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Full text of "Les aristoloches : étude de matière médicale"

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: ARISTOLOCHES 


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. ÉTUDE DE MATIÈRE MÉDICALE 


PAR 
Louis PLANCHON 
> DOCTEUR EN MÉDECINE 


1 PHARMACIEN SUPÉRIEUR 


LICENCIÉ ÈS SCIENCES NATURELLES 
CHEF DES TRAVAUX D'HISTOIRE NATURELLE A L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHARMACIE 
DE MONTPELLIER 


MONTPELLIER 


IMPRIMERIE CENTRALE DU MIDI 
(HAMELIN FRÈRES) 


3 1891 


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A MON ONCLE 


LE PROFESSEUR GUSTAVE PLANCHON 


MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR 


DIRECTEUR DE L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHARMACIE DE PARIS 


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Témoignage de reconnaissance et de vive affection. 
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AVANT-PROPOS 


Les Aristoloches, si peu employées aujourd’hui dans la 
pratique médicale, ont été longtemps considérées comme des 
médicaments de grande valeur. Au moment où tant de drogues 
anciennes sont tirées de l’oubli et deviennent l'objet de nou- 
velles expérimentations physiologiques et thérapeutiques, il 
m'a paru intéressant de revenir sur l'histoire d’un groupe 
pharmacologique dont les produits sont encore très mal 
connus, et d'indiquer dans la mesure du possible la valeur des 
échantillons qu’on en possède dans les droguiers ou qu’en 
fournit le commerce. 


Ce travail se divise en trois parties. 


I. — La première comprend les généralités sur le genre 
Aristolochia, son histoire, ses caractères, ses propriétés. 

L'étude botanique des Aristoloches doit naturellement 
tenir une place secondaire dans un travail de matière médi- 
cale, mais il est nécessaire pourtant d'indiquer avec quelques 
détails les principaux traits caractéristiques du genre, en 
insistant surtout sur les organes dont la médecine a pu tirer 
parti, eten choisissant autant que possible les exemples dans 
les espèces qui seront nommées et étudiées plus loin. C’est 
un résumé nécessaire des caractères et des propriétés dont 


le détail est exposé à propos de chaque espèce. 


VI 


II. — La seconde partie traite du groupement, de la des- 
cription et de l’anatomie de tous les types d'Aristoloches qu’il 
m'a été possible de me procurer ou de voir dans les droguiers, 
les pharmacies ou les collections diverses. Le nombre en est 
considérable. Tous les spécimensdont la détermination exacte 
n’a pu être faite, ont été du moins rapprochés des types 


connus les plus voisins. 


III. — La troisième partie comprend l'étude de toutes les 
espèces d’Aristoloches ayant été ou étant encore employées 
dans la médecine. Pour chacune on trouvera la synonymie, 
une description sommaire portant surtout sur les organes 
végétatifs, quelques mots d'historique, un exposé des pro- 
priétés, etc. 

Cette division présente, il est vrai, l'inconvénient de séparer 
la description des drogues en deux parties, car toutes celles 
que je n’ai pas eu l’occasion de voir moi-même sont décrites 
à leur place dans la troisième partie. Dès qu’il s’agit, en effet, 
d'énumérer des espèces, ilest avantageux de suivre un ordre 
botanique, et j'ai adopté naturellement pour la troisième 
partie celui de la monographie du Prodrome, si bien faite par 
M. Duchartre. Mais plusieurs des échantillons décrits ne 
peuvent être déterminés avec certitude et ne sauraient par 
conséquent se ranger sous telle ou telle espèce. D'autre part, 
il m'a semblé utile de réunir les descriptions des produits 
similaires, d'essayer d’en faire des groupes naturels, sans se 
préoccuper de la classification scientifique, et de ne faire ce 
groupement que d’après les échantillons vus. 


Pour la synonymie, j'ai tâché autant que possible de remon- 


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VII 
ter aux sources, et les riches bibliothèques de Montpellier et 
de l'École de pharmacie de Paris me l'ont très souvent per- 
mis. Chaque fois que la chose m'a été impossible, j'ai cité 
entre parenthèses le nom de l’auteur d’où l’indication est tirée. 

On remarquera peut-être que dans les descriptions j'ai 
souvent peu développé les caractères de la fleur et du fruit, 
et que j'ai, au contraire, insisté sur les organes végétatifs. 
Ce n’est point que je méconnaisse la valeur absolument pré- 
pondérante des organes reproducteurs, base même de toute 
classification rationnelle ; mais ce travail est une étude de 
matière médicale et non de botanique pure, et j'ai naturelle- 
ment parlé surtout des parties employées par la médecine. 

La constitution chimique des Aristoloches est fort mal 
connue. La plupart n’ont jamais été analysées, et celles qui 
l'ont été nécessiteraient de nouvelles recherches. Ce serait là 
un sujet de travail intéressant, car la similitude d’action de 
ces plantes doit concorder avec une grande analogie de com- 
position. Mais le présent travail n'abordera mème pas ce côté 
de la question. Je ne pourrais d’ailleurs que répéter les résul- 
tats d'analyses déjà anciennes et souvent incomplètes, et je 
prélère, n'étant chimiste à aucun degré, laisser ce point abso- 
lument de côté. 

Pour les descriptions anatomiques, je n'ai parlé que de 
celles que j'ai pu faire moi-même : elles sont donc toutes dans 
la deuxième partie. 

J'adresse ici mes meilleurs remerciements à tous ceux qui 
ont bien voulu me fournir les éléments de ce travail. Mon 
oncle, M. le professeur G. Planchon, en m'ouvrant toutes 


grandes les portes du riche droguier de l'École de pharmacie 


TOUT | A 120 
de Paris, m'a permis d’en asseoir les bases, car c'est de cette. 
source que proviennent, ainsi qu’on le verra, la plupart des +2 + 
échantillons décrits. J’acquitte donc avec joie une dette de # 
reconnaissance en inscrivant son nom en tête de cette étude; 5 
et, puisque j'ai parlé de l’École de pharmacie, je remercie 
aussi bien vivement M. Dorvault, le très zélé biblidihete "5 
dont la complaisance a singulièrement facilité mes recher= 
ches. Comme on le verra, MM. les professeurs Bureau, Beau- 
visage, Battandier, Hérail, etc., etc., m'ont envoyé de nom- | 
breux échantillons, ainsi que M. le professeur Trelease (de 
Saint-Louis), M. Doumergue (d’Oran,) et d’autres encore que ck 
je remercie cordialement. Enfin, M.le professeur Soubeiran 
m'a permis, avec son ordinaire obligeance, de puiser bien 
des documents précieux dans sa riche collection de notes. Que 
mon ami M. le professeur Gay me permette aussi de lui 
témoigner toute ma gratitude pour les conseils qu'ila bien de 


voulu me donner pour la partie anatomique de ce travail. ME: 


+# 
8 
4 


ARISTOLOCHES 


ETUDE DE MATIÈRE MEDICALE 


PREMIÈRE PARTIE 


GÉNÉRALITÉS 


ARISTOLOCHIÉES 


ARISTOLOCHIACÉES Lanpzey. — ASARINEÆ BARTLING. 


Le but de ce travail est l’étude spéciale du genre Aristolo- 
chia. On me permettra donc d’être très bref sur les caractè- 
res généraux de la famille, et de m'attacher spécialement à 
ceux des Aristoloches. 

Les ARISTOLOCHIÉES sont des dicotylédones à périanthe sim- 
ple, tantôt actinomorphe, tantôt zygomorphe, souvent coloré 
mais rarement très brillant; elles sontcaractérisées surtout 
par leurs éftamines épigynes et gynandres placées à la base 
du style. L’ovaire en est infère et renferme dans chaque lo- 
ge des ovules nombreux anatropes, auxquelles succèdent des 
graines contenant un petit embryon à la base d’un albumen 
copieux. 


ee RO 

AFFINITÉS. — La place des Aristolochiées dans la classifi- 
cation est obscure. Ce sontdes monochlamydées vraies, consti- 
tuant un groupe un peuisolé. Ellessemblentavoir d'assezgrands 
rapports avec les Monocotylédones, et sont peut-être l’un des 
termes de passage entre les deux grandes divisions des An- 
giospermes. La transition se ferait entre les ARISTOLOGHIÉES 
et les TAGCAGEES et DIOSGORÉES, ainsi que le pensait Robert 
Brown. C’est là certainement un des points les plus intéres- 
sants de l’histoire de ces plantes. 

Eichler en fait le type de sa division des HYSTÉROPHYTES, 
groupe assez hétérogène dans lequel il comprend les CYTINÉES, 
LORANTHACEES, SANTALACÉES, BALANOPHORÉES, elc.; on les 
rapproche assez généralement des CYTrINÉES, NÉPENTHÉES, 
RAFFLESIACÉES , BÉGONIÉES , DATISCÉES , LORANTHACÉES, 
CUCURBITACÉES, etc., et même des MÉNISPERMÉES.— Malgré 
quelquescaractères communs avec la plupart de ces familles 
les, Aristolochiées restent un groupe très spécial. 

On divise généralement les Aristolochiées en trois tribus : 


1°. — Les ASAREÉES à ovaire plus ou moins complètement 
infère, assez large par rapport à la longueur ; à douze étami- 
nes, dont six plus courtes libres. — Genre Asarum. 

2. — Les BRAGANTIÉES à ovaire infère, allongé, grêle, à 
quatre loges; à 6 - 36 étamines libres, égales; à capsule 
siliquiforme. — Genres T'hottea, Bragantia. 

3° — Les ARISTOLOCHIEÉES à ovaire infère, allongé, grèle, à 6 
loges (rarement 5), à 6 (rarement 5) étamines dépourvues de 
filets, extrorses, adnées par leur face dorsale à la colonne 
stylaire. Capsule globuleuse hexagone. — Genre Holostylis, 
Aristolochia. 

C'est de ce dernier genre seul qu'il sera question ici. 


bite 


GENRE ARISTOLOCHIA 


Il semble qu'il suffise d'en lire le nom pour en connaitre 
l’'étymologie, et pourtant même sur ce point les avis diffèrent. 
Aristote aurait dit que le nom venait de celui d’une femme", 
et Cicéron (de Divinatione) l'attribue à un certain Aristolochus, 
médecin grec, qui aurait le premier fait usage de la plante. 
Mieux vaut, semble-t-il, adopter l'opinion de Dioscoride et 
dire que la plante étant considérée comme apiorn tœus loyois, 
l'appellation lui en est définitivement restée * . 

Le genre étant ici compris dans sa plus grande extension, 
comme le fait Duchartre dans le Prodrome, on considère 
comme des synonymes les genres créés par divers auteurs en 
seomentantl’Aristolochia de Linné: ainsiles Endodeca, Eino- 
meia, Siphisia, Glossula, Pistolochia*, Isotrema, Niphus, 
Serpentaria, Cardiolochia, Dictyanthes, Endodeca, Siphisia 
Einomeia, Howardia ‘, Siphonolochia, Reich., Guaco Lieb., 
Clematitis, Sipho Endlich. 

Quant aux noms vulgaires, ils abondent, car les Aristolo- 
ches sont connues dans toutes les langues. Jean Bauhin * 


1 Geoffroy, Mat. medic., Ip. 18. 

? « Sarrasine est en grec dicte œprorokoyez ; en latin Aristolochia ; des 
Barbares et apothicaires, A ristologia par un mot corrompu. Or elle est dicte 
Aristolochia parce qu'elle est œprorn Tous koyots, c'est-à-dire très bonne aux 
nouvelles accouchées, comme qui tire hors les menstrues arretez et retenus, 
l’arrière-faiz et autres reliqs de superfluité qui demovrent après l'enfantement.» 
(Léonart Fuchs, Hist. des pl., 1550, p. 68. 

3 Rafin., Med. bot., p. 62. 

4 Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 593-623. 

5 Jean Bauhin, Hist. Plant., p. 556. 


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22 


en énumère un bon nombre usités de son temps. C’est le 
Hohlwurzel ou l'Osterluzei des Allemands, le Birthworth 
des Anglais, l’Osterlucie des Hollandais, le Kolz des Suédois, 
l'Aristoloquia des Espagnols, etc., etc. Les Arabes et les 
Orientaux ont aussi plusieurs noms pour désigner l’Aristo- 
loche. Bou-rochtaum ou bouroustam, ou arbre de Roustam 
chez les Kabyles, Zeraouend ou Zaraouand, etc. Il existe 
même le mot transcrit du grec, Arestouloukhya, quin’a cours 
que dans les livres ‘. Les Kabyles, dit Abd-er-Rezzag, l'ap- 
pellent aussi Faquoûs bour’ioul, c'est-à-dire concombre d'âne, 
en raison de ses fruits. 


HISTORIQUE 


Plusieurs Aristoloches sont européennes, et, comme l'odeur 
et le goût prononcés qu’elles possèdent devaient leur faire 
supposer des propriétés actives, il faut remonter très haut pour 
en retrouver la première mention. Déjà Hippocrate connais- 
sait et employait une plante qu’il nommait æprotoloyua et que 
Sprengel ? dit être l'A. Cretica, mais il est possible aussi 
que ce nom désignât plusieurs espèces auxquelles la simili- 
tude des caractères organoleptiques pouvait faire attribuer 
des propriétés identiques. 

Théophraste ne désigne pas non plus la plante ou les 
plantes dont il parle autrement que par le mot d’apiorohoyuæ. 
Sprengel * pense que c’est encore l'A. Cretica qui est en 
cause. 

C’est Dioscoride * qui le premier distingue trois sortes 


1 Abd-er-Rezzag, p.36 et 119; voyez aussi Ibn-el-Beïthar, II, p. 203, 205. 
2-24 Sprengel, Hislor. rei herbariæ, X, p. 47-102-190. 


LE Cr 
d'Aristoloches, la longue (uæxpa), la ronde (orpoyyvn) et la clé- 
matite (xAmuarrric). 

Enfin l’Aristoloche dont Pline énumère les propriétés mul- 
tiples serait, d’après Clusius ‘, l'A. Pistolochia. Pline est 
le premier à faire connaitre cette espèce. 

Pendant toute la longue période du moyen âge, la plupart 
des auteurs ou commentateurs se contentent de répéter Pline 
ou Dioscoride. Les Arabes en particulier emploient souvent 
les Aristoloches longue et ronde Massih, Badigorius, Isaac 
ibn Amran, Masserdjouih de Bassora, Ibn Semdjoun, 
Sérapion, Avicenne, Rhazès ? et tant d'autres, connus 
ou plus souvent tout à fait inconnus, vantent les vertus de 
l’Aristoloche dans telle ou telle maladie. Ibn-el-Beïthar est 
d’ailleurs le seul, ainsi que le fait observer Sprengel qui, sur 
ce point, comme sur bien d’autres, n’ait pas embrouillé la 
matière médicale au lieu de l'éclaircir. 

Vers le milieu du XVI: siècle, Léonart Fuchs discute lon- 
œuement pour savoir si nos espèces sont bien celles des 
anciens auteurs : il pense que lAristoloche longue, malgré de 
grandes différences dues peut-être au milieu ou à la culture, 
peut bien être celle de Dioscoride, mais que notre rotunda 
n'est point « la vraye et naïsve Aristoloche », et que l'herbe 
que les apothicaires allemands vendent sous le nom d’Aristo- 
loche ronde est le Pistolochia déjà décrit pas Pline *. 

A peu près à la même époque, Pierre Belon rapporte 
entre autres choses de ses fructueux voyages l'A. Bætica que 
Clusius nommera un peu plus tard, et Rauwolf décrit l'A. Mau- 
rorum (Rhazut et Rumigi). 

Puis viennent la description successive des espèces améri- 


1 Clusius, Hispan., p. 317. 
? Ibn-el-Beithar, Traité des simples, trad. Leclerc. 
3 Fuchs, Aist. PI., p. 68-70. I! faut dire que Fuchs est ici fort obseur. 


Le M 
caines : l'A. anguicida par Morison, l'A. arborescens par 
Hernandez, l'A. ringens par Marcgraff et Pison, l'A. Ser- 
pentaria par Banister. En Asie, van Rheede fait connaître 
l'A. indica, tandis que Sloane récolte aux Antilles l'A. odo- 
ratissima, que Plukenet dessine et décrit les diverses sortes 
de Serpentaire de Virginie, et que le P. Plumier trouve les 
A. bilabiata, peltata, punctata et bilobata. Plus tard, Jac- 
quin augmente encore le nombre des espèces nouvelles avec 
les À. Surinamensis, caudata, maxima, pentandra , puis 
les voyages vont en se multipliant, les travaux de botanique 
descriptive se pressent. Linné coordonne d’abord les données 
éparses jusqu à lui, puis la liste des espèces s’allonge de plus 
en plus pendant notre siècle et la fin du XVIII. — Linné en 
1753 connaissait 13 espèces d’Aristoloches, 21 en 1763 (éd. IT); 
Murray (1781), 21 également, Gmelin (1796), 26; Willdenow 
(1805),,39; Sprengel (1826), 62 * ; Lindley (1853)%,43D: 
M. Duchartre, dans sa Monographie du Prodrome (1864), en 
décrit 171, et 14 autres insuffisamment connues. Le nombre 
s'élève aujourd’hui à 200 environ. 

Ce résumé très rapide de lhistoire de nos connaissances 
sur les Aristoloches a pour complément la longue liste biblio- 
graphique qui termine le présent travail et les indications 
spéciales qui accompagnent l'étude de chaque espèce. 


CARACTÈRES DU GENRE! 


Port. — Les Aristoloches sont des plantes tantôt herba- 
cées, tantôt sous-frutescentes, dressées parfois, comme notre 
A. Clematitis, mais souvent étalées sur le sol et plus souvent 


! Sprengel, Loc. cit. 
? Kickx, Bull. ac. roy. sc., Brux., 1839. 
* Vegel. Kingdom, p. 794, édit. 


AO TE La 
encore grimpantes, sarmenteuses ou volubiles dextrorsum, 
atteignant le sommet des plus grands arbres et contribuant 
pour leur large part à former l’inextricable réseau de lianes 
de forêts vierges. Souvent les feuilles larges, persistantes, 
d’un vert agréable, deviennent vraiment ornementales. Dans 
la région mé literranéenne même, l’A. allissima sert en 
Algérie à recouvrir des tonnelles et à former des berceaux 
de verdure. Malgré la dimension de certaines fleurs et la 
vigueur de végétation de bien des espèces, les Aristoloches 
sont plus souvent bizarres que vraiment belles, et excitent 
plus de curiosité que d’admiration. Mais elles inspirent à qui 
les étudie un vif intérêt par leur étrangeté même, par l’origi- 
nalité de leurs formes, la singularité de leur mode de fécon- 
dation et par les curieuses propriétés qu’on leur attribue à 
tort où à raison. 

La TiGE aérienne est, tantôt dressée (Clematitis, maxima, 
arborea, etc.), tantôt sarmenteuse (caudata, Indica, tricau- 
data, etc.), tantôt volubile (anguicida, cymbifera,pandurata, 
Sipho, etc.), tantôt enfin couchée sur le sol (bracteata). La 
forme ordinairement cylindrique peut être plus ou moins 
aplatie, surtout dans les espèces volubiles (macrocarpa, etc.). 
Très souvent elle est striée en long: à l’état jeune (bracteata, 
odoratissima, trilobata, etc.), quelquefois renflée aux nœuds 
(ovalifolia, etc.) Chez les espèces dont les parties aériennes 
sont vivaces, ilest fréquent de voir la base des tises se recou- 
vrir d’une couche épaisse de suber souvent crevassé, fort 
important à connaître et dont il sera question plus loin 
(Mil-homens, etc.). Mais même dans ce cas, la tige n’atteint 
Jamais un diamètre très considérable ; souvent elle reste grêle 
et disparaît chaque année (Clematitis, rotunda, etc.). La 
couleur à l'état jeune en est verte ou glauque, à moins 
que la teinte n’en soit masquée par des poils persistants ou 
caduques (grandiflora, etc.). Les tiges subéreuses ont une 


OS 
couleur plus ou moins foncée, variant peut-être dans la même 
espèce, en tout cas dans des espèces très voisines. Toutes 
présentent l'odeur caractéristique des Aristoloches. 

Les tiges peuvent en outre présenter des parties souterrai- 
nes et constituer de véritables RHIZOMES. C’est le cas de notre 
À. Clematitis, et des Serpentaires de Virginie, par exemple, 
l'une à rhizome allongé avec quelques fibres radicales, l’autre 
* au contraire à souche petite, très courte, et chargée de racines. 

On a diversement interprété la valeur morphologique des 
tubercules renflés et gorgés de fécule qui caractérisent cer- 
taines espèces et tout spécialement nos A. longa, rotunda, 
pallida, Fontanesii, etc. Les uns leur donnent le nom de 
racines, d’autres y voient des rhizomes, d’autres enfin les 
désignent sous quelque dénomination plus vague, telle que 
tubercule, souche, pivot, etc. Il faudrait pour résoudre cette 
question étudier la formation du tubercule à son début, ce 
que je n'ai pu faire en temps utile. Il est fort probable quil 
en est de ces tubercules comme de ceux des carottes, par 
exemple, chez lesquels la racine et la tige entrent chacune pour 
une part dans la formation du pivot. Une sorte de petite 
crête circulaire (non constante) semble même indiquer ici la 
limite entre les deux organes. Généralement ces tubercules 
portent à l'extrémité supérieure un certain nombre de tiges 
menues, eten bas ou sur les flancs quelques radicelles assez 
peu nombreuses. 

Chez les espèces dont le rhizome est bien caractérisé, 1l est 
défini (Serpentaria, etc.). La direction en est verticale, hori- 
zontale ou oblique. 

Si l’on sectionne transversalement une tige d’Aristoloche, 


on voit que le corps ligneux central présente une disposition 


caractéristique, souvent décrite et que l’on peut résumer en 
quelques mots: du centre, pourvu ou non d’une moelle, par- 
tent des faisceaux ligneux séparés par des rayons médullaires 


RAT 
de largeur variable. À peu de distance du centre, chaque 
faisceau est divisé en deux par un rayon médullaire de 
deuxième ordre qui part de l'Écorce et n’atteint pas le centre. 
Plus loin encore, chacune des deux branches ainsi formées se 
bifurque à son tour de part et d’autre d’un rayon médullaire de 
troisième ordre. La dichotomisation s'arrête 1à d'ordinaire, 
mais elle peut aller plus loin. On voit que le Cambium, dont la 
face interne formait du bois sur presque toute la circonférence 
et du parenchyme seulement en quelques points, arrête au bout 
d’un certain temps la formation du bois sur un point nouveau 
au milieu de chaque faisceau. Lorsque les rayons médullaires 
sont larges, cette disposition est très nette à l'œil nu. Un 
phénomène analogue, mais bien moins visible, se produit du 
côté du liber. 

Les rayons médullaires peuvent devenir énormes, les cel- 
lules, dans ce cas, se gorgent d’une fécule blanche, et les 
faisceaux vasculaires sont noyés dans cet abondant paren- 
chyme. C’est le cas de nos Aristoloches tuberculeuses, dont 
le parenchyme cortical subit aussi la même hypertrophie. 

L’ A. Sipho, par une exception rare, présente des zones 
concentriques dans le bois. 

Quant à l'écorce, elle est assez variable d'épaisseur. Elle 
contient très fréquemment des cellules pleines d’une oléo- 
résine Jaunâtre ou rougeûtre, et très fréquemment aussi de 
lamidon en abondance. Une zone plus ou moins épaisse et 
plus ou moins continue de cellules scléreuses et de fibres pro- 
tège d'ordinaire les parties profondes. Les cellules sclérifiées 
et les fibres péricycliques à paroi jaune sont fréquentes entre 
le parenchyme cortical et l’axe ligneux. On trouvera d’ailleurs 
les détails sur la constitution anatomique des Aristoloches 
dans la deuxième partie. 


RAGINE. — Elle est fréquemment fibreuse (Clematitis, Pis- 
tolochia, Serpentaria, reticulata, etc.), souvent aussi épaisse 


AIRE 
et pivotante (fragrantissima, hirta, etc.), ou cylindrique, sim- 
ple et verticale (bracteata) ou rameuse (Indica, trilobata, an- 
guicida, etc.). Chez certaines espèces, ces racines partent 
d’un même point et se renflent bientôt en un tubercule ovoïde 
ou turbiné, que l’on compare immédiatement aux renflements 
de la filipendule (tenera, filipendulina). Les parties exté- 
rieures de ces racines peuvent être couvertes d’un suber plus 


ou moins épais (anguicida, beaucoup de Guacos, etc.) et con- 


tiennent parfois un suc coloré odorant (anguicida, maxima). 
Les racines un peu âgées, telles qu’on les rencontre ordinai- 
rement dans les droguiers, ressemblent souvent beaucoup à 
des tiges, et la distinction n’est pas toujours facile. Chez cer- 
taines, l'aspect de la section transversale est le même ; chez 
d’autres, au contraire, les tiges et les racines de la même 
plante ont un aspect tout différent. On en trouvera des exem- 
ples dans la description des drogues. 

FEUILLES. — Toujours alternes mais simples, elles présen- 
tent de nombreuses variétés de forme et diffèrent souvent sur 
le même pied. Elles ont une divergence de 1/2 et cette diver- 
gence se conserve d’une branche à l’autre, la première feuille 
du rameau étant opposée à la feuille mère ‘. 

La feuille peut être sessile ou subsessile (reticulata), mais 
d'ordinaire elle est pétiolée, souvent longuement, et le pétiole 
peut même être plus ou moins tordu (macroura, ringens, 
barbata, etc.). La base en est très souvent un peu engainante, 
en tout cas dilatée et protégeant les jeunes bourgeons. Ceux- 
ci sont fréquemment multiples à l’aisselle de la même feuille 
et superposés en ligne verticale au-dessus du milieu de Pat- 
tache foliaire. 

Les dimensions sont parfois considérables, mais on trou- 
verait tous les intermédiaires entre les larges feuilles de 


! Van Tieghem, Tr, de bot., éd. I, p. 330. 


Id 
quelques lianes tropicales et les petites feuilles de certains 
échantillons d'A. bilobata, par exemple. Épaisses quelquefois 
et rudes au toucher (reticulata, etc.), les feuilles sont d’autres 
fois très minces et délicates (Serpentaria). 

La couleur, ordinairement différente sur les deux faces, 
est plus verte sur la face supérieure, assez souvent glauque 
en dessous. Dans les herbiers, quelques-unes restent vertes, 
la plupart deviennent brunes ou noires. 

Mais ce qui varie le plus est la forme du limbe. L'aspect or- 
dinaire est plus ou moins triangulaire et rappelle les feuilles 
de Convolvulus ou de Smilax. Chez la plupart, la base en 
est plus au moins cordée, mais le sinus est tantôt très large, 
tantôt au contraire très étroit; de chaque côté de ce sinus la 
feuille forme fréquemment des auricules de forme diverse 
(Maurorum, pandurata, caudata, etc.). Souvent aussi la base 
du limbe se prolonge en coin sur le pétiole; d’autres fois au 
contraire le sinus est à peine indiqué (maxima, clypeata, etc.) 
ou même disparaît complètement. Le sommet est plus varia- 
ble encore que la base. Tantôt acuminé longuement et aigu 
(grandiflora, rumicifolia, ete.), il est d’autres fois au contraire 
très obtus (bracteata, labiosa) et la feuille devenant quelque- 
fois plus large que longue peut être tout à fait réniforme 
(Chilensis, nummularifolia, orbicularis, etc.). 

Le sommet lui-même est souvent échancré (caudata, Fon- 
tanesti, etc.) ; souvent aussi le limbe se divise plus ou moins 
profondément en deux (bilobata) ou trois (frilobata) lobes qui 
eux-mêmes peuvent présenter des subdivisions (platanifolia). 
Les noms de hastata, ovalifolia, pandurata, acutifolia, del- 
toïdea, triangularis, cynanchyfolia, microphylla, etc., etc., 
donnés à diverses espèces indiquent suffisamment cette 
variété d'aspect. 

A ces différences dans la forme correspondent des variétés 
dans la nervation. En général, les feuilles sont palminerviées 


Le np 


où pédalinerviées, d'autres fois penninerviées, tout en restant 
trinerves ou triplinerves à la base (maxima, etc.) souvent 
aussi les nervures sont assez saillantes à la face inférieure et, 
s'anastomosant abondamment, forment un réseau plus ou 
moins réculier reticulata, maxima, etc.). Les trois nervu- 
res principales parcourent quelquefois parallèlement toute la 
hauteur de la feuille (labiosa etc.) D’autres fois la nervation 
des lobes est parallèle (bilobata, elc., etc.). « 

Mais le point le plus intéressant ici est la variabilité de 
forme des feuilles sur la même plante ou sur des exemplai- 
res de la même espèce. Cette variabilité a une grande impor- 
tance parce qu’elle empêche de rapprocher ou de distinguer 
telle ou telle drogue d’une autre par le seul examen des feuil- 
les. Ainsi, chez l'A. Indica, il existe des formes de feuilles 
fort différentes, sur lesquelles même on a basé des variétés. 
L'A. Serpentaria présente aussi des variations de même or- 
dre dont nous aurons l’occasion de parler. Le bilobata a tan- 
tôtun petitlobe moyen très réduit, tantôt pas du tout. Le trilo- 
bata est soumis à des variations incessantes et le même pied 
offre tous les intermédiaires entre les extrêmes. D'autres 
ont leurs feuilles tantôt cordées à la base, tantôt non (pandu- 
rata, maxima, etc.) Sans trop insister sur ce point, il est bon 
d'en indiquer ici l'importance, car on en trouvera plus loin 
les applications. 

Les feuilles sont parfois glabres, tantôt au contraire pubes- 
centes ; souvent couvertes de poils à l’état jeune, elies s’en 
dépouillent plus tard. Ces poils peuvent aussi être localisés 
sur la face inférieure ou les nervures. Ils sont souvent assez 
rudes et garnissent fréquemment aussi les pétioles et les jJeu- 
nes tiges. 

Les Aristoloches n'ont pas de stipules. La chose est fort 
évidente dans bien des cas. Mais, chez beaucoup d’espèces, la 
base du pétiole est accompagnée d’expansions foliacées simu- 


Par VE 

lant des stipules. Ces prétendues stipules des Aristoloches 
sont ainsi que l’a démontré M. Duchartre ‘, la premiére 
feuille soit d'un rameau-pédoncule, soit d’un rameau feuillé, 
soit enfin d'un axe d’inflorescence. Ces fausses stipules exis- 
tent surtout dans les espèces américaines à grande fleur bi- 
labiée et dans celles munies d’une queue. Elles manquent chez 
beaucoup d'espèces et peuvent même diminuer ou faire dé- 
faut chez celles qui en ont d'ordinaire (A. Sipho, etc.) Il en 
existe une où deux de forme d'ailleurs assez diverse, tantôt 
cordiformes (anguicida) tantôt réniforme (macroura) ou pres- 
que réniforme (cymbifera) etc., etc. 

Enfin parfois, tandis que certaines feuilles atteignent leur 
complet développement, d’autres sont réduites à l'état de brac- 
tées scarieuses ou même de simples écailles disposées en- 
nombre variable sur le pédoncule floral (Serpentaria, Sipho, 
etc.) 

Les Aristoloches portent fréquemment à l’aisselle de leurs 
feuilles plusieurs bourgeons, dont les uns sont destinés à don- 
ner des rameaux feuillés et les autres à former des pédoncu- 
les floraux. Ces bourgeons sont superposés (A. Sipho, etc.). 


FLEURS. — Elles sont ordinairement solitaires (anguicida, 
grandiflora, rotunda, etc.) plus rarement fasciculées, for- 
mant alors fréquemment une petite cyme (Clematitis, Duchar- 
træi, etc.) très rarement par deux (maxima, var. geminiflora). 

Elles naissent dans la règle à laisselle des feuilles cauli- 
naires, plus ou moins loin de la base de la plante, et sur les 
parties jeunes. Cependant, chez quelques-unes, les fleurs ter- 
minent des pédoncules qui sortent des écailles foliaires de 
la base de la tige (Serpentaria, hirsuta, etc.). Le pédoncule 
floral est quelquefois court (rotunda, longa, etc.), tantôt 


1 Duchartre, Sur les prétendues stipules des Aristoloches (Bull. Soc. bot. 
Fr. 1, p. 56). 


Do 


A 


au contraire fort long {cymbifera)et dans ce cas souvent brac- 


téolifère (grandiflora, hirsuta, etc.). 
Elles sont hermaphrodites. 


A. Périanthe. — Ce sont de vraies monochlamydées, 
chez lesquelles on ne trouve jamais qu'une enveloppe florale. 
Mais celle-ci est souvent intéressante par son étrangeté. 


Forme. — Toujours très zygomorphe, le périanthe unique 
est tubulaire, quelquefois droit (Fontanesii, Clematitis, etc.) 
mais souvent au contraire contourné en V, en U, etc. (Bætica, 
Sipho, grandiflora, etc.). Il sarmonte un ovaire infère, et dé- 
bute dans la plupart des cas par un renflement, l’utricule, 
dont la forme, la couleur, les dimensions varient à l'infini, 
mais qui d'ordinaire est sphérique (Clematitis, ete.) ou allongé 
(cymbifera, Goldieana, etc.). Au-dessus le tube se rétrécit 
presque toujours et souvent se recourbe, mais à des degrés 
divers et sur une longueur variée, puis il s'étale en un limbe 
de forme spéciale et caractéristique pour chaque espèce. Ici, 
c’est une languette unique (Clematitis, rotunda) qui parfois 
même, est peu marquée, en sorte que le tube du périanthe 
est simplement coupé obliquement (Bætica, etc.) ; là, le limbe 
se sépare en deux lobes inégaux dont l’un forme une large 
lame étalée (cymbifera, labiosu, etc.). Telle fleur vue de face 
est cordiforme (pandurata, cordiflora), telle autre a 3 lobes 
sensiblement écaux (Goldieana). Extérieurement, les nervures 
font souvent une saillie très prononcée et dessinent un reti- 
culum remarquable (Goldicana) ; parfois aussi les angles, les 
pointes se prolongent en 1-3 appenices, flexueux, étroits, 
colorés, dont la longueur parfois démesurée dépasse de beau- 
coup celle de là fleur elle-même (#rilobata, grandiflora, tri- 
caudata, ete.). De tout cela résultent des formes fantastiques 
de cornets, d'oreilles, de sacs, de cœurs, de pipes, de casques, 
de tètes d'animaux, qui de tout temps ont frappé l’imagina- 


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Eébattit nt. bles hs he 


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199 = 
tion des indigènes et des voyageurs, et dont on retrouve la 
trace fréquente dans les noms donnés à bien des espèces 
(galeata, ornithocephala, cordiflora, etc.). 

D'ailleurs, les dimensions, le coloris, l'odeur viennent à leur 
tour ajouter à l'intérêt qu'inspire la bizarrerie de la forme. 


Dimension. — Il est des Aristoloches à fleurs très petites, 
très humbles, cachées parfois sous les détritus (Serpentaria), 
ou en tout cas fort obscures. La plupart des espèces de nos 
pays sont dans ce cas. Mais il en est à côté d'elles dont les 
dimensions ne le cèdent qu'à celles des Rafflésiacées : (A. gi- 
gantea et cordiflora par exemple, dont le limbe atteint 
30 centimètres sur 26; A. grandiflora, qui en mesure ?2?). La 
longueur du Weddellii n'est pas moindre de 40 centimètres. 
Le Goldieana forme une coupe de 20 centimètres de diamètre 


sur une longueur totale de 38 centimètres (en y comprenant 


l’utricule mais non les appendices). Plus petits, mais très 
vrands encore sont les cymbifera, labiosa, galeata, Brast- 
liensis, etc., etc. 

Couleur. — Rarement brillante (pandurata), elle est le plus 
souvent sombre ou livide ; les Aristoloches ont un aspect peu 
agréable, triste, plutôt répugnant, dû à leurs couleurs fon- 
cées, rouges où brunes, noirâtres ou violacées, tantôt tache- 
tées, marbrées de jaune ou de blanc sale, rappelant la peau 
des serpents. Le grandiflora, par exemple, est marqué d’un 
réseau brun, les A. ornithocephala, cymbifera, etc., sont 
mouchetés de gris, etc., etc. La couleur jaune est fréquente 
aussi. Très souvent enfin, la couleur de la languette diffère 
de celle du reste, et l'extérieur du périanthe présente d’autres 
teintes que l'intérieur (Goldieana, tricaudata, etc., etc.). 


Odeur. — Elle est bien plus repoussante encore; sauf de 
rares exceptions (odoratissima)', cette odeur rappelle celle des 


1 Dans le catal. du Brésil de l'Exposition de 1867, on trouve Huile essen- 


AE 
matières animales en putréfaction: du poisson pourri (cym- 
bifera) du Chenopodium Vulvaria (grandiflora) voire même, 
dit-on,des excréments (Maurorum); ces odeurs nauséabondes 
attirent les insectes qui doivent opérer la fécondation; elles 
sont spéciales à la fleur. Ce n’est point là l'odeur « d’aristo- 
loche », odeur sui generis querépand la plante tout entière 
et qui se retrouve à peu près chez toutes les espèces du genre. 

Beaucoup de fleurs d’Aristoloches sont hérissées de PoILs 
plus ou moins denses, qui parfois recouvrent toute la surface 
externe et interne (hirsuta, etc.), qui d’autres fois sont localisés 
dans l'intérieur et y jouentun rôle spécial dans la fécondation 
(macroura, trilobata, Tlematitis, etc.). La longueur, la gros- 
seur, la situation de ces poils qui sont parfois glanduleux 
varient beaucoup (barbata, cretica, glandulosa, etc., etc.), on 
en trouve aussi souvent sur le pédoncule floral. 

L'époque de la floraison varie un peu suivant les espèces et 
les latitudes. Les Aristoloches de nos pays fleurissent pour 
la plupart en avril, mai, juin. Les espèces tropicales s'ouvrent, 
dit-on, d'ordinaire pendant la saison des pluies et fructifient 
pendant la saison sèche. C’est ce que Karsten a observé aux 
environs de Caracas‘. L’A. altissima fleurit en Algérie dès 
le mois de décembre. 


B. Androcée. — Les Aristoloches ont six étamines, saw 
le groupe Einomeia qui n’en a que cinq et qui contient entre 
autres espèces les A. pentandra, fœtida, micrantha, brac- 
teosa, variifolia, etc. Les étamines, très curieuses par leurs 
rapports avec la colonne stylaire, à laquelle elles sont ados- 
sées par toute leur surface interne, sont biloculaires, à loges 


tielle d’Aristoloches. Peut être est-ce de l'odoratissima qu'il s'agit, bien que 
cette espèce soit surtout du Mexique et des Antilles ; mais, s'il s’agit d'une 
autre, l'odeur en doit être moins qu'agréable. 

1 Flore des Serres, II, p. 251. 


parallèles, et s'ouvrent par une fente longitudinale. Naturel- 
lement extrorses par leur position même, elles sont d'ordi- 
naire rangées en un verticille régulier et également éloignées 
lune de l’autre. Mais parfois aussi elles se réunissent par 
paires en trois groupes de deux, opposés aux lobes de la colonne 
stylaire, et qui tantôt se touchent presque (section Asteroly- 
tes) tantôt sont plus ou moins éloignés (section Siphisia). 
Lorsque les anthères sont isolées, elles sont également oppo- 
sées aux lobes de Ja corolle. Les filets manquent complète- 
ment. L'ensemble des styles, stigmates et étamines, forme un 
oœynandrophore épigyne *. 


D. Gynécée. — L’ovaire est infère, allongé, mince, par- 
fois claviforme (grandiflora, etc.), divisé en 6 ou 5 loges pluri- 
ovulées. La colonne stylaire est simple *, un peu fendue en 
haut, ou bien divisée en 3 ou 6 lobes (rarement 5), de forme 
assez variée. 

A l'angle interne de chaque loge s’attachent de nombreux 
ovules horizontaux anatropes. 


Frurr. — C'est une capsule à 6 loges (ou 5) tantôt courte, 
tantôt, au contraire, allongée, souvent hexagonale, mais fré- 
quemment aussi sub-globuleuse, à sommet ombiliqué ou non. 
La couleur est souvent verte et devient, par la dessiccation, 


! C’est là du moins l'opinion généralement admise depuis Linné, qui mettait 
les Aristoloches dans sa gynandrie-hexandrie. Mais M. Van Tieghem, dit 
dans son Trailé de Botanique (Ed. 1, p. 422) : « Les styles et les stigmates 
avortent, et les six carpelles se réduisent à leurs ovaires. Ce sont alors les 
connectifs des anthères, épaissis, soudés! atéralement en tube, développés et 
couverts de papilles vers le haut qui jouent le rôle des stigmates et du style. 
On pourrait croire le style et le stigmate concrescents avec l’androcée., ».. 
Et plus loin (ibid., p. 1427), «les anthères sont tantôt libres et tantôt soudées 
en un tube qui surmonte l'ovaire et qui joue le rôle de canal stylaire...»., etc. 

? On vient de voir que pour M. Van Tieghem il n'y a « ni style, ni stigmate, 
la pollinisation se faisant sur les epais connectifs des anthères, » (Loc. cit., 
page 1428). 


2 06e 
blanchâtre (bracteata, Kaempfcri), ou d’un brun plus ou 
moins foncé. La consistance est également très variée : quel- 
quefois papyracée et très fragile (Kaemp/eri) et parfois, au 
contraire, très résistante et dure (maæima). La taille varie 
depuis le petit frait de l’A. Serpentaria jusqu'à celui de PA. 
macrocarpa auquel Aubry-Lecomte attribue une longueur 
de 53 centimètres! La déhiscence est septicide et commence 
presque toujours par la base. Il arrive parfois que le pédoncule 
est lui aussi fendu en long et que les carpelles restant unis 
par le sommet, le fruit ouvert a l'aspect d’une corbeille ou 
d'un encensoir. La face interne et les cloisons des carpelles 
sont souvent luisantes, comme soyeuses. 

L'odeur de ces fruits frais est celle de la plante en général. 
On en cite pourtant de parfumés, comme ceux de l'A. ma- 
crocarpa. 


GRAINES. — Très nombreuses dans chaque loge, leur nom- 
bre varie avec la hauteur de celle-ci. Elles sont horizontales, 
empilées, insérées à l'angle interne des loges. Leur forme est 
d'ordinaire triangulaire très aplatie, le testa s’élargissant en 
membrane tout autour. La face supérieure, souvent concave, 
est parcourue par un raphé épais, saillant, large, subéreux, 
terminé par une chalaze; la face inférieure est ordinairement 
convexe. 

Ces graines contiennent un albumen abondant, charnu ou 
sub-corné, avec un tout petit embryon droit, basilaire, axile, 
à radicule plus longue queles cotylédons et dirigée versle hile. 
Les cotylédons très courts, à peine visibles avant la germi- 
nation, sont égaux ou presque égaux. 


FÉCONXDATION. — Les phénomènes de fécondation chez les 
Aristoloches sont très remarquables et ont été étudiés avec 
grand soin. Je n’ai pas l'intention de traiter ici cette ques- 
tion de physiologie, fort intéressante à coup sûr, mais à 


on. 


laquelle je n’apporterais aucun fait nouveau et qui, d'ailleurs, 
me ferait sortir tout à fait du cadre de cette étude. Je renvoie 
donc aux traités de Darwin, de Delpino, etc.,etc., et je résume 
la question en quelques lignes. 

La fécondation est toujours croisée, les fleurs étant dicho- 
games-protogyniques, chose assez rare chez les plantes en- 
tomophiles. Comme chez les Orchidées, l'intervention des 
insectes est nécessaire, mais ici ce sont les mouches qui sont 
les agents ordinaires de la fécondation. Elles s’introduisent, 
chargées de pollen, dans la cavité d’une fleur récemment ou- 
verte et trouvent, dans la chambre formée par l’utricule et 
limitée par la région réirécie du tube, des étamines non en- 
core mûres, et un stigmate déjà prêt à recevoir le pollen. Des 
dispositions spéciales de poils les empêchent de sortir de leur 
prison, et pendant leur séjour forcé elles opèrent la féconda- 
tion de la fleur ; quelque temps se passe, les lobes stiomati- 
ques s’incurvent vers le haut, mettant au jour les étamines 
qui s'ouvrent, et l’insecte se charge, dans ses mouvements. 
d’une quantité nouvelle de pollen. À ce moment les poils, dont 
la direction empêchait tout retour vers le dehors, se flétris- 
sent et tombent, et l'insecte, tout couvert de pollen, prend son 
vol vers la lumière et court à une fleur nouvelle, où il s’em- 
prisonne de nouveau. Ces dispositions merveilleuses, obser- 
vées en partie déjà par Fabricius et par Sprengel, puis par 
Hildebrandt, se trouvent chez toutes les Aristoloches avec des 
modifications de détail. Elles s’accompagnent souvent des 
mouvements de la fleur, qui s’abaisse après la fécondation et 
dont la languette vient obturer l'orifice, désormais inutile. 
C'est là un type d'appareil à prison temporaire. Delpino fait 
Justement observer que ce type est approprié aux moucherors 
ou bien aux mouches de viande et insectes de cadavre, et qu'il 
existe une remarquable harmonie de couleur et d'odeur en vue 
d'attirer les fécondateurs : l'odeur urineuse domine chez les 


RAS 

micromiophiles ‘ dont l'ouverture est petite, et l'odeur ca- 
davérique chez les sapromiophiles, visitées par les mouches 
plus grosses. Quant aux couleurs, elles rappellent aussi les 
matières décomposées, les chairs putréfiées ; le périgone est, 
en effet, livide, luride, noir pourpré, noir vineux, rouge de 
sang, noir bleuâtre, tigré, maculé, strié, etc. Les insectes sont 
donc attirés à la fois par la vue et par l’odorat. 


L’étude.anatomique des organes végétatifs employés sera 
faite avec détails dans la seconde partie. Je n’étudierai d’ail- 
leurs que l'anatomie de drogues et je renvoie pour l’étude 
histologique des plantes fraiches aux traités spéciaux ou aux 
divers travaux de Decaisne, Duchartre, Janczewski, Strass- 
burger, Hérail, etc., ete., qui ont surtout pris comme type les 
A. Clematitis et Sipho. 


DISTRIBUTION GEOGRAPHIOUE 


Les Aristoloches sont répandues à la fois dans la zone 


tropicale et dans les régions tempérées des deux mondes. : 


Mais elles ne remontent jamais bien haut vers le Nord. Notre 
A. Clematitis que l’on rencontre encore en Angleterre, l'A. 
contorta du nord de la Chine, sont des exceptions à cette 
règle. 

Le pays par excellence des Aristoloches est l'AMÉRIQUE 
TROPICALE depuis le Mexique jusqu'au sud du Brésil. C’est 
là que nous rencontrons en particulier la majeure partie des 
espèces étudiées dans ce travail. Dans cette région, la plu- 
part sont des lianes souvent très longues, et tout le groupe 
des Guacos et Mil-homens en tire son origine. Les A. Bra- 
siliensis, Claussenti, cymbifera, antihysterica, cordigera, 
galeata, gigantea, rumicifolia, macroura, filipendulina, 


! Dans les micromiophiles j'ai trouvé souvent des pucerons. 


his timth at Ai).S. 


DURE — ME 


C0 


etc.,etc., sont du Brésil; les cordiflora, ringens, Goudotü, de 
la Colombie ; les fragrantissima du Pérou surtout; le Chiqui- 
tensis de Bolivie; le Chilensis du Chili; les Surinamensis, 
macrophylla des Guyanes,; les pandurata, barbata, du Véné- 
zuéla etc. D’autres s'étendent sur plusieurs pays, comme le 
grandiflora qu’on trouve au Brésil, aux Antilles, en Colom- 
bie, au Guatemala, etc., le maxima de toute l'Amérique cen- 
trale, le frilobata du Brésil et des Antilles. Le Mexique est 
aussi riche en espèces, entre autres l'odoratissima qui des- 
cend aussi dans l'Amérique centrale, les tricaudata, Turba- 
censis, ovalifolia, fœtida, etc., etc. Les Antilles en possè- 
dent beaucoup également, tantôt communes avec les régions 
voisines de l'Amérique centrale où méridionale (anguicida 
grandiflora, odoratissima, trilobata, etc.), tantôt plus spé- 
ciales (bilobata, etc.), ou même appartenant à une seule ile, 
comme les À. peltata, punctata ou caudata de Saint-Domi- 
nique, les glandulosa, pentandra de Cuba, etc. 

Sans quitter le Nouveau Monde, signalons dans l'AMERI- 
QUE Du Norp quelques espèces importantes: les A. Serpen- 
taria, reticulata, Sipho, tomentosa, etc., ctc., toutes des 
États-Unis. 

La REGION MÉDITERRANÉENNE, bien qu’elle n'offre qu'un 
nombre relativement restreint d'espèces, est fort intéressante 
pour nous, car à ces espèces dès longtemps connues ont été 
attribuées bien des vertus réelles ou imaginaires. Les A.longa 
rotunda, pallida, Clematitis, Pistolochia ont encore leurs 
usages locaux. Les unes (roltunda, etc.) sont largement répan- 
dues dans l’Europe méridionale et l'Afrique du Nord, d’au- 
tres s'étendent seulement dans la région orientale de la 
Méditerranée: ainsi les A. altissima, hirta de l'Algérie à la 
Syrie, pallida depuis Nice jusqu’en Asie Mineure ! ; d'autres 

f On peut comprendre encore dans cette région l'A. Mawrorum, qu'on 


rencontre en Orient, à Alep, etc., et l'A. Pontica des bords de la mer Noire et 
de la Caspienne. 


2f- ue 
occupent, au contraire, plutôt la résion occidentale, comme le 
longa qui va jusqu à Madère, et le Pis{olochia qui s'étend de 
l'Italie au Portugal; d'autres enfin, plus localisées, habitent 
une région spéciale, comme le Fontanesii d'Alsérie et les 
semperoirens et Cretica de Crète. Presque toutes ces espè- 
ces occupent une zone assez restreinte au bord de la mer ct 
ne pénètrent œuère dans le continent. Le Clemalitis est, au 
contraire, dispersé dans toute la France et dans l'Europe 
moyenne. 

L'ASIE, bien moins riche en espèces que l'Amérique, en 
offre surtout moins d'intéressantes pour la matière médicale. 
L’A. bracteata, dont les usages sont fort nombreux, a une 
aire très étendue, car on la retrouve depuis l'Inde jusque 
dans l'Afrique centrale. L’Indica n'est pas non plus spéciale 
à l'Inde et s'étend jusqu'en Australie. Ce sont là les deux 
espèces les plus importantes. Le contorta du nord de la Chine, 
le Kaempferi du Japon n’ont qu'un intérêt secondaire et 
l’étude des autres est du ressort de la botanique pure. 


Le CONTINENT AFRICAIN, plus pauvre encore, n'offre aucune . 


espèce intéressante, et c’est à peine si nous nommerons 
en passant l'A. macrocarpa du Gabon, et l'A. Goldieana du 
Calabar et de Sierra Leone, l’A. acuminata des Mascareignes 
et de Madagascar. Enfin les quelques espèces d'Australie ou 
de la Malaisie n’ont aucun intérêt : il n’en sera pas parlé. 

En somme, toutes les espèces importantes étudiées ici 
proviennent : 1° de l'Amérique tropicale ; 2 des États-Unis ; 
3° de la région méditerranéenne ; 4 de l'Inde. 


STATIONS. — Les Aristoloches sont ordinairement grim- 
pantes, sarmenteuses ou volubiles. Aussi cherchera-t-on la 
plupart des espèces dans les haies, dans les taillis, ou même 
sur les arbres dont les branches leur servent de support et 
d’où elles retombent souvent en guirlandes gracieuses. Pour- 


+ seul 


ob 2 
tant l'habitat est quelquefois différent : ainsi en Algérie on 
trouve l'A. alhissima dans les haies, le longa dans les prairies, 
le glauca sur les rochers. Dans notre pays, l'A. Clematitis est 
une plante des vignes ou des champs cultivés, tandis que le 
rotunda se montre assez indifférent au milieu, que le longa 
se cache dans les talus herbeux des bords des champs, etque le 
Pistolochia se plaît au contraire souventdans leslieux stériles. 
entre les rochers de nos garrigues. La même diversité se 
rencontre, semble:t il, pour les espèces exotiques : ainsi l'A. 
caudata est indiqué à St-Domingue dans les lieux arides, le 
cymbifera dans les haies ombragées du Brésil. La plupart des 
espèces semblent demander pourtant à la fois la chaleur et 
Phumidité. 

Quelques espèces s'élèvent un peu en altitude : le saccata 
du Bengale orientale et du Népaul croît entre 650 et 1,000 
mètres, le platanifolia de l'Inde atteint de 1,000 à 1,250 mè- 
tres ; le /ætida du Mexique se rencontre à 1,950 mètres, etc. 

La plupart ne sont pas spéciales à tel ou tel terrain. Cepen- 
dant quelques-unes recherchent les sols calcaires, comme 
notre rotunda, le bilabiata de St-Domingue, etc. 

Quelques Aristoloches sont fréquemment cultivées dans les 
serres chaudes ou tempérées des jardins botaniques, où elles 
réussissent d'ordinaire assez bien, et fleurisent même sans 
exiger des soins spéciaux. Parmi les plus brillantes, on peut 
citer les saccata, grandiflora, labiosa, cymbifera, ornithoce- 
phala, gigantea, trilobala, elegans, etc., etc. On leur donne 
en général un sol assez riche en humus et frais, pendant la 
végétation. La multiplication se fait par boutures ou marcot- 
tes, suivant les espèces. 


CLASSIFICATION 


Le œenre Aristolochia est extrêmement vaste et nécessite 
des subdivisions. Pour quelques auteurs, ces divisions ont la 
valeur de genres ; pour d'autres, ce ne sont que des sections. 
Pour lasimplicité de l'exposition, nous adopterons ici l’arran- 
sement que M. le professeur P. Duchartre a suivi dans l’ex- 
cellente monographie des Aristolochiées publiée par lui dans 
le Prodrome. 

Le genre est scindé d’abord en deux divisions, d’après le 
style à 3 ou à 6 (ou 5) lobes, et d’après les étamines qui sont 
réunies par paires ou séparées. 

La première division comprend trois sections : 

Jo Asterolytes, formée uniquement des A. serpentaria et 
reticulata des États-Unis; 

20 Siphisia, contenant les À. Sipho, tomentosa et tripteris 
des États-Unis, saccata, platanifolia, etc. de l'Inde, et trois 
ou quatre autres espèces. 

3° Hexodon avec deux espèces japonaises, dont l'A. Kaemp- 
feri et une espèce du Guatemala (sericea). 


La deuxième division comprend également trois sections : 

1° Gymnolobus. C’est la plus importante de toutes et elle 
peut être subdivisée plusieurs fois. C’est là que sont la plu- 
part des espèces intéressantes de Amérique tropicale. 

2 Diplolobus avec les espèces méditerranéennes et in- 
diennes ; 

3 Acerostylis, qui ne contient que la seule À. rigida. 

Je ne donneici ni la synonymie de Rafinesque ou de Klotzsch, 
ni le détail des subdivisions. Il suffit d'indiquer les lignes 
sénérales qui seront suivies plus tard dans la description des 
espèces, La classification de M. Duchartre à le grand avan- 


38e 
tage de répondre à peu près à la distribution géographique 
des espèces, en même temps qu’elle repose sur des caractè- 
res botaniques importants. 


PROPRIÉÈTÉS 


S'il fallait ajouter foi à toutes les assertions des anciens, 
relativement aux Aristoloches, ces plantes seraient précieuses 
entre toutes. Il est certain qu’elles ne doivent point être indif- 
férentes, et que l'oubli presque complet où elles sont aujour- 
d'hui tombées est excessif, mais à leur action réelle on a 
ajouté tant de fables et d'exagérations ‘ qu'il est devenu diffi- 
cile de discerner le vrai du faux, et que de sérieuses expérien- 
ces seraient fort utiles pour faire la part de l’un et de l’autre. 

Il faut convenir que l’on a sagement agi en mettant tout à 
fait de côté une foule de drogues végétales à peu près inertes 
qui encombraient inutilement la thérapeutique. Mais en même 
temps on a eu le tort de négliser des substances actives dont 
on était en droit d'attendre de réels services. Les Aristoloches 
sont de ce nombre. 

En médecine vétérinaire, on a beaucoup employé les Aris- 
toloches. Actuellement la méthode hypodermique tend à s’éten- 
dre de plus en plus et relègue au second plan beaucoup de 
médicaments autrefois vantés. 

Néanmoins on ramasse encore beaucoup dans le Gard les 
Aristoloches longues et rondes et on en fait un certain com- 


1 « Apuleius quoque testatur aristolochiam herbam pisatam et cum mero 
potui datam vim veneni vincere : siccam vero suffumigatam febricitantem hila- 
riorem facere : fugare et demonia ,.... » et plus loin: « Herbà suffumigatum 
infantem, si contristatus fuerit, fugato demonio, hilarem fieri et convales- 


(Jean Bauhin, IT, p. 562.) 


Se 
merce, en vue surtout, nous disent les droguistes, de la 
médecine vétérinaire : le prix de la drogue est même assez 
élevé (voy A. longa). 

L'analogie d'action de la plupart des espèces est très re- 
marquable, et vaut qu'on la sivnale. On verra, à propos des 
diverses Aristoloches, comment, dans les pays les plus éloi- 
onés, l'expérience populaire a attribué aux plantes de ce groupe 
des propriétés identiques. Sous ce rapport encore le genre 
présente une très remarquable homogénéité. 

Parmi les propriétés qu'on leur a attribuées de tout temps, 
et qu'on leur accorde encore chez certains peuples et même 
chez beaucoup de nos paysans, plusieurs sont donc communes 
à toutes les espèces; il en est d’autres plus rares, qui seraient, 
au contraire, l'apanage d’une seule ou d’un petit nombre. 


PROPRIÉTÉS EMMÉNAGOGUES.— Le nom même d’Aristoloche, 
suivant l’étymologie admise, indique que de tout temps on a 
considéré en Europe ces plantes comme favorisant l’écoule- 
ment des lochies. Les espèces européennes, ou du moins une 
d’entre elles (A. Crelica ?): étaient déjà employées dans ce but 
par Hippocrate, qui en avait remarqué les propriétés exci- 
tantes et emménagogues. Il pensait qu’elles rétablissaient les 
règles, arrôtaient les mouvements hystériques, facilitaient 
l'accouchement et chassaient l'arrière-faix. Depuis lors, tous 
les auteurs font mention de cette vertu, en ambplifiant plus 
ou moins et en augmentant l'idée primitive de superstitions 
souvent grossières ‘. Des propriétés du même ordre ont été 
plus tard attribuées aux espèces exotiques du Brésil où de 
l'Inde; il semble cependant que les Aristoloches européennes 
aient été plus estimées pour cet usage. Il est probable que ces 


1 Si une femme mange, vers l'époque de la conception, de la chair de veau 
grillée avec de l'Aristloche, on lui promet qu'elle engendrera un garçon. 
(Pline, XXVIII, 77-7. Trad. Littré, 11, p. 295.) 


ed = 
plantes ne doivent être ordonnées qu'avec discernement, et 
qu'elles exercent vivement leurs propriétés stimulantes sur 
les organes génitaux. 


PROPRIÈTES ALEXITÈRES.— De tout temps les Aristoloches 
ont passé pour être des contre-poisons souverains, et pour 
agir contre les morsures des animaux venimeux et surtout des 
serpents ‘. Pline déjà attribue cette propriété à l'A. rotunda. 
Mais c'est surtout aux exotiques qu'est faite cette réputation : 
certaines espèces sont même ou ont été souvent employées 
loin de leur pays d'origine, et ont eu, comme la Serpentaire, 
une renommée universelle. D’autres ne sont connues que dans 
leur patrie, mais certainement toutes doivent avoir des pro- 
priétés analogues. 

On trouvera plus loin, à propos de chaque espèce, des ren- 
selgnements sur son action spéciale, et l’on se rendra compte 
du nombre des Aristoloches employés par les indigènes de 
pays très divers pour guérir la morsure des serpents. Que 
faut-il penser de cette réputation ? Qu’y a-t-ilde vrai dans tous 
les dires des voyageurs? C’est une question diflicile à résoudre, 
mais qu'il convient pourtant d'examiner. 

Il faut remarquer deux choses: d’abord certains récits 
de guérison ont été rapportés par des hommes dont la 
bonne foi a pu être surprise, mais ne doit en aucun cas être 
mise en doute. Secondement, on observera que la réputation 
des Aristoloches comme alexitères existe en même temps dans 
l'Amérique du Nord, dans l'Amérique Centrale et Méridionale, 
dans la région méditerranéenne, dans l'Inde, etc., et qu’on 
l'attribue à des plantes d'aspect divers, de port très différent, 


 Hasselquist pense que c'est en se frottant les mains avec une Aristoloche 
que certains hommes endorment les vipères et les manient sans être mordus. 
Forskahl a la même opinion, et Jacquin acheta fort cher des nègres un secret 
analogue au sujet duquel il écrivit à Linné (voy. Gouan, Mat. méd., p. 331). 


— 30 — 
et que seuls les botanistes devaient réunir ; que les Européens 
ont trouvé cette réputation établie partout àleur arrivée, et qu'il 
est impossible de nier à priori et absolument des propriétés 
si universellement admises. Les Aristoloches en général sont 
excitantes, elles contiennent dans leurs diverses parties une 
huile essentiélle odorante, une résine amère, etc., et elles 
stimulent certainement les fonctions des glandes et de la peau. 
Beaucoup sont données comme diaphorétiques, et comme 
excitant la sécrétion urinaire; il est probable que toutes 
possèdent cette action qui est éminemment celle des alexi- 
tères, et qu'elles favorisent ainsi l’élimination des poisons. 
Elles sont âcres aussi, et il est bien possible que le suc frais 
exprimé dans une morsure qui vient d’être faite et débridée 
puisse agir jusqu’à un certain point comme caustique ou de 
toute autre façon. Onremarquera enfin que le venin desserpents 
amène comme principaux phénomènes généraux l’abaissement 
de la température, l’affaiblisement du pouls, les syncopes, la 
prostration, etc., etc. ; et que ces symptômes sont précisément 
ceux que combattent les Aristoloches dont on s'accorde à recon- 
naître les vertus stimulantes. On aurait donc tort, comme on 
l'a fait, d’opposer un démenti catégorique et formel à ceux qui 
préconisent l'action des Aristoloches. Mais, à côté de cela, que 
d'erreurs, que d’exagérations, que de jongleries parfois, que 
d'expériences mal faites ou mal comprises sont venues fausser 
la vérité ! D'après l'un, c’est le serpent qui prend la fuite quand 
on lui présente un bâton avec un fragment de Guaco. D'après 
l’autre, on ne meurt plus de la morsure des serpents depuis qu'on 
se sert du Guaco! Tous les faits mal observés, racontés avec 
exagération, répétés de bouche en bouche et dénaturés de 
plus en plus, parviennent souvent à un voyageur un peu cré- 
dule ou superficiel, qui les imprime et dont on répète le récit 
de livre en livre, sans penser à le contrôler. Souvent même 
des hommes de très grande valeur, dont l'autorité et la bonne 


— 37 — 
foi sont admises par tous, ont pu s’en laisser imposer par les 
jongleries des charmeurs de serpents, ou croire trop vite au 
dire de leurs prédécesseurs. Il suffit de citer Humholdt ré- 
pétant les récits fantaisistes de Mutis. 


On considérera donc les Aristoloches et la Serpentaire de 
Virginie en particulier comme un bon adjuvant dans le trai- 
tement des morsures de serpents ou piqûres d'animaux veni- 
meux ‘. Mais il est évident qu’elles n’en sont pas le princi- 
pal et que rien ne vaudra jamais lapplication aussi prompte 
que possible d’un caustique sur la blessure. D'ailleurs il faut 
remarquer aussi avec Rufz que les A. trilobata ou anguicida, 
dont on vante les effets à la Martinique, n’y sontjamais don- 
nées seules, mais toujours associées à d’autres plantes, ou en 
tout cas à une forte dose de tafia ou de rhum ou de quelque 
autre liqueur fortement alcoolique. 


PuOPRIÈTÉS STIMULANTES. — Elles sont très évidentes et 
reconnues même des détracteurs des Aristoloches ?: on 
trouvera souvent ces plantes employées dans les maladies 
atoniques, toutes les fois que les forces ont besoin d’être 
relevées, toutes les fois qu'il faut combattte la prostration, 
ladynamie, etc. Elles sont, disaient des anciens, « chaudes et 
sèches au troisième degré. » Ilest certain qu’elles sont sudo- 
rifiques et excitent vivement les fonctions des glandes et de 
la peau, amenant une sudation abondante et une hypersécré- 
tion urinaire et lactée. Cela explique l'usage qu'on en faisait 
autrefois dans une foule de maladies : cela explique aussi qu'on 
ait parfois administré l’Aristoloche aux vaches pour leur 


1 Ce n’est pas seulement au venin des serpents qu'on les opposait mais 
encore à tous les poisons absorbés (Pline, Abd-er-Rezzag, etc.) C’est évidemment 
l’action diaphorétique qu'on recherche encore ici. 

? Alibert, III, 68. 


PR ES 
donner en abondance un lait que les uns trouvent excellent ‘ 
mais que d’autres déclarent fort désagréable *. 


PROPRIÉTÉS ÉMÉTIQUES. — Elles se manifestent quand la 
dose est un peu forte. Il est certain que plusieurs espèces 
amènent des nausées dès qu'on en goûte une parcelle. Mais 
en général on évite cette action. Les Aristoloches sont aussi 
laxatives. 


PROPRIÉTÉS ANTISEPTIQUES ET DÉTERSIVES. — La poudre 
d’Aristoloche passe pour déterger les ulcères et Gouan rap- 
porte que les paysans ont pour cet usage une poudre secrète 
qui n’est autre que la poudre d’Aristoloche. Cette propriété est 
attribuée à ces plantes depuis l'antiquité, et on la retrouve in- 
diquée dans tous les auteurs sous une forme ou sous une autre. 
On a employé l'Aristoloche dans les plaies suppurantes et 
même les ulcères cancéreux (!) et à l’intérieur dans les fièvres. 


PROPRIÉTÉS ANTIPÉRIODIQUES. — Celles-ci ne sont pas * 


aussi générales, mais attribuées plutôt à certaines espèces 
(Indica, etc.). Tournefort employait pourtant nos espèces dans 
les accès °. 


PROPRIÉTÉS ANTIGOUTTEUSES. — Ce sont principalement 
nos espèces qu'on a employées dans la goutte et le rhumatisme. 
Peu de médicaments ont eu une réputation aussi grande que 
la fameuse poudre du duc de Portland contre la goutte. IL y 
entrait une forte proportion d’Aristoloche. Il faut convenir 
d’ailleurs que le remède a eu ses détracteurs ardents. 


PROPRIÉTÉS DIVERSES. — L’énumération seule en serait 
trop longue et mieux vaut pour le détail se rapporter à l'étude 
des espèces. On a employé les Aristoloches contre l'asthme 


1 Gouan, Mat. méd., p. 334. 
2 Cornevin, Les plantes vénéneuses, p. 158. 
3 Gouan, Mat. méd,, p.334. 


Colle lé. 4 
ÉRIC “ 
PES ve D) 
’ 
4 . 


2: Jeu 
où elles faciliteraient le crachement, la dyspnée, les maladies 
de l'estomac et de la rate, la dysentérie, l’hydropisie, la 
céphalalgie, l’insomnie, le hoquet, la pituite, la sciatique, la 
colique venteuse, les brûlures, les fractures, les écorchures, les 
blessures, les hémorrhoïdes internes suppurées, les fistules, 
l'obscurcissement de la vue, les accidents de la dentition, les 
vers, la sale, la vermine, etc., etc., bref dans une intermi- 
nable série de maladies dont la variété égale le nombre. 

Pline en donne déjà une belle liste, que ses successeurs ont 
encore allongée ‘. La plupart de ces propriétés sont imagi- 
naires. D’autres, explicables facilement par l’action générale, 
peuvent être retenues et scientifiquement étudiées. 


PARTIES EMPLOYÉES.— Parfois l’on se sert de la plante 
entière (bracteata, etc.), parfois seulement de telle ou telle par- 
tie. Souvent aussi on attribue à la feuille ou au fruit des pro- 
priétés un peu diftérentes de celles des tiges ou de la racine 
(Indica, etc). Dans l'A. fragrantissima ou emploie l'écorce, 
dans l’odoratissima les feuilles, dans le Kaempferi les fruits, 
mais les organes de beaucoup les plus usités sont la tige et 
la racine ou les rhizomes. Dans les Guacos par exemple, on 
trouve, tantôt des racines et tantôt des tiges, et très souvent 
les deux réunis. Dans les Serpentaires on n'utilise que les 
racines avec leur petit rhizome. Les Aristoloches de nos pays 
servent surtout par leurs organes souterrains renflés ou non. 
Assez souvent la racine est plus active que la tige. 

En général ces diverses parties peuvent, ainsi que Théo- 
phraste l'avait déjà remarqué, se conserver assez longtemps. 
A la longue, il est vrai, elles perdent leur odeur et proba- 
blement leurs propriétés, mais il faut pour cela un fort long 
temps, et j'ai eu entre les mains de très vieux échantillons 
dont l’odeur se développait avec force dès qu’on venait àgratter 


1 Voir, entre autres, Fuchs, Jean Bauhin, etc., etc. 


A0 
lasurface. Le goût, lui aussi, persiste d'ordinaire pendant de 
longues années. Cela dépend d’ailleurs des espèces. 


Les FORMES PHARMACEUTIQUES sont assez diverses. D'abord 
il faut citer les applications directes de la plante fraiche sur 
les organes malades: ainsi les feuilles ou l’écorce contuses em- 
ployées topiquement comme vulnéraires (bracteata, fragran- 


tissima), ainsi les tubercules d'A. longa appliquées en pes- 


saires, etc. 


La poudre est une forme très ordinaire, commode en somme 
et moins pénible à avaler que d’autres : c'est pourquoi elleest 
souvent préférée à la décoction parexemple ou à l’infusion 
dont on faisait pourtant un certain usage. On faisait encore 
des eaux distillées, des extraits, des teintures, des vinaigres 
de toilette, etc., etc., toutes choses complètement oubliées au- 
jourd'hui. Plus oubliés encore sont tous ces médicaments com- 
plexes : emplâtre diabotanum, thériaque, etc., dont les Aristo- 
loches faisaient partie, et dont il sera parlé à propos de chaque 
espèce importante. Les européennes seules entraient d'ordi- 
naire dans ces médicaments, les autres étant peu ou pas 


connues. 


Ainsi qu’il est dit plus haut, la COMPOSITION CHIMIQUE des 
Aristoloches ne sera pas étudiée dans ce travail. A propos de 
certaines espèces, assez peu nombreuses, dont l'analyse a été 
faite, il sera dit quelques mots de leur constitution, mais 
toujours très sommairement. Toutes contiennent de l'huile 
essentielle ! plus ou moins abondante, visible parfois à l’oil 
nu sur la coupe(longa, etc.), de l’amidon en quantité très va- 
riable, une résine, de lextractif, etc., etc. 


1 Les espèces connues, dont on extrait de l'huile essentielle, sont les À. 
cymbifera, labiosa, ringens, macroura, trilobata,  bilobata, anguicida. 
(Villafranca, PI. utiles du Brésil, p. 11.) 


| 
4 
2 

3 

| 


= js 

Toutes les parties répandent, surtout quand on les frotte, 
une odeur forte, caractéristique, parfois aromatique et cam- 
phrée, toujours sensible, et souvent persistante après de 
longues années, ainsi qu'on le verra à propos des drogues. 

L'odeur des fleurs est indépendante de cette odeur aristo- 
lochique. 

La saveur est aussi désagréable au suprême degré Il s'y 
mêle parfois un goût camphré, piquant, qui la masque plus ou 
moins (Serpentaria, reliculata), mais d'ordinaire cette saveur 
est affreuse. Une petite parcelle d'écorce mâchée développe 
bientôt, surtout quand la salive arrive à l’arrière-bouche, une 
sensation d’âcreté très forte, persistant plus ou moins suivant 
les espèces, et une amertume spéciale très accentuée. Les 
espèces de nos pays sont d’ailleurs aussi peu agréables que 
celles des pays chauds, souvent même plus insupportables, 
parce qu’elles sont peu ou pas aromatiques. La racine est 
souvent plus âcre que les autres parties, mais non toujours. 
En général, c’est la région parenchymateuse de l'écorce qui 
contient les substances actives, et le bois, dans bien des 
espèces, n'a qu'un faible goût communiqué par les cellules des 
rayons médullaires. 

Ce goût et cette odeur « aristolochiques » deviennent par 
leur constance un caractère à retenir. Au point de vue bota- 
nique, l'importance en est évidemment fort secondaire, mais la 
matière médicale doit avoir souvent recours aux caractères 
organoleptiques, et dans le cas actuel, pour distinguer par 
exemple dès l’abord des fragments d'aspect assez semblable 
comme certains Mil-homens et certaines Ménispermées ou Bi- 
gnoniacées, etc., il faut leur donner une très réelle valeur. 
Sauf quelques échantillons extrêmement vieux et altérés, j'ai 
toujours trouvé le goût spécial partout, avec plus ou moins 
d'intensité, il est vrai, et l'odeur. qui semblait souvent nulle, 
s’est presque toujours développée par le räclage ou la section 


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du fragment. Il faut ajouter que quelques espèces, 
__ possédant ce caractère général, diffèrent un peu des 
Ainsi l'A. tenera a des tubercules à odeur de réglisse, 


Aristoloches fossiles : il en existe une dizaine dans L 
tiaire et le crétacé. M. de Saporta parle’ en particulier d 
espèce (A. venusla Sap.) voisine de l'A. reticulata Nutt. 


1 G. de Saporta, Ann. Sc. nat., V, vol. XV, p. 342. 


DEUXIÈME PARTIE 


CLASSEMENT ET DESCRIPTION DES ÉCHANTILLONS 


mn 


Les échantillons d’Aristoloches que j'ai pu examiner, étu- 
dier et décrire, sont nombreux et de provenance diverse ; le 
plus grand nombre se trouve à l'École supérieure de phar- 
macie de Paris. En effet, les diverses expositions tenues à 
Paris, et surtout celle de 1889, ont été pour l'École l’occa- 
sion de nombreux dons et achats, et plusieurs collections 
locales sont venues former un précieux complément à la 
grande collection générale et à la collection Guibourt. Ces 
produits de pays fort divers, aujourd'hui à peu près tous 
classés, offrent, pour les travaux de matière médicale, des 
éléments rares et importants. J'ai trouvé des Aristoloches 
dans les produits de l'Amérique du Nord, du Mexique, du 
Guatemala, du Salvador, de la Nouvelle-Grenade, du Brésil, 
du Paraguay, de l’Inde, de la Chine, etc., etc. 

Le Muséum d'histoire naturelle, dont les richesses en ma- 
{ière médicale sont en ce moment en voie de classement, m'a 
offert un assez grand nombre d'objets d'étude. Grâce à 
lamabilité ordinaire de M. le professeur Bureau, j'ai pu exa- 
miner une trentaine d'échantillons d'Aristoloches, dont quel- 
ques-uns identiques à ceux de l’École de pharmacie. 

M. le professeur Beauvisage a bien voulu me communiquer 


> L'ART 
les exemplaires du droguier de la Faculté de médecine de 
Lyon. Le reste provient de sources très diverses : droguier 
de l’École de pharmacie et de la Faculté de médecine de 
Montpellier; envois de MM. Trelease, de Saint-Louis; 
Battandier et Hérail, d'Alger ; Doumergue, d'Oran, etc., etc. 
Enfin, produit des recherches à la pharmacie Centrale, à 
l'Exposition permanente des colonies, et dans diverses phar- 
macies et drogueries de Paris et de Montpellier. L'ensemble 
m’a fourni environ 150 échantillons, dont il est possible de 
faire quelques groupes généraux. Ces groupes seront basés 
uniquement sur les caractères des drogues, sur les organes 
que la matière médicale emploie le plus : racines, rhizomes 
et tiges aériennes. 

Les Aristoloches, dont on emploie les tiges ou les racines, 
forment trois grands groupes : 

1° Les FiBreusEs, dont le type est l'A. Serpentaria, etqui 
sont caractérisées par un rhizome plus ou moins court, por- 
tant des racines ordinairement nombreuses, soit en touffe, 
soit écartées. 

2° Les LiGnEusEs, dont le type est l'A. cymbifera. Ces 
plantes sont ordinairement des lianes volubiles ou sarmen- 
teuses, très souvent subéreuses, à structure rayonnée très 
nette, à racine souvent pivotante, mais toujours fortement 
ligneuse. Beaucoup d'espèces américaines. 

3° Les TUBERCULEUSES, dont le type est l'A. longa. Ici le 
pivot s’est renflé fortement et a constitué un tubercule arrondi 
ou allongé, gorgé de fécule, et dans lequel les rayons ligneux 
sont séparés les uns des autres par un épais parenchyme. 

Parmi les FIBREUSES : 1° les unes ont un petit rhizome court, 
horizontal, vertical ou oblique, sur lequel s’insèrent des raci- 
nes très serrées, plus ou moins fines, en toufle. Ce sera là le 
type Serpentaria, qui comprendra non seulement la vraie 
Serpentaire etlA.reticulata, mais aussi notre A. Pistolochia, 


ai: RE D 
dont les racines plus grosses ont un aspect analogue; 2° les 
autres ont un rhizome allongé et des fibres radicales seule- 
ment aux nœuds, écartées par conséquent et peu développées 
par rapport au rhizome lui-même : c’est le type Clematitis. 

Les LIGNEUSES constituent la section la plus nombreuse. 
Elles comprennent d'abord les Guacos et Mil-homens avec tou- 
te la série complexe des formes voisines, déterminées ou non. 

La détermination exacte des échantillons, lorsqu'ils se pré- 
sentent sans aucun autre organe que des fragments de tige 
ou de racine, quand on en connaît tout au plus le lieu d'ori- 
gine, n’est point chose facile, et souvent il serait téméraire 
d'indiquer une espèce botanique comme la source certaine de 
tel ou tel produit. Dans bien des cas pourtant l'identité n'est 
point douteuse, l’on peut décrire l'échantillon sous son vrai 
nom et lui rapporter avec certitude tous ceux dont les carac- 
tères paraissent semblables. Si, dans d’autres cas, il n'est pas 
possible d'attribuer avec certitude à une plante détermi- 
née l’origine d’une drogue, on peut du moins établir quelques 
groupements naturels. Ainsi, par un exemple, le groupe des 
Guacos et Mil-homens est très complexe : nombre de plantes 
ont été nommées Guacos par les indigènes ; pour ne parler 
que des Aristoloches, on trouverait peut-être 20 espèces con- 
nues sous ce nom: la patrie d’origine, l'aspect, la structure 
même les rapprochent souvent, et rien n'indique que la drogue 
soit fournie plutôt par une espèce que par une autre voisine. 

Après ce groupe difficile, viennent des espèces mieux 
limitées, comme les À. Sipho, tomentosa, Indica, etc., etc. 

Enfin les TUBERCULEUSES peuvent être divisées en: 

1° Rondes, type de l’A. rotunda, pallida, etc.; ; 

2° Longues, type de l’A. longa, Fontanesii, etc.; 

3° Filipenduliformes, type de l’A. fenera et filipendu- 
lina, etc. 

Il n'est ici question que des espèces dont j'ai vu des spé- 
cimens. 


FIBREUSES 


SERPENTAIRES 


Sous le nom de SERPENTAIRES, il faut réunir la Serpentaire 
vraie (A. Serpentaria) et ses variétés, et l'A. reticulata ou 
fausse Serpentaire. 

Les parties employées dans les Serpentaires sont les racines 
et le rhizome. | 

Le RHIZOME est petit, mince, indéfini, formant, ainsi que 
l'a montré Schrenk, un sympode ‘. Chaque année les tiges 
tombent laissant une petite cicatrice, en sorte que la face 
supérieure du rhizome est formée par une série de tronçons 
recourbés vers le haut, vestiges des tiges des années précé- 
dentes. L'ensemble de ce rhizome est assez petit, tantôt hori- 
zontal, tantôt et plus souvent oblique, ou même presque ver- 
tical, assez noueux et contourné ou rectiligne de 1-3 mm. de 
diamètre sur une longueur variable de 1 à 5 centimètres. 

Sur toute la surface, sauf sur la partie supérieure, s’insè- 
rent des RACINES jaunàtres ou grisàtres, toujours serrées, 
fines, grêles, munies ordinairement d'un chevelu abondant, 
tantôt parallèles, tantôt au contraire plus ou moins emmêlées. 

Des tiges et des feuilles, des fleurs et des fruits, accompa- 


‘ American Druggist, 1887, no 4, p. 61, d’après le Jahresbericht der 
pharmacognosie, 1887, p. 45. 


EP Es 


gnent presque toujours l'échantillon et apportent à la distinc- 
tion des formes ou à la reconnaissance des falsifications un 
élément souvent précieux. 

Sur la section transversale du rhizome, on voit à l'œil nu 
une zone corticale blanchâtre farineuse et un corps ligneux 
rayonnant, jaune grisâtre, entourant une moelle souvent un 
peu excentrique vers le haut. 

La saveur est caractéristique, surtout camphrée et téré- 
benthinée, un peu amère, très aromatique, piquante, un peu 
valérianique, mais non très désagréable. 

L'’odeur est analogue à la saveur, camphrée, aromatique, 
térébenthinée. 


SrRUCTURE. — Les deux formes de Serpentaire vraie et la 
fausse Serpentaire (A. reliculata) ont une structure très 
semblable, le rhizome et les racines de cette dernière étant 
seulement un peu plus volumineux. On ne pourra donc pas 
établir sur l'anatomie de distinction entre les trois sortes. 


a) Rhizome.— Sur une coupe transversale, le rhizome pré- 
sente rarement une structure bien régulière, à cause du nom- 
bre de racines et de bases de tiges qui se détachent de tous 
les points de la circonférence. On y voit : 

I. Une écorce relativement mince par rapport à l'axe li- 
gneux et constituée par: 

19 Un épiderme peu différencié, à parois minces mais colo- 
rés en jaune ou en brun, et souvent doublé par une assise de 
cellules subérifiées de même couleur ; 

2° Un parenchyme cortical à cellules ovales arrondies, un 
peu sinueuses, à parois blanches assez épaisses, et compiète- 
ment remplies d'amidon à grains fins. Quelques cellules espa- 
cées, allongées aussi tangentiellement, plus grandes et vides 
semblent être des cellules à essence; mais l’essence n'est pas 
visible ; 


| — 48 — 

30 Un endoderme peu distinct. 

IT. Un cylindre central avec : 

40 Un péricycle parenchymateux. Sur un seul exemplaire, 
il m'a présenté quelques fibres arrangées en cercle contre l’en- 
doderme ; 

5° Du liber mou en faisceaux opposés aux faisceaux du 
bois. Ce liber contient lui-même de fins granules d'amidon ; 

6o L’axeligneux constitué par des faisceaux ligneux cunéifor- 
mes non dichotomisés, souventun peu sinueux, dont la pointe 
est formée de fibres fort épaisses, jaunes. Ces faisceaux sont 
constitués par des vaisseaux et des fibres, ces dernières un peu 
plus abondantes chez l'A. reticulata, plus abondantes aussi, 
à mesure qu'on se rapproche du centre. Les vaisseaux chez 
la Serpentaire vraie, surtout la première sorte, forment des 
zones concentriques assez visibles ; 

7 Des rayons médullaires parfois très larges faisant com- 
muniquer la moelle et le parenchyme cortical; les cellules en 
sont ponctuées, épaisses, allongées radialement, si les rayons 
sont étroits, et passent insensiblement à celles de la moelle ; 

80 La moelle, généralement portée vers le haut du rhizome, 
est large, formée de cellules polygonales, plus grandes au 
centre. 

Toutes les cellules, sauf celles de l’épiderme et du bois, 
contiennent de l’amidon en abondance. 

b) Racines. — On y voit: 

1° Une assise épidermoïdale à grandes cellules vides, à 
parois minces et brunes, allongées radialement ; 

2% Un parenchyme cortical, épais, gorgé d'amidon : Les cel- 
lules sont allongées suivant l'axe; 

3° Un endoderme très net dont les cellules sont assez gran- 
des, vides, à parois minces, sinueuses, brunes. Elles sont 
quelquefois aplaties par la dessiccation et dans ce cas moins 
visibles. L'absence d’amidon les fait se détacher nettement; 


ERA 

4° Un péricycle à ? assises cellulaires, parenchymateuses, 
amylifères ; 

5° Des faisceaux de liber mou, ordinairement bien sé- 
parés ; 

6° Un axe ligneux formé d’un nombre très variable de 
faisceaux, de 3 à 6 d'ordinaire, quelquefois plus ; séparés d’a- 
bord, ces faisceaux se rejoignent au centre et se fusionnent 
en une masse centrale, tantôt arrondie, tantôt anguleuse, ou 
plus rarement étoilée. Le bois est formé de fibres ligneuses 
et de vaisseaux rayés et ponctués. | 

L’'amidon est assez gros, quelquefois en grains composés, 
avec un hile punctiforme. 


A. Serpentaria. — RACINE DE SERPENTAIRE VRAIE. — 
Sur les 3 formes de vraie Serpentaire, il en est une, la forme 
hastala, que je n'ai jamais eu l’occasion de rencontrer. Je 
n’en puis donc pas parler ici. Je rappellerai seulement que 
Guibourt lui attribue une tige droite, une racine composée 
de radicules assez fortes, droites et perpendiculaires, comme 
à la 2° sorte. 

Les deux autres, tout en répondant aux caractères g'éné- 
raux déjà donnés, ont cependant leur aspect spécial qu’il faut 
maintenant Indiquer. 


1"e Sorte. — J'en ai eu trois échantillons: L'un était celui 
de Guibourt‘, un autre était dans un bocal de l'École de 
pharmacie de Paris sous le nom faux d’A. reticulata ?. Le 
troisième provient d’une très ancienne pharmacie de Montpel- 
lier où la Serpentaire de Virginie n’avait pas été renouvelée 
depuis nombre d'années. | 

Cette drogue est formée de touffes, parfois très menues, 


1 Étiqueté : Véritable Serpentaire de Virginie officinale, — Aristolochia 
Serpentaria latifolia — Aristoloche Serpentaire de Woodville, 


= (res 
de couleur fauve, grisâtre, souvent assez foncée. On y dis- 
tingue : 

1° Le rhizome. — Les dimensions en sont difficiles à éva- 
luer. Au maximum 3 mm. de diamètre et 2 1/2 à 3 centimè- 
tres de long. Lorsqu'il est développé, il présente souvent une 
partie inférieure plus où moins contournée sur laquelle s’atta- 
chent la plupart des racines, et qui porte en haut les traces 
d'anciennes tiges assez courtes, moins marquées que dans 
d’autres sortes. La partie supérieure du rhizome, continuant 
la 1e, mais plus verticale, donne naissance aux tiges actuelles. 

Les petites toufles, très nombreuses, ont souvent un petit 
rhizome très réduit, court, pelotonné, caché plus ou moins par 
les racines. 

2° Les racines. — Elles sont ici importantes : toujours très 
fines, de diamètre égal, en général 1/2 mm. au plus; très 
fragiles ; le fond des bocaux est toujours jonché de fragments 
et certaines souches sont presque dépourvues de racines. 
Elles sont ordinairement emmèêlées en effet, et c’esc un bon 
caractère à retenir, mais 1l faut se rappeler que souvent les 
radicelles sont simplement enroulées autour de la souche en 
une sorte de peloton et parfois pas emmêlées du tout. Elles 
émettent fréquemment dans la 2% moitié de leur longueur 
un chevelu assez abondant qui peut manquer. La longueur 
de ces racines peut atteindre 7 à 10 centimètres. 

3 Les tiges dont on n’a guère que la partie inférieure sont 
souvent aplaties par la dessication, striées, parfois nettement 
géniculées, d'autres fois moins. Elles atteignent 2? mm. de 
diamètre ; 

4 — Les feuilles. Relativement rares, elles sont toujours 
très minces, presque transparentes, tout à fait papyracées, 
de couleur vert brunâtre, ou bien jaunes, entièrement ou 
par places, sur les points où la chlorophylle à disparu. Il 
convient de ne tirer de leur forme que des enseignements de 


: 


“4 


El 
valeur secondaire. Dans l'échantillon de Guibourt, elles sont 
en effet assez larges, de 3 112 à 4 c. de long sur 3 de large, 
cordées et auriculées à la base, acuminées au sommet. Mais 
dans l'échantillon de Montpellier, j'en ai déployé de formes très 
diverses, les unes peu cordées, d’autres au contraire profondé- 
ment;les unes acuminées, d’autres non; l’une même complète- 
mentarrondie; les unes très semblables au type décrit et dessiné 
par Guibourt, les autres absolument pareilles à la seconde sorte. 

Cet échantillon, très caractérisé comme l'° sorte et ne pou- 
vant faire doute par ses racines et ses tiges, prouve à lui seul 
que la forme des feuilles est un caractère de peu de valeur. 
Dimensions depuis _ jusqu’à =. — Le pétiole est très long 
et atteint 6 centimètres. 

% Les fleurs ont fait défaut dans tous les échantillons. 

6° Les fruits. — Ils sont petits, à 6 côtes très saillantes, un 
peu aplatis verticalement, de 8 à 9 millimètres en tous sens. 
Ils ne sont pas caractéristiques. 

L’odeur est faible, mais se développe, quand on brise les 
racines. Elle est aromatique et camphrée. Il faut remarquer 
que tous les échantillons que j'ai vus étaient de date fort 
ancienne, | 

Le goût est aromatique, d’abord piquant et camphré, puis 
assez âcre et amer, mais sans excès et peu durable. 

Les substances étrangères y sont rares. Quelques racines 
noirâtres seulement, qu'on distingue facilement. 


2° SorTE. — L'échantillon type est contenu dans le dro- 
guier de Guibourt sous l'étiquette: Serpentaire de Virginie 
apportée pour la 1'° fois en 1816, Aristolochia serpenta- 
ria auriculata ou acuminata, Aristolochia serpentaria de 
Bigelow. Il est probable, ainsi qu’on le verra, que cette syno- 
nymie est inexacte, car la plante de Bigelow est plutôt la 
1"e sorte. Sous le titre de Serpentaire de Virginie vraie on 


— 02 — 

en trouve un ?° échantillon qui diffère très légèrement du 4°. 
Enfin c’est cette même forme que M. Schneck m'a envoyée 
fraiche de Mont-Carmel (Illinois) à la demande de M. le pro- 
fesseur Trelease. Cette drogue se présente en paquets assez 
serrés de plantules généralement entières, avec leurs tiges et 
leurs feuilles d'un vert foncé, tandis que le reste est jaune 
fauve clair, ou un peu grisätre. Ces plantules, une fois sépa- 
rées les unes des autres, sont constituées par: 

1° Une souche fine et petite, quelquefois assez longue (15 
millimètres), d’autres fois très courte, assez irrégulière, por- 
tant à la face supérieure des traces nombreuses d'anciennes 
tiges bien évidentes, une tige de l’année ramifiée ou non, en 
avant, et sur les côtés et en dessous de nombreuses racines; 

2 Des racines, en nombre variable depuis 7-8, jusqu’à 25 
ou 30, cylindriques, longues de grosseur moyenne (sauf 
chez les jeunes pieds où elles sont très fines), atteignant 
1 millimètre de diamètre, et conservant cette dimension sur 
toute leur longueur. Beaucoup d’entre elles d’ailleurs ne sont 
pas manifestement plus grosses que celles de la Serpentaire 
n° {. D'ordinaire, elles ont de5 à 7 centimètres de long, 8 au 
plus. Sur l'échantillon frais, elles étaient plus longues etattei- 
gnaient 15 centimètres. Sur le sec, les extrémités sont presque 
toujours brisées. Ces racines sont sinueuses, mais restent 
ordinairement parallèles et ne sont pas emmêlées, sauf 
exception. Elles ont souvent un fin chevelu, assez abondant, 
surtout dans la deuxième moitié de leur longueur, très abon- 
dant sur le frais: d’autres fois les radicelles (qui ne man- 
quent jamais complètement) sont courtes et plus rares. La 
couleur de ces racines est claire. Chaque souche avec ses 
racines forme un petit paquet allongé et effilé; 


LS ere LS. LS dd ma" M md. 2 


3° Des tiges toujours extrêmement fines, fragiles (comme 
d’ailleurs tout le reste de la drogue). On n’en trouve qu'une 
seule en avant du rhizome. Il semble souvent qu'il y en 


— 93 — 

ait plusieurs, ce qui provient, soit de la bifurcation d’une 
seule, soit, chose fréquente, de l’intrication de plusieurs rhi- 
zomes entre eux. Avec un peu d'attention, on peut toujours 
séparer les souches ainsi réunies en paquet. La base cylin- 
drique et dure est tout à fait semblable à celles des années 
précédentes qui hérissent la partie supérieure du rhizome. Au 
contraire, dans leur partie aérienne ces tiges sont aplaties par 
la dessiccation, ou du moins très ridées. Leur diamètre, qui 
ne dépasse pas celui des plus grosses racines, est toujours 
bien moindre que dans la 1" sorte. Leur longueur ne dépasse 
pas 14 ou 16 cent. Elles sont parfois rameuses (2 où 3 bran- 
ches). Dans les droguiers, elles sont d'ordinaire repliées contre 
les racines ; 

4 Des feuilles qu’on développe facilement dans l’eau; peu 
nombreuses sur les tiges, de 1 à 3 seulement, généralement 
ovales, lancéolées, plus ou moins cordées ; les plus grandes 
ont 6 cent. et demi de long sur 4 de largeur, les plus petites 
3 cent. sur 2. Le sommet est plus ou moins longuement acu- 
miné, souvent prolongé en longue pointe. Moins larges en 
général que celles de la première sorte, elles sont comme 
elles, entières, fines, délicates, presque transparentes ; tri- 
nerves à la base, la nervure médiane assez marquée en 
dessous, les autres moins. La couleur varie du vert un peu 
Jjaunâtre au brun. Le pétiole est fin. Beaucoup de ces feuilles, 
mises à côté de certaines autres appartenant à la première 
sorte, ne pourraient en être distinguées. 

Je n'ai pu trouver nulle part ni fleurs ni fruits. 

Toutes ces plantes sont à peu près de même taille. Elles 
sont bien plus petites que la figure de Nees ne l'indique. 

L'ensemble de la drogue a une odeur assez forte, camphrée, 
plutôt aromatique et non désagréable, aristolochique cepen- 
dant. 

Le goût de la racine est fort, aromatique, térébenthiné, 


4 


ju Et 

mais lui aussi supportable : un peu âcre à la gorge, il ne saisit 
pas désagréablement, comme chez la plupart des Aristoloches, 
à moins qu'on ne prolonge l'essai. Cette saveur passe assez 
vite et laisse à la bouche une sensation de chaleur légère. 

En somme, l'aspect général ne permet pas de confondre 
cette sorte avec la première. Ce paquet allongé et effilé, de 
couleur claire, formé de racines parallèles, sinueuses, légère- 
ment chevelues, peu emmèêlées, est bien différent de la petite 
pelote grise de la première sorte. La fine tige attachée à cha- 
que souche est aussi un caractère net, meilleur à coup sûr 
que ceux que l’on tire des feuilles. Mais ce sont là deux 
formes très voisines d’une espèce unique. 


A. reticulata. — RACINE DE FAUSSE SERPENTAIRE. — 
A. reticulata de Nuttal. Comme c’est la seule que l’on trouve 
aujourd'hui dans les drogueries et pharmacies de France, les 
échantillons ne manquent pas pour la décrire. Le type est 
toujours l'échantillon du droguier Guibourtétiqueté : « Fausse 
serpentaire de Virginie, Aristolochia pseudo-Serpentaria 
Guibourt, Aristolochia Serpentaria de Jacquin.» D'ailleurs 
tous les échantillons se ressemblent: ceux que j'ai vus provenant 
de la Faculté de médecine de Lyon, de la collection spéciale 
des États-Unis de l'École de pharmacie de Paris, de la 
pharmacie centrale et de chez plusieurs droguistes et phar- 
maciens, sont absolument identiques : on les décrit tous en 
en décrivant un. 

Comme pour la vraie Serpentaire de Virginie, on peut y étu- 
dier : 

1° Le rhizome. — Relativement volumineux, allongé hori- 
zontalement ou plus ou moins oblique, d’un brun parfois 
assez foncé, assez souvent jaunâtre ; il a jusqu’à 5 centimètres 
de long, et quelquefois un peu plus, et atteint 3 à 5 millimè- 
tres d'épaisseur. Très rarement contourné ou tortueux, il s’al- 


| 
| 
: 
À 


PE 

longe dans le même plan et le faisceau de racines est dans ce 
cas aplati. La face supérieure de ce rhizome porte aussi les 
bases nombreuses des anciennes tiges. En avant, il devient 
vertical et souvent ramifié, terminé par les tices de l’année. 
La section transversale permet de voir vaguement sur la sur- 
face jaune un cercle ligneux sans aucun pore visible, rayon- 
nant autour d’une petite moelle ; 

% Les racines. — Elles sont très différentes de celles des 
vraies Serpentaires. Plus grosses, plus longues souvent, de 
1 à 1 1/2 "" de diamètre sur toute leur longueur, de 10 cent. 
de longueur environ, souvent moins, quelquefois plus, elles 
sont parfois un peu sinueuses, parallèles, ou rarement 
un peu repliées sur elle-mêmes, jamais réellement emmêlées. 
Elles sont à peu près complètement dépourvues de radicelles. 
Certains échantillons semblent avoir une sorte de chevelu : 
mais, en y regardant de près, on voit que cet aspect est en 
grande partie dû à de fines racines étrangères, souvent blan- 
châtres, que l’on peut séparer facilement. Les racines sont 
cylindriques, toutes du même diamètre ou à peu près, tandis 
que, dans les vraies Serpentaires, de petites racines s’insèrent 
entre les grosses. Leur nombre, variable, est aussi relative- 
ment, moindre. Elles sont moins serrées. L'ensemble de la 
souche avec les racines est plus large, plus aplati, en un mot 
facile à distinguer. Ces racines sont très cassantes et laissent 
voir une section farineuse blanchâtre avec un point brun au 
centre ; 

3° Les tiges. — Elles manquent souvent dans la drogue. 
Lorsqu'elles existent, on en trouve fréquemment plusieurs par 
souche. Ces tiges un peu ridées, mais peu aplaties générale- 
ment, ressemblent en somme assez à celles de la première 
sorte de Serpentaire, et différent par conséquent de celles de 
la seconde, plus fines et plus longues. Elles ont environ 
9m® de diamètre et 10 cent. de long. Généralement, elles 


Le GO 
LEA 
: 


Ep Ee 
semblent peu coudées. Quelques-unes portent de petites 
feuilles ; 

4° Les feuilles. — La drogue en contient presque tou- 
jours et elles suffiraient à elles seules et à première vue à la 
distinction des Serpentaires vraies et fausses. Il faut faire 
remarquer ici que Guibourt a donné comme représentant la 
Serpentaire fausse un dessin de Nees d'Esenbeck, qui figure 
en réalité la vraie (première sorte), ainsi que cela sera démon- 
tré plus loin. Ces feuilles sont donc différentes du dessin de 
Guibourt. : 

La plante jeune a parfois des feuilles cordiformes ou lan- 
céolées; mais les grandes feuilles sont toutes ovales lancéo- 
lées, cordées à la base, à sinus étroit et à lobes rapprochés, 
à pointe plutôt mousse, jamais acuminée, portée sur un pétiole 
extrêmement court, aplati, assez large. Elles sont épaisses, 
rudes au toucher, avec des poils raides, courts et rares, 
même en dessous, de couleur jaunâtre ou verdâtre, les 
nervures sont saillantes en dessous, formant un réseau très 
évident, résistantes, et subsistant lorsque le parenchyme tend ; 
à disparaître par places. Le pétiole et les tiges jeunes portent 
des poils plus longs que ceux des feuilles ; ; 

5° Les fleurs sont rares et peu caractéristiques. Elles 
sont tomenteuses, surtout sur l’utricule couvert de poils d’un 
blanc jaunâtre ; l'ouverture est bilabiée; j 

6° Les fruits plus fréquents, ressemblent irop à’ ceux 
de la Serpentaire vraie pour qu'on en puisse tirer un élément 
de distinction, rendu d’ailleurs inutile par les caractères si 
nets des racines et des feuilles. 

L'odeur de la drogue ne se développe guère que quand on 
frotte ou qu’on fragmente les racines. C’est celle des Serpen- 
taires vraies, aromatique et térébenthinée. 

La saveur est aromatique, chaude, piquante, camphrée, un 
peu poivrée, ensuite assez âcre et désagréable à la gorge. 


De: Res 
On considère souvent la fausse Serpentaire comme inférieure 
à la vraie, mais si l'on en juge par les caractères organolep- 
tiques, elle doit être aussi active. L’odeur et la saveur sont, 
il est vrai, moins fines, mais aussi accentuées, quelquefois 
plus. Il faut dire que je n’ai eu de la vraie que des échan- 
tillons très vieux (sauf un seul dont l'odeur était forte), tandis 
que l'A. reticulata était toujours bien plus récent. Mais 
Bridges dit la même chose. 

La plante a si bien pris dans le commerce la place de la 
vraie, que beaucoup d'auteurs l'ont décrite et dessinéecomme 
VA. Serpentaria (voy. À. reticulata). 

Ilest assez rare que des racines étrangères y soient mêlées, 
sauf les petites radicelles qui simulent parlois un chevelu. 
Deux fois seulement j'ai rencontré des rhizomes assez volu- 
mineux qui ne pouvaient être confondus avec la Serpentaire 
et qui n'appartenaient pas à une Aristoloche. 


À. Pistolochia. — A l’état frais, les racines, qui partent 
au nombre d'une quinzaine d’une toute petite souche, sont 
jaunâtres, un peu tortueuses et portent un assez grand 
nombre de radicelles ; elles sont longues de 15 à 20 cent., 
charnues. Sur une section transversale, elles présenten 
une surface blanche avec un petit point central brun; elles 
ont environ 2"" de diamètre. A l'état sec, la drogue est 
formée par un petit rhizome brun, rugueux, marqué de 
lignes saillantes transversales, sinueuses, rapprochées, et 
portant des radicelles très ridées en long et aplaties par la 
dessiccation. Le rhizome atteint 3-4 cent. de long sur 5-7" 
de diamètre. ë 

Structure. — La racine du Pistolochia à une structure 
primaire très nette. On y voit sur une coupe transversale: 

1° Une assise épidermoïdale à parois minces, à cellules un 
peu allongées radialement ; 


er 

2% Un parenchyme cortical très épais, à cellules arrondies, 
à parois assez épaisses, avec des méats très nets. Les cellules 
en sont pleines d'amidon; 

3° Un endoderme à parois minces et sinueuses fines, un 
peu écrasé quelquefois, mais bien visible ; 

4e Un péricycle mou; 

5° Des faisceaux libériens séparés ; 

6° Des faisceaux ligneux souvent bien distincts, avec parfois 
quelques vaisseaux erratiques entre les branches de l'étoile ; 

7° Une petite moelle au centre; dans d’autres racines les 
faisceaux se fusionnent au centre et la moelle disparaît. 

La drogue n'existe plus dans les pharmacies. Le seul échan- 
tillon que j'en aie vu dans les collections était très abimé et 
extrêmement fragile. Il tombait en poussière au moindre 
contact. 


A. Clematitis. — Les parties souterraines de cette plante 
se présentent sous forme de rhizomes allongés, de plu- 
sieurs décimètres de longueur et d’un diamètre de 3 à 10 
ou 12m", dressés, assez souvent sinueux, d’une couleur ex- 
térieure jaune brunâtre sur le frais, et devenant peu à peu 
noirâtre par la dessiccation;, les tiges qui en partent sont 
sillonnées en long, plus grêles d’abord que le rhizome, mais 
le diamètre augmente plus haut; jaunâtres dans leur partie 
souterraine, vertes hors du sol, avec de petits bourgeons que 
l'on rencontre aussi sur les rhizomes ; d'assez nombreuses 
racines jaunâtres, longues, fines, ramifiées, un peu chevelues 
même, sont portées en plus ou moins grand nombre, surtout 
aux nœuds qui sont très inégalement râpprochés. 

Sur une section transversale, le rhizome présente une 
écorce mince, brunâtre, et un gros axe formé de quelques 
volumineux secteurs de bois, cunéiformes, en éventail, sé- 
parés par de fins rayons médullaires blanchâtres. Ce bois a 


la structure typique des Aristoloches. Les pores n’en sont 
pas nettement visibles, même à la loupe. 


STRUCTURE. — 1° Quelques assises subéreuses toujours peu 
nombreuses ; 

2° Un parenchyme cortical épais, à cellules à parois assez 
minces, avec quelques fibres en cercle interrompu par de 
grands intervalles ; des cellules plus grandes que les autres, 
tantôt vides, tantôt contenant de l'huile de couleur jaune ou 
rougeâtre ; très peu d’amidon; 

3° Le liber forme des cônes placés au dehors des faisceaux 
ligneux ; 

4 Le boisen faisceaux souvent dichotomisés, souvent aussi 
flanqués de faisceaux accessoires plus petits et simples ; 

9° Les rayons médullaires larges se rejoignent au centre 
pour former une petite moelle. 


A. glauca. — L'échantillon que j'ai vu m’a été envoyé 
par M. Doumergue (d'Oran). Les parties souterraines sont 
des rhizomes dressés, qui se ramifient plus ou moins abon- 
damment au niveau du sol. Le diamètre varie de 2 à 5°". 
La plupart présentent des nœuds assez rapprochés d’où 
partent des racines adventives. La surface est quelquefois 
légèrement sillonnée en long. Le diamètre augmente d’ordi- 
naire de bas en haut. 

Les tiges aériennes sont assez fines, striées, portant des 
feuilles cordées, d’un vert glauque. 

Par ses organes végétatifs souterrains, cette plante se rap- 
proche du Clemaltitis. 

Sur la section, l'écorce est brune, relativement épaisse, un 
peu subéreuse, le bois jaune clair. 


STRUCTURE.— Suber assez épais; parenchyme cortical avec 
de lamidon abondant, une zone de fibres en cercle, interrom- 


lt 
2-00 "=: 


pues par de grands espaces, mais longues, très nettes, polyé- 


driques avec une lumière punctiforme. Le liber forme des 
arcs bien limités en dehors des vaisseaux du bois assez gros, 
cunéiformes et peu dichotomisés. Rayons médullaires larges, 
se rejoignant au centre, souvent gorgés d’amidon. 

Les tiges jeunes, hexagonales, ont sous l’épiderme un 
faisceau de collenchyme aux six angles, et une zone de fibres 
ininterrompue entourant complètement le cylindre central. 
Celui-ci offre autour de la moelle 6 faisceaux libéro-ligneux 
bien séparés, 3 gros et 3 petits en alternance. 


Il 


LIGNEUSES 


Une grande homogénéité d'aspect et de structure rend en 
général très difficile la distinction des Aristoloches ligneuses 
entre elles. La plupart sont des lianes dont le diamètre et la 
forme varient peu et dont les caractères passent si insensi- 
blement de l’une à l’autre, qu'il est souvent tout à fait impos- 
sible de trouver un trait distinctif. Il faut ajouter que des 
échantillons très différents d'aspect se rencontrent dans les 
droguiers sous le même nom, et que des fragments identiques 
y portent des noms différents. Comme dans ces conditions 
la détermination sûre estimpossible, je tiens à dire nettement, 
une fois de plus, que le groupement ci-après n’a que la valeur 
d’un arrangement commode pour l’étude, et pourrait bien ne 
répondre que très imparfaitement à la classification botanique. 


j 
WE 


AO = 

Les caractères généraux des drogues fournies par les Aris- 
toloches lisneuses sont les suivants : 

La présence du suber est constante dans certains types, 
mais l'épaisseur et la disposition peuvent changer. Souvent 
ce suber forme des crêtes élevées, longitudinales, sur les 
tiges. La couleur est différente parfois sur deux pieds de la 
même espèce. Au-dessous est une écorce, tantôt à peine visi- 

- ble sur la coupe, tantôt, au contraire, très épaisse, ordinaire- 

ment noirâtre en dehors et très dure, car elle contient de 
nombreuses cellules sciéreuses. L’adhérence plus ou moins 
grande de l'écorce avec le bois est peu importante, car elle 
varie souvent dans des échantillons voisins, probablement 
suivant l’époque de la récolte ; elle peut diminuer au point 
qu'un vide se creuse entre le corps ligneux et la zone corti- 
cale. Des vides du même ordre se produisent souvent dans 
les rayons médullaires, dont les débris restent accolés aux 
secteurs du bois. Celui-ci présente souvent la disposition 
typique en éventail déjà décrite, et les pores du bois sont 
d'ordinaire très gros et nets : on peut cependant trouver des 
exceptions (A. maxima, etc.). 

Lorsque l'écorce est adhérente, on voit que sa zone interne 
est souvent en continuité avec les rayons méllullaires. 

L’odeur aristolochique si spéciale se retrouve très longtemps 
dans les drogues, surtout si on sectionne ou si on gratte 
l'écorce. Elle présente ainsi que le goût quelques légères 
différences dont il faudra tenir compte, mais elle existe par- 
tout, fait important pour distinguer facilement les Aristoloches 
d’autres lianes analogues. 


# 


| p Les racines sont parfois assez difficiles à distinguer des 
tiges. En général, les racines âgées présentent les caractères 
te] D 
suivants qui n'ont rien d'absolu et pour chacun desquels on 
trouverait des exceptions nombreuses, mais dont l'ensemble 
, 
permet souvent de reconnaitre l'organe. 


Le 6 22 

Les racines sont d'ordinaire : 

— moins subéreuses que les tiges et à suber plus uniforme, 
sans crêtes et sans crevasses longitudinales, parallèles ; 

— crevassées transversalement, circulairement par la des- 
siccation, et dans ce cas la crevasse est souvent profonde et 
va jusqu au bois ; 

— plus où moins sinueuses; 

— à diamètre diminuant plus rapidement que celui des tiges; 

— à écorce plus épaisse et contenant moins d'éléments sclé- 
reux et plus d’amidon; 

— à rayons médullaires plus développés; 

— à moelle très réduite ou absente; 

— à bords moins poreux que celui de la tige; 

— plus accentuées de goût que la tige, ce qui tient à lépais- 
seur plus grande de l'écorce. 

Ces caractères ne s’appliquent, bien entendu, qu'aux Aris- 


toloches ligneuses, et tout spécialement au groupe important 
des Guacos. 


GUACOS 


Le nom de Guaco ou Huaco est donné dans l'Amérique 
tropicale depuis le Mexique jusqu'au Sud du Brésil à des 
plantes très diverses qui semblent avoir comme lien commun 
des propriétés analogues, etune efficacité (réelle ou supposée) 
contre la morsure des serpents venimeux. 

Le sens du mot Guaco est très vaste. Spruce (d’après Gui- 
bourt:), dit qu’on donne ce nom à toute plante volubile à feuilles 


1 Guibourt, Recherches sur les plantes nommées Guaco (Journ. de phar- 
macie et de chimie, 1867). 


To 
cordiformes blanches ou vertes en dessus, pourpres (?) en 
dessous. Cette définition est évidemment fausse de deux fa- 
çons, car beaucoup de plantes dont les feuilles répondent à 
l'aspect indiqué ne sont aucunement nommés Guacos dans le 
pays et beaucoup de vrais Guacos (A. maxima, etc.) ont des 
feuilles toutes différentes. 

La réputation du Guaco est des plus anciennes : comme en 
toutes choses la lécende doit avoir sa part, on en attribue la 
découverte à une sorte de faucon (un héron d’après 
d’autres), dont le mot Guaco exprime le .cri désagréable. 
L'oiseau, qui fait la chasse aux serpents venimeux, emploie 
ces plantes, disent les indigènes, pour se guérir des morsures 
reçues dans le combat. Oiseau et plante ont reçu le même 
nom. 

Ilexiste deux groupes principaux de Guacos: 


1° Les GUAGOS DEL RASTROJO ou Guacos des chaumes (parce 
que les plantes en question rampent autour des chaumes 
abandonnés). Ce sont des plantes du genre Mikania appar- 
tenant à la famille des Composées, et voisin du genre Eupa- 
torium avec lequel il était autrefois confondu. 


2° Les GUAGCOS DEL MoNTE qui sont des Aristoloches ordi- 
nairement grimpantes et volubiles. 

Les Mikania sont forts différents des Aristoloches. C’est à 
eux que Mutis attribuait les merveilleuses vertus du 'Guaco, 
mais Guibourt a démontré que ces plantes étaient complète- 
ment inertes ‘. Cependant M. White, de la Salada (Nouvelle- 
Grenade) a dit, il y a quelques années *, que le vrai Guaco 
était le Mikania, qu'il en existait deux variétés, l'une à tige 
verte, l’autre, plus estimée à tige pourpre, et que l'infusion 


! Guibourt, Loc. cit. 
? Pharmaceut. Journal, 3° série, 11-369, d'après Yearboock pharmac., 
1881, 156. | 


SE 

de feuilles fraiches ou la teinture, accompagnées de l’appli- 
cation locale de cataplasmes de feuilles et de tiges guérissait 
la morsure des serpents les plus venimeux. 

Les raisons données par Guibourt de la non-activité du Mi- 
kania semblent fort concluantes. 

Le plus connu de ces Mihania est le M. Guaco. 
Mais il en est d'autres qui fournissent également des 
drogues appréciées dans leur pays : c'est ainsi qu'on 
distingue entre autres; le Guaco du Guatemala ‘ qui est 
fourni par le Mikania Guaco Kunth; le Guaco de Vera- 
Cruz que donne le M. Houstoni Willd.; le Guaco de 
Tampico, etc., etc. *?. 

Je ne puis m'arrêtersur ces plantes intéressantes, bien que 
leur étude touche de près au sujet de ce travail. 

Beaucoup d’Aristoloches font partie des Guacos. Ainsi dans 
a seule République de San-Salvador, on trouvait à l'Expo- 
sition de 1889, de 8 à 10 Guacos différents. Il est vrai que 
plusieurs (on le verra plus loin) peuvent parfois être rappor- 
tés à la même espèce. 

Martius attribue aux Aristolochia cymbifera, macroura, 
galeata, Brasiliensis, labiosa, rumicifolia, Theriaca, anti- 
hysterica, des propriétés antiseptiques, diurétiques, diaphoré- 
tiques et alexitères. Mais toutes ces espèces qui méritent assu- 
rément le nom du Guaco ne le portent pas dans le pays. 
Nous pouvons donc admettre parmi les Aristoloches amé- 
ricaines à propriétés alexitères: 

1° Les Mil-homens dont le type est l'A. cymbifera ; 

2° Les Guacos vrais dont le type est l’A. maxima ; 

3° Les espèces ,qui sans porter le nom de Guaco, peuvent 


{ Le nom de Guaco du Guatemala risque de faire confusion avec une 
Aristoloche que j'ai trouvée à l'École de pharmacie de Paris sous le nom de 
Guaco, Gualemala. On prendra garde à cette cause d'erreur. 

2 Jahresbericht der Pharmacognosie de Bekurst, 1885, p. 29. 


LE 
être substiluées aux autres, comme par exemple l’A. grandi- 
flora, ou bilobata, etc., etc. 

Il ne faudrait pas prendre cette distinction comme une véri- 
table classification : ces dénominations vulgaires de Guacos, 
de Mil-homens, etc., sont très vagues, souvent impossibles à 
délimiter exactement, à cause des termes de passage qu'of- 
frent la structure et l'aspect d'une foule d'espèces entre Îles 
types nettement distincts. ( 

Les principales espèces citées par les auteurs comme 
Guacos sont les suivantes: 

A. cymbifera, qui semble être l’espèce la plusrépandue dans 
les droguiers. Avec les espèces voisines, elle constitue la 
drogue connue des Brésiliens sous le nom de Mil-homens". 
La dénomination de Guaco est donc beaucoup plus vaste que 
celle de Mil-homens. Les Mil-homens sont un groupe de 
Guacos caractérisés surtout par la tige volubiie, recouverte 
d’un suber épais crevassé, souvent en crêtes longitudinales, 
et dont le bois présente la structure typique des Aristoloches, 
rayons en éventail et gros pores béants. 

A. labiosa qui n’en est qu'une variété. 

A. galeata, À. Brasiliensis, A. ringens, A. macroura dont 
les caractères diffèrent peu. 

A. maxima; elle forme un groupe important de Guacos, 
très nettement caractérisé à la fois par la structure des raci- 
nes, des tiges et des feuilles. On nomme souvent Guaco 
simplement les produits de cette espèce (ou d'espèces dont 
les organes végétatifs ne peuvent être distingués ). 

A. geminiflora, variété de la précédente. 


A. antihysterica, que Guibourt a vu dans le Guaco com- 
mercial. 


1 Je ne sais à quoi il faut attribuer cette dénomination de Racine de mille 
Hommes. 


ER 

A. fragrantissima, qu’on appelle Guaco dans les environs 
de Colima (Mexique), et qu’on nomme aussi « Guaco de 
terra caliente*. » 

A. pentandra, qui constitue dans le Yucatan le Guaco de 
San Cristobal. 

A. ovalifolia, appellé dans Duchartre «Flor de Guaco. » 

A. anguicida ”, elc.;etc. 

Enfin on peut ranger dans les Guacos, sans qu’on leur ait, à 
ma connaissance, attribué ce nom autrement que par analogie, 
les À. grandiflora Sw., bilobata L., trilobata L.., odoratis- 
sima L., cordiflora Mutis, arborescens L. 

Il est donc certain que beaucoup d’Aristoloches portent en 
Amérique le nom de Guaco. Il est certain aussi que le pro- 
duit de ce nom, apporté en Europe par le commerce, a souvent 
contenu plusieurs de ces espèces. La composition du Guaco 
commercial en France a été étudiée avec grand soin par Gui- 
bourt dans un excellent mémoire: il y montre que, parmi les 
plantes vendues sous le nom de Guaco, les unes sont com- 
plètement inertes : ce sont les Mikania auxquels il ne faut 
certainement pas attribuer les propriétés alexitères du Guaco; 
les autres, sans pouvoir évidemment accomplir les cures mira- 
culeuses qu'on leur attribue, sont des plantes actives apparte- 
nant au genre Aristolochia. Il décrit ces drogues et en dis- 
tingue six formes ou espèces : A. cymbifera Martius; A. maxti- 
ma Linné, volubile et non volubile (ces deux formes ne peu- 
vent être distinguées en réalité); A. geminiflora Kunth, qui 
n’est qu’une variété de la précédente espèce; À. antihyste- 
rica Martius ; enfin, une Aristoloche fragile, dont le rap- 
prochement avec l’antihysterica est douteux. Ce sont là, 


{ Aimer. Journ. of Ph. 1855, p. 601, d'après le Jahresberichl der Pharma- 
cognosie de Bekurls 1885, p. 29. 

2 Nueva farmacop. mexicana. 

* Baron de Villafranca, Notes sur les plantes utiles du Brésil, 1879. 


et 


UT 
d'après Guibourt, les éléments fondamentaux du Guaco, qui 
contient aussi une certaine proportion de Mikania. 

Fristedt, d'Upsal, appelé à s'occuper d’une liqueur de Guaco 
employée par Bjürken contre la syphilis, arrive aux mêmes 
conclusions que Guibourt, relativement au Guaco, et l’attri- 
bue aux À. cymbifera, maxima et antihysterica, et non au 
Mikania'. 

Mais je dois dire que, depuis l’époque où Guibourt a 
écrit son Mémoire, le Guaco commercial ne contient plus 
d’Aristoloches, en France du moins. J’ai pu m’assurer que, 
dans nos grandes maisons de droguerie, à commencer par la 
pharmacie Centrale, on ne connait plus d'autre Guaco que le 
Mikania : les Aristoloches ne s’y rencontrent plus du tout. 

Cependant aujourd'hui encore, les États de l'Amérique 
centrale ou méridionale envoient à nos Expositions, sous le 
nom de Guaco, plusieurs espèces d’Aristoloches, et, comme 
du temps de Guibourt, ces drogues peuvent le plus souvent 
être rapportées, ainsi qu’on le verra plus loin, soit à l'A. cym- 
bifera, soit à l'A. maxima, ou aux espèces voisines de ces 
deux types, qui n’en différent pas parles organes végétatifs. 


D'une façon générale, ce sont des tiges ou des racines, tan- 
iôt réunies, tantôt séparées, souvent aussi mêlées de feuilles. 
Elles sont fréquemment volubiles, mais semblent d’autres. 
fois dressées (maxima, etc.). Le diamètre de la base atteint 
parfois 3 1/2 ou 4 cent., mais exceptionnellement. La forme 
est cylindrique, plus rarement aplatie. Toujours ligneuses, 
elles sont recouvertes d’une couche extérieure subéreuse 
qui peut atteindre une épaisseur assez forte, et dont la 
couleur varie du fauve très clair au brun foncé. Ce suber est 
généralement mou, en couche parfois uniforme, mais bien plus 


1! Fristedt, Upsala Läkareforenings Fürhandlingar, NI, 312, d'après 
Jahresbericht der Pharmacognosie de Wiggers et Husemann, 1863, p. 49. 


NOT ES 
souvent disposé en crêtes longitudinales sur les tiges; sou- 
vent aussi, dans les échantillons de droguier, ce suber tombe 
par places, entraînant avec lui l'écorce sous-jacente. Celle-ci 
est extérieurement de couleur assez sombre, lisse ou cannelée, 
et porte fréquemment en dedans la trace, colorée ou non, des 
lignes alternatives du bois et des rayons médullaires. Cette 
écorce, souventtrès dure, à cause des zones fibreuses et pier- 
reuses qui s'y rencontrent, contient d'ordinaire beaucoup d'o- 
léo-résine et d'amidon. Elle est habituellement plus épaisse 
dans la racine que dans la tige. Sur la section, la couleur varie; 
souvent elle est blanchâtre. C’est l'écorce qui est la partie la 
plus active. Tantôt elle est solidement unie au bois, tantôt, au 
contraire, elle s’en sépare avec la plus grande facilité, et l’on 
voit à l'œil nu une fente irrégulière entre l’axe central et l’en- 
veloppe. En même temps aussi, les rayons médullaires qui 
séparent les rayons ligneux tendent souvent à se fendre. Le 
bois est très important à étudier. Tantôt, comme chez les 
Mil-homens, il présente la structure typique en éventail, 
tantôt il diffère suivant qu'on l’examine dans la tige ou dans la 
racine (groupe de l'A. maxima). La moelle, souvent absente, 
est parfois assez volumineuse. 

Les rayons médullaires complets ou incomplets peuvent 
varier de largeur, de nombre et de direction. 

Ces fragments sont quelquefois fort durs et résistants, quel- 
quefois au contraire, très faciles à briser (Aristoloche fragile, 
etc.). Les rayons ligneux se cassent assez difficilement en tra- 
vers, mais par contre se séparent d'ordinaire fort bien sui- 
vant la longueur, en donnant à la drogue un aspect spécial. 

Le plus souvent de densité très faible, ils peuvent être assez 
lourds, mais exceptionnellement. 

L'odeur a parfois disparu dans les vieux échantillons, mais 
d'ordinaire elle réapparaît par le grattage ou la section. Cette 
odeur est souvent rutacée, en tout cas spéciale, aromatique, 


CLOUS 


2e Mc 

forte, sui generis, avec quelques variations suivant l'espèce. 
Le goût, lui aussi, varie un peu; un goût piquant et aroma- 
tique précède souvent la sensation d’âcreté et d’amertume, 
quine se développe qu'un peu plus tard à l’arrière-bouche. 
L'odeur et la saveur sont toujours naturellement plus accen- 
tuées dans l’écorce que partout ailleurs. 


Ce sont là les caractères principaux qui permettent de réu- 
nir les divers échantillons de Guacos. Ceux-ci comprennent, 
en réalité, la plupart des espèces médicinales lizneuses. Mais 
si ce groupe est assez caractérisé dans son ensemble, les dif- 
ficultés commencent lorsqu'on veut chercher à distinguer les 
espèces d'après les seules drogues, et, il faut bien l'avouer, 
cette distinction est souvent tout à fait impossible, parce que 
les caractères extérieurs et la structure anatomique offrent, 
entre ces fragments, tous les passages. 

Dans la description qui va suivre, je parlerai d'abord du 
Groupe de l'A. cymbifera, entendant par là que les drogues 
décrites sous ce nom peuvent être fournies soit par l'espèce 
elle-même, soit par des espèces très voisines, que les organes 
reproducteurs séparent seuls. Sous le titre: Groupes voisins 
des Mil-homens, À, B, C, etc., etc., je décrirai successive- 
ment tous les échantillons qui diffèrent peu des précédents, 
mais ne semblent pas identiques. Quelques-uns sont accom- 
pagnés d’un nom d'espèce très souvent discutable, et des noms 
vulgaires. Le Groupe du maxima comprendra des échantil- 
lons- bien caractérisés, mais dont l'attribution au maxima 
faite par Guibourt n’est que probable. Les Groupes voisins du 
maxima viendront ensuite: et deux ou trois spécimens dis: 
tincts des précédents termineront cette section, la plus vaste 


assurément, comme aussi la plus obscure de toutes celles des 


Aristoloches.Cemodede groupement ne préjugerienetal'avan- 


tage de laisser la porte ouverte aux recherches ultérieures. 


6] 


— 70 — 
Vouloir, comme on l’a fait trop souvent, donner des noms 
d'espèces à des fragments si semblables, d'origine souvent 
si incertaine, et sur lesquels on a si peu de renseignements, 
serait non seulement téméraire mais nuisible, on augmente 
rait encore à plaisir les difficultés et l'obscurité de la question. 


Les propriétés des Guacos sont très semblables : il est même 
rare de trouver dans un genre une aussi grande homogénéité 
d'action. Les traits généraux en ont été tracés dans la pre- 
mière partie de ce travail, et l’on se reportera, pour les faits 
spéciaux, à l'étude des espèces. 

Mais la plus connue de toutes ces propriétés, celle qui a 
valu aux Guacos leur réputation si souvent exagérée, est leur 
action alexitère. J'ai déjà parlé de cette croyance si générale qui 
attribue cette action à toutes les Aristoloches. Plus que toutes 
les autres, avec les Serpentaires, les Guacos jouissent de cette 
réputation. Mutis,d’abord,et après lui bien d’autres voyageurs, 
ont chanté les louanges de ce remède avec une si évidente 
exagération que, par une réaction très naturelle, on a plus 
tard refusé toute action au Guaco. Comme ce sont des lianes 
fort longues et très souvent volubiles, Decaisne pense que 
les populations primitives les avaient comparées à des serpents 
et avaient conclu par analogie, de leur forme à leurs proprié- 
tés. Il est bien possible que la croyance aux signatures soit 
pour quelque chose dans la réputation de ces plantes, mais 
d’abord le raisonnement ne s'applique pas aux autres espèces 
d'Aristoloches dont la renommée est analogue; de plus, il y 
a quelque chose de vrai dans l’action de ces plantes, et l’exa- 
vération repose, comme on l'a vu, sur un fond de vérité. Les 
Guacos ne guérissent pas à eux seuls de la morsure des ser- 
pents, mais ce sont d'excellents diaphorétiques, des toniques 
et des stimulants utiles dont l’usage est très rationnel. 

Voici les types de Guacos que j'ai eu l’occasion d'étudier : 


I. — GROUPE DU CYMBIFERA ! 


Je réunis sous cette dénomination tous les échantillons 
constitués par des racines ou des tiges d’Aristoloches, et qui 
m 'ontparu se rapporter à ceux que décrit Guibourtsous le n°] 
dans son mémoire sur les Guacos. Ce sont les Mil-homens 
appelés aussi Jarra où Jarrinha. 

La détermination de Guibourt est incontestable; mais s’il 
est certain que l'A. cymbifera fournit des tiges et des raci- 
nes de Mil-homens, il est certain aussi que plusieurs espèces 
voisines (Brasiliensis, ringens, labiosa, macroura, etc., etc.) 
sont très analogues par leurs organes végétatifs, et spéciale- 
ment par les tiges et racines ; ces plantes habitent les mêmes 
régions ; les naturels et les voyageurs leur attribuent les 
mêmes propriétés; il est donc possible et même probable que 
ces tiges identiques sont recueillies et employées les unes 
pour les autres. En l'absence de tout organe caractéristique 
accompagnant l'échantillon, on attribuera les Mil-homens dont 
la description va suivre à un groupe de plantes dont l'A. 
cymbifera restera le type le plus net. 

Les tiges de ces groupes sont de toutes les Aristoloches 
américaines les plus connues dans les droguiers (sauf, bien 
entendu, les Serpentaires). Du temps de Guibourt, elles for- 
maient les trois-quarts du Guaco commercial. J'en ai trouvé 
de nombreux exemplaires surtout à l'École de pharmacie de 
Paris, dans les collections locales: les collections du Muséum 
en possèdent aussi plusieurs. Assez souvent ces échantillons 
étaient exactement nommés: beaucoup sans nom aucun. Ils 
provenaient toujours de l'Amérique tropicale, ordinairement 


! La réapparition de la drogue sur le marché européen vient d'être signalée, 
il ya quelques années ( Wien. Chem. Zeitung, 1887, p. 379) 


ER ES 


du Brésil (dans ce cas sous le nom de Mil-homens ou sans 
nom); quelquefois du Paraguay sous le nom d’Ysipo-péré * 
ou de la République Argentine sous celui d’'Ycipo-Milhom- 
bre ; de la Colombie, sous celui de Guaco” et même une fois, 
sous l'étiquette fausse de Parceira brava jaune, du Salvador. 
En tout 16 à 18 spécimens qu'il est impossible de séparer, 
car si quelques-uns présentent d'assez grandes différences, 
on trouve entre eux tous les passages. 


Les tiges semblent être beaucoup plus employées que les 
racines, car on les rencontre bien plus souvent dans les dro- 
gues. 

Les racines sont parfois assez semblables aux tiges. La 
diminution plus rapide du diamètre, l'épaisseur un peu 
plus grande de l'écorce, la disposition du suber plus uniforme, 
la présence de quelques profondes fissures transversales à 
travers le suber et l'écorce, permettent de les distinguer. Elles 
partent souvent plusieurs à la fois d’une souche qui donne 
aussi naissance à plusieurs tiges. Sur une section transver- 


sale la distinction d'avec une tige est très difficile, le bois . 


ayant chez les deux le même aspect ou à peu près, et la même 


couleur jaune. 


Les tiges sont ordinairement coupées en morceaux de lon- 
gueur très variable, le plus souvent de 12 à 15 cent., parfois 
réunis en paquets assez réguliers et liés par un fragment 
d’écorce. Mais d’autres fois la longueur est plus grande et 
atteint de 30 à 60 cent. Le diamètre n’est pas moins variable 


1 Cet échantillon contient aussi des fragments dont l'aspect extérieur et 
le suber rappellent les Aristoloches, mais qui n'appartiennent certainement 
pas à cette famille, 

2 Cet échantillon diffère des autres par un suber de couleur très claire. L’éti- 
quette qu'il porte au Muséum indique qu'il atteint le sommet des arbresles plus 
élevés sur la côte du Pacifique. 


t 
PCA 2 ché: : 


ER, > de 
et va de 5 à 28 mm. '. Mais des fragments, même longs, 
ont un diamètre sensiblement égal d’une extrémité à l’autre, 
indiquant une liane extrêmement allongée. Ces tiges sont le 
plus souvent à peu près cylindriques, mais peuvent être apla- 
ties assez fortement. Elles sont fort peu rameuses, et peu ou 
pas noueuses. 

Quelques échantillons sont franchement volubiles, la plu- 
part simplement flexueux. 

Ces fragments sont en général fort légers. 

La surface est recouverte d’un SUBER quelquelois très 
abondant, dont la couleur terreuse est rarement foncée, quel- 
quefois grisâtre, souvent fauve ou gris-brun,ou brun clair, 
la même d’ailleurs que sur la racine. 

Ce suber acquiert souvent une épaisseur assez forte et se 
sépare longitudinalement en longues crêtes plus ou moins paral- 
lèles, parfois très hautes, parfois assez vagues, entre lesquelles 
on aperçoit souvent la région corticale noire. [Il ne manque ja- 
mais tout à fait, mais diminue parfois d'épaisseur et les crêtes 
peuvent alors s'effacer presque complètement. Îl a de 1/2 mm. 
à 5 mm. d'épaisseur. Il est mou, assez souple sous le doigt, 
quelquefois friable, surtout sur les parties souterraines. Des 
lichens et des mousses peuvent, mais rarement, s’y rencon- 
trer. Le fond des sillons atteint parfois l'écorce ; il est ordi- 
nairement de couleur plus foncée que les crêtes. Sur la section 
transversale, les couches concentriques de suber sont très 
visibles lorsqu'il est un peu épais, et les assises profondes 
sont toujours plus foncées. 

Au-dessous du suber, et généralement assez adhérente 
avec lui, se trouve l'ÉCORCE, quelquefois dénudée par places 
par la chute du suber, parfois ridée en long par la dessiccation, 


4 Les plus gros sont, dit-on, fendus en long dans le commerce, mais je 
n'ai pas eu l’occasion d'en voir. 


M oue 
mais d'ordinaire unie et de couleur généralement foncée, pres- 
que noire quelquefois sur sa face externe très dure, résistant 
à l’ongle. La face interne porte l’impression des faisceaux du 
bois. L’épaisseur en est variable et souvent difficile à bien 
apprécier à l’œil, la limite entre l'écorce et le suber étant 
parfois peu nette. Dans quelques cas, cette épaisseur atteint 
9 mm.,ordinairement 0 mm. 75 à { mm. Sur la section trans- 
versale l'écorce est de couleur variable, probablement sui- 
vant l’état de conservation de l'échantillon. Mais presque tou- 
jours on y distingue près du suber une fine ligne blanchâtre. 
La couleur générale est jaunâtre ou brunâtre, quelquefois 
très claire et presque blanchâtre. Quelquefois on voit ex- 
térieurement une ligne foncée et en dedans une zone jaunâtre. 
Un autre caractère qui varie beaucoup d'un échantillon à 
l’autre est l’adhérence de l'écorce au bois. En général, elle 
est très faible et même nulle, et il est fréquent de voir sur 
la section une solution de continuité irrégulière entre l'axe 
et l'enveloppe. D’autres fois, au contraire, l’adhérence est 
complète. Le moment de la récolte est peut-être pour beaucoup 
dans ces différences. 


L’AXE LIGNEUX est à peu près constamment cylindrique. Il 
présente la disposition typique des Aristoloches, la struc- 
ture en éventail si souvent décrite. Cet aspect est quelquefois 
d’une grande netteté. Les secteurs longitudinaux principaux 
cunéiformes sont souvent, lorsque la tige est brisée ou que 
l'écorce a disparu, séparés les uns des autres, plus ou moins 
tordus, parcourus sur la région dorsale par la trace longitu- 
dinale des rayons médullaires de 2° et de 3° ordre. Les sec- 
teurs sont rompus nettement, mais à des hauteurs diverses. 
La couleur générale du bois sur la section transversale fraîche 
est jaune, brune, fauve où même parfois jaune assez vif, avec 
quelques modifications dûes souvent à des altérations. 

La surface de section est partout criblée de pores bien visi- 


bles à l'œil nu. Les rayons médullaires sont fins, étroits, sou- 
vent blanchâtres, d’autres fois au contraire plus foncés que le 
bois avec des intermédiaires : ils sont de grandeur inégale. 
Quelques-uns se rejoignent d'ordinaire, au centre, mais non 
toujours et en tout cas ne forment jamais de moelle ‘. Il est 
fréquent de voir une fissure radiale plus où moins complète 
s'étendre à leur place entre deux secteurs du bois. 

Si l’on brise certains échantillons, il s’en échappe une pous- 
sière blanchâtre d’amidon. Le fait est cependant assez rare. 
L'odeur, assez insignifiante ou nulle, se développe beau- 
coup, dès qu'on gratte ou qu’on sectionne l'échantillon, sur- 
tout dans la région corticale; c’est une odeur d’Aristoloche 
caractérisée, un peu rutacée, mais en même temps aromatique, 
moins désagréable de beaucoup que celle de nos espèces in- 
digènes *. | 

La saveur est extrêmement àcre à lagorge, tout à fait aris- 
tolochique. Ici, comme toujours, c’est l'écorce qui impressionne 
le plus vivement. Cette saveur est en même temps aromatique 
et piquante. | 

Dans aucun échantillon je n’ai vu de feuilles. 


STRUCTURE. — L'anatomie des échantillons du groupe 
cymbifera nous montre, avec des caractères généraux assez 
semblables, de nombreuses différences de détail. 


SUBER. — Peu de choses à en dire. Il se forme d'ordinaire 
abondamment et présente des zones successives parfois très 


‘ Dans un seul échantillon épais, on trouve au centre une moelle triangu- 
laire. Le même échantillon, qui est fort long, en est dépourvu plus haut. La 
moelle existe à l’état jeune. 

? On a souvent comparé cette odeur à celle de l'A. Serpentaria. Mais 

elle m'a toujours semblé moins camphrée, et moins aromatique, sur les 
L 


échantons que j'ai eus. Celle du macroura serait, d’après Brandt, plus 
forte que celle du cymbifera. 


Tee 


nettes: les cellules en sont presque toujours allongées radia- 
lement. 


Au-dessous du suber se trouve une ZONE PARENCHYMA- 
TEUSE souvent peu épaisse, de 4 à 8 rangées de cellules à 
parois minces quelquefois colorées en brun. Ces cellules peu- 
vent être vides, mais contiennent fréquemment de l’amidonet 
quelques-unes d’entre elles sont souvent remplies plus ou 
moins complètement par une substance oléo-résineuse, proba- 
blement une huile essentielle résinifiée, dont la couleur est 
ordinairement jaune citron ou jaune orange, mais qui 
parfois, dans d’autres cellules, est blanche et transparente. 


Puis vient une ZONE DE CELLULES SCLÉRIFIEES dont on 
trouve toujours des traces, mais qui peut présenter des aspects 
assez différents. Elle est en effet continue dans certains 
échantillons, interrompue çà et là dans d’autres, tantôt for- 
mée uniquement de quelques rangées de sclérites jaunes à 
paroi épaisse et canaliculée, tantôt constituée par des paquets 
alternatifs de sclérites et de fibres : celles-ci polygonales, les 
extérieures à parois plus épaisses, les intérieures à lumière de 
plus en plus grande, également jaunes, faisant souvent 
saillie dans le parenchyme sous jacent. Cette zone peut dans 
quelques cas être très réduite. 


Un PARENCHYME succède à cette zone. Il est souvent très 
épais, formé de cellules semblables et remplies d’amidon ou 
d’oléo-résine. Les cellules huileuses sont même ici d'ordinaire 
beaucoup plus abondantes qu’en dehors de la zone scléreuse. 
Souvent dans ce parenchyme se montrent des cellules selé- 
reuses (ou des fibres plus rarement), parfois isolées, ordinai- 
rement par groupes irréculiers, plus où moins abondants: 
chez quelques-uns ces gros paquets de sclérites pénètrent pro- 
fondément dans les rayons médullaires en prenant une forme 
allongée radialement. D'autres fois ces cellules sont extrê- 


7-2: 


=? = 
mement nombreuses et irrégulièrement répandues, mais très 


peu épaisses. Enfin elles sont quelquefois à peu près ab- 
sentes. 


Le LIBER forme, en face de chaque faisceau ligneux, des 
arcs à concavité interne. 

L’écorce est donc, on le voit, assez variable d'aspect et il 
est possible que ces variations répondent à des origines diffé- 
rentes de la drogue. Mais il ne faut pas leur attribuer une im- 
portance trop considérable, car il existe trop d’intermédiaires 
entre les extrêmes. Entre les écorces dépourvues d'huile par 
exemple et celles qui en sont remplies, on trouve tous les pas- 
sages ; entre l'absence complète et la surabondance d’amidon 
on rencontre aussi tous les types de transition. Dans le même 
échantillon on peut voir des fragments de structure différente : 
ainsi, dans le cymbifera du droguier de Guibourt, les tiges 
âgées ont beaucoup d'huile et d’amidon et une zone scléreuse 
interrompue : les branches moyennes ont une zone scléreuse 
continue et très peu d’amidon et d'huile. L'âge du fragment, 
l'époque de la récolte peuvent avoir grande influence sur ces 
variations qu'on peut résumer ainsi : 


Abondance plus où moins grande d'amidon. 
— — an d’oléo-résine. 

Zone scléreuse continue ou non, parfois très réduite, avec 
ou sans fibres. 

Abondance très variable des sclérites entre la zone 
scléreuse et le bois. 


Quant au BoIs, il est remarquablement homogène partout : 
constitué par de gros faisceaux en éventail, il est dichotomisé 
régulièrement de part et d'autre de rayons médullaires de plus 
en plus courts, etformé par de gro$ vaisseaux irrégulièrement 
distribués et séparés par des fibres ligneuses nombreuses, 
épaisses, polyédriques. 


TRUE 


Les RAYONS MÉDULLAIRES varient beaucoup de largeur. Ils 
peuvent contenir les mêmes éléments que l'écorce, c’est-à-dire 
des sclérites, de l’amidon, de l’oléo-résine. 


GROUPES VOISINS DES MIL-HOMENS 


À) Aristoloche à odeur de rue. — Mil-homens de 
Cayenne. — La drogue dont il est ici question a été apportée 
de Cayenne par M. Leprieur. C’est également cette sorte qui 
existe au Muséum sous la simple étiquette: « Guyane, 
M. Étienne, 1817.» Elle est en fragments de 10 à 15 centim. 
sur 15 à 18 mm. de diamètre, recouverte d'un épais suber 
mou, fauve, qui manque sur beaucoup de points. Il semble 
disposé en bandes longitudinales, inégalement épaisses. Sur 
certains points, les couches successives, visibles les unes 
sous les autres, donnent à ce suber un aspect moiré. 

L'écorce sous-jacente est noire en dehors, marquée de 
sillons longitudinaux peu profonds. 

Sur une section transversale, on voit au-dessous du suber 
une écorce d’un brun noirâtre de 1/2 à 1 mm. d'épaisseur. 

Le bois, d'un blanc jaunâtre, percillé de pores bien visi- 
bles, occupe une large surface. 

Quelques rayons médullaires minces, de couleur brun noi- 
râtre, viennent se rejoindre au centre : entre eux se trouvent 
des rayons de 2° et de 3° ordre. Quelques fissures parfois. 
L'ensemble est assez compact, l'écorce adhérente au bois. 

L'’odeur est plus forte dans l'échantillon du Muséum, de date 
plus récente. Elle se développe en tout cas à la section. C’est 
l'odeur d’Aristoloche, mais un peu rutacée en effet, aromatique 
et térébenthinée, moins désagréable que beaucoup d’autres, 
quoique forte. 


CAL (: LP 


Le goût est piquant, aromatique, un peu amer et âcre à la 
gorge, plus accentué dans l'écorce. 


STRUCTURE.— On y voit : 

Du suber par places. 

Un parenchyme épais avec un peu d’amidon et d'huile. 

Une zone scléreuse interrompue avec quelques paquets de 
fibres. 

Quelques sclérites dans le parenchyme sous-jacent. 

Un liber en arcs. Rien de spécial pour l'axe ligneux. 

L'échantillon du Muséum en diffère par queiques points 
mais on trouve parfois des différences dans les coupes faites 
sur le même fragment, et l’on peut maintenir pour le moment 
le rapprochement de ces deux échantillons. 

En somme, on trouvera beaucoup de ressemblance entre 
cette plante et le cymbifera. L'aspect un peu spécial du suber, 
la couleur un peu plus foncée, l'odeur particulièrement forte 
et aromatique, sont des caractères assez secondaires ; peut- 
être faut-il identifier les deux. 

En tout cas, on ne peut les distinguer anatomiquement. 


B) Boerarie.— Sous ce titre : « Tige d'une espèce d'Aris- 
» toloche, vulgairement Boerarie (aromatique, employée 
» contre les maladies pectorales), Guyane anglaise »; et, sous 
une autre étiquette analogue, j'ai vu au Muséum deux échantil- 
lons très semblables qui présentaient la plupart des caractères 
des Mil-homens,tout en différant par quelques points. L'un 
d’eux date de Exposition de 1855. Ces échantillons com- 
prenaient seulement des fragments de tige, et l'absence com- 
plète non seulement des organes de reproduction, mais des 
racines et des feuilles, empêche toute détermination exacte. 

Ces tiges ont de 15 à 50 ou 60 cent. de longueur, sur 9 


Er Ve 

à 20 mm. de diamètre. Elles sont légères, un peu renflées en 
nœuds sur quelques points, recouvertes, mais non partout, d’un 
suber peu adhérent de couleur fauve, mou et souple peu abon- 
dant, offrant de longs sillons parallèles parfois un peu spi- 
ralés. Ces sillons sont moulés sur ceux de l'écorce sous- 
jacente, noire, dont le principal caractère est d’être ainsi mar- 
quée de ces cannelures parallèles, très nettes, assez grosses, ré- 
culières, répondant aux faisceaux ligneux intérieurs, tandis que 
le fond des sillons correspond aux rayons médullaires. La cou- 
leur de l’écorce est d’un noir foncé. On croirait à première vue 
que la tige a été carbonisée. Quelques fissures transversales. 

Sur la tranche, l’écorce un peu sinueuse a une couleur jau- 
nâtre ou brunâtre différente suivant l'échantillon, et une adhé- 
rence au bois variée également. Mais partout le bois jaunâtre 
est percé de pores bien visibles, partout aussi il a la structure 
caractérisée des Mil-homens. Les rayons médullaires sont sou- 
vent remplacés par des fissures. \ 

Le goût est aussi le même, et indique une plante stimulante 
et probablement diaphorétique. Il est fortement aromatique, 
un peu camphré, mais très peu âcre L'odeur est très carac- 
térisée. Il suflit de gratter l'échantillon pour la percevoir. 

Les cannelures de cette tige la distinguent nettement des 
autres Mil-homens. Mais c’est là encore une espèce probable 
ment bien voisine du cymbifera. 


STRUCTURE. — C'est encore ici celle des Mil-homens, mais 
il est intéressant de comparer les deux échantillons du petit 
groupe du Boerarie. Ces deux échantillons sont tout à fait 
semblables par les caractères extérieurs. Arrivés au Muséum 
sous le même nom, ils diffèrent des autres Mil-homens pardes 
caractères, il est vrai peu importants, mais qui se retrouvent 
chez tous les deux. On ne peut, en un mot, les séparer l’un de 
l’autre. Et pourtant il existe dans leur structure anatomique 
des différences aussi grandes qu'entre les diverses sortes du 


A7. 
1 LA 


Du ait à 


h À 


groupe cymbifera. Ainsi chez l’un, la zone scléreuse est bien 
plus régulière; chez l’autre, les sclérites du parenchyme sous- 
jacent, presque absents chez le premier, sont extrèmement 
abondants et peu épaissis. Chacun d’eux ressemble moins à 
l'autre qu’à tel ou tel type de cymbifera. La conclusion est 
que pour le groupe des Mil-homens, l'anatomie indique une 
parenté générale, mais ne peut fournir les éléments d’une dis- 
tinction nette entre les sortes admises. 


C) Guaco blanc. — Guaco mince. — Guaco long 
(Armenia). — Guaco grand (Guazapa). 

Ces échantillons proviennent du Salvador, qui les exposait 
sous les noms ci-dessus en 1889. Ils sont évidemment dûs à 
la même plante, et l’on peut les décrire ensemble. 

Ce sont des racines parfois mêlées de quelques fragments de 
tiges, et partant quelquefois de souches plus ou moins irrécu- 
lières, d’autres fois isolées. Elles ont d'ordinaire de 5 à 9 mil- 
limètres de diamètre sur une longueur indéterminée. La sur- 
face de ces racines est recouverte d’un suber d’un brun clair, 
fauve, un peu terreux, doux et comme onctueux au toucher, 
s’effritant facilement etse détachant sous forme de poussière. 
Au-dessous est l'écorce dure, brune, ou quelquefois un peu 
jaunâtre. 

Dans certains échantillons cette écorce se détache souvent 
du bois qui reste à découvert, mais la section transversale 
ne montre aucun hiatus entre l’écorce et le bois. 

Sur cette section, l'écorce apparaît de couleur brun jaunä- 
tre, jaunâtre ou jaune orangé, assez épaisse; sur les tiges (?) 
la zone corticale est très mince, blanchâtre, et les pores du 
bois sont très visibles. Ils le sont aussi d’ailleurs dans les 
racines, bien qu'un peu moins. Le bois est de couleur jaune. 
Les rayons médullaires, très fins, nombreux, parfois fissurés, 


Lane 
sont souvent peu visibles et demandent la loupe. Pas de 
moelle. 

De nombreuses racines, naissent sur les grosses. 

L'’odeur est assez nette à la section, mais faible. 

Le goût est plus accentué de beaucoup dans les racines que 
dans les tiges. 


Dans l’un des spécimens se trouvait une toute petite feuille 
sur une brindille. Cette feuille est cordiforme, relativement 
large, de? cent. sur ?, arrondie en avant, à sinus assez profond 
en arrière, pédalinerviée nettement, avec un réseau à la face 
inférieure. Pétiole assez long. 


STRUCTURE.— Les quatre échantillons appartiennent proba- 
blement à la même espèce, et l'anatomie confirme ce rappro- 
chement. La structure générale de la tige les écarte du groupe 
maxima et les rapproche, au contraire, beaucoup. des Mil- 
homens. Au-dessous du suber, en effet, est un parenchyme 
d'épaisseur assez variable, puis une zone scléreuse, tantôt 
continue, tantôt interrompue par places et constitué par des 
cellules scléreuses et des fibres en amas alternants. Quelque- 
fois la zone est formée presque uniquement de sclérites. Le 
parenchyme sous-jacent peut contenir quelques sclérites rares, 
jamais autantque dans certains Mil-homens vrais. L’amidon 
et l’huile y sont en abondance variable. 

Le bois est un bois de Mil-homens. 

Quant aux racines plus nombreuses que les tiges dans nos 
quatre échantillons, elles ont une écorce complètement 
dépourvue d'éléments scléreux, sauf rarement quelques petits 
amas situés dans la profondeur. Le parenchyme est épais, 
généralement très riche en oléo-résine et vorgé d’amidon. 

Les échantillons de Mil-homens pris comme type ne conte- 
naient que très peu de racines et la structure n’en était pas 
caractérisée. En général elles ressemblent aux vices anatomi- 


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de 


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ment. Aussi ne peut-on rien affirmer : mais il est difficile de ne 
pas faire de ces 4 Guacos un groupe voisin du cymbifera. 


D) Sous le nom d’ « Aristolochia cymbifera, Mil- 
homens » le droguier Guibourt contient deux échantillons 
qui me semblent différer par quelques caractères et qui pro- 
viennent peut-être d'une espèce voisine. 

Dans ces échantillons, on remarque que les parties sont 
presque complètement dissociées : l'écorce fragile et mince 
est presque partout séparée du bois, dont les secteurs eux- 
mêmes sont isolés les uns des autres. Dans les flacons où 
elles sont contenues, ces tiges longues sont arrangées en 
spirale, et il est impossible d'en retirer un fragment sans le 
briser plusieurs fois ; le plus souvent on n’amène à soi que l’axe 
ligneux. 

L'écorce est recouverte d’un suber, peu abondant il est 
vrai, non disposé en crêtes, comme dans la plupart des Mil- 
homens. Ce suber est de couleur claire, jaunâtre ou fauve; il 
manque sur beaucoup de points. L’écorce est mince, légère- 
ment striée en long par la saillie des faisceaux du bois, 
très fréquemment détachée de l'axe et formant des lambeaux 
reliés au bois par quelques fibres. Ces lambeaux sont eux- 
mêmes fornrés de deux couches, l’une interne jaunâtre, 
l'autre externe grise, extrêèmement fragile. ” 

Le bois est d'aspect noirâtre ou fauve; il est constitué 
par des faisceaux plus ou moins séparés les uns des autres, 
ou réunis par groupes: sur les faces latérales sont les traces 


des rayons médullaires. Sur la section on voit bien les pores. 


Les tiges semblent un peu aplaties. Elles ont environ 10 à 
18 mm. de diamètre, lorsqu'elles sont entières. 
L’odeur, d’après l'étiquette de l’un des flacons, était fétide 


EL ee 

et repoussante. Elle existe encore même sans qu’on touche à 
l'échantillon: elle se développe, si on le froisse. La saveur est 
forte, piquante, et amène une constriction et une âcreté très 
vives à la gorge. 

La drogue semble provenir d'une plante active; depuis 
longtemps conservée en droguier, elle a perdu sans doute 
beaucoup de ses qualités. Je ne pense pas que ce soit le vrai 
cymbifera, mais seulement une plante voisine. 

STRUCTURE. — La structure de l’écorce est assez nette. 
C'est un Mil-homens à écorce très mince, formée de quelques 
couches subéreuses, puis d’un parenchyme cortical à cinq 
ou six assises au plus, avec quelques cellules à huile, suivi 
d’une zone à peu près continue de cellules scléreuses peu 
nombreuses, alternant avec des paquets de fibres assez 
oros. Ni le liber ni le bois n’ont rien de spécial. L'ensemble, 
foncé, presque noir, nécessite l’action de la potasse pour 
s'éclaircir. Les fibres sont longues, les plus internes à lumière 
de plus en plus large. 


E) A. fragile. — Guibourt a rapporté avec doute la 
drogue qu'il a décrite sous ce nom à l'Aristolochia anti- 
hysterica de Martius. Je n’ai vu d’autres échantillons de cette 
espèce qui ceux de Guibourt (classés sous le n° V bis). Ils of- 
frent des caractères assez spéciaux qui les distinguent des au- 

.tres Aristoloches, mais je ne vois pas quels sont ceux qui les 
ont fait rapprocher de l’antihysterica plutôt que de beaucoup 
d’autres espèces. Ils ne ressemblent guère en tout cas à l’anti- 
hysterica décrit ci-après. Le mieux est donc de conserver le 
nom d’Aristoloche fragile qui répond à l’un des principaux 
caractères de la drogue. 

L’Aristoloche fragile est en fragments de 4 à 10 mm. de 
diamètre, sur une longueur variable parfois très grande. 


Se — 

L'ensemble a une couleur brun chocolat plus ou moins foncée, 
ou même presque noire, une extrême légèreté et une fragi- 
lité caractérisque. Les tiges sont recouvertes par un suber 
relativement épais et d'ordinaire disposé en hautes et longues 
crêtes longitudinales ; d’autres, probablement plus jeunes, ont 
la surface presque lisse et luisante. Le suber fait corps avec 
l'écorce sous-jacente qui au contraire est fort peu unieau bois 
et s’en sépare très facilement sous forme de fragments ou de 
cylindres creux. Cette écorce est très fine et très cassante, de 
couleur brune, souvent luisante, plus claire en dedans. 

Le bois ainsi mis à nu se montre formé de secteurs qui se 
rejoignent au centre et que la disparition des rayons médul- 
laires rend très distincts et sépare en longues bandelettes. La 
couleur de cet axe ligneux est souvent plus claireque le reste. 


Sur la section transversale on voit: 


1° Le suber très foncé, limité en dedans par une ligne 
dure ; 

90 La zone corticale d’une minceur extrême, blanchâtre ; 

3 L’axe ligneux dont les rayons peu nombreux, tantôt sé- 
parés tout à fait, tantôt unis encore au centre, autour d’une 
petite moelle, sont percés de pores très fins, peu visibles à 
l'œil nu, très nets à la loupe. Les rayons médullaires soni fins 
et étroits, souvent remplacés par une fente. 

L'odeur est nulle partout. 

Le goût est à peu près nul : un peu âpre parfois à cause 
du suber. 

Je n’ai point vu de feuilles. 


STRUCTURE. — L’anatomie y montre: un suber souvent fort 
épais ; une écorce extrême mince, fine, et composée à peu 
près exclusivement par la zone scléreuseassez large. Celle-ci 
est formée de sclérites peu nombreux, ponctués, alternant avec 
des paquets volumineux de cellules allongées et épaissies 


6 


— 86 — 
et à lumière très large. Le liber se voit seulement par pla- 
ces. Le bois n’a rien de particulier. Il a la structure typique 
du groupe. 


F) À. antihysterica. — L’échantillon que décrit Guibourt 
lui a été envoyé par Théodore Martius, frère du célèbre bo- 
taniste voyageur qui a décrit l’espèce. Il faut donc le consi- 
dérer comme authentique, d'autant plus qu'il répond à peu 
près à la description de Wittstein. Il est formé de fragments 
de racines de diamètre variable, ne dépassant pas 2? cent. 

Extérieurement, un suber d’un brun assez foncé recouvre 
une écorce fort dure, également de couleur sombre. Ce suber 
manque sur bien des points : il est assez mince et forme des 
lignes longitudinales peu visibles. Des fissures transversales 
irrégulières, comprenant une partie seulement de la circonfé- 
rence, mais profondes et atteignant le bois, se montrent de 
loin en loin. L'ensemble est d’une couleur assez noirâtre foncée. 


Sur la section transversale on voit : 


a) Une zone extérieure foncée, avec du suber mat, et la 
partie extérieure de l’écorce luisante, dure, formant une 
deuxième ligne plus foncée que celle du suber. 


b) Une ligne blanche circulaire très dure, fine. 


c) Une zone brune plus claire que la première, dans laquelle 
viennent se jeter les rayons 'médullaires. 

Cette écorce, très dure, est relativement assez épaisse, sur- 
tout dans les petits échantillons; mais chez ceux-ci les zones 
corticales énumérées ne sont pas distinctes. La région corti- 
cale est très intimement liée au bois. 

Le cylindre ligneux estformé d'une dizaine de coins, séparés 
par des rayons médullaires, bruns ou parfois blanchâtres et 
non toujours très réguliers, qui se rejoignent souvent au 


re 
centre. Les coins ligneux, séparés aux extrémités brisées, 
sont de couleur jaunâtre, percés de pores visibles. 

L’odeur, nulle d’abord, se développe à la section. 

Le goût est fort, aromatique et piquant : c'est le goût 
d’Aristoloch®, désagréable, mais moins âcre que dans d’autres 
espèces. 

Comme l'avait pensé Guibourt, la feuille qui accompagne 
son échantillon n’en fait pas partie. 

Wittstein ‘ a donné de cette racine une description qui 
concorde assez bien avec celle qui précède. Les fragments 
qu'il a vus étaient plus gros (jusqu’à 3 centimètres de diamè- 
tre), plus longs etramifiés, l'écorce séparable du bois, etc. ; 
mais les différences sont, en somme, peu importantes. 


STRUCTURE. — C’est celle d’un Mil-homens, et je crois la 
distinction très difficile avec le groupe cymbifera. Ici encore 
on trouve des variations de structure dans le même échan- 
tillon. La zone scléreuse est continue dans certaines coupes; 
elle est absente dans d’autres. Il n'existe alors que de nom- 
breuses cellules plus ou moins épaissies , éparses ou en 
paquets dans le parenchyme assez épais. Très peu d’amidon, 
beaucoup d'oléo-résine. Les rayons médullaires se rejoignent 
au céntre. Ils contiennent assez d'huile. 

L’anatomie ne peut différencier cet échantillon des autres 
Mil-homens. 


G) A. fragrantissima ? — J'ai eu sous le nom de cette 
espèce ou sous celui de Liane de l'Étoile (qui en est le 
nom vulgaire) des échantillons différents dont aucun ne ré- 
pond absolument à la description de Ruiz. Je ne puis qu’en 
donner la description et l’origine. 


1 Buchners, Repertor. f. die pharm , 1836, p. 145-166, 


MSIE 

I. — L'un d'eux était à l'École de pharmacie de Paris et 
provenait du Salvador (Verapaz), Exposition de 1889, sous le 
nom de «Racine de l'Etoile.» Cet échantillon ressemble beau- 
coup à un autre que l'École possède aussi sous le nom de 


« Guaco (Guatemala). » L’A. fragrantissima est une plante 


surtout péruvienne ; mais on l’a souvent citée au Mexique et 
elle existe aussi dans l'Amérique centrale. 

Ce n'est pas une racine, mais une tige, cylindrique ou légè- 
rement aplatie dont les fragments ont 30 à 40 cent. de long 
sur 10 à 20 mm. de diamètre. Extérieurement, la couleur est 
d'un fauve grisâtre. Le suber existe, mais peu développé. 
Des cannelures se montrent à la surface, longitudinales, peu 
profondes, mais longues, parallèles et nettes. On voit aussi 
quelques fissures transversales, mais surtout de petites crêtes 
fines, annulaires, en cercle incomplet, irrégulièrement distan- 
tes. L’écorce adhère au bois, sauf les points où les branches 
ont été tordues. Au-dessous du suber, l'écorce est dure, de 
couleur brune assez foncée. 


Sur la section transversale, on voit: 
Une ligne subéreuse mince; 


Une zone blanchâtre mince, continue avec les rayons mé- 
dullaires ; 


Des arcs libériens correspondant aux faisceaux ligneux 
et placés entre les rayons médullaires. Ils sont plus foncés 
que ces rayons, et ceux-ci moins clairs que le bois dont les 
secteurs sont d'un blanc jaunätre, percés de pores bien visi- 
bles. Pas de moelle. 

Les rayons du bois sont régulièrement rangés autour du 
centre, mais l'aspect n’est ni plus ni moins étoilé que celui 
des autres Aristoloches du même groupe. 

L'échantillon venu du Guatemala sous la simple dénomina- 
tion de Guaco ne peut être séparé du premier, mais ilcontient 


2 S0 
des branches plus jeunes, où le suber plus épais est disposé en 
crêtes longitudinales ; le sommet de ces crêtes porte encore 
souvent les restes de l’épiderme luisant. 

L'odeur, quand on coupe l'échantillon ou qu’on en frotte la 
surface, est très aromatique. 

Le goût est un peu âcre, mais surtout aromatique, non trop 
désagréable. 

Malgré quelques différences que l’on pourra constater en 
comparant cette description à celle de la drogue fraiche, faite 
par Ruiz, et résumée dans la troisième partie de ce travail 
(voy. À. fragrantissima ), il se peut que ce soit là la tige de 
la Liane de l'Étoile. Mais l'affirmation est impossible. En 
tout cas, c’est une drogue proche voisine des Mil-homens. 


STRUCTURE. — C’est tout à fait celle des Mil-homens ; 
mais, ainsi qu'on l’a vu pour d’autres groupes, les coupes 
dans le même échantillon ne sont pas identiques. En géné- 
ral, c'est le type à zone scléreuse continue, avec quelques pa- 
quèts de fibres et d'assez nombreux amas de sclérites péné- 
trant jusque dans les rayons médullaires. L’abondance de 
ces éléments est plus ou moins grande. Ici encore, je crois 
la distinction d'avec certains échantillons de cymbifera tout 
à fait impossible. 


Il. — L'« A. fragrantissima du Mexique » que j'ai eu de 
M. Bocquillon-Limousin, par l'intermédiaire de M. G. Plan- 
chon, a des caractères extérieurs qui ne permettent pas de le 
distinguer des Mil-homens. Ce sont de petits fragments d’une 
liane de 7 à 8 mm. de diamètre, à crêtes subéreuses, à écorce 
brune, dure et mince, à bois poreux, jaune pâle, à odeur très 
forte. La zone corticale est limitée en dehors par une ligne 
noire fine, contre le suber. Les rayons médullaires sont bien 
visibles dans l’écorce, surtout quand on mouille la surface de 
section, et donnent alors un aspect vaguement étoilé, Cette 


Op 
drogue est assez différente de la précédente et se rapproche 


beaucoup plus des Mil-homens vrais, dont il est impossible 
de la distinguer à première vue. 


STRUGTURE.— Elle semble assez particulière. Au-dessous du 
suber, tout le parenchyme, sans présenter de zone scléreuse 
nette, est rempli de cellules sclérifiées assez grandes et 1rré- 
culières, tandis que ia région péricyclique contient une foule 
d'éléments épaissis, jaunes, arrondis sur la section, allongés 
suivant l’axe, moitié fibres et moitié cellules scléreuses, avec 
de grosses ponctuations. 

Les cellules scléreuses de l'écorce pénètrent jusque dans la 
région externe des rayons médullaires, et ceux-ci montrent 
sur toute leurlongueur des sclérites épars et des cellules oléo- 
résineuses. 

Je doute fort que la détermination de M Bocquillon-Limou- 
sin soit exacte. En tout cas, ce n’est pas la même plante que 
celle du Salvador. 


H) A.? — Sous le nom d’« À. geminiflora, vulg. bejuco- 
carare ‘. Triana, Nouvelle-Grenade», il existe au Muséum un 
échantillon qui ne se rapporte pas à l’A. geminiflora décrit 
par Guibourt et dont il est question un peu plus loin. C'est 
une Aristoloche à structure typique nette : elle se présente 
en fragments de 8-14 cent. de long sur 1 à 3 1/2 de large. 

Extérieurement, l'écorce est souvent luisante et vernissée, 
fendillée simplement en long, craquelée, même dans des exem- 
plaires assez gros. Les fentes s’accentuent et s’allongent 
avec l’âge, et des crêtes subéreuses se montrent, couronnées 


1 11 faut faire observer que le nom de Bejuco carare s'applique non seulement 


à l'A. geminiflora, mais à d'autres espèces, entre autres à l'A. ringens. 


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20 

encore par la couche épidermique vernissée qui ne disparaît 
que plus tard. Le suber entoure complètement la tige : il 
est de couleur chocolat et parcouru par des fissures peu pro- 
fondes, un peu sinueuses. 

La section transversale montre : 

Un suber à plusieurs couches, foncé ; 

Une écorce blanchätre ou rarement foncée, en continuité 
avec les rayons médullaires ; entre les rayons, des îlots libé- 
riens noirâtres ; 

Un bois rayonné, jaune, à pores très visibles, très gros ; 

Des rayons médullaires nets et durs. 

Odeur etsaveur assez aromatiques. 


STRUCTURE.— Les caractères anatomiques sont ceux d’un 
Mil-homens ; la zone scléreuse est à peu près continue et les pa- 
quets de fibres plus rares et placés généralement au-dessous, 
avec leur aspect ordinaire. Dans le parenchyme sous-jacent 
(et aussi en dehors de la zone scléreuse), on trouve de nom- 
breux sclérites plus ou moins abondants, isolés ou d'ordinaire 
en groupes, à éléments quadrangulaires ou polyédriques, et 
pénétrant parfois dans les rayons médullaires. Très peu de 
cellules oléifères. Suber à zones nettes. 


1) À. Brasiliensis ? — J'ai eu sous le nom d’A. Brasi- 
liensis quelques fragments consistant en : 

1° Trois tiges fortement odorantes à la section et jeunes 
encore, recouvertes d’un épiderme brun chocolat déjà crevassé 
par le développement du suber. Sur la section, la zone corticale 
forme une petite ligne blanche fine. Le bois poreux central 


est formé de secteurs cunéiformes et ne diffère en rien des 


autres bois jeunes de ce groupe ; 
2% Des feuilles fort détéricrées, mais dont la forme était 


MOB EE 
probablement arrondie réniforme; blanchâtres au dessous, res- 
semblant en effet à celles de tout le groupe dont le Brasilien- 
sis fait partie; 

3° Des feuilles tout à fait étrangères à la drogue, et nommées 
dans l'échantillon « bractées » ; 

4° Des fruits d’Aristoloche, dont deux mal venus, noirâtres 
et peu reconnaissables, le troisième de 3 cent. 1/2 de long 
sur 2 cent. de large (ce qui est peu pour un fruit de cette 
espèce) et qui n'est pas de la forme qu'indique Duchartre. 

Il n’est pas certain du tout que ce soit l'A. Brasiliensis, mais 
c'est une plante du groupe. L’échantillon provient de M. Boc- 
quillon-Limousin qui dans son livre n'a décrit que les racines 
et dont la description ne permet pas de caractériser spécifi- 


1 
quement la drogue . 


STRUCTURE. — Suber épais. Parenchyme cortical à 7-8 
rangs de cellules irrégulières, quelques-unes pleines d’oléo- 
résine, avec peu ou pas d’amidon. Zone scléreuse très nette, 
formée alternativement de cellules scléreuses ponctuées et de 
gros faisceaux de fibres avec Paspect qu’elles ont d'ordinaire 
dans cette région. Les fibres sont proportionnellement plus 
nombreuses que dans beaucoup d’autres, et font saillie dans 
le parenchyme sous-jacent. C’est un bon exemple du type 
alternant. Les rayons médullaires contiennent de l’oléo-résine 
dans les cellules, et beaucoup d’amidon. L'épiderme luisant 
existe encore sur le sommet des crêtes subéreuses. 


J) A. grandiflora ?.—J'ai reçu sous ce nom de M. Bocquil- 
lon-Limousin, parl'intermédiaire de M. G. Planchon, depetits 
fragments d’une Aristoloche dont voici les principaux carac- 
tères : tronçons de 3 ou 4 cent. de long, épais de 16 à 28 


! Bocquillon-Limousin, Les plantes alexilères de l'Amérique. Paris, 1891, p. 19. 


do — 


recouverts extérieurement d’un suber en crêtes larges et 
assez épaisses, mou, de couleur brune. La surface de l'écorce 
est également brune et dure, un peu striée. La surface de sec- 
tion montre, au-dessous du suber, une écorce épaisse de 4 à 
5 mm., de couleur jaune blanchâtre. Le corps ligneux est 
formé de rayons en éventail dont les pores sont peu nom- 
breux mais visibles à l’œil nu. Les rayons ligneux de couleur 
brun verdâtre se détachent nettement sur des rayons médul- 
laires inégaux mais souvent larges, de la couleur de l'écorce. 

L'’odeur est peu aromatique, assez désagréable, aristolo- 
chique, mais non excessive. Goût âcre, d’abord légèrement 
poivré. 

STRUCTURE.— Sous le suber se trouve, après quatre ou cinq 
rangées de cellules minces, la zone scléreuse mince et inter- 
rompue de loin en loin; puis un parenchyme épais très riche 
en amidon et en oléo-résine ; mêmes caractères dans les rayons 
médullaires. En somme, rien de spécial que l'épaisseur de 


_ l’écorce et des rayons. 


Est-ce là le grandiflora de Swartz ? Je n’ai trouvé nulle 
part de bonne description des tiges et des racines de cette es- 
pèce. M. Bocquillon-Limousin, de qui provient l'échantillon, 
a d’ailleurs confondu, dans sa description du cymbifera, le 
grandiflora de Swartz, le grandiflora de Vahl et le grandi- 
flora de Gomez, en sorte que je ne sais trop à quoi il Pattri- 
bue lui-même. 


K) A. ? — L'’échantillon étiqueté dans le droguier Gui- 
bourt, « Aristoloche à grandes fleurs, Radix Mil-homens de 
l’Aristolochia grandiflora, — Radix Mil-homens Aristolo- 
chiæ ringentis vel grandifloræ », ne semble pas se rapporter 
à l'espèce. Il comprend : {° des tiges souvent aplaties et sil- 


LEE 

lonnées petites (5 à 6 mm. de diamètre), ramifiées, presque 
sans suber, à écorce très mince, sauf surquelques fragments, 
à pores du bois peu visibles; pas de moelle; couleur brune 
très foncée , — 2° des racines plus tortueuses, plus lisses, 
non striées, parfois profondément fissurées en travers, à écorce 
blanche, relativement épaisse, piquetée &e points rouges, avec 
des faisceaux de bois jaune, séparés par de larges rayons 
médullaires blancs. L’odeur est nette à la section, le goût 
d'autant plus âcre que l'écorce est plus épaisse. 


STRUCTURE.— La tige présente la zone scléreuse continue, 
avec fibres et sclérites, très près du suber. Le parenchyme 
sous-jacent est épais et contient un peu d'oléo-résine et 
beaucoup d’amidon. Les rayons médullaires sont épais. La 
racine n’a rien de spécial. L’amidon y abonde. Les éléments 
scléreux et fibreux manquent dans l'écorce épaisse. 

C’est évidemment une Aristoloche du groupe, mais rien ne 
la caractérise nettement, et la couleur, l'absence du suber, la 
finesse des pores du bois lPéloignent du type. 


L) A.? — C’est une drogue rapportée en 1844 de la Nou- 
velle-Grenade par M. J. Goudot. Elle est constituée par des 
paquets de tiges attachés par un fragment defilasse. Le plus 
long de ces fragments à 10 cent. et 13 mm. de diamètre, mais 
ordinairement ils ont de 5 à 8 mm. seulement et même 
moins. 

La couleur est chocolat : un suber souvent sillonné en long 
recouvre l’écorce noire extérieurement. 

Sur une tranche l’écorce de couleur claire, est assez mince, 
et entoure un bois dont la structure rayonnée est très nette et 
dont les pores sont visibles mais fins. Les rayons médullaires 
sont blanchâtres. 


95 — 


L'échantillon contient aussi quelques fragments de tiges 
très jeunes, fines et verdâtres. 

L'odeur se développe à la section. Le goût est aromatique, 
puis âcre. 

Je ne sais à quoi rapporter cet échantillon qui a quelques 
rapports avec les Mil-homens. 


STRUCTURE. — Tige. — Elle appartient au type scléreux par 
excellence. Presque toutes les cellules de l'écorce sont trans- 
formées en sclérites qui pénètrent abondamment dans les 
rayons médullaires. Il existe aussi des fibres. 

La pointe des faisceaux ligneux, qui se séparent facilement, 
est formée d’un petit amas de fibres ligneuses de couleur plus 
claire que celles du bois ordinaire. 


Racine. — Elle est aussi très scléreuse et les sclérites des 
rayons médullaires ont souvent une forme quadrangulaire ré- 
gulière. Ils contiennent de l’amidon ou une substance brune. 
Le corps ligneux est très nettement divisé en deux zones 
concentriques par une ligne brune. Les rayons médullaires 


de 2° ordre partentrégulièrement du point de contact des deux 
zones. 
Cette plante me semble spéciale. 


II. — GROUPE DU MAXIMA ? 


C’est à l’A. maxima que Guibourt rapporte la drogue décrite 
par lui dans son mémoire sur les Guacos, sous les n° 
IT et IIT; ce groupe présente un grand intérêt par la netteté 
des caractères : 1l semble aussi que ce soit une des espèces les 
plus employées, car on en retrouve les échantillons sous 


— 9% — 
diverses dénominations dans plusieurs collections de produits 
médicinaux. 

Je prendrai comme type de ce groupe un Guaco étiqueté : 
« Feuilles de Huaco, Santa-Anna, San-Salrador. Exposition 
de 1889 », que possèdent à la fois le Muséum d'histoire natu- 
relle et l'École de pharmacie de Paris. Cet échantillon com- 
prend non seulement les feuilles annoncées par l'étiquette, 
mais aussi des tiges et des racines et même des fragments 
intéressants ayant la structure de la tige à une extrémité et 
celle de la racine à l’autre. À cet échantillon, je rapporte avec 
certitude : 


1° Le Guaco, appelé par Guibourt «Aristolochia maxima 
non volubile », et qu'on retrouve dans son droguier sous les 
deux étiquettes suivantes : 

« Arisloloche Guaco non volubile, à feuilles étroites, à bois 
solide, non percé de pores béants, à odeur faible citronnée», 
et « Aristoloche faux Guaco à feuilles entières et longues, 
écorce et bois faiblement aromatiques. » C’est le n° IT de ses 
Guacos ; 


2° Le Guaco n° III de Guibourt, appelé par lui dans son 
mémoire « Aristolochia maxima volubile », et étiqueté dans 
son droguier : «Guaco à feuilles larges, glabres etodorantes,? 
Aristol. geminiflora H. B. K — odeur musquée, sans doute 
accidentelle, racine d'un jaune verdâtre intérieurement à 
bois solide à structure rayonnée sans pores ouverts appa- 
rents. M. Chevrier». Ces deux échantillons me paraissent 
identiques. Je ne vois pas en quoi le n° IIT a paru voiubile à 
Guibourt. Il contient un fragment de racine, tandis que le 
no II, plus considérable de beaucoup, ne contient que des tiges 
et des feuilles, mais tous les caractères sont les mêmes ; 


3° Un autre échantillon de l'Ecole de pharmacie de Paris, 
intitulé : « Guaco bejugo (contre les morsures venimeuses) 


SN = Ci 


RTS 
Guatemala. » Il contient des tiges et des feuilles identiques à 
celles du n° 1; 

4 Un fragment de tige provenant de la même collection 
et étiqueté : « Guaco du Guatimala. Aristoloche insipide 
inodore. Goût de moisi » ; 

5° Trois petits échantillons du Muséum d'histoire naturelle, 
ne portant pas de nom, et provenant de la République de 
San-Salvador, Exposition de 1838. L'une contient seulement 
des racines, l'autre à la fois tive et racine, la troisième con- 
tient une racine de maxima et une tige de cymbifera ; 

6° Un échantillon del'Écolede pharmaciede Paris, étiqueté : 
« Exposition de 18S9, Salvador. Racine de Ste-Marie, mu- 
nicipalilé de Potonico.» Très belexemplaire composé uni- 
quement de racines, à structure très nette. Le Muséum en 
possède également. 


DESCRIPTION. — Tous ces échantillons sont identiques : ils 
doivent être rapportés très probablement à la même plante et 
l'on peut les décrire ensemble. 


a) TIGES. — Tantôt mêlées aux racines comme dans l’échan- 
tillon type, tantôt et plus souvent séparées avec ou sans feuil- 
les. Les fragments ont une longueur maximum de 25 cent. 
environ et un diamètre fort variable depuis 3 mm. jusqu’à 
2? cent. 1/2. Les petites tiges seules sont ramifiées. Les plus 
âgées sont recouvertes d’un suber peu épais ne dépassant pas 
? mm. d'épaisseur, fendillé çà et là, irrégulièrement, mais 
n’offrant jamais les profondes crevasses et l'épaisseur du liège 
du groupe cymbifera. Ce suber lorsqu'il n’est pas recouvert 
des restes de l'écorce primitive, est fauve, spongieux, fin, 
doux et velouté au toucher ; sur les jets plus jeunes on voit 
autour du suber les traces de l'écorce. Plus jeunes encore, 
l'extérieur en est grisâtre, peu subéreux, luisant par places, 
sur les points où l’épiderme est conservé. Enfin, sur quelques 


PERS CEA 
tiges grêles, la couche épidermique olivâtre,luisante et comme 
vernissée, parfois un peu tuberculeuse, est à peu près continue. 
Quelques tiges assez minces sont un peu plus noueuses et moins 
rectilignes, moins luisantes. Ce sont celles qui portent les 
feuilles. Sous l'écorce, le bois est marqué de stries longitu- 
dinales, fines et parallèles. 

L’adhérence de l'écorce au bois varie suivant les échantil- 
lons. 

Sur une section transversale nette, l'aspect est spécial. Au- 
dessous du suber fauve, mince, se voit une très fine ligne 
blanchâtre ou grisätre qui représente toute l'écorce. Le centre 
estoccupé par une moelle blanc grisâtre, volumineuse surtout 
dans les tiges jeunes, et qui, si l'on fend la tige en long, se 
montre formée de disques minces, superposés. Entre l'écorce 
et la moelle, la région ligneuse est formée de fins rayons très 
réculiers, nets, alternativement blancs (ou gris) et brun 
verdàtre, répondant aux rayons médullaires et ligneux. Dans 
les tiges petites ou moyennes à peu près tous ces rayons vont 
directement du centre à la périphérie ; chez les gros, ils sont 
quelquefois bifurqués ou incomplets, mais rarement et sans 
révularité. La loupe n’y montre aucun pore. L'aspect général 
est très différent de celui des Mil-homens. 

b) Les RACINES constituent parfois à elles seules la drogue 
tout entière (dans la Racine de Ste-Marie, par exemple), ou 
bien elles sont mêlées aux tiges. Ces racines se distinguent 
facilement des tiges par quelques caractères. D'abord, elles 
ne sont pas cylindriques et constituent des sortes de pivots 
dont le diamètre maximum atteint 4 cent., puis diminue 
rapidement. Plusieurs tiges, de diamètre varié, naissent sur la 
grosse extrémité, tandis que des radicelles plus petites, mais 
toujours peu nombreuses, peuvent se montrer sur les côtés 
du pivot. Ces fragments de racine ont 20 à 25 cent, de long. 

Suber uniforme, mince, fauve un peu ocracé, généralement 


re 


— 99 — 

sans stries n1 crevasses, s'enlevant par plaques minces irrégu- 
lhières. D'autres fois, au contraire, il existe quelques fentes lon- 
gitudinales. Au-dessous du suber, région corticale gris jau- 
nâtre, d'une minceur extrème, parfois très adhérente au bois et 
presque inséparable, tantôt pouvant s’en détacher par frag- 
ments et portant alors sur sa face interne la trace des rayons 
ligneux sous forme de stries brunes, parfois sinueuses, très 
nettes sur le fond jaune ; sous cette écorce, sur les points où 
elle manque, on voit le meditullium ligneux formé de rayons 
ligneux et médullaires, les uns brun-verdâtre, les autres d’un 
blanc crème, longitudinaux, non parallèles, mais irrégulière- 
ment sinueux, et se touchant souvent. La région corticale est 
si mince, que sous le suber on devine très bien cet aspect à 
travers l'écorce. 

Sur une tranche nette, la structure est fort remarquable et 
spéciale : le suber mince occupe la zone extérieure; l’épais- 
seur de l'écorce est négligeable; pas de moelle. Le corps 
ligneux occupe donc toute la surface, et les faisceaux d’un brun 
verdâtre ou marron clair se détachent très nettement sur le 
fond. Ces faisceaux sont très légèrement sinueux; quelques- 
uns aboutissent au centre et s’y réunissent ; d’autres s’arrê- 
tent à distance variable de l'axe, mais assez régulièrement. 
Le nombre de ces rayons varie avec le diamètre ; mais la ra- 
cine, même très Jeune, ofire cet aspect caractéristique. Les 
pores ne sont ordinairement pas visibles. Sur deux fragments 
cependant, la loupe permet de les voir. Ils sont très fins. 

La surface de section de cette racine est douce au toucher, 
comme talqueuse. 

Ici, chose remarquable, c'est la structure des Aristoloches 
renversée. Au lieu d’avoir des rayons médullaires incomplets, 
qui n’atteignent pas le centre et s'enfoncent comme des coins 
dans le bois (Mil-homens, etc.), ce sont les rayons ligneux 
minces qui S'enfoncent en coin dans les larges rayons médul- 


— 100 — 


laires dont ils provoquent la bifurcation. Il y a ainsi des 
rayons ligneux de deuxième et de troisième ordre. Guibourt a 
été induit en erreur par cette apparence, et a donné aux rayons 
médullaires le nom de bois. En regardant avec attention, on 
voit pourtant, mais rarement, quelques rayons lisneux bifur- 
qués. 

L'odeur est partout nulle, quand on ne touche pas aux échan- 
tillons. Si l'on gratte ou si l'on sectionne, on ne perçoit 
œuère d'odeur que sur les gros fragments. Cette odeur est 
toujours faible ; sur les racines, elle a quelque chose de téré- 

benthiné. Les échantillons de Guibourt ont perdu toute odeur. 
= La saveur, d'abord peu nette, devient âcre à l’arrière-coût. 
Elle est plus marquée dans les parties âgées, plus marquée 
aussi et parfois très accentuée dans la mince région corticale. 
Mais d’autres fois le goût est à peu près nul, et il faut mâcher 
longtemps pour percevoir une certaine âcreté. 

c) Les FEUILLES sont alternes, à peu près distiques, gran- 
des, ovales oblongues, entières, acuminées plus ou moins 
finement, nullement cordées à la base (ou à peine), tri- 
nerves en bas, à nervures saillantes à la face inférieure. La 
nervure médiane donne quelques nervures secondaires alter- 
nes ; des nervures de troisième ordre vont presque parallèle- 
ment d’une nervure secondaire à l’autre et se ramifient à leur 
tour en un riche réseau anastomotique. La face supérieure 
est d’un vert foncé un peu erisâtre, surtout dans les vieux 
échantillons. La face inférieure, moins foncée, est d’an vert 
olive. 

La grandeur de ces feuilles est d’ailleurs assez variable, 
comme l’a montré Guibourt, avec tous les intermédiaires 
entre les extrèmes. Elles atteignent comme maximum 18 cent. 
de long sur 5 1/2 de large. Elles sont dures au toucher, assez 
épaisses, peu fragiles, à cause de leurs nervures résistantes. 
Un court pétiole les supporte. Elles sont glabres ; cependant 


— 101 — 

les pétioles et les jeunes tiges sont recouverts d'une poussière 
crisâtre que le microscope montre formée de poils desséchés. 

Les feuilles de l'échantillon type, qui date seulement de 
l'Exposition de 1889, ont, quand on les froisse, un arome 
nettement citronné. On a vu que ce caractère était noté sur 
l'étiquette de l’un des échantillons de Guibourt et dans la 
description qu'il en donne. Mais cet échantillon a aujourd'hui 
perdu toute odeur en vieillissant. 

Le goût est d’abord citronné, lui aussi, puis légèrement 
âcre, mais non très désagréable. 

Tous ces échantillons ont une structure identique de la 
tige et de la racine, et, lorsque les feuilles existent, elles sont 


aussi tout à fait semblables. Ils proviennent donc, soit de la 


même espèce, soit d'espèces très voisines. Mais est-ce l’A. 
maxima ? La chose est assez probable, bien qu’en l’absence 
de tout organe floral il soit difficile de se montrer affirmatif. 
Les feuilles répondent assez bien à celles que l’on attribue 
à cette espèce: elles ressemblent en particulier à celles de 
la description et de la figure de Jacquin'. Il est vrai que 
celle-ci les représente de face et qu’on n’y voit pas de réti- 
culum, mais la description donne les feuilles comme : subtus 
reticulato-venosa. 

La tige est décrite tantôt comme volubile (Duchartre, etc.), 
ce qui n’est certainement pas le cas de nos échantillons, tantôt 
comme sarmenteuse (Lamarck). Les notres sont droites, mais 
les fragments sont assez courts et il est bien possible qu’elles 
fussent sarmenteuses. 

La racine est dite par Jacquin: teres, ramosa, primaria 
diametro sesquipollicari ; vestitur cortice fusco rimosoque, 
succo autem scatet aurantio. Cette description semble dif- 
férer de celle de nos racines, dont l'écorce est plutôt claire, 


1 Amer., p. 233, fig. 146. 


— 102 — 
non fendillée, et semble trop mince pour donner beaucoup de 
suc. 

D'autres organes diffèrent aussi dans la description de 
Duchartre: ainsi les pétioles qu'il dit préhensiles, etc. Il me 
reste donc quelques doutes sur l’exactitude de la détermina- 
tion de Guibourt; mais, malgré tout, c’est de l'A. maxima 
que tout ce groupe se rapproche évidemment le plus. 


STRUCTURE. — Par opposition au groupe cymbifera, la 
structure est ici très homogène et dans tous les échantillons 
réunis déjà par leurs caractères extérieurs très nets, elle est 
absolument identique. L’anatomie devient donc ici beaucoup 
plus importante. 

a) T1GE. — La tige jeune offre sur la coupe : 

Un épiderme à paroi externe épaisse, souvent muni de 
quelques poils pluricellulaires simples. 

Au-dessous, trois ou quatre assises de parenchyme cortical, 
dont les cellules contiennent souvent un gros cristal d'oxa- 
late. 

Une zore de quatre à cinq rangées de fibres polvédriques 
à parois épaisses, à zones concentriques, interrompues de 
loin en loin, en face de certains rayons médullaires, par quatre 
ou cinq cellules plus grandes et moins épaissies. 

Une région libérienne peu distincte, à cellules comprimées 
et écrasées. 

L'axe ligneux formé par des rayons ligneux non dichoto- 
misés, symétriquement rangés autour d’une grosse moelle et 
montrant souvent le bois primaire à leur pointe. Ces rayons 


ligneux sont formés par quelques gros vaisseaux annelés, : 


rayés et ponctués, et par un grand nombre de fibres ligneu- 
ses. Celles-ci sont fortement épaissies, à lumière petite et 
arrondie; mais quelques-unes d’entre elles, suivant certaines 
lignes transversales, irrégulières , s’épaississent beaucoup 


— 103 — 


moins, et gardent une lumière plus grande et plus polyédri- 
que, ce qui donne au bois un aspect particulier, visible sur- 
tout sur les tiges plus âgées. 

Les rayons médullaires sont plus étroits que les faisceaux 
ligneux : inégalement épais d’ailleurs, ils sont formés par 
trois à quinze rangées de cellules très régulièrement alignées 
en files, à parois assez épaisses et ponctuées, et contenant 
abondance d'amidon: ces cellules sont quadrangulaires à 
angles mousses, un peu allongées radialement. 

Les cellules de la moelle plus grandes, allongées un peu 
suivant l'axe, également ponctuées, contiennent de l’amidon 
et souvent des cristaux, soit en gros prismes qui remplissent 
la cellule, soit en mâcles arrondies et hérissées de pointes. 

Les tiges moyennes ont une plus grande épaisseur du liber 
qui contient aussi des cristaux, mais rares; les rayons médul- 
laires de l'écorce, prolongeant ceux .du bois, sont très nets 
jusqu'à la couche scléreuse. 

Les grosses tiges ont en dehors du suber ; le parenchyme 
est plus large ; la zone des fibres est moins continue, et il 
s y mêle beaucoup de cellules ordinaires épaissies. Le paren- 
chyme sous-jacent contient des cristaux assez abondants, et 
çà et là quelques cellules épaissies. La disposition du bois,avec 
des lignes irrégulières de fibres plus minces que les autres, 
est très nette. L’arrangement des rayons médullaires, ordinai- 
rement fins, réguliers et allant presque tous de l'écorce à la 
moelle, reste aussi le même. 

Il existe aussi de l’amidon dans l'écorce. 


b) RAGINE. — La racine présente au-dessous du suber une 
zone parenchymateuse assez large, avec abondance d’ami- 
don et quelques cristaux, mais différant bien de la région cor- 
respondante de la tige par l’absence à peu près complète des 
éléments scléreux, fibres et sclérites, qui sont réduits ici à 


— 104 — 
quelques groupes de ? à 5 éléments assez espacés. Certaines 
cellules du parenchyme contiennent une substance brun-jaune, 
opaque, oléo-résineuse. L'amidon, extrêmement abondant, 
remplit complètement les cellules des rayons médullaires et 
de lPécorce. 

La structure de l'axe ligneux est d’ailleurs la même que dans 
la tige. La différence d'aspect extérieur tient : à la largeur très 
grande des rayons médullaires de la racine, qui sont souvent 
beaucoup plus volumineux que les rayons du bois et s’élar- 
gissent de plus en plus vers l’extérieur; à l'absence de moelle; 
à linégalité des rayons ligneux, dont les uns atteignent le 
centre, tandis que les autres s'arrêtent plus ou moins loin. 
De même certains rayons médullaires incomplets divisent les 
faisceaux ligneux, mais sans la régularité que l’on trouve dans 
le groupe cymbifera, par exemple. 


GROUPES VOISINS DU MAXIMA 


A) A. geminiflora ? .— Le n° IV des Guacos de Guibourt 
est rapporté par lui à l'A. geminiflora Kunth. Bien que 
les caractères des feuilles sur lesquels il s’est surtout basé 
pour faire ce rapprochement ne soient plus bien visibles au- 
jourd’hui, et ne soient pas d'ailleurs suffisants pour se mon- 
trer affirmatif, on peut accepter sous réserves cette déter- 
mination. 

Je n’ai vu de ce produit que l'échantillon de Guibourt, qui 
le dit d’ailleurs rare dans le Guaco. Il est étiqueté : « Aris- 
toloche Guaco à feuilles larges et odorantes, pubescentes 
ou velues à la face inférieure. Bois solide non percé de pores, 


à structure rayonnée ? A. gemaniflora IH. B. K. » 


SR (ONE 

L'un des fragments est des plus gros parmi les Aristolo- 
ches, car il atteint 5 cent. de diamètre. L'écorce en est mince 
(1 mm.), brun fauve, avec quelques lignes longitudinales 
irrégulières. Sur la tranche, on voit un suber mince, puis 
une zone corticale alternativement blanche et brunâtre, à 
cause de l’alternance des faisceaux libériens et des rayons 
médullaires. Le bois forme la presque totalité de la surface : 
il est formé de rayons ligneux à pores très fins, visibles pour- 
tant à l'œil nu avec un peu d'attention et bien nets à la loupe; 
ces rayons entourent une moelle de ? mm. de diamètre envi- 
ron, d’un blanc jaunâtre. 

La couleur du bois est fauve. 

Les rayons médullaires sont fins et nombreux, un peu si- 
nueux. Les uns atteionent la moelle, les autres non, de sorte 
que l’on retrouve ici encore la structure typique des Aristo- 
loches. Ils se prolongent dans l'écorce sous forme de petits 
points blancs. 

Les petits fragments qui accompagnent le précédent ont 
une écorce striée, tantôt luisante et fauve, tantôt mate et 
noirâtre, suivant que l’épiderme est ou non tombé. Sur la 
tranche, la moelle est très volumineuse, blanchâtre. Le bois 
qui l'entoure est ordinairement grisätre, peu développé, mais 
la structure est loin d’en être nette, même à la loupe, et sem- 
ble se rapprocher de celle des tiges du maxima. Les pores 
et même les rayons médullaires, sont presque invisibles, 
même à la loupe. 

La limite de l'écorce est peu nette. 

Les feuilles sont très détériorées et l’on n’en peut voir 
la forme. Elles sont grandes, à nervures saillantes, surtout la 
nervure médiane ; face supérieure lisse, comme vernissée, 
de couleur brun chocolat; face inférieure gris verdâtre, to- 
menteuse ; les nervures ont une légère pubescence fauve. 

L'’odeur est nulle partout. 


— 106 — 
Le goût est assez âcre, non aromatique. 


STRUCTURE.— Pour les fragments de tige examinés, elle est 
absolument identique à celle des organes correspondants du 
groupe Maxima, auquel on se rapportera. 

Le gros fragment, qui doit être un fragment de racine (?) 
manque, comme l'écorce des racines du maxima, de zone sclé- 
reuse, mais le parenchyme contient un grand nombre d'élé- 
ments épaissis sans être vraiment scléreux. Ce parenchyme 
contient en outre une très grande quantité des gros cristaux 
déjà vus chez le maxima, mais ici beaucoup plus abondants, 
surtout entre les cônes libériens. 

L'examen macroscopique adéjà montré que les rayons mé- 
dullaires étaient beaucoup plus fins que les rayons du bois ; 
c'est le contraire pour la racine du maxima. 

On voit qu'en somme il existe entre cette plante et la pré- 
cédente des rapports anatomiques évidents, qui, si les déter- 
minations maxima et geminiflora sont bien exactes, vien- 
nent confirmer le rapprochement et la fusion des deux espèces 
ne une seule, dont le maxima est le type et le geminiflora 
une variété. 


B)A. ?— La République du Salvador a envoyé à l'Exposition 
de 1889 deux échantillons de Guacos, appelés Guaco aigre et 
Guaco noir de la Côte, semblables l’un à l’autre et ressem- 
blant au groupe du maxima par les caractères de la tige, 
tandis qu'ils s’en éloignent par ceux de la racine. D'aûtre 
part, l'École de pharmacie de Paris possède un échantillon 
appelé sur l'étiquette : Ypemi-patito, Paraguay, A. antihys- 
terica ‘. Ce dernier appartient peut-être à une autre espèce, 


{ On voit que les mêmes noms sont souvent attribués à des choses diverses. 
C'est la troisième fois que nous retrouvons le nom d’4. antihysterica. J'ai dit 


— 107 — 
car il vient d’un pays fort éloigné du Salvador, et de plus il 
présente quelques petites différences avec les deux autres. 
Mais il est difficile d’en séparer la description de celle des 
deux premiers, auxquels il ressemble beaucoup par l’ensemble 
des caractères de la racine. 


Racines.— Ce sont des fragments de 15 à 25 cent. de long, 
et atteignant 17 mm. de diamètre, recouverts extérieurement 
par un suber fauve ou brunàtre, disposé en crêtes longitudi- 
nales peu saillantes ; ce suber est brunjaunâtre sur les saillies; 
l'écorce est noirâtre au-dessous. Les sillons sont assez courts, 
un peu irréguliers. Des fissures transversales, souvent pres- 
que circulaires, profondes. qui intéressent, non seulement le 
suber, mais aussi l'écorce jusqu'au bois, se montrent assez 
rapprochées, à 1 ou ? cent. l’une de l’autre. 

Quelques radicelles apparaissent çà et là. 

Sur la coupe transversale on voit une région corticale très 
épaisse, (2? à 3 mm.), limitée en dehors par les petites crêtes 
subéreuses, d'une couleur blanc jaunâtre, adhérente ou non 
au bois ; elle manque souvent autour du bois aux extrémités 
des fragments. On y voit d'ordinaire à la loupe un piqueté 
Jaune très fin, et dû aux cellules résinifères ; le piqueté se 
détache sur le fond blanc de l'écorce, et rappelle un peu celui 
de l'A. longa. 

Le bois, de couleur claire, café au lait, a la structure en 
éventail normale chez les Aristoloches. Les faisceaux sont 
peu nombreux, souvent séparés, avec des pores très visibles à 
l'œilnu. La moelle manque tout à fait. Les rayons médullaires, 
assez semblables au bois comme couleur, sont peu visibles; 
souvent remplacés par une fissure. 


pourquoi la détermination la plus certaine semblait être celle de l'échantillon 
décrit p.86. — M. Bocquillon-Limousin, attribue le nom d'Ypémi-patito aux 
A. Brasiliensis et macroura. . 


— 108 — 

Le goût est d’abord amylacé, peu aromatique, très âcre à 
la gorge. 

L’odeur ne se développe guère qu'à la section. 

Les tiges n'existent que dans le Guaco noir de la côte. 
L’écorce en est également subéreuse, un peu luisante parfois. 
Semblables sur la coupe aux tiges du groupe maxima. Il est 
donc inutile’de les décrire à nouveau. Par ces tiges, il faut 
rapprocher:ces Guacos de l'A. maxima : les différences sont 
dans les racines qui ont: des pores visibles, une structure en 
éventail, un aspect particulier du suber, une écorce très 
épaisse. 


STRUCTURE. — Les rapports avec le groupe du maxima 
sont très évidents, surtout par la structure des tiges qui sont 
absolument identiques, et dont il est inutile de répéter la des- 
cription. 

Les racines ont une écorce extrèmement épaisse, mais dont 
la structure ne diffère guère non plus de celle du maxima. 
Sous le suber peu abondant se trouve un parenchyme très 
épais, constitué par des cellules à parois très minces et gor- 
œées d'amidon. Tout près du suber se trouvent de loin en loin 
quelques îlots scléreux, peu nombreux et à petit nombre d’é- 
léments. Quelques selérites isolés ou en petits groupes peu- 
vent exceptionnellement se rencontrer dans le parenchyme. 
Des cellules irrégulièrement distribuées dans le parenchyme 
contiennent de l’oléo-résine jaune ou orangée. On rencontre 
aussi de l’amidon abondant et de l'huile dans les rayons mé- 
dullaires, qui sont, ainsi que le bois, identiques aux éléments 
correspondants du maxima. Je n'ai vu de cristaux que dans 
les tiges. 

Une différence à indiquer entre les trois échantillons, est 
que l’Ypémi-patito du Paraguay est plus riche en huile, et 
que les éléménts scléreux, déjà rares chez les autres, semblent 


UE « 


— 109 — 
en être complètement absents. De plus, les fibres ligneuses y 
sont toutes également épaisses. Il est possible qu'il n’y ait pas 
identité absolue. Ce sont, en tout cas, des formes bien voisines. 
L'amidon est en grains assez gros relativement, souvent 
composés, avec un hile étoilé non toujours visible. 


G) Guaco long (san Jacinto). — Les racines envoyées par 
le San-Salvador à l'Exposition de 1889 sous le nom de Guaco 
long ont un aspect particulier ; elles ont jusqu'à 21 mm. de 
diamètre et portent souvent des radicelles plus petites. Exté- 
rieurement, elles sont à peu près dépourvues de suber, ou du 
moins la couche en est fort mince. La couleur générale est 
foncée ; la surface est parcourue par une striation longitu- 
dinale très fine, très peu visible ; des fissures transversales 
peu nombreuses et profondes se montrent quelquefois. 

Sur la section on voit une écorce épaisse grisâtre, plus claire 
vers l'extérieur, adhérente et mal limitée vers l’intérieur. 

Le bois est volumineux, à structure ordinaire d’Aristo- 
loche, avec des pores bien visibles, d’un gris plus clair que 
celui de lPécorce. Les rayons médullaires, dont la couleur est 
semblable à celle du bois, sont peu nets, à moins qu'ils ne 
prennent une coloration jaune brun par lescellules résineuses 
qu'ils contiennent. 

L’odeur à la section et le goût d’Aristoloche sont forts, 
très caractérisés. É 

STRUCTURE. — Elle n’a rien de spécial et ne diffère pas de 


celle de beaucoup d’autres sortes. L’écorce consiste en un 
parenchyme épais, très riche en amidon et en oléo-résine jaune 


foncé. Les éléments scléreux manquent, sauf un petit amas de 


cellules pierreuses placé à l'entrée de chaque rayon médul- 
laire. Le suber est presque absent. 


— 110 — 


À. odoratissima ??. — Je n'ai nulle part trouvé une des- 
cription authentique et complète des tiges et des racines de 
cette espèce importante, et les échantillons que j'ai eus sous 
ce nom diffèrent complètement. 


L'un, sous le nom de « Tlacopatli, A. mexicana, Mistéca 
1866, collect. Boucard », est au Muséum. Il est formé par de 
petits paquets de racines et de tiges, repliées plusieurs fois 
et attachées en une petite botte de 5 à 6 cent. de long sur 3 
ou 3 1/2 de diamètre. Les plus grosses racines qui les con- 
stituent ont 6 à 8 mm. de diamètre. Il en part des racines plus 
petites et de petites tiges menues, ramifiées. La couleur est 
brun noirâtre extérieurement. Il n'existe à peu près pas de 
suber. Les jeunes tiges sont un peu jaunâtres ou rougeâtres 
et portent quelques restes de feuilles. 

La section présente au-dessous d'une très fine enveloppe 
une écorce épaisse, blanc grisâtre et un axe lisneux plus jau- 
nâtre, où la loupe permet de distinguer des faisceaux. Entre 
l'écorce et le bois est une zone circulaire formée de points 
jaune orangé, visibles à l’œil nu, et rapprochés sans se tou- 
cher. La loupe montre quelques pores dans le bois. 

L’odeur se développe à la section, elle est plutôt agréable. 
Le goût est celui de l’Aristoloche, mais non trop fort. C’est 
peut-être là la véritable espèce. 


STRUGTURE. — La racine présente sous un suber peu abon- 
dant un épais parenchyme dépourvu de tout élément scléreux 
mais rempli d’'amidon. Les cellules à oléo-résine sont surtout 
abondantes dans la région interne de lécorce, et externe 
des rayons médullaires. Ceux-ci séparent des rayons ligneux 
rarement dichotomisés et de taille souvent inégale, les uns 
allant au centre, les autres s’arrêtant plus ou moins loin. 


Le deuxième spécimen venant aussi du Mexique, sous les 
noms de Tlacopatle, Raiz del Indios, Radix Aristolochiæ 


tir 


Tlacopatli, diffère assez du premier par la couleur extérieure 
fauve très clair, un diamètre souvent plus grand et l’absence 
de points jaunes. Comme dans le premier il n'y a pas de 
suber, l'écorce est fort épaisse relativement, les faisceaux 
peu nets. 

L'odeur est à peu près nulle et le goût très âcre, surtout 
pour l'écorce. 

Est-ce la même plante? Je n'ai eu de la seconde que des 
fragments peu descriptibles. 

Le deuxième échantillon a une écorce qui ne diffère de celle 
du premier que par le peu d’abondance de l’oléo-résine. Mais 
le corps ligneux est très irrégulier, contourné, sinueux, les 
vaisseaux se présentent sous le rasoir dans les positions les 
plus variées et l’arrangement de ces faisceaux est difficile à 
voir. On en trouve pourtant qui sont dichotomisés. 


Enfin, sous le nom d'« A. odoratissima Yucatan », j'aieude 
M. Bocquillon-Limousin, deux fragments qui, non seulement 
diffèrent complètement des deux premiers, mais encore difiè- 
rent entre eux. Ils ont, surtout l’un d’eux, l'aspect extérieur 
et la structure de certains Mil-homens. L’un est encore re- 
couvert de l’épiderme luisant, de couleur chocolat, soulevé et 
craquelé par le liège, et présente une écorce mince très re- 
marquable par le grand développement des paquets fibreux 
qui sont ici plus volumineux que dans aucun Mil-homens : il 
y à aussi des cellules scléreuses, mais moins nombreuses, 
quelques-unes dans les rayons médullaires. L'autre fragment 
a un suber en crêles assez fines, fauves, peu hautes, avec une 
écorce dure et noire en dehors, mais épaisse (2mm.), et de 
couleur blanc grisâtre en section. La structure de cette écorce 
est assez homogène ; les cellules en sont pleines d’amidon et les 
sclérites forment quelques paquets dont les uns sont en zone 
interrompue, et les autres épars dans le parenchyme. Partout 


— 112 — 
le bois a des pores bien visibles, et la structure normale. 
La détermination que je ne puis contrôler autrement, faute 
de données précises, me parait fort douteuse. Sans pouvoir 
rien affirmer, je crois plutôt que le vrai A. odoratissima serait 
l'échantillon du Muséum. 


A.?.— Dans l'un des flacons du Muséum, on trouve un 
échantillon d’Aristoloche assez spécial. Il porte sur l’éti- 
quette : « Triana, nouvelle Grenade ». Il comprend: 

1° Un fruit gros, un peu arqué, de 8 cent. de long sur 
4 à 4 1/2 de diamètre, ovoïde, brun, composé de 6 carpel- 
les allongé; chaque carpelle marqué d’une forte côte mé- 
diane saillante, Les placentas sont presque isolés à l'intérieur, 
et les cloisons ont disparu sauf les faisceaux vasculaires pa- 
rallèles qui relient les placentas à la région dorsale des car- 
pelles, par autant d'arcs réguliers. De nombreuses graines 
triangulaires, empilées les unes sur les autres, se trouvent 
dans ce fruit. J’ai retrouvé des fruits analogues, sans nom, 
dans plusieurs collections carpologiques ; ils me paraissent 
ressembler à celui que Jacquin a dessiné pour son A.maxima. 

2° Des racines allongées de couleur brun foncé, ayant nor- 
malement 6 à 7 mm. de diamètre, tandis que certaines se ren- 
flent sur quelques points en sortes de tubercules ovoïdes attei- 
gnant ? cent. de diamètre sur 4 1/2 de longueur, tantôt ridés, 
tantôt non. 

L’odeur et la saveur sont celles des Aristoloches, accen- 
tuées. 


. 

STRUCTURE. — La racine cylindrique a une écorce épaisse 
avec un suber peu abondant, beaucoup d’amidon et d'assez 
nombreuses cellules à oléo-résine jusque dans les larges rayons 
médullaires. Les éléments vraiment scléreux manquent, mais 


je 


— 113 — 


on trouve dans cette écorce beaucoup de cellules épaissies. 
Celles-ci font à peu près défaut dans la partie renflée, qui 
se distingue en outre par des rayons médullaires extrême- 
ment épais et larges, riches en amidon, contenant aussi 
de l’oléo-résine, surtout vers la partie externe. Les faisceaux 
du bois sont petits, noyés dans ce parenchyme et générale- 
ment simples. 


AUTRES ARISTOLOCHES LIGNEUSES 


A. Sipho. — Cultivée dans tous les jardins, c’est la plus 
connue des Aristoloches; mais, malgré des propriétés analo- 
gues à celles de ses congénères, elle est à peu près inusitée. 
Les racines et les tiges sont de dimensions très variées et 
peuvent atteindre ? à 3 cent. de diamètre et plus. La cou- 
leur des racines et des tiges âgées est d’un gris terreux; elle 
devient vert foncé, presque noire dans les tiges moins gros- 
ses, et vert clair sur les plus jeunes. Le suber n’est jamais 
bien épais ; il se développe par places et en général suivant 
des lignes longitudinales ; 1l finit par entourer la tige d'une 
couche continue assez mince. 

Les tiges jeunes portent des cicatrices de feuilles allongées 
se détachant nettement en blanc sale; elles brunissent plus 
tard. 

Sur une section transversale, cette Aristoloche n’a pas tout 
à fait l'aspect des autres; on y voit une région corticale limi- 
tée en dehors par une zone subéreuse brune, et en dedans par 
une autre ligne brune également. Entre les deux, la surface 
est blanc jaunâtre, marquée au milieu par une zone de petits 


— 114 — 
ilots bruns également espacés. Chez les jeunes, la couleur de 
cette écorce est verte. 

Le corps central est jaunâtre; le bois est percé de pores, 
dont les plus gros, symétriquement rangés et visibles à lœil 
nu, forment des zones concentriques, et constituent ainsi une 
exception rare. Cet aspect est très visible encore dans les 
branches moyennes. Chaque faisceau ligneux est limité en 
dehors par un arc hbérien qui contribue à former la ligne 
brune interne de l'écorce, et séparé de ses voisins par des 
rayons médullaires de largeur inégale, mais qui semblent tous 
atteindre le centre. Dans les tiges jeunes, il existe une moelle 
blanchâtre qui disparait ensuite à peu près complètement. 

Sur les branches fines on voit une zone de faisceaux bruns, 
cunéiformes autour d’une moelle épaisse. 

Les racines, plus tortueuses que les tiges, sont longues, 
cylindriques, et offrent quelques fissures transversales incom- 
plètes. 

La section des grosses racines est assez semblable à celle 
des grosses tiges ; l'écorce est plus blanche sans ilots bruns, 
les arcs libériens sont séparés et ne forment plus une ligne 
continue limitant l'écorce. Les faisceaux ligneux plus foncés 
ont des pores plus fins, moins nombreux, moins visibles. Les 
rayons médullaires, très inégaux en largeur, n’atteignent pas 
tout le centre et la structure en éventail se montre mieux. 
Les zones concentriques sont moins nettes. Sur des racines 
plus jeunes, la coupe est uniformément blanche, la structure 
du bois est peu visible, même à la loupe, et les zones con- 
centriques manquent. Enfin, sur les radicelles on ne voit 
qu’une surface blanche. 

L'odeurest assez forte, un peu poivrée, rappelant la muscade. 


Le goût est âcre. 


STrRUCTURE. — L’A. Sipho est un exemple si souvent cité 


— 115 — 

dans l'étude des tiges ou des racines, il a été si souvent 
décrit avec des détails minutieux ', que je crois inutile 
de répéter ou même de résumer ici tout ce qu'on a écrit sur 
lui. Je rappellerai seulement que la tige présente une zone col- 
lenchymateuse sous-épidermique, à laquelle succède plus tard 
du liège ; un péricycle à deux zones, l’une externe, formée de 
fibres en zone continue qui plus tard se segmente en ilots par le 
développement de la tige, et une interne parenchymateuse 
contenant, ainsi que le parenchyme cortical, de nombreux et 
gros cristaux mâclés d’oxalate de chaux ; un liber et un cam- 
bium ordinairement bien nets; du bois, d’abord en faisceaux 
arrondis, puis prenant peu à peu la structure rayonnée typi- 
que ; une moelle centrale. 

La racine a un suber plus épais d'ordinaire, une zone de 
fibres péricycliques bien développées, des faisceaux ligneux 
serrés et séparés par des rayons médullaires très fins, à 1 ou 
2 files de cellules seulement, une moelle extrêmement réduite. 


A.tomentosa. — Les échantillons que j'en ai vus avaient 
au maximum {12 mm. de diamètre. Ils m'ont été adressés de 
Saint-Louis du Missouri par M. le professeur Trelease. 

Les gros fragments de cette tige rameuse sont recouverts 
d’un suber brun gris, un peu terreux, la surface en est marquée 
de sillons long'itudinaux, courts et larges, nombreux, peu pro- 
fonds. Sur les branches moyennes la couleur est verdâtre, 
car le suber bien que déjà assez abondant ne se montre que 
par places. Les parties jeunes sont de couleur gris verdâtre, 
souvent blanchâtres, et recouvertes de poils courts peu serrés, 
doux autoucher. On y voit les traces, saillantes, d'aspect soyeux 


1 Voy. entre autres les travaux de MM. Duchartre, Van Tieghem, Strasbur- 
ger, Hérail, etc., etc. 


— 116 — 


de l'insertion des feuilles : le bourgeon qui nait à l’aisselle de 
ces feuilles est recouvert de poils fauves. 

Cette tige est sur plusieurs points aplatie et tordue. 

Sur la coupe transversale on voit à l'œil nu: 


Une zone corticale blanc orisâtre, limitée en dehors par 
la mince zone subéreuse, en dedans par une ligne plus foncée. 
La loupe montre que cette ligne est interrompue par les 
rayons médullaires. La couleur de l’écorce est plus foncée vers 
l’intérieur. Des points foncés disposés en cercle, assez espacés 
et peu visibles d’ailleurs, se montrent dans la partie blanche. 
La région centrale a des faisceaux ligneux en éventail, de cou- 
leur verdâtre, au nombre d'une douzaine, divisés en ? ou en #4 
par des rayons médullaires incomplets. Les pores sont visi- 
bles à l'œil nu. Les rayons médullaires sont blancs et tran- 
chent très nettement. Pas de moelle, ou une simple ligne. A 
la loupe on voit une petite région médullaire sur les tiges plus 
jeunes. On ne voit absolument aucune couche concentrique. Sur 
les tiges jeunes, on distingue mal les diverses parties à Poil 
nu, et l’on ne voit même pas les rayons médullaires ; il y 
a seulement une zone corticale vert grisâtre et un axe blan- 
châtre percillé de trous visibles à l'œil nu. 

L’odeur est nette surtout quand on coupe. Le soût est fort 
caractérisé dans l'écorce et aussi dans le bois. Les extré- 
mités jeunes ont un goût simplement herbacé. 


STRUCTURE. — Très semblable à celle du Sipho. Or y voit 
l'épiderme, le collenchyme, le suber, les deux couches péricy- 
cliques, les cristaux d'oxalate, etc., tout à faitidentiques, mais 
le bois n'a pas de couches concentriques ; les rayons médullai- 
res sont larges; les faisceaux ligneux très régulièrement di- 
visés en éventail. 


Rire 


— 117 — 


A. Indica. — L’A. Indica se présente dans les dro- 
guiers sous plusieurs formes. Ordinairement ce sont des 
morceaux de tiges et de racines mêlés, d’autres fois les unes 
et les autres isolément. Souvent aussi ce sont des fragments 
plus longs, comprenant tout ou partie de la plante. Enfin les 
fruits et les feuilles peuvent aussi se rencontrer. Ces diverses 
parties offrent des caractères assez nets. 


Tiges. — Elles sont de grosseur variée, au maximum 13 à 
14 mm. de diamètre sur une longueur indéterminée, et sont 
parfois un peu ramifiées. La surface en est de couleur assez 
claire, café au lait, ou grisâtre, vaguement sillonnée en long, 
marquée souvent de très fins tubercules. Le suber, lorsqu'il 
existe, est dur, mince, très peu abondant, jamais en crêtes. 

Sur la section transversale, on voit une surface fauve pâle, 
nankin ; extérieurement l'écorce est très mince. Intérieurement 
le bois occupe presque toute la surface. Il est formé de 
faisceaux en éventail assez nettement caractérisés : les pores 
sont visibles à l’œil nu. Ces rayons ligneux sont nombreux, 
et les rayons médullaires qui les séparent sont souvent rem- 
placés par une fissure. Les rayons médullaires sont toujours 
fins par rapport à ceux du bois. L’écorce est généralement 
bien adhérente au bois ; lorsqu'on la soulève, les faisceaux 
ligneux se montrent légèrement sinueux, presque parallèles. 
Entre eux, les rayons médullaires vides. Pas de moelle. 

Les jeunes tiges sont très manifestement volubiles. L’écorce 
très fine en est ordinairement peu adhérente. 

La RACINE se distingue de la tige par les caractères sui- 


vants : 


La couleur générale est moins claire, fauve, quelquefois brun 
chocolat. La forme est moins droite, plus sinueuse, ondulée ; 
on n’y voit pas de stries longitudinales, mais plutôt quelques 
fissures transversales incomplètes ; on n’y trouve pas les 


8 


— 118 — 
petites granulations tuberculeuses fréquentes sur la tige. 
Le suber est d’ailleurs auss' dur et aussi mince. Quelques 
bases de racines plus petites se détachent des grosses. 

L'écorce plutôt un peu plus épaisse est mince encore. Cette 
écorce est moins adhérente au bois que celle de la tige, et se 
détache assez facilement. Elle manque par places. La face 
interne de cette écorce est blanc jaunâtre et présente l'impres- 
sion longitudinale des rayons ligneux et médullaires avec leur 
couleur. 

Si on la sépare du bois, on voit que les faisceaux ligneux de 
couleur jaune fauve, sont moins nombreux, extrêmement 
sinuenx dans leur course, et séparés par des rayons médul- 
laires blancs d'épaisseur très inégale. 

Des lignes fines, longitudinales, indiquant les rayons médul- 
laires de ?° et de 3 ordre, séparent la face dorsale des rayons 
ligneux principaux. 

Sur la section transversale l'écorce est à peu près semblable 
à celle de la tige, un peu plus épaisse seulement, mais l'axe 
ligneux est différent. Les faisceaux du bois, avec leur structure 
ordinaire nette, sont contournés, très sinueux, moins nom- 
breux que dans la tige, séparés par des rayons médullaires très 
inégaux, très larges et complètement gorgés d'une fécule 
blanche. Si l’on brise la racine, il s’en échappe une abondante 
poussière d’amidon. 

L'odeur se développe quand on sectionne. C’est bien l'odeur 
aristolochique, parfois très nette dès qu'on ouvre le flacon 
qui contient l’échantillon. 

Le coût est des plus marqués : très âcre, désagréable, 
amer, prenant à la gorge. 

Les FEUILLES toujours entières sont de forme et de gran- 
deur très variable. Il suffit de regarder quelques échantillons 
d’herbier ou de droguier pour s’en rendre compte. La variété 
oxyphylla de Duchartre (A. pandurata Wall. nec Jacq.) 


L FETES 


7 RE 


— 119 — 


semble être assez fréquente et assez distincte. Ici la feuille 
s'élargit depuis la base jusqu’au tiers supérieur, puis diminue 
brusquement et se termine enfin par une pointe aiguë, plus 
ou moins longue, quelquefois presque nulle. Le plus souvent 
la feuille est ovale oblongue, tantôt absolument arrondie à 
l'extrémité, tantôt plus ou moins aiguë. La base est variable 
aussi ; on la décrit ordinairement comme cordée, mais le plus 
souvent elle l’est très peu, ou pas du tout. Presque toujours 
elle est tronquée, très rarement atténuée. La taille n’est pas 
moins variable depuis 3 cent. de long jusqu’à 12 ou 15. Toutes 
sont entières, glabres, lisses,assez dures, penninerviées, à 3-5 
nervures basilaires, saillantes en dessous. Pétiole court. 

Le fruit est une capsule cylindrique de ? 1/2 à 3 cent. 1/2 de 
long sur ? cent. de diamètre. La paroi en est mince, de cou- 
leur brune, souvent très claire. La forme générale est arron- 
die, les côtes peu saillantes, les cloisons papyracées. La déhis- 
cence se fait par la base et sépare le pédoncule en six. 


STRUCTURE. — Elle n’est pas caractéristique. Les tiges 
arrivées à un certain degré de développement sont recouver- 
tes d’une couche subéreuse assez mince. Le parenchyme cor- 
tical est peu riche en amidon, mais contient de l'oléo-résine. 
La zone scléreuse très nette est continue et offre en alternance 
des fibres et des sclérites. Le parenchyme sous-jacent peut 
aussi contenir quelques cellules scléreuses ainsi que les rayons 
médullaires. Des gouttes d’oléo-résine se trouvent aussi dans 
beaucoup de cellules. Le bois n’a rien de spécial : il est régu- 
lièrement dichotomisé. On voit que c’est là une structure de 
Mil-homens. | 

La racine diffère peu. Elle est dans toutes ses parties gor 
gée d’amidon. L'écorce assez épaisse est à peu près dépouillée 
de suber, la zone scléreuse existe toujours, mais tantôt con- 
tinue, tantôt rompue, et les amas en sont souvent assez dis- 
tants. Les rayons médullaires cunéiformes très épais, un peu 


= IP. 
sinueux, sont remplis de fécule. Le parenchyme cortical est 
d'ordinaire très réduit. 


A. bracteata. — Ici ce n’est point la racine ou la tige 
qui constituent la drogue, mais la pousse feuillée et fructifère. 
La plante étant ligneuse, nous l’étudierons à côté de l'Indica. 

Le meilleur échantillon que j'en aie vu provenait du dro- 
guier de la Faculté de médecine de Lyon. La üge n'avait guère 
plus de ? mm. de diamètre, mais ce chiffre peut être doublé 
certainement ; elle était striée longitudinalement de lignes pa- 
rallèles, nettes mais peu nombreuses, et portait des nœuds 
assez serrés, peu renflés, avec une feuille sur chacun et un 
fruit à l’aisselle de chaque feuille. La couleur de cette tige est 
d'un jaune blanchâtre ; parfois plus foncé dans d'autres échan- 
tillons (droguier de Guibourt). Sur la tranche nette on voit 
une écorce peu épaisse, blanc verdàtre, entourant un corps 
ligneux jaunâtre, avec une moelle centrale. Sur les souches 
plus grosses que contient l'échantillon de Guibourt, la loupe 
montre une structure rayonnée mais non en éventail, avec 
des pores peu visibles à l’œil nu, et des rayons médullaires 
assez nombreux. 

Les feuilles portées sur les nœuds assez rapprochés ont un 
pétiole assez long, parfois décurrent, contourné, ridé. Limbe 
palminerve étalé, ressemblant assez à celui de l'A. Clematitis, 
mais plus petit avec les bords légèrement ondulés, crispés, la 
base un peu auriculée, obtuse, arrondie, cordiforme, à sinus 
largement ouvert; la face supérieure de cette feuille est ordi- 
nairement d’un gris noirâtre, tandis que la face inférieure est 
gris verdâtre où même blanchâtre, glauque. Elles sont pres- 
que aussi larges que longues et parfois même plus. Environ 
3 à 4 cent. Le pétiole porte une bractée réniforme. 

Les fruits, qui sont une partie importante de la drogue, sont 


— 121 — 
généralement nombreux sur la tige, portés au sommet d’un 
pédoncule courbe, assez long. Ces fruits sont petits (à peine 
? cent. de long sur 13 à 14 mm. de diamètre), formés de six 
feuilles carpellaires, d’une couleur vert olive très clair, de 
forme allongée, cylindrique, aplatie et même légèrement 
ombiliquée en haut. Les deux extrémités sont d’ailleurs très 
semblables et se distinguent seulement par l'insertion du pé- 
doncule. Douze lignes méridiennes marquent ce fruit: celles 
qui correspondent aux nervures médianes des carpelles sont 
simples, celles des cloisons sont doubles, et un peu si- 


nueuses. 
Chez quelques-unes, la déhiscence septicide commence à se 
faire vers la base. : 


Les graines dont les piles remplissent les six loges du fruit 
sontaplaties, triangulaires, avec une face plus foncée, marquée 
de tubercules fins, irréguliers, et l’autre plus lisse, mais avec 
deux grosses saillies proéminentes. 

L'odeur de la drogue est faible, sensible cependant. Le 
goût plus accentué, piquant, aromatique, puis un peu âcre et 
amer, mais point nauséeux comme on le dit. 


STRUCTURE. — Les tiges jeunes que j'ai pu examiner pré- 
sentent une écorce mince, formée d'un collenchyme extérieur 
et d’une zone continue de fibres tout à fait analogue à celle 
du Sipho jeune. Les faisceaux ligneux, encore petits, sont 
rangés autour d’une moelle volumineuse. 


A. altissima. — M. Battandier à eu l’obligeance de 
m'adresser un échantillon de la souche de cette plante. Cette 
souche est de couleur gris brun, et atteint de 4 à 5 cent. 
d'épaisseur. Elle est ramifiée au sommet en quatre ou cinq 
branches de diamètre différent. L'ensemble est un peu 


— 122 — 
irrégulier et noueux dur, ligneux. Sur une section transversale, 
la couleur générale est blanc jaunâtre. 

L’écorce est relativement assez épaisse, plus jaune que le 
bois et continue avec les rayons médullaires. Le bois a une 
structure rayonnée nette, visible à l'œil nu, surtout sur les 
branches moyennes, et les faisceaux ligneux se rejoignent au 
centre : il n’y a donc pas de moelle. 

L’odeur et le goût sont accentués, surtout pour l'écorce. 

Je n'ai vu nulle part que la plante eût un usage médical 
quelconque, mais certainement elle doit être active. 


STRUCTURE. — Très peu de suber. Parenchyme cortical à 
parois cellulaires assez épaisses. Il contient de nombreux îlots 
de sclérites plus ou moins volumineux, mais disséminés sans 
ordre. On retrouve ces mêmes amas au-dessous d’une ligne 
brunâtre, dont les cellules sont peu distinctes, mais qui répond 
à l’endoderme et qui sépare nettement la région corticale du 
cylindre central, même dans des branches de 1 cent. de dia- 
mètre. Le suber et le bois n’ont rien de spécial. Amidon en 
petits grains. 


A. ?.— Racine d'Epouramouly.— Sous ce nom j'ai vu au 
Muséum une drogue qui très certainement est une Aristoloche, 
mais qui présente des caractères spéciaux. 

L’échantillon consiste en fragments de 43 à 14 cent. au 
plus, quelques-uns tout à fait dépourvus d’écorce. Celle-ci 
est très mince, souvent à peine adhérente, recouverte d’un 
suber très peu développé. La couleur en est assez variée du 
jaunâtre au brun. 

Le bois est dur, très caractérisé par son aspect et sa struc- 
ture. La couleur en est fauve. Entre les faisceaux ligneux sont 
de fines fibres anastomotiques. Sur la section les pores sont 
visibles à la loupe. 


— 123 — 

Certains fragments semblent provenir de tiges, d’autres de 
racines. 

Le goût n'en est pas très fort, sensible seulement. 

L’odeur à la section est bien celle d’une Aristoloche. 

Je ne sais ni d'où vient cet échantillon ni à quelle plante 
le rapporter. Il est spécial, et semblerait plutôt voisin de 
l’Indica. 


STRUCTURE. — L'écorce est mince et presque entièrement 
scléreuse. Le suber est peu développé, et le parenchyme 
cortical assez réduit a des cellules à parois brunes. 


A .?.— J'ai vu à l’École de pharmaciede Paris un très curieux 
échantillon étiqueté sous le nom évidemment fantaisiste d'A. 
Clematitis, et que je ne puis rapprocher d’aucune des es- 
pèces étudiées. En voici la description : 

C’est un gros fragment de liane, de 55 cent. de long 
sur 22 mm. de diamètre, contourné, tortueux, bifurqué, 
et couvert de traces de branches, les unes grosses, les autres 
plus fines, souvent par groupes. La surface en est lisse, polie 
même souvent par le frottement sur les points saillants, et 
complètement dépourvue de suber apparent. On y voit quel- 
ques petites crêtes transversales fines. La couleur est d’un 
brun chocolat foncé. 

Sur la tranche, l'aspect est rayonné, mais moins nettement 
que dans beaucoup d’autres espèces. La zone externe, jaune, 
brun clair, a 1/2 à 2 mm. de diamètre. Elle est adhérente au 
bois dont la couleur est plus claire, et dont les pores ne se 
voient à l'œil nu qu'avec difficulté, à la loupe, ces pores sont 
petits, réguliers, égaux. Les rayons médullaires sont assez 
irréguliers, ordinairement minces, de la couleur de l'écorce. 
Quelques-uns se rejoignent au centre pour former une petite 
moelle de ? mm. de diam. assez peu nette. 


— 124 — 
L’odeur presque nulle se développe fortementpar le râclage 
ou la section. 
Le goût est fort, piquant, très caractérisé. 


STRUCTURE. — Le suber n’est représenté que par quelques 
cellules éparses cà et là. Au-dessous est un épais paren- 
chyme très fortement amylacé, présentant dans sa partie 
externe quelques ilots allongés de fibres polygonales peu 
épaissies. Le liber contient aussi de l’amidon. Le bois a la 
structure typique: les faisceaux ligneux sont longs et étroits. 
Quelques cellules huileuses dans les rayons médullaires, 
mais fort peu. . 


A. Kaempferi.— La drogue est ici uniquement constituée 
par les fruits et les graines. 

Les fruits, d'après l'échantillon de l’École de pharmacie de 
Paris (Collection de Chine), ont environ ? 1/2 à 5 cent. de 
long sur un diamètre de 2? cent. 1/2. Ces fruits sont très 
légers, fragiles, papyracés, globuleux ou ovoïdes, de couleur 
brun-rougeâtre, ou jaune-clair, souvent café-au-lait. La ner- 
vure médiane de chaque carpelle est constituée par une ligne 
fine, sinueuse, à sinuosités serrées, quoique un peu irrégulières. 
Les carpelles séparés offrent des cloisons plus claires, blan- 
châtres comme aussi la face interne de tout le carpelle, 
marquées de stries transversales un peu courbes. La limite 
entre la partie dorsale et la partie septale des carpelles sépa- 
rés est indiquée par une arèête vive. L’odeur est nulle. Le goût 
à peu près nul, sauf un peu d'âcreté à la fin. 

Les graines sont vaguement trapézoïdales, grâce à une aile 
large qui entoure l’amande plus arrondie. Elles sont très apla- 
ties. L'une des faces est brun foncé, l’autre plus claire, re- 
couverte d’une fine membrane. Près du hile, la transparence 
est assez grande. Ces graines ont environ 1 cent. dans la 


— 125 — 
hauteur, 1 cent. aussi pour la base la plus large du trapèze, 
6 mm. pour la petite. Les graines de la collection de Lyon 
sont plus irrégulières et beaucoup plus petites. Elles sem- 
blent provenir d’une autre espèce ; 7 mm. sur # 1/2. 


YIT 


TUBERCULEUSES 


1 LONGUES 


A. longa. — Les tubercules de l’A. longa sont toujours très 
allongés, mais de dimensions assez variées. Ils atteignent 
20 cent. de longueur et environ 4 cent. de diamètre. D'autres 
sont beaucoup plus petits et ont 7, 8 cent. de long sur moins 
de 1cent. de diamètre. Ils sont le plus souvent lourds, napi- 
formes, pivotants, cylindriques presque toujours, parfois un 
peu aplatis ou vaguement triangulaires, souvent avec une 
région supérieure restreinte, zone d'insertion des tiges, limitée 
par une fine saillie circulaire. L’extrémité est atténuée, obtuse. 
Les racines sont très rares : on voit seulement la trace de 
quelques-unes. La surface extérieure est lisse d'ordinaire, 
marquée seulement de rides légères, très fines et très serrées, 
superficielles ; parfois aussi légèrement mamelonnée. 

Dans tous les cas, la couleur extérieure est la même : d’un 
brun assez clair uniforme, terreux. Exceptionnellementon voit 
à la surface un peu de suber friable. 


— 126 — 

Sur la tranche, la zone brune extérieure est extrêmement 
mince, à peu près néglisgeahle. Au-dessous d’elle on distingue 
très nettement d'ordinaire une région corticale de 1/2 à 1 mm. 
d'épaisseur entourant une région centrale beaucoup plus 
orande. Les deux régions sont blanches ou légèrement jau- 
nes, jaune crème ou jaune paille, plus blanches d’ordinaire 
que dans l’A. rotunda; la région centrale, plus jaune que 
l'écorce, ou bien de même couleur. Des faisceaux ligneux 
assez rares, séparés par de grands espaces, sont appuyés 
par leur base contre la région corticale et pénètrent assez 
profondément vers le centre. Ils sont généralement de cou- 
leur plus foncée, brun clair, fins, quelquefois tout à fait linéai- 
res, noyés dans le parenchyme amylacé. Exceptionnellement 
ils sont régulièrement disposés en étoile et arrivent presque 
au centre. Les pores n'y sont pas visibles. 

Ces faisceaux sont plus nets, plus visibles que dans l’A. ro- 
tunda. La surface blanc jaunâtre, farineuse, de cette section, 
est souvent marquée d'un fin pointillé rouge dû aux cellules 
à résine; ce pointillé est parfois invisible, même à la loupe; 
d’autres fois, au contraire, très net, même à l'œil nu. Tout le 
tissu est gorgé d’amidon blanc ou grisàtre, fin, donnant au 
doigt la sensation du tale ou du savon. 

L'’odeur est faible, d'ordinaire même à peu près nulle, plu- 
tôt amylacée. 

La saveur est d’abord un peu douceâtre, puis forte, âcre, 
désagréable,"très caractérisée. 

Parmi les Aristoloches longues, on rencontre assez souvent 
(comme parmi les rondes) des échantillons un peu différents 
et qui semblent altérés. La couleur extérieure en est la même, 
peut-être un peu plus foncée, mais la surface, au lieu d’être 
tendue, gonflée par l’amidon, est marquée de rides profondes, 
le plus souvent longitudinales ; il semble que le tubercule ait 
été fortement diminué par la dessiccation. À l’intérieur, las- 


— 127 — 

pect est aussi fort différent. La couleur générale est jaune, 
plus ou moins foncée; souvent les faisceaux vasculaires se 
voient moins; le tubercule semble bien moins amylacé, plus 
ligneux. Assez souvent l’altération semble commencer au point 
de contact du corps central et de l'écorce par une ligne plus 
foncée que le reste, et gagner de là vers le centre, puis vers 
l'extérieur. Quelquefois la coloration gomme-gutte ‘ occupe 
tout le centre. La consistance change aussi et devient comme 
cireuse, à des degrés divers. La surface de section devient 
poreuse, mais ces pores irréguliers ne sont pas dûs aux vais- 
seaux. Enfin, le goût se modifie et devient horriblement âcre, 
beaucoup plus que dans les échantillons amylacés. Cette sa- 
veur, d’abord un peu piquante, est extrêmement nauséeuse 
et tenace, certainement l’une des plus mauvaises parmi les 
saveurs d'Aristoloches. 

Ces modifications de la drogue sont plus fréquentes et 
plus profondes dans lAristoloche ronde que dans la longue. 
On trouve tous les intermédiaires entre les extrêmes. 

L'époque de la récolte est peut-être pour beaucoup dans 
cette différence d'aspect. Ceci m'est confirmé par les herbo- 
ristes ; ils ont remarqué que les tubercules récoltés avant ma- 


turité se ridaient et devenaient jaunes dans l'intérieur. 


STRUCTURE. — La coupe transversale du tubercule offre 
toujours quelques cellules subéreuses extérieures au-dessous 
desquelles sont quelques îlots plus ou moins abondants de 
cellules pierreuses, parfois très épaisses et très dures. Le pa- 
renchyme de l'écorce se distingue quelquefois bien de celui 
des rayons médullaires, d’autres fois le passage est insensible. 
L'un et l’autre sont d’ailleurs absolument gorgés d’amidon. 


1 Cette couleur jaune de l’intérieur du tubercule est fréquente, et l’on décrit 
souvent l'Aristoloche longue comme très jaune en dedans. Ibn-el-Beïthar la 
donnait comme ayant intérieurement la couleur du buis (IT, p. 203). 


— 128 — 
Le nombre des cellules à oléo-résine varie extrêmement : chez 
certains échantillons elles abondent au point qu’on les voit à 
l'œil nu; chez d’autres, même au microscope, on n’en voit 
à peu près pas. 

Les rayons ligneux sont ordinairement un peu cunéiformes, 
parfois linéaires, et sont constitués par des vaisseaux entre 
lesquels le parenchyme ne s’est pas lignifié. 

Les échantillons à teinte plus jaune et à consistance cireuse 
ne semblent pas modifiés dans leur constitution anatomique. 
L'oléo-résine paraît seulement plus abondante au contact de 
l'écorce et du corps central. 


A. Fontanesii. — M. Hérail, professeur à l'École de 
médecine d'Alger, a bien voulu m'envoyer les tubercules de 
cette plante, à l’état sec et à l’état frais. Les plus grands ont 
environ 18 cent. de long sur 3 cent. dans le plus grand dia- 
mètre. Ce sont des pivots, très souvent bifurqués à l'extrémité, 
portant çà et là quelques radicelles rares, et souvent en haut 
les traces de plusieurs tiges flexueuses et fines. 

La couleur extérieure de ce tubercule est brun clair, un 
peu terreuse sur le frais, grisâtre sur le sec. Sur l'échantillon 
du droguier d'Alger, la surface est douce au toucher, marquée 
de dépressions et de sillons longitudinaux, très irréguliers et 
sinlleux. 

Si l’on fait une section transversale nette, l’aspect est diffé- 
rent suivant que le tubercule est frais ou sec. à 

Tubercule sec. — La couleur est plus blanche au centre 
qu’à la périphérie, plus foncée surtout dans la région indécise 
qui sépare la zone corticale du centre. On y voit: 

1o Une mince zone subéreuse brune; 

2 Une zone corticale blanchâtre ; 


— 129 — 
3° Une zone jaunâtre limitée en dehors par une ligne un 
peu plus foncée, mais très indécise en dedans ; 
4 Un centre blanchâtre. 


Ni l’œil nu, ni la loupe ne permettent de voir aucun pore, 
ni même aucun faisceau net, mais seulement quelques trai- 
nées jaunâtres pénétrant plus ou moins profondément dans la 
région centrale. 

La consistance est légèrement cireuse. 

L'odeur nulle se développe un peu par la section. 

Le goût de l'écorce est piquant, puis âcre à la gorge, 
extrêmement désagréable. Celui du centre est un peu spécial, 
douceâtre d’abord; puis âcre et piquant, peu persistant, mais 
désagréable. 


Tubercule frais. — Ici l’on voit nettement une zone corti- 
cale assez épaisse, limitée en dehors parle mince suber brun 
et en dedans par une ligne fine plus foncée. Cette zone cor- 
ticale est d’un blanc légèrement jaunâtre ou rouseâtre, un peu 
plus foncée que le centre, et plus claire vers le suber que vers 
l'axe. Le centre est blanc. Entre les deux on aperçoit très 
nettement les faisceaux, de couleur un peu plus jaune, rangés 
en couronne et faisant saillie dans la région corticale. 


STRUCTURE. — Elle ne diffère pas de celle de l’A. longa. 
Dans les échantillons que j'ai examinés, je n’ai pas vu de cel- 
lules à oléo-résine, mais beaucoup de longa en manquent 
aussi. Les faisceaux ligneux sont moins continus et souvent 
interrompus dans leur longueur par des régions parenchyma- 
teuses. Je ne pense pas qu'on puisse distinguer ces deux 
espèces anatomiquement. 


A. contorta. — Les tubercules de cette Aristoloche ont 
un aspect spécial. Ils sont cylindriques, en morceaux sec- 


— 130 — 
tionnés dl’ordinaire à leurs extrémités, longs d'environ 6 à 
11 cent. de long sur 12 à 26 mm. de diamètre. Dans un frag- 
ment trouvé au Muséum et étiqueté simplement: « Chine 
n° 59, M. Fontanier. 1860 », le diamètre atteint 4 cent. 

Extérieurement, ils sont de couleur terreuse souvent claire 
et les sur'aces de section sont même recouvertes de terre. Ils 
sont lourds, cylindriques, durs, très peu subéreux, peu ou pas 
striés en long, non noueux ni rugueux au toucher. 

Sur une section transversale, l'aspect est très caractéris- 
tique ; on y voit de dehors en dedans : 

lo Une région subéreuse mince, formant simplement un 
petit liseré brun; 

20 Une zone corticale, d'ordinaire assez bien limitée, de 
couleur blanc grisâtre, légèrement et finement marbrée, 
épaisse de 3 à 4 mm.; 

3° La région centrale, où des faisceaux ligneux poreux, 
extrêmement fins et déliés, se dessinent comme des lignes 
jaunes délicates, dichotomisées, sur le fond blanc, un peu gri- 
sâtre ou léscèrement jaunâtre, des larges rayons médullaires. 
Il existe quelques différences, suivant l'échantillon, dans le 
nombre et la symétrie de ces faisceaux ligneux qui peuvent 
parfois former deux groupes, séparés par une large bande 
blanche, mais qui toujours ont pour caractères communs : 

D'être très fins; 

D'être régulièrement dichotomisés; 

D'être percillés de pores fins, visibles à l’œil nu ; 

De se détacher nettement par leur couleur sur le fond clair. 

Généralement ils ne se rejoignent pas au centre. Les lar- 
ges rayons se réunissent en une moelle de forme indéter- 
minée. 

Le goût est fort caractérisé. D’ahord un peu douceâtre en 
même temps que légèrement piquant, il ne tarde pas à deve- 
nir amer, âcre, désagréable au possible, et même nauséeux. 


— 181 — 

La dessiccation, en rétractant les rayons médullaires, amène 
quelquefois la saillie des rayons ligneux qui forment à la sur- 
face de section une étoile en relief. 

STRUCTURE, — Elle est différente de celle des autres tuber- 
culeuses. Le parenchyme cortical et celui des rayons médul- 
laires sont toujours hypertrophiés et gorgés d’amidon. Mais les 
rayons du bois sont très nets, caractéristiques, régulièrement 
dichotomisés, pourvus de fibres ligneuses entre les vaisseaux 
qui sont oros. Le parenchyme cortical présente dans certains 
échantillons de très nombreux sclérites épars ou en petits 
groupes. La moelle même en contient quelquefois. Mais ces 
éléments sont beaucoup plus rares dans d’autres fragments 
tout semblables. Partout nombreuses cellules à oléo-résine 
jaune ou rougeûtre. 

Les gros paquets de sclérites qu’on trouve sous le suber des 
longa et rotunda manquent ici. 


A. spec. — J'ai vu à l’École de pharmacie de Paris une 
Aristoloche non déterminée, rapportée par le D' Crevaux, de 
la région de l’'Amazone, et dont le tubercule serait, d’après 
l'étiquette (de la main de Crevaux, février 1879 ), employé par 
les Indiens Pebas et Ticuñas, à la fabrication du curare et 
considéré comme très actif. C’est donc une plante intéres- 
sante au plus haut degré, mais que je n’ai pu rapporter à aucune 
espèce décrite. 

L'échantillon comprend un tubercule allongé, ressemblant 
un peu à celui du longa, de 10 cent. de long et de ? cent. 1/2 
maximum, légèrement atténué aux extrémités, plus brusque- 
ment en bas qu’en haut. Couleur brun chocolat clair. Surface 


. marquée de fins sillons longitudinaux superficiels et de quel- 


ques sillons transversaux plus profonds, non tout à fait circu- 
laires et distants les uns des autres d’environ 1 à ? cent, 


— 132 — 

Sur une section transversale nette, le tubercule présente une 
zone externe de 3 à 4 mm. d'épaisseur, limitée en dehors par 
une très mince ligne corticale brune, et en dedans par une 
fine ligne noire un peu sinueuse. La surface est de couleur 
blanc jaunâtre. La région centrale semble plus poreuse à la 
loupe ; elle a environ 1 cent. 1/2 de diamètre. De part et d'autre 
de la ligne de séparation, le tissu prend par places une couleur 
noirâtre, qui parfois s'étend irrégulièrement à la moitié de l'é- 
paisseur de l'écorce d’un côté, et jusqu'au centre de l'autre. 

De l'extrémité antérieure partent des tiges allongées, fines, 
grêles, cylindriques de 1 à ? mm. de diamètre, de 40 à 50 cent. 
de long, parfois anguleuses aux nœuds, sillonnées en long sur 
certains points. Les extrémités en sont aplaties et d’un blanc 
jauuâtre. 

On y voit aussi des feuilles tout à fait triangulaires de 
3 cent. 1/2 à 4 cent. de long sur 4 cent. 1/2 de large, palminer- 
ves, aucunement cordées à la base, verdâtres, un peu plus pâles 
au-dessous, fines, à nervures peu saillantes. Ces feuilles, dit 
G. Planchon (qui cite en passant cet échantillon‘), « rap- 
pellent, sans s’y rapporter exactement, l’A. deltoïdea ou l'A. 
Raja Kunth.» Ce n’est là, en eflet, qu’une ressemblance. 
L'absence de tout organe reproducteur empêche pour le mo- 
ment de déterminer cette plante qui pourrait bien être une 
espèce nouvelle. 

L’odeur de ce tubercule est peu marquée, et se développe 
à la section. Le goût est d’abord un peu farineux, puis âcre à 
la gorge, surtout sur la région corticale. 


STRUCTURE. — L'anatomie n’y montre rien de spécial. Le 
parenchyme cortical et celui des rayons médullaires sont ex- 
trêmement épais, à cellules à parois minces remplies d'amidon. 
L'ensemble a une couleur brunâtre. Aucun élément scléreux. 


! G. Planchon, Plantes qui fournissent le curare, p. 20 (ex Journ. phar 
macie et de chimie, 1880 ). 


— 133 — 

Le bois forme des faisceaux très petits, courts, pénétrant 
irès peu dans l’axe épaissi. Les vaisseaux sont réunis par des 
fibres, ils se montrent parfois isolés, entourés seulement de 
quelques fibres. Quelques cellules à huile, assez rares. 


A. fimbriata, Cham. in Linnæa, 1832, p. 210, t. VI, fig. 2 
(ex Duch.); — Duch., Prodr., XV, p. 454. 

Ce sont plutôt des rhizomes que des racines. Ceux que j'ai 
vus atteignaient 10 cent. de large sur 3 1/2 de diam. La partie 
supérieure arrondie d'où partent les tiges aériennes émer- 
gent parfois du sol. La forme est assez irrégulière, la sur- 
face brun foncé, comme chagrinée; çà et là quelques radi- 
celles très petites. 

Sur la section du tubercule frais qui noircit au contact d’un 
instrument d'acier, on voit à l’œil nu : 


1° Une zone brune corticale, peu épaisse ; 

2° Une zone blanchâtre ; 

3° Une zone brunâtre, plus épaisse, ayant 2? mm. d'épaisseur 
environ, à peu près régulière en dedans, formant des cônes 
en dehors. Entre ces cônes se prolonge la couche n° 2. 

4° Une région centrale blanche, épaisse de 2 cent. De fines 
lignes brunes pénètrent dans cette région et s'arrêtent plus 
ou moins loin du centre. Les pores ne sont pas visibles. 

L'odeur herbacée de ce tubercule n’a rien de spécial, elle 
ressemble à celle du rhizome d'iris frais. Le goût herbacé 
aussi est plus accentué dans l'écorce que pour le centre. Il 
est âcre et désagréable à la gorge, mais non nettement aris- 
tolochique. 


STRUCTURE.— Suber; parenchyme avec amidon et quelques 
cellules à oléo-résine jaune ou rougeâtre. Pas d'éléments sclé- 
reux. Faisceaux du bois simples, minces et assez longs, for- 
més de vaisseaux et de fibres. Rien de spécial, 


— 131 — 


2° RONDES 


A. rotunda. — Les tubercules de l'A. rotunda sont par- 
fois très volumineux. Certains échantillons, venant de la 
Pharmacie Centrale de Paris, mesuraient 12 cent. en tous 
sens. Mais d'ordinaire les dimensions atteignent seulement 
2? 1/2 à 5 cent. de diam. La surface brun chocolat clair en est 
très mamelonnée, bien plus que celle du longa, qu’elle rappelle 
d’ailleurs tout à fait par la couleur et l'aspect très légèrement 
ridé à la surface. Parfois, mais non toujours, une petite crête 
fine circulaire sépare le tubercule en deux parties, qui ré- 
pondent peut-être à la tige et à la racine. Sur les échantil- 
lons des droguiers on ne trouve pas de radicelles ni de tiges. 
La forme générale arrondie est très irrégulière, quelquefois 
moins large vers la partie supérieure ‘, on y trouve parfois la 
trace peu visible de l’insertion des rameaux et des racines. 

La section transversale, faite perpendiculairement à l’axe 
(celui-ci n’est pas toujours facile à déterminer), montre le plus 
souvent une ligne d’un jaune assez foncé, séparant la zone corti- 
cale de la région centrale. L'ensemble n’est jamais aussi blanc 
que dans la longue, mais d’un jaune plus ou moins foncé, uni- 
forme, ou d'ordinaire plus clair dans l’écorce. Extérieurement 
est une fine ligne brune, à peine marquée. A la loupe, et par- 
fois même à,l’œil nu, on voit sur toute la surface un fin 
piqueté rouge de résine analogue à celui de la longue. Les 
faisceaux du bois plus nombreux et plus serrés que dans le 
longa n’atteignent jamais le centre, ils sont sans pores visi- 


1 On en a parfois comparé la forme à celle d'un placenta, et la médecine des 
signatures en tirait des indications. 


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LA] . 


’ 


— 135 — 
bles, de couleur grise assez foncée, toujours peu nets et par- 
fois tout à fait indistincts. 

Les tubercules sont lourds et très durs. Quelques-uns, ce- 
pendant, dans lesquels l’amidon à beaucoup diminué et pres- 
que disparu, sont devenus légers. Ils sont beaucoup moins 
durs, ridés en dehors, fauves en dedans. Quelques-uns ont 
subi la même transformation que chez le longa et sont de- 
venus très ridés en dehors, jaune plus ou moins vif en dedans, 
de consistance cireuse et de goût extrêmement âcre et nau- 
séeux. Ils ont parfois un peu de suber. L’écorce reste plus 
longtemps blanche que le centre. 

Ces échantillons jaunes sont plus fréquents ici que l'A. 
longa. Comme chez le longa, on trouve tous les intermé- 
diaires. 

La dessiccation creuse souvent des cavités dans le paren- 
chyme. 

En somme, la forme est la principale différence entre ces 
tubercules et ceux du longa. 


STRUCTURE. — Les tubercules sont tout à fait semblables 
à ceux du longa. Le suber et la zone scléreuse interrompue 
sous-jacente sont d'ordinaire bien nets. Les faisceaux ligneux 
sont généralement très petits, courts et noyés dans de vastes 
rayons médullaires, gorgés d'amidon. Ces faisceaux sont assez 
irréguliers et se présentent souvent mal sous le microscope. 
Ils sont semblables à ceux du longa. 


Même observation que pour le longa à propos des tuber- 
cules jaunes. 


A. pallida. — Je n’en ai vu qu’en herbiers, mais le {uber- 


_cule séparé de la plante ne saurait être distingué des petits 


exemplaires d’Aristoloche ronde. 


3° FILIPENDULIFORMES 


A. tenera. — La racine de Matos est représentée à 
l'École de pharmacie de Paris par un échantillon rapporté 
par Gaillard du Haut-Orénoque sous le nom de « Racine 
de Mato (Aristolochia barbata). Juillet 1887. » C’est 
à l’A. tenera qu'il faut rapporter ce curieux spécimen. La 
drogue consiste en tubercules assez petits, à surface ex- 
térieure brune. Ils ont dans la partie renflée de 1 1/2 à 
4 cent. de long (rarement), et de 4 à 12 mm. de diamètre. 
Une petite souche commune porte parfois les petites ra- 
cines ligneuses, courtes et assez raides, qui se renflent ainsi 
à peu de distance de la souche. La racine continue plus ou 
moins loin après le tubercule, dont la forme varie un peu, mais 
est toujours atténuée aux extrémités. La surface brun noir 
est très ridée, mais finement. 

Sur une section transversale, la surface est jaunâtre: une 
zone extérieure de ! mm. environ, dure et compacte, entoure 
une partie centrale moins résistante et moins compacte, de 
même couleur. La loupe n’y décèle ni bois poreux, ni rayons 
médullaires, ni moelle. 

L'odeur est très nettement celle de la réglisse ; le goût 
très accentué rappelle aussi la réglisse en même temps que 
les Aristoloches. Il est très âcre. 


STRUCTURE. — Suber; parenchyme amylacé épais, avec 
quelques cellules huileuses; aucun élément scléreux. 

Les faisceaux du bois sont distants, séparés par une épaisse. 
couche de parenchyme, et formés de petits groupes de vais- 
seaux accompagnés de quelques fibres et souvent isolés. Rien 


— 137 — 
de caractéristique. Les coupes se dilatent beaucoup au con- 


tact de l’eau. 


A. filipendulina. — Telles que je les ai vues au Muséum, 
les racines en toufle de cette plante sont renflées à peu près 
en leur milieu en un petit tubercule de 1 à 2? cent. de diamètre 
sur { 1/2 à 3 de longueur, quelquefois un peu ovoide, mais 
d'ordinaire turbiné, conique, à base supérieure. Extérieure- 
ment la couleur est grisätre. Sur la tranche, elle présente un 
centre blanc entouré d’un cercle blanc jaunâtre. Les faisceaux 
sont peu visibles à l'œil nu. 

STRUCTURE. — Elle n’a rien de spécial. C’est un paren- 
chyme extrêmement amylacé, avec quelques cellules oléifères. 

Les faisceaux ligneux sont très réduits, séparés par de 
très grands rayons médullaires. 

Je n’insiste pas autrement sur cette espèce à laquelle je ne 
connais aucun usage. 


TROISIÈME PARTIE 


ÉTUDE DES ESPÈCES D’ARISTOLOCHES MÉDICINALES 


L'ordre adopté pour cette troisième partie est celui de la 
Monographie du Prodrome. Quelques rares espèces non décri- 
tes dans cet ouvrage ont été intercalées. 


SERPENTAIRES 


Les Serpentaires sontdes Aristoloches américaines de petite 
taille, herbacées, vivaces par leur rhizome et dont les racines 
aromatiques ont longtemps eu la réputation de guérir de la 
morsure des serpents venimeux. Elles forment un petit groupe 
spécial parmi les Aristoloches, groupe constitué seulement 
par deux ou trois espèces. C’est la section Asterolyles de 
Duchartre. 


A. Serpentaria Linné, Spec. plant., éd. 1", t. IT, p. 961 ; 
éd. ®, t. II, p. 1363; Mat. médic., p. 196; — Willdenow, 
Spec., IV, pars I,p. 159; — Jacquin, Hort. Schœnbr., IT, 
t. 385, p. 70; — Plenck, Icon. pl. med., centur. VIT, tab. 647; 
— Rafinesque, Med. flora, t. 1, p. 61; — Woodville, Med. 
bot., II, p. 291, t. 106 (ex Duch.), — Bigelow, Med: bot, 
III, p. 82, t. 49; — Nees ab Esenbeck, Plant. offic., t. 143; 
— Duchartre, Prodr., XV, pars I, p. 433. 


4 * 
3 ’ 
. «À r'ailtite, 


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— 139 — 

A. Serpentaria var. latifolia Guibourt, Hist. des dro- 
nues éd. 6°, L. I, p. 372. 

Endodeca Serpentaria Rafinesque, Med. bot., I, page 62; 
— Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 600. 

Pistolochia Virginiana Parkinson (ex Ray). 

A. Pistolochia seu Serpentaria virginiana caule nodoso 
Plukenet, Phytogr., tab. 148, fig. 5 ; Almagest. bot., p. 50; 
— J. Ray, Hist. plant.,t. IIT, p. 394 ; — Catesby, Nat. hist. 
Carol., I, p. 29, tab. 29 (ex Linné,). 

A. polyrhizos virginiana fructu parvo pentangulari Mo- 
rison, Hist. plant. univers., III, 12—17—7. 

A. caulibus infirmis angulosis, foliis cordato oblongis 
planis, floribus recurvis solitariis Gronovius, Flor. Virgin., 
p. 140. 

C’est là le type de l'A. Serpentaria, la première Serpen- 
taire de Guibourt. Mais il en existe des variétés, Duchartre 
en admet trois : 


B. Barronu Duch. (loc. cit., p. 433). 

— A. violæ fruticosæ foliis virginiana, cujus radix Ser- 
pentaria dicitur Plukenet, Phytogr., édit. 1769, t. XV, 
fig. 2. Almagest. bot., p. 50 ; — Ray, Hist. plant, IIT, 394 ; — 
Morison, Hist. plant. IIT, 510. 

— À. Serpentaria y Willdenow, Spec. IV, t. II, p. 160. 

— A. Serpentaria Barton, Med. bot., IT, tab. 28 (ex Duch.). 

— À. officinalis Nees, PL. offic, t. CXLIV. 

— À. Serpentaria var. angustifolia Guibourt, Hist. des 
drogues, éd. 6°, t. IT, p. 374. 

— Endodeca Bartontii Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 601. 

7. LAXA Duch. (loc. cit., p. 434). Cette variété, admise par 
Duchartre, d'après les échantillons de l’'Herbier de St-Péters- 
bourg, passe d’après Duchartre lui-même aux formes & et à, 


_ dont elle diffère fort peu. Je ne l’ai jamais rencontrée. Aucun 


— 140 — 
auteur de matière médicale n'en fait mention. Il n’en sera pas 
question ici. 

0. HASTATA Duch. {loc cit., p. 43%). 

— A. Polyrhizos auriculatis foliis Virginiana Plukenet, 
Phytogr., t. 78, fig. 1 ; Almagest. bot., p. 50; — J. Ray, 
Hist. pl., III, p. 393 ; — Morison, Hist. pl., III, 510. 

— A. Serpentaria 8 Willdenow, Spec. plant., IV, pars I, 
n 459 

— À. sagittata Muhlenberg, Catal. (ex Sprengel). 

— À. hastata Nuttal, Gen., II, p. 200 (nec H. B. K.). 

— À. polyrhizos Sprengel, Syst., IV, pars 2, p. 310. 

— À. Serpentaria, var. hastata Guibourt, Hiz. des dro- 
ques, éd. 6°, t. II, p. 374. | 

— Endodeca polyrhizos Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 601. 


Noms vulgaires : Serpentaire’ — Serpentaire de Virginie. 
— Aristoloche Serpentaire. — Vipérine. — Colubrine. — 
Couleuvrine de Virginie. — Contrayerva de Virginie ', etc. — 
Virginische Schlangenwurzel (Allemand). — Virginia Snake- 
root. — Serpentary root (Anglais). — Virginische Slangen- 
wortel (Hollandais). — Slangroed (Danois). — Ormrot (Sué- 
dois). — Radix Serpentariæ (Offic.). 

C’est probablement aussi le Radix Snagroel dont parle 
Cornuti *. 


DESCRIPTION DE L’ESPÈCE. — L’A. Serpentaria esi une 


{ Pomet dit encore qu'on la nomme Serpentine de la Virginie, ou Dictame 
ou Pouliot, ou Contrayerva de la Virginie. 

2 « Missa quoque est ad me ex notha Anglia radix quam Serpentariæ vocant, 
vernacule Snagrôel cum hac inscriptione. Hæc radix alexiterium præsentis- 
simum est, contra morsum serpentis ingentis, pernitiosissimique in notha 
Anglia, cujus morsus intra duodecim horas interficit, nisi hujus radicis suma- 
tur potio, qua sumpta nullus unquam auditus est periclitari de vita.» {Cornuti, 
Canadens. plant. Histor., p. 214.) 


— 141 — 
petite plante herbacée, vivace, assez humble, atteignant tout 
au plus ?5 ou 30 cent. 

Elle nait d’un petit rhizome souterrain, horizontal ou plus 
souvent oblique, défini, portant sur les côtés et en dessous des 
racines allongées, et à la face supérieure la base des tiges 
tombées les années précédentes. Les racines adventives sont 
longues, fines, chevelues, de couleur un peu jaunâtre, for- 


_tement odorantes, de saveur très aromatique. Ces racines 


constituent avec le rhizome la drogue connue sous le nom de 
Serpentaire de Virginie; elles ont été déjà décrites (voy 
p. 49). 

Tiges faibles, flexueuses, parfois géniculées en zig-7ag 
et même noueuses au niveau de linsertion des feuilles, 
(1e sorte), parfois droites, simples ou peu ramifiées, souvent 
un peu rougeâtres et dénudées en bas, feuillées en haut. 

Feuilles de forme extrêmement variable. En général ovales, 
cordiformes, à sinus plus ou moins marqué, quelquefois 
presque nul, tantôt très larges, tantôt au contraire allongées 
et longuement acuminées, parfois hastées et auriculées à la 
base, très polymorphes, variant parfois sur le même échan- 
ülion. Il est donc difficile de baser des variétés sur les seules 
formes des feuilles. La couleur est verte, plus ou moins foncée: 
ellessont pétiolées, glabres ou légèrement pubescentes, surtout 
sur les nervures et les pétioles. Toutes sont alternes, disti- 
ques, planes, très minces, presque papyracées, à nervures 
peu saillantes en général, à bord très entier. 

Feuilles inférieures réduites à des écailles à l’aisselle des- 
quelles naissent les fleurs. 

Fleurs peu nombreuses, solitaires à l'extrémité de pédon- 
cules plus ou moins longs, garnis de quatre à six petites brac- 
tées, subcordées, alternes, parfois pubescentes. Ces pédoncules 
naissent à l’aisselle des feuilles écailleuses, tout près du collet 
de la racine. Rarement dressés, ils se recourbent d'ordinaire 


— 142 — 
vers le bas comme pour cacher la fleur au milieu des feuilles 
sèches qui entourent d'ordinaire la plante. Les fleurs sont 
petites, formées d’un périanthe de couleur pourprée brunâtre, 
fortement courbé en $, avec un utricule renflé oblong, un tube 
rétréci et un limbe irrégulier, concave, trilobé, à ouverture 
vaguement triangulaire. 

Six anthères biloculaires connées avec les faces du style 
charnu à trois lobes. Ovaire infère, poilu, hexagonal, oblong. 
Stigmate étalé au-dessus des anthères, empêchant toute 
fécondation. Ovules nombreux sur deux rangs. 

Le fruit est une petite capsule à six angles peu saillants, 
courte, parfois un peu déprimée au sommet, de couleur grise 
ou brunâtre. Graines aplaties, triangulaires, petites. 

L'espèce ainsi comprise est bien limitée, mais elle présente 
des formes dont on a quelquefois cherché à faire des espèces. 
Comme les termes de passage sont assez fréquents, et comme 
les feuilles sur lesquelles on s’est souvent basé sont extrême- 
ment variables de forme, ces espèces sont mauvaises et ne 
doivent être acceptées que comme des variétés. On à pu voir 
par la synonymie que déjà Plukenet les avait fort bien distin- 
œuées sous trois noms différents et que Ray, Morison, etc., 
l'avaient suivi dans cette voie. Linné réunit toutes ces formes 
sous son espèce Serpentaria Willd.; Gronovius'les considère 
comme trois simples formes qui ne diffèrent que par la sta- 
tion ou la culture. Willdenow les désigne comme des variétés 
B, y de l’une des formes prise comme type spécifique. Klotzsch 
admet un genre Endodeca crée par Rafinesque*. Il y fait 
rentrer la Serpentaire que Rafinesque n'y mettait qu'avec 
doute, et le divise en 3 espèces qui correspondent d'ailleurs 
aux 3 plantes de Pluckenet. Cette division en 3 est aussi celle 


1 Flora virginica, p. 140. 
2 Med. flor., t. I, p. 62. 


— 143 — 
de Guibourt d’après les drogues (car il faut mettre à part 
sa fausse Serpentaire qui constitue une espèce particulière) : 
c'est cette division qui sera suivie également ici. En somme, 
VA. Serpentaria de Linné présente de nombreuses formes 
que l'on peut grouper sous trois chefs : 


PREMIÈRE FORME. — Variété à feuilles larges de Guibourt. 
— C’est le type de l’espèce, auquel par conséquent se rap- 
porte la synonymie générale et la description. 

Elle est caractérisée surtout par sa tige flexueuse, géni- 
culée, souvent renflée aux nœuds, parfois rameuse, par ses 
feuilles généralement assez larges et cordiformes, glabres. 
Il est vrai que le plus souvent les feuilles sont plus larges que 
celles de la 2 sorte, mais il ne faut accorder qu’une valeur 
secondaire à ce caractère, qui varie beaucoup et parfois sur 
la même plante. Je n’ai jamais trouvé de feuille aussi large 
que celles que représente Guibourt. Dans le droguier même, 
les feuilles sont assez rares et aucune n’a la forme de celle 
de l'Histoire des drogues simples. 

Cette Serpentaire de Virginie était la seule que l’on connût 
dans le commerce avant 1816. Elle a été souvent décrite et 
figurée, mais des erreurs fréquentes se sont glissées dans 
plusieurs dessins, et l'on me permettra de passer rapidement 
en revue les principaux d’entre eux. 

La figure la plus ancienne que j'en aie vue est celle de 
Pomet * (1694). Les fruits sont trop haut placés, mais la figure 
est assez bien celle de la 1" sorte, avec les feuilles cordifor- 
mes élargies à la base, et un petit paquet de racines fin, tor- 
tueux, chevelu; les tiges se voient mal et l'ensemble est trop 
touffu. 

La figure de Plukenet *, à laquelle d’ailleurs Guibourt ren- 


 Pomet, Hist. gén. des drogues, livr. IL, chap. mn, p. 49. 
2 Phytographia, tab. 148, f, 5. 


— 141 — 


voie, est tout à fait caractérisée. Les feuilles sont semblables 
à celle du dessin de Nees, sur lequel cependant Guibourt a 
commis une erreur, Comme on le verra plus loin. 

Morison ‘ n’a qu'une fiscure assez primitive, où le fruit est 
représenté à tort comme pentagonal; c’est sa 14° espèce. 

Jacquin a donné de cette plante une figure ? que Guibourt a 
rapportée, comme on va le voir, à la fausse Serpentaire, mais 
qui certainement est la représentation de la 1° sorte, avec la 
tige noueuse, géniculée, etc. L'ensemble des racines est 
plus volumineux que dans les spécimens que j'ai vus en dro- 
‘ guier. 

La figure de Plenck * est médiocre. Le rhizome n'y est pas 
représenté ; les feuilles en sont élargies à la base au point 
d'être presque trilobées et de former une sorte d’intermé- 
diaire entre la 1" et la 3 sorte de Guibourt. Les unes sont 
cordées, les autres non. Les fleurs laissent à désirer, et les 
fruits, trop gros et trop rouges, sont représentés, au moins 
celui qui est coupé, avec cinq carpelles. 

Chaumeton ‘ représente une plante dont les feuilles acu- 
minées larges à la base sont à peu près celles de Plukenet et 
de Nees, et à peu près aussi celles que j'ai vues dans les dro- 
œuiers. La tige est moins coudée, et comme le reste de la 
plante très légèrement poilue. La racine est chevelue, mais 
représentée trop petite. Il y a deux fleurs violettes. 

La planche de Bigelow * a été rapportée par Guibourt à la 
2e sorte, ce qui est probablement une erreur. Duchartre la 
range dans le type, avec raison, je crois. Cette figure ne re- 


t Plant. Hist., I, p. 510 : « Hæc », dit-il, «pro Serpentaria majori, in offi- 
cinis fortasse venundatur. » 

2 Hortus Schœnbrunn., tab. 385. 

3 Icon. plantar.medic., cent. VII, tab. 647. 

# Flore médic., livr. 84, pl. 325. 

5 Amer, meéd. bot., XII. 82, f. 49. 


— 145 — 

présente malheureusement pas les racines, ou les représente 
mal, (peu nombreuses bifurquées, ete.) La tige est nettement 
noueuse et géniculée. Mais les feuilles acuminées, non auri- 
culées, à peine cordées, assez longues, ressemblent davantage 
à celles de la seconde sorte. Il reste quelques doutes, et c'est 
là un exemple de ces fréquents intermédiaires qui réunissent 
les deux types extrêmes. 

Malgré des feuilles un peu longues, la petite plante de Rafi- 
nesque ‘, avec ses tiges très anguleuses, appartient bien à la 
1"e sorte. 

La figure de Nees d'Esenbeck * est fort intéressante ; on y 
voit un paquet de racines assez nombreuses, longues de 10 
à 15 cent. et partant d’une souche commune (représentée à 
tort comme arrondie). 

Des fleurs rougeâtres ou violacées, et des fruits un peu al- 
longés, arrondis, sans angles nets, marqués seulement de six 
lignes méridiennes blanches, sont portés à la base de deux 
branches d’abord droites, puis anguleuses, pourvues ainsi 
que les pétioles de quelques poils courts, épars. Les feuilles 
sont distiques, vert clair en dessus, un peu blanchâtres au 
dessous, cordiformes, acuminées; ce sont évidemment les 
feuilles de la l'° sorte, très analogues à celles de la figure 
de Plukenet. 

Je ne puis m'expliquer comment Guibourt à fait reproduire 
ces feuilles comme le type de sa fausse Serpentaire. L'échan- 
tillon de fausse Serpentaire du droguier Guibourt contient des 
feuilles toutes différentes qui sont, sans doute possible, celles 
de l'A. reticulata Nuttal ; d'autre part, les feuilles de la figure 
de Nees ressemblent tout à fait à celles que j'ai trouvées dans 
l'échantillon de Serpentaire vraie étiqueté de la main de Gui- 


1 Medic. flor., t. I, p. 61. 
? Beschreib. offiz. Pflans., tab. 1453 


— 146 — 

bourt. Nees a donc représenté fort exactement le vraie Serpen- 
taire, la 1" sorte, et Guibourt a reproduit une réduction de 
son dessin en l’attribuant à tort à la fausse. Il est vrai 
que cette figure, il le reconnait lui-même, diffère en quel- 
ques points de sa description. Cette erreur est d'autant plus 
étonnante de la part du méticuleux Guibourt que tous les élé- 
ments pour lacorriger se trouvaient dans son droguier. Quant 
à la forme de feuille qu'il dessine comme typique de la vraie 
Serpentaire, je ne l’ai trouvée à peu près nulle part, et elle 
devait manquer depuis longtemps dans le droguier même, car 
elle est dessinée sur un papier joint à l'échantillon. Il est pro- 
bable que c’est là une forme exceptionnelle, élargie et très 
raccourcie, que Guibourt a décrite comme la forme normaleet 
qui lui a fait méconnaître l'exactitude de la figure de Nees et 
de celle de Jacquin. 

Mais ce n'est pas encore tout. Berg et Schmidt dessinent 
dans leur ouvrage',une bonne figure de l'A. Serpentaria vraie, 
avec des feuilles dont l’inférieure plus petite est de la forme 
latifolia de Guibourt, tandis que les autres ont la forme de 
celles de Plukenet, Nees, etc : en un mot c'est la dre sorte, 
le type. Mais les racines représentées à côté sont, sans 
doute possible, celles de la fausse Serpentaire, de l'A. reti- 
culata. Ce dessin a dû être fait sur des racines sèches mal 
nommées, ce qui n'est pas étonnant vu la fréquence actuelle 
de PA. reticulata dans les pharmacies. Enfin le dessin de 
Bentley et Trimen*, me semble entaché de la même erreur, 
car le rhizome représenté est gros et long, et les racines 
également plus grosses que celles de la vraie Serpentaire. Il 
est vrai qu'elles sont plus chevelues que ne l’est d'ordinaire 
la fausse. 


1 Darst. und Besch. der Offis. Gew., IV, pl. XXV, a. 
? Medicinal Plants, IV, n° 246. 


— 147 — 
Une bonne représentation de la plante est donnée dans la 
Botanique médicale de M. Baillon'. 
Cette discussion un peu longue s’explique, on le voit, par la 
confusion qui s'était faite sur ce point. 


DEUXIÈME FORME. — Variété à feuilles étroites de Gui- 
bourt. — Ce n'est certainement pas une espèce, car on trouve 
bien des termes intermédiaires entre elle et la première forme. 
Plus élancée, plus grêle, plus haute, moins ramifiée que la 
première sorte; les fleurs sont dressées au lieu d’être pen- 
chées, les bractées moins nombreuses et plus petites, les feuil- 
les moins cordiformes et proportionnellement moins larges. 
Mais c’est un caractère essentiellement variable. 

La figure de Plukenet représente (avec des fleurs d’ailleurs 
complètement inexactes) une Serpentaire que rappelle tout à 
fait la figure de Guibourt. Les feuilles en sont lancéolées, 
très légèrement cordées. La racine est fine et fibreuse. 
* Morison lui attribue des racines très fines et blanches ?. 

Une très bonne figure a été donnée par Nees d’Esenbek; 
c'est celle que Guibourt a fait copier pour son livre: elle ré- 
pond donc exactement à la deuxième sorte. Le rhizome y est 
à peine indiqué et les fibres radicales y sont bien moins nom- 
breuses, et portent beaucoup moins de chevelu que dans la 
réalité. La tige s’élargit un peu au-dessus de la base, ce qui 
est, en effet, le cas ordinaire dans cette forme. Les feuilles 
sont exactes, mais ne représentent qu'une forme, fréquente 
ilest vrai; dans la nature, elles sont très souvent bien moins 
régulièrement atténuées de la base au sommet, souvent même 
la largeur maximum est au 1/3 supérieur. Elles sont glabres, 
peu ou pas cordées à la base. Cette ficure de Nees, avec sa 
_ tige droite, mince, peu anguleuse, en tout cas non noueuse, est 


t Baillon, Bof méd., be 172: 
? Plant. Hist., II, p. 150, 


— 148 — 
le type à retenir pour la, deuxième sorte. Il faut se fier au port 
de la plante et à l'aspect de sa tige bien plus qu’à la forme 
variable des feuilles. Celles-ci sont toujours très entières, très 
minces, presque transparentes, mais ce sont aussi les carac- 
tères des autres formes du vrai Serpentaria. Les rhizomes 
et racines ont été étudiés. 


L’échantillon de l’herbier du Muséum est un intermédiaire 
entre la première et la deuxième sorte: la tige le rapproche 
plutôt de la deuxième ; il a des feuilles de forme variée 
parfois sur le même pied. 


Par contre, l’herbier de la Faculté de médecine de Mont- 
pellier offre les deux sortes nettement distinctes : vues ainsi 
à côté l’une de l’autre, et avec les caractères bien tranchés, 
on serait tenté de les séparer spécifiquement. Dans l’une, la 
tisce est très anguleuse, striée en long, coudée à chaque 
feuille, à nœuds de plus en plus rapprochés; les feuilles sont 
aiguës au sommet, cordées à la base, larges ; c’est la première 
sorte très caractérisée. Dans l’autre, étiquetée: « Snakeroot, 
Witmington... près des champs à riz dans les bois », la tige 
est plus longue, moins chargée de feuilles, plus fine, moins 
anguleuse ; les feuilles très minces, plus que dans la première, 
tout à fait papyracées et à nervures moins visibles, et de 
forme assez variée, sénéralement acuminées. C’est absolu- 
ment la deuxième sorte du droguier de Guibourt. On en 
trouve aussi dans les herbiers des échantillons beaucoup plus 
petits. Dans l’un d’eux, venant de la Caroline (Herb. fac. méd., 
Montpellier), quelques feuilles montrent une tendance à de- 
venir auriculées et se rapprochent ainsi de la forme n° 3, has- 
lala. 

L’A. Serpentaria de Bigelow, dont Guibourt fait le type 
de sa deuxième sorte, doit probablement, cogme on l’a vu, 
se rapporter à la première. 


PATT Er 

TROISIÈME FORME. — Variélé à feuilles hastées. — Cette 
variété semble plus nettement séparée des autres, si j'en juge 
du moins par les figures et les descriptions, car je n'ai pu 
trouver nulle part dans le droguier de l'École de pharmacie 
de Paris l'échantillon décrit par Guibourt'. Plukenet en 
donne sous le nom de A. Polyrhizos auriculatis foliis virgi- 
niana une figure bien spéciale par la forme auriculée des 
feuilles. Il ajoute : forte Polyrhizos virginiana Parkinson, 
Serpentaria allera virginiana vulgd. La tige en est droite 
comme dans la deuxième sorte, les racines en un faisceau dans 
lequel le rhizome n’est pas nettement dessiné. J. Ray lui donne 
la même synonymie. D’après Klotzsch *, elle offre les carac- 
tères suivants: un pied de hauteur, légèrement pubescente, 
très feuillée en haut, à feuilles hastées lancéolées, longue- 
ment atténuées, très finement pubescentes, à marge glabre, 
vert foncé en dessus, vert pâle en dessous ; les pétioles sont 
courts, pubescents, etc... Ces feuilles sont, d'après Guibourt, 
très minces et transparentes, analogues par ces caractères 
aux deux premières sortes. 

Elle a dû être de tout temps rare dans le commerce, car 
on la voit peu dessinée et peu décrite. Certains auteurs disent 
pourtant qu'elle est souvent mêlée à la Serpentaire officinale 
dont le rhizome diffère à peine *. 

Elle habite l’Arkansas et la Caroline. 

HisroriQuE. — Jusqu'au X VIT siècle, les médecins euro- 
péens ont ignoré l'existence de la Serpentaire, et se servaient 


uniquement des Aristoloches de nos pays. La première men- 
tion de la plante nouvelle, qui devait détrôner les espèces 


1 Il est même probable que cet échantillon a disparu depuis longtemps, car 


il n'en est pas fait mention dans le Trailé pratique de la détermination des 


drogues simples de G. Planchon, rédigé d’après les échantillons de Guibourt. 
? Klotzsch, loc. cit., p. 601. 
3 Wood et Bache, The dispensalory of the U. S., p. 1301-1304. 


10 


— 150 — 

indigènes, a, dit-on, été faite par Thomas Johnson, apothi- 
caire à Londres, en 1632. Thomas Johnson assure que c’est 
la racine d’une plante nommée Aristolochia Pistolochia altera 
Jean Bauhin, Pistolochia Cretica C. Bauhin, Pinax; Pistolo- 
chia sempervirens.— Jean Ray, qui avait accepté cette idée 
dans son 1°" volume de l'Histoire des plantes, en doute dans 
le second, et change enfin d'avis dans le 3°, d'après lopinion 
de Plukenet'. En réalité, Johnson a confondu cette plante 
avec l'A. sempervirens, que Gérarde (dont il publia une édi- 
tion) avait appelé À. Cretica seu virginiana. 

Cornuti la désigne probablement en 1635 sous le nom de 
Radix Snagroël, et Parkinson, en 1640, l'appelle d’après Ray 
Pistolochia Virginiana. La plante entra dans la pharmacopée 
de Londres en 1650 °. Dale, en 1693, en exalte les vertus 
contre la rage etles serpents. Pomet, Plukenet, en donnent 
d'assez bonnes figures dans leurs livres. Mais la première des- 
cription de la plante est dûe à Banister dans les «philosophical 
transactions » *. Jean Ray * déclare avoir reçu la description 
de la plante de Banister, et l'avoir simplement traduite en 
latin. 

La plante une fois connue se trouve décrite dans la plupart 
des livres, et jouit en Europe d’une grande réputation. En 
1710, Gockelius et Wedelius publient à Iéna des dissertations 
de Serpenlaria virginicà *. Morison, Catesby, Gronovius en 
parlent dans leurs ouvrages, et dès lors la Serpentaire est 
hautement appréciée dans tous les traités de matière médi- 


1 Geoffroy, Mat. med., IT, 245. 

2? Fluckiger et Hanbury, Hist. des drog. végét., IN, 357. 

3 Dans l'A brégé des transact. phil. de Gibelin, Botanique, t. I, 391, 1790 
on trouve : « Sur La Serpentaire de Virginie, par M. J. Banister, année 1698, 
no 247. » 

4 J, Ray, Hist. plant., III, 394. 

5 D'après Baiïllon, Aristol, médicinaux, p. 21. 


cale. Il n’en est pas de même aujourd’hui ; ce médicament, 
trop complètement oublié, n'est plus dans les officines qu'un 
objet de curiosité, et même l'A. Serpentlaria vraie n'y existe 
plus du tout : la seule Serpentaire qu'on y rencontre encore 
est l'A. reticulata, comme on le verra plus loin. 


Hagirar.—Maloré son nom de Serpentaire de Virginie, la 
plante est loin d'être spéciale à cet État. On la trouve en effet 
dans la Virginie, la Caroline, la Floride, la Tennessee, le 
Kentucky, l'Indiana, l'Ohio, le Pensylvanie. Moins fréquem- 
ment dans le Michigan, le New-York, le Connecticut. Elle 
abonde dans les monts Alleghanys et les montagnes du Cum- 


.-berland. 


Elle recherche l’ombre et les bois humides, surtout sur les 
montagnes ; elle cache ses fleurs dans les feuilles mortes, et 
est même, dit-on, assez difficile à trouver, et par conséquent 
toujours chère, parce qu’elle pousse fort tard, çà et là, tou- 
jours isolément, au milieu des herbes assez hautes du sous- 
bois. De plus, les feuilles sont souvent mangées par la che- 
nille d'un papillon ‘, ce qui rend la récolte plus difficile encore. 
Elle fréquente rarement les sols calcaires. 

La marchandise expédiée fréquemment par Wheeling et 
Pittsburgs est exportée de New-York et de Boston en balles, 
sacs ou caisses. Les balles sont d'environ 100 livres et con- 
tiennent souvent des tiges et de la terre adhérente ?. 


CONSTITUTION CHIMIQUE.— De toutes les Aristoloches, c’est 
encore la Serpentaire dont on a leplus étudié la composition. 
J'ai dit plus haut que je n’avais pas l'intention d’aborder 
dans ce travail le côté chimique de la question. Je me con- 
tente donc de rappeler que la première analyse est due à Bu- 
choltz (1807), et que d’autres ont été successivement faites par 


‘ Bosc, art. Aristoloche, in Nowv. dict. d'hist. nat. appl.,t. I], p. 527-529, 
2 Wood et Bache, The dispensatory of U, S. 


— 152 — 


Chevallier (1820), Peschier (1823), Grassman, etc. La plus 
récente est due à Spica (1887)'. On y a trouvé, entre autres 
choses, une huile volatile odorante jaune; une résine; une 
substance amère, l’Aristolochine, précipitable par le tannin, 
peu soluble dans l’eau, un peu plus dans l'eau froide, soluble 
dans l’alcool; du sucre, etc. Le camphre serait intéressant à 
étudier comparativement dans plusieurs espèces. 


SUBSTITUTIONS. — La plus importante de beaucoup est celle 
qui consiste à remplacer l'A. Serpentaria par l'A. reticulata ; 
aujourd'hui même, comme on l’a vu, celle-ci est la seule que 
l'on trouve en France dans le commerce. Elle sera l’objet 
d'un chapitre spécial. 

Mais d’autres substances ont pu être parfois données comme 
Serpentaires, et les journaux américains ont fréquemment 
signalé ces substitutious. 

Ce sont d’abord d’autres Aristoloches ; mais aucune, sauf le 
reticulata déjà indiqué, ne peut être facilement confondue 
avec l'espèce. On cite souvent l'A. tomentosa comme substi- 
tué à la Serpentaire. J'avoue ne pas comprendre cette substi- 
tution. Les deux plantes n’ont aucun rapport ; les racines, 
les tiges, les feuilles, l'aspect général, tout est dissemblable 
profondément. Ce seraient iciles racines que l’on mêlerait à 
celles des autres espèces. 

L’A. hastata, souvent indiquée aussi, est une variété pro- 
bablement : c'est la troisième sorte de Guibourt, et par con- 
séquent son mélange à la Serpentaire ordinaire n'a rien de 
frauduleux. Les feuilles la feraient reconnaitre au besoin. 

L'A. hirsuta (voyez cette espèce) est mal connue. Je n'en 
puis décrire ici les racines. 

Les Asarum Canadense L. et Virginicum L. ressemblent 
assez par leurs racines à la Serpentaire ; mais le rhizome 


2 Spica, Gaz, chim. ilal., 1887, fasc. V, p. 313. 


— 153 — 
allongé de ces plantes est plus gros que celui de la Serpen- 
taire, quadrangulaire, contourné, noueux, avec des radi- 
cules blanchâtres. L'odeur est forte et poivrée, la saveur très 
piquante, poivrée aussi. L’Asarum Canadense est souvent 
appelé Serpentaire du Canada. 

L’Hydrastis Canadensis L., qu'on dit exister en grande 
quantité dans la Serpentaire, et que, pour ma part, je n’y ai 
jamais vu, se distinguera facilement à son rhizome beaucoup 
plus gros et plus lourd, sans traces d'anciennes tiges, et qui, 
lorsqu'on le brise, présente une couleur jaune vif des plus 
caractéristiques. Les racines d’ailleurs sont un peu emmêlées 
il est vrai, mais non chevelues, assez aplaties et ridées en 
long par la dessiccation. Elles n’ont ni le goût, ni l’odeur de 
la Serpentaire. Un peu piquantes et très amères, mais non 
camphrées. 

Les racines du Panax quinquefolium L. se rencontrent, 
dit-on, à l’état de mélange accidentel. Ce n’est pas une falsi- 
fication. 

Les racines des Collinsonia scabriuscula et præcox, indi- 
quées parfois comme une substitution réelle, n’ont jamais été 
trouvées par Guibourt. Je n’en ai jamais vu non plus. D’ail- 
leurs, je dois dire qu’en France j'ai toujours trouvé la Ser- 
pentaire assez pure. C'est toujours, il est vrai, le reticulata, 
mais les racines étrangères qu’on y rencontre çà et là n’y 
sont pas mises comme falsification. Il y a souvent de la terre, 
et la récolte doit s’en faire sans beaucoup de soin. 

Le Rhizome d’Asclépiade (Vincetoxicum officinale Münch) 
a un peu l'aspect de la fausse Serpentaire. Mais il est cepen- 
dant très facile à distinguer : la souche, grosse de 5 mm. de 
diamètre et plus, allongée, porte les bases des anciennes 
tiges, assez grosses, courtes. Les tiges sont grosses, dures, 
ligneuses, de 3 à 5 mm. de diamètre, très différentes de 
celles de lAristoloche. Les racines forment un paquet qui 


— 154 — 
ressemble un peu à celui de la fausse Serpentaire par le 
diamètre, la couleur et l’arrangement parallèle des racines : 
mais celles-ci sont beaucoup plus longues (elles atteignent 
20 cent.) et l'ensemble est beaucoup plus volumineux. L’odeur 
et le goût ne permettent d’ailleurs aucune erreur. 

La confusion avec le Spigelia Marylandica L. pourrait, 
si elle se produisait, avoir les conséquences les plus graves. II 
y a bien entre les deux drogues quelques rapports ; ainsi, les 
racines adventives, fines et brunätres, emmêlées, se ressem- 
blent un peu. Elles partent aussi d’un rhizome dont la partie 
supérieure porte des bases de tiges. Mais celles-ci sont plus 
rares et bien plus grosses que dans la Serpentaire. Le rhizome, 
lui aussi, est plus gros, plus long : sur la tranche, une zone 
blanche entoure une moelle centrale assez volumineuse. Enfin 
l'odeur de la Serpentaire manque, et la saveur amère de la 
Spigélie n’est aucunement camphrée n1 aromatique. 

Le Cypripedium pubescens Willd. (ou Valériane dAmé- 
rique) serait, d'après Maisch, une des substances les plus 
employées pour falsifier la Serpentaire aux État-Unis, et la 
fraude se ferait sur une grande échelle. La sophistication est 
dans tous les cas bien facile à constater. Le rhizome du Cypri- 
pedium est beaucoup plus gros que celui de la Serpentaire, et 
présente, au lieu des bases detiges, des cicatrices larges et 
profondes, creusées dans le rhizome lui-même. En outre, les 
racines sont ici plus grosses, fortement sinueuses, un peu 
ridées en long, non chevelues et de couleur brun jaunâtre, 
différentes de celle de la Serpentaire. 

On ne saurait confondre dans les droguiers le rhizome et 
la racine de Serpentaire avec celui de la Primevère, plus gros 
et sans bases de tiges, avec des racines brun jaune, d’un 
blanc éclatant sur la section, ridées en long, et n'ayant mi le 
goût ni l'odeur de la Serpentaire. 


AE 
. PROPRIÉTES. — Si l'usage de la Serpentaire de Virginie 
n'a pas encore complètement disparu, du moins peu s’en faut. 
Déjà beaucoup de pharmacies sont complètement dépourvues 
de ce médicament, et dans beaucoup d’autres on ne l’a conservé 
que comme curiosité. Encore toute la Serpentaire actuellement 
vendue en France est-elle fournie non par la plante authen- 
tique, mais par l’A.reticulata. Mais la Serpentaire n'est vrai- 
ment digne ni de l’immense réputation d'autrefois, ni du 
méprisant dédain d'aujourd'hui. C’est, à n’en pas douter, un 
stimulant actif et un diaphorétique puissant, qui, à ce double 
titre, pourrait être souvent et utilement employé. Il suffit de 
sentir et de mâcher un fragment de racine pour y reconnaître 
une plante active. Mais on en a fait si souvent un remède à 
tous les maux que, par une réaction naturelle, on ne l’emploie 
plus jamais. 

La morsure des serpents est, d’après les anciens auteurs, 
œuérie par l'usage de la Serpentaire, et cette croyance remonte 
haut, car le nom même de Serpentaire est très ancien. D’après 
un vieux préjugé, la plante serait même nuisible au serpent. 


? « Les Anglois..... s’en servent contre toute sorte de venins, en ayant 
éprouvé les bons effets dans les lieux où elle croit, et surtout contre la morsure 
d’un certain serpent assez gros, long de 5 pieds, de couleur brune mêlée de 
aune, ayant les dents longues et pointuës, portant certaines sonnettes sous la 
queue, rampant avec une extrême vitesse et fort redoutable aux voyageurs qui 
seraient beaucoup plus sujets à en être attaqués et mordus, si le bruit de son- 
nette qu'ils entendent de loin ne les obligeait à se tenir sur leurs gardes et à 
suivre les avis de ceux du pays qui leur font porter un long baton fendu par 
un bout, et dont la fente est remplie de vipérine écrasée et débordante hors de 
la fente du bâton ; pour s'en servir à avancer la pointe fendue contre la gueulle 
du serpent s’il vient à eux et l'en faire mourir, ou l’obliger à s'éloigner d'eux ; 
et d'autant que ceux du pays prennent ce serpent pour une espèce de vipère, 
et que cette racine guérit les morsures, on lui a donné le nom de Vipérine. 


Les Espagnols ont donné à ce serpent le nom de Cascavel à cause des sonnettes 


qu'il a sous la queue. » (Pomet, Hist. génér. des drogues, p. 49.) 
D'après d'autres, ce serpent à sonnette est appelé par les indiens Boïci- 
minga (voy. Chomel, Hist. pl. usuell., I p.418, etc. 


— 156 — 

On l’employait, en mâchant la plante, en avalant le suc et 
aussi en appliquant Jes feuilles contusées sur la plaie (Murray). 
Bosc, qui l’a employée fraîche pour guérir un nègre mordu par 
un serpent, pense qu'on peut la mettre au nombre des plus 
actifs sudorifiques connus. Quelques gouttes de l’eau d’infu- 
sion ont suffi pour déterminer chez lui-même une abondante 
sudation ‘. Cette propriété diaphorétique étant admise de 
tous, on peut dire que la Serpentaire rendra quelquefois ser- 
vice comme adjuvant dans les cas de morsures. Mais elle a 
beaucoup d’autres usages. 

Dans les fièvres, sa réputation était fort grande; Murray 
la recommande tout spécialement dans les fièvres putrides, 
malignes, adynamiques, quand le pouls a besoin d’êtrerelevé. 
Mais on la donnait aussi (Sydenham, etc.) contre les fièvres 
intermittentes, le typhus et en général les maladies qui 
demandent des antiseptiques : scorbut, gangrène, etc., etc. 
Comme elle est fort excitante, on l’a fréquemment ordonnée 
avec succès dans les maladies atoniques, accompagnées de 
prostration et de stupeur. Il est certain qu’elle ranime les 
forces assez énergiquement, et que son action la plus marquée 
est de combattre l’adynamie partout où elle se montre. Beau- 
coup de médecins recommandaient de ne jamais l’employer 
pendant la période inflammatoire des fièvres. 

La faiblesse et l’irrégularité du pouls, la stupeur, l’abatte- 
ment, la prostration en sont les principales indications. 

La Serpentaire est un antiseptique que l’on a employé 
même dans la gangrène, et auquel on a eu recours dans la 
variole confluente, l’urticaire, la scarlatine, certaines angines 
même graves, etc. 

Comme diurétique, anthelmintique, purgatif même, on dit 
en avoir obtenu de bons effets. 


1 Bosc, art, ARISTOLOCHE, in Nouv, dict. d'hist. nat. appl., t. Il, p. 527-529. 


ERP On 


27 


— 157 — 

Comme emménagogue, elle a été moins souvent employée 
que beaucoup d'autres, assez fréquemment pourtant; on la 
aussi préconisée contre plusieurs névroses (hystérie, épi- 
lepsie, paralysie, etc.). 

Comme stomachique on l’emploie dans les dyspepsies. 

Chaumeton déclare qu’elle peut parfois être plus nuisible 
qu'utile, et qu’elle n’a nulle action contre la rage ni contre 
les serpents. 

En résumé, un stimulant, diaphorétique, antiseptique. 


Certains médecins en font encore assez souvent usage et 
regrettent justement que ce médicament vraiment actif soit 
délaissé avec tant d’autres. M. Délioux de Savignac, par 
exemple, déclare en avoir retiré de grands avantages dans 
les adynamies de la fièvre typhoïde et dans les débilités et 
anémies des maladies chroniques ‘. 

A petites doses, la Serpentaire amène une excitation assez 
vive, augmente la fréquence du pouls, excite l'appétit, déter- 
mine une hypersécrétion urinaire et sudorale. Cette action 
est rapide. 

Si l’on augmente la dose, on obtient des nausées, des tran- 
chées, des troubles cérébraux, de la céphalalgie, etc. 

Elle n’est guère prescrite aujourd’hui, surtout seule. On 
l'associe parfois au quinquina dans les fièvres adynamiques. 
On en faisait souvent un extrait aqueux et surtout un extrait 
alcoolique plus actif, une infusion aqueuse, une décoction, une 
teinture, une boisson avec 15-20 grammes d’infusion par 
litre ; enfin on l’administrait fréquemment en poudre, dans 
l'eau-de-vie ou sous forme de pilules ou d’électuaires *. On 
en retirait par distillation une eau et une huile odorantes. 


1! Voy. Dict. de Dechambre, t. VI, p. 118. 
? Voici quelques anciennes formules : 
Racine de serpentaire, 1/2 scrupule. Pattes noires d’écrevisses préparées, 


— 158 — 

La Serpentaire entrait dans beañcoup d'anciennes prépara- 
tons: poudre antiépileptique de Londres, poudre d’écrevisses 
de Charas ou de la comtesse de Kent, lOrvietan præstantius, 
l'eau générale, l'eau thériacale, etc., etc. 


À reticulata Nuttal, Trans. Amer. Phil. soc ; nov. ser. 
V:, p. 162 (ex Duch.}:— Duch., Prodr.; XV, p.48? 

Siphisia reticulata Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 604. 

A.pseudo-serpentaria Guibourt, Drog.simpl. (la figure qu'il 
donne ne s’y rapporte pas) (excl. syn. Jacquin et Nees), 
édite 6,4 11, ph 915: 

Noms vulgaires: Serpentaire du Texas, — Serpentaire de 
la Rivière-Rouge,— fausse Serpentaire de Virginie. 


Cette plante est fort importante à connaître parce que c’est 
elle qui donne aujourd'hui, en France du moins, à peu près 
toute la Serpentaire du commerce, sinon toute. Rhizome 
assez long et épais, pourvu de radicelles plus grosses que 
celles du Serpentaria; rhizome et racines sont décrits avec 
détails dans la deuxième partie de ce travail (voy. p. 54.) 

Les feuilles décrites aussi sont très importantes pour dis- 
tüinguer la vraie Serpentaire de la fausse. Leurs principaux 
caractères sont d'être subsessiles, dures, coriaces et réticu- 
lées, d’où le nom de l'espèce. 

Fleurs petites, portées sur des pédicelles courts, naissant 
eux-mêmes près de la base sur des pédoncules articulés et 
poilus, à l’aisselle de bractées tomenteuses à l'état jeune; 


1 scrupule. Sirop d'œillet de jardin. S. Q. (Un bol contre la fièvre maligne 
pour empêcher la putréfaction.) 
Serpentaire de Virginie en poudre, XX grains. Vieille thériaque, 3 scrupules. 
(Un bol pour exciter la sueur et les fièvres d’un mauvais caractère.) 
Serpentaire de Virginie, racine de Contrayerva, poudre de vipère, ââ 1/2 
dragme. (Fièvres malignes, poisons froids, fièvres intermittentes, au début du 
paroxysme) (Geoffroy.) 


— 159 — 
pourprées, pubescentes surtout à la base, elles donnent nais- 
sance à de petites capsules hexagonales, surmontées des 
débris du périanthe et portant des poils épars. 

La plante est sauvage au Texas et à la Louisiane, dans 
Arkansas probablement, en un mot le sud-est des Montagnes 
Rocheuses jusqu'au Mississipi. Peut-être aussi la Virginie ? 

Ainsi qu'on l’a vu l'A. reticulata est aujourd’hui la seule 
Serpentaire vendue en France. La Pharmacie Centrale, les 
erands droguistes de Paris, n’en fournissent pas d'autre au 
commerce. En faisant des recherches pour m’assurer du fait, 
je n'ai rencontré nulle part l'A. Serpentaria vraie, sauf dans 
quelques pharmacies très anciennes, dans lesquelles ce pro- 
duit peu demandé s'était transmis de successeur en succes- 
seur, et se trouvait relégué d'ordinaire au fond des caves ou 
au rayon supérieur de la pharmacie. 

La substitution de l'A. reticulata au Serpentaria est déjà 
ancienne de cinquante ou soixante ans; dans un article de 
Bridges, de 1843", l'apparition de cette fausse Serpentaire 
sur le marché est déjà signalée. 

La proportion de fausse Serpentaire a augmenté depuis lors 
d'année en année, au point que plusieurs auteurs ont décrit 
cette espèce comme la vraie. Guibourt, il y a longtemps déjà, 
en constatait l'abondance dans le commerce. Aujourd'hui, on 
chercherait en vain la vraie. 

Bedford* constate, en 1874, qu’en Amérique la Serpentaire 
du Texas supplante largement la vraie, et ajoute qu'on doit 
la considérer comme inférieure. 

En 1887, on constale encore que l’A. reticulata est la dro- 


1 R. Bridges, Amer. Journ. phar., 1843, p. 118. Il constate que c’est bien 
là l'espèce de Nuttal, identique à l'échantillon d'herbier étiqueté de la main 
de l’auteur. 

? Bedford, Rep. of the com. of the Drugs Market, in Proceed. of the Amer 
pharm. Assoc., 1874, p.441, 


— 160 — 

gue usuellement employée en Amérique comme Serpentaire*. 
M. Trelease a bien voulu m'adresser 3 échantillons pris chez 
3 droguistes différents de Saint-Louis (Missouri). Tous les 
trois appartenaient à l'A. reticulata. Par contre, toujours à 
la demande de M. Trelease, M. Schneck m'a envoyé de Mont- 
Carmel (Illinois) deux pieds frais d'A. Serpentaria, deuxième 
sorte, très caractérisée. Il parait d’ailleurs que la fausse est 
officinale aux États-Unis, comme la vraie. Elle arrive à Phi- 
ladelphie en balles de 50 kilos. 

L'action est la même que celle de l'A. Serpentaria, et ce 
serait s’exposer à des redites que de donner ici les usages 
auxquels on a employé cette espèce. J’ajouterai seulement 
que l'analyse détaillée en a été faite, et que J.-A. Fergusson * 
y à trouvé un alcaloïde, l’Aristolochine, qui est probable- 
ment le « principe amer » de Chevalier et Feneulle. 

Pour tout ce qui concerne la matière médicale de l'A. reti- 
culala et ses usages, on voudra bien se reporter à l’article 
Serpentaire. 

J'ajoute seulement que, si l’on en juge par l'odeur et le goût, 
l'A. reticulata ne semble pas inférieure à la vraie Serpentaire. 


À. hirsuta Muhlenberg, Catal., p. 81. . 

Cette espèce est donnée à peu près partout comme un syno- 
nyme de l'A. tomentosa de Sims, et Duchartre, lui aussi, 
l'indique comme telle. Mais, d’après un article déjà ancien de 
Bridges *, cette plante, que Muhlenberg a nommée, serait tout 
à fait diflérente. La description du manuscrit de Muhlenberg 
et les échantillons examinés le montrent. Le fomentosa est, 
en eflet, une plante grimpante atteignant le haut des arbres 


4 Pharm. Journ., octobre 1887. 
2 James-Adams Fergusson, Amer. Journ. phar., octobre 1887, p. 481-483, 
3 Americ., Journ. phar., 1843, p. 118-121. 


— 161 — 

les plus élevés. L'hirsuta, au contraire, serait (d’après l’arti- 
cle de Bridges) voisin des espèces à pédoncule presque radi- 
cal (Serpentaria, etc.). Plante herbacée à souche noueuse, 
donnant de nombreuses fibres grèles simples, quelques-unes 
de plus de 6 pouces de long, jaunâtres, d’odeur et de goût 
aromatiques. Tiges articulées, flexueuses, pubescentes avec 
1-2 bractées et quelques feuilles grandes, cordées, arrondies, 
obtuses, les supérieures brusquement acuminées, pubescentes 
sur les deux faces, pétiolées. Pétioles pubescents et bractéo- 
lés, nervures principales plus proéminentes que dans la Ser- 
pentaire et très pubescentes sur les deux faces. 

Près de la racine naissent quelques pédoncules solitaires, 
avec 3-4 bractées et une fleur ; toutes ces parties sont pubes- 
centes. 

Cette espèce peut être confondue avec la Serpentaire. La 
pubescence seule peut en faire prendre les feuilles pour celles 
du tomentosa. 

Si l'on en croit cette description qui est à peu près celle 
de Bridges, les deux plantes sont fort différentes en effet, et 
le port seul suffirait déjà à les distinguer amplement. Il est 
bon, dans ce càs, de signaler l’A. hirsuta comme une substi- 
tution possible à la Serpentaire. Maïs je n’ai vu moi-même 
aucun exemplaire de la plante de Muhlenbere. 

Le pays d’origine de la plante serait le nord de la Géorgie. 


A Sipho Lhéritier, Stirp. nov. fasc., I, p. 13, t. 7 et 7 b. 
(ex Duch.) ; — Decaisne, in Dict. univ. d'hist. nat., t. I; — 
Duchartre, Prodr.; XV, p. 435. 

A. macrophylla Lamarck, Encycl., I, p. 255. 

Siphisia glabra Rafinesque, Medic. fl., I, p. 65. 

Siphisia Sipho Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 602, 

A. frutescens Marsh. 


— 162 — 

Noms vulgaires: Aristoloche Siphon — Dutch Pipe — 
Dutchman’s-Pipe — Pipe-vine, etc. 

Belle plante ornementale ‘ à tige ligneuse, ramifiée, grim- 
pante, volubile dextrorsum, d’un vert grisâtre, avec des 
stries longitudinales, vert plus ou moins foncé dans le jeune 
âge. Les tiges ont été décrites dans la deuxième partie, 
ainsi que les racines Jigneuses assez grosses, longues, rami- 
fiées, tortueuses. La structure de ces parties, qui par excep- 
tion dans le cenre présentent des zones concentriques, a été 
également étudiée. Feuilles très belles, atteignant 25 cent. 
de diamètre, larges, amples, cordées à la base, à sinus pro- 
fond, peu large, séparant 2 auricules arrondies ou subaiguës 
au sommet, glabres et d’un beau vert en dessus, glauques 
et garnies de quelques poils en dessous, à nervures proémi- 
nentes. Ces feuilles, comme celles de beaucoup d’Aristoloches, 
portent plusieurs bourgeons à leur aisselle. Pétioles longs, 
tortueux, glabres. 

Fleurs petites, axillaires, ordinairement cachées sous le 
feuillage; munies ou non à la base d’une bractée cordiforme. 
Le périanthe forme d’abord un utricule oblong, puis un tube 
étroit, puis un limbe étalé brusquement, le tout recourbé en 
U à partir de l’utricule et ayant tout à fait l'aspect d'une pipe 
ou d’un siphon, d'où les noms vuloaires de ia plante. Le limbe 
arrondie à 3 lobes courts, larges, subacuminés. Le périanthe 
est verdâtre en dehors, brun violacé, noirâtre en dedans, le 
limbe porte un réseau pourpre noir. Odeur urineuse. 

La capsule est grande, elle a 10 cent. de long sur ? 1/2 
de diamètre, à peu près cylindrique, légèrement hexagonale. 

Delpino a montré qu'ici les poils internes du périgone n’exis- 
taient pas, mais que la fleur emprisonnait tout de même les 


1 Figurée dans Duhamel, Traité des arbres el arbustes, éd. 1825 tome IV, 
f, 10, p. 39-42, | 


— 


— 163 — 
insectes fécondateurs ; ceux-ci restent captifs parce qu'ils ne 
peuvent grimper sur la paroi interne lisse du tube incarcé- 
rateur, qui demeure toujours parfaitement vertical. 

L’A. Sipho habite l'Est des États-Unis, dans les bois épais, 
surtout au pied des montagnes, depuis la Pensylvanie jusqu’à 
la Géorgie ; on la trouve dans le Kentucky, la Caroline, etc. 

Elle est siimulante et partage certainement les propriétés 
de ses congénères. En Amérique, on en fait usage comme dé- 
tersif. Je ne crois pas qu'on l'ait expérimentée en Europe. De 
toutes les espèces exotiques, c'est celle que l’on pourrait 
avoir le plus facilement à l’état frais. 

La plante est rustique: on cherchera à la multiplier plutôt 
par marcottes que par boutures, car celles-ci reprennent mal 
et lentement. : 


A. tomentosa Sims, in Botan. Magaz., t. 1369(ex Duch.);— 
Duchartre, Prodr., XV, pars I, p. 435 (exclus. syn. Muhlen- 
berg). 

Siphisia tomentosa Rafinesque, Med. fl., I, p. 65; — 
Klotzsch Monatsb., 1859, p. 602. 

Tige grimpante atteignant le sommet des grands arbres et 
rappelant celle de l'A. Sipho. Feuilles assez grandes mais plus 
petites que celles du Sipho. Racines épaisses, grosses, à odeur 
assez forte, aromatique. Plante fort velue, tout spécialement 
sur les parties jeunes et les fleurs. Le tomentum d’un gris 
jaunâtre. Les feuilles âgées sont beaucoup moins velues. 

La fleur a assez la forme de celle du Sipho. 

L'aspect et la structure de la tige ontété étudiées, page 115. 

Forêts épaisses et bords des rivières de l'Amérique du 
Nord; Chapmann l'indique dans la Floride et les montagnes 
du Nord de la Caroline, Asa Gray dans le Sud de l'Illinois ; 
en somme, le Sud-Est des États-Unis. Propriétés analogues. * 


L'rE 

A. Kaempferi Willd., Spec. pl., IV, pars 1, p. 152; — 
Duch;,:Prodr.,'XV,\p.#499; 

Clematis, immensum scandens ac repens, flore striato et 
variegato Kaempf., Amœnit., p. 884. ; 

Noms vulgaires : Ma-teou-ling (Pen-tsao). — Ma-dou-lin 
(Tatarinov, Hanbury) — Ma-tan-ling (F. P. Smith) : — San 
Kakso (Kaempfer.). 

Tatarinov * la rapporte à l’A. contorta de Chine, mais les 
deux espèces semblent fort distinctes et la classification éta- 
blie par Duchartre les sépare complètement. 

C’est une plante du Japon (Nagasaki, Yokohama, etc.), dont 
les fruits et surtout les graines sont seuls employés contre les 
aflections pulmonaires. Ces fruits sont l’objet d’un certain 
commerce, car le catalogue des douanes chinoises de PExpo- 
sition de 1878 les indique à Tientsin, Chefoo, Hankow et 
Ning-Pô. Les graines du droguier de la Faculté de médecine 
de Lyon, données par le Jardin de Kew, viennent de Formose 
et sont étiquetés Ma-tou-ling. On emploie de préférence les 
graines. Voy. la description des fruits p. 124. 


A. pentandra Linn., Spec. plant., éd. II, 2, p. 1361; — 
Willdenow, Spec., IV, pars 1, p. 152; — Jacquin, Amér., 
p- 293, tab. 147; — Lamarck, Encycl., I, p. 252; — Du- 
Chartre, Prodr., XV, p. 440. 

À hastata H. B. K., Nov. gen. et spec., 2, p. 117, tab. 116. 
(Pour Duchartre, c’est la varielé B HASTATA.) 

Einomeia pentandra Rafinesque, Medic. fl., I, p. 62; — 
Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 605. 

Espèce construite sur le type 5. La tige, volubile et ra- 
meuse de 7 à 8 pieds de haut, porte des feuilles de forme spé- 
ciale, cordées, hastées ou à peu près trilobées, à lobe médian 


1 et ? J.-L. Soubeiran, Mat, méd. Chin., p. 159. 


— 165 — 
plus ou moins lancéolé, à auricules larges parfois spatulées. 
La figure de H. B. K. montre des formes de feuilles un peu 
différentes les unes des autres. La fleur petite, de la grandeur 
de celle de nos espèces indigènes, est violacée en dehors, jau- 
nâtre ou verdâtre en dedans ; 5 étamines, 5 lobes au stigmate, 
5 loges au fruit. La plante est pubescente, probablement à 
poils cadues, car Jacquin la dit glabre (Duchartre). 

Elle habite les forêts de la Havane, et je ne la trouve indi- 
quée nulle autre part. Cependant la Farmacopea mexicana, 
p. 67 dit que « dans le Yucatan on appelle, selon Dondé, Guaco 
de San Crislobal l'A.pentandra.» Est-ce bien la plante ? Bien 


Que je n’en eusse pas la certitude, en labsence de toute des- 


cription, j'ai cru devoir signaler l'espèce en passant. 


A. fœtida Kunth, in H. B. Nov. Gen. et spec., 2, p. 116, 
pl. 114; ——- Duch., Arodr., XX, p. 440. 

Howardia fœtida Klotzsch, Monatsber., p. 619. 

Noms vulgaires: Yerba del Indio. 

Plante grimpante à feuilles grandes, cordées à la base, à 
sinus assez étroit, acuminées au sommet. Celles de l’herbier 
du Muséum sont plus allongées, moins arrondies que ne le re- 
présente la figure du Nova genera. 

Fleurs violettes extérieurement, verdâtres en dedans, 
d’après la figure, avec des côtes et des poils. Limbe ouvert, et 
prolongé en une queue étroite aussi longue que la fleur. 

La plante habite le Mexique, où elle remonte assez haut en 
altitude, puisque Humboldt et Bonpland l'ont trouvée à Ario 
à 1950 m. Elle habite les montagnes de la Cordillière, dans les 
lieux ombragés, et y fleurit en octobre. 

L'A. fœtida est donnée parfois comme stimulante, à l’in- 
térieur, mais, sa grande réputation lui vient de ses propriétés 
détersives. La racine est employée en décoction pour laver 
les ulcères, et, paraît-il, avec grand succès. 11 


RE = 

Une ressemblance de noms vulgaires a amené une confu- 
sion entre l'Yerba del Indio et le Raiz del Indio. Mais 
l'A. fœtida n’a aucun rapport avec cette dernière racine qui 
serait celle d’une Polygonée, le Rumex hymenosepalum ; 
le Raiz del Indio consiste en morceaux plus ou moins globu- 
leux, brun rougeàtre, un peu violacés, rougeâtres aussi en 
dedans, tuberculeux, astringents. 


Voici un résumé de cette question: 


W@ælker ‘, étudiant le Raiz del Indio du Rio-Grande,'et en 
ayant planté des rhizomes frais, obtint une plante qui se rap- 
portait aux Polygonées. 

Plus tard, Trimble et Jones* analysent lYerba del Indio 
qu'ils attribuent à A. fœtida. 


Enfin Maisch* montre que l’Yerba del Indio de la phar- 
macopée mexicaine ne peut être la plante de Wéœælker, et 
pense que celle-ci doit être le Rumex hymenosepalum Torr. 
connu sous le nom de Cañaigre du Rio-Grande et du Texas 
occidental. Il montre également que l’Yerbo del Indio de 
Trimhle et Jones est probablement aussi le Cañaigre; il 
n’est pas étonnant que dans quelques localités du Texas le 
peuple appelle Raiz del Indio la racine, et Yerba del Indio la 
tige herbacée de la même plante. Ce dernier nom est appli- 
qué dans l’intérieur du Mexique à une liane tout à fait diffé- 
rente qui pousse dans l’Ario et autres districts chauds : c’est 
JA. fœtida de la pharmacopée mexicaine. 

Cette confusion se retrouve encore dans de très récentes 
publications *. 


1 Wéœlker, Amer. Journ. of Ph., 1876, p. 49. 

2 Trimble et Jones, Amer, Journ. Pharm., mars 1886, p. 113. 

3 Amer. Journ. Pharm., 1886, p. 115. 

‘ Bocquillon-Limousin, Les plantes aleæilères d'Amérique, 1891, p. 28. 


à à "ONE 


+} 
et. : 


— 167 — 


A. longiflora Engelm. et A. Gray, Pl. Lindheim., in 
Boston Journ., 5, p. 259, p. 298 (ex Duch.);, — Walpers, 
Ann., 3, p. 335, — Duch., Prodr., XV, p. 441. 

Très petite plante de 10-15 cent., remarquable par ses 
feuilles allongées, linéaires, aiguës aux deux extrémités, 
pubescentes en dessus, glabres en dessous, et par ses fleurs 
très longues, courtement pédonculées dont le limbe surtout 
est très allongé (d’après Duchartre). 

Je ne cite cette espèce peu importante que parce qu'elle est 
donnée comme aromatiqué par sa racine grêle et longue. 

Elle habite le Texas et recherche les lieux ombragés. 


A. macroura Gomez, in Act. Olyss., 1812, p. 77 (cum 
icon.)— Obs. botanico medicæ, pars IT, p. 27, t. 4 (ex Duch.); 
— Martius, Nov. gen., I, p. 79. 

A. trilobata Lindl., Bot. reg., t. 1339, nec Linné (ex Duch.). 

A. caudata Booth., Bot. reg., t. 1453, nec Linné (ex Duch.). 

A.appendiculata Vell., F1. flum., 9, t. 98. 

A. tapetotricha Ch. Lemaire, Ill. hortic., 3 misc., p. 22 
(ex Duch.). 

Howardia macroura Klotzsch, Monatsb., p. 617. 


Les Brésiliens la nomment Jarrinha. : 


Aristoloche grimpante et rameuse: c’est une des espèces 
dont les propriétés sont utilisées au Brésil. Racine rampante, 
épaisse, çà et là marquée de nœuds irréguliers, à bois flexi- 
ble de couleur jaune safran, à odeur de rue et à saveur 
amère, d’après Gomez. La tige recouverte d’un étui subéreux 
ne le cède en rien à la racine pour l’odeur et la saveur. 
Feuilles tripartites, à base cordée, glabres en dessus, cou- 
vertes en dessous de poils denses et courts. Pétioles longs et 
tordus. Fausses stipules arrondies, réniformes. Fleur pâle et 


. 


— 168 — 
veinée en dehors, brune, pourprée et poilue en dedans, avec 
un utricule ovoïde, un tube évasé et une lèvre large et cor- 
diforme, terminée par un appendice beaucoup plus long que 
le reste de la fleur et pendant. Le fruit s'ouvre de bas en 
haut. 

L’A. macroura habite le Brésil, Rio de Janeiro, Cor- 
rientes, Saint-Sébastien. Elle pousse dans les haies et les 
forêts. 

On emploie la racine et la tige dont l'odeur et les proprié- 
tés sont les mêmes. Ce sont d’ailleurs celles des Mil-homens 
et des Guacos en général, plus forte même, dit-on‘; c’est 
dire qu'on s’en sert comme tonique, stimulant, emménagogue, 
alexipharmaque, fébrifuge, etc. L’écorce, partie toujours 
active, est épaisse, spongieuse, plus épaisse que le bois ?, ce 
qui, joint à la forte odeur de toute la drogue, indique une 
grande activité. 

Cette espèce a fourni probablement quelques-uns des échan- 
tillons décrits dans la deuxième partie (Mil-homens et groupes 


voisins). 


A. trilobata L., Spec. pl., éd. [, 2, p. 96050 
p. 1361 (nec Jacq.)*; — Willd., Spec. plant., IV, pars &, 
p. 151; — Mart., Nov. gen. et spec. I, p. 79; — Duch,, 
Prodrom., XV, p. 444. 

A. folio hederaceo, trifido, maximo flore, radice repente 
Plumier, Catal., p. 5 (ex Duch.). 

A. trifida Lamk., Encycl. I, p. 251, — H. B. K. Nov. gen. 
IN PRSE ERÉ 

A. Caracasana Sprengel, Syst. III, p. 753, n° 34/(ex 
Duch.). 

1 Buchner's Repert., 17, p. 171.— Brandes, Arch. de pharm., XIII, 263. 


2? Berg (0.), Anatom. AU. sur pharmac. Waarenk., p. 30. 
3 L'A. trilobata de Jacquin est l'A. Surinamensis. . 


:4 


— 169 — 
Howardia trilobata Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 617. 
Howardia trifida, id., ibid. 


Noms vulgaires: Liane à serpents. — Aristoloche trèfle. — 
Contrayerva bâtard. — Raiz de Mil-homens. — Urubu-ca. 


Une des espèces les plus employées autrefois, très estimée 
encore aujourd'hui; elle mérite donc d'arrêter un instant 
l'attention. Liane frutescente, ligneuse, grimpante, ramifiée, 
dont la racine, de la grosseur du pouce, se subdivise en trois 
ou quatre branches contournés, de couleur foncée. Tiges 
anguleuses, striées, fragiles, de couleur sombre; répandant 
une odeur très forte qu’elles conservent longtemps. Rien n’est 
changeant comme la forme des feuilles. Elle est dans la règle 
trilobée, comme l'indique le nom spécifique; mais le lobe 
médian, ordinairement très grand, peut être fort réduit. 
D’autres fois, il est seul marqué, et forme une saillie sur le 
bord arrondi de la feuille qui devient acuminée ; ou bien, de 
chaque côté, se creuse un sinus qui dessine nettement les 
trois lobes; ces sinus peuvent atteindre presque le pétiole et 
la feuille devient trifide. Le lobe médian, ordinairement assez 
aigu, peut aussi s’arrondir complètement. Souvent enfin le 
développement est irrégulier et inégal, un seul des lobes laté- 
raux se développant. La base est presque toujours très légè- 
rement cordée. Entre les extrêmes, on rencontre dans le même 
herbier (Fac. de méd. de Montpellier, par ex.) tous les inter- 
médiaires possibles. Les feuilles assez longuement pétiolées 
sont glabres en dessus, tomenteuses en dessous. Les fausses 
Stipules sont suborbiculaires, réniformes. 

Les fleurs sont solitaires, non pas très grandes, comme 
on les a décrites etcomme les dit Plumier, maïs assez grandes, 
extérieurement jaunâtres ou verdâtres, marquées de veines 
rougeâtres, l’intérieur du tube blanchâtre avec des poils 
rouges nombreux, courts, recourhbés. Limbe et gorge de cou- 


— 170 — 


leur de sang en dedans. Ce limbe est cordiforme unilabié. Il 
se termine par une longue queue caractéristique, mince et 
flexible, longue comme 3 ou 4 fois le périanthe entier, et se 
développant assez tard et peu à peu. L'utricule est volumi- 
neux, ovoide, le tube large et assez court. 

Dans les herbiers la couleur de la fleur est assez uniformé- 
ment rougeâtre. 

L’aire d’extension de lespèce est vaste. L’A. trilobata 
existe d’abord aux Antilles: la Jamaïque, la Martinique, la 
Guadeloupe, St-Dominique. A la Jamaïque, elle est abondante 
dans le Sud, autant que l’odoratissima dans le Nord. On 
la trouve aussi sur le continent de l'Amérique du Sud, aux 
Guyanes (Surinam) et au Brésil jusqu’à Pernambouc, Alagoas, 
Bahia et même plus au Sud. 


La réputation de l’A. trilobata contre la morsure des ser- 
pents venimeux existe partout où pousse la plante, mais tout 
spécialement aux Antilles, où on la considère encore comme 
un des bons alexitères. Cependant Rufz constate qu'on l’em- 
ploie rarement seule, et que la Maniguette a depuis quelque 
tempsune plus grande renommée que les Aristoloches. A Ia 
Martinique, d’après Bajon, cette espèce est un des trois meil- 
leurs alexipharmaques. Elle fait partie des simples, avec l’A- 
momum Grana-paradisi, le Maranta arundinacea et l'Ery- 
thrina Corallodendron ‘. Je ne puis reproduire ici tous les 
témoignages des auteurs qui apprécient cette espèce comme 
alexitère, mais il ressort de leurs observations que PA. tri- 
lobata est avant tout un excellent sudorifique, dont les proprié- 
tés stimulantes ne doivent pas être négligées, et qu’elle peut 
rendre des services, comme (d’ailleurs -la Serpentaire et 
beaucoup de Guacos. C’est une des espèce sur lesquelles pour- 
raient porter des expériences nouvelles et vraiment scientifi- 


1 Rufz, Enquête sur le serpent de la Martinique, p. 119. 


Cane il 


— 171 — 

ques ; Bergius ‘ a déjà démontré l’action sudorifique rapide 
de cette plante dont les propriétés amères et diaphoréti- 
ques ont été utilisées dans diverses maladies *. Peckolt * dit 
que, de toutes les Aristoloches, c’est peut-être la plus employée 
et la plus efficace ; il ajoute que, d’après beaucoup d’observa- 
teurs, elle est comme antiseptique égale au quinquina et même 
préférée par de bons médecins. Dans un cas de blessure gan- 
gréneuse (chose fréquente dans le pays), il a vu les moyens 
employés par les médecins (opium,quina, antiseptiques divers) 
rester sans effet, et la plante en question produire un résul- 
tat remarquable et amener en peu de temps la guérison. On 
la donnait intérieurement en décoction et on l'appliquait au 
dehors, en poudre fine. 

Quand les sudorifiques et les excitants sont indiqués dans 
les fièvres, on trouverait difficilement, d’après Murray, un 
meilleur médicament comme fébrifuge ; on l’associe à Suri- 
nam à une autre plante dite: amara. 

L'infusion des racines est stomachique. 

Enfin on l’a recommandée contre une foule de maladies, car 
c’est une plante d'usage familier chez les Indiens qui lui attri- 
buent les propriétés les plus diverses: elle préserverait des 
maladies contagieuses, combattrait l’action des flèches em- 
poisonnées, etc., etc. 

Ce serait une plante à étudier au point de vue chimique 
et thérapeutique. Elle est tout à fait inusitée et inconnue en 
Europe. 

En Amérique, on l’emploie sous des formes très variées. 


! Bergius, Matièr. medic. 

2 Voy. aussi Barrère, Hist. nat. de le Fr. équinoxiale. — Murray, A pparat. 
Medicam. — Bajon, Mém. pour servir à l'hist. de Cayenne.— Linné, Mat. 
medic., etc., etc. 

3 Theod. Peckolt, Ueber brasilianische Volksheilmiltel, in Arch. der 
Pharm., LXXXII, 93. 


— 172 — 

En poudre, en infusion, en décoction, etc., etc. En général, 
on l’associe au tafia ou à d’autres substances. Elle entre dans 
presque tous les remèdes composés contre les morsures des 
serpents. L’infusion d’une poignée de racines dans une bou- 
teille de tafia est une préparation très usitée: on y ajoute 
parfois des cendres de pipe’, eton en donne un, rarement 
deux petits verres, à la personne mordue, en même temps 
qu'on applique sur la blessure un cataplasme fait avec 
d’autres plantes. Cependant Murray dit que lexpérience a 
démontré que l’infusion aqueuse et la poudre sont les meil- 
leurs modes de préparation pour l'usage interne, car l'esprit 
de vin, la coction et la distillation diminuent beaucoup l'odeur 
et la saveur. 

On cultive souvent cette espèce dans les serres chaudes ou 
tempérées, car les fleurs en sont curieuses et la multiplica- 
tion par boutures assez facile. Les fleurs viennent se montrer 
en dehors du feuillage. 

La plante ne s'élève pas très haut. 


A. caudata L., Spec. pl., éd. IT, vol. 2, p. 1362 ; — Jacq., 
Amér., p. 253, tab. 145 ; — Lamk., Encycl., I, p. 253 ; — 
Willd.,Spec.,IV, pars I, p.154; — Duch., Prodr.,t. XV, p.445. 

Howardia caudata Klotzsch, Monatsb., p. 622. 


Habite les collines et lieux arides de Saint-Domingue. L'es- 
pèce semble bien nettement caractérisée par ses feuilles 
obtuses et même ordinairement échancrées au sommet avec 
deux lobes basilaires très développés qui viennent se recou- 
vrir l’un l’autre, et par ses fleurs à limbe étalé, terminées par 
une longue pointe. C’est là du moins ce que montre la figure 
de Jacquin. Quelques auteurs considèrent cette espèce comme 


1 Rufz, loc. cit., p. 142 


à ver TT 


; — 173 — 
synonyme de l'A. bilobata'. Mais ces deux espèces n'ont évi- 
demment aucun rapport. 


A. barbata Jacq., Icon. plant. rar., III, p. 17, n° 608; — 
Duch., Prodr., XV, p. 446. 

Howardia barbata Klotzsch, Monatsb., p. 615. 

Plante de six pieds de haut ; plusieurs tiges volubiles par- 
tent de la même souche: elles sont de la grosseur du doigt, 
ligneuses et subéreuses à la base. Feuilles cordées, à sinus 
profond (Jacquin). 

La figure de Jacquin représente une extrémité de plante 
herbacée, avec des feuilles cordées réticulées, pâles en des- 
sous, et des fleurs singulières, à labelle muni de longs poils. 
On n'y voit ni fruit ni racines. 

Peu d'intérêt pour la matière médicale. Cependant Jackson 
la cite parmi les plantes médicinales du Vénézuela et du 
Mexique, comme aromatique et antispasmodique, avec l'A. 
maxima. 


A. dictyantha Duch., Tentamen,in Ann. sc. nat., sér. IV, 
PU Ge. 1:22: Prodr., XV, pars 1, p. 446. 

Duchartre l'indique à Caracas sous le nom vulgaire de 
Raiz de Mata, et la donne comme fort voisine du barbata. 
Je n'ai trouvé nulle part les propriétés de cette plante. 


A. Chiquitensis Duch., Tentamen, in Ann. sc. nat., série 
D 2,p49; Prodr., XV, p. 452. 

Nom vulgaire : Buco-buco (Weddell). 

Espèce tubéreuse dont le nom vient de la province de Chi- 


_ quito, en Bolivie. Elle possède, d’après Duchartre, un rhi- 


zome de la taille d’une plume d'oie environ, s’enfonçant ver- 


1 D'après Baillon, Révis. des Arist., médicin., p. 5. 


— 174 — ; 
ticalement dans le sol à 15 cent. à peu près et se renflant en 
un bulbe solide, ovoïde : c’est ce tubercule que les indigènes 
emploient en médecine. 
Le rhizome de l'échantillon de l'herbier du Muséum est 
long, tortueux, noirâtre, avec quelques fissures transversales, 
d’un diamètre de 6-7 mm. environ. 


A. glandulosa Kickx, Bull. Acad. roy. des sc. et Lelles- 
lelt. de Brux., 1839, % partie, p. 450; — Duch., Prodr., XV, 
p. 492. 

Cette plante, voisine, dit-on, de l'A.pentandra Jacq., a 
une {ice volubile et subéreuse en bas, et une fleur munie de 
gros poils glanduleux dressés sur le limbe. Elle a été intro- 
duite de Cuba à Gand en 1838. 

Cette espèce n’a probablement pas d'usage médical, mais 
sous le nom d’A. glandulosa, d'Almeida parle d’une plante 
nommée à Pernambouc Angelico, et dont la racine tubéreuse, 
sombre, rugueuse et d’odeur forte, est un puissant antidote 
contre la morsure des serpents et est aussi fort usitée contre 
les fièvres intermittentes et pernicieuses. Cette plante, à la- 
quelle il attribue des feuilles trilobées et une fleur en forme de 
petit vase (Jarrinho), ne répond pas tout à fait à la descrip- 
tion du glandulosa. 

J'ai eu entre les mains un échantillon provenant de l'École 
de pharmacie de Paris et étiqueté : Brésil, Angelico, À. glan- 
dulosa. Cet échantillon est, d'ailleurs, en assez mauvais état. 
On y voit quelques tiges extrêmement ténues, partant d’une 
toute petite souche jaunâtre et portant des fragments de 
feuilles vert grisâtre qui semblent cordiformes, à sinus ouvert 
largement. Ces feuilles ont de 1 à 5 cent. dans les deux sens. 

Sur la tranche, la loupe permet de voir sur les points favo- 
rables ? ou 3 faisceaux grisätres, entourés d’une écorce peu 
adhérente. 


L’odeur est nulle, le goût simplement herbacé. 

STRUCTURE. — Elle apprend peu de chose ; la tige, très jeune, 
est entourée, sous le parenchyme cortical, par une zone con- 
tinue de fibres péricycliques dont les plus épaissies sont en 
dehors (voyez A. Sipho). Le bois est formé de quelques petits 
faisceaux. 

Il est possible que ce soit réellement l'A. glandulosa, et, 
dans ce cas, la plante serait à rapprocher de celle dont parle 
d’'Almeida, qui habite également le Brésil et porte aussi le nom 
d’Angelico. Mais celle-ci est donnée comme ayant des feuilles 
trilobées, ce qui n’est pas une raison absolue de distinction 
spécifique, étant donné la variété infinie des formes foliaires 
dans quelques espèces. 

Duchartre admet une variété, 8. GLABRA, qui est l'A. ma- 
cradenia de Hooker (Howardia macradenia Klotzsch), et qui 
habite le Mexique. 


A. ovalifolia Duch., Tentamen,in Ann. sc. nat., sér. 4, 
2 p. 50; Prodr., XV, p. 453. 

Tige ligneuse, renflée aux nœuds, arrondie, striée, rude, 
Feuilles amples, ovales, subacuminées, subcordées, légère- 
ment pubescentes au-dessous. 

Cette plante dont on trouvera la description plus complète 
dans Duchartre, habite la province d'Oaxaca, au Mexique. Je 
n'en aurais pas parlé si le nom de Flor de Guaco attribué, 
d'après Duchartre, à cette espèce par les habitants du pays, 
n'en indiquait les propriétés. Je n’ai sur elle aucun détail. 


A. Theriaca Martius, Mat. méd. Br., p.107 ;— Duchartre, 
Prodr.; XV, p. 455 (?). 

A. odoratissima Velloso, FI. flum., 9, t. 97, nec Linné. 

A. odora Steudel, Nom. bot., éd. 2; — Duchartre, Prodr., 
XV, p. 451. 


10e 
Duchartre décrit (Prodr. p.455) sous le nom de A4. Theriaca 
Martius, (msce. in herb.), une plante brésilienne de l’herbier de 
Martüus. Or, Martius, dans sa Matière médicale brésilienne, 
p. 107, donne cette espèce comme synonyme de l’A.odoratis- 
sima de Velloso, que Duchartre (p. 451), range dans lPA. 
odora de Steudel. I[lest probable qu’il s’agit de la même plante 
dans l’herbier et dans l'ouvrage de Martius. Dans ce cas les 
deux espèces, odora Steudel et Theriaca Martius, séparées par 
Duchartre, doivent être confondues. Mais les deux descrip- 
tions ne concordent guère. Je n’ai vu aucun spécimen permet: 
tant de décider. 
Martius n’en indique pas l'usage. La plante doit être active 
puisqu'il la cite dans sa Matière médicale, et qu'il lui donne 
le nom de Theriaca. 


A. Surinamensis Willd ,Spec. pl., IV, pars I, p. 151 (nec 
Miquel), exel. syn. Plum.; — Duch., Prodrom., XV, p. 455. 

A. trilobata Jacq., Obs., I, p.8,f. 3, nec L. (Figure reprise 
par Plenck., Ic. pl. med.tab.651.)— Lamk., Encycl., I, p.251. 

Duchartre croit devoir rapporter à cette espèce l'A. trilo- 
bata de Jacquin, que celui-ci n’a vue que sèche, venant de 
Surinam et sur laquelle il donne des renseignements d'après 
d’autres personnes. 

La plante est usitée par les nègres et les blancs comme 
amer ; elle est excellente contre la fièvre . 


«{ Adscribet ille qui misit esse plantam sarmentosam, . .internexam. Æthio- 
pibus servis eodem modo hanc plantam in usum vocari, quo barbaris america- 
nis est stirps quœdam amara dicta : eosque qui inter illos periti medici fama 
fruuntur, caro hanc pretio ægris suis vendere. Ipsos etiam Europæo sanguine 
ortus febrifugam credere, atque hanc et memoratam Indorum amaram una infu- 
sas bibere, quocunque demum morbo efficiantur. Hactenus ille planta porro 
sicca inter digitos tritaodorem fortem congeneribus americanis congruum spirat. 
Radix lignosa et suberosa perennat. Caules sunt teretes, striati, glabri, infimi 
lignosi...., Flos maximus... » (Jacquin, Loc. cit.) 


Re 


— 177 — 
A. cordigera Willd., Msc. in herb., n° 17,066 (ex Duch.); 
— Duch., Prodr., XV, p. 455. 
Howardia cordigera Klotzsch, Monatsb., p. 621. 
Duchartre l'indique sous le nom vulgaire de Cepo de Co- 
raçao. Je n’en connais pas les usages. Elle habite le Para. 


A. bilobata L. Spec. pl., éd. I, vol. 1, p. 960; éd. IT, 
vol. 2, p. 1361; — Jacq., Miscell., 2, p. 346; Icon. plant. 
ar., I, p. 18, pl., 188. — Willd., Spec. pl., IV, pars 1, p.151; 
— Lamk., Encycl., I, p. 251; — Desc., FI. méd. des An- 
tilles, IV, p. 44 et VIII, p. 279 ; — Duch., Prodr., XV, p. 456. 
A. longa, scandens, foliis ferri equini effigie Plumier, 
Descr. PL. amer., p. 91, pl. 106; — Ray, Suppl. III, p. 395. 
Howardia bilobata Klotzsch, Monatsb., p. 619. 


Noms vulgaires: Liane à caleçon. — Fer à cavale. — Liane, 
fer à cheval. — Liane à encensoir (à cause de la forme du 
fruit), etc. 


La plante habite les Antilles. Plumier la signale à St-Do- 
mingue, surtout au Port-de-Paix, où il l'a vue en fleur en no- 
vembre-décembre, et en fruit en février-mars. 

Racine tuberculeuse allongée, analogue à celle de l’A. longa, 
atteisnant 30 cent. de longueur, sur près de ? 1/2? cent. d'é- 
paisseur, pivotante, plus ou moins subdivisée à l'extrémité. 
Son écorce, dit Plumier, est noire en dehors et toute décou- 
pée en long par de longues fentes ; le dedans est jaunâtre et 
d’un goût fort amer. Les tiges, au contraire, sont très me- 
nues, presque filformes , rampantes ou grimpantes sur les 
haies, glabres, très rameuses. 

Les feuilles sont très caractéristiques par leur forme spé- 


 ciale. Elles sont quelquefois petites, quelquefois minimes, 


bilobées, avec parfois un 3 lobe médian tout petit, et comme 
avorté, qui manque dans les deux figures médiocres données 


L 


— 178 — 


par Descourtilz : dans les échantillons d’herbier, certaines 
tiges ont des feuilles à lobes peu écartés, assez larges et 
courts, d’autres ont des feuilles à lobes très divergents, étroits 
et assez longs‘. La forme des fleurs est aussi la même, lutri- 
cule seulement un peu plus gros dans l’une. La couleur est 
verte dans une des figures, et jaune dans l’autre. La forme 
du fruit est aussi un peu diflérente, légèrement déprimée au 
sommet dans la figure 244, acuminée au contraire dans la 
figure 577. La figure de Plumier représente le fruit plutôt 
acuminé. Celle de Jacquin montre la nervation spéciale de 
cette feuille. 

J'ai reçu de jeunes tiges de la plante du Jardin botanique 
de Lyon, mais je n’ai pu en examiner lastructure, qui, d'après 
Duchartre, est à près celle du cymbifera *. 

1” A. bilobata est emménagogue comme la plupart des Aris- 
toloches. Les matrones des colonies croient même, dit-on, 
obtenir l'expulsion du fœtus mort par l'introduction d’une 
racine de cette plante dans le vagin. Mais, en outre, d'après 
Poupée-Desportes *, on s’en sert comme apéritif, incisif, 
béchique, et pour déterger les ulcères, traiter les hémor- 
rhoïdes suppurantes, voire même guérir la gale. On se sert 
pour cela de la décoction que l’on applique topiquement. 

Dose : 2 gr. de poudre. En infusion jusqu'à 30-55 gr. 


L'A. caudata Jacq. a été souvent considérée à tort comme 
un synonyme. (Voir cette espèce.) 


A. maxima L., Spec. plant., éd. II, vol. 2, p. 1304, 
Jacq., Amer., p. 233, fig. 146; — Willd., Spec., t. IV, pars I, 
p. 153 ; — Lamk., Encycl., I, p.252; — Duchartre, Prodr., 
XV, p. 456. 


1 Voy. Herb. de la Fac. de méd., de la Fac. sc., Instit. bot. de Montpellier. 
2 Duchartre, C. R. Acad. sc., 1854, p. 1144. 
# Descourtilz, loc. cil. 


r 


eV 


— 179 — 
Howardia maxima Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 615. 
— Deux variétés sont admises par Duchartre : 
— B. GEMINIFLORA. 
Monemainifiora H.B. K., Nov. gen., I, p. 118-117: 
A. biflora Willd., Msce. in Herb., n° 17044 (ex Duch.). 
Howardia geminiflora Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 619. 
Howardia Gollmeri Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 621. 


— y. ANGUSTIFOLIA. 

Howardia Hoffmanni Klotzsch, Monatsb., p. 621. 

Noms vulgaires : Guaco.— Vejuco-Carare. — Capitan, etc. 

Cette espèce est importante, car c’est à elle que Guibourt 
attribuait la plus grande partie du Guaco commercial, après 
VA. cymbifera. C’est probablement elle, en effet, que, sous 
une forme ou sous une autre, on trouve le plus souvent dans 
les droguiers. Les tiges, les racines et les feuilles sèches ont 
été décrites, les tiges paraissent n’être pas volubiles bien que 
Duchartre les décrive comme telles. Lamarck les dit sim- 
plement sarmenteuses, grimpant sur les arbres à 30 pieds de 
hauteur, puis souvent retombantes. Cette tige est ligneuse et 
subéreuse en bas; la racine est aussi volumineuse et subé- 
reuse, épaisse à la partie supérieure, remplie, dit-on, à l’état 
frais, d’un suc orangé *. 

Les feuilles sont ici d’un grand intérêt, car elles permet- 
tront de déterminer à peu près l'espèce. Celles que portaient 
nos échantillons ressemblaient bien en effet, comme on l’a vu, 
à la figure de Jacquin; cette même figure représente d'assez 
grandes fleurs en forme de trompettes à ouvertureoblique, et un 
fruit déhiscent très grand, ovoïde, dont les valves se séparent 
incomplètement sur toute la hauteur, les placentas restant unis 


1 « Tota planta leviter est odorata. Radix teres, ramosa diametro sesquipol- 
licari vertitur cortice fusco rimosoque, succo autem scatet aurantio. » (Jacq., 
Amer. stirp. Hist., p. 233.) 


— 180 — 

au bord de la région dorsale des carpelles par des faisceaux 
arqués parallèles. Le Museum d'histoire naturelle possède un 
fruit, qui répond tout à fait à cette figure. Ces capsules sont très 
grandes. Lorsque la déhiscence est faite complètement, les 
carpelles restent unis par le sommet, tandis que les bases 
s'écartent en fendant en six le pédoncule. Les fruits ainsi 
soutenus en l'air et pendants ont été comparés à des cor- 
beilles ou à des encensoirs. 

La variété geminiflora à, d'après la figure de Humboldt, 


Bonpland et Kunth, des fleurs disposées par paires sur un 


pédoncule axillaire bifurqué'. L’utricule est gros, ovoïde, 
un peu courbé. Puis, le tube se recourbe et s’évase large- 
ment. La couleur en est violette. Les feuilles, peu ou pas 
cordées, s’élargissent jusque près du sommet. Elles sont légè- 
rement acuminées. Les nervures ne sont pas réticulées. 

L’'A. maxima et ses variétés ont une aire d'extension con- 
sidérable en Amérique centrale et en Colombie : le type se 
trouve au Guatemala, à Caracas, à Sainte-Marthe, à Cartha- 
gène, etc. *. 

La variété geminiflora habite Caracas, Bogota, où elle 
s'élève de 500 à 1,200 mètres, etc. C’est à elle, d’après Triana, 
que sont donnés les noms de Bejuco carare et de Guaco; 


mais ces noms, surtout le second, sont certainement appli: 


cables aussi à bien d’autres plantes. Enfin la variété angus- 
tifolia est indiquée par Hoffmann au Rio-Virillo, dans le 
Costa-Rica (Duchartre). 

On a pu voir que les échantillons rapportés à cette espèce 
provenaient de points assez variés. 

Guibourt attribue à cette espèce une grande part du Guaco 
commercial. Je l'ai trouvé très répandue relativement dans 


1 L'espèce type a 1-2-3-4 fleurs sur le pédoncule axillaire (Jacquin). 
2 « Habitat in sylvis Carthagenensibus in cacumine mortis de la Popa, in 
insula Tierra-bomba.» (Jacq., loc. cit.) 


en 


— 181 — 
les droguiers et faisant partie des expositions de matière 
médicale des divers pays, surtout du Salvador. Elle compte 
donc parmi les plus employées. Quant à ses usages, ce sont 
ceux des Aristoloches en général, et mieux vaut renvoyer à 
cet article (voyez p. 33) que de faire une répétition inutile. Elle 
est donc surtout excitante et tonique, diaphorétique, alexitère. 
Jackson ‘, énumérant les plantes médicinales du Vénézuéla et 
du Mexique, l'indique comme aromatique et antispasmodique, 
en même temps que l'A. barbata. 


A. rumicifolia Mart. et Zucc., Nov. gen. et spec., I, p. 79, 
Î. 54, Tentam. mat. med. brasil., p. 107; — Duch., Prodr., 
XV, p. 459. 

A. oblonga Vell., FI. flumin., IX, f. 99 (ex Martius). 

Howardia rumicifolia Klotzsch, Monatsb., 1859, p.612. 

Martius la cite parmi les plantes usitées en médecine au 
Brésil, mais il n’en indique pas les usages. Il est probable que 
ce sont ceux des Aristoloches brésiliennes en général. La 
belle figure du Nova genera montre des feuilles cordées 
longues, hastées, et des fleurs de grandeur médiocre, brunes, 
à utricule régulièrement renflé ; à limbe ouvert, moucheté à 
l'extrémité. 

Cette espèce n’est citée ici que pour la mention qu’en fait 
Martius. Je n'ai sur elle aucune autre indication. 


A. Chilensis Miers, Travels in Chile, ?, p. 531; — Duch., 
Prod., XV, p. 461. 

Howardia setigera Klotzsch, Monatsb., p. 617. 

A. setigera Pôüppig, Syn. pl. Am. austr. (ex Klotzsch). 


1 Pharmac. Journ., 3° sér., vol. VII, n° 363, p. 997, et n° 365, p. 1037. 
Jahresbericht der Pharmacognosie de Dragendorff, 1877, p. 33. 
12 


— 182 — 

Noms vulgaires : Oreille de Renard (Oreja de Zorro). — 
Yerba de la virgen Maria. 

La plante est herbacée; elle habite les endroits ensoleillés, 
sablonneux, pierreux et maritimes des provinces centrales du 
Chili, et aussi vers le nord, à San Antonio, Valparaiso, Co- 
quimbo, etc. 

La racine de cette plante rappelle celle de l'A. longa. Elle 
est fusiforme, allongée, odorante, d'une odeur spéciale que 
Schroff' compare à celle de l’opium. Ce tubercule est vivace: 
sur la cassure, il aune couleur jaune safran. Plusieurs tiges 
striées, grêles, rampantes, dit-on, portent des feuilles veinées, 
de taille variée, plus larges que longues, réniformes, obtuses, 
à sinus très large, avec quelques poils raides. La racine est la 
partie employée. On en fait une infusion emménagogue que 
l'on donne dans l’aménorrhée, etc. Les femmes du peuple en 
prennent au moment de l’accouchement*. 

Je n’en ai pas eu d’échantillon. Vu seulement celui du Mu- 
séum. 


A. Duchartræi Ed. André, Mouvement horticole de 
1867, p.61; — Duch., Ann. soc. Paris, 1868, p.297 (ex Flore 
des serres). 

Arbuste grimpant, à bois recouvert d’un suber épais cre- 
vassé. C’est une très belle plante décrite par Ed. André, et 
presque en même temps par Masters, et trouvée dans les fo- 
rêts du haut Brésil. La fleur n’en est pas très grande, mais 
fort remarquable par ses macules brunes sur le fond blan- 
châtre de l’intérieur du périanthe. Une bonne figure en est 
donnée dans la Flore des serres, t. XVIII, p. 35. Je ne lui 
connais aucun usage, mais la description des tiges âgées la 


1 N. répert. ph., 1869, XVI, p. 715. 
2 Voy. Gay, Flor, chir.,p. 328-330, et Murillo, PI. med. chil., p. 179. 


— 183 — 
rapproche des cymbifera, et elle pourrait bien faire partie de 
certains Mil-homens. 
Elle appartient à la section Gymnolobus de Duchartre, et 
doit se ranger dans les unilabiatæ probablement assez près 
du Chilensis et des espèces de ce groupe. 


A. fragrantissima Ruiz, Memoria sobre las virtudes de 
Bejuco de la Estrella, 1805; — Lambert, Descript. of the 
Genus Cinchona, 1797 (cum icone); — Duch., Prodr., XV, 
p. 463. 

Howardia fragrantissima Klotzsch, Monatsb., p. 615. 


Noms vulgaires: Liane de l’Étoile.— Bejugo de la Estrella. 
—Contrayerba de Bejugo (Pérou). — Pehuamo. — Guaco. — 
Guaco de terra caliente (Mexique). 


Aristoloche de grande taille, grimpante, habitant les Andes 
du Pérou, où elle est, dit-on, commune, dans les environs de 
Huanuco, Pozugo, Cuchero. On dit qu'elle grimpe très sou- 
vent sur le Cinchona succirubra du Chimborazo. Elle appar- 
tient par conséquent à l’Équateur. La Nueva famacopea mexi- 
cana, et divers articles en parlent comme habitantle Mexique, 
où elle porte plusieurs noms vulgaires. Elle est indiquée aussi 
dans l'Amérique centrale : au Pérou, elle fleurit en janvier- 
février. 

Le nom de Bejugo de la Estrella lui vient de la disposition 
plus ou moins étoilée du bois sur la section transversale. Celui 
de Contrayerva de Bejugo lui a été donné, soit à cause des 
propriétés alexitères, soit à cause de l’odeur analogue à celle 
du Contrayerva. 

Racine très épaisse, très longue, verticale, rameuse en bas, 
fauve cendré. Les faisceaux sur la coupe sont arrangés plus 
ou moins en étoile à l'intérieur d’une écorce épaisse et blan- 
châtre. Après la dessiccation, ils se séparent les uns des 
autres. 


— 184 — 

Tiges arrondies, flexueuses, épaisses de trois à huit pouces, 
plus ou moins ramifiées, jaunes de rouille; sur la coupe, elles 
ont même aspect que la racine. Les rameaux jeunes sont arron- 
dis, striés, pubescents. L’écorce une fois enlevée, les tiges 
servent de corde pour attacher les pieux et poutres des mai- 
sons d'Indiens, pour lier et consolider les ponts, etc. 

Les feuilles sont larges, ovales, cordées. 


Les parties employées sont, d'après les uns, uniquement l'é- 
corce (Alibert), d'après d'autres, la racine. D’après Ruiz, c'est 
la tige et la racine fraiches. 


J'ai eu, sous les noms de Racine de l'Étoile et de À. fra- 
grantissima, des échantillons assez différents dont la deserip- 
tion a été faite, p. 87. L'absence de tout organe autre que des 
fragments de tiges ou de racines n’a pas-permis de détermi-: 
ner absolument ces fragments. La description résumée qui 
va suivre est empruntée au mémoire de Ruiz’. 


La longueur des fragments coupés est de 9 à 18 pouces, 


l'épaisseur est de 1 à 8 pouces. Ils sont droits ou au contraire 
courbes, et la surface est tantôt lisse, si la plante était bien 
nourrie, tantôt marquée de sillons par la dessiccation, si elle a 
été coupée avant l’époque voulue. Intérieurement, écorce est 


cris rougeâtre marquée de sillons produits par l'impression 


du bois. Les tiges vieilles sont recouvertes de suber. 

Couleur extérieure gris cendré uniforme. 

Sur la section, l'écorce est blanchâtre, cendrée et le centre 
jaune pâle. Ÿ 

Cette écorce compacte et solide se sépare aisément du bois 
poreux qui forme une sorte de corde constituée par des sec- 
teurs longitudinaux, d’où l'aspect d'étoile ou de roue sur la 
section. 


Recueillis au bon moment, les fragments sont relativement 


1 Voy. Lambert, loc. cit, 


né: + 
AC. 


— 185 — 
lourds, à écorce épaisse de 1 à 4 lignes, lisse extérieurement, 
compacte, non adhérente au bois. Les caractères inverses sont 
ceux des tiges coupées hors saison, qui sont alors moins odo- 
rantes, moins amères, moins efficaces. Entre lesrayonsligneux 
sont les rayons médullaires, ressemblant à l’écorce et faciles 
à pulvériser. 

Suc résineux concret et abondant. 

L’odeur est très fragrante, agréable, camphrée, balsamique. 
On l’a comparée à celle du Tagetes (?). 

Saveur douceâtre puis très amère, aromatiqueet balsamique 
évalement. 

Ruiz, voyant le nombre des adultérations de la Serpentaire 
de Virginie, voulut engager les médecins à substituer à cette 
drogue la Bejugo de la Estrella qu'il avait reconnue être aussi 
une Aristoloche, et fit faire des expériences à Lima et à Ma- 
drid. La plante serait plus active que la Serpentaire; elle 
provoquerait une extrême salivation quand on la mâche; elle 
serait enfin désinfectante et préférable à la Serpentaire pour 
plusieurs raisons : 

Elle est moins mélangée d’autres plantes ; 

L’écorce, partie active, se sépare facilement du bois ; 

On peut la recevoir en Europe en meilleur état que la Ser- 
pentaire; 

Elle est très abondante dans le pays; 

Elle est plus efficace : odeur en est plus fragrante, plus 
agréable, plus camphrée, plus persistante. 

Les Péruviens emploient cette plante un peu comme une 
panacée, et cela depuis un temps immémorial. Elle est stimu- 
lante, emménagocgue, alexitère. Elle passe pour modifier heu- 
reusement les ophtalmies purulentes et blennorhagiques, les 
ulcères chroniques, les vaginites rebelles, etc. 

D’après Ruiz, on attribue à cette plante (tiges et ‘racines) 
des propriétés précieuses contre la dysentérie, les fièvres in- 


— 186 — 

flammatoires malignes, les refroidissements, les douleurs rhu- 
matismales ou goutteuses, les maladies provenantde fatigue. 
Les morsures des serpents des scorpions et de tous les ani- 
maux venimeux sont traitées par la Liane de l'étoile, dont 
l'écorce fraîche est appliquée topiquement sur la blessure. On 
s'en est aussi servi pour déguiser les mauvaises odeurs, et 
dans les odontalg'ies. 

On peut employer la plante : en poudre, en infusion, décoc- 
tion, eau distillée, extrait aqueux, teinture, vinaigre, etc., etc. 

Pour chaque dose, toujours d’après Ruiz, on prend une 
poignée de racines ou de tiges fraiches, on les fait bouillir 
dans l’eau, en couvrant le vase, pendant quatre à six heures 
et on prend la décoction chaude. Une transpiration abondante 
fait rapidement cesser les douleurs. En cas d’insuccès, on peut 
recommencer deux ou trois fois sans inconvénient. 

Les analyses qu’on à faites de cette drogue y ont montré 
la présence d’une résine qui semble être la partie active: Ali- 
bert donne : principe résineux, camphre, huile, acide pyroli- 
oneux, traces d'acide gallique, matière colorante jaune, extrac- 
tif. D’autres y indiquent; huile essentielle, tannin, principe 
amer, gomme, amidon, sels ‘. Ces analyses auraient besoin 
d’être reprises. 

En somme, c'est un stimulant actif, un sudorifique proba- 
blement puissant. Il faut évidemment beaucoup rabattre des 
propriétés qu’on lui attribue, mais c'est une des Aristoloches 
dont les vertus stimulantes semblent le mieux établies, un 
Guaco du groupe des Mil-homens, bien qu’elle ne porte pas 
cederniernom. Aucune expérience scientifique sérieusen’ayant 
depuis Ruiz été faite sur elle, il faut la signaler à lPattention 
des chimistes et des médecins. 


! Nueva farmacopea mexicana, p.67. 


LÉ 


Le où 
a 


— 187 — 

A. punctata Lamk., Encycl., I, p. 253; — Descourtilz, 
Fl. méd. des Ant., 3, p. 335, tab. 225; — Duch., Prodr., 
XV, p. 463. 

X. folio cordiformi flore longissimo atropurpureo radice 
repente Plumier, Catal., p. 5(ex Duch.); Plant. améric., éd. 
Burmann, p. 24, t. 34; — Tournefort, Institut. p., 163. 

Howardia punctata Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 622. 

Saint-Domingue. 

Longue de ? pieds, épaisse de 1 pouce 1/2, rameuse, noi- 
râtre et ridée en dehors, jaunâtre en dedans, pivotante ; tige 
de la grosseur d’une plume d’oie, et divisée en rameaux nom- 
breux, longs et menus, qui s'entortillent autour des arbres 
voisins (Descourtilz). La fleur, d’après la figure de Descourtilz, 
est tubuleuse et terminée par une longue languette. 

La plante jouit d'une grande réputation aux Antilles, comme 
alexitère. Descourtilz dit qu’on la met sans cesse à l'épreuve. 
Elle est excitante, emménagocue, fébrifuge ‘. Les nègres s’en 
servent pour déterger les vieux ulcères. On l’emploie en 
décoction et topiquement. 


A.anguicida L., Spec., éd. IT,tom 2, p. 1362 ; — Jacq., 
Amér, p. 232, t. 144; — Willd., Spec., IV, pars I, p. 156. — 
H. B.K., Nov. gen., p. 116 ; —Descourtilz, FL. méd. Ant., TITI, 
p. 235 ; tab. 202; — Lamk., Encycl., I, p. 253. 

A. mexicana, folio acutiore Moris., Hist. plant., p. 509, 
He tab. 17, n° 7. 

Howardia anguicida Klotzsch, Monatsb., p. 611. 

Noms vulgaires: Guaco. — Herbe aux serpents. — Mort 
aux serpents. — Manarou. — Liane à corbillon. — Apinel*?. 
— Yabacani. — Contra capitan. — Snake poison. 


1 Mérat et de Lens, Diction. 
2? Le nom d'Apinel, que Lamarck attribue à cette plante, est celui d'un 


— 188 — 


Habitat: on la trouve aux Antilles et sur la côte améri- 
caine voisine, depuis le Mexique jusqu’au Brésil, mais signa- 
lée surtout dans la Nouvelle-Grenade et dans les bois, autour 
du port de Carthagène. 

Liane grimpante de 10 à 12 pieds, à racines cylindriques 
et rameuses, recouvertes d'une écorce subéreuse foncée, et 
contenant une pulpe d’odeur fétide et de couleur rougetre, 
imprégnée d’un liquide coloré, amer. La tige jeune est verte, 
striée. Plus tard, elle possède une écorce subéreuse assez 
épaisse. Elle est volubile et grêle. La figure de Jacquin mon- 
tre une souche d’où partent des branches subéreuses. La 
figure de Plenck (t. 652) ressemble à celle de Jacquin. Celle de 
Descourtilzest fort médiocre. Celle dela Flore des serres, (LV, 
34% est bonne et montre bien la fleur solitaire, longuement 
pédonculée, jaune à stries rouge brun, longue de 3-5 cent., 
à utricule globuleux, à languette atténuée depuis la base, et 
un peu plus longue que le tube lui-même. La forme générale 
rappelle assez la fleur de notre A. Clematilis. 

L'A.anguicida est une des espèces dont on a le plus haut 
chanté les louanges. Jacquin et bien d’autres après lui en 
ont fait un incomparable antidote de la morsure des ser- 
pents. Les jongleurs, d'après lui, stupéfient les serpents en 
leur mettant quelques gouttes du suc dans la bouche et peu- 
vent ensuite les manier impunément. Il suffirait de se frotter 
les pieds et les mains avec la plante pour pouvoir saisir le 
serpent sans danger, et, si celui-ci vient à mordre la racine 
qu'on lui présente au bout d’un bâton, il ne tarde pas à mou- 
rir. Est-on piqué par un serpent venimeux, on emploie le 
remède intus et exlra, en topique sur la blessure, en décoc- 
tion à l’intérieur. Ici les formules varient un peu, mais géné- 


capitaine de cavalerie qui en rapporta la première racine en Europe (Lamk., 
Encycl., p. 210). 


— 189 — 
ralement, ainsi que le fait fort justement remarquer Rufz", 
le suc de la racine est accompagné de force tafia, ou de 
rhum. 

Descourtilz confirme les dires de Jacquin et dit avoir neu- 
tralisé en peu d’instants « le virus venimeux introduit par la 
piqûre dangereuse des araignées-crabes, des scorpions, des 
scolopendres et de l’araignée à cul rouge, espèce de tarentule 
qui avait excité de vives douleurs et plusieurs accidents pro- 
pres aux substances vénéneuses. » Tout cela n’équivaut pas à 
une morsure de Crotale ou de Fer-de-lance! Ces récits exi- 
veraient une étude scientifique qui fit la part du vrai et du 
faux *. 

Rufz dit d’ailleurs que la Liane à serpent a bien perdu 
aujourd'hui de sa réputation. Elle est surtout employée comme 
adjuvant dans certains antidotes, mais elle n’en constitue plus 
l'élément principal. Tout en rendant justice à la bonne foi des 
auteurs qui ont exalté l'A. anguicida, comme le P. Labat ou 
le P. Dutertre, etc., il pense qu’ils se sont parfois montrés trop 
crédules, et cite maints exemples de fourberie flagrante des 
charmeurs de serpents. 

La décoction des diverses parties serait un antisyphiliti- 
que et un emménagogue puissant (Duchartre). Les racines en 
particulier seraient employées dans les céphalées rebelles et 
les tumeurs vénériennes (Descourtilz). On l’a même dite 
aphrodisiaque. 

Dose : 1 ou ? poignées de feuilles ou tiges en infusion, — 
ou bien 25 à 40 gouttes de teinture alcoolique, — ou encore 
3 à 4 grammes d'extrait. 


1 Rufz, Enquête sur les serpents de la Martinique, p. 126-129, etc. 

? I se peut fort bien que les serpents soient très désagréablement impres- 
sionnés par l'odeur de la plante fraîche, odeur qui, paraît-il, est fort repous- 
sante. « Odor totius plantæ nauseosus est ac ingratus », dit Jacquin (/oc. cit.) 
coRadices.. ..... medullam habent albicantem, plenam suceo aurantio, amaro, 
nauseoso et fœtido... » 


— 190 — 

On croit, dit M. Naudin!, que cette espèce est le Guaco 
des habitants de la Colombie. Le nom de Guaco s'applique, 
on le sait, à bien des plantes. Celle-ci en est peut-être une. 
En tout cas, elle a les propriétés des Guacos. Mais je ne l'ai 
vue nulle part indiquée sous ce nom et n’en ai trouvé d’échan- 
tillon dans aucun droguier. 

La plante à été introduite en Europe à Kew, par Purdie, 
vers 1845. On la cultive dans les serres comme les Passi- 
flores. 


A. Claussenii Duch., Tentam., Ann. sc. nat.,sér. 4, t.2, 
D: bis Prod: sx. pD-400; 

Claussen l’a récoltée au Brésil, dans la province des Mines, 
où on la nomme Jarrinha do Campo. 

_ Rien de particulier à en dire. Aucune propriété spéciale. Je 
ne la cite que pour son nom vulgaire de Jarrinha, qui s’appli- 
que à divers Guacos, 

A. tenera Pohl, Msc. in herb. Vindob. (ex Duch.); — 
Dach};;Prodr., XNSp: 406: 

Vulgairement nommée Matos par les Néo-Granadins, cette 
plante est, je crois, celle dont Gaillard a rapporté les racines 
de la région du Haut Orénoque.Ces racines filipenduliformes 
ont été décrites page 136. 

Les tiges sont faibles, ligneuses en bas, à rameaux grêles. 
longs, diffus. 

Elle habite la province de Bogota, où Triana l'indique à 
300 mètres d'altitude, dans les Llanos de San-Martin. Pohl 
désigne Buccaiïra et l'étiquette de Gaillard porte Puerto 
Zamuro. 

La plante est intéressante, car elle est employée, dit-on, 


‘ Naudin et von Mueller, Manuel de l'acclimateur, p. 143. 


— 191 — 
journellement par les indigènes contre la morsure des serpents 


et aussi comme stomachique. 
La légende veut qu'un petit mammifère nommé Matos se 


guérisse des morsures des serpents en mangeant ces tuber- 


cules ‘. 


A. filipendulina Duch., Tentam., p. 10 ; — Prodr. XV, 
p. 466. 

La plante est grèle et volubile : elle est remarquable surtout 
par les renflements tuberculeux de ses racines qui lui ont valu 
son nom significatif. Ces renflements sont ovoides, ou plus 
souvent turbinés, aplatis à la partie supérieure, effilés en bas 
de 1 à 3 cent. de longueur sur 8 à 15 mm. de diamètre, de 
couleur noirâtre. 

Elle habite le Brésil central, où les indigènes la nomment 
Batatinha ou Jarrinha et l’emploient souvent comme pur- 
gatif (Duch.). 


A. cymbifera Mart. et Zucc., Nov. Gen. et Spec., I, p. 7», 
0e = Duch., Prodr., XV, p. 469. 

Howardia Brasiliensis Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 608 
(nec Mart. et Zucc.). 

Duchartre en admet trois variétés : 


&. LABIOSA. 
A. labiosa Ker, Bot. Reg., 1828, t. 689; — Sertum botani- 
cum de van Geel, classe XX. 


B. GENUINA: 

A. grandiflora Gomez, Obst. bot. med. (1803) pars IT, p. 14, 
t. 3 (ex Ducn.). 

A. cymbifera Mart. et Zucc., loc. cit. 

A. labiosa Sims, Bot. Magaz., t. 2545 (ex Duch.) (nec Ker). 


Voy. Bocquillon-Limousin, Les plantes alexitères d'Amérique, p. 1—1891. 


— 192 — 
A.orbiculata Vell., FI. flumin., 9, t. 96(ex Duch.). 
A. galeatea Moritzi, Syst. Verzeich., p. 70 (ex Duch.) (nec 
Mart. et Zucc.). 
A. hyperborea Paxt., Mag. of Bot., 6, p. 53 (ex Duch.). 


7. ABBREVIATA. 
A. abbrecviata Mart., Msc., in Herb. (ex Duch.). 


Pour cette espèce et pour les trois suivantes, Duchartre 
montre que Klotzsch a fait un imbroglio de synonymie. 


Noms vulgaires. Le type se nomme Jarra, Papo de Perü, 
etc. Toutes les variétés sont des Mil-homens. 

La var. « labiosa, dont beaucoup d'auteurs font une espèce, 
est une plante dont le Sertum botanicum, publié par van 
Geel, donne une belle figure. La fleur, de forme étrange, est 
très grande, avec un énorme labelle moucheté de noir et de 
marron sur fond jaune clair. 

Les feuilles arrondies, cordées, ont une nervation particu- 
lière que l'on retrouve d’ailleurs dans plusieurs espèces voi- 
sines: deux nervures saillantes se détachent de la base et 
accompagnent presque parallèlement la nervure médiane, 
tandis que les autres nervures divergent. Decaisne a étudié 
cette espèce au point de vue anatomique, dans son mémoire 
sur les LARDIZABALÉES ‘ ; elle a la structure ordinaire des 
Aristoloches. Le suc frais de l'écorce a, dit-on, l'odeur très 
forte du lierre terrestre. 


Quand à la var. 8 genuina, elle a été souvent décrite, car 
c'est une forme importante, type de l'espèce et type des 
plantes qui fournissent à la matière médicale le produit très 
connu sous le nom de Mil-homens. 

Plante glabre, sarmenteuse, très grande. Tige volubile, 


1 Archives du Muséum, 1839, p. 152 et suiv, 


— 193 — 

dépassant, dit-on, les arbres les plus élevés. A l’état jeune, 
cette tige est lisse et striée, plus tard elle se recouvre d’un 
suber épais et crevassé; cette tige, cylindrique ou aplatie, 
atteignant 3 cent. de diamètre, a été décrite, page 72, ainsi 
que les racines : structure typique des Aristoloches; le bois 
en particulier est tout à fait caractérisé. Les pores en sont 
larges et permettent d’aspirer de l’eau. Feuilles grandes, 
arrondies, réniformes, cordées, obtuses, avec un sinus profond, 
séparant deux grandes auricules. À la base, pseudo-stipules 
axillaires, subscarieuses, réniformes, solitaires ou g'éminées. 

Fleurs très grandes (22 cent.), bien représentées dans la belle 
figure de Martius, reproduite (à l'envers) dans le Sertum bota- 
nicum de Van Geel; long pédoncule vert; utricule très gros 
renflé, inéquilatéral ; puis vient un tube réfracté, et le limbe 
bilabié, à lèvre supérieure relativement petite et étroite, à 
lèvre inférieure longue et large, d'abord concave, puis un 
peu rétrécie, puis enfin largement étalée et cordée à l'extré- 
mité. Extérieurement, couleur brune avec des nervures fon- 
cées ; intérieurement, plus jaune, avec des nervures et des mou- 
chetures très nettes. La forme de cette fleur explique jusqu’à 
un certain point le nom vulgaire de Papo de perù (jabot de 
dindon) donné à la plante dans le pays, à Alagoa, Pernam- 
bouc, etc. Capsule anguleuse ; odeur de la fleur toujours détes- 
table; comparable pour les uns à la vulvaire, pour les autres à 
la viande et au poisson corrompu; aussi attire-t-elle beaucoup 
les mouches de la viande : c’est essentiellement une Sapromio- 
phile, L'odeur des autres parties est rutacée et se conserve 
longtemps, même surles vieux échantillons ; on la retrouve à 
la coupe et au grattage, mais moins mauvaise que les auteurs 
ne l'indiquent pour le frais, non nauséeuse, plutôt aromatique, 
mais franchement aristolochique. La saveur est âcre, amère, 
aromatique, un peu camphrée, fort désagréable. 

L'espèce est brésilienne, et habite surtout la province de 


— 1914 — 
Saint-Paul et les environs de Rio. Elle pousse dans les haies 
ombragées. 

Cette drogue, fort employée au siècle dernier avait, paraît- 
il, disparu des marchés européens ; sa réapparition a été si- 
œnalée récemment en Allemagne *. 

Les usages sont ceux des Guacos en général: la plante est, 
en effet, emménagogue, antiseptique, diaphorétique, excitante, 
tonique et détersive, souvent employée dans le pays contre 
les morsures ‘des serpents, les fièvres nerveuses et intermit- 
tentes, les hydropisies, l'impuissance, les ulcères malins, les 
maladies utérines, les paralysies, les dyspepsies, etc., etc. 
La racine fraiche est, dit-on, toxique. D’après d’Almeida, 
la fleur a des propriétés abstersives. Il assure que les fumiga- 
tions de la plante ont une action sur les hernies scrotales 
qu’elles font diminuer (?). D’après Butte, on obtiendrait de très 
bons effets des lotions sur les eczémas presque secs, avec 
prurit. 

On emploie la poudre, la décoction, l’infusion et aussi le 
suc des feuilles. 

M. Butte* a fait sur cette plante quelques expériences, dont 
voici les résultats: 


L'intoxication a, chez les animaux, deux périodes : 

1° Agitation, vomissements et diarrhée ; 

2° Somnolence, affaiblissement, paralysie motrice absolue, 
arrêt de la respiration avant l'arrêt du cœur. 


Dans labolition du pouvoir sensitif et moteur, l’action est 
centrale et non spéciale sur le nerf. 


1 Jahresberichl der Pharmacognosie, 1887, p.44. — Chemiker Zeitung, 
1887, p. 379. 

2? Recherches expérimentales sur l'action physiologique et thérapeutique de 
l'exlrail aqueux du Guaco (A.cymbifera).(Journal : les nouveaux remèdes, 
1889, p. 460.) 


74 


— 195 — 

La contractilité musculaire diminue de force, mais se main- 
tient longtemps après la mort. 

La respiration est excitée, puis ralentie. À dose massive, 
elle s'arrête rapidement. 

Le nombre des battements du cœur diminue chez les batra- 
ciens ; chez les mammifères, il augmente ; l'amplitude diminue, 
la pression intra-veineuse baisse peu à peu. Nausées, vomisse- 
ments, diarrhée, qui, si la dose est forte, devientsanguinolente, 
mort avec lésions intestinales, surtout sur l'intestin grêle. 

Reins congestionnés ; l'urine contient de l’albumine et quel- 
quefois des hématies. 

La nutrition subit un ralentissement général, mais l’action 
en définitive a lieu surtout sur le tube digestif et le système 
nerveux. 

M. Butte n’a pu isoler ni alcaloïde ni glucosine, mais seule- 
ment (1888) une substance résineuse dont les propriétés sont 
analogues à celle de l'extrait aqueux et qui constitue proba- 
blement la partie active. C’est l'analyse la plus récente. 


A. galeata ‘* Mart. et Zucc., Nov. gen et spec., p. T6, 
tab. 50.;— Duch., Prodr., XV, p. 470. 

Howardia cymbifera Klotzsch, Monatsb. p. 609. 

Cette belle espèce, dont Martius donne une très remarquable 
figure, habite au Brésil la province de Miñas Geraès, dans 


1 C’est à cette espèce qu'il faut rapporter très probablement la plante dont 
M. Ant. Gomez d'A sevedo Sampaio de Saint-Paul (Brésil) a envoyé des échan- 
tillons à l'Ecole de pharmacie de Paris; dans la lettre qui accompagne l'envoi- 
on lit : « Mil-homens, Aristolochiacées ; liane intéressante qu'on utilise comme 
tonique et antispasmodique en la dénommant, les uns bulua fedorenta (pu- 
ante), d’autres Milhomens ». Cet envoi contenait, outre des feuilles et une 
fleur que j'ai pu voir, des fruits et des tiges minces que je n'ai pu à mon grand 
regret retrouver, pour les comparer au Mil-homens du cymbifera. 

Le nom d'Abutua fait confusion avec certaines Ménispermées, r 


— 196 — 

les parties chaudes. Elle a une fleur de forme originale, et 
est en somme très voisine du cymbifera dont la rapprochent 
en particulier les organes végétatifs. Les tiges étant pareilles 
à celles du cymbifera, il est probable qu’elle constitue aussi 
un Mil-homens bien que la chose ne soit pas indiquée; le bois 
du galeata a la structure typique décrite p. 16. 

Les feuilles sont cordées, et en général très arrondies, mais 
on en trouve de forme différente. (Herb. Mus., etc). 


A. Brasiliensis Mart. et Zucc., Nov. gen et spec. I, 77 ; — 
Duch-+Prodr ps EN xp. 2474: 

A. ringens Link et Otto, Ic. plant. select., 1, p. 33, t. 13 
(ex Duch.). 

Howardia galeata Klotzsch, Monatsb.,p. 608. 


Vejugo, Mil-homens. 

L'espèce est fort voisine des A. cymbifera et galeata. Il est 
donc probable que certains échantillons de Mil-homens doivent 
lui être rapportés, mais la chose est impossible à affirmer 
tant que les échantillons botaniques n’accompagneront pas la 
drogue. 

La plante habite le Brésil, dans la province des Mines, près 
de Saint-Sébastien, à Bahia, etc. C’est l'Ambuiaembo de 
Marcgraff ‘. Weddel, qui cite Duchartre, dit que les Brési- 
liens appellent cette plante Vejugo (ce nom signifie sim- 
plement Liane), et s’en servent comme d’un remède certain 
contre la morsure des serpents. 

C’est là certainement un Mil-homens. 


A. ringens Vahl, Symbol. bot., 3 p. 99; — Jacq., Coll.,5, 
tab.4 fig. 2 (ex Duch.), — Willd, Spec., t. IV, pars I, p. 155 


1 Hist. des pl., p. 15, ch.1x. 


— 197 — 
(exel.syn. Pison) ; — Mart., Nov. gen. et spec., I, p. 71; —H. 
B. K. Nov. gen. et spec., p. 117; — Duch., Prodr., XV, 
p. 471. 

A. grandiflora Vahl, Symbol. bot., ?, p. 9%, f. 47. 

Howardia ringens Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 607. 

Noms vulgaires : Racine du soleil. — Vejugo carare (Co- 
lombie). — Mil-homens (Portugais). 

Cette espèce est très voisine des À. cymbifera, galeata et 
Brasiliensis. Elle leurressemble en particulier beaucoup parles 
caractères végétatifs, en sorte que l'origine des drogues du 
groupe cymbifera est difficile à préciser. Fleur à très long 
pédoncule ; utricule ovoïde ; tube réfracté ; deux lèvres dont la 
supérieure lancéolée et l’inférieure spatulée, étroite en bas et 
dilatée en une petite lame ovale obtuse. Cette fleur est veinée 
de pourpre, pâle sur l’utricule et le tube, pourpre sale sur le 
limbe surtout sur la lèvre inférieure. 

Elle habite les Antilles, et les parties voisines du continent, 
la Colombie (Triana), le Vénézuéla (Linden). Humboldt et Bon- 
pland l’indiquent dans la Province de Caracas, près de Buena- 
vistaet de Los Teques, à 840 mètres d’altitude, dans la région 
tempérée. Ils la font fleurir en février, tandis que Duchartre 
indique juillet. 

C’est un des Mil-homens. Ses propriétés médicales sont 
donc celles de ce groupe de médicaments. Les racines et 
tiges sont employées contre les morsures de serpents, comme 
emménagooue, comme antiseptique dans la gangrène et les 
 fièvres graves, comme détersif dans les ulcères atoniques, 
comme vulnéraire et aussi dans les dyspepsies, paralysies, 
lhydropisie, l'impuissance, les fièvres ‘. L'’odeur forte et pé- 
nétrante, rutacée, désagréable ; le goût amer, camphré, aro- 
matique, en indiquent les vertus stimulantes et toniques. 
Elle a, en somme, les effets de la Serpentaire et des Guacos. 


1 Voy. Buchner's Repertor., 17 (1824), p. 170. 
13 


— 198 — 


On emploie la poudre de racine, la décoction, et aussi le 
jus frais. Celui-ci passe pour vénéneux *. 


A. ornithocephala Hook., Bot. magaz., 4120 (ex. FL. des 
serres) ; — Flore des serres, t. XVII, p. 145. 

Belle espèce brésilienne à feuilles larges de 22 cent. en tous 
sens, d’un beau vert, légèrement échancrées au sommet, cor- 
dées à la base, à sinus très large. Fausses stipules cordées, 
fleurs solitaires et très grandes, à utricule renflé inégalement. 
à tube court et à deux lèvres : la supérieure lancéolée, velue 
en dedans; l’inférieure, d’abord linéaire et canaliculée, s'étale 
ensuite brusquement en un large limbe réniforme. Utricule 
et lèvre supérieure verdâtres, veinés de rouge foncé, surtout 
suivant la longueur; lèvre inférieure fauve, réticulée fortement 
en tous sens deraies d’un brun rougeâtre foncé, presque noir. 

Cette plante rentre évidemment dans les bilabiatæ grandi- 
floræ de Duchartre, à côté des À. cymbifera, galeata, Brasi- 
liensis, etc. Je ne lui connais aucun usage, mais il est bien 
possible qu’elle constitue l’un des Mil-homens du Brésil, car 
elle est fort voisine, par sa végétation et même par ses fleurs, 
des plantes qui en fournissent certainement. Il est donc utile 
de la connaitre. 

Elle à aussi un intérêt horticole. Facilement multipliée de 
bouture, elle remplit parfois les serres au point qu'il faut en 
élaguer les pousses chaque année. Quand les fleurs sont 
épanouies, l'odeur nauséeuse qu’elles répandent oblige à les 
couper, mais les boutons sont déjà et longtemps ornementaux ?. 


A. grandiflora Swartz, Fl. Ind. occid., 3, p. 1566 (ex 
Duch.). (non Vahl); — Tussac, Flore des Antilles, t. I, p. 189, 


1 D'Almeida, Dict., art. MIL-HOMENS, p. 380. 
? Flore des serres, t. XVII, p. 145. 


— 199 — 

pl. 27,— Flore des serres, 1848, pl. 351-352, et 354-355 ; — 
Duchartre, Arodrom., XV, p. 472. 

A. 2 scandens P. Browne, Hist. of Jamaic. plant., p. 329. 

A. Gigas Lindley, Botan. Reg., 1842, t. 60. 

Howardia grandiflora Klotzsch, Monatsb., p. 610. 

Duchartre admet comme simple variété sous le nom de f, 
Hooker, une forme glabre qui est l'A gigantea Hooker, Bot. 
magaz.,t. 4221 (non Mart. et Zucc.), et l'Howardia gigan- 
tea de Klotzsch, Monatsb., p. 610. 


Noms vulgaires : Tue-cochon. — Poison de porc. — Fleur 
de Pélican (à cause de la forme des boutons). — Poisoned 
Hogmeat. — Cunt-Flower. 


L’A. grandiflora est fort répandue dans les Antilles, où 
Patrick Browne la découvrit à la Jamaïque au siècle dernier, 
et d’où elle a été souvent introduite en Europe par les voya- 
seurs, notamment par Purdie. Mais onlatrouve aussi à Porto- 
Rico, au Guatemala, dans la Colombie et au Brésil. 

Tussac en donne une belle figure : celle de Descourtilz est 
petite et médiocre. 


Tige simple, ligneuse et subéreuse sur une longueur de 
quelques pieds, puis divisée en un grand nombre de rameaux 
fins, herbacés, striés, volubiles et couverts de poils ainsi que 
les pétioles (sauf la variété Hookeri ). 


Feuilles cordées aiguës, largement échancrées à la base, 
longuement pétiolées, et munies de deux grandes auricules 
arrondies sur les deux faces. Fleurs énormes, comparables 
à celles des Rafflesia. Celle que représente la Flore des 
serres mesure environ 30 cent. de la base du tube à l’ouver- 
ture, et 28 cent. de diamètre sans y comprendre l’appendice. 
Elles sont axillaires, solitaires. Ovaire, allongé, mince, tordu 
sur lui-même, vert, à côtes longitudinales brunes, muni d’une 
bractée verte à sa base, on le prendrait pour le pédoncule, 


— 200 — 

Le tube du périanthe, coudé en U au milieu et rétréci au coude, 
est jaune, marqué de côtes parallèles, violacées, très sail- 
lantes, avec un réticulum de nervures secondaires. Ces côtes, 
d’abord au nombre de 6, se bifurquent ensuite. Le tube se 
rétrécit immédiatement avant de se dilater en limbe. Celui-ci 
est cordiforme. Vu de face, il est blanc, un peu jaunâtre, tout 
marbré d’un réseau brunâtre irrégulier et de nervures blan- 
châtres : au centre est l’orifice vaguement triangulaire, entouré 
d'une zone brun violacé. Ce limbe est cordiforme, échancré 
d’un côté, et terminé de l’autre par un appendice flagelliforme 
extrêmement long. Dans l’intérieur, est un court gynandro- 
phore avec 6 anthères sessiles allongées et 6 stigmates sépa- 
rés en haut et dentiformes. Tout l'extérieur de la fleur porte 
des poils raides. | 

Ces fleurs sont très remarquables : on peut les prendre 
comme type des Aristoloches à grandes fleurs, et c'est pour- 
quoi j'en ai donné la description. On les a souvent comparées 
à des mouchoirs de couleur séchant sur les haies. Elles répan- 
dent une épouvantable odeur, que les voyageurs ont diverse- 
ment qualifiée, mais qu'ils s'accordent à trouver affreuse. 
C'est, paraît-il, une odeur tenace, cadavéreuse et putride, 
comparable surtout à celle de notre Chenopodium Vulvaria. 
Aucun animal ne touche à cette plante, d’après Browne, si ce 
n’est le porc qui périt après l'avoir mangée, d’où le nom de 
Poison de Porc que l'espèce a reçu des indigènes. Dans les 
serres cette odeur serait bien atténuée ‘ (Loc. cit.). 

L'A. grandiflora est non seulement active, mais fortement 
toxique, comme le montrent les faits précédents : aussi l’em- 
ploie-t-on assez peu, bien qu'elle soit excitante et emménago- 
oœue. La poudre des tiges et des feuilles est cependant pres- 
crite aux Antilles, dans les dyspepsies et paralysies*. La 


1 Flore des serres, loc. cit. 
2 Baillon, Révis des Arist. médic., p. 60, 


— 7201] — 
pharmacopée mexicaine la donne comme pouvant être substituée 
au Guaco. 
Une analyse de la racine a été faite par Brandes ‘, qui y 
a trouvé plusieurs résines, un extrait amer odorant, etc., etc. 


A. fœtens Lindl., Bot. reg., t.1824;—Duch., Orodr., XV, 
p. 473. 

On donne cenom caractéristique à une espèce voisine de 
l'A. grandiflora Swartz: celle-ci n’en diffère que par quelques 
caractères, entre autres celui d’être très velue, tandis que le 
fœtens est glabre. L’A. fœtens est donné comme une plante 
nauséeuse, fétide, enfin semi-putride (Lindley). 

Ses propriétés sont probablement les mêmes que celles du 
grandiflora. 

L'appareil floral, bien que plus petit, permet l'entrée aux 
mouches de toute dimension (Delpino). 

Indes occidentales. 


A. gigantea Mart. et Zucc., Nov. gen., I, p. 77;tab 48. — 
Duch., Arodr., XV, p. 474. 

Martius en donne une très belle figure; la fleur a au moins 
25 cent. de diam., et est de couleur brun chocolat. 

La plante habite les haies de la province de Bahia. Martius la 
dit herbacée, mais Duchartre en a vu un exemplaire certaine- 
ment ligneux. Le nom de gigantea n’est applicable qu’à la fleur. 

Je ne crois pas que la plante soit très employée, car on 
parle peu de ses propriétés, qui doivent d’ailleurs être celles 
des autres Aristoloches. 


A. cordiflora Mutis., Msc. ex II. B. K., Nov. gener., 2, 
p. 118); — Duch., Arodrom., XV, p. 474 (description d’après 
Kerner, Hort. semper., IT, p. 481). 


l Ann. ph.,7, 285, ex Buchner's Repertor., 50, p. 365, 


— 202 — 

Vulgo : Contracapitana de Monpox. — flor de Alcatras de 
Monpox. 

Cette espèce des plus remarquables habite, comme le nom 
vulgaire l'indique, dans la Colombie, aux environs de Monpox, 
sur les bords du Magdalena, où sa racine a, contre la mor- 
sure des serpents, une grande réputation. 

C'est cette liane dont les fleurs gigantesques servent de 
coiffure aux enfants. La figure de Kerner, que l'absence 
d’ovaire et la forme anormale du tube rendent un peu sus- 
pecte à Duchartre, lui attribue une belle couleur pourprée, un 
diamètre considérable et une forme en entonnoir; le limbe est 
cordiforme. 

La tige est volubile, ligneuse et subéreuse en dehors, ra- 
meuse, striée, anguleuse, d'un peu plus de 2? cent. de diam. 
(toujours d’après la figure de Kerner). 

La plante a, d’après ces dernières lignes, les caractères 
extérieurs d’un Mil-homens, et on l’a quelquefois citée parmi 
les espèces connues sous le nom général de Guacos. 


A. odoratissima L., Spec. pl., éd. IT, t. 2, p. 1362; — 
Willd., Spec. pl., IV, pars I, p. 156; — Lamk., Dict., 1, p. 
253 ; — Descourtilz. FL. Antill., 5, p. 196, tab. 356; — Duch., 
Prodr.,p. 47. 

A. scandens odoralissima, floris labello purpureo, semine 
cordato Sloane, Catal. pl. Ins. Jam., p. 60; — Ray, Hist. 
plant., t. III, p. 394. 

A. 1 scandens foliis cordatis, acuminatis, florum label- 
lis amplis purpureis Patr. Browne, Jam., p. 329. 

A. moschata Wedd., msc. Herb. Mus. par. 

A Mexicana Hernandez, Rer. med. nov. Hisp. thes.p. 42. 

Tomahuactlacopatli Hernandez, Rer. med. nov. Hisp. th., 
p. 42. 

Noms vulgaires : Tacopatle, — Tacopaste, — Tlacopatli, — 


— 203 — 
Raïiz para el flato (Mexique). — Contrayerva ‘. — Birthwort 
(Jamaïque). 

C’est une des Aristoloches américaines les plus estimées. 
La plante est grimpante, volubile, à tige anguleuse, portant 
de nombreux rameaux qui s'élèvent à 8-10 pieds de haut. La 
racine est dite par Lamarck de la grosseur du doigt. La phar- 
macopée mexicaine les compare à une plume d'oie, ce qui est 
plus juste, si j'en juge par les deux échantillons qui ont été 
décrits, page 110. 

Cette racine est grisâtre, striée. La saveur en est âcre et 
amère. Hernandez la dit amère, astringente et résineuse. 
Elle est aussi odorante, comme tout le reste de la plante, et 
l'odeur, par une exception rare dans tout le groupe, est agréa- 
ble quoique forte, suave même, d’après quelques-uns. 

Feuilles cordées, plus ou moins acuminées, à sinus large- 
ment ouvert avec 2? auricules obtuses. La figure de Descour- 
tilz représente un fragment de liane à feuilles cordées, avec 
une fleur à utricule volumineux, sphérique, à côtes, vert jau- 
nâtre, età limbe violet pourpre, veiné. Les fleurs sont solitaires 
axillaires. Fausses stipules orbiculaires réniformes. Duchartre 
en admet une variété B GRANDIFLORA, mexicaine. L’aire de 
dispersion de cette plante est assez considérable. Non seule- 
ment elle existe aux Antilles et au Mexique, mais encore on 
la retrouve dans toute l'Amérique centrale, dans le Brésil et 
jusque dans le Paraguay, où Weddell l’a signalée le long du 
fleuve Cuyaba. À la Jamaïque, l'espèce est si abondante 
qu'on en pourrait livrer au commerce une quantité illimitée. 
(Hamilton). 

Elle pousse dans les bois. 

Les usages de l’A. odoratissima sont nombreux dans les 
pays où elle est indiquée. Barham et Browne s’en servaient 


* Hamilton, Aimer. Journ. phar., t. XVIII, p. 45. 


— 204 — 

pour divers usages et la donnaient plus spécialement comme 
alexitère et stomachique et aussi topiquement comme vul- 
néraire. Contre la morsure des serpents et des animaux veni- 
meux, elle est considérée comme un puissant antidote par ses 
racines et aussi, paraît-il, par ses graines amères et aroma- 
tiques. Barham la donne comme un alexipharmaque supérieur 
au Dorstenia Contrayerva ‘. 

Comme tonique et stomachique, on en fait fréquemment 
usage. Hamilton * dit que la décoction de racines est une 
bonne préparation, mais est loin de valoir la teinture. Celle-ci 
combinée au fer ramène les menstrues supprimées ou inter- 
rompues. Liman * lui accorde une grande valeur. Les racines 
et les graines donnent d'après lui le meilleur vin amer du 
monde. C’est un bon diaphorétique et un stimulant, ce qui 
explique plusieurs de ses propriétés ; c’est en même temps un 
fébrifuge estimé et aussi, dit-on, un antispasmodique et anti- 
hystérique. Les feuilles aussi ont été employées en cataplas- 
mes résolutifs sur les tumeurs *, et contre les douleurs. 

On voit en somme encore une fois combien, malgré leur 
multiplicité, les actions des Aristoloches se ressemblent. 


A. pandurata Jacq., Hort. Schœnb., 4, p. 49, t. 497; — 
Duct.;Prodr.:XN,p4 is. 

A panduriformis Willd., Spec. pl., IV, pars I, p. 152: 

A. picta Karsten, Auswahl. neu. Gew. Venezuela, 24,t. 8 
(ex F1. des Serres); Flore des serres, t. 5, p. 521. 


‘ Ainslie, Mat, Ind. 

2 Amer. Journ. pharm., t. XVIIL p. 45. 

3 Hort. Jamaic., vol. I, p. 232 (ex Ainslie). 

* Mederi dicitur tumoribus præter naturam imposita, dolores lenire, et fri- 
gora febrium pellere: cor stomachum ac cerebrum roborare ; emundare pectus 


ac ventriculum et fluxum alvi cohibere. (Hernandez, Rer. medicar. nov. Hisp. 
thes., p. 42.) 


Mie. 


— 205 — 

Howardia pandurata Klotzsch., Monatsb., 1859, p. 619. 

On en trouve aussi une figure dans Dujardin-Beaumetz et 
Egasse, Les pl. médic. indig. et exot., p. 64, t. 5. 

Tige grimpante, volubile, glabre; feuilles ordinairement 
sans stipules, assez variées de forme, la plupart hastées, à 
base cordée, les inférieures en forme de luth, les supérieures 
simplement cordées, toutes à base creusée d’un sinus obtus 
entre deux auricules oblongues ou spatulées ; long pétiole. 
Les pseudo-stipules manquent souvent. Fleurs fort belles, 
quoique de taille relativement assez petite ; au-dessus de lu- 
tricule renflé surtout d’un côté, et d’un tube assez court et 
étroit, s'étale le limbe violacé en dehors, d’un beau bleu violet 
foncé en dedans, marqué d’une large macule jaune d’or au 
centre et d’un réticulum jaune des plus élégants. La forme 
en est ovale-cordée, à ? lobes arrondis rapprochés. L'’extré- 
mité opposée arrondie, mais mucronée par un appendice sétacé 
assez court, aigu. La richesse du coloris est une exception 
parmi les Aristoloches. 

L’A. Ottonis de Klotzsch (Herb. Berlin) est très voisin. 
Duchartre les réunit même complètement. Il a de fausses 
stipules. Karsten a trouvé cette belle plante an Vénézuela, 
dans la province de Caracas. Toujours dans la plaine et dans 
des lieux presque submergés pendant la saison pluvieuse, et 
brûlés pendant la saison sèche. Elle estexposée aux variations 
extrêmes de température et passe de + 60° pendant le jour 
à + 12 pendant la nuit. Ilest vrai que, dans le sol couvert de 
broussailles, les racines reçoivent une chaleur plus uniforme". 


À. Goudotii Duch., Tentam. Ann. sc. nat., sér. 4,7, p.66; 
Arodr., XV, p. 476. 
C’est une espèce tuberculeuse à souche allongée, subéreuse, 


1 Flore des serres, t. V, p. 521, d'après Karsten. 


— 206 — 

fauve, ridée en long, avec une écorce épaisse; grosse comme 
le doigt, et parfois légèrement courbe. La tige est herbacée, 
flexueuse, les feuilles cordées, acuminés, grandes. 

La plante habite la Colombie, dans la localité nommée Lla- 
nos de San-Martin. 

On lui donne le nom vulgaire de Guaco. Il est probable, par 
conséquent, qu’on en fait usage dans le cas où les Guacos 
sont usités, mais je n’en trouve mention nulle part. 


A. antihysterica Martius, Msc. in herb. (ex Duch:), — 
Duchartre, Prodr., XV, p. 471. 

Cette espèce donne des produits à la matière médicale et 
entre dans les Guacos. Duchartre l'a décrite sur l'échantillon 
même de Martius. C’est, d’après lui, une plante glabre, à tige 
débile et très grêle, décombante, striée, anguleuse. Cette 
tige en bas est subéreuse et gris brunâtre, en haut elle est 
fort ramifiée et lisse, mince‘. Les racines, dont il n’est pas 
question dans Duchartre, sont décrites avec soin par Witt- 
stein. Elles se présentent d’après lui en morceaux ramifiés ar- 
rondis avec des fentes transversales atteignant jusqu'au bois : 
elles ont ! pouce de diam. et 1/2 pied à { pied de long. La 
couleur est brun foncé, l’odeur est faible, se développant par 
le grattage ou la section. Wittstein la compare à celle de 
Galbanum ou de la Phellandrie. 

La saveur est forte et brûlante. 

La drogue que Guibourt a reçu de Th. Martius semble bien 
être celle que décrit Wittstein (voir p. 86). Les feuilles sont 
pétiolées à pétioles cylindriques, à sillon supérieur. Elles sont 
deltoides obtuses, ou souvent cordées à la base, lobées avec 
un sinus peu profond, à lobes souvent inégaux ? ; membra- 


1 Wittstein, Beschr. Arist. antihyster., in Buchner's Repertor. für Pharm., 
1836, p. 145 à 166. 

2 Wittstein, Loc. cit. Malgré quelques petites différences, la plante décrite par 
lui est bien celle de Duchartre, 


Cine di 


0 
neuses, d’un vert gai, plus päles en dessous, trinerves, à 
nervures en réseau. La taille et la consistance varient avec 
l’âge, depuis 4 cent. de long sur 3 1/2 de large, jusqu’à 12 c. 
de long sur 6 1/2 de largeur. Les pseudostipules manquent 
souvent, d’après Duchartre. 

Cette plante habite tout à fait le Sud du Brésil, dans la pro- 
vince de Rio Grande do Sul. 

L'analyse chimique détaillée de la racine à été faite par 
Witistein. 

Le nom donné par Martius à cette espèce indique déjà cer- 
taines de ses propriétés. Guibourt croit l'avoir trouvée dans 
le Guaco commercial, mais en tout cas c’est un Guaco et la 
plante partage les propriétés du groupe, auxquelles on se 
reportera. 

J'ai vu moi-même sous ce nom des échantillons différents 
dont la description a été faite dans la 2 partie. 


A. bracteata Retz, Obs. bot., fasc. 5, p. 29, n° 80 (ex 
Duch.), —Willd., Spec., IV, pars I, p. 160; — Roxb., F1. in- 
dica, p. 622 ; — Klotzsch, Monatsb., p. 598; —Duch., Prodr., 
XV, pars I, p. 478. 

À bracteolata Lamk., Encycl., I, p. 258, n°27; — Willd., 
Spec., IV, pars I, p. 161; — Klotzsch., in Monatsb., p. 598. 

A. mauritiana Pers., Enchirid., p. 257 (ex Duch.). 

A. abyssinica Klotzsch, Monatsb , p. 598. 

A. Kotschyi Hochst., exsicc. (ex Duch.). 

A. Maurorum Klotzsch, Monatsb, p. 598. 

A. crenata Ehrenb. msc. in herb. Berlin (ex Duch.). 


Noms vulgaires : Kiramar, — Keramar, — Kidamara, — 
Gandatée (Hindou). — Addutanapalay, — Addatinapalay, — 
Adatinapalé (Tamoul). — Gadide-goudda-pourra, — Gadide 


— 208 — 
gada-para-aku, — Cadapara, — Gardi, — Garapa (Telling.). 
— Katrabungha (sanscrit)‘. 

Cette espèce intéressante est fort répandue d’abord dans 
l'Inde, où elle est vendue souvent dans les bazars, et aussi 
vers l’ouest, en Perse, en Arabie, en Afrique orientale et cen- 
irale, aux Mascareignes. On l’a trouvée aussi aux Sandwich. 
Elle vient tout particulièrement bien dans le sol noir des 
Indes, sur la côte de Coromandel, où elle est commune dans 
les terrains .cultivés, et où Künig l’aurait indiquée pour la 
première fois dans les environs de Madras. 

La plante est ligneuse à la base, herbacée vers le haut. La 
racine, qui est assez longue et verticale, n’est pas employée 
isolément. C’est la plante entière, ou la tige feuillée portant 
ses fruits, qui constitue la drogue décrite à la p. 120. 

On vend cette drogue comme l'A. Indica dans les bazars de 
l'Inde. L’approvisionnement se fait par des bateaux côtiers 
qui, après la saison des pluies, viennent de Guzerate et de 
Kattyavar (Dymock). 

Les usages médicaux auxquels on emploie la plante sont 
variés. Aux propriétés emménagogues si générales chez les 
Aristoloches, l’A. bracteata en joint, paraît-il, quelques autres 
plus importantes. 


1° Purgatives. — Les feuilles fraiches sont surtout em- 
ployées. L'action purgative serait assez forte, puisque deux 
ou trois feuilles suffiraient à purger un adulte. Plusieurs 
auteurs rapportent même sérieusement que, pour purger les 
enfants, il suffit de leur appliquer la feuille contusée fraîche 
sur l’ombilic !! — Sans ajouter à ces dires plus de foi qu'il ne 
convient, on notera ces propriétés purgatives qui ne sont point 
communes dans le groupe des Aristoloches. 


‘ Ainslie, Mal. indica.— Dymock, Mal, med, ind. — Khory, Bombay mat. 
med., etc, 


D 2. 


— 209 — 

2° Anthelminthiques.— On donne la plante contre les vers 
sous forme d’infusion de feuilles sèches. Les feuilles fraiches, 
broyées et mêlées à de l'huile de ricin, guérissent la gale, 
si lon en croit tous les auteurs. Je suppose que c’est en 
applications externes que le médicament est employé. En 
tout cas, l'A. bracteata semble être un bon parasiticide, car 
les naturels emploient pour détruire la vermine, soit le suc de 
la plante, soit la poudre. 


3° Alexitères. — Réputation très générale dans tous les 
pays où vient la plante. 


4° Antipériodiques.— Cette dernière propriété est au moins 
douteuse. Dymock rapporte, d’après Dalzell et Gibson, que les 
docteurs indigènes de Bombay font une pâte avec le suc de 
cette plante et les graines de Barringtonia acutangula, de 
Celastrus paniculatus et de poivre noir, et frottent le corps 
des malades avec cette pâte pour les guérir des fièvres inter- 
mittentes. 

En somme, c'est un emménagogue et un purgatif. 


A. Indica L., Sp. plant., éd. I, p. 360 (absque syn. var.f) 
(ex Duch.) et éd. II, 2, p. 1362; — Willd., Spec. pl., IV; 
pars 1,p. 157, — Roxb., FL, ind., p.622; — Klotzsch, Monatsb. 
p.095; — Duch., Prodr., XV, p. 479. 

A. Clematitis indica flore albicante, fructu majore. — 
Careloe vegon Rheede, Hort. Malab., VIIT, p. 49.— Careli- 
vagon, id., ibid., tab. 25. 

Radix puloronica ? Rumphius, Herb.amboin ,t.V, pars. 11, 
p. 476, tab. 177. 

Duchartre en admet deux variétés : 


B oxypHyLLa. — C'est l'A. pandurata Wallich, msc. in 
Herb. soc. Ind. or, (ex Duch.), nec Jacq. 


— 210 — 


y. LANCEOLATA, qui est l’A. lanceolata Wight, Icon. plant. 
Indiæ orient., vol. V,p. 17, tab. 1858; — Klotzsch, Monatsb., 
p. 597; 

A. Maysorensis Fisch, Msc. in Herb. de St-Petersb. (ex 
Duch.). 

Noms vulgaires : Ils abondent comme les dialectes des 
pays où la plante estusitée. — Isharmul', — Isarmel, — Isha- 
ramoula, — [sarmul-jorabel (Hind. et Beng.). — Is-chura- 
muli.— Ichura-muliver, — Perumarundoo,— Peroum-Aroun- 
dou, etc. (Tamoul) — Ishvara-vern, — Doolagovila, etc. 
(Tel.). — Sacasander, — Satsonda (Cing). — Sapsan, — 
Sapsun, — Supasona, — Sapasana (Bombay). — Accar-pulo- 
ron (d'après Rumphius), — Akarmulia, — [shwari, — Su- 
nanda (Sanscr.). — Wallas (Jav.). — Cay-Khoaiïi-ca (Coch., 
Chin.) — Akar-poe-loeron (Malais).— Zarawand-i-Hindi (Mu- 
sulmans). 


Les docteurs tamouls l’appellent parfois Talashroolivayr. 
Je l’ai trouvée étiquetée Saakanda-mul Perum Kighangu et 
Kijangu. 

Les Portugais établis dans l'Inde l’appelèrent, à cause &e 
sa réputation contre les morsures des serpents : Raiz de 
Cobra.— Timbangan aux Philippines. 

L'espèce, dont plusieurs caractères sont variables, doit être 
largement comprise; comme le fait d’ailleurs Duchartre. Du 
reste, Wight, tout en disant que son lanceolata est une espèce 
distincte, reconnaît qu’elle est fort voisine de l’Indica. La- 
mark pense que l’Indica de Linné pourrait bien être une 
autre plante, mais la forme des feuilles sur laquelle il se base 
n’est pas un caractère suffisant, car il est ici trop variable. 

Rumphius pense que le Carelù-vagon de van Rheede est 
intermédiaire entre son propre Radix puloronica et son Pe- 


‘ Voyez pour ces noms Ainslie, Dymock, Khory, etc., loc. cit. 


— 211 — 
ponaster, dont il se rapprocherait même davantage par les 
fruits et les feuilles. La figure de van Rheede représente des 
fruits et des fleurs dont la forme et la grosseur rappellent 
beaucoup l'A. Clematitis de nos pays. Quant au Radix pulo- 
ronica représenté par Rumphius, il est probable, mais non 
certain qu'elle se rapporte à l'Indica. Les tiges y sont extrè- 
mement volubiles. Les fruits etles feuilles sont très petits, etc. 


DESCRIPTION. — Plante grimpante ou rampante. Racines 
ligneuses, grosses comme le doigt et longues de plusieurs 
pieds, contenant beaucoup d'amidon. Écorce jaune grisâtre. 
Goût très amer, nauséeux. Tige longue, ligneuse en bas, ra- 
meuse, sillonnée, assez mince d'ordinaire, glabre. Rien n’est 
variable comme la forme des feuilles, et l'on ne saurait trop 
insister sur ce point déjà développé, page 118. Tous les pas- 
sages entre les extrèmes. 

Les fleurs axillaires, en groupes de ? ou 3, ont la forme de 
celles de nos Aristoloches françaises. Elles se terminent par 
une languette violet rouge, pourprée. Le tube est étroit, le 
limbe ligulé entier. Ces fleurs sont petites. 

Les étamines et le gynécée n’ont rien de spécial. 

Le fruit est une capsule septicide s’ouvrant de bas en haut, 
vaguement hexagonale, avec un grand nombre de graines apla- 
tes, ailées. Long pédoncule. 


L'Indica semble être très répandue dans la région asiati- 
que chaude, dans lInde surtout. On la dit très abondante sur 
quelques points humides, plus rare sur d’autres. Elle abonde 
à Goa, à Ceylan, etc. Le Muséum en possède des échantil- 
lons venant d'Arabie, de Timor, etc. L'espèce est indiquée 
par M. le baron F. von Mueller'‘ en Australie. Blanco* la 
signale aux Philippines, etc., etc. 


 F. von Mueller, Second systemat. census of Australian plants, p.83, 
? Blanco, Flora de Filippinas, p. 282. 


Elle grimpe et s’enroule dans les haies, les buissons et sur 
tout ce qu’elle rencontre. Elle aime les endroits chauds et 
fleurit dans la saison des pluies. 


Dans l'Inde, où la plante est fort usitée, on la vend dans les 
bazars et boutiques d’herboristes, tantôt sous forme de frag- 
ments séparés, tantôt en petits paquets réguliers, contenant 
des tiges et des racines, les premières, d’après Dymock, en 
proportion plus forte. Souvent aussi c’est toute la plante, tige 
et racine, qui est vendue non fragmentée. 


Rumphius raconte que les habitants de Banda avaient cou- 
tume d’en recueillir à Pulorona (radix puloronica) et d’en 
faire des couronnes qu'ils faisaient sécher chez eux et dont ils 
se servaient plus tard. Il ajoute que les racines sont toujours 
plus actives, et que les couronnes gardées en lieu clos conser- 
vent leurs propriétés plusieurs années. 

Je ne reviens pas sur la description de la drogue déjà faite 
dans la deuxième partie de ce travail (voy. p. 117). 


PROPRIÉTES. — C'est une des espèces importantes à con- 
naître, car elle est, dit-on, d’un emploi courant dans l'Inde. 
C’est, avec l'A. bracteata, la seule intéressante de cette région, 
à notre point de vue spécial bien entendu. Elle se trouve, 
d'après Dymock, dans la liste secondaire de la pharmacopée 
de l'Inde. Voici quelles en sont les principales applications : 

On l’emploie d’abord contre les morsures de serpents. 

Il est remarquable (et bien que la chose ait déjà été notée 
plus haut, on me permettra d’y insister), que dans les pays les 
plus éloignés et les plus différents de population et de langue, 
la même réputation d’alexitère soit faite par les indigènes aux 
plantes d’un même groupe. L’Indica, presque aux antipodes 
de l'A. Serpentaria, est administrée comme elle dans les cas 
de morsures venimeuses. Le nom même de la plante dans 
certains dialectes indique la confiance que l’on a dans ses 


— 213 — 
vertus. Sapasana par exemple vient' de Sapa, serpent, et 
Sana ou Suna, insensible. 

Dans un article qui date d’une dizaine d'années, M. Mod- 
len * dit avoir reçu de M. J. Lowther, d’Allahabad, des ren- 
seignements très intéressants sur l'action de ceite plante. 
D’après lui, le malade. peut revenir de fort loin, sans qu'il lui 
reste trace de son accident. 

C’est aussi ce que dit lauteur d’un autre article plus 
ancien *, qui cite des cas de guérison après que le malade 
semblait presque mort : cet auteur parle de 30 guérisons et 
dit que les Indiens se servent de la racine séchée. Rheede 
conseille la décoction de la plante entière ou bien la racine 
contusée dans l’eau. M. Lowther einployait sur la blessure 
des feuilles réduites en pulpe et portait toujours avec lui pilon 
et mortier pour ne pas perdre de temps. A l'intérieur, 1l don- 
nait trois feuilles moyennes broyées dans une once d’eau. 
L'eau est nécessaire comme véhicule, car les malades ont les 
mâchoires serrées et sont tout à fait insensibles. Il paraît aussi 
que ces feuilles aromatiques, piquantes et amères, semblent 
douces au patient (?) Les expériences faites sur le chien par 
la même observateur ont donné des résultats tout différents. 

Il faut ici encore se garder de toute exagération et réduire 
fortement l'enthousiasme de bien des observateurs. Il est cer- 
tain que le nombre annuel des victimes du terrible Cobra 
montre trop éloquemment que ce remède, employé dans toute 
l'Inde, n’est pas comme on l’a dit infaillible. Mais c’est un toni- 
que-stimulant, actif, bon adjuvant des caustiques et pouvant 
même seul avoir d'excellents effets en permettant à l’orga- 
nisme de mieux résister au poison. : 

La plante entière est amère : on la donne souvent dans les 


! Khory, Loc. cil. 
? Pharmaceutical Journal, 9 novembre 1880, p. 411. 
? Australasian, 4 juillet 1868. 
14 


>« "ir V4 
s CAT 
/ *. A 
FU, "1 


— 214 — 

fièvres intermittentes, et dans les troubles digestifs, l’inap- 
pétence, les dyspepsies, les coliques, les indigestions, et tout. 
spécialement dans les accidents intestinaux des enfants (indi- 
gestions où phénomènes de dentition) en cataplasme sur l’ab- 
domen (Dymock). La dose est d'ordinaire une once ou une 
once et demie. Rumphius indique de prendre en décoction un 
morceau de la longueur du doigt. 

Elle est aussi nauséeuse et vomitive et usitée comme telle 
dans les cas de croup. On donne le suc des feuilles fraîches. 

Elle est, dit-on, emménagogue comme les autres Aristolo- 
ches. Comme beaucoup d’autres aussi, elle est fort employée 
comme antiarthritique et antigoutteuse (lotions, etc.). 

Ses propriétés toniques et stimulantes sont utilisées fré- 
quemment. À Ceylan, on fait une infusion de la plante dans 
l’eau-de-vie et on l’ordonne comme carminative et sitoma- 
chique *. 

On l’emploie encore, d’après divers auteurs, dans l’hydro- 
pisie, les douleurs de tête, la dysurie. Rheede dit que la pou- 
dre associée au poivre et à l’eau chaude, arrête les hémor- 
rhagies. 

Enfin Rumphius *, en parlant de son Peponaster (qui est 
une Aristoloche non déterminée, mais voisine de l’Indica), dit ? 
que les indigènes l’emploient contre la formication, prurit 
général sur tout le corps qu’ils attribuent à des sortilèges. Ils 
emploient les feuilles broyées dont ils se frottént le corps et 
ingèrent aussi un peu de suc. 

En somme, l'A. Indica ne diffère pas beaucoup des autres 
espèces par les propriétés qui lui sont attribuées. 

Les musulmans en font un succédané de l'A. longa. 


1 Thunberg, Voy., IV, 312 (ex Merat et de Lens). 
? Rumphius, Herbar. amboin, p. 475. 


EE or 

A. acuminata Lämk., Encycl. I p. 254, — Willd., Spec. 
IV, pars I, p. 157; —Duch., Prodr., XV, 1e partie, p. 479. 

A. anguicida Sieber (non Linné) (ex Duch). 

Aroij-bapa-Keboh', Java. 

Habite aussi les Mascareignes et Madagascar. 

Peu d'importance. Le nom d’anguicida, qui lui a été 
donné à tort, indique qu'on a,dû l'employer comme antidote, 
mais Je n'ai sur elle aucun renseignement. 


A. Tagala Cham., in Linnæa, 1832, p. 207, t. 5, f. 3 (ex 
Duch.); — Klotzsch, Monatsb., 1859, p. 597; — Duchartre, 
Prodr., XV, p. 481. 

A. Eschscholtzii Ledeb. Msc. (ex Duch.). 

A. subsagittata? Blanco, FL. de Filipp., p. 283. 

C’est à cause de l’assimilation que Duchartre en fait (avec 
doute) avec la plante de Blanco que je cite cette espèce. 
Blanco, en effet, donne son A. subsagitlata comme médici- 
nal aux Philippines. I y est connu sous les noms de Malaubi, 
Timbangan, Taointaoin. 


Les Indiens apprécient beaucoup sa racine qui se vend 
contre les indispositions de l’estomas, les coliques venteuses 
et les indigestions. 

D’après le P. Clain, elle serait vomitive. 

La tige en est volubile, striée, les feuilles cordées, acumi- 
nées, subsagittées. — Luçon. 

A. Pistolochia L., Spec. pl., éd. I, 2, p. 962; éd. II, 2, 
p. 1364; — Willd., Spec., IV, pars I, p. 161; — Lamk., 
Eneuycl., J, p. 251; — Gren. Godr., FI. fr., 3, p. 12; — Rei- 
chenb., Ic. flor. Germ., tab. 670, fig. 1341 (assez méd.); — 
Duel; Prodr., XV, p. 485. 


4 Filet, Planthk. Nederl Ind., p. 22. 


— 216 — 

Pistolochia Dodoens, Pempt., p. 323 ; — Clusius, Hisp., 
lib. II, 325, cum icone, p. 326. 

A. polyrhizon sive Pistolochia Plinii Lobel, Advers., p. 
265. 

A. Pistolochia dicta C. Bauhin, Pinax, p. 307; — Tourne- 
fort, Mnstit'}p.162: 

A. polyrhizos Jean Bauhin, Hist. plant., III, p. 561 ;— Mo- 
rison, Pl: Fist. cunivers, ps 10, MAD Te UMe 

A. fasciculata Lamarck, FI. fr., III, p. 387. 

A. tenuis des anciennes officines. 


Noms vulgaires : Petite Aristoloche. — Pistoloche crénelée. 
— À. menue. — A. fibreuse. — Faouterna. — Panterna. 


C’est la plus petite des espèces françaises. Elle naît d’un 
petit rhizome, court, gros comme une plume, qui porte un 
assez grand nombre de radicelles longues, assez épaisses, 
cylindriques, jaunâtres, en toufte. 

Elle diffère donc déjà par là de nos trois autres espèces. 

La tisce est rameuse, atteignant 30 cent., grêle ; la base 
dépourvue de feuilles, les rameaux striés, anguleux, souvent 
céniculés, étalés, dressés, portant des feuilles petites, cour- 
tement pétiolées, ovales-triangulaires, cordées à la base avec 
un sinus très largement ouvert, presque carré, et des lobes 
très écartés ; aiguës, obtuses ou échancrées au sommet, cré- 
nelées et crispées sur les bords, rendues rudes par des poils 
courts et raides, qui sont aussi sur les pétioles et les tiges. 
La face inférieure plus pâle porte des nervures proéminentes. 
Les fleurs sont axillaires, solitaires, dépassant les feuilles, à 
droites, à tube pâle, à limbe lancéolé brun foncé. Le fruit est 
petit, arrondi, pendant, s’ouvrant par la base. 

Les anciens auteurs distinguent deux Pistolochia, la pre- 
mière est celle dont il est ici question, la deuxième (Pistolo- 
chia altera, cretica, elc.), est l'A. sempervirens (voy. cette 
espèce). 


= ones 


L’A. Pistolochia habite la région littorale du nord de la Mé- 
diterranée, l'Italie, le sud de la France, l'Espagne, le Portu- 
gal, à peu près la région des oliviers. Elle remonte les val- 
lées des Alpes et des Pyrénées . 

Elle aime les endroits pierreux, les garigues et les champs 
d’oliviers, où elle a, depuis longtemps, été indiquée *. On la 
trouve aussi dans les vignes. 

On a vu que Pline avait, le premier, distingué cette espèce, 
tandis que la longue, la ronde et la Clémaltite, étaient déjà 
depuis longtemps connues et employées. Les usages de PA. 
Pistolochia ont été fort nombreux dans l’ancienne médecine, 
qui en employait les racines sous les noms de: Radix Poly- 
rhizæ seu Aistolochiæ et de Radix Aristolochiæ tenuis *, et 
lui attribuaient de merveilleuses vertus. Aujourd’hui, c’est 
cette espèce que l’on rencontre le moins dans les pharmacies 
et drogueries. Beaucoup d’officines sont encore munies des 
trois autres, bien qu’il s'en vende fort peu, mais le Pistolochia 
a disparu à peu près de partout. 

Ses propriétés emménagogues doivent être mises ici en 
première ligne, si l’on en croit les anciens, et le nom même, 
qui vient de motos et Joyix, indique la confiance qu’inspirait ce 
médicament pour ramener le flux menstruel. 

Lobel ‘ raconte qu’elle est en grand usage à Montpellier, 
car, associée avec la longue et employée en partie à l’intérieur 


1 Gren. Godr., Flore fr., II, p. 73. 

2? Lobel (Advers., 265) dit qu'on la trouve souvent dans les olivètes et les 
moissons sèches, vers Boutonnet et Castelnau (près de Montpellier), et aussi 
dans les prés humides où elle devient très belle. 

3 L’Aristoloche que Jean Bouhin nomma Aristolochia Polyrhizos, et Charles 
Bouhin Aristolochia Pistolochia dicia, est la plus petite..... Et c'est cette 
Aristoloche que nous vendons sous le nom d’Arisloloche tenuis, ou sous celui 
d'Aristoloche léger quoique mal à propos, puisque le mot latin éenuis ne signi- 
fie pas léger, mais menu ou délié. (Pomet, Hist. gén. des dr., p. 81.) 

* A dversaria, 265. 


— 218 — 
et en partieen pessaire, elle firent merveille pour expulser le 
fœtus dans des cas désespérés. 

Il ajoute que Rondelet avait remis en usage la racine de 
Pistolochia que Dioscoride avait omise et que « le commen- 
tateur »‘ ne connaissait point. Et cependant cette plante est, 
dit-il, préférable aux deux autres par son arome et son effica- 
cité. On voit d’après cela que cette espèce avait été un peu 
oubliée jusqu'à cette époque. 

Les propriétés toniques, excitantes, détersives, n'ont pas 
été moins vantées *. 

Elle participe en somme des propriétés des autres espèces 
françaises que l’on trouvera énumérées à propos des A. Cie- 
matitis, longa et rotunda. Spielmann la range sur la même 
ligne que la Clematitis. 

On recommandait de choisir la plante bien nourrie, touffue, 
récemment séchée, de couleur jaunâtre, d’odeur aromatique 
et de goût amer. 

L’A. Pistolochia entrait dans quelques préparations com- 
plexes (Eau générale, Orviétan, Baume Opodeldoch, etc.), 
mais c’est surtout pour la Thériaque céleste qu’elle avait 
grande réputation. Charas dit que l’on n’est point d'accord 
sur la meilleure Aristoloche à employer, mais qu'on fera bien 


1 Matthiole évidemment, que Lobel ne néglige aucune occasion de prendre en 
faute. Jean Bauhin, lui aussi, relève vertement les confusions de Matthiole: 
« Matthioli argumenta quædam sunt valde imbecillia », dit-il (IT, p. 558) entre 
autres aménités. 

2 La racine de Pistolochia, bue avec de l'eau, est estimée très utile aux con- 
vulsions, contusions et chutes de haut en bas. Elle aide pareillement par sa 
semence aux pleurétiques et échauffe les nerfs appliquée avec résine. Elle ronge 
et consume les ulcères pourris : elle nettoie ceux qui jettent ordure et en tire 
les vers s'il y en a. Elle dégate les clous et duretés des ulcères. Bref, elle 
tire toutes choses fichées au corps et nommément les traits ou flèches et esquil- 
les d'os rompus. Elle remplit les creux et concavités des ulcères, seule avec 
poudre de flambe appliquée. Elle referme les plaies nouvelles, préparée et ap- 
pliquée avec vinaigre. (L. Fuchs, Hist. pl., p. 68-70.) 


ge : 


— 219 — 
de se servir de la petite, ou ténue, puisque c'est celle qu’indi- 
que Andromachus !. Mais la dose qui entre dans la Thériaque 
est trop faible pour que la substitution d’une espèce à l’autre 
ait grande importancé *?. 


A, longa L., Spec. pl., éd. I, vol. 2, p. 961 ; éd. II, vol. 2, 
p. 1364, — Willd., Spec., IV, pars 1, p. 159 ; — Clus., Hisp., 
319 et 320 ; — Lob., Adversar., p. 264; — J. Bauhin, Hist. 
plant, t. III, p. 560; — Lamk., Encycl., I, p. 258 ; — Nees 
d'Es., Gen., FL Germ., tab. 146 ; — Plenck, Icon. plant. 
med., tab. 649 (icon. med.), — Reichenb., Icon. Flor. 
Germ., tab. 672, fig. 1344; — Duch., Prodr., XV, p. 466. ; 
— Boiss., Flor. or., IV, p. 1078. 

À. longa vera C. Bauhin, Pinax, p. 307; — Moris., PL. his- 
D 509, tab. 17, f. 3;-— Tournef., Instit., I, p. 162. 

À. longa altera Clus., Hisp., p. 321; — J. Bauhin, Hist. 
D DIE p. 560. 

A. longa hispanica C. Bauhin, Pinax, p. 307. 

Ces deux derniers noms correspondent à la variété B ABBRE- 
VIATA admise par Duchartre. 


Noms vulvaires: Aristoloche mâle des anciens. — Aristolo- 


1 C’est aussi l'opinion de Pomet: « Toutes les espèces se trouvent dans les 
prés et les vignes de Provence et du Languedoc, excepté l'Aristoloche tenuis 
qui aime les bois, les olivètes, et les colines sèches et pierreuses des mêmes 
païs, aussi est-elle plus aromatique et plus forte. Messieurs Rondelet et 
Charas ont raison de préférer l'Aristoloche tenuis à la Clématite pour la Thé- 
riaque. » (Pomet, Hist. gén. des dr.) 

2 Les auteurs en marquent deux espèces, le Clématite ou Sarracénique et 
une autre qu'on appelle Pistolochia, « ayant plusieurs racines déliées jointes 
«ensemble en forme d’une barbe. Cette Clématite est assez contestée, et bien 
qu’elle puisse passer pour ténue étant comparée à la longue et à la ronde, il 
est néanmoins fort aisé de recueillir des auteurs qu'elle est bien plus propre 
pour les onguents que pour les compositions destinées pour la bouche.» (Charas, 
Thériaque d'Androm., p. 224 ) 


— 220 — 
che longue.— Sarrasine longue. — Ratelou. — Faouterna. — 
Toujours beaucoup plus rare que le Clematitis, elle est moins 


connue des paysans et n’a pas reçu une aussi longue liste de « 


noms vuleaires. —Aristoloquia larga (esp.) —Long Birthwort 
(angl.). — Lange Osterluzei (allem.). — ‘Zarawand-i-tawil, — 
Zerawende Thewile, — Zeraouand-et-Thouïl, (Pers.). — Les 
noms arabes sont nombreux : Ibn-el-Beïthar et Abd-er-Rezzag 


en donnent toute une série: Bou-rouchtoum. — Masenqoura. 


—Quittsa’l-haiya (concombre de serpent) etc., etc. — D'après 
Aïnslie, on le nomme au Japon, Koma-no-susu. 

L’A. longa est une des espèces dont on à fait autrefois le 
plus d'usage. Aussi la voyons-nous mentionnée dès l’anti- 
quité, et distinguée par Dioscoride en même temps que la 
ronde et la Clématite. La question de savoir si nos espèces 
sont bien celles des anciens auteurs a été le sujet de contro- 
verses et de discussions. Fuchs, en particulier, disserte lon- 
guement sur ce point. Il conclut que lAristoloche longue pré- 
sente avec celle de Dioscoride bien des différences, mais 
qu'elles peuvent être dûes aux conditions de culture et de 
milieu. Quant à l’Aristoloche d'Hippocrate, il est difficile 
de savoir quelle espèce c'était. Sprengel, ainsi qu’on l’a vu, 
pense que c'était l’A. Cretica. 

Les tiges de l’A.longa partent d'un tubercule allongé dont 
la description a été faite et sur lequel je n'ai pas à revenir 
ici (voy. p. 125). Ce tubercule est la partie la plus importante 
de la plante, celle dont on à fait et dont on fait encore usage 
dans quelques pays. Il donne naissance à sa partie supérieure 


à des tiges dressées, mais grêles et flexueuses, ramifées, 


anguleuses, pubescentes. Elles atteisnent 40 à 50 centim. 

Feuilles alternes, cordiformes, à sommet obtus ou même 
échancré, à sinus obtus, Elles ont un pétiole, caractère dis- 
tinctif, important, le rotunda ayant les feuilles presque ses- 
siles. 


Fleurs axillaires, solitaires, à tube verdâtre, à limbe brun 
pourpre, assez court, aigu. La base est renflée en utricule. 
Elles sont relativement grandes. 

Le fruit est une capsule qui s'ouvre parle sommet, fait 
exceptionnel chez les Aristoloches, mais de peu d'importance, 
puisque l’A. rotunda, dont l’affinité étroite avec le longa ne 
peut être discutée, a une capsule dont la déhiscence se fait 
comme d'ordinaire de bas en haut. 

L’odeur de la plante froissée est désagréable et caractéris- 
tique. 

L’A. longa est une espèce dont la délimitation n’est pas 
très nette. Bien des botanistes considèrent, comme de sim- 
ples variétés, quelques plantes dont d’autres font de bonnes 
espèces (A. Fontanesii, etc.). Mais même dans le longa isolé 
on a essayé de faire des divisions : déjà Maranta avait dis- 
tingué deux sortes de longue, ce qui s'explique, dit J. Bauhin, 
par la nature du terrain. Lémery, qui distingue aussi deux 
A. longa, ajoute qu'elles diffèrent peu. Duchartre fait une 
variété basée surtout sur la longueur du tubercule, et qui 
répond à la division de Clusius, J. Bauhin, etc. Cette variété 
ne paraît pas différer sensiblement du type, comme le dit 
d'ailleurs Duchartre lui-même. 

Cette espèce est essentiellement méditerranéenne. Elle 
nest pas en général très commune, mais est dispersée sur 
une aire considérable, au nord et au sud de la Méditerranée. 
Elle existe en Corse, en Italie, en Espagne, en Portugal, en 
Algérie, aux Baléares, à Madère, aux Canaries, etc. On la 
trouve aussi dans l’Asie occidentale, que l’on doit d’ailleurs 
considérer comme une région méditerranéenne. Dans le midi 
_ de la France, on la rencontre surtout en Languedoc et en 
Provence. Elle remonte jusque dans les Deux-Sèvres‘. Elle 


1 Grenier et Godron, Flore de France, III, 73. 


-- 222 — 


n'est pas citée dans la flore du Gard de Pouzolz, chose assez 
étonnante, car ce département en fournit abondamment les 
drogueries'. Dans l'Hérault, elle est assez répandue sans être 
commune nulle part (Saint-Martin-de-Londres, Villeneuve”, 
Saint Aunès, etc., etc.) Bien que dans nos environs immédiats 
ce soit l'espèce la moins commune, c’est pourtant de Mont- 
pellier qu'on la faisait venir autrefois *. 
Elle habite les vignes, les haies, les prés, etc. 


PROPRIETES. — Bien qu'on lui ait souvent préféré la ronde, 


l’'Aristoloche longue à eu grande réputation pendant des 
siècles, bien plus que les A. Clematitis et Pistolochia. 

C’est un stimulant, comme les Aristoloches en général. 
Ceux-là même qui lui refusent toute autre vertu lui accordent 
celle-là *. On ne l’emploie guère plus pour la pratique médi- 
cale ordinaire, dans nos pays. Mais on s’en sert encore en 
Orient, et même, bien que rarement, dans des régions fort 


éloignées où nous expédions la drogue *. Comme tonique et 


stimulant, on le donne en infusion de 25 à 40 gr. par litre, en 
poudre à la dose de 8 gr. 
Les propriétés emménagogues admises depuis Dioscoride * 


1 On la récolte beaucoup aux environs de Meynes et de Lussan: c'est de 
Nimes qu'on envoie ensuite à Paris les gros échantillons décrits dans la 
seconde partie. 

2? Lobel (Advers., p. 265) la signale déjà en abondance près des ruines de 
l'Ermitage (probablement Saint-Bauzille, sur la Gardiole), sur la route qui con- 
duit à Frontignan, et près de Villeneuve où elle est mêlée à la ronde. 

Clusius rappelle qu'elle vient dans l'ile placée au milieu des étangs où est 
Maguelone, et autour de Villeneuve (Jean Bauhin). 

3 Gessner raconte que la longue provenait des montagnes de Montpellier et 
était vendue à Lyon (Jean Bauhin). 

* Albert, Thérap. et mat. med., II, p. 68. 

5 Nuova farmacopea mexicana de la Sociedad farmaceutica de Mexico, 
articles A. larga et A, redonda.— Voyez aussi Dymock, London pharma- 
ceutical Journal, 1879, é 

6 Provoque les flueurs des femnmes. Chasse le fruit de l’arrière-faix (bue avec 
myrrhe et poivre et aussi en pessaire). (Léonart Fuchs, Hist, pl., p. 68-70.) 


\ cu CHÉSEESS 


= 


sont exaltées par les uns et complètement niées par d’autres, 


et peut-être d'une façon trop absolue. D’autres, enfin, disent 


, 


- qu'elle cause les plus graves accidents, même dans la goutte’, 


ce qui prouve du moins qu’elle est loin d’être indifférente et 
qu’on fera bien d’en user prudemment. 

Comme alexitère, sa réputation n'est pas moins an- 
cienne. Dioscoride la recommandait déjà contre les serpents 
et les poisons *. 

Dans la goutte, l’Aristoloche a été fréquemment employée 
seule ou associée à la ronde, et a pu être assez souvent subs- 
tituée à celle-ci ; mais c’est surtout l’Aristoloche ronde dont 
la réputation, comme anti-coutteuse, a été longtemps univer- 
selle. Galien se servait déjà des Aristoloches dans la goutte ; 
actuellement l'usage en est complètement abandonné. 

Comme détersif l'A. longa a été souvent recommandé, spé- 
cialement dans les ulcères sordides. Simon Pauli se servait, 
pour les uicères des jambes, de la décoction de poudre faite 
dans de l’eau de Véronique *. 

Masserdjouih usait de l’Aristoloche longue triturée avec du 
miel et étendue sur les ulcères mous et anciens pour en dé- 
terminer la guérison *. Nos paysans s’en servent encore pour 
cet usage. 

Elle est aussi purgative, ainsi que l'avaient déjà remarqué 


! « On a cessé aujourd’hui de croire que l'Aristoloche a une action sur le 
cours des lochies. On a tout dit quand on a énoncé que l’Aristoloche jouit d'une 
vertu stimulante assez énergique. La réputation de cette plante pour la goutte 
n'est pas mieux fondée. » (Alibert, loc. cit.) 

? Cadogan, d’après Mérat et de Lens, Dict. — I] s'agit ici des deux espèces 
également. 

3 « Bue en vin le poids d'un drachme et appliquée est bonne contre les ser- 


- pents et les poisons. » (Fuchs, Zoc. cit.) 


4 Chomel, Hist. abr. des pl. usuelles, p. 231. 

% 11 ajoute : « Elle nettoie les dents et les gencives de leur humidité. Pétrie 
avec du miel et appliquée sur la rate, elle lui est très salutaire. Il en est de 
même si on l'administre avec de l'oxymel. (D'après lbn-el-Beïthar, loc. cit.) 


— 224 — 


les Arabes. Avicenne, entre autres, la donnait à la dose d'un 
drachme 1/2 (environ 5 gr.) D’autres l'unissaient au vin 
miellé et comparaient son action à celle de la coloquinte ‘. 

Comme diurétique, Gilibert la vantait encore beaucoup à la 
fin du siècle dernier. 

Je ne puis énumérer ici toutes les maladies où les médecins 
anciens employaient l’Aristoloche longue : tumeurs hémor- 
rhoïdaires, convulsions (Masserdjouih), vapeurs, obstructions 
du foie (Badigorius), épilepsie, blessures et contusions, chlo: 
rose, fièvres intermittentes, asthme, vers intestinaux, ete. 

On recommande de choisir les Aristoloches grosses, bien 
nourries, pesantes, récemment séchées. On a vu, en effet, que 
l'aspect extérieur et intérieur pouvaient varier un peu, et que 
certains tubercules se ridaient en dehors et devenaient jau- 
nes au dedans. Les règles sur ce point ont déjà été données 
par Pomet : « A l'égard du choix des Aristoloches, dit-il, 
elles doivent être sèches et bien nourries, principalement la 
longue et la ronde, en ce qu’il s'en trouve qui est aride, ridée 
et sèche, qu'il n'y a que la peau. Au lieu que la belle Aristo- 
loche doit être pesante, jaune en dedans, grise par-dessus et 
unie... » Ces différences tiennent au degré de maturité. 

Les anciens croyaient fort à l'influence de la lune sur beau- 
coup de plantes : Sylvius dit que la longue et la ronde doivent 
être cueillies dans la pleine lune : elles sont plus pleines, 
moins jaunes en se séchant. Cueillies en un autre moment, 
elles perdent par l’évaporation et la dessiccation. 

Les tubercules les plus sains sont évidemment ceux dont 
l'extérieur est lisse et l’intérieur blanc farineux. 


Actuellement, les Aristoloches ne sont pas aussi abandon- 


nées qu'on le dit souvent : un herboriste bien connu de Nimes 
m'écrit que les Aristoloches sont en ce moment plus employées 


‘ Jbn-el-Beïthar, Loc. cit. 


vs "$, CS 


et re te 


— 225 — 


que jamais, surtout pour la médecine vétérinaire ; que l’Aristo- 


* loche longue est payée 55 fr. les 100 kilos par le commerce, qui 
la revend 100 francs; l'Aristoloche ronde, achetée 90 francs, 


estrevendue de 125 à 150 francs. Sur divers points, d’ailleurs, 
l’Aristoloche longue est restée dans la médecine populaire. 
A Andabre, ainsi que nous la dit un habitant du pays, les 
paysans en boivent la décoction pour se guérir du « mal de 
côté. » 

D'autre part, à Saint-Martin-de-Londres, près du Pic Saint- 
Loup, la plante est abondante, et les habitants ramassent les 
tubercules pour les vendre. Enfin, j'ai trouvé cette Aristoloche 
dans à peu près toutes les pharmacies et drogueries où je me 
suis adressé. Partout, ilest vrai, on m'a dit qu’on en vendait 
très peu, ou pas du tout, mais la drogue n’a pas disparu encore 
des officines. 

Les formes pharmaceutiques les plus ordinaires sont la 
poudre, linfusion, la décoction, l'extrait qui ressemble un peu 
à l'aloès, la macération dans le vin, etc., etc. 

En outre de son usage direct, l’Aristoloche longue entrait 
dans une foule de médicaments composés plus ou moins com- 
plexes : Emplâtre Manus-Dei, Eau générale ‘, Aurea Alexan- 
drina, Hiera-losodii, Trochisques de lacea de Mesué?, etc., 
etc. En même temps que la ronde, elle entrait dans la Poudre 
de l’Électuaire de Justin, l'Emplâtre pour les descentes de 
Nicolas Præpositus, l'Emplâtre styptique de Crollius, etc., 
etc. On les réunissait toutes deux avec l’A. Clematitis pour 
quelques autres médicaments du même ordre, tels que l'Em- 
plâtre Diabotanum de Blondel, etc., tout autant de préparations 


qui n’ont qu'un intérêt historique et dont la complexité de 


formule nous fait aujourd’hui sourire. 


1 Mérat et de Lens, Dict. 
? Chomel, Hist. abx. des plant. usuelles, p. 232, 


22 906% 
À. Fontanesii Boiss. et Reut., Pugillus plant. novar., p. 
108; — Duch., Prodrom., XV, p. 486. 
A. longa Desfont., Flor. atlant., 2, p. 395 (nec L.). 
A. rotunda Bové, Herb. de Maurit. (ex Duch.). 


C’est une plante essentiellement algérienne, habitant les 
environs mêmes d'Alger (Saint-Eugène, la pointe Pescade), 
Mostaganem, la petite Kabylie, etc. 

L'espèce est évidemment très voisine du longa, et Du- 
chartre ne l’admet qu'avec hésitation et sur la foi deBoissier. 
La fleur est cependant bien plus grande que celle du longa. 
Cette fleur, de couleur jaunâtre, marquée de lignes longitudi- 
nales brunes, est droite avec un utricule à la base et une lan- 
guette au sommet. Les tiges partent plusieurs ensemble d’un 
tubercule renflé long dont la description a été faite(voy. page 
28) ; elles portent des feuilles qui atteignent la taille de celles 
du Clematitis. Je n’ai pu savoir si la plante était em- 
plioyée des Arabes. Mais les propriétés, si l’on en juge par 
l'odeur et le goût, doivent se rapprocher singulièrement de 
celles des longa et rotunda et je renvoie à ces espèces. 


A.pallida Willd., Spec. plant., 4, pars I, p. 162; — Duch., 
Prodr., XV, p. 487; — Boiss., Flor. or., IV, p. 1078. 

A. rotunda altera, Clus., Hisp., p. 319. 

A. rotunda $. Linné, Spec. pl., éd. IT, t. 2, p. 1364. 

A. rotunda flore ex albo purpurascente C. Bauhin, Pi- 
nax, p. 307. 

A. lutea, Desf., Ann. Mus. 10, p. 295, t. 19. 


Pour bien des botanistes encore cette espèce n’est qu’une 
forme del’ A.rotunda, mais elle semble pourtant bien distincte 
et, malgré la forme du tubercule, Boissier la considère comme 
plus voisine du longa que du rotunda. Les tubercules sont 
petits, arrondis, munis d’un bouquet de raciñes assez longues. 


— 227 — 

Les feuilles sont différentes par la forme et la nervation de 
celles du rotunda. Elles sont en effet nettement pétiolées, 
largement cordées en bas, à lobes arrondis et écartés, ce qui 
donne à la feuille une forme plus élargie d'en bas. La base 
même se prolonge en coin sur le pétiole. Le sommet est un 
peu échancré. Fleurs longues, à utricule ovoide, de couleur 
claire, plus foncée à l'extrémité du labelle, marquées de stries 
longitudinales brunes, rappelant en petit celles de l'A. Fonta- 
nest. 

La plante habite surtout l'Italie, le Suisse méridionale, la 
Sardaigne, la Grèce, l'Orient, laDalmatie. En France, on ne la 
signale qu’à Nice. L'un des exemplaires de l’herbier de lInsti- 
tut botanique de Montpellier, vient du Tyrol méridional 

Je n'ai rien de spécial à dire sur les propriétés de cette 
plante qui doivent être celles de l’A. rotunda ; on a dû souvent 
confondre pour l'usage médical les tubercules des deux es- 
pèces, là où elles sont spontanées l’une et l’autre. 


D otnnda L;.,: Spec. pl., éd.1,7, p. 962: éd. IL, 2, p. 
1364; — Willd. Sp., IV, pars I, p. 162; — Jean Bauhin, Hist. 
plant.,t. III, p. 559; — Lamk., Dict, t. I, p. 258; — Desfont., 
Flora. Atl. p., 385 ; —Nees d'Esenb., PL. offic., tab. 145, (le 
tuberc. y est bien représenté); — Reichenb., Icon. fl. germ., 
t. 1342, pl. 671 (médiocre, couleurs trop vives); — Plenk, 
Icon. pl. medic. t. 648 (médiocre); — Duchartre, Prodr., 
XV, pars [, p. 487; — Boiss., Flor. or., IV, p. 1077. 

A. prima Caesalpin (ex C. Bauhin). 

A. rotunda prima Clus., Hisp., p. 317. 

A. rotunda, flore ex purpura nigro C. Bauh., Pin., p. 307, 
— Tournef., Institut., p. 162; — Moris., PL. hist., p. 509, tab. 
10, His.-1. 

Duchartre admetune variété BG. grandiflora, qui habite l’AI- 
gérie. 


Noms vulgaires : Aristoloche femelle des anciens. — Aris- 
toloche ronde. — Sarrasine ronde. — Ratelou, — Faouterno, 
— Faouterno sarrasino,— Panterna (languedocien).— Round, 
Birthwort (angl.). — Runde Osterluzei (allem.). — Aristolo- 
quia redonda (Esp.). — Zarawand-i-Gird, — (Perse et Bom- 
bay); — Nukhud-i-Alvandi (Ispahan). — Mudahraig ‘ etc, 
etc”. 

L'histoire del’Aristoloche ronde ne se sépare guère de celle 
de la longue. Elles ont été distinguées en même temps (si 
celle des anciens sont bien les nôtres); malgré des différences 
d'opinion parfois bien subtiles elles ont la même action réelle ; 
on leur a attribué les mêmes vertus imaginaires ; elles ont été 
l’objet des mêmes enthousiasmes et des mêmes dédains. Il 
n’est point certain que notre A. rotunda, réponde à l’Aristoloche 
ronde des anciens ; Fuchs cherche à démontrer que celle de 
Dioscoride est diflérente et que la notre n'est point « la 
vraye et naïsve Aristolochie » ; mais Fuchs ne semble pas 
avoir tranché la question, car sa description n’est point d'une 
clarté parfaite. C’est ainsi par exemple qu'il attribue à notre 
espèce une «racine ronde semblable à un navet », etc., ele. 

Il faut ajouter, que nombre d'auteurs anciens décrivent et 
figurent le Corydalis cava comme une Aristoloche. Ainsi 
l’Aristoloche ronde, dessinée par Fuchs * et vendue de son 
temps dans les boutiques; l’A. fabacea radix capnos altera, 
etle Radix cava herbariorum sive Aristolochia flore pur- 
pureo de Sweerts * etc., sont des Corydals. 


! D’après Dymock. 

2? Jean Bauhin, Hist. p. 556, dit que les latins l'appellent aussi: Malum ter- 
ræ, et que les barbares lui donnent des noms très divers : la plupart de ces 
noms s'appliquent à plusieurs espèces, et en particulier à la longue : Adrarhisa 
pour l'épaisseur de la racine; Melocarpon pour les fruits ; Pixionos pour la 
couleur jaune intérieure ; Zonilis pour la couleur des fleurs, etc, etc, 

3 L'histoire des plantes réduite, en très bon ordre, Lyon, 1575, Chap. 31, 

# Florilegium, 1612, 1, tab. 7 


= 290 — 
Il existe d'ailleurs des plantes voisines dont les uns ont fait 


de véritables espèces, tandis que d’autres les considéraient 
comme des variétés: ainsi l'A. pallida Willd., etc. 


Notre A.rotunda du Midi de la France est une plante 
dont le tubercule souterrain, vivace; peut parfois devenir très 
volumineux. Ce tubercule à été décrit, page 134. Il est donc 
inutile d’en reparler ici, sinon pour rappeler que c'est lui 
qu'on employait pour l'usage médical. Il faut ajouter aussi que 
sur le frais 1l porte de petites racines qui manquent dans les 
échantillons de droguiers. 


La couleur intérieure sur le frais est blanc jaunâtre. 

Tiges ordinairement faibles, flexueuses, anguleuses, sou- 
vent quadrangulaires, hautes d'environ 30 à 50 centimètres. 
plus ou moins nombreuses sur le tubercule, souvent simples 
ou peu ramifiées. 

Quelques formes sont plus trapueset plus ramassées (Herb. 
Fac. de méd. de Montpellier). 


Les feuilles permettent de distinguer tout de suite cette es- 
pèce de la longue. Elles sont en effet presque sessiles, tandis 
que celles de la longue sont pétiolées. Elles sont ovales-cor- 
dées, creusées à la base d’un sinus assez profond et étroit, 
les auricules rapprochées autour de la tige ; le sommet est 
arrondi ou très légèrement échancré.. La nervation pédalée et 
réticulée, la face supérieure d’un beau vert, la face inférieure 
vert clair, à peu près glabre. 

Fleur axillaire, solitaire, à pédoncule court ; calice droit, 
renflé en utricule ovoïde verdâtre, au dessus d’un petit ovaire 
vert clair. Tube jaune verdâtre, avec des stries longitudina- 
les brunes; limbe allongé, ovale, aussi long que le tube légè- 
rement échancré au sommet, brun sur la face externe, brun 
vers le bas, vert olive en haut, sur la face interne, replié 


15 


SASÈUE 
d'ordinaire sur l’orifice du tube, avec seulement quelques 
poils sur le bord. 

Dans l’intérieur du tube où les stries brunes sont plus net- 
tes, on voit des poils blancs dirigés vers le bas, et retenant 
quelques insectes qui, dans les fleurs que j'ai ouvertes, étaient 
de petits diptères et surtout des pucerons. — Une fois sé- 


chées, ces fleurs deviennent ordinairement très foncées. 
Le fruit est globuleux: il s'ouvre de bas en haut comme 
chez la plupart des Aristoloches. 
L'odeur est caractérisée, moins que celle du Clematilis. 
Toute la plante est âcre et amère. 
Les anciens hotanistes distinguaient deux Aristoloches 
rondes dont Linné a fait deux variétés de son À. rotunda et 
qui sont aujourd'hui considérées comme deux espèces, l'A. 


rotunda et A. pallida. 


L'espèce est méditerranéenne et répandue assez abondam- 
ment dans la région littorale de l'Afrique du nord et de l'Eu- 
rope méridionale. On la trouve aussi dans les Iles de la Mé- 
diterranée, en Grèce, en Macédoine ; Boissier l'indique dans 
les lieux secs et incultes. On la trouve dans les champs, les 
prairies; souvent indiquée dans les vignes par diverses flcres. 
Dans les environs de Montpellier, elle semble rechercher plu- 
tôt les lieux humides et elle abonde surtout dans le sous bois 
du parc de Lavérune. Mais elle paraît en somme assez indif- 
férente au milieu et au sol. 

Près de Villeneuve elle est mêlée à la longue, ainsi que Lo- 
bel l'indique déjà. Le Languedoc et la Provence et surtout 
Nimes sort encore comme autrefois ‘ les points où se four- 
nissent les drosueries et les herboristeries. 


PRoPRIETÉS. — L’Aristoloche longue et la ronde ont des pro- 


4 Dodoens dit qu'on vendait la ronde à Anvers provenant de l'Italie et de 
Montpellier. (Jean Bauhin, loc. cit.) 


— 231 — 
priétés très analogues, comme on le pense, et l’une peut rem- 
placer l’autre très certainement. Mais les anciens qui aimaient 
fort les distinctions subtiles, ont très diversement apprécié 
les deux espèces en les comparant l’une à l’autre. Les uns 
préfèrent la ronde; Hippocrate la mettait déjà au-dessus de 
la longue; Galien Ja préférait à toutes les autres espèces; 
Massih la déclare plus subtile que la longue; Schræder, 
Fernel, Cartheuser, etc., lui donnent aussi la préférence. 
Plus rares sont les partisans de la longue. Pour les uns, les 
propriétés sont assez semblab'es. D’autres indiquent comment 
on peut remplacer l’une par l'autre dans certaines conditions". 
D'autres enfin établissent des distinctions suivant les cas*°. 
Geoffroy *, par exemple, déclare la ronde plus atténuante que 
la longue du consentement de tout le monde, et au contraire 
la longue plus détersive que la ronde. Il est inutile de multi- 


1 On remplace la longue par trois fois son poids de ronde et moitié de poi- 
vre. La ronde se remplace par son poids de longue et trois fois son poids de 
macis (Abd-er-Rezzag, Révélat. des énigmes, p. 120). 

Le livre des Succédanés dit qu'on remplace la ronde par son poids de 
zérumbet, trois fois moins de macis et moitié d’Aristoloche longue ([bn-el- 
Beïthar). 

2 Fuchs, en énumérant les propriétés des Aristoloches suivant Galien, dit : 
M: la ronde est la plus subtile et la plus efficace de toutes. .... Bien il est 
vrai que la longue est subtile et tenule moins que la ronde. Si est ce que pour 
ce, elle n'est sans efficace : mais a chaude et abstersive vertu, combien qu'elle 
digère et nettoie moins que la ronde ; elle n'est moins chaude, mais peut-être 
plus. Parquoi là où un moyen abstersif est requis, la longue sera plus pro- 
pre, comme es escorcheures ou ulcérations de la chair et fomentations de la 
matrice: Mais quand il convient plus fort subtiliser les grosses et épaisses 
humeurs, lors vaut-il mieux user de la ronde. Pour cette cause, la ronde 
guérit plutot les douleurs engendrées d'obstruction ou ventosité d'humeurs 
crues: et tire les espines, et guérit les pourritures, et repurge les ulcères 
puants et qui jettent: elle blanchit les dents et les gencives ; elle aide aux 
asthmatiques et a ceux qui ont courte haleine et qui continuellement sanglot- 
tent, aux épileptiques et podagres bue avec eau froide. Elle est propre aux 
ruptures et convulsions, » (Léonart Fuchs, Hist. des pl., p. 68-70.) 

3 Geoffroy, Mat. medicale, Paris. 1757. 


plier les exemples de ces opinions diverses qui n'ont qu'un 
intérêt historique. Je rappellerai seulement que les anciens 
médecins considéraient, d’après Pline, la longue comme le 
mâle et la ronde comme la femelle ‘. Il faut peut-être attri- 
buer à cette croyance, qui se retrouve chez les auteurs per- 
sans, l’idée que la longue faisaitavoir aux femmes un enfant 
mâle. . 

D'une façon générale, elle était donc usitée comme la longue 
et d'ordinaire préférée. C’est un tonique stimulant, actif; on 
l’emploie jusqu’au Mexique et jusque dans l'Inde où les mé- 
decins mulsumans la disent résolutive, stimulante, pectorale, 
stomachique, céphalique, et la donnent dans la jaunisse et 
la goutte*. 

Aujourd’hui nos paysans s’en servent parfois contre les 
coliques. 

Comme emménagosue, elle passait pour fort active, et sa. 
forme, qu'on a parfois comparée à l’utérus ou au placenta, pou- 
vait au moyen âge avoir engagé à l'employer dans diverses 
maladies de la matrice. Guy de la Brosse, en combattant la 
théorie des signatures, considère l’Aristoloche comme plus 
nuisible qu’utile*. Elle est surtout comparable à la longue à 
cet égard. 

La principale application de l’Aristoloche ronde était sans 
contredit l’arthritisme et la goutte*. Galien, Mesué, Rhazès 


‘ Il en est un mâle et c’est l’Aristoloche longue, et une femelle et c'est la 
ronde (Abd-er-Rezzag, p.119.) 

? Dymock, Lond. pharm. Journ., 1879. 

3 « Quelle rencontre que les plantes qui ressemblent à l'œil sont remèdes à 
ses indispositions, comme aussi celles du cœur au cœur, et que celles qui ont 
rapport à la matrice comme le pain de pourceau ou l’Aristoloche ronde luy 
nuisent plustost que de luy ayder. » 

4 G. Klaunig.— Arthritidis curatio per Aristolochiam rotundam veram quæ. 
novum est medicamentum antiarthriticum cum addendis Ern, Gott. Sturmii, 
Ephem. acad. nat. curios., cent. 5,6, 7,8 (Ex Reuss, Repert., comment.) 


— 233 — 


l’ont trouvée efficace. Kolreuther dit qu'elle éloigne le paro- 
xysme. Elle était l'élément le plus actif d’un remède ardem- 
ment prôné et combattu, la poudre du duc de Portland, 
contre la goutte. Le nom de cette poudre vient de ce que le 
duc de Portland qui souffrait d’un arthritisme héréditaire en 
avait ressenti de très bons effets. Mais cette poudre date de 
bien plus loin, car les Grecs et les Arabes employaient déjà 
des formules analogues‘. En France, cette préparation por- 
tait le nom de poudre du prince de la Mirandole. Cette 
poudre produisait parfois, dit-on, de terribles effets, dont 
Cullen.et Cadogan ont tracé le sombre tableau. La réputation 
immense de cette poudre n’est plus, bien entendu, qu'un sou- 
venir historique*. 

Pline donne l’Aristoloche ronde comme efficace contre les 
morsures de serpents. Elle agit donc ici comme les autres es- 
pèces, et l'on peut comparer aussi son action .détersive, et 
ses propriétés générales à celles de l’Aristoloche longue *. 


1 Murray, Apparat. medicam., 1, p.505. 

? La poudre du prince de la Mirandole contenait : petite centaurée 4 p., 
racine de gentiane 2, racine d’aristoloche ronde 2, feuille de germandrée 2, 
feuilles d'ivette 2. — Tournefort, d'après Murray, y ajoutait de la racine de 
grande centaurée. La dose était: 4 gr. par jour pendant trois mois, 3 gr., 
par jour pendant trois autres mois, 2 gr. par jour pendant les six mois sui- 
vants, enfin 2 gr. tous les deux jours pendant deux ans ! (Cazin, Trailé prat. 
de l'emploi des pl. médic., 1886, p. 80. 

3 Voici ce qu'en dit Fuchs (propriétés d'après Dioscoride). « La ronde.... 
bue avec eau froide, alège la courte haleine, hocquets, frissons ou rigueurs, 
maux de ratelle, spasmes ou convulsions, rompures et douleurs de costez. Elle 
tire hors les épines, flèches ou ferrements ; elle tire hors les escailles des os 
appliquées dessus en forme d'emplâtre. Elle scarifie les ulcères pourris, et 
purge et nettoie les plaies boueuses et pleines d’ordure. Elle remolit les creux 
et cavités des ulcères avec miel et poudre de flambe. Elle nettoie les gencives 
et les dents.» (Fuchs, loc. cit.) 

La longue et la ronde..... contiennent beaucoup de sel essentiel, d'huile et 
de phlegme. Elles sont détersives et emménagogues ; elles résistentau venin 
et à la gangrène. (Lémery, Dict., 77.) 


— 234 — 

Les recommandations pour le choix et la récolte de l’Aris- 
toloche ronde, sont les mêmes que pour l’espèce précédente. 
On se sert aussi des mêmes formes pharmaceutiques. Mais, 
de plus, l'Aristoloche ronde faisait partie intégrante de nom- 
breux médicaments oubliés aujourd'hui, l'Orviétan, la Thé- 
riaque céleste, l'Eau générale, la poudre Diaprassii de Nicolas 
Alexandrin, le Dialacca magna de Mesué, les Trochisques de 
Câpres, l’Huile de scorpions composée de Mesué, et celle de 
Matthiole, l'Onguent de Nicotiane de Joubert, l'Onguent des 
apôtres d’Avicenne, l’'Emplâtre vulnéraire de Paracelse, etc., 
etc. ”. A 

On a parfois substitué à l'Aristoloche ronde les tubercules 
de Corydalis qui sont durs, bruns en dehors, jaunes verdà- 
tre en dedans, d’une odeur fade et nauséeuse, d'une saveur 
âcre et amère. À Bombay, où la drogue est rare, la plupartdes 
marchands lui substituent le bulbe d'un Arum amylacé et 
inerte ?. 


A. contorta Bunge, Enumerat. plantar. Chinæ. bor., in 
act. Acad. sc. petrop., 1831, p. 58 (ex Duch.);, — Maximovicz, 
Prim. FL. amur.(ex Duch.); — Duch. Prodr.t. XV, p. 488, 

C'est une des espèces qui remontent haut vers le Nord, 
puisqu'elle est indigène du nord de la Chine et dusud du 
fleuve Amour. Elle y habite les lieux montueux. L'abbé Ar- 
mand David l'a recueillie aux environs de Pékin. 

C’est une espèce volubile, à tubercule renflé, allongé, d’as- 
pect spécial; les tiges sont rameuses, anguleuses, et les feuil- 
les deltoiïdes cordées ; fleurs petites, jaunes. 

On en emploie letubercule et les fruits, et ces, médicaments 
doivent même jouir, en Chine, d’une certaine réputation, car 


 Chomel, Loc. cil., p. 232. 
? Dymock, Lond. pharm. Jour., 1879. 


— 235 — 

on les rencontre dans presque tous les catalogues de douanes 
chinoises. 

Je n'ai vu nulle part le fruit qu'on dit être employé contre 
les affections pulmonaires, ainsi que celui de l'A. Kaempferi. 

Le tubercule, évidemment bien plus usité, serait purga- 
tif, hématique, anthelminthique ‘. On le donne aussi contre 
la rage. On l’exporte de Chefoo et de Hankow. Il est remar- 
quable par la disposition des faisceaux ligneux sur la section 
transversale ; il a déjà été décrit. (Voy. p. 129.) 


A. Clematitis L., Spec. pl., éd. I, t. 2, p. 962 ; éd. IT, t. 2, 
p. 1364; Mater. medica, 415, — Blackw., Herb., IIT, tab. 255 ; 
— Miller Fig., t. 51, fig. 1; — Baull., Herb. de la Fr.,1,t. 39; 
— Reichenb., Icon. fl. germ., t. 669, fig. 1340 (médioc.) ; — 
— Nees d'Es., Beschr. off. Pfl., tab. 147; — Plenck, Icon pl. 
med., tab. 650 ;— Lamk., Encycl., I,p. 258 ; — D. C., Flore 
fi, TT, p. 349 (ex Duch.) ;— Gren. et Godr. F1. de Fr., 
M p.22; — Duch., Prodr., XV, p. 489. 

A. Clematitis recta, C. Bauh., Pinax, p. 307;.—Tournef, 
ne p.162; — Morison, p. 509, tab. 17, fig. 5. 

A. Clematilis vulgaris Clus. Hisp., p. 321-322? (ex Duch.); 
— Lobel Icon., p. 607, fig. ? (ex. Duch.);, — J. Bauh., Hist. 
Plant., III, p. 560. 

A. Sarracenica Dod., Stirp. hist. Pempt., p. 323. 

A. Clematitis allera radice tenui Caes. (ex J. Bauhin), 
etc., etc. 

L’A. tenuis des anciennes officines semble avoir été, tantôt 
le Aistolochia, tantôt le Clemalitis. 

Noms vulgaires : ils abondent : Aristoloche des vignes.—. 
Brighbog.— Pomerasse.— Poison de terre. — Guillebaude ?.— 


1 Voy. Catal. des Douanes chinoises, Exposit. de Paris, 1878, pp. 56, 66, 
73, 86. ' 


? Duchesne, Répert. des pl. util. el venén, 


— 236 — 


Ratelaire. — Rateline. — Ratalie. — Sarrazine, etc., etc., et 
dans nos divers dialectes patois : Faouterna. — Faouterio.— 
Fouterlo. — Congourelo. — Couscasso. — Cujanelo. — Erbo 
de la godo ‘, etc., etc. — Osterluzeikraut. — Hinschkraut. 

Le nom de Clematitis lui vient de son aspect sarmenteux. 

L’A. Clematitis Serpens de C. Baukin, Tournefort, etc., 
n'est autre que l'A. Bætica (voy. cette espèce). 

C'est Dioscoride qui l’a le premier distinguée des autres. 

L’A.Clematilis est une plante vulgaire dont les tiges aérien- 
nes hautes de 30 à 50 cent. dressées, anguleuses, striées, ren- 
flées aux nœuds, sont annuelles et naissent sur des rhizomes 
vivaces, de la grosseur d’une plume à écrire ; couleur jaunâtre 
ou brunâtre, avec des radicules assez nombreuses, jaunâtres, 
déliées. Les feuilles sont cordées, de forme triangulaire, quei- 
quefois arrondies en avant, mais rarement, trè& largement 
cordées à la base, ordinairement obtuses au sommet. Face 
supérieure, verte; face inférieure glauque, avec des nervures 
saillantes, rameuses, nettement réticulées. Pétiole assez 
long. 

Les fleurs disposées en faisceaux axillaires formant une 
cyme contractée, sont très zygomorphes, assez petites, de 
couleur jaune, un peu verdâtre, surtout en bas. La plante 
est connue de tous, et la description des organes végétatifs 
suffira. L’A. Clematitis a une odeur forte et extrêmement 
désagréable et un goût âcre et amer, tout à fait insupporta- 
ble. 

La fécondation présente des phénomènes curieux, dont il a 
été question à la page 26. 

L'A. Clematilis est très largement répandue en Europe, 
où elle s est peut être diffusée peu à peu, en partant de l'Orient. 
En tout cas elle semble tout à fait aborigène dans la Rus- 


1 Azaïs, Catal. bot. 


RL vote 


sie et le Caucase ‘. Elle remonte haut vers le Nord, jusqu'en 
Angleterre ?, voire même au sud de la Norwège *, et s'étend 
dans toute l’Europe moyenne et méridionale. En France, on 
peut la trouver partout, mais elle est particulièrement abon- 
dante dans le Midi où, sur certains points elle pullule, et devient 
une des plus mauvaises herbes des cultures‘. Orient, Italie, 
Espagne, etc. Le Muséum en possède un exemplaire venant 
de Ténérife. 

La plante vient un peu dans tous les. terrains ; elle passe 
pour aimer les terres fortes, humides, mais dans nos pays 
elle ne pousse que trop abondamment dans des terrains sablon- 
neux et arides. Elle vient particulièrement dans les vignes 
cultivées avec soin. On la trouve aussi dans bien des lieux 
incultes et pierreux, dans les haies, etc. 


D’après Plée, les cultivateurs prétendent, à tort ou à rai- 
son, qu’elle gâte les vins lorsqu'elle abonde dans les vignes. 
C’est d’ailleurs ce que dit aussi Magnol*. L'opinion inverse, 
probablement aussi peu fondée que la première, existe actuel- 
lement chez beaucoup de nos vignerons. 

Aujourd'hui, on ne trouve guère les rhizomes de l’Aristo- 
loche Clématite dans les pharmacies qu’à titre de curiosité. 
D'ordinaire même on n’en trouve pas du tout. La drogue est 


1 Voy. D.C., Géogr. bot.,p. 684. 

? Où elle aurait peut-être été introduite à la suite des Croisades : au moins 
le nom de Saracen's Birlhwort le fait soupconner à Bromfield. Mais Ray et 
Dillenius ne l'ont pas dans leur Svnopsis. (D.C. ibid.) 

3 On l’a trouvée à Laurwig par 59°3"(Schubeler : die Pflanyenwelt Norwegens, 
p: 239). 

* Matthiole (Commentaires sur Dioscoride, trad. du Pinet, 1601, p.250), dit 
pourtant : «il y a 3 espèces d'Aristolochie : c’est assavoir la ronde, la longue 
et la Clématite, Quand à la dernière, elle est fort rare et peu de gens la cognois- 
sent». 

ÿ Vineis nostris maxime infensa est propter tetrum odorem quem vino com- 
municat. (Magnol, Bot. monsp., p. 28). 


— 238 — 

étiquetée : Rhizoma Aristolochiæ tenuis, ou Radix Aristo- 
lochiæ CUlematitis. Ce n’est d'ailleurs pas d'aujourd'hui qu’elle 
est peu employée, car déjà l’on peut lire dans Pomet: « Nous 
vendons ordinairement de trois sortes d’Aristoloche, scavoir 
la longue, la ronde et la léère. Il y en a une quatrième, qui 
est la Clématite, mais nous n’en faisons aucun négoce, c'est 
pour ce sujet que je n’en parlerai point » ". Quant au fruit que 
quelques anciens ont parfois employé, il est complètement 
oublié aujourd'hui. Quoiqu'en dise Pomet pourtant, l’Aristo- 
loche Clématite a eu longtemps une réputation qui, pour avoir 
peut-être été moindre que celle des autres espèces, vaut ce- 
pendant qu'on la mentionne. 

En Angleterre, les moines et les empiriques la cultivaient 
beaucoup *? pour l'usage médical. Dans bien des villes on 
l'importait de Montpellier, où on la récoltait par le simple 
arrachage et d’où on l’expédiait après dessiccation. 


La drogue se présente sous forme de fragments de rhizo- 
mes secs, très durs, très cassants, tortueux, de 1/2cent. de 
diamètre au plus, ordinairement 2-4 mm., sur une longueur 
très variée. Ils sont noueux et portent de fines radicelles aux 
nœuds ; des sillons longitudinaux fins marquent la surface des 
entre-nœuds. La couleur extérieure est brun chocolat très 
uniforme. La surface de section a une couleur un peu variée 
du jaunâtre au rougeûtre ; la zone corticale extérieure est 
mince, brune; au-dessous, même à l'œil nu, on voit d’ordi- 
naire une zone de faisceaux ligneux séparés par des rayons 
médullaires. Il existe une moelle centrale. Les pores du bois 
ne sont pas visibles. La description de la drogue fraîche a été 
faite, p.58. 

‘ Bulliard, àson tour, dit qu’ «elle est tombée dans un tel discrédit qu'on 
n'ose ‘plus maintenant l'employer à l'usage interne, et qu'on l'emploie même 
rarement à l'extérieur. ........ il y en a qui pensent que jusqu'à l'odeur qui 


s’en exhale est,pernicieuse. (Hist. des pl. vén.) 
2 D. C. Géogr. bot., p. 685. . 


er 


S-DHM EE 

L'odeur, dit Geiger, persiste après dessiccation. Générale- 

. ment la section ou le grattage sont nécessaires pour la déve- 
lopper. Le goût est très àpre, non nauséeux, pas du tout aro- 
matique. 

Les opinions sur l’activité de cette espèce ont beaucoup 
varié, et ces divergences tiennent peut-être à des différences 
dans le lieu ou l’époque de la récolte, ou dans l'ancienneté de 
la drogue. Il semble bien pourtant, lorsqu'on froisse cette 
plante fraiche et qu’on en respire l’odeur, qu’elle doive être au 
moins aussi active que les autres, car l'oléo-résine n'y manque 
point. 

Lobel ‘ dit que ses propriétés sont bien inférieures à celles 
des autres, et gourmande d'importance les ignorants qui s’en 
servent et les confondentavecla longue. Pendant le moyen âge, 
on la considère comme moins active que les autres. Par contre, 
Fuchs et Dodoens pensent qu'on peut s'en servir à la place 
des autres, et Jean Bauhin croit que c’est elle qu'Androma- 
chus et Galien employaient pour la thériaque sous le nom 
d'A. tenuis?; Nicolas Grimm l'estime beaucoup * ; Gilibert *, 
l’a trouvée aussi active que les exotiques, et Bodard, l'ayant 
expérimentée plusieurs années en Toscane, lui a trouvé une 
grande énergie, surtout pour ranimer les fonctions utérines. 

Quant aux maladies pour lesquelles on la employée, elles 
sont très diverses et je n'en ferai pas l’énumération complète. 
Voici seulement les principales : 


MALADIES UTEÉRINES. — Elle est emménagogue comme les 
autres ; cette propriété a été constatée par bien des auteurs, 


 Adversaria, 265. 

2? Tournefort, Hist. pl. Par. 176. 

FX. Clematilis vera est et legitima, prœstantissimi in variüis morbis usus. 
(Grimm, d'après Reuss. Repert. commentat.) 
- 4 Démonstr. de bot. I, p.477. 

5 D’après Cazin, Tr. prat. des pl. med. : 


— 240 — 
Gilibert entre autres, et plus récemment Vincenzo Colapié- 
tro en 1834‘. Ce n'est point là du reste l'usage principal dela 
plante. On emploie dans ce cas, soit la poudre dans du vin, 
soit l’infusion de racines édulcorée avec du miel. Très usité 
dans la petite Russie. 


GOUTTE ET RHUMATISME. — Elle entrait peut-être dans la 
poudre du duc de Portland (voy. A. Pistolochia). C’est sur- 
touten Angleterre eten Écosse qu’on en fait usage. Alston 
dit qu'on la préfère aux autres, et Helde recommande la 
poudre, l'extrait et lateinture pour prévenir les accès de goutte 
et calmer le spasme que les goutteux éprouvent souvent dans 
les jambes avant le paroxysme *. En Russie, Pallas* indique 
que l’on emploie la décoction de la plante en cataplasmes sur 


les parties douloureuses. 


FIÈVRES INTERMITTENTES.— Les paysans russes, toujours 
d’après Pallas, considèrent le fruit vert qu'ils appelent Pchi- 
novnik comme un spécifique contre les fièvres, et le mangent 
cru (ce qui doit nécessiter une grande confiance dans le 
remède!!}. La chose est d’ailleurs confirmée par d’autres. 
Sljunin * dit que les Tartares se servent de la décoction. Du 
reste Tournefort donne la plante comme excellente contre les 
fièvres ; à Montpellier même on a employé le suc comme anti- 
périodique, et Magnol * condamne cet emploi. 

Outre ces usages principaux, la plante était encore usitée 
comme : 

Purgative. Elle est même éméto-cathartique. Paul d’Ægine 
l'employait déjà à la dose d’un gros (4 gr.) dans du vin doux. 


! Osserv. med. di Napoli, 1834 (d’après Demitsch). 
2? D'après Cazin, loc. cit. 

3 Voyages, p. 54. 

+ D’après Demitsch. 

5 Incanse sumunt aliqui seminis 3 j cum jusculo ad febres intermittentes 


curandas quod nimias vomitiones excitat. (Bot. Monspel., p. 28.) 


— 241 — 
Ætius donnait 2? gros du fruit dans les affections bilieuses 
surtout". 

Vulnéraire. « Tout le monde sait », dit Tournefort?, « que 
l'on se sert de la racine de cette plante dans les tentures vul- 
néraires » ; cet usage existe encore dans bien des pays *. 

Détersive. Elle détergerait les ulcères de mauvaise nature ; 
on place les feuilles fraiches sur les furoncules et les plaies, 
et les Kalmoucks emploient un extrait de la plante en usage 
externe contre les maladies de la peau. 

Enfin, si l’on ajoute encore que cette plante a été souvent 
préconisée dans la consomption, les hémoptysies, les para- 
lysies, l’anorexie par atonie *, les.pâles couleurs, l'asthme, 
l'hystérie*; qu’elle à passé pour guérir les caries et nécro- 
ses *, et les hémorrhoïdes non fluentes * et qu’enfin on l’a 
recommandée pour uettoyer les dentsetles gencives et même 
(je ne sais par quelle aberration sensorielle!) comme parfum, 
on se rendra compte que, si la plante est presque sans usage 
aujourd’hui, elle en avait du moins autrefois sa large part ! 

Elle est parfois usitée aujourd'hui en médecine vétérinaire. 

Sans vouloir ajouter trop d'importance à des actions plus 
ou moins chimériques sur telle ou telle maladie, il n’en est 
pas moins vrai que c'est là une plante fort active et dont, par 


1 Cazin, loc. cit. 

2 Hist. plant. Paris. 

8 Toutes les blessures provenant d'instruments incisifs sont traités par l’ap- 
plication d'uue feuille d’Aristoloche sur la plaie. Grande réputation (Kirsch- 
leger, Flor. d'Alsac., Il, p. 40). 

# Gilibert. 

5 Tournefort, loc. cit. 

6 Baillon, Rev. des Arist. médic. 

7 Augustinowitsch, d'après Demitsch, loc. cit. 

8 « Quant aux deux autres, celle qui est appelée Clematitis est la plus odo- 
riférante. Et pour ce, ceux qui font les onguents et senteurs en usent 
parfois. Mais elle est trop débile pour remèdes de maladies. » (Fuchs, ist, 
plant Aristoloches ; propriétés suivant Galien.) 


— 242 — 

conséquent, il serait possible de tirer parti. Elle mérite, en 
tout cas, qu'on en étudie les effets, car si elle n’est pas utile 
elle peut du moins être très nuisible ; à haute dose elle est 
certainement toxique. Contusée dans l’eau, la racine empoi- 
sonne le poisson. Il résulte des expériences d’Orfila : 1° que 
la substance active est absorbée et produit une action stupé- 
fiante sur le système nerveux; 2° que la Clématite produit une 
légère inflammation des tissus sur lesquels on l’applique. 
Comme les autres Aristoloches elle cause, à dose trop forte, 
des superpurgations avec douleurs d'entrailles très vives, des 
vomissements et même des pertes et des avortements (Bul- 
liard). 

Il est certain que l’homme ne s’intoxiquera guère par ce 
moyen, sauf le cas, bien rare, de médication à dose exagérée. 
Mais les animaux peuvent en souffrir. Ils n’y touchent guère 
au pâturage, mais à l'étable, mêlée au foin, ils en mangent et 
peuvent s'empoisonner. Il y a dans ce cas stupeur et ébriété, 
somnolence comateuse avec soubresauts; constipation, po- 
Jyurie, et spasme génital. Convalescence longue (Jeannin)*. 

On ne peut guère confondre la drogue avec d’autres, car 
le Rhizome est bien différent du faisceau de racines du Pis- 
tolochia et des tubercules de nos deux autres Aristoloches. 
Dans les pays où pousse en même temps l'A. Bætica, la dis- 
tinction des rhizomes isolés sera plus difficile. Mais cette 
distinction a si peu d'importance ! 

Je ne crois pas qu’on puisse facilement substituer un autre 
rhizome à celui de l'Aristoloche Clématite, dont l’odeur est 
sicaractéristique dès l’abord, et qui d’ailleurs est si abondante 
et si facile à recueillir sur certains points, qu’on n'aurait 
vraiment aucun intérêt à cette substitution. Cependant Tour- 
nefort dit que la racine des Melithis Melissophyllum , la 


! Cornevin, Les plantes vénéneuses, p. 158, 


— 243 — 

Mélisse des bois, ressemble à celle d’Aristoloche et que les 
droguistes du temps la vendaient parfois pour elle. 

| Pas plus que pour les autres espèces, je ne traiterai ici le 
côté chimique de la question. Il me suffira de dire que l'analyse 
a montré dans cette plante une essence que l’on obtient par 
distillation avec l’eau, et un acide aristolochique que l'on re- 
üre aussi par distillation de la racine et qui forme un sel de 
baryum cristallisable *. 

Les formes sous lesquelles l'A. Clematitis a pu être admi- 

nistrée sont assez variées. 


Poudre. — A la dose de 4 gr. mélangé avec du miel, du vin, 
ou sous forme de pilules. 


Décoction ou infusion. — 12-15 gr. par litre: Tournefort? 
dit que sa grande amertume empêche de l’employer sous cette 
forme et qu'il vaut mieux employer la poudre. 


Extrail alcoolique. — 1 gr. de racine pour 6 d'alcool; on 
en donne 2-4 or. 


Teinture alcoolique. — 1 gr. de racine pour 5 d’alcool. 
Dose? or... 

On a vu plus haut que les feuilles pouvaient être employées 
topiquement, que les fruits étaient parfois consommés direc- 
tement, etc., etc. 

Enfin cette plante entrait autrefois dans un certain nombre 
de médicaments complexes, ainsi dans l'Emplâtre Diabotanum 
de Blondel, avec la longue et la ronde ; les feuilles étaient un 


des éléments de l’eau vulnéraire appelée Eau d'arquebu- 
sade *. 


1 Walz, Jahrb. für Pharm., XXIV,p. 65, et XXVI, p.651 (d’après une note 
de M. Soubeiran). 

? Hist. plant., Paris. 

* Ces doses sont dennées d’après Cazin. 

+ Chomel, Hist. abr. des pl. usuelles, 230 à 232. 


Are 

À. aitissima Desfontaines, Flor. atlantica, IT, p. 324, tab. 
249 ; — Willd.. Spec. plant., IV, pars I, p. 158; — Duch., 
Prodr., XV, p. 489; — Boiss., Flor. orient., IV, p. 1055: 

Habite l'Alsérie, la Sicile, la Grèce, Chypre, la Syrie, le 
Liban, etc. Les échantillons de l’herbier de l’Institut de botani- 
que de Montpellier viennent d'Algérie (Durando) et de Sicile 
(Todaro). — Elle est abondante aux environs d'Alger, où on 
la fait pousser sur des tonnelles pour donner de l'ombre, en 
même temps que les Boussingaultia, Passiflores, etc. Les 
feuilles en sont cordées à la base, plus ou moins aigués au 
sommet. — Elle grimpe ordinairement dans les haies et 
buissons. 

Je ne cite celte espèce que pour son abondance dans la 
région méditerranéenne. Je ne pense pas qu’elle ait un usage 
médical quelconque. 


A. sempervirens Linné, Spec. pl., éd. I, ?, p. 961 ; éd, 
II, 2 p. 1363, — Willdenow, Spec., IV, pars I, p. 158; — 
Lamarck, Encycl., I, p. 257; — Duchartre, Prodr., XW, 
p. 489 ; — Boissier, Flor. orient., IV, p. 1075. 

Pistolochia allera sempervirens Clusius, Rar. plant. Hist, 
CCLIX, cum icone. 

Pistolochia Cretica C. Bauhin, Pin., p. 307;—Morison, PL. 
hist. Univers:, 1: 4M4,/p:1910: 

Pistolochia Cr elica sempervirens Parkinson, Théatr. 292. 

A. Pistolochia allera J. Bauhin, Hist. pl., p. 563; —Tour- 
nefort, Inst., p. 162, 

A. Cretica seu Virginiana, Gerardi historiæ emaculator 
(Johnson), (ex Plukenet). 

A. undata Mœnch (ex Steudel, Nomenclat.). 

A. Pistolochia dicta Crelica, Smilacis folio sempervirens 
Hort. Leyd. p. 59, (ex. Plukenet). 


— 245 — 

C’estune espèce méditerranéenne, surtoutde Crète et d’Ara- 
bie. Elle est grimpante, à tiges plus grêles, plus faibles que l’al- 
tissima, rameuses, glabres, flexibles, cannelées, portant des 
feuilles persistantes assez petites, cordées, aiguës ordinai- 
rement (il en est d’obtuses et même d’échancrées), auriculées, 
d'un vert intense et luisant, ressemblant, sauf les aiguillons, 
à des feuilles de Smilax. Les racines forment un faisceau de 
fibres déliées, chevelues, odorantes. La fleur, arquéee comme 
celle du Bætica; est solitaire, axillaire, brun jaunâtre à stries 
foncées, à long pédicule. 

Elle a été envoyée à Clusius par J. Plateau. en 1600, 

L’A. sempervirens jouit en Arabie d’une grande répu- 
tation comme alexitère. Les jongleurs égyptiens s’en servent 
dit-on. Niebuhr, Forskahl ont rapporté de leurs voyages des 
faits merveilleux de guérison par cette plante appliquée 
intus et extra, en décoction de racines et en cataplasmes de 
feuilles mâchées. La décoction, prise régulièrement pendant 
quarante jours met, dit Forskahl ‘, à abri des accidents mor- 
tels que peuvent causer les serpents venimeux: 

Il faut faire ici une large part à l'imagination et à l’exagé- 
ration ; la plante est assez odorante à l’état frais, quand on 
la froisse, fort peu àâcre, bien moins désagréable que d’autres 
espèces. Eile doit pourtant posséder aussi les propriétés 
excitantes et diaphorétiques qui ont fait estimer les autres 
Aristoloches. 

Les plaies sont aussi, dit-on, heureusement modifiées par 
l'application des feuilles broyées. 


nn mætica L., Spec. pl, éd. I, 2, p. 961; éd. II, 2, 
1363 ;— Duchartre, Prodr., XV, p. 490. 


1 Forskahl (Pierre), Flora ægyptiaco-arabica, p. 156.— Duchesne, Repert. 
de pl. ulil. etven. p. 49-50.— Ainslie.— Wood et Bache, U.-S, Dispensa- 
tory, p. 1302. 

16 


SRE 

A. Clematitis Serpens C. Bauhin, Pin., p. 307; — Tour- 
nefort, Instit., p. 162; — Morison, Hist. pl., III, 509 , 

A. Clematitis non vulgaris J. Bauhin, Hist. plant., t. III, 
p. 61. 

A. Clematitis altera Clusius, Hispan., p. 323, cum icone. 

A. glauca Desf., Flor. atlant., II, p. 324, tab. 250. 

A. subglauca Lamk., Dict., p.257. 

A. longa Woodwille, Medic. bot., II, t. 107 (nec L.). 


Plante méditerranéenne, de l'Algérie, du Portugal, du sud 
de l'Espagne, Malaga, Grenade, etc. 

Dans les haies, les buissons, les champs d’oliviers. 

Elle est volubile, sarmenteuse. La racine est longue, 
menue, plus ou moins enfoncée. Les feuilles que Lamarck 
compare à celles du Cynanchum Monspeliense sont de forme 
et de taille variée, depuis 1 1/2 jusqu'à 7 centim. de long, 
ordinairement arrondies au sommet, rarement un peu aiguës 
et très cordées à la base ; glauques. Les fleurs de couleur 
pourpre foncé sont arquées, avec un large orifice infundibuli- 
forme coupé obliquement. La courbure en U est moins mar- 
quée dans le jeune âge. 

J'en ai reçu d'Oran un échantillon frais que je dois à l’obli- 
geance de M. Doumergue. On y voyait des tiges souterraines 
dressées, tantôt ramifiées au niveau du sol, tantôt en conti- 
nuité avec les parties aériennes. Ces tiges souterraines 
avaient 2-4 mm.de diamètre. Elles étaient cylindriques, par- 
fois sillonnées, brunes, avec des nœuds assez rapprochés, 
portant des racines adventives. 

Les propriétés sont celles des autres Aristoloches de nos 
pays. J'ignore si cette espèce est employée par la médecine 
populaire dans les pays où elle est spontanée. 


: 


O7 

A. recurvilabra Hance, Pharm. Journ., 15 mars 1873 
Ha Journ. of Botany, 1873, p. 72. 

Noms vulgaires : Tu-ching-muh-hsiang (Hance). — Tsin- 
mou-hiang.— Ch'ing-mu-hsing.— Cin-mu-sian (Tatarinow). 
— Tsing-muh-heang (F.P. Smith)’. 

Cette plante intéressante, objet d’un assez grand commerce 
en Chine et confondue dans le Pen-Tsao avec l'A. Kaempferi, 
a été décrite par Hance. Avant lui, Tatarinow semble être le 
premier qui ait rapporté à une Aristoloche le produit nommé 
Putchuck vert. Plus tard, Porter Smith en remarqua le puis- 
sant pouvoir purgatif, anthelminthique et émétique, et dans 
ses Contributions à la matière médicale chinoise, rapporta 
à tort la plante à A. contorta Bunge. Bowra, dans le Trade 
Report for Ning-Po de 1868, montra que dans les environs 
de ce port, d'où la drogue est fort exportée, la plante qui la 
produit est rampante et commune. Il en adressa quelques 
pieds vivants à Hance qui put en faire fleurir et fructifier un. 
Hance reconnut alors l'espèce comme nouvelle et lui donna 
le nom d’A. recurvilabra. Il la rapprocha des espèces médi- 
terranécnnes (altissima, Pistolochia et surtout Bætica et par- 
vifolia). En Asie, on ne peut la comparer qu'aux A. debilis 
Sieb. et Zucc., et Sinarum Lindi. 

Le drogue que fournit cette plante est connue sous le nom 
de Putschuck vert, nom qui vient de sa ressemblance avec le 
rhizome de l’Aucklandia Costus ou Putschuck. Cette drogue 
se présente en fragments de rhizomes fragile, du diamètre du 
pouce à celui d’une plume de corbeau, gris cendré en dehors, 
blanc en dedans. Fraiche, elle a une odeur camphrée et poi- 
vrée et une saveur fortement camphrée et amère. Le rhizome 
sec perd presque entièrement son odeur, mais conserve en 
grande partie son bon goût. 


Ex J.-L. Soubeiran, Mat. médic. Chin., p. 159, 


— 248 — 

Les racines sont Jaunes, minces, odorantes. ” 

Les tiges, feuilles et fruits, ressemblent à ceux du Ma-tao- 
ing (A. Kaempferi). Les fleurs sont tubuleuses, puis élargies 
et recourbées en corne *. 

La plante croît dans la province de Mu-Peh. 

Les racines sont employées pour guérir les brûlures et les 
indigestions. Les rhizomes sont purgatifs, hématiques et 
anthelmintiques. On les estime beaucoup dans le rhumatisme. 
On les donne même contre la rage. C’est un remède fort 
usité, car on en exporte tous les ans de Ning-Po pour plus 
de 650,000 francs. 


A. Maurorum Linné, Spec. pl., éd. IT, t. 2, p. 1363 ;, — 
Willd., Spec., t. IV, pars I, p. 161; — Duch’,'Prodn 2 
p. 492; — Boiss., Flor., orient. IV, p. 1080. 

A. Maurorum C. Bauhin, Pinax, p. 307. 

A.Rhazut et Rumigi Rauwolff, Eigentl. Beschreib. d. Reis., 
p. 121, tab. 23, n° 121 cum icone (ex Duch.) ;, — Jean Bauhin, 
Hist., tome ITI;-p: 503: 

A. peregrina Rauwolfii Clusius, Hist., p. 72. 

A. peregrina foliis auriculatis Morison, Hist., tab. 17, 
figure 11 

A. longa foliis augustis acuminatis Morison, Hist., 3, 
page 510. 

A. orientalis foliis lanceolatis Tournefort, Instit., p. 162. 

A. Aucheri Jaub. et Sp., IiL., I, t. 99 (ex Boissier);rète: 

C'est une plante légèrement pubescente, à tiges menues, 
peu rameuses, sillonnées, feuillées vers le haut, dénudées 
en bas. Les feuilles, de longueur variée, sônt surtout très 
curieuses, distiques, allongées, longuement hastées elles por- 
tent à la base deux auricules divergentes, arrondies, subspa- 


1 Les détails ci-dessus sont à peu près tous empruntés à Hance (Loc. cit },. 


— 249 — 
tulées, séparées par un large sinus. La base se prolonge en 
- coin sur le pétiole : le sommet est plus ou moins aigu, 

Les fleurs naissent des dernières squames ou des pre- 
mières feuilles. Elles sont fauves, tachées de jaune. 

Duchartre en distingue une variété B. AUCHERI, et Bois- 
sier une variété B. LATIFOIIA qui est l'A. Bottæ de Jaubert et 
Spach. 

Orient, surtout Alep et Mossoul ; Perse, Assyrie, etc. 

On attribue à la plante de l’amertume et une odeur d’ex- 
créments. Inconnue jusqu'à Rauwolff,je ne crois pas qu'elle ait 
jamais eu grand usage, bien que J. Bauhin la dise « sèche 
et chaude. » 


A. Pontica Lamarck Dictionn., I, p. 255; — Duch., 
Prodr., XV, p. 493. 

A. orientalis humilis amplissimo folio Tournef., Coroll., 
pa9. | 

A. rotunda flore maximo Buxb. Cent. I, p. 28 tabl. 45, 

(ex Duch.). 
* C'est une espèce à tubercule arrondi, noueux, garni de 
quelques fibres menues, et à tige simple, dressée, herbacée, 
hirsute, petite par rapport aux feuilles qu’elle porte et qui sont 
simples, cordées, arrondies. La fleur est assez grande. 

La plante habite en Asie, la région de la Caspienne et de 
la Mer Noire. 

Les tubercules doivent avoir une action analogue à celle du 
longa et du rotunda. Peut-être est-ce d'elle que parle Jean 
Bauhin' quand, en traitant des Aristoloches, il dit que la 
Pontique a grande réputation, et, que d'après Sylvius, la Pon- 
tique et la Crétique sont les meilleures. 


4 J. Bauhin ll, p. 557 et 562 


— 250 — 

A. Cretica Lamarck, Dict., I, p. 255; — Duch., Prodr. 
XV, p.493; — Boiss., Flor. orient. IV, p. 1081. 

À, Cretica flore maximo fructu angulalo Tournef., Coroll., 
p. 8 (ex Duch.);, — Desfont., Ann. du Mus., X, page 294, 
tab. 18. 


Elle présente un intérêt surtout historique, puisqu'on 


dit que c’est elle qu'Hippocrate et Théophraste ont em- 


ployée®. 

Elle a une racine grosse, comme le pouce, longue d’un de- 
mi-pied, rameuse, roussâtre en dehors, jaune en dedans et 
d’une amertume insupportable ?. Cette racine doit avoir les 
mêmes propriétés que notre A. longue, mais je ne sais rien 
de spécial sur elle. 

Quelques tiges courtes, rameuses, velues, portent des 
feuilles pétiolées, cordées, vert pâle, blanchâtres en dessous, 
velues. 

La fleur est grande : la figure de Desfontaines la ,représen- 
te rose saumoné en dehors, violette en dedans, avec des poils 
sur les deux faces. Elle 7 à 8 centimètres de long, sur 2 à 4 
de large : l'ouverture est large et béante, l’utricule oblong. 


A. hirta L., Spec. plant., édit. I, 2 p. 961, (ex Puch} 
éd. II,2, p. 1365 ; — Willd. Spec., t. IV, pars Ip 
Lamarck, Dict., I, p. 256; — Duch., Prod., XN, pr 
Boiss., Fl-Orient., IN,-n:1079 

A. longa subhirsuta folio oblongo, flore maximo Tourne- 
fort. Voy-duLev.;1,-p. 147. 

Cette espèce, qui habite l’Archipel, la Syrie, l’Anatolie, 
Smyrne, etc., est une tuberculeuse du groupe du longa. « La 
racine a 1-2 pieds de long ; épaisse de 2? pouces, elle est 


! Sprengel, Histor. rei herbar, t. I, p.47 
? Lamarck, Dict. I, p. 155 


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À " 2 
L En. 
DR 


_— 251 — 
ligneuse, jaunâtre, marbrée par rayons de blanc et de rous- 
sâtre, couverte d’une écorce charnue légèrement purpurine. 
Elle est d’une amertume insupportable. » (Lamarck, Dict.). 
Le tubercule de l’herbier du Muséum est bien moins gros. 
Les propriétés doivent être celles du longa. Je ne sais si elle 
est enusage dans son pays. 


A.macrophylla Duch., Tentam. in Ann.sc.nat., sér. 4,2, 
p. 68; — Prodr., XV, p. 495. 

C’est une espèce de la Guyane française, recueillie près de 
Cayenne en 1839 par Leprieur. Elle à des rameaux allongés, 
grêles et volubiles, et de grandes feuilles oblongues lancéo- 
lées, longues, cordées à la base, acuminées, à pointe obtuse, 
vertes et glabres au-dessus, fauve velouté en dessous. 

Peu d'importance médicale. 


A. macrocarpa Duch., Prodr., XV, p. 497. 

Cette espèce est très remarquable. La tige, qui atteint 
2 cent. 1/2 de diamètre, est ligneuse, volubile, à écorce subé- 
reuse, d’abord cylindrique, elle est ensuite comprimée et pré- 
sente deux sillons d’où naissent les feuilles distiques. 

Les feuilles sont amples, ovales, oblongues, arrondies à la 
base, à nervures saillantes en dessous. La capsule est gigan- 
tesque et atteint 53 cent. de long sur 3 ou 3 1/2 de diamètre. 
D’après Aubry-Lecomte, qui a recueilli la plante au Gabon 
en 1854, cette capsule est parlumée. Le bois, sans zones, a la 
structure typique des Aristoloches. 

Les indigènes du Gabon lui donnent le nom d’Ogadoïka. 
Je ne sais s’ils en retirent quelque produit ou s'ils en usent 
comme médicament. Description d'après Duchartre. 


D — 


A. Turbacensis Bonpland, in H. B. K., Voy. ; — Nov. 
gen. et spec., II, p. 149; — Duch., Prodr., XV, p. 497. 

Vulgairement Capitana de Corazon. 

Pour Duchartre cette espèce est insuffisamment connue. La 
tige en est grimpante, les feuilles cordées, ovales ou subréni- 
formes, réticulées en dessous. Près de Turbaco. 

La souche est employée par les Mexicains contre la morsure 
des serpents venimeux. On la donne en décoction. 


A. arborescens. L. Spec., éd. IT, t. 2, p. 1362; — Duch., 
Prod, XN°-:p.1 498: 

Peu de chose à dire sur cette plante, dont Duchartre n’a 
pu indiquer exactement ni la place, nila synonymie. Pour 
certains auteurs, il faut la rapporter à l'A. grandiflora. En 
tout cas Descourtilz donne sous le nom d’arborescens un des- 
sin et une description qui se rapportent au grandiflora. 

C'est une plante américaine à tige dressée, à racine emmé- 
nagogue et dont le suc serait, dit-on, toxique. 

Linné ‘ la rapporte, avec doute, à l'A. polyrhizos auricu- 
latis foliis, virginiana de Plukenet, c'est-à-dire à la troisième 
sorte de Serpentaire de Virginie. On ne peut s'expliquer ce 
rapprochement, que le seul nom d'arborescens rend tout à fait 
inadmissible. 


À. fastidiosa. — Espèce indiquée dans le Dictionnaire de 
d’Almeida, sous le nom vulgaire de Capivara. Mais les pro- 
priétés n’en sont pas indiquées. L’aspect en est étrange, dit- 
on. Plante brésilienne. 


A. Paraensis. — D’Almeida * parle sous ce nom d’une 


! Linné, Spec. plant., éd., II, t. 2, p. 1362. 
2 Diccionn., p. 380. 


LRO 


plante grimpante à feuilles trilobées cordiformes, à fleur res- 
semblant à une petite jarre, et à fruit formant une capsule 
octosone (?). Il lui donne le nom vulgaire de Raiz do sol. Je 
ne sais quelle éSt cette plante, dont le nom latin indique l’ori- 
gine, mais qui est donnée sans nom d’auteur, et qu'on ne 
trouve guère citée ailleurs. 


A. Goldieana J. D. Hooker, Trans. Linn. soc.,vol. XXV, 
p. 185, t. XIV {ex Flore des Serres) ; —Flore des Serres, t. 17, 
Do 1. 

L'espèce appartient à l'Afrique occidentale. Thomson l'a 
découverte aux sources de la rivière Calabar ; elle a été retrou- 
vée à Sierra-Leone et à Fernando-Po. 

Je ne cite l’espèce que pour la grandeur énorme de ses fleurs 
nauséabondes et à cause de la rareté des Aristoloches à 
grandes fleurs en Afrique. Mais elle n’a, que je sache, aucun 
usage. Elle est cultivée dans les serres et y fleurit. Le nom- 
bre de ses étamines (24) la rend intéressante au point de vue 
botanique. 

C’est un arbrisseau grimpant. Comme il est parfois cultivé, 
il serait possible et intéressant d'en étudier les propriétés, 
comparativement aux autres espèces américaines. 


CONCLUSIONS L 


Le genre Aristolochia contient beaucoup d'espèces médi- 
cinales. Ces médicaments constituent un groupe spécial inté- 
ressant dont l'étude d'ensemble mérite d’être faite. 

Les Aristoloches médicinales se rencontrent surtout dans 
l'Amérique tropicale et dans la région méditerranéenne. Les 
États-Unis d'Amérique et l'Inde donnent quelques espèces 
importantes ; l'extrême Orient en possède seulement deux ou 
trois. 

Les Aristoloches forment un ensemble très homogène par 
leurs caractères botaniques. Les caractères anatomiques sont 
aussi, avec des variations de détail, très semblables dans tout 
le genre. Les faisceaux ligneux ont d'ordinaire une structure 
en éventail et des vaisseaux à large ouverture. Les zones 
concentriques y sont exceptionnelles. L'écorce contient d'or- 
dinaire des éléments scléreux, et, dans le parenchyme, de 
l’oléo-résine et de l’amidon. Les parties âgées sont le plus 
souvent subéreuses. 

Les caractères organoleptiques sont à peu près les mêmes 
partout. Toutes les Aristoloches se reconnaissent à une 
saveur amère, souvent aromatique, spéciale, et à une odeur 
caractéristique. 

L'homogénéité du genre se retrouve aussi pour les pro- 
priétés thérapeutiques qu’on leur attribue. 

Les Aristoloches, après avoir eu longtemps une renom- 
mée universelle, sont tomhées aujourd’hui dans un oûbli pres- 
que complet. Leur action réelle, si souvent exagérée et déna- 


— 255 — 
turée autrefois, est par un excès contraire souvent niée com- 
plètement. 

Ce sont des plantes actives, essentiellement stimulantes, 
diaphorétiques et toniques, pouvant rendre de grands servi- 
ces, et méritant en tout cas d’être scientifiquement expéri- 
mentées. Il ne faut pas voir en elles, comme autrefois, des 
alexitères souverains, mais elles peuvent être d’utiles adju- 
vants dans bien des cas. 

La plupart des propriétés des Aristoloches peuvent être 
ramenées à leur action tonique et stimulante. 

Beaucoup d'espèces pourraient être expérimentées en 
Europe, soit qu’elles y viennent spontanément, soit que la 
culture ou le transport en soit facile. Ce sont entre autres 
nos espèces indigènes, moins aromatiques que les autres, et 
aussi les À. anguicida, bilobata, bracteata, cymbifera, fra- 
grantissima, grandiflora, Indica, odoratissima, reticulata, 
ringens, Serpentaria, Sipho, tomentosa, etc. 

Les parties employées sont surtout les tiges et les racines, 
et secondairement les feuilles, les fruits et les graines. 

On peut, d’après les organes souterrains, établir quelques 
oroupes parmi les drogues fournies par les Aristoloches et y 
distinguer les FIBREUSES, les LIGNEUSES, les TUBERCULEU- 
ses. Ces groupes peuvent être subdivisés. 

Les FIBREUSES ont pour type principal les Serpentaires. 

Les descriptions et dessins des ouvrages de matière médi- 
cale ont souvent confondu les diverses sortes de Serpentaires. 

La distinction de la fausse Serpentaire et des deux formes 
de la vraie doit être faite par les caractères extérieurs des 
drogues. L’anatomie ne peut aider à cette distinction. 

La fausse Serpentaire est la seule qui soit aujourd’hui ven- 
due sur le marché trançais. Cette substitution a peu d’im- 
portance. 

Le principal groupe de ligneuses est celui des Guacos. 


256 — 

Actuellement, les Guacos des pharmacies françaises sont des 
Mikhania. 

Dans les droguiers et en Amérique, les Guacos sont en 
erande partie constitués par des Aristoloches ligneuses 
actives. 

La distinction des Guacos, d'après les échantillons qu’on 
en possède, est fort difficile, et la détermination spécifique 
souvent impossible dans l’état actuel de nos ressources. 

Le principal Guaco semble être l'A.cymbifera. Mais beau- 
coup d'espèces voisines n'en pourront être distinguées n1 par 
les caractères extérieurs ni par les caractères anatomiques; 
cet ensemble constitue le groupe des Mil-homens. 

Un autre groupe de Guacos est bien caractérisé par l’as- 
pect et la structure des tiges, racines et feuilles. L'attribution 
des drogues de ce groupe à l’A. maxima n’est que probable. 

Bien des formes peu différentes doivent être rapprochées 
de ces deux types principaux de Guacos. 

Le seul moyen d’arriver à une détermination exacte serait 
de recueillir en même temps les organes floraux et ceux 
qu'emploie la médecine. 

70 espèces sont étudiées dans la 3° partie: mais le nombre 
des plantes employées dans leur pays d’origine est certaine- 
ment plus considérable. Il est certain aussi que bien des espè- 
ces inusitées pourraient être utilisées. L'étude chimique de 
ce groupe homogène n’est point faite encore. 


Vry 


OUVRAGES CONSULTÉS : 


ABp-Er- RE7ZAG-ED-DJEzAïRY. — Kachef er roumouz (révélations des énigmes) 
trad. Leclerc. Paris, 1874, p. 19 et 119. 

AINSLIE (Whitelaw). — Materia indica, vol. {1, p. 45 et p. 298 à 302. 

ALIBERT. — Nouveaux éléments de thérapeutique et de matière médicale, 
ep 118, #1l.p. 582, t IIT, p. 67 et suiv. 

ALMEIDA (Joachim d’). — Diccionario de botanica brasileira. Rio, 1873, pp. 30, 
38, 128, 319, 349, 379, 380, 423. 

ALSTox. — Lectures on the materia medica, 1770, t. I, p. 390. 

AUBLET (Fusée).— Histoire des plantes de la Guyane française, t. IT, p. 833. 

Azaïs. — Catalogue botanique, synonymie languedocienne, provençale, ete. 
Bull. soc. archéol. sc. litt., Béziers, 1871. 

BaïzLon. — Histoire des plantes, t. IX, p. 1. 
— Botanique médicale, II p. 1170. 
— Révision des Aristoloches médicinaux. Adansonia, t. VII, p. 267. 

BaJoN. — Mémoires pour servir à l’histoire de Cayenne et de la Guyane 
française, 1777, t. I p. 351. 

Banisrer. — Sur la Serpentaire de Virginie. Philosoph. transact., 1698, n° 247 
(ex Gibelin). 

BaRRÈRE. — Essai sur l'Histoire naturelle de la France équinoxiale, p. 16. 

Barrois. — Rôle des insectes dans la fécondation des végétaux, p. 33 et suiv., 
1886. 

Barton. — Méd. bot., II, p. 28 (ex Duchartre). 

Baux (C). — Pinax,p 307. 

Baux (Jean). — Historia plantarum universalis, tome 111, p. 556 à 563. 

Beprorp. — Report of the Committee on the Drug Market, in Proceedings of 
the American pharm, Assoc., 1874, p. 441. 

BenTHAM ET Hooker. — Genera plant., III p. 121 

BEenTLey et TRIMEN. — Medicinal plants, IV, n° 246. 

BerG et Scaminr.— Darstellung und Beschreibung der offizinellen Gewächse, 

BV, p. XXV a. 


1 Quelques ouvrages très importants à citer n'ont pu être consultés. Dans ce cas, 
le titre de l'ouvrage est suivi entre parenthèses du nom de l’auteur qui m'a fourni 
l'indication. 


— 258 — 


BERG O .— Pharmaceutische Waarenkunde, p. 118. 

BERG O, — Anatomischer Atlas zur Pharmaceutischen Waarenkunde, 1865, 
p. 30. 

BERGIus. — Materia medica ex regno vegetabili, sistens, simplicia, officinalia 
pariter atque culinaria, éd. If, t. II, 762. 

BERTHERAND. — Des ressources que la mat, médicale arabe peut offrir aux 
Pharmacopées françaises et algériennes, 1859. 

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N air 


à 


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TABLE DES MATIÈRES 


Pages. Pages. 
Aristolochiées........:....... 9 | Aristolochia, distribution géogr.. 28 
Aristolochia.......... M april 11 =) hpropriélés: 2 en 220 

ER RiIstOrique.. - . ist : 12 — descript. des échant. 43 

— caractères du genre. 14 — étud. des espèc. méd. 138 

ESPÈCES ÉTUDIÉES 
Pages. Pages. 

A, acuminata...i:.1... + 915 1 AJ fœtida...:...7..#.7%x 165 
D Albissima....... sisi. 121,244 | — Fontanesii...... He PTEISE 286 
— anguicida...-... HE 197 | + fragile... ..... ... NUL: 84 
— antihysterica...::.... 86,206 | — fragrantissima .....:: : 87, 183 
— arboresCens........... 252 | — galeata............... 195 
ADAA ce 173 | — geminiflora........... 104 
222111 PICT RNRERRRRRERR 171400 -=eirañteg te... 201 
DOC... -. sos 245 | — glandulosa..... ee 174 
= bracteata........--... 120,207 |. — glauca............... 59 
= Praniliensis. . ..-...... 91, 196 | — Goldieana.......... . 253 
— caudata...... -...... 172 == Goudoii" "2"... 205 
DMIeNsis ...,..-.-...e 181 | — grandiflora....:......+ 92, 198 
— Chiquitensis........... L7301| =" hirsuta.. "2-2... 160 
= Claussenii.......:.... 190: |, — lurta......:......0 250 
— Clematitis ............ 58,235 | — Indica.............. .sÉ17; 208 
DROMIOrEA. se. « 129,234 | — Kaempferi............ 124, 164 
— cordiflora. ........-... 20 —.longa 2er 125, 219 
— cordigera............ 177 | — longiflora........ RE 167 
D RUFAUCA...:.. ue. ‘ 250 | — macrocarpa........... 251 
— cymbifera............. 71,191 | — macroura...... ...-.. 167 
— dictyantha............ 173 | — Maurorum............ 248 
= _ Duchartræl........-.. 182 | — maxima..:........,e 95, 178 
— fastidiosa. .. ... _ RR 252 | — microphylla........... 251 
En fMbridia.. . soc 133 | — odoratissima.......... 110, 202 
— filipendulina .......... 137, 191 | — ornithocephala ........ 198 


= RATÉ OO 201 | — ovalifolia AR PSS STAR 175 


Apalida:.. MR eue re 
— pandurata........... 


ER A 


Pages. 
135,226 
204 


AMRÉOMENTOSA 0 NS 
— itril0DAID, 2 RE EETURS 


. CONS : \2 
—Paraehsis :: :. 15/20 252 | — Turbacensis.... ...... 
= vpentandra ni eme 164 |, Bejuco carare.. 150 


— (Pistolothia ae 
Pontica 


= punctafa.. hier. as 


ÆPrecurvilabra.e. 1° 
— reticulata. HR 
— ringens..... .. AUS, 
IHAT LI IN EAP Se ec PR 
Ad O Te LE MMM EMA 
sempervirens..... 
Serpentaria. . ........ 
Si 1 + CPS ANS RE 
— Surinamensis.........… 
nr Dabalase ts cuite LE 
SUIENETA est 
HOT Es MIN 


57,215 
249 
187 
247 

54, 158 
196 

134, 227 
181 
244 
49, 138 
113, 161 
176 
215 
136, 190 
175 


Bograrie.. 4/24. 20008 
Epouramouly.: 477222 
Guacos;, 7.6 EE 
Güaco aigrer,. "070 
— blanc. 400 20 
grand”. :.. 22/40 
142%; longt 2 PMEENSS 
long (S. Jacinto) ..…. 
—  mince....... 


noir de la côte..... 


Mil=hômens.:......""°22 
— groupes voisins....... 
Racine de l'étoile ........ 
Serpentaire vraie , 1. 
— fasse. 


“+ - 


sr Ce se rec > = ur tue QE RO "e . 
ne, ei Sn ES EE ee SRE Er PR UE 
> « Mn sc Es SE CE Le VER 
. h : L di = + 


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00