  747,  que  telle  n*est  pas  l'opinion  de  Strabon.j 
Hérodore  dit  que  sur  la  place  publique  d^Héraclée  se  trouve  le  tombeau 
d'Idmon,  au-dessus  duquel  est  un  olivier  sauvage.  Agamestor  est 
quelque  héros  indigète.  >  (Scol.) 

V.  854.  L*Agmade  Tiphys,  —  c  Nymphis  dit  que  Tiphys  mourut  à 
Héraclée;  Hérodore  dit  que  cette  mort  n'arriva  pas  quand  les  Argo- 
nautes se  rendaient  en  Colchide,  mais  quand  ils  en  revenaient.  » 
(Scol.)  Apollodore  place  la  mort  de  Tiphys  chez  les  Mariandyniens, 
peu  après  celle  d*Idmon  (I,  9,  23). 

V.  861.  Où  Vempreinte  (êvrjicac).  —  Voir  la  note  au  vers  264  du 
Chant  !•'. 

V.  865-872.  Ancaio5,„f  Astypalaia,,,,  eaux  Imbrasiennes...,  Par- 
thénia,.,  —  Voir  la  note  au  vers  186  du  Chant  l•^  «t  Sîmonide  le 
Généalogiste  dit,  comme  ApoIIonios,  qu^Ancaios,  le  Samien,  qui  fut 
pilote  après  la  mort  de  Tiphys,  était  fils  de  Poséidon  et  d'Astypalaia, 
fille  de  Phoinix.  v  (Scol.)  Apollodore  ne  cite  au  nombre  des  Argonautes 
qu^Ancaios  fils  de  Lycourgos  (I,  g,  16),  qui  fut  pilote  après  la  mort 
de  Tiphys  (I,  9,  23). 

V.  898.  Acceptaient  Ancaios  avec  faveur,  —  «  Hérodore  dit  que  c*est 
Erginos  qui  fut  le  pilote  d^Argo  après  la  mort  de  Tiphys.  »  (Scol.) 
Cette  tradition  a  été  suivie  par  Valérius  Flaccus,  qui  dit(i4r^.  V,  v.  65) 
que  le  chêne  fatidique  d'Argo  demande  lui-même  Erginos  pour  pilote. 

V.  901.  L'Acheron,  —  D'après  le  Scoliaste,  Hérodore,  dans  ses  ^rgo- 
nautes,  dit  qu'ils  tirent  cinq  stades  dans  l'Achéron  pour  s'éloigner  du 
port  et  arriver  à  la  mer.  —  Voir  la  note  au  vers  91 3  du  Chant  [*<'. 

V.  904.  Callichoros,  —  «  Le  Callichoros  est  un  fieuve  de  Paphiagonie 
consacré  à  Dionysos,  près  d'HéracIée;  Callimaque  en  fait  mention.  Il 
se  jette  dans  la  mer  par  une  double  embouchure.  Il  a  été  ainsi  nommé 
parce  que  Dionysos,  à  son  retour  de  chez  les  Indiens,  institua  des  chœurs 
sur  ses  bords.  On  l'appelait  aussi  l'Oxynon.  »  (Scol.)  Strabon  ne  men- 
tionne pas  le  Callichoros;  Scylax  le  cite  {Perip!.,  {  90).  Cf.  Pline 
{N,  H.,  VI,  4).  Ammien  Marccllin  (XXII,  8,  22)  parle  de  tous  les  lieux 
dont  il  est  ici  question  :  «  Brevi  spatio  distant  virorum  monumenta 
nobilium,  in  quitus  Sthenelus  est  humatus  et  Idmon  et  Tiphys.,,  Prae- 
tercursis  partibus  memoratis,  Aulion  antrum  est,  et  fluenta  Callichori 
ex  facto  cognominati  quod  superatis  post  triennium  Indicis  nationibus, 
ad  eos  tractus  Liber  reversus,  circa  huius  ripas  virides  et  opacas  orgia 
pristina  reparavit  et  choros,  »  —  Le  nom  du  fleuve  Oxynon  se  trouve, 
plus  ou  moins  modifié,  dans  Arrien,  Marcien^  etc.  (Voir  les  notes  à  la 
page  67  du  vol.  I  des  Geogr.  Graec,  Min.  de  Didot.)  Pour  le  surnom 
Nyséien  de  Dionysos,  voir  Decharme,  MythoL,  p.  437-438.  —  Il  ne 


NOTES  289 

semble  pas  possible  d'établir  nettement  à  quelle  désignation  moderne 
s^identifie  le  nom  de  Tantre  Aulion.*Au).tov  signifie  lieu  de  retraite  pour 
la  nuit  :  d'où,  probablement,  au  vers  908  la  leçon  tiOXiCcto  de  VEt.  M., 
que  Merkcl  préfère  à  la  leçon  des  mss.,  cOvâCeTo.  (Voir  les  notes  à  la 
page  384  du  vol.  I  des  Geogr.  Graec.  Min.  de  Didot.) 

V.  911.  Sthénélos.  —  Le  Scoliaste  dit  qu'Apollonios  a  emprunté  à 
Promathidas  Phistoire  de  la  mort  de  Sthénélos,  arrivée  alors  qu*il  se 
rendait  en  Paphlagonie,  mais  qu*il  a  lui-même  imaginé  l'apparition.  — 
Valérius  Flaccus  (V,  v.  90)  a  reproduit  l'épisode  de  Sthénélos. —  Les 
mythographes  citent  plusieurs  Sthénélos;  le  fils  d'Actor  est  un  des 
moins  connus. 

V.  920.  Son  casque  brillant  était  orné  de  quatre  cimiers  (TctpâçaXo;). 
—  Le  9<xXo;  est  le  cimier,  cminence  conique,  qui  s^élève  le  long  du 
casque,  et  où  se  plante  Taigrette  (Xifoc)*  Les  quatre  cimiers  du  casque 
de  Sthénélos  forment,  sans  doute,  un  couronnement  carré;  du  centre 
s*élève  Taigrette.  Voir,  pour  le  sens  de  TCxpà^aXo;,  les  diverses  explica- 
tions proposées  par  les  commentateurs  d'Homère  (Iliade,  XII,  v.  384; 
XXII,  V.  3  i  5). 

V.  924.  Ils  se  hâtèrent  donc  d'amener  la  voile.  —  M.  Cartault  (ouvr. 
cité,  p.  195)  dit  à  propos  de  ce  vers  :  «  Quand  on  voulait  arrêter  brus- 
quement le  navire,  on  se  servait  des  cargues  pour  plier  la  voile,  u 

V.  938.  Les  cuisses  ((&Y;p(x).  —  Brunck  a  corrigé  en  |&T;pa  la  leçon 
|Ar,Xa  (brebis)  des  mss.;  il  dit  à  l'appui  de  cette  correction  :  «  Caesae  in 
In/erorum  sacris  victimae  integrae  comburebantur  ;  quae  autem  Superis 
diis  obferebantur,  earum  coxae  tantum  aris  imponebantur,  reliquae 
partes  sacrificantium  epulo  reservabantur.  Pueris  haec  nota  sunt.  » 
iMerkel  adopte  la  correction  de  Brunck,  que  Wellauer  rejette  parce 
que  le  mot  (At;pa,  très  rare  dans  Homère,  ne  se  trouve  jamais  dans 
les  Argonautiques.  J*ai  traduit,  au  vers  926,  Ivtoj&a  (ai^Xcov  par  des  brebis 
sacrifiées  au  mort,  puisqu'elles  sont  sacrifiées  en  entier,  et  non  par  des 
parties  de  brebis,  comme  le  voudrait  Dûbner,  qui  interprète  :  «  Non 
viscera,  sed  praesectae  partes.  > 

V.  929.  Lyre.  —  D'après  le  Scoliaste,  Promathidas  dit  qu'Orphée 
plaça  sa  lyre  sur  la  colonne  du  tombeau,  et  certains  auteurs  disent 
qu'une  partie  de  la  Paphlagonie  prit  le  nom  de  Lyre.  Valérius  Flaccus 
(V,  v.  100)  dit  aussi  que  le  nom  de  Lyre  resta  à  cet  endroit.  Strabon  ne 
mentionne  pas  d'endroit  ainsi  nommé. 

V.  931.  Ils  hissèrent  la  voile  et  la  déployèrent  en  la  tendant  sur  les 
deux  cordages  de  droite  et  de  gauche  (e;  ic66a;  àfA^oTipouc).  —  Hoelzlin 
explique  ainsi  cette  manœuvre  :  «  Vélum  igitur  in  utrumque  pedem 
dimittere,  est  veli  sinus  utrinque  alligare,  adeoque  plenis  navigare 
velis.  »  Cf.  Weil  {Sept  tragédies  d'Euripide,  note  au  vers  10 10 
d'Hécabe)  :  «  Comme  terme  de  marine,  icoOç  se  dit  toujours  de  l'un 
des  deux  cordages  attachés  aux  deux  bouts  inférieurs  de  la  voile.  » 
On  sait  que  le  mot  a  passé  en  latin,  par  exemple  Enéide,  V,  v.  83o: 

V  Una  omnes  fecere  pedem,  pariterque  sînistros, 

NuQC  dextroi  solvere  tinus. 

Les  icide;  sont  les  écoutes  :  «  Quand  Apollonius  de  Rhodes  (II,  v.  93 1  ) 

37 


290  NOTES 

décrit  la  manœuvre  qui  consiste  à  larguer  la  voile,  il  s'exprime  ainsi: 
Ayant  hissé  la  voile,  ils  la  déployèrent  au  moyen  des  deux  %Utç.  C'est 
bien  là,  comme  nous  Tavons  vu,  la  fonction  que  Jal  assigne  aux 
écoutes...  L'identification  des  écoutes  avec  les  vhUç  n'en  reste  pas 
moins  absolument  certaine.»  (Cartault,  ouvr,  cité,  p.  221.)  M.  Vars 
{ouvr.  cité,  p.  83)  traduit  ce  vers  d'ApoUonios  en  se  servant  des  termes 
techniques  modernes  :  c  La  voile  hissée,  ils  la  bordent  avec  les  deux 
écoutes.  >  Et  il  ajoute,  en  note  :  «  Border  une  voile,  c'est  rétablir  une 
fois  déployée  (larguée),  en  tirant  (halant)  sur  les  écoutes,  afin  de  raidir 
la  ralingue  du  bas.  » 

V.  936.  Le  cours  du  Parthénios.  —  c  Le  Parthénios  est  un  fleuve  de 
Paphlagonie  qui  se  jette  dans  le  Pont,  près  de  la  ville  de  Sésamos. 
Callisthène  dit  qu'il  a  reçu  le  nom  de  Parthénios  [virginal]^  parce 
qu'Artémis  s'y  bîcigne.  Quelques-uns,  parce  que  son  cours  est  tran- 
quille et  presque  stagnant.  »  (Scol.)  Strabon  (463,  39)  dit  que  le  nom 
du  fleuve  lui  vient  de  ce  que,  coulant  au  travers  de  plaines  fleuries,  il 
a,  pour  ainsi  dire,  un  air  virginal.  Cf.  Scylax  (PeripL,  {  90X  Arrien 
(PeripLyl  19),  etc. 

V.  941.  Sésamos.  —  «Sésamos  est  une  ville  de  Paphlagonie,  citée 
par  Homère.  [Iliad.,  II,  v.  853  :  il  est  question  dans  ce  passage  du 
roi  des  Paph lagon iens,  Pylaiménès,  qui  commandait  aux  peuples  de 
Sésamos,  du  Cytore,  du  fleuve  Parthénios,  de  Cromna,  d'Aigialos  et 
d'Érythinos,  tous  noms  qui  reparaissent  ici.]  Sésamos  reçut  plus  tard 
le  nom  d'Amastris,  de  la  fille  du  frère  de  Dareios.  »  (Scol.)  Strabon 
(466,  42)  complète  cette  dernière  indication  du  Scoliaste  en  disant 
qu'Amastris,  femme  de  Dionysios,  tyran  d'Héraclée,  était  fiUe  d'Oxya- 
thras,  frère  du  Dareios  qui  fut  vaincu  par  Alexandre.  Sésamos  est 
aussi  citée  par  Scylax  {PeripL,  {  90),  par  Mêla,  par  Pline,  etc.  —  Des 
hauts  rochers  Érythiniens.  ~  «  Ce  sont  des  hauteurs  de  Paphlagonie, 
ainsi  nommées  à  cause  de  leur  couleur  [*EpuOivoi,  rouges]y  et  citées  par 
Homère.  i>  (Scol.)  Mais  Homère  (Jliad,,  II,  v.  855)  parle,  semble-t-il, 
de  la  ville  située  au  pied  de  ces  rochers.  Arrien  (PeripL,  \  20)  ne  dit 
pas  nettement  si,  pour  lui,  le  mot  Eryth{nien  désigne  une  ville  ou  des 
rochers.  Stéphane  de  Byzance  parle  de  la  ville  d'Erythinos,  Ptolémée, 
des  rochers.  (Voir  la  note  à  la  page  386  des  Geogr,  Graec,  Afin.,  Didot, 
vol.  I.)  Strabon  (467,  6)  dit  que  l'on  nommait,  à  cause  de  leur  couleur 
rouge,  Érythiniens  deux  rochers  de  Paphlagonie,  appelés  de  son  temps 
Érythriniens. 

V.  942.  Crobialos,  Cromna,  Cytoros,  —  Ce  sont  des  villes  de  Paphla- 
gonie, dit  le  Scoliaste.  Dans  le  passage  d'Homère,  cité  plus  haut,  le 
Scoliaste  fait  remarquer,  ainsi  que  Strabon  (464,  47;  466,  54),  qu^on 
lit  souvent  Crobialos  au  lieu  d'Aigialos,  Valérius  Flaccus  (V,  v.  102) 
cite  Crobialos  —  Strabon  (466,  46)  dit  que  Sésamos,  Cytoros,  Cromna 
et  Tiéos  sont  les  quatre  bourgs  dont  la  réunion  a  formé  Amastris;  et 
-que  Cytoros,  dont  les  environs  produisent  beaucoup  de  buis,  et  qui 
doit,  d'après  Éphore,  son  nom  à  Cytoros,  fils  de  Phrixos,  a  été  b 
marché  de  Sinope.  Mais  l'cpithète  {)>i^eic,  couvert  de  forêts,  permet  de 
supposer  qu'il  s'agit  ici  non  de  la  ville,  mais  du  mont  Cytoros,  voisin 
lui  aussi  de  la  mer.  Virgile  s'est  souvenu  sans  doute  de  ce  passage 


•  NOTES  29; 

d*ApoUonio8  quand  il  a  dit  {Georg.,  II,  v.  437)  :  undantem  bux<r,., 
Cytorum.  Voir  Catulle,  IV,  v.  11,  Cytorio  in  iugo,  v.  i3...  Cytor€ 
èixi/er;  Valérius  Flaccua,  V,  v.  xo5...  pallentemque  Cytorum,  etc. 

V.  943-945.  Le  cap  Carambis,.,  VAigialos.  —  Voir  les  notes  aux 
vers  36 1  et  363.  Valérius  Flaccus  ne  parle  pas  de  TAigialos,  mais  il 
cite  le  Carambis  dans  la  prédiction  de  Phinée  (IV,  v.  599)  et  dans  le 
récit  de  la  navigation  des  héros  (V,  v.  107). 

V.  946.  La  terre  assyrienne,  —  Il  est  évident  qu*il  ne  s'agit  pas  ici 
de  l'Assyrie  proprement  dite,  mais  bien  de  la  Leuco-Syrie,  pays  du 
Pont,  séparé  de  |a  Paphlagonie  par  le  fleuve  Halys.  (Voir  Strabon, 
468,  21.)  Scylax  (Peripl.,  |  89),  Denys  {Perieg.,  v.  772  et  suîv.),  etc., 
donnent  aussi  le  nom  d'Assyrie  au  pays  voisin  de  Sinope.  t  Le  poète 
•ntend  par  Assyrie,  la  Syrie,  la  Cappadoce.  Ce  pays  s'appelait  autrefois 
Syrie,  parce  que,  comme  dit  Hérodote  [I,  6],  le  fleuve  Halys,  qui  se 
ittte  dans  le  Pont,  coule  entre  la  Syrie  et  la  Paphlagonie.  Certains, 
parmi  les  anciens,  appelaient  ce  pays  Leucosyrie.  »  (Scol.) 

—  Sinope'.  —  La  ville  qui  prit  le  nom  de  Sinopé  est  bien  connue.  Il 
faut  remarquer  que,  du  temps  de  Texpédition  des  Argonautes,  elle 
n'était  pas  encore  fondée.  (Voir  Couat,  ouvr,  cité,  p.  3o2,  et  Stender, 
ouvr,  cité,  p.  62.)  Strabon  parle  longuement  de  Sinope,  colonie  des 
Milésiens  (467,  17  et  suiv.),  mais  il  dit  d'autre  part  (38,  23)  qu'aux 
environs  de  Sinope  on  Toit  de  nombreuses  traces  des  expéditions  de 
Jason  et  de  Phrixos;  ce  qui  prouve,  en  tous  cas,  que,  suivant  les 
anciennes  légendes,  ces  expéditions  se  sont  arrêtées  auprès  de  Tendroit 
où  Sinope  devait  être  fondée.  —  c  Sinope,  ville  du  Pont,  fut  nommée 
de  Sinopé,  fille  d^Asopos,  qu'Apollon  enleva  et  amena  de  Syrie  aux 
bords  du  Pont;  s'étant  uni  à  elle,  il  en  eut  Syros,  de  qui  descendent  les 
Syriens.  Andron  [d'Halicamasse],  dans  son  ouvrage  sur  le  Pont,  dit 
que  le  pays  des  Assyriens  était  nommé  Leucosyrie  par  opposition  à  la 
Syrie  de  Phénicie.  Andron  de  Téos  dit  qu'une  des  Amazones,  s'étant 
réfugiée  vers  le  Pont,  épousa  le  roi  de  ces  pays;  ayant  coutume  de 
boire  beaucoup  de  vin,  elle  fut  nommée  Sanapé,  nom  qui,  traduit  en 
grec,  signifie  grande  buveuse.  Artémidore  dit  que  certains  appelaient 
les  Assyriens,  Leucosyriens.  Dans  les  Orphiques,  il  est  dit  que  Sinopé 
est  fille  d'Ares  et  d'Aiginé;  suivant  d'autres,  d'Ares  et  de  Parnasse; 
d'Asopos,  suivant  Eumélos  et  Aristote.  Le  poète  dit  qu'elle  trompa  le 
fleuve  Halys,  et  Apollon  et  Zeus,  leur  ayant  d'abord  demandé  d'obtenir 
d'eux  ce  qu'elle  désirerait,  et  leur  ayant  dit  ensuite  qu'elle  désirait 
garder  sa  virginité:  ce  qu'elle  obtint,  car  ils  étaient  enchaînés  par  leur 
serment.  Philostéphane  dit,  au  contraire,  qu'unie  à  Apollon  elle 
enfanta  celui  qit'on  appela  Syros.  Comme  les  ivrognes  sont  appelés 
sanapai  dans  le  dialecte  des  Thraces,  dialecte  dont  usent  aussi  les 
Amazones,  la  ville  se  nomma  Sanapé  et  ensuite,  par  corruption, 
Sinope.  L'Amazone  ivrogne  quitta  la  ville  pour  aller  vers  Lytidas,  au 
dire  d'Hécatée.  »  (Scol.)  Tels  sont  à  peu  près  tous  les  renseignements 
que  nous  avons  sur  Sinopé.  Apollodore  s'occupe  du  fleuve  Asopos,  fils, 
suivant  Acousilaos,  d'Océanos  et  de  Téthys,  et  mari  de  Métope,  fille  du 
fleuve  Ladon.  Le  mythographe  nomme  les  deux  fils  d'Asopos,  mais  il 
ne  cite  qu'Aiginé  parmi  les  vingt  filles  nées  du  fleuve  et  de  Métope 


292  NOTES 

(III,  12,  6).  Diodore  de  Sicile  donne  les  noms  des  deux  fils  et  des 
douze  filles  d*Asopos  et  de  Métope  :  Tune  d'elles  est  Sinopé  qui,  enlevée 
par  Apollon,  fut  transportée  à  Tcndroit  où  s'éleva  la  ville  appelée 
Sinope  de  son  nom.  Sinopé  donna  À  Apollon  un  fils,  Syros,  qui  fat  roi 
du  peuple  qui  prit  son  nom,  le  peuple  des  Syriens  (IV,  72). 

V.  953.  Le  fleuve  Halys,  —  Voir  la  note  au  vers  366. 

V.  955.  Les  fils  du  vénérable  Triccaien  Deimachos,  Deiléon,  Auto- 
lycos  et  Phlogios.  —  Le  Scoliaste  dit  qu'Autolycos  et  ses  compagnons, 
s^étant  égarés  loin  d'Héraclès,  ou,  suivant  d'autres  traditions,  ayant 
été  abandonnés  par  lui,  se  fixèrent  près  de  Sinope.  Valérius  Flaccus 
(V,  V.  II 5)  dit  aussi  que  ces  trois  personnages  furent  recueillis  par 
les  Argonautes.  Tricca  est  une  ville  de  PHistiaiotide  en  Thessalie 
(Strabon,  376,  1);  ce  Deimachos  de  Tricca  ne  semble  pas  être  le  même 
que  Deimachos,  père  d'Énarété,  ni  que  Deimachos,  fils  de  Nélée,  cités 
tous  deux  par  Àpollodore  (I,  7,  3;  I,  9,  9).  Ses  trois  fils  ne  sont  pas 
mieux  connus.  Apollodore  met  au  nombre  des  Argonautes  Autolycos, 
fils  d'Hermès  (I,  9,   16),  voleur  proverbial,  père  d'Anticlée  et  aïeul 
maternel  d'Ulysse.   C'est  probablement  au  fils  de    Deimachos   que 
Strabon  foit  allusion  quand  il  cite  un  Autolycos,  compagnon  de  Jason, 
habitant  de  Sinope,  où  il  était  honoré  comme  un  dieu  et  où  Sthéois 
lui  avait  élevé  une  statue  qui  fut  ravie  par  Lucullus  (468,  2  et  suiv.). 
Il  n'y  a  aucun  renseignement  sur  Deiléon  et  Phlogios.  D*ailleurs,  les 
trois  fils  de  Deimachos  ne  jouent  aucun  rôle  dans  la  suite  du  poème 
d'Apollonios. 

V.  961.  Le  vent  Ar gestes,  —  «  C'est  le  Zéphyre,  ainsi  nommé  parce 
qu'il  commence  (xpxetat)  à  souffler  à  la  fin  de  Tété,  d  (Scol.)  Dans 
Homère  (Iliad.,  XI,  v.  3o6;  XXI,  v.  334),  ^^  mot  opyeffTr,;,  que  Ton 
explique  par  blanchâtre,  qui  amasse  les  nuages  blancs  (àpyéc),  est  une 
simple  épithète  du  Notos,  vent  du  Sud -Ouest.  II  devint  plus  tard  le 
nom  d'un  vent  particulier  que  les  Romains  ont  identifié  avec  le  Corus, 
vent  du  Nord-Ouest.  Cf.  Pline  {N.  M,  XVHI,  338)  :  Corus,  Graecis 
dictus  A r gestes;  Sénèque  {Nat,  Quaest.,  V,  xvi):  Corus,  qui  apud 
quosdam  A r gestes  dicitur;  Aulu-Gelle  {Att.  Noct.,  II,  xxii,  12)  :  Corus 
quem  soient  Graeci  *ApY£ffTT,v  vocare.  Le  scoliaste  d'Apollonios  assimile 
TArgestès  au  Zéphyre,  qui  est  le  vent  d'Ouest  en  général  :  c'est  du  vent 
du  Nord-Ouest  que  les  Argonautes  ont  besoin  pour  aller  de  Sinope  au 
cap  des  Amazones. 

V.  963.  Le  fleuve  Halys,  l'Iris.  —  Voir  les  notes  aux  vers  366  et  367. 

V.  964.  Les  alluvions  de  la  terre  d^ Assyrie.  —  Voir  la  note  au 
vers  371.  Le  Scoliaste  explique  comment  les  grands  fleuves  qui  arrosent 
cette  terre  ont  formé  à  leurs  embouchures  des  terrams  d'alluvions.  II 
cite,  à  ce  propos,  Apollonidès. 

V\  965.  Le  cap  des  Ama:^ones.  —  «De  Sinope  à  Trapé/onle  en 
Colchide  [Trapézontc  est  dans  le  Pont  et  non  en  Colchide],  à  une 
distance  de  3, 000  stades,  il  n'y  a  pas  d'autre  port  que  celui  qui  est 
dans  le  golfe  Hcracléios.  »  (Scol.)  Voir,  pour  le  port  Héracléios,  la  note 
au  vers  371.  Le  Scoliaste  donne  les  renseignements  suivants  sur  les 
Amazones  :  «  hphore,  dans  son  livre  IX,  dit  que  les  Amazones,  insul- 
tées par  les  hommes,  ceux-ci  étant  partis  pour  une  guerre,  tuèrent 


NOTES  293 

ceux  qui  étaient  restés  dans  le  pays  et  ne  reçurent  plus  ceux  qui 
venaient  de  Tétranger.  Denys,  dans  son  livre  II,  dit  qu'elles  habitaient 
du  côté  de  la  Libye;  que,  supérieures  en  force  à  leurs  voisins,  elles  les 
mirent  en  fuite,  vinrent  en  Europe,  y  fondèrent  plusieurs  villes  et  se 
soumirent  le  peuple  Atlantique,  le  plus  puissant  de  ceux  de  la  Libye. 
Zénothémis  dit  qu^elles  habitaient  en  Ethiopie,  et  qu^ayant  passé  sur 
le  continent  opposé,  elles  s'unirent  aux  hommes  de  ces  pays;  si  elles 
donnaient  le  jour  à  un  enfant  du  sexe  féminin,  elles  Thabituaient  à 
leur  genre  de  vie;  si  c*était  un  mâle,  elles  le  donnaient  aux  hommes.  » 
Voir  sur  les  Amazones  en  général  Apollodore  (II,  3,  i  ;  II,  5, 9)»  Diodore 
de  Sicile  (II,  44  et  suiv.;  leur  victoire  sur  le  peuple  Atlantique,  III,  54; 
leur  défaite  par  Héraclès,  IV,  16),  etc.,  et  la  MythoL  de  Decharmc 
(p.  143),  où  sont  indiqués  les  travaux  modernes  sur  les  Amazones,  en 
particulier  ceux  de  Mordtmann  (Hanovre,  1862),  et  de  Klûgmann 
(Philologus,  XXX).  Stender  {puvr.  cité,  p.  63),  s^autorisant  du  silence 
gardé,  après  Apollonios,  par  Apollodore,  par  Hygin  et  par  Valérius 
Flaccus,  sur  les  rapports  des  xVrgonautes  avec  les  Amazones  (Diodore, 
dans  le  long  récit  qu'il  fait  de  l'expédition  des  Argonautes,  IV,  40  et 
Buiv.,  n*en  dit  rien  non  plus),  suppose  qu'Apollonios  le  premier  a 
introduit  les  Amazones  dans  l'histoire  des  Argonautes.  Il  se  fonde  sur 
la  scolie  au  vers  990  :  a  Harmonia,  nymphe  naïade,  de  laquelle  et 
d'Ares  sont  nées  les  Amazones,  au  dire  de  Phérécyde  que  suit  Apollo- 
nios. »  Apollonios  suit-il  Phérécyde  pour  tout  Tépisode,  ou  simplement 
pour  ce  renseignement  particulier  sur  la  filiation  des  Amazones?  Il  est 
probable  que  c'est  simplement  pour  cette  question  généalogique.  (Voir 
Couat,  ouvr.  cité,  p.  296,  note  2.) 

V.  966-968.  Mélanippé..,  Hippolyté,  —  Le  Scoliaste  ne  dit  rien  de 
Mélanippé,  qui  n'est  pas  non  plus  nommée  par  Apollodore  dans  le 
récit  qu*il  fait  de  la  lutte  d'Héraclès  avec  Hippolytc  (II,  5,  9).  Diodore 
de  Sicile  (IV,  16)  raconte  à  peu  près  comme  Apollonios  l'épisode  de 
Mélanippé.  D'autres  Mélanippé  sont  citées  dans  les  légendes  grecques. 
Le  Scoliaste  de  Pindare  {Nem,,  III,  v.  64)  rapporte  des  vers  de  VAtthis 
d'Hégésinooft,  où  il  est  dit  que  Téiamon  tua  Mélanippé,  sœur  de  la 
reine  des  Amazones,  qui  portait  le  baudrier  d'or.  D'après  Decharme 
{Mythol.,  p.  525),  Hippolyté  serait  la  même  que  Mélanippé:  cLeur 
reine  [des  Amazones],  Hippolyté  ou  Mélanippé,  possédait  comme 
insigne  de  sa  royauté  une  ceinture  qui  lui  avait  été  donnée  par  Ares.  » 

V.  969.  Exempte  de  tout  dommage  (àTCTiiiova).  —  Dûbner  précise  : 
indelibata  virginitate. 

V.  970.  Auprès  des  embouchures  du  Thermodon,  —  Voir  la  note  au 
vers  370.  Strabon  ne  donne  aucun  de  ces  détails  curieux  sur  le  Ther- 
modon, auxquels  Apollonios  se  complaît.  Arrien  (Peripl,,  §  23),  et 
Scylax  {PeripL,  2  89)  citent  simplement  le  nom  du  fleuve. 

V.  977.  Qu'on  appelle,  dit-on,  monts  Amazoniens.  —  Ces  monts  ne 
sont  mentionnés  que  par  Pline  (AT.  H.,  VI,  10)  :  ikAmnis  Thermodon... 
praeterque  radiées  Ama:[onii  montis  lapsus.  0  Denys  le  Périégète 
(v.  772)  dit  que  le  Thermodon  vient  du  mont  Arménios,  àn'ov/peo; 
'AppievCoto.  Cf.  Priscitfn,  v.  749;  Aviénus,  v.  950.  Mais  le  mont  Armé- 
nios est  inconnu,  et  Strabon  assure  d'autre  part  qu'Ératosthènc  se 


294  NOTES 

trompe  en  mettant  ie  Thermodon  au  nombre  des  fleuves  d'Arménie 
(453,  46).  Dans  U  digression  géographique  dont  il  a  déjà  été  question 
(voir  note  au  vers  904),  où  Ammien  Marcellin  (XXII.  8)  parie  de  tous 
les  peuples  et  de  tous  les  pays  que  nous  trouvons  cités  par  Apollonios 
dans  ce  Chant  II  des  Argonautiques,  on  lit  :  «  ThermoJon,..  ab  Armonio 
defluens  monte,  »  Le  mont  Armonius  n*est  pas  plus  connu  que  le  mont 
Arménius.  C.  Mûller.  {Geogr.  Graec.  Min,,  Didot,  vol.  I,  note  à  la 
page  390)  voudrait  lire  Anusjfonio  monte,  comme  dans  Pline.  Mais  il  est 
plus  probable  qu'Ammien  a  écrit  Acmonio,  confondant  le  mont  d'où 
sort  le  Thermodon  avec  le  bois  Acmonios  auprès  duquel  il  passe.  Voir 
la  note  au  vers  992. 

V.  984.  A  Vabri  d*Hn  cap  qui  se  recourbe,  —  Merkel  dit  :  xupr^  Sxpi) 
erit  Xi]uvrii^xoç  (qui  a  un  port). 

V.  988.  La  plaine  Doiantienne,  —  Voir  la  note  au  vers  373. 

V.  990.  De  la  race  d'Ares,  —  Voir,  à  la  note  au  vers  963,  la  citation 
de  Phérécyde  faite  par  le  Scoltaste.  Suivant  les  traditions  ordinaires 
(Apollodore,  III,  4,  2),  Harmonia  est  fille  d'Ares  et  non  une  de  ses 
femmes.  Le  père  des  Amazones  est,  suivant  la  plupart  des  mytho- 
graphes,  Ares;  leur  mère,  Otréré  (Hygin,  Fa6ii/.,3o),  ou  Aphrodite 
(Scol.  Iliad,,  I,  V.  189). 

V.  992.  Du  bois  Acmonios.  —  Nulle  part,  dit  le  Scoliaste,  Eirénaios 
n'a  donné  d'éclaircissement  sur  le  bois  Acmonios;  il  est  voisin  du 
Thermodon.  Phérécyde  en  (ait  mention  dans  son  livre  II.  Voir  la  note 
au  vers  373. 

V.  995-999.  Thémiscxréiennes..,,Ljrcastiennes.,.,  Chadésiennes..,-^ 
Strabon  dit  que  l'on  plaçait  le  royaume  des  Amazones  à  Thémiscyra, 
dans  les  plaines  du  Thermodon  (433,  21).  D'après  le  Scoliaste,  c'est 
d'une  place  de  la  Leucosyrie  qu'Apollonios  tire  leur  nom  de  Lycas- 
tiennes,  et  Hécatée  les  nomme  Chadésiennes,  de  la  ville  de  Chadésia. 
Dans  sa  note  au  vers  373,  le  Scoliaste  a  déjà  dit  que  les  trois  villes 
des  Amazones  étaient  Thémiscyra,  Lycastia  et  Chadésia.  Le  nom  de 
Lycastia  se  trouve,  diversement  modifié,  dans  Pomponius  Mêla  (1, 19)  : 
c  Urbs..,  Lycasto  »,  et  dans  Pline  (N.  H,,  VI,  9)  :  «  /n  ora  autem  ab 
Amiso  oppidum  et  flumen  Chadisia,  Lycastum,  a  quo  Themiscyrena 
regio»  »  Scylax  {Peripl,,  |  89)  mentionne  le  fleuve  Lycaatos,  qui  est 
également  cité  dans  le  Périple  de  Ménippe  {Geogr,  Graec.  Min,, 
Didot,  vol.  1,  p.  572),  en  même  temps  qu'un  fleuve  et  un  bourg  du 
nom  de  Chadisios;  ce  dernier  bourg  est  aussi  nommé  par  Stéphane 
de  Byzance. 

V.  looi.  Des  Chalybes.  ^  Voir  Strabon  (470,  3o);  Geogr,  Graec, 
Min.,  Didot,  vol.  I,  p.  63,  note  au  {  88  du  Périple  de  Scylax;  Denys 
{Perieg.,  v.  768-771),  qui  s'inspire  de  ce  passage  d'ApoUonios. 

V.  1008.  Ils  supportent  un  dur  labeur.  —  Le  vers  est  spondalque, 
peut-être  pour  insister  sur  la  vie  pénible  des  Chalybes,  remarque 
Shaw,  qui  rapproche  ce  vers  d'un  autre  spondalque  (Ch.  I*%  v.  272), 
où  le  poète  montre  la  triste  existence  à  laquelle  une  jeune  fille  est 
condamnée  par  une  marâtre. 

V.  1009.  Le  cap  Génétaios, —  Voir  la  note  au  vers  378. 

V.  1010.  Des  Tibaréniens.  —  Voir  la  note  au  vers  377. —  Les  Tiba- 


NOTES  295 

rëniens  semblent  avoir  donné  lieu  à  cl*autres  légendes;  l'auteur  de  la 
Périégèse,  attribuée  à  Scymnos  {Geogr,  Graec,  Min,,  Didot,  vol.  I, 
p.  234,  V.  914-916),  prétend  que  les  Tibaréniens  s'efforcent  de  rire  à 
propos  de  tout,  pensant  que  c'est  là  le  bonheur  suprâme.  Cf.  Éphore 
[Fragment,  Hist,  Graec,  Ûidot,  vol.  I,  fragm,  82)  :  «  Éphore  dit  dans 
son  livre  V  que  les  Tibaréniens  sont  possédés  du  goût  de  s*amuser  et 
de  rire.  Cest  en  cela,  d'après  eux,  que  réside  le  bonheur  suprême.  > 
Mêla  dit  aussi  (I,  19)  :  «  Tibareni  ..,quibus  in  risu  lusuque  summum 
bonum  est,  >  Le  Scoliaste  rapporte  de  plus  que  les  Tibaréniens  sont  les 
plus  lâches  des  hommes.  Xénophon  (Anabase,  V,  v)  dit  que  les  Grecs 
durent  traverser  le  pays  des  Tibaréniens  après  celui  des  Chalybes,  et 
qu'ils  en  reçurent  des  présents  :  il  ne  donne  aucun  détail  sur  l'usage 
bizarre  attribué  aux  hommes  de  ce  peuple  par  ApoUonios  et  ^fympho- 
dore,  cité  par  le  Scoliaste,  et  aux  hommes  de  Corse  par  Diodore  de 
Sicile  (V,  14).  Cette  coutume  étrange,  que  les  anthropologistes  contem- 
porains désignent  sous  le  nom  de  couvade,  servait  à  attester  d'une 
manière  symbolique  les  droits  du  père  sur  l'enfant  nouveau-né.  On  la 
trouve  encore  dans  quelques  contrées  de  l'Europe  et  surtout  en 
Amérique.  Voir  Zaborowski,  article  Couvade,  vol.  XIII  de  la  Grande 
Encyclopédie  (1891). 

V.  101 3.  Le  mont  Sacré.  —  «Ce  mont,  qui  s'étend  jusqu'au  Pont- 
Euxin,  est  mentionné  par  Ctésias  dans  le  livre  I*'  de  sa  Periodos,  et  par 
Suidas,  dans  son  livre  II,  à  propos  des  Macrônes.  Agathon  [ou  Andron, 
d'après  C.  MûUer,  Fragm,  Hist,  Graec,  Didot,  vol.  IV,  p.  291],  dans 
son  Périple  du  Pont,  en  parle  d'une  manière  plus  précise,  disant  qu'il 
est  à  une  distance  de  cent  stades  de  Trapézonte.  Eirénaios  prétend  que 
Mnésimaque  en  parle  dans  son  livre  I*'  sur  les  Scythes  :  c'est  une 
erreur,  car  Mnésimaque  parle  de  la  Scythie,  située  en  Europe.  »  (Scol.) 
—  Ce  mont  sacré  n'est  pas  mentionné  par  Strabon,  mais  par  Arrien 
{PeripL,  %  24),  etc. 

V.  10 16.  Les  Mossynoiciens„ — On  a  de  nombreux  renseignements 
sur  ce  peuple  étrange  dont  les  usages  bizarres  semblent  avoir  vivement 
étonné  les  anciens.  Strabon  (470,  20  et  suiv.)  confirme  les  renseigne- 
ments que  donne  ApoUonios  sur  les  demeures  des  Mossynoiciens.  Il 
ajoute  que  ces  barbares  vivent  de  la  chair  des  betes  sauvages  et  des 
glands  qui  tombent  des  arbres;  ils  s'élancent  du  haut  de  leurs  mossynes 
pour  attaquer  et  piller  les  voyageurs.  Le  géographe  dit  que,  parmi  ces 
peuples,  la  tribu  la  plus  sauvage  était  celle  des  Heptacomètes  qui 
réussit  à  massacrer  trois  cohortes  de  Pompée,  après  les  avoir  enivrées 
d'une  sorte  de  miel  capiteux  que  distillent  les  branches  de  certains 
arbres  de  ces  régions.  Xénophon  (Anabase,Vy  v)  dit  que  les  Grecs, 
pendant  toute  leur  expédition,  n'avaient  jamais  rencontré  une  nation 
dont  les  mœurs  fussent  plus  éloignées  des  leurs.  Il  donne,  d'ailleurs, 
à  peu  près  les  mômes  détails  sur  eux  qu' ApoUonios  :  «  Us  font  en  public 
ce  dont  les  autres  humains  se  cachent  et  dont  ils  s'abstiendraient  s'ils 
étaient  vus.»  —  Pomponius  Mêla  (I,  19)  :  mMossyni  turres  ligneas 
subeunt,,,  promiscue  concumbunt  et  palam  [ApoUonios  ne  parle  pas  de 
cette  promiscuité,  et  le  Scoliaste  a  soin  de  faire  remarquer,  dans  sa 
note  au  vers  102  5,  que  c'est  avec  sa  propre  femme,  mais  aux  yeux  de 


396  NOTES 

tous,  que  chacun  a  commerce];  reges  suffragio  detigunt,  vincuUsque 
et  artissima  cttstodia  teitent,  atque  ubi  culpam  prave  quid  imperando 
meruere,  inedia  totius  diei  afficiunL  »  Cette  particularité  sur  les 
punitions  infligées  au  roi  est  aussi,  dit  le  Scoliaste,  rapportée  par 
Éphore  et  par  Nymphodore.  Xénophon  raconte  que  le  roi  est  entretenu 
et  gardé  par  ses  sujets  dans  une  tour  de  hors,  située  au  sommet  de  la 
montagne.  La  Périégèse,  attribuée  à  Scymnos  (v.  900-910),  rapporte  à 
peu  près  les  mêmes  traditions  sur  les  Mossynoicicns. —  Valérius 
Flaccus  (V,  V.  141-154)  se  borne  à  résumer  ce  que  dit  ApoUonios  des 
Chalybes,  des  Tibarénicns,  des  Mossynoicicns,  en  évitant  prudemment 
d*insister  sur  les  détails  trop  réalistes. —  Voir  aussi  Oiodore  de  Sicile 
(XIV,  3o],  et  les  auteurs  cités  dans  les  Geogr,  Graec,  Min.,  Didot, 
vol.  I,  notes  à  la  page  64. 

V.  io3i.  Vile  Arétias.  —  Voir  la  note  au  vers  382.  —  «  On  dit  que 
cette  lie  fut  colonisée  par  Otréré,  fllle  d'Ares.  Timagète  fait  mention 
de  rîle  d'Ares  et  des  oiseaux  qui  s*y  trouvaieut  :  oiseaux  aux  ailes  de 
fer  qu'on  nomme  les  Stymphalides.  d  (Scol.)  L'tle  Arétias  est  citée  par 
Scylax  {PeripL,  |  86),  par  Arrien  {PeripL,  |  24),  etc.  Hygin  {FabuL, 
20  et  21)  raconte  la  lutte  des  Argonautes  avec  les  oiseaux  Stymphalides 
et  la  place  dans  une  île  voisine  des  Symplégades,  Oia.  Ailleurs  (Fabul., 
3o),  il  dit  qu'Héraclès  tua  ces  oiseaux  «  in  insula  Martis  »,  ce  qui  ne 
concorde  aucunement  avec  les  traditions  ordinaires.  Apollodore  (II» 
5,  6)  raconte  la  lutte  d*Héraclès  contre  les  oiseaux  Stymphalides,  qui 
se  trouvaient  dans  le  marais  Stymphalis,  près  de  Stymphale,  Ville 
d'Arcadie;  mais  il  ne  dit  nulle  part  que  les  Argonautes  aient  eu  à  les 
combattre. 

V.  1041.  Le  baudrier,  -^  Dûbner  dit  à  ce  propos  :  «  Maie  intellexe- 
runt  xeXgtputfv,  balteus;  descendit  super  dextrum  humerum,  cui  adsita 
vagina  gladii  ;  et  in  ipso  iam  Homero  ttsurpatus  est  vulneribus  curandis, 
dcinde,  abusive  de  eo  quod  dicimus  :  Vcrband.  » 

V.  io52.  Car  Héraclès.,,  —  Le  Scoliaste  donne  plusieurs  renseigne- 
ments sur  cet  épisode  qui  est,  d'après  Apollodore  (II,  5,  6),  le  sixième 
travail  d'Héraclès:  «On  ne  pouvait,  dit-on,  repousser  les  oiseaux 
Stymphalides,qu'en  étant  muni  d*un  crotale  d*airain,  et  en  les  effrayant 
par  le  bruit.  On  les  nomme  oiseaux  nageurs,  parce  quMls  nageaient 
dans  un  marais  d'Arcadie,  d'où  Héraclès  les  chassa.  Stymphélos  est 
une  ville  d'Arcadie,  et  Stymphélis,  un  marais.  Homère  a  dit  :  Ils 
possédaient  Stymphélos  [Iliad,,  II,  v.  608].  De  là  se  nomment  Stym- 
phélides  ces  oiseaux  qu*Apollonios  appelle  nageurs.  Séleucos,  dans  ses 
Mélanges,  leur  donne  le  môme  nom  ;  Charcs  le  fait  aussi  dans  son 
livre  sur  les  histoires  d'Apollonios,  lui  qui  était  connu  d*Apollonios. 
Mnascas  dit,  en  termes  formels,  que  le  héros  Stymphalos  et  une 
femme  nommée  Omis  [oiseau}  avaient  eu  pour  Hlies  les  Stymphalides, 
qu'Héraclès  tua  parce  qu'elles  ne  l'avaient  pns  accueilli  et  qu'elles 
avaient  reçu  comme  hôtes  les  Molions.  Phérécyde  dit  que  ce  n'étaient 
pas  des  femmes,  mais  des  oiseaux  qui  furent  tués  par  Héraclès,  grâce 
à  la  cliquette  qui  lui  avait  été  donnée  pour  faire  du  bruit  et  les  effrayer. 
Hellanicos  dit  de  m<îme.  On  dit  ()ue  le  marais  Stymphalis  disparut 
dans  des  fondrières  et  fut  desséché.  »  Cette  cliquette  —  ou  crotale  — 


NOTES  297 

œuvre  d*Héphaistos,  aurait  été,  dit  le  Scoliaste,  donnée  à  Héraclès  par 
Athéna;  suivant  Hellanicos,  le  héros  se  la  serait  fabriquée.  —  Apollo- 
dore  (II,  3,  6)  raconte  qu*Héraclès,  muni  de  crotales  d*airain,  œuvre 
d*Héphaistos,  qu* Athéna  lui  avait  donnés,  effraya  les  oiseaux  Stynv- 
phalides  et  les  tua  à  coups  de  flèches.  D'après  Diodore  de  Sicile  (IV,  1 3), 
c'est  Héraclès  qui  imagine  Pinstrument  d'airain  dont  le  bruit  fait  fîiir 
les  oiseaux.  Pausanias  (VIII,  aa)  dit  que  dans  un  temple,  à  Stymphale^ 
on  voyait  sculptées  les  images  de  ces  oiseaux.  M.  Decharme  (AfythoL, 
p.  5a 2)  constate  certains  rapports  entre  leur  légende  et  celle  des 
Harpyes.  Strabon  (3 19,  4)  dit  qu*Héraclès  chassa  ces  oiseaux  avec  un 
tympan  et  ses  flèches.  —  Pour  Amphtdamas,  voir  la  note  au  vers  162 
du  Chant  I*'.  Ce  héros  semble  se  donner  pour  témoin  oculaire  de  la 
lutte  d'Héraclès  avec  les  oiseaux  Stymphalides  :  aucun  des  auteurs  qui 
racontent  cette  lutte  ne  dit  qu'il  y  ait  assisté. 

V.  1081.  Mais,  comme  après  avoir  échoué  le  navire  (xpiV^^avrec).  — 
Le  verbe  ^pc(iimd,  que  les  traducteurs,  Beck  par  exemple,  et  Oûbner 
dans  ses  notes  manuscrites,  rendent  inexactement  par  appropinquare, 
est  un  terme  technique  qui  diffère  du  terme  ordinaire  xiXXiii,  aborder, 
que  nous  trouvons  souvent  dans  Homère  et  dans  Apollonios  (en  parti- 
culier au  vers  1090).  Ce  verbe  a  un  sens  particulier.  tA  côté  de 
l'expression  vrja  xéXvai  ou  citixéXvat  (Homère),  on  peut  considérer  le 
mot  xp^tiil^atoOai  comme  une  expression  technique  signifiant  échouer 
sur  le  sable  {Hymne  hom,  à  Apoll.,  v.  439).  Littéralement,  xfi^^v^cLofku 
signifie  plutôt,  en  ce  cas,  racler,  frotter  le  sol  que  être  sur  le  point 
4*aborder,  comme  on  a  pu  le  soutenir.  Le  sens  de  ce  terme  ressort 
clairement  d'un  passage  d'Apollonius  de  Rhodes  (II,  v.  1082),  où 
^p(|&4^a(VTec  s'applique  à  un  échouage  effectué.  Il  en  est  de  même  dans 
Euripide  (Hél.,  v.  333).  Échouer  violemment,  brusquement,  heurter 
un  écueil  se  dit,  par  suite,  èy^p^ti^^aoOflii.  »  (Vars,  ouvr.  cité,  p.  i5i.) 

V.  1088.  i4t»5i  les  oiseaux,.,-'  «  Pi  sandre  dit,  d'une  manière  pro- 
bable, que  les  oiseaux  s'envolèrent  en  Scythie,  d'où  ils  partirent 
ensuite.  »  (Scol.)  C'est  à  Pisandre  qu'Apollonios  emprunte  sans  doute 
la  tradition  du  séjour  des  oiseaux  Stymphalides  dans  l'île  Arétias. 
Pausanias  (VIII,  23)  rapporte,  en  effet,  qu'au  dire  de  Pisandre,  Héraclès 
ne  les  tua  pas,  mais  les  chassa  d'Arcadie. 

V.  1092.  Lesflls  de  Phrixos.  —  Pour  Phrixos,  voir  la  note  au  vers  3 
du  Chant  1*'.  —  Les  fils  qu'il  eut  de  Chalciopé  sont  Argos,  qui  prendra 
la  parole  devant  les  Argonautes  et  qui  jouera  un  certain  rôle  dans  les 
deux  derniers  chants,  Cytisoros,  Phrontis,  le  plus  jeune  (cf.  Argonaut., 
Ch.  IV,  V.  72)  et  Mêlas.  D'après  le  Scoliaste  (note  au  vers  i  laa),  Hérô- 
dore  dit,  comme  Apollonios,  qu'ils  sont  nés  de  Chalciopé,  fille  d'Aiétès; 
mais  Acousilaos  et  Hésiode,  dans  les  Grandes  Éées,  les  disent  fils 
d'Iophossé,  fille  d'Aiétès;  Hésiode  donne  à  ces  quatre  héros  les  mêmes 
noms  qu'Apollonios.  Épiménide  en  ajoute  un  cinquième,  Presbon. 
:D'autre  part,  d'après  le  Scoliaste  encore  (note  au  vers  1 149),  Phérécyde, 
dans  son  livre  VI,  dit  que  leur  mère  s'appelait  Euénia,  et  qu'elle  avait 
pour  j^âron/'me  Chalciopé  et  lophossa.  Apollodore  (I,  9,  1)  donne  aux 
quatre  fils  de  Phrixos  et  de  Chalciopé  les  mêmes  noms  qu'Apollonios. 
Hygin  dit  aussi  {Fabul,,  3)  que  Phrixos  eut  de  Chalciopé  quatrr  fils 


i« 


298  NOTES 

auxquels  il  donne  les  mêmes  noms  qu'ApolIonios  et  Apollodore;  c'est 
à  l'île  Dis,  d'après  Hygin  (voir  la  note  au  vers  io3i)  que  les  Argonautes 
les  recueillirent.  D'après  Valérius  Flaccus  (V,  v.  461),  c'est  en  Golchide, 
à  la  cour  même  d'Aiétès,  que  Jason  les  aurait  rencontrés.  Apollodore 
confond  Argos,  fils  de  Phrixos,  avec  Argos,  fils  d'Arestor,  qui  construisit 
le  navire  (voir  la  note  au  vers  126  du  Chant  I*'}.  Argos,  fils  de  Phrixos, 
épousa  Périmélé,  fille  d'Admète,  de  laquelle  il  eut  Magnés,  qui^  donna 
son  nom  à  la  Magnésie  en  Thessalie.  —  Strabon  donne,  d'aprà  Éphore» 
le  nom  de  Cytoros  au  fils  de  Phrixos,  appelé  d'ordinaire  Cytisoros,  et 
en  fait  le  héros  éponyme  de  Cytore,  ville  du  Pont  (466,  5i).  Cf.  Mêla 
(I,  19):  ...i4  Ciiysoro,  Phrixi  fiiio...  Cytoros,  Phérécyde,  d*après  le 
Scoliaste  de  Pindare  {Pyth,,  IV,  v.  220),  dit  que  Mêlas  épousa  Eurydée 
qui  lui  donna  Hypêrès;  c*est  de  ce  dernier  que  la  source  Hypéréia  prit 
son  nom.  Cette  source  Hypéréia  est  en  Thessalie  (Strabon,  370,  48}. 

V.  1099.  L'Arctouros.  —  C*est,  comme  on  sait,  une  étoile  brillante 
de  la  constellation  du  Bouvier,  qui  se  lève  le  5  septembre  et  le 
1 3  février,  et  qui  se  couche  le  29  octobre  et  le  22  mai,  au  milieu  de 
violents  orages.  Au  sujet  des  pluies  amenées  par  TArctouros,  le  Scoliaste 
cite  Aratos  {Phaenom.,  v.  744)  et  le  Traité  d'Astronomie  de  Démocrite. 
—  Voir  le  Prologue  du  Rudens  de  Plaute,  Virgile  {Georg,,  I,  v.  204),  etc. 
D'après  Hygin  {FabuL,  i3o,  224),  Icarios,  roi  légendaire  d'Attique, 
dont  Apollodore  raconte  l'histoire,  sans  parler  de  sa  métamorphose  en 
étoile  (III,  14,  7),  devint  l'Arctouros.  Ovide  suit  cette  tradition  {Met, 
X,  V.  450).  Voir  Servius  (ad  Georg,,  I,  v.  68). 

V.  1 107.  Ainsi,  —  Dûbner  explique  le  sens  du  mot  a{h«K  :  «  ^d  est, 
ita  ut  se  tueri  non  possent.  » 

V.  un.  Une  de  ces  j^oufret...  —  f  Aussi  nombreuses  les  poutres 
avaient  été  primitivement  unies  par  les  chevilles,  aussi  nombreuses 
elles  se  dispersaient,  alors  que  le  navire  avait  été  fracassé.  »  (Scol.)  Ce 
vers  donne  une  nouvelle  preuve  de  l'importance  des  chevilles  (y^iifoO 
dans  l'agencement  des  pièces  du  vaisseau  (voir  la  note  au  vers  79). 

V.  1 144.  Monté  sur  un  bélier.  —  Pour  la  légende  de  Phrixos,  voir  la 
note  au  vers  3  du  Chant  I"',  et  Decharme  {MythoL,  p.  606  et  suiv.). 
«Denys,  dans  ses  Argonautes,  dit  que  Crios  était  le  nourricier  de 
Phrixos;  s'étant  aperçu  des  embûches  qu'Ino  tendait  à  Phrixos,  il  le 
fit  fuir;  d'où  le  mythe  que  Phrixos  avait  été  sauvé  par  un  bélier  (xpiic)*  > 
(Scol.) 

Sur  Vordre  de  Vanimal  lui-même,  —  Le  Scoliaste  rappelle  à  ce 
propos  que  le  bélier  jouissait,  en  effet,  de  la  voix  humaine.  D'après 
Diodore  de  Sicile  (IV,  47),  c'est  un  oracle  qui  ordonna  à  Phrixos 
d'immoler  le  bélier.  Apollodore  (I,  9,  i)  suit  les  traditions  d'ApoIlonios 
pour  tout  ce  qui  concerne  les  aventures  de  Phrixos  chez  Aiétès  :  mais 
il  ne  dit  pas  que  le  bélier  ait  demandé  la  mort,  et  il  précise  le  lieu  o(k 
la  toison  fut  suspendue  :  c'est  à  un  chêne  du  bois  d'Ares;  c'est  dans  le 
temple  d'Ares,  dit  Diodore,  qui  cite  aussi  la  tradition  relative  à 
Crios,  rapportée  par  Denys,  suivant  le  Scoliaste  :  c  Le  précepteur,  qui 
s'appelait  Crios,  fut  immolé,  et,  ayant  été  écorché,  sa  peau  fut  suspen- 
due dans  un  temple,  conformément  à  l'usage.  Aiétés  apprit  ensuite 
par  un  oracle  qu'il  mourrait  dès  que  la  peau  de  Crios  serait  enlevée 


NOTES  299 

par  des  navigateurs  étrangers;  le  roi  fit  dorer  cette  peau  afin  qu'elle 
fût  plus  soigneusement  gardée  par  des  soldats  qu'il  y  avait  établis. 
Le  lecteur  est  libre  d*adopter  l'opinion  qui  lui  pûira  le  plus.  1  (Dio- 
dore,  IV,  47,  traduction  Hoefer.)  —  Hygin  {FabuL,  3)  :  «  (Phrixus), 
matris  praeceptis,  arietem  immolavit,  peilemque  eius  inauratam  in 
templo  Martis  posuit,  »  Hygin  dit  encore  (FabuL,  188)  que  ce  bélier, 
fils  de  Poséidon  et  de  Théophané,  se  nommait  Chrysomallus.  —  Au 
vers  120  du  Chant  IV,  le  texte  d'Apollonios  indique  clairement  que  le 
bélier  fiit  immolé  par  Tordre  d'Hermès;  ici,  au  contraire,  c'est  le 
bélier  lui-même  qui  demande  d'être  tué.  On  peut  supposer  que  l'une 
de  ces  deux  traditions  contradictoires  appartient  à  la  première  édition 
des  Argonautiques. 

[V.  1 146.  Pendue,  —  Ce  vers  se  trouve  dans  l'edit.  minor  de  Merkel; 
redit,  maior  l'a  aussi,  mais  sans  le  fieiire  compter  dans  la  numération 
des  vers,  et  les  édit.  en  général,  depuis  celle  de  Brunck,  l'omettent,  car 
il  se  retrouve  textuellement  un  peu  plus  loin  (v.  1270).] 

V.  1 147.  Qui  avait  protégé  sa  fuite  (4»^Çtoc).  —  Cette  épithète,  dit  le 
Scoliaste,  a  été  donnée  à  Zeus  chez  les  Thessaliens,  soit  parce  qu'ils 
avaient  pu  fuir  le  déluge  de  Deucalion,  soit  à  cause  de  la  fuite  même 
de  Phrixos.  Voir,  pour  la  double  origine  du  surnom  de  Zsùc  <^(to«, 
Preller,  Griech.  MythoL,  dritte  Auflage,  erster  Band,  p.  116,  n.  x  et 
zweiter  Band,  p.  3i  i. 

V.  1149.  «^^i^  exiger  de  présents  de  noces  (XaXxi6icy|v  àtvatdvov). — 
L'adjectif  peut  signifier  Chalciopé,  qui  ne  reçoit  pas  de  dot{Iliad,,  XIII, 
V.  366),  ou  Chalciopé,  pour  laquelle  le  fiancé  ne  donne  pas  aux  parents 
les  présents  d'usage  (Iliad.,  IX,  v.  146);  tel  est  évidemment  ici  le  sens. 
Dûbner  explique  :  «  Ita,  ut  Phrixus  nihil  eipro  ea  solveret,  » 

V.  1162.  iL  Crétheus, -^  Pour  tous  ces  rapports  de  parenté,  voir  la 
note  au  vers  3  du  Chant  I*'. 

V.  1171.  Sans  toit.  —  Dûbner  dit  à  ce  propos  :  uSine  tecto;  Pausa^ 
nias  magnum  talium  iemplorum  numerum  narrât;  ara  exstructa  e 
minimis  lapillis;  —  XtOoc,  proprie,  minime  statua.  Cf.  dea  Pessinuntia.  » 
La  pierre  noire  qui  représentait  la  Mère  des  Dieux  se  trouvait  dans 
son  temple,  à  Pessinonte,  ville  de  la  Grande  Phrygie.  Brunck  ne  veut 
pas  admettre  la  vulgate  (ilXac  XfOoç  et  propose  [Uyaç^  qui  fait  antithèse 
aux  petits  cailloux  de  l'autel  extérieur  :  «  Méya;  Xtdoc  :  sic  omnino  legen^ 
dum,  manifesta  oppositione  inter  hoc  altare  ex  uno  grandi  lapide 
factum  et  alterum,  quod  e  calculis  structum  erat.,,  Voces  {ilraç,  t&iXac 
saepissime  a  librariis  commutatae.  Vide  ad  119,  921.» 

V.  1176.  Pendant  une  année. -^  Le  Scoliaste  ne  prend  pas  le  mot 
cmitTaviv  dans  son  sens  précis;  il  explique:  «Des  chevaux  qu'elles 
avaient  nourris  avec  soin  et  abondamment.  »  Il  semble  que  le  poète 
veut  dire  que  les  Amazones  engraissaient  pendant  un  an  les  chevaux 
destinés  à  être  immolés. 

V.  1 1 80.  D'une  piété  solide  ou  bien  injustes  (ot  ts  Oeovdlcç,  ou  6Ï  Sfxatot). 
—  La  leçon  n'est  pas  sûre  :  Brunck  la  trouve  tout  simplement  absurde  : 
vulgo  inepte  legitur,  dit-il,  et  il  préfère  r^H  qui  supprime  l'opposition 
qui  semble  ici  nécessaire  (Zeus  voit  tous- les  hommes  bons  ou  méchants). 
Merkel  cite  les  diverses  corrections  qui  ont  été  proposées;  aucune  ne 


300  NOTES 

semble  bien  satisfaisante.  Wellauer  torture  la  construction  de  la  phrase, 
pour  lui  faire  signifier  :  ^Probi  viri  lovem  non  latent,  et  si  quando  in 
res  adversas  inciderunt,  tamen  ab  eo  servantur,  » 

V.  1 186.  Vers  la  ville  riche  du  divin  Orckoméne  («çvciV--  «iî^»^)-  — 
C'est  une  correction  de  Facius  {Ep,  crit,,  p.  1 2)  complétée  par  Brunck^ 
au  lieu  de  [uxk  4>9{n^,  qu*ont  les  mss.,  et  que  le  Scoliaste  explique: 
«  Les  uns  disent  qu'une  ville  d*Orchomène  se  nommait  Phthia  [voir  la 
note  au  vers  93  du  Ch.  I*']...  Il  peut  aussi  foire  allusion  à  Orchoroène, 
limitrophe  de  la  Macédoine  et  de  la  Thessalie.  Car  le  nom  d'Orcho- 
mène  désigne  une  montagne  et  une  ville  de  Thessalie,  de  Béotie, 
d'Arcadie  et  du  Pont.  »  Strabon  mentionne  Orchomène,  la  ville  connue 
de  Béotie  (291,  i3,  etc.),  et  les  Orchomènes  d'Arcadie  (333,  38)  et 
d*£ubée  (337,  1 7).  La  ville  d*Orchomène,  dans  le  Pont,  semble  inconnue. 
Il  ne  s'agit  pas  ici  de  la  ville,  mais  du  roi  €  le  divin  Orchomènes.  Sur 
Orchomène,  voir  la  note  au  vers  23o  du  Chant  I*'.  —  Bninck  :  a  Dixe- 
rant  supra  (v.  1 1 53)  Phrixifilii  se  navem  conscendisse  ut  Orchomenum 
Bœotiae  urbem  pelèrent,  quo  eos  se  vecturum  lason  hic  poil iceri  débet. 
Vera  lectio  eruitur  ex  eodem  hoc  versu,  qui  Libro  1 V  inepte  repetitus 
vulgo  habetur  post  versum  34.8.  —  Confer  III,  1073.  » 

V.  1187.  Sa  hache  d'airain.^  Le  texte  porte  simplement  x>^^^  ^^ 
ne  précise  pas  de  quel  instrument  d'airain  la  déesse  s'est  servie.  II 
s'agit  évidemment  d'une  hache  de  charpentier  (icéXexv;);  c*est  en  efiet 
au  moyen  d'une  grande  iciXcxvç  d'airain,  commode  à  manier,  bien 
aiguisée  sur  les  deux  bords  du  tranchant  et  qui  lui  est  fournie  par 
Calypso  (Odyss.,  V,  v.  234-233),  qu'Ulysse  abat  les  vingt  arbres,  aunes, 
sapins  et  peupliers,  qui  lui  sont  nécessaires  pour  la  construction  de  son 
chaland. 

V.  1193.  Accomplir  des  sacrifices  expiatoires  {kV^tnùs),—  Le  mot 
àXOi^owv  est  une  correction  de  Merkel  pour  ài&icXYJawv  (explicatum  non 
habere,  coniectura  opus  esse  visum)  que  Brunck  s'efforce  d'expliquer 
en  se  fondant  sur  Pindare  (Pyth,,  IV,  v.  282):  cSacrificia  peractunis 
pro  Phrixo,  ad  placandum  Phrixum,  id  est,  ad  revocandos  Phrixi 
mânes,  quibus peregre  degentibus,  Aeolidis  irasci  Jupiter  non  desinet.  » 
Merkel  se  fonde  pour  sa  correction  sur  l'emploi  du  mot  àX^^et  dans 
Nicandre  (Ther,,  v.  387)  et  du  mot  aX6a{vetv  dans  Lycophron  (v.  1122). 

V.  12 10.  Du  Caucase.  ^  An  dire  du  Scoliaste,  Hérodore  raconté 
aussi  que  Typhon  fut  englouti  sous  les  eaux  du  marais  Serbonis,  situé 
en  Syrie.  Au  contraire,  Phérécyde,  dans  sa  Théogonie,  dit  que  Typhon 
se  réfugia  sur  le  Caucase,  et,  une  fois  la  montagne  consumée  par  le 
tonnerre,  en  Italie,  où  l'île  Pithécoussa  se  forma  au-dessus  de  lui.  Pour 
la  légende  de  Typhon,  voir  Decharme  (MythoL,  p.  i3i  274-276),  Apol- 
lodore  (I,  6,  3).  D'après  la  tradition  ordinaire,  Typhon  fut  englouti 
sous  l'Etna  (Virgile,  Aen.,  IX,  v.  716;  Hygin,  Fabul.,  1 32,  etc.).  Strabon 
(206,  33;  333, 42)  rapporte  la  tradition  d'après  laquelle  Typhon  aurait 
été  enseveli  sous  l'île  Pithécoussa.  —  Le  marais  Serbonis,  aux  confins 
de  l'Egypte  et  de  la  Syrie,  est  cité  par  Strabon  (687,  53,  etc.),  par 
Diodore  de  Sicile  (L,  3o),  par  Pline  {N.  H.,  V,  68),  etc. 

V.  1221,  Lutter  avec  Aiétès.  —  lï  a  déjà  été  souvent  question 
d'Aiétès,  et  on  le  verra  au  Chant  UI  jouer  un  rôle  important.  —  Cest 


NOTES  301 

un  fils  d'Hélïos  (v.  1204)  et  de  TOcéanide  Perséis;  il  est  frère  de  Circé, 
de  Perses  et  de  Pasiphaé,  femme  de  Minos  (Apoilodore,  I,  9,  i);  il  est 
père  d'Apsyrtos,  qu'il  eut  de  la  nymphe  caucasienne  Astérodéia  (Argo- 
naute, Ch.  III,  V.  a4iX  et  de  Chalciopë  et  Médée,  qu*il  eut  toutes  deux 
de  rOcéanide  Eidyia  (Argonaut,  Ch.  III,  v.  243;  Apollodore,  I,  9,  23). 
Les  traditions  sur  Aiétès  varient  beaucoup  :  par  exemple,  Diodore  de 
Sicile  (IV,  45)  dit  qu*Aiétès  épousa  Hécate,  fille  de  son  frère  Perses,  et 
en  eut  deux  filles,  Circéet  Médée,  et  un  fils,  Aigialeus,  que  Ton  assimile 
d'ordinaire  à  Âpsyrtos.  Ce  nom  d'Aigialeus  se  trouve  aussi  dans  Justin 
(XLII,  3),  et  dans  Pacuvius  cité  par  Cicéron,  N,  D,,  III,  19,  48: 
...Absyrtofratri  qui  est,  apud  Pacuvium,  Aegialeus,  —  Les  scolies  du 
Chant  III  donneront  l'occasion  de  revenir  sur  quelques-unes  de  ces 
divergences  entre  les  traditions  concernant  Aiétès.  Quoi  qu'il  en  soit, 
il  semble  qu' Aiétès  est  un  héros  solaire,  serviteur  d'Ares,  représenté 
comme  un  dieu  solaire.  Voir  Decharme,  ÂlythoL,  p.  191. 

V.  I23i.  Vile  Philyréide.  —  Voir  les  notes  au  vers  554  d"  Chant  I*', 
et  au  vers  393  du  Chant  II.  c  II  parle  de  l'île  des  Philyres.  ApoUonios 
dit  qu'elle  prit  son  nom  de  Philyra,  l'Océanide,  qui  habita  dans  cette 
région.  Cronos  s'unit  à  elle  au  temps  qu'il  était  roi  des  Titans.  Mais 
Rhéa  l'ayant  pris  en  flagrant  délit,  Cronos,  plein  de  honte,  se  méta- 
morphosa en  cheval  et  Philyra  s'enfuit  en  Thessalie.  Phérécyde  dit  que 
Cronos,  changé  en  cheval,  s'unit  à  Philyra,  fille  d'Océanos,  et  que,  à 
cause  de  cela,  Chiron  eut  la  double  forme  de  l'homme  et  du  cheval. 
Suidas,  dans  le  livre  I*'  de  ses  Thessaliques,  dit  que  Chiron  fut  fils 
d'Ixion  et  frère  de  Peirithoos.  »  (Scol.)  —  On  voit  que  cette  scolie 
rappelle  et  complète  celle  du  Chant  I*',  v.  554.  Les  Philyres  ne  sont  pas 
mentionnés  parStrabon.  Denys  (Pert>^.^  v.  765-767)  cite  dans  Tordre 
suivant  les  peuples  du  littoral,  à  partir  de  la  Colchide  :  les  Byzères,  les 
fiécheires,  les  Macrônes,  les  Philyres,  les  Mossynoiciens,  les  Tibaré- 
niens  et  les  Chalybes.  Cf.  Aviénus,  v.  946,  et  Priscien,  v.  740. 
Valérius  Flaccus (V,  v.  1 5 i-i 52)  énumère  les  Mossynoiciens,  les  Macro* 
nés,  les  Byzères  et  les  Philyres.  Cf.  Ammien  Marcellin  (XXII,  8,  21): 
«  Chalybes..,  By:çares...  et  Sapires  et  Tibareni  et  Mossynœci  et 
Macrônes  et  Philyres,  populi  nulla  nobis  assuetudine  cogniti.  i 

V.  1238.  Ces  lieux,  son  séjour  habituels  >-  D'après  Virgile,  qui  imite 
les  vers  d'Apollonios  (Georg.,  III,  v.  92-94),  cette  aventure  de  Cronos 
et  de  Philyra  aurait  eu  lieu  sur  le  mont  Pélion  en  Thessalie,  et  non 
dans  nie  Philyréide.  D'après  Hygin  (FabuL,  i38),  l'événement  eut  lieu 
en  Thrace.  -^  Philyra  fut  changée  en  tilleul,  arbre  c  dont  la  fieur  a  dû 
être  souvent  en  usage  dans  la  médecine  grecque  primitive,  n  (Decharme, 
Mythol.,  p.  597.) 

V.  1241.  Union  équivoque. --^  La  mot  que  je  traduis  par  équivoque 
n'a  pas  précisément  ce  sens  :  c'est  àtLoipaf;^,  dont  Merkel  dit  fort  bien  : 
«  Explicari  adhuc  non  potuit,  vix  tamen  ut  corrigere  tutum  sit.  »  Quant 
au  sens  général,  il  se  comprend  :  Chiron  a  les  deux  formes  du  dieu  et 
du  cheval,  à  cause  des  deux  formes  prises  successivement  par  Cronos 
au  moment  de  la  conception. 

V.  1242-1244.  Le  pays  des  Macrônes,  la  région  immense  des 
Bécheires,  les  Sapeires  sauvages  et  les  By:çères  après  eux.  —  Cf.  la 


303  NOTES 

note  aux  yen  SgB-Sçô.  On  a  vu  (note  au  vert  i23i)  que  les  Macr6neft 
sont  cités  par  les  divers  géographes. anciens.  L'auteur  anonyme  d'un 
Périple  du  Pont-Euxin  (Geogr,  Graec»  Min,,  Didot,  vol.  I,  p.  410, 
]  37)  dit  que  les  Macrùnes  étaient  aussi  nommés  Macrocéphales,  et 
Scylax  {JPeripL,  {  85)  ne  les  désigne  que  sous  cette  dernière  appellation. 
—  Les  Bécheires,  que  Strabon  ne  nomme  pas,  et  les  Byzères  sont 
mentionnés  au  vers  763  de  Denys,  et  aux  vers  739  de  Priscien  et  946 
•d'Aviénus.  Valérius  Flaccus  cite  les  Byzères  (V,  v.  1S2.)  Ces  divers 
peuples  sont  aussi  nommés  par  Pline  l'Ancien  (VI,  1 1),  et  par  Scylax 
{Peripl.,  I  82  et  suiv.).  Quant  aux  Sapeires,  il  n'en  est  guère  question 
<iue  dans  tes  Histoires  d'Hérodote  (£aairctpcc,  I,  104,  1 10;  III,  94,  etc.), 
dans  Stéphane  de  Byzance  et  dans  Touvrage  d'Amroien  Marcellin,  où 
les  Sapires  sont  cités  au  milieu  de  toutes  ces  autres  peuplades  (XXII, 

•8,21). 

V.  1 248.  —  Le  Scoliaste  donne  un  certain  nombre  de  renseignements 
à  propos  de  la  légende  bien  connue  de  Prométhée  :  c  Prométhée  était 
«nchalné  sur  le  Caucase  et  l'aigle  lui  dévorait  le  foie.  Agroitas,  dans  le 
livre  XIII  de  ses  Libyques,  dit  que  l'on  a  cru  que  le  foie  de  Prométhée 
était  dévoré  par  un  aigle,  parce  que  la  partie  la  plus  importante  de  son 
pays  était  rongée  par  un  fleuve  appelé  l'Aétos  [VAigU]^  et  que  Ton  donne 
«ouvent  le  nom  de  foie  à  une  terre  très  fertile.  Mais  Héraclès  ayant 
détourné  le  fleuve  au  moyen  de  tranchées,  on  crut  que  l'aigle  avait 
^té  éloigné  et  Prométhée  délivré  de  ses  liens  :  Théophraste  dit  que 
Prométhée,  qui  était  un  sage,  fit  part  le  premier  aux  hommes  de  la 
philosophie,  d'où  le  mythe  qu'il  leur  avait  fait  part  du  feu.  Hérodore 
se  montre  étranger  à  ces  traditions  dans  ce  qu*il  raconte  des  liens  de 
Prométhée  :  il  dit  en  effet  que  c'était  un  roi  des  Scythes,  qui,  ne  pouvant 
fournir  le  nécessaire  à  ses  sujets  parce  qu'un  fleuve  appelé  l'Aétos 
inondait  les  campagnes,  fut  enchaîné  par  les  Scythes;  mais  Héraclès, 
ayant  paru,  détourna  le  fleuve  dans  la  mer,  et,  à  cause  de  cela,  on 
imagina  fabuleusement  qu'Héraclès  avait  fait  disparaître  l'aigle  et 
délivré  Prométhée  de  ses  liens.  Phérécyde,  dans  son  livre  11^  dit  que 
Taigle  envoyé  contre  Prométhée  était  né  de  Typhon  et  d'Echidna, 
fille  de  Phorcys.  On  dit  que  l'aigle  mangeait  le  foie  de  Prométhée 
pendant  le  jour,  et  que  ce  qui  en  restait  s'augmentait  pendant  la  nuit 
pour  devenir  égal  à  ce  qu'il  était  auparavant.  Hésiode  dit  que  Promé- 
thée fut  enchaîné  et  l'aigle  envoyé  contre  lui  parce  qu'il  avait  dérobé 
le  feu  [Théog,,  v.  52 1;  Œuvres  et  jours,  v.  47  et  suiv.].  Douris  dit 
qu'il  fut  puni  pour  avoir  été  épris  d'Athéné  :  d'où  vient  que  les  habi- 
tants des  environs  du  Caucase  ne  rendent  aucun  culte  à  Zeus  et  à 
Athéné,  seuls  entre  les  dieux,  parce  qu'ils  ont  été  cause  du  châtiment 
de  Prométhée,  et  que  ces  peuples  honorent  au  contraire  Héraclès  d'une 
manière  excessive,  parce  qu'il  a  tué  l'aigle  de  ses  flèches.  C'est  donc 
naturellement  qu'ApoUonios,  ayant  eu  à  parler  du  (^ucase,  a  fiiit 
mention  de  ces  choses.  »  C'est  la  tradition  la  plus  ordinaire  qu'Héraclès, 
abandonné  par  les  Argonautes  (voir  la  note  au  vers  1289  du  Chant  I*'), 
délivra  ensuite  Prométhée  :  cette  délivrance  est  un  des  exploits  qui 
composent  le  XI*  travail  d'Héraclès,  d'après  Apollodore,  qui  dit,  comme 
.Phérécyde  cité  par  le  Scoliaste,  que  l'aigle  éuit  né  de  Typhon  et 


NOTES  305 

d'Ëchidna  (II,  5,  ti).  D  après  Valérius  Flaccus  (V,  v.  i55  et  suiv.),. 
c'est  au  moment  où  les  Argonautes  passent  en  vue  du  Caucase  qu*à 
rinsu  des  héros  Héraclès  délivre  Prométhée.  —  Diodore   de   Sicile 
(I,  19)  suit  une  tradition  à  peu  près  identique  à  celles  d^Agroitas  et 
d'Hérodore  que  rapporte  le  Scoliaste.  Prométhée,  dit-il,  était  le  gou- 
verneur d'une  partie  de  l'Egypte,  au  moment  où  le  Nil,  ayant  rompu 
ses  digues,  inonda  le  pays;  la  plupart  des  habitants  furent  noyés  et 
Prométhée  pensait  se  tuer   de    désespoir.  L'impétuosité  du  fleuve 
débordé  l'avait  fait  surnommer  1*^1  é/<u  (l'Aigle).  Héraclès  survint  alors,, 
répara  les  digues  et  fît  rentrer  le  fleuve  dans  son  lit  :  c*est,  conclut 
Diodore,  ce  fait  qui  explique  le  mythe  grec  d'après  lequel  Héraclès  tua 
Taigle  qui  rongeait  le  foie  de  Prométhée. 

V.  1260.  Vhabiletê  d'Argos,  —  Le  Scoliaste  fait  remarquer  qu'il 
s'agit  ici  d'Argos,  fils  de  Phrixos,  qui  avait  l'expérience  de  ces  lieux. 
D'ailleurs,  Argos,  61s  d'Arestor,  est  le  constructeur  et  non  le  pilote  du 
navire.  On  a  vu  (v.  898)  que  c'est  Ancaios  qui  a  remplacé  Tiphys  au 
gouvernail  ;  Argos,  fils  de  Phrixos,  remplace  à  son  tour  Ancaios,  mais 
provisoirement,  pour  amener  les  héros  dans  le  Phase. 

V.  1262.  Aussitôt  ils  amenèrent  la  voile  et  la  vergue  et  les  placèrent 
dans  la  fosse  du  mat,  où  ils  les  rangèrent;  le  mat  lui-même  fut,  bientôt 
après,  abattu  et  couché,  —  «  Pour  dresser  ou  abaisser  le  mât,  on  prati- 
quait une  ouverture  qui  traversait  les  baux  et  le  pont  situés  à  l'arrière 
du  navire.  Des  madriers  (aujourd'hui  épontilles)  devaient  soutenir  par 
dessous  les  baux  ainsi  tranchés.  Cette  sorte  de  fosse  ou  de  cage  pour  le 
mât  se  nommait  v)  yuivià^ri  ou  Ivto^xy)  et  parfois  aussi  ^  iaxoMxv)...  On 
voit  en  outre  qu'avant  d'incliner  le  mât,  la  voile  et  la  vergue  étaient 
amenées  dans  la  (isaidf&T)...  L'extrémité  du  mât  se  nommait  parfois 
xh  txpiov.  DTxpiov  dérive  le  nom  donné  à  la  vergue  par  Homère  (Odyss., 
V,  V.  234  [51c  pour  254]  et  3 18)  et  par  Apollonius  de  Rhodes  (II,  v.  126a)  ; 
To  ticixpiov.  Le  nom  ordinaire  était  y\  xtpotCa.  Le  premier  terme  doit 
avoir  été  en  usage  en  Attique,  le  second  dans  le  reste  de  la  Grèce..» 
Abattre  le  mât  se  disait  xbv  f^rov  ^aX&v  {Apollonius  de  Rh,,  II,  v.  1464 
[sic  pour  v.  1264]);  xXivciv  {Apollonius  de  Rh,,  IV,  v.  i632}.  »  (Vars^ 
ouvr.  cité,  p.  63-64,  66,  98.) 

V.  1264.  A  force  de  rames,  —  On  a  déjà  vu  (note  au  vers  913  da 
Chant  I*')  dans  quelles  circonstances  les  anciens  usaient  des  rames  au 
lieu  d'aller  à  la  voile.  M.  Vars  explique  en  particulier  pourquoi  il  fiiUait 
entrer  dans  le  port  à  la  rame  :  «  Alors  on  prenait  les  avirons,  et  l'on  se 
dirigeait  vers  la  terre.  On  était  ainsi  plus  libre  de  ses  mouvements,  et 
on  pouvait  modérer  la  course  à  volonté.  Si  l'on  avait  abordé  avec  voiles 
dehors,  le  mât  aurait  été,  suivant  toute  probabilité,  lancé  par-dessus 
bord.  Nullus  nauta  plenis  velis  venit  ad  terram,  sed  cum  adhuc  in  alto 
est,  deponit  vêla  et  navigium  ad  littus  remigando  perducit,  (Donat, 
ad  Verg,,  Aen.,  V,  v.  281.)  C'est-à-dire  :  nul  marin  n'accoste  toutes 
voiles  dehors;  c'est  au  large  qu'on  amène  les  voiles.  On  rame  (nage} 
pour  pousser  le  navire  vers  la  côte.  »  (Ouvr,  cité,  p.  i5o.) 

V.  1282.  Dans  un  endroit  oit  il  était  à  flot  (64^1). —  On  traduit 
d'ordinaire  v4>60i,  alte,  au  large.  A  propos  d'un  vers  de  VOdjrssée  (IV^ 
V.  78S,  et  non  780  comme  il  l'indique  par  erreur),  M.  Vars  (OMi^r.  cité. 


304  NOTES 

p.  143)  établît  que  O^'oO  op(i(U(v  ne  signifie  pas  cingler  vers  la  haute 
mêr,  mais  bien  ancrer,  mouiller  un  navire  qui  est  à  flot  «  En  efièt,  on 
ne  peut,  au  large,  ni  mouiller  d*ancres,  ni  ûxcr.  frapper  d*amarres 
comme  cela  se  voit  dans  Apollonius  de  Rhodes  (II,  v.  i283),  où  les 
Argonautes  mettent  à  Tancre  dans  une  crique  ombragée.  »  D'ailleurs, 
ce  n*est  pas  dans  une  crique,  c'est  dans  un  marais  (fXoc),  formé  proba- 
blement par  les  eaux  débordées  du  fleuve,  que  les  Argonautes  font 
pénétrer  leur  navire  qui  ne  devait  pas  être  à  flot  dans  toutes  les  parties 
de  ce  marais;  de  plus,  les  Argonautes  ne  mouillent  pas  d'ancres,  puis- 
qu'ils ne  connaissent  que  les  pierres  de  fond,  et  ils  ne  frapperont 
d'amarres  que  quand  ils  seront  sortis  du  marais  et  revenus  dans  le 
Phase  (Ch.  III,  v.  b-jb). 


CHANT    III 

V.  I.  Érato.  —  c  On  dit  que  la  danse  fut  inventée  par  Érato.  C'est 
avec  raison  qu*ÂpoIlonios  dit  qu^Érato  a  part- aux  mystères  d* Aphro- 
dite, je  veux  dire  ceux  qui  ont  rapport  aux  mariages,  car  la  danse 
accompagne  les  mariages.  Dans  les  œuvres  attribuées  à  Musée,  il  est 
raconté  que  les  Muses  procèdent  d'une  double  origine  :  les  plus 
anciennes  sont  contemporaines  de  Cronos,  les  plus  jeunes  sont  nées 
de  Zeus  et  de  Mnémosyne  [Voir,  sur  l'origine  des  Muses,  Decharme, 
AfythoL,  p.  224]...  On  se  demande  pourquoi  le  poète  qui,  dans  le 
Chant  I*',  a  invoqué  Apollon,  invoque  ici  les  Muses.  Certains  pensent 
que  c'est  parce  que,  dans  les  poèmes  orphiques,  Érato  est  donnée 
comme  inventrice  de  la  danse  :  par  conséquent,  comme  le  poète  doit 
raconter  le  mariage  de  Médée,  il  invoque  la  Muse  inventrice  des  danses 
qui  accompagnent  les  noces.  D'autres  disent  que  c'est  parce  que  les 
Muses  président  aux  réjouissances;  aussi  la  Muse  n'est  pas  étrangère 
aux  fêtes  du  mariage.  Que  les  Muses  président  aux  réjouissances,  c'est 
démontré  dans  les  poèmes  orphiques  :  Les  mortels  ne  sont  pas  oubliés 
par  les  Muses;  car  elles  sont  les  maîtresses  qui  s'occupent  des  chœurs 
de  danse  et  des  fêtes  aimables.  Rhianos,  dans  le  premier  livre  de  sçs 
Héliaques,  dit  qu'il  importe  peu  que  l'on  invoque  l'une  quelconque 
des  Muses  :  car,  en  parlant  d'une  seule,  on  les  désigne  toutes.  11  dit 
ainsi  :  Toutes  entendent,  si  tu  nommes  l'une  d'elles.  »  (Scol.)  «  brato... 
est  la  Muse  de  l'hyménée...  et  son  image  a  une  grande  analogie  avec 
les  représentations  de  Vénus.  La  fonction  de  cette  Muse  n'est  donc  pas 
douteuse  :  elle  préside  aux  noces  et  à  la  poésie  erotique.  Apollonius 
l'invoque  au  début  du  Chant  III  des  Argonautiques,  où  il  célèbre 
Tamour  de  Médée  pour  Jason;  au  commencement  du  Chant  VIII  [sic] 
de  ï Enéide  [VII,  v.  37  :  Nunc  âge,  qui  reges,  Erato...],  Virgile 
l'invoque  également;  car  l'hymen  d'Énée  et  de  Lavinie  est  l'événement 
capital  de  la  seconde  partie  du  poème.  »  (Decharme,  MythoL, 
p.  233-234,  ^^  ^^^^  ^.^  1*  P^8^  2^0  Dûbner  juge  sévèrement  l'invo- 
cation de  Virgile  à  Érato  :  «  Vergil.,  lib.  VII,  in  recensu  populorum 
temere  imitatus  est.  »  Il  ajoute,  à  propos  de  ce  qu'Apollonios  dit 
d'Érato:  m.  Sine  dubio  in  nullo  veterum  poetarum  haec  occurrunt.» 
,  Mais,  s'il  n'imitait  pas  les  vieux  poètes,  ApoUonios  a  eu  lui-même 
des  imitateurs.  Cf.  Ovide,  de  Art.  Am.,  II,  v.  i5  : 

Nanc  mihi,  si  quando,  paer  et  Cytherea  Tavete, 
Nttoc  Erato;  nam  ta  nomea  amoris  habes. 

V.  9.  Dans  une  chambre  (OaXa|tov).  —  Cette  chambre  serait,  d'après 
Dûbner,  la  salle  où  les  dieux  s'assemblent  :  lovis  conclave  in  quo 
conveniunt  dei.  Il  semble  peu  probable  que  les  déesses  se  retirent  dans 
cette  salle  où  elles  auraient  chance  d'être  dérangées;  elles  vont  plutôt 

S9 


3o6  NOTES 

dans  quelque  chambre  intérieure  de  la  demeure  d*Héra  cù  aucun  des 
dieux  ne  gônera  leur  délibération. 

V.  26.  A  son  en^fant,  —  «Apoilonios  fàxx  naître  Éros  d* Aphrodite; 
Sappho,  de  Gaia  et  d*Ouranos;  Simonide,  d^ Aphrodite  et  d*Ârès: 
Cruel,  fils  rusé  d'Aphrodite,  toi  qu'elle  a  enfanté  à  Ares  qui  machine 
des  ruses.  Hésiode  dit  qu*£ros  est  né  du  Chaos;  dans  les  poèmes 
orphiques,  il  est  dit  fils  de  Chronos  :  Or,  Chronos  engendra  Éros 
et  tous  les  esprits.  »  (Scol.)  Chronos,  dieu  du  temps,  ne  serait  pas  le 
même  que  Cronos.  Voir  Decharme,  MythoL,  p.  7,  n.  i  ;  Prcller, 
Griech.  MythoL,  erster  Band,  dritte  Aufiage,  p.  45,  n.  2.  Pour  les 
diverses  généalogies  des  deux  Éros,  celui  de  la  Théogonie  et  celui  des 
traditions  postérieures,  voir  Decharme,  Mythoî.,  p.  209. 

V.  39.  L'enceinte  de  la  demeure  (Cpxea)...  le  portique  de  la  chambre 
(61c*  atdoutfiji).  —  Dans  la  maison  homérique,  rCpxoç  est  le  mur  qui  clôt 
la  cour;  et  ratBou<ra,  [portique]  brûlant^  parce  qu*il  était  ouvert  au 
soleil,  est  la  galerie  ou  colonnade,  qui  part  des  deux  côtés  de  la  porte. 
Cf.  le  commentaire  d'Eustathe  aux  vers  472-477  du  Chant  IX  de 
VJliade.  «On  voit  par  ces  vers  quelle  était  la  disposition  d'un  palais 
au  temps  d'Homère.  Il  y  avait  une  enceinte,  puis  une  cour,  puis  un 
portique,  puis  un  vestibule  qui  menait  à  la  maison  proprement  dite 
et  aux  chambres  de  la  maison.  «(Pierron.)  La  maison  divine,  décrite 
par  Apoilonios,  est  un  peu  plus  simple  que  la  maison  homérique, 
puisqu'il  n'y  a  pas  de  icp6So|A,oc  :  la  chambre  d'Aphrodite  s'ouvre  direc- 
tement sur  le  portique. 

V.  41.  Sa  forge  et  ses  enclumes,  —  c  C*est  dans  une  des  îles  d*Aiolos, 
nommée  Hiéra,  qu'Héphaistos  avait,  dit-on,  sa  forge.  Le  poète  nomme 
cette  île  errante,  soit  parce  qu'il  suit  la  tradition  de  ceux  qui  ont 
raconté  les  erreurs  légendaires  d'Ulysse  aux  environs  de  Tltalie  et  de 
la  Sicile,  soit  parce  qu'autrefois  toutes  les  îles  étaient  errantes  et 
manquaient  de  base  fixe.  D'après  Callimaque  [Hymne  à  Artémis, 
V.  47],  ce  n'est  pas  Hiéra,  mais  Lipara  qui  était  consacrée  à  Héphais- 
tos.  Ces  îles  d'Aiolos,  au  nombre  de  sept,  sont  :  Strongylé,  Euonymé, 
Hiéra,  Lipara,  Didymé,  Éricodès  et  Phoinicodès,  toutes  voisines  de  la 
Sicile...  Callias  dit,  dans  le  livre  X  de  son  ouvrage  sur  Agathocle,  qu'il 
y  a  dans  l'île  d'Hiéra  une  montagne  élevée,  à  deux  cratères,  dont 
l'un,  qui  a  un  périmètre  de  trois  stades,  produit  une  lumière  capable 
d'éclairer  un  grand  espace  de  pays  aux  alentours.  En  outre,  il  sort  par 
cette  ouverture  des  pierres  enflammées  d'une  grosseur  démesurée;  et 
un  bruit  si  fort  retentit  quand  Héphaistos  travaille,  qu'on  l'entend  à 
cinq  cents  stades.  Les  matières  enflammées,  rejetées  par  l'éruption, 
ont  une  teinte  complètement  violette,  à  cause  de  leur  embrasement, 
et  leur  combustion  fait  qu'elles  ont  l'aspect  et  la  puissance  du  soleil. 
La  nuit,  on  voit  parfaitement  tous  les  actes  du  travail  du  dieu;  et, 
pendant  le  jour,  on  aperçoit  comme  un  nuage  en  suspension 
au-dessus  du  sommet  d'où  sort  la  lueur  éclatante.»  (Scol.)  Ùlliade, 
où  Héphaistos  est  l'époux  de  Charis,  place  les  forges  du  dieu  dans  le 
ciel  (XVIII,  V.  369  et  suiv.);  VOdyssée,  où  il  est  le  mari  malheureux 
d'Aphrodite,  les  placera  Lemnos  (VIII,  v.  283  et  suiv.),  île  dont  le 
volcan  fiameux  s'éteignit  au  iv*  siècle  avant  J.-C;  après  leur  établis* 


NOTES  307 

sèment  en  Sicile,  les  Grecs  admirent  l'existence  des  forges  divines, 
soit  dans  TEtna,  soit  dans  les  îles  Éoliennes  ou  Lipariennes.  Strabon 
(229,  II) dit  que  Thermessa,  l'une  de  ces  îles,  prit  le  nom  de  Hiëra, 
quand  elle  eut  été  consacrée  à  Héphaistos.  Elle  avait  trois  cratères 
qui  lançaient  des  flammes;  le  plus  vaste  des  trois  vomissait  même  des 
blocs  incandescents.  Diodore  de  Sicile  parle  longuement  des  îles 
Éoliennes  (V,  7);  Virgile  place  les  forges  de  Vulcain  dans  Tîle  Vulcania, 
c'est-à-dire  Hiéra,  voisine  de  Liparé  (Aen.,  VI H,  v.  422),  où  demeure 
Éole  (Aiolos).  Strabon  fixe  le  séjour  de  ce  dieu  dans  l'île  de  Strongylé 
(229,  53).  Quoi  qu*il  en  soit,  le  voisinage  dHéphaistos  et  d'Aiolos  est 
confirmé  par  les  vers  778  et  suivants  du  Chant  IV  des  Argonautiques, 

V.  43.  Elle  était  seule  à  la  maison.  —  Scaliger  (Poetices  libr.  V, 
cap,  VI)  îsxi  remarquer  que  cette  description  de  la  toilette  de  Cypris  a 
été  imitée  par  Claudien  {de  Nupt.  Hon,,  v.  99,  sqq.)  supérieur,  d'après 
lui,  au  modèle  grec. 

V.  52.  Vénérables  amies  (T)Otfat).  — Le  Scoliaste  fait  observer  que, 
dans  Homère,  le  mot  ifiaoç  est  toujours  employé  par  une  personne 
plus  jeune  s'adressant  à  une  personne  plus  ftgée,  et  il  pense  qu'ApoUo- 
nios  emploie  dans  un  sens  général  cette  expression  dont  Cypris  peut 
user  en  s'adressant  à  Héra,  mais  non  à  Athéné.  Quelle  que  soit  la 
généalogie  de  Cypris,  née  des  parties  sexuelles  d'Ouranos,  ou  fille  de 
Zeus,  venue  au  monde  avant  op  après  Athéné,  il  est  évident  que, 
dans  la  hiérarchie  olympienne  établie  par  ApoUonios,  la  femme 
d'Héphaistos  est  bien  inférieure  à  Héra  et  à  Athéné,  qui  ont  l'air  de 
croire  se  compromettre  en  venant  la  voir  pour  un  motif  intéressé, 
elles,  la  femme  irréprochable  et  la  vierge,  qui  fréquentent  peu  chez  la 
mère  d'Éros. 

V.  62.  Pour  délivrer  aux  en/ers  Ixion  de  ses  liens  d'airain,  —  Il 
suffit,  pour  apprécier  toute  la  force  des  paroles  d'Héra,  de  se  rappeler 
la  conduite  qulxion  avait  tenue  à  son  égard,  lui  qui  «  eut  l'audace  de 
poursuivre  de  ses  amoureux  désirs  la  reine  même  du  ciel  ».  (Decharme, 
AijrthoL,  p.  592.  Voir,  pour  le  mythe  d*Ixion,  les  sources  indiquées 
dans  les  notes  de  cette  page.) 

V.  67.  VAnauros,'-'  Voir  la  note  au  vers  0  du  Chant  I".  Ce  n'est 
pas  en  portant  Héra  à  travers  les  eaux  débordÀ^s  du  torrent  que  Jason 
a  perdu  une  de  ses  sandales*  puisque,  le  jour  où  il  a  rencontré  la 
déesse,  il  revenait  de  la  chasse  et  il  ne  se  rendait  pas  aux  fêtes  célé- 
brées par  Pélias  en  l'honneur  des  dieux. 

V.  79.  //  n'y  aurait  certes  rien  de  pire  que  Cypris,,,  —  Brunck 
rapproche  ces  paroles  de  celles  du  vieillard  de  Térence,  dans  VHeau» 
tontimoroumenos  (I,  i,  v.  1 33)  : 

Malo  qaideoi  me  qaovis  dignum  deputem, 
Si  id  faciam... 

V.  86.  La  fille  d*A  iétès,  —  «  Le  poète  emploie  icopOivov  pour  (h^raTipa. 
On  peut  aussi  entendre  :  celle  des  filles  d'Aiétès  qui  est  vierge.  »  (Scol.) 

V.  93.  De  moi  il  n*a  aucun  souci,  —  Lucien  a  imité  de  près  toutes 
ces  récriminations  de  la  déesse  contre  son  fils  dans  le  XI*  des  Dialogues 
des  dieux  où  Aphrodite  les  répète  à  Séléné  presque  en  propres  termes. 


308  NOTES 

Le  Dialogue  XII  entre  Aphrodite  et  Éros  est  aussi  imité  de  i*entrevae 
de  la  déesse  avec  son  fils  {Argon.,  Ch.  III,  v.  m  et  suiv.). 

V.  1 14.  Loin  de  Zeus,  dans  une  plaine  fleurie,  —  «  La  phrase  est 
amphibologique;  on  peut  comprendre  :  loin  de  Zeus,  ce  qui  vaut 
mieux  ;  ou  :  loin  des  autres,  dans  une  prairie  fleurie  de  Zeus.  Quant  à 
Ganymède,  Homère  ne  dit  pas  que  Zeus  l'ait  enlevé  à  cause  de  ses 
désirs  amoureux,  il  dit  qu'il  fut  enlevé  par  les  dieux,  pour  servir 
d'échanson  à  Zeus.  »  (Scol.)  Le  Scoliaste  se  fonde  sur  le  vers  234  du 
Chant  XX  de  VJliade,  Mais  ApoUonios  suit  la  tradition  généralement 
adoptée,  qui  se  trouve  aussi  dans  VIliade  (V,  y.  266),  où  il  est  dit  que 
Zeus  donna  à  Tros  de  merveilleux  coursiers,  en  Change  de  son  fils 
Ganymède,  et  dans  VHymne  homérique  à  Aphrodite,  où  il  est  dit 
(v.  2o3  et  suiv.)  que  2Îeus  enleva  Ganymède  pour  faire  de  lui  son 
échanson.  Voir  Decharme,  Mythol.,  p.  231-222.  —  Brunck  lait  remar- 
quer que  ce  tableau  gracieux  d*Lros  et  de  Ganymède  jouant  aux 
osselets  est  peut-être  emprunté  au  groupe  célèbre  de  Polyclète,  les 
Astragali\ontes,  qui,  au  temps  de  Pline,  qui  en  parle  avec  admiration, 
se  trouvait  dans  Tatrium  du  palais  de  Titus  (N.  H.,  XXXIV,  55).  Voir 
Couat,  Poésie  alexandrine,  p.  309. 

V.  i33.  Adrestéia.  —  tCest  une  sœur  des  Courètes;  Callimaque  a 
dit  :  Adrestéia  a  pris  soin  de  toi  [Hymne  à  Zeus,  v.  47].  »  (Scol.)  Voir 
la  note  au  vers  1 1 29  du  Chant  I*'.  t  Chez  Apollonius  {A  rgon.,  III,  v.  1 32), 
Ad  restée  donne  une  sphère  comme  jouet  à  Tenfant  divin.  Cette  balle 
enfantine  deviendra  plus  tard  la  sphère  du  monde,  attribut  de  Zeus. 
Les  monnaies  Cretoises  de  l'époque  romaine  nous  montrent  Zeus 
enfant,  assis  sur  une  sphère  à  côté  de  la  chèvre  Amalthée.  1  (Decharme, 
MythoL,  p.  39,  note  2.)  On  sait  que  les  scènes  de  l'enfance  de  Zeus  se 
passent  en  Crète  :  mais,  préoccupé  peut-être  de  ce  qu'il  vient  d'être 
question  du  Troyen  Ganymède,  le  Scoliaste  suppose  qu'il  peut  s'agir 
ici  aussi  bien  de  l'Ida,  mont  de  la  Troade,  que  de  l'Ida  de  Crète;  et  il 
cite,  à  l'appui  de  cette  hypothèse,  l'opinion  de  Démétrios  de  Scepsis 
(en  Troade),  dont  l'amour-propre  national  affirme  que  la  Troade 
revendique  l'honneur  d'être  le  lieu  de  naissance  de  Zeus. 

V.  188.  Ce  que  la  force  obtiendrait  avec  jt^iite...  —  Brunck  fait 
remarquer  que  Térence  montre,  dans  V Eunuque  (IV,  vu,  v.  789}, 
Thrason  justifiant  sa  lâcheté  au  moyen  de  cette  sage  maxime: 

Omnia  prius  experiri  qaam  araiis  Mpientem  decet. 

ApoUonios  imite  ici  un  passage  des  Phéniciennes  (v.  5 16-517) 
d'Euripide  :  «  La  parole  vient  à  bout  de  toutes  les  difficultés,  mieux 
que  ne  le  feraient  les  armes  des  ennemis.  » 

V.  197.  //  prit  lui-même  le  sceptre  d* Hermès.  —  Hermès,  messager 
de  Zeus,  est  l'ambassadeur  primitif.  Dans  le  Chant  I*'  (v.  640  et  suiv.), 
c'est  Aithalidès,  le  propre  fils  du  dieu,  qui  est  député  aux  femmes  de 
Lemnos  :  on  lui  confie  «  le  soin  des  ambassades  et  le  sceptre  d'Hermès  ». 
Mais  ici,  les  conjonctures  étant  plus  graves,  c'est  le  chef  luinnême  de 
l'expédition  qui  prend  le  rôle  de  héraut. 

V.  198.  Conduits  par  le  navire.  —  Hoelzlin,  qui  lit  âva,  leçon  ordi- 
naire, au  lieu  de  àpa,  leçon  des  mss.  de  Paris,  rétablie  depuis  l'édition 


NOTES  309 

de  BniDck»  explique  :  c  Non  admota  ad  litttts  itavi,  nec  adhibita  scapka, 
sed  pedibus  per  vadosam  paludem  in  campum  pervenerunt,  more 
heroico,  1  Rien,  dans  ces  vers,  ne  confirme  cette  «  coutume  héroïque  *. 
Il  semble  probable  que  le  navire  Ârgo  est  amené  au  rivage  du  Phase 
pour  permettre  aux  héros  de  descendre  à  terre,  sans  qu'ils  aient,  ce 
qui  ne  serait  nullement  nécessaire,  à  traverser  à  gué  le  marais. 

V.  200.  Une  plaine  qui  se  nomme  la  plaine  Circaienne,  —  Voir  la 
note  au  vers  399  du  Chant  II.  —  Le  Scoliaste  donne  les  diverses 
généalogies  de  Circé  mentionnées  par  les  auteurs  anciens.  On  la  disait 
fille  ou  sœur  d'Aiétès.  Denys  de  Milet,  en  particulier,  raconte,  au 
premier  livre  de  ses  Argonautiques,  que  Circé  était  la  fille  d'Aiétès  et 
d'Hécate,  fille  elle-même  de  Perseus  ou  Perses  (voir  la  note  au  vers  467), 
et  la  sœur  de  Médée.  Aiétès  et  Perseus,  fils  d*Hélios,  régnaient  le 
premier  en  Colchide,  le  second  en  Tauride;  Aiétès  épousa  la  fille  de 
son  frère,  Hécate,  dont  il  eut  d'abord  Circé,  puis  Médée.  Telle  est  la 
tradition  rapportée  par  Denys  de  Milet.  ApoUonios,  comme  Apollodore 
(I,  9,  i)etla  plupart  des  mythographes,  fait  de  Circé  la  fille  d'Hélios 
et  la  sœur  d' Aiétès.  Diodore  de  Sicile  (IV,  45)  reproduit  la  version  de 
Denys. 

V.  201.  Une  suite  d*arbrisseaux  aux  branches  flexibles  (icp6|jiacXoO* 
—  On  lit,  dans  les  mss.,  np^fiaSot,  mot  qui  n*a  pas  de  sens,  et  que 
H.  Estienne  a  corrigé  en  icp^iiaXot;  VEtymoL  M.  dit  de  ce  mot: 
icpijMiXoi,  ddoc  âypCac  ^uic  C'est  le  vitex  des  Latins,  vitex  agnus  castus 
de  Linné  (gattilier  commun). 

V.  202.  A  leurs  sommets,  —  Le  Scoliaste  dit  que  cette  coutume  des 
Colchiens  est  mentionnée  par  Nymphodore.  Après  ApoUonios,  Élien 
(Var.  Hist,,  IV,  1)  rappelle  aussi  cet  usage,  qui  est  attribué  également 
aux  Scythes  par  divers  auteurs,  en  particulier,  par  Silius  Italiens 
(XIII,  V.  486). 

V.  210.  Pendant  qu'ils  s'avançaient...'^  ApoUonios  imite  ici  de 
très  près  le  récit  de  l'arrivée  d'Ulysse  chez  Alcinoos  (Odyss.,  VII,  v.  14), 
comme  il  va  bientôt  (v.  21 5)  imiter  la  description  du  palais  du  roi  des 
Phaiaciens  {Odyss.,  VII,  v.  86). 

V.  2i5.  A  Ventrée  (ev  icpofiioXMi).  —  Ils  se  tiennent  à  l'entrée  de 
l'enclos  (Cpxoc)}  de  la  cour  entourée  par  un  mur.  Les  colonnes  (x(ovec)* 
dont  parle  ici  ApoUonios,  ne  jouent  pas  le  même  rôle  que  dans 
VOdyssée,  où  elles  s'élèvent  à  l'intérieur  du  {t£Y>pov,  destinées  à 
soutenir  le  toit.  Il  est  question,  dans  les  Argonautiques,  d'une  colonnade 
extérieure  :  les  murs  de  la  maison  d'Aiétès  sont  entourés  par  une  suite 
de  colonnes  qui  supportent  l'entablement  (xpcY^ic),  dont  la  frise  présente 
des  surfaces  saillantes  d'airain,  ornées  chacune  de  trois  rainures 
verticales  appelées  triglyphes,  ^  KpoWonios  n'emploie  pas  le  mot 
triglyphe,  mais  le  simple  yXvf^c  (coche,  entaille)  qui  doit  avoir  le  sens 
du  composé. 

V.  224.  Un  liquide  huileux  et  parfumé,  —  «  Il  coulait  une  eau  mêlée 
d'aromates,  ou  une  huile  parfumée.  »  (Scol.)  ApoUonios  se  souvient 
des  quatre  fontaines  de  Calypso  {Odyss.,  V,  v.  70). 

V.  226.  Les  Pléiades.  —  Voir,  pour  la  légende  des  Pléiades,  Dechar- 
me,  MythoL,  p.  253;  Apollodore,  III,  10,  i  et  suiv.;  Phérécyde, /ra^m.. 


3IO  NOTES 

46  (Fragm,  Hist,  Graec,  Didot,  vol.  I*',  p.  84).  Les  Pléiades  sont  une 
constellation  composée  de  sept  étoiles,  qui  se  lève  du  32  avril  au 
10  mai,  et  qui  se  couche  du  20  octobre  au  11  novembre.  Le  coucher 
de  cette  constellation  annonçait  aux  Hellènes  l'approche  des  grandes 
pluies  et  des  tempêtes  d'hiver  (cf.  Hésiode,  Œuvres  et  Jours,  v.  619 
et  suiv.). 

V.  23o.  Des  taureaux  aux  pieds  d'airain.  —  «  Phérécyde  dit  aussi 
que  ces  taureaux  aux  pieds  d'airain  exhalaient  des  flammes.  «(Scol.) 
Apollodore  (I,  9,  23)  rapporte  aussi  la  même  tradition.  Ces  taureaux, 
comme  les  chiens  d'or  du  roi  Alcinoos  {Odyss,,  VII,  v.  91),  comme  les 
servantes  d'or  que  Thétis  voit  dans  la  maison  olympienne  du  dieu, 
semblables  à  des  jeunes  filles  vivantes,  douées  de  la  voix  et  du  mouve- 
ment {Uiad.,  XVIII,  V.  418  et  suiv.),  sont  autant  de  preuves  de  cette 
puissance  créatrice  d'Héphaistos,  dont  Pandore  est  le  chef-d'œuvre. 
Voir  Decharme,  MythoL,  p.  174. 

V.  232.  Une  charrue  toute  d'une  pièce. —  «Il  y  a  deux  sortes  de 
charrues  :  celle  qui  est  toute  d*une  pièce,  et  celle  qui  est  formée  de 
parties  ajustées  ensemble.  La  partie  \pférieure  de  cette  dernière 
({Xu|ia)  se  joint  à  l'ensemble  :  c'est  à  l'DLvi&a  que  le  soc  (uvk)  est  fixé. 
La  pièce  de  bois  qui  va  de  r{Xu|ia  jusqu'aux  bœufs  se  nomme  ^vv};;  i 
partir  du  yvYK  commence  le  timon  (laro^oc^c);  les  parties  du  joug(Cv)f^) 
qui  s'étendent  sur  les  nuques  des  bœufii  se  nomment  les  Ct^Xat  ou  les 
Ifcivvoipa.  L'organisation  des  charrues  a  été  décrite  par  Ératosthène 
dans  son  Architectonique.^  (Scol.)  L*l>uf&a  correspond  au  dentale 
(dens,  la  dent  qui  mord,  qui  fixe  le  soc);  l'Ovic  correspond  au  vomer; 
le  Yvv)c,  à  la  buris  (cf.  Virg.,  Georg,,  I,  v.  170),  pièce  de  bois  courbe,  en 
forme  de  queue  de  bœuf  (Pobc  oupci),  dont  le  prolongement  forme  le 
timon  0<rroposvc,  temo),  qui  passe  entre  les  boeufs  et  porte  le  joug. 
Voir,  au  sujet  de  ces  diverses  pièces,  Hésiode  (Œuvres  et  Jours,  v.  437 
et  suiv.),  qui  indique  la  différence  entre  les  deux  sortes  de  charrues,  et 
Virgile  (Georg.,  I,  v.  169  et  suiv.). 

V.  333.  En  témoignage  de  sa  reconnaissance  pour  Héiios.^^Cc 
mythe  a  été  imaginé  à  cause  de  l'infirmité  des  pieds  du  dieu;  mais  il 
manque  de  vraisemblance,  puisque  Héphaistos  se  montra  plus  fort 
que  les  Géants  et  les  mit  en  fuite.  Mais  ApoUonios  a  trouvé  ce  motif 
pour  imaginer  qu'Héphaistos  ait  construit  à  Aiétès  les  taureaux  aux 
pieds  d'airain  et  la  charrue.  1  (Scol.)  Apollodore  (I,  6,  2)  mentionne 
en  effet  la  victoire  d'Héphaistos  sur  les  Géants;  quant  aux  champs  de 
Phlégra  (les  champs  ardents),  il  en  est  souvent  parlé  par  les  auteurs 
anciens  qui,  suivant  les  traditions  locales,  les  placent  en  Thessalie,  en 
Arcadie,  en  Campanie,  mais  toujours  au  milieu  de  riions  volcaniques. 
—  Voir  Strabon  (202,  64;  204,  41;  a33,  53;  278,  44),  Diodore  (IV,  21  ; 
V,  71),  etc. 

V.  235.  La  cour  intérieure  ((lévaav^o;).  —  «C'est  le  milieu  de  la 
cour,  où  l'on  tient  les  bœufs.  Les  Attiques  donnent  ce  nom  au  passage 
qui  conduit  à  l'appartement  des  hommes  et  à  celui  des  femmes.» 
(Scol.)  Brunck  fait  observer  avec  raison  qu'aucun  de  ces  deux  sens  du 
mot  ne  convient  au  passage  d'Apollonios  :  c  A  poetae  mente  aliéna  sunt 
quae  in  scoliis  leguntur.  »  C'est  dans  Homère  que  i&iavovXoc  signifie  la 


NOTES  311 

cour  des  bestiaux,  l'espace  libre  entre  les  divers  bâtiments  ou  étables; 
et  c'est  seulement  à  partir  de  la  période  attique  que  le  iiiaaavXoc  est  le 
passage  qui  sépare  les  deux  parties  principales  du  rez-de-chaussée» 
Tappartement  des  hommes  et  celui  des  femmes.  Brunck  dit  fort  bien  : 
c  MÎaaavXoc  ApoUonio  nihil  est  aliud  quam  aùXi^.  t  II  îslmi  toutefois 
remarquer  que  c'est  une  cour  intérieure,  puisqu'elle  est  entourée  de 
constructions. 

V.  242.  Astérodéia,  nymphe  du  Caucase,  —  «  L'auteur  des  NaupaC' 
tiques  la  nomme  Eurylyté.  Denys  de  Milet  rapporte,  comme  cela  a  été 
déjà  dit,  que  la  mère  de  Médée  et  de  Circé  était  Hécate;  Sophocle  dit 
que  c'était  Néaira,  une  des  Néréides;  Hésiode,  que  c'était  Idya  [Théog., 
V.  968].  Epiménide  dit  qu'Aiétès  était  de  race  corinthienne  et  que  sa 
mère  était  Éphyra  [le  nom  archaïque  de  Corinthe  est  Éphyra;  voir 
Strabon,  290,  3o;  Âpollodore,  I,  9,  3,  etc.].  Diophante,  dans  le  livre  1" 
de  ses  Histoires  Pontiques,  dit  que  la  mère  d'Âiétès  était  Aniiopé.  » 
(Scol.)  Voir  la  note  au  vers  200  de  ce  Chant  et  la  note  au  vers  122 1  du 
Chant  II.  IjQ  Scoliaste  (note  au  vers  i236  du  Chant  III)  dit  que,  d'après 
le  témoignage  de  Timonax,  dans  le  second  livre  de  ses  Scythiques, 
Apsyrtos  se  nommait  aussi  Phaéthon.  Dans  les  Argonautiques,  c*est  le 
peuple  qui  a  donné  ce  surnom  à  Apsyrtos^  comme  dans  VIliade 
(VI,  V.  402),  c'est  le  peuple  de  Troie  qui  a  donné  le  surnom  d'Astyanax 
au  petit  Scamandrios. 

V.  273.  Cependant,  —  Voir  le  rapprochement  que  fait  M.  Couat 
{Poésie  alexandrine,  p.  3o9-3io)  entre  tout  ce  passage  et  les  vers 
d'Anacréon  imités  par  le  poète  alexandrin. 

V.  276.  Le  taon,  —  Voir  la  note  au  vers  1263  du  Chant  I*'. 

V.  278.  Le  passage  qui  mène  à  la  maison  (np62o|jioc].  —  C'est  littéra- 
lement Vavant-maison,  le  ve5/t^M/i<m  des  Latins:  Éros  traverse  ce  passage, 
et  s'arrête  contre  le  montant  de  la  porte  qui  ouvre  l'intérieur  des  appar- 
tements* Pierron  (Uiad.,  XXIV,  v.  673)  traduit  cv  irpo8i(Ao>  86(tou  par  in 
vestibulo  domus  et  fait  de  ce  mot  un  synonyme  de  galerie  (aZèouaa). 

V.  279.  Tire  de  son  carquois,  —  Brunck  rapproche  ce  vers  du  vers  1 16 
du  Chant  IV  de  VIliade. 

V.  281.  Se  blottit  (c>vo6efc).  —  ApoUonios  se  souvient  du  passage  de 
VOdyssée  (IX,  v.  433),  où  Homère  montre  Ulysse  blotti  (eAÛ<j6ctc)  sous 
le  ventre  du  bélier  à  la  longue  laine  duquel  il  se  cramponne. 

V.  291.  Telle  une  femme,,,  —  Le  Scoliaste  rapproche  cette  compa- 
raison d'une  comparaison  homérique  (Odyss.,  V,  v.  488). 

V.  3 II.  Circé, —  «ApoUonios  suit  les  traditions  d'après  lesquelles 
il  est  supposé  que  les  erreurs  d'Ulysse  l'ont  conduit  dans  la  mer 
Ty rrhénienne  ;  le  premier  auteur  de  ces  traditions  est  Hésiode,  qui  dit 
que  Circé  avait  sa  demeure  dans  une  ile  de  cette  mer.  Circé  a  habité 
aux  environs  de  l'Italie;  c'est  d'elle  que  vient  le  nom  du  mont  Circaion 
qu'elle  a  rendu  fécond  en  poisons  [cf.  Diodore,  IV,  43].  ApoUonios  suit 
Hésiode  quand  il  dit  que  Circé  vint  sur  le  char  d'Hélioa  dans  une  île 
située  près  de  la  Tyrrhénie.  Il  appelle  cette  région  occidentale  parce 
qu'elle  est  du  côté  où  le  soleil  se  couche.  »  (Scol.)  On  ne  connaît  pas 
l'ouvrage  d*Hésiode  auquel  le  Scoliaste  fait  ici  allusion.  —  Voir,  sur 
Circé,  la  note  au  vers  200.  • 


312  NOTES 

V.  322.  Lile  d'Ényalios.^Cest'k'dire  Vile  d*Arès.  Ényalios  est  un 
des  surnoms  du  dieu  de  la  guerre.  Eustathe  fait  dériver  ce  surnom 
homérique  du  verbe  êvuw  qui  serait  synonyme  du  verbe  90veutf>,  tuer. 
Il  est  plus  simple  de  noter  la  ressemblance  du  surnom  d*Arès  avec  le 
nom  de  la  déesse  Ényo,  nom  qui  c  n*est  probablement  que  l'antique 
cri  de  guerre  des  Grecs  :  Ényo,  la  destructrice  des  villes,  la  déesse 
meyrtrière  des  batailles,  qui  devint  plus  tard  la  mère,  la  fille  ou  la 
nourrice  d'Ares.  Le  dieu  lui-même  est,  en  effet,  souvent  désigné  par 
répithète  d'Ényalios.n  (Decharme,  MythoL,  p.  189.)  Voir  PrcUcr, 
Griech.  MythoL,  erster  Band,  dritte  Auflage,  p.  265. 

V.  343.  Maintenu  par  des  chevilles  {'^^vC^,  —  Ce  veis  apporte  une 
nouvelle  preuve  de  l'importance  que  les  chevilles  avaient  dans  la 
construction  des  navires  de  l'antiquité  grecque  (voir  la  note  au  vers  79 
du  Chant  II).  Si  Argo  peut  braver  l'effort  des  ouragans,  c'est  que  ses 
diverses  parties  sont  maintenues  par  des  chevilles.  Le  poète  donne 
à  entendre  que  les  Colchiens  encore  barbares  n'usaient  pas  des  7^11901 
pour  consolider  leurs  embarcations;  mais  on  a  vu  (note  au  vers  4 
du  Chant  I*')  qu*Apollonios  ne  suit  pas  la  tradition  d'après  laquelle 
Argo  serait  le  premier  navire  qui  ait  sillonné  les  meri. 

V.  353.  Lej  Sauromates.  —  Il  n'est  question  dans  aucun  autre 
passage  des  Argonautiques^  excepté  (v.  394)  dans  le  discours  de  Jason, 
de  ce  peuple  et  de  ses  luttes  contre  les  Colchiens.  Les  Sauromates 
semblent,  d'ailleurs,  ne  pas  avoir  été  les  voisins  immédiats  des 
Colchiens  :  diaprés  Scylax  {Peripl.,  |  70-80),  on  trouve,  entre  les  deux 
peuples,  les  Maiotes,  les  Sindes,  les  Cercètes,  les  Torètes,  les  Achalens, 
les  Hénioches,  les  Coraxiens,  les  Coliciens,  les  Mélanchlainiens  et 
les  Gélones.  Le  Scoliaste  ne  cite  aucun  historien  qui  fasse  allusion 
aux  luttes  des  Colchiens  et  des  Sauromates.  Une  tradition  rapportée 
par  Diodore  (IV,  45),  mais  qui  contredit  celle  qu'Apollonios  suit  à 
propos  de  Circé,  pourrait  donner  les  causes  de  ces  guerres  entre 
les  deux  peuples  :  Circé,  mariée  au  roi  des  Sauromates,  aurait  empoi- 
sonné son  époux  et  gouverné  tyranniquement  ses  sujets. 

V.  374.  La  toison  de  Phrixos.  —  Le  texte  dit  la  toison  et  Phrixos: 
«  'Ev  5ià  6uoTv,  fait  remarquer  Dûbner;  nam  Phrixus  mortuus  est,  »  Le 
trouble  et  la  colère  d*Aiétès  le  font  parler  avec  plus  de  passion  que  de 
correction  grammaticale. —  Les  vers  374  et  375  ont  beaucoup  inquiété 
les  commentateurs  :  on  peut  voir,  en  particulier  dans  Tédition  de 
Wellauer,  les  diverses  corrections  proposées  pour  rendre  ce  passage 
plus  clair.  Je  me  borne  à  traduire  simplement  le  texte  de  Merkel,  qui 
me  semble  offrir  un  sens  très  satisfaisant,  pourvu  qu'on  admette 
l'existence  d'un  Cv  Bik  Suotv  au  vers  374.  Van  Herwerden  {ad  Apol' 
lonii  Argonautica,  in  Mnemosyne,  i883)  dit  très  justement  pour 
défendre  la  leçon  du  vers  374  : 

TIp(v  nvflt  XcvraXiov  tc  6ipoc  xoi  <&p((ov  Ifif^Oat, 

contre  tout  essai  de  correction  :  t  Infeliciter  vir  summus  Madvigius 
versum  tentavit  scribendo: 

npfv  Tiva  XevyaXéou  tc  6épouc  xa\  <^{|ou  itaOat, 


NOTES  313 

itinnemor  illam  loquendi  rationem  in  minitando  satis  usitatam  esse, 
lam  Homerus  Od,  p  448  cecinerat: 

Mt)  Taxa  mxpriv  AlV^irrov  xx\  Kuicpiv  tSijat 

et  similia  reperiuntur  apud  tragicos.  Ex  Aristophane  citaho  locum 
Thesmophor,  854.» 

V.  388.  Qui  donc  oserait  traverser  volontairement,,,  —  On  peut 
rapprocher  ces  paroles  de  Jason  de  celles  qu'Hermès  adresse  à  Calypso 
{Odxss,,  V,  V.  99-101). 

V.  409.  J'ai  deux  taureaux,  -^  a  Antimaque,  dans  sa  Lydé,  dit  aussi 
que  les  taureaux  étaient  Toeuvre  d'Héphaistos.  •  (Scpl.)  Voir  la  note  au 
vers  23o. 

V.  412.  Vaste  de  quatre  arpents.  —  c  Phérécyde,  dans  son  livre  VI, 
dit  qu*elle  avait  cinquante  arpents.  »  (Scol.) 

V.  444.  Sa  beauté  et  sa  grâce,  '—  Brunck  rapproche  ce  passage  des 
vers  236-237  du  Chant  VI  de  VOd^ssée. 

V.  446.  Son  dme,  comme  un  songe,,.  —  Van  Herwerden  remarque 
qu'ÂpoUonios  imite  le  vers  222  du  Chant  XI  de  VOdyssée  :  <  Son  Ame, 
comme  un  songe,  voltige  en  s*envolant  au  loin.  » 

V.  452.  Les  Èros,  —  M.  Couat  {Poésie  aiexandrine,  p.  3 10)  remarque 
qu'ici  Apollonios  fait  intervenir  non  plus  Éros  seul,  mais  la  troupe 
turbulente  des  Éros,  et  qu'il  ramène  ainsi  notre  pensée,  d'abord  séduite 
et  touchée  par  son  pathétique  récit,  vers  la  banalité  de  la  littérature 
erotique.  Les  Éros  reparaîtront  encore  dans  d'autres  passages  du 
Chant  III  (v.  687,  765,  937)  :  le  Scotiaste  ne  fait  à  leur  sujet  aucune 
observation,  quoique,  semble-t-il,  Apollonios  soit  le  premier  à  les 
introduire  dans  la  poésie  sérieuse  qui  ne  connaissait  encore  qu'Éros  et 
Himéros,  faisant  Tun  et  l'autre  partie  du  cortège  d'Aphrodite  (Hésiode, 
Théog.,  v.  201).  Au  temps  où  Apollonios  écrivait  son  poème,  l'art 
grec  avait  multiplié  les  Éros,  petits  génies  ailés  qui  symbolisent  les 
diverses  nuances  de  la  passion  :  «  Un  seul  Éros  ne  suffit  pas,  et  c'est 
tout  un  petit  peuple  ailé  qui  voltige  dans  le  champ  des  peintures 
céramiques.»  (Collignon,  Mythol.  figurée  de  la  Grèce,  p.  162.) 

V.  467.  Fille  de  Perses,  —  C'est  Hécate  qu'Âpollonios  désigne  ainsi  : 
«  Quelques-uns  disent  qu'elle  est  fille  de  Zeus;  dans  les  Orphiques,  elle 
est  née  de  Déméter  :  Alors  Déô  enfanta  Hécate,  fille  d'un  père  illustre. 
Bacchylide  dit  qu'elle  est  fille  de  la  Nuit  :  Hécate,  porteuse  de  torches, 
fille  de  la  Nuit  au  vaste  sein*  Musée  dit  qu'elle  est  fille  d'Astéria  et  de 
Zeus;  Phérécyde,  d'Aristée  le  fils  de  Paiôn.  1  (Scol.)  Apollonios  suit  la 
tradition  ordinaire,  d'après  laquelle  Hécate  est  fille  de  Perses,  dieu 
ancien  de  la  lumière,  et  d'Astéria,  la  Nuit  étoilée  (cf.  Hésiode,  Tliéùg,, 
V.  409  et  suiv.;  Apollodore,  I,  2,  4,  etc.).  Au  vers  io35  de  ce  Chant 
(voir  aussi  la  note  au  vers  847),  le  poète  rappelle  qu'elle  est  i&ovvoYtvric 
t  l'unique  enfant  des  deux  puissances  qui  lui  ont  donné  la  vie  :  les 
ténèbres  et  la  lumière»  (Decharme,  MythoL,  p.  141).  Dans  sa  note  à 
ce  rers,  le  Scoliaste  rapporte  une  tradition  de  Musée  qui  contredit  un 
peu  celle  qui  vient  d'être  citée  :  c  Musée  raconte  que  Zeus,  épris 
d'Astéria,  s'unit  à  elle  et  qu'il  la  donna  ensuite  à  Perses.  »  Fille  d'Astéria, 
tiécate  pourrait  donc^  d'après  Musée,  avoir  pour  père  ou  Zeus,  ou  Perses. 


40 


314  NOTES 

V.  522.  Ceux  qui  4ispiraient  au  combat,  —  «Tels  sont,  diaprés 
Apollon  ios,  ceux  qui  se  proposaient  de  mettre  les  bœufs  sous  le  joug. 
Mais  Tauteur  des  Naupactiques  compte,  comme  voulant  tenter  Tentre- 
prise,  tous  les  héros  qu'il  a  cités...  Dans  le  même  poème,  Idmon, 
rétant  levé,  exhorte  Jason  à  soutenir  la  lutte.»  (Scol.)  Apollonios  a 
déjà  fait  mourir  Idmon  dans  le  pays  des  Mariandyniens  {Argon.,  Il, 
V.  8i5  et  suiv.). 

V.  533.  Les  astres  et  le  cours  de  la  lune  sacrée.  —  Faire  descendre  la 
lune  du  ciel  sur  la  terre  par  leurs  incantations  était,  on  le  sait,  un  des 
prodiges  par  lesquels  se  manifestait  le  plus  souvent  la  puissance  des 
sorcières  antiques.  Le  Scoliaste  donne  à  ce  sujet  plusieurs  renseigne- 
ments qui  sont  complétés  par  la  scolie  au  vers  59  du  Chant  IV.  c  11 
fait  allusion  à  cette  légende  bien  connue  suivant  laquelle  les  magi- 
ciennes font  descendre  la  lune  du  ciel.  Aussi,  certains  donnaient  aux 
éclipses  de  la  lune  et  du  soleil  le  nom  de  descentes  de  ces  dieux  [xottai- 
pivcic]-  ^^  pensait  autrefois  que  les  magiciennes  faisaient  descendre  la 
lune  et  le  soleil.  Aussi,  jusqu'au  temps  de  Démocrite,  beaucoup  de 
personnes  appelaient  les  éclipses  des  descentes.  Sosiphane  dit  dans 
son  Méléagre  :  Par  ses  incantations  magiques,  toute  jeune  fille  de 
Thessalie  prétend  mensongèrenient  faire  descendre  la  lune  du  haut  du 
ciel.  [Voir  Poet.  Tragic,  Fragmenta,  Didot,  p.  157.  Sosiphane  est 
un  des  sept  poètes  qui,  d'après  le  catalogue  de  Suidas,  formaient  la 
pléiade  tragique  d^Alexandrie.  Quant  au  philosophe  Démocrite,  on 
sait  que  son  matérialisme  sceptique  écartait  de  l'explication  de  l'uni- 
vers l'intervention  de  tout  principe  divin.]  On  dit  qu'Aglaonicé,  fille 
d^Hégémon,  ayant  l'expérience  de  l'astrologie  et  connaissant 'à  quels 
moments  les  éclipses  de  lune  devaient  se  produire,  prétendait  attirer 
la  déesse.  »  Voir,  pour  l'histoire  de  cette  Aglaonicé,  nommée  aussi 
Aganicé,  Plutarque  {De/ect.  Orac,  1 3  ;  Conjug,  Praecept.,  48J.  Platon 
(Gorgias,  5i3  a),  Aristophane  [Nuées,  v.  749),  etc.,  parlent  des  Thes^ 
saliennes  qui  font  descendre  la  lune  sur  la  terre.  Cf.  Virgile  {Ed.  VIIl, 
V.  69),  Horace  {Epod.,  V,  v.  45),  Ovide  {Met.,  XII,  v.  263;Amor.,  II, 
I,  V.  23),  etc. 

V.  540.  Un  présage»  —  Brunck  fait  remarquer  que  l'idée  de  ce 
présage  est  empruntée  au  passage  de  VIliade  (VIII,  v.  245  et  suiv.)  où 
Zeus  fait  apparaître  un  aigle  aux  yeux  d'Agamemnon  qui  implore  le 
secours  des  dieux.  La  colombe,  consacrée  à  Cypris,  est  ici  à  sa  place. 

V.  55o.  Ce  doux  oiseau,  qui  lui  est  consacré.  —  t  Apollodore,  dans 
son  ouvrage  sur  les  dieux,  dit  quç  la  colombe  [icsp torcpâ]  est  consacrée 
à  Aphrodite  a  cause  de  sa  lasciveté,  car  son  nom  vient  de  iccpi9v6<  cp&v 
[aimer  avec  excès].  »  (Scol.) 

V.  570.  Nous  irons...  attacher...  les  amarres  au  rivage.  —  On  a  vu 
(v.  1 282  du  Chant  II  et  note  à  ce  vers)  que  les  Argonautes  ne  s'étaient 
pas  approchés  du  rivage  du  Phase;  ils  avaient  dit  entrer  le  navire  dans 
un  marais  communiquant  avec  le  fleuve  et,  profitant  d'un  endroit  où 
Argo  était  à  flot,  ils  l'avaient  établie  sur  les  pierres  de  fond.  Ils  sont 
ainsi,  tout  d'abord,  restés  cachés  au  milieu  des  roseaux  épais,  sans 
être  vus  des  Colchiens  (v.  6  et  7  du  Chant  III).  Maintenant  qu'ils  ne 
veulent  plus  se  dissimuler,  ils  vont  attacher  leurs  amarres  au  rivage 


NOTES  315 

même  et  prendre  ainsi  possession  de  la  terre  des  Colchiens.  —  Du 
fleuve  oit  est  le  navire,  c'est-à-dire  du  marais,  comme  Dûbner  Ta  bien 
compris  :  «  êx  icoxaiidto,  id  est  (Xof.  >  Les  Argonautes  vont  retirer  les 
pierres  de  fond,  amener  i  la  rame  le  navire  hors  du  marais  et  jeter  les 
amarres  (v,  SyS-SyS). 

V.  587.  Si  Zeus  lui-même,  ^  a  II  dit  que  Zeus  envoya  Hermès  en 
messager  pour  lui  ordonner  de  recevoir  Phrizos,  afin  que  celui-ci 
épousât  la  fille  d'Aiétès.  L*auteur  de  VAigimios  dit  qu*Aiétès  le  reçut 
volontairement  à  cause  de  la  toison;  car  il  raconte  qu'ayant  purifié 
cette  toison  après  le  sacrifice  il  se  rendit,  en  la  portant,  vers  les  demeures 
d*Aiétès.  »  (Scol.)  [VAigimios,  ouvrage  dont  l'auteur  serait  Hésiode, 
d*après  Stéphane  de  Byzance  (au  mot  'Apavric),  Hésiode  ou  Cercops  de , 
Mtlet,  d'après  Athénée  (XI,  p.  5o3  D),  aurait  eu  pour  sujet,  d'après 
Valkenaer  {ad  Eurip.  Phœniss,,  p.  735),  O.  MQller  (JDorier,  I,  p.  28},, 
Th.  Bergk  \Gr»  Lit,  Gesch.,  p.  1006),  la  guerre  faite  avec  succès  contre 
les  Lapithes  par  Aigimios^  chef  des  Doriens,  aidé  d*HéracIès,  guerre 
dont  il  eat  parlé  par  Apollodore  (II,  7,  7)  et  par  Diodore  de  Sicile 
(IV,  37).] 

V.  597.  L'accomplissement  du  terrible  oracle,  —  t  Un  oracle  rendu  à 
Aiétès  lui  annonçait  qu'il  serait  tué  par  des  gens  nés  de  lui  :  Hérodore 
le  raconte  aussi  dans  ses  Argonautes;  c*est  à  cause  de  cela,  dit-il,  que 
le  roi  imagina  d'imposer  l'attelage  des  taureaux.  »  (Scol.) 

V.  640.  Que  notre  virginité.  —  «  Medeae  servanda  erat  virginitas, 
quia  Hecates  sacerdotiofungebatur.  Vide  Spanhemium  ad  CaUim,  H. 
in  Lav.  Palladis  34»  i  (Brunck.)  Il  me  semble  plus  probable  de  penser 
que  Médée  ne  songe  pas  pour  le  moment  à  son  caractère  de  prétresse 
d'Hécate,  mais  qu'elle  obéit  à  un  sentiment  naturel  de  pudeur  virgi- 
nale :  elle  ne  s'inquiète  que  de  son  titre  de  jeune  fille  et  de  la  place 
qu'elle  occupe,  comme  telle,  dans  la  maison  de  ses  parents. 

V.646.  Revêtue  seulement  d'une  robe  (oUavoc).  —  On  trouve  une 
expression  semblable  dans  un  passage  d'Euripide  (Hécube,  v.  933), 
dont  ApoUonios  semble  se  souvenir:  «Ayant  laissé  mon  Ut,  vêtue 
seulement  d'un  péplos  ((lovimicXoc)}  comme  une  jeune  fille  dorienne...  » 
M.  Weil  dit  à  propos  de  ce  vers  d'Euripide  :  c  Les  jeunes  filles  de 
Sparte  ne  portaient  qu'un  vêtement  flottant  sans  tunique  intérieure.  \ 
Le  mot  ftocv^,  que  Pierron,  dans  son  édition  de  V Iliade,  rend  toujours 
par  le  mot  robe,  semble  avoir  le  même  sens  que  le  mot  iréiiXoc. 
D'ailleurs  l'adjectif  iav6«  signifie  souple,  moelleux;  pris  substantive- 
ment, il  désigne  un  vêtement  souple,  une  sorte  de  peignoir  ou  de 
robe  de  chambre  commode  que  les  femmes  gardaient  la  nuit. 

V.  653.  Trois  fois.,.  —  Dûbner  trouve  que  le  poète  insiste  trop  sur 
ce  tableau;  il  pense  qu'il  se  trouve  dans  ce  passage  quelques  vers  de 
la  première  rédaction  des  Argonautiques  :  nln  his  fortasse  versus 
aliqui  e  priore  IMm  :  nam  nimis  perfecta  pictura,  1  Je  crois  plutôt 
que,  par  toutes  ces  répétitions,  ApoUonios  veut  rendre  plus  visibles 
les  incertitudes  de  Médée. 

[V.  739.  Je  les  porterait  —  Je  mets  entre  crochçts  ce  vers  que  Merkel 
compte,  sans  le  faire  entrer  dans  son  texte.  Ce  vers  ne  se  trouve  dans 
aucu{^  des  mss.  des  Argonautiques  que  nous  connaissons  :  le  gçoliasie 


3l6  NOTES 

lé  cite  et  dît  qu'on  le  lit  dans  certains  mss.  Brunck,  le  premier,  Ta  fait 
entrer  dans  son  texte  :  «  Hune  versant  in  nulio  libro  reperi;  sed  eum  e 
scholiis,  suadente  doctissimo  Ruhnkenio,  in  texîum  revocàvi,»] 

V.  745.  Les  matelots  s'endormaient  (vOoTaXoi).  —  Les  mss.  ont  vaOrai. 
Je  traduis  suivant  la  correction  de  M.  Wcil  (Revue  de  Philologie,  année 
et  tome  XI  [1887],  p.  5)  :  «Au  vers  744  [M.  Weil  ne  compte  pas  le 
vers  739],  la  diphtongue  finale  de  voOrat  devrait  s^abréger  devant  la 
diphtongue  suivante.  Porson  proposait  de  remédier  à  cette  irrégularité 
prosodique  en  écrivant  voutCXot.  La  correction  est  très  facile  ;  mais  elle 
me  semble  insuffisante,  car  je  crois  que  le  sens  laisse  à  désirer  autant 
que  la  facture  du  vers.  Le  poète  trace  un  tableau  du  calme  de  la  nuit, 
du  sommeil  répandu  partout  et  refusé  à  la  seule  Médée  :  or,  les  marins 
qui  observent  les  constellations  et  qui  sont  très  éveillés  font  tache 
dans  ce  tableau.  Virgile  n*a  eu  garde  dMntroduire  pareille  disparate 
dans  sa  description  du  silence  de  la  nuit,  et  ApoUonios  était  un  auteur 
trop  attentif,  trop  calculé,  pour  laisser  échapper  une  inadvertance  de 
ce  genre.  Je  crois  donc  que  vaOTat  doit  être  remplacé  par  vuaraXoi;  c*est 
ainsi  que  la  transition  à  la  scène  suivante,  qui  se  fait  par  les  mots 
Oirvoto  8à  xb(  Tt;  6^ti^,  sera  convenablement  préparée.  Dans  le  texte 
traditionnel,  la  particule  xa(  et  la  place  du  mot  vtcvoio  en  tête  de  la 
phrase  ne  s'expliquaient  pas.  »  Cette  correction,  qui  semble  excellente, 
a  été  combattue  par  R.  C.  Seator  (American  Journal  of  Philology, 
vol.  X,  4,  n*  40,  année  1889),  qui  défend  la  conjecture  de  Porson,  vovriXou 

—  L* Hélice.  —  «  La  Grande-Ourse,  t  (Scol.)  Voir  le  vers  36o  du 
Chant  II  :  a  L'Hélice,  aussi  nommée  la  Grande-Ourse.  » 

—  Les  astres  d*Orion.  —  Voir  la  note  au  vers  517  du  Chant  II  sur 
Seirios,  le  chien  d'Orion.  Il  a  déjà  été  parlé  (Ch.  I,  v.  1202)  du  t  déclin 
du  funeste  Orion  t.  Voir,  pour  la  légende  du  chasseur  Orion  et  pour 
son  rôle  comme  constellation,  Decharme,  Mythol.,  p.  248  et  suiv. 

V.  750.  Le  silence,  —  Brunck  rapproche  ce  vers  des  vers  38-39  de 
la  II«  Idylle  de  Théocrite. 

V.  76^.  Et  surtout  à  la  nuque  (tvCov).  —  «  A  l'endroit  où  se  trouve  la 
partie  de  TAme  qui  souffre  le  plus,  quand  on  est,  sans  relAche,  possédé 
par  l'amour.  »  (Scol.)  Le  sens  du  mot  iWov  est  précisé  par  une  note  de 
Daremberg  (Iliade,  édit.  Pierron,  V,  v.  73)  :  «  Il  s'agit  de  la  limite  du 
col  et  de  la  tète.  C'est,  en  effet,  cette  partie  que  désigne  le  mot  iWov 
dans  les  autres  auteurs  et  particulièrement  dans  les  m^ecins.  » 

V.  770.  Elle  réfléchit  (fioecoasTo).  —  Il  semble  difficile  d'indiquer 
avec  précision  le  sens  du  mot  iodvvato.  En  tous  cas,  il  ne  peut  signifier 
«t7  parut  1^,  comme  dans  Homère«  Pierron  dit,  en  effet  (note  au 
vers  458  du  Chant  XIII  de  VIliade)  :  «  Aoaovaroi  visum  est,  il  parut. 
Les  Alexandrins  rapportaient  ce  mot  à  doxilv.  Scholies  :  toO  Scxû 
KapdTwyiv  c(m  *  8cx(o,  ooxi^|9(i>,  Scxiob),  iScxiaGratO)  SoxiaaaTO,  «c«opoX^ 
ToO  X  doetovaTo.  Les  modernes  en  font  plutôt  un  dérivé  de  Ha\/ua,  voir, 
ou  une  forme  abrégée  de  doidéC».  Mais  le  sens  n*est  pas  douteux.  C'est 
un  synonyme  de  tdolu*  Ici,  dodaaaxo  ne  peut  être  un  synonyme  de 
fôoU>  car  il  n'est  pas  employé  d'une  manière  impersonnelle,  il  a  Médée 
pour  sujet  :  Médée  s'occupa  de  voir,  réfléchit.  Beck  interprète  par  le 
mot  fluctuabat,  qui  me  paraît  ne  pas  rendre  le  sens  du  grec. 


NOTES  317 

V.  774.  Oh!  si  Artémis..,"^  On  sait  que  les  traditions  antiques 
attribuaient  à  Artémis  la  mort  subite  des  femmes,  causée,  disait-on, 
par  les  traits  que  lançait  la  déesse.  Voir  VIliade,  VI,  v.  2o5,  428,  etc. 
Apollon  fait  de  même  mourir  subitement  les  hommes:  «Les  douces 
flèches  d*Apollon  ou  d'Artémis,  telle  est  la  poétique  expression  qui 
servait  aux  Grecs  à  désigner  et  à  expliquer  les  morts  subites.  1 
(Decharme,  Mythol»,  p.  1 1  hé) 

V.  775.  Avant  que  les  fils  de  Chalciopé  fussent  partis  (IxMai).  —  Le 
mot  Ixiotoi  signifie  fussent  arrivés  et  non  fussent  partis*  Mais  si  les 
fils  de  Chalciopé  sont  partis  pour  la  terre  Achéenne,  ils  n'y  sont  pas 
arrivés.  Je  crois  que,  dans  le  trouble  de  la  passion,  Médée  ne  fait  pas 
attention  à  la  propriété  du  terme  qu'elle  emploie  :  c'est  le  départ,  c'est 
surtout  le  retour  des  fils  de  Chalciopé  en  compagnie  de  Jason  qui 
cause  ses  angoisses;  peu  lui  importe  jusqu'où  leur  voyage  a  été 
poursuivi,  du  moment  quMls  sont  revenus  en  Colchide.  Il  faut  donc 
donner  au  mot  fxéoOai  le  sens  de  partir  ou  le  remplacer  par  un  autre 
mot  qui  ait  ce  sens.  C'est  ce  que  Van  Herwerdcn  propose  :  c  Phrixi 
filii,  de  quitus  hic  sermo  est,  susceperant  quidem  iter  in  Graeciam,  sed 
incidentes  in  Argonautas  nondum  longe  progressi  cum  ils  in  Aeaeam 
reverterant,  neque  igitur  'Axaiida  yalav  txovro.  Corrigendum  igitur 
tBo6ai,  f.  e.  priusquam  Graeciam  peterent,  in  Graeciam  tenderent 
Chalciopae  filii,  ut  fréquenter  est  apud  Homerum  locutio  tiio6at  ofxaSc, 
cpsp&ffde,  Tpo(T)v6c.  » 

V.  789.  La  poutre  qui  soutient  le  toit  (|uXàOp(i>).  —  Le  Scoliaste 
explique  le  sens  du  mot  (&iXaOpov,  en  lui  donnant  comme  synonyme  le 
mot  dox6c,  qui  signifie  en  effet  la  poutre  destinée  à  soutenir  le  toit. 
Le  mot  |i£Xa0^v  signifie  souvent  toit  en  général  (cf.  Argon,  II,  v.  1087) 
ou  même,  comme  le  latin  tectum,  toute  la  maison  que  le  toit  recouvre* 
Mais  ici  il  a  son  sens  primitif  de  poutre  saillante  du  milieu  :  cette 
poutre  qui  soutient  le  plancher  de  Tétage  supérieur  et  à  côté  de 
laquelle  s'échappe  la  fumée.  C'est  même  à  la  fumée  dont  le  voisinage 
la  noircit  aue  cette  poutre  devrait  son  nom,  d'après  VEtym,  M.  : 
<  MiXaOpov,  aicb  toO  }LeXaivca6at  xamMu.  1 

V.  791.  Les  railleries  me  poursuivront  (tmXXfÇoyffiv).  —  «On  se  mo- 
quera de  moi  :  le  sens  propre  de  ce  mot  est  regarder  de  travers  en  se 
moquant.  *  (Scol.)  Le  Scoliaste  a  déjà  fait  remarquer  (note  au  vers  486 
du  Chant  I*')  que  IfiriXXoc  a  le  même  sens  que  orpap^c  (louche). 

V.  8o2,  Un  coffret  (f«i>pta|i6v).  —  «  Il  veut  dire  une  xottCc  [corbeille, 
coffret],..  Ératosthène,  dans  son  Hermès,  donne  l'étymologie  du  mot 
çdtpiai&ic  :  Ils  nommèrent  j^Aoriamof  ce  qui  cacha  le  butin  volé  [çc&ptoc], 
d*où  vient  parmi  les  hommes  le  nom  de  Tobjet  qu'on  appelle  j^Aortâmo^.» 
Dans  VIliade  (XXIV,  v.  128),  le  mot  çwptaii&ç,  qui  semble  venir  de 
9ip«>,  désigne  la  caisse,  le  coffre  où  l'on  garde  les  vêtements.  Brunck 
voit  dans  le  terme  employé  par  ApoUonios  un  synonyme  de  ces 
xaXvirra\  xtVtai  (corbeilles  couvertes)  où  Médée  et  ses  compagnes,  dans 
la  tragédie  de  Sophocle  intitulée  les  Ehi^otomes,  enferment  les  racines 
qu'elles  ont  arrachées.  (Cf.  Sophocle,  édit.  Didot,  Pelias  sive  Rhi:(0» 
tomae,  p.  328.) 

V.  8o3.  Beaucoup  de  substances,  les  unes  salutaires,  les  autres 


3l8  NOTES 

fune$te9,  —  Ce  passage  semble  imité  des  vers  229-230  du  Chant  IV 
de  VOdyssée:  t  Dans  ce  pays,  la  terre  féconde  produit  une  foule  de 
plantes  merveilleuses,  dont  beaucoup  sont  salutaires,  à  côté  de  beau- 
coup  qui  sont  pernicieuses.  » 

V.  840.  Elles  n'avaient  jamais  paré  un  lit,  —  L'expression  homérique 
mp9uv«»  XixTptt  signifie  préparer  le  lit  et  s*applique  à  la  femme  qui 
partage  avec  un  homme  le  lit  qu'elle  prépftfe.  «  Il  ne  s*agit  pas  simple- 
ment d'une  besogne  domestique,  quoique  l'expression  réponde  au 
français  faire  le  lit.  Eustathe  :  6t)Xov  fin  icopvvvnv  Xix^c  to  ourHottaCccr- 
fktt.  »  (Pierron,  note  au  vers  41 1  du  Chant  III  de  V Iliade,) 

V.  S45.  Du  nom  de  Prométhée,  —  11  ne  semble  pas  qu*il  soit  question 
avant  Apollonios  de  la  plante  nommée  plante  de  Frométhée  par  le 
poète.  Après  lui.  Properce  (I,  xii,  v.  10,  Lecta  Prometheis.,,  herba 
iugis)  et  Valérius  Flaccus  (VII,  v.  356)  font  allusion  à  cette  plante 
merveilleuse.  D'après  Ausone  (édiL  Schenkl,  XXVII,  9,  v.  9  sqq.),  le 
sang  de  Prométhée  tombé  sur  le  roc  aurait  donné  naissance  à  l'aconit  : 

Sicca  inter  rupes  Scythicas  stelit  alitibiis  crax  : 
Unde  Prometheo  de  corpore  saogaioeiii  ros 
Adstpergit  caates  et  dira  aconits  créât  cos. 

V.  847.  Coré.  —  Coré  (la  jeune  fille)  est  l'enfant  unique  et  bien- 
aimée  de  Déméter.  Au  lieu  de  KoOpYjv,  le  Scoliaste  écrit  ÂdEpav,  leçon 
de  quelques  mss.,  qui  a  été  admise  dans  le  texte  de  plusieurs  éditions. 
€  Perséphoné  était  nommée  Daîra  :  Timosthène  l'établit  dans  VExé^ 
gétique;  et  Eschyle,  dans  les  Psychagogues,  donne  ce  nom  à  Persé- 
phoné. •  (Scol.)  DaIra  est,  d*après  Phérécyde,  la  sœur  du  Styx,  et, 
d'après  Phanodème,  Déméter  elle-même  {Fragm,  Hist.  Graec,  Didot, 
vol.  I*',  p.  72  et  369).  On  fait  venir  de  6t8d«xio  le  nom  de  AsOps  ou 
Adtcipa,  la  savante;  c*était  une  des  divinités  des  mjrstères  d'Eleusis 
qu*on  identifiait  avec  Déméter,  Perséphoné,  Héra  ou  Aphrodite. — 
DaIra  n*a  rien  à  faire  ici;  Perséphoné,  non  plus,  ce  me  semble.  Malgré 
l'autorité  de  Merkel  dont  je  traduis  le  texte,  j'aimerais  mieux  lire 
xo^pv}v  (et  non  Kovprjv)  jAcuvoylvatav,  et  voir  dans  cette  déesse,  fille 
unique,  non  pas  Coré,  qui  ne  joue  aucun  rôle  dans  les  cérémonies 
magiques  de  Médée,  mais  bien  Hécate  elle-même,  fille  unique  de 
Perses  (ilr^Tm.,  Ch.  III,  v.  io35  :  |«,ovvoT>vvi  d*^ExàTt)v  Ilfp^ia),  que  sa 
prêtresse  doit  invoquer  avant  de  cueillir  la  plante  de  Prométhée, 
comme  Jason,  sur  les  conseils  de  Médée  elle-même,  l'invoquera 
pendant  le  sacrifice  célébré  en  l'honneur  de  la  fille  unique  de  Perses 
{Argon,,  III,  V.  io37;  v.  121 1). 

V.  833.  Le  sang  divin  (atiiSTityr'  lxfi>p«)*  —  Littéralement  :  Vichor 
sanglant.  «  Dans  la  langue  des  médecins  grecs»  l'ichor  est  le  sérum  du 
sang,  et  même  quelquefois  la  sanie.  Il  s'agit  pour  Homère  de  tout 
autre  chose,  d'un  liquide  presque  volatil  et  d'une  nature  peu  s'en 
iaut  immatérielle.  Bothe  :  Poeta  hac  voce  usus  est  ad  deelarandum 
humorem  tenuem,  nec  crassiori  ex  diverso  victu  mortalium  sanguini 
comparandum,  »  (Pierron,  note  au  vers  340  du  Chant  V  de  V Iliade.) 
Prométhée  est  un  dieu  :  le  poète  ne  manque  pas  d'appeler  plus  loin 
la  racine  de  cette  plante,  racine  Titanienne  (v.  865).  Ùest  donc  l'ichor 


NOTES  319 

divin,  ce  n*eftt  pas  la  sanie  provenant  du  sang  humain  corrompu  qui 
sort  de  sa  blessure  toujours  à  vif. 

V.  856.  Semblable,,,  au  safran  de  Corycie, —  La  célèbre  caverne  de 
Corycie,  en  Cilicie,  produisait  le  meilleur  safran  connu  des  anciena 
(Strabon,  57a,  34).  Cf.  Horace  {Sat,  II,  iv,  v.  68)  :  Corycioque  croco,,,; 
Pline  {N,  H,,  XXI,  3i)  :  Prima  nobilitas  [croco]  Cilicio,  et  ibi  in 
Coryco  monte,  • 

V.  859.  La  mer  Caspienne, —  aÀrtémidore,  dans  son  Abrégé  des 
géographies,  s'occupe  de  la  mer  Caspienne.  Elle  est  près  de  TOcéan  ; 
sur  ses  bords  se  trouve  un  peuple  nommé  Caspien,  qui  est  voisin 
immédiat  des  Perses.  »  (Scol.)  Pour  la  mer  Caspienne,  voir  Strabon 
(100,  ao;  434, 44,  etc.),  etc. 

V.  861.  Brima, —  «Le  poète  veut  dire  qu'elle  invoqua  sept  fois 
Hécate,  car  les  magiciennes  paraissent  faire  venir  Hécate  vers  elles. 
Il  lui  donne  le  nom  de  Brimd  à  cause  du  caractère  effrayant  et  terrible 
de  cette  déesse.  Car  elle  envoie,  dit-on,  les  apparitions  qu'on  appelle 
Hécatées,  souvent  elle  change  elle-même  de  forme,  d'où  son  nom 
d'Empousa,  Brimô  peut  aussi  venir  du  pétillement  (Pp6|ioc)  du  feu  :  car 
la  déesse  porte  une  torche.  Brimô  peut  encore  signifier  la  déesse  qui  a 
une  grande,  une  violente  colère  (ppt|ii)vtc)'  »  (Scol.)  Ici,  Brimô  est  un 
synonyme  d'Hécate  :  les  épithètes  qui  accompagnent  ce  nom  se 
rapportent  bien  à  la  déesse,  quoique  xoupotpi^oc  semble  se  rapporter 
mieux  à  Déméter  :  mais  le  poète  fait  sans  doute  allusion  à  une  des 
nombreuses  influences  que  Ton  attribuait  à  la  lune.  Voir,  pour  le 
surnom  KovpoTpifoc  d'Hécate,  Preller,  Griech,  MythoL,  erster  Band, 
dritte  Auflage,  p.  238,  note  3.  -^  Brimô  est  également  citée  dans  les 
poètes  latins  (Properce,  11, 11,  v.  13;  Stace,  Silv,,  II,  m,  v.  38):  mais» 
chez  eux,  elle  semble  se  confondre  avec  Perséphoné,  comme,  à  leur 
époque,  la  fille  de  Déméter  se  confondait  d'ailleurs  avec  Hécate.  Dans 
les  Mystères  d'Eleusis,  c'est  Déméter  elle-même  qui,  sous  le  nom  de 
Brimô,  enfante  Brimos,  c'est-à-dire  Dionysos-Zagreus.  (Voir  Decharme» 
MythoL,  p.  396.) 

V.  863.  Couverte  d*un  sombre  manteau  (opfvafotvt  çdpMaiv).  —  Le 
fSfoc  est  proprement  une  grande  pièce  d'étoffe,  un  linceul  pour  couvrir 
les  morts.  C'est  un  f  ftpoc  que  Pénélope  (Odyss,,  II,  v.  97)  se  propose 
de  faire  pour  en  couvrir  Laerte  quand  il  sera  mort.  Le  mot  signifie, 
par  extension,  manteau;  et  l'on  comprend  que  ce  manteau,  qui  a 
l'apparence  d'un  drap  mortuaire,  soit  le  costume  le  plus  convenable  à 
une  magicienne  évoquant  Hécate. 

V.  864.  Les  noires  entrailles  de  la  terre  (spctivr)...  yola).— Il  est 
question  de  la  terre  noire  à  l'intérieur.  C'est  le  sens  de  cette  expression 
dans  l'Odyssée  (XXIV,  v.  106). 

V.  867.  Dans  la  ceinture  {{lIxçh^).  —  Le  mot  |Aftpa  signifie  d'ordinaire 
un  bandeau  qui  sert  de  coiffure; 'dans  VIliade,  il  désigne  une  sorte  de 
ceinture  de  laine,  garnie  extérieurement  de  plaques  de  métal,  destinées 
à  protéger  le  bas-ventre  du  guerrier  {Iliad.,  IV,  v.  137).  Ici,  la  lA^tpa 
de  Médée  est  cette  large  bande  d'étoffe  que  les  jeunes  filles  portaient 
au-dessous  du  sein,  et  que  l'on  nommait  d'ordinaire  arpiçtov. 
V.  873.  Au  coffre  d'osier  (ice{pivOoc).  —  La  icc(piv(  est  un  panier  d'osier 


320  NOTES 

qui  se  place  sur  le  char  pour  recevoir  les  bagages.  Ce  panier,  qui 
correspond  à  la  scirpea  des  Latins,  laquelle  servait  souvent  à  former  le 
corps  d*un  plaustrum,  employé  dans  les  travaux  des  champs,  se  plaçait 
sur  P^icf^Tcpfa,  le  dessus,  le  train  supérieur  du  char,  comme  on  peut  s'en 
rendre  compte  par  la  description  du  char  deNausicaa(Oi>^s^ee,VI,  v.70). 

V»  876.  Telle,  après  s*éire  baignée,.,  —  La  comparaison  est  imitée 
dMn  passage  bien  connu  de  VOdyssée  (VI,  v.  102  et  suiv.);  quand  il 
montre  les  b^tes  sauvages  qui  se  retirent  devant  la  déesse,  le  poète 
se  souvient  d*un  passage  de  VHjrmne  homérique  à  Aphrodite  (v.  70  et 
suiv.).  —  Il  a  déjà  été  question  du  Parthénios  (voir  la  note  au  vers  936 
du  Chant  II);  TAmnisos  est  un  Heuve  de  Crète  à  Tembouchure  duquel 
était  située  une  ville  homonyme  (Strabon,  409,  12),  dont  il  est  déjà 
question  dans  VOdyssée  (XIX,,  v.  188).  —  Si  les  habitants  se  retirent 
pour  éviter  Us  yeux  de  la  vierge  royale,  c'est  que  les  3reux  de  tous  les 
descendants  du  Soleil  lançaient  des  lueurs  insupportables  :  c'est  même 
cette  particularité  de  famille  qui  permettra  à  Circé,  quand  Médée 
lèvera  les  yeux  devant  elle,  de  reconnaître  dans  cette  jeune  fille  une 
personne  de  sa  race  {Argon,,  IV,  v.  727  et  suiv.). 

V.  899.  En  cueillant  les  belles  fleurs,  —  c  On  est  surpris  de  lire  à 
cdté  de  ces  vers  la  scholte  :  Af(Qt(icvati  àcrà  [toO]  àvaxXtOttffQit.  II  va  sans 
dire  que  le  Scholiaste  avait  sous  les  yeux  une  leçon  différente  de  la 
nôtre.  Son  exemplaire  portait  sans  doute  tultol  xaXà  Tepitvv)c  S'dEvOts  tmir^z 
Xc|a|icvai.  De  ces  deux  leçons,  laquelle  faut-il  préférer?  Que  les  jeunes 
compagnes  de  Médée  cueillent  des  fleurs,  rien  ne  saurait  être  plus 
convenable,  mais  elles  peuvent  aussi  se  coucher  dans  l'herbe  après 
avoir  dansé  à  cœur  joie.  Voici  cependant  un  indice  qui  pourrait  servir 
à  décider  nos  préférences;  on  ne  voit  pas  bien  comment  la  leçon  xa  €à 
•Koka  aurait  été  altérée  en  xarà  xaXa,  mais  si  le  texte  portait  d'abord 
cette  dernière  leçon,  il  était  naturel  de  transposer  la  conjonction  8é  à  sa 
place  habituelle  et  d'écrire  xaxa  8è  xaXd.  Pour  rétablir  le  vers,  on  aura 
introduit  la  correction  xk  Bï  xaXdt,  qui  offrait,  elle  aussi,  un  sens  très 
satisfaisant.  »  (Weil,  Revue  de  Philologie,  année  1887,  p.  7.). 

V.  918.  Habile  à  conseiller  ceux  avec  qui  il  allait,  —  «  Le  sens  est  : 
habile  à  bien  tirer  des  présages  des  oiseaux  alors  qu'ils  apparaissaient 
ou  qu'ils  se  retiraient.  »  (Scol.)  Hoelzlin  et  Shaw  traduisent  comme  le 
Scoliaste,  ce  qui  me  semble  un  contresens. 

V.  939.  La  voix  de  Voiseau,  —  Mopsos,  qui  comprend  les  chants  des 

oiseaux,  entend  seul  ce  que  la  corneille  veut  dire,  et  il  l'explique  à  ses 

compagnons  qui  n'ont  pas  la  même  faculté  que  lui.  Hoelzlin  dit  avec 

raison  :  «  Comix  non  humana  quidem  sed  comicina  lingua  Mopsum 

objurgat  :  idque  solus  intelligit  Aiopsus.  »  Mopsos,  comme  l'Hélénus  de 

Virgile  (Aen.,  III,  v.  36o), 

sentit 
Et  volacrttm  liogoas  et  praepetis  omina  pennae. 

V.  957.  Seirios,  —  Voir  la  note  au  vers  317  du  Chant  II.  La  compa-» 
raison  est  d'ailleurs  imitée  d'une  comparaison  de  V Iliade  (V,  v.  5). 

V.  962.  Le  cœur  de  la  jeune  fille.  —  Cf.  Iliade,  X,  v.  93-95. 

V.  986.  Zeus,  qui  étend  sa  main  protectrice  sur  les  étrangers,  — 
Cf.  Odyssée,  VI,  v.  207-208. 


NOTES  321 

V.  too3.  Qu'oit  appelle  couronne  d'Ariane,  —  t  Par  ce  discours,  il 
demaiide  habilement  à  Médde  de  s*embarquer  avec  lui,  en  citant 
Tezemple  d*Ariane...  [Il  dit  aussi]  que,  pour  avoir  sauvé  Thésée,  sa 
couronne  fut  placée  parmi  les  astres.  Aucune  de  ces  deux  affirmations 
n*est  exacte,  car  elle  fut  abandonnée  par  Thésée  à  Naxos.  Mais,  au 
dire  de  quelques-uns,  elle  fut  privée  de  sa  virginité  par  Dionysos,  de 
qui  elle  eut  Oinopion,  Thoas,  Staphylos,  Latramis,  Euanthès,  Tauro- 
polis.  Minos  ne  consentit  pas  au  mariage  d'Ariane,  et  Thésée  ne  la 
conduisit  pas  à  Athènes,  c*est  ce  qu'Homère  affirme  expressément  :  car 
Ulysse  dit  qu'elle  mourut,  abandonnée  par  Thésée  :  Je  vis  Phèdre  et 
Procris,  et  la  belle  Ariane,  ftlle  du  cruel  Minos,  elle  que  Thésée  épousa, 
mais  dont  il  ne  jouit  pas.  [Citation  inexacte  des  vers  32 1  et  suivants  du 
Chant  XI  de  VOdyssée.]  Aratos  dit  que  sa  couronne  fut  mise  au  nombre 
des  astres  par  Dionysos  :  Et  cette  couronne  dont,  au  départ  d'Ariane, 
Dionysos  fit  une  admirable  constellation  [Phaen,,  v.  71].»  (Scol.) 
Quand  Apollonios  parle  en  son  propre  nom,  il  rectifie  les  mensonges 
intéressés  de  Jason,  et  il  rappelle  qu'Ariane  fut  abandonnée  par  Thésée 
dans  rtle  de  Naxos  {Argon,  IV,  v.  433-434^.  La  plus  ancienne  mention 
que  l'on  connaisse  de  la  couronne  d'Ariane  est  due  à  Phérécyde  : 
«  Thésée,  revenant  de  Crète  avec  Ariane,  aborde  à  l'He  de  Naxos  où  il 
s'endort  sur  le  rivage.  Pendant  son  sommeil,  Athéna  s'approche  de  lui  : 
elle  lui  ordonne  d'abandonner  Ariane  et  de  faire  voile  aussitôt  pour 
Athènes.  Thésée  exécute  sans  retard  l'ordre  de  la  déesse.  Ariane, 
abandonnée,  pousse  des  cris  de  désespoir;  mais  Aphrodite  s'approche 
d'elle  et  réussit  à  la  consoler,  car  bientôt  Ariane  devient  l'épouse  de 
Dionysos,  qui,  en  s'unissant  à  elle,  lui  fait  don  d'une  magnifique 
couronne  d'or.»  (Cité  par  Decharme,  Mythol,,  p.  453-454.)  Hygin 
{Pœt,  Astron.,  /.  //  c.  5)  donne  de  nombreux  renseignements  sur 
cette  couronne  :  «  Haec  [corona]*  existimatur  Ariadnae  fuisse,  a 
Libero  pâtre  inter  sidéra  collocata,  Dicitur  enim  in  insula  Dia  cum 
Ariadne  Libero  nuberet,  hanc  primum  muneri  accepisse  a  Venere  et 
Horis,  cum  omnes  âii  in  eius  nuptiis  dona  conferrent...  Dicitur  etiam 
a  Vulcano  facta,»  Il  est  souvent  question  dans  les  poètes  latins  de  la 
constellation  formée  par  la  couronne  d'Ariane  (Manilius,  V,  v.  21; 
Catulle,  LXVI,  v.  60;  Ovide,  A,  Am.,  I,  v.  558;  Met.,  VIII,  v.  178; 
Fast.,  III,  V.  459;  etc.). 

V.  1006.  Et,  certes,  à  voir  le  charme  de  tes  traits.,,  —  Il  y  a  une  idée 
sous-entendue  avant  cette  phrase  :  si  tu  sauves  les  héros,  disait  Jason  ; 
et  j'espère  bien  que  tu  les  sauveras,  car  tu  semblés  très  bonne.  Dabner 
dit  avec  raison  :  «  Supple  :  Et  hoc  quidem  iure  mihi  sperare  videor,  » 

V.  10 1 3.  Se  livrant  tout  entière  (àfufti^vava). —  Le  Scoliaste  traduit 
ce  mot  par  ne  songeant  pas  à  parler.  Ce  sens  est  adopté  par  Beck  et 
Lehrs  :  omisso  sermone;  Shaw  s'en  écartait  peu,  en  comprenant  : 
omissis  caeteris,  Hoelzlin,  qui  dit  dans  ses  notes  :  Huius  in  vocabuli 
evolutione  vagatur  scholiasta,  me  semble  se  rapprocher  de  la  vérité  en 
traduisant  par  prodige,  Dabner  dit  avec  raison  :  nonparcens,  cupida.  En 
effet,  le  sens  premier  du  verbe  a^eiSiu  est  ne  pas  épargner.  Ce  sens  est 
confirmé  par  le  vers  101 5  où  il  est  dit  que  Médée  aurait  arraché  toute 
son  âme  du  fond  de  son  cœur,  pour  la  donner  à  Jason,  s'il  l'eût  désirée. 

4' 


332  NOTBS 

V.  ioi8.  Ravis,  les  yeux  de  Médée... —  Brunck  note  une  double 
îmi talion  d*Ovide, 
Amor.y  H,  SIX,  v.  19: 

Ta  quoqiie,  qaae  nottroft  npui»ti  noper  ocellot. 

Amor,,  m,  zi,  V.  48  : 

Perqac  toos  ocalos,  qui  impucre  awos. 

V.  1 030.  Son  âme  se  fondait, —  1  II  a  paraphrasé  ce  passage  d^Homère  : 
Son  dme  se  fondit,  comme  la  rosée  se  fond  sur  les  épis  [Iliad,,  XXIII, 
V.  398].  Ce  qui  est  fondu  se  répand  complètement  :  Mais,  aussitôt,  la 
cire  se  liquéfiait,  sous  Faction  de  la  violente  ardeur  d*Hélios  [Odyss,, 
XII,  V.  175].!  (Scol.)  Pierron  dit  à  propos  des  vers  598-599  du 
Chant  XXIII  de  V Iliade:  «Il  est  évident  qu^Apollonius  de  Rhodes  a 
voulu  rappeler  et  commenter  Texpression  d'Homère.  Cependant,  la 
comparaison  d*Homère  n*a  pas  tout  à  fait  le  sens  de  la  sienne,  où  il 
s'agit  d'amour.  Homère  dit  seulement  que  le  cœur  de  Ménélas  s*épanouit 
de  joie  par  un  effet  semblable  à  celui  de  la  rosée  sur  les  épis.  C'est  à 
l'épi  que  le  cœur  est  réellement  comparé,  et  non  à  la  rosée.  L'épi 
s'épanouit  comme  le  cœur...  Il  y  a  un  commentaire  encore  plus  ancien 
et  surtout  plus  précis  que  celui  d'Apollonius  de  Rhodes.  C'est  un 
passage  de  ÏAgamemnon  d'Eschyle,  vers  1390- 1392.  Clytemnestre 
explique  le  plaisir  qu'elle  a  eu  d'être  arrosée  du  sang  de  son  époux... 
Il  s'agit,  dans  les  vera  d'Homère,  de  la  joie  de  l'épi,  comme  ici  de  la 
joie  de  la  terre  au  temps  où  elle  enfante  les  épis.  Peu  importe  la 
liquéfaction  de  la  rosée.  » 

V.  io33.  Place  crue  et  tout  entière  la  victime  (àMctpv  Miiodct^oi). 
—  Le  verbe  a>tioOeTi«»,  qui  signifie  placer  les  morceaux  de  chair  crue, 
indique  la  partie  de  l'opération  di>  sacrifice  ordinaire  où,  après  avoir 
coupé,  pour  en  faire  la  part  des  dieux,  des  petits  morceaux  de  chair 
appartenant  à  chaque  membre  de  la  victime,  on  les  place  sur  les  os  des 
cuisses,  enveloppés  de  Vépiploon  (membrane  qui  recouvre  les  intestins). 
Voir  la  description  du  sacrifice,  dans  V Iliade  (I,  v.  459  et  suiv.),  où 
Pierron  explique  ainsi  le  mot  o^yiMv/^wt  :  «  Par-dessus  les  os  des  cuisses- 
et  la  graisse,  on  jetait  des  morceaux  pris  dans  les  autres  parties  de  la 
victime,  bipià,  cruda;  et  c'est  ainsi  que  la  victime  était  censée  avoir  été 
offerte  entière.  1  Mais,  si  Ton  procédait  de  la  sorte  dans  les  sacrifices 
ordinaires  offerts  aux  divinités  du  ciel,  quand  on  sacrifiait  aux  dieux 
infernaux,  on  ne  réservait  aucune  partie  de  la  victime,  on  la  brûlait 
tout  entière,  àdaîrrov.  Virgile,  parlant  du  sacrifice  offert  Stygio  régi,  dit 
bien  {Aen,,  VI,  v.  a53): 

Et  solida  imponît  taurorum  viscert  flammis. 

V.  1039.  Retourner  en  arrière,  —  C'est  une  précaution  indispensable 
dans  les  sacrifices  qu'on  offre  aux  dieux  infernaux.  Voir  les  conseils 
que  le  chœur  adresse  à  Œdipe  pour  le  sacrifice  expiatoire  qu'il  doit 
offrir  aux  Euménides  :  1 11  ne  faut  ni  articuler  une  parole,  ni  élever  la 
voix.  Ensuite,  retire-toi  sans  tourner  la  tête.  »  (Sophocle,  Œdipe  à 
Colone,  V.  489-490.} 


NOTES  323 

V.  1040.  Tout  ce  que  tu  aurais  fait  deviendrait  inutile  (xoXovtfac).  — 
cTu  rendras  sans  effet  tout  ce  que  tu  auras  déjà  accompli  [le  sens 
propre  du  verbe  xoXo>Sca  est  mutiler],  Sophocle,  dans  les  Colchiennes, 
met  en  scène  Mëdée  donnant  à  Jason,  dans  un  dialogue,  des  instruc- 
tions au  sujet  du  combat.  »  (Scol.)  Apollonios  aurait  donc  ici  imité  ce 
dialogue  de  Sophocle;  le  Scoliaste  cite  encore  cette  tragédie  perdue 
de  Sophocle  dans  ses  notes  aux  vers  iBya  du  Chant  II(,  et  228  du 
Chant  IV. 

V.  1061.  Va  cependant  là  oii  il  te  plaît  d'aller,  —  Il  me  semble  que 
Dobner  force  le  sens  de  ces  mots  en  interprétant  :  c  Tecte  et  se  in 
Graeciam  esse  secuturam  significat,  «  C'est  après  bien  des  luttes  intimes 
et  quand  la  fuite  sera  devenue  nécessaire  que  Médée  s*7  décidera.  Elle 
n'y  pense  pas  encore. 

V.  1064.  Une  violente  pluie  de  larmes  c/^âi/^^j.  —  Brune k  se  fonde 
sur  ce  passage  imitée  dit-il,  par  Ovide  {Amor,,  III,  vi,  v.  68)  pour 
corriger  la  leçon  vulgaire  tepidos  dans  ce  distique  : 

Dixerat  :  illa,  oculos  in  haroum  deiecta  modestos, 
SpargetMit  tepido  flebilis  imbre  sinus. 

c  E  nostro  Apollonii  loco  hoc  distichon  expressum,  quod  Ovidii  interpre^ 
tibus  observatum  non  fuit.  *  Dans  son  édition  d'Ovide  (Teubner,  1881; 
reproduction  de  son  teite  de  i832),  Merkel,  qui  cependant  connaît 
bien  Apollonios,  admet  teneros  au  lieu  de  tepido,  mot  qui  est  d'ailleurs 
une  leçon  du  Sangallensis  en  m6me  temps  qu'une  conjecture  de  Brunck. 
V.  1074.  L*ile  d'Aia.  —  «  L'tle  d'Aia  est  dans  le  Phase;  c'est  là  que 
se  trouvait  la  toison.  »  (Scol.)  Dans  sa  note  au  ven»  1093,  le  Scoliaste 
répète  que  l'tle  d'Aia  où  se  trouve  la  toison  est  dans  le  Phase,  et  il 
s'appuie  sur  Tautorité  de  Phérécyde.  M.  Weil  (Revue  de  Philologie,  1 887, 
t.  XI,  p.  7)  dit  à  ce  propos  :  «  Phérécyde,  cité  par  le  Scholiaste,  avait 
appelé  Ala{T|  une  île  du  Phase,  où  la  toison  d'or  se  trouvait  déposée. 
Partant  de  là,  on  croit  généralement,  autant  que  je  puis  voir,  que 
vTjaoc  AtatT}  désigne  ici,  par  extension,  la  Colchide.  Mais  Médée  sait 
très  bien  que  le  pays  des  Hellènes  est  loin  du  sien  :  elle  vient  de  le 
dire  au  vers  1060.  Comment  demanderait -elle  donc  si  la  patrie  de 
Jason  est  près  de  Colchos?  Jason  répond,  au  vers  1091,  que  dans 
lolkos  on  ignore  jusqu'au  nom  de  Tile  Ééenne.  Cette  fie  ne  saurait  être 
le  pays  vers  lequel  il  s'est  dirigé  en  partant  d'Iolkos.  Il  est  vrai  que  la 
fabuleuse  JEa.  des  plus  anciennes  traditions  fut  de  bonne  heure  loca- 
lisée dans  la  Colchide;  aussi  Apollonios  dit-il  indifféremment  KoXx^c  et 
Ala.  Mais  il  faut  distinguer  entre  ATa  et  aWv)  vf|9o«;  ce  dernier  nom 
désigne,  chez  Apollonios,  comme  dans  VOdyssée,  l'Ile  de  Circé  (cf.  IV, 
v.  661).  Revenons  au  passage  qu'il  s'agit  d'interpréter.  En  foitde  pays 
lointains,  Médée  n'a  entendu  parler  que  de  la  riche  Orchomène,  si 
célèbre  dans  les  temps  héroïques,  et  de  Tlle  habitée  par  la  soeur  de 
son  père.  Il  est  donc  naturel  qu'elle  demande  si  le  pays  où  va  retourner 
le  bel  étranger  est  voisin  de  l'un  ou  de  l'autre  de  ces  deux  endroits. 
Jason  répond  que  le  fondateur  d'Orchomène  était  parti  de  l'Hémonie, 
où  se  trouve  sa  patrie,  lolkos,  mais  que  l'île  Ééenne  y  est  inconnue.  » 
M.  Weil  a  parfaitement  et  éicilement  raison  contre  le  Scoliaste  et 


324  NOTES 

Phërécyde;  mais  je  ne  voift  pas  que  Ton  croie  généralemcat,  comme 
il  le  dit,  que  v¥)9oc  Alati)  désigne  ici  par  extension  la  Coichide  :  sans 
doute  l'erreur  se  trouve  dans  Tindex  de  Tédition  Didot  c  Ktaiii  vr,o>o;, 
i.  e.  Colchis,  ill,  1074,  1094.  t  Mais,  parmi  les  traducteurs  ou  commen- 
tateurs d*Apollonios,  aucun  ne  donne  son  opinion  sur  ce  que  pouvait 
être  Pile  d*Aia,  excepté  Hoelzlin,  qui  pense  qu'il  est  question  de  Tile  de 
Circé  et  non  de  la  Coichide  :  c  Vaide  mihi  du^ium  puellane  ex  simpli'' 
cilate  aliqua  quaerat  quant  procul  ab  sua  €tbsit  patria  Jasonis  patria; 
an  loquatur  de  insuta  Circae  amitae  suae,  quant  jEaeam  vocat  et  in 
Jtdlia  coUocat  Homerus,  et  libro  I  Strabo.  Posterius  horum  videtur 
Jirmius.  »  On  s'étonne  que  M.  Weil  suppose  que  Médée  puisse  se 
demander  t  si  la  patrie  de  Jason  est  prés  de  Colckos  »  :  Médée  connaît 
aussi  peu  Colchos  qu'Iphigénie  connaissait  VAuHde,  avant  la  tragédie 
de  Racine. 

V.  108 5.  C'est  une  terre  entourée  de  hautes  montagnes,  —  Jason  fiait 
l'éloge  de  sa  patrie  avec  un  enthousiasme  qui  rappelle  les  louanges  que 
Virgile  donne  à  ritolie  {Georg,,  II,  v.  i36  et  suiv.).  Mais,  malgré  tout, 
méthodique  et  précis  comme  un  Alexandrin,  le  héros  commence  par 
le  tableau  général  de  son  pays;  après  avoir  parlé  de  la  situation 
géographique,  il  passe  à  Torographie  et,  pour  ainsi  dire,  à  la  description 
économique  de  la  Thessalie,  et  enfin  à  l'histoire  du  pays.  ApoUonios, 
qui  ne  connaissait  pas  la  Thessalie,  met  à  profit  ce  qu'Hérodote  en 
rapportait  dans  ses  Histoires (VII,  129);  le  Scoliaste  le  £ait  remarquer: 
«  Hérodote  raconte  que  la  Thessalie  est  entourée  d'un  cercle  de  mon- 
tagnes. Hellanicos  dit  que  Deucalion,  fils  de  Prométhée,  régna  sur  la 
Thessalie  et  qu'il  éleva  l'autel  des  douze  dieux.  La  Thessalie  est  arrosée 
par  plusieurs  fleuves  dont  les  plus  illustres  sont  au  nombre  de  quatre  : 
le  Pénée,  l'Apidanos,  le  Pamisos  et  l'Énipeus.  Mais,  comme  ils 
confondent  leurs  eaux,  le  Pénée,  dont  le  nom  domine,  fait  que  les 
autres  ont  perdu  le  leur.  »  Nous  ne  comprenons  guère  ce  que  vient 
foire  ici  ce  renseignement  sur  les  fleuves  de  Thessalie  dont  le  poète  ne 
parle  pas  :  il  dit  que  le  pays  a  de  beaux  troupeaux  (cuppvjvoc,  leçon  du 
Laur,  et  du  Guelf.,  adoptée  par  Merkel,  et  confirmée  par  VEtym,  M., 
SgS,  54,  et  par  Suidas,  au  mot  cvpvjYoc)  :  pour  comprendre  la  scolie,  il 
faut  admettre,  comme  Brunck,  la  leçon  tuppcixoç  (=  «oXXoùç  txv^»99L 
ptitovOt  QU*il  trouvait  dans  un  ms.  de  Paris.  Mais  Ruhnken  a  fait 
remarquer  que  ce  mot  n'est  pas  grec  (Epist,  crit,,  p.  207);  et  il  faut  se 
demander  si  la  scolie  a  été  faite  pour  expliquer  ce  mot  qui  n'est  pas 
grec,  ou  si  ce  mot  a  été  introduit  dans  le  texte  par  quelque  correcteur 
demi-savant,  à  cause  de  la  scolie.  Je  crois  que  le  mot  cûppetTo;  est  une 
mauvaise  correction  amenée  par  la  scolie.  Wellauer  dit  fort  bien: 
«  Hic  [Brunck]  quoque  suorum  iibrorum  auctoritati  nimium  tribuens, 
nam  quod  Schol.  Thessaliae fiuvios  commémorât,  adjidem  huic  lectioni 
faciendam  nihii  /acit,  quum  saepe  doctissimus  Schol,  multa  obiter 
tangat,  quae  cum  poetae  textu  nihil  commune  habent.  »  D'ailleurs,  le 
très  docte  Scoliaste  ne  s'est  pas  mis  ici  en  grands  frais  d'érudition, 
car  il  a  simplement  paraphrasé  le  passage  d'Hérodote  sur  les  fleuves 
de  Thessalie  :  ayant  remarqué  qu'Apollonios  reproduisait  ce  que 
l'historien  dit  des  montagnes  de  Thessalie,  il  a  voulu,  en  copiant  les 


NOTES  32s 

renseignements  sur  les  fleuves,  compléter  par  les  notes  le  texte  du 
poème. 

V.  1086.  Prométhée.  —  n  Hésiode,  dans  le  premier  livre  des  Cata- 
logues, dit  que  Deucalion  était  fîls  de  Prométhée  et  de  Pandore,  et 
Hellen,  de  Deucalion  et  de  Pyrrha.  Hellanicos,  dans  le  premier  livre 
de  la  Deucalionéia,  dit  que  Deucalion  régna  sur  la  Thessalie.  Il  dit 
aussi,  dans  le  même  ouvrage,  que  Deucalion  éleva  l'autel  des  douze 
dieux...  De  quelle  femme  Prométhée  eut  Deucalion,  la  chose  est  passée 
sous  silence.  Il  y  a  un  autre  Deucalion  dont  parle  Hellanicos,  un  troi- 
sième, fils  de  Mi  nos,  dont  parle  Phérécyde,et  un  quatrième,  fils  d*Abas, 
dont  Aristippe  foit  mention  dans  ses  Arcadiques.  »  Le  Deucalion  dont 
il  est  question  ici  est  surtout  fameux  pour  avoir  échappé  seul  avec  sa 
femme  Pyrrha  au  £smeux  déluge  qui  fit  mourir  Thumanité  perverse.  11 
semble  qu*en  établissant  le  type  du  fils  de  Prométhée,  les  anciens  aient 
voulu  faire  une  antithèse  entre  sa  piété  et  Taudace  impie  de  son  père. 
—  Deucalion,  fils  de  Minos,  est  mentionné  par  Apollodore  (III,  f,  2). 
Voir,  pour  la  légende  de  Prométhée,  la  note  au  vers  1248  du  Chant  II. 

V.  1090.  L*Haimonie,  —  c  La  Thessalie  se  nommait  d'abord  Hai- 
monte,  et  elle  eut  plusieurs  autres  noms,  car  elle  s'appela  Pyrrhaia, 
de  Pyrrha,  femme  de  Deucalion;  c'est  ce  que  dit  Rhianos  :  Les  plus 
anciens,  jadis,  l'appelaient  Pyrrhaia,  du  nom  de  Pyrrha,  l'antique 
épouse  de  Deucalion.  Puis,  on  Vappela  Haimonie,  d'Haimon,  le  très 
vaillant  fils  que  Pélasgos  engendra  ;  et  cet  Haimon  engendra  Thessalos  ; 
c'est  de  lui  que  les  peuples  donnèrent  au  pays  le  nom  nouveau  de 
Thessalie.  D'autres  disent  que  ce  nom  lui  vint,  après  la  guerre  de 
Troie,  de  THéraclide  Thessalos,  père  de  Pheidippos.  »  (Scol.)  Dans  sa 
note  au  vers  5o4  du  Chant  II,  le  Scoliaste  disait  qu'Haimon  était  fils 
d'Ares  :  aucun  témoignage  ancien  ne  confirme  cette  tradition.  Strabon 
(38i,  Il  et  suiv.)  rappelle  les  divers  noms  de  la  Thessalie.  D'après 
Phérécyde  (Historic.  Graec.  Fragm.,  Didot,  vol.  !•%  p.  81),  l'Héraclide 
Thessalos  est  né  d'Héraclès  et  de  Chalciopé,  fille  d'Eurypylos. 

V.  1091.  Jolcos..,  Minyas, —  Voir  la  note  au  vers  23o  du  Chant  I*'. 
«  L'Aiolide  Minyas  n'est  pas  fils  d'Aiolos,  mais  des  descendants  d'Aiolos; 
car  Sisyphe  [fils  d*Aiolos;  cf.  Iliade,  VI,  v.  154]  eut  pour  fils  Almos 
et  Porphyrion;  de  Chrysogoné,  fille  d' Almos,  et  de  Poséidon  naquit 
Minyas,  le  fondateur  d'Orchomène.  »  (Scol.)  Aiolos  est  aussi  Tancétre 
du  roi  des  vents,  Aiolos,  dont  il  sera  question  dans  le  Chant  IV  des 
Argonautiques  {y.  778  et  suiv.).  Les  traditions  sur  l'origine  de  Minyas 
sont  contradictoires  :  on  le  disait  fils  de  Chrysès,  fils  lui-même  de 
Poséidon  et  de  Chrysogoné,  fille  d'Almos.  Le  Scoliaste  de  Pindare 
{Isthm.,  I,  V.  79)  dit  que  les  uns*  Phérécyde  par  exemple,  font  de 
Minyas  le  fils  d'Orchomène,  les  autres  d'Orchomène,  le  fils  de  Minyas; 
que  d'autres  enfin  font  des  deux  héros  les  fils  d'ÉtéocIe.  D'ordinaire, 
on  regarde  Minyas  comme  un  fils  de  Poséidon  :  «  Poséidon  était  un  des 
dieux  principaux  des  Minyens.  Minyas,  le  père  de  la  race,  passait  pour 
être  le  fils  du  dieu.  1  (Decharme,  MythoL,  p.  324.) 

V.  1093.  Vile  d'Aia,  —  cAia  est  la  métropole  des  Colchiens.  Le 
poète  foit  mention  d'une  île  du  Phase,  où,  au  dire  de  Phérécyde,  la 
toison  se  trouvait,  t  (Scol.)—  Voir  la  note  au  vers  1074. 


3a6  NOTES 

V,.  1 1 1 1 .  Quelque  vague  rumeur  (é(ff9ai).  —  Ce  mot,  dit  Theil  (Diction' 
naire  d'Homère  et  des  Homérides),  est  rendu  dans  la  traduction  que 
Voss  a  faîte  de  VOdyssée  par  yorahnendes  Gerûcht,  «  rumeur  qui  est 
un  pressentiment».  Ce  sens,  semble-t-il,  convient  parfaitement  au 
vers  d'Apollonios. 

V.  I  iSg.  Sur  un  escabeau  très  basÇiià,.,  9^i\a:<).  —  Le  v^IIbc  est  un 
escabeau  que  Ton  place  devant  le  lit  pour  servir  de  marche-pied. 

V.  1178.  Les  dents  terribles  du  serpent  Aonien  que  Cadtnos  avait 
tué,  —  Les  scolies  donnent  de  nombreux  renseignements  sur  cet 
épisode  de  la  légende  de  Cadmos  :  «  Aonien  est  mis  pour  Béotien,  car 
la  Bëotie  se  nomma  d*abord  Aonie  [cf.  Strabon,  344,  40;  Hellanicos, 
cité  dans  les  scolies  au  vers  494  du  Chant  H  de  VJliade;  Pausanias,  IX, 
5, 1 ,  etc.].  Thèbes  se  nomme  Ogygienne,  d'Ogygos  qui  y  régna.  Corinne 
dit  qu'Ogygos  était  fils  de  Boiotos,  c*est  de  lui  que  les  portes  de  Thèbes 
ont  reçu  leur  nom  [Boiotos,  héros  éponyme  de  la  Béotie,  est  le  fils 
dltonos  et  de  Mélanippé  (Pausanias,  IX,  i,  i),  ou  de  Poséidon  et  d*Arné; 
les  portes  Ogygiennes  de  Thèbes  sont  mentionnées  par  Apollodore 
<III,  6,  6);  un  déluge  eut  lieu  à  Thèbes  pendant  le  règne  d'Ogygès  ou 
Ogygos;  cf.  Decharme,  Aiythot,,  p.  a88].  Au  sujet  d'Europe  et  de 
l'arrivée  de  Cadmos  à  Thèbes,  Lysimaque,  dans  le  premier  livre  de  ses 
Merveilles  [icapaSiÇwv]  Thébaines,  a  recueilli  une  foule  de  renseigne- 
ments contradictoires...  Lysimaque  raconte,  dans  son  Recueil  des 
Merveilles  Thébaines,  ainsi  qu'Hellanicos,  dans  le  livre  V'  de  sa 
Phoronide,  que,  suivant  la  volonté  d'Ares,  Cadmos  sema  les  dents  du 
serpent,  et  qu'il  en  naquit  cinq  hommes  armés,  Oudaios,  Chthonios, 
Pélor,  Hypérénor,  Échion.  ApoUonios  dit  qu'il  en  naquit  bien  d*autres 
qui  se  combattirent  mutuellement.  Musée,  dans  le  livre  III  de  sa 
TitanographiCy  dit  que  Cadmos  vint  du  temple  de  Delphes,  suivant 
une  vache  <\v\  marchait  devant  lui  [cf.  Decharme,  Mjrthol.,  p.  570]. 
Hippias  d'Élée,  dans  ses  Noms  des  peuples,  dit  qu'il  y  a  un  peuple 
qu'on  nomme  les  Spartes;  Atrométos  dit  la  même  chose  [Sirocptof,  les 
hommes  semés,  nés  de  la  semence  des  dents  du  dragon  ;  voir  Apollo- 
dore, III,  4,  i;  Decharme,  MythoL,  p.  S70,  note  2;  d'après  Androtion 
{Fragm,  Histor,  Graec,  vol.  I*',  p.  373-374),  les  Spartes  seraient 
des  compagnons  que  Cadmos  aurait  recueillis  çà  et  là,  oicopdtdijv,  en 
Phénicie].  Phérécyde  dit  dans  son  livre  V  :  t  Lorsque  Cadmos  se  fut 
établi  à  Thèbes,  Ares  et  Athéné  lui  donnèrent  une  moitié  des  dents 
du  serpent  et  l'autre  à  Aiétès.  Cadmos  les  sema  aussitôt  dans  un 
champ  labouré,  sur  l'ordre  d'Ares,  et  il  lui  en  naquit  beaucoup 
d'hommes  armés.  Cadmos,  effrayé,  les  attaqua  à  coups  de  pierre,  et 
ceux-ci,  croyant  qu'ils  s'étaient  attaqués  eux-mêmes,  se  saisirent 
mutuellement  et  se  tuèrent  à  l'exception  de  cinq  :  Oudaios,  Chthonios, 
Échion,  Pélor,  Hypérénor,  dont  Cadmos  fit  des  citoyens  de  sa  ville.  » 
[Ce  récit  de  Phérécyde  est  résumé  par  Apollodore  (III,  4,  i)  et  par  le 
Scoliaste  de  Pindare  {Isthm,,  VII,  v.  i3).]...  Les  uns  disent  que 
Cadmos  était  fils  d'Agénor,  les  autres  de  Phoinix.  Phérécyde  dit, 
dans  son  livre  IV  :  «  Agénor,  fils  de  Poséidon,  épousa  Damnô,  fille  de 
Béios.  D'eux  naquirent  Phoinix  et  Isaia,  qu'épousa  Aigyptos,  et  Mélia 
qu'épousa  Danaos.  Ensuite,  Agénor  épousa  Argiopé,  fille  du  dieu  du 


NOTES  327 

fleuve  Nil^  et  de  ce  mariage  naquit  Cadmos.  »  [Pour  les  traditions 
ordinaires  sur  la  généalogie  de  Cadmos,  voir  Decharme,  MythoL, 
p.  569.]  »  (Scol.) —  Voir,  à  propos  de  Cadmos  et  du  serpent,  le  chœur 
(v.  647  e^suiv.)  et  la  prédiction  de  Tirésias  (v.  942  et  suiv.},  dans  les. 
Phéniciennes  d'Euripide. 

V.  1 192.  Des  Éthiopiens,  —  Il  est  ici  question  de  ce  peuple  mythique 
des  Éthiopiens,  qui  est  souvent  mentionné  dans  les  poèmes  homéri- 
ques. €  Les  Éthiopiens  (brûlés  par  le  soleil)  sont,  de  tous  les  hommes, 
ceux  qui  contemplent  de  plus  près  la  gloire  du  dieu  [le  soleil];  car  il» 
habitent  à  la  fois  le  pays  où  il  se  lève  et  celui  où  il  se  couche.  % 
(Decharme,  MythoL,  p.  2.39,)  Plus  tard,  le  pays  des  Éthiopiens  fut 
seulement  la  contrée  du  soleil  levant  :  ApoUonios  est  âdèle  à  la 
tradition  homérique. 

V.  1 193.  Leurs  couches  sur  le  sol  (xaiicvvac).  —  Vlliade  (XVI,  v.  235) 
donne  le  nom  de  ^aiMtuOvat  aux  Selles,  qui  établissent  leurs  couches, 
sur  la  terre. 

V.  1202.  Les  prés  tranquilles  arrosés  par  des  ruisseaux  (xaOap^tv... 
claïuv^tv).  —  Une  tla|&cvr),  dit  Pierron,  d*après  les  scolies  (au  vers  483 
du  Chant  IV  de  VIliade\  est  tun  pré  qui  borde  un  marais». 

V.  1206.  La  couche  oii  ils  avaient  souvent  reposé  ensemble  (&dtvT;c... 
cùvT^c).  —  Le  Scoliaste  explique  aipsi  à^wr^  :  a  Maintenant  triste,  déplo- 
rable à  cause  de  l'abandon.  »  La  résignation  des  adieux  qu*Hypsipylé 
adresse  à  Jason  (cf.  Argon,,  I,  v.  886  et  suiv.)  m'empêche  d'admettre 
ce  sens;  la  Lemnienne  est  plutôt  reconnaissante  à  Jason  de  la  longue 
durée  de  leurs  relations  inespérées,  qu'inconsolable  d'un  départ 
qu'elle  a  dû  prévoir  dès  le  jour  de  l'arrivée  des  héros. 

V.  1214.  Elle  avait  une  couronne  de  terribles  serpents.  —  «c  Sophocle 
fait  dire  aussi  à  un  chœur  des  Rhi\otomes  qu'Hécate  a  une  couronne 
de  serpents  et  de  rameaux  de  chêne  :  O  souverain  Hélios,  et  toiy 
lumière  sacrée,  trait  d'Hécate  qui  protège  les  carrefours,  lumière 
qu'elle  porte  dans  ses  courses  à  travers  VOlympe  et  quand  elle  va 
fréquenter  sur  la  terre  les  endroits  consacrés  où  trois  routes  se 
rencontrent,  couronnée  de  branches  de  chêne  et  des  spirales  entrelacées 
que  forment  les  cruels  serpents!  »  (Scol.) 

V.  1220.  Le  Phase  Amarantien,  —  «  Les  Amarantiens  sont  un  peuple 
barbare  qui  demeure  plus  avant  que  les  Colchiens  sur  le  continent. 
C'est  de  leur  pays  que  sortent  les  sources  du  Phase.  On  dit  aussi  que 
le  Phase  descend  d'une  montagne  de  Colchide,  nommée  le  mont 
Amarantien.  »  (Scol.)  —  Voir  la  note  au  vers  399  du  Chant  II. 

V.  1226.  La  cuirasse  toute  d'une  pièce  (Ocopnxa  otâdiov).  —  r  Parce 
qu*elle  n'était  pas  faite  de  mailles,  mais  qu'elle  se  tenait  debout  :  de  là 
son  nom.  D'autres  y  voient  un  synonyme  à  solide.»  (Scol.)  Otte 
cuirasse,  dit  le  Dictionnaire  d'antiquités  de  Rich  (traduction  Chéruel), 
était  ainsi  nommée  parce  que,  lorsqu'on  la  retirait  et  qu'on  la  plaçait 
à  terre  toute  vide,  d'elle-même  elle  se  tenait  debout. 

V.  1227.  Le  Phlégraien  Mimas.  —  t  Mimas  de  Phlégra,  plaine  de 
Thessalie,  près  de  Palléné.  Mimas  est  le  nom  propre  du  géant.  »  (Scol.) 
Voir  la  note  au  vers  io3  du  Chant  II,  sur  l'autre  Mimas,  le  Bébryce,. 
et  la  note  au  vers  233  du  Chant  III  sur  les  champs  de  Phlégra. 


328  NOTES 

V.  1228.  Un  casque  d'or,  orné  de  quatre  pointes  (TtTpa9âXT)pov}.  — 
Voir  la  note  au  vers  920  du  Chant  II. 

V.  i23i.  Un  bouclier  recouvert  de  plusieurs  couches  de  cuir  (aabcoc 
icoX^ppivov).  —  La  différence  du  vâxoc  et  de  l'àoinc  n*est  pas  nettement 
indiquée  dans  les  poèmes  homériques.  Un  passage  de  17/tâ<fe  (d'ailleurs 
mis  entre  crochets,  comme  peu  authentique)  semblerait  prouver  qxie 
te  <râxoc  est  moins  grand  que  l'à^icCc  {Iliad,,  XIV,  v.  376-377).  Quoi 
qu'il  en  soit,  le  aâxoc  icoXuppivov  d' Ai  étés  rappelle  le  bouclier  d*A|ax,  ce 
bouclier  d'airain,  aussi  solide  qu'une  tour,  dont  l'airain  était  couvert 
de  sept  peaux  de  bœuf  superposées  (Iliad,,  VII,  v.  220). 

V.  1232.  Invincible  (àpLaifiaxirov).  —  c  Ce  mot  paraît  se  rattacher  à 
(iaXO|iai.  Il  marque  certainement  quelque  chose  d'énorme  et  de  terrible.  » 
(Pierron,  note  au  vers  179  du  Chant  VI  de  V Iliade.) 

V.  1234.  Qui,  seul,  eût  été  capable  de  lui  résister,  opposant  la  force  à 
la  force. —  H.  Van  Herwerden  (Mnemosyne,  i883)  juge  ce  vers  inter- 
polé. «  Quicumque  ultimum  versum  de  suo  adscripsit  non  assecutus  est 
mentem  poetae,  qui  ad  Homeri  exemplum  fecit  lasonem  gestantem 
hastam  tant  gravent,  ut  nemopraeter  Herculem  eam  vibraresustinuisset. 
In  versu  spurio  utrum  Herculem  procul  an  prope  reliquerint  nihil  facit 
ad  rem,  praepositio  icatpU  non  habet  quo  referatur,  nec  intellegitur  quid 
sibi  velit,  et  contra  poetae  consilium  dicitur  solus  Hercules  contra 
pugnaturus  fuisse.  Quare  ineptum  versiculum  delere  non  dubito.  t  Le 
sens  de  la  préposition  icaipi(  me  semble  très  clair  :  il  y  a  longtemps  que 
les  héros  ont  laissé  Héraclès  bien  loin  derrière  eux,  et,  cependant,  son 
souvenir  est  toujours  vivant;  on  pense  toujours  à  lui  quand  on  se 
trouve  en  face  de  quelque  combat  terrible  dont  il  serait  sorti  vainqueur 
(cf.  i4r^.  II,  V.  146).  Apollonios  ne  dit  pas  le  moins  du  monde  qu'Héraclès 
aurait  combattu  contre  Aiétès,  ce  qui  n*est  pas  nécessaire,  puisqu'il 
s'agit  de  combattre  les  taureaux,  mais  que,  seul,  le  cas  échéant,  il 
aurait  pu  soutenir  le  choc  de  l'épée  d'Aiétès.  —  Je  ne  vois  pas  pourquoi 
Van  Herwerden  considère  comme  apocryphe  ce  vers  qui  confirme  le 
vers  146  du  Chant  II. 

V.  1236.  Phaéthon.  —  C'est-à-dire  Apsyrtos.  Voir  la  note  au 
vers  242. 

V^  1240.  Tel,  monté  sur  son  c/^<ir...  —  Apollonios  a  voulu  faire 
montre  de  sa  science  mythologique,  en  citant  tous  les  lieux  consacrés 
au  culte  de  Poséidon.  Le  Scoliaste  donne  de  nombreux  renseignements 
sur  tous  ces  sanctuaires  du  dieu  :  t  Les  jeux  Isthmiques  furent  célébrés 
dans  l'isthme  de  Corinthe,  d'abord  en  l'honneur  de  Poséidon,  ensuite 
et  sur  l'ordre  de  Sisyphe,  fils  d'Aiolos,  qui  gouvernait  alors  le  pays,  en 
l'honneur  de  Mélicerte.  [Apollodore  (III,  4)  dit  aussi  que  Sisyphe 
institua  des  jeux  Isthmiques  en  Thonneur  de  Mélicerte.  M.  Decharme 
dit,  au  contraire,  et  sans  indiquer  sur  quels  auteurs  il  s'appuie  :  t  On 
faisait  remonter  jusqu'au  héros  Sisyphe  l'institution  à  Corinthe  du 
culte  de  Poséidon.  1  {MythoL,  p.  329.)]  Voyant  le  corps  de  Mélicerte 
rejeté  par  les  flots  sur  le  rivage  de  Corinthe,  il  lui  rendit  les  honneurs 
convenables,  reconnaissant  que  c'était  son  neveu,  fils  d'Athamas,  le 
fils  d'Aiolos,  et  il  institua  les  jeux  Isthmiques  où  les  vainqueurs, 
d'abord  couronnés  de  branches  de  pin,  le  furent  ensuite  de  persil 


NOTBS  329 

desséché.  [Sisyphe  est,  en  effet,  le  frère  d'Athainas;  cf.  Hésiode,  édtt. 
Didot,  Fragm.  XXIII;  ÂpoIIodore  (I^  7,  3).]  Musée,  dans  ses  Isthmiques, 
dit  qu'on  célébrait  dans  Tlsthme  deux  sortes  de  jeux,  les  uns  en 
l'honneur  de  Mélicerte,  les  autres  en  Thonneur  de  Poséidon.  Tainaros 
est  un  cap  de  Laconie;  Lerne  une  source  en  Argolide,  elle  est  consacrée 
à  Poséidon  :  le  grand  initiateur  aux  mystères  des  sanctuaires  de 
Lerne,  En  disant  Onchestos  Hyantien,  le  poète  veut  dire  Béotien,  car 
les  Hyantes  habitaient  d'abord  la  Béotie.  Onchestos  est  une  ville  consa- 
crée à  Poséidon.  Homère  a  dit  :  Onchestos,  la  sainte,  ville  illustre  de 
Poséidon  [Iliad,,  II,  v.  5o6].  Calauréia  est,  dit  Philostéphane,  consacrée 
à  Poséidon  ;  elle  était  d'abord  consacrée  à  Apollon,  et  Pythô,  à  Poséidon  ; 
mais  les  deux  dieux  firent  un  échange  entre  eux.  Pétra  Haimonienne 
est  dite  pour  Pétra  Thessalienne;  c*est  une  place  de  Thessalie  où  se 
donnent  des  jeux  en  Thonneur  de  Poséidon,  nommé  de  là  Pétraien.» 
Après  avoir  parlé  de  l'Isthme,  ApoUonios  passe  en  revue  les  principaux 
sanctuaires  de  Poséidon,  honoré  comme  dieu  des  gigantesques  masses 
de  rochers  (au  cap  Tainaros,  en  particulier;  voir  Decharme,  Mythol,, 
p.  334),  des  eaux  douces  qui  sortent  des  rocs  :  la  source  de  Lerne  est 
née  d'un  coup  du  trident  divin  lancé  contre  le  roc  (voir  la  légende 
résumée  par  Decharme,  Mythol.,  p«  3 a 6).  C'est  comme  dieu   des 
chevaux  que  Poséidon  était  honoré  à  Onchestos  :  «  La  ville  d'Oncheste, 
sur  les  bords  du  Copals,  ville  qui  n'était  plus  qu'une  ruine  du  temps 
de  Pausanias,  avait  été  le  centre  principal  de  la  religion  de  Poséidon 
en  Béotie.  Le  dieu   y   avait  un    SXtîoç   [Iliade,  II,  v.   3o6  :  il   fiiut 
remarquer  que  le  Scoliaste,  qui  cite  ce  vers  que  je  viens  de  traduire 
plus  haut  d'après  le  texte  qu'il  donne,  écrit  ioru  et  non  oXaoc],  près 
duquel  se  célébraient  des  courses  d'un  genre  particulier.  »  (Decharme, 
Mythol.,  p«  329.)  On  sait  que  c'est  dans  le  temple  de  Poséidon  à 
Calauréia,  petite  ile  de  la  côte  de  l' Argolide,  que  Demosthène  mourut. 
Le  Géraistos  est  un  cap  de  l'île  d'Eubée;  la  ville  qui  y  éuit  construite 
possédait  un  temple  de  Poséidon  dont  Strabon  fait  mention  (383,  34). 
Le  surnom  de  Pétraios  est  donné  à  Poséidon  par  Pindare  (Pythiques, 
IV,  V.  26,  icfltC  Iloatid&voc  nttpafou);  d'après  le  Scoliaste  de  Pindare,  ce 
surnom  viendrait  non  pas  de  Pétra  Haimonienne,  mais  de  la  pierre 
d'où  le  premier  cheval,  créé  par  le  dieu,  serait  sorti  «  Sicou  àicb  TTjc«iTpac 

V.  1253.  La  pointe  qui  terminait  le  bas  de  la  lance  (oùpfaxov).  —  On 
entend  par  oùpCaxoc  la  pointe  qui,  se  trouvant  à  la  partie  inférieure 
de  la  lance,  sert  à  la  ficher  en  terre  (cf.  Aeneid.,  XII,  v.  1 3o,  De/lgunt 
telluri  hastas)f  ou,  au  besoin,  à  remplacer,  en  retournant  l'arme,  la 
pointe  proprement  dite,  l'aixiiia*  >i  celle-ci  est  brisée. 

V.  1359.  Tel,  un  cheval,..  —  ApoUonios  imite  ici  une  comparaison 
célèbre  de  VIliade  (VI,  v.  5o6}  qui  montre  Paris  courant  à  la  bataille 
avec  l'impétuosité  d'un  cheval  ardent. 

V.  1374.  Ceux  qui  se  disputent  le  prix,  soit  à  pied,  soit  en  char 
(ictC6t9t  xa\  Imrritaffi).  —  Je  prends  le  mot  Uckïï^  dans  son  sens  homé- 
rique, c'est-à-dire  désignant  non  un  cavalier,  mais  un  conducteur 
de  char.  Dans  les  descriptions  de  batailles,  ImccOc  s'oppose  souvent, 
comme  ici,  à  ict^ic  (cf.  Iliad.,  II,  v.  810;  VUI,  v.  59,  etc.),  et  finctvc 

42 


330  NOTES 

dcAîgne  aussi,  dans  les  jeux,  celui  qui  dispute  le  prix  de  la  course 
des  chars  (cf«  lUad.,  XXIIl,  v.  362). 

V.  1285.  Une  charrue  d*une  seule  pièce.  —  Voir  la  note  au  vers  iSa. 

V.  1187.  Sur  ia  pointe  inférieure  (cic'  oupidxv).  ~~  Voir,  pour  le  sens 
du  mot  oupja^oc»  la  note  au  vers  i233. 

V.  I  a88.  iSts  traces  certaines  (vi^iTa).  —  t  Des  traces  immenses, 
innombrables.  »  (Scol.)  J'aime  mieux,  comme  Dûbner,  qui  traduit  par 
certa,  entendre  des  traces  manifestes  (de  vi)  privatif,  et  if(JO»y  desquelles 
il  n'y  a  pas  à  douter).  Si  ces  traces  étaient  immenses  et  innombrables, 
Jason  n'aurait  pas  à  les  chercher;  au  contraire,  il  n'en  voit  pas,  et  doit 
tenter  une  exploration  pour  les  trouver. 

V.  1294.  Tel  un  écueil,.,  —  Cette  comparaison  est  imitée  des  vers 
618-621  du  Chant  XV  de  VIliade.  —  La  comparaison  du  souffle  des 
uureaux  avec  celui  qui  s*exhale  des  soufflets  de  cuir  (v.  1299  et  suiv.) 
vient  aussi  d'une  description  homérique  (Iliad.,  XV  lU,  v.  470  et 
suiv.).  L'expression  cvi...  ^ootvoiatv  (v.  1299)  signifie  dans  les  creusets, 
et  non  in  fornacibus,  comme  on  lit  d'ordinaire  dans  les  traductions 
latines.  Pierron  dit,  en  efiet,  à  propos  de  ces  mou  qui  se  trouvent  au 
vers  470  du  Chant  XVIII  de  VIliade  :  <  *£v  xooivottf tv,  dans  les  creusets. 
La  traduction  lit  fomacibus  n'est  point  inexacte,  puisque  les  creusets 
sont  dans  le  foyer  de  la  forge;  mais  elle  manque  de  précision.  Xiovsc* 
ou  x^avov,  vient  de  x^y  fondre,  et  désigne  ce  qui  contenait  le  métal 
destiné  à  être  fondu.  » 

V.  1 3 1 8.  A  la  pointe  de  V extrémité  recourbée  qui  termine  la  charrue 
(xopwvv^.  —  Le  Scoliaste  explique  xopcMW)  par  xp^xoc,  mot  qui  signifie 
l'anneau  du  joug  placé  à  la  cheville  du  timon  {iaxtûç),  pour  atteler  les 
chevaux.  Voir  le  vers  272  du  Chani  XXIV  de  VIliade.  La  xop^  est 
ici  l'extrémité  recourbée  qui  termine  la  charrue  et  où  s'adapte  l'anneau 
(dont  Apollonios  ne  parle  pas)  qui  unit  au  timon  la  charrue  propre- 
ment dite. 

V.  i323.  Sa  perche  Pélasgique  (àxerfvv^. —  cil  emploie  &tatva  pour 
«évTpov.  L'^xttiva  est  une  mesure  de  dix  pieds,  imaginée  par  les  Thessa- 
liens;  ou  un  bAton  de  berger,  invention  des  Pélasges,  dont  (^limaque 
a  dit  :  7/  sert  à  deux  fins,  aiguillon  des  bœufs  et  mesure  agraire.  » 
(Scol.) 

V.  i333.  Le  coutre  (Xalov).  —  Au  lieu  du  mot  Xolov,  qui  semble  peu 
usité,  la  plupart  des  éditeurs  adoptent  Pa0|i6v,  glose  explicative  du 
Laurentianus,  et  leçon  d'autres  mss.  Le  mot  ^a%xic  (de  ^vw)  indique 
la  partie  inférieure  de  la  charrue  où  le  laboureur  appuie  le  pied. 
Wdlauer  explique  bien  le  sens  du  mot  XoEov  :  «  Est  cuiter  aratri,  cm 
pedem  imponere  aratorem  oportebat,  quo  profundius  in  terram  pene^ 
traret.  »  Le  coutre  (cuiter  aratri),  semblable  à  la  lame  d'un  large 
couteau,  est  placé  verticalement  au-devant  du  soc 

V.  i33o.  //  courba  ses  genoux  rapides  (yvfti&il't  2à  yovyoet'  cXofpd).— 
Cette  expression  (yvâ|iicTh»  est  identique  à  xâiumo)  signifie  d'ordinaire 
(par  exemple,  au  vers  1 174  du  Chant  I*')  se  reposer,  sens  qu'elle  a 
dans  Homère  (cf.  la  scoiie  au  vers  118  du  Chant  VII  de  VIliade:  y^ 
%d\k^€vi,  àvanavotoOtti).  Mais  ici  il  est  évident  que  Jason  ne  songe  pas 
à  se  reposer,  puisque»  reprenant  une  célèbre  comparaison  homérique 


NOTES  331 

(Iliade,  XIII,  V.  471-475),  Apollonios  le  montre  entrant  en  fureur 
comme  un  sanglier  :  si  donc  le  héros  a  tout  d*abord  courbé  les  genoux, 
c'était,  comme  Dûbner  le  dit  fort  bien,  ut  vim  probaret 

V.  1 356.  De  tances  à  deux  pointes  (Soûpaoi  t*  âii^iruoic).  —  Littérale- 
ment, le  mot  ayj^yM^  signifie  qui  a  des  membres  des  deux  côtés;  on  le 
traduit  d'ordinaire  par  qui  a  deux  tranchants  (ce  qui  ne  peut  s'appliquer 
à  une  lance),  ou  par  que  l'on  prend  à  deux  mains  (ce  que  ne  faisaient 
pas  les  anciens  qui  tenaient  la  lance  dans  la  main  droite  et  le  bouclier 
dans  la  gauche)  :  le  sens  précis  du  mot  me  semble  fixé  par  ce  qui  a  été 
dit  de  roùptaxoc,  dans  la  note  au  vers  1253.  Une  lance  à  deux  membres 
est  celle  qui  possède  l'alxt^LTi  et  l'oùp(a^oc. 

V.  i365.  //  arracha  du  soi  une  grande  pierre  arrondie.  —  Ces  vers 
sont  imités  de  deux  passages  de  Vlliade  (V,  v.  3oa  et  suiv.;  Xll,  v.  445 
et  suiv.). 

V.  1372.  Une  muette  stupeur.  —  «Ce  vers  et  ceux  qui  suivent  sont 
empruntés  d*£umélos,  qui  les  fait  adresser  par  Médée  à  Idmon. 
Sophocle,  dans  les  Colchiennes,  a  mis  en  scène  le  messager  et  Aiétès. 
Le  roi  demande  :  La  moisson  qui  devait  sortir  de  terre  est-elle  sortie? 
Et  le  messager  répond  :  Certes,  hérissée  de  cimiers  aux  belles  aigrettes, 
et  d'armes  d'airain,  la  moisson  est  sortie  du  sein  de  sa  mère.  C'est  ce 
passage  qu'ApoUonios  a  paraphrasé.  »  (Scol.)  D'après  la  tradition 
suivie  par  Apollonios,  Médée  ne  pourrait  s'entretenir  avec  Idmon,  qui 
est  mort  chez  les  Marlandyniens  (Argon,  II,  v.  81 5  et  suiv.).  On  verra 
(note  au  vers  86  du  Chant  IV)  que  d'autres  auteurs  faisaient,  comme 
Eumélos,  jouer  à  Idmon  un  rôle  assez  important  en  Colchide. 

V.  1377.  Tel,  du  haut  du  ciel...  —  Cette  comparaison  est  imitée  de 
Vlliade  (IV,  V.  75  et  suiv.). 

V.  1384.  Jusqu'aux  membres  inférieurs  (xc&Xidv).  —  Les  mss.  et  les 
éditions  ont  &\uù^,  jusqu'aux  épaules,  ce  qui  ne  saurait  être  conservé 
dans  le  texte,  puisqu'il  a  déjà  été  question  de  géants  dont  la  moitié  du 
corps  sortait  du  sol.  Lehrs  admet  yo^Svwv,  correction  proposée  par 
Struve,  en  1822;  yovvwv  ofire  un  sens  satisfaisant,  mais  il  semble 
curieux  que,  de  ce  mot,  les  copistes  aient  fait  ta\uù^.  Merkel  propose 
xwXwv:  ce  mot  qui  indique  les  membres,  en  général,  aussi  bien  les 
jambes  que  les  bras,  n'aura  pas  été  compris  par  le  copiste  qui  l'aura 
changé  en  io|Mtfv,  mot  d'un  sens  plus  précis,  mais  qui  ne  saurait  convenir 
dans  ce  vers. 

V.  1393.  Prenant  entre  leurs  dents  le  sol  raboteux  et  le  mordant,  — 
Je  traduis  ainsi,  conservant  comme  Merkel  la  leçon  des  mss.,  ôià^.. 
ôteOmv,  qui  semble  faire  double  emploi.  Brunck,  qui  trouve  cette 
leçon  absurde,  inepte  (perquam  absurde...  ineptum  est,  etc.),  admet  une 
conjecture  d'Abresch  {Dilucidationes  Thuçydideae,  p.  547,  Utrecht, 
1753),  ôxXaÇ,  à  genoux.  Mais  Wellauer  dit  fort  bien  de  ce  mot  :  Qui  in 
genua  cadit,  non  terram  ore  tangit.  Il  cite  la  correction  SicXocatv, 
proposée  par  Pierson  (Veris.,  p.  212),  mais  il  aime  mieux  admettre 
avec  Hermann  (ad  Orph.,  p.  760)  qu'oéoO^iv  est  une  explication  d'odaÇ 
qui  s'est  glissée  dans  le  vers  à  la  place  d'un  mot  du  texte  ôcpoupv}c,  par 
exemple  (ce  mot  a  été  admis  par  Lehrs  dans  son  texte);  on  peut  aussi 
remarquer  l'emploi  inusité  de  p^Xo;  au  masculin  :  ce  mot  est  toujours  au 


33^  NOTES 

féminin  dans  ApoUontos  {Argon,,  III,  v.  io55, 1 336;  IV,  v.  1736,  1756). 
Il  est  donc  permis  de  supposer  que  toute  cette  fin  de  vers  est  altérée. 
Merkel  montre  quMl  y  aurait  peu  d'avantage  à  remplacer  oUt(  par  o^te;» 
et  qu*il  vaudrait  peut-être  mieux  écrire  ^o^tv  (de  ÀoxsCt  mot  rare  pour 
oKnîonuc,  silloHs),  au  lieu  de  o^Ovtv,  mot  qu*il  faut  évidemment  faire 
disparaître  et  sur  lequel  porte  la  correction,  si  Ton  veut  en  essayer  une. 
V.  i394«  Sur  les  mains  (sic*  àyoarû).-»  Hoelzlin,  que  les  autres  tra* 
ducteurs  latins,  Shaw,  Beck,  Lehrs,  suivent  scrupuleusement,  rend 
C1C*  orro«rT^  par  in  cubitum.  liais  le  vers  425  du  Chant  XI  de  Vliiade, 

...6  8'tv  «0W1J101  mvÀv  tXt  ypB^  gyogty, 
montre  bien  que  ce  mot  signifie  le  plat  de  la  main,  et  non  le  coude. 


CHANT    IV 


V.  4.  De  prononcer,.^  —  Locum  difficilem,  dit  Merkel  avec  raison. 
J^étabiis  ma  traduction  de  ce  passage  obscur  sur  l*explication  que 
donne  le  Scoliaste:  tLe  sens  est:  Dis -moi  maintenant,  toi-mâme, 
ô  Muse»  la  peine  et  les  projets  de  Médée,  car  je  ne  sais  si  je  peux  dire 
que  c'est  à  cause  de  sa  souffrance  d'amour,  ou  des  mauvais  traitements 
qu*on  lui  fisisait  subir,  qu*elle  a  quitté  sa  patrie  en  fuyant.  »  Wellauer 
dit  aussi  :  «  Sensus  est  :  nescio  utrum  Medeam  fugae  consilium  cepisse 
dicam  lasonis  amore  commotam  an  patris  metu,  »  Je  ne  puis  admettre 
l'interprétation  de  Beck  c  utrum  ipsum  (laborem)  malum  ingratum,  an 
hoc  dicam,  fugam  indignam».  Le  poète  ne  peut  se  demander  s'il  va 
dire  ou  les  peines  de  Médée,  ou  sa  fuite,  puisqu'il  parlera  de  celle-ci  et 
de  celles-là. 

V.  12.  Comme  une  biche  légère  (xc(iâc). —  «La  xeiiac  est  une  jeune 
biche.  On  établit  une  différence  entre  la  itc|&ac  et  le  vc^piç  [foon].  Car 
la  ict)&âc  gîte  [iMi(i»|Aivv)]  encore  dans  la  tanière  et  le  ve^p^c,  déjà  plus 
grand,  va  chercher  sa  nourriture  au  dehors,  et  paît  [vc|j^|jlcvoc  ;  cette 
étymologie  est  contestable  :  vt^pic  vient  plutôt  de  vcoip6c.  Jeune],  • 
(Scol.)  La  comparaison  est  inspirée  de  deux  comparaisons  homériques 
(lliad,,  XI,  V.  414  et  suiv.;  XXI,  v.  573  et  suiv.);  dans  la  deuxième,  on 
trouve  aussi  l'expression  paOe{v)c  ex  (au  lieu  de  êv)  ÇuXi^oto. 

V.  18.  A  sa  gorge  (XavixaWv)^).  —  «  La  gorge,  la  trachée-artère  (otpTV)- 
p(a),  par  où  passe  le  souffle  qu^on  aspire.»  (Scol.)—  «  Daremberg: 
Xauxav{Y),  comme  Xati&ic»  a  deux  significations,  celle  de  gosier  ou  œsO' 
phage,  et  celle  de  région  extérieure  du  cou.  Cette  région  est  nettement 
déterminée  par  un  passage  de  VIliade  (XXII,  v.  324-323),  où  il  est 
dit  qu'elle  se  trouve  au  point  de  jonction  des  deux  clavicules.  C'est 
bien  la  région  sus^ternale,  ou  fossette  jugulaire,  là  où  l'on  égorge  les 
animaux.  Cette  région  est,  en  effet,  désignée  comme  très  dangereuse 
par  Homère,  qui  a  reconnu  aussi  qu'elle  est  en  rapport  direct  avec  la 
trachée-artère.  »  (Note  de  Pierron  au  vers  325  du  Chant  XXH  de 
VIliade.)  C'est  par  un  mouvement  machinal  que  Médée,  étouffée  par 
l'angoisse,  porte  les  mains  à  sa  gorge  :  «  Non  putem  ad  suspendendum  ; 
sedfactum  sine  ipsius  consilio;  ïny'ile  plane  facit,  >  (Dûbner.) 

V.  24.  Son  cœur  agité  se  calmait  (ittep6nc...  lavdv)).—  Voir  sur  le 
sens  de  loi{vu  la  note  au  vers  1020  du  Chant  III.  «  IlTtpiuc  est  synonyme 
de  X0O90C  [léger,  allégé].  Allégé  par  ses  premiers  raisonnements,  son 
cœur  change  de  dispositions  et  tourne  à  la  joie.  »  (Scol.)  J'aime  mieux 
comprendre  :  son  cœur,  agité  jusqu'alors,  se  calme  maintenant. 

V.  25.  Dans  le  coffret  (9ftBpta|ft6to).  —  Voir,  pour  ce  mot,  la  note  au 
vers  802  du  Chant  III.  Je  comprends  comme  Brunck  :  «  Confestim 
e  sinu  suo  medicamenta  omnia  defudit  in  arculam.  Scilicet extraxerat 
medicamenta,  illud  selectura,  quo  mortem  sibi  conscisceret.  » 


334  NOTES 

V.  53.  Dont  la  puissance  est  irrésistible  (8v9«ai)iou).  ^  «  Difficiles  et 
funestes,  ou  que  la  terre  produit  pour  le  ma!  (car  les  racines  funestes 
sont  plus  nombreuses  que  les  salutaires),  ou  bien  celles  qui  sont  pro- 
duites avec  difficulté.  •  (Scol.)  Hoelzlin  traduit  par  fixas;  Shaw,  par 
diJUciles  avulsu;  Beck,  par  dijtciles  (noeentes);  I^hrs,  par  dijiciies. 
Ruhnken  dit:  inteUigo  herhas  noeentes.  Le  mot  dutfvsXéoc  signifie 
contre  qui  on  ne  peut  lutter,  contre  qui  on  lutte  avec  peine  (Suc.  iraXi|>. 
Je  ne  pense  pas  qu'il  s'agisse  de  la  lutte  nécessaire  à  la  magicienne 
pour  les  arracher  du  sol;  il  doit  être  question  de  la  force  magique  de 
ces  plantes,  force  A  laquelle  celui  qui  lui  est  soumis  ne  peut  résister. 
Ce  sont  les  potentes  herbae  dont  Circé  a  usé  (Aen.j  VII,  t.  19)  pour 
changer  les  hommes  en  bêtes.  —  Il  est  probable  qu'Apollonios  se 
souvient  ici  d'un  passage  des  Rhijotomes  de  Sophocle  auquel  Klacrobe 
(Satum.,  V,  19)  fait  allusion  :  «  in  qua  [tragoedia]  Aiedeam  describit, 
maleficas  herbas  secantem,  sed  aversam,  ne  vi  noxii  odoris  ipsa  inter^ 
ilceretur,  »  Les  mots  vt  noxii  odoris  peuvent  édaircir  le  sens  du  mot 

V.  54.  La  déesse  fille  du  Titan,  -^  c  Hélios  et  Séléné  sont  les  enfants 
du  Tiun  Hypérion  et  de  Théia,  comme  le  dit  Hésiode  :  Théia  ettfanta 
Hélios  et  la  brillante  Séléné  [Théog,,  v.  Byi].»  (Scol.)  Ce  sont  les 
Titania  astra  de  Virgile  (Aen.,  VI,  y.  723). 

V.  58.  Endymion,  — >  «  Dans  le  Latmos,  mont  de  Carie,  est  une  grotte 
où  demeurait  Endymion  ;  c'est  aussi  le  nom  d'une  ville  qui  fut  nommée 
Héradéia.  [Strabon  (543,  12  et  suiv.)  parle  d'Héradéia,  petite  Tille 
située  au  pied  du  Latmos,  qui  avait  d'abord  le  même  nom  que  la 
montagne.]  Hésiode  raconte  qu'Endymion,  fils  de  Calycé  et  d'Aethlios, 
fils  de  Zeus,  obtint  de  Zeus  ce  privilège  qu'il  fixerait  lui-même  le 
moment  de  sa  mort,  qu'il  mourrait  quand  il  le  voudrait.  Le  même 
fait  est  rapporté  par  Pisandre,  par  Acousilaos,  par  Phérécyde,  par 
Nicandre,  dans  le  livre  II  de  ses  Étoliques^  et  par  Théopompe,  le  poète 
épique.  Il  est  dit,  dans  les  Grandes  Éées,  qu'Endymion  fut  enlevé  au 
ciel  par  Zeus;  mais  s'étant  épris  d'amour  pour  Héra,  il  fut  trompé  par 
l'apparence  d'une  nuée  et  précipité  dans  la  demeure  d'Adès.  Au  sujet 
de  l'amour  que  Séléné  éprouva  pour  lui,  Sappho  et  Nicandre,  dans  le 
livre  II  de  VEuropé,  rapportent  des  traditions;  il  est  dit  que  Séléné 
descendait  dans  cet  antre,  pour  aller  rejoindre  Endymion.  Épiménide 
rapporte  que,  vivant  parmi  les  dieux,  il  s'éprit  d'amour  pour  Héra,  et 
que  Zeus,  Irrité,  lui  ordonna  de  dormir  sans  cesse.  Ibycos,  dans  son 
livre  I*%  dit  qu'il  régna  sur  TÉlide.  D'autres  disent  qu'il  fut,  A  cause  de 
sa  justice,  élevé  au  rang  des  dieux  et  qu'il  obtint  de  Zeus  de  dormir 
toujours.  Les  uns  disent  qu'il  était  de  Sparte,  les  autres  qu'il  était  de 
l'Élide.  Quelques-uns  suppriment  le  mythe  du  sommeil  d'Endymion. 
Ils  disent  qu'aimant  à  chasser,  il  chassait  la  nuit  au  lever  de  la  lune, 
car  c'est  le  moment  où  tes  bêtes  fauves  sortent  de  leurs  tanières, 
pour  aller  chercher  leur  nourriture,  et  qu'il  se  reposait^  pendant  le 
jour,  dans  une  grotte,  si  bien  que  certains  pensaient  qu'il  y  dormait 
constamment.  D'autres  font  du  mythe  une  allégorie,  disant  qu' Endy- 
mion est  le  premier  qui  se  soit  occupé  de  l'étude  philosophique  des 
météores,  et  que  la  lune,  par  sa  lumière  et  ses  phases,  lui  en  fournit 


NOTES  33S 

le  moyen  :  aussi,  s'occupant  de  ces  spéculations  pendant  la  nuit,  il  ne 
dormait  pas,  mais  c'est  le  jour  qu'il  se  reposait.  Quelques-uns  disent 
qu'il  y  eut  réellement  un  Endymion  ami  du  sommeil,  qui  a  donné 
lieu  à  ce  proverbe,  le  sommeil  d'Endymion,  qu'on  applique  à  ceux  qui 
dorment  beaucoup,  ou  qui  agissent  avec  une  telle  négligence  qu'ils 
semblent  dormir.  Théocrite  [Idylle,  III,  v.  49 -5o]  en  fait  mention, 
quand  il  dit  :  Heureux  était  cet  Endymion,  dormant  un  éternel 
sommeil.  »  (Scol.)  Le  Scoliaste  cite  à  peu  près  toutes  les  traditions 
qui  ont  rapport  à  Endymion  :  ApoUodore  (I,  7,  5)  dit  de  plus  que,, 
fils  d'Aethlios  et  de  Calycé,  il  passa  de  Thessalie  en  Élide;  Séléné 
s'éprit  de  lui,  et  ayant  obtenu  de  Zeus  de  choisir  le  don  qu'il  voudrait, 
il  demanda  une  jeunesse  éternelle  et  un  sommeil  perpétuel.  Cicéron 
fait  allusion  à  Endymion  {de  Finib.,  V,  20;  Tusc,  Quaest,,  I,  38),  et 
Pline  (H,  43}  voit  en  lui  le  premier  astronome  qui  ait  étudié  le  cours 
de  la  lune  :  Tardeur  qu'il  mettait  à  cette  étude  aurait  donné  lieu  à  la 
tradition  qui  fait  de  lui  un  amant  de  la  lune.  —  D'après  M.  Decharme 
{MythoL,  p.  xzv  de  V Introduction)^  le  mythe  d'Endymion  est  un  de 
ceux  qui  s'expliquent  le  plus  aisément  :  t  Endymion  (son  nom  Tindi- 
que),  c*est  le  soleil  qui  disparaît  à  l'horizon  céleste  ou  qui  se  plonge 
dans  les  flots  de  la  mer,  à  l'heure  même  où  la  lune  s'avance  dans  le 
ciel.  Un  gracieux  sentiment  poétique  avait  donc  inspiré  la  fiible 
grecque  qui  représentait  Séléné  venant  embrasser  son  bien -aimé 
étendu  dans  la  caverne  de  Latmos,  ou  autrement,  la  Lune  caressant 
de  ses  rayons  la  couche  mystérieuse  du  beau  Soleil  endormi.  1  Le 
mythe  a  été  ensuite  localisé  en  Carie  et  en  Élide;  dans  cette  dernière 
contrée,  la  légende  d'Endymion  se  mêlait  aux  généalogies  des  premiers 
rois  du  pays.— Voir  Preller«  Criech.  MythoL,  erster  Band,  dritte 
Auflage,  p.  363-304. 

V.  59.  Par  tes  habiles  incantations,  —  Voir  la  note  au  vers  533  du 
Chant  m. 

V.  62.  Mais  voici  sans  doute.,.  —  «  D'après  Fauteur  des  Naupacti- 
ques,  ce  n'est  pas  suivant  sa  propre  volonté  que  Médée  s'en  alla,  mais 
elle  fut  appelée  au  dehors,  alors  qu'elle  se  trouvait  dans  sa  maison. 
Car  le  moment  approchait  où  l'on  devait  mettre  à  mort  les  Argonautes 
par  trahison,  quand  Aiétés  se  sentit  l'envie  d'avoir  commerce  avec  sa 
femme  Eurylyté.  Alors  Idmon  conseilla  aux  Argonautes  de  s'enfuir,  et 
Médée  s'embarqua  avec  eux.  i  (Scol.)  Cette  scolie,  qu'une  lacune  rend  peu 
claire,  est  expliquée  et  complétée  par  celle  qui  accompagne  le  vers  86. 
—  Voir  la  note  à  ce  vers. 

V.  66.  Ainsi  parla  la  déesse.^  Dûbner  trouve  cette  allusion  à  la 
légende  d'Endymion  fort  déplacée  :  «  Pessime  hat  fabulae  mixtae.  » 
M.  Girard  {Études  sur  la  Poésie  grecque,  Paris,  1884,  p.  334)  qualifie 
d'  «étrange  discours  >  ces  plaintes  de  Séléné. 

V.  80.  Du  haut  du  tillac  (aie'  Ixpiif iv).  —  On  a  déjà  vu  (note  au 
vers  566  du  Chant  I*')  que  le  mot  ucpia  désigne  les  gaillards  soit 
d'avant,  soit  d'arrière.  M.  Cartault  {ouvr.  cité,  p.  5o)  montre,  d'après 
des  figures  de  navires  archaïques  qui  proviennent  de  vases  antiques, 
que  dans  le  navire  primitif  t  le  gaillard  d'avant  est  plus  élevé  que  le 
gaillard  d'arrière...  C'éuit  là  un  poste  de  combat  favorable,  mais  de 


336  NOTES 

diroensiont  fort  restreintes.  »  Cest  là  (Ot|^o<î)  que  se  tenait  sans  doute 
Jason,  le  chef  de  Teipédition,  au  moment  où  il  entendit  les  cris  de 
Médée,  et  non  au  gaillard  d*arrière,  poste  du  icv§fpvf,TY)c*  —  Nous  avons 
vu  (Ch.  III,  V.  laÔQ  et  soiv.)  les  Argonautes  conduire  leur  navire  Ters 
le  champ  d'Ares.  Il  ne  fallait  pas  traverser  le  Phase  pour  aller  de  U 
ville  à  ce  champ,  puisque  Aiétès  s*y  rend  en  char  (Ch.  III,  v.  i233  et 
suiv.).  Si  donc  les  Argonautes  doivent  maintenant  se  rapprocher  en 
ramant  du  rivage  où  ils  ont  entendu  les  appels  de  Médée,  qui  vient  de 
la  ville,  c'est  que,  par  crainte  de  quelque  surprise,  ils  ont  bivouaqué 
sur  la  rive  opposée  où  brillait  le  feu  de  joie  allumé  en  Thonneur  de 
la  victoire  de  Jason  (v.  68). 

V.  86.  Fuyons..,  —  «  ApoUonios  dit  que  Médée  se  réfugia  pendant 
la  nuit  sur  le  navire,  alors  qu'Aiétès  réunissait  les  Colchiens  en 
assemblée  pour  s'occuper  de  la  perte  des  héros.  Mais  Tauteur  des 
Naupactiques  dit  que,  sous  l'influence  d'Aphrodite,  Aiétès,  ayant 
désiré  avoir  commerce  avec  sa  femme,  alla  se  coucher  auprès  d'elle. 
Les  Colchiens  se  couchèrent  aussi,  après  avoir  soupe  chez  le  roi  qui 
voulait  incendier  le  navire  des  Argonautes  :  Alors,  la  divine  Aphrodite 
inspira  à  A  iètès  le  désir  de  s*unir  d'amour  avec  sa  femme  Éurylyté 
[on  sait  que  l'auteur  des  Naupactiques  nomme  ainsi  la  femme  d' Aiétès; 
voir  la  note  au  vers  24a  du  Chant  III]  ;  car  la  déesse  s'occupait  dans 
son  cœur  de  p9'0curer  à  Jason  le  retour  vers  sa  demeure,  avec  ses 
compagnons  belliqueux.  Idmon,  ayant  compris  ce  qui  se  passait,  dit  : 
il  faut  fuir  en  hdte  du  palais,  au  milieu  de  la  nuit  noire.  Médée,  ayant 
entendu  le  bruit  des  pas,  se  levm  et  s'enfuit.  Hérodore  hit  le  même 
récit.  »  (Scol.)  Dans  la  tradition  suivie  par  ApoUonios,  Idmon  est  mort 
depuis  longtemps  chez  les  Mariandyniens,  tué  par  un  sanglier  (cf.  Ch.  H, 
V.  81 5  et  suiv.).  Voir  la  note  au  vers  î3j%  du  Chant  III. 

V.  87.  Je  vous  donnerai  la  toison  d*or.  —  «  ApoUonios  imagine  que, 
s'étant  enfuie  de  la  maison  d'Aiétès,  Médée  promet  la  toison  d'or  à 
Jason.  Mais  l'auteur  des  Naupactiques  dit  qu'elle  emportait,  en  s'en- 
fuyant,  la  toison  qui  se  trouvait  dans  la  maison  d' Aiétès.  Hérodore, 
d'autre  part,  dit  qu'après  que  les  Argonautes  eurent  quitté  leurs 
campement,  Jason  fut  envoyé  par  Aiétès  vers  la  toison  ;  qu'ayant  fait 
cette  expédition  il  tua  le  dragon  et  rapporta  la  toison  à  Aiétès,  qui  alors 
convia  traîtreusement  les  héros  à  un  festin.  »  (Scol.) 

V.  io3.  L'action  eut  lieu  presqu'en  même  temps  que  ses  paroles.  — 
ApoUonios  reproduit  une  expression  homérique  {Iliade,  XIX,  v.  24a) 
dont  Pierron  dit  :  <  C'est  évidemment  le  proverbe  a|ji'  î%oç,  a|i'  Iprov,  et 
le  dictum,  factum,  des  Latins.  Cest  notre  aussitôt  dit,  aussitôt  fait.  • 
Brunck  disait  déjà,  à  propos  du  vers  d'ApoUonios,  après  avoir  cité 
celui  d'Homère  :  «  Ovidius,  Metam.,  IV,  v.  549  :  res  dicta  secuta  est. 
Terentio,  dictum,  factum  ;  Gallis^  aussitôt  dit  que  fait.  >  I^  dictum, 
factum  de  Térence  se  trouve  dans  VHeautontimoroumenos  (V,  i,  v«  3i). 

V.  III.  Aux  approches  du  matin  (Sr^avpov).  —  «  Cest  le  moment  le 
plus  proche,  le  plus  voisin  du  jour,  c'est  comme  le  crépuscule;  cette 
expression  rappelle  le  vers  du  poète  [Odyss.,  V,  v.  469]  :  La  brise  [affptj] 
souffle  du  fleuve,  très  fraîche  aux  approches  de  l'aurore,  t  (ScoL) 
Xénophon  {Cynégétique,  IV  et  V)  dit  qu'il  faut  se  mettre  en  chasse 


NOTES  337 

dès  Taube  du  jour;  la  rosée  et  les  grandes  pluies  dissipent  Todeur 
de  la  trace  du  gibier.  En  été,  cette  odeur  est  très  peu  marquée,  parce 
que  la  terre,  alors  échauffée,  dissipe  les  émanations  déposées  par 
ranimai. 

V.  iig.  L'AioUde  Phrixos,  —  «  Denys,  dans  ses  Argonautiques,  dit 
que  le  pédagogue  de  Phrixos,  qui  se  nommait  Crios,  s*étant  aperçu  le 
premier  des  embûches  que  sa  marâtre  lui  préparait^  persuada  au  jeune 
homme  de  fuir  :  comme  il  fut  ainsi  sauvé,  grâce  à  lui,  la  tradition  se 
répandit  que  Phrixos  avait  été  sauvé,  porté  jusqu'en  Colchide  par  un 
bélier  (ètc^  xptoO).  »  (Scol.) — Voir  les  notes  au  vers  1144  du  Chant  II. 

V.  1 3 1 .  Loin  de  la  Titanienne  A  ta.  —  «  Ératosthène,  dans  ses  Géogra- 
phiques, fait  mention  du  fleuve  Titan,  qui  donne  son  nom  à  la  terre 
Titanienne.  Le  Lycos,  fleuve  qui  s'éloigne  de  TAraxe,  se  joint  au  Phase 
et  se  jette  ainsi  dans  la  mer,  après  avoir  perdu  le  nom  qui  lui  était 
propre...  L'Araxe  est  un  fleuve  de  Scythie.  Métrodore,  dans  le  livre  I*' 
de  son  ouvrage  sur  Tigrane,  dit  que  le  Thermodon  se  nomme  aussi 
Araxe.  Le  poète  appelle  Caucasienne  la  mer  Caspienne,  parce  qu'elle 
est  voisine  du  Caucase.»  (Scol.)  Strabon  (476,  32,  etc.)  mentionne  un 
fleuve  Lycos  qui  coule  en  Arménie  et  se  jette  dans  l'Iris.  Il  faut  le 
distinguer  du  Lycos  de  Bithynie,  cité  au  vers  724  du  Chant  II,  malgré 
cette  note  étonnante  de  VIndex  de  l'édition  Didot  :  «  Auxoc,  Bithyniae 
amnis  (II,  724),  qui  cum  Phaside  confluit  (IV,  t32).  »  Je  ne  trouve  le 
fleuve  Titan  de  Colchide  cité  nulle  part  :  peut-être  est-ce  le  même  que 
le  Gyénos  ou  Tyénos  mentionné  par  Scylax  (PeripL,  f  81;  voir  les 
notes  à  la  page  61  du  volume  I*'  des  Geogr.  Graec.  Min.).  Pline  (N. 
H,,  V,  121)  parle  d*un  fleuve  Titanus  en  Eolide  :  ^Titanus  amnis  et 
civitas  ab  eo  cognominata  fuit,  »  Le  Phase  et  l' Araxe  sont  bien  connus; 
mais  on  sait  que  le  Lycos  se  jette  dans  l'Iris  et  non  dans  le  Phase. 
Peut-être  doit-on  voir  une  allusion  à  la  tradition  géographique  rap- 
portée par  Apolionios  dans  ce  passage  d'Ovide  (i/ip/.^  XV,  v.  273): 

Sic  ubi  terreno  Lycus  est  epotus  hlatu, 
Existit  procul  hinc,  ilioqne  reoascitur  ore. 

Pline  {N.  H.,  II,  225)  dit  aussi  :  c  Subeunt  terras  rursusque  redduntur 
Lycus  in  Asia,  Erasinus  in  Argolica,.,  »  —  A  propos  de  la  Titanienne 
A  ia,  Dûbner  dit  :  «  Sine  dubio  afluvio  aliquo,  nullo  modo  a  Prometheo.  » 
Aia  ne  tire  son  surnom  ni  de  Prométhée,  ni  du  fleuve  inconnu  que  cite 
Ératosthène,  mais  de  l'origine  titanienne  de  son  roi  Aiétès,  petit-fils 
du  Titan  Hypérion. 

V.  i36.  Les  femmes  nouvellement  accouchées,  ^  On  connaît  l'imi- 
tation que  Virgile  {Aen.,  VII,. v.  5i3  et  suiv.)  a  faite  de  ce  passage. 
Brunck  remarque  qu'Apollonios  lui-même  s'inspire  d'un  chœur  des 
Troyennes  d'Euripide  (v.  SSg  et  suiv.}. 

V.  146.  Hypnos,,.  le  plus  puissant  des  dieux,  —  Héra,  dans  Homère 
{Iliad.,  XIV,  V.  333)  appelle  Hypnos  le  roi  de  tous  les  dieux  et  de  tous 
les  hommes. 

V.  i56.  Au  moyen  d*une  branche  de  genévrier,  —  «  Le  récit  du  poète 
est  d'accord  avec  celui  d'Antimaque;  Phérécydc,  dans  son  livre  VII, 
dit  que  le  dragon  fut  tué  par  Jason.  Le  genévrier  est  un  arbuste 

43 


338  NOTES 

épineux,  consacré  à  Apollon,  comme  il  e&t  dit  dans  le  livre  III  des 
œuvres  attribuées  à  Musée.  »  (Scol.)  Pline  {N,  H.,  XXIV,  64)  parle  des 
vertus  du  genévrier  pour  se  débarrasser  des  serpents  :  c  lunipints...  et 
huius  duo  gênera,,.  Utraque  accensa  serpentes  fugat,.,  Sunt  qui  et 
perunguant  corpus  e  semine  eius  in  serpentium  ictus,  » 

V.  168.  Au-dessus  de  V étage  supérieur  de  la  maison  ((ncMpoçcoj 
OaXdtiioto).  —  Le  mot  ùtccDp^^io;  (Oici,  opofi^)  signifie  qui  est  sous  le  toit  : 
il  s*agit  donc  de  la  chambre  haute  où  se  tiennent  les  femmes;  Tadjectif 
va  fort  bien  avec  le  substantif  OdXat&oc,  et  Merkel  semble  avoir  Êiit  une 
heureuse  conjecture  en  le  mettant  au  génitif,  alors  que  les  mss.  et  la 
plupart  des  éditions  qui  ont  précédé  la  sienne  avaient  viRApi^iov,  qui 
se  rapporte  assez  mal  à  propos  à  la  lumière  de  la  lune.  D'après  les  mss. 
de  Paris,  Brunck  écrivait  Omôpif  loc  et  il  expliquait  :  Refertur  ad  iropOivoç. 
Beck  adopte  cette  leçon,  quod  admodum  friget,  suivant  Wellauer  qui 
reprend  Ciccopiftov.  —  On  peut  rapprocher  cette  comparaison  de  celle 
du  Chant  I*',  v.  775  et  suiv. 

V.  175.  Biches  ac/biinéennes.  —  «  Achaia  est  une  ville  de  Crète  où 
naissent  les  biches  dites  achaînéennes.  »  (Scol.)  Cette  explication  me 
semble  inadmissible  :  d'abord  les  géographes  anciens  ne  citent  pas  en 
Crète  de  ville  nommée  Achaia;  Pline  (N.  H.,  Vlll,  228)  dit  formelle- 
ment qu^il  n'y  a  de  cerfs  en  Crète  qu'aux  environs  de  la  ville  de  Cydonia  : 
«  Jn  eadem  insula  [Creta]  cervos  praeterquam  in  Çydoneatarum  regione 
non  esse.  >  Ensuite,  si  le  nom  de  ces  cerfs  venait  d'une  ville,  ce  serait 
un  nom  connu  généralement,  et  les  chasseurs  ne  seraient  pas  les  seuls 
à  le  leur  donner.  Il  faut  donc  admettre  que  ce  mot  appartient  à  leur 
vocabulaire  spécial.  Hardouin  dit  à  ce  propos  :  a  Nimis diffusa  oratione 
usus,  Scaligero  post  Dalecampium,  Plinius  videtur,  nec  satis  vera,  qui 
ad  universum  genus  transtulerit  quod  de  Achainis  tantutn  appellatis 
Philosophus  scripsit,  Histor.  Anim.,  lib. II,  cap. xviii,  p.  253  :  Tùv 5*sXâfwv 
al  *Axttiva\  xaXo'j(avai  8oxo09iv  {^eiv  èv  t^  xépxcii  x^^'H^-  Quod  et  Antigonus, 
Histor.  76,  p.  66,  repetit  totidem/ere  verbis.  Sed  existimavit  is  nimirum 
gentHe  id  loci  alicujus  nomen  esse,  non  aetatis  :  impulsus  in  fraudent 
fortassis  ab  Apollonii  Scholiaste,  ita  scribente...  Verum  nugari 
grammaticulum  constat  ex  ipso  Apollonii  carminé  quod  interpretatur  : 
ubi  non  ab  alicujus  regionis  indigenis  cervo  id  nominis  inditum,  sed  a 
venatoribus  ipsis,  unde  unde  illi  fuerint,  testatur,,,  Cervumjuvenculum 
ea  vox  sonat.  »  {Ad  Plin,  N.  H,,  XI,  192.)  Dans  ses  Ptin,  Exercit. 
(p.  i36),  Saumaise  fait  venir  ce  mot  de  ôéxotta,  lanae  molles;  par  suite, 
àxoctivéT]  ifXaçoc  est  une  biche  cui  tenera  adhuc  cornua  et  mollis  ad  instar 
velleris  lanuginosa.  On  peut  douter  de  cette  étymologie,  adoptée  par 
Beck  et  par  Lehrs,  qui  traduisent  :  c  achaeineam  (moUibus  pilis 
insignemjji.  Dûbner,  qui  repousse  l'explication  du  Scoliaste,  admet 
que  ce  terme  désigne  les  biches  à  un  âge  déterminé  :  «  Nam  saepius 
ita  vocatur  cervus  certae  aetatis.  0  Mais  il  me  semble  indispensable  de 
rendre  tel  quel  le  mot  àxauviiQv,  sans  tâcher  de  le  traduire  en  français, 
puisque  Apollonios  lui-même  nous  dit  que  c'est  un  terme  propre  au 
vocabulaire  des  chasseurs. 

V.  177.  Le  sol  resplendissait.  —  n  Beaucoup  d'auteurs  ont  dit  que  la 
toison  était  d*or;  Apollonios  les  suit.  Simonide  dit  tantôt  qu'elle  est 


NOTES  339 

blanche,  tantôt  qu^elle  est  couleur  de  pourpre.  »  (Scol.)  Voir  la  note 
au  vers  1 142. 

V.  i85.  Chacun  s'élança.  —  Dûbner  trouve  tout  ce  tableau  parfaite- 
ment inutile  :  «  Sequentia  plane  superflua.  » 

V.  201.  Tenant  dressés  devant  eux  les  boucliers  en  peau  de  bœuf,  — 
«  Naturellement  on  songea  d'abord  à  défendre  la  partie  du  corps  des 
rameurs  qui  dépassait  \c  plat-bord  au  moyen  des  boucliers  des  combat- 
tants. C'est  la  manœuvre  qu^ordonne  Jason  dans  le  navire  Argo  :  Que 
dans  tout  le  vaisseau  un  homme  sur  deux  prenne  place  sur  les  bancs 
et  manie  l'aviron;  que  les  autres  les  couvrent  en  présentant  à  l'ennemi 
leurs  boucliers  de  cuir  qui  arrêtent  les  traits,  et  assurent  ainsi  notre 
retour.  Un  joli  modèle  de  navire  en  terre  cuite  de  style  italo-grec, 
trouvé  à  Ardée  et  exposé  au  Musée  du  Louvre,  nous  montre  précisément 
tous  les  boucliers  rangés  le  long  du  bord  qu'ils  exhaussent,  de  façon  à 
préserver  au  besoin  Téqui page  dans  un  combat  naval.  Il  fournit  ainsi 
comme  une  illustration  toute  naturelle  du  passage  qui  nous  occupe.  » 
(Cartault,  ouvr.  cité,  p.  61.]  —  C'est  ainsi  que  le  groupe  célèbre  de 
Polydète,  les  Astragoàiiçontes,  fournit  une  illustration  toute  naturelle 
des  jolis  vers  où  ApoUonios  montre  Ganymède  et  Éros  jouant  aux 
osselets.  Voir  la  note  au  vers  1 14  du  Chant  III. 

V.  208.  Les  amarres  qui  retenaient  le  navire  du  coté  de  la  poupe.  — 
«Y  avait-il  manque  de  temps  ou  danger  à  courir  pour  larguer  les 
amarres,  on  coupait  les  câbles  à  bord.  Ce  procédé  fut  employé  par 
Ulysse  poursuivi  par  les  Lestrygons  (Odyss.,  X,  v.  126).  »  (Vars,  ouvr, 
cité,  p.  147.)  Homère  emploie  pour  montrer  Ulysse  coupant  les  amarres 
avec  son  épée  les  expressions  mêmes  qu* ApoUonios  reprend,  et  que 
Virgile  traduira  en  latin.  Cf.  Aen.,  IV,  v.  byg  : 

Dlxit  vaginaque  eripit  enssm 
Fulmineum,  strictoque  ferit  retinacala  ferro. 

V.  210.  //  alla..,  se  placer,  pour  l'aider..,  —  Je  traduis  ainsi  le  verbe 
icapipoKrxe  dont  le  sens  est  très  fort.  Cf.  Pierron,  note  au  vers  104  du 
Chant  XI  de  VJliade  :  «  Ilapipaaxt  ne  signifie  pas  seulement  qu'Antiphus 
était  monté  à  côté  d'Irus,  mais  qu'il  combattait  du  haut  du  char.  »  Le 
icapaipaTTic  est,  en  effet,  le  guerrier  qui  se  place  pour  combattre  à  côté 
du  conducteur.  Jason  se  place  à  côté  du  pilote  Ancaios  pour  l'assister, 
et  pour  combattre  au  besoin. 

V.  223.  Une  immense  branche  de  pin.—  «  Il  s'agit  de  la  torche  qu'il 
porte  pour  incendier  le  navire.  ApoUonios  dit  qu'Aiétès  partit  en  vain, 
monté  sur  son  char  qu'Apsyrtos  conduisait;  Denys  de  Milet  dit 
qu'ayant  atteint  le  navire,  le  roi  en  vint  aux  mains  avec  les  héros  et 
tua  l'Argien  Iphis,  frère  d'Eurysthée  [Argonaute  qui  n'est  pas  men- 
tionné par  ApoUonios],  mais  qu'il  perdit  beaucoup  d'hommes  de  son 
côté.  Phérécyde,  dans  son  livre  VH,  dit  que,  sur  l'ordre  de  Jason, 
Médée  enleva  de  son  lit  Apsyrtos  qui  était  un  petit  enfant  et  l'emporta 
vers  les  Argonautes;  puis,  quand  ils  furent  poursuivis,  ils  l'immo- 
lèrent et  le  jetèrent  coupé  par  morceaux  dans  le  tleuvc.  Sophocle,  dans 
Les  Scythes,  dit  qu'Apsyrtos  était  né  d'une  autre  mère  que  Médce  [voir 
le  vers  242  du  Chant  III]  :  Ils  ne  sont  pas  nés  du  même  lit;  celui-ci,  fils 


340  NOTES 

d'une  Néréide^  grandissait,  tout  jeune  encore;  elle,  la  jeune  fille,  était 
née  depuis  plus  longtemps  de  VOcéanide  Eidyia.  »  (Scol.) 

V.  228.  Le  roi,  sous  le  coup  d'un  malheur.  —  Les  scolies  de  ce  vers 
complètent  celles  du  vers  223.  t  Denys  de  Milet  dit  qu*Aiétès  pour- 
suivit les  Argonautes.  Les  héros  lançaient  leurs  javelou;  Aiétès  et  ses 
compagnons  étaient  sur  des  chars.  C'est  là  que  mourut  Iphis,  fils  de 
Sthénélos...  Sophocle,  dans  Les  Cotchiennes,  dit  qu*Apsyrtos  fut  ^orgé 
dans  la  maison  d* Aiétès.  » 

V.  23 1 .  Soumise  à  son  pouvoir  (aOrâTprrov).  —  Il  semble  assez  difficile 
de  déterminer  avec  précision  le  sens  du  mot  ecÛTdlYpctoc  qui  ne  se  trouve 
qu^une  fois  dans  Homère  {Odjrss.,  Ch.  XVI,  v.  148),  où  il  signifie 
soumis  au  libre  choix  de  chacun,  qu*on  peut  choisir  soi-même.  Ici  Shaw 
traduit  ce  mot  par  ultro  oblatam,  les  autres  interprètes  par  captam, 
Hoelzlin  précise  :  captam  solum,  sine  caede,  vulnere.  Flangini,  qui  pense 
que  le  mot  vient  de  out&c  et  de  oypa  (capture),  dit  qu*il  signifie  statim  ab 
ipsa,  captura,  talquai  è  presa,  appena presa.  —  Aiétès  demande  qu'on 
remette  la  jeune  fille  en  son  pouvoir,  à  sa  discrétion  ;  qu'elle  redevienne 
sa  chose.  Il  ne  s'agit  pas  de  la  prendre  sans  blessure  ou  de  la  lui  livrer 
aussitôt  prise,  mais  de  la  remettre  entre  ses  mains. 

V.  247.  Mais  ce  sacrifice.,.  —  c  Le  poète  veut  indiquer  par  là  qu'elle 
célébra  un  sacrifice  à  la  manière  des  magiciennes.  Nymphis,  dans  le 
livre  VI  de  son  ouvrage  sur  Héraclée,  dit  qu'il  y  a,  en  Paphlagonie,  un 
temple  d'Hécate  que  Médée  fit  construire.  »  (Scol.) 

V.  269.  Il  y  a  pour  la  navigation  une  autre  route.  —  «  Hérodore, 
dans  ses  Argonautes,  dit  qu'ils  passèrent  par  la  même  mer  par  laquelle 
ils  éuicnt  venus  en  Colchide.  Hécate  de  Milet  dit  qu'ils  allèrent  du 
Phase  à  TOcéan,  de  là  ensuite  au  Nil,  d'où  ils  arrivèrent  à  notre  mer. 
[Cette  affirmation  est  contredite  par  la  scolie  au  vers  284  :  Hésiode  dit 
que  du  Phase  ils  entrèrent  en  mer;  Hécatée,  qui  le  réfute,  raconte 
que  le  Phase  ne  se  jette  pas  dans  la  mer,  qu'ils  ne  naviguèrent  pas  par 
le  Tanals,  mais  qu'ils  revinrent  par  le  môme  chemin  qu*ils  avaient 
pris  à  l'aller,  comme  Sophocle  le  rapporte  dans  Les  Scythes.]  Arté- 
midore  d'Éphèsc  dit  que  c'est  fieiux,  car  le  Phase  qui  descend  des 
montagnes  ne  se  jette  pas  dans  l'Océan  ;  Ératosthène,  dans  le  livre  III 
de  ses  Géographiques,  est  du  même  avis.  Timagète,  dans  le  livre  I*' 
de  son  ouvrage  sur  les  ports,  dit  que  le  Phase  descend  des  monts 
Celtiques,  situés  dans  la  Celtique,  et  se  jette  dans  un  marais  des 
Celtes;  puis  il  se  partage  en  deux  fleuves  dont  l'un  va  au  Pont>Euxtn, 
l'autre  à  la  mer  Celtique  :  c'est  sur  ce  dernier  que  les  Argonautes 
naviguèrent  pour  arriver  en  Tyrrhénie.  Apollonios  suit  Timagète. 
Hésiode  et  Pindare,  dans  ses  Pythioniques  [IV«  Pythique,  v.  25  et 
suiv.],  et  Antimaque,  dans  sa  Lydé,  disent  que  les  héros  arrivèrent 
par  l'Océan  en  Libye;  là,  ayant  porté  à  force  de  bras  le  navire  Argo, 
ils  parvinrent  dans  notre  mer.  »  (Scol.)  Je  n'essaierai  pas  de  mettre 
d'accord  toutes  ces  traditions  contradictoires;  je  me  borne  à  les  citer. 
M.  Decharme  dit  fort  bien  (Mythol.,  p.  61 3):  «Les  Argonautes,  pour 
rentrer  dans  leur  patrie,  suivent  un  itinéraire  tout  de  fantaisie,  qui 
varie  d'Hésiode  à  Pindare,  de  Pindare  à  Apollonius,  et  qui,  comme 
celui  d'Hercule,  revenant  du  pays  des  Hespérides,  s'est  modifié  succès- 


NOTES  341 

sivement,  en  môme  temps  que  s*étendaient  et  se  développaient  les 
connaissances  géographiques  des  Grecs.  » 

V.  260.  Thèbes  la  Tritonienne,  —  Dûbner  :  «  Tpixiov,  vetustissimum 
Nili  nomen;  cf.  v,  26g,  »  Pline  (N.  H,,  V,  54)  dit  aussi  que  le  Nil  a  été 
connu  sous  le  nom  de  Triton.  Lycophron  (v.  1 19)  parlait  du  Triton,  et 
Tzetzès  explique  ce  surnom  du  Nil  par  ces  trois  changements  successifs 
de  dénomination  :  Tpfxcdv,  h  NetXoc,  Sxi  Tp\c  pLeTcovoitavOy).  —  Voir  la  fin 
de  la  note  au  vers  269. 

V.  261.  Tous  ces  astres,,,  —  Ce  vers  semble  imité  du  vers  485  du 
Chant  XVIII  de  Vlliade. 

V.  262.^  La  race  sacrée  des  Danaens.  —  c  Beaucoup  d'auteurs  disent 
que  les  Égyptiens  sont  les  plus  anciens  des  peuples.  Hérodote  [II,  2] 
dit  que  ce  sont  les  Phrygiens.  Mosmès,  dans  le  livre  1"^  de  ses  Égyptia^ 
queSt  et  Léon,  dans  le  I"*"  des  livres  à  sa  mère  [à  la  mère  d*Âlexandre, 
suivant  Mûller,  Fr^gm,  Hist,  Graec,  Didot,  vol.  II,  p.  33 1],  et  Cnossos, 
dans  le  livre  I*'  de  ses  Géographiques,  disent  que  les  Égyptiens  étaient 
le  plus  ancien  de  tous  les  peuples  de  TAsie.  Nicanor,  disant  que 
Thèbes  fut  la  première  ville  fondée  en  Egypte,  est  d'accord  avec  Arche- 
maque  dans  ses  Métonomasies  [changements  de  noms].  Il  semble,  au 
dire  de  Xénagoras,  dans  le  livre  I*'  de  ses  Époques  [Xp6vu»v],  que,  tout 
d*abord,  Thèbes  ait  été  fondée  en  Egypte.  Hippys  dit  que,  les  premiers, 
les  Égyptiens  ont  compris  la  constitution  de  Tair,  et  que  Teau  du  Nil 
est  très  féconde.  Apollonios  dit  qu'ils  sont  nés  avant  que  tous  les  astres 
aient  fait  leur  apparition  :  c'est  qu'ils  paraissent  avoir  connu  la  nature 
des  astres  et  leur  avoir  donné  des  noms.  Ils  saluaient  les  douze  signes 
du  Zodiaque  du  nom  de  dieux  qui  président  aux  conseils,  et  les  pla- 
nètes, du  nom  de  dieux  qui  portent  les  sceptres  [insignes  des  juges]. 
Hérodote  [II,  2]  dit  que  les  Phrygiens  sont  le  plus  ancien  des  peuples. 
Psammiticos,  roi  des  Égyptiens,  voulant  savoir  quel  peuple  était  né 
de  la  terre,  confia  deux  enfants  nouveau-nés  à  un  berger  en  lui  recom- 
mandant de  ne  leur  faire  entendre  aucune  parole  et  de  se  borner  à  les 
fiïire  allaiter  par  une  chèvre.  Les  années  s'étant  passées,  le  premier  mot 
que  ces  deux  enfants  prononcèrent  fut  le  mot  hëcos  :  or,  c'est  ainsi  que 
pain  se  dit  en  Phrygie.  On  reconnut  d'après  cela  que  le  peuple  des 
Phrygiens  était  né  de  la  terre.  D'autres  assurent  qu'il  y  a  sottise  à  faire 
cette  supposition.  Car  les  enfents,  ayant  entendu  les  moutons  crier 
bléc  [pXT)xo|i.ivu>v],  essayèrent,  poussés  par  uno  influence  naturelle, 
d'articuler  ce  mot.»  (Scol.)  Dans  ses  notes  au  chapitre  2  du  livre  II 
d'Hérodote,  Larcher  dit  à  ce  propos:  «Ces  enfants  prononcèrent, 
suivant  toutes  les  apparences,  le  mot  bec,  qui  est  le  cri  des  chèvres, 
comme  le  prétend  le  Scoliaste  d'Apollonius  de  Rhodes;  os  étant  une 
terminaison  particulière  à  la  langue  grecque.  1»  C'est  à  cette  tradition 
que  se  rapporte  le  mot  pcxxcaUvivoc  qu'on  lit  au  vers  398  des  Nuées 
d'Aristophane.  Le  Scoliaste  du  poète  comique  raconte  à  ce  propos 
l'histoire  de  Psammiticos,  à  peu  près  dans  les  mômes  termes  que 
celui  d'Apollonios.  (Voir  Scholia  in  Aristophanem,  édit.  Didot,  p.  loi- 
102,  et  Adnot,  in  Schol.,  p.  431.)—  Pour  les  connaissances  astrono- 
miques des  Égyptiens,  voir  Hérodote  (II,  4),  Strabon  (693,  27  et  suiv.), 
Diodore  de  Sicile  (I,  3o},  etc.  —  Les  Danaens   sont    les    habitants 


342  NOTES 

<l*Argos  prirnittvement  appelés  Pélasgiotes  et  qui  reçurent,  dit-on, 
leur  nouveau  nom  de  l'Égyptien  Danaoa  (cf.  Euripide,  édit.  Didot, 
Fragm.  237).  C'est  avec  intention  que  le  fils  de  Phrixos  désigne  les 
Hellènes  en  général  par  le  nom  de  Danaens,  pour  rappeler  qu'ils  ont 
été  civilisés  et  dominés  par  un  roi  venu  d*Égypte.  C'est  une  tradition 
bien  connue  que  les  Grecs  tiraient  leur  origine  d'Egypte,  t  On  fit  de 
Danaûs  un  personnage  égyptien,  quoique  son  nom  accuse  une  origine 
essentiellement  grecque.  Ce  roi  est  une  personnification  du  sol  aride 
de  l'Argolide,  xo  davotbv  "Apyoç.  »  (Maury,  Histoire  des  Religions  de  la 
Grèce  antique,  vol.  I,  p.  '-^34.) 

V.  2Ô3.  Les  Arcadiens  Apidanéens.  —  «  Il  n'y  avait  encore,  dit-il, 
que  les  Arcadiens,  les  plus  anciens  des  Hellènes.  C'est  d'Apis,  fils  de 
Phoroneus,  que  les  Péloponésiens  se  nomment  Apidanéens.  Les 
Arcadiens  semblent  être  nés  avant  la  lune,  comme  le  dit  Eudoxe  dans 
sa  Description  du  circuit  de  la  terre.  Théodore,  dans  son  livre  XX il, 
dit  que  la  lune  a  paru  un  peu  avant  la  guerre  d'Héraclès  contre  les 
géants.  Aristias  de  Chios,  dans  ses  Fondations  [KTtVevi],  et  Denys  de 
-Chalcis,dans  le  livre  I*'  de  ses  Fondations,  dis^nl  que  les  Arcadiens  sont 
Sélénites.  Mnaséas  dit  que  Prosélcnos  régna  sur  les  Arcadiens.  Aristote, 
dans  sa  Constitution  des  Tégéates,  dit  que  TArcadie  fut  habitée  par 
des  barbares  qui  furent  chasses  par  les  Arcadiens;  ceux-ci  les  avaient 
attaqués  avant  que  la  lune  se  fût  levée,  d'où  leur  nom  de  Proséiénites. 
Douris,  dans  le  livre  XV  de  ses  Macédoniques,  dit  qu'Arcas,  qui 
donna  son  nom  à  l'Arcadie,  était  fils  d'Orchomène,  d'où  vient  le  nom 
d'Orchomène,  ville  d'Arcadie.  Certains  disent  qu'Endymion  découvrit 
et  calcula  le  cours  de  la  lune,  d'où  le  nom  de  Proséiénites  donné  aux 
Arcadiens.  Quelques-uns  rapportent  cette  découverte  à  Typhon; 
Xénagoras  l'attribue  à  Atlas.  »  (Scol.)  On  sait  que  les  Arcadiens  pas- 
.saicnt  pour  être  les  plus  anciens  des  Hellènes  (cf.  Strabon,  333,  20,  etc.). 
Hellanicos  (Fra^w.  'jy,  Hist,  Graec.  Fragm,,  Didot,  vol.  I*')ditquils 
étaient  autochtones  (cf.  Pausanias,  V,  i).  Apis,  fils  de  Phoroneus,  est 
cité  par  Apollodore  (I,  7,  6;  II,  i,  i)  :  il  est  la  personnification  du 
Péloponèse,  appelé  anciennement  'Awtot  yîj,  la  terre  des  fruits  (cf.  Maur}', 
ouvr.  cité,  vol.  I,  p.  222).  Voir  la  note  au  vers  1564. 

V.  2O6.  Les  illustres  fils  de  Deucalion.  —  «Les  descendants  de 
Deucalion  régnèrent  sur  la  Thessalie,  comme  disent  Hésiode  et  Hécatée. 
La  Thessalie  se  nonrmait  Pélasgie,  de  Pélasgos  qui  y  avait  régné.» 
(Scol.)  Pour  Deucalion,  voir  la  note  au  vers  1086  du  Chant  111;  pour 
Pélasgos,  voir  la  note  au  vers  58o  du  Chant  I*'. 

V.  267.  L'Ee'riaÇHt^iri).  —  Merkel  écrit  le  premier,  avec  une  majuscule 
initiale,  ce  mot  qui  ici  désigne  évidemment  l'Egypte,  et  que  les  éditions 
écrivent  Y;«piv)  {nigra,  dans  les  traductions  latines).  Mais,  dans  la  note 
au  vers  5 80  du  Chaut  I",  le  Scoliaste  disait  qu'à  cause  de  sa  terre  noire 
on  nommait  l'Egypte  'Hefia  (rriv  Axyyjvxos  'Hspiav  çaviv).  Que  ce  soit  à 
cause  de  sa  terre  noire  ou  pour  un  autre  motif,  il  est  certain  que 
l'Egypte  a  porté  autrefois  ce  nom.  Cf.  Aulu-Gelle,  XIV,  6  :  «  Quitus 
urbibus  regionibusque  vocabula  iam  mutata  sint,  quod  Boeotia  ante 
appellata  fuevit  Aonia,  quod  Aegyptus  Aeria...  »  Il  est  naturel 
qu'Apollonios,  qui  rend  au  Nil  son  vieux  nom  de  Triton,  rende  à 


NOTES  345 

l'Egypte  son  vieux  nom  d*Eéria.  Wellauer,  qui  conserve  dans  son  texte 
la  leçon  r)ep\Yi,  dit  cependant  fort  bien  :  «  Mihi  quidem...  littera  majus- 
cula  *H(pî)Q  scribendum  videtur,  quod  antiquum  A  egypti  nomen  fuisse 
testantur  Etymol.  M,  v.  r,epiY),  He:çych.  et  Steph.  By:f.  s.  v.  àcpia,  sive 
ab  onip,  sive  ab  Aeria,  Aegypti  matre,  v.  Steph.  By^.  s.  v.  AîyuicTo;. 
Ejusmodi  nomine  uti  decuit  poetam  eruditionis  speciem  prae  se 
fer  entent,  eoque  usum  esse  eo  verisimilius  est  quod  et  Nili  antiquissimo 
nomine  Triton  utitur,  i>  Le  chœur  des  Suppliantes  d'Eschyle  dit  (v.  75) 
s'être  enfui  àcpiac  àicb  y&c  :  peut-être  faudrait-il  écrire  'Aepiac. 

V.  269.  Et  le  fleuve  Triton,  —  Voir  la  note  au  vers  260.  «Au  sujet  de 
la  production  du  Nil,  les  anciens  ont  eu  des  opinions  diverses.  Anaxa- 
gore  dit  qu'il  se  gonfle  de  la  fonte  des  neiges.  Euripide  le  suit,  disant  : 
Ce  sont  ici  les  eaux  virginales  du  iVi7...  Grâce  à  la  fonte  de  la  neige 
blanche,  il  arrose  le  sol  [Hélène,  v.  i  et  3].  Eschyle  et  Sophocle  ont 
aussi  supposé  qu'il  y  a  au-dessus  de  l'Egypte  des  contrées  couvertes 
d'une  neige  qui,  lorsqu'elle  se  fond,  se  déverse  dans  le  Nil.  Nicagora& 
dit  qu'il  coule  des  pays  situés  en  face.  Démocrite  le  physicien  dit  que 
le  Nil  prend  sa  source  dans  la  mer  située  bien  loin  au  midi  et  que  son 
eau  s'adoucit  par  la  longue  distance  qu'elle  parcourt,  et  qu'elle  est 
amollie  et  comme  cuite  par  l'ardeur  du  soleil;  aussi  le  goût  en  est-il 
spécial.  Aristias  de  Chios  dit  qu'en  hiver,  le  soleil,  étant  sous  la  terre, 
en  fait  sortir  l'eau;  mais  que,  pendant  l'été,  se  trouvant  au-dessus  de 
la  terre,  il  ne  le  fait  plus,  car  elle  est  trop  échauffée;  aussi,  c'est  quand 
la  terre  est  amollie  qu'elle  produit  le  plus  d*eau.  Éphore  dit  que  le  sol 
de  l'Egypte  est  élevé  par  le  limon  du  fleuve,  et  qu'au  printemps, 
ouverte  par  les  rayons  du  soleil,  la  terre  répand  l'eau  au  dehors  et  fait 
gonfler  le  Nil.  [Voir  pour  cette  opinion  d'Ephore  les  fragments  de  cet 
historien  réunis  à  la  page  263  du  vol.  l*'  des l'ragm.  Hist,  Graec,  Didot.] 
Thaïes  de  Milet  dit  que  les  nuages,  resserrés  contre  les  monts  d'Ethio- 
pie par  l'action  des  vents  Étésiens,  y  éclatent.  Aussi,  quand  les  vents, 
s'abattant  sur  la  mer,  soufflent  en  face  du  fleuve,  par  suite  de  la  crue 
des  eaux  qu'ils  amènent,  le  Nil  subit  des  inondations.  Ûiogène  d'ApoI- 
lonie  dit  que  l'eau  de  la  mer  est  ravie  par  le  soleil  qui  la  transporte 
dans  le  Nil  :  il  pense  que  le  Nil  se  remplit  en  été,  parce  que  le  soleil 
y  déverse  toute  l'humidité  qui  vient  de  la  terre.  Le  Nil  se  nommait 
d'abord  Triton  :  il  a,  au  dire  d'Hermippos,  reçu  son  nouveau  nom  de 
Neilos,  le  Cyclope,  fils  de  Tantale,  qui*régna  sur  le  pays  [ou  :  de  Neilos, 
fils  du  Cyclope,  fils  de  Tantale].»  (Scol.)  Hérodote  (II,  ig  et  suiv.) 
cite  et  réfute  d'avance  à  peu  près  toutes  les  opinions  sur  l'origine  du 
Nil,  énumérées  dans  cette  scolie.  Diodore  de  Sicile  (voir  aussi  la  note 
au  vers  i248du  Chant  II) donne  d'autres  renseignements qu'Hermippos 
sur  ce  Neilos  ou  Neileus,  roi  légendaire  d'Egypte  :  c'est  en  reconnais- 
sance des  nombreux  canaux  creusés  par   ce   roi    que    la    postérité 
aurait  appelé  de  son  nom  le  fleuve  précédemment  nommé  Aigyptos 
(Diodore,  I,  63).  Il  faut  remarquer  que  Diodore  ne  mentionne  pas  le  nom 
de  Triton  parmi  ceux  que  le  Nil  a  reçus  successivement  :  le  fleuve  se 
serait  nommé  d'abord  Océanès,  puis,  à  cause  de  son  impétuosité,  ^4^/05 
(l'Aigle),  ensuite  Aigyptos,  du  nom  d'un  roi  du  pays,  et  enfin  Neilos, 
du  nom  du  roi  Neileus  (Diodore,  I,  19).  Le  Nil  se  serait  aussi  appelé 


344  NOTES 

Mélo  (Servius,  ad  Georg,,  IV,  v.  292).  Je  ne  sais  où  le  Scoliaste  a  pris 
la  tradition  qui  fait  du  roi  égyptien  Neilos  le  fils  d*un  Cyclope  nommé 
Tantale  ou  un  Cyclope  fils  de  Tantale.  J'aimerais  mieux,  au  lieu  de 
NcOiov  ToO  KvxXftficoc  -roO  TavraXov,  lire  toO  IliXoicoc,  Neilos,  fils  de  Pélops, 
le  fils  de  Tantale,  —  Quant  au  fleuve  Nil,  les  écrivains  grecs  Tont  fait 
entrer  de  bonne  heure  dans  leurs  généalogies  divines.  Ainsi,  Phérécyde 
(scolie  au  vers  1 186  du  Chant  III)  dit  qu^Agénor,  ayant  épousé  Argiopé, 
fille  du  Nil,  eut  d'elle  Cadmos.  Apollodore  parle  de  deux  filles  du  Nil, 
Memphis  et  Anchirroé,  qui  fiirent  épousées,  Tune  par  Épaphos  et 
l'autre  par  Bélos  (II,  i ,  4). 

V.  272.  Oest  de  là  qu'un  homme  partit, —  «  Sésonchosis  [nommé 
par  Hérodote  et  par  Strabon  Sésostris,  et  par  Diodore  de  Sicile, 
Sésoosis],  roi  de  toute  TÉgypte  après  Horos,  fils  d'Isis  et  d*Osiris,  se 
jeta  sur  l'Asie  qu'il  bouleversa  tout  entière,  ainsi  que  la  plus  grande 
partie  de  l'Europe.  Hérodote  parle  de  lui  avec  beaucoup  de  précision 
[II,  102  et  suiv.].  Théopompe,  dans  son  livre  III,  lui  donne  le  nom 
de  Sésostris.  Hérodote  dit  en  outre  que,  chez  les  peuples  qu*il  avait 
soumis  par  la  guerre,  il  élevait  des  colonnes  où  il  inscrivait  comment 
il  les  avait  vaincus.  Quant  à  ceux  qui  s'étaient  rendus,  il  ajoutait  sur 
ces  colonnes  l'image  des  parties  naturelles  de  la  femme,  symbole  de 
leur  lâcheté.  [Diodore  (I,  53)  dit  qu'il  faisait  aussi  représenter  sur  ces 
colonnes,  pour  les  peuples  guerriers,  les  parties  sexuelles  de  l'homme, 
afin  d'indiquer,  par  cette  partie  importante  du  corps,  le  caractère  de 
chaque  nation.]  •  (Scol.) 

V.  276.  //  s'est  écoulé  depuis  lors  une  longue  suite  d'années.  — 
m  Apollonios  dit  que  cette  longue  suite  d'années  s'est  écoulée  depuis 
le  temps  de  Sésonchosis.  Dicéarque,  dans  son  livre  l*\  dit  qu'il  établit 
des  lois  pour  empêcher  que  personne  de  ses  sujets  ne  quittât  le  métier 
paternel;  car  il  supposait  que  c'était  le  commencement  de  l'ambition. 
C'est  lui  le  premier,  dit-on,  qui  a  imaginé  de  faire  monter  les  hommes 
à  cheval;  d'autres  disent  que  c'est  Horos  et  non  Sésonchosis...  Cer- 
taines villes,  en  effet,  ont  disparu;  d'autres  ont  changé  de  nom,  et  l'on 
ne  sait  plus  par  qui  elles  ont  été  fondées  :  c'est  le  temps  qui  en  est 
cause.  Dicéarque,  dans  son  livre  I*%  dit  que  Sésonchoisis  fut  roi  après 
Horos,  fils  d'Isis  et  d'Osiris.  De  Sésonchosis  au  règne  de  Neilos,  il  y  a 
deux  mille  cinq  cents  ans;  du  r^ne  de  Neilos  à  la  prise  d'Ilion,  il  y  en 
a  sept;  de  la  prise  d'Ilion  à  la  I'*  Olympiade,  quatre  cent  trente-six;  en 
tout  deux  mille  neuf  cent  quarante- trois.  »  (Scol.)  Diodore  de  Sicile 
(I,  63)  cite  le  roi  Neilos  comme  bien  postérieur  à  Sésostris,  mais  il  ne 
donne  aucune  date. 

V.  277.  Mais  A  ta  subsiste  encore  aujourd'hui.  —  «  Il  dit  qu'Aia  reste 
intacte  depuis  le  tjmps  de  Sésonchosis,  ainsi  que  les  descendants  de 
ceux  qui  y  avaient  été  établis  par  Sésonchosis.  C'est  par  catachrèse 
qu'il  les  appelle  ula>vo{,  comme  on  nomme  Héraclides  non  seulement 
les  fils  d'Héraclès,  mais  les  fils  de  ses  descendants,  ceux  mômes  qui  se 
sont  établis  en  Scythie.  Les  Colchicns  descendent  des  Égyptiens, 
comme  le  dit  Apollonios;  Scymnos,  dans  son  livre  sur  l'Asie,  dit  aussi 
que  les  Colchiens  sont  une  colonie  d'Égyptiens.  Hérodote,  dans  son 
livre  II,  rappelle  qu'ils  pratiquent  la  circoncision,  qu'ils  tissent  le  lin 


NOTES  345 

et  qu'ils  usent  des  lois  des  Égyptiens.  Philostëphane  dit  qu'il  est  de 
petites  îles  sur  le  Phase  et  qu'Aia  se  trouve  dans  Tune  d'elles.  »  (Scol.) 
Hérodote  s'étend  beaucoup,  dans  les  chapitres  104  et  io5  du  livre  II, 
sur  les  traits  de  ressemblance  que  l'on  peut  remarquer  entre  les  usages 
des  Égyptiens  et  ceux  des  Colchiens.  Il  admet  que  les  Colchiens  sont 
d'origine  égyptienne.  Strabon  (5i,7)dit  que,  parmi  les  migrations  les 
plus  célèbres,  on  cite  celles  des  Égyptiens  vers  l'Ethiopie  et  la  Colchide. 
11  rappelle  les  diverses  preuves  invoquées  à  l'appui  de  leur  opinion  par 
les  auteurs  qui  veulent  fieiire  croire  à  l'existence  d'un  lien  de  parenté 
entre  les  Colchiens  et  les  Egyptiens  (427,  35  et  suiv.),  mais  il  ne 
semble  pas  partager  cette  opinion.  Diodore  de  Sicile  (I,  28)  dit  aussi 
que  les  Colchiens  du  Pont  descendent  des  colons  égyptiens  :  il  explique 
ainsi  l'origine  de  la  circoncision,  coutume  qui  aurait  été  importée  en 
Colchide  par  les  ^Égyptiens.  Cette  tradition  d'une  colonisation  de  la 
Colchide  par  les  Égyptiens,  très  ancienne  et  très  répandue,  est  encore 
rappelée  par  Ammien  Marcellin  (XXII,  8, 24)  :  c  Colchos..,  Aegyptiorum 
antiquam  subolem,  »  Voir  aussi  Denys  {Perieg.,  v.  689)  et  les  imitations 
en  latin  d'Aviénus  (v.  874)  et  de  Priscien  (v.  671). 

V.  280.  Des  colonnes  (xuppiaç).  —  «  On  appelle  xiSppeic,  dit  Ératos- 
thène,  ce  qu'on  nomme  à  Athènes  les  axones  [aÇovcç],  où  Ton  écrit  les 
lois,  comme  dit  Aristophane,  le  poète  comique.  ApoUodore  dit  qu'on 
appelle  xOppic  toute  action  publique,  toute  loi,  parce  que  les  anciens 
avaient  coutume  d'ériger  des  pierres  pour  y  inscrire  leurs  décrets;  ces 
pierres,  ils  les  nommaient,  soit  stèles  [onriXac]  &  cause  de  leur  stabilité 
[àith  TT)c  oraffetoç],  soit  à  cause  de  leur  élévation  en  hauteur,  xuppcic, 
synonyme  de  xupfcic:  car  elles  s'élevaient  en  pointe  [xcxopufûoiai]. 
Plus  tard,  ils  conservèrent  le  même  nom  aux  tables  de  bois  peintes  en 
blanc  où  ils  écrivaient  les  décrets.  Laxupptc  est  donc  destinée  à  recevoir 
des  inscriptions  sacrées.  »  (Scol.)  La  citation  d'Apollodore  se  trouve  à 
peu  près  textuellement  dans  les  scolies  au  vers  448  des  Nuées  d'Aristo- 
phane. D'ailleurs,  ce  passage  est  reproduit  par  divers  auteurs  de  scolies 
ou  de  commentaires  avec  des  variantes  plus  ou  moins  importantes. 
(Voir  Hist.  Graec.  Fragm.,  Didot,  vol.  1*%  p.  432  :  on  y  trouvera 
un  certain  nombre  d'étymologies  qui  ont  été  proposées  du  mot  xvppic.) 
—  Quant  au  passage  d'Aristophane  auquel  le  Scoliaste  d'Apollonios 
fait  allusion,  c'est  le  vers  i354  des  Oiseaux  :  ^  Cette  loi  antique  se 
trouve  dans  les  x^Sppcic  des  cigognes,  >  —  11  semble  assez  difficile  de 
décider  s'il  faut  traduire  ici  xupptic  par  colonnes  ou  par  tables;  Hoelzlin 
admet  également  les  deux  interprétations  :  Tabulae  scilicet  geogra- 
phicae,  aut  columnae  lapideae.  Il  adopte  columnas  dans  sa  traduction 
latine;  Shaw  admet  tabulas;  Beck  et  Lehrs,  cippos.  Je  crois  qu'il  faut 
traduire  le  mot  xvppetc  par  colonnes  puisque  c'est  le  sens  le  plus  ancien 
qu'il  ait  eu,  avant  de  désigner  les  tables  de  bois  peintes  en  blanc  où 
l'on  écrivait  les  décrets. 

V.  282.  Bras  (xlpa;)  extrême  de  l'Océan.  —  a  On  donne  le  nom  de 
xipata  à  tous  les  fleuves  qui  sortent  de  l'Océan  lui-même.  L'Ister  est 
un  fleuve  de  Scythie.  Le  sens  est  :  Ils  ont  fait  connaître  par  des  signes 
certains  un  fleuve  situé  bien  loin  d'eux,  et  dont  ils  savaient  l'exis- 
tence. »  (Scol.)  Hésiode  (Théogonie ,  v.  789)  donne  au  Styx  le  nom  de 

44 


34^  NOTES 

*lhtfav6{o  «ipoc.  ApoUonios  suit  naturellement  la  tradition  homérique 
d*après  laquelle  le  fleuve  Océan,  qui  embrasse  toute  la  circonférence 
de  la  terre,  est  la  source  commune  «de  tous  les  fleuves,  de  toute  la 
mer,  de  toutes  les  eaux  jaillissantes,  de  tous  les  puits  profonds  »  [Iliade, 
XXI,  V.  igS).  Je  n*ai  pas  osé  traduire  «Ipotc  par  corne,  qui  est  le  mot 
propre,  mais  qui  semblerait  étrange  en  français.  HoeUlin  explique 
bien  :  «  Mare  est  quasi  quoddam  animal;  ejus  pedes  et  brachia  sumt 
sinus;  cornuafluvii.  » 

V.  384.  Ils  le  nomment  VIster,  —  Voir  la  note  au  vers  2S9,  que  celle- 
ci  complète  et  contredit  souvent.  —  «  Il  dit  que  Tlster  descend  du  pays 
des  Hyperboréens  et  des  monts  Riphées.  Il  suit  en  cela  Eschyle  qui, 
dans  le  Prométhée  délivré,  parle  ainsi  :  Arrivé  dans  la  r^on  qui  se 
trouve  entre  les  Scythes  et  les  Thraces,  il  se  partage  en  plusieurs  bran- 
ches; il  en  déverse  une  dans  notre  mer,  une  autre  dans  la  mer  Pontique, 
une  troisième  dans  le  golfe  Adriatique.  Scymnos,  dans  le  livre  XVI 
de  son  ouvrage  sur  TEurope,  dit  que  l'Ister  est  le  seul  fleuve  qui  vienne 
des  déserts.  Quant  aux  monts  Riphées,  ils  sont  situés  à  Torient... 
Ératosthène,  dans  le  livre  III  de  ses  Géographiques,  dit  que  Tlster  vient 
de  pays  désens  et  entoure  l'île  Peucé.  Aucun  auteur,  excepté  Timagète 
qu*Apollonios  suit,  ne  dit  que  les  Argonautes  aient  passé  par  l'Ister 
pour  arriver  à  notre  mer.  Car  Scymnos  dit  qu'ils  ont  navigué  par  le 
Tanals  vers  la  grande  mer,  d*où  ils  ont  passé  dans  la  nôtre.  Et  il  est 
raconté  qu'arrivés  au  continent,  ils  ont  porté  Argo  sur  des  solives 
jusqu'au  moment  où  ils  parvinrent  à  la  mer...  L'Ister,  qui  descend  du 
pays  des  Hyperboréens,  après  être  arrivé  à  un  endroit  qui  se  trouve 
entre  la  Scythie  et  la  Thrace,  se  partage  en  deux  branches  dont  l'une 
se  jette  dans  le  Pont-Euxin,  l'autre  dans  la  mer  Tyrrhénienne.  » 
(Scol.)  Ces  théories  sur  les  deux  branches  de  l'Ister  étaient  très 
communes  dans  l'antiquité.  Strabon,  en  effet  (47,  40  et  suiv.),  doit 
réfuter  Hipparque,  qui,  reproduisant  une  erreur  commune  à  quelques- 
uns  de  ses  devanciers,  disait  que  le  Pont  se  réunit  à  l'Adriatique, 
puisque  l'Ister,  à  son  point  de  départ  dans  la  région  du  Pont,  se  divise 
en  deux  bras  et  se  déverse  à  la  fois  dans  les  deux  mers.  Le  savant 
géographe  fait  remarquer  que  l'Ister  se  jette  seulement  dans  le  Pont 
et  ne  se  divise  en  deux  branches  qu'à  son  embouchure.  Il  suppose 
qu'Hipparque  et  ceux  qui  ont  écrit  avant  lui  ont  imaginé  l'existence 
d'un  fleuve  homonyme  qui,  se  séparant  du  véritable  Ister,  aurait  été 
descendu  tout  entier  par  Jason,  lors  de  son  retour  de  Colchide.  Strabon 
n'est  pas  éloigné  de  croire  que  Jason  a  passé,  en  effet,  par  ce  second 
fleuve  Ister.  «  Suivant  certains  auteurs,  Jason  et  ses  compagnons 
auraient  remonté  la  plus  grande  partie  de  l'Ister;  suivant  d'autres,  ils 
l'auraient  remonté  jusqu'à  l'Adriatique.  Les  uns  ne  connaissent  pas 
les  endroits  dont  ils  parlent;  les  autres  supposent  un  Ister  qui  sortirait 
du  grand  Ister  pour  se  jeter  dans  l'Adriatique  :  leur  supposition  n'est 
ni  invraisemblable  ni  absurde.  »  (Strabon,  38,  39-44.)  Strabon  cite 
encore,  pour  la  réfuter,  l'opinion  de  Théopompe,  qui  prétendait  qu'une 
des  branches  de  l'Ister  débouche  dans  l'Adriatique  (263,  3o).  Diodore 
de  Sicile  (IV,  56)  réfute  aussi  l'opinion  de  ceux  qui  ont  prétendu  que 
les  Argonautes,  après  avoir  remonté  l'Ister  jusqu'à  ses  sources,  étaient 


NOTES  347 

entrés  par  une  autre  branche  du  fleuve  dans  l'Adriatique.  Il  distingue 
rister  qui  se  jette  dans  le  Pont-Euxin  et  un  autre  fleuve  homonyme 
qui  se  jette  dans  l'Adriatique.  Ce  dernier  ne  nous  est  pas  connu  :  c'est 
quelque  petit  cours  d'eau  du  pays  des  Istriens.  * 

V.  286.  Au  delà  du  pays  ou  souffle  le  Borée..,  dans  les  monts  Riphées. 
—  Pour  le  peuple  et  le  pays  des  Hyperboréens,  voir  la  note  au  vers  675 
du  Chant  II.  Les  anciens  ont  entendu  d'une  manière  générale  et  vague 
par  monts  Riphées  les  montagnes  situées  aux  extrémités  septentrionales 
de  l'Europe.  A  mesure  que  les  connaissances  géographiques  s'étendaient 
vers  le  nord,  on  reculait  d'autant  la  position  légendaire  de  cette  chaîne 
de  montagnes,  séjour  des  neiges  éternelles  et  des  tempêtes  glacées.  Les 
monts  Riphées  se  trouvaient  dans  le  pays  des  Hyperboréens.  Cf.  Vir- 
gile,  Georg,,  IH,  v.  38i  : 

Talis  Hyperboreo  Septem  subiecta  trioni 
Gens  effrena  virum  Riphaeo  tunditur  Euro. 

Pomponius  Mêla,  III,  5  :  c  Hyperhorei  super  Aquilonem  Riphaeosque 
montes,.,  iacent.n  En  plaçant  les  sources  de  l'Ister  dans  le  pays  des 
Hyperboréens,  Apollonios  suit  une  tradition  qui  se  trouve  déjà  dans 
les  Olympiques  de  Pindare  (III,  v.  25  et  suiv.)  et  peut-être  dans  le 
Prométhée  délivré  d'Eschyle  (voir  la  note  au  vers  284). 

V.  289.  Dans  la  mer  Orientale;  v.  3o8.  Au  golfe  le  plus  reculé  de  la 
mer  Orientale.  —  Tous  les  mss.  et  toutes  les  éditions  ont,  v.  289  : 
'Iov{y}v  oXot,  et  V.  3o8  :  irivroto...  'lovtoto.  Nous  n'avons  pas  de  scolie  sur 
le  vers  289;  voici  celle  qui  concerne  le  vers  3o8  :  c  La  mer  Ionienne 
est  une  mer  d'Italie  où  aboutit  l'Adriatique;  aussi,  certains  auteurs  lui 
donnent  le  nom  de  mer  Adriatique.  La  mer  Ionienne  a  été  ainsi  appelée 
de  rillyrien  lonios,  comme  le  dit  Théopompe  dans  son  livre  XXI. 
Certains  disent  que  le  nom  de  cette  mer  vient  des  voyages  errants  d'Io.  » 
Strabon  (263,  14)  fait  remarquer  que,  pour  distinguer  le  golfe  Ionien  et 
le  golfe  Adriatique,  qui  ont  tous  deux  la  même  entrée,  on  est  convenu 
d'appeler  golfe  Ionien  la  partie  antérieure  de  la  mer,  et  Adriatique,  la 
partie  intérieure  jusqu'au  fond;  il  ajoute  que,  de  son  temps,  le  nom 
d'Adriatique  s'est  étendu  à  la  mer  tout  entière.  Strabon  rappelle  aussi 
que,  d'après  Théopompe,  le  nom  de  mer  Ionienne  viendrait  d'un 
ancien  roi  de  ce  pays,  originaire  d'Issa.  Pour  la  tradition  qui  attribue 
à  lo  l'origine  du  nom  de  la  mer  Ionienne,  voir  la  note  au  vers  746  du 
Chant  II.  —  Cette  note  du  Scoliaste  donne  de  banales  indications  sur 
la  mer  Ionienne  :  mais  ces  indications  n'ont  que  faire  ici,  puisque, 
dans  les  deux  passages  qui  nous  occupent,  il  ne  peut  être  question  de 
la  mer  communément  désignée  sous  le  nom  de  mer  Ionienne  ou,  si 
l'on  veut,  de  mer  Adriatique.  On  a  vu  (note  au  vers  284)  que,  suivant 
les  traditions  anciennes,  l'Ister  se  déverse  soit  par  deux  embouchures 
dans  la  mer  Tyrrhénienne  et  dans  le  Pont,  ou  dans  la  mer  Adriatique- 
Ionienne  et  dans  le  Pont,  soit  par  trois  embouchures  dans  la  Médi- 
terranée (notre  mer),  dans  la  mer  Adriatique-Ionienne  et  dans  le  Pont. 
Or,  des  deux  embouchures  mentionnées  ici  par  Argos,  l'une  se  trouve 
a  dans  un  golfe  profond  qui  s'étend  au-dessus  de  la  mer  de  Trinacrie  ». 
Qu'est-ce  que  la  mer  de  Trinacrie  ï  Le  Scoliaste  nous  le  dit  dans  sa 


348  NOTES 

note  au  vers  291  :  tCest  la  mer  Tyrrhénienne  qui  baigne  la  Sicile; 
celle-ci  se  nommait  d*abord  Trinacrie  à  cause  de  ses  trois  promontoires 
[dià  to  xpétç  £xpac  S^x*H>  Pachyne,  Lilybée  et  Pélore.  »  Le  golfe  profond 
qui  s'étend  au-dessus  de  la  mer  de  Trinacrie  (ou  mer  Tyrrhénienne) 
est  le  golfe  de  Ligurie.  Puisque  Argos  n*admet  que  deux  embouchures 
de  rister,  il  ne  peut  dire  que  Tune  se  trouve  dans  la  mer  Tyrrhénienne, 
l'autre  dans  la  mer  Ionienne  :  comment  oublierait-il  celle  qui  intéresse 
le  plus  les  Argonautes,  celle  par  où  ils  vont  entrer  dans  le  fleuve  pour 
le  remonter,  Tembouchure  qui  se  trouve  dans  le  Pont-Euxin  ?  Ajoutez 
à  cela  qu*au  vers  3o8  les  Colchiens  se  séparent  en  deux  troupes  pour 
donner  la  chasse  aux  Argonautes  :  les  uns  sortent  du  Pont-Euxin,  en 
passant  au  travers  des  roches  Cyanées;  les  autres,  qui  n*en  sortent  pas, 
se  trouvent  bientôt  c  dans  le  golfe  le  plus  reculé  de  la  mer  Ionienne  t, 
où  se  trouve  justement  une  embouchure  de  l'Ister  :  il  fiiut  donc  que 
mer  Ionienne  soit,  pour  ApoUonios,  synonyme  de  Pont-Euxin.  Cest 
ce  qu*a  bien  vu  Flangini  qui  propose  de  lire  tout  simplement  'Alcfvijiv. 
I^  correction  est  juste  en  principe,  mais  elle  s*éloigne  trop  de  la  lettre 
des  mss.  pour  être  admissible.  Gerhard  {Lection,  ApolL,  p.  80)  dit 
avec  raison  :  c  Insignis  difficultas  neminem  advertit  nisi  Flanginium 
qui,  cum  probe  intelligeret  de  soh  Ponto  Euxino  hoc  loco  cogitari 
posse,  coniecit  |ut'  'Alctw^v  aXa,  bonam  ad  sensum  coniecturam,  sed  ex 
scripiurae  rationibus  omni  verisimilitudine  destitutam.  >  Mais  remar- 
quant que  l'expression  mer  Ionienne,  appliquée  au  Pont,  revient  au 
vers  3o8,  Gerhard  propose  de  corriger  'loWviv  en  Y)wr)v,  puisque,  dit-il, 
le  poète  a  déjà  donné  au  Pont-Euxin  le  nom  de  mer  Orientale  (Ch.  II, 
V.  745).  Wellauer  se  rend  aux  raisons  de  Flangini  et  de  Gerhard,  mais 
il  n'admet  dans  son  texte  ni  Tune  ni  l'autre  de  leurs  corrections,  et  il 
garde  'Iov(tiv  et  'Iov{oio,  mots  corrompus  qui  cachent  quelque  nom 
savant  et  peu  connu  du  Pont  :  c  Corrupta  esse  illa  vocabula  neque  ego 
dubito,  de  emendatione  ambigo;  illud  certum  videtur,  in  vocabulis 
'Iov{y)v  et  'loWoio  rarius  aliquod  et  doctius  Ponti  nomen  latere.  »  Je 
pense  que  le  nom  savant  et  peu  connu  du  Pont  est  r,o{v}v  ou  t)<^v,  que 
le  copiste  aura  changé  en  'lovtVt  trompé  par  la  tradition  d'après 
laquelle  une  bouche  de  l'Ister  aboutit  à  la  mer  Ionienne,  et  aussi  par 
la  similitude  apparente  des  deux  leçons  des  vers  632  et  982  avec  celles 
des  vers  289  et  3o8.  On  lit,  en  effet,  au  v.  632  : 

et  au  vers  982  : 

ï<m  ai  TIC  icopOiJicTo  icapoixipYi  'lovCoio* 

II  est  facile  de  se  rendre  compte  que  l'influence  de  ces  deux  vers  ait 
amené  le  copiste  à  changer  les  leçons  v)ofv}v  ou  T)cpv2v  et  r^oloto  ou  T)<doto 
pour  écrire,  au  vers  289  : 

Ma  B%x^  To  |itv  IfvOa  pieT'  'Iov{y]V  Ska,  ^iXXet. 
et  au  vers  3o8  : 


NOTES  349 

L'emploi  des  mots  'Iov{t)v  et  'Iov(oio  aux  vers  632  et  982,  où  il  s'agit 
bien  de  la  mer  Ionienne  (voir  les  notes  à  ces  vers),  prouve  qu'Apollonios 
ne  saurait  confondre  le  Pont-Euxin  avec  cette  mer.  Comme,  d'autre 
part,  dans  tout  le  discours  qu'il  prête  à  Argos  (v.  257-393),  le  poète  a 
soin  de  faire  employer  par  son  héros  les  termes  géographiques  les  plus 
archaïques  (p.  ex.,  v.  267  :  Ééria  pour  l'Egypte;  v.  269  :  Triton  pour 
le  Nil),  il  n'y  a  rien  d'étonnant  à  ce  que  le  fils  de  Phrixos  désigne  par  le 
nom  de  mer  Orientale  ('H<ttV)v  ou  'I1o(t}v  âXa)  le  Pont-Euxin  qui  était,  en 
effet,  au  temps  des  Argonautes,  situé  à  l'extréme-orient  du  monde 
connu.  Le  nom  de  mer  Orientale  attribué  au  Pont  est  donc  ce  rarius 
et  doctius  Ponti  nomen  soupçonné  par  Wellauer.  Il  semble  qu'on  doive, 
aux  vers  289  et  3o8,  changer  en  'Ho^iqv  ou  'Hcay^v  et  'Hofoto  ou  'Hototo  les 
leçons  'Iov{v}v  et  'loWoio,  introduites  mal  à  propos  dans  le  texte  par  le 
copiste  ou  le  correcteur  demi-savant. 

V.  293.  VAchéloos,  —  Ce  fleuve,  dont  le  cours  sépare  TAcarnanie 
de  rÉtolie,  se  jette,  en  eifet,  dans  la  mer  qu' Argos  appelle  la  mer  de 
Trinacrie,  et  que  Strabon  (102,  3  et  suiv.)  désigne  sous  le  nom  de 
IixcXtxbv  iréXarfoc.  (Voir  Strabon,  288,  26;  386,  24.) 

V.  3oo.  Le  Carambis.  —  Voir,  pour  le  cap  Carambis,  la  note  au 
vers  36 1  du  Chant  II. 

V.  3o3.  Quelques-uni  des  Colchiens,  ^  «  Parmi  les  Colchiens,  les 
uns  naviguèrent  en  passant  au  travers  des  roches  Cyanées;  c'est  aussi 
ce  que  dit  Callimaque.  Mais,  contrairement  à  Callimaque,  ApoUonios 
dit  qu'ils  s'en  retournèrent.  Les  autres,  avec  Apsyrtos,  atteignirent 
rister.  1  (Scol.) 

V.  3o6.  La  bouche  de  VIster  que  Von  nomme  Calon.  —  «  L'Ister  à 
trois  bouches,  dont  l'une  se  nomme  Calon,  comme  dit  Timagète, 
dans  son  ouvrage  sur  les  ports.  »  (Scol.)  Le  Calon  stoma  est  cité  au 
nombre  des  diverses  embouchures  de  l'Ister  par  Pline  l'Ancien  (N.  H,, 
IV,  79)  et  par  Ammien  Marcellin  (XXII,  8,  43),  qui  copie  à  peu  près 
textuellement  la  phrase  de  Pline.  Cf.  Ptolémée  (III,  10),  Arrien  (Pe- 
rij7/.,|35),etc. 

V.  3io.  Elle  est  de  forme  triangulaire.  ^  nÉmonhène,  dans  le 
livre  III  de  ses  Géographiques,  dit  qu'il  y  a  dans  l'Ister  une  Ile  triangu- 
laire, égale  à  Rhodes,  quMl  nomme  Peucé,  à  cause  du  grand  nombre  de 
pins  qu'elle  possède  [iik  xh  icoXXàc  Itxttv  ictôxac]-  >  (Scol.)  L'île  Peucé  est 
souvent  mentionnée  par  les  auteurs  anciens  :  Strabon  (253,  45;  254, 
33);  Pline  l'Ancien  (N.  H,,  IV,  79);  Ammien  Marcellin  (XXII,  8,  43  et 
45),  etc.  Scymnos  de  Chios,  dans  sa  Périégèse  (Geogr,  Graec.  Minor., 
Didot,  vol.  I*',  p.  227-228,  V.  785-790),  donne  sur  l'île  Peucé  exactement 
les  mêmes  indications  que  le  Scoliaste  emprunte  à  Ératosthène. 
Cf.  Pomponius  Mêla  (II,  7),  etc. 

V.  3x2.  Narécos  (Nàpvpioc).  —  Le  Guelf.  et  le  Laur.  ont  apT)xo<,  que 
lisait  le  Scoliaste;  les  mss.  de  Paris,  é^pv)oc.  Hoelzlin  a  fait  la  correction 
Nâpt^Koc,  adoptée  par  tous  les  éditeurs  qui  l'ont  suivi,  en  se  fondant 
sur  le  passage  d* Ammien  Marcellin  (XXII,  8, 45),  où  on  lit  Naracus- 
toma,  nom  qui  se  trouve  d'ailleurs  déjà  dans  le  passage  correspondant 
de  Pline  l'Aiicien  (N.  //.,  IV,  79).  Dans  son  Périple  du  Pont-Euxin 
({  35),  Arrien  cite  aussi  xh  Ndipaxov  ax6\ui,  —  Je  suppose  que  NdtpTjxoç 


350  NOTES 

est  un  substantif  neutre  à  l'accusatif;  Lehrs  et  Beck  en  font  le  génitif 
d'un  mot  Napv)(. 

V.  3i6.  Dans  les  prairies  basses  (tla|ttv^«t).  —  «  Ce  sont  des  endroiu 
humides  et  fangeux.  U  fiiut  entendre  que,' sur  les  deux  rives  du  fleuve, 
les  bergers  prennent  la  fuite.»  (Scol.)  Pour  le  sens  précis  du  mot 
«tat'LCvrî,  voir  la  note  au  vers  1203  du  Chant  III. 

V.  317.  Effrayés  à  Vaspect  des  navires,  —  «L'avant  du  navire  de 
guerre  primitif  ressemblait,  au  moins  sur  certains  chantiers  de 
l'Archipel,  à  une  tête  d'animal...  Ce  n'est  donc  pas  sans  raison 
<)u' Apollonius  de  Rhodes  dit,  en  parlant  des  premiers  navires  grecs  : 
Et  dans  les  prairies  marécageuses  les  bergers  abandonnaient  leurs 
nombreux  troupeaux,  épouvantés  à  la  vue  de  ces  vaisseaux  semblables 
à  des  monstres  énormes  sortant  de  la  mer  qui  en  est  peuplée.  »  (Cartault, 
ouvr.  cité,  p.  64-63.)  Il  n'est  pas  question  ici  des  premiers  navires 
grecs,  mais  d'un  seul  navire  grec,  Argo,  et  de  plusieurs  navires 
colchiens.  ApoUonios  a  fait  dire  par  Argos  (Ch.  III,  v.  341  et  suiv.) 
que  les  navires  construits  en  Colchide  sont  bien  inférieurs  à  Argo: 
du  moins  leur  apparence  extérieure  était  à  peu  près  la  même,  puisque 
les  bergers  pouvaient  trouver  au  navire  des  Minyens  comme  a  ceux 
des  Colchiens  la  même  apparence  de  monstres  marins. 

V.  319.  Car  ils  n'avaient  jamais  vu,  —  Brunck  rapproche  de  ce  vers 
le  passage  où  Cicéron  {de  Nat.  Deor.,  II,  33,  89)  cite  et  commente 
les  vers  d'Attius  montrant  Tétonnement  du  berger  qui  voit  pour  la 
première  fois  le  navire  Argo.  Cf.  Ribbeck,  Tragic,  Latin.  Reliquiae 
(Attius,  Medea,  fragm.  1). 

V.  320.  Scythes  mêlés  aux  Thraces.  —  c  Les  Scythes  sont  voisins  des 
Th races  d'Europe.  Le  Laurion  est  une  plaine  de  Scythie.  Timonax 
enregistre  cinquante-cinq  peuples  de  Scythie,  dans  le  premier  livre  de 
son  ouvrage  Sur  les  Scythes,  C'est  dans  la  plaine  des  Sindiens  que 
rister  se  divise  en  deux  fleuves  dont  l'un  se  jette  dans  l'Adriatique,  et 
l'autre  dans  le  Pont-Euxin...  Hipponax  fait  mention  de  la  séparation 
des  deux  courants  du  fleuve,  chez  les  Sindiens.  Hellanicos,  dans  son 
ouvrage  Sur  les  nations,  dit  :  c  Celui  qui  a  complètement  traversé  le 
Bosphore,  arrive  chez  les  Sindiens;  au-dessus  de  ceux-ci,  sont  les 
Scythes  Maiotides.  »  Le  afyuwoç  est  une  sorte  d'arme  de  trait  qui  porte 
le  même  nom  que  le  peuple  [des  Sigynniens].»  (Scol.)  Hérodote 
(V,  9)  dit  que  les  Sigynniens  sont  le  seul  peuple  qu'il  ait  entendu  citer 
comme  habitant  le  pays  désert  et  immense  de  i'Ister;  il  dit  aussi  que 
les  Cypriens  donnent  aux  javelots  le  nom  de  Sigynnes.  Strabon  (446, 
4  et  suiv.)  place  les  Sigynniens  (qu'il  nomme  Z^^twoi)  entre  la  mer 
Caspienne  et  la  Perse!  Le  même  auteur  (424,  34)  met  les  Sindiens  au 
nombre  des  peuples  qui  habitent  les  bords  asiatiques  des  marais 
Maiotides.  C'est  dans  ces  régions  qu'Hérodote  (IV,  28),  Scylax  {Peripl., 
l  72),  Mêla  (I,  19),  Ammien  Marcel! in  (XXII,  8,  41),  etc.,  placent  le 
pays  des  Sindiens.  Je  ne  trouve  auci  n  renseignement  sur  les  Grau- 
céniens  et  sur  la  plaine  du  Laurion. 

V.  324.  Le  mont  Angouros,  —  «  Le  mont  Angouros  est  voisin  de 
rister.  Timagète  en  fait  mention  dans  son  ouvrage  Sur  les  ports.  Le 
rocher  Cauliacos  est  en  Scythie,  auprès  de  I'Ister.  Polémon  en  feit 


NOTES  351 

mention  dans  ouvrage  Sur  les  fondations  des  villes  d* Italie  et  de 
Sicile,.,  Cest  devant  ce  rocher,  dit  le  poète,  que  l'Ister  se  partage  en 
deux  fleuves,  l'un  qui  se  jette  dans  TAdriatique,  Tautre  dans  le  Pont- 
Euxin.  La  mer  de  Cronos:  il  désigne  l'Adriatique;  car  on  dit  que 
Cronos  habita  ces  régions.  »  (Scol.)  Preller  (cité  dans  les  Fragm,  Hist, 
GraeCj  Didot,  vol.  III,  p.  126)  suppose  qu^il  faut  chercher  le  rocher 
Cauliacos  au  confluent  du  Danube  et  de  la  Drave.  Eschyle  (Prométhée^ 
y,  S3y)  désigne  l'Adriatique  par  le  nom  de  vaste  golfe  de  Rhia. 

V.  33o.  Auprès  des  deux  îles  Brygéiennes  d'Artémis.  —  Les  Bryges 
sont  un  peuple  d*Illyrie  cité  par  Strabon  (271,  20),  par  Scymnos  de 
Chios  (Perieg,,  v.  434  et  suiv.).  Scylax  {Peripl,,  |  23)  cite  les  Nestiens, 
dont  le  nom  vient  du  fleuve  Nestos;  mais  il  ne  parle  pas  du  fleuve 
Salangon,  sur  lequel  je  ne  trouve  nulle  part  aucun  renseignement. 
Dans  sa  note  au  vers  121 5,  le  Scoliaste  s'occupe  des  Nestiensou  Nes- 
taiens  :  «  Scylax  dit  que  les  Nestaiens  sont  un  peuple  d'Illyrie.  De  chez 
eux  on  s'embarque  sur  le  golfe.  Ératosthène,  dans  le  livre  III  de  ses 
Géographiques,  dit  :  Après  les  Ulyriens  sont  les  Nestaiens;  près  de  leur 
pays  se  trouve  Tîle  de  Pharos,  colonie  des  Phariens  [cf.  Scylax,  Peripl,, 
l  23;  Diodore,  XV,  i3,  3,  qui  dit  que  Pharos  est  une  colonie  des 
Pariens].  1 

V.  353.  Aisonide,.,  —  On  a  remarqué  que  ces  imprécations  de  Médée 
ont  servi  de  modèle  à  celles  d'Ariane,  dans  VÉpithaiame  de  Thétis  et 
de  Pelée,  à  celles  de  Didon,  dans  V Enéide,  à  celles  de  la  Médée  d'Ovide, 
dans  VÉpttre  à  Jason,  et  à  celles  de  la  Médée  de  Valérius  Flaccus,  dans 
le  livre  VIII  de  ses  Argonautiques,  On  peut  aussi  noter,  dans  les 
imprécations  que  le  poète  alexandrin  prête  à  son  héroïne,  un  certain 
nombre  de  réminiscences  classiques  :  ainsi,  quand  la  Médée  d'Apollo- 
nios  rappelle  à  Jason  qu'elle  l'a  sauvé  (v.  364  et  suiv.),  elle  parle 
comme  la  Médée  d'Euripide  (Médée,  v.  476  et  suiv.);  quand  elle  lui 
dit  qu'il  doit  la  regarder  comme  sa  fille,  sa  femme  et  sa  sœur  (v.  368  et 
suiv.),  elle  répète  à  peu  près  les  paroles  que  l'Andromaque  d'Homère 
adressait  à  Hector  {Iliad.,  VI,  v.  429  et  suiv.). 

V.  357.  Uheureuse  fortune  (àyXatai)* — Dûbner  :  «  Vellus  aureum, 
sive  splendida  fortuna,  »  C'est  évidemment  la  seconde  interprétation 
qui  est  la  bonne. 

V.  408.  Quant  aux  Colchiens  seuls,  je  ne  leur  céderai  pas,  je  n^hési- 
terai  pointa  les  combattre,.,  {o^  S'av  iy<a,,.  {iiccCÇw  |aiq  iroXc|i(Cctv).  —  Je 
traduis  le  texte  de  Merkel,  constitué  d'après  une  heureuse  correction 
de  Gerhard,  déjà  adoptée  par  Wellauer  et  Lehrs.  Le  Laur.  et  le  Guelf. 
ont  ^%tilù[LaLi  ircoXc|iiUtv  et  ûicc(^|iai  icToXt|i{Cciv.  Les  mss.  de  Paris,  au 
lieu  de  où  8*av  ont  xo^  8'âv.  Conservant  la  leçon  de  ces  derniers  pour 
le  commencement  du  vers,  Brunck  écrit  à  la  fin  du  vers  6icei^i|it  ircoXe- 
|jiC»v,  «  ex  ingenio  »,  comme  dit  Beck,  qu'il  explique  :  «  Ipse  vero 
Colchis  inferendi  arma  necessitate  solutus  fuerim,  quum  mihi  transitum 
non  intercludent  [|&tî  |u  itaTin^Cuat,  mss.  Parts].  »  Gerhard  fait  remar- 
quer avec  raison  (Lection.  Apollon,,  p.  47)  que,  parlant  ainsi,  Jason 
serait  loin  de  parler  en  héros:  €lgnavi  hominis  illud  dictum  est, 
pugnae  periculo  se  liber atum  tri,  nisi  forte  Colchi  eum  retenturi  sint; 
fortis  herois,  quod  hic  habemus,  nolie  se  Colchis  pugnam  remittere. 


35^  NOTES 

nisi  apertam  sinant  viam.  »  A  la  vérité,  Théroîque  bravoure  de  Jason 
est  trop  sujette  à  caution  pour  que  Gerhard  l'invoque  à  l'appui  de  sa 
correction  (&ire{(u>  pii^),  laquelle  me  semble  pourtant  excellente,  c  vere 
palmaria  »,  comme  dit  Wellauer,  mais  pour  d'autres  causes.  Rien,  en 
effet,  ne  prouve,  comme  Brunck  le  prétend,  que  les  Colchiens  laisse- 
raient la  route  ouverte,  si  Apsyrtos  était  tué  :  le  poète  dit  seulement 
que  les  indigènes  lâcheraient  pied,  si  le  chef  des  Colchiens  n*éuît 
plus  là.  De  plus,  Médée  a  compris,  exactement  comme  Wellauer,  les 
paroles  de  Jason,  puisqu'elle  lui  répond  (v.  410)  :  Tue-le,  et  engage  la 
bataille  avec  les  Colchiens. 

V.  417.  Pourvu  que  je  puisse  persuader  aux  hérauts,,.  —  tHaec 
intelligo,  tanquam  si  plenius  sic  scriptum  esset  :  eT  xhi  mdç  iceinlloifu 
XTJpuxac  àirip^effSai,  xtt\  (ruvaipd|i^9ai  tbv  'A^prov  ol&(tev  olov  ^otc  c|LQtc 
ticittTfTi.  Si  forte  praeconibus  perauasero,  ut,  quum  frater  meus 
accesserit,  a  nobis  discedant,  solumque  eum  mecum  committant.  Si 
enim  colloquio  intéressent  praecones,  opprimi  non  posset  Apsjrrtus* 
Erant  autem  illi  praecones  ministri  publici  templi  Dianae,  quibus 
Medeae  custodia  mandata,  »  (Brunck.)  Cette  interprétation  de  Brunck 
me  paraît  tout  à  fait  erronée.  D*abord,  les  hérauts  ne  sont  pas  des 
prêtres  d'Artémis:  rien  ne  le  prouve  dans  le  poème;  d^ailleurs,  il  est 
probable  que,  dans  le  pays  des  Brygiens  comme  ailleurs,  comme  en 
Tauride,  par  exemple,  Artémis  avait  des  prêtresses  et  non  des  prêtres; 
de  plus,  Médée  n'a  pas  encore  été  remise  en  garde  à  ces  prêtresses  ou 
à  ces  prêtres;  elle  ne  le  sera  qu'une  fois  le  pacte  conclu.  Ces  hérauts 
sont  des  Argonautes,  ceux  qui  auront  porté  à  Apsyrtos  les  présents 
splendides,  dont  il  est  question  au  vers  416,  çai^Tc...  Scapoïc,  que  Dûbner 
explique  bien  par  tnuntiis  cum  muneribus  ad  eum  missist.  Il  me 
semble  donc  que  x^puxotc  àcmpxo|tivouc  signifie  praeconibus  a  nobis  ad 
eum  abeuntibus.  Ces  hérauts  étant  évidemment  des  Argonautes, 
Apsyrtos  pourrait  être  tué  en  leur  présence  sans  difficulté;  ce  que 
Médée  espère  d'eux,  ce  n*est  donc  pas  qu'ils  s'éloigneront  pour  rendre 
à  Jason  le  meurtre  plus  facile,  mais  qu'ils  sauront,  pereuadés  par  elle, 
faire  venir  Apsyrtos  sans  escorte  au  temple  de  la  déesse.  Il  me  semble 
que  cette  interprétation  est  confirmée  par  la  suite  du  récit.  En  efiet,  on 
prépare,  immédiatement  après  le  discours  de  Médée  à  Jason,  les 
présents  qui  vont  être  envoyés  à  Apsyrtos  (v.  421-434).  Ces  présents 
seront  portés  par  les  hérauts  Argonautes,  puisqu'il  n'est  question  ni  de 
hérauts  Colchiens,  ni,  comme  le  voulait  Brunck,  de  prêtres  d'Artémis 
chargés  du  rôle  de  parlementaires.  Avant  que  ces  hérauts  partent, 
Médée  leur  communique  les  mensonges  qu'ils  auront  à  redire  (v.  433... 
xT}p>Sxe(r<nv  èicc^ve&craTo  (iajOouc),  elle  les  met  dans  le  secret,  elle  les  per- 
suade ainsi  (comme  elle  souhaitait  de  le  fisire,  v.  417)  d'amener  Apsyrtos 
dans  le  piège  où  il  trouvera  la  mort.  —  Telle  est,  à  mon  avis,  la  suite 
des  idées  dans  ce  passage  difficile  dont  Wellauer  disait  :  et  Hic  locus 
vulgo  maie  intelligitur.,.  »,  et  que  Gerhard  (Lect,  Apollon,,  p.  36)  ne 
trouvait  intelligible  qu'à  condition  de  supprimer  deux  vera  :  «  Ac  mihi 
quidem  id  quoque  certum  est,  versus  436 -4 3  j  plane  ex  nostro  textu 
eiiciendos  esse,  » 

V.  425.  Dia,  —  On  sait  que  Dia  est  l'ancien  nom  de  l'île  de  Naxos. 


NOTES  353 

Le  Scoliaste  cite,  à  ce  propos,  un  vers  de  Callimaque  :  A  Dia,  car 
tel  était  le  plus  ancien  nom  de  Naxos,  Bninck  pense  qu'Apollonios, 
énumërant  les  divers  possesseurs  de  ce  péplos,  imite  l'énumération 
semblable  qui  se  trouve  dans  V Iliade  (II,  v.  loi  et  suiv.)»  à  propos  du 
sceptre  d*Âgamemnon.  Il  renvoie  aussi  aux  vers  37  et  suiv.  de  VEurope 
de  Moschos  (Idylle  II)i  où  il  est  question  des  possesseurs  successifs  de 
la  corbeille  d*or.  L'abandon  d'Ariane  par  Thésée  devait  être  connu  de 
Jason  à  qui  Hypsipylé  l'avait,  sans  doute,  appris  en  lui  remettant  le 
péplos  sacré  :  le  héros  mentait  donc  impudemment  quand  il  racontait 
à  Médée  la  romanesque  et  chaste  histoire  des  amours  de  Thésée  avec  la 
fille  de  Minos  (Ch.  III,  v.  998  et  suiv.). 

V.  432.  Ivre  à  demi  (àxpox^XiO*  —  Joseph  Scaliger  trouve  le  trait 
grossier,  et  il  le  dit  avec  sa  brutalité  ordinaire  :  a  Ineptus  poeta,  omni 
abjecta  verecundia,  et  majestate  heroici  carminis  illam  foeditatem 
ipsis  verhis  expressit.  (In  Varron,,  de  L.  L.)  Ruhnken  admire,  au 
contraire,  la  délicatesse  du  poète  :  c  Rem  ita  elocutus  est  ut  ne  castis- 
simas  quidem  aures  offenderet.  »  Le  mot  âxpoxaXil  ne  semble  pas  avoir 
effarouché  les  anciens  puisque  Denys  (JPerieg,,  v.  948)  ne  craint  pas  de 
le  reprendre  pour  en  foire  une  épithète  caractéristique  de  Dionysos. 

V.  433.  La  vierge,  fille  de  Minos.  —  Le  mot  icapOfvtxi^  doit  avoir  ici 
son  sens  propre  de  vierge  \  voir  la  scolie  au  vers  997  du  Chant  III 
(note  au  vers  ioo3),  où  il  est  dit  que  c*est  Dionysos  qui  priva  la  fille  de 
Minos  de  sa  virginité. 

V.  448.  Les  fils  de  mes  ennemis.  —  Cette  formule  d'imprécation, 
reproduite  par  Denys  (Perieg.,  v.  600),  a  été  souvent  imitée  par  les 
poètes  latins.  Cf.  Virgile,  Georg.,  III,  v.  5i3;  Horace,  Od.,  III,  xzvii, 
V.  21  ;  Ovide,  Amor.,  III,  xx,  v.  16,  etc. 

V.  471.  Dans  le  vestibule  (cv\  icpod6{i(^}.  —  «  C'est  par  catachrèse  que 
le  poète  dit  le  prodomos  au  lieu  du  pronaon  [vestibule  de  temple].  » 
(Scol.)  Voir,  pour  le  prodomos,  la  note  au  vers  278  du  Chant  III. 

V.  477.  Les  extrémités  des  membres  du  mort,  —  C'est  l'amputation 
qui  a  été  subie  par  Agamemnon  ;  Electre  (Sophocle,  Electre,  v.  445) 
le  rappelle,  en  disant  de  son  père  :  c|MC9xa>{^-  <  Au  dire  du  Scoliaste 
et  des  anciens  lexicographes,  les  assassins  croyaient  se  garantir  des 
représailles  auxquelles  leur  crime  les  exposait,  en  coupant  à  leurs 
victimes  les  extrémités  des  membres,  qu'ils  leur  attachaient  ensuite 
sous  les  aisselles  (c'est  ce  qu'on  appelait  tiat<rxaX(Cttv,  de  iMt^xaXY)).  En 
leur  essuyant  sur  la  tête  l'instrument  du  meurtre,  ils  s'imaginaient 
rejeter  sur  elles  la  responsabilité  du  sang  versé.  »  (Tournier,  Les  tra- 
gédies de  Sophocle,  2*  édit.,  Paris,  1877,  note  au  vers  445  é* Electre.) 
Déiphobe  a  été  mutilé  comme  Agamemnon  et  comme  Apsyrtos, 
quand  Enée  le  rencontre  aux  enfers  (Aen.,  VI,  v.  494)  : 

...  Uniatum  corpore  toto 
Deiphobum  vidit,  laceram  crudeliter  ora, 
Ora  maouaque  ambas,  populataqae  tempora'  raptis 
Aaribas  et  truncai  inbonesto  vulnere  nares. 

V.  481.  Les  hommes  Apsyrtiens.  —  «  C'est  un  peuple  ainsi  nommé 
d'Apsyrtos.  »  (Scol.)  Strabon  parle  des  îles  Apsyrtiennes,  situées  dan» 

4S 


354  NOTES 

le  golfe  de  la  mer  Adriatique  (102,  22  et  8ttiv.)î  îl  rappelle  ausai 
(261,  42  et  suiv.)  que  c'eat  dana  ces  flea  que  la  tradition  place  le 
meurtre  d'Aptyrtoa.  Pline  (N.  H.,  III,  i5i)  cite  parmi  les  ilea  de  la 
c6te  dlllyrie,  dans  le  voisinage  des  Istriens,  les  Apsjrrtides,  ainsi 
nommées  par  lea  Grecs,  à  cause  d'Apsyrtos,  frère  de  Médée,  qui  y,  ^t 
tué.  Non  loin  d^elles,  continue*t-ily  les  Grecs  ont  placé  les  lies  Elec- 
trides  :  Apollonios  va  en  parler  (v.  5o3).  Cf.  Apollodore,  I,  9,  24  et 
25  ;  Stéphane  de  Byzance,  etc. 

V.  5o3.  VUe  sacrée  Électris.  —  «  Cette  île  est  voisine  du  fleuve 
Éridan.  »  (Scol.)  Strabon  (179,  11  et  suiv.)  ne  croit  pas  à  Tezistence 
des  îles  Élect rides  :  il  met  au  nombre  des  mythes  Thistoire  de  Phaéthon 
et  des  Héliades,  changées  en  aunes  sur  les  bords  du  fleuve  Éridan, 
fleuve  qu'on  a  prétendu  voisin  du  Pd,  et  qu'on  ne  retrouve  en  aucune 
contrée  de  la  terre;  il  dit  que  les  prétendues  îles  Électridea,  situées  en 
avant  des  bouches  du  Pô,  ne  sont,  elles  aussi,  qu'un  mythe,  puisque,  de 
son  temps,  il  n'existe  rien  de  semblable  dans  ces  parages.  —  Pline  (voir 
la  note  au  vers  481)  dit  aussi  (N.  7/.,  III,  i5i)que  la  mention  que  lea 
Grecs  font  des  îles  Éiectrides,  voisines  du  lieu  où  Apsyrtos  fut  tué, 
est  une  preuve  manifeste  du  peu  de  foi  que  ce  peuple  mérite,  puisqu*on 
n*a  jamais  pu  savoir  quelles  îles  ce  nom  d'Électrides  désignait.  L'auteur 
de  l'Histoire  naturelle  revient  encore  (N.  H.,  XXX VU,  3 1  )  sur  cette 
question  des  îles  Éiectrides,  et  sur  toute  la  légende  (dont  Apollonios 
va  parler,  v.  604  et  suiv.)  des  Héliades,  sœurs  de  Phaéthon,  qui,  au 
dire  des  poètes  grecs,  furent  tellement  désolées  de  la  mort  de  leur 
frère  foudroyé  par  Jupiter  qu'elles  furent  changées  en  peupliers  et  que 
leurs  larmes  devinrent  de  Vélectrum  (ambre  jaune,  en  latin  sucinum). 
Cette  origine  de  l'ambre  jaune  est  aussi  fantaiaiste  que  Texistence  des 
îles  Éiectrides  où  les  eaux  du  Pd  auraient  porté  cet  ambre.  «  Qua 
appellatione  [Eiectrides  insulae]  nullas  unquam  ibi  fuisse  certum  est, 
nec  vero  ullas  ita  positas  esse  in  quas  quidquam  cursu  Padi  devehi 
possit,  >  D'ailleurs,  Pline  comprend  qu'ignorant  comme  il  l'est  en 
géographie,  Apollonios  ait  pu  ignorer  ausai  la  provenance  de  l'ambre  : 
c ...  Apollonius  in  Hadriaiico  litore  confluere  Rkodanum  et  Padum, 
faciliorem  veniam  facit  ignorati  sucini  in  tanta  ignorantia  orbis.  » 
Cette  ignorance  d' Apollonios  lui  est  d'ailleurs  commune  avec  la  plupart 
des  géographes  grecs,  puisque  Scylax  {PeripL,  {21)  place  lea  Eiec- 
trides dans  l'Adriatique,  et  puisque  Scymnos  de  Chios  {Perieg,,  v.  374) 
cite  les  'A^prCdcc  et  les  'HXtxtpàcc,  comme  voisines.  Pomponius  Mêla, 
qui  n'est  pas  Grec,  dit,  lui  aussi  (II,  7)  :  c  /it  Hadria,.,  Apsyrtis.*. 
Eiectrides,  » 

V.  517.  Le  tombeau  d'Harmonia  et  de  Cadmos.  —  Cadmos,  laissant 
le  trône  de  Thèbes  à  son  petit-fils  Penthée,  quitta  la  Béotie,  en  compa- 
gnie de  sa  femme,  Harmonia,  fille  d'Ares  et  d'Aphrodite,  et  se  rendit 
en  Occident,  chei  les  Illyriens,  qui  firent  de  lui  leur  roi.  (Voir 
Decharme,  Aiythol.,  p.  573.)  Les  descendants  de  Cadmos  et  d'Har- 
monia  régnèrent  dans  le  pays  des  Enchéliens  (Strabon,  271,  27),  peuple 
d'Illyrie  souvent  cité  par  les  auteurs  grecs  et  latins  (Scylax,  PeripL, 
I  25;  Scymnos  de  Chios, -Perieg-.,  v.  437;  Pomponius  Mêla,  II,  3; 
Pline,  N,  H.,  III,  139,  etc.).  Le  tombeau  d'Harmonia  et  de  Cadmoa  est 


NOTES  355 

pité  par  Denys  {Perieg.,  v.  Sgi)  et  par  Scylax  {PeripL,  %  24),  qui  le 
place  dans  le  pays  des  Maniens,  peuple  d*Illyrie,  voisin  des  Enchéliens. 
Lucain  semble  faire  allusion  à  ce  passage  d'Apollonios,  quand  il  dit 
{Pharsal.,  III,  v.  188  et  suiv.)  : 

nomine  prisco 
EocfacUae,  verei  testantes  funera  Cadmi  ; 
Colchis,  et  Hadriacas  spumans  Absyrtas  in  andas. 

Le  profond  et  sombre  fleuve  d'Illyrie,  dont  parle  Apollonios  (v.  5 16), 
serait  le  Rhizon,  d'après  C.  MuUer  (note  au  |  24  du  Périple  de  Scylax). 
Ératosthène,  d'autre  part  (cité  par  C.  Muller,  même  note),  dit  que  ce 
tombeau  fameux  se  trouvait  au  bord  du  Drilon,  ou  Drinon.  Comme 
le  Drino  moderne,  qui  se  jette  dans  TAdriatique  au-dessous  d*Alessio^ 
est  formé  de  la  réunion  du  Drino-Bianco  et  du  Drino-Negro,  on  peut 
supposer  que  c'est  à  ce  dernier  qu'Apollonios  fait  allusion,  quand  il 
parle  d'un  profond  et  sombre  fleuve. 

La  forteresse,  bâtie  par  les  Colchiens,  est  sans  doute  Tacropole  de  la 
future  ville  de  Pola,  dont  Strabon  (179,  40  et  suiv.)  dit  qu'elle  fut 
fondée  par  les  Colchiens  envoyés  à  la  recherche  de  Médée,  qui,  ayant 
échoué  dans  leur  expédition,  se  condamnèrent  à  l'exil.  Il  cite  à  ce 
propos  un  fragment  d'une  élégie  perdue  de  Callimaque  :  Les  Grecs 
Vaqueraient  ville  des  exilés;  dans  leur  langue,  ils  [les  Colchiens] 
Vont  nommée  Polai,  Voir  aussi  Strabon  (38,  34  et  suiv.).  Cf.  Pompon ius 
Mêla  (II,  3)  :  c  Pola,  quondam  a  Colchis,  utferunt,  habitata.  » 

V.  519.  Le  nom  de  monts  Cérauniens,  —  Les  monts  Cérauniens  sont 
très  souvent  cités  par  les  auteurs  grecs  et  latins.  Apollonios  donne, 
dans  ce  passage,  l'étymologie  de  leur  nom  (xepauv6c,  tonnerre),  Strabon 
(17,  16)  dit  que,  de  son  temps  encore,  on  montrait,  aux  environs  des 
monts  Cérauniens,  quelques  vestiges  du  passage  des  Argonautes. 

L'île  qui  est  située  en  face  des  mo^  Cérauniens  est  l'île  de  Corcyre, 
habitée  par  les  pacifiques  Phaiacim;  c'est,  sans  doute,  pour  que  les 
Colchiens  n'aillent  pas  troubler  leur  tranquillité  que  Zeus  les  empoche 
de  passer  dans  l'Ile  de  Corcyre. 

V.  524.  La  terre  des  Hylléens.  —  Les  Hylléens,  peuple  du  littoral 
de  l'Ulyrie,  sont  souvent  cités  par  les  auteurs  grecs  (Denys,  Perieg,, 
V.  386;  voir  les  notes  de  C.  MûUer  à  ce  vers).  Scylax  {PeripL,  g  22)  dit 
qu'ils  habitent  une  presqu'île,  aussi  vaste  à  peu  près  que  le  Péloponèse. 
Scymnos  de  Chios  {Perieg,,  v.  4o5),  qui  attribue  la  mâme  étendue  à 
leur  péninsule,  dit  qu'elle  contient  quinze  villes.  Cf.  ApoUodore, 
Fragm.  1 19  {Histor,  Graec,  Fragm,,  Didot,  vol.  I").  —  Quant  à  Hyllos, 
héros  éponyme  de  ce  peuple,  Apollonios  a  soin  de  donner  sur  sa 
naissance  des  détails  précis  (v.  538),  pour  qu'on  ne  le  confonde  pas  avec 
un  autre  Hyllos,  fils  d'Héraclès  aussi,  mais  né  de  Déjanire,  et  beaucoup 
plus  connu.  Dans  sa  note  au  vers  1 149,  le  Scoliaste  explique  pour  quel 
motif  Héraclès  donna  le  même  nom  d'Hyllos  à  deux  de  ses  fils  : 
«  Panyasis  dit  qu'Héraclès,  s'étant  trouvé  malade  en  Lydie,  fut  guéri 
par  Hyllos  :  c'est  un  fleuve  qui  coule  dans  ce  pays.  Voilà  pourquoi  il 
donna  le  nom  d'Hyllos  à  deux  de  ses  fils.  »  Pour  ce  qui  est  du  fleuve 
Aigaios  et  de  sa  fille  Mélité,  [e  ne  trouve  à  leur  sujet  aucun  renseigne- 


356  NOTES 

ment.  Il  est  souvent  parié  d'une  autre  Mélité,  fille  de  Nérée  (Hésiode^ 
Théog.,  V.  246  ;  Homère,  Iliad,,  XVIII,  v.  42;  ÂpoUodore,  1, 2, 7,  eu.); 
je  pense  que  la  Mélité,  fille  du  fleuve  Aigaios,  est  la  déesse  éponyme 
de  cette  petite  Ile  située  entre  Corcyre  et  la  côte  d*Illyrie,  où  Ton  élevail 
les  catuU  Melitaei  dont  Pline  (N,  H,,  III,  ibi)  fait  mention,  d'après 
Callimaque  :  «  Melite,  ufttie  catuios  Melitaeas  appeliari  Callimachus 
auctor  est,  t  D'autre  part,  Strabon  (uSo,  32)  dit  que  ces  chiens,  xuvidia 
MeXtTttta,  sont  originaires  d'une  autre  île  Mélité,  la  moderne  île  de  Malte. 

V.  528.  Un  des  grands  trépieds  d* Apollon.  ~  L'autre  trépied  sera 
offert  à  Triton  (v.  iSSg).  On  sait  que  ces  trépieds  étaient  une  des 
grandes  richesses  du  temple  de  Pytho.  Dans  V Hymne  homérique  à 
Hermès  (v.  179),  le  petit  dieu  se  vante  qu'il  ira  à  Pytho  les  voler,  ainsi 
que  les  vases  et  les  métaux  précieux  qui  ornent  la  demeure  d'Apollon. 

V.  535.  La  ville  Agané  des  Hylléens  (ic6Xtv  'Ayavriv).  —  Les  éditions 
ont  toutes  niXtv  àyor^v,  une  ville  illustre,  Koechly  voulait  lire  ic6Xtv 
|jLtYaXT)v.  Merkel  fait  du  mot  àyavri  un  nom  propre,  qui,  pense-t-il,  esC 
celui  d'une  de  ces  quinze  villes  que  les  Hylléens  possédaient,  au  dire 
de  Scymnos  de  Chios  (Perieg,,  v.  407).  Voir  la  note  au  vers  524. 

V.  539.  Les  demeures  de  Nausithoos.  —  Nausithoos  est  connu  par 
VOdyssée  :  c'est  lui  qui  conduisit  les  Phaiaciens  dans  l'île  de  Schéria 
(Odyss.,  VI,  v.  7- xi);  fils  de  Poséidon  et  de  Périboia,  il  fut  père 
d'Àlcinoos  {Odyss.,  VII,  v.  56-63).  Quant  à  ses  rapports  avec  cet 
Hyllos,  inconnu  aux  auteurs  anciens,  il  n'en  est  naturellement  question 
nulle  part. 

V.  540.  Vile  Macris,  —  «  Autrefois,  l'île  Schéria  s'appelait  Macris, 
du  nom  de  la  nourrice  de  Dionysos.  »  (Scol.)  D'après  Strabon,  Schéria 
est  le  nom  ancien  de  l'île  de  Corcyre  (224,  17;  248,  53);  il  dit,  d'autre 
part,  que  Macris  était  l'ancien  nom  de  l'Eubée  (382,  6).  Voir  la  note 
au  vers  1024  du  Chant  1*'.  —  Mais  ApoUonios  fait  allusion  ici  à  une 
légende  que  nous  ne  connaissoa§  que  par  lui  :  au  lieu  de  suivre  la 
tradition  commune  d'après  laquAe  Dionysos  à  peine  né  a  été  confié 
par  les  soins  d'Hermès  aux  Nymphes,  ses  nourrices,  qui  relevèrent 
dans  les  cavernes  de  Nysa,  la  montagne  sacrée  (voir,  par  exemple, 
Decharme,  MythoU,  p.  437),  il  raconte  (v.  1131-1140)  que  Macris, 
fille  d'Aristée,  reçut  des  mains  d'Hermès  Dionysos  nouveau -né,  et 
l'éleva  dans  l'île  d'Eubée;  chassée  de  cette  île  par  le  ressentiment 
d'Héra,  elle  vint  se  réfugier  à  Schéria  auprès  des  Phaiaciens;  l'île  prit 
son  nom  qu'elle  perdit  ensuite,  dit  ApoUonios  (v.  900),  pour  recevoir 
celui  de  Drépané,  et  le  poète  indique  les  diverses  étymologies  de  ce 
second  nom  de  Corcyre,  qui  est  mentionné  par  plusieurs  auteurs 
anciens,  a  L'île  de  Drépané  est  l'île  de  Corcyre;  elle  s'appelait  d'abord 
Schéria;  dans  sa  Constitution  des  Corçyréens,  Aristote  donne  l'origine 
de  ce  premier  nom.  Car  il  dit  que  Déméter,  craignant  que  les  fleuves 
qui  venaient  du  continent  ne  fissent  de  l'île  une  partie  du  continent 
[sans  doute,  que  les  alluvions  de  ces  fleuves  ne  rejoignissent  l'île  au 
continent  qui  en  est  peu  éloigné],  demanda  à  Poséidon  de  détourner 
le  cours  de  ces  fleuves;  ces  fleuves  ayant  été  contenus  [efft<rxcO£vta»v], 
l'île,  au  lieu  du  nom  de  Drépané,  prit  celui  de  Schéria  [£xep{a].  [Or, 
elle  se  nommait  Drépané]  parce  que  Déméter,  ajrant  demandé  une  fiiux 


NOTES  357 

[Spcirdiw)]  à  Héphaistos,  enseigna  aux  Titans  à  faire  la  moisson  ;  ensuite 
elle  cacha  cette  faux  dans  une  partie  de  l*fle  voisine  de  la  mer.  Mais 
comme  les  flots  battaient  ce  lieu,  la  forme  de  cette  terre  devint  sem* 
blable  à  celle  d'une  faux.  Timée  dit  que  le  nom  de  Drépané  vint  de  ce 
que  Zeus  cacha  dans  cette  île  la  faux  avec  laquelle  il  avait  coupé  les 
parties  sexuelles  d'Ouranos  ou  de  Cronos.  (Scoliaste,  note  au  vers  984.) 
Hellanicos  (Fragm.  Hist,  Graec,  Didot,  vol.  I*%  p.  5i)  dit  que  Phaiax 
éuit  fils  de  Poséidon  et  de  l'Asopide  Cercyra  (cf.  Diodore,  IV,  72) 
et  donna  son  nom  à  l'île  autrefois  nommée  Drépané  et  Schéria.  Cf.  Pline 
l'ancien  {N.  H.,  IV,  52)  :  t  Corcyra,,,  Homero  dicta  Scheria  et 
Phaeacia,  Callimacho  etiam  Drepane»  »  Apollonios  donne  donc  à  l'île 
de  Corcyre,  ou,  si  Ton  aime  mieux,  à  l'île  fabuleuse  des  Phaiaciens, 
tous  les  noms  successifs  qui  lui  sont  attribués  d'ordinaire,  et  il  men- 
tionne, en  outre,  un  autre  nom,  Macris,  dont  les  auteurs  anciens  ne 
parlent  pas.  C'est  probablement  pour  concilier  avec  la  tradition  qu'il 
suit  sur  Tenfiance  de  Dionysos  une  autre  tradition,  reprise  depuis  par 
Nonnos,  d'après  laquelle  Dioaysos  aurait  été  élevé  par  les  Courètes 
et  les  Corybantes  dans  l'île  d'Eubée,  primitivement  nommée  Macris. 
D'ailleurs,  suivant  Strabon  (386,  7  et  suiv.),  au  retour  du  siège  de 
Troie,  des  navires  Eubéens  furent  jetés  sur  les  côtes  dlllyrie,  et  une 
ville  de  l'Ile  de  Corcyre  prit  le  nom  d'Eubée.  Apollonios  semble 
vouloir  confirmer  les  traditions  qui  établissaient  des  rapports  entre 
les  îles  d'Eubée  et  de  Corcyre.  —  Il  faut  remarquer  que  l'auteur  des 
Argonautiques  ne  donne  jamais  à  l'île  des  Phaiaciens  le  nom  de 
Corcyre  par  lequel  on  la  désigne  d'ordinaire.  Il  réserve  ce  nom  de 
Kipxupa  pour  une  autre  île  de  la  mer  d'Illyrie,  CorcyrC'la^Noire 
(Kipvupa  MiXatva,  v.  571),  où,  dit-il,  Poséidon  établit  la  jeune  Asopide 
Cercyra  qu'il  avait  enlevée.  D'après  le  fragment  d'Hellanicos  cité  plus 
haut,  l'Asopide  Cercyra,  mère  de  Phaiax,  aurait  donné  son  nom  à*  l'île 
de  Drépané,  qui  devint  plus  tard  la  demeure  des  Phaiaciens.  Mais  les 
géographes  anciens  distinguent  généralement  Corcyre  (Cor/ou)  de 
Corcyre-la-Noire  (Cur^ola  ou  Karkar),  Il  est  question  de  cette  dernière 
tle  dans  Strabon  (102,  24),  dans  Pline  l'ancien  (III,  i52),  dans  Pompo- 
nius  Mêla  (II,  7X  etc. 

V.  341.  Pour  se  purifier  du  meurtre  funeste  de  ses  enfants,  —  Apol- 
lodore  (II,  4,  12)  raconte  qu'Héraclès,  rendu  fou  par  Héra,  tua  les 
enfants  qu'il  avait  eus  de  Mégara,  et  que,  revenu  à  la  raison,  il  s'exila 
et  se  fit  purifier  par  Thestios.  Mais,  quant  à  son  voyage  dans  le  pays 
des  Phaiaciens  où  il  aurait  aimé  la  nymphe  Mélité,  j'ai  déjà  dit  (note 
au  vers  524)  que,  nulle  part  à  ma  connaissance,  il  n'en  est  question 
dans  les  auteurs  anciens.  Pour  les  diverses  folies  furieuses  d'Héraclès 
et  les  purifications  rendues  nécessaires  par  les  crimes  commis  pendant 
ses  accès,  voir  Heyne,  ad  ApoUodori  Bihliothecam  Observationes, 
p.  1 30-140. 

V.  543.  Le  courageux  Hyllos,  —  Après  ce  vers,  les  éditions  vulgaires 
ont,  d'ordinaire,  les  unes  dans  la  suite  du  texte,  les  autres  entre  crochets, 
les  deux  vers  suivants  :  «  [Qui  enfanta  le  courageux  Hyllos]  dans  le 
pays  des  Phaiaciens.  Il  habita  d'abord  les  demeures  de  Nausithoos, 
alors  qu'il  était  enfant; puis,  il  quitta  Vile,»  Hoelzlin  n'admettait  pas 


35S  NOTES 

ces  deux  vers,  qui  font  évidemment  double  emploi  avec  les  deux 
suivants;  ils  ne  se  trouvent  pas  dans  les  mss.  de  Merkel.  Weliauer 
pense  avec  raison  qu'ils  appartiennent  à  la  première  édition  des 
A  rgonautiques. 

V.  5  5 1 .  Les  Mentores.  —  Les  Mentores  sont,  d'après  Hécatée  (Fragm. 
Histor.  GraeC;  Didot,  vol.  I*',  p.  4),  un  peuple  voisin  des  Libumiens. 
Pline  (M  H,,  III,  139)  en  fiiitune  tribu  de  la  nation  des  Libumiens. 
5eul,  à  la  connaissance  de  C  Muller  {Geogr,  Graec,  Min,,  Didot, 
vol.  1*%  p.  27),  Scylax  cite  les  îles  Mentorides,  dans  le  voisinage  des 
Électrtdes,  et  semble  placer  ainsi  les  Mentores  parmi  les  insulaires  et 
non  parmi  les  continentaux,  comme  le  font  les  autres  auteurs  anciens 
qui  parlent  de  ce  peuple. 

V.  353.  Dans  les  îles  Liguriennes,  que  Von  nomme  Stoichades.  ^-^ 
<  Auprès  de  l'Italie  sont  trois  îles  nommées  Ligustiades  ou  Stotchades, 
parce  qu'elles  sont  rangées  en  ligne  (oWx»);  les  Ligyens  les  habitent.  > 
<Scol.)  Strabon  cite  (i53,  24)  les  cinq  fies  Stoichades  dont  trois  sont 
grandes,  et  deux,  petites  :  ce  sont  nos  îles  d'Hières.  Pline  {N,  H.,  III, 
79)  ne  compte  que  trois  Stoichades;  il  donne  de  leur  nom  la  même 
étymologie  que  le  ScoUaste  :  c  Très  Stoechades  a  vicinis  Massiliensiha 
dictae  propter  ordinem  quo  sitae  sunt,  1  Cf.  Pompon ius  Mêla  (H,  7).  — 
A  propos  de  l'expression  la  terre  Ausonienne,  le  Scoliaste  fait  remar* 
quer  que  Ton  a  blâmé  ApoUonios  d'avoir  donné  à  Tltalie  un  nom 
qu'elle  n'avait  pas  au  temps  de  l'expédition  des  Argonautes,  puisque 
ce  nom  vient  d'Auson,  né  d'Ulysse  et  de  Calypso,  longtemps  après 
l'expédition;  il  défend  le  poète  en  disant  qu'il  ne  rapportait  pas  ce 
nom  au  temps  des  héros.  On  sait,  en  effet,  que  l'expédition  des  Argo- 
nautes est  antérieure  aux  aventures  d'Ulysse,  puisque,  dans  VOdyssée 
(cf.  XII,  V.  69  et  suiv.),  il  est  fait  allusion  à  Jason  et  au  vo3rage  d'Argo. 

V.  364.  Les  îles  Libumiennes.  —  Strabon  parle  de  ces  îles,  situées 
près  de  la  côte  d'Illyrie  (102,  23);  il  dit  qu'il  y  en  a  une  quarantaine 
(261,  46).  Cf.  Scylax  (PeripL,  {  21),  Pline  l'Ancien  (UI,  i32),  etc.  On 
sait  que  les  Li bûmes  étaient  un  des  peuples  de  l'Ulyrie.  —  Llle  d^Jssa 
est  très  souvent  citée  parles  auteurs  anciens  :  Strabon  (ro2,  a  3,  etc.), 
Scylax  (i  23),  Scymnos  (v.  41 3),  Pline  l'Ancien  (III,  t32),  Pomponius 
Mêla  (II,  7),  etc.  —  Dyscélados  et  Pityéia  ne  semblent  guère  mention- 
nées que  par  Pomponius  Mêla  (II,  7).  Les  anciens  éditeurs  voyaient 
dans  éucnUXaSoc  (dont  le  bruit  est  terrible)  une  épithète  d'Issa,  et  Voss 
pensait  qu'induit  en  erreur  par  une  mauvaise  intelligence  du  texte 
d' ApoUonios,  Pomponius  Mêla  avait  feit  de  l'épithète  un  nom  propre. 
Brunck  rétablit  AuaxiXa6oc  et  pense  que,  par  suite  de  corruption,  le 
nom  de  cette  île  est  devenu  Celadussa  dans  Pline  (AT.  H.,  III,  1 52).  Le 
Scoliaste  fait  aussi  de  Dyscélados  le  nom  propre  d'une  île.  —  Pour 
Cercyra-Mélaina,  voir  la  note  au  vers  540.  Les  auteurs  cités  dans 
cette  note  admettent  que  Cercyra  a  été  établie,  non  dans  Cercyra- 
Mélaina,  comme  le  dit  ApoUonios,  mais  dans  Cercyra,  pays  des  Phaia- 
ciens.  L'Asopos,  père  de  Cercyra,  est  le  fleuve  de  Sicyonie,  qui  passe 
devant  la  ville  de  Phlionte  (voir  la  note  au  vers  ii5  du  Chant  I**). — 
Mélité  (voir  la  note  au  vers  524)  est  mentionnée  aussi  par  Scylax 
{PeripL,  {  23).  ^  Cérossos  et  Nymphaié  ne  semblent  pas  mentionnées 


NOTES  359 

par  les  anciens.  Pline  l'Ancien  (N.  H,,  III,  144)  parle  d'un  Nymphaeum 
promontorium  situé  en  Ulyrie.  Si  l'on  ne  sait  rien  de  Cérossos,  on  peut,, 
du  moins,  identifier  Nymphaié  avec  la  légendaire  Ogygie  où,  d*aprè& 
VOdyssée  (VII,  v.  243)^  demeurait  la  fille  rusée  d'Atlas,  Calypso. 

V.  382.  La  poutre  douée  de  la  parole,  —  Voir  la  note  au  vers  326  du 
Chant  !•'. 

V.  391.  Circé,  fille  de  Perse  et  d'Hélios.  —  Voir,  au  sujet  de  Circé, 
la  note  au  vers  3 1 1  du  Chant  III,  et,  pour  ses  origines^  la  note  au 
vers  1 22 1  du  Chant  II.  Hésiode,  qui  dit  aussi  que  Perse  ou  Perséis  est 
la  mère  d'Aiétès  et  de  Circé  {Théog.,  v.  937),  fait  de  cette  déesse  une 
Océan ide  (Théog.,  v.  336). 

V.  396.  Au  fond  du  cours  de  VÉridan.  —  D'après  les  auteurs  latins» 
rÉridan  est  le  nom  grec  du  Padus  (le  Pô).  Cf.  Pline  (N.  H.,  XXXVU, 
3i):  aEridanum  amnem  quem  Padum  vocavimus.t  Hygin  {Fabul., 
134):  «/fie  amnis  [Padus]  a  Graecis  Eridanus  dicitur  quem  Phere^ 
cydes  primus  vocavit.  »  Le  nom  de  l'Éridan  se  trouve  mentionné  par 
Hésiode  {Théog,,  v.  338)  avant  Phérécyde  :  mais  dans  la  Théogonie 
ce  n'est  qu'un  nom  mythique  compris  dans  une  énumération  qui  n'a 


qui 

mers  septentrionales:  il  n'a  vu  personne  qui  ait  pu  lui  donner  des 
renseignements  sur  ce  fleuve,  et  il  pense  que  le  nom  de  l'Éridan  est  de 
l'invention  de  quelque  poète.  A  l'époque  classique,  TÉridan  est  regardé 
comme  un  fleuve  du  légendaire  pays  des  Hyperboréens.  (Cf.  Preller^ 
Griech,  Mythol.,  erster  Band,  dritte  Auflage,  p.  196.)  Plus  tard,  on 
admet  que  TÉridan  est  voisin  du  Pô,  on  prétend  même  qu'il  n'est 
autre  chose  que  le  Pô  :  cette  seconde  opinion,  qui  est  celle  des  auteurs 
latins  en  général,  est  aussi  rapportée  par  Diodore  de  Sicile  (V,  23). 
Strabon  (179,  9)  ne  veut  pas  admettre  l'identification  de  l'Éridan  et  du 
Pô,  ni  même  le  voisinage  de  ces  deux  fleuves,  car,  dit-il,  l'Éridan  iji'est 
nulle  part,  il  n'existe  pas  (voir  la  note  au  vers  3o3).  Pour  Apollonios, 
rÉridan  est,  sans  doute,  le  même  fleuve  que  le  Padus. dts  Latins;  il 
suit  les  traditions  fantaisistes  de  l'ancienne  géographie  au  sujet  de  ce 
fleuve  qu*il  fiiit  communiquer  avec  le  Rhodanos  (v.  628).  Ses  connais- 
sances sur  le  cours  de  l'Éridan  sont  aussi  bizarres  que  celles  quMl  a 
sur  le  cours  de  Tlster.  A  supposer  que  les  géographes  d'Alexandrie 
connussent  bien  les  fleuves  de  1* Europe,  l'auteur  des  Argonautiques, 
qui  fait  accomplir  à  ses  héros  leur  voyage  traditionnel,  est  forcé  par 
l'économie  de  son  poème  de  se  conformer  aux  systèmes  géographiques 
primitifs. 

V.  397.  Cest  là  qû'autrtfois,.,  —  On  a  vu  (note  au  vers  3o3)  la 
manière  dont  Pline  l'Ancien  traite  la  légende  des  Héliades  et  la  tradi- 
tion rapportée  par  Apollonios  à  propos  de  la  production  de  l'ambre.  — 
Mais  l'histoire  de  Phaéthon  foudroyé  par  Zeus  et  précipité  au  fond  de 
l'Éridan  est  populaire  dans  les  légendes  grecques.  «  Le  mythe  grec 
ajoutait  que  Phaéthon  avait  été  enseveli  par  les  Nymphes;  que  ses 
sœurs,  les  Héliades,  s'étaient  lamentées  sans  fin  sur  son  tombeau, 
jusqu'au  jour  où  elles  avaient  été  changées  en  aunes,  ou  en  peupliers 


360  NOTES 

blancs.  Leurs  pleurs  sëchés  et  figés  sur  le  sol  étaient  devenus  de 
l'ambre  :  la  brillante  matière  qui  a  Téclat  doré  du  soleil  et  la  transpa* 
rence  d*une  larme.  A  cette  fable  localisée  sur  les  bords  de  TÉridan  se 
rattachait,  comme  on  le  voit,  l'origine  mjrthique  de  l'ambre,  dont  le 
commerce  dans  Tantiquité  a  suivi  les  voies  de  l'Adriatique  pour  se 
répandre  en  Grèce.  »  (Decharme,  Mythoi.,  p.  243.)  Hésiode  qui,  au 
dire  d'Hygin  (Fabul,^  134),  semble  être  le  premier  qui  ait  raconl»é  la 
légende  de  Phaéthon  et  des  Héliades,  disait  que  les  filles  d'Hélîos 
furent  changées  en  peupliers,  m  arbores  sunt  populos  versae,  comme 
l'auteur  latin  traduit  le  texte  perdu  d'Hésiode.  D*après  Virgile,  elles 
furent  changées  en  aunes  {Ed.,  VI,  v.  62)  : 

Tarn  Pbaethootiadat  matoo  drcoindat  «marte 
Cortici»,  «tqae  ëo\o  proceras  erigit  aloot, 

ou  en  peupliers  (Aen.,  X,  v.  190)  : 

Populeat  inter  frondes,  ombramqoe  aororam. 

Ovide,  qui  raconte  avec  grands  détails  toute  Thistoire  de  Phaéthon 
{Met,,  II,  v.  1-366),  ne  pi&ise  pas  en  quels  arbres  les  Héliades  furent 
changées.  Euripide  {Hippoljrte,  v.  735  et  suiv.)  parle  des  larmes 
d'ambre  des  Héliades,  mais  il  ne  dit  rien  de  leur  métamorphose. 
Strabon  (179, 9)  rapporte  comme  fiibuleuse  la  tradition  d'après  laquelle 
elles  auraient  été  changées  en  aunes.  Apollonios,  il  me  semble,  indique 
nettement  que  l'arbre  en  question  est  le  peuplier  noir,  aPftipoCt  que 
V  Odyssée  (X,  v.  5 10)  place  dans  les  bois  de  Perséphoné.  Denys 
{Perieg.,  v.  290  et  suiv.),  dans  un  passage  imité  d' Apollonios,  dit  que, 
se  tenant  au  pied  des  peupliers  noirs  (Ofv)|uvoi  aijdpoi9i\  les  Celtes 
recueillent  les  larmes  d'ambre  des  Héliades.  Diodore  de  Sicile  (V,  23) 
dit  aussi  que  les  Héliades  furent  changées  en  peupliers  noirs,  ^cvoiUvoïc 
aÎYftpotic. 

V.  604.  Enfermées  (teXpiivai).  —  Le  mot  etXtUvat  est  une  excellente 
correction  de  Gerhard  {Lection.  Apollon.,  p.  52),  adoptée  par  Wellauer 
et  par  Merkel.  Le  Laur.  et  le  Guelf.  ont  èf^pievat  (la  première  leçon  du 
Laur.  était  âc((icyat),  mot  qui  fait  ici  un  contre -sens  et  qui  semble 
amené  par  le  Oçi^picvot  de  Denys  (voir  la  note  au  vers  597).  Mais  î^i^iuvai, 
dans  le  passage  d' Apollonios,  ne  peut  se  rapporter  aux  Héliades  comme, 
dans  la  Périégèse,  Oçi^ficvot  se  rapporte  aux  Celtes  qui  se  tiennent  au 
pied  des  peupliers.  Brunck  rejette  s^i^tuvat  €quod  nobis  Héliades 
repraesentat,  tanquam  aves,  arborum  ramis  insidentes  •,  pour  admettre 
iXiyiiivat,  leçon  des  mss.  de  Paris.  Mais  (Xiyiiévai  (roulées,  entortillées) 
n'offre  pas  un  sens  satisfiiisant  et  semble,  comme  la  première  leçon 
du  Laur.,  àe(|ievat,  une  faute  de  copie  pour  tiX|iivai. 

V.  616.  Irrité  au  sujet  de  son  fils,  -^  Ce  fils  d'Apollon,  mis  au  monde 
par  O>ronis,  fille  de  Phlégyas,  dans  la  riche  Lacéréia,  ville  de  Thessalie, 
près  de  l'embouchure  de  l'Amyros  (voir  la  note  au  vers  396  du 
Chant  I*Oi  est  Asclépios  (voir  Decharme,  MythoL,  p.  293).  Quant  à  la 
légende  des  larmes  d'Apollon  qu'Apollonios  dit  avoir  prise  aux  Celtes, 
elle  ne  semble  pas  se  trouver  dans  la  mythologie  ordinaire  des  Grecs. 
Sturz  {Pherecydis  fragmenta,  editio  altéra,   Lipsiae,    1824,  p.  84), 


NOTES  361 

énumérant  les  divers  auteurs  qui  ont  parlé  de  la  mort  d^Asclëpiosetdu 
châtiment  d'Apollon,  fait  remarquer  que  la  légende  empruntée  par 
ApoUonios  aux  Celtes  est  en  désaccord  avec  la  légende  consacrée. 
D'après  le  récit  traditionnel  (ApoUodore,  IFl,  10;  Diodore  de  Sicile, 
IV,  71;  cf.  Decharme,  MythoL,  p.  294),  Zeus  foudroya  Asclépios  dont 
la  science  médicale  rendait  les  hommes  immortels;  ayant  voulu  venger 
son  fils,  Apollon  tua  les  Cyclopes  qui  fieibriquent  la  foudre,  et,  pour  le 
punir  de  ce  meurtre,  Zeus  l'exila  du  ciel  et  le  condamna  à  être  l'esclave 
d'Admète.  Il  n'est  pas  question  des  larmes  qu'Apollon  aurait  versées  au 
bord  de  l'Éridan  en  se  rendant  chez  les  hommes  Hyperboréens.  Mais, 
comme  l'Éridan  était  un  fleuve  mythique  du  pays  des  Hyperboréens 
(voir  la  note  au  vers  Sgô),  comme,  d'autre  part,  les  Hyperboréens 
étaient  un  des  peuples  favoris  d'Apollon  (voir  la  note  au  vers  675  du 
Chant  II),  la  légende,  citée  par  ApoUonios,  pour  s'éloigner  des  traditions 
reçues,  n'a  rien  d'invraisemblable.  On  peut  admettre  qu'Apollon  ait 
obtenu  d'aller  passer  chez  les  Hyperboréens  le  temps  de  son  exil 
terrestre;  on  connaît  d'ailleurs  le  goût  d' ApoUonios  pour  les  traditions 
peu  vulgaires  où  son  érudition  alexandrine  se  complatt. 

V.  627.  Le  cours  profond  du  Rhodanos  qui  se  jette  dans  VÉridan,  — 
c  Le  Rhodanos  est  un  fleuve  de  la  Celtique  qui  s'unit  à  l'Éridan.  Puis 
ils  se  séparent  en  deux;  l'une  des  branches  se  jette  dans  l'Océan, 
l'autre  dans  le  golfe  Ionien.  »  (Scol.)  Les  anciens  géographes  que  suit 
ApoUonios  se  faisaient  sur  le  cours  du  Rhodanos  (le  Rhône)  des  idées 
aussi  étranges  que  sur  celui  de  Tlster.  Pline  (iV.  H.,  XXXVII,  3a) 
accuse  Eschyle,  Euripide  et  ApoUonios  d'ignorance  au  sujet  du  Rhône 
et  du  Pô:  tiNam  quod  Aeschylus  in  Iberia,  hoc  est  in  Hispania, 
Eridanum  esse  dixit,  eumdetnque  appellari  Rhodanum,  Euripides 
rursus  et  Apollonius  in  Hadriatico  litore  confluere  Rhodanum  et 
Padum,,.  1  ApoUonios  adopte  quelque  tradition  géographique  qui  se 
trouvait  dans  une  pièce  d'Euripide  aujourd'hui  perdue. 

V.  633.  Dans  la  mer  Sardonienne,  golfe  immense.  —  L'expression 
grecque  £aif d^vtov  ntXaLyùç  xa\  àntfpova  x6Xicov  est  un  £v  8ià  8u6Cv.  Apol- 
lonios  fiiit  de  la  mer  Sardonienne  un  golfe  immense  qui  s'étend 
jusqu'aux  bouches  du  Rhône.  D'ordinaire,  on  donne  le  nom  de  Aiyva- 
Ttxbv  icéXorjfo^  au  golfe  où  le  Rhône  se  jette,  et  Strabon  (88,  i)  fait 
remarquer  que  ce  golfe  est  distinct  de  la  mer  Sardonienne. 

V.  634.  Par  sept  embouchures,  —  t  Au  sujet  des  bouches  du  Rhoda- 
nos, Polybe  accuse  Timée  d'ignorance,  disant  qu'elles  ne  sont  pas  au 
nombre  de  cinq,  comme  Timée  le  prétend,  mais  bien  au  nombre  de 
deux.  Artémidore  rapporte  qu'il  y  en  a  trois...  Quelques-uns  disent 
que  ce  fleuve  a  sept  bouches.  »  (Strabon,  i52,  27  et  suiv.). 

V.  635.  Les  lacs.,,  sur  le  territoire  des  Celtes.  —  Le  Rhône  ne  traverse 
qu'un  lac,  qui  est  le  Léman,  Av^iéwa  X{|&vv)  (Strabon,  170,  7,  etc.). 
Mais  puisque  ApoUonios  admet  que  la  suite  des  lacs  traversés  par  le 
Rhodanos  aurait  conduit  les  Argonautes  jusqu'à  l'Océan,  on  comprend 
qu'il  s'agit  des  divers  lacs  helvétiques,  plus  ou  moins  vaguement 
connus  des  géographes  alexandrins.  Le  territoire  des  Celtes  s'étend  à 
l'infini  au  nord  de  l'Europe  connue  des  contemporains  d' ApoUonios. 
Il  ne  faut  pas  entendre  par  Celtes,  comme  le  fait  Scylax  (Peripl,,  {  18), 

4(5 


302  NOTES 

par  exemple,  un  peuple  qui  soit  voisin  des  Tyrrhéniens  et  qui  habite 
au  bord  de  TAdriatique,  mais  bien,  comme  le  dit  Strabon  (27,  37), 
l'ensemble  des  peuples  de  l'Europe  occidentale  que  l'ignorance  des 
premiers  géographes  rangeait  sous  une  seule  et  même  dénomination. 

V.  640.  Du  haut  des  monts  Hercyniens.  —  t  Le  mont  Hercynien  est 
un  mont  du  pays  des  Celtes.  »  (Scol.)  La  forât  Hercynienne  passait 
pour  la  plus  vaste  de  toute  TEurope  (Diodore,  V,  21).  Strabon  dit  que 
les  forêts  Hercyniennes  s'étendent  sur  une  vaste  contrée  montagneuse 
et  qu'elles  sont  voisines  des  sources  du  Rhin  et  de  l'Ister  et  des  lacs  du 
Rhin  (172,  35;  242,  45).  C'est  sur  un  mont  voisin  des  lacs  du  Rhin 
(qu'Apoilonios  confond  avec  les  prétendus  lacs  du  Rhône)  qu'Héra 
s'élance  pour  pousser  ce  grand  cri  et  donner  cet  avertissement  aux 
Argonautes. 

V.  646.  Les  peuples  innombrables  des  Celtes  et  des  Ligyens. —  Des 
monts  Hercyniens  jusqu'aux  environs  de  la  mer,  les  héros  ont  traversé 
le  pays  des  Celtes;  en  arrivant  vers  la  Méditerranée,  ils  se  trouvent 
chez  les  Ligyens,  peuple  méditerranéen  et  riverain  du  Rhône,  dont  la 
ville  principale  est  Massilia  (Scylax,  PeripL,  {  4).  Voir  Strabon,  etc. 

V.  65o.  Ils  arrivèrent  aux  ilesStoichades.  —  Pour  les  Iles  Stoichades, 
voir  la  note  au  vers  553. 

V.  653.  Zeus  leur  confia  les  navires  des  hommes.  —  On  sait  que  les 
Dioscures,  sous  les  noms  de  îtotripec  et  de  'AyaOol  «opocardlTat,  sont 
devenus  les  dieux  bienveillants  de  la  mer,  les  protecteurs  des  marins 
en  danger.  Voir  Decharme,  Afythol.,  p.  656;  Preller,  Griech.  Mythol., 
zweiter  Band,  dritte  Auflage,  p.  104-105.  Apollonios  rattache  l'origine 
de  cette  légende  au  souvenir  des  services  que  Castor  et  Pollux  rendent 
aux  Argonautes,  leurs  compagnons. 

V.  656.  D*une  couleur  semblable  à  celle  de  la  sueur  des  héros  (-xj^otTi.,. 
vktkoLi).  —  Strabon  rapporte  les  mêmes  traditions  qu'Apoilonios  sur  le 
séjour  des  Argonautes  dans  l'île  d'Aithalia,  qui  se  trouve  à  3oo  stades 
de  la  côte  et  à  la  même  distance  de  l'île  Cymos  (186,  37  et  suiv.): 
f  II  y  a  sur  la  côte  d'Aithalia  un  port  appelé  Argoos,  du  nom,  dit-^n, 
du  navire  Argo;  on  prétend  qu'en  cherchant  la  demeure  de  Circé,  que 
Médée  voulait  voir,  Jason  aborda  dans  cette  île;  on  assure  même  que 
des  strigilles  dont  se  servaient  les  héros,  des  gouttes  d'huile  sont 
tombées  qui,  en  se  pétrifiant,  ont  formé  les  cailloux  de  diverses  couleurs 
qu'on  voit  sur  le  rivage  (t£>v  àico<rrXcYifta|iflhi0v  icaY^vtwv...  StaicotxOiouc 
xiç>"  ^çouç)**  On  trouve  les  mêmes  renseignements  dans  le  livre 
mpl  0Qcu|ia9(«ûv  àxov9{iâtii>v,  attribué  à  Aristote,  où  il  est  dit  (p.  107, 
édit.  Sylburg)  que  sur  le  rivage  d'Aithalia  on  voit  des  cailloux  de 
diverses  couleurs  (4nr}fouc...  icoixfXoc),  qui  ont  pris  la  couleur  de  la 
crasse  que  les  héros,  couverts  d'huile,  s'enlevaient  avec  leurs  stngilles 
(ry)v  xpo^ot^  Xapclv  àicb'T&v  aTXrffi9|idt(^,  (uv  ciroioOvto  àXct^étuvoi).  Ces  mots 
ètoticoixfXovc,  icoixOiac,  ont  fait  penser  à  plusieurs  critiques  (à  Dûbner, 
entre  autres)  qu'il  foudrait  changer  fiuXot  ou  c&cXoi,  leçon  des  mss., 
et  tîxtXai,  correction  de  Brunck,  en  tcoixfXai,  parce  que  le  texte  ne  dit 
pas  à  quoi  ces  cailloux  sont  semblables.  Wellauer  répond  à  cela: 
«  Quod  minime  necessarium  est  :  subintelligendum  est  sTxeXai  Idp&it, 
nam  colorem  acceperant  ành  Tfi>v  arXrfjriviJAtwv,  ut  dicunt  qui  hanc  rem 


NOTES  363 

fusius  narrant.  »  Si  Ton  prends  le  mot  yipoiti  non  dant  le  sens  de 
couleur,  mais  dans  le  sens  de  peau  humaine  qu'il  semble  avoir  (cf.,  à 
ce  mot,  le  Dictionnaire  d'Homère  de  Theil),  la  seule  fois  qu'il  est 
employé  dans  Homère  {Iliad,,  XIV,  v.  164),  on  n'a  rien  à  sous-entendre  : 
Xpom  eiktXai  signifie  des  cailloux  semblables  par  leur  couleur  à  la  peau 
des  héros  (souillée  de  sueur).  —  L'Ile  Aithalia  (aujourd'hui  l'île  d*£lbe> 
est  très  souvent  citée  par  les  auteurs  latins  et  grecs.  D'après  C.  Mûller 
(Strabon-Didot, /n^ex,  au  mot  Argous),  le  port  'Ap^âoc  est  aujourd'hui 
le  Porto  Ferrtqo.  Diodore  de  Sicile  (IV,  56)  dit  que  le  nom  d'Argoos, 
donné  par  les  Argonautes  à  un  des  ports  de  l'ile  Aithalia,  est  encore 
conservé  de  son  temps.  Il  sera  question  (v.  1620)  d'un  port  homonyme, 
voisin  du  lac  Triton,  nommé  lui  aussi  Argoos  en  souvenir  du  passage 
d'Argo. 

V.  661.  Ils  arrivèrent  au  port  célèbre  d* A  ta. —  Voir  la  note  au 
vers  3i  I  du  Chant  III.  Dans  ce  passage,  Aiétès  disait  qu'Hélios  avait 
conduit  Circé  au  milieu  des  régions  occidentales,  sur  le  rivage  du 
continent  Tyrrhénien.  Le  poète  indique  ici  avec  précision  en  vue  de 
quelle  partie  des  rivages  Tyrrhéniens  se  trouve  l'île  d'Aia,  demeure 
de  Circé.  Elle  est  un  peu  au  sud  de  l'île  Aithalia  que  les  héros  viennent 
de  quitter  et  au  nord  de  l'île  des  Sirènes  et  de  la  Trinacrie  qu'ils  longe- 
ront après  être  partis  de  la  demeure  de  Circé.  —  On  ne  peut  établir 
la  position  de  la  légendaire  Aia  où  la  Circé  d'Homère  habitait.  Virgile 
semble  placer  Aia,  Aeaeae  insula  Circae  {A en»,  III,  v.  386),  dans  la 
même  région  qu'ApoUonios  (cf.  Aen,,  VII,  v.  10).  Les  auteurs  latins, 
voulant  identifier  la  demeure  de  Circé  avec  le  Circeium  promontorium, 
ont  imaginé  que  ce  cap  formait  autrefois  l'tle  d'Aia,  disparue  depuis. 
Cf.  Servius  (tid  Aen.,  III,  v.  386)  :  «  Qui  nunc  Circeius  mons  a  Circe 
dicitur,  aliquando,  ut  Varro  dicit,  insula  fuit,  nondum  siccatis  palU" 
dibus  quae  eam  a  continenti  dividebant.  » 

V.  66a.  Circé  qui  puriftait  sa  tête,  —  C'est  ainsi  qu'Atossa  se  purifie 
dans  l'eau  d'une  source  du  songe  qui  a  troublé  son  sommeil  (Eschyle, 
Les  Perses,  v.  201  et  suiv.).  Dans  les  Grenouilles  (v.  i338  et  suiv.), 
Aristophane  fait  dire  à  Eschyle,  dans  la  bouche  de  qui  il  met  sans 
doute  la  parodie  de  quelques  vers  d'Euripide  :  «  Servantes,  allumez 
une  lampe,  puisez  dans  vos  urnes  la  rosée  des  fleuves,  faites  chaufier 
l'eau,  que  je  me  purifie  de  ce  songe  envoyé  par  les  dieux...  1 

V.  665.  Toute  Venceinte  de  sa  demeure  (Spxta  navra  8i|ioio).  ~  Voir 
la  note  au  vers  39  du  Chant  III. 

V.  672.  Des  bêtes  sauvages...  dont  les  membres  étaient  un  mélange... 
—  Cette  idée  d'animaux  primitifs  monstrueux  appartient  à  Empédocle. 
En  réfutant  ce  philosophe,  Lucrèce  (V,  v.  905  et  suiv.)  semble  £iire 
allusion  à  cette  description  d'Apollonios  : 

TalU  qui  fiogit  potuisse  aolintUa  gigni... 

Nil  tamen  est  signi  mizlas  potuisse  creari 

Inter  te  pecodet  oompactaqne  membra  anioBantum. 

V.  676.  Tels,  du  limon  primitif...  —  ApoUonios  s'exprime  dans  les 
termes  mêmes  que  Diogène  de  Laerce  (édit.  Tauchnitz,  1.  II,  cap.  iv,  3) 
prête  à  Archélaos  :  <  'A^iXooç ...  SXrrt ...  ts  C6a  âicb  t^c  IXiSoc  yrmfiift».  » 


364  NOTES 

Archélaos,  en  effet,  qui  passe  pour  avoir  été  le  maître  de  Socrate,  et 
qui  était  l'élève  d^Anazagore,  dit  que  les  êtres  vivants  doivent  leur 
origine  première  à  Tinfluence  de  la  chaleur  solaire  qui  les  fit  éclore  du 
limon  de  la  terre.  Ces  animaux  aux  membres  hétérogènes  (àv&fcoici, 
Hippolyte,  Refut,  I,  9)  se  nourrissaient  de  ce  limon  qui  les  avait 
produits  :  ils  vécurent  peu  de  temps.  La  génération  sexuelle  n'eut  lieu 
que  plus  tard;  et,  peu  à  peu,  par  l'industrie  et  par  les  moeurs^  les 
hommes  s'élevèrent  au-dessus  des  autres  créatures.  —  Mais  cette 
doctrine  sur  la  production  primitive  des  êtres  animés  n*est  pas  parti- 
culière à  Archélaos  :  il  l'a  empruntée  à  son  maître  Anaxagore,  qui 
disait  que  tous  les  animaux  viennent  à  Torigine  de  la  terre  vaseuse, 
fécondée  par  les  germes  contenus  dans  l'éther.  Empédocle  admettait 
aussi  cette  théorie  qui  avait  été  enseignée  avant  lui  par  Anaximandre 
et  Parménide,  et  qui  fut  répandue  dans  la  suite  par  Démocrite  et  par 
Diogène.  (Voir  Zeller,  Philosophie  des  Grecs,  t.  H  de  la  traduction 
Boutroux,  Hachette,  1882,  chap.  II,  m,  |  4,  surtout  la  note  4  de  la 
page  421.)  D'après  Diodore  de  Sicile  (I,  47),  Euripide,  dans  sa  tragédie 
de  Mélanippé,  disait,  lui  aussi,  que  les  animaux  étaient  nés  à  l'origine 
du  limon  de  la  terre.  —  On  voit  qu'ApoIlonios  reproduit  dans  ce  pas- 
sage un  véritable  lieu  commun  de  l'ancienne  philosophie  cosmogonique. 

V.  683.  Les  yeux  de  Circe\  —  ApoUonios  dira  (v.  727  et  suiv.)  que 
tous  les  descendants  d'Hélios  étaient  âiciles  à  reconnaître  grâce  à  cet 
éclat  de  leurs  yeux  qui  permet  aux  héros  de  conjecturer  que  la  sceur 
d'Aiétès  est  devant  eux,  et  à  Circé  de  deviner  que  la  jeune  fille  qui 
vient  chez  elle  en  suppliante  est  de  sa  race. 

V.  694.  Telle  est  la  coutume  des  tristes  suppliants,  —  Ulysse  observe 
cette  coutume  quand  il  se  présente  en  suppliant  dans  la  maison 
d'Alcinoos  {Odyss,,  VII,  v.  i53).  Les  Thébains  qui  supplient  Apollon 
de  fiiire  cesser  la  peste  sont  assis  en  silence  au  pied  des  autels  du  dieu, 
devant  le  palais  d'Œdipe  (Sophocle,  Œdipe-Roi,  v.  i5  et  suiv.). 

V.  696.  Sa  grande  épie,  munie  d*une  poignée  (xioicrjcv  (iffa  ^avrocvov). 
—  Le  f^iayœto^  (de  afoitù,  immoler)  est  l'arme  meurtrière  par  excellence; 
il  a  deux  tranchants  (a(ifY|x«(,  Iliad,,  X,  v.  256,  etc.).  La  xcâm}  est  la 
poignée  sans  garde  :  elle  correspond  au  capulus  des  Latins,  qui  s*oppose 
à  Vansa,  poignée  recourbée.  La  traduction  latine  d'Hoelzlin,  Shaw, 
Beck  et  LÎehrs,  ansatus  magnus  gladius,  semble  inexacte. 

V.  7o3.  Les  suppliants  dont  l'âme  a  été  sans  pitié  (yY}XT)<tc).  —  Merkel 
adopte  la  leçon  du  Laur.;  le  Guelf.  et  les  mss.  de  Paris  ont  yi^Xtiifc. 
Les  deux  mots  ont  le  même  sens  et  viennent  l'un  et  l'autre  de  wj,  (Xeoc. 
Hoelzlin  a  corrigé  en  vriXTintc  ou  vv^XiTtfc  (de  w},  àXtTa{vw),  qui  signifie 
ceux  qui  n'ont  pas  expié  leur  faute.  Wellauer,  suivi  par  Lehrs,  adinet 
cette  correction,  déjà  approuvée  par  Ruhnken  :  ils  estiment  que  le  mot 
vir)XT)tfc  ou  vt)Xtiftc  contredit  le  sens  de  la  phrase.  Il  semble,  au  contraire, 
que  dire  de  Jason  et  de  Médée  suppliants  qu'ils  n'ont  pas  expié  leur 
fkute,  c'est  une  simple  banalité.  Rappeler  que  leur  âme  a  été  sans  pitié 
au  moment  du  crime  et  que  cependant  Zeus,  touché  par  la  cérémonie 
expiatoire,  aura  pitié  d'euz,  c'est  donner  une  grande  idée  de  l'impor- 
tance de  ces  pratiques  mystérieuses  auxquelles  Circé  va  procéder  et 
dont  le  poète  décrira  minutieusement  tous  les  rites. 


NOTES  365 

V.  704.  Le  meurtre  irréparable  (àrpiicroto...  fivoto).  —  €Agitur  de 
nefanda  caede  Absyrti,  fratrie  Medeae,  lustranda  Circae.  Pro  adiec- 
tivo  merito  suspecta  eruditis  non  inepte  suspiceris  àry^To  vel  àpprJToio.  » 
(H.  van  Herwerden.)  Merkel  dit  à  propos  de  cet  adjectif:  t  In  «tpéirtoio 
nescio  an  recte  Schneiderus  offenderit  :  temptari  varia  possunt.  > 
Hoeizlin  déjà  trouvait  le  sens  du  mot  faible  :  t 'Arpiicroio,  immutabilis  : 
nullam  mutabilem  esse  caedem  ante  satis  omnes  novimus,  »  La  nécessité 
d'un  changement  ne  semble  pas  évidente  :  le  mot  irréparable  est  une 
sorte  d'épithète  de  nature,  à  la  manière  homérique. 

V.  705.  Le  petit  d'une  truie.  —  Flangini  fiait  remarquer  que  cette 
description  des  cérémonies  expiatoires  d'un  meurtre  ne  se  trouve  que 
dans  Apollon ios:  tiE*  propria  di  Apollonio  nel  suo  intiero  complesso 
questa  descri:(ione  del  rito  usato  da  Circe  nella  espiύione  di  Giasone  e 
Medea.  Non  se  ne  trova,  ch*io  sappia,  altro  esempio  pressa  altri  Scrit- 
tari.  »  L'usage  de  se  faire  purifier  d'un  meurtre  paraît  postérieur  à 
répoque  homérique:  on  n*en  trouve  pas  d'exemple  dans  VJliade  et 
dans  VOdyssée,  Le  Scoliaste  des  Argonautiques  (note  au  vers  62  du 
Chant  III)  dit  que  Phérécyde  parle  de  la  purification  d'Ixion  accomplie 
par  Zeus  :  il  y  est  fait  allusion  dans  les  Euménides  d*EschyIe  (v.  718). 
Cette  tragédie  indique  toutes  les  pratiques  de  purification  auxquelles 
Oreste  est  soumis  (v.  40-4S,  63,  79,  237,  283,  446-452).  Le  porc  est 
l'animal  expiatoire  pour  Oreste  comme  pour  Jason  et  Médée.  Mais 
Oreste  est  arrosé  d'eau  lustrale  et  non  du  sang  de  l'animal  :  cette  rosée 
sanglante  qui  coule  sur  les  mains  des  coupables  fait  penser  aux  rites 
expiatoires  du  taurobole,  inconnus  au  temps  d*Eschyle.  Les  autres 
pratiques  de  la  cérémonie  se  trouvent  dans  les  poèmes  homériques  et 
dans  les  Euménides.  Quand,  sur  Tordre  d'Agamemnon,  les  guerriers 
se  purifient,  ils  jettent  à  la  mer,  comme  font  les  Naïades  de  Circé,  l'eau 
qui  a  servi  aux  purifications  (Ili€ui.,  I,  v.  3i3).  On  sait  que  les  sacri- 
fices où  les  libations  se  font  sans  vin  s'adressent  spécialement  aux 
Erinyes  {Euménides,  v.  107). 

V.  709.  Zeus  protecteur  des  suppliants  dont  les  mains  sont  ensan- 
glantées  (icaXa|fcva{ft»v).  —  Zeus  lui-même  a  le  surnom  de  naXa{ivdtoc. 
Voir  Preller,  Griech.  Mjrthol.,  erster  Band,  dritte  Auflage,  p.  11 5. 

V.  711.  Les  Naïades  servantes.  —  Dans  VOdysséeÇ^y  v.  348  et  suiv.)f 
Circé  est  servie  par  quatre  Naïades  des  sources  et  des  forêts. 

V.  715.  Doux  et  propice,  —  Ce  vers  est  imité  de  Callimaque  (Hymne 
à  Artémis,  v.  129). 

V.  757.  Chère  Iris...  —  Voir  sur  Iris  la  note  au  vers  286  du  Chant  II. 
—  Apollonios  se  souvient  ici  du  passage  de  VIliade  (XXIV,  v.  74  et 
suiv.)  où  Iris  va  trouver  Thétis  de  la  part  de  Zeus. 

V.  761.  Les  rivages  ait  les  enclumes  d'airain  d'Héphaistos...  »  Le 
Scoliaste  reproduit  avec  quelques  compléments  sa  note  au  vers  41  du 
Chant  III  sur  les  îles  d'Aiolos  et  les  forges  d'Héphaistos.  t  C'est  dans 
celles  de  ces  îles  que  l'on  nomme  Lipara  et  Strongylé  qu'Héphaistos, 
dit-on,  habite,  et  qu'on  entend  le  frémissement  du  feu  et  le  fracas  des 
marteaux.  On  rapportait  autrefois  que  celui  qui  le  voulait  pouvait  porter 
au  dieu  du  fer  brut  et  recevoir  le  lendemain  une  épée  ou  tout  autre 
objet  qu'il  désirait,  pourvu  qu'il  payât  le  prix.  C'est  Pythéas  qui  raconte 


360  NOTES 

cela  dans  son  Circuit  de  la  terre;  il  7  dit  aussi  que  la  mer  est  bouillante 
{aux  environs  de  ces  îles?].  Agathocle,  dans  ses  Mémoires,  dit  au  sujet 
des  forges  d*Héphaistos  que,  près  de  la  Sicile,  il  y  a  detix  îles  dont 
l'une  se  nomme  Hiéra  et  l'autre  Strongylé,  que  toutes  les  deux 
exhalent  du  feu  nuit  et  jour...  L'une  s'appelle  l'ile  d'Aiolos,  l'autre 
l'île  d'Héphaistos.  » 

V.  764.  A  lo/off.  —  U  est  déjà  question  d'Âiolos  dans  VOdysséeÇi^  ▼.  i 
et  suiY.).  «  Dans  VOdjrssée  (X,  v.  1*21),  jEole  est  un  roi  qui  tient  de  la 
faveur  des  dieux  le  pouvoir  de  calmer  et  d!exciier  les  vents  à  son  gré. 
Mais,  chez  les  Grecs,  il  n'est  nullement  ce  qu'il  sera  plus  tard  dans  la 
mythologie  romaine  :  le  roi  et  le  père  des  vents.  »  (Decharme,  Mythol., 
p.  279,  n.  3.)  Voir,  à  propos  d'Aiolos  et  de  sa  demeure,  Prcller,  Grieck, 
Mythol,,  erster  Band,  dritte  Auflage,  p.  Sig-Sai. 

V.  763.  Aux  vents  nés  de  la  région  supérieure  de  /'âirCàtdpirrtvIfao'iY). 
—  c  Aux  vents  qui  amènent  le  beau  temps  et  la  fraîcheur.  »  (Scol.) 
Cette  interprétation,  qui  est  celle  de  quelques  traducteurs  d'Apollonios, 
est  aussi  celle  de  Vos8,.qui  rend  par  vent  qui  souffle  la  sérénité  l'épi- 
thète  alOpvjYEvi^c  qu'Homère  donne  à  Borée;  elle  semble  inadmissible. 
M.  Pierron  dit  fort  bien  (note  au  vers  171  du  Chant  XV  de  VJliade): 
«  Né  de  rafOpi)  (de  la  couche  supérieure  de  l'air)  :  soufflant  du  haut  du 
ciel...  C*est  donc  bien  à  tort  que  quelques-uns  donnent  à  aîOpirrevi^  un 
sens  actif.  La  terminaison  ycvvic  sl  même  toujours  le  sens  de  natus;  et 
nos  chimistes  du  dernier  siècle  se  sont  trompés  du  tout  au  tout,  quand 
ils  ont  fait  les  mots  oxygène  et  hydrogène,  pour  dire  engendre-acides 
et  engendre-eau.  » 

V.  772.  La  mer  Egée.  —  Voir  la  note  au  vers  83 1  du  Chant  I*\  Pour 
Homère,  la  demeure  de  Nérée  est  une  grotte  brillante  au  fond  des 
abîmes  de  la  mer  (Iliad.,  XVIII,  v.  36,  5o,  140).  ApoUonios  précise  la 
situation  de  cette  demeure  en  la  plaçant  au-dessous  de  la  mer  Egée. 

V.  778.  Aiolos,  Villustre  fils  d'Hippotas.  —  En  faisant  d'Aiolos  le 
fils  d'Hippotas,  ApoUonios  suit  la  tradition  homérique  {Odyss.,  X, 
V.  a,  36),  qui  est  d'ailleurs  généralement  admise.  Diodore  de  Sicile  (IV, 
67)  établit  ainsi  la  filiation  d'Aiolos.  Deucalion,  fils  de  Prométhée,  est 
père  d'Hellen;  Hellen,  d'Aiolos;  Aiolos,  de  Mimas;  Mimas,  d*Hippotas. 
Hippotas,  enfin,  eut  de  sa  femme  Mélanippé  un  fils  nommé  Aiolos,  qui, 
abandonnant  l'Hellade  continentale,  royaume  de  ces  ancêtres,  vint 
s'établir  dans  les  ties  de  la  mer  Tyrrhéntenne,  qui,  de  son  nom, 
s'appelèrent  îles  Aioliennes.  Zeus  fit  de  lui  le  maître  des  vents.  D'après 
d'autres  traditions,  Aiolos,  le  maître  des  vents,  serait  fils  de  Zeus  ou 
de  Poséidon. 

V.  786.  Au  travers  des  roches  mobiles  (nXorpcToic...  icirpoc).  —  c  Les 
icXayx'^al  icitpai  sont  dans  le  détroit,  comme  le  disent  Timée  et  Pisistnte 
de  Lipara.  »  (Scol.)  Le  Scoliaste  ne  dit  pas  à  quel  détroit  il  fiait  allusion  : 
mais  puisqu'il  cite  Pisistrate  de  Lipara,  il  est  probable  qu'il  entend 
par  ce  détroit  celui  qui  se  trouve  entre  les  îles  d'Aiolos  et  la  côte 
.d'Italie.  C'est  une  erreur  :  Héra  rappelle  qu'elle  a  sauvé  les  Argonautes 
alors  qu'ils  pénétraient  %u  travers  des  Roches  Cyanées  ou  Sy mplégades 
qui  sont  situées  à  l'entrée  du  Pont  [Argon.,  II,  v.  528-618}.  Il  semble 
qu'Héra  se  vante,  car  le  poète  a  montré  Athéna  s'empressant  à  aider 


NOTES  367 

les  héros  dans  ce  passage  difficile;  il  n'a  rien  dit  du  secours  qu'Héra 
leur  aurait  porté.  —  Quoi  qu*il  en  soit,  pour  éviter  la  confusion  où  le 
Scoliaste  est  tombé,  je  traduis,  dans  ce  passage  où  il  est  évidemment 
question  des  Roches  Cysnées,  nXorpctol  nixpai  par  roches  mobiles,  et  je 
réserve  le  nom  de  Roches-Errantes  aux  nXotyxTot^  nixpat,  voisines  de 
la  cdte  d'Italie,  qui  avaient  déjà  ce  nom  dans  VOdyssée  (XII,  v.  61),  et 
qui  l'ont  aussi  dans  les  Argonautiques  (IV,  v.  Séo).  Strabon  (i23,  42 
et  suiv.)  suppose  qu'Homère  a  imaginé  ses  Planctai  à  l'instar  des 
Cjranées  ou  Symplégades,  On  sait  d'ailleurs  que  ces  trois  noms 
désignent  également  les  rochers  qui  se  trouvent  à  l'entrée  du  Pont  : 
«  Insulae  in  Ponto  Planctae,  sive  Çyaneae,  sive  Symplegades.  »  (Pline, 
N.  //.,  VI,  32.) 

V.  791.  Je  fai  nourrie  moi-mm«.  —  L'Héra  d'Homère  s'exprime 
à  peu  près  dans  les  mêmes  termes  {Iliad,,  XXIV,  v.  59-63). 

V.  793.  A  cause  de  cela  (ovvcxtv).  —  Le  sens  de  la  phrase  est  :  Je  t'ai 
nourrie  et  aimée;  c'est  à  cause  de  cela,  en  reconnaissance  de  mes 
bontés  pour  toi  que  tu  as  craint  d'entrer  dans  le  lit  de  Zeus.  Beck  me 
semble  fiiire  un  contresens  en  traduisant  ovvsxtv  par  quoniam.  Il  fait 
en  effet  dire  par  Héra  à  Thétis  :  Je  t'ai  nourrie,  aimée,  etc.,  parce  que 
tu  as  craint  d'entrer  dans  le  lit  de  Zeus;  or,  il  est  évident  qu'au  moment 
où  Héra  a  commencé  à  s'occuper  d'élever  Thétis,  celle-ci  n'avait  pas 
encore  eu  l'occasion  de  résister  aux  poursuites  de  Zeus. 

V.  800.  La  vénérable  Thémis  lui  a  fait  connaître  toutes  choses.  — 
Pour  la  prédiction  de  Thémis,  voir  la  VII*  Isthmique  de  Pindare.  Cf. 
aussi  Apollodore  (III,  i3,  5)  et  Decharme  {ÀfythoL,  p.  600  et  suiv.). 

V.  80 5.  Le  meilleur  de  ceux  qui  habitent  la  terre.  —  C'est  à  cause  de 
sa  sagesse,  dit  le  Juste,  dans  les  Nuées  d'Aristophane  (v.  1067)  que 
Pelée  épousa  Thétis. 

V.  807.  J'ai  appelé  au  festin  des  noces  l'assemblée  de  tous  les  dieux. 
—  Voir,  pour  la  description  des  noces  de  Thétis  et  de  Pelée,  la  V*  Né' 
mienne  de  Pindare  et  le  chœur  à^lphigénie  à  Aulis{y,  1040  et  suiv.). 
«  Tous  les  dieux  assistaient  à  ce  banquet,  souvent  chanté  par  les  poètes 
grecs  et  latins,  depuis  Hésiode  (dont  on  cite  des  '£ictOaXa|Aia  tic  IlviXia 
ica\  eéxtv)  jusqu'à  Catulle  {Carm.,  LXIV).  >  (Weil,  Sept  tragédies 
d* Euripide  y  note  au  vers  1041  d*Jphigénie  à  Aulis.) 

V.  808.  J'ai  tenu  dans  mes  mains  la  torche  nuptiale.  —  «  C'était  une 
antique  coutume  que,  dans  les  mariages,  les  mères  de  ceux  qui  se 
mariaient  portassent  une  torche  [8x8oux<^]»  Euripide  dit,  dans  les 
Phéniciennes  [v.  344-346]  :  Je  n'ai  pas  allumé  pour  toi  la  lumière  du 
feu  suivant  l'usage,  comme  il  convient  à  une  mère  bienheureuse.  Donc^ 
Héra  dit  qu'elle  a  tenu  la  torche  en  l'honneur  de  Thétis,  remplis- 
sant à  son  endroit  le  rôle  d'une  mère,  à  cause  de  la  bienveillance 
qu'elle  avait  pour  elle.  »  (Scol.)  (Zette  coutume  semble  postérieure  à 
l'époque  homérique;  il  n'en  est  pas  question  dans  l'Iliade  et  dans 
VOdyssée.  Dans  la  description  de  la  noce  gravée  sur  le  bouclier  d'Achille 
{Iliad.,  XVIII,  V.  490  et  suiv.),  on  voit  seulement  le  cortège  nuptial 
qui  conduit  les  fiancés  par  la  ville  à  la  lueur  des  torches. 

V.  81 3.  Les  Naïades.^  €  Il  veut  dire  Charido  et  Philyra  par  qui 
Achille  Ait  élevé.  Charido  était  la  femme  de  Chiron,  et  Philyra,  sa 


368  NOTES 

mère.  »  (Scol.)  Voir,  pour  Charido,  Philyra  et  Téducation  d* Achille, 
les  notes  aux  vers  554  ^^  ^^^  ^^  Chant  I**  et  ia3i  du  Chant  II. 

V.  814.  //  doit  être  l'époux,.,  de  Médét,  —  t  Anazagore  dit  que  les 
habitants  de  la  Laconie  ont  réellement  honoré  Achille  comme  un  dieu. 
Quelques-uns  rapportent  que,  par  sympathie  pour  Thétis,  les  dieux 
ont  donné  Timmortalité  à  Achille.  Quant  au  fiiiit  qu'une  fois  parvenu 
dans  la  plaine  Elyséenne  il  épousa  Médée,  Ibycos  l*a  rapporté  le 
premier  et,  après  lui,  Simonide.  »  (Scol.)  Pour  les  diverses  traditions 
concernant  la  destinée  d'Achille  après  sa  mort,  voir  Decharme  (Mjthol., 
p.  43i,  5oo,  662). 

V.  8 1 6.  Pourquoi  cet  inflexible  courroux?  —  «  L'auteur  de  VA  igimios 
[voir  la  note  au  vers  587  du  Chant  111]  dit,  dans  son  livre  II,  que  Thétis 
plongeait  dans  une  chaudière  pleine  d'eau  bouillante  les  enfants  qui 
lui  étaient  nés  de  Pelée,  voulant  savoir  s'ils  étaient  mortels;  d'autres, 
comme  Apollonios,  disent  qu'elle  les  jetait  dans  le  feu.  L'auteur  ajoute 
que,  beaucoup  étant  déjà  morts  ainsi.  Pelée  s'irrita  et  empêcha  qu* Achille 
ne  fût  plongé  dans  la  chaudière.  Sophocle,  dans  les  Amants  d^ Achille, 
dit  que  Thétis,  outragée  par  Pelée,  l'abandonna.  Staphylos,  dans  le 
livre  m  de  ses  Histoires  de  Thessalie,  dit  que  Chiron,  qui  était  savant 
et  habile  dans  l'astronomie,  voulant  rendre  Pelée  illustre,  envoya 
chercher  Philoméla,  fille  d'Actor,  le  descendant  de  Myrmidon,  et 
répandit  le  bruit  que  Pélée  devait  épouser  Thétis  qui  lui  était  donnée 
par  Zeus,  et  que  les  dieux  viendraient  à  ses  noces,  au  milieu  de  la 
pluie  et  de  la  tempête.  Ayant  ainsi  parlé,  il  observa  le  moment  où  il  y 
aurait  une  grande  tempête  avec  abondance  de  pluie,  et  alors  il  donna 
Philoméla  à  Pélée,  et  c'est  ainsi  que  se  confirma  le  bruit  du  mariage 
de  Thétis  et  de  Pélée.  »  (Scol.)  Cette  Philoméla  serait  la  mère  d'Achille, 
d'après  d'autres  auteurs  cités  par  le  Scoliaste  (Ch.  I*',  v.  558)  :  «  Certains 
auteurs  sont  en  désaccord  au  sujet  de  la  mère  d'Achille;  ainsi, 
Lysimaque  d'Alexandrie,  dans  le  livre  II  des  Retours,  dit  en  propres 
termes  :  Suidas,  Aristote  [de  Chalcis],  qui  a  écrit  un  ouvrage  sur 
l'Eubée,  et  Tauteur  des  histoires  de  Phrygie,  ainsi  que  Dai machos  et 
Denys  de  Chalcis  sont  loin  de  suivre  la  tradition  commune  qui  est 
répandue  parmi  nous;  au  contraire,  les  uns  disent  qu'Achille  est  né  de 
Thétis,  fille  de  Chiron;  Oaimachos  dit  qu'il  naquit  de  Philoméla,  fille 
d'Actor.  »  Apollodore  (III,  i3,  6)  rapporte  une  tradition  semblable  à 
celle  qu' Apollonios  exposera  (v.  873  et  suiv.).  Voulant  rendre  immortel 
le  fils  qu'elle  avait  eu  de  Pélée,  Thétis  l'exposait  au  feu,  la  nuit,  en 
secret,  pour  détruire  tout  ce  qui  en  lui  était  mortel,  par  le  foit  de  son 
père;  en  même  temps,  elle  l'oignait  dVmbroisie.  Pélée  la  surprit;  en 
voyant  son  fils  qui  palpitait  au  milieu  des  flammes,  il  jeta  un  cri. 
Thétis,  empochée  d'exécuter  ^on  projet,  abandonna  son  petit  en&nt 
et  se  retira  chez  les  Néréides.  Alors  Pélée  porta  son  fils  à  Chiron  qui 
le  nourrit  des  entrailles  des  lions  et  de  la  moelle  des  ours  et  des 
sangliers,  et  qui  le  nomma  Achille  (l'enfant  s'appelait  d'abord  Ligjrron), 
parce  que  ses  lèvres  ne  s'étaient  pas  approchées  des  mamelles  d'une 
nourrice  (xeOiv),  lèvres).  Voir  Heyne,  ad  Apollodori  Bibliothecam 
Observationes,  III,  i3,  6,  p.  3i5. 

V.  825.  Charybde,  —  Apollonios  se  conforme  aux  traditions  de  la 


NOTES  369 

géographie  homérique  {Odyss.,  XII,  v.  104  et  suiv.),  quand  il  place 
Charybde  auprès  de  Scylla.  «  Ces  deux  monstres  n'étaient  que 
Texpression  poétique  du  double  péril  qui  attendait  au  passage  du 
détroit  de  Sicile  les  navigateurs  exposés  à  âtre  perdus  dans  un  tournant 
ou  à  se  briser  contre  un  écueil.  Mais  si  Charybde  est  une  simple 
image  empruntée  au  spectacle  des  dangers  de  la  mer,  Scylla  a  une 
légende.»  (Decharme,  MythoL,  p.  341.)  On  trouvera  la  légende  de 
Scylla  dans  la  note  au  vers  826.  Comme  Homère,  Apollonios  s'abstient 
de  faire  de  Charybde  une  personnalité  divine  ayant  des  parents;  d'après 
des  traditions  postérieures,  Charybde  était  fille  de  Poséidon  et  de  Gaia. 
c  Charybdis  femina  fuit  voracissima,  ex  Neptuno  et  Terra  genita, 
quae  quia  boves  Herculis  rapuit,  fulminata  a  love  est  et  in  maria 
praecipitata.  Unde  naturam  pristinam  servat  :  nam  sorbet  universa 
quae  prehendit,  »  (Servius,  ad  Aen.,  III,  v.  420.)  Je  ne  sais  où  Servius 
a  pris  cette  légende  du  vol  des  boeufk  d'Héraclès,  qui  est  aussi  attribué 
à  Scylla. —  Voir  la  note  au  vers  826. 

V.  826.  Scylla.  —  «  Acousilaos  dit  que  Scylla  est  née  de  Phorcys  et 
d^Hécate.  Homère  dit  que  la  mère  de  Scylla  est  Crataïs  [Odyss.,  XII, 
v.  124].  Apollonios  a  donc  suivi  les  deux  auteurs.  Dans  les  Grandes 
Éées,  Scylla  est  la  fille  de  Phorbas  et  d*Hécate.  Stésichore,  dans  sa 
Scylla,  dit  que  Scylla  est  fille  du  monstre  Lamia.  »  (Scol.)  Scylla  avait 
sa  place  dans  la  légende  d*Héraclès;  Denys  de  Rhodes  (Fragm.  Histor. 
Graec,  Didot,  vol.  II,  p.  10)  raconte,  au  dire  du  Scoltaste  d'Homère 
{Odyss.,  XII,  V.  83),  que  lorsque  le  héros  traversait  le  détroit  de  Sicile 
avec  le  troupeau  de  Géryon,  Scylla  enleva  un  des  bœufs  pour  le 
dévorer.  Héraclès  irrité  la  tua,  mais  son  père  Phorcys  lui  donna  une 
nouvelle  vie  en  consumant  son  cadavre  au  milieu  des  flammes.  Des 
traditions  postérieures,  rappelées  par  les  poètes  latins  (Ovide,  Aîetam., 
XIV,  V.  1-74;  Virgile,  Aen.,  III,  v.  426),  font  de  Scylla  une  belle  vierge 
de  la  mer,  aimée  de  Glaucos  ou  de  Poséidon,  et  qui  fut  transformée  en 
monstre  par  la  jalousie  de  Circé  ou  d'Amphitrite. 

V.  834.  La  force  du  feu  impétueux.  —  «  Aux  environs  du  détroit,  il 
se  produit  dans  la  mer  des  exhalaisons  de  feu  assez  intenses  pour 
l'échauffer,  à  ce  que  disent  Métrodore,  dans  le  premier  livre  de  son 
Histoire,  et  Théophraste,  dans  ses  Mémoires  historiques.  Celui-ci  dit 
également  que  le  bruit  qui  vient  des  îles  d'Aiolos  s'entend  jusqu'à 
mille  stades;  c'est  ainsi  qu'à  Tauroménion  on  entendait  un  fracas 
semblable  à  celui  du  tonnerre.  »  (Scol.)  Tauroménion  est  une  ville  de 
Sicile.  Cf.  Strabon  (221,  36;  223,  i3,  etc.). 

V.  85o.  Au  rivage  d'Aia,  dans  le  pays  Tyrrhénien.  —  «  Le  poète 
appelle  l'île  de  Circé  Tyrrhénienne  parce  qu'elle  est  voisine  de  la 
Tyrrhénic.  »  (Scol.) 

V.  83i.  Au  disque  et  au  jet  des  flèches.  —  C'est  ainsi  que  s'amusent 
au  bord  de  la  mer,  devant  llion,  les  Achéens,  et  les  prétendants,  à 
Ithaque,  dans  la  cour  du  palais  d'Ulysse  {Iliad.,  II,  v.  774;  Odyss.,  IV, 
v.  626).  Flangini  suppose  que  le  poète  mentionne  ces  deux  exercices 
comme  étant  les  plus  nobles  et  les  plus  dignes  des  héros  parmi  les  cinq 
dont  l'ensemble  constituait  le  pentathle. 

V.  869.  Elle  avait  coutume  de  brûler  ses  chairs  mortelles.  —  Ruhnkcn 

47 


370  NOTES 

ft  fait  remarquer  que  tout  ce  passage  d'ApoUonios  est  imité  de  r//piui« 
homérique  à  Démiter  (v.  236  et  suiv.).  —  Voir  la  note  au  vers  8i6. — 
On  peut  aussi  admettre  que  TAlexandrin  Apollonios  s*est  inspiré  d'une 
légende  égyptienne  où  Isis  joue  chez  le  roi  de  Byblos  le  même  rôle  que 
la  Dcmétcr  de  Thym  ne  homérique  chez  le  roi  d*£leusis.  La  veuve 
d'Osiris,  à  la  recherche  du  cadavre  de  son  mari,  s*est  arrêtée  à  Byblos 
où  elle  tait  qu*il  a  été  apporté  par  les  flots.  Choisie  pour  nourrice  de 
Tenfant  nouveau-né  du  roi  de  Byblos,  chaque  nuit,  elle  entoure  de 
flammes  le  berceau  de  son  nourrisson.  Surprise  par  la  reine  qui  pousse 
des  cris  d'efl'roi  en  voyant  son  flls  au  milieu  du  feu,  elle  éteint  les  flam- 
mes et  explique  qui  elle  est  et  quels  événements  l'ont  amenée  a  Byblos. 

V.  883.  Disposer  sur  le  sol  leurs  couches  (xa|uvvac)*  -~  Voir  la  note 
au  vers  1 193  du  Chant  III. 

V.  887.  Pour  aller  à  leurs  bancs  (cic\  xXvjlôac).  ^  «  Ils  allèrent  vers  les 
aavtdcoi&aTot  [plancher]  du  navire  et  leurs  sièges,  i  (Scol.)  Pour  les 
xXY^dcc,  voir  la  note  au  vers  338  du  Chant  I*'. 

V.  888.  Ils  tiraient  les  ancres  (cvvxCac  cfXxov).  —  «  Du  fond  de  leau, 
ils  faisaient  remonter  et  ils  tiraient  à  eux  les  masses  de  fer  [xà  vî^r^pa], 
se  rejouissant  de  ce  que  le  Zéphyre  était  venu  et  ils  amoncelaient  et 
rend  lient  disponibles  les  agrès  [ta  Spiuva].  »  (Scol.)  En  donnant  crfdijpa 
pour  synonyme  à  tvva{a,  le  Scoliaste  semble  admettre  que  Tancre 
d'Argo  était  une  masse  de  fer.  Il  a  été  dit,  en  effet,  dans  la  note  au 
vers  953  du  Chant  I",  que  les  txrml  ou  cOvotCo»  sont  aussi  bien  des  masses 
métalliques  que  des  sacs  pleins  de  cailloux  ou  des  grosses  pierres. 
Mais  on  a  vu  dans  le  môme  passage  que  TcOviq  du  navire  Argo  était  une 
pierre  très  pesante  que  Ton  s'est  procurée  auprès  de  la  source  Artacié. 
Le  pluriel  cûvxfac  semble  indiquer  que  les  Argonautes  ont  maintenant 
plusieurs  pierres.  —  J'aurais  traduit  plus  exactement  en  écrivant,  au 
lieu  de  les  ancres,  les  pierres-amarres  ou  les  pierres  de  fond. 

V.  890.  Sur  les  cables  de  la  vergue  (lm  liiâvtcaat  xepa{ïi;).—  M.  Vars 
{ouvr,  cité,  p.  77)  établit  que  ^  (|iâc  est  l'expression  technique  pour  la 
drisse,  c*est-à-dire  le  câble  qui  sert  à  hisser  la  vergue  du  navire. 
M.  Cartautt  (ouvr,  cité,  p.  21 3)  reconnaît  dans  les  deux  Ifiâvre;  fournis 
aux  iricrarques  de  l'État  athénien  la  drisse  double  de  la  grande  vergue. 
Ici  Apollonios  donne  à  la  vergue  son  nom  ordinaire  de  xepata,  au  lieu 
de  la  désigner,  comme  il  le  fait  ailleurs,  par  le  terme  homérique  de 
tiHxpiov.  (\oir  la  note  au  vers  1262  du  Chant  II.)  —  Avant  de  hisser 
la  voile,  les  Argonautes  ont  fait  une  autre  manœuvre,  fcâvra  apiie^a 
|iV)pvovTo,  ce  que  le  Scoliaste  explique  :  c  Ils  amoncelaient  et  rendaient 
disponibles  les  apiisva.  »  Hoelzlin  interprète  :  Qiticquid  caeterorum 
erat  armorum  dextre  expediunt,  Shaw  :  Aliaque  omnia  arma  pro  rei 
cxigentia  expedierunt;  Beck  et  Lehrs:  Aliaque  omnia  armamenta 
(navis)  laxarunt,  ut  necesse  erat.  Ces  interprétations  sont  peu  claires, 
et,  pour  avoir  le  sens  du  passage,  il  faut  en  revenir  à  l'explication  du 
Scoliaste,  mais  en  établissant  d^abord  ce  que  signifie  le  moi  apfLcvs.  On 
entend  d'ordinaire  par  apjicvov  la  voile.  «  Les  lexicographes  établissent 
réquivalence  des  trois  mots  appiivov,  Xarlos  et  Xatfoc  pour  désigner  la 
voile.  »  (Cartault,  ouvr.  cité,  p.  193.)  Ce  sens  est  ici  inadmissible  :  en 
effet,  dans  un  passage  de  VOdyssée  (XII,  v.  170  et  suiv.),  on  voit  les 


NOTES  371 

compagnons  d*Ulysse  enrouler  la  voile,  la  placer  dans  le  vaisseau  et 
prendre  les  rames  en  mains;  or,  Texpression  qu*Homère  emploie  pour 
indiquer  que  les  marins  enroulent  la  voile  afin  de  ne  plus  s*en  servir, 
c'est  justement  totCa  |iy)p'j9avto.  Si  donc  apticvov  est  synonyme  de  l^ov, 
dans  le  vers  qui  nous  occupe,  il  faut  admettre  que  les  Argonautes 
enroulent  la  voile  pour  ne  plus  s*en  servir.  Mais  le  vers  890  prouve 
bien  que,  loin  de  renoncer  à  Tusage  de  la  voile  pour  ramer,  ils  vont  la 
hisser  pour  la  présenter  au  vent.  Il  faut  donc  admettre  un  autre  sens 
du  mot  ^pfjLcvov;  ce  participe  aoriste  2  passif  du  verbe  àpap^vxw  signifie 
en  général  un  objet  bien  adapté,  bien  attaché.  Il  s*agit  ici  évidemment 
des  cordages  ou  manœuvres  courantes  dont  on  enroule  les  bouts  après 
avoir  hissé  la  voile  :  «  I«es  voiles  une  fois  hissées  et  les  manœuvres 
amarrées,  les  extrémités  libres  traînaient  encore  çà  et  là  sur  le  pont. 
Pour  les  empêcher  de  s'entortiller,  il  était  nécessaire  de  les  iover 
(l&i)pueo6at),  c'est-à-dire  de  les  ployer  en  rond  et  de  les  suspendre  à  leur 
cabillot  respectif.  Les  cordages  lovés  et  accrochés  à  bord  formaient  un 
|i7ipu{ia,  sorte  de  spirale  nommée  aujourd'hui  glène.  •  (Vars,  ouvr,  cité, 

p.  II3-Il3.) 

V.  892.  L'île  Anthémoessa.  —  c  II  a  suivi  Hésiode  qui  donné  ce  nom 
à  l'He  des  Sirènes  :  Dans  Vile  Anthémoessa,  oit  le  Cronide  leur  a  donné».. 
Quant  aux  Sirènes,  elles  se  nomment  Thelxiopé  ou  Theixinoé,  Molpé, 
Agiaophonos.  »  (Scol.)  Merkel  est  le  seul  des  éditeurs  d'Apollouios  qui 
considère  Anthémoessa  comme  un  nom  propre;  il  écrivait  lui-même, 
dans  son  edit.  minor  :  vy;9ov  xoiXt^v  àvOe|t6c9aav,  la  belle  île  fleurie. 
Homère  parle  lui  aussi  du  pré  fleuri  des  Sirènes,  Xttfi&v'  àvOc(i6fvTa 
{Odyss.,  XII,  V.  1 59).  Brunck  ne  veut  pas  admettre  que  le  mot  àvbct&ievaav 
soit  un  nom  propre  dans  le  passage  d'ApoUonios:  ti  Appellativum  est, 
nonproprium  itomen...  Homeri  tamen  Scholiastes  insulam  'AvOcpLoOvaav 
nomine  agnoscit  ad  Odyss,,  XII,  v.  39.  »  DQbner,  qui  partage  l'opinion 
de  Brunck,  donne  une  preuve  à  l'appui  :  c  Non  est  insulae  nomen;  apud 
Apollodorum,  \vjxo9xia  ob  Xcvxà  ooria  ibi  iacentia.  »  Je  ne  trouve  ni 
dans  la  Bibliothèque  ni  dans  les  Fragments  le  passage  d'Apollodore 
auquel  Dûbner  fait  allusion.  D'ailleurs,  l'île  des  Sirènes  mérite  aussi 
bien  le  nom  d^ Anthémoessa  que  celui  de  Leucostéa,  puisque  c'est  au 
milieu  d'un  pré  fleuri  que  blanchissent  les  os  des  victimes  de  ces  Muses 
de  la  mer  (cf.  Odyss,,  XII,  v.  43  et  159).  Tout  en  écrivant  àv6c|i6s99av, 
Wellauer  croit  qu'on  doit  admettre  'AvOs}A6e9(rsv  :  ff  'Av6e(i6c99av  littera 
majusculascribendum  videtur,  ita  enim  acceperunt  Scholiastae  Hesiodum 
testem  afférentes,  et  insulam  'Av6e|io0avav  agnoscit  SchoL  ad.  Hom. 
Odyss.,  XII,  39.  t  Enfin,  Prellcr  {Griech.  MythoL,  erster  Band,  dritte 
AuAage,  p.  304,  n.  2)  ne  juge  pas  utile  de  voir  un  nom  propre  au 
vers  892  d'Apollonios.  Il  semble  cependant  qu'Apollonios  n'aurait  pas 
donné  deux  épithètes  de  suite  à  l'île  des  Sirènes  et  qu'on  est  autorisé 
par  le  texte  d'Hésiode  et  lesScoliastes  de  VOdyssée  et  des  Argonautigues, 
à  faire  de  cette  seconde  épithète  un  nom  propre.  —  Les  noms  et  le 
nombre  des  Sirènes,  auxquels  Apollonios  ne  fait  pas  allusion,  varie 
dans  les  auteurs  anciens.  Dans  VOdyssée,  elles  sont  deux  qu'Eustathe 
nomme  Aglaophémi  et  Thelxiépéia.  Tzetzès  (scolies  aux  vers  713-716 
de  Lycophron)  en  compte  trois  :  Pisinoé,  Aglaopé,  Thelxiépéia. 


372  NOTES 

V.  895.  Unie  à  Achéloos..,  Terpsichore .»,  les  enfanta. -^  lysprès 
ApoUodore,  les  Sirènes  sont  filles  d'Achéloos  et  de  Melpomène  (I,  3,  4) 
ou  d'Achélooset  de  Stéropé  (I,  7,  10).  Pour  les  diverses  traditions  sur 
rorigine  des  Sirènes,  voir  Heyne,  ad  Apoilodori  Bibliothecam  Obser* 
vationes,  p.  i5. 

V.  896.  Autre/ois,,.  —  «  D'après  certaines  versions  de  la  légende  de 
Fersëphoné,  les  Sirènes  jouaient  avec  la  vierge  divine  dans  les  prairies 
d'Achéloos  quand  la  terre  s'entr*ouvrit  et  apparut  le  ravisseur.  Après 
Tenlèvemcnt,  elles  volèrent  sur  terre  et  sur  mer,  et  elles  vinrent  enfin 
8*abattre  sur  les  côtes  de  Sicile  où  elles  fixèrent  désormais  leur  séjour 
(Apollon.,  Argonaut,,  IV,  896).  »  (Decharme,  MythoL,  p.  338.)  Apollo- 
nios,  dont  M.  Dechanne  invoque  ici  l'autorité,  ne  dit  rien  de  semblable; 
et  Ton  ne  trouve  rien  non  plus,  dans  les  scolies  des  Argonautiques,<\M\ 
ait  trait  au  rôle  des  Sirènes  dans  ces  versions  particulières  de  la  légende 
de  Perséphoné.  Le  passage  de  la  Mythologie  que  je  viens  de  citer  est 
d'ailleurs  traduit  de  Preller  {Griech.  Mythol.,  erster  Band,  dntte 
Auâage,  p.  5o5),  qui  cite  Apollonios  uniquement  à  propos  de  la  filiation 
des  Sirènes.  Quant  aux  rapports  des  filles  d'Achéloos  avec  Perséphoiié, 
je  ne  les  trouve  pas  mentionnés  avant  Ovide  (Met,,  V,  v.  53 1  et  suiv.) 
et  Hygin  {FabuL,  141).  C'est  peut-être  à  Apollonios  que  Fauteur  des 
Métamorphoses  emprunte  la  tradition  d*après  laquelle  les  Sirènes 
formaient  autrefois  le  cortège  de  Perséphoné  et  sont  devenues  depuis 
«L  semblables  en  partie  à  des  oiseaux,  en  partie  à  des  jeunes  filles  >  : 

artuB 
Vidistis  vestros  subitis  flavescere  penois... 
Virginei  vultus  et  vox  humana  rcmansit. 

L'art  antique  a  consacré  la  forme  qu* Apollonios  attribue  à  «  ces  divinités 
au  buste  de  femme  et  au  corps  d'oiseau»  (Collignon,  Mythologie 
figurée  de  la  Grèce,  p.  289). 

V.  901.  Elles  avaient  déjà  privé  d*un  doux  retour,,,  —  Cest  une 
allusion  évidente  au  récit  que  Circé  fait  à  Ulysse  (Odyss.,  XII,  v.  39 
et  suiv.). 

V.  906.  Bistonie,  —  Voir  les  notes  aux  vers  34  du  Chant  !•'  et  704 
du  Chant  II. 

V.  914.  Boutes. —  Voir,  à  propos  de  Boutés,  fils  de  Tcléon,  la  note 
au  vers  95  du  Chant  I*'.  —  La  légende  d'après  laquelle  la  déesse  de 
rÉryx,  Cypris,  saisie  de  pitié  pour  Boutés,  le  sauve  et  l'établit  sur  le 
cap  Lilybéen,  semble,  dit  Flangini,  être  de  l'invention  d'Apollonios. 
En  effet,  nous  ne  la  trouvons  pas  avant  lui;  Apollodore  (I,  9,  23) 
résume  son  récit,  et  Hygin  {Fabul.,  24)  le  traduit  en  latin.  Hygin  dit 
encore  {FabuL,  260)  que  Boutés  eut  d'Aphrodite  Éryx  qui  fut  tué  par 
Héraclès;  le  mont  où  il  fut  enseveli  prit  son  nom.  C'est  sur  cette 
montagne  qu'Énée  construisit  un  temple  à  sa  mère.  Cette  tradition 
est  reprise  par  Servius  {ad  Aen.,  I,  v.  370).  Elle  semble  appartenir  aux 
auteurs  latins  qui  ont  voulu  rattacher  le  culte  de  la  déesse  adorée  sur 
le  mont  Éryx,  Venus  Erycina,  aux  légendes  grecques.  Diodore  de 
Sicile,  qui  dit  qu'tryx  est  fils  de  Boutés  et  d'Aphrodite  (IV,  23;  83), 
fait  de  ce  Boatès  un  roi  indigène  (paaiXéwc  Ttvbc  ^TX^P^'^^)  ^^  ^^^  un 


NOTES  373 

Argonaute.  Quand  Apollonioi  dit  que  la  déesse  qui  règne  sur  TÉryx 
sauve  Boutés,  il  est  peu  probable  que  la  pensée  du  poète  soit  :  la 
déesse  qui  règne  sur  le  mont  que  Ton  nommera  TÉryx,  plus  tard, 
justement  du  nom  du  fils  qui  lui  naîtra  de  ce  Boutés  au  secours  duquel 
elle  s^élance  maintenant.  D'ailleurs,  dans  la  légende  grecque,  Éryx  est 
d'ordinaire  (cf.  Apollodore,  II,  5,  lo)  un  fils  de  Poséidon,  qui  gouverne 
les  Élyraes,  peuple  de  Sicile.  —  Le  mont  Éryx,  en  Sicile  (Strabon,  226, 
3o;  223,  24,  etc.),  aujourd'hui  San  Giuiano,  possédait  un  temple 
d'Aphrodite  et  une  ville  forte.  Le  cap  Lilybéen  (Strabon,  220,  5o,  etc.) 
est  aujourd'hui  le  Capo  Boeo. 

V.  920.  Les  héros..,  s'éloignèrent  des  Sirènes  (xàc  (tàv  Xiicov).  — 
Dûbner  pense  qu'il  s'agit  non  des  Sirènes,  mais  des  rivages  :  «  Tac, 
scilicet  ocxTCKC.  »  Le  mot  axTaC,  n'ayant  ^pas  été  exprimé  dans  tout  le 
passage  où  il  est  question  des  Sirènes,  ne  peut  être  ainsi  sous-entendu 
au  vers  920.  Le  poète  a  bien  dit  que  les  héros  étaient  au  moment  de 
jeter  les  amarres  au  rivage  (v.  904,  en'  Y)i6vea9i);  mais  le  mot  xàç  se 
rapporte  bien  moins  au  mot  rivages  qu'au  mot  Sirènes  qui  se  trouve 
au  vers  914. 

V.  922.  D'un  coté...  de  Vautre.  —  ApoUonios  résume  les  descriptions 
de  Charybde  et  deScylla  qui  se  trouvent  dans  VOdyssée  (XII,  v.  73  et 
suiv.;  v.  234  et  suiv.). 

V.  929.  La  mer  continuait  de  lancer  une  chaude  vapeur.  —  Strabon 
(23o,  6  et  suiv.)  rapporte  que,  dans  les  parages  des  fies  Éoliennes,  on 
voit  souvent  des  flammes  courir  à  la  surface  de  la  mer,  par  suite 
apparemment  de  l'ouverture  de  quelque  cratère  sous-marin  due  aux 
eflbrts  que  fait  incessamment  le  feu  intérieur  pour  se  frayer  de 
nouvelles  issues  au  dehors. 

V.  931.  U extrémité  amincie  du  gouvernail  (ictipvYoc).  —  cLa  pale 
du  gouvernail  s'appelait,  d'après  Pollux,  icTepûyiov.  On  la  nommait 
aussi  icTipuyec  au  pluriel,  parce  qu'en  effet  elle  se  composait  de  deux 
parties  et  comme  de  deux  ailes.»  (Cartault,  ouvr,  cité,  p..  io3.) 

V.  943.  Les  roches  qui  tantôt...  (at^'  M),  —  Merkel  a  raison  de 
vanter  la  correction  atb'  qu'il  fait  entrer  dans  le  texte  de  son  edit.  maior, 
après  avoir  admis  dans  son  edit.  minor  al  8',  leçon  des  mss.  adoptée 
par  tous  les  éditeurs  :  «  aid'  quam  salutaris  sit  correctio,  intelligi  potest 
ex  interpretatione  Parisiensi  Did.  ubi  nymphae  praecipitiis  similes 
dicuntur.  »  Mais  il  a  tort  de  faire  responsable  de  cette  absurdité  qui 
compare  les  Nymphes  à  des  précipices,  Vinterpretatio  parisiensis,  qui 
n*est  pas,  d'ailleurs,  de  Oidot,  mais  bien  de  Lehrs.  L'allemand  Lchrs  a 
simplement  copié,  suivant  sa  coutume,  Vinterpretatio  lipsiensis  de 
l'Allemand  Daniel  Beck. 

V.  955.  Veau...  bouillonnait  (l^ity).  —  Les  mss.  ont  dliv.  La  correction 
Cicv,  adoptée  par  les  éditeurs  à  partir  de  Brunck,  est  de  Facius  {Epist, 
crit.,  p.  16,  Erlangae,  1772)  qui  se  fonde  sur  le  vers  365  du  Chant  XXI 
de  VJliade  :  t  ipevyôiu^v  Odwp  et  Oiev  51^1  invicem  non  respondere,  aures 
statim  sentiunt.  Qui  Oiciv  et  Cieiv  saepissime  a  librariis  inter  se  permu- 
tari  scit,  ni  fallor,  adsensum  huic  correction i  praebebit.  Homerus 
lliad.^  f ,  365  : 

'Û;  ToO  xaXà  pieOpa  mip\  fXlyeTO,  C^c  6'  CÔMp.  1 


374  NOTES 

V.  961.  La  durée  d'une  journée  de  printemps  (cîopivoO...  ^yiatoc  al<rx). 

—  «  Le  poète  entend  par  une  journée  de  printemps  une  journée  au 

moment  de  l'équinoxe.  »  (Scol.)  Brunck  fait  remarquer  que  l'expression 

^iliaxoc  alva  est  une   périphrase  pour  T)|&ap,  comme,  dans  VOd^ssée 

<XIX,  V.  84),  èXic{8o«  cdva  pour  cXirfc* 

V.  965.  Le  pré  de  Trinacrie,  —  c  Timée  dit  que  la  Sicile  se  nomme 
Thrinacie,  parce  qu'elle  a  trois  caps  [tpetc  axpoc;  voir  la  scolie  au 
vers  291  (note  au  vers  289)].  Mais  les  historiens  disent  que  Thrinacos 
a  été  roi  de  Sicile.  C'est  dans  la  presqu'île  de  Myles,  en  Sicile,  que 
paissaient  les  génisses  d'Hélios.  »  (Scol.)  Je  ne  trouve  nulle  part  aucun 
renseignement  sur  ce  roi  Thrinacos.  On  sait,  au  contraire,  que  les 
historiens  et  les  géographes  de  l'antiquité  s'accordent  à  dire  que  le 
nom  de  Trinacrie  vient  de  la  forme  triangulaire  de  la  Sicile.  —  La 
tradition  des  troupeaux  d'Hélios  remonte  à  une  haute  antiquité.  Il  est 
•déjà  question  dans  VOdyssée  (XII,  v.  127  et  suiv.)  des  génisses  et  des 
brebis  d'Hélios,  des  sept  troupeaux  de  génisses  et  des  sept  troupeaux 
de  brebis  à  la  belle  toison,  qui  comptent,  chacun,  cinquante  têtes  de 
bétail  et  n'augmentent  et  ne  diminuent  jamais.  Les  bergères  de  ces 
troupeaux  sont  deux  déesses,  nymphes  aux  beaux  cheveux,  que  la 
•divine  Néaira  a  enfantées  à  Hclios,  Phaéthousa  (la  brillante,  de  ^aéOw 
pour  çâo»;  cf.  Phaéthon)  et  Lampétia  (l'éclatante,  de  Xâ|tim>).  Apollonios 
cite  Phaéthousa  (▼.  971)  et  Lampétia  (v.  973).  Les  noms  de  ces  deux 
Héliades  se  retrouvent  encore  dans  Ovide  (Met.,  II,  v.  346,  349)  qui 
abandonne  la  tradition  suivie  par  Apollonios  :  en  effet,  dans  les 
Métamorphoses,  Phaéthousa  est  l'aînée  des  trois  soeurs  de  Phaéthon 
(Phaethusa  sororum  maxima};  de  plus,  Phaéthusa,  Lampétia  et  la 
troisième  sœur  qu'Ovide  ne  nomme  pas  sont  les  Héliades  qui  se 
changent  en  arbres  après  la  mort  de  Phaéthon.  Apollonios  distingue 
nettement  les  Héliades  qui  ont  été  métamorphosées  en  peupliers  noirs 
■avant  le  voyage  des  Argonautes  (Arg.,  IV,  v.  603-626)  et  les  Héliades 
Lampétia  et  Phaéthousa  que  les  Argonautes  aperçoivent,  conduisant 
les  troupeaux  de  leur  père,  alors  que  les  héros  passent  devant  la  Sicile. 
Properce  (cdit.  Mûller,  IV,  xt,  v.  29-30)  cite  aussi  Lampétia  : 

Lampeties  Ithacis  veribus  mugisse  iuveocos 
(Paverat  hos  Phoebo  filia  Lampetie). 

•«  Les  bœufs  et  les  brebis  d'Hélios  désignent  évidemment,  comme  on 
s'accorde  à  le  reconnaître,  les  trois  cent  cinquante  jours  et  les  trois  cent 
•cinquante  nuits  de  l'année  primitive.  La  succession  des  jours  ou  des 
soleils  avait  donc  été  comparée,  sans  doute,  à  la  procession  d'un 
brillant  troupeau  dont  les  animaux  s'avancent  l'un  après  l'autre  dans 
les  pâturages  célestes.»  (Decharme,  MythoL,  p.  241.) 

V.  966.  Semblables  à  des  plongeons  (àXiyxiai  alOutT)(nv).  —  Cette  com- 
paraison est  imitée  d'une  comparaison  homérique. 'Après  avoir  donné 
des  conseils  à  Ulysse,  Inô-Leucothée  s'enfonce  dans  la  mer,  semblable 
à  un  plongeon  (Odyss.,  V,  v.  353,  aidutr)  iixvta).  Les  Latins  nomment 
fulica  mergus  l'oiseau  que  les  Grecs  appellent  atOuts. 

V.  968.  Le  bêlement  des  troupeaux..,  —  C^  passage  est  imite  de 
VOiyssée  (XII,  v.  265-266). 


NOTES  375 

É 

V.  972.  Une  houlette  émargent  (ipyupeov  x^^^^)-  —  «  Le  x«îo^  e*^  l« 
bâton  recourbé  dont  les  bergers  se  servent.  Amérias  donne  pour  défi- 
nition de  ce  mot  :  bâton  mince  et  lisse,  Callimaque  a  dit  :  On  remarquait 
le  large  voile  qui  couvrait  sa  tète,  faisant  saillie  en  avant  :  c*est  la 
coiffure  des  bergères.  Elle  tenait  dans  sa  main  un  xottov.  On  lit  dans 
Alcman  le  mot  îpuv{xaiov,  qui  veut  dire  celui  qui  porte  la  houlette,  le 
berger.  »  (Scol.)  Phaéthousa  porte  un  ^atov,  Lampétia,  un  xaXaOpo4'. 
Les  deux  mots,  dit  Dûbner,  ont  le  m6me  sens.  Le  Scoliaste  £eiit  simple-^ 
ment  remarquer  que  le  xaXaOpo^  est  un  bâton  de  bouvier  et  il  cite 
l'emploi  de  ce  mot  dans  VIliade  (XXIU,  v.  845).  L'usage  spécial  du 
xaXaOpo<|;  est  déterminé  par  ce  vers  de  V Iliade  et  par  les  scolies  qui 
l'expliquent  :  c'est  le  bâton  que  le  bouvier  lance  quand  il  veut  ramener 
quelque  animal  qui  s'écarte,  ou  disperser  le  troupeau  à  l'arrivée  au 
pâturage.  Le  xaXaOpoi|;  semble  recourbé  comme  le  x^^ov;  son  étymo- 
îogie  est,  d'après  Pierron  (note  au  vers  845  du  Chant  XXIII  de  Vlliadé), 
x&Xa,  de  x&Xov  (bois  sec),  et  la  racine  peic  (^iicco,  se  courber),  La  seule 
différence  entre  les  deux  termes  dont  Apollon ios  se  sert,  semble  donc 
résider  non  dans  la  forme  des  deux  instruments,  qui  sont  tous  deux 
recourbés,  mais  dans  leur  emploi.  Le  xaXaOpo<]^,  que  tient  Lampétia,. 
est  la  houlette  des  bouviers;  on  le  lance  au  loin  pour  atteindre  les 
génisses.  Le  x«^ov,  que  tient  Phaéthousa,  est  la  houlette  du  berger;  on 
le  garde  en  main  pour  saisir,  au  moyen  de  la  partie  recourbée  en  crosse^ 
la  patte  de  la  brebis  qui  tente  de  s'éloigner  du  troupeau. 

V.  973.  De  cuivre  étincelant  (opeixaXxoio).  —  «  On  dit  que  Voreichal- 
que  est  une  sorte  d'airain  [x>Xx&c]  ainsi  nommé  d'un  certain  Oréios 
qui  Ta  découvert.  Aristote,  dans  les  Téiétai,  dit  que  le  nom  et  l'espèce 
de  ce  métal  n'ont  aucune  réalité.  Certains  supposent  qu'on  peut  biea 
nommer  l'oreichalque,  mais  que  ce  nom  ne  répond  à  rien  de  réel  : 
c'est  affirmation  de  gens  qui  parlent  à  la  légère.  Car  les  hommes  au 
courant  disent  que  ce  métal  existe.  Stésichore  et  Bacchylide  en  font 
mention,  et  Aristophane  le  grammairien  en  a  pris  note.  D'autres  disent 
que  son  nom  vient  d'un  sculpteur,  comme  font  Socrate  et  Théopompe, 
dans  son  livre  XXV*.  »  (ScoL)  Voreichalque  semble  être  un  métal 
fabuleux  :  il  n'en  est  guère  question  que  dans  les  poèmes  qui  ont 
trait  à  l'âge  mythique  (cf.  Hymne  homérique  (  V)  à  Aphrodite,  v.  9, 
âvOcpi' opeixâXxou ;  Bouclier  d'Héraclès,  v.  122,  xvf)|itaa;  opcr/âXxoio 
9auvo0;  Aen.,  XII,  v.  87,  auro  squalentem  alboque  orichalco..,  loricam), 
ou  dans  des  expressions  proverbiales.  Cf.  Cicéron,  de  Offic,  III,  23  :  Si 
quis  aurum  vendens  orichalcum  se  putet  vendere,  indicetne  ei  vir  bonus 
aurum  illud  esse,  an  emat  denario  quod  sit  mille  denarium?  Plaute, 
Mil»  glor,,  III,  I,  V.  69  :  Cedo  tris  mi  homines  aurichalco  contra  cum  his 
moribus.  On  peut  remarquer  que  Plaute  écrit  toujours  aurichalque 
(cf.  PseudoL,  II,  m,  v.  23;  CurcuL,  I,  m,  v.  46),  admettant  ainsi  la 
fausse  étymologie  qui  devait  ôtre  plus  tard  proposée  par  Servius  (note 
au  vers  87  du  Chant  XII  de  VEnéide  :  Orichalcum  pretiosius  visum  est, 
quod  et  splendorem  auri  et  aeris  duritiem  possideret),  et  par  Isidore 
{Orig,,  XVI,  19).  Festus  semble  donner  l'étymologie  exacte  :  «  Orichal- 
cum, quod  in  montuosis  locis  invenitur  :  mons  enim  graece  opoc  appel" 
latur,  »  Mais  dans  quels  monts  trouve-t-on  ce  métal  j>récieux  ?  Pline 


376  NOTES 

dit  qu^il  y  a  longtemps  que,  la  terre  étant  épuisée,  on  ne  trouve  plus 
d^orichalque  :  c*cuit  un  métal  remarquable  qui  excitait  l'admiration 
générale  (iV.  //.,  XXXIV,  2);  on  a,  plus  tard,  donné  le  nom  d'ori- 
chalque  à  un  métal  composé:  Strabon  (52 1,  46}  dit  qu*on  Tobtenait 
en  mélangeant  quelques  parties  de  cuivre  à  une  certaine  terre  qui 
se  trouve  aux  environs  de  la  ville  d'Andira  en  Troadc;  brûlé  dans 
un  fourneau,  ce  mélange  produit  Torichalque.  A  Tépoque  d*Horace 
[Epist.,  Il,  III,  V.  202)  on  entendait  par  orichalque  le  laiton  ou  cuivre 
jaune,  alliage  de  cuivre  et  de  zinc.  —  J*ai  cru  devoir  traduire  ôper^aXxoio 
fscivoO  par  cm  y  re  étincelant,  au  lieu  de  transcrire  simplement  le  mot 
grec,  car  il  semble  bien  que  le  métal  légendaire  cité  par  Apollonios 
correspond  au  cuivre. 

V.  983.  Dans  la  mer  de  Céraunie  (KepayviTi  elv  àX().  —  Par  mer  de 
Céraunie,  Apollonios  entend  la  partie  de  la  mer  qui  s'étend  entre  la 
mer  Ionienne  et  la  mer  de  Cronos,  en  face  des  monts  Cérauniens.  C'est 
là  que  se  trouve  l'île  des  Phaiaciens.  Voir  la  note  au  vers  5ig. 

V.  984.  Lâ/7i/jir($p£fcavov}.  —  Voir,  sur  Tîle  de  Drépané  ou  Corcyre, 
la  note  au  vers  540. 

—  Muses,  pardonne:^ -moi! .,.  —  Brunck  rapproche  cette  formule  de 
celle  qu'on  trouve  au  vers  708  du  Chant  II  :  a  O  dieu  favorable, 
pardonne!.,.!»  Il  fait  aussi  remarquer  qu'Apollonios  imite  un  passage 
d'Aratos  {Phaenom.,  v.  637  et  suiv.). 

V.  989.  Les  épis  nourrissants  (orà^v^  ^iitcviov). —  «Le  mot  ojiimo: 
signihc  abondant,  fertile.  Philétas,  dans  ses  Termes  irréguliers  [èv 
'AxaxToïc  yXwffffai;],  dit  qu'un  épi  o(iirvioc  veut  dire  un  épi  succulent, 
nourrissant.  Certains  des  habitants  de  Cyrène  appellent  à'fiicvioc  celui 
qui  est  riche,  opulent,  »  (Scol.)  Déméter  est  surnommée  opiicvtx.  Voir 
Preller,  Griech.  Mythol.,  erster  Band,  dritte  Auflage,  p.  63 1. 

V.  990.  Le  nom  de  Drépané.  —  Voir  la  note  au  vers  540. 

V.  992.  Du  sang  d'Ouranos.  —  «  Acousilaos,  dans  son  livre  III,  dit 
que,  lorsque  Ouranos  fut  mutilé,  des  gouttes  de  son  sang  furent 
portées  sur  la  terre  et  donnèrent  naissance  aux  Phaiaciens  :  d'après 
d'autres  auteurs,  aux  Géants.  Alcée  dit  aussi  que  les  Phaiaciens  ont 
pour  origine  les  gouttes  du  sang  d'Ouranos.  Mais  Homère  dit  que  les 
Phaiaciens  sont  de  la  famille  des  dieux  à  cause  de  leur  origine  qui 
vient  de  Poséidon  [Odyss.,  VII,  v.  56  et  suiv.].  »  (Scol.) 

V.  995.  Alcinoos. —  Le  roi  mythique  des  Phaiaciens,  Alcinoos,  est 
bien  connu  par  les  Chants  VI  et  suiv.  de  VOdyssée.  Flangini  pense 
qu'en  faisant  ce  tableau  de  l'accueil  affectueux  que  les  Argonautes 
reçoivent  du  peuple  entier  des  Phaiaciens,  Apollonios  a  voulu  montrer 
quelle  différence  sépare  l'hospitalité  primitive  du  peuple  de  Corcyre  de 
l'hostilité  que  les  Phaiaciens  doivent  plus  tard  témoigner  à  Ulysse, 
quand  il  arrive  dans  leur  île.  «  N'interroge  aucun  des  hommes  de  ce 
pays,  —  dit  Athéné  à  Ulysse,  ^  car  ils  reçoivent  mal  les  étrangers;  ils 
ne  font  pas  un  accueil  aimable  à  celui  qui  vient  vers  eux  d'un  autre 
pays.»  (Odyss.,  VII,  v.  3i-33.) 

V.  1000.  L'Haimonie.  —  Voir  les  notes  aux  vers  504  du  Chant  II  et 
1090  du  Chant  III. 

V.  1002.  Sortis  du  Pont,  —  Flangini   fait    observer  que   le   poète 


NOTES  377 

ffeprend  un  membre  de  phrase  (Ilivroto  xatà  9xh\ui  xo^  dtoi  icitpac 
Kuaviac)  qui  se  trouve  déjà  aux  vers  2  et  3  du  Chant  I*'.  —  Le  Scoliaste 
explique  longuement  que,  parmi  les  Coichiens,  les  uns  qui  étaient 
entrés  avec  Apsyrtos,  à  la  suite  des  Argonautes,  dans  le  courant  de 
rister,  s'établirent  après  la  mort  de  leur  chef  en  Illyrie  et  dans  les  îles 
voisines  (voir  les  vers  Soy  et  suiv.  du  Chant  IV)  et  les  autres  qui 
avaient  continué  à  naviguer  dans  le  Pont  en  sortirent  en  passant  entre 
les  roches  Cyanées.  Ce  sont  ces  derniers  qui  arrivent  maintenant  en 
vue  de  l'île  des  Phaiaciens. 

V.  1007.  Avec  r arrivée  d* A  iétès  {ayiH  A^Tao  xcUuOcp). —  H.  van  Her- 
werden  dit  ne  pas  comprendre  les  derniers  mots  du  vers  1007  :  «  Quid 
ultima  verba  sibi  veiint,  non  exputo.  Vide  an  ferri  possit  oùv  AlVitao 
xt>tu9|Aâ,  Aeetae  iussu,  ut  praepositio  9vv  in  formula  oùv  xû  v&{M}i  simili- 
busqué  subinde  ponitur  pro  xaxà.  »  Cette  correction  ingénieuse  me 
semble  inutile.  Circé  a  déjà  fait  craindre  à  Médée  l'arrivée  d*Aiétès  : 
c  Bientôt  il  viendra  même  dans  les  demeures  de  la  terre  d'Hellade  pour 
venger  le  meurtre  de  son  fils.  »  (Chant  IV,  v.  741.)  Alcinoos  dira  aussi 
à  sa  femme  :  t  S'il  le  voulait,  il  pourrait,  de  son  lointain  pays,  porter 
la  guerre  jusqu'en  Hellade.  «  (Chant  IV,  v.  i  io3.)  Il  faut,  ce  me  semble, 
admettre  que  le  mot  xiUuOoCi  qui  signifie  au  sens  propre  le  chemin,  la 
marche,  indique  ici,  par  extension,  le  but  de  la  marche,  l'arrivée.  C'est 
ainsi  que  Beck  interprète,  adveniente  Aeete,  Les  mots  a^  tt  xol 
(trriicttta,  et  nunc  etpostea,  prouvent  bien  d'ailleurs  que  les  Colchiens 
font  allusion  à  deux  luttes  successives,  celle  qui  aurait  lieu  immédia- 
tement, et  celle  qui  recommencerait  plus  terrible^  non  pas  sur  l'ordre 
d'Aie'tès(\A  première  se  serait  évidemment  engagée  d'après  les  ordres 
donnés  par  le  roi  à  l'expédition,  à  son  départ  d'Aia),  mais  avec  Varrivée 
d'Aiétès  lui-même  et  de  nouvelles  troupes. 

V.  10 14.  Je  suis  à  tes  genoux,  6  reine...  —  Apollon ios  imite  le 
discours  d'Ulysse  à  Nausicaa(04r<5.,  VI,  v.  149  et  suiv.). 

V.  10 19.  Une  passion  mauvaise  (|mipyo9uvt)c).  —  Brunck  relève  dans 
un  des  mss.  de  Paris  la  leçon  lAaxXoouvnc»  qu'il  n'adopte  pas,  tout  en 
faisant  remarquer  que  |iax^^^^  ^^^  ^'^  poetica  et  bonae  notae.  Ce 
mot  se  trouve  en  effet  dans  V Iliade  (XXIV,  v.  3o)  appliqué  à  Paris,  et 
dans  un  fragment  d'Hésiode  {Hésiode-Didot,  fragm.  XXVIII)  appliqué 
aux  Proitides.  Il  convient  aussi  bien  à  la  lasciveté  des  filles  de  Proitos 
qu'à  celle  du  fils  de  Priam.  Mais  il  ne  saurait  convenir  à  Médée. 
c  Vocabulum  ab  Apollonii  dignitate  alienum,  >  dit  Merkel  :  il  dirait 
mieux  a  Medeae  dignitate  alienum,  car  ApoUonios  ne  recule  pas 
devant  le  mot  brutal,  quand  il  le  juge  nécessaire. 

V.  1020.  J'en  atteste..,  Hélios...  et  la  fille  de  Perses.  —  Fille  d'Aiétès, 
Médée  jure  par  Hélios,  père  de  son  père;  magicienne,  par  Hécate,  dont 
elle  est  la  prétresse  et  l'élève. 

V.  1024.  Ma  ceinture...  ^-  Voir  la  note  au  vers  287  du  Chant  I". 

V.  1026.  Que  les  dieux  immortels...  —  Cette  péroraison  du  discours 
de  Médée  à  Arété  est  imitée  de  la  péroraison  du  discours  d'Ulysse  à 
Nausicaa  {Odyss.,  VI,  v.  180  et  suiv.). 

V.  io3i.  A  cause  de  vos  travaux  auxquels  je  me  suis  fatiguée  {k[L^ 
X*  àiOXoK  Jiv  xatAov  O|atépoiaiv).  —  Je  traduis  le  texte  de  Merkel  où  la 

48 


378  NOTES 

correction  wv  «tf|iov  remplace  U  leçon  oûwmv  adoptée  par  tous  les 
éditeurs.  Merkel  fonde  cette  correction  sur  les  leçons  du  vers  i328  où 
les  ross.  de  Paris  ont  wv  Cvna  |u  au  lieu  de  iv  {koiuv,  bonne  leçon  du 
Guelf.  et  du  Laur.,  et  sur  celle  du  vers  i354  où  le  Guelf.  a  «ov  ivcxa  (Uv 
au  lieu  de  wv  lxa|ttv,  bonne  leçon  du  Laur.  La  correction  de  Merkel 
rend  intelligible  un  passage  dont  il  était  difficile  auparavant  de  se 
rendre  un  compte  exact  malgré  les  essais  d^explîcation  tentés  par  les 
p commentateurs,  en  particulier  par  H.  Estienne  et  par  Brunck. 

V.  1043.  Respectex»^*  la  vengeance  des  dieux:  craigne^  de  me 
remettre  aux  mains  d'Aiétès  (vi(U9iv  xi  Oc&v,  eic  xtfpoc  loOaav  aI^'om).— 
c  La  vengeance  qui  est  dans  les  mains  des  dieux  [loOffav  cv  toîc  x*P^ 
t£»v  OIttv],  c'est-à-dire  la  némésis  vengeresse  [m  YC|uatrr6v].  »  (ScoL)  Le 
Scoliaste  fait  un  contresens,  car  il  ne  s*agit  pas  de  la  vengeance. qui 
est  dans  les  mains  des  dieux  (cv  toAc  Xf^  ^^  6éwv),  mais  de  Médée  qui 
serait  remise  dans  les  mains  d'Aiétès  (clc  x^P^  loO^ov  Al;^t«w).  Brunck 
explique  avec  raison  :  c  Subauditur  |u,  pro  lov9i}c  cfioO.  Accusativus  est 
absolutus  :  Timete  deorum  indignationem  quam  experturi  estis,  dcdiu 
me,  id  est,  si  dedar  Aeetae,  acerbissimis  plectenda  suppliciis.  » 

V.  1037.  SHls  se  trouvaient  en  présence  d*un  jugement  inique 
(àvtiavetav).  —  Le  Guelf.  a  àvTtâ<rctiv  et  le  Laur.  àvxiâ<ruacv  corrigé  en 
avtiaaciev.  La  leçon  vulgaire  est,  jusqu'à  Brunck,  àvtiâ«tiav  que  les 
traducteurs  latins  semblent  ne  pas  avoir  compris.  On  lit,  en  effet,  dans 
Hoelzlin  :  «  Si  ius  ipsis prodatur  abscissius^  »  et  dans  Shaw  :  c  Si  causae 
iniquae  obstarent.  »  Il  suffit  de  changer  causae  iniquae  en  iudicio 
iniquo  pour  que  cette  interprétation  soit  acceptable.  Tel  n*est  pas  Tavis 
de  Brunck  qui  malmène,  suivant  sa  coutume,  le  professeur  d'Oxford  : 
«  Cimmeriis  et  plus  quam  Hoelt^linianis  tenebris  mentem  pœtae  invol- 
vit  magister  Shawius.  >  11  préfère  lui-même  la  leçon  àvnâocu  :  «  Si 
iniquum  Medea  pateretur  judicium,  si  injusta  sententia  opprimeretur. 
Judicium  enim  de  nova  hac  contestatione  ferre  debebat  Alcinous. 
Vide  supra  v.  100 g."»  La  leçon  et  Tinterprétation  de  Brunck  ont  été 
adoptées  par  les  éditeurs  qui  Tont  suivi.  Merkel  reprend  avec  raison  U 
leçon  avTiâffciav  :  ce  verbe,  comme  les  autres  de  la  phrase,  doit  se 
rapporter  aux  Argonautes  et  non  à  Médée;  ce  sont  les  Argonautes  qui 
brandissent  les  lances,  qui  tirent  les  épées,  qui  affirment  ce  qu'ils 
feront  s'ils  se  trouvent  en  présence  d'un  jugement  inique  porté  au  sujet 
de  Médée. 

V.  1070.  Alcincos,..  et  Arété...  réfléchissaient,  —  Arété  joue  déjà, 
dans  VOdyssée,  ce  rôle  de  conseillère  sage  et  écoutée  par  le  peuple  et 
par  son  mari.  Alcinoos  l'honore  plus  que  jamais  femme  n'a  été  honorée 
par  son  époux,  et  c'est  elle  qui  décide  au  sujet  des  contestations  entre 
les  Phaiaciens  {Odyss.,  VII,  v.  67  et  74). 

V.  1086.  Ne  va  pas  être  cause  de  ton  plein  gré  que  VAisonide  se 
parjure  (aùtov  ixùv  èicCopxov  o|i,699ai  Oe(t)c  Ai90v{8v)v).  —  On  lit  avToc  i^iûv 
dans  une  phrase  à  peu  près  semblable  de  VOdyssée{\l^  v.  i33).  Brunck 
se  fonde  sur  ce  fait  pour  écrire  aM<  :  ikPerperam  vulgo  legitur  aurôv, 
quod  ad  At9ovi6r|V  relatum  frigide  et  paene  inepte,  otiosum  est.  >  La 
correction  de  Brunck  semble  inutile  :  aOtiv  se  rapporte  bien  à  At9ovidr,v 
et  s'oppose  au  mot  icalSa  (Médée)  qu'on  lit  au  vers  108S. 


NOTES  379 

V.  1090.  ilnfto;;/.  —  Voir,  au  sujet  des  diverses  héroïnes  qui  ont 
porté  ce  nom,  la  note  au  vers  735  du  Chant  I*'.  c  Antiopé  était  la  fille 
de  Nycteus.  S'étant  fait  semblable  à  un  satyre,  21eus  abusa  d*elle«  et, 
fuyant  les  menaces  de  Nycteus,  elle  se  réfugia  à  Sicyone,  auprès  d*Épo- 
peus.  Ayant  enfanté  Amphion  et  Zéthos,  elle  les  déposa  sur  le  Cithéron, 
auprès  d*un  bouvier.  Mais  Nycteus,  affligé  de  la  hardtesse  de  sa  fille, 
meurt  après  avoir  prié  son  frère  Lycos  de  ne  pas  laisser  Antiopé 
impunie,  mais  d^aller  à  Sicyone  pour  s'emparer  dVUe.  Lycos  fait  une 
expédition  contre  cette  ville,  tue  Épopeus,  et  ayant  fait  Antiopé 
prisonnière,  il  la  donne  à  garder  à  sa  femme  Dircé.  Elle  s'enfuit; 
mais  elle  est  reprise  et  livrée  à  ses  fils.  Alors  le  bouvier  qui  les  avait 
nourris  révèle  ce  qui  avait  eu  lieu.  Mais  ceux-ci  sauvent  Antiopé  et 
mettent  à  mort  Dircé,  l'ayant  attachée  à  un  taureau  sauvage.  Ayant 
mandé  Lycos,  comme  pour  lui  remettre  Antiopé,  ils  voulaient  le  tuer. 
Mais  Hermès  les  en  empêcha  et  ordonna  à  Lycos  de  se  démettre  de 
la  royauté.  »  (Scol.)  Cette  scolie  n'a  aucun  rapport  avec  le  passage 
d'ApoUonios  :  elle  n'explique  en  rien  à  quels  cruels  châtiments  Nycteus 
soumit  la  belle  Antiopé.  Oe  plus,  elle  est  en  contradiction  avec  le 
vers  73s  du  Chant  I*%  et  la  scolie  à  ce  vers  où  il  est  dit  qu'Antiopé, 
mère  de  Zéthos  et  d'Amphion,  est  fille  d'Asopos.  Heyne  {ad  Apollodori 
Bibliothecam  Oàservationes,  III,  5,  5,  p.  237)  remarque  avec  raison, 
à  propos  des  récits  contradictoires  dont  Antiopé  est  l'objet  :  Magna  in 
primis  in  hac  narratione  divcrsitas,  quia  a  tragicis  poetis  frequentata 
est.  »  Apollonios  admet  que  la  mère  d*Amphion  et  de  Zéthos  est  fille 
d'Asopos  (Arg.,  I,  V.  735).  En  ce  cas,  nous  ne  savons  rien  de  l' Antiopé, 
fille  de  Nycteus,  et  des  châtiments  que  son  père  lui  fit  subir.  —  Cette 
scolie,  qui  n'a  aucun  rapport  avec  levers  1090  qu'elle  prétend  expli- 
quer, doit  être  un  simple  résumé  de  l'argument  de  V Antiopé,  tragédie 
perdue  d'Euripide.  Elle  ressemble  en  effet  beaucoup  aux  récits  d'Apol- 
lodore(III,  5,  3)  et  d'Hygin  (FabuL,  8)  :  or  celui-ci  dit  qu'il  rédige  sa 
narration  d'après  la  tragédie  d'Euripide  et  l'imitation  qu'Ennius  en 
avait  faite. 

V.  1091.  Z)aii^.  —  «  Phérécyde  raconte,  dans  son  livre  II,  qu'Acri- 
sios  épousa  Eurydice,  fille  de  Lacédaimon;  de  ce  mariage  naquit 
Danaé.  Acrisios  ayant  consulté  l'oracle  pour  savoir  s'il  aurait  un  enfant 
mâle,  le  dieu  de  Pytho  lui  répondit  qu'il  n'en  aurait  pas,  mais  que  de 
sa  fille  naîtrait  un  fils  qui  causerait  sa  mort.  De  retour  à  Argos,  il  fit 
construire  une  chambre  d'airain  qu'il  établit  sous  la  terre,  dans  la 
cour  de  sa  maison.  Il  y  plaça  Danaé  avec  sa  nourrice  et  la  garda  ainsi 
prisonnière  pour  éviter  qu'il  ne  naquît  d'elle  un  enfant.  Mais  Zeus, 
épris  de  la  jeune  fille,  coula  du  toit,  semblable  à  une  pluie  d'or  que 
Danaé  reçut  dans  son  sein;  ayant  dévoilé  qui  il  était,  Zeus  s'unit  à 
elle.  De  cette  union  naquit  Persée  que  Danaé  et  la  nourrice  élevèrent 
en  se  cachant  d'Acrisios.  Persée  avait  trois  ou  quatre  ans  quand 
Acrisios  entendît  la  voix  de  l'enfant  qui  jouait.  S'étant  fait  amener  par 
ses  serviteurs  Danaé  ainsi  que  la  nourrice,  il  tua  cette  dernière  et 
conduisit  Danaé  et  l'enfant  à  l'autel  de  Zeus  qui  est  situé  auprès  du 
mur  d'enceinte  de  la  maison,  et,  seul  avec  sa  fille,  il  lui  demanda  de 
qui  cet  enfiint  lui  était  né.  Elle  répondit  que  c'était  de  Zeus.  Il  ne  la 


380  NOTES 

crut  p«8  et  l'enferma  «vec  son  enfant  dans  un  coffre  qu'il  mit  à  la 
mer.  Les  flots  portèrent  le  coffre  à  THe  de  Séripfaos  où  Dictys,  fils  de 
Péristhénès,  Tamena  à  terre,  l'ayant  péché  avec  un  filet.  Oanaé  le 
supplia  d*ouvrir  le  coffre.  Il  le  fit  et  ajant  appris  qui  ils  étaient,  il  les 
conduisit  dans  sa  maison  et  les  nourrit  comme  étant  ses  parentt.  Car 
Dictys  et  Polydêctès  étaient  fils  d'Androthoé,  fille  de  Péricastor,  et  de 
Péristhénès,  fils  de  Damastor,  fils  lui-même  de  Nauplios,  né  de 
Poséidon  et  d'Amymoné,  comme  le  dit  Phérécyde,  dans  le  livre  I*'. 
—  Pour  les  événements  qui  suivent  et  au  sujet  de  la  mort  d'Acrisios,  il 
raconte  qu'après  le  changement  en  pierre  de  Polydêctès  et  de  ceux  qui 
étaient  avec  lui  à  Sériphos,  par  Teffet  de  la  tête  de  la  Gorgone,  Persée 
laissa  Dictys  régner  à  Sériphos  sur  ce  qui  restait  d'habitants  dans  nie, 
et  navigua  lui-même  vers  Argos  avec  les  Cyclopes,  Andromède  et 
Danaé.  Mais,  arrivé  à  Argos,  il  n'y  trouva  pas  Acrisios.  Car  celui-ci, 
saisi  de  crainte,  s'était  retiré  à  Larissa,  chez  les  Pélasges.  Ne  s*arrêtant 
pas  à  Argos  où  il  laissait  Danaé  auprès  de  sa  mère  Eurydice,  et 
Andromède  et  les  Cyclopes,  il  se  dirigea  vers  Larissa.  Y  étant  arrivé, 
il  reconnaît  Acrisios  et  lui  persuade  (de  venir  avec  lui  à  Argos.  Au 
moment  où  ils  devaient  partir,  il  arriva  qu'un  combat  de  jeunes  gens 
fut  célébré  à  Larissa.  Persée,  s'étant  dépouillé  de  ses  vêtements  pour 
prendre  part  au  combat,  lance  un  disque.  Ce  n'était  pas  un  pentathle, 
mais  on  concourait  à  chacun  des  exercices  à  part.  Le  disque  vint 
tomber  en  tournant  sur  le  pied  d'Acrisios  et  le  blessa.  Malade  de  cette 
blessure,  Acrisios  meurt  à  Larissa  même.  Persée  et  les  habitants  de 
Larissa  l'ensevelirent  devant  la  ville;  et  là  les  gens  du  pays  lui  élevèrent 
un  temple  comme  on  en  élève  aux  héros.  Persée  resta  hors  d'Argos.  > 
(Scol.)  Pour  la  légende  de  Persée,  voir  Decharme,  Afythoi,,  p.  637-642. 
On  trouvera  un  commentaire  abondant  du  texte  de  Phérécyde  dans  les 
Pherecydis  Fragmenta  de  G.  Sturz,  2*  édit.,  Leipzig,  1824,  p.  73-77. 

V.  1093.  L'injuste  Échétos.  —  c  Homère  cite  Échétos  comme  un 
personnage  très  cruel...  Nous  trouvons  sa  légende  dans  le  Catalogue 
des  Impies,  ouvrage  de  Lysippos  d'Épire.  i  (Scol.)  Echétos,  roi  d'Epire, 
le  fléau  de  tous  les  mortels  {Odyss,,  XVIII,  v.  85,  v.  116;  XXI,  v.  3o8), 
semble  être,  dans  l'Odyssée,  un  monstre  proverbial  :  il  arrachait  le 
nez  et  les  oreilles  et  infligeait  les  plus  odieuses  mutilations  à  ses 
victimes  (Odyss.,  XVIII,  v.  86-87).  C'est  le  traitement  qu'il  avait  fait 
subir  a  Aichmodicos,  amant  de  sa  fille  Métope  ou  Amphissa.  Quant  à 
la  jeune  fille,  il  l'avait  condamnée  à  broyer  de  l'airain  en  lui  promettant 
de  lui  rendre  la  vue  si  elle  parvenait  à  faire  de  la  farine  au  moyen  de 
cet  airain  une  fois  moulu. 

V.  1 1 15.  Elle  exhortait,  dans  sa  prudence  (Vt^  eTctçpo^vvriotv).  —  Je 
traduis  suivant  la  leçon  de  Merkel  qui  est,  d'ailleurs,  la  leçon  vulgaire. 
Brunck  admettait  T^atv  e9r,|jL09vvT)9tv,  leçon  du  Guelf.  et  note  marginale 
d'un  ms.  de  Paris  :*«  Genuiniim  esse  credo,  »  dit-il.  Mais  en  admettant 
cette  leçon,  il  faut  traduire  :  Elle  exhortait  par  ses  ordres,  ce  qui 
donne  un  sens  peu  satisfaisant.  11  semble  meilleur  de  conserver 
C7ci9po9vvY)atv.  Van  Herwerden  pense  que  la  leçon  êçijiAoorSvT^viv  est  la 
copie  inexacte  du  mot  avvv){i.oavvv|ariv,  leçon  de  quelque  ms.  très  ancien, 
et  d'ailleurs  inacceptable,  puisque  9vvi)|ioauv«)  signifie fac^e,  convention  : 


NOTES  381 

c  Alloquitur  Arête suum  praeconem,  sua  prudentia  lasonem  incitatura 
ut  rem  habeat  cum  Medea,  Si  c^ifpo<n3vv)9iv,  9110^  scholiasta  explicat 
cfY)|Movvy}viv,  recte  receptum  est,  ea  vox  hoc  loco  signiflcat  prudent 
consilium.  In  libro  Laurentiano  iegitur,  teste  Merkelio,  Tiivtv  ovvTJi«tv, 
superscripto  a  imutu  secunda  c^iiiioovv^tvtv,  quod  in  textu  habet  Guel/er^ 
bitanus.  Sub  corrupto  vocabulo  latet,  nisi  egregiefallor,  avv[iQ|io«\iv]i)t«tVj 
ita  ut  vetustissimus  testis  legerit  : 

,  ^m  avvY}|jL09vvv^atv  cnoTpvivlovva  lityrivat. 
Ut  est  I,  3oo: 

ubi  Scholiasta  explicat  ouvO^xoti;,  av|&pouXatc-  Nihilominus  haec  optimi 
libri  lectio  reicienda  est.  Nam  ovwK&oavwi  significat  avv^xv)v   non 

V.  1 123.  Dans  le  port  d*Hyllos  ('r>Xixû  c^  Xiitévi}.  —  c  Ce  port  est 
ainsi  nommé  d*Hyllos,  fils  de  Mélité  et  d'Héraclès.  1  (Scol.)  Voir,  pour 
Hyllos,  la  note  au  vers  524. 

V.  1 1 34.  Le  fils  Nyséien  de  Zeus.  ^  Voir  la  note  au  vers  904  du 
Chant  IL  t  Nysa  ne  fut  à  l'origine  qu'un  lieu  de  fiintaisie,  éclos  de 
l'imagination  grecque  par  suite  d'une  méprise  étymologique.  Pour  les 
Grecs,  en  effet,  le  nom  de  Dionysos  décomposé  en  deux  parties  ne 
pouvait  signifier  autre  chose  que  le  dieu  de  Nysa.  »  (Decharme, 
Mythol,,  p.  438.)  Il  est  déjà  question  du  divin  mont  Nyséion  dans 
17/iâ</e(Vl,v.i33),quile  place  enThrace.L'//pnittf  homérique  (XXVI) 
à  Dionysos  (v.  9-10)  place  la  montagne  Nysa,  où  le  dieu  a  passé 
son  enfance,  assez  loin  de  la  Phénicie  et  assez  près  de  TÉgyptc.  A 
répoque  classique,  il  y  a  un  grand  nombre  de  villes  et  de  montagnes 
nommées  Nysa  :  dans  chacune  d'elles  on  localisait  les  légendes  qui  se 
rapportent  à  l'enfance  du  dieu  Nyséien. 

V.  1 138.  Héra,.,  pleine  de  colère.  —  «  Héra  chassa  Macris  de  TEubée 
parce  qu'elle  avait  reçu  des  mains  d'Hermès  et  nourri  Dionysos. 
L'Eubée  est  consacrée  à  Héra.  Macris  éleva  Dionysos  dans  son  antre 
d'où  le  nom  de  dithyrambos  donné  au  dieu,  parce  que  Tantrc  avait 
deux  portes  [8uo  6vpac]>  Le  poète  dit  que  le  mariage  de  Jason  et  de 
Médée  eut  lieu  dans  l'antre  de  Macris.  Philétas,  dans  son  Télèphe,  dit 
que  ce  fut  dans  la  maison  d'Alcinoos.  »  (Scol.)  Pour  Macris,  voir  la  note 
au  vers  540.  On  sait  que  l'origine  de  l'épithète  dithyrambos  appliquée 
à  Dionysos  est  tout  autre  que  celle  que  donne  le  Scoliaste  ^cf.  Decharme, 
MythoL,  p.  436).  Pausanias  (IX,  3,  1)  montre  Héra  se  retirant  dans 
rile  d'Eubée  comme  dans  l'un  de  ses  sanctuaires.  — %oir  (notes  aux 
vers  II 53  et  1217)  d'autres  traditions  sur  l'endroit  où  le  mariage  de 
Médée  et  de  Jason  se  serait  célébré. 

V.  1 141.  On  prépara  un  vaste  lit.  —  Apollonios  imite  la  description 
de  VOdyssée  (VII,  v.  335  et  suiv.)  où  l'on  voit  les  servantes  d'Arété 
préparer  le  lit  d'Ulysse  :  elles  disposent  des  tissiA  couleur  de  pourpre 
et,  par-dessus,  des  tapis  et  d'épaisses  couvertures  de  laine.  C'est  ainsi 
qu'en  guise  de  tapis  et  de  couvertures  de  laine  on  étend  pai^dessus  le 
lit  nuptial  de  Jason  et  de  Médée  Véclatante  toison  d'or. 


382  NOTES 

V.  1 14a.  Vétiatante  toison  ^or(^(p^eovott7Xfi(vic6aEc).  —  «  La  plupart 
des  auteurs  disent  que  cette  toison  était  d'or.  Acouailaos,  dans  son 
livre  sur  les  Généalogies,  dit  que  la  toison  avait  été  teinte  en  pourpre 
par  la  mer.  »  (Scol.)  Voir  la  note  au  vers  177.  Presque  tous  les  auteurs 
qui  ont,  à  notre  connaissance,  parlé  de  la  toison,  lui  donnent  Tépithète 
consacrée  de  toison  d'or.  Cf.  Phérécyde  {apud  SchoL  Pindar.,  Pytkiq., 
IV,  V.  1 33)  :  To  x&otc  xh  xpu9i(iaX>ov.  Euripide  {Afédée,  v.  5)  :  xb  icây^puffov 
-dipoc.  Théocrite  (Id»,  XIII,  v.  16)  :  to  xp^^ov  xûac.  Apollodore  (1, 9, 16)  : 
-rb  Xpu96|iaXXov  Sepaç,  etc. 

V.  1 149.  Du  fleuve  Aigaios,,,  du  mont  Mêlitéien.  —  Voir  la  note  au 
vers  624.  Le  mont  Mélitéien,  dit  le  Scoliaste,  est  un  mont  de  Corcyre. 
Je  ne  trouve  pas  plus  de  renseignements  sur  le  mont  Mélitéien  que  sur 
la  Mélité  à  qui  il  doit  son  nom. 

V.  1 1 53.  La  caverne  sacrée  de  Médée,  —  «  Timée  dit  que  les  noces 
de  Jason  et  de  Médée  furent  célébrées  à  Corcyre;  Denys  de  Milet,  dans 
le  second  livre  de  ses  Argonautiques,  dit  que  ce  fîit  à  Byzance;  Antima- 
•que,  dans  sa  Lydé,  dit  qu'ils  s*unirent  chez  les  Colchiens,  auprès  du 
fleuve.  »  (Scol.)  Pour  les  divergences  des  auteurs  anciens  au  sujet  de 
l'endroit  où  l'union  de  Jason  et  de  Médée  fut  consommée,  voir  les 
notes  aux  vers  1 1 38  et  12 17. 

V.  1 166.  Toujours  quelque  peine  amère  marche  à  coté  de  nos  joies. 
—  Bruock  cite  la  remarque  suivante  de  Ruhnken  :  Callimachum  forte 
Noster  habuit  ante  oculos,  fragm.  418  : 

...  tict\  Oebç  oùdà  Y^^^^^s^ 
àxXautl  (opéKCvatv  ôi^upotaiv  ïTdwxs. 

Apollonium  pressius  imitatus  est  Ovidius,  Metam.  VII,  453  : 

...usque  adeo  nulli  siocera  voluptas 
Sollicitique  aliquid  Uetts  iotervenit... 

On  peut  aussi  rapprocher  du  passage  d*ApolIonios  le  vers  connu  de 
Lucrèce  (édit.  Bernays,  IV,  v.  iia5): 

...  medio  de  fonte  leponim 
Surgit  amari  aliquid... 

V.  1 1 7 1 .  7*014/  dans  la  nature  était  souriant.  —  Brunck  fait  remarquer 
qu'Apollonios  imite  le  vers  i3  de  VHymne  homérique  à  Déméter: 
«  La  terre  entière  s* égayait  ainsi  que  le  gonflement  salé  de  la  mer,  >  et 
les  premiers  vers  des  sentences  de  Théognis  :  a  La  terre  immense  riait 
et  les  profandei^s  de  la  mer  à  l'écume  blanchâtre  se  réjouissaient.  »  Le 
poète  de  Mégare  imite  d'ailleurs  le  vers  1 18  de  YHymne  homérique  à 
Apollon  :  «  La  terre  sourit.  »  Catulle  a  fait  son  profit  de  tous  ces  passages 
grecs,  quand  il  a  écrit  (LXIV,  v.  284)  : 

Quo  permulsa  domus  iucundo  risit  odore. 

On  connaît  le  vers  d'André  Chénier  {Eclogue  II,  p.  17,  i"  volume  de 
rédition  de  Gabriel  de  Chénier)  : 

Le  toit  s'égaye  et  rit  de  mille  odeurs  divines. 


1 


NOTES  383 

V.  1 176.  Alcinoos  s'avança.  —  Tout  ce  développement  est  imité  des 
premiers  vers  du  Chant  VIII  de  VOdyssée,  Il  faut  remarquer  qu*en 
disant  le  sceptre  justicier  (v.  11 78,  oxrjircpov...  6(xaaff6Xov),  ApoIlonio& 
applique  au  sceptre  une  épithète  qui,  dans  les  poèmes  homériques, 
n'appartient  qu'aux  hommes.  Cf.  Iliad.,  I,  v.  a 38  :  dtxaaniXoi;  Odyss., 
XI,  V.  186  :  8txa9ic6Xov  àv8pa. 

V.  1196.  Chaque  fois  qu'il  faisait  mention  des  noces  (otk  (ivi^aatT» 
Ya|ioto}.  —  Les  mss.  ont  |tv;qaaivTo,  qui  se  rapporterait  aux  Nymphes.  La 
correction  est  de  Brunck  :  c  otc  |Aviq<rairo,  scilicet  Orpheus.  Sic  omnino 
legendum.  Vulgo  contra  mani/estum  loci  sensum,  tiviqaaivto.  Quoties  in 
cantico,  quod  ad  lyram  canebat  Orpheus,  nuptiarum  meminerat,  sal" 
tantes  Nymphae  Hymenaeum  acclamabant  :  interdum  vero  seorsum 
canebant,  solae,  quiescentibus  Orphei  lyra  et  voce»»  Cette  excellente 
correction  a  été  admise  par  tous  les  éditeurs  qui  ont  suivi  Brunck. 
Merkel  fait  remarquer  que  le  poète  décrit  le  yopbc  xuxXioc  :  nDescribitur 
^ofbc  xuxXioc.  KuxXta  \kiXri  dicta  sunt  xa.  ttiv  ocuxTiv  uis60ea-iv  ttx^^^»  epcorrt- 
9Ctc  xa\ sicoxfcaeic,  SchoL  Aristoph,  Av.,  gig,  "» 

V.  1 199.  C'est  toi  qui  as  inspire'  à  l'esprit  d'Arété  (ov  yàp  xa\  iià  9peoV 
Ovixac  'Apr^TncV  —  ApoUonios  emploie  ici  une  expression  homérique  : 
«  Car  la  déesse  aux  bras  blancs,  Héra,  l'avait  inspiré  à  son  esprit.  > 
{Iliad.,  I,  V.  55.)  Cf.  Iliad.,  VIII,  v.  218. 

V.  1 2o5.  Car  il  était  lié  par  d'inviolables  serments  (àppiqxToiffi  S'êvi- 
Ceu^ac  txfn  Spxoïc)-  —  Dûbner  propose  de  corriger  ti^  ^^  ^X^*^'  •  ^iLegen- 
dum  ix^x\  V.  1084. 1  On  lit,  en  effet,  au  vers  1084  '  i^ydiXotaiv  ev^v^etai 
c(  £Oev  opxoic.  La  correction  de  Dûbner  est  très  admissible;  mais  elle  ne 
semble  pas  indispensable.  Il  y  aura  peut-être  été  amené  par  la  manière 
dont  Beck  traduit  la  leçon  vulgaire  :  a  Inviolabilibus  constrictam  tenuit 
(sententiam)  sacramentis.  »  Mais  il  n'est  pas  besoin  de  sous-entendre 
sententiam;  on  peut  prendre  ïxv^  dans  le  sens  intransitif  et  traduire  :  il 
se  tenait  ferme  (il  était)  ayant  lié  (lui-même)  par  d'inviolables  ser- 
ments. On  sait,  en  effet,  que  dans  la  langue  des  poètes  le  verbe  f^civ 
joint  à  un  participe  passé  ou  aoriste  a  le  sens  intransitif  de  être,  se 
trouver  dans  tel  ou  tel  état,  qu'il  a  dans  la  langue  ordinaire  quand  il 
est  joint  à  un  adverbe.  Cf.  l'exemple  connu  du  Philoctète  de  Sophocle 
(v.  1 362)  :  «  Oauitdéaaç  ïx^  TÔôt,  je  suis  ayant  été  étonné,  ou  j'ai  été 
étonné,  ou  simplement  je  m'étonne  de  cela.  » 

V.  1212.  Les  Bacchiades.—  liBsLCch'is,  fils  de  Dionysos,  vivait  à 
Corinthe.  Les  plus  nobles  citoyens  de  cette  ville  tiraient  de  lui  leur 
origine;  ils  en  furent  chassés  à  cause  du  meurtre  d'Actaion.  Voici  les 
motifs  de  cette  expulsion.  Mélissos  avait  été  le  bienfaiteur  des  Corin- 
thiens :  car  il  les  avait  sauvés  alors  qu'ils  allaient  être  détruits  par 
Pheidon,  roi  des  Argiens;  aussi  il  obtint  des  honneurs  au  milieu  d'eux. 
Une  nuit,  s'étant  rendus  devant  la  maison  d'Actaion,  ils  voulurent 
enlever  l'enfant;  les  parents  ayant  résisté,  il  arriva  que  l'enfant  fut 
mis  en  pièces.  Au  moment  où  les  jeux  Isthmiques  allaient  avoir  lieu,' 
Mélissos,  se  tenant  devant  l'autel,  prononça  de  nombreuses  imprécations 
contre  les  Corinthiens  et  les  maudit  s'ils  ne  vengeaient  pas  la  mort 
d'Actaion.  Ayant  ainsi  parlé,  il  se  jeta  dans  le  précipice  qui  était 
au-dessous   de   lui.    Craignant   de   laisser   sans   vengeance   la  mort 


384 


NOTES 


d*Actaion  et  obéissant  aux  ordres  de  la  divinité  elle-même,  les  Corin- 
thiens chassèrent  les  Bacchiades.  L'un  d*eux,  Chersicrate,  colonisa 
Corcyre,  en  a3*ant  expulsé  les  Colchiens  qui  y  habitaient.  Ceux-ci 
passèrent  en  kpire.  »  (Scol.)  Les  Bacchiades  avaient  régné  à  Corinthe 
pendant  trois  siècles  environ  (de  936  à  657  av.  J.-C.);  avec  eux  tomba 
le  régime  aristocratique.  Leur  histoire  est  racontée  par  Hérodote 
(V,  92),  par  Diodore  de  Sicile  {/ragm.  du  livre  VH,  p.  3i5  du 
volume  I*'  de  l'édition  Didot),  par  Strabon  (3a5,  8  et  suiv.},  par 
Pausanias  (II,  4),  etc.  Dans  un  fragment  du  livre  VIII  (p.  3ao 
du  volume  I*'  de  Tédition  Didot),  Diodore  raconte  avec  détails  la 
mort  d*Actaion,  qui,  d*après  lui,  était  fils  de  Mélissos,  ce  que  le  Sco- 
Itaste  d'ApoUonios  ne  dit  pas.  Archias  de  Corinthe,  épris  d*amour 
pour  le  jeune  Actaion  et  n'ayant  pu  se  faire  aimer  de  lui,  malgré  toutes 
ses  promesses,  se  précipita  avec  ses  convives  à  la  suite  d'une  orgie, 
contre  la  maison  d* Actaion.  Mélissos,  père  de  l'enfant,  secondé  par  ses 
serviteurs,  opposa  à  cette  invasion  de  gens  avinés  une  vive  résistance; 
Tenfant  mourut  pendant  la  lutte.  Après  leur  expulsion,  les  Bacchiades 
s'établirent  en  Sicile  et  à  Sparte.  Strabon  (234,  i5  et  suiv.)  rapporte 
que  Chereicrate,  qui  serait,  d'après  lui,  un  Héraclide  et  non  un  descen- 
dant de  Dionysos,  partit  de  Corinthe  avec  Archias  qui  devait  aller 
fonder  Syracuse,  et  s'établit  lui-même  à  Corcyre  d'où  il  chassa  les 
Liburniens  qui  occupaient  alors  cette  île. 

—  Éphyra»  —  c  Corinthe  s'est  nommée  Éphyra,  d'Éphyra,  fille  d'Épi" 
méthée.  Eumélos  dit  qu'Éphyra,  fille  d'Océanos  et  de,  Téthys,  était  la 
femme  d'Épi  méthée.  »  (Scol.)  D'après  Épiménide,  Éphyra  serait  la 
mère  d'Aiétès  (voir  la  note  au  vers  242  du  Chant  III).  Pausanias  (II,  i) 
rapporte,  d'après  Eumélos  également,  qu'Éphyra,  fille  d'Océanos, 
habita  d'abord  dans  la  région  de  Corinthe.  Beaucoup  de  villes  de 
l'Hellade  antique  ont  porté  ce  nom  d'Éphyra  (cf.  Strabon,  390,  28  et 
suiv.)  Il  est  déjà  question  dans  les  poèmes  homériques  d'une  Éphyra 
en  ÉUde  {Iliad,,  II,  v.  659)  gt  d'une  Éphyra  en  Thesprotide  {Odyss,,  I, 
v.  259),  en  même  temps  que  de  l'Éphyra  qui  se  trouve  à  l'extrémité  du 
pays  d'Argos  fécond  en  couraiera  (Iliad.,  M,  v.  i52). 

V.  12 14.  Aux  monts  Cérauniens  des  Ahantes, —  Voir  la  note  au 
vers  519. 

V.  121 5.  Les  Nestaiens»  —  Les  Nestaiens  ou  Nestiens  sont  les  habi- 
tants de  la  terre  Nestienne  dont  il  a  déjà  été  parlé  (v.  337).  Voir  la  note 
au  vera  33o. 

—  Dans  la  ville  d'Oricos.  —  Oricos  ou  Oricon  est  une  ville  d'Épi re 
située  au  milieu  des  monts  Cérauniens.  Elle  a  Panormos  pour  port 
(Strabon,  263,  1 1  ;  369,  29).  Cette  ville  est  très  souvent  mentionnée 
par  les  auteurs  anciens.  Pline  rapporte  la  tradition  d'après  laquelle 
elle  fut  fondée  par  les  Colchiens  :  «  Oppidum  Oricum  a  Colchis 
conditum.  »  (AT.  If.,  III,  145.) 

V.  1 2 1 6.  Le  temps  avait  marché  longuement,  —  «  C'est-à-di re  longtemps 
après.  Timée  dit  que,  six  cents  ans  après  la  guerre  de  Troie,  Chersicrate, 
descendant  des  Bacchiades,  colonisa  l'île.  Les  Colchiens  ayant  passé 
dans  l'Ile  voisine,  et,  après  cela,  s'étant  rendus  dans  les  monts  Cérau- 
niens et  dans  le  pays  des  Abantes  et  des  Nestaiens,  établirent  une 


NOTES  385 

colonie  à  Oricos.  Celui  qui  conduisit  cette  colonie  est  un  des  Bacchiades, 
Chersicrate,  qui  avait  été  dépouillé  de  ses  honneurs  par  les  Corinthiens. 

V.  12 17.  En  l'honneur  des  Moires  et  des  Nymphes.  —  aTimonax, 
dans  le  premier  livre  de  ses  Scythiques,  dit  que  Jason  épousa  Médée 
en  Colchide,  Aiétès  la  lui  ayant  fiancée.  Il  dit  aussi  :  c  Quand  vous 
naviguez  le  long  des  rivages  du  Pont,  on  vous  montre  des  jardins 
nommés  Jardins  de  Jason,  où  Ton  rapporte  que  le  héros  aborda;  dans 
Aia  même,  il  y  a  des  gymnases,  des  disques,  Tappartement  nuptial  de 
Médée,  où  elle  fut  donnée  en  mariage  à  Jason;  il  est  aussi,  près  de  la 
ville,  un  temple  élevé  en  Thonneur  de  Jason,  et,  auprès,  beaucoup 
d'autres  temples  encore.  »  Timée  donne  aussi  des  renseignements  sur 
le  sacrifice  :  il  dit  qu'on  le  célèbre  encore  chaque  année  et  que  Médée 
avait  commencé  par  sacrifier  dans  le  temple  d'Apollon.  On  a  élevé  des 
monuments  en  souvenir  des  noces,  tout  près  de  la  mer,  non  loin  de  la 
ville.  On  nomme  l'un  [des  autels]  celui  des  Nymphes,  l'autre  celui  des 
Néréides.  ApoUonios  appelle  l'un  celui  des  Nymphes  et  l'autre  celui 
des  Moires.  «  (Scol.) 

V.  1 2 1 8.  Au  temple  d'Apollon  Nomios.  —  «  C*est  parce  que  la  décision 
d'Alcinoos  a  été  rendue  suivant  la  loi  [xixk  v6|aov]  que  Médée  a  élevé  le 
temple  d'Apollon  Nomios.  t  (Scol.)  On  a  vu  (note  au  vers  boy  du 
Chant  II)  quel  est  le  sens  ordinaire  de  Tépithète  N&ti,ioc.  Souvent 
appliqué  à  Apollon  (voir  Preller,  Griech.  MythoL,  erster  Band,  dritte 
Auflage,  p.  21 3),  ce  mot  semble  désigner  toujours  c  le  dieu  pasteur  qui 
habite  les  pâturages  et  qui  veille  sur  les  troupeaux».  (Decharme, 
Afythol.,  p.  i27.)L'étymologie  de  N6|xioc  est  ^i[ua,  paître.  Le  Scoliaste 
imagine,  pour  les  besoins  de  sa  cause,  l'étymologie  v6(ioc,  loi. 

V.  1227.  Sur  les  frontières  de  la  Libye.  —  Tout  cet  épisode  des  aven- 
tures des  Argonautes  en  Libye  se  trouve  déjà  dans  Hérodote  (IV,  179) 
et  dans  Pindare  (/ V*  Pythique),  Les  auteurs  qui  se  sont  occupés  des 
Argonautes  après  ApoUonios  n'y  font  pas  allusion  :  Apollodore  et 
Diodore  de  Sicile  n'en  disent  rien.  Strabon,  qui  a  collectionné  soigneu- 
sement tous  les  renseignements  plus  ou  moins  authentiques  sur 
l'itinéraire  des  héros,  ne  donne  aucune  preuve  de  leur  passage  en 
Libye. 

V.  1228.  Le  golfe  qui  doit  son  nom  aux  Ambraciens.  —  Le  golfe 
d'Ambracie,  formé  par  la  mer  de  Sicile,  a  trois  cents  stades  de  circuit; 
le  canal,  large  de  quatre  stades,  qui  lui  sert  d'entrée,  est  à  treize  cents 
stades  des  monts  Cérauniens.  (Strabon,  269  et  270.)  Au  lieu  du  mot 
'A(JLppaxir,wv,  leçon  des  mss.,  Brunck  écrit  'ApLicpaxir.fov,  qui  se  lit  dans 
beaucoup  de  mss.  au  vers  493  de  la  Périégèse  de  Denys  :  «  Vêtus  est 
haec  scriptura  in  poeta  cujusve  antiquitatis  studioso  reponenda.  »  Cette 
justification  de  la  correction  semble  insuffisante.  —  Les  mss.  ont  itoxi 
X&X1COV  èictSvupLov  'A{i.ppoixir|Wv.  Flangini  le  premier  a  corrigé  noT{,  qui 
n'a  pas  de  sens  ici,  en  icotc,  correction  adoptée  par  Beck,  Wellauer  et 
Lehrs.  Merkel  préfère  avec  raison  icoOi,  qui  a  le  mâme  sens  que  icoxt, 
qui  se  rapproche  davantage  de  la  leçon  des  mss.  et  qui  se  lit  déjà  au 
vers  225  du  Chant  III. 

V.  1229.  Le  pays  des  Courètes,  —  Le  contexte  indique  qu'Apollonios 
place  ce  pays  sur  le  continent,  au  sud  du  golfe  d'Ambracie  et  avant  les 

49 


386  NOTES 

îles  Échinades,  situées  sur  la  côte  d^Acarnanie.  Le  Scoliaste  ne  dit  rien 
du  pays  des  Courètes,  mais  il  est  facile  de  Tidentifier  avec  rAcarnanie. 
En  effet,  Éphore,  cité  par  Strabon  (398, 4  et  suiv.),  dit  que  les  Courètes, 
maîtres  à  Torigine  de  TAitolie  entière,  furent  vaincus  dans  plusieurs 
combats  par  Aitolos,  fils  d*£ndymion,  qui  venait  d*Élide,  et  durent  se 
retirer  dans  le  pays  nommé  depuis  TAcarnanie.  Archémaque  d^Eubée, 
cité  également  par  Strabon  (399, 44  et  suiv.),  dit  aussi  que  les  Courètes, 
habiunts  de  Chalcis  en  Eub^,  passèrent  en  Aitolie  dans  le  canton  de 
Fleuron.  Aristote,  dans  la  Constitution  des  Acamaniens  (Strabon,  267, 
28),  dit  qu'à  Torigine  la  partie  orientale  de  TAcarnanie  fiit  occupée 
par  les  Courètes.  Apollodore  (I^  7,  6)  appelle  la  terre  des  Courètes  le 
pays  qu^Aitolos  envahit  et  auquel  il  donna  son  nom,  après  Tavoir 
conquis.  D'après  Pausanias  (VIII,  24,  9),  plusieurs  auteurs  disent  que 
les  habitants  de  l'Acarnanie,  appelés  d'abord  les  Courètes,  reçurent 
leur  nouveau  nom  d^Acarnan,  fils  d'Alcmaion  et  de  Callirhoé.  — 
Homère  {liiad.,  IX,  v.  629)  fait  déjà  allusion  à  une  guerre  entre 
les  Courètes  et  les  Aitoliens. 

V.  i23o.  Les  étroites  Échinades,  —  Ce  sont  des  îlots  voisins  de  la 
côte  d^Acarnanie.  Voir  Strabon  (393,  43,  etc.).  VOdyssée  (XV,  v.  299) 
les  appelle  les  îles  pointues  (f^çii),  à  cause  de  leurs  rochers  qui  s'avancent 
en  pointe  dans  la  mer.  Le  mot  Échinades  signifie  hérisson  (e^voc), 
surnom  dû  à  la  forme  de  ces  îlots  étroits  aux  pointes  rocheuses  qui 
semblaient  se  grouper  autour  de  l'embouchure  de  l'Achéloos  comme 
les  piquants  d'un  hérisson. 

V.  1235.  Au  fond  de  la  Syrie, —  c  II  y  a  deux  Syrtes  en  Libye;  elles 
sont  bourbeuses,  il  s'y  produit  des  reflux  comme  dans  l'Océan.  Ce 
sont  des  endroits  où  les  navigateurs  sont  entraînés  [xaTaa>ifovTat]  et 
où  ils  trouvent  la  mort.  »  (Scol.)  Cette  note  du  Scoliaste  fait  allusion 
à  l'étymologie  probable  du  mot  Syrte  (^jpco,  entraîner).  Ce  mot  peut 
désigner  tout  golfe  vaseux  et  encombré  de  bancs  de  sables  où  les 
navires  peuvent  se  perdre.  Les  auteurs  anciens  l'appliquaient  à  deux 
golfes  de  la  côte  de  Libye,  aux  environs  de  la  Cyrénaîque.  ApoUonios 
ne  parle  que  d'une  Syrie:  on  en  distinguait  généralement  deux,  la 
Grande-Syrte  (golfe  de  Sidre)  et  la  Petite-Syrte  (golfe  de  Gabès).  On 
trouve  de  nombreux  renseignements  sur  les  Syrtes  dans  Strabon, 
dans  Pline  l'Ancien,  etc. 

V.  1238.  L'écume  afflue  sans  bruit  (xcaçti). —  «Immobile  parce  que 
la  Syrte  est  bourbeuse.  »  (Scol.)  Cette  scolie  n'explique  pas  le  sens  du 
mot  xctffT)  que  Brunck,  suivi  par  flangini  et  l'édition  Tauchnitz,  a 
corrigé  en  xovfT)  (légère),  d'après  une  conjecture  de  Valckenaer.  Cette 
correction  inutile  supprime  un  mot  qui  fait  image.  Dûbner  dit  avec 
raison  :  c  Lege  ut  vulgo  xio^i^,  sine  ullo  strepitu  fiuctus,  quasi  muta 
aqua.  » 

V.  1246.  La  sur/ace  de  la  terre  immense.  —  Cette  description  du 
désert  voisin  des  Syrtes  ressemble  à  celle  que  Salluste  (Jugurtha,  79) 
a  faite  de  la  môme  région  :  «  Ager  in  medio  harenosus,  una  specie; 
neque  flumen^  neque  mons  erat...» 

V.  1266.  Les  masses  d'eau  roulent  pour  se  briser  sur  des  sables 
blancs  d'écume.  —  Dans  sa  description  des  Syrtes,  qui  est  un  résumé 


NOTES  387 

de  celle  d*Apollonios,  Denys  {Perieg.,  v.  198  et  suiv.)  imite  en  parti- 
culier ce  vers  :  Les  flots  refluent  et  roulent  sur  les  sables  secs. 

V.  1280.  Tels...  des  hommes...  —  Tout  ce  passage  est  le  développe- 
ment d*une  comparaison  homérique  [lliad.,  XVI,  v.  384  et  suiv.).  La 
description  et  la  comparaison  d^Apollonios  ont  été  reprises  par  Virgile 
(Georg.,  I,  V.  32  5  et  suiv.;  v.  476  et  suiv.;  IV,  v.  261  et  suiv.),  par 
Tibulle  (II,  v,  v.  77-78,  édit.  Mullcr). 

V.  1284.  Soit  que  des  statues  des  dieux...  —  t  Quand  un  événement 
terrible  devait  avoir  lieu,  citait  l'ordinaire  de  voir  les  statues  des  dieux 
suer.  C'est  ce  qui  arriva  à  Thèbes,  au  moment  de  la  bataille  de  Chéronée, 
entre  Philippe  et  les  Thébains.  t  (Scol.)  Pour  les  prodiges  qui  ont 
annoncé  la  bataille  de  Chéronée,  voir  Plutarque  (  Vie  de  Démosthène,  19). 

V.  1289.  Les  héros  ..  se  traînaient  en  proie  à  la  tristesse  (r,Xuov).  — 
Les  mss.  ont  îJXuOov.  La  correction,  qui  semble  fort  bonne,  est  de  Brunck  : 
«  Sic  ineptam  libroi'um  omnium  lectionem,  tJXuOov,  certissime  emendo.  » 
Apollonios  imite  un  vers  de  VIliade  (XXIV,  v.  12):  //  se  traînait, 
triste,  le  long  du  rivage  de  la  mer  (dtvevcox'  âX^Swv  icapà  Otv*  &>&c). 
Brunck  fait  remarquer  qu'Oppien  use  du  même  mot  àXuw  dans  une 
belle  comparaison  (Halieut.,  IV,  v.  335-344)  qui  n'est  pas  sans  rapports 
avec  ce  passage  d* Apollonios  :  c  Quand  une  mère  désolée,  quand  une 
épouse  voit  partir  pour  un  lointain  pays  le  fils  aimé  de  sa  vieillesse  ou 
le  compagnon  de  sa  couche,  le  cœur  de  cette  femme  se  meut  avec  peine 
dans  sa  poitrine  {hAw  aXrSet).  » 

V.  i3oo.  Tels,  sur  les  bords  escarpés  du  Pactole...  les  cygnes.  — 
«  Le  Pactole  est  un  fleuve  de  Lydie  qui  se  nomme  maintenant  le  Chry- 
sorroas.  »  (Scol.)  On  connaît  la  tradition  d'après  laquelle  le  Pactole  roule 
de  l'or  depuis  que  Midas  s'y  est  baigné.  Mais,  d'après  Strabon  (642, 
52),  le  fleuve  qui  roule  de  Vor,  le  Chrysorroas,  est  un  cours  d'eau 
de  la  Coelésyrie  qui  n'a  aucun  rapport  avec  le  Pactole.  Pline  cite  le 
Chrysorroas  de  Coelésyrie  (V,  74)  et  d'autres  fleuves  du  Pont  et  de 
Btthynie  qui  portent  le  même  nom  (V,  148;  VI,  14);  mais  il  fait  remar* 
quer  que  le  Pactole  se  nomme  aussi  Chrysorroas  :  ^Ex  quo  [Tmofo 
monte]  pro^uen te  Pactolo  eodemque  Chrysorrhoa.  »  (iV.  H.,  V,  110.) 
Quant  à  la  double  comparaison  de  Médée  et  de  ses  compagnes  avec 
des  petits  oiseaux  tombés  de  leur  nid  et  avec  des  cygnes  qui  chantent 
au  bord  du  Pactole,  on  peut  en  trouver  les  éléments  dans  deux  compa- 
raisons de  VIliade:  l'une  (II,  v.  461  et  suiv.),  où  il  est  question  de 
grues  et  de  cygnes  dont  les  cris  font  retentir  les  bords  du  Caystros; 
l'autre  (IX,  v.  323-324)  où  l'on  voit  un  oiseau  portant  leur  nourriture 
à  ses  petits  encore  sans  plumes. 

V.  1 304.  Les  plaintes  d'un  chant  de  deuil  (eXutvbv  c^Xepiov).  —  c  Le 
mot  tT)Xe|ioc  signifie  thrène.  Son  nom  lui  vient  de  lalémos,  fils  d'une 
Muse.  »  (Scol.)  Le  Guelf.  a  la  leçon  êXutvbv  laXcfiov.  Fils  d'Apollon  et  de 
Calliope,  lalémos  est  un  de  ces  poètes  mythiques  auxquels  on  attri- 
buait l'invention  des  chants  primitifs  destinés  à  exprimer  la  joie  ou  la 
douleur.  Voir  Preller,  Griech.  Mythol.,  zweiter  Band,  dritte  Auflage, 
p.  490. 

V.  1 309.  Les  héroïnes  tutélaires  (tt(iin9pot).  —  «  Le  mot  niJLriopot  désigne 
les  héroïnes  qui  surveillent  [Sfçopoi]  la  Libye,  ou  bien  celles  qui  sont 


388  NOTES 

honorées  [tt|uA|uvai]  en  Libye;  Tifii^ofot  veut  dire  les  juges  [ifxâixoi].  > 
(Scol.) 

V.  1 3 10.7 De  la  tête  de  son  père.  —  «  Stésichore  est  le  premier  qui  ait 
dit  que  la  déesse  Athéné  a  bondi  armée  de  la  tête  de  Zeus.  »  (Scol.} 

V.  i3ii.  Pour  la  baiser  dans  les  eaux  du  lac  Triton  (T^'tuvoc 
C9'  dSaat  xvtXfi&aavTo).  —  Callimaque  {Hymne  à  Zeus,  v.  17)  emploie  la 
même  expression  pour  décrire  un  foit  semblable  :  ...t6xoio  Xiifiatta 
XutXctfvavTo.  «  I^  Triton  est  un  fleuve  de  Libye;  il  y  a  aussi  un  fleuve 
du  même  nom  en  Béotic.  Cest,  paraît-il,  auprès  du  premier  de  ces 
fleuves  que  naquit  Athéné,  d'où  son  nom  de  Tritoge'néia,  Telle  est  la 
tradition  de^ quelques-uns.  D'autres  disent  que  ce  nom  vient  de  tpâv,  > 

verbe  qui  signifie  avoir  peur,  à  cause  de  la  frayeur  qu'elle  inspire  à  ses 
ennemis.  »  (Scol.)  Cf.  la  scolie  au  vers  109  du  Chant  I**  :  «  Il  y  a  trois  lacs 
nommés  lac]  Triton  :  Tun  en  Béotie,  le  second  en  Thessalie,  le  troi- 
sième en  Libye;  c'est  auprès  de  ce  dernier  que  naquit  Athéné.  >  Voir, 
pour  Athéné  Tritonide,  la  note  au  vers  55 1  du  Chant  I*'.  «  Duaefabulae 
mixtae,  »  dit  Dûbner  avec  raison;  en  efiet,  pour  donner  plus  d'impor- 
tance à  ces  héroïnes  de  la  Libye  et  peut-être  aussi  plus  de  vraisemblance 
à  leur  bienveillante  intervention  auprès  de  Jason,  le  protégé  d*Àthéné, 
Apollonios  rattache  la  légende  de  ces  héroïnes  à  celle  de  la  déesse 
Tritonide,  et  leur  fait  jouer  un  rôle  important  au  moment  de  la  nais- 
sance merveilleuse  de  la  fllle  de  Zeus.  Cette  tradition  concernant  les 
héroïnes  de  la  Libye  doit  appartenir  au  poète  des  Argonautiques :  je 
ne  connais  aucun  autre  auteur  qui  ait  rapporté  que  ces  déesses  se 
soient  occupées  d*Athéné  enfant.  D'après  le  Scoliaste,  Stésichore  est  le 
premier  qui  ait  dit  que  la  déesse  Athéné  a  bondi  armée  de  la  tête  de 
Zeus;  c'est  donc  Stésichore  que  Pindare  suivait,  quand  il  montrait 
{VII*  Olympique,  v.  35  et  suiv.)  la  tête  de  Zeus  fendue  par  la  hache 
d'Héphaistos  et  Athéné  en  bondissant  avec  des  cris  effroyables  qui 
faisaient  frémir  d'horreur  le  ciel  et  la  terre.  U Hymne  homérique 
(XXVIII)  à  Athéné^  où  se  trouve  la  même  description,  serait  donc 
postérieur,  sinon  à  la  VII*  Olympique,  du  moins  au  poème  de 
Stésichore  auquel  le  Scoliaste  fait  allusion. 

V.  i322.  Nous  sommes  les  déesses  solitaires  (oioiràXoi)*  ~  ç  C'est-à- 
dire  qui  errent  à  la  suite  de  leurs  brebis  [icep^  Tac  olc  noXoOaai].  Il  les 
appelle  indigènes  [xOovi'ac]  parce  qu'elles  sont  les  filles  de  la  Libye; 
elles  sont  protectrices  des  troupeaux.  Le  mot  xOovtai  veut  dire  nées  de 
la  terre  [ynY''^^^]*  Douées  de  la  parole  humaine,  parce  qu'elles  peuvent 
entrer  en  conversation  avec  les  hommes.  Callimaque  fait  mention  de 
ces  nymphes,  disant  :  O  héroïnes,  maîtresses  de  la  Libye^  vous  qui 
portez  vos  regards  vers  le  séjour  des  Nasamons  et  leurs  rivages  étendus, 
prolonge!^,  je  vous  It  demande,  la  vie  de  ma  mère!»  Hoelzlin,  trompé 
peut-être  par  cette  citation  où  il  est  question  des  Nasamons,  comprend 
le  mot  oton6Xoi  comme  le  Scoliaste  et  le  traduit  par  deae  pecorariae  : 
css  déesses,  dit-il,  s'occupent  de  soigner  les  troupeaux  comme  font  les 
Nasamons.  Shaw  est  seul  à  reproduire  la  traduction  d'Hoelzlin.  Brunck 
dit  fort  bien  :  «Oioic6Xoi,  déserta  habitantes,  l'^em  quod  épi)|jiov6|Aot,  in/ra 
i333  [en  efiet,  comme  Jason,  en  répondant  aux  déesses,  les  appelle 
(pri|iov6|Aoi,  cela  prouve  bien  qu'il  a  donné  le  sens  de  déesses  habitantes 


NOTES  389 

des  déserts  au  mot  oion6Xoi,  par  lequel  elles  se  sont  désignées  elles- 
mêmes,  quand  elles  lui  ont,  les  premières,  adressé  la  parole]...  Per- 
peram  vero  Scholiastes  exponit.  Triton  a  Pindaro  vocatur  oioic6aoc 
isti&itfv,  Pythion.,  IV,  49,  ubi  non  adeo  insulsus  fuit  latinus  interpres, 
ut  verteret  pecorarius  deus.  » 

V.  i323.  Héroïnes  tutélaires  et  filles  de  la  Libye.  —  «  Libye,  Epaphi 
filia,  Neptuno  amata,  quae  tertiae  orbis  parti  nomen  suum  dédit.  » 
(Brunck.)  Il  me  semble  qu'en  disant  AipuY]c  TtfjiiQopot  T)8à  OuyoïTpec, 
ApoUonios  montre  qu'il  entend  par  Ai^uv)  le  pays  même,  la  Libye, 
et  non  Libye,  qui  a  donné  son  nom  à  ce  pays.  Il  sera  question  d^ 
Libye  au  vers  1742. 

V.  i3a5.  Aussitôt  qu'Amphitrite  aura  dételé  le  char,.,  de  Poséidon. 
—  Divinité  relativement  récente,  Amphitrite  n*est  pas  citée  dans 
V Iliade;  elle  est  mentionnée  dans  VOdyssée  (V,  v.  421;  XII,  v.  60,  97), 
Cest  à  partir  d'Hésiode  {Théogonie,  v.  930)  qu'elle  est  regardée  comme 
la  femme  de  Poséidon.  Elle  participe  à  son  pouvoir  et  à  ses  honneurs, 
comme  Héra  à  ceux  de  Zeus.  Souvent  représentée  sur  les  monuments 
de  l'art  grec  et  surtout  de  l'art  gréco-romain,  on  la  voit  d'ordinaire  à 
côté  de  Poséidon  sur  un  char  traîné  par  des  chevaux  marins.  Cf.  De- 
charme,  Mythol.,  p.  331-334;  I^reller,  Griech.  Mythol.,  erster  Band, 
dritte  Auflage,  p.  489-490;  CoUignon,  Mythol,  figurée  de  la  Grèce, 
p.  2 10.  —  Je  pense  qu*en  montrant  Amphitrite,  non  pas  sur  le  char  de 
Poséidon  comme  une  reine,. mais  occupée  à  dételer  les  chevaux  de  son 
époux,  ApoUonios  a  voulu  vieillir  en  quelque  sorte  cette  divinité  marine 
d*origine  récente.  Il  donne  à  cette  déesse  que  Vlliade  ne  connaît  pas 
des  occupations  servîtes  dont  la  déesse  Héra  de  Vlliade  ne  dédaignait 
pas  de  s'acquitter.  Ne  voit-on  pas,  en  effet,  l'épouse  de  Zeus  atteler 
elle-même  ses  propres  chevaux  (Iliad.,  V,  v.  731-732),  comme,  dans 
les  Argonautiques,  l'épouse  d'un  dieu  moins  haut  placé  que  Zeus  daps 
la  hiérarchie  détellera  les  chevaux  de  son  mari  ? 

V.  1327.  A  votre  mère.  —  «  Il  veut  dire  [ou  plutôt,  elles  veulent  dire, 
puisque  ce  sont  les  déesses  qui  parlent]  le  navire,  car  le  navire  les  porte 
dans  sa  cavité,  comme  une  mère  [porte  un  enfant]  dans  ses  flancs.  » 
(Scol.)  M.  Cartault  (ouvr.  cité,  p.  41)  dit  à  propos  du  nom  de  ictpitdvaiov 
(péritoine)  que  les  anciens  Grecs  donnaient,  d'après  Pollux,  aux  baux 
qui  réunissent  par  en  haut  les  deux  Aancs  du  navire  :  c  Nous  trouvons 
là  une  de  ces  métaphores  hardies  qui  forment  le  fonds  de  la  langue  des 
matelots  et  sur  lesquelles  nous  aurons  à  chaque  instant  l'occasion  de 
revenir.  La  concavité  du  navire  était  comparée  par  les  marins  au 
ventre  d'un  animal  :  xvto;  xa\  fà^Tpa,  selon  l'expression  de  Pollux.  Le 
Scoliaste  d'Apollonius  de  Rhodes  dit,  en  parlant  du  navire  Argo,  qu'il 
renferme  ceux  qui  le  montent,  comme  une  mère  porte  ses  enfants  dans 
son  sein.  » 

V.  1329.  Dans  la  divine  Achaîe.  —  «Le  poète  désigne  l'Achale,  ou 
la  Thessalie,  ou  l'Hellade  :  plutôt  la  Thessalie.  Car  les  habitants  de  ce 
pays  se  nomment  les  Achalens.  Homère  a  dit  :  Maintenant  ceux,  tous 
tant  qu'ils  sont,  qui  habitaient  Argos  Pélasgique  [Jliad.,  II,  v.  681]; 
et  plus  loin  :  On  les  appelait  et  Myrmidons  et  Hellènes  et  Achalens 
[Iliad.,  II,  v.  684].  »  (Scol.) 


390  NOTBS 

V.  1339.  Sa  voix  puissante  (|l«pttT)  f^oYT^. —  Les  mss.  ont  poptfst 
qui  se  rapporte  mal  au  mot  pTi^^ct  (lis  hailiers).  Les  anciennes  éditions 
ont  pofc^x  que  Bninck  corrige  en  pcltfoii:  c5ic  omnino  legenéum, 
Vulgo  poptltt,  f MO^  ad  floYT^  re/emnt  Non  satis  aptum  leonis  rugitui 
epithetum  iÙud  est,  quod  tamen  si  ei  Poeta  tribuere  poiuisset,  script 
tisset  papc{i),  non  papefa.  »  Wellauer  propose  la  correction  papeCv}  adoptée 
par  Merkef  :  cette  correction  a  le  double  avantage  de  se  rapprocher  plus 
quep«6tfai  de  la  leçon  des  mss.  et  de  donner  un  sens  plus  satisfaisant 
que  ce  mot.  Comme  le  dit  Wellauer,  Tadjectif  convient  parfieiitement  à 
la  Toix  du  lion,  et,  de  plus,  «  ^vj^vat  adjectivo  non  eget^  sed  tOotth 
^egre  epitheto  caret  ». 

V.  1 348.  Ceintes  de  peaux  de  chèvres»  — *  Brunck  fait  remarquer  à 
propos  de  ce  vers  quel  soin  Apollonios  prend  de  donner  aux  person- 
nages qu'il  met  en  scène  le  costume  qui  leur  convient:  mAccuratam 
in  minimis  rébus  peritiam  ostendit  Poeta  morum,  habitus,  cultusque 
Mversarum,  quarum  meminit,  gentium,  ut  ex  comparatione  Herodotei 
loci,  in  recensione  populorum  Africae  Ubro  l  V,  p.  364,  constabit.  » 
Voici,  en  effet,  ce  que  dit  Hérodote  (IV,  189)  :  f  Les  femmes  de  Libye 
portent  par-dessus  leurs  habits  des  peaux  de  chèvre  sans  poil,  garnies 
de  franges  et  teintes  en  rouge.  »  Brunck  rapproche  aussi  du  vers 
d'Apollonios  une  épigramme  de  Nicenaetos  (Analect,,,  1. 1*',  p.  416): 
•«  Héroïnes,  vous  qui  habitez  le  rivage  montagneux  des  Libyens, 
«ceintes  de  peaux  de  chèvre  et  de  franges  entrelacées  !  » 

V.  i363.  Un  ckeuat.  —  C'est  à  tort  que  Ton  rapproche  Tapparition 
tnerveilleuse  de  ce  cheval  du  présage  que  donne  à  Enée  Tapparition  de 
quatre  chevaux  aperçus  sur  les  cdtes  d'Italie  {A en.,  IH,  v.  537  et  suiv.)  ; 
Anchise  comprend  que  ces  chevaux  sont  un  signe  de  guerre,  tandis 
que  les  Argonautes  voient  dans  Tapparition  du  cheval  qui  sort  de  la 
mer  une  confirmation  de  ce  que  les  héroïnes  ont  dit  à  Jason  :  le  char 
de  Poséidon  a  été  dételé  par  Amphitrite. 

V.  i386.  Pendant  dou^e  jours  entiers,  —  Il  est  probable  que  si  Apol- 
lonios n*insiste  pas  sur  cet  épisode,  c'est  parce  que  la  Médéede  Pindare 
y  a  déjà  fait  allusion  dans  ta  /K*  Pythique.  —  D'après  une  autre  tradi- 
tion rapportée  par  Justin  {Histor,,  XXXII,  3),  c'est  pour  passer  de 
rister  à  l'Adriatique  que  les  Argonautes  auraient  porté  leur  navire  sur 
leurs  épaules,  aucun  cours  d'eau  n'ayant  la  largeur  et  la  profondeur 
nécessaires  à  Argo. 

V.  1 39 1 .  Les  eaux  du  lac  Triton.  —  Le  lac  Triton,  dans  lA  Cyrénaîque, 
est  cité  par  Strabon  (710,  7  et  suiv.);  près  de  lui  se  trouve  un  autre  lac, 
dit  lac  des  Hespérides.  Le  lac  Triton,  formé  par  le  fleuve  du  même 
nom,  est  situé  au  sud-ouest  de  la  Petite-Syrte.  Scylax  {PeripL,  {no) 
donne  à  entendre  que  le  lac  Triton  communique  avec  la  Syrte,  puisque 
il  affirme  qu'alors  que  la  mer  se  retire,  ce  lac  qui  a  un  circuit  de 
mille  stades  ne  peut  donner  accès  aux  navigateurs.  Pour  Apollonios,  le 
lac  Triton  est  évidemment  un  lac  d'eau  salée  qui  communique  avec  la 
mer,  puisque,  quand  les  héros  y  sont  parvenus,  ils  y  déposent  bien  le 
navire  Argo,  mais  ils  ne  peuvent  y  apaiser  leur  soif  et  se  mettent 
immédiatement  à  la  recherche  d'une  source  d'eau  douce  (v.  1394); 
plus  tard,  le  dieu  Triton,  qu'ils  ont  la  bonne  fortune  de  rencontrer  et 


NOTES  391 

de  se  rendre  favorable,  fera   passer  le  navire  Argo  du  lac  dans  la 
mer. 

V.  1396.  Le  serpent  Ladon  né  de  la  terre,  —r  «  Pisandre  suppose  que 
le  dragon  était  né  de  la  terre;  Hésiode  dit  qu'il  est  né  de  Typhon. 
Âgroitas,  dans  le  livre  III  de  ses  Libyques,  dit  qu'il  ne  s'agissait  pa& 
de  pommes  [{i.r|Xa],  mais  de  moutons  [(in^a  signifie  aussi  moutons]  fort 
beaux,  qu'on  appelait  les  moutons  d'or,  et  qu'ils  avaient  un  berger 
sauvage  qu*on  surnommait  le  dragon  à  cause  de  sa  férocité.  Phérécyde 
raconte,  dans  son  livre  X,  qu'au  moment  du  mariage  d'Héra,  la  terre 
produisit  des  pommiers  qui  portaient  un  fruit  d'or;  les  Nymphes,  filles 
de  Zeus  et  de  Thémis,  qui  habitaient  une  caverne  auprès  de  TÉridan^ 
conseillèrent  à  Héraclès  dans  l'embarras  de  demander  à  Nérée  où  il 
pourrait  prendre  ces  pommes  d'or;  Héraclès  s'empara  de  Nérée  par 
force  :  s'étant  d'abord  transformé  en  eau  et  en  feu,  puis  revenu  à  sa 
première  forme,  celui-ci  donna  des  indications  au  héros.  Le  héros  se 
met  donc  en  route  vers  les  pommes  d'or.  Arrivé  à  Tartessos,  il  passe 
en  Libye,  où  il  tue  le  cruel  Antée,  fils  de  Poséidon.  Puis  il  arrive  sur 
les  bords  du  Nil,  à  Memphis,  auprès  de  Busiris,  fils  de  Poséidon,  qu'il 
tue  ainsi  que  son  fils  Iphidamas  et  son  héraut  Chalbès  et  ses  serviteurs^ 
davant  l'autel  de  Zeus  où  ils  immolaient  les  étrangers.  Arrivé  à  Thèbes, 
il  passa  en  traversant  les  montagnes  dans  les  déserts  de  Libye  où  il 
tua  à  coups  de  flèches  beaucoup  de  bétes  sauvages.  Après  en  avoir 
purgé  le  pays,  il  descendit  jusqu'à  la  mer  extérieure  ;  ayant  reçu  d'Hélios 
une  coupe  d'or,  il  s'y  embarqua  et  arriva  au  pays  situé  en  face,  ayant 
traversé  la  terre,  la  mer  et  l'Océan.  Étant  arrivé  auprès  de  Prométhée 
et  ayant  été  vu  par  celui-ci,  il  fut  apitoyé  par  ses  supplications  et  tua  à 
coups  de  flèches,  alors  qu'il  volait  vers  lui,  l'aigle  qui  rongeait  le  foie 
de  Prométhée.  En  récompense,  celui-ci  lui  donna  l'idée  de  ne  pas  aller 
lui-même  chercher  les  pommes,  mais  de  se  rendre  auprès  d'Atlas  et  de 
le  prier  de  les  lui  porter,  pendant  qu'il  soutiendrait  le  ciel  à  la  place 
d'Atlas,  jusqu'à  son  retour  de  chez  les  Hespérides.  Ayant  écouté  ces 
paroles,  Héraclès  va  trouver  Atlas,  lui  explique  quel  travail  lui  est 
imposé  et  lui  demande  d'aller  prendre  trois  pommes  chez  les  Hespérides 
et  de  les  lui  porter.  Atlas  établit  le  ciel  sur  les  épaules  d'Héraclès,  alla 
vers  les  Hespérides,  reçut  d'elles  les  pommes  et  revint  vers  Héraclès; 
mais  il  lui  dit  qu'il  porterait  lui-même  les  pommes  à  Eurysthée  et 
demanda  à  Héraclès  de  soutenir  le  ciel  à  sa  place.  Héraclès,  le  lui  ayant 
promis,  imposa  à  son  tour  par  une  ruse  la  charge  du  ciel  à  Allas.  Car 
il  lui  demanda,  comme  Prométhée  le  lui  avait  conseillé,  de  se  charger 
du  ciel,  pendant  qu'il  se  ferait  une  tresse  qu'il  placerait  sur  sa  tête. 
Atlas,  ayant  jeté  les  pommes  à  terre,  reprit  le  fardeau  du  ciel.  Héraclès, 
s'étant  saisi  des  pommes,  s'éloigne  et  va  à  Mycènes  auprès  d'Eurysthée 
les  lui  montrer.  -*  Le  même  Phérécyde  fait  le  récit  suivant  dans  son 
livre  II  :  Quand  Zeus  épousa  Héra,  la  terre  lui  donna  en  présent  les 
pommes  d'or  voisines  de  l'Océan.  Un  dragon  les  gardait,  qui  était  né 
de  Typhon  et  d'Échidna,  qui  avait  cent  têtes  et  des  voix  de  toutes 
sortes.  »  (Scol.)Pour  toute  la  légende  de  la  conquête  des  pommes  d*or 
des  Hespérides,  voir  Decharme,  MythoU,  p.  53i-333. 

V.  1 399.  Les  Nymphes  Hespérides  s'empressaient,  -^  «  Leur  nom 


392  NOTES 

vient  soit  de  ce  qu'elles  apparaissent  le  soir  [laicâpac],  soit  de  ce  que 
leur  demeure  est  en  Hespérie.  Les  Hespérides  étaient  filles  de  Phorcos 
et  de  Cétô.  De  l'une  d*elles  Tile  où  habitait  Géryon  a  pris  son  nom,  ce 
Géryon  qui  possédait  le  chien  Orthos,  frère  de  Cerbère,  qu*Héraclès 
tua.  D*autres  disent  les  Hespérides  filles  d* Atlas.  »  (Scol.),  Phérécyde 
place  la  demeure  de  ces  Nymphes  en  Hespérie,  auprès  de  TEridan  (voir 
la  note  au  vers  1396)  et  il  les  confond  avec  les  Héliades,  voisines  de 
rÉridan  (voir  Scol.  au  vers  742  de  VHippol^te  d'Euripide  et  Heync, 
ad  Apollodori  Bibliothecam  Observationes,  p.  167).  D'après  d'autres 
traditions  (Decharme,  MythoL,  p.  248),  les  Hespérides,  nuages  dorés 
du  couchant,  ont  pour  père  un  astre  brillant,  Hespéros,  fils  lui-même 
d'Atlas.  Hésiode  {TTiéogonie,  v.  21 5)  fait  des  Hespérides  les  filles 
de  la  nuit.  ApoUonios  nomme  trois  Hespérides:  Hespéré  (v.  1427), 
THespéride  par  excellence,  Aigle  (v.  1428),  Véclatante,  et  Érythéis 
(v.  1427),  la  rougeâtre;  c'est  cette  dernière,  qui  a,  comme  dit  le 
Scoliaste,  donné  son  nom  à  l'île  Érythéia  (Hésiode,  TTiéogonie,  v.  290 
et  983)  où  Héraclès  tua  le  chien  Orthros  (et  non  Orthos,  comme  dit  le 
Scoliaste).  Cf.  Decharme,  MythoL,  p.  627.  M.  Decharme  (MythoL, 
p.  53 1)  fait  d'ailleurs  remarquer  que  c  le  dragon  Ladon,  fils  de 
Typhaon  et  d'Echidna,  a  évidemment  une  certaine  affinité  avec  le 
chien  Orthros». 

—  Chantant  avec  des  accents  charmants.  —  Hespérides  Hesiodo  Itfu- 
ç<dvoi  [Théogonie^  v.  276  et  5 18],  Euripidi  &|iva>^  [Herc.  Fur.,  v.  394, 
u(iv(i>douc  TK  x6pac]  et  âoidai  [HippoL,  v.  742  :  *£9icepiSa>v...  t5v  àoid&v] 
dicùntur,"»  (Brunck.) 

V.  1403.  Comme  les  flèches  avaient  laissé...  —  Brunck  explique  très 
nettement  le  sens  de  cette  phrase,  embrouillé  comme  à  plaisir  par  les 
traducteurs  latins  :  c  Serpentem  sagittis  conflxerat  Hercules  :  sagittae 
vero  in  serpentis  vulneribus  et  proinde  sanguine  admiscuerant  et  reli^ 
querant  lethale  virus  Lernaeae  hydrae,  quo  olim  intinctaefuerunt.  Ideo 
quae  vulneribus  insidebant  muscae,  gustato  venenato  tabo,  statim  ares- 
cebant  et  moriebantur,  » 

V.  1405.  Au  milieu  de  la  putréfaction  des  blessures  (icuOofiivotviv  èç' 
ëXxevi).  —  c  Au  lieu  de  oir)ico(Aévoi;,  il  emploie  icvOofjifvotc,  mot  d*où  vient 
le  nom  de  la  Pythie,  car  elle  résidait  là  où  le  dragon  avait  pourri.  Myclos 
de  Nëapolis  dit  que  le  nom  du  pus  [icOov]  vient  de  la  même  origine,  car 
le  pus  est  le  sang  pourri.  D'autres  disent  que  le  nom  de  la  Pythie  vient 
soit  de  ce  que  ceux  qui  venaient  interroger  l'oracle  étaient  avides  de 
savoir  [ic8u9Ttxfi>ç  ^X'^vrac],  soit  d'une  vierge  Pythique,  dont  le  nom  était 
Pythis,  et  qui  était  fille  de  Delphos.  »  (Scol.)  Pour  les  étymologies  du 
nom  de  Pytho,  voir  la  note  au  vers  207  du  Chant  I*'.  On  trouve  dans 
V Hymne  homérique  à  Apollon  (v.  179-197)  l'étymologie  qui  fiiit  venir 
le  nom  du  serpent  Python  de  icuO»,  pourrir.  Percé  des  flèches  du  dieu, 
le  monstre  devient  le  pourrissant,  le  Python.  En  souvenir  de  sa 
victoire,  Apollon  est  surnommé  le  Pythien,  et  la  ville  qui  s'élève  à 
l'endroit  où  le  serpent  était  établi,  prend  le  nom  de  Pytho.  Voir 
Decharme,  Mythol.^  p.  104  et  suiv. 

V.  141 2.  Soit  que  l'on  vous  compte  au  nombre  des  déesses  du  ciel..,  — 
c  II  s'exprime  ainsi,  car,  parmi  les  Nymphes,  les  unes  sont  célestes,  les 


NOTES  393 

autres  terrestres;  celles-ci  habitent  les  fleuves,  celles-là,  les  marais, 
d'autres  encore,  la  mer.  En  somme,  la  race  des  Nymphes  admet  de 
nombreuses  divisions,  comme  le  dit  Mnésimaque  de  Phasélis,  dans  ses 
Catalogues  méthodiques  [ev  Atax^apioïc].»  (Scol.)  A  vrai  dire,  il  n*y  a 
pas  de  Nymphes  qui  méritent  exactement  le  nom  de  Nymphes  célestes, 
comme  le  Scoliaste  Taffirme,  puisqu'elles  «ont  quitté  les  demeures 
célestes  où  elles  sont  nées  pour  résider  désormais  sur  la  terre  ». 
(Decharme,  MythoL,  p.  33 1).  Orphée  donne  à  toutes  les  Nymphes  qu'il 
invoque  le  nom  général  de  postérité  sacrée  d'Océanos  (v.  14 14).  A 
l'époque  homérique,  au  contraire,  la  plupart  des  Nymphes  sont  consi- 
dérées comme  filles  de  Zeus  {Iliad.,  VI,  v.  420;  Odyss,,  VI,  v.  io5). 

V.  1442.  La  soif  le  desséchait  (il^  xotpxa^îo;).  —  C'est  une  expres- 
sion homérique  :  c  Desséchés  par  la  soit  (fii'^  xapxatXéoOf  couverts  de 
poussière,  ils  fuyaient.  »  (Iliad,,  XXI,  v.  341.)'  Pierron  dit  à  propos  de 
ce  vers  de  V Iliade  :  «  Il  ne  faut  pas  confondre  xapxQt^^oc  avec  xap^aXéo; 
quoiqu'ils  se  rapprochent  beaucoup  pour  le  sens.  Ils  viennent  l'un  de 
xâpxapoc  (violent,  rude),  et  l'autre  de  xàpfo»  (sécher),,.  Les  Troyens  ont 
la  langue  et  le  gosier  tout  rugueux,  tout  racornis,  ce  qui  dit  plus  encore 
que  secs,  »  On  peut  rapprocher  de  l'expression  homérique  l'expression 
virgilienne  asperque  siti  (Georg,,  III,  v.  434). 

V.  1449.  Courbé  en  avant  comme  une  génisse,  —  Une  comparaison 
semblable  se  trouve  deux  fois  dans  Nicandre  :  «  Si  un  homme,  accablé 
par  la  soif,  s'abreuve  à  un  fleuve,  courbé  en  avant  à  la  manière  d'un 
taureau.  »  {Alexiph.,  v.  493.)  c  Tel  un  taureau  courbé  en  avant  boit  à 
un  fleuve...»  (TTreriac.^  v.  340.) 

V.  1452.  Telles.,,  les  fourmis,,,  ou  telles,  des  mouches.  —  «  Formica^ 
rum  similitudine  usus  est  Virgilius,  sed  aliorsum  transtulit,  A  en.  IV, 
V,  402,'»  (Brunck.)  Quant  à  la  comparaison  des  mouches,  Apollonios 
semble  en  avoir  emprunté  l'idée  à  deux  comparaisons  homériques. 
Dans  V Iliade  (II,  v.  469  et  suiv.),  l'empressement  des  Achéens  qui  se 
préparent  à  combattre  les  Troyens  est  comparé  à  celui  des  essaims  de 
mouches  qui  envahissent  une  bergerie,  alors  que  les  vases  s'emplissent 
de  lait;  la  même  comparaison  est  appliquée  (XVI,  v.  641  et  suiv.)  aux 
guerriers  qui  se  pressent  autour  du  cadavre  de  Sarpédon  renversé 
dans  la  poussière. 

V.  1464  et  suiv.  Les  deux  fils  de  Borée,,.  Euphémos,,,  Lyncée... 
Canthos,  —  Voir,  au  sujet  de  ces  divers  héros,  les  notes  aux  vers  211, 
179,  i32,  77  du  Chant  I*'.  Les  fils  de  Borée  se  confient  dans  leurs 
ailes;  Euphémos,  dans  la  rapidité  de  ses  pieds;  Lyncée,  dans  l'excel- 
lence de  ses  yeux  qui  pénètrent  au  loin.  Seul,  Canthos  n'est  doué 
d'aucune  qualité  physique  qui  le  désigne  pour  aller  à  la  recherche 
d'Héraclès.  Il  est  entraîné  par  son  courage,  son  amitié  pour  Polyphémos 
et  surtout  par  sa  destinée  qui  est  de  mourir  en  Libye  (cf.  les  vers  77  et 
suiv.  du  Chant  1*'). 

V.  1470.  L'Eilatide  Polyphémos, —  Voir  la  note  au  vers  1177  ^^ 
Chant  I". 

V.  1479.  Comme  au  premier  Jour  du  mois  on  aperçoit  la  lune,.,  — 
On  sait  comment  Virgile  (Aen,,  VI,  v.  432-434)  a  fait  sienne  cette 
comparaison  qu'il  a  rendue  à  la  fois  bien  plus  touchante  et  bien  plus 

$0 


394  NOTES 

juste:  il  ne  s'agit  plus  du  géant  Héraclès,  dans  VÉnéide,  mais  de 
I*ombre  pâle  et  silencieuse  de  Didon  qui  apparaît  au  loin  dans  la  clarté 
lugubre  des  enfers,  semblable  à  la  lune  qui,  mince  encore,  au  premier 
jour  du  mois,  glisse  à  peine  aperçue  eûtre  les  nuages. 

V.  1485.  Les  Kères  funestes.  —  Voir  Ta  note  au  vers  689  du  Chant  I**. 
Apollonios  parlera  encore  au  vers  i665  des  Kères  «  qui  rongent  le  cœur 
des  humains,  chiennes  rapides  d'Adès,  qui,  du  milieu  des  brouillards 
où  elles  tourbillonnent,  se  lancent  sur  les  vivants  ».  Noires  divinités, 
filles  de  la  Nuit  (Hé&iode,  Théogonie,  v.  211),  les  Kères  exercent  sur- 
tout leur  activité  pendant  les  batailles  sanglantes  où  elles  font  leur 
proie  des  mourants  et  des  blessés  (cf.  le  Bouclier  d'He'raclès,  v.  349 
et  suiv.).  C'est  ainsi  que  les  Kères  s'emparent  de  Canthos  tombé  sous 
les  coups  de  Caphauros.  c  Outre  les  Kères  des  champs  de  bataille,  il  y 
en  a  d'autres  qui,  sous  des  formes  diverses,  tendent  des  pièges  incessants 
à  la  vie  humaine,  qu'elles  sont  avides  de  détruire.  »  (Decharme,  Mythol., 
p.  419.)  Ce  sont  celles-là  qui  aideront  Médée  à  faire  mourir  le  géant 
Talos  (v.  1669  et  suiv.);  enfin,  les  Kères,  synonymes  des  Parques 
romaines,  sont  souvent  les  Moires  qui  donnent  aux  humains  la  mort 
naturelle  :  c'est  à  elle  que  faisait  allusion  Polyxo,  s*attendant  à  mourir 
de  vieillesse  {Argonaut.,  I,  v.  690). 

V.  1490.  Phoibos  Lycoréios.  —  «  Lycoréios  est  pour  Delphique;'Car, 
d'abord,  les  Delphiens  se  nommaient  Lycoréiens;  ils  tiraient  ce  nom 
d'un  village  appelé  Lycoréia.»  (Scol.)  Voir  la  note  au  vers  711  du 
Chant  II.  Le  surnom  Lycoréios  d'Apollon  a  peut -être  ici  une  autre 
origine  :  le  dieu,  en  même  temps  qu'il  a  aimé  une  Nymphe  nommée 
Acacallis(Pausanias,  X,  16,  5),  a  aussi  été  l'amant  d'une  autre  Acacallis, 
fille  de  Minos  (Pausanias,  VIII,  53,  4).  Antoninus  Liberalis  {Trans- 
forma, lib.  XXX)  rapporte,  d'après  Nicandre,  que  cette  Acacallis  eut 
Milétos  d'Apollon.  Redoutant  la  vengeance  de  Minos,  son  père,  elle 
exposa  cet  enfant  dans  une  forôt,  où  Apollon  le  fit  nourrir  par  des 
loups  (X'jxot).  Apollonios  suit  sans  doute  une  légende  où  Garamas 
remplace  Milétos,  et  le  nom  de  Lycoréios  peut  venir  des  loups  par 
lesquels  Apollon  fit  nourrir  le  fils  qu'il  avait  eu  d'Acacallis.  C'est, 
semble- 1- il,  l'opinion  de  Brunck:  €  Acacallidis  Minois  flliae  ex 
Nicandro  meminit  Antoninus  Liberalis,  cujus  ex  narratione,  cap*  3o, 
colligere  quis  possit  non  temere  hic  a  Poeta  Apollini  epitheton  Auxe»- 
peioio  tributum  fuisse,  sed  ad  nominis  etymon  eum  respexisse.  » 

V.  1493.  Dans  son  sein  appesanti,  —  <  Alexandre,  dans  le  livre  I*'  de 
ses  Crétiques,  dit  qu'Acacallis  eut  commerce  avec  Apollon  et  avec 
Hermès;  d'Apollon  elle  eut  Naxos;  d'Hermès,  Cydon,  qui  donna  son 
nom  à  la  ville  de  Cydonia  en  Crète.  »  (Scol.)  Pausanias  (VIII,  33,  4)  dit 
que  Cydon,  le  fondateur  de  Cydonia,  est  fils  d'Hermès  et  d'Acacallis, 
fille  de  Minos. 

V.  1494.  Garamas. —  «Les  Garamantes  sont  un  peuple  de  Libye 
[cf.  Strabon,  709,  7  et  suiv.;  etc.].  Il  est  incertain  si  c'est  ce  peuple 
qui  a  pris  son  nom  de  Garamas,  ou  si  c'est  Garamas  qui  a  pris  le  sien 
de  ce  peuple.  »  (Scol.)  Il  est  probable  que  Garamas  est  le  héros éponyme 
des  Garamantes;  mais  ce  héros  est  également  inconnu  sous  ses  deux 
noms  de  Garamas  et  d'Amphithémis.  Agroitas,  cité  par  Hérodien 


NOTES  395 

{Histor.  Graec.  Fragm.,  vol.  IV,  p.  294)  rapporte  qu^Amphithémis, 
uni  i  diverses  Nymphes,  eut  d'elles  plusieurs  fils,  entre  autres  Psyllos 
qui  donna  son  nom  au  peuple  des  Psylles.  Agroitas  ne  cite  pas  Caphauros 
parmi  les  fils  d*Amphtthémis.  On  ne  sait  rien  de  ce  Caphauros,  ni  de 
sa  mère,  la  Nymphe  Tritonis,  qui  était  probablement  une  Nymphe  du 
lac  Triton. 

V.  i5o2.  VAmpycide  Mopsos,  —  Cf.  les  vers  77-85  du  Chant  !•'. 

V.  1 5 1 1 .  Paiéon,  —  C*est  le  médecin  homérique  des  dieui  (Iliad.,  V, 
V.  401,  etc.),  bien  distinct  d*ApolIon  en  Thonneur  de  qui  on  chante  le 
péan  (icatr,ttiv,  Iliad.,  I,  v.  473),  non  pour  le  prier  de  guérir  les  héros 
malades  de  la  peste,  mais  pour  le  remercier  d*avoir  fait  cesser  le  fléau. 
Le  dieu  en  Thonneur  de  qui  on  chante  le  péan  et  le  divin  médecin 
Paiéon  seront  confondus  bientôt  après  Tépoque  homérique.  Mais, 
fidèle  aux  traditions  anciennes,  Apollonios  a  soin  de  distinguer  Paiéon 
d'Apollon. 

V.  i5i3.  Persée-Eurymédon  (c*est  de  ce  dernier  nom  que  sa  mère 
l'appelait),  —  Voir  pour  Danaé,  mère  de  Persée,  la  note  au  vers  1091. 
Dans  ses  notes  à  ce  vers  et  au  vers  i5i5,  le  Scoliaste  raconte  à  peu 
près  toute  la  légende  de  Danaé  et  de  Persée,  d'après  Phérécyde.  — 
Apollonios  est,  à  ma  connaissance,  le  premier  qui  ait  donné  à  Persée 
ce  second  nom  d'Eurymédon,  celui  qui  règne  au  loin.  Plusieurs  person- 
nages homériques  portent  ce  nom  :  le  cocher  d'Agamemnon  {Iliad.,  IV, 
V.  228),  un  serviteur  de  Nestor  {Iliad,,  VIII,  v.  1 14),  un  roi  des  géants 
{Odyss,,  VII,  V.  58).  D'autres  héros  légendaires  se  sont  nommés  de 
même.  C'est  seulement  après  Apollonios  qu*on  trouve  la  mention  de 
ce  nom  d'Eurymédon  appliqué  à  Persée.  Hésychius  :  «  EOpuiiiSwv  à 
Ilcpvtùc?^  Iloaeidfiiv  [cf.  Pindare,  Olymp,,  VIII,  v.  3i  :  tOpu|Aé$(i>v  tc  Iloaci- 
2&v]  ^  Mx^  xa\  '£p|AT)<.  »  Etym,  M.,  687,  36  :  c  EvpviiéSoiv  Bï  à  IIsp^cvc 
txaXitto.  »  Apollonios  a  soin  de  noter  les  deux  noms  de  Persée,  comme 
il  a  noté  les  deux  noms  d'Apsyrtos  (voir  la  note  au  vers  242  du 
Chant  III).  Je  suppose  que  le  poète  se  conforme  à  quelque  tradition 
savante  :  Danaé  nommait  son  fils  Eurymédon,  et  c'est  seulement 
quand  le  fils  de  Danaé  fut  considéré  comme  un  héros  solaire  qu'on 
lui  donna  le  nom  de  Persée.  «  Fils  du  Dieu  lumineux  du  ciel,  conçu 
par  sa  mère  dans  l'obscurité,  il  se  rapproche  par  là  d'Apollon,  fils  de 
Zeus  et  de  Létô.  Son  nom  même  confirme  ce  rapprochement.  Dans  la 
Théogonie,  Perses  est  un  Titan,  frère  d'Astraeos,  mari  d'Astéria; 
rOcéanide  Perséis  est  l'épouse  d'Hélios.  Le  héros  argien  est  nécessai- 
rement de  la  même  famille  que  ces  personnifications  des  grands  astres 
du  ciel.  »  (Decharme,  AiythoU,  p.  637.) 

V.  i5i5.  La  Gorgone,  —  «  Alors  que  Persée  vivait  à  Sériphos  avec 
sa  mère  auprès  de  Dictys  et  devenait  déjà  grand,  le  frère  utérin 
de  Dictys,  Polydectès,  qui  était  alors  roi  de  Sériphos,  ayant  vu  Danaé, 
en  devint  amoureux;  mais  il  ne  savait  comment  s'unir  à  elle.  Alors, 
ayant  préparé  un  festin,  il  y  invita  beaucoup  de  convives,  Persée  entre 
autres.  On  demanda  à  Persée  quel  serait  1  écot  du  festin  ;  Polydectès 
disait  que  ce  serait  un  cheval,  Persée  répondit  :  Ce  sera  la  tête  de  la 
Gorgone.  Mais,  le  lendemain  du  repas,  comme  les  autres  convives  qui 
devaient  payer  leur  écot,  Persée  amena  un  cheval.  Le  roi  ne  voulut  pas 


396  NOTES 

I*acc«pter  et  lui  réclama,  conformément  à  sa  promesse,  la  tête  de  la 
Gorgone  :  s'il  ne  la  lui  apportait  pas,  le  roi  disait  qu*il  prendrait  sa 
mère  en  mariage.  Plein  d*angoisse,  déplorant  son  malheur,  Perséc  se 
retire  dans  la  partie  la  plus  reculée  de  Tile.  Mais  Hermès,  lui  étant 
apparu  et  Payant  interrogé,  apprend  la  cause  de  ses  lamentitions.  Il 
Tencourage,  et  le  conduit  d'abord  auprès  des  Craies,  filles  de  Phorcos, 
Péphrédo,  Enyo  et  Deino;  Âthéné  avait  pris  les  devants.  Il  enlève  aux 
Craies  Pœil  et  la  dent  qu'elles  se  prêtaient  Tune  à  l'autre.  S'étant  aper- 
çues de  ce  vol,  elles  poussent  des  cris  et  supplient  qu'on  leur  rende 
leur  oeil  et  leur  dent  :  car  toutes  trois  elles  se  servaient  tour  à  tour  du 
même  œil  et  de  la  même  dent.  Persée  leur  répond  qu'il  les  a  et  qull 
les  rendra  si  elles  lui  indiquent  les  Nymphes  qui  possèdent  le  casque  de 
cuir,  les  sandales  ailées  et  la  besace  d'Adès.  Elles  lui  donnent  les  indi- 
cations nécessaires,  et  il  leur  rend  leur  œil  et  leur  dent.  Étant  allé  vers 
les  Nymphes  avec  Hermès,  leur  ayant  demandé  et  ayant  reçu  d'elles 
ce  qu'il  désirait,  il  attache  à  ses  pieds  les  sandales  ailées,  il  suspend 
la  besace  à  son  épaule  et  il  met  le  casque  de  cuir  sur  sa  tête.  Ainsi 
équipé,  il  arrive  en  volant  vers  TOcéan  et  vers  les  Corgones;  Hermès 
et  Athéné  l'accompagnaient.  Il  trouve  les  Corgones  endormies.  Les 
dieux  lui  enseignent  comment  il  faut  s'y  prendre  pour  couper  la  tête 
en  se  détournant,  et  ils  lui  montrent  Méduse  qui,  seule  des  Gorgones, 
était  mortelle.  S'étant  approché  d'elle,  il  lui  coupe  la  tête,  la  jette  dans 
la  besace  et  s'enfuit.  Les  deux  autres  Corgones,  s'en  étant  aperçues,  le 
poursuivent,  mais  elles  ne  le  voient  pas.  Persée,  arrivé  àSériphos,  se 
rend  auprès  de  Polydectès  et  lui  demande  de  rassembler  son  peuple, 
pour  montrer  à  tous  la  tête  de  la  Gorgone;  il  savait  que  ceux  qui  la 
verraient  seraient  changés  en  pierres.  Polydectès  rassemble  son  peuple 
et  dit  à  Persée  de  montrer  la  tête;  celui-ci  la  tire  de  sa  besace,  en 
se  détournant,  la  montre  et  tous  ceux  qui  l'ont  vue  sont  change  en 
pierres.  Mais  Athéné,  ayant  demandé  la  tête  de  la  Gorgone  à  Perséc, 
la  place  sur  son  égide;  il  donne  à  Hermès  la  besace,  et  il  rend  aux 
Nymphes  les  sandales  et  le  casque  de  cuir.  —  Telle  est  l'histoire  que 
Phérécyde  raconte  dans  son  livre  II.  D'autres  disent  que  Persée  ayant 
coupé  la  tête  de  la  Gorgone,  vola  au-dessus  de  la  Libye  et  que  des 
gouttes  de  sang  qui  tombèrent  à  terre,  des  bétes  féroces  naquirent,  ce 
qui  fit  donner  à  la  Libye  le  surnom  d'abondante  en  bétes  féroces. 
[Lycophron]  fait  le  même  récit  dans  VAlexandra  [v.  835].»  (Scol.) 
C'est  l'éditeur  des  Scolies,  H.  Keil,  qui  renvoie  au  vers  835  de  Lyco» 
phron  :  en  réalité,  c'est  dans  les  vers  88o  et  suiv.  de  VAlexandra  qu'il 
est  question  de  la  mort  de  Mopsos.  —  Je  ne  trouve  pas  avant  Apollo- 
nios  trace  de  cette  légende  des  serpents  de  Libye  nés  du  sang  de  la 
Gorgone.  Ovide  {Met,,  IV,  v.  6i5  et  suiv.)  a  développé  ce  passage  des 
A  rgonautiques  : 

Viperei  referens  spolium  mcmorabile  monstri, 
Aera  carpebat  (eneram  stridentibus  «lis. 
Cumque  super  Libycas  victor  penderet  barenas, 
Gorgone!  capitis  gutiae  cecidere  cruentae  ; 
Quas  humus  exceptas  varies  animavit  in  aogues, 
Lnde  fiequens  illa  est  infestaque  tcnra  colubris. 


NOTES  397 

Lucain  {Pharsal.,  IX,  v.6i 9-699)  a  raconté  à  son  tour  très  longuement 
tout  l'épisode  de  la  victoire  de  Persée  sur  la  Gorgone  et  de  sa  course 
aérienne  au-dessus  de  la  Libye  pour  expliquer  Porigine  des  innombra- 
bles serpents  qui  infestent  ce  pays.  Cf.  v.  696-699  : 

111a  tamen  sterilis  tellus,  fecundaqae  nullo 
Arva  bono,  Tirus  stillantis  tabe  Medusae 
Concipiunt,  dirosqae  fero  de  sanguine  rores, 
Quos  calor  adiuvit  putrique  iocoxii  harenae. 

V.  1519.  —  I^  plante  du  pied  gauche  (Xatov...  xapabv  itoô6ç).  —  Cf. 
Iliad,,.  XI,  V.  377  :  Tapabv  dsÇiTepoTo  no56(.  Le  mot  Tapvb;  signifie  en 
général  toute  superficie  plane  et  unie. 

V.  1 5  20.  Le  gras  de  la  jambe  et  le  péroné  {xipMoL  xoi  (Au&va).  —  Le  mot 
|iu<tfv  (de  {1.0c,  muscle)  signifie  la  chair  musculaire,  le  gras  de  la  jambe 
(Iliad. ^  XVI,  V.  3i5)  ou  du  bras  (Iliad.,  XVI,  v.  3-24).  Le  mot  xepxtç, 
dans  les  poèmes  homériques  (Iliad.,  XXII,  v.  448  ;  OJyss.,  V,  v.  62), 
désigne  le  bâton  au  moyen  duquel  les  tisserands  primitifs  fixaient  les 
fils  de  la  trame  :  c'est  le  radius  des  Latins.  Plus  tard,  on  a  entendu  par 
xipxCc  l'os  long  et  grêle  placé  à  la  partie  externe  de  la  jambe,  le  péroné^ 
et  aussi  l'os  long  qui  occupe  la  partie  externe  de  l'avant-bras  et  qu'on 
désigne  en  français  par  le  mot  latin  radius.  Cf.  Celse,  VIII,  i  :  «  Radius, 
quem  xcpxfôa  Graeci  appellant...  »  On  peut,  à  propos  de  ce  passage, 
constater  une  fois  de  plus  la  précision  qu'Âpollonios  met  dans  les 
descriptions  physiologiques.  Voir  les  notes  aux  vers  2o5  du  Chant  II 
et  763  du  Chant  III. 

V.  1 52 1 .  Aféde'e  et  les  autres  femmes,  ses  suivantes  (Mi^Seia  xa\  oXXai. .. 
àfi^ficoXoi).  —  «t  xcà  aZxai.  Sic  emcndo.  A  bsurde  vulgo  xa\  étXXai.  > 
(Brunck.)  Il  est  facile  de  traiter  une  leçon  d^absurde  :  mais  il  vaudrait 
mieux  essayer  de  la  comprendre.  Brunck  devrait,  en  effet,  savoir  qu'on 
trouve  souvent  en  grec  aXXoc  seul,  là  où  un  nom  devrait  se  joindre  en 
apposition  à  aXXo;  qui,  dans  ce  cas,  signifie  en  outre,  déplus  ou  d'autre 
part.  Cf.  Koch,  Grammaire  grecque,  traduction  de  Rouff,  \  81, 
Remarque  III,  p.  269.  Brunck  aurait  trouvé  dans  VOdyssée  de  nom- 
breux exemples  de  cet  emploi  d*àXXoc,  exemples  qui  prouvent  que  sa 
correction  est  aussi  déplacée  que  pédante.  Cf.  Odyss.,  II,  v.  41 1  : 

Ma  mère  ne  le  sait  pas,  non  plus  que  les  autres  [femmes,  qui  sont  ses] 
servantes.  Voir  encore  Odyss.,  VI,  v.  84,  etc. 

V.  i523.  De  douleur  excessive  (Owéppiov  aXyoç).—  Les  mss.  ont  à  la 
fin  du  vers  i523  Oic&pptov  iXttoç  jfxetpsv,  et,  à  la  fin  du  vers  1622,  fofvtov 
CXxoc  ôéça^aev.  Cette  répétition  du  mot  £Xxoc  dans  deux  vers  de  suite, 
à  la  même  place,  a  semblé  suspecte  à  Brunck  qui  corrige,  au  vers  i523, 
sXxoc  en  «Xyoç  :  «  Vox  £Xxo;  librarii  errore  e  praec.  v.  repetita,  hic 
absurdissima  es*t.  Sane  Oicéppiov  erat  vulnus  illud,  quo  statim  mortuus 
est  Mopsus.  Sed  cum  ratio  reddenda  esset  cur  ille  vulnus  audacter 
contrectaret,  addidit  Poeta,  vulneris  dolorem  non  ita  magnum  fuisse, 
quod  in  carnium  puirsdine  et  gangrena  solemne  est.  »  Combattue  par 


398  NOTES 

Wellauer,  cette  correction  a  été  adoptée  par  Flangini,  Beck  et  rédition 
Tauchnitz.  Merkel,  qui  conserve  cXkoc,  dit  :  «  oXyoc  Brunckius,  fort, 
recte.  »  C*est  d*aiUeurs  diaprés  le  même  principe  qui  faisait  supprimer 
par  Brunck  Tun  des  deux  eXxoc  des  vers  iSai  et  iSz'S  que  Merkel  a 
corrigé  heureusement  les  vers  574  et  SyS  du  Chant  II  qui  se  termi- 
naient l'un  par  a^tc»  Tautre  par  «ùttc.  Voir  la  note  au  vers  byS  du 
Chant  II.  —  Dans  un  long  développement  sur  les  effets  des  morsures 
faites  par  les  serpents  de  Libye,  Lucain  {Pharsal.,  IX,  v.  734  et  suiv.), 
qui  imite  évidemment  ApoUonios,  constate  le  peu  de  douleur  qui  suit 
la  blessure.  Cf.  v.  739-740  : 

Vil  dolor  aut  s«nsus  dentit  fuit  ;  iptaque  leti 
Frons  caret  invidia  ;  iiec  quidqotm  plaga  mioatur. 

V.  1524.  Une  langueur  (xfii|ia).  —  Voir  la  note  au  vers  2o5  du 
•Chant  IL 

V.  iSiS.  Un  nuage  épais  («x^^^c)*  —  ApoUonios  emploie  ici  une 
expression  homérique  {Iliad.,  V,  v.  696;  Odyss,,  XXII,  v.  88).  Nicandre 
■{THeriac,  v.  430)  constate  aussi  Tefiet  du  venin  sur  la  vue  de  l'individu 
atteint  :  «  Le  venin  rapide  infecte  les  membres  et  s*en  repaît,  un  nuage 
épais  s*étend  sur  les  yeux  et  les  dompte.  » 

V.  i53i.  Les  poils  (Xâx^). —  Brunck  écrif  a^vi),  leçon  qu*il  avait 
-conjecturée  avant  de  la  trouver  dans  un  ms.  de  Paris.  Il  entend  par  ce 
mot  l'écume  que  produit  le  violent  afflux  des  liquides  purulents  qui 
sortent  d'un  corps  en  décomposition,  putrificae  uliginis  effluxu, 
spumae  illius,  quae  liquescentibus  camibus  oboriiur,  Wellauer,  qui 
<iéfend  avec  raison  la  leçon  Xâxv<}>  dit  bien  :  «  *Axv«)  quomodo  deputrijfca 
uligine  dici  possit,  prorsus  non  intelligo,  neque  ilia  àicb  x?^  ^^^  <^ 
Xpo6<  fluere  dici  debebat.  Pilorum  vero  defluvium  saepe  tanquam 
4ummae  putredinis  signum  commemoratur.  1 

V.  1 533.  Us  s* arrachèrent...  une  partie  de  leur  chevelure.  —  C*cst  une 
coutume  homérique  :  aux  funérailles  de  Patrocle  {Iliad.,  XXIII,  v.  i33), 
les  Myrmidons  couvrent  le  mort  de  leurs  cheveux  qu'ils  s'arrachent. 
Les  Danaens  agissent  de  même  dans  les  cérémonies  funèbres  en 
rhonneur  d'Achille  {Odyss.,  XXIV,  v.  46). 

V.  i535.  Trois  fois.,.  —  Voir  la  note  au  vers  loSg  du  Chant  I*'. 

V.  1541.  Tel  un  serpent...  —  Dans  VIliade  (XXII,  v.  93  et  suiv.), 
Hector  qui  marche  contre  Achille  est  comparé  à  un  serpent  furieux 
qui  rampe  et  se  roule  rapidement.  Hésiode  {Fragm.  CXLII,  édit.  Didot) 
comparait  le  cours  sinueux  du  Céphisos  à  travers  la  Phocide  à  la  marche 
oblique  d*un  serpent  :  Apollonios  a  pu  se  souvenir  de  cette  comparaison  ; 
il  a  été  lui-môme  imité  par  Denys  {Perieg.,  v.  1-23-126)  qui  compare 
à  la  marche  oblique  d*un  serpent  la  direction  du  golfe  d'Issos  vers  la 
mer. 

V.  i552.  Le  très  puissant  Triton.  —  c  Pindare,  lui  aussi,  dans  ses 
Pjrthioniques,  dans  l'ode  à  Arcésilaos,  raconte  l'apparition  de  Triton.  » 
(Scoi.)  Apollonios  se  borne,  en  effet,  à  développer  toiis  les  détails  de 
l'épisode  de  Triton  et  d'Euphémos,  déjà  indiqués  dans  le  discours  de 
Médée  qui  se  trouve  au  commencement  de  la  IV*  Pythique.  Hérodote 
(1^1  179)  raconte  aussi  l'apparition  de  Triton  aux  Argonautes,  l'aide 


NOTES  399 

qu'il  leur  prête  pour  sortir  des  bas-fonds  et  la  prédiction  qu*il  leur  fait 
après  avoir  reçu  le  trépied  en  récompense. —  Dieu  inconnu  à  Tépoque 
homérique  et  dont  il  est  question  pour  la  première  fois  dans  la 
Théogonie  d^Hésiode  (v.  gSo  et  suiv.),  ie  très  puissant  Triton  (Pexpres- 
sion  TpcTuv  tupup(v)c  se  trouve  au  vers  gS  i  de  la  Théogonie,  comme  au 
vers  i552  du  Chant  IV  des  Argonautiques)  est  une  divinité  terrible 
qui  habite,  au  plus  profond  de  la  mer,  des  demeures  d*or,  auprès  de  son 
père  Poséidon  et  de  sa  mère  Amphitrite.  Apollonios  fait  de  lui  un  dieu 
bienveillant  et  prophétique  comme  Glaucos,  dont  il  a  été  question  au 
vers  i3io  du  Chant  I*'.  Doué  du  pouvoir  de  se  métamorphoser,  il 
apparaît  d'abord  aux  Argonautes,  «semblable  à  un  jeune  homme» 
(v.  i55i),  comme  dans  la  IV*  Pythique,  Plus  loin,  Apollonios  décrira 
le  dieu  «tel  qu'il  devait  6tre  vu  sous  sa  forme  véritable»  (v.  i6o3), 
c'est-à-dire  sous  la  forme  consacrée  par  l'art  antique.  —  Diodore  de 
Sicile  (IV,  56),  fidèle  à  son  système  inspiré  d'Évhémère,  fait  de  Triton 
non  un  dieu,  mais  un  roi  de  Libye  qui  secourut  les  Argonautes. 

V.  i558.  Mon  père  Poséidon  m'a  instruit  (effi{(rropa...  Ovixc). —  «Il 
emploie  êicUoropa  pour  xpirriv  [juge"],  Homère  a  dit  d'Agamemnon  : 
Agamemnon  Atride,  celui  qui  sait,  qui  juge  [Iliad.,  XXI II,  v.  486]. 
Il  entend  par  urva^,  Agamemnon,  le  témoin,  celui  qui  fait  observer 
la  convention.  Apollonios  veut  dire  ici  le  surveillant,  celui  qui  observe 
la  mer.  »  (Scol.)  Au  lieu  de  donner  un  exemple  du  mot  Tanop,  le  Scoliaste 
aurait  mieux  fait  d'édaircir  le  sens  du  mot  ivti^vùp,  employé  par 
Apollonios,  en  citant  l'emploi  qui  en  est  fait  dans  VOdyssée  (XXI, 
v.  26}  :  *IIpaxXT)a  {leyâ^niv  êiciîaTopa  l^pytov,  Héraclès  qui  connaît  les  grands 
travaux.  Tel  doit  être,  dans  notre  passage  aussi,  le  sens  du  mot.  Triton» 
pour  tirer  le  navire  Argo  des  bas-fonos  d'où  il  ne  peut  sortir,  doit 
connaître  ces  parages  et,  de  plus,  avoir  la  puissance  d'aider  les  Argo- 
nautes. Il  dit  d'abord  qu'il  est  êicuorcop  :  il  connaît  ces  endroits;  il  dit 
ensuite  qu'il  règne  sur  cette  contrée  maritime  (v.  i359,  àvavvu»)  : 
savoir,  pouvoir,  il  a  donc  tout  ce  qu'il  faut  pour  porter  aux  Argonautes 
une  aide  efiBcace. 

V.  i56i.  Eurypylos.  —  C'est  aussi  sous  ce  nom  que  le  Triton  de 
Pindare  se  présente  aux  Argonautes  :  il  leur  dit  «  qu'il  se  nomme 
Eurypylos,  fils  du  dieu  qui  embrasse  la  terre  de  ses  eaux  et  qui 
rébranle»  (/F«  Pyth,,  v.  Sy-Sg).  Le  Scoliaste  a  déjà  parlé  (note  au 
vers  5oo  du  Chant  H)  d'Eurypylos,  roi  du  pays  où  la  ville  de  Cyrène 
devait  s'élever.  Il  ajoute  ici  :  t  Eurypylos,  fils  de  Poséidon  et  de 
Célaino,  fille  d'Atlas,  était  roi  de  Cyrène.  Phylarque,  dans  son 
livre  VII,  l'appelle  Eurytos  et  dit  qu'il  avait  un  frère  nommé  Lycaon. 
Acésandros,  dans  le  premier  livre  de  son  ouvrage  surCyrène,  dit  que 
Cyrène  régna  après  lui  sur  la  Libye.  Callimaque,  en  parlant  de 
Cyrène,  fait  mention  d'Eurypylos  [Hymne  à  Apollon,  v.  92].  » 

-^  La  Libye,  nourricière  des  bétes  féroces  {Xi^^i^  dtjpotpôço)).  —  Les 
scolies  de  Paris  disent  qu'on  lit  OY^porpifo»  et  ii-vjXoTp^^o)  [qui  nourrit  des 
brebis];  les  scolies  I^urentiennes  n'expliquent  que  cette  dernière  leçon 
qui  pourrait  être  défendue  par  l'emploi  de  la  même  épithète  appliquée 
à  la  Libye  que  fait  la  Pythie  dans  son  discours  à  Battos  (Hérodote,  IV, 
i55,  Aipvf)^  |&r|XoTp6fov).  Mais  Varron  de  l'Atax  avait  sous  les  yeux  un 


40D  NOTES 

ms.  portant  la  leçon  Qr^poTpi^,  quand  il  écrivait  sa  traduction  des 
Argonautiques,  Cf.  Philargyrii  Commentarius  in  Virgil.  Georg.,  III, 
V.  1 76  :  ff  A  ntiqui  autem  fetum  pro  gravido  soient  ponere.  Ut  Varro 
Atacinus:  Fêta  feris  Libye.  » 

V.  1 562.  La  motte  de  terre,  —  Dans  Pindarc,  c'est  Triton  lui-même, 
se  faisant  passer  pour  Eurypylos,  qui  offre  à  Euphëmos  la  motte  de 
terre  comme  gage  d^hospitalité.  Dans  Apollonios,  au  contraire,  c*est 
Euphëmos  qui  se  présente  pour  accepter  la  motte  offerte  aux  héros  en 
général.  Fils  de  Poséidon,  il  reconnaît  naturellement  un  frère  dans 
le  prétendu  Eurypylos;  tandis  que  le  Triton  de  Pindarc  trahit  son 
incognito  en  s*adressant  de  lui-mâme  à  Euphémos  dont  le  prétendu 
Eurypylos,  qui  n^est  pas  un  dieu,  ne  peut  avoir  deviné  Torigine. 

V.  1564.  L'Apide,  —  €L*Atthide  et  la  mer:  on  écrit  aussi  VApide: 
c'est  une  île  située  devant  la  Crète;  la  mer  de  Minos  est  aussi  devant  la 
Crète,  qui  était  le  royaume  de  Minos  :  comme  il  éuit  maître  de  la  mer 
[OxXarroxfat&v;  sur  la  OaXarroxpax{a  de  Minos,  voir  la  note  au  vers  5 16 
du  Chant  II],  il  s*était  soumis  les  îles.  »  (Scol.)  Tous  les  mss.  ont  'At6î8x, 
leçon  conservée  par  les  éditions  antérieures  à  celle  de  Wellauer.  Mais 
ce  n'est  pas  la  route  de  TAtthide,  c'est-à-dire  de  l'Attique,  que  les 
Argonautes  veulent  savoir:  ils  cherchent  à  aller  vers  la  terre  de 
Pélops  (v.  1370).  D'autre  part  on  ne  connaît  pas  Tile  Apis  ou  Apide 
dont  parle  le  Scoliaste.  Gerhard  {Lection,  Apollon,,  p.  19)  dit  fort 
bien  :  «  Ut,  qua  ratione  in  Graeciam  proficiscendum  sit,  sibi  indicet, 
Tritonem  rogat  Euphemus,  Is  quoniam  et  ipse  fuit  Peloponnesius,  et 
ceteri  omnes  versus  Peloponnesum  ut  proximam  Graeciae  terram 
tendebant,  neque,  Attica  quamobrem  memoretur,  apparet,  bona  est 
altéra  lectio  a  Scholiis  Florentinis  memorata,  'Aicfds,  si  modo,  quod 
non  dubito,  alla  forma  fuit  'Aictc  pro  'Am'a»  quae,  ut  notum,  et  proprie 
est  Argos  et  latiore  significatu  Peloponnesus.  "»  Le  contexte  prouve 
bien  qu'il  faut  écrire  'Aicids,  et  que  ce  mot  signifie  le  Péloponèse;  si 
la  forme  'Aictç  semble  ne  pas  se  trouver  ailleurs,  la  forme  'Aicta  est 
bien  connue  (Acousilaos, /r^gm.  11,  Histor.  Graec.  Fragm.,  vol.  I*'; 
Ister,  fragm,  43,  op,  cit.;  Apollodore,  II,  i,  i;  Strabon,  3 19,  35; 
Pausanias,  H,  5,  7,  etc.).  Voir  la  note  au  vers  a63. 

V.  1578.  Dirige^  votre  course  à  main  droite.  —  Voici  l'itinéraire 
que  Triton  indique  aux  Argonautes.  Une  fois  entrés  dans  la  mer,  ils 
serreront  de  près  la  côte,  jusqu'à  l'endroit  où  ils  lui  verront  former  un 
cap,  probablement  le  cap  Phycous,  qui,  dit  Strabon  (710,  22  et  suiv.), 
est  tourné  vers  le  Nord  et  se  trouve  juste  en  face  du  cap  Tainaros  en 
Laconie,  dont  il  est  éloigné  d'une  distance  de  2,800  stades.  Parvenus 
à  ce  cap,  ils  doivent  cesser  de  suivre  la  côte  et  s'avancer  en  ligne  droite  : 
ils  arriveront  ainsi  au  cap  Tainaros  et  n'auront  plus  qu'à  côtoyer  le 
Péloponèse,  puis  l'Attique  pour  arriver  à  Pagases.  Mais  le  souffle  du 
Notos  (v.  1628)  les  détournera  de  cette  ligne  droite  et  ils  n'arriveront 
à  l'île  Aiginé  (v.  1766),  d'où  la  route  sera  facile  vers  Pagases,  qu'après 
avoir  fait  un  long  détour  en  passant  par  Carpathos,  par  la  Crète  et 
par  les  Iles  de  la  mer  de  Crète. 

V.  i588.  Triton  qui  tenait  le  grand  trépied  (aOrocp  ô  teûac  Tpitwv 
àvO{{igvo;  tpficoSoc  ixéyav).  —  Brunck,  suivi  par  Flangini,  corrige  aOràp 


NOTES  401 

oy'  eb'iMic,  jugeant  le  mot  xtitaz  oiseux,  froid  et  inepte,  et  l'emploi  du 
verbe  âvOioBai  au  sens  absolu  insolite  chez  Apollonios.  c  Praeterea  cum 
sequatur  àvOipMvo;,  9110^  significat  cum  sîbi  imposuisset,  addi  debuit 
quo,  cuinam  corporis  parti,  impositum  tripodem  abstulerit  :  nam  capiti, 
humero,  brachio  imponi  potuit.  »  Wellauer  £iit  remarquer  que  le  mot 
Ts(ii>;  n'est  pas  si  dénué  de  sens  que  Brunck  le  prétend:  uSedsigni^ 
ficat:  Interea,  dum  illi  navem  conscendebant  et  provehebantur.  »  De 
plus,  ajoute>t-il  :  «  Seque  obstat  quidquam  quominus  àvad£«Oat  ti  in 
universum  significet  sarcinam  sublatam  ferre.  » 

V.  1598.  Triton,  le  monstre  marin  (âXtov  T^pot;).  —  A  propos  du 
vers  16 19  où  revient  le  mot  ripac  appliqué  à  Triton,  le  Scoliaste  dit  : 
«Il  appelle  Triton  un  monstre  parce  qu'une  partie  de  son  corps  est 
d'un  homme,  l'autre  d'un  cétacé.  »  Jason  comprend  bien  que  le  préi> 
tendu  Eurypylos  est  un  dieu  marin,  mais,  ne  Payant  vu  encore  que 
sous  sa  forme  humaine,  il  ne  peut  décider  si  c'est  le  monstre  Triton. 

V.  i6o3.  Tel  qu'il  devait  être  vu  sous  sa  forme  véritable.  —  Apollo» 
nios  décrit  Triton  tel  que  nous  le  voyons  représenté  par  l'art  antique. 
Cf.  Pausanias,  IX,  21.  Voir  Decharme,  MythoL,  p.  335;  Collignon, 
MythoL  figurée  de  la  Grèce,  p.  212. 

V.  1609.  La  quille  (6Xxi^tov).  —  Voir  la  note  au  vers  1 3 14  du  Chant  !•'. 

V.  1620.  Un  port  nommé  A  rgoos.  —  «  Il  y  a  près  du  lac  Triton  un  port 
nommé  port  Argoos.  »  (Scol.)  Strabon,  qui  mentionne  le  port  homo- 
nyme de  l'île  Aithalia  (voir  la  note  au  vers  656),  ne  dit  rien  de  ce  port 
Argoos  situé  sur  la  côte  de  Libye.  Je  ne  trouve  à  ce  sujet  aucun  rensei* 
gnement  dans  les  géographes  anciens.  Flangini  identifie  ce  port  avec  le 
Xi(&T)v  *E9iitpt^v  dont  parle  Strabon  (710,  9). 

V.  1628.  Le  Notos  qui  amasse  au  ciel  des  nuages  blancs  (àpy^orao 
v6toii).  —  On  a  vu  (Ch.  II,  v.  961  et  993)  qu'Apollonios  fait  ailleurs  du 
mot  âpY^vtv};  le  nom  propre  d'un  vent  spécial,  VArgestés,  que  le 
Scoliaste  (note  au  vers  961  du  Chant  II)  assimile  au  Zéphyre.  Ici, 
suivant  la  tradition  homérique  (Iliad.,  XI,  v.  3o6;  XXI,  v.  334), 
Apollonios  emploie  kpylaxi^  comme  simple  épithète  du  Notos. 

V.  i632.  Ils  détachèrent  la  voile,  couchèrent  le  long  mat,  -^  «  Déver* 
guer  la  voile  se  disait  xà  Ifftia  Xûetv  {pdjrss.,  XV,  v.  495  [sic  pour  496]  ; 
Apollon,  de  Rhod.,  IV,  v.  i632)...  Abattre  le  mât  se  disait  xX(veiv 
(Apollon,  de  Rhod.,  IV,  v.  i632).  »  (Vars,  ouvr,  cité,  p.  82  et  98.) 
Apollonios  dit  aussi  ^«X&v  toriv  pour  abattre  le  mat  (voir  la  note  au 
vers  1262  du  Chant  II). 

V.  i633.  Courbés  sur  leurs  rames,  —  Voir  la  note  au  vers  913  du 
Chant  I*'. 

V.  i636.  La  rocailleuse  Carpathos  (voLiicaXUfTvcL  KapicaOoc).  —  a  Car-* 
pathos,  une  des  Sporades,  est  voisine  de  Cos  [de  Casos?].  Homère  l'a 
nommée  :  Carpathos  et  Casos  [Iliad,,  II,  v.  676].  »  (Scol.)  L'épithète 
homérique  itaticaX6eic  est  souvent  appliquée  dans  VIliade  et  dans 
VOdyssée  à  des  montagnes  abruptes,  des  chemins  escarpés,  des  îles 
hérissées  de  rochers.  Strabon  (419,  49)  dit,  dans  le  même  sens 
qu'Apollonios  :  'H  KdtpicaOoc  {à'^iikt^  evrt.  Dans  VHymne  homérique  à 
Apollon  (v.  43),  Carpathos  est  surnommée  l'île  exposée  aux  vents 
(T)VE|AiSe<r9a).  Cette  épithète,  qui  est  souvent,  dans  VIliade  et  dans 

SI 


402  NOTES 

YOdyssée,  appliquée  aux  endroits  élevés,  aux  hautes  montagnes  et  aux 
grands  arbres,  confirme  peut-être  le  sens  de  haute  {^^i\kr)  qu'il 
conviendrait  d'attribuer  à  icatica)6ca9a,  au  lieu  de  traduire  ce  mot  par 
rocailleuse, 

V.  i638.  Talos.  —  «C'était,  dit  Sophocle  dans  son  Talos,  Tarrét  du 
destin  que  ce  géant  mourrait,  i  (Scol.)  Pour  la  pièce  consacrée  par 
Sophocle  à  Talos,  voir  le  Sophocle-Didot,  Daedalus,  p.  370.  L'histoire 
de  Talos  est  diversement  racontée  dans  les  légendes  attiques  et  dans 
les  légendes  Cretoises.  A  Athènes,  Talos  est  un  élève  de  Dédale,  victime 
de  la  jalousie  de  son  maître.  En  Crète,  c'est  le  61s  de  Crès,  ou  un 
homme  d*airain  fabriqué  et  donné  par  Héphaistos  à  Minos  pour  garder 
rîle.  Voir  Heyne,  ad  ApoUodori  Bibliothecam  Observationes,  p.  89; 
Preller,  Griech.  MythoL,  zweiter  Band,  dritte  Auflage,  p.  125-127  et 
498;  Decharme,  MythoL,  p.  673-674,  etc.  —  Apollodore  raconte, 
comme  Apollonios,  U  mort  de  Talos,  vaincu  par  les  enchantements  de 
Médée  ([,  9,  26).  Mais  Tauteur  des  A  rgonautiques  est,  à  notre  connais- 
sance, le  seul  qui  rapporte  que  Talos  avait  été  donné  par  Zeus  à  Europe 
pour  être  le  gardien  de  Tîle  de  Crète.  Cette  tradition  ne  se  retrouve 
que  dans  Eustathe  (note  au  vers  3o2  du  Chant  XX  de  VOdyssée). 
Suivant  la  tradition  ordinaire,  c'est  Héphaistos  qui,  après  avoir 
fabriqué  le  géant  d'airain,  le  donne  à  Minos  pour  garder  son  île. 
D'après  Cinaithon,  cité  par  Pausanias  (VIII,  53),  Crès  est  père  de 
Talos;  Talos,  d'Héphaistos,  et  Héphaistos,  de  Rhadamanthe.  Apollo- 
dore cite  la  tradition  commune,  qui  fait  de  Talos  un  homme  d'airain 
fabriqué  par  Héphaistos,  et  aussi  celle  que  suit  Apollonios,  diaprés 
laquelle  Talos  serait  un  survivant  de  la  race  terrible  et  robuste  des 
hommes  d'airain  que  Zeus  a  fait  naftre  des  frênes  (Hésiode,  Œuvres 
et  jours,  V.  143-145). 

V.  1 640.  Une  station  sûre  (èitiarpiv)  dans  le  port  de  Dicte',  —  Hésychi  us 
explique  ainsi  le  terme  homérique  initùyoLÎ  (Odyss.,  V,  v.  404)  :  «  Les 
imwyaii  sont  des  endroits  accessibles  où  l'on  peut  relâcher  et  aborder.  » 
Ce  sont,  dit  le  Scoliaste,  des  lieux  abrités  où  la  force  du  vent  est  brisée 
(«YVuTai).  Le  mol  inuayri  vient  de  itayri  (Odyss.,  XIV,  v.  533)  que  les 
commentateurs  d'Homère  expliquent  par  vx^icy),  abri.  —  Le  mont  Dicté 
(voir  les  notes  aux  vers  509  du  Chant  I*',  et  434  du  Chant  II)  est 
éloigné  de  la  mer  et  n'est  voisin  d'aucun  port.  Je  pense  que  par  Dicté 
Apollonios  entend  la  Crète  en  général.  Peut-être  cependant  l'auteur 
des  Argonautiques  fait-il  allusion  au  mont  Dicté  et  le  suppose-t-il, 
comme  faisait  Callimaque,  voisin  de  la  mer.  Strabon,  en  effet,  rapporte 
(411,  24)  que,  d'après  Callimaque,  dont  il  combat  l'opinion,  Britomartis, 
s'élançant  du  haut  du  mont  Dicté,  serait  tombée  dans  des  filets  de 
pêcheurs. 

V.  1644.  Trois  fois  chaque  jour  (Tpt;).—  Merkel  avait  d'abord,  dans 
son  edit.  minor,  conjecturé  toTc.  C'est  l'autorité  de  Meineke  qui  le 
ramène  à  la  leçon  des  mss.  c  Nunc  video  clar.  Meinekium  Vind.  Strab, 
p.  28  intelligere  Tp\c  Tr,;  TJjiipa;;  cui,  ut  par  est,  accedo.t  Flanginî 
rapporte  que  Mazzoni  (Dif.  di  Dante,  lib.  III,  cap.  20)  avait  déjà  dit 
que,  d'après  ApoIlonios,Talos  tre  volte  il  giorno  correva  tutto  lo  spa^ifio 
delV  Isola  di  Creta.  Mais,  blâmant  cette  interprétation  qu'il  trouve  trop 


NOTES  403 

précise,  Flangini  préfère  traduire  simplement  xplç  par  trois  fois,  sans 
expliquer  diene  obiret,  an  mense,  an  anno.  Excepté  Hoelzlin  qui  traduit 
ter  in  anno,  les  autres  traducteurs  latins  obser\xnt|  au  détriment  de  la 
clarté  de  ce  passage,  la  prudente  réserve  de  Flangini,  en  rendant  xpiç 
par  ter, 

V.  1647.  ^Ai^  cette  mince  enveloppe.,,  —  Je  traduis  le  texte  de 
Merkel,  qui  est  celui  des  mss.  :  aùràp  Ô  Tvjvyc  Xeictoç  0{ir,v,  Wr,ç,  ïx^, 
«stpata  xoi  OavdTMo.  Ce  qui  veut  dire  littéralement  :  Cette  mince  enve- 
loppCj  limite  de  la  vie  et  de  la  mort,  recouvrait  la  veine  (n^vye  qui  se 
rapporte  à  ouptyO*  Brunck  dit  avec  le  ton  tranchant  qui  lui  est  ordi« 
naire  :  Vulgo,  absque  nullo  sensu  legitur  t^v  ys.  Il  écrit  :  tô;  y*»  nempe 
TTjc  ovpiYYoc  Cette  correction,  qui  a  été  adoptée  par  les  éditeurs,  excepté 
Wellauer  et  Merkel,  semble  inutile.  Wellauer,  qui  ne  change  rien  au 
texte,  propose  cependant  une  correction  :  «c  Poetae  manum  levissima 
mutatione  restituere  posse  mihi  videor  scribendo  :  autàp  6  xin^^c*  Xtirro- 
a*jv«)v,  X,tar^  '1%^  irctpaxa  xa\  OavaToto,  sed  hic  venam  illam  tenuissimam 
{ab  adjectivo  Xeirciouvoc),  mortis  vitaeque  terminum  habuit,  ut  Melea- 
ger,  Carm.  XXI,  év  9o{  jjloi  C(Ar,c  icc{pata  xx\  Oxvàtoio.  »  Cette  correction 
est  plus  ingénieuse  que  vraisemblable. 

V.  1639.  A  l'abri  des  pierres  (peXécav).  —  «  Le  mot  peXiiav  est  pour 
iciTpci>v.  Homère  donne  aussi  le  nom  de  ^iXoç  à  la  pierre  lancée  par  le 
cyclope  [Odyss.,  IX,  v.  495]  et  à  toute  espèce  d'objet  lancé.  »  (Scol.) 

V.  1664.  A  travers  les  bancs  des  rameurs  (Stà  xXY)tda;).  —  Les  mss. 
ont  xXv^Soc  que  Brunck  a  heureusement  corrigé  en  xXv^$ac.  «  Médée 
monte  non  sur  les  tolets,  mais  sur  les  bancs  pour  arriver  au  pont.  » 
(Vars,  ouvr,  cité,  p.  119.)  Voir  la  note  au  vers  358  du  Chant  I*'.  Ce 
n*est  pas  précisément  sur  le  pont,  mais  sur  le  gaillard  (en*  txpti^iv)  que 
Médée  se  place. 

V.  i665.  Les  Kères.  —  Voir  la  note  au  vers  1485. 

V.  1682.  Tel  un  pin  immense.,,  —  Cette  comparaison,  imitée  de 
l'Iliade  (XIII,  V.  389  et  suiv.),  rappelle  celle  qu'on  a  déjà  vue  aux 
vers  ioo3  et  suiv.  du  Chant  I*'. 

V.  1691.  Athéné  Minolde.  —  L'épi  thète  de  Minolde  n'est  pas  au 
nombre  de  celles  qui  accompagnent  d'ordinaire  le  nom  de  la  déesse. 
Apollonios  fait  allusion  au  culte  d*Athéné  en  Crète,  quand  il  montre 
les  héros  élevant  un  temple  à  Athéné  Minoîde.  Mi  nos,  le  père  de  cette 
Ariane  dont  nous  avons  vu  Jason  entretenir  Médée  (Ch.  III,  v.  998  et 
suiv.),  a  régné  avant  l'époque  de  l'expédition  des  Argonautes.  Mais 
nous  ne  voyons  nulle  part  qu'il  ait  institué  en  Crète  le  culte  de  la 
déesse.  L' Athéné  Minoîde  signifie  sans  doute  simplement  l' Athéné 
honorée  en  Crète. 

V.  1693.  Le  cap  Salmonide.  —  Ce  cap,  qui  forme  l'extrémité  orien- 
tale de  la  Crète,  est  désigné  dans  Strabon  sous  la  double  forme  de 
IaX|ia»vtov  axpov  (87,  3o)  et  de  Sotpudviov  «xpov  (406,  i;  407,  41;  408,  7; 
41 1,  22).  C'est  le  promontorium  Samonium  de  Pomponius  Mêla  (II,  7), 
Sammonium  ou  Samoneum  de  Pline  (AT.  H,,  IV,  58,  60,  61,  71). 

V.  1695.  La  nuit,,,  qu'on  appelle  «  la  nuit  pleine  de  dangers  affreux  p 
(tT)v  icip  Tc  xstouXdcSa  xtxXiqo-xouviv).  —  «  Une  nuit  très  obscure  se  nomme 
xxTouXs;  à  cause  de  son  caractère  dangereux  [vapà  xh  oXoov].  On  Ut  aussi 


404  NOTES 

dans  le  Nauplios  de  Sophocle  rczpression  vuxti  xatouXoii.  »  (ScoL) 
Suidas  donne  du  mot  xaTouXâc  la  mftme  explication  que  le  Scoliaste. 
Hésychius  fait  venir  ce  mot  soit  de  tTXw  ou  elXiu,  envelopper,  soit  de 
ovXoc,  épais  (r»»),  soit  enfin  de  oîXoc  ou  oXoi^,  funeste  (ÀXvtit).  C'est 
cette  dernière  étymologie  qu*ApoIlonios  adopte  sans  doute  puisqu*il 
donne  au  vers  1696  vûxt'  oXoiqv  comme  synonyme  de  vuxra  xatouXâia. 

V.  1697.  Cette  nuit  funeste  {oiSXri  oxotit)).  —  Les  mss.  ont  oXXy},  une 
autre  nuit,  que  Hoelzlin  explique  par  c  quae  non  est  ovpavifkv,  sed  e 
barathron^  explication  au  moins  peu  claire,  sinon  ineptissima,  comme 
le  dit  Brunck,  auteur  lui-même  de  la  correction  alivin  (invisible)  qui 
a  le  tort  de  sYloigner  beaucoup  de  la  leçon  des  mss.  Hemsterhuys, 
cité  par  Pierson  (  VerisimiL,  p.  216),  proposait  de  lire  "Aiîo^i,  Vobscurité 
du  royaume  d'Adès,  Wellauer  conserve  èéXXv),  qu*il  explique  autrement 
qu'Hoelzlin.  Mais  son  interprétation  ne  semble  guère  satisfaisante: 
9Llmmo  âXXT)  axotiv)  est,  alter  Tartarus,  altéra  inferorum  caligo,  ut 
âXXv)  K^icpic  avavaa  altéra  Venus  ap,  Musaeum  de  Her,  et  Leandr.,  v.  33.  » 
Se  fondant  sur  les  étymolo^ies  du  mot  xaTouXâç  données  par  Hésychius 
(voir  la  note  au  vers  1693),  Merkel  conjecture  oiSkt^  avec  beaucoup  de 
vraisemblance.  Il  semble^  en  effet,  qu*Apollonios  tienne  à  expliquer 
ce  qu'il  entend  par  le  terme  insolite  de  vuxtoi  xxxovXâda,  en  accumulant 
dans  son  texte  les  gloses,  vvxt'  oXoi^v.  ovXi)  oxotii). 

V.  1 704.  A  Pytho,  à  A  mycle'es,  à  Ortygie.  —  Ce  vers  est  une  répé- 
tition presque  textuelle  des  vers  418-419  du  Chant  I*'. —  Voir  sur 
Pytho  la  note  au  vers  207,  et  sur  Ortygie  la  note  au  vers  419  du 
Chant  I*'.  Amyclées  est  une  ville  de  Laconie  célèbre  par  son  temple 
.d*Apollon  (Strabon,  3 11,  38).  Le  dieu  est,  à  cause  de  ce  sanctuaire, 
souvent  désigné^par  le  surnom  de  'A|iuxXaTo<  (Preller,  Griech,  MythoL, 
erster  Band,  dritte  Auâage,  p.  204). 

V.  1707.  Les  rochers  Mélantiens. -^  €  Les  rochers  Mélantiens  sont 
au  nombre  de  deux,  situés  auprès  de  Théra.  Leur  nom  vient  de  Mêlas 
qui  a  régné  sur  ce  pays,  j»  (ScoI.)  Les  rochers  Mélantiens  sont  mentionnés 
par  Strabon  (544,  2)  qui  dit  que,  pour  aller  directement  du  cap  Trogilion 
au  cap  Sounion,  le  navigateur  laisse  à  droite  Samos,  Icaria  et  Corsia, 
et  passe  à  gauche  des  rochers  Mélantiens.  Le  Mêlas  dont  parle  le 
Scoliaste  n*est  pas  autrement  connu.  Cf.  Heyne,  ad  ApoUodori 
Bibliothecam  Observationes,  p.  88. 

V .  1 7 1 1 .  Une  des  Sporades. . .  A  naphé.  —  Strabon  (4 1 6, 4)  fait  mention 
de  Pile  Anaphé  qui  est  voisine  de  Théra  et  qui  possède  un  temple 
d'Apollon  AiyXtjTto;.  Pour  ce  surnom  d'Apollon,  voir  Preller,  Griech. 
MythoL,  erster  Band,  dritte  Auflage,  p.  207-208.  Apollonios  semble 
être  le  premier  auteur  qui  ait  raconté  l'origine  merveilleuse  d'Anaphé; 
Apollodore  (I,  9,  26)  la  raconte  comme  lui,  mais  il  place  la  découverte 
de  cette  île  avant  l'arrivée  des  Argonautes  en  Crète  et  avant  Tépisode 
de  Talos. 

V.  171 2.  La  petite  île  Hippouris.  —  «Hippouris  est  une  île  voisine 
de  Théra.  11  en  est  fait  mention  par  Timosthène  et  par  Pythainétos 
dans  le  livre  I*'  de  son  ouvrage  sur  Aiginé.  »  (Scol.)  L'île  Hippouris 
n'est  pas  citée  par  Strabon,  mais  Pline  {N.  H.,  IV,  71)  la  nomme  en 
mémo  temps  qu' Anaphé.  Cf.  Pomponius  Mêla,  II,  7. 


NOTES  405 

V.  1726.  Un  agréable  échange  de  plaisanteries,,.  —  ApoWodore 
résume  le  récit  d'ApoUonios.  Hérodote  (V,  83)  parle  de  cérémonies 
religieuses  célébrées  à  Aiginé  où  des  chœurs  de  femmes  échangeaient 
des  invectives.  Pausanias  (VII,  27)  rapporte  que,  dans  les  fêtes  de 
Déméter  Mysia,  qui  avaient  lieu  au  Mysaion,  sanctuaire  de  la  déesse  en 
Achale,  les  hommes  échangeaient  avec  les  femmes  des  sarcasmes  et 
des  plaisanteries.  Voir  Heyne,  ad  Apollodori  Bibliothecam  Observa- 
tiones,  p.  26  et  88. 

V.  1733.  Jl  vénéra  le  fils  illustre  de  Maia,—  «Le  poète  dit  qu*£u- 
phémos  adressa  une  prière  à  Hermès  parce  qu*un  songe  lui  était 
apparu.  Hermès  est,  en  effet,  le  dieu  préposé  aux  songes;  c'est  à  lui 
qu'on  en  attribue  l'envoi.»  (Scol.)  Ce  caractère  d'Hermès  conducteur 
des  songes,  noté  avec  précision  dans  l'Hymne  homérique  (II)  à  Hermès 
(v.  14,  ^TOtop'  ôvcip«>Y),  est  déjà  indiqué  dans  VIliade,  «  On  croyait  que 
les  fontômes  des  songes  avaient  une  nature  aérienne  (âepoetdi^O»  <)u'ils 
étaient  amenés  par  les  vents  auprès  des  hommes  endormis.  Hermès 
est  donc  le  dieu  des  songes  et  du  sommeil.  Il  a  une  baguette  merveilleuse, 
dont  il  se  sert  à  son  gré,  soit  pour  charmer  les  yeux  des  humains,  soit 
pour  les  tirer  de  leur  sommeil  {Iliad,,  XXIV,  v.  343-344).  »  (Decharme, 
Mythol.,  p.  1 56.) 

V.  1736.  Une  femme,,,  —  Tout  cet  épisode  est  imité  de  la  IV*  Py- 
thique.  Mais  le  songe  d'Euphémos,  dont  il  n'est  pas  question  dans 
Pindare,  semble  être  de  l'invention  d'ApoUonios. 

V.  1742.  Libye,  —  Apollodore  (II,  i,  4)  mentionne  une  Libye,  fille 
d'Epaphos  et  de  Memphis,  qui  donna  son  nom  à  la  Libye  et  qui  eut  de 
Poséidon  Agénor  et  Bélos.  D'après  Andron  d'Halicarnasse  (Fragm, 
Histor.  Graec,  vol.  II,  p.  349),  Océanos  et  Pompholygé  eurent  pour 
filles  Asia  et  Libye,  qui  donnèrent  leurs  noms  à  l'Asie  et  à  la  Libye. 

V.  1751.  Une  île,  —  cEuphémos  habitait  en  Laconie  sur  le  rivage 
de  la  mer.  Un  de  ses  descendants,  Sésamos,  passa  à  Théra;  celui-ci 
eut  pour  descendant  Aristotélès  qui  conduisit  une  colonie  à  Cyrène. 
Ces  événements  sont  racontés  par  Pindare  dans  ses  Pythioniques,  et, 
d'une  manière  plus  détaillée,  par  Thëochrestos  dans  le  livre  I*'  de  ses 
Libyques,  et  par  Acésandros,  dans  le  livre  I*'  de  son  ouvrage  sur 
Cyrène.  »  (Scol.)  L'Aristotélès  qui  conduisit  une  colonie  à  Cyrène  est 
généralement  connu  sous  le  nom  de  Battos,  qui  lui  fut  donné  par  la 
Pythie.  Cf.  Hérodote,  IV,  i55;  Héraclidès  {Histor,  Graec,  Fragm., 
vol.  II,  p.  212);  Scol.  de  Pindare,  Pythiq.,  IV,  v.  i. 

V.  1758.  Vile  Callisté,  —  Strabon(298,  29)  cite  ce  nom  primitif  de 
l'ile  Théra  :  «  Un  certain  nombre  de  Minyens,  sous  la  conduite  de 
Théras,  fils  d'Autésion,  qui  descendait  lui-môme  de  Polynice,  navigua 
vers  l'île  qui  se  trouve  entre  la  Crète  et  la  Cyrénaïque,  et  qui,  comme 
dit  Oillimaque,  nommée  d'abord  Callisté,  s'appela  ensuite  Théra.  » 
Théras  est  un  Labdacide  :  «  L'origine  de  Théras  remontait  à  Œdipe. 
Car  il  était  fils  d'Autésion  ;  Autésion  était  fils  de  Tisaménos  ;  Tisaménos, 
de  Thersandros  ;  celui-ci,  de  Polynice,  le  fils  d'Gidipe.  »  (Scol.)  Cf.  Héro- 
dote, IV,  147.  On  ne  comprend  pas  très  bien  comment  Apollonios 
admet  que  les  descendants  d'Euphémos  aient  habité  la  Sintéide  Lemnos, 
(Voir,  pour  ce  surnom  de  Lemnos,  la  note  au  vers  608  du  Chant  P'.) 


4o6  NOTES 

La  chose  est  naturelle  pour  Pindare  qui  dit  que  les  Argonautes  se  sont 
arrêtés  à  Lemnos  au  retour  de  Colchide  (voir  la  note  au  vers  609  du 
Chant  I*'),  et  qu'Euphémos,  ayant  partagé  la  couche  des  femmes' 
étrangères  et  étant  resté  dans  Tîle,  y  engendra  une  race  de  héros  qui 
devait  coloniser  Théra,  après  avoir  vécu  dans  le  pays  des  Lacédé* 
moniens.  Apollonios,  qui  n'a  pas  parlé  des  fils  qu'Euphémos  aurait 
laissés  à  Lemnos,  semble  ici  se  contredire  lui-même  par  suite  d'une 
imitation  malheureuse  de  la  IV*  Pythique,  Quoi  qu*il  en  soit,  Strabon 
(298,  iS)  dit  que  les  descendants  des  Argonautes,  chassés  de  Lemnos, 
passèrent  à  Lacédémone.  D'après  Hérodote  (IV,  145),  ce  sont  les 
Pélasges  qui  ont  chassé  les  descendants  des  Argonautes  de  Lemnos. 
Mais  les  hommes  Tyrrkéniens,  comme  dit  ApoUonios,  ont  occupé 
Lemnos,  puisque  Diodore  rapporte  (X,  19)  qu'ils  durent  quitter  File 
par  crainte  des  Perses.  Cailimaque  dit  aussi  {Hymne  à  Apollon,  v.  74) 
que  le  sixième  descendant  d'Œldipe  quitta  Sparte  pour  aller  coloniser 
Théra.  —  En  somme,  Apollonios  reproduit  au  sujet  d^Euphémos  une 
légende  qui  se  trouve  déjà  dans  Pindare  et  dans  Cailimaque,  qui  est 
plus  tard  confirmée  par  Strabon  et  par  Diodore,  mais  qui  semble 
s'accorder  assez  mal  avec  les  traditions  que  l'auteur  àt^  Argonautiques 
a  suivies  en  plaçant  le  séjour  de  ses  héros  à  Lemnos  pendant  le  voyage 
vers  Aia. 

V.  1763.  Théra, —  D'après  Pindare  et  Apollonios,  la  motte  de  terre 
donnée  par  Triton  à  Euphémos  serait  l'origine  merveilleuse  de  l'île 
Théra.  Pline  (iV.  H,,  II,  202)  met  cette  île  au  nombre  de  celles  qui  ont 
surgi  soudainement  à  la  surface  de  la  mer.  Théra  serait  née  ainsi,  comme 
Rhodes  et  comme  Délos,  mais  bien  longtemps  après  elles,  l'an  IV  de 
la  145*  Olympiade,  c'est-à-dire  cent  quatre-vingt-dix-sept  ans  avant 
l'ère  chrétienne.  Pline  rapporte  aussi  {N,  H,,  IV,  70)  que  Théra  se 
nommait  d'abord  Callisté  :  c  Thera,  cum  primum  emersit,  Calliste 
dicta,  »  L'auteur  de  VHistoire  naturelle  ne  dit  pas  la  cause  du  change- 
ment de  nom  de  l'iie  Callisté;  mais  puisque,  d'après  lui,  l'île  n'aurait 
émergé  que  l'an  IV  de  la  145*  Olympiade,  il  ne  peut  évidemment 
attribuer  ce  nouveau  nom  de  Théra  à  Théras,  dont  Hérodote  et 
Cailimaque  font  le  sixième  descendant  d'CEdipe.  —  L'île  Théra 
est  aujourd'hui  l'île  Santorin.  Voir  H.  Mamet,  De  insula  Thera, 
Lille,   1875. 

V.  1766.  Les  côtes  d'Aiginé.  —  Voir  la  note  au  vers  93  du  Chant  {•', 
On  sait  que  cette  île  se  nommait  d'abord  Oinoné  (Strabon,  323,  1);  le 
roi  Aiacos  lui  donna  plus  tard  le  nom  de  sa  mère  Aiginé. 

V.  1772.  Les  fils  des  Myrmidons,  —  Apollonios  donne  aux  habitants 
d'Aiginé  leur  nom  mythologique  qui  fait  allusion  à  la  fameuse  trans- 
formation des  fourmis  en  hommes  destinés  à  remplacer  les  premiers 
habitants  de  Tîie  enlevés  par  la  peste.  Cette  légende,  déjà  racontée  par 
Hésiode  (Fragm.  LXIV,  édit.  Didot)  et  connue  surtout  par  la  longue 
narration  qu'Ovide  en  a  faite  {Met.,  VII,  v.  5 1 7-657),  a  été  combattue 
par  Strabon  (322,  47  et  suiv.):  «On  dit  que  les  Aiginètes  se  sont 
nommés  d'abord  Myrmidons.  Ce  n'est  pas,  comme  les  mythes  le 
rapportent,  qu'à  la  suite  d'une  terrible  famine  et  sur  le  vœu  d'Aiacos, 
les  fourmis  (|&vp|&Tixec)  soient  devenues  des  hommes.  Mais  ce  nom  vient 


NOTES  407 

sans  doute  de  ce  que,  creusant  la  terre  à  la  manière  des  fourmis,  les 
habitants  jetaient  cette  terre  sur  les  rochers  pour  pouvoir  y  labourer, 
et,  pour  économiser  les  briques,  demeuraient  dans  les  trous  qu'ils 
avaient  creusés.»  Apollodore  (I,  9,  26)  raconte,  comme  Apollonios, 
qu'une  contestation  s*éleva  parmi  les  Argonautes  au  sujet  de  l'eau 
qu'ils  devaient  se  procurer.  —  Je  ne  trouve  aucun  renseignement  sur 
cette  course  aux  amphores,  instituée  par  les  Aighiètes  en  mémoire  du 
passage  des  Argonautes. 

V.  1779.  La  terre  de  Cécrops.  —  Voir  la  note  au  vers  95  du  Chant  I*'. 
Aulis  est  une  ville  maritime  de  Béotie  bien  connue.  Cf.  Strabon, 
344,  i5,  etc. 

V.  1780.  Les  villes  Opountiennes  des  Locriens,  —  «Opous  est  le 
nom  d'un  fleuve  et  d'une  ville  de  Locride.  »  (Scol.)  Voir  la  note  au 
vers  69  du  Chant  I*'. 

V.  1 78 1 .  Pagases.  —  Voir  la  note  au  vers  338  du  Chant  !•'.  —  «  Voilà, 
sous  vos  yeux,  les  scolies  tirées  de  celles  de  Lucillus  de  Tarra,  de 
Sophocle  et  de  Théon.  Tarra  est  une  ville  de  Crète,  comme  dit  Longin 
dans  ses  Entretiens  philologiques.  %  (Scol.)  C'est  par  cette  remarque 
puérile  sur  la  patrie  de  Lucillus  que  se  termine  la  compilation  de 
scolies  qui  se  trouve  dans  le  Laurentianus. 


INDEX 


NOMS  QUI  SE  TROUVENT  DANS  LE  TEXTE 
ET  DANS  LES  NOTES. 


Abantbs  (ot  "ApavraO  [/m],  peu- 
ple qui  habite  les  monts  Cérauniens, 
p.  176,  1.  33.  —  Notes  :  Gh.  IV. 
V.  1214;  1216. 

ABANTIA.DB  (*ApavTta5y)ç))  Idmon» 
fils  d*Abas,  p.  75,  1.  29,  etc.  Voir 
Idmon.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  815. 

Abantidb  CApavxt;)  [rEubée], 
p.  174,  1.   18.  Voir  Eubée  (V). 

Ababnis  (t)  'ApafïvfOi  ville  sur  la 
côte  de  la  Propontide,  p.  33,  L  36. 

—  Notes  :  Ch.  I*',  v.  932. 

Abas  (*Apac)i  père  de  Canéthos, 
grand-père  de  Canthos,  p.  6, 1.  31; 
père  putatif  d'Idmon,  p.  8,  1.  28.  -» 
Notes  :  Ch.  !•',  v.  77;  125;  139. 

Abtdos  (in  ^'ApuSo;)»  ville  de 
Troade  sur  l'Hellespontt  p.  33*  1.  35. 

—  Notes:  Ch.I*',v.93i.Ch.II,v.2. 

ACACALLis  ('AxaxaXXiOi  ûHe  de 
Mino8,p.i85,1.29. — Notes:  Ch.IV, 
V.  1490;  1492. 

AcASTOS  C'Axa<rtoO>  Argonaute, 
fils  de  Pélias,  p.  11,  1.  10;  vient 
rejoindre  les  héros,  p.  14,  1.  1 1;  tue 
Sphodris  dans  le  combat  nocturne 
contre  les  Dolions,  p.  37,  1.  19;  il 
veille  avec  Mopsos,  pendant  le  som* 
meil  de  ses  compagnons,  p.  38, 1. 26. 

—  Notes  :  Ch.  I*',  v.  224;  1082. 
ACHAÏB  (^  'Axott^O  [^']i  région  du 

Péloponèse,  p.  9,  1.  33.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  176;  202.  Ch.  IV,  V.  1329; 
1726. 
ACHAÏB  (V),  prise  pour  THellade 


en  général,  p.  13, 1.  6;  p.  1 10,  1.  9; 
p.  111,1.  20;  p.  124,  1.  34;  p.  144, 
1*  14;  P*  177»  L  11;  p.  180,  1.  20; 
p.  183,  1.  18. —  Cf.  p.  102,  1.  13, 
VAchaXB  entière  (t|  riavaxatfc)-  Voir 
Panachienne  (la  terre). 

AcHAÎNéBNMB  ('AxativcT^,  nom 
donné  par  les  chasseurs  à  une  cer- 
taine  espèce  de  biches,  p.  143, 1.  27. 
—  Notes:  Ch.  IV,  v.  175. 

ACHÂBNNB  [la  terre]  (t)  'Abatte 
YaTa),  p.  1 1 5,1. 26.  —  Notes  :  Ch.  III, 
V.  775- 

AcuÉLOlDBS  CAxcXcoiae;)  {les 
Sirènes]^  p.  166,  1.  25.  Voir  Stri- 
nés  (les). 

AcHÉLOOS  (d  'AxeXcoioç)[/'], fleuve 
qui  coule  entre  TAcamanie  et  l'Éto- 
lie,  p.  1 47, 1. 2 1  ;  le  dieu  de  ce  fleuve 
uni  à  Terpsichore  est  le  père  des 
Sirènes,  p.  166,  1.  27.  —  Notes  : 
Ch.  V\  V.  748.  Ch.  IV,  V.  293  ;  895  ; 
896;  1230. 

ACHÉRON  (ô  'Axiptûv)  [/'],  fleuve 
de  la  région  infernale,  p.  24, 1.  31. 

ACHÉRON  (6  'Ax^pciAv)  [/'],  fleuve 
du  pays  des  Mariandyniens,  indiqué 
par  Phinée  aux  Argonautes,  p.  61, 
1.  13;  les  héros  arrivent  en  vue  de 
ce  fleuve,  p.  73, 1.  22  ;  ils  le  traver- 
sent à  la  rame,  p.  78,  1.  19.  Voir 
Soonautès  (le).  —  Notes  :  Ch.  Il, 

V.  353;  734;  743;  745;  746;  901. 

ACHEROUSIAS  (t)  'Axcpouviàc 
axpYi)  ,OM  Achérousis(tj  'Axtpo*J9iO  > 


52 


4IO 


INDEX 


cap  de  la  côte  des  Mariandyniens, 
signalé  par  Phinée  aux  Argonautes, 
p.  6i,  1.  la;  description  de  ce  cap, 
p.  73,  1>  8  et  suiv.;  le  roi  Lycos 
promet  d*y  élever  un  temple  aux 
Tyndarides,  p.  75,  1.  18;  tronc 
d'arbre  planté,  en  mémoire  d'Idmon, 
auprès  du  cap  Achérousis,  p.  76, 
1.  27.  —  Notes  :  Ch.  U,  v.  353;  72b; 

734. 

Achille  ('AxOeûOt  ûls  de  Pelée 
et  de  Thétis;  la  femme  du  centaure 
Chiron  le  présente  à  son  père  Pelée, 
embarqué  sur  le  navire  Argo,  p.  22, 
1.  2  ;  Thétis  brûlait  les  chairs  de  son 
iils  pour  le  rendre  immortel,  p.  165, 
1.  35  et  suiv.  —  Notes  :  Ch.  I", 
V.  5»;  93;  371  ;  558.  Ch.  IV,  V.808; 
813;  814;  816;  1541. 

AcMONios  (to  'Axji^viov  à>«To;) 
[le  bois]t  où  Ares  s'unit  à  la  nymphe 
Hamionia,  p.  81,  I.  18. —  Notes: 
Ch.  II,  V.  977;  992. 

ACTOS  C'AxTwp),  père  de  1* Argo- 
naute Ménoitios,  p.  6,  1.  2 1  ;  grand- 
père  de  l'Argonaute  Eurytion,  p.  6, 
1.  24  ;  père  de  Sthénélos.  Voir  Sthé- 
nélos.  —  Notes  :  Ch.  I*',  v.  71. 
Ch.  II,  V.  91 1. 

AcTOKiDB  (*AxToptdy]ç),  Sthéné- 
los, fils  d'Actor,  p.  78,  1.  29,  1.  34. 
Voir  Sthénélos. 

Ad  Es  (*Aiôr,0.  dieu  infernal.  — 
La  route  qui  descend  chez  Adès, 
p.  61,  1.  ii;  la  demeure  d'Adès, 
p.  69,  1.  13;  les  abîmes  d'Adès, 
p.  70,  1.  16;  Tantre  d'Adès,  p.  73, 
1.  14;  chez  Adès,  p.  93,  1.  26;  la 
maison  d'Adés,  p.  113,  ].  20;  la 
terreur  inspirée  par  Adès,  p.  116, 
1.  25;  la  route  qui  conduit  vers 
Adès,  p.  186,  1.  15;  les  Kères, 
chiennes  d'Adès,  p.  191,  1.  21;  les 
régions  d'Adès,  p.  192,  1.  22.  — 
Notes  :  Ch.  I'%  v.  645;  917.  Ch.  II, 
V.  353.  Ch.  IV,  v.  58;  1485;  1515; 
1697. 

Admets  rAôtiotoOf  roi  de  Phè- 
res,  Tun  des  Argonautes,  p.  5, 1.  34. 
—  Notes  :  Ch.  I",  v.  49;  54.  Ch.  II, 
v.  1092.  Ch.  IV,  V.  616. 

ADKESTBiA(*A3pr|<7Teia),nymphe, 
nourrice  de  Zeus  en  Crète,  p.  95, 
1.  30.  —  Notes  :  Ch.  I*',  v.  1 129. 
Ch.  III,  V.  133.^ 

Adkestéia  (t)  *Adpi^9TEia),  ville 


et  plaine  de  Mysie,  p.  39, 1.  27.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  1 1 1 6. 

Agamestor  CAYaiir^ffreop),  nom 
sous  lequel  les  Ééotiens  et  les 
Nisaiens  vénèrent  Idmon,  p.  76, 
1.  34.  Voir  Idmon.  —  Notes:  Ch.Il, 
V.  845. 

Agané  (tj  *Aywfri)t  ville  des  Hyl- 
léens,  p.  1 55, 1. 20.  —  Notes  :  Ch.  IV, 

V.  535. 

Agénos  CkyrtMiùp),  père  de  Phi- 
née, p.  57,  1.  17.  —  Notes  :  Ch.  II, 
V.  178.  Ch.  m,  V.  1178.  Ch.  IV, 
V.  269;  1742. 

AoBNOKiDE  CAYTjvopiÔTQç),  Cad- 
mos,  fils  d'Agénor,  p.  1 28,  1.  5. 

Agénoride  ('ArnvopiÔnOi  Puî- 
née, fils  d'Agénor,  p.  55,  1.  20; 
p.  57,  1.  21;  p.  59,  1.  13;  p.  63, 
1.  18;  p.  65,  1.  16;  p.  69,  1.  22; 
p.  120,  1.  24.  Voir  Phinée,  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  1 78. 

Agniade  CAyviôÇTjç).  Tiphys, 
Argonaute,  fils  d'Agnios,  p.  7, 
1.  26;  p.  22,  L  6;  p.  45,  1.  20; 
p.  67,  1.  24;  p.  77,  1.  3.  Voir 
Tiphys.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  854. 

A  G  KEUS  (  '  AypsvO  I  surnom  d' Aris- 
tée,  p.  6j,  1.  36.  Voir  Aristée,  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  507. 

AiA  (t)  Ala),  île  du  Phase,  p.  125, 
1.  10. —  Notes:  Ch.  III,  v.  1074; 
1093.     ^ 

Ai  A  (v]  Ala),  ville  des  Colchiens, 
p.  63,  1.  8  ;  mentionnée  par  Phinée, 
p-  63, 1.  13  et  14;  les  fils  de  Phrixos 
s'en  éloignent,  p.  84,  1.  25;  Phrixos 
y  est  allé  jadis,  p.  86,  1.  7;  cf. 
p.  87, 1.  21  ;  p.  90, 1.  4;  p.  101,1.5; 
p.  124,  1.  14;  p.  126,  1,  20;  laTita- 
nienne  Aia,  p.  142, 1.  16  ;  cf.  p.  145, 

1.  33;  p.  14^.  1-  13;  P-  147»  l-  3  et  5. 
—  Notes:  Ch.  II,  v.  417.  Ch.  III, 
V.  775;  1074.  Ch.  IV,  V.  131  ;  277; 
1007;  1217;  1758. 

Aia  ^1^  Ala),  île  de  Circé,  p.  124, 
1.  27;  Circé,  déesse  d'Aia,  p.  150, 
1.  10;  le  port  d'Aia,  p.  159,1.  17; 
le  rivage  d'Aia,  p.  165,  1.  13.  — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  661  ;  850. 

AlAClDB  (Aîaxiôr}?),  Péléc,  fils 
d'Aiacos,  p.  77, 1. 20,  ctc.V  oit  Pelée. 

AiACiDB  (Atax{Ôf}{)>  Télamon,  fils 
d'Aiacos,  p.  45,  1.  25,  etc.  Voir 
Télamon. 

Ai  ACIDES  (ol  AiaxtSai)  [les],  Téla- 


INDEX 


411 


mon  et  Pelée,  p.  7,  1.  8;  p.  53,  1.  25. 
Voir  Télamon  et  Pelée. 

AiACOS  (Aiaxo;),  père  de  Téla- 
mon et  de  Pelée,  p.  102;  1.  30  et 
31.  — Notes:  Ch.  I",  V.  115;  207. 
Gh.  IV,  V.  1763. 

AiÉTÈs  (Atr|T/);),  roi  deColchide, 
p.  9*  1-  31 1  p.  iii  1.3a;  p.  14»  1-  28; 
p.  46,  1.  7;  p.  62,  1.  28;  p.  64,  1. 19; 
p.  74, 1.  20;  p.  78,  1.6;  p.  84,  1.25; 
Aiétès  a  reçu  Phrixos,  p.  86,  1.  10 
et  suiv.;  p.  87, 1.  33;  p.  88, 1. 4,  8  et 
33;  P*  90>  1-  16;  P*  92,  1.  6  et  23;  I 
p.  94, 1.  16;  p.  96,  1.  4  et  16;  p.  97, 
1. 6  et  19;  les  héros  se  rendent  chez 
Aiétès,p.98,l.  10;  le  palais  d*Aiétés, 
p.  98  et  99  ;  Aiétès  interroge  les  fils 
de  Phrixos,  p.  i  o  i  ;  son  discours 
de  menaces,  p.  103  et  104;  Aiétès 
congédie  Jason,  p.  105, 1.  2  et  suiv.; 
p.  105,  1.  18  et  29;  p.  106,  1.  31; 
p.  1 07, 1. 14  et  36  ;  p.  1 08, 1. 9  ;  Aiétès 
réunit  rassemblée  des  Colchiens, 
p.  109,  1.  15;  p.  110,  I.  19  et  33; 
p.  124,  1.  34;  P*  I25i  1-  33;  Aiétès 
donne  aux  héros  les  dents  du  ser- 
pent, p.  127  et  128;  Aiétès  se  pré- 
pare à  aller  assister  au  combat, 
^  129  et  130;  il  est  saisi  d' admira- 
non  en  voyant  la  force  de  Jason; 
p.  132, 1.  11;  sa  stupeur  quand  Ja- 
son lance  le  disque,  p.  134, 1. 5  ;  son 
retour  vers  la  ville,  p.  135, 1.  5;  il 
combine  des  ruses  contre  les  héros, 
p.  138,  1.  10;  p.  140,  I.  33;  p.  141, 
1.  18;  Aiétès  se  met  à  la  poursuite 
de  sa  fille  et  des  héros,  p.  144  et  14s  ; 
p.  149,  1.  5;  p.  152,  1.  14;  p.  154, 
1.29;  p.  160, 1.8  et  22;  p.  161,1.26; 
p.  162,  1.  2;  p.  164,  1.  10;  p.  170, 
1.  9;  p.  171,1.  14  et  23;  p.  172,1.  16 
et  17;  p.  I73i  !•  11;  p.  176,  1.  21; 
p.  1 79, 1.  19.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  3  ; 
246.Ch.II,v.  178;  399;  1092;!  144; 
i22i.Gh.  lU,  v.  86;  200;  215;  233; 

242  ;374;  587;  597;  X 178;  1231;  1234; 

1372.  Ch.  IV,  V.  62;8o;86;87;i3i; 

223;  228;  231;  S9i;6^i;^3;  1007; 

1020;  1043;  1212; I2I7. 

AiGAiÔN  (Aiyaicav);  le  tombeau 
d*Aigaiôn  sur  la  côte  d'Asie,  un 
peu  au-dessous  de  U  Phrygie, 
p.41,1.12.  —  Notes:  Ch.  I",v. 1 165. 

AiGAios  (6  Alvato;)  [/'],  fleuve, 
père  de  la  Naïade  Miêlité,  p.  1  S5> 
I.  28;  des  Naïades  qui  assistent  au 


mariage  de  Jason  et  de  Médée, 
p.  174.  !•  33-  —  Notes  :  Gh.  IV, 
V.  524;   1149. 

AiQiALOS  (0  AîytxXô;)[r],  rivage 
d'Achaïe,  p.  9,  1.  34.  —  Notes  : 
Gh.  I«',  V.  1 76. 

AiGiALOS  (ô  Atria'^'^0[''l.côtedu 
Pont,  signalée  aux  Argonautes  pjir 
Phinée,  p.  61 ,  1.  23  et  24;  les  héros 
longent  cette  côte  à  la  rame,  p.  79, 
1.  35.  —  Notei  :  Gh.  II,  v.  365;  366; 

943* 

AïOiNÉ  (t)  Aiytvn)!  île  du  golfe 
Saronique;  Télamon  et  Pelée  s'en 
exilent  après  le  meurtre  de  leur 
frère  Phocos,  p.  7, 1.  10;  les  Argo- 
nautes y  abordent  à  leur  retour  de 
Colchide,  p.  194, 1. 23;  ils  en  partent 
pour  se  diriger  vers  Pagases,  p.  1 95, 
1. 3.  —  Notes  :  Gh.  !«',  v.  93.  Gh.  IV, 
v.  1578;  1712;  1726;  1766;  1772. 

AiGLÂ  (AtyXYi)»  Tune  des  Hespé- 
rides,  changée  en  saule,  p.  183, 
1.  28;  son  discours  aux  héros, 
p*  183,  1.  31;  source  qu'elle  leur 
indique,  p.  184,1.  17.  Voir  Hespé- 
rides (lesj.—  Hôtes:  Gh. IV,v.i399. 

AlGLÉTÊS  (k\yXr\xrfi)t  surnom 
d'Apollon.  Pourquoi  les  héros  lui 
donnent  ce  surnom,  p.  193,  1.  4; 
cérémonies  instituées  à  Anaphé  en 
l'honneur  d'Apollon  Aiglétès,  p.  193, 
1. 2o.Voir^>o//o»t.—  Notes  :  Gh.IV, 
V.  171 1. 

Ain  ÉTÉ  (Atvi^TT^,  fille  d'Eusoros 
et  mère  de  Cyzicos,  p.  34,  1.  18.  — 
Notes  :  Gh.  I",  v.  949. 

Ain  BUS  (AivcuO*  héros  Dolion, 
père  de  Cyzicos,  p.  34,  1.  18;  le  fils 
d'Aineus  (Cyzicos),  p.  37,  1.  33.  — 
Notes  :  Ch.  î*',  v.  949. 

AïOLiDB  (AioXtdr,ô>  Athamas,  fils 
d'AioIos,  roi  de  Thessalie,  p.  102, 
1.28. 

AïOLiDB  (AtoXidr,;),  Idmon,  fils 
putatif  d*Abas,  fils  lui-même  de 
Mélampous,  descendant  d'Aiolos, 
roi  de  Thessalie,  p.  76,  1.  34. 

AïOLiDB  (AîoXCdyjô,  Mélampous, 
fils  d'Amythaon,  fils  lui-même  de 
Crétheus  et  petit-fils  d'Aiolos,  roi 
de  TheMalie,  p.  8, 1.  5. 

AïOLiDB  (AioXidf);),  Minyas,  fils 
ou  descendant  du  roi  Aiolos,  p.  125, 
1.  1 1.  ~  Notes  :  Ch.  III,  v.  1091. 

AïOLiOB  (AîoXt'anO»  Phrixos,  fils 


412 


INDEX 


d*Athamat,  p.  86, 1.  7;  p.  109, 1.  27; 
p.  142, 1. 1 .  —  Notes  :  Ch.  IV ,v.  1 19. 
AïOLiDKS  (ol  AioXifiat)  [Us],  fils  ou 
petits-fils  d'Aiolos,  roi  deThessalie, 
p.  8,  1.  29  ;  colère  de  Zeus  contre  les 

Aiolides,  p.  87, 1.  31;  p.  101,  1.  3^  i 

p.  102, 1. 2.  —  Notes  :  Ch.  II,v.  1 195. 

AtOLOS  (AibXoc),  dUu  des  vente . 

—  Hén  envoie  Iris  ordonnera  Aio- 
los  d'apaiser  le  souffle  des  vents, 
excepté  celui  du  Zéphyre,  pour 
permettre  aux  Argonautes  d*arri> 
ver  dans  les  ports  des  Phaiaciens, 
pp.  162-164.  —  Notes:  Ch.  III, 
V.  41;  1091.  Ch.  IV,  V.  761;  764; 
778;  786;  834. 

AïOLOS  (AroXoOi  l'oi  de  Thessa- 
lie,  père  de  Crétheus  et  d*Athamas, 
p.  I  oa,  1.  28.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  3  ; 
1 18.  Ch.  II,  v.  514.  Ch.  m,  V.  1091; 
1240. 

AisÉPOS  il  Aurv]iioc)  [/'],  fleuve 
d'Asie-Mineure  qui  se  jette  dans  la 
Propontide,  p.  34, 1.  9;  p.  39, 1.  26. 

—  Notes  :  Ch.  I*',  v.  940;  1 1 15. 
AisoN  (Ar9«0v),  fils  de  Crétheus, 

mari  d'Alcimédé  et  père  dejason, 
p«  5>  1*  30;  vieillard  infirme  au 
moment  du  départ  de  l'expédition, 
p.  12,  1.  7;  le  fils  d'Aison,  p.  14, 
1.  22;  p.  32,  1.36;  p. 46, 1.31;  p. 62, 
1.  35;  P-  78.  1.  1;  p.  85,  1.  36;  le 
Créthéide  Aison,  p.  102,  1.  25;  le 
fils  d'Aison,  p.  105,  I.  11;  p.  134, 
1.  14.  Voir  Aisonide. —  Notes: 
Ch.  !•',  v.  3;  13;  45  5  49;  118;  269. 

Aisonide  (At<rovt2T)c)»  Jason,  fils 
d'Aison,  p.  5, 1. 14  et  30  ;  p.  8, 1. 8,  etc. 
Voir  Jason,  —  Notes  :  Ch.  IV, 
V.  355;  1086. 

AisoNiDB  (AiffMvt;)  [/avi7/e],  où 
règne  Aison  (lolcos),  p.  1 7, 1.  9.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  41 1 . 

AiTHALiA  (rj  AtOaXiVi),  tle  où  les 
Argonautes  abordent,  après  avoir 
quitté  les  Iles  Stoichades,  p.  159, 
1.  8  et  13.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  656; 
661;  1620. 

AiTHALiDÈs  (A(6aXî5T)c)t  Argo- 
naute, fils  d'Hermès  et  d'Eupolé- 
méia,  p.  6,  1.  4;  envoyé  comme 
héraut  aux  femmes  de  Lemnos, 
p.  24, 1.  26;  renseignements  donnés 
par  le  poète  sur  le  sort  réservé  à 
Aithalidès  après  sa  mort,  p.  24, 
1.    30-36;    il    est   envoyé   comme  i 


héraut  à  Aiétès,  p.  127,  1.  30. — 
Notes  :  Ch.  l",  v.  54  î  645.  Ch.  III, 
V.  197. 

AlcimAdA  CAXxifiédt}),  fille  de 
Phylacos,  sœur  d'Iphidos,  femme 
d'Aison,  mère  dejason,  p.  5, 1.  31; 
fille  de  Clyméné,  fille  elle-même  de 
Minyas,  p.  11,  1.  19;  les  femmes 
prennent  pitié  d'Alcimédé,  p.  12, 
1.  5  et  14;  elle  fait  ses  adieux  à  son 
fils,  p.  12,  1.  33  et  suiv.  —  Notes: 
Ch.  I**,  V.  45;  190;  230;  258;  269. 

Alcinoos  CAXxivooOi  roi  des 
Phaiaciens,  p.  162, 1.  33;  accueille 
les  Argonautes,  p.  169,  1.  29;  les 
empêche  d'en  venir  aux  mains  avec 
les  Colchiens,  p.  170, 1.  10;  Arété, 
femme  d' Alcinoos,  suppliée  par 
Médée,  p.  1 70,  1. 1 5  ;  Alcinoos  réflé- 
chit au  sujet  de  Médée,  p.  172, 1. 9; 
les  paroles  de  sa  femme  l'émeuvent, 
p.  1 73, 1. 6  ;  sa  décision,  p.  1 73, 1. 29 
et  36;  le  pays  d* Alcinoos,  p.  175, 
1.  10  ;  Alcinoos  prononce  son  arrêt, 
p.  1 75, 1.  19  et  a6;  il  le  fait  respec- 
ter par  les  Colchiens,  p.  1 76, 1.  17 
et  23;  présenU  d'hospitalité  qu'il 
donne  aux  Argonautes,  p.  177, 
1.  3;  les  sacrifices  qu'on  célébn^ 
chez  Alcinoos,  p.  193,  1.  13. — 
Notes  :  Ch.  III,  v.  2 1  o  ;  230.  Ch.  IV, 

V.  539;694;995;  1007;  1057;  1070; 
1138; 1176; 1218. 

Alcon  TAXxwv),  père  de  l'Argo- 
naute Phaléros,  p.  7,  1.  16. — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  95. 

Aléos  ('AXciOf  père  des  Argo- 
nautes Amphidamas  et  Cépheus, 
p.  9, 1.  18;  son  fils  aine  Lycourgos 
reste  à  Tégée  pour  prendre  soin  de 
lui,  p.  9,  1  20  ;  Aléos  cache  toutes 
les  armes  pour  empêcher  son  petit- 
fils  Ancaios  de  prendre  part  à  l'ex- 
pédition, p.  9,  1.  25;  Amphidamas, 
fils  d'Aléos,  p.  83,  1.  6.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  162. 

Aloî ADBS  (ol  'AX(i>iadat)  [les]y  fils 
putatifs  d'Aloeus,  mis  à  mort  par 
Apollon,  p.  19, 1. 20  et  29.  —  Notes  : 
Ch.  P',  V.  482. 

Alopé  (^  'AXoici)),  ville  de  Thés- 
salie,  p.  6,  1.  I .  —  Notes  :  Ch.  I**, 
V.  51. 

Amabantbs  (ol  'A|iâpavT9i)  [/es], 
peuple  de  Colchide,  p.  62, 1.  24.  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  399. 


INDEX 


413 


Amarantien  ('ApiapâvTioOt  épi- 
thète  du  Phase,  qui  coule  dans  le 
pays  des  Amarantes,  p.  129,  1.  12. 

—  Notes  :  Ch.  II,  v.  399.  Ch.  III, 
V.  1220. 

Amazones  (ol\  * A(JiQtC6vec)  [les]  ;  les 
trois  villes  des  Amazones,  p.  61, 
1. 32  ;  les  reines  des  Amazones,  p.  62, 
1.  11;  expédition  d'Héraclès  et  de 
Sthénélos  contre  les  Amazones, 
p*  7^1  1*  30;  esprit  belliqueux  des 
Amazones,  p.  81,  1.  11  et  12;  les 
Amazones  Thémiscyréiennes,  p.  8 1 , 
1.21  ;  la  pierre  sacrée  des  Amazones, 
p.  87, 1.7.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  1 289. 
Ch.  II,  V.  373;  946;  965;  966;  990; 

995;  1 176. 

Amazones  [le  cap  des]  (y)  AfiaCo- 
N{6(k>v  âxpTi),  doublé  de  loin  par  les 
Argonautes,  p.  80,  1.  21.  —  Notes: 
Ch.  II,  V.  370;  9^1;  9^5- 

Amazoniens  [les  monts]  (ta 
'A|tBC6vta  o(>pea),  d'où  sort  la  source 
du  Thermodon,  p.  80,  1.  36.  —  No- 
tes :  Ch.  II,  V.  977. 

Ambeacibns  (ol  'A|tPpaxiTjeO 
[les],  peuple  qui  donne  son  nom  à 
un  golfe,  p.  177,  1.  15.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  1228. 

Amnisos  (é  'Apivoc)  [/'],  fleuve 
où  Artémis  se  baigne,  p.  118, 1.  22  ; 
quelques-unes  des  Nymphes,  com- 
pagnes de  la  déesse,  viennent  des 
sources  de  TAmnisos,  p.  118, 1.  27. 

—  Notes  :  Ch.  III,  v.  876. 
Ampuidamas   ('A(i9iSâ|AaO>   ^Is 

d'Aléos,  Argonaute,  p.  9,  1.  16  et 
19;  il  indique  aux  héros  le  moyen 
de  chasser  les  oiseaux  de  Tîle  d*Arès, 
p.  83, 1.6.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  162. 
Ch.  II,  V.  1052. 

Amphion  ('A|&^u>v),  fils  d'An- 
tiopé,  représenté  sur  le  manteau  de 
Jason,  p.  27,  1.  25-31.  —  Notes  : 
Ch.  I«',  V.  176;  735;  763.  Ch.  IV, 
V.  1090. 

Amphion  ('Aii^cwv),  Argonaute, 
fils  d'Hypérasios,  p.  9,  1.  32.  — 
Notes:  Ch.  I",  v.  176. 

Amphithémis  rA|i9t6((jLic)  [ou 
Garamas],  fils  de  Phoibos  et 
d'Acacallis,  père  de  Nasamon  et  de 
Caphauros,  p.  185,  1.  32-33-  — 
Notes:  Ch.  IV,  v.  1494. 

Amphitrite  ('Aii^iipiTTi),  déesse 
marine,  chargée  de  aételer  le  char 


de  Poséidon,  p.  180,  1.  16;  p.  181, 
1.   17.  —  Notes  :Ch.   IV,   v.  826; 

1325;  1365;  155a- 

Amphbysos  (ô  *A|x^pu<riç)  [/'], 
fleuve  de  Thessalie,  p.  6,  1.  4.  — 
Notes  :  Ch.  I*',  V.  54. 

Amptcidb  ('A|ticvx{dnc)i  Mopsos, 
fils  d'Ampycos,  p.  38,  1.  26,  etc. 
Voir  Mopsos.  —  Notes  :  Ch.  IV, 
V.  1502. 

Amyclées  (al  "ApivxXaO,  ville  de 
Laconie,  célèbre  par  un  temple 
d'Apollon,  p.  192,  1.  27.  —  Notes: 
Ch.  IV,  V.  1704. 

Amycos  CApiuxoc),  roi  des  Bé- 
bryces,  fils  de  la  Nymphe  Mélia  et 
de  Poséidon,  p.  49, 1. 2  ;  il  provoque 
les  Argonautes  et  se  prépare  au 
combat  du  ceste,  p.  50-51;  ses  pa- 
roles arrogantes  à  Pollux,  p.  51, 
1.  19;  on  lie  les  cestes  autour  de 
ses  poignets,  p.  51,  1.  32  ;  combat 
de  Pollux  et  d' Amycos,  mort  de  ce 
dernier,  p.  52;  Oreidès,  compagnon 
d'Amycos,  blesse  Talaos,  p.  53, 
1.  14;  les  Bébryces  vont  annoncer 
dans  le  pays  la  mort  d'Amycos,  p.  54, 
1.  7;  Héraclès  aurait  tué  facilement 
Amycos,  p.54, 1. 1 9  ;  le  butin  emmené 
par  les  héros  du  pays  d'Amycos, 
p.  59,  1.  23;  la  mort  d'Amycos, 
connue  de  Lycos,  p.  73, 1. 33  ;  Jason 
raconte  la  mort  d'Amycos,  p.  74, 
1.  12;  Amycos  avait  autrefois  dé- 
pouillé Lycos  d'une  partie  de  ses 
possessions,  p.  75,  1.  3.  —  Notes  : 
Ch.  I*',  V.  95.  Ch.  II,  V.  2  ;  4;  8; 
48;  55;  98;  145;  159;  163;  758. 

AmymonA  ('AfJLUficuw^,  Danalde, 
mère  de  Nauplios,  p.  8,  1.  22.  — 
Notes:  Ch.  I",  v.  134.  Ch.  IV, 
V.  1091. 

Amyros  {h  *Auupoç)  [/'],  fleuve  de 
Thessalie  ;  les  Argonautes  en  fran- 
chissent l'embouchure,  p.  23,  1,  9; 
Asclépios  né  au  bord  de  ce  fleuve, 
p.  158, 1. 2.  —  Notes  :  Ch.  I*',  v.596. 
Ch.  IV,v.  616. 

Anaphé  (y|  'Avd(9r2),tle  découverte 
aux  Argonautes  par  Apollon,  p.  1 93, 
1.6;  cérémoniesinstituées  dans  cette 
île  en  l'honneur  du  dieu,  p.  193, 
1.  21  ;  rtle  Callisté,  aux  environs 
d*Anaphé,  p.  194,  1.  i.  —  Notes: 
Ch.  IV,  V.  171 1;  1712. 

Anauros(ô  "AvavpoOL^'Jiflcuve  de 


4î4 


INDEX 


Thessalie  traversé  à  pied  par  Jason, 
p.  4, 1.  13  ;  le  héros  transporte  Héra 
à  travers  le  courant  de  ce  fleuve 
débordé,  p.  93,  1.  31  et  suiv. — 
Notes  :  Gh.  I"»v.9;36.  Gh.  III,v.67. 

Ancaius  ('Ayxaîo;),  Argonaute, 
fils  de  Lycourgos,  p.  9,  1.  19;  par- 
tage le  banc  du  milieu  du  navire 
Argo  avec  Héraclès,  p.  16,  1.  29; 
immole  un  bœuf  pour  le  sacrifice, 
p.  1 7,  1.  28  et  31  ;  prend  place  avec 
Héraclès  sur  le  navire,  p.  21,  1.  9; 
Ancaios-  se  précipite  sur  les  Bé- 
bryces,  p.  53, 1.  2 1  et  suiv.  —  Notes  : 
Gh.  I«%  V.  162;  358;  398.  Gh.  Il, 
V.  118;  865. 

Ancaios  (* Ayxaîo;),  Argonaute, 
fils  de  Poséidon,  p.  10,1  7;  demande, 
après  la  mort  deTiphys  à  être  pilote  ; 
les  héros  le  choisissent  comme  tel, 
p.  77-78;  à  l'arrivée  en  Golchide, 
Ancaios  provoque  une  délibération 
«ur  la  conduite  à  tenir,  p.  90,  1.  13; 
au  départ  de  Golchide,  Jason  se 
place  à  ses  cdtés,  p.  144,  1.  32; 
quand  le  navire  a  été  jeté  dans  la 
Syrte,  Ancaios  renonce  à  le  diriger 
plus  longtemps,  p.  178, 1. 14  et  suiv. 

—  Notes:  Gh.  1",  v.  186.  Gh.  Il, 
V.  865;  898;  1260.  Gh.  IV,  V.  210. 

Anch.ialé  CAyxiâXti),  Nymphe, 
mère  des  Dactyles  Grétois  de  l'Ida, 
p. 40, 1.5. —  Notes:  Gh. I«',v.  1 131. 

Angouros  (tô  "Ayyoupov  ^po;), 
mont  de  Scythie,  p.  140, 1.  21  et  22. 

—  Notes  :  Gh.  IV,  v.  324. 
Anthémoéisis    (t)    'AvOe{i.oei9ic 

XifA^'î)  l^**  marais]^  en  Asie-Mineure, 
auprès  du  pays  des  Mariandyniens, 
V'  73.  !•  3-  —  Notes  :  Gh.  H,  v.  724. 

Anthémobssa  (t)  'Av0s|jL6e<r(re( 
vTi<To;)  [l*tl€]y  demeure  des  Sirènes, 
p.  166,  1.  25. —  Notes:  Gh.  IV, 
V.  892. 

ANTiANéiRÉ  (*,AvTtave(pY)).  fille  de 
Ménétos,  mère  d'Érytos  etd'Échion, 
p.  6,  1.  6.  —  Notes  :  Gh.  I",  v.  54. 

Antiopé  ('AvTiouïi),  reine  des 
Amazones,  qui  a  élevé,  dans  Ttle 
Arétias,  un  temple  &  Ares,  p.  62, 
L  II.  —  Notes  :  Gh.  II,  v.  387. 

Antiopé  ('AvTi6ir*j),  fille  de  Nyc- 
teus,  p.  1 72, 1.  35.  —  Notes  :  Gh.  I", 
V.  668;  735.  Gh.  IV,  v.  1090. 

Antiopé  CA^ixihizr),  fille  d'Aso- 
pos,  mère  d*Amphion  et  de  Zéthos, 


p.  27, 1. 26.  —  Notes  :  Gh.  I",  v.  1 76  ; 
735.  Gh.  IV,  V.  1090. 

AONIE  (Ta  *A6vi«  tcsSta)  [les 
champs  d'],  où  Cadmos  a  semé  les 
dents  du  serpent,  p.  128,  1.  6.  — 
Notes  :  Gh.  III,  v.  1 178. 

AONIEN  (6  'Aôvto;  Ôpaxwv)  [le  ser- 
pent]t  tué  par  Gadmos,  p.  127, 1. 33. 
—  Notes  :  Ch.  III,  v.  11 78. 

Aphakéien  ('A9api^io;),  Idas,  fils 
d'Aphareus,  p.  130,1.  10.  Voir/cfos. 

Aphakétiades  (  'AçopTjTiaôai  >, 
les  fils  d'Aphareus,  Idas  et  Lyncée, 
p.  9,  1.  6.  Voir  Idas  et  Lyncée,  — 
Notes:  Ch.  I",  v.  152. 

Aphareus  CAçapcO;)*  père  d'Idas 
et  de  Lyncée,  p.  19,  1.  24;  p.  108, 
1.  28.  Voir  Idas  et  Lyncée.  —  Notes  : 
Gh.  I",  V.  152. 

ApHÂiDAS  CAçeîdac)*  roi  d'Arca- 
die,  p.  9,  1.  17.  —  Notes:  Gh.  !•% 
V.  162. 

Apidanéens  (*Àict5avrie;),  sur- 
nom des  Arcadiens,  p.  146, 1.  23.  — 
Notes:  Ch.  IV,v.  2')3. 

Apidanos  (6  AictfiavoO  [H*  fleuve 
de  Thessalie,  qui  se  réunit  à  l'Éni- 
peus,  p.  5,  1.  18  et  20;  troupeaux 
des  Muses  qui  paissent  sur  les  bords 
de  r  Apidanos,  p.  66, 1.  10.  —  Notes  : 
Gh.  I",  V.  35;  36.  Gh.  II,  v.  515. 
Ch.  m,  V.  1085. 

Apide  (t)  'Aicîc)  [n>  nom  du 
Péloponèse,  p.  188,  1.  9. —  Notes: 
Ch.  IV,  V.  1564. 

Apollon  ('AicéXXwv),  fils  de  Zeus 
et  de  Létô;  invoqué  par  le  poète, 
p.  4,  1.  2;  Apollon,  le  dieu  qui 
lance  les  traits,  donne  un  arc  à 
Eurytos,  p.  7,  1.  4;  Apollon,  père 
d'Idmon,  p.  8, 1.  30  ;  réponses  favo* 
râbles  qu'il  a  données  à  Jason,  p.  13, 
1.  25;  autel  élevé  à  Apollon  qui 
protège  les  rivages  et  les  embar- 
quements, p.  15,  1.  10  et  18;  p.  16, 
1.  36;  invocation  de  Jason  à  Apol- 
lon, p.  17,  1.  7  et  suiv.;  Apollon 
invoqué  sous  le  nom  de  dieu  qui 
lance  les  traits,  p.  17,  1.  19;  fêtes 
en  l'honneur  d'Apollon,  p.  2 1 , 1.  1 5  ; 
Apollon  représenté  sur  le  manteau 
de  Jason,  p.  28,  1.  18;  la  pierre  de 
fond  d'Argo  consacrée  sur  l'ordre 
d'Apollon,  p.  34, 1.  28;  Apollon  qui 
préside  aux  débarquements,  p.  35, 
1. 1;  p.  42,1.  i;  l'art  de  la  divination 


INDEX 


415 


donné  à  Phinée  par  Apollon,  p.  55, 
1.  23;  Apollon  invoqué  par  Phinée, 
p.  56,  1.  29;  Apollon  honoré  par  les 
Argonautes,  p.  65,  1.  20;  Apollon 
ravisseur  de  Cyrène  qui  lui  enfante 
Aristée,  p.  65,  1. 31  et  suiv.;  Aristée 
invoqué  sur  l'ordre  d'Apollon,  p.  66, 
1.  13;  île  consacrée  par  les  Argo- 
nautes à  Apollon  matinal,  p.  71, 
1.  29;  p.  72,  1.  11;  cérémonies  en 
l'honneur  d'Apollon,  p.  72  ;  Apollon 
ordonne  d'honorer  Idmon,  p.  76, 
1.  29;  autel  élevé  à  Apollon  sauveur 
des  vaisseaux,  p.  79i  1.  14;  Apollon 
trompé  par  Sinopé,  p.  $0, 1.  7;  Tora* 
cle  d'Apollon,  p.  128,  1.  2;  Jason 
parait  aussi  beau  qu'Apollon,  p.  1 3 1 , 
1. 8  ;  un  des  trépieds  d'Apollon  donné 
aux  Hylléens,  p.  155,  1.  12;  les  lar- 
mes d'Apollon,  p.  157,  1.  32;  le 
temple  d'Apollon  Nomios,  p.  177, 
I.  I  ;  Apollon,  père  d'Amphithémis, 
p.  185,  1.  28;  un  trépied  d'Apollon 
offert  &  Triton,  p.  187, 1. 26  et  suiv.; 
Apollon,  invoqué  par  Jason,  montre 
aux  héros  l'Ile  Anaphé,  p.  192-193; 
cérémonies  en  l'honneur  d'Apollon 
Aiglétès,  p.  193,  1.20;  les  prédic- 
tions d'Apollon  comprises  par  Jason, 
P*  194»  1-  5-  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  23  ; 
49;  54;  86;  139;  i86;  238;  308;  407; 
419;  421  ;  475;  537;  735;  949;  959; 
966;  1207.  Ch.  II,  V.  51;  159;  163; 
460;  500;  507;  675;  686;  706;  707; 
711;  946.  Ch.  III,  V.  i;  774;  1240. 
Ch.    IV,  V.  528;  616;  6H5Î4;  1217; 

1218;  1304;  1405;  1490;  149a;  1511; 
1513;  1704;  171»- 

Apstbtiens  (ot  'A^I/vpteU)  ['«s], 
habitants  des  îles  d'Artémis,  ainsi 
nommés  à  cause  d'Apsyrtos,  p.  1 53, 
I.  29.  Voir  Apsyrtos.  —  Notes: 
Ch.  IV,  V.  481. 

Aps\  ktos  rA«]/upToç),  filsd'Aiétès 
et  d'Astérodéia,  p.  99,  1.  3;  sur- 
nommé Phaéthon  par  les  Colchiens, 
P'  99*  1-  7*  Aiétés  ne  se  défie  pas 
d'Apsyrtos,  p.  110,  1.  13;  celui-ci 
conduit  le  char  de  son  père,  p.  129, 
1.  28,  et  p.  145,  1.  13;  il  commande 
les  Colchiens  qui  vont  à  la  poursuite 
des  Argonautes,  p.  147,  1.  36,  et 
p.  148;  complot  formé  par  Médée 
et  Jason  contre  Apsyrtos,  p.  151; 
Aps3'rt08,  attiré  dans  un  piège,  est 
mis  à  mort  par  Jason,  p.  152-153; 


Colchiens  qui  ont  pria  le  nom  d'Ap- 
syrtos comme  nom  de  nation,  p.  1 54  ; 
colère  de  Zeus  à  cause  du  meurtre 
d'Apsyrtos,  p.  156,  1.  8;  Jason  et 
Médée  doivent  se  faire  purifier  de 
ce  meurtre  par  Circé,  p.  157,  1.  6; 
Médée  n'ose  le  raconter  à  Circé, 
p.  161,  1.  33. —  Notes:  Ch.  II, 
V.  1221.  Ch.  III,  V.  242;  1236. 
Ch.  IV,  V.  223;  228;  303;  408;  41 7; 
477;48i;505;5i7;704;ioo2;i5i3. 

Akaithyréa  (y^  'Apat(bpsa),  ville 
voisine  de  l'Asopos,  patrie  de  l'Ar- 
gonaute Phlias,  p.  7, 1. 36.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  115. 

Araxe  (6  'Apa|r,c)  [/'],  fleuve, 
p.  142, 1.17. —  Notes:  Ch.IV,  v.  131, 

Arcadie  (ri  '  ApxaôiTQ)  [/'],  pays  du 
Péloponèse,  p.  8,  1.  10;  d'où  vien- 
nent les  Argonautes  Amphidamas 
et  Cépheus,  p.  9,  1.  16;  Héraclès 
et  les  oiseaux  Stymphalides  en  Ar- 
cadie, p. 83, 1.  13.  —  Notes  :  Ch.  I", 
V.  86;  125;  127;  162.  Ch.II,v.  521; 
1031;  1052;  1088;  1186.  Ch.  m, 
v.  233.  Ch.  IV,  V.  263. 

Arcaoiens  (ol  'ApxaSs;)  [les], 
peuple  du  Péloponèse  qui  se  pré- 
tend antérieur  à  Séléné,  p.  146, 
1.  23-24.  —  Notes  :  Ch.  I*',  v.  162. 
Ch.  U,  V.  521.  Ch.  IV,  v.  263. 

Arctouros  (6  'ApxToOpoO  [/'], 
constellation,  p.  84, 1.  31 .  —  Notes  : 
Ch.  II,  V.  1099. 

Arâios  (  'ApTiioc),  Argonaute, 
frère  de  Talaos  et  fils  de  Bias  et  de 
Péro,  p.  8,  1.  3.  —  Notes:  Ch.  I", 
V.  118. 

Aréné  (y^  'ApT)vr,),  ville  de  Messe- 
nie,  d'où  viennent  Idas  et  Lyncée, 

P-  9»    1-   7î    P-  ï9»   !•  9. —  Notes: 
Ch.  I",  v.  152. 

Ares  rApr|Ç),  dieu  de  la  guerre; 
Polyphémos,  digne  d'Ares,  p.  5, 
1.  28;  Boutés,  cher  à  Ares,  p.  7, 
1.  14;  les  travaux  d'Ares,  p.  to, 
1.  10;  le  bouclier  d'Ares,  p.  27, 
!•  36;  Jason,  cher  à  Ares,  p.  53, 
1.  26;  temple  élevé  à  Ares  par  les 
reines  des  Amazones,  p.  62,  1.  1 1  ; 
le  bois  sacré  d'Ares,  p.  62,  1.  29; 
Ares,  père  des  Amazones,  p.  81, 
1.  15  et  suiv.;  les  oiseaux  d'Ares, 
p.  82, 1.  30  ;  sacrifice  des  héros  dans 
le  temple  d'Ares,  p.  87,  1.  3;  Aiétès 
aussi    redoutable   qu'Ares,  p.  88, 


4i6 


INDEX 


1.  8;  l'île  d'Ares,  p.  88,  1.  35  ivoir 
Arétias)  ;  la  plaine  d' Arët,  en  Col- 
chide,  p.  90,  1.  4;  Ares,  p.  97,  1.  la; 
les  oiseaux  d'Ares,  p.  101,  1.  25; 
les  luttes  d'Ares,  p.  103,  1.  28;  la 
jachère  d'Ares,  p.  104, 1.  loetl.  12; 
la  plaine  d'Ares,  p.  106,  1.  34;  la 
grande,  force  d'Ares,  p.  108,  1.  33 
(voir  Ényalios)  ;  le  champ  d'Ares, 
p.  1 15, 1.  4;  Télamon,  chéri  d'Ares, 
p.  127,  1.  29;  source  consacrée  à 
Ares,  p.  127,  1.  36;  la  lance  d'Ares, 
p.  128, 1.  8;  cuirasse  donnée  à  Aie- 
tés  par  Ares,  p.  129,  1.  19;  la  plaine 
d'Ares,  p.  130,  1.  30;  Jason  semble 
aussi  ifort  qu'Ares,  p.  131,  1.  8; 
l'enceinte  d'Ares,  p.  133,  1.  24;  le 
disque  d'Ares  Ényalios,  p.  133, 1.34; 
le  bois  d'Ares,  p.  143, 1. 1 7.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  146;  482;  916.  Ch.  II, 
V.  404;  500;  504;  946;  965;  966; 
990;  1031;  1 144;  i22i.Ch.  III,v.26; 
322;  1090;  1 178.  Ch.  IV,  V.  80;  517. 

Arestoridb  (*Ape<rcopc8»iç)i  Ar- 
gos,  fils  d'Arestor,  p.  7, 1.  33;  p.  14, 
1.  15.  Voir  Argos,  fils  d'Arestor. 

AsâTÉ  CApi^ty)),  femme  d'Alci- 
noos,  suppliée  par  Médée,  p.  170, 
1. 15-34;  discours  d'Arété  à  Alcinoos, 
p.  172,  1.  loetsuiv.;  réponse  d'Alci- 
noos  à  Arété,  p.  173,  1.  7  et  suiv.; 
Arété  envoie  son  héraut  à  Jason, 
p.  173,  I.  23-36;  elle  est  inspirée  en 
cela  par  Héra,  p.  176,  1.  16;  pré- 
sents donnés  par  Arété  aux  Argo- 
nautes et  &  Médée,  p.  177, 1.  4. — 
Notes:  Ch.  IV, v.  1026;  1070;  1 1 15; 

1141;  II99- 

AsÉTiADE  ('Apy]TtcKC)i  Mélanippé, 
Amazone,  fille  a' Ares,  p.  80,  1.  23. 
Voir  Mélanippé. 

Arétias  (t)  'Aprjxiàt;  vr,ero;)  [H/e], 
consacrée  à  Ares;  signalée  aux 
Argonautes  par  Phinée,  p.  62, 1.  10; 
les  héros  arrivent  en  vue  de  cette 
tle,  p.  82,  1.  26;  p.  83,  1.  7;  ils  en 
partent,  p.  88, 1. 35  ;  l'ile  d'Enyalios, 
p.  ICI,  1.  24. —  Notes:  Ch.  II, 
V.  382;  1031;  1088. 

Arétos  O^Apr^To;)»  Bébryce,  lie 
les  cestes  autour  des  poignets 
d'Amycos,   p.  51,  1.  32;  il  blesse 


Iphitos,  p.  S3,  1.  17;  il  est  tué  par 
Clytios,  p.  53, 1. 1 9.  —  Notes  :  Ch.  II, 
V.  105. 

Arganthonéios  (To'ApyavOf^vetov 
^poO  [le  «ftof»^],  montagne  de  Mysie, 
p.  41,  1.  27. —  Notes:  Ch.  I", 
V.  II 77. 

Argestès  (ô  •ApYsffToO  I/*]t  vent 
du  Nord-Ouest,  p.  90,  1.  17;  p.  81, 
1.  19.  —  Notes:  Ch.  II,  v.  961. 
Ch.  IV,  v.  1628. 

Argo  (t)  'ApTitf),  navire,  p.  4, 
1.  7;  construit  par  Argos,  sur  les 
conseils  d'Athéné,  p.  5, 1. 1  ;  les  héros 
rassemblés  autour  du  navire  Argo, 
p.  1 4, 1. 1 0  ;  lancement  d'Argo,  p.  16, 
1.  14-19;  la  poutre  divine  d'Argo, 
p.  21,  1.  i;  le  lieu  de  départ  du 
navire  Argo  (' Agirai  *ApYoOc)i  P>23i 
1.4;  la  construction  d'Argo  dirigée 
par  Athéné,  p.  27,  1.  13;  Argo 
aborde  chez  les  Dolions,  p.  34, 1. 22  ; 
Argo  court  à  la  voile,  p.  36, 1.  25  ; 
Argo  bondit  sur  la  mer,  p.  41,  1.  2; 
le  navire  Argo,  p.  56,  1.  24;  p.  60, 
1.  32;  Argo  portée  au  sommet  des 
flots,  p.  68,  1.  21;  Argo  s'élance 
entre  les  Symplégades,  p.  68, 1. 36  ; 
Argo  enveloppée  de  lances  et  de 
boucliers,  p.  83, 1.  34  ;  les  Colchiena 
à  la  recherche  d'Argo,  p.  154, 1. 25; 
marques  éclatantes  du  passage 
d'Argo  sur  la  terre  Ausonienne, 
p.  156,  1.  4;  Argo  parle,  p.  157, 
!•  3;  Argo  protégée  par  Héra, 
p.  162,  1.  27;  les  Néréides  groupées 
autour  d'Argo,  p.  168,  1.  3;  Argo 
arrive  chez  les  Phaiaciens,  p.  169, 
1.  27;  Argo,  mère  des  Argonautes, 
p.  181,  1.  36;  Polyphémos  à  la 
recherche  d'Argo,  p.  185,  1.  10; 
Argo  cherche  à  sortir  du  lac  Triton, 
p.  187,  1.  23;  le  dieu  Triton  conduit 
Argo,  p.  189, 1. 28.  —  Notes  :  Ch.  I", 

v.3;4;93;  loi; 226; 238; 358; 368; 
393;  540;  551;  591  ;  608;  723;  934; 

954;  1015;  1289.  Ch.  II,  V.  79;  591  ; 

843;  898.  Ch.  m,  V.  198;  343;  570. 

Ch.  IV,  V.  201;  259;284;3i7;3i9; 
553;  656;   888;   1327;   1386;  1391; 

1558. 
Argonautes  [les]  (i). 


(X)  II  n'y  a  pas  liea  d'admettre  dans  cet  Index  ce  mot  qui  n'a  été  employé  que  pour  des 
nécessités  de  traduction  et  qu'ApolIonios  ne  pouvait  faire  entrer  dans  un  vers  hexamètre,  à 
cause  de  sa  quantité. 


INDEX 


4'7 


AHGOOS(oXt;xr,v  'Apy&o;)  [le  port], 
dans  rUe  Aithalia,  p.  159,  1.  13.  — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  656;  1620. 

AkgOOS  (o  Xi|iY|v  'Asyûo;)  [le 
port],  à  l'endroit  où  le  lac  Triton 
communique  avec  la  mer,  p.  190, 
1.  7.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  1620. 

Argos  CAsyo;),  fils  d'Arestor, 
constructeur  du  navire  Argo,  p.  5, 
1.  i;  p.  7.  1-  33;  p.  69, 1.  17;  p.  87, 
1.  24;  vient  se  joindre  aux  Argo- 
nautes, p.  1 1,  1.  1 1;  p.  14,  1.  12; 
son  costume,  p.  14,  1.  15  et  suiv.  ; 
Argos  fait  mettre  le  navire  à  la 
mer,  p.  15,  1.  28  et  suiv.;  Argos 
détache  le  câble  au  départ  de  Lem- 
nos,  p.  33i  1.  15;  il  taille  une  statue 
de  bois  de  la  déesse  Rhéa,  p.  39, 
1.  31 .  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  4;  m  ; 
226;  368.  Ch.  II,  V.  1092;  1260. 

Argos  rApyoOt  fils  de  Phrixos 
et  de  Chalciopé;  son  discours  à 
Jason,  p.  85, 1.  20  et  suiv.  ;  il  expli- 
que en  détail  qui  il  est,  p.  86,  1.  6 
et  suiv.  ;  il  blâme  les  héros  d'avoir 
entrepris  leur  expédition,  p.  87, 
1.  35  et  suiv.;  il  conduit  le  navire 
Argo  à  l'embouchure  du  Phase, 
p.  89, 1.  31  ;  il  fait  placer  le  navire 
dans  un  marais,  p.  90,  1.  18; 
discours  d' Argos  à  Aiétès,  p.  ici, 
1. 19  —  p.  102, 1. 34;  Argos  retourne 
au  navire  avec  Jason,  p.  105, 1.  9; 
il  conseille  à  Jason  de  se  concilier 
le  secours  de  Médée,  p.  106, 1.  10; 
il  expose  son  projet  aux  héros, 
p.  107,  1.  29;  Mopsos  est  d*avis 
qu'on  l'adopte,  p.  108,  1.  26;  Argos 
envoyé  par  Jason  à  la  ville,  p.  1 09, 
1.  5-1 1  ;  Argos  exhorte  sa  mère  à 
concilier  Médée  aux  héros,  p.  1 10, 
1.  19;  Chalciopé  annonce  à  Médée 
la  mission  dont  Argos  s'est  chargé, 
p.  114,  1.  3;  Argos  retourne  au 
navire,  p.  1 17, 1.  4;  Argos,  au  dire 
de  Médée,  la  circonvient  par  ses 
discours,  p.  119,  1.  13;  Argos 
conduit  Jason  au  temple  d'Hécate, 
p.  119,  1.  28;  il  reste  à  l'écart, 
avec  Mopsos,  pendant  l'entrevue  de 
Jason  et  de  Médée,  p.  120,  1.  24; 
il  procure  à  Jason  ce  qu'il  faut  pour 
le  sacrifice,  p.  128,  1.  23;  Argos 
s'élance  sur  le  rivage  pour  embar- 
quer Médée,  p.  140,  1.  29;  il  débar- 
que Jason  et    Médée  pour   qu'ils 


aillent  s'emparer  de  la  toison, 
p.  142,  1.  5;  Argos  indique  aux 
héros  la  route  du  retour,  p.  146, 
1.  1 5  et  suiv.  —  Notes  :  Ch.  I*"",  v.  4  ; 
226.  Ch.  II,  V.  532;  1092;  1260. 
Ch.  IV,  V.  289;  293;  317. 

Argos  (to  "Apyo;),  ville  du  Pélo- 
ponèse,  patrie  de  Talaos,  d'Aréios 
et  de  Léodocos,  p.  8,  1.  3;  Argos 
Lyrcéienne,  p.  8, 1.  10;  Idmon  vient 
d' Argos,  p.  8,  l.  25 ,'  Héraclès  appelé 
par  le  destin  à  Argos,  p.  46,  \.  7; 
la  ville  d' Argos,  au  sens  du  Pélo- 
ponèse  en  général,  p.  172,  I.  15.  — 
Notes:  Ch.I'',v. 93;  118;  125;  134; 
580.  Ch.  rV,  V.  262;  1091;  1212; 

1329;   15^- 

Ariane  ('Apia^vrJ,  fille  deMinos 
et  de  Pasiphaé,  p.  122,  I.  14;  la 
couronne  d'Ariane,  p.  122,  1.  20; 
la  renommée  d'Ariane,  p.  125, 1.  14; 
Médée  ne  sejuge  pas  égale  à  Ariane, 
p.  125,  1.  26;  Ariane  abandonnée 
par  Thésée  et  aimée  par  Dionysos, 
p.  1 52, 1.  6.  —  Notes  :  Ch.  I«',  v.  i  o  i  ; 
1 1 5. Ch.  ni,  V.  1 003.  Ch.  IV,  V.  355  ; 
425;  1691. 

Aristâe  C'Apio-tato;),  fils  d'Apol- 
lon et  de  Cyrène,  p.  65,  I.  35;  sur- 
nommé Agreus  et  Nomios  (voir 
Agreus  et  Nomioi),  p.  65,  1.  36  et 
66, 1.  I  ;  Macris,  fille  d'Aristée  (voir 
Miicris),  p.  174,  I.  12. —  Notes: 
Ch.  II,  V.  500  ;  5 1 1  ;  520.  Ch.  III, 
V.  467.  Ch.  IV,  V.  540. 

ARTACiÉ(f/ApTaxiï]  xpiQvr,),  source 
du  pays  des  Dolions,  près  de  la- 
quelle  les  Argonautes  laissent  leur 
pierre  de  fond,  p.  34, 1.  26.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  957.  Ch.  IV,  V.  888. 

Artakès  (  ApTdixr,;),  Dolion  tué 
par  Méléagros,  p.  37,  l.  24. 

Artémis  C'ApTS|xic),  fille  de  Zeus 
et  de  Létô  ;  Iphias,  prétresse  d' Arté- 
mis, à  lolcos,  p.  14, 1.  i;  louanges 
d'Artémis,  chantées  par  Orphée, 
p.  22,  1.  17;  les  Nymphes  célèbrent 
Artémis  par  leurs  chants,  p.  43, 
1.  9;  les  flèches  rapides  d' Artémis, 
p.  115,  l.  24;  les  îles  Brygéiennes 
d' Artémis,  p.  148,1.28;  p.  152, 1.  31; 
temple  élevé  à  Artémis  par  les  Bry- 
giens.p.  153,1. 14.  —  Notes  :  Ch.I", 
v.  186;  190;  287; 4 19.  Ch. II,  v.  936. 
Ch.  m,  v.  774.  Ch.  IV,  V.  330  ;  4 1 7. 

Asiatique  (t,  'A71;  r,neipoO  ['« 


Ci 


4iB 


INDEX 


coniiHeHt]t  où  Idmon  doit  mourir, 
p.  i8,  L  13;  marche  d'Héraclès  au 
travers  du  continent  asiatique, 
p.  74, 1. 22.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.444. 

Asie  (t)  *A9tv))  [/'],  parcourue  par 
Sésostris,  p.  146,  1.  35.  —  Notes: 
Ch.  1",  V.  3  ;  444 ;  1 1 1 5  ;  1 1 29.  Ch.  II, 
V.  177;  359;  532;  777- Ch.  IV, V.  131; 
262;  272;  277;  1742. 

AsopiDE  CkfHùitiç,)y  Antiopé,  fille 
du  fleuve  Asopos,  p.  27,  1.  26.  Voir 
AMÉiopé. 

AsoPiDE  (*A9ei>ic{;),  Ccrcyra,  fille 
d' Asopos,  enlevée  par  Poséidon, 
p.  156,  1.  18.  —  Notes  :  Ch.  IV, 
V.  540. 

Asopos  (à  'Atrumoc),  fleuve  de 
Béotie;  le  dieu  de  ce  fleuve,  père 
de  Sinopé,  p.  80,  1.  2  ;  père  d' An- 
tiopé, p.  27, 1.  26.  —  Notes  :  Ch.I", 
V- 1  ïS;  735-  Ch.  II,  V.  946.  Ch.  IV, 
V.  1090. 

Asopos  (ô  'Adwirô;),  fleuve  de 
Sicyonie,  voisin  d'Araithyréa,  p.  8, 
1.  2;  père  de  Cercyxa,  p.  156,  1.  18. 

—  Notes:  Ch.  1",  v.  115.  Ch.  IV, 
V.  564. 

Assyrienne  (t;  'Aer<n»ptyj  -/^wv) 
[la  terre]  ;  les  Argonautes  y  abor- 
dent, p.  80,  1.  I  ;  ils  en  repartent, 
p.  80, 1. 1 S  ;  les  alluvions  de  la  terre 
d'Assyrie,  p.  80,  1.  20.  —  Notes  : 
Ch.  II,  V.  964. 

AsTÉRiON  (*A>TTepta)v),  Argo- 
naute,  fils  de  Comètes,  p.  5,  1.  17. 

—  Notes  :  Ch.  I",  v.  35;  176. 
AsTÉRios('A(rT£pio;),  Argonaute, 

fils  d'Hypérasios,  p.  9,  1.  32.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  i  y6. 

AsTÉRODÉiA  ('ATxepôoÊia),  Nym- 
phe du  Caucase,  mère  d'Apsyrtos, 
p.  99, 1.4.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  1221. 
Ch.  III,  V.  242. 

AsTYPALAiA  ('A<iTuitaXaia),  mère 
d'Ancaios,  p.  77,  1.  17.  —  Notes  : 
Ch.  I".  V.  186.  Ch.  II,  V.  865. 

Atalante  ('AxaXavTy;);  présent 
d'hospitalité  qu'elle  fait  à  Jason, 
p.  28, 1.  30  et  suiv.  —  Notes  :  Ch.  I", 
V.  162  ;  769. 

Athamantienne  (to  'AQajJiavTiov 
TceÔîov)  [la  plaine],  en  Phthic,  ainsi 
nommée  d'Athamas,  p.  65,  1.  8.  — 
Noies:  Ch.  II,  v.  514. 

Athamas  C'AOstiia;),  fils  d'Aiolos, 
frère  de  Crétheus,  père  de  Phrixos; 


la  fille  d'Athamas  (Hellé),  p.  33, 
1.  3 1  (voir  Hellé);  le  fils  d'Athamas 
(Phrixos),  p.  70, 1. 27  (voir  Phrixos); 
les  richesses  d'Athamas,  p.  86, 1. 22  ; 
Athamas,  frère  de  Crétheus  (voir 
Créiheus)t  p.  86,  1.  31;  les  trésors 
d'Athamas,  p.  99,  1.  31;  Athamas, 
fils  d'Aiolos  et  père  de  Phrixos, 
p.  102,  1.  27  et  28;  le  Minyen 
(Phrixos),  fils  d'Athamas,  p.  141, 
1.  36.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  3  ;  230  ; 
927.  Ch.  II,  V.  514;  653.  Ch.  m, 
v.  1240. 

Athéné  ('AOnvtj  et  'AOnvaiV^, 
déesse,  fille  de  Zeus,  conseille  à 
Argos  de  bâtir  le  navire  Argo,  p.  5, 
1.  I  ;  envoie  Tiphys  se  joindre  aux 
héros,  p.  7,  1.  30;  fait  travailler 
Argos  au  navire  Argo,  p.  11,  1. 12; 
alliance  a' Athéné  avec  Jason,  p.  13, 
1.  24;  Athéné  adapte  à  l'étrave  du 
navire  Argo  une  poutre  divine  tirée 
d'un  chêne  de  Dodone,  p.  21,  1.  3; 
p.  1 56, 1. 35  ;  Argo,  œuvre  d' Athéné, 
p.  21,  1.  31;  les  travaux  d' Athéné, 
p.  24,  1.  12;  le  manteau  de  Jason, 
œuvre  d' Athéné,  p.  27, 1.  1 1  ;  p.  28, 
1.  28;  Athéné,  protectrice  de  Jason, 
p.  34, 1.  30  ;  Athéné  aide  le  passage 
d'Argo  au  milieu  des  roches  Cya- 
nées,  p.  67, 1.  2  ;  p.  68, 1.  34  ,*  Athéné 
remonte  vers  l'Olympe,  p.  69,  1.  4  ; 
Athéné,  cause  du  salut  d'Argo, 
p.  69,  1.  16;  l'art  d' Athéné  a  fabrt- 
que  Argo,  p.  87,  1.  22;  Athéné  voit 
les  héros  embusqués  dans  les  marais 
du  Phase,  p.  92,  1.  i;  sa  conversa- 
tion avec  Héra,  p.  92,  1.  3  et  suiv.; 
son  entrevue  avec  Cypris,  p.  94; 
elle  s'en  retourne  avec  Héra,  p.  95, 
1.  8;  le  navire  Argo  construit  par 
Athéné,  p.  102,  1.  6;  Athéné  fait 
présent  à  Aiétès  d*une  partie  des 
dents  du  serpent,  p.  1 28,  I.  3  ;  Héra 
effrayée  entoure  Athéné  de  ses  bras, 
p.  168,  1.  26;  Athéné  baignée  dans 
les  eaux  du  lac  Triton  par  les 
héroïnes  tutélaires  de  la  Libye, 
p.  179,  1.  33;  temple  construit  par 
les  Argonautes  à  Athéné  Minoïde, 
p.  192,1.12.  —  Notes:  Ch.I«',v. 1 1 1; 
1 56  ;  55 1  i  959-  Ch.  n,  V.  1 052  ;  1 248. 
Ch.  III,  V.  52;  1003;  1 178.  Ch.  IV, 
V.  786;  1310;  131 1;  1515; 1691. 

Athos  (é  "Ad«i);)  [/'],  mont  de 
Thrace  dont  l'ombre  couvre  l'île  de 


INDEX 


419 


Lemnos  jusqu'à  la  ville  de  Myriné, 
p.  a3,  1.  14, 1.  17.  —  Notes  :  Ch.  I", 
V  599;  601;  603;  652. 

Atlantide  ('AiXavriç),  Electra, 
fille  d'Atlas,  reine  de  l'île  de  Samo- 
thrace,p.33>l.  18.  —  Notes:  Ch.I", 
V.  916. 

Atlantide  (*AT>.otvT(ç)>  Calypso, 
fille  d'Atlas,  p.  156,  1.  26.  Voir 
Calypso. 

Atlas  (à  x^qoz  "AtXavtoc)  [le 
champ  d*]y  où  le  serpent  Ladon 
gardait  les  {sommes  d'or,  p.  182, 
1.30. 

ATTiguE  (ti  'At6ic  vîj<ro;)  [l*Ue]j 
où  Télamon  s'est  fixé  après  le  meur- 
tre de  son  frère  Phocos,  p.  7,  1.  12. 
—  Notes  :  Ch.  1",  v.  93. 

AuGÉiÈs  (AuyEtY}?),  Argonaute, 
fils  d'Hélios,  roi  d'Elide,  p.  9, 1.  28; 
est  au  nombre  de  ceux  qui  accom- 
pagnent Jason  chez  Aiétès,  p.  97, 
1.  27;  présenté  à  Aiétès  comme  fils 
d'Hélios,  p.  102,  1.  29  ;  raccompa- 
gne Jason  au  navire,  p.  105, 1. 9.  — 
Notes:  Ch.  I",  v.  172. 

Au  LION  (xb  AOXiov  i'vTpov)  [l'an- 
ire],  en  Paphiagonie;  origine  de 
son  nom,  p.  78,  1.  28.  —  Notes  : 
Ch.  II.  V.  904. 

Au  LIS  (ri  AyXî;),  ville  de  Béotie; 
le  navire  Argo  passe  en  vue  d'Aulis, 
p.    195,    1.    6.  —  Notes:    Ch.   IV, 

V.  1779- 

AusONiB  (t)  Au(rov{rt)  [/'],  nom  de 
l'Italie  ;  Scylla,  le  monstre  d* Auso- 
nie,  p.  164, 1.  24;  la  mer  d'Ausonie, 
p.  157,  1.  8;  p.  159,  1.  15;  p.  165, 
1.  9;  la  terre  Ausonienne,  p.  156, 
1.  2.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  553. 

AuTÉsiON  (AOteffiwv),  père  de 
Théras,  p.  194,  1.  20.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  1758. 

Auto  LYCOS  (AOtoXuxo;),  l'un  des 
fils  de  Deimachos,  p.  80,  1.  1 1. Voir 
Deimachos.  —  Notes:  Ch.II,v.95S. 

AxiN  (6  "AÇeivoç  tc6vto;)  [le  Po»/] , 
p.  81. 1. 9.  Voir  Pont  (le),  ~  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  289. 

Bacchiades  (ot  BaxxiâSai  [/«s], 
originaires  d'Ephyra,  s'installent 
dans  l'île  Drépané,  p.  176,  1.  29.  — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  12 12;  12 16. 

Basileus  (BaatXEÛ;),  Dolion  tué 
par  Télamon,  p.  37, 1.  2 1 . 


BÉBR^CES  (oî  Bippyxs;)  [les],  ha- 
bitants d'une  contrée  voisine  de  la 
Mysie;  lesArgonautes  abordent  dans 
leur  pays,  p.  49, 1. 2  ;  loi  à  laquelle 
sont  soumis  les  étrangers  qui  abor- 
dent chez  les  Bébryces,  p.  50,  1.  7; 
le  roi  des  Bébryces  (voir  Amycoa), 
p.  52,  1.  4;  les  Bébryces  vengent 
leur  roi,  p.  53, 1.  i  ;  ils  sont  vaincus, 
p.  53, 1.  25  et  suiv.;  ils  fuient,  p.  54, 
1.  5;  leur  pays  (t|  BeppuxiiQ),  p.  54, 
1.  6;  longue  guerre  des  Mariandy- 
niens  avec  les  Bébryces,  p.  74, 1.  2  ; 
Jason  raconte  à  Lycos  sa  victoire 
sur  les  Bébryces,  p.  74,  1.  2  ;  Lycos 
dépouillé  par  les  Bébryces,  p.  75, 
1.  2;  il  rend  grâces  à  PoUux  qui  a 
tué  leur  roi,  p.  75,  1.  9.  —  Notes  : 
Ch.I",  V.  95.  Ch.  II,  V.  2;  98;  145; 

724;  758. 

BéCHEiRES  {n\  Béx^ipEç)  [les], 
peuple  qui  habite  les  rivages  du 
Pont,  signalé  par  Phi  née  aux  Argo- 
nautes, p.  62,1.  19;  les  héros  côtoient 
leur  pays,  p.  89,  1.  13. —  Notes: 
Ch.I",  V.  1024.  Ch.  II,  V. 393;  1231; 
1242. 

BéLiEB  («t  KpioO  î.\isa\)[la  couche 
du],  lieu,  sur  les  bords  du  Phase, 
où  le  bélier  de  Phrixos  se  reposa  à 
l'arrivée  en  Colchide,  p.  141,  1.  33. 

Béotiens  (oî  Boiwtoi)  [les],  re- 
çoivent d'Apollon  l'ordre  d  honorer 
Idmon,  p.  76, 1.  29. 

BiANTiDE  (Biavnafir,?)»  Talaos, 
Argonaute,  fils  deBias,  p.  53,  1.  14. 
Voir  Talaos. 

BiAS  (Bia;),  père  des  Argonautes 
Aréios  et  Talaos,  p.  8,  1.  3  ;  p.  5 1 , 
1.  30.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  118. 

BiLLAios  (0  BiXXaîo;)  [le],  fleuve 
de  Paphiagonie,  p.  75, 1. 1 .  —  Notes  : 
Ch.  Il,  V.  791. 

BiSTONiK(f,  BiJTOviV^)  [/a],  contrée 
de  Thrace  ;  ia  phorminx  de  Bistonie 
d'Orphée  (r,  Biarovîti  9op{JLtY^)>p>7^i 
1.  14;  p.  167,  1.  3;  la  Piérie  Bisto- 
nienne  (t)  MiepÎT]  Bi(TTb)vtO>  p>  5>1'  M* 
—  Notes  :  Ch.  I",  v.  34.  Ch.  II, 
V.  704.  Ch.  IV,  V.  906. 

BiTHYNiE  (t)  BiOvv\;  yàXa)  [la], 
contrée  de  l'Asie  ;  arrivée  des  Argo- 
nautes dans  ce  pays,  p.  55, 1.  19  ;  ils 
longent  la  côte  de  Bithynie,  p.  69, 
1.  25;  le  cap  Achérousis  s'avance 
dans  la  mer  de  Bithynie,  p.  73, 1. 1  o. 


420 


INDEX 


—  Notes:  Ch.  I«',  v.  139;  1177; 
1379.  Ch.  II»  V.  2;  177;  460;  652; 
659;  673.  Gh.  IV,  V.  131;  1300. 

BiTHYNiBNNE  (BtOuvt'c);  la  Nym- 
phe Mélia,  mère  d'Amycos,  p.  49, 
1.  3.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  4. 

BiTHYNiENS  (ol  BiOuvot)  [/es], 
peuple  d*Âsie;  la  terre  des  Bithy* 
niens,  p.  61,  1.  5;  les  tribus  des 
Bithyniens  soumises  par  Héraclès, 
p.  74, 1. 34.  —  Notes  :  Gh.  II,  v.  1 40  ; 
177. 

BORÉADES  (ol  BopTÎtot)  [les]j  Zé- 
tès  et  Calais,  fils  de  Borée,  p.  57, 
1.  18;  p.  58,  1.  17.  Voir  Calais  et 
Z^/è».  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  1304. 
Ch.  II,  V.  177;  178;  271;  286;  296; 
299. 

Borée  (Bopir^;),  Thrace,  dieu  du 
vent  du  nord,  père  de  Zétès  et  de 
Calais,  nés  d'Oréithyia,  qu'il  a  en- 
levée, p.  10, 1.  33  etsuiv.;  le  souffle 
de  Borée  empêche  les  Argonautes 
de  quitter  Lemnos,  p.  25,  1.  4;  les 
fils  de  Borée  interpellent  Télamon, 
p.  45,  1.  25;  le  souffle  de  Borée, 
P-  45f  1-  33  J  les  fils  de  Borée,  p.  57, 
1.  14  et  1.  23;  p.  58,  1.  14  et  1.  27; 

P*  59)  1-  7  c^  1-  ^9>  les  tempêtes  de 
Borée,  p.  61,  1.  21  ;  les  deux  fils  du 
Thrace  Borée,  p.  63,  1.  19  et  1.  34; 
p.  65,  1.  19;  rimpétuosité  de  Borée, 
p.  84, 1.30;  les  pays  où  souffle  Borée, 
p.  147, 1.  14  ;  la  tempête  excitée  par 
Borée,  p.  i77i  1*  17;  les  deux  fils  de 
Borée  se  précipitent  à  la  recherche 
d'Héraclès,  p.  184, 1.  35  ;  ils  revien- 
nent, après  avoir  fait  des  efforts 
inutiles,  p.  1 85,  1.  21.  —  Notes  : 
Ch.  !•',  V.  652;  1300;  1304.  Ch.  II, 
v.  1 78  ;  675.  Ch.  IV,  V.  286  ;  765  ;  1 464. 

Bosphore  (^  B6<T7copoc  [/e],  Tem- 
bouchure  du  Bosphore,  p.  39, 1.  25; 
le  Bosphore  aux  flots  tournoyants, 
p.  55, 1. 8.  —  Notes  :  Ch.  I"',v.  1114. 
Ch.  II,  V.  168;  i77;27i;745.  Ch.IV, 
V.320. 

Boutés  (Bo  jt/);),  Argonaute,  fils 
de  Téléon,  p.  7,  1.  14;  séduit  par  la 
voix  harmonieusedes  Sirènes,p.  1 67, 
1. 1 1  et  suiv.  —  Notes  :  Gh.  I"',  v.71  ; 
95.  Ch.  IV,  v.  914. 

Brimô  (Bpi|ia>),  nom  d'Hécate, 
p.  1 1 8, 1. 5  ;  p.  1 29, 1. 2.  Voir  Hécate. 

—  Notes:  Ch.  III,  v.  85 1. 
Bryqéiennes  (aï  Bp^yr/Se;  vr.aoi) 


[les  îles],  consacrées  à  Artémis, 
p.  148,1. 28.  Voir^r/éfMts.  —  Notes: 
Ch.  IV,  v.  330. 

Brigiens  (ol  BpuYoO  [/es],  peuple 
qui  demeure  sur  le  continent,  en 
face  des  îles  Brygéiennes,  p.  1 53, 
1. 15.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  330;  417. 

Btzères  (ol  Bû^npec)  [/es],  peuple 
voisin  des  Colchiens,  signalé  par 
Phi  née  aux  Argonautes,  p.  62, 1. 20; 
les  Argonautes  passent  devant  leur 
pays,  p.  89,  1.  14.  —  Notes  :  Ch.  Il, 
V.  393;  1231;  1242. 

Cadmos  (KâS(ioc))  fils  d'Agénor; 
les  peuples  de  Cadmos,  p.  1 25, 1. 1 2  ; 
Cadmos  venu  à  Thèbes,  en  cher- 
chant sa  sœur  Europe,  s'y  établit, 
p.  !27,  1.  33  et  suiv.;  l'Agénoride 
Cadmos  sème  les  dents  du  serpent, 
p.  1 28, 1.  5  ;  le  tombeau  d'Harmonia 
et  de  Cadmos,  p.  154,1.35.  —  Notes: 
Ch.  I»',  V.  179;  735;  916.  Ch.  II, 
V. 5ii;5i4.  Ch.  m,  V.  1178.  Ch.IV, 
V.  269;  517. 

Gain  BUS  (Katve-j;),  père  de  l'Ar- 
gonaute Coronos,  p.  6,  1.  8;  com- 
ment Caineus  fut  vaincu  par  les 
Centaures,  p.  6,  1.  9  et  suiv.  — 
Notes  :  Ch.  I*',  v.  57;  59. 

Calais  (Kdtiaiç).  Argonaute,  fils 
de  Borée  et  d'Oréithyia,  p.  10, 1.  33; 
se  prépare  à  chasser  les  Harpyes, 
p.  58,  1.  17;  se  lance  à  leur  pour- 
suite, p.  59,  1.  1.  Voir  Borée. — 
Notes  :  Ch.  I'%  v.  2 1 1 .  Ch.  II,  v.  1 78  ; 
296. 

Calauréia  (t|  KsXxvpEta),  île  où 
Poséidon  a  un  temple,  p.  129, 1. 36. 
—  Notes:  Ch.  III,  v.  1240. 

Caluchoros  (ô  KaXXi'xocoî)  [/e], 
fieuvede  Paphlagonie,  p.  78,  1.  22; 
origine  du  nom  de  ce  fleuve,  p.  78, 
1.  27.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  746;  9C14. 

Calliopé  (KaXXi6irr^,Muse,  mère 
d'Orphée,  p.  5, 1. 6.  —  Notes  :  Ch.  I", 
V.  23.  Ch.  IV,  V.  1304. 

Cal  LISTÉ  (t2  KaXXiaTr^),  île  sortie 
de  la  motte  de  terre  jetée  dans  les 
fiots  par  Ëuphémos,  p.  194,  1.  16; 
Théras  conduit  une  colonie  à  Cal- 
liâté  qu'il  nomme  Théra,  p.  194, 
1.  22.Voir  Théra,  -  Notes  :  Ch.  IV, 
V.  1758;  1763. 

Galon  (to  KaXbv  <rrôpia),  Tune 
des  bouches  de  l'Ister,  par  laquelle 


INDEX 


421 


Apsyrtos  et  les  Colchiens  pénètrent 
dans  le  fleuve,  p.  148,  1.  i  et  1.  9. 

—  Notes  :  Ch.  IV,  v.  306. 

Calos  (o  KaXo;  Xi|iin'v)>  P^^  ^^ 
pays  des  Dolions,  p.  34,  1.  23.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  954;  965. 

Calpâs  (ô  KâXiinc)  [le],  fleuve  de 
Bithynie,  p.  70,  1.  34.  —  Notes  : 
Ch.  II,  V.  659. 

Cal  YDON  (t)  KaXuScôv) ,  ville  d'Eto- 
lie,  patrie  de  Méléagros,  p.  10, 1. 1 1 . 

—  Notes  :  Ch.  I",  v.  146;  190;  769. 
Calypso  (KaÀurl^w),  fille  d* Atlas, 

habite  l'île  Nymphaié,  p.  156, 1.  26. 

—  Notes  :  Ch.  I«',  v.  235.  Ch.  II, 
V.  1 187.  Ch.  m,  V.  224;  388.  Ch.  IV, 

V.  553. 

CanastbÉE  (tj  KavaTTpatr)  tzxprj, 
promontoire  où  la  ville  de  Pallénées 
est  bâtie,  p.  33,  1.  12.  — Notes: 
Ch.  I",  v.  599. 

Canétuos  (Kavy)6oi;),  fils  d'Abas. 
père  de  Canthos,  Argonaute,  p.  6, 
1.  31.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  77. 

Canthos  (KdtvOoOi  Argonaute, fils 
de  Canéthos,  venu  de  l'île  d*Eubée, 
p.  6,  1.  30;  part  à  la  recherche 
d'Héraclès,  p.  185, 1.  3;  tué  par  le 
berger  Caphauros  auquel  il  voulait 
enlever  ses  brebis,  p.  185,  1.  23-25. 

—  Notes  :  Ch.  I*',  v.  77.  Ch.  IV, 
V.  1464;  1485. 

CAPHAUKOS(Kâ9avpoc),  filsd'Am- 
phithémis  et  de  la  nymphe  Tritonis  ; 
tue  Canthos  qui  voulait  lui  enlever 
son  troupeau,  p.  185,  1.  28-34. — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  1485;  1494. 

Casambis  (r,  Kalpa(&pi;  axpiî),  pro- 
montoire de  Paphlagonie,  signalé 
aux  Argonautes  par  Phinée,  p.  61, 
I.  20;  tourné  par  les  héros,  p.  79, 
!•  33 1  au  retour  de  Colchide,  ils  ne 
doublent  pas  le  cap  Carambis,  p.  147, 
1.  30.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  361  ;  365  ; 
366;  943.  Ch.  IV,  v.  300. 

Car  PATHOS  (y)  KâpicaOoOi  île  d'où 
les  Argonautes  passent  en  Crète, 
p.  190,  1.  23. —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  1578;  1636. 

Caspienne  (KaeriRt)  x^'/Xoç)  [co^ 
quille  de  la  mer] ,  où  Médée  recueille 
le  suc  de  la  racine  de  Prométhée, 
p.  1 18,1.3.  —  Notes  :Ch. III,  V.  859. 
Ch.  IV,  V.  131;  320. 

Castos  (KâdTup),  Argonaute,  fils 
de  Léda,  p.  9,  1.  i;  lie  les  cestes 


autour  des  poignets  de  Pollux .  p.  5 1 , 
1.  29;  tue  un  Bébryce  qui  l'attaque, 
P*  53*  1*  5>  supplie  les  dieux  sur 
l'ordre  d'Argo,  p.  157,  1.  7  et  suiv. 
Voir  Pollux  et  Tyndarides  (les).  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  146;  152.  Ch.  IV, 
V.  653. 

Caucase  (o  KavxaaoO  [le] ,  mon- 
tagne  sur  les  flancs  de  laquelle  est 
né  le  serpent  qui  garde  la  toison, 
p.  88, 1.  1 1;  les  Argonautes  passent 
en  vue  du  Caucase,  p.  89,  1.  18;  ils 
ont  le  Caucase  à  leur  gauche  quand 
ils  entrent  dans  le  Phase,  p.  90, 1. 3  ; 
Astérodéia,  nymphe  du  Caucase, 
p.  99,  1.  4;  le  sang  de  Prométhée 
coule  sur  les  flancs  du  Caucase, 
P-  I  i7t  1-  32;  le  Caucase  neigeux, 
p.  129, 1.  15;  les  rochers  du  Caucase, 
p.  131,  1.  I.  —  Notes  :  Ch. II,  v.40; 
1210;  1248.  Ch.  UI,  V.  242.  Ch.  IV, 
V.  131. 

Caucasienne  (  t|  Kœuxokti'yj  aXç) 
[la  mer],  autre  nom  du  Pont,  p.  142, 
1.19. VoirPo»/(^/€;.— Notes:  Ch.IV, 
V.  131. 

Cauliacos  (6  KauXiaxolo  vxiite- 
Xo;)  [le  rocher],  près  duquel  l'Ister 
se  partage  en  deux  fleuves,  p.  148, 
1.  2 1 .  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  324. 

CÉCBOPiE  (t)  KexpomV,),  autre 
nom  d'Athènes,  patrie  de  l'Argo- 
naute Boutés,  p.  7,  I.  14;  patrie 
d'Oréithyia,  qui  en  est  enlevée  par 
Borée,  p.  i o,  1.  36.  —  Notes  :  Ch.  I", 
V.  95  ;  211. 

CéCKOPS  (tj  Kexpoicfri  Yaî«)  ['« 
terre  de],  l'Attique,  devant  laquelle 
les  Argonautes  passent  au  retour  de 
Colchide,  p.  195,  1.  ô.  —  Notes  : 
Ch.  I".  V.  95.  Ch.  IV,  V.  1779. 

Ce  ltbs  (o\  KtXxoi)  [les] ,  habitants 
des  pays  voisins  de  t'Eridan  et  du 
Rhodanos;  tradition  des  Celtes  au 
sujet  de  l'ambre  de  l'Eridan,  p.  157, 
1.  30;  les  lacs  qui  s'étendent  sur  le 
territoire  des  Celtes,  p.  158, 1.  22; 
les  Argonautes  passent  invisibles  au 
milieu  des  Celtes,  p.  158,  I.  34.  — 
Notes:  Ch.  IV,  v.  259;  616;  635; 
640;  646. 

Centaures  (ol  Klvtaupot)  [les]; 
lutte  des  Centaures  contre  les  Lapi- 
thes,  p.  5,  I.  26;  Caineus  disparaît 
sous  les  coups  des  Centaures,  p.  6, 
1.  10;  le  Centaure  Chiron,  p.  164, 


422 


INDEX 


1.  9.  Voir  Chiron,  —  Notes  :  Ch.  I*', 
V.  40;  59.^ 

Céos  (t)  Ké(<>;)i  une  des  Cyclades 
où  Aristée  s'établit,  p.  66, 1.16;  sacri- 
fices célébrés  à  Céos,  p.  66,  1.  23.  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  520;  522. 

CâPHEus  (ù^r.^eûO*  Argonaute 
venu  d'Arcadie,  p.  9, 1.  16  et  20.  — 
Notes:  Ch.  I",  v.  163. 

CÉKAUNIE  (yj  KepavjviT}  a>c)  [la  mer 
dé]t  voisine  des  monts  Cérauniens, 
p.  169, 1.1 5. —  Notes:  Ch.  IV,  v.  983. 

CiRAUNiENS  (ta  Ksoxjvia  oupea) 
[les  fnonis\i  origine  de  leur  nom, 
P-  i55i  1-  2i  ces  monts  aperçus  par 
les  Argonautes,  p.  156,  1.  27;  les 
Colchiens  établis  d'abord  parmi  les 
Phaiaciens  se  retirent  dans  les 
monts  Cérauniens,  p.    176,   1.  32. 

—  Notes:  Ch.IV,  v.5i3;989;  1215; 
1216;  122S. 

Cercyra  (Képxupa),  fille  d'Aso- 
pos,  enlevée  par  Poséidon,  p.  1 56, 
1.  18.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  540;  564. 

Cercyra  (f,  Kipxupa),  île  de  la 
mer  d'illyrie,  ainsi  nommée  de  Cer- 
cyra, fille  d'Asopos,  p.  156,  1.  17; 
Cercyra  surnommée  Mélaina  par  les 
matelots,  p.  15»,  1.  22.  —  Notes: 
Ch.  IV,  v.  540;  564. 

CÊRINTHOS  (tj  KTqpivOoç),  ville  de 
TEubée  d'où  vient  l'Argonaute  Can- 
thos,  p.  6,  1.  32. 

CÉROSSOS  (7;  Kspo>7(T6ç),  île  de  la 
mer  d'illyrie,  p.  1 56, 1. 24.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  564. 

Chadésiennes  (al  Xa"5r,<n2tO 
[/es],  une  des  tribus  d'Amazones  de 
la  plaine  Doiantienne,  p.  81,  1.  26. 

—  Notes  :  Ch.  II,  v.  995. 
Chalciopé    (Xa/.xioiry;),   fille 

d'Aiétès,  donnée  en  mariage  à 
Phrixos,  p.  86, 1.  16;  mère  d'Argos, 
de  Cytisoros,  de  Mêlas  et  de  Phron- 
tis,  p.  8"),  1.  18;  bâtiment  qu'elle 
occupe  dans  le  palais  d'Aiétès, 
p.  99,  1.  10;  son  «ntrevue  avec  ses 
fils,  p.  99,  1.  17  et  suiv.;  fureur 
d'Aiétès  contre  les  fils  de  Chalciopé, 
p.  103, 1.  I  ;  Chalciopé  se  retire  chez 
elle  avec  ses  fils,  p.  105,  1.  17; 
Aiétès  se  défie  des  fils  de  Chalciopé, 
p.  iio,  1.  15;  Chalciopé  pense  à 
provoquer  l'intervention  de  Médée, 
p.  iio,  1.  21;  Chalciopé  prévenue 
des   angoisses  de  Médée,   p.    11 2, 


1.  13;  discours  de  Médée  à  Chai" 
ciopé,  p.  112,  1.  36;  inquiétudes  de 
Chalciopé;  sa  réponse  à  sa  sœur, 
p.  1 12-1 13;  Chalciopé  annonce  à 
^es  fils  le  secours  que  Médée  leur 
portera,  p.  1 14,  1.  22  ;  les  fils  de 
Chalciopé,  p.  115, 1.  26;  Médée  dit 
à  ses  suivantes  que  Chalciopé  la 
circonvient,  p.  119,  1.  14;  Chal- 
ciopé interroge  Médée,  p.  127,  1.  7; 
adieux  de  Âfédée  à  Chaîciopé 
absente,  p.  139,  1.  6.  —  Notes: 
Ch.  I".  v.  3;  326.  Ch.  II,  V.  388; 
1 092  ;  1 149  ;  1 22 1 .  Ch.  III,  V.  775. 

Chalcodonion  (to  XaXxwoôvtov 
opoO  W^li  mont  voisin  de  Phëres, 
ville  d'Admète,  p.  5, 1.  36.  —  Notes  : 
Ch.  I",  v.  49. 

Chalybes(oI  XâXupeç)[/M],  peu- 
ple du  littoral  du  Pont  ;  Poljrphémos 
meurt  dans  leur  pays,  p.  46,  1.  1 5  ; 
p.  185,  l.  11;  les  travaux  des  Cha- 
lybes,  p.  61, 1. 33;  leur  vie  pénible, 
p.81,1.28.—  Notes:  Ch.I",v.i  177; 
i323.Ch.II,v.373;374;  1001;  1008; 
loio;  10 16;  1231. 

Charités  {iX  Xorpirsc)  [les};  le 
péplos  d'Hypsipylé,  œuvre  des  Cha- 
ntes, p.  151, 1.32.  —  Notes  :  Ch.P', 
V.  503. 

Charybde  (t|  Xâpvpôi;),  gouffre 
qui  se  trouve  sur  la  route  des  Argo- 
nautes, à  leur  retour  de  Colchide, 
p.  163, 1.  19  ;  Héra  demande  à  Thétis 
de  préserver  les  héros  de  Charybde, 
p.  164,  1.  22;  le  navire  Argo  passe 
devant  Charybde,  p.  167,  1.  24  et 
suiv.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  825  ;  922. 

Chbrsonèsb  (t)  Xep6vY2<Toc)  [/«}, 
presqu'île  de  Thrace  devant  laquelle 
les  Argonautes  passent  avant  d'en- 
trer dans  l'Hellespont,  p.  33, 1.  28. 
—  Notes  :  Ch.  I"',  v.  652  ;  922  ;  924  ; 

931. 

Chiek  (o  K*jo>v)  [la  constellation 

duj,  au  lever  de  laquelle  les  prêtres 
de  Céos  font  des  sacrifices,  p.  66, 
1.25. 

Chiron  (Xeîpwv),  Centaure,  con- 
seille à  Jason  d'appeler  Orphée  pour 
faire  partie  de  l'expédition,  p. 5, 1. 1 5  ; 
Chiron  fait  ses  adieux  aux  Argo- 
nautes, p.  21,  1.  33;  Aristée  élevé 
par  Chiron,  p.  65, 1.  4  ;  la  naissance 
de  Chiron,  fils  de  Cronos  et  de 
Phil3Ta,  p.  89,  1.  10;  Achille  élevé 


INDEX 


423 


parChiron,  p.  164,  1.  10.  —  Notes  : 
Ch.I«',v.  23;3i;93;  101;  554;  558. 
Ch.II,v.393;  500;  510;  1231;  1241. 
Ch.  IV,  V.  813;  816. 

Chttos  (à  XuToc XiiATQv)  [le port]; 
un  des  porta  des  Dolions  où  Argo 
s'arrôte,  p.  35,  1.  26;  le  port  Chytos 
obstrué  par  les  enfants  de  Gaia, 
P«35i  1-  30.  — Notes  :  Ch.I«',  v.954; 

965  ;  987.     , 

CiANiDB  (7)  Kiavtç  Yaîa)  [la  terre], 
voisine  de  reroboucnure  du  Cios, 
p. 4 1,1. 27.  —  Notes:  Ch. I",v.i  177. 

CiANiENS  (of  Kiavoi)  [/es],  peuple 
de  Mysie,  voisin  du  fleuve  Cios, 
p.47, 1.  15. 

CiOS  (à  Kio;)  [/e],  fleuve  de  Mysie, 
p.  41,  1.  28;  ville  fondée  par  Poly- 
phémos  à  l'embouchure  du  Cios, 
p.  46,  1.  14.  —  Notes:  Ch.  I", 
V.  1177;  1323. 

Cios  (t)  Ktoc),  ville  de  Mysie, 
p.  74, 1. 9.  —  Notes  :  Ch.  I*',  v.  1 1 77; 
1289;  1323. 

CiKCAiSNKE  (tb  Kipxaîov  iceSiov) 
[la  plaine],  en  Colchide,  traversée 
par  le  Phase,  p.  62,  1.  25;  p.  97, 
1.  31.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  399. 
Ch.  III,  V.  200. 

Ciscé(Kîpxrt),  fille  d'Hélios,  sœur 
d*Aiétès,  conduite  par  son  père  au 
rivag^e  du  continent  Tyrrhénien, 
p.  ICI,  1.  10;  Zeus  décide  que 
Jason  et  Médée  doivent  être  purifiés 
par  Circé,  p.  1 56, 1.  lo ;  p.  1 57, 1.  5  ; 
les  Argonautes  se  dirigent  vers  la 
mer  d' Ausonie  où  ils  doivent  trouver 
Circé,  p.  1 57, 1. 8  ;  ils  trouvent  Circé, 
p.  159, 1*  18;  monstres  qui  suivent 
Circé,  p.  160,  1.  5;  Taspect  et  les 
yeux  de  Circé,  p.  160, 1.  7;  les  héros 
ne  s*inquiëtent  pas  de  Circé,  p.  160, 
1. 13;  Jason  et  Médée  suivent  Circé, 
p.  160,  1.  15;  Circé  comprend  qu'un 
malheur  les  exile,  p.  160, 1.  23;  rien 
ne  reste  caché  à  l'esprit  de  Circé, 
p.  16 1 , 1.  33;  Jason  et  Médée  quittent 
la  demeure  de  Circé,  p.  162,1.  16.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  3.  Ch.  II,  v.  399; 
1221.  Ch.  III,v.2oo;242;3i  i;353; 
876;  1074.  Ch.  IV,  V.  52;  591;  656; 
661;  662;  683;  703;  704;  705;  7»»; 
825;  850;  901;  1007. 

Clabos  (t)  KXâpo;),  ville  d'Ionie, 
consacrée  à  Apollon,  p.  13,  1.  33. 
—  Notes  :  Ch.  I",  v.  308. 


ClÉiopâTRÉ  (KXEiouoTpr,),  sœur 
des  Boréades  et  femme  de  Phinée, 
P-  57. 1. 1 8.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  140; 
178. 

Clbité  (KXeCtTi),  fille  de  Mérops, 
femme  de  Cyzicos,  p.  35,  1.  12;  sa 
mort,  p.  38,  1.  6.  —  Notes  :  Ch.  I*', 
V.  975;  1063. 

Cleité  (^  KXsfTY)  xpi^vY)),  source 
formée  des  larmes  répandues  par 
les  Nymphes  à  la  mort  de  Cleité, 
p.38,1.1 1.  — Notes:  Ch.I", v.1068. 

Clyméné  (KXu{&£vt)),  fille  de 
Minyas  et  mère  d'Alcimédé,  la  mère 
de  Jason,  p.  ii,  1.  19. —  Notes: 
Ch.  I",  V,  230. 

Clytios  (KXutioç).  Argonaute, 
fils  d'Eury  tos,  p.  7,1.3;  tue  le  Dolion 
Hyacinthos,  p.  37,  1.  22;  tue  le 
Bébryce  Arétos,  p.  53, 1.  20;  frappe 
d'une  flèche  l'oiseau  d'Ares,  p.  83, 
1.  2.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  86;  735. 
Ch.  II,  V.  105. 

Clytonéos  (KXutAvtjoç)»  fil»  de 
Naubolos  et  père  de  l'Argonaute 
Nauplios,  p.  8,  1.  30.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  134. 

Cnosse  (tj  Kv(i><T(r60i  Heu  de  Crète 
d'où  Thésée  se  fit  suivre  par  Ariane, 
p.  152,  1.  7. 

CoiOGÈNE  (KoioYéveia),  Létô,  fille 
de  Coios,  p.  72,  1.  21. —  Notes: 
Ch.  II,  V.  710. 

Colchide  (t|  KoX*xfO  [la],  pays 
du  Pont,  p.  9,  1.  30;  Aia,  ville  de 
Colchide,  p.  63,  1.  8;  un  navire  de 
Colchide,  p.  84,  1.  26;  les  peuples 
de  Colchide,  p.  88, 1.  28;  la  terre  de 
Colchide,  p.  90,  1.  14;  p-9i,  1.  2; 
p.  toi,  1. 13;  les  nations  de  Colchide, 
p.  138,  1.  8;  la  terre  de  Colchide, 
p.  139, 1.  8;  p.  142, 1.  16.  —  Notes: 
Ch.  I",  V.  3  ;  85  ;  226;  258;  305  ;  609; 
1177.  Ch.  II,  V.  178;  399;  404;  417; 
854  ;  965  ;  1231-  Ch.  III,  V.  2on  ;  775  ; 
1074;  1220;  1372.  Ch.  IV,  V.  119; 
i3';259;277;  284;3i7;  1217;  1758. 

COLCHIENNE  (RoX/î;).  Médée, 
p- 138, 1.3;  p.  160, 1.  14.  Voit  Médée. 

COLCHIENNES  (al  KoXxi^c;)  [les], 
p.  I  16,  1.  8. 

COLCHIENS  (oî  KAXyoi)  [les],  peu- 
ple du  Pont;  le  pays  des  Colchiens, 
p.  7,  1.  i;  le  roi  des  Colchiens,  p.  9, 
1. 3 1  ;  les  belliqueux  Colchiens,  p.  62, 
1.  21;  les  peuples  sans  nombre  des 


424 


INDEX 


Colchiens,  p.  88r  1.6;  lesÂrgonau* 
tes  s'embusquent  dans  les  marais  du 
Phase,  sans  être  vus  des  Colchiens, 
p.  91, 1.  8;  les  funérailles  chez  les 
Colchiens,  p.  97,  1.  34;  le  peuple 
innombrable  des  Colchiens,  p.  98, 
1.  8;  les  hommes  Colchiens,  p.  102, 
1.  7;  rassemblée  des  Colchiens, 
p.  I  (>9,  1.  1 5  ;  les  confins  de  la  terre 
où  Ton  ne  connaît  pas  le  nom  des 
Colchiens,  p.  1 12,  1.  28;  Aiétés,  roi 
des  Colchiens,  p.  130,  1.  2;  la  foule 
des  Colchiens,  p.  130, 1.  36;  cris  des 
Colchiens,  en  voyant  Jason  vain- 
queur des  gréants,  p.  1 34, 1.  2  ;  retour 
des  Colchiens  à  la  ville,  p.  135, 
1.  8;  les  Colchiens  connaissent 
la  passion  de  Médée,  p.  144,  1.  35; 
les  Colchiens  poursuivent  Médée, 
P>  i45t  !•  7\  les  Colchiens  prennent 
la  mer,  p.  145,  1.  26;  ils  sortent  du 
Pont.  p.  147,  1.  33;  ils  entrent  dans 
rister,  p.  14H,  1.  11;  ils  côtoient  le 
mont  Angouros,  p.  148,  1.  2  >;  ils 
n'osent  p<ts  pénétrer  dans  les  îles 
d*Artémis,  p.  148,  1.  32;  Jason  veut 
combattre  contre  eux,  p.  151, 1.  in- 
12;  Médée  Ten  détourne,  p.  151, 
1.  21-27;  Ic^  Colchiens  abordent  en 
divers  endroits,  p.  152, 1.  31  ;  l'équi- 
pag^e  des  Colchiens  massacré  par 
les  Argonautes,  p.  153, 1.  33;  aucun 
des  Colchiens  n'évite  la  mort,  p.  1 54. 
1.  i;  les  Colchiens  à  la  recherche 
d'Argo,  p.  154,  1.  24;  îles  occupées 
par  les  Colchiens,  p.  156,  1.  16; 
Médée  parle  à  Circé  dans  la  langue 
des  Colchiens,  p.  161,  1.  26;  une 
expédition  de  Colchiens  arrive  vers 
l'île  des  Phaiaciens,  p.  170,  1.  2; 
Médée  supplie  Arété  de  ne  pas  la 
laisser  livrer  aux  Colchiens,  p.  170, 
1.  17;  la  lutte  que  les  Argonautes 
auraient  engagée  avec  tous  les  Col- 
chiens, p.  171,1.23;  Arété  demande 
à  Alcinoos  de  ne  pas  livrer  Médée 
aux  Colchiens,  p.  172,1.  i3etsuiv.; 
réponse  d'Alcinoos  au  sujet  de  la 
demande  des  Colchiens,  p.  173, 1.8  et 
suiv.;  les  Colchiens  dans  l'île  d'Alci- 
noos, p.  175,  1.  25;  ils  demandent 
d'y  être  reçus  en  alliés,  p.  1 76, 1.  22 
et  suiv.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  85  ; 
1289.  Ch.  II,  v.  399.  Ch.  III,  V.  343; 
353;  570;  1093;  1220.  Ch.  IV,  V.86; 
277;  289;  303;  317;  408;  417;  517; 


519;  1002;  10C7; 1 153; 1212; 12 15; 
1216. 

COLONÉ  (6  KoXeîivi);  vxôicsXo;)  [le 
rocher  de],  en  Bithynie,  dépaaaê 
par  les  Argonautes,  p.  70,  1.  25; 
limite  des  conquêtes  de  Dascylos, 
p.  74, 1. 35.  —  Notes  ;  Ch.  II,  v.  650  ; 

789. 

CoM&T&s  (Ko|ir,Tr,Ot  habitant  de 
Peirésies,  père  d*Astérion,  p.  5, 
1.    18  et  suiv.  —  Notes  :   Ch.    I'', 

V.35;  176. 

Concorde  (tq  '0|iôvoia)  [la], 
déesse  à  laquelle  les  Argonautes 
élèvent  un  temple,  p.  72,  1.  32. 

CoKÉ  (Kovpn),  surnom  de  Persé- 
phoné,  fille  unique  de  Déméter, 
p.  117,  1.  26.  Voir  Perséphoné. 
—  Notes  :  Ch.  III,  v.  847. 

COKONis(Kopcdv:;).  Nymphe,  mère 
d*  Asclépios,  p.  1 58,  1.  1 .  —  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  616. 

COKONOS  (Kopcdva;),  Argonaute, 
fils  de  Caineus,  p.  6,  1.7.  —  Notes  : 
Ch.  P%  v.  57. 

CoRTCiE  (to  Kwpuxlov  avTpov) 
[la  caverne  de],  en  Cilicie,  aux 
environs  de  laquelle  on  trouvait  un 
safran  célèbre,  p.  117,  1.  34. — 
Notes  :  Ch.  lïl,  v.  855. 

COSYCIENNES    (st     KoiprSxiXl 

Nuji^ai)  [les  Nymphes],  habitantes 
de  la  caverne  de  Corycie,  dans  le 
mont  Parnasse,  p.  72, 1.  23. —  Notes  : 
Ch.  II,  v.  71 1. 

CouRÈTEs  Idâibns  (ol  Koupri*^; 
'ISatot)  [les],  divinités  de  la  Crète 
qui  éle\èrent  Zeus,  p.  89,  I.  2. — 
Notes  :  Ch.  III,  v.  133.  Ch.  IV, 
V.  540. 

CouRÈTES^/«  j^ays  des)[ri  Koupr^ti; 
^6(ov],  l'Acarnanie,  d'abord  habitée 
par  les  Courètes,  p.  177,  1.  15.  — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  1229. 

Crataïs  (KpaTau;),  surnom  de 
Scylla,  p.  164,  1.  26.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  826. 

Crète  rf,  Kp  -.xn)  [pie  de]  ;  île  de 
Minos,  p.  59, 1.  19;  Tantre  de  Crète 
où  Zeus  a  été  nourri  (to  Kprjatov 
avrpov),  p.  89,  1.  3;  l'île  de  Crète, 
p.  188,  1.  26;  les  Argonautes  se 
dirigent  vers  cette  île,  p.  190, 1.  24; 
le  géant  Talos,  gardien  de  l'île  de 
Oète,  p.  190, 1. 32  ;  il  les  écarte  de  la 
Crète,  p.  191 , 1.  5  ;  les  héros  peuvent 


INDEX 


425 


passer  la  nuit  en  Crète,  p.  192, 1. 12  ; 
la  vaste  mer  de  Crète  (xb  Kpr,Taîov 
XxlTp.ai),  p.  192,  1.  16. —  Notes: 
Ch.  l",v.  176;  368;  509;  623;  645; 
I  i3i.Ch.II,v.299;5oo;5i6.Ch.UI, 
V.  133;  876;  1003.  Ch.  IV,  V.  175; 
1492;  1564;  1578;  1638;  1640;  1644; 
1691;  1693;  1711;  1758;  17S1. 

Créthéioe  (KpY)Oei'â/ic),  Aison, 
fils  de  Crétheus,  p.  102,  1.  25. 

Crétubus  (Kpv)Oeû;),  frère  d' Atha- 
mas,  père  d' Aison  et  g^rand-père  de 
Jason,  p.  86,  1.  30  et  31;  Crétheus 
fils  d'Aiolos,  p.  102,  1.  26  et  27.  — 
Notes:  Ch.I«',  v.  3;  i3;45;49;  1 18. 
Ch.  II,  V.  514;  1162. 

Cretois  (ol  AdixTu^oi  'Halot 
Kpyitstsec)  [les  Dactyles  Idaiens], 
p.  40,  1.  4. 

Crobialos  (t)  Kpco^taXoOt  ville 
de  Paphlagonie,  p.  79,  1.  31.  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  942. 

Cromna  (y)  Kpfi>|xva),  ville  de 
Paphlag^onie,  p.  79, 1. 3 1 .  —  Notes  : 
Ch.  II,  V.  941;  942. 

Cronide  (Kpov{S/}Ot  Zeus,  fils  de 
Cronos,  p.  39,  1.  9,  etc.  Voir  Zeus. 

—  Notes:  Ch.  I",  v.  471.  Ch.  IV, 
V.  892. 

Cronos  (KpôvoOi  dieu,  fils  d'Ou- 
ranos  et  père  de  Zeus;  enlève  la 
souveraineté  de  TOlympe  à  Ophion, 
p.  20,  1.  12;  Zeus  fils  de  Cronos, 
p.  66, 1.  20;  Cronos  s'unit  à  Philyra, 
p*  89, 1.  3;  surpris  par  Rhéa,  p.  89, 
1. 5  ;  mutile  son  père  Ouranos,  p.  169, 
1. 19.  —  Notes  :  Ch.  I*',  v.  554.  Ch.II, 
V.  1231;  1238;  124t.  Ch.  III,  v.  i; 
26.  Ch.  IV,  v.  324;  540, 

Cronos  (ti  Kpovi'rj  aXO  [la  mer  de], 
nom  de  la  mer  Adriatique  ;  les  Col- 
chiens  pénètrent  avant  les  Argo- 
nautes dans  la  mer  de  Cronos,  p.  1 48, 
I.  25  ;  ils  cherchent  le  navire  Argo 
dans  toute  la  mer  de  Cronos,  p.  1 54, 
1.  25  ;  Hyllos  s*embarque  sur  la  mer 
de  Cronos,  p.  155,  1.  31.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  v.  324  ;  983. 

Ctiméné  (^  Kti|jlIvt)),  ville  des 
Dolopea,  voisine  .  du  lac  Xynias, 
p.  6,  1.  20.  —  Notes  :  Ch.  ï*',  v.  67. 

Ctiménos  (KTipiEvo;),  père  de 
TArgonaute  Eurydamas,  p.  6,  1.  19. 

—  Notes  :  Ch.  I",  v.  67. 
Cyanéss  (oLi  Kudtveai  icéxpaO  [les 

roches],  ou  Symplégades,  à  rentrée 


du  Pont-Euxin,  p.  4, 1.  6;  signalées 
aux  Argonautes  par  Phinée,  p.  60, 
1.  6;  franchies  par  le  navire  Argo, 
p.  68,  1.  31  et  huiv.;  p.  70,  1.  19; 
p.  74,1.  14;  p.  78, 1.  8;  les  Colchiens 
sortent  du  Pont  en  passant  entre  les 
roches  Cyanées,  p.  1 47, 1. 35  ;  p.  1 70, 
1.  3.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  3.  Ch.  li, 
v.i77;3»8.  Ch.  IV,v.289;3o3;786; 
1002. 

Cyclopes  (ol  KOxXwite:)  [les], 
nés  de  la  terre,  font  la  foudre  pour 
2eus,  p.  20,  1.  17;  représentés  sur 
le  manteau  de  Jason,  p.  27,  1.  20. 

—  Notes  :  Ch.  I",  v.  510;  730;  7  3. 
Ch.  IV,  v.  616;  1091. 

CvLLéNOS  (KûXX/)voc),  l'un  des 
Dactyles  Cretois  de  Tlda,  p.  40, 
1.  2.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  1 126. 

Cypris  (K'JTcpi;),  un  des  noms 
d'Aphrodite  ;  irritée  contre  les  fem- 
mes de  Lemnos,  p.  23, 1.  31;  repré- 
sentée sur  le  manteau  de  Jason, 
p.  27,  1.  35  ;  met  une  passion  crimi- 
nelle dans  l'âme  des  hommes  de 
Lemnos,  p.  29,  1.  32  ;  inspire  aux 
femmes  de  Lemnos  une  passion 
pour  les  Argonautes,  p.  31,  1.  15; 
sacrifices  à  Lemnos  en  l'honneur  de 
Cypris,  p.  31,  1.25;  Cypris  frappe 
le  cœur  d'une  Nymphe,  p.  43, 1.  16; 
Phinée  recommande  aux  héros  de 
se  ménager  le  secours  de  Cypris, 
p.  63,  1.  15;  Erato  partage  la  desti- 
née de  Cypris,  p.  91,  1.  5;  visite 
d'Héra  et  d'Athéné  chez  Cypris, 
p.  92,  1.  21  et  suiv.;  conversation 
des  déesses,  p.  94;  Cypris  à  la 
recherche  d'Eros,  p.  95;  Jason  se 
ménage,  malgré  Idas,  le  secours  de 
Cypris,  p.  108, 1.  22  et  suiv.;  il  va 
trouver  Médée,  confiant  dans  l'aide 
de  Cypris,  p.  120,  1.  17  et  suiv.; 
Cypris  sauve  Boutés,  p.  167, 1.  16. 

—  Notes:  Ch.  III,  v.  43;  52;  79; 
540.  Ch.  IV,  v.  914. 

Cyrène  (K'jpvn)f  enlevée  par 
Apollon,  p.  65,  I.  28;  elle  est  mère 
d'Aristée,  et  le  dieu  fait  d'elle  une 
nymphe  de  Libye,  p.  66,  1.  i.  — 
Notes  :  Ch.II,  v.  500.  Ch.IV,  v.  1 56 1 . 

Cytaien  (KuTaiev;  ou  Kuxxîoc). 
épithète  d'Aiétès,  p.  62, 1.  28;  p.  84, 
1.  2$;  p.  98, 1.  25.  Voir  Aiélès, 

Cytaien  NE  (^  Kuxaù;  yoila)  [la 
terre],  la  Colchid«î,  p.  154,  1.  27; 


54 


426 


INDEX 


la  ville  Cytaienne  d*Aia  (tJ  K'jtsCi; 

«T^Atc  AtV')>  p.  90. 1-  4- 

Cytais  (r|  K'Jtsuc  t.icîtpoc)  [le 
territoire  de]^  la  Colchide,  p.  62, 
1.  24.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  399. 

Cythi&réia  (K'jOipeta)t  un  des 
noms  d'Aphrodite;  p.  27,  1.  35,  etc. 
Voir  CyPris.  —  Notes  :  Ch.IIi,  v.  i. 

Cytisosos  (K'jxifitùpoç)^  Tun  des 
fils  de  Phrixos,  p.  86, 1. 23.  —  Notes  : 
Ch.  II,  V.  1092. 

Cytokos  (ô  Kv'.copoç),  montagne 
de  Paphlagonie,p.79,1.32. — Notes  : 
Ch.  Il,  V.  941;  943. 

Cyzicos(Kû;ixi>:),  roi  des  Dotions, 
au  d'Aineus  et  d' Ainété,  p.  34, 1. 1 8  ; 
vient  à  la  rencontre  des  Argonautes, 
p.  34,  1.31;  tué  par  les  Argonautes, 
P*  37*  1*  15  et  suiv.;  Cleité,  femme 
de  Cyzicos,  se  tue,  p.  38,  1.  6. — 
Notes  :  Ch.I'S  v.949;  975  ;  997;  1037; 
1040;  1061;  it63. 

Cyzique  (t|  K'jCixoc),  ville  des 
Dolions,  p.  38,  1.  19;  la  dolionienne 
Cyzique,p.74, 1.9. —  Notes  :  Gh.I*% 
V.  936;  961;  966;  997;  1024;  1037. 
Ch.  II,  V.  98. 

Dactyles  (ol  Aâxrj).ot  *Hxtot 
Kpr,Taile;)  [/«s],  nés  de  la  nymphe 
Anchi.ilé,  p.  40,  1.  4.  Voir  Ida.  ^- 
Notes  :  Ch.  I",  v.  i  126;  1 129;  1 141. 
Ch.  II,  V.  758;  783. 

Danaé  (Aavo(V))i  victime  de  la  folle 
méchanceté  de  son  père,  p.  1 72, 1. 36. 
—  Notes:  Ch.  IV,  v.  1091;   1513»* 

1515- 
Danaens  (ol  AavQioO  f/«s],  l'un 

des  noms  des  habitants  de  l'Hellade, 

p.  1 46, 1. 22.  —  Notes  :  Ch.I V,  v.  262; 

*533. 
Dan  AIDE  (Aotvaî:).  Amymoné,  fille 

de   Danaos  et  mère    de    Nauplios 

l'ancien,  p.  8,  1.  22. 

Danaos  (Aavaô;),  père  d'Amy- 
moné  et  ancctrc  de  Nauplios  le 
jeune,  Argonaute,  p.  8,  1.  19.  — 
Notes:  Ch.  !•',  V.  4;  125;  134;  230; 
668;  1207.  Ch.  III,  v.  1  178. 

Dardanie  (t)  AotpcaviV,),  ville  de 
la  Troade  devant  laquelle  les  Argo* 
nautes  passent  sans  y  aborder,  p.  33, 
1.  34.—  Notes  :  Ch.  I",  v,  931. 

Dascvlos  (Aâaxvyoç),  père  de 
Lycos,  roi  des  Mariandyniens,  reçoit 
H;!:raclc8  dans  son  palais,  p.  74, 1. 2 1 . 


Dasctlos  (Aâ<7x*jXoc),  fils  de  Ly 
cos,  roi  des  Mariandyniens,  donné 
par  son  père  comme  compagnon  aux 
Argonautes,  p.  75, 1.  14;  au  retour 
de  Colchide,  les  Argonautes  le 
laissent  en  Paphlagonie,  p.  147, 
1.  27.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  724. 

Deiléon  (Ar,r/.é<i>v),  un  des  fils  de 
Deimachos,  p.  80,  I.  1 1.  Voir  Dei- 
machos.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  955. 

Deimachos  (Xr,i\LOLxoç),  deXricca, 
en  Thessalie,  établi  avec  ses  trois 
fils  Autolycos,  Deiiéon  et  Phlogios, 
en  Assyrie,  auprès  du  fleuve  Halys; 
ils  s'embarquent  tous  les  quatre 
avec  les  Argonautes,  p.  80,  1.  1 1  et 
suiv.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  935. 

Dé  LOS  (y)  ArjXoç),  tle  consacrée  i 
Apollon,  p.  13,  1.  33.  —  Notes: 
Ch.  I",  V.  308;  419;  1131;  1300. 
Ch.  II,  v.  123.  Ch.  IV,  V.  1763. 

Delphes  Pythienne  (t;  UuOû), 
P-i3»1.33«  —  Notes  :  Ch.  I",  v.207; 
308.  Ch.  II,  v.  675;  706;  71 1. 

Delphynâ  (t|  AeXçûvTi),  serpent 
monstrueux  tué  par  Apollon,  p.  72, 
1.  18.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  706. 

DÉMÉTER  (Av]<d);  la  semence  de 
Déméter,  p.  104,  1.  14;  la  fille  de 
Déméter  (voir  Perséphoné}^  p.  166, 
].  29;  Déméter  déesse  de  la  terre, 
p.  169, 1.  2 1  ;  Déméter  enseigne  aux 
Titans  à  faire  la  moisson,  p.  169, 
1.  22.  —  Notes:  Ch.  I*', v. 9i6;9i7. 
Ch.  II,  V.  722.  Ch.  III,  V.  467;  847; 
8Ô1.  Ch.  IV,  v.  540;  869;  1726. 

Deucalion  (AE*jxa>.tci)v),  fils  de 
Proniéthée,  est  le  premier  qui  ait 
bâti  des  villes  et  élevé  des  temples, 
p.  125,  1.  4;  les  descendants  de 
Deucalion  (ol  Asvxa).idat),  habitants 
de  la  terre  Pélasgienne,  p.  146, 
1.  27.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  71 1 ,  1 147. 
Ch.III,v.ic85;  1086;  1090.  Ch. IV, 
V.  266;  778. 

DiA  (vj  AÎT^),  ancien  nom  de  Naxos, 
tle  où  les  Charités  ont  fait  un  péplos 
pour  Dionysos,  p.  151,  1.  33;  où 
Thésée  abandonna  Ariane,  p.  152, 
1.  8.  ~,Notes  :  .Ch.  II,  v.  1092. 
Ch.  III,*v.  1003.  Ch.  IV,  v.  425. 

Dicté  (to  AtxTaîov  trizioç)  [l^antre 
du],  où  Zeus  fut  élevé,  p.  20, 1. 17; 
caverne  du  mont  Dicté  où  sont  nés 
les  Dactyles  Cretois,  p.  40, 1.  6;  les 
Harpyes,  poursuivies  par  les  Boréa- 


INDEX 


427 


des,  s'enfoncent  dana  l'antre  da 
mont  Dicté,  p.  63,  1.  27;  le  port  de 
Dicté  fc'est^-dire  ttn  port  de 
Crète),  p.  190,  1.  39. — Notes: 
Ch.  I",  V.  509.  Ch.  IV,  V.  1640. 

Dieu  des  rivages  ("AxtioOi  «ur- 
nom  d* Apollon,  p.  16,  1.  36.  Voir 
Apollon, 

Dieu  qui  lance  les  traits 
(*Exy}fiiXo«  ou  "ËxQiToc),  surnom 
d'Apollon,  p.  7,  1.  4;  p.  17,  I.  19; 
p.34, 1.  28;  p.66, 1.  13;  p.  194,  1.5. 
Voir  Apollon. 

Dieu  qui  préside  aux  débar- 
quements CExpdtaioç),  surnom 
d'Apollon,  p.  35,  1.  1;  p.  42,  1.  I. 
Voir  Apollon. 

Dieu  qui  protège  les  embar- 
QURMENiS  ('£)i.^d(9io;),  sumom 
d'Apollon,  p.  17, 1. 1 .  Voir  Apollon. 

Dindtmos  (to  A{v$v(&ov  ^poc) 
f/e  mont]^  en  Phry^ie;  les  Argo- 
nautes le  gravissent,  p.  35,  1.  23; 
Jason  va  y  faire  un  sacrifice  à  Rhéa, 
la  mère  du  Dindymos  (y|  Mr|Tr,p 
Aiv^u|xt7,),  p.  38,  1.  36  et  suiv.  ;  une 
source  coule  du  sommet  du  Din- 
dymos, p.  40, 1. 25.  —  Notes  :  Ch.I", 
v.  941;  1125. 

Dionysos  (At6&*/v<7o;),  père  de 
l'Argonaute  Phlias,  p.  8, 1.  1;  Dio- 
nysos à  Dia,  p.  151,  1.  33;  l'île 
Macris,  nourricière  de  Dionysos, 
p.  1 55, 1. 2D.  —  Notes  :  Ch.I*',  v.  i  o  i  ; 
115;  162;  636;  917;  932.  Ch.  II, 
V.  514;  904.  Ch.  III,  V.  861;  1003. 
Ch.  IV,  V.  432;  433;  540;  1134; 
1138;  1212. 

D1PSACOS  (Ai]/ax6ç),  fils  d'une 
nymphe,  reçoit  Phiixos  dans  sa 
demeure,  p.  70,  1.  27  et  suiv. — 
Notes  :  Ch.  II,  V.  653. 

DODONB  (T)  Acii^v\<  çnr^ç)  [le 
chêne  de\t  dont  Athéné  a  adapté 
une  poutre  à  l'étrave  du  navire 
Argo,  p.  21,  1.  4;  p.  157,  1.  I.-— 
Notes:  Ch.  I",  v.  526. 

DOIANTIEMNB  (TOAOKXVTtOV  IClSlOv) 

[la  plaine],  voisine  du  Thermodon, 
où  les  Amazones  ont  leur  demeure, 
p. 8 1,1. 13.  —  Notes:  Ch.II,v.373; 
988. 

DoiAS(Aoia;)  ;  la  plaine  de  Doias, 
p.  61,  1.  32.  Voir  Doiantienne  (la 
plaine).  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  373. 

DoLiONiENNE(AoXiov{r^,épithète  1 


de  Cyzique,  p.  74,  1.  9.  Voir  Cy- 
gique. 

Do  LIONS  (ol  AoXiovEç)  [les],  habi- 
tants de  Cyzique,  p-  34i  !•  17;  issus 
de  Poséidon  à  l'origine,  p.  34,  1. 2 1  ; 
dispositions  amicales  des  Dolions 
pour  les  Argonautes,  p.  34,  1.  31; 
retour  des  Argonautes  chez  les  Do- 
lions,  p.  36,  1.  29  et  suiv.;  combat 
de  nuit  entre  les  Argonautes  et  les 
Dolions,  p.  37-38;  douleur  des 
femmes  des  Dolions  et  des  hommes, 
p. 38, 1.13.  —  Notes  :  Ch.  I",  v. 943  ; 
947;  961;  965;  1024;  1037. 

DOLOPES  ifAs6Xo'Ktç)[les].  peuple 
de  Thessalie;  Ctiméné,  ville  des 
Dolopes  (Ao).oicrji;),  p.  6,  1.  20.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  67;  585. 

DOLOPS  (AôXo'V)*  héros;  le  tom- 
beau de  Dolopa  (4  Ao>.o7cr,ioCTÛ(ifioOi 
p.  22, 1. 33.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  585. 

Dr É PANÉ  (t)  ApeiccKvr,),  !le  de  la 
mer  de  Céraunie;  pourquoi  l'ile 
Macris  a  reçu  le  nom  de  Drépané, 
p.  169, 1.^5;  les  Argonautes  quittent 
Drépané,  après  y  fttre  restés  sept 
jours,  p.  1 77i  1-  7.  —  Notes  :  Ch.  IV, 
V.  540;  9^4;  990. 

Dryopes  (ol  Apvone;)  [les],  peu- 
ple impie  chez  qui  Héraclès  a  porté 
la  guerre,  p.  42,  1.  32  e{  suiv.  — 
Notes:  Ch.  i*',  v.  1207. 

Dyscélados  (t)  Au(rx£Xado;), 
l'une  des  îles  Liburniennes,  p.  1 56, 
1.  16.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  564. 

ECHÉTOS  CEx^xoç),  personnage 
barbare  qui  creva  les  yeux  de  si 
fille,  p.  173, 1.  2.—  Notes  :  Ch.  IV, 
V.  1093. 

EcHiNADES  (al  *Ext'*2lî«)  [''*]• 
petites  îles  à  l'embouchure  de 
l'Achéloos,  p.  177,  1.  16.  —  Notes: 
Ch.  I*',  V.  748.  Ch.  lï,  V.'  299. 
Ch.  IV,  V.  1230. 

ECHION  ('Ext<ov),  Argonaute, 
frère  d'Erytos  et  fils  d'Hermès, 
p.  6,  1.  2.  —  Notes  :  Ch.  V",  v.  54. 

EÉRiA  (?)  'llEpîr,)  [/'],  nom  ancien 
de  l'Egypte,  p.  146,  1.  28  et  31. Voir 
Egypte  r/';.  — Notes:  Ch.  IV, 
V  •  267  '  280 

Egée  (^Alyociti  âU  et  o  Atyalo; 
itivTo;)  [la  mer],  p.  30,  1.  30;  la 
mer  Egée,  demeure  de  Nérée, 
p.    162,    1.   36.— Notes:  Ch.  I'% 


( 


428 


INDEX 


V.  583;  623;  831;  916;  1165.  Ch.  U, 
V.  271.  Gh.  IV,  V.  772. 

Egypte  (r^  AryjicToc)  f/'];  élojgrc 
de  l'Egypte,  p.  146,  1.  28  et  suiv. 
—  Notea  :  Ch.  I*' ,  v.  580.  Ch.  II, 
V.  1210;  1248.  Ch.  IV,  V.  262; 
267;  269;  272;  289;  1134. 

ËIDYIA  (btd'jia),  la  plus  jeane  des 
filles  de  Téthys  et  d'Océanos,  femme 
d'Aiétèâ,  p.  99,  1.  5;  elle  sort  du 
palais,  p.  99,1.  34.  —  Notes  :  Ch.  II, 
V.  1221.  Ch.  IV,  V.  323. 

EiLATiDE  (tUatio/j;),  Polyphé- 
mo8,  hlsd*£latos,  p.  5, 1. 23,  etc.  Voir 
Polyphèmos.  —  Notes  :  Ch.  I«', 
V.  1240;  1248.  Ch.  IV,  V.  1470. 

EiLÊiTHYiA  (El>.etOuia),  déesse 
des  accouchements,  p.  13,  1.  11.  — 
Notes  :  Ch.  P  ,  v.  289. 

Elaré  ('EXoîpn),  mère  dcTityos, 
p. 28, 1.21.—  Notes:  Ch.I", v.761. 

ELKCTRA('Il)iéxTpa),fiUe  d'Atlas, 
reine  de  Tile  de  Samothrace,  p.  33* 
1. 19.  —  Notes  :  Ch.  P%  v.916;  917. 

ELECTRlDES(ail  'HXextpt^ec  vr.aoi) 
[les  Ues]^  voisines  de  l'embouchure 
de  TEridan,  p.  154,  1.  22.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  481;  551. 

Electris  (t|  'IIXexTpi;  vt,<toç) 
[Vile],  celle  qui  est  la  plus  voisine 
de  l'Ehdan,  p.  15^,  1.  21;  le  vent 
ramène  lia  Argonautes  vers  l'île 
Electris,  p.  1 56,  1.  32.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  v.  481. 

Electryon  ClIXexTpucdv)  ;  le 
combat  des  tils  d' Electryon  avec 
les  Télébocns,  représenté  sur  le 
manteau  de  Jason,  p.  28,  1.  4. 

Eli  DE  (ol  'H>.£ioi  âvSpeç)  [les 
hommes  de  /'],  qui  ont  Augéiès 
pour  roi,  p.  9,  1.  30.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  645.  Ch.  IV,  v.  58 ;  1212; 
1229. 

Elyséenne  (to  *HX'j<jiov  ttsôiov) 
[la  plaine],  p.  164,  1.  8. 

Enchéliens  (ol  'EyxsXie;)  [les], 
peuple  d'Illyrie  chez  lequel  s'établit 
une  partie  des  Colchiens  envoyés  à 
la  poursuite  des  Argonautes,  p.  155, 
l.  1 .  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  517. 

Endymion  ('Evôv|xûov),  pour  qui 
la  Lune  se  consume  d*amour,  p.  140, 
1.  2. —  Notes:  Ch.  IV,  v.  58;  66; 
263;  1229. 

Enétéien  (*Ev£Ty,ioc)»  épithètc 
de    Pélops,    le    premier    roi    des 


Paphlagoniens,  p.  61,  1.  16.  Voir 
Pélops,  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  359. 

Enipbus  (ô  'Evticrk)  [/']*  f)euve 
qui  se  joint  à  l'Apidanos,  p.  5, 1. 21. 
—  Notes  :  Ch.  I-',  v.  35;  36.  Ch.IU, 
v.  108s. 

Enyalios  (*ErjalXioOt  surnom 
d'Ares,  p.  108,  1.  33;  p.  133,  1.  34. 
Voir  ^rés.  L'i.e  d'Enyalios,  p.  loi, 
1.  24.  WoiTArélias(nieJ,  —  Notes: 
Ch.  III,  v.  322. 

Eos  CHoSc),  personnification  de 
l'Aurore;  p.  20,  1.  30;  p.  81, 1.  34; 
p.  90,  1.  22  ;  p.  116,  1.  34  ;  p.  117, 
I.  9;  p.  129,  1.  15;  p.  143,  1.  35; 
p.  166,  1.  18;  p.  169,  1.  14;  p.  175, 
1.  20  ;  p.  192,  1.  1 1  et  36.  —  Notes  : 
Ch.  II,  v.  450. 

Efmyra  (t)  'E^'jpY)),  nom  ancien 
de  Corinthe,  d'où  les  Bacchiades 
étaient  originaires,  p.  176,  1.  30.  — 
Notes  :  Ch.  UI,  v.  242.  Ch.  IV, 
V.  1212. 

Erato  (*EpaTu),  Muse  qui  par- 
tage la  destinée  de  Cypris,  p.  91» 
1.  I .  —  Notes  :  Ch.  III,  v.  1 . 

Erechtéiob  CEpexOr/Ot  Oréi- 
thyia,  fille  d'Erechtée,  enlevée  par 
Borée,  mère  des  Boréades,  p.  10, 

1.  34. 

ErechtéidesCoI  'Epcxûetdai) 
[les],  p.  7,  1.  21.  Voir  Thésée. 

Erginos  ('EpYtvoc)i  Argonaute, 
fils  de  Poséidon,  p.  10,  1.  5;  Tun  de 
ceux  qui  veulent  être  pilotes  après 
la  mort  de  Tiphys,  p.  78,  1.  13.— 
Notes  :  Ch.  I*%  v.  i 86.  Ch.  II,  v.  898. 

Erginos  (à  'Epyîvo;)  [/'],  fleuve 
de  Thruce,  p.  11  «  1.  3.  —  Notes  : 
Ch.  P',  v.  211. 

Eridan  (ô  *Hpt$av6;)  [H,  fleuve 
dont  l'embouchure  est  voisine  de 
l'île  Electris,  p.  154, 1.  22;  les  Argo- 
nautes y  pénètrent,  p.  157,  I.  15; 
tempêtes  dans  r Eridan,  p.  157,1. 29; 
odeur  qui  s'exhale  des  eaux  de 
l'Eridan,  p.  158,  1.  8;  le  Rhodanos 
se  jette  dans  l'Eridan,  p.  158, 1.  13. 
—  Notes  :  Ch.  IV,  v.  505;  596;  597; 
616;  627;  1396;  1399. 

Erigène  ('HpirevriC)i  épithète 
d'Eos,  p.  64,  1.  9;  p.  1 17,  1.  2.  Voir 
Eos,  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  450. 

Erints  (y\  'Epivj;)  [/'],  déesse  in- 
fernale; l'Erinys  accable  Phinée, 
p*  56,  1.  35;  TErinys  qui  poursui- 


INDEX 


429 


vra  Médée,  si  elle  ne  secourt  pas 
les  fîls  de  Chalciopé,  p.  1 13,  1.  20; 
une  Erinys  a  ramené  en  Colchide 
les  fils  de  Chalciopé,  p.  115,  1.  27; 
une  Erinys  voit  le  crime  dejason 
et  de  Médée,  p.  153.  1.  21;  TErinys 
qui  protège  les  suppliants  (*Ixcatr,), 
p.  171,  1.  13.  Erinyes  (ol\  *Epivv£ç) 
[les]t  p.  113,  1.  29;  les  Erinyes  de 
Médée,  p.  1 50, 1. 22  ;  les  redoutables 
Erinyes,  p.  161,1.8. —  Notes  :  Ch.I", 
V.  1019.  Ch.  IV,  V.  705. 

Esos  rEpu>ç),  dieu  de  Tamour, 
fils  de  Cypris;  Athéné  ignore  les 
traits  d'Eros,  p.  92,  1.  28;  Erosjoue 
aux  osselets  avec  Ganymède,  p.  95, 
1.  16  et  suiv.;  Eros  envoyé  par  sa 
mère  vers  Médée,  p.  96,  1.  17  et 
suiv.  ;  Eros  arrive  au  palais  d'Aiétès, 
p.  1 00, 1 .  5  ;  le  souffle  d'Eros,  p.  121, 
1.  20;  Eros  rend  la  beauté  de  Jason 
éclatante,  p.  122, 1.  36;  imprécation 
du  poète  contre  Eros,  p.  152,  1.  21. 
Eros  (ol  "EpwTs;)  [les],  p.  105, 
1.  21;  les  Eros  audacieux,  p.  112, 
1.  36;  les  Eros  lancent  dans  l'âme 
le  tourment  de  l'amour,  p.  115, 
1.  14;  les  aimables  Eros,  p.  120, 
1.  17. —  Notes:  Ch.  I*',  v.  496. 
Ch.  III,  V.  26;  52;  93;  278;  452. 
Ch.  IV,  V.  201. 

Erybotës  ('EpvpwTr,;),  Argo- 
naute, fils  de  Téléon,  p.  6,  1.  23 
et  suiv.;  retire  de  la  blessure 
d'Oileus  la  plume  de  Toiseau  d'Ares, 
p.  82, 1.  35.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  7 1 . 

Ekymanthos  (to  'Ëpu(iâv6tov 
TîçoO  [le  marais  d']^  d'où  Héraclès 
a  enlevé  le  sanglier,  p.  8,  1.  13.  — 
Notes:  Ch.  1",  v.  127. 

ESYTHÉIS  ('EpuQr)(;),  une  des 
Hespérides,  changée  en  ormeau, 
p.    183,    1.    28.  -  Notes  :  Ch.    IV, 

V.  1399- 

Erythinibns  (ot  'Ep^j©îvoi)  [les 
rochers]t  auprès  de  Sésamos,  en 
Paphlagonie,  p.  79, 1. 31 .  —  Notes  : 
Ch.  II,  v.  94T. 

Erytos  (*EpuTo;),  Argonaute, 
fils  d'Hermès,  p.  6,  1.  2.  —  Notes  : 
Ch.  !•',  V.  54;  71;  86. 

Eryx  (6  "Epu^),  mont  de  Sicile 
où  Cypris  règne,  p.  167,  1.  16.  — 
Notes:  Ch.  IV,  v.  914. 

Etésiens  (ai  'ETr,«j{ai  aùpxi)  [les 
vents];  leur  origine,   p.  65-66. — 


Notes  :  Ch.  II,  v.  526;  528.  Ch.  IV, 
v.  269. 

Ethiopiens  (ol  AlôtoirTeO  [les], 
peuple  mythique,  p.  128,  1.  15. — 
Notes  :  Ch.  III,  v.  1 192. 

Etolienne  (AtTuiXtç),  épithètc 
de  Léda,  fille  de  l'EtoIien  Thestios, 
p.  8,  1.  33.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  146. 

EtolÎens  (ol  AtTwXoi')  [les],  peu- 
pie  chez  lequel  Méléagros  était 
élevé,  p.  10,  1.  19. 

EUBÉE  (t)  *Eupoia)  [/'].  île  d'où 
vient  l'Argonaute  Canthos,  p.  6, 
1.  30  ;  Macris  chassée  de  l'Eubée  par 
Héra,  p.  1 74, 1. 1 8  et  suiv.;  les  Argo- 
nautes passent  entre  le  continent  et 
l'Eubée  pour  rentrer  à  Pagases, 
p.  195,  1.  7.  —  Notes  :  Ch.  P',  v.  77; 
86;  95;  134:623;  1024;  1165.  Ch.II, 
V.  393.  Ch.  III,  V.  1240.  Ch.  IV, 
V.  540;  î 138;  1229. 

EuPHÉMOS  (Eu^rjiJLo;) ,  Argonaute, 
fils  de  Poséidon,  p.  9,  1.  35;  porte 
la  colombe  dans  ses  mains,  p.  66, 
1.  34;  il  la  lance,  p.  67, 1. 22  et  suiv.; 
Euphémos  court  à  ses  compagnons, 
p.  68,  1.  22  ;  il  est  parmi  ceux  qui 
veulent  prendre  le  gouvernail  après 
la  mort  de  Tiphys,  p.  78,  1.  14; 
Euphémos  part  à  la  recherche 
d'Héraclès,  p.  184,  1.  36;  il  revient 
sans  succès,  p.  185,  1.  20;  il  reçoit 
la  motte  de  terre  de  Triton,  p.  188, 
1.  7;  le  songe  d'Euphémos,  p.  193, 
1.  23  et  siiiv.;  Euphémos  jette  la 
motte  de  terre  dans  les  flots,  p.  194, 
1.  14  et  suiv.  —  Notes:  Ch.  1", 
V.  179.  Ch.IV,  V.  1464;  1552;  1562; 

1564;  1733; 1736;  1751;  1758;  1763. 

EuPOLÉMÉiA  (EuTToXéjuia),  fille 
de  Myrmidon  et  mère  d'Aithalidès, 
p.  6,  1.  5.  —  Notes  :  Ch.  I*',  v.  54, 

Europe  (Eup^wri),  fille  d'Agénor, 
sœur  de  Cadmos;  Cadmos  à  la 
recherche  d'Europe,  p.  127,  1.  35; 
le  géant  Talos  gardien  d'Europe, 
p.  190,1.31.  — Notes:  Ch.I",v.  176. 
Ch.  III,  V.  1 178.  Ch.  IV,  V.  1638. 

Europe  (Eup<o7rn),  fille  de  Tityos, 
mère  d'Euphémos,  p.  9,  1.  36.  — 
Notes:  Ch.  I",  v.  179. 

Europe  (tj  E^ptlmt^)  [/'],  partie 
du  monde,  p.  146,  1.  34.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  3.  Ch.  II,  V.  177;  460; 
532;965;  lOis.Ch.  IV,  V.  272;2H4; 
286;  635. 


430 


INDEX 


EuRYDAMAS  (Ejp'j^afix;),  Argo- 
naute, fils  de  Ctiménos,  p.  6,  1.  19. 

—  Note*  :  Ch.  I*',  V.  67. 
EusYMâooN    (Eupvi(i.éâù>v),   nom 

donné  à  Persée  par  sa  mère,  p.  186, 
1.  20.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  1513. 

EUKYMÈNES  («l  EOpU}lEVaO,  Ville 
de  Thessalie,  p.  23,  1. 10.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  597. 

EuRYNOMÉ  (ECpuv6|AY)),  Océanide 
qui  régnait  sur  TOlyinpe  avec 
Ophion,  p.  20,  1.  10  et  soiv.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  503. 

EuRYPYLOS  (EùpuicvXo;),  nom 
que  se  donne  Triton,  quand  il  appa* 
rait  aux  Argonautes,  p.  188,  1.  5. 
-—Notes:  Ch.  IV,  v.  1561;  1562; 

1598. 

hluRYSTHÉE  (E-jp*ja6su;),  roi 
d'Argos;  Héraclès  vient,  sans  son 
ordre,  se  joindre  aux  Argonautes, 
p.  8,  1.  15;  travaux  qu*Eurysthée 
fait  accomplir  à  Héraclès,  p.  4), 
1.  9;  p.  47,  1.  10. 

EuRYTiDE  (EipyTi8/i;),  Clytios, 
lils  d'Eurytos,  p.  83,  1.  2.  Voir 
Clytios. 

EuRYTiON  (EvpvTt(i>v),  Argonaute, 
lils  d'Iros,  p.  6,  1.  23  et  suiv.  — 
Notes:  Ch.  !«',  v.  67;  71. 

EURYTOS  (EvpuToç),  père  de  Cly- 
tios et  d'Iphitos,  p.  7,  1.  4;  Iphitos, 
lils  d'Eurytos,  p.  53,  1.  18.  Voir 
Clytios  et  Iphitos.—  Notes:  Ch.I*', 
v.  86. 

EusoROS  (E'jTcii^o;),  père  d*Ai- 
nété,  mère  de  Cyzicos,  p.  34,  1. 18. 

—  Notes  :  Ch.  I",  v.  949. 
EuxÈNB  (EuÇsivo;),   épithète   de 

Zeus,  p.  62,  1.  I.  Voir  Zeus. — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  378. 

Gaia  (rata),  déesse  de  la  terre; 
mère  de  Tityos,  p.  28,  I.  21;  les 
enfants  de  Gaia  (ol  Vr,yv*Uç)  :  1*  les 
Cyclopes  (voir  Cy dopes) ^  nés  de  la 
terre,  p.  20,  1.  17;  2»  les  géants 
monstrueux  qui  habitent  la  mon- 
tagne des  Ours,  p.  34,  1.  12;  les 
enfants  de  Gaia  attaquent  les  Argo- 
nautes, et  sont  vaincus  et  tués, 
P>  34-3^f  Tètre  monstrueux  que 
Gaia  mit  au  monde,  p.  51,  1.  3; 
Gaia  enfante  le  dragon  qui  garde 
la  toison,  p.  88,  1.  10;  sacrifices  de 
Jason  en  l'honneur  de  Gaia,  p.  90, 


1. 9;  Chalciopé  fait  jurer  Médée  par 
Gaia,  p.  1 13,  1.  14  et  33.  —  Les  fils 
de  la  terre  (o\  Vi\yv*iti  ou  Viforf- 
te;),  nés  des  dents  du  dragon  semées 
dans  la  terre,  p.  104, 1.  16;  p.  107, 
1.  2;  p.  123, 1.  35;  Jason  les  force  à 
s'entre-tuer,  p.  133-135;  Médée  rap- 
pelle à  Jason  son  succès  sur  les  fils 
de  la  terre,  p.  149,  1.  33-  —  Notes  : 
Ch.  I-',v.  943;  987;  1165.  Ch.  n, 
v.  710.  Ch,  lil,  V.  26.  Ch.  IV,  V.825. 
Ganymède  (Vayj^riàf^),  établi 
par  Zeus  dans  le  ciel,  joue  aux 
osselets  avec  Eros,  p.  95,  1.  12  et 
suiv.  —  Notes  :  Ch.  III,  v.  114;  133. 

Ch.  IV,  v.  231. 

Garamas  (rapdcp.a;),  le  même 
qu'Amphithémis,  p.  185,  1.  33.  Voir 
Amphithémis.  —  Notes  :  Ch.  IV, 
v.  149^;  1494- 

GÉNÉTAios  rt  r6v.'.Tai*i  axpr,)  [le 
cap\^  p.  6 1 , 1.  36  ;  ou  le  cap  de  Zeus 
Génélaios  (rev/)Txtou  Aiô;  aspr^u 
p.  82,  1.  2,  promontoire  de  la  côte 
des  Tibaréniens.  —  Notes  :  Ch.  II, 
v.  378;  1009. 

GÉPHYROS  (réçvpo;),  Dolion  tué 
par  Pelée,  p.  37,  1.  20. —  Notes: 
Ch.  I",  v.  1040. 

GéRAiSTOS  (6  repa:<rt6ç)  [le],  cap 
planté  d'arbres,  dans  TUe  d'Eubée, 
p.  130,  1.  I.  —  Notes:  Ch.  III, 
V.  1240. 

Glaucos  (DaOxoc)*  interprète 
du  divin  Nérée,  p.  45,  1.  35;  sa 
prédiction  aux  Argonautes,  p.  46; 
rapportée  par  Jason  à  Lycos,  p.  74* 
1.  II. —  Notes:  Ch.  I",  v.  1177; 
1310.  Ch.  IV,  V.  826. 

Gorgone  (rj  l'opycu)  [la],  monstre  ; 
serpents  nés  de  son  sang,  p.  186, 
1.  22. —  Notes:  Ch.  IV,   v.   1091; 

1515. 
Grande-Ourse  (r,  *ApxToç)  [/a], 

p.  7f  1.  30,  etc.  Voir  Hélice  [F]. 

Graucéniens  (ol  Tpauxé^oi) 
[les],  peuple  qui  habite  auprès  de 
rister,  p.  148, 1. 19.  —  Notes  :  Ch.IV, 
V.  320. 

Gyrtone  (t)  rvp-nov),  ville  de 
Thessalie,  patrie  de  l'Argonaute 
Coronos,  p.  6, 1.7.  —  Notes  :  Ch.I", 
V.  40;  57- 

Haimokie  (v|  AVoviVi)  [/'],  nom 
de  la  Thessalie,  p.  65, 1.  33;  p.  71, 


INDEX 


431 


1.  33;  P-  125,  1.  7;  p.  169,  1.  36; 
p.  171,1.5. —  Notes:  Ch.III,  v.1090. 
Ch.  IV,  V.  1000. 

Haimonienne  (t)  liérpT)  Atfi'^vtrt) 
[Pitra]t  lieu  de  Thessalie,  p.  129, 
1.  36.  —  Notes  :  Ch.  III,  v.  1240. 

Haimoniens  (ol  AlpLovir.e;)  [les], 
habitants  de  l'Haimonie,  p.  65, 1. 35  ; 
p.  172,  1.  16. 

Halys  (ô  "AXy;)  [/•],  fleuve  de 
Paphlagonie,  p.  61,  1.  25;  le  dieu 
de  ce  fleuve  trompé  par  Sinopé, 
p.  80,  1.  8;  les  Argonautes  laissent 
derrière  eux  le  fleuve  Halys,  p.  80, 
].  19;  sacrifice  fait  par  les  Argo- 
nautes au  retour  de  Colchide,  près 
du  fleuve  Halys,  p.  146,  1.  2. — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  366  ;  367 ;  946  ;  953  ; 

963. 

Hamadrtadb  (t)  *A}ix^^jâO  [la 
uymphe\t  dont  le  père  de  Paraibios 
a  mépridé  les  prières,  p.  65,  1.  1 .  — 
Notes  ;  Ch.  II,  v.  4;  477. 

Harmonia  (*Ap{iovtV(),  nymphe, 
mère  des  Amazones,  p.  81,  1.  17. 
—  Notes:  Ch.  I",  v.  916.  Ch.  II, 

Harmonia  (*Ap(iovîr|),  femme  de 
Cadmos  ;  son  tombeau  pt^sdu  fleuve 
d'Illyrie.  p.  154,  1.  35.—  Notes: 
Ch.  !•',  v.  916.  Ch.  IV,  v.  517. 

Harpyes  (ol\  'Apu'jiai)  [les]  ;  elles 
tourmentent  Phinée,  p.  55,  1.  32  ; 
p.  57,  1.  2  et  suiv.  ;  les  Borcades 
poursuivent  les  Harpyes  qui  vont 
se  réfugier  dans  une  caverne  de  la 
Crète,  p.  58-59;  P-  63.  1-  26;  p.  64, 
1.  21.  —  Notes:  Ch.  II,  v.  178;  271; 
2S6;  296;  299;  1052. 

HécATB  ('Exà-cr^),  déesse  infer- 
nale dont  Mcdée  est  la  prêtresse, 
p.  99,  I.  15;  Hécate,  fille  de  Per- 
ses, p.  io6,  1.  3  et  15;  Hécate, 
maîtresse  de  Médée,  dans  Tart  de 
préparer  les  poisons,  p.  108,  1.  i;  le 
templed'Hécate,  p.  1 14>1>19;  P*i  17, 
1.  22;  Brimô-Hécate,  invoquée  par 
Médéc,  p.  1 18,  1.  5;  le  temple  d'Hé- 
cate, p.  119,  1.  30;  Jason  supplie 
Médéc  au  nom  d^Hécate,  p.  12 1, 
1.  34  ;  Hécate,  fille  unique  de  Perses, 
p.  123, 1.  2n;  Brimd-Hccate,  protec- 
trice des  travaux  de  Jason,  p.  129, 
1. 2  ;  les  Argonautes  apaisent  Hécate 
par  des  sacrifices,  p.  146,1.3  ;  Hécate, 
mère  de  Scylla,  p.  164,  1.  25;  Médée 


jure  par  Hécate,  fille  de  Perses» 
p.  170,  1.  24.  —  Notes  :  Ch.  II, 
V.  1221.  Ch.  III,  V.  200;  242;  467; 
640;  847;  861;  863;  1214.  Ch.  IV, 
V.  247;  826;  1020. 

HBLiADES(al  *HMiUi)[les], filles 
d'Héhos  et  sœurs  de  Phaéthon, 
enfermées  dans  des  peupliers  noirs, 
p.  157,  1.  23;  les  Argonautes  enten- 
dent les  cris  perçants  des  Héliades, 
p:  158, 1.9.  —  Notes  :  Ch.IV,  v.505; 

597;  604;  965;  1399. 

HÉLICE  (t)  'EXixr.)  [/'],  ou  la 
Grande-Ourse,  p.  7,  1.  3u;  p.  61, 
1.  18  et  19;  p.  1 14,  1.  29;  p.  128, 
1.  19.  —  Notes  :  Ch.  III,  v.  745. 

HÉLios  ('fUXio;),  dieu  du  soleil, 
père  d'Augéiès,  p.  9,  1.  28;  p.  102, 
1.  29;  d'Aiétès,  p.  88,  1.  5;  p.  110, 
1.  6;  dons  qu'Héphaistos  fait  à 
Aiétès  par  reconnaissance  pour 
Hélios,  p.  98, 1.  31;  Hélios  conduit 
Circé  dans  les  régions  occidentales, 
p.  I  o  1 ,  1. 1  o  ;  Pasiphaé,  fille  d'Hélios, 
p.  122,  1.  15;  chevaux  donnés  à 
Aiétès  par  Hélios,  p.  145,  1.  10; 
Aiétès  invoque  Hélios,  p.  145, 1.  18; 
Circé,  tille  d*Hélios,  p.  157,  1.  9;  le 
char d'Hélios.d'où  tombe  Phaéthon, 
p.  157,  1.  17;  réclat  des  yeux  parti- 
culier aux  descendants  d'Hélios, 
p.  161,  1.22;  les  génisses  d'Hélios, 
conduites  par  ses  filles  (voir  Pliai- 
thousa  et  Lampétia)^  p.  168,  1.  33 
et  suiv.;  la  lumière  sacrée  d'Hélios, 
p.  1 70, 1. 23.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  3  ; 
172.  Ch.  II,  V.  178;  1221.  Ch.  m, 
V.  200;  233;  1214.  Ch.  IV,  V.  54; 
591;  597;  661;  683;  955;  1020; 
1396;  1513.      , 

Helladb  (t|  'EUaç)  [/'],  p.  I4i 
1.27;  p.  17,  1.  15;  p.  33.  I.  7;  p.  45, 
1.  16;  p.  63,  1.  4;  p.  64,  1.  19;  p.  70, 
1.  9;  p.  78,  I.  7;  p.  86,  1.  32;  p.  87, 
1.  28;  p.  92,  1.  7  et  25;  p.  99,  1.  26; 
p.  102,  1.  5  et  24;  p.  1(13,  I.  26; 
p.  104,  1.  6;  p.  122,  1.  9;  124  1.  13; 
p.  125,  1.  22;  p.  126,  1.  5  et  18; 
p.  141,  1.  13;  p.  144,  1.  24;  p.  149, 
1.  14;  p.  150,  1.  2;  p.  1(2,  1.  3; 
p»  1 73t  !•  4-  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  1 78  ; 
359.  Ch.  IV,  v.  778;  1007;  1212; 
1329. 

Hellé  rE*A>.r,),  fille  d'Athamas 
et  sœur  de  Phrixos,  engloutie  dans 
les  flots,  p.  1 2, 1.  1 1;  la  mer  d'IIcllé, 


432 


INDEX 


p-  33.  1-  31-  -  Notes  :  Ch.  I".  v.  3; 

25«  ;  927- 

Hellènes  (01  llo(v£X>r,ve;)  [tous 
les],  p.  56,  1.  22.  —  Notes  ;  Ch.  I", 
V.917.  Ch.  Il,  V.673.  Ch.  HI,v.226. 
Ch.  IV,  V.  262;  2.3;  1329. 

Hellkspont  (ô  'KX>.t,<t«ovto;) 
I/'];  les  Argonautes  arrivent  au 
terme  de  l'Hcllcspont,  p.  34,  1.  2.  — 
Notei:  Ch.  I",  v.  652;  927;  929; 

HÉFHAisTOS  ClIçaiiTo;),  fils 
d'Héra,  p.  3  »  »  1-  25  î  père  de  l'Argo- 
naute Palaimonios,  p.  10,  1.  25; 
égards  de  Cyprin  pour  Héphaistos, 
p.  31,  1.  16;  Cypris  prépare  le  lit 
d'Héphaiâtos,  p.  f3,  1.  2;  présenta 
qui  viennent  d'Héphaistos,  p.  95, 
1.  33;  œuvres  merveilleuses  faites 
par  Héphaistos  pour  Aiétès.  p.  98, 
1.  19  et  suiv.;  les  enclumes  d'airain 
d'Héphaistos,  p.  162,  1.  25;  Iris  se 
dirige  vers  Héphaistos,  p.  163, 1.  3; 
Héphaistos  arrête  le  feu  de  ses  for- 
ges, p.  164,  1.  15;  p.  167,  1.  29;  il 
assiste  au  travail  des  Néréides, 
p.  168, 1.23.  —  Notes:  Ch.I",v. 202; 
602  ;  6(8  ;  85 1  ;  859.  Ch.  II,  v.  1 052. 
Ch.  III.  v.  41;  52;  230;  233;  409. 
Ch.  IV,  V.  540;  761;  1638. 

HÉRA  ("Hprj),  déesse,  femme  de 
Zeus;  Héra  Pélasgienne  méprisée 
par  Pélias,  p.  4,  1.  19;  Parlhénia, 
demeure  d'Héra  Imbrasienne,p.  10, 
1. 8  ;  Héphaistos,  fils  illustre  d'Héra, 
p.  3 1 , 1. 25  ;  Héra  suscite  les  enfants 
de  Gaia  contre  Héraclès,  p.  3'>,  1. 1  ; 
Héra,  protectrice  des  Argonautes, 
p«  56,  1.  3<>;  Héra  inspire  à  Ancaios 
une  audace  extraordinaire,  p.  77, 
1.  15;  Héra  persuade  à  Athéné  de 
venir  avec  elle  chez  Cypris  pour 
ménager  aux  Argonautes  le  secours 
de  cette  dernière  ;  entrevue  des  trois 
déesses,  p.  91-95;  Héra  entoure 
d'une  nuée  les  héros  qui  vont  au 
palais  d' Aiétès,  p.  98,  1.  6;  elle  dis- 
sipe la  nuée,  p.  98, 1.  1 1;  elle  retient 
Médée  chez  elle,  p.  99,  1.  13;  elle 
change  les  dispositions  de  Médée, 
p.  116,  1.  32;  la  volonté  d'Héra 
interprétée  par  une  corneille,  p.  1 20, 
1.  1 1;  Héra  veut  que  Médée  vienne 
à  lolcos  pour  la  perte  de  Pélias, 
p.  126,  1.  19;  Héra  jette  la  terreur 
dans  r.lme  de  Médée,  p.  13S,  1.  15; 


elle  lui  persuade  de  fuir  avec  les 
fils  de  Phrixos,  p.  138,  1.  29;  Héra 
qui  préside  au  mariage,  prise  à 
témoin  par  Jason,  p.  141,  I.  11; 
Héra  veut  que  Médée  arrive  le  plus 
\6t  possible  à  lolcos,  p.  145,  1.  32; 
Héra  pénètre  les  desseins  de  Zeus 
sur  les  Argonautes,  p.  156,  1.  27; 
Héra  pousse  un  cri,  p.  158,  1.  26; 
Héra  enveloppe  les  héros  d'une 
nuée,  pendant  qu'ils  traversent  le 
pays  des  Celtes,  p.  158,  1.  32;  Héra 
fait  surveiller  la  marche  du  navire 
par  Iris  qu'elle  envoie  vers  Thétis, 
vers  Aiolos  et  vers  Héphaistos, 
p.  162,  1.  19  et  suiv.;  entretien 
d'Héra  avec  Thétis,  p.  163-164; 
Thétis  expose  aux  Néréides  les  ins- 
tructions d'Héra,  p.  165,  1.  8;  elle 
prévient  Pelée  de  faire  obéir  les 
Argonautes  aux  ordres  d'Héra  qui 
les  aide,  p.  165,  I.  22;  Héra  chasse 
Macris  de  l'ile  d'Eubée,  p.  174, 
1.  18;  elle  fait  venir  les  Nymphes 
au  mariage  de  Jason  et  de  Médée, 
p.  174,  1.  36;  elle  répand  la  nou- 
velle de  ce  mariage,  p.  175,  1.  35; 
c'est  Héra  qui  a  inspiré  à  Arété  de 
révéler  le  dessein  d' Alcinoos,  p.  1 76, 
1.  15. —  Notes:  Ch.  I",  v.  4;  14; 
186;  761;  859;  932;  1086;  1165. 
Ch.  II,  V.  514.  Ch.  III,  V.  52;  6j; 
67;  847.  Ch.  IV,  V.  58;  146;  540; 
541;    78);    791;    793;  808;    1138; 

1199;  1325;  1396. 

HÉRACLKs  ('HpaxX6/K)i  Argo- 
naute, p.  8,  1.  8;  supérieur  à  tous 
ses  compagnons,  p.  10,  1.  17;  il 
refuse  le  commandement  de  l'expé- 
dition, p.  14,  1.  34;  p.  15,  I.  6;  on 
lui  réserve  le  banc  du  milieu,  p.  16, 
1. 28;  Héraclès  tue  un  bœuf  pour  le 
sacrifice,  p.  17,  1.  28;  il  s'installe  à 
sa  place  sur  le  navire,  p.  21,  1.  9; 
il  ne  va  pas  chez  les  Lemniennes 
et  blâme  ses  compagnons,  p.  31, 
1.  21  et  suiv.;  sa  lutte  contre  les 
enfants  de  Gaia,  p.  35,  1.  33;  cette 
lutte  est  un  des  travaux  qu'Héra 
lui  réservait,  p.  36,  I.  3;  Héra- 
clès tue  les  Dolions  Téléclès  et 
Mégabrontès,  p.  37, 1.  18;  Héraclès 
rame  seul,  p.  41,  1.  7;  sa  rame  se 
brise,  p.  41,  1.  13;  il  va  à  terre  se 
fabriquer  une  autre  rame,  p.  42, 
1. 1  o  et  suiv.  ;  Héraclès  a  élevé  Hylas, 


INDEX 


433 


après  avoir  tué  ton  père  Théioda- 
inAa,p.4a,  I.27et  auiv.;  Héraclès  est 
attjndu  par  Polyphémos,  p.  43, 1.27  ; 
il  est  rencontré  par  ce  héros,  p.  44, 
1.  6;  Héraclès,  ayant  appris  de  lui 
la  disparition  d'Hylas,  se  met  à  sa 
recherche,  p.  44,   1.   16    ei   suiv.; 
colère  de  Télamon  quand  les  Argo* 
nautes,  déjà  embarqués,  s'aperçoi- 
vent qu'Héraclès  a  été  laissé  à  terre, 
p.  45,   1.   14  et  suiv.;   vengeance 
réservée  aux  Boréades  par  Héraclès 
qui  doit  les  tuer  plus  tard  à  Ténos, 
p.  45,  1.  27-30;  Glaucos  rassure  les 
héros  sur  le  sort  d'Héraclès,  p.  46, 
1.  6  et  suiv.;  otages  donnés  à  Héra- 
clès parles  Mysiens,  p. 47,  1. 13-18; 
les  héros  regrettent  Héraclès   au 
moment  du  défi  d'Amycos,  p.  54, 
1.   17-20;   Tason  raconte   à    Lycos 
comment  Héraclès  a  été  laissé  à 
terre,  p.  74,  1.  1 1-17;  Lycos  dit  tout 
ce  qu'il  doit  à  Héraclès,  p.  74-75  ; 
Sthénélos   compagnon   d'Héraclès 
dans  la  guerre  contre  les  Amazones, 
p*  7B,  1.  3 1  ;  les  fils  do  Deimachos 
égarés  loin  d'Héraclès,  p.  80,  1.  12; 
Héraclès  vainqueur  de  l'amazone 
Mélanippé,  p.  80,  1.  24;  comment 
Héraclès  a  chassé  les  oiseaux  Stym* 
phalides,  p.  83, 1.  12;  Héraclès  seul 
capable  de  soutenir  le  chocd'Aiétès, 
p.  129, 1.  26;  pourquoi  Héraclès  a 
dû  se  rendre  dansl'tle  Macris,  p.  1 55, 
1.21;  Héraclès  tue  le  serpent  Ladon, 
p.  182,  1.  32;  même  loin  d'eux,  il 
sauve  ses  compagnons,  p.  1 84, 1. 27  ; 
héros  qui  partent  à   la  recherche 
d'Héraclès,  p.  184,  1.  33;  Héraclès 
aperçu  de  loin  par  Lyncée,  p.  18^, 
1.  14.  ~  Notes:  Ch.  I*',  v.  40;  80; 
122;  127;  152;  156;  173;  358;  735; 
855;  943;  997;  1168;  1177;  1196; 
1207;    1370;     1289;     1300;    1304. 
Ch.  n,  V.  178;  353;  382;  724  ;  758; 
777;  782;  783;  789;  843;  955;  965; 
966 ;  1 03 1  ;  1 052  ;  1 088 ;  1 248.  Ch.III, 
V.  587;  1090;  1234.  Ch.  IV,  V.  263; 
277;524;54i;825;826;9i4;  1396; 

1399;  1464;  1479;  »558. 

Hercyniens  (ô  'Ewjv.oç  9x6irs- 
>o;)  [les  monts],  du  Haut  desquels 
Héra  pousse  un  cri,  p.  158,1. 26. — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  640  ;  646. 

Hebmès  (*Rp:Ast?t;),  dieu,  père 
des  Argonautes  Erytos,  Echion  et 


Aithalidès,  p.  6,  I.  i  et  suiv.;  le 
sceptre  d'Hermès  confié  à  Aitha- 
lidès, p.  24,  1.  28;  Hermès  change 
en  bélier  d'or  le  bélier  de  Phrixos, 
p.  86,  1.  10;  Jason  prend  le  sceptre 
d'Hermès,  p.  97,  1.  28;  Hermès 
envoyé  par  Zeus  à  Aiétès,  p.  i  c:9, 
1. 30;  Aithalidès,  fils  illustre  d'Her- 
mès, p.  127, 1. 30  ;  Hermès  conseille 
à  Phrixos  d'immoler  le  bélier  d'or, 
p.  142, 1.  3;  Hermès  arrache  au  feu 
l'enfant  Dionysos,  p.  174,  1.  17.— 
Notes  :  Ch.  I-'',  v.  3  ;  5 1 7  ;  585  ;  645  ; 
917.  Ch.  Il,  V.  286;  359;  955;  1 144. 
Ch.  III,  V.  197;  388;  587.  Ch.  IV, 
V.  540;    1090;    1138;   149a;  1515; 

1733. 

Hespérâ  (*E<r7téprJ,  l'une  des 
Hespérides,  changée  en  peuplier, 
p.  183,  1.  27.  —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  1399. 

Hespérides  (olX  *E(ritepîaeO  [/««], 
nymphes  qui  habitent  le  champ 
d'Atlas,  p.  182,  1. 30;  elles  pleurent 
auprès  du  serpent  Ladon,  p.  183, 
1. 3.  L'Hespéride  Aigle  :  voir  Aigle. 
—  Notes:  Ch.  Il,  v.  40.  Ch.  IV, 
V.  259;  1396;  1399;  1620. 

HIPPOOAMÊIA  CliticoÔdiiBiflt).  re- 
présentée sur  le  manteau  de  Jason, 
p.  28,  1.  12. 

H1PPOLYTE  CliwtoXutrJ,  reine 
des  Amazones  Thémiscyréiennes, 
p.  81,  1.  25;  Héraclès  porte  le  bau- 
drier qu'elle  lui  a  donné  comme 
rançon  de  sa  sœur,  p.  74,  1.  24; 
p.  80, 1. 25.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  777  ; 
966. 

HiPPOTADB  (*lT:tioT«d/)ç),  Aiolos, 
fils  d'Hippotas,  p.  164, 1. 16.  -—  Voir 
Aiolos, 

HiPPOTAS  (*Inic^Trjc),  père  d' Aio- 
los, p.  163,  1.  7. —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  778, 

HiPPOURis    rt    'Imioupf;   vr.ao;) 

{/'f/e],  une  des  Sporades,  p.  192, 
.  35.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  1712. 

HOMOLÉ  (t)  *0|i6Xr,),  ville  mari- 
time de  Thessalie,  p.  23,  1.  7.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  594. 

Hyacinthos  (*r«xiv6o;),  Dolion 
tué  par  Clytios.  p.  37, 1.  22. 

Hyantibn  (  ravTio;)i  synonyme 
de  Béotien,  épithète  du  bois  d'On* 
chestos,  p.  129,  1.  35.  —  Notes: 
Ch.  III,  V.  1240. 


55 


434 


INDEX 


Hylas  O")»;)»  jeune  compagnon 
d'Héraclès,  p.  8, 1.  i6;  va  puiser  de 
Teau,  p.  42,  1.  25;  arrive  à  une  fon- 
taine, p.  43,  1.5;  la  Nymphe  de  la 
fontaine,  éprise  d'Hylas,  Tentraîne 
au  fond  de  l*eau,  p.  43, 1.  14  etsuiv.; 
Polyphémos  se  met  à  la  recherche 
d'Hylas,  p.  44,  1.  2;  il  annonce  à 
Héraclès  la  disparition  d'Hylas, 
p.  44,  1.  12;  Glaucos  révèle  aux 
Argonautes  le  sort  d'Hylas,  p.  46, 
1-  15>  pourquoi  les  Cianiens  recher- 
chent Hylas,  p.  47,  1.  12  et  suiv.  — 
Notes  :  Gh.  1",  v.  122;  1 177;  1207; 
1222;  1236;  1248;  1270;  1289. 

Hylléens  (ol  'l'XXr.eO  [/es],  peu- 
ple voisin  de  Tîle  Electris  ;  les  Argo- 
nautes abordent  dans  leur  pays, 
p.'i  55>  1.  6;  les  Hylléens  les  accueil- 
lent bien,  p.  1 55, 1. 9  ;  la  ville  Agané 
des  Hylléens,  p.  155,  1.  20;  les  Ar- 
gonautes s'éloignent  de  la  terre  des 
Hylléens,  p.  156,  1.  14.  —  Notes: 
Ch.  IV,  v.  524;  535. 

H\LLOS  (lrX>.o;),  fils  d'Héraclès 
et  de  Mélité,  p.  155,  1.  23  et  suiv. 
—  Notes  :  Ch.  IV,  v.  524;  539;  543; 
1 125. 

Hyllos  (ô  *n>ixbç  Xi|ir.v)  [Uport 
d']t  dans  Tile  des  Phaiaciens,  p.  1 74, 
1.  2.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  1 125. 

Hypérasios  (*rnEpi<Tio;),  père 
des  Argonautes  Astérios  et  Am- 
phion,  p.  9,  1.  32.  —  Notes  :  Ch.  I*', 
v.  176. 

Hypbkbosébns  (o\  *Ticepp6peot) 
[les],  peuple  septentrional;  Apollon 
va  dans  leur  pays,  p.  7 1 , 1. 1 7  ;  p.  1 57i 
1. 34.  —  Notes  :  Ch.II,  v.675.  Ch.IV, 
v.  284;  286;  596;  616. 

Hypios  (0  Titio;)  [/'],  fleuve  jus- 
qu'auquel  les  Bébryces  avaient 
étendu  leur  territoire,  p.  75,  1.  6.  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  795. 

Hypnos  (Tirvoc),  dieu  du  som- 
meil, invoqué  par  Médée,  p.  142, 
1.  30.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  146. 

Hypsipylé  (*r4/iirûXr)  ou  *r+i- 
iruXtta)  épargne  son  père  Thoas, 
p.  24,  1.  i;  revêt  les  armes  de  son 
père,  p.  24, 1. 22;  Aithalidès  demande 
à  Hypsipylé  de  recevoir  les  héros, 
p.  25,  1.  2;  Hypsipylé  réunit  les 
Lemniennes  à  l'agora  et  les  haran- 
gue, p.  25;  Hypsipylé  envoie  une 
messagère  aux  Argonautes,  p.26-27  ; 


Jason  entre  dans  le  palais  d'Hyp»i- 
pylé,  p.  29, 1.  14;  discours  d'Hypsi> 
pylé,  p.  30;  Jason  le  répète  à  ses 
compagnons,  p.  31,  1.  13;  Jason 
retourne  chez  Hypsipylé,  p.  31, 
1.  19;  le  lit  d'Hypsipylé,  p.  32,  1. 5; 
prière  d'Hypsipylé  à  Jason,  p.  32, 
1.  22  et  suiv.;  manteau  donné  à 
Jason  par  Hypsipylé,  p.  128, 1.  31; 
péplos  sacré  donné  à  Jason  par 
Hypsipylé,  p.  151,  1.  31  et  suiv. — 
Notes:  Ch.  I",  v.  loi;  115;  608; 
620;  668.  Ch.  in,  V.  1206.  Ch.  IV, 
v.  425. 

lAPÉTiDE  CïaitETiovtÔnOt  Promé- 
thée,  fils  de  Japet,  p.  125, 1.  3.  Voir 
Prométhée, 

Ida  (t}  "lôrj,  mont  de  Crète;  la 
mère  du  mont  Ida  (vj  Mr,Tn?  'Bat a), 
Rhéa,  p.  40,  1.  4;  les  Dactyles  de 
l'Ida  (ol  ÀcKXTuXoi  'l$atoi),  p.40, 1.4- 
—  Notes:  Ch.  I",  v.  1126;  1129. 
Ch.  II,  v.  758.  Ch.  m,  V.  133 

Idaien  (to  avcpov  'ISalov) 
\l' antre]  1  p.  95,  1.  31;  Idaienne  {ri 
HaiY]  Yfltîa)  [la  terre]^  voisine  du 
mont  laa  en  Troade,  c'est-à-dire  la 
Troade,  p.  33,  1.  34;  Idaiens  (oi 
Kovpr;tec  Haîot)  [les  Courètes], 
p.  89, 1.  2.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  930. 

Ida  s  C'I5ac)«  Argonaute,  fils 
d'Aphareus,  p.  9,  1.  6;  interpelle 
Jason  avec  insolence,  au  moment 
du  départ,  p.  1 8- 1 9  ;  il  défie  Idmon, 
p.  19,  1.  24  et  suiv.;  il  tue  le  Dolion 
Promeus,  p.  37,  1.  21;  il  blesse  le 
sanglier  qui  a  tué  Idmon,  p.  76, 
1.  1 1  ;  il  demande  à  combattre  les 
taureaux  d'Aiétès,  p.  107, 1.  23;  il 
veut  qu*on  lutte,  au  lieu  de  se 
confier  à  Cypris,  p.  108,  1.  28  et 
suiv.;  sa  colère  en  voyant  le  succès 
du  projet  contraire  au  sien,  p.  127, 
1.  23;  il  essaie,  avec  rage,  d'endom- 
mager les  armes  de  Jason,  enduites 
d'une  substance  merveiileuse,p.  1 30, 
1.  10.  —  Notes  :  Ch.  I«',  v.  152;  475. 

Idmon  (^IS^tuv),  Argonaute  et 
devin,  fils  d'Apollon,  p.  8,  1.  25; 
Idmon  interprète  la  pensée  d'Apol- 
lon, p.  18,  1.  4  et  suiv.;  destinée 
funeste  qui  lui  est  prédite,  p.  18, 
1.  20;  querelle  d'Idmon  et  d'Idas, 
p.  19, 1.  13  et  suiv.;  Idmon  atteint 
par  la  destinée,  p.  75, 1.  29;  Idmon 


INDEX 


435 


meurt  blessé  par  un  sanglier,  p.  76, 
1.  7  et  suiv.;  tertre  élevé  à  Idinon, 
p.  76,  1.  23;  Idmon  adoré  par  les 
Béotiens  sous  le  nom  d*Âgamestor, 
p.  76,  1.  30-34  i  Tiphys,  enseveli 
auprès  d'Idmon,  p.  77, 1. 9.  —  Notes  : 
Ch.  P',  V.  139;  444;  475.  Ch.  II, 
V.  815;  843;  845;  904.  Ch.  m, 
V.  522;  1372.  Ch.  IV,  V.  62;  86. 

léios  Clrito;),  surnom  d'Apollon, 
p.  72,  1.  25.  Voir  Apollon. 

lÉPAiéôN  ny)ffair(dv),  surnom 
d*Apollon,  p.  72,1.  i3.Voiril^o//on. 

iLissos  (o  'IXi(j<TÔ;)  [/'],  fleuve 
d*Attique  auprès  duquel  Oréithyia 
dansait  quand  elle  fut  enlevée  par 
Borée,  p.  1 1 ,  1.  i .  —  Notes  :  Ch.  !•', 
v.  211. 

Illtrib  (i  *IX).upixb;  noTa(ié;) 
[le  fleuve  ol'j,  auprès  duquel  une 
colonie  des  Colchiens  s'établit, 
p.  154, 1.34.— Notes:  Ch.IV,v.33o; 

481;  517;  524;  540;  564. 

IMBKASIBNNE     ('l(lSpGt(nr,),     épi- 

thète  d'Héra,  p.  10,  1.  8;  Imbra- 
siennes  Cl\kfipd<TiaL  vianoL)  [les  eaux], 
les  eaux  de  Tlmbrasos,  fleuve  de 
l'île  de  Samos,  p.  77, 1. 18.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  186. 

IMBKOS  (Tj  "I^lPpo;  vr,(lOC)  [/'î/«  d'], 

dans  la  mer  E^ée,  entre  Lemnos  et 
Samothrace,  p.  33,  1.  27.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  924. 

Inde  (ta  'IvSôv  çOXa)  [les peuples 
de  rj.  p.  78, 1. 24.  —  Notes  :  Ch.  I", 
V.  932. 

lOLCos  (t|  'Ib)Xx6c  ou  T)  'ïawXxéO, 
ville  Pélasgienne,  patrie  de  Jason, 

P-  33»  1-  9Î  P-  91.  1-  3;  P-  94.  1.  19; 
p.  125,  1.  7,  2Ô  et  32;  p.  126,  1.  20; 

P*  I75t  !•  12;  la  terre  d'Iolcos 
(rj  'IwAxt;  yoiîa),  p.  22,  1.  19.  — 
Notes:  Ch.  !•',  v.  3;  230;  411; 
572.  Ch.  m;  V.  1074;  1091. 

Ioniens  (ol  'Idcove;)  [les],  compa- 
gnons de  Nélée,  p.  34,  1.  29;  les 
Ioniens,  habitants  de  Cyzique,  p.  38, 
1.  19;  le  détroit  Ionien  (ô  'lovio; 
ffopO{&6;),  p.  169,  1.  15;  la  mer 
Ionienne  (t|  'Iovî/)otXc)t  p.  158, 1.  19. 
—  Notes  :  Ch.  I",  v.  748;  959;  1076. 
Ch.  n,  V.  745.  Ch.  IV,  V.  289;  627; 

983. 

I  PHI  AS  ('I^idcOt  vieille  prêtresse 
d'Artémis  à  lolcos,  p.  14,  1.  i.  ~ 
Notes:  Ch.  I«',  v.  312. 


Iphiclos  CIçixXo;),  Argonaute, 
fils  de  Thestios  et  oncle  maternel 
de  Méléagros,  p.  i  o,  1. 22.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  45;  1 18;  190. 

Iphiclos  Ô'IstxXoc)»  Argonaute, 
oncle  maternel  de  Jason,  p.  5,  1.  29; 
les  étables  d'Iphiclos,  p.  8,  i.  6.  — 
Notes  :  Ch.  P',  v.  45  ;  49;  118;  190. 

Iphinoé  Clfivo/i),  femme  de 
Lemnos,  envoyée  par  Hypsipylé 
aux  Argonautes,  p.  26, 1. 24  et  suiv.; 
elle  conduit  Jason  dans  le  palais 
d'Hypsipylé,  p.  29, 1.  16.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  702  ;  788. 

Iphitos  Clf  iToc)i  Argonaute,  fils 
de  Naubolos,  p.  10,  1.  29.  —  Notes  : 
Ch.  I«%  V.  207. 

Iphitos  n?ito;)>  Argonaute,  fils 
d'Eurytos,  p.  7, 1.  3  ;  blessé  par  le 
Bébryce  Arétos,  p.  53,  1.  18.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  86. 

Iris  ('lptO>  déesse;  empêche  les 
Boréades  de  tuer  les  Harpyes,  p.  59, 
!•  5>  P'  63,  1.  24;  remonte  vers 
l'Olympe,  p.  59,  1.  18;  Iris  montre 
à  Héra  Jason  et  Médée  sortant  de 
la  demeure  de  Circé,  p.  162,  1.  18; 
missions  qui  lui  sont  confiées  par 
Héra,  p.  162, 1. 21  et  suiv.  ->  Notes  : 
Ch.  H,  V.  286.  Ch.  IV,  V.  757.     • 

Isis  (ô  *lpt;)  [/'],  fleuve  qui  se 
jette  dans  le  Pont,  p.  61,  1.  26; 
l'embouchure  de  l'Iris  dépassée  par 
lesArgonautes,p.8o,l.i9.—  Notes: 
Ch.  II,  V.  367;  963.  Ch.  IV,  V.  131. 

Iros  CipoO»  ^^8  d'Actor,  père  de 
l'Argonaute  Eurytion,  p.  6,  1.  24  et 
suiv.  —  Notes  :  Ch.  I*',  v.  67;  71. 

ISMâNOS  (o  'I(T|ir,v6;)  [/*],  fleuve 
de  Béotie,  p.  21,  1.  16.  —  Notes: 
Ch.  I",  V.  537. 

ISSA  (tj  ''l<rffa),  Tune  des  îles  Li- 
burniennes,  p.  156,  1.  16.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  289;  564. 

ISTBR  (i  "liTTpoO  [/•],  fleuve  qui 
sort  des  monts  Riphées  et  se  divise 
en  deux  branches,  p.  147,  1.  1 1  et 
suiv.;  les  Argonautes  pénètrent  dans 
le  courant  de  l'Ister,  p.  147,  1.  32; 
les  Colchiens  entrent  dans  l'Ister, 
p.  148,1.  i;  l'île  Peucé,  dans  l'Ister, 
p.  148, 1.  5;  l'Ister  se  divise  près  du 
rocher  Cauliacos,  p.  148,  1.  22.  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  745.  Ch.  IV,  v.  282  ; 
284;  286;  289;  303;  306;  310;  320; 
324;  596;  627;  640;  1002;  1386. 


436 


INDEX 


Isthme  (ô  "Mfiioc  ocyc^v)  [les  com- 
bats de  /'],  combats  qui  se  livrent 
dans  risthme  de  Corinthe,  p.  129, 
I.  34.  —  Notes  :  Ch.  III,  v.  1240. 

ITYMONRUS  ClTUfiovr^c),  Dolion 
tué  par  Méléagros,  p.  37,  1.  24. 

IT  YMON  EUS  (  '  ltv|jiovr^c)  >  Bébryce, 
blessé  par  Pollux,  p.  53,  1.  8.  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  105. 

IxiON  CUiwv),  enchaîné  chexAdès 
par  des  liens  d*airain,  p.  93, 1. 26.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v .  554.  Ch.  II,  v.  1 23 1 . 
Ch.  III,  V.  62.  Ch.  IV,  V.  705. 

Japbt  ('laTCET^O»  père  de  Promé- 
thée,  p.  1 18, 1.  1 1 .  —  Notes  :  Gh.I", 
V.  444. 

Jason  ('Ir,<Twv),  fils  d*Aison,  p.  5, 
1.  14,  etc.,  et  d'Alcimédé,  p.  5, 
1.  30,  etc.;  Jason  traverse  TAnauros, 
p.  4, 1. 1 2;  travaux  préparés  à  Jason 
par  Pélias,  p.  4,  1.  20;  Jason 
accueille  Orphée  au  nombre  des 
Argonautes,  p.  5, 1.  14;  parenté  de 
Jason  avec  Iphiclos,  p.  5,  1.  32; 
Héraclès  vient  rejoindre  Jason, 
p.  8, 1.  8;  Palaimonios  doit  accroître 
la  gloire  de  Jason,  p.  10,  1.  28; 
Jason  hôte  d*Iphito8,  p.  10,  I.  30; 
nombre  des  héros  assemblés  pour 
aider  Jason,  p.  1 1,  1.  16;  adieux  de 
Jason  à  sa  mère,  p.  11-12;  Jason 
arrive  au  rivage  de  Pagases,  p.  M, 
1.8;  il  accueille  Acastos  et  Argos, 
p.  14,  1.  18;  discours  de  Jason  à 
ses  compagnons,  p.  14, 1. 22  et  suiv.; 
p.  15,  1.  6  et  suiv.;  bœufs  amenés 
par  les  bouviers  de  Jason,  p.  17, 
1.  3;  prière  de  Jason,  p.  17,  1.  7  et 
suiv.;  libations  versées  par  Jason, 
p.  18,  1.  3;  inquiétudes  de  Jason, 
p.  18,  1.  32;  Jason  interpellé  par 
idas,  p.  18,  1.  36  et  suiv.;  Jason 
arrête  la  querelle  suscitée  par  Idas, 
p.  19,  1.  34;  Jason  détourne  en 
pleurant  les  yeux  de  la  terre  de  la 
patrie,  p.  2 1 , 1.  12.  —  Jason  va  chez 
Hypsipylé  ;  description  du  manteau 
de  Jason;  entretien  du  héros  avec 
Hypsipylé,  p.  27-31;  le  départ  de 
Lemnos  ;  adieux  de  Jason  et  d*Hyp* 
sipylé,  p.  32-33-  —  Athéné  protec- 
trice de  Jason,  p.  34, 1. 30;  Cyzicos 
jeune  comme  Jason,  p.  35,  1.  7;  la 
route  de  Jason  (t)  'Iïj<tov{/j  ôôôç),  p.  35» 
1.  27  ;  Jason  tue  Cyzicos,  p.  37,  1. 1  o. 


—  Un  alcyon  vole  au-dessus  de  la 
tète  de  Jason  endormi  ;  discours  de 
Mopsos  à  Jason;  Jason  fait  Taecec- 
sion  du  Dindymos,  p.  38-40;  la 
source  de  Jason  (tj  *InTO"w*ï  xpvrj, 
p.  40,  1.  28.  —  Angoisses  de  Jason, 
quand  on  s'aperçoit  qu'Héraclès  est 
resté  à  terre;  querelle  et  réconci- 
liation de  Jason  et  de  Télamon, 
p.  45-47. — Jason  lutte  contre  les 
Bébryces,  p.  53,  1.  26.  —  Jason 
deviné  par  PMnée,  p.  56,  1.  23; 
angoisses  causées  à  Jason  par  la 
prédiction  de  Phinée;  discours  de 
Jason  à  Phinée,  p.  62,  1. 35  et  suiv.; 
Jason  chez  Phinée,  p.  64-65.  — 
Entretien  de  Jason  et  de  Tiphys, 
p.  69-70  ;  Jason  chez  Lycos,  p.  74-75  ; 
Ancaios  amené  par  Jason  à  cause 
de  sa  science  des  navires,  p.  77, 
1.  24  ;  entretien  de  Jason  et  de  Pélée, 
p.  TiS  ;  Jason  et  les  fils  de  Phrixos, 
p.  85-87;  prières  de  Jason,  p.  90, 
1.  7;  il  fait  établir  le  navire  sur  les 
pierres  de  fond,  p.  90,  1.  18. — 
Comment  Jason  put  conquérir  la 
toison,  p.  91,  1.  2;  Héra  veut  inté- 
resser Cypris  à  Jason,  p.  92,  1.  23 
et  suiv.  ;  Jason  a  transporté  à  travers 
l'Anauros  Héra  changée  en  vieille 
femme,  p.  93,  1.  30  et  suiv.;  Héra 
prie  Cypris  d'inspirer  à  Médée  une 
passion  pour  Jason,  p.  94,  1.  17; 
Cypris  transmet  la  commission  à 
Eros,  p.  96, 1. 5.  —  Jason  s'entretient 
avec  ses  compagnons,  p.  96,  1.  34; 
il  est  approuvé  de  tous,  p.  97, 1.  25. 

—  Eros,  blotti  aux  pieds  de  Jason, 
perce  Médée  d'une  flèche,  p.  loo, 
1.15;  Jason  contemplé  par  Médée, 
p.  100,  1.  20;  le  discours  d'Aiétès 
inspire  à  Argos  des  craintes  pour 
l'expédition  de  Jason,  p.  101, 1.  19; 
Argos  présente  Jason  au  roi,  p.  ic2, 
1.  25  et  suiv.;  Jason  répond  au 
discours  irrité  d'Aiétès,  p.  103, 1. 17 
et  suiv.;  nouveau  discours  du  roi  i 
Jason,  p.  1 03, 1. 35  et  suiv.;  embarras 
de  Jason,  sa  réponse  k  Aiétès,  p.  1 04, 
1.  25  et  suiv.;  départ  de  Jason, 
p.  105,  1.  8;  éclat  de  sa  beauté, 
p.  105,  1.  1 1  et  suiv.;  discours 
d' Argos  à  Jason,  et  réponse  de 
Jason,  p.  106-107;  présage  envoyé 
à  Jason,  p.  108,  1.  14  et  suiv.;  Jason 
envoie  Argos  à   la   ville    et   fait 


INDEX 


437 


conduire  le  navire  au  rivage,  p.  1 09, 
1.  4  et  suiv.  —  Mcdée  angoissée  par 
son  amour  pour  Jason,  p.  115,  1.  1; 
Jason  va  au  temple  où  il  doit  trou- 
ver Médée,  p.  I  i9f  1.  28;  charmes 
.qu'Héra  lui  donne  ce  jour-là,  p.  1 19, 
1.  36;  Médée  ne  pense  qu'à  Jason, 
p.  120,  1.  30;  beauté  de  Jason  qui 
cause  à  Médée  des  peines  terribles, 
p.  121,  1.  6;  discours  de  Jason  à 
Médée,  p.  121 , 1.  20  et  suiv.;  beauté 
qu*£roj  donne  à  Jason,  p.  123,  1.  1; 
entretien  de  Jason  et  de  Médée, 
p.  123-126;  Jason  se  sépare  de 
Médée  et  retourne  vers  ses  compa* 
gnons,  p.  126,  1.  26-33.  —  Jason 
rend  compte  à  ses  compagnons  de 
son  entrevue  avec  Médée,  p.  127, 
1.  16  et  suiv.;  Jason  va  faire  secrè- 
tement un  sacrifice  à  Hécate,  p.  128- 
1 29  ;  Jason  fait  fondre  la  substance 
merveilleuse,  p.  130,  1.  3;  ii  s'en 
enduit,  p.  130,  1.  14;  sa  confiance, 
p.  130,  1.  2 1  et  suiv.  — Jason  v^  au 
combat,  p.  131,  1. 4  ;  sa  lutte  cotitre 
les  taureaux,  p.  131*133;  il  détruit 
les  fils  de  la  terre,  p.  1 33- 1 35  ;  Jason 
a  accompli  le  travail  imposé  par 
Aiétès,p.i35,l.  10.  —  Médée  devine 
que  son  père  sait  qu'elle  a  aidé 
Jason,  p.  133, 1.  19;  Jason  reconnaît 
la  voix  de  Médée,  p.  140,  1.  19;  il 
saute  sur  le  rivage,  p.  140,  1.  28; 
ses  paroles  affectueuses  à  Médée, 
p.  141,  1.  9  et  suiv.;  il  va  avec  elle 
chercher  la  toison ,  p.  1 4 1  - 1 43  ;  Jason 
empoche  ses  compagnons  de  toucher 
la  toison,  p.  144,  1.  3;  son  discours 
aux  Argonautes;  il  coupe  les 
amarres,  p.  1 44, 1. 6  et  suiv.  —  Jason 
se  souvient  des  paroles  de  Phinée, 
p.  146, 1. 1 1;  Médée  appelle  Jason  à 
l'écart,  p.  149, 1. 1 7  et  suiv.;  discours 
de  Jason  à  Médée,  p.  150,  1.  32  et 
suiv.;  péplos  donné  à  Jason  par 
Hypsipylé,  p.  151,  1.  35  î  Jason  se 
place  en  embuscade  pour  recevoir 
Apsyrtos,  p.  152.  1.  33;  il  tue 
Apsyrtos,  p.  1 53.  —  Trépieds  donnés 
à  Jason  par  Apollon,  p.  155*  1.  13; 
Jason  et  Médée  chez  Circé,  p.  i6o- 
162.  —  Héra  dit  à  Thétis  combien 
Jason  lui  est  cher,  p.  163,  1.  14; 
Médée  veut  se  concilier  les  compa- 
gnons de  Jason,  p.  1 70, 1 . 1 4  ;  discours 
d'Arété  à  Alcinoos,  au  sujet  de  Jason 


et  de  Méiée,  p.  172;  Arété  commu- 
nique à  Jason  ce  qui  lui  a  été  dit 
par  Alcinoos,  p.  173;  Héra  fait 
venir  lej  Nymphes  pour  honorer 
Jason,  p.  175,  1.  1;  Jason  n'aurait 
pas  voulu  célébrer  son  mariage  dans 
le  palais  d'Alcinoos,  p.  1 75,  1. 1 1 .  — 
Les  déesses  de  Libye  apparaissent 
à  Jason,  p.  180;  sacrifice  de  Jason, 
P-  i^;  Jason  conduit  Médée  vers 
le  tillac  d'Argo,  p.  1 9 1 ,  1.  17;  Jason 
invoque  Phoibos,  p.  192,  1.  24; 
Euphémos  raconte  à  Jason  le  rêve 
qu'il  a  eu,  p.  194,  1.  3;  la  réponse 
de  Jason  ne  reste  pas  vaine  pour 
Euphémos,  p.  194,  1. 13.  Voir  Médée. 
—  Notes  :  Ch.  1",  v.  3  ;  3 1  ;  45  ;  49; 
54;  101;  118;  122;  139;  243;  269; 

293;  305;  4«  1;  554;  572;  608;  723; 
763;  908;  987;  1270;  1289.  Ch.  II, 
v.637;946;955;  1092;  ii86.Ch.III, 
v.  i;  67;  388;  522;  775;  847;  1003; 
1013;  1040;  1074;  1206;  1234;  1350. 
Ch.IV,  V.  4;  86;  87;  156;  210;  223; 
284;  335;  408;  417;  425;  553;  65Ô; 
703;  705;  1138;  114»;  1153;  1217; 

131 1;  »323;  1365;  159S;  1691. 

KÈRES  (ol\  K'f-.psç)  [les]^  déesses  de 
la  mort,  p.  26.  1.  10;  prennent  Can- 
thos  en  Libye,  p.  185,  1.  23;  les 
Kères,  chiennes  rapides  d'Adès, 
p.  191,  1.  20.  —  Notes:  Ch.  I", 
V.  689.  Ch.  IV,  V.  1485;  1665. 

Lacéréia  (t)  AaxIpEia),  ville  de 
Thessalie  où  Coronis  enfanta  Asclé- 
pios,  p.  157, 1.  36.  —  Notes  :  Ch.  IV, 
V.  616. 

Ladon  (0  Aaocov),  serpent,  gar- 
dien des  pommes  d'or,  tué  par 
Héraclès,  p.  182,  1.  29.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  1396. 

LAMPâiA  (T|  Aa(i.nety)),  montagne 
d'Arcadie,  p.  8,  1.  12. —  Notes: 
Ch.  1",  V.  127. 

LampÉtia  (AajJLTteriTj),  fille  d'Hé- 
lios,  fait  paître  les  génisses  de  son 
père,  p.  169,  1.  5.  —  Notes  :  Ch.  IV, 

V.  965  ;  972. 

Laocoon  (Aaox6cdv),  Argonaute, 
oncle  de  Méléagros,  p.  10,  1.  12.  — 
Notes:  Ch.  I",  v.  190. 

Lapithes  (oi  AamOat)  [les]  ;  allu- 
sion à  la  lutte  des  Lapitnes  et  des 


438 


INDEX 


Centaures,    p.   5,   1.   25.  —  Notes  : 
Ch.  1",  V,  4^».  Ch.  III,  V.  587. 

Lari>sa  (r,  .VscpKTx),  ville  de  Thes- 
salie  d'où  vient  l'Argonaute  Poly- 
phémos,  p.  5, 1. 24.  —  Notes  :  Ch.  I", 
V.  40.  Ch.  IV,  V.  1091. 

Latmos  (tô  AâT(j.tov  ôîvTpov)  [la 
caverne  du]^  où  la  Lune  va  trouver 
Endymion,  p.  139,  1.  36.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  58. 

Laurion  (to  Aauptov  ice$iov)  [la 
plaine  du],  voisine  des  bouches  de 
rister.p.  148, 1.20  etsuiv.  —  Notes: 
Ch.  IV,  V.  320. 

LÉDA  (\rfir^  envoie  ses  fils  Cas- 
tor et  PoUux  pour  prendre  part  à 
l'expédition  des  Argonautes,  p.  8, 
1.  33  et  suiv.  —  Notes  :  Ch.  I*', 
V.  146;  152. 

Lemnienne  (Ar,;jLvia;),  épithète 
d'Hypsipylé,  p.  128,  l.  30.  Voir 
Hypsipylé.  —  Notes:  Ch.  1",  v.702. 
Ch.  in,  V.  i2()6. 

Lemniennes  (tX  Ar,(xvidt5£;)  [les], 
poursuivies  par  le  courroux  de 
Cypris,  p.  23,  1.  30;  une  des  Lem. 
niennes,  p.  50,  1.  28.  Voir  Lemnos. 
—  Notes  :  Ch.  I",  v.  609;  882. 

Lemnos  (t|  Ar,(ivo;),  île  de  la  mer 
Egée  ;  distance  entre  Lemnos  et  le 
mont  Athos,  p.  23,  1.  15;  Lemnos, 
séjour  des  Sintiens,  p.  23,  1.  23; 
Lemnos,  située  en  face  de  laThrace, 
p.  23, 1.  30  ;  les  femmes  de  Lemnos, 
p.  24,  1.  9;  p.  25,  1.  5;  P-  74.  1.  8 
(voir  Lemniennes)  [/t'sl;Thoas,  roi 
de  Lemnos,  p.  29,  1.  27  ;  Ttle  de 
Lemnos,  p.  31,  I.4;  la  population 
de  Lemnos,  p.  31,  1.  18;  les  campa* 
gnea  de  Lemnos,  p*  31,  1.  35;  Lem- 
nos, p.  32,  1.  6;  les  descendants 
d'Euphémos  chassés  de  la  Sintéide 
Lemnos,  p.  194,  1.  17  et  suiv. — 
Notes:  Ch.  I",  v.  59g;  601;  602; 
603  ;  608  ;  609  ;  652  ;  668  ;  689  ;  702  ; 
7<^;  S51;  9'3.  Ch.  m,  V.  4S  197. 
Ch.  IV,  V.  1758. 

LÉODOCOS  (AstoôoxoOi  Argo- 
naute, fils  de  Péro,  p.  8,  1.  4.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  1 18. 

Lern  e  (to  AepvT);  uSoîp)  [la  source 
de],  en  Argolide,  où  l'on  célébrait 
des  jeux  en  l'honneur  de  Poséidon, 
p.  129,  1.  35;  l'hydre  de  Lerme  (rj 
'j^pa  Aspvaia),  p.  183, 1.  i.—  Notes: 
<:h.  III,  V.  1240.  Ch.  IV,  V.  1403. 


Lesnos  (Aspvo;),  fils  de  Proitos 
et  père  de  Naubolos,  p.  8,  1.  21.  — 
Notes  :  Ch.  I*'.  v.  134;  202. 

Lbrnos  (.Vipvoc),  Olénien,  père 
putatif  de  l'Argonaute  Palaimonios, 
p.  I  o,  1.  23  et  suiv.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  202. 

LéTÔ  (.\.r,Tco),  Coiogène,  p.  72, 
1.  2 1  ;  le  fils  de  Létô  (voir  Apollon), 
p.  6,  1.  16;  p.  8,  1.  30;  p.  18,  1.  8; 
p.  19,  1.  23;  p.  56,  1.27;  p.  58,  1.  7; 
p.  71,  1.  16;  p.  74,  1.  1$;  la  fille  de 
Létô  (voir  Arténtis),  p.  79,  ].  27; 
p.  118,  1.  23;  p.  149,  10.  —  Notes  : 
Ch.  I",  v.  179;  419;  761;  1131, 
Ch.  II,  v.  123;  710. 

LÉTOIDE  (Ar,Toîôr);).  Apollon,  fils 
de  Létô,  p.55, 1. 23,  etc.  Voir  il^//off. 

LiBURNIENNBS  (ai  vr.VOl  Al^Up>t- 

Se;)  [les  îles],  Issa,  Dycélados  et 
Pit>'éia,  dans  la  mer  Adriatique, 
p.  156,  1.  14.  —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  554. 

Libye  (tj  Ai^vrJ  [lai,  partie  du 
monde  où  Canthos  et  Mopsos  doi- 
vent périr,  p.  6,  1.  34  et  suiv.;  dis- 
tance qui  sépare  la  Libye  de  la 
Colchide,  p.  7,  1.  i;  les  Nymphes 
de  Libye,  p.  65,  1.  34;  épreuves  des 
Argonautes  en  Libye,  p.  1 77, 1. 12;  la 
mer  de  Libyc(Tb  icéXayo;  .VifJ'jorixôv), 
p.  1 77,  1.  20  ;  les  héroïnes  tutélaires 
de  la  Libye  apparaissent  à  Jason, 
p*  179,  1.  32  et  suiv.,  p.  180  et  181; 
les  héros  portent  Argo  dans  les 
dunes  solitaires  de  la  Libye,  p.  182, 
1.  14;  Canthos  meurt  en  Libye, 
p.  185,  1.  23;  Acacallis  envoyée  en 
Libye  par  son  père,  Minos,  p.  1 85, 
1.  30  ;  Persée  volant  au-dessus  de  la 
Libye,  p.  186, 1.  20;  Eurypylos  né 
en  Libye,  p.  188,  1.  5.  —  Notes: 
Ch.  I",  v.  85;  1207.  Ch.  II,  V.  500; 
965.  Ch.  IV,  V.  259;   1227;   1235; 

i3f>9;  1311;  1322;  1323;  1348;  1396; 

1464;  1515;  »5a3;  1552;  1561;  1620; 
174a. 

LiBTÉ  ( A iB'jrj),  nymphe  de  Libye, 
épouse  de  Triton,  p.  193,  1.  35. — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  1323;  1742. 

Libyenne  (y;  Aipuortç  T.ireipo;)  \la 
terre],  p.  194, 1.  1 1.  Voir  Litye[la]. 

Liguriennes  (al  Aiyv^TiSs;  vr.ffot) 
[les  îles],  autrement  nommées  Stoi- 
chades,  p.  1 56, 1.  2.  Voir  Stoichades 
[les  îles].—  Notes  :  Ch.  IV,  v.  553. 


INDEX 


439 


LiGYENS  (o\  Aîyyeç)  Ues],  ou  Li- 
gures, peuple  au  milieu  duquel  le 
navire  Argo  descend  le  Rhodanos, 
entouré  d'une  nuée  obscure,  p.  158, 
1.  34.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  553  ;  646. 

LlLYBÉEN  (tj  AiXu^/;\;  axp/i)  [le 
capy  où  Cypris  établit  Boutes, 
p.  167,1. 19.  —  Notes:  Ch.IV,v.9i4. 

LocRiENS  (ol  AoxpoO  [^^^Ji  peu- 
ple de  la  côte,  au  sud  de  la  Thés- 
salie,  p.  195, 1. 8.  ~  Notes  :  Ch.  I", 
V.  69.  Ch.  II.  V.  675.  Ch.  IV,  V.  1 780. 

Lune  (t)  MTÎvr,)  [/a],  personnifiée 
comme  amante  d'Endymion,  p.  139, 

1.34- 

Lycaon  (AuxatDv),  roi  d'Arcadie, 

ancêtre  du  peuple  des  Parrhasiens, 

p. 66,1. 17.  —  Notes  :  Ch.  I«',  v.  162. 

Ch.  II,  V.  521. 

Lycastiennes  (al  Auxa<TTiai) 
[lei]t  nom  d'une  des  tribus  des 
Amazones,  p.  81,  1.  25.  —  Notes: 
Ch.  II,  V.  995. 

Lycie  (y)  Avxta)  [la],  pays  d'Asie 
où  Apollon  était  particulièrement 
honoré,  p.  13*  !•  34>  ?•  7i»  1-  16.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  308. 

Lycorâios  (Aux(opEtoO>  épithète 
d'Apollon,  p.  185, 1.28.  Voir  ^^o//on. 
—  Notes  :  Ch.  IV,  v.  1490. 

Lycosbus  (Auxcopeuc),  serviteur 
d'Amycos,  p.  51,  1.  16. -—Notes: 
Ch.  II,  V.  51. 

Lycos  (Auxoç),  roi  des  Marian- 
dyniens,  dévaste  le  pays  des  Bé- 
bryces,  p.  54,  1.  10;  Lycos  apprend 
l'arrivée  des  Argonautes  et  les 
accueille,  p.  73,  1.  31  et  suiv.;  les 
Argonautes  chez  Lycos;  leurs 
entretiens  avec  lui ,  p.  74  et  75  ;  Lycos 
leur  donne  son  fils  Dascylos  comme 
compagnon,  p.  75,  1.  14;  Lycos  les 
reconduit  vers  leur  navire,  p.  75, 
1.  26;.  Lycos  prend  part  aux 
cérémonies  funèbres  en  l'honneur 
d'Idmon,  p.  76,  1.  20;  le  fils  de 
Lycos,  p.  147,  1.  27.  —  Voir  Das- 
cylos. —  Notes  :  Ch.  II,  v.  724;  758; 
789. 

Lycos  (ô  Avxoc)  [/«].  fleuve  de 
Bithynie,  devant  l'embouchure  du- 
quel passe  le  navire  Argo,  p.  73, 
1.  3.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  650;  724. 
Ch.  IV,  V.  131. 

Lycos  {h  AOxo;)  [/«],  fleuve  qui 
sort    des    montagnes    d'Arménie, 


p.  142,1.17.  —  Notes  :  Ch.  II,v.724^ 
Ch.  IV,  V.  131. 

Lycourgos  (.\'jx6opYo;),  fils 
d'Aléos,  frère  de  Cépheus  et  d'Ara- 
phidamas,  père  de  l'Argonaute 
Ancaios,  p.  9,  1.  19;  Ancaios,  fils 
de  Lycourgos,  p.  53,  1.  21.  Voir 
Ancaios.  —  Notes:  Ch.  I",  v.  162^ 
Ch.  II,  V.  865. 

Lyncée  (Auyxeu;),  Argonaute, 
fils  d'Aphareus,  p.  9, 1.  6;  les  yeux 
perçants  de  Lyncée,  p.  9,  1.  8; 
confiant  dans  sa  vue  excellente,  il 
va  à  la  recherche  d'Héraclès, 
p.  185,  1.  i;  il  l'aperçoit  au  loin^ 
p.  185,1.14.  —  Notes:  Ch.I",  v.152. 
Ch.  IV,  v.  1464. 

LyrcÉienne  (xb^Apyo;  Aupxr.iov), 
épithète  d'Argos,  p.  8,  1.  10.  Voir 
Argos  [ville].  —  Notes  :  Ch.  I*',v.  1 25. 

Lyre  (yj  Aupr^),  endroit  voisin  de 
la  sépulture  de  Sthénélos,  ainsi 
nommé  parce  qu'Orphée  y  consacra 
sa  lyre,  p.  79,  1.  j6.— Notes: 
Ch.  II,  V.  929. 

Macriades  (al  Maxpiâdc;  vxoTciaO 
[les  roches],  dans  la  Propontide, 
près  de  Cyzique,  p.  39,  1.  22.  -r 
Notes  :  Ch.'l*',  v.  1 1 12. 

Macriens  (ol  Maxpietc)  [les],  peu- 
ple de  race  Pélasgique,  ennemi  des. 
Dolions,  p.  37, 1 .  I .  —  Notes  :  Ch.  I", 
V.  1024;  1 1 12.  Ch.  II,  V.  393. 

Ma  cris  (Mâxpt;),  Nymphe  chère 
à  Déméter,  p.  169,  1.  23;  fille 
d'Aristée,  elle  prend  soin  de  Dio- 
nysos enfant,  p.  174,  h  1 1  et  suiv.; 
l'île  de  Macris  (tj  Maxpi$iv}  x^pvTj<joç)» 
p.  175,  1.  25.  Voir  Macris\l*Ué]. — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  540  ;  1 138. 

Macris  (yJ  Mâxpic  ^r.voç)  [Vîle]y 
où  Dionysos  fut  nourri,  p.  155,. 
1.  25. —  Notes:  Ch.  I",  v.  1024. 
Ch.  IV,  V.  540. 

Macrônes  (ol  MdtxpowsO  [les]^ 
peuple  de  la  côte  du  Pont,  voisin 
des  Philyres,  p.  62,  l.  18.  —  Notes  : 
Ch.I*',v.  1024;  II 12.  Ch.  II,  V.393; 
10 15;  1231;  1242. 

Magnés  A  (t)  Mâyvriaa),  ville  de  la 
côte  de  Thessalie,  p.  22,  1.  32.  >- 
Notes  :  Ch.  I«',  v.  584;  585, 

Magnésiennes  (Mayvi^TiSe^),  épi- 
thète de  Pagases,  p.  i  (,  1.  25.  Voir 
Pagases,  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  238. 


440 


INDEX 


Maia  (Mata),  mère  d*Hennè8, 
p.  193,  1.  25.  Voir  Hermès. — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  1 733. 

Mariandtniens  (oï  HopixvdvvoO 
f/«s],  habitants  de  la  Bithynie, 
dévastent  les  villages  des  Bébryces, 
p.  54,  1.  1 1  ;  la  terre  des  Marian- 
dyniens,  p.  61,  1.  10;  p.  73,  1.  2  et 
2ô;  les  hommes  Mariandyniens, 
p.  73, 1. 32.  —  Notes  :  Ch.  I*',  v.  193  ; 
1 126.  Ch.  H,  V.  140;  352;  353;  723; 
724;  747;  758;  777;  782;  815;  854. 
Ch.  m,  V.  522;  1372.  Ch.  IV,  V.  86. 

Matinal  (*£(oiq;).  épithète 
d'Apollon,  p.  71,  1.  29;  p.  72, 1.  1 1. 
Voir  Apollon.  —  Notes  :  Ch.  II, 
V.  686. 

MÉDÉE  (Mri^eia),  fille  d'Aiétès, 
p.  99,  1.  10;  amour  de  Médée  pour 
Jason,  p.  91,  1.  4;  Médée  retenue  à 
la  maison  par  Héra,  p.  99,  1.  12; 
Médée  atteinte  par  la  flèche  d'Eros, 
p.  100,  1.  17-30;  Médée  se  retire 
chez  elle,  p.  105,  1.  19  et  suiv.; 
songe  et  angoisses  de  Médée,  p.  1 1  <>• 
1 1 1  ;  son  entretien  avec  Chalciopé, 
p. 1 12-114;  SA  nuit  sans  sommeil, 
p.  1 1 5- 1 1 7  ;  Médée  va  attendre  Jason 
auprès  du  temple  d'Hécate,  p.  1 18- 
119;  son  entrevue  avec  Jason, 
p.  1 20- 1 27;  Jason  suit  les  instructions 
de  Médée,  p.  130,  1.  3;  Jason  se 
souvient  des  avis  de  Médée,  p.  133, 
1.  32.  —  La  peine  et  les  projets  de 
Médée,  p.  138,  1.  3;  terreur  de 
Médée,  p.  138,  1.  14;  Médée  crie 
trois  fois  vers  les  héros,  p.  140, 
I.  20-22;  Médée  embarquée  par 
Jason,  p.  141,  1.  20;  elle  débarque 
avec  lui  pour  aller  chercher  la 
toison,  p.  141,  1.  32;  p.  142,  1.  6; 
Médée  charme  le  dragon,  p.  143, 
1.  7  et  suiv.  —  Aiétès  sait  tout  ce 
que  Médée  a  fait,  p.  1 44,  1.  36  ;  Héra 
veut  que  Médée  aille  sur  la  terre 
Pélasgienne,  p.  145,  1.  33;  les  Col- 
chiens  demandent  que  Médée  soit 
remise  en  dépôt  au  temple  d'Arté- 
mis,  p.  149,  1.  9;  Médée  consent  au 
meurtre  d'ApsyrtOâ,  p.  151, 1.  15  et 
suiv.;  elle  communique  aux  hérauts 
des  avis  mensongers,  p.  152,  1.  8; 
Eros  inspire  à  Médée  un  égarement 
odieux,  p.  152,  1.  2^1;  Médée  laissée 
dans  l'île  d'Artémia,  p.  152,  1.  31; 
elle  assiste  au  meurtre  et  fait  un 


signal  aux  Argonautes,  p.  153.  — 
Médée  et  Jason  chez  Circé,  p.  160- 
162  ;  Médee  destinée  à  être  i  épouse 
d'Achille  dans  la  plaine  Elyséenne, 
p.  164,  1. 10;  Médée,  réclamée  par 
les  Colchiens,  supplie  Arété  et  les 
Argonautes,  p.  170-172;  Arété 
communique  à  Jason  la  décision 
d'Alcinoos  au  sujet  de  Médée,  p.  1 73, 
1.  30;  la  caverne  de  Médée,  p.  175, 
I.  2;  Médée  aurait  voulu  ne  pas  se 
marier  dans  le  pays  d'Alcinoos, 
p.  I75t  1*  13;  autels  élevés  par 
Médée,  p.  177,  1.  2;  cadeaux  faits  à 
Médée  par  Arété,  p.  177,  1.  5.  — 
Frayeur  de  Médée  à  la  vue  de 
Mopsos  mourant,  p.  186, 1.29;  Médée 
charme  le  géant  Talos,  p.  191-192; 
les  suivantes  de  Médée,  p.  1 93, 1. 1 1 . 
Voir/oso».  —  Notes  :  Ch .  !•',  v .  i  o  i  ; 
281;  609;  672;  1289.  Ch.  II,  V.  205; 
1221.  Ch.  IH,  V.  i;  200;  242;  640; 
653;  745;  775;  ^02;  847;  867;  876; 
899; 1003; 1013; 1018; 1040; 1061; 
1074;  1372.  Ch.  IV,  V.  4;  18;  52; 
62;  8v'>;  8j;  87;  223;  247;  355;4':;8; 

417;  425;  481;  517;  656;  703;  704; 
705;  814;  1007;  1019;  1020;  1026; 
1043;  1057;  «086;  Il  15;  1138; 
I  i4i;  I I53Î  1217;  1218;  1300;  1386; 
1485;  1521;  1552;  1638;  1664;  1691. 

MÉGABROMTÈs  (MsyaîipôvTr,:), 
Dolion  tué  par  Héraclès,  p.  37, 
1.  19.  —  Notes  :  Ch.  I"',  v.  104-». 

MÉGALOSSAKÂs  OAzyoLKovnâxtfi), 
guerrier  Dolion  tué  par  l'un  d-js 
Tyndarides,  p.  37,  1.  23. 

MÉGASiBNs  (ot  Msyapr.ec)  [lês]y 
qui  vont  habiter  le  paj  s  des  Martan- 
dyniens,  p.  73, 1. 25.  —  Notes  :  Ch.U, 

V.  353;  747;  845- 

M  É  L  A I N  A  (  HsXat  vse) ,  surnom 
donné  par  les  matelots  à  Cercyra, 
île  de  la  mer  d'UIyrie,  p.  156,  L  22. 
Voir  Cêrcyra. 

MftLAMPOUS  (MeXvfjLtcovOi  Aio- 
lide,  qui  subit  de  terribles  épreuves 
dans  les  étables  d'Iphiclos,  p.  8. 
1.  5.  —  Notes  :  Ch.  !•',  v.  1 18;  139. 

M&LANiPPâ  (Mslgtv{tcitY;)«  Ama- 
zone, fille  d'Ares,  prise  par  Héraclès 
dans  une  embuscade,  p.  80, 1.  24.  — 
Ch.  II,  v.  96J. 

MéLANTXBNS(xl  McXdtVTtOt  ICSTpai) 

[les  rochers]^  où  Apollon  se  place 
pour  envoyer  aux  Argonautes  la 


INDEX 


44» 


lumière  de  son  arc,  p.  192,  1.  30.  — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  1707. 

MÊLAS  (MsXa;),  l'un  des  fils  de 
Phrixos,  p.  85,  1.  24.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  922.  Ch.  II,  V.  1092. 

MéLAS  (t|  MfiXaiva  axpy))  [le  cap], 
indiqué  par  Phinée  aux  Argonautes , 
p.  61,  1.  7;  dépassé  par  le  navire 
Argo,  p.  70,  1.  26.  —  Notes  :  Ch.  II, 
V.  349;  650. 

MÊLAS  (ô  Ms/.a;  itovto;)  [le  golfe], 
parcouru  à  la  rame  par  les  Argo- 
nautes, p.  33, 1.26.  —  Notes  :  Gh.l"', 
V.  211;  922. 

MÉLÊAGROS  (MeXéocypo;),  Argo- 
naute, à  peine  adolescent,  fils 
d'Oineus,  p.  10,  1.  12  et  suiv.;  tue 
Itymoneus  et  Artakès,  guerriers 
Dolions,  p.  37, 1.  24;  se  met,  malgré 
sa  jeunesse,  au  nombre  de  ceux  qui 
veulent  combattre  les  taureaux 
d'Aiétès,  p.  107,  1.  25.— Notes: 
Ch.  I*%  V.  190. 

MÉLLA  (MsXt'n)»  Nymphe  de  Bi- 
thynie,  mère  d*Amycos,  p.  49,  1.  4. 

—  Notes  :  Ch.  II,  v.  4. 
MÊLIBOIA  (ti  MsXi'poia),  ville  ma- 
ritime de  Magnésie,  p.  23,  1.  5.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  592;  596. 

MÉLITÉ  (MsXtTrJ,  Naïade,  fille  du 
fleuve  Aigaios,  aimée  d*Héraclès, 
mère  d'Hyllos.  p.  155, 1.  23  et  suiv. 

—  Notes  :  Ch.  IV,  v.  524  ;  54 1  ;  1 1 25  ; 

1 149- 

MÊLITÊ  (t)  MeXiTr,),  île  de  la  mer 
d'Illyric,  p.  156,  1.  24.  —  Notes: 
Ch.  IV,  V.  524. 

MÉLITÉIEN  (to  MeXiTT^iov  opoç)  [le 
tnont],  dans  l'île  des  Phaiaciens, 
P-  I74>  1.  34.  —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  I  149. 

MÉNALE  (o  MxivaXoO  [le]y  mont 
d'Arcadie  où  Atalante  accueille 
Jason,  p.  28,  1.  31;  une  ourse  du 
Ménale  (MatvaXiv)  apxioOi  P*  9» 
1.  23.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  162;  769. 

MénétosCt)  Msv6Triî;)[/ayï//<îdcJ, 
Antianéiré,  mère  des  Argonautes 
Erytos  et  Echion,  p.  6,  1.  6.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  54. 

MÉNOiTios  (MsvoiTio;),  Argo- 
naute, fils  d'Actor,  p.  6,  1.  21. — 
Notes:  Ch.  I",  v.  71. 

Mentobes  (ol  MévTopeç)  [les], 
meurtriers  d'Hyllos,  p.    155,  1.  34. 

—  Notes  :  Ch.  ÎV,  v.  55 1 . 


MÉROPS  (M;po'V)«  Percosien,  père 
de  Cléité,  la  femme  de  Cyzicos, 
p.  35,  1.  II.  — Notes:  Ch.  I«% 
V.  1063;  1 1 16. 

MiLÊTOS  (MiXr,Toc),  fondateur  de 
la  ville  de  Milet,  p.  10,  1.  6. — 
Notes:  Ch.  I«',  v.  186.  Ch.  IV, 
V.  1490. 

Mimas  (Mi^Loa;),  géant  Phlégraien 
tué  par  Ares,  qui  donne  sa  cuirasse 
à  Aiétès,  p.  129,  1.  18.  —  Notes: 
Ch.  II,  V.  105.  Ch.  III,  V.  1227. 

Mimas  (Mî{xa;),  guerrier  Bébryce 
blessé  par  PoUux,  p.  53,  1.  8.  ~ 
Notes:  Ch.  II,  v.  105.  Ch.  III, 
V.  1227. 

M I N  O  ï  D  E  (  Mivu>î;  ),  surnom 
d'Athéné,  p.  192,  I.  12.  Voir  Athéné, 

—  Notes  :  Ch.  IV,  v.  1691. 
MiNOÏDE   (MtvcoiO,   Ariane,   fille 

de  Minos,  p.  122,  I.14.  Voir  Ariane. 

MinoIdes  (otX  MivùKoe;  v?.<toi)  [les 

îles],  nom  des  Cyclades,  p.  66, 1. 1 1 . 

—  Notes  :  Ch.  II,  v.  516. 

Minos  (Mivb>ôi  père  d'Ariane, 
apaise  sa  colère  contre  sa  fille, 
p.  122,  1.  16;  la  fille  de  Minos  (voir 
Ariane)^  p.  125,  1.  14;  p.  152,  1.  6; 
convention  de  Minos  avec  Thésée, 
p.  125, 1.  16;  Minos,  époux  de  Pasi- 
phaé,  p.  125,1.25;  Acacallis,  fille 
de  Minos,  p.  185, 1. 29.  —  La  Crète, 
île  de  Minos  (y;  Kpr.tr,  Mivcoi';),  p.  59, 
1.  19.  —  La  mer  de  Minos  (tb 
Mivwiov  izi^oLyoç),  nom  de  la  mer  de 
Crète,  p.  188, 1.  9.  —  Notes  :  Ch.  I", 
v.  loi;  186.  Ch.  II,  v.  516;  1221. 
Ch.  m,   V.    1003;    1086.   Ch.    IV, 

V.    425;    433;    1490;    1492;    1564; 
1638;  1691. 

MiNYAS  (Mivvaç),  héros  de  qui 
descendent  les  meilleurs  des  Argo- 
nautes, p.  II,  I.  18;  père  de  Cly- 
mené,  p.  1 1, 1. 20;  l'Aiolide  Minyas, 
fondateur  d'Orchomène,p.  125,1. 10 
et  suiv.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  45  ;  230. 
Ch.  ni,  v.  1091. 

Ml  N  YEN  (Mtrjr.vo;),  épithète  de 
Phrixos,  fils  d'Athamas  et  descen- 
dant de  Minyas,  p.  28,  1.  23;  p.  141, 

1.  35- 

MiNYENS  (ol  MivûacO  [l^s];  pour- 
quoi les  peuples  de  Thessalie  don- 
nent ce  nom  aux  Argonautes,  p.  i  i , 
1.  17;  Iphinoé  va  vers  les  Minyens, 
p.  20,  1.  32;  douleur  des  héros  Mi- 


56 


\ 


442 


INDf  X 


nyens,  p.  37,  1.  33  ;  exclamations 
des  héros  Minyens,  p.  52,  1.  35; 
ruses  préparées  par  Aiétës  contre 
les  Minyens,  p.  1C9,  I.  17;  combat 
dont  les  Minyens  sont  menacés, 
p.  I49i  I.  1;  les  Minyens  cherchés 
par  les  Colchiens,  p.  154,  1.  25; 
tristesse  des  héros  Minyens,  p.  157, 
1.  13;  Arété  demande  à  Alcinoos 
de  se  rendre  agréable  aux  Minj'ens, 
p.  172,  1.  15;  présents  d'hospitalité 
donnés  par  Alcinoos  aux  Minyens, 
p.  1 77. 1.  4  ;  prodige  qui  a  lieu  pour 
les  Minyens,  p.  181,  I.  27;  les  Mi- 
nyens autour  de  la  source,  p.  184, 
1.  24;  les  Minyens  ensevelissent 
Canthos,  p.  186,  1.  i. —  Notes: 
Ch.  I",  V.  3;  186;  230;  551;  652. 
Ch.III,  V.1091.  Ch.lV,  V.317;  1758. 

Moire  (t)  Motpa)  [/a],  déesse  de 
la  destinée,  p.  185,  1.  11.  —  Les 
Moires  (ai  Moîpai),  p.  177,  1.  i.  — 
Notes:  Ch.  IV,  v.  1217;   1485. 

Mopsos  (M'^'^o;),  Argonaute,  ins- 
truit par  Apollon  dans  la  divination, 
p.  6, 1.  16;  destiné  à  périr  en  Libye, 
p.  6,  1.  33;  pendant  qu'il  veille 
auprès  du  vaisseau,  Mopsos  reçoit 
d'un  alcyon  un  présage  favorable 
qu'il  rapporte  à  Jason,  p.  38  et  39; 
Mopsos  ordonne  aux  héros  d'apaiser 
l'âme  de  Sthénélos  par  des  libations, 
p.  79,  1.  6;  il  interprète  le  présage 
donné  par  une  colombe,  p.  108, 
1.  1 5  ;  il  accompagne  Jason  qui  va 
à  un  rendez-vous  avec  Médée, 
p*  (  i9i  1*  31  i  raillé  par  une  cor- 
neille, il  se  contente  d'attendre  le 
retour  de  Jason,  p.  120;  Mopsos 
meurt,  piqué  à  la  jambe  par  un 
serpent;  les  héros  lui  rendent  les 
honneurs  funèbres,  186-187.  — 
Notes  :  Ch.  1",  v.  65  ;  1 082.  Ch.  III, 
V.  939.  Ch.  IV,  v.  1 502  ;  1515;  1523. 

MOSSYNOICIENS  (ol  Moffd'JVOlXOl) 

[/«s],  peuple  du  Pont  signalé  aux 
Argonautes  par  Phinée,  p.  62,  1.  2; 
mœurs  étranges  des  Mossynoiciens, 
p.  82,  1.  9  et  suiv.  ;  le  pays  des 
farouches  Mossynoiciens,  p.  85, 
1.  15. —  Notes:  Ch.  II,  v.  379; 
1016;  1231. 

Muse  (r|  MoO<ja)  [la],  déesse 
enfant  de  Zeus,  invoquée  par  le 
poète,  p.  138,  1.  i.  —  Les  Muses 
(xl  MoOua:),  invoquées  par  le  poète,  .. 


p.  5,  1.  4;  comment  les  Muses  se 
sont  occupées  d'Anstée,  p.  66,  1.  4 
et  suiv.;  le  poète  doit  tout  dire  par 
l'ordre  des  Muses,  p.  76,  1.  28; 
Terpsichore,  une  des  Muses,  mère 
des  Sirènes,  p.  166,  I.  2$;  le  poète 
s'excuse  auprès  des  Muses  de  l'au^ 
dace  de  ses  chants,  p.  169,  1.  17;  la 
tradition  des  Muses  chantée  par  le 
poète,  p.  182,  1.  10.  Voir  Caliiope, 
Erato,  Terpsichore,  —  Notes  : 
Ch.  1",  v.  25;  31;  735.  Ch.  U, 
V.  5 1 1 .  Ch.  III,  v.  I .  Ch,  IV,  V.  4 ; 
892;  984;  1304. 

MvcàNES  (o\  M'jxr.vaîoO  [les  ha- 
bitants de],  p.  8,  1.  i^.  —  Notes: 
Ch.  IV,  V.  1396. 

Myriné  (t)  M-jptvr.),  ville  de  l'île 
de  Lemnos,  couverte  par  l'ombre 
de  l'Athos,  p.  23,  I.  18;  les  femmes 
sortent  des  portes  de  Myriné,  p.  24, 
1.  1 9.  —  Notes  :  Ch.  I»*",  v.  60 1  ;  602. 

Myrmidon  (Mvp{Al$(.>v),pèred'Ett- 
poléméia,  p. 6, 1.4.  —  Notes:  Ch.I*', 
v.  54.  Ch.  IV.  v.  816. 

Mtr.midons  (ol  Muptii56>*e;)  [les], 
peuple  d'Egine,  p.  194,  1.  32. — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  1 329  ;  1 533  ;  1 772. 

MyRTiLOS  (MvpxiXoOi  cocher 
d'Oinomaos,  représenté  sur  le  man« 
teau  de  Jason,  p.  28,  1.  13. 

Myrtosb  (to  MupTo^atov  aÎKo;) 
[les  sommets  du],  montagne  de 
Libye,  p.  65, 1.  34.  —  Notes  :  Ch.II, 
V.  505. 

Mysie  (t|  Mvffi'ç)  [la],  contrée  de 
l'Asie-Mineure,  p.  74,  1.  10.  —  Les 
montagnes  de  Mysie  (al  Mvi^'ai 
xoXb>vai),  p.  39»  1-  26.  —  Notes  : 
Ch. I",  V.  940;  1 114;  II 15;  1 116; 
1 177;  1304.  Ch.  II,  V.  2. 

Mysiens  (ol  M*j<Toi)[les]\  le  rivage 
des  Mysiens,  p.  4 1 , 1  1  o  ;  les  Mysiens 
accueillent  bien  les  Argonautes, 
p.  41,  1.  28;  la  terre  des  Mysiens, 
p.  45,  1.  23;  ville  fondée  chez  les 
Mysiens  par  Polyphémos,  p.  46,1.  13; 
p.  47, 1.  8;  p.  185,  I.  8;  le  pays  des 
Mysiens  (tj  Muotç  yaîa),  p.  47i  Lu; 
guerre  d'Héraclès  contre  les  My- 
siens, p.  47, 1. 12  et  suiv.;  les  Mysiens 
meurtriers  de  Priolas,  fils  de  Das- 
cylos,  p.  74,  1.  27;  les  Mysiens 
soumis  par  Héraclès  à  Dascylos, 


p.    74.    1. 
V.  1 177. 


32.  —  Notes  :    Ch.   I« 


INDEX 


443 


Naïade  (Nr.tdt;),  Mélité,  fille  du 
fleuve  Aig^aios,  p.  155,  1.  28. 

Naïades  («i  yrnièvôlles];  Oinoié, 
une  des  Naïades,  p.  24,  I.  7;  les 
Naïades,  servantes  de  Circé,  p.  i6(, 
1.  2  ;  les  Naïades  élèvent  Achille, 
p.  164,  1. 9.  —  Notes  :  Ch.I",  v.668. 
Ch.  II,  V.  965.  Ch.  IV,  v.  705;  71 1; 
813. 

Nasécos  (to  NâpT)xo;  ^Tipia), 
nom  d'une  des  bouches  de  Tlster, 
p.  1 48, 1. 9.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v. 3 12. 
Nasamon  (Na(Ta|jLCi)v),  fils  d'Am- 
phithémis  et  de  Tritonis,  frère  de 
Caphauros,  p.  185,  1.  34. 

Naubolidb  (lSawpo>{5/i;),  Clyto- 
néos,  fils  de  Naubolos  et  père  de 
Nauplios,  p.  8,  1.  20. 

Naubolos  (Naûpo^o;),  fils  de 
Lemos  et  père  de  Clytonéos,  p.  8» 
1.  20.  —  Notes  :  Ch.  I*',  v.  202. 

Naubolos  (Nau^oXo;),  fils  d*Or- 
nytos  et  père  de  l'Argonaute  Iphitos, 
p.  10, 1.29.  —  Notes  :  Ch.I",  v.207. 
N  AU  PLI  ADE(Na'jir>.iaôr,c) ,  Proi  tos, 
fils  de  Nauplios  l'ancien,  et  père  de 
Lemos,  p.  8,  1.  22. 

Nauplios  (NaûnÂio;)  l'ancien» 
fils  de  Poséidon  et  d'Amymoné,  père 
de  Proitos  et  ancêtre  de  Nauplios 
le  jeune,  p.  8, 1. 23.  —  Notes  :  Ch.  I*', 
V.  134.  Ch.  IV,  V.  1091. 

Nauplios  (Naûn/io;)  le  jeune, 
Argonaute,  fils  de  Clytonéos,  des- 
cendant de  Nauplios  l'ancien,  p.  8, 
1.  19;  est  un  des  héros  qui  veulent 
prendre  le  gouvernail  après  la  mort 
de  Tiphys,  p.  78,  1.  13.  —  Notes  : 
Ch.  I*%  V.  134. 

Nausithoos  (NxuotOoo;),  roi  de 
l'île  Macris,  chez  lequel  Héraclès 
se  rend  pour  se  purifier  du  meurtre 
de  ses  enfants,  p.  155, 1. 25  ;  Hyllos, 
fils  d'Héraclès,  ne  veut  pas  rester 
soumis  à  l'orgueil  de  Nausithoos, 
p.- 155,  k  31;  Nausithoos  facilite  le 
départ  d'Hyllos,  p.  155,  1.  33.  — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  539;  543. 

NÉLÉB  (Nr.XEuOi  roi  de  Pylos, 
père  de  l'Argonaute  Périclyménos, 
p.  9,  1.  12.—  Notes  :  Ch.  I"',  v.  13; 
118;  156;  158.  Ch.  II,  V.  955. 

NÉLÔE  (o\  Nr,>et5ai)  [les  Ioniens 
compagnons  dé\^  fils  de  Codros, 
P-34il.3i>.  —  Notes:  Ch.I",  v.959; 
1 076. 


NÉLéiDE  (Nr.Xr/;),  Péro,  fille  de 
Nélée,  roi  de  Pylos,  p.  8,  1.  4. 

NÊLÉiEN  (N/iXyo;),  Périclymé- 
nos, Argonaute,  fils  de  Nélée,  roi 
de  Pylos,  p.  9,  I.  11 . 

NÉPÉIENNE  (to  ajrj  xi  xoti  rb 
iiliStQvN/i^rjiov)  [laville  et  la  plaine] 
d'Adrestéia,  en  Troade,  p.  39,  1.  27. 
—  Notes  :  Ch.  I",  v.  1116. 

NÉBÉB  (Ny]23sû;),  dieu  de  la  mer; 
Glaucos,  interprète  de  Nérée,  p.  45, 
1.36;  les  demeures  de  Nérée,  p.  162, 
1.  36;  Thétis,  fille  de  Nérée,  p.  163, 
1. 9  ;  les  filles  de  Nérée,  p.  189, 1.  1 6  ; 
p.   193,  1.   36 Notes  :  Ch.  IV, 

V.  772;  1396. 

NÉRÉIDES  (x(  Nopy]t$c;)  [les], 
déesses  de  la  mer,  filles  de  Nérée, 
appelées  par  leur  sœur  Thétis, 
p.  165, 1.6;  se  préparent  à  dégager 
Argo  des  roches,  p.  165,  1.  23;  se 
réunissent  au  tour  du  navire,  p.  1^7, 
1.  31;  se  renvoient  Argo,  p.  168, 
1.  2-15  ;  le  travail  des  Néréides  dure 
une  journée,  p.  168, 1. 29.  —  Notes  : 
Ch.  m,  V.  242.  Ch.  IV,  V.  223; 
816;  1217. 

Nestaiens  (ol  NeaTxîoi)  [les], 
peuple  qui  habite  la  côte  d'Illyrie, 
p.  176,  1.  33. —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  330;  12 15;  1216. 

Nestienne  (Tj  Ni<yTic  ala)  [la 
terre],  en  Illyrie,  p.  148,  1.  36.  — 
Notes  :  Ch.  IV,  12 15. 

NisAiA  (ol  Niaaîot  Msyaûr.e^)  [les 
Mégariens  de],  p.  73,  1.  26.  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  747. 

N1SAIENS  (ol  Ni<raToi)  [Us],  habi- 
tants de  Nisaia,  p.  76,  1.  30. 

NoMios  (Nijjiio;),  surnom  d'Aris- 
tée,  p.  66,  1.  i.  Voir  Aristée. — 
Notes  :  Ch.  Il,  v.  507. 

NoMios  (Nô{xioOi  surnom  d'Apol- 
Ion,  p.  177,  1.  2.  Voir  Apollon. — 
Notes:  Ch.  IV,  v.  1218. 

NOTOS  (à  N^To;)  [le],  vent  du 
Midi, p.  190,1.  14.  —  Notes  :  Ch.II, 
V.  675;  961.  Ch.  IV,  V.  1578; 
1628. 

Nuit  (;;  NO^)  [la],  personnifiée  ; 
la  Nuit  met  ses  chevaux  sous  le 
joug,  p.  128,  1.  16;  le  domaine  de 
la  Nuit,  p.  158,  1.  16.  —  Notes  : 
Ch,  III,  V.  4'D7.  Ch.  IV,  V.  1485. 

Nycteus  (Nuxtsu;),  traite  d'une 
manière  cruelle  sa   fill^   Antiopé, 


444 


INDEX 


p.  172»  1-  35.  —  Ch.  V\  V.  668;  735. 
Ch.  IV,  V.  1090. 

Ntmphaié  (t)  Nvjxçatrj),  île  de  la 
mer  d'Illyrie,  où  demeuie  Calypso, 
p.  156,  1.  24.  —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  564. 

Nymphb  (Nviift;),  divinité  des 
eaux  ;  la  Nymphe  Oinoié,  une  des 
Naïades  (voir  Oinoié)  ^  p.  24,  1.  7; 
la  Nymphe  Anchialé,mëre  des  Dac- 
tyles Cretois  (voir  Anchialé)^  p-40, 
1. 5  ;  la  Nymphe  de  la  fontaine,  éprise 
d'Hylas,  l'entraîne  au  fond  de  l'eau, 
p.  43, 1.  7  et  suiv.;  elle  fait  de  lui 
son  époux,  p.  46, 1.  16;  la  Nymphe 
Mélia,  mère  d'Amycos  (voir  Mélia)^ 
p.  49, 1. 3  ;  la  Nymphe  Hamadryade 
méprisée  par  le  père  de  Paraibios, 
p.  65,  1.  I  et  suiv.;  Cyrène  devient 
une  Nymphe  de  Libye,  p.  66,  1.  2  ; 
la  Nymphe  des  prairies,  mère  de 
Dipsacos,  p.  70,  1.  29;  la  Nymphe 
Harmonia,  mère  des  Amazones  (voir 
Harm<mia)t  p.  81,  1.  16;  Astéro- 
déia.  Nymphe  du  Caucase,  mère 
d'Apsyrtos  (voir  Astérodéta),  p.  99, 
1.  4;  la  Nymphe  Tritonis,  mère  de 
Nasamon  et  de  Caphauros,  p.  185, 
1.  33.  —  Les  Nymphes  (al  N'Vçai); 
leur  naissance,  p.  20,  1.  7;  les 
Nymphes  du  Pélion,  p.  21,  1.  30; 
les  Nymphes  des  bois  pleurent  la 
mort  de  Cleité,  et  font  de  leurs 
larmes  une  source,  p.  38,  1.  9  et 
suiv.;  les  Nymphes  célèbrent 
Artémis,  chaque  nuit,  p.  43,  1.  7; 
Cyrène  confiée  aux  Nymphes  de 
Libye,  p.  65,  1.  33;  les  Nymphes 
habitantes  du  marais,  p.  75,  1.  35; 
les  Nymphes  suivent  Artémis, 
p.  1 1 8, 1.  26  ;  les  Nymphes  du  Phase, 
p.  129,  1.  10;  les  Nymphes  au  ma- 
riage de  Jason  et  de  Médée,  p.  1 74- 
]  75  ;  p.  1 76,  1. 12  et  suiv.;  sacrifices 
en  rhonneur  des  Nymphes,  p.  1 77, 
].  i;  les  Nymphes  Hespérides  pleu- 
rent autour  du  cadavre  du  serpent 
Ladon,  p.  182,  1.  30;  leur  conduite 
avec  les  Argonautes,  p.  183.  —  No- 
tes :  Ch.  I",  V.  122;  1126;  1207; 
I236;i248.  Ch.II,v.4;i59;477;7ii; 
965.  Ch.  UI,  V.  242.  Ch.  IV,  V.  540  ; 
597;  945:  1196;  1217;  1396;  1399; 
1412;  1490;  1494;  1515- 

Nysa  (to  N'jffViiov  iie8îov)[/a^/at«« 
de]y   où  Typhaon,   frappé  par   la 


foudre  de  Zeus,  se  réfugia,  p.  88, 
1.  16.  —  Notes  :  Ch.   IV,    v.  540; 

1134. 

Ntséibn  (NuoT.ioc),  épithète  de 
Dionysos,  p.  78,  1.  23;  p.  152,  1.  4; 
p.  174,  1.  15.  Voir  Ifionysos,  — 
Notes:  Ch.  II,  v.  904.  Ch.  IV, 
V.  1134. 

Océan  (é  'ûxtavô;)  [/'],  fleuve 
qui  entoure  la  terre,  p.  20, 1.  14; 
p.  121,  1.  4;  p.  129,  1.  23;  p.  147, 
1.  9;  p.  158,  1.  17  et  24.  —  Notes: 
Ch.  m,  V.  859.  Ch.  IV,  V.  259;  282  ; 
627;  635;  1235;  1396;  1515. 

OcÉANiDE  CUxeavi'O,  fille  d'Océa- 
nos;  rOcéanide  Eurynomé,  p.  20, 
1.  10;  rOcéanide  Philyra,  p.  89, 
1.  8.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  503;  554; 
916.  Ch.  II,  V.  1221;  1231.  Ch,  IV, 
V.  223;  591;  1513. 

Océan  os  ('UxEav6ç),  dieu  de 
rOcéan,  époux  de  Téthys,  père 
d'Eidyia,  p.  99, 1.  6;  père  des  Nym- 
phes, p.  183, 1. 13.  —  Notes  :  Ch.  I**, 
V.  444.  Ch.  II,  V.  4;  286;  946;  1231. 
Ch.  IV,  V.  1212;  1412;  1742. 

Ogygienne  CUyvyir),  épithète 
de  Thèbes,  p.  127, 1.  34.  —  Notes: 
Ch.  m,  V.  II 78. 

OiAGBOS  (OîaYpoç),  Thrace,  père 
d'Orphée,  p.  5, 1.  o  ;  le  fils  d'Oiagros 
(voir  Orphée) t  p.  22,  1.  15;  p.  72, 
1.  14:  p.  167,  1.  i;  p.  176,1.9.— 
Notes  :  Ch.  I",  v.  23. 

OiAXiENNE  (t|  Oiafic  yaîa)  [la 
terre]y  saisie  à  deux  mains  par 
Anchialé,  p.  40,  1.  7.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  1126;  1131. 

OiCHALiÉ  (t)  OIxolmtJ,  ville  d'où 
viennent  les  Argonautes  Clytios  et 
Iphitos,  p.  7, 1.  4.  —  Notes  :  Ch.  I*', 
V.  86. 

OiLEUS  COiAe-jç),  Argonaute,  p.6, 
1.  26;  blessé  par  un  oiseau  d'Ares, 
p.  82, 1. 32  et  suiv.  —  Notes  :.Ch.  P', 

V.  7J;  7^« 

OiNEUS  (OiveJç),  père  de  Méléa- 
gros,  p.  10,  1.  Il  et  suiv.;  le  fils 
d'Oineus  (o  Oîva'Stjç),  p.  37i  1-  24; 
p.  107,  1.  25.  Voir  Méléagros.-- 
Notes:  Ch.  I",  v.  190. 

Oinoié  (OlvoCr^,  Naïade,  mère  de 
Sicinos,  p.  24, 1. 7.  —  Notes  :  Ch.  I*% 
v.  623. 

Oinoié  (y)  OIvoît]),  île  de  la  mer 


Egée,  nommée  plus  tard  Sicinos  du 
nom  du  fils  de  la  Naïade  Oinoié, 
p.  24, 1.  5  et  suiv.  —  Notes  :  Ch.  I", 
V.  623. 

OiNOMAOS  (0(v6{iaoc),  père  d'Hip- 
podaméia,  représenté  sur  le  manteau 
de  Jasoui  p.  28,  1.  14  et  suiv. — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  752. 

Olénien  (*llXévtoc)i  épithète  de 
Lernos,.  habitant  de  la  ville  d*01é* 
nos,  p.  10,  1.  23. 

Olympe  (ô  *OXy|xiro;  et  ô  CKîXuji.- 
1C0;)  [/'],  montagne  de  Thessalie, 
p.  20, 1.  10;  p.  23,  1.  n;  p.  39, 1.  7; 
demeure  des  dieux,  p.  59,  1.  20; 
p.  69,  1.  4;  p.  89, 1.  i;  p.  95,  1.  lo; 
p.  96,  1.  23;  p.  162,  1.  34.  —  Notes  : 
Ch.  P',  V.  25 ;  65  ;  482 ;  85 1 .  Ch.  lU, 
V.  1214. 

Olympien  ('OXu|jl«ioç),  épithète 
de    Zeus,    p.     141,    1.     11.    Voir 

Onchestos  (t|  'GY^tiaxiO  [le  bois 
d*]f  où  se  célèbrent  des  jeux  en 
Fhonneur  de  Poséidon,  p.  129, 1.35. 
—  Notes  :  Ch.  III,  v.  1240. 

Ophion  ('Offcov),  dieu  qui  régnait 
sur  rOlympe  et  qui  fut  dépossédé 
par  Cronos,  p.  20,  1.  9  et  suiv.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  503. 

Opountibnnes  (xà  'Oicouvna 
âcrcea)  [les  villes]^  en  Locride,  p.  1 95, 
1.  7.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  1780. 

Opous  (6  *OiioOO>  ▼ille  de  Lo- 
cride, patrie  de  l'Argonaute  Ménoi- 
tios,  p.  6,  1.  21.  —  Notes  :  Ch.  !«', 
V.  69.  Ch.  IV,  V.  1780. 

Orchomène  COp^opicvéc),  roi  de 
la  ville  homonyme,  p.  70,  1.  29; 
p.  84, 1.  24;  p.  87, 1.  22;  p.  99, 1.29 
et 30.— Notes  :Ch.  I",  v.  230;  761. 
Ch.  II,  V.  1186.  Ch.  m,  V.  1091. 
Ch.  IV,  V.  263. 

Obchcmène  (t|  *Op*/o|jiev6«),  ville 
fondée  par  Mlnyas,  p.  86,  1.  21; 
p.  124,  1.  26;  p.  125,  1. 12;  p.  146, 
1.  16.  —  Notes:  Ch.  I«',  v.  3;  230. 
Ch.  II,  V.653;  1186.  Ch.  III,  V.  1074. 
Ch.  IV,  V.  263. 

Okeidës  (*Ûpetôy}Oi  compagnon 
d'Amycos,  blesse  Talaos,  p.  53, 
1.  13.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  105. 

Okéithyia  (*Ûpe{Ovia),  fille 
d'Erechtheus,  enlevée  par  Borée, 
mère  de  Zétès  et  de  Calais,  p.  10, 
1.  34.  —  Notes  :  Ch.II,  v.  178. 


INDEX  445 

Oricos  (ï|  "Opixo;),  ville  d'Epire, 
p.  176,  1.  33.  —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  1215;  1216. 

Orient  (t;  "AX;  'UoirO  [la  mer 
d*]t  p.  73,  1.  23.  —  La  mer  Orien- 
tale (Yj  "AX;  'HotT)),  p.  147,  1.  18; 
p.  148, 1.  4.  —  Notes  :  Ch.II,  v.745. 
Ch.  IV,  V.  289;  308. 

Orion  (6  'llpfwvj,  astre,  p.  42, 
1. 19;  p.  1 14,  1.29.  —  Notes  :  Ch.II, 
V.  517.  Ch.  III,  V.  745. 

Ornytos  COpwToç),  père  de 
Naubolos,  p.  10,  1.  30. —  Notes: 
Ch.  I",  V.  207. 

Ornytos  rOpwto;),  Bébryce,  lie 
les  cestes  autour  des  poignets 
d'Amycos,  p.  51,  1.  32. 

Orphée  COp^vjç)^  Argonaute, 
fils  d'Oiagros,  p.  5,  1.  5;  roi  de  la 
Piérie  Bistonienne,  p.  5,  1.  14; 
chant  d'Orphée,  p.  19, 1. 35  et  suiv.; 
la  cithare  d'Orphée  règle  le  mouve- 
ment des  rames  des  Argonautes, 
p.  21,  1.  19;  Orphée  chante  les 
louanges  d'Artémis,  p.  22,  1.  15; 
Orphée  conseille  aux  Argonautes 
d'aborder  à  Tîle  d'Electra,  p.  33, 
1. 18;  Orphée  fait  danser  aux  Argo- 
nautes la  danse  armée,  p.  40,  1. 10  ; 
la  phorminx  d'Orphée  (7)  'Opçeiv] 
ç^piityOi  P-  54»  1*34;  discours  d'Or- 
phée  aux  Argonautes,  p.  71 , 1. 27  et 
suiv.;  chant  d'Orphée  accompagné 
de  la  phorminx,  p. 72,1.  i4-22;Orphée 
consacre  sa  lyre,  p.  79, 1. 1 6  ;  Orphée 
vainqueur  par  son  chant  des  accents 
des  Sirènes,  p.  167,  1. 1  et  suiv.;  la 
phorminx  d'Orphée  retentit  en 
l'honneur  de  l'hyménée  de  Jason  et 
de  Médée,  p.  175,  1. 10;  admiration 
des  Phaiaciennes  à  la  vue  d'Orphée, 
p.  176,  1.  9;  prière  d'Orphée  aux 
Hespérides,  p.  183,  1.  7  et  suiv.; 
Orphée  ordonne  qu'on  expose  le 
trépied  d'Apollon,  p.  187,  1.  25. — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  23;  25;  29;  31; 
34;  540;  573.  Ch.  II,  v.  163;  929. 
Ch. IV,  V.  1 196;  1412. 

Ortygie  (t|  'OprjyiV,),  nom  de 
l'île  Délos,  consacrée  à  Apollon; 
chœurs  de  danse  à  Ortygie,  p.  21, 
1.  16;  Jason  promet  d'envoyer  des 
offrandes  à  Ortygie,  p.  17,  1.  19; 
p.  192,  1.  28. —  Notes:  Ch.  I", 
v.  419.  Ch.  IV,  V.  1704. 

OSSA  (xh  opo;  "Odaa)  [/*J,  mont  de 


446 


INDEX 


Thessalie,  p.  33,  1.  10.  —  Notes: 
Ch.  1<%  V.  40;  594;  599- 

Othrys  (o  "OÔpv;)  [/'],  mont  de 
Thessalie,  p.  66,  I.  10. —  Notes: 
Ch.  I«%  V.  594.  Ch.  II,  V.  515. 

Otbâré  (*Otpt)pTt),  Tune  des 
reines  des  Amazones,  p.  62,  1.  1 1 . 
—  Notes  :  Ch.  II,  v.  387  ;  990  ;  1 03 1 . 

OURANIDE  (OOpatviôr,;),  Cronos, 
fila  d'Ouranos,  p.  89,  1.  3.  Voir 
Cronos. 

OuRAMOS  «>jpxv6;),  dieu,  père 
de  Cronos;  Médée  jure  par  Oura- 
nos,  p.  1 13,  1.  14  et  32.  —  Le  sang 
d'Ouranos  (to  Oupdtviov  aiJAs),  p.  1 69, 
1.  27. —  Notes:  Ch.  I",  v.  IJ65. 
Ch.  II,  V.  500;  710.  Ch.  m,  V.  26; 
52.  Ch.  IV,  V.  540;  992. 

Ours  (to  "Apxrwv  opo;)  [/«  mont 
des\y  dans  la  presqu'île  de  Cyzique, 
p.  34,  1.  I  i  ;  les  héros  font  un  sacri- 
tice  à  Rhéa  sur  le  mont  des  Ours, 
p. 40, 1.30.  —  Notes:  Ch.I*'',v.94i. 

Pactole  (o  naxT«D)i6ç)[/e],  fleuve, 
p.  179,  l.  22.  —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  1300. 

Pag  AS  ES  (aX  nayaiaO,  ville  de 
Magnéâie  d'où  partit  le  navire 
Argfo,  p.  II,  1.  25;  p.  17,  1.  8. — 
Le  rivage  de  Pagases  {y^  Ilayafftfi; 
àxTT,  et  al  lIaYa(T/]tde<  àxTai),  où  les 
Argonautes  s'embarquèrent,  et  où 
ils  débarquèrent  au  retour,  p.  14, 
1.  8,  et  p.  195,  1.  9.  —  Le  port  de 
Pagases  (ô  IIaY»<rr,io;  Xi|iiqv),  p.  21, 
1.  I.  —  Notes  :  Ch.I«',  v.  9;49;  238; 
572.  Ch.  IV,  V.  1578;  1781. 

Paiêon  (ilai^wv),  le  médecin  des 
dieux,  p.  i8i6, 1. 16. —  Notes  :  Ch.IV, 
V. 151 1. 

Palaimonios  (rïaXaiuL&vio;),  Ar- 
ji^onaute,  flls  putatif  de  Lernos,  fils 
réellement  d'Héphaistos,  p.  10, 
1.  23.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  202. 

Pallas  (llaXXâ;),  nom  d'Athéné, 
p.  27,  1.  12;  p.  102,  1.  5.  Voir 
Athéné. 

PALLÉNÉES(Tà  ïlaXXrîvaia  xXiTsa) 
[les  coteaux  rfc],  p.  23,  1.  11.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  599. 

Panachéenne  (ri  llavxxa^C  yaîa) 
[la  terre]t  p.  11.  1.  30. —  Notes: 
Ch.  I«%  v.  243. 

Paphlagonie  (toi  o'jpea  IlaçXa- 
yovwv)  [les  monts  de],  p.  147,  1.  29. 


—  Notes:    Ch.    Il,    v.   177;    359; 

904;  936;  94ii  942;  94^-  Ciï-  ^V. 
V.  247. 

Paphlagoniens  (ol  llx^Aayâvsc) 
[les],  signalés  par  Phinée  aux  Ârg'o- 
nautes,  p.  61,  1.  16;  les  Paphlag'O* 
niens  soumis  par  Héraclès,  p.  74» 
1. 36  ;  les  ri  vages  des  Paphlagoniens, 
p.  146, 1.1.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  140  ; 

1 77;  359;  789;  911;  9*9- 

Paraibios  (IIxpzt^KK),  voisin  de 
Phinée,  vient  le  visiter,  p. 64, 1.  16; 
Phinée  fait  rester  Paraibios  avec 
les  Argonautes,  p.  64,  1.  23;  il  le 
congédie  et  raconte  son  histoire 
aux  héros,  p.  64,  1.  24  et  suiv.; 
Paraibios  conduit  deux  moutons 
pour  le  sacrifice,  p.  65,  1.  17.  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  456. 

Parnasse  (6  Iïapvr,Taç)  [le],  où 
Apollon  tue  le  serpent  Delphyné, 
p.  72,  l.  16.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  71 1 . 

Parrhasiens  (o  IIixpp(X4Tto;  Xahz) 
[le  peuple  des],  conduit  à  Céos  par 
Aristée,  p.  66, 1. 1 7,  —  Notes  :  Ch.II, 
V.  521. 

Parthénia  (t|  lïapOevir^.  nom  de 
l'ile  de  Samos,  patrie  de  l'Argonaute 
Ancaios,  fils  de  Poséidon,  p.  10, 
1.  7;  p.  77,  1.  23.  —  Notes  :  Ch.I«'. 
V.  186.  Ch.  II.  V.  865. 

Parthénios  (ô  IIap8£vioç)  [le], 
fleuve  où  Artémis  se  baigne,  p.  79, 
1.25;  p.  1 18,1.22.  —  Ch.U,  V.  936; 
941.  Ch.  III,  V.  876. 

Pasiphaé  (FI adif dtr;),  fille  d'Hé- 
lios,  femme  de  Minos,mère  d'Ariane, 
p.  122, 1.  is  ;  sœur  d'Aiétès,  p.  1*24, 
I.  28;  l'époux  de  Pasiphaé  (voir 
Afinos),  p.  125,  1.  25. —  Notes: 
Ch.  I*S  V.  3;  loi.  Ch.  II,  V.  1221. 

Peirésies  (jX  netps(Tiai)i  ville  de 
Thessalie,  patrie  de  l'Argonaute 
Comètes,  p.  5,  1.  19;  p.  22,  1.  32.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  37;  584. 

Peirithoos  (neipiOoo;),  compa- 
gnon de  Thésée,  retenu  avec  lui 
sous  la  terre  Tainarienne,  p.  7>  1.  23 
et  suiv.  —  Notes:  Ch.  I«S  v.  ici. 
Ch.  II,  V.  1231. 

PÉLASGBS  (ol  neXa<ryoO  [les], 
peuple  de  Thessalie.  —  La  terre 
des  Pelas  ires  (tj  «îa  neXaff^ôiv), 
p.  22,  l.  28;  les  monts  des  Pelas- 
ges  (Ta  oupea  lleXatryûv),  p.  89,  1.  9. 

—  Notes:    Ch.    I",   v.   580;   987; 


I 


INDEX 


447 


1037.   Ch.   III,   V.    1323.   Ch.  VI, 
V.  1091;  1758. 

PÉLASGiENNE  (IlfiXaffYiç),  Héra 
Pélasgienne  (voir  Héra)^  p.  4, 1. 19; 
lolcoa  Pélasgienne  (voir  lolcos)^ 
P*  33i  1*  9}  Tarraéc  Pélasgienne  (h 
IlEXavyixo;  apiQç),  p.  37i  1-  ijia  terre 
Pélasgienne,  p.  145,  1.  34;  p.  146, 
1.  26. —  La  perche  Pélasgique  (t) 
ilEÀatJYi;  àxaivY]),  p.  132,  1.  22.  — 
Notes:  Ch.  I",  v.  14;  40;  1024. 
Ch.  UI,  v.  1323.  Ch.  IV,  V.  1329. 

PELÉE  (IlriXeûc),  fils  d'Aiacos  et 
frère  de  Télamon,  habite  en  Phthie, 
vient  rejoindre  les  Argonautes,  p.  7, 
1.  12  et  suiv.;  Pelée  tue  les  Dolions 
Zélys  et  Géphyros,  p.  37,  1.  19; 
Pelée  s^élance  sur  le  sanglier  qui  a 
blessé  Idmoh,  p.  76,  1.  9;  Ancaios 
annonce  à  Pelée  qu'il  est  prêt  à 
prendre  le  gouvernail,  p.  77i  1.  19 
et  suiv.;  Pelée  communique  cette 
résolution  aux  héros,  p.  77,  1.  30; 
Pelée  interrogé  par  Jason,  p.  78, 1. 1 
et  suiv.;  paroles  d'encouragement 
adressées  par  Pelée  à  Jason,  p.  88, 
1.  20  et  suiv.;  Pelée  prend  la  parole 
au  milieu  des  héros,  p.  107,  1.  10 
et  suiv.;  discours  de  Pelée  aux 
Argonautes,  p.  154,  1.  8  et  suiv.; 
ce  discours  est  approuvé  par  tous, 
p.  154,  L  19;  Héra  prie  Thêtis 
d'aller  au  secours  de  Pelée,  p.  164, 
1.  12;  Thétis  va  vers  Pelée,  p.  165, 
1.  16;  tristesse  de  Pelée,  p.  165, 
!•  32;  pourquoi  Pelée  a  été  jadis 
abandonné  par  Thétis,  p.  166,  1.  4 
et  suiv.;  Pelée  explique  aux  Argo- 
nautes un  prodige  dont  ils  ont  été 
témoins,  p.  181,  I.  32.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  93;  207;  582.  Ch.  IV, 
V.  805;  807;  816. 

PÉLÉiDE  (llT)Xeiô/,;),  nom  patro- 
nymique d'Achille,  p.  22, 1.  3.  Voir 
Achille, 

PÉLIAS  (neXt'Y)0>  ordonne  l'expé- 
dition des  Argonautes,  p.  4,  I.  14; 
oracle  entendu  par  Pélias,  p.  4, 
I.  8;  Jason  vient  auprès  de  Pélias, 
p.  4,  1.  17;  Pélias  l'aperçoit,  p.  4, 
1.  19;  Acastos,  fils  de  Pélias,  p.  1 1, 
1.  10;  le  peuple  de  Pagases  se 
demande  quel  est  le  dessein  de 
Pélias,  p.  II,  1.  30;  ordre  funeste 
prononcé  par  Pélias,  p.  12,  I.  36; 
Acastos  se  joint  aux  Argonautes 


malgré  Pélias,  p.  14,  1.  14;  Jason 
voudrait  habiter  dans  sa  patrie  avec 
le  consentement  de  Pélias,  p.  33, 
1.4;  il  espère  que  ses  parents  élève- 
ront le  fils  qu'il  aura  d'Hypsipylé, 
loin  de  Pélias,  p.  33,  1.  1 1.  Cyzicos 
demande  aux  Argonautes  quels 
sont  les  ordres  de  Pélias,  p.  35, 1. 19; 
combats  célébrés  aux  funérailles  de 
Pélias,  p.  45,  1.  29;  les  ordres  de 
Pélias,  p.  69, 1.  30;  p.  74, 1.  7;  Héra 
ne  veut  pas  que  Pélias  puisse  désor- 
mais la  railler,  p.  93, 1.  28;  elle  veut 
la  punition  de  Pélias,  p.  94,  1.  4; 
Héra  médite  la  perte  de  Pélias, 
p.  126,  1.  19;  Héra  veut  que  Médée 
soit  un  fléau  pour  la  maison  de 
Pélias,  p.  145,  1.  35.  —  Notes: 
Ch.  !«',  V.  3;  8;  13;  224;  269;  326; 
602;  908;  1304.  Ch.  II,  V.  514. 

PÉLION  (to  flr^Xiov)  [/c],  mont  de 
Thessalie,  p.  20,  1.  31.  —  Argo, 
enfant  du  mont  Pélion  (llr,Xiàc 
*ApYco),  p.  16,  1.  14;  p.  21,  1.  I.— 
Les  Nymphes  du  Pélion  {aX  llr^Xtâôfic 
v'V?3(0>  P-  21,  1.  30.  —  Les  rocs 
détachés  du  montPélioniaX  IIo>.id(6&; 
Èpinvai),  p.  22, 1.30.  —  Les  sommets 
du  Pélion  (t)  1It)Xio(C  xopy9r,)  p.  87, 
1.  24.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  65;  581. 
Ch.  II,  V.  1238. 

Pelléne  (t)  IleUrvr,),  ville 
d'Achaîe,  patrie  des  Argonautes 
Astérios  et  Amphion,  p.  9,  1.  32.  — 
Notes  :  Ch.  I*',  v.  1 76. 

Pelles  (IlÉUrjO,  père  d'Hypé- 
rasios,  fondateur  de  la  ville  de 
Pellène  en  Achaïe,  p.  9,  1.  33-  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  176. 

PÉLOPÉIA  (TTcAOïreta),  fille  de 
Pélias  et  soeur  d' Acastos,  p.  14, 
1.  18.  —  Notes  :  Ch.  !•',  v.  326. 

PÉLOPéiENS  (FleXoTi^ioO.  épi- 
thète  des  Paphlagoniens,  p.  74, 
1.  36.  Voir  Paphlagoniens  [les].  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  789. 

PÉLOPS  (IlêXo'J/),  représenté  sur 
le  manteau  de  Jason,  p.  28,  1.  i  1  et 
suiv.  —  Le  dos  de  Pélops  (t«  IIsXo- 
iiT,ia  vûTo),  p.  28,  1.  17;  Pélops 
l'Énétéien,  p.  61, 1.  16.  —  La  terre 
de  Pélops  (t)  lUXoffo;  ou  r\  IU>.o- 
irrjic  yaî»)»  P-  ^77»  !•  175  P-  »88, 1.  17 
et  26.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  326  ;  5 1 7  i 
752;  7^3-  Ch.  n,  V.  359-  Ch.  IV, 
V.  269;  1564. 


448 


INDEX 


PÉNéE  (ô  flr(Vsi/>;)  [le],  lleuvc  de 
Thessalie,  p.  C5,  1.  29.  —  Notes: 
Ch.  l-,  V.  36;  40;  57;  65.  Ch.  II, 
V.  500.  Ch.  III,  V.  1085. 

Percosien  (à  llepxcoaio;)  [le], 
surnom  de  Mérops,  habitant  de  Per- 
cote,  p.  35, 1.  1 1.  —  Notes  :  Ch.  I*', 

V.  975- 

Percoté  (r,  nepucoTr^,  ville  de 
la  Troadc,  p.  33,  1.  35.  —  Notes  ; 
Ch.  I",  V.  932. 

PÉRiCLYMÉNOS  (nspixXjiievo;), 
Arf^onaute,  fils  de  Nélée,  p.  9, 1. 1 1 . 
—  Notes  :  Ch.  I",  v.  156. 

PéRO  (UnçMÔ),  fille  de  Nélée,  mère 
des  Argonautes  Talaos,  Aréios  et 
Léodocos,  p.  8,  1.  4.  —  Notes  : 
Ch.  P',  V.  118. 

Perse  (llépo-/;),  mère  de  Circé, 
p.  157,  1.  9.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  3. 
Ch.  IV,  V.  591. 

Persée  <nep(Teu;),  surnommé 
Eurymédon  par  sa  mère,  vole  au- 
dessus  de  la  Libye  en  portant  la 
tête  de  la  Gorgone  qu'il  a  coupée, 
p.  186,  1.  20.  —  Notes  :  Ch.  II, 
V.  178.  Ch.  IV,  V.  1091;  1513;  15 15. 

PERSéruoNé  (4>-p<7£9Ôv/;),  fille 
de  Déméter.  permet  à  Stnénélos  de 
sortir  de  son  tombeau,  p.  78,  1.  33; 
sacrifices  que  Ton  fait  à  Coré- 
Perséphoné,  p.  117,  1.  26;  les 
Sirènes  compagnes  de  Perséphoné, 
p.  166,  1.  29.  —  Notes  :  Ch.  P% 
V.917.  Ch.III,  V.  847;  861.  Ch.IV, 
V.  597;  896. 

Perses  (lUpayjtc)  [la  fille  de]^ 
Hécate,  p.  lob,  1.  3  et  16;  p.  123, 
1.  21;  p.  170,  1.  24.  Voir  Hécate.  — 
Notes:  Ch.  II,  v.  1221.  Ch.  III, 
V.  200;  467;  847.  Ch.  IV,  V.  [513. 

PÉTRA  (r,  lIÉTp/l).  p.  129-  1-  36. 
Voir  Haitnonienne  [Pètra],  —  No- 
tes :  Ch.  ni,  V.  1240. 

Peucé  (yj  Ms'jxrj),  île  dans  Tlster, 
p.  148,  1.  4.  —  Notes  :  Ch.  IV, 
V.  284;  310. 

Phaéthon  (*a60wv),filsd'Hélios. 
Légende  de  Phaéthon  précipité 
dans  TEridan,  p.  157  et  158. — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  505;  597;  965- 

Phaéthon  (<^aéQwv),  surnom 
d'Apsyrtos,  p.  99,  1.  7,  etc.  Voir 
Apsyrtos.  —  Notes  :  Ch.  III,  v.  242  ; 
1236. 

PiiAÉTHOUSA  (<l>aéOo'jaa),  la  plus 


jeune  des  filles  d'Hélios,   p.    169, 
1.  3.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  965  ;  972. 

Phaiaciennb  (tJ  4»air,x:;  vr.cxo;) 
[l*tle]  d*Alcinoo8,  p.  162, 1.  33. 

Phaiaciennes  (ùlI  §{ui>xi  4>xtY;xt- 
ds;)  [les  esclaves],  données  par  Arété 
à  Médée,  p.  177,  1.  5;  pleurent 
réunies  autour  de  Médée,  p.  179, 
1.  18-25;  font  assaut  de  rdilleries 
avec  les  héros,  p.  193,  1.  1 1  et  suiv. 

Phaiaciens  (ol  <t>atr,xE;)  [les]; 
Héraclès  dans  le  pays  des  Phaia- 
ciens, p.  155,  1.  24;  Hyllos  fait 
émigrer  le  peuple  des  Phaiaciens, 
P*  t55>  !•  32;  les  ports  des  Phaia- 
ciens, p.  164,  1.  18;  Drépané,  île 
nourrice  des  Phaiaciens,  p.  169, 
1.  25;  les  Phaiaciens  tirent  leur 
origine  du  sang  d'Ouranos,  p.  1 69, 
1.  26;  joie  des  Phaiaciens  à  1  arrivée 
des  Argonautes,  p.  169,  1.  33;  la 
caverne  sacrée  des  Phaiaciens, 
p.  174,  1.  21;  les  plus  nobles  des 
Phaiaciens  marchent  à  la  suite 
d*Alcinoos,  p.  175,  1.  31;  les  Col- 
chiens  s'établissent  chez  les  Phaia- 
ciens, p.  176,  1.  28;  Tile  des  Phaia- 
ciens, p.  176,1.35.  —  Notes  :  Ch.P', 
V.  965.  Ch.  m,  V.  210.   Ch.  IV, 

V.  5«9;  539;  540;  543;  564;  983; 

992  ;  995  ;  i  002  ;  1 070. 

PHALÉROS((|>âXr,po;),  Argonaute, 
fils  d'Alcon,  p.  7,  1.  15.  —Notes: 
Ch.  I",  V.  95. 

Phase  (o  <l>à(Ti;)  [le],  fleuve  qui 
traverse  le  territoire  des  Circaiens 
et  des  Amarantes,  p.  62,  1.  25;  le 
navire  Argo  pénètre  dans  le  Phase, 
p.  89,  1.32;p.  90,  L  14;  p.  93.1- ai; 
le  Phase  Amarantien,  p.  129,  I.  12; 
le  Lycos,  affluent  du  Phase,  p.  142, 
1.  18. —  Notes:  Ch.  II,  v.  399; 
1282.  Ch.  III.  V.  198;  570;  1074; 
1093;  1220.  Ch.  IV,  V.  131;  259; 
277. 

Phères  (Qtt<^epal),  ville  d'Admète, 
p.  5,  1.  34.  —  Notes  :  Ch.  P%  v.  49. 

Phillyridb  ((^tXXup{^^^0>  nom 
patronymique  de  Chiron,  fil»  de 
Philyra,  p.  21,  I.33.  Voir  Chiron. 

Philyra  (<hiXupr^,  -  Océanide. 
s^unit  à  Cronos,  p.  89,  1.  4  ;  enfante 
Chiron,  p.  89, 1. 8  et  suiv.  —  Notes  : 
Ch.^^  V.  554.  Ch.II,  V.393;  1231; 
1238.  Ch.  IV,  V.  813. 

Philyréide    (t)  «|>avpyii;  vr.do;) 


INDEX 


449 


[l'tle]t  où  Cronos  s'unit  à  Phil3'ra, 
p. 88, 1.36.  —  Notes:  Gh.II,  v.1231; 
1238. 

Philtres  (01  <l>i),upe;)[/c«], peuple 
des  bords  du  Pont  signalé  parPhinée 
aux  Argonautes,  p.  62,  1.  17-18.  — 
Notes  :  Ch.  U,  v.  393;  1231 . 

Phi  NÉE  (4>ive'jc),  fils  d'Âgénor;  sa 
demeure  et  son  histoire,  p.  55, 1. 20 
et  suiv.;  discours  de  Phinée  aux 
Argonautes,  p.  56-57;  les  Boréades 
délivrent  Phinée  des  Harpyes, 
p.  58-59;  Phinée  annonce  aux  héros 
les  difficultés  de  leur  entreprise, 
p.  59-63  ;  Phinée  leur  raconte  l'his- 
toire de  Paraibios,  p.  64-65  ;  séjour 
des  Argonautes  chez  Phinée,  p.  66; 
Tiphys  rappelle  les  conseils  de 
Phinée,  p.  69,  1.  22  ;  Jason  recom- 
mande à  ses  compagnons  de  suivre 
les  instructions  de  Phinée,  p.  70, 
1.  22;  Jason  raconte  à  Lycos  les 
prophéties  de  Phinée,  p.  74,  1.  13; 
Amphidamas  rappelle  les  recom- 
mandations de  Phinée,  p.  83,  1. 12; 
le  poète  explique  quelle  était  la 
pensée  de  Phinée,  p.  84,  1.  20; 
Jason  comprend  que  les  prédictions 
de  Phinée  sont  accomplies,  p.  86, 
1.  I  ;  Mopsos  rappelle  les  prédictions 
de  Phinée,  p.  108,  1.  21;  les  héros 
se  souviennent  de  ces  prédictions, 
p.  108,  1.  28;  Mopsos  rappelle  à 
Jason  les  prédictions  de  Phinée, 
p.  120,  1.  24;  Jason  se  souvient  des 
paroles  de  Phinée,  p.  146,  1.  12. — 
Notes:  Ch.  II,  v.  140;  177;  178; 
271;  414;  447;  460;  532;  758;  943. 

Phlégra  (yJ  4>).Eypaîrî  3r,i6Tr|0  [le 
combat  cEe],  entre  les  géants  et  les 
dieux,  d'où  Héphaistos  sortit  épuisé, 
p.98, 1.32.—  PWé^raicn(<I>X£Ypotîo;), 
épithète  de  Mimas,  p.  129,  1.  18. 
Voir  Mimas.  —  Notes  :  Ch.  I", 
V.  599.  Ch.  III,  V.  233;  1227. 

Phlias  (4>Xi'ac)}  Argonaute,  fils 
de  Dionysos,  p.  7,  1.  36.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  115. 

Phliontb  (il  «ï>>.iouvt:;  aîa)  [la 
terre  d«],  p.  156,  1.  19.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  564. 

Phlogios  (<I>X6Yto;),  Dolion  tué 
par  Tun  des Tyndarides,  p.  37, 1. 23. 

Phlogios  (4>X6yioOi  un  des  fils 
de  Deimachos,  p.  80,  1.  11.  Voir 
Deimachos.—  Notes:  Ch.  II,  v.955. 


Phocéens  (oî  *(i)xr,60  [/m], 
p.  10, 1.29. —  Notes  :  Gh.I*',  v.207. 

Phocos  ((|>(t>xo;)>  tué  involontai- 
rement par  ses  frères  Télamon  et 
Pelée,  p.  7,  1.  1 1 .  —  Notes  :  Ch.I", 
V.  93;  207. 

Phoibos  ((|>ot^o;),  Apollon,  p.  4, 
1.  2,  etc.  Voir  Apollon. 

Phorcos  (<l>(Spxoc),përedeScylla, 
p.  164, 1.25.  — Notes:  Gh.IV,v.i399; 

1515- 

PHORCYs{<I>'Spx*j;), monstre  marin, 
p.  1 89, 1. 1 5.  —  Notes  :  Ch.II,  v.  1 248. 
Ch.IV.  V.826. 

Phrixos  (4>pt^o;),  fils  d'Athamas, 
frère  d'Hellé,  p.  12, 1.  10;  la  fuite 
de  Phrixos,  p.  13,  1.  13;  Phrixos 
représenté  sur  le  manteau  de  Jason, 
p.  28, 1.  23;  les  fils  de  Phrixos  (voir 
Cytisorosy  Phrontis,  Mélos, Argos)^ 
p.  84, 1. 24  ;  leur  naufrage,  p.  85, 1.  3 
et  suiv.;  Phrixos  chez  Aiétès,  p.  86, 
1.  7-18;  sacrifices  promis  par  Jason 
en  l'honneur  de  Phrixos,  p.  87, 
1. 30  ;  les  fils  de  Phrixos,  p.  97, 1.  7  ; 
Phrixos  accueilli  par  Aiétès,  p.  97, 
1.  19;  les  fils  de  Phrixos  accompa- 
gnent Jason,  p.  97,  1.  27;  Phrixos 
honoré  par  Aiétès,  p.  101,  1.  3;  le 
nom  illustre  de  Phrixos,  p.  ici, 
1.  32;  expiation  due  à  Phrixos, 
p.  102, 1.4;  Phrixos  fils  d'Athamas, 
p.  102,  1.  28;  la  toison  de  Phrixos, 
p.  103,  1.  6;  piété  et  douceur  de 
Phrixos,  p.  109,  1.  27;  Hermès 
ordonne  à  Aiétès  de  bien  recevoir 
Phrixos,  p.  109,  1.  30;  les  fils  de 
Phrixos,  p.  1 10,  1.  I  et  9;  p.  138, 
1.  30;  p.  140,  1.  18  et  29;  autel 
élevé  à  Zeus  par  Phrixos,  p.  142, 
1.  I  ;  les  fils  de  Phrixos,  p.  1 52, 1.  1 5  ; 
p.  161, 1.32.  —  Notes:  Ch.  I",  v.3; 
4  ;  226  ;  258  ;  763  ;  932.  Ch.  II,  v.  1 78  ; 
388;  514;  532;  653;  758;  942;  946; 
1092; 1 144; 1 147; 1 149;  1 186; 1 195; 
1260.  Ch.  III,  V.  374;  587;  775. 
Ch.  IV,  V.  119;  262;  289. 

Phrontis  (<^p6vTlOl  l*un  des  fils 
de  Phrixos,  p.  86,  1.  23;  le  plus 
jeune,  p.  140, 1.  18;  Médée  l'appelle 
dans  la  nuit,  et  il  lui  répond,  p.  140, 
1.  24;  il  s'élance  sur  le  rivage  pour 
l'amener  au  navire,^.  140,  1.  29. 
—  Notes  :  Ch.  II,  v.  1092. 

Phrygie  (t,  <l>pyYirt)  [/a],  habitée 
par  la   déesse  Rhéa,  p.  40,  1.   i; 


57 


45o 


INDEX 


p. 4 1,1.  12.  —  Notes:  Ch.  P'.v.i  15; 
917*  959  «  1110;  1 1  16;  1 165.  Ch.  II, 
v.373;722;724;79i;  1171.  Ch.  IV, 
V.  262;  816. 

Ph  R YG I B N  (Tj  «l>p'jYÎt;  r.iceiDo;)  [  le 
cofttin€Ht\,  p.  34,  1.  5.  —  Notes  : 
Ch.  Il,  V.  359. 

Phrygiens  (ol<^pvyE;)  [les]  ;  com- 
ment ils  se  rendent  Khéa  propice, 
p.  4t>,  1.  14;  soumis  par  Héraclès  à 
Dascylos,  p.  74,  1.  32.  —  Notes  : 
Ch.  1»',  V.  1129.  Ch.  II,  V.  782. 
Ch.  IV,  V.  262. 

Phthie  (r,  <l>Otr,)  (/a],  demeure 
de  Pelée,  p.  7,  j.  13;  Aristée,  établi 
en  Phthie  par  les  Muses,  quitte  ce 
pays,  sur  Tordre  de  son  père,  p.  66, 
1.  9-15.  —  Notes  :  Ch.  I«',  v.  93. 
Ch.  II,  V.  514;  1 186. 

Phthiennb  («|»Oiâ;),  épithètc 
d'Eupoléméia,  p.  6,  1.  5.  Voir 
Eupolémèia. 

Phylack  (y;  «^jXixr^,  patrie  de 
TArj^onautc  Iphiclos,  p.  5,  1.  29.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  45  ;  118. 

Phylacéide  (a»u)aixr,i;),  Alci- 
médé,  iîHe  de  Phylacos  et  mère  de 
Jason,  p.  5,  1.  31.  Voir  Alcimèdé. 

Phylléios  (tÎ)  «l»'jV>.r,iov  opo;) 
Ue  mont\„  voisin  de  Peirésies,  p.  5, 
I.  20.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  37, 

Phyllis  (oii  «|»'jXXr,to£î  7cpo)roaO 
\les  bouches  du  fleuve],  auprès  des- 
quelles Dipsacos  a  reçu  Phri>oi, 
p.  70, 1.  27.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  652  ; 

653. 

Piérides  (ai  lïiEptSec)  [les],  nom 

des    Muscs,    p.    182,    1.    II.    Voir 

Muses  [les].—  Notes:  Ch.I",  v.31. 

Piérie  Bistonienne  (tj  lltepir, 
Hkttwvic)  [/a],  région  de  Macédoine 
ou  de  Thrace  dont  Orphée  était  roi, 
p.  5,  1.  14.  Voir  Bistonienne  [la 
Piérie^.  —  Notes  :  Ch.  1",  v.  25  ;  34. 

PiÉKOS  (|liEp(Y]0£v)  [depuis  les 
hauteurs  c2u|,  montagne  d*où  la 
phorminx  d'Orphée  a  entraîné  des 
chênes  jusqu'au  rivag^e  thrace  de 
Zôné,  p.  5,  1.  13.  —  Notes  :  Ch.  1", 
V.31. 

PiMPLÉA  (r,  llijJLTt/.r.u  (Txontr,)  [les 
hauteurs  deL  lieu  de  naissance 
d'Orphée,  p.*  5,  1.  7.  —  Notes  : 
Ch.  1*%  V.  25. 

Pityéia  (r,  IliTJEia),  une  des  îles 
Liburniennes  occupées  par  les  Col- 


chiens,  p.  156,  1.  16. —  Notes: 
Ch.  IV.  V.  564. 

PiTYÉiA  (;,  Ihrjeia),  ville  de  la 
Troade,  p.  33,  1.  36.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  932. 

Pléiades  (oiilUtitâSEC)  [/es],  cons- 
tellation ;  le  moment  où  les  Pléiades 
se  lèvent  et  celui  où  elles  se  cou- 
chent, p.  98,  1.  22-24.  —  Notes  : 
Ch.  III,  V.  226. 

Pleistos  (nXEi<rro<),  père  des 
Nymphes  Coryciennes,  p.  7a,  I.  24. 

—  Notes  :  Ch.  II,  v.  71 1. 
Plotéks  (al  llÀUTot  vr.vot)  [les 

Uesh  où  les  Boréades  atteignirent 
les  Harpyes,  p.  59,  1.  3;  pourquoi 
les  îles  Plotées  reçurent  le  nom  de 
Strophades,  p.  59,  1.  17.  —  Notes  : 
Ch.  II.  V.  296. 

POLLUX  (IloXvdrjxri;),  Argonaute, 
fils  de  Léda,  né  dans  le  palais  de 
Tyndare,  p.  8, 1.  33  et  suiv.;  Castor 
et  PoUux  tuent  les  Dolions  Méga- 
lossakës  et  Phlogios  (voir  Tynda- 
rides)  [les],  p.  37,  1.  22;  Pollux 
accepte  le  défi  d'Amycos.  p.  50, 
1.  15;  Pollux  dépose  son  manteau 
pour  être  prêt  au  combat,  p.  50, 
1.  27;  combat  de  Pollux  et  d'Amy- 
cos,  et  victoire  de  Pollux,  p.  5 1  -52; 
Pollux  attaqué  par  les  Bébryces. 
p*  53i  1*  3f  Pollux  met  hors  de  com- 
bat Itymoneus  et  Mimas,  p.  53, 
1.  7  ;  chants  des  héros  en  l'honneur 
de  Pollux,  p.  55,1. 1;  les  Mariandy- 
niens  font  accueil  à  Pollux  comme 
à  un  dieu,  p.  73,  1.  35;  Lycos  dit 
que  Pollux  a  agi  suivant  la  volonté 
des  dieux  quand  il  a  tué  Amycos. 
p.  75,  1.  8;  honneurs  que  Lycos 
rendra  à  Castor  et  à  Pollux,  p.  75, 
1.  17;  Castor  et  Pollux  veulent 
combattre  les  taureaux,  107,  1.  24; 
Castor  et  Pollux  portent  le  joug  à 
Jason,  puis  ils  se  retirent,  p.  132, 
1.  12-17;  la  voix  d*Argo  ordonne  à 
Castor  et  à  Pollux  de  supplier  les 
dieux,  p.  157,  1.  6;  Castor  et  Pol- 
lux se  lèvent  pour  prier,  p.  157, 
1.  11;  la  conduite  des  vaisseaux  est 
désormais  confiée  par  Zeus  à  Cas- 
tor et  à  Pollux,  p.  1 59,  I.  I  et  suiv. 

—  Notes:  Ch.  I*',  v.  146;  152. 
Ch.  II,  v.  8;  76;  98;  H)6;  163. 
Ch.  IV,  V.  653. 

POLYPHÉMOS  (IIoXvçr^jjLo;),  Eila- 


INDEX 


45' 


tide,  Argonaute,  déjà  âgé,  p.  5, 
1.  23  et  suiv.;  Polyphémos  entend 
les  cris  d'Hylas,  p.  43,  1.  26;  il 
appelle  en  vain  ses  compagnons, 
P-  43>  1*  33)  il  rencontre  Héraclès 
et  l'interpelle,  p.  44;  le  destin  est 
que  Polyphémos  fonde  une  ville 
chez  les  Mysiens,  p.  46, 1. 12;  p.  47, 
1.  7;  Canthos  veut  savoir  où  Héra- 
clès a  laissé  Polyphémos,  p.  185, 1.6. 
—  Notes  :  Ch.  1",  v. 40  ;  1 1 77  ;  1 240 ; 
1248;  1323.  Ch.  IV,  V.  14^14;  1470. 

PoLYXOdîoXu^w), nourrice  d'Hyp- 
sipylé  ;  son  discours  aux  femmes  de 
Lemnos,  p.  25-26.  —  Notes  :  Ch.  I*', 
V.  668;  689.  Ch.  IV,  v.  1485. 

Pont  (ô  IIôvtoç)  [le];  le  détroit 
qui  ouvre  le  Pont,  p.  4, 1.  5  ;  le  Pont, 
p.  61,  1.  4;  p.  63,  1.  3  et  9;  p.  68, 
1.  13;  p.  81,  1.  9;  le  golfe  le  plus 
enfoncé  du  Pont,  p.  89,  1.  17;  le 
Pont,  p.  147,  1.  34;  p.  170,  1.  2.  — 
Notes  :  Ch.  1",  v.  652  ;  1 024.  Ch.  II, 

V.  177;  353;  361;  382;  399;  460;  528; 
745;845;936;946;965;  1015;  1186. 
Ch.  IV,  V.  259 ;  277;  284  ;  289;  320 ; 
324;  786;  1002;  1217. 

Poséidon  (Ilovci'Sttcov),  dieu  de 
la  mer;  festin  offert  à  Poséidon  par 
Pélias,  p.  4,  1.  18;  Poséidon,  père 
de  Nauplios,  p.  8,  1.  23;  privilèges 
accordés  par  Poséidon  à  Péricly- 
roénos,  p.  9,  1.  13;  Poséidon,  père 
d*Euphémos,  p.  9,  1.  36;  Poséidon, 
père  d'Erginos  et  d'Âncaios,  p.  10, 
1.  5  et  suiv.;  Poséidon  protège  les 
Dolions  qui  descendent  de  lui,  p.  34, 
1.  20;  les  chevaux  de  Poséidon, 
p>4i  •  1-3  *  Poséidon,  père  d^Amycos, 
p. 49, 1. 5  ;  Ancaios,  fils  de  Poséidon, 
p.  77,  1.  17;  Poséidon  se  rendant 
aux  jeux  célébrés  en  son  honneur, 
p.  129,  1.  33;  Poséidon  enlève  Cer- 
cyra,  p.  156,  1.  17;  Amphitrite 
détèle  le  char  de  Poséidon,  p.  180, 
1.  17;  p.  181,  1.  18  et  34;  Poséidon 
père  d'Eurypylos,  p.  188, 1. 2  ;  autels 
élevés  à  Poséidon  par  les  Argo- 
nautes, p.  190, 1.8.  —  Notes:  Ch.I", 
V.  13;  40;  57Î  134;  156;  186;  230; 
482;  580;  831;  1165;  1240.  Ch.  II, 
V.  4;  178;  532;  865;  1 144.  Ch.  III, 
V.  1091;  1 178;  1240.  Ch.  IV,  v.  539; 
54o;778;825;826;992;  1091;  1325; 

1365;  1396;  1513;  1552;  1558;  i5^j; 

1562;  1742. 


POSIDÉIOS  (ri  no<Ti8r,to;  axpr))  [le 
cap]t  dépassé  par  les  Argonautes, 
p.  44, 1.36. —  Notes:  Ch.  I'',  v.1279. 

PRiOLAS(ilpi6Xa;),frère de  Lycos, 
tué  par  les  Mysiens,  p.  74,  1.  26  et 
suiv.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  758;  783. 

PROiTOS(IIpoiToc))fils  de  Nauplios 
et  père  de  l'Argonaute  Lernos,  p.  8, 
l.  22.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  134. 

PROMÉTHâs  (ÏIpo(jLT)Oeu;),  fils  de 
Japet,  dévoré  vivant  par  un  aigle, 
p.  89, 1. 19;  les  Argonautes  entendent 
les  gémissements  de  Prométhée, 
p.  89, 1. 28  ;  le  poison  appelé  du  nom 
de  Prométhée  (to  IIpo]xi^Oetov  çscpixa- 
xov),  p.  117,  1.  25;  le  sang  de  Pro- 
méthée, p.  117,  1.  32;  Prométhée, 
père  de  Deucalion,  p.  125,  1.  4.  — 
Notes  :  Ch.  I",  v.  444;  503.  Ch.  II, 
V.  178;  1248.  Ch.  III,  V.  845;  847; 
853;  1085;  1086.  Ch.  IV,  V.  131; 
778;  1396. 

Promeus  (IIpo(XE*iç),  Dolion  tué 
par  Idas,  p.  37,  1.  22. 

PROPONTIDK   (tJ    lIpOTCOVTlî)  [là], 

petite  mer  où  se  trouve  la  pres- 
qu'île de  Cyzique,  p.  34,  1.  4  ;  les 
sinuosités  de  la  Propontidc,  p.  35, 
1.21.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  2 1 1  ;  936  ; 
940;  1 1 16;  1 165.  Ch.  II,  V.  299. 

Pylos  (t)  IIûXoc),  ville  de  Messé- 
nie,  patrie  de  l'Argonaute  Péri- 
clyménos,  p.  9,  1.  13.  —  Notes: 
Ch.  I",  V.  152. 

Pttho  (t)  Ilu6(d),  nom  de  Delphes  ; 
Jason  va  y  consulter  l'oracle,  p.  10, 
1-  31;  P'  ï7»  1-  ïo;  p.  155,  I.  16; 
Apollon  à  Pytho,  p.  13, 1.  33;  Jason 
promet  d'envoyer  des  offrandes  à 
Pytho,  p.  17,  1.  18;  p.  192,  1.  27; 
chœur  de  danse  en  l'honneur  d' Apol« 
Ion  à  Pytho,  p.  21,  1.  16. —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  207.  Ch.  HI,  v.  1240. 
Ch.  IV,  V.  528;  1091;  1405;  1704. 

Rhéa  (*Péa),  épouse  de  Cronos, 
règne  avec  lui  sur  l'Olympe,  p.  20, 
1.  13;  comment  les  Phrygiens  se 
rendent  Rhéa  propice,  p.  40,  1.  15; 
les  Argonautes  célèbrent  Rhéa, 
p.  40,  1.  31;  Rhéa  surprend  Cronos 
uni  à  Philyra,  p.  89,  1.  4.  —  Notes  : 
Ch.  I",  v.  941;  I  119;  1124;  II 26; 
1 129;  1 141.  Ch.  II,  V.  1231. 

Rhébas  (f5  'Pr,?otc  ou  *PT,6aio;) 
[/e],  fleuve  de  Bithynie  signalé  par 


45^ 


INDEX 


Phinée  aux  Argonautes,  p.  6i ,  1.6; 
le  Rhêbas  dépassé  par  les  Ar|^o- 
nautes,  p.  70,  1. 25;  le  territoire  des 
Mariandyniens  étendu  par  Héraclès 
jusqu'à  l'embouchure  du  Rhébas, 
p.74. 1-35-—  Notes:  Ch.II,  v.349; 
650;  789. 

Rhodanos  (i  •Poîatvo:)  [/«],fleuve 
qui  se  jette  dans  TEridan,  p.  158, 
1.  13.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.596;  627; 

654;  635.  ,  ,      , 

Rhœteibn  (r,  ToiTCià;  ax-cr,)  [le 

riva^e]^  en  Troade,  p.  33, 1.  33-  — 

Notes:  Ch.  P',  v.  929. 

Rhtndacos  (al  *l»vv2axiôt;  icpo- 
yood)  [l'embouchure  du],  côtoyée 
par  les  Argonautes,  p.  41, 1.  11.  — 
Notes:  Ch.  I",  v.  1165. 

RiPHÉKS  (Ta  'PiK«îa  opO  ['«« 
monts]^  d'où  sortent  les  sources  de 
rister,  p.  147.  1.  15.  —  Notes: 
Ch.IV.  V.  284;  286. 

Roches-Errantes  (xl  lUa^xtot 
icérpai)  |/«s],  au  milieu  desquelles 
les  Argonautes  doivent  passer, 
p.  165,  1.  24;  les  Roches-Errantes 
frémissent  sous  les  flots,  p.  167, 
1.  25  ;  Thétia  dirige  Argo  au  milieu 
des  Roches-Errantes,  p.  167,  1.  34; 
les  Néréides  sauvent  Argo  des 
Roches-Errantes,  p.  1C8,  1.  5.  — 
Notes:  Ch.IV,  v.  786. 

Sacré  (t<S  *lpov  opoc)  [le  mont]^ 
longé  par  les  Argonautes,  après 
qu'ils  ont  dépassé  la  côte  des  Tiba- 
réniens,  p.  82,  1.  8.  —  Notes  : 
Ch.  II,  V.  1015. 

Sacrée  (yj  '  hpr,  Tilrpr,)  [la  pierre], 
autour  de  laquelle  les  Argonautes 
fixèrent  les  amarres  de  leur  navire 
à  leur  retour  chez  les  Dolions,  p.  36, 
1.  31;  on  détache  les  amarres  de  la 
pierre  Sacrée,  p.  39  1.  19.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  1019. 

Salangon  (o  Ia).aYYwv)  f/«], 
fleuve  voisin  de  la  terre  Nesticnne, 
p.  148,  1.  36. —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  330. 

SalmONIDE  (t)  Sa).fia>v\;  axprj)  [le 
cap]^  en  Crète,  doublé  à  la  rame 
par  les  Arp^onautes,  p.  192,  1.  14. 
—  Notes  :  Ch.  IV,  v.  1693. 

Sangarios  (ô  laYTrâpto;)  [le], 
fleuve  qui  se  jette  dans  le  Pont, 
p.  73,  1.  2.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  722. 


Sapsisbs  (ol  LâicEipc;)  [lesh 
peuple  voisin  des  Bécheires,  signalé 
par  Phinée  aux  Argonautes,  p.  62, 
1.  19;  les  héros  passent  devant  le 
pays  des  Sapeires,  p.  89,  I.  13.  ~ 
Notes  :  Ch.  II,  v.  393;  1231  ;  1242. 

Sabdonienne  (to  Sap^oviov  Ktkx- 
yoO  i/o  Mer],  où  TEridan  se  déverse, 
p.  1 58, 1. 1 9.  —  Notes  :  Ch.  rV,  V.  6S3. 

SaspÉDON  (r,  Sapirnôoviii  xix^J 
Ue  rocher  de],  voisin  du  fleuve 
Ergînos,  en  Thrace,  p.  1 1,  1.  2.  — 
Notes:  Ch.  !•%  v.  211. 

S  AU  RO  MATES   (o\   £xvpO{lxÎTai) 

[/es],  ennemis  acharnés  des  Col- 
chiens,  p.  102,  1.  20;  Jason  offre  à 
Aiétès  de  lui  soumettre  les  Sauro- 
mates,  p.  1 03, 1.29.  —  Notes  :  Ch.  III, 

V.  353. 

SciATHOS  (t)  £xta6o;),  ile  de  la 
mer  Egée,  p.  22,  1.  31.  —  Notes: 
Ch.  I",  v.  583. 

SCTLLA  (SxjUa),  fille  de  Phor- 
cos  et  d'Hécate,  p.  164,  1.  25;  le 
roc  de  Scylla,  p.  163, 1.  19;  p.  167, 
1.  23;  le  gouffre  de  Scylla,  p.  164, 
1.  23. —  Notes:  Ch.  IV,  v.  825; 
826;  922. 

Scythes  (ol  îxûdai)  [/es],  peuple 
dont  i'Ister  traverse  le  territoire, 
p.  147,  1.  16;  les  Scythes  n'avaient 
jamais  vu  de  navire,  p.  148,  1.  18. 
—  Notes  :  Ch.  II,  v.  373  ;  377»*  i o  1 5  ; 
1248.  Ch.  m,  V.  202.  Ch.  IV,  V.284; 
320. 

Seirxos  (o  leipto;),  astre  ;  Seirios 
dessèche  les  ties  Minoîdes,  p.  66, 
1.  1 1  ;  sacrifices  en  Thonneur  de 
Seirios,  p.  66, 1.  20  ;  Jason  comparé 
à  Seirios,  p.  121,  1.  3.  —  Notes: 
Ch.  II,  5 1 7  ;  520.  Ch.  III,  V.  745  ;  957. 

SÉLÂNÉ  (le>T]va{rJ,  nom  de  la 
Lune  (voir  Xufie  [/a]  );  les  Arcadiens 
existaient  antérieurement  à  Séléné, 
p.  146,  1.  25.  —  Notes:  Ch.  III, 
V.  93.  Ch.  IV,  v.  54;  58. 

SÉPIAS  (t;  iri'Riàc  axptj)  [le  cap], 
en  Thessalie,  p.  22, 1. 30.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  582  ;  583  ;  599. 

Serbonis  (y]  £ep^ci>vt;  lipyr)  [le 
tnarais],  où  Typhaon,  foudroyé  par 
Zeus,  fut  englouti,  p.  88,  1.  17.  — 
Notes  :  Ch.  II,  v.  12 10. 

SÉSAMOS  (Tj  £r,aa|xoc)i  ville  de 
Paphl agonie,  p.  79, 1. 30.  —  Notes  : 
Ch.II,  V.  936;  941;  94a* 


INDEX 


453 


SiciNOS  (IixtvoO)  fils  de  Thoas 
et  d*Oinoiét  donne  son  nom  à  Tile 
nommée  d'abord  Oinoié,  p.  24,  1.  7. 

—  Notes  :  Ch.  !•',  v.  623. 
SiciNOS    (t)    Iîxivo;)i    île    ainsi 

nommée  de  Sicinos,  fils  de  Thoas 
et  d'Oinoié,  p.  24, 1.  6.  Voir  Oinoié. 

—  Notes  :  Ch.  I",  v.  623. 
SiQYNNiENs    (ol  l.iy^Jv^ol)   [les], 

peuple  qui  habite  auprès  des  bou- 
ches de  rister,  p.  148,  1.  18.  — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  320. 

SiNDiENS  (ol  £{v6oi)  [/es],  peu- 
ple qui  habite  la  plaine  de  Laurion 
auprès  des  bouches  de  l'Ister,  p.  148, 
1.  19.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  320. 

SiNOPÉ  (2:tvfoiin)t  fille  d'Asopos, 
trompe  Zeus,  Apollon  et  le  fleuve 
Halys,  p.  80, 1.  2  et  suiv.  —  Notes  : 
Ch.  II,  V.  946. 

SiNTÉiDE  (Sivrrii;),  épithète  de 
Lemnos,  habitée  par  les  Sintiens, 
p.  23,  1.  23;  p.  194,  1.  17.  —  Notes: 
Ch.  I",  V.  608.  Ch.  IV,  V.  1758. 

SipHA  (o  SiçxEu;  8r,|io;)  [le  dême 
de]^  demeure  de  l'Argonaute  Ti- 
phys,  p.  7,  1.  26.  —  Notes  :  Ch.  P', 
V.  105. 

Sirènes  (al  ££ipy;veO  [/es],  filles 
d'Achéloos  etdeTerpsichore.p.  166, 
1.  25  et  suiv.;  le  chant  des  Sirènes 
vaincu  par  la  phorminx  d*Orphée, 
p.  167,  1.  8;  Boutés  séduit  par  la 
voix  des  Sirènes,  p.  167,  1.  13; 
les  héros  s'éloignent  des  Sirènes, 
p.  167,  1.  20.  —  Notes  :  Ch.  I*', 
V.  23.  Ch.  IV,  V.  661;  892;  895; 
896  ;  920. 

SOONAUTÈS  (à  lowvauT/jc)  [/e], 
nom  donné  par  les  Mégariens  de 
Nisaia  à  TAchéron,  fleuve  du  pays 
des  Mariandyniens,  p.  73,  1.  25. 
Voir  Achéron  (V).  —  Notes  :  Ch.  II, 
V.  353  ;  746. 

Sources  («l  IIy;YaO  [/««].  nom  de 
la  fontaine  où  Hylas  fut  entraîné 
par  la  Nymphe,  p.  43, 1.  6  et  suiv. 
—  Notes  :  Ch.  I«%  v.  1222. 

Sparte  (tj  iTcâprrj),  ville  d'où 
viennent  les  Argonautes  Castor  et 
Pollux,  p.  9,  1.2;  les  descendants 
d'Euphémos  s'établissent  à  Sparte, 
p.  194, 1.  19;  Théras  leur  fait  quitter 
Sparte,  p.  194,  1.  20.  —  Notes  : 
Ch.  IV,  V.  58;  1212;  1758. 

Sphodris  (2^p6dpiO>  Dolion  tué 


par  Acastos,  p.  37, 1.  19.  —  Notes  : 
Ch.  I*'',  V.  1 040. 

Sporades  {ol\  I:ïopô8e;  vyj<Toi)  [les 
î/es],  p.  192, 1. 34.  —  Notes  :  Ch.IV, 
V. 171 1. 

Sthénélos  (IOêve>oc),  fils  d'Ac- 
tor,  enseveli  auprès  du  fleuve  Calli- 
choros,  p.  78,  1.  29  et  suiv.;  il  appa- 
raît aux  héros,  qui  font  des  sacrifices 
en  son  honneur,  p.  79.  —  Notes  : 
Ch.  II,  V.  904;  911;  920.  Ch.  IV, 
V.  228. 

Stoichades  (al  StoixotSeç  vf.aoi) 
[les  î/esj,  aussi  nommées  Ligu- 
riennes (voir  Liguriennes  [f/es]), 
p.  156, 1. 3  ;  arrivée  des  Argonautes 
aux  îles  Stoichades,  p.  159,  1.  2; 
leur  départ  des  Stoichades,  p.  1 59, 
1.  8.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  553;  650. 

Strophadbs  (al  iTpoçâôe;  vT;<Tot) 
[les  I/es];  pourquoi  elles  ont  reçu 
ce  nom,  p.  59,  1.  16.  Voir  Plotées 
[les  î/es].  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  177; 
296;  299. 

Stymphalides  (al  SxvpiçaXi'oe; 
OjQviQec)  [les  oiseaux]^  dispersés  par 
Héraclès,  p.  83,  1.  14.  —  No'.es  : 
Ch.  II,  V.  1031;  1052;  1088. 

Styx  (t)  1tv5)  [/«].  fleuve  des 
enfers,  par  lequel  Iris  jure,  p.  59, 
1.  II.  —  Notes  :  Ch.  ÙI,  v.  847. 
Ch.  IV,  V.  282. 

SymplÉGAdes  (al  nXriyâôt; 
«éxpaO  [les  roches]^  p.  68,  1.  31; 
p.  70,  1.  19.  Voir  Cyanées  [les 
roches],  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  3. 
Ch.  II,  V.  777;  1031.  Ch.  IV,  V.  786. 

Syrte  (f,  S'jpxi;)  [la],  golfe  de 
Libye  où  les  Argonautes  sont  jetés, 
p.  177,  1.  21.  —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  1235;  1238;  1246;  1266;  1391. 

Tainaribnne  (yj  Taivapfr]  xOwv) 
[la  terre],  en  Laconie,  où  était  une 
route  des  enfers,  p.  7,  1.  22.  — 
Notes:  Ch.  I",  v.  102. 

Tainaros  (tj  Taîvapo;),  ville  de 
Laconie,  patrie  de  TArgonaute  Eu- 
phémos,  p.  9,  1.  35;  consacrée  à 
Poséidon,  p.  129,  1.  34.  —  Notes: 
Ch.I",v.  102;  179.  Ch.  m,  V.  1240. 
Ch.  IV,  V.  1578. 

Talaos  (TaXa60t  Argonaute,  fils 
de  Bias  et  de  Péro,  p.  8,  1.  3  ;  lie 
les  cestes  autour  des  poignets  de 
Pollux,  p.  51,  1.  29;  est  blessé  au 


454 


INDEX 


flanc  par  le  Bébrycc  Orcidès,  p.  53,    i 
1.    14. —  Notes:    Ch.   !«%   v.    118. 
Ch.  il,  V.  105. 

Ta  LOS  (Tâ>.ciK),  gréant  d*airain, 
gardien  de  la  Crètef  victime  des  en- 
chantements de  Médée,  p.  190-192. 
—  Notes  :  Ch.  IV,  1485;  1638;  1644. 

Taphos  (o\  Xr,i«TT3i;  Tctçioi)  [les 
brigands  de]y  représentéà  sur  le 
manteau  de  Jason,  p.  28,  1.  5.  Voir 
Téléboens  (les).  —  Notes  ;  Ch.  I*', 

V.  748. 

TÉGÉE  rt  TcYlr,),  ville  d'Arcadic 
d*où  viennent  les  Argonautes  Am- 
phidamas  et  Cépheus,  p.  9,  I.  17; 
Ancaios,  habitant  de  Tégée,  p.  16, 
1.  30.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  162;  398. 

TÉLAMON  (Te>.a|Jiwv),  Argonaute, 
Als  d^Aiacos  et  frère  de  Pelée, 
p.  7,  1.  II  et  suiv.;  tue  le  Dolion 
Basileus,  p.  37,  1.  21;  querelle  de 
Télamon  avec  Jason  au  sujet  de 
l'abandon  d'Héraclès,  et  leur  récon- 
ciliation, p.  45-47;  Télamon  accom- 
pagne Jason  au  palais  d'Aiétès, 
p.  97,  1.  27;  Télamon  nommé  à 
Aiétès,  p.  102,  1.  30;  Télamon 
outré  des  paroles  d'Aiétès,  p.  103, 
1.15;  Télamon  retourne  au  navire, 
p.  1(15,  1.  9;  Télamon  veut  dompter 
les  taureaux,  p.  107, 1.  22;  Télamon 
envoyé  à  Aiétès  pour  demander  la 
semence,  p.  127,  1.  29.—  Notes: 
Ch.  I",  v.  71;  93;  207;  1289.  Ch.  II, 
v.  9^6. 

TÉLÉBOENS  (o\  Tr,>£[5ôai)  [les], 
ou  Taphiens,  représentés  sur  le 
manteau  de  Jason,  luttant  avec  les 
tils  d'Electryon,  p.  28,  1.  4.  — 
Notes  :  Ch.  !•%  v.  748. 

TÉLÉCLÉs  (Trj).£xXr,ç).  Dolion  tué 
par  Héraclès,  p.  37, 1.  18.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  104  ). 

Tkléox  (TeXéwv),  père  de  Boutés, 
p-  7.  !•  15;  p.  167,  1.  10.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  71;  95.  Ch.  IV,  V.  914. 

TÉ  LÉON  (TeXitrtv),  père  d'Erybo- 
tès,  p.  6, 1.  24,  25.  —  Notes  :  Ch.  I", 

V.  71;  95.    , 

TÉNOS  (tj  Tr.voO.  île  où  Héraclès 
tua  les  fils  de  Borée,  p.  45,  1.  30  et 
suiv.  —  Notes  :  Ch.  I*%  v.  1300. 

Terpsichork  (Tiçi'\ii'/ffiQT,),  Musc, 
mère  des  Sirènes,  p.  166,  1.  28.  — 
Notes  :  Ch.  IV,  v.  895. 

TÉTHYS  (Tr,6jç),   déesse,  femme 


d'Océanos,  mère  d^Eidyia,  la  femme 
d'Aiétès,  p. 99. 1.6.  --  Notes:  Ch.U, 
V.  946.  Ch.  IV,  V.  1212. 

Thèbes  (r\  (i^t^ri)  Ogygicnne,  où 
Cadmos  est  venu,  p.  127,  {,  34; 
Amphion  et  Zéthos  sont  représen- 
tés sur  le  manteau  de  Jason,  occupés 
k  construire  les  murs  de  Thèbes, 
p.  27,  1.  28;  Dionysos  s'établit  à 
Thèbes,  p.  78,  1.  24.  —  Notes: 
Ch.  I«',v.  735;9i6.  Ch.  ni»  v.  11 78. 
Ch.  IV,  v.  517;  1284. 

Thèbes  la  Tritoniknnb  (r^ 
Br.pn  TpiwvtO,  ville  d'Egypte, 
p.  146,  1.  19. —  Notes:  Ch.  IV, 
V.  2x>;  262;  1396. 

Théiodamas  (BEio2a{iac)i 
Dryope,  père  d'Hylas,  tué  par  Hé- 
raclès, p.  42,  1.  32  et  suiv.;  Hylas, 
fils  de  Théiodamas,  p.  47, 1.  16.  — 
Notes  :  Ch.  I»*,  v.  1207. 

Thé  MIS  (6s(itc),  déesse,  fait 
connaître  l'avenir  à  Zeus,  p.  163, 
l.  3 1 .  —  Notes  :  Ch.  IV,  v,  800;  1396. 

Thémiscyréiennes  (al  Hs|it<T* 
xupsiott  *A}ia'6veO  [les  Amasanes]^ 
s'arment  contre  les  Argonautes, 
p.  8 1 , 1. 2 1 .  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  995. 

Thémiscyréxos  (t)  He(ii<rxupeioc 
axpr,)  [le  cap\^  voisin  de  l'embou- 
chure du  Thermodon,  p.  61,  1.  30. 
—  Notes:  Ch.  II,  v.  371. 

Théra  (tj  Hf,pT|),  île  autrefois 
nommée  Cal  listé,  à  laquelle  Théras 
donne  son  nom,  p.  194,  1.  22. — 
Notes:  Ch.  IV,  v.  1707;  1711;  1712; 

1751;  »758;  1763. 

ThérapnaÏEN  (HspaTTvaîoç)»  ori- 
ginaire de  Thérapna,  en  Laconie; 
Pollux,  le  fils  Thérapnaïen  de  Zeus, 
p.  55,  1.  I.  Voir  Pollux.  —  Notes  : 
Ch.  II,  V.  163. 

Théras  (er.pa;),  fils  d'Autésion, 
conduit  les  descendants  d'Euphé- 
mos  de  Sparte  dans  l'île  Callisté,  à 
laquelle  il  donne  son  nom,  p.  I94» 
1.    19  et   suiv.  —  Notes:    Ch.   IV, 

V.  1758;  I7'^3- 

Thermodon  (à  Bspixwôwv)  [le], 
fleuve  qui  se  jette  dans  le  Pont,  au- 
près du  cap  Thémiscyréios,  p.  61, 
1.  29  ;  Dascylos,  fils  de  Lycos,  ren- 
dra facile  le  voyage  des  Argonautes 
jusqu'à  l'embouchure  du  Thermo- 
don,  p.  75,  1.  16;  particularités 
merveilleuses  du  Thermodon,  p.  80, 


INDEX 


455 


1.   29   et   suiv.  —  Notes  :   Ch.    II, 

V.  177;  37»;  373;  804;  970;  977; 

992;  995.  Ch.  IV,  V.  131. 

Thésée  (B/]<reûc)i  retenu  sous  la 
terre  Tainarienne,  p.  7,  1.  21;  Thé- 
sée délivré  de  ses  travaux  par 
Ariane,  p.  122,  1.  13;  Thésée  em- 
mène Ariane  avec  lui,  p.  122, 1.  17; 
Minos  a  convenu  avec  Thésée  de 
lui  donner  Ariane,  p.  125,  1.  17; 
Thésée  abandonne  Ariane  dans  Tile 
de  Dia,  p.  152,  1.  6.—  Notes: 
Ch.  I**,  V.95;  101.  Ch.  III.v.  1003. 
Ch.  IV,  V.  425. 

Thespien  (à  9e<Ticilwv  ÔTipioO  [le 
dêtne]^  patrie  de  Tiphys,  p.  7, 1.  26. 

Thestiadb  (HsdttdÔnç),  Iphiclos, 
fils  de  Thestios,  p.  10,  1.  22. 

Thétis  (HsTiç),  mandée  par  Héra, 
p.  162,  1.  23;  Iris  communique  à 
Thétis  les  ordres  d'Héra,  p.  163, 
1.  I  ;  Thétis  va  trouver  Héra,  p.  1 63, 
1.  9;  entretien  de  Thétis  et  d'Héra, 
p.  163-164;  Thétis  expose  aux 
Néréides  les  instructions  d*Héra, 
p.  165,  1.  7;  son  entrevue  avec 
Pelée,  p.  165-166;  Thétis  dirige  le 
gouvernail  d'Argo,  p.  167,  1.  32; 
p.  168,1.3.—  Notes:  Ch.  I",  v.93; 
582;  1 165.  Ch.  III,  V.  230.  Ch.  IV, 
V.  757;  793;  805;  807;  808;  814; 
816. 

Thoas  (Boa;),  sauvé  par  sa  fille 
Hypsipylc,  p.  24,  1.  2;  Thoas,  père 
de  Sicinos,  p.  24,  1.  8;  la  fille  de 
Thoas  (BoavTidt;),  Hypsipylé  (voir 
Hypsipylé)t  p.  24, 1.  22  ;  p.  26, 1.  3  )  ; 
les  Argonaute  s  supposent  que  Thoas 
est  mort,  p.  27,  1.  7;  Thoas,  roi  de 
Lemnos,  p.  29, 1.  26;  p.  30,  1.  27; 
péplos  laissé  par  Thoas  à  Hypsi- 
pylé, p.  1 5 1 , 1. 34-  —  Notes  :  Ch.  I«', 
V.  1 0 1  ;  1 1 5  ;  602  ;  620;  623.  Ch.  III, 
V.  1003. 

ThraCB  (t,  BpTjXYi  et  7j  Hpoixir,) 
[to],  patrie  de  Zé'tès  et  de  Calais, 
P*  I  o,  1.  35  ;  ravagée  par  les  habi- 
tants de  Lemnos,  p.  23, 1.  29;  p.  29, 
1.  29;  habitée  par  les  Lemniens, 
p.  30, 1.  24;  tout  le  pays  de  Thrace, 
P-  39»  1-23.  —  Notes  :  Ch.  I",  v.  23  ; 
25;  31;  211;  594;  599;  6ji;  608; 
800;  916;  922;  II  14.  Ch.  II,  v. 
140;  168;  177;  178;  500;  745; 
1238.  Ch.  IV,  V.  284;  1 134. 

Thrace  (6  Hprjtxtoç  et  HprjiÇ);  le 


Thrace  (0pr,iÇ)  Oiagros,  p.  5,  1.  6; 
le  Thrace  (Hpr,ixio;)  Borée,  p.  10, 
1.  35;  p.  45.  1-  25;  p.  63,  1.  19; 
p.  185,  1.  21;  le  Thrace  (Hpr^ixio;) 
Orphée,  p.  167,  1.  2;  le  mont  Athos 
de  Thrace  (HpoixiiQ  xoXcovrJ,  p.  23, 
1.  14;  l'armée  Thrace  (t|  (-)pr,i^  crxpa- 
TOc)>  p-  25,  1.  33;  les  champs  de  la 
Thrace,  sur  le  continent  (y,  Hpï;ixiiQ 
f,7iEipoc),  p.  29,  1.  24;  les  vents  de 
Thrace  (ol  Hp/jîxioi  àveiioi),  p.  34, 
1.  23;  le  port  Thrace  (ô  Hpr,txioç 
XiaTjv),  p.  39,  1.  20.  —  Notes  : 
Ch.  I«',  V.  1300. 

ThrAces  (ol  epTjixs;  et  oî  Hpf,x£;) 
[/«s],  ennemis  aes  habitants  de 
Lemnos,  p.  24,  1.  15  et  21;  p.  30, 
1.  18;  la  terre  des  Thraces,  p.  33, 
1.  26;  Pninée,  roi  des  Thraces, 
p.  57, 1.  19  ;  le  territoire  de  Thraces, 
p.  147,1.  i6;  les  Scythes  mêlés  aux 
Thraces,  p.  148,  1.  18.  —  Notes: 
Ch.  I",  V.  34;  800;  917;  932;  949; 
Il  10.  Ch.  II,  V.  2,  946.  Ch.  IV, 
V.  284  ;  320. 

Thyades  (aï  Huiâos;)  [les],  qui 
mangent  la  chair  crue,  p.  24,  1.  20. 

—  Notes  :  Ch.  I*',  v.  636. 
T11YNIADE    (7)    H-jvtc    Y«î«)    t''* 

terre]^  où  Phinée  avait  prédit  que 
les  Argonautes  attacheraient  leurs 
amarres,  p.  64,1.  20;  la  Nymphe 
Thyniade  (r,  Wuvià;  vjiiçr,),  à  qui 
Phinée  recommande  à  Paraibios 
d'offrir  des  libations,  p.  65,  1.  10; 
la  côte  Thyniade  (rj  Huv/;i;  àxTr,), 
où   Athéné   s'élance,   p.  67,  1.    15. 

—  Notes  :  Ch.  II,  v.  1 77  ;  460. 
Thvnias  (r|  «uvtàç  vr,(To;)  [/'«/«], 

signalée  par  Phinée  aux  Argonau- 
tes, p.  61,  1.  8;  Argo  dans  le  port 
de  l'île  Thvnias,  p.  71,  1.  14. — 
Notes:  Ch.  Il,  v.  349;  460;  673;  (86. 
Thyniens  (oî  Huvoi)  {les]t  habi- 
tants de  la  terre  Thyniade,  p.  ()6, 
1.  27.  —  Notes  :  Ch.  II,  v.  2;  140; 
460. 

TiBARÉNIENS  (ol  Tlpap/jvoî)  [/tfs], 

peuple  signalé  par  Phinée  aux 
Argonautes,  p.  6 1 , 1.  36  ;  /a  côte  des 
Tibarèniens  (f|Tipapr,vi;  yaia),  p.  82, 
1.  3.  --  Notes:  Ch.  II,  v.  377;  1010; 
1016;  1231. 

Tiphys  (Tîçu;),  Agniade, 
qu' Athéné  envoie  se  joindre  aux 
Argonautes,   p.  7,  1.  26  et  suiv.  ; 


456 


INDEX 


Tiphys  fait  lancer  le  navire,  p.  i6, 
1.  8;  Tiphys  appelé  au  |3^ouvernail, 
p.  i6,  1.  32  ;  réveil  de  Tiphys,  p.  20, 
î-  33 1  Tiphys  dirige  sûrement  le 
navire,  p.  22,  1.  o;  Tiphys  fait 
changer  la  pierre  de  fond,  p.  34, 
1.  24;  Tiphys  ordonne  .l'embarque- 
ment, p.  44,  1.  3 1  ;  Télamon  se  pré- 
cipite sur  Tiphys,  p.  45,  1.  20; 
rhabileté  de  Tiphys  fait  échapper 
les  héros  au  danger,  p.  55,  1.  17; 
Tiphys  ordonne  aux  héros  do  ramer, 
p.  67,  1.  24  ;  Tiphys  crie  aux  héros 
de  faire  force  de  rames,  p.  68,  1.  7; 
Tiphys  évite  une  vague  immense, 
p.  68,  I.  17;  discours  de  Tiphys  et 
réponse  de  Jason,  p.  69-70  ;  mort  de 
Tiphys,  p.  77, 1.3.  —  Notes  :  Ch.  !•', 
v.  I  c>8  ;  III.  Ch.  II,  v.  6 1 1  ;  854  ; 
H65;  H98;  904;   i25o. 

TiSKK  (T)  TiToti'tj  i-Kpr^)  [le  cap], 
dépassé  par  les  Argonautes,  p.  22, 
1.  1 5.  —  Notes  :  Ch.  1*',  v.  568. 

Titan  (Tit^vi;)  [filie  dit],  épithète 
de  la  lune,  p.  139,  1.  33.  —  Notes: 
Ch.  IV,  V.  54. 

TiTANlENNE  (TiT-ivi;),  épithète 
de  la  racine  de  Prométhée,  p.  118, 
1.  10;  épithète  d'Aia,  p.  142,1.  15. 
—  Notes  :  Ch.  I",  v.  419.  Ch.  III, 
V.  853.  Ch.  IV,  v.  131. 

Titans  (01  Tixr.vc;)  [/es],  ont  pour 
roi  Cronos,  p.  20,  1.  15;  Cronos 
régne  dans  l'Olympe  sur  les  Titans, 
p.  89,  1.  i;  Déméter  enseigne  aux 
Titans  à  faire  la  moisson,  p.  169, 
1.  23.  —  Notes  :  Ch.  I«^  v.  503  ; 
1165.  Ch.  II,  V.  40;  710;  1231. 
Ch.  IV,  v.  540. 

TiTAKÉsiEN  (6  TiTapr,<Tio;)  [le], 
Mopsos,  né  près  du  fleuve  Titaré- 
sos,  p.  6,  1.  16.  Voir  Mopsos. — 
Notes:  Ch.  I*',  v.  65. 

TiTiAs  (TiTÎrj;).  l'un  des  Dactyles 
Cretois  de  l'Ida,  p.  40, 1. 1 .  —  Notes  : 
Ch.  I",  v.  II25.  Ch.  II,  V.  758; 
782. 

TiTiAS  (TirrriO,  combattant  au 
pui^ilat,  vaincu  par  Héraclès  aux 
jeux  funèbres  donnés  en  l'honneur 
de  Priolas,  p.  74,  1.  29.  —  Notes  : 
Ch.  I",  V.  1  126.  Ch.  II,  V.  783. 

TiTYOS  (TiTuo;),  géant,  fils 
d'Klaré,  mis  de  nouveau  au  monde 
par  Gaia,  représenté  sur  le  manteau 
de  Jason,  p.  28,  1.  20;  père  d'Eu- 


>  ropé,  mère  de  l'Argonaute  Euphé- 
mos,  p.  10,  1.  I.  —  Notes  :  Ch.  I**, 
V.  179;  761;  763. 

Trachike  rt  Tpr/iv),  ville  de 
Thessalie  où  Héraclès  établit  les 
enfants  que  les  Mysiens  lui  avaient 
remis  en  otages,  p.  47,  1.  17  et 
suiv.  — Notes:    Ch.   I**,  v.   1207; 

1356. 

Triccaien  (Tpixxzto;).  Deima- 
chos  de  Tricca,  en  Thessalie,  p.  80, 
1.  10.  V'oir  Deimachos.  —  Notes: 
Ch.  I(.  v.  955. 

Trinacrie  (tj  BpivatxirJ  [la],  île 
où  se  trouve  la  prairie  qui  nourrit 
les  génisses  d'Hélios,  p.  168,  1.  33. 
~  La  mer  de  Trinacrie  (o  Tpivi- 
xpioç  it^vTo;  ou  tj  HptvxxtVj  «à;), 
p.  147,  1. 19;  p.  169,1-29.  —  Notes: 
Ch.  IV,  V.  289;  293;  661;  965. 

Triton  (Tpttiiyv),  dieu  marin, 
qui  se  présente  aux  Argonautes 
sous  le  nom  d'Eurypylos,  p.  187- 
1 88  ;  Triton  reçoit  le  trépied,  p.  1 89  ; 
1.  3;  Triton  invoqué  par  Jason, 
p.  189,  I.  14;  Triton  dirige  Argo, 
p.  189,  1.  28;  autels  élevés  par  les 
Argonautes  à  Triton,  p.  1 90,  1.  8  ; 
la  tille  d^  Triton  et  de  Libye  vue 
en  songe  par  Euphéroos,  p.  193, 
I.  33  et  suiv.  ;  présent  d'hospitalité 
offertparTritonàEuphémos,p.  194, 
1.  9.  —  Notes:  Ch.  IV, v. 528;  1322; 

i39«;is52;  155B;  1561;  1562;  1578; 
15^;  1598;  1^03. 

Triton  (t»  Tpixwvo;  CôxTa  ou  r, 
TpiT(t>vt;  Xtfivri)  [le  lac],  où  Athéné 
fut  baignée  par  les  héroïnes  tuté- 
laires  de  la  Libye,  p.  1 79, 1.  35;  les 
Argonautes  entrent  dans  le  lac 
Triton,  p.  182,  1.  22;  le  rocher, 
voisin  du  lac  Triton,  fendu  par 
Héraclès,  p.  184,  I.  10;  les  Arc^o- 
nautes  essaient  de  sortir  du  Tac 
Triton,  p.  187,  1.  16.  —  Notes: 
Ch.  IV,  V.  656;  131 1  ;  1391  ;  I494Î 
1620. 

Triton  (è  TptTu>\)  [le],  fleuve  qui 
arrose  l'Egypte,  le  même  que  le 
Nil,  p.  146, 1.  30.  —  Notes  :  Ch.  IV, 
V.  260  ;  267  ;  269  ;  289. 

Tritonide  (TpiTcov{;),  surnom 
d'Athéné,  p.  7,  1.  30;  p.  21,  1.  31  ; 
p.  27,  I.  1 1  ;  p.  28, 1.  28;  p.  128,  1.3. 
Voir  Athéné.  —  Notes  :  Ch.  I*', 
^'-  55»  ;  721-  Ch.  IV,  V.  13 II. 


I 


INDEX 


457 


Tritonxbnne  {TpiTfovi;),  épithète 
de  Thèbes,  ville  d*£)^ypte,  p.  146, 
1.  19.  —  Notes  :  Ch.  IV,  v.  260. 

TsiTO)«is  (TpiTwvîc),  Nymphe 
mère  de  Nasamon  et  de  Caphauros, 
p.  185, 1.34.— Notes  :Ch.IV,v.  1494. 

Ttndare  (TuvÔooeu;),  époux  de 
Léda;  Castor  et  PoUux  naissent 
dans  le  palais  de  Tyndare,  p.  9, 1.  2; 
les  fils  de  Tyndare  (Castor  et  Pol- 
lux),  p.  107,  1.  24.  Voir  Castor  et 
Po//m«.— Notes  :  Ch.  !•',  v.  146;  1 52. 

Tyndaridb(ô  Tvv8apî5ia;)  U«]  , 
PoUux,  né  dans  le  palais  de  Tyn- 
dare. p.  50, 1.  27;  p.  51, 1.  4  et  14; 
p.  52, 1.  8;  p.  75, 1.  8.  Voir  PoUux. 

Tyndasidbs  (ol  Tuv5ap:Ô«0  [les]. 
Castor  et  PoUux,  nés  dans  le  palais 
de  Tyndare,  p.  9,  1.  2  ;  les  Tynda- 
rides  tuent  les  Dolions  Mégalos- 
sakés  et  Phlog^os,  p.  37,  1.  22; 
honneurs  que  Lycos  rendra  aux 
Tyndarides,  p.  75, 1.  17;  les  Tynda- 
rides  portent  le  joug  à  Jason,  puis 
ils  se  retirent,  p.  132,  1.  12-17;  les 
Tyndarides  se  lèvent  pour  prier  les 
dieux,  p.  157)  1.  H- 

Typhaom  (Tuçacov),  frappé  par  le 
tonnerre  de  Zeus,  p.  88,  1.  12. — . 
Notes:  Ch.  II,  v.  40;  706;  1210; 
I24«.  Ch.  IV,  V.  1396;  1399. 

Typhaonibmnb  (yj  Tvçaovfrj 
TCCTgri)  [la  pierre]^  où  coula  le  sang 
de  Typhaon,  frappé  par  la  foudre 
de  Zeus,  p.  88,  1.  12. 

Typhoeus  (Tu9u>c^0>  gréant 
monstrueux,  p.  51,  1.  2.  —  Notes: 
Ch.  II,  V.  40. 

Thyrsénien  (r,  Tup<rYjv\î  tjiteipoc) 
[le  continent]^  où  Hélios  conduisit 
Circé,  p.  101,  1.  12;  où  Thétis  va 
porter  à  Pelée  les  ordres  d*Héra, 
p.  165,  1.  14.  —  Les  rivages  Tyr- 
rhiniens  (alTup<JY]vide;  àxTat)  ,p.  1 59, 
1. 15;  p.  165, 1.20.  — Notes:  Ch.III, 
V.  311.  Ch.  IV,  V.  284;  289;  661  ; 
778:850. 

Tyrrhénibms  (ol  T\)p<rn'voO  f/es], 
chassent  de  Lemnos  les  descendants 
d*Euphémos,  p.  194,  1.  18.  — 
Notes:  Ch.  !•',  v.  6c8.  Ch.  IV, 
V.  635;  1758. 

Xanthos  (6  S(xv6o;)  [/«],  fleuve  de 
Lycie,p.  13, 1.34.  —  Notes  :  Ch.  I", 
V.  308. 


Xynias  (r,  Suviàç  XtfivrJ  [le  lac], 
voisin  de  Ctiméné,  ville  des  Dolo- 
pes,  patrie  de  l'Argonaute  Euryda- 
mas,  p.  6,  1.  20.  —  Notes  :  Ch.  1*% 
v.  67! 

ZÉLYS  (ZiXuc),  Dolion  tué  par 
Pelée,  p.  37,  1.  20. 

ZÉPHYRS  (6  ZéfvpoO  [le]\  les 
Harpyes  plus  rapides  que  le  Zé- 
phyre,  p.  58,  1.  30  ;  les  Argonautes 
quittent  Tile  Thynias,  grâce  à  la 
brise  du  Zéphyre,  p.  72,  1.  36;  la 
brise  du  Zéphyre  conduit  les  Argo- 
nautes aux  embouchures  du  fleuve 
Callichoros,  p.  78,  1.  18;  la  brise 
du  Zéphyre  doit  seule  souffler  jus- 
qu'à l'arrivée  des  Argonautes  dans 
l'ile  des  Phaiaciens,  p.  162,  1.  32; 
p.  164,  1.  17  et  34;  la  brise  du 
Zéphyre  seconde  le  voyage  des 
Argonautes,  p.  166, 1.  20;  le  navire 
entraîné  par  le  Zéphyre,  p.  167, 1. 7; 
la  voile  est  déployée  au  souffle  du 
Zéphyre,  p.  190, 1.  10;  le  Zéphyre 
s'apaise,  p.  190,  1.  14.  —  Notes  : 
Ch.  II,  V.  276;  961.  Ch.  IV,  V.888; 
1628. 

ZÉTÈs  (Zi^ty;c)>  Argonaute,  fils 
de  Borée  et  d'Oréithyia,  p.  10, 
1.  33;  adresse  la  parole  à  Phinée, 
p.  57,  1.  24  et  suiv.;  se  prépare  à 
chasser  les  Harpyes,  p.  58,  1.  17;  se 
lance  à  leur  poursuite,  p.  58,  1.  36; 
raconte  aux  Argonautes  comment, 
avec  Calais,  il  a  poursuivi  les  Har- 
pyes, p.  63,  1.  21.  Voir  Borée. — 
Notes:  Ch.  I<s  v.  211.  Ch.  II, 
v.  178;  296. 

ZÉTHOS  (Zr.Ooc)  et  Amphion 
représentés  sur  le  manteau  de 
Jason,  p.  27, 1.  27  et  suiv.  —  Notes  : 
Ch.  !•',  V.  1 76;  735.  Ch.  IV,  V.  1 090. 

Zeus  (Ztu;);  Léda,  épouse  de 
Zeus,  p.  9,  1.  5;  Zeus  invoqué  par 
les  habitants  d'Iolcos,  p.  1 1,  1.  29; 
Zeus  méprisé  par  Idas,  p.  19,  1.  5; 
Zeus  enfant,  p.  20, 1.  1 5  ;  le  tonnerre 
qui  fait  la  gloire  de  Zeùs,  p.  20, 
1.  20;  libations  à  Zeus,  p.  20, 1.  25; 
les  Cyclopes  forgeant  la  foudre  de 
Zeus,  p.  27, 1.  2 1  ;  Héra,  femme  de 
Zeus,  p.  36,  1.  2;  jour  funeste 
envoyé  par  Zeus  aux  Dolions, 
p.  38,  1.  1 3  ;  le  Cronide  Zeus  recule 
devant  la  mère  des  dieux,  p.  39, 


5« 


458 


INDEX 


].  9;  Héraclès,  fiU  de  Zeus,  p.  4a, 
1.  3;  le  dessein  de  Zeus  sur  Héra- 
clès et  sur  Polyphémos,  p.  4Ô,  1.  6  ; 

p.  47.  1-  7- 

Colère  de  Gaia  contre  Zeus, 
P'  5 1  «  I-  3  ;  le  fils  de  Zeus  (PoUux), 
p.  51,  1.  6;  tout  est  arrivé  suivant 
la  volonté  de  Zeus,  p.  54,  1.  a6  ;  le 
âls  Thérapnaïen  de  Zeus,  p.  55, 1. 1  ; 
les  desseins  sacrés  de  Zeus  dévoilés 
par  Phinée,  p.  55, 1.  25  ;  l'oracle  de 
Zeus,  p.  56  1.  7;  Zeus,  protecteur 
des  suppliants  (*lxi<noô>  P>  56, 
1.  28;  vig^ueur  envoyée  par  Zeus 
aux  Boréades,  p.  58,  1.  28-29;  les 
Harpyes,  chiennes  du  grand  Zeus, 
p.  59,  1.  8;  Phinée  a  souffert  pour 
avoir  révélé  imprudemment  les 
conseils  de  Zeus,  p.  59,  1.  36  ;  Zeus 
Euxène  ('ËuUvoc)f  p*  62,  1.  1  ;  les 
Boréades  ont  arrêté,  par  Tordre  de 
Zeus,  les  attaques  des  Harpyes, 
p.  64,  1.  21  ;  Tordre  de  Zeus  fait 
souffler  les  vents  Etésiens,  p.  65, 
I.  27;  Zeus  qui  répand  la  pluie 
('Ix(xaîoO>  p.  66,  1.  18;  Zeus,  fils  de 
Cronos,  p.  C6,  l.  20;  les  vents 
Etésiens,  envoyés  par  Zeus,  p.  66, 
1.  23;  la  fille  de  Zleus  (Athéné), 
p.  67,  1.  14;  le  fils  Nyséien  de  Zeus 
(Dionysos),  p.  78, 1. 23  ;  Zeus  trompé 
par  Sinopé,  p.  80,  1.  2;  Zeus  envoie 
le  souffle  de  TArgestès,  p.  8t,  1.  19; 
Zeus  Génétaios  (TevoTaîoc),  p.  82, 
1.  2;  Zeus  excite  Timpétuosité  de 
Borée,  p.  84,  1.  30;  Zeus  envoie 
une  pluie  immense,  p.  85,  1.  18; 
Zeus  qui  voit  tout  (*Eic&^toc),  p.  85, 
1.  22;  Zeus,  protecteur  des  hôtes  et 
des  suppliants  (Seivioc,  *Ixé9io;), 
p*  85,  1. 32-34  ;  le  bélier  immolé  par 
Phrixos  au  Cronide  Zeus,  p.  85, 
I.  14;  Zeu3  voit  tout,  p.  87,  1.  14; 
Jason  va  apaiser  la  colère  de  Zeus 
contre  les  Aiolides,  p.  87,  1.  31  ;  le 
Cronide  Zeus  foudroie  Typhaon, 
p.  8^,  1.  13;  Zeus  nourri  au  milieu 
d.'s  Courètes,  p.  89,  1.  2. 

H'ira  et  Athéné  délibèrent  loin 
de  Zeus,  p.  92,  1.  i  ;  Athéné,  fille 
de  Zeus,  p.  92,  ].  4;  Héphaistos  a 
reçu  Cypris  comme  épouse  de  la 
miin  de  Zeus,  p.  92,  1.  36;  Eros, 
dans  une  plaine  fleurie,  loin  de 
Zeus,  p. 95, 1.  I  I  ;  Ganymède  établi 
par  Zeuâ  dans  le  ciel,  p.  95,  1.  13; 


le  magnifique  jouet  fait  pour  Zens 
enfant  par  sa  nourrice  Adrestéta, 
P*  95*  1*  3^1  les  demeures  de  Zeus, 
p.96, 1 .  22  ;  Zeus  hospitalier  (Seivt<K), 
p.  97,  1.  23;  la  pitié  de  Zeus  pour 
les  fils  de  Phrixos,  p.  ici,  1.  28;  la 
colère  funeste  de  Zeus,  p.  102,  l.  3  ; 
Zsus  engendra  Aiacos,  p.  1 02, 1. 3 1  ; 
Zeus  fait  ordonner  par  Hennés  à 
Aiétès  de  bien  recevoir  Phrixos, 
p.  109, 1.  29;  les  anciens  héros  nés 
du  sang  de  Zeus,  p.  119,  1.  35; 
Tépouse  de  Zeus,  p.  1 20, 1.  i  ;  Zeus 
étend  sa  main  protectrice  sur  les 
étrangers  et  les  suppliants,  p.  121, 
1.  35;  les  pluies  sans  fin  que  Zeus 
envoie,  p.  135,  I.  t. 

La  Muse,  enfant  de  Zeus,  p.  138, 
1.  2;  Zeus  Olympien  ('0X<j(iiruȍ)9 
p.  141,  l.  10;  Héra,  Tépouse  de 
Zeus,  p.  141,  1.  1 1  ;  Zeus,  protec- 
teur des  fugitifs  (4>*j;ioc)t  p*  142, 
1.  2;  Téclair  de  Zeus,  p.  144,  1.  2; 
Zeus,  témoin  des  mauvaises  actions, 
p.  145,  1.  18;  Zeus  ne  fait  jamais 
tomber  la  pluie  en  Egypte,  p.  146, 
1.  3 1  ;  la  fille  de  Zeus  (Artémis), 
p.  148,  1.  33;  Zeus,  protecteur  des 
suppliants  (*Ixsoio;),  p.  149,  1.  25; 
Tépouse  de  Zeus,  p.  150,  1.  17;  le 
tonnerre  de  Zeus  détourne  les  Col- 
chiens  de  passer  dans  Tile  qui  est 
en  face  des  monts  Cérauniens, 
P*  I  S5>  1*  3 1  Zeus  décide  que  Jason 
et  Médée  seront  purifiés  par  Circé, 
p.  156,  l.  7;  les  héros  ne  devinent 
pas  les  ordres  de  Zeus,  p.  156, 1.  13; 
Héra  les  pénètre,  p.  156.  1.  28;  la 
poutre  divine  d'Argo  annonce  aux 
héros  la  colère  de  Zeus,  p.  1 57, 1.  3  ; 
les  fils  de  Zeus  (Castor  et  Pollux), 
p.  159,  1.  2;  Zcus  leur  confie  le  soin 
des  navires,  p.  159,  1.  6;  Zeus 
protecteur  des  meurtriers  qui  le 
supplient,  p.  160,  1.  25-35;  Circé 
veut  rendre  Zeus  propice  aux  deux 
criminels,  p.  161,  1.  8;  Tépouse  de 
Zeus,  p.  162,  1.  18;  Tliétis  a  craint 
d'entrer  dans  le  lit  de  Zeus,  p.  163, 
1.  24;  Tépouse  de  Zeus,  p.  168,  l.  26 
et  36;  l'impartiale  justice  de  Zeus, 
p>  I73>  1-  10;  le  fils  Nyséien  de 
Zeus  (Dionysos),  p.  174,  1.  15; 
Tépouse  de  Zeus,  p.  174,  1.  36; 
Zeus  envoie  aux  héros  une  brise 
favorable,  p.   177,  1.  8;  les  héros 


INDEX 


459 


pensent  qu'ils  sont  partis  contre  la 
volonté  de  Zeus  et  que  le  dieu  ne 
veut  pas  leur  retour,  p.  178,  1.  7 
et  3 1  ;  Zeus  confie  au  géant  Talos 
la  garde  de  la  Crète,  p.  19'j, 
!•  31  »  1^  poète,  plein  d^étonnement 
de  la  mort  de  Talos,  invoque  Zeus, 
p.  191,  1.  29.  —  Notes  :  Ch.  P', 
V.  3;  115;  146;  152;  176;  179; 
330;  258;  419;  503;  509;  536;  730; 
735;  7^ï:  851;  859;  917;  941;  1 136; 
1 165.  Ch.  II,  V.  4(>;  178;  296;  378; 


4-4;  461;  532;  653;  7:6;  758;  1147; 
I  iSo.Ch.  III,  V.  52;  114;  133;  197: 
4^7;  540;  587;  98J.  Ch.  IV,  V.  58; 
540;  597;  616;  653;  703;  705;  709; 
757;  778;  793;  816;  1090;  109  ; 
1134;  1310;  1311;  1325;  1396; 
1412;  1513;  1638. 

ZÔNÉ  (t)  Z'ôvr,),  lieu  sur  le  rivagre 
Thrace,  où  la  phorminz  d'Orphée 
a  entraîné  les  chênes  des  hauteurs 
du  Piéros,  p.  5,  1.  11.  — Noteà: 
Ch.  I",  V.  29. 


V*® 


II 


NOMS  MYTHOLOGIQUES,  HISTORIQUES  &  GÉOGRAPHIQUES 
QUI  NE  SE  TROUVENT  QUE  DANS  LES  NOTES. 


AbatUês  (les),  autre  nom  des 
EubéenSj  Ch.  I,  v.  77. 

Abaruos,  cap  voisin  de  Lamp- 
saque,  I,  932. 

À  bas ,  père  de  Deucalion,  m,  1 086. 

Acacallist  Nymphe,  IV,  1490. 

Acamas,  fils  d'Eusoros,  I,  949. 

Acarftan,  fils  d'Alcmaion,  IV, 
1229. 

Acarnaniê  (1'),  I,  748;  IV,  293, 
1229,  1230. 

Ackaia,  ville  de  Crète,  IV,  175. 

Achaïê   Fhihiotidé  (1*),   I,   176, 

243- 
Achaïêns  (les),  i)  peuple  voisin 

des  Colchiens,  UI,  353  ;  —  2)  peu* 

pie  du  Péloponèse,  I»  176;  IV,  1329. 

Achaios,  fils  de  Xouthos,  I,  243. 

Achiens  (les),  I,  108,  134,  371; 
II,  843;  IV,  851,  1452. 

Achéron,  roi  des  Mariandyniens, 

n,  353. 

AcmoH,  i)  l'un  des  Dactyles,  I, 
1 129;  —  2)  frère  de  Dnias,  II,  373. 

Acmoniênnê  (la  forêt),  II,  373. 

Acrisiot,  fondateur  de  Larissa, 
I«  40,  125;  IV,  1091. 

ActaioHt  enfant  corinthien,  IV, 
1212. 

Action,  fils  d*Aristée,  II,  500. 

Actor,  père  de  Philoméla,  IV,  8 16. 

Adonis,  I,  932,  1207. 

Adrastie  et  Adrttstéia,  autres 
noms  d^Adrestiia,  1, 1 1 16;  III,  133. 

Adrasios,  héros  éponyme  de  la 
ville  d'Adrastéia,  I,  1 1 10. 

Adriatique  (le  golfe),  IV,  284, 
289,  320,  324,  481,  505,  517,  597. 
627,  635. 

jEa,  la  même  qu*il»a,  III,  1074. 

Aédon,  autre  nom  de  Thébé,  I, 

735. 
Aêllo,  Tune  des  Harpyes,  II,  286. 
JEole,  le  même  ç^Aiolos,  IV,  764. 
Aéria,   i)  mère  d'Aigyptos,  IV, 


267;  —  2)  ancien  nom  de  TE^^ypte, 
IV,  267. 

Aéthlios,  père  d*Endymion,  IV, 
58. 

Aitos{V),  fleuve,  II,  1248;  IV,  269. 
-    Aûgeus  (Neptunus),  I,  831. 

AfriçHê  (D.  IV,  1348. 

Agamemnon,    I,    115,  917;   ni, 

540;  IV,  425,  477»  705.  I5Î3,  1558. 

Aganicé  ou  Aglaonicé,  magi* 
cienne,  III,  533. 

Aglaopi,  Sirène,  IV,  892. 

Agrlaophémé,  Sirène,  IV,  892. 

Aglaophonos,  Sirène,  IV,  892. 

Aichn%odicos,  amant  d'Amphissa, 
IV,  1093. 

Aigai,  1)  île  de  la  mer  Egée,  I, 
831  ;  —  2)  ville  d'Eubce,  I,  831. 

Aigaios  (Poséidon),  I,  831. 

Aigée  iEgéé]  (la  mer),  I,  83 1 . 

Aigeus  YEgée]y  roi  d'Athènes, 
I.831. 

Aigialêus,  autre  nom  d*Apsyrtos, 
II,  1221. 

Aigialos,  bourg  paphlagonien, 

11,365,941.942. 

Aigimios,  chef  dorien,  III,  587. 

Aiginé,  I  )  mère  d*Aiacos,  I,  115; 
IV,  i;66;  — 2)  mère  de  Sinopè, 
11.946. 

Aiginites  (les),  IV,  1772. 

Aigyptos,  I)  roi  d'Egypte,  I,  4, 
1 25  ;  III,  1 1 78  ;  —  2)  ancien  nom  du 
NU.  IV,  269. 

Aïnos  (le  mont).  II,  296. 

Aioliennss  (les  îles),  IV,  778. 

Aisacos,  fils  d'Arisbè,  I,  975. 

Aitoliê  iV),iy,  1229. 

Aitoliens  (les),  IV,  1229.—  Voir 
Etoliens  (les). 

Aitolos,  père  de  Palaimonios,  I, 
202;  IV,  1229. 

Aja»,  I)  fils  d'Oileus,  I,  71;  — 
2)  fils  de  Télamon,  I,  71 ,  371 ,  929; 

11,94;  lu.  1331. 


INDEX 


461 


Alcaihous,  fils  de  Pélops,  I,  517. 

Alceste  ouAlcestis,  femme  d'Ad- 
mète,  1,  49,  326. 

Alcmaiont  père  d'Acarnan,  IV, 
1229. 

Alcmènê,  I,  40,  7481  1240. 

Alco,  couitisane,  I,  645. 

AlcyotteuSt  tué  par  Télamon,  I, 

1289. 

Alessio,  ville  de  Dalmatie,  IV, 

517. 
Alexandre,  vainqueur  de  Dareios, 

n,94i. 

Alexandrie,  I,  368;  n,  541;  ni, 

533- 

Almos,  fila  de  Sisyphe,  m,  1091 . 

Alœus,  I,  482. 

Alopios,  fila  d'Héraclèa  et  d'An- 
tiopé,  I,  735« 

Alos,  ville  d'Etolie,  I,  482. 

Alpes  (les),  II,  675. 

Aiphie  (1*),  fleuve,  I,  127. 

Althaia,  mère  de  Méléag^ros,  I, 
190. 

AmaUhie  (la  chèvre),  III,  133. 

Amurantien  (le  mont),  III,  1220. 

Amaraniiennes  (les  prairies),  II, 

399- 
Amarantiens   (les),    les   mêmes 

que  les  Amarantes ,  III,  1220. 

Amarantos,  ville  du  Pont,  II,  399. 

Amastris,  1)  nièce  de  Dareios, 
II>  94t>  — 2)  nom  nouveau  de  la 
ville  de  Sésamos,  II,  941,  942. 

Ambracie  (le  golfe  d*),  IV,  1228, 
1229. 

Amérique  (V),  II,  loio. 

Amisos,  ville  du  Pont,  II,  995. 

Amitié  (1'),  I,  496. 

Amour  (l')t  If  49^. 

Amphiaraos,  I,  139. 

Amphios,  roi  de  Troade,  I,  1 1 16. 

Amphissa,  fille  d'Echétos,  IV, 
1093. 

Amphitryon,  I,  40,  1240. 

Ampycos,  père  de  Mopsos,  I,  65. 

Amyros,  i)  fils  de  Poséidon,  I, 
596;  —  2)  ville  de  Thessalie,  1, 596. 

Amytkaon,  fils  de  Crétheus,  I, 
]3>  118. 

Anacharsis,  inventeur  de  Tancre, 
I,  1276. 

Anactorùm,  nom  ancien  deMilet, 
I,  186. 

Ancée,  le  même  qu'iiMcatos,  1,358. 

Anchirroé,  fille  du  Nil,  IV,  269. 


Anchise,  I,  95;  IV,  1365. 

Andira,  ville  de  Troade,  IV,  973. 

Andromaque,  I,  295  ;  IV,  355. 

Andromède,  IV,  1091. 

Androthoé,  mère  de  Dictys  et  de 
Polydectès,  IV,  1091. 

Antaié,  surnom  de  Rhéa,  I,  1 141. 

Antée,  fils  de  Poséidon,  IV,  1396. 

Antéia  ou  Sthénobée,  femme  de 
Proitos,  I,  134. 

Anthédon,  ville  de  Béotie,  I, 
1310. 

Anthémoéisis,  fille  du  fleuve 
Lycos,  U,  724,  758. 

Anticlée,  fille  d' Autolycos,  II,95S« 

Antinoé,  femme  de  Lycourgos, 
I,  162. 

Antiopé,  I)  mère  d'Aiétès,  lU, 
242  ;  —  2)  mère  d' Alopios,  I,  735  ; 
~  3)  mère  de  Clytios  et  dlphitos, 
I.  86,  735, 

Antiphatès,  roi  des  Lestrygons, 

I,  957- 
Antiphus,  IV,  210. 

Aonia,  ancien  nom  de  la  Béotie, 
IV,  267. 

Aparnis,  nom  primitif  de  la  ville 
diAbarnis,  I,  932. 

Aphétest  nom  de  lieu,  1, 59 1 , 1 289. 

Aphrodite,  I,  609,  763,  916,  932; 

II,  990;  III,   I,  26,39,41,93,452, 
550.  847,  1003;  IV,  86,  517,  914. 

—  Voir  Cypris. 

Apia  (X)  ou  Apide  (1*),  autre  nom 
du  Péloponése,  IV,  263,  1 564. 
Apide  iX)  ou  ApU  {V),  tle,  IV, 

1564. 

Apis,  fils  de  Phoroneus,  IV,  263. 

Apollonie,  ville  du  Pont,  II,  460. 

Apsyrtide  (l'Ile),  IV,  505. 

Apsyrtides  ou  Apsyrtiennes  (les 
îles),  IV,  481,  505. 

Aquilon  (le  vent),  1, 652  ;  IV,  286. 

Arabos,  père  de  Classiépée,  II, 
178. 

Arcas,  1)  père  d'Apheidas,  1, 162  ; 

—  2)  fils  d'Orchomène,  IV,  263;  — 
3)  père  de  Mainalos,  I,  769. 

Archias  de  Corinthe,  IV,  12 12. 
Archipel  (F),  IV,  3 1 7. 
Arctique  (1* Océan),  II,  397. 
Arctonnésos  (la  presqu'île),  f ,  94 1 . 
Ardée,  ville  d'Italie,  IV,  201. 
Aréia,^\\e  de  Cléochos,   I,  186. 
Arène,  fille  d'Oibalos,  I,  152. 
Aréthuse  (la  source  d'),  I,  419» 


462 


INDEX 


ArétoSf  I)  homme  de  Dulichion, 
II>  1 05  ;  —  a)  fils  de  Nestor,  II,  1 05  ; 

—  3)  tiU  de  Priam,  II,  105. 
Argés,  Tun  des  Cyclopes,  I»  510, 

730. 

Argien  (Iphis,  héros),  IV,  223. 

Argiens  (les),  IV,  12 12. 

ArginoH  (!'),  montag-ne  de  Crète, 
II,  299. 

Argiopi,  femme  d'Agénor,  III, 
1 178;  IV,  269. 

ArgoHd€ir),l,4S^  125, 134, 1 129; 

m,  1240;  IV,  131, 262. 

Argonautes  (les).  I,  1 ,  23,  45,  57, 
86,  93.  95t  >o«»  «39»  162.202,207, 
226.  230,  358.  368.  393,  566,  594, 
599.  608,  609,  645,  652.  769.  913. 
922.  924,  941,  954,  955,  961,  9.5. 
987^997.  1037,  1177,  1276;  II,  105. 
140,  160,  163,  177,  178,  271,460, 
532,  536,  562,  686,  724,  758,  843. 
854,  865,  946,  955.  9î>i.  965.  1031, 

1092, 1248, 1282;  m,  570, 775;  IV, 

62,  80,  86,  87,  223,  228,  259,  284, 
289,  417.  519,  553,  635,  653,  656, 
78  î,  888, 890,  965,  1002,  1057,  1227, 
1365.  1386,  1552,  1558.  1561,  1564, 
1578,  1691,  171 I,  1758,  1772. 

Argos,  fils  d'Agénor,  I,  226. 

Arisbi,  fille  de  Mérops,  I,  975. 

Aristie,  1)  fils  de  Carystos,  II, 
500;  —  2)  fils  de  Chiron,  II,  500; 

—  3)  fils  d'Ouranos  et  de  Gaia,  II, 
500. 

Aristotilès,  premier  nom  de 
Banos,  IV,  1751. 

Arménie  (D,  II,  399i  7*4.  977; 
IV.  131. 

Arménios  (le  mont).  II,  977. 

Armonios  (le  mont),  II,  977. 

Amé,  mère  de  Boiotos.  III,  1 178. 

Artaci,  i  )  Ile  voisine  de  Cyzique, 
I>  957;  —  3)  ville  dans  la  presqu'île 
de  Cysique,  I.  957;  ~  3)  montagfne 
dans  la  presqu'île  de  Cyzique,  1,957. 

AscUpias,  IV,  616. 

Asia,  fille  d'Océanos,  I,  444;  IV, 
1742. 

Asie- Mineure  (l*),  I,  308. 

Asopos  (1*),  I  )  fleuve  de  la  Phthio- 
tide,  I,  11$;  —  2)  fleuve  de  Ttle  de 
Paros,  I,  115. 

AssaracuSp  I,  93. 

Assyrie  (!'),  synonyme  de  la 
Leuco-Syrie,  II,  946. 

Assyriens  (le^).  li,  946. 


Astêria,  i)  fille  de  Coronos,  I. 
139;  —  2)  sœur  de  Létô,  I,  419; 

III.  467;  IV,  1513;  — 3)  nom  de 
Déios,  I,  419»  —  A)  nom  ancien  de 
Milet,  I,  186. 

Astériom,  roi  de  Crète,  I»  176. 
Astragalizontes  (les),  III,   1 14; 

IV,  20 1 . 

Astraeos,  Titan,  IV,  15 13. 
Astyanax,  III,  242. 
Atalante,  1)  fille  de  Mainalos,  I. 
769;  —  2)  fille  de  Schoineus,  1, 769. 
Athènes,  I,  95.  287,  652;  II,  178; 

III,  1003;  IV,  280,  1638. 
Athéniens  (les),  I,  608,  652;  II, 

123. 
Atlantique  (le  peuple),  II,  965. 
Atlas,  I,  444,  916;  IV,  263,  564, 

1396.  1399.  1561. 

A/os5a,  IV,(>62. 

Atrée»  H,  359. 

Atride  (Ag^amemnon,  T),  IV,  1 558. 

Atthide  (F),  autre  nom  de  VAiti- 
que,  IV,  1564. 

Attique  (1*).  I.  95.  2i».  959;  H. 
178,  1099;  IV,  1564,  1578. 

Attiques  (les),  III,  235. 

Atymnios  ou  Atymnos,  fils  de 
Cassiépée,  II,  178. 

Auge,  fille  d*Aléos.  I,  162. 

Aulide  (D  [?],  III.  1 074. 

Aur€Mre  (I*).  U,  450.  —Voir  £as. 

Auson,  fils  d'Ulysse,  IV,  553. 

Autolycos,  père  de  Poljrmédé  et 
d*Anticlée,  I,  45;  II.  955. 

Automédousa,  fille  d'Alcathous, 

I.  517. 
Autonoé,  fille  de  Cadmos,  n,  5 1 1 . 

Autouchos,  fils  de  Cyrène.  II,  500. 

Axiéros,  Axiokersa,  et  Axioker- 

SOS,  divinités  Cabires,  I.  917. 

Axios  (1'),  fleuve,  I,  34. 

Bacchis,  fils  de  Dionysos,  Ch.  IV, 

V.  I2l2. 

Baitos,  autre  nom  d*Aristotélés, 

IV.  1751. 

Bébryce  (Mimas,  le),  III,  1227. 
Bébrycie  (la),  pays  des  Bébryces, 

11,2. 

Beikos,  nom  moderne  de  la  ville 
d' Amycos,  II,  1 59. 

Bellérophon,  I,  134. 

Bélos,  père  de  Phinée,  II,  178; 
III.  1178;  IV.  269. 

Béotie  (la),  I,  3,  105.  II5.  537. 


r 


INDEX 


463 


55».  «3»o;  II,  163,  514,  1186;  m. 

1178,  1240;  IV,  517, 131 1. 1779. 

Béotien  (le  serpent),  III,  1 1 78. 
Bistoni€Hsilùn)tpG\ip\t  de  Thrace, 

1,34. 

Biihynie  (la),  1)  d'Europe,  II, 
1 77  ;  —  a)  île  du  Pont,  II,  j  77. 

Bithynis,  Nymphe,  II,  4. 

Bobéias,  Bobéis  ou  Bœbéis  (le), 
lac  de  Magnésie,  I,  67,  596. 

Boeo  (capo),  nom  moderne  du 
cap  Lilybéen,  IV,  914. 

BoiotoSf  père  d*Hennippé,  I,  230  ; 
UI,  1 1 78. 

Bormoa,  fils  de  Titias,  II,  782. 

BoS'Burutt  {l6)t  cap  de  Bithynie, 

I,  1279. 

Bosphore  (le),  1)  Scythique  ou 
Cimmirien,  II,  168,  745;  —  2)  de 
Thrace  ou  de  Mysie,  1, 1 1  14  ;  II,  745. 

Boutés  y  I  )  guerrier  Troyen,  1, 95  ; 

—  2)  descendant  d' Amycos,  I,  95  ; 

—  3)  écuyer  d*Anchise,  I,  95  ;  —  4) 
le  Pallantide,  I,  95. 

Bouvier  (la  constellation  du),  II, 
1099. 
Bouaygé,  fille  de  Lycos,  I,  186. 
Briareus  (le  géant),  I,  j  165. 
Brimos,  III,  861. 
Britomartis,  surnom  d*Artémis, 

IV,  1640. 

Broutés,  l'un  des   Cyclopcs,    I, 

510»    730. 

Bryges  (les),  les  mêmes  que  les 
Brygiens,  IV,  330. 

Busiris,  fils  de  Poseidon,IV,  1 396. 

Byblos,  ville  d'Egypte,  IV,  869. 

Bynance,  I,  2i  j. 

Cabires  (les),  i)  divinités,  Ch.  I, 

V.  917;  ~  2)  monts  de  Phryg^c,  I, 
917. 

Cabiros  (le),  mont  de  Bérécyn- 
thic,  I,  917. 

CalcJtas,  fils  de  Thestor,  I,  139. 

Callirhoé,  mère  d'Acarnan,  IV, 
1229. 

Ca/^a5(le),  i)  fleuve  de  Bithynie, 

II,  659.  —  Voir  Caipés  (le);  —  2) 
port  de  Bithynie,  II,  059. 

Calpé  (le)  ou  Caipés,  port  de 
Bithynie,  II,  659.  —  Voir  Caipas 
(le). 

Calycé,  mèred'Endymion,  IV,  58. 

Calydonia,  surnom  de  Léda,  I, 
146. 


Campante  (la),  III,  233. 

Capaneus,  mari  d'Evadné,  1, 3 1 2. 

Capharéa  (le  roc  de),  I,  134. 

Cappadoce  (la),  II,  946. 

Carte  (la),  I,  186,308,959;  IV,  58. 

Cariens  (les),  I,  1  1 77. 

Carnéatés  (le  mont),  I,  115. 

Caryste,  ville  d'Eubée,  I,  554. 

Carystos,  fils  de  Chiron,  I,  554  ; 
II,  500. 

Casmilos,  l'un  des  Cabires,  1, 91 7. 

Casos  (l'île  de),  IV,  1633. 

Caspien  (le  peuple),  III,  859. 

Cassiépée,  fille  d'Arabos,  II,  178. 

Caystros  (le),  fleuve,  IV,  1300. 

Céladussa^  l'une  des  îles  Libur- 
niennes,  IV,  564. 

Celaeno,  l'une  des  Harpyes,  II, 
286. 

Celainot  mère  d'Eurypylos,  IV, 

1561. 

Ce/mis,  l'un  des Dacty  les,  1, 1 129. 

Celtique,  i)  (la  région),  IV,  259, 
627;  —  (la  mer),  IV,  259. 

Celtiques  (les  monts),  IV,  259. 

Centaure  (le),    I,  93,  554,   558. 

—  Voir  Chiron. 

Céphée,  frère  de  Phinée,  II,  178. 

Cépheus,  héros  arcadien,  I,  162. 

Céphisos  (le),  fleuve  de  la  Pho« 
cide,  IV,  1541. 

Cerbère,  II,  353;  IV,  1399. 

Cer cèles  (les),  III,  353. 

Cercyra  (l'île  de),  la  même  que 
Corcyre,  IV,  564. 

Césarée,  ville  de  Palestine,  1, 603. 

Cétô,  mère  des  Hespérides,  IV, 

1399. 
Chadésia,   Chadisia  ou  Chadi- 

sios,  ville  des  Amazones,  II,  373, 

995- 

Cliadisios  (le  fleuve),  II,  995. 
Chalbés,  héraut  de  Busiris,  IV, 

1396. 

Chalcédon,  ville  de  Bithynie, 
II,  652. 

Chalcédoniens  (les),  II,  159. 

Chalcéritis  (l'Ile),  la  même  que 
l'île  Arétias,  II,  382. 

Chalciopé,  i  )  fille  d'AIcon,  1, 95  ; 

—  2)  fille  d'Eurypylos,  III,  1090. 
Chalcis,  ville  d'Eubée,  I,  77,  95  ; 

IV,  1229. 

Chalybs,  fils  d'Ares,  II,  373. 

Ch€MS  (le),  III,  2i. 

Chariclo,    1)  femme  d^  Chiron, 


464 


INDEX 


I,  554  ;  IV,  813  ;  —  2)  mère  de  Tiré- 
sias.  I,  554. 

Charis,  femme  d'Héphaistos,  tll, 

41. 

Chironée  (la  bataille  de),  IV, 
1284. 

Chersicrate,  TandesBacchiades, 
IV, 1212,  1216. 

Chersonèse  Taurique  (la),  II, 
365. 

Chimère  (la),  II,  40. 

Chioni,  fille  de  Borée,  II,  178. 

Chloris,  1)  femme  de  Nélée,  I, 
156;  —  2)  Nymphe,  I,  65. 

ChroHoSf  dieu  du  temps,  III,  25. 

Chrysippost  I»  517. 

Chrysès,  fils  de  Poséidon,  m, 
1091. 

Chrysogvné,  fille  d'Almos,  III, 
1091. 

Chrysotnallus,  nom  du  bélier  à 
la  toison  d'or,  II,  1 144. 

Chrysorrotu  (le),  i)  le  même  que 
le  Pactole,  IV,  1300;  —  2)  fleuve 
de  Coclésyrie,  IV,  1300;  — 3)  fleuve 
de  Bithynie,  IV,  1300;  —  4)  fleuve 
du  Pont,  IV,  1300. 

Chthonias,  l'un  des  hommes  nés 
des  dents  du  serpent,  III,  1 1 78. 

ChthoHophylé,  mère  de  Phlious, 

I,  115. 

Cilicie  (la),  I,  2t  i;  III,  855. 

Cilix,  fils  d'Agénor  ou  de  Phoi- 
nix,  II,  178. 

Cimmérie  (le  Bosphore  de).  H, 

745. 

Cimmèrien  (le  Bosphore),  II»  168. 

Cf  mm^rios^pére  de  Mariandynos, 
I,  1 126,  II,  140,  758. 

Circaion  (le  mont),  III,  311. 

Circeium  promontorium  (le  cap 
deCircé),  IV,65r. 

Circeius  mons  (le  mont  de  Circé), 
IV,  661. 

Cissée,  père  d'Hécube,  II,  722. 

CithéroH  (le),  mqnt  de  Béotie, 
IV,  1090. 

CUochos,  père  d'Aréia,  I,  186. 

Clyménos,  père-d'Erginos,  1, 186. 

Clytemnestre,  III,  1020. 

Cfytodora,  femme  de  Minyas,  I, 
230. 

Codros,  roi  d'Athènes,  1, 95,  959. 

Cœlésyrie  (la),  IV,  1300. 

Coios,  père  de  Létô,  II,  710. 

Colchos  (?),  III,  1074. 


Coliciens  (les),  III,  353. 
Colophon,  I,  308. 
Copaïs  (le  lac),  III,  1240. 
Coraxiens  (les),  III,  353. 
Corcyre  (l'île  de),  IV,  519,  524. 

540,984.995.  ii49.  1153.  lata. 
Cor/ou,  nom  moderne  de  Tîle  de 

Corcyre,  IV,  540. 

Corinthe,  I,  115;  III,  242,  1 240  ; 
IV,  12 12. 

Corinthiens  (les),  FV,  1212,  1 2 1 6. 

Coronée,  ville  de  Béotie,  I,  551. 

CoronoSt  père  d'Astéria,  I,  139. 

Corse  (l'île  de).  H,  10 10. 

Corsia  (l'île  de),  IV,  1707. 

Corus  (le),  vent  du  Sud-Ouest, 
n,96i. 

Corybantes  (les),  IV,  540. 

Corycia,  mère  de  Lycoreus,  II, 
711. 

Corycien  (l'antre),  dans  le  Par- 
nasse, a,  71 1. 

Cos  (l'île  de),  I,  1304. 

Cramhos,  fils  de  Phinée,  II,  140, 
178. 

CrénMste  (Larissa),  [,  40. 

Crès,  père  de  Talos,  IV,  1638. 

Créiheus,  père  de  Myriné,  1, 602. 

Crios,  pédagogue  de  Phrixos,  I, 
258;  II,  1144;  IV,  119. 

Cronide  infernal  (Adès  le),  II, 

353. 

CusMola,  nom  moderne  de  Cor- 
cyre-la-Noire,  IV,  540. 

Cybèle,  I,  1 125. 

Cyclades  (les  îles),  II,  516,  520. 

Cyclope  (Neilos,  le),  IV,  269. 

Cycl^pe  (le),  père  de  Neilos,  IV, 
269. 

Cydon»  fils  d'Hermès,  IV,  1492. 

Oydonia,  ville  de  Crète,  IV,  175, 

1492. 

Cyllène,  mère  de  Lycaon,  II,  52 1 . 

Cyparissia,  ville  de  Messénie, 
n,  296. 

Cypriens  (les),  IV,  320. 

Cyrinaïque  (la),  IV,  1235,  1391, 

1758. 

Cyrène,  ville  de  Libye,  II,  505; 
IV,  989,  1561,  1751. 

Cyréné,  mère  de  Diomède,  II, 
500. 

Cyrnos  (rtle  de),  IV,  656. 

Cytaia»  ville  de  Colchide,  II,  399. 

Cyiore  ou  Cytoros,  ville  de  Pa< 
phlagonie.  II,  1092. 


I 


INDEX 


465 


Cyioros,  le  m£me  que  Cytisoros, 
11,942,  1092. 

Cytique  (la  presqu'île  de),  1, 936, 

940.  943.  947.  957.  987.  1068,  xoA 
II 10,  Il  16. 

Dactylos,  père  des  Dactyles, 
Ch.  I,  V.  1129. 

Daira,  divinité  des  mystères 
d'Eleusis,  lU,  847. 

Damasiclos,  père  d'Erymédé,  I, 
40. 

Damastor,  père  de  Péristhénès, 
IV,  1091. 

Damnaméneus,  Tun  des  Dactyles, 
I,  1129. 

Damnô,  fille  de  Bélos,  III,  1 178. 

Danaîdes  (les),  I,  125. 

Danaïs,  navire  de  Danaos,  I,  4. 

DanaOs,  le  même  que  DanaoSf 
IV,  262. 

Dardante  (la),  I,  931. 

Dardants,    fille    d*Achéron,    II, 

353. 

Dardanos,  I,  916,  917;  II,  140, 
178. 
Dareios,  roi  de  Perse,  II,  941 . 
Dédale,  IV,  1638. 
Déianeira  ou  Déjanire,  femme 
d'Héraclès,  I,  107;  IV,  524. 
Déidaméia,  mère  de  Léda,  I,  146. 
Deimachos,    1)  père  d'Enarété, 
II*  935;  —  2)  fils  de  Nélée,  II,  955. 
Deino,  l'une  des  Graies,  IV,  1515. 
Déiphohe,  IV,  477. 
Deiphiens  (les),  II,  675  ;  IV,  1490. 
Deiphique  (Apollon),  IV;  1490. 
Delphos,  père  de  Pythis,  IV,  1405. 
Démélrias,  ville  de   Magnésie, 
1,9. 

Démodicé,    mère    de   Thestios, 
I,  146. 
Diô,  nom  de  Déméter,  III,  467. 
Deucaliont    i)    fils    d'Abas,  II(, 
1086;  —  2)  fils  de  Minos,  III,  1086; 
—  3)  cité  par  Hellanicos,  III,  1086. 
Dexithéa,  femme  de  Minos,  1, 186. 
Dm,  fille  de  Lycaon,  I,  1207. 
Dictys,  fils  de  Péristhénès,   IV, 
1091,  1515. 
Didon,  IV,  355,  1479- 
Didymé,  l'une  des  lies  d'Aiolos, 

111,41. 
Dindymène  (la  mère),  I,  941. 
Diomos,  aimé   par  Héraclès,  I, 

1207. 


Dion,  ville  de  Macédoine,  I,  25. 

Diane,  mère  de  Dionysos,  I,  636. 

Dionysios,  tyran  d'Héraclée,  II, 
941 . 

Diosctfrtf 5  (les),  I,  146,  152,  1040; 
II,  163;  IV,  653. 

Dircé,  femme  de  Lycos,  IV,  1090. 

Discorde  (la),  I,  496. 

Doias,  frère  d'Acmon,  II,  373. 

Dolionie  (la),  I,  936,  1082. 

Dolopie  (la),  I,  67. 

Doriens  (les),  III,  587. 

Doryclos,  fils  de  Phoinix,  II,  178. 

Drilon    ou  Drinon  (le),   fleuve 

d'IUyrie,  IV,  517. 

I>rmo(le),  fleuve  formé  du  Drino- 
Bianco  et  du  Drino-Negro,  IV,  5  r  7. 

DryopSt  i)  fils  du  fleuve  Pénée, 
I,  1 207  ;  —  2)  fils  d'Apollon,  I,  1 207. 

Dymas,  père  d'Hécube,  II,  722. 

Echidna,  fille  de  Phorcys,  Ch.  I  , 
V.  1248;  IV,  1396,  1399. 

Echion,  l'un  des  hommes  nés  des 
dents  du  serpent,  III,  11 78. 

Eéenne  (1  Ile),  la  même  qu'^m, 
m.  1074. 

Eétion,  fils  d'Electra,  I,  916. 

Egée,  le  même  qix'Aigeus,  I,  83 1 . 

Egine  (l'île  d'),  la  même  qu'Ai* 
giné,  I,  93. 

Egistke,  fils  de  Pélopéia,  I,  326. 

Egyptiens  (les),  IV,  262,  277. 

Eilaside  (Polyphémos),  I,  1240. 

Elaphanésos  (l'île  des  cerfs),  II, 
279. 

Elasos,  i)  guerrier  troyen,  I, 
1 240  ;  —  2)  père  de  Polyphémos, 
I,  1240. 

Elatos,  i)  fils  d'Arcas,  I,  162; 
—  2)  fils  d'Icarios,  I,  40,  57;  —  3) 
père  de  Polyphémos,  I,  40.  —  Voir 
Elasos. 

Electre,   fille  d'Agamemnon,  I, 

275  ;  rv,  477. 

Electre,  fille  d'Océanos.  II,  286. 

Electrides  (les),  nom  des  portes 
de  Thèbes,  I,  916. 

Electryôné,  la  môme  qvL^ Electra, 
I,  916. 

Eléios,  père  d'Opous,  I,  69. 

Eleusis,  I)  (les  mystères  d'),  III, 
847.  861  ;  —  2)  (la  viUe  d'),  IV,  869. 

Eipénor,  II,  843. 

Etymes  (les),  peuple  d^  Sicile, 
IV,  914. 


S9 


466 


INDEX 


Empousa,  surnom  d*Hécate,  III, 
86i. 

Enaréié,  fille  de  Deimachos,  II, 
955. 

JCnée,  rV,  477,  914. 

Enèies  (les),  II,  359. 

EnyOt  I  )  déesse  de  la  guerre,  III, 
322  ;  —  2)  Tune  des  Graies,IV,  1515. 

EoUf  le  même  qsCAiolos,  III,  41 . 

JSo/ide  (1'),  IV,  131. 

Eoliennes  (les  îles),  les  mêmes 
que  les  Iles  Aioliennes,  III,  41; 
IV,  929. 

Epaphos,  IV,  259,  1323,  1742. 

Ephèse,  I,  419;  Ht  2. 

Ephialtèa ,  1'  undesAloîades,I,482 . 

Ephyra,  1)  m^re  d'Aiétès,  III, 
242;  IV,  1212;—  2)  fille  ou  femme 
d'Epiméthée,  IV,  1212;  — 3)  fille 
d^Océanos,  IV,  1212;  — 4)  ville 
d'Elide,  IV,  1212; -5)  ville  de 
Thesprotide,  IV,  1212. 

Epicnémidiens  (les),  nom  d'une 
tribu  des  Hyperboréens  et  des 
Locriens,  II,  075. 

Epiméthée,  IV,  1212. 

Epire  (P),  1, 45, 67,  308, 568, 580  ; 
IV,  1C93;  1212;  1215. 

Epizèphyriens  (les),  nom  d'une 
tribu  des  Hyperboréens  et  des  Lo> 
c riens,  II,  675. 

Epochos,  filsdeLycourgos,  1, 162. 

£J^o^eu5,roideSicyone,  IV,  1090. 

Erasinus  (1*),  fleuve  de  l'Argo- 
lide,  IV,  131. 

Erechthée,  père  d'Alcon,  I,  95; 
II,  178. 

Erginos,  fils  de  Clyménos,  I,  1 86. 

Ericodès,  l'une  des  îles  d'Aiolos, 
111,41. 

Eriopis,  femme  d'Oileus,  I,  71. 

Erycina,  surnom  de  Vénus,  IV, 
914. 

Erymédé,   fille    de   Damasiclos, 

I,  40. 

Erythéia  (Vîic),  IV,  1399. 
Erytkinos,  ville  de  Paphlagonie, 

II,  941. 

Erythra,  ville  d'Asie,  I,  959. 

Erythriniens  (les  rochers),  les 
mêmes  que  leâ  Erythiniens,  II,  94 1 . 

Eryx,  I)  fils  de  Boutés,  I,  95;  IV, 
914;  --  2)  fils  de  Poséidon,  IV,  914. 

Etéocle,  III,  11-91 . 

Etèoclytnéné ,  mère  de  Jason,  I, 
230. 


EthiopU  (!'),  II,  965;  IV.  269, 
277. 

Eina  (le  mont),  II,  1 2 1  o  ;  III,  4 1 . 

Etolie  (1'),  I,  67,  146,  190,  203, 
419,  482;  II,  299;  IV,  293.  —  Voir 
AUolie  (1'). 

Etolien  (Thestios  T),  I,  146. 

Etrurie  (1'),  I,  580. 

Euanthès,  fils  de  Dionysos,  III, 
1003. 

Eubéens  (les),  I,  77,  1024;  IV, 
540. 

Euénia,  autre  nom  de  Chalciopé, 
II,  1092. 

Euménides  (les),    I,  10 19;  III, 

I039- 
Eunéos,  fils  de  Jason,  I,  608. 

Euonymé,  l'une  des  îles  d^Aiolos, 

111,41. 
Euphorbos,   fils  de  Panthos,  I, 

645. 

Eurus  (D,  IV,  286. 

Eurybaiès,  le  môme  qn*Erybotés, 

I,  71. 

Eurydice,  femme  d'Acrisios,  IV, 
1091. 

Eurylyté,  femme  d'Aiétès,  III, 
242  ;  IV,  62,  86. 

EurynUdon,  i  )  surnom  d'Hermès, 
IV,  1 5 1 3  ;  —  a)  surnom  de  Poséidon, 
IV,  1 5  »  3  ;  —  3)  cocher  d'Agamem- 
non,  IV,  1513;  —  4)  serviteur  de 
Nestor,  IV,  1513;  — 5)  roi  des 
géants,  IV,  1513. 

EuryPylos  ou  Eurytos,  roi  de 
Cyrène,  II,  500;  IV,  1561. 

Eu»afUio3,  père  de  Milétos,  1, 1 86. 

Euxin  (le  Pont),  I,  3;  II,  177, 
460  ;  IV,  259,  284,  289. 

Evadné,  femme  de  Capaneus, 
1,312. 

Cràbès  (le  golfe  de),  nom  moderne 
de  \z.Petit€'Syrie,  Ch.  IV,  v.  1235. 

Garamantes  (les),  IV,  1494. 

Géaii/s  (les),  111,233;  IV,992, 1 5 1 3. 

Gélones  (les),  III,  353. 

Génétès  (le),  fleuve,  II,  378. 

Géryon,  IV,  826,  1399. 

Gorgones  (les),  IV,  1515. 

Gra»«5  (les),  IV,  1515. 

Grèce  (la),  I,  580;  III,  775,  1061; 
IV,  597,  1564. 

Grecs  (les),  II,   1010,  1016;  III, 

41,   322;   IV,  481,   505.  59^»  616, 
764,  1134. 


INDSX 


467 


Gyénos  (le),  fleuve  de  Colchide, 

IV,  131.  —  Voir  Tyénos  (le). 
Gyés,   le   même   qu.* Aignijn,    I, 

1165. 

Haimon,  fils  de  Pélasgos,  Ch.  III, 

V.  1090. 

Harpys  (le),  fleuve,  II,  299. 
Hèhr€  (1'),  fleuve  de  Thrace,  I, 
916. 
Hector,  I,  1089;  IV,  355. 
Hècube»  I,  295  ;  II,  722. 
Hégémon,  père  d^Àglaonicé,  III, 

533. 
Hélène,  I,  668. 

Hélénus,  III,  939. 

Hélice,  ville  du  Péloponèse,  I, 
831. 

Hélicon(\%  I,  105. 

Hellen,  fils  de  Deucalion,  III, 
1086;  IV,  778. 

Hénioches  (les),  III,  353. 

Héphaistia,  ville  de  TUe  de  Lem- 
nos,  I,  602. 

HeptacoMtètes  (iea)t  II,  1016. 

Héraclée,  ville  de  Bithynie,  II, 
353.  650,  652,  724,  728,  747,  815, 
845»  854.  904,  941;  IV,  247. 

Héracléia,  ville  voisine  du  Lat- 
mos,  IV»  58. 

Héracléios,  i)  (le  cap),  II,  370; 
-  2)  (le  golfe),  II,  965. 

Héraclide,  i)  (Chersicrate  T), 
IV,  12 12;  — 2)  (Thessalos  1'),  III, 
1090. 

Héraclides  (les),  IV,  277. 

Hercule,  le  même  (\vC Héraclès , 

II,  34,  145;  III,  1234;  IV,  259,  825, 

1403. 
Hercynienne  (la  forêt),  IV,  640. 

Hermippé,  fille  de  Boiotos,  1,230. 

Héro,  amoureuse  de  Léandre,  I, 

931- 

Hespérie  (1'),  IV,  1399. 

Hespéros,  fils  d'Atlas,  IV,  1399. 

Hièra,  Tune  des  iles  d'Aiolos, 

III,  41;  IV,  761. 

Hières  (les  îles  d'),  IV,  553. 
Hippocoon,  héros  de  Messênie, 

I.  152- 

mppolyté,  fille  d'AIcimédé,  I, 
287. 

Hippomédon  ou  Hippoménès, 
époux  d'Atalante,  I,  769. 

Hippothoé,  fille  de  Pélias,  I,  326. 

Hispania  (l'Espagne),  IV,  627. 


Histiaiotide  (!'),  en    Thessalie, 

n,  955. 

Horos,  roi  d'Egypte,  IV,  272, 
276. 

Hyacinthe,  I,  1207. 

Hyades  (les),  I,  668, 

Hyantes  (les),  III,  1240. 

Hyllos,  I)  fils  d'Héraclès  et  de 
Déjanire,  I,  1207,  1289;  IV,  524;  — 
2)  (1*),  fleuve  de  Lydie,  IV,  524. 

Hyjfférasiot  ville  d'Achaïe,  I, 
176. 

Hypéréia  (la  source),  II,  1092. 

Hypérénor,  l'un  des  hommes  nés 
des  dents  du  serpent,  III,  1 178. 

Hypérès,  fils  de  Mêlas,  II,  1092. 

Hypérion  (le  Titan),  IV,  54,  131. 

Hypermnestra,  l'une  des  Danaï- 
des,  I,  125. 

Hypérochos,  père  d'Itymoneus, 
II,  105. 

Hypia,  ville  de  Phrygie,  II,  795. 

Hypiens  (les  monts),  il,  793. 

lalémos,  fils  d'Apollon,  Ch.  IV, 
v.  1304. 

lasion,  autre  nom  d'Eétion,  I, 
916,917. 

lasos,  I)  père  d'Atalante,  I,  162, 
769;  —  2)  père  de  Népéia,  I,  i  1 16. 

Ibérie  (1'),  IV,  627. 

/carm  (l'île  d').  IV,  1707. 

Icarios,  1)  père  de  Pénélope,  I, 
152;  — 2)  père  d'Elatos,  I,  4j;  — 
3)  roi  d'Attique,  II,  1099. 

Ida  (!'),  mont  de  Troade,  I,  471, 
940;  III,  133. 

Idaia,  fille  de  Dardanos,  II,  140, 
178. 

Ilion,  I,  1289;  IV,  276,  851. 

Illyrien  (lonios  1'),  IV,  289. 

Illyriens  (les),  IV,  330,  5 1 7. 

Imhrasienne  (Artémis),  I,  186. 

Imbrasos  (1'),  fleuve,  I,  186. 

Inachos,  i)  père  de  Pélasgos,  I, 
580;  —  2)  (1'),  fleuve  d'Argolide. 
père  d'Io,  I,  125;  II.  4,  168,  745. 

Ino,  femme  d'Athamas,  I,  3;  II, 
514,  1144;  IV,  966. 

lo,  fille  d*Inacho8,  I,  226,  1 1 14; 
II.  168,  745;  IV.  289. 

lolé,  fille  d*Ëurytos,  I,  8ô. 

lonie  (1'),  I.  308. 

lonios,  homme  Illyrien,  IV.  289. 

lopHossa  ou  lophossé,  autre  nom 
de  Ch%lciopé,  II,  1092. 


468 


INDEX 


iphitiSf  nom  patronymique  d*£- 
vadné,   I,  312. 

IphigéniCt  III,  1074. 

Jphimédéia,  femme  d*AloeuB,  I, 
482. 

Iphis,  I)  frère  d'Eurysthée,  IV, 
223,  228;— 2)  père  d'Evadné,  I, 
312. 

Irus,  IV,  210. 

IsaiUy  fille  d*Af;énor,  III,  11 78. 

Isinoé,  mèred*Orchomène,  1, 230. 

IsiSt  déesse  égyptienne,  IV,  272, 
276,  869. 

Isménien  (Apollon),  I,  537. 

Issos  (le  golfe  d'),  IV,  1541. 

Ister  (1*),  fleuve  du  pays  des 
Istriens,  IV,  284. 

Jsthmiques  (les  jeux),  III,  1240. 

Istriens  (les),  IV,  284,  481 . 

ItalU(V),U,  1210;  III,  41,311; 

IV,  324.  553.  786,  1365. 
Ithaque  (Vîle  d'),  IV,  851. 
Itône,  ville  de  Thessalie,  I,  55 1 . 
Itonide  ou  Itonienne  (Athéné), 

I»  55»!  731. 
ItoHos,  père  de  Boiotos,  III,  1 1 78. 
Itymoneus,    fils    d'Hypérochos, 

II,  105- 

Jasonien  (Apollon),  Ch.I,  v.966. 
Jupiter  y    II,    286,    1180,    1195; 

III,  9;  IV,  505,  825.  —  Voir  Zeus, 

Karla  (le  lac  de),  Ch.  I,  v.  67. 
Kitil'Irmak  (le),  nom  moderne 
du  fleuve  HalySy  II,  366. 

Labdacide  (Théras  le),  Ch.  IV, 
v.  1758. 

Lacédaimon,    père    d'Eurydice, 

IV,  1091. 
Lacèdémone,  IV,  1758. 
Lacédémoniens  (les),  IV,  1 758. 
Laconie  (la),  I,  45,  152,  179;  II, 

163;  IV,  814,  1578,  1704,  1751. 

Ladon  (le),  fleuve,  II,  946. 

Laerte,  père  d'Ulysse,  III,  863. 

Lamia  (le  monstre),  IV,  826. 

Lampsaque,  ville  de  Mysie,  I, 
932;  II,  2. 

Laococsa,  femme  d'Aphareus,  I, 

152. 
Laodicos,    père    de   Théognété, 

I,  45- 

Laonomé,    sœv.T    d'Héraclès,   I, 

40,  1240. 


Laothoé,  femme  d'idmon,  I,  139. 

Laphystion  (le),  mont  de  Béoàe, 
n,  653. 

Laphystios  (Zeus),  II,  653. 

Larissa,  i  )  fille  de  Pélasgos,  I, 
40;  —  2)  mère  de  Pélasgos,  I,  580; 

—  3)  fille  de  Piasos,  I,  1063;  —  4) 
Crémaste  ou  Pélasgique,  ville  de 
Thessalie,  I,  40  ;  —  5)  ville  voisine 
du  Pénée,  I,  40. 

Larnassos  (le),  nom  ancien  du 
ParfMSse,  II,  71 1. 

Latins  (les),  I,  172;  II,  4;  III, 
278,  873; IV,  103,  596,  1520. 

Latramis,  fils  de  Dionysos  et 
d'Ariane,  III,  1003. 

Lavinie,  III,  i. 

Léandre,  amant  d'Héro,  I,  931. 

Lèarchos,  fils  d'Athamas,  II,  5 14. 

Leinumienne  (la  plaine),  I,  loôi. 

Léman  (le  lac),  IV,  635. 

Lemniens  (les),  I,  608,  620,  652, 
800. 

Lestrygons  (les),  I,  957  ;  IV,  208. 

Leucippos,  frère  d'Aphareus,  I, 
152. 

Leucosia,  premier  nom  de  Samo- 
ihrace,  I,  917. 

Leucosiéa  (?),  nom  de  l'île  des 
Sirènes,  IV,  892. 

LeucO'Syrie  ou  Leucosyrie  (ia), 
II,  946,  995. 

Leucosyriens  (les),  II,  946. 

Leucothée,  la  même  qu'/no,  IV, 
966. 

Liber,  nom  latin  de  Dionysos, 
II,  904;  III,  1003. 

Liburnes  ou  Liburniens  (les), 
IV,  551,  564,  1212. 

Lichas,  pédagogue  d'Hyllos,  I, 
1207. 

Ligustiades  (les  îles),  IV,  553. 

Ligyron,  premier  nom  d^ Achille, 
IV,  816. 

Lipara  ou  Liparé  (l'île),  III,  41; 
IV,  761. 

Lipariennes  (les  îles),  III,  41. 

Locride  (la),  I,  51,  69,  71;  IV, 
1780. 

Locrides  (les),  I,  5 1 . 

Lucullus,  II,  955. 

Lutte  (la)  ou  Discorde  (la),  1, 496. 

Lycaon,   i)  père  de  Dia,  I,  1207; 

—  2)  frère  d'Eurytos,  IV,  1561. 
Lycastia,  Lycasto  ou  Lycastos, 

ville  des  Amazones,  II,  373,  995. 


INDEX 


469 


Lycastos  (le),  fleuve  du  pays  des 
Amazones,  II,  995. 

Lycoréia,  nom  ancien  de  Del- 
phes, II,  711;  IV,    1490. 

Lycoréiens  (les),  IV,  1490. 

Lycoreus,  fils  d^ApoUon,  II,  51, 
711. 

Lycos,  1)  frère  de  Nycteus,  IV, 
1 090  ;  —  2)  père  de  Bouzy gé,  1, 1 86  ; 

—  3)  (le),fleuvedePhry(pe,II,  724. 
Lydie  (la),  I,  1289;  II,  2;  IV,  524, 

1300. 
Lyncée,  roi  d'Argos,  I,  125. 
Lynciienne  (Argos),  I,  125. 
Lynée  (?),  I,  152. 
LyrcéioH,  ville  d*Argolide,  1, 1 25. 
Lyrcios,  i)  fils  de  Lyncée,  I,  125; 

—  2)  (le  mont),  en  Argolide,  I,  125. 
Lysimaché,  «femme    de  Talaos, 

I,  118. 
Lytidas,  II,  946. 

Macédoine  (la),  Ch.  I,  v.  25,  34, 
37;  II,  1186. 

Macris,  ancien  nom  de  VEuhée, 
IV,  540. 

Macrocéphales  (les),  les  mêmes 
que  les  Miicriens,  I,  1024;  II,  1242. 

Magnés t  fils  d'Argos,  II,  1092. 

Magnésie  (la),  1,51, 67,  238, 411, 
568,  582,  584,  594,  599»  1037.  1289; 

II,  2,  1C92. 

Mainalos,  1)  fils  d'Arcas,  I,  769; 

—  2)  fils  de  Lycaon,  I,  162;  —  3) 
ville  et  mont  d'Arcadie,  I,  162.  — 
Voir  Ménale  (le). 

Maiotes  (les),  peuple  voisin  des 
Colchiens,  III,  353. 
Maiotide  ou  Méotide  (le  marais), 

II,  397;  IV,  320. 

Maiotides  (les  Scythes),  IV,  320. 
Maliaque  (le  golfe),  1, 40, 5 1 , 1 76. 
Maniens  (les),  peuple  d'illyrie, 

IV.  517. 

Mariandynos,  1)  fils  de  Cimmé> 
rios,  l,  1 126;  II,  140,  758;  —  2)  fils 
de  Phinée,  II,  140,  758. 

Mars,  11,382, 1 144.  —  Voir  Ares, 

Massilia  (Marseille),  IV,  646. 

Massilienses    (les    Marseillais), 

IV.  553. 

Méandre  (le),  fleuve  de  Phrygie, 
II,  724. 

Méditerranée  (la  mer),  IV,  289, 
646. 

Méilon,  fils  d'Oileus,  I,  71. 


Méduse,  IV,  1515. 
Mégalopolis,  ville  d'Arcadie,  I, 
162. 
Mégara,  femme  d'Héraclès,  IV, 

541- 
Mégare  (la  ville  de),  I,  517;  II, 

747;  IV,  1171. 

Mégaride  (la),  II,  747. 

Mélanchlainiens  (les),  peuple 
voisin  des  Colchiens,  III,  353. 

Mélanippé,  i)  mère  de  Boiotos, 

III,  1178;  —  2)  femme  d'Hippotas, 

IV,  778. 

Mélos,  i)  héros  qui  a  donné  son 
nom  aux  rochers  Mélantiens,  IV, 
»707;  —  3)  (le),  fleuve  de  Thrace, 

I,  922. 

Mélîa,  femme  deDanaos,III,  1 1 78. 

Méliades  (les  Nymphes),  II,  4. 

Mélihoia,  mère  de  Lycaon,  II, 
521. 

Mélicerte,  fils  d'Athamas,  III, 
1240. 

Mélissos,  père  d'Actaiôn,  IV, 
1212. 

Mélité,  I  )  fille  de  Nérée,  IV,  524  ; 
—  2)  ancien  nom  de  l'île  de  Malte, 
IV,  524. 

Mélo,  ancien  nom  du  ^i7,  IV,269. 

Meipomène ,V}ine  des  Muses,  IV, 

895. 
Memphis,    i)  fille  du  Nil,   IV. 

269,  1742;  —  2)  ville  d'Egypte,  IV, 

1396. 
Ménade  (la).  I,  636. 
Ménélas,  I,  54,  (68;  in.  1020. 
Mentorides  (les  lies),  IV,  55 1 . 
Mer  Noire  (la),  II,  366. 
Messénie  (la),  I,  152;  II,  296. 
Métope p  I)  fille  du  fleuve  Ladon, 

II,  946;  — 2)  fille  d'Echétos,  IV, 
1093. 

Midas,  roi  de  Phrygie,  IV,  1300. 

Milanion,  époux  d'Atalante,  I, 
769. 

Milésiens  (les),  I,  1 076,  1 1 26, 
II 77. 

Milet,  ville  de  Carie,  1, 1 86, 1 07Ô  ; 

III,  200,  242. 
Miltiade,  I,  652. 

Mimas,  fils  d'Aiolos,  IV.  778. 

Minerve,  I,  1 1 1 ,  723.  —  Voir 
Athéné. 

Mnémosyne,  mère  dss  Muses, 
III.   I. 

Molosses  (les),  I,  45. 


470 


INDEX 


Molpê,  Tune  des  Sirènes,  IV,  892. 
ify/é!s, presqu'Ue  de  Sicile,!  V,  965. 
Myriné,  femme  de  Thoas,  I.éoa. 
Mysaion  (le),  sanctuaire  de  Dé* 
métcr  en  Achaïe,  IV,  1736. 
Mysia  (Démétcr),  IV,  1726. 

Narcicustoma,  nom  de  l'une  des 
bouches  de  Tlster,  Ch.  IV,  v.  312. 

—  Voir  Narécos. 
Nasamons  (les),  IV,  1322. 
Nauplia,  port  de  TArgolide,  I, 

134. 

Nausicaa,   III,   873;   IV,    1014, 
1026. 

Naxos,  I)  fils  d'Apollon,  IV,  1492; 

-  2)  (l'île  de),  III,  1003;  IV,  425. 
Néaira,  l'une  des  Néréides,  III, 

242;  IV,  965. 

Neileus  ou  Neilos,  roi  d'Egypte, 
IV,  269,  276. 

Némée  (le  lion  de),  I,  496. 

Némésis,  I,  1 1 16. 

Népéia,  fille  d'Iasos,  I,  1 1 16. 

Néphélé,  femme  d'Athamas,  I,  3. 

Neptune,  I,    158,  831;   IV,  825, 
1323.  —  Voir  Poseidyn. 

Nestiens  (les),  les  mêmes  que  les 
Nestaiens,  IV,  330,  1215. 

Nestor,  fils  de  Nélée,  I,  1 18,  156; 
II,  105;  IV,  1513. 

Nestos  (le),  fleuve  du  pays  des 
Nestiens,  IV,  330. 

Nil  (le),  fleuve  d'Egypte,  III, 
1 1 78;  I  V,259,26o,262, 267, 269, 1 396. 

Niobé,  femme  d'Amphion,  I,  735. 

Oaxe  (1'),  fleuve  de  Crête,  Gh.  I, 
V.  1 131- 

Oaxos,  ville  de  Crète,  I,  1 131. 

Orcirfi'n^(r),  II,  745;IV,  517. 

Ocypété,  l'une  des  Harpyes,  II, 
286. 

Ocyrhoé,  fille  de  Chiron,  I,  554. 

Œdipe,  III,  1039;  IV,  694,  1758. 

Ogyfft's  ou  Ogygos,  roi  deThébes. 

III,  I  178. 

Ogygie,  nom  de  l'île  de  Calypso, 

IV.  564. 

Ogyoiennes  (les),  nom  des  portes 
deThèbeâ,  III,  1178. 

Oibalos,  père  d'Aréné,  I,  152. 

Oinonè,  ancien  nom  d'Aiginé, 
IV,    17^)6. 

Oinopion,  fils  de  Dionysos,  III, 
1003. 


Oitaia  (1'),  en  Thessalie,  I,  1304. 

Olénos,  1)  ville  d'Etolie,  l,  202; 
—  2)  ville  d' Achaïe,  I,  202. 

Olympos,  roi  de  Myaie,  père  de 
Cios,  I,  II 16,  II 77. 

Omphaie,  reine  de  Lydie,  1, 1289. 

Opontieus  on  Opouniiens  (les 
Hyperboréens  ou  les  I^ocriens),  I, 
69;  II,  675. 

Opaus  (V),  fleuve  de  Locride,  IV, 
1780. 

Orchomène,  i)  ville  d'Arcadic, 
n,  II 86;  — a)  ville  de  Béotie,  II, 
1 186;  —  3)  ville  du  Pont,  II,  1 186; 
—  4)  montagne  de  Thessalie,  II. 
1186. 

OréioSy  nom  d'homme,  IV,  973. 

Or  este,  IV,  705. 

Oricon  ou  OriCum,  la  même 
ville  qu' Or»cos,  IV,  12 15. 

Omis,  femme  de  Stymphalos, 
II,    1052. 

Orthos  ou  Orthros  (le  chien),  II, 
40;  IV,  1399. 

Ortygie,  1)  (l'île  d'),  voisine  de 
la  Sicile,  I,  419;  —  2)  (le  bois  d'), 
voisin  d'Ephèse,  1,4  «9;  — 3)  ville 
d'EtoIie,  I,  419. 

OsirÎB,  roi  d'Egypte,  IV,  272, 
276,  869. 

0/05,  l'un  des  Aloïades,  I,  482. 

Oudaios,  l'un  des  hommes  nés 
des  dents  du  serpent,  III,  1 1 78. 

Oxyathras,  frère  de  Daréioa,  II. 
94». 

Oxynon  (D,  le  même  que  le  Cai- 
lichoros,  II,  904. 

Ozoles  (les  Hyperboréens  ou  les 
Locriens),  II,  675. 

Pizchyne,  promontoire  de  Sicile, 
Ch.  IV,  V.  289. 
Padus  (le  Pô),  IV,  505,  596,  627. 

—  Voir  Eridan  (V). 
Pagaséen,  i)  Apollon,  I,  238;  — 

2)  le  golfe,  I,  238. 

Paiôn,  i)  (Apollon),  père  d'Aris- 
tée,  III,  467;  —  2)  père  de  Phano- 
syra,  I,  230. 

Palaimon,  I,  202.  —  Voir  Palai- 
monios. 

Palamède,  filsdeKaupIios,  1, 134. 

Pallène,  ville  d'Arcadie,  I,  176. 

Palléné,  i  )  ville  de  Protée,  1, 599; 

—  2)  presqu'île  de  Ghalcidiquc,  I, 
599;  —  3)  mont  de  Thrace,  I,  599. 


INDEX 


47" 


Pamisos  (le),  fleuve  de  Thessa- 
lie,  m,   iu85. 

Pandion,  i)  père  d'Oréithyia,  II, 
178;  —  2)  fiU  de  Phinée,  II,  178. 

Pandore,  III,  230,  io8ô. 

Panormos,  i)  port  de  Cyzique,  I, 
954;  —  2)  port  d*Orico8,  IV,  1215. 

Pauthoide  (Euphorbos,  le) ,  1, 645. 

PanMos,  père  d' Euphorbos,  1,645. 

Pa riens  (les),  IV,  330. 

Paris,  III,  1259;  IV,  1019. 

Parium,  ville  de  Mysie,  I,  932. 

Partuissé,  mère  de  Sinopé,  II,  946. 

Parnassos,  héros  éponyme  du 
Parnasse,  II,  71 1. 

Paros,  île  de  la  mer  Ejjrée,  1, 1 1 5. 

Parques  (les),  IV,  1485. 

Parrhasia  ou  Parrkasios,  ville 
d'Arcadie,  II,  521. 

Parthénia,  femme  du  roi  Samos, 
I,  186. 

Parthénien  (l'imbrasos),  I,  186. 

Parthénios,  fils  de  Phinée,  II, 
140,  178. 

Patara,  ville  de  Lycie,  I,  308. 

Pairocle,  fils  de  Ménoitios,  I,  71 , 
1240;  IV,  1533. 

Patf/  (saint),  I,  368,  603. 

Pegae,  I,  1222.  —  Voir  Sources 
(les). 

Peisidicé,  1)  femme  de  Myrmidon, 
I,  S4  ;  —  3)  fille  de  Pélias,  I,  326. 

Pélasgie  (la),  nom  de  la  Thés- 
salie,  IV.  266. 

Pélasgiotes  (les),  habitants  d'Ar- 
gos,  IV,  262. 

Pélasgiotide  (la),  I,  14,  49.  57- 

Pélasgique  (le  golfe),  I,  238. 

Pélasgis,  ancien  nom  du  Pélopo- 
nëse,  I,  1024. 

Pélasgos,  i)  père  de  Larissa,  I, 
40;  ~  2)  fils  de  Larissa,  I,  580;  — 
3)  héros  éponyme  de  la  Pélasgie, 
IV,  265;  —  4)  père  de  Lycaon,  II, 
521  ;  —  5)  père  d'Haimon,III,  1090. 

Pélopéa  ou  Pélopéia,  mère  d'E- 
gisthe,  I,  326. 

Péloponèse  (le),  I,  115,  152,  176, 
243,  831,   X024;  n,  299;   IV,  263, 

524,  1564.  1578- 

Péloponésiens  (les),  IV,  263. 

Pélor,  Tun  des  hommes  nés  des 
dents  du  serpent,  III,  1 1 78. 

Pélore  (le),  cap  de  Sicile,  IV,  289. 

Pénélope,  fille  d'Icarios,  I,  152; 
III,  863. 


Penthée,    petit-fils   de  Cadmos, 

IV,  517. 

Péphrédo,  Tun^  des  Graies,  IV, 

515- 
Périhoia,  i  )  fille  d'Alcathous,  I, 

5 1 7  ;  —  2)  épouse  de  Poséidon,  IV, 

519- 
Péricastor,    père    d'Androthoé, 

IV,   1091. 

Périclyméné,  fille  de  Minyas, 
I,  230. 

Périérès,    père    d'Aphareus,   I, 

152. 

Périmélé,ûne  d*AdmèteJI,io92. 

Péristhinès,  fils  de  Damastor, 
IV,  1091. 

Périthoas,  aimé  par  Héraclès, 
I,  1207. 

Perséis,  la  même  que  Perse,  II, 
1221;  IV,  591,  1513. 

Perses  (les),  III,  859;  IV,  1758. 

Perseus,  le  même  que  Perses^ 
III,  200. 

Pessinonie,  ville  de  Phrygie,  II, 
1171. 

Pitraien  ou  Pé'ratos  (Poséidon), 

III,  1240. 

P^«acta,nom  de  l'île  des  Phaia- 
ciens,  IV,  1540. 

Phaéthontiades  (les),  sœurs  de 
Phaéton,  IV,  597. 

Phaéthusa,  la  môme  que  Phaé- 
thousa,  IV,  965. 

Phaiax,  fils  de  Cercyra,  IV,  540. 

Pkalères,  port  d'Athènes,  I,  95. 

Phanosyra,  fille  de  Paidn,  1, 230. 

Phariens  (les),  IV,  330. 

Pharos,  colonie  des   Phariens, 

IV,  330. 

Phéaciens  (les),  les  mêmes  que 
les  PhaiaciefUt  I,  965. 

Phèdre,  III,  1003. 

Pheidippos,  fils  de  Thessalos,  UI, 
1090. 

Pheidon,  roi  des  Argiens,  IV, 

I2l2. 

Phénicie  (la),  II,  946;  III,  1 178; 
IV,  1 134. 

Phéniciens  (les),  II,  168. 

PhérèSf  fils  de  Crétheus,  1,13, 49. 

Philammon,  I,  23. 

Philippe,  roi  de  Macédoine,  IV, 
1284. 

Philociète,  aimé  par  Héraclès,  1, 
1207. 

Philoméla,  fille  d'Actor,  IV,  816. 


472 


INDEX 


PUinfHs,  le  même  que  Phinée, 
U,   178. 

Phlégyas,  père  de  Coronist  IV, 
616. 

Pklious,  i)  le  même  que  Phlias, 
I,  1 15  ;  ->  2)  ou  Phlionie,  ville  du 
Péloponèse,  I,  1 15. 

Phocide  (la),  H,  675;  IV,  1541. 

Phocidiens  (les),  les  mêmes  que 
les  Phocéens,  I,  207. 

Phoibé,  fille  d'Ouranos,  II,  710. 

Phoinicodés,  Tune  des  îles  d*Aio> 
los,  m,  41. 

Phainix,  père  d'Astypalaia  et  de 
Phinée,  I,  186;  II,  178,  865,  1 178. 

Pholos,  Centaure,  II,  4. 

Phorbas,  père  de  Scylla,  IV,  826. 

Phoroneus,  génie  du  feu,  I,  1 129; 
IV,  263. 

Phrix,  aimé  par  Héraclès,  1, 1 207. 

Phthiotide  (la),  I,  45»  5 1 .  93.  1 1 5. 
176.  551. 

Phycous  (le  cap),  en  Libye,  IV, 

1578. 

Phylacos,  père  d*IphicIos  et  d'Aï- 
cimédé,  I,  45,  230. 

Piasos,  père  de  Larissa,  I,  1063. 

Piéria  (le  mont),  le  même  que 
le  Piéro3p  I,  31. 

Pirésien  (Comètes,  le),  I,  35. 

Pisinoé,  Sirène,  IV,  892. 

Pithécoxissa  (l'île),  II,  1210. 

Pitya  ou  Pityussa,  la  même  que 
Pityêia,  I,  932. 

Pityussa,  ancien  nom  de  Milet, 
I,  186. 

Pleioné,  Océanide,  I,  916. 

Pleuron,  i)  héros  d'Etolie,  1, 146  ; 
—  2)  canton  et  ville  d'Etolie,  I,  146; 
IV,  1229. 

P/eMrowia,surnomdeLéda,I,i46. 

Plexippos,  fils  de  Phinée,  II,  1 78. 

Pluton,  I,  102.  —  Voir  Àdès. 

Poimèn,  fils  d'Héraclès,  II,  353. 

Pola  ou   Polai,   ville   d'Illyrie, 

IV,  517. 

Poliorcète  (Démétrios),  1,9. 

Poltys,  héros  de  Thrace,  I,  21 1 . 

Polyarchès,  surnom  de  Dardanos, 
I,  916. 

Polybos ,  père  de  Glaucos,  1,1310. 

Polydectès,  fils  de  Péristhénès, 
IV,   1091,  15  [5. 

Polydora,  mère  d'Idas  et  de  Lyn- 
cée,  I,.  152. 

Polymédé,  mère  de  Jason,  I,  45. 


Polymnia,  Muse,  I,  23. 

Polynice,  fils  d'Œdlpe.IV,  1758. 

Polyphémé,  mère  de  Jason,  1, 45. 

Poiyxo,  I)  Naïade,  I,  668;  — 
2)  femme  rhodienne,  I,  668;  —  3) 
femme  de  Nycteus,  I,  668,  735. 

Pompée,  I,  9;  II,  10 16. 

Pompholygéf  épouse  d'Océanos, 
IV,  1742. 

Pontiquê  (la  mer),  IV,  284.  — 
Voir  Pont  (le). 

Pontos,  père  d*Aig^On  et  de 
Thaumas,   I,    1165;   II,  285. 

Porphyrion,  fils  de  Sisyphe,  III, 
1091. 

Porto  Ferrajo,  nom  moderne  du 
port  Argoos  de  Tîle  d'Elbe,  IV,  656. 

Porius-Amyci,  nom  de  la  ville 
d'Amycos,  II,  159. 

Presbon,  i)  fils  de  Minyas  et 
père  de  Clyménos,  I,  186,  230; 
—  2)  fils  de  PhriKos,  II,  1 092. 

Priant,  I,  264,  295,975;  IV,  1019. 

Priape,  I,  932. 

Prochonnèse  ou  Proconnèse  (la), 
U,  279. 

Procris  f  III,  1003. 

Proitides  (les),  IV,  1019. 

Proitos,  père  des  Proitides,  IV, 
1019. 

Prosélênites  (les),  nom  des  Arca- 
diens,  IV,  263. 

Prosélénos,  roi  des  Arcadiens, 
IV,  263. 

Proiée  ou  Proteus,  I,  599,  929. 

Pruses,  ville  de  Bithynie,  1, 1 1 77. 

Psammitichost  roi  d'Egypte,  IV, 
262. 

Psillis  (le),  fleuve  de  Bithynie, 
II,  652,  659. 

Psylles  (les),  peuple  de  Libye, 
IV,    1494. 

Psyllos,  fils  d'Amphithémis,  IV, 

1494. 
Pylaiménès,  roi  de  Paphlagonie, 

n,  941. 

Pyrrha,  femme  de  Deucalion,  III, 
1086,  1090. 

Pyrrhaia,  Tun  des  anciens  noms 
de  la  Thessalie,  III,  1090. 

Pyrrhos  de  Crète,  I,  645. 

Pyrrhus  Pyranthius,  I,  645. 

Pyihagore,  I,  645. 

Py/*fc  (la),  IV,  1405,  i55i,  1751. 

Py^Aw»  (Apollon),  IV,  1405. 

Pythiqtie  (la  vierge),  IV,  1405. 


INDEX 


473 


Pythis,  fille  de  Delphos,  IV,  1405. 
Python  (le  serpent),   I,   207;  II, 
706;  IV,   1405. 

Renommée  (la),  Ch.  I,  v.  702. 
Rhadamanthe,  fils  d'Héphaistos, 

IV,  1638. 

Rhéné,  i)  concubine  d'Oileus,  I, 
71;  —  2)  épouse  d'Hermès,  I,  917. 
Rhin  (le),  fleuve,  IV,  640. 
Rhizon  (le),  fleuve  d'Illyrie,  IV, 

517. 

Rhodes  (l'île  de),  IV,  310,  1763. 

Rhodienne  (Polyxo,  femme),  I, 
668. 

Rhodios  (le),  fleuve  de  Dardanie, 

1,931- 
Rhodope  (le  mont),  I,  34. 

Rhœtéia,  fille  de  Proteus,  I,  929. 

Rhoicos,  personnag^e  lég'endaire, 

n,  477- 

RhOne  (le),  fleuve,  IV,  633,  635, 
640,  646. 

Sagaria  ou  Sangaros  (le),  fleuve, 
le  mâmc  que  le  Sangarios,  Ch.  II, 

V.  722,  724. 

Salamine  (Vile  de),  I.  93. 

Salmoneus,  père  de  Tyro,  I,  13. 

Salmonion,  Samoneum,  Samo- 
nion,  Samonium  ou  Sammonium 
(le  cap),  le  mime  que  le  cap  Salmo- 
nide,  IV,  1693. 

Salmydesse  ou  Salmydessos  (le), 
cdte  de  Thrace,  II,  177,  178,  460. 

Samos,  1)  héros  éponyme  de  l'ile 
de  Samos,  I,  186;  —  2)  île  de  la  mer 
Egée,  1, 186,398,645,917;  IV,  1707; 
—  3)  la  m  âme  que  Samothrace,  I, 

917- 

Samothrace,  île  de  la  mer  Egée, 
1,652,  913,916,917- 

Sanapé,  1)  surnom  d'une  Ama- 
zone, II,  946  ;  —  2)  premier  nom  de 
la  ville  de  Sinope,  II,  946. 

Sangas,  héros  éponyme  du  fleuve 
Sangarios,  II,  722. 

San-Giulano  (le),  nom  moderne 
du  mont  Eryx,  IV,  914. 

Sanniens  (les),  peuple  du  Pont, 

n,  393. 

Santorin  (l'île  de),  nom  moderne 
de  l'île  Théra,  IV,  1763. 
Saos,  fils  d'Hermès  et  de  Rhéné, 

I.  917. 

Saronique  (le  golfe),  I,  93. 


Sarpédm,  i)  roi  de  Thrace,  I, 
2 1 1  ;  —  2)  héros  allié  des  Troyens, 
IV,  1452. 

Scamandrios,  le  même  q}x*Astya- 
nax,  III,  242. 

Schéria  (l'île  de),  IV,  539,  540. 

Schoineus,  père  d'Atalante,  I, 
739. 

Scythie  (la),  I,  305, 1 131;  H,  397, 
1015,  1088;  IV,  131,  277,  282,284, 
320.  334. 

Scythique  (le  Bosphore),  II,  168. 

Scythiques  (les  roches),  III,  845. 

Sélénites  (les  Arcadiens),  IV,  203. 

Sémélé,  mère  de  Dionysos,  1,636  ; 

II.  5»4- 
Sériphoa,  île  de  la  mer  Egée,  IV, 

1091,  151S- 

Serrium,  lieu  de  Thrace,  1, 29. 

Sésamos,  descendant  d'Euphé- 
mos,  IV,  1751. 

Sésonchosis,  Sésoosis  ou  Sésos- 
tris,  roi  d'Egypte,  IV. 272, 276, 277. 

Sestos,  ville  de  la  Chersonèse  de 
Thrace,  I,  93 1 . 

Sicile  (la),  I,  419;  U,  296;  III, 
41;  IV,  289,  834,  914,  965,  1212. 

Sicyone,  ville  du  Péloponèse,  I, 
1 15.  176;  IV,  1090. 

Sicyonie  (la),  I,  115. 

Sidon,  ville  de  Phénicie,  I,  603. 

Sidre  (le  golfe  de),  nom  moderne 
de  la  Grande-Syrte,  IV,  1235. 

Silène,  II,  4. 

Sindes  (les),  peuple  voisin  des 
Colchiens,   III,  353. 

Sinope,  ville  sur  les  bords  duj'ont- 
Euxin,  II,  365,  94^,  955, 961 ,  965- 

Sintiens  (les),  habitants  de  Lem- 
nos,  I,  608. 

Siphaen  (le  dème),  I,  ir.5. 

Siphai,  ville  de  Béotie,  I,  105. 

Sisyphe,  fils  d'Aiolos,  III,  1091, 
1240. 

Soleil  (le),  III.  876;  IV,  58.- 
Voir  Hélios. 

Sounion  (le  cap),  IV,  1 707. 

spartes  (les),  nés  des  dents  du 
dragon,  III,   1 178. 

Sperchios  (le),  fleuve  de  Thessa- 
lie,  I,  1207. 

Staphylos,  fils  de  Dionysos,  IIC, 
1003. 

Stiropi,  mère  des  SirènesJV,  895. 

Stéropès,  l'un  des  Cyclopes,   I, 

510,  730- 


60 


474 


INDEX 


Sihénéhée  ou  Sthénobéia,  femme 
de  Proitos,  I,  162. 

Stratégis,  surnom  de  TAtlantide 
Eiectra,  I,  916. 

Strongylé»  Tune  des  îles  d' Aiolos, 

III,  41;  IV,  761. 

Stymphale  ou  Stymphélos,  ville 
d*Arcadie,  II,  1031,  1052. 

Siymphalis  ou  Siymphélis  (le 
marais  de),  II,  1031,  1052. 

Styntphalos,  père  des  Stympha* 
lides,  II,  1052. 

Stymphélides  (les  oiseaux),  les 
mômes  que  les  Stymphalides,  II, 
1052. 

Syracuse,  ville  de  SiciIe,IV,  1 2 1 2. 

Syrie  (la),  II,  946,  1210. 

Syriens  (les).  II,  946. 

Syris  (le),  fleuve  de  Bithynie,  II, 
652. 

SyroSf  héros  éponyme  des  Sy- 
riens, II,  946. 

TainaroH  (le),  i)  golfe  de  Laco- 
nie,  Ch.  I,  v.  40  ;  —  2)  cap  de  Laco- 
nie,  I,  40. 

Tainaros,  1)  fils  d'Elatos,  I,  40; 
—  2)  fils  de  Poséidon,  I,  179;  — 
3)  (le),  cap  de  Laconie,  le  même 
que  le  Tainaron,  I,  102,   179. 

TatMis  (le),  fleuve  de  Sarmatie, 

IV,  259,  284. 

Tantale,  U,  359, 724. 758  ;  IV,  269. 

Taphiens  (les),  I,  74».  —  Voir 
Taphos. 

Taphios,  héros  éponyme  des 
Taphiens,  I,  748. 

Tarra,  ville  de  Crète,  IV,  1781. 

Tartare  (le),  II,  40;  IV,  1697. 

Tartessos,  ville  d'Espagne,  IV, 

1396. 

Tauride  (la),  III,  200 ;  IV,  417. 
Taurique  (la  Chersonèse),  11,365. 
TauroménioH,  ville  de  Sicile,  IV, 

834. 

Tauropolis,  fils  de  Dionysos,  III, 
1003. 

Telchines  (les),  I,  1 141. 

Téléboios,  héros  éponyme  des 
Téléhoens,  I,  748. 

Télémaque,  fils  d'Ulysse,  I,  358. 

Terre  (la),  I.  482;  II,  40;  IV, 
£23.  —  Voir  Gâta. 

Thalassi,  déesse  de  la  mer,  I, 
ii6i>. 

TkaumaSt  fils  de  Pontos,  II,  2S6. 


Thébains  (les),  I,  748,  997;  IV, 
694,  1284. 

Thébé,  autre  nom  d'Aédon,  1, 735. 

Théia,  mère  d'Hélios,  IV,  54. 

Tkéioménès,  père  d'Hylas,  I, 
1207.  —  Voir  Thiiodamas, 

Tkelxiépéia,  Thelxinoé  ou  Thel- 
xiopé.  Tune  des  Sirènes,  IV,  892. 

Thémiscyra,  1)  (la  plaine  de),  II, 

371  ;  —  a)  (la  ville  de),  U,  373.  995- 

Théognété,  mère  de  Jason,  I,  45. 

Théophani,  mère  de  Chryso- 
mallos,  II,  1 144. 

Thérapnai,  ville  ou  canton  de 
Laconie,  U,  163. 

Thirapné,  ville  de  Béotie,  II,  163. 

Therméen  (le  golfe),  I,  599. 

Thermessa,  l'une  des  îles  d'Aio- 

los,  m,  41. 

Thersandros,  fils  de  Polynice, 
rV,  1758. 

Thespiens  (les),  I,  105. 

Theipies,  ville  de  Béotie,  I,  105. 

Thesprotide  (la),  contrée  de 
l'Epire.  I.  5^8;  U.  353;  IV,  12 12. 

Thessalie  (la),  I,  3*  9>  i4i  3^,  40, 
51.  54»  67,  93,  176,  238,  243,551, 
568, 572,  580.  585,  592,  594.  596, 597. 
1037.  1304.  i35<»;  11.504.515»  1092, 
1186,  1231.  1238;  m,  233,  533, 
1085,  1086,  1090,  1227,  1240;  IV, 
58,  266,  616,  1329. 

Thessalienne  (Pétra),  III,  1240. 

Thessaliens  (les),  1, 554,  580;  III, 

1333. 

Thessalos,  i)  fils  d'Haimon,  II, 

504  ;  m,  1090  ;  —  2)  fils  d'Héraclès, 
III,  1090. 

ThestioSt  père  d'Iphiclos  et  de 
Léda,  I,  45,  146,  190;  IV,  541. 

Thestor,  fils  d'Idmon,  I,  139. 

Thrinacie  (la),  ancien  nom  de  la 
S»c»/«,I  V,965.— Voir  Trinacrw  (la). 

Thrinacos,  roi  de  Sicile,  IV,  965. 

Thyade  (la),  I,  63^. 

Thyeste,  fils  de  Pélops,  I,  326; 

n, 359. 

Thynia  (Yîlt),  II,  177. 

Thynias  (le  cap),  II,  177. 

Thynos,  fils  de  Phinée,  II,  140. 

Thyoné,  surnom  de  Séntélé,  1,636. 

Tianes  (les),  II,  791. 

Tiéion,  Tion  ou  Tition,  ville  des 
Tianes,  II,  758,  791. 

Tigrés  (le),  fleuve  du  Péloponèse, 
II,  299. 


lU,  I 


I  jni,  ûla  de  Charido.  I,  S54  '. 


mienne  (Artémis),  I,  s'^- 
Titaménot,  fils  Ue  Therdandros, 

IV.  1758. 

TUatt,  i)(Hypirion.Ie).IV,  131; 

—  a)  (PerièB,   le),    IV,    1513;  — 

3)  le  fleuve,  IV,  131. 

Tilanui  (le),  fleuve  d'Eolide,  IV, 

Titanide  (Phoibé,  la),  II,  710. 

Tiiarise  ou  Titaréeoi  (le),  fleuve 
deTheualie,  I,  65. 

TiiaroH,  pire  d'Ampycoi,  I,  65. 

TUiai,  fiU  de  Mariandyno»,  II, 
7S8,  78a.  793. 

Tlipolimta,  mui  de  Polyxo,  I, 
668. 

Torète»  Oea).  peuple  voisin  dei 
Colchieu,  m,  353. 

TrapitoHle,  ville  du  Pont,  I, 
10Î4:  U.  393.  965. 

Tricca,  ville  de  l'Hiatiaiotide, 
II,   955. 


Triton,  i)roideLibye,lV,  155»; 
-'i)(le),fleuvedeBéolie,lV,  1311; 
—  3)  lac  de  Béotie,  IV,  1311;  — 
4)  lac  de  Theiaalie,  IV,   1311. 

Troa4»  (la),  I,  931,  940,   m;. 

11.6;  III,  133:  IV,  973. 

Trogilion  (le  cap),  IV,  1 707. 


■EX  475 

TroU.  I,    134,  916.  917;  II.  843: 

III,  141.    I<J9^;  IV.   1116. 

Tros,  pire  deGanymède,  III.  1 1 4. 

Troyen  (le).  —  Voir  Boutii.  Elu. 
103,  Euphorbes  et  Ganymède. 

Troyem  (l«),  I,  358;  IV,  ,441. 
145a- 

Tyénoi  (le),  fleuve  de  Colchide, 

IV,  131 .  -  Voir  Gyénos  (le). 
Typhon,  aatronome   Ueendaire 

(?).   IV.   Î63. 

Tyro,  fille  de  Salmonew,  I,  13. 

TyrrAr<ni((la),  UI,3]ii  IV,  339, 
850. 

Utyiie.  Ch.  I,  v.  733,  9(7;  II,  79. 
843.  1187;  III,  4[,  ïio,  311;  IV, 
J08.  S53,  694,  851,  89;>,  901,  96,-. 
995,  1014.  1016,  1141. 

T'^i«,Cli.I,v.7oj;UI,  I.  rooj. 
—  Voit  Aphrodite,  Cypris  ttCyllié- 

Vutcain,  Itt,  fi,  1003.—  Voir 
Héphaittos, 

Vuhania  (l'Ile),  la  mime  que 
Hiira.  III,  41. 

Xerxii,  Ch.  I,  v.  931. 
XouilHa,  ptr«  d'Achaios.  I.  143- 
Xynia,  lac  ou  ville  de  Thessalie, 
I,  67.  —  Voir  XynUts. 

Zi^eH)(DioDyK»),Cli.III.v.86i. 


ERRATA 


Page    7,  ligne  21  :  au  lieu  de  Érechtides,  lire  Érechtéides. 

—  16,  —  22  :  au  lieu  de  des  chevilles,  lire  aux  chevilles. 

—  33,  —  34  :  au  lieu  de  Idéenne,  lire  Idaienm. 

—  3^>  —  36  :  au  lieu  de  Dyndimos,  lire  Dindyntos, 

—  39,  —      7  :  au  lieu  de  Olympos,  lire  Olympe. 

—  52,  —  35  :  au  lieu  de  Myniens,  lire  Minyens. 

—  70,  —  34  :  au  lieu  de  Caipé,  lire  Calpès. 

—  72,  —  36  :  au  lieu  de  Zéphire,  lire  Zéphyre. 

—  76,  —  30  :  au  lieu  de  Nisaîens,  lire  Nisaiens. 

—  78,  —  i8:aulieude  Zéphire,  lire  Zéphyre, 

—  88,  —  33  :  au  lieu  de  se  détendait,  lire  se  tendait. 

—  95»  ~      5  :  au  lieu  de  Cythérée,  lire  Cythéréia. 

—  108,  —  25  :  au  lieu  de  Cythérée,  lire  Cythéréia. 

—  148,  —  18:  au  lieu  de  Siginniens,  lire  Sigynniens. 

—  166,  —  21  :  au  lieu  de  ancres,  Wvt  pierres-amarres. 

—  192,  —  36  :  au  lieu  de  ils  y  jetèrent,  lire  ils  jetèrent. 

—  230,  —      2  :  au  lieu  de  Thesprotie,  lire  Thesprotide. 

—  251,  —  47  :  au  lieu  de  Dolonie,  lire  Dolionie 

—  254,  —      7  :  au  lieu  de  Maiandros y^lirt  Maiandrios. 

—  264,  —  25  :  au  lieu  de  Keil,  lire  Kiel. 

—  273,  —      9  :  au  lieu  de  Cliersonnèse,  lire  Chersonèse. 

—  281,  —  31  :  au  lieu  de  Caipé,  lire  Caipès. 

—  34 1>  —  29  et  45  :  au  lieu  de  Psammiticos,  lire  Psammi- 

thicos. 

—  344i  —  34  •  au  lieu  de  Sésonchoisis,  lire  Sésonchosis. 

—  364,  —  17  :  au  lieu  de  r,  4y,  lire  1,7, 


TABLE    DES    MATIÈRES 


Préface j Page    vu 

Chant  Premier page.    3  à  47 

Ctuloguc  dn  Argonjuici  ■■  OqiWt  (JJ-Ji).  —  An*i:on  (}  J-)»).  —  Po1y[lh*mDl(40-4^).— 
IphicJat  441-4B).  —  AdDiic  Un").  —  Eiytos.  EthJan  et  Ailhtliiltt  |;  i-;«I.  —  CoroDoi 
117-**)-  — «opw  (6s-«).  —  EuryJtnm  (t7-66).  —  MinatiM  (*»-7o).  —  EuryiLon, 
Eiyboi*>,  Oileni  (71-7*).  —  Cuitho.  (77»i).  —  Clvlioi  tt  Irbhcs  (86-89).  —  Ttl.moa  n 
Ptlie  (9o-«4).~Boulit  CI  P1ultr«(9]-iixi}.  —  At«iictdEThiiie  (101-104).  — Tiphyi 
(10S-114).  — Phlki  (11Î-117).  —  Tikoi,  Artiot,  UaJ«o>  (iiB-iii)-  —  Htncl«i  « 
HyU.(iJi-i}i).— N.npUoi(iî}-'i»)- -l'l'Mn(ijj.i4i)--Curcir(t  Poilu.  (,46..(0). 

—  Lpcle  «  Idu  (i[i-ist).  —  Firiclyninot  (i;6-i6o).  —  Anphidamat,  Cjphcut  ci 
AKiiM(i6i-i7i).  —  Aug*iti(i7i-i7i).  — *"*""«  Amphioii|i76-i78).  —  Eiipli*iroi 
1I79-I84) Eiginosn  Aatii«  (181-189).  —  Hiléigmi,  Laocoon  et  Iphiclot  Ti  90.101). 

—  Pdiimiuioi  (101-106).  —  rphiioi  (]<>7-iio).—  ZHit  a  aiû  (in-ii)).  —  Aianotci 
Ar^oi  (U4-J17).  —  Pour^Doi  «1  déiigac  les  Argontom  »ui  le  nom  de  Uinycn$  (ijft- 
1)))' —  Muclie  de>  htm  nri  le  pon.  Rélleiïaiu  de  \x  foule,  tEoatlondeifciniiKS.  Adieiia 
d'AkinMl  «  da  JuoB.  PUiniade  li  ntrc  et  rtpoue  du  fili  (i}4-)o;).  — Muthc  d( 
luon  itn  leDKire  ()06-)i6),  —  Anivfc  d'Aun»  et  d'Argoi  (;i7-;jo).  —  Diicoun  de 
Juan  (])i-)40).  —  JuoD  tin  chef  (}4l-)6i).  —  Prtpiniiti  de  dtpan  ()6)-40t).  —  Autel 
«  pritle  à  Apollon  (401-414).  —  Sacrifice  et  prtdiniOD  d-ldoion  (411-447).  —  Le  rntin  ; 
■B«d«u«  d'Idii  (448-49;).  — Chut  d'Oipht((496-;i!).  — Le  diptn  (ii9-{(8).  — Le 
Biiïre  double  le  cap  TWe  (îJJ-îîS).  —  Voyage  juiqu'i  Lemnoi  :  le  pionontoiie  StpUi, 
Scialhoi.  PcirMci  et  MigdiUi  lelonbeao  de  Doïopi}  le  fleuve  Apiyn»,  le  noni  Aihoa 
<l8o-(a8).  —  Retour  lur  lliiilaire  dei  femiaei  de  Leiunoi;  ITrivie  ikl  Argonauio  à 
Lenaoi  (609-639).  —  Ajthalidïi  eii  députa  A  Kyptïpylé;  eUe  réunit  Le»  femoaM  an  codkïI 
((40-616).  —  DiKoun  d'Hypvpylt  (6;7-66<).  —  Diuoun  de  Potyio  (667-696).  —  Iphinoi 
envoyée  eu  iiubduadeauA  Argoiuuui  (697-710).  ^^  Df part  de  juon  pour  It  viUc;  dca- 
triplion  de  >od  nuntciu  (711-719).  —  Lo  Cyclopei  (7  )i>-7  M)-  —  La  rondailon  île  TUIki 
pir  Amphion  et  26ilu»  (735-741).  —  CyiMrcia  leninilc  boodiet  d'Am  (741-746).-  Lei 
Ttiiboeu  et  laftUd'Ëlcciryon  {747-7(1).  — Lune  de  Ptlopi  et  d'Oinomaoi  (7ii-7s8). 

—  Apollon  chliiant  TityDi  <7t9-76i).  —  Pbriu»  «  le  Ulici  (763-767).  —  Marche  de 
Juoii  ten  la  ville  :  «m  eairtc  au  palaii  d'Hypiipjrlé  (768-791I.  — DiKonn  mensoDgct 
d'Hypiipyli  (793-8)3).  —  Lea  Argonaoïei.  eiccpti  Héraclès  ci  iioclquei  hèroi,  t'installent 
dant  la  ville  d'KyptipyU  (834-860).  —  HiFa«ï£*i  pr  aet  reproche»,  décide  lea  Argonaultt 
k  quiner  l'ile  (861-874).  —  ■>oDteDC  dci  feminci  de  Lemuoi  <87;-S8s).  —  Adicui  de  Jiion 
CI  d'Mypîipyli(8!6-jo9),— Oipart  deLemnmiarrivie  tSanloll.race(91D-911).—  Navi- 
gation de  Simoibiace  lia  Propontide  (911-9)1).  —  Arrivée  chez  lea  Dolioni  (9  )i-96o). — 
Réception  amicale  dei  Aigonauiet  par  Cyiicos  (961-9^81.  —  Combat  conue  Ici  géants 
(989-1011).  —  Départ  dci  A^ouulei.  La  tempite  les  force  de  levenic  cliei  les  Dnliona. 
Dîndyiuof  tt  départ  de  Cyiii|uc  (1 103-11  s  i).  —  Après  une  rapide  traversée  où  Iféraclès 
Lutie  pendanl  la  nuit  ;  mon  de  Cyltcos  et  bonueun  i^vâ  lui  sont  rendus  (EOia-1077).  — 
Tempftc;  pr*»agedecalnieiolcrpr*tiparllopsot(i07e.iioi).  — Sacrifice*  Rhéa  sur  le 
Lindvmos  II  départ  de  Cyiique  (lioj-lisi).-  Après  une  rapide  Irivir^rod  lléradéi 


478  TABLE    DES    MATIÈRES 

bruc  sa  r^me,  les  héros  arrivent  vers  le  soir  chez  les  Mysiens;  préparatifs  poar  La  nuit 
(il) )-ii8i).  —  Héraclès  va  dans  les  bots  se  faire  une  rame  (x  187-1206).  —  Enlèvement 
d'Hylas  par  les  Nymphes  (1207-1239).  —  Polyphémos  annonce  à  Héraclès  la  disparition 
d'Hylas  (1240-1260).  —  Héraclès,  désespéré,  part  k  sê.  recherche  (1261- 1272).  —  Tiphys 
lève  l'ancre  ;  une  fois  en  mer,  les  héros  s'aperçoivent  de  rabsence  d'Héraclès  et  de  Poly- 
phémos; reproches  de  Télamon  &  Jason  (i27}-X29s).  —  Opposition  faite  à  Télamon  par 
les  iîls  de  Borée  (1296-1 309).  —  Prédiction  du  dieu  marin  Glancos  (i  3  io*i  328).  —  Excuses 
de  Télamon  à  Jason  et  réponse  de  TAisonide  (1329*1344).  —  Renseignementt  donnés  par 
le  poète  sur  le  sort  de  Polyphémos  et  d'Héraclès  (i)4>-i3S7)*  —  Le  navire  aborde  au 
rivage  des  Bcbryccs  (13)8-1362). 

Chant  II Pages    49  à  90 

Provocation  d'Amycos  (x-i8).  —  PoUux  accepte  de  lutter  contre  lui  (19-24).  —  Préparatifs 
du  combat  du  cestc  (2  %  -66) .  —  Le  combat  ;  défaite  et  mort  d'Amycos  (67-97).  —  Les  Bébryces 
veulent  venger  leur  roi;  bataille  générale  et  vîctmre  des  Argonautes  (98-1; 3).  —  Repcs 
des  héros  après  la  virtoire  (1)4-163).  —  Départ  ;  arrivée  à  la  demeure  de  Phinée  (164-177). 

Histoire  de  Phinée;  il  fait  appel  A  la  compassion  des  Argonautes  (178-239).  —  Zétés 

s'assure  de  la  véracité  de  Phinée  (240-261).  —  Zétés  et  Calais  chassent  les  Harpyes 
(262- 300}. —  Prédiction  de  Phinée  (301-407).  —  Derniers  conseils  de  Phinée;  retour  des 
fils  de  Borée  (408-447).  —  Épisode  de  Paraibios  (448-499).  —  Origine  des  vents  Étésiens 
(jOO-527).  —  Départ  des  Argonautes;  Athéné  aide  leur  navigation  au  travers  des  Symplé- 
gades  ()28-6i  8).  —  Craintes  de  Jason  ;  ses  compagnons  l'encouragent  (6x9-647).  — >  Arrivée 
d'Argo  à  nie  Thynias;  apparition  d'Apollon;  cérémonies  en  l'honneur  du  dieu  (648-719). 

—  Les  Argonautes  abordent  au  pays  des  Mariandyniens  (720-7$  t).  — :  Accueil  qui  leur  est 
fait  par  le  roi  Lycos  (7;2-8i4).  —  Mort  et  funérailles  d'Idmon  (81S-8S0).  —  Mort  de 
Tiph>-s  ;  Ancaios  le  remplace  comme  pilote  ;  les  héros  arrivent  à  l'embouchure  du  Calli- 
choros  (8)  1-910).  —  Apparition  de  Pombre  de  Sthénélos;  le  navire  Argo  cdtoie  les  rivages 
d'Asie  jusquà  Sinopé  (911-94)). —  Arrivée  des  Argonautes  au  cap  des  Amazones;  le 
navire  cdtoie  la  terre  des  Chalybes  (946-1008).  —  Argo  cdfoie  les  pays  de»  Tibaréniens  et 
des  Mossynoiciens  (1009- 1029).  —  Lutte  des  héros  contre  les  oiseaux  de  l'ile  Arétias 
(1030-1089).  —  La  tempête  jette-les  fils  de  Phrixos  sur  le  rivage  de  l'île  (1090-1133). — 
Jason  les  accueille  et  leur  expose  ses  projets  ;  Ai^os  dit  combien  il  sera  difficile  d'enlever 
la  toison  (1134-122$). —  Arrivée  des  héros  en  Colchide  (1226-1283). 

Chant  III Pages    91  à  135 

Invocation  à  Èrato  (i-$).  —  Héra  et  Athéné  se  concertent  sur  les  moyens  de  venir  en  aide 
aux  Argonautes  (6-3;).  —  Les  deux  déesses  se  rendent  chez  Cypris  pour  lui  demander  de 
fiiire  intervenir  Éros  (36-110).  —  Cypris  obtient  de  son  fils  qu'il  aille  firapper  d^une  flèche 
Médée,  fille  d'Aiétcs  (iix-166).  —  Jason  expose  aux  Argonautes  son  plan  de  conduite 
(167-209).  —  Arrivée  de  Jason  et  de  quelques  compagnons  choisis  au  palais  d'Aiétés 
(210-274).  —  Êros  perce  Médée  d'une  flèche  (27)-298).  —  Entrevue  d'Aiétés  et  des  héros; 
Jason  s'engage  à  entreprendre  le  travail  imposé  par  le  roi  (299-438).  —  Angoisses  de 
Médée,  occupée  du  souvenir  de  Jason  (439-470).  —  Délibération  des  héros  :  sur  les  conseils 
d'Argos,  on  îiécide  d'avoir  recours  h  riutervention  de  Chalciopé  auprès  de  Médée  (47i-)7)). 

—  Projets  d'Aiétés  contre  les  Argonautes  ($76-608).  —  Médée  promet  à  Chalciopé  de 
secourir  ses  fils  et  leurs  compagnons  (609-743).  —  Après  de  longues  hésitations,  Médée 
se  dispose  à  porter  i  Jason  les  subsunces  magiques  (744-824).  —  Médée  va  avec  ses 
suivantes  au  temple  d'Hécate  pour  y  rencontrer  Jason  (82$-9ii).  —  Jason  s'y  rend  de  son 
côté;  entrevue  du  héros  avec  la  jeune  fille  (912-114)).  —  Retour  de  Médée  dans  sa 
maison  (1x46-1162). —  Aictés  remet  les  dents  du  dragon  aux  envoyés  de  Jason  (1163- 
1190).  —  Jason  offre  un  sacrifice  nocturne  i  Hécate  (1191-1224).  —  Aiétès  se  dispose  A 
aller  assister  à  la  lutte  de  Jason  contre  les  taureaux  (x22)-X24S).  —  Jasou  se  prépare  i  la 
bataille  (1246-1277).  —  Jason  met  les  taureaux  sous  le  joug  et  force  les  géants  à  se  tuer 
entre  eux  ^1278-1407). 


TABLE    DES    MATIERES  479 

Chant  IV p«.ge»    137  à  195 

l'cnhiil  du  paliii  pcndHI  U  nuit  (î4-*i)-  —  I^"'  •"  n\Bi,iin  \tt  Argonaoi»  (M-»i).  — 
Lti  him  (DDduiKal  le  lurire  I  Ie  rive  o*  gc  Irouvi  U  loiwD  191-108).  —  Avtc  rM<  de 
Mtd^,  Juan  iVmpare  dt  l>  lolHin  d'or  <i09-iti).  -~  Dfpan  dt>  Argonaum(i)l;-iii). 

—  Aitiii  donne  l'ordn  de  pounuint  lu  hènu  (iii-i)i)-  —  PûunuiTii  [lar  Is  Colchicui, 
la  ArgoniDtn  débuqaenl  en  Piphlf^onie  (7)6-J)ll-  —  Argoi  Jcur  indi(|ue  la  rovic  i 
tmm  <];)-]9)).  —  Ln  Argoiuut»  rlntireni  din> riiRt  (194-)D3)._  LeiCokbieu 
leur  ferDcni  Je  peuage  vert  U  mer  ftO)'|)7).  —  Convention  dei  Argoneutei  itec  1h 
Coicbieni  (n^}4»)'  —  Repnxbeide  lUdte  i  Jaun  ;  le  btrcnl-ipiiie  et  ilt  décident  tou( 
deaide  tuer  Apiynoi  per  mbiwn  (j  io-444f.  ~  Imprtation  dn  potte  cnnne  Erai(445- 
4iU.  — Apiyno»  ett  tu*  pur  luon  (453-481).  —  Le»  Aiguoiuiei l'ciuberquen,  ur  le 
conieil  de  P(l*e,  et  le>  Cakbitni  montent  1  lu  ponriuivte  <48i-lii).  ~  Ln  hin» 
•bordent  ehei  lei  HjUlcni  (Sli-sti),  — 2eui  ordonne  k  Juon  et  t  Midtede  le  fiin 
puriAcr  pu  Cire*  du  meurtre  d'Apiynot  (((l'igi)-  —  Le  nuire  Arfo  entre  dam  t'Erïdin 
<;9i-<i6).  —  Il  paue  de  ce  fleuve  dam  le  Khodanot  d'où  il  ton,  ta  &ee  d«  ilei 
Steichadei  («I7-«(e).  —  Il  arrive  1  111e  de  Cint  («sf-iftt)'  —  J<>»n  et  Midte  k  font 
purifiei  pat  Cire*  (««{-717).  —  Gre«,  tj-ani  apprii  qui  eli  M*déc.  U  cbiaie  de  u 
demeure  (7iï-71>).  —  M"  ordonne  1  Th*iu  de  lecourii  le  naiire  Argo  dana  lei  difficile! 
patagea  de  Oiaiybdc  «  de  ScylU  (7) }-«}».  —  Tbiiia  va  annoncer  k  P*l*c  le  letoun  que 
Kl  Knn  el  eUe  porteront  Bui  Atgouaiti  d'iptti  lei  ordrci  d'Hcra  I8}i-U4).  —  Le 

Krraniei  ige^-}!!).  —  Arriva  dei  h*rot  tbei  l'et  Phiiiûni.  Lei  Colcliieni  viennent 

<9t>-io«7).  —  Âr*ti  obtient  d'Alcinooi  que,  tj  Mèd^  en  déj!  la  fi.-mme  de  luon.  il  ne  U 
rendra  pu  aux  ColtbleDi<i0«8-iiO9).  —  Ar*t*  provient  lason  de  la  d*dsian  d'Alc.'nooi} 

dcl  Argonautes  {1170-1317).  — '  La  tempête  jette  Argn  dam  la  Syrte  de  Libye  ^  dêtclpoir 
dtsb*roi<i]ie-i)04).  —  Lei  dtcuei  niitliirei  de  la  Libye  appiraiiaent  i  JiKin;  prodige 

épaukl  {imiu'iu  Ut  Trilon;  grlte  aua  Heipcridei,  ila  trouvent  une  (ourte  (i}tO-i4to). 

—  Qvelqnea  h*ru  vont  à  la  rttbtrthe  d'Hêrulci  li4éi-i;oi).  —  Uort  de  Mopwa 

mer  {tï;7-lfi)7).  —  £pUode  du  gfant  Talo*  (lélA-iÊ^I).  —  Arrivée  dei  b*roi  A  l'ile 
Anaphé  (.«94-17J01.  —  Le  longe  d-Eophcmoi  ;  Juun  rimerprite  (17)1-17*4),  —  Arrivie 
t  l'ile  Aiginc  (1765-1773),  —  CoutlnaiDn  du  pocmc  (177^-17»!), 

Notes Page»     197  à  407 

Chant  I" Page  1 97 

Cbanl  II —  362 

Chant  Ul -  305 

^■"""IV -  333 

Index Page»    409  à  475 

I,  —  Noms  qui  se  trouvent  dans  le  texte  el  dans  lei  notei.  Page  409 
U.  —  Noms  mythologiques,  historique  set  géographiques 

qui  ne  >e  trouvent  que  dans  les  noies —         460 

Errata Page    476 

FEB  1  fi  l')H)