Skip to main content

Full text of "Les caracteres de Theophraste. Avec Les caracteres ou les moeurs de ce siecle"

See other formats


Google 


This  is  a  digital  copy  of  a  book  thaï  was  prcscrvod  for  générations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 

to  make  the  world's  bocks  discoverablc  online. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 

to  copyright  or  whose  légal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 

are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  maiginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book's  long  journcy  from  the 

publisher  to  a  library  and  finally  to  you. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  hâve  taken  steps  to 
prcvcnt  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  lechnical  restrictions  on  automated  querying. 
We  also  ask  that  you: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  thèse  files  for 
Personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  fivm  automated  querying  Do  nol  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  laige  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  thèse  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attributionTht  GoogX'S  "watermark"  you  see  on  each  file  is essential  for  informingpcoplcabout  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  lesponsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countiies.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can'l  offer  guidance  on  whether  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
anywhere  in  the  world.  Copyright  infringement  liabili^  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.   Google  Book  Search  helps  rcaders 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  icxi  of  ihis  book  on  the  web 

at|http: //books.  google  .com/l 


Google 


A  propos  de  ce  livre 

Ceci  est  une  copie  numérique  d'un  ouvrage  conservé  depuis  des  générations  dans  les  rayonnages  d'une  bibliothèque  avant  d'être  numérisé  avec 

précaution  par  Google  dans  le  cadre  d'un  projet  visant  à  permettre  aux  internautes  de  découvrir  l'ensemble  du  patrimoine  littéraire  mondial  en 

ligne. 

Ce  livre  étant  relativement  ancien,  il  n'est  plus  protégé  par  la  loi  sur  les  droits  d'auteur  et  appartient  à  présent  au  domaine  public.  L'expression 

"appartenir  au  domaine  public"  signifie  que  le  livre  en  question  n'a  jamais  été  soumis  aux  droits  d'auteur  ou  que  ses  droits  légaux  sont  arrivés  à 

expiration.  Les  conditions  requises  pour  qu'un  livre  tombe  dans  le  domaine  public  peuvent  varier  d'un  pays  à  l'autre.  Les  livres  libres  de  droit  sont 

autant  de  liens  avec  le  passé.  Ils  sont  les  témoins  de  la  richesse  de  notre  histoire,  de  notre  patrimoine  culturel  et  de  la  connaissance  humaine  et  sont 

trop  souvent  difficilement  accessibles  au  public. 

Les  notes  de  bas  de  page  et  autres  annotations  en  maige  du  texte  présentes  dans  le  volume  original  sont  reprises  dans  ce  fichier,  comme  un  souvenir 

du  long  chemin  parcouru  par  l'ouvrage  depuis  la  maison  d'édition  en  passant  par  la  bibliothèque  pour  finalement  se  retrouver  entre  vos  mains. 

Consignes  d'utilisation 

Google  est  fier  de  travailler  en  partenariat  avec  des  bibliothèques  à  la  numérisation  des  ouvrages  apparienani  au  domaine  public  et  de  les  rendre 
ainsi  accessibles  à  tous.  Ces  livres  sont  en  effet  la  propriété  de  tous  et  de  toutes  et  nous  sommes  tout  simplement  les  gardiens  de  ce  patrimoine. 
Il  s'agit  toutefois  d'un  projet  coûteux.  Par  conséquent  et  en  vue  de  poursuivre  la  diffusion  de  ces  ressources  inépuisables,  nous  avons  pris  les 
dispositions  nécessaires  afin  de  prévenir  les  éventuels  abus  auxquels  pourraient  se  livrer  des  sites  marchands  tiers,  notamment  en  instaurant  des 
contraintes  techniques  relatives  aux  requêtes  automatisées. 
Nous  vous  demandons  également  de: 

+  Ne  pas  utiliser  les  fichiers  à  des  fins  commerciales  Nous  avons  conçu  le  programme  Google  Recherche  de  Livres  à  l'usage  des  particuliers. 
Nous  vous  demandons  donc  d'utiliser  uniquement  ces  fichiers  à  des  fins  personnelles.  Ils  ne  sauraient  en  effet  être  employés  dans  un 
quelconque  but  commercial. 

+  Ne  pas  procéder  à  des  requêtes  automatisées  N'envoyez  aucune  requête  automatisée  quelle  qu'elle  soit  au  système  Google.  Si  vous  effectuez 
des  recherches  concernant  les  logiciels  de  traduction,  la  reconnaissance  optique  de  caractères  ou  tout  autre  domaine  nécessitant  de  disposer 
d'importantes  quantités  de  texte,  n'hésitez  pas  à  nous  contacter  Nous  encourageons  pour  la  réalisation  de  ce  type  de  travaux  l'utilisation  des 
ouvrages  et  documents  appartenant  au  domaine  public  et  serions  heureux  de  vous  être  utile. 

+  Ne  pas  supprimer  l'attribution  Le  filigrane  Google  contenu  dans  chaque  fichier  est  indispensable  pour  informer  les  internautes  de  notre  projet 
et  leur  permettre  d'accéder  à  davantage  de  documents  par  l'intermédiaire  du  Programme  Google  Recherche  de  Livres.  Ne  le  supprimez  en 
aucun  cas. 

+  Rester  dans  la  légalité  Quelle  que  soit  l'utilisation  que  vous  comptez  faire  des  fichiers,  n'oubliez  pas  qu'il  est  de  votre  responsabilité  de 
veiller  à  respecter  la  loi.  Si  un  ouvrage  appartient  au  domaine  public  américain,  n'en  déduisez  pas  pour  autant  qu'il  en  va  de  même  dans 
les  autres  pays.  La  durée  légale  des  droits  d'auteur  d'un  livre  varie  d'un  pays  à  l'autre.  Nous  ne  sommes  donc  pas  en  mesure  de  répertorier 
les  ouvrages  dont  l'utilisation  est  autorisée  et  ceux  dont  elle  ne  l'est  pas.  Ne  croyez  pas  que  le  simple  fait  d'afficher  un  livre  sur  Google 
Recherche  de  Livres  signifie  que  celui-ci  peut  être  utilisé  de  quelque  façon  que  ce  soit  dans  le  monde  entier.  La  condamnation  à  laquelle  vous 
vous  exposeriez  en  cas  de  violation  des  droits  d'auteur  peut  être  sévère. 

A  propos  du  service  Google  Recherche  de  Livres 

En  favorisant  la  recherche  et  l'accès  à  un  nombre  croissant  de  livres  disponibles  dans  de  nombreuses  langues,  dont  le  français,  Google  souhaite 
contribuer  à  promouvoir  la  diversité  culturelle  grâce  à  Google  Recherche  de  Livres.  En  effet,  le  Programme  Google  Recherche  de  Livres  permet 
aux  internautes  de  découvrir  le  patrimoine  littéraire  mondial,  tout  en  aidant  les  auteurs  et  les  éditeurs  à  élargir  leur  public.  Vous  pouvez  effectuer 
des  recherches  en  ligne  dans  le  texte  intégral  de  cet  ouvrage  à  l'adressefhttp:  //book  s  .google .  coïrïl 


^ 


\ 


'^ 


•     ■       » 


!■ 


•v.";» 


LES  CARACTERES 

SE 

THEOPHRASTE- 

AVEC  LES  CARACTERES 

o  u 

L£SMO£URS  DE  CE  SIE:CLE, 

rir  M.  DE  LA  BRUYERE. 

Nmclle   Edilion  augmentée    ia   Ii  DE'FENSI 
de  ML  Da  L4  iUuxua  te  de  iè*  Cauctbku. 

T»  M.cosrt.. 
TouePrxuiiiu 


f  ^  A  AMSTERDAM; 

''dieo    F.  CHANGUION.  t7;i. 


'UNIVERS-.TY  '--^ 

-2N0V19S4 

OF  OXFORD 


/s 


CLEF 

DES 

CARACTERES 

PE 

LA  BRUYERE. 

P^g^.  ri/*  V»  Magtfirkt.  Mr.  Poucet  Je  là 
^iVicre  ,  mort  JD|o^en  des  ConfeiIIer$ 
i'Etzt'^  qui  préteadoit  ittc  Chancelier  »  Se 
qui.avoic  faic  j^n  m^auvais  Liyre  des  Avanta- 
ges dç  la  VieiHcfli. 
f}6.  Certains  Prêtes.  Cortieiile  le  Jeune 
dans  û  fieremce  >  dont  les  quatre  premiers 
Vcfs  font  tx^  fi|it  <P^liQ)^cias: 

Déms  Us  iomlUns  7>Mt/forts  étunt  fufte  Colêfë 
C^ntfi  un  Vils  criminel  $xcufabU  eft  un  Pen; 

Ouvn  Us  y  eux éi"  nsoins  aveugU  VQi 

Lt  flusjage  Confiai  /*i^/firer  4  to^  Rfih 

tj7.  Çon  i^*és  guttH  vA,  Le  Dîâionnaîr^  jp 
l'Académie  françoife.qui  a  paru  (snfîn  en 
lé» 94*  après  avoir  ccé  atceijidu  pendant  plus 
de  quarante  Ans^ 

ti9.  On  fe  nourrit  des  Anciens  »  Mr«  de  ïoii* 
tcneJie  >  Académicien  >  Auteur  des  DiMUgues 
du  èivru  »  &  de  quelques  autres  Ouvrir 
gcs.      . 

ibid.  Un  Auteur  Moderne.  Mr.  Charles  Per« 
laok ,  de  l'Académie  Irançoife  >  qui  a  voula 


%    Ctir  DBS  Caractekb$ 

prouver  cette  Propofition  ^ar  un  Ouvrage  c!f 
trois  Volumes  ,  iu-iz.  qui  prouve  que  les 
Modernes  font  au  defTus  d«s  Anciens. 

Pag.  140.  §iuelquis  hMles.  Defpreaux  &  Ra- 
cine ;  le  premier  »  Pplrrc  Satirique  tç  Hifto- 
xi^cn  du  Roi  :  le  fécond  qui  a  fait  des  Traeé*- 
liies  &  de»  Comédies <î  ^  qui  a  a^iflTi  travaillé 
i  l'Hiftoirc  du  Roi.  •  Jl  cft  mert.  Il  ^érbic 
Gentilhomme  ordinaire  de  la  Chambre  du 
Roi.  '      / 

141.  Bien  des  gens.  L'Abbé  Dangeaa  ,  de 
l'Académie  Françoîfe' ,  Fferc  du  î^rquis 

'    Dangeaa.  ^        -  ^  '.^     ..\...^ 

14  j.    Un  bel  Ouvrage.  Le  ptéfent  Livre  dc% 

Cara^éres, 
f4f.  Affine,    Le  Marquis  de  Trevillc  ,  ott 

l'Abbé  de  Choifi. 
^4^.    Théecrine.    L'Abbé   Dângeau  »  on  de 

Brie.  Ce  dernier  cd  Auteur  d*un  petit  Ro- 

iman  du  Duc  de  Gui£e.  Il  a  traduit  quelque^ 
'   Odes -d'Horace  qui  ne  répondenr  pas  au 

génie  de  ce  Poète.  Ce  de  Brie  ef);  Fils^d^on 

iChapcUer  de  Paris. 
Ibid*    //  n'y  a  feint  iOuvrage.  Les  Cartes 

de  l'Abbé  Dangeau. 
147.  Un  Auteur  ferieux.  Allufion  auxdilfé^ 

rentes  applications  que  l'on  fait  des  Çarac* 

téces  du  préfcnt  Livre. 

I  $0.  C4pys,  Bourfault  9  Auteur  de  la  Comév 

die  d'E(bpe  ^  4e  quelques  autres  Ouvrages^ 
tbid.  pamis*  M.  Bôileau  Defpreaux; 

II  I.  Le  fhilefophe  eçnjume,  La  Bruyère  ^  Au<- 
teur  du  préfcnt  Livre. 

1  j|.  Il  n*n  manqué  d  Molière,  Jean-Baptffte 
Poquelin ,  fi  co<nna  (bus  le  nom  de  Molie^» 
,$c ,  ^toic.  Fils  d'un  Valet  de  Chambre ,  T^r 
pi/Bcr  du  Roi  ,  fl  naquit  à  Pari?  ;  environ 

•  f^^Uo.  ïlfc.fîwd'#l?orddpi$t^Trogpç 


ées  Comédiens  de  Monfiear ,  Se  panic  (ur 
le  Théâtre  aa  petit  Bourbon.  li  réunît  fi 
mai  la  première  fois^a'ilparuc  à  la  Tragé- 
die d*HécaciittS ,  donc  il  faifoit  le  principal 
Perfbnnage  ,  (]u'on  lui  jetca  des  Pommea 
cuites  <}ui  fe  veadoient  a  la  Porte,  &  il  &ic 
obligé  de  quitter.  Depuis  ce  tems-là  ».il 
n'a  plus  paru  au  férieux  >  &  s*eft  donné  tout 
aa  Comique  »  où  il  réu/Iiflbit  fore  bien. 
Mais  comme  il  ne  paroiâbit  qu*à  Tes  pro- 
pres Pièces ,  il  faifoit  toujours  un  Pçrfonna* 
£c  exprès  pour  lui.  Il  e(l  mort  prefque  fur 
le  Théâtte  »  à  la  Repréfen cation  du  Ma- 
laie  Imaginmrg ,  le  17.  Février  i  ^7  j. 
P^g^if  6,  Deux  Ecrivains^  Le  P«  Malcbran- 
cbc  ,  qui  penfe  trop  ,  &  Mr.  Nicole  du 
Porc- Royal ,  qui  ne  penfe  pas  allez.  Ce  dcr« 
sier .  eft  more  au    mais    de    Novembre 

ïbid.  ^♦*  G**.  Le  Mercure  Galand  ,faîl 
par  le  Sieur  De  Vifé. 

157.  D'Amphiçn.  Lulii  ,  ou  Francine  •  (on, 
Gendre.  Le  premier  étoit  originaircracnc 
Laquais ,  cnfuite  Violon.  II  a  porté  laMu- 
fique  à  là  dernière  perfedion  >  &  a  donné 
les  plus  beaux  Opéra ,  dont  il  a  fupprimé  la 
plus  grande  partiic  des  Machines  >  faites 
par  le  Marquis  de  Sourdiac  de  la  Maifon 
de  Rieux  en  Bretagne.  LuUi  cil  mott  en 

168^. 

ijg-  Us  ont  féUt.  le  Théâtre,  M.  Manfard  „ 
Arcliite(5le  du  Roi  qui  a  prétendu  avoir 
donné  l'Idée  dé  la  belle  fête  donnée  à. 
Chantiili. 

159.  Les Cênneigiurs,  Mr. Quinaut,  Auditeur 
des  Comptes»  quia  fait  les  plus  beaux  Vers 
de  plufieurs  Opera^ 

i6i«  U  feeme  TItépquê.  H  parle  contre  TOpétiu 


•  ♦  1  Pag. 


'4       CtSf   DES  CAKACtEKt 

Pâg.  i6u  Ce  ffeji  fûint^fez.  LesCom(jîe9 
de  Baron. 

1^1.  Cefi  h  propre  d'un  ejpminé.  L'Homme  à 
Çonne-Forcuite  >  Comédie  de  Baron  le  Pe- 
fe  ,  Comédien  fdtt  célèbre  >  laquelle  Pièce 
en  prétend  être  le  Portrait  de  (es  Avamu- 
res.  Il  a  renoncera  Théâtre»  Se  s'ef);  jette 
dans  la  Dévotion, 

$6s*  Dsns  h  Cid ,  dans  Pûlieuiîe  é*  dans  les 
Horaces.  Le  Cardinal  de  Richelieu  fe  déclara , 
&  s'anima  contre  Corneille  Tainé  >  Auteur  de 

'  la  Tragédie  du  Cid>  comme  contre  un  Çri« 
minci  de  Leze-Majeflé. 

1^9.  Tout  Ecrivain.  Les  Romans. 

171.  Von  a  cette  incommodité.  Les  Jéfoites  1  Çc 
les  Janféniâcs. 

171.  hon  écrit.  Le  Père  Bouhours  >  &  le 
Père  Bourdaloue  »  tous  deux  Jéfuites* 

37}.  lly  a  desEfprits.  Mr.  Ménage. 

174.  ^eeonfeilie,  L* Abbé  de  Villiers  qui  a  ^té 
autrefois  Jéfuite. 

tys»  Un  Homme  hé  Chrétien.  Le  Noble»  na« 

'  tif  de  'Trbyes  ,  ci-devant  Procureur  Gêné? 

-  rai  au  Parlement  dé  Mets ,  qui  a  fait  quan« 
tité  d'Ouvrages  d'Efprit  &  d- érudition ,  pn. 
tr'âutres  ,  rEfirit  de  Gèrfin  >  qui  a  été 
shis  à  l'Index  à  Rome.  Il  a  été  détenu 
plufîeurs  années  en  prifon ,  d'où  il  eft  en- 
on  forti  >  après  avoir  fait  Amende  honof  a« 
ble. 

P»id.  Il  fasse  éviter  If  Stslf.  Vari]Ias  &Maifn« 
bourg.  ' 

^8^.-  Votre  Vils  eR  heguo.  Mr.  de  Harlay  » 
Avocat  Général ,  Fils  de  Mr.  le  Premier 
Préndént  :  Madame  de  Harlay ,  Fille  de  Mr* 
k  Premier  Préfident  >  Rcligieufe  à  Sainte 
^iiïâbieth  y  où  elle  a  été  mi(è  a  caulè  de  i'ha* 
^itude  qu  elle  ayoîic  aycc  Ptf  Mçfajl  >  Mufif^ 


fag.  lié.  XMtuas.  Mr.  de  Coonenvaux  >  Fils 
de  M.  de  Loavois. 

187.  CrMffks.  Mr.  d€,LoDTois  8c  k$  Enfans. 
Ibid.  llétffaroh.  Le  Cardinal  de  Richelieu* 

188.  V**  C**.'  VAutiitr  de  PyrMme.  Pra* 
don  I  Vignon ,  Peintre  i  Colailè  «  Muficien  $ 
qui  bacoit  Ja  Mefure  fous  Luili  >  â(  a  cqjh-* 
pofé  des  Opéra* 

tS^.  Aprh  U  Mérité  perfcnneL  Vkxçhvrt^ 
qne  de  Rheims  >  Frère  de  Mr.  de  Lou« 
Tois  y  élu  Provifèur  de  Sorbonûe  après  ta 
mort  de  Mr.  de  Harlaj  >  Archevêque  de 
PariSi 

Ibid.  SlMeltiues-uns.  feu  Mr.  de  Harlaj  »  Ar-*» 
chevelue  de  Paris. 

Ib/d  Philemon,  Mr^lc  Gomte  d'Aubigni ,  Fre- 
re  de  Madame  de  Maincenon  j  ou  Myïord 
Scrafoit  »  Anglois  d'une  grande  dépenfe  > 
mais  très- pauvre  d'clpriC}  &  qui  a  toujours 
un  magnifique  Equipage. 

290.  Cen'efiptuqu*H  frui.  M.  de  Mcnncvil- 
lette ,  qui  a  été  Receveur  Général  du  Clei;- 

fé  j  o]j  il  a  gagné  Ton  2\tn,  U  a  fait  fon 
ils  Préfidenc  à  Mortier ,  qui  a  époufé  Ma- 
dame de  Harlay  ,  petite-Fille  de  feu  Mr. 
Boucherac  y  Chancelier.  Sa  Fille  a  époufé  le 
Comte  de  Tonnerre. 

191*  Un  homme  k  U  Cour.  L*Abbé  Boileau  , 
fameux  Prédicateur. 

Ibid.  Une  terfonne  humlle.  Le  P.  Mabillon  i 
Bénédiâin ,  Auteur  de  pluficurs  beaux  Oa«: 
vrages. 

i5j«  O»  fi»  regwii.  Mr.  de  Tdrenne* 

154.  TtU»  Petit '^ils,  Mr.  le  Duc  de  Char« 
très  j  enfuite  Duc  d'Orléans  9  &  ^Régent 
du  Royaume  ,  qui  a  époufé  une  des 
Filles  du  Roi  &  de  Madame  de  Mon« 
tefcao* 


«      Cttt  nu  CAKÂCTînti 

Pag.  f  96.  Mêpje,  UAbbé  de  Su  Pierre  >  éc  TX* 
cadcmie  Françoife. 

Ibid  Celfê*  Le  mron  de  Breteuif  qiii  a  écc 
Atnbadadcur  auprès  du  Duc  de  Mancooë. 

157.  D€  h  broutUerie  des  dtuK  Frères ,  ^  dr 
U  rupture  des  deux  Minifires,  Qui  arriva  en- 
>  tre  Mr«  Pelletier  6c  Mrs.  de  Louvois  &  d« 
Seignelai ,  au  (ujec  de  la  protedion  4  don- 
ner au  Roi  Jacques  ,  que  Mr  de  Louvois 
piqué  fecretement  contre  lui  pour  lui  avoic 
lefufé  (à  Nomination  au  Chapeau  deCardi- 

'-  nal  peur  TArchevéque  de  Rbeims  y  (on 
Frère  ,  vouloir  abandonner  ,  &  ne  point 
•charger  la  France  de  cette  Guerre  qui  ne 
pouvoir  être  que  très-longue  &  très  oncrcu- 
fe.  M.  de  Seignelai  «  au  contraire  3  foute« 
Doit ,  que  le  Roi  ne  pouvoit  fe  difpcnfer  de 
cette  protcâion  qui  lui  étoit  glorieufe  de 
néceflaire  :  &  le  Roi  approuva  cet  Avis  9 
que  Mr.  de  Louvois  combat  toit.  Cepens 
dantyon  envoya  en  Irlande  peu  de  Trou- 
pes pour  le  Rétablfflement  de  ce  Prince ,  $t 

'  Mr.  de  Cavois  pour  y  palîèr  avec  elles  : 
tnais^ne  s'y  étant  pas  trouvé  te  plus  fort  > 
il  ne  put  empêcher  que  le  Prince  d'Oran- 
ge ne  pafTât  la  Boyne  ,  où  il  y  eut  un 
grand  Combat  le  10.  Juillet  1^90.  dans 
lequel  le  Roi  Jacques  ayant  été  abandonné  par 
les  Anglois ,  &  Irlandois  >  fut  obligé  de  (e 
fauvcr  à  Dublin ,  &  de  repafl'er  en  France. 
Ce  (ut  dans  ce  Combat  que  le  Maréchal  de 
Schomberg  fut  tué  d'un  cou^  de  Sabre  3c 
de  Pidolet,  que^  deux  François  »  Gardes  du 
Roi  Jacques  9  qui  pailcrent  exprès  les  Ran» 
pour,  l'attaquer ,  lui  donnèrent  »  lefquels  ni- 
xent  tués  fur  le  champ.  Le  Prince  d'Orange 

'  fut  û  fucpris  de  cette  mort,  que  la  tête  lui 
en  tourna  ,  &  qu'il  devint  inviiiblc  quet« 


Çaes  jourSjCequi  donna  lieu  au  bruir  qui 

.. courue  de  fa  Mort ,  donc  la  Nouvelle  ré- 
pandue en  France  cau(k  pendant  erois  jours 
des  jojes  extravagaare^  i  dl  qui  â  peine  c^t 
ferencpar  les  Nouvelles  du  récabtiflèoienc  de 
ia  fancé  ôl  du  Siège  de  Limmeric»  où  il  fc 
trouva  en  Perfonne.  Depuis  ce  tems-là  » 
Je  Roy  Jacques  à'a  pu  fe  rétablir.  Il  cft 
mon  à  â»c.  Germain  en  Laie  »  le  i6.  Sep* 
tcmbrc  1701. 

Pag.  198.  Mempfe,  Lé  Maréchal  de  Ville- 
roi, 

100.  £4  /Iixi  Grandeur.  Le  Maréchal  de  Vil« 
Icroi, 

Ibid.  La  véri/shU  Grandeur.  Mr.  daTtirenne^ 
Maréchal  de  Prance  »  enterré  à  St.  Denis , 
&  tué  en  Allemagne  d*uû  coup  de  Canon , 

le  £7.  Juillet  1674* 

107.  Li/i.  La  Préfîdente  d'Ofambraj ,  Femme 
de  Mr.  de  Bocquemart  ,  Préfident  en  la 
féconde  des  Enquêtes  du  Palais. 

ail.  A  JHger  de  cette  Femme*  Mlle,  de  Lui- 
nes  ^  Sœur  de  Mr.  de  Luines.  Corred^r 
des  Comptes  ;  belle  &  bien  &ite ,  laqueife 
s'amouracha  d'un  nommé  Thibert  »  Frère 
du  Notaire ,  qui  étoit  petit  &  boiTù  >  &  qui 
en  abufa.  Elle  a  époufé  depuis  Le  Tel« 
lier ,  Frerc  de  Le  Tellier ,  Confeiller  en  la 
Cour  des  Monnoyes. 

Il^d.  Le  rtbut  de  la  Cour.  Le  Etron  d'Aubi- 

i  gnc. 

ai  5.  Ell'ce  en  vue  du  Secret.  Madame  de  la 
Fcrieie, Femme  du  Mattre  des  Requête»^ 

3 ai  aime  fon  Laquais. 
.  lÊi  Dorinnefin  Médecin.  Mlle.  Foueaue^ 
Pille  de  Mr.  Foucaut ,  Confeiller  aux  Ro- 
quéces  du  Palais  >  qui  aimoit  Metcanfon  foQ 
Médecin* 

•  ♦  4  Pag; 


9    Cï;tF  »«  exuiCTfftirt 

Pag.  itj.  Ulie.  La  Fille  dH  Préfidcnt  Erifiri;* 
414.  Claudie^  La  DUcfatflè  de  BoaUloû^  e^f: 

de  la  Pcfté. 
Jbid.  Mejfaline»  Madame  d'Otonne. 
Ibidi  Bathfih.  Pecourt ,  Danfeur  de  VOpêtit 
Râilletie  (ùr  les  Dames  qm  s^amourachent  de 
Farceur?. 

find.  Cch/ts.  Le  Barque, Danfeur  de TOpéf a > 
ou  Beauchamp. 

Ibid.  Draeon,  Philibert  »  Joueur  de  la  îluté 
Allemande  ,  d6nt  h  Femme  avoir  empoi- 
fenné  Ton  premier  Mari  >  afin  de  Tépoufer  i 
ce  qui  ajant  été  découvert  ^  elle  fût  pendue 
«c  brûlée. 

âiT.  Ctfonii.  Mlle  de  Briou,  Fille  du  Prciï^ 

.  dent  en  la  Cour  des  hjàts^  Ëfle  a  époufë 
le  Marquis  de  Coflantin ,  qui  ne  vécut  que 
trois  ans  avec  elle.  Depuis  Ton  Veuvage  , 
«lie  s'eft  abrolutnent  déclarée  pour  Phili- 
bert ,  &  a  fait  fur  ce  diapître  des  extrava- 
gances fon  grandes.  Elle  eft  morte.  Etant 
Fille  ,  elîe  etoit  fbrr  retirée.  Ce  fut  un»- 

:   Demoifelle  qu*on  lui  donna  qui  lui  infpira 
Tenvie .  de  f e  mettre  dans  le  Monde  ,  ce 

.  qu'elle  fit  avec  beaucoup  d'emportement* 
Elle  fréqnentoit  fouvent  Mlle.    Aubri ,  i 

^    préfent  Madame  la  Marquife  de  Monpî- 

.    peau. 

XI 6^  §lHelqu€S  Femmes.   La  Duchefle  d'Am» 

.  motit  >  Fille  de  Madame  la  Maréchale  de 
la  Mothe  >  &  It^dame  la  Maréchale  de  Ik 

rFcrtéi 

|bjd.   Slm^efi'Ci  funnè  lemme.  Madame  I4 

,   Duchefle. 

atç.  L0  Dévotion  vient,  La  Duchefle  d*Au-; 

•  mont  &  la  Duchefle  de  Lefdiguieres* 
»&}.  Slftel^Hef  Memnw.^  La  Duchefle  d'Aq^ 
mont»  .  X 


B^  «  I  iV  1B  n  tj  r  E  n  i«       9 

Pag.  117.  Il  y  a  uUe  Fsmme.  Madame  la  Pré* 

Sdence  de  fiocquemari ,  qui  a  confcrré  fou 

nom  d'OTambraj. 
ti9*  Coif^itj^  dt  FilU$.  Mlles.  Baré,  Bolot& 

Mamelin. 
ij  I.  Ofycerê.  Madame  de  la  Feriete ,  petite*" 
•  Fille  de  fca.  Mr.  le  Préfidcnc  de  Norion* 
iji.  VtnouxM'  Vincenne* 
2]  h  Canidie»  La  Voifin  empoitoimeafè  «•  qui 

a  été  pendue  &  br&lée. 
1)4.  Je  ne  comprends  pMS,  Le  Préfideot'  dd 

fiocquemarc, 

ij4.  i>  A#4ri  1^  illiii/4m#  Ir**^    La  Pt6&; 

deme  d'OGimbraj. 
i|7*  Z>/v9«r^.  Le  Comte  de  Tomîcrrc ,  pre-»' 
mier  Gencflliomme  de  la  Chambre  de  feu 
MoNSZfiUit  ,  de  la  Mafifon  de»  Comtes 
de  Tonnerre  -  Cictmonc.  Ils  portoicnt  au* 
trefois  pour  Armes  un  Soleil  au-deflbsd'ona 
Montagne.  Mais ,  depuis  que  l'an  iia^i  » 
un  Comte  de  cette  Maifon  rétablit  le  Pape 
Calixtell^furfon  Trénc»  ce  Pape  a  don« 
né  pour  Armes  à  tfetre  Maifon  deux  Clefs 
d'Argent  en  Sautoir  «  qu'elle  porte  préfen cé- 
ment :  Zc  j  quand  un  Comte  de  ^tte  Mai-* 
ion  fe  trouve  à  Rome  lors  de  quelque 
Couxornienrent  de  Pape  »  au  lieu  que  tout 
le  monde  lui  va  baiter  les  pieds  ,  lui  fe 
mec  à  côté  ,  cire  ion  Epée  »  ft  dit  :  'Eifi 
0mnes  »  ego  mn.  Ceci  en  une  pure  Fable* 
Cette  Maifon  eft  fort  illuftre  &  fort  an- 
cienne  »  de  ceux  qui  en  font  préfentemenv 
ibnc  crÀ-fieis ,  &  trantent  les  autres  de  petite 
NbUeflê  Bc  de  Bourgeoifie.  L*£vêque  de 
Koyon  >  qui  ea  ell  »  ayant  traité  fuf  ce 
pied ,  la  Famille  de  Harlay  ^  de  Bourgeois  , 
&  étant  allé  pour  dîner  chez  Mr.  leprcmiev 
Fxéfidciic>  WÎ  ravoicfa^U  kcrfuTa  en  Lui 


elO    C^nV    DBS    CAKACTSRE9 

diÛLtit  qa'il  n'apparrenok  pas  à  an  petit  Boxas^ 

^  geois  de  traiter  un  Homme  de  (a  Qualité  ; 
&  ,  comme  cet  Evéque  lui  répondit  «  qa'il 
avoir  renvoyé  fon  Garolfe ,  Mr.  h  premier 
Préfident  fit  mettre  les  Chevaux  au  fîen ,  6c 
le  renvof a  ainfi  -,  dont  on  a  bien  ri  à  la  Cour* 
Après  la  mort  de  Mr.  de  Harlay ,  Arche* 
véque  de  Paris  ,  il  a  en. le  Cotdon  blea* 
Depuis, le  Clereérayam  prie  d*cn  vouloir 
faire  POiaifon  funèbre  ai»x  grands  Auguf-^ 
tins ,  où  l'on  devoir  faire  un  Service  (olennely 
il  s'en  excuGi.difant  qu'il  tronvoit  le  fujet 
trop  ftérile ,  dont  le  Roi  étant  averti  te  ren- 
voya  dans  fon  Diocéfe.  Il  cft  mort.  L'Abbé 
de  Tonnerre*,  de  la  même  Maifon  ,  a  été 
fait  Evéque  de  Langre ,  en  169^,  C'eft  un 
fort  bon  fujct  qui  a  beaucoup  de  bonne» 
Qualités ,  de  qui  n'a  p.is  les  hauteurs  de  (es 
frères. 

Pag.  z6i.  AroncÉ.  Mr.  Perrault. 

Ibid.  Vom  vêit  dts  gens*  Contre  les  Précieil» 
fcs. 

;  aé/^.  ArrUs,  Mr.  Robert  de  Charillon ,  Fils  de 
Mr.  Robert ,  Procureur  du  Roi  au  Chatc- 
let ,  où  il  eft  lui  -  même  Confeiller.  Cette 
Avanture  lui  elt  arrivée. 

4^^9.  TheodeSle.  Monfïeur  le  Comte  d'Aubigné» 
Frète  de  Madame  de  Mainteoon  »  Gou- 
verneur de  Berri ,  Fils  de  Mon(ieur  d'Aa. 
bignéj  qui  auroit  eu  h  tête  coupée,  fi  par 
rintrigu«  de  la  Fille  du  Geôlier ,  il  ne  fe  fuc 
fàdvé  de  la  priibn.  Il  fe  retira  avec  elle  aox 
Ifics  de  l'Amérique  où  il  l'époufa.  11  en  cur 
encore  une  Fille.  Après  Çz  mort ,  ùt  FeiD- 
me  revint  en  France ,  Bç  maria  (i  FiMe  dans 

.  la  fuite  à  Mr.  Scaron  Cul  de>  Jarte  ,  fi  con- 
nu par  (es  Ouvrages  comiques ,  fequcf  étar>c 
motc ,  elle  fe  trouva  fiuis  beaucoup  de  bien  $ 

nais. 


/   01  t A  Brdtb&c#      tr 

maïs  ,  s'éraot  infinoéc  a«iprds  de  Madame 
Coibercqui-avoic  le  (pin  de  VBduc^timn  des 
Encans  ^e  le  Roi  avoit  eu  avec  Madame 
de  Moncefpat)  ,  elle  ht  placée  chez  elle 
comme  Gouveraance  $  où  elle  s*eft  fait  con- 
noître  au  Roi  ,  &  a  fait  par  ce  moyen  à 
l'âge  de  s  !•  ^^^  ^^  plus  haute  fortune  qne 
Femme  ait  jamais  faite.  £!Ie.  eft  née  ea 
i^)r. 

Pag.  tj^.llfautlMiJStrpMPlir.VAhhédcVskSL 

\l€m  Cl0om,  MoBoeroç  de  &?e* 

Ibid.  BMtifhrcn.  Mr.  du  Buiilon  >  Imendaat 
des  Finances. 

177.  ThMiUme.  L'Abbé  De  Robbe. 

Ibid.  Vm  n/ûit  des  gens.  Feu  Mr.  de  Harlaj  ^ 
premier  Préfident, 

-178.  Parler  é*  ofenfer,  G'eft  la  manière  d« 
Mr.  l'Abbé  de  Rubec ,  Neveu  de  Mr.  l'B« 
▼éqae  de  Tournay. 

iS^  Von  fait  des  gens.  Mrs.  Courtin  &  da 
Saint  Romain  ,  intimes  Amis  très  -  long* 
tcms  y  &  en6n  devenus  Ennenns. 

.28/.  deante.  L'Oifèau  ,  ci- devant  Receireitf 

•  à  Nantes  »  qui  a  époufé  Mlle,  /de  Soîeure 
de  Beaufiè ,  affez  jolie  Pcrfonne  >  &  fepaiée 
d'avec  lui. 

Ig7.   C**.   H**^   Vcdeau  de  OtammOfit  • 

Confèiller  de  la  Cour  en  la  féconde  des 

;    Enquêtes ,  a  eu  un  très-grand  Procès  avec 

'    Mr.  Hervé ,  qui  étoit  Dayen  du  ParlenKnc  » 

au  (bjet  d'une  Bêche.  Ce  Procès  >commen« 

ce  pour  une  Bagàtel!e«a  donné  lieu  à  une  In(- 

*  cription  en  faux  de  Titre  de  Nobleâe  dtidîc 
Vedeau ,  &  cette  affaire  a  été  fi  loin  qu'il  a  été 
dégradé  publiquement ,  fa  Robe  déchirée 
fur  lui  i  outre  cela  »  condamné  à  un  Banniffe- 
menc  perpétuel ,  depuis  converti  à  une  Pri« 
£m  à  Picm  AÎocito  >  où  il  eft  1  ce^qni  a 

•  *  6  wo4 


Il  Clbp  fitS  Caractbrbï 

lainéabfotmacnc  kdtc  Vtdew  (fui  étoitfbrf 

fickc»  R  avoic  époufé  Mlle.  Genou ,  filld 
.    éc  Mr.  Genou  >  Coftfeiller  eo  k  grande 

Chambre. 
Pag.  igj.  fMpprocht  ftêmpitiii  VilU.  La  Ville 

de  Richelieu. 
291.  ThMétide.  Boor(kufr» 
i^S*  CyMas.  Perraufc  9  de  F Acadcntie »  qoi  4 

fait  le  Pocme  des  Arcs*  II  s^étoir  oppofé  à 
.    la  Bruyère  pour  être  reçu  Académicien-^  ce 

qui  fait  quril  ledrappcj^f  tout  où  il  le  seur^ 

icontrc. 
30$-  Un  homme  fart  riche,  Mr.  de  Lonvefs  j^ 

ou  Mr.  Frroiont. 
fe6»  Veux  istufchuntk.  Un  Marchand  ii  Pàrk 

qui  avoir   pour  En(èlgne  les  I^ft  >  (  *  ) 
.    qui  a.  maiic  u  Elle  à  Mr.  d'Armenonvik 

le. 
307*  Un  Somme  efi  laid,  Mr.  Te  Due  de  VeiK 

tadouc 
lbid>  N  *  *.  Avet  ti9^  Pertitr,  Me.  de  8c.  Pouai^f 

ges. 
|o8*  Cfitiphm.  Mr.  leCàmus»  Te  Lieutenant 

Civil ,  le  premier  Préfident  de  1»  Cour  de^ 

Aides  V  le  Cardinai  le  Camus ,  &  Le-  Ca^*. 

Sus  ,  Maître  des  Comptes  font  petitS'-FîI» 
Nicolas  Le  Camus  >  Marchand  dans  la 
Rue  Se.  Denis ,  qui  avoir  pour  fin(èigne  U 
Peiscan- ,  que  ces  Meffieurs  onc  pris  pour 
leurs  Armes  j  ce  qui  a  £iit  dire  à  Mjs  le 
l^oble  dans  ù,  Comédie  du  Fourbe.. 

yS'f'ên  ehercher  fi  loin  ttcU  les  gênrjémt^ 

venus  ? 
JE/  ne  voyens"  nôifs  f/u  les  Fils-  dn  vionx 

CMimus  > 

C*^)  J^  çtoU  qplUr  b  2ieiiuno& 


»s  LA  Brot me;         t^F 

MiéUif  à  nçsytHX  fur  un  Char  Mdgiùfqmê 
Vtnjtignê  qui  Umr  Fête  MV»st  À  Js  Botêti* 

fue} 
S*tfffprmer  tant  qui  fut  l$ur  Ajftulffrtmd  C^ 

Us   ,  à'Cn 

Ce  Nicolas  Le  Camus  arohité  Garçon  dt 
BMU(|ue.  Apres  la  mort  du  Maicre  ,  il 
épou&  la  Veuve  ,  &  continaa  le  Comaier* 
ce.  Cette VcttvefiQone, il ép^ufa  uneCol- 
bcrt  de  Troie  »  grande  Tante  deMrColi* 
bert  ,  ContiÂIenr  Général.  Ce  fécond  Ma* 
liage  ne  loi  fut  pas  heureux  *,  ilfitBan^ue- 
loute  «  &  Ce  retira  en  Italie  >  où  il  fe  fie 
Comnviflâire  des  Marchands  François ,  dana 
tcqad  Poûc  il  amafe  du  bien.  Pendant  fba 
Séjour  en  Italie ,  il  s'appliqua  auïïi  à  TAr* 
cluteâure  ,  où  il  réïïffic  beaucoup  »  enforte 
aue  de  rerocs  en  France  avec  &  £imil]« ,  il 
}y  adonna  >  &  fut  un  des  principaux  Entre- 
preneurs de  la  Place  Roiale  où  il  s'ènricbic» 
H  fc  £c  Secrétaire  du  Roi ,  &  le  Roi  pour  U 
lecompcnfer  du  fuccès  de  cette  Entrcprife  » 
lui  accotda  de  porter  une  Fleur  de  Lys  dans 
ics  Armes. 

Pag.  /lo  Sofie^  Delpéche ,  ou  Berjcr ,  Fermier 
Général  &  £cononîe  de  TAbbaïe  de  SJ. 
Dcni^  11  a  fait  fon  Fils  Confeiller  de  la 
Cour  ,  &  un  autre  Avpcat  Général  en  la 
Cour  des  A;des  ,  qui  eft  Mij*  Delp&-^ 
cbe. 

311  Arfuti.  Madame  Beliiany^  ou  de  Conc« 
cliaœp. 

IbiJ.  Crefus.  Mr.  de  Guenegaud  «  fameux  Pac*^ 

iiùsï  du  rems  de  Mr.  Fouquet  9  que  l'on 

tcnojt  ricLc  de  plus  de  quatre  Millions^  Il 

a  été  taxé  à  la   Chambre  de  Juflicc  en 

lâùé  .  Se  cxifin  cft  mort  malheureux  dan» 

**7  «» 


.1X4  Cl^BP  OBS   CARACTtfRSf 

un  Grenier.  Il  avoit  bâti  l'Hâtcl  Saié  ai| 
Marais* 

Pag.  j  II-  ChampdgM.  Monnerot  ,  fameux 
•  Partilàn ,  dont  le  Fils  eft  Confcillcr  an  Châ- 
telet  &  grand  Donneur  d'Avis  k  Mr.  de 
Ponchartrain.  Ledit  Monnerot  eft  mort  pri- 
fimnicr  au  petit  Châtclct  ,  &  n'a  pas  vou- 
lu payer  la  Taxe  de  loooooo*  Livres  ,  à 
quoi  il  avoir  été  condamné  pat  ia  Cbambre 
de  Jufticc  en  1666.  Gomme  il  avoit  fort 
bien  en  Argent  comptant ,  il  en  joniflbic  i 
&  faifoit  gioflc  dcpenfe  au  petit  Cbâtclcr. 
lia  laiflé  de  grands  biens  à  fcs  Enfans,  qu'ils 
cachent  encore. 

Ibid  Sylvain.  Mu  Gorge,  femcux Partîfan , 
qui  a  acheté  le  Marquifat  d'Antragncs  , 
dont  il  a  pris  le  Nom.  Il  eft  natif  de  Nan- 
tes, a  hit  fortune  fous  Mr.  Fouquct,  &  en- 
fin a  époufé  Mlle.  De  Valancé  ,  fille  dtt 
Marquis  de  ce  nom. 

ibid.  Dorus.  Feu  Mr.  de  Gucnegaud. 

3 1  j  ?€riandre.  Mr.  de  Langlée  ,  qui  a  gagn£ 
beaucoup  de  bien  au  Jeu.  Il  eil  Marecaal 
des  Camps  &  Armées  du  Roi:  ou  Mr.Puf- 
fort,Conicillcr  d'Eiat,OncIe  de  Mr.  Colbcrr. 

514  Si  certains  Morts.  Mr.  Laugeois ,  Fih  oe 
Mr.  Laugcois  ,  Receveur  des  Configna- 
tions  du  Châtelet ,  qui  a  acheté  la  Scigneo-^ 
rie  dlmbercourt  dont  il  porte  le  nom. 

^16  Ce  Oarfon  fi  frais.  Feu  Mr.  LeTellier  j 
Archevêque  de  Rheims. 

3 1 7  Chryfippe,  Laugcois  ,  Fermier  Général  \ 
dont  le  Fils  a  époufé  la  Fille  du  Préfidenc 
Coufin,  Confine  de  Mr.  de  Pontchartrain  z 
&  la  FiUe  le  Fils  de  Mr.  le  ^Maréchal  de 
Tourville  >  qui  étoit  devenu  amoureux  de 
fa  Belle  (œur  fc  fîit  un  jour  obligé  de  (c  (au- 
vc£  de  ùk  Chambre  par  la  Fenéae* 

Pag; 


0S    E'A    B  kUTBRBW  tf 

'Pag  517-  ^rgAflt.  Le  Baron  de  Baunk^granil 
Donneur  d'Avis  ,  a  époufé  Mile  de  Bec- 
tbelot  »  fille  de  Berthelot  des  Poudres,  Ferw 
mier  Général.  Sa  Naidanee  eft  aâèz  éqni« 

'  Toque.  On  vem  qu'il  y  aie  de  fa  Pourpre 
&  àts  Lys  mêlés.  D'autres  diiênc  qu'il  n'jT 
a  rien  que  de  l'ordinaire.  Sa  Mcre  écoit  de  1« 
confidence  de  la  feue  Reine  Merc  9  &  le 
bruit  cft  ,  que  ce  fat  elle  qui  fur  la  prcoiié* 
re  à  allurer  la  Reine  >  que  le  Roi  ,<|ui  » 
dans  (a  Jeunéâe  paroiîSbic  fort  indiiférenc 
pour  les  Dames  ,  éroic  trés-dtremeni  pro- 
pre au  Mariage.  L^on  veut  que  Madame  de 
Ric\icUea  (oit  de  la  même  Famitie.  Son 
Pcrc  éroir  Marchand  de  Rubans  au  Palais  » 
8c  ùk  Mcie  s'appelloit  Careau  la  Eorgnefie^i 
qui  par  fês  Liberalicez ,  a  fait  Mr.  Fromen- 
teau  »  on  de  La  Vauguion  >  Cordoti 
bleu* 

|i8  Criton.  Feu  Berrier.  lî  étoic  du  Pat9 
du  Mans  ,  fimple  Sergent  de  Bois,  Il  fe 
ii  connottre  à  feu  Mr.  Colbert  du  ten» 
de  la  Reforme  des  Forets  de  Normandie» 
le  il  s'en  fit  fi  bien  écouter ,  qu'il  ga^na  b 
confidence  ;  donc  \\  (è  (èrrit  pour  lui  don- 
aer  une  infinité  d'Avis  »  qui  fui  ont  fait  ac- 
quérir de  grands  biens.  Il  a  laiâSE  plufieurs 
Enfans  >  dont  un'efl:  Makredes  Requêtes, 
appelle  de  la  Feriere ,  qui  a  époufé  la  petite» 
Fille  de  feu  Mr.  de  Novion ,  premier  Pré<- 
fident  y  qui,  pour  conlenrir  à  cette  Allian» 
ce,  a  reçu  1 00000  Livres.  Ce  Mariage 
avoit  été  fort  uarerfé  >  &  la  jeune  Dame 
en  a  bien  fait  accroire  à  fou  Mari. 

IWd.  Br§ntin.  Mr.  de  Pontchartrain  àrinftitu- 
tion  des  Pères  de  l'Oratoire  >  ou  Ber* 
lier  ,  dont  on  a  fait  courir  les  Médita- 
fions,  • 


97  Clef  vSs  C AHAéTiitft 

J?dg.  |T9«  lljf  M  uni  d$trefé.  Mf •  Pellctief  dii^ 
Soufy. 

1 10.  Fuyêt.  Mr.  ic  Poiicbartrairt. 

Ibid.  Un  Homme  avide.  Mr.  de  Loa?ols. 

}ti.  Un  Hemme  d^un  feth génie-  Thomé  d4 
Lifle  »  &  Tirman. 

|ii.  //^  4  i»ê;99«  iesflupides»  Nicolas  d'Or^' 
ville  »  Fils  de  Madame  Nicolle  ,  qui  étoif 
de  la  confidence  des  Amours  du  Roi  BC 

.  de  Mile,  de  la  Valiere.  Il  étoic  Treforiec 
de  France  ,  à  Orléans  »  de  fi  peu  d'eiprie 
qu*un  jour  étant  interrogé  qui  éroit  le  pre- 
mier Empereur  Romain  ,  il  répondit  ouc 
c'écoit  Vefpafien.  Il  n'a  pas  biffe  que  d*a- 
nialTer  du  bien  à  deux  Filles  qui  ont  été 
mariées  ;  Tune  ,  à  Salomon  de  Gneneuf  » 
Tréforier  de  France ,  à  Orteatis  :  l'autre  9  aa 
Sieur  Bailli  de  Momorood.  Ce  d'OiWlle 
écoit  Receveur  des  Gabelles  à  Orléans. 

3 15.  §luel  tfi  le  fruit.  Mr.  Boucheiat  >  Chail« 
celier  de  France. 

;|i4.  Von  ouvre»  Les  Marchands, 

Jbid.  U  Marchand  Bouter ,  à  la  Tête  Noire  i 
Rue  des  Bourdonois.  Son   Pcre  a  acketé 

>  le  Matquifac  de  Francontille  £ins  pareil  % 
qui  lui  a  attiré  une  infîm'té  de  Ptocés  ,  poui 
les  Droits  honorifiques  »  &  qui  s'eft  ruiné  à 
les  foutenîr. 

|Xf.  Ltfi  Hommes  fregex,.  Feu  Mr.  Raci^ 
ne. 

i%6.  Tel  avec  deux  millient.  Mr.  de  Seignc4 
hy. 

Ibid.  llny  s  rien.  Le  Noir  »  André  »  Le  Vleurj 

Doubler. 
$Z9'  Les  FasÊconneis.  Il  7  a  un  Bail  des  Fee-' 

mes  fous  ce  Nom.  Les   Bertheloti  &  aa-^ 

très  s'y  cmichirenc. 

i}if  Qrmu  Mr.  deU  lUv^iç  |  Abîciedetf 


Hommes  de  Fortune  qui  a  épooiS  Mlle* 
Valiere  ,  Filk  d'une  Incéreflëe  »  rré&*joiicf 
Pciibnne. 

Pag.  331.  leJddtrisii.  Mr.  Doajat  Hervé  dd 
&aramonc« 

131.  ZpoHftr  une  Veuvê^  Le  Duc  d^Atri>l< 
Comte  de  Mar&n^ 

Ibid.  CUarque.  Mr.  du  Baiflbn* 

Ibid.  VA*vi^f€*  Mr.  Morflein  >  qui  zioii 
été  Grand  Tréforier  de  Pologne  >  ^  qui  s*é« 
toit  venu  établir  à  Paris  ,  ou  il  eft  mort.  Il 
étou  fort  avare. 

j]l»  Trifie  ContUthn,  Banfe  ,  le  Fils. 

j^^.  L'#»  Hê  reamimt  plus,  Mr.  deCourcil-^ 
ion  de  Dangcau  ,  de  finaple  Gentilhomme 
de  Beaaïïe ,  s*eft  fait  par  le  jeu  ,  Gouvet-* 
neur  de  Touradne  •  Cordon-bleu  9  &  Vicai^ 
re  Général  de  l'Ordre  de  Se  Lazare.  £n« 
faite  ,  il  a  été  fait  ConfeiUer  d'Etat  d'£pée. 
Oh  Morin  ,  qui  avbit  fait  en  Ânf^letterre 
une  grande  Fortune  au  Jeu  •  d'où  il  eft  re- 
venu avec  plus  de  douze  cens  mille  Livres  « 
qu'il  a  perdu  depuis  ,  &  efl  à  préfent  fort 
petit  Compagnon»  au  lieu  que  dans  fa  For- 
tune il  fréquentoii  tous  les  plus  grands  Sei« 
gneurs. 

337.  Mille  gen*.  Le  Préfident  des  Com{^- 
tes  ,  Robert ,  qui  avoir  apporté  beaucoup 
d'argent  de  fon  Intendance  de  Flandre  , 
qu'il  a  prefque  tout  perdu  au  Jeu ,  enforte 
qu'il  eÀ  fort  mal  dans  fcs  Affaires  |  &  à 
été  obligé  de  reformer  fa  Table  ,  8c  la 
dépcafi:  qu'il^faifoic  ,  8c  £e  réduire  au  pe- 
utfHed.  Encore  ne  fe  peut*il  paflès  de 
jouër. 

540.  §luelqH'un  de  ces  Tafires.  Mr.  de  Gour* 
ville  ,  Intendant  de  feu  Mr.  le  Prince  «  qui 
MA  coitfGAt  dui  Chitegu  dç  Se»  Maui  >  qiicU 


que  beau  qu^lKâe  y  ôc  dont  Mr.  le  Pnncd 
s*étoit  contenté  »  a  iMt  beaucoup  cfe  déptïij 
fc  pour  rembellir. 
Pag.  ^40.  Ce  Faléûs.  Mu  tofikt  de  Raincît 
341.  Eumolpe,  Feu   Mr.  de  Seignelay^ 
I4X.  Gitan,  Barbefieux. 

346.  Von  s'attend  au  PJiff^ie-  Vinc^nnes; 

347.  Dans  ces  Lieux.  Les  Thuilleries. 

350.  A  qui  ïon  conteftele  premier.  Mr.  Ro-f 
bcït  Avocat. 

Ibid.  Vous  moquet'Vous*  iAv,  de  Su  Pouan<^ 
ge  ,  ou  Mr.  de  k  Brilfe  ,  Procureur  Gé-* 
néral. 

IJi.  Il  y  a  un  certain  nonAre.  Mr^de  Med 
jtic  jFils  duPrcfîdent  à  Mortier  ,  &  ac- 
tuellement premier  Préndenc  9  aépou(%ea 
169  f.  U  Fille  de  Mr.  Fedeau  de  Brou  ^ 

-  Préfident  au  Grand  Confeiljdont  il  a  eu 
trois  cens  cinquante  inille  Livres.  On  veut 
que  la  Mère  lui  ak  encore  ailUré  deux  cens 
mille  Livres  après  fa  mort.  La  Demoirelle 

•  tH  petite  )  un  peu  boiceufe  y  pad'ablement 
belle  »  &  toute  jeune. 

Pag.  H^*  Un  Homme  de  Kobe.  M.  le  prcmlcK 
rréfidcnt  9  ou  Mr.  Talon. 

Ibid.  tes  Crijpins,  Mrs.  Malo>  ou  Mr.  Char- 
pentier.  Les  premiers  font  trois  Frè- 
res. 

Ibid.  Des  Sannions*  Mrs.  de  LefTevilIc  »  def- 
ccndus  d'un  Tanneur  de  Meulan.  more 
fort  riche ,  &  qui  a  laifTé  deux  Enfans  $  Tua 
Confeitler  aux  Requêtes  du  Palais,  Selau- 
tre  au  Grand  Confeil  »  dont  il  eft  more 
Doyen ,  &  qui  ne  voulut  pas  k  rendre  à 
Mantes  en  16; i.  quand  le  grand  Confeil  s'f 
rendit  du  tems  de  la  Fronde  »  de  crainte 

Îue  Ton  n'alpproFondit  dans  foii  Volfinage 
m  JExtraâioih  De  ces  deux  Branches  fonc 


tenus  Mrs.  de  Le^eville ,  qui  font  pfefque 
dans  toutes  les  Cours  feuvcraincs  ,  y  en 
ayant  un  Maître  des  Requêtes  ,  un  autre 
ConfeiIIer  au  Parlement  y  TaurFc  au  Granti 
Confèil,  Se  l'autre  en  la  Chambre  des  Comp- 
tes. Ils  yîvent  tou»  de  fort  bonne  intelli- 
gence ,  portant  les  méme^  Livrées ,  qu'ils 
renouvellent  tous  enfemble.  Ils  ont  pouC 
Armes  trois  Croiflâns  d'Or  en  Champ  d'A- 
zur. Là  Branche  cadette  a  chargé  fbn  £cix 
^un  Lambel.  Mr.  le  Clerc  de  la  Neuville  eft 
de  cette  Famille.  L'on  veut  qu'aptes  la 
Bataille  d'Ivry  en  1590.  Henri  IV.  s'étant 
letité  du  côté  de  Mantes  ;  êc  manquant 
d*argenr  ,  ajantapris  que  ledit  le  Clerc  Se 
Pe/ierier,  qui  étoient  deux  riches  Tanneurs» 
le  dernier  de  Mantes  >  ponvoient  lui  en 
prêter  ,  les  manda  à  cet  effet ,  &  tira  d'eux 
vingt  mille  Ecus ,  dont  il  vouttrt  leui  donner 
fon  Billet  »  mais  >  que  le  Pelletier  lui  ayant 
repréfencé  qu'il  &Uoit  donc  créer  un  HuilHer 
exprès  pour  faire  payet  le  Rqî  >  ils  fc  con- 
tenrércnt  de  fa  Parole.  Il  leur  donna  en- 
fuite  des  Lettres  de  NobîeiTe  ,  dont  s'eft 
lèrvi  depuis  le  Pelletier  ,  aknt  Quitté  fon 
Métier  de  Tanneur  ,  &  non  le  Clerc.  Le 
Pclktier  eft  Ayeul  de  McfBeurs  PcMetier 
d'aujourd'huy  ,  dont  il  y  en  a  eu  im  Pre- 
mier Préfident ,  ôc  fon  Fils  eft  à  préfcnt 
Piéfîdent  à  Mortier* 
Pag»  Jf4-  Un  autre.  Le  feu  Préfident  le  Coî- 
gneux,qui  aimoit  fort  la  Chaffe^dont  il  avoic 
un  fort  gros  Equipage  à  fà  Terre  de  Mort- 
Fontaine  ,  ou  il  alloit  quand  le  Palais  te  lut 
pouvoir  permettre.  Il  n'étoit  pas  riche» 
Son  Aycul  croit  Procureur  au  Parlement. 
L'on  trouve  encore  des  Expéditions  de  lui. 
Il  ipouà  en  fécondes  Kôces  la  Veuve  de 

Galaad^ 


Ï6  C  t  f  î  iS  E  S  C  À  R  ï  é  t*  f  »' 

Galand  ,  fameux  Partifan  ,  qui  lui  apport* 
de  grands  Biens  ,  dont  il  »  depuis  fubfifté^ 
il  ne  s'étoit  pas  même  mis  en  dépenfc  d*u- 
neRobc  de  Chambre  pour  ce  Mariage,  cn- 
forte  qu'étant  obligé ,  félon  Tuiàgc  de  Paris, 
de  fc  rcndre-à  la  Toilette  de  u  nouvelle 
Femme  ,  qu'il  apprit  ôtre  des  plus  magnifi- 

3UCS  ,  il  fut  obligé,  par  l'avis  de  fon  ValcC 
e  Chambre ,  d'y  aller  en  Robe  du  Pahis  ^ 
&  en  Robe  louge  foutée  ,  fuppofanr  qu'il 
ne  pouvoir  rien  moiltrer  de  plus  agréable 
aux  yeux  de  cette  Dame  ,  qui  ne  l'avoîc 
époufé  que  pour  fa  Dignité,  que  la  Robe» 

J|ui  en  faifoit  la  marque  ;  ce  qui  fit  rire  TAC» 
emblée.  Il  a  époufe  en  troifiémes  N^ces 
Mlle,  de  Navaillè  ,  dont  il  a  eu  un  Fils , 
qui  ,  bien  qu'unique  >  ne  (èra  pas  ri^ 
che. 

Ou  Jacquier  ,  Sieur  de  Rieux  Montirel  f 
Confcillcr  de  la  Cour  ,  Fils  de  Jac- 
quier des  Vivres  ,  fort  entêté  de  la  Chad 
(e. 

^^g'  Hf-  Menalipfi,  Mr.de  Nouveau  Surin- 
tendant des  Poièes. 

Ibid.  §luel  ijl  l^égarement.  Mr.  le  PiéfidenC 
Gilbert. 

iS6.  §lu€lqtièS'uns,  Mr.  Noblct ,  Fils  du  Sieur 
Noblct ,  Commis  de  Mr.  Jcannin  de  Caftille* 
qui  a  mangé  plus  de  30000.  Ecus  en  dé- 
pen(è  (ourdes  &  fottes  au  Marais ,  auprès 
de  Mlle.  Gurot  de  Boival  >  laquelle  étoit  en 
même  tems  Maitrefle  des  Sieurs  Le  Fevre 
9l  Mafure  »  qui  en  ont  profité.  Ce  Noblee 
étoit  Maître  d'Hôtel  chez  feu  Monsieur* 
Il  a  vendu  fa  Charge  ,  U  pour  lui  donner 
de  quoi  vivre  »  (à  Mère  a  été  obligée  de 
lui  fubftituer  fon  bieo« 

pu  Mr.  PcioYÎUCf 


iS  E  E  A  B  R  tJ  Y  B  R  f,  ff; 

f^'  3S^'  tJarciffe.  Mr.  Garnier  Seigneur  de 
Moncere^u ,  rrere  de  Madame  de  prancas  ^ 
Picfidenc  à  Mortier  au  Parlement  de  Mets, 
f  ils  dç  Mr.  Garnies  >  Tré(brier  des  Parties 
Cafiicllcs  y  oui  avoir  laiflc  buic  Enfans  qui 
àéritereot  cnacun  d*un  million.  Ils  furent 
cous  uxcz  à  ia  Chambre  de^  Jaftice  4 
loooop.  £cus  chacun  qu'ils  payèrent. 

1^7-  Voilà  un  Hoff^me.  feu  Mr»  lePfincpdç 
MecJ^eiubourg. 

}$6.  Scapin.  Mr.  .d'Halogni  >  Maréchal  de 

-  Rochcforc  >  poftç  trois  Fleurs  4e  Lys  d'Ar- 
gent en  Champ  de  Çueules,  M^*  le  Comcq 
<i*Ha£laing  porte*  trois  Fleurs  4!^  tys  d*pr 

.  4^ns  un  Champ  d*Âznr  au  Chef  d'Or,  ^ç 
Sicuf:  de  St-  Mefmin  à  .Orléans  porte  qua- 
tre Fieuf  s  de  Lys  d'Or  en  Champ  d'Azur , 
fc  Mr.  dç  Goulaine  de  Qretagne  mi-partiç 
de  France  &  d'Angleterre  i  ce  qui  tut  ac. 
cordé  à  on  de  cette  Race  9  ppur  avoir  ne* 
gocié  }'a^:cQmmodei^ent  ^^s  deux  Couron* 
nés  à  la  Urisfa^ÎQO  jes  deux  Rpis  ^  qui  lui 
donnèrent  pour  récompenfe  chacun  là  nioiy 
tié  de  leurs  £.c]u5  >  dpnt  il  compofa  fes  Ar^ 
JQes* 

$i^o»  Theramme^  Mtf  Terrât  >  Chancelier  dp 
feu  MoNsiEW^* 

S^$.  U  hel  &  le  JMMcm^  UMe.  C'cft  pu 
6(àge  4  Paris  que  les  nouvelles  -  mariéfçs 
reçoivent  les  trois  premiers  jours  leurs  Vi* 
fitcs>iur  un  Lit  ^où  elles  font  magnifique- 
iDent  parées,  en  ÇQinpagnie  de  quelques 
DenioKcIies  de  leufs  Amies  «  &  tpu^  )e 
monde  les  va  voir,  &  examine  leur  fer;iie«p 
té  Se  leur  contenance  fur  une  infinité 
de  iquçftip.nj  ôf  de  Quolibets ,  qu'9n  leur 
Ht  dans  cette  occafion. 

f7p,  N**,  Mri  d'Aubigni  ,  Fi^rc  de  Mada, 


il  CiEf  DBS  Car  AeTBitci^ 

Pag.  J71.  ///  a  doits  les  Cours,  te  Mixcinx^ 

de  Carerti ,  Médecin  empirique. 
174.  De  Cûurtifans.  Me.  de  Langlée. 
577-  Un  Homme  de  la  Cour.  Mr.  leDucdc 

Bouillon  :  Son  Château  ed  Sedan. 
Ibid.  //  doit  tenir.  Ur.  de  Tonnere  ,  Evéque 

de  Noyon.  ( 

^S^'Vfeat'on  de piscer^itelqu' un, Cchefk  ar. 
rivé  à  feu  Mr.  de  Luxembourg ,  quand  il 
ei^txa  dans    le  G>mmandemeni:  des   Ac« 
mees^. 
|87-  ^  Couture.  La  Couture  étoit  Tailleur 
d*habits  de  Madame  la  D^uphine  »  lequel 
iroit  devenu  Fou  •  &  qui  «  fur  ce  pied  de« 
meuroic  à  la  Cojur ,  où  il  faifoit  des  Contes 
fore  cxtravagans.  Il    alloit  (buvenc  à   la 
Toilette  de  Madame  la  Dauphine. 
388-  On  fait  fa  Brigue,  Mr.  le  Marquis  de 
Vardes»  revenu  de  Ton  £xil  de  vingt  années» 
avoir  fait  une  groiTe  Brigue  pour  être  Gou- 
Terneur  de  Monfeigneur  le  Duc  de  Bour« 
gogne  ,  à  quoi  il  auroji^  reîi(G ,  s*il  ne  fût 
pas  mort. 
Ibid.  jy Artimon.  Mr,  le  Duc    de  Beaavil- 

liers. 
^90  II  faut  avouer.  DifFérente  manière  d'agir 
du  Cardinal  de  Richelieu ,  &  du  Cardinal 
Mazarin.  Le  premier  favoit  rcfurer  (ans 
déplaire.  Le  fécond  faifoit  plaiHr  de  mau- 
vaife  grâce. 
1^1.  Von  remarque  dans  les  Cours.  "Feu  Mv^ 
de  Villcroi ,  Archevêque  de  Lyon  «qui  en 
itoit  aufli  Gouverneur  ,  ou  Mr.  le  Cheva- 
lier Haute-Feuille  9  Amballàdeur  deMaÛ 
thc. 

Ibid.  Heneph'tle.  Le  Pece  la  Chai(è  y  Jefuite  ^ 
Coofeflèur  du  Rpi, 


«eiaBruybke.         Ij' 

P^g.  39^.  F^*«  un  heureux.  Mr.  Je  Chan« 

celicr  Boacherar. 
I9|.  C/ff  Hemmequi  vient^  Mr.  dcPontchar* 

train. 

J^4.  Il  faut  des  Frifons.  Bcrrîcr,Dcs-Chicns, 
firunet,  Monncrot  ,  Salabcrî. 

3%.  Timante,  Mr.  de  Pomppnp  ,  disgracié 
depuis  la  Paix  de  Kimegf^  y  ôc  prive  de  fji 
Charge  de  Secrétaire  d*£tac  ,  qu'on  lui  a 
rendue  depuis  ;  ou  Mr.  de  Luxembourg  > 
difgracié  lors  de  la  Recheri:he  des  Poifons , 
&  revenu  depuis  en  faveur.  Il  eft  morr 
en  i<>94« 

196.  g^e  d'AiniV.  Mr.  le  Maréchal  de  Ville- 
roi ,  ioTS  de  réJeyaripn  de  Mr-  Pelletier  au 
Cburroiie  général  »  s*écria  qu'il  en  étoit  ra- 
vi ,  parce  qu'ils  enétoîent  Parens,  bien  que 
cela  ne  fût  pas  vrai.  Ce  Maréchal  eft  Fils 
du  Duc  de  Villerai  ,  Gouverneur  de  Louis 
XIV  »<{ui  rétoit  de  Mr^  Daluceau  >  (gouver- 
neur de  Ljon  9  Fils  de  Mr.  Villeroi  tSé*- 
ctétaite  d'£cat  de  la  Ligue  ,  dans  lequel 
Pofte  »  ayant  nienagéles  Intérêts  d'Henri 
IV,  il  fut  confervé  par  ce  Prince ,  après  U 
Ligne  éteinte.  Il  étoic  Fils  d*ua  nommé 
Le  Gendre  >  qui  ayant  acheté  la  terr^  de 
Neafville ,  en  prit  le  Nom  &  les  Armes,  Sç 
la  tranfinic  a  fà  Famille.  Depuis  tienci» 
Ans  ,  un  des  pefcendans  du  Frète  du« 
dit  Lé  Gendre  ,  qui  avoit  fait  fortu» 
ne  9  étant  mort ,  Mr.  de  Villeroi  s'en  porta 
Héritier  »  ôc  juftifia  fa  Généalogie.  Il  a 
été  mis  à  la  tête  des  Troupes  ,  aptes  U 
more  de  Mr.  de  Luxembourg  >  6c  a  latifé 
reprendre  Namur  en  i6gS'  <l^oi  qu'il  eût 
une  Armée  de  tooooo  Hommes.  Ilconi- 
manda  en  1 701.  avec  Mr,  le  Maréchal  de 
^tinac  les  Armées  du  Roi  en  Italie  ,  fut 

plis 


$4  Clef  DB$  Car  A  CTBRS} 

prU  à  Crémone  en  i7otf  par  le  Prince  Eu4 
gène  ,  &  battu  àRamilUen  1706.  par  M)r« 
loïd  Marlboroiigh«  Il  efl  nréfencement  C^£ 
ides  ConfeiUers  du  Roi  ifa  place  de  Mr.  de 
Bçauvilliers  ,  oaoec  «a  1714  >  qui  avojlC 
rhonneur  de  pofleder  cette  Place* 

P*g.  197*  X'^>*''«  Meudon. 

Ibid«  fUneus.  Mt.  dfi  ^ouvois  1  morc  fubit^ 

ment  en  i^^i* 
f^8.  ThéodQf$.  L'Abbé  de  iCbolfi. 
4®j.  IL  y  0i  tm  Pais.  La,  Cour. 
40;.  Xantippe..  Mr.  Bontems ,  Concilie,  Va^ 

let  de  Chambre  du  Roi  »  Gouverneur  de 

Veriàilies.  Il  cft  mQ^K  ^^  ^ ^^^  ^  ^^ 
.veriicuj:  de  Vannes  ,  Sf.  /a  Fille  a  ipoufé 
le  Fils  de  Mr.  Lambçrt  de  ITorigni  >  Prélî. 
4ent  de  la  Chambre  dts  Comptas  >  à  ^ui 
,  elle  a  tant  donni  d/e  chagrin,  qu'elle  lui  a 
fait  tourner  la  tête.  Le  Pue  d*filbcuf  d'^ 
préfe^t  en  ^  été  fort  amoureux  »  &  ejlcde 
lui.  Il  lui  a  mangjé  toutes  fcs  Pierre<- 
ries    ;   ce    qi^i  t^  çouomsnci    les    ch^* 

406.  L'û^  parle  ttune  Kegion.  La  Cour. 

408*  Un  Autel,  La  Mefle  du  Roi. 

)bid.  Les  Gens4Hlféiïsknêmmen$-^*Wai 

faille^. 
41  z.  X^  Ceur-  Feu  Me  Sontems  >  ou  k  Mar« 
.    quis  de  Pangeau. 

fiûlà.  Il  y  A  des  gens.  Le  Comj:c  d'Aabigni. 
41 1.  Artfisde.  Mr.  le  Cardinal  4*fiftréçs  ,  oa 

Mr.  de  Pompooe. 
^i(.  Strénon-  Mr.  le  Du^  de  Laufun,  q^i  a 

été  Favori  du  Roi  ipjiis.di^acié&  envoie 
.  en  pj:i(bii  à  Pigoerol  »  où  il  a  été  pj?ndanc 
.    dix  an^i  enfuice  revenu  ^  rçntré  44ns  les 

^mnc$  ^ra^ejs  ie  MUe*  de  Mpnrf  enficr  , 


9  B    X  A     B  R  17  T  B  R  d{.       1^ 

^d  lui  a  donné  S»  Fargeaa  ,  Se  50000. 
iivrcs  de  sente  fur  les  âabelles  du  Lan* 
guedoc  i  depuis  brouillé  avec  elle  ^  Se  enfin 
czdus  de  la  Cour.  Il  a  été  fait  Duc  Se 
Cordonbleu  »  à  la  follicitation  de  la  Reine 
^'Angleterre ,  qui  étoit  (brue  d'Angleterre 
avec  Te  Prince  de  Galles  en  léS^.  Il  eft 
Odet  de  la  Maifon  >de  Nompar  de  Caa* 
jDont>  Neveu  du  Maréchal  de  Granunont 
qui  l'attira  à  Paris  ^  ou  il  lui  donna  retraite 
chez  lui ,  &  par  i;ec-onBoiflânce  il  débaucha 
ÙL  Fille  mar^  depuis  ,aa  Prince  de  Mona* 
co.  Ce  fut  au  fujet  de  cette  intrigue  >  donc 
il  avok  &k  confidence  au  Roi  ,  qu^il  iè 
brouilla  avec  lui ,  avec  des  emportemens 
létranges  ,  :dont  le  Roi  l'excufa  9  recon- 
ooiâânt  généreufement  qu*il  avoir  trahi 
la  confidence  qu'il  lui  en  avoit  faite.  Il 
fut  cependant  mis  à  la  Baftille  pour  Je 
Bianque  de  refpeâ  i  mais  {èuleoient  ^ 
pendant  14.  heures  >  Se  rentra  dans  les  bon- 
nes grâces  idu  Roi ,  qu'il  a  perdu  entière- 
ment depuis  par  l'attachement  qu'il  prie 
avec  Mlle,  de  Montpenfier*  Il  paâà  en  Ir« 
lande  awc  le  Roi  Jacques  «  ou  il  ne  fit  riea 

Îui  vaille  y  s'en  étant  enfui  des  premiers  au 
^n^bat  de  la  Boyne.  Il  a  dans  un  âge 
aflcz  avancé  époufé  la  féconde  Fille  du  Ma« 
séchai  de  Lorge  ,  en  i^çf.  UAiaée^  a 
époufé  le  jeune  Dw^  ^e  $.  -Simon.  La  Mère 
eft  Fille  du  Sieur  Frempnt ,  fameux  Hom* 
OK  d'^^aires  ,  Se  enfin  jQajcd^  du  Tréfiu: 
Rojral. 
f^.  4x7.  La  faveur.  Mr.  PcUecier  j  le  Mini&. 

4t8*  D'atffres  Hâmmes,  Mrs.  de  Pontchartraàl  i 

Oamilkrd  Se  de  Chanlais. 
410.  0  Thi0g9m.  Mr»  le  Grand-Prieur. 


z6    CxEFDBs  Caractères 

Pag.  41  j.  //  eft  vieux,  Mr.  de  St.  Pouangcs. 

414.  Oh  des  Berftnnes  lUuftns.  Mr.  <le  Loti- 
vois. 

VbiL^  Sui  Uur  fs^cedent.  Mr.  de  Pontcbar« 
train. 

41  f.  Théophili.  Mr*  de  Roqucïce  >  Evéque 
d'Aucun. 

^x6.  Un  Grand  débarqué.  Le  Ro^i  Jacques  II. 
^jiuprés  duquel  il  a  voulu  s'infinuer ,  a  qua- 
tre Ënfans  légitimes  :  deux  Filles  de  ibn 
premier  Mariage  avec  Anne  Hyde.  Fille 
de  Mylord  Edouard  Hydç ,  Grand  Chancç« 
lier  d'Angleterre  :  TAînée  a  été  mariée  4 
Guililaume  III.  Roi  d'Angleterre  :  l'autre  > 
au  Prince  George  de  Dannemarck  ,  &  font 
mortes  toutes  deux  Reines  d'Angleterre. 
De  Ton  fécond  Mariage  avec  Anne  d'fift  » 
Princefle  de  Modene ,  il  a  eu  un  Fils  né  au 
mois  de  Juin  1 688.  appelle  le  Prince  de  Gal- 
.  les.  Et  en  i6$o.  eft  née  une  Fille  qui  eft 
morte.  Il  a  eu  deux  Çnfans  naturels  :  un 
Fils  qui  eft  le  pue  de  Barwick  i  &  une  Fille 
mariée  à  Mylord  Vf^algrave ,  Lieutenant  du 
Comté  de  Spmmerfet. 

418.  AveZ'Vcstt  de  tE/frii  f  Mr.  le  Duc  de  la 
Feuilladc. 

430,  Ceft  déjà  trop.  Il  défigne  plufîeurs  grands 
Seigneurs ,  qui  portent  ces  Noms ,  comme 
Célar  de  Vendôme  >  Annibal  d'Efttces  > 
Hercule  de  Rohan  ,  Achille  de  Harlaj  » 
Phebus  de  Foix ,  Diane  de  Chaftigniers. 

41 1 .  fendant  jue.  Les  jeunes  Gens  de  qu4« 
lité. 

4)  I.  Des  Citoyens,  Les  Miniftres* 

41^.   le  Suijie.  Les  Domeftiques  de  Mr.  le 

Tcllier. 
441,  Cefi  une  fure  hyfecfifie*  Mr.  4e  Harlay  t 

.    premier  piéôdent^ 

^  Pag* 


Sig-  44 1.  jfrifiMrfue.  Le  même.  On  lui  vint  ap- 
porter 1  Beaomont  pendant  les  vacations 
vingt-cin^  mille  livres  ^e  ]cPréfîdentdeU 
«  Barois  lai  avoit  léguées.  Il  fe  cranfporta  à 
Fontainebleau ,  ou  la  Cour  écoit  alors ,  et 
par-devant  un  Notaire  Royal  ,  il  déclara 
cette  (bmme  au  profit  des  Pauvres. 

44 $»  Les  mfilieur es  avions,  L^incme. 

444-  ThM^is.  Mr.  de  Harlay  ,  Arckevéqiie 
de  Paris  ^  mort  fubitement  en  fa  Maifon  de 
Conflans. 

44 j.  PsmfhiU.  Mr;  le  Marquis  de  Daa* 
geaa. 

44s.  £f  celui.  Mr.  de  Chanlais. 

449.  La  Muifan  jttun  Minifire,  Mr.  de  Lov- 

VOIS. 

45  7.  Sif^ecour.  Beau  -  Frère  de  Mr.  de  Boit- 
Franc  .Maître  des  Requêtes  ,  qui  ayant 
époufë  fa  Sœur  avec  peu  de  bien,  &'mcme 
«ontre  le  fentiment  de  fon  Père  ,  s'eft  vit 
par  la  mort  de  l'un  Se  de  Tautrc,  avoir  épou- 
(e  une  Héritière  riche  de  z/ooo.  livres  de 
rente. 

458-  i>  ?4UplefaifiUe.  Les  Nouvfilliftes. 

459*  Demofhile»  L'Abbé  de  Sainte  Hélène^ 
Frondeur. 

461.  BafiUde*  Ancifrondeut  ^  Le  Sieur  du  Mou- 
linet. 

463.  îl  croit  fermement.  Le  faux  bruit  qui 
courut  de  la  mort  du  Prince  d'Orangé  >  â 
préfent  Roy  d'Angleterre, 

471.  Ve  rencontrer  une  Perfenne.  Madame  de 
Maintenon. 

Ibid.  La  modeftie  de  fon  Ta'Vorh  La  même* 

475*  Hommes  en  place.  Les  Cardinaux  d'Am- 
boife  Bc  de  Richelieu.  Le  premier  étolt 
Mini/lrc  de  Louis  XIL 

ïbiL  £#/  Dignités  fe  perienf.   Lcs'Hérltietft 

•••  *       .  des 


18  Clef  des  CAHACTEREf 

des  Cardinaux  de  Richelieu  &  Mazario. 

Pag.  474.   Cet  homrm.  Le  Cardinal  George 
d'Aipboi^. 

Ibid-  Cet  iuàtre  dont  vota  voyez,  Vimage.  Le 
Cardioal  de  Richelieu.  , 

47  f^  Penos  meilleur/  Princes   Louis  XIV* 

It>id.  Psr  leurs  Mmijlres.  Feu  Mr.  Colberc  , 
^ouand  il  confeilla  tu  Roi  le  Rembourfemeni 
d^  Rentes  delà  Maifon  de  Ville  3  ce  qui  9 
ruiné  hifiti  des  Familles. 

Ibid.  Ppur  U  Minifiere.  Mr,  de  Pompone;. 

476^  JL4  Seittsce,  Le  Roi« 

Ibid.  Bi^ns  les  f lus  forts  Bafiiens-  Louanges  da 
Roi. 

4Si.  â«r  de  dcns  du  Ciel  Porrraic  de  Loui$ 
XIV. 

TOQ).  If.  Pag.  4^  Menaf^ui.  Feu  Mr.  de  Bran- 
cas  ,  Chevalier  d'Honneujr  de  la  Reine* 
Mcrc  f  Frerp  ^e  M^  le  Pup  de  Villars.  L'on 
conte  de  lui  di^érentes  (brtes  d'abfpncc  d'cf- 
pri^  L'Avaoture  de  la  I^erruque  »  donr  il 
çft  ici  parlé,  lui  arriva  jchez  la  Reine.  L'on 
veut  qu'il  oublia  le  jour  de  fes  Noces  qu'il 
itoit  Aiari^  aY^ec  Mlle.  Garnier  ^  Fille  dqi 
P^rcidin  -,  &  que  le  foir  rcrournant  chez  lui , 
Jl  (on  ordinaire  >i!  fut  furpris  de  n'v  point 
t^ptnrer  Ces  Valet;  de  Chambre  qu'il  appric 
(êtirc  allés  loettrc  (a  Toilette  chez  fa  nou- 
veik  Fef)pl|Tie  -,  ce  qui  le  fit  reflpujirenir  de 
fa  Cérémonie  du  Matin.  L'Autieur  a  publié 
.  qii'un  jour  donnant  la  main  à  la  Reine,  il 
jj^i  prit  envie  de  lâcher  de  l'Eau.  U  fê  inic 
çn  devoir  d'y  fatisfaire  :  ce  qui  fit  bien  rire 
cette  Princ^flè  fi:  les  Dames  qui  écoienc 
/ivcc  el!^. 
^7.  Votre  tLévérence.  L'Abbé  de  Maurov,  cl>- 
devant  Aumônier  de  feu  Mile  de  Monc? 


ÎDC  XA  Brut  ers;      3jf[ 

4c&  Comptes  ,  Se  Coufin  gerimin  Je  Maa« 
toy  ,  Curé  des  Invalides  >  fa  jet  à  une  infi« 
niic  d'abfences  d'eipm^  étam  allé  de  la  patc 
deMademoiièlJe  parler  de  quelques  AlEki« 
les  au  Père  la  Chaife ,  il  le  traita  A*Alteffë 
HoynU  >  &  rendant  réponfe  a  Mademoifef- 
le  y  il  la  traita  de  Révérend'  Une  autre  fois 
étant  habillé  pour  dire  fa  Meflè ,  il  f'auroic 
commencée  fi  fon  Laquais  ne  l'eue  averti 

Îu'il  avoit  pris  Médecine  ,  &  enfuite  nh 
ouillon.  Il  voulut  un  jour  que  le  Prieuc 
de  (on  Abbaje  ,  qui  Tétôit  venu  voir  ,  lui 
eût  dérobé  (es  Lunettes  >  qu'il  cherchoic 
pour  lire  une  Lettre  9  &  après  tes  avoir 
bieii  cherchées  >  elles  iè  trouvèrent  fur  (on 
nez*  Une  autre  fois  ^  il  entonna  le  com- 
mencement des  Vêpres  par  Vsfi  >  Miffa  eft. 
Il  donna  trois  fois  la  Nominauon  d'un  mé. 
me  Bénéfice  à  trois  différentes  Perfonnes  » 
&  puis  voulut  s'infcrire  en  faux  >  prête n» 
dant  ne  l'avoir  donné  qu'une  »  &  il  eut  de 
]a  peine  à  le  croire  après  qu'on  lui  eut  pré* 
fente  ces  trois  Nominations. 

Pag.  II.  Il  y  a  dtétranga  Pères,  Mr.  le  Duc 
de  Ge(vres ,  ou  Baufe  le  Père  ,  ou  M.  Ta!^ 
Ion  «  ci- devant  Avocat  Général  >  &  depuis 
Préfîdent  à  Mortier  >  qui  a  ^it  enfermer 
fon  Fils  unique  à.  S.  Lazare  >  en  169 f* 
parce  qu'il  s'éroît  amouraché  de  la  Fille  d'un 
Chirurgien  ,  bien  qu'il  fut  Confeiller  de  la 
Cour  oes  Aydés  »  &  a  fait  mettre  la  Fille  à 
la  Pitié  9  après  l'avoir  fait  ra(er.  Elle  ei| 
ciï  depuis  K)rtie  par  Arrêt  du  Parlement. 

17.  Irene^  L'on  tint  ce  difcoursà  Madame  $}e 
Montefpan  aux  Eaux  de  Bourbon  •  où  elle 
atloir  (buvent  pour  des  Maladies  imaginai- 
res. 

17*  ïleuiféUfêns  fsr  vautil  Mr.  Iç  Prince  de 

•*•  >  Coiv* 


Conti ,  qui  gaena  la  petite  Vérole  xàptèi  et 
la  Princciiè  fa  Femme  y  qu'il  n'aimoit  pas  >  Ss 
qui  en  eft  mort ,  6c  elle  en  eft  giiétie» 

fag.  )^«  DemSmg  une  iomu  tête.  M.  de  Loa« 
Yois. 

4J«  O»  f/f  fr&mft.  Le  CfaeT^er  de  Soiflbns  • 
fils  naturcf  du  Comte  de  SoitTons  >  tué  àr 
la  Bataille  de  Sedan  en  i6^i»  qui  eft  bot:' 
gnc. 

$x.  Il  fê  trouve  des  hommes*  Mr.  de  Lauzun.^ 

J5.  Il  y  aies  gens.  Monfr.  de  la  Feuilfadc,  de 
la  Maifon  d'Aubudbn  ,  Gouverneur  dur 
Dauphiné  >  &  Colonel  du  Régiment  des  Gar^ 
des  Françoifes  >  qui  a  érigé  la  Statue  du  Roi^ 
a  la  place  des  Vijfboires  ,  qui  a  fait  bitic 
iur  les  ruines;  de  l'Hôtel  de  la  Ferté  >  a  fait 
fit  fortune  par  mille  Quolibets  qu'il  difoir 
au  Roi.  Ce  fut  lui  qui  conduifit  le  iècours^ 
que  le  Roi  envoya  à  rBmprreur ,  qui  fui  fut 
fi  utile  y  qu'il  défit  avec  lui  les  Turcs  à  la 
Eaaille  de  Se*  Godard ,  en  1664,  &  les  obli^ 

fea  de  p^flèr  k  Raab  avec  perte  de  prés 
e  locoo.  Hommes.  Cette  Dé£iite  donna 
de  h  ialoufîe  à  l'Empereur ,  qui  renvoya  ao: 
Roi  fon  fecours  ,  fans  lui  accorder  prefque 
de  route  i  ce  qui  ruina  beaucoup  les  Tr<Mi* 
pcs. 

J4'  Von  exiger  oit  ^  Le  feu  Roi  Jacques  IL  qui 
s'étoit  rendu  illuftre  dans  le  tems  quil  com- 
mandoit  la  Flotte  d'Angleterre  en  qualité 
de  Duc  dTorck,  &  qui  depuis  ce  tems» là 
n'a  fait  aucune  aéèion  de  valeur. 

ibid*  Il  eoAte  moins.  Mr.  de  Harlay  >  Archevé^ 
que  de  Paris  >  qui  a  toujours  eu  quelque 
Maitreâê:long-tems  Mlle,  de  laVaienncr 
,  depuis  Madame  de  Bteconvillicrs  i  enfuite 
Madame  la  Duchefle  de  Lefdiguieres  s  te 
*CQfia  »Ia  Fille  d'oaMarchand^  entre  ksbraa 


01!  LA  B&0y  i  R  t      .  jj. 

éc  laquelle  on  veut  qu'il  bit  mort  le  6» 
Âoûc  169/. 

^^g-  5  S'  ^elques  Hommes*  Le  Gardliul  de 
Bouillon. 

Ibid.  £'«»  en  fait  Neutres.  Mr.  Eoutillier  de 
Rancé  >  qui  a  été  Abbé  de  la  Trappe ,  ou 
il  a  mené  une  vie  ciifte ,  dure  &  auftcte. 
Il  cft  mort. 

Ou  Mr.  le  Cardinal  le  Camus ,  Eréque  de 
Grenoble  •  qui  a  été  fort  débauché ,  &  qui 
a  fait  de  certains  Alléluias  de  la  Cour  9  fort 
impies.  Il  cfl  mort- 

j;^.  i/^  n  i/e;  OuvrMgeSn  Le  Dlâîonnaire  de 
l'Académie. 

Ibid  J>7  *  *.  Lcftrot  ,  Adminiftniteor  &  Pro- 
fifcuï  des  Pri(bnniers.  Ou  Mr<  Pcliâbn  , 
Maître  des  Requêtes,  qui  avoit TOccono* 
mat  des  Evéchez  &  des  Abbaïes. 

iô.  Ci  k'efi  pus  li  hejùin.  Le  Marquis  dOr. 
fort  »  ou  Mr.  de  Marville. 

Cj*  Un  ViêilUrd  qm  n  vécu  à  U  Cour*  Mr.  de 
y  Jlcroi ,  défunt. 

Ibid.  PhidipPi^  Feu  Mr.  de  Mennevillette  » 
Père  du  Président  de  ce  nom.  Ou  le  Mar- 
quis de  Sablé  ,  de  la  Maifon  de  Leonne. 

^4^  Gnmthên,  L'Abbé  Danfe,  Chanoine  de  la 
Saince  Chapelle  à  Paris  ;  Frère  de  Madame 
Dongois  I  dont  le  Mari  eft  Greffier  du  Par- 
lement. 

i6.  dit  on.  Le  feu  Comte  d'Olonne  >  ou  du 
Brouflin* 

^5*  Antagorns,  Mr.  le  Comte  de  MontJLuc, 
Frère  de  Mr.    le  Marquis    d'Alluye.    Il  a 

.  époufé  Mlle.  Le  Lièvre  ^  Fille  du  Préiident 
de.  ce  nom. 

Il»  Von  voit.  Les  PaiTans&  les  Laboureurs. 

îo,  §lH'il  onvro  fon  Palais.  Les  Aparten^cns 
de  Vcrlàilks  >  ou.  Marli ,  où  le  Roi  dé&ais 

••»4  toup 


^■1  CtBFnss  CXfiAcriiti 

toute  laCoaiy^vec  une  magnificence  Roya- 
le,  &  où ,  pourtant  >  il  y  a  toujours  des  Mé- 
contenSr 

Pflg*   9j»Tim0n.  ^r.  le  Duc  deTilleroû 

91.  Le^Phemx,  Quinaut  >  Auditeur  dcsComp* 
tes  y  qui»  fait  les  plus  beaux  Vers  de  l'Or 
péra. 

55.  Bathylle.  Le  Bafque  >  ou  Pecourr. 

54.  itf/f//  »»tf  Ctf/»///»»;f tf.  La  Dàncourc 

Ibid  Le  Comédien.  Cliammelé  ou  Barom 

99'  §1^^^^  *'  ^^  ^4(rAr.  L'Auteur  parle  a  lui^ 
même. 

Ibid.  BefyUe.VAhhé  de  Rubee  >FseredeMr. 
de  Valancé. 

100.  Un  Homme  rougf,  ^  le  Normand  r  09 
M.  d'Apoignt. 

Ibid.  B*\  Benoit  ,  qui  a  amaffé  du  bien  eo 
montrant  des  Figures  de  Cire. 

Ibid.  B M  *"*,  Baibereau  >  qui  a  ama/Té  dm 
bien  en  vendant  de  TÉau  de  la  Riviè- 
re de  Seine  pour  des  Eaux  minérales^ 

Ibid.  Un  autre  Charlatan.  Caretri  ,  qui 
a  gagné  du  biect  par  quelques  Secrets  qu'd 
vcndoit  fort  cher. 

Ibid.  àdercttre.  Mr.  Bontemps. 

10 r.  Si  ks  Ambaffadeufs.  Ceux  deSiamv 

103.  Ca  Prélat,.  Mt,  de  NoaKles  «  ci-deyant 
£véque  de  Cbalons  9  à  préfent  Archevêque 
de  Paris.  Les  chofes  ont  bien  changé  de  fa;- 
ce.  Ou  Mr.  le  Camus. 

zo8*  Unairreforme.Mv.de  Harlay  ,  premiec 
Ptéfident. 

209.  S^i  e^  connu  pom  tel.  Mr.  Peliflbn  9 
Maître  des  Requêtes,  Hiftorien  du  Roi  ic 
de  l'Académie  ,  trés-laid  de  vifage  y  mais 
bel  Efprit.  II  a  fait  plufieurs  petits  Ouvra- 
ges. Il  écoit  Bénéficier  ,  &  avoir  été  Hu- 
guenot. On  veut  qu'il  (eût  mort  daxu  cectte 

*    HeligioQ  ca  x^94«  P^ 


0E  lA  6  BL  0  t  I  R  t;  3]i' 

fïg.  117.  Un  Bâmme  farêtf  grofiir.  Feu  Mb 
-  de  la  Fontaine  de  l'Académie  Françoise  » 

Auteur  des  Contes  &  des  Fables. 
Ibid.  Um  sutre  efi  fimpU*  Corneille  l'AtnJs 

Poète. 
118.  VûtiUz-'uous,  Santcûili  Religieux  die  Se 
Viâoc  ,  Auteur  des  Hymnes  du  Nouveau 
Bréviaire  ,  &  d'une  innnité  de  petites  Pie- 
ces  Latines  en  Vers  en  q^aoi  il  ezcelloir* 
Il  eft  in«KC  en  i6^« 
110.  Tel  connu.  Mr.  Pelletier  de  Sou()f  %  Inten« 

dant  desFinances* 
Ibid.  Ttl  MUvt.  Mr>  (on  Frère  »  te  Miniftrew 
Ibid.  Tauê  le  monde*  L'Académie  Françoife. 
I&f.  j^tifihius.  Mx  de  la  Bruyère. 
ti9*  Quel  bonheur»  Mr.  le  Tellier  »  Chanceliez 

de  France  »  ou  Mr»  do  Louvoi«r 
ij).  Le  plus  gfdni  malheur ^  Mr<  Penautier  i 
Receveur  Générai  du  Clergé  de  France ,  aç- 
café  d'avoir  erapeifonné  Mr.  *•*.  Tréfo- 
xicr  des  Etats  de  Bourgogne  >  de  laquelle  ac- 
'   CH&tion  il:  a  été  décmirgé  par  un  Arrêt  qui 
/or  fort  follicieé  par  Mr.  le  Bouts,  Confeil« 
1er  de  la  grande  Chambre ,  (on  Beau- Frère  « 
qui  étoit  fort  habile  &  en  grand  crédit.  L*oa 
veut  que  Ton  ait  encore  donné  beaucoup 
d'argent  à  cet  elfer« 
ijf.  ^e  dis  /tfi  ioei»f  5.  Le  Pape  Innocent  ]^I. 
qoi  z-  changé  du  blanc  au  noir  des  Senti* 
mens  »  qu'il  avoir  éunt  Cardinal  >à  ceux 
qu'il  a  eu  étant  Pape. 
IH*  Vnuhnn,  Cela  e(t  arrivé  à  Mr«  de  Vau- 
ban  après  la  reprife  de  Namiir  par  lé  Prin- 
ce d'Orange  en  té^f.&Ton  prétend  ^u'H 
avoir  &rc  mal  fortifié  cette  Place  i  «mais  il 
'-  s'en  eft  juftifié  en  (âi&nt  voir  que  l'on  n'a* 
voir  poinif  fnivi  le  B^flein  qu'il  en  avoic 
'  donné poot  épargner  quelque  dépenfeq^'il 


f^  ClU^  BBS  CARACTIltrS' 

auroit  fallu  faire  de  plus  ,  comme  un  Cara-i 
lier  qui  voulait  faire  du  côcé  de  la  Rivie- 
re  ,  a  quoi  I'ob^  avoit  aiaiKiué  ,  deparoû( 
ladite  Ville  fut  prifc. 

Pag.  r)7'  GMAr^tfi.  Allufion  à  plufieurs  Cour* 

'  tiiàns  &  PaKicutiets  qui  al  lerent  voir  le  Siéger 

de  Nainur ,  en  1^93.  ({ui  fut  fait  dans  one 

erés-nriauvoife  Saifon  >  &  par  lapluie  qui  du» 

ra  pendant  tout  le  Siège. 

141.  U^jiuiu  frinci.  MonfeigneuF  le  Dau«» 
pbin» 

146^  li  X  0dg  tels  Prûjen.  Guillaume  &  Na& 

lau  ,  Prince  d'Orange  >  qui  entreprit  de  paf-^ 

iêr  en  Angleterre  ,  d*oii  il  a  cbaflTékRoi 

Jaques.  IL  fi>n  Beau'Pece«.  IJ  eft  né  le  if  «^ 

•  Novembre  i<^fo. 

147.  Un  inmmiifimêft.  Le  feu  DucCbarlei 
de  Lorraine  y  Beao-Frexe  de  l'Eropereus 
Leopold  Premier. 

Ibid*  Qnê  U  Voix  du  Peufte.  Le  fau^  bruit  de 
laiffnoit  du  Prince  d*Orange  ,  qu'on  croyoit 
avoir  été  tué  au  Combat  de  la  Boy  ne. 

lhi6,.Un  Homme  (Ut.  Le  Prince  d'Orange. 

14g.  Dépouillez,  yêtre  P^rr.  Le  Roi  Jaques  IL 

làÀà  Un  fitil  toujours  Bon.  Louis  XIV.  qui 
donna  ietx4ite  à  Jaques  IL  &  à  toute  fa  f  a» 
mille,  après  qu'il  eux  été  obligé  de  ièxeti^ 
rer  d'Angleterre. 

24^.  Uft  Prituê  déUvfoù  tEuropt.  VEasçt^ 
rcur. 

Ibid.  Détruit  un  gramt  Em^in.  Le  Turc^ 

Ibid.  Oux  ^ui  font  nez.  Le  Pape  Innocent  XL 

ijo»  Petits  Hommes,  Les  Anglois. 

?  n*  T>opetit4  Globes.  Les  Balles  de  Mbufquef*. 

Ibid.  Vous  en  mvoz  tfatetres.  Les  Boulets  de 
Canon» 

Ibid.  Sans  eomptet.  toux.  Les  Bombes» 

ifr  Vous  avez,  fur  tottt  tm  Hammo  fih  Le 

s     Puncc  d'OtangCk  Ibid;. 


'      DE    LA    B'KVYl^Utt.      "     ff 

'^g*  If  ;•(/»«  Ifte  têute  tnshre.  L'AngleterCr 

ttrid,  H  m  m^rdn.li  ftin  tU  fm  JHoutriçê,  Le 
Piince  d'Oman  ge  ,  devenu  pfus  pnrilancpar 
la  Coufonne  cTAngletenre  ,  s^écoic  rendil 
Maitte  abfolu  en  HoHande  >  &  j  fai(ôic  ce 
qu'il  lui  plai(bic. 

X  f  ^.*  £/  rei»x  qu*ilt^  thmpux,*  Les  Anglois. 

Ibid»  àiêis  qu'tntênds'fe  de  ar  tains  Perjonndgetm 

.  Ailufîon  à  ce  ({ai  fe  paiïk  en  1^90-  à  la 
Haye  •  lors  du  premier  retour  du  Prince 
d'Orange  de  rAng]etetrc,oùles  Liguez  fe 
rendirent ,  &  où  le  Duc  de  Bavière  fat  long- 
tems  4  attendre  dans  I*Anci-Chambre. 

If  7.  Ce  far.  L'Ëinpcrear» 

If 8.  A  la  JP,%fce  iArgtnu  Armes  de  la  Mat- 
fon  d'Autriche. 

Xf9<  7i&/M#ffiitf.  Mr.  Sachoe  ,  Curé  de  St.  Ger* 
vais  ,.  oui  exhotroit  toutes  les  Perfonnes  de 
Qualité  à  la  mort.  Le  Père  Bourdaloue  lui 
a  fuccedé  dans  cet  Emploi 

4  (0.  Le  TUurifiem  Mr.  Cabonll ,  Sieur  des  CoC* 
teaox  ,  Avocat  au  Parlement. 

i^i.  FarUx,  k  ce$  «iw/rf'.  Le  Sieur  Marlet ,  A* 
vocac. 

i6i.  Un  troifieme.  Le  Père  Meneftricr ,  Jefuite» 

165.  Dtmocêde.  Mr.  de  Ganieres  ,  Ecuyerdc 
feue  Mademoifelie  de  Guife.  Ou  Mr*  de 
Bcringhem  ,  premier  Ëcuyer  du  Roi. 

1^4.  Mais  quand  il  ajoute.  Mr.  Morcc  » 
Concilier. 

léf.  §luelqH0S'Uns.  Mrs.  Thevencr  &  laCroiir. 

i6é:.  Un  BêHTgeois,  Mr.  i^melot.  Sa  Maifon  ^& 
dans  la  vieille  Rue  du  Temple. 

Uf.  L»*.  G**.  Lcfdiguieres. 

u%.  Difhile.  Santeuil  ,  <]ul  avoît  toutes,  fes 
Chambres  pleines  de  Serins  de  Canaric, 
171.  Il  m'jt  a  ritn.  Morin  le  Joueur. 

Ibii  UuêFUsér  hUttë.  Ces  Barbeaux  ,  <)ut 

•  ♦*  6  ciei^ 


croîflcnt  parmi  les  Seigles  ,  forent  un  Etfi^ 
à  la  mode  dans  Paris.  Les  Dames  en  mec* 
toient  pour  Bouquet. 

Pag.  iTf.Un  Homme  fm.  Mf.  dcBoa«lbn. 

X  79.  Lt  Cowrtifâu  OHfnfoh.  Mr.  le  Duc  de 
Beauvilliers. 

18  t.  ^and  un  Cmrtffan.  te  E)uc  de  Beau- 
villiers ,  Gouverneur  des  finfans  de  f  rante  9 
Fils  de  Mf.  le  Duc  de  St.  Aignan  >  dont  il 
s'cft  emparé  de  tour  le  bien  ,  fans  en  payer 
ks  Dettes  yOui  s'cft  jette  dan»  la  Dévotion*. 
II  eft  Chef  du  Gonfeil  <les  Finances.  Il  » 
fait  faire  à  St.  Aignan  en  Berri  unt  Banc 
dcMenuiferie  d'une  Elévation  femblaUe  aus 
Chaires  des  £vêques» 

183.  Onufhre.  Mr.  de  Mauroy  ,  Prêtre  de  Sf» 
Lazare  ,  depuis  €uré  des  Invalides  ,  qui 
avoir  été  auparavant  dans  les,Moufi}uetaires» 
&  pour  fcs  Libertinages  mis  à  St.  Lazare, 
dont  il  cmbrailk  la  Pipofcffion.  Il  y  vécut 
douze  ans  en  réputation  d'honnête  Honime^ 
ce  qui  lui  fit  donner  la  Cure  des  Invalides  f 
depuis  i)  reprit  iès  aneiennes^  manières  j  maisi» 
gardant  toujours  les  apparences. U  fe  mit  dans 
Rs  Intrigues  des  Femmes,  &  fi  avant  avec 
Mlle.  Doujat ,  Nièce  de  Mt.  Doujar,.Doyea 
du  Parlement  ,  qu'après  l'avoir  entretenue 
du  tems  >  &  £iit  de  grandes  dépenfès  avec 
elle  ,  &  avoifr  9  pour  les  foutenii^ ,  cnga^ 
]e  Patrimoine  des  Invalides  y  il  la  maria 
au  FiU  de'Mr.  le  Boindre ,  Gonfeiller  au  Paiv 
kment  ,  à  laquelle  il  donna  dç  fon  Chef 
joooo.  Livre».  Mais  ^  cette  Intrigue  s'étanC 
,  dans  la  fuite  découvene  y  ila  été  condamr 
né  à  une  Prilbn  perpétuelle  ,  Se  envoyé  i 
l'Abbaïe  des  Bernardins  de    Sept-Fonds  , 
w  il  eft  mouadcz^iepencant  de  ik  vicdé- 
ïégléc. 


îfn  LA  WfLVttKfS  ff 

fag.  i^o.  Zelié.  Madamtdc  Pontchartraîif; 
tfS.  ^««/f «»ei-iv»/  même,  Âllaâon  au  Pélican 
qae  porcenc  Mrs.  le  Camus. 

197.  Lis  Grands  enui0teiehâfis»A\\uGùnàce 
qae  feu  Monsieur»  pour  s'af>t>f ocher 
ic  Monlèigneur  le  Dauphin,  ne  vouloit  plus 
qu'on  le  nraitâc  d'AlfeJfe  Kâyslê ,  maÎ9  qtt'oa 
lui  parlâr  par  t^ûns  y  coirnne  Ton  fâifeic  à , 
Mon(èigneuF&aaxBnfàfis  da  Prarnce.  Les 
ancres  Princes  »  »  (on  exemplie  >  ne  veulent 
plus  être  Traii:ésd*^//«j/^>  mais  fîmpleaient 
de  Vûus* 

ibid.  Censims  Gins,  Mr.  de  Dangeau  9  ou  bien  , 
le  Camus  de  Vienne  qui  fè  fait  dcfcecEdre 
de  J'Amirai  de  Vienne  :  ou  Mr«  Lai^fois 
de  Rieux. 

198.  Dès  fuâ  leur  Fêrttine.  Laugeois^qui  Ct 
fiûc  appelle!  De  Laugeois* 

Ibid.  Celur-àpar  Ufupn0on  iunsfyîlaht.  DeU 

uieU3C  ,  qui  fe  eût  nommer  De  Rieux. 
Ibid.  Plufieurs  fufriment  Uiérs  Noms,  Langlois  $, 

Fils  de  ï.angfois  ,  Receveur  airx  ConfîTca- 

tions  du  ChâtelcC)  qui  Ce  dit  appelkr  d'In> 

bercourt. 
Ibid.  Us'en  trauve  enfin,  Sonnin  >  Fils  de  Mr^ 

de  Sannin  ,  Recevcat  de  Paris  ^  qui  fe  faic 

nommer  de  Sonningen* 
i^^v  11  n'y  a  rkn^  Les  Jefuices  9  ou  les  Célef* 

tins.  Cesdemiets  jouiïlentdes  mêmes  Privi* 

leges  que  les  Secrétaires  du  Roi. 
Ibid.  liyAun  Geefroyde  U  Bruyère»  C*eft  le 

nom  dé  TAuteur. 
%ot.§ittebfM*$m  mente  ftersine  TriBane.  Ailufîoi» 

aux  Sutluxj  des  Feres  Théatins^  compofez  par 

le  Sr.  Laureneani^ ,  Italien  ,  qui  a  été  de«- 

pais  Maine  de  la^Muâque  du  Pape  Inno^ 

cent  XII. 

T,  7*  Les  Tbéatins^ 


fê  CtEt  dËS  CÂRAcfeitf f 

Pag.  104  Uh  Pdfteur  frais.  Mr.  de  Blampî*»: 
.  gnon  >  Cuié  de  Sr,  Mederic  »  Homme  à  beoh 
He  fortune  >  &  qui  a  toujours  fous  {k  Di" 
reâion  les  plus  jolies  Femmes  de  là  Paroiflè« 
Il  eft  mof  t.  Ou  feu  Mr.  Hameau  >  Curé  de 
St.  Paul. 

ix)/.  Tite.  Pcrfeval,  Vicaire  de  Se.  Paul. 

Ibid*  Patér  h  remflird  Mt>  le  Seuryquin'etelf 
pas  Précre  ouand  il  fut  fait  Curé  de  Se<  Paul« 

%q€.  Le  Threjûrier  rArchidiMcre.  Les  Digni- 
tez  de  la  Sainte  Chapelle. 

JL07.  Ld  lilU  d'Arifiifpe.  Mlle.  Fodet ,  fille 
de  Mr.  Morel«  de  la  Chaiàbreaux  Deniers. 

HoS*  Féiireune  leUe,  Mr.  le  Marquis  de  Riche- 
lieu. 

Ibid.  Cêfi  épMjer  Meliie.  Mlle.  Mxoixin  ^fii' 
le  du  Duc  de  ce  nom. 

10^.  Il  étoii  délient,  Mr.  le  Prince  de  Monraa- 
ban  ,  Mr.  de  Pons  9  Mr«  Belot  #  Mr.  de  kl 
Salle.  ^   . 

110.  Une  Femme  Avancée  en  Âge.  Madame  la 
Préfidence  le  Barois. 

ai  I.  On  M  tûÂjeurs  vA,  Le  Receveur  des  Con- 
fifcations.  Ou  la  Charge  de  Surintciïdant  <lei 
Finances. 

m.  Lefends perdu.  AttnGonk  la  Banc|uerou« 
te ,  faite  par  les  Hôpitaux  de  Pans  &  les 
Incurables  en  i6%9.  qui  a  fait  perdreaux 
Particuliers  qui  avoient  des  Deniers  à  fonds 
Perdu  fur  les  Hôpitaux  >  la  plus  grande  par- 

.  tie  de  leurs  Biens  :  ce  qui  arriva  par  la  frî* 
ponnerie  de  quelques-uns  des  Adminiftrai« 

'  teurs  que  l'on  chaiTa  >  dont  un  nommé  Ao* 
dré  Le  Vieux  »  fameux  Ufurier  ,  Père  de 
Le  Vieux  <|  Concilier  a  la  Cour  des  Aydcs, 

-  écoit  le  principal.  Cet  Adminiûrateur  dévoie 
être  fort  riche  :  mais  fa  Femme  l'a  ruinc> 
fui  devine amoureufcd^uA  nommé  PoDlàn» 


ge  ,  qui  école  Mousquetaire  >  auquel  ejlc 
acheta  une  Charge  de  LieuteHrant  aux  Gat" 
ëcs ,  &  lui  donna  en  fuite  un  gros  Equipage  » 
tcfnoycn  de  tenir  table  ouverte  à  la  Plaine 
ë'Ouiile.où  ledit  Le  Vieux, qui  ne  Cavoie 
tien  de  cette  Intrigue,  alloit  louven:  faite 
bonne  cberc  qu'on  ne  îui  refufoit pas,  puis 

2Q*il  la  payoit  bien.  La  Femme  voulut  lui 
ire  époufer  fa  Filfe  >  du  moins ,  ij  couch» 
avec  elle,  &  l'engroflà  :  mais  Le  Vieux  s'7 
oppo£i , Se  fit  décréter  contre  PonKânge,  âc 
cQDn  l'obligea,  moyennant  10000.  livres» 
qu'il  lui  donna  ,  de  quitter  fa  Fille  9  la- 
quelle s'amouracha  enfuite  d'un  nommé 
Feriifarr,  Maître  des  Comptes  à  Dijon  ^  qui 
r^nieva  &  l'époufa.  Le  Fils  du  fufdit ,  è9 
concert  avec  la  Mère  y  voloic  le  Pcie  qui 
le  forprit.  It  y  eut  Plainte  f  qui  fut  retirée» 
Ton  dit  que  ce  Le  Vieux  étant  â  Texcré- 
nûté,  &  le  Curé  de  St,  Germain  de  l'Au^ 
xenois  l'exhortant i  \a  mort ,  i\  lui  préfenrx 
VA  petit  Crucifix  de  Vermeil  qu'il  rengagea 
i  adorer  »  à  quoi  Tanere  ne  répondit  rien  : 
mais,  le  Curé  lui  ayant  approché  delà  bou*- 
chc  pour  le  lui  faire  baiier  ,  Le  Vieux  le 
prit  à  £1  main ,  &  l'ayant  foupefif  >  il  dit  qu'il 
n'étoic  pas  de  grand  prix  ,  .  &  qu'il  ne 
pouvoit  pas  avancer  beaucoup  d'argent  dc(^ 
lus. 

P.  ti  1.  Véus  âvtXi'unepiSceitMfgent  Eourvalais» 

XI  ).  CoAiHme  qui  s^efi  introduite  dans  les  7>f* 
itMMMx.  Sous  le  P.  Préûdent  de  Novion*. 

21  f.  £/  a  eft  étrange,  II  y  a  un  Arrêt  du  Cqn» 
feiliqui  oblige  les  Confei  11ers  àérre  en  ra- 
bat. Ils  étoient  avant  ce  tems  -  là  piKque 
toujours  en  Cravate,  Il  fut  rendu  à  la  Re* 
quête  de  feu  Mr.  de  Harlay  9  alors  Procu- 
reur Général ,  &  qui  a  été  depuis  premier 

.  Piéfidenc*  C^g^ 


li"'^' 


40    Cttt  DBS  CAAÀCTËRiBi 

Pag.  ti6.  Efl  de  décider.  LeChâtclet. 

Ibid*  //  déiuife  9H  il  exf^gtre.  Mr.  Faucder  g 
Avocat. 

117.  Un  innêcint  tondstfinê.  Mr*  fe  Marquis 

^  de  Langlade  >  innocent  condammné  aux  Ga-^ 
lerés  ,  où  il  eft  mort.  Le  Brun  appliqué  à 
]a  Queftion  ,  où  il  eft  more  Le  premier 
avouZté  accufé  d^un  Vol  fait  à  Mr.  de  Mon- 

fommcry  ;  &:  le  Voleur ,  qui  avoir  ^é  foit 
umônier ,  fut  trouvé  depuis  &  pendu*  Le 
fécond  fut  accitfë  d'avoir  a(Ià(Ytné  Madame 
Mazel  ,  &  pour  cela  mis  à  la  Qutriion» 
L'Âfiaflin  nommé  Berry>  qui  étoit  Fils  na- 
turel de  ladite  Dame  Mazel»  a  paru  depuis  , 
Se  a  éré  puni. 
Ibid.  SiVommerêcontùif,  Mn  de  Grand-Mai- 
Ton  >  Grand-Prevôc  de  l'Hôtel ,  a  fait  rendre 
a  Mr.  de  Sc.  Pouanee  une  Boucle  de  Dia« 
mans  qui  lui  avoit  éte^érobée  à  l'Opéra. 
XI 8.  Cémbien  tt Hommes,  Feu  Mr.  le  Préfideot 

de  Mefme  &  le  Lieutenant  CiviL 
119.  Il  efi  1/rai.  Peu  l'Abbé  de  la  Kiviere  > 

Evéque  de  Langres; 
110.  S'ilnysvoit.  La  Princeâc  de  Carignan, 

le  Ptéfîdcnt  Larché. 
a»i.  îitiM.  M.  Henntquin  ,•  Plrocureur  Géné- 
ral au  Grand  Confcil ,  avoit  été  fait  Lcga- 
raire  univerfelpar  le  Teftamcnt  de  Madame 
Valentin ,  Femme  de  l'Avocat  au  Confeil  » 
aui  n'avoir  fait  faire  ec  Tcftamcnt  au  pro- 
m  dudit  Sieur  H^nnequin  que  dans  la  vue 
qu'il  rcmcttroit  les  bicns>  comme  étant  un 
Fideieommis.    Mais  ,  le  Sieur  H^nnequii) 
ne  l'ayant  pas  pris  fur  ce  ton ,  &  voulant 
s'approprier  les  biens  même ,  ayant  pris  le 
d'cuil  &  fait  habiller  tous  Tes  Domeftiques  » 
Mr.  Valentin  fit  paroîtrc  un  autre  Teftamcnc 
•m  faYcuc  de  Mr.  de  Bragelonne  qui  révo- 

quoiç 


^t    LA    Bu  UT  ER  y.  4f. 

fcoic  le  premier  ,  &  qui  a  été  confirmé  » 

celui-ci  ayant  mieux  entendu  rincenûon  de 

h  Péfunce. 
Pig.  111.  Lf  JJi  fui  Sf€.  Mr.  8c  Madame 

de  Valentin. 
iij»  Au  lidii-pommiJIéire.  Mr.  Henneqtiliv 
224.  jyfkMj.  jMr.  de  Bercy. 
n>id.  RMiêÀtf^  fjqueurs.  Mr.  le  Duc  de  Duras» 
Ibid.  Ohtft^ilfétrtédiU  TahU*  Il  prétend  par* 

icr  du  Combat  de  Vakroun*  ou  de  Mt»  k 

Maréchal  d*Humieres. 
aif.  Hermippi»  Mr.  de  Renovîlle. 
117.  Ily  udéjÀhmg'tems»  Les  Daquins. 
11^,  Carrù  C«m,  Caretri ,  Italien ,  qui  a  fait 

Îuelques  Cures  ^nl  l'ont  mis  en  réputation» 
[  a  gagné  dfi  bien  y  Se  vend  fort  cher  fes 
Remède^  qi/il  fa^  payer  d'avance.  Helve-* 
tias ,  HoH^qdois  »  avec  la  Eacinc  Hypecar 
coanba ,  poiur  le  Flux  de  Sang  »  a  gagné  beau?. 
Qoap  de  biea« 
a>9*  Vos  Médecins,  Mr.  FagoQ  »  premier  Mé- 
decin du  Roi  qui  a  fuccedé  à  Mr.  Paquin  p 
^ifutdifgracié  en  1694*  par  trop  d*ambi^ 
cion  9  &  pour  avoir  djcmandé  au  Roi  la 
place  de  ^réfident  à  Mortier  y  vacante  par 
la  Mort  de  |ylr.  de  Nefmond  >  pour  Ton  Fils  , 
lorendant  a  Nevers  ;  &  outre  cela  TÂrche- 
Vjêché  de  Bourges  pour  un  autre  Fils ,  (îm,* 
pic  Agent  du  Clergé.  Il  paâbit  aufli  pout 
fov  ÎQtexj-eJljré  9  &  fài(knt  argent  de  tout ,  juf«- 
ques-lià  qu'il  tira  de  Du  Tarte ,  Chirutgîeut 
a.Qooo.  livres  ,  pour  lui  permettre  de  £û« 
goer  le  Roi  y  dans  une  petite  indifpofition  » 
où  il  s'en  Ceroit  bien  pafR.  Mai3  .le  prin,- . 
cipal  fajet  de  fa  Difgrace  fut  qu*ii  étoît  Créa- 
ovedc  Mad^c  de^ontefpan,  &qui;Mar 
dame  de  Maifitenon  vpulpit  le  faire  fortir 

pour  j  adpgicttcc  fon  ^f^cfiu  Fagon.  Da- 

5ui% 


41     ClÊV  JDES    CARACTBltlf 

'  <}tiîn  enveloppa  dans  fa  difgrace  tdtire  fii 
Famille.  L'intendant fiit révoqué,  &  obligé 
de  fe  défaire  de  fa  Charge  de  Maître  de» 
^  flequéces:  Ton  Fifs>  quiétoit  Capitaine  atir 
<?ardes  eut  le  même  ordre  ,  &  TAbbé  eft 
demeuré  ce  qu'il  étoit.  Daquin  n'étoit  pas 
un  fort  habile  Homme  dans  fa  Profeiïion. 

rag.  1^4.  ^ui  règle  les  Hommes.  Les  François 
&  les  Efpagnols. 

1^4.  ^ufqu*à  u  qiiil  revienne.  Mr.  le  Tour- 
neux ,  grand  Prédicateur,  qui  a  fait  l'Année 
fainte,  &  gui  ne  préchoit  que  par  Home- 
lies  >  aété  fort  fuivi  dans  Paris. 

Jbid.  tes  CitMtions  froftmgs.  Manière  de  pr£« 
•  cher  de  TAbbé  Boileau. 

/49-  Cefl  f^voir  de  Nfprit.  M.  l'Abbé  Flécher  , 
depuis  Evéque  de  Nîmes ,  a  fait  quantité  de 
beaux  Panégyriques ,  on  bien  9  le  Père  Se^ 
'  naut ,  La  Roche ,  &  autres. 

Ibid.  \5n  meilleur  Efprit.  Le  Père  Sonanin  » 
^grand  Prédicateur,  Prêtre  de TOratoire, de- 
puis Evéque  de  Sencz. 

Jbid.  VOrateur.  L'Abbé  Çouin ,  grand  Fa ifèur 
de  Portraits  en  Chaire  )  habile  Prédicateur  5c 
grand  Joueur  j  ce  qui  l'a  empêché  de  parve- 
nir aux  Dignitez  Êccicfiafliques ,  où  il  aa- 
roit  eu  bonne  part  fans  cela. 

250.  Un  keau  Sermen.  Le.  Père  Gonnelieq  > 
Jcfnite. 

IBid.  Le  felide  ^  Vadmirahle.  Le  Père  Qonr- 
daloue. 

Ibid.  la  Merale  douce.  L'Abbé  Boileau  &  Fie* 
chier. 

A  f  I .  L'en  peut  f sire.  Contre  les  Oraifbns  fusé* 
bres* 

Ibid.  Ils  enfchsniéUParele  Sainte,  L'Abbé  de 
Roquette,  Neveu  de  l'Evêauc  d'Autun ,  ayant 
^prcd^t  devant  le  {loi  un  jour  du  Jeudi  Sainr« 

atois 


^E     LA     BrUVERB.        4) 

aroit  préparé  un  beau  Difcpars ,  rempli  des 
Louanges  liu  Roi ,  <}ai  s*y  devoir  trourer  i 
nuis,  le  ^oi  ne  l'ayant  pu  à  caofe  de  quel. 
ques  Araires  qui  lui  lurvinrent  >  il  n*offt 
monter  en  Chaire ,  n'ayant  plus  d*ocçafioii 
de  débiter  Ton  Difcours. 

Pag.  15 1.  Theodule.  Mr.  l'Abbé  flécbier ,  Evéf 
que  de  Nîmes. 

254.  Devrfiit'il /uffire  f  Contre  les  Oraifonf 
foDcbres. 

^H'  Dio/core^  Gedeon  Pontier  *  Auteur  dp 
Cabinet  des  Grtmds» 

A/7*  V^veque  de  MeMUX.  Mr.  Bofluet,ETê« 
que  de  Meaux  «  qui  avpit  été  Ptécepteur  do 
Monfci^nçur  >  grand  Prédicateur  &  Con- 
novcrûlte ,  peu  aimé  des  Jéfuices  >  qui  l'ooc 
traverfê  ea  toutes  pccafions. 

tél.  limêfemble-  Le  Perc  de  la  Rue. 

16;.  Fenehn,  Ci-devant  Précepteur  des  Enfanf 
de  France ,  à.  prefent  Archevêque  de  Cam<- 
braj ,  &  du  Confeil  de  Çonfcience ,  &  Créa* 
tore  de  Madame  de  Maintenon. 

»70.  Tâêête  PUi/Mntêrie.  Mr.  le  Comte  d'0« 
lonne  die  vi  Ut  de  la  mort  f  quand  on  vint 
Pavettir  que  Mr.  de  Comouailfe  >  Vicaire  de 
St.  Euftache  ,  entioit  pour  le  confeflèr  ^ 
SiTM-ji  inecmailU  iufqu^k  U  tmnt  f 

17  ).  Un  Qrnnd  er$it.  Feu  Mr.  de  la  Feuillade , 
fia  Mr.  de  {.ouvpis ,  ou  Mr.  de  Segnelay, 

IS I.  Si  ton  nous  Mjfuroit.  L'Ambaflàde  dcf 
Siamois  envoyée  au  Roixn  1 6go. 

»94«  C$m9rci0fid§tm$^  Chanc|ili» 


lEI 


AVERTISSEMENT 

fiir  ccoe  Nouvelle  Edition. 

'Owfége  de  La  BRvYEAft 
fut  téJmrd  gémrultwtm  af^ 
fiAuA  i  &  le  tms  ne  lui  a 
^  rien  fmt  ftrére  de  cette  frim 
mère  réfutMm.  Ls  flofan  des  rifii^ 
sms  ém  cet  Juteur  m  rempli  fm  line 
des  Cataâseres  de  ce  fiécle./Mt^r^î- 
fmnMes  ,  &  exprimées  d'un  ftUe  Ji  vif 
&Jîpiàs ,  que  hk»  des  gens  qmen  cm 
femi  tome  U  besmé ,  frtnnent  fmtene 
fiéfir  à  les  citer  en  cmyerfMion ,  &  à 
jen  fth ,  dans  les  mimes  termes  éom  4 
^^  fervi  fcur  les  exprimer. 

I4  Brt^ere  s'efi  fur  tout  esiàche  X 
Uùuspmàre  Its  hommes  d'^rèslsatstre  s  & 
fous  Us  jours ,  &  par  imtt  PaSSy  a  Lofl^ 
dres  comme  À  Paris ,  en  Hollande  cemmt 
Ml  France,  on  découvre  derOripndux  fiéi 
p^em  Ufupge  &  là  vérité  de  fes  Ca- 
raâeits.  fiien  rfefi  pius  agréeUe  ^M*un  tet 
ffeââcle ,  &  rien^  ^  mon  avis ,  fie  pour» 
tm  être  plus  utile  ,  pour  qui  liroiif  dam  le 
Uffén  îe  smfku^e  ,&defe  Corriger. 

Quoiqu'il  en  foit  de  cette  iiernkre  re^ 
jlexM  que  foi  peut-être  jettée  ici  trop  le^ 
ftremem  y  U  eft  certmqwe  peu  de  tempi 


AVERTISSEMENT. 

Affis  que  cet  Ouvrage  eut  été  rendu  public 

4  Paris ,  il  fut  réimprimé  dans  les^  Pats 

Etrangers  r&  il  fer  oit  difficile  decmfter 

ht  d'^entes  Editions  qu^on  en  a  fait  en 

Flandres  &  en HoUande,  ■  .\       ' 

Mais  ce  grand  nmbre  d?Edi$ms  qui 

fait  honneur  a  la  Bruyère  ,  a'  infenjtblè* 

mm  défiguré  plujteurs  endnius  de  fon  IJ^ 

tre.  Cûmme  P Auteur  ^géme  crfginal ,  ex- 

jteUea  feindre  f es  fenfées  vivement  &  dé^ 

licatement  far  des  traits  naturels  &  bar^ 

dis  tout  enfer  ble ,  il  tfi  prefque  impoffible 

de  deviner  lexpreffim  a  laquelle  Plmpri^ 

ïneur  en  a  fubftitué  une  autre  ^nunns  fro^ 

fre^  ou  flus  foible.  Avec  un  peu  d^ attend 

tion ,  on  voit  le  défaut  de  ces  endrrits  cor^ 

fmpus^  mds  mne  f aurait  les  corriger. 

\.  Oane  pouvoit  rétablir  fûremem  la 
plupart  de  ces  endroits  ,  quUn  confult^ni 
4^  comparant  enfemhle  quantité  éP Editions 
ffifedentes.  Etc^eft  ce  que  j^ai  fait  avec 
toute  rex4âitudequ'i^  peut  apporter  dans 
Utte  efpeçe  de  travail ,  naturettement  trop 
yétiUeux  pour  ne  pas  donner  à  PEfprit 
tinfertain  dégofit^  qui  de  temps  en  tempt 
doit  lui  faire  perdre  néceffairemfnt  un 
peH  dû:  fon  attention. 

IL  En  corrigeant PExempléire qui dcf 

Vfiif  /jftvk  df  copie  ^  Plm^rimeur ,  ;V  f^ 
■   '  .  .     *      '  fotvl 


,    AVERTISSEMENT.     . 

foin  de  le  kien-ponSuer.  La  Bruyère  sUteit 
fort  n^ligéfur  cet  mkte^  &  des  Critique  f^ 
f  m  être  trop  délie At s ,  s^en  étoient  flmnt% 
tubliquewent.  Mais  dans  le  fond ,  quelque 
petit  que  foit  ce  Mfdut,  il  n'étoit  pas.  iHu* 
tile  d?j  remédier  ,  s%  e/î .  vrai  qu'il  aip 
enifêcbé  certains  Le&eurs  de  cm^rendté 
itfément  la  penfée  de  l^ Auteur.  . 

IIL^  EN  FIN  j'oiij  trouverez  dans  lettii 
tdimn  quelques  Remarques  ou  Pon  juf» 
t^fi^  Utxaàûâion  de plujîeurs  FaffagesdeM 
CaroEteres  de  Theophraftc,  j^»'fl»/^ôWM^ 
foupfûnner  d'avoir  été  mal  rendus*  Cer* 
tainfCenfeurs  de  livres  fe  font  mis  dans 
Vefprk  que  la  Bruyère  n'^avoit  traduit 
Theïïpbrafie .  que  d'après  quefque  Verjion, 
Latine,  Je  ne  fai  fur  quoi  ils  fondent  ce 
préjugé  :  car  pourquoi  un  Gentilhomme  de, 
H.  le  Frincf  nlaur^it^l  pas  pâ  liff  &  en-^ 
tendre  cet  Ameur  en  Grec  y  tout  auffi  bien 
qiCmJ>p&eur  ^  qk^un  Frofeffeur  en  Tbeo^ 
loj(^fn^J^ofp:bie^  ou  en  belles  Lettres  l 
X^ijftl^/ÎÀireM  Tbiypbrafie  5  &. après. 
P^ig^,0^ipMé  exafkament  avec  la  Tra>^ 
dsi^iflffiff^^a donné  la  Bruyère ,  ^je  mon* 
tre  0,\p^  de.  mots  ,  qu'a  ^exception  d$. 
qHfl^^_„petifef  méprifes  qui  pomoient 
icbappei  off»  plus  habdes  dans  U  I^angue , 
^/Wf^ç^tte^  Traduôtion  exprime  trés^ 
ornement  li  fens  &  Us  beameX,dePori* 

gml. 


AVERTtSSEMEWT. 

fmM.  HiUfeufemtm  ,  iansr  t$u$t  €tHê 
Crkiqutf^njii  eu  éi^fâiH  91»'^  CaÊtulxm 
&  à  Duport ,  deux  des  plus  fapâns  <^ 
des  plus  juéUdenx  CùmnieméteuTs  de  Tbei^ 
jpbrsfte ,  qui  ne  s'Aceefdent  pd$  Ht^eurs  nf- 
femUe.  Si  pour  défendre  UBrujferej'emgfe 
é$e  Migê  femnr  en  lice  mes  des  Ameure 
ytPâns ,  je  crei  que  jj^é^reks  éfke  le  camr 
êâi  ,  p^rce  que  je  bute  i  ntert  les  difpitue 
litter eûtes  ^  qm  prefquê  teufoufs  fmt  at^ 
eempAgnétis,  de  deiats  plans  iPé^em  <5r 
de  malignité ,  âufqneU  If  FuUic  ne  prtni 


mcnn  mteret. 


Bonn  ■  Loftandt  aento  ne  fccer  ongoî , 

Vp.  L.  !•         Dirpliceti(lclocus,cIafno«.i8ccUliidiapoJd»; 

redux  Commentateurs  de  Tbeepbraften*ctn 
gneres  fint  mitre  ebofe  qm  répéter  ce  qnê 
Cafduten  &  Dnpert  ékvmentdéjd  ditfj^M 
itédifpenfé  fart  nnturMement /âprir  rien 
d  démêler  upee  eux. 

H  ne  me  refie  qu^ttn  nmt  n  dire  fur  lé 
Défeniè  de  la  Brbyeit  qmdmtpdreStre 
dans  cette  Edition  :  c\tfi  que  Ji  Peu  ttmcpê 
qu^eUe  ne  mérite  pds  dPeccuper  une  pldfe 
jf  benefâUe ,  /r  S  en  ebdfetai  mm-mimê 
daus  Id  première  Métien  qià  fe  fern  e$t 
«ellâniedetCamSttresàcccûécici  A 
,  fdris  êe  XQ.  Oitibre  1720...C0STB. 
^  TABLA 


TABLE, 

DES  MATIERES 

Contenues  dans  ce  I.  Volume. 

DISCOURS  SUR Theophrast». 
Pas.  I. 
LES  CARACTERES  DE 
THEOPHRASTE.       35 
AvANT.pRoFbs.  ibid. 

€ltÂF«  II.  Dr  U  Ilatterie^  5^ 

Gh  AP.  IQ.  De  Plfi^enmnUu  du  Difuàr 

de  ifuR,  A^ 

Chap.  V.  I>ftC4>fnplaifant.  ^i 

QsiA:F.VhbetJmMged*mCoqmn.  $6 
Crap.  vil  Du  grand  Parleiir.  -  fo 
CBAP.ym.DMdeHe  d^s  Nourelfes.  6f 
Chap.  IX<  B0  rsfnmerie  caufet  féùt 

tAvmce.  Su 

Chap.  X.  De  t Epargne  fordide.  j± 
Ch  AF.  XL  Jte  fimp9idi»t  en  de  ttlen  qtâ 

mteugiede^rien.  ,77 

Cbap.  X  IL  Dn  Ceme^tems.  8 1 

Gbap.  XIII.IU  fm  emffeffii        84 

Clup.  XIV.  De  U  ftnjfidké.  86 

OiAP.  XV.  JDi  U  BmMité.  .  88 
OiAP.  XVL  DeU  SÉfef^itien.  90 
Oujf.  XVÏl.  De  l  Effrit  chagrin.   9} 

Chap* 


TABLE  DES  MATIERES; 

Chap.  XVllI.  î>e  la  Difianie.  ^ê 
Caav.  XIX.  D'un  viUin  Homme.  9Ô 
CnKV.l^^.iyunBtmmeïncmnmode.iox 
Ch  AP.  XXL  De  la  Cette  vanité.  lOir 
Chap-  XXII.  De  l  Avarice.  aç^. 

.Chap.  XXIIL  De  fofhntation.  108 
Çhap.  XXIV.  De  rorgfuU.  m 

,CHAPi  XXV.  De  ta  Peur,  ou  du  iefata 
^   de  courage,  •   i  l'j 

Chap.  XX  VI.  t>es  Grandi  êunepfum 
,   bltqtte.  .  ^  ^        117 

Chap.  XXVII.  J^nne  tardtve  Infiruc^ 

.    tion.  MM   i^a 

Chap.  XXVIII.  De  la  Médite.  \i± 
LES  CARACTERES  OU  LÉS 

MOEURS  DE  CE  SIECLE.  125 
Préface.  .  1x7 

Çhap.  I,  Des  Ouvrages  de  l'offrit,  igf 
Chap.  H.  Du  Mérite  perfonneL  1 78 
Chap.  III.  Des  Femmes.  y  - .,  3^93 
Chap.  IV.  Du  Cœur.  ,.«  j  v  .  24.2^. 
Chap.  V.  De  la  Socieff^,(^Jel4^^^^r* 
fation.  .  ...^,.  ,;;.,  JJX/îMT: 
Çhap.  VI..  Des  biiffs^deFortfiff.\  ^f: 

ç^Av.  y  IL  De  j^yi'ii,  vrx.i54^^ 

Çhap.  VUL  De  U  Cour^  -  .^o 

Çhap.  IX.  Des  Granii,  •  ,  x  \ï^O: 
Chap.  X.  Du  &9uvtHUf  ^n  4e4*4h^' 

PRIVI- 


:   D  I  s  C  O  UJR  s 

SUR 

THEOPHRASTE 

n*eftime  pns  que  l'bora- 
;  foit  capable  de  former 
os  fon  cfprit  un  projet 
is  vain  &  plus  chiméri- 
que, que  de  prétendre  en  eçrivapt  de 
quelque  Art  ou  de  quelque  Scicncç, 
que  ce  foit,  echapcr  à  route  forte  dç 
critique ,  &  enlever  les  fuiïrages  de 
tous  lès  Leâeurs, 

Car  fins  m'écendre  fur  la  diffèrent 
ce  des  cfprits  des  hommes  auiÏÏ  prodi- 
gieufe  en  eux  que  celle  de  kurs  viia- 
ges,  qui  fait  goûter  aux  uns  les  çh<i^ 
ics  de  fpcculafion  ,  &  aux  autres  cek 
lesdepratiquef  qui  fait  quequelques- 
uns  cherchent  dans.les  Livres  à  exer- 
cer leur  imagination ,  quelques  autres 
■  Tm,h  A  i 


-*  0  l  s  €  p  V  9L  s 

à  former  kur  jugement  ;  qu  entre  ccu^ 
qui  lifènt ,  ceux-ci  aiment  à  être  for*- 
jccz  par  la  démonf^ration ,  &  ceux-là 
veulent  entendre  4ciicatement  ,  qu. 
ibrmer  des  rai(onnemens  &c  des  con^ 
Jeâures  ;  je  me  renferme  ioilement 
dans  ce(te  Science  qui  décrit  le^ 
mœurs,  qui  examine  les  hommes, Se 
jqui  dc'veloppe  leurs  cara6terçs  j  &  j'p- 
fc  dire  que  fur  les  Ouvrages  qui  tr^? 
tent  de  chofes  qui  les  touchent  de  fî 
près ,  6c  où  il  ne  s'agit  que  d'eux-mê- 
mes ,  ils  ibnt  encore  exti:ên>exnent  dif"^ 
lîciles  à  contenter. 

Quelques  Sava^us  ne  goûtent  que  Ie$ 
Apophtbegmes  des  Anciens  ,  &  ley 
exemples  f  irez  desRomains,  des  Grecs, 
des  Pa-fes  ^  des  Egyptiens  ;  Phiftoire 
du  monde  prefent  leur  eft  infipidc  j 
ils  ne  font  point  touchez  des  homme;g 
iqui  les  envii'onncnt ,  &  avec  qui  ils 
vivent ,  &  ne  font  nulle  attentioii  à 
leurs  mœurs.  Les  femmes  au  con- 
traire ,  les  gens  de  la  Cour ,  &  tous 
ceux  qui  nV)nt  que  beaucoup  d'efpric 
tans  érudition ,  indifferens  pour  tou-» 
tes  les  chofes  qui  les  ont  précédé  ^ 
font  avides  de  celles  qui  fê  pailent  à 
feurs  yeux ,  &  <jui  fontiromme  fous 

leur 


•sun  Theoîpiïiiaste.      ^ 

rksr  main  :  ils  les  examinent ,  ik  les 
-difcernent ,  ils  ne  perdent  pas  de  vue 
les  perfonnes  qui  les  entourent  ,  fi 
<:harniez  des  defcriptions  &  des  pein- 
tures que  Von  faik  de  lears  contempo- 
rains y  de  leurs  concitoyens ,  de  ceu? 
enfin  qui  leur  reflèmblent ,  &  à  qui 
ils  ne  croyent  pas  Teflcmbier ,  que  juA 
.ques  dans  la  Chaire  Ton  le  croit  obli- 
gc  (buvent  de  fufpendre  PEvangilc 
pour  les  prendre  par  leur  foible,&les 
l'amener  â  leurs  devoirs  par  des  cho« 
fcs  qui  foicnt  lie  kur  goût  &  de  leur 
portée. 

La  Cour  ou  ne  -connoît  pas  la 
Ville  ,  ou  par  le  mc'pris  qu'elle  a 
pour  elle  ,  n^lige  d'en  relever  le  ri- 
dicule^ &  ii'eft  point  frappée  des  ima- 
ges qu'il  peut  fournir  ;  &  fi  au  con- 
traire l'on  peint  la  Cour,  comme  c'cft 
-toujours  avec  les  mémgemens  qui  lui 
font  dûs  ,  la  Ville  nés  tire  pas  de  cet- 
te ébauche  dequoi  renriplir  la  curiofi- 
te'  ^  &  £e  faire  une  jufte  ide'e  d'un 
pais  où  il  faut  même  avoir  vécu  pour 
le  4:^onndStre. 

D'autre  part  il  eft  naturel  aux 
fiomities  de  ne  point  convenir  de  la 
l^eauté  ou  de  la  délicatef^  d'un  trait 

A  X  '         ce 


4  Diiscou  &i    : 

4e  morale  ,  qui  ks  peint ,  qui  les  di^ 
figne,  Se  où  ils  fe  reconnoiticnt  eux^ 
paSmes  ;  ils  fê  cirent  d'embarras  en  là 
condamnant  ^  2c  tels  n'approuvent* 
]a  fatyrc ,  que  Iprfque  commençant 
à  lâcher  prife  ,  Se  a  s'éloigner  de 
Jeurs  peribnne$ ,  elle  va  mordre  quel<r 
que  autre.  • 

En^n  quelle  apparence  de  pouvoir 
remplir  tous  les  goûts  (I  difiêrens  des 
))ommes  par  unfeul  ouvrage  de  M07 
raie  )  Les  un$  cherchent  des  définie 
tioi)s,  des  divifions,  des  tables»  &  de 
la  méthode  :  ils  veulent  qu'on  leur  ext 
plique  ce  que  c'eft  que  la  Vertu  en 

f général  ,  Çc  cette  vertu  en  particu- 
ier  ;  quelle  difièrence  fe  trouve  entre 
}^  yzlcut ,  la  force  ,  ôc  la  magnanimi-* 
té ,  les  vices  extrêmes  par  le  défaut 
ou  par  Texcès  entre  lefquels  chaque 
vertu  fe  trouve  placée  ,  &  duquel  de 
ces  deux  extrêmes  elle  emprunte  da* 
yantage  :  toute  autre  doârine  ne  leur 
plaît  pas»  Les  |»utres  contenu  que  Ton 
rpduife  les  mœurs  aux  paffîons,  &  que 
Ton  explique  celles-ci  par  le  mou  ver 
^nt  du  fang,  par  celui  des  fibres^  &; 
(}es  artères ,  quittent  i|n  Auteur.  4^ 
pùf.  Jtrefte. 


Sun  Tu^oPhAÀHt:     ^ 

;.  tl  s'en  trouve  d'un  troifiémc  âr* 
are ,  qui  perdiadéï  que  toute  doârine 
des  mœuf^  doit  tendre  à  les  réformer; 
à  difcerner  le$  bonnes  d'avec  les  mau^ 
vaifes ,  &  à  démêler  danâ  les  hommes 
ce  qu'il  y  a  de  vain ,  de  foiWc  &  de 
ridicule ,  d'avec  ce  qu'ils  peuvent  avoir 
de  bon  ,  de  fàin  &  de  louable  ,  fë 
plaifènt  infiniment  dans  la  leâure  des 
livres  *,  qui .  fuppofant  les  principes 
phyllqucs  &  moraux  febatus  par  les 
Anciens  &  les  Modernes ,  (è  jettent 
d^bord  dans  leur  application  ausf 
mœurs  du  tems ,  corrigent  les  bom^ 
mes  les  uns  par  les  autres ,  par  ces  ima- 
ges de  choies  qui  leur  font  fi  familie^^ 
res ,  Se  dont  néanmoins  ils  ne  s'avi-i^ 
fbientpas  de  tirer  leur  inftruârion. 

Tel  eft  le  Traité  des  Caraâeres  dei 
mœurs  que  nous  a  laiflif  Tbeophrafie  t 
il  Pa  puifô  dans  les  Ethiques  &  dans 
fcs  grandes  Morales  d'Ariftote  dont  il 
fut  le  difcîple  :  les  excellentes  de'iini- 
tions  que  l'on  lit  au  commencements 
de  chaque  Chapkre,  font  e'tablies  fut* 
les  idées  Sc.ûir  les  principes  de  ce 
grand  Philofophc ,  Se  le  /bnd  des  ca^ 
n&erest  qui  y.  font  décrits,  eft  pris  <îe 
^  méixïc  iouxa.  Il  ^ft  vrai  qu'il  i$i 

A3  les 


*  •  ^  .  *  .         .  ^  •  *  • 

les  rend  propres  par  l'étendue  qli'iP 
kur  donne,  &  par  la  fatyire  iiigenieif^ 
fc  qu'il  en  tire  contre  le9»vice»  dda^ 
Grecs ,  &  furtouc  des  Athéniens, 

Ce  livre  ne  peut  gucres  pâflèrqtie 
poiir^  le  cômmciiÈetneftr  a  Un  plus 
long  ouvrage  que  Theophrâfte  avoir 
entrepris.  Le  projet  de  ce  Philofo* 
phé,  comme  vouslcjremarqucrcxdans^ 
ia  Préface  ,  etoit  de  tr^tcr  de  toutci 
|es  Vertus ,  Sç  de  tous  Ids  Vices.  Et 
çonaoïe  il  aflure-  lui-mêtné  dans  cer 
endroit  qu*il  commeriç?-  un  ff  grand 
dcflèin  à  l'âge  de  quatrc-yingtrdix-i^ 
peuf  ans ,  il  y  a  apparence  qu'une 
prompte  mort  l'empîcha  de  le  con* 
duire  à  fa  perfeétion.  J'avoue  que 
l'opinion:  commune  a  toujours  ctë 
qu'il  aroit  pouffe  fa  vie  .au  delà  de 
cent  ans  ;  ôç  S-  Jérôme  dans  une  Let-* 
Ke  qa  il  écrit  à  Nepotien ,  aflîire  qu*il 
eft  mort  à  centiept  ans  accomplis  :. 
de  (orte  que  je  ne  doute  point  qu^it 
»'y  ait  eu  une  ancienne  erreur  j  ou  dan^ 
ks  chiffîes  Grecs  qui  ont  fervi  de  rè- 
gle à  Diogene  l^ërce  ,  qui  ne  le  fait 
vivre  que  quatre -vinet- quinze  an- 
n^SyOu  dans  les  premiers  manufcrits 
^ont  été  faits  de  cet  IMorien^  s'il 


4 

ÏV'ti  TfHEOPflRAStJE:        J 

ift  vrai  d'ailleurs  que  les  quatre-viogt- 
dix-neufans  que  cet  Auteur  fè  donne 
idans  cette  Préface  ^  fe  liiènt  égale-^ 
ment  dans  quatre  manufcrits  de  là  Bi- 
bliothèque Palatine ,  où  Pon  a  auâi 
trouvé  les  cinq  derniers  Chapitres  des 
Caraâeres  de  Theophrafle  qui  man-* 
quoient  aux  anciennes  imprdlions ,  & 
m  l'on  a  vu  deux  titres ,  l'un  (i)  da 
gÊUt  qu^on  a  pour  Us  vicieux  ,  &  l'au« 
tte  (x)  du  gm  fordide ,  qui  font  fèuls, 
^  dénuez  de  leurs  Chapitre^* 

Ainfi  cet  Ouvrage  n'cft  pcut-êtrç 
même  qu'un  fimple  fragment ,  mais 
^pendant  un  refte  précieux  de  TAn- 
équité ,  8c  un  monument  de  la  viva- 
dté  de  l'efprit ,  &  du  jugement  fèr« 
me  &c  folide  de  cePhiloiophe  dans  un 
iige  fî  avancé*  En  ef&t  il  a  toujours 
été  lu  comme  un  chef-d'œuvre  dans 
§on  genre  :  il  ne  fe  voit  rien  oùle  goût 
Artique  (c  fkRe  mieux  remarquer  y  8c 
eii  l'élégance  Grecque  éclate  davan- 
tage :  on  l'a  appelle  un  livre  d'on 
i^s  Savans  faifant  attention  à  la  di« 
ycrûîé  des  mœurs  qui  y  font  traitées , 

Se 

A4 


t  Dis  cou  Us    ^ 

• 

jèc  à  la  âlaniere  naïve  dont  tous  les  "^ 
raâercs  y  font  exprimez  ;  &  la  coti>- 
^rant  d'ailleurs  avec  celle  du  Poè'te 
Menandre  (  i  )  difciple  deTheophrafte. 
Se  qui  fervit  enfuite  de  modèle  à  T&- 
rence,  qu'on  a  dans  nos  jours  fi  heo- 
jeufcment  imité ,  ne  peuvent  s'emp&- 
cber  de  reconnoitre  dans  ce  petit  Ou^ 
.vrage  la  première  fource  de  tout  le 
^miq]ue  :  je  dis  de  celui  qui  eft  épu«- 
ré  des  pointes  ,  des  ohCccnkcz ,  des 
équivoques ,  qui  eft  pris  dans  la  natu^ 
xe  ,  qui  fait  rire  \ts  (âges  &  les  ver-^ 
tueuJt.  .  t 

Mais  peut-être  que  pour  relever  fe 
.mérite  de  ce  Traité  des  Caraâreres,  Su 
en  infpirer  la  leâure  ,  H  ne  fera  pas 
inutile  de  dire  quelque  chbfe  de  celui 
de  leur  Auteur,  llc'toit  d'Érefc,  viW 
ledcLesbos^fîIs  d'un  Foulon: il  eut 
pour  premier  Maître  dans  fbnpaïs  un 
certain'  Leucippe  (a)  qui  Àoit  de  la 
même  Ville  que  lui  :  de-là  il  paflà  à 
VËcole  de  Platon ,  Se  sVréu  enfuite 

à 

Iftog.  iMêrt.  în  Vitâ  Thcophrafti.  Lib.  V. 

( z)  Un  aurrcque  Leocippe  Philofophe  cdt^ 
htc  ,  &  diicipie  d«  Zcnoiu  .  ^ 


1^  celle  d'Ariftotc  ,  où  il  fe  diftingua 
entre  tous  ks  difciples.  Ce  nouveau 
Maître  charme'  4c  la  facilite  de  (on 
cfprit  &  de  la  douceur  de  fon  élocu^ 
tion ,  lui  changea  (on  nom  ,  qui  étoit 
Tyrtame  ,  en  celui  d'Eupbra^e  ,  qui 
figniiîe  celui  qui  parle  bien  ;  Ôc  ce 
nom  ne  répondant  point  aflëz  à  la 
haute  eftime  qu'il  .avoit  de  la  beauté 
de  fon  génie  Se  de  fes  expreffions  ,  il 
Tappella  Tbeophrafte  ,  c'eâ-^-dire  un 
homme  dont  le  langage  eft  divin.  Et 
il  fènible  que  Ciccron  ait  entré  dans 
les  (êntimens  de  ce  Philofophe ,  lorf-*^ 
que  dans  le  livre  qu'il  intitule  £f«r«^, 
pu  des  Orateurs  illufires  ^  il  parle  ain-» 
il  (i)  :  „  Qui  eft  plus  fécond  &  plus 
'^  abondant  que  Platon  ?  plus  idlido 
fie  plus  ferme  qu' Ariftote  >  plus  a^ 
greable  &  plus  doux  que  Théo- 
^  phrafte"î  Et  dans  quelques-unes  d« 
fes  Ëpltres  à  Âtticus  on  voit  que  par<« 
laotdumêmcTheophrafte  (x)il  l'ap- 
pelle Ton  ami ,  que  la  le&ure  de  fesi 

Li-i» 

(i)  èjuis  êéerior  in  diando  TlMone  f  Suis 
^JlriftgteU  nervûfiar  î  tkfQfbrafto  dukior  f  Cap.. 

(i)  EPifi.  i6.  L,  II. 

A  S 


99 
9> 


fO  Dis  C  Ù  VR  s 

f 

I-.ivrés  lui  Aoit  femiliere  ^  &  qu^ft  €i* 
hiCoit  {es  délices. 

Ariftôte  difoit  de  lui-  &  de  Califte- 
ûç  un  autre  de  fes  diteiple« ,  ce  que 
Fl^onavoit  dit  la  première  fois  d'A- 
siftoce  même  £c  de  Xenocrate  y  que 
Califtene  étoîc  lent  à  concevoir  &  a-» 
yoit  Pcfprittardif  ;&queThcophraftè 
au  contraire  l'avoit  fi  vif,  fi  perçant ,  fi 
pénétrant,  qu^it  comprenoit  d'abord 
d'une  chofe  tout  ce  qui  en  pouvoit 
être  connu  i  que  Pùnavoit  beloin  <Pé» 
peron  pour  être  excite  ,  &  qu^il  fàU 
loit  à  l'autre  un  frein  pour  le  retenir; 
.    11  cftimoit  en  celui* ci  fur  toutetf' 
chofe»  un  caraârere  de  douceur  qui 
i^gnoit  également  dans*  fes  Moeurs  SE 
dans  Ton  ftyk*  L'on  raconte  que  les^ 
difaiples  tl'Ariftote  Voyant  leur  Maî^ 
trc  avancé  en  âge  &  d'une  fente  fort 
tf&ibdie  y  le  prièrent  de  leur  nomme» 
-ion  fuccefièur  ;  que  ct^mt  i!  avoi% 
deu'i  hommes  dan^  fbn  Ëtok  /urqui 
feuls    ce    cbôi*    poUvôit  tt>i!Abei'  ^ 
Ça)  Menedeme  le  Rhodien,  &  Thea- 

phraâe: 

(al)  I!  y  en  a  eu  deux  autres  du  même  nom  » 
ïun  Philofojirc  Cfnicjflt,  Vàsiitt  difciglc  it 
WaïQAi 


&0«C    THEOFHRilS^TÊ.       tt 

i^irafte  d'Ei^cfè ,  par  un  efprit  de  mé* 
nagcment  pour  celui  qu'il  vouloit  ex- 
clure ,  il  fe  déclara  de  cette  manière  : 
Il  feignit  peu  de  tems  après  que  Tes 
dîfciples  lui  eurent  &it  cette  prière ,  Se 
en  leur  prefence  ,  que  le  vin  dont  il 
feifoit  un  u&geo^inaireluiëtoitnui^ 
fiblc,  &  il  fe  fit  apporter  des  vins  de 
Rhodes  &  de  Lesbos  :  il  goûta  de 
ficus  ks  deux  ,  dit  qu'ils  ne  dc'men- 
toiem  point  leur  terroir  ,&  que  cha- 
cun dam  ion  genre  étoit  excellent  ; 
que  le  premier  avoit  de  la  force ,  mais 
que  celui  de  Lesbos  avoit  plus  de  dou- 
ceur, &  qu'il  lui  donnoit  la  prcferen- 
ce.    Quoiqu'il  en  foit  de  ce  fait  , 
qu'on  lit  dans  Aulu^Gelle  (i^  ,il  eft 
certain  que  Io(qu'Ariftote  accufc  par 
Eurymedon  Prêtre  de  Cercs,  d'avoir 
mal  parlé  des  Dieux  ,  craignant  le 
deftin  de  Socratc ,  voulut  fortir  d'A- 
thcnes  ,  &  fe  retirer  à  Calcis  ,  ville" 
d^Bobée ,  il  abandonna  (on  Ecole  au 
Lesbien,lui  confia  fes  écrits  k  condi- 
tien  de  les  tenir  fecrets  ;  &  c'eft  par 
Theophrafte  que  font  venus  jufques  à 
nous  les  Ouvrages  de  ce  grand  hom* 
me.  Son 

A  6 


«•.>'  %-<* 


12  DlSCOt7l(# 

Son  nom  devint  fi  célèbre  paf  tôif^ 
te  la  Grèce,  que  Succeflèur  d'Arifto^ 
te  il  put  compter  bien-tôt  dans  TE-* 
éole  qu'il  lui  ayoic  Uiflee  ,  jufqucs  à 
deux  mille  difciples.  Il  excita  l'envie 
de  (4)  Sophocle  fils  d'Ampbiclide ,  ôc 
qui  pour  lors  AoitPre'tcur  :  celui-ci^ 
en  eÔet  (on  eiinemi ,  mais  fous  prétex- 
te d'une  exaâe  police ,  &  d^empêcheï 
les  afièmblçes ,  fit  une  Loi  qui  défen- 
doit  fur  peine  de  la  vie  à  aucun  Phi-. 
lofophe  d'enfèignçr  dans^  les  Ecoles* 
Ils  obéirent  :  mais  Vannée  fiiivantc  ^ 
Philon  ayant  fiiccede  à  Sophocle  qut 
étoit  (brti  de  charge  ,  le  Peuple  d'A-^ 
thenes  abrogpa  cette  Loi'  odieufê  que 
ce  dernier  a  voit  faite  ,  le  condamna  à 
une  amende  de  cinq  talenç  ,  rétablit;* 
Theophrafte  ,  &  le  refte  dei  Pbilofo- 
phes. 

Plus  heureux  qu^AriftotequîavoJt 
cté  contraint  de  céder  à  Eurymedon, 
il  fut  fiir  le  point  de  voir  un  certain 
(i)  Agnonide  puni  comme  impie  par 

k$ 

i.  '  ♦ 

(m)  Un  autre  qac  le  Poète  tragftjuc.  f  Voyez. 
la  Ti'e  de  Theophrafle  pax  .Diogene  Laërce  , 

H^}  Diêg.  lairt.  in  Viiâ  Ttcophrafti ,  U  V. 


les  Athéniens ,  ftuIcBient  a  cauiè  qu'il 
?yôit  ofé  laccufer  d'impiet<f  ,  tanï 
ctoit  grande  l/aflcétion  que  ce  Peupk 
a  voit  pour  lui ,  &  qtfil  méritait  pair 
fa  vertu. 

En  eflet  on  lui  Fend  ce  teînoigna^ 
gc ,  qu'il  avoit  une  fingulieje  prudent 
ce ,  qu'il  ctoit  zélé  pour  le  bien  pu^ 
blic ,  laborieux  ^  oiBicieu3?  »  af^ble  4 
bienfeifant.  Ainfi  au  rapport  (1)  de 
Plutarque  ,  lorfqu'Erefe  fut  accàble'c 
de  Tymns  qui  avoient  ufurpe'  la  do^ 
mination^  de  leur  pais  ^  il  fè  joignit  à 
{a)  Phidias  fon  compatriote  ,  contri*« 
Sua  avec  lui  de  ks  biens  pour  arme? 
les  bannis  qui  rentrèrent  dans  leur  viU 
le, en  chaflcrent  les  traUres^ ,«  &  rco-» 
dirent  à  toute  VIfle  de  Lesbôs  ia  li-^ 
hcné. 

Tant  de  rares  qualitez  ne  lui  ac^r, 
quirent  pas  (èulement  la-  bien veiUancer 
du  Peuple ,  mais  encore  l'eftime  &  k 
familiarité  des  Rois.  11  fut  ami  de; 
Caûàndre  qui  avoit  fuccedé  à  Aride'e. 

Fre.. 

f»)  pan»  im  Ouvrage  intitulé  ,  Sjf'onn^^ 
Jêurûit  vivre  agreàhUment  Jelon  la  DoBrin^ 
iEpicitre  :  Ch.  ii.  Et  dans  Ton  Traité  confrêf 
tEfiturien  CoLOTBSiCh.ig* 

{»)  Un  autre  qi\e  le  fameux  Sculpceur* 

A  7 


J^fcre  d'Alexandre  leGrand  au  Roïau^ 
ifte  de  Nfacedoine  ;  &  Ptolomçe  ,  filg: 
deLagus,  &  premier  Roi  d'Egypte  ^ 
entretint  toujours  un  commerce  étroit 
avec  ce  Philofophe.  II  mourut  eiv- 
fin  accablé  d'années  8c  de  fatigues > 
èc  il  cefïa  tout  à  la  fok  de  travailler 
&  de  vivre.  Toute  la  Grece  le  plcu^ 
ïa  ,  &  tout  le  peuple  Athenica  zâiC- 
i;a  à  (es  funérailles. 

•    L'on  raconte  de  lui  que  dans  fbiï 
extrême  vieilleflc  ne  pouvant  plus^ 
marcter  à  piedj  il  fe  fàilbit  porter  en 
Ktiere  par  la  ville ,  où  il  éroit  vu  d» 
Peuple  à  qui  il  étoit  fi  cher.   L'oi> 
At  auffi  que  fcs  difciples  qm  entou^ 
foicnt  fon  lit  lorfqu'il  mourut ,  lui 
ayant  demande  s'il  n'avoir  rien  à  leur 
recommander  ,  il  leur  tint  ce  dit 
cour^:  (i)  „  La  vie  nous  feduit,  elfe 
^  nous  promet  de  grands  plaifîrs  dans 
A  la  poflèflîo(n  de  la  gloire  ,  mais  à 
^  I^eine  commence -t- on  à  vivre 
,>  qu'il  faut  mourir  :  il  n'y  a  fouveat 
„  rien  de  plus  fterile  que  l'amour  de 
^k  réputatioa    Cepend^t  ,  nie$ 

»difl 

(I  )  Tout  ceci  fc  trouTc  dans  Diogcn«  La«r-i 


^  dîfcîples  ,  contentez-vous  :  fi  you^- 
^  négligez  l'eftimè  des  hommes ,  vou^ 
i^  vous  épai^QGZ'  à  vous  -  mêmes  de 
^  gramis  uavaux  :  s^ils  ta  rebutent 
99  point  votre  jcourage  ;  il  peut  arri-i 
^  ver  que  la  gloire  fera  votre  récom* 
^  penie.    Sou  venez- vous  fcuîemenr' 
^  qu'il  y  a  dans  la  vie  beaucoup  de 
^  chofes  inutiles  ;  &  qu'il  yr  en  a  peu>^ 
^  qui  mènent  à  une  fin  folide.  Ce 
^  n'eik  poim  à  moi  à  délibérer  fur  le 
^  parti  que  je  dois  prendre  ,  il  n'effî^ 
^,  plu5  tems  :  pour  vous  qui  avez  à- 
„  me  furvivre,  vous  ne  (zuritz  pefci^ 
^  trop  mûrement  ce  que  vous  devers 
^  faire" :  &  ce  furent  là  fesdernieres^ 
paroles. 

:  Ciceron  dans  le  troifiAne  livre  dca^ 
Tufculanes  (i) ,  dirque  Theophrafte 
mourant  fè  plaignit  de  la  Nature ,  de 
oc  qu'elle  avoic  accordé  aux  Cer&&: 

att:s; 

^cintr  y  f»hd Servis  ér^^ofnicibas  vitam  Hiu^ 
HétMsm  y  quorum  id  nihil  intertffet  ;  hominibup 
quorum  maxime  Hiterfrsfftt  y  tkm  exi^u^m  vè^ 
téuo  dedijfà  :  quorum  fi  éttas  pofuiffetofie  lon^ 
ifnquior  .futurum  fuiffo  ut ,  omnibus  perftm^ 
mtibusyomm  doHrinâhom^mn  vit^trud^p»^ 

ikfs  Câg^  !&•' 


ië     .    ï>  I  s  c  o  u  ft  * 

aux  Corneilles  une  vie  fl  longue  êà 
qui  leur  efl  fi  inutile ,  lorfqu'ellc  n'a<* 
voit  donné  aux  hommes  qu'une  vie 
très-côurce ,  bien  qu'il  leur  imporce 
fi  fort  de  vivre  long^tcms  ;  que  fi  l'â- 
ge des  hommes  eût  pu  s'étendre  à  un 
plus  grand  nombre  d'années ^Iferoic 
arrivé  que  leur  vie  âuroit  été  cultivée 
par  une  doârine  univerfelle ,  &  qu'il 
11*7  suroît  eu  dans  Je  .monde  ,  ni  Art 
ni  Science  qui  n'eût  atteint  fa  per« 
feâion.  Et  S.  Jérôme  dans  Pendroit 
déjà  cité  aflure  (i)  que  Theopbrafte 
à  rage  de  cent  (èpt  ans'^  frappé  de  la 
maladie  dont  il  mourut ,  regretta  de 
jbrtir  de  la  vie  dans  un  tems  où  il  ne 
faifoit  que  commencer  à  être  fage. 
,    Il  avoit  coutume  de  dire,  qu'il  ne 
ùtA  pas  aimer  fès  amis  pour  les  éprou^ 
ver ,  mais  les  éprouver  pour  les  ai- 
mer ;  que  1^  amis  doivent  être  com« 
muns  entre  les  frères ,  comme  tout 
eft  commun  entre  les  amis  j  que  Ton 
de  voit  plutôt  fe  fier  à  un  cheval  fans 

fi^in  : 

f' 

(i)  Sapiens  tftr  QrâeU  Tkitffbràftus ,  chm 
ixfUtis c'entum  é'fiptem annisfe  mort  arnerêi  ,  . 
dixife  ftftuf ,  ft  dotere ,  qubd  thm  egndttetut- 
è  tfitâ ,  qurnidê/afiTi  $œpijfe$,  Bpift,  «d  Ncpo- 
tuaum. 


.    ê 

SUR  If HEOFHRASTE.       fj . 

fitin  ,  (i)  qu'à  celui  qm  parle  fàiis 
jt^emenc  9  que  la  plus  forte  depenfo 
que  l'on  puiflè  faire  ,  eft  celle  da 
tems.  Il  dit  un  jour  â  tin  hommo 
qui  fe  tailbit  à  table  dan§  un  feftin  ^ 
5i  m  fi  un  hdbile  homme  'j  tu  ds  tort  de 
ne  fds  pâfltr  j  mais  sHl  n'efi  pas  amjt  ^ 
tu  en  fais  beaucoup.  Voilà  quelques^ 
unes  de  (es  maximes. 
.  Mais  fi  IM3US  parlons  de  fes  Ouvra- 
ges, ils  font  infinis;  Sc  nous  n'appre^ 
Bons  pasquenui  Ancien  ait  plus  écris 
que  Thcopbrafte.  Diogene  Lacrce 
hic  rénumeration  de  plus  de  deu3^ 
cens  Traitez  difièrens  ,  èc  fur  toutes 
ibrtâ  de  fujets  qu'il  a  compofez.  La 
plus  grande  partie  s'eft  perdue  par  1q 
maliieur  des  tems,  èc  l'autre  fe  rédui&« 
à  vingt  Traitez  qui  font  recueillis 
dans  le  volume  de  (es  Oenvres.  Uon 
y  voit  néuE  li  ?res  de  Thiftoire  des  plan^ 
tes,  fix  livres  de  leurs  caufes  :  il  a  e'-*; 
cric  des  vents  f  du  feu ,  des  pierres  ^ 
du  miel  ,  des  (ignés  du  beau  tems  ^ 
des  figne^  de  la  pluye  ,  des  fîgncs  de 
k  tempête,  des  odeurs  ,  de  la  fueur  ^ 
du  vertige  ,  de-  la  laffitude ,  du  relâ- 
chement 

'  (t)  Diogem-ta^rct tiiM  la  vie  doTiico* 


tf        6  I  svd'ô  u  iff  ? 

• 

cïhetnênt  des  nerfs ,  de  la  défaillantes 
des  poifions  qui  vivent  hors  de  Teaa  ; 
des  aniimit^  qui  changent  de.  couleur  ^ 
des  animaux  qui  naiflènt  fubitemenc  ^ 
des  animaux^  fujets  à  l'envie ,  des  ca- 
jfiaéfcercs  des  moeurs.  Voilà  ce   qur 
BOUS  refire  de  les  écrits  :  entré  lefquels 
ce  dernier  ièul  dont  on  donne  la  Tra- 
du6Hon^,  peut  répondre  non  feule- 
ment de  la  beauté  de  ceux  que  l'on 
vient  de  déduire, mais  encore  du  mé- 
rite d'un  nombre  infini  d'autres  qui' 
ne  font  point  venus  jùfques  à  nous. 
'   Que  fi'  quelques-uns  fè  refroidie- 
feient'  pour  cet  Ouvrage  moral  par 
kschofes  qu'ïb  y  yoyent  ,^  qdi  font 
du  tems  auquel  il  a  été  écrit ,  &  qur 
•lie  font  point  lelott  leurs  mcBurs;  que 
peu vent^ils  faite  de  plus  utile  &  de 
plus  agréable  pour  eux,que de  fe  dé-* 
faire  de  cette  prévention  pouî  leurs^ 
coutumes  Se  leurs  manières ,  qui  fans 
autre  dilcuflîon  non  feulement  les  leur 
feit  trouver  les  meilleures  de  toutes , 
tiiais  leur  fait  prefquc  décider ,  que 
tout  ce  qui  n'y  eft'  pas  conforme  cft 
ihéprifable  ,  &  qui  les  prive  dans  lar 
lèâuredcs  Livres  des  Anciens,du  plai- 
fir  &  de  l'inftruftiofl  qu'ils  en  doivent 
flflCendre.  >  Nqu& 


l^ous  qm  (bmmes  fi  modernes  fê- 
ibns  anciens  dans  quelques  fiecles.  A- 
lôrs  Vhiftoire  du  nôtre  fera  gdûter  à' 
la  pofterité  fe  vénalité  dcsr  charges  , 
c'cft-à-dire  le  pouvoir  de  protéger; 
l'innocence ,  de. punir  le  crime,  &  de 
faire  juftice  à  tdut  le  monde  ,  acheté  ' 
à  deniers  coroptans  comme  une  mé« 
tairie,la  (plendeur des Partifans , gens ^ 
fi  méprUèz  chez  les  HcKreux  &  chez' 
les  Grecs.  Uoù  entendra  parler  d'u-' 
ne  Capitale  d'un  grand  Royaume ,  où^ 
il  n*y  avoir  ni  placer  publiques  ,  ni^ 
Ëainé  y^  ni  fontainer^-ifi  amphithéâ- 
tres ,  ni  gsderies^,  ni  portique»  ,  fti^ 
promenoirs  ,  qui  étoir  pourtant  Wte 
ville  mervcillcuie.  L'on  dira  que  tout- 
le  cours  de  k  vie  s'y'  paflbit  jpnefqiit  k- 
foFtir  de  (a  maifon,  pour  aller  (e  ren- 
fermer dans  celle  d'un  autre  :  que 
d'honnêtes  femmes  qui  n*étoieitt  ni^' 
marchandes  ,  ni  hôtelières,  avi>ient 
kurs  maifons  ouvertes  à  ceux  qui 
payoientpour  y  encrer;  qu@  l'on  a  voit' 
à  choifîr  des  dez ,  des  cartes  ,  8c  de 
tous  les  jeuX';  que  Pbn  mandent  dani' 
œs  maifops  ,  &  qu'elles  ^toient  com- 
modes à  tout  commerce.  L'on  faursi' 
vack  pjsuple'ue  paroiûbk  daas  la  vil- 

_ 


^Sd     .  '     'B  Tk  C  6  V  R  t\  ^      , 

le  que  pour  y  paflêr  avec  preci^tâ^ 
.feion  ;  nul  entretien ,  nulle  familiarité  ; 
que  tout  y  écoit  farouche  6c  cOiXixrre 
^allartné  par  le  bruit  des  chars  qu'il 
'iâlloit  e'\riter  ,  6c  qui  s'abandonnoienc 
au  milieu  des  rues  ,  comme  bn  fàic 
dans  une  lice  pour  remporter  le  prix 
de  la  courfc.    L'on  apprendra  /ans 
étonnemejit  qu'en  pleine  paix  6c  dans 
urte  tranquillité  publique  ,  des  Ci^ 
toyens  entroient  dans  les  Temples ,  al^ 
loicnt  voir  des  femmes  ^  ou  vifitoient 
leurs  amis  avec  des  armes  oi&nfives  ; 
&  qu'il  n'y  avoit  prefque  perianne 
qui. n'eût  à  fon  côcé  de  quoi  pouvoir 
d'un  feul  coup  en  ttier  une  antre.  Ou 
dG  ceux  qui  vieridi'ont  après  nous,  re- 
butez par  des  mœurs  û  étranges  éc  fi: 
différentes  des  leurs,  fè  dégoûtent  par 
là  de  nos  Mémoires  ^  de  nos  Poëfïes  ^ 
de  notre  comique  &  de  hos  fatyrcis  ^ 
pouvons-nous  ne  les  pas  plaindre  par 
avance  de  (è  priver  eux-mêmes  par 
cette  fauflc  dclicatcfïe ,  de  la  ledare 
de  fi  beaux  Ouvrages  ^fî  travaillez ,  ii 
réguliers ,  6c  de  la  connoiflâncedu  plus 
beau  Règne  dont  jamais  Phiftoire  aie 
été  embellie  \ 

A^ons  donc  pour  les  Livres:  des 

Âncient 


ivK  Tkeophras'teI     if 

Anciens  cette  même  indulgence  qu^' 
nous  efperons  nous-mêmes  de  la  poOf 
terité  ^  perfuadez  que  les  hommes 
n'ont  point  d^ufoges  ni  de  coûtumcr 
qui  foient  de  tous  les  iîecks ,.  qu'elles^ 
changent  avec  les  tems  ;  que  nous  fom^r 
mes  trop  éloignez  de  celles  qui  onir 
paffé  ,  éc  trop  proches  de  celles  qui 
FCgnem  encore  ,  pour  être  dans  la 
diftance  qu'il  faut  pour  faire  des  une? 
&  des  autres  un,  jufte  difcern'ement. 
Alors  ni  ce  que  nous  appelions  la  poli-»' 
(efiè  de  nos  siœurs ,  ni  la  bienfean^ 
ce  de  nos  coutumes  ,  ni  notre  faite  ^ 
ni  notre  magnificence  ne  nous  pre-^ 
viendront  pas  davantage  contre  la  vie 
ficipk:  des  •Athéniens  ,  que  contro 
celle  des  premiers  hommes ,  grands 
par  eux-^mémes ,  &  indc(pendamment 
de  mille  choies  extérieures  qui  ont 
été  depuis  inventées  pour  fuppl'éer 
peut-être,  à  cette  véritable  grandeutf 
qui  n'cil  plus,  '   * 

.  La  nature  fè  mpntroir  ef  eux  dan^ 
toute  fa  pureté  &. fa  dignké^  &  n*é« 
toît  point  encore  foiii|l6&  par  la  vani« 
té ,  parJe  luxe  ,.  &  par  la  fottc  am« 
bition.  Un  homme  n'étoit  honoré 
iur  h  tccrc (^ka^b de ià  fsaux  ou 


j^n,        J^  i  se  o  9  &  j 

fàt  (à  vcrttu  ilp'étoit  point  riche  par 

,<ies  charjg^s  ou  des  penfions ,  mais  par 

^fi>n  cbatnp ,  par  fes  troupeaux ,  par  iesi 

.enfans&  fès  ferviteurs:  fa  nourriture 

,  étoit  iàiae  8c  aaturelle  ,  les  fruits  de 

;ia  terre ,  At  lait  de  fès  animaux  £c  de 

fes  brebis  ;  (es  vecemens  fîmples  ^ 

/Uniformes  ,  leurs  laines  ,  leurs  toi« 

4bns ,  fes  plaifirs  innocms ,  une  gran« 

de  récolte ,  ie  mariage  de  fes  enfans  i 

runion  avec  fes  yoiGns  ,;la  Paix  dan» 

^  famille.:  rien  n'eft  plus  oppofè  à 

nos  mœurs  que  tou^^  c^  chofës  i 

mais  Péloignement  des  tems  nous  les 

^it  goûter  ,  ainfi  que  la  di^nce  des 

lieux  nous  £iit  recevoir  tout  ce  que 

les  diverfes  Relations  ou  les  Livres  de 

voyages  nous  apprennent  des  paï^ 

lointains  &  des  Nations  «'trangeres.  * 

ils  racontent  une  Religion ,  une  Po^ 

1^  ,  une  manière  jà&  fe  nourrir ,  de 

Vhabiller ,  de  bâtir  Se  dc^re  la  guer- 

jre,  qu'on  ne  fa  voit  point,  des  moeurs 

^ue  l'on  i^ioroit  ;  celles  qui  appro-^ 

xlient  des  nôtres  nous  touchent ,  cdLi 

Jes  qui  s'en  ^éloignent  nous  Vtonnetit  i 

mais  toutes  nou^  ami^mt ,  moios  re« 

^tttezpar  la  barbarie  des  manières  ic 

4a  i^aubua^.^  peuple;  JS^loignex^ 

. ,.    -  qu'ijBU- 


svR  The  o p hu  a  s tos,    >a| 

.qu'înftruits  &  mênçic  réjouis  par  leur 
4iouveaut€  ;  il  nous  fuffic  que  ccu|c 
<lonc  il  s'agît  foient  Siamois  ,  Chi- 
nois ,  Nègres  ou  AbxfTms. 

Or  ceiHC  dont  Thcophrafte  noup 
peint  les  mœurs  dans  fcs  Caraderes;^ 
ctoicnt  Athéniens  ,  ôc  nous  iomm^ 
François  ;  &  fi  nous  joignons  à  Ja  di- 
verfitié  des  lieux  £c  du  climat ,  Je  long 
intervalle  à^s  tems ,  £c  que  nous  coii- 
ildenoQS  que  ^e  Livre  a  pu  être  écrit 
Ja  àetmcfc  année  de  la  CXV .  Olymr 
piade ,  trois  cens  quatorze  ans  avant 
rEre  Chrétienne  ^  &  <ju*ainfî  il  y  a 
deux  mille  ans  accomplis  que  vivoit 
ce  peuple  d'Athènes  dont  il  fait  la 
peinture ,  aous  admirerons  de  nous  y 
iieconnokre  nous-mêmes ,  nosatpis^ 
nos  eaneiaaîs,  ceqx  avec  qui  nous  vir 
vons ,  Se  que  cette  reflembknce  a^ 
vec  des  hommes  fepjarez  par  tant  de 
£edes  foit  fi  entière^  £n  eflèt  le;i^ 
hommes  n'ont  point  changé  félon  1$ 
CQpur  èc  félon  les  p^ons ,  ils  fon^ 
encore  tebqu'ils  .etoientalors  ,jSc  jqu'i]; 
ibnt  ooarquçz  dans  Theophr^e  ^ 
vains ,  idiffimulez  ,  dateurs  ,  intese(^ 
fez  ,  croates; ,  importuns ,  défians  ^ 

mcdiSsDs  ^  t^iipreUeus  ^îuj^xS^m^^  -• 


ii4         Discours 

Il  eft  V  rai ,  A  thenes  étoit  libre ,  c  Vtor^ 
le  centre  d'une  République  :  fès  Ci- 
toyens ^toienc  égaux  ,  ils  ne  rougiC- 
foient  point  l'un  de  l'autre  ;  ils  tnzr^ 
choient  prefque  feuls  &  à  pied  dans  une 
•ville  propre , paifible  &  fpacieu(ê,ca.- 
troient  dans  les  Boutiques  &  dans  les 
Marchez ,  achetoient  eux-mêmes  les 
ichofes  néceflàires  ;  l'e'mulation  d'une 
Cour  ne  les  faifoit  point  fortir  d'une 
vie  commune-:  ils  refervoient  leurs  en- 
claves pour  les  bains ,  pour  les  repas  ^ 
pour  le  (êrvice  intérieur  desmaiibns  ^ 
pour  les  voyages  :  ils  paflbientune  par- 
tie de  leur  vie  dans  les  Places,  dans  les 
Temples ,  aux  Amphithéâtres ,  fur  un 
Port ,  fous  des  Portiques  ,  Se  au  mî^ 
lieu  d'une  ville  dont  ils  e'toient  éga<- 
lement  les  maîtres.  Là  le  Peuple  s'a& 
iémbloit  pour  délibérer  des  affaires 
publiques ,  ici  il  s'entrctenoit  avec  les 
Etrangers  :   ailleurs  les  Piiilolbphes 
tantôt  enfeignoient   leur  doârine  , 
tantôt  confèroient  avec  leurs  difci- 
ples  ;  ces  lieux  étoient  tout  à  la  fois 
la  icene  des  plaifirs  &  des  afiàires.  Il 
y  avoit  dans  ces  moeurs  quelque  ciio« 
iè  de  fîmple  &  de  populaire  ,  &  qui 
{^^le  jpçu  aux  ûôtres  ^  jç  Pavouë  ; 


r 

6U«l   T«JEOPHRA5TE,      '%jf 

intis  cependant  quels  hommes  en  gê- 
nerai ,  que  les  Athéniens ,  &  quelle 
ville  9  qu'Achenes  !  quelles  loix  ! 
quelle  police  !  quelle  valeur  !  quelle 
^iifciplinc  !  quelle  perfeârion  dans  too* 
tes  les  Sciences  Se  dans  tous  Iqs 
Arts  i  mais  quelle  politeflè  dans  le 
commerce  ordinaire  jBc  danjs  le  lan- 
gage !  Theophrafte  ,  le  même  Tjko- 
phrafte  dont  Pon  vient  de  dire  de  û 
grandes  choies ,  ce  parleur  agréable , 
cet  homme  qui  s'exprimoit  divinc- 
menr ,  fut  reconnu  étranger  ,  £c  ap- 
pelle de  ce  nom  par  une  {impie  fem- 
me f  i  )  de  qui  il  achetoit  des  herbes 
au  marché  ,  &  qui  reconnut  par  je 
fie  iai  quoi  d'Attique.  qui  lui  man- 
quoit  y  8c  que  les  Romains  ont  de- 
puis appelle'  Urbanité  ,  iqu'ij  n'ctoit 
pas  Ajthenien  :  EtCiceron  rapporte, 
que  ce  grand  perfonnage  demeura  é- 
lonnc  de  voir ,  qu'ayant  vieilli  dans 

.     .  Athe- 

(i)  Jiiçitur  9  cum  fertunSiaretur  (Theo- 
piiraUus^e»  anicul  quéidam^  quanti  nliquid 
Vindifet  ;  e$*  Tijfûndiffet  ilia ,  tnque.adâidiffet  ^ 
Ho/pcs  ,  non  poce  minoris  xtuliffe  eum  moîefl}  » 
fe  non  effngere  hoffitis  fpteiem  ,  cnm  dratem 
'  MgiM  Athtnii^  $fûméqu$  U^umtur.  Biutu^, 


\t  D  T  s  43  O  ^  Il  -S 

•Athènes ,  pofltdant  fî  parfaitement  V 
langage  Attique  ,  &  en  ayant  acquis 
l'accent  par  une  habitude  de  tais: 
d^années ,  il  ne  s'ctoit  pu  donner  ^c 
que  le  fimple  peuple  avoit  naturelle 
'^eot  &  fans  nulle  peine.  ;Que  fi  Toa 
fie  laiflc  pas  de  lire  quelquefois  dans 
ce  Traite  des  Caraâcres  de  certaines 
moeurs  qu'on  ne  peut  excufcr  ,&  qui 
nous  paroiflënt  ridicules  ,  il  &ut  fe 
fouvenir  quMles  ont  paru  tdles  à 
Theophrafte  ,  qu'il  les  a  regardées 
•jcomme  4es  vices  dont  il  a  fait  une 
peinture  n^Ve  qui  fit  honte  au?: 
Athéniens  ^  jSc  qui  f^vit  à  Jes  cor^ 
riger. 

£  nfih  dans  l'efprit  ,de<3omc«ter  ceux 

qui  reçoivent  froidement  tout  ce  qui 

^appartient  aux  Etrangers  &  aux  Aq- 

ciens  ,  8c  qui  tfeftiment  que  Imr^ 

mœurs ,  on  les  ajoute  à  cetOuvi^agc- 

L'on  a  cm  pouvoir  fedifpenfer de  fiîi- 

vre  le  projet  de  ce  Philolbpbe  9  foit 

parce  qu'il  eft  toujours  pernicieux,  de 

pour  fu  ivre  le  travail  d'autrui ,  fur  touf 

fi  c'eft  d^un  Ancien  ou  d'un  Auteur 

d'une  grande  réputation  -,  foit  encore 

,  parce  que  cette  unique  figure  qu'on  a|v 

f  clljs  deUbriptionou  énumeration ,  em- 

^'  .'   plôyçc 


^yée  avec  tant  de  4îiccè$  dans .  cc^ 
'"  'Vingt- huit  Chapitres  dçs  Caraâ:erc$^ 
j)ourroit  en  avoir  un  beaucoup  woin- 
dre  9  fi  elle  ecoit  traitée  par  un  génie 
-fort  inférieur  à  celui  ^e  Theophrafte^ 
Au  contraire  Cç  toflouvpmiM:  qnt 
|)araïi  ic  grand JKMiibrc  des  Traitez  dt 
ice  Philolophe  rapporté  par  Diogcne 
l^ërce  ,  il  s'en  trouve  un  fous  le  ti*- 
trc  de  Proverbes  ^  <:'cft.  à  dire  de 
pièces  détachées  ^  comme  des  réflc^ 
xions  ou  des  remarques  i  que  le  pr6- 
iiuer  &  le|>l^s  grand  Livre^e  Morale 
«qui  ait  été  &it ,  porte  ce  même  nom 
dans  les  divines  Ecritures  j  on  s'eit 
prouvé  excité  par  de  fi  grands  mo- 
«deles  à  (iiivre  ijelon  fes  forces  une  (èm« 
1?lable  manière  (#)  d'écrire  dçsmœur^; 
i&ç  Pou  n'a  point  été  decourné  de  fon 
^ntfeprifè  par  deux  ouvrages  de  Mo- 
rale qui  font  dans  les  mains  de  tout  \c 
solide ,  &  d'où  ftute  d'attention ,  oia 
.par  un  e(prit  de  critique  quelques  uns 
pourrpient  peafer  que  ces  remarques 
ibntîmilées. 

L'un 

(a)  L'on'ehtend  cette  manière  coupée  donc 
Salomon  a  écrie  fes.  Proverbes  ,  &  tiuilcmenc 
les  chofcs  qui  foac  cUvioes^âe  horsldc  coucb 
coiBparaibiU 


1 

\ 

i 

I 

I 


,rJ 


ijr  D  \  s  Ç  O  U  R  8 

(  I  )  L'un  par  l'engagement  de  fètï 
Auteur  fait  (crvîr  la  Mctaphyfique  à 
la  Religion  ,  fait  connoitre  Tatne  ^ 
lès  paflions ,  (es  y  iceé  ^  traite  les  grande 
2c  les  fcfieuK  motifs  pour  conduire  à 
la  vertu  ,  &  vciit*  rendre  Phomme 
Chrc'tieh.  L?autre  qui  eft  la  producr 
aion  (  2  )  d'un  cfprit  inftruit  par  le 
commerce  du  monde  ^  &  dont  la  deV 
iicatefle  écoit  ^gale  à  la  pénétration  , 
cbfervant  que  l?amour  propre  eft  dans 
l'homme  la:cau&  de  tous  fes  foibles, 
l'attaque  (ans  relâche  quelque  part  où 
il  fe  trouve  ;  &  cette  unique  penféc 
comme  multipliée  en  inille  manières 
idifFerentes ,  a  toujours  par  le  choix 
des  mots  ôc  par  k  variété  de  Tex- 
rprefiion  ,  la  grâce  de  la  nouveauté. 
/  L^on  ne  fiiit  aucune  de  ces  routes 
dansTOuvragc  qui  eft  joint  à  laTra- 
'duéfcion  des  Caraéterés  ,  il  t&  tout 
édifièrent  des  deux  autres  que  je  viens 
vde  toucher  y  moins  fublime  que  le  pre- 
mier ,  &  moins-dcHcat  qpe  le  feconçî  ; 
il  ne  tend  qu'à  rendre  l'homme  rai- 
:  fonnable ,  mai?  par  de|  voyes  fîmples 

{p)  Le  Duc  de  la  ^che/pHomlt, 


|t  communes ,  &  en  l'examinant  in« 
dififeremment ,  fans  beaucoup  de  me4 
f^ode,&  félon  que  les  divers  Chapi-* 
très  y  conduiiènt  par  les  âges  ,  les 
lèxes  &:  les  conditions  ^  6c  par  les  yi-» 
ces  9  les  foibles  5  &  le  ridicule  qui  y 
iont  attachez^ 

L'on  s'eft  plus  appliqué  aux  vices 
de  Peipric  ^  aux  replis  du  cœur  ,  &:  à 
(DUC  rincerieur  de  l'hominc ,  que  n'a 
£m  Theophrafte  :  &  Ton  peut  dire 
que  comme. fès  Caraâeres  par  mille. 
chofcs  extérieures  qu'ils  font  remar- 
quer dans  l'Homme,  par  fes  aûions, 
les  paroles  &  fes  démarches ,  appren- 
lient  quel ,  eft  fon  fond  ,  &  font  rc* 
mooxer  iufqugs  à.  la  fource  de  fon  dé« 
regledQcnt;  îput  ay  contraire  les  nou- 
veau)(  Caraâicr^  d^eployant  d'abord 
les  penfcfes,  les  fentimens  ôc  les  mou^ 
vemens  des  hommes,  découvrent  Ig 

Î principe  de  leur  malice  &  de  leurs 
oibleilës^  font  que  l'on  prévoit  aifé- 
ment;  tout  ce  qu'ili^  font  capables  de 
djire  ou  de  faire  ,  ^  flu'on  jaç  s'çton- 
iie  plus  de  mille  aÂions  vicieufes  ou 
frivoles  dont  leur  vie  eft  toute  em- 
plie. 
Il  fsmt  avouer  que  fur  le»  titres  (b 
-  -      -  B  3       "     ces 


ces  dtvtx  Ouvrages  l'embttftias  s^^ 
fxovtvé  prefquc  é^ai.   Pour  cgust  qui; 
partagent  k  dernier ,  s^ih  ne  plaifentf 
point  al&fc  ,  Pôn  jieriK^t  cPôn  fup- 
plécr  d'autre^  ^  Mâii  à  l^é^nd  des  ti-- 
ttîcs  des  CawÉteîts  de  T^heopluafte  , 
la  même  liberté  n^efl:  paë  accordée  y 
parce  qu'on  n'eft  point  maître  dw 
6icn  d'àiïtrui:  H  a  fallu  fui vrc  VtCprm 
de  l'Auteur  ,it  les  tradtjîre  félon  lai 
itm  le  plus  pmche  de  la  diébjon  Grec- 
que ,  &  en  même  tems  félotl  la  plu&^' 
cxaéte  conformité  avec  leu-rs  Chapi- 
tircs  ;  çequth'efl  pa^'Une  chofc  facile  ; . 
parce  que  tou  vêtit  la  fîgnificâtiond'ui>:. 
terme  Qrec,  tt^âduit  cn^François,  moÉ 
pour  motvn'dl:  plus  h  même  dan^ 
l^tre  Langue  :  par  exefliplè  ,  ironie 
cû  chez-  nous  ûneraillérie  dans  la  <Don% 
verfation ,  ou  une  figure  de  Rbetpri^ 
que;&  chez  Theophraflex'efl  quel- 
que chofe  entre  la  fourberie  ôr  1^? 
difSmulation  ,  qui  n^ft  pourtant  nt 
tun  ni  Paùtre  ,  mais  précifertieftt  cô 
qi^i  eft  décrit  dans  la  ptfeÉjicr  Cha-^. 
f  itre. 

•  Et  d'ailleurs  les  'Grecs  ont  quel- 
quefois deux  ou  trois  termes  aflezdift 

>  gcaïf  exprimer  des,  tj&ofts  qui 


ic  (ont  aufli ,  &  que  nous  ne  faurions 
gueres  rendre  que  par  un  feul  mot  : 
cette  pauvreté  enu)araflè.    En  cfïèt 
Ton  remarque  dana  cet  Ouvrage  Grec 
trois  efpeces  d'avarice  ,  deux  fortes 
d'importuns ,  des  flatteurs  de  deux 
manières  ,  &  autant  de  grands  par» 
leurs  'y  de  foitp  que  les  Caraâcres  de 
ces  perfbnnes  fèmblcnt  rentrer  lesuns^ 
dans  les  autres  au  defkvantage  du  ti- 
tre: ils  ne  font  pas  au0i  toujours  fui* 
vis  &par&itemenc  conformes ,  parce 
que  Theophrafte  empoité  ,  quelque- 
fois par  le  deflèin  qu*il  a  de  faire  des 
portraits  ,  fe  trouve  déterminé  à  ces 
ebangemens  par  le  cara&ere  8c  les 
mœurs  du  perfonnage  qu'il  peint ,  ou 
dont  il  fait  lafatyre. 

Les  définitions  -qui  font  au  com^ 
mencement  de  chaque  Chapitre  onc 
eu  leurs  difficultés  ;  elles  font  courtes 
&  conci&s  dans  Theophrafte  ^  félon 
la  force  du  Grec  &  le  ftyle  d'Arifto- 
te  qui  lui  en  a  fourni  les  premiei^ 
idées  :  on  les  a  étendues  dans  la  Tra- 
duâion  pour  les  rendre  intelligible$r.' 
M  fc  lit  auffi  dans  ce  Traité  ,  des 
Phrafts  qui  ne  font  pas  achevées  ,  & 
£ui  formant  un  fens  imparfait ,  au- 
5      t  B  4  q^el 


il    Disc.  stTït  THÉtfts: 

quel  il  à  été  facile  de  fnppléer  le  ve^  i. 
ritaHe  :  il  s'y  trooive  de  différentes  le- 
çons ,  quelques  endroits  tout  -  à  -  fait 
mterrompus,  &  qui  pourvoient  rece- 
voir diverfè»  applicatiorîs  ;  8c  poui* 
ne  point  s*égarer  dans  ces  doutes ,  on 
a  fui^i  les  meilleurs  Interprètes. 

Enfin  comnie  cet  Ouvrage  n'cfl 
qu'une  fîmple  •  inftruftion  fur  les 
moeurs  des  hommes  ,  &  qu'il  viffe 
moins  à  les  rendre  fevaris  qu'à  les  rcn» 
dre  iâges ,  l'on  s'eft  trouve  exempt 
de  le  charger  de  longues  &  curieu^$ 
Obiervations  ,  ou  de  doé^es  Comv 
mentaires  qui  rendrffent  un  compte 
cxaél:  de  Tantiquité.  L'on  s'eft  coir- 
urité  de  mettre  de  petites  notes  à  côté 
de  certains  endroits  que  Von  a  crâ 
ies  mériter  ,  afin  que  nuls  de  ceux 
qui  ont  de  la  juftefîè ,  de  la  vivacité , 
oc  à  qui  il  ne  manque  que  d'avoir  lu 
beaucoup  ,  ne  fe  rcpi'ochent  pas  mê- 
me ce  petit  défaut ,  né  puiffent  être 
iarrêtez  dans  la  lefture  des  Caraétere»  ^ 
^  douter  un  mandent  du  fens  de 
yiicopbrailc. 


u    •• 


LE*^ 


s 


LE  S 

CARACTERES 

DE 

THEOPHRASTE' 

TRADUITS   VU  GREC 

AVANT-PROPOS. 

g^Ǥ  'Ai  admW  fouvent,,  &  |^ 

encoTB 
lue  ie- 
,rieufe  réflexion  que  je  (siC^^ 
pourquoi  toute  la  Grèce  étant  placée 
tous  un  même  Ciel  ,  &.  le»  Grecs 
nourris  &c  e'ievez  de  la  (a)  même 
pDaniere  ,  il  fe  trouve  néanmoins  & 

peu 

{a)  Par  rapport  aux  Barbares  ,  donc  les 
mœurs  éroienc  uçs  -  dificrcntes  de  celles  des 

trccs. 


^eu  dercficinblâncedansJéuFs  mœtràL 
Pui$  donc  ,  mon- cher  Poliçles ,  qu  a« 
ïâge  de  quatr€-vingt-d!x-ne«f  ans  où:; 
'p  ïQC  trouve  ,  j'ai  aflèz  vécu  pour/ 
connoUre  les  hommes  ;  que  j'ai  vu:- 
4'ailleujr9:  pendant  Je  courside  ma  viç. 
toutes  (brtes  de  pôifibmics-,  &  de  di^^ 
vers  temperamens-,.&  que  je  me  fuis^ 
toujours  attaché  à.  étudier:  les  hom-^ 
mes  v£rtueux^  comnie  ceux  qui  n'é«u. 
*  toient  connus  que  par  leurs  vices  j  f  i  ) 
il  fembje  que  j'ai  dû  marquer  (b)  le&. 
Caraâ:^res.  des  uns  &  des  autres  ,  Se 
ôe  me  pas 'contenter,  de  peindre  le&- 
Grecs  en  gênerai  ;  mais,  même  de.: 
toucher  ce  qui  eft;  perfoimcl ,  &  cc^;: 
que  plulîeurs^  d^èntr'cux,  paroiflènt. 

Xofr.  de    plus    faniilier, .  pcfpere  , 
t>n  cher  Policies^  que  cet  ouvrage? 
lB»'a;Un{e  à  ceux  qui  viendront  après.. 
vom  y ,  il  leur  tracera  des.  modele^^ 

qu'ils^ 

•  (tj  tx  TniiiûemSc  fcroit  exprîfné  plus 
Mfcemcrtti  à  iiwn  aWs  ,  s'il  eût  dit  ifsi  eru^j 
Ae-wtir  rMrfHerUyC4réi^gr$s  desuns  -^  des  i^tf^ 
très,  y  (^  ne  pas  me  cênt enter  de  "bons  peindra 
iis^Qrecs  en.  gêner til,  mais  Jouiher  auffsee  qui:; 
p^  perfonnel  ,^&c.  T'WA«i8ov  /« v  ^yt^'^.  Si. 

(b)  Theôphtâftc  ayôît  dcflèfn  de  traiter  d^ 

ttticcs^  lifc.  2«ti«$  &  de.  roas  les .  vices». 


•— 


i>É  THÊOPHtlASTâ.        ^f 

Hjp^ils  pourront  fuivre  ;  il  leur.ap* 
prendra  à  faire  le  difberaeincnt  de 
ceux  avec  qui  ils  doivent  lier  quelque 
commerce  ,  &  dont  l'émulation  lc3 
portera  à  imiter  leur  %efle  &  kun 
vertus.  Ainfî  je  vais  entirer  en  ma* 
tiere  :  c'eft  à  vous  de  pénétrer  dans 
mon  fens ,  6c  d'examiner  avec  atten- 
tion fî  la  vérité  (e  trouve  dans  me» 
TOroles  ;  &  fans  faire  une  plus  longue 
Préface  ,  je  parlerai   d'abord  de  la 
Dijfimulmvn^,  je  définirai  ce  vice  «je 
dirai  ce  que  c*eft  qu'un  homme  difb* 
mule ,  je. décrirai  fes  mœurs  ;  &  je 
traiterai  enfuite  des  autres  paffîons  ^ 
foivant  le  projet  que  j'en  ai  fait. 

CHAPITRE    I 
De  la  Dissimulation* 

LA  (â)  diffimulation  n'eft  pas  ai-  C  h  a  p.  le 
Ut  à  bien  définir  :  fî  l'on  fe  con- 
sente d'en  faire  une  fimple  defcrip« 

tion, 

(m)  L'Aatcur  parle  de  celle  qui  ne  vienc 

£a  de  la  prodcace  »  &  que  les  Grecs  appel* 


^ 


0        XrBS    CaRACTERBT^ 

Chap.  I.  don  ,  Von  peut  dire  que  c'eft  un  cc^ 
tain  art  de  cotnpofer  les  paroles  &  fes 
aâioDs  pour  une  mauvaife  fin.  Un 
honmie  dùltmulë  fe  cooiporte  de  cec« 
te  lùanierc  ;  il  aborde  fes  cnftem«>  i 
kur  parle  fie  kur-feit  croire  par  cette 
démarche  qu'il  ne  les  hait  point  r  il 
loik  ouvertement  &  en  leur  prefencic 
(i^  ceux  i  qui  il  dreûè  de  fècrete^ 

em»- 

(t)  Ci9Ut  k  qui  it  dnffe  de  feerties  emhsi» 
fhe$. }  Lji  Bruyère  (tiit  ici  Cafmého»  y  V\mAt% 
plus  judicieux  &  des  plus-  favans  Cominenca«- 
tèursjdcs  Cara(flcrc5  de  Thcophraftc.  Scion 
*Duport  ,  qni  éroit  Profrffiirr  en  Gvtc  dans 
yVmvetûié  de  Cambrige  fous  le  Règne  de 
Charles  I.  &  qui  compoia  fiir  le  loéinc  Ouvrage 
de  longues  &  (ayantes  DiUèrtacions  que  Mr.. 
Keedham  a^  enfin  communiquées  au  Public  ea 
tjii.  il  fcroit  peut^-être  mieux  de  traduire 
ainfx  :  Le  Uiffimulé  Uuë owvertement  ^en  Uuï 
fréftntê  ceux  dont  3  déchire  la  réputation  ei> 
leur  abfcnce  :  C»ràm  laudat  prAfentês  ép  in 
ês  »  qu(>$  cldm  Ab/Bntts  fuggUkm  y  inftâitttur ,  é^ 
reprehendit.  Ce  Savant  croit  que  roppofîtioa^ 
«htre^  louer  un  honimè  en  fa  prélence  >  fit  Ib" 
noircir  en  fon  abfence ,  peut  contribuer  à  auto-> 
lîfêr  ce  fènsJâ.  Mais  l'explication  de  Cafau-^ 
honmc  paroîtjnéfcraWe ,  parer  qu'elle  dbrrrté 
vne  idée  plus  forte  Uj^\\x%  naturelle  de  i'im* 
pofteur  qui  fait  le  fu/et  de  ce  Chapitre.  Pour 
l!amitbe(e ,  on  fait  qtieleisi Ecrivains  judicieux 
oc  la  cherchent  jamais  j  &  que  s*ils  i*emf 
ployent ,  ce,  n'efl  que  lorfqu'elle  (eprcfcnte  ncil 
tuieliçmeÂl^i^  f^der^ou  afFojj^lir  leur  pcufécr 


!JB  TôbofhïIastsI     ^J 

embûches,  &  il  s'afflige  avec  eux  s'il  <3»^^-  *i 
leur  eft  arrive  quelque  difgraoe  :  il 
fembk  pardonner  les  dîfcours  ofièt^ 
fans  que  Pon  lui  tient  r  il  recite  froi-^ 
dément  les  plus  horribles  choies  que 
Ton  aura  dites  contre  /a  r^putatioQ  } 
&  il  employé  les  paroles  les  plus  flat» 
teulès  pour  adoucir  ceux  qui  fe  plai«* 
gncnt  de  lui ,  de  qui  (ont  aigris  par  ka 
injures  qu'ils  en  ont  reçues.  S'il  ar- 
lÎYC  que^quclqu'un  l'aborde  avec  an^ 
preffcmcnt ,  il  feint  des  al&ire^^  & 
lui  dit  de  revenir  une  autre  fois  :•  il 
cache  ibigncufement  tout  ce  qu'il 
fait  ;  &  à  Pencciïdre  parler  ,  on  croi* 
roit  toujours  qu'il  délibère  ^  il  ne  par* 
k  point  indifRremment  ;  il  a  (es  rai- 
fons  pour  dire  tantôt  qu'il  ne  fait  que 
revenir  de  la  campagne  ,  tantôt  qu'i! 
cft arrive  à  la  ville  fort  tard  ,  &  quel- 
quefois qu'il  eft  languiflànt ,  ou  qu'il 
a  une  mauvaifè  fanté.  Il  dit  à  celui 
qui  lui  emprunte  de  l'argent  à  intc- 
ict ,  01  qui  fc  prie  de  contribuer  (b) 
de  â  part  à  une  fbmme  que  ks  amis 
çonfentent  de  lui  prêter ,  qu'il  ne  vend 

rien, 

{h)  Cette  force  de  contribution  étoit  frc- 
9ucntc  à  ÀtEeACS.p,  S;  gutorifée  par  les  Loix»  ^ 

3B7 


afS-     Ijes  CAtcÂcTtmti 

IPhAp.  I.  rien  ^  qu'il  ne  s'eft  jamais  vft  fî  dinvît 
d'argent  ;  pendant  qu'il  die  aux  au« 
très  que  le  cammerce  va  le  mieux  du 
sionde ,  quotqu'en^  efiet  il  ne  vende 
tien.  Souvent  après  avoir  «coûté  ce 
que  l'on  lui  a  dtc,  il  veut  faire  croire 
quSI  n'y  a  pas  eu  la  moindre  atten«> 
don  :  il  feint  de  n'avoir  pas  apperçâ^^ 
fes  chofes:  où  il  vient  de  jetter  le» 
yeux ,  ou  s'il  eft  (2)  convenu  d'un 
fkit ,  de  ne  s^en  plus  fouvenir.  Il  tfa 
pour  ceux  qui  lui  parlent  d'afiàires  ^ 
que  cette  feule  réponfe  ,  jy  penfetdu 
li  fait  de  certaines  chofes,  il  en  i^no« 
re  d'autres  :  il  eft  fâifî  d'àdmiracion  : 
d^âutres  fois  il  aura  penfcf  comme  vous 

fur 

'  (  1  )  S'il  s'agit  ici ,  comme  le  prétend  Ca- 
btibon ,  d^n  accord  «  d-un  pa Ae  »  que  rinio 
poftcar  avoir  fait  a^eDctnent  ,  il  faudroic 
traduire ,  é^  dprh  avoir  fait  un  accord  9  ilfcinfi 
de  M  s'en  plus  fouvmin  La  Brujere  n'auroic 
peot  "  être  pas  mal  fait  de  fuivce  cette  idée  : 
mais  Ton  explication  »  plus  vagae  &  plus  géné- 
rale que  celle  de  Cafaubon  9  échappera  du 
aoins  â  là  critique  de  ceux  qui  croycnt  qu*ici 
le  terme  de  Torieinal  [  //uoAoyfiT  ]  (ignifie  am- 
plement ficonnqttre  ,  «x;^»^  1  car  dire  de  Tlm^» 
podeur  dont  parle  Tfaeophrafle ,  qu'il  eft  con- 
venu d^un  Fait  9  c'eft  dire  qu'il  en  a  reconnu  la 
vérité»  qu'il  a  avoué  qnt  ce  Fait  étoit  alors 
t^l  qu'on  le  loi  repre(catoi(|  -  -  -  J 


..«! 


fer^vcnemcnt ,  &  cela  félon  fcsr  àiB-  Ch^A^TK 
.fcrens  intérêts.  Son  Jai^gc  le  plus 
ordinaire  cft  celui- d  :./f  »V#  ach 
mn  y,  je  m-  cmfnns  pas^ge  uU  puiffe. 
être  ^  je.  ne  foi  m  j'en  fuis  ^  ottWen  ^ 
a  me  femlli  qneije  ne  fms.pMs  mi^m&é 
me  i  &  oifuîtc ,  ce;nefi  PAS  dinfi  .gaW 
Tâe  iU  fait  entendre,  :  i^Uà  une   cbofm 
merpeillenfe  ,  &  ^ui  page  t^utei  credn^ 
u  :  emeî^ceUl  d'autres  ,  d$is  ^  je:  veus- 
<rme  ?  eu  me  ferfumlcTjiije  qu%  m'aiPi 
dit  U  yefitil  paroks  doubles  ÔCaFtk 
ficicuiês ,  .dont  il  ftut.fe  défier  coou^ 
me  de  ce  qu^l  )^a  âù  iBondede  plusç/ 
pernicieux.    Ces  «mmeres  d'agir  ne 
partent  point  d'une  ame  iîmple  St 
-droite ^juais  d^Quc  mauvaife  volante', 
ou  d'un  homme  qui  veut  nuire  :  le 
laenîa  des  afpics  cft  moins  à  craindrç, 

CHAPITRE    LR 
IDe  la  Fla^çterie* 

LA.  flatterie  eft  un  commerce  bon-  Chaf,  II^ 
teux  qui  n'eft  utile  qu'au  flatteur. 
Si  ub  flarceur^ic  promène  ayec  quel* 

qu'un 


^     Les  CArLACTttmk 

qu'un  daiiB  la  plate  ,  RcmarcpâîS 
TOUS ,  lui  die- il ,  comme  tout  le  mon^ 
de  a  \€È  yeux  fur  -voi»  >  cela  rfarrive 
qu'à  vous  feul  :  hier  il  fut  bien  parle 
de  vous ,  &  l'ojn  ne  tariflôit  point  fer 
-vos  louanges  j  noua  nous  trouvâme» 
plus  de  trente  perÉbnnes  dans  un  en^ 
droit  du  (4)  Portique  ;  &  cdmfoe 
par  la  fuite  du  difcoars  Pon  vint  à 
tomber  fur  celui  qiit  ron  devoit  cftî^ 
mer  le  plus  homme  de  bien  de  la  vil- 
le, tous  d'une  commune  voix  vous 
nommèrent ,  &  il  n'y.  en  eut  pas  un 
ièul  qui  vous  refusât  fes  fufFrages.  il 
lui  dit  mille  chofcs  de  cette  nacurs. 
1\  aflfeéte  d'appcrcevoir  le  moindre 
duvet  qui  iè  lera  attaché  à  votre  ha- 
bit ,  de  le  prendre  &  de  le  fouffler  Si 
.terrCi  :  fî  par  hazard  k  vent  a  fàk  vo- 
ler quelques  (b)  petites  pailles  fur  vo- 
tre barfcfe  ,  du  fur  vos  cheveux  -^  9 
prend  foin  de  vous  ks  ôter  ;  &  vous 
ioûhant ,  il  eft  iherveilleu^  ,  dk-il  ^ 

com^ 

(a)  Edifice  publié  qui  (kzyk  depuis  à  Zenon 
êc  à  fes  difciples ,  de  tendez  »  vous  pour  leuis 
dilpaccsîils  en  furent  appeliez  Scotciens  :  «sar 
Stoa  y  mot  Grec ,  (îgnifîe  Portique. 

(b)  Allufîon  à  la  nuance  <jue  de  peiif€^ 
failles  fom  d^s  les  chcveuxi 


fombien  vous  êtes  (i)  blanchi  de-  Cbfap.  0) 
pttis  deux  jours  qtie  je  ne  vous  ai  pa$ 

vu  j 

(i)  Ce  que  le  Flacteiir  ^é  ici ,  n'éft  qa'unè 
méchante  plaifamerie»plja$  capable  dépiquer 
aae  de  divertir  celui  à  qui  elle  efl  adreuée,^ 
il  c'étoit  un  Iiomme  âge ,  comme  fa  cru  Ci* 
dkubon.  Mais  fi  le  Flatteur  (>arle  à  un  jeune 
homme  »  comme  ta  Bruyese  le  fuppofe  ,■  ce 
^a*il  lui  dit ,  devient  une  efpece  de  com;pli<» 
ment  »  |iès-in(îpide  à  la  vérité  «  nsais  qui  ce- 
penda!lt  peut  n^'étré  pa^  défagreabre  à  celui  qui 
en  cft  Vobjfct  ;  c*  comme  il  ne  lui  parle  dd 

iveux  héatnes  que  par  i^ltufion  à  Im  wMnf9 
ju€  éie  petites  pMiUts  ont  fait  dam  fes  cheveust^ 
$'il  ajoure  iramédiarement  après ,  Voila  encofê 
fHêr  un  hetnme  dé  votfe  âge  apt  dé  chev'eUxl 
mdrs ,  c*eft  p&tir  lui  dire  »  en  continuant  d«f 
ptai(»ncer  (ur  k  mérne  ten  y  ^u*M  ne  I«  reftë 
plus  de  ciietcux  blancs  après  cçux  qu*il  vien» 
de  lui  ôtcr  j  &  pouf  foi  k&tïiitï  eiï  iftéiifife'-" 
tems  qu'il  eftplus  éloigné  d*avoir  des  chcveus 
blancs  qu'il  ne  l'étoit  eifcdiveoient  :  âatterio 

i|of  ne  déplaiioit  pas  à  itn  jtune  bomme  qui 
croit  fur  k  poins  de  ne  Terre  plus*  Voilà  »  je 
penfe  ,  ce'  qui  a  fait  dite  à  la  Ertiyere  dan» 
niïc  petite  Note  ,  que  k  Flatteur  de  Theo^ 
fhtsiiic parle  ici  à  un) eune homme*  Du  refte^ 
fi  )'ai  mal  pris  fa  penfée ,  il  me  (emble  qu'une 
telle  méprife  eft  au/C  pardonnable  que  celle  de* 
la  Bruyère  «  û  tant  cfl  que  Itri-  ménK  ne  (bit 
pas  entré  exademeae  dans  la  penfée  du  Flat- 
teur de  Theophrafte  »  lequel  f aifant  métier  de 
dlircàtout  moment  &  à  tout  propos  quelque 
chofc  d*agrcable  à  ceux  dont  il  veut  gagnée 
ks  bornes  euccs  >  doit  ks  régales  fort  iot^v^nc 


i^*     Les  Car  acte  ttâr- 

À^p.  II.  vu  ;  &  il  ajoute ,  voilà  encore  pottft 
un  honmié  de  votre  âgp  (^)  aflèz  de 
cheveux  noirs.  ^  celui  qu'il  veut 
flatter  prend  k  parole  ,  il  impofè  fî- 
tencc  à  tous  ceux  qui  fètrouvent  pre^ 
fens ,  &  il  les  force  d'approuver  aveu-*» 
glémefti:  tout  ce  qu-il  avance  ;  6c  dès 
qu'il  a  ccffé  de  parler  ,  il  fc  récric  , 
Cela  eft  dit  le  mieusrdu  monde,  rien^ 
n'eft  plus  hèureufement  rencontra. 
D'autres  fois  s^il  lui  arrive  de  faire  à* 
quelqu'un  une  raiHerie  froide ,  il  ne 
manque  pas  de  lui  applaudir  ,  d*en-* 
vctr  dans  cette  mativaife  plàifànterie  ^' 
&  quoiqu'il  n'at  nulle  envie  de  rire^ 
if  porte  k  fa  bouche  l'un' des  bouts  dfe 
fen  manteau ,  comme  s'il  ne  pouvoifr 

de  compliffiem  faiés  8t  îrrtpcrtînçns  qdî  exa- 
minez à*  la  rigueur  ne  figftifîent  rien.  Ceft 
là  ,  fi  Je  ne  mt  trompe  ,  Tidce  que  Thcoi 
phrafte  a«  voulu  nous  enick>nTier ,  I6r(qu^il  fupw 
pofe  qu*à  J'occafion  de  qaeiques  paUIesquele 
vent  a  fait  voler  iht  les  cheveu»  de  fon  amî  f 
il  lui  dit.  en  fbiUiant  ;  i/  eft  mtrveiUeHKCûm^ 
^imvoméfes  Iflanchè  depuis  dutxfours  qH9  jt^ 
ne  vous  Mi  pas  vâi,  Car  comment  expliqueif 
ce  foMtê,^  h  penfcé  extravagante  qui Tao 
i»mpagne?N'cft-iI  pas  vifibte  que  qui  vou« 
«Jtojit  trouver  du  fens  à  tout  cela  >  fe  readl»i^ 
srèsTridicuIc  lui-^mémc? 
if^)  lifArle  à  i»n  jeune  bomo^ 


£  contenir ,  &  qu'il  voulÂc  s'empé-  Chak  11$. 
cher  dfêckcer  ^  &  s'il  l^ccompagne 
lorfqu'il  marche  par  la  ville  ,  il  dit  à 
lœox  qu'il  rencomt^  dân%rCùn  cHe- 
toin ,  de  s'arrêter  jofqtt'à*  oe  qu'il  fôit 
^paSé.  li  acheté  des  firuit^  ^  It  les- 
porte  chez  un  dtôyeâ  ,  il  les-  donne  . 
à  (es  enfàns  en  fi  prefoiêe  ^  ilks  bâir 
£b  ^  il  les  careflè  ,.  voilà  ,  dir^il  ,  de 
jolis  enfan«  Se  dignie*  d'un  tel  pcre  : 
^'A  Çort^t  fi  maifoti^,  il  le  ftiit  :'s*n 
Mire  d'ans a^ebouwque  pour fflaycr 
des  fbâtierâ  ^  ikhii  dit ,  vorrc  '^ied  eft 
mieux  fait  que  cela  :  il  ]  'actoiupagne 
cnfuité  chez  iès  amis ,  ou  plutôt  il 
entre  le  premier  dans  leur  maifbn^Sc:. 
Itor  dît'^  rnir  rel  me  Itsit ,  6c  vient 
^w$  ttpîàu  vnffce  ;  6^  rétouèiàint  fur 

PaH  fe  fai$:  Un  grUifid  hèHneup  dt  vous 
tecefoir.  Le  filatieur  fè  met  à  tout 
fins  héfiter  ,'&  l»âfe  des  diofesles 
pHis  vîtes  ) £c CHL) V w  conviennent  qu^, 
des  femmes.  Si'il^'efl:  invita  à  ^fouf^r  { . 
i)  eft  le  premier  des  ^conviez  â  louer  le 
vin  :  adis  à  talble  le  plus  proche  de 
celui  qoin  fiût  le  repas^ ,  il  lâi  répété 
iiMivent:  Eti  vérité  vôus^feites  une 
cbere  dcUcate  ;  ^  montrant;  aux  au*^ 

•'*.  -  -  .V  tFC9, 


6hj»,  II.  très  Vtm  des  mets  qu'il  fôuleve  <2d 
pkt ,  cela  s'appeHe ,  difr-il  ^  un  moir* 
ceau  friand  :  il  a  foin  de  luir  demander 
s'il  a  froid ,  s'it  ne  voudroit  point  vtM 
ftuçrc  robe  ,  8c  il  s'ctepfeffe  de  te 
mieui:  couvfir  :  il  lui.pàrle  i^ns  éiçflà 
à  Poreille^  &  fi  quelqu'un  delaGc^Ei» 
pa^  liç  Wqrerroge  ,  il  lui  repond  ne» 
gligemment  &  fans  k   regarder  ^ 
n'ayant  des  yeux  que  pour  un  feûj. 
Une  faut  pas  croire  qu'au  théâtre  il 
oublie  d'arracher  des  carreaux  *de$ 
mains  du  valet  qtit  les  diftribuë,  po^f 
ks  porter  à  fa  place ,  &  l'y  faire  à4 
fcoir  plus  mollement.   }'ai  d  )'  dirç 
?ni&  qu'ayant  qu'il  forte  ce  fk  nïaiftrR  i 
il  eir>  loîîë  ]  arçtiiteâûrç  y  fe  recr i^iiUl 
toutes  choies,  dit :que  les, jardins; fonl 
bien  plante;^  j  §c  s'il  apperçoit  ^ud"- 
que  partie  portrait  du  m^trc  ^oùil 
fof  I  extrêmement  flatté  ,  A  eft  ton* 
chéde  voir  comben  i\  l^irçfètoWfti 
^  il  l'adruire  comme  ttit  chcfrd'qeor 
yre.  Ein  iin  mt^H.lt  à^KKiW  m  4ii 
rien  8c  m  fait  riert;au;ha2ard-  mai$ 
il  rapporte  toutes!  fes  paroles  &  tou- 
les  (es  adiîôns  au  deflêin  qu^il  a  d$ 
plaire  à  quelqu'un  ,&'  d?àcqu€jr*r  fès 


A  P  I  T  RE   m 


J 


pir  du  iifpur  de  rign,  - 

LA  fôtte  envie  de  di&ourir  vient  Gwkt^ 
d\me  h^ttude  qu'on  a  contrac-^  ^  I  li 
tée  de  parler*  beaucoup  «  2c  iâns  ref]e« 
jdon.  Un  bomme  qui  veut  parler  fè 
trouvant  a{Ss  proche  d'une  peribnnè 
qu'il  n*«^ jamais  vue,  Ôc  qu'il  ne  con*»» 
Doit  point,  entre  d'abord  en  matière;; 
rentraient:  de  fà  femme  :,  &  lui  f.iit 
ion  élQge ,  lui  cpme  Ton  £>nge  ,  lui 
fait  un  long  décail^d'un  xepas  où  il 
^eft  trouve ,  fans  oublier  le  moindre 
mets  ni  un  feul  ferviçe  -,  il  s'échauffe 
enfuite  dans  la  converfâtion ,  declamç 
contre  le  tems  prefcnt ,  &  foutient 
*-que  les  hommes  qui  vivent  prefentc- 
jgaent ,  ne  valeijt  point  Ije^rf  pères": 
4e  )à  il  fe  jette  fur  ce  qjui  fe  débite  ap 
marché  ,  fur  la  cherté  du  bled ,  fur 
le  grand  nombre  d'étrangers  qui  font 
fbgs  la  yiUe  :  il  .4i^t  (jjrkw  Pi'iofçms 


/- 


Ç  H  A  p.  où  commencent  les  Bacchanales  Çtt^  l 

^^^     la  mer  devient  navigable  ,  qu'un  pecc 

de  pluye  feroit  utile  aux  biens  de  la 

rtei:rc ,  &(  fefoic  efberer  liné  boiine  re« 

.coite  ;  qu'il  cultivera  Ton  champ  l'an- 

jnée  prochaine  9  8c  qu'il  Ue  mettra  ea 

^valeur  ;  que  le  fîecle  ed;  dur,  &  qu'on 

^  bien  de  là  peine  à  vivre.  Il  apprend 

à  cet  inconnu  que  c'eft  Damippcqui  a 

r      '  ^t  brûler  la  plus  belle  torche  devant 

-   •   Mutd  de  Cerjàs  (i)  à  la  fête  des 

Myfteres^  il  lui  demanda  combien  jdo 

colomnes  foutiennent  le  théâtre  àsr  la 

Ibiufîque.qaelefllequantiemedu  moisii 

il  lui  dit  qatil  a  eu  la  vetUe  une  indi* 

^eftion:  &  fi  cet  hommeàqui  il  par* 

le  a  la  patience  de  Pecouter  ,-il  ne  par* 

jira  pas  d'aupcès  de  liri;  il  lui  annoiw 

ceraxomme  4ine  choie  nouvelle ,  que 

les  {c)  Myfleres  ie  célèbrent  dans  le 

anois  d'Âoik  ,  les  Afatu$'us  {d)  z% 

mois 

y 

(«^  Prcmicces  B9cchanalc^>qui  re.<elebroJcitf 
.danslaviUe. 

{b}  Les  Myftcrcs  de  Cercs  fe  ccIcbroienC 
la  nuit  >  &  il  y  avoir  une  émulation  entre  les 
^cheniensà  ^oi  y  appottcroic.  use  plus  giaar 
4e  porche.  * 

le)  Fctc  de  Ccrésr  Voyçz  ci  -  dcffus- 

\J^  £a  français  la  Ii49  du  imnfirUSi  è#e 
*«•  <<  le 


jnoîs  d'Oâobre  ;  ôc  à  la  Campagne  Çmaj^ 
4ans  le  mois  de  Décembre  \t^  Bac-  ^^-^ 
.chanales  Ç,t).  Il  n'y  a  avec  de  «fi 
grands  cauicurs  qu'un  parti  à  prea- 
ilrc  ,  qui  cft  de  fijïr ,  iî  l'on  ycut  da 
moins  .éviter  la  fièvre  '\  Car  qud 
moyen  de  pouvoir  tenir  contre  dâ$ 
:gens  qui  ne  iàvcnt  pas  di (cerner  vi 
votre  loi^r ,  .ni  le  xems  de  v^  i|f- 
^ires. 

fe  faifott  en  Tlionncur  de  Bacchas.  $on  origine 
j)e  Ëiît  rien  aux  moeurs  dexc  Chapitre. 

(#)  Secondes  Bacchantes  qui  re.celebtôic«^ 
en  hjFer  à  la  Campagne. 

C  H  A  P  I  T  R  JE    IV^ 

Pe  la  RjijstixsiteV    - 

IL  iêmble  que  la  rufticité  n'eft  aii-  Chap^ 
tre  chofe  qu'une  ignorance  groffic-     ^  ^^ 
je  des  bîenfcances.  L'on  voit  en  ef- 
fet des  geqs  Tujliques  &  fôns  refle- 
xion ,  fortir  un  jowf  de  .médecine  , 
4^)  .&  fe  jtrouvcr  en  cet  et^t  dans  un 

lieu 

(a)  Le  texte  Grec  iionime  une  certaine 
drogue  qui  rendoit  Thalçine  £ort  mauvaife'lç 
joui^u!oftra¥oicpri£b»  .    ..« 


48      l'Es  Caractikee^s  . 

Chap.  lieu  public  perçai  le  monde  ;  ne  psi 
l  V.  faire  la  diflFerence  de  J'cxjeui  forte  du 
thim  ou  de  h  marjolaine  ,  d'avec  Iqs 
parfums  les  plus  d^Iicieqx  i  êtr/c 
(chauflcz  large  Çc  groffierement  ;  par- 
ler haut ,  &  xie  pouvoir  fe  riduir^  à 
.  tin  ton  de  voix  modéré  ;  rie  iè  p^ 
iier  à  leurs  aixris  fur  Iss  moindres  af- 
Étires  ,  pendant  qu'ils  s'en  entretiei^- 
nent  avec  leurs  domcftiques,  jufquçs 
à  rciadrf  compte  à  leurs,  moindres  va- 
lets, de  ce  qui  aura  été  dit  dans  une 
aflèmbiec  publique.  On  les  voit  aflîs, 
leur  robe  relevée  jufqu'aux  genoux  & 
fl'^ne  manière  it^décence,  11  ne  leqr 
arrive  pas  en  toute  leur  vie  de  rien  ad- 
fnirer;  ni  de  paroitre  furpris  de$  cho- 
ies les  plus  extraordinaires  ,  que  l'pi) 
rencontre  fur  ks  cheinins' ;^  mais  û 
c'efl:  un  bœuf  ,  un  âne  , .  ou  ijn 
yieux  bouc  ,  alors  ils  s^rrêtent  &C 
ne  fe  lalîent  point  de  les  contcm- 
>ler.  Si  quelquefoijs  lis  entrent  dans 
leur  cuifîne  ,  ils  mangent  aviide^ 
ment  tout  ce  qu'ils  y  trouvent ,  boî- 
■yent  tout  d'une  haleine  une  grande 
taffe  de  vin  pur  ;  ils  fe  cachent  pour 
xela  de  leur  fervante ,  avec  qui  d'ail- 
Içwrs  ils  vont  ^u  mwlip  ;  &  cn- 

trciif 


Je 


i>js  Theophrasts.     49 
tcent  (i)  dam  les  plus  petits  détails    Chay« 
du  domeftique.  Ik  interrompcqit  içuT;       ^* 
^feuper ,  &  fe  lèvent  pour  donner  une 
poignée  d'herbes  aux  bêtes  (b)  de 
charrues  <}u'ils  ont  dans  Icurs^'tables: 
Jheurte-t-on  à  leur    porte  pendant 
qu'ils  dînent  ^  ils  lônt  attentià  &  eu* 
rieux«     Vous    remarquez   toujours 
proche  de  leur  table  un  gros  chien 
de  cour  qu'ils  appellent  à  eux ,  quiis 
empoignent  par  la  gueule, en  difant  ^ 
voilà  celui  qui  ^rde  la  place  ,   qui 
prend  foin  de  la  maifbn  &c  de  ceux 
qui ibot  dedans.  Ces  gens  épineux,  dans 
les  payêmens  qu'on  leur  fait ,  rebutent 
4in  grand  nombre  dé  pièces  qu'ils 
croyent  kgeres ,  ou  qui  ue  brilknt 
pas  aflèz  à  leurs  yeux ,  &  qu'on  eft 
obligé  de  leur  changer.  Ils  fpnt  oc- 
cupez pendant  la  nuit  d'une  charrue ,         ^ 
d'aio  iac  ,  d'uiic  fàulx ,  d'unie  cor- 
beille, &  ils  révent  à  qui  tls  ont  prê« 
té  ces  uftenciles.  £t  lors  qu*ils  mar- 
chent par  la  ville  ,  Combien  vaut , 

deman- 

{j)  Dans  ^ec  en^roîc  rOrlsinal  ciï  defec- 
tiicosp»  Ce  que  Cafaubon  a  toppléé  fait  an 
fens  jon  peu  difrej-ent  de  celui  que  voue 
Toycz  ici. 

(k)  Des  boeufs. 


f^    îuks  Caracteubç  ' 

^y^^  dent-ihau^x  premiers  qu^Hs  rentotvî 
titac ,  lé  poiflbtt  hU  ?  Les  fourrures  ftf 
Vcmfcnt-clfcs  bien  ?  N*eft-ce  pas  au-^ 
jourd'bui  que  les  jeux  (c)  tvbus  rame-i 
Acnc  une  nouvclk  Lune  î  D'autres 
ft>is  ne  fcaehant  que  dire ,  ifs  vous  ap^ 
prennent  qû^s  vont  fe  faire  rafer  ,  SC 
4|U'il5  nefortent  que  pour  ctïa.  Ccfene 
Ces  mêmes  perfbnnes  que  l'on  entend 
chanter  dans  k  bain,  qui  mettent  des 
clous  à  leurs  ibuliers ,  &  qui  fis  trou^ 
Vartt  tout  porirez  devant  h  boutique 
éPArchiâs  (rf)  ,  achètent  eux -mémei 
dfes  viandes  falées ,  &  les  rapportent 
à  Jaf  maitt  en  pleine  rue. 

{c)  Cela-ed  dît  runi<)ucmere>mi  autre  «Ji^ 
ijf^'it  cfic  la  noarelle  Lyneramene  Je»  jeux  :  Se 
d ai] leurs  c^dk-  coiamc  Ci  le.  jour  de  i?âquef 
^  quelqu'un  difoîc  >  n'cft-çc  pas  aujourd'hui  PîU 

*  qtrcif  •       '   •  ^ 

-'  (j^  Foméox  Marchand  de   chairs  iaito  ^ 
Dâuiriciire.  ordinaire  du  peuple. 


CHÂ^ 


I3IBJ  TiroaFifilÀsvY*      jn» 


t    r 


CHAPltREV. 

T)v    GoM,PI^AISANT    (4). 

POuK  faire  une  dciînidon  un  peu  ch  ap* 
exade.  de  cette    affeâation  que     V. 
quelques-uns  ont  cie  plaire  à  tout  le 
monde  y  il  fiut  dire  que  c'eft    une 
pianiere.  de  :vivrç  ,/  où  Tou  cherijjc 
beaucoup  mojujs  ce  qui  eft  ycrtueuiç 
8c  honnête  V  que  05  , qui  ,d|:  agréable. 
Ccluî  q,ui  9  cetre  paflîoxi  ,  d'auffi 
loin  qu'il  apperçoit  un  homme  dans 
la  place,  le  faluë  c^i  s'écriant ^ voil^ 
cc'qa*ohappçllc  urTJîopnîe  d^e^en^ 
l'aborde  »  racfi^îre  ^iiir  le^  ^iBoiri^re? 
chofes ,  le  reriçnji'aYi^c  fes  deux  i»ain$ 
de  peur  qu'il  nelufiçchapei  &  apr^ 
avoir  fàitfquelques  pas  avec  lui,  il  lui 
/demande  ^vcc  emprcflemeht  quel  jôùt* 
on  pourrt^  \ç  -voir.^,  &  çuîfia  ne  s?en 
fepare  qu'en  lui  donnant  aiille  clogct* 
Si  quelqu'un  le  oboifît  pour  arbitre 
'dsins  un  procès,  il  ne  doit  pas  attend 

//$)  Où  et  rcnîîc  de  plaîrc  .1 


i 

jf%     L«s  CAftAeTsAnt! 

*^^''  drc  de  lui  qu'il  lui  foit  plus  ËivoraUe 
qu'à  fon  adveriaire  :  comme  il  veut 
plaire  à  tous  deux  ,  il  les  ménagem 
également.  Cdk  dans  cette  vue  qm 
pour  fe  concilier  tous  les  tftraqgers  qui 
font  dans  la  ville,  il  leur  dit  qudque<r 
fois  qu'il  leur  trouve  plus  de  raiiôn  Sc 
dVquité  9  que  dans  fes  concitoyetis. 
S11  eft  pri^  d'un  .repas ,  il  demande 
en  entrant  à  celui  qui  l'a  convié  où 
font  fes  enfkns  ;  &  dèr qu'ils  paroii^ 
lent,  il  fe  récrié  fuir  li  réffemblancc 

2u'ils  ont  avec  leur  père, &  que  deux 
gués  ne  le  rèflèniblent'pa^  mieux  :  il 
les  fait  approcher  de  lui ,  îl  les  baifc ,  6c 
les  ayant  fair  ajQeoir  à  les  deux  côtes ,  fi 
badine  avec  eux  :  A  qpi  eft  /dit-il ,  la 
petite  bouteille  f  à  qui  çft  la  jolie  coi, 
;née  (i)t  II  l^s  pfcnd  eôfuite  fur 
iui,&  les  larfle  dormir  fur  ton  efto- 
mac,  quoi  qu^il  en  foit  incommodé, 
^i)  Celui  ehfin  qui  veut  plaire  fe  feit 

^  (h)  Petits  jocietsf  que*  les  Grcés  pcadoi'cat 
AU  con  de  U\u&  ehfâiiSk  -'^'l  - 
: ,  •  (i)  dCafiboii  croie  «yue  le  refijc  de  jcc  Cht^ 
pitre  <iep|]uis  ces  màr$,9  cflmmfin^Hi'veMtfléd^ 
te  y  &c«  appartient  a  un  Caraûere  tlifFcrenc  de 
Hccwi  par  où  Thcophraftc  a  commencé  1» 
dhapj'trc»  ôc  que  tous  IcjS  tiraits^e/ce  derpicr 
Cataâere  ont  féc^  tranipctftczici  pu  la  méprît 


DIT  T K£OT H i^  Asrà'.      fi 
râffer  fou  vent ,  a  ira  fort  grand  Coin  de   Cm^tl 
fk%  dents  y  diange  tous  les  jours  d'ha«       ^* 

bits 

fe  de  quelque  Çôpific.  Cen'cftdânile  fond 
qa'uae  cottjeAure  >  (ux  laquelle  ce  favanc  hoiiH 
me  ne  tcuc  pas  compter  ab(oIuinent  •  (JUcIque 
y»ircmblable  qa^I  k  ttouvc  d'abord.  Elle  a 
paru  fi  peu  certaine  à  La  Bn^ere ,  qa'il  n'a 
fês  ju^e   à  propos  d'en  parler.    Ce  fîlenqe 
pour r oie  bien  déplaire  à  quelques  Critiques  : 
mais  je  ne  vois  pas  qu*bn  ait  au^un  droit  de 
s^èn  plaindre  y  fortout  «prés  ce  que  La  Bruj^ 
re  a   déclaré  &  pofitivemenr  dans  fa  Préface 
fiir  les  Caïaâeres  de  Theoplxrafte ,  que  comme 
€éi  ÙuvrMgt  n'efi  qu^uns  fimpU  infirHêfionJué 
les  moeurs  des  hommes  j^  (^  qu'il  vi/e  moins  à  U$ 
tendre  Jmvmus  qu*à  les  rendre  fuges ,  il  féteii 
.frosevé  exemft  de  le  charger  de  longues  fj^etH 
rieufes  objtfvktiênsou  dedo^es  ÇammentMreu 
tJn  Angfois  *,^ui  depuis  quelques  années  à 
mis  au  jour  en  fa:  Langue  une  Traduébon  foirt 
/âiBgance  desiCaraderes  diclltt'dplii'afte^  a  &&at 
£oacé  ce  raifbnnement  qu'il  va  jufqu'à  defa- 
prouver  le  peu  depeutcs  Notes  que  La  Bruyère 
a  faites  pout  expliquer  certains  endroits  cle  ÛL 
Traduâ  on  qui  pouvoient  faire  de  la  peine  i 
quelques-uns  de  (es  Ledeurs  3  de  (btte  que 
pour  n'ûîtc  pas  réduit  lui*m6ne  à  publier  de 
pareils  ccfairciikibens  ,  it  a  pris  le  partr  de 
.donner  à  (à  Traduâion  un  air  très- moderne* 
Xe  moyen  de  contenter  les  Qiriques  !  fK>ur 
l'ordinaire  d'un  goût  tout  oppofé  >  commçles 
trois  convives  c'Horace. 

Tofiefé^ 
*£mfta€i  Buditïî  ,  Ecujor  ,  proche  pcieat  du 
ti\e^e\Hx.  ÂJldi{m. 


^H^A«.  [jijj^c  les  quitte  prclquc  tout  neù&î 
il  neiartjpoinc  en  puÛic  qu'il  dç  foit 
.  'fttrfumé.  On  ne  le  voit  guercs  dans 
•les  fâlies  p^Iôqaes'qu'auprèS'éesYd) 
'comptoirs  des  Banquiers^;  &  dans  tes 
icoles^  qu'aux  endroits  feulement  ou 
akxcvccm,  ks  jeanea  gens  (  1/  )  j  &  au 
théâtre  les  jours  <Jc  (pcéfcaclc  ,  qœ 
'dans  les  meilleures  places  &  tout  pro- 
che des  Prêteurs.  Ces  gens  eocoise 
«'achètent  jamais  riei^  pour  eux ,  mais 
'ils  envoyent  i  Byzànce  toute  forte  lâe 
iijoux  précieux ,  des  chienç  de  Spai'fc 
à  Cynique  ^  &  à  Rhodes  l'exceiles^ 
«ici  da  Mont  Hymette;  €c  îlsprctl- 
iient  foin  que  toutclà  ville  Toit  in/foi^ 
joée  qu'ils  font  ces  empkttes.  X^ur 
mmConeà  toupouors  ^remplie  4e  mdic 

t1b6- 

Fofeenres  varie  tnuhhm  diverfn  faUto  ,  ^ 
¥c  que  Tan  rejette  ,  Tautrc  Je  demaiide  ,  8c 
«e  qui  plai(  aux  uns  ,  paroit  déteftàble  aux 
autres.  ,  * 

^ii  dem  ;  gitf/W  nondem  t  Renuii  fuâd  tié^ 

iuhit  Miter. 
Sluodpetis  »  id/an}  êfiinvifum  aciduwqtà 

duohmm 
(c)  Cetoîc  fcndroît  où  ValTembloiem  les 
^us  Lonnétes  gens  de  la  ville. 
,    (d)  Pour  être  connus  d*eux  »  Se  en  être 
regardez  aiofi  ^e  de  tous  ceux  qui  Vf  not^ 
voient»  \ 


chofès  curieufès  qui  font    plaifir  k    ^*^y* 
voir,  ou  que  Ton  peut  doniacr  /codv 
ine  des  Singes  &  des  (  ^  )  Satyres  qu'ils 
fàveot  i^oucrir ,  des  pigcpn^  (le<$icile , 
des  dez  qu'ils  font  faire  d^os*  de  chèvre, 
des  phioles  pour  des  par&i.ms  ^  4^ 
"eûmes  torfes  que  l*on  fait  a  Sparte , 
&  des  tapis  de  Perfe  à  perfçnnag^s. 
"lis  oBt  chez  eux  jufques.  à  pn  jeu  de    ^ .      . 
pairt«ic,&  une  arenc   propre  à,s?c-  \'    / 
metctr  i  la  lutte  ;  8c  ^Hls  fe  promç- 
nent'par  la  vîllc ,  &qu'ils  rcncontrcHt         ^ 
-ta  leur  chemin  des  Philpfophe? ,  des 
.  SophîA»  (  /) ,  dçs  E4crrmc  ws  pu  des 
-Mufidens ,  ils  lejir  efifrent.  leur  tnaî- 
•To»  poàr  ^y  exercer  dhacmi  dans  Jon 
^«T  inâiffereD^mcQt  :  ils  fc  trotrve^t 
pr^ns  \  ces  exercices  ,  JBc  fe  linëlant 
«vec  ceux  qui  viennent  là  peur  re- 
garder: Aq.icroveî^-vous  qu*appar- 
' tienne  une  fi  l?elle  tnaifon  &  cette 
'  arène  »fi  connnode  ?  Vous  voyez ,  «joû- 
tent-îls  ,  en  leur  montrant  queîgde 
homme  puiflànt  de  la  viHc  ,celui  qui  en 
cft  le  maître ,  &  qui  en  peut  difpofer. 

CïiA- 

(e)  Vnc  cfpccc  de  Singes, 

IQ  Une  forte  de  Philofophes  vams  Se  m^ 

•tereflcz.  _ 

C4 


y$     Les  Cakacteres 
CHAPITRE    VL 


».  • 


J)i    l4^lMAGE    D'UKCoQ.VINf 

•  t 

UN  Coquin  eft  celui  à  qui  to 
choies  ks  plus  honteufès  ne 
^  ''     ^  coOtÇQt  rien  à  dire  ,  ou  à  faire  j  qui 
jure  volontiers  ,  8c  ùàt  des  ftrmeos 
*  en  Jufticé  autant  que  Ton  lui  en  de» 

mande  ,  qui  eft  perdu  de  reputatioit:; 
.^ue  l'on  outrage  impunément ,  qui 
.  eft  un  chicaneur  de  profeffion ,  up 
câronté ,  Se  qui  £è  mêle  de  toutes^ 
.fortes  d'af&ires.  Un  homme  de  ce 
^  caraâere  entre  (n)  fans  imfqye  dan» 
,  une  danfè  comique ,  &;  même  fans 
.  être  y vre  ,  mais  de*  iàng  froid  il  k 
^diftingue  dans  la  danfè  (h)  laf>liis 
.  obfcene  par  les  poftures  Jes  plus  iode- 
centes  :  c'efl  lui  qui  dans  ces  lieux 


oà 


(il)  Sur  le  thcâtrp  av<^c  des  farcears, 
.    \h)  Cette  danfe  la  pîus  jêceglée  de  toutes  9 
«Vppelle  en  Grec  Cordax  ^  parce  que  Ton  s'/ 
fervoit  d'anc  cocdc  pour  faire  des  poftures* 


Pon  voit  des  pïeftigcs  (e)  s'in-    ^^** 
gcrc  de  recueillir  l'argent  de  cbacaç  ' 

des  fpeâateiirs ,  &  qei  fait  quereK- 
fe  à  ceux  qui  tftânt  entrez  par  billets 
croyent  ne  die  voir  rien  payer.  Il  eft 
d'^leui^  dt  tous  métiers  ^  tantôt  ii 
tient  une  taverne ,  tantôt  it  eft  fup- 
pot  de  qnelque  fieti  infeme,  une  au« 
fre  fois  p«tifàn  :  il  n^y  û  poiiitdaiir- 

•  le  comfEierce  où  il  ne  foit  capable 
ë^cmrer.  Vous  le  ventz  aujourd'hui» 

•Crieur  puWfc  ,  demain  Cuifinier  oir 
Brelandier  ,  tout  lui  eft  propre.  S'il 
a  une  merÊf ,  il  la  laifle  mourir  de 
tsàm  <  il  eft  ftijet  au  larcin  ,  &  à  Ib 

•  voir  ittâticr  pa^  h  viile  dans  ime  pri- 
fen  fa  deitkwe  ordinaire  ,  &  oiï  iï 

'fsiOk  une  partie  dû  ft  vie.  Ce  fotft 
«s  fortes  de  gens^qtie  Ton  voit  fe  faî^ 
K  entouitr  dir peuple,  appellcr  ceux« 
qui  paflënt ,  6c  (e  plaindre  à  eux  avec 
«ne  voix  forte  2c  enroiiée ,  infnlticr 
ceux  qui'ks  contredirent  :  les  uns  fen* 
dent  la  pitflè  pour  les  voir,  pendant 
que  les  autres  contens  de  les  avoir 
vus  fe  dégagent  66  poufuivent  leur 

clic- 

* 

(^)  CiMi(ès<feit  cxtraosdÎQaûes»  telles  qu*oQ 
in  foit  dans  nos  foires. 


.CofjiY.  xhefnîn  ftas  .you^<iir4e«  écautcfg^ 
^  '*  ifnais  CCS  ef&ontcz  ;  coiuinueot  de  ^pai^ 
icr  9  'Jis  (dirent  à  celui-ci  le  comn^eQ- 
^emencd'uii  fait:  j  ^qu^ique  .moc  ^  (^ 
-fiutre ,  là  .peine  pc^tnoo  riFêr  d?euK  ifk 
mpmistç  ;paifcîe  4ç  çc  4oj^  A  is'ngit  .^ 
ÀtTû^S  renfni}quereK*<}uHls  çJaoil^âênc 
^pouroela^des  jours  d'aflëmblée  publi- 
•^ue  ,  où  'il  y  a  un  ^ra»d  *cûncouBS 
<4e  .oaonde  ,  ^ui  rfe  fiyouvie  k  témoin 
ide  kur  jnlbknii^.  .Teuj^ui:^  accft* 
fbkz  de  procès  que  Pon'  nitente  con- 
Itije  eux  ,  ou  qu'ik  ont  ^otenqez  i 
^'autres, ideiseupc  doiH  ils  ie^olivreac 
$ar  de  &UX  fermons ,  comme  de  x^miic 
^uî  ks  QJbligelu:  ^de  ç^mparokre .,  ils 
np'tiubUent  j^ma^  dç  porter  kur  boo- 
iio>(d)  diws  kur/ein  ,  &  ;Ui)e  liaâè 
jâc  p^piefsrc^reileui'^  crains.: -vous  1^ 
"^oyct  doamcr  parmi  dé  vils  Prati- 
:ciens  à  qui  ils  prêtent. à  ufure ,  reti- 
rant chaque  jour  uoe  obole  &  demie 
ik  chaque  dx^gnxe  (e)  ,  fréquenter 
^ks  jèàv^xacs/i  fiarc^urir  Ic^  Ikux  ou 
:      .  l'on 

(U)  Une  petite  boëte  de  cuivre  (on  legeix 
ou  ks  Plaideurs  meccoient  leurs  titres  &  lès 
pièces  de  leur  procès* 

(0)  'Uneobokctottiailxiémcpaiicied^une 
dragme.  :  .   j  .     .  .-* 


Von  débite  le  poiÛbn  £rés  ou  J^lé^Sc  -^y  |^ 
4Qos{umer  aii^  (i)  en  bonne  cJ^        '  ' 

tout 

Jbon  ,  ^  Pup©rt  pw  donné  à  ce  Pi^ij^c.  5c- 
lonccs  dcDxlàvàns  Commçntatéyrs  ,  Vlmpa- 
dcm  qnc  Thtophrâflc  notis  caraftcrifc  ici ,  ^ 
chaque  joar  recueillant  fà  &  là.  j'irH;etéc  {bt« 
didedc  cccju'il  prête  à  de  vils  Praticiens  jft 
pour  ne  pas  pérdce  do  ^témps  à  iêrrer  cet  ar» 
gent  dans  une  boncfe^  il  le  met  dans  fa-*  bob- 
che:  Cafauboff  proqvc  fost  clairement  ^tfà 
Amenés  les  petits  Marchands  en  détail  ayoieiK 
accofitunié  de  âettre  dansJa  boudieies  p«ti» 
tes    pièces  de  mtmnoyc  qu'ils  recevolent  $a 
Marché,  Se  furtouc  quand  ilsétoièiit  enrouridz 
d'acheteurs.  C'efi ,  dit- il  ,Jur  CBttê  eoètumê, 
ùuênnêtë  Mmx-prnatirsJMtêrfretes.4ie  Thtofhff' 
tê  t  qu*€fi  fêndée  lUxpUêMùwdece  V^ffage y^e 
laquelle  il  s'applaudit  ertréfflensent  coinmc 
d'une  découverte  qui  avoir  échappé  à  tous  hs 
Interprètes  avant  Jmi.  La  Brupce'  a  vu  todt 
cela  ,  mais  ne  l'ayant  pas  trouvé  &>  propre  Ik 
déterminer  le  fens  de  ce  Paffage ,  il  fait  dire  à 
Yhcophraftc  «  que  foh  Impudent  retire  chi- 
que jour  une  obole  &  demie  de  chaque  dr<ig. 
me  qu'il  a  pcétér  à  d^  viIs<PraticieDs  ;  6t^que 
parcourant  enfuite  les  tavernes  &  les  lieux  où 
l'on  débite  le  poiilbn  frais  ou  £ilé^  il  con&me 
en  bonne  chère  tout  le  profit  qû^  retire  de 
cette  efpece  de  trafic.  La  Bruyère  a  cru  fans 
doute  qu'il  n'étoit  pas  -naturel  ,  .que  Th^-  , 

phrafte  intr.oduifent.  d'abord  cet  Impudent  y  i 
recueille  chaque  jour  k  (ordidé   intérêt  qu'il 
-exige  df  fcs  créanciers,  &  luifaifant  immédia- 
tement aptes  y  parcourir    les  ravcH>^s  Jg  les 

C  €  iiwux 


VI.'*  ^^^  ^^  profit  qu'ils  tirent  de  cette  cf* 
pecc  de  trafic.  Eh  uti  mot,  ils  (brit 
tjaérelleu)^  ôc  difficiles ,  ont  ans  cefl^ 
*ki  boache  ouverte  à  ta  calomnie*  ont 
une  voix  étourdîflante^,  &  <|uils  font 
jDetentjr  dans  les.  marchez,  ôc  dan$  le;s> 
boutiques.. 

lieax  otrrott  iébitt  le  poîilbn  frais  on  fM, 
il  s'aviiar  après  cela  de  parler  encore  des,  chc. 
ci&  intérêts  (|ae  cet  InipQdeartccaeill'oitcfaa. 
que  )QUc  9  ponr  avoir  occafion  de  dire  q^il 
sncttoit  acr  argent  dans  &  ixMitht  k-  mtimc 

2i\'il  le  recevoir..  Mais  qnr  La  Bruyère  (è 
»it  trompé  ^a  non ,  l'on  voit  toujours  par 
.]à  »  que  bien  ëk>igné  de  Aiivre  aveuglémeac 
ksTradiiéleurs  Se  les  Commentateurs  deTheo- 
'phra/le  ,  il  a  examiné  l'Original  avec  Coj^^ 
.qu'il  a  cmiûderé^  &  pefé  la  forcfe  3c  la  liaifcm 
des  paroles  de  (on  Auteur ,  afin  d'en  pénétrer 
Je  Tens  »  &  de    i'ea^primer  diftinâcmeiit  en 
François». 

CHAPITRE    V l R 
Du  GRAND  Parieur  (4). 

j.  j^  ^  ^     /^^  E  que  quel  ques-uns  appellent  bs* 
Vit*    V^  bil ,  cfi  proprement  une  intem- 
pérance 

Çs)  Ou.  da  MiL 


Mrance  de  langue  qut  ne  permet  pas  ^"/'* 
a  un  homt&c  de  k  tam.  Vous  ne  ^  • 
contez  pas  la  chofe  comme  die  edr , 
dira  quelqu'un  de  ces  grand  parleufi 
à  quiconque  vcm  l'ennttenfr  de  queti 
que  af&ifc  que  ce  Çok  ;  j'ai  t»utt  (%^ 
Se  fi  vous  vous  donnez  la  patience  de 
m'ccoïKcr^je  vous  apprendrai  tout  : 
•  2c  fi  cet  autre  continue  de  parler , 
TOUS  avez  dëja  ^  dit  cela  ,  (bngez  , 
pourfuk'>îl ,  à  ne  rien  oublier  ;  feit 
hien-y  cela  efl  ainfi ,  car  vous  m'avez 
heureuiemene  lemis  dans  le  &ir; 
voyez  ce  que  c'eft  que  de  s'entendre 
ks  uns  les  au tïcs  >*  8c  enfuite  ,  mais' 
Iquç  veux-je  dire  >  ah  j'oubliois  une 
cbofè  !  oui  c'cft  cela  même  ,  ôc  îe 
vouIoi$  voirfi  v<ni*  tomberiez  hrfte 
dans  tout  ce  que  j'en,  ai  appris.  C'èfl: 
par  de  telles  ou.  femblables  i^iterrup* 
lions  qu'itne  donne  pas  le  loifir  à  ce- 
lui qui  lui  parle  ,  de  rcfpirer.  Et 
fi)rs  qu^il  a  comme  aflàOîne  de  ion  ^4^- 
.  m  chacun  de  ceuXtqjoi  ont  voulu  lier 
avec  lui  quelque*  entrenen* ,  il  va  Ce 
jcttcr  dans  un  cercle  de  perfonnes 
graves  qui  traitent  enfemble  de  cho* 
fcs  iêdeufes  &  les  met  en  fuise.  De 

C7  14 


iC^  A  r.    Jà  il  entre  (b)  dans  k8  Ëcdlegi  p«i^ 

«VIA.  4jues  &:  daas ks  lieux  àcseKrçkcSi^ 
où  il  àtnuiè  ks  majtre^  par  d.e  ^mîfis 
.dilcours  ,  êc  empêche  Ja  îeuneflè  <lc 
,profiter<ie  kucs  jeçoi>s«.S'il  echap* 
pe^à  quelgu'ua  de  ^rts  ^  is'en  vjais», 
ioclùi-ci  Te  met  ,à  j^  fu^vfe ,  <&  ^1  fie 
l'abandQnpe  poinjt-qa'il  ne  r^c  ternis 
jufques  dans  fa  maÙbn.  Si  par  h^^ 
il  a  a.ppris  ce  -qui  .aura  ocç  dit  <daips 
4)ne  iiOêmblee  de  vilk;,  ^rcourt  ti^iis 
Je  znêtne  t^ipps  le  div^^Igucr.  }l  s'écecii 
merveillcufiemeot  fur  la  fam^fe  (i) 

bataiUe 

(i)  'Cétx)ît  un  crime  pûîiî  Je  mort  a  Athè- 
nes* parane  Loiuie  Solon  ,  à  laquelle  on  avok 
.vn  pçu  dérogé  au  ccms  de  Xhcopbraftc* 
,  (r)  Tout  ce  ^u€  >La  BcuTcre  écalc  api;^ 
Cauqbon.pour  prouver  ,  ^uep^r  cette  baeafl- 
le  il  faut  entendre  U  famcufe  Bataille  d'Arbcl- 
^cs  )  (juoî  quVlle  fut  aFrivée  on  an  avait 
qu'Ariftophonoôtété  Gouvernear  d'Arbenef  , 
vii*cft  pas  fort  convaincant  :  car  enfin  The})- 

pbrafte  aflure  po/itivcmcnt  nue  la  Bataille  (^r 
'  laquelle  fon  "BtihiHardt^mQ  b  fort  à  s^^tendre, 
:  le.  donna  foos  le  gonvecnemem  d'AriftopÀon» 

la  Bruyère  auroit  yipc^t^èxx^  nQieux  fait  de 
.s*en  tenir  à  ce  que  dit  *  J^^u  Tâftmer^ 

àt 

ITheophxafti  de  E^hîcîs  Chara^eribui  iibcum*  pag. 


Vtaille  <  ^ï)  qv4  "s'eft  donocc  fous  Je  C-hîi^. 
-gouvernetncnc  de  POraj^ei^r  AriiW*     ^'^ 

,4^  Prentemgfffil^ ,  (jiril  s'agk  ici  de  la  JBâUil* 
le  ^uî  (e  àbnnîi'ciure  ceux  ijc'  LâccJcmone 
rous  la  conduire  in  .Roi  Agis,  iSc  les  Màcè- 
•^i^Iens  iCouijnâiiiiez4>ar  A(it})>atK  ^  JoqBdte 
aisWa  )uftcmciic^âi>sie  tem^fjurAriflaphctfi 
étoic  Archonte  d'AibeiKS ,  comme  Je  ccmoi* 
gneDiodote  de  Sicile  ,.£it;.  17  &  Pluurquc 
dans  la  Vie  dt  Vewefikenè»  Cécoit  un  fujèc 
fbtc  ptopce  à  exercer  I|  langue  An  flabiUaBki 
caïa^iiCc  jpgr  Thcophrafle-,  ccicc  Bauiitc 
ajanc  éréfi  mnelle  aux  Grecs',  qu'on  peut  diie 
que  lenr  Liberté  expira  aTcc'ÂgiS}&  les  cinq 
mille  mis  cens  cinquante  Lacèdemoniens  qtit 
y  pcrdrrent  la?ie.  Du  rcfte  pour  Je  d^^ilje 
cette  Bataille  •  Grcnrerhefml  nous  icnvoye 
â  Quinte  -  Curce  y  Liv.  V I.  Le  renvoi  cTl 
-txès-piftc  :  mais  ià  Tëgard  du  temps  auquel  elle 
fc  donna  ^  fi  l'on  sïn  cdppoetoit  aolC  â  esc 
Hiftorien  ,  ce^ne  (auroit  éne^elle  Jbiu  paUe 
ici  Theophrafte  :,carrcIon  Qiuore-Curcc,  ja 
Guerre  quiVétoft  allumée  entre  ceux  de  Lace* 
dcmone  &  les  Kfacèdoniens ,  fut  terminée  par 
cette  Bataille  atant  que  Darius  eût  6j6  détait 
à  la  Bataille  d'Atbelles  ,  c*çft  -  à  -  dire  un  ou 
deux  ans  avant  qvi'AriRophon  fût  ^Archonte 
d'Athènes,  hit  fuit  wxittts  heliiy  dit-il  >  fu^ 
refêitû  êrmm  ;  friks  tumên  fiaitum  eft%  quM» 
J>Mrmm  AUxéinderspud  ArUlla  Ju^ntet.  , 
(c)  Ceft-a-dire  iur  la  bataille  d'Arbellès 
&  la  viftoire  d'Alexandre  ,  fuiviesde  Ja  itiôrt 
de  Darius ,  dont  les  nouvelles  vinrent  à  Athe* 
.ses,  lors.qu'ATiAophon  célèbre  Orateur  écoit 
jveaiier  Magiftr^t. 


vu'*  P^^"  •  cotntne  fur  le  combat  (^ 
célèbre  que  eeux  de  Lacedemonfe 
ont  livré  aux  Athéniens  fous  kr  con- 
duite de  Cyfândre  :*  M  raèbnte  une 
autre  fois  qiiels  applaudiâèmens  a  eu 
'  on  difcours  qu'il*  a-  fm  dam  le  pu- 
blic ,  en  répète  une  grande  partie  , 
^mêfe  da^ns  ce  ^ccit  ennuyeux  des  in- 
veâives  contre  le  peuple^  pendant 
que  de  ceux  qui  l-écouœnc  les  uns 
$'endornicnt ,  les  autres  le  quittent  ^ 
&  que  nul  ne  (e  reflbuvieht  d^un^^feul 
mbc  qu'il  aura-  dit,  Un  gmud  eau- 
feur  en*  un  mot ,  s'il  eft  fur  les  Tribu- 
oaux ,  ne  laiflè  pas  ta  liberté  de  ju^- 
.  gier  ;  il  ne  p^rcnet  pas  iqpe  l'on  mangjç 
à  table  ;  &  s'il  fe  trouve  aa  théâtre  , 
'  îi  empêche  non  feulement  d'entendre, 
'  mais  même  de  voir  les  aéteurs.  Oh- 
lui  fait  avouer  ingenuëaienc  qu'il  ne 
lui  èft  pas  poflîble  de  fe  taire  ,  quht 
feut  que  (à  langue  fe  remue  dans  fon 
palais  comme .  le  poifibn  dan&  l'éau ,; 
À:  que  quand  on  l'acqiieioît  d'être 
pluî  bdi'iard  qu'une  hirondelle  ,  îl 
j6ut  qu'il  parle  :  aufll  ccoute-t-il  froi- 

.    dément 

^éiyli  éxoit  plqs'aiieietr<{tie  la  batsMlle  d*Ar* 
bdl«s>  uuis  trivial  de  (&  de  roar  le  peuple. 


DE  T  HEOFHItASTB;        6f 

denaene  toutes  les  railkries  qae  Ton  ^y^i* 
fait  de  Iwfùr  ce  fujet  ;  &ju(quesà 
iès  propres  en&ns ,  s'ik  commencent 
a  s^abandonoier  au  ibmmeil ,  faites- 
nous  9  lui  difent-ils  ,  un  conte  qui 
achevé  de  nous  endormir, 

^f^%  SkSI^  JUilJ^  jUJHM  ëlUKLM 
CHAPITRE   VIII. 

ï>0  Dbbitdbs  NovyuhhM;»! 

UN  Nou  velliftc  ou  un-  conteur  G  m  a  r» 
de  fables  »eft  un  homme  qui  ap-  VIH. 
tangp  félon  ion  caprice  des  difcours  éc 
des  £dts  remplis  de  fimflèté  ;  qui  lor»^ 
qu'il  rencontre  l'un  de  Ces  amis ,  tom- 
pofc^  fon-  vi(àge  ,,  &  kii  (bûrianc  , 
iVoù  vcncï-tQu»  ainfî' ,  lui  dir-jl  ? 
Qpc  nous  direzrvoua  .dcf  bon  >  N't 
a^til-  rien  de  nouveau  ?  &  continuant 
de  r/nterrogcr.  Quoi  donc  n'y  a-tiî 
aucune  nouvelle  ?  cependant  il  y  g 
de^  çhofcs  iftonnlames  à  raconter:  & 
(ans  lui  donner  le  loifîr  de  lui  rcpen- 
drc^  Que  dites- vous  donc  ,  pourfuii;- 
iî,  n'avez-vous  riea  entendu^  par  la 
VjJIe?  Je  vois  bien  que  vous  ne  fâv« 

lieu .. 


VIJL 


69     Lti  Ci^AcriERfs 

eiTAp.  dans  un  baûr  public,  pendant  qu^ 
ne  (bngeoient  qu'à  raflèiàbler  aueoar 
d^eax  une .  foule  de  peuple ,  te  à  lui 
conter  des^  nouvelles  :  quelques^anttes 
$tprè$  avoir  vaincu  fur  mer  &r  fur^t)^- 
PS  dans  le  (  r  )  Portique  ,  ont  payd 
Pamende  pour  n^ivoir  pas  compam 
à  une  caufe  âppellée  :  enfin  ii  s'en  eil 
Êiwvi  qtii  le  jour  même  qu'ils  ont 
'  pris  une  ville  f^  d»  tnoins  par  leurs 
oeaux  difcourSvont  manqué  de  dîner^ 
Je  ne  crois  pas  qu'il  j  ait  riçn  de  û 
miièrableque  la  condition  de  ces  pcr- 
jfennes  :  car  quelle  eft  la  boutique  ; 
quèt  eft  le  Portique  =,  quel  eil  J'cih 
adroit  .d^tm  marcbé  pqblîe  oùilsne 
pafl^ttout  k  jcHif3r^  rendre  iourd» 
ceux  qui  les  écoutent ,  ou  £  les  hàn 
guer  psr  leurs  menfon^s  > 

(tf)  Vojci  leCbap,  IL  DtUfMé/t 


r 


CHA^ 


CHAPITRE    IX. 

xaufée  par  VâPârkel 

POur  ftirc  connpîtrc  ce  vice  ,  3  Çha  jp. 
faut  4m:c  ^e  c'e^  un  ,inépris  de  ix/ 
rhqfiBeùr  4ans  la  ^v<ië  4'un  syl  interq:,, 
Uni^omnie^ue  l'avance  rend  effronté. 
«le  eioprunter  une  fomtne  d'argent. 
à  celïii  à  qui  il  en  doit  (Jcj^  ,  ^  ^u'il 
lui .  refôitw  >?cc  injufticc.  Le  jour 
mêf^e  qu'il  aura  f^cri^é  ^qxÛieu^, 
%M  lieu  it  içangor  (  4  )  ;'eli^ieufciçciJt 
chez  (bi  une  partie  des  riandes  coq« 
(âcrées ,  il  les  fait  faler  pour  lui  fcrvir 
dans  plufiears  repas , &  va  fôuppr  cHez 
l'uo  dejTes^Oîis  ;  5c  là  à  wtle ,  à  la  vAë 
de  tout  le  monde ,  il  appelle  ion  v^let 
qu'il  veut  encore  nourriF  aux  dëpeaé 
de  Ton  hôte,  &  lui  çpiip^nt  un'  mpi^ 
fcau  de  vi^ndç  qù'U  ^nci:^  fur  ;un  quarv 

:..  •    ^  ticr 

{m]  C'ctoîc  la  coutume  ât% Grecs»  Ycqrciç 


C  H  A  p,  ticr  de  pain ,  f^»e^,  (  i  )  mon  ami ,  lui 
IX.  (îit-il  ,  f/i'tes  bonne  chère.  Il  va  luw 
même  au  marche acji^er  (k)  des  vian- 
des cuites  j  &  avant  que  de  convenir 
du  prix  ,  pour  avoir  unp  meilleure 
compofition  du  Marchand^ ,  il  le  fait 
reflbuvenir  qu'il  lui  a  autrefois  rendu 
fervice.  Il -fait  cnfuite  pcfcr  ces  vian- 
des, Se  ilenentaflè  le  plus  qu'il  peut; 
s'il  en  cft  empêché  par  celui  qui  les 
lui  vend ,  il  jette  du  moins  quelque 
o$'  dans  la  balance  :  &  elle  peut  tout 
contenir  ,  il  eft  (àtis&it  ,  finon  if 
FamalTe  (ur  la  table  des  morceaux  de 
rebut ,  comme  pour  ft  dAlommtger  ^ 
foûrit ,  &  •  s'en  va.  Une  autre  fois 
for  Paient  qu'il  aura  reçu  de  quel- 
ques étrangers  pour  leur  loiier  des 
'  "places 

(  I  ).  Sdumêifi  pgx  le  changement  d^uie  Icc« 
trc  mer  ici  le  nom  propre  dû  Valer.  La  con-^ 
jeâare*  eft  heureafe  :  mais  comme  elle  n*eft 
antorilëe  pai  aucan  nlaiiufoic  ,  on  -peut  focf 
^^^  s'qn  çcnii:  à  l'exjplici»ion.  i^iU  Bnty^ro 
gl^  xeyi^oc  ail  même. compte. i  qir  y&  ce 
qui  '  précède  ,  il  eft  évident  que  par  ces  mots , 
%f»M  étffÀ  >  'rêifBonté*  défignc  expreflement  ion 
yatec  :  ce  qui  fafficpour  Tincelligence  de  ce 
Pafligc, 

'  {#)  Comme  le  menu  peuple  quiachccoîc 
ton  foapé  chertés  Chaircuâicrr. 


places  au  théâtre  ,  il  trouve  le  (ccret  CuAfé 
4'^oit  fa  place  fi^^nchc  du  fpedadc.;  ^  ^* 
&  d'y  envoyer  le  lendemain  les  en- 
fans  ^fic  Uuv  précepieuF.  Toiit  lui 
fait  envie  ,  il  veut  profiter  des  bons 
marchez ,  Sc  demande  hardiment  au 
premier  venu  une  chofe  qu  il  ne  vieni:  - 

que  d'acheter.  Se  trouve- 1- il  dans 
vne  maiibn  écrai^cre  ^  il  emprunta 
ju^ues  à  Torge  &  à  la  paille ,  encore 
tmt-il  cjp&  celui  qui  les  lui  prête  ^ 
§à(&  les  irais  de  les  faire  porter  juiques 
chez  lui.  Cet   efironté  en  un  mot , 
entre  (ans  payer  dans  un  bain,  public , 
£clà  en  pretence  du  Baigneur  qui  crie 
inutilement  contre   lui  ,  prenant  l6 
premier  vafè  qu'il  rencontre  ,  il  le 
plonge  dans  une  cuve  d'airain  qui  eft 
remplie  d'eau  ,  (c)  iè  la  répand  fur 
tout  le  corps  :  Me  voili  lave ,  ajoûtci 
t-il,  autant  que  j'en   ai  befoin  ,  Sç 
fims  avoir  obligation  à  perfonne ,  re^ 
met  (à  robe,  ^  difjparo^t. 

fsqet  moins»  ^ 


n 


I 


iV^n 


j%     Les  Car^apteres 

De  l*Epa|igne  sordid*. 

Ch4  F.     y^  Ettc  efpecc  tfavariec  cft  dans  les 

^-       V^  hommes  une  paffiôn  de  vouloir 

ménager  les  plus  petites  chofes  uns 

aucune  fin  honnête.  C'cft  dans  cet 

pfprit  que  qudcjuçs-ims  repérant  (  i) 

tous 

'  (  I  )  le  favant  Cafaubon  confciTc  ingcnuc" 
«icnt  qu'il  n'a  jamais  pu  fc  fatisfairc  fur  le 
fcQS  4k  ce  Paflàfîe.  If  en  donne  deux  eu  txM 
^explications  différentes  5  &  celle  ttpi'ii  a  inkléc 
^an's  fa  Todudion  ,  parpît  la  moins  confor- 
xnc  aux  paroles  de  TOriginal.  Pour  celle  que 
«ous  donne  ici  La  Bruyère ,  vous  la  tiouvc- 
f  cz  dans  le  CQnuncniajre  de  .Qafaubon ,  qui  dic 
cxprcfliçnientjju*nn4esCara^efcS'du  Pîpc«- 
Wi/tf  décrit ^ans  c/ Chapitre, ;p'cftau*il  va 
Jui-mfnie  chez  fon  C>ebireur  pour  le  faîrt 
fAycf  la  moitié  d*uDe  x>boIe  >  ddc  d'tm^^fie 
de  payement  qui  hà  doit  jêtre  £iic  jdiaque 
fK^m-i  ce  qui  ajoute-t-il ,  peut  £ccc  enten- 
du' ,  ou  de  rinterét  d'un  certain  Capital ,  ou 
d'un  louage  de  matfon ,  de  merade  condmSé 
\dmnàs*  Ceftl^/dêraier  fcns  qu*a  Tiu>i  la 
Brayere.  Selon  Puport,  il  s*agi£  ici  d'aninf 
terét  payable  tous  its  mois ,  pour  une foaime 
qui  louvent  ne  devoit  être  rendue  que  ^dans 
M  an  :  jft  fooiquie  cet  inccifo  De  revint  qu'à 


^ou^  les  mois  le  loyer  de  leur  mai  (on,  Chait, 
ne  négligent  pas  d'aller  eux-mêmes  ^ 
demander  la  moitié'  d'une  obole  qui 
manquoit  au  dernier  payement  qu'on 
leur  a  fait:  qued'auçrcs  faiiànt  l'effort 
de  donner  à  n^aqger  chez  eux  ,  ne 
ibnt  occupez  pendant  le  repas  qu'à 
compter  le  nombre  de  fois  que  chacun 
des  conviez  deinande  à  boire.    Ce 

\  ,  font 

'  •■'  »  *  ' 

la  moîtic  d'une  ObôIe  par  mois,  ♦l'Avare 
'de  Thcôphraftc  altoit  Vcxigct  lui-même  le 
propre  jour  de  l*^chean«e.  Enfin ,  le  dernier 
Traduifïeur  f  Afigiois  des  Cara£lere$  de 
ThcophrAfte  >  encUcriflanc  fur  Calkubon  & 
Duport  ,  fait  dire  à  Thcoph rafle  ,  que  cet 
'Avare. ne  manqué  jamais- if  aller  chez /es  D«- 
-hiteups  pêUf  exiger  f  intérêt  de  ee  quUl*  leur\0 
fri/êtjf^^ùepetff  fH*il/eitn  m^me  -avamfue 
cet  intérêt  foie  entièrement  dâ.  ïl  fonde  cette 
explication  {ur  le'  fAis  de  ces  mors ,  •i'  r»  /uny  * , 
qui  y  feloii'  Vax ,  ne  fi^ifient  pasi  chaque  mois^ 
mais'  dMurle  mçh ,  av^tU-  fin  du  mefs;y  c'c{i> 
irdire  ayant  l'4iheaince  du  j^vfefntnt  :  ^  je 
croi  pour-  moi'i  ou 'on  peut  fort  bien  Ic^  pren-. 
dredans<:é  fens-li:    -     *  ' 

*  Hane  illt  l4.rftHÎAm  prPMfnrJi  fftmmttUm  n»n  dniir 
ïatat  mCfititansi^fe  ^9innmdeHt»fîsftttfofeert  >  &aà 
iffMi  tDei^ere  i  ^im  ntia  tfl  fnmma  fiiKCpAoytat ,  & 
infimsrmn  fêtimm,  Jac  Duportii»X&.(«pir.  Chavé 
Yiaeleâiones ,  f.  349« 

.    t  Moaileiix  Gslly  ,4oot  la  Tradiiâion  a  j^aitt 
-pour  la  première  ftis.ca  ijzj.. 

Xm.h  D 


-^4      L«s  Car AGTEREs 

^  H  A  ^.  iont  eux  encore  dont  la  portion  des 
^-      |)réniices  (m)  des  viandes  que  l'on  en- 
voyé fur  P  Autel  de  Diane ,  cil  toujours 
'  la  plus  petite.  Ils  apprécient  les  chofès 
au  deflbus  de  ce  qu'elles  valent ,  iSc 
de  quelque  bon  matrhc'  qii'uh  auti« 
tti  leur  fendant  coiùpte  veuille  & 
jprcValôir ,  ils  lui  fôuticnhént  toujoutt 
)^'il  a  achète  trop  chci-.  faapkcables^ 
à  i^e'gard  d'un  valet  qui  aura  laifle 
tomber  un  pot  de  terjre  ,  ou  cafle  pac 
inaiheur  'quelque  vafe  (î'ar^ile ,  ils  lui 
^duilènt  cette  pertefurfanouniturci 
mais  fi  leurs  femmes  ont  perdxi  feu<- 
letiient  un  dénier ,  il  faut  alors  rcn- 
yerfcr  toute  une  maifon ,  de'rahger  lès 
lits  ^  trànfpoiter  des  coffi^es  •;  &ç  cherv 
«lier  drfftt  te  rtooinsîes  pijEtô  «acftctw 
ÎLojrlqu'jlâ  vendent  ,  îFs  tfon't  que 
cette  unique  cbofe  cq  vûq  ,  qu'il  n^y 
.  nk  qu'à  pcï'df^  ^>Diir celui  qiit^krhète. 
Il  tfcft  pcrmfe  à  perfonite  SJé  cuetfiir 
une  figue  dans  lètir  jardin  «  dé  pafTèr 
au  travers  de  leur- champ,  de  ramaâer 
line  petite  t)jram:hè  dé  j^almier  ,  ou 

quel? 

-    (il)  les  ùrécs  cdmrtiençoîent  par  ces  of- 
fiandes  Icuts  ccpâs  publics. 


<jfielqucs  olives  qui  icronc  loxnbces  de  Chaf. 
1  arbre.  Ils  vont  tous  les  jours  fe  ^ 
pron^eaer  fur  ieurs  terres  ,  en  rcmar* 
^ttent  les  bornes ,  voyem  fi  l'oo  n'y 
atiefs  cfa&ngé,&  fî  cites ibm  nou^oura 
les  mêmes.  Us  tii^n£  inccféc  dtf 
l'intérêt ,  •&  ce  n^eft  qu'à  cette  eon^ 
•^tioa  <{u^tls  donnent  du  tems  à  leurs 
créanciers.  S'ils  oût  invité  a  dîner 
^iielques^ns  de  kui's  amis ,  &  ^qui -ne 
iont  <^  d(^  perk>niles  du  ftMph^  ih 
9e  feignent  point  dt  km'  faire  fcï^rit 
un  iîmple  hadiis  ;  6c  on  les  a  vas 
Ibaveot  aller  eux-^némes  au  fnarclie 
pour  ces  repas ,  y  trouver  tout  trop 
-cfierj-ôc en  revenir  làns  rioa acheter: 
Ne  ^^ncz  pas  P&abkude ,  diient^ils  è 
leurs  femmes  ,  de  prêter  rotrc  (tl  ^ 
votre  orge ,  votre  farine ,  ni  même 
du  (b)  CAimin  ,  de  la  (r)  màrjolai-» 
ne,  des  gâteaux  (rf)  pour  l'Autd, 
du  coton  ,  de  la  laine,  car  ces  pe« 
tits  de'tails'  ne  laiflent  pas  de  moin« 
ter  à  la  fin  d'mie  année  à  une  grof^ 

(è 

{b)  Une  forte  d'herbe, 

le)  Elle  empêche  les  viandes  de  fe'^corrom* 
prc ,  ain/î  que  le  thim  6c  le  laurier. 

(,dè  FaÎK  de  farine  &  4c  mkl  »  Se  qgi  fer- 
Toicot  aux  Sacrifices. 

Z 


7^      Les  Caractères 

Chap.  fc  fomme.  Ces  avares  en  un  mot^ 
^'  ont  des  trouflèaux  de  clefs  rouillées 
.dont  ils  ne  fe  fervent  point ,  des  caf- 
ièttes  où  leur  argent  e£k  en  dépôt , 
qu'ils  n'ouvrent  jamais" ,  &  qu'ils 
laiflènt  moifir  dans  un  coin  de  leur 
cabinet  :  ils  portent  des  habits  qui  leur 
font  trop  courts  &  trop  étroits  :  les 
plus  petites  phiôles  contiennent  plus 
d'huile  qu'il  n'en  faut  pour  les  oindre  : 
ils  ont  la  tête  rafëe  jufqu'au  cuir  ;  fe 
déchauflênt  vers  le  (  ^  )  milieu  du  jour 
pour  'épargner  leurs  fouHers  ;  vont 
trouver  les  foulons  pour  c^tenir 
d'eux  de  ne  pas  épargner  la  craye  dans 
la  laine  qu'ik  leur  ont  donnée  à  preV 
parer ,  afin ,  difent  ils ,  que  leur  étotk 
ic  tache  moins,  (f) 

(e)  P^rce  que  dans  cette  piartlc  du  jour  le 
froid  en  toute  {àifon  écoit  fupportable. 

(/)  G'écoit  aufli  parce  que  cet  apprêt  avec 
âc  la  craye  comme  le  pire  de  tous ,  &  qui 
fendoit  les  étoifes  dures  &  .grodieics  »  ctpic 
'  celui  ^lû  cputoit  le  ffioins^ 


.CH4- 


DE    ThEOPHRASTB»        77 

CHAPITRE    XL 

De   l'Impudent, 

ûu  de  celui  qui  ne  rougit  de  rien. 

L 'Impudent. eft  fâcik  à  définir  :  iî  Chap: 
fuffit  dédire  quec'eftuneprofeC-  * 
Êoh  ouvcrcc  d'une  plâifantcrie  ou-* 
tréc  ,  comme  de  ce  qu'il  y  a  die  plu» 
contraire  à  la  bienfeance.  Celui-^là  ^ 
par  exemple  ,  eft  *  impudent  ,  qui 
Voyant  venir  vers  lui  une  femme 
de  condition  ,  feint  'dans  ce  lûo-^ 
ment  quelque  befoin  pour  avoir  oc- 
cafion  de  fe  montrer  à-  elle  d'une 
manière  dcshonnête  :  qui  fb  plaît  k 
tattre  des  mains  au  Théâtre  lorfquc 
tou^  le  monde  fe  taîr,ou  y  fiffler  les 
Afteurs  que  les  autres  voyent  &  e'cou- 
tent  avec  plàifir  :  qui  couché  fur  le 
dos  ,  pendant  que  toute  l'aflèmblée 
garde  un  profond  fiknce ,  fait  enten* 
dre  de  fales  hocquets  qui  obligent  les  - 
fpcûateurs  de  tourner  la~ tête  ,&  d'in- 
terrompre Icurr  attention.  Un  homma 

D  5  de 


j9        LS^S   CilICilCTRRES 

C  H  A  P.  de  ce  cara£terc  acheté  en  plein  marché 
^  ^'  des  noix ,  des  ponitïics  ,  toute  Ibrtc 
de  fruits  ,  les  mange  ,  caufe  dcbouc 
avec  la  Fruitière ,  appelle  par  leur» 
noms  ceux  qui  pafllnt  fans  prefque 
les  connoitre ,  en  arrête  d'autres  qui 
courent  par  la  place,  8c  qui  ont  leurs- 
aflàtres  :  &  s'il  voie  vem«  quelque 
Plaideur ,  il  l'aborde  ,  le  railfc  fie  le 
félicite  fur  une  caufe  importante  quh^ 
vient  de  plaider.  Il  va  lui* même 
choiHr  de  la  viande ,  &  loikr  pour  un 
.  ibuper  d^s  femmes  qui  joiknt  de  \a 
fiute  i  Se  montrant  ï  ceux  qu'il 
rencontre  ce  qu'il  vient  d'acheter  , 
il  les  convie  en  riant  d'en  venir  marv 
ger.  On  k  ^oît  s'arrêter  devant  la^ 
boutique  d'un  Barbier  ou  d'un  Parfit* 
meur ,  &  là  (s)  annoncer  qu'il  v» 
faire  un  grand  repas ,  &  s'enyvrcr. 
Si  quelquefois  il  vend  du  vin  ,  il  le 
fait  mêler  pour  (es  amis  coçnmc  pour 
les  autres  fans  diftinâion.  Il  ne  per« 
met  pai  à  Tes  enfans  d'aller  à  rAm.- 
yhitheâtre  avant  que  les  jeux  foient 
commencez  ,  &  lorfque  l'on   paye 

pour 

'    (  «  }  Il  y  avoie  des  gens  faineans  &  dé(bc- 
cof  €z  «  qui  s'anêanblolcat  daos-Icurs  boutiques» 


DE   ThEOPHRASTBv        f^ 

pour  être  placé  ,  mais  {culement  fur  Chap. 
la  fin  du  fpeaaclc  ,  &  quand  (*)  ^^' 
l'Archiceéfce  néglige  les  places  &  les 
donne  popr  rien.  Ëtanç  envoyé  av^ç 
quelques  autres  Citoyens  ep  dm)>^an 
de  ,  il  l^fiè  chez  foi  la^  ibmme  q4e  Iç 
public  lui  a  donnée  pour  faire  \^ 
frais  de  fon  yoyage  ,  &  cmprunçç  d§ 
l'argent  de  fesCpllegueç  :  fa  coi|ti|tne 
:^lors  eft  de  charger  fon  valet  de  f^r** 
deaux  au-delà  de  ce  qu'il  en  pcpt  por-9 
ter  ,  2ç  de  liai  retranche^  çepei^daat 
4c  (on  ord  inaiiç  j  Sc  çpilfinje  i}  arrivfi 
fouvcpt  q«e  Tort  ftit  dgns  )^  yil|et 
d^  prpfenfr  a^K  Ainhafl^^pufs  ^  U 
4en>aq4e  ^  part  ppuf  la  vendra.  Vpmi 
m^achetez  toujours  ,  ditril  §11  j^itnç 
^ci^im  qur  19  fert  4âns  ï?  bpïn  ,  mift 
mauvaife  hui]e,  &  qv  Pf|  a^  pe^t  fgps 
porter  f  il  fe  fert  enflûte  de  Phuilc 
d'un  autre  ,  &  épargne  la  iîçnne. 
Il  envie  à  fcs  propres  valets  qui  le  fui-» 
Ycnt  la  plus  petite  pièce  de  monnoye  ,- 
qu'ils  auront  ramaffée  dans  les  rues  ; 
fc  il  ne  manque  point  d'en  retenir  fa 

p»ri^ 

(h)  Vhïchitt&z  qui  avoit  bâti  TAmphi- 
th:ârre ,  &  à  qui  la  Kcpubliqac  donaoit  le- 
louage  des  places  en  payûnenc. 

D  4 


8o      Lbs  C'Aïi  AcrruEST 

Chap  part  avec  ce  mot ,  (  c  )  Mercure  ejl 
XI.  commun.  11  fait  pis  ,  il  diflfribtië  à 
les  domeftiques  leurs  provifions  dans 
une  certaine  mefure  ,  dont  le  fond" 
creux  pardcflbuss^cnfonce en  dedans,' 
&  s'élève  comme  en  pyramide  ,  &' 
quand  elle  eft  plefne  ,  ri  l'a  rafè  lui- 
m  me  avec  le  rouleau  le  plus  près 

qu'il  peut  (d) De  même  s'il  paye 

à  quelqu'un  trente  mines  {e)  qu'il  lui 
doit ,  il  dit  fi  bien  qu'il  y  manque 
Quatre  dragmes  f)  dont  il  profite  v 
mais  dans  ces  grands  repas  où  il  fàutr 
traiter  toute  une  Tribu ,  il  fait  recueil- 
lir par  ceux  de  fes  domeftiques  qui  ont 
foin  de  la  table  ,  le  refte  des  viandes' 
qui  ont  été  fervies,  pour  lui  en  rendre 
compte  :  il  feroit  fèche'  de  leur  laiflèr' 
one  rave  à  demi  mangée. 

CHA- 

(r)  Proverbe  Grec  qui  revient  à  notre  ftf 
fttiens  part. 

.  (d)   Quelque  chofe  manque  ici  dans  le' 
texte. 

{e)   Mine  fe  doit  prendre  ici  pour  une  piè- 
ce de  monnoye.    Athènes  croit  partagée  eîi 
jdiïfîeurs  Tribus.  V.  le  Chap.  XXVIIL  dt  U 
Médifance. 

(  f)  Dragmes ,  petites  pièces  de  monnoye  > 
dont  il  falott  cent  à  Athènes  pour  faire  une 
laine. 


»1E    f  HEOPHïtyrSTÈ.        t% 

C  H  A  P  I  T  R  E    XII. 


Dtf  Contre  -  TE  M-s. 


C 


Ette  ignorance  du  tems  &  db  CHAPi 
loccafion  ,  eft  une  manière  d'à-    ^l^t 
border  les  gens  ou  d'agir  avec  eux , 
toujours  incommode  6c  embarraflante. 
Un  importun  eft  celui  qui  choiiît  Je 
Apent  que  ion  ami  efl:  accablé  de 
s  propres  affaires  ,  pour  lui  parler 
des  ficnnes  :'qui  va  fouper  chez  fà 
maîtreflb  le  foir  même  qu'elle  a  la 
fièvre  :  qui  voyant  que  quelqu'un 
vient  d'être   condamné   en   juftice 
de  payer  pour  Un  autre  pour  qui  il 
s'cft  obligé  ,  le  prie  néanmoins  de 
repondre  pour  lui  :  qui  comparoîC 
pour  fervir  de  témoin  dans  un  pro- 
cès que  l'on  vient  de  juger  :  qui 
prend  k  lems  des  noces  où  il  eft  in- 
vité pour  IS  déchaîner  contre   les 
femmes  :  qui  entraîne  à  la  prome- 
nade des  gens  à  peine  arrivez  d'un 
long  voyage  :  &  qui  n'afpire  qu'à 
iê  repofcr  :  fort  capable   d'amener 

D  jT  des 


XIL 


Çt      Les  Caractères 

CHAPi  dcsMarchands  pourofïrird'unecho(e 
plus  qu'elle  ne  Vaut  après  qu'elle  effe 
vctrduë  ,  de  fc  lever  au  milieu  d'une 
aflèmblée  pour  reprendre  un  fait  dès- 
fes  commencemens  ,  &  en  inftruire  à 
fond  ceux  qui  en  ont  les  oreilles- 
rebatucfs ,  &  qui  le  favent  mieux  que 
lui  :  fouvent  empreflc  pour  enga- 
ger  dans  une  affaire  des  perfon- 
nes  { I  )  qui  ne  l'aftcftionnant  pofnc  ^ 

n'bfcn  r 

(I  )  Il  y  a  dans  TOrigina! ,  à  le  traduire  tont 
unîxnenc ,  mjflfiant  k  mn  jugement  arhitraÉÊ^ 
^ocdioneft  Je  favoirH  Thcophraftc  a  voura 
4ite  par  là,  que  fon  homme,  (î  fujct  à  faire 
des  comre-ccmps  ,  affilie  à  ce  Jugement  com- 
me Arbitre  lui-même ,  ou  bien  par  hazaid.  Sc- 
.  ion  Cafaubon  fi:  La  Bruyère  ,  il  s'y  trouve  en 

2ualitè  iP Arbitre  ;&  Duport  croit  qu'il  n*y  af- 
dc  qncpdr  accident ,  &  que ,  s*il  eût  été  choiû 
poutarbitre ,  Theophrafte  fe  fcroit  (crvi  d'une 
«utce  exprcllion  t ,  u^cée  en  pareil  cas.  Mais 
«omœe  il  ne  s'agit  ici  que  d'un  trait  lance 
en  palTant  %  &  non  d'une  Adlion  poCnivc  Se 
juridique  dont  il  faille  dccaiHer  toutes  lescir- 
confbnces  en  forme  ,  &  dans  le  flile  do- 
Barreau  f  peut-être  qu'une  expreffion  un 
fxu  négligée  a  meilleure  grâce  qu'une  au* 
tre  plus  formelle  ,  6c  qu'il  faudroit  néceflai- 
rcmcnt  employer  devant  une  Cour  de^  ]uf- 
tice.   Quoi  qu'Jl  en  foit  de  cette  Qyeftion , 

purc- 

f  ^^virirpa/iifiéi^Ç  rîv  i']ùsfra,1 ,  c'eil^-dîrc  , 


De  TheofhkastîsÇ   *  .8j 

Qu'oient  pourtant  refûfcr  d'y  entrer.  Cha«. 
S'il  arriyç  que  quelqu'un  dans  la  vil-    ^^^ 
&  doive  faire  un  ftftin  (4)  après 
avoir  fàcrifié,  il  va  lui  demander  une 
portion  des  viandes  qu'il  a  préparées  : 
Une  autre  fois  s'il  voit  qu'un  Maître 
châtie  devant  lui  fon  efclave  ,  J^af 
ftrdu ,  dit -'il ,  un  des  miens  dans  une 
fdreiUe  occajion  ,  je  le  fis  fouetter  ,  tl 
fe  dêfeffera  ,  &  i'^ff4  penire.  Enfin  il 
n'cft  propre  qu'a  commettre  de  nou* 
reau  deux   perfonoes   qui  veulent 
9*accommoder  ,.  s'ils  Tout  fait  arbitre 
de  leor  difièrend.    C'eft  encore  une 
aâioa^ui  lui  convient  fortqueji'àller 

preoF- 

purement  ^amtmtîcale  ,  &  fur  laquelle  je  n'ai 
garde  de  rien  décider ,  il  eft  coi>}Ours  certiun  > 
que  l'homme  deTheopbraftc  qui  Ce  rrouvant 
à  un  jti^cmcnc  d'Aibirres  ,  commet  de  nou- 
veau deux  perlbnnes  qui  veulent  s'accommo- 
der ,  eu  a  peu  près  également  bien  earadleri(S , 
ibic  qu'il  ait  été  choifi  lui-même  pour  Ar* 
bitte>  ou  que^r  sccidem  il  affilie  au  jugemenr 
des  Arbitras  qui  ont  été  nomuKZ  poiK  (ermi- 
cer  ce  différend. 

(n)  L«s  6rees  lé  joiHméme<{u'îfs  avoien^' 
facrjfié»,Ou4bupoicnt;ivec leurs  amis,  ou  leur 
cnvoyoient  à  chacun  une  portion  de  la  vidi^^ 
me.  Ç'éroit  donc  un  contre-tcms  de  demander 
fi  part  prématurément,  &  lorfque  le  fcftin  étok 
rilolu  >  auquelon  pouvoic  même  être  invité»  . 

I>  6 


84      Les  CARAcrEnÉr 

Chap.  prendre  au  milieu  du  repas  pour danî^ 

^^^    fer  fi)  un  hdmme  qui  cft  de  (ang 

froid ,  Se  qui  n'a  bâ  que  modére'fhent.^ 

(b)  Cela  ne  fc  fâii'oit  chez Ics^Gtccs  qo^a- 
près  le  repas  ,&  lorf^uc  les  tables  ctoietic  en- 
levées, 

• 

CHAPITRE    XIII. 

De   l'air  empresse'. 

Chat.  T  L  ftmblc  que  Te  trop  grand  em  preC- 
XIII.  JL  fetnenc  eft  une  recherche  importu- 
ne ,  ou  une  vaine  aftiftation  de  mar- 
quer aux  autres  de  la  bien-  vcillance  p^r 
fes  paroles  2c  par  toute  fa  conduite.  Lies 
manières  d'un  homme  cmprefle  font 
de  prendre  fur  foi  1  événement  d'une: 
affaire  qui  cft  au-deflus  de  fes  forces  ^ 
&  dont  il  ne  fauroit  fortir  avec  hon- 
neur ;  &  dans  une  chofè  que  toute 
une  aflèmblée  juge  raifonnable  ,  & 
où  il  ne  fè  trouve  pas  la  moindre 
difficulté, d'infiftcr  long-temsfur  une 
légère  circonftance  pour  être  enfuitc 
de  l'avis  des  autres  ;  de  faire  beaucoup 
plus  apporter  de  vin  dans  un  repas 
.  ,  /  qu'oa 


tTE'  T  BTE  OT>  H  R  A  S  T  E.       ^f 

^u'on  n'en  peut  boire  j  d'entrer  dans  C  ïta  f. 
une  querelle  où  il  fe  trouve  préftnt  j  ^^*^' 
d'une  manière  à  l'échaufièr  davantage. 
Rien  n'tft  aufli  plus  ordinaire  que  de 
k  voir  s'offrir  à  lèrvir  de  guide  dans 
un  chemin  détourné  qu'il  ne  connoit 
pas,  5c  dont  il  ne  peut  enfuioi  trouva 
î'ifluë;  venir  ver^  fon  General ,  &  lui 
denlandcr  quand  ii  doit  ranger  îba  ar- 
mée en  bataille  ,  quel  jour  il  faudra 
combattre,  &  s'il  n'a  point  d'ordres  à 
lui  donner  pour  le  lendemain  :  une 
autre  fois  s'approcher  de  fon  père  , . 
ma  mère,  lui  dit-il  myftericulement, 
vient  de  fe  coucher ,  &  ne  commence 
qu  a  s'endormir  :  s'il  entre  enfin  dans 
la  chambre  d*un  malade  à  qui  fon 
Médecin  a  de'fcndu  le  vin  ,  dire  qu'on 
peut  eflayer  s'il  ne  lui  fera  point  de 
mal ,  6c  le  foûtenir  doucement  pour 
lui  en  faire  prendre.  S'il  appr<rnd 
qu'une  femme  foit  morte  dans  la  ville , 
il  s'ingère  de  faire  fon  e'pitaphe  5  il  y 
feit  graver  fon  nom  ,  celui  de  fon 
mari ,  de  fon  père ,  de  (à  mère  ,  fon 
pais ,  fon  origine  avec  cet  cloge  ,  Jh 
dvoient  tous  de  la-  (a)  vertu.    S'il  eft 

quefc.  . 

i4)  Formule  d'Epitaphc»    - 


S6      Les  'C  AR  AcrBKEf 

C  H  A  p.  quelquefois  oblige  de  jmerdevwrder 

XIIL     Juges  qii  i  exigent  fon  Içrmeat ,  C0  n*efi 

pas ,  ditril  en  perçant  la  foule  pow 

paroîtrç  ï  l^audieoce  ,  h  fremer^f^is 

p(e  cttd  vfff^  étrrm 

CHAPITRE.  XI V; 

De  la  St^pi^ite^. 

Ch  Ap.  T    A  Stupidité  eft  en  nous  une  po- 
XIV.     JLi  fanteur  d'efprit  qui  accompagna 
nos  aâ:ions&  nos  difcours.  Unhonv 
me  ftupide  ayant  lui-même  calcuW 
avec  des  jettons  uae  certaine  fomme , 
demande  à  ceux  qui  Je  regîirdent  foire 
à-  quoi  elle  fe  monte.  S^iJ  cft  obligé 
de  paroître  dans  un  jour  prefcrit  do- 
sant fcs  Jug^s  pour  fe  défendre  dar« 
un  procès  que  l'on  lui  feit ,  il  l'ou- 
blie entièrement  ,  &    part  pour  ht 
campagne.  Il  s'endort  à  «n  fpcâaclô, 
.&il  ne  fc  réveille  que  loî^grtçms  ?près 
qu'il  eft  fini ,  &  que  le  peuple  fi'cft: 
fetiré.  Après  s'être  rempli  de  vian- 
des le  foir ,  il  fe  levé  la  nuit  pour  une 
indi^eftion ,  va- dans  la  ruë  fe  foula- 

ger, 


BE   TmtOTHRASTB.       "Vf 

gcr ,  où  il  cft  morda  d'un  chien  du  C  h  a  »- 
voifinagç.  Il  cherche  ce  qu'on  vient   ^^^* 
àç  lui  donner ,  &  qu'il  a  mis  lui-même 
dans  quelque  endroit ,  oii  (buvent  il 
ne  peut  le  retrouver.  Lorfqu'on  l'aver- 
tit de  la  mort  de  l'un  de  fês  amis  afin 
tju'ii  alfifte  à  fcs  funerailtes,  il  s*attrifte , 
il  pleure ,  il  fe  defefpere  ;  &, prenant 
Hne  façon  de  parler  pour  une  autre  , 
à  la  bonne  heure ,  ajoûte-t-il ,  ou  un« 
pareille    fottife.     Cette'  précaution 
qu'ont  les  perfonnes  fages  de  ne  pas 
donner  fans  tc'moin  (a)  de  l'argent  1 
leurs  créanciers  ,  il  l'a  pour  en  rece- 
voir de  fcs  débiteurs.    On   le  voit 
quereller  fon  valet  dans  le  plus  grand 
froid  de  l'hy  ver  pour  ne  lui  avoir  pas 
acheté  des  concombres.  S'il  s'avilè  un 
jour  de  faire  exercer  fes enfans  à  la  lut- 
te ou  à  la  courfe,iI  ne  leur  permet  pas 
de  fe  retirer  qu'ils  ne  foicnt  tout  en 
fueur  &  hors  d'haleine.  Il  va  cueillir 
lui-même  de$  lentilles,  les  fait  cuire , 
&  oubhant  qu'il  y  a  mis  du  fel ,  il  les 
fale  une  féconde  ibis  ,  de  forte  que 
peribnne  n*en  peut  goûter.  Dans  le 

tems 

(m>)  Les  iétnoiiïs  étoicnt  fort  en' uCzgc  chtz 
les  Grecs,  dans  les  paycmcns  &  <kns  tous  bs 
Âdcs. 


Sî      Les  CARAcrÊRt^ 

Ch  Ap.  tems  d^unc  pluyc  (  i  )  incommode-^ 
•XlVw  5c  donc  tout  le  monde  fe  plaint  ,  il 
lui  echapera  de  dire  que  l'eau  du  Ciel 
cft  une  chofe  délicieufe  :  &  fi  on  lui 
^iemande  par  bazard  combien  il  a  vu 
emporter  de  morts  (  i  )  par  la  pone 
fàcre'e  ?  autant  ,  répond-il ,  penfant 
peut-être  à  dé  l'argent  ou  i  des 
grains ,  que  je  voudrois  que  vous  & 
moi  en  puûions  avoir. 

(  I  )  Ici  le  Texte  efl  vifîblemenc  corrompiti 
A  regard  du  rnpplémcnc  que  La  Hruyerc  a 
imaginé ,  il  ne  le  donne  (ans  doute  que  pour 
remplir  ce  vuide,  en  attendant  qu*6n  décou- 
Tfc  la  penféc  de  Theophrafte  par  le  (ecoufs 
.  de  quelque  bon  Manufcrit  «  fans  quoi  l'on  ne 
pourra  jamais  la  trouver ,  ou  du  moins  être 
afluréde  Pavoir  trouvée.. 

(h)  Pour  être  enterrez  hors  de  la  ville  fui- 
van&laLoideSolon. 

G  H  A  P  I  T  R.E    XV. 

De  LA  Brut  ALITEE' 

C  H  A  p.    T    A  Brutalité'  cft  une  certaine  dure- 

^V^.     JLi  te%  &  j'ofe  dire  une  ftrocité*  qui 

&  rencontre  dans  nos  Manières  d*agir, 

& 


DE    ThEOPAII  ASTJÊ.  8^ 

&  qui  paflè  même  jiifquà  nos  paro-  Chap; 
les.  Si  vous  demandez  à  un  homme  ^  V'^ 
brutal ,  qu'cft  devenu  un  tel  ?  il  vous 
repond  durement ,  ne  me  rompez 
point  la  tête  :  fi  vous  le  falue^,  il  ne 
vous  fait  pas  Phonneur  de  vous  ren- 
dre le  iàlut  :  fi  quelquefois  il  met  en 
vente  une  choie  qui  lui  appartient , 
il  eft  inutile  de  hii  en  demander  le 
prix  ,  il  ne  vous  e'coute  pas  :  mais  il 
dit  fièrement  à  celui  qui  la  marchant* 
de,  qu'y  trouvez- vous  à  direMl  (è 
moque  de  la  pieté  de  ceux  qui  en- 
voyent  leurs  offrandes  dans  les  Tem- 
ples aux  jours  d'une  grande  celcbri^ 
te  :  fi  leurs  prières  ,  dit-il  ,  vont  juf-- 
qu'aux  Dieu^  ,  8t  s'ils  en  obtiennent 
les  biens  qu'ils  fouhaitent ,  l'on  peut 
dire  qu'ils  les  ont  bien  payez ,  &  que 
ce  n'eft  pas  un  prefent  du  Ciel.  Il 
eft  inexorable  à  celui  qui  &ns  deflèia 
l'aura  poufle  légèrement,  ou  lui  aura 
marche  fur  le  pied  ,  c*cft  une  faute 
qu'il  ne  pardonne  pas.  La  première 
chofequ'il'dit  à  uir ami  qui  lui  env 
prunte  quelque  argent ,  c*eft  qu'il  ne 
lui  en  prêtera  point  :  il  va  k  trouver 
e'nfuite  ,  &  le  lui  donne  de  mauvaife 
grâce  ^  ajoutant  qu'il  le  compte  per-» 

du.. 


Chap.  du.  11  ne  lui  arrive  jamais  de  fe 
^^*  heurter  à  une  pierre  qu?il  rencontre 
en  Ton  chemin  fans  lui  donner  de 
grandes  malediâioQS»  Il  ne  daigne 
pas  attendre  perCpi^nc  >  ^  G  Voxx  di^ 
fère  un  moment  à  k  rendre  au  lieu 
(dont  Ton  eil  convenu  avec  lui ,  il  te 
retire.  Il  (c  diftingue  toujours  par 
une  grande  fingularité  :  il  ne  veut  m 
ehantçr  à  fon  tour ,  ni  reciter  (  a }  dan^ 
un  repas ,  ni  niême  danfer  avec  les 
«utres.  £n  un  mot ,  on  nç  le  voit 
gqtfres  dans  les  Temploi  importuner 
les  Dieux  »  Sc  leur  Eure  des  vœux  oo^ 
des  facrificâs. 

.  (m)  l^$  Grçc5 rccjtoiçnt  à  îabif  qqçl^i|cç 
bt^auxendroits de  kuts  Poëces  ,&  danfoienç 
ènfcmble  après  le  repas.  Vûjcz  le  Chap.  XIL 

CHAPITRE  X VI- 
DE  LA  SUPB&STITION^ 

Ghap.  T   a  Superftitionfëmble  n'être  autre 

^^^'     t-^cBofc  qu'une  crainte  ma)  réglée 

de  la  Divinité*  Un,  homme  fuperfti- 

ûeux 


DE    THEOPffAilSTJE:.         pt 

tkux  après  avoir  lave  ics  mains,  s'ctrc  Chak 
purifie  avec  de  Peau  {s)  luftrale  ,  XVI. 
fort  du  Temple  ,  &  fc  promené  une 
grande  panie  du  jour  avec  une  feuille 
de  laurier  dans  fa  bouche.  S'il  voit 
une  bclcte  ,  il  s'arrête  tout  court ,  8c 
îl  ne  continue  pas  de  marcher  »  que 
<]uclqu'un  n'ait  paiTé  avant  lui  par  k 
même  endroit  que  cet  animal  a  tr^ 
vcrfé  y  ou  qu*il  n'ait  jette  lui-mêmt 
trois  petites  pierres  dans  le  chemin  ^ 
comme  pour  éloigner  de  lui  ce  noau* 
vais  preiage.  £n  quelque  cadrciit  de 
la  maifon  qu'il  ait  apperçû  un  Icrr 
pent ,  il  ne  difièrc  pas  d'y  élever  un 
Autel  :  &  dès  qu^il  remarque  dans  les 
carrefours  de  ces  pierxes  qu^e  ladévo^ 
tion  du  Peuple  y  a  confacrees ,  il  s'ètr 
approche ,  verfe  deflus  toute  l'huile 
de  &  phiole  ,  plie  les  genoux  devant 
elles ,  Se  les  adore.  Si  un  rat  lui  a 
rongé  un  fàc  de  farine  ».  il  court  au 
Devin ,  qui  ne  manque  pas  de  lui  en- 
joindre d'y  faire  mettre  une  pièce  :. 

mais 

{m)  Une  eau  ou  Ton  avoir  éteint  un  tiibn 
ardent  pris  fui  TAutel  où  Ton  brûloic  la  vidi- 
iae:elle  étoit  dans  une  chaudière  à  la  porte 
du  Temple  :  Ton  s'en  lavoit  Ibi-mcmc  >  g.» 
Von  s*cn  taifbit  laver  par  les  Prêtres. 


^t      Lés  Caractères^ 

Chap  mais  bien  loin  d'êcre  fatisfait  de  (k 
^^^-  reponfe  ,  effraye  d'une  avanture  fi 
extraordinaire  ,'il  n'ofe  plus  fe  fervir 
de  fon  fac  &  s'en  défait.  Son  ioiblc 
encore  cft  de  purifier  fans  fin  la  mai- 
fon  qu'il  habite ,  d'éviter  de  s'afleoir 
fur  un  tombeau  ,  comme  d  aflîfter  à 
des  funérailles,  ou  d'entrer  dans  la 
chambre  d'une  femme  qui  eft  en 
couches:  &  lorfqu'il  lui  arrive  d'a- 
voir pendant  fortlorameil  quelque  vi^ 
(ion  ,  il  va  trouver  les  Interprètes 
des  fonges ,  les  Devins  &  les  Augu- 
res ,  pour  favofr  deux  à  quel  Dieu 
ou  a  quelle  D^flè  il  doit  facrifier.  Il 
«ft  farc  cxaâ:  à  vifiter  fm*  la  fin  de 
chaque  mois  les  Prêtres  d'Orphe'c 
pour  (è  faire  initier  (b)  dans  fes 
myfleres  :  il  y  mené  fà  femme ,  t>u  fi 
elle  s'en-exeufc  par  d'autres  foins  ,  Il 
y  fait  conduire  fes  enfans  par  une 
nourrice  Lorfqu?il  marche  par  la 
ville,  il  ne  manque  guéres  de  fe  laver 
toute  la  têce  avec  l'eau  des  fontaines 
qui  font  dans  les  places  :  quelquefois 
il  a  recours  à  des  Prêtrcllès  qui  le 
purifient  d'une  autre  manière  ,  en 

liant 

C<^  )«.  laftruke  de  fesMyAcrçs, 


DE    ThEOPHRASTE.        9^ 

liant  &  étendant  autour  de  ion  corps  Chap. 
un  petit  chien  ,  ou  de  la  (c)  fquille.    ^^^•. 
Enfin  s'il  voit  uîi  homme  (i)  frappé 
d'épilepfie  ^  faifi  d'horreur  ,  il  crache 
dans  fon  propre  fein  comme  pour  rc-  . 
jettcr  le  malheur  de  cette  rencontre. 

{e)  .£|pççc  d'oignon  marin. 

(i)  Il  y  a  dans  l'Original ,  s'il  voit  un  honi'^ 
me  hors  du  ftns  ,  ou  frappé  d*cpilcpfîc  ,  Mô^. 
tlfj^ii  T6  îcTcJv  i  ivt\nTrrfiy.  .Ceft  uneomif- 
fionduTradodear,  ou  peut^éçrc  ic  l'Impri* 
fncur. 


ràmB^mim'mMm^nr^^^ 


CHAPITRE    XVIL 
De  l'Esprit  Chagrin. 

L'Efprit  chagrin  fait  que  l'on  n^eft  Cha^ 
jamais  content  de  perfonne  ,  8c  ^VH* 
que  l'on  fait  aux  autres  mille  plain- 
tes fans  fondement.  Si  <]uelqu'un 
fait  un  fcftin  ,  &  qu'il  fe  -fouviennc 
d'envoyer  (a)  un  plat  à  un  homme 
de  cette  humeur  ,  il  •ne  reçoit  de  lui 

pour 

(il)  C'a  été  la  coutume  des  Juifs  &  d'au- 
tres peuples  Orientaux,  des  Grecs  &  dcsRq- 
ouios.  J 


^4      I^ES  Caractères 

Chap.  pour  tout  remerciment  que  le  repro-^ 
^VII.  chc  d'avoir  été  oublie  :  Je  n* étais  pas 
digne  ,  dit  cet  cfprit  querelleux  ,  de 
bcire  de  fon  vin  ,  ni  de  manger  d  [él 
table.,  Toxit  lui  cft  fufpeâ:  jufqucs 
aux  careflcs  que  lui  fait  fa  maîtrcflè  : 
Je  doute  fort,  lui  dit- il ,  que  vous 
ibyez  fincere  ,  &  que  toutes  ces 
démonftrations  d'amitié'  partent  du 
cœur.  Après  une  grande  fcchereflè 
•irenanr  à  pieu  voir,  comme  il  ne  peut 
fe  plaindre  de  la  pluye ,  il  s'en  prend 
au  Ciel  de  ce  qu'elle  n^a  pas  com- 
mence plutôt.  Si  le  hazard  lui  fait 
vpir  une  bouffe  dans  fon  chemin  ^  il 
s'incline;  il  y  a  des  gens , ajoute- 1- il , 
qui  ont  du  bonheur  ,  pour  moi  je 
n'ai  jamais  eu  celui  de  trouver  un 
ttefoT.  Une  autre  fois  ayant  envie 
.  d'un  efclave ,  il  prie  inftamment  celui 
à  qui  il  appartient  d'y  mettre  le  prix; 
&  dès  que  celui-ci  vaincu  parfês  im- 
portuniteï:  le  lui  a  vendu  ,  il  (ê  re- 
pent  de  l'avoir  acheté'  :  K^  fuis -je 
p^s  trompé ,  demande-t-il  ,  &  exige'- 
toit -on  Jî  peu  d^une  ckoft  qui  ferait 
fjins  défauts  ?  A  ceux  qui  lui  font  les 
complimens  ordinaires  fur  la  naiflàn- 
ice  d'un  fils ,  .&  fur  l*augmentatiaa 

de 


1>£   THÉÔI^aRAStE.        9f  ! 

de  fz  famille  ,  ajoutez  ,  leur  dic-il  ,  Chaf.  j 

pour  ne  rien  oublier ,  £ur  ce  que    ^VlL  I 

mon  bien  eft  diminue  de  la  moitié.  j 

Uo  homme  chagrin  après  avoir  eu  ^ 

•de  Tes  Juges  ce  qu'il  demandoit ,  & 
l'avoir. emportfe'  rout  d'une  voix  fur 
fon  adverlàire  ,  fe  plaint  encore  de 
«ehii  qui  a  décrit  ou  prie' .pour  lui^ 
<de  ce  qu'il  n'a  pas  touché  les  meil- 
leurs moyens  de  fa  caufe  :  ou  lor(que 
lès  amis  ont  fait  enfemfale  une  certain 

m 

ne  ibmme  pour  le  fccourir  dans  un 
befoin  preflànt ,  fi  quelqu'un  l'en  fé- 
licite, êc  4e  convie  à  mieux  efperer 
de  la  fortune  :  Comment  ^  4ai  ré- 
pond-il y  f)uis-je  Être  fcnfible  à  la 
mokKke  joye  >  q^Siand  je  penfe  que 
je  dois  rc^dne  cet  argent  à  chacun  de 
axit  qui  me  l'ont  prêté ,  &  n'être 
pas  encore  quitte  envers  eux  de  la 
recoonoiâàlice  de  leur  bienfait^ 


CHA- 


jKJ         JUeS  Ca.RACTE:11ES 

» 

CHAPITRE    XyiIL 

De  LA  Défiance, 

C  H  A  P.  T  ""Erprit  de  défiance  nous  fait  croi- 
XVIII.  Jl>  re  que  tout  le  monde  eft  capable 
de  nous  tromper.  Un  homme  dé- 
fiant ,  par  exemple  ,  s'il  envoyé  au 
inarché  Pun  de  fes  domeftiques  pour 
y  acheter  des  provifions  ,  il  le  feit 
iiiivre  par  un  autre  qui  doit  lui  rap- 
porter «ifidelement  combien  elles  ont 
coûte.  Si  quelquefois^  il  porte  de 
l'argent  fur  foi  dans  un  voyage, il  le 
calcule  à  .chaque  ftadef^j  qu'il  fait, 
pour  voir  s'il  a  fon  compte.  Une 
^utre  fois  étant  -couché  avec  fà  fem- 
me il  lui  demande  C  elle  a  remarque 
que  fon  coffre  fort  fût  bien  ferme' ,  fi 
;fa  caflette  eft  toujours  fcelle'e ,  &  fi 
^on  a  eu  foin  de  bien  fermer  la  porte 
du  veftibule  ;  &  bien  qu'elle  aflure 
que  tout  eft^  en  bon  état ,  l'inquiétu- 
,4e  le  prend  ,  il  fe  levé  du  lit ,  va  eu 

(a)  Six  ^ccns  pas. 


T HE OP H R  A  S T bJ       97 

chemifc  &  les  pieds  nuds  avec  la  Cha». 
lampe  qui  brûle  dans  la  chambre^  XVJil. 
vifîcer  loi-menieiousies  eadroics  de 
{à  maifen  9  &  œ  n'eil  qu'avec  beau* 
,<:oap  de  peme  qu^il  i^eq^ort  aprè» 
^cette  Techerchç.  U*  îxiiwe  avec  Iw 
des  témoins  quand  ri  va  dorayauder  k^ 
^arrérages  ,^fin  qu'il  oe  prenne  pas  UQ 
jour  eiii^ic  à  lès  débiteurs  -de  lui  dé» 
nier  ià  dette..  Ce  ti'eii  point  chez  Iç 
foulon  qui  pafiè  pour  le  meilleur  ou«- 
vrier  ,  qu'il  envoyé  teindre  fâ  robe , 
mais  chct  ccloî  qiri  coiifoit  de  ne 
point  la  recevoir  fans  donner  cautionu 
Si  quelqu'un  fe  bazarde  de  lui  tm^ 
prunter  quelques  va(ès  (l^y\,il  les  lui 
refufê  Ibuvent,  ou  s'il  les  accorde,  fl 
jie  Jes.hifie  pas  (:pleva''q|tt*i1^  ne/oi^nt 
pefeït  il  fait  faivrecâuf  qui  les  em- 
porte ^  &  eovoye  dc^.  k  kodwiaia 
prier  qu'on  les  lui  renvoyé  (c).  A- 
t^  W9  iefeiave  { i  )  qu'il  ^^âionae 

& 

^.^J^  D*oton.<fârgciif.  f 

(^)  Ce  4|iiî.|e  lit  encie  fe$  Jeq^c  Lettres 
.f  *)  (.#>  a'ifâ  l^as.tiao^  Ip  flrcc, owic  fens  eft 
tnterroospQ ,  np^û«  il  «ft  ifuppliêé  par  ^ttcl(|aM 
ïntcrprercs. 

(i)  Dam  le  Grec  >  îl  y  a  finiplemcnt ,  A-uil 


98      Les  Caractères" 

Chap.  &  qui  raccompagne  dàn^lâ  ville  ,  i| 
xv^n,  le  ^it;  marcher  devant  lui ,  de  peur 
que  s'il  lé  perdoit  dç  yùë  il  ne  JuJ 
cchapât  &  nç  prjt  la  fuite.  .  A  uii 
homme  qui  emportant  dé  chez  luî 
quelque  cnofe  gue  ce  foit ,  lui  diroit  ^ 
cftimez  cela  ,  &  inettez-lc  for  tnoq 
compte  ,  il  répondroit  qu'il  feut  le 
laifler  où  on  l'a  pris ,  &  qu'il  a  d*aur 
très  affaires ,  que  celle  de  courir  aprè$ 
ion  argent. , 

/(  âxpAvâ^vVT»  KtMvHi  fine.  La  cûconftancç 
que  Iç  Tradu(âeur  a  trouvé  bon  d'ajouter ,  nç 
gâte  rien  ici  :  elle  contribae  au  contr^iirc  à  r^ 
Ic7er  le  C^taâere* 


Chap. 

XIX. 


CH  A  P  I  T  I^E    XI3Ç. 
D'un  vilain  Homme. 

CE  caraâere  fuppoiè  toujours  dans 
un  homme  une  extrême  malpro- 
preté ,  &  une  négligence  ppur  (à  per- 
fonne  qui  p^flè  dans  l'excès  ,  &  qui 
bleflè  ceux  qui'  s'en  apperçoivent. 
Vous  le  verrez  quelquefois  tout  coup- 
yert  de  lèpre  ,  avec  de^  oncles  longs 
fa  mal  propre  ^  ^  .pas  la^êr  de  k 
.-  T    mêler 


DE   ThEOPHRASTG.        ^ 

mêler  parmi  le  monde  ,  &c  croire  en  cha»; 
être  quitte  pour  dire  que  c'cft  une  XiX« 
maladie  de  famille  ,  &  que  Ton  pcre 
£c  (on  a]^ul  y  etoient  fujcts.  11  a  aux 
jambes  des  ulcères.  On  lui  voit  aux 
mains  des  poireaux  &  d'autres  Exlctcz 
qu'il  néglige  de  faire  guérir  :  ou  s'il 
penfe  à  y  remédier  ,  c'eft  lorfque  le 
mal  aigri  par  le  tems  ,  efl:  devenu  in- 
curable. II  eft  heriflé  de  poil  foni 
ks  aiflèlles  &  par  tout  le  coi-ps  ^ 
comme  une  bête,  {kixve  :  il  a  ks  dents 
Hoires  ,  rongées  5c  telles  que  foii 
abord  ne  {è  peut  foufïrir.  Ce  n'efl; 
pas  tout ,  il  crache  ou  il  (e  mouchei 
en  mangeant ,  il  .parle  la  bouche  plei- 
ne ,  fiiit  en  buvant  des  chofes  contre 
la  bienfcance.  Il  ne  fe  fert  jamais  au 
baiii  que  d^une  huile  qui  fèht  mau« 
vais ,  éc  ne  paroît  gueres  dans  une  a& 
i^mblée  publique  qu'avec  une  vieille 
robe  &  toute  tachée.  S'il  eft  obligé 
d'accompagner  fa  mcre  chez  les  De- 
rins  ,  il  n'ouvre  la  bouche  que  pour 
dire  des  chofes  de  mauvais  augu*- 
rc  (4;  ;  Une  autre  foi^  dans  le  Tem- 
ple 

(  «  )  Les  Anciens  avoîenc  an  grand  égard 
pour  les  paroliss  ^ui  écoîenr«Droferée5>  même 


fOO      Lb$  CaRACTBR:ES 

CHiip.  pic  &  en  ^ifàntdes  lâsQcions  (t)\'"à' 
/XIX.  lui  echapcra  des  mail»  june  coupe  o^ 
quelque  autre  vafè  ;  8c  il  .rira  enfuice 
de  cectè  avancure  ,  comme  5'il  avoir 
êàc  cpidque  cjboiè  de  merveilleux/ 
Vn  i^onune  û  extraordinaire  ne  fait 
sioint  écouter  un  concert  ou  d'excel:* 
lens  joîieurs  de  fixâtes  ,  il  èat  des 
33aios  i^ec  violence  comme  pour 
leur  ^applaudir ,  ou  ^ien  il  fuit  d^uqe 
,voix  défagrâ^e  fe  même  air  qu'ilf 
joiienc  :  il  s'enjouyede  la  fymphonie^ 
Ik  demande  jfi  eUe  ne  doit  pas  bieiW 
tôt  fimr«  Enfin  fi  ét^t  affis  k  ta« 
bic  ,  il  veut  cracher  ,  c'cft  jufte- 
inent  fur  celui  qui  eft  d^iic^  Iq]| 
pour  lui  donner  à  ppirc^ 

i>ar  hmKi»  par  ceux  qui  fcnoîent  confoltcr 
es  Devins  Se  les  AugMres  \  pti'et  ou  f$cnûçt, 
4ans  les  Temples.  * 

(^)  Cérémonies  où  l'on  répandoû  du,  tîq 
pu  du  Uû^aas  I^  iaiçxificcs.    « 


ICHA^ 


tht  ifntéPàiLAiT'£    tôt 

r 

C  H  A  PITRE    XX. 

D*UN   HOJ^ME  INCOMMODE. 

CE  qu'on  appelle  tin  fâcÈeux ,  cft  C  h  a  ri 
celui  qui  fans  faire  à  quelqu'un  ^^^ 
*n  fort  grand  tort ,  nfc  laiflc  pas  de 
i'cmbaraffet  beaiKoup  ;  qui  entrât* 
dans  la  chambre  de  fon  ami  qui  com^ 
mence  à  s'endormir ,  le  réveille  pouf 
Tentretcnir  de  vains  difcours  j  qui  ft 
trouvant  fur  le  bord  de  la  mer ,  fur 
le  point  qu'un  homme  eft  prêt  de 

Î'anir  &  âc  monter  dans  fon  vaiileau^ 
arrête  fans^nul  befoin,  l'engage  in^ 
iênfîblemcnt  à  fe  promiçncr  avec, lui 
feir  le  rivage  ;  qui  arrachant  un  petit 
enfant  du  feinde  fa  nourrice  pendant 
qu'il  tette  ,  lui  fait  avaler  quelque 
chofe  qu'il  a.  mâché ,  bat  des  mains 
devant,  lui ,  le  carefle  ,  &  lui  parle 
d'une  voix  contrefaite  ;  qui  choiflt 
fe  tcms  du  repas  ,  8c  que  le  potage 
«ft  fur  la  table ,  pour  dire  qu'ayant 
pris  naedecine  depuis  deux  jours  ,  il 
«il  àîlé  psLB  haut  &  par  bas ,  6c  qù^und 
^  E  3  bile 


CnAv^  cavalcade  qo'fl  atii*  faitc^vce  d\ 
^^^-  Citoyens,  il  rcitvojfe  thttCoi  ip«t  tttti 
valet  roarfonéqtiipagCjat  ne  gàrcte^ 
qu'uncr  ficfee  roftc  dont  ii  cft  hâbiH^^- 
&  qn?ilrrafac  lé  rdîè  dirjotir  darii^ 
la  phce  publiqite.  â*il  Ini^irieuft  uÀ^ 
jpctk  chien. ,  il  Kchtenfc  ;  lui  àtcffé 
nm  épitaphe  avec  ces  tn(St^  \  il  étoiP 
ék  raCi  dr  Matthe  f  ^).  M  confa-' 
Cît'  {iy ti»  aniteaU  ^  Éicuîapc, qtf iP 
jtÂt  k  fijhre  d'y  pendre  dejr  toarohncs» 
de  iïeorsl  II'  fe  païfuttie  tous  les^ 
jouts;  II:  remplir  avec  biî^  grand  feiftc* 
tcnic  le  tems  de  fà.  Mag^mtore  ;  8C 
Ibrtant  de  chaire,  il  rend  compte  au^ 
l^elipteavec  oftemaiiâtx  des  faépfieesfr- 
qp'il  a  êïtîr  ;  comme:  dbtipmbre  &  dç^ 
KL  qualité  des  viâimés:  qp'ilaimmo^ 

lëes,'- 

Ç'^)  Cette  Iffc  portoft  <te  petits  cEîens  fore' 
cftimez.  ^ 

(  I  )  Sultaht.  ce»ie  tÀJitt9tot./É'«ft  l'Ani 
at^tt^onfacré  à  Efculape  ,  qu'on  ufe  à  force  à'y^ 

Snare  des  Couronnes  >  de  ii  nous  en  croyons 
i.  Nèedhantf ,  on  n'i^e  ^  i'AQSK0tt  \  itMiiS* 
Jjkirftcoë  d^ITcttlape.  Les:  paroles  de  TOii-' 
l^kiai  admettent  également  ces  deux  explica^ 
tÎQOs.i  de  je  ne*  vois  pa^  qu-oiv  ait^ckciii  d'eiK 
rejettes  sne  abiblumenc  ,  à.  moins  qu'on  JS0^ 
INuilè  établir  l'autre  fur  de  bonnes  preuves  y  co 
^uè  perfonoe  n'^fàit  encore  9,ilîjeae 


:i  -1 


»ft  Theophrastê.  roy 
,ww.  Alors  revêtu  d'une  robe  blan-  Chaf: 
chc  Se  couronné  de  fleurs  ,  il  paroît  ^^^ 
dans  l'aflêmbléc  du  Peuple  :  Nous 
fouvtms  ,  dit-Jl  ,  vous  ajfurer ,  è  Atbe^ 
mtfis  ,  que  fendant  le  tems  de  notre 
gouvernement  nous  opons  famfié  ï  Cy^- 
fêle ,  &  que  nous  lai  avons  rendu  des 
honneurs  teli  que  ks  mérite  de  nous  la 
mère  des  Dieux.:  efpere^  donc  routes 
frifofes  beureufes  de  cette  Deeffe.  Après 
avoir  parlé  ainfi  ,  fl  fc  retire  dans  Û 
inaiibn ,  ou  il  ftit  un  long  récit  à  & 
femme  de  la  manière  donc  tout  lui  •- 
réiifli  au-delà  même  de  fes  fouhaits.  ' 

> 
CHAPITRE    XXri; 

Dfe  L'AvARiCt. 

CE  vice  icft  dans  Pliomme  un  ou*-  c  h  a  k 
Mi  de  i^fconneuf  êc  de  la  gloire  \   xxn» 
quand  il  i^'ag^t  d'évîtier  la  moindre  dé^ 
penlè.   Si  un  homme  a  remporté  lé 

Îrix  de  la  (4)  Tragédie,  il  confecre 
Bacchus  des  guirlamdes  ou  des  bao*» 

delettes 

(4)  Qa*U  a  faite  «a  récitée. 


io6    Les  Caractères 

XXl/*  cjelettcs  faites  d'écorce  de  bois  ;  &  ii 
w  .  '  fait  graver  fon  nom  fur  un  prefcnt  Q 
magnifique.  Quelquefois  dans  les 
tems  difHciies  ,  le  Peuple  eft  obligé 
de  s'aûèmblcr  pour  régler  une  contrir 
bution  capable  de  fubvenir  aux  ber 
foins  de  la  République.;  alors  il  fe  le- 
vé &  garde  le  filence  (i)  ,  ou  Iç 
plus  fou  vent  il  fend  la  preflè  Se  fe  rer 
tire.  Lorfqu'il  marie  fa  fille  ,  &i 
qu'il  lacrifie  félon  la  coutume ,  il  n'ai 
bandonne  de  la  vïâime  que  fe?  par* 
tieis  (r)  feules  qui  doivent  être  brû; 
jées  fiir  r Autel ,  il  referve  les  autres 
pour  les  vendre-;  5c  comme  il  man- 
<fue  de  domeftiques  pour  fervir  à  ta- 
ble &  être  chargez  du  foin  des  noces, 
il  ioiie  des  cpis  pour  tout  le  tpxns  db 
la  fStè  qui  %  nourriflent  à  leurs  dé- 
pens ,  &  à  qui  il  donne  une  certaine 
ibmme.  S'il  efl  Capitaine  de  Galère , 
voulant  ménager  fon  Ut ,  il  fè  conten- 
ta de  :  coucher,  indifièremtpent  avec  le$ 
autres  fur  cie  U  natte  qu'il  emprunte 
de  fon  )?ilote*  Vous  verrez  une  auf* 

{^)  Ceux  qui  vouloient  donner,  (c  levoknfc 
Ir  ofFroicnront  fdmme  ;  ceux  oui  ne  vud- 
loient  mn  donner  ,  fe  Icvoient  &  le  taifoicnr. 

i  (^y  CctciUes  mfftt  &.Jesinttfti(tf.; 


trc  fois  cet  homme  fordide  acheter  ^^jA|/ 
tn  plËÎn  marché  Vies  viandes  cuites  ^ 
toutes  fortes  d'herbes ,  &  les  porter 
hardiment  d$lisron.fôp&  ^us  fa.iio- 
be  :  s'il  Pa  un  jour  envoyée  chez  le 
Teinturier  pour  la  dét^chf r ,  c^mme 
il  n'en  a  pas  une  féconde  pour  fonir, 
il  eft  obligé  de  garder  la  chambre^  11 
fait  éviter  dans;  la  place*  la  rencpntn:    . 
^*un  ami  pauvre  qxx\  ppurroit  lui  de- 
mander (d)  cpmoie  aupc  wtre^  .<)Uiel^ 
gue  fecours ,  il  fe'détpurne.4ft  lu^9  il 
reprend  le  chemin  de  fy  maifon,  11 
ne  donne  point  de  fervantes  à  fg  fem- 
me, content  fie  lui  çp  lotii^r  quelques-- 
unes pour  Paccpn^pagner  \  la  villç 
toutes  les  fo^  quiellçr  fort.  Enfin  nç 
penfez  pas  que  ot  (bit  un  autre  quç 
lui  qui  ballie  It-  matin  fa  çhaon^re  ^ 
qui  feffe  fon  lit ,  ôc  le  nettoyé.  1]!^ 
hut  ajouter  .qu?il  porte  un.  mamç^u 
ûlc  ,  fâle  &  tout  couvert  de  taches  j 
qu'en  ayant  honte  juj-même^  il  le  rc» 
tourne  quand  il  eft  obligé  d'allpr  ter- 
nir fa  place  dans  quelque  aÛèmbiée. . 

r 

'  (df'Pàx^ttac  de  contriBatfrifi,    Voytt  fc 
];.CfaAp.  de  U  DiffimuUtion,Sc  le  XVII.  d0 

£  6 


» 

C  H  A  P^  l  T  R  E    XXIK. 

De  L'OB,TniN.*Afcid«r: 

C»^f^  f  En'eflfitxie pas^ue Vbn poifSn âon^ 
XXIIL  J  âep  «fïc-yéc  ptuè jufte  de  rOftcn- 
tftCKHi*^  qu%n*dî&m  que  c'eft  danii^ 
Fhomme  tuie  pa(fion<  de  fiiTtti  montré 
^un»  bieti  ou  des  d\^ntftges  qufil  n'ai 
pfiSA  Gelai  en  qui  elle  doniine  s^àrré-» 
»  dans,  l'endroit  dw  Pyréc  ,  (af)  oifc 
leS;  Marchands  étalent,  et  où  le  rrou^ 
ire  on  plu^  grand  nombre  d'étram 
gers  ;  ilentte  ea  maticfle  ia^ec  eux-,-, 
il  fcuft  tf  t  qn^l  a  Beauéoup^id'irgcnt 
fiir  !•  mer ,  il-difcourt  avec  eux  dcsN 
avantages  de  ce  commerce ,  des  gains ^ 
immcnfes  qu?ir  y  a  ît  tt^erer  poair 
CeuXj  qui  f  entf ent ,  8c  de  coux  fur- 
tout  qtic  1^  qui  leur  parte  y.  aiâits.. 
Il  ikh&eàb  dans  un  •  r orage  lê  premier^ 
quîil  trotawre.  ftÈt  fofl  cfïertiitr ,  tri  fait 
Hpvrirpagnie ,  &  lui-  dit  bien-tôt  qu'il' 
A kryi ùmAkxaxidxc 9^ quels  beauKi 

Vftièft 


Vafis  &  xibut  enrichis  de  ptentries  C  h  a  ^ 
il  a  lapporcé  de  TAfic  ,<qitels  eKcl- *^ï^ 
fens  ouvriers^  s'y  reoicoioierenr  ,  2c 
combien  gcux-  de  PËiiftope  kur  foivi^ 
inferieuts  (^)..  Il  &  ^M«  dœs  une 
aucie-  occafioA  d^à»e  Lettre  qu'il  a« 
icçûë  d'Amipacer  (^^)  ,  qvti-^p^rtnd^ 
que  tbî  troiuéme  eft  entré'  dam  la^ 
Maoedoâne.  Ifdit  une  autre  fbh  que*^ 
bien <)ne  tc9^  Magiftmts  liit ayentper^^ 
mis  tels- tranfporsft  (4)  de  bois  qu*it^ 
lui  phiiroit  fans  payer  de  mbut^pour' 
éviter  neanbooinsl^viedu  Peuple ,  ib 
n'a  point' ¥d^ltt-uler  de  ce  privil^d. 
Il  sq^ûte  qae  pendatA  une  grande 
diert^  de  ywrc»  ^.  i(r  a*  diftribaé  auir: 
pauvres  Citô)^m  d' Athenes^  ^uCques  àv 
là  Smuèh^ de  -citiq  talens  ( $)  :  8C  s'il^ 


(A')  Cétoît  courte  l'opiaion  commune  de 
taace  la  Grèce. 

(e)  L'un  dfts  Cipkatiitfs  d'Alcxtndre  lé 
€caiiii,&dohc la  famille  régna  quelque  tems 
'dans  h  Macédoine. 

(  4  >  Nrcé  ^uc  Ir»  Pin« ,  hs  S^itss ,  lif s  C|^ 
ffCTt  ^  CQwtafticne  bois  {Propre  à  cohftrifeiris- 
d6s  Taîilèaux  Soient  rares  dans  ic  paM  Atri^ 
*que,t*onnVnp€tmetroîtlé  tranfport  en  d*au* 
trcï  païs  qu*en  payant  un  fort  gros  tribut* 

(c )  Un^difH  jittsfMedont  il  s*agxt ,  vdoft 
Ibixame  mines  AtciquesjJKMiwiM  ceai  dng* 
WêS  i  9Êl$ê  ébr0ffH  ÛX  6bù\c$. 

£  7  ^ 


fiBAp.  parle;  à  dA  gens  qu'il  ne  :connok 
i^iU.  .poiat ,  &  dont  il  n'eft  pas  mieux 
ÇDAnu  ,  «ir  feujr  'fait  prendre  des  jâo- 
tons  ,  compter  le. nombre. de  ceux  à 
:<i\t\  ii^afeitiCcs^UrgcflèsiÇc  quoiqu'il 
monte  à  plu$.d$  u^  cens  periooœs , 
il  Içur  donne  à  (dus  deainoms  conve- 
nables i  6c  apfès  avoir  fupputé  les 
ibmmes  particuliores  qu'il  a  données  à 
jchacun  d'eux  ,  il.  fe  trouve. qu'iLea 
néfulte  le  double  de  ce  qu'il  péufoiit , 
•Se  que  dix  talens  y  font  empk>yez , 
iàns  compta,  pourfuit-il ,  les \OaIe- 
jres  que  j'ai  armées  à  mes  dépens  ,  & 
les  charges  publiques  que  j'ai  exercées 
à  mes  frais  ^  /ans  récompeuiè.  Cet 
bomme  faflueuj^  va  che£  un  ^fàmeu^i: 
Marchand  de  chevau;X;,  isût  forck  de 
ji'écurie  les  plus  beaux  &  les  meil- 
leurs ,  fait  fes  offres ,  comme  s'il  vou- 
loit  les  acheter  :  De  même  il  vifite 
les  foires  les  plus  célèbres ,  entre  fous 
les  tentes  des 'Marchands  >  fe  fait  de- 
jploycr  une  riche  robe ,  oc  qui  vaut 
jufqu'à  deux  talens ,  &  il  fort  en  que^ 
,  reliant  fon  valet  de  ce  qu'il  ofe  le  fui- 

vrc 

Le  talent  Arrique  Valoir  çucijucs  fiz'ccos 
fcus  de  notre  monnoytjiS  '     '  ^:r  -  .   » 


bE  Theofhrastï.    Mît 

tre  fans  porter  (/)  de  roi*  fur  lui  C  h  a  y, 
♦pour  les  befoins  où  l'on  fe  trouve.  ^Xllir 
Enfin  s'il  habite  une  maiibn  dont  il 
4>aye  le  loyer  Jl  dit  hardiment  à  queU 
qu'un  qui  l'ignore.,  que  c'eft.unç 
maifbn  de  famille  ,  &:  qu'il  a  héritée 
de  fon  Pcrc  j  mais  qu'il  veut  s'en  dé- 
faire, feulement  parce  qu  elle  eft  trop 
petite  pour  le  grand  nombre  d'étran- 
gers  qu'il  retire  {g  )  chez  lui. 

t    (/)  Coottimc  des  Anciens. 
:    (g  )  Par  droit  d'hofpitaIiç,é. 

• 

CHAPITRE  XXIV. 
De  l'O  r  g  u  e  1  l. 

IL  faut  définir  POrgueil,  une  paf-  C  h  a  r. 
fion  qui  fait  que  de  tout  ce  qui  eft  XXIV* 
aiynoode  l'on  neflime  que  foi.  Un 
homme  fier  &;  fuperbe  ,  n'écoute  pas 
celui  qui  l'aborde  dans  la  phce  poiir 
lui  parler  de  quelque  af&ire  :  mais 
j6ns  s'arrêter  ,  &  fe .  faifant  fliivrè 
quelque  tems;  il  lui  dit  enfin  qû^bn 
peut  le  voir  après  fon  {<>uper.  Si  l'on 
a  rtçû  de  lui  le  moindre  bienfait ,  il 

ne 


¥t*     les  CAHACTEREtf 

^x/  '•  ne  vcur  pas  qu'on  en  perde  jamais  Î6 
XXiV.    fou^eo^jj.  ^  'y\  iç  reprochera  ea-  pleine 

rue  à  la^  v4ë  de  tout  le  monde;  WPai:- 
tendez  pas  de  lin  qu^eo^  quelque  enr 
droit  qu^il  vous  rencomré ,  il  s^ap*- 
proche  de  vous  ,  &  qu'il  vous  parle 
te  premier  :  de  même  au  lieu  d'expé- 
dier fur  le  champ^  des  marchands  on- 
des ouvriers ,  il  ne  feint  point  de  les- 
rcnvoyer  au«  lendemain  matin  ,  &  \ 
thcure  de  fon  lever:  Vous  le  voyer 
marcher  da  ns.  les  ruci  de  la-  v  ill«  la  tétc 
baiflee  ,  iàns  daigner  parlera  perlbn» 
»e  de  ceux  qui  vont  &  viennent.  S'il 
fc-làmiKarife  quelquefois  jufques  à  in» 
vitfcr  (es  amis  à  un  repas,  il  prétexte 
des  raifons  pour  ne  pas  fe  mettre  i 
table  &  manger  avec  eux,  8c  il  chan- 
ge fes  principaux  domeftiques  duibia 
de  les  régaler.  Il  ne  lui  arrive  point 
de  rendre  vifite  à  perfonnc  fans  pren- 
dre la  précaution  d'envoyer  quel- 
qu'un des^fiens  pour  avertir  (  4  )  qu'A 
va  venir.  Oh  ne  le  voit  point  chc4 
lui  lorfqu'il  mange  ou  qu*ïl  ie  (  *  )  par- 
Êime.  11  ne  fe  donne  pas  la  peine  de 

T^ler 

(M)  Voyce  le Chap.  II.  De  k FtsiHrii^ 
O)  Arec  des  hoiles  de  fctti^Uf. 


H^Ier  lui*fnôme  des  parties  :  mais  Û'CnAti 
dit  Açgligpmmeik  à  liii  valet  de  les  ^^V'^ 
calculer ,  de  lesr  an^Stner  ^ôt  les  pafièr 
à  compte.  U  ne  iaît  point  écrire  dans 
iBLtuc  Lettite  ,  Je  ionr  pu  de  me  faite 
<t  pUifir  jQfà  ieme  tendre  te  fi  rpke  ir 
filais  ,  yeittens  que  eeU  [m  mnfi  :■ 
J'envifjé  un  iemme  vers  veus  pur  r^ 
4eveiif  une  uUe  chùfe  ;  Je  ne  veux  fds  qu¥ 
VnfAire  ft  f0fff  éutfetnent  t  Féites  et 
ifué  je  ~vûu$  dh'  p^emftement^  &  fmt 
êifferer.  Voilà  Ibn  fiy le. 

c  u  A  p  1 1  li  %,  xxvl  ! 

Ou  dit  défaut  de  cour  âge. 

ClEicrjÊ  çmxM  eâ  xlxï  ihotiV&-  c  h  a<^' 
mciîc  de  Pàihe  qui  s'ébranle ,  d{i  X  X  V, 
^ui  cédé  eo  vûë  d'ufi  péril  Vf  ai  ou^ 
imaginaire  ;.&  l'homme  timide  eft^ 
celui  defnt  je  vais  faire  la  peinture» 
SSI  lu î^ arrive  d^ôtre  fur  la  mc^^  ,  8c^ 
s'ilUpperçoit  d^  loia  des  duiie»'  ow 

de&  proflMOtpiifes  V^*  pcu'  lui 'Air 

croifCk 


114     Les  CAn^cTË'iiaît 

c  H  A  P.  croire  que  c'eft  le  débris  de  quelque^ 
XKy.  vaifleaux  qui  oot  iait  naufrage  fur 
cette  côte  j  auffi  tremble -t- il  au 
^moindre  flot  qui  s'c'kve  ,  .êç  il  s'iiir 
forme  avec  foin  fi  tous  ceux  qui  navi- 
gent  avec  lui  font  1 4  )  inijtiez'  2  s'il 
vient  à  remarquer  que  le  Pilote  fak 
une  nouvelle  manœuvre,  pu  (cmble 
iè  détourner  comme  pour  éviter  uq 
ccueil ,  il  l'interroge ,  il  lui  de(nai>dç 
avec  inquiétude  s'il  ne  croît  pas  s'être 
ccarté  de  fa  route ,  s'il  tâenç'toiijppFp 
la  haute  mer ,  &  fi  les  (  b  )  DieÛJt 
font  propices  :  après  cela  il  le  met  à 
raconter  une  vifion  qu'il  a  eue  pcn*» 
dant  là  nuit  dont  il  eft  encore  tout 
épdu vanté, -&qu^l  j>rend  pour-un 
mauvais  préfagç.  Enfuitefès  frayeurs 
venant  à  croître  -,  il  fe  'deshabille  & 
ètejufijues  à  fà  chemife  pour  pouvoir 

mieux 

(  *  ^;I*cs-  Anckfis  ttmg(olct}t  rarcmçnt  aVec 
•     -   '     *^°^'  ^°*  pafl'oicnt  pour. impics,  &  ils  k  faî- 

foîent  initier  "avant  de  'partir  ,  c'cft  à-dirc, 

inftroirc  àts  mffttrrck  dé  quèlcfoc/DiViiiité", 
;pQur,  fc  h  CcndtaB .  ftf Cïpicfe  dan^  teurs  vo jagcs. 

V.  le  Chap.  'XVI.  pe  ia  Sufèrflificft. 

.^  (*|ïhconfulrprcntk$  Dieux  parles  Ctcn» 
•ficcf ,  ou  par  les  îqgures  ,  c'efti-dire  ,  par 
JévoU  IcK^rbanr^î^niJMger'dtîsbîfeita,  Se 
;^n<o?f.ra^i^|rn|EtailIc5.d0sMt€s; ;.   . 


DR  ThEOPHRASTE*      Xljf 

ioaieux  fe  fau  ver  à  la  nage  ,  &  après  C  h  a  f« 
cette  précaution ,  il  ne  laiffe  pas  de  ^^V. 
prier .  les  Nautonniers  de  le  mettre  à 
terre.  Que  fi  cet  hoimne  foible  dan» 
une  expédition  militaire  où  il  s'efb 
engagé  entend  dire  que  les  ennemis 
font  proches  ,  il  appelle  iès  compa^ 
gnons  de  guerre ,  obferve  leur  contc« 
nance  fur  te  bruit  qui  court ,  leur  dit 
qu^il  cft  ùins  fondement ,  &  que  les 
coureurs  n'ont  pu  difccrner  ,  fi,  ce 
qu'ils  ont  découvert  à  la  campagne 
font  amis  ou  ennemis  :  mais  fî  l'oq 
n'en  peut  plus  douter  par  les  cla-! 
meurs  que  l'on  entend  ,  &  s'il  a  vu 
lui-même  de  loin  le  commencement 
du  combat ,  &  que  quelques  hommes 
âyent  paru  tomber  à  fçs  ]pieds  ,.  alors 
feignant  que  la  précipitation  &  le  tUf 
jnulte  lui  ont  fait  oublier  fes^  armes  , 
Il  court  les  quérir  dans  fà  tente  ,  où 
il  cache  fon  épéc  fous  le  chevet  dç 
fon  lit,  8c  emploie  beaucoup  de  tcim 
z  la  chercher  ;  pendant  que  d'un  au-? 
trc  côte'  fon  valet  va  par  fes  ordres 
favoîr  des  nouvelles  des  ennemis ,  obr 
ferve  quelle  route  ils  ont  prifc,&  oii 
en  font  les  affaires  :  &  dès  qu'il  voit 
apporter  au  camp  quelqu'un  tout  fan- 

glant 


mé     t  B  i  G  A  *'  A'C TE R-  n§ 

^H  Ap.  glatit  d'une  blcflbrc.qu*il  a  reçulf,  w 
»xv.    accoure  vers  lui ,  le  cotifole  oê  Pcn- 
ëourage  ,  ëtanchè  le  fang  qui  coule 
de  fa  playc  ,  chàfle  les  mouches  qur 
Pitnpottuttcnt ,  ne  lui  refufe  aucun- 
fecours  ,  Se  fe  mêle  de  tout ,  excepté' 
de  combattit.'    Si  pendant  fe  tcrts 
^u*il  eft  dans  fa  chambre  du  malade  ;« 
qu'il  ne  perd  'pas  de  vue ,  il  entend 
h  trompette  qui  fonne  la  charge  ;  Ah , 
dit- Il  avec  imprécation  ,  puilKs-tu 
être  pcndtf  ,  maudit  fonncur  ,  qaî 
cornas  i  nceflammtnt ,  &  fais  un  bruit 
cnrag<f  oui  empêche  ce  pauvre  hom- 
me de  aormir  !  Il  arrivfe  même  que 
fept  plein  d'un  fang  qui  n*eft  pas  le 
feff,  mais  qm  a- rgaîllf  fer  lui  deht 
playe  du  bîelfê^  ^  il  fait  accroire  i 
cêu^  qui  re  viennènr  du*  combat,  qu^ 
a  couro^  uti^  grand'  nique  de  &  vie 
pour  fau ver  celle  de  fott  ami  :  iFccwv 
duit  vfcrs'  lui  ccuit  qtii  y  prennent  in* 
terêt,  ou  comme  fes parens ,  oti  par-î 
ce  qu-'ils  font d'im  même  païs  >  Se  là 
îï  ne  rougir. pat  de  leur   raconter 
quand  &  de  quelle  manière  il  a  tiré 
eet  homme  des  ennonis ,.  8c  Ta  ap^ 

Iforcé  dam  fa  tente. 

»        *  ■  ■      » 

CITA,- 


Pes  .Grands  p^Ji^^iB  ^Rs^vwaQujs^ 

L.4  plufig^dcpaflîon<le.x:cux  qui  C  h  a  j. 
ont  les'  prççaiéres  places  dans  un  XXVv 
îcat  m){)ul^irc  ,  n'di  pas  k  .deiir  du 
gain  ou  de  î'accroiflemqnt  dé  Jcur^. 
revcAus ,  xna.is  ppc  impatience  de  s V 
jran^ù*,^  de  ife  inonder ,  s'il  fc  pou* 
voit  ,  uoe  ibuyerainc  puiiTafice  fui*^ 
celle  du  Peuple.  S'il  i'cft  aiTemble 
pour  (Wlibcrer  à  qui  des  Citoyens  il 
donnera  k  'ÇO^oimiilion  d'aider  de  f^ 
jfoins  le  |>rcmier  MagiS^  dans  la 
conduite  d'une  £ete  ou  d'un  ipeâar 
ç\t,  cet  homme  ambitieux ,  &  tel  qjup 
je  viens  4e  le  4^ânir  ,  fe  levé  ,  4e- 
m^idc  cet  mipici  y  &  procède  qu^ 
|Kil  aucic  ne  peut  fi  bien  s^cn  si/cquify 
fer.  il  »'appi:x>uye  point  la  domina^ 
lion  de  pli^qurs  ;  jû  de  tous  |ies  verf 
d'Homcf^  il  Q*a  retenu  i|ue  celui-ci  f 

Son 


< 

4e  If  A  p.  TL  s'agit  (le.  décrke^iielgaesincoiu 
#^VIL  Xvéniçiis  w  ;tonJbent  ceux  qui 
^ayant  nMfprifé  <fans  leur  jcuoeilè  ie$ 
-Sciences  4^  Icâ  exercices  ^  vcuknt  xo» 
j)arer  cette  négligence  ds^ns  un  âge 
^avanc^'  par  ^un  travail  iôuvent  inutile. 
Ainfi  un  vieillard  de  ioixante  aQs  s'ai- 
.vife  d'apprendre  des  vers  par  qoeur  ^ 
^  de  les  {  4  )  réciter  à  table  dans  uo 
ieftin  ,  où  la  iQ^noire  venant  à  liu 
jnanquer  ^  il  ^  la  confufîoa  de  d& 
jneurer  court.  Uoe  autre  fois  il  ap« 
|>rend  de  ion  propre  fils  les  .«Volu- 
tions  qu'il  faut  faire  dans  les  i:angs  « 
jdroit  ou  à  gauche  ,  le  maniroent  des 
armes  .&  quel  eft  Tufage  ï  la  guerje 
àc  la  lance  &  du  bouclier.  S'il  moa- 
tc  un  cheval  que  l'on  lui  a  prêté  ,  il 
le  preflc  de  1  epeçon^veut  le  manier  , 
^  lui  iài^nt  faire  dçs  vpltes  ou  des 

(s)  Vojrcï  le  Çh^f.  XV.  ^^  »00fit^f 


t>£  Theophrasts.    x&i 

caracolles, il  tombe  lourdement  &  fè 
caflê  la  tête.  On  le  voit  nmtot  pour 
s'exercer  au  javelot  k  lancer  tout  ua 
Jour  confie  rfaomme  (  £  )  de  bois  ^ 
tantôt  tirer  de  Par^  £c  difputer  avec 
fon  valet  lequel  des  deux  donnera 
mieux  dans  ^ui  biaoc  avec  des  â^« 
ches^  vouloir  d'^rd  apprendre  de 
Jui  ,  fe  même  enCuite  à  Tinftruire  & 
à  le  corriger  ,  comme  s'iLétoit  le 
|>lus habile.  Enfin  €e  voyant  tout  nud 
au  (briir  d'un  bain,  il  imite  les poftu- 
tes  d'un  lutteur,  &  par  le  défaut  d 'ha* 
bitude,  il  les  fait  de  mauvaifê  grâce  , 
fc  il  s'aj^ite  4'yne  manière  ridicule^ 

(h)  Une  grande  ftatuë  de  boîs  qui  éroïc 
.4ans  k  lifu  des  exfiickçs  poin:  appccodirci 
«Urdgr* 


C  H  il  p. 

xxviu 


Tm.  h  E        CHA: 


idx    Les  Caractsrej 
CHAPITRE  XXVIII. 

;  *  .       ,     • 

•  •  /  i  .  . 

De  la  Médisance. 

î^^iV    \  ^  4^'^"^  ^^^^  ^^  Mcdifancé  :  une 
yxyjjl.  J  peujç  fccrctte  de   l'âme  à  penfej: 

inal  de  tous  les  hommes  ,  laquelle  fè 
JUanifcft^:  parles  paroles  ;  &  pour  cç 
qui  concerne  le  me'dij[^iit,  voici  Icj 
mœurs  ;  iî  on  l'iaterroge  ftir  quel- 
qu'autre ,  ,^  que  l'on  lui  demanda 
^uel  cft  cet  Homme.,  il  fait  d'abord 
fa  généalogie  :  fon  père ,  dit  ri ,  s'ap- 
f elloit  Sofie  (4  ) ,  que  l'on  a  connu 
daas  le  feryice  .&  parmi  les  troupQ^ 
lous  le  nom  de  Sofiilrare  ;  il  a  été  af- 
franchi depuis  ce  tems  &  reçu  dans 
l'une  des  \b  )  Tribus  de  la  Ville  ; 
^ur  fa  merc ,  c  ccoit  «ne  Qoble  {c  ) 

Thr^- 

{d)  C'ccoit  chez  les  Grecs  an  nom  de  va- 
Jct  ou  d'ciclavc. 

{h)  Le  penpk  d'A chênes  ccoit  partagé  /en 
divcrics  Tïibus. 

{c )  Cela  cft  dit  par dcrîfion  des  Thracicn- 
fies  qui  vcnoientdans  la  Gjrece  pour  ic4:e  &!:• 
iranccs,  U  quelle  cho(è  de  pis. 

'  -*  ... 


XXVIIL 


Thracienne,  car  les  femmes  de  Thra-  5JÎ,^.t' 
ce ,  ajoute- t-il ,  (è  piquent  la  plûpait 
d'une  ancienne  noUdSè  :  celui-ci  né 
défi  honnêtes  gens  eft  un  icelerac; 
qui  ne  mente  que  le  gibet  ;  &  ro» 
tournant  à  la  m^e  de  cet  .homme 
qu'il  peint  avec  deti^bdles  couleurs^ 
elle  eft,  pourfuit-il  ,  de  ces  femmes 
qui  épient  (ur  les  grands  chemins  (^^^^ 
les  jeunes  gens  au  paflàge  ,  Se  qui  ^ 
pour  ainfî  dire  -^  les  enlèvent  &  les 
raviflènt.  -Dans  une  compagnie  ou 
il  fc  trouve  quelqu'un  qui  parle  mal 
d'une  perfbnne  abfente  ,  il  rdcvt  la 
xonverfâtion  ;  je  fuis,  lui  dit-il  ,  de 
votre  fentiment  ,  cçt  homme  m'elt 
.odieux ,  8c  je  ne  .le  puis  foufFrir  { 
qu'il  eft  infapj?ortablepgr  ftphyfio- 
nomie  !  y  a*t-il  ^^n  plus  grand  fripon 
&  des  manières  plus  extravagantes  i 
lavez- vous  combien  il  donne  à  fafem- 
me  pour  la  dépçnfe  de  chaque  repas  ? 
(rois  oboles  (  e  y&  rien  davantage  ; 
jSc  croine£-vQUS  que  dans  les  rigueurs 

de 

(J)  EHes  tenoient  hôtellerie  fur  les  chemins 
publics  où  elles  k  môloienc  d'infâmes  com« 
ncrccs. 

(  e  )  Il  7  avoir  au  deflbus  de  cette  mon* 
Apye  4'auctc$  encoi c  de  moindre  prix^ 


1X4      LbS  CARACTB9.BS 

de  l'hyircr  &au  mois  de  Décembre  iï 
1  oblige  de  fe  laver  avec  de  l'eau  froU 
de  i  Si  alors  quelqu'un  de  ceux  qi^i 
rAxjutent  iê  Icyc  &  fc  retire  ,  il  parle 
de  lui  pFeTquc  dans  les  mêmes  ter- 
mes ;  nul  de  Tes  plus  âmiliers  n'elt 
éptTgaé  :  les  morts  (  f)  mêmes  daqs 
le  tombeau  ne  trouvent  pas  un  aTyle 
«contre  fa  iqauvaife  langue, 

C  /)  Il  éjfilt  iéfend\i  c|iez  les  Atbcnîens  Je 
nailcE  mal  Açi  morts  pat  une  Lpi  dç  Soloq 
Icar  LcgUUttur, 


LES 


LES  CARACTERES 

o  u 

LES  MOEURS 

DE  CE  SIECLE. 


13 


Adhionere  volumius^  >  non  mordèrc  r 
ùrodeffe  ,  non  Ixderc  :  confulere  mori^ 
9US  kominumi  non  officera*  SM/m^..,^ 


* 


LES 

CARACTERES 

ou 

LES    U  O  EV  K  s 

DE  CE    SIECLE. 

i  E  rends  au  Public  ce  <)u'il 
■  m'a  prft^  ;pai  emprunta 
Cde  lui  la  matière  de  cet 
y  Ouvrage  ;  il  eft  juûe  que 
l'ayant  achevé  avec  toute  l'attention 
pour  la  Vérité  doi»  je  fuis  capable  , 
&  qu'il  mérite  de  moi ,  je  ]iiï  en  faûè 
la-  refUtution.  Il  peut  regarder  avec 
Joifir  ce  portrait  que  j'ai  fait  de  lui 
d'après  nature  ;  &  s'il  iè  connoît 
quelques-uns  <4cs  défauts  que  je  tou- 
F  4  chc, 


lia      Les  CAHAcTEafisr 

chc  ,    s^ien    corriger.  C'eft  Tunique 
fin  que  Pon  doit  fe  propofer  en  ecri-» 
vant,  &  te  foccès  aufli  que  Ton  doit 
,  moins  fe  promettre.  Mais    comme 
les  hommes  ne  fe  dégoûtent  point  du 
yice  j  il  ne  faut  pas  auifî  fe  hGkr  de 
le  leur  reprocher  :  ils  (croient  peut- 
être  pires  ,  s'ils  venoient  à  manquer 
de  cenièurs  ou  de  critiques  ;  c'eft  ce 
qui  fait .  que  l'on  prêche  &  que  l'on 
écrit.    L'Orateur   &  l'Ecrivain  ne 
fâuroient  vaincre  la   joye  qu'ils  ont 
d1!tre  applaudis  ,  mais  ils  devroient 
rougir    d'eux-mêmes  s'ils  n'avoient 
cherché  par  leurs  Difcours  ou  par 
leurs  Ecrits  que  des  éloges  :  outre  que 
l'approbation  k  plus  fore  &  la  moins 
e'quivoque  eft    le    changement'  de 
mœurs  èc  la  reformation  de  ceux  qui 
les  lifent  ou  qui  les  écoutent.    On 
ne  doit  parler  ^  on  ne  doit  écrire  que 
pour  rinftruârion  ;  &  s'il  arrive  que 
l'on  plaiiè  ,  il  ne  faut  pas  néanmoins 
€*en  repentir,  fi  cela  (èrt  à  infîmierSc 
à  faire  recevoir  les  veritez  qui  doi- 
vent inftruire  :  quand  donc  il  s'efl 
gliifè  dans  qn  Livre  quelques  penfèes 
ou  quelques  reflexions  qui  n'ont  ni  le 
^u,  ni  le  tour^  ni  h  vivacité  des^iu* 

ttcs^ 


bt7  LES  MoBuiis  b£  tB  Siècle.  125^ 

U-€d  ^   bien  qu'elle^  fèmbktlt  y  être 
admifcs  pour  la  variété,  pourdélaflèr 
Jrefprit,  pour  le  rendre  plus  prefenc 
Se  plus  attentif  à  ce  qui  va  fuivre ,  à 
tnoins  que  d'ailleurs  elles  ne  fbient 
fîbnfîbles  ,  familières  ,  inftruâives  , 
accommodées    au    fimple    peuple, 
qu'il  n*cft  pas  permis  de  'négliger ,  le 
Lieâeur  peut  les  condamner ,  &  PAu« 
teur  les  doit  proftrire  \  voilà  la  règle. 
Il  y  en  a  une  autre,  Se  que  j'ai  inté- 
rêt que  l'on  veiiille  fuivre;  qui  cft  de 
ne  pas  perdre  mon  titre  de  vue ,  Se 
de  penfèr  toujours ,  Se  dans  toute  la 
kâure  de  cet  Ouvrage ,  que  ce  font  • 
les  caraâreres  ou  les  mœurs  de  ce  fie-' 
de  que  je  décris  :  car  bien  que  je  le» 
tire  fouvent  de  la  G)ûf  de  France  ; 
Se  des  hommes  de  ma  Nattion,  on  ne 
peut  pas  néanmoins  les  reftraindre  à' 
une  fouie  Cour,  ni  les  renfermer  en  un- 
foui  pais ,  fans  que  mon  Livre  ne  per« 
d/e  beaucoup  de  fon  étendue  Se  de^: 
fon  utilité ,  ne  s'écarte  du  plan  que 
je  me  fuis  fait  d'y  peindre  les  hom« 
mes  en  gênerai ,  comme  des  raifons 
qui  entrent  dans  Tordre  des  Chapi- 
tres ,  &  dans  un  certaine  fuite  infen- 
iible  des  reiksions  qui  les  compofom.- 

F  y  Après 


^o    Le^s  Caiiactbkes 

éip.  es  cette  précaution  fi  necefiâiiê  J. 
&  dont  on  pénètre  zttkZt  les  confc^ 
i|uences,je  crois  pou voîk protefter 
contre  tout  chagrin;^,  toute  plainte .,, 
tpute  maligoe  interprétation  »  toute 
i^uflê  ^plication  Se  toute  cenfure  ;. 
contre  les  froids  plaiians  &  les  Lec««; 
t^urs  mal  inteationnez.  11  faut  &^> 
voir  lire  y  Se  enfuiie  fe  taire,  ou  pou^ 
voir  rapporter,  ce  qu'on  a  lu  ,  &  ni; 
plus  ni  moins  que  ce  qu'on  a  lu  ;  Sc 
fi  on  le  peut  quelquefois  ,.  ccn'efb 
f^  aflè^ ,  il  Bkut  encore  k  vouk>i^ 
§ûre  ;  fans  ces  conditions^  qu'un  Au«. 
teur  exaâ;.Sc  icrupuleux  eft  en  droit* 
d'exigpr  de  certains  efprits  pour  Pu-» 
«ique  recompenfè  de  Ton  travail ,  jC) 
doute  qu'il  doive  continuer  d'écrire  ^ 
^*il  préfère  du -moins  la^  propi«  (àtis^ 
âétion  à  l^ltiIité  de  plusieurs  Se- au^ 
a^ledeJa  Verifé%  pavouë  d'^leursi 
que  j'ai  balancé  dès  Tann^  M;  DC< 
XG«  Se  avanc  la  cinquiénve  édition  ^ 
entre  l'impatience  de  donner  à  moiv 
Livre  plus  de  rondcur.Sc  une  meilleure^ 
fprmepay^  de  nouveau  xscaraéteres ,  Sd 
h  crainte  de  faise  dire  à-  quelques^ 
um  ^ne  finiront-ils  point  ces  Carac*{ 
m»s,.  &:  n^>  Vjemws-Qous  jamais  autre^i 

choie 


CIT  LES  MbStnCS  DE  CE  SlËCLB.  I J I 

chotc  de  cet  Edrî^n  >  Des  gens  (à- 
ges  me  difoienc  d'une  part ,  la  matie- 
K  eft  fblide  ,  utile  ^  agréable  ,  iné* 
puifable  ^  vivez  long-rems  ,  Se  trai^ 
te^la  (àn^.  interruption  pendant  que 
vous  vivres  ;  que  pourriez- vous  faire 
de  mî^xl  il  n'y  a  point  d'année  que 
ks  folies  des  hommes  ne  puiflent  vous 
four-nir  un  volume:  d-autfesavecbeau^ 
coup  de  raifon  me  fàifoient  redouter 
ks  caprices  de  la  multitude  &  la  le-^ 
gereté  du  Public ,  de  qui  j^ai  nean«- 
moins  de  fî  grands  fujets  d'être  con«^ 
tent  ;  St  ne  manquoient  pas  de  me 
Ibggerer  que  perfonne  pitfque  depuis 
trente  années  ne  lifant  plus  que  pour 
Kre^  il  falloit   aux  hommes  pour  les 
amufer ,  de  nouveaux  chapiti*es  &un 
nouveau    titre  :  que  cette  indolence 
avoit  rempli  les  boutiques  &  peuplé 
le  monde  depuis  tout  ce  tems  de  lÀ^ 
vi€s  froids  &  ennuyeux  ,  d'un  mau« 
vais  ftyte  &  de  nulle  reflburcc  ,  fans 
r^es  &  fans  la  moindre  jufteflè , 
contraires  aux  moeurs  &  aux  bien*  ' 
fiances  ,  écrits   avec  précipitation  , 
&  lus  de  même  ^  feulement  par  leur 
nouveauté  ,  &   que  fi  je  ne  favois 
qu'augmenter  un  Livre  raifonnable  ; 
.  -  F  6  le 


i^x    Lbs  Caractb&s» 

k  mieux  que  je  pouvois  faire ,  étoie 
de  me  repoièr    Je  pris  alors  quel*», 
que  choie  de  ces  deux  avis  û  oppoCcz^ 
&  jç  gardai  un  ceioperameqr  qui  les- 
rapprocboic  :  je  ne  feignis  point  d'a- 
jouter quelques  nouvelles  remarque^» 
à  celles  qui  avoient  déjà   groifi  diL 
double  la  première  editicm  de  mon 
Ouvrage  :  mais  afin  que  le  Public nC: 
fut  poini  obligé  de  parcourir  ce  qui^ 
ëtoit  aïKien  pour  paflTer  à  ce  qu'il  y. 
avoic  de  nouveau^  6c  qu'il  trouvâr 
fous  lès  yeux  ce  qu'il  avoit  fçulçmenc 
envie  de  lire  ,  je  pris  foin  de  lui  dé^. 
figner .  cette  féconde  augmcntatioiiL 
♦  (C  ♦  );  par  une  marque  *  .  particulière  :  je 
crusau/fî  qu'il  ne  feroit  pas  inutile  de 
lui  diftihguer  la  première  augmenta*/ 
0f0x      tion  par  une   autre  marque  ♦  plu* 
£mple,  qui  Icrvît  à  lui  montrer  le 
prQgrès  de  mes  Caraôeres  ,  &  à. ai- 
der fon  choix  dans  la  leâure  qu'il  eit 
youdroit  faire  :  &  comme  it  pouvoir 
craindre  que  ce  progrès  n'allk  à  l'in^ 
fini ,  j'^outois  à  toutes  ces  cxaftitu^ 
des   une  prom^  finciere  dc.m  plu$ 
rien  hazar  er  en  cç  geiira.   Qic  fi 
quelqu'un  m^ccui^  d'ayoir  manqua 
à   sptà  parole  ^  cm  iuicmn  dans  lea 

^  ^  trois 


OV  LES  MdEUKS  Bfi  crSiECLK.  f  3^ 

trois  éditions  qui  j>oc  fuivi  un  afla 
grand  nombre  de  nouvelles  remar^ 
ques  'y  il  verra  du  moins  qu'en  le$, 
confondant  avec  les  anciennes  par  la? 
fiippreiSon  entière  de  ces  différence», 
qui  fè  voyent  par  apoftille ,  j'ai  moins 
penféà  lui  faire  lire  rien  de  nouveau^ 
qu'à  laiflêr  peut-être  un  Ouvrage  de 
mœurs  plus  complet  j  plus  fini  Sc 
plus  régulier  à  la  poftcritë.  Ce  ne 
font  point  au  réfte  des  maximes  que 
j'aye  voulu  c'crire  :  elles  font  comme 
des  ioix  dans  la  Morale ,  &  j'avoue 
que  je  n'ai*  ni  aflèz  d'autorité ,  ni  aC- 
icz  de  gcme,  pour  faire  le  Legifla- 
teur.  Je  fai  même  que  j'aurois  pcchc 
contre  l'îr&ge  des  maximes ,  qui  veut 
qu'à  la  mânierie  des  oracles  elfes  foienc 
courtes  &  concife^  Quelques-unes 
de  ces  remarques  le  font  ,  \quelques 
autres  font  plus  Rendues  :  on  penfè 
les  chofes  d'une  manière  différente.  Se 
on  les  explique  par  un  tour  aufli.  tout 
différent  j  par  une  ientence  ,  par  un 
raifonnement ,  par  une  métaphore  ou 
quelque  autre  figure,  par  un  parallèle, 
par  une  (impie  comparaifon  ,  par  un 
fait  tout  entier ,  par  un  feul  trait ,  par 
une  defcri{kion,par  une  peinture  :  de  Ik 
♦  F  7  procède 


t^  ■  CfBi  CÀttAirrsAKr* 

procède  la  longueur  ou  la  brieTet<f  dêc 
mes  réflexions.  Ceux  enfin  qui  fonr 
des-  maximes  veulent  être  crus  :  je 
confens  au  contraire  que  l'on  difc  ,de 
moi  que  )e  n'ai  pas  quelquefois  bico^ 
venurqué,  pourrû  que  l'on  remarqua 


CHAf 


OULISSMoE^SDEC&SlEGLE.  tJ^f 

C  H  AP  I  T  R  E    L 
Hes  Ouvrages  de  l'ëspri'H/ 

TO  u  T  cft  dit ,  &  l'on  vient  trop  C  k  a  tw. 
tani  depuis  plus  de  fcpt  mille  ans  ^ 
qu'il  y  a  des  hommes ,  8c  qui  penfent^ 
Sur  ce  qui  cohcferneles^- moeurs  le 
plus  beau  Sc  le  ngieilleur  eft  enlevé  ^ 
l'on  ne  ait  que  glaner  après  les  An^ 
oens  S^  les  habiles  d'entre  les  Mo 
4erne»* 

*  11    faut  cKercher   feukmem^lb 
fcnfctSc  à  parler  jufte  ,  fans  vôirioiï" 
amener  les  autres  à  notre  goût  6c  à 
Qos  (èoûm/îas^  c'ei);  une  trop  grande 
cntreprifè. 

*  C'eft  un  métier  que  de  fâire  unn 
Livre  çopme  de  faire  une  Pendule» 
Jl  faili3pjus  que  de  l'efprit  pour  être 
^uteijin.  Un  Magiftrat;.  alloit  par 
ibn  mérite  à  la  première  dignité  ,  il 
étoit  homme  délié  &  pratic  dans  les 
afiairc&fj  il  a  fait  injprimer  un  Ou-* 
ytage  iQDral  q^iii  çft  rare  par  le  ridi-r 


VRAGiS 
DE   L*ES* 
PRI  T. 


t)6      LêJ      CARACTEflS^ 

Des  Ou.  m  fl  j^^cfl  pas  (î  aife  de  fe  faire  uri 
noi#  par  un  Ouvrage  parfait ,  que 
d'en  taire  valoir  un  médiocre  par  le 
nom  qu'on  8*cft  déjà  acquis. 

♦  Un  Ouvrage  fatyrîquc  ou  qui 
contient  des  faits ,  qui  eft  donné  en 
feuilles  fous  le  manteau  aux  condi- 
tions d'être  rendu  de  méme^  s*il  eft 
médiocre  »  paflè  pour  merveilleux  : 
rimpreffîon  eft  Tëcueil. 

*  "Si  l'on  ôte  de  beaucoup  d'Ou- 
vrages tle  Morale  PAvertiflement  au 
JL-eoreur  ,  PE  pitre  Dédicatoire  ,  la 
Préface ,  la  Table  ^  les  Approbations , 
il  refte  à  peine  afiêz  de  pages  pouf 
mériter  le  nom  de  Livre. 

*  Il  y  a  de  certaines  chofes  dont 
la  médiocrité  eft  infupportable ,  la 
Poëfie ,  la  Mufique ,  la  Peinture  ,  le 
Diicours  public. 

Quel  fupplice  que  celui  d'entendre 
déclamer  pompeuièment  un  froid 
Difcours^ou  prononcer  de  médiocre 
vers  avec  toute  l'empbaiè  d'un  mauvais 
Poète  ! 

*  Certains  Poètes  font  fujcts  dant 
k  Dramatique  à  de  longues'  fuites  de 
vers  pompeux  ^  qui  (èmbleht  forts  i^ 
c'ievçz  ^  &:  remplis  de  grands  fenti-< 

mens. 


tetr  tÊs  MoEtrfts  dé  èE  Siècle,  i  !♦ 

mens.  Le  peuple  écoute  avidement ,  j^^' 
îcs  yeux  devez  &  la  bouche  ouverte  ^ 
croit  que  cela  lui  plaît ,  &  à  mefure 
qu'il  y  comprend  moins ,  Tadmire 
davantage ,  il  n'a  pas  le  teûis  de  re& 
pirer  ,11  a  à  peine  (^elui  de  fe  recrier 
&  d'applaudir.  J^ai  cru  autrefois  & 
dans  ma  première  jeunefle ,  que  ce» 
endroits  étoiem  clairs  &  intelligibles 
pour  les  Aéteurs,  pour  le  Parterre  & 
r Amphithéâtre  ,.  que  leurs  Auteurs 
$*emcndoient  eux-mêmes  ;  &  qu'a-* 
vcc  toure  l'attention  que  je  dpnnois 
a  leur  récit ,  j^avois  toi't  de  n^y  ricrt 
entendre  :  je  fuis  détrompé. 

*  L'on  n'a  guc'rcs  vu  jufques  à 
pMfent  un  chef-d'œuvre  d'cfprit  qui 
foit  l'Ouvrage  de  plufieurs  î  Homert 

a  feit  l'Iliade ,  Virgile  1  Encïdc ,  Ti-       - 
te-Livc  fes  Décades  ,   &  l'Orateur 
Romain  fes  Oraifons. 

*  11  y  a  dans  l'art  un  point  de  per- 
fcâion  comme  de  bonté'  ou  de  ma* 
turitédans  la  nature;  celui  qui  k 
fcnt  &  qui  l'aime  a  le  goût  paifait  j 
cdui  qui  ne  k  fent  pas,  &  qui  ai* 
me  en  deçà  ou  au  delà ,  a  le  goût 
defcdueux.  11  y  a  donc  un  bon 
&  un  mauvais  goût ,  &   l'on  dif-» 

pute 


^f  s  O  u-  pui^  des  goûts  avec  fondement.  ^ 
©"i^i^EV  *  H  y  a  beaucoup  plus  de  vivacité 
p&i  n.  que  de  goût  parmi  les  hommes  ;  ou  ^ 
pour  mieux  dire ,  il  Y  a  peu  d'hom- 
mes dont  l'efppit  u>it  accompagne» 
d'un  goût'  (ur  8c  d'une  critique  judi** 
cieu(è« 

*  La  vie  des  Héros  a  enrichi  PHif^ 
toire ,  6c  THiftoire  a  embelli  lés  ac^ 
cbns  des  Héros  :  ainfî  je  ne  fài  qui 
font  plus  redevables  ,r  ou  ceux  <jai 
ont  ^crit  THiftolre  ,  à  ceux  qui  leur 

«  en  ont  fourni  une  fi  noble  matière  ; 
ail'  ces  grands  Hommes  à  leurs  Hîr<« 
toriens.  . 

*  Amas  d'c'pîthètcs  ,  mStivaifcS 
louanges  :  ce  font  les  faits  qui  louent^ 
&  la  manière  de  les  raconter. 

*  Tout  Fcfprit  d'un  Auteur  con-r 
€ûc  à  biea  dranir  &  à  bien  peindre* 
(a)  Moi  se,  Homère,  Pla^ 
TON  /Virgile y  HioR'A<:e  ,  ne 
ibnt  au  deffiis  des  autres  Ecrivains 
que  par  leurs  exprefifions  &  par  leurs 
images  :  il  faut  exprimer  le  vrai  pouc 
écrire  naturellement ,  fbrtement ,  déli- 
catement» *  Ois 

C^)  Quand  même  on  neleconfidere  que. 


*  On  a  dû  &ire  du  ftile  ce  qu'on     ChasÇc 
a  (ait  de  l'Architeébure.  On  a  entic*        ^ 
itmenc  abandonné  Tordre  Gothique 
que  la  barbarie  avoitintrodirit  pou^ 
les  Palais  &  pour  les  Temples ,  on  a 
zappellé  le  Dorique ,  l'Ionique  &  le 
Corinthien  :  ce  qu'on  ne  voyoit  plui 
que  dans  les  ruines  de  l'ancienne  Ko» 
me  8Cr  de*  la»  vieille  Grèce ,  devenU' 
moderne ,  e'clate  dans  nos  Portiques 
&  dans  nos  PériftiHes.  De  même  on 
ne  lâuroit  en  écrivant  rencontrer  le 
parfait ,  &  s'il  fç  peut ,  fiirpaflèr  les* 
Anciens  ,.que  par  leur* imitation. 

Combien  de  fijçcles;fe  font  écoulez 
avanr  que  Jës  hbftnmes  dàn$  lès  Stienv 
ces  &;dans  les  Arts  ayent  pu  revenir 
au  goût  des  Anciens ,  Se  reprendre 
enfin  k  fîmple  &  le  naturel 

Oh  ie  nourrit  des  Anciens  8C  des 
habiles  Modernes  *,'dn  les -pfeflTe  ,  on 
en  tire  le  plus  que  l'on  peut ,  on  en^ 
renfle  fès  Ouvrages;  Se  quand  Ton  eft 
Auteur ,  Se  que  Ton  croit  marcher 
toatiëul,  on  s'élève  contre  eux,  oa 
les^  maltraite  ,  fèmblable  à  ces  enfans 
druls  &  forts  d'un  bon  lait  qu^ils  ont 

esté ,  qui  battent  leur  nourrice» 

Un* Auteur  moderne  pi-QaveîQrdit 

nairiik 


i^a      liES    ÔA1lAGTEl(Bf 

Dis  Ou-  naîrement  que  les  Ancietû  nous  font 

V  R  A  G  B  s  inférieurs  en  deux  manières  ,  par  «i^ 

p  11  T.  ^*  ^'^^  ôtpar  exemple;  il  tire  la  raifbn  de 

fbn  eoût  particulier ,  6t  l'exemple  de 

iès  Ouvrages. 

Il  avoue  que  les  Anciens ,  quelque 
iti^gaux  &  peu  cotreârs  qii^ils  (oient  ; 
ont  de  beaux  traits  ^  il  les  cite  ;  8c 
ils  font  fî  beaux  qu'ils  font  lire  &  crif 
tique. 

Quelques  habiles  prononcent  en 
faveur  des  Anciens  contre  les  Moder** 
Iles ,  mais  ils  font  fufpeâs  ,  &  fem^ 
blcnt  juger  en  leur  propre  caufè,  tant 
leurs  Ouvrages  font  faits  fur  le  goût 
de  l'Antiquité  :  on  les  recufe. 

*  U6n  devrofit  dater  i  lire  fêt 
Ouvrages  à  ceux  qui  en  fçavent  zQkz 
pour  les  corriger  &  les  eftimer. 

Ne  vouloir  être  ni  confeillc  ni 
corrigé  fur  fbn  Ouvrage,  eft  un  pe*. 
dantifme. 

Il  faut  qu'un  Auteur  reçoive  avec 
une  égale  modeftie  les  éloges  &  la 
critique  que  l'on  fait  de  fes  Ouvrages. 

*  Entre  toutes  les  différentes  ex« 
preflions  qui  peuvent  rendre  une  feu- 
le de  nos  penfées,  il  n'y  en  a  qu*une 
qui lôic  la  bonne  :  onncla rencontre 

pas 


JOU  L£S  MOEU&S  9^  CE  SlEjCLE.    14! 

pas  toujours  en  parlant,  ou  en  écri-    C  h  a  p; 
vant.    11  eft  vrai  néanmoins  qy'elie        '^ 
cxifie ,  que  tout  ce  qui  ne  l'efl:  point 
fit  fbijble ,  2c  ne  fktisfait  point  w^ 
homme  d'efprit. qui  veut  fe  faire  eh^ 
tendre. 

Un  bon  Auteur ,  Se  qui  écrit  avcjC 
(bin  ,  eprouyc  fouvent  que  l'cxpret 
iion  au^il  cherchoit  depuis  long-temy 
£ms  la  connoître  ,  &  qu'il  a  enfii) 
trouva  ,  eft  celle  qui  étoit  la  plus 
fimple  ^  la  plus  naturelle  ,  qui  iemr 
bloît  devoir  fè  pre(ènter  d'abord  Hç 
fans  eijbrt. 

Ceux  qui  écrivent  par  humeur  ^ 
(ont  fujets  à  retoucher  ^  leurs  Ou- 
vrages :  comme  elle  n'eft  pas  toujours 
fixe ,  &  qu^elle  varie  ep  eu^ic  félon  le^p 
occaiîons  ;  ils  Ce  refroidiflënt  bientôt 
pour  les  esjçpreffions  &  les  terines 
qu'ils  ont  le  plus  aimez, 

*  La  même  juftedè  d'efprit  quî 
nous  fait  écrire  de  bonnes  choies  ^ 
nous  ikit  appréhender  qu'elles  ne  le 
ibient  pas  ^ez  pour  nîeriisr  d'étfç 
juës. 

Un  efprit  médiocre  croît  lécrirç 
divinement  ;  un  bon  efprit  croit  écrino 
raifoiinabkmenc. 

*  L^oa 


©isOu-      *    ^'^^  ^'^  engagé,  dit   Ari/h; 
^KAGss   à  lire  mes  Ouvrages  à  Zoîle^  je  l'ai 
;j>  ■  L'Es-  Êit ;4Is  Tont  fàHi  d'abcucd ,  &  avant' 
^âir.       ^^»ii   jîj^  çu  \\ç  iQJgf  ^  iç5  trouver 

mauvais ,  il  les  a  louez  modeftemcnc 
'Cn  ma  prefence  ,^Sc  il  ne  les  a  pas 
iouez  depuis  devant  peribnne  :  je 
l'exçufè  &  je  n'en  demande  pas  da^^ 
vantage  à  un  Auteur ,  je  le  plains 
même  d avoir  écouté  de. belles jchofcs 
qitil  n!a  poiiit  £ike$. 

Ceux  qui  par  leur  condition  {c 
trouvent  exemts  de  la  jaloufic.d'Auc 
.teur ,  ont  ou  des  paffions  ,  ou  des 
l^efoins  qui  les  diftraient  &  les  ren. 
dent  froids.iur  les  conceptions  d'aib» 
trui,:  .pecfonne  prefquepar  Ja  di{po& 
tion  de  .'Ton  erprit^^de  Ton  cœur,  & 
de  fà  fortune  n'eft  en  état  de  fcïxvrac 
au  plaifîrque  donne  1^  perfeâion 
il'un  Ouvrage. 

^  Le  plailir  de  la  cpîtique  nous  ôte 
jcelut  d'être  vivement '^touchez  de 
irès-fbelles  chofès.    : 

^  Bien  des  gens  vont  jufques  â 
lêntir  le  mérite  d'un  manufcrit  qu'on 
jéur  Jit  ,  qui  ne  peuvent  Ce  déclarer 
jCjQ  fa  faveur,  ijufques  à  ce  qu'ils  ayeiK 
vu  le  cours  qu'il  aura  dans  k  monde 


iOULtSiM<»SURS0ECÊ  SlDCLE.  IJ^^ 

ipstr  l'impreffion  ,  ou  quel  fera  fou  ^  »  ^ 
^rt  parmi  les  ibabiles  :  ils  ne  hazari»  ^ 
ideac  point  leursfufiragcs,^  ilsvciir 
ient  être  porter  paria  ioule  &  en- 
traînez par  Ja  multitude.  Ils  difcnt 
iilors  qu'ils  inities  p;renug^  approuva 
xçi  Ouvrage  ^j&  ^ue  le  public  ci):  d^ 

*  Ces  gens  lailTei;!!:  cchaper  lej 
|>1qs  belles  txrcafioas  de  i>ous  con* 
JV'aincre  qu  ils  ,ont  de  la  capacité  3C 
des  lumières  .,  qu^iis  .(auvent  juger  ^ 
trouver  bon  cequi  o^t  'bon  ,  >Sc  meilf 
leur  cequieft-nieyflew.  Uq  be]  Our 
^vrage tombe  entre  leurs  mains,  c*eii: 
ain  premier  Ouvrage ,  PAuteur  ne 
^^eft  pas, encore  fait,  un  grand  nom^ 
il  n'a -nen  qvi^rovicnne  m  /à  fàveiUr  ; 
il  ne  ^agit  point  de  imrp  &  cour  ou 
de  flatter  les  Grands  en  appUudiflànÇ 
aies  Ecrits.. On  nt  vous  dctàandç 
pas  ,  Zelai€s  «  de  vous  récrier  ,  C^éfi 
Mn  tbif-  i^œuvre  dp  Pefffit  :  Phum^.r 
mté  nr  r^  pâs  plus  Itm  ;  i^efi  jufjqu'ou 
la  paxolt  bufft^ne  feuf  s'Aevpf  :  on  m 
jugent  À  Pévemr  i^  gmtt  de  quelqu^u^ 
qu'à  froporticn  qifil  tn  nutâ  fout  ctpr 
te  fUce  :  pbr^fes.  outrées ,  dégoûtani. 

tes  9  (yii  ftoteat  la  po^lÎQO  pu  TA^f 

bayej 


144     ^^^  Caractères 
D  ■  s  O  u-  baye  ;  nuifiblcs  à  cela  même  qui  ejft 

PI  IlVs*.  ^^^^'^  ^  qa^on  vqut  loiicr  :  que  nç 
,1^  I  T.  diiicz*  vous  (èulemem ,  Voilà  un  boQ 
)Li vre  $  Vous  le  dites  9  il  eft  vnd ,  avec 
toute  la  France  ,  avec  le$  i^trangerg 
*  iromme  avec  vos  Comptriotes,  quand 
il  eft  imprimé  par  toute  l'j&urope ,  & 
jqu'il  eft  traduit  en  plusieurs  {jangues  ; 
jl  n'eft  plus  tems. 

*  Quelqucs-ftns  ^c  caix  qui  ont 

}u  un  Ouvrage  ,  en  rapportent  cer^ 

rains  traits  dont  ils  n*cmt  pas  compris 

le  fêns ,  &  qu'ils  ^iltercqt  encore  par 

tout  ce  qu'ils  y  mettent  dju  leur  i  &c 

ces  traits  ainfi  corrompus  &  déâgu** 

rc2 ,  qui  ne  font  autre  chofèque  leurs 

propres  penlees  &  l^rs  expreifions , 

ils  les  expofent  à  la  cenfure  ,  ibutien- 

fient  qu'ils  font  mauvais  ,  Se  tout  le 

monde  convient  qu'ils  font  mauvais  ; 

mais   l'endroit  de  l'Qavrage  que  ces 

Critiques  croient  citer ,  &  qu'en  eSct 

ils  ne  citent  point ,  n'en  eft  pas  pirp; 

*  Qjie  dites-vous  du  Livide  d^Her^ 

modère  i  qu'il  eft -mauvais,  ri^pond  4nm 

th'me  ;  qu'il  eft  mauvais  i  qu'il  eft  tel , 

continuë-t-il  ,  que  ce  n'eft  pis  un 

Livre ,  cm  qui  mérite  du  moms  que 

jkqoonde  en  pa^le  ;Alîais  l'ayez- vous 

lu? 


1â;>  <Non,dît  Afithime  :  Que  n'*-  Cha^ 
joute-t-il  que  Fulvie  Se  MtUnie  l'ont      ^ 
condamné  lans  l'avoir  lu ,  Se  qu'il  efi; 
ami  de  Fulvie  &  de  Mehnie  > 

*  Jrfene  du  plus  haut  de  (on  et 
prît  contemple  les  homn^es  ,  &  dans 
l'éloigpement  d'où  il  les  voit  il  eft 
i:omme  effrayé  de  leur  p^titeflib, 
Loiié  ,  exalte  «  &  port^f  jufqu'aux 
Ciettx  par  de  certaines  gens  ,  qui  fy 
font  promis  de  s'admirer  reciproqu^p* 
ment  ^  il  croit  avec  quelque  mérite 
qu'il  a  9  poflèdcr  toui:  celui  qu'on 
peuc  avoir ,  &  qu'il  n*wra  janiais  ; 
occupé  &  rempli  de  fes  fublime« 
idées  y  il  fe  donne  à  peine  le  loifir  de 
prononcer  quelques  oracles  :  eleviî 
par  fbn  carapbçre  au  de/Tus  des  juge* 
mens  humaiâs  ,  il  abandonne  aux 
âmes  communes  le  mérite  d'une  vie 
fuivie  &  uniforme  j  &  il  n'cft  rcf» 
pQpf^ble  de  fe3  ipconÀances  qu'à  ce 
cercle  d'amis  qui  les  idolâtrent.  Eux 
fculs  faveqt  juger ,  favent  pcnfer ,  fa-.- 
vent  rfcrirjB  ,  doivent  éprjre.  Il  n'y  a 
point  d'autre  Ouvrage  d'efprit  û  bien 
i^çûdans  le  monde, &  fî  univer&Ue-^ 
ment  goûte'  des  honnêtes  gens  ^  je  ne 
dis  pas  qu'il  veuille  approuver ,  mais 

Tem.J.  G  qu'il 


14^    Lis  Caractbiiiï 

Dis  Ou-  qu'il  daigne  lire  :  incapable  d'ctrc cw* 
TRACES  rige'  parcctfe  peinture  tju il»  nç  lir^ 

^«^'^^-  ^point. 

**"•  *  Tbffocfint  feit   des    cbofes  afira 

mutiles  ,  il  a  des  fcntimens  tc^jpurs 
finguliers  ,  il  cft  moins  profond  que 
méthodique ,  il  n'exercç  que  (à  mé- 
moire 5  il  eft  abftrait ,  dédaigneux, 
^  il  femble  toujours  rire  en  lui-mç* 
me  de  joeux  qu'il  q^oit  ne  \c  valoir 
pas.  Le  hasard  ftit  que  je  lui  lis 
itnon  Ouvrage,  il  IVçoutc.  Eft -il 
lû,  il  me  parle  du  fien;  &  du  vôtre, 
me  dire?;- vous,  qu'en penfe-t-il  ?  Jç 
vous  l'ai  déjà  dit ,  il  me  parlç  du  ficq, 
*  Il  t)»y  a  point  d*Ouvnige  fi  ac» 
Complî  qui  ne  fondît  tout  entier  aij 
milieu  de  la  Critique  ,  fl  fop  Autcuf 
rouloit  en  croire  tpus  les  Cenfeiirs  , 
qui  ôtent  chacuq  rendjroit  cjui  leur 
plaît  le  moins. 

'"  *  C'eft  une  expérience  feitc  ,  quç 
s'il  fe  trouve  dix  pcrfoniics  qui  eflà- 
jcent  d'un  Livre  une  expreflion  où  uq 
fentimcnt ,  l'on  en  fournit  aift'ment 
Un  pareil  nombre  qui  les  réclame  i 
|ceux-ci  s'écrient,  pourquoi  fiipprir 
mer  cette  pcnfife?  elle  cft  neuve,  clk 
f(^bcijie,  6c  le  toi^rcp  eft  ^idraira^cj 

•  .        & 


L 


€>U   tSS   MoEUHS  DE  CE  SlECLK.    147 

te  ceax4à  affirment  au  contraire,  ou  C  h^a  ?. 
qu'ils  auroient  ncglig^  cette  pcnîec  , 
£>u  qu'ils  lui  auroient  donné  un  autre 
tour.  11  y  a  un  terme  ,  dîfent  lc$ 
uns  ,  dans  votre  Ouvrage  ,  qui  eft 
rencontré  ,  &  qui  peint  la  çliofè  au 
naturel  ;  il  y  a  un  mot ,  difent  le$ 
wcrcs  ,  qui  eft  ha2ardé,&  qui  d'ail- 
Jeurs  ne  (ignifie  pas  aflèz  ce  que  vous 
voule;^  peut'étre  faire  entendre  :  &c 
€  eft  du  même  trait  &  eu  même  iTK>t 
^e  tous  ces  gens  s'expliquent  ainG  : 
&  tous  font  connoiflèurs  &  paûènt 
pour  tels.  Quel  autre  parti  pour  un 
Auteur  y  que  d'oièr  pour  lors  être  de 
i'avis  de  ceux  qui  l'approuvent  > 

*  Un  Auteur  ferieux  n'cft  pas 
oblige  de  remplir  (on  efprit  de  toutes 
kt  extravagances ,  de  toutes  les  fàle- 
jtez  f  de  tous  les  mauvais  mots  que 
-Pon  peut  dire  ,  &  de  toutes  les  inep- 
tes applications  que  l'on  peut  foire 
au  fujet  de  quelques  endroits  de  (on 
Ouvrage, de  encore  moir>3  de  les  iiip* 
primer.  Il  eft  convaincu  que  quel- 
que (crupuleufe  exaâitude  que  Ton 
ait  dans  (a  manière  d'écrire ,  la  raille- 
rie froide  des  mauvais  plaifans  eft  ua 
nul  inévitable ,  Se  que  ks  meilleures 

G  z  cho- 


PRIT. 


14$      Les  CAnAcTEaES 
Des  Ou-  cbofts  nc  leur  fervent  fourent  qu^à 
^ * ^?£  *  leur  faire  rencontrer  une  fottife. 

<^  Si  certains  efprits  vife  &  decifift 
é(  oient  crus ,  ce  feroic  encore  trop 
que  les  ternies  pour  exprimer  les  fen* 
ttmens  :  il  (àudroit  leur  parler  par 
£gnes  ,  ou  ians  parler  fe  faire  enten* 
dre.  Quelque  foin  qu'on  apporte  à 
être  ferré  fie  concis  ,  &  quelque  re« 
putaticn  qu'on  ait  d'être  tel ,  ils  vous 
trouvent  diffus.  Il  faut  leur  laiflcr. 
tout  à  fuppléer ,  Se  n'écrire  que  pour 
eux  fe|Lils<  ils  conçoivent  une  période 
par  le  mot  qpi  la  commence ,  Se  par 
une  période  tout  un  chapitre  :  leur 
avez-vous  lu  un  feul  endroit  de  VOa^ 
Vr^ge ,  c^eftafièz,  ils  font  dans  le  £iit  8c 
entendent  l'Quvrage.  Un  tiflu  d'^nigr 
ine;B  leur  feroit  une  leâurcdivertiflan^ 
te,  &  c'eft  une  perte  pour  eux , que  ce 
ftile  eflropie'  qui  les  enlevé ,  foit  ra^ 
re  ,  &  que  peu  4^Ëçrivains  s'en  ac- 
commodent. Les  comparaifons  ti« 
fiks  d^un  fkiive  dont  le  cours ,  quoi- 
que rapide ,  eft  égal  &  uniforme  ,  o(| 
d'un  embrazemcnt  qui  pouflé  par  les 
vents  s'épand  au  loin  dans  une  foret 
ojà  il  confume  les  chênes  &  les  pins, 
ne  leur  &)irni|lpnt  aucune  id^e  de 

J'élQr 


o^  us  Moeurs  bi  ce  $i£aF.  149 

|,^âoquence.  Momrez-leiir  un  feu  Gtc^  c  h  a  f« 
geois  qui  les  furprenne,  ou  un  c'clair       h 
qui  les  e'blouïflè ,  ils  vous  quittent  du 
bon  &  du  beau. 

*'  Quelle  prodigieufe  difbnce  en* 
tre  un  bel  Ouvrage ,  &  un  Ouvrage 
parfait  ou  régulier  :  je  ne  fai  s'il  s'en 
cft  encore  trouvé  de  ce  dernier  genre. 
11  eft  peut-être  moins  diÊcile  aux 
rares  génies  de  rencontrer  le  grand  Sç 
le  fubiime  ^  que  d'éviter  toute  forte 
de  &utes<  Le  Cid  n'a  eu  qu'une  voi}ç 
pour  lui  à  (à  naiilànce  ^  qui  a  éce 
celle  de  l'admiration  !  il  s'efl:  vu  plus 
fort  que  lautorité  &  la  politique  (t) 
qui  ont  tenté  vainement  de  le  deS 
truirc;  il  a  rcUni  en  fa  (aveur  des  ef- 
prits  toujours  partagez  d'opinions  2c 
fie  fèntimens  ,  les  Grands  &  le  Peu- 
ple :  ils  s'accordent  tous  à  le  fàvoir 
de  mémoire  ^  &  à  prévenir  au  Thei* 
tre  les  Aéieurs  qui  le  recitent  Ls 
Çid  enfin  eil  l'un  des  plus  beaux 
Poëaiesque  Ton  puiflè  faire  i&  Tune 
des  meilleures  Critiques  qui  ait  été 

faite 

fB)  Ccrtc Pictc excita  la jafoufic du Cardi- 
ti\  de  Richelieu ,  qui  obligea  l'Acadcfoie  Ftafri 
foift  a  i«  cfitif nei.  . 


i^d     Lis  Caractïré^' 
D>f  Ou*  faite  fur  aucun  fujet  ,  efi;  célk  d« 

PRIT,  ^  *  Quand  une  leâure  rom  éiew 
rcfprit ,  &  qu'elle  tous  infpire  de^ 
ièncîRiens  nchk»  &  cour&gtox ,  ne 
cherchez  pas  une  autre  règle  pouf 
juger  de  l'Ouvrage ,  il  eft  Ixm  ^  fit 
fait  de  main  d'ouvrier. 

*  Capyf  qui  s'érige  en  Juge  du 
beau  ftile,  &  qui  croit  écrire  comme 
BooiËOURs  &  Raïutîk  ,  re- 
fiftc  à  h  voix  do  Peuple  ,  ÔC  dit  tout 
feul  que  Dsmif  n'eft  pafs  un  bon  Au* 
teur.  Damis  cède  à  la  multitude,  Se 
dit  ingemtërïjent.avec  le  Public  que 
Capys  cÛ'  un  froid  Ecrivain. 

*  Le  devoir  da^NouvelKfte  eft  de 
dire,  if  y  a  un  tel  Livre  qui  court,  & 
qui  eft  imprimi?  chez  Cramoify  en 
tel  caraftere ,  il  eft  bien  relie  &  ctt 
beau  papier  ,  il  fe  vend  tant  :  il  dokr 
favoir  jufques  à  I^nfcignedu  Libraire 
qui  le  débite  :  fa  folie  eft  d-en  vouloir 
faire  la  critique. 

Le  fublimc  du  Nouvelliftc  eft  k 
raifonnement  creux  fur  la  politiqucr 
.    Le  Nouveliifte  fe  couche  le  ibir 
tranquillement  fur  une  nouvelle  qui 
fe  corrompt  la  nuit ,  fie  ^u*ii  eft  oUit 

gc 


.  ■         *  * 

hir  lEs  MûBURS  de  6e  Siècle.  15! 

^  d*àhaùdùmit  k  matin  à  Ton  ré-    Ch  a  k 
teiU  h 

*  Le  Philoiop^  cotifutne  Ht  vie  h 

obfèrirer  ks  hommes ,  &  il  uiè  (es 

cTpritsà  ea  d^mêkr  ks  vices  &k  ri-» 

dieu  le  :    s^il  donne  quelque  tdur  à 

its  penfëes  »  c'eft  tnoins^  par  une  va-* 

nité  d'Aueeui* ,  que  pour  mettre  une 

Vérité  qu'il  ^  ti'ouvée  dan»  tout  le 

jour  neceflairc  pour  iaiire  PimpreâiQi^, 

qui.  doit  lèrvîr  à  foni  deflèin^  QiieU 

ques  Leâeurs  croyent.neaoinoins  I& 

payer  avec  uiîire  s^ils  diient  mag^flra- 

Icmcne  qu'ils  ont  lu  ion  Livre  ,  & 

qu'il  y  a  de  l-efprit }  içaig  il  lear  reû* 

Yoye  tous  kurs  ^tog/es  qu'il  n'a  pas 

cherché  p$ir  ion:  travail  ^Sc  par  ik% 

vcilks.  Il  porte  plus  haut  (es  projets 

&  agit  pour  une  fin  plus  relevée  :  il 

demande  des  homtnes  un  plus  gmnd 

&  uii  plus  rare  fuccès  qi^  kslouan<* 

grs ,  &  mêide  .que  ks  i^compcnfes  » 

qui  eft  de  ks  reildre  meilleurs. 

*  Les  fbcs  lifbnc  un  Livre  &  ne 
Peniendent  point  :  les  eTprîts  medio- 
ciea  croient  Pcnteiidre  par&ttesaent  : 
ks  gmnd^efpric^  ne  l'entendent  queU 
quefo»  pas  tottt  {cnôer  :  iti  ti^g^Ciftt 
fbJGurx:e!qttîeft  pM<^r9.çqinf»fi;iI» 

P  4  o^^«- 


%$i       Les  CAKActsiEir 
T>is  oo-  tfouvcfit  clair  ce  qui  cft  clâin  L» 
©  E^/tffr.    beaux  cfprits  veulent  trouver  obfcuf 
YKXT.        ^e  qui  ne  Vc&  point ,  &  ne-  pas  en* 

tendre  ce  qui  cft  fort  inccK^ible. 

•  *  Un  Auteur  cherche  vainement 
à  fe  faire  adoiirer  par  fou  OûvnagCy 
XiCs  fbts  admirent  quelquefois  ,  mais 
ce  font  des  fors.  LiCs  perfonnes  d'et 
prit  ont  eit  euH  les  ièmence»  de  touv 
tes  les  veritez  &  de  tous  les  {ctm-^ 
merïs ,  rien  ne  leur  eft  nouveau  ^  îtt 
admireût  peu  ,  ils  approuvent. 

^  Je  ne  fâi  fi  Pon  pourra  jamaif 
mettre  daHs  des  Letti^s  plus  d'efprît  ^ 
plus  de  tôiir  ,  plus,  d  agrément  & 
plus  de  ftile  que  Pon  en  voit  dans 
celles  de  Ëal2;ac  &  de  Voitu^ 
RE.  Elles  font  vuides  de  fentimens 
qui  n'ont  régné  que  depuis  leur  tems^ 
&  qui  doivent  aux  femmes  leur  nàif^ 
fànce.  Ce  fexe  va  plus  loin  que  Je 
nôtre  dans  et  genre  dVcrire  :  elles 
trouvent  fous  kur  plume  des  tours  5c 
des  expreflions  qui  fouvent  en  nous 
ne  font  Pefi^  que  d  un  long  travail 
&  d^une  peniUe  recherche  :  eUes  font 
heureufes  dans  le  cteix  des  termes 
qu^elles  placent  fi  jafte  ,  que  tout 
foQQus  ^u'ils^  font  9  il(  4m  le<iatf»o 

•  '  .    •  dç 


ov  us  Moeurs  he  ce  Siècle.  15} 

de  la  nouveauté  ,  £c  Semblent  être  Chaf. 
Mis  feulement  pour  l'ufage  où  elles  ^ 
les  mettent.  Il  n'appartient  qu'à  el- 
les de  faire  lire  dans  un  feul  mot  tout 
un  (èntiment ,  6c  de  rendre  de'licate- 
znent  une  penfée  qui  efl  délicate.  El-; 
les  ont  un  enchaînement  de  difcours 
inimitable  qui  fô  fuit  naturellement ^^ 
&  qui  n'efl  lie  que  par  le  fens.  ^Si 
les  femmes  etoient  toujours  correcr 
tes  9  f  ofèrois  dire  que  les  Lettres  de 
quelques-unes  d'entre -elles  fèroient 
peut-être  ce  que  nous  avons  dans  no- 
tre Langue  de  mieux  écrit. 

^  U  n'a  manqué  à  TerencS 
qnc  d'être  moins  froid  \  quelle  pure- 
té ,  quelle  exactitude  /quelle  poli- 
teflè  ,  quelle  éle'gance  ,  quels  carac- 
tères !  Il  n'a  manqué  à  MoLiers 
que  d'évitej  le  jargon  &  le  barharif^ 
me  &  d'écrire  purement  :  quel  feu ^* 
quelle  naïveté  ,  quelle  fourCç  de  la 
bonne  plai&ncerie  ,  quelle  imitation 
des  moeurs  ,  quelles  images  ,  &  quel 
âeau  du  ridicule  !  mais  quel  homme 
on  auroit  pu  faire  de  ces  deux  Co* 
iniques! 

ijuB.  Ils.  pot  tous  ideuK.  oonntt 

^     Gy  la 


va  AG*s 

De  €*  £  s- 

*  Kl  T. 


154    Les    Caractères 
p E*  O u    la  nature  ,  avec  cette  difiêrence ,  quç 
"'"  le  premier  d'un  ftile  plein  &  unifor-> 

me  montre  tout  à  la  fois  ce  qu  elle  a 
de  plus  beau  Se  de  plus  noble ,  dé 
plus  naît  &  û(i  plus  fimple  :  il  on  fait 
la  peinture  ou  Thiftoirc.  L'autre  fan» 
choix  ,  fans  exaâitude  ,^  d'une  plume 
libre  &  inégale  y  tantôt  cbarge  fes 
dcfcriptiôfts ,  ^'appefantit-  fur  les  dé- 
tails j  il  &it  une  aQatomie  ;  tantôt  il 
feint,  ri  exagère  ,  il  pafic  le  vrai 
dan&  la'  riaf ure  ;  il  en  fait  le  roman. 

*  RoNSARD^Sc  Balxac  ont 
eu  chacun  dan$  leur  genre  afièz  de 
feort  8C  de  mauvais  pour  former  après 
eux  4e  très-graind$  bott)a)es  envers^ 
tn  prùCCé 

*  M  A  n  o  T  par  fan  toirr  &  par 
fbfii  AiU  femble  avoir  écrit  depoif 
!R  Oïl  â  A  R  D  :  il  n'y  agueres  entre 
ce  premier  &  nous,  que  la  différence 
(de  quelques  mots. 

'  *  Roi^^ARD  6c  fef  Àuteorsib 
contemporains. oA€  ptos  nzà  aa  ftife 
qu*tk  M  im  o»;  fcrvk  Ik  l^ont  re« 
tardé'  dans  le  cbemto  de  h  perfec- 
tion ,  ils  l'ont  expofé  à  la  tnanqtier 
ywiïrtoulDftft,  <càii?jr  plus  rcvetiir. 


ou  tes  Moeurs  W  cb  Siècle,  i  5 1 
M  A  R  o  T  fi  naturels  &  fi  belles  Ch  a  v. 
it'ayeoc  fu  £iîre  de  Ronfard^d'ailleiirs  ^ 
plein  de  verve  &  d'entfaoufiaTme  ^  un 
plus  grand  Poëcc  que  Ronftrd  Se  que 
Maroc  ;  &  au  contredis  que  BeHc^u  ; 
Jodelle ,  &  Du  Baitas  ayent  é^e'  fi« 
tôt  iUîvis  d'un  R  A  c  a  K  &  ^un 
M  A  LHERBEi  ;  & que nocTe  JL)ui« 
^e  à  pdae  corrompue  ft  iôic  voS 
yepafM. 

"I^  M  A  R  Olf  Se  R,  A  «  E  L  A  I  < 

Ibnt  incxiCtt(àble5  d'avoir  femé  l'or« 
dure  dans  leurs  Ecrits  :  tous  deut 
avoienc  aflèz  de  génie  &  de  naturel 
pour  pouvoir  s'en'  pafier ,  même  i 
l'égard  de  ceux  qui  cherchent  moins 
3f  adiniitr  qu^à  rire  dans  uû  Aùteun 
Rabelais  fur  tom  cft  incbmprehenfî- 
ble.  Son  Livre  eft  une  énigme  ^  quoi 
^u'on  veuille  dire,  inexplicable:  c'eft 
^ne  cbftnerô  ,  c'eft  le  vifàge  d'une 
bdie  femme  avec  des  pieds  Se  une 
<|ueiiè  de  &tpcnt ,  ou  de  quelque  atl- 
%fe  bête^  plus    diferme  :  ceft  un 
monftruetix  aflèmblage  d'une  morale 
^ne  Se  iûgenieufe  S»  d^unô  (aie  cor- 
ruption. Où  il  eft  mauvais ,  il  pa& 
-bien  Idn^au  detk  du  pke ,  6'eft  le 
cbtfme  de  la  canaille  :  ou  il  eft  bon , 


i$6       Les    Caractehes^ 
bss  Ou.  il  va  ju(quC5  à  Texqui^  &C  à  Pexccl-i 

V  RAGE  8       Jçj^j       jl     pgm    gj.|ç    jjj    J3^j3    Jgg    pjy^ 

*  Deux  Eçrivaigs  darts  leurs  oM^ 
yragc^  Ont  blâmé  Mqn  t  aone:  ^ 
que  je  ne  crois  pas  gufli»btcn  qu*eu^ 
exempt  de  pute. forte. de. blâine  :  i( 
parolt  que  tous  dieux  ne  Pont  eftimé. 
en  nulle  pianiere,  X^'un.iae.  penCbift 
pas  aflêz  pour  goûter  un  AuteUr  quî 
penie  beaucgtup- :. Vautre  pi.nfe  trop 
fubcitemçty  pour  saccômmoder  ddi 
penfees  qui  (ont  naturelles.      / 

*  Un  ftile  grave  ^  (èrfeux  ,  (cru*: 
puleux  va  fort  loi»  :  on  lit  Am  y  o  r 
£c  CoEFPEtEAu  ;  leqwl  Ut-ôQ 
fie  leurs  contemporaine }  Rajukàc 
pour  les  termes  ii  pour  l'exprefliaa 
eft  moins  vieux  que  Voiture'  } 
mais  fi  ce  dernier  pour  le  tour ,  pour 
j'ofprit  &  pour  le  naturel  n^efl  pif 
;.nîoderne ,  &  nç  reflemble  en  rim  ^ 
JBQS  ^Ëcri vain; .,.  c'efl  qu'il  Ifîur  a  ete 
rplu$  ^cile  de  Ije  n^liger  qUe*^ 
rimicer  ^  &  que  le  petit  nombre  de 
ceux  qui  cdur^nt  après  lui ,  ne  petH: 
]'atteîndre« 

.    *  Le  H**  G**  eft  imBkfdiate. 

^   j(#)  Le  Mercaïc  GUsmtf 


ou  us  Moeurs  ob  cfk  Siecub.  iffjr 

ment  ^tl  deflbus  du  rien  >  îl  y  a  bien  c  »  Af. 
d^autres  ouvrages  qui  lui  rcflcmblcnt*  ï' 
I]  y  a  autant  d'invencion  à  s'enrichir 
par  un  foc  Livre  ^  qu'il  y  a  de  ibttiio 
à  l'acheter  :  c'eft  ignorer  le  goût  da. 
Peuple  y  que  de  ne  pas  bazarder  qucl*^ 
quefois  de  grandes  fadaiiès. 

♦  L'on  voit  bien  que  Vcperd  clï 
Pébauche  d'un  grand  fpeâacle  :  il  en 
donne  l*idee« 

Je  ne  (m  psis  coftinfent  VOferd 
avec  une  muHque  fi  parfaite  £c  une 
de'penfe  touce  Royale ,  a  pu  reiiffir  a 
m'cnnuyer. 

Il  y  a  des  endroits  dans  Vopgr/i  qui 
laiflenc  en  defîrer  d'autres.  Il  échapc 
quelquefois  de  foubaitcr  la  fin  de  tpui 
le  fpeâacle  :  c'cil:  faute  de  théâtre  ^ 
d'aâion  &  de  chofes  qui  intereficnt. 

Uopera  juiques  a  ce  jour  n'cft 
pas  an  Poëme  i  ce  font  des  vers  -^  ni 
un  fpcâade  depuis  que  les  machines 
ont  difparu  par  le^  bon  tn^nagie  d'^mr 
pb'um  &  de  fa  race  ;  c'cii  un  concert  ^ 
ou  ce  (ont  des  voix  foûtenuës  par 
des  inftrumens.  C'cd  prendre  le 
change ,  &  cultiver  un  mauvais  goût 
que  de  dire ,  comme  l'on  fait ,  que 
la  macltinc  û*eil  qu'un  amufement 

C  7  d'en- 


©  it  Ou-  d'eofetis  ,  &  qui  nccxmvicnt  qtfau« 
V  R  A  d  I  s    Marionnettes  ï  elle  atfgmentc  8C  cm-* 
*  ■  ^'  *  f  bcllit  la  fiâtiort  ,  fourient  dans  Icé^ 
'**^*       fpearateurà  cette  douce  illûfion  <wi 
eft  tout  le  plaffif  du  théâtre ,  bu  elle 
jette,  encore  le  merveîlkti?t.  Il  ùthat 
point  de  vols ,  ni  de  chars  ,  m  dxS 
chaogciflcns  aux  Bérénices  &  à  Péné- 
lope j  il  en  feut  aux  Opérdf  :  &  k 
propre  de  ce  fpeôacle  eft  de  tenir  Ie$ 
efprits ,  ks  yeux  &  lès  oreilles  dîna 
un  égal  encnantemént. 
*  Ils  ont  fait  le  theâtire  ces  emJ 

Î)reirez ,  les  machines  ,  les  ballets  ^ 
es  vers ,  la  mufiquc ,  tout  le  fpcôa- 
cle  ,  jufqu  a  la  Salle  où  s'eft  donné 
le  rpeftacle ,  j^cntends  le  toit  &'  la 
quatre  murs  dèsleursfbndemefîs:  qui 
doute  que  la  chafîc  fur  Peau ,  Tcni 
chantement  de  la  fable  ^{d)  h  mer- 
veille  (f)  du  Labyrinthe  ne  ibient 
encore  de  leur  invention  I  J'en  jug$ 
par  le  mouvement  qu'ils  fe  donnent , 
Se  par  I^ir  content  doiic*  ils  s'applau* 

diffcrik 

(d)  Hctidez^ vmss île  ehzBt  dans  la  ibtéc 
^  CHantilly.  ^  ...  ^ 

,  .  (^}  CoHanon  três-ingenicufe  Joionée  dafis 
ic  Labyrinthe  de  ChaàciH]r« 


ou  ISS  Moeurs  di  ck  SiÉClÉ.t^ 

jdiflcnt  fur  tout  ïe  fuccès.  Si  je  me    C«*«^ 
trompe  ,  8c  qu'ils  n'ayent  contribué  ^ 

en  rien  à  cette  fête  fi  iuperbe  ^  û  gau- 
lante 9  fi  long-tems  foûtenuë  ,  ëc  où 
un  fcul  a  fuffi  pour  le  projet  &  pour 
la  depenfe ,  j'admire  deux  cboiès ,  la 
tranquillité  &  le  âçgme  de  celui  qui 
«  tout  remue  ,  comme  l'embarras  £t 
l'aârk^n  de  ceux  qui  n'ont  rien  fait. 

*  1jb$  connotffeurs  ou  ceux  qui  (c 
croyant  tels  ^  fe  donnent  voix  délibe^ 
TatiTe  fie  décifive  fur  les  fpeâaeles  , 
iê  cantonnem  au/fî  y  &;  fe  divifent  ea 
des  partis  conu'aires ,  dont  chacun 
pouflë  par  un  tout  autre  intérêt  qne 
par  celui  du  public  ou  de  Tcquicrf:', 
âdmiie  un  certain  Poëme  ou  titto 
certaine  liluiïque  ^  &  fiâe  toute  axTr 
irc.  Ils  nuîfem  également  par  cette 
«ifideurà  défendre  leurs  prévientions  y 
«c  à  h  h&hn  oppofee ,  &  à  leur 
propre  cabale  :  îé  déconragçst  par 
laillc  contradiâtioiw  le&Pbctc&  &  Ici 
Mtifidens ,  retarde»  k,  progrès  de» 
Sciences  &  des  Arts ,  en  kur  otant 
k  frok  qu'ils  pourroknt  ti#er  de 
Pfeahaîon  &  de  b  liberté  qu'au* 
tùicâr  pkificat^  exbellens  Maitres  de 
&iit  ckmmdans  leia  genre, &  félon 

kur 


*t)is  ôub  leur  ^ie  de  trè$- beaux  ôavragcit 
VRA61S        *  fyoù  vient  que  Ton  rit  C  libre* 

pI l'rf  *'  ^^^^  *"  théâtre  ,  &  que  Ton  a  home 
d'y  pleurer  }£{):•  il  moins  dans  la  na«- 
ture  de  S'attendrir  fur  le  pttapble 
que  d'e'clater  fur  le  ridicule  >  Ëft-ce 
l'altération  des  traits  qui  nous  re« 
tient  >  Elle  eft  plus  ^grande  dans  un 
ris  immodéré  que  dans  la  plus  amere 
douleur  i  Se  l'on  détourne  Ton  vifàge 
^ur  rire  comme  pouf  pleurer  en  la 
prefènce  des  Granas ,  £c  de  tous  ceux 
que  Ton  refpe&e.  £ft*ce  une  peine 
que  l'on  fènt  à  laiflèr  voir  que  l'on 
^ft  tendre ,  8c  à  marquer  quelque  foî« 
bleflè  ,  fur  tout  en  un  iujet  faux  ,  8c 
dont  il  Semble  que  Ton  fbit  la  duppe  i 
Mais  fans  citer  les  perfbnncs  graves 
cm  les  efprits  forts  qui  trouvent  du 
foible  dans  un  ris  exceiflif  comme 
dans  les  pleurs  »  &  qui  fe  les  défên* 
dent  également  :  qu'attend-on  d'une 
fcene  tragique ^  qu'elle  &(&  rire }  Et 
d'ailleurs  la  vérité  n'y. règne- t-elle  pas 
au/fi  vivement  par  fes  images  que 
dans  le  comique  \  L'ame  ne  va-t-ellê 
pas  jufqu'au  vrai  dans  Tun  &  l'autre 
genre  avant  que  de  s'émouvoir  >  cft> 
elle  même  fi  aifée  à  contenter  ?  ne 

lui 


hv  lu  MoEuns  0B  ci  SxEct?.  16t 

lui  faiù-ii  pas  encore  le  vrai-fêmbk^  CnÂTé 

Ue  >  Gomme  donc  ce  ife&  pomt  imc      ^' 

chofe  bizarre  d^eàtendre  s^iHeircr  dei 

tout  un  Ampfaitheâciie  Qa  ris  uniyer'-' 

fël  fur  quelque  endroit  d'sineCoqae^ 

die ,  &  que  cela  fiippofe  au  comraifo 

qu'il  eft  pkifânt  êc  trè3-'mavemenC 

exécuté  :  aufli  Textrcme.  violence  qnà 

cbacun  fè  fait  à  contraindre  .&&  lacv 

mes  ,  &  k  mauvais  ris  dont  on  veut^ 

ks  couvrir ,  prouvent  çlairemeht  quer 

VcSEet  naturel  du  grand  tragique  fc*» 

xoit  de  pleurer  tout  franchement  àù 

cle  concert  à  la  vûë  I  un  de  Pautre  ^ 

&  iâns  autre  embarras  que  d'effiiye^ 

îes  larmes  :  outre  qu'après  être  con«i 

Tenu  de  s'y  abandonner  ,  on  éprou* 

f  eroit  encore  qu'il  y  a  (buvent  moiû3 

lieu  de  craindre  de  pleurer  au  tbèâ* 

tre  ,  que  de  s*y  morfondre* 

*  Le  Poëme  tragique  vous  krtc 
le  coeur  dès  fon  commencement  ^ 
vous  laide  à  peine  dans^  tout  fon  pro** 
grès  la  liberté'  de  refpirer  &  le  tems 
de  vous  remettre  ;  ou  s^il  vous  donne 
quelque  relâche ,  c*e{l  pour  vous  leif 
plonger  dans  de  nouveau»  abîmes  Sc 
dans  de  nouvelles  allarmes.  Il  vou» 
conduit  à  la  terreur  par  la  pitié ,  p|i 

rege- 


/ 


tèi     t  B  s  C  A'R  A  c  T  â  ii  c  ^ 
b  I  »  ô  u-  ifcâprùqucracdî  à  la  pîci^  par  le  iet^^ 

^  *  ^'V  ^  "'^^^  ^  ^^^'^^  ^"^^  P^^  ^*  lannca,  par 
^lil^    *'  ks  ûoÈgjiùts  i-  par  Piûcexzîtudc ,  pat' 

Pefperanoe  ,  par  Ja  craiiitte  ^  par  ks 

fiirprilês  ^  &  par  Phot rcur  jufqa'k  laL 

cataftrophe.  Ce  n'cft  donc  pas  od 

tiffii  de  jolis  fencioicna^  de  dectan** 

dons  teodi'cf  ^  d'entretien»  g^aos,  do 

{xurtraits   agieaUes ,  de  mois  ànuâ^ 

mx  f  on  quelquefois  afioà  plaliana 

pour  hixe  rire^  futvi  à  la  vérité  d'une 

dernière  fcene  où  les  (  /;  mutins  n'en-» 

cendentiHJcune  raifon  ,  &  où  pour  b| 

bienfeanceil  y  a  enfin  du  fang  rcpan^ 

du^  &  quelque  toalheareox  à  qoî  tt 

en  ωte  la  vie. 

^  Ce  n'eft  point  aiRt  que  kt 

moeurs  du  théâtre  ne  foient  poit« 

mauvaiiès  ,   il  faut  encore  qu'clléî 

foient  décentes   6c  inftniâiva.    Il 

peut  Y  avoir  un  ridicule  fi  bas  ^  fi 

groifier ,  ou  même  fi  &de  &  fi  indif^ 

krent ,  qu'il  n'eft  ni  permis  au  Poëte 

d'y  faire  attention ,  m  poflibk  aux 

ipeébteurs  de  s'en  divertir.  Le  Paï^ 

fiin  ou  l'y  vrogne  fournit  qudquesfccu 


*    (  f  )  Scdidon  ,  dénôuemenc  Tulgâiie  des 


où  tel  fÂoÉOiks  ti  CE  ^ifcis.  i^|[ 

lied  ï  ttu  làfceur ,  il  nWretjft'â  pd<«  Ch  ii#; 
nie  dans  le  vrai  comîqde  2  comment  !• 
pourroit-il  faire  le  foâd  oa  l'ââioo 
principale  de  Ik  Comédie  ?  Ces  ca« 
raâeres,  dit-on ,  ibik  hatoréls  :  ainii 
par  cette  règle  cm  occupera  tiientôt 
tout  VAmpmh^xrt  d'an  laquais  qiiî 
fifie ,  d'an  malade  dana  â  gardcrobe  y 
d^ùn  bothme  fvtt  qm  dort  oa  qui 
t^omit  t  y  a-t-'ii  rieftde  pks  saccirelif 
Ceft  le  prc^prc  d^utt  eéècânié  de  fe 
lever  tard  ^  de  paflër  ofie  partie  dix 
jour  à  fa  toilette ,  de  le  voir  au  mi- 
roir ^  de  iè.parfdifier ,  d»  le  mettre 
des  moiidfies  ^  de  itœvoir  àss  bitteta 
&  d'y  faite  r^ponfe  :  mettez,  œ  rofe 
fur  la  (cène,  pit»  lon^trms  vous  kr 
ferez,  durer ,  un  aéfce ,  deux  aâes  , 
plus  il  fera  naturel  &  conforme  à  S6t% 
original  ;  mais  plas  auffi  il  fera  froid 
2c  mfipide. 

*  11  (èmble  que  le  Roman  &  h 
Comédie  poorroicnt  être  auifi  utiles 
qu'ils  font  nuifibles  :  Yoay  voit  de  fi 
grands  exemples  de  confhince ,  dt 
vertu  ,  de  lendredb  &  de  d^fintereil 
feiiient,  de  (i  beaux  £c  de  fî  pirfaic» 
caraâeres,  quef  quand  une  jeune  peiw 
foniie  jatt:  de*&  &  vàe  fur  «ont  oe 


V  R  4G  IS 

]>  B  l'  E  S- 


t€4    Lb^  CA^AcTBlLt$ 

t)i9  Ou-  qui  Tentoure,  rie  trouvant  que  éd 
fujets  indigtKs  &  fore  au  defibus  do 
ce  quelle  vfcne  d'admirer ,  jeitfécon- 
ûc  qu'elle  foit  capable  pour  eux  da 
la  moiiKlre  .foiblefie. 

*  Go&î^EiuL  E  ne  peut  être 
égale  datis  les  cndnyits  ou  il  excdle  ^ 
il  a  pour  lors  un  caraâ!ere  original  & 
inimitable  :  mais  il  cft  inégal.  Ses  I 
|>remieres  Comédies  font  feefaes ,  lan- 
guifiàotes  i  îc  ne  laifloient  pas  efpc* 
rer  qu'il  dut  enfuite  aller  û  loin  i 
comme  iès  defnfiei'es  font  qcf oi>  sér 
tonne  qu'il  ait  pu  tombef  de  fî  haut. 
Dans  quelques  unes  de  &s  meilleures 
Pièces  il  jr  a  des  faites  inexeuTabl^ 
contre  les  nïoelurs  ;  «in  -  fttle  de  ëcela* 
mateur  qui  arrâte  l'a6t:ion  Sc  la  fsat 
lai^ûir  )  des  négligences  diins  les  vers 
|5c  dans  l'e^ipreflion  qu'on  ne  pe^it 
comprendre  en  un  fi  grand  homme* 
Ce  qu'il  y  a  eu  en  lui  de  plus  émi- 
ntùt  tfeft  rcfprit ,  qu'il  aroit  fubli* 
me,  auquel  il  a  été  redevable  de  cer« 
tains  vers  les  plus  heureux  qu'on  ait 
jamais  lu  ailleurs,  de  la  conduite  de 
foq  théâtre  qu'il  a  quelquefois  bazar* 
d^e  contre  les  règles  des  Anciens  ^  & 
lenfia  ^e  fâS/tl^i^Quçmens  ;  c^  il  ne 


MJ  tE9  MOSUHS  OÈ   CE   SiFCIE.     i6k 

VeA  pas  toujours  afilijetti  ay  goût   Chap. 

des  Grecs ,  &  à  leiir  grande  fimplicî-      .  ^' 

té  ^  il  a  aimé  au  contraire  à  charger 

la  Iceae  d'évenemens  donc  il  eft  prcf^ 

que  toujours  (brti  avec  fuccès  :  ad« 

mirable  fur  tout  par  Tcxtrême  variété 

6c  k  peu  de  rapport  qui  Te  trouve  poup 

le  deflèin  entre  Un  iî  grand  nombre  do 

Poëmcs  qu'il  a  composez.  Il  fembic 

i]u'il  y  ait  plus  de  reflèmblance  dans 

ceux  de  Racine  ,  &  qui  tendeni: 

un  peu  plus  à  une  même  chofe  i  mais 

il  eft  égal ,  feutenu  ,  toujours  le  mé« 

me  par  tout,  (bit  pour  le  deflein  Se 

la  conduite  de  (es  Pièces ,  qui  font 

juftes ,  régulières ,  pri(ès  dans  le  boni 

fens  &  dans  la  natuir  j  foit  pour  là 

verfification  qui  eft  correéte  ,  riche    . 

dans  iès  rimes  ,  élégante ,  nombreu- 

fe^  harmonieufe  :  exaâ  imitateur  des 

Anciens  dont  il  a  fuivi  rcrupuleu(è- 

mcnt  1^  netteté  &  la  (implicite   do 

l'aftion ,  a  qui  le  grand  &  lemerveiL 

ieux  n*ont  pas  même  manqué ,  ain(i 

qa'à  Corneille  -ni  le  toud^nt  ni  le 

pathétique.  Quelle  plus  grande  tei^ 

dreflè  que  celle  qui  eft  répandue  dans 

tOQt  le  Cid , dans  Polieuâe  dedans 

ki  Horacesl  quel}e  grandeur  ne  fe 

remarr 


t66  Lbs- Car ACTi^Rss 
Dis  O  y-  remarque  point  en  Mithridatc ,  en  Poî 
D  «  L* V$-  ^"*  ^  ^°  Burrhus  ï  Ces  paffions  ei> 
f ftjT.  core  fax^orites  des  Anciens  ,  que  les 
Tragiques  aimoient  à  exciter  fur  les 
théâtres, Se  qu'on  qomme  /^  terreur 
£iC  la  pitié  ^  ont  ete  connues  de  ces 
deux  Poètes  :  Orel^e  dgnsl'Andror 
tnaque  de  Racine ,  &  Phèdre  du 
filême  Auteur  j  comme  PQedipe  iç 
les  Horaces  de  Corneille  en  font  h 
preuve^  Si  cependant  il  eft  permis 
lie  faire  entr'eux  quelque  comparair 
Ton ,  &  les  marquer  l'un  &  l'autre 
par  ce  qu'ils  ont  eu  de  plus  propre , 
£c  par  ce  qui  éclate  le  plus  ordinaire* 
fnent  dans  leurs  Ouvrages ,  peut-êtrç 
.qu on  pounoit piarler  afnfî.  Corneilic 
nous  aÛujctit  à  (es  caraâreres  &  à 
Ses  idées  ,  Racine ,  fè  conforme  aux 
vOÔtres  :  celui-là  peint  les  bomtaes 
comme  ils  devroienc  être,  celui-d 
les  peint  tels  qu'ils  font,  il  y  à  plus 
ilans  le  premier  de  ce  que  Ton  admi- 
re,  &  de  ce  que  l'on  doit  même  imi- 
ter :  il  y  a  plus  dans  le  Iccond  de  ce 
l)ae  l'on  reconnoît dans  les  autres»  ou 
de  ce  que  Ton  éprouve  dans  foi-naê« 
me.  L'un  élevé ,  étonne  ,  maitrifë  , 
mUmit  :  Twtre  plaie,  remue  »  tou- 
che. 


I. 


OV  LES  MofiVRS  BE  CB  StECtfi.    fif 

dkc  ,  peuco-e.  Ce  qu'il  y  g  de  plus  ^  "^^  ^» 
beau,dcp|us noble  &(je  piqs  ioipe^ 
rieux  d^ns  la  R^aifon  ef):  manie  par  le 
premier  ;  $c  par  l'autre  pe  qu'il  y  9 
de  plus  flatteur  &  4e  plus  délicat 
^aos  la  pa^oa.  Ce  font  c^ns  celuir 
Jà  des  maximes ,  des  règles ,  des  pre^ 
cpptes  i  &  dgns  celui-ci  du  goût  Sç 
des  (êntimens.  L'on  elt  plus  occupa 
aux  Pieqps  de  Corneille  ;  l'on  eft  plus 
â>ranlé  &  plus  attendri  à  celles  de 
Racine.  Corneille  eft  plus  moral  ; 
Racine  plus  naturel.  Il  femble  quç 
l'un  incite  S  o  f  h  o  cl  £  ,^  êc  que  l'au** 
fre  doip  plus  à  E^uripxde. 

♦  Le  peuple  appelle  jEloquence  la 
fadhté  que  quelques-uns  ont  de  parler 
feuls  &  Ipng-tems  ,  jointe  à  Tem* 
portement  du  jgefte  ^  à  l'éclat  de  la 
voix  9  &  à  la  force  des  poulmon^, 
Les  Pedans  ne  l^admettipnt  auffi  que 
dat>s  le  Piicours  oratoire  ,  £c  ne  la 
diftinguent  pas  de  l'entaiTemenc  des 
^ures ,  de  ji'ufage  des  grind;»  mots  ^ 
Se  de  la  rondeur  des  période;. 
>  Il  ièipbk  que  la  Logique  eft  l?art 
de  convaincre  d^  quelque  vérité  -y  & 
l'Eloquence  un  don  de  l'ame ,  lequel 
«ottsrei3d  ipaîtres  du  cpeur  èç  de  l'ef- 


f/îJ       Les  Cakactiiieô 
!>««  O  u-  prie  des  wrres  >*  qui  fiiit  que  nous  leuf 
V  R  AGI  s    infpirons  ou  que  nous  leur  perAïadons 
^li-^,  *     tout  ce  qui  nous  plaît. 

L'Eloquence  peut  fe  trouver  dan$ 
les  entretieqs  êc  dan^  tout  genre  d'ei^ 
crirc.  Elle  eft  rai'emenr  où  on  la 
cherche ,  Se  elle  éfi  quelquefois  où 
on  ne  la  cherche  point. 

L'Eloquence  eft'au  fublime  ce  que 
le  tout  eft  à  (â  partie, 

Qu'eft-cc  que  le  fublime  jt  II  ne 
paroit  pas  qu'on  l^ait  défini,^  Ëft-ce 
«ine  figure  ?  naît-il  des  figures  ,  ou 
du  moins  de  quelques  figures  ?  tout 
genre  d'écrire  reçoit-il  le  fublime  , 
6y  s'il  n'y  a  que  les  grands  fujets  qui 
en  foient  caj^bles  ?  peut-il  briller  au» 
tre  chofe  dans  l^Eglogue  qu'un  beau 
tiaturel ,  &  dans  les  Lettres  ^milieres 
comme  d^ns  les  çonveriations  qu'une 
grande  délicatefîè  ?  ou  plutôt  le  na; 
turel  Se  le  délicat  ne  font-ils  pas  lé 
fublime  des  ouvrages  dont  ih  font  la 
perfeétion  ï  qu'cft-ce  que  le  fphlime  ? 
où  entre  le  fublime  ? 
^  Les  fynonymcs  font  piufieurs  dîc^' 
tions  ,  ou  plufieuis  phrafcs  dif&rciir' 
tes  qui  figniHént  une  même  choiè^ 
X^'antithéfè  cft  Une  op{>ofîtion  de 


€fC  UÊS   MOEÇKS  DM  OB  SllCLU.    I  Sf 

îjeiix  vérité  qui  (c  doonenc  du  jour  Cha?. 
Pune  k  Paucrc.  La  métaphore  ou  h  ^* 
çompumCon  emprunte  d^une  chofê  ^  ' 
écrai^ere  une  image  CçnGblc  Se  natu«  * 
itlle  d'une  yefij:ç.  L'hyperbole  cï> 
prime  au-delà  de  la  yeritç  pour  ra- 
mener l'efprit  a  la  mieux  cîonnoîtrefj 
Le  {iiWiine  ne  peint  que  la  vérité'^ 
mais  en  un  fgjet  noble  ^  il  là  peint 
toute  entière  .*  aan$  (à  caufè  2c  dan$ 
jfon  efFer.  3^  H  eft  rêxpredîon  ,  oi|. 
Viihage  li  plus  digne  dé  cette  vérité. 
Les  efprits  médiocres  ne  trouvent; 
point  Vunique  ès^prefOon  ,  &  ufenc 
de  fynonytnes.  Les  jeunes  gens  font 
â>louïs  de  l'écUt  de  Tantithele  ,  & 
/eh  ferventi,,  Lcsefprits  juftes,  & 
jquî  aiment  à  faire  dés  Images  qui^ 
toient  précifcs  ,  donnent'  naturelle^ 
nient  dans  la  comparaifon  3c  la  mé^ 
tajphore.  Les  efpnts  vifs  ,  pleins  dç 
jlfeu  y  &  qu'une  vafte  imagination  em^t 
jporte  hofs  des  reglèjs  &de  la  juftelTey 
»e  .'peuvent  ^'affouvir  de  l'hyperbole* 
Pour  lé  fublirae,  il  n'y  a  même  entre 
les  jgrands  génies  que  les  plus  ^leveK 
<^i  en  foient  capables^  . 

*  Xoup  Ecrivain  pour  Retire  net- 
tàhént ,  doit  fc  mettre  à  la  place  à» 


ijp    1 1  s  C A  »  A  c  T  «  i  p  f 

Bb^  O  o-  l'es  Lèftèurs ,  îJaT»inÀ  (an  pro 

'  V*-V^  Pùvraèc  potaa)fc  Vm^^t^  ^^^^  "^ 

liir,      }9i  Çft  nouveau  ,:<iuni  lit  pour  la  pn^ 

'*  ihicrc  fois,ôù.ilt|'<ifiûllc^J)art,&qûè 

rAutcur  âoroit  '  foùiûis  à  fa  critique) 

1^  fc  pl^fuadCT  enfuitequ'oi)  n'eft  t^ 

•pijttodu  ^«Icment  à  èaafe  que  ï'<^ 
ychtcnd  foi- même,  mais  paroe  qu'où 

cft  en  d9fâ:  intelligible.         ^    ' 

*  tW  n'écrit  %iç  pojir  être  cn- 
'^adw ,  mai?  il  faut  du  tti«ns  en  ccm 
Vaiit  6ir<;  «^tendre  de  lxttc$  chofcs. 
JL'ofl  tioit  avoir  une  diÔion  pure  6C 
jiicr  de tcripes <j.ui ifoient  propres,  il 
fi&  vrai  :  mais  fl  feut  que  «es  icnnc? 
fi  f>roprcs  expriment  des  penttes  no- 
Jbleiî ,  yivti! ,  folides .  &  a">  ï*«^^rr 
*toent  no  trësrl?ea«  fens.;  Ç'eft  &iA 
^c  la  pureté  iBc  de  îà  cbné  du  d»f- 
pours  un  mauvais  ufage  flue  de  1^ 
ïâire  fcrtir  a  une  matière  aride  ,  ifh 
'fruaucuïc ,  qui  eft  fans  fel ,  fans  utir 
iké  s  fan#  nouyc».até  :  <^  «Tt  auç 
JUâreui*  dç  compftpdre  aifemcnt  ^ 
^s  peine  dcscfiolcs  fnvotes  &  pontif- 
ies ,  quelqoefoi^  fadcS  j&  tôtbniuncïi 
j8c  d'jocrc  -moins  incertains  de  ^  pCK- 

•       Si 


I 

iSi  Pon  JQttc  quelque  pxofoadeitr     C«4^ 
iians  ccrcaiiis  JEcrits  3  û  Pon  aâèâe       ^ 
linc  finejûe  dcuour,iBc  <j«dquefois 
janctrpptgïwckdclkiiatçflè,  ce  a'^ 
que  jpar  la  boopcippiiEÛpa  (jUron  iix^ 
4b»  JLc6bc;iirs.  . 

^  L'on  a  ixaxe  tna^mmodicé  à  :e& 
^uyer  dans  la  loébufe  àçs  Livi^s  faits 
|w  des  gens  dc|»rti  &  de  cabale,^ 
.que  Ji'on  jiy^^  pas  tcHijwrs  U  «^c- 
^te.  Xas  tfk%  y  6m  àéjgfû&z  ^  ks 
jrûToas  r^ipr^oques  n^  lont  poim: 
4'appoitces  4^s  Ëoute  leur  force  ,  ni 
fxv^uaccatk^  «scaâictide  ;  &  cequt 
J!»fc  la  plijij^  longue  patiaicc ,  il  feut 
^^.99^&wd  nombre  de  termcsdur^s 
jBc  ÎQJiurieux  qui  fe  difent  deshommts 
^^^es ,  qui  d  un  point  de  doârrine  ^ 
iou  d'an  fait  çx>meiîé  fe  font  une  quâ- 
^c  perfonncUe.  Ces  Ouvrages  ont 
^ek  de  p^^iculier  qu'ils  ne  méritent 
^  k  €X>urs  prodigieux  qu'ils  ont  pe^ 
jdant  un  certain  cems ,  ni  le  profond 
jwbli  oxL  ib  toodbent ,  Lorfqse  le  ièu, 
JSc  la  div^fîon  venant  k  ^'éteindre,  ils 

^dcviennenc  des  Akaanachs  de  l'autre 
smkée. 

*  Xa  Ivoire  ou  le  mente  de  ceN 

<tm$  hoanttic»  dttie  bien  écrire;  Se 

Ha  de 


Y7t      Les  Cahaotiiils^ 
D#$  Ou-  de  quelques  autres  ,  c'cft  de  n'ecrifS 

Îmx.  ^  ♦  t'on  écrit  r<fgulicremcnt  dcpuîl 
VHîgt  années  :  l'on  cft  cfciavc  de  Ii| 
feonftruékioR  :  l*on  a  enrichi  là  Langue 
de  nouveaux  mots  ,  fecouc  le  joug 
ilu  Latinifine  ,  &  rpduit  le  ftylc  à 
la  pbrafe  purement  foLni^oiCt  :  Von 
^  prefque  fctrouv.c  le  nombre  que 

-M  AL  H  E  a  B  E     &     B  A  L  X  A  C 

avoient  les  premiers  rcncont^  j  6c 
que  tant  d'Auteurs  depuis  eux  ont 
làiflc  perdre.  L'on  a  mis  enfin  dariç 
le  Difcours  tout  Tordre  &  toute  la 
netteté  dont  il  eft  capable  i  cela  conr 
duit  infenfiblement  4  Y  mettre  de 
Pefprit.  '   ^ 

.  *^  Il  y  a  des  Artifens  ou  des  hal>^ 
les  dont  Pcfprit  eft  auffi  yafte  qiic 
PArt  &  la  Science  qu'ils  pro&flênt  ; 
ils  lui  rendent  avec  avantage  par  te 
génie  &  par  J^invcntion  oc  qu'ils  tieii- 
nent  dfelle  &  de  (es  principes  :  ils 
fbrtent  de  l'art  pour  l'fetinoblir  $  s'é- 
cartent des  règles,  û  elles  ne  les  coar 
duifent  pas  au  grand  &  au  fublime  i 
ils  marchent  feuls  &  fans  compagnie^ 
mais  ils  vont  fort  haut  &  pénètrent 
fon  loin,  toujours  &at$  îi  confirmât 


ha  Ufr  MoBUJtS  Dl  CE  Siwcm.  i 

^r  le  fuccès  des  avantages  que  Ton  CiÎAi^i 
cire  quelquefois  de  l'irrégularité.  Les  !• 
cfprits  juftes  ,  doux  ^  modérez  y  non 
lèulement  ne  les  atteignent  pas ,  né 
le$  admirent  pas,  mais  ils  ne  les  com- 
prennent pôitt  ,,\Sc  Toudroient  enco* 
te  moins  les  imiter.  Ils  demeuren|: 
tranquilles  dans  Pétenduë  de  leur 
^hcre  ^  vont  jufqués  à  un  cenain 
point  qui  1^  les  bornes  de  leûrcapa^ 
dté  &  de  kiirs  lumières  ;  ili  ne  vont 
pas  plus  loin ,  parce  qu'ils  ne  voyent 
rien,  au-delà  :  ils  ùe  peuvent:  au^  . 
plus  qu'être  les  premiers  d'une  fe^ 
conde  claflè  ,  &  exceller  dans  le  me^ 
dîocre. 

•  *  Il  y  a  des  cfprits  ,  fi  je  lofe  di- 
te ,  inférieurs  &  fubalternes  ,  qui  ne 
iêmblent  faits  ,  que  pour  être  le  re^ 
cudl  9  le  rcgiftre  ^  ou  le  magasin  de 
toutes  les  produârions  des  autres  ge^' 
nies.  Ils  font  plagiaires,  traduâeurs^ 
compilateurs  :  ils  ne  peniènt  point  f 
Jli  difent  ce  que  les  Auteurs  ontpcM 
£f  ;  8c  comme  le  choix  des  penfées 
cft  invention ,  ils  l'ont  mauvais ,  peu 
^fte,  &  qui  les  détermific  plutôt  à 
lapporter  beaucoup  de  chofes ,  qiic 
||;ex<irikotc.s  chofes  t  ils  n'ont  rien 

H  3  d'oric 


'tT4    t»^  CaH  iT'éîT'lXti' 

9^tT.  '  ^^  n^s^ipumaern  qot .  ce  que  txMdf 
Ir  monde  ycat  biœ^  igpoirr  ,  ua^ 
Sbesœ  wioe  ,  jnîde  ^  démiés^  dftir 
grénenr  8r  d'utilke,  qui  ne  tombe 
fromt  danè  iar  convGinâtbt)  y  qui  eft 
mn  cb  coidmefce  /ftmblaftleà  tio4r 
sionmjpr  qiai  a^rpoént  àt  coûts*  Oir 
cft  tout  i  kr  fois  étbimé  de  Icuf^ 
leâuft  8t  enmiyé  de  feur  entre» 
tien  ou  de  kofS  Ouvfâgps»  Ce  font^ 
ceux  que  lips  Grands  &  le  VuU 
gaure  oonlbndcnc  avecies  Sàvans^ti^ 
que  le»  &ge»  Kmvokot  al»  pcd^Hif 
tifine. 

>  La  Critique  i^rmt  tCdBè  pas^ 
oue  Science  :  c'éft  un  mÀier  où^  il 
dut  plus  de  ânté  que  d'c^fît ,  ptoa^^ 
de  travail  que  de  capacité ,  phis.  d'ha^ 
bicude  que  de  génie»  Si  elle  vieof 
d'un  honmie  qui  «c  moins  de  diiêer^ 
«emenc  que  de  kâuœ ,  6r  qu^eilo 
s^cxerce  ùm  cfe  ontain^  chifntrta^ 
cttr  eotroflipt  dr  ks^  Lcâsnn  &  l'E^ 
criiraîii. 

^  ^  ooafeille  à  un  Amsur  n(^  004 
pifte ,  £e  qui  afesctrême  modsftie  da 
mvoàier.d'aprèsqiKlqu^'v  de  a» 


le^ciioifiF  poiur  es;ci9|>bpir<é  ^  ces   CnAi& 

mt; ,'  4e  ]?'vsk^ii^xiQJx  ^  pijt  même  de 
jçrudiùpci  i.fi,  tftttçmt  pa$  ici  oo^ 

r" y^^yM  moijt^si il  en ajprocjbç  êç 
de  &it  KiCi?.  W  doit  au  cpflç^ii^^ 
évrtct  comme  tœt  écueil  de  vomcw( 
imiter  ccu^  cjui  écvhttfi  ^ar  ku* 
|D0ttr,  que  le  eœUr  |^t  parier  ,  à  «u^ 
4,  inf|V>e  fc^  %rmçs.  Se  les  figWçs ,.  a| 
^i.tvenfV  î>owr  injfi  4iiirc  ,.  4fi,:kyt^ 
^i^I|ef  tout  Ce  qi^^Hls;  e^rim^^ 
îur  k  papier  >  daiigereKUJé.  tç^lf ^  ^ 
tout  prc^i^es  à  fkire  tomW  4ai^  ^ 
ttoïà  f  dans  le  baïs^  Se  ds^  Iç  r^ico- 
Iç  ceux  qui  $'itigci:ent  4e  li^i  Aiivre^ 
t^^}y^  rircas  d;'tm  l^om^i^  (lui 
vou4Fok  ferieyifçmpnl  pyl«'  JÊW>tf 
fon  de  voia)^^  c»^  o^^^iièim^r  de 
tiiage.: 

*  Ûfli  iiom;aiç  iî^'  (^hréikti  §i? 
Fi*ançois  fe  trouve  contraint  da^s  1| 
&tyre  :  les  graiidsi  fnjets  lui  £0»  dé- 
^ndus,  il  les  entame  quelquefois  ,  & 
&  detoUrde  enfuitefurde  petites  cho- 
ies qu'il  rekve  par  }a  beam^  de  fvn 
Ç«rie  &  de  fi)n  ftile. 
•   *  n  feut    éviter  k  ftilç  vain  $Ç 

pucrile^de  peur  de  reflèmI;4Q¥  ^  P^ 

H  4     ^      n^/nf 


Viiùij.  MdS  &  (i)  Handburg.  '  Uon  ^pÉÔÉ 
il  Ve ^  ^^  contraire  en  une  forte  d^Ectits  ha^ 
Jm  I  T.  **  tarder  de  ccrtai  nés  expreffions  ,  uét 
de  termes  tranfpofez  &  qui  pcigneàt. 
vivement }.  6c  plaindre  ceâx  qpi  oc 
icntenf  paj  Iç  plaifir  qirtl  y  ai  s'cii 
icrvir  011  à:  les  entendre.  ^ 

*  Celui  qui  n'a  égard  en  écrivant 

fu*au  goût  de  Ion  fiecle  ,  fongc  plus 
fa  perfonne  qu'à  fcs  Ecrits.  11  faut 
toujours  tendre  II  la  perfeâricn  j  & 
alors  cette  juftice  qui  nous  cft  qucl-f 
^uefois  rcfufée  par  nos  contempo- 
«ins,  la  pofteritc /ait  noqs  la  rendre^ 

*  Il  ne  feut  point  mettre  un  ridi- 
cule où  il  ny  en  a  point  :  c'eft  fç 
gâter  le  goût ,  c^eft  corrompre  fon 
fugdneht  &  celui  des  autres.  Mai$ 
le  ridicule  qui  €Û  quelque  part  ^  il 
faut  l'y  voir ,  l'en  tirer  avec  grâce  , 
«  d  une  manière  qui  plaife  &  qui 
inftruifè. 

*  HoRACB    OU   DbsI^UBAUX 

IV 

f 

^  (1  )  le  p.  Maîmbdutg  s  ik  M^mt  ^ 
Sevigné ,  Un.  tis.  s  r^map  U  diUcM  ii^ 
9umitV4ifes  ruelhs.  Ce  jugement  s'accorde  &>tt 
d  *^*!S  ^^"*'  ***  ^*  Rojerc  fçitici  du  ftita 

«  .a.  _  * 


•     1, 


hv  us  Kibitms  OB  Cl  Sieclb.  177 
l*a  die  avant  vous ,  je  le  croi  fut  TO-   Chan 
tfe  parole  ,  mais  je  l'ai  dit  comme      ^* 
mica.  Ne  puis -je  pas  peniêr  après 
eux  une  choie  vraye ,  &  qUe  d^utrcs 
l^ore  pcnfcrom  après  nioi,î 


H  S         CHA- 


P  £  Jt  s  O  N- 

NIL* 


I.7S      LVi  CAKACTlâBS^ 

CHAPITRE    IL 

;    -        .    ^  .  ....  y 

Du  Mérite  personnel^. 

D  o   Mi.  ^^  u  j  p^t  jiyeg  [g5  plus  rares fâ«^ 

péVs  ON-  ^^  '^"5  ^  ^^  P'"^  excellent  meritc^ 
s'être  pas  convaincu  de  fon  inutilité^ 
quand  il  coofidere  qu'il  laiiiê,  en  mou--  ' 
rant ,  un  mande  qui  ne  fè  fent  pas  de 
fa  perte,  &  où  'tant  de  gens  fe  trou»^ 
vent  pour  £e  len^bcer  f- 

*  De  hin  des  geœ  il  n'y  a  qcte  le 
nom  qui  v|ik  quâque  cbo|iy  ^and 
TOUS  les  voye^v,  de  fi)rt  près  ,  c'eft 
moins  que  rien  r  ($e  loin*  ils  impo^ 
ient. 

*  Tout  perfuadé  que  je  luis  que 
ceux  que  l'ôa  choifit  pour  de  difi^ 
rens emplois, chacun  ielon  ion  genie^ 
&  fa  profeffion  font  bien  ,  je  me  luk 
2arde  de  dire  qu'il  k  peut  faire  qu'il 
y  ait  au'  monde  plufîeun  perfbnncs^ 
connues  ou  inconnues  ,  que  Voa 
n'employé  pas  ,  qui  feroîent  très* 
Inen  >  &  je  fuis  induit  à  ce  fèntiment 
par  le  merveilleux  Aicccs  de  certaine» 


I 


ois  u^îâcéfstt^  m  eË  Siecxe.  179 

^em  ^  k  iu^rd  frai  t  jplaccz  ;  8e    ^?/'* 
de  qui  jufqu^  •  alors  on  ti^^tt  pas  * 

âôeeiidu  da  (orte^  ^ndesHcJiefts. 

Cotnhietk  d'hommes  adDiirabler  l 
ic  qoî  avoient  de  très^scairx  getiiés-^' 
Iboc  fn^rtà-  ûtis  qùV>n  ^n  ait  parte  f 
Combien  vivent  encore  dont  osk  né 
pttle  point  V  &  d^nt  on  m  parlera 
Junais  i  t  ^ 

^  QieRe  fiorrible  peine  à  xm  hoi»^ 
ne  qui  eftlansf  planeurs  6e  fans  ica^ 
batev'^^i-  1^^  engagé  dans  ancutt 
Corps ,  .mais  qui  eft  teul ,  &  ^ui  n^( 
^e 'bà^ifééûp><fe  1^^  pour  t;oute 
ttoommâtdaf»on'' ,  çle  fè  taire  jour  i 
lfh^erti'1'obfeiinté  ôii  3  fetroq^^  ,8^ 
dr«riii^Vtottivtw*d*tthH&t  <jm  éft  eu 

^'  '^MrM*«;^cfljuè  *e  i^ift-  a$ 
iii^«^tti£Me  ëki  Âetitc'd'u^ '^^       .    ^ 
'    EiCB(  -homin^  •fôht  trop  ocçu]^ 
tfàjx-mêmci  pôuîr  it^dir'  le  loifir  4* 
toentetrer  <m  de  ^fi^ther  ics  autres  t 
9c  là  vfeift^^yccr  ûîï  '^àto^ 
^.  miè^  plus  4rân<fc  mckJ^^'KoW  idit 
«S*t  <J^*c3s  igncïré;^     '        -  ^  "^ 
•   -*  Le  écnfc  *c  les.  grands  fâlfccà 
fnanqta^m^ibuvènF,  ^dquefois  âuflî 
le)  ictdd  ^ôcoifions  :  tels  peâvêhtétî^ 
^1"  I^tf  loiia 


i8o      Le?  GAftAOTB.Uls»* 

Du  Me.  Iqiiez de  ce  qufjils^ont  fak  ;&  lek  <k 

^  '  ^  •         cé  qu'ils  auroient  f^k. 

PE^HsoN-   -  ♦  Il  cft  moins:  rare  .de  trouver  <fe 

*  i  l'eipiît  q^e  des  gens  qui  i^  fèryencdu 
leur  y' ou  qui  faflenç.  valoir  ceiiû  dca 
autres  9  Scje  m^tfat  i  :^wlqiij^ 

muorç^  ^,  .    «'•.</.,'    ••,  ) 

*  II  y  a  pjw.d'ootils^Wjd'ptt. 
vriers  ,  &  de  ces  derniers  plus  de 
toauTats  ,que  -d'excellens  :  '  qat  |cnfeU 
ypus de c^uiqui. v^t  fciar /iveç  ^ 
jaboç,.&qui, prend  fe.Çpcidijpur.Rkt 

..  *  n  n'y  a  pomt  ap  mQg4^:^U;J^ 
pénible  m&ier  que  celui  de  r&'fû 
un  grand  nom  :  la  vie  s'açbçve  qt 

*  Que  fau-e  à'Eg^ffe  qui  detoiaif} 


fièw^.oft.^  TOct  d»|Ç9Wa?  I  <m 

tout,  diienc  lesam)^„ce.qujll|{9i^ 
^oujc^urs  qul^l'n'^  |ii|is.j>Ui.f  <k  «aient 
«our  une  choie  que.JKUJUf.iîbèautcç.i 

11?  5»  îl'îH^  !!«,»■  sH^é^'a^m 


.^Ki^ 


botuniés  occupcit  d'eux  iculs  dan»  ^^ 
kur  jeilocâè ,  corrotiipus  par  la  piH 
x^c  ou  parle  plaifir^croye&t  fauflc** 
«[ent  ikns^  un'  âge  plqs  avancé  iquîil. 
leiir*iu£(  d'4tre  iniiQles:  p(|  dansî'in- 
4îg$ntf.^;a£i^<]a^Ja  llepublique  foi(, 
eô^gffç  ^  }es  placer  ^  ou  à  les  iecou^ 
lir  ;  &  ils  profitent  rarement  de  cet« 
te:  kçon  très-itpporrante  ^  que  ks 
^QQiiaet  4iSy9)i<}]tit  employer  Icspre^ 
Qi(ai^.«nQ€^  4c  IciHr  vie  à  deyoïnf 
tciei  fwrîlçer*  .^u^ca  8ç  par  feur  tiîà* 
V{ûla;^ue'lai  R^pwbli^e  e^e-  mpine 
eût  b|iK<^Q::4e.kur  mdutfrie  &  de 
leitt's  lutnieres  ^  qu^ils  fafTeat  côtnintf 
yi)er|^iéce,nf(ce^a»re:iik  toi^t  fçn  éXxû'^ 
ce^j.*f.-^^€illri6bP<îuv&:  portée  par 

-  Noos  devons  travailler  a  nous  reflh» 

1»..  «^  •  <.^v 

drc-  t|F軫<iigiif«$'  ^Ti^adkqiifr  emploi  i 

;  ■  %  Sçfatf6iyf4<«^,  p?i4^chj>K?  qui 

dcv/çM;  &it}  ,  pu  renoncer  \:£tn^t^ 

H  7  ttuje 


^tn'  '  mkitrè»  ife  leui^ipmine  ottdeMrM-f 
poi  :•  perntcieuiè  pour  k^l^MBcb  ^ 
qui  diminiHii^oir  ktir  OMfr ,  o»  ]piô^ 
tdt  le  notnbtr  cfe  te«» «fcktos?^  <pt^ 
Ibrb^  ton^r  leuiC'  noi^  a«ee  icpt» 
paitMS  de  ktâ'  ailtoint^ ,  û  ks' to^^M 
l'oie'  ^e^iie  à- feurs  enttiQpacta^  <&  è 
^Vs  ^t^pi^  ;  qui  kir  pnver$i»4tf 
^laifîf  qt^th  KOtraè  k  (o  fttrtf  pritt»^ 
pi«ffîr'^/^Hd«ér:,4>  ftiré  ttlottc^' 
«ii'à  iiéf^lèr ,  è  pi^xaèttitidC  4^M«  poa^ 
dplttër;:qtti^Ier'  ^veikréilf^étBiU 
goût'  qo-'ils  ont  quelquefois  à  ok^sv 
Σf  fx^i  en  vû£  Stli  Satàmw'  ktaèn» 


tà&ttc  ,  la  fbteriti^  k'fôu^Beri»  ^^dl 
^roic  d'une  Ckiv/r  érageii^  ,^  pîéÎM 
de'mDuVefflenriSi>0c  d*Kitngqc#,'  ^ottVJ 
ihe  ^ne  pièce  eècoique  ou  ÉRCGoe-w»* 
^tquc. , dom,les  fâgjès >M-1ëi^éttt>'^ë« 
les  !péaittèur$)  tjiaf  i^àkttfibh' (^  la 
a^tiité'  mA  Mûmmiéa^edttSiéhiili 
dés  hotmnéj  y  8é  dé  la  iiatni»^  firt 
fcui^  yifeçcs'i  qni  rftettdféff  fcttt  K- 
Iff^:  qui  |rt£veiBeràit  <»  etiir'îfreé 


otr  tBacMtmwM  m^  (Si  $ù^i.  it^ 

rtafeos  Mâoiels  Phdbttude  dit  mx-' 
&  de  roÊcrcicc  ;  qui  les  ostitc* 
xok  àr  rémalaiiioo  ,  m  defir  de  W 
gloire ,  à  ramôur  delà  vertu  ;  qui  au^ 
haa  de  Gourtifiais  viis,  iaqùkts  ^inuw 
tik  y.  ibuvett  ooeroix  è^  h  RepuUi< 
que  r  en  feroit  ou  de iâgesoeconoi 
itiss  ^  oir  d^fisûslkas  peres  de  famille^), 
ou  des  Jugdr.  ints^jits  »  ou  de  giiuid^ 
Capkaioés  ^  on  des  Orateurr ^  ou  de^ 
PlHfe&pkes  i  ik  qtti  ne  leur  atcireroiir 
k  tous:  mil  MBEOast .  iacoiifttiiedt^»  qw^ 
«clm  pait*âtrrde  hàSkri  Icmsi^i-î 
ée»^  Éftoôtt.de  iiè&m  que  de  U^aat 
excdlptes; 

«  H  f«]t  etr  FriAc^e  6eat2{:oti$r»  dà^^ 
ldrmec^,&  une  gpuide  étendue  dfe(< 
prit  pour  &  fuSkt  à^9  ckàrg^  S(dief> 
CBiploî»  9  Se  confeiitir  dinfi  à  dcB^cur 
lerchEZ  ibr^  &  à  œ  rktifkirc.'  Per^ 
lonile  pfefiioe  nV  ^V  de  sueritir 
pour. jouer  ee.ràk  aifeâ  di^i^é.»:^^ 
affi^  dft  fond  poiar  mopUr  k  vuide 
do  fttolSyram^^qiselcviiljBgtre  lip^ 
pcttc  des  al&icei;  il  ae  mm^wi  <»^ 
pendant  k  l-piilyeté  du  \k^  qutiqif 
neîBciii?  itDiSL;  6c  que  nicditcf ,  pitf^ 
lor  ^  Use ,  Se  ccre  ttAnqMifle  sPfrppe]Jto 


vu 


*     »«  •« 


KlU 


ti4      lis   <;AJCAéTf!lt<^ 

fhi  Mf-  "  *  Un  homme  de  mérite  ,  &  .qâf. 
kl  Ta  e^  en  place  4  n'eft  jamais  incotnmQ'^ 
tsftioif.  4e  par  fa  vanité  ;  il  s^ctofurdit  moins 
du  pofte^qu'iî  occupe, qu'il  tfeftBù- 
milié  par  un  plus  grand  qu'il  ne 
reôiplit  pas ifiî.  donc  il  fe croit  dignes 
]4us  capable  d'inqttietude  que  de  fier*' 
té ,  ou  de  mépris'  pdUr^es  autres  |  ii 
tic  penfe  qu'à  foi-même.  -     • 

*  ^  Il  coûte  à  un  homme  de  meritei 
4e  faire  afliduement  fa  Cour  ,  mais 
fi^  une  raiibn  bien  oppofifeà  celle 
que  Ton  pourroic  croire^  Il  ;  n*eft 
^oînt  tel  (ans  une  grande. modeftiè  ; 
qui  réloigne  de  penfèr  qu'il  failè  le 
moindre  pkifir  aux  Princes  ^  s'il  & 
trouve  fur  leur  pafiâge,  fe  pofte  de-^ 
Vant  leur»  yeux ,  &  leur  momre  Ion 
Tifice.  Il  ^ft  plus  proche  de  fc  p«* 
foackr  ou'il  les  importune  ^  &  il  a 
befoin  de  toutes  les  raifons  tirées  de 
l'ùlàge  &  de-  fon  devoir  pour  fc  ré^ 
foudit  À  fe  i;âontiier.  Celui  au  con« 
fafaîre  qui  a  bonne  opinion  de  ibi  ^  & 
que  le  vuteaiftî  appelle  un  ^orietâi 
i  du  goût  a^fetfaire  voi^  )  &  il  fait  â 
Oour.  avec  d'autant  plus  de  confian» 
<!e ,  qq'iL  eft  incapable  de  Js'imagjipct 
guc  les  Grands  dont  il  eft  y{x]^akot 


ïatreiiïent  de  ftperibiuie-,  qWll/faiU  CttÂK 
lui.méinc.        .     ^      :■  ih 

*  XJn  hmnâcc.hômirie  fepâye  pâf 
les  cliatDS  de^r^pUci^oh  qâ'il  ai 
ion  devoir  par  ktplaifirifil'il  fentk  lo 
faire  ;  &  fe  défintâtflè  ihr  les  e1o4 
ges  4  Teftittiê  >^  &  ki  itconooi&ncir 
qui  lui  itlàQ(}tieiSC  <^el(|iiefois. 

^  Si  j*olbis  faire  une  coifiparaiilbf( 
entre  deux  conditions  tottt-à«&ic  in^« 
pies  ^  je  dirois  ,  qu^ûn^  hoa»ne  de 
cœur  penie  ï  retn[^tr  Ib  devoirs  ^  k 
f>cu  près^comtne  le  couvreur  fonge  à 
couvrir  :  ni  Pun  ni  l'autre  ne  cher^ 
chent  à  elcporer  leur  vie ,  ni  ne  (bnti 
détournez  par  le  péril  ;  la  mort  pouf 
cun  eft  un  inconvénient  dans  ki  mé^ï 
tier  9  $:  jamais  un  o}>JlacIe.  Le  pré» 
saier  aufG  i^eft  gueres  f\u$  vain  d'ai 
toir  paru  à  la  trancha ,'  emporté  un 
ouvrage  ,  ou  forcé  un  retrancfaef 
ment  ^  que  celui«ci  d'avoir  monté  fuif 
de  hauts  combles ,  ou  fur  la  pointé 
d'un  clocher.  l(s  ne  font  tous  deux 
applii)w2  qu^ï  bien  faire  ^  pendant 
que  le  fanfaron  travaille  ^  ce  que  l'oil 
dife  de  lui  qu^il  a  bien  ùdt. . 

*  La  modeftiè  efl  au  mérite  oê 
que  ks  ombfcs  ibht  au?ç  £gi<rés  dans 


>I  RtOlt* 


*J1*^  &  du  relief.  .... 

Vti  tmmtit  lÎDipfa  «ft  l%b*:  de* 

paruié  pQW  CiîtliMNJ;  «>9t.^ei]^li  ifm 
«k .  de  gnodi»  !«âfcio»v  J^^^^,  gomp*» 
re  à  lAie  btaucé  di^«^  *>  «Mï  {du^ 

^ndqttc  Qiwragje  qW  «c  ki*r-  %  pa« 
tïzl  vmfi  »  &  ataàfi  Qt^j^  4t<c  <]^  1^ 
Àbdcftîc  imi  bieiaf  a^^  gr«f«U  i^Hh 

Es  kit  QttiMéHsî  ^mW^bM 

le  bpi&ût  axa  portos  4is  pKw  4^  Il 
fceuitef  • 

*  Vcittc  fiÈ  eft  fegœ,  wfeit^ 
]K»  airaeer  àt  la  Tribune.  Voti9 
fille cft  Q^c pioinr  k  monde» dq  F^ 
leroM  pas  panoi  tes  Veftalc^.  X<t#^ 
Hu  iioùs  af&:aachf  e&  fmbic  8c  tîn^k 
de  9<  QQ  (Eltâcitz;  fsà  y  MËitea»rte  dit 
iqgioais  &  de  k  milioe.  |e  vcu 
Ji'avsûiceF ,  dkés*iN3lii  r  œmbfex^e  dof 
àkwV  fii^dttrgcK-fe  de  tereca  »  de 
iate  te  dû  pciiKdbm  yr^vcKnvotis^ 


ëa  Witii ^ éw»  tivôm d^  4i^0Kf 

éù  elles  lui  feront  plos  ditonjksaÉqf»  '  Ih 
h  vtxtxL    B*  a^èâ' €oàt€ioit  iropy 

Dnegoiitmdi'ieaa^|Aiet<>«$.  piiifcst  dqt^ 
*lPibcepQitr  coticbup  X^tits  ^  ¥Ott# 
aimez ,  &  peur  pré vœîc  ks  h^nteût 
Ib  fii^  dHM«q^igt9Beittoi^  ii^  n^eftr 
faspcQpit> 

^  fi  né  &ifi(  iWbgird^r  dkiiè' fe«^  À^ 
^ue  b  fevlrtcrttt  qui  àoiisf^tnche  à- 
eux ,  fans"  aucun  c:tametf  de  l^vkif 
lentoeoâ  de  ktiV  mmiyaife  fi)ftune  ;> 
&  quand  on  fc  fenf  capa01e  de  le^* 
feivre  dons;  leur  dî&niceril^&ttt  lei^ 
culÔTtr  hâidimén  2s  avec  coUfianiXi^ 
|u£buBS  d»s  kw  plor  gKaàde  pr^4>cf 
ritd 

^  S'il  efl^  oràii^it  d'être  ^ivtirieof' 
iDucbë  des  chofes^  i^rés  ^  pcs^ir^oi  W 
fommes-Hotts  fi  peu  de  la^rcAU  ^ 

^  S'ft  eft  beu«ci>x  d'avoîï-  de  It^ 
iiaijQànce  y*  il  ne  Teft  pas  moins^  dPêtrr 
tù  çploitim  s'itttonxr  i^u^-  &  vdu»  éir' 
a\PC2» 

*  B  appaimt  de  ftito  en  tifiA^  AiT 
blaoe  de  k  mre  des  honmer  rares  ^ 
fxquis,  qiiilMrilkiiC|i«r  kii$  v«i«ti^^ 


tit  if  i-  Se  dont  les  qualîtez  étâirieAteâ  jettdt 
iiti*  ttn  rfclat  prodigieux.  Semblables  à 
tii"^'*'  ces  étoiles  extraordinaires  dont  on 
ignore  ks  orafes ,  8c  dent  M  fait  en* 
core- moins  'ce  quMks  deviennent 
après  avoir  di(pajÊ1i  ,  iU  «'ont  ni 
ayeuls  ni  defeendans ,  ils  compoTent 
fèuls  foute-  leur  rade/  > 

♦  Le  bon  cfpfit  nous  d&ouvit 
lK>tre  devoir  ,  notre  engageaient  à  le 
feirt  j  Se  s'il  y  a  du  péril ,  avec  pe- 
fil  :  il  inipiit  k  courage  ^  ou  il  y 
fupplfe 

«  *  Quand  drt  eii^celle  dans  fôn  hn  ] 
le  qu'on  lui  donne  torite  la  perfec- 
tion d<mt  il  eft  capable  ,  l'on  en  fort 
en  quelque  manière  j  UV^  s'égaie^ 
ce  qu^il  y  a  de  plu?  noble  &  de  plus 
releva,  V**  eft  un  Peintre.  C** 
îin  Muficfcd ,  &  PAuteor  de  PyJ> 
Ine  eft  un  Poëie  :  mais  Mignard 
cft  M  1 6  N  A  R  i> ,  L  u  L  L  y  eft 

LuLiLY  9  &  CoRK£JLL£  ^^ 
CoRNElIiliE^ 

*  tJn  homme  libre  ,  &  q"^  ^^ 
point  de  femme ,  s'il  a  quelque  efprit 

.  *cut  s'dever  au  deflus  de  fà  fortune , 
Je  mêler  dans  le  monde ,  &  aller  da 
jair  avec  ks  pluj  honnîtes  gens  :f^ 


ôtr  tu  MoEUitô  Ofi  es  SicetF.'  i  f^ 

^  moins  :&ciie  a  celui  qui  cft  eng«-  Cn-x^w^ 
Çtf  :  il  fembie  qge  le  mariage  met  1 1^  > 
tout  le  monde  dahs  ion  ordre. 

*  Après  le  mérite  perfonael ,  il         '     ^ 
!kut  Tavouer  ,  ce  font  les  <^inence9 
dignitez  jk  les  grands  titres  dont  tes 
hommes  tirent  plus  de  dlftinâion  ^ 

plus  d  éclat;  j  &  qui  ne  fait  me  no 
Erasme  doit  penier  à  être  £v$r 
que.  Quelques  ^  uns  pour  étendre 
leur  renommée  entaflent  fur  leurs 
peribnnes  des  Pairies  ^  des  CoUierf 
tfOrdrç ,  des  Primaties ,  la  Pourpre, 
iBc  ils  auroient  befoin  d'une  Tiare  i 
mais  quel  beloiq  ^  Bénigne  (4)  d'mc 
Cardinal?     ' 

*  L'or  éclate ,  dttesrvous  ^  fur  les 
kbits  de  Tbiletnen  :  il  éclate  dc'mâ- 
ffie  chez  les  Marchands.  Il  eft  hai* 
bille  des  plus  belles  écof&s  :  le  fbntr 
elles  moins  toutes  déployées  daqs  les 
boutiques  Se  à  la  pièce  ?  Mais  I4  bror 
derie  &  les  ornemens  y  aioutent  enr 
eore  la.  magnificence  ,  je  loue  donp 
le  travail  de  l'ouvrier.  8i  pq  lui  éèr 
mande  quelle  heure  il  eft  ,  il  tire  unç 
montre  qui  cft  un  cbeif  d'çeiivre  :  1» 

gardç 

(  « }  J.  BeoigniE  Bpfluct ,  KTi^que  4c  l^^ux» 


«  I 


S.^»    4.BS    C  AA  AC?"-***»  ' 

^    T  «     fla  au  doigt  \m  gros  diaiçam  ^u*il 

#  ■#«.9#-  J&it  i>riUcr  auîc  yciix ,  ^  ^W  çft  jpztr 

ff  ■'*•        ^ic  i  il  at  lai  tnsmqMe  aucaçc  de  ç« 

^uricufcs  baigjitciioB^clîon  |)qije  fiv 

Joi  «utaot  pour  l»  vaiîiité  ^ve  poux 

^♦uûgc  i  &  il  ne  ic  plaint  non  plxxf 

toute   forte  de  p^iùp  ^u'un  jeune 

iKMnme  qui  a  .cpoviQ&  «inc  riche  y.âcillc, 

yoûs  mHçfpirea^cnfin  de  I9  i;iiriofite' 

il  faut  voir  dtt  moins  de?  chof^  « 

précicofcs  :  cçvoyez-moi  ixf.  hato  5f 

jccs  bijoux  de   fbifcmottjje  yo«d 

«quitte  de  ia  perfonné. 

Tu  jBc  tKMçpes ,.  Philcpaon ,  ^  avec 
fx  Ç#ro.flê  bf  lUant ,  ce  gr»ùd  joonï^ 
f>tt  <k  £W|was  qui  fc  Jfiijvcat,  &  ce? 
jfi?  Jbctes  qui  te  tnéncrt ,  t?â  p^« 
jtfùe  >^i>  t'en  cftiioc  (lavaoïagc.  L'oç 
îeintte  tout  cet  atdiaiî  qui  t*éft  ^traiv> 
«er ,  poftr  pénéper  jufques  à  «pi  , 
■^i  ft*es  âtt'an  £it. 

Ce  n'eft  P»s  <iu'il  £ntt  qudqudai; 
'^rdomier  à  cel»i  qui  avec  un  gnui4 
lÉoro^)  an  ixAn.  ncfaeiSc  un  magni* 
^jfique  «équipage ,  s*oa  croie  {dus  de 
^laiSanse  :&  jtlu^  d'api» -;  ^Jit  ed| 

jlaw 


|8«ns(fa<^f%émi^.&  dm  les  yca^   C^h4|8» 
A ceci^x  qui  1^  padcQt  ^U 

Va»  â  k  î^fljc^  qui  ^  Hd  lOM  ttHll^ 
tcau-^feyeou  4è  dïà^'  dtUmmds^ 
ttbc' W!mic$[;è  farge  &  jpfecée  bm  fur 

jcalotteféeinca^,  ^>Hn  feeaû  gmin  | 
M  cbllct  bien  iak  &  bkn  rni]^  ^ 
îcs  cheveux  amsge^  &  le  teit^  vw-  ~ 
ineil ,  qui  ayèc  iecjà  fe  fouvient  dt 
quelques  diftinâîons  !i^ctaplpyfiqtf€5  ^ 
explique  f  e  que  <fc^  qqe  la  lumiejrt 
de  gloire  ,  &  fait  précifenent  cpm? 
inent  l\>n  yoit  Dieu  j  pch  (f^ppd^^ 
un  Doôcur.  Uijïc  pcrkjnfte  humble 
qui  eft  enfcyelic  dans  îc  catect ,  qu^ 
a  njediti^ ,  chercha  ,  confulté  ,<:ow- 
ïpnté ,  lu  PU  ^rit  péndgnjt  toute  & 
fie,  tfl:  un  homme  doâe. 

*  Cèeîs  nous  le  iTolcJal:  eft  brave  ; 
te  Phomme  de  robe  eft  (avant  :  noue 
tfailons  pas  plus  loin.  Ch^  le&Roy. 
ttaios  PfiQmme  iîc  robe  ûùk  brave  j 
le  le  fôldat  Aoit  lavant  :  un  Rotnaii| 
Àoit  tout  enfemirie  Scie  Ibldat  ^ 
^Tvommc  de  robe. 

*  D  lèmble  que  le  Héros  eft  d'un 
£ul  mécjier  ^  auiH^i^l^  ècU  ^r- 


De  Ml.  re  }  8f  qtic  Ib  grand rhomcaç  .d|.  M 

n  i«  ■       tous  les  m^ers ,  oiy  4$  M  robe  ,  oo 

ri»<oa-  dçr<fpéc,ou  du  »binet,ou  de  U 

*"*•        ISouc  i  l'un  «c  l»auîrc.  iw  ctifc«>blf 

^pçfcntJpîB»ah9mpiedçJ^«çnj     . 

•    »  ^65  la  gifcflre,  1»  di0ip^pn  ai* 

tw  te  Heroa  $£  le  %mi  HeH»H»e  cf| 

délicate  }  touïçs  les  vertus  militaire» 

/ont  l'un  &  l'afttrc-  îl  fcmblenéih- 

litp^ns  <|»c  je  |«rcaiie?  /w«  K^pe  .  j^*" 

ttepfeûant',  d^uacia^je  valeur ,  fer» 

jMc  dans-  |es  pei:ils ,  ia»^pj<îe  j  quç 

l'autre  éjf celle  par  un  grand  fens ,  par 
«nç  jiraftc  prçyôyaiicc ,  par  une  haurç 
iqapacite  Se  par  une  longue  experién- 

Ht, .  .^^p  r  ^y^  *>*A  L  E  X  A  N  p  R  B 
ïi'étçitqufuA.  Héros  ,  &  que  Çesa» 
itoit  un  gmi  Homme.   .    . 

plus  grand.s  hpmmcs  ne  deviennent 
qu'à  ibrte  de  règles ,  de  méditarioo 
.Çj;  d'excrGice.  Il  n'a.  eu  dans  fes  pre^ 
^icres  années  qu'à  remplir  des  talcn» 
qui  Aoient naturels.,^  qu'à  fe  livrer 
è  fon  gçnie.  Il  ^  ftit ,  il  a  agi  ayaop 
jjuc.  de  jàvqiv ,  ou  plutôt  il  a  fu  cç 
qu'il  n'avoit  jamais  appri»^  dira»-J9 

7  '  ■   ■  "•:•..,,•      .  %n 


IL 


les  jeux  dc:ïon  cri&nce  ctfc  ëcë    Chu^ 
plufîeurs  viâoires.  Une  vie  accooK 
pagnée  d'un  texcrême  4i>onheur  joiiu: 
à  une  longue  ^^experience  feroic  iUuir 
trc  par  les  (êules  aâioias  qu'il  0vok 
achçvc'es.de>  fe  jcuneflè,  Toutes  ic!$ 
occafîons  de  -Wncre  qui  &  iont^de* 
puis  ;éBèrccs  ,.^1  les  a  etnbrailifes  ,  2C 
celles  qui  n'et(>ienc  pas ,  fa  vertu  ^ 
Ton  étoile  les  ont  fait  naipe.;  admira^ 
ble  méme&.par  les  choies <]u'il  a  fai- 
tes, Se  par  celles  qu'il  aiiroît  pu  fai- 
re. On  l'a  re^rde'  comme  un  honsu» 
me  incapable^  coder  à  l't^nnenii'»  de 
plier  fous  le  nombre  ou  fous  -les  'o"b«- 
jtacles  i  comme  une  ame  au  ^premier 
ordre  ,  rpleine  de  refliburces  &  de  lu^ 
miere&,qui  voycHt. encore  où  pcvfoor 
ne  ne  voyoit  plus  ;  çomoie  cdbi  qw 
à  la  tête  des  llegions  était  pour  elles 
un  préfàge.ile  la  yiâ:aire,éc  qui  ^va^ 
loit  feul  plufîeurs  Lçgtoas  ^qui  étok 
grand  dans  la  profperité ,  plus^tand 
quand  la  foitune  lui  a  écc'  contraire  2 
ja  levée  d'un  fîçge ,  une  retracice  l'ont 
plus  annobli  que  fes  triomphes  j  l'oft 
ne  met  qu'après ,  les  l^ataiUes  gag^^es 
^  les  villes  prifes  ^  qui  &oit  rempli 
àc  gloice  jgc  éÉ  saode&ie  ^  on  lui  a 
lonu  X.  I  en» 


1^4    Le$  Caractères 

D  u  M  £-  entendu  dire  ,  je  fujfois ,  avec  la  m^T 

R  «  T  I     fQç  grâce  qu'il  difoit ,  lHous  Us  battU 

JJJ/^*'-  ms  i  un  honÊïme  dévoue  k  l'Ecat ,  \ 

iâ  famille,  au  chef  de  fa  famille  :  /!q. 

<:erc  pour  Dieii  Se  pour  les  hommes, 

autant  admirateur  du  mérite  que  s  il 

ïui  eàt  été  moins  propre  &  moins  ta- 

milier  :  un   homme  vrai ,  (impie , 

>{nagnanime,  à  qui  il  n^a  mapaué  que 

fcs  moindres  vertus. 

*  Les  cnfans  des  Dieux  (  rf  ) ,  pour 
tiinfi  dire,  retirent  des  règles  de  la 
nature ,  &  en  font  comme  Pcxcep- 
tion.  Ils  n'attendent  prefque  rien  du 
tems  &  des  années.    Le  n^erite  chez 

4 

eux  dçvance  Tâge.  Ils  naiflent  inf- 
fruits ,  &  ils  font  plutôt  des  hommes 
]f)aifaits  que  le  commyn  des  hommes 
tie  fort  de  l-en&nce. 

*  Les  vâës  courtes ,  je  veux  dire 
les  efprits  bornez  ôc  reflcrrez  dans 
leur  petite  fphere  ne  peuvent  com- 
prendre cette  uqiyerlàlite  de  talens 
que  l'on  remarque  quelquefois  dans 
un  même  fujct  :  où  ils  voyent  ragréf.» 
ble ,  ils  en  excluent  le  folide  :  ou  ils 
croycnt  découvrir  les  grâces  du  corps, 

\   .      '  Tagi- 

r  Ci/;fil5<Pcttc4lff  KTasdc^Jlpis, 


en  Les  MpsvRs*  9E;  çt  SieeLB.   195 
î^gilîoÉr,,!»  -ibuplefl*  i  ;I^  dextérité  ,    Cha». 
iJs  ae  yculpQt  plu$   y  adnacttre  les         ^* 
dons  de  l'ame  ,  U  profi;>adeur  ,  h     '• 
iK^éxion,  Sa-tfagigi^^  :  .ils  ptent  de 
Pài^biii:  -Mr^i^fi  i-  A  T  P'<p*a  ?it 
dhoie.     ,-:   !i''  -1  .        :  -,  -    . 
:    *'1{  «?y.<i.  gi^çgef  .^hoi^ine  fi  ae- 
CQfnpli.âc'fi,:i)ç;çd3{Mrsa!UX  fieas, qu'il. 
n'ait  di'qMf»'fc_hite  jbb^s  regrçt^er^ 
-  *  Ua  JbQ^me,  ^çir^ipi&:  4'un  <;?- 
td^U^  ûfi»f^\  ^At9\^  'fP^t  îcpbei? 
dam  ;q?W^B«;  ps^e  ,  "il  q^  gen^  pps, 
«W«fPfffeRW!iO?iiiï?e.J|iifCn  .d^eflca-, 
«ififil«»(îfi|Wir  êtfeA  duppe ,-  ^çtçp 
£Ql^i(IQC«r jl/e^reo4  9l9Ù|s  précaiDt^i}* 


ft(Stti4e,4^g<}i  ;  .J.:if)îf#  .-.Ifomp^ 
f*.'ttrïB.&i8,  '!:•■•:•■••;;;•;  S  ••■  ;  ,..;> 
:i:  J'4«iKm  s«eÇif9.ift.  d'âfffpÇcr  «Çfo 

|»yiï!*Shft(çs,;H»,hani9pp.4»fifgrrt,,x^ 

•  .'f  .1*.  ijfy:a,/rie|iidc  ^.idéliji  ,  de'fi, 
fîinpte-^i,5Jp^  ipjpçiçep^îtiile ,  o^il 
n*eatr«  ^  lî^njeres  qui  pous  déce- 

Iw^  yfîfeji'%  Jî^ffc  «  n»;  »c  fort  ; 
/'  ï»  ni 

4 


RITt 
PlltftO!|f« 


if«    '  te*  CAlÊA'cfi^45    • 
Du  Mi-  ai  nt  ^'éflSedl,  n^  m  fe  kv6<Viii'tie;^ 

ni)  hdàafne  (fferprki   -         ' 

il  prie  des  gens  qu'il  jie  xrotuiok 
point  dd  lés  mener  à}k%  d^mvcs^ovft 
m  n'eft  pds  cdnnû  r  il^tit  à  des  fem- 
mes <|tiM!  :dôh1Hbît,dferirôë.^^ 

iHië  dam  titl.ccrek  def^îrfoiuies  rcf- 
peÔafefes^;  a  ^ûi  ne-  feVÉttt'^ftîcl  il 
eft  ;2t  îi  fehs  atrearfrt  ^uW^^ifitcr- 
Joge,.iM  ô^^  fëritii*^^tfit  ittseit-ôpipt, 

JI  «ntre-.4irte  «rtré  ftm 'ô^ -tmt  <i(^ 
icmbfée  j rft  ptece  ou  il  fc^riotivc  4 

IbWnèmbi'bhTdte'ffiiite  gi«te  déft*^. 
«âé'i  tin  iMihifl^e^  il^^'^d  â  c^ltd 
du  Ducj8c  Pair:  il.eftJà  p^i^BÊmètt 
Celui  dont  k  iittltitodè-  m  .'»&  qui 
ftW  eftgfiVe  «ciké  rit  pdinC.  Oiâ(i 
^  un  cWeti^  fetii*tfil  dti^ïlof  i  » 
^fiiii^^  li%îftWau^!»W«ctee^^^  St. 
regarde  le.jpiondc  indifia^qmmefitSitti 
c«nbarrài',.rafts  jfetoQçtn-V'îrrft  ^i)as 
Mbit  |)lus  quci  ^  idt  ddKptbi  m)B0if. 
'  *  €^//îr  feft  ià^ûtt  m^  fnedfocrê J 


ou  1.9$  MoÔJAi'TDt  aeS^iPCtB-  197 

)^ùmmt\  tl^a  fiekdon  avfee  dès  Sa*  C h  ▲  ^. 
yiAnà  :-  il%*  ptastÂc  alterittr  y  siais  il  i^'*'\ 
eonnâ^:  <ks  gciiâ  i|iié  en^ont  boiu» 
côop  i' U  d'dl^  pfis  faflbile^ ,  1^  % 
tille  iangtté  (|ai  péutfprvir  do  tracfac«r 
2iitfiC9>&  4es 'picds  qui  peuvent  le 
piÊter  d'u«l  lieip  à  aà^  autre.  C'eft 
ûfl  hmome  n^  pouf  des^  allées  &  vç-> 
mëfty  pcx»K^  écpuMr  dés  propofîdooS' 
flC'  ksr  rapporter ,  pour  tnSéasé  dH>ffiH 
ce  ,  pmH'  altct  pltt6  lom  quefa  coixv^ 
fiiifltMr  ,^'  ea^  écnp  defevou^  ^  pou0 
KcoQcilJerdes  gens  qui  &  quêrdienr 
à  lea^  premîero  entreTÛë ,  poar  taïf^ 
fir  dans-  une  af&ii^  £c  -ea  marquer 
2»illè^  poiirft  doiMKi?  toàie  la  0oirç 
êèikrév^^^  2C  fÀMird^urdêr  ftir 
lèi'atitre&  la  mine  d^itt  qiauvais  iu(> 
cèa.^  li  lait  les  bràia  oeJÉimuns ,  lest 
fai flsbr icttes  de  t^  TiHè  2  ii  ne  fait  nen> 
il  dit  où  il'  éœu^  ce  qw  les  autrea 
fi>nt>â  éft^ nouvellijde  ;  illaic  ttiièine 
IdTé€M:de$  Àmilles  t.ileficredans  de 
pliis  iRHifid  i^ij^fteres^'it  v0ua  dk  pourip* 
^fum'éekif-Ci  ^^it^ndl^ ,  fie  pourqu^tf 
en  n^ppélte  cet!  autre  !  tl  eonnellt  le 
fend  &  lescaufësde  la  fetooilleiiiedéa 
dèuK  fi^erei,^  de  ta  i%ptUiedB3deusf 

Ij  pre; 


D  V  M  »»  penaiérs  ler  triibs  fukcs  dekurnicSi 
p  s  R .  o  N-  intelligeoca?  o^- t^âl  pas  cbt  de-  ccu^ 
.ii£L,         eicjiie  leur  unîop  ne  feroîtpâs  Ipn- 
gué  \  n'^coit^iL;.pàs"pfGreflfe  ï*  de  Gclr*- 
laines  paibles^  qtn:furciik  dit£$^  n^çty- 
tra-t-il  /pas;daD&ufîee^Ci:i^.dc  negpcia? 
tionMeroulu&!oncifQire.>  fac-il  écou* 
té  ?  à  qui  parier- vous  de  ce$  choies  i 
quî  a  eu  pkts  de  part  que  Celle  à  rou* 
tes  ces  incriguea  de  Cour  >^  fî  cela 
a?écnit  àiofi  ,  s^it  np  Payoic  du  moisir 
ou  rêvé. ou  imaginé  ^  ibngeroic-il  i 
TOUS  ie  fkitt  :  croire  ï  auroic-il  l'aii? 
importafic  Sç  lâyilerieux  d^uu  homme 
levétu  d'une  i^mbaflàde^ 
.  ^  Mfnippr.tik  PoiTeau  pare  de  di^^ 
Ters  phimagés  qiiirqp  ipnt  pas  à  lui  : 
il  ne  p^liQ.  p^  ,  il  ne  fenç  pasvil  ^e^ 
pete  de»  reotimeps  Se  des  difcours  ^  (e 
fert  même  fi  a^tarellemenc  de  refprit 
des  autres  y  qu'il  y  eft  le  premier 
trompé,  &.. qu'il  crWt  foûvent  é\tu 
ion  goût  ou  e}<pliquer  â  peçCee^lors 
qu'il  n.*eft'  qi^e  Péçho  de-  quelqu?ua 
4u'il  vieflt;4e  ^tHCtcr.  C'^ft  uahom^ 
me  qui.  eft  de  mife  un  quart  d'heure 
de  fuite,  qui  Ic; moment  d'après  bail^ 
fe,  dégjéaerflvjpcçd  le  peu  deluftw; 
^<^'iinjpe.ii  de^  nteqioire  lui  d$mnoi(^ 

8Ç 


où  lEs  Moeurs  db  ce  Sieclb.  199 
Bc  montre  la  corde  :  lui  fèul  igtiorc    CftAVi^ 
combien  il  eft  au  defibus  du  fublimci       I  ^- 
6c  de  rheroïque  j  &  incapable  de  fa- 
voir  jufqu  où  Pon  peut  avoir  de  l'e(^ 
prit ,  il  croit  riaïtemcnt  que  ce  qu'il 
en  a ,  eft  tout  ce  que  les  nooimes  eil 
iàuroient  avoir  :  aufîi  a»t-il  l'air  &  ïo 
maintien  dé  celui  qui  n'a  rien  à  defï- 
rer  fur  ce  chapitre ,  ôc  qui  ne  porto 
ciivie  à  perfonne.  Il  fè  parle  fou  vent» 
a  {(^-meme.  Se  il  ne  s'en  cache  pas  : 
ceux  qui  paflent  le   voient ,  iSc  qu'il 
iemble  toujours  prendre  un  parti ,  ou 
décider  qu'une  telle  chpfè  ed;  iàns  re^. 
plique.  Si  vous  le    fàluez  quelque- 
fois ,  e'eft  le  jetter  dans  l'embam» 
de  fçâvoir  s'il  doit  rendre  le  falut  ou 
non  j  8c  pendant  qu'il  délibère  >  vous 
êtes  déjà  hors  de  portée.  Sa  vanité 
Ta  fait  honnête  homme ,  l'a  mis  au 
deïïusde  lui-même,  l'a  &it  devenir 
ce  qu'il  n  étoit  pas.  L^on  juge  en  le 
voyant  qu'il  n'eft  occupé  que  de  fa- 
perfonne,  qu'il  fait  que  tout  lui  fkd 
oien ,  Se  que  fa  parure  c&  aflbrtie  ; 
qu'il  croit  que  tous  les  yeux  fontou-. 
verts  fur  lui  ,  Se  que  les  hommes  (e 
relayent  pour  le  contempler. 

^  Celui  qui  logé  chez  foi  dans  uà 

I  4  Pa* 


ttJd      Les  Caracterhs* 
xi?»}^   ^*^"  avec  dcuK  appartCracnsrpotw- 
j'iKsoiip.  **  àaiX;  iâifôas  ,  vient  coucher  au^ 
»*!.,        Lottvrc  dans  un  eatrcfej-,  rfcuJefe 
f«s  aiflfi  par  modcftic.    Ccr  amre 
^  pour  confcrvcr  une  taiile  fine 
S^fticnt  du  vin ,  &  ne  fait  qn»un 
iêul  repas ,  n'éft  ni  fobrc  ,  ni  tcmpc- 
wnt  :  6c  d*tin  troifiAne  qui  importu- 
né d'un  ami  pauvre ,  lui  donne  enfin 
^ucl^e  fccoors,  l'on  die  qu'il  achète 
foarepoa ,  '&  nuHement  qu^l  e*  li- 
merai; L«  motifs  fêul.  fiit  le  mérite 
<fcs  avions  des  Hommes ,  &  le  defîn- 
ttreflcment  y-met  la  perftaipn. , 
^*  La  ftuiTe  grandeur  cft  ftroucïfe 
«  inacccflîMc  :  comme  elle  fentfoa/ 
fojble,.  elle  fc  cache,  ou  du  moins, 
«e  ft  montre  pas  de  front ,  &  ne  fe 
fiit/  voir  qu'autant  qu'il  6ût  pour/ 
impofcr  &  ne  paroÎÉrc  point  ce  qu'd* 
I«  eu ,  je  veui  dire  une  vraye  peti- 
tefle.   La  véritable  grandeur  cft  li- 
Wt  ,  douce  ,  femijicre  ,  populaire. 
Elle  fc  lailifc  toucher  &  manier ,  elle 
ne  perd  rien  à  être  vue  de  près:  plus 
onlaconnoît.pluson  l»admiee.  El- 
fe: le  courbe  par  bonté  vers  fcs  infè- 
weurs ,  &  revient  fins  effort  dans  fon 
«afurd  £ile  s*absiDdoiuic  quelque- 
'  '  foif ,. 


O0  I.ES  Moeurs i)È  es  Sibcie.  i»r 

fois  V  fe  Vcg%  ,  fc  i'cfâi;ïie  de  fti  Cha?. 
avaiA^gcs  »  jtoujoufs  eh  pouvoir  de     1^% 
les  ^prendre ,  Ôc  de  les  faire  Vaorr'; 
elle  rit ,  joue  &  badine  ,  iînik  avoc 
dignité.  On  l'approche  tout  epfem* 
ble  avec  liberté  &,  avec  retenqë.  SqiI- 
caraâere  c(i  noble  &  facile ,  înl^ire 
le  refpeâ  &  la  confiance  ;  &  fait  que 
ks  Princes  nous  paroiflènt  grands  8c 
ts'ès-grands  ^  (ans  nous  &ire  fentir  que 
aous  fommes  petits. 

*  Le  fage  guérit  de  l'ambition  par 
Pambition  même  T  il  tend  à  de  fi 
grandes  chofes ,  qu'il  ne  peut  fe  bor- 
ner  à  ce  qu'on  appelle  des  trefors  ^ 
des  poiles ,  la  ^iortuoc  Ôc  la  &veur. 
U  ne  voit  Tien  iMcs  de  fi  foibles 
avanuges  qui.  ifiit  fffez  bon  &  aflèz 
iblide  pour  remplir  ion  cœur  ,  6c 
pour  mériter  Ces  ibins  &  (es  dcfîrs  :  il 
a  même  befoin  d'efibrts  pour  ne  les 
pas  trop  dédaigner.  Le  feul  bien 
capable  de  le  tenter  eft  cette  forte  de 
gloire  qui  devroit  naître  de  la  vertu 
toute  pure  8c  toute  (Impie  :  mais  les 
hommes  ne  Paccordent  gueres  y  Se  il 
8^en  pailè* 

*  Celui-là  eft  bon  qui  fait  du  bien 
aux  autres  :  s'il  fouffie  pour  le  bien 

If  qu'il 


101    Le»  .Cailacteres.. 
D  o  M  1-  qu»il  fait,  il  eft  très-bon  i  sll  lÔuflSè 

Mifc.  "  MM  fi  grande  bont^  qu'elle  ne  peut 
Être  augmentée,  que  dans  le  eqs  où 
iës  £}Jumunces  viendraient  ^  croîcre  ;. 
&  s'il  en  meurt,  fit  vertu  ne  içauroil 
aller  plus  loin, elle  cft  heroïquç»eU& 
eû'pat&itc. 


CHA* 


ou  L£S    MOBURS  DE  CI  SifiCLE.    20) 

CHAPITRE    III. 
Des  Femmes 

LE  s  hommes  &  les  femmes  con-^  C  h  a  P4 
viennent  rarement  far  le  mérite  ^^^' 
d'une  femme,  leurs  intérêts  font  trop 
diflferens.  Les  femmes  ne  fe  plaiient 
point  ks  unes  aux  autres  par  les  mê« 
mes  agrémens  qu  elles  plaifènt  aux 
hommes  :  mille  maniefes  qui  allument 
4arfs  ceux-ci  les  grandes  paifîons ,  for* 
ment  cntr'elles  l'^verfion  Se  Panti-^ 
pathie. 

.  *  Il  y  a  dans  quelques  femnïes  une 
grandeur  artificielle  ^  attachée  au 
mouvement  des  yeux  ,  à  un  air  de 
tête  f  aux  façons  de  marcher ,  6c  qui 
ne  va  pas  plus  lom  j  un  efprif  éblouïlV 
iknt  qui  impofe ,  &  que  l'oft  n'eftime 
que  parce  qu^il  n*eib  pas  approfondi. 
Il  y  a  dans  quelques  autres  une  gran« 
deur  fimple  ,  naturelle ,  indépendant 
te  du  gefte  8c  de  la  démarche ,  qui  a 
&  fburce  dans  le  cœur ,  &  qui  eft 
une  fuite  de  leur  haute  naif. 
■  16  faoccj 


««  IDlt 


2ro%      kfis  Garactire»- 

lx^>i  I  s.  ^^^^  ;,uiv  mcriw  paifibjc ,  mais  fôlî- 
'  de  ^.  aeco0^)àgae'  de  mille  vcrtos'- 
qilkUcs  ne  peuvent  couvrir  de  toute 
kucinodeiÛe  ;  qui  echapent^  £c  qui 
&  HK)ntrent  à,  ccuX;  qui  ont  des 
yeux» 

»  pâi  v^  foohaiterd'cfrc  filte  ,  &: 
vnc  belle  £lle  depuis  treiw:  ans  juir* 
mes,  à.^ngt-dcux^  â:  après  cet  âge/ 
4e  àewQÎr  on  homme* . 

^  Q^lqiies  jeanes  perfonnes  ne 
«HBoiflèm  pQfimafl^  les  avanti^ts 
dfttOCL   bcuvcu&  nature,  Se  combtci}: 
il  kujp  ^roir  utile  de  s'y  abâmdomien 
EUesafliMblîilicot  ces  dons  du  Ciel  &; 
Hrm  &  fi  fragiles  pardes  mameres? 
a&€bees^.&  par  une  roauvaife  imitai 
ma.  ixof  ton  de  voix,^*  kiur  d^ 
Mu-che  fynt    empuntées  :  elles  &; 
fiompo&nc ,  eUes  fe  recherchent,  le* 
^ttident  dans^n  mirotr  û  elles  i^âà^- 
g^ent4ii]èz  de  leur  natutcl  :  oe  n'dS^> 
{MO  £ms  peine^élks  pkiiènt  mom&K 

^  iShèz  les  fefiâme^^è  pay^r  &  A, 
ftrd^-iAsft  pas  ,  3e  T^ooe ,  parlerr* 
omttç  fa  fetîfée  :  e*eft  pi w^Mâi  ^ 
Jk^  tttiMâââèiKnc  '9r  là  ^mafearade  ,oà^ 
t^njat  fe  domie  point  neur  œ  que 

^  fouler 


» 

ou  -LES  MotUBiS   Dfi  Cfi  ^EClt.    l&f 

fèuTcmcmà  fe  cacher  tt  »  ft  lairc    Crtuts 
igTX)rcr  :  cVft  chercher â impoièr aux:     IH^ 
yeuxr^  &  vouloir  paroîtrc  (eldn  Tcx-^ 
wricur  "Contre  la  .veritd  ;  <:'cft  -  une  cfr-  " 
pox  de-menterie*^ 

Il  fiut  jugcr<î€s  Ifeimes  dépdfs  It  > 
cJiiHiffi]^  jufqu^à  la  <:oëilire  exclufî-- 
vcmeiit  -i  à  pcu^  prèscomme  on  mcCttm 
re  le  poifibn  eiMr«  qQeiië'&  tête. 

*  "S^  ies  Itfmma&^euAènc  feiîemenc; 
ite«  belles  à  lettre  fptQpm^ytwi  -&  fe- 
plffrre  à  eUes^tnêmee-;  elfes  peuvent* 
fin»  dout«  tkm  4a  Timiiersede  s'ân^' 
bHiir ,  dans  te  ciKMxdes^'irjuftemensi' 
&dc  la  parure  fuivre  leur  goût  6É- 
Iqui:  caprice  :  mais  fi  eSeffi  aox -hom- - 
mes  qu?dfes  défirent  de  pldire ,  fi  c'eft:>- 
po«r  eux  qu'elles  fe  fardent  ou  qu'el- 
les   s'H^hluminent  ,  j'ai/recueilli  les^ 
¥oix  i  &r  je  leur  prononce  de  la  part^ 
de  tous   les  hommes  ou  dcf  la  plus 
grande  partie,  que  le  Manç  &  le  rou»-^.- 
ige  lés  fend  aiffrcufes^c  députantes  $,, 
•que  k  ronge  feul  le?  vîcilHt  S  lesdé- 
giaiiè  ;  qu -ils   i&SBknt  antant  ï  les 
voir  avec^de  la  cerufe  inr  fc  vîftge  ^. 
^n^av^ec  de  fkuffes  dents  ^«n  H  bou- 
ché,  «t  des  4>ouîes  de  trire  dans  les- 
tméK0nGS  in^^  ppotcflcnt  €crieu(e^ 


FiMMlS. 


lo^    Les    Ô  ara  et  eues 

,^.  I  *  flieiit  contre  tout  l'aftificiî  dont  cllei 
ttfent ,  pour  fe  rendre  laides  ;  &  que 
bien  loind'en  repondre  devant  Dieu  , 
il  femble  au  contraire  (ju'il  leur  ai( 
refervé  ce  dernier  Se  infaillible  moyen 
(de  guérir  de»  femmes. 

Si  les  femmes  etoient  telles  nato-^ 
rdiement  qu  elles  k  deviennent  par 
artifice ,  qu'elles  perdiâènc  en  un  mo* 
:mem  toute  k  fraîcheur  de  leur  teint, 
qu'elles  euflent  le  yifage  afuiO  allumé 
6c  auffi  plombé  qu'elles  fe  le  font 
j>ar  le  rouse  &  par  Ja  peinture  doot 
,«lles  fe  fardent  y  elks  ièroient  incon« 
folables. 

.  *  Une  femme  coquette  ne  le  rend 
point  fur  la  pa/fîon  de  plaire  ,  &  fur 
.l'opinion  qu'elle  a  de  fe  beauté.  Elk 
regarde  le  çems  &  ks  années  comme 
quelque  chofè  feulement  qui  ride  & 
.qui  enlaidit  kst  autres  femmes  :  elle 
joublie  du  moins  que  l'âge  cft  écrit 
fur  le  vifage.  La  même  parure  qui 
.a  autrefois  embelli  fa  jcuneflè  ,  défi- 
gure  enfin  fa  pcrfonne  ,  éclaire  les 
défauts  de  fa  vieilkflc.  La  mignar- 
.diiè  &  l'alfedation  l'accompagpent 
id^nsladoukurJScdans  la  fièvre  :  eUe 
meurt  parée  &  en  rubans  decoûleur. 


?  *  £x/ip  '  entend -dinj  d'one  aWre  co"  CAaV^ 
qucttc  qu'elle  fe  moqa€  de  fe  piqiuôr  ***•' 
dejcuncflè  &  de  vouloir  ufct  d'ajuC- 
temens  q tn  ne  conviennent  phis  à  une 
&mme  de.  quarante  ans.  Lrfè  les  a^ 
âGOompIis,.fiQais  [les  années  pour-eUt 
est! moins  de  douze  mois  &.  ne  k 
TîeiHiflent  point.  Êïle  le  croit  ainfi  t' 
£c  pendant  qu  elle  k  regarde  au  mr« 
jroir  y  qu'elle  met  du  rougp  fur  font 
viiège  &  qu'elle  place  des- mouches  y 
elfe  convient  qu?il  n'çft  pas  permis  à 
nn  certain  âge  de  faire  la  ji^une  ,  Sa 
^nc  CUrice  en  eâct  avec  les  mouches^ 
&  Ibn  rougccft  ridicule. 

*  Les  femmes  fe  préparent  pour 
leurs  amans ,  fî  elles  les  attendent  i 
mais  £. elles  en  font  furprifes,  elles 
ettUiomà  leur. arrivée  Terat  où  dk$ 
k  trouvent ,  elles  ne  fe  voyent  plus.^ 
£lles  ont  plus  de  loijSr  avee  les  indif^ 
ferens  ,  elles  fentcAt  le  défordre  oiSi^ 
clks  font ,  s'ajuftenten  leur préfcncc, 
^u>  di^raroifiênt  un  moment ,  Se  xo* 
viennent  paréeç. 

*  Un  beau  vifage  eft  le  plus  beau 
de  tOM3  les  rpeûaGles^Sc  Pharmonie 
la  plus  douce  elî  le  fon  de  Ta.voix  de 

ceUe.que  Pbn  aime* 

^  -  *L*a. 


\ 

Des         4t  i/igjp^osénr.' eflf^ aijaitrâire  :  fz 
E«  HMis.  bJùiu^  clt'qiKlq«  chofede  plus  néd 
& <te  phi» indépendant' du  gpûc  fiexlc 
Popioiom' 

tâin»'  beautés /fipnrËûtçs  £c  d'un 
taerite  £  ÀHanm^^ue  l'oiii  ^e  borae  i 
les  voir  Se  à  leur  paticr/x 

^  Une  belk  fkamie  qui  ar<le»ic]tta» 
lit^;d''un  honnâccr  homme  ,  eft  ^ce 
qn^tl  y^a  au  monde  d'un  commerce 
plus  délicieux  :  l'on  CfOuVe  e&  elte 
tour  le  mérite  des  deux  {cxs. 

*  II  rfcbapeàune  jçune  perfimnede 
petites  chofes  qui  perfiiadent  'Ixsitt^ 
coup  ,  Se  qui  fiatent  iaifiblém^nt 
celui  pour  qui.  elles  font  £iiccs  :  il 
n*ecbape  prefque  tîen  aux  hommes  : 
leurs  care£^  ibnt^  vc^ifKaires  :  ils 
parlent ,  ils  agiflènt ,  ils  ibnt  emprei* 
(ûz ,  Se  perfiiadent  moins. 

*  Le  caprice  tH  dans  les  fenmes 
tour  proche  de  là  beauté  pour  ésre 
Ion  contrepoison^  &  afin  quelle  nuîfe 
moins  aux  hommes ,  qui  n'en  jgueri- 
roient  pas  fans  remède. 

^    Les  femmes   s'attachent    aux 
par  ks  ÂYCurs  qu^:ll6S  leur 


»i>)M;5«  «^ 


ee'LHS  MoÊrtRS  M  CE  SlECtE.    lO^^ 

«cordent  :  les  hommes  gucrificnr  par'  C  h aJê*- 
CCS' mêmes- faveurs.  ^- 

*  Une  femme  oublie  d'ûfl  lîômtnC 
qu'elle  n%mc  plus  ,  jufqocs  aux  fâ?* 
veurs  qu'il  a  reçues  drctte. 

*  Uhe  femme  cjui  n'a  qi^àn  ga^- 
lanr  croit  tfêtrc  pomt  coquette  ;  celle- 
qui  X  plufieurs  ^lantsrcroît  n'être 
que  coquctce. 

Telle  femme  ente  d'être  coquette 
par  un  ferme  attachement  ï  uti  feul ,.- 
qui  paflc  pour  folle  parfcm  mauvais  > 
choixi. 

*  Uirtincicn^galanr  tient  à'  fî  peuJ 
^  de  chofe  qu*il  cède  i  un  nouveau  ma-  - 

ri  ;  fit  celui-ci  dure  fî  peu ,  qu'un  ^ 
nouveau.^ant  qui  fur  vient  jWicnd'; 
IccKingeT 

Un  ancien  galunt  craîiit  ou  mépri- 
fe  un  nouveau  mal  felon  le-  caraftere 
de  la  perlonne  qu'il  fcnr; 

11  ne  manque  fouventr  à  un  ancica-^ 
galant  auprès  d'une  femme  qui  l'attar- 
chci  q^e  le  nom  de  mari  î  c'cft  beau- 
coup ;  8c  il  feroit   mille  fois  pprdu? 
£ins  cette  cirçonftance* 

*  Il  fembïe  que  làgalinterfer  dans> 
une  femme  ajoute  à  la  coquctteriel 
\Jn  homme  coquet  au  contraire  eft. 


Ois  ♦'A juger  de  ççt^  femme  par  â 
7iMiiis.  bêattteVfa  jôBoe^,  û.fifiraf^  &  icc! 
dédains^,  il  n'^r  a  perfonne  q^  doqcç 
que  es  ne  fait  U9  j^kiw^idcn^eua 
jour  )a  cIviratfF ,:  Cm  cboi V  ^  f^H  i 
HJ'cft  wv  peut  nwûifti'f  «!li':  rma^aç 
d^fprit, 

f  U  jr  a  dé3  (émtm  d^  flltncs; 
qui  par  leur  complexiou  o^  p^r-  leur 
OiàuVAii  isskmOsere  &nt  tmwolhpatnt 
la  rei£»!irce  de3  jeupes  gj^ns  qui  «*qQ( 
pas  a&zdehkiL  Je  ne  fni  qui  eft  plai 
è  phrndié ,  ou  ^'une  femme  avancée 
en'  âge  9  qtit  a  befoin  ^  d'un  Cavalier, 
où duA^Caxâlier  qiû a beicûa^ d^iinp 
vieille.' 

*  Le  rèHw  de  k  Coo^ttt-rt0  i 
k  Vilte  dans  ww  rùdk^joh  W^aît 
lé  Màgàtraf  ;  n^miâ  en  cnmice  ^^  ^ 
iuÙt  jgrjsvamfi  qtie  le  Boufgçpfs^ea 
baudrier  ,4es  écarté,  &  devientow* 
trc  die  Ifplace  :  il  cfto  rfcoarf ,  il  eft 
aim»  ;  on  ne  tient  guettes  plii$  û^ 
waoÊomi  xontxc  une  écharpe  çfo^  Se 
«me  pinmt  blaœiibi  ^  ccmttc  un  ^poir 
»it  qu^  pMle  mtLùi  ér  pritiefUir 
niflfef.'  II  hit  des  )}l0iix  J6c  das  ^r 
wslêà  ^  on  l'admira  ^  il  &ît  entk  ;  i 
miacro^lieuës  de  là  'û£k  v'nié^.     . 


ou   LE^MotÛRSDfi    CBSnOli.     *!*} 

•  *^h;b6mmc4e  la^ilk  çft  pour    Cha?, 
une  lèmme  de  iProvince  ce  qu'cft      ^ 
pouTiiDiQ  fèmiiie  jf^  }/i^c  jan  homnu: 

^  A  iin  hQomke^m  /  ix0i(btttj^ 
qukft  gi>nd  parleur 5Çc/muvars  plan 
(ànt  ;  ijuiparlcdè  foi  avec  coriBinco^ 
il  des  auti^s^  .av^c  ,4)»épris  ;  impé- 
tueux ,  altier  '^  entreprenant  ;  Ëins 
îoœtu^  ni  ipràbité  ;  dé  4iul  jugetncQt 
€c*d?iineinD$g^iatiôn  très-Ub^e,  il  ne 
lui  maiitjiit  pitis  pour  être  adoré  de 
bî^  dds  f$tnme^,i  <^ue  de  tbeauX'  ifâk$ 
.&  là  taill^^Wle: 

^  E ftiiêe4cn  yûe  4a  fetttr  /^èkn  par 
«n  gœit  Jiypocpndre  ^e  <ettc  fcm» 
me  aime    uâ .  ^àtet  V  <ïei?ee  «atre  u4l 
Woinc ,  &  Ikrii^v  ,-fon^M 
--•>iî  i?(?/ri«/  (-4; )  .eri<re  ^ûr  U  fçenc 

^cn)te  ^encofKS  q<f  it  41  Jes-jamb^s^bien 
tournées ,  -  4|b11  joue  ^itn  ,  £c  4e 
tMgs  tolëft  ^-Sc  poiir-^iiYat^^  ^pait. 
^kcaxiéf^  %4i&\vt\  m^(^é[^  ^cmmi 
on  lé  M^^'ipkàtptÈtl&iàvdZ'^  jboxi- 
^  :ctt^i«  éfllM  le  i^t  ^«^iMcodbe 
rag«|ttK(it-  ,4aqa-jte  içp'il^  -fek^^^« 


)  /♦;( 


-iii6      Xbs    Caractbue.s 

t)  rs  *  Pour  les  femmes  du  monde ,  va 

^iMM£s.  Jardinier  eft  un  Jardiaier,  &  un  MaC- 
Jbtx  dl  un  Maflbn  :  *pour  quelques 
:autr^,plus  retirées  un  Maflbn  di  un 
iîiommè  ,  uîi  Jardinier  eft  un  born- 
ée. Tout  eft  xcvmioa  à  gui  k 
craint, 

*  Quelques  femmes  doïmem:  aux 
^Convents  èc  à  leurs  amans  ^^alances 
/&  bien-ifaiârices  elles  ont  Jufques 
<daiis  Penccince  de  PAutel  dos  tribu- 
nes &  des  ôracokes  où  elles  lifènt  des 

fbillecs  tendres  ,  *&  où  perfonne  oe 
;Voit  quelles  m  prient  point  JDieu. 

*  Qy\ft-ce  qu'une  iemme  que 
jPon  dirke;^  eft-ce  une  femme  plus 
.coinplailaiite  f  our  {on  mari  ,  plus 
.^ioucepour  fes domoftiqueSj,  plus ap» 
^pjiquee  à  fa  famille  &  à  Ses  afl&ircs , 
plus  ardente  &  plus  fincere  pour  fcs 
:amis  ;  qui  foit  moins  çfclave  de  fon 
^lumeur  ,  moins  attachée  â  fes  intc- 
?rêts  , gijîaimç moins  les commoditez 
de  la  vj^ijc  ne  dis îpas. qui  faflÇe  des 
l^rgclîçs  a  fcs  bri&ns  qui  fojn;  déjà  ri- 
ichçs ,  maïs  qui  opufcnté  çl\c-  même 
.:&  accabla  du  fupetflu  leqf  faumiffi:. 
Je.  ncçeflaire.,  &  ieur  «nde  au  moins 
|a  Jufticc  .^'eflc  3eur,,4?it,i  xpi  (cit 


ou  t£S  MqECIU  D9  Cl  SiSCCE.   2  If. 

pïus  çxçmptc  d'amour  de  îfoi-njEme  ChaîÇ 
&  (J^eloignçment  pour  les  autres ,  qiiij  ^  ^h      i 
foit  plus  libre  de  tous  attachemens, 
humains  ?  Non ,  dites^vous ,  ce  n'eft 
rien  de  toutes  ces  chofes,  Jihfiftc* 
Sç  je  vous  demande  x}u'eft-ce  donc^ 
qu'une  femme  que  l'on  dirige  ?  je 
vous  entends ,  c'cft  une  icçamc  ijui , 
à  un  Dircâeur. 

*  Si  le  Confeifcur  éc  le  Dircârenr* 
ne  conviennent  poinr  fur  une  règle 
de  conduite ,  qui  iera  le  tiers  qu'une   . 
femme  prendra  pour  fur^rbitre  > 

*  Le  capital  pour  untf  femme  nVft 
pas  d^avou?  un  yirecceur,  mais.de 
vivre  fi  uniment  qû^eÙe  s'eh  puifle' 
paflèn  ' 

*  3i  une  femme  pouvbit  dire  ï. 
{pn  Confeilcur  avec  fes  autres  foiblc^ 
les  celle  qu'elle  a  pourfonDireâeur» 

&  le  tem$  qu'elle  perd  dans  ion  en*         / 
trctiçn ,  peut-être  lui  fcroit*  il  donné         ? 
pour  pénitence  4'y  rcnoncor. 

*  Je  voudrois  qu'il  me  ÎFût  permis 
de  crier  de  toute  ma  for/ceàces  hom« 
mes  &ints  qui  qnt  été  autrefois  bief- 
fez  des  femmcs^.  Fuyez  les  femmes  ; 
ne  les  dirigez  point ,  laiflez  à  d'autrci; 
le  foin  de  leur  (àlut. 


i 7  ^       L  1  s  C  A  R  A  C  t  B  R  E  s 

l>i  f         #  Oefttwm  contre  un  mari  ii'êtfç 
V^xiili.  coquette  'K  aev(>te  ;  unefcname  de- 
vroit  opter.    '  '^^ 

*  J'ai  dîficré  à  le  airc ,  &  j'en  af 
ibuffert  i  mais  ehfio  il  m'cchapc ,  8ç 
j'cfpere  niêmc  qiic  •  ma*  francbilè  fera 
litile  àcéiW  qui  n'ayant  pas^aflcz 
d^un  Çorrfeflcùr  pour  leur  conduite , 
n'ufent  d'aucun  difcerhèmenc  dans  le 
choix  de'leur$  Dîrefteurs.  Je  ne  fors 
pas  d'admiration  '  St  (l'éconi)ement  a 
la  vue  de  certains  perfponages  que  je 
ne  nomme  point  ;  jouvrè  de  fore 
^^ds  yeux  fur  eux^  je  les  comemr 
plç  ;  ils  parlent ,  je  prête  rorcille'  :  je 
xhio&rme ,  pn  me  dit  des  faits  ,  je 
}es  recueille  ;  1^  je  ne  comprend^  pâ$ 
comn^eiit  deç  gens  pn  qui  je  'croiç 
voir  toutes  choies  diaipctralementop- 
pofôes  au  bon  elprît  ,  au  fcns  droit , 
91  l'expérience  des  afliaires  4u  monde  ^ 
à  la  connoiflàtice  dé  l'hopime  ,  à  la 
icience  de  la  Religion  ^  des  moeurs/ 
jprrfrument  que  Dieij  doive  renouvcl- 
ler  en  nos  jours  la  merveille  de  M- 
I^oftolat,  eç  faire  un  miiracle  en  leurs 
per(ônne$,,' en  les  rendant  capables, 
tout  fîmplcs  Se  petits  efprits  qu'ils 
fQUF ,  cjij  ïQim^çtç  ^  ^C8  ,  celui 


OIT   tES   MoKURS   DB  CE   SiECLV.   ll^ 

de  tous  le  plus  délicat  &  le  plus  fu-*  Ch  A.f^ 
blitne  :  &  fi  au  contraire  ils  fe  croyent  ^^ 
nez  pour  un  emploi  fi  relevé',  fi  dif- 
ficile, &  accordé  à  fi  peu  de  perfon- 
nes,  &  qu'ils  fe  perfuadent  de  ne  faire 
en  cela  qu'exercer  leurs  talens  natu- 
rels, &  fuivre  une  vocation  ordinai- 
re ,  je  le  comprends  encore  moins- 

Je  vois  bien  que  le  goût  qu'il  y  t 
à  devenir  le  dépofitaire  du  fecret  des 
familles,  i  le  rendre  néccffairc  pour 
les    reconciliations  ,  à  procurer  des 
commiffions  ou  à  placer  des  domefii** 
ques ,  à  trouver  toutes  les  portes  ou- 
vertes dans  les  maifons  des  Grands ,  i 
manger  fou  vent  à  de  bonnes  tables , 
à  fc  promener  en  caroûe  dans  une 
grande  ville,  Sc  à  faire  de  delicieufes 
retraites  à  la  canipagne  ,  à  voir  pliv- 
fleurs  perfonr»es  de  nom  &  de  diftinc- 
tion  s'interefiêr  à  (a  vie  &  à  fa  fanté,  8C. 
à  ménager  pour   les  autres  &  pour 
foi-même  tous  les  intérêts  humains  : 
je  vois  bien  encore  une  fois  que  cela 
lèul  a  fait  imaginer  lefpecieux  Se  îr- 
rcprehenfible    prétexte  du  foin  des 
^Rnes  ,  &  ièmé  dans  le  monde  cette 
pépinière  intariflable  de  Direéteurs. 

*  La  dévotion  vient  à  quelques- 

K  X  uas 


i^o    Lbs  CaracturiI. 

D  ■  s  ^      uns ,  &  fur  tout  aux  fciomes  comme 
f  EK^fis/  upe  padion,  ou  comme  le  foible  d'un 
certain  âge  ,  ou  comme  une  mode 
iju'il  faut  luivre.   Elles  comptoicnt 
autrefois  une  (èmaine^par  les  jouis  de 
jêii  ,  de  fpeftacle  ,  de  concert  ,  de 
luafcarade  ,  ou  d'un  joli  fennon.  El- 
les allaient  le  C-undy  perdre  leur  ar^ 
gcnç  chez  Ifmene ,  le  Mardi  leur  tcms 
cjicz  Ctimene  ,  &  le  Mercredi  leur 
réputation  chez  Celimne  :  elles  fa- 
vpieqt  dçs  la  veille   toute  la  joye 
qu'elles  dévoient  avoir  le  jour  d'après 
ce  le  lendemain  ;  elles  jouïflbient  tout 
.  à  la  fois  du  plaifir  préfent  &  de  celui 
qui  nç  leur  pouvoit  manquer  :  elles 
aurpient  fouhaité  de  les  pouvoir  raf- 
fembler  tous  en  un  (cul  jour.  C'étoit 
^lors  leur  unique  inquiétude  &  tout 
le  fujet  de  leur^  diftradions  ;  &  fi  el- 
ts  fe  trouvoient  quelquefois  à  VOfC" 
ra  ,  elles  y  regrettoient  la  Comédie. 
Autres  tems ,  autres  mopurs  :  elles 
outrent  l'aufterité  5c  la  retraite,  elles 
n'ouvrent  plus  les  yeux  qui  leur  font 
i^onncz  pour  voir  ,  elles  ne  mettent 
^{lus  leurs  fens  à  aucun  ufage  ,  Sc 
phofe  incroyable  !  elles  parlent  peu  : 
(lies  penfent  çnçorc  ^  éc  aûez  bien 

(Telles- 


OU  tES  MoiTTRS.liB  CE    ÉlECLt.    lit 

d'elles-mêmes  ,  comme  aflez  mal  des  Chat, 
autres.  11  y  a  chez  elles  une  émula-*  lïl, 
rion  de  vertu  &  de  réforme  ,  qui 
tient  quelque  chofc  de  la  jaloufie- 
Elles  ne  haïficnt  pas  de  primer  daris 
ce  nouveau  genre  de  vie ,  comme  el- 
les faifoient  dans  celui  qu'elles  vien- 
nent de  quitter  par  politique  ou  p»ir 
dégoût.  Elles  fe  perdoient  gayement 
par  la  galanterie  ,  par  la  bonne  chè- 
re ,  &  par  Poifîveté  :  &  elles  fe  per- 
dent triftement  par  la  préfomption 
&  par  l'envie. 

*  Si  j'cpoufe  ,  Herfnas ,  tine  fem- 
me  avare  ,  elle  ne  me  ruinera  pôifit  t 
fi  une  joueufc  ,  elle  pourra  s'enri- 
chir :  fi  une  favântc  ,  elle  faurai 
m'inftruirc  :  fi  une  prude  ,  elle  ne 
fera  point  emportée  :  fi  une  empor- 
tée ,  elle  exercera  ma  patience  :  fi 
une  coquette  ,  elle  voudra  me  plai- 
re :  fi  une  galante ,  clic  le  fera  peut-^ 
être  jufqu'à  m'aimer  :  fi  une  dévo- 
te (d)  ,  répondez  ,  Hcrmas  ,  que 
dois -je  attendre  de  celle  qui  veut 
tromper  Dieu  ,  &  qui    fe  trompe 

elle-même  > 

*Unc' 

(d  )  Faaflc  dévote 


FlMIllS. 


10 


1X&      Le  s  Caractères 

Jî.!.!  *  •  Une  femme  cft  aifce  à  gouver-' 
ncr  pourvu  que  ce  foit  un  homme 
qui  s'en  donne  la  peine.  Un  ièul 
même  en  gouverne  pludeurs  :  il  cul- 
tive leur  clprit  &  leur  mémoire ,  fixe 
&  détermine  leur  religion ,  il  entre* 
prend  même  de  régler  leur  cœur. 
Elles  n'approuvent  &  ne  defapprou- 
vent ,  ne  louent  Se  ne  condamnent 
ju'après  avoir  confulté  Tes  yeux  & 
(on  vifâge.  II  elt  le  depofîtaire  de 
leurs  joyes  Se  de  leurs  chagrins  ,  de 
leurs  defîrs ,  de  leurs  jaloufîes  ,  de 
Jlcurs  haines  &  de  leurs  amours:  il  les 
fait  rompre  avec  leurs  galans  :  il  les 
brouille  &  les  reconcilie  avec  leurs 
maris  j  &  il  profite  des  interrègnes. 
Il  prend  foin  de  leurs  affaires ,  îoUi- 
cite  leurs  procès,  &  voit  leurs  Juges  : 
il  leur  donne  fon  Médecin,  fbn  Mar- 
chand ,  fès  Ouvriers  :  il  s'ingerc  de 
les  loger  ,  de  les  meubler  ,  &  il  or- 
donne de  leur  léquipage.  On  le  voit 
avëcelles  dans  leurs  carofics  ,  dansles 
rues  d'une  ville  &  aux  promenades  ^ 
ainû  que  dans  leur  banc  a  un  Ser- 
jnon  ,  &  dans  leur  loge  à  la  Comc- 
rdie.  Il  fait  avec  elks  les  mêmes  vifi- 
Ces  9  il  les  accompagne  au  bain  »  aux 

eaux  y 


où  ii^  MôeùrS  èE  CB  Sipafi.  Il  5 

-cy ux ,  datis  les  vojragcs  :  il  a  le  plus  c  h  a  rt 
•eommodeappaitemem  chez  elles  k  k  lU.  . 
campagne;  11  vieillie  f^ns  décbeoîr 
de.  fon  autorité  ;  un  peu-  d'cfprit  & 
beaucoup  de  teins  à  perdi'e  lui  fufEc 
pour  la  conferver.  Les  enfens ,  les 
Jneritiers  ^  la  bru  ^  la  nièce  ^  les  dô- 
;inefl:iques  ,  tout.  <n.  dépend.  Il  a 
.con[>aiencé  par  fe  faire  eftimcr  :  il  fi-J 
nit  pat  fe  faire  craindre.  Cet  ami  & 
ancien ,  û  néceilaire  meurt  {ans  qu'on 
Je  pleure  *,  &  dix  femin^i]o!H  Jl  étoic 
]e  tyran ,  héritent  par  fa  mort  de  lalî* 
berté. 

*  Qielques  femmes  olrt  voulu  ca- 
cher leur  conduite  fous  les  dehors  dé 
la  modçftie  ;  Se  tout  ce  que  chacune 
a  pu  gagner  par  une  continuelle  a^ 
feâation ,  &  qui  ne  s*eft  jamais  dé* 
inentie ,  a  été  de  faire  dire  de  toi  ^ 
On  V'auroit  prife  four  une  Vefiale. 

*  C'cft  dans  les  femaiçs  une  vio-' 
lente  preuve  d'une  réputation  bien 
nette  &  bien  établie ,  qu'elle  ne  foic 
pas  même  effleurée  par  la  familiaritt 
dexjuelqucs-unes  qui  ne  leur  rcflèm? 
blent  point  ;&  qu'avec tojite  la  pee» 
te  qu'on  a  aux  o)alignes  explications  ^ 
eo-ak  r^cour^iàiUOe'  tPtitQ  autre  mt 

;;  ^         K4       '  fou 


ïi*4    Lts  Çaracthris  ^ 

P»*      jfon  de  ce  commerce ,  qu'à  celle  de 
F  «il  Kl  S'  la  convenance  ^s  mœurs. 

*  Un  Comique  oiitre  fur  la  fcenc 
fe$  Perfonnages  :  uti  Poëté  charge  fes 
dcfcriptions  :  un  Peintre  qui  feit  d'a- 
près nature  ,  force  &  exagère  une 
paffion ,  un  contrafte ,  des  attitudes  ; 
&  celui  qui  copie ,  s'il  ne  mefure  au 
compas  les  grandeurs  6ç  ks  propor- 
tions ,  gfoflit  Tes  figures ,  donne  ï 
toutes  les  pièces  qui  entrent  dans 
l'ordonnance  de  fon  tableau  plus  de 
volume  que  ntn  ont  celles  del»or^ 
nal  :  de  même  la  pruderie  eft  une 
imitatiow  de  la  fègeflè. 

Il  ^  a  une  faullc  modcftic  qui  eft 
•vanité  ;  une  f«ufiè  gloire  qui  eft  lé- 
gèreté ;  une  feuffe  grandeur  qui  eft 
pctitcflè  ;  une  fauflè  vertu  qui  eft 
Aypocrific  j  une  fauflè  fageflc  qui  eft 
pruderie. 

Une  femme  prude  paye  de  main- 
tien &  de  paroles ,  tinc  femme  fage 
paye  de  conduite  ;  celle-là  fuit  fon 
Jîuracur  &  fa  complexion ,  celle-ci  fa 
raifon  &  fon  cœur  :  l'une  eft  ferieufe 
«  auftere ,  l'autre  eft  dans  les  diver- 
KS.  rencôntrcSv  precife'ment  ce  qu'il 
^t  qa'dle  foif.    La  première  cache 

'  :    •  iks 


ou  LES  Moeurs  de  ce  Sieclb .  lij 

dfes  foibles  fous  de  plaufibles  dehors ,  c  h  à  w 
la  féconde  couvre  un  riche  fonds fbtis  IIU 
un  air  libre  &  naturel.  La  pruderie 
contraint  l'tfprît ,  ne  cache  ni  Tâgc 
ni  ta  laideur ,  fou  vent  elle  les  fuppole» 
La  fâgeflë  au  contraire  pallie  les  de« 
fâuts  du  corps ,  annoblit  l'cfprit ,  ne 
rend  la  jeuneflc  que  plus  piquante  ^dC 
la  beauté  que  plus  perilleufe* 

*  Pourquoi  s'en  prendrc.aux  hom- 
mes de  ce  que  les  femmes  ne  font  pas^ 
ik vantes  >  par  quelles  Loix ,  par  quelsi^ 
Ëdi^ ,  par  quels  Refcripts  leur  a-t-oii 
défendu  d'ouvrir  les  yeux  &  de  lire  ; 
der  retenir  ce  quielles  ont  lu  ,  &  d'en 
rendre  compte  ou  dans  leur  conver-^ 
fâtion  ou  par  leurs  ouvrages  ï  Ne  fe 
font-elles  pas  au  contraire  établies  el* 
les-mémes  dans  cet  ufàge  de  ne  rkn 
favoir ,  ou  par  la  foiblefJè  de  leur 
complexion  ,  ou  par  la  pareflè  de 
leur  efprit  ,  ou  par  k  foin  de  leur 
beauté  ,  ou  par  une  certaine  kgerefé 
qui  les  empêche  de  fui  vre  une  longue  . 
€tude  ,  ou  par  le  talent  &  le  gcnîe 
-qu'elles  ont  feulement  pour  les  ou- 
vrages de  la  main,  ou  par  les  diftrac- 
tions  que  donnent  ks  détails  d'oa 
domellique  ,  ou  par  un  eloigncmcnt: 


ii6    Les  Caractères  . 

Dit     nature)  des  choies  pénibles  ôc  ferieu^ 

liMMis.  les 9  ou  par  une  curiofité  toute  difFc* 

rente  de  celle  qui  contente  refprit  ^ 

ou  par  un  tout  autre  goût  que  celui 

d'exercer  leur  mémoire.  Mais  à  quel- 

3UC  cauic  que  les  hommes  puiflcnt 
cyoir  cette  ignorance  des  femmes , 
ils  font  heureux  que  les  femmes  qui 
les  dominent  d  ailleurs  par  tant  d'en- 
droits ,ayent  fur  eux  cet  avantage  de 
moins.  . 

On  regarde  une  femme  fiyante 
comme  on  fait  une  belle  arme  ^  elle 
cft  cizelee  aitiftemeat,  d'une  poliffii- 
«admirable ,  &  d^un  travail  fort  re- 
cherche jic^eft  utic  pièce  de  cabinet  ^ 
que  l^pn  montre  aux  curieux  ,  qui 
,11'efl:  pas  d'uûge ,  qui  ne  fert  ni  à 
la  Guerre  ,  ni  à  la  Chaflè ,  non  plus 
qu'un  cheval  de  manège  quoique  k 

^  mieux  inilruit  du  monde. 

Si  la  Science  &  la  Sageflè  fe  trori- 
Tcnt  unies  en  unmême  fujet  ,je  ne 
m'informe  plus  du  fexe ,  ^admire  ;  & 
£  vous  me  dites  qu'une  femme  iâge 
Be  fonge  gueres  à  être  favance ,  ou 
qu'une  femme  ià vante  n'eft  gueres 
£gp  y  vous  avez  d^ja  oublié  ce  que 

.  .VOtts^  vene2^  de  lire  ^  que  les  femmes 


ou  i£r  MowKS^  m  ck  Sitài.  ±tf 

fie  ftmt  dictoiirxïëes  .des  .Sciences  cpiè  ^ff^ 
par  de   Gcrtaîas  défauts  :  concluez       «^'^ 
donc  voDDS-inStne  que^  moiinis  elles  àu^ 
roièM  de  ce$  défsuic^  ^^  ptps:  citer  ^ 
Toim  fàgcs ;  &  ^>in&.uâe  fënlnsè 

venir  iàvaétse  ;  ou  <{u'iuie  ^fânme  ÙA 
Tante  ;  n'étant  celle  que  parcp  âU^ellâ 
aurok  pà  vaincie  lx)afCH»M3p<de^46« 
fauts,  n'en  eft  cpxc  plus  fige; 
^/* Loi  nèottat^  entité  des' femme» 
qui  nous  fbûsiéœkiasent  atmtsf  ;  q uoi-^ 
qn^âte^^SKjEem  rompit  poiir  des  inte* 
imovr  ncNBs  n'ayons  nulle  part ,  éHk 
HA  point  difficile  ;  il  iàue  choifirlbo^ 
ventctafcik^ y^oit  les >perdre  t^itt 

éôux.  '  '-i  ••'••-  -•  -'■  -    '^* 

..  :^.  llliy  a  trfleifètiîRBe  qûî*  aim#  ^ 
meiix'.  fon  argetit'que-  fes  ami^  '^  Sc 
fes  amans  que  fon  argscft. 

*  n  èft  étoiiîiaiic  de  voir  dafis^  le 
cnsnr  'de  certaines^  femmes  '  quelque 
chofe  de  ïplus  vif  8c  de  plus  un  q«è 
Pisimour  pour  le$  lioiikiés  ^jC'^ùTi 
dire  l'ambition  &  te  jeu  :  de  te&e$ 
femmes  rendent  les'  hommesf  cha£*  , 
tes  y  ellei  ifont  die  tour  iêxe  i^ue  )ra^ 
habits. 

'^  Lesi^femoics  font  extrêmes  r  eBe« 


itt  '■  LSS  Car  A  G  TER  ES 

D»s      fooc  metlleures  ,.  6a  pires  que  les 
4 *******  honunts. 

.  ^  Xa  plupart  des  femmes  nVint 
gaeresdcL.principes^elIesfÈ  coodûi* 
lent  parjlexaéur ,  &  di^pendent  pour 
10(11$  moeurs  dé  ceux  qo^efles  auneot; 
^.^Les  femmes  vont  plus  loin  ea 
Amour  que  la  p^part  ctes  Iiommes  : 
lôliîsil^sr  Jhomme^  Pemportent  fur  clks 
en  amitié. 

-  Les'  hommeé  &ût  caufi:.  que  les 
femmes  ne  s'amfttfpmiac;    ',!j<  - 

.  *  ïl/y  ?.  ^"  1^^^^  *  cjoottBÊmr: 
ïi/^.dcja  viéitte  veut  rendue  nncr  jeu- 
ne femme,  ridicuk ,  &  elle-même  d&* 
vient  d]h9brtx)e  ,  clie  me  &tt  peun 
£Ue  uiè  pour  l'imiter  de  grimaces.& 
de  concorfio0S  r  la  voilà  aufli  knde 
qu'il  faut  pour  embeUir  ceUe  dont 

elle  iè  moque., 

^  r  *  On  veut  à  \»  viHcque  bien  des 
idiofs  &  des  idiotes  ayeiic  de  Pétrit. 
O»  veut  à  h  Gbur  que  bien  des  gens 
ipianqu^nt  ;d'cfpric  qui  cb  ont  beau- 
coup i  &  entre  les  pcrfonnes  de  ce 
dernier  gpnrc  une  belle  femme  ne  fc 
feuve  qu'à  peine,  awrcc  d^auunts  fem- 
mes. 

*  UftboQUBee^pIiu  fidèle  anfê- 

CKt 


eu  iE$  Mcfttms  ps  ce  Sï£cls.  x  19 

cret  d'aucrui  qu'au  fien  propre  :  une    Chai^. 
femme  au  contraire  garde  mieux  fon      1 1 L 
tboKX  que  celui  d 'autrui. 

*  Il  o?y  a  point  dans  le  coeur  d'une 
jeune  perfbnne  un  ii  violent  amour , 
auqupl  Pimerêt  ou  l'ambition  n'âjoâh 
te  quelque  choie. 

^  Il  V  a  un  tems  où  ks  filles  lesi 
plus  ricnes  doivent  prendre  pani.  El^ 
les  n'eu  laiilent  gueres  ^chaper  les  . 
premieics  occafîons  fans  fe  préparer 
un  IcH^  repentir.  Il  femble  que  la 
réputation  dés  bkns  diminue  en  elles 
avec  celle  de  leur  beauté.  Tout  fa« 
vorîfë  au  contraire  une  jeune  perfon- 
ne  ,  jufqueS'à  l'opinion  d^  hommes^ 
qui  aiment  à  lui  accorder  tdtis  les 
avantages  qui  peuvent  laxendre  plus 
ibuiiaitabirr 

^  Combien  de  filles  i  qui*  une 
grande  beauté  n'a  jamais  (èrvi  qu  à 
leur  faire  elperer  une  grande  for* 
tune> 

:  ^  Les  belles  filles  font  fujettes  k 
venger  ceux  de  leurs  amans  qu'elles 
ont  maltraitez  >  ou  par  de  laids  ,  oa 
par  de  vieux  ,  ou  par  d'indignes 
maris. 

*  La  plupart  desjçtomes  jwgent 

7  dit 


I  lUMBS. 


tf^^     du  mérite  &  de  la  bonne  miné  d^ûtt 
homme  par  Pimprelfion  qu'ils  font 
fur  elles;  &.  n'accordent  pvtCqacni 
Pun  mi  autre  à  cieltiip^ur  qui  elle» 
fie  fentcnc  rien/ 

•*  *  Vn.homvae.cpn  .ferEÔtcn  peine 
de  Gonnoître  s'il  clàngc  ,  -«'îî  com- 
mence à  vieillir  ,-  peut-  confulter  les 
yeux  d'une  jeune  femme ;qu'il  aborde^ 
êc.lctqiï  dont  elle  lui  parlé  i;  il  ap- 
prendnt.cexiu-it  cpaicCide  &voîri  Au^ 
àcécolcJ.  ..  '  \:  !.  -u:  ;jr:o! 
:  f  it^rte  icmrtleqm  >V  jmèaiK'les 
ycur  que  fur  une  mêoie  perfonne^ou 
qui  les  en  détourne  toujours,  feit  pco* 
fcr.dfcllc  la  même  çhoCc.  . 
i  .t^illooàte  peu  auxiftrfrme*  de  dire 
ce  qu'éttcyflKl  fentcntpcîiïjt  ijl  coûte 
encore  moins  aux  b^me^  de  dut 
ce  qaîilsf  fénteht- 

.  *  Il  arrive  quelquefois  qtf'une  fem- 
me Ica^;  à  f  un  iiomme  toute  h  pzU 
fion  qu^elle"  fent  pour  lui ,  peridanc 
4ue  defon  cotëil^ât  paiir  eUe  toQce 
celle  qu'il  »c  feM  pas.  M 

^  L'on'  fuppofe  un,  homme  indifi» 
fercnt ,  mais  qui  .voudroit  perfiiadcf 
à  une  femme  une  paffion  qu*il  nefcnt 
fas;  &  l'oa  demande  ^  s'il  ne  dm  fe- 


ou   LES   MoECR$   M  CE  SuCLf.  .Z;i 

lok  pas  plus  aîfc  d'impoiêri  cclfe    CH^fk 
doni  il  cft  aimé  ,  qu*à   celk  qui  ne       ^f* 
Vaime  point. 

*  Un  homme  peut  tromper  une 
femme  par  un  teint  attachement  ^ 
pourvu  qu'il  n'en  ait  pas  aiikufs  UQ> 
véritable. 

*  Un  homme  éclate  contre  une 
femme  qui  ne  l'aime  plus  ,  &  iecon- 
ible  :  une  femme  fait  moins,  de  bruit 
quand  elle  c&  quitte'e  ,&.  demeure 
long-tems  rnconfolable. 

*  Les  femmes  guéiiflent  de  leur 
parefle  par  la  vanitc'ou  par  l'amour. 

La  parçflè  au  contraire  dans  les 
femmes  vives  t&  le  préfàge  de  1% 
moun 

*  Il  eft  fort  fur  qu'une  femme,  qui 
écrit  avec  emportement  eft  cmp orv 
tée,  il  eft  moins  clair  qu'elle  foit 
touchée.  Il  femble  qu'une  paflîoa 
vive  &  tendre  eft  morne  8c  filencieulè  j. 
&  que  le  plus  preûànt  intérêt  d'une 
femme  qui  n'eft  plus  libre ,  &  celui 

qui  l'agite  davantage  ,  eft  moins  de  -^ 

perfuader  qu'elle  aime,  que  de  s'afTitt 
rer  il  elle  eft  aimée 

*  Gljcere  n^aime  pas  les  femmes  , 
cite  hait  kur  commerce  Se  leurs  vi& 

les.: 


t^i     Les  CAKAttiKt^ 
tÎBt       tes  ,  fe  feit  cdcr  pour  elles  •  &  fcm-i 
I EUMES,  vent  pour  fcs  amis ,  dont  le  nomlnr 
cft  petit ,  à  qui  elle  eft  fevcre ,  qu'el- 
le reâèrre  dans  leur  ordre  ,  fans  leur 
permettre  rien  de  ce  qui  pailc  Pami- 
tié  :  elle  eft  diftraite  avec  eux  ,  leur 
répond  par  desmonofylIabes,&  ièm« 
l>le  chercher  à  s^en  défeirc.  Elle  eft 
fûlitaire  &  farouche  dans  fa  maifon  : 
fa  porte  cft  mieuJt  gardée  ,  8c  fà 
chambre  plus  inaccemble  qtie  celles 
de .  Montbmn  '  &    (ÏHemerj.     Une 
fiulc  C0rhne  y  eft  attendue ,  y  cft  re- 
çue, &  à  toutes  les  heures  t  on  Tem. 
oraflè  i  plufieurs  feprifes ,  on  croit 
laimer  ,  on  lui  parle  à  l'oreille  dans 
.un  cabinet  où  elles  font  feules  ,  on  a 
foi-même  plus  de  deux  oreilles  pour 
l'écouter ,  on  fc  plaint  à  elle  de  tout 
autre  que  d'elle ,  on  lui  dit  toutes 
choies  &  on  ne  lui  apprend  rien ,  elle 
a  la  confiance  de  tous  les  deux.  L'on 
voit  Glycere  en  partie  quarréc  aa 
Bal ,  au  ~  Théâtre  ,  dans  les  Jardins 
publics  ,  fur  le  chemin  de  Venoûu 
bîx  l'on  mange  les  premiers  fruits  ; 
quelquefois  lèule  en  littierc  fur  la 
route  du  grand  Fauxbourg  où  efle  a 
un  verger  délicieux,  ou  à  la  porte  àc 


W  Lis  MôEÔR«  ht  ôE  SieclV  1  5  J* 

tlAfttdie  qui  a  de  fi  beaux  fccfets ,  qui  CirAft 
promet  aux  jeunes  femmes  de  fecon*     m» 
des  riôcés  ,  qui  en  dit  le  teins  &  les 
circonftancés.   Elle  pàroît  prdinairé- 
ihtnt  avec  nue  icocfFure  plate  &  ifc- 
glig^e  ,  en  fîmple  déshabillé  ,  feni 
xorps  &  avec  des  mules  :  elle  eft  bel- 
le en  cet  équipage^  &^il  ne  lui  man* 
que  que  de  la  fraîcheur.  On  remar- 
que néanmoins  fur  die  une  riche  at- 
tache qu'elle  dérobe  avec  foin  aux 
5 feux  de  fbn  mari  :  elle  le  flàte ,  elle 
c  càréfle  ,  elle  invétote  tous  les  jours 
|>our  lui  de  nouveaux  noms ,  elle  n'a 
"pas  d'autre  lit  que  cielui .  de  ce  cher 
époux  ,*  &  elle  ne  veut  pas  décou- 
cher. Le  matin  elle  fe  partage  entre 
iâ   toilette  &  quelques   billets  qu'il 
faut  c'crire.    Un  affranchi  vient  lui 
"  parler  en  fecret ,  c'eft  Parmenm ,  qui 
eft  favori  ,  qu  elle  foûtient  contre 
l'antipathie  du  maître  &  la  jaloufie 
des  domeftiques.  Qui  à  la  vérité  fait 
mieux  connoître  des  intentions ,  & 
rapporte  mieux  une  réponfe  que  Par- 
menon  ?  qui  parle  moins  de  ce  qu'il 
feut  taire  ?  qui  fait  ouvrir  une  porte 
feciette  avec  moins  de  bruit  ?  qui 
foûduic  plus  adroitement  par  le  petit 
'  "^  '  ^  efcà- 


$.^4  .4^^  Ca  R  A  et  Ba>8  i-. 

P  ^  •  cfcalier  ?  qui,  fait  mieux  foitir  mt  o$ 
''****'*•  poaeft  entré? 

*-  ]c:J^  çoirtprencis  firs  comment 
,lin  marî  qai  s'al^n^otit^^à.  foçlHi;^ 
jnearSc  à  (a  çomplexioâ  ^  qui  ne  ça^ 
.-chfc  aucun  de  (ks  dé&urs.  &  ic  toon^ 
ire  aa  Cc^fltraire  par  fçs  inauyais  etv 
^oits  ;  qui  eft  avare  . ,  qui  .eft  r trop 
Jiegligë4àns  ion  ajuilemeht  ^  pmfquç 
dans  fes ^éponfes  ^incivil ,  froid  2p 
taciturne ,  peut  cfperer  de  défendre 
lerœur  dHine  jeune  fcmmq  contre 
les  entrepri(ès  de  ion  galant,  quiçm-> 
ployé  la  parure  &  la  rnagnificeojce'^ 
h  complaiiânce ,  les ,  ib jns,  Pen^prd* 
iîèment ,  les  dons  ,1a  flatterie.  ,:/ 

*  Un  mari  n'a  gueres  un  rival  qui 
Jie  foit  de  fa  main  &  comme  un  pr^ 
lent  qu'il  a  autrefois  fait  II  ià  femmcj 
Il  le  loue  devant  elle  àc  ics  belles 
f dents  &  de  ià  belle  t-ête  :  il  agr^  les 
ribins  ,  il  reçoit  fc^  viiîtes  j  &  après 
ce  qui  lui  vienf  defon  cm,  rien  ne 
lui  parôît  de  meilleur  goût  que  le 
gibier  &  les  truflfès  que  cet  ami  lui 
envoie.  Il  donne  à  fouper  j  &  il  dit 
•aux  conviez ,  Goûtez  bien  cela^  iljeft 
de  Liandre^  ôc  il  îic  me  coûte  qii'aâ 

nu 


6tr   LES  MoSURS  DE  CB  SiECLfi*  ^£.;.J 

*  11  y  a  telle  femme  qui  anéantit    Chaf. 
ou  qui  enterre  fon  mari  au  point,       ^^^« 
qu'il  n'en  eft  £iit  dans  le  monde  aucu- 
ne mention  :  yit-il  tfïcorc  ,  ne  vit-il 

phis  >  on  en  doute.  Il  ne  fert  dans 
iâ  famille  qu'à  montrer  l'exemple 
d'un  filence  timide  Se  d'une  parfaite 
ibumiffion.  Il  ne  loi  eâ  dû  ni  doUaî- 
Tt  ni  conventions,  mais  à  cela  près^' 
&  qu'il  n'accouche  pas  ,  il  eft  la  fem- 
me &  elle  le  mari.  Ils  paflènt  Ie$ 
mois  entiers  dans  une  même  maifon 
fans  le  ipoindre  danger  de  fe  rencot)« 
trer  ,  il  eft  vrai  feulement  qu'ils  font 
voifîns^*  Monfîeur  paye  le  Rotiflèut 
&  le  Cuiflnier ,  &  c'eft  toujours  chez 
Madame  qu'on  a  foupé.  Ils  n'ont 
fouvent  rien  de  commun  ,  ni  le  lit  ,' 
ni  la  table ,  pas  même  le  nom  :  ils  vi^ 
Tent  à  la  Romaine  ou  à  la  Grecque ,' 
chacun  a  le  fîen  ;  Se  ce  n'eft  qu'avec 
le  tems  Se  après  qu^on^eft  initié  aur 
jargon  d'une  Ville  ,  qu'on  fait  enfin 
que  Monfieur  B  .  •  • .  efl  publique-^ 
ment  depuis  vingt  années  le  mari  de 
Madame  la,... 

*  Telle  autre  femme  à  qui  le  dç^ 
ibrdre  manque  pour  mortifier  fon 
msixl^  y  revient  par  (à  noUeilè  éç 

$0^ 


Dé  »       fcs  alliances  ^par  la  riche  dot  qu^elIc 
Fb>iai£s.  h   apportée  ,  par  les  charmes  de  û 
*  beauté ,  paf  fon  mérite ,  pai*  ce  que 
quelques-uns  appellent  vertu. 

*  Il  y  a  peu  de  femmes  fî  partî- 
tes ,  qu'elles  empêchent  un  mari  de 
fe  repentir  du  moins  une  fois  le  jour 
d'avoir  une  femme  j  ou  de  trouver 
lieureux  celui  qui  n'en  à  point. 

*  Les  dôuleufs  muettes  8c  ftupides 
font  hors  d'ufage  :  on  pleure ,  on  ré- 
cite ,  on  répète  ,  on  eft  fi  touchée 
de  la  mort  de  fon  mari ,  qu'on  n'en 
oublie  pas  la  moindre  circonftande. 

*  Ne  pourroit-on  point  découvrir 
l'art  de  fe  faire  aimer  de  fa  femme  \ 

^  Urie  femme  infenfîblc  eft  celle 
qui  n'a  pas  encore  vu  celui  qu'elle 
doit  aimer. 

Il  y  avoît  à  Smjrne  une  très-belfe 
fille  qu'on  appelloit  l^rme  ,  &  (Jiiî 
ctoit  moins  connue  dans  toute  la 
Ville  par  là  beauté  qiie  par  la  ftveritc 
defes  moeurs  ,  &  fur  toutpar  Tiiidif- 
ference  qu'elle  confervoit  pour  tous 
,  les  hommes  ,  qu'elle  voyoit ,  difoit- 
clle ,  fans  aucun  péril ,  ec  lâns  d'au- 
tres difpofitions  que  celles  où  clk  le 
t|a)Uvoit  pour  fes  amies  ou  jpoiir  fes 


( 


6u  LlS;MoiuRs  Di  CE  SifctB;  1-57 

frere$.  Elle  ne  croyoit  pas  la  moin*.CHAK 
dre  partie  de  toutes  les  folies  qu'on     ^^ï* 
difôic  que  Pamour  avoitfait  faire  dans 
tous  les  tptns  ;  &  celles  qu*elle  avoit 
vues  elle-même  ,  elle  ne  les  pouvoit 
comprendre  :  elle  ne  connoiflbic  que 
l'amitiç,    Une  jeune  &  çlwçmantc, 
perfonne  a  qui  elle  de  voit  cette  ex- 
périence ,  la  lui  avoit  rendue  iî  dou- 
ce ,  qu'elle  ne  pcnfoiç  qu'à  la  faire 
durer ,  &  n'imaginoit  pais  par  quel, 
^utrç  fchtiment .  elle  paurroit  jîjmais 
fc  refroidir  fur  celui  de  Teftime  &  de, 
la  confiance  dont  elle  etoit  fi  contenu 
te.  Elle  ne  parloit  que  d'Euphro^ne  ^ 
c'etoit  le  nom  de  cette  fidcUe  atnie  ; 
&  tout  Smyrne  ne  payloît  que  d'elle 
&  dEuphrofine  :  leur  amitié  pafibit 
en  proverbe.   Emire  avoit  deux  frè- 
tes qui  étoient  jeunes ,  d'une  excel;* 
lente  beauté' ,  &  dont  toutes  les  fera-  . 
mes  de  la  Ville  étoient  éprifes  :  il  eft 
vrai  qu'elle  les  aima  toujours  comme 
une  fœur  aime  fes  frères.  Il  y  eut  un 
Prêtre    de  Jupiter   qui   avoit  accès 
dans  la  maifon  de  fon  père ,  à  qui 
elle  plut ,  qui  ofà  le  lui  déclarer  ,  âc 
ne  s'attira  que  du  mépris.  Un  vieil- 
lard qui  ffi  confiant  en  (à  naifiànce  6c 

*  '      en 


i)8  Lts  Caractïhis 
D  B  •  en  fcs  grands  biens  aVoit  eu  la  même 
F  B  M  M  B  s.  audace ,  eut  auffi  la  mêtoc  avanturc. 
Elle  triomphoit  cependant  ;  &  c'é* 
toit  jufqu'alors  au  milieu  de  (es  frè- 
res ,  d^un  Prêtre  &  d'un  vieillard 
qu'elle  fe  difoit  infenfîble.  Il  fèmbla 
<jue  le  Ciel  voulut  Pexpofcr^à  de  plus 
fortes  épreuves  ,  qui  ne  fervirent 
néanmoins  qu'à  la  rendre  plus  vainc, 
&  qu'à  l'affermir  dans  la  réputation 
d'une  fille  que  l'amour  ne  pou  voit 
toucher.  De  trois  amans,  que  fcs 
charmes  lui  acquirent  fucccffivemcnt, 
&  dont  elle  ne  craignit  pas  de  voir 
tx)ute  la  paflîon,  le  premier  dans  un 
tranfpoit  amoureux  fe  perça  le  fein  à 
fcs  pieds  ,  le  (ècond  plein  de  dcfcf- 
poir  de  n'être  pas  écoute' ,  alla  fc  faire 
tuer  à  la  guerre  de  Crète ,  &  le  troi- 
fiémc  mourut  de  langueur  &  d'in- 
fomnie.  Celui  qui  les  devoit  vanger 
n'avoit  pas  encore  paru.  Ce  vieillard 
qui  avoit  été  (î  malheureux  dans  fcs 
amours  s'en  etoit  guéri  par  des  refle^ 
xioris  fur  (on  âge  &  fur  le  caraârere 
de  la  perfonneli  qui  il  vouloit  plaire: 
il  defira  de  continuer  de  la  voir  »  & 
elle  le  foufïrit.  Il  lui  amena  un  jour 
fon  fils  qui  étoit  jeune,  d'une  pby^ 

fioûomie 


eu  L8€  MœuRtffECE  SiEcfe.  ij^ 

£oBomi€  agrieabk  ^  £c  qui  arait  une    c  h  a  #. 
taille  -fort  aablc*  Elle  le  vit  ayec  in-      Hl.  i- 
terêt ,  &:  comme  il  fe  !tut  beaucoup^ 
en  la  préfenoe-de  (on  père  ^  elle  trou* 
va  qu'il  n'avoit  j>a,s  aflèï  d'efprit ,  fie 
dtiira  qii^ii   en  hût  eu  davantage. 
11  la  vit  c  ièui ,  pkila  âflez  ,  &;  av^ 
erprit'^'tâai^ctfmmê  illar  regarda  peu  : 
8c  quHl  pâj-k  eâcôre  «moins  (i*clie  îSc 
de  la  beauté,  elle  fut' furprife  &  cora* 
me  indignée   qu^an  horame  fi  bien 
fait  &  fi  rpiritucl  ne  fût*  pas  galant,. 
Elle  s'entretint  de  lui  avec  fon  .amie 
qui  voulut  le  voin  11  n'eut  des  yeux 
que   pour    Eupbrofine  ,   il  lui  die 
qu'elle  étoit  belle  j&Emire  fi  indif- 
férente ,  devenue  jaloufe  ,  coinpriÉ 
que'  Ctfjifhm  etoit  pcrfuadc  de    ce 
qu^îl  difoit ,  &  (jue  non  feulcrrient  it 
étoit  galani,  mais  même  qu'il  étoip 
tendre.  Elle  iè!  trouva  depuis  ^reteija» 
moins  libre  avec  fonfime  ;  elle  defi^p. 
ra  de  le»  Voir  éttfennble  .une  ;j£condc 
fois  pour  être  plus  e'cfcûrqe  j  $c  une 
fecoti4e  entrevue  lui  fit  voir  encore 
plus  qu'elle  ne  craignoic  de  voir,  ÔC- 
changea  fes  foupçons  en  certitude. 
Elle  s'doigne  d'Euphrofine ,  ne  lui 

çonnoît   plus  le  wcrite  qui   J'avoiç 


^O       Dis  Ca^  A  CTfillt  s        > 

08$      charmée ,  perd  le  goût  de  fe  çonvçr- 
F&uMfis.  fotion  ,f.dle  ne  Taiioc'  J)lus  :  &  ce 
changement  lui  fait  fçntir  que  l'a- 
mour  dans  fon  coeucit^pris  la-  place 
de  Pamitié.   Ctefiphon  &  Euphro- 
»     fine  fe  voient  tous  les  joujrs ,  &. s'ai- 
ment ,  fongent  à  s'cpçafcr ,  s'épou- 
foot.    La  nouvelle  s'^ea  répand  par 
toute  la  Ville  ,  &  l'on  public  que 
deux  perfonnes  enfin  ont  eu  cette 
joye  fi.  rare  de  fe  marier  à  ce  qu'ils 
aimoicnt,    Enjire  l'apprend  &  s'en 
delefpere.  Elle  reflent  tout  fon  amour  ; 
elle  recherche  Euphrofîûe  pour  le 
feul  plaifîr  de  revoir' Ctefiphon  :  mais 
ce  jeune  mari  eft  encore  Ramant  de 
là  femme.,  8c  trouve  une  maîtreÛb 
dans  une  nouvelle  époufe  :  il  ne  voit 
dans  Emire  que  l'amie  d'une  perlbnne 
qui  lui  c&  chère.  Cette  filk  infor- 
tunée perd  le  fommejl ,  &  ne  veut 
plus  manger  ,  elle  s'afifoiblit ,  fon  ef« 
prit   s'égare  ,  elle  prend  fon  frerc 
pour  Ctefiphon',  &  elle  lui  parle 
comme  à  un  amant.  JElle  fe  détrom- 
pe ,  jougit  de  ibn  également  :  elle 
retombe  bienr tôt  dans  de  plus  grands  ^ 
&  n'en  rougit  plus  ;  elle  ne  les  çoa« 
apit  plus.  Alors  elle  craiut  les  hom« 


«V  us  MosuRs  sr  ce  SigcCE.  241 
foes  ,  nuis  trop  pard  ,  c'cft  &  fblïe  ;  Ch  «f. 
c^e  a  des  intervalles  où  Ci  Raifon  lui  '  '  ^' 
^vient  y  &  où  elle  gémit  de  la  re- 
trouver. La  Jeuni^llè  de  Smyme  qui 
l'a  vû.ë  C  fiere  5c  fi  înfenfîble  ,  trou- 
t/f:  gue  les  Pleu^c  l'opt  trop  punie- 


TefH.  1(  ■     t  CHA-; 


142      Les  Caractère^ 
CHAPITRE   IV. 

P  U     C  O  E  U  ^. 

C  H  A  P.  T  L  y  a  un  goût  dans  k  pure  amîr 
*^*  JL  tié  où  ne  peuvent  a^èpdre  ccuç 
qui  font  ne?  ipediçciie^. 

^  L'amitié  peut  jfubiîfter  entre  j}e$ 
gens  ide  diâ^jreos  fexes ,  exemte  mê- 
me de  tQutê  groiOSeretr'.  Une  femme 
cependant  re^aAle  toi^|ours  un  homr 
me  comme  un  homme  ;  jk  reciprcH 
qucmear  fm  hôix)me  regarde  une 
i^mtne  tomme  une  femme.  Cette 
liaifo^  n'é^  tû  pafHou  ni  amitié  pu« 
/e  ;  die  ait  une  clajflè  à  part. 

''^  L'amour  naît  prufquemei^t  £in$ 
autre  réflexion ,  par  tempérament  ou 
par  foiblefTe  :  un  trait  de  foeautj^  nous 
fixe  y  nojus  détermine.  L'^tie  acy 
^onti^ire  fè  forme  peu  à  peu ,  avec 
letems,  paria  pratique,  par  un  long 
commerce.  Combien  d^efprit ,  de 
borne'  de  coeur  ,  d'attachement  ,  de 
-  ferviceis  &  de  çomplAilânce  dans  les 
^CQis^  fipxtjL  ^aircv^n  pjiufîeu.rsL  années 


^en  moms  que  nc^  faif  quelquefois  en    C  h  a  n 
«un  moment  vn  beau  vifàge  ou  uae      '  ^* 
Sxlle  main. 

*  Le  tçms  quifomfîe  Ic^  atçkîea;^ 
a£R>iblit  f amour^    ^ 

*  Tant  que  ramov^  dure ,  il  fub- 
û&c  de  foi-mêniç,  &:  quelquefois  par 
les  diofes  qui  lembicnt  le  devoir 
•éteindre  ,  par  tes  '  caprices  ,  par  les 
ligueurs  ,  par  l^'loigneHieiit ,  par  la 
jaloufîç.  L'amiti^  au  contr^re  a 
befoin  de  fecoufS^i  elle  périt  &utedc 
foins  ^y  de  conjgjsoçe,^  de  CGfnpUi^ 
iàoce.    '        ^    ' 

*  Il  eft  plus  ordinaire  de  voir  un 
amour  extrême  qu'une  parfaite  ami- 
tié. 

^  L^fimour  ^  ramitiué..s^^c}ueni; 
J'uii  l'autre. 


qui  d^L  i^pui^ 
corç  rien  faitr  paur  Parpow.      , 

mourir  tVw^m  fiuuroii-j^iM^.^ej» 
plus  fpite...apiûé;.;iqu'irttn^amour 
fbible. 

*  Rieri  lOfe  feffiwftbk  miwix  à  une 
riyi^  4iai&é,,qjwid»iliaîio^ 
..   ,.;  %%  tcrât 


%44        Les    CAlBi'AQrtKtB 

m  • 

Du        terêt  de  nôtitç  kmoùt  nbus  feit  cul* 

*  L'on  n*aimc  bien  qu'une  fcule 
fois  :  c*eft-  la  première,  l^es  amours 
qui  fuivent  font  moins  involontaires^ 
'  *  pamouf  qui  nak  fubitement  cil 
le  plus  long  lE  guérir.  - 

*  L/amour  oui  croit  peu  ï  peu  & 
par  degrez ,  reuèmble  trop  à  l'amitié 

.  jpour  être  une  paffîon  violente. 
'    *  Celui  qui  aime  aflcz  pour  vou- 
loir aimer  un  million  de  fois  plus 

"  qu'il  ne  fait,  né  cède  en  amour  qu'à 
celui  qui  aime  plus  qu^il  ne  you* 
droit. 

.  '  *  Si  yaccprde  que  dans  la  violen- 
ce d'une  grande  paffîon  on  peut  ai- 
mer quclqu^un  plus  que  (bi-méme^à 
qui  ferai-je  plus  de  plaifir  ou  à  ceex 
(|ui  aiment,  ou  à  ceux  qqî  font  ai- 

.  !hez  ^  " 

'  *  Les  hommes  fou  vent  veulent  ai- 
mer ,  &•  ne  fauioie^tj  y  •  re'iiffir  :  ils 
lîîierclîent  ItùvééMît  ^^fetts  pouvoir 
fa  -kifci^irér>j»«  firrjp^«  «nfi  pér- 
1er ,  iis  fonS  <:OntriÂn»  <ic  demçiiper 
libres. 
-    *  Ceu^qui  s^âiiiiênt  d^abord  avec 

f^'f}^  yioleme  i^aÉ^  i  çooi^ibueiit 


eu  ùs  MoEinis  M  tfi  SiittB.  %4,j  - 

i»en*tôt  chacun  de  leur  part  à  s'ai^  c  h  a  ^; 
mer  moins ,  Se  enfliite  à  ne  s'aimer  I  Y* 
phi&.  Qpi'd'on  homme  où  d'une 
ïcmmc  met  davantage  du  iien  dan$ 
cette  roptiire  ^  il  n'eft  pas  aifê  de  k 
àéddcr*  Les  femmes  accufent  1er 
hommes  d'être  volages  ;  Se  les  hom- 
mes diient  qu'elles  font  légères. 

^  Quelque  délicat  que  l'on  foit  eii 
âinour ,  on  pardonne  plus  de  fautes 
que  dans  Tamitie'. 

*  C'cft  une  vengeance  douce  i 
celui  qbi  aime  beaucoup  ^  de  faire  par 
tout  fon  procédé  d'une  perfbnrie  im» 
grate  ^  une  très-ingrate. 

*  11  eft  trifte  d  aimer  fans  une 
gninde  fortune  i  &  qui  nous  donne 
les  moyens  de  combler  ce  que  Ton' 
aime  ,  &  le  rendre  fi  heureux  qu'il 
n'ait  plus  de  foubaiti  à  faire. 

*  S'il  fc  trouve  une  femme  pour^ 
qui  l'on  ait  eu  une  grande  paffîon  , 
te  qui  ait  été  indif&iente  ;  quelques  ' 
importans  ferviçes  qu'elle  nous  rsn* 
4e  dans  la  fuite  de  notre  vie  ,  l'onL 
court  un  grand  rifque  dêtre  in« 
grat. 

*  Une  grande  reconnoiiïancc  em^ 
foHC  avec  jbi  l^cauçpup  de  goût  Se 
,.     ,  '       L3  d'amL- 


Ï4«        l-  *  s    C  A  It  A'C  T  B  1(  t  S^  '" 

D  u      d^atnitirf  pour  ia  peribuac  i^ui  lïotré^ 
CoxuR.  oblige. 

^  Ëibre  avec  Ici  gensqaf!»^  aâme,.^ 
cela  fuffit  :  rcwr  j  tel»  pader  ,  ne 
leur  parier  point,  ptnicrie^,pcii^ 
fer  à  deS' choie»  plos  indifFercntcs  y; 
«nais  auprès  d'etnç,  tout  eft  ^al. 

*  11  n'y  a  pas  fi  loin  de  la  haines 
&  l'amitié ,  que  de  Tantipachie. 

>  Il  icmble  qu'il  t&  tfkeim  rare  de 
paffer  de  rantipathic  à  î'âmowr  qu'à^ 
ramitié;  ' 

*  L  on  confie  fon  ftcrct  dans  l'a*- 
Qiitié,  mais  il  ^hape  dans  Pamoun 

L'on  peut  avoir  la  confiance  de 
iquclqu'unfa«s  en  avoir  le  cœur  :cc-^ 
lui  qui  a  1^  cœur  Q^a  pas  befbin  de^ 
levelatiotT  ou  de  confianee  ,  tout  lui> 
eft  ouvert. 

*  L'on  ne  vcwt  dans  l^mitîrf  que 
les  d^auts  qui  peuvent  nuire  à  nos' 
:tmis.  L'on  ne  voie  en  amour  de  d^ 
fautsdans  ce  qu'on  aime,  que  ceux* 
dont  on  fonStc  foi-même. 

*  Il  n'y  a  qu'un^  premier  dépit  cn^ 
amour  ,  comme  la  première  foute 
dans  l'amitié ,  dont  on  puifiè  faire  un;* 
jbon  tdàge. 

'^  U  iémble  que  s^il  j  a  un  foup^ 

^onr 


6t7  ILES  Moeurs  DE  CE  Siècle.  147 
4^n  înjufte ,  bls^rre ,  &  &ns  fonde-  c  h  a  ?• 
ment ,  qu*oa  ait  nhc  fois  appelle  j*-  ^  V* 
Jaiiûe  i  cette  atitte  Jaloufie  -qm  cft  un 
.fentimeiM:  )uAe,,  nati^rl ,  fende  len 
raifpn  6c  fur  l'eX|)ericm:e^meritero«Ë 
nn  autre  noai. 

«Letempeiïmie^aàeaiKoupdtf 
part  à  la  jaloufie ,  &  elle  ne  ftrppofe 
pas^  toujours  une  gnm<£epaifian  :  c^efl 
cependant  un  par^xe  qu'un  yioiexs 
amour  funs  délicateflè. 

Il  arrive  ibuvent  <fat  l'on  fodfire 
iout  (cul  de  la  <ielicate(Iè  :  Ton  fbu& 
fre  de  la  jaloufle^-Se  l'on  fait  &vSnt 
les  autres.    - 

Celles  <|iri  liie.noius  miénâgent  M 
rien,  &ne  nous  épargnent  nulles oc<- 
cafîons  de  jaloufie  ^  ne  meriteroient 
'de  nous  aucune  jaloufie  ,  fi  Ton  ft 
fegloit  plus  par  leurs  fentimens  6c 
leur  conduite  que  par  fon  cœur. 

*  Les  froideurs  &  les  rclâchemcns 
dans  l'amitié  ont  leurs  caufes  :  en 
amour  il  n'y  a  gueres  d^autre  raifon 
de  ne  s'aimer  plus,  que  de  s'être  trop 
aimez. 

*  L'on  n'eft  pas  plus  maître  de 

toujours  aimer  ^  qu'on  Ta  été  de  *ne 

pas  atmer. 

^  X4         *Lcs 


CoiVA. 


*4!g     tis  <ÎaiixcîViieÏ 

.^».  *  Les  amours  itieui^nt  par  le  éé: 
goût ,  &  l'oubli  les  eriterre/ 

^  Le  comméifcremefit  &  le  àécliA 
de  Tamour  fe  fbnt  feritir  pair  l'embai^r 
ras  où  Ton  eft  de  fe  trouver  fèuls. 

Ccflcr  d^irrtcr  ,  preuve  fcnfibfe 
que  ffabimne  eft  hottié ,  &  que  te 
tœut  a  Tes  limités^ 

Oeft  foiblefië  que  d'aimer  :  c'cft 
;lbùvent  une  autre  fbibleiiè  que  de 
guertf. 

Ort  gad-it  Comme  où  fe  confole  : 
on  n*a  pas  dans  te  cœur  de  quoi  toii« 
JQurs  pleurer ,  Se  toujours  aimer. 

*  11  dcvroit  y  avoir  darts  le  cœiir 
des  fources  inépuifables  de  douleur 
pour  de  certaines  pertes^  Ce  n*eft 
gueres  par  vertu  ou  par  force  d^fprîc 
que  l'on  fort  d'une  gmnde  afRiâion  r 
l'on  pleure  amèrement,  8ç, l'on  eft 
fenfiÛement  toucha  ;  mais  l'on  eft 
enfuite  fi  foible  ou  fi  léger ,  que  Poa 
iè  confole. 

*  Si  une  laide  fe  fait  aimer ,  ce  ne 
peut  être  qu^éperduëmènt  ^  car  H 
faut  que  ce  foit  ou  par  une  étrange 
foiblefle  de  (bn  amant  ,  ou  par  de 
plus  fecrets  &  de  plus  invincibles 
charmes  que  ceux  de  la  beauté. 


bù  LÉS  Mo£URS't>6   àB  Sl£éL£.    24^ 

*  L'on  cft  encore  loiç^tems  à  le  cha?. 
voir  par  habitude  ,  &'à  ie  dire  de     IV« 
l3ouche  que  l'on  s'aime  ,  après  que^ 

les  maniées  diiênt  qu'on  ne  s'aime 
plus. 

•  *  Vouloir  oublier  quelqu'un^  c'cft 
y  penfer.  L'amour  a  cela  de  com^^ 
tnun  avec  les  fcrupules,  qu'il  s'aigrit 
par  les  réflexions  &  les  recours  que 
Pon  fait  pour  s*cn  délivrer.  Il  feue  ; 
^il  fe  peut ,  ne  point  fonger  à  fe  paf* 
fion  pour  l'afibiblir. 

*  L*on  veut  feire  tout  le  bonheur  ^ 
ou  11  cela  ne  fe  peut  ainfî  ,  tout  le 
malheur  de  ce  qu'on  aime. 

*  Regretter  ce  que  Ton  aime  cft 
tm  bien  ,  en  comparailbn  de  vivre 
avec  ce  que  l'on  hait« 

*  Quelque  défintcreflcment  qu'on 
ait  à  l'égard  de  ceux  qu'on  aime  ,  il 
ÙM  quelquefois  fe  contraindre  pour 
6UX ,  &  avoir  la  générofité  de  rece- 
voir. 

Celui-là  peut  prendre  ^  qui  goûte 
un  plaifîr  auifi  ddicat  à  recevoir  \ 
que  fon  ami  en  lent  à  lui  donner. 
'  *  Donner  ,  c'cft  agir  ,  ce  n'eft 
pas^  loufFrir  de  fes  bienfeits ,  ni  cé- 
der à  rimportuiûté  ou  à  U  nifce& 


2^0      Les  Caractères 

p  u      iicé  de  ceux  qui  &oii$  demandent. 
C  o  i  y  A«      #  Si  Tofi  a  donné  à  ceux  que  Vott 
aîmoit,  ^clqae  chofe  qu'il  arrive,  il 
n'y  a  plus  d -occafions  oà  l'on  doive 
longer  à  tes  bienfaits. 

On  a  4k  en  Laim  q6^il  coûte 
moins  cher  de  haïpque  d'aimer  ;  ou  ^ 
£  Ton  veut,  que  l'amitié  efl:  plus  k 
chatte  que  la  haine  ::  ileft  vrai  qu*oa 
efl:  difpenfc  de  donner  à  (es  ennemis  ^ 
mais  ne  coûte-til  pien  de  s'en  \cn* 
ger  >'  ou  s'il  cft  doux  &  naturel  dt 
^ire  du  matàr  ce  que  l'on  haie,  Vcû^' 
il  moins  de  &ire  du  bien  à  ce  qu'oo* 
aime  ?  ne  ièroir-il  pas  dur  &  pcmble 
de  ne  leur  en  point  fkice  l 

*  Il  y  a  du  plaiflr  à  rencontrer  le»^ 
yeuxdc  celui  à  qui>  Ton  vienrde  do»** 
Ber. 

*  Je  ne  (ai  fi  un  bienfait  qui  totn^ 
bc  fur  un  ingrat,  &  ainfi.  fur  un  in«^ 
digne ,  ne  change  pas  de  nom ,  &  s'i( 
meritoit  plus  de  rcconnoi (lance. 

*  La  liberalita  confîile  moins  à. 
donner  beaucoup  qu'à  donner  à  pro» 
fos. 

*  S'il  eft  vrai  que  la  pitié'  ou  W 
compaffioa  foit  un  retour  vers  nous* 
ttô&es^  qui  nous  tmpc  ea  la  place  de» 

saai- 


ou  .LIS  Moeurs  de  cb  Siècle;  151 

tfialhear^ax  ;  poarxpioi  tirent-ih  de    Chaf^ 
tioixs  fi   peu  de  fottlagetnenc  dans      '^* 
leurs  miiêrts? 

Il  vaut  mieux  s'expofêr  à  Tingra* 
ticude  que  dt  maifquer  aux  mifcra* 
felcs. 

*  L'expérience  ccyn^rme  que  h 
fnolefle  ou  l'indulgence  pour  foi  3c 
la  dureté  pour  les  autres  »  n'eft  qu'un 
ièul«&  même  vice. 

*  Un  homme  dur  au  travail  &  à 
la  peine,  inexorable  à  foi-même,  n'eft 
indulgent  aux  autres  que  par  un  excès 
éc  raifon. 

*  Quelque  dcfigrément  qu'on  ait 
à  fc  trouver  Chaîné  d'un  indigent , 
Ton    go 'te    à   peine   les  nouveaux 
avantages  qui  le  tirent  enfin  de  notre 
fujetion  :  de  même  la  joyc  que  l'on 
reçoit  de  l'élévation  de  Ton  ami  eft 
un  peu  balancée  par  la  petite  peine 
qu'on  a  de  lé  voir  au  deflus  de  nous, 
ou  s'égaler  à  nous*  Ainfi  l'on  s'ac- 
corde mal  avec  foi-même  ,  car  l'ott 
veut  des  dcpendans  ,  &  qu'il  n|en 
coûte  rien  :  1  on  veut  aiiffi  le  bien 
4c  fes  amis  ;  &  s'il  arrive  ,  ce  n'cft 
pas  toujours  par  s'en  réjouir  que  Ton 

commence. 

L  6  *  On 


Do  *  On  convie ,  on  invite ,  on  offie 

^^*^*-  &  maiibn  ,  (à  table ,  fôn  bien  &  fts 
(crviccs  :  rien  ne  coûte  qu*à  tenir 
parole. 

*  Ccft  allez  pour  foi  d'an  fiddc 
ami  j  c'eft  même  beaucoup  de  l'avoir 
rencontré  :  on  ne  peut  cnr  avoir  trop 
pour  le  fervice  des  autres^. 

*  Quand  on  a  aflcz  fait  auprès  <fc 
certaines  per(bnnes  pour  avoir  dû  fc 
les  acquérir  ,  fi  cck*  ne  rëiiffic  point, 
il  y  a  encore  une  refiburce ,  qui  cft 
de  ne  plus  rien  faire. 

*  Vivre  avec  fe%  ennemis  comme 
s'ils  dévoient  un  jôtir  être  nos  amis  ^ 

.  &  vivre  avec  nos  amis  comme  s'ife 
-pou voient  devenir  nos  ennemis,  n*eft 
ni  felon  h  nature  de  la  haine  ,  ni  fc- 
Ion  les  règles  de  Pamitié  :  ce  n'cft 
point  une  maxime  nxwale ,  mais  po^ 
îitique, 

*  On  ne  doit  pas^  fe  fiiredcscnnc- 
»ts  de  ceux  qui  mieux  connus  pour- 
.  xoient  avoir  rang  entre  nos  «nis.  On 
doit  faire  e^oix  d'amis  fi  fûrs  & 
d'une  fi  exacte  probité  ,  que  venant 
à  ccflcr  de  l'être ,  ils  ne  veuillent  pas 
abufer  de  nome  confiance  ,  ni  fc  £nre 
craindre  comme  nos  enneoaâ»» 

#11 


ov  tES  Mobors  ta  CE  SàétÉ.  i  Ci 

*  Il  eft  doux  de  voir  les  aàii$  p^r  cnAté 
koût  8c  par  eftime  $  il  éft  pénible  de     l  V« 
ks  cultiver  par  înEeict  ,  c'cft  fâlli^ 

citer, 

*  Il  faut  briguer  k  favetrr  de  ceux 
à  qui  Pon  veut  du  bien  ,  plutôt  qâe 
de  ceux  de  qui  Pon  efpere  du  bien. 

*  On  ne  vole  point  des  mêmes  al- 
lés pour  fa  fortune  que  Ton  fait  pour 
des  choies  frivoles  &  de  fàntaifie.  Il 
y  a  un  ièncimenc  de  liberté'  à  fuivre 
ies  caprices  ;  &  tout  au  contraire  de 
ièrvitude  à  courir  pour  fbn  e'tablifli- 
ment  :  il  eft  naturel  de  le  fbuliairer 
beaucoup  &  d*y  travailler  peu.:  de  fe 
croire  digne  de  le  trou  ver  fans  l'avoif 
cherche. 

*  Celui  qur  fait  attendre  le  bien 
qu^il  fouhaite  ,  ne  prend  pas  le  cbt- 
min  de  iè  defeif erer  s'il  ne  lui  arrive 
pas  ;  &  celui  au  contraire  qui  defire 
une  chofe  avec  une  grande  impatien- 
ce ,  y  met  troç)  du  lien  pour  en  ctie 
afièz  récompenfé  par  le  fuecès. 

*  11  y  a  de  certaines  gens  qui  veif- 
lenc  fi  ardemment  &  fi  déterminé- 
ment  une  certaine  chofe  ,  que  de 
peur  de  la  manquer ,  ils  n'oubliew: 

L  7  ïicix 


^54         ^  B  '*  é  A  1.  A  C-fiVi  t  S 

D  V      rien  de  ce  qpt*il  ^tk  £uit  poOT  I» 
toB\fK.  manquerr 

*  Les  cbo(b  les"  plus  foubaitée» 
n'arrivent  point  ;  ou  fi  elles  arriyent, 
ce  n^dt  ni  dans  le  tems  ,  nî  dtns  les^ 
circonftancesoùtUcsauraienrfaic  ui» 
extrême  platfin 

*  11  £iut  rire  avant  qaed'êcne  hca* 
feux^  de  peur  de  mourir  fans  avoir 
tu 

"^  La  tie  eft  courte ,-  fi  elle  ne  me^ 
rite  ce  nom  que  lorfqu'elle  efi:  agréa*» 
ble  ;  puifque  fi  l'oncoufoit  enièmUe 
toutes  les  heures  que  Ponpaflèavoc 
€c  qui  plaît ,  l'on  feroit  à  peine  d'ua 
grand  nombre  d'années  une  vie  de 
quelques  mois^ 

*  Qu'il  eft  di^ile  d'être  conteur 
de  quelqu'un  ! 

*  On  ne  pourroit  fe  defendrb  de 
quelque  joye  à  voir  périr  un  mé- 
€hant  homme  ;  Ton  jouïroit  alors  du 
fruit  de  (à  haine ,  &  Ton  tireroîe 
de  lui  tout  ce.  qu'on  en  peut  elpercr , 
qui  eft  le  plaifirde  (à  perte.  Sa  mort 
enfin  arrive ,  mais  dans  une  conjonc- 
ture où  nos  intérêts  ne  nous  permet- 
tent pas  de  nous  en  rgouïr  ;  il  meurt 
trop  tôt  ou  p:op  tard 


.     *  Il  eft  periiWc  à  un  boiniric  fiiqr'   Chm^ 
ék  pardonner  à  celui  qui  le  furprend'     ^  ^^ 
en  faute ,  &  qui  le  plainrde  lui  avîec 
TtÀfonif%  fierté  ne  s'adoucit  que  lors- 
qu'il reprend  &s  avaâteges  ^  &:  qu'iF 
met  l'autit  datns  Ton  tdrt. 

^  Comme  nous  nousaâèâionnon;i^ 
de  plus  en  plus  aux  perfbnnes  à  quir 
sous  faifoos  du  bien,  de  même  nous> 
haïflbns  violemment  €eu}c  que  noust^ 
a^^)ns  beaucoup  ofifcofcz^ 

*  11  eft  egglcmem  difficile  dVtoit-' 
fer  dans  ks  commeitcemens  le  fentir 
nenc  des  injures ,  3t  de  le  confervcr' 
après  un  certain  nombre  d'années. 

*  G'eft  par  foibleflc  que  Ton  haie' 
uneOncmîSc  que  l'on- longe  à  ^'ea- 
venger  ,  Se    c'eft  par  parc  fie  que 
l'on  s'app^fe  &  qiî'on  ùe  fe  vcngp" 
point. 

*  H  y  a  bien  smtànt  de  pareflc  qitt^ 
àe  foibleûè  à  &  laiilèr  gouverner. 

Il  ne  faut  pas  penfer  à  geuvcrnèr 
un  homme  tout  d'un  coup  Se  fans 
autre  prépaTatbn  dans  une  afiàirc 
împoitante  &  qui  feroit  capitale  k 
kit  ou  aux  Cens  :  il  fcntiroit  d'abord 
Pempre  &  Pafccndant.  qu'on  veut 
prendre  iur  fon  efprit .;  St  il  fecouo- 

roit 


t^g    tns  C  ÂHActikt^ 

D  a  toit  le  joug  par  bonté  ou  par  dpni 
C61U&-  ce.  Il  faut  tenter  auprès  de  lui  le» 
^ites  chofcs  ;  &  de  là  le  progrès 
jufqu'aux  plus  grandes  eft  imomii* 
quable.  Tel  ne  pouvôit  au  plus  dans 
les  commeilcemens  qu'entreprendit 
de  le  faire  partir  pour  la  campagne 
ou  retourner  à  la  ville ,  qui  finit  pjs* 
lui  diâer  un  teftament  où  il  réduit 
fon  fils  à  la  légitime. 

Pour  gouverner  quelqu'un  long-* 
fenis  8c  abfblumient ,  il  &ut  avoir  la 
main  légère  ,  &  ne  lui  faire  fèndr 
que  le  moins  qu^il  Ce  peut  6  dépcn- 
dance« 

Tels  fe  laiflent  g<mvcrncr  jufqu'à 
un  ccrxzitî  point ,  qui  au  delà  font 
intraitables  êc  ne  fe  gouvernent  plus: 
on  perd  tout  à  coup  la  route  de  leur 
cœur  &  de  leur  efprit  :  ni  hauteur  ni 
fouplcflè ,  ni  forée,  ni  induftrie  ne  les 
peuvent  dompter ,  avec  cette  diflè- 
rence  que  quelques-uns  (ont  ainfî 
faits  par  raifon  fie  avec  fondement  ;  fc 
quelques  autres  par  tempérament  & 
par  humeur. 

Il  fe  trouve  des  hommes  qui 
n'écoutent  ni  la  raifon  ni  -  les  bons 
confeils  ,  ^  qui  s'égarent  volontaire 

mcût 


IV. 


tncfit  par  là  crainte  qu'ils  ont  à'ètrc  à^ik 
^ouverneZé 

jy^autrcs  coiïfenccnt  d'être  gouvcf-^ 
nez  par  leurs  ^mis  en  des  cbo&s  prefr 
qu'indîfièrentes  /  £c  s'en  font  ut 
droit  de  les  gouverner  à  fcur  tour 
lerr  des  cbofes  graves  &  de  confia 
quenoe. 

J>rance  Veut  paâer  pcfur  gouverner 

ion  Maître ,  qui  n'en  CToit  rien  non 

plfis  que  lé  public  :  parler  fans  cedc 

»  un  Grand  que  l'on  ftrt  ,  en  dds 

lieux  &  en  des  tenis  où  il  convient  fe 

'iBoixiis ,  lui  parler  à  Poreilte  ou  en  dés^ 

termes  myfterieus: ,  rire  jufqu'à  écla^ 

ter  en  ià  prëfênce ,  lui  couper  la  pa« 

tolc  \  iè  mettre  entre  lui  &  ceux  qui 

lui  parlent ,  dédaigner  ceux  qui  vieâ«« 

iKnt  faire  leur  cour,  ou  attendre  inii» 

patiemment  qu'ils  le  retirent ,  fè  met-' 

ttç,  proche  de  lui  eii  une  pofturc 

trop  libre,  figurer  avec  lui  le  do» 

appuyé  à  une  cheminée  ,  le  tirer  par 

§cfTi  habit ,  lui  marcher  fur  les  talons , 

lâire  le  âmilier ,  prendre  des  liber- 

tez  ,  marquent  mieux  un  &t  qu'un 

fiivorî. 

Un  ^orame  fige  ni  ne  fc  laiflè 
goâverner  ,  ni  ne  cherche  à  gouyer* 


11     J         ^  .- 1 


ii.%     Les  Cahacteas^ 
^  >>  u      ner  les  autres  r  il  veut  que  la  RaiibÉ 
'  gouverne  feule,  &  toujours. 

Je  ne  liaïfDis  pasd^étre  livré  parlÉ 
^Confiance  à  une  perfeatic  raiibou»- 
elle,  £c  d'en  être  gourâmé  en  toutes; 
éhcrfb ,  &  abfidimient  ^  &  toujours  : 
je  kxdvi  fur  de  bien'  ^ire  Ûmavbîr  le 
foin  de  délibérer ,  je  jouïfoîs  de  kf 
àanquiUitd  (de  celui  <}ui  €&  gouverna 
parla  jRjiifim. 

*  Toutes  ks  paâîbn^  font  totcsasà- 
ki  \  ellK  ie  déguifent  autant  qu'elle^ 
le  peuvent  auîsc  yeuï  des  autres  ;  d« 
lies  &  cachent  à  elles-mêmes  :  il  n^y  a 
point  de  vice  qui  n'ait  une  ùxkiSk  xA 
IbnblaiiGe  avec  i^Kh|ue  verttf,  & 
qu'il  ne  s'en  aide; 

*  On  ouvre  un  livre  de  devociesi^t 
te  il  touche  vt>rierTÈ  ouvre   un  aatise 

Îui  eft  ^aiid ,  Se  il  ait  fén  imptt^ 
on.  Oferai'je  dire'  que  lé  cœur  fcu( 
concilie  les  chbfes  contraires  ,  Se  ad>» 
.  met  les  incotnpatibles  ï 

^.  Les  hommfes  rbùgiflcnt  moios^^ 
de  leufs  crimes  que  dfe  leufs'  foîbleflès 
£cde  leur  vanité  :  td  eft  ouvertement 
itijufte  ,  violent ,  perfide ,  calomnia* 
teur ,  qui  cache  fon  amour  ou  fotf 
ambition ,  iâns  autre  vûë^ue  de  k 
cacher; 


&J  m  MoEÛR5  M  CE  Slictf.  i<^' 

*  Le   otô  n'arrive  guercs  où  Ton    ChaïC 
^uifle  dire  ^  j'étbis  ambitieux  ;  ou  on       ^  V* 
«c  l'cft  point ,  ou  ôh  Pcfrionjours  :- 

âaaîs  Ib  tenu  viem  où  Ton  avoue  que 
Fon  a  aim^. 

^  Les^  komAies  commencejQt  par 
l^.amoor ,  £niilènt  par  l^mbition  ,  & 
:^  ie  trouvent  xlaris  une  alEette  plus^ 
ifranquille  que  loyfiju'ik  ineuivnL: 

*  Rien  ne  coûte  moim  à  te  paffion' 

3ae  de  fe  mettre  au  dcSm  de  la  rai*-' 
m  :  (on  graild  trîdâiipfaeeft  dePem^ 
^iter  fur  l'intérêt.    - 

*  L'on  cfr  plus  foéiable  &  ii'uii^ 
meilleur  commerce  par  le  cœur  quc^ 
par  remplit: 

'^  Il  y  a  de  certains  grands  fentîi* 
nens , de  eertaines^  aâionriioblcs  fic- 
elé vées  ,  qtie  lioUs  devons  moitas  à  la^ 
Ibrce  de  âotre  efprît ,  qu'à  la  bonté' 
de  notre  naturel. 

*  Il  n'y  a  gueres  au  monde  uiv 
plus  bel  excès  que  edm  de  la  recoOK 
lioiflànce. 

*  ir  faut  être  Bien  dè)Ué  d^cfprît  ^ 
fi  Pamour ,  la  malignité ,  la  riecêffité 
n'en  font  pas  trouver. 

*  11  v  a  des  lieux  que  Ton  admire  ;. 


iêri   Lni  C  atl  a  c  f  Î h e  f  > 

bti       il  y  en  a  d'autres  qui  touchent  ;  et. 
CoivR.    où  l'on  aimeroit  à  vivre. 

II  me  ièfnf>Ie  que  l'on  dépend  ddr 
lieux  pour  Pdprit ,  Phumeur ,  la  pafr 
(ion ,  le  goûc  &  les  fentimeds. 
'  ^  €^ux  qui  font  bien  mcritcroicnt 
iculs  d'être  enviez ,  s'il  n'y  avoit  ert- 
core  un  meilleur  parti  à  prendre ,  qui 
cft  de  faire  mieux  :  c'efi  une  douce 
vengeance  contre  ceux  qui  nous  don* 
-aent  cette  jaloufie. 

*  Qiidqûes-uns  fc  défendent  d'ai-^ 
mer  &  de  faire  des  vers ,  comme  de 
ékùx  fbibles  qu'ils  li'ofcnt  avouer  , 
Tun  du  cœur ,  l'autre  de  l'efprit. 

*  Il  y  a  quelquefois  dans  le  coati 
de  la  vie  de  fi  chers  plaifirs  Se  de  â 
tendres  eiigagetnens  que  l'on  noins 
dcTerid  ,  qu'il  efl  naturel  de  defîrer 
du  moins  qu*ils  fufïènt  pennis  :  de  & 
grands  charmes  ne  peuvent  être  fur<- 
paflci  que  par  celui  de  favoir  y  re* 
lioncer  par  vertu» 


CHA- 


a^  tg%  MotuK^s  »E  c£  Siicte;  x(Sj  : 
CHAPITRE     Vi 

P  )S     L.  A  •    s  O  C  I  £  T  1^* 

*    »         ■ 

* 

OE  I.A  Conversation. 

UN  caraâere  bien  fa4e  cjl  celui.  CHAP^f 

*  G'cft  le. râle  d^un  for  d^icre  im- . 
poitun  :  un  homme  habile  fent  s'il 
convient,  ou  s^il  ennuyé:  il  fait  dii^ 
paroitre  le  momeat  qui  précède  o 
lui  où  il'feïoit  dé  trop  quelque  part. / 

r  •  L'on  maiclie  lun  les  mauvais; 
plaifans ,  &  il  pleut,  par  tout  pais  de: 
cette  (brte  d'inlèâes.  Un  bon  plai#^ 
£int  eft  une  pièce  rare  c  à  un  hommes 
qui  eft  n4ttlji\e&  encoœ  fort  àk- 
licat  d'en  foûtenir  long^'tems  le  peiv^ 
(bhmge  :  il  n'dtpas  ordmaire  que  ccr 
lui  qui  ait  rîrc,(e£ifiêeftimér.    '     » 

'  ^  11  y  a  beaucoup  d'e{prits  obice^r 
ses,  encore  plus  de  me'diiansoudO; 
fatin^es ,  pçu  4e  djotiats;  Pqur  ba«- 


•D  i  i  A  dinçr  avjcc  gracc^  &  rencontrer  heiiJ 
fiocxiTi'.  ^-cufemcnt  fur  les  plus  petitîi  fujets  , 
(il  faut  trop  de  manières,  trop  de  po« 
JiteiTe ,  ^  niême  trop  de  fécondité  ^ 
^*eft  qrécr  que  4^  raiUer  2^106  ,&  faire 
quelque  cïiofe  de  rien. 

*  $i  l'on  faifoic  ^ne  feriez (e  atten^ 
^lon  à  tout  ce  q^i  fe  dit  de  froid ,  de 
Airain  (f  de  puérile  dans  les  entretiens 
^rdioaires ,  Pon  auroît  honte  de  par* 
jerou  d'ccouttr,  6c  l'on  fecondamnû- 
*  roit  peut-être  à  ym  ftlcpce  perpétuel^ 
.qui  leroit  uaccboiè  pire  dans  le  conu 
^erce  qwe  les  difcours  inutiles.  U  faut 
xlonc^accpmmodër  à  tous  les  efpritsi 
|>ermettrex:omt9e  un  noal  n^^eflairele 
r^t  des  iâufles  iioavdSes  5  les  va»* 
jgiK%  Télexions  fur  legouvcuneipent 
préknt  ou  fur  J?intù;6t  dcsîPriflces  , 
]ic.dc\nc  des  beaux  fbptâApens^  &  qui 
fcneni^cm.  toujours   las  oçtêmes  :  i 
&ut  kiSEsr  Arme  paiier  proverbe ,  2c 
MriimU  |«a*kr!deibL,4ei^. vapeurs^ 
iie  ib  m^ramfis  &  de  £s.  mfoQjuiies. 
^  :^  ,Lkm.yDicde3^^itis.  qui  (fera  les 
iConverÊtfâonsbtiiâans  ie  peu  cfe.canoh 
lœrce  ^que  B09  a  sktcc  cnx  vous  dé* 
Ipnûtenc  par  leurs,  ridicules  expre^ 
im^^p^lfLfWivemé:,  If  J'ofe  dire 


*.  «< 


/09  tBS  MoBiniS  BB  CE  SiECLC.   z6^ 

parl'ûnpropriete  des  termes  dont  ib  ChajK 
fc  fervent ,  comme  par  Palliançe  de  '  V* 
ccrtsnm  iiK>t^  qui  ne  fe  rencontrent 
cnfemible  que  d^ns  leur  boudie  ,  £c 
â  qui  ils  Ibnt  (îgnifier  des  chofev 
que  leurs  premier*  mycntcurs  n'onc 
Jamsiis  eu  i^itentiosi  de  leur  £iire  dire« 
Ils  ne  fuii^ent  en  parlant  ni  la  rai(bn| 
ni  Tufâgc  ,  mais  leur  bizarre  génie  , 
que  Penvie  de  toujours  plai(apter ,  Sc 
peut£t^  de  briller  ,  tourne  infenû^i 
blemetitÀ  un  jargon  qui  leur  cft  pro^ 
pre ,  Sa  qui  devient  enfiq  leur  idiome 
naturel  :  ils^ccompagnent  un  langage 
£  extmâgant  d'un  gefte  afieâé  & 
d'une  prononciation  qiiii  eil  contre^ 
faite.  Tous  ^nt  con^teiîs  d'eux  -  txÀ* 
mes  êç  de'  Pagcémf^t*  de  leur  eCprît  ^ 
j6c  Pon^ne  poat  pas  di^e  qii^iU  té  foietif 
entièrement  ^nuez ,  mais*  on  Ie| 
plaine  de  ce  peu  qu'ils  en  ont  ;  2c  et 
qui  €&  pi^ ,  on  en  ibuffue. 

^  <^e  dites-  vous  !  comment  f  j<r 
n'y  fuis  pas-^  Voufe  pfeiréit-il  de  te^ 
commcflrtr  ?  ^'^  fyi^  itiami  màÏM  i 
je  devine  enfi|fi^:>Vio«s^oalW'^:,  A4$s^^ 
me  dire  q^'il  fait  froid  ;  que  ne*  di- 
(iez-vou9 ,  il  ^it  froid  ;  vous,  vpukç 

m'zj^eïdfa  qu^il  |>l^jut^Dtf  qu'ilne^ 


'  -* 


t.^4      LSS    CARACTERIt 

Bt  LA  gt.^  dites ,  â  piett£  »  îl  m%c  <  vmis 
êoxiM'  me  trouvez  ]boa  vifege ,  &  vous  defîr 
'**•  .  nsz  de  m'en  fclûrkcr  ;  dites  ,  je  vous 
Itrouve  bon  vi&^e.  Mais ,  répondez^? 
vous  ,  odk  cft  bien  uni  ^  bien  clair , 
.  le  d'ailleurs  qi|.i  ne  pourroit  pas  eç 
dii-c  autant  i  Qy'injporte  ,  Acis ,  eft-. 
fc  un  fi  grand  roal  d'être  ^ntcndi» 
qugnd  <^  parle  ,  fer  de  parler  commç 
tout  le  monde?  Une  chofe  vous mai]Lf 
que  ,  Am  »  k  vous  8f  jà  y,os  fembUr 
bles  les  difcprs  dff  Tbœbu$  ^  yous  nç 
ypus  en  dcficjs  point ,  $C  je  v^\%  vous 
jcttcr  dans  lytonnemcnt  ;  ijnc  cbofç 
vous  manque  ,  c'cû  Pcfprit  ç  ce  n'eft 
pas,  tout ,  il  ^'a  en  vojus  une  chofc  de 
tiop ,  quHrft  l'opinion  d'en  avoir  plu? 
que  les  autres.  :,  voilà  1?  fçprçc  dç 
yotrè  ppmpcux  gilimathias  ,  .4c  yos 
pbrafcs  embripuillée^,^d€yoftgrand$ 
mots  qui  «e  fignijàeot  rien.  Vous 
aborde;&  est  homaje ,  pu  vpps  entre? 
llaos  cctfft/^rb^mbfie ,  je  vqus  tire  par 
.votije  babit  ^  yc»«  c|Sis>  l'oreille, nç 

.  ayc&  p»m  $  ^ cft  votre  ^çk^;  ayez , 
fi  vous  pou VÇ2  ,.un  langage  ^mple, 
JJc  tel  que  Toptceux  qà  qui  vous  ^ 
|H)WyW  l»Cï»R  cfpît  ^.pS^t'Ctrc 


ou  |£s  Morons*  OB  cz  Siwom*  t6$ 

ifors  croira-t*on  que  vous  en  avez.    Ch  a  >• 

*  Qui  peut  fc  promettre  d'éviter        ^' 
dans  la  Société  des  hommes  la  ren* 
contre  de  cerDÎns  efprits  vains ,  lé- 
gers ,  familiers  ,  délibérez  ,  qui  font 
toujours  dans  une  compagnie  ceux 

qui  parient ,  8c  qu'il  faut  que  les  au« 
très  écoutent  ?  On  les  entend  de  Pan^ 
ti-chambre ,  on  entre  impunément  Se 
fans  crainte  de  les  interrompre  :  ils 
continuent  leur  récit  fans  la  moindre 
attention  pour  ceux  qui  entrent  où 
qui  Ibrtent ,  comme  pour  le  rang  ou 
iè  mente  dès  perfonnes  qui  çompoi^ 
lent  le  cerde  :  ils  font  taire  celui  qui 
commence  àcotlter  une  nouvelle  , 
pour  la  dire  de  leur  façon  ,  qui  eft  la 
meilleure,  ils  la  tiennent  de  ^  Zamet:^ 
dé  Ruccilay  ^  ,  où  de  C&ncbini ,  qu'ils 
né  connoiilènt  point ,  à  qui  ils  n'ont 
jamais  parlé  ,  &  qu'ils  traiteroient  d^ 
Monfèigneur  s'ils  leur  parloient  :  ils 
ft'appredfcnt  quelquefois  de  loreille 
du  plus  qualifié  de  Taflèmblée  pour  le 
gratifier  d'une  circonflance  que  per- 
sonne ne  fait  ^  &  dont  ils  ne  veulent 
jpai  que  les  autres  fbîent  inftruits  :  ib  . 

fup- 

*  V  ^ans  dire  Moafieor. 


t66     Les  Caractère  a 

D  1  t  A  fuppriment  quelques  noms  pour  dér 
S o cil  TA*,  guiier  Phiftoirc  qu'ils  iaconcent,& 
pour  détourner  lés  applications  :  vous 
les  prieZi,  ,  vous  les  prciTe^  inutilç** 
mcDC^  il  y  a  ^cs  choies  qu'il3  ne  d>- 
ront  p^ ,  il  y  ^  des  gens  qu'ils  ne  fau- 
roient  Qomtner,  Jeur  parole  y  jcft  en» 
gagée  ,  ddï  le  dernier  fccret ,  c'clt 
iin  myflere,  outre  q^ie  vous  leur  de- 
mandez IPimpoifîble  ;  car  fujr  ce  que 
vous  voulez  apprendre  d'eux  ,  ib 
ignorent  le  &it  pi  les  ptribnnes. 

*  Arrias  a  tout  lu  ,  a  tout  y  a  ,4 
veut  le  perfuaderain{î,c'eftj4n  hoto- 
me  univerfei , &  il  fé  donne  pour  te); 
il  aime  mieux  laemir  que  de  fc  taire 
pu  de  parokre  ignorer  quelque  chp- 
fc.  On  parle  à  Iol  t^lc  d'un  Gr^d 
j4'une  Cour  du  Nort ,  il  prend  la  p^* 
rôle ,  &  rôte  à  ceux  qui  alloient  dire 
ce  qu'ils  en  favent  ;  il  s*pnen[te  d^ 
cette  région  lointaine  cçonme  ^il  en 
àétoit  origiiiaire;  il  diicourt  des  mœurs 
^de  cette  Cûijir,  des  femmes  du  païs, 
nde  fès  loix  &;  de  fès  coutumes  :  il  ro- 
xite  des  hiftoriectes  qui  y  fimt  arn«> 
vées  ,  il  les  trouve  plaifànises  &  il  :eif 
•rit  jufqu'à  éclater.  Quelqu^un  fe  ba- 
î&arde  de  le  cpwredijiP  Si  hxi  prouve 


ou  LES  Moeurs  de  ce  SiecL'E.  i6y 
j^citcmcisit  qu'il  dit  des  çh&Ccs  qai  ne  Cha». 
4K)nc  pas  vrayes,:  Arrias  ne  fe  trouble 
jpoinc,  prcEul  feu  au  ^contraire  contre 
frimerrupteur  ;  je  n!avaDce ,  lui  dit-il, 
>îe  ne  raçoncç  ^rien  que  je  ne  fâche  d?o- 
jriginal ,  je  l'ai  appris  de  Setbon  Am-> 
^flàdeur  de  France  dans  cette  Cour^ 
j'evenu  à  Paris  depuis  quelques  jours^ 
^que  je  connois  familièrement ,  qu/c 
j'ai  fort  interroge  •,&  qui  ne  m'a  ca- 
jché  aucune  circonftance  ;:  il  reprcnoit 
Je  fil  de  fà  parration  a vec  plus  de  con* 
Jiance  qu'il  ne  l'avoit  commencée^ 
lorfque  l'un  des  .conviez  luixiit,  c'eft 
Sethon  à  qui  vous  parlez,  lui-même,  * 
jSc  qui  arrive  fraîchement  de  fon  Am« 
^flàde. 

"^  11  y  a  un  parti  à  prendue  datis 
les  entretiens  entre  une  (certaine  pa- 
iiefle  qu'on  a  de  parler  ,  ou  quelque^ 
Sois  un  efprit  abfbrait ,  qui  nous  iet* 
tant  loin  du  fujet  de  la  coovirfation^ 
ctous  fait  faire  ou  de  mauvaifcs  de- 
;pEiaQdes  ou  de  foties  reponfes  ^  &  une 
sutention  importune  qu  on  a  au  moin^ 
dremot  qui  ^chàpe ,  pour  le  rdever^ 
badiner  autour,  y  trouver  un  n^yfle- 
xc  que  les  autres  n'y  voyent  pas  ,  y 
chercher  de  la  fine^  \&c  de  la  fubtili- 


M  X  té, 


\ 


t6t     Lsf  Caractères 

D  B  f.  A     tif ,  (euletnenc  pour  avoir  occsifîôir 
So  c  i  K  Ti*.  d'y  placer  la  (îennie. 

*  Ëftre  in&tui  <le  foi ,  &  8*ctre  ibfy 
tetnent  peffiiadé  qu^qn  a  boiucoup 
d^efprit ,  eft  uq  accident  qui  n'arnve 
gUeres  qu^à  celui  qui  n*en  a  poi^t , 
ou  qui  en  a  peu  :  malheur  pour  lors 
à  qui  cftexpofif  à  l'entretien  d^un  tel 
perfonnage  ,  combien  de  jolies  pbra* 
tes  lui  kudra^t-il  efluyer  i  combien  de 
ces  mots  avanturiers  qui  paroiilênt 
fubiteraent ,  durent  un  tems  ,  Se  que 
bientôt  on  ne  revoit  plus  !  S'il  con« 
te  une  nouvelle  ,  c'eft  moins;  pour 
l'appcendre  à  ceux  qui  l'écoutent  ; 
que  pour  avoir  le  mérite  de  la  dire  \ 
éc  de  la  dire  bien  :  elle  devient  unro* 
man  entré  fcs  mains  :  il  fait  penfer  les 
gens  à  fk  manière,  leur  met  en  la  bour 
che  fes  petites  &çons  de  parler ,  &  les 
lait  toujours  parler  long-téms:  il  tom« 
be  enfiite  en  des  parehthèfês  qui  poA 
vent  paflèr  pour  épifodes  ,  mais  qui 
font  oublier  le  gros  de  Thiftoire ,  8c 
«  lui  qui  vous  parle, &  à  vous  quile 
iiipportez  :  que  feroitTCê  de  vous ,  & 
àe  lui ,  fi  quelqu'un  ne  furveooit  beir 
l'euiêment  pour  dcianger  lé  ccfcle, 

pC  £uxe  oublier  la  narration^  > 

*pcn. 


w  tm  MoHOfis  DE  es  SxsdiB.  s  69 
-:*  l'cntcns  rheoiefjte  de  Tantî-  Cha#4 
chatnbre  ;  il  groifît  ià  voix  à  mcfure  ^* 
qu'il  s'approcoe  ^  le  voilà,  entré  :  il 
jrit ,  il  crie ,  il  éclate  ,  ou  bouche  fès 
oreilles ,  c*cft  un  tonnerre  :  il  n'eft 
pas  moins  redoutable  par  les  choies 
qu'il  dit ,  que  par  le  ton  dont  il  par- 
le :  il  ne  s'appaife  &  il  ne  revient  de 
ce  grand  fracas ,  que  pour  bredouil- 
ler des  vanitez  &  des  fottifes  :  il  a  fi 
peu  dVgard  au  tems ,  aux  perfbnnes  » 
flux  bienfèances ,  que  chacun  a  (00 
fkic  (ans  qu'il  ait  eu  intention  de  le 
lui  donner  \  il  n'eft  pas  encore  affis  ^ 
qu'il  a  à  fon  infû  defobligë  toute  l'aj& 
ibnbl^e.  A*t-on  &rvi  ,  il  iè  met  le 
premier  à  table  Sc  dans  la  première 
place  ,  les  femmes  font  à  ià  droite  8c 
a  (à  gauche  :  il  mange ,  il  boit ,  il 
conte  ^  il  plaifànte  ,  il  interrompt 
tout  à  la  fois  :  il  n'a  nul  difcernemept 
des  perfbnnes  ,  ni  du  Maître ,  ni  des 
conviez ,  il  abufè  de  la  folle  déféren- 
ce qu^on  a  pour  lui  :  t&^cc  Eutideme 
qiti  donne  le  repas  >  il  rappelle  à  toi 
toute  l'autorité  de  la  table ,  &  il  y  a 
un  moindre  inconvénient  à  la  lui  ]aif« 
icr  entière  qu'à  la  lui  difputer  :  le  vin 
&  k%  viandes  n'ajoûtetit  rien  à  fqp 

M  3  carac* 


&0  C 1  £  Tl\ 


'^\^.^  earaftere.  Si  Pbnjouë,  it  gagoc  aS^ 
jeu  ;  il  veut  railler  celui  qui  perd  ,& 
il  l'oflfenfe  :  les  rieurs!^  font  pour  lui  ^ 
il  n'y  a  forte  de  fàtuitex  qu\>n  de  lui 
pafiè.  Je  cède  enfin  &  je  difparois  ; 
incapable  de  foufirir  plus  long-tenv^^ 
Theodcâe ,  Se  ceux  qui  le  foufirent. 
♦  Trwfccft' utile  à  ceux  qui  onr 
trop  de  bien  ,  il  leur  ôte  l'embarrai 
du  fuperflu ,  il'  leur  fauve  la  peine 
^maflër  de  Fargcnt  ,  de  faire  det 
irontrats^ ,  de  fermer  dés  coffres  ,  de 
porter  des  clefs  fur  foi&  de  craindre 
un  vol  domeftique  :  il  les'  aide  dans 
leurs  plàifîrs  ,  &  il  devient  capable 
enfuite  de  tes  (èrvir  dans^  leui?  pa& 
fions ,  bien-tôt  il  fes  re^  &  les  mak 
trife  dans  leur  conduite.  Il  eft  l'ora* 
de  d?une  maifon%  eetiii  dont  on  at^ 
tend ,  que  dîs-je  ,  dont  on  prévient  ,- 
dont  on  devine  les  décidons  :  il  dit 
de  cet  efolave  ,  il  fiiut  le  punir ,  Sc 
on  le  fouette ,  &  de  cet  autre  ,  il' 
faut  l'afïranchir,  &  on  Haflfranchit  : 
Poa  voitqu^unparafitene  le  feitpas 
rire ,  il  peut  lui  déplaire  ,  il  eft  con- 
gédie :  le  Maître  eft  heureux ,  fî 
Troile  lui  laifle  fà  femme  &  (es  en- 
iSms.  Si  celui-ci  eft  à  t^le  ^  &  qu^l 

pror 


év  LE$  TiioBVRS  tiE  CE  SflEdtH.  ift 

fronortcc  d'un  mets  qu'il  cft  friand  v  Chapï 
Ï€  Makfc  &  ks  conviez  qui  en  man- 
^eoieiit  fifts  reflexioirvlc  trouvent 
friand,^  ne  s'en  peuvcaoe  raflàficr  : 
s'il  dit  arf  contaraire  d'un  autre  mets 
qu'il  eft  ihfipidef  ceux  qui  commen- 
çofcnt  à  le  go^i^ ,  B'ofapu  avaler  fe 
morceau  quUls  ottt  à  k  bouthe  ,  ils 
le  jcttcht  à-  Étrre  :  tous  ont  les  yeux 
fur  fui,  oBrfarveatfonmàintien  8c  ibn 
▼ilâgc  avant  de  pr qînoàocr  fôT  k  vin 
t^u  fur  ks  viandes  qui  font  fc^vks.  Nt 
le  cfeercW  pas  ailkurs  que  dans  In 
Àaifon^de  ce  *iclic  ^tfiJ  gettvcrac  V 
<?cft  '  là  qu'il' «aiige  ,  qu'fli  <Jon  & 


fl  domine  dânsi  tiric  Me,  il  y  reçoit 
Il  cour  6c  les  |iommages  de  ceux  qui 
]^lus  fins  que  les  autres  ne  veulent  al- 
fcr  au  Maître  que  par  Troilc.  Si  l'on 
entre  par  malheur  (ans  avoir  une  phy- 
fionomk  qtri  lui  agrée ,  il  ride  fbn 
front  &  il-  détourne  (à  vue  :  fi  on 
Taborde,  il  ne  fe  Icvç  pas  :  fi  l'on 
s'afiîed  auprès  de  lui  ^  il  s'éloigne  :  G. 
oh  lui  parle  ^  il  ne  répond  pomt  :  fi 
Foa  continue  de  parler ,  il  pafle  dans 

M  4  une 


k7%      Les  CAAAjbrnKi^é 

t)  t  I A  june  autre  dâmbre  :  fi  on  le  (uh; ,  3 
lu  cil  XI*.  gagne  Tcfcalier  ,  il  franchiroit  tous 
ies  Àages ,  qu  il  ie  lapceroit  C  i  )  par 
siae  kxmre .,  plutôt  qye.  de  iè  laiflèr 
joindre  par  quelqu^un  qui  a  ou  ub 
vi£ige  ou  yn  fon  de  voix  quH:l  deiâp* 
:prourv6  ;  Puh  Se  l'autre  foot  ^reabks 
.en  Tr6ile,  2c  i(l  s'en  eft  f^rvi  keureti- 
jkment  pçuir  s'jqiînuÔMHi  ppùjp  con* 
querk.  ToUt  devient  avec  le  tems  ^ 
.au  deflbus  de,  fes  foin»^  comme  il  eft 
•au  deiïus  de  vouloir  fe  ibûtenir  ou 
ominvei-  de  pjaire;  par  le  moindre 
àts  calens  qui  ont  commencé  à  le  fai« 
rc  valpif^  Q'^A  beaucoup  qu'il  fortt 
quelquefois  de  fès  médications  Se  de 
h  taciturïuté  potrr  contredire  9  & 
que  même  pour,  critiquer  il  daigne 
"une  foi^  le  jour  avoir  de  rcfprit  ; 
bien  loin  d^actepdre  de  lui  qu'il  defe» 
a  vos  femimeias  ^  qu'il  fait  compjai- 
iànt  9  qu'il  vous  loue  i  vous  n'êtes 
pas  fur  qu'il  aime   toujours  votre 

apro* 

Îi)  Un Funçois  qui  (aie  fa  Langue »&a 
prit  cultivé  >  n'a  pas  be(bin  d'écre  aretti 
qu'il  ne  doit  pas  prendre  ceci  â  fa'  lettre  »  non 
plus  que  mille  autres  pareilles  exprcffions 
'  ^*oa  rencontre  dans  cet  Ouvrage  «  ic  à9g\s 
Coiis  les  meilleurs  Ecrits ,  anciens  A  modci; 
^c$«  en  verij  Se  enfrofe» 


OU  CES  Moeurs  db  cb  Sicclf.  17  j 

«pfobation  9  ou  qu^il  fouffiie  votre     Chap« 
«Qipplaifance.  ;         Vt 

>  ^  il  faut  laiiTer  parler  cet  inconnu 
^uelc  hazard  a  placé  auprès  de  vous 
dans  une  voiture  publique  ,  à  unç 
fête  ou  à  un  fpeâacle,  êç  il  ne  vous 
coûtera  bien- tôt  pour  le  connoitre 
que  de  l'avoir  écouté  :  vous  faurer 
fi>n  nom  ,  fa  demeure  ^  ion  pays  ; 
l'état  de  fon  bien  ^  /on  emploi ,  celui 
de  ion  père  ,  la  famille  dont  eft  C^ 
imere  ,  la  parente  ,  (es  alliances  ,  les 
trmes  de  fa  maifon  ;  vous  compren«> 
drez  qu  il  eft  noble ,  qu'il  a  un  châ- 
teau ,  de  beaux  meubles  5  des  valets^ 
&  un  carofie. 

'  "^  liy  a  des  gens  qui  parlent  uQ 
moment  avant  <}ue  d'avoir  penfB  :  il 
y  en  a  d'autres  qui  ont  une  fkde  atr 
jRntion  à  ce  qu'ils  difènt  ,  &  avec 
qui  Pon  fouf&e  dans  la  converfation 
dte  tout  le  travail  de  leur  efprit  ^  i|$ 
font  comme  paitris^de  phrafes  &  de 
petits  tours  d'expreflion  ,  concertes 
dans .  leur  gefte  &  dans  :  tout  leuir 
maintien  }  ils  font  purifies  (4)  ,  Se 

ne 

'  (m)  Ocqs (piï affisAent  une  gnnit  pureté 
Jelaofiage. 


♦  -'  •    •  # 


SO.CiBT£\ 


XT4    Les    Caractères 

^n  r".  ^.^  ^  bazardent  pas  k  moindre  mot  ^ 
quand  il  dcvroit  faire  le  plus  bel  ^flfet 
du  monde  ;  rien,  d'heureux  ne  leur 
^chape  ,  rien  ne  coule  de  fource  Sa 
avec  lil^eité  :  ils  parJcnc.  groprcmentp 
&  ennuyeufetneçu 

♦  Lîeiprit  dcla-conycffàtiottco»» 
fifb  bien  moins  à  en  montrer  beau-* 
coup  qufà  en  faire,  trouver  aux  au^ 
très  :  celui^ui  fortdc  votre  entretien^ 
content  de  foi  &  de  fi>n  cfprit  l'eft  de 
vous  parfaitement.: Les  hommes  n  ai- 
Bient  point  à  vous  admirer ,  ik  veu«9 
knt  plaire  :;ils  cherchent  moins  k 
être  inftruits  &  même  r^uïs ,  qu'è» 
être  goûtez  fie  applaudis  jj&  te  piai-- 
fir  le  plus  délicat  eft  de  f^re  celui 
d'autrui^ 

*  Il  ne  fiiut  ptS'  q»'il  y  ait  tro^ 
d^imagination  dans  nos  converfàtioos. 
ni  dans  nos,  écrits  :  elle  ne  prodiiii» 
fou  vent  que  des  idées  vaines  &  pueii* 
fca. ,  qui  ne  fervwt  point  à  pcrftû* 
donner  le .  goûc ,  &  à  nous  rendic 
meilleurs  r.  nos  penfées  doivent  êtsc 
un  efièt  de  notre  jugement. 

•*-C'eftune  grande  mifere  que  de: 

p'avoir   pas  aflèz  d'efprit  pour  bifiv 

parler  ^  ni  ailèZu  de  jugement  pour  St 

1  taii£«' 


,    ou  IBS  MOEUKS  tE  CE   SlËCIE.    I75 

taire.  Voilà  le  prindj*  de  tôûtcim*-  Ckap^ 
pertinence.  ^^ 

*  Dired^utfechofêmodeftertcntotl 
<iu'ellceft  bonne ,  ou  qti'clle  cft  mau- 
vaîfë,  &  les  raiibns  pourquoi  elle  eft 
telle ,  demande  du  bon  (èns  8c  de  Pcx- 
prcfiton  ,  c'eft  Uiie  afîàire.  Il  eft  pruS 
court  de  prononcer  d'un  ton  dtfcifif , 
&  qui  emporte  la  preuve  de  ce  qu'on 
avance,  ou  qu'elle  éft  exécrable  ,  oti 
qu'elle  eft  mirâtuleufê. 

*  Rien  n'eft  moins  fel6n  Dieu  &  ft* 
foxi  le'  monde  que  d'appuyer  tout  et 
que  Ton  dit  dans  la  converâtion ,  ju(^ 
quesaux  choies  les  plus  indifierentes  ; 

Sr  de  longs  &  de  raftidieux  fcrmens. 
n  honnête  homme  qui  dit  oui  tt 
non ,  mérite  d'être  crû  r  fon  cafaâti 
ït  jtfre  pour  lui ,  donne  créance  à  fc$ 
paroles  8c  lui  attire  toute  forte  de 
confiance.     •  • 

~  *  ♦  Celui  qui  dit  inceflamtnenr  qu'il 
a  de  l'honneur  &  de  la  jprobîté ,  quSl 
ne  nuit  à  perfonne,  qu'il confent  que 
le  mal  qu'il  fait  aux  autres  lui  arrive  , 
&  qui  jure  pour  le  faire  croire  ,  ne 
im  pas  mên^c  dontrcfkirc  l'hotome  dé 
•bien.' .  t  '''^' ,  ••  * 

•  •  *  M  6  pêcher 


27^        Lfi'S    CAltACTERES 

Db  i  A     pêcher  par  toute  &  modeftie ,  qu*oli 
SoCfUTB*.  ne  dife  de  lui  ce  qu'un  malhonnéce 
homme  fait  dire  de  foi. 

*  cUon  parle  peu  obligeamment 
eu  peu  jufte ,  c'eft  l'un  ou  l'autre  : 
mais  il  ajoute  qu'il  eft  &it  ainfi  ,  & 
qu'il  die  ce  qu'il  penfe. 

'*'  Il  y  a  parler  bien  ,  parler  aiie* 
ment ,  parler  jufle ,  parkr  à  propos  : 
c'çft  pécher  contre  ce  dernier  genre , 

2'  ue  de  s'étendre  fur  un  repas  magifi^ 
que  que  l'on  vient  de  faire  ^devant 
des  gens  qui  font  réduits  à  epargiier 
)eur  pain  j  de  dire  merveilles  de  ià 
iânté  devant  des  infirmes  y  d'entretenir 
de  iJbs  richeflès ,  de  les  revenus  &  de 
ics  ameublemens ,  un  homme  qui  n'a 
pi  rentes  ni  domicile  j  en  un  mot  de 
parler  de  fbn  bonheur  devant  des  mi- 
iêrables.  Cette  converiàtion  eft  trop 
fone  pour  eux  ;  &  la  comparaifon 
qu'ils  font  alors  4k^  leur  état  au  vô- 
tre cft  odîeufe. 

*  Pour  vous  ^  dit  Butipbnm ,  vous 
êtes  riche,  ou  vous  devez,  l'être  ;  dix^ 
inille  livr^  de  rente  ^  &  en  fonds  de 
terre,  cela  cftb^u,  Çtlf  e]p^iipP*»*^ 
Ton  eft  heureux  à  moins  ^  P^iH^ 


ou  lÉs  Moeurs  ob  ce  Siicti»  %7'i 

e livres  de  revcmi,&ci:oitn*avoHr  Cnkfi 
que  h  moitié  de  ce  qu^  mérite  }  il  ^'  • 
vous  taxe ,  il  vous  apprécie  ^  il  fixe  vo« 
fre  dépenfe,  &  s'il  vous  jugeoit  digne 
«{'une  meilleure  fortune  ,  &  de  oelk 
même  où  il  afpire  ^  il  ne  manqueroit 
pas  de  vous  lafoufaaiter.  Il  n'eftpasle 
iéul  qui  fàflèdc  fi  mauvaifeseftimations 
ou  des  comparaifons  û  defobligcan* 
tes  ^  le  monde  eft  plein  d'Eutiphrons. 

*  Quelqu'un  fuivant  la  pente  de 
]a  coutume  qui  veut  qu'on  loue ,  8c 
par  l'habitude  qu'il  a  a  la  flatterie  £c 
a  l'exagération  ,  congratule  Thioimf 
fur  un  Difcours  qu'jl  n'a  point  enten- 
du ,  &  dont  perionne  n  a  pu  encorç 
lui  rendre  compte ,  il  ne  laifle  pas  de 
lui  parler  de  fon  génie, de  ion  gefte , 
&  fur  tout  de  la  tidelité  de  là  memoi-» 
re  }  &  il  eft  vrai  que  Theodeme  cft 
(deo^euré  court. 

*  L'on  voit  des  gens  bruiques ,  in- 
quiets 9  fufifdns  y  qui  bien  qu'oiûfs  , 
fie  fans  aucune  affaire  qui  les  appelle 
ailleurs  ,  vous  expédient ,  pour  ainà 
dire  ^  en  peu  de  paroles  ^&  ne  longent 
qu'à  fe  dégager  de  vous  :  on  ïcqr  par- 
le encore  qu'ils  font  partis  &  ont  difc 
MTu.  Us  ûcfont-pas moins irapcfti- 

M  7  ncM 


r 


**»  ï- A.  riens  qûè  ceux  qui  vous  aî^rêiènt  féâH 
"^***  lement  pour  vous*  cnnu^yer  ,-ib  {cm 
peut-être  moins  incommodes: 

♦  Parler  8c  offenfer  pour  de  ccrtzi^ 
ries  gens'-  eft  pr<fcifémèn^  là  mémo 
ehofe  :  ih  S)ttt  piquans  8c  amers  :  leur 
ftylc  cft  mêlé  de  fiel  8c  d^abfyntlie 
là  raillerie ,  Pinjurc  ,  Pinfulte ,  IcuP 
découlent  des  lièvres  comme  leur  fa^ 
Uve.  IL  fcur  fcroit  utile  d^re  nés 
muets  ou  ftupîdes.  Ge  qu'As  ont  de 
vivacité  8c  d'èfprit  leur  nuit  davanta* 
ge  que  ne  fait  à^quelques  autirs^leur 
îottifc.  Ils  ne  fè  contentent  pas  tou* 
jours  de  répliquer  aVec  aigreur ,  ils 
attaquent  foii vent  avec  infolence  :  ils 
f râpent  fur  tout  ce  qui  fe  trouve  fou* 
leur  langue ,  furies  préfens ,  fiir les^ 
fens,  iTs  heurtent  de  front  &  de  côt^ 
comme  des  Béliers:  demande-t- on  à 
des  Béliers  qu'ils  n'ayent  pay  de  cw?- 
nés  ?  de  même  n'cfpere-t-on  pas  de«^ 
former  par  cette  peinture  des  aaturclt 
fi  durs ,  fi  farouches ,  fi  indociles-  Ce 
que  l'on  peut  faire  de  mieux  d'auffi 
loin  qu'on  les^  découvre  ;  eft  de  les 
fuir  de  toute  fa^force  8c  fans  regmiet 
derrière  foi; 
!  Il  y-  a  des  gtns  4'iitîie^  tîertainé 

•     '   '"  étoffe 


-ou  IBS  Moeurs  DECÊ^iccte.  17^ 
écofl&ou  d^un  certain  diraâer^  zvct    Cm^KI 
qui  il  ne  faut  jamais  fc  commettre  y-         * 
de  qui  l'on  ne  doit  Te  plaindre  que  le 
moins  qu'il  cftpoflible,  &  contre  qur 
il  n'eft  pas  même  permis  d'avoir  raifon. 

*  Entre  deux^perlbnnes  qui  ont  eu 
ensemble  une  violente  quereMedont^ 
l^unaraifon  &  l^utit;  ne  l'a  pas^  ce 
que  la  plûpartr  de  eeux^  qui  y:  ont  aîfif^ 
te  ne  manquent  jamais  de  faire ,  ow 
pouriê  difpenferdeji^er;  oupar  un^* 
tempérament  qui  m'a  toujours  paru^' 
hors  de  fk  place  ,  c*eft  de  condamner 
tous^lcs'  deux  :  leçon  •  importante  ,- 
motif  predantâc  indifpcnfeBlfe  de  fuît 
V  rOrient ,  quand  le  fat  eft  à  TOcci** 
dent ,  pour  éviter  de  partager  avec         - 
lut  le  même  tort; 

*  Jfe  n'àimc  pas  uif  homme  que  je 
ne  puis  aborder  le  premier  ni  faluer 
avant  qu'il  me  (àluë,  fâns^  m'avilir  à: 
&s  yeux,  &  fans  tremper  dans  la  bon-^ 
ac  opinion  qu'il  a  de  lui-mêmei-^ 
MoNTAGifE  diroit  :  (l^)  Je  veux^ 
avoir  m$i  coudées  francbfs  ,  &  être' 
eéurms  &  dffâble  à  mon  point  ,  fanif 
pamrdx  w  confequence.  Je  ne  ms  dt^ 

tûMi^ 

'  X  i^  Iflûté  de  Montagne. 


llo   .  Lii  CAiiâétBki9 

♦I>  fi  i  A  tmit  efirivtr  contré  mm  pencbétu  ^  é" 
SotiiTi'.  ^i^  4H  rebours  de  mm  naturel  ,  qm 
w? emmené  vers  celui  qui  je   trouve  i 
ma  rencontre.    Quand  il  m*eft  égal  « 
&  qu^îl  né  nieft  point  ennemjjf  ^  f  an- 
ticipe fon  bon  accueil  ,  je  le  queftmnc 
fur  f^  difptifitm  &  fanté  ^  je  lus  fuis 
offre  de  mes  i^es  fans,  tant  matchen* 
der/ur  le  plus  ou  fur  le  moius  ,  ne  être\ 
comme  diftnt  aucuns  ,  fur  le  qui  vive  i 
celui  Ik  me  diplM  ,  qui  par  la  conmf^ 
fance  que  j^ai  de  fes  coâtumes  &  fof^ns 
d'agir  me  tire  de  cette  liberté  &  fran* 
cbife  .'  comment  me  reffouvenir  tout  éi 
fropos  &  d*auffi  loin  que  je  vois  cet 
bomme  ,   d^emprunter    une    contenance 
grave  &  importante ,  &  qui  Pavertiffe 
que  je  crois  lé  valoir  bien  &  au  délai 
pour  cela  de  me  rament evoir  de  mes  bon» 
ne$  qualité^  &  conditions^  &  des  J^eth 
nés  mauvaifes ,  puis  en  faire  la  compa^ 
r/ifyn  :  c^eft  trop^  de  travail  pour  moi , 
&  ne  fuis  du  tout  capable  de  fi  roide  & 
JS"  fubite  attention  ;  &  quand  bien  elle 
m'auroit  fuccedé  une  première  fois  ;  je 
ne  léûfferois  pas  de  fléchir  &  me  ditsuntut^ 
a  une  féconde  tache  :  je  ne  puis  mefor^ 
^cr  &  contraindre  four  quilanquo  i 
être  fier. 


^  hV  tES  MoiURS  DE  Cfc  SfCCEt.  5  ?f 

♦  Avec  de  la  vertu ,  de  la  capacité    Chavi 
&  une  boooe  conduite  on  peut  être       ^* 
infupportabie/  Les  manières  que  l'on 
negl^e  comme  de  petites  cbofes ,  font 
fouvent  ce  qui  fait  que  les  hommes 
décident  de  vcfus  en  bien  ou  en  mal  ; 

une  légère  attentio)rà  les  i^oir  dou« 
ces  &  polies ,  prévient  leurs  mauvais 
jugemens^  Il  ne  faut  prefque  rien 
])our  être  crû  fier  ^  incivil  »  mépri« 
^nt  ,  deibbligeant  i  il  faut  encore 
moins  pour  être  eftimé  tout  le  con« 
trai^ 

*  La  poiiteiîè  n'infpire  pas  touf 
jours  la  boBt^  ,  l^equité  y  la  complai* 
lâncie ,  la  gratitude  :  elle  en  donne  du 
moins  les  apparences^  &  fait  paroitre 
l'homme  au  dehors  comme  il  devroit 
)6tre  intérieurement 

L'on  peut  définir  reiprit  4e^fipli« 
tefiè  ,  l'on  ne  peut  en  nxer  la  ^ra« 
tique  :  elle  fuit  lulàge  Se  les  coutu^ 
mes  reçues  :  elle  eft  attachée  aux 
tems ,  aux  lieux  ^  aux  peribnnes ,  5c 
n^eft  point  la  même  dans  les  deux  fe* 
Xes  ni  dans  les  difïèrentes  conditions  ; 
J'efprit  tout  ieulnelaiàit  pasdevinef^ 
il  fait  qu'on  la  fuit  par  imi^tion ,  6c 
que  Ton  s*y  perfeâionne.  Il  y  a  des 

leqpH 


xii    Lbs  CAKAcriKté 

é  I  LA  temperamens  qui  ne  ibnt  fiilccptibîci 
S^orcjhBTB*.  que  de  la  politcflcj  &  il  y  en-  a  d au- 
tres qui  ne  iêrvenf  qu'aùsr  grands  ta- 
lens,  où  à'  une  vcrtaOslidt.lleAvfsà 
que  les  manieFés  polies  donnent  cours 
au  mérite  /  &  k  rendent  ^éàbk  j 
k  quil  &ut  avoir  de  Bien  éminen* 
I9C8  qualitts^^  pour  iè  (buténir  uns  ia 
politeflè. 

Il  me  {bmble  que  refprit^  de  poli« 
fbfle  eft  une  certaine  attention  à  faire 
que  par  nos^parbles  &  par  nos  imnie^ 
jvs  les  autres  foiènt  contens  dAoui 
K  d*cux^mcmes; 

*  Ceft  une  feuter  contre  |à  polii 
^&  que  de  louer  immodérément  en 
prefence  de  ceux  que  vous  faites 
dianter  où  toucher  un>  indrument  ; 
quelque  autre  perfbnne  qui  a  ces  mo^ 
mes  talens*^  ;  comme  devant  ceux 
qui  Votià^  lifcrit leurs  veiis ,  un^  autre 
PocÉe. 

*  Dans*  les  repas  ou  les  fetes^  que 
Von  donne  au:^  autres  ,  dans  les  pré^- 
^ns  qu'on  leur  fait ,  &  dans  tous  Ie$ 
plaifirs  ^vtkyn  leur  procure ,  il  y  a 
aire  bien  ,  &  fèire  félon  leur  goût  : 
ife  dferàier  eft  préférable. 

.M,  H  y  ^ixxQît  une  efpecc  de  fcroci-^ 

te 


CV  tn  yHotàti  M  CE  SlïCtE.    lif 

té  à   rcjetter  ihdifFeremmcnt'  touib    Cha'^ 
forte  de  louanges  :  Ton  doit  être  fei^ 
fible  à  celles  qui  noiis  victînent  dcS^ 
gens  de  bien ,  qui  louent  en  nous  fîn^ 
cetement  des  chofes  louables. 

*  Un  hôtmnc  d'el^rit ,  &  qui  efT 
ne  fier ,  ne  perd  rieil  de  fe  fierté  ÔC. 
de  fi  roideur  pour  fe  trou  ver  pauvre  t* 
fi  quelque  chofe  au.  cotitraire  doit 
amollir  fon  humeur,  le  rendre ' plus^ 
doux  &  plus  fociable,  c'eft  Un  peu> 

de  profpcrité. 

*  Ne  pouvoît  fupporter  tous  kr 
mauvais  caraftcres  dont  le  monde  eft 
pkin ,  rfeft  pas  un  fôrt  bon  caraftere  :' 
H  feut  dans  le  commerce  des^  pieccr 
d'ôr  ,  &  de  la  monnoye. 

*  Vivre  avec  des^  gertè  qui  fonç 
brouillez,  &  dont  il  faut' écouter  de 
part  &  d?autfe  .  les  plaintes  reciproi 
ques ,  c'èft  ,  pour  ainfî  ditt ,  ne  pa»^ 
foîtir   de  l'audience  ,  &  entendre  dtt^ 
matin  aufoir  plaider  &  parler  procès. 

*  L'on  fait  des  gens  (  c;}  qui  avoicnt 
côuléleurs  jours  dans  uflc  unioactroi- 
te  :  IcuFS^  biens  ctôient  en-commun  ,. 

(O  MrsCoamn  &  de  St.  Romain,  CoiH' 
feillcrs  d'Eta». 


i84        i^BJ    CARACTEkSS  X 

.  01  i  A  ils  ti'avoient  qu  une  mêoie  demeure } 
SoeisTB*.  ils  ne  fe  perdoient  pas  de  vue.  Ils  fc 
,ibnt  apperçus  à  plus  de  quatre- vingt 
ans  qu'ils  dévoient  le  quitter  l'un  l'au« 
tre,8c  finir  leur  (bciete'  :  ils  n'avoient 
plus  qu*un  jour  à  vivre  ,  &  ils  n'oot 
pfê  entreprendre  de  le  paflèr  enièm* 
ble  :  ils  jfe  font  dépéchez  de  rompre 
^vant  que  de  mourir  ^  ils  n'avorcm  de 
fonds,  pour  la  complaifance  que  juf- 
qucs-lk.  Us  ont  trop  vécu  pourrie 
bon  exemple  ;  un  momenr  plutôt  ils 
nouFoient  ibciables  ,  Se  laifibicot 
après  eux  un  riare  modèle  de  la  perfe- 
yerance  dans  l'amitié. 

*  L'intérieur  des  familles  eft  fbu« 
tent  troublçS  par  les  défiances,  parles 
jaldufies  &  par  l'antipathie ,  pendant 
i^ue  des  dehors  contenu ,  paifibles  Sc 
mjouez  nous  trompent  ^  nous  y 
font  fuppofer  une  paix  qui  n'y  cft 
i^oint  i  il  y  en  a  peu  qui  gagnent  â 
,ctre  approfondies.  Cette  vifitc  que 
.vous  rendez ,  vient  de  (ufpendre  une 
ijuerelle  domeftique  qui  n'attend  que 
votre  retraite  pour  recommencer. 
,  *  Dans  la  focieté  c'cft  la  raifon  qui 
plie  la  première.  Les  plus  fàees  font 
souvent  ûienez  par  le  plus  touècH 

plus 


V, 


ov  LE$  Moeurs  de  ce  Sncàf  idy 
plus  bizarre  ;  l'on  étudie  (on  foibte ,  Cn^i. 
fbn  humeur ,  fes  caprices ,  l'on  s'y  actr 
commoîde  ;  l'on  évite  de  le  heurter  , 
tout  le  monde  lui  cède  :  la  moindre  * 
ierenité  qui  paroît  fur  (on  vifage,  lui 
attire  deâ éloges:  on  lui  tient  compte 
de  n'être  pas  toujours  infupportabk. 
Il  eft  craint  ^  ménagé  ^  obel' ,  quel» 
quefois  aimé. 

*  11  o'y  a  que  ceux  qui  ont  eu  de 
vieux  cpllateraux ,  ou  qui  en  ont  en« 
corê ,  &  dont  il  s'agit  d^heriter  ,  qiji 
puiflênt  dire  ce  qu'il  en  coûte. 

*  clfdfue  eft  un  très-r honnête  hom- 
me 9  il  s'eft  choifî  une  femme  qui  eft 
là  meilleuie  perionne  du  monde  &  la 
plus  raifonnablè  :  chacun  de  fa  part 
&it  tout  le  plaifîr  8c  tout  Tagrément 
des  focietez  où  il  fe  trouve  r  l'on  ne 
peut  Voir  ailleurs  plus  de  probité  i^ 
j>lûs  de  politeflè  :  ils  k  quittent  de- 
main ,  £c  Tafte  de  leur  réparation  e^ 
tout  drefle  chez  le  Notaire.  Jl  y  i 
iàns  mentir  (^)  de  certains  mérites 

a"? 

(z)llmc  foqyient  k  ce  propps  4'an  Paflfage 
de  Piaf  arque  frès>reaiai:qi^able,pris  4c  la  Vie 
dePauIus  iEoiitius  >qaejc  prendra  la  libercf 
de  mettre  ici  daçsles  propres  termes  d'Amyot; 
tl^M  ftfelqti^filh  dç  fififis  h^^is  d?  W^'^s 


xiS    LbsCaracterhs 

p  s  t  A  q^i  œ  font  |)oint  'faits  pour  être  eiw 
^ociiTB.  fembic^dc  certaines  vçrtijs  iocompt- 

<»tibles. 

*  L'on  pe^t.coippter  furcment  fur 
0a  dot,  le  douaire  &  lescoovcntÎQns, 
^ais  foiblcment  fur  les  :noumtuT€s  :  cl- 
ics  dépjBudent  d'une  union  :fragilc  de 
Ja  bel  le- mère  Scde  la  bru  ,&  qui  pe- 
:rit  fouvèut  dans  1 -année  da  mariage. 

*  Un  beau -pcre 'aime  fon  gendre, 
AÎmefa  bru.  Une  belle-mere  aime  foa 
jgcndrc , .n'aime  point  fa  bru.  Tout  cSl 
^eciprpquq.    .. 

*  Ceq^mne  marâtre  aîmc  le  moins 
4c  tout/ce  qui  eft  au  monde  »  ce  foi^ 
les  enfans  de  Ton  mari  :  Plu$  elle  eft 
iblle  de  fon  mari ,  plus  elle  eft  ma- 
.xâtre. 

Lcsmarâtres  font  déferrer  les  villes 

0i  les  bourgades ,  if,  ne  peuplent  pas 

'  moins 

Jkuvent  répétées ,  prceeJante^  de  queLjuef  fâ' 
'  theufes  condmpns ,  ou  de  qtéelque  aiffimsliftidif 
ûu  incetnpftibiUtJ  de  nature ,  que  les  éranitTS 
pu  (onnQtjfent  pus  y  hfqutlles  pur  fucce^u  ie 
umps  engendrent  de  jt  grund^s  ulîeuuiions  de 
fUolontesL  entre  des  f^rfonnes ,  qu^ elles  pie  peuvent 
^lus'vivre seihu^biter  enfemUe.  Tout  cch  cft 
'«fit  à  l'occafion  d'un  Divorce  ,  bîzatrc  en  ap- 
parence ,  mais  fonde  .en  efFet  fur  de  bonnes 
Tarons.     yojtzh'Vie  de  Futifus  ^miii/fSj 


bu  I.ES  Moquas  de  ce  Sieclf.   m/ 

.îtloins  la  terre  de  mendians^  de  vaga*    C  k  a  p. 
;|bon4s,  dedoiaeftiqueSjSc  defclavcs  ^        Y* 
,iquelap^vreté.    : 

*:G*^&  m**.fQOt  voifias  de 
.camp^ne,&  leurs  terres,  fant  conti- 
guës.:  ils  l^|?iterît  une.cpntréc  dcfcrce 
isc  folitaire  ^^'loignez  dcs:villcs  &  de 
tout  commerce  ,  il  iêrqbloit  que  la 
fuite  d'une  entière  .iblicude .  ou  Par 
xnour  de  krocieté  eût  dû  lesami jettir  à 
une  liaifon  réciproque  ;  il  eft  cepen.- 
dant  di^cile  d  expi;imer  la  bagatelle 
qui  les  a  fait  rompre  ,  qui  les  rend 
implacables  J un  pourPautre,&  qui 
perpétuera  ieurs  haines  dans  leurs  deîG» 
iCendaris.  Jamais  des  parens ,  £c  même 
des  frères  ne  font  brouillez  pour  une 
^moindre  chpiê. 

Je  fuppde  qu'il  n  y  ait  que  dcu^t 
]iommes  fur  la  teri'e  qui  la  poflèdent 
ièuls ,  Se  qui  la  partagent  toute  entre 
eux  deux  ';  \t  fuis  perfuade'  qu'il  leur 
U^trn  bien-;tôt  quelque  fujet  de  rup.r 
ture ,  quand  ce  ne  ferpit  que  pour  les 
limites. 

*  Il  efl:  fouveot  plijis  court  &  pluj 
Vtjle  de  quadrer  aux  autres  ,  que  de 
/Paire  que  ies  autres  s^ajuftenc  à  nous.  1 

*  1  approche  d  une  paite  ville  ^  & 


ils    Les    Garacts^es 

.  Di  L  A  je  fuis  déjà  fur  une  hauteur  d'où  je  U 
jSocx^TB*.  çlécouvre.  Elle  e$  Cituée  ï  mi-côte , 
une  rivière  baigne  (es  murs ,  Se  coul^ 
çnfuice  dans  une  belle  prairie  :  elle  a 
une  forêt  épaifle  qui  la  couvre  de9 
vents  froids  6c  de  l'Aquilon.  Je  la 
vois  dans  un  jour  fi  ^ vorable ,  que  je 
compte  lès  tours  &  fe^s  clochen  :  elle 
me  paro}t  peinte  fur  le  penchant  delà 
colline,  Je  me  récrie  ,  Se  je  dis , 
Que}  plaifir  de  vivre  fous  un  fi  beau 
ciel  &  dans  ce  fêj^our  fi  djélideux  l  Je 
delcends  dans  la  ville  ,  oii  je  n^ai  pas 
couché  deux  nuits ,  que  Je  refièmbls 
à  cew^  qi|i  l'habitent  ^  j'en  yeux 
fortir. 

*  U  y  a  une  chofe  que  l^on  rfa 
point  vue  fous  le  Giel ,  6c  que  félon 
toutes  les  apparences  on  ne  verra  ja- 
mais :  c^eft  une  paite  ville  oui  n^eil 
divifee  en  aucuns  partis  ^  ou  les  £i« 
milles  font  unies ,  &  où  les  coufins 
fe  yoyent  avec  confiance  ;  où  un  ma- 
riage n'engendre  point  une  guerre  ^ci- 
vile ;  où  la  querelle  des  rangs  ne  fe 
réveille  pas  à  tous  momens  par  rof- 
frande ,  î'oncens  &  le  pain  béni ,  ptf 
les  proceffions  &  pkr  les  obfeques  ; 
d?QÙ  Ton  ^  banni  les  (Aguets ,  le  mcn- 


'OU  cis  MoEuaS'.jDfi  ce  ^iegli.  ztf 

longe  -&  la  mc'dii&nce  ;  où  Vou  voit  ^  "  ^  *• 
parler  cnfemble  le  Bailli  &  le  Prcfi- 
dent ,  les  Elus  &  les  Afièflèurs  ^  où  le 
poytQ  vk  bien  avec  fes  Chanoines  , 
où  les  Chanoines  ne  4éddignenc  pas 
ics  Chapelains  ,  Se  où  ceux-ci  jfouf- 
fj{ent  les  Chantries. 

Les  Provinciaux  6c  les  fbts  font 
^ujours  prêts  à  fe  fâcher  &  à  croire 
qu'on  fe  moque  d'eux  ,  ou  qu'on  le».  v 
méprifenl  ne -bût  jamais  hazarder  la 
{>lai(ànterie ,  même  la  plus  douce  Se 
la  plus  permife,  qu'avec  des. gens  po* 
lis ,  ou  qui  ont  de  i  efprit 

*  On  ne  prime  point  avec  les 
Qrands  ^  ib  /e  défendent  par  leur 
grandeur  j  ni  avec  les  petks ,  ils  vous 
lepouflènt  par  le  qui  vive» 

*  Tout  ce  qui  cSt  mérite  &  fcnfjic 
^ifcerne  ^.fc  devine  xedproqucment  ; 
fi  l'on  vouloit  être  eftimi^ ,  il  faudroic; 
vivre  avec  des  perfbnnes  eftimables. 

*  Celui  qui  cft  d'une  «mincnce  aii 
deiTus  âqi  autres ,  qui  le  met  à  cou- 
vert de  la  rep^e  ^  ne  doit  jamais    . 
faire  une  nûllcrle  piquante. 

^  Il  y  a  jde  petits  dé&uts  que  l'oa 
^bandonçc  volontiers  à  la  cenfure  ^  £ç 
dontnous^  haifibn^pas  à  Itre  raille  z, 

Torr^l.  N  ce 


ipo    Lis  Ca  r  a  ct  er«s 

D  I  L  A  de  font  de  pareils  défeuts  qbfi  noM 

>ciiTB'.  devons  choifir  pour  railler  les  autres^ 

•  *  Rif c  des  gens  d'efprij ,  c'cft  le 

privilège  des  tots  :  ilf  font  ^ns  le 

inonde  ce  que  les  fous  lont  à  la  Cour, 

je  veux  dire  faos  confequcnce. 

*  La  moquerie  cft  fou  vent  ind^ 
gence  d'efprit,  '^ 

*  Vous  k  crôycîK  votre  duppc  :  s'a 
feint  de  Têtrc,  qui  eft  plus  ^uppe  de 

lui  ou  de  vous  ?  \        • , 

*  Sî  vous obferyez  avec  foin,  qui 

font  les  gens  qui  ne  peuvent  louer  , 
qui  blâment  toujours ,  qui  ne  foi^ 
éontensdc  perfonne  ,  y ous  reconnoî- 
trcx  que  çc  font  ceux  n^m^s  dont 
perfonne .  n'eft  content. 

*  Le  demain  &  le  reUgor^en? 
ians  la  focieté  attire  précifénaent  le 
Contraire  de  ce  que  Pon  cherche,  fi 
p'eft  à  fe  faire  eftimer.  ^ 

«  *  Le  plaifîr  de  la  focietc  entre  le» 
imis  fé  cultive  par  une  reflcmblançc 
(de  goût  fur  ce  qui  regarde  les  moeurs, 
&  pat  quelque  différence  cPopinionS 
fur  les  Sciences  :  parla  ou  Tons^rf- 
fcrinit  dam  Ces  fentimens  ,  ou  l'oij 
^•exerce  &  Ton  s'inftruit  par  la  difpute. 

.  *  i/<m  ne  peut  aller  loin  dans  l'^r 


«bvxEs  MoËUHsi^B  CE  SifiCLt.   19Î 

«itié.,  fi  Pon  ifeft  pas  difpofé  àfc    ^  J^^** 
j)ardonner  Icstmsaux  autres  ks  petits 
défauts. 

•  Combien  de  belIesSc  mutiles  raî- 
ibns  à  étdcr  à  celui  qui  eft  dans  une 
grande  adverfité  pour  eflàyer  de  1c 
rendre  tranquille  :  les  choies  de  dé« 
hors  quon  appelle  les  évenemens^ 
font  quelquefois  plus  fortes  que  la 
xaîfon  &  que  la  nature.  Mangez , 
formez,  ne  vous  laifièz  point  mou- 
rir de  chagrin ,  (bngez  à  vivre  :  ha- 
rangues froides  &c  qui  Jredui&nt  à  Pitn- 
poinble.  Etes-vous  rAifonnable  de  veift 
tant  inquiéter  ?  N'eft-ce  pas  dire  , 
JSâes^vous  fou  (Terre  malheureux  V 

*  Le  confcil  fi  néceflaire  po«r  lèf 
affiiires ,  eft  quelquefois  dans  la  focieté 
nuifible  à  qui  le  donne,  8c  inutile ,à 
celui  à  qui  il  efl:  donne  c  fur  ]e« 
mœurs  vous  faites  remarquer  des  dé« 
&uts ,  ou  que  Pon  n'avoue  pas;,  ou  [ 

2ue  l'on  éflâifie  des  vertus  :  fur  les 
ouvrages  vous  rayez  les  endroits  qui  ' 
paroiHènt;  admirables  à  leur  Auteur,  où 
iVfc  complaît  davantage  ,  où  il  croit 
«'être  furpafi*é  lui-même.  Vous  perdez 
ainfi  la  confiance  de  vos  amis,  fans  les 
avoir  rendu  ni  meilleurs,ni  plushabilés. 

N  a  *  L'on 


i^l'     Les  CAHACTCaVs 

l)  1  tA    *#  l'on  a  vu  il  n'y  a  pas  loi;ig-.tem$  : 
Soçiiis%  ^^  cercle  de  pçr(bnne$  (d)  de$dcu|{:: 
(êxes,liées  enièmble  par  laconverfâtioqi^ 
&  par  un  commerce  d^efprit  :  ils  hif* 
ibient  au  vulgaire  Ta^cde  parler  d'um 
manière  intelligijble  :  june  cliofe  dîte 
cntr^eux  peu  dairement  en  enitr^înoit 
yne  autre  ci^core   plus  pbTcure,  fur 
laquelle  on  encberiâbit  par  de  vraj€$ 
énigmes ,  togjour;^  Tuivies  de  longs 
opplaudiflèfiieps  ;  par  tQUt  jce  qu'ils 
appel  loient   djélkatcflè  ,  fentimcns  , 
tour   ,  $c  Bmffc  d'cxprcffion  ,  ils 
étoîent  enfin  parvenus  à  n'être  plu^ 
cpcendus,&à  ne  s'entendre  pas eu^ 
mêmes;  Il  ne  fabit  pour  fournir  4 . 
q^s  entretiens  ni  bpn  (cf^s  \  ni  jiJge- 
mienit,  ni  mcmpire  «  ni  la  pioinditt: 
cupaçit^'.'il  fàllmt  deVefprit,  non  pas: 
à^  meillcjur  ,  nw's  /je  celui  qui  efî 
faux ,  &  oii  l'imagination  a  trop  de 
pprt. 

;  *  Je  le  fai ,  rbe$bdlde  ,  vous  éicf 
vieilli  ;  ipai;^  VQpdriez-vo.us  que  je 
cruflè  que  vqus  êtes  b^iflé ,  que  vous 
nfjêtes.  plus  Poctc ,  ni  bel  Efprit ,  que 
vpus  êtes  prçfeni:ctQeqt  aiifli  mauvais 

^  :/        Jugfî 


oi/ les  Moeurs  de  ce  Siecie.  '25^5 

Juge  de  toutgeàre  d'Ouvrage ,  que  CHAr5; 
léchant  Auteur  ,  que  vous  n'avez  V. 
plus  rien  de  naïf  8t  de  délicat  dans  hi 
convcrfation  i  Votre  aif  libre  &  pré- 
fomptueux  me  rdTufe  Se  me  perfuade 
tout  le  contraiit.  Vous  êtes  dont 
aujourd'hui  tout  ce  que  vous  fûtes  J*. 
âiais ,  âc  peut*étre  meilleur  :  car  fi  à 
Votre  âge  vous  êtes  fi  vif  &  fi  impé- 
tueux ,  quel  nom  ,  Theobalde^  fal- 
loit-il  vous  donner  dans  votre  jeunefl^ 
Se  lorfque  vous  étiez  la  Coqueluche  oà 
f'ehtéteiûent  de  certaines  femmes  qui 
ne  juroient  que  par  vous  Se  fur  votre 
parole,  qui  difôient ,  CeUefi  délicieux^ 

*  L'on  parle  impetueulement  dans 
les  entretiens,  (buvent  par  vanité  ou 
par  humeur  ,  rarement  avec  afièz 
d'attention  :  tout  occupé  du  defir  de 
répondit  à  ce  qu'on  n'écoute  point , 
l'on  fuit  les  idées,  Se  on  les  explique 
fans  le  moindre  égard  pour  les  raiibn<«i 
nemens  d'autrui  :  l'on  eft  bien  éloigné 
de  trouver  enfemble  la  vérité  ,  Tort 
n'eft  pas  encore  convenu  de  celle  que 
l'on  cherche.  Qui  pourroit  écouter 
ces  fortes  de  conversations  Sc  les  lécri- 
rCj  fcroic  voir  qudquefois  de  bonnet 
^    "  "      N  3  chofes 


SoCIBTi*. 


1>  «  i  A  chofcs  qui  n-ont  nulle  fuite*. 

"  ^  '  *  Il  a  règne  pendant  quelque  tcm* 
une  ibrte  de  converfation  &de  & 
puérile  ,qui  rouloit  toute  fur  des  quct- 
ttons  frivoles  qui  avoient  relation  aw 
cœur ,  8t  à  ea  qu?on  appelle  paffioQ 
ou  tendrefTe.  La  leâure  de  quelques- 
Romans  le^  avoit  introduites  parmî' 
les  plus  honnêtes  gens  delà  Ville  & 
4e  la  Cour  :  ils  s'en  font  défaits,  &. 
k  Bourgeoifie  les  a  reçues  avec  les» 
équivoques. 

*  Quelques  femmes  de  la  ¥ille  ont 
la  déiicateffe  de  ne  pas  fa  voir,  ou  de 
B'ofcrdirelc  nom  des  rues,  des  plap 
ces  Se  de  quelques  endroits  pdblibs  ^. 
qu'elles  ne  croyent  pas  ailèz  nobles^ 
pour  être,  corjaus.  Elles-  difent  l^ 
Louvre ,.  U    Fldce  RQyate  :  mais  elles 
ufènt  de  tours  &  d[e  phrafes  plutôt 
que  de  prononcer  de  certains  noms  y\ 
éc  s'ils  leur  échapent,  C'èft  du  moins 
avec  quelque  altération  du  mot  ,  Se 
après  quelc^ues  façons  qui  lesraflurent: 
en  celamoms  naturelles  que  les  fem- 
HiesdelaCour,  qui  ayant befoin dans 
k  difoours  de^-  Hatles  ,  du  Cbâtelet  ^^ 
ou  de  chofes  femblaËiles ,  difent  Us 


où  IMS  Moeurs  be  es  Siecu.  isf^ 

*  Si  Voxk  feint  quelquefois  de  ne  fe  c  h  a  f* 
|»as  fouyeniF  dç  certains  némsque  l'on  V? 
croit  obicursy  Se  fî  l'on  afièâe  de  les 
^rrompre  en  les  prononçant ,  c'eft 
par  la  fak>nne  opinioii  qu'on  a  du  fien. 
^  '^  L'on  dit  par  belle  humeur  »  Se 
dans  la  liberté  de  la  converfation  de 
ces  choies  froides ,  qu'à  la  vérité  l'on 
donne  pour  telles ,  &  que  l*on  ne 
trouve  bonnes  q^  parce  qu'elles  S:>nt 
extrétnemeiït  xiiauvaiftâ.  Cette  ma- 
nière bàâe  de  plaifânter  a  pafTé  dil 
peuple  à  qui  elle  appaitient ,  jiifqtrËs 
ëans  une  grande  partie  de  la  jeuneflè 
de  la  Cour  qu^elle  a  déjà  infèStéc.  Il 
cft  vrai  qu'il  y  entre  trop  de  fedeur  & 
degroi&rete'  pour  devoir  craindre 

Ju'elle  s'étende  plus  loin ,  Se  qu'elle 
kfle  de  plus  graùds  progrès  dans  un 
païs  qui  efl  le  centre  du  bon  goût  Se 
de  la  politeflè  :l'bn  doit  cependant  en 
iiprpirer  le  dégoût  à  ceux  qui  la  prati^ 
quent  »  car  oièn  que  ce  ne  foit  ja- 
mais ièrieufement ,  eltb  ne  kiile  pas  de 
lenir  la  pE^e  dans  leur  efprit  Se  dans 
k  commerce  ordinaire  ,  de  quelque 
chofc  de  meilleur. 

.  ^  Entre  dire  de  mauvaiies  choies 
fU  en  dire  de  bonnes  que  tout  le 

N  4  moor 


^Cf6       IeS    CARACiTERir 

B  »  t  A  monde  fait ,  &  Ics^  donner  pour  nba^ 
So  c  ï  s  Ti\  yçjieg  ^  je  n'ai  pas  à  choifir: 

*  Lucéun^d  dk  unejdït  itlcfe  :  il  / 
4  un  bon  nfcr  de  Claudm  :i  j   4  cet 

,fndm$d0^  Seneque  :  &  fâ-dtflbs  unÇ 
longue  fuite  de  Latin  que  londtc 
ibuvent  dcvam  dès  gens  qui  ne  Pcm 
tendent  pa»,  &  qui  feignent  de  l'entei»- 
dre.  Le  fecret  feroit  dlavoir  un  grani 
&ns&deKefprit  :  csiroui^on  fc  pafr 
«feroit  des  Anciens^  ou  a^rès  les  avoir 
lus  avec  foin ,  l'on  fauroit  encore  chot 
fir  les  meilleurs ,  &  les  citer  à  propos. 

*  Hermagêras  ne  fait  pas  qui  eft 
Roi  de  Hongrie  :  il  s'otonne  de  n'em 
tendre  faire  aucune  mention  du  Roi 
de  Bohême  :  ne  lui  parlez  pas  des  gucr* 
SCS  de  Flandre  &  de  Hollande  ,  diA 
penfèzrle  4^  mpins  de  vous  répond 
dre  ,  il  confond  les  tems ,  il  ignore 
quand  elles  ont  commence' ,  quand 
dles  ont  fini  r  combats ,  fiegcrs,  tout 
lui  eft  nouveau.  Mais  il  eft  iof^ 
truit  de  la  guerre  des  Geans ,  il  en 
xacoiite  le  progrès  &:  les  moindres 
détails ,  rien  ne  lui  écbape.  U  dé^ 
brouille  de  même  Pfaorhbie  cabosf 
des  deux  £mpircs,  le  Babylonien  & 
l^Aflyrien  :  il  connoît  à  fi>nd  les  &( 

-    ^     ^    .    '  gyp-^ 


.  ou  LES  Moeurs  de  cb  Sieclb.  197 
^yptîeris    &  leurs  Djrnafties.  Il  n^a    Cha  »» 
jamais  vu  Vcrfailles  :  il  ne  le  verra        V|  . 
boint  :  il  a  priefque  vu  la  Tour  de  Ba^ 
Del  :  il  en  compte  les  degrés  ,  il  fait 
combien  d'^Architcfites  ont  prefîdé  a 
cet  Ouvrage  ,  il  fait  le  nù[ti  des  Ar- 
chitcétes.  Dirai-je  quïl  croît  (^  )  Heilt- 
rî  IV.  fils  d^Henri  III.  il  néglige  dû 
moins  de  rien  connoîtreaux  Maifons 
de  France  ^  d'Autriche  ,  de  Bavière  : 
quelles  minuties  »  dit-il  !  pendant  qu'il 
récite  de  mémoire  toute  une  liiîe  deiï 
Rois  des  Medes ,  ou  de  Babyïone,  8c 
que  les  noms  d'Aproftal,  d'Herigebaî, 
de  NoefuemK)rdach ,  de  Mardokem* 
pad  lui  (ont  auffî  familiers  qu'à  liou^ 
ceux  de  Valois  &  de  Bour* 
'iRON.    n  demande  fi  TE^mp^reur  4 
jamais  été  i&zrié  i  mais  perfonne  ne 
lui  apprendra  que  Ninus  a  eu  deux 
femmes.  On  lui  dit  que  le  Roi  jou'ft 
d'une  (ànt^  parfaite  ;  &  if  fe  fouvienè 
'^qucTbctmofîs  un  Roi  d'Egypte  rftoî|: 
Valétudinaire  ^  &  qu'il*  tehoit  cette 
complexion  de  (bn  ayeul  Alipharniu- 
'fofis.  Que  ne  faitpil  point  i*^  Quelle 
cbofe  lui  eft  cachée  de  lia  vénérable 


(  r)  Hcarl  le  Grand. 

N  9 


-fK 


298     Les  Car  ACTERFS 
B>i  LA  antiquicé  >  Il  vous  dira  que  Sentira-^ 
&^GUT4.  iQjg^Q^  (cIqiv quelques-uns  ,  Serima^ 
lis ,  parloit  cotxKae  fbn  fil$  Ninyas^ 
4}u!on  ne  les  diftinguoicpas  à>  la.  parcv 
k  i  (i  c'étok  parce"  que  la  mère  avoit- 
vne  voix  mâle  comme  ion  fils  ,  oa 
le  fils  une  voix»  ef&minée  comme 
&  mère ,  qu'il  n'olè  pas^  le  décider,  il 
vous  révélera  que  Nembroc  étoit  gau,'» 
cher,  ScSefoftris^mbidextre  i  que  c'efi 
une  erreur  de  s^imaginer  qu^un . Arta* 
xerxe  ait  été  appelle  Longuemain^ 
parce  que  les -bras  lui  tbmboient  jul^ 
qu'aux  gçnoux ,  Se  non  à  cau(è  qu^il 
avoic  une  main  plus  longue  que  l'au- 
txe  :  Se  il  ajoute  qu'il  y  a  des  Auteurs 
«ayes  qui  affirment  que    c'étoit  1%. 
aroite ,  qu^il  croit  néanmoins  être  biea^ 
jSxidif  à  (outenirque  c'êft  la  gauche. 

*  Afcagne  eft.  Statuaire ,  HcgioiL 
Fondcui» ,  ^fchine  Foulon  ,  fie  e;r- 
iUi  bel  efprit^  c'eft  ià.  pfofeiBc»^ 
Il  a  u|ie  en^igne ,  un  attelicr  ,  des^ 
Ouvrages  die  cbounànde  ,  &  des 
con^^gnojQs  qui  rràvgilknr  fous  luût. 
a  ne.  vous  faupoit  rendre  de  plus. 
à?\m  mois  les  Stances-  qu'il  vous< 
»,  promifès  ,  sll  ne  manque  de  pa^ 
Mk  à  Trq/iéè   qui.   l*a.  engagé  à 


V* 


-  oir  LES  MbEviEis  OE  dB  Siècle.  299 

iûre  une  Ëlcgie  :  une  Myllc  cft  far  ^  ^^''' 
le  mécier  ,  c'efl  pour  Cranm  qui  le 
preflib  &  qui  lui  laiflè  efpeitr  uu  ri- 
che falaire.  Proie  ,  vers  ,  que  vou* 
lêz^vous?  il  réuffic  également  en  l'un 
te  en  l'autre.  Demandez-lui  (ks  Let<^ 
lërea  de  confolation  ou  fur  une  gbièn- 
«e,  il  les  .entreprendra^  prenez-les 
toutes  âites  &  entrez  dans  fon  maga- 
sin, il  y  a  à  choifir.  Il  a  un  ami  qui 
fi'a  point  d'autre  £>n£bion  fur  la  terre 
^e  de  le  promettre  loc^-tems  à  un 
certain  monde ,  &  de  le  prefentér 
enfin  dans  les  roaifons  comme,  hom* 
aoe  rare  8c  d'une  exquiiê  converfa* 
flon^  &  là  airiÇ  que  le  Muilcien 
chante  &  que  le  îoueur  de  luth  toa^ 
che  fon  luth  devant  ks  peribnnes  à 
^ni  il  a  été  prcMnis  ,  Cydils  après 
avoir  touffe ,  relevé  fa  manchette  , 
étendu  la 'main  8c  ouvert.les  doigts  ^ 
déUte  gravement  fes  penfées  quintcf-* 
lènciées  8c  fes  raifonnemens  fophifti« 
yies.  Diflferent  de  ceux  qui  conve* 
sunt  de  principes  ,  8c  connoiilant  h 
imfon  ou  la  vérité  qui  eft  une ,  s'ar* 
sachent  la  paiole  Tun  à  Pautre  ppur 
jl^accorder  fur  leurs  ientimens  ,  il 

"       N6  n'ou- 


)00         LbS   CAKArTSRET 

Dr  lA  ft'iniYic  la  bouche  que  pour  contre^ 


::f/  M#  /fwMf  ,  dit-il  gracicuie 
men^ ,  90^  c^efi  t9v$  U  eontraiu  de  ^ 
ifue    vous  dites ,  ou  je  ne  fatsme  hr^ 
de  votre  opimm  ,  ou.  bktP  Ça  hi  411-. 
tft^s  mon  entêtement  cimime  U  eft  l^ 
riire ,  nuk  .  .  ^il  y  4  trdr-cbrfes  i 
ftjouce-t-il ,  ^  eênjiderer  ••  ».  Se  il  CD 
ajoute  une  quaméme  r.fade  diicou- 
leur  qui*  n'a«pas  mis^  plutôt  le  pied 
dans   une   aflemblée  ,  qu'il  cherche 
quelques  femmes^  aupsès^  de  qui' il 
puiilë  s'infinucr  ,  fe  parer  de  fon  be> 
efprit,  ou  de  fà.  Philofophie  ,  &  met^ 
vtc  en  '  eeu vre  &s  rares  conceptions  t 
car  foit  qu'il  parle  ou  qu'il  écrive  ,' 
il'fie  doit  pas  être  foupçosn^  d?avoin 
en  vue  ni  le  vrai- nr.  le  finsx:^  ntto 
taifonnaUe  ni  le  ridicule  ,  il  évîto 
uniquement  de  donner  dans  lefens  des? 
autres  ^  &  d^être  de  l'avis  de  queW 
qu'un  :  auffi  attend- il  dans  un  cercle» 
que  chacun  fe  foitiei^Iiqué  fur  le  fiu: 
jet  qui  s'eft  offert,  ou:rouven&qu'il  a^ 
amené  lui-même  pour  dire  dogmati-^ 
quen^nt  des.  choies  toutes  nouveUesv 
mais  à  fofh  gré  dÀiifives  £c  làns  rc^ 
jili^.  Cydm  s'i^k  à  Lucien  >  .2c 

m 


•u\fis  MôB!)iis  M  CE  SiaciE.  iot 
'à  Seheque  (/)  fè  onec  au  deffiis  de  CViaK- 
Platon,  de  Viiçite,  Se  de  Thcocri-  ▼; 
te  y  Se  fon  flatteur  a  fbiii  de  le  confir- 
mer tous  les  matins  dans  cette  op^ 
nion:  Uni  de  goût  &  d'intérêt  avec 
Us  contemptseors  d'Homère ,  il  attend 
paiiîUcmem  gue  ks  faomrnérdéiromi» 
pe^  lui  préftrentles^PMtes  modernes  : 
il  fè  met  en  ce  cas  à  la  tête  de  ces  der^ 
niers  ,  fie  il  fait  à  qui  il  adjuge  la  fc» 
conde  place.  C'eft  en  un  mot  ua 
€ompôâ^^dii''pedMt  fie  du-  précieux  , 
ftiit  pour  être  admiré'  de  la^*  Ebuj^ 
geoifie  fie  de  la*  Province ,  en  qui 
néanmoins  ^  on  n^apperçoit  rien  de 
grand  que  l'opinion  qu'il  a  de  lui* 
même. 

^  C'eft'k  profonde  ignorance  qui? 
infpire  le  ton  dogmatique;  Celui 
qui  ne  fait  rien  ,  oroit  en&igner  aux 
autres  ce  qu'il  vient  d'apprendre  lui^ 
même  :  celui  qui  fait  beaucoup  penlë 
ït  peine  que  ce  qu'il  dit  ,  puifle  être 
ignoiv' ,  fie  parie  plus,  indiâfercm^ 
nent 

*  Les  plus  grandes  choies  n*ontbe^ 
fein  que  d'écrc  dites  amplement ,  cU 

le» 

If /}  PWWbjAc^  «  Poctc  tragique.       * 

N  35 


foi       tlS  CVlLACTERB^ 

M  ^**  ^f  les  fe  gâtent  par  Pcidphafe  i  îîfSnit 

^^**"*  dire  iK^lement  les  plu»  petites,  cUç» 

tic  fe  (butiennentque  par  resqntflîcm, 

ktonSc  la  manière^ 

i  *  Il  mcfemblequel'on  dit  Ic^cho^ 

ib  encore  plusfioefiiciitqp^oa  nepeu^ 

les  écrire. 

^  Il  n'y  a^^eres  qu^une  naiffiœce^ 
£ohnête ,  ou  qu'une  bonne  édsça» 
lion ,  qui  rende  lés  hommes  capables^ 
defecfet.    ; 

*  Toute  coofiamt  eft^  dangereufe 
fi  elle  n'cft  entière  :  il  ya  pc»  de  aw 
jonâures  où  il  ne  faille  tout  dire ,  out 
tout  cacher.  On  a  déjà  trop  dit  de  fon 
fccret  à  celui  a  qui  l'on  croit  devoir 
en  dérober  une  circonftance. 
:  *  Des  gens  vous'  promettent  le 
£cret,Sc  ils  le orëvelent eux-mêmes» 
&  à  leur  infçu  :  ils  n&remuem  pas4es 
lèvres  St  on  ks  entend  :  on  lit  fur  leur 
front  &  dans  leurs  yeui& ,  on  voie 
au  travers  de  leur  poitrine ,  ils  ibnc 
firaniparens  v  d'autres  ne  dîfent  pas 
précifôment  une  choie  qui  leur  a  été 
confiée  ,  mais*  ilsr  parlent ,  iSc  ag^ffiait 
>  de  manière  qu^on  la  découvre  de  fbi^ 
même  ;  enfia  quelques-uns  mépriient 
votre  iccret  de  quelq|je  C0Qfcq[uiesœ 


ou  LES  MOBORS  DE  CE  SiECLE.    JOj' 

i|u'il  puiflc  être  :  C'ç/Î  un  myfert ,  un 

Wci  mUn  4  fait  part ,  &  m'^A  défendu  de  lé       ^^ 

àvre^  &  ils  le  difènc. 

Toute  itveÈtion  d'ufl  feeret  cft  la^ 
iàute  de  celui  <]iii  l'a  confié. 

*  Nicandre  s'eBtfeticût  avec  Blife^ 
de  la  imniere  douce  $c  cotâplaifame^ 
dont  il  a  voeu  avec  fa  femme,  depuis* 
le  jour  qu'il  en  fit  le  choix  jufques  à;* 
fà  mort:  il- a  dçja  dit  qu'il  regrette^ 
qu'elle  ne  lui  ait  pas>*Utflèdes  enfans ,  « 
fie  il  le  rçpcté  ;,  il  parlé  des  maiibfi»^ 
qu'il, a  à  la  ville ,  &  Ken-tôt  d  une 
terre  qu'il  a  à  la  campagne  :  il  calcule 
k  revenu  qu'elle  lui  rapporte  ,  il  feitf 
le  plaa  des    bàtimcns  ,  en  décrit  la^ 
iltuation,  exagère  .la>commodité  des^ 
appartemens  ,  ainfî  que  la  richefie  & 
la  propreté  des   meubles.  Il  affure 
qu'il  aime  la  bonne  chiçre,  les  équi* 
pages  :  il  &  plaint  que  fa  femme  n'aî^ 
Bioit  point  aâèz  le  jeu  ^  la  fociet^ 
Vous  êtes-  fi  ricte. ,  lui  diJToit  l'un  de 
fcs  amis ,  que  n'achetez  -  vous  cette 
charge?  pourquoi  ne  pas  &ire  Cette: 
acquifition  qui  étendroit votre  domai<^ 
Hc  ?.  On  me  croit  ,  ajoûte-t-il ,  plu* 
de  bien  que  je  n'en  poflède.  Il  n'ou^ 
àUe  pas  iba  extraâion  &  fcs  allian«» 

ces  i 


^04     tfiS    CÎAft*  ACTËRES    . 

•  fi  «  t  A  ces  :  Mmjièur  lé  Surinfendani  qm  ef 
^^^^"'^^''mmcûujin  ^  Madme  U  Chanceliere  qé 
efi  ma  parente  :  voilà  fbn  ftylc  II  ra- 
conte un  fidt  qui  prdUvc  Te  mécoa- 
tcntcmcnt  qu'il  doit  avoir  de  fcs  plus 
proches ,  &'  de  ceUX  même  qui  font 
fes  héritiers  :  aî-je  tort ,  dit-il  a  Elife? 
ai-je  grand  fujet  de  leur  vouloir  du 
bien  ï  &  il  Pen  fait  jugt.  Il  infînuë 
cnfuitc  qu'il  a  une  ùaùté  foible  8fc 
TanguilTante  ;  il  parle  de  ta  cave  où  il 
doit  être  enterra.  U  eft  infinuant; 
flatteur ,  oflideux  à  Tif^ard  de  tous 
ceux  qù'îl  tW)uvc  auprès  de  la  pcr- 
foniie  à  qui  il  afpire.  Nfkis  Elifë  n'a 
pas  le  courage  d'être  riche  en  T^pou- 
Ênt  :  on  annonce,  au  moment  qu^il 
parle  ,  un  cavalier ,  qui  de  fn  fcufc 
prélencc  démonte  la  batterie  dferhom- 
me  de  viHe  i  iï  fe  levé  déconcerté' 8fc 
chagrin ,.  &  va  dire  aîBeurs  qu'il  veut 
Je  remarier. 

*  Le  fagc  quelquefois  éVit^  le  motlj 
de^db  peur  d'être  ennuyé; 


CHAî 


titf  itS  MOEÛÉS  Dfe  dE  ^ECLf.    fdf^ 

wWm  ^SWêMmW  'M^W  WWW 

OTW     W^9     VPB         W*     Wv    WB  •  WV     VBV     ^ffV       OT^    WV>    VV        ^W    WP     wVV 

CHAPITRE   VL 
Des  Biens  de  Foiltuke. 

N  homme  fort'  riche  jJcuîf  iri^ri-  VI* 
ger  deis  cîftremct's  ,  faire  peiri- 
d'rc  fesr  TatriSris  6c  fes  alcovcs  ,  jouïr 
d^un  Palais  à  la  campagne  ,  et  d'un 
âlitre  à  la  villcjavoii'iingi-andcquif 
page,  mettre*  un  Bu<:  dans  fa  fàmi>- 
Kj  Si  aire  de  fcfn  fils  un  grand  Sei^ 
gneuT  :'  cela'  cft  juffe  &  de  Ion  wflbrf. 
Mais  il  appartient  peut-être  à  d'av^ 
Uts  dt  vivre  contenu. 

*  Une  grande  nàiflàncc  ou  uric 
grande  fortune  annonte  le  mérite  âc 
It  fait  plutôt  remarquer. 

*  Ce  qui  difcaîpe  le  fat  ambitieux 
cfe  fon  ambition- ,  eft  le  (bîn  que  l'on 
prend  »  s'il  a  fait  une^  grande  fôrtUtiei 
dh  lui  trouver  un  inerite  qu'il  n'a  ja- 
mais eu"  ^.St  auffi  grand  qu'il  erftfk 
l'avoir. 

*  A  mefurc  que  la  faveur  &  ks 
grauda  biens  fe  retirent  d'unhomme^^ 

COUe 


ffoé        L]fs   CfARACTERES 

0  B  8  âs  izi&vz  vcit  en  hii  le  ridicaîe  qu'ils 
1 1 B  N  8  couvroienc ,  &  qui  y  ifcoit  fans  qoc 
*  ■  ^®*-  perfohne  s'en  appcrçûr. 

pourroit-on  jamais  s'imaginer  Técran- 
ge  difproportion  que  le  plus  ou  le 
moifïs  de  pièces  dcnKmnoye  met  en- 
tre les  hommes. 

Ce  plus  ou  ce  moins  détermine  « 
ïEpée,  îk  la  Robe,  ou  à  TE^ife  :  iï 
A'y  â  prefque  point  d'autre  vocation. 

*  Deux  Marchands  ctoient  voî- 
fins  &  f  aifoient  le  même  ccMnmerçe^ 
qui  ont  eu  dans  h  fuite  une  fortuné 
toute  différente.  Ils  avoient  chacun 
Bne  fille  unique  ;  elles  ont  été  nour- 
lies^  enfemble,  ôc  ont  vécu  daias  cette 
familiarité  que  donnent  nn  même  âge 
ic  une  même  condition  :  Tune  des 
deux  pour  le  tirer  d'une  extrême  mi- 
fcre  cherche  à  fe  placer  ,  elle  entrt 
âu  fervice  d'une  fort  grande  0àmc  & 
l^une  des  premières  de  la  Cour ,  chez: 
&  compasne. 

*  Si  le  Financier  manque  (b^ 
€oup  ,  les  Courtifàns  difent  de  lui 
c'eft  un  Bourgeois,  un  homme  de 
jûm^  un*  malotru  :  s?il  xéuÛk ,  ils  lui 

ifkmmkoi  ^  >£Ue. 


'é\j  t¥s  Moeurs  db  (Si  Sittit.  i&f 

*  Quelques-uns  (a)  ont  (àk  dam    CkaW; 
feur  jeuneflè  Tapprentiflàge  d'un  €cr->      ^^ 
tain  tnétkvj  pour  en  exeiter  un  au>- 

tre  &  fort   difibrent  le  refte  de  leutP 
vie. 

*  Un  homme  cft  laid  ,  de  petite- 
taille ,  &  a  peu  d'efpritb  L^on  me 
dit  à  l'oreille ,  il  a  cinquaûte  mille  li-^ 
vres  de  rente  :  cela  le  concerne  tout 
ftul ,  &  il  ne  m'en  fer^  jamais  ni  pis? 
m  mieux  :  fi  je  commence  àt^^  le  regar- 
der avec  d'autres  yeux ,  &  fi  je  no- 
£iis  pas  mattre  de  faire  autrement  ^/^ 
quelle  fottife  ! 

*  Un  projet  aflcz  vain  Icroît  de 
Vouloir  tourner  un  homme  fort  fot 
Àç  fort  riche  en  ridicule  :  les^  rieurt^ 
font  de  Ton  côté. 

*  N  ^  *  avec  un  portier  ruftrc  ^« 
jàrouche  ,  tirant  £ur  le  SuiÛë  ,  avec' 
un  veflibule  &  une  aoticKambre,  pour 
peu  qu'il  y  faâè  languir  quelqu'un  8& 
£c  morfondre  :;  qu'il  parôifiè  cnBw 
ja vec  une  mifie  grave  &  une  démarche 
mefurée  ,  qu^il  écoute  un  peu  &  nt 
icconduife  point,  quelque  lubalicme 
^u'il  foit  d*ailleurs ,  il  fera  feotir  de; 

luir' 

{m)  Le» Pactiran$»' 


•JOg      Le^S  CAftACTEREJ 

tf  11, M*$    ï«i-°ïêmc  quelque  chofe  qui  zpptcff 

»  i'  F  oft.  ^hfc  de  k  confîderatiodr^ 

*u«i-  *  Je  vais,  Clmphon,  à  vdtifeport^ 

'kbcibiiY  que  j'ai  de  vous  me  cbafië 
de  mon  lit  &  de  ma  chambre  :  plût 
aux  Dieux  qfte  je  tid  fuffe  nr'  votre 
Client  ni  votre  fèchçux  !  Vos  cfcla- 
/tes  me  difedt  que  vous  êtes  enferme, 
&  que  vousf  ne  pouve:i  m'écouter 
que  d'une  hcut«  entière  :  je  reviens 
^vant  le  tems^  qtf  ils  m'ont  nàarqué; 
^  ils  me  difënt  que  vous  êtes  fort». 
-Que  faites-vous ,  Clitiphon ,  dans  ca 
endroit  le  plus  reculé  de  votre  appar- 
tement, de  fi  laborieux  qui  vous  em- 
ï>êche  dtf  m^enteitdi^  ?  Vous  enfite 
^lielqucs  mémoires ,  volisr  collation^, 
nez  un  regiftre ,  vous  figiiez  ,  vous 
pâtaphez' ,  ^  n'avois  qtf  uhe  choFe  à 
l^ous  dematdcr ,  &  vous  n'aviez  qu'utt 
mot  à  me  répondre,  oui  ou  nod. 
Voulez- votes  être  Are  >*  rctîcfcï  fervi- 
te  à  ceux  qui  d^ndent  &  vous  : 
tous  le  ferez  davantage  par  cette  con^ 
JJiitequeparne  vouspâS  laiffervoir. 
O  hi3mme  important  &  chargé  d'aP- 
feïVes ,  qui  à  votre  tour  avez  bcfom 
•demes  offices  !  venez  dàirs  là  folitudc 
àc  mon  Cabinet ,  ic  Pbilofophe  jcft 

accet 


tu^iCble,  jeoevousTetxiectrai  poioi:    Cha>; 
à  MO  autre  jour  !  Vous  me  troiwecez      V I. 
ùjLT  les  Livres  jde  Pkton  jqui  traitent . 
4e  la  rpkitualitié  ije  Vame  &  de  û 
dîftinâioD    d  avisc  le  ,corps ,  oju  h 
plume  ji  }a  main   pour  «j^îoiler  les 
(jiftanccs  de  .Seturne  Se  de  Jupiter  ; . 
j'admire  Dieu  dans  Tes  ouvrages  ,  £c 
jç  cherche  par  la  connoiflànce  de  la 
Vérité  à  régler  mon  efprii:  $c  devenir, 
mcilleyr^  ]Bntre^,  ipute^  leç  portes 
vpus  JToiTt  pfivcrn^  ;  mon  anjticham* . 
bre  n'cft  pas  f^ife  ppur  s'y  ennuyer.» 
ep  m'attendent  ,  paflcz  juîqu'à  jnoi 
làns  me  faire  avertir  :  vous  m'appor?> 
tez  quelque  çhqCç  de  piu$  précieux' 
que  l'argent  Jk  l'or  ,  fi  cVft  une  oc:» 
qafîonde  vojus  obliger  :  parlez  »  quç 
vj3ulc2>ypus  gue  je  itàflc  pour  vsiys  ?-; 
Faut-il  ,q!uitt/:r  mes  Jivrps  ,  mes  jc'tur 
dqs  p  mou  ouvrage ,  cette  ligne  qui* 
eft  çom^enqée  >  (juelle  intermptioa^ 
beureufe  pour  mo^  (jue  celle  qui  y  Qii^l 
cA   utile  !  Le   maiv^iur  d'argent  \ 
Pl^mipe  d'afiàires  ej|  up  Qurs  qu'^ 
ne  iâurpit  ^pprivoifer ,  on  ne  le  yoi(^ 
dans  fa  Ipce  qi|*avcc  ppine  ,  que  di(hs 
jç  ,  on  ne  Te*  voit  point  ,  car  d'abord 
pi  ne  le  voit  pas  euçpfe,  (f  bicn-tpc 

m 


^Ï4      Lis   CARACTHâei 

IMi  luxe  &  par  kibonne.chcsre,  il  ne  IbI 
»  î*FÎ>*.  ^^  P^  dcmquic  de  quoi  fe  fàice  cn^ 
f  UNI.  '  terrer  :  il  e^  mort  infbkable  ^  fans 
biens ,  &  ainfi  privé  de  tous  les  (c^ 
cours  'Z  l'on  n'a  vjûûbez  hii  ni  ]uiçp^ 
ni  Cordiaux  ,  ni  Médecins ,  ni  le 
ntoindre  Dd&eur  qui  l'ak  aCucé  de 
fçn  (âlut. 

*^  Chamfjigne  au  «fônir  <l'un  loi^ 
dtner  qui  lui  enfle  l'eftomac ,  &dans 
les  douces  fumées  d'un  vin  d'Avenay 
ou  de  SiUeiy  figne  un  ordre  qu^on 
lui  préfêace ,  tpii  ioterqii;  le  pain  à 
toute  une  Province  fi  l'on  n'^  ieQi&- 
dioît  :  il  eft  excufahle ,  quel  moyen 
de  comprenditdansJa  première  heure 
de  la  digeftion  qu'on,  puiflè  quelque 
part  mourir  de  faim  ? 

^  &ylv4in  de  iês  denier^  a  ^qui; 
db  la  naiflaœe&oin  autre  nom.  il  dl 
^gnenrde  ja  Paroii&..oij.Ce$ayeul$ 
payoient  la  taille  :  il  n'auroit  pu  av« 
«refbisxntrer  P^e  ch^t  çlpçkul/f  &  il 
cft  fiin^  gendre.  .  , 

*  Diffus  pjiûjc  en  littfcre  paria v^j^^e 
Apfknne  ,  |)recedc  de  iès  affranchis 
fi  de    (es  eiclâves  qui  de'coument;. 
ICi  peuple  ^  &  font  feire.place  :  il  nç 
Itti m^ijique  que  dfis  J^jeurs,  H  en-. 

in 


•-  •  »•»  * 


ou  LES  Moeurs  de -ce  SiHCLSt  ;t) 
ire  4.  Smm  avec  ce  cortège  ^  où  Â  ChaiC 
ftmble  triomphcr^e  k  bSefle  &4e  VI« 
h  pauvreté  de  fon  fere  SsngA. 
.  *  On  oe  peut  mieux  ufer  de  la  for^  * 
tune  que  fkit  PeriàMdre :  elle  lui. don* 
iK  du  rang^ du-crcdit,  de-l'autorité:: 
déjà  on  ne  Je  ^prie  plus  d'accorderfon 
amitié ,  on  implore  fa  poteâion. .  H 
a  commencé  f^r  dire  ce  (bi-mêmç^ 
un  homme  de  ma  forte. ,  il  pafiè  à.  dire ., 
nfi  homme  ie  ms  qualité ,  il  *fe  donne 
pour  tel,'êc  il  n'y  a  perlbnne de  ceux 
à  qui  il  prête  ^e  d'aiagenc  ,  ou  qu'il 
reçoit  à  (à  table ,  qui  dl  délicate ,  qui 
veuille  s^y  oppoièr.  6a  demeure  eft 
fuperbe  ^  un  dorique  règne  dans  toua 
fta  dehors ,  iCe*n?eA^  pas  une  porte , 
c'eft  un  ^tique  ::  eft^ce  la  maiibn 
d'un  particulier  ,  eft-ceun  Temple-? 
le  {)euple  s*y  trompe.  Ileft  le  Sei-:  - 
gmur  dominant  de  tout  le  quartier  : 
c9eft  lui  que  l'on  envie  &  dont  oa 
vwidrmt  voir  la  châte  ^c'eft  lui  dont 
la  femme  par  fba  colîîcr  de  perles  ^ 
slcft  >&it  dsA  ennemies  de  toutes  les 
l^mes  du  voifinage  'l'out  fe  foô- 
tient  dans  cet  homme,  nen  encore  ne 
iè  dément  dans  cette  grandeur  qu'il  a 
acquife ,  dont  il  xie^doit  rien ,  qu'il  ^ 
Tmj^  I.  O  payée. 


ryni. 


J14     1 1  s  X  A  R  A  c  T 1 YES 

Des  *  payée;  Que  fim  peare  &  vimm  9i  ê: 
^' Y*^  caduc  n^«itnièrt  il  y  a  vit^  atia  tp 
"  ^^'  avant  qu'il  fe  fift  clans  Je  môndeaiica- 
ne  mention  de  Periandre  !  Conuneac 
poiitrart-il  faûcenir  ces  odieiilês  paa« 
cartes  {g)  qui  déduârent  les  OMndi» 
tîons  9  &  qui  fouvent  font  rouffr  h 
wuve  &  les  iiemiers^  Les  &ppnn)e- 
fa-t-il  aux  yeuic  de  coûte  tane  ville  ja- 
Ipuiè  ,  maliene  ^  clairvoyante  »  £c 
aux  dépens  de  miliciens  qui  veulttt: 
^MbluoientaHer  tenir  kur  rang  ji  des 
ciblêqucs  >  Veut  -  on  d'atUeurB  qu'il 
fyBkdc  ion  père  up  IScUe  hwmt^  Ce 

peot«ctre  un  H9m^  bnm  \  lui 
quieftMfj^f^ 

^  Combien  d%ommes  feficDoMcftfs 
àces  arbres  déjaforta  &  avancer  que. 
IVm  tranl^kiote^lânsies  jardins:,  ottib 
furprennent  les  yeux  de  jceox  qui  la' 
voyéQt  fdace^dadis  de  beaux  endroits 
où  ils  ne  les  ont  point  vu  croltiie,  & 
^i  ne  conncùilèQt  ni  leurs  icommon- 
cemcns ,  ni  leurs  progrès. 

*  Si  ^:a-cains  paorts  levenoiettt  ait. 
monde,  &  s'ils  voyoû»ir  Jeuns  gmiàs' 
Noms  portez  ,  ^  Icvrs  Terres  les* 

mioix 

■  (i)  .Billend'eiueirentea& 


î 


èv  tu  M<«im«  dbchSiIck.  jïj 
amelir cittéé» ,  jiirec  fetirs  CSâtàiinç'  «^^ 
&  kùrs  mifbnis  aiidqueis^ ,  ^dekâées      ^  *' 
p«  dw^M  doflt  fcs  pwcs  étoicnc 
penr-ltre  Icurt  métayers,  «jucUc  opi- 
JMon  pourioient-àl»  avoir  de  nout 

;  *  Riani  ne .  fait  Mieux  comprendre  ' 
1«  pstt  éi-  chbfo  ^e  Dfeii  «roît  don- 
ner aax  hommes  ,  en  Icar  abandon- 
aant  fc»  richeflès ,  Vâtgpxt ,  les  grands 
«tMtli&flàet»  2fe  les  aùtrei  bichs, que ' 
la'<li%;iiûtion  qu'il  en  fait ,  bçlc 
jgtoK  d'hèmmès  qui  en  i«nt  le  mieux  ' 

*  Si  v^us  entrez  dans  les  cuifines^' 
oua'oa  voie  reduic  en  art' &  en  mé- 
thode, le  fecrct  dcflatcr  vôtre,  goût 
&  dl'vottt  fek*  manger  au  delà  du 
wxmsè  ;  ifivotts  examinée  en  d<^taH  ' 
tali8-lisâî>|ii««'des' viandes  qui  dôi- 
^mi  cdini«>fti'  le  felHn  que  Ton  vous 
|*ét«re>  fî  voâs  i-ègardèz  par  quelles  • 
inkin8eBeSpa(lètic.&  toutes  lei for- 
mer': dlflferentcé'qii'dlés    prennent- 
a*iM*îde-4eVenîrua'me»  ex^ûié,'8c^ 
<*ia«ivep 'à  cette  "propreté' &  à  cette' 
^l^aeciqui  charment  vos  ycùx ,  vous 
fcwcibdfitdr  far  le  choix  Scprendi^  le* 
p«tti'd*eftj^detout;{î  vous  voyez' 
-•  '}  O  %  tout 


IV  «  tout  le  itpas;  atlkuf &  q«e  /tir  une  tsir  ^ 
*  "p"^  blc  bicn'i^nifiC;^  quelles  (idetcz ,  qici 
Xh^**  di'gout  !  ^i  vous  allff  derrière  w 
Théâtre  ,  £c  fi  vous  «ombra  1^ 
poids  ,  les  roujc^  ,  }sf  cc^rdciges  qm 
font  le»  vols  ^  les  machines  ;  (t.  voii^ . 
coiiSderez  cpsijbieo  de  gens  entrent 
d^s  Pexeoitiou  de  gçs  mo^yonew  / 
qiielle  ibipe  de  bras  ,Sc  qud^e  xwcn* 
Uptk  de , nerfs  ils  y  emplpyent  «  vcm 
àxvcz , Sont- ce  là  les' principe  :^  ks 
rèflbrts  de  ce  fpc^clc  fî^lv^u  ,  fi  nar 
turcî  ,/qui  pprc^tl^niçic  ^  ajgir  de 
4oi  •  n^oie  i  vous  vous  xécjiifiœh  p 
<2itcl3  effims  p  quelle  viQleqçe  !  dé 
^êmie  Ji'âppr^ondi^  pa;  la  fertUr 

lie  4çs  P,ar4fatM^  .     / 

'  *  Ce  garçon  |S  lirais  ,  fi  Bfxuti  i 
&  d'u^  fi  jM^e,r^..eft  Sfffl^ 
xTune  ^bbjLje  âc.dç  dix 'ji^Crc^BeiiCr 
^es  :  .tqus  enrembtp  li^i  lappojtcqi: 
itx  viti^  4nille  livf^  dexevjequ,  doM 
il^'f^^  paye  qu'en^  ^qied^iÙos  d'c^r.  0 
jt,^  ailleurs, fi?  ^fpgf  %WJlB$  indîf. 
^tes   qui  ^es  (p  .ql^u^QOt  p^ikiu;, 
pcndanf  Mhy,vcr  ^  ^qui  ii'<)»,nt,  poîm. 
cPbabjits  pour  fe  fxiuvrir ,  ^  qui  ûor. 
vjBOt  Qianqueot  de  pain  ;  skur  pa»? 
vretc  cft  ejtttéoie  ,4c  .tK>fl|»uîê  r  qswl 


••  r     ».  » 


eH  Lis  MdïdRS  tu  ci  SSiccu.  3/7 

_  tEt  cek'ne  prouvc-t-il  pds  Chap;- 
ekiretnent  un  avettif  >  V  k 

*  Chrjffifpi  hiomme  nbuvwi  & 
le  pmnier  noble  de  f^  race ,  afpiroit 
il  y  a  trente  années  à'  (c  Voir  Un  joirir 

'deux  mîHe  livres  de  rente  poui^  totifc 
ëien ,  c'écoit^}^  fe  comble  de  iès  fou:- 
Iiaits  6c  fa  plu^  haute  ambition  ,  ii 
•l*a  dttainïî-,  &  on^s'cn  fou  vient.  H' 
Émve  je  rie  fii  par  qiith  chemins  jiiC^ 
«ues  \  donner  en  revenu  à"^  Pûne  de 
fes  filles  pour  fa  dot ,  te  qjf'A  def?- 
jtait  Itismêmc  d'hoir  en  -  fonds  pou t" 
•toute  fortune -pendant^  fa  vie  :  unfe 
pareille  fbmmeefl:  comptée  dans  iêis 
<oSrt^  ^pbûr  cHaciini  dç  fês  autre» 
enftns^  gd^t  doit  çotïrvbir';  &  il  à 
Ufi  grâifd  nombre  d'eh&ns  :-  ce  n'cft 
qu^en  aVancèmefht-  d%diriê  ,  il  y  à 
d'autres  biens  à^  cfpcrcr  après  &  tnorri 
il  vit  encore  ,  quot<^u\i(rez  avancé 
eii  âge  ,  £c  il  ufê  le  refle  de  fé% 
j^urs  à  trail^ilkr  pour  s*tnlricbir. 

*  Laîflèï   ftiit    Érid/le  ,   8c  ïï 
teigera  un  droit  dfe  toul  ceiix  qiri 
doivent  de  l'eau  de  la  rivière',  ou 
qui  marchent' fur  la  terre  ferme.  Il 
iÂic  convertir  enr  orjiafques  aux  rcM*- 
ftaux  ^  aux  joncs  /6ê  i  Portie:  A 


315     Lj»^    C  ARACTf  ltt$ 

Bi?iî  ^»  tous  Iw  avis,  Ôfpmpofc.Jte^ 
i^ifoft-  ceux  qu'il  a  écoutez.  Le  Plnooe 
Tuivi-  jiecjonneimxauaçs.  qu'aux  dépens 
ii^Eimfte ,  &  Hc  ^euc  âii  de  ^^^aqst 
.i|ue  ^Uês  qui  li^i  iepieoc  dues  j  c'e& 
m)c  Êûio  ini&ti?ble  d'avjpîr  £p^e  po(* 
fhkt  :  il  irafiqueFoit  des  ,i^  &  do^ 
Sciences,  &  oa^uok  en  parti  juf- 
(ques  à  l'Iiar;zioiiie^  Ù  Bnfluntj^  s'il 
eu  étoit  cm  ^  que  le  X^euplc ,  pcHv 
^oi]c  le  pbifir d^  le  voif^  ncliç»  de  Iw 
yoir  imc  meute  ^^  junp  écurie ,  pôc 
perdre  ]c  {quvpw  de  la  ncHifiqiie 
À*orphéi^  ic  k  çQotamf  de  b 

.  *  Ne  tx^Stct  pa»  «vçc-crii^  ,  il 
n'pft  coudhç  que  de  ii^s  iciils  s^iw^ 
ges>  Le  piegçcil  (pMit  ^fie  à  cpiiz  à 
qui  ù  cliargc  ,  fa  terre  ^4^  ce  qu*il 
pollêde»  feront  env:ie.:.  il  vpu&  impoi' 
,ikn  des  coodi^Qus. extra v^iggxxe^.  il 
py  a,  nul  qpei^gerneiit  &c  nulle  conv- 
pofîtioo  à  atcçpfire  dHin  ^booiiae  & 
f)leiir  de  {es  intérêts  Sf  û  ennemi  des 
vôtres  :  il  lui  faut  une  dappe. 

*  BrottH»  f  dit  le  peuple  »  Eût  des 
^raites %  2c  ;S'enff:rme  huit;  joura 
avec  des  Saints  i  ih  ont  leurs  ipédi* 
fiitioos,  &  ua jes  fienocs. 

'  ♦Le 


e0  LEi  MôEtFRS  im  CE  Sîectfi.  ^  f  $ 

-  •  Le  peuple  fou  veut  a  Je  pliifir  iië    c  h  ^  «• 
la  Tragédie  :  il  Voit  périr  im  k  theâ^       V  l« 
tre  du  monde  les  pemnnâgi^s^  k%  plan 
odieux  ,  qui  ont  fkit  te  plus  de  mal 

dans  diveries  fcenes,  8c  <^^1  a  le 
"plus  hais. 

-  ♦  Si  l'<»  partage  la  vie  des  P*  T.  Partîûiji. 
S.  en  deux  portions  igûei  ;  la  prc^ 
^ere  vht  ^  agiflânte  eft  toute  oo 
cupéeli  ipouloîf  affliger  le  peuple ,  ft 

fa  ftconde,Hroi£[nt  de  k  moit,^  fede- 
celer  8t  à  fe  ruiner  les  «ins  les  àiu 
ttcs, 

*  Cet  hOfaw»  tjm  â  ftît  la  forttiw 
tte  de  pltGetirs ,  ^tri  a  ^tU  fente  ^ 
nhi  pu  fbâtenir  la  fîenfte  ,  ni  afliirer 
créant  fa  mptt  odle  de  fa  ftmtbe  &  de 
iès  eniàns  t  ih  vivent  cachez  &  ibaU 
îeurcux  r  (juekjue  &ien  mftruit  qufe 
vou^Xoyez  dé  la  mifere  de  leur  condiw 
tiom,  vous  nepenfez  pas  à  Padoucir^ 
vous  né  le  pouvez  pas  en  cfîct ,  vou^ 
tenez  table  ,  vous  feStiflcz  ;  mais  vous 
tonfcrvcz  par  reconneifl^nce  le  poi*- 
trait  de  votre  bicnfefteur  ,qui  a  paflîf 
a  la  vérité  du  cabifiet  à  Panticham- 
Bre ,  quels  égards  !  il  pouvôit  aller  au 
garde- meuble. 

*  lî  y  a  une  dureté  de.  compte* 

O  4  xion  : 


^1«  .     Les  Caractihes 
Dit       ation  :  il  y  en*a  une  autre  de  cx>ndu 

TVNi.  '  ci  comme  de  la  piemîere  de  quoi 
s^endorcir  fur  k  milère  des  auQts  , 
dirai*je'  méme.^  de  quoi  ne  pas  plain- 
dre les  malheurs  de  {à famille:  unbra 
Financier  ne  pleure  ni  fcs  amis,  ni  & 
femme^ni  lès  enÊns» 
.  •  Fuyez ,  retirez«vous  ;  vous  tfe.- 
tes  pas  aâèzloîn: je  fuis, ditcs-roas, 
fous  l'autre  tropique  :.  pafli^  Tous  k 
pôle  9  &  dans  rautre  hemi(phere  : 
montez  aux  e'toiles  fi  vous  le  pouvez^ 
la'y  voilà  :.fort  bien  ,  vous  êtes  en 
fureta  :  je  découvre  fur  la  terre  un 
homme  .avide ,  iniatiaUe  ,  inexonu 
hie  ,  qui  veut  aux  dépens- de  tout^ce 
qui  fe  trouvera  fur  ibn  chemin  &  a 
ùi  rencontre ,  &  quoi  qu'il  en  puiiTe 
coûter  aux  autres  ,  pourvoir  à  loi 
feul ,  gtofiir  fa  fortune ,  &  regorger 
de  bien. 

*  ^  Faire  fortune  eft.  une  ^  fi  belle. 
phca(è ,  &  qui  dit  une  fi  bonne  cho- 
fe  X  quîellc  eft  d'un  ufige  univerfeL 
On  U  connoît  dans  toutes  les  hm^ 

fues  :  elle  plaSt  aux  Etrangers  &c  aux 
«arbarés  ,  elle  règne  à  la  Cour  &  i 
]a  Ville ,  elle  a  percé  les  Qokres  St 

>  ûancltt 


eu  tES  KfbEVAS  DE  CE   SlËOMl    3  lY 

franchi  les  mars  des  Abbayes  de  l'un    C  h  À  M' 
tic  de  l'autre  fcxe  :  il  n'y  a  point  de      ^  ^ 
fieux  làcrcz  où  clic  n'ait  '  pénétré  , 
pointée deièrC  nr de  folitude où  elitir 
fbit  incoûnuë. 

*  A  force  dé  &irt  de  nouvfcau:^^ 
contrats  ,  ou  die  fèntir  fon  argent 
^Qifîr  dan!s  fcscoffits;  on  iè  croit 
etifin  une  bonne  tête-,  &  prefque  ca4 
pable  de  gouverner; 

*  ll'fàût  une  forte  &cfptitpout 
fiîré  fortune ,  €c  fur  tout-  une  gran^ 
de  fortune.  Ce  n*efl:  ni  le  bon  ni  lé 
bd  efprit ,  ni  le  gi;and  ni  le  fûMi^ 
tâe  ,  ni  le  fort,  m  le  délicat  :  je  nt 
far  préeifcnafcnt  Icqutl^efl  j  j -attend*- 
qtje  quelqu'un  veuille  nPén  inflruîre. 

Il  faut  moins  d'efprit  que  d'ha^i- 
rude  ou  d'expérience  pour  faire  fa  for4 
cài*  :  Pon'  ir  fonge  trop  tard-  ,  & 
quand  xûûti  Fon  stn  àvîfè ,  l'on  com- 
mettee  par  desHEàutès  que  Ton  n'a  pasf 
toujours  le  loifir  de  réparer  :  de  Ik 
^ient  peut-être  qije  les  fortunes  {oui 
S  rares'.  - 

Un  hommfc  dlirt  pétif  génie  peut* 
vbuloir  s'avancer  :  il  néglige  tout ,  ih 
tft  penfe  du-matin  au  foir ,  il  ne  rév^ 
[tt-à  ixne*  ftulê  choie  ^  qui  èlS 

Of  do 


\ 
\ 


)ZX.      L  E»  Car  ACTE  R  E^       , 

D  f  t  Je  s^avaQcer.  Il-  a  commence  de  boo^ 
^  '  * j*  •  ne  heare  &  dès  fon  adolefcence  à  fc 
mettre  dans  les  voye^  de  la  fortune  : 
s'if  trojLve  une  barrière  dc_  front  qui 
ferme  fon  paflage ,  il  likiCc  narurçlle- 
ment ,  .Se  va  à  dn>it  §c  à  gauche^  fc* 
Ion  qu'il  y  voit  de  jour  .fie;  d'apparen- 
ce,  $c  (î  dç  nouveaux  obftacles  Par*^ 
retcnt,  il  rentre  dans  le  îentier  qu'il 
avoit  quitte.  U'eft  déterminé  par  la 
<^ture  des  difSicuttez ,  tantôt  à  les 
lurmpnter ,  tantôt  à  ks  éviter ,  ou  à 
'  prendre  d'amre^  mcfures  ;  fon  intérêt, 
rufage  ,  les  conjonéhircs  te  dirigent. 
Faut-il  de  ft  grands  ulens  &  une  & 
^nne  tête^  ijq  voyageur  pour  fui- 
yred'abqrd  le  grand •  chemin, &  s'H 
êft  plein  Se  emraraîié,  prendre  la  ter- 
Ce^oc  aller  à  travers  champs  »  puis 
regagner  fâ  première  route ,  la  conti- 
9Ucr  ,  arriver  à  fon  terme  ï  Faut- il 
tant  dVprit  pour  aller  à  fcs  fins  >  EAf 
çq  donc  un  prodi{^e  qu'un  &t  riche  2c 
accrédité  ? 

Il  y  a  même  des  ftupidcs ,  Sc  j'ofe 
dlîre  des  imbeciUes  qui  Ce  placent  en 
lie  beaux  poftes,  fie  qui  là  vent  mou** 
rir  dans  l'opulence ,  fans  qu^ion  les 
doive  foup^onncF  en  ouUe  manifcso 

:       •  .       •  •  .    jîy 


ev  Lis  MoEuns  DE  CE  Sucti(.  ^  Z  J 

«l'y  avoir  cotitribuë  de  leur  travail  ou    C  ha  p. 
de  la  moindre  induftrie  :  quelqu'un       ^^v 
les  a  conduits  à  la  ibuî-ce  d^un  Acu- 
ité ,  ou  bien  Iç  hazard  fcul  les  v  â 
feît  rencontrer  :  on^leur  a  dit ,  voulez- 
Vous  de  Peau  >  puifez  ;  &  ils  ont  puifér 

*  Qjiand  on  cft  jeune  ,  fouvenc 
un.  eft  pauvre  :  ou  Pon  n'a  pas  en- 
core fait  d'iacquilîtions  ,  ou  les  fuc« 
ieeffîons  ne  font  pas  échues.  L'on  dê« 
vient  riche  Se  vieux  en  même  tcxùsl^ 
tant  il  eft  rare  que  les  hommes  puif- 
km  réunir  tous  leurs  avantages  :  &  fi 
ceh  arrive  a  quelques-uns ,  il  n'y  a' 
]pas  de  quoi  leur  porter  envie  :  ils  ont 
aflcz  a  perdre  par  la  mort ,  pour  me-- 
ritcr  d'itrc  plaints. 

*  Il  fkut  avoir  trente  ans  pour  ft)rt^ 
ger  à  fa  fortune,  elle  n'çft  pas  faite  à^ 
cinquante  :  l'on  bâtit  dans  là  vieillèfi; 
fe,  &  l'on  meurt  quand  on  en  c^ 

»  Peintres  &  aux  Vitriers. 

*  Qttd'  eft  le  fi-uir  d'une  grande 
fortune ,  fi  ce  n*cft  de  jôuïr  dç  W' 
Vanité ,  de  TinduArie ,  du  travail  & 
de  ladépeniè  de  ceux  qui  font  venus 
avant  nous ,  &  de  travdilcr  nou$-mé^ 
mes  9  de  planter  ,  de  bâtir  ,  d*acque-^ 
*ir  pottjfî^k  poffieritc  f 

0  6  L'on 


TVNB. 


314    Lfis  Caractères 

D  t  s  *  L'on  oavrt  &  l'on  étale  tous  hà 

B I B  N  t  matins  pour  tromper  fon  inonde  ;  & 
I  on  terme  le  loir  après  avoir  trompa 
tout  le  joan 

*  Le  Nfarchand  Ùk  des  montres 
pour  donner  de  fa  marchandifè  ce 
qu'il  y  a  de  pire  :  il  a  le  catîs  &  les 
faux  joufs  afin  d'en,  cacher  les  dé* 
fàuts ,  &  qu'elle  paroiâè  bonne  :  i| 
la  furfait  pour  la  vendre  plus  cïier 
qu'elle  ne  vaut  :  il  a  des  marques 
huttks  Se  myfterieufb  ^  afin  quVm 
croye  n'en  donner  que  fon  prix  , 
un.  mauvais  aunage  pour  en  livrer 
k  moins  qu'il  le  peut  ;  &  il  a  un 
trebucliet ,  afin  que  celui  i  ^ui  il 
Ta  livrée  ,  la  lui  paye  en  or  qui  foi; 
de  poids. 

,   ^  Dans  toutes  les. conditions  ,  le 
pauvre  eft  bien  proche  de  l'hommç 
de  bien  :.&  l'opulent  n'eft  guercs  é-^ 
loi^né  de  la  fripçnnerie.   Le  ÙLV(m 
faire  &  ibabilete  ne  mènent  pas  jui- 
ques  aiix  énormes  richeflès. 
^  L'on  peut  s'enrichir  dans  qiH^uc 
art ,  ou  dans  quelque  commerce  que 
ce  foit ,  par  loftentation  d'une  cer- 
taine prooitc. 
t  De  tous  les  moyens  de  £ufe  6 

•    fer- 


etf  LES-  Mbt&HS   Dfi  C!t  SitCLB.     }  i^f 

fbrtaûc ,  k  plusxouit  &  fc  metllcuf  Ch  a«î 
elt  de  mettre  les-g^ns  à  voir  claire*?     ^  ■ 
ment  leurs  intérêts  à  vous  faire  dir 

M  l^r  JiiwmBie*  pirefleK  par  les  bc^ 
feins  de  la  vie,  &  quelquefois  par  lo 
defir  du  g^in  ou  de  la  gloire ,  culti<t 
vest'des  tsilem  profanes  ,  ou  s^enga<* 

rt  dan»  des  profeffions  ^i^voques^ 
dont  ils  Ce  cachent  ioAg^tems  è 
eux-mêmes  le  pertl  &  les  coiiiëqueru 
ces.  Ils  lès  quittem  enfuite  par  uifo^ 
dévotion  indiferetté  qui  ne  leXir  vient  , 
jamais  qu  après  qu'ils  ont  fait  leuo- 
iceoke ,  8c  qu'ils  puifiènt  d  une  for- 
tune bien  àabHe. 

*  Il  y  a  des  mifcrcs  fur  la  terre  qui^ 
&ififlènt  le  cœur  :  il  manque  à  queU 
qu€S-un9^  jusqu'aux  alimens,  ils  re-^ 
douttnr*  rhyver- ,  ils^  appréhendent 
de  vivre,   ll'on^' mangie  ailleurs  des»" 
ifruks^  pr^oces  ,  Pon  foFce  la  terre 
Se  les  âiibns  pour  fournir  à  &  délt^ 
eareilè  :  de  fimpies Bourru,  feule- 
ment à  caufe  qu^lls  eioi^PlKches  «^ 
ont*  eu  Piiudace  d'avaler  en  un  feuF 
morceau  la  nourriture  de  cent  &mil-* 
les.  Tienne  qui  voudr»  contre  de  fi 
cnuodes  extrtaût», jft  ne  veu3&étre v 

O7  fi^ 


9B  FOA- 


t)  1 1      i^  je  le  puis ,  ni  malheureux  ^  ni  ^i^ 
■  I  BjK  t      reux  :  je  me  jetteSc  me  réfugie  dam  l^ 
mcdîocntë. 

*  On  (ait  que  lés  pauvres  ^  (bot-  cbi-^ 
grimdec&qoe^outlear  manque,  8c 
qpa  uerfonne  ne  ks^  ibuiage  :  mais  s'il 
eft  vrai  que  les  riches  (oient  colères^ 
c^ctt  dece  que  la  moindre  chok  puiC* 
jfe  leur  manquer ,  ousque  quelqli'ud^ 
veuille  leur  rc(îfter, 

*  Celui-là  ed  riche  ,  ^nreçc^t 
plus  qu^l  ne  confume  :  celui»Ià  cft 
pauvre  dont  la  d^peniê  exede  la  re- 
cette. 

*  Tel  avec  deu«.miliic»)s  de  rente 
peut  être  pauvre  chaque  année  de^ 
cinq  cens  mille  livres; 

Il  ny  a  fictt  qui  fe  toû^tnvK  ptijs 
long^^tcms  qu'une  médiocre  fbrtunc  : 
if  n'y  a  rien  dont  on  voyc  mieux  la 
fin  qu'une  grande  (bmitie. 

Loccafion  prochaine  de  k  paovit*^ 
tié\  c  eft  de  grandes  richeflcs. 
*  S*iî  eâ||nii  que  Vba  fait  rklk  de 
tbut  ce4|kt  on  n'a  pas  befoin  ,  un^ 
Komme  j^rt  riche ,  c'elt  on  heftime 
q*ii  cft  (âge. 

;  Sïl  ^(t  vrai  que  1%»  fok  pauvre 
par  lôittes  lescWesqM^  ïotak&rt^ 


VL 


0u  iis.MoioiLî.iBi  et  SitcLf.  jr>^ 

wat  çfsctimc  pauvreté. 

^  'Les  palfions  tyransilcnt  Phom^^ 
floe  ,  éç  l'iimbieian  lufpcnd  en  lui  let 
tucie»  pgffions^  ^  8c  loi  donne  pour 
wi  tems  les  appareûcm  .de  toûrs^lei^ 
yercus»  Ce  T'^i/^lf^fi  qui  t  tous  les^  vi^ 
ce»  y  )e  l'ai  crû^  foË^re ,  chafte ,  \ht^ 
ffti; kumble,  &  même  devor  :  Je  le 
ctoifoîs  en€oit  y>s'il  a'eât^fin  fait 

L'on  t»  ft  fcod  pffiiit  fur  Je  ddîf^ 
de  po^edec Se  de sagiundir  :  la  Bile 
g^ne,  &  la  mort  approche  ,  qu'avec 
fia  vifage  Mri,  êc  dci  jambes  dféja 
feibles  Von  dit ,  W4  fortune ^  mon  étM 

*  Il  n*y  a  au  in0«cki>c^  deux  ma* 
nicres  de  s^^lever  ,  ou  par  Ta  propre 
mduftfie,o«:pap  Wmbecillitédes  m^ 

crcs^  î 

^f  Les  traits  dccouvrent  îa  com* 

plèxiofi  8li  le5:itloettrs ,;  mais  la  mine 

défigncljîslbîçr^  dc]%i;unp  :  fc  pltia 

èutlc  môinl  de. mille  Jivms  de  reote 

k  oxmve  écrit  fteks  Vifag^tv 

♦  ç*î2/>W»  homme  opulent  Bcii»- 
pcrtijici»  ne  veulpas/êcrc  vu  av«c 
imw  qui  oft:  hMWC:  dt  meiitc  ^ 

,'    ,  mais 


Cf'i  s      flAis  pcickvr^,  :  -  îl  -cf.  irôk  en  être  dfeff - 
Kl  f^^      honore.  Eugène  €&•  pôûi^  Ght-jfrfan^' 
"^^  "  ^  "    tC'i  diÂs  les'taêtnds  dt^ofitbns  :  ils  nc- 
c(Àrênrpa^t<îfi)uêdeiebdiirceFi-  - 

*  Qàand' je  Voâ  de  ccrtaîneaF^  ^n» 
qui  :  me  prévenoient  aun^féi^  pai^ 
kurs  dvilitcs  ,  aftendrie  àu^coâtraiit 
mie  )a  les  fahië',  ^>  etr^re  avec  moi 
mr  le  pliK  on  fui^^lé  tnbkls  ^  je  dis  en 
noi-méme ,  fort  bien ,  f  en  fuis  ravi  ; 
tant  inieux  pour  eux  :  vous  verrez 
que  cet'Iâ>itnne*ci  eil  mkiix  logé» 
mieux  menbfé  Çc-mtéux^  nourri  qu^ 
l'ordinaire  ,- qu'ils  ièra  entré  depuis 
quelques  mois  dani^quelque  afiàire , 
0Ù  il  aura  déjà  &it  uâ  gain  raiibm 
nablc  :  Dieu  veuille  qu'il  en  vieni 
ne  dâR»s^  peii-de  tsms  JH^ii.^i'tne  mé» 
pïifcr.  . 

♦  Si  les  pénfées.,  tes  Jfvrcs  Se  leursr 
Ai&teurs  dépendoient  des  riches  6c  de 
eeorqtrî  ont  hk  une  bdfc  fortune , 
quelle  Drofcriptteftrll*rfy  auroit  plus 
de  nipfd  :  qutl  toft  ,  qaà  arcendant 
M  prennent- ilis  pas  fui^  lés  <Sftvans  i  • 

Suclle  majeftë/  rfobferventa^ife  ;  pas  k' 
(é^rd  de  ces  hommes  chi$iff\  que 
bur  mérite  n^a  w  pincez  ai  enrichis  | 
jBl^qili  en  ibat  etfêtfi'e.  à  pèqfer  £t  à 

ccnre 


OV  tES  MoiBVIlS-0fi   CE  SaCLfU^flff 

écrire  judicîeufbment;     Il  fiiut  VA  C  hu  ^ 
voticr,  le  prefaît  eft  pour  les  riches  ;     V  i, 
èc  rayenir  pour  les  verttieus^  &  ks  ' 
liabiles.  Homère  eft  encore ,£( 
fera  toujours:  les  Receveurs  de  droits^, 
les  Publicains  ne  font  plus ,  ont- ils 
écë^  ?  L^ur  patrie ,  leurs  noms  font^ 
ils  connus-^  jr  a-t>-il  eu  dans  la  Grecs 
des  Panifans  ^  que  font»  devenus  ces 
ÎRiportans  per(bnnages   qui*  nïéprir 
ibient  Homcre  ,  qui  ne  fongeoient 
dans  la  place  qiV4  Pe'vite»,  qui  ne  lui 
reodoi^ne»  paale  (àkit ,  ou  qui  le  &-* 
laoient  par  foù  nom  ,  qui  ne  dai^* 
gnoient  pas  TafFocier  à  leur  table  ,^ 
qui  le  regardoient  comme  un  bomme 
qnvo?itoit  pas  riche ,  Se  qui  faifbjt 
un  livre  ï' que  deviendront  les  Fâii^ 
connets  ?  iront-ils  aufli  loin  dans  la' 
pofterité  que Descartesii/ Frân^^' 
fois  &  mort  en  Suéde  ? 

^  Du  même  fond  d'orgucrl  dont' 
}V>n  s^e'Ieve  fièrement  as  deffiis  de  fès 
inférieurs  ,  l'on  rampe  vilement  de- 
vant ceux  qui  (ont  au  deflus  de  foi. 
Ocft  le  propre  de  ce  vice  qui  n'cft 
fbndé  ni  fyx  le  mérite  pcrfonnel  ^  ni  ' 
fur  la  vertu  »  mais  fur  les  richeflès  ^ 
]m  pofte&>.lc  crédit  i^ôc  fu«-dc  vainei 

Scîeo^ 


'^^6    Ibs  Car  Aci^BRi  s 

Dft      Sdcttoes ,  de  note  fonar  iffàmiat  > 
Btih^^    mëprifer  co»  qpi  oot  moins  que 
noM  de  cette  cfpece  de  biaos^  &  à 
«ftimer  trop  ceux  qui  on  oot  une  me- 
ibre  qui  «oede  U  nocn^ 

*Û  fz*(ksmats  tsAts  paftriesdc 
iouë  ^d'oiduTe ^ ^prilcs du  g^ûn  & 
de  Pkiterêtv  œnrnie  les  belles  amet 
kibnc  de  h^^oitc  &  de  la  verni  j 
eapMcsd'uoe  (èidê  voli^cé,  qui  eil 
4mle  4*i8Ç^uef i^  ou  de  ne  point  pei^ 
4tç  :  cnrietifts  ie  sndes  du  denier 
4ix  ,  oaR]ttenient  occupées  de  Icun 
^iMcnrs  ^  toujours  inquiètes  fur  le 
j^hMS^  ou  fier  k  déai  de$  UHmnoîet^ 
'<nfo«ktes ,  $t  cointnt  s&îmétes  diuir 
les  comtfflts ,  les  titres  &  les  ptf cbe^ 
fliîns.'  De  cetics^em  fie  ûmt  ni  psk 
Feos  y  ni  amis  »  ni  cîtcrjfms ,  ni  Cbr^ 
tiens ,  ni  peut-être  des  heatmes  ^  ils 
ont  de  l'aiçcnt. 

♦  Commençons  par  eweptcr  ces 
«mies  noBie9'&  courâgeuies ,  s^îl  en 
ivfte  encore  fur  la  tbire,  i^ourablçs, 
ingenieufès  à  faire  do  bien ,  que  nuls 
Sefoins  ,  nulle  dirproportton ,  nuls 
artifice»  ne  peurent  fepsoftr  de  ceux 
qu'ils  fe  font  une  fois  choifis  pour 
mm$'^Sc  après  cette  j^écautien»  di* 


iù 


ou  i.B$  Moem^  «9  cb  Siicitt*  tjj^r 

.fims^  fii^rdîment  une  ^fioiè  mi&  :  ^K:   ^-^^^* 
douioiMreule  ^:iH)9&ai^  rilrn^j;  àpni» 
4i»niip  ^«'^npQi^.  g^ies^Ë^  av«c  jnousr 
jde  Jbciec^  ^  lie  Is^aTmtlaacÈ  ^^qi^r 

«ous  fut  «liUe  QlBiics;  4à  fervioes ,  éc 
4}ut  flous  kH  ^fielque^'s  ;  qin  3x*m 
en  (oî  pv  fiittiçteiqei»  à  /qq  ^mtsrct: 
.tics  <lir|)crftcîoti$  :Qr^p|ie(iK$  à  arcmw 


,  ^  Pi^dchnt  tqu'qrMte  ttgmeott 
jivec  Tes  annito/an  (mmIs  &  Tes  ttire- 
«w^  uqe  fiUç  nalc  dafts  qu^ue  &^ 
«nille^ f^'^eiire ,  ^a^^^s^^tcJ^t  »  ^ 
^iHrc  xi&Ys  jà  fôi^iéfne  îmtiée  :  ilkfm 
pfier  à  cinquante  ans  poitr  UépoM^iav 
jeune*,  t>eUe ,  ^^^^  *  cps  homme 
iàns  naiffiince  «  {kn$  e^fît ,  &  fans  le 
paoîndxe  menice  eft  {>réfbre.à.lous  ib^ 
maux. 

^  (x  imrî^;  q^.devimc  étxt  à: 
^homœe.  une  £[Hircedeiloii»'*Ici.bieas^ 
l^î  e&  feurem  par  la^ii^àfittQii  dè^ 
&  fortune  un^  lourd  fàfdcau*  fous  le- 
quel A  foocomtK  i  c'eft  alcus  qu^unc 
Rnune  &  de»  enfiiM  £mi.ini^.4ioltn»^ 
te  tencajcîoQ-  à. la  fhiude -^aa  tStuitfytk 
ge,  8k;,aMX  gtîoB  ifiifiKà^.X:il  fc  trcac»- 


9M  FoR4 
TU'IIJL' 


pcre  |ia$  tôùjôttiii^  ce  ctti'il  figifîfi 


'^fi   t  •  s  C  A-*C  A  c  T  i  R  f  r   ^ 
A  B  s       fè  mob  la  fnt>oaiiérie ,  êc  '  l'ihdfgcii^ 
■  IVL*.     ^  9  étrange  fituation  !  - 

Efott&r  une  vcttvc  eti^bèû  Fràc^ 
^ia  figniJSe  faire  fà  fbrtiiûe ,  H  n\>^ 

avet 
fts  frères  que  pour  vivre  à  Vm(t  bon 
praticien,  vtttè  être  Ôffitikr  ;  -  te 
fimple  Officier'  fe^  ftif  Magtl^rât  f  & 
fe  Mâgtfikt  veut  pr^der:<:&  aînf 
de  toutes  les  conditions ,  oii  les  hôitf* 
fttesr  biiguMftnc  ktrcÉ  Se  indigefir  ,- 
»)rès  avoir  tenté  au  (leli^e-kur  for» 
cune  ,^fbréé,  pdur  aihfî  dire  ^  leur 
deftinée  »  incapables  tout  k  la  fois  de 
:riè  pai  v^^lâ^r  ^re>  riches  ^  &<le^d6ii 
riÉiàiiier  riches: 

•  *  Dîne  bien ,  cle4r^'\  foirpd  te 
fi>rr  y  mets-du  bois  au  féu  ,  acheté  uA 
inantèaU^ytapi(ft  ta  chàmbfe  ,  til^ 
n'aimes  point  ton  héritier ,  tu  -  ne  te 
ccOnhis  fàm^^  twn'èa^^poÎQt 

*  Jeune  oÉconfervé  pùtrfk  vîël* 
kflê  :  vièaK^^M^épafgnfr  potir  la  mord 
{«^héritier  prodigue  paye  de  fupeibea 
fiinêrailtes  ,  &  dev^rt  te  refte.^ 

*  L*avure  dépei^  [flùs'môtt  eil 
un  fbil  jour ,  qu^l  nie  fififoit  vivaat 
«t^dîàC  ann^')  8s  feniierittcrplus 
'/  ~  en 


es  dix  ûjois.  qu'il  âVfô.ôiœ  lili-  Xha». 
jnémcett  ooute.Ê,^  ...  "  'y|»' 

*  Çc quel^a  prodigue ,jan  I!^  :•( 
à  z£pa  hencief /:  oc  jjiié,  Xon  jè^gœ 
fordidemcnt  i  pti:  fc  Ym  à  /oianên^. 

Le  milieu <ftji4aji©B|>CHir.foiî&  pour 
fes-aucns:.   • 

*  Les  cnfi»Hs.|ïeiit^€tte,4&wi<8it 
ploscliqis  àieuw  pçitSii&.reçiprei- 
qaenwQC  Jes|)erer  à  kwrs  ^ëiqs  ,  ân^ 
le  dcre  d'heiitier;». 

-*  Trifte  oooditipo  <i«;  ^hgtnjne  Sc 
qui  dégoûte  (te  la, «je  .^  jA  (»w:  Tiwr  ^ 
yalkr,£éclm,,4sf4wkfe^\3^  «voir 
un  peu  de  foitanc  ,  <»»  .1»  '^qvoiir .  à 
l'tgonie  de:nos  pnxrhe^  :  c^i  qi^. 
s^empéche  de  fouhait^  quç  (bi)  peip . 
y  piflc  biciwqt^çft  hoa«açrdç;bicn., 

*  L<  £ajidiq:£  4e  fisM'fui'vWttlc- 
h^itBr  de^qifielqy'ttQ  ^mm  d«l»  fi^. 
lui  du  cooiplgir^QC  :  nous  w  fotntni^ 
ppinc  «Dieux  Bi^tea. ,  raku^  obétr^ 
pAÛs  fuivis ,  plus.e;îfonfe2,plus:çut. 
tvvez ,  plus  iq^Q^HgçiSB ,  pluj  cafcfia 
de  pedbnipe  gsedijçt  neçrp  y^c,  que. 
de  oel(4i  q^  jcroiç  .gigo^  i  tiQite 
mort ,  Çc.qui'dcilîçe  qv'ellejurriwe.  -     , 

*  To,usJes  ^tntnes  par  les  pofbi^.. 
diff««w^  PV  |c».J3Veî.  è  par  k  jrtt<îf ..   . 


1      .    4 


Du 

BtlNt 


9^4r    CfiS  CA&AC«rj!lfiS 

'  oeffiôn  ic  régsgàtac  oçmme  iKÔàm 

T  u  N  j.  cet  incef^  peDclatt  tout  le  œon  dé 
leur  irîçuiidcfiricx:t%t  âceoFdoppé 
de  ta  mort  d^iMinii  )*  te  |>liis  keatcox 

a  plus  de  clio^  à  percke  par  &l  mon 
&  à  laiâb  à  ^  Aioccjlibttr.    ^^ 

^  L'cm  dk  du  jda  qà'â  ^le  les 
xonditiotis  ;  mai^  cHes  &  trourcnt 
quelquetds  fi  étiangaoiemdifpToporf 
tibhâlbS'^  I0  il  3r  a  tû^att  ^e  &  xeiie 
cQfidiàdn  on  aUôMrd^îminvaliefiim- 
ifiefife  ft:  £'pMf^'^4{iie  les  yeux 
fwiknc  dé-v^îf  d&^teUes  excremitez 
ft^il^]^i9(^r:  (fcftcjomâieiineiinifi- 
que  qui  àkovMr^  et  ^c^comme  des 
^MÂc^xt^tôA  a^rdes-  \  wornamàa 
p^^ÏQÉ^^i  yitmi  &  qui  &&il(êDt 
i\>ftiife,  «emmo  de  m  htUM  ou  de 
ce»  4é^  qufi  fei«  freinir  :  c^eft^en  ua 
i3aot  un  retAreribmâft  de  tiames  les 
bimfeincea.   Si  Pon  mpôppoie  que 
f  ^  la  pmriqoe  de  tout  l'Oiiilident  ^ 
je  léponj  que  e^  peat«i6tre  aqffi 
r4ine  dé  ces  diofès  qui  nous  an- 
dent  barhaits    à  Plkuttc|  partie 'du 
«oiidfl  ,  &   que  les  Orimtaux  qui 
viofinem  jujqu'â  nous  ,  -maportent: 
<         >  fur 


«7  LIS  MOBintS  M  CE  SlEGLC.  J  ]5^ 

fçit  let)fis  ubietses  :  je  ne  doute  pas    cmai; 
mime  !}t|c  cqi;  deçà  d^  famîliariie  ae      vi* 
lc$  rebute  davantage  que  nousneibitn- 
viss  bktÛ»  ae  teîir  Zêmèsye  {d)£c  de, 
teirs  aptres  pfofternatiohs. 

^  Uae  ^ceaue  d'Etats  ,  ^u  les 
<!haiiriuts  aflemblées  jiqur  une  z&ixe 
ués-çapkale  ,  ii'ofiri^nt  poittc  auv. 
yeux  rien  de  û  grave  &  de  fi  (crieux  » 
qu^une  tabk  de  gens  qui  jouent  lyi 
gmod  jeu  ;  uae  .mile  fcverité  rc^ne 
lur  leurs  vîâges  :  itnplacables  rua 
pour  l'autre  te  irréconciliables  enne-, 
mis  pebdaiK  que  la  féance-  dure ,  ils 
ne  rûcoimoîâbnt  plus  ni  liaifens  »  ni 
alliance,  ni nai^&nce ,  nidiftinâions. 
Le  Qaauuxi  feul ,  aveujgle  Se  ârou^ 
<^he  Divinitcf  »  pt^fîde  au  cercle ,  &  y, 
dccide  (buverainement  :  ilsrfaonoreat 
tous  psur  un  filttice.  prolbfid  ,  j8c  par. 
une  attention  dont  ils  font  par  tout 
atUeursfoit  iilcapables  :  toutesies  pa(^ 
fions  comme  f^fpeQduiës  cèdent  à  une  > 
X^le  :  lê  Courtilan  alors  n'eft  ni  dou3^ 
m  fihtteur ,  m  complaiiàiit ,  m  memc> 
dcyQt. 

*Uoq. 
» 

'  (  ^i)  V.  les  lUhcioos  da  Royaume  de  Siun. 


oi  Fan 

TUlfl. 


D-M  ^  L\m  nereconnoït  j^las  en  cq» 
BiiH^s  cflc  le  jeu  êc  le  g^in  ont  illvtftrcz^ 
la  moindre  trace  cjc  leur  première 
condition.  Ils  perdent  de  vûë  kui» 
égaux  ,  &  atteignent  les  plus  grands 
Stignqiirs.  Il  eà  vm  qne  la  fortu« 
ne  du  d^,  ou  du  lanfquenet  les  remo; 
ibu vent  #ù  elle  les  a  pris. 
'  *  Je  «e  m'étonne  pas  qu'il  y  ait 
das  brelans  publics  ,  comme  autant 
de  pièges  tendus  à  i*a varice  des  hoia* 
mes  ,  comfne  des  gott0res  où  l'-argent 
des  particuliers  tonlbe  &  &  précipite 
fans  retour ,  comme  <l'a|Freux  écueils 
où  les  joueurs  viennent  fe  brifèr  &fe 
perdre  ^  qu*il  parte  de  ces  lieux  des 
émiflàtres  pour  favoir  i  heure  mar<- 
4u^,  qui  a  de(cendu  à  terre  avec  un 
argent  frais  d'une  nouvelle  prilè,qcu 
a  gagné  un  procès  d'où  on  Ipi  a 
compté  une  groflè  /omme  ,  qui  a 
reçu  un  don  4  qm  ^  fait  au  jeu  un 
^in  confiderable ,  quel  fils  de  famil- 
le ^vient  de  recueillir  une  riche  /uc«> 
cdfion  ,  ou  quel  commis  imprudent 
veut  bazarder  fur  une  carte  les  deniers 
de  Cl  caifle.  C'efl  un  fale  £c  indi- 
gne métier ,  il  eft  vrai ,  que  de  trom^ 
pcr  j  /mais  c!^  j»n  ^étier  ,  ^ui  eft 

an- 


Vi. 


ftnçiçn^ ,  CQimu  , .  pratique  de  tois:  C  »  a  ^ 
jtems  par  ce  genre  d'hommes  que 
j'appefle  .des  brcjaçidiq's.  (-r^enieigne 
^ft  si  leur  porte  «  on  y  lirojt  prefque; 
Ici  Nn  trott^e  4e  jbitme  foi  \:  car  fè 
yôudroient-ils  .donner  pour  ûrepro-- 
jrhables^  Qui  ne  (îii|:  pas  qu'entrer  & 
perdre  dans  ces  maifons  eft  une  mé» 
roe  cbo&  ?  Qu'ils  trouvent  donc  fous 
.leur  uiajn  jutant  de  duppcs  qu'il  eu 
faut  poiir  Jeiv  ûijbfijl^  ,  p'eft  jce 
;qui  nie  paflci  ,  ^; 

,*  jMille .  gens  fe  ruinent  au  jeu  « 
vous  difènt  froidement  qu'ils  ne  fàu^ 
/oient  fc  pajflcr.de  jouer  :  quelle  èxcu- 
fe  !  .y  a-t*il  un^  paJÛGo^i^  quelque  viof» 
Jenre  ou  Iionteufe  qu'elle  foit ,  q\ii  nç 
j)ût  tenir  ce  mpmjc  langage  >  feroit* 
pli  rççû  à  4ire  qu'ojn  jie  pey t  fe  paflèr 
4e^yoier  ^  ^^^ffiiffifiqr  \  de jfe  pxécipiy 
ièri  Oh  jeu  eflfroyaT^le'/cbntijtxuel  , 
i^ns .  retenue  ,  fans  iprues ,  o^  l'on 
n'a  ÇQ  vue  que  ^  rume  totale  de  foQ 
adjjvcrfeîrè ,  m  l'ojn  ef^  tranipjprt^  du 
4cfir;dugai;i,  defcf^^^  fiir  la  perte^ 
cJBhfumc  par  l'^yance,  ojù  l'on  expo.* 
fe,iuj^,uqp  carte  ou  à  la  fortune  du 
dé 9  U  fienpe  propre ,  ,celle  de  fa  feiii- 
îiie  ^  &  de  fes  cpfans,  ejft-ce  une  çho^ 

jm.l.  P  fe 


,  •      • 

^$t    1  B$  C  A  RA&Tfi  à  e  § 

1»  1 9'    ft  gui  foie  pennîfc  ou  dont  l'on  ddvè 

B  n  N  8    fç  .paficr>  Ne  ftut-il  pas  quclqiicfdij 

^ôv.^*"  ^c  feirc  une  plus  grande  violence  * 

"*"•      iorf<îuc  lijuOê  .par  ic  icv  mfquts  â 

irne  déroute  ui^ii ve^felle  ^  il  raut  même 

ïjire  l\>n.{e  ptfK  d'habits  &  de  noufr 

rrtore  ,  2^  de  les  fournir  k  (â  &* 

jnflle^ 

Je  ne  permets  al  pcrfottnc  cPétrc  feir 
pon,  mais  je  penpets  à  qn  fripon  dé 
30uer  nu  grand  jeu  :  je  ie  défends  ï 
jun  honnête  homme.  C'eft  une  trop 
grande  ptïerilité^  <jac  4C'S^3cpofer  j 
une  grande  pcije. 

*  Il  nV  ?  Qu'une ar^iârion  qui  da- 
ïc,  qui  eîl  celle  qui  vient  de  lapcitp 
ide  Htsjs  ;  1^  tetps  qui  adoucit  toutes 
les  antres  aigrit  ccMc-cu  Ifcius  fen- 
jtons  i  tous  motnens  pendant  le  couiS 
jde  notre  vie ,  m  le  bien  que  noas 
sivons  perdu ,  nous  maqqiie* 

'  T  II  fait  bon  avec  irehii  qui  ne  & 
ïcrt  pas  de  fen  bien  à  marier  fés  SI* 
t^es,  a  payer  fes  dettes,  ou  zBdrc  dcç 
contrats ,  pourvu  que  l'on  ne  foit^i 
jfes  enfans^  ni  fa  femme, 

*  Ni  les  troubles  ,  ZfMlji^  qui 
jagitcnt  votre  empire  ,  ni  la  guttit 
*^ae  voip  foûfcnçz  virifcmcnt  Itontit 


9V   L«S  MoSmiS  BB  CE  SiECiS.    ^)9 

£0ht  Nation  puîflàntc  depuis  la  mort    ^V!^ 
xlu  Roi  votre  époux ,  ne  ditnioaenrt 
^ien  de  votre  magnificence  ::  vous 
Mvcz  préféré  à  toute   aotre  contrée 
4es  rives  de  lïuphrate  pour  y 'élever 
.'un  fupcrbe  'édifice  ,  l'air  y  cft  lâin 
te  tempéré  ,  la  fit  nation  en  efi:  rian^ 
4e  ,  un  bois  facré  Tombra^e  du  coté 
du  Couchant,  les  Dieux  de  Syrie  qui 
fiabîtent  q\^elqu^ois  laterre  n'^  au» 
j^oicnt  pu  choifir  une  plus  belle  de- 
mineure  :  la  campagne  autour  eft  cou* 
verte  d'hommes  qui  taillent  Se  qm 
-coupent ,  qui  vont  &  qui  viennent; 
jqui  roulent  ou  qui  cfaarient  le  bois 
-du  Liban ,  l'airain  Se  le  porpliyre  :  les 
grues  $C  les  machines  gémifiem:  dans 
l'air  9  Se   font   efperer   à    ceux  qm 
voyagent  vers  TArâbie  ,  de  revoir  i 
leur  retour  en  leurs  foyers  ce  Palais 
Achevé,  Se  dans  cette  fplendeur  oii  vous 
defirez  de  le  porter ,  avant  de  Thabi- 
-tcr  vous  8c  ies  Princes  vos  enfiins, 
N'y  épargnez  rien ,  grande  Reine  : 
xinployez-y  l'or  8c  tout  Part  des  plus 
iexcellens  ouvriers  :  que  les  Phidias 
£c  les   Zeuxis  de    votre  fiecle  dé- 
ploycQt  tooiip  leur  fcience  fur  vos 

P  %  pla* 


)4^      'bBS    CARACTSkEft  « 

t>i^       plafonds  Se  fur  vos  lambris  :  tfacexf 

®'.*i"       y  ^^  vaftcà  &  de  délicieux  jardins  ^ 

T  y  N I.  '    ^^'^  Leochantemeni:  foit  tel.  qu'ils  ne 

.     paroiflènt  pas  faits  de  la  m^in  de$ 

iiotnmes  :  épui(èz  vos  treibrs  &  vof 

tre  induftrie  fur  cet  ouvrage  încom'r 

parable  ;  Se  après  que  vous  y  aure^; 

mis  ,  Zenobie  ^  h  dernière'  main  ; 

quelqu'un  de  ces  paAres  qui  habitent 

les  fables  voifins  de  Palmure  ,  deve^ 

nu  riche  par  les  péages  de  vos  rivic*- 

res  9  achètera  un  jour  à  deniei*s  compr 

tans  cette   Royale  Maifon  ,   pour 

)  embelh'r,i&:  la  rendra  plus  digne  de 

lui ,  &  de  ia  fortune, 

"^  Ce  Palais  ,  ces  ii^eubles  ,  ces 
jardins  ^  ces  belles  e^ux  vpus  /r^r 
chantent ,  &  vous  font  rieçriçr  d'unç 
première  vùjé  fur  une  maifon  (i  dc« 
licieufe^âc  fur  Pe|[trên)e  bonheur  di| 
maître  qui  la  poflède.  Il  n'eit  plus  » 
il  n'en  a  pas  joiîi  fî  agréablement 
ni  fi  tranquillement  que  vous  :  il 
n^y  a  jamais  eu  un  jour  fêrein ,  ni 
une  nuit  tranquille  ;  il  s'efl:  noyc  de 
jettes  pour  la  porter  à  ce  degré  dc 
beauté'  oîi  elle  vous  ravit  :  fes  créanr 
«cfs  J'.en  qnt.  çbafljÊ?  ;  ij  a  fipuroé 


I 


h  tête  /&  il  Ta  regardée  de  lofn    Cha^ 
une  dernière  fois  j  &  il  eft  flûort  de       V  <• 
£ii£ilëmentr 

-  *  L'oii  ne  (àuroit  s'empeGhcr  dé 
Voir  dans  certaines  (àmilles  ce  qvCon 
appelle  les  caprices  du  hazard  ou  led^ 
jeux  de  la  fortuM  :  il  y  a  cent  ans 
^u'on  ne  parloit  poiitt  de  ces  fàmil* 
les  ,  qu'elles  n'étoicnt  point.  Le 
Ciel  tout  d'un  eo^p  s'ouvre  en  leuf 
faveur  :  les  biens ,'  le»  hotoneûrs ,  le» 
digniéez  fondent  fur  elles  à  plQfîeUt^s^ 
repri(ès ,  elles  nagent  dans  la  profpe^ 
24té.  Eumolpe  l'un  de  ces  hommeS' 
qui  n'ont  point  de  grands-pefes,  a  ed 
un  père  du  moins  qui  sVtoit  élevé  fl 
liaut  »  que  tout  ce  qu'il  a  pu  fouhai*' 
ter  pendant  le  cpursd'une  longue  vie^^ 
c'a  été  de  l'atteindre ,&  il  l'a  atteint.  * 
Etoit-ce  dans  ce^  deux  perfonnager 
Àninence  d'erprit,  pro/onde  capactr^ 
té  y  étoit-ce  les  conjonâiure^  tf  La-  for-*' 
tune  enfin  ne  leur  rit  plus  y  elle  fc- 
jôuë  ailleurs  »  Se  traite  leur  poilerité 
oomme  kurs  ancêtres.    ^ 

^  La  cau(è  la  plus  immédiate  de  la^ 
iliine  &  de  la  déroute  des  perfbnned' 
Jes  deux  conditions ,  delà  robe  Se  dc^ 
\  ^  P  3  répée^ 


'J49      ter  C/fiÇAcrtK^f 
B?£*  \    ï'ép<e,,çfl?  que  Péai  fcul  ,  &  non  lè{ 

T  vHi.  ^  Si  vous  n'avez  rien^  oublia  poiu^ 

^  l^)i:fç  fortune,  queltmvail  !  Si  vous^' 

%vez  néglige  Ift^  moiodK  ohoCc,  (yieL 
sepentir  t 

.  *  Gitên  f^  le  teim  frais ,  le  vilâ^ 
plein  ^  les  jpuës  pendantes ,  l'œil  6m 
4t  afluré  9  le»  ^pauks  larges ,  l'efto^. 
^fitc  haut  9  }a  démarche  femiie  &  dé-* 
libérée  :,  il.  parle  avec  confiance  ,  il. 
6it  repeirf  celui  qui  l'entretient ,  &. 
ii  ne  goufte  que  médiocrement  tout 
oe  qu'il  lui  dit  lil  déployé  un  ample^ 
mouchoir,  &  ie  mouche  avec  grandi 
%ruit>  :  il  craohe  ibre  loin,  &  il  éter^* 
wië^  font  baui  :  ii  dei^  le  jour  ^  il  dort; 
\s^  nuit ,  ô(.  pmjfandéaaçnt ,.  il  ronfla 
ej\  €xn9tp9gtue;.  tl'  oqcufc  à  ubk  Se 
à;  la  promeaada  plu^  de.  place  qu^un» 
autre,  il  tient  le.  milieu^ en  fe  prome*. 
isant  avec  iea  épux ,  il  s'arrête  &  PoOf 
«''arrête  ^il  çominuë  de  marcher  & 
Jgqa  JH wl*|, ,  tous  fe  regknt  fur  \m  :; 
^  ii  interrompt ,  il:  redrcflà  cpux  qui/ 
^t  h  parole  r  on  ne  l'interrompt  pas , 
cm  l'écoute  au/fî  long^tem»  qu^  veu^v 
yyrler  ^  oa  cflL  defon  :i^vi«^  pu  (roîL 
.  u  le* 


rà  L^  MoËù?;$  DE  en  ÉncvE.  i4i 

les  nouvelles  qu'il  debiçe.  Ç'iJ  s'af*    ^^^f  ^' 
iÇcd ,  vpos  k  rayez  s'enfoncer  dami 
itn  éuteuil  ^  croiièr  les  jambes  Vum 
fur  Tautrc  •  froncer  le  fourciî  »  abaîA 
i^r  (on  chapeau /y  r  fes  yeux  p6ur  na 
irolr  perfoone  f  CI9  le  -relever  enfiiittf 
&  découvrir  Ion  frooc  p^r  fiefté  £e 
par  audace.    11   c&  enjoué  »  grand 
ificur ,  impatient  ^  pi^éiomptoeux  ^ 
colefe  y.  libertin ,  politique  ^  myfbe<4 
tkux  fur  les  af&ire^  du  ttms  :  il  fa 
croit  des  taleoi  &  de  l'écrit  :  il  ed 
riche.        .....  .     ^^ 

Jib^^  a  ks  yeicnt  crtujt  »  k  tcîi^ 
^hauffë ,  k  corps  f^c  &  le  vifagemaiu 
gre  :  il  doi't  peu  &  d'an  icmmcil 
fort  léger  :  il  efb  ab%aît^  rêveur^  So 
i3  a  avec  de  l'efprit  l'air  d'un  ftupide  i 
il.  oublie  de  dire  ce  qu'il  fait ,  ou  an 
|>a^kr^d'évenemens  qui  lui  font  (xm^ 
DUS  y  &  s'il  k  iBiit  quclqueib^  ,  il 
a'cn  tire  Qial  ,  il  croit  pefer  à  ceux  U 
qui  il  park ,  jâ  .conce  brièvement  ; 
99ais  froidement^  il  ne  fe  fait  pas 
écouter ,  il  ne  &it  point  rire  r  il  ap-» 
plaudit ,  if  fourit  à  ce  qbe  les  autres 
lui  difent  »  ilefl  de  leur  avis,  ilcourt, 
îl  yofe  pour  kur  xeodre  de  petits^ei^ 


^VHI. 


^44       tl^   dÀHACTBltÉ^ 

Dfi  '  TÎccs  :  3  éft  cottiplailârtt ,  flattçul^^ 
*  ^  »ï^  »  emprcflc  :  il  cft  m^fferiéUSt  fur  (esf 
^^  °  **  afTaircs  ,  quelquefois"  chentdït ,  il  cft 
Aiperfticieiix  ,- ferii^uTeux ^  timide :îl 
marche  ;douc<^menÈ  &  légèrement ,  Û 
femble  ct^tndrc  de  fouler  h  tferre  r  il 
marche  les  yeux  baKTez  -,  &  il  n'ofê 
les  lever  fur  çeu^  qui'paflènt.  Il  tfeil 
jamais  dv  nombre  de  ceux  qui  fof^ 
ment  nrt  cercle  polir  dîfcourir ,  il  fe' 
met  derricit  celui  qui^patle ,  recueH- 
fe  iurrivement  ce  qi^i  1^  dit ,  &  ilfe 
retire  fi  on  le  regarde.  11  n'occujfe 
poim  de  Kea  ,  û  ne  tient  point  de 
place  ,  il  va  les  épaules  ferrées  ,  le 
chapeau  abalCéfuf  fcs  yeux  pour 
û'etne  point  Vu  ,  il  fc  replie  &  fc 
renfèrnie  dans  (c>t\  manteau  :  ri  n -y  X 
point  de  ruës  ni  de-  gatlenes  fî  em- 
barafn^s  ôc  fî  remplies  de  monde  , 
où  ii  ne  trouve  moyeir  de  paflèf" 
6ns  eflort  ,  &  dd  fe  couler  fans 
être  appcrçiî.  Si  on  te  prie  de  s'afr 
fcoir  V  H  fc  met  à  peine  fur  le  bord 
dhinfiege  :  rlpirle  bas  dans  Ta  con» 
yerfatioa,  &  il  articule  mal  :  libre 
ucanmoins  fur  les  af&im  publiques  ,^ 
ch^rin  contre  le  fiecle  ^  mediocit*^ 


OIT  LES  MdEURS  DE  CK  SlICLE.  ^4$ 

tnent  provenu  des  MiniAres  8c  du  Chay; 
Miniftcre.  11  n'ouvre  la  bouche  que  VI», 
pour  répondre  :  il  touflc ,  il  fe  mou- 
che fous  foQ  chapeau  ,  il  cradie 
prefque  fur  foi  ,  Se  il  attend  qu*il 
Toit  fcul  pour  étermicr  ,  ou  G  cela 
lui  arrive  «  c'eft  à  t'infû  de  la  com- 
pagnie ,  il  n'en  coûte  à-perfonne  ni 
£duc ,  ni' compliment  :  il  eft  pauvre. 


Vf  CHA. 


3r4<S'     Lb$     CAB.A.CTSJLS» 


CBA  P  l'EBLE    YÏL 


*«r*  ¥  '^^  ^^*^»«  à^Psuris  (ans  fc  pari. 
Xi4Jcr  coHimc  un,  rendezrvous  pu^ 
blic,  mais  fort  exaâ,,  tous- les  fbirs  ^^ 
au'Cours  ott- aux.Tùillerîes  ,  pour  fc 
icgarder  au  vif^ç  8c  fe  déÊipprouvcsr 
les  uns  les  autres. 

LTon  ne  peut  fe  pa(Ic^  de  ce  mêmCL 
monde  que  l'on  n^àtou^  pomt ,  âc  dont 
HiM  fe  moque. 

L*oii  s'attend  ati^  pefl^  técipro^ 
qvement  dans  un»  fM^omrngide  publi«- 
que,  Pôn  y^fNiâc  en^  r«vûë  l'un  de- 
vant  Fàutre  r  domile  ,  chevaux  ,  li^» 
vrces  »,annoines  ,*tien  n'^sq^e  aux^ 
]Feuie:,^tout  eft  curteufêmem  oumali^ 
;nement,obièrvé;  dc  félon  le  plus  oit> 

moÎQs^e  l'équipage ,  ou^'onre/pcc* 
tie  fes  per/ûnncs-,  ou.on^  les  dédaigne. 

*  Tout  le  monde  conneît  cettcr 
M  longue  leviée  qiii  borne  &  qui  rcA 

ftne 

^é^yLc  fAshomg^Êi  la 


VIL 


tft  ttS  MotORS  t>%  CE  SlEdtE.    747 

fe lit  de  h  Sdnc,  dû  qôfié  où«Hc    C»  ^  i^ 
ettre  k^  Paris  avec  la  Marne  q]|i'eU& 
xôcnt  (fe  rcobvoÎF  :  les  hommes  s^ 
insgnenc  au  pied  pendant  lescfaaleui'Sf 
de  kr  canicule ,  on  Its  voit  de  forti 
près  fe  jetter  dans  l'eau ,  eu  ks'  etn 
y^mt  (ortit ,  c'efi:   un  amufenent  > 
quand  celle  ûlKqb,  n'eft  pas  venue , 
tes  fenHnes  de  k  ville  ne  s'y  pome-i 
lient  pas<  encore  ;  Se  quand  elle  elb^ 
pftflec,  dileant  s'y  pn>nienentplut«    > 
'*  Dans»  ces^  lieux  d?uii:  concours^ 
gemral ,  où  les.  femmes  (è  raflèmblentli 
pour  montrer  une  belle  étoffe ,  £& 
pour  recueilli]?  lefruit  de  leur  totlet*^ 
te,  on  ne.fè  piiomene  pai^  avec  uncr 
compagne  par  k  neocffité  de  k  cofi-i 
iierfatioD ,.  on  fè  joint  enfemble  poûi* 
fe  raffiirer  liir  le  dbcâcrc ,  s'SàpprivoH 
fer  avec  le  pubhc ,  &  fe  nfktmip 
oooere   k  optique  :  c*efb  là  précifô-^ 
mentqu'Qniè  parle  fans  fe  riep  dire  ^ 
eoKpKit&t  qu'on  parle  pour  kt  pûC* 
Ami  i  pour  ceux^  même  en  faveur  dd^ 
qm  l'on  himifefe  voix ,  l'on^gdliciik 
et  Pon  badine ,  Pbn:pa^che  hegligem-  - 
ment  k  tête ,  l\>n  pa^  Se  Pon  repaflè. 
*  La  Vilk.  eft  partagée  en  divcriès^ 

P  6  pcti- 


3'4fr  I^E^  Caractères 
Bt  Là:r  petites  Républiques  ,  qui  ont  Icur^ 
Vi*ii-  loix  ,  leurs  afagcs,  leur  jargon  &» 
leurs  mois  pour  rii?c  :•  tant  que  eet 
»flèmhlage  eft  dans  iâ  force  ,  &  qoe: 
Pentêtement  iufaïîfte ,  l'on  ne  trouve* 
lien  de  bieç  dit  ou  de  bien  fait,  qiie* 
ce  qui  part  des  fiens ,  &  Ton  eft  iiK- 
capable  de  goûter  ce  qui  iFÎent  d'ail- 
leurs :  cela  ta  juiqiies  aur  mépm 
pour  les  gens  qur  ne  font  pas  inidâS' 
dan^  leurs  myftere?.  L^bomme  du; 
moodc  d'un  meilleur  e%rit ,  que  fe 
bazard  a^  porté  au^  milieu  d'eujc^,  leur 
eft  étranger,  li^fc  trouve  là  comme 
dans  un  païs  JointaMi,  dont  il  ne  co» 
aoit  ni  les  routes ,  ni  1»  kngue ,  tm 
les  metoRi  ^  nr  hr  coutume  :  il  voit' 
nn  peuple  qui  cauiè  ,  bourdoime  y 
parle  à  l'breiUe  ,  éclate  de  rire  ,  fie 
qui  retombe  eiifuite  dans  un  morne 
ulence  :  il  y  perd  ibn  maintien  /ne 
trouve  pas  où  placer  un  feui  mot,  &' 
n^a  pas  inême;de  quoi  écouter.  Il  ne« 
manque  jansais  là  un^  mauvais  piai*: 
ian;  qui  domine  ^&  qur  eft  comme - 
le  héros  de  fe  focieté  :  ^lui-ci  s*cflr^ 
chargé  de  la  joye  des  autres  ,  &  iait: 
toujours  rjre  avant  quÈ  d'âvQiir  parlé. 
$î  quelquefois  une  femme  iwvienc 


ou  LU  MOEUILS  DB  CB  Snthï.  f4^ 

^pn  n^eft  point  de  leurs  plaifîrs ,  f*  Cn  ai* 
bande  joyçufe  ne  peut  comprendre  ^  VX  !• 
qu'elle  ne  feche  point  rhe  des  chofeaf 
qu'elle  n'entend  point  ,  &  paroiffif 
infènfible  à  des  fàdaifcs  qa'ih  n^ncen^ 
dent  eux-mêmes  que  parce  qu'ils  le^ 
ant  Êrites::  ik  ne  kti  pattlonnent  ni  fort 
ton  de  voxx  ^  ni  fcn  fîlehee ,  ni  (3 
taille  ,  ni  Gm  vifaga  /  tii  ibn  habille^ 
ment,  ni  fbn  entrée ,  ni  k  maniéré 
donc  elle  eft  fortio.  Deux  atiiféès  ce-^» 
pendant' ne  pafiènt  point  fur  une  mê^ 
me  cûîterie.  Il  y  a  tcjujour^dès  ï^ 
première  année  des  feâ^nccs  de  divi-^ 
£oiT  pour  rompre  daifô  cetle  qui  doit 
iuivre.  L'imerêt  de  là  beauté  ,  les 
incidens  da  jeu  ,  l'extravagance  desr 
i^epas  ,  qur^  modeftes  au  commeitce'^ 
ment  dégenererit  bieâ-rôt  eil  pyrami*^ 
des  de  viandes  &  en  bftnqtaets  fbmp* 
tueux  ,  dérangent  la  Republique ,  S& 
hii  porteadenfin  le  coup  mortel  :  il  • 
i^eft  en  fort  ]âu:  de  tems-  non  plutf 
parlé  de  cette  Nation  que  dès  mou^ 
cAes  de  l'amiée  pafTëe.*  ^  . 
'  ^  11  y  a  dans  la  ville  {h)  h  grtodeêC 

'  (h)Lts QïBcJcrs ^Ics Confcillcrs ;. Tes Av9^ 
caitf  &  kl  Brociucttn;  .. 

.      /  P  7 


t^t  L  A  k  pctkb  robe  ^  &  la  premicrtf  fe  vem 
Vi>&«r  ge  fur  l'autre  de9  dédains  de  bCoor^ 
fie  des  petites  humiUadoor  qii'cUe  f 
cfluye  ;;  de  &vK>tf  ^ikIs  £biit  leun  li^ 
mices  ,;où  la;  giande  finit^  &  m  bF 
petite  commence^ ,  ce  n'eft  pas  tu» 
«hoie  facile»  U  fc  ttanvc  même  in» 

■ 

€x>rps  coofîderable  qui  refiiiè  d'êttc 
du  fécond  ordi^ ,  &  à  qui  Pbn  coii4 
tefte  le  pxtmier  :  il  ne  fe  xcnd  p» 
néanmoins  ^  il  cheiche  au  contraiie 
par  la  gQivité&  paria  d^penie  à.  sV« 
galer  à  la  Magiftrature  ,  on  ne  Itsk 
cède  qii?avec  peine  :  cMi-rentend  dira 
que  là  noblei^de  foa  emjdoi,  l'index 
pcndafiee  de  fk  profèfficm ,  le  takns 
de  la  parok  »  &  lé  mérite  peifennel 
balancent  aa  moiiis  les  iàcs  de  miller 
francs  que  le  filt  du  FurtiÊm  ou  du 
Banquier  a.  fû  payen  pour  (on  CHm 
ficc. 

*  Vou$  Qsoquez^  trous::  de  leveii 
tn  carofie  »  ou  peut^^âre  de  ik>us  yi 
seppfçr  >  rkf^^Tcnafmrt  H  va,  o» 
vos  papiers ,  liiez ,  ne  &ltieE  qu^ 
peji^  ces  gpis  qui  paâcnr  dans  leur 
équipage  :  ils  vous  en  croiront  plas< 
occupé  ,  ils  diront ,  cet  homme  eft 
:ieux^  in&tigaUç  ^  il  ]4^  il  tne 

vaille 


ou  i£$  Moeurs  dh  ce  Sitcxe.  j  yv 

iraîlle  jufqucs  daps  les  rues  ou  fur  la   C»  a^4( 
route  rapprenez  du  naoindi^e  Avocat      ^^  ^ 
qu'il  faut  paroicre  accablé  cl'afIàircS|^ 
froncer  le   fourcil,&  rêver  à  ricRi 
ti'ès- profondément  ^  fàvoirà  propos^ 
perdre  le  boire  &  le  manger ,  ne  ùki^^ 
te  qa^apparoir  dans  fa  maifbn-,  sVva?« 
nouïr  &  fè  perdre  comme  un  fantôme 
dans  le  (ombre  de  fbn  cabinet ,-  fe  ca- 
cher  au  public  ,  évitex.  le  thcfâtre ,  le 
liiiiièr  à  ceux  qui  ne  counent  atK:u|k' 
rifque  à  s'y  montrer  ^  qui  en  ont  ^ 
pciiie  le  loiflr ,  aux  Gomo  n^  ,  au^- 

I^U.HA.Ai6l.S. 

*  Il  y  a  un  certain  nombre  de  jeu**. 
nés  Magiârats  que  les  grands  biens^ 
Se  les  plaiH»  ont  aflbciez  à  quelques-»; 
uns  dec-euxqu*on  nomme  a  la  Cou^ 
de  petits  UaUr^s:  ïh  les;  imicenr,  ilsi 
fc  tiennent  fort  au  dcûus  de  U  gravi^i 
té  de  la  n)be  ,  &  fe  croyent  di(peniès>: 
jgm^  leurâgp  &  pai:^  leur  fortune  d'être. 
iâg^  &  modérez.  1U>  prennent  de  l^ 
Cour  «  qji'el  le  ai  de  pic ,  iisrs'appro*; 
]^4ontla-vani^^la  molefiè,  rintem*^ 
péranqe^  le  libertina^ ,  cooune  % 
tous^ces  vices  leur  étoient  dûs  ;  &  afi 
fcâant  ainli  un  caraéterc  éloigné  de: 
aluiq[]i?ikLbnt  à  foûtenir  ^  ils  devien-^ 

•     hcnt^ 


i^fi    tis  CÀiAcf EâÉs 

Dit  A   lîcnt  enfin  fclon  leurs  foùhaîts   de* 
y.ifoi.     copies  fidèles  de  très^^méchans  ori^ 

♦  l3tth3tAmtàe'&6tkkhlriire'; 
te  le  mêttté  à  la  Cour  ,  ce  font  deu^ 
hommes.  Revenvchez  foi  il  reprend 
&s  moeurs  ,  &  taille  St  fon  vifàgc 
qu'il  y  avoît  laifièz  :  it  n'efr  phis  ni  Q 
embarfafië ,  ni  fi  honnête. 

♦  Les  Criffins  fe  côttiferit  8t  tzf^ 
ifembleht  dans  leur  fkniille  jufques  \ 
fix  chcvaux^  pcAir  allonger  un  équi* 
^ge  ,  qui  avec  on"  eflain  de  gqis  de 
livrées  où  ils  ont  fourni  chacun  leur 
part  ,  les  fait  triomphtr  au  Cours 
oti  à  Vincennes  ,  8k  aîler  de  pair 
-^ec  les  notivellerihariées' ,  afvecjii- 
fon  quî  le  ruine  ,  &  avec  -  Thtâfon 

2ui  vent  &  mkrier  ,  &  qui  a  con* 

♦  J'entends  dire  des  Sànfàms  m&! 
ittc  nom  ,  mêmes  artoes  j  h  branche 
àÎTïic  ,  la  branche  cadette  ,  tes  cadets 
de  la  féconde  branche  ;  ceux-là  por- 
tent les  armes  pleines, ceux-ci br&nt 
d'un  lambel,  &  les  autres  d'une  bor* 

^  duiC 

(e)  Dèpofé  Con  argent  a«  Trcibr  fablis 
ipbur  une  grande  Chargt.       •  -  -      *  '  ^* 


f 

iSû  £es  Moeurs  Di  ci  Siicit.  ^^i 
tfûrc  dentclifc.  Ils  ôiit  avec  k*  C  h  a'^ 
&OUÏIB0N.S  fur  imc  même  cou*-  ^^^ 
leur  ,  un  même  métail* ,  ïit  portctitf 
Comtxie  coi  àtvtut  &  urie  :  ce  rie  fonf 
pas  dés  Fleurs  de*  lys  ,  triais  ils  s* tri 
confôlcût ,  {)eut.  ôre  dans  leur  cœur* 
trouvént-ils  leurs  pfcces  auffi  honora- 
bles ,  &  ih  les  ont  comiDunes  atecf. 
de  grands  Seigneurs'  qui  eh  font  con^ 
tcns. .  On  Tes  voit  fuf  les  Iferes  &  fur* 
les  vitrages  i  fur  la  porte  de  leur  ehâr-J^ 
teau ,  fut  le  pilîiier  de  leur  Kaotc  Ju& 
£fce,  oi^iis  viennent!  de  faire  pendre? 
un  botnine  qui  ihèrîtbit  le  bannîfle« 
fnent  :  elles  s'offrent  aux  yeux  ée 
toutes  parts ,  elfes  foilt  fut  les  meiè-' 
bles  &  fur  les  ferrures ,  elles  font  fê- 
ftirfçs  fur  les  cafoflês  rieurs  livrées  W 
d'eshôrifbfènt  pojnr  Iciirs  armoiries^  Jcf 
dirois  volontiers  aux  Saiinionsf,  votre 
folie  cff  prématurée  ,  iîtet?de:t'  dif 
moins  que  le  fîeele  s'acHeve  for  votre? 
l^cc  :  ceux-  qufont  Vu*  votre  grande 
père ,  qui  lui  ont  parlé  ,  font  vieux ^ 
&  oc  (auroient  plus  vt^re  long- tems: 
qui  poiirra^  dire  coiilnie  ettx  y  là  it 
^taloit  &  veridoit  très-cher.  '^ 

Les  Sannions  &  les  Crifpins  vcu^ 
encore* davantage  que  Ton  difil 

d'eu» 


1(4  Les  Cakactekes 
piiA  d'cuxqu'ilsfortt une  grande dépcûfei 
^^^>*'  qu'ils  n^aimcnt  à  la  faire  :,ils  font  un 
rcck  long  &  ennuyeux  d'un0fete.  ou 
d'un  repas  qu'ils  ont  donne ,  ils  di- 
fenc  Targent  qu*ib  ont  perdu  au  )eu  » 
£c  ils  plaignent  fort  haut  celui  qu'ils^ 
n'ont  pas  ibngé  à  perdre.  Ils  parlent 
krgon  âc  myfkre  iiir  de  certaine» 
ranmes  ,  ils  ont  réciproquement  cent 
€hofes  plaifantes  â  fe  f9ntâr  ^  ils  ont 
fait  défauts  pcM  des  decowertef  ^  ils  (è 
IKiÛCBt  les*  uns  au^  auots  qu'ils  fonr 
gens  à  belles  avamuxes.  L^un  d'eux 
[uis'efl  couché  tard  ila  caxnpagnâ, 
qui  voudroit  dormir  »  fè  levé  ma* 
tin ,  chaufle  des  guêtres ,  cndo{&  un 
^bit  de  toile  ^.  paiOè  un  cordon  où 
pend  le  fourniment ,  renoue  fcs  c1iè-f 
Teux ,  prend  un  fu£l  ^  le  v(»Ià  cluf* 
fèur  s^l  tiroit  bien  :  il  revientde  nuic" 
ixiouiUîe  Se  recru  &ns  avoir  tué  :  il  xc« 
Courue  à  la  chaflê  le  lendemain  ,  &  il 
j^ilè  touc  le  jour  ^manquer  des  gri-^ 
yes  ou  des  perdrix. 

Vn  autre  avec  quelques  mauvais 
fhiens  auroit  envie  de  dire,  màmeur^ 
u  ^  it  fait  un  rendez- vous  de  cbafiè  y 
a  s'y  trouve ,  il  efl  au  l^iflèr  courre, 
îi  entre  dans  le  (oit,  fèmcle  avec 


le 


^Cr  tES  MoEtfks  DH  CB  SiECtE'.  j V  ç^' 

^rs  prqueurs,  il  a  un  cor.  Il  ne  die"    CwA^i 
pas   comme  Mefialippe  ,  4i-j>  rf«  //^i-       Y ^^    ^^ 
JfV  ?  il  croit  en  avoir  ,  il  oublie  loij^ 
Se  procédure  ,  c'eft  u»  Hippolyte  : 
MenMdr€  qui  le  vit  hier  fur  un  pro-: 
ces  qui  eft  en  Tes  mains  ,  ne  recon- 
jAoitroic  pas  aujourd'hur  ^n  Rappor- 
Kur  :.  le  vo^2-vou^  le  lendemain  à  iài' 
cHambre»  où  Ton  va  juger  une  cau& 
grave  &  capitale ,  il  îfe  fait  entourée' 
de  fês  cèn&erés^  ijb  leur  raconte  com-^ 
«Qc  il  n'a-  point  perdu  le  cerf  de  meu- 
te 9  comme  ii  s'efi:  étouffé  de  crier  aprèi^ 
Hfis  chiens  qui*  étoient  en  défaut  ôu^' 
aprè^  ceuxdes  cfaaflèuns  qui  prenoienti 
\^  change ,  qm'il  a  vu  domiier  les  ^ 
#bîe&s  'y  Pbeuce  ,pr£ilè  ^  il  achevé  d§ 
kujc.  parler  des  abois  &<le  la  curée ,  &^ 
là  court  s'a&oir  avec  ks  autres  pouç 

*  Quel  dk  r^arement  à»  ceisrain^ 
particuliers,  qui  riches  du  négoce  de 
îeuES  peres^  dont  ils;  viennent  de  re* 
weillir  la  &cce£Soa,  fe  moutêoç  fur. 
les  Princes  pour  leur  garderobe  fiC 
pour  kur^uipage ,  excitent  par  unt^ 
dépenfe  exceffive&  par  un  fafte  ridi-^ 
cule,  ks  traits  $c  lia  raillerie  de  tqut<;r 
vne  viïk  qu'ils  çroycnt;  çblauïj  ^  Ôq 


^$6     Les  CÀKÀctEKii 
.  Db  I  il  (c  tmûcrk  àitifî  à  (è  faire  moquer  âé 

Quelques -uns  tfoiit  pa*  tAêmt  le 
triftc  avantage  de  rîf^adrc  Iciïrs  la- 
Kes  plus  loinf  que  Te  quartier  où  iU 
habitent  ,'c*eff  le  fcul  théâtre  de  leur 
va^it^.  L'on  ne  fait  point  dans  rifle 
^VL^ André  brille  au  Manâs  ,  &  qu'il 
y  diffîpe  fon  patricnbine  :  du"  moins* 
iPi\  étoit  connvi  diiis  toute  la  Ville  & 
dans  fe^  Fauxbourgs,  il  feroit  diASd-^ 
le  qu*eâtre  un*  fi  grand  non^rc  de 
Citoyens  qui  ne  lavent  pas  tousjuge^ 
iaiifiement  dé  toutes  cfabfès,  il  ne  s'en 
trouvât  qiicrqtf  un  qui  diroît  de  lui  y 
S  eft  magnifique  ,  Sc?  qui  lui  ticndroJC 
cotnpte  des  i^gals  qu'il  fait  à  Xdmi 
et  à  Ari/lon ,  &  des  fêtes  qu*il  dpnae 
i  BUmre  :  niais'  il  fe  fUine  oblcuré' 
jnent.  Ce  n'cfl  qu'en  faveur  de  deux 
ou  trois  perfcMines  qui  nb  l'efliment 
f  oint ,  qu'il  court  a  l'indigence  j  & 
qu'aujoifVd'hui  en  caitoflè  ,  il  n'aum 
^as  dans  ûx  mois  le  moyen  à'sdkr  k 
-     pied.  * 

*  Ndrcijfe  fe  levé  te  matm  pour  fil 
Coucher  le  foir,  il  a*  fes  heures  de  toi« 
fette  comme  une  femme ,  il.  va  tous 
les  jours  fore  r^ulieiemeitt  à  kf  hàk 


ou  ICS  Mo£UllS>DE  CB    SlCCtl.    }  $7 

Mefiè  ay^  Fcuijls^  oa  aux  Mini-  ^A^^ 
mes  :  il  eft  homme  d'un  bpn  conu»  ^  ^^* 
inei'çe,&  Poncomptje  fur  lui  a^  quari* 
tierrde  **  pour  un  tiers  pu  pour  uij 
cinquième  à  l'ombre  ou  au  reverds  f 
}à  il  tient  le  fauteuil  quatre  heure^ 
4e  Cuite  chez  4ricie ,  où  il  ri^e  cha* 
que  foir  cinq.jpiftoles.  d^or.  Il  lit 
exaâemcut  la  .Gazette  de  Hollande 
&  le  Mercure  Galant  :  il  a  lu  Berr 
gerac  (  rf  ) ,  des  Marets  (/  ) ,  Lefcl^r 
chc  ,  les  Hiftoriettes  de  Barbin  .  Sf, 
quelques  Re^cueil^  de  pondes.  Il  iç 
promené  avec  des  femmes  ^  la  Plair 
lie  .ou  au  Cours  j  &  il  c^  d'une  poncr 
jualité  religicufe  ûir  les  viCtés.  Il 
fera  demain  ce  qu'il  f^it  aujourd'hui 
&  ce  qu'il  &t  hier  »*  |k  il  meurt 
ainfi  après  avoir  vécu. 

*  Voil^  un  homme  ,  dites- vous  ^' 
que  j'ai  vjû  quelque  part ,  de  fâvoi|? 
où  ,  il  eft  difficile ,  mais  fon  vifàg: 
m^eft  lamilicr.  Il  l'eft  ï  bien  d'au- 
très";  &  je  vais  ,  s'il  fe  peut,  aidejP 
votre 'mémoire  ;  cft-ce  au  BouIevar(| 
fur  i^n  ftrapontin  ^  ou  au:s  Thuillç- 

féi)  Cyrano.   ^      *  ^     .' 


45*     'Le«  Caractères 

'bi  lA  ries  dans  la  grande  #llée.,  oudaste  le 

^  ^"  ••     Balcon  k'  la  Comédie  >  eft-ce  au  Set- 

mon  ,  au  Bal ,  à  ftamboujljet  ?  ou 

pourrici-votts  ne  Pavoir  point  vu  « 

où  tfeft-fl  point  *  S'il  y  a  dans  la 

place  «ne  femcufc  cjcecution ,  ou  ua 

î&u  dcioyc.il  paroît  \  «ne  fencoe 

de  l'Hôttl  de  Vifle  :  fi  l'on  attend 

4ine  magnifique  entrée,  il  a  &  place 

fur  un  échaufl&ut  ;  s'U  fe  fait  un  air- 

ïouzd ,  le  voilà  cntr<f ,  ^  place  fur 

l'amphithéâtre  :  fi  le  ^oi  reçoit  ^ 

Arabaflàdeurs  ,  il  voit  leur  marche, 

jl  affifte  à  leur  audience,  ilcft  cnhayc 

fluand  ils  reviennent  de  leur  audience. 

-Sa  préfcocc  eft  aufli  cficntfclle  aui 

Scrmcns  des  Ligues  Suiflès  .quecd- 

ïc  du  ehancelicr  &  d<»  L»gB«  me- 

jnes.  C'cft  fon  .vifage  que  l'on  v«t 

aux  Almanachs  reprefcnter  le  pcapk 

ou  l'afliftance.    Il  y  a  «ne  châ» 

publique  ,une  sém  mbcrt ,  le  yoi- 

3à  à  Aeval  :  on  parle  d'un  camp  & 

xl'unc  rcvMC.  3  eft  à  ôuillcs,  il  eft 

i  Achetés ,  il  aime  des  troupes  ,^  U 

«ilice ,  la  guerre ,  il  la  voit  de  pro , 

&  iufques  au    Fort  ,dc   Bernardu 

Chanley  fait  les  marches,  Jac- 

jq^^zjL  les  ymps,  Vp  >lBTï  V^ 


VII. 


^  its  Moeurs  db  ce  Siecif.  .)5^ 
lerîc  :  celui-ci  voit ,  il  a  vJcîUi  fomj  C  h  âv^ 
ieHarnpi»  en  voy^ni: ,  il  eft  fpcftateur 
.de  profeffion  ;  il  né  Ait  jpien  de  ce 
qu'un  homme  dedt  ftire ,  il  ne  (ait 
j*icn  de  ce  qu'il  doit  (avoir  ,  mais  il  g 
^û ,  dit-il ,  tout  ce  q^'on  peut  voir  ^ 
il  n'aum  point  regret  de  mourir  : 
quelle  perte  alors  pour  toute  la  Vilfe  f 
^jii  dira  après  lui ,  le  Cours  cift  ferr 
iûé ,  on  ne  s'v  promené  point ,  le 
ijourbicr  de  V  incennçs  eft  dcflciché 
&  releva  ,  on  n*y  vcrfcra  plus  ?  qui 
annoncera  un  concert  \  un  beau  la- 
lut,  un  preftigc  delà  Foire i  qui  vou^ 
lavcnira  que  Beaumaniellc  mourut 
hier ,  que  Rocbois  eft  enrhumée  8c 
ne  chantera  de*  huit  jours  f  qui  con^ 
Âoitra  comme  lui  un  bourgeois  \  fci 
armes  &  à  fès  livrées  >  qui  dira  jSca^ 
fin  porte  des  Fleurs  de  lys  ,  jSc  qui  eii 
icra  piys  édifiée  qui  prononcera  avec 
plus  de  vanité  8c  d*emphafe  le  nom' 
^*une  fîmple  bourgcoifè?  qui. fera 
fiiieu|:fourni  de  vaudevilles  ?  qui  pri^- 
,tera  aux  femmes  les  Annales  galantes  ^ 
àc  le  Journal  amoureux  ?  qui  fauqi 
iComme  lui  chanter  ^  table  tout  uqf 
Dialogue  de  V  opéra  $c  les  fureurs  de 
Roland  dai?s  uqc  ruelle^  enfin  puif^ 

qu'il 


pu  LA  Qu'il  y  a  à  la  ViIlecotnme.^ilkvn<|S 
V  lyh^'     tort  foues  gens, des  geçs  fades,  oififs, 
(lefÔQcupez  ^  qui  pourra  ag[ffi  par&i- 
tcmenc  Içur  convenir? 

"^  TbirAwune  âo^t  riche  ^^voîc 
ilu  mérite ,  il  a  hérite .  il  cSt  donc 
trèssriche  i(,  d'un  t^-ès-gt^nd  mérite: 
voilà  toutes  hs  femmes  en  cam« 
pagne  poyr  l'avoir  pour  galant  »  & 
Xoutcs  les  filles  pour  éfouffur.  U  va 
de  YQaiipns  en  mai(bns  faire  efperer 
9UX  macs  qu'il  ëpoulêra  ^  eft-il  affis» 
çllesiè  retirent  pour  Uitfhr  à  leurs  fil* 
{es  toute  la  libertjé  d'^ecre  aim4>le3  ; 
&  à  Théramene  de  ûir^  fcs  de'cla* 
rations.  Il  tient  ici  contre  \c  Mor« 
tjer  9  là  il  efi&ce  ]e  C^iv^licr  ou  ^ 
Çxentil-hoîQme  :  ^in  jeune  homme 
.  fleuri  ,  vif  ,  ^p}xé  ,  fpiritucl  n'eij: 
pas  fou  hai té  plus  ardemipent  ni  mieux 
reçu  :  on  (e  j'ari^^che  ^$  mains  ,.on 
a  à  peipe  le  loifir  de  fôurire  à  qui  fc 
Ç'ouve  avec  lui  dans  une  même  vifite: 
combien  de  galans  va-t-il  mmre  e^ 
déroute  ?  quels  bons  par-t^s  ne  fcra-;rr 
i}  pas  .ma^nqucr  ?  pourra- t-il  fiArc  à 
int  d' héritières  qui  le  recherchent  i 
,  3c  n'eft  pas  feulement  la  terreur  des 
jB?yi3^  ç'fflt  l'e^ouyepqil  de  im 


i»u  LIS  MecORs  DE  tt  SiEtiLE.  f€m 

kaskK  qui  otK  envie  de  fêtre  ,  &  qm  c«  a»* 
;attendent  d'un  msriage  à  remplir  k  v  I L 
•vuide  de  leur  xonfignacion.  On  do- 
Vroit  profcrire  de  tels  pecfbnnages  fi 
:lieureux  ,  fi  pécuoîeux  d'une  ol^tlle 
bien  pdlicëe .;  oU  condamner  le  fexe 
fous  peine  de  iolie  ou  d'indignité  à 
ne  les  traiter  pas  mieux  ,  que  s'ils 
<n'avùient  que  du  mérite. 
•  *  Paris  pour  l'ordinaire  le  linge  de 
3a  Cour  »  ne  fait  pas  toujours  la  cou* 
«refaire  :  il  ne  f  imite  en  autnine  m^ 
tïicpc  dans  ces  dehors  agréables  & 
^areilans  que  quelques  Courtifàns  £c 
fur  tout  les  femmes  y  ont  naturel» 
icment  pour  un  homme  de  mérite , 
£c  qui  n'a  même  que  du  mérite; 
elles  ne  s'informent  m  de  fes  con- 
trats ai  de  fes  ancêtres  ,  elles  le  troit- 
(irent  à  la  Cour  ,  cela  leur  fuffit  ,  ^ 
elles  le  foufirent  »  elles  Teftiment  t 
/elles  9e  demandent  pas  s'il  eft  venti 
en  chaifè  ou  ï  pied  ,  s^îl  a  une  diar- 
;ge ,  une  terre  ou  un  équipage;  comi» 
me  elles  regorgent  de  train ,  de  fplen- 
deur  &  de  dignitez  ^  elks  fe  delaflènt 
volontiers  avec  la  Philofophie  ou  la 
vertu.  Une  femme  de  Ville  entend- 
elle  le  brouïilèment  d'un  carrofle 
T«m.  J.  Q.  qui 


'<fià,    Ies  Caractères   ^ 

<D  f  L  A  ^ui  9^arrête  à  iâ  porte ,  elle  petiHe  de 
y  hix  I.  ^oût  6c  <le  complaiiànce  pour  qui- 
conque eft  dedstns  fàas  le  connoftre  : 
^mais  fi  elle  a  yô  Jic  fa  fenêtre  un  bd 
•attelage,  beaucoup  de  livrées,  &  que 
plufieur^  rangs  de  clous  pai&itemenc 
âorcz  jl'ayent  éblouie,  quelle  impa- 
tience n'a-t-elle  pas  de  voir  déjà  dans 
fa  chambre  le  Cava^er  ou  le  Magi£. 
trat  !  quelle  diannante  réception  ne 
lui  fera-t  elle  point  .'  oterart  elle  les 
yeux  de  deiUtô  lui  !  11  ^e  perd  rien 
auprès  d'elle ,  on  Im  tient  compte 
'des  doubles  foupantes ,  &  des  refforts 
qui  lefont  rouler  plus  mollement, elle 
J^en  eftime  davantage ,  elle  l'en  aime 
mieux. 

■  *  Cette  'fatuité  de  quelques  fem»- 
«es  de  la  Ville ,  qui  caufe  en  elles 
^ne  mauvaÂfe  imit;ation  de  celles  delà 
Cour,  eft  quelque  chofe  de  pire  que 
4a  grofliereté  des  femmes;  du  peuple , 
*<&  que  la  rufticité  des  villageoifes  : 
<\le  a  fur  toutes  deux  l'afFeâacioç  4p 
-plus. 

*  La  fubtile  invention  de  faire  de 
4nag'nifiques  prefèns  de  noces  qui  ne 
coûtent  rien,  &  qui  doivent  être  ^cnr 
dus  en  efpece  !  . 

*  L^u- 


it)U   LfiS   MoEUItS.  DE  CE  SlECLE.    J^tfj* 

.  *  L'utile  .&  la  louable  pratique.,  de  Cha^ 
perdre  en  frais  de*  noces  le  tiers  de  la  Vï  L 
dot  qu'une  feratpe  appoite  J  de  com- 
mencer par.  s'appauvrir  de  concert 
par  lamas  &  rentaflèmem  dcchofc$ 
fupcrfluës,  &  de  prendre  déjafûr  foir 
fonds  de  quoi  payer  Gaultier  ,  les 
meubles  •&  la  toilette  J 

*  Le  bel  &  le  judicieux  u/âge  ^ 
que  celui  qui  préférant  une  forte 
d'cfFrontcrie^ux  bienféances  &  à  la 
pudeur ,  expo(è  une  femme  d^unc 
ieule  nuit  fur  un  lit  comme  fur  ua' 
xhéâtre ,  pour  y  faire  pendant  quel- 
ques jours  un  ridicule  perfonnage  , 
&.  la  livre  en  cet  >^ctat  à  la  curiofité 
des  gens  de  Tun  Se  de  l'autre  fcxe  ^ 
jqni  connus  ou  inconnus  accourent  de 
xoute  une  ville  à  ce  fpeâ:acle  pendant 
4ju'il.  dure  î  .Que  manque-t-il  à  une 
telle  coutume  pour  êa^e  entièrement 
bizarre  &  incompr^'henfible,  que  d'êr 
tre  lue  dans  quelque  Relation  de  U 
Wingrelie  ?  » 

*  Pénible  coutume,  aflèrviflèment 
incommode  !  fc  chercher  inceflam- 
ment  les  uns  les  autres  avec  l'impa- 
tience de  ne  fe  point  rencontrer  j  ne 
ic  rencontrer  que  pour  /c  dire  .d^s 

(^  z  jricns^ 


9i>4*       Lbs     CARACTBllBi 

D  1  i  A  ricn3 ,  qiic  pour  s'apprendre  recipB^ 
^  quement  des  chofcs  dont  on  eft  egalc^ 

ment  inftrmte  ,  &  donc  i]  importé 
peu  ^ue  Ton  foit  inftruite  ;  n'entrejr 
dans  une  jdijimbre  préci(ànent  que 
pouf  en  (brtir  ;  ne  fortir  d^  cfaex  (ai 
S'après-dînée  que  pour  y  rentrer  Je 
foir ,  fort  fàtisfaite  d'avoir  vu  en  dnq 
petites  heures  trois  Suifles ,  une  femme 
que  Ton  cohnoît  à  peine  ^  Se  une  autue 
ique  Ton  Q^akne  gueres.  Qui  confidcr 
reroit  bien  le  prix  du  tems  ,  Si  com* 
fcien  fa  perte  eft  irréparable,  pîeurerojt 
/imerement  fur  de  fî  grandes  miières. 
.    *  On  s'élève  à  la  Ville  dans  une  in- 
différence groflÇere  des  chofcs  rura»- 
les  Si  chatnpçtres  ;  on  diftingue  i 
peine  la  plante  qui  porte  le  cmnvre 
d'avec  celle  qui  produit  le  lin  ,  &  k 
|>led  froment  dayec  leis  (bigles  ,  SC 
Tua  ou  Pautre  d'avec  le  meteil  ,  os 
ic  contente  de  fe  nourrir  &  de  s'habil- 
ler. Ne  parlez  pas  à  un  grand  nombre 
de  Bourgeois  ni  de  guerets ,  ni  de  bali^ 
rvcau^,  ni  de  provins,  ni  de  regains,  fi 
vous  voulez  être  entendu ,  ces  termes 
•pour  eux  ne  fopt  pas  François  :  par- 
iez aux  uns  d'aunage  ,  de  tarif  ou  de 
fçi  po^r  liyye^  &  aux  autres  de  voyc 
'  .-  d'ap* 


bxr  t«  NioEims  ûE  éB  Sitèit.  jtf y 
tf appel,  de  requête  civîfe  ^  d^ppoîch  ChaV^ 
fetnent  ^  d'évocadon.  Ih  conûoiflènc  VII# 
ié  monde  ,  8c  encoffe  par  ce  qu'ici  a 
4e  moins  I]^u  &  de  moins  fpe'cieux^» 
as  ignorent  ta  nature,  fes  cotnmencc- 
fiiens ,  Tes  progrès ,  fes  doitis  &  fc^ 
hrgtffes  :  leur  ignorance  ibuvent  ef^ 
volontaire  ^  &  fondée  for  l^cffimc 
qu'ils  ont  pour  leur  profeSSon  &  pour 
leurs  talcns»  lï  n'y  a  fi  vil  Prati- 
cien qui  au  fond  de  fon  Aude  fombrâr 
&:  ennimée ,  &  Tefprit  occupa  d'une 
plus  noire  chicane:^  ne  fe  profère  au 
L^dboureqr ,  qui  JDmt:  da  Ciel,  qui 
cultive  la  terre ,  qm'  &me  à  ]^ropos  ^ 
2c  qui  fait  de  picM»  moiilons  :  Se  s'il 
entend  quelquefois  parler  des  premiers 
hommes  ou  és9  Pisbiarcbes:  ^  de  leur 
vie  champêtre  &  de  leur  cecono* 
mie.,  il  s*étonne  qu'on  ^  pu  vivre 
tn  de  tels  cems  ,où  il  n"]^  avoit  encorç 
ni  Offices  ni  Commiffions ,  ni  Prcffi* 
dens  ni  Procureurs  r-il  ne  comprend 
pas  qu^ott  ait  jamais  pu  fe  pailer.  da 
Gre^ ,  du  Parquet  8c  de  la  Buvette. 
*  Les  Empereurs  n'ont  jama^ 
triomphé  à  Rome  fi  mollement ,  ft 
<;ommodifment  ,  ni  fi  fûrement  mê- 
fat  contre  le  yent ,  la  pluyc,  la  pou- 

Q3  drc 


"i*66  r  Les  Caractèives 

YtitnJ*  ^^^  ^  ^^  fokil,  que  le  Bourgeois (âk 
à  Paris  fe  faire  mener  par  toute  la  Vil- 
le.: quelle  diflance  de  cet  ufage  â  h 
mule  de. leurs  ancêtres  !  Ibne  (â- 
Toient  point  encore  fe  priver  du  nc- 
.ceflàire  poiiF  avoir  iefupcrfki  ,  ni 
|>réferer  ie  faâe  aux  çhofes  utiles:  oa 
ne  les  voyoit  point  s'éclairer  avec  des 
bougies  &  (è  chauiTer  à'  un  petit  feu>  : 
la  cire  ctoit  pour  l'Autel  &  pour  le 
l^uvre:  Us  ne  fottbcent 'point  d?uti 
mauvais  dkier  /pour'  monter  dai» 
leur  caroflè^  :  ils  (e  perfuadoient  que 
l'holnme  a  voit  des  jambes  pour  mar- 
cher ,  Se  ils  marchoient.  Ils  fe  con*- 
fcrvoient*  propres  quand  il  feifoit  fec, 
&  dans  uiitems  ^cnhide  ils  gâtoieat 
leur  chaufib're ,  auffi  peu  em^rraflèz 
de.foanchff  Ad'  fxies-8c  les  carte- 
fours  y  que  Te  cbaffeur  de  traveirfer  un 
gueret ,  ou-  le  foldat  de  fe  mouiller 
dans'  une  tranchée  :  on^  n'avbit  pas 
iencore  imaginé  d'atteler  •  deux  hom- 
mes à  une  littiere  :  il  y  avoir  même 
pluAeurs  Magrftrats  qui  ;  alloicnt  à 
pied  à  la  Chambre,  ou  aux  Enquê- 
tes d'auflS  bonne  grâce  qu^Auguftc 
autrefois  alloit  de  fon  pied  au  Ca- 
pitoJe«  L'étain  dans  ce  tems  brillDÎt 

fur 


4.  *• 


ou  lis  Moeurs  m  ce  Siècle.  ^6j 

^r  les  tables  Se  fur  les  bufîcts  ,  com-     ^j^^* 
me  le  fer  &  le  euivrc  dans  les  foyers  v     ^  *  • 
l'argent  &  l'op  étoicnt  dans  les  cof-' 
frcs.  Les  femmes  le  ftifoient  fcrvir 
par  des  femmes  ,  on  met^it  celles-ci 
)u{qu'à  la  cuiflne.  Les  beaux  noms^ 
de  gouverneurs  &  de  gouvernante» 
n'étoient  pas  inconnus  à  nos  pères  \^ 
iis  iàvoient  à  qui  Pon  confioit  les  en« 
&ns  des  Rois  &  des  plus  grands  Prin<' 
ees  :  mais  ils*  partageoient  le  fervico 
de  leurs  domcftiques  avec  leurs-  en-         ^  ,. 
&n8!  ,<  contins-  de*  veiller,  eux-mêmes 
immédiatement  à  leur  éducation.  ïtê 
comptoient  en   toutes    chofes  avec 
eux-mêmes  :  leur  dépenfe  ëtoit  pro-^ 
f  ôrtionnée  à  leur  récette  :  leurs  li*- 
vre'es  ,  leurs  e'quipages,  leurs  meu- 
bles ,  leur  table  ,  leurs  maifons  delà 
Ville  &  de  la  Campagne  ,  tout  étoit 
mefuré  fur  leurs  rentes^  fit  fur  leur 
condition.    Il   y  avoit-  entr'eux  dey 
diftindioiîs    cxterieiïres  '  qui  empê- 
ehoient  qu'on  ne  prît  la  femme  du^ 
Pi-aticien  pour  celle  du  Magiftrat,  & 
le  roturier  ou  le  firaple  valet  pour  le 
Gentilhomme.    Moins    àpplique2&  a' 
difliper  ou  à  groflîr  leur  patrimoine' 
^'à-  le  ^  maintenir  ,  ils    le  laiflbient 


6 1  ta  Mttier  à  fcurs  héritiers  »,  ÔE  pj& 
TttLi.  foieot  ainâ  d'uoc  vie  modérée  à  une 
mort  ttanquille.  Us  ne  difoicne 
point ,  le  fiêcle  tfi  dur  ,  /^  mifrre  efi. 
grande,  Pdrgent  efi  tétt  :  ils  en  avoicnc 
Boins  qfie  nous ,  &  en  avoieac  allez  , 
]ilus  riches  par  leur  oeconomic  Ôcpao 
leur  modeiÛe  que  de  leurs  revenu» 
le  de  leurs  domaines.  Enfin  l'oa 
étoit  alors  péiiétré  de  cette  maxime  ^ 
^ue  ce  qui  eft  dans  les  Grands  fplen- 
deur  ,  fbmptuolît^  ,  magnificence  ^ 
cft  dilHpation' ,  £i>lie ,.  ineptie  dau  Ift 
fwQCuiieK 


CHA- 


btr  lis  MoiURS  0B  CB  ^lecd!:  ji^^ 


^K  WW"*  ww' W'W' ww"'  #f'flir7f*ffr"fi 

CHAPITRE    VIII. 

De    la    C  o  u  r« 

LÉ  reproche  en  un  fens  le  plu3    Cha?^ 
honorable  auePon  puiflc  faire  à  un      ^^ 
botntne ,  c'èft  de  lui  dire  qu^il  ne  fait 
pas  la  Cour  :  ils  n'y  a  forte  de  vertus 
qu'on  ne  raflemble  en  lui  par  ce  feul 
mot. 

*  Un  homme  qui  fait  la  Çour^ 
eft  maître  de  Ton  gefte ,  de  Tes  yeux 
Se  de  (on  vi(àge  ,  il  eft  profond  ,  im- 
pénétrable :  il  diflîmule  les  mauvais 
offices  ,  (bûrit  à  iès  ennemis  ,  con* 
traint  fon  humeur ,  déguife  fês  pa(l 
fions  ,  dément  fon  cœur ,  parle ,  agit 
contre  fes  fentimens.  Tout  ce  grand 
xaffinemenc  n'cft  qu'un  vice;  que  l'on 
appelle  fauflèté  ,  quelquefois  aufli 
inutile  au  Courti£m  pour  fa  fortune^ 
que  la  franchile  ,  la  fincerité ,  8c  h 
vertu. 

*  Qui  peut  nommer  de  certaines 
eoukurs  changeantes ,  8c  qui  font  di* 
vcr&s  lelon  1^  divers  jours  dont  on 

0.5         kj 


570       L  8S  Ca  RACTrRE^     ^ 

D  «  LA  Ycs  regarde  ;  de  même  qui  peut  définir 
iâ  Cour  r 

*  Se  dérober  à  la  Cour  un  fèul 
moment  ^c'cfl:  y  renoncer:  le  Cour- 
tifan  qui  l'a  vue  le  matin  ,  la  voit  le 
foir  ,  pbur  U  rccoonoïtre^  Ic^  lende- 
main ;  ou  afin  que  lui-même  y  foiv 
connu, 

*  L'en  eft  petit  à  là  Cour  ,  Sc 
quelque  vanité  que  l'on  ait ,  on  s'y 
trouve  tel  :  mais  le  mal  eft  com* 
î»un ,  &  lés  Grande'  mêmes  y  font 
petits. 

,  *  La  Province  eft  l'endroit  d'où 
la  Cour, comme  dans  fon- point  d« 
vûë ,  paroît  une-  chofe  admirable  :  fi 
Von  s'en  approche  ,  fcs  agrémens  di-» 
minuent  comme  .càcx  d'une  perfpec. 
tive  que  l'on  voit  de  trop  piès. 

*  L'on  s-accourume  difficilemem 
à.  une  vie  qui-  fc  paflc  dans^unc  antN 
chambre ,  .dans  des  cours  ou  fur  Peli 
«lier. 

^    *  Là  Gour^  ne  rend  p^  coscent-^ 

^\c ,  empêche  qu'on  ne  le   foit  aiû 

leurs. 

:    •**  Il  faitt  qu'im  honnête  hbmme 

ait  tâté  de  la  Cou^r  :  il  <iécouvre  en  y 

auracLt ,  comme  ua  nouveau  moDdç 

i  .  _  qui 


ou  LB^  MôEÛKS  DE   CB    SiECtE.  .JJT 

qni  lui  étoit  incônnq  ,  ou  il  voit  rc-    c  h  a  i< 
gncr  également  le  vice  &  la  politeflè,     VHfc 
&  où  tout  lui  eft  utile  ^le  bon  &  le 
mauvais. 

*  La  Gûur  eft  comme  un  c'âifice 
bâti  de  marbre  ,  je  veux  dicc  qu'elle 
cft'Compofe'c  d'hommes-  fort  durs  ,« 
mais  fort  polis. 

•  *  L'on  va  quelquefois  à  la  Cour*' 
.^iouren  revenir,  &  fè  faire  par  là  ref^- 

pcâer  du  nobk  de  fâ  Province  ,  ou* 
de  fon  Diocefain. 

•  *  Le  Brodeur  &  le  Confiflèur  fe^ 
rbient  fupci'flus&  ne  feroienc  qu'une 
jîaontre  inutile ,  fi  Ton  étoit  modefte^ 
&  fobre  : lesCoufs feroient  défertes  » • 
&  les  Rois  prelque  feirîs ,  fi  ronc'toît- 
guéri  de  la  vanité  &  de  l'intérêt.  Les 
hommes  veulent  être  efclàves  quelque 
part,&  puifer  là  dequoi  dominej^ 
ailleurs*  11  feBàble  qu'on  livre  en  gro»  ' 
aux  premiers  de  la  Gour.  l'air  de  hau-* 
teuT,  de  fierté  &  de  commandement,  ^ 
afin  qru'ilis  le  diftribùent  endétail  dans 
ïés  Provinces  :  ils  font  prccifémeni 
comme  on  rieur  &it ,  vrais  finges  de  ^ 
la  Royauté. 

^    *  11  n'y  a  rien  qui  enlaîdiffî  cer- 
taÂisCourttfaiis. comme  la  préfem^ 


^y%     L£.s.  Caila.c:tb^]1ES 

P^ft  LA  du> Princà ,  ft peine  k»  pms-je  iccoo» 
C  ®  w  a..  Qoître  à  leurs  vifs^s ,  kuf  s  traits  Onsif 
^crcii  f  Se  leur  contenance  edaviliei 
Les  gens  fiers  Se  fuperbes  font  Ics^ 
plus  dé&ics  9  car  ils^  perdent  plus  dui 
leur  :  celui  qui  eft  honnête  &  mo# 
^efte  s'y.  foûtient^  mku&  y  il  aa  rien  h 
«éformer. 

*  Li'air  dé  Couf  eft;  contagîeux>',  il' 
iteïûillcs,  fc  prend >  à  Y**  ,  comme  l'accent: 

Norxnand  à  Roiien  ou  à  Fàlaife  ::oi^ 
Pentrevoir  en  des. Fouriers,  en  de  pe-r 
ttts  Goncrofeurs  ».âc  ea  des  Chefs  de 
fruiterie  :  l'on  peut  as^ec  une  portée 
d-efprit  fort  médiocre  y,  &ire  de. 
grande  progrès.  Un  homme  d'ui^ 
génie  élevé  &  d'un:  mérite  (blide  nd^ 
fait  pas  a(&2  de  cas  de  cette  efpece  da 
lalent  pour  faire  fon  :  capital  de  l'^vtm 
dicr  &  fè  le  rendre  propre  :  il  l'acf 
^iert  fans  r^xion^^  il  ne  penfc 
point  à  s'en  défaire.    .    . 

*  Nf*'*  arrive  avec  grand  bruitv^ 
î!  écacte  ït  monde  ,  fe  ait  faUç  ph^ 
ce,  il  gratQc  ,  il  heurte  prcfque  ,  il  ft 
jÛNomeL  :  on  rçfpiaas  y,  éc  il  a?entrft 
^^avec  la  foule.  .    i 

^  S  yi  a  dans  les  Cours  dos  appari^^ 
IHiQi.  Qf  .j^os^  ajraatuxiers.  fit  hardis.  ^ 

'  .  '  "  d:uft 


' 


oi/  tES  Moeurs  de:  cb  Siecth.  j  7^ 

d'uir  caraâere  libre  Se  ^imlier;  qui  CnAf) 
fc  .produiftnt  euK-tnêmcs ,  proteftcnc^     VIÛ% 
qu  ils  t>iit  dans^  leur  art  toxue  Phabilc-r 
wè  qui  manque  aux:  autres  ,  &  quî^ 
ibnt  crûs  fur  leur  parok.  Ils  profi«ii 
tent  cependant  de  l'erreur  publique  ^ 
eu  de  l'amour  qu'ont  les  hi^mmes^ 
pour  la  nouveauté  :ils  percent  la  fou^ 
fe.  ,  Se  parviennent  jufqu^  l^oreilte 
du  Prince,  à  qui  le  Couitifan  les  voit^ 
parler ,  pendatit  qu'il  fc  trouve  heu-^ 
icux  d%n  être  vu.    Ils  ont  cela  dc^^ 
eommode  pour  les  Grands  ^  qu'ils  cot 
font  foufferts  fans  conféquence  ,  &k 
congédiez  de  même  :v  alors,  ils  difpa* 
soi flènt  tout  à.  la  fois  riches  ôc  décréi» 
ditez  ;  &  le  monde  qu'ils  viennent  dr 
tromper,  eft  encore  pret^  d'être  tiorn*»^ 
p&  par  d'autres. 

*  Vous  voyez  des  gens  qui  entrent 
fens  laitier  que  légèrement ,  qui  mar*^ 
ehent  des  épaules  ,  &  qui  fe  rengor^i* 
gent  comme  une  femme  :  iis  vous  in# 
tcrrogent  fans  vous  regaitier ,  ils  par^ 
lent  d'un  ton  élevé  ^.&  qui  marquer 
qu'ils  fe  fcntent  au  deffus  de  ceux  qufc 
fe  trouvent  piefcns.  Ils  s'arrêtent,  ôc 
on  les  entoure  :, ils  ont  la  parole,, 
cr^fîdent:  au  cercle  ,  &  perfiftenft 

Ç^j  dan» 


3^74'  Les  Ca-racte*rm- 
Pt  LA  jj^jjs  cette  hauteur  ridicule  &  contre^ 
^^y*'  ftîte  ,  jufqu'à  ce  qu'il  furviennc  un 
Grand  ,  qui  la- faîËuit  tomber  tou^ 
d'un  coup  par  fa  pré(ènce,les  leduf-^ 
ië  à  leur  naturel  qui  eft^moins^  mau-» 
vais. 

*  Les  Cours  ne  fauroient  Te  paftp 
d  une  certaine  efpece  de  Courtifans , 
bomtnes  flatteurs ,  complaifans^  iD& 
fiuans ,  dévouez  aux  •  femmes  ,  don& 
its  ménagent  les  plaifîrSy  étudiera  les 
fèibles,  &  flattent  toutes  lespaflions: 
ih  leurfouflentà  l'oreille  des  groflje- 
retez ,  leur  parlent  de  leurs  maris  & 
de  leurs' amans  dans  les  termes  con^ 
ytnables  ,  devinent  leiH's  chagrins  , 
leurs  maladies ,  Se  fixent  leurs  cou-» 
ches  :  ils  •  font  les -modes,  raffinene 
far  le  luxe  &  fur  la  dépeniè  ,  &  apr 
preimenrà'  ce  fcxc  de  promts  nfôyens 
de  confumer  de  grandies  femmes  ci) 
habits  ,  en  meubles  6c  en  équipages  : 
fis  ont  eu  .^  mêmes  des  ^habits  oùbriî-» 
lent  rinvention  &  la  richeflc ,  6c  ils 
rfhabitent  d'ancien»  Palais  qu'après 
les  avoir  renouveliez  &  cmbdlis.  Ils 
xftangent  délicatement  &  avec  rcflé^ 
xion  •  il'  n'y  a  -forte  de  volupté  qu'ils 
i/eâayent  ,.&  donc  ils  ne  puiflent 


ou  tn  Moeurs  dK'  tt  SieÀe.    J71 
ièndre   compte.  Us 'doivent à  etix-    ^"^j;* 
mêmes  '  leur  fbrtuoe ,  &  ik  la  fouticnh- 
nent  avec  la  même  adreflci^u'ils  Pont 
élevée  :•  dédaigneux  &  fkrs  ils  n'a« 
bordent  plus  leurs  pareils  ,  ils  ne  les 
falueot  pluis  :  ils  p^ent  où  tous  les 
autres  fe  taifcnt,  entrent,  pénètrent 
en  des.  endroits  Se  à  desr  heures  où 
les  Grands  n'ofent  fc  faire  voir:  ceux* 
ei  avec  de  longs    fer  vices  ,  bien  des 
playes  fur  le  corps  ./de  beaux  em* 
pliMS  OQ*  de  grasdcs  dignitez',  ne 
montrent  pas  un  vifajgc  fi  afliiré,  ni 
jrine  contenance  fi  libre.  •  Ces  gens 
ont  Poréille  des  plus  grands  Princes^, 
ibntdc  tous  leurs  plaifirs  &  de  tou* 
tes"  leurs  fêtes  ,.  ^  fortent  pas  du 
iiouvre  ou-  du    Château  ,  où  ils 
marchent  &.  agiflcnt  comme»  che2  eux 
&  dans  leur  domeftique  , .  fcmbknt 
fc  multiplier  en  mille  endroits  ,  8c 
font  toujours  les  premiers^ vifages qui 
frappent  les    nouveaux*  venus  à.  une 
Gour  rils-  crobtraficnt,  ilsfonrem^- 
braflèz  :  ils  rient,  lilis  éclatent ,  ils  font 
plaifans,  ils  font  des  contes  :  perfon* 
ncs  commodes  ,  agréables ,  riches-, 
^ui  prêtent ,  &  qui  font  fans  confé* 

y  «  Ne 


ffg      tes  CAKÂcriftEr 

Xft  tk      *  Nccroiroit-on-pasrdeCàwM'K 
Co^Uft.      de  cUidndre  ,  qu^ils  font  feuls  char* 
gez  des  détails  de  tout  1- Etat ,  SC 
que  ieuis  auffi  ils- endoi^rent r^o» 
dre  i'  Tua  a  du*  mdois  les  s^res  dt 
cerie  ,  fit  Uaiitit  les  maritiiiies.  Qp 
poarsoit^  les  reprefcnitr  exprimeroûr 
V^emprtÛtmtnt  ^  l'inquiétude ,  la  cu«' 
tioCité  j  laâîvité ,  fauroit  peindre  Je 
nouvemem^  Oh  ne  les  a^  jamais  vik 
fiflis  ,  jamais  fixes  Se  arrêtez  :.  quî 
même  ks  a  vu  maicher  ?  Oh  les  v<Ht 
courir ,  parler  en  couiant ,  Se  i^ou» 
Àiterroger  fkns^^  attendre  de  r^onfe^- 
Ji^s  ne  viennent  d'aucun  endroit ,  ibr 
âe  vont  nulle  part  :  ils  pafiènt  Se  ib 
repaflent.  Ne  lès  retardez  pasdao» 
leur  courfe  précipitée  ,  vous  démonw 
itriez  leur  macbine  ::  ne  leur  Eûtes 
pas  de  queftions  ,  ou  donnez-leur  dii^ 
moins  le  t^ms  de  refpirer  Se  de  fe  lef^ 
Ibûvcnir  qu'ils  n^ônt  nuMe  a£&ire;. 
qu'ils  peuvent  demeurer  avec  vous  8c 
ibngrtems  ^  vous  faivn  même  oà  il 
vous  plaira  de  les  emmener;  Bs  w 
ibnt  pas  lès  Sat^ttms  de-  Jupiter  y  je 
veux  dire  ceux  qui  preflènt  Sc  qui 
entourent  le  Prince,  mais  ils  l'annon« 
cent  Se  le  précèdent  ^  ils  fê  lancent 
-      •  impéy 


6tr  LES  Moluîcs  M  éÉ  SimiÊ.  ^ff. 

îtnprftaeufement  dans  Ja  foule  dcjr  Cha^ 
Courcifans  ^tout  ce  qui  fe  trouve  (ur  ^^* 
leur  paflàge  cft  en  péril  :  fcur  profcj^ 
£on  eft  d'être  vus  &  itvûs  ;  &  ils  ne 
jfe  couchent  jamais  (ans  s'être  «cquitW 
tcz  d'un  emploi  fî  ferieu:s  &  fî  utdler 
à  la  République.  lis  font  au  reft^ 
iaftruits  à  fond  de  toutes  les  nouvel^ 
tes  indifférentes  ,  &  ils  favent'  à  Uf 
Cour  tout  ce  que  Ton  peut  y  igno^ 
jFcr  :  il  ne  leur  manque  aucun  des  ta-*" 
lens  néceflàirespours'àvanceFmedio«^ 
ciiement.  Gens  néanmoins  éyeûlenâ: 
fie  alertes  fur  tout  ce  qu^ils  cpdyenr 
Ifcur  convemc ,  un  peu  entreprcnans^r 
légers  &  précipitera  ^  le  dirai*je ,  ils^ 
portent  au  venr  ,  atteteï  tous  deuai 
au  char  de  îa  fortune  ^  &  tous  deuac 
Ibrt  éloignez  de.  s'y  voir  afiis. 

*  Un  homme  de  la  Cour  qui  n'as 
pas  un  aflez  beau  nom ,  doit  renfeve#> 
fir  fous  un  meilleur  ;  mais  s'il  l'a  tel^ 
qu'il  ofe  le  porter ,  il  doit*  alors  iniî-t» 
nuer  qu^l  eft  de  tous  les  noms^  le  plus^ 
ifiuftre,  comme  fà  maifonde  toutes  les 
maifons  la  plus  ancienne  :  if  doit  tenir 
aux  Princbs  Lo^irains  ,  auie: 
RoHANs,auxFoix,  aux  Chas*^ 

AILLONS.,  aux    MONTMOREN^ 


J78        L  es'  C  ARACTrA  ES 

01  t  A  ois,ôt  s'il  (c  peut,  aux  PringB'^ 
C^t;  K.  D  u  S  AN  G  ;  ne  parler  que  de  Dues , do 
Cardinaux  Se  de  Minières  ;  &ire  ea^ 
trcr  dans  couces*  les  converfaciOns  ies 
ayeuj»' paternels  &  maternels,  Se  y 
O'ouver  place  pour  l'Oriflamine  & 
pour  les  Croifades ,  avoir  des  falles  pa- 
rées d'arbres  généalogiques:,  d'écuC* 
ions  chargezde  feizç  quartiers  ,  &  de 
tableaux  de  Tes  ancêtres  &  des  alliez 
de  Tes  ancêtres  ;  fè  piquer  d'avoir  un 
ancien  Château  à  tourelles ,  à  créneaux 
Se  à  machecoulis  ;  dire  en'  toute  ren-« 
contre  ma  race  ,  ma  branche ,  mon 
pom  &  mes  armes  ;•  dire  de  celui-ci , 
qu'il  n'eft  pas  homme  de  qualité  ;  de 
celle-là,  quelle  n'efl:  pas Demoifeile j 
ou  û  on  lui  dit  qu^Hjfacintke  a  eu  le 
gros  lot ,  demander  ^  s'il  eft-  Gentil* 
homme.  Quelques  -  uns  riront  de  ces 
contretems,  mais  il  les  laiflèra  rire-; 
d'autres  en- feront  des  contes  ,  &  il 
leur  permettra  de  conter  :  il  dif a  tou- 
jours qu'il'  marche  après  la  Mâifon 
régnante  ,  &  à  force  de  le  dire  ,  il 
fera  crû: 

.  *  C'eft  une  grande  fimplidté  que 
d'apporter  à  la  Cour  la  moindre  rotu- 
le, ^  de  n'y.  être  pas  GcntilhommcL 


VIII, 


ou  tR9  Moeurs  de  ce  Siîcle.  j^j 

*  -L'on'  -fc  couche  à  Ja  Cour  Se  -^/M^ 
Fon  fe  levé  fur  l'intérêt  :  deft  ce  que 
Pon  digère  le  matin  &  le  foir,  le  jouf 
&  la  nuit  ;  c'eft  ce  qui  fait  que  Ton 
penfe  ,  que  Pan  parle  ,  que  l'on  fc 
tait ,  qae  l'on  agit  ;  e'eft  dans  cec 
cfprit  qu'on  aborde  les  uns,  &  qu'on 
néglige  les  autres ,  que  Ton  monte  & 
^uc  Ton  defcend  ;  c'eft  fur  cette 
règle  que  l'on  mefure  les  fbins^ , 
&s  -complarfânccs  ,  Ion  eftime  ,  Ion 
indiiïcrencc  ,  fon.  mépris.  Quelques 
pas  que  quelqueè-unsïfaflènt  par  ver- 
tu vers  la  modération  &  la  fageP. 
fe  ,  un  premier  mobile  d'ambitioa 
les  emmené  avec  ks  plus  avarca  , 
les  plus  violons  dans  leurs  defîrs  2c 
les  plus  ambitieux  .:  quel  moyen  de 
demeurer  immobile  où  tout  marche, 
eu  tout  fe  remue  ,.  &  de  ne  pas  cou* 
rir  où  les  autres  courent  ?  On  crok 
même  être  refponfoble  à  fbi-mêmc 
de  fon  élévation  &  de  fa'  fortune  : 
celui  quine  Pa  point  faite  à  la  Cour; 
cft  cenfé  de  ne  l!avoir  pas  dû  faire,, 
©n  n'en  appelle  pas.  Cependant  s'eii 
éloignera- c- on  avant  d'en  avoir  tiré 
fc  moindre  fruit ,  ou  perfîftera-t-oii 
^.  y.  demeurer  ùm  grâces.  &  fans  réj 

com^- 


3l4b  tns  C  ÀKAdTEKii 
t^  H  t  A  compcnfes  t  qucftion  (î  épincirfc  ;  û 
^^^**  cmbarraflêe  ,  &  d'une  fi  pénible  drf- 
cifion  ,  cnjpun  nombre  infini  deCour« 
ti&ns  vieilliffint  fiir  fe  oui  &  (îir  te 
son  9  Se  meurent  dans  le  doute. 

*  U  n'y  a  rien  à  la  Cour  de  fiméy 
prifàblt  &  de  fi  indigne  qu^un  boni- 
me  qui  ne  peut  contribuer  en  rien  k 
notre  fortune  :^  jp  m'étonne  qu'il  ofe 
&  montrer. 

*  Celui  qui  voit  foin  dcrticre  foi 
«n  homme  de  fbn'  tems  &  de  (a  con^ 
dition ,  avccqui  il  eft  venu  à  la  Cour 
la  première  fois  ,  s'it  croit  avoir  une 
iaifon  folidc  d'être  prévenu  de  fon 
propre  mérite,  &  de  s'eftimcr  davan- 
«âge  tpt  cet  autre  qui  eft  demeurée» 
chemina,  nte  fe  fouvifcnt  pliiiB  de  c6 
fu'âvanc  fa  faveur  il  pjenfoit  de  foi^ 
lûcme  ^  ÔG  dé  ceux  qui  Ta  voient  dfti 
vancé. 

*  Ccfï  beaucoup  tirer  de  notre 
ami ,  fî  ayant  monté  à  une  grande 
feveur^il  eft  encore  utt  homme  da 
flotre  connoifîàncc. 

*  Si  celui  qui  eft  en  faveur  ofe  s'en 
pré\aIoir  avant  qu'elle  lui  échapc:^ 
«•il  fe  fert  d'un  bon  vent  qui  foutàà 
four  fiirc  foa  chcmia,  s'il  a  les  yeujc 


ou  tw  Moeurs  db  c3E  Sibcle.  tti 
©tivms  fiir  tout  ce  qui  vaque,  pot  Cha*. 
te  ,  Abbaïc,  pour  tes  demander  &  let  ^****  ' 
obtenir ,  &  qu'il  fbit  «luni  de  pen- 
fions ,  de  brevets  &  de  furvivanccs , 
vous  lui  reproçhqt  fon  avidité  $c  [on 
ambition 9  vous  dites  que  tout  le  ttnr 
te  ,  que  tout  kii  eft  propre  ,  auy 
fiens,  à  fes  créatures,.  &  que  par  le 
nombre  .&  l||i  diycifité  dc^  grâces 
ilont  il  fc  trouve  conjblé,  lui  feul  a 
fait  plufîeurs  fortunes.  Cependanf 
qu'a-t-il  dû  faire  t  Si  j'en  juge  tnoin$ 
par  vos  difcours  que  par  le  parti  que 
vous  auriez  pris  vous-même  en  pareil.- 
le  fitu^ion ,  c'^fl:  précifëment  ce  qu'il 
a  -fait* 

JL'on  blâtne  les  gens  qui  font  une 
grande  fortune  pendant  qu'ils  en  onjt 
les  occaflons,  parce  que  Ion  defèt 
pcre  par  la  médiocrité  de  la  fienne , 
à'êtrejamais  en  état  de  faire  conim^ 
'jcux^  «:  "^de  s'attirer  ce  reproche.  Si 
l'on  étoit  à  portée  de  leur  fuccedcr  , 
•l'on  commenceroit  à  fentir  qu'ils  onj 
moins  de  tort ,  f&  Pon  feroit  plus  retc*- 
Tui ,  de  peur  de  prononcer  d'ayaneç 
fz  condamnation. 

*  Il  ne  faut  riçn  exagérer ,  ni  dire 
des  Cours  Iç  mgl  qui  n'^  eft  point  ; 

Ton 


)82  Les  Caractères 
Oi  i  A  ^^^^  n'y  attente  rien  de  pis  contre  h 
Coyji.  vrai  mérite,  que  de  k  laifler  quel- 
quefois fans  récompenfe  ,  on  ne  Py 
mcprife  pas  toujours:  quand  on  a  pu 
une  fois  le^ifcoTicr  ,  on  l'oublie  j  & 
C^iift  là  ovi  l'on  (ait  pai:faitement  ne 
feire  rien  ,  ou  faire  très-peu  de  chofe 
pour  ceux  que  l'on  eftimc  beau- 
coup* 

^  11  eft  difficile  à  la  Cour  ,  que  de 
toutes  les  pièces  que  1  on  employé  à 
l^cdifice  de  (à  fortune  ,il  n'y  en  ait 
quelqu'une  qui  porte  à  faux  :  l'unde 
mes  amis  qui  a  promis  de  parler  ne 
parle  point,  l'autre  parle  mollement: 
il  échape  à  un  troifîéme  de  parler 
contre  mes  intérêts  &  contre  fes  in- 
tentions :  à  celui-là  manque  la  bonne 
volonté ,  à  celui-ci  l'habileté  &  la 
prudence  :  tçus  n'ont  pas  aflez  de 
plaifir  à  me  voir  hçurcux  pour  con- 
jtribuer  de  tout;,  leur  pouvoir  à  me 
rendre  tçl.  Chacun  fe  fouvient  at 
fez  de  -tout  ce  que  fon  établiflèment 
lui  a  coûté  â  faire,  ainfi  que  des  fe- 
xours  qui  lui  en  ont  frayé  Jp  chcm\n; 
on  feroit  même  aflez  porte  à  juftifi^ 
his  fcrviccs  qu'on  a  reçu  des  uns,  par 
Cjcu je  qu'en  de  pareiU  ,l>cfoins  on  rcn- 

*   *   ^  droit 


CA7  LES  MOIUJEIS  DE  C£  SsHCtB.    J  g  $ 

droit  aux  autres,  fi  le  premier  Jeu  Pu-     c  h  a^* 
nique  foin  qu'on  a  après  fa  fortune      VHI.  ** 
faite  y  n'étoit  pas  de  fongcr  i  foi. 

*  Les  Courtifaos  n'erpploient  pas 
ce^îu^ils  <xtA  d  efprit^  d  adreflè  ^  de 
fîneflè  pour  trouver  les  expédiens 
d'obliger  ceux  de  leurs  amis  qui  imr 
plorcnt  leur  fecours ,  mais  feulement 
^ouricur  trouver  de^  raifons  appar 
pentes,  de  fpécieux  pre'te^tes  ,  ou  qc 
qu'ils  appellent  uoe  impoflibilice  de  te 
pouvoir  faire  j  &  ils  fè  perfuadent  d'ê- 
tre quittes  par  là  en  leur  endroit  de 
tous  les  devoirs  de  Tapitié  .ou  de  1^ 
«connoiflancc. 

Perfonne  à  la  Cour  ee  v:eut  en- 
taracr ,  ,on  V.offie  d'appuyer  >  parqe 
que  jugeant  des  autres  par  foi  mê^ 
jne,  on  cfpere  que  nul  n'entamera,, 
&  qu'on  fera  ainfi  difpcnfe'  d'ap^. 
puyer;  c'eft  une  t3oanieje  douce  & 
polie  de  reÇufcr  fon  crédit ,  fes  jofr  ^ 
fices  Si  fa  .médiatiQQ  à  qui  en  a  be^ 
ibin. 

*  Combien  de  geçis  yous  e'touÇ- 
rfcnt  de  careflès  dans  le  particulier  , 
V0U5  aiment  &  yous  eftiment  ,  qufi 
font  embaraffcz  de  vous  d?ins  le  pu- 
blic ,  &  qui  au  jieyer  ou  à  Ja  MeÛ^ 

cvj- 


^S4      Î-BS    CA!lACTE».t$ 

flO  ■  lA  ^vîtenc  vos  yeux  &  votiç  rencontre; 
C^OK.  jj  jj^y  ^  qu'un  petit  nombre  de  Cour- 
:lîfans  qui  par  grandeur,  oia  par  une 
confiance  qu'ils  ^nt  d'eux-mêmes  ^ 
ofent  honorer  devant  le  monde  le  mé- 
dite qui  eft  feul,  &  déwc  de  grands 
«rftabliflcmcus. 

*  Je  vois  wn  homme  entouré  8c 
luivi ,  mais  S  eft  en  place  :  j'en  vois 
«n  autre  que  tout  le  monde  aborde , 
mais  il  eft  en  «faveur j:  celui-ci  eftem- 
Mflc  &cs^«|je,  même  des  Grands , 
iinais  il  eft  riche;  celui-là  eft  rcgar* 
iic  de  tous  avec  curiofîté ,  on  le  mon- 
tredu  doigt ,  mais  il  eft  favant  &  é\o 
:queht  :  j'en  découvi»  w  que  per(biL> 
«c  n'oiAlie  de  faluer ,  mais  il  eft  me» 
chant  :  je  veux  un  homme  qui  foit 
|>on ,  qui  ne  ibit  rien  davantage  ,  ^ 
Tqui  foit  recherche'. 

*  Vknt-on  de  placer  quelqu'un 
.  àans  un  nouveau  pofte ,  c'eft  un  dé- 

t>ordement  de  louanges  en  fa  faveur 
^  qui  inonde  les  Cours  &  la  Chapel- 
le, qui  gagne  Tefcalicr,  les  fallcs,  la 
^allerie,  tout  l'appartement;  on  en 
ia  au  deffiis  des  yeux ,  on  nV  tient 
pas.  Il  n'y  à  pas  deux  voix  dificren- 
fcs  fw  fx  perfonnagc ,  l'enyic ,  la  ja- 
*    ^  ^  Jeu- 


otr  Lts  Moeurs  de  ce  Siècle.  ;tf5 

loûfie  parler  comme  Padulatioa  :    ^iîn  f '  ^ 

cous  fc  laiilènc  entraîner  au  torrent 

^ui  les  emporte^  qui  les  force  de  dièc 

d'un  homme  ce  qu'ils  en  penfent  oa 

ce  qu'ils  n  en  penfent  pas  ^  comme 

de  buer  ibuvent  celui  qu*ik  ne  cou* 

noiflènt  point.  L/homme  d'efprit , 

de  mérite  ou  de  valeur  devient  en  un 

inftant  un  génie  du  premier  ordre^  un 

héros ,  un  deini-ï>ieu«    11  c&  û  pro- 

digieu&ment  flatté  dans  toutes  les 

peintures  que  Ton  fait   de  lui ,  qu'il 

parolt  difiorme  près  de  Tes  portraits  : 

il  lui  eft  impofOble  d'arriver  jamais 

jufqu^bù  la  Ixiflêflè  &  la  complaifan- 

ce  viennent  de  le  porter,  il  rougit  de 

fa  propre   rq)utatioB.    Commence* 

t-il  à  chancder  dans  ce  pofte  où  op 

l'avoit  mis ,  tout  le  monde  pafle  fy' 

cilement  à  un  autre  avis  :  en  eft-il  enr 

tierèfflent  déchu  ,  les  machines  qiit 

Pavoient  guindé  fi  li^ut  par  Tapplau- 

diflëment  6c  les  éloges  »  font  encore 

toutes  dreifêes  pour  le  faire  tomber 

dans  le  dernier  mépris  ;  je  veux  dire 

qu^iln'yen  a  point  qui  ledédaigneiit 

mieux  ,  qui  le  blâment  plus  aigre-^ 

]tnent ,  &  qui  en  difent  plus  de  mal , 

gue  ceux  qui  s'etoient  comme' dé- 

Tm.  J.  R        vouez 


'98^       L6S   CAHACtlltES   • 

t  PuL*  ^  ivoucï  9^  la  fureur  d'en  dire  du  bîcif, 
.  *  Je  crois  pouvoir  dire  d'un  pofte 
^minent  Se  délicat ,  qu'on  y  monte 
.plus  aifânent  qu'on  ne  s'y  confèrve». 

*  L'on  Toit  des  hommes  tomber 
4'unc  haute  fortune  par  les  mêmes 
défauts  qui  les  y  avoient  fait  mon* 
ter. 

:  ^  Il  y  a  dans  les  Cours  deux  mu- 
jiteres  de  ce  que  l'on  appelle  congédier 
ion  monde  ou  (c  défaire  des  gçns  ;  & 
fâcher  contr'eiix  ,  ou  £ure  fi  bien 
qu'ils  fe  fkbent  contre  vous  8c  s'en 
dégoûtent. 

*  L'on  dit  ï  la  Cour  du  bien  de 
i|uelqu'un  pourdeu^  raifons,  lapre* 
œiere  afin  qu'il  apprenne  que  nous 
difbhs  du  bien  de  lui  ;  lafêcpndea&i 
^u'il  en  dife  de  nous. 

.  ^  n  eft  auifi  dangereux  à  la  Couf 
de  fgire  les  avances  ,  qu'il  eft  embsu 
raflant  de  ne  les  point  faire. 

.  *  U  y  a  des  gens  à  qui  ne  connoitic 
|oint  le  nom  &  le  vifage  dPun  faomnir^ 
cil  un  tkre  pour  en  rire  fie  le  taé^ 
prifer.  Ils  demandent  qui  eftcethom*^ 
mci  ce  n'ef):  ni  fi9Ulfeau ^m\xn (^)P4^ 

'  (i)  Brûlé  il/a  wigt.^nsi.  ^ 


W'tlS  MoEUaS  DBCB  SiBCÎV.  t^T 

\n  j'tii  /il  C9umt  \  ils  çre  pourroient  le    C  n  a  ». 
«oeconnoîtrc/  '  VlU. 

^  L  on  me  dit  tatu;  de  mal  de  Èet 
Jiôipme ,  Çc  j'y  en.  vpi^  fi  peu ,  que  je 
comidence^ibupçonner  qu'il  n'ait  ua 
xnerite  importmn  /  qui  éteigne  celui 
îles  autres. 

*  •  1 

'^  Vous  êtes  homme  <]e  bien ,  vous 
oc  fong^?  ni  à  plaire  ni  àde'plaireaux 
Favoris  9  uniquement  attaché  à  votre 
paître^fj:  à  vôtre  devoir  ;  vous  êtes 
perdu.;/. 

.^  On  n'eft  point  efironté  par 
ùiCxn ,  mais  par  complexion  ;  c'e^ 
un  vice  de  \^\xt ,  mais  naturel.  Ce* 
lui  qui  n'eft  pas  ni  tel ,  ç(t  modef^- 
ip:j&  ne  paflè  pas  aifémeqt  de  cette 
extrémité  à  l'autre  ;  c'eft  une  Icçcm 
«ucir  inutile  que  de  lui  dire  ^  foyez 
ff{roQCé,Scvous  réiiinrez  :  une  mau- 
yaife  incitation  ne  lui  profiteroit  pas  , 
ix.  le  fcroit  échouer.  Il  ne  faut  rieç 
<bp  inpinSi  4ans  les  Cours  qu'uqf 
yrajEe    ^  /^ivp   iippudence    pour 

jrciimr.. 

*  On  cherche  ,  on  s'empreiïc,oa 

brigue  ,  on  (c  tourmente ,  on  deman- 

4e,  on  eft  xefiiré ,  on  demande  Se  on 

^ticnt ,  mais  ,  dit.<m  »  &ns  l'avoiy  - 

■  R  X  dé- 


'tÉ8  tts  Caractbrbs  * 
u  ■  i,  A  jcnaandé  ,  &  daos  le  tcms  que  Poiî 
n'y  pcnfoit  pas ,  &  que  l'on  fongeoiç 
même  à  toute  autre  cbofe  :  vieux  ûjr 
le  ,  menterie  îonooente  ,  (c  t^ui  tic 
trompe  perfonne. 

-  *  On  fek  fa  brigue  pour  parvenir 
à  un  grand  pofte,on  préparc  tou-- 
^s  Ces  machines  ,  toutes  lés  mefures 
font  bien  prifes ,  ëc  ron  doit  étrç 
ièrvi  félon  fes  fouhaits  :  les  ans  doi- 
vent entamer  ,  les  autres  appuyer  : 
l'amorce  eft  dga  conduitd ,  &  la  mi« 
ne  prête  à  jouer  t  alors  on  s'âoigijc 
de  la  Cour.  Qui  olèroit  fbupçonncr 
à^Artemon  qu'il  ait  penfë  à  Te  mettre 
dans  une  fi  belle  place ,  lorfqù'on  le 
tire  de  fa  Terre  où  de  fbn  Gouverne^ 
ment  pour  l'y  faire  aflcoir  ^  Artifice 
grof&er  \  finéfles  ufëes ,  &  dont,  lé 
Courtifâh  sktL  fèrvi  tant  de  (bis,  que 
fi  je  voulois  donner  le  change  à  tout 
le  public ,  &  lui  dérober  mon  ambi' 
cion ,  je  me  trouverois  fous  l'œil  8c 
jfbua  la  main  du  Prince  -,  pour  rece^ 
voir  de  lui  la  grâce  que  j'aurois  rc^ 
cherchée  avec'  Iç  plus  d'cmpoitç- 
inent.    '  '  '"  ^    \ 

'  Les    hommes  ne  veulent  pas 
^ùc  l'on  de'gouvrc  ^stvuès  qu'hits  cmt 


^Kut  leur  fottune,  nique  Ton  pénëcit  Ch av: 
.^'ils  peniêm  à  une  telle  dignité  ^  VllU 
jjpaxce  que  s'ils  ne  l'obtiennent  point  i 
il  ^  A  (k  la  honte  ^  {e  perfuadent-ils  ^ 
^  ^etre.refu(czi.&  s'ils  y  parviennent^ 
il  y  a.  plus  de  gloire  pour  eux  d'en 
être  crus  dignes  par  celui  qui  la  leur 
accorde  ,  que  de  s'en  juger  dignes 
eux-mêmes  par  leurs  brigues  &  pat 
leurs .  cabales  :  ils  fe  trouvent  pare2 
tout  à  la -fois  dé  leur  dignité  8c  de 
leur  modeftie* 

Quelle  plus  grande  honte  y  a*t*' 
il  d'être  refufé  d'un  pofte  que  l'on 
mérite  j  ou  d'y  être  placé  fans  k  mé^ 
yîter  ! 

Quelques  grandes  diflîçultez  qu*îl 
y  ait  à  fè  placer  à .  h  Cour  ^  il  cfl: 
encore  pluâ  âpre  &  plus  difficile 
de  k  rendre  digne  d'être  placé. 

Il  coûte  moins  à  faire  dire  de  foi  ; 
|x>urquoi  a-t-il  obtenu  ce  poftc  ,qu'i 
faire  demander  ^  pourquoi  ne  l'a-t-il 
pas  obtenu  ? 

.    L*oa  fe  pre'fente  encore  pour  le$ 
Charges   de  ville ,  l'on  poftule  une 

Î>lace  dans  l'Académie   Françoife^ 
^on  demandoit  le  Confulat  :  queHê 
«moindre  nûfon  y  auroitril  de  travail^ 

R  3  »« 


Di  11  1er  ks  pitdiieres  années  de  fa  vkâft 
C«uâ.  #endf€  capable  d'un^and  emploi  ^ 
ic  de  demwder  enfiiite  uns  njàï  m]r£* 
<ieiie  &  fans  nulle  intrigue ,  mais  ou^ 
verteffient  &  avec  confiam^ ,  d> 
fervir  £i  patrie  ^  ion  Prince,  b  Re» 
puUique. 

^  Je  ne  vois  aucun  Conrtifâit  à  qui 
le  Prince  vienne  d'accorder  un  lx>a 
Gouvernement  5  une  plaœ  émînentei 
eu  une  forte  penfion ,  qui  tfaffure 
par  vanitë,  ou  pour  marquer  fondé* 
nnterefléoient^,  qu^îl  eft  bien  moins 
content  du  don  ,  que  de  fa  manière 
dont  il  lui  a  ét^fait  :  ce  qu'il  y  a  efl 
cela  de  fur  &  d'indubiuble^c'eft  qu'il 
le  die  ainfi. 

Ceft  rufticité  que  de  donner  dt 
ftiauvaife  grâce  :  le  plus  fort  &  le  plus 
pénible  eft  de  donner ,  que  coûte-c-il 
d'y  ajouter  un  (bûrire  î 

Il  faut  avouer  néanmoins  qu'il  s'cfl 
trouvé  des  hommes  qui  refufoient 
plus  honnêtement  que  d'autres  neià« 
voient  doniief  ;  qu'on  a  dit  de  quel- 
ques-uns qu'ils  fc  feifoient  fi  long-tems 
prier,  qu'ils  donnoientfi  fécliementy 
&  chargcoient  une  grâce  qu'on  leur 
lUTacboityde  conditions  ûdéAgrcsh 

DkS| 


■A-  t  s  A. 


où  ai  MofitTRis  M  CE  Stecii  j^r  ' 
,qu*ùturplus  grande  gi^œ  écoit    Chap, 
&cbmM  d^cux  d'êrrc  éàfptù&z  de     ^"^' 
rien  reœvoin 

^LWreimrqtie  dmis  les  Cours 
des  hommes  avides  ^  qui  fe  revêtent^ 
de  toutes  les  conditions  pour  enâ voir ^ 
les  avantagea  :  gouvernement ,  char-» 
ge, bénéfice ,  tout  lear  convient  :  ils 
fé  (ont  fi  bien  ajuftez  »  que  par  leur 
état  ils  deviennent  capables  de  toutes 
les  grâces ,  ils  font  amphibies  :  ils  vi* 
vent  dcPËglife&  de  VEpée,  &  au- 
ront le  fecrct  d*y  joindre  la  Robe  \ 
Si  vous  demandez  que  font  ces  gens 
à  la  Cour ,  ils  reçoivent ,  &  envient 
tous  ceux  à  qui  Pon  donne. 
^  MiUsâ  gens  \  la  Cour  y  traînent 
kur  vie  à  emhrafler ,  ferrer  &  con- 
gratuler ceux  qui  reçoivent ,  jufqu'à 
ce  qu'ils  y  meuient  fans  rieii 
avoir. 

<  *  litnûphiU  emprunte  fes  mocury 
d  une  profeflion ,  &  d^]ne  autre  fon 
habit  :  il  mafque toute  l'année,  quoi« 
qu'à  vilâge  découvert  :  il  parott  à  \z 
Cour ,  k  m  Ville  ,  ailleurs ,  toujours 
ibus  un  certain  nom  8c  Ibus  le  tntmc 
d^uifement.  '  On  le  reconiiok  i  8c  on* 
^it  quel  il  «ft  *  à  fon  vifage.  -       '^ 

R4  "^W 


-    '    V 


COUJEL^ 


]?i'  o  ^  ^  *  11  y  a  pour  tû:nvcr  aux  DignjftS 
ce  qu'on  appelle. la  gniûde  veyeoil 
le  chemin'  battu  :  il  y  a  le  chemin  dé^ 
tourné  ou  de  tiaveriè,  qui  cft  le  plus 
court. 

.  *  L^on  court  les  mallieulreus  pour 
les  envifager,  l'on  fe  range  en  haye, 
oul'on  iè  place  aux  fenêtres  pour  olv 
içrver  les  traits,  &  la  contenance  d'oit 
homme  qui  eft  condamné ,  &  cpi 
fait  qu'il  va  mourir  :  Vaine  ^  mali- 
gne,inhumaine  curiofité  !  Sî  les  hem-* 
mes  étoient  fâgcs  ,  la  place  publique 
&roit  abandonnée,  &  il  fcroit  établi^ 
qu'il  y  auroit  de  l'ignominie  feule* 
ment  à  voir  de  tek  fpèâacles*  Si 
vous  êtes  il  touches^  de  curipfîté  , 
cxercez-là  du  moins  en  un  fujet  no- 
ble ;  voyez  un  heureux  ,  contem- 
plez-le  dans  le  jour  même  où  il  a 
été  nommé  à  un  nouveau  pofte^ 
te  qu'il  en  reçoit  les  complin^ns  : 
lifez  dans  ks  yeux  &  au  travers 
d'un  calme  étudié  Sc  d'une  feinte 
modeftie ,  combien  il  eft  content  Se 
pénétré  de  ibi-même  :  voyez  quelle 
ferenité  cet  accompliflèment  de  fes 
defîrs  répand  dans  fon  cœur  &  fur 
fqn  vifage  ^  comme  i\  xis  fonge  plu^. 


00  CBS  MoEUaS  DE  CE  Sl^CLE.    J^TJ 

^\  Vivre  8c  à  avoir  de  la  finté ,  com-  C  h  a  « 
-me  cnfuite  fa  joye  lui  échappe  &  ne     ^^^ï* 
-peut  plus  fè  diffimuler  ;  comme  il  plie 
ibiis  le  poids  de  (on  bonheur ,  quel 
air  froid  Se  ferieux  il  conferve  pour 
ceux  qui  ne  font  plus  fcs  ^gaux,  il  ne 
leur  répond  pas ,  il  ne  les  voit  pas  : 
'les  embraflèmens  &  les  careflès  des 
Grands  qu'il  ne  voit  plus  de  fi  loin  , 
achèvent  de  lui  nuire  ,  il  fe  décon* 
ccerte ,  il  s'étourdit  ^  feft  une  coiircc 
«aliénation*    Vous  voulez  ctre  heu- 
-l'eux  ,  vous  defirez  des  |;races  ,  que 
de  chofes  pour  vous  à  éviter  l 
-    *   Un   homme  qui   Vient  d'être 
;placé ,  ne  fe  fert  plus  de  fa  Raifon  9c 
de  fon  efprit  pour  régler  fa  conduite 
ic  fes  dehors  à  l'égard  des  autres  :  il 
'emprunte  fa  règle  de  fon  pofte  &  de 
cfoh  état  :  de  là  l'oubli  ^  la  fiené'; 
i arrogance  ,  la  dureté  ,  PingradtU- 
de.  ' 

"^ .  Tbeonds  Abbé  depuis  trente  ans 
Se  laÛbit  de  Pêtre  ;  on  ^  moins  d'ar« 
deur  Se  d'impatience  de  fe  voir  ha- 
:t>illé  de  pourpre  ,  qu  il  fen  avoit  de 
porter  une  croix  d  or  fur  iâ  poitrine. 
JËt  parce  que  les  grandes  Fêtes  fepaf- 
tfoicnt  toujours  fans  l'ien  changera  Jk 
•<    i  'Kf  forr 


7194'-'    Ï-ES    CAKACTBkM 

D  f  1  4  fortune^  il  murmuroic  contre  le 

CowA*      jM^cnt ,  trouvait  V£tat  mal  gouycr- 

né,  &  rfcn  prédifoit  rien  que  de  fînii^ 

tre  :  convenant  en  Ton  cœur  que  le 

mérite  eft  dangereux  dan&  les  Coui^ 

à  qui  veut  s'avancer ,  il  avoit  enfin 

pris  fon  parti  Se  renoncé  à  la  Préla- 

^ûre  ,  lorfque  quelqu'un  accouct  lui 

,dire  qu'il  eft  nommtf  à  un  Evéch^  z 

rempU  de  joye  &  de  confiance  fiir 

rune  nouvelle  fi  peu  attendue  ,  vous 

verrez ,  dit-il ,  que  je  n^en .  demeure^ 

trai  pas  là  ,  Se  qu'ils  me  feront  Arcbo- 

vèque. 

*     *  Il  faut  des  fripons  à  la  Cour  au- 
près des  Grands ,  &  des  Miniftret-, 
même  les  mieux  intentionnez ,  mais 
il  ufage  en  eft  ddicat,  &  il  faut  favoir 
:Jes  mettre  en  oeuvre  ;  il  y  a  des  tems 
^&  des  occ^ons  où  ils  ne  peuvent  écit 
fuppldez  par  d'autres.    Honneur , 
venu  ,  confcience  ^  qualitez  toojoois 
ttcfpc&zHes  ,  fou  vent  inutiles  ;  que 
.  voulez  -  vous  '  quelquefois   que  Vch 
^iafiê  d^un  homme  de  bien?  > 

:  *  Un  vieil  Auteur ,  &  dont  f  ofe 
.rapporter  ici  les  propres  termes, dp 
'peur  d'en  afibiblir  le  fens  par  ma  tra- 
uéa^iqn  ^  dit  que  sUfim^ntr  dii  fi^i% 


Ou  Iës  MbE^RS  j^ios  Siècle.  )9f 
Viinde  fts  p4reils  >  &  keuU  pHfincf    Cuk  p. 
€r  defpnfir  ,  s^aCmnttr  de  grandi  &'     VHI/ 
futjjfMs  en  tous  biens  &  chevsnces  ,  &' 
en  iefte  leur  tointife  &  frivétuti  eftre' 
de  tûus  éhdts  ,.  gâhs  ,  mmmeties  ,  &^ 
vilaines  be feignes  j  èfire  eshvme^  faf» 
ftanier  t^  fans  feint  de  vergogne  y  en^^ 
durer   brocards  &  gaufferies  de   tous 
thacuns   ,   fans   fout   ce    feindre    de' 
cheminer  en   avant  y  &  i   tout  fon 
entregent  ^   engendre    heur    &  fortu^ 

^  *  Jcuneflc  da  Prince ,  fourcc  dci 
belles  fortunes. 

'-  rimante  toujours  le  mêtne^  &  fatt$ 
rien  perdre  de  ce  tnerîte  qui  lui  à 
«tire'  la  première  fois  de  la  réputà^ 
rion  Se  des  nfcompenfes  ^  ne  laiHbic 
pas  de  dégffnerer  dans  1  cfprit  àti 
Courtilàns  :  ils  ëtoient  las  d.e  l'cfti-i 
mer  ,  ils  le  faluoient  froidement  ^  ili 
ne  lui  (burioient  plus  j  ils  comment 
éoient  à  ne  le  plus  joindre ,  ils  nd* 
Fdnbraflbient  plus  ,  ils  né  le  ti^ 
j^icnt  plus  à  l'ccah  pour  lui  pari 
1er  myftericufemcnt  d'une  chofe  indifî 
ferente ,  ils  n'avoient  plus  rien  à  lui 
dire«  Il  lui  fâlloit  cette  penfîon^  ou 
çç  ôouvcau  poftc  dont  iKticnt  d'Si 
*^-  •  R6  trc 


49^  L^S   Ca^  &ACTEK  El 

Db  L^  tre  hoaoré  pour  fiiice  revivre  fês  \rel%; 

Coy^.     tus  à  demi  efEicccs  de  leur  memoi'» 

re.  Se  en  rafraîchir  l'idée  :>ils  lui  fonc 

comme  dans  les  commencepiens ,  Sc 

encore  mieux. . 

*  Que  d'amis ,  que  de  parens  nai& 
fent  en  une  nuit  au  nouveau  Mi* 
niitre  ]  Les  uns  font  valoir  leurs  an- 
ciennes liaiibns  »  leur  ibcieté  d'étu* 
des  y  les  droits  du  voiiinage  :  ks  acK 
très  feuillettent  leur  généalogie ,  re» 
i](iont:ent  jufqu'à  un  triiayeul  ,  rap« 
pellent  le  côte  paternel  &  le  ma^ 
ternci ,  l'on  veut  tenir  à  cet  homme 
par  q^elque  endroit  ,  &  l'on  dit 
pluiîeurs  fois  k  jour  que  l'on  y  cient^ 
on  l'imi^imeroit  volontiers  ,  /f/î 
^m  ami  ,.&  /r  fuis  fort  aife  d$fim  élé^ 
yétion  ,  /'/  ioh  preidre  part  ,  il  m\(L 
sj[t%y  proche.  Hommes  vains  &  d^<4 
Touer  \  la  fortune  ,  fades  Courti* 
£ins  y  parliez- vous  aînfî  il  y  a  huit 
jours  >  E(l*il  devenu  depuis  ce  tems, 
plus  hoo^mexle  bien  ,  plus  digne  dit 
choix:  que  le  Prince  t\\  vknt  de  fai» 
le  ?  Attendiez -vous  cetre  eircon* 
ftance  pour  le  mieux  connokre  l 

"^  Ce  qui  me  foûtient  &  me  raf^ 
fure  contre  ks  Kiits  dédains  que 

■     0..       '        i^ 


•» .  i 


OU  LES.  M0fiUR$.DB  ct  SnClt.     J^jf 

jîffllrfe  quelquefois  (ks*  Grands  &  G»ifr; 
de  mes  égaux  ,  c'eft  que  je  me  dis  k  VUt  j 
jnoi-même  ,  ces  gens  n'en  veulent 
peut-être  qu'à  ma  fortune ,  &  ils  ont 
faiibn ,  elfe  eft  bien  petite.  lis  m V 
dorcroient  uns  doute ,  fi  j'étois  Mî- 
Jiiftre, 

•    Doisije  bien- tôt  être  en  pkce ,  fe 
tfàit-il  ,  eft -ce  en  lui  un  preflcnti- 
«icnt  ^  il  me  provient  ^  il  me  ià* 
iuc 

*  Celui  quî  dit  ,  Je  étiM  hier  % 
Tiiur  j  ou  ;/  foupe  ce  foir ,  qui  le  ré- 
pète ,  qui  fait  entrer  dix  fois  le  noiô 
de  PUncus  dans  les  moindres  convci> 
fàtions ,  qui  dit ,  Plancus  me  ^emarim 
doit.  . .  Je  éfois  à  Fl^mcuu  , .  •    Ce* 
lui-là  même  apprend  dans  ce  roomcnç 
(que  fon  Héros  vient  d'être  enlevé'  paç' 
une  mort  extraordinaii^e  :  il  part  de 
Ja  maifon,  il  raflèmble  le  peuple  danf 
les  places  ou  fous  les  portiques ,  accu« 
fe  le  mort ,  décrie  &  conduite  ^  .dé- 
jnigre  fon  Confolat ,  lui  ôte  jufqu'â 
Ix  foience  des  détails  que  k  voix  pii«p 
jblique  lui  accorde ,  ne  lui  pafiè  point 
une  numoire  heureufè  ^  lui  refuie 
i'éloge  d*un  lucMnme  icvere  &  labo^ 
jricux^ne  ^^i &j j  pas^ r hp^^ 


*&«  t  A    lui  tfrôîre  parmi  les  ennemis  de  VUvA 
Cova.      pjrg  ^  un  ennemi. 

*  Un  homme  dé  mérite  le  doânei* 
)e  crois  ,  un  joli  fpeâacle  «  lorfque 
la  même  place,  à  une  aflëmblëe  ou  \ 
un  fpeâade ,  dont  il  efi  refuie ,  il 
la  voit  accorder  à  un  homme  qui  n'i 
J)oint  d^yeux  pour  voir ,  ni  d'oreâles 
pour  entendre ,  ni  d'clprit  pour  coa- 
noitre  &  pour  juget  ;  qui  n'eft  re^ 
çommandable  que  par  de  certai* 
faes  livrées  ,  que  même  il  ne  porte 
plus. 

*  *  Theûim  a^^ec  un  habit  auftere  i  i 
tin  viâge  comique  6c  d'un  homme 
qui  entre  fur  la  Scène  :  là  voix  ^  fi 
démarche  ,  fou  geftc ,  fort  attitude 
accompagnent  fon  vi(age  !  il  eit  fin , 
iduteleux  ^  doucereux,  myllerieux  , 
îl  s^apprôfche  de  vous ,  &  il  vous  dit 
i  Poreille ,  Pbili  un  hd'4  tims ,  rM 
Un  teâu  dégel.  S*i\  n'a  pas  les  gnm- 
des  manières  ^  il  a  du  moins  toutes 
les  petites ,  &  celles  même  qm'  ne 
conviennent  guefcs  qu'à  une  jeune 
précicuïfc.  Imaginez-  vous  Papplicsr- 
tion  d'un  enfant  à  élever  un  châ* 
teau  de  carte  ou  à  le  faifîl*  d'an  pa- 
"^'"in,  c'çft  celle  de  Thcodosepoor 

'i  ^  une 


^be/iaflSure  ide  rîeri  ,  8f  qui  ne  me* 
•dte  pas  qu^oû  s*cn  remue  ^  il  la  tniii-     ^^'^  -^ 
te  fe'rieufcment  &  comme   quelque 
ichofe  qui  eft  capital  ^  il   ajgît  ,  A 
«'cmpueffe ,  il  la  fait;  réuffir  î  ic  voill 
:qui  reffMre.Sc  qui  fc  j-epofe^  &  il  t 
jrtà&oij^lc  lui  a  coûte  beaucoup  de 
/peine.  L^cn  voit  des  gens  enyvrcz  ^ 
^cnforcelez  de  la  faveur:  ils  y  pcnfent 
-le  jour  ,  ils  y  rêvent  la   nuit  :  ib 
,2nontent  l'efcalier  d'un  Minifirc  fit 
«-ils. en  defpendent  ^  ils  fortcnt  de  fdo 
^ntichambrfî  &  ik  y  rentrent  ,  ib 
-n'ont  rien  à  lui  dire  &  ils  lui  pap» 
4ent,  ils  lui  parlent  une  féconde  foisv 
les  voilà  contens  ,  ils  lui  ont  parléi 
-Pre0èz-les  ,  torde2>Ies  ,  ils  dégoût- 
ant l'orgueil  ,  Parroganoc  ,  la  pré- 
:fbinption  :  vous  leur  adreficz  h  p^ 
•rôle, ils  ne  vous  ré^^ondent  point,  iïâ 
^ne  votis  connoilTent  point ,  ils  ont  les 

J^eux  c'garcz  &  Pefprit  aliène'  :  c'cft  à- 
eurs  parens  à  en  prendre  foin  &  à 
les  renfermer ,  de  peur  que  leur  fcK 
4ie  ne  devienne  fureur ,  Bc  que  te  moor- 
«de  n'en  fouffiie.  Theodote  a  une  plus 
-^ouce  manie  :  il  aime  la  faveur  ^pen- 
duëment  ,  mais  fa  paillon  a  moins 
^^btiÛ  loi  imtàt$  vœuxen&crec: 


r-    .i 


il 


%ô0   Lbs  CAftXèr^icsl    . 

Oi  II  i\  la  culrire  ^  il  la  fcrt  my&èfîeoiâ) 
P^w**  ment  :  il  cftau  guet  &  à  la  découver- 
te (ur  ^)ut  ce  qui  paroîe  de  nouveau 
avec  les  livrées  de  la  &veur  :  ont-ils 
une  prétention  ,  il  s'bffi-e  à  eux, il 
Vincrigue  pour  £ux  ^  il  leur  £K:rific 
iburdement  mérite  ,  alliance ,  amidé.; 
cngageinent  ',  recbhnoiflànce.  .  Si  k 
place  d'un  Cassini  deyendt  va- 
cante 9  8c  que  le  SuifTe  ou  le  Poifkil- 
Ion  du  &vori  s'avisât  de  ta  demander^ 
il  appuycroit  fa  demande  ,  il  le  'yop» 
Toit  digne  de  cette  place  ,  il  le  trou»* 
veioit  capable  d'obferver  &  de  caU 
jculer ,  de  parler  de  Parelies  &  de  Pa^ 
latlaxes.  Si  vous  demandiez  de  Thco- 
•dote  s'il  cft  Auteur  ou  plagiaire^  ori- 
-ginal  ou  copifte ,  je  vous  doûncrois 
fes  ouvrages  ,  &  je  vous  dirois ,  USèt 
êc  jugez:  mais  s'il  eft  dévo: ou  cour* 
tifan  ,  qui  pourroit  le  décider  fur  le 
portrait  que  'if€n  viens  de  faire.  Je 
prononcerois  plus  hardiment  fur  Ion 
étoile  :  oui ,  Tbcodote  ,  j'ai  obCervé 
le  point  de  votre  naiflàncè  ,  voifô  &-; 
3rez  placé  »  &  bien-tdt ,  ne  veillez  plu», 
n'imprimez  plus  »  le  public  vous  do^ 
tnande  quaruer. 

.   ^  N'efpeAs;  plus  de  candcttr  ».  àc 

fiaiH 


/ 


fSif  iK  WfcEtJKs  u  ci  SïECtt:  4cfi^ 

fcinchifc  ,  d'équitc ,  de  bons)  offices  ^    ^^À*^ 
de  fervicc ,  de  bien^-veillancc ,  de  gé-r^  ^ 

B^rofîté  ^  de  fermeté'  dans  un  homme 
^ui  s^eft  depuis  quelque  tems  livré  à 
la  Cour  ^  &  qui  fëcrettemcnc  veut  (à 
fertune.  Le  r6CûnnoifIb2!-vous  à  foni 
Yiiage  ,  à  fes  entretiens  ?  il  lie  nom^ 
jne  plus  chaque  choie  par  fon  nom  : 
il  n'y  a  plus  pour  lui  de  fripons  ,  de 
fourbes  ^  de  fbts  &  d'impeninens* 
Celui  dont  il  lui  tfchaperoit  de  dire 
ce. qu'il  en  penfêy  eft  celui-là  même 
qui  venant  à  le  fàtoir  ..rempêcheroit 
dç  ibmtnir.  Penfânt  mal  de  tout  le 
mondé  \  il  n^en  dit  de  perfbnne  ;  ne 
voulant  du  bien  qu^à  lui  feul^il  yeue 
perfuader  qu^il  en  veut  à  tous  ^  afin 
que  tous  fui  en  fàflènt ,  ou  que  nul 
du  moins  lui  (bit  contraire.  Non 
content  de  n'être  pas  fîncere  ^  il  ne 
fouflre  pas  que  perfonfte  le  (bit  j  lai 
Terité  bleflè  fbn  oreille  ;  il  cù  froid 
Zc  indiâèrent  fur  ks  obièryations  que 
l'on  fait  fur  la  Cour  &  fur  le  Courti^ 
iàn  ;  &  parce  qu'il  les  a  entendues  ; 
il  s'en  croit  complice  &  refponiabîe. 
Tyran  de  la  fbciet^  &  martyr  de  fon 
ambition ,  il  a  une  trifte  circonfpec** 
tio9  dans  fa  conduite  £c  4ans  k$  dif^ 
.. ,  'cours^ 


'h\  I A  cciurs\  une  raillerie  intidceote ,  tùâ 
CâuA.  ^oide  &  contrainte  )  un  lîs  fetcé^ 
des  careflès  contrc&îfees ,  Une  conva^ 
£iâon  interrompue  ^  &  dés  iHftrac# 
nom  fréquentes  l  il  a  une  profulbû^ 
k  dirai^je ,  des  torrens  de  louimgcs 
0our  ce  ott'a  fait  on  ce  qajai  dit  un 
bonune  placé  &:  qui  cft  en  fiiTeur  ^ 
6c  pour  tout  autre  une  fccbcrcSè  de 
pulmonique  ^  il  a  des  forcnuks  de 
complimens  difièrens  pour  l^ntrée  Se 
pour  la  fortie  à  T^ard  de  ceux  qu'il 
vifite  ou  dont  il  m  viiUé  ;  &  il  n'y 
ft  perfonne  de  ceux  qui  ih  pajFcnt  de 
mines  &  de  &çons  de  pader  ,  qui  ne 
iorte  d'avec  lui  fort  fatisfak.  li  vift 
%ilement  à  fe  faire  des  patram  £c 
des  créatures  :  il  efl:  médiateur  ^  am^ 
fident  ^  entremetteur ,  il  veut  gou^ 
vemcr  :  il  a  une  ferveur  de  novice 
pour  toutes  les  petites  pratiques  de 
Cour  :  il  fait  où  il  faut  fe  placer  pour 
écn;  vu  :  il  fait  vous  embraflcr ,  pi€n« 
dre  part  à  votre  joye ,  vous  &irc 
coup  fur  coup  dès  queftions  empitC* 
fées  fur  votre  fanté^  fur  vos  afBiires  ; 
&  pendant  que  vous  lui  répondez, il 
perd  le  fil  de  fâ  curiofité,.  vous  in- 
tcrrompt^  emame  un  autre  fujet  y  oa 
f  -^  s'il 


FÎl  furvicTtt  qudqu^un  à  <jui  il  doive    Cwaft 

tin  di&ptirs  tout  difièrcnt  ^  il  fait ,  en     VM*  ^ 

ttchevaût  de  votis  congratuler ,  Im 

faire  un'  compliment  de  condol<fstnce/ 

il  ptotre  d'un  oeil  ^  &  il  rit  de  Tâutre. 

Se  formant  quelquefois  fur  les  Mî^ 

liiftres  ou  fur  le  Favori ,  il  parle  dÉ 

imblic  de  chofes  frivoles ,  du  vent  ^ 

de  la  g^ltfe  :  il  fe  tait  ai(  contraire,  8c 

fait  le  myfterieux  Tur  ce  qu*il  fait  de 

J)lus  important ,  &  plus  volontiers 

encore  fur  ce  qu41  ne  fait  point. 

'    ^  Il  y  a  un  païs  où  les  joyes  font 

vifiblesi  mais  ftufles  ,  &  les  chagrins 

cachez,  mais  réels.  Qui  croiroit  que 

Tempreflement  pour  les  fpeâacles.^ 

que  les  éclats  6c  lés  applaudiflèmenè 

rax  Théâtres  de  Molière  fiCi  d'Arle* 

quin ,  les  rcpas  ;  la  chaflè,  les  balets  , 

les  carrousels  couvrirent  tant  d'in« 

^quiétudes,  de  foins  &;  de  divers  inte« 

rets ,  tant  de  craintes ,  6c  d'efperances, 

des  payons  ii  vives ,  tc  des  afiaircs  fi 

férieufes? 

*  La  vie  dfcla  Cour  cft  un  jeu  f5& 
rieux ,  mdancolique ,  qui  applique  i 
il  faut  arranger  fes  pièces  U  fes  batte>^ 
ries ,  avoir  un  deflein. ,  le  fùivre ,  pai 
rer  celui  de  *  fbn  ijàvàtùârt  ^  hazardél 
<       ^  quel* 


pu  LA  ^uelquçfeîs ,  &  jouer  dé  caprice  }  et 
^9  va*  après  toutes  Ces  rêveries  &  toutes  &» 
tnefures  on  cft  échec  ,  quelquefois 
mat.  Souvetit  avec  des  pions  qu'oa 
ménage  bien  ^  on  ya  à  (|apie  ^  &  Voa 
gagne  la  partie  :  le  plus  habile  Vçm^ 
porte^  ou  le  plus  heureux*       . 

*  Las  roues ,  les  refîbrts ,  les  mou« 
^yemcns  font  cachez  i  rien  ne  parolt 
d*une  montre  que  fon  Quille ,  qui 
infonfiblement  s'avance  .&  achevé  fon 
tour  :  image  du  Courtifân  d'autant 
plus  parfaite  ^  qu'après  avoir  fait  al^ 
fez  de  chemin  ,  il  revient  au  même 
{oint  d'où  il  eft  parti. 

^  Les  deux  tiers  de  nia  vie  font 

^  iScoulez  ^  pourquoi  tant  m'inquiéter 

/ur  te  qui  m^en  l'efte  i  La  plus  bril« 

lante  fortune  ne  mérite  point  ni  U 

tourment  due  je  me  donne  ,  ni  les 

Ç£titeflès  ou  je  me  furprens ,  ni  les 
umiliations  i  ni  les  hontes  que  j'e^ 
fuye  :  trente  ^  années  détruiront  ces 
Coloiles  de  puiflànce  qu^on  ne  voyait 
bien  qu'à  force  de  lever  la  tcte^nous 
diiparoîtrons ,  moi  qui  fuis  û  peu  de 
choiq  9  Se  ceux  que  je  contemplois  ù 
avidement,  &  de  qui  j^e^Jerpis  toute 
|na  grandeur  ;  le  meilleur  de  tous  les 

pienS| 


> 


bu  lis  Moeurs  dh  ce  Siecib.  40  j' 
t>îcns  ,  s'il  y  a  des  biens  ,  c'cft  le  r&-    Ch  a  *5 
pos ,  la  retraite ,  &  un  endroit  qui      "^^^^ 
fbk  fon  domaine,    N  *  *  a  penfrf 
cela  dgns  Ta  difgràee  ,  8c  Pa  oublié 
(dans  la  prof pcrité, 

*  Un  npble ,  s'il  vît  chez  lui  dani 
fe  Province  ,  il  vit  libre,  mais  fani 
appui  ;  s*il  vit  à  la  Cour ,  il  eft  prô-' 
Itêgç'  ,  mais  il  cft  efçlgve  9  cela  ic 
cpmpenfc. 

'  *  Xantipfe  au  fond  de  fi  Proviîf-^ 
jc:e  ,  fbùs  un  vieux  toît ,  &  dans  uni 
inauvai$  lit  a  rêvé  pendant  la  nuit 
qu*il  voyoit  le  Prince ,  qu'il  lui  par*» 
loir  j  ëc  qu'il  en  reilèntoit  une  extrê^ 
xne  joie  ;  il  a  été  trifte  à  Ton  réveil  i 
il  à  conté  fbn  fonge  ,  6c  il  a, dit  ^ 
quelles  chimères  àe  tombent  point 
4ans  IVfprit  des  bomâies  pendaht 
qu'ils  dorment  l  Xantippe  a  continué 
^  vivre ,  fl  èft  venu  a  laf  Cour ,  il  a 
vu  le  Prince,  îl  lui  a  parlé; 6c il  a  e'cé 
pi  us  loin  que  fon  fonge,  il  eft  favori 

*  Qui  cil  plus  efctave  qu'uaCdti li 
tifin  aâSdu ,  fi  ce  n^eft  uq  Courtîân 
plus  aflidu  ?  i 
^  *  L'efclave  n^a  qii'Un  màttiet 
^ambitieux  en  a  autant  qu'il  y  a  (^ 

feoè  Wilcs-à  fa  firftwnc.  **  ^  ^^ 

^  -.  ^  "  --'        *  Mille 


40^      Ib^  Caracteue^ 

Di  LA     .  *  Mille  gens  à  peine  connus  font 

Cftpi.      la  foule  au  lever  pour  être  vus  du 

Prince  qui  n'en  (auroic  voir  mille  i 

h  fois  i  6c  s*il  ne  voit  aiijpurd'bui 

3ueceux  qu'il  vit  hier,  &  qa'il  varn» 
CQiain ,  combien  de  OK^lheureux  ! 
*  De  cous  ceuic  qui  s'emprcflèiK 
Auprès  des  Grands  &  qui  leur  font  la 
Cour,  un  petit  nombre  les  recherche 
par  des  vues  d'ambition  Se  d'interer  , 
un  plus  ^rand  nombre  par  une  ridi- 
4;ule  vanui(,  pu  par  une  fottc  împu 
fiente  de  î^  faire  voir.. 
..  ^  Il  y  a  de  certaines  familles  qui 
par  les  loix  du  monde  ,  ou  ce  qu'on 
lippelle  delà  bieaijbaDçe , doivent êtrç 
irréconciliables  ;  les  voih^  réiinics  :  6ç 
PÙ  h  I^ligion  a  échoué  (juand  elle  a 
iroolu.  I'emrepi5rpd|ç  ,  l'interct  s'en 
joue  ,  &  le  fait  (ans  peine. 
,  *  L'on  parle  d'une  r^ion  ou  k^ 
yjeillards  fonc  $alanf ,  polis  &  civils  « 
les  îeanesigjens  m  afx^mvc  durs,  fi> 
jrp^s  ',  fms  iiiioeurs  ni  i  pdi(eilè  ;  ils  ih 
*ro»v€n|:,a^0if)çjiîs  àf  ih,  pa^fion  dcf 
femmes  dans  un  ige  o^  l'on  com«- 
^ence  ailleurs  à  la  i^utîr  :  ils  leur 
^r^erent  des  repas  ,  des  viandes.,  (ç 
I0ÇS  mm$  l'ifM^*  Gçimr)^  Çbes 


ou  LES  MOEUBIS  DÉ  CE  SlÀCLE.  407 

^tfK  eft  fobre  Se  modère  ^  qui  oç  Chaf«^ 
ycny vrc  que  de  vin  2  Tufage  trop  fré»  ^J^^* 
queqt  qu'ils  en  ont  hit  \  le  leur  a 
rendu  iqfipide.  Ils  cherchent  à  r^^ 
veillçr  leur  goût  d^ja  éteint  par  des 
eaux  de  vie,  &  par  toutes  les  liqueurs 
les  plus  violentes  ;  il  ne  manque  à 
leur  débauche  que  de  boire  de  Teau 
fone^  ]Les  femmes  du  païs  précipi* 
toit  le  déclin  de  leur  beauté  par  aes 
artifices  qu'elles  croyent  fervir  à  les 
jxndrc  belles  ;  leur  coutume  eft  de 

{)eindre  leurs  lèvres  »  leurs  jouçs  , 
eurs  fourçils ,  $c  leurs  épaules  ^u  eU 
Jies  écalent  avec  leur  gprge ,  leurs  bras 
fi  leurs  oreille; ,  comme  fi  elles  crai« 
^noient  de  «cher  pendrojt  par  o^ 
elles  pourvoient  plaire  ,  ou  de  ne  pas 
fe  montrer  aflè^c.  Ceux  qui  habitent 
çcttt  contrée  ont  une  phyfionomie 
qui  n'efl:  pj^s  nette ,  mais  confufè , 
embarraflée  dans  ^  une  épaiflcur- dç 
çbcvçux  étnmgers  qu'ils  préfe^nt 
aux  naturels  ,  jSc  dont  ils  font  un 
long  tiflci  pour  couvrir  leur  tête  :  U 
defcend  à  la  moitié  du  corps  ,  chaok 
ge  les  traits  ^  &  eippâcbe  qu'on  ne 
connoiflè  les  hommes  i  leur  vifàge^ 
Ces  peuple;  d'aÂUq)jrs  jim  kvr  V^ 


4of  Les  Càracterc^ 
0 1 1 A  gç  [^j.  jj(j^{ .  icg  Grands  de  la  Narioii 
P  Q^  R*  «•aflcmblcnt  tous  les  jours  à  une  cer- 
taine heuœ  dans  un  Temple  qu'ils 
comment  Eglilè.  n  y  a  au  FoikI  de 
ce  Temple  un  Autel  con&cre'  à  leor 
Dieu ,  où  un  Prêcre  çelcbtie  des  myf' 
tercs  qu'ils  appellent  fàints ,  facrez  & 
redoutables.  Les  Grands  forment  an 
vafte  cercle  ati  pied  de  cet  Autel ,  8c 
paroiiTent  debout ,  le  dos  tourne  di" 
refkement  aux  Prêtres  Se  aux  faints 
Myfteres  ,  &  les*  faces  élevées  ver& 
)eur  I^ot ,  que  l'on  voit  à  genoux  fur 
une  tribune ,  ëc  à  qui  ils  (emblent 
avoir  tout  Pefpm  &  tout  le  cceor 
applique.  On  ne  laiflë  pas  de  voir 
dans  cet  ufnge  une  efpece  de  fhbordi- 
nation  ;  car  ce  peuple  paroit  adorer 
le  Prince  ,  &  le  Prince  adorer  Dieo. 
Les  gens  du  païs  le  nomment  *  *  *  ; 
il  eâ:  à  quelque  quarante-huit  degrez 
d'élévation  du  pâle  ,;&  à  plus  d'onze 
jûens  lieues  de*/mer  des  Iroqaois  & 
des  Huroni.  . . 

.'.  :^  Qui  coinfiderera  que  le  viâge  du 
Prince  fait  toute  la  félicité  du  C^r- 
tifett,  qu'il  «^occupe  et  fè  remplit  peu* 
d^Qt  itoute  fa  vie  de  le  voir  &  d'en 

ètftvû  fçomptcndû  ua  peu  com* 
i  -    -"    ^     pacnl 


mène  voir  Pieu  pout  faire  toute  Cha^ 
la  gloire  Se  tout  le  bouheur  des  ^^^^* 
jSgintç. 

"^  Les ^n4s. Seigneurs  fontpleinj; 
/dVgards  pour  les  Princes  |  c  eft  leur 
âflàire^ils'ont  des  inférieurs  :  les  pe- 
tits Courtiâins  &  ri^lâchenc  fur  ces 
idevoirs ,  font  les  familiers  ,  &  viyenc 
romme  gens  qui  ç'oot  d'exemples  à 
donner  k  per(oane# 

*  iQuc  manque -t- il  de  nos  jours  à 
la  jeuneâc  i  elle  peut  »  oc  elle  fait  :  ou 
à\i  moins  quand  elle  iauroit  ;iutaat 
qu'elle  peut  ^  elle  nç  feroit  pas  plus    .  « 
.décifive. 

'^  Foibles  lionunes  !  un  Grand  die 
ÙQTinfagene  votre  ami  qu'il  eft  un  fot» 
£c  il  .&  trompe  :  je  ne  demande  paf 
que  vcHis.  répliquiez  qu^il  eft  homme 
d  çfprit  :  ofez  feulemeut  penfer  qu'il 
n'cft  pas  ujn  fot.  » 

.  De  xçême  il  prononce  d'iphkrdt^i 
f^Wïl  m^ique  dexxcur;  vous  luiayq; 
vu  faire  une  belle  aâiofi  ^  raflUrez^ 
vous  ^ je  vousdi^ui^  de  la  raconter , 
pourvu,  qu'apz:ès  ce  que  vous  vene:^ 
d'entendre ,  vous  vous  fouveniez  en* 
pore  de  la  lui  avoir  vu  fairç. 

*  Qui  (ait  parler  aux  Rois ,  c'qft 
,T0nL  I.  S  peut- 


4to  Les  CaIiacterès 
Db  lA  peut-être  où  feternriBC  toi|t€  la  pni* 
Coy  R.  tlence  &  coûte  la  foupleffè  dû  0>nrf 
rifan.  Une  parole  éphappp  &  elle 
toiïAc  de  Pô'rcille  du  Prince, bieg 
avtntdatia  là  mémoire ,  &  quelquefois 
jufquesKÎaos  fon  cqpùr ,  il  eft  impoC- 
ïîblcdc  lar'^voir  •.  tous  les  foins  que 
Pon  pretid  &  toute  Padreflè  dont  on 
«fe  pour  l'cxi^iquer  ou  pour  Paffoif 
blir ,  fervent  à  la  graver  ^pkis  profour 
dimetit^c  a  l'enfoncer  dâVânCige  :  fi 
ce  n'eft-  que  contre  nous-mêmes  que 
nous  ayons  pjirié ,  outre  cjue  et  mal- 
heurnell:  pas  ordinaire^  il  y  a  encore 
I3n  prompt  remède  ,  qui  eft  de  pou? 
înftruire  par  notre  faute  ,  Se  de  fouf 
frirla  ^cine^e-  nôtre  légèreté  :  inais  fi 
c'cftxontre  -qûdque  -autre  ,  quel  abr 
battement  ;  '  quel  repentir  *  l  if  a-t-iî 
qne  regfc  plus  utile  contre <in  (i  .ckn- 
«çrcux  inconvénient  t^Qc  de  parier 
oes  autres  au  Souverain,  de  leurs  pcr- 
fbrines ,  de  lèuts  ouvragies  ,'de  leurs 
aârîons  ,  deleurs'  moeurs,  ou  de  leur 
cinîdUTte,  du-Hibms  avec  PàtteiiÉian, 
fcs  précautions  &  Icsmefures  dont  on 
piric'dc  foi?  . 

*  Dife'urs  de  bons  mots  ,  mauvais 
iitcààcté'  ,Me  le  mUi  y^il  n'avoir 


ou  LBS  Moeurs  de  es  Sibcie*  411 

dté  dk.  Ceux  qui  naifent  à  la  repu*    C^ap. 
tacion  ,.qu  à   la  éorcune  des  autres     YJUL 
plûcôc  que  de  perdre  un  bon  mot , 
fnéritent  une  pciae  infamante  :  cela 
jD*a  pas  été  dit,  £c  je.  Tofè  dire. 

"^  II  y  a  un  cer^n  nombre  de  plira* 
£çs  toutes  faites ,  que  l'on  prend,  com* 
me  dans  un  Magazin^  &  dont  Pon  & 
iert  pour  fê  féliciter  les  uns  les  autrea 
fur  les  éveneme;as.  Bien  qu'elles  fe 
difent  (buveat  fans  afFe^ion ,  &  qu'el- 
les (oient  reçues  fans  reconnoiflance  ^ 
^In'eiCb  p9S  permis  avec.ce|a  de  lea 
omettre,parce  que  du  moins  elles  fotû: 
l'image  de  ce  qu'il  y  a  au  monde  de 
meilleur ,  qui  ed  Pamitié ,  &  que  le^ 
liommes  ne  pouvant  gueVes  compter 
les  uns  fur  les  autres  pour  la  r^li- 
{é,  (êmblent  être  convenus  entiip 
«ux  ,  de  iè  contenter  des  appareil- 


*  Ayee  cinq  ou.  fix  termes  de  Parts 
.&  rien  de  plus  ^Ponfe  donne  pour 
/Connoifleur  en  mufiqueV  en  tableaux;, 
fn  bâtimens ,  &  en  bonne  chcre  :  Pou 
xroit  avoir  plus  de  plaifir  qu^un  autce 
à  entendre  ,  à  voir  Se  à  manger  : 
Pon  impofe  à  (es  femblables ,  &  l'on 
fe  trompe  foi-même. 

Sx  *  La 


4li        LSS    CARACTEftES 

Pi  LA  ^  La  Cour  n'efl:  jamais  dénuée 
CoVA-  ^un  certain  nombre  de  gens ,  en  qui 
Tufage  du  monde  ,  la  politeflè  ou  h 
Ibrcune  tiennent  lieu  d'e(prit,&  iiip* 
pléçnt  au  inerice.  Ils  (àvent  entrer 
&  fortir ,  ils  fe  tirent  de  la  convcr- 
fation  en  ne  s'v  mêlant  point,  ils  plaii- 
fent  \  force  de  (è  taire ,  &  fe  rendent 
importans  par  un  filence  long*tcms 
foûtenu  ,  ou  tout  au  plus  par  quel- 
'ques  monofyllabes  :  ils  payent  de  mi* 
hes  ,  d'une  inflexion  de  voix  ,  d'un 
gefte  &  d'un  fourire  :  ils  n'ont  pas , 
n  je  Tofe  dire ,  deux  polices  de  pro- 
fondeur ,  fi  vous  les  enfoncez  ,  vous 
rencontrer  le  tuf. 

*  II  y  a  des  gens  à  qui  la  faveur  ar- 
'rîve  comme  un  accident ,  ils  en  font 
les  premiers  forpris  &  conftemcz  :  ils 
ib  rcconnoiflcnt  enfin  &  fe  trouvent 
dignes  de  leur  étoile  ^  &  comme  fi  k 
ftupidité  &  la  fortune  étoîcnt  deux 
chofcs  incompatibles  ou  qu^il  fût  im- 
poffibie  d'être  heureux  &  fot  tour  ï 
h  fois  ,  ils  fê  crpyent  de  Pelprit ,  ils 
hazardent,que  dis- je ,  ils  ont  la  cofi- 
nance de  parler  en  toute  rencontre , 
&  fur  quelque  matière  qui  puilft 
ç'pfFrir  ^  Se  fans  nul  difcerpemcàt  des 
^  "'^        .  pcr- 


Chak 


OfaîllS  ^lOEWM  M.  Cf  SlECtï.   41  y 

icrfontics  qui  les  écoutent  :  àjoûto    Ch  a  f 
^l-je  quMls  épouvantcot ,  ou  qu'ils      ^*  ' 
donnent  le  dernier  d^ut  par  Icui: 
fatuité  &  par  leurs  fedaife$  *.  il  eft 
yrai  du  moins   qu'ils   dcshoqprent 
iàns  rcflburcc  ecux  qui  ont  qupU 
que  part  au  hazard  de  leur  éléva- 
tion. ^  . 
:    *   Comment  nommerai -je   cette 
forte  de  gens^ui  ne  font  fins  que  pour 
ks  fots  ï  je  Iki.du  moins  que  ks  ha- 
biles  les  confondent  avec  ceux  qu'ilf 
iavent  tromper^ 

•  C  eft  avoir  feit  un  crand  pas  dani 
la  fineife  ^  que  de  taire  pciifcr  de 
foi  y  que  l'on  tf  eft  que  médiocrement 

fin. 

La  ÈheCtc  n^cA  ni  une  trop  boii- 
îie  ,  ni  une  trop  mauvaifc  qualité'  : 
die  flotte  entre  le  vice  &  la  vertu  :  il 
D'y  a  poilat  de  rencontre  oh,  elltf 
ne  puiflè  ,  &  peut-être  ^  où  elle 
ne  doive  être  fuppléée  par  la  pru- 
dence» 

La  fincfîè  eft  Poccafion  prochai-' 
ne  de  la  fourberie ,  de  Tune  à  l'autre 
le  pas  eft  gliflànt  :  le  menfonge  feuleti 
fait  la  diffirence  :  fi  on  Tajoûte  à  U 
fincffe ,  c'cft  fourberie. 

S  3  Avec 


414     ^^^  CAïtACTBfltâ 

t> «  i A      Avec  les'  gcm  qui  j^ar  ètid&éccKt'. 
*^*^**       fcnt  touft,  et  p^tiiBttt  pctty  partca^ 
encore  moim  ^  <Hi  fr  vous  parlca^ 
ttaucoup ,  diurs  p^dît'  chefe^ 

^  Vous  éëpen^  âàn^  vtna  afiôic 
oui  eft  jûfte  ft  ktifïorcâace ,  du  con* 
Kiiceiticnt  de  dcH!»  pefTMncr.  Vuù 
vous  dît  9  j'y  donoe  les  mains ,  paur« 
tû  (}u%>^tel  f  eondèfectsdfe,  Se  ce 
M  Y  eortdbfeeâd' ,  9à  i»s  àsùre  piM 

Îue  êètvt  afibrê  dê*s  inrentions  de 
autit  :  cependant  i^n^afiec,  les 
mois ,  les  années  s'éeoukac  inarife«' 
mctït  :  Je  fisTy  perd»,  dkts-voos ,  & 
jlE^  n^  coiÉpicm  rien,  il  ne  »'àgit  que 
de  (aire  qts^ili^  s^alKMtehefit ,  Se  qu'ili 
le  parlent  ;  je  vous  dis  moi  que  ff 
vois-clair,  Sl'^fur  j'y  compcens  cooc  : 
&  £è  font  parkr. 

^  n  me*  (èm^  qu«  qui  follîcice 
îpcmr  las  imtres  a  la  cofinance  d'un 
BofliiHr  qui  demanda  juftice,  &  (fi^M 
parlant  ou  fn  agiilanc  pour  foi^mê^ 
me ,  on  a  l'embarras  &  la  pudeur  da 
celui  qui  demande  grâce. 

*  Sâ  l'on  ne  fe  prArautionnc  \  U 
Cour  contre  les  piéges-quc  l'on  y 
lend  fiins  çeflè  pour  faire  tomber  dans 
k  ridicule,  Ton  cft  étonna  avec  tout 

/  .  fou 


ij>n  eiprit  de  fe  troii?er  U  duppc  de    *yjj'* 
plus  fût»  ^e  foi,  • 

la  vie  i  où  la  vérité  &  la  Gxpçiici- . 
1^  ibm  le  mei^ljl9¥'^e49^«  du  mon- 

*  Etts^'Vouseiv  &y€ur,t09!Mda!3e« 
cft  }^n  y  vowiljç  ftiw3  poipE  de. 

utes,  tous  ks  chemins  vou&ioenent 
ta  terme  :  autreo^enc  tout  eft  Smi»  « 
irien  n?eft  utik ,  il  i>*y  ^  poiatde  ffia« 
iier  qui  ne  vous  égam 

*  Un  homme  qui  a  vécu  ^^mè 
l'imrigue  un  certain  teios  ^  ne  peut 
pkis  3^en  pa&r  :  toute  aitfve  vi^  pcmr* 
|ui  efk  languiflbite. 

•  ^  Il  ^u.t.  avoir  àt:  Fe^rit  jpouTt 
être  homme  dç  cabale  :  i'ooipeyt  .ce«^ 
{>endanteil  avoir  à  un  certain  point , 
que  Poaeft  aurdefips  de  t'intrigue  8c 
de  la  cabale,  &  que  Tofi  ne  6a-* 
rott.  s'y  aiTojertir  ^  Ihm  va  alors,  è 
vme  grandm;.  ferluae  ;  6u>  à  une 
bau&B  !Fépotq^ion  par  d'autres  chc-i 


*  Avec  un  c(prit  fuèlia»  ^  wm 
doârine  uni«£c(èlie  ,  une  poUtcf  it 
toiAca  épcenrves ,  &  oà  mérite  trèsu^ 
gccomplî ,  afapptâiendea^  paK,  â  ^« 


416        t^i    CAiCACtHRl* 

C  ^V^  ^^^^'  ^  tombfer  i  la  Cour  ,  ou  4S 
*      perdre  la  faveur  des  Grands  ,  pen-^' 
dant  tout  le  tems  qi^ils  aarcmc;  htCoia 
de  TOUS. 
*      *  Qu'urt  Favori  ïi*ot)fef^«  de  fort 
près ,  car  s^il  me  fait  moins  attendra 
dans  fon  antichambre'  qu'à  rordinaire , 
s'il  à  le  vi£^e  plus  ouvert ,  s'il  fron« 
ée  moins  letourcil ,  s'il  m'écoute  plu^ 
volontiers ,  &  s'il  me  reconduit  uo 
peu  plu^  loin ,  je  penferai  qu'il  com- 
mence I  à  tomber  ,  &   je  penferaî 
vrai- 

*  L*honnne  a  bien  peu  de  neflbur-'* 
ees  dansfoî-mlme  ,  pui(qu*il  lui  faut 
une  difgrace  ou  une  mortification  ^ 
pour^le'renSdifc  plus  humain,  plus  trai« 
taUe ,  moins  .  fi»bce  j  phis  honnête 
homme. 

.  *  L'on  contemple  dans  les  Coura 
de  certaine»  gens ,  &  l'on  voit  bien 
à  leurs  difcoars  &  à  toute  leur  coq« 
duite^,  qu?ils  ne  fongent  ni  à  leuis 
gràndff^peres  ,  ni  à  leurs  petits-fils  :  k 
préfent  eil  pour  eux  ;  ils  n'en  joui& 
&ntpas,  Hsèn  abiiTent.' 

^  Str^Mn  dl  né  fous  deux  étoiles  : 
nàlheiirei»: ,  heureux  dans  le  même 
degré*  ^  yie  eft  un  .rom^  i  non^ 


mu 


ôt  Les  Moeurs  de  ce  Siecie^  41 7 

51  lui  manque  le  vrai-fèmblable.  11  ^J|^^/' 
A'a  point  eu  d'avantures ,  il  a  eu  de 
beaux  (bnges,  il  en  a  eu  dé  mauvais  1 
que  dis-je ,  on  ne  rêve  point  comme 
il  a  vécu.  Perfbnne  n'a  tiré  d'une 
deftinée  plus  qu'il  a  fait  :  Textrême 
&  le  médiocre  lui  font  connus  :  il  a 
brillé ,  il  a  fbuf&rt  ,  il  a  mené'  une 
*vie  commune  t  rien  ne  lui  eft  échap« 
|)é.  Il  s'e0r  fait  valoir  par  des  vertus 

2u'il  aflureit  fort  ferieuièment  qui 
toienten  lui  :  il  a  dit  de  foi,  J 'xi  d^ 
Peffrit ,  ;*4Î  du  courage  ,  &  tous  onc 
4it  après  lui  j  II  a  de  Pefprit  ^  il  a  dtê 
iouTdge.  Il  a  exerce'  dans  l'une  Sc 
l'autre  fortune  le  génie  duCourtifan^ 
qui  a  dit  de  lui  plus  de  bien  peut- 
être  &  plus  de  mal  qu'il  n'y  en  avotb 
Le  joli ,  l'aimaUe ,  le  rare  ,  le  mer« 
veilleux ,  l'héroïque  ont  été'  employés 
^  fbn  éloge  ;  &  tout  le  contraire  n 
&rvi  depuis  pour  le  ravaler  ;  caraûe* 
re  équivoque  ,  mêlé  ,  eu\reloppé  ; 
une  énigme,  une  queftiôn  prefquHn- 
<i^cifc.  • 

.  *  Loi  faveur  met  l'homme  au  def* 
fus  de  fes  ^gaux  ^  &  fa  chute  ^  au 
fleflbus,  .  ..  -^; 

*..:  •»  S  /  ^  Ce- 


4r?  LesCaractsres 
D 1  L  A  ♦  Cchii  qui  on  beau  jour  (àk  rc* 
CouK-  fioncer  fomeoieiit ,  ou  à  lUi  crand 
nom,  ou  ï  une  grafkle  autorité  ,  ou 
à  une  '-  grande  fertuue,  ic  délivre  en» 
tin  moment  de  bien  des  peines ,  de 
bien  des  reilks»  &  quelquefois  dcbicn 
des  crime^w 

^  ]>in$  cent  sns  le  monde  fubtifte^» 
ta  encore  en  ibn  entier  :;  ce  Icrar  k  mê- 
me théâtre  &  les  nicmes  décorations  ; 
ce  ne  ièront  p^  les  mêmes  aâeurs*. 
Tout  ce  qui  (è  réjouît  fur  une  grâce 
reçue,  ou  ce  qm  s'aetrifte  6c  fe  délefpe» 
wà(\iT  un  refus  ,  tous  auconc  difparu 
de  deifiis  U  fcene.  Il  s'avance  d«ja  fuv 
le  théâtre  d'autres  hommes  qui  sont 
jouer  dans  une  même  pièce  les  mê^ 
mu^  roies ,  ife  s'^évanourronc  à   leul 
tOtt4^,  &  cet»t  qui  ne  font  pas  enco* 
wc ,  un  jour  ne  feront  plus  ::  de  nou^ 
Yeaux  aâeurs  om  ppis  leur  place  t 
quel  fonds  à  faire  fur  uo  pecfbniv^ 
ëe  Comédie  r 

*  Qui  a  v6  k  Coof ,  a  vè  du  mon^ 
de  ce  qui  Cft  le  plus  bôiu ,  le  plos/p^ 
cieuTt  éc  le  plus  orné  :  qiii  méprife  b 
CcH^r  après  l'avoir  nâe  ,  mépnfe  k 
«londe. 


âtr  LES  MoSDAs  m'ee  Siiciv.  419 

*  La  Ville  dégoûte  de  laProvincc:  "  C  ha  f, 

la  CourdAronijpede  la  Vilfc,&gu^     V^"' 

rie  de  la  Cour, 

Ua  efprit  ûjo  puifê  à.  la  Cour  le 

£oût  de  h  Iblicude  Se  de  U  retrait. 


S  6         CHAr 


4X0    :  LisCAKAcTii/fi^        r 
:    CH  A  P  I  T  RE.   IX. 

....  *  .  •         ^ 

Des    Grand 5r 

C  H  A  p.  TA  prévention  du  peuple  en  faveur 
1X«  JLi  des  Grands  cil  fi  aveugle  ^  &  Peu- 
têcement  pour  leur  gefte,  le^ir  viâ^ 
ge,  leur  ton  de  voix  &  leurs  rnank* 
Tcs  fi  gcqieraj':;  l^pe  <ili^s'ayifoient 
d'être  Bons,  c?e]a  îroit  k-Fidelâtrie. 

*  Sî     vous  êtes  né  vicieux  ,  â 
Theagtne  ,jey6us  plains  rfi  vous  le 
devençi  par  foiblcflc  pour  ceux  qui 
ont  intcuct.que  v.oqs  te /fo jpz  ,  qui 
ont  jure' entr^qpiae  vou^corrompre , 
&qui  fe  vantent. iàéjg  de  pouvoir  y 
réiiffir,  foufirez  que  je  vous  mcpri- 
fc.    Mais  fi  vous  êtes  fage ,  tempé- 
rant ,inodefte  ,  civil ,  généreux  ,  re- 
connoifiant  ,  laborieux  ,  d'un  rang 
d^ailleurs  &  d'une  naiflànce  à  donner 
éts  exemples  plutôt  qu'à  les  prendre 
d'aatrui ,  &  à  faire  les  règles  plutôt 
qu'à  les  recevoir,  convenez  avec  cet- 
te forte  de  gens  de  fuivre  par  com- 
jplaifance  leurs  dércglemcns ,  leurs  vi- 
/      >         l    :  ta; 


eu  1.ES  MOEVI^S  DE  CE  SiBCpB.   421 

Ces ,  &  leur  Iblié ,  4uand  ils  auront  Cit  a#; 
ï>ar  la  déférence  qu'ils  vous  doivent  f  ^ 
exercé  toutes  les  vertus  que  vous  cfae^ 
rîfl£2  ;  irooie  forte ,  soiais  utile  «  très« 
propi^à)meiitreyos  ineeurs  w  fureté  ^ 
ÀrdmRenfcrtqus  kufs  ^ojieCs,  ^  l  les 
jetteir  dans  le  parti  de  continuer  d'é* 
ire  ce  qu'ils  font ,  &  de  vous  laifTef 
tel  que  vous  êtes. 

«  ^' L'ava&tage.  de»  Grands  fur  le$ 
^tres  hommes  dk  iinipisnfe  par  un 
endroit.  !Jc  leur  cède  leur  bo&qe  che-^ 
itf,  kurs  riches  ameublemens  $  leur» 
ichieos ,  leurs  chevaux ,  kurs  finges  , 
leurs  nains ,  kurs  fous^»  &:  kurs  flat- 
teurs :  mais  je  leur  envie  k  bonheur 
jd'avoirà  kur  fervice  dc;s  gens  quileé 
4e^\cm  par  k  coeur  &  par  l'efprit ,  & 
4ili  ks  .paflènt  quelquefois. 

*  Les  Grands  k  piquent  d'ouvrir 
lUne  allée  dans  une  forêt ,  de  foutenir 
jdestiçrfes  par  deJongues  murailles  ^ 
;dfidcâcrf.desptalbnd.3r  de  fair?.  venir 
^x:  pouces  d^eau:,'ite  Biei)bkr  une 
oraogefie.  :  mfiis  de  reqdre  un  cœur 
content/k  combler  uneame  de  joie ,  d« 
^réveçii:  d^extr émes  befoins ,  ou  d'y 
Jiéme^X  ;  kur  curipCte'  ne  s'^endi 
:poiBl)»fq|iïÇSFl4..  . 

. .:  S  7.  :  Ou 


411     tes  CAtLAàrntL^i 
tt  Mi        *  On  demande  fi  cù  Geinpmal 
Gkmmds.  ^nfcmblc  k^  diffcremcs  condkionsdc* 
hommes ,  leart  pcmcr,  leurs  avanta^ 

g:8 ,  on  xfy  remarqucroic  pas  uomê^ 
ngc,eKi  une  e^icc  de  coinpcjfi&^ 
tion  de  bfen  8c  de  mal ,  qui  AabVw 
^oit  cntp'elle^  Wgalicé ,  ou  qui  km 
du  moins  que  I"ttu  de  feroît  guérci 
plus  dcfîtabk  que  l*a«m:,  Cehâ  q»i 
eft  puîflànt ,  rfcbej&àquiilnc  mo: 
que  rien ,  pctfl  former  eciic  queftioti, 
tnais  il  feut  que  ce  ibit  un  homa» 
pauvre  qui  la  décide* 

II  ne  laiflc  pas  d'y  avoir  comtne  ua 
channç  attacW  à  chacune  dci  dife- 
rentcs  conditions ,  &  qui  y  dcmcuic, 
jufqucs  \  ce  quelamifcrc  Pc»  ait  ôic, 
Ainfi  les  Grands  k  plaifcnt  daw  t'cï- 
ces ,  âc  les  petits  aiment  la  modoa- 
tion  i  ceux-là  ont  le  goût  de  dominer 
&  decommarkler  ,  &  ceux-ci  ftnccnt 
du  plaifir,  &  même  de  la  vtxàt  i 
les  ftr?ip&  è  leur  ob^r  :  les  Grands 
fontemoiiitft/&l«ess,  refpeâez  :  les 
petits  entourent ,  felucnt ,  fc  pro&r- 
lient  ;  &  tous  font  contens. 
'  *  U  co&te  fi  peu  aux  Granc&  \  tt 
donner  que  des  psu^oles^  oC  lear-ooD" 
dition  les  dif peujé  û.  £Jrc  <dj;  t&sia  l9 
«  "  '.  bel- 


ou  LES   MoËîïaS   DE  es  SiECtF.     J^l^ 

belles  pFomefifes^  qu'ils  troiis  ont  fet    ^^^ 
tcs^  que   c'eft  medeftie    à  eux    de  * 

iie  prometere  pas  cncoi^  plus   lai^ 
gcment. 

*  Il  eft  vieux  &  ufé  ,  dit  uit 
Grand  ,  il  s'eft  crité  à  meiuivre^: 
qu'en  £iire  l  Un  autre  plus  j^rnie  en»» 
kve  (es  efperances ,  &  @6tienc  le  pofte 
qu'on  ne  rcfufe  à  ce  malheureux ,  que 
parce  qu'il  l'a  trop  mérité. 

*  Je  ne  fai ,  dites-vous  avec  un  air 
#l*oid  Se  dédaigneux  ,  PbilaÉte  a  dai" 
tncriee,  de  l'èfprit,  de  l'agrément,  de 
Vexaditude  fur  fon^  devoir ,  de  la  fide- 
fit^  &  de  l'kttnchemem  pour  Ton  maî^ 
trc ,  &  il  en  eflr  médiocrement  Gonfî« 

•  deré ,  il  ne  plaît  pas ,  il  n'eft  pas  g:xù^ 
lé  :•  expliquez- vous  ,cft- ce  Philante^. 
©u  le  Grand  qu'il  ferc  ,  que  vous 
condamnez! 

*  Il  eft  fou  vent  plw  utile  dequirir 
ter  les  Grands  que  dé  s'en  plain-r 
dre. 

*  Q\ii  peut  dire  pôorquoî  qtiet. 
ques  uns  ont  le  gros  lot  ou  quebjue^ 
autres  la  &veur  des  Grands  > 

*  Le»  Grands^  font  fi  heureux  , 
«qu'ils  n'efluyent  pas  même  dans  toutis 

kttj:  vie  }?iBa>9f^éeoi4fi  regretter  là 

per. 


4J.i4         tEi  CAltACTE«.lS 

£^  *  ^  perte  de  Icursmerllcurs  fcrvitcurs,ôi 
*'^^*'***  des  pcrfonnesilluftrcs dans  kurgcnrc^ 
&  donc  ils  ont  tiré  le  plus  de  plaifir 
&  le  plus  d'utilité.  La  prcnucre 
choftquelftfbittene  fait  faire  après  la 
tnortde  ces  hommes  uniques  ,  &  qui 
ne  fe  réparent  point, eft  de  leur  fop- 
pofcr  des  endroits  foibles ,  doiît  elle 
prétend  que  ceux  qui  leur  fuccedeot 
font  très-exempts  :  cl^c  affure  que  Van 
avec  toute  la  capacité  &  toutes  les  lu* 
tdieres  de  l'autre  dont  il  prend  la  pla* 
ee  <  n'en  a  point  les  défauts  ,  &  ce 
ftilc  fèrt  aux  Princes  à  £c  confokr 
du  grand  &  de  Pexcellent  par  le  mé* 
diocre« 

.  *  Les  Grands  dédaignent  les  getfs. 
rfcfpf  it  qui  n'ont  que  de  refprit  :  les 
gens  d'efpric  méprifent  lesGrandsqui 
n'ont  que  de  la  Grandeur  :  les  gens 
de  bien  plaignent  les  uns  Ôc  les  autres,' 
4)ui  ont  ou  de  la  grandeur  ou  de  ref- 
prit ,  fans  nulle  vertu. 

*  Quand  je  vois  d^une  part  auprès 
ides  Grands,  à  leur  table  ^  ^quelque^ 
fois  dans  leur  familiarité ,  de  ceslxira- 
fOCS  alertes  ,  empreffez ,  intriguaus  » 
ftvanturiers ,  efprits  dangereux  &  nuv* 
iibles  3  &  que  je  c€)0$dcre  d'aatie 


èîj  tts^  Moeurs  ûe  et  SiBfctÉ.  4if 

|>art  guetté  pciiïe  ont  les  pcrfowics  de  j^.* 
rrîcrite  à  en  approcher ,  je  ne  fuis  pas 
lolijpurs  difpofé  à  ctoii:e  <}ue  les  më-- 
diansfôieiik  foufièrts  par  ioterêt ,  oct 
qoe  les  geh§  de  bien  foient  reg^rdez^ 
comme  inutiles  :  je  trouve  plus  mo» 
compte  à  me  confirmer  dans  cette 
penfc'e  ,que  grandeur  &  difcernemcne 
îont  deux  chofes  dafTeremes ,  &  IV 
mour  pour  la  vertu  &  pour  les  ver-i 
toeux ,  ttne .  trbiCeme  chbfe.- 
♦*  *  Lueile  aiifte  mieux  uièr  fa  vie  ^ 
fc  faire  fupportcr  de  quelques  Grands  ^ 
que  d'être  réduit  à  vivre  fiimilier«- 
mentavec  fes  e'gau'x. 
I  La  règle  de  voir  de  plus  gfân<f$ 
îq[ue  foi  ,  doit  avoir  fes  reftric- 
fions.  11  fmt  quel^iefoîs  d^trafi^ 
ges  talens  peur  la  réduire  en  pra« 
tique- 

-  *  Quelle  eft  l'incurable  maladie 
de  Tbevplnle  ?  cUe  lui  dure  depui^f 
plus  de  trente  années ,  il  ne  guerii 
point ,  il  i  voulu ,  il  veut ,  &  il  vou- 
dra gouverner  ks  Grands  :  la  mort 
feule  lui  ôtera  avec  k  vie  cette  foif 
d'empire  &  d'afccndani.  fer  les  et 
prits  :  eft-ce  en  lui  zèle  du  prochain;  i 
*ft.ce  J»biwdeJ.cftr«  Wc  cjWeffivc 


'4i6^        tfii  HÀKACrtKÉi 

0  g  s  ôpiniôfn  de  foi-même  ?  Il  n'y  a  poiniÇ 
ÙKAiiDs.  de  Palais  où  il  ne  s'infinuë  :  ce  n^eft 
pas  au  milîeit  d'irae  chatnbve  qu'il; 
^aroête ,  il  pa^  à  Uf»  embcafiire  ou 
au  cabinet  i  onr  amtsiki  ^iL  ^t  fiAéf 
èc  lon^cenns  de  avec  àâicm  ,  pour 
Avoir  audience ,  pcmr  être  va.  Û  en-^ 
fre  dans  le  kcm  des  femittes.,  il  eft 
de  qiKlque  chofe  dMs  oout  ce  qui 
leur  arrive  de,  trifte  ou  d'avantagpix^s 
îl  prévient,  il  s'offre,  il  fe  fait  de  i&i 
^  te,  i\  feui  l'admettre.  Ce  n'cft  pas  af- 
ièz  pour  remplie  ion  tecns  ou  fou 
ambitioÉi ,  que  le  foin  de  dix  milio 
âmes  dont  il  r^ond^  à  Dieu  coidibs 
de  h  (le^  propife  i'û  y  ça  a  âun 
plus  6aut  rang  te  d'une  plus  grandi 
diftinârion  dont  il  ne  dok  ancoà 
compte,  8c  dont  i)  fe  charge  pllis  vo* 
lontitfrs.  II  écoute,  il  veille  furtotti 
te  qui  peift  lervir  de  pâtute  à  ion  ef- 
prit^d'intf igné  ,  de  médiation  on  di 
tnanége  :  à  peine  un  Grand  eiî-iï  dé- 
barqué, qu'il  l'^^mpoignc  &  s'en  fit" 
fit  :  on  entend  plutôt  dire  à  Théo- 
phile ,  qu'il  le  gouverne  ,  qu^on  tfa 
pu  foupqonmv  qu31  penfeit  à  legoci* 
terncr.  •  "  '  -^ 
*  Uttc  ^fte^idtiir  '  ou  une  incivilité 


btj  tts  Mpcuks  ^cB. Siècle.  4>if 
^ixî  tient  de  ceiri  qm  (ont  âù^dtÛtis  CnAti 
de  nous ,  nous  les  fait  hai'r  ,  mais  un    ^  ^< 
Ikhit  Qii  un-  jGbunti^e  nous  fes  jeecoo- 
€ilie. 

•  ^  Il  ^  a  dei  honub^  filperbes  que 
l'élévation  de  leurs  rivaux  humilie  Se 
apprivûifë.,  ils  e»;  viennent  par  cette 
diigrace  jnlqa'à  rendre ^le  faUii  :  maisr 
Se  cents  qcri  adoutit  toutes  chdfes  ^ 
les  remet  enfin  dam  leur'  miwcL 

^  Le  mcpria  que  ka.  Grands  ont 
^ur  le  peûpie;,  ks  rond  indîfiferenf 
£ir  les  fttttcnes  oub  fin  les  louanges^ 
^'ils  en  reçoivent ,.  &  tempère  leur 
vanité.  De  mcoK  ks  Prînees  louer 
&ns  fin  Se  âns^reiâc&e  diea  Gcâàds  ott 
des  Courti&n^,.en-  fetiienf  pltijs  Vaio^^ 
^ils  efticQoient  davantage  ceux  <}ui  le» 
louent. 

*  Les.  Granck  crâ^t  être  &ids 
parfaits ,  n'admettent  qa  à  peine  dans^ 
ks  autrts  hommes  la  droiture  d^efprir  ^ 
Fhabileté  ,  k  délkateâb  ,  6c  s'empa» 
rcnt  de  ces  riche»  talent  ,  eomme  àer 
choies  ducfs  à  leur  naâi&ûce.  C'eft 
cependant  enr  eul  une  erreur  groffiere 
de  fè  nouriérde  (1  fauâès  préventions  r 
ce  qu'iï  y  a  jamais  eu-  de  mieux  pen*' 
Se.  de  mieux  dit:^  de  mieux  écrit  y 


2|tÉ     Lss  Caractères 

Ùii  èc  pcut^nt  d\liie  conduite  plus  ^ 
GftâNDt.  ]icsLtc  ne  nous  eft  pas  tmijours  ventt 
de  leur  fond.  Us  ont  de  erands  do^ 
maines  ,  &  une  longue  mite  d'Ao^ 
cétres  i  cela  ne  leur  peut  être  con-* 
tefté. 

•  *  Av«i  -  vous  de  l'cfpfit  ^  dr  la 
grandeur^  de  Pfaatnleté  i  du  goût  « 
du  difccraement  ?  en  croirai-je  h  pré- 
vention Se  la  flatterie  qui  pabâcot 
hardiment  votre  mérite  ?  dles  me 
ibnt  (ufpeâes  ,  je  les  rccufë.  Me 
laiilèrai-je  éblouir  par  un  air  de  cà* 
pacité  ou  de  hauteur  ,  qui  vous  mec 
aa  defTus  de  tout  ce  qui  fé  fait  y  de 
ce  qui  fe  dit ,  6C  de  ce  qui  s'écrit , 
qui  vous  rend  ièc  fur  les  louanges,  & 
empêche  qu^n  lic  puiflê  arracher  dis 
Vous  la  moindre  approbation  >  je  coff* 
dus  de  là  plus  naturellement ,  que 
vous  av«È  de  la  faveur  ,  du  crédit 
&  de  grandes  ricbeflès.  Quel  moyeâ 
de  vous  définir ,  Tilepban  ?  on  n'af>« 
proche  de  vous  que  comme  du  feu  ; 
te  dans  une  certaine  diftance ,  &  il 
faudrait  vous  développer ,  vous  ma* 
nier ,  vous  confronter  avec  vos  pareils^ 
pour  porter  de  vous  un  jugement 
iain  &  raiibnnable  :  votre  iîomaie  de 

ÇOOtr 


bu  Les  Moeurs  de  ce  Suc^f,  4tj^ 

{Confiance  ,  qui  eft  dans  votre  fami*  C  h  a  9, 
Itarité  ,  dont  vous  prenez  conièil  ,  IX.^ 
pour  qui  vous  quittez  Socrste  &C  Jrif^ 
tiJe  ,  avc€  q^i  vous  riez  ,&  qui  rit 
plus  haut  que  vous  ,  Dave  enfin 
a)'efl  trçs-çonnu  ;  feroit^ce  aflèz  poui 
vous  bien  connoi tre  i 

*  11  y  en  a  de  tels  ^  que  s'ils  pou-»: 
voient  connoître  leurs  fubalternes  8ç 
fê  connoitre  eux -menées  ,  ils  aui* 
voient  honte  de  primer. 
.  *  yil  y  a  peu  d'cxcdlcns  Orai# 
teurs ,  y  a-t-il  Ûen  des  gens  qui  puii^ 
lent  les  entendre  ?  S'il  n'v  a  pa5  aflcsç 
de  bons  Ecrivains,  où  (ont  ceux  qui 
fa  vent  lire  >  De  même  on  s'eft  tou-» 
jours  plaint  du  petit  nombre  de  per+ 
lonaes  capables  de  cotifèiller  les  Rois, 
&  de  les  gider  dstns  Tadminiflrationi 
de  leurs  afiàires.  Mais  s'ils  naiflenc 
enfin  ceç  hommes  habiles  &c  intelli*  . 
gens ,  s^ils  agtflfent  félon  leurs  vues  80 
leurs  lumières ,  font-ils  aimea  ,  fbnt« 
ils  eftimez  autant  qu'ils  le  méritent  i  . 
font-ils  louez  de  ce  qu'ils  penièpt  & 
de  ce  qja'ils  font  pour  la  patrie  >  Us 
vivent ,  il  fiiffit  :  on  les  cenfure  s'ils 
«chouenc ,  &  on  les  çnvie  s'ils  téafr 
jugent.- Qlâmons  Je  peuple  où  il.j&P 

xoil 


4fo     lîs  Caracttres 

f)  t  s  roit  f idf cide  de  vouloir  Pexcu(k  :  (bit 
Caa^os.  chagrin  iSc  (à  j^oyfie  regardez  des 
X^rands  ou  d|es  Puiflàns  comme  inévp' 
lables  ,  les  qih  coaduits  ifl&nfiblcp 
ment  à  4e  coo^itter  pour  Fien ,  &  à 
négliger  ies  fufirages  daçs  toutes  leur» 
cncreprifès  ,  à  s'en  £iire  m&ne  une 
r^e  die  politiaue. 

Les  pcttcs  (e  haïflqnt  les  uns  le$ 
antres ,  lorfqu^âs  fe  ^aifent  jredpro* 
quemenc.  Les  Grands  fbot  odieux 
aux  petits  par  le  mal  qu^ils  leur  font, 
.&  par  tpuc  le  inen  outils  ne  }eur  font 
pas  ;  ils  leur  (ont  re^Tpo&bles  de  leur 
obihurité ,  de  kur  pqmvreté  ,  èc  de 
leur  iniortujQe  s  ou jdu  moins  ils  leur 
{laroifiènt  tek. 

,  *  iQcft  d«ja  trop  d'avoir  ^vcc  )ê 
peuple  .une  même , I(.^ligioQ  &  un 
m^me  Dieu  :  qdel  mo^en  encore  de 
j6*appeller  Piejrre  ,  Jean  ,  Jacques , 
comme  le  Marchand  ou  le  Labou- 
rearM^vitOQS  d^avoic  rien  de  com* 
ttmn  avec  la  multitude  ;  afk^^fi  ao 
comxaire  toutes  ;  les  di(^9^ions  quj 
iiousin'féparent:  qu^elle  s^approprie 
^es  doujse  Apocnes/y  leurs  dircipies,les 
ôtmiera  ^Martyrs  (  telles  gens  ,  tels 
^$tîpns)  qji^fUfe  vQ^e  3f»y«:  pl^ûfir  rcr 
:    :  ycnir 


I 


ou  CES  MoEuas  ob  ce  Sieclb.  431 

iirenir  'tâiltes  ie^  années  ce  jour  parti-  CU  4f  f 
culier  que  chacjun  célchrc  cooune  f^,  l^^  , 
éqte.  Pour  nous  autres  prands^,  ayons 
recours  lauK  aoqïs  profanes ,  fa^Consr 
flous  baptifèr  ibus  xeux  d'Ançâ^al , 
4e  iCViâr  ,  &  de  Pompée ,  cVcoient 
àc  grands  bon^oics  ;  (bus  céiai  dç  JLor 
CT4x:e ,  cVtoic  une  itluâre  Romaine  : 
fous  ceux  de  Renaud ,  Jip  Kogcr , 
d'Olivica-  &  de  Tancrcdc  ^  i^écdieni: 
des  Paladins  ,  §c  le  JElr>imn  n'a  point 
de  Herps  plus  n^erveilleux  ;  fous 
ceux  d'Heftor  ,  d'Achille,  d^^crcu- 
le^  tous  demi- Dieux  ^  fous  ceux  mê^ 
tne  de  Phœbus  &  de  Piane  :  S^,  qui 
iious  empecbera  de  nous  faire  nomr 
iner  Jupiter  ,  ou  Mprcure  ,  pu  Vp- 
çus  ,  ou  Adonis  ? 

*  Pend^iH:  que  les  Grands  négli- 
gent de  rien  èônnottre ,  je  ne  dis  pas 
feMlemetii:  ayx  intérêts- des  Princes  & 
AUX  af&ir^  publiques ,  mais,  à-  leur$ 
propos  afiUres ,  ^its  ignorent  rcç^ 
çonoûaie  iSc  la  fciente  d'un  père  de 
famille ,  &  qu'ils- Ce  Joiaent ^uxmê^ 
tues  de  cette  ignonince  yc^^$  fe  laif- 
fent  appauvrir  ic.  m^tnier  par  .de^ 
Imendans  j  qu'ils  le  contentem  d?êtfÇ 
go^rmdt;  -pjf  fiffdux  ^  ^d^ailer  chS^ 


i 

45»    lï$  Cahactb'rs* 

D,;^     Zbdit  ou  chez  Pbrytu,.àc  pwicf  ^    j 

£k  AND  s.  la  mcutt  Ce  de  la  vialle  meute,  <J« 

dire  cpmbicn  il  y  a  de  poftes  dçPati» 

«  Bcfioçon  ,  ou  à  Philisbourg  :  d« 

iCitoyens  s^inftruîfcitt.  du  dedans  8c  d» 

dehors  d'un  Royaume ,  éwdiént  Iç 

«ouvcracnient  ,  deviennent  fins  & 

politiques  ,  fw^tit  le  fort  &  le  foiblç 

/le  tout  ua  Etat .  fongcnt  à  ft  nuÇW 

placer ,  fç  placent ,  s'élèvent  »  de? ico- 

ncnt  puiflâns  ,  foolagcnt  le  Pnncç 

d'une  partie  des  foins  publics.  Lçs 

Grands  qp»  les  dédaignoici|t,le»rfr 

avèrent,  heuïeujt  s'ils  deviçnpept  le)iB 

gendres. 

*  Si  je  compare  cafeioble  les  Cfiai 
«on<&iops  des  homoïcs  lc4  plus  op» 
pofées ,  je  veux  dire  les  Qrapds  avec 
b  peuple ,  ce  demie»  mç  parotr  cou- 
ijent  du  ncceflàirc  ,  ÔC  les  autres  foM 
inquiets  &  pauyyçs  .a,vpc  le  fuperflo- 
.Unhommedu  peuple. ae  faproit&irt 
«ucuo- »»1  i  ^  Orand  np, veyt  f^^ 
^ucua^.Qien  &  eft  ciapable.  df.|[randJ 
panTH.iVun  oe. fc. ferme §f  a^s'efet' 
ce  que  dans  les  cbofcs  qui  font  utiles  i 
llautrey  joint  les  peraiçicufes  :  1» »? 
fpontiwt  if^gçnuëmcnt  1^ .  groillerw 
pç  la  fraaPbiff  > vici  Jfc-  çgiçhim  «J 


^Gu  tes  Moeurs  .DE  ce  Sieole.  4}j 

toaUgoe  &  corrôop^puë  fous  Pecorçe    C  h  a  i». 
îde  la  politeffc .:  le  peuple  i^'a  gueres      ^  ^' 
.d'efpric  «  ôc  les  grands  a'ont  poiqjt 
^'ame:  celui-là^  un  bon  fond  Se  n'a 
point  de  dehors  ;  ceux*ci  n'ont  que 
âes  dehors  âc  qu'une  .;fimple  fuper^fi- 
icie.  Faut -il  opérer.,  je  ;ie  ,balance 
j3!as ,  je  veux  être  pe,uplc. 
.    *  Quelque  profonds  que  ibieqt  les 
<7rands  de  la  Cour  ,  Se  quelque  art 
qu'ils  ayent  pour  paroitre  ce  qu^ils  ne 
font  pas  «  8c  pour  ne  poinc  paroitre 
^e  qu'ils  (pot  ^  îh  ne  pcuvenf.  ipacher 
Jeur  maU^te'/leur  ex):rçme  pcjpte  à 
xire  aux  dépens  4'^utrui ,  &ç,  à  jet|;er 
du,  ridicule  fouvent  où  il  P'y  eu  peut 
avoir  :  ces  beaux  talens  fe  découvrent 
en  eux  du  p)*emter  coup  d'œil ,  ad« 
lUijables  fans  doute  pour  envelopper 
iune  duppe ,  3c  rjpnd)re  fot  celui  qui 
i'eft  déj^>  mais  ençoore  pluç  propres  à 
jeur  ôtér  (put  \^  plaifir  qu'ils  pour- 
voient tirer  d'un  bonune  jd'cfprit ,  qui 
fauroit  |è  tpurner  ^  Ce  plier  en  miljlc 
jnanieres  ggreables  &  réjouïfïàntes ,  fi 
le  dangereux  cara^ere  du  Courtifan 
ne  l'engageoit  pas  à  upç  fort  grande 
retenue.  11  lui  oppofe  un  caraéberc 
férieux  d^ns  lequçl  i]  fe  i^etrancl^ç  j  Se 
,  Tm.  J.  T  il 


434     I-^s  Caractikbs 

t>  «  s     il  fiiît  fi  bîctt  que  ks  raîttctiTS  avec 
Grands.  ^  intentions  fi  «lauvaHcs  manquent 
^'occafîons  de  fc  joacr  de  lui. . 

*  CjCS  aifcs<ie  la  vie ,  l'abonàncc ,' 
le  calme  d'une  grande  profpcritc  font 
que  les  Princes  ont  de  la  jo^e  de  rcftc 
pour  rire  d'un  nain,  d'un  fingCjd'un 
imbécile,  &  d'un  mauvais  conte.  L« 
gens  moins  heureux  ne  rient  qu'i 

propos.  ^ 

*  Un  Grand  aime  la  Champagne, 
abhorre  k  Brie ,  il  s'eqyvrc  de  qiciU 
leur  vin  qttc  l'homme  du  Peuple  ; 
fçule  difiercnce  que  k  crapule  laiffc 
entre  les  conditio*)S  les  plus  difpro* 
*K)rtionnées ,  entre    le  Seigneur  & 

.     rEftafier. 
,    '  *  Il  fenibic  d'abord  qu'il  cotre 

dans  les  plaifirs  des  Princes  un  peu  de 

cehii  d'incommoder  les  autres  :  mais 
fion  les  Princes  refièmblent  40* 
hommes  :  ils  fomgent  \  eux-mêmes , 
fuivent  leur  goût ,  kurs  paflîons , 
leur  commodité ,  <:eia  eft  naturel. 

*  Il  iêmble  que  la  première  rcgte 
des  compagnies ,  des  gens  en  place , 
ou  des  puiflans,  eft  de  donnera  ceux 
qui  dépendent  d'eux  |)0ur  le-  ^omi 
âe  leurs  i^flaift»  «  toittes  les  cfaii^ 

■  :   -^\^:<  -ici 


^  - 


1 


ov  LES  Moeurs  m  ce  Siecië.  4)5 

les  qu'Hls  en  peuvent  craindre^  .         ^'ix^^^ 

'**'  Si  un  Grand  a  quelque  degré  de 
bonheur  fur  les  autres  honinies ,  je 
SIC  devine  pas  lequel ,  fî  ce  n'eft  peut* 
être  de  fe  trouver  fouveot  dans  le^ 
pouvoir  &  dans  l'occafîon  de  £iirc 
plaifir  ;  &  fi  elle  naît  cette  conjonc- 
ture ,  il  (cmble  qu'il  doive  s'en  fer- 
vir  ;  fi  c'eft  en  âveur  d'un  homme 
de  bien  ,  il  doit  appréhender  qu'elle 
ne  lui  échape  :  mais  comme  c^eft  en 
une  chofe  ju^ ,  il  doit  prévenir  I;^ 
fiillicitation ,  &  n'être  vu  que  poi^r 
être  remercié  ;  âc  fi  clic  c(t  facile  ,  il 
ne  doit  pas  même  la  lui  faire  valoir  : 
s'il  la  lui  refufè  ,  je  les  plains  tous 
deux. 

^  Il  y  a  des  hommes  nez  -inac*» 
ceffibles ,  8c  ce  font  précifémcnt  ceux 
4e  qui  les  autres  ont  beibin ,  de  qui 
ils  dépendent  :  ils  ne  font  jamais  que 
iur  un  pied  ;  mobiles  comme  le  mer« 
cure  il^  pirouettettt ,  ils  geftîculent  ^ 
ils  crient ,  ils  s'agitent  :  tembkbles  à 
ces  figures  cle  carton  qui  icrvent  de 
montre  à  une  fSte  publique ,  ils  jec» 
tent  feu  Se  flamme ,  tonnent  &  fou« 
droient ,  on  n'en  approche  pas ,  juf- 
iju'â  ce  que  venant  à  s'éteindre  ils 

T  a  tom- 


Grands. 


4)é      Lj!s  Cablactcres 

D%9      tombent ,  êc  par  leur  chute  devîefM? 
lient  traitables ,  mais  inutiles. 

*  Le  Suiflc ,  le  Valet  de  cliambiTe  ^ 
Fhommc  de  livrée  ,  s'ils  n'ont  plus 
d'efprit  que  ne  porte  leur  condition  , 
àe  jugent  plus  d'eux-mêmes  par  leur 
première  bailêflè  ,  mais  par  réléva" 
tion  &  la  fortune  des  gens  qu'ils  fer^ 
vent ,  &  mett^  tou^  ceux  qui  enr 
trent  par  leur  |H>rte ,  &  montent  leur 
efcalier  ,  indifïèremment  au  deflbus 
d'eux  Se  de  leurs  maîtres  :  tant  il  cft 
vrai  qu'on  eft  deftiné  à  foufirir  des 
Grands  &  de  ce  qui  leur  appatr 
tient. 

^  Un  faomme  en  place  doit  ai- 
mer Ton  Prince ,  fa  femme  ,  fès  en- 
fans  &  après  eux  les  gens  d'cfprit  :  il 
les  doit  adopter  ,  il  doit  s^en  fournir 
&  n'eu  jamais  manquer.  Il  ne  (âur 
rçit  payer  ,  je  ne  dis  pas  de  trop  de 
penfions  &  de  bienfaits  ,  mais  de 
trop  de  ^miliarité  &  de  careflcs  les 
&cours  &  les  fervices  qu'il  en  tire , 
même  fans  le  fàvoir  :   quels  petits 
J^ruits  ne  diffipei^t  *  ils  pas  ?  quelks 
hiftoires  ne   rédjuifent  *  ils  pas  à  la 
^ble  &  à  la  fiâion  >  ne  favent- 
JJs  pas  Juftifiér   les  mauvais   ibc^ 


eh  t£s  MofiUAs  DE  ok  Siec£b.   45^ 

tes  par  les  bonnes  intentions ,  prou-  C  h  /K 
ver  la  bonté  d'un  deflcin  &  la  juftcflc  1  ^* 
lies  mefures  par  le  bonheur  des  évene- 
mens ,  fikHr  contre  h  malignité  St 
•Penvie  pour  accorder  à  de  bpnnes  en- 
trepriies  de  meilleurs  motifs ,  donner 
des  explications  favorables  à  des  àp-  • 

parences  qui  étoient  mauvaifes ,  éé^ 
tourner  les  petits  défauts ,  ne  rnon^- 
trer  que  les  vertus ,  &  les  mettre  dans 
leur  jour ,  femer  en  ntrllç  occafion^ 
des  faits  6c  des  détails  qui  foient 
avantageux  ,  &  tourner  le  ris  &  la 
mocquérie  contre  ceux  qui  ofcroicnt 
en  douter  4  ou  avancer  des  faits  con-^ 
traires  ?  Je  (ai  que  les  Grapds  orftî 
pour  maxime  de  laiflèr  parler  &  de 
continuer  d'agir  :  mais  je  fai  auffi  qu^il 
leur  arrive  en  plufîeurs  rencontres  ^ 
que    laiflêr    dire   les   empêche    de 

laire. 

*  Sentir  le  mérite  ;  &  quand  il  cft 
une  fois  connu ,  le  bien  traiter  s  deux 
grandes  démarches  à  &ire  tout  de  fui*< 
te ,  &  dont  la  plupart  des  Grands 
font  fort  incapables. 

*  Tu  es  grand  ,  tu  es  puiflànt ,  ce 
a'eft  pas  affez  :  faits  que  je  t'eftimc  , 
afin  que  je  fois  trille  d'être  déchu  do 

Tj  tes 


4)S     tn  Caractsubs 
l>  B  s     tes  bonnes  grâces^  ou  d^  n'avoir  pâ 
GfcAMos  les  acquérir. 

*  Vous  dÎKsd'Qn  Grand  m  d'mi 
%omme  en  place ,  qu'il  cft  prcvenani; 
«fficieux^  qu'il  aime  à  f»m  pkà&t  : 
&  vous  te  coflfiFimxpar  un  loog  dê« 
tail  decequ^i^La  &ît  en  m)e  a&tte  ou 
Hz  fà que  yevs  preniez  inKrèt.  ]e 
vous  entends  ,  on  va  pour  vous  au 
devam  de  la  folIickatîoQ  ^  vous  avei 
4u  crédit ,  vtsus  êtes  connu  du  Mi- 
niftre ,  vous  ctcs  bieaavec  ks  Puif- 
£inces  :  defiriez- vous  que  je  fu^  tnuc 
chofe  T 

QuelquHm  vous  ait  ^  je  me  ^m 
fvm  tel  ^Uefi  fiât  depth  fon  élevâMn  ^ 
U  me  diidgne  ^Û  ne  me  'Ommk  pluf. 
^e  nféà  fm  feurmâ  y  lui  re'popdc^ 
voos^ ,  fnjer  de  m'en  flamdre ,  au  r«ff- 
traire  Je  m^enlom  fert ,  &  il  mefemi'i 
mime  quHl  efi  âffeT^  dvd.  Je  crois  enco 
K  vous  entendre  ^  vous  voulez  qu'on 
âche  qu^in  homme  en  place  a  dePa^ 
tention  pour  vous ,  &  qu'il  vous  dé- 
siêle  dans  l'antichambre  entre  mille 
honnêtes  gens  de  qui  il  dèfionme  fe$ 
jeox ,  de  peur  de  tomber  dans  PiO' 
çonvénient  de  kur  rendre  le  falut^oti 

de  kur  ibunxe» 

:..  •  ^  Se 


ou  LES  Moeurs  di  ce  SxEctv.  4}  9 

Se  louer  de  quelqu'un,  fc  louer    ^"^^^v 
d'ua  Gnand  ,  phraiè   délicate  dans  *  -./ 

ion  origine ,  &  qui  fignifie  &ns  dou- 
te iè  louer  foi-meme ,  en  difanc  d'un 
Gsand  tout  le  Ixen  qu'il  Qous  a 
fkk,  ou  qu^il  n'ia  pas  fongë  à  nous 

On  loue  les  Grands  pour  marquer 
qu'on  ks  Toic  de  prè$ ,  rarement  par 
tàlime  ou  par  gratitude  :  on  ne  con» 
noît  pas  fouvent  ceux  que  l'on  loue, 
La  vanité  ou  la  légèreté  l'empor- 
tent quelquefois  fur  le  reflentimcnt  : 
on  eft  mal  content  d'eux  ,  &  on  les 
loue. 

*  *  S'il  eft  périlleux  de  tremper  dans 
une  aflàirc  fufpcéte  ,  il  Teft  encore 
davantage  de  s'y  trouver  complice 
d'un  Grand  :  il  s  en  tire  ,  &  vous 
hiSç  payer  doublement,  pour  lui  ôc 
pour  vous. 

*  Le  Prince  n'a  point  affezi  de  tou- 
tc  ÙL  fortune  pour  payer  une  bafle 
complaifànce  ,  fi  l'on  en  juge  par 
tout  ce  que  celui  qu'il  veut  récom- 
pcniêr,  y  a  mis  du  fien j  &  il  tPa:p^- 
trop  detoute  fà  puiflànce  pour  le  pu« 
nir ,  s'il  mefure  iâ  vengeance  au  tort 
qu'U  en  a  xeçu. 

T  4  »  JU 


40      le  s  Car  AcTERi^ 

Ci»$  *  La  Noblcffc  expofe  fa  vie  poû? 

c  a  A  N  D  s.  le  falut  de  l'Etat ,  &  pour  la  ^oîr^' 
du  Sou  veraîti.  Le  Magiftrat  déchar* 
gc  le  PHnce  d^unc'  partie  dif  foin  de  • 
juger  tes  Peuples  f  voilà  de  part  &c 
d'autre  des  fondions  bien  fublimes  2c 
d'une  merveilleufè  utilité ,  les  hom-' 
lâes  ne  font  giueres  capables  de  plus 
grandes  choies  ;  Se  je  ne  fay  d'où  I^ 
Robe  &  PEpée  ont  puifif  de  quoi  fe 
meprifer  recîproquemenL 

*  S^il  cft  vrai  qu'un  Grand  donner 
plus  à  la  fortune  h>rfqu'il  bazarde  une: 
yie  deftinée  à  couler  dans  les  ris  ,  le 
plaifir  ôc  l'abondance  ,  qu'un  partie 
culier  qui  ne  rifque  que  dôs  jours  qui' 
font  miferables  ,  iï  faut  avouer  aufi 
qu'il  a  un  tout  autre  dédommage*' 
ment,  qui  efl:  la  glaire  &  la  haute  ré* 
putation.  Le  Ibldat  ne  fent  pas  qu'il 
foit  connu  ,  il  meur  obfcur  &  dans 
h'  foule  r  il  vivoît  de  même  à  la  véri- 
té,, mais  il  vivoit  ;  &  c'cft  Tune  des 
fburces  du  défatrt  de  courage  dans  Je» 
conditions  bafles  Se  fer  viles. .  Ceut: 
ou  contraire  que  la  naiilànce  démêle 
d'avec  te  peuple^  Se  expofë  au£ 
yeux  des  homnfies  ,  à  leur  cenfiire  ^ 
Se  i  leurs  doges ,  font  même  capa« 
•  '  ^  .  1.      ^  blci 


otj  LES  Moeurs  de  ce  SiecIe.  441 

lï^les  de  fortir  par  eflbrt  de  leur  tem-  ^^^  ^* 
-perament ,  s'il  ne  les  portoit  pas  à  la 
•Vertu  :  &  cette  difpofition  de  cœur 
£c  d'efprit  qui  paflè  des  ayeuls  par  les 
pères  dans  leurs  defcendans ,  eft  cet« 
te  brdvoure  fî  familière  aux  per(bn- 
lies  nobles ,  &  peut-*  être  la  nobleflè 


même. 


Jettez  -  moi  dans  les  troupes  com« 
ïne  un  fîmpifc  foldat ,  je  fuis  Therfi- 
te  :  mettez-moi  à  la  tête  d'une  armée 
dont  j'aye  à  repondre  à  toute  PEuro* 
pe  ,  je  fuis  Achille. 

*  Les  Princes  fins  autre  fcience  ni 
autre  règle  ont  un  goût  de  comparai-» 
fon  :  ils  font  nez  &  élevez  au  milieu 
&  comme  dans  le  centre  des  meilleu- 
Tes  chôfes  ^  à  ijûoi  ils  rapportent  ce 
qu'ils  lifent  j  ce  qu'ils  voyent ,  & 
ce  qu'ils  entendent.  Tout  ce  qui 
«'éloigne  trop  de  L  tj  l  l  v  ,  de  R  a- 
cihe  ,  Se  die  le  Brun  ,  eft  con* 
damné. 

*  Ne  parler  aux  jeunes  Princes 
que  du  foin  de  leur  rang ,  eft  un  ex- 
cès de  précaution ,  lorfque  toute  une 
Cour  met  fon  devoir  &  une  partie 
de  fa  politeffèàlesrefpe&er,2c  qu'ils 
Tant  bien  moins  fujecs  à  ignorer  au- 
"   .  -  T  j  cun 


442  Les  Caractires 
Dis  cun  des  égards  dûs  à  tear  îxÀSaycCf 
Okahj^s»  qu'à  confondre  les  perfonncs  &  to 
traiter  indifféremment  &  fans  diftioc^ 
ûon  des  conditions  Se  des  titres.  Us 
ont  une  fierté  naturelle  qu'ils  reorou- 
vent  dans  les  occafions  :  il  ne  leur 
faut  de  leçons  que  pour  la  r^kr,  que 
pour  leur  infpirer  la  bonté  ,  Phoonê- 
teté  &  l'efprit  de  difcernement. 

*  C'eft  une  pure  hypocrifie  à  un 
liomme  d'une  certaine  élévation ,  de 
m  pas  prendre  d'abord  le  rang  qui  lui 
cft  dû ,  &:  ^ue  tout  le  inonde  lui 
cède.  11  ne  lui  coûte  rien  d'être  iho* 
defle ,  de  fe  mêler  dans  la  multitude 
qui  va  s'ouvrir  pour  lui ,  de  prendre 
dans  une  aflembléc  une  dernière  pla- 
ce, afin  que  tous  l'y  voyent ,  Se  s'em- 
preflènt  de  l'en  oter.  La  modeftie 
eft  d'une  pratique  plus  amere  aux 
hommes  d'une  condition  ordinaire  : 
s^'ûs  iê  jettem  dans  la  foule  ,  on  les 
écrafè  :  s'ils  choififlènt  un  pofteiiv 
commode ,  il  leur  demeure. 

^  Arifidfquê  (c  tnmfporte  dans  U 
place  avec  un  Héraut  Se  un  Trom- 
pette ,  celui*ci  commence ,  toute  11 
multitude  accourt  &  &  nflêmblc. 
£coutez  9  peuple  ^àiC  k  Henmt  ; 


ou  LES  KîoÉtfRS  DE  CE  Siècle.  443 

îbycz  attentifs ,  fflencc ,  Ar^arque  que     ^  |^  '*' 
rous  vojeX^  fréfent  doit  faire  demain  une  * 

tonne  alUon.  Je  dit^ai  plus  fimpletnent 
Se  (ans  figure ,  quelqu'un  &it  bien  ; 
veut-il  faire  mieux  ?  que  je  ne  fâche 

}>as  qu'il  fait  bien ,  ou  que  \c  ne  le 
bupçonne  pas  du  moins  de  me  l*a* 
voir  appris. 

*  iJes  meilleuires  aâions  s'alterenc 
2ç  s'aflbibKflènt' par  la  mamere  donc 
On  les  fait ,  Se  làifiènt  même,  douter 
des  intentions.  Celui  qui  protège  ou 
qui  loue  la  vertu  pour  la  vertu  ,  qui 
corrige  ou  qui  blâme  le  vice  à  caufe 
du  vice ,  agit  Amplement ,  naturelle- 
ment ,  fans  aucun  tour  ,  fans  nulle 
fin^ularité ,  fans  fàfte  ,  &ns'  afièc- 
tation  :  il  n'ufc  point  de  réponfes 
graves  Se  fèntentieufés»  encore  moins 
de  traits  piquans  Se  fatyriques  :  ce 
Ij'cft  jamais  une  fcenc  qu'il  joue  pour 
le  puolic ,  c'eft  un  bon  exemple  qu'il 
dotine,  Se  un  devoir  dont  il  s'acquit- 
i;e:  il  ne  fournit  rien  aux  vifîtes  de» 
femmes,  ni  au  cabinet  (4)  ni  aux 
i»ouvclliftes  :  il  ne  donne  point  à  un 

hom« 

» 

{a)  Rendez-vous  à  Paris  de  quelques  hon- 
fjtfitcs  geas  pouc  U  coBverfati^ii. 

T  6 


444     ^^^    CAKACTBRBf 

^  ^  1 9      homme  agréable  h  matière  d'un  joîi 
A4.MOS.  conte.  Le  bien  qu'il  vient  de  feiœ 
cft  un  peu  moins  fû  à  la  vérité  ^  mais 
il  faic  ce  bieuy.q^ue  voudrok-ilda^ 
Tantage  ? 

^  Lef  Grands  oe  doiveor  poioc 
aimer  les  premiers  tems  ,  ils  ne  leut 
font  point  favorables  :  il  eft  trifle  pouc 
eux  d'y  voir  que  qou3  fortions  te» 
du  frère  ÔC  de  la  fœur,  Les»  bommo^ 
compcfeiu  enfemble  une  même  famiL^ 
le  :  il  n  y  a  que  le  piu&  ou  le  moini^ 
dans  le  degré  de  parenté. 

*  Tbeogniseù  recbercbe  dans  Cm 
ajuftemeat  ,  &  ri  ibrt  paré  comme 
une  femme  :  il  n'cit  pas  hors  de  la 
majfpn  »,  qu'il  a  déjà  ajuf^c,iès.  yeux. 
Se  ion  yii^e  ^  aâa  q^  ceiioit^lw 
choTe  faite  quand  il  &ra  dans  lé  piU 
Wic ,  qu'il  y  paroiflè  tout  concerté  ,* 
que  ceux  qtii  paflent  le  trouvent  deja 
gracieux  8c  leur  foûriant^  &  que  nul 
ne  tui  échapper  Marche^t*il  dans  la 
lâlies ,  il  ie  ^^r^e  à  droit  pii  il  y  ^ 
ua  grand  monde  ^ôc^àgaqche  ou  ^ 
.  a'y  a  peribriue  ,  il  fàluë  c^ux  qui  y, 
font  &  ceux  qui  v?yCotkpzs.  ïlcm- 
brailè  un  homme  qu'il  trouve  ibus  â 
main  ^  il  I^i  preile.  j^,  ^ête  contre  i^ 

pot. 


cû  lis  MoEUHs  M  CE  ^ïbAb,  44f       , 

^àkrîtïc  ,•  il  dcriwnde  eofiïice  qili  cft  Gfiiift 
celui  qu'il  a  embraflc.  Quelqu'un  a  ^^ 
f>efoin  de  lui  dans  une  af&ire  qui  c& 
fecile  y  il  va  lé  trouver  ,  Itfî-  fàic  fe 
.yricre:  Theognxs  l'écoute  favorable* 
^ment^î]  eftravi.dc  lui  être  bon  à 
4]uelque  cbofè ,  il  le  conjure  (k  faire 
i|tre  des*  occaâon»  de  Im  rendre  fèr^ 
^  ;  &  comme  oelm-cr  i nfifte  for 
^^ire ,  il  lui.  dit  qu'il  ne  la  fèrâ. 
point  ;.il  le  prie  dc  fc  mcitre^eufa 
^kce.,  il  lîco'  fait  juge  r  le  cHcnt  fort  ^ 
rccoîïdait ,  careflé  ^  confus  ^  prefijue 
icontent  d'être  refufe'. 

4 

*  G'eft  avdr  une  très- mauvaife 
opinioa  des  bmimes ,  8c  néanmoins 
JéS!  biefi  cobn^itre  ^ .  que  de  croire 
idai|5'jH^:graDd  pofte  le^r  tmpoftrpai 
des  careâèa  é^udiées^  ^  par  de  longs  de 
âeriles  çmbntflem&ns. 

*  PampbiU  ne  ^'entretient  pas^  avec 
les  giens  qu'il  rqicoritre  dms  les  (ailes 
0u:  dn{i$.k8  aqtirsi  \  fi  l^ori  eo  croit  fk 

Iç^'f^c^  »  leur,  donne-audienee  ,  Ifis 
coQ^édie.  If  a  des  termes  tout  à  h 
fpi$  civils  Se  hautains  y^une  honnêteté 
ippérienlè  fc;  qu'il  en3p)(>ye  (ans  dil^ 
ceraement! ::'A  a :un<;  âufie  grandeur  . 

T7  qui 


'•i  -Jl 


Dit     ^^^     ^^^  Caractiris 
tiAHBs.  qui  Tabaiflê  ,  fie  qui  embaralTe  fort 
ceux  qui  fout  les  amis  ^  Se  qui  ne  Yeu« 
lent  pas  le  m^prifer. 

Un  Pamphilc  cft  pkin  de  lui-mê- 
mc^  ne  fe  perd  pas  de  vue  ,  nefort 
point  de  l'idée  de  &  grandeur ,  de  fa 
alliances ,  de  fa  charge  ,  de  fa  digni- 
té :  il  ramaflc ,  pour  ainfi  dire ,  tou* 
tes  fes  pièces,  s'en  enveloppe  pour  fe 
Élire  valoir  :  il  dit.  Ma»  Otdre  ,  m 
Cardon  bleu ^  il  l'étalc  ou  illc  cache 
par  oftentation  :  un  Pamphilc  en  on 
mot  veut  être  grand ,  il  croit  Pctrc  » 
il  ne  Teft  pas,  il  eft  d'après  un  Gtm* 
Si  quelquefois  il  fourit  à  un  homme 
du  dernier  oidre,  à  un  homme  dtf- 
prit,  il  choifit  fon  tenas  fi  juftc  qu^ 
rfeft  jamais  pris  fur  le  fait  :  aaffi  « 
rougeur  lui  monteroit-elic  au  vifegCj 
s'il  ctoit  malheureufemcnt  furpris^iû^ 
la  moindre  familiarité  avec  quel(}u'un 
qui  n*eft  ni  opulent ,  ni  puiflàflt»  '^^ 
ami  d^unMimftre,  ni  fonaUié,iuloft 
domeftique  :  il  eft  feveiêi&ifle^' 
We  i  qui  n'a  point  encore  f5iit&  for- 
tune :  il  vous  apperçoit  un  jourda»^ 
une  gallerie  ,  &  il  vous  fuit  ;  &  ^ 
lendemain  s'il  vous  trou!^  ^^  ^^  ^' 
it  mpim  poWic^ou  »'il«^J^' 


ou  LES  MoitJRS  BE  CE  SiECLE.  447 

blîc  ,  en  la  compagnie  d'un  Grand  ,  iv'* 
^1  prend  courage,  il  vient  à  vous,  & 
il  vous  dit ,  Vous  ne  faiJieT^  pas  hier 
femUant  de  me  voir.  Tantôt  il  vous 
quitte  brufqucment  pour  joindre  un 
Seigneur  ou  un  premier  Commis  ^& 
tantôt  s'il  les  trouve  avec  vous  en 
converiation  ,  il  vous  coupe  &  vou4 
les  enlevé.  Vous  l'abordez  une  autre 
fois,  &  il  ne  s'arrête  pas  ,  il  fe  fait 
iuivre,  vous  parle  fi  haut ,  que  c'eft 
unefcene  pour  ceux  qui  paflènt  :  aufli 
les  PampÛIes  (ont- ils  toujours  com- 
me fur  un  théâtre ,  gens  nourris  dans 
le  &UX ,  qui  ne  haïflènt  rien  tant  que 
d'être  naturels  j  vrais  perfonnaees  de 
Comédie ,  des  Floridors  ,  des  Mon- 
doris* 

On  ne  tarit  point  fur  les  Pamr 
philes  :  ils  ibnt  bas  &:  timides  devant 
les  Princes  &  les  Minîfbxes ,  pleins  de 
liauteur  fie  de  confiance  avec  ceux 
qui  n'ont  que  de  la  vertu  :  muets  fie 
cmbarraflèz  avec  le&  iàvans  :  vifs ,  har- 
dis âc  dccifi^  avec  ceux  qui  ne  ûvent 
rien.  Ils  parlent  de  gaerre  à  un  homr 
mcdcroÛe, fie  de  politique  à  un  Fif- 
nander  :  ils  iaveat  Phiftoire  avec  Ic^ 
immoles  :  iU  toncPocces  avec  un  Doc- 
teur, 


4^8        tes  CJARACTEREi 

t5 1  «      tcur  ,  &  Géomètres  avec  un 

%iKAnDt.  p^  maximes  ils  ne  s'en  chargent  pa^, 
de  OTincipes  encore  moins,  ils  vivent 
i  ravâitturie  ,  pduflcz  &  entraînez 
fâr  le  Verit  de  lâ  faveur' ,  &  par  Paî- 
trait des  richeflcs.  Ils  nTont  point 
d'opinion  qui  foit  à  eux  ,  qui  leur 
foit  propre ,  ils  en  empruntent  k  Bac- 
fure  qu'ib  en  ont  belbin  ;  &  ccfoi 
\  qui  ils  crht  recours  ,  ifeft  gueres 
iin  botnme  fage  ,  bu  habile  ,  on 
Vertueux  ^  c'eft  un  homme  à  la 
mode, 

*  Nous  avoris  pouf  les  Grands  & 
j>our  les  gens  en  place  une  jaloufie 
-ftefiie  ,  ou  une  haine  impuiflântè" , 
l]ui  ne  nous  venge  point  de  leur 
fplcndcùr  &  de  leur  c'Itvation ,  &  qui 
.  lie  fait  qu'ajouter  à  notre  propre  mi- 
fcre  le  poids  infupportable  du  bofl- 
hcût  d  autrui  i  que  faire  contre  une 
Inalàdie  dé  Tamle  fi  invétérée  Se  fi  coo- 
tâgieUfe  >  Cdntentons-nlous  de  peu  , 
j8c  de  moins  ericofe  s'il  eft  poflîbte  : 
ïàchoriS  perdre  dans  l'dccafion ,  la  tt- 
cctte  eft  infaillible  ,  &  je  coàfens  )k 
l^éprouver  i  'f  évite  par  là  d^apprivd* 
ièr  un  Suifle  ou  de  fléchir  un  Com- 
inis  ^  d'être  repouûe  â  110e  porte  par 


56  its  Moeurs  m  ci  Siècle^  ^49 
U  foule  innombrable  de  cliens  du  de    C Va* 
Gotirtilans  dont  la  maifoti  d'un  Mu      ^*' 
niftre  fç  dégorge  plûfieur^foi^  le  jour  4 
de  laiiguir  daiis  fa  faHe  d^aûdiehcc ,  dé 
Jkiî  demander  en- tremblant  &  eri  bafc 
But5ant  atîc  chôfe  jnfte  ,  d^effûycr  fi 
gravité ,  foîi  rîs  amer ,  &  fbn  Laconip 
me.  Alors  je  ne  le  hsih  plus  ,  je  né 
lui  pdrte  pkis  d^envie  :  il  ne  tac  fait 
*ucurife  priete  ,  je  hc  lui  en  ftis  pus  i 
AoUs  fommes  égaux ,  fi  ce  n'eft  peut-* 
êtite  qu^il  n'eft  pas  tranquille ,  &  que? 
je  le  fois; 

*  Si  les  Gftmds  ont  des-  oêcafioni 

de  nous  faire  du  bien ,  ils  en  ont  rare- 

ftient  la  volonté  j  &  s'ik  défirent  dcf 

éous  faire  du  mal ,  ils  tfcn  trouvené 

pas  toujours  les  occafiohs;  Ainfi  Tort 

peut  être  troiiipé  dans  Pcfpccc  de  cul-» 

te  qu'on  leuf  rend,  s'it  rfeft  fondé 

que  furPefixirance , ôû fui* la ciïiinte i 

&  une  longue  y ifefe  terminé  qatlque-^ 

fois  ,-  fens  qu'il  arrive  de  dëj>endré 

deux  pour  te  moinfdré  intérêt  ,  oiï 

qu'on  leur  doive  (à  bonne  ou  (à  mau- 

^âife  fbrtiïnc.  Nous  devons-  les  ho'- 

Horef  parcte  qu'ils  fortt  grands ,  &  que 

hous  fommtes  petits  ;  &  qu^il  y  eft  i 

tfâutrc»  pk»  petits  q\ic  nous , qui  nbu» 

^lOieûtr  *  A 


'4$o   Lés  CAHÀcTtiiES 
D  »  «         *  A  la  Cour  ,  à  k  Ville  mcmc» 
G K AN 9 s.  paflîons,  mêmes  foibieflès,  mêmes 
.    peuceflb ,  mêmes  travers  d'efprir  ^ 
mêmes  brouilleries  dans  les  âmilles 
&  entre  ks  proches ,  mêmes  envies  , 
mêmes  antipathies  :  par  toutdeis^  brus 
&  des  belies-meies ,  des  maris  &  des 
femmes  ^  des  divorces,  drs  rupcares  , 
&  de  mauvais  raccommodemens  :par 
tout  des  humeurs ,  des  cokres ,  des 
pardalite&9  des  rapporu,  &  ce  quon 
appelle  de  mauvais  difcouxs  ^avec  de 
bons  yeux  on  voit  fans  peine  la  pe« 
tite  ville  ,  la  rue  &  Denis  comme 
+Vcrlka-  transportées  à  +  V*  *  ou  à  F*  *.  Ici 
'"  '  j^^'    l'on  croie  fe  haïr  avec  plus  de  fierté 
tame  leati.  ^  ^^  hauteur ,  &  peut-être  a^vcc  plus 

de  dignité  :  on  fe  nuit  re'ciproque* 
ment  avec  plus  d'habileté'  &  de  fine(^ 
iè ,  les  colères  font  plus  éloquentes  , 
&  l'on  fe  dit  des  injures  plus  poliment 
&  en  meilleurs  termes,  Ton  n  y  bieA 
fe  point  la  pureté  de  la  langue  ,  Ton 
n'y  o&nfe  que  les  hommes  ou  que 
leur  réputation  :  tous*  les  dehors  du 
yice  Y  ^ont  fpécieux ,  mais  le  fond 
encore  une  fois  y  efl  le  même  que 
dans  les  conditions  les  plus  ravalées  : 
i|x>utlc  bas  9  tout  le  foibte  8c  tout  1  in- 


6V  tïS  MOECKS  DS  CE  SiECLÊ.  45 1 

-idîgnç  s^y  trouvent.  Ces  tiommes  fi  Cnit^ 
grands  du  J)ar  leur  naiâànce ,  ou  pat 
leur  faveur  ^  ou  par  leurs  dignités ,  ces 
tètc$  û  Gsttcs  &  fi  habiles  ^  ce&  fem- 
mes fi  polies  &  il^rituelles ,  tous  mé^ 
prifènt  le  peuple,  &  ils  font  peuple* 

Qui  dit  le  peuple  dit  «plus  d'une 
chofe  I  c^eft  une  vafte  expreffion ,  2c 
JPon  s'étonneroit  de  voir  œ  qu'elle 
embraffe-,  2c  ju^ues  où  elle  s'étendii 
11  y  a  le  peuple  qui  eft  oppofé  aux 
Grands ,  c*eft  la  populace  Se  la  mul^ 
titude  :  il  y  a  le  peuple  qui  eft  oppo* 
fi  aux  fages ,  aux  habiles  &  aux  ver-» 
tueux  9  ce  font  les  Grands  comsie  tes 
petits. 

*  Les  Grands  le  gouvernent  pflr 
fèntiment  :  atnes  oifîves  fur  leiquel«> 
les  tout  &it  d'abord  une  viveimprei- 
£on«  Une  chofe  arrive ,  ils  en  par« 
lent  trop ,  bientôt  ils  en  parlent  peu  ; 
en  fuite  ils  n'en  parlent  plus  ,  &  ils 
n'en  parleront  plus  :  aâion,  condui- 
te ,  ouvrage  ,  événement ,  tout  eft 
oublie'  :  ne  leur  demandez  ni  cor- 
itftion  ,  ni  prévoyance  ,  ni  réflc^ 
xion  9  ni  reconnoiflànce ,  ni  récom* 
penie. 

*  L'on  ie   porte  aux  extrémités^ 

.       op- 


'4$t      ttS    e*R.*cf8AE^  ^ 

tSt%  c^ofifes  i  P^rd  de  certains pcrioA 
CxANDs.  nJ,^e,_  La  gtyre  après  leur  more 
court  parmi  le  peupte,  paidant  que 
les  voûtes  dra  Tcmpleis  retentiflèot  do 
leurs  éloges.  Ils  ne  mérilcnt  quelque-^ 
fois  ni  lioeUes  ni'  difcburs  funèbres  : 
cfuelqutfois  suis  ils  Tont  digaes  dâ 
tous  les  deux-.' , 

*  L'onrdoit  fe  erirc  fur  les  jPaiflàns  î 
il  y  *  prefque  toujours  de- la  flatterÎQ 
à  en  dire  du  mal  pendant  qu'ils  vî-' 
Tent ,  8c  de  la  lâcheté  quand  ils  fosAr 
iDortS' 


CHA- 


<aa  tEs  MocoRs  de  ce  Siècle»  4.^^' 


iXUti 


»»ï' 


C  H  A  P  I  T  R  E   X. 

Du    SOUVEJIAIN, 

I 

9  ^ 

« 

Pe   la    I^EPUB)L.IQUE. 

». 

QUand  l'on  parcourt  fans  la  Cwa^^ 
pré.ventioi)  de  fon  païs  toutes  ^» 
ks  foràiQS  de gouyeynemc^ît ,  ion  np 
fait  à  laquelle  ie  tenir  :  il  y  a  dajo^ 
toutes  le  moins  l)on  ,  &:  le  n^oins 
$nauvais.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  raifon^ 
mble  fie  de  plys  fyr ,  c'eft  d'eftimer 
celle  o;ù  l'op  eft  ne' ,  la  meilleure  de 
toutes  ,  &  4!^  s'}r  foûmettre. 

"*  11  ne  fàiu  Qi  art  ni  fciénce  pour 
exercer  la  tyrançie  ;  &  }a  politique 
qui  Qe  conÇfte  qy *à  rép^n^re  le  fang, 
f^ft  fort  ^rnée  ^  de  nuj  rafiînemcnt  ; 
(die  infpire  de  nier  .ceyx  dont  la  vie 
ejOb  un  obftacïe  à  notre  ambition  ;  ury 
homme  ni  cruel  fait  cela  fans  peine. 
Ç'eft  la  manière  la  plus  horriJble  &  la 


454    I-«^  Car  A  ctiru 
D  u  S  o  '..  plus  groflîcrc  de  fc  mamtenir ,  ou  dé 
TBAâiN.  s'agrandir. 

*  C'cft  une  politique  fôic  &  anp 
cicnne  dans  les  Républiques,  que  d'y 
laiffcr  le  peuple  s'endormir  dam  les 
fêtes,  dans  les  fpeaacles,  dans  le  luxe, 
dans  le  faftc,  dans  les  plaifirs,dansla 
vanité  &  la  moUeffe  ;  le  laiflèr  ferem- 
plir  du  vuide  ,  ^  favourcr  la  baga- 
telle  :  quelles  grandes  démarches  nç 
fait- on  pas  au  defpptique  par  cette 
indulgence  !  - 

*  Il  n'y  9  point  de  patrie  dans  te 
defpotiqjie  ,  d'autres  chofes  y  lup 
plécnt ,  Pintcrêt  ,ia  gloire  ,  le  fervicc 
du  Prince. 

*  Quand  on  veut  changer  &  mno* 
ver  dans  une  République,  c'cft  moins 
les  chofes  que  le  tems  que  l'o!)  configu- 
re. Il  y  a  des  conjonéturesoiJ  l'on  fenf 
t^ien  qu'on  ne  fauroit  trop  attenter 
contre  le  peuple  ;  fit  il  y  en  a  d'autrj 
où  il  cft  clair  qu'on  ne  peut  tropJÇ 
manager.  Vous  pouvez  aujourdw 
pter  à  cette  Ville  fes  franchifcs ,  W 
droits, ics  privilèges  r niais  demain n^ 
fongez  pas  tnême  à  réforn^cr  fes  ^ 

feignes. 

"   *  <^uand  le  peuple  çft  cfl  ifiouj«- 


09  tT.S  MOECRS  Dl  CE  SîECLC*  455 

ment^  on  ne  comprend  pas  par  où  le    Ch  a^: 
calme  peut  y  rentrer  ;  &  quand  il  eit       ^« 
paifible  ^  on  ne  voit  pas  par  où  le  calme 
peut  en  forcir. 

''^  Il  y  a  de  certains  maux  dans  la 
République  qui  y  font  foufïèrts ,  par- 
ce qu'ils  préviennent  ou  empêchent 
4c  plus  grands  mau?^.  Il  y  a  d'autres  ^ 

inauxqui  (ont  tels  (eulement  parleur 
^tabliflèment,  6c  qui  étant  dans  leur 
origine  un  abus  ou  un  mauvais  ufage^ 
(pnt  moins  pernicieux  dans  leurs  mi- 
tes 8c  dans  la  pratique  ,  qu'une  loi 
plus  jufte ,  ou  une  coutume  plus  rai- 
fbnnable.  L^on  voit  une   efpece  d^ 
maux  que  l'on  peut  corriger  par  le 
changement  ou  la  nouveauté,  qui  eft 
un  m^l ,  &  fort  dangereux.  Il  y  en  a 
d'autres  cachez  Se  enfoncez  comme 
des  ordures  dans  un  cloaque,  je  veux 
dire  enfevelis  fous  la  honte  ^  fous  le 
fecret  Se  dans  l'obfcurité  i  on  ne  peuC 
les  fouiller  ôc  les  remuer,  qu'ils  n'ex* 
halent  le  poifon  &  Pin&mie  :  les 
plus  fages  doutent  quelquefois  s'Heft 
-mieux  de  connoître  ces  maux  ^  que 
de  les  ignorer.  L'on  tolère  quelque!» 
fois  dans  un  Etat  un  aflèz  grand  mal, 
mais  qui  détourne  un  milhon  de  pof 


45^      Lis  C  A«  ACTBIICS 

19x1  Sou-  tics  maux  ,  ou  d'inconvéniena  qai 
9f  *  A.'.N-  tous^  ferçicnt  inévitables  8ç  irrem^dk^» 
{^ks.  Il  fc  trouve  des  vwi^  .daiV 
chaque  particulier  gémit ,  &  qui  do- 
{Tiennent  néanmoins  un  biep  pubUc  i, 
i|uoique  |e  public  ne  foie  autre  chofe 
que  tous  les  particuliers.  Il  y  ^  d^ 
inaux  perfonnels ,  q}xi  concçurent  ^ 
•  4)ien  &  à  Tavant^ige  de  chaque  famÛ- 

Ic.  Il  y  60  a  qui  affligent ,  ruineçtf 
ou  déshonorent  les  familles  ^  mais  qyi 
jççndent  au  bien  &  à  la  ççnfcrvztiojji 
ide  la  m^hinie  de  l'Ërtat  ^  du  gour 
j^crncmcnt.  D'autres  maux  renvcgr- 
iènt  des  Etat;s  ;  &  Cur  le.urs  ruines  e^ 
ilevent  de  nouveaux.  On  en  a  v.û 
£nfin  qui  ont  i^ppe  par  les  fondement 
jdegi*an(ls  ï^mpires/(^  qui  les  ont  Bûl 
évanouir  de.deflus  k  terre,  pou,r  va- 
.^-ierSc  renouyeller  U  &i^ç  de  i'Uaîr 
jrers. 

*  Qu^impprte  3i  l'Eut  c^\j?Erg4fie 
/bit  riche ,  qu'il  ait  des  chiens  qui  ar « 
fêtent  bien ,  qu'il  crée  les  mod^  /ûr 
)es  équipages  ^  fur  le]^  habits ,  qu^il 
^bonde  en  iuperfl^te;&  >  Où  il  ^'agijt 
jde  l'intérêt  &  des  commodité^  de 
Cout  le  public  ,  le  particulier  eft-il 
fpmpté  >  lya  coiîfolatiqn  ^ics  peyp!?? 

dans 


4MJ   LÉ«  MôfcURS   X>€  CE  SlEélE.    457 

ies  choies  qui  lui  pefcnc  ui%peu ,  ^  ^^^* 
eft  de  favoir  qu'ils  foulaient  le  Prin». 
ce  ,  ou  qu'ils  n'eurichiflent  que  lui  ; 
ils  ne  fe  croyent  point  redevables  î 
Ergaftc  de  PcmhidîiiQièîncnt  éc  6  for» 
tune. 

"^  JLa  guerre  a  pour  ejl^  l'antiqui* 
te  ,  elle  a  éce  dans  tous  les  (îecles  ;  oi) 
l'a  toujours  vûë  remplir  le  xnonde  d$ 
veuves  &  d'orphelins ,  cpuifer  les  fa<^ 
milles  d'héritiers  Se  faire  périr  lesfresr 
rcs  à  une  même  bataille.  Jeune  S  o  y  e^ 
COUR  !  je  regrette  ta  vertu  ,ta  pu^ 
deur, ton  efprit  déia  mûr,  peqetrant, 
élevé ,  fociable  ;  je  plains  cette  mor( 
pvémacurée  qui  te  joint  à  ton  incre'pi<? 
de  fre^e ,  fie  t'enlève  i  nm  Coyr  pù 
tu  n'as  feit  que  te  montrer  ;  malheur 
déplorable  ,  mai«  ordinaire  !  De  touj: 
tems  les  hommes  pour  quelque  morr 
ceau  de  terre  de  plus  ou  de  moins  font 
convenus  cntr'eux  de  k  dépouiller , 
iè  brûler  ,  fe  tuer ,  s'écorger  les  unf 
les  autres  ;  Sc  pour  lej^ire  plus  ingé- 
nieufemcnt  &  avec  plus  de  fîireté,  iljs 
ont  invente  de  belles  règles  qu'on  ap- 
|)elle  l'Art  militaire  ;  ils  pnt  attaché  )l 
la  pratique  de  c]es  regle^  I4  gloire ,  ovf, 
h  pluslplidg  rjéput^tiofl  y&ç^]fi  or$ 
u.  Tm.i.  *       V  ae* 


•» 


458      Lis  Caractires 

Du  Sou*  depuis  enchéri  de  (ieclc  en  fiecle  ffif 
f  I  ft  A I  M.  la  manière  de  fc  détruire  reaproque» 
ment.  Vc  Prnjuftipe  des  preioicr^ 
hommes  comme  de  (on  unique  four* 
ce  eft  venue  la  guerre  ^  ainfî  que  h 
néceflité  où  ils  fè  font  trouvez  dç 
fe  donner  des  maîtres  qui  fixaflènç 
leurs  droits  &  leurs  prétentions  :  {; 
content  du  (ien  on  eût  pu  s'ab? 
ilenir  du  bien  de  fès  voifîns  ,  on 
avoir  pour  toujours  la   paix  Se  1^ 

libcrt<f. 

*  Le  peuple  paifîble    dans    iês 

foyers, au  milieu  acs  fiens,$c  dans  le 
iein  d'une  grande  Ville  014  il  n'a  rien 
à  craindre  ni  pour  fes  biens  ni  pour  i^ 
vie ,  refpire  le  feu  6c  le  fang,  s'occu- 
pe de  guerres ,  de  ruipeç ,  d'embraie* 
mens  8c  de  maflacrcs  ,  foufifre  impar 
tiemment  que  des  armées  qi|i  tiennent 
la  campagne ,  ne  viennent  point  à  Ce 
rencontrer  ^  ou  ii  elles  font  upe  R}is 
tnpréfence ,  qu'elles  ne  cpmbattenc 
point ,  ou  fi  elles  fe  mêlent ,  que  k 
combat  ne  (oit  pas  fanglant ,  &  qu'il 
-y  ait  moins  de  dix  mille  bopmes  fur 
la  place.  |1  va  même  fouvent  jufqucf 
g  oublier  tes  intérêts  les  plus  cho's ,  le 
gevod  Se  h  Carcti  f^r  Tamour  qu'il  a 
^  poor 


09  CES  Moeurs  db  et  Sibclï.  45^^ 

foxLv  le  ch^ngemcat  «  &:  par  le  goût  c  h  a  f. 
4e  la  nouveauté ,  ou  des  chofès  ex«  ^> 
ixaordinaires.  Quelques-uns  i:on(ènd- 
roient  à  voir  une  autre  fi3is  les  eone- 
mis  aux  portes  de  Dijon  ou  dp  Cor'« 
bie,  à  voijr  tendre  des  chaînes,  &  fai-^ 
re  des  barricades ,  pour  le  ièul  plaifir 
d'en  dire  ou  d'pn  apprendre  la  nou« 
arelle. 

*  DempphUf  i  ma  droite  fe  lamenta 
6c  s'e'crie  ,  tout  cft  perdu,  cVft  fàiç 
4e  l'Etat,  il  eft  du  moins  fur  le  pen- 
chant de  fa  ruine.  Comme^ir  refiC» 
fer  à  une  (I  forte  &  fi  générale 
conjuration  >.  quel  moyen  ,  je  ne  dis 
pas  d'être  fuperieur  ,  mais  de  fufK« 
re  feul  à  tant  &  de  fi  puifians  enne*^ 
Pïis  >  cela  eft  fans  exemple  dans  lâ 
Monarchie.  Un  Héros  ^  un  A  ç  h  1  Lf* 
jL.  E  y  fuccomberoit.  On  a  fait  ^ 
ajoûte*t!>il  ',  de  lourdes  f^tes  ;  je  fai 
bien  ce  que  je  dis  »  je  fuis  du  métier  ^ 
j'ai  va  la  guerre ,  pC  l'hiftoirç  m'en 
^  beaucoup  appris.  Il  parle  là-def- 
fus  avçc  admiration  d'Olivier  le  Daim 
&  de  Jacques  Gopur  :  c'étaient  U  des 
hommes  i  dit-il,  c'etoient  des  Minif^ 
très.  Il  débite  fes  nouvelle^ ,  qui  font: 
toutes  les  plus  triflcs  &  le$  plus  d^fà-* 

V  X  van* 


'4.60  L  BS  C  A  RA  c  Tentf  ^ 
Du  s  o  ti-  Tantagcufes  que  Poh  pourroit feindre  i 
TiAAiN.  tantôt  un  parti  des  nôtres  a  ctcattw 
ré  dans  une  cmbufcade  ,  &  taillé  eq 
pièces  ;  tantôt  qudques  troupes  ren- 
fermées dans  un  Château  fefent  ren- 
dues aux  ennenais  à  difcrétion  &  ont 
pafle'  par  le  fil  de  Pépée  ;  &  fi  vouj 
lui  dites  que  ce  bruit  eft  faux  &  qu'il 
ne  fc  confirme  point  ,  il  ne  vous 
écoute  pas  :  il  ajoute  qu'un  tel  Gene- 
ral a  été  tue'  ;  &  bien  qu'il  foit  vrai 
qu'il  n'a  reçu  qu'une  légère  bleflure, 
&  que  vous  l'en  aOuriez ,  il  déplore 
fa  mort,  il  plaint  fa  veuve,  fcscm^^i 
VEtat,  il  fc  plaint  lui-même, r/  4  fct- 
du  un  bon  ami  &  une  gravée  ffûteânm^ 
Il  dit  que  la  Cavalerie  Allemande  eft 
invincible  ;  il  pâlit  au  feul  nomda 
Cuiraffiers  de  l'Empereur.  Si  Ij^n 
attaque  cette  place  ,  continuë-Mi , 
on  lèvera  le  fiege.  Ou  l'on  demeure^ 
ra  fur  la  défenfive  fans  livret'  dccom^ 
bat,  ou  fi  on  le  livre, on  le  doit  per- 
are  5  &  fi  on  le  perd  ,  voilà  r^^"^^* 
fur  la  fronterie.  Et  comme  pcnio- 
J)hile  le  fait  voler  ,  le  voilà  énnsj^ 
•coBur  du  Royaume  :  il  entend  de)a 
fonner  le  beffroi  des  Villes ,  &  cncr^ 
i'^llarme  ;;  il  fongc  à  fon  bipa  &  ^  '^ 


res  :  où  conduira-t-ii  (bn  argcnE  ^    ChaK\ 
ïcs  meubles  ,  fa  famille  ?  où  fe  rc-       ^t 
fugiera-t-^il  ^  eu  Suiilè  ou  à  Ve«* 

-     Mais  %  tùi  gauche  Bdjtlide  met 

tout  d'un  coup*  fur  pied  une  arme'é 

ide  trois  cens  mille  hommes  ,  il  n'en 

-t^battroit  pas  une  feule  brigade  :  il  a 

Ja  lifte  des  efcadrons  &  des  bâtait- 

Ions  9  des  Généraux  &  des  Officiers^ 

:il  h'oiibliçpas  Pareil lerie  ni  le  bagage^^ 

Il  difpofe  abfolument  de  toutes  ces 

troupes  :  il  en  envoyé  tant  en  AUc- 

magne  &  tant  en  Flandre  :  il  réferve 

un  certain  nombre  pour  les  Alpes, 

yxn  pçu  nisoins  pour  les  Pyrénées  ,  & 

4I   fait  paiier   la   mer  à  ce  qui  lui 

j-efte,  II  connoît  les  marches  de  ces 

armées ,  il  fait  ce  qu'elles  feront  &  ce 

qu'elles  ne  feront  pas  ,  vous  diriez 

qu'il  ait  l'oreille  du  grince ,  ou  le  fc- 

cret  du  MiniÀrCr    Si  les  ennemis 

vjennent  de  perdre  une  bataille  où.  i} 

foit  demeure'  fur  la  place  quelques 

neuf  à  dix  mille  hommes  des  leurs  ^ 

il  en  compte  jufqu'à  trente  mille, ni 

plus  ni  moins ,  car  fes  nombres  font 

toujours  fixes  &c  certains  ,  comme 

j^t  celui  qui  efl  bien  informé.   S'ijl 

V  3  ^      \apr 


4ii    tE§   CAtLâCtttti 

'  perdu  une  bicoque,  non  iêulemenc  3 
envoyé  «'excufer  à  ks  wnis  qtf II  a  b 
treille  convié  à  dîner  ^  mais  même  ce 
jour-lâ  îl  ne  d)ne  point  i  &  s'il  fou- 
pc ,  c'cft    j&ns  appecic.  Si  les  nôtrcl 
afficgcnt  une  place  très-for»,  très-ri^ 
fulîcre  ^  pourvue  de  vivres  &  dcmu^ 
nitions ,  qui  a  une  bonne  gamifon  ; 
commandée   par^  un  homme  d'u» 
grand  courte ,  il  dit  que  la  Ville  a 
des  endroits  foibles  &  mal  fortifia  > 
qu'elle  manque  de  pôudit,  q«  foa 
Gouverneur  n^tique  d*expericncc,  & 
qu'acné  capitulera  après  huit  jours  de 
tranc Wc  ouverte.  Une  autre  fois  ^1 
accourt  tout  bor»  d'haleine^  &  après 
«voir  refpirë  un  peu  ,  voilà ,  sVcrie- 
t-il ,  une  grande  notf 7cHe,  ils  fon« 
défiiirs  à  platte  couture  ,  le  General  f 
les  Che6,  du  moins  une  bonne  par" 
tie,  tout  eft  tué,  tout  a  p^ri  :  foilif 
contittuë-t^i^  un^  grand  maflacrt ,  & 
il  faut  convenir  que  nous  jouons  d^n^ 
grand   bonheur.  Il  s'aflît ,  il  foo®^ 
après  avoir  débite  fa  nouvdfc ,  à  1^ 
quelle  il  ne  manque  qu'une  cifconl- 
tance,  qui  eft  qu'il  y  ait  eu  une  te- 
taille;  II  aflurc  d'ailleurs  qu'un  » 


A  ^ 


I 

cb  LÈS  MoËtjRs  m  CE  Siècle;  46  i 
Pnncc  renonce  à  la  Ligue  &  quitté  fe*    C  h  a  n- 
Confederez  >  qu'un  aiitrc  fc  difpoiè  à         * 
prendre  le  ixiême  parti  :  il  croit  fcr- 
tnement  avec  la  populace  qu'un  troi« 
fiéme  ef):  môit ,  il  nomiine  le  lieu  où 
il  eft  enterré  ;  6c  quand  oh  eft  dé^ 
trompé    au^  Halles  6c  aux  Faux* 
bourgs  ,  il  parie  encore  pour  l'affif* 
inativc.  Il  fait  pat  une  voye  indubi- 
table que  (  4  )  T.  K.  L.feit  de  grands 
progrès   comte  PEnipereur ,  que  le 
Grand    Seigneur  artne  fuiffmmeifit  ^ 
tie  veut  point  de  paix  j  6c  que  fon 
Vifir  va  fe  mOna'er    une  autre  fois 
4iux  portes  de  Vienne  :  il  frappe  des 
mains  ,  6c  il  trelTaille  fur  cet  évene« 
ment  dont  il  ne  doute  plus.  La  tri- 
ple Alliance  chez  lui  eft  un  Cerbè- 
re ^  Se  les  ennemis  au  tant  de  monftres 
k  aflbmmer.  II  ne  parle  que  de  lau- 
tiers ,  que  de  palmes  ,  que  de  triom- 
phes ,  6c  que  de  trophées.    11  dit 
dans  le  difcoui^s  familier  ,  HJotre  du^ 
gufie  Veros  ,  nme  grand  P&tmat ,  nô^ 
tre  ifmncibte   Monarque.    Réduiiez-lc 
£  vous  pouvez  à   dire  fimplement  : 
te  K0>  4  biducouf  d'ennemis  ^  ils  font 

futf^ 
(4)TckcIu. 

y  4 


"4*4  Ies  CJtKAcrtviii 
lïVSôù-  fuiffMs  ^  Us  font  unis  ,.  ils  fm  iipis  f 
viKA-TN.  u  lis  S  Véàneus^  f^ff^^  twjmi  tfi'i 
ks  pourra  vaincre.  Ce  ftyle  tiop  fer-* 
HW  &  tfop  dccifif  pour  Dcmophilc 
o^eft  pour  Bafiiide  ai  af&z  pômpeai^ 
ni  a(&z  exagéré  ^  il  a  bien  d'autres 
txpreflîons  ei>  têie  ^  il  travaille  aux 
iaftriptions  des  arcs  &  des  pyrami- 
des ,  qui  doivent  orner  la  Ville  ca- 
pitale un  jour  d^cfttrée  ;  &  dès  qu'il 
entend  dire  que  les  armées  font  en 
préiènce  ,  ou  qu'une  place  eft  in- 
vcfiie ,  il  feit  déplier  6  robbe  &  la 
mettre  à  Tair ,  afin  qu'elle  foit  m* 
te  prête  pour  la  cérémonie  de  la 
Cathédrale. 

*  Il  faut  que  Je  capital  d'une  af- 
feire  qui  afl'emble  dans  une  Ville  h 
Plénipotentiaires  ou  |es  Agens  des 
Couronnes  &  des  Républiques  foit 
d'une  longue  &  extraordinaire  diP 
çu/fion  ,  fi  elle  leur  coûte  plu^  d€ 
tems  ,  je  ne  dis  pas  que  les  feuj^ 
préliàiinaires,  mais  que  le  finaple  rè- 
glement des  rangs ,  des  prcfcanccs  H 
d^s  autres  cérémonies, 
7.   Le  Miniftrc  ou   le  PlcDÎpotenr 
liaire  eft  un  Caméléon ,  eft  un  Vro^ 
t^éc  .  femblable  quelquefois  à^un 


où  IfiS  MOEtfRS  DE  CE  SlECLE.  46$ 

fbûetir  habile  ,il  ne  montre  ni  ha»    Chah 
incur ,  ni  compkxioh  ,  foit  pour  ne       ** 
point  donner  lieu  aux  coi^câ:uiies  y 
Ou  fë  laiflèr  péne'trer,  ibit  pouriiq 
rien,  laiilèr  échaper  de  fon  &:ret  par 
ptfffion^  ou  par  fcnbleflè».   Qudiquc^r 
fois  auifi  il  fait  feindre  le  caraâcre  le 
plus  conforme  aux  vues  qu'il  4i ,  ôc 
aux  be(oins  où  il  fc  trouve ,  &  parot« 
tre  tel  qu'il  n  intérêt: que  les  autres 
croyenc  qu'il  efl:  en  efifet.  Ainfî  dana 
une  grande  puifiânce  ^  ou  dras  une 
grande  foibleflè  qu'il  veut  diflimuier; 
il  eft  ferme  ic  inflexible ,  pour  ôter 
Penvie  de  beaucoup  obtenir ,  ou  il  eft 
facile ,  pour  fournir  aux  autres  1» 
eccafîons  de*  l«i,  demandera  ^  tCi  & 
donner  la  même  licence.  Une  autw 
fois  ou  il  eft  profond  &  diflimuié  ; 
pour  cacher  une  vérité  en  l'annon^ 
çànt ,  parce  qu'il  lui  importe  qu^l 
Kait.dite  ;  £c  qu'elle  ne  foit  paîcruë  $; 
oui!  eft  franc  Si  ouvert  ^  afin   qur 
lorfqu'ilrdiiSmûle  ceottine  doit.pa» 
être  fû ,  l'on  croye  néanmoins  qu!oa^ 
n^^noit  Hen  de  ce  que  l'on  veut  f^^ 
voir  ,  &  que  l^on  fè  perfuade  qu'il  .a 
tout  dit.  De  même,  oa  il  eft  vif  8c. 
grand  parkiç  pour,  fafire.parkr.ici 

Vf  au-. 


U 


V 


466       Les!Ca  a  ACTBRf  I 

Dv  8or.  avtres,  pour  einpécber  qu'on  W  ^ 
▼  BKA^N.  parle  de  ce  qii'U ne  veut  pas,ou<icf 
ce  qu'il  ne  doit  pas  favoir,  pour  dire 
plufîeors  cbofes  indîfFeieotes  qni  fa 
modifient,. ou  qui  &  déuuiÂot le» 
Hnes  kl  autres ,  qui  confondent  dan» 
kseiprits  la  crainte  &  la  confiance^ 

Cmrfc  défendre  d'une  ouvcrturcqui 
i  eft  échapée  par  une  autre  qu'A 
aura  iake;  ou  il  eft  fmid  Sctacituroef 
pour  .jcttcr  k$.  autres,  dans  Peqg^c^ 
'  ment  de  parier ,  pour  eVouicr  long-' 
teais ,  pour  parler  avec  afccndanc  & 
avec  poids, pour  feirc des promcflb 
ou'des  menaces  qui  portent  un  graiw 

«oup  ,  8c  qui.  ébranlent.  H  s'^^'* 
&  parlçkpiriiiicr^.pburefldcoou- 

«ant  les  oppofitùnis.,  fcf  cootrsdjc* 
çont,  ks  brigues  &  les  cabales  ckJ 
Mâaîftres  étrangers  fur  ks  pxfpo^ 
rions  qu'il  aura  avanc&s ,  prendre  to 
ip^ues  &  avoir  la  réptiq  ue  ;  &  ^ 
noe autrereoGontre  il pariefeàrwcr, 
jKMiK  ne.  poiôt  povler  co  vain  ,p^ 
être  prëds ,  pou»  connoitie  fisW^ 
ment  les  cbofes  fur  quoi  il  cft  î^^' 
mis  de  faire  fond  pour  lui ,  ou  f^J 
fis  ailieas  ,  pour  favoir^  ce  qu'il  doit 
ilemaadcr ,  fc  ce  qu'il  pçut  Qbtcnj, 


X. 


bt^  LES  MoEUàs  M  ce  SiccLE.   4^7 

Il  laïc  parler  en  termes  clàîrs  &  for-  Ch  af» 
hicls  I  il  fait  encore  mieux  parler  am-* 
fciguëment ,  d'une  manière  envelop- 
pée ,  ufèr  de  tours  ou  de  mots  équi» 
Voqùes  qu'il  peut  faire  valoir,  où 
diminuer  dans  les  occafîons  ,  Se  (c^ 
Ion  fès  intérêts*  Il  demande  peii^ 
quand  il  ne  veut  pas  donner  beau- 
coup. Il  demande  beaucoup  pour 
avoir  peu  &  Pavoir  plus  fûremenr.  II 
exige  d'abord  de  petites  chofcs^qu^il 
prc'tend  enfuitc  lui  devoir  être  comp- 
tées pour  rien ,  Se  qui  ne  Pexcluenc 
is  d'en  demander  une  plus  grande  j 
il  évite  au  contraire  de  commen- 
cer par  obtenir  un  point  important^ 
8*iJ  Pempêche  d*cn  gagner  plufieùrs 
luitres  de  moindre  conféquence,  mais 
qui  tous  enfcmble  Remportent  fur  le 
premier.  Il  demande  trop,  pour  être 
Kfufé  ;  mais  dans  le  deflèin  de  fë 
faire  un  droit  ou  une  bîenféance  df 
refufer  lui-même  ce  qu'il  fait  bien 
qu^il  lui  fera  demandé ,  &  qu'il  ne 
-Veut  pas  oétroycr  :  auffi  foigneux 
alors  d 'exagérer  i'énormité  de  la  de- 
mande ,  &  de  faire  convenir  ,  s'il  fê 
peut,  des  raifbns  c|u'il  a  de  n'y  pas 
entendre ,  que  d'afibiblir  celles  qu'on 

V  6  pré. 


/^ 


^(f%    .Les  CARAcTEais 

Dp  Sou-  prétend  avcrir  de  ne  lui  pas  accorde? 

V I R  4  X  N.  ^  qu'il  follicite  avec  inftancc  :  égHf* 

lement  appliqué  à  faire  Tonner  haut , 

^  à  groiur  dans  l'idée  des  autres  le 

peu  qu'il  oâre,  &  à  mépriicr  ouveN 

temenc  le  peu  que  l'on  coofent  de  Itii 

donner.  Il  fait  de  fauiles  offres,  mais 

extraordinaires  y  qui  donneras  de  la  dé« 

fiance  ,  &  obligent  de  rcjettcr  ce  que 

l'on  acfirpteroit  inutilement  ;  qui  lui 

font  cependant  une  occafioo  de  (aire 

des  demandes  exorbitantes ,  &  p^^ 

teht  dans  leur  tort  ceux  qui  \s,%  lui  ne-; 

fuient.  Il  accorde  plus  qu'on  lîe  lui 

demande  ,  pour  avoir  encore  plui 

^u'il.  ne  doit  donner.  Il  fe  feit  long^ 

tçms  prier  ,  preflfer ,  importuner  fuf 

yne  cnofc  médiocre  .pour  éteindre  les 

cfperances,  &  ôtcr  4  penfe'e  d'exigée 

'  de  lui  rien  de  plus  fort  ;.ou.s'iirelail- 

ic  fléchir  jufques  à  l'abandonner,  c'elE 

toujours  avec  àt^  conditions  qui'"* 

font  partager  le  ^ain  &  ks  avantages 

avec  ceux  .qui  reçoivent.  Il  pf^^ 
<îired:emeiît  bu  indireélement  Tinte» 

rêt  d'un  allié,  s'il  y  trouve  fon  utilité 

&  l'avancement  de  iès  prétentions. 

Il  rie  parle  que  de  paix  ,  que  d'aflian- 

ces^quedetranquilîitépubligue  ^qp^ 


«./    • 


ou  tes  Moeurs  dc  oe  Sncit.  4^^ 

iâ!întcrêt  public  j  &  en  cflfet  ilne  (on-    Ch  a  f#  -r 
ge  qu'aux  (îens  ,  c'eft-à-dire  à  deux       ^ 
de  (on  Maître  oQ  de  ia  République* 
Tantôt  il  réunit  quelques-uns  qui 
écoient  contraires  les  uns  aux  autres  ^ 
&  tantôt  ildivife  quelques  autres  quj 
etoient  unis  :  il  intimide  les  forts  Sc 
les  puifiâns  ,il  encourage  le$  foibles  : 
il    unit  d'abord  d*interçt  pluiîeura 
fbibles  contre  un  plus  puifiànt  pour 
rendre  la  balance  e'gale  :  il  fe  joinc 
enfuite   aux  premiers  pour  la  faire 
pancher ,  &  il  leur  vend  cher  fa  pro- 
teâion  &  fon  alliance.  Il  (ait  inte« 
reder  ceux  avec  qui  il  traite  ^  &  par 
un  adroit  manège  y  par  de  ûm  &  de 
fubtils  détours  il  leur  fait  fentir  leurs 
avantages  particuliers ,  les  biens  &  les 
honneurs  qu'ils  peuvent  c(perer  par 
une  certaine  facilité  ,  qui  ne  choque 
point  leur  commlflîon ,  ni  les  inten^ 
tions  de  leurs  Maîtres  :  il  ne  veut  pask 
aufll  être  crû  imprenable  par  cet  en« 
droit  :  illaiflc  voir  en  lui  quelque pei» 
defènûbilité  pour  fa  fortune  :  il  s'at-. 
tiré  par  là  des  propofîrions  qui  lui  dé- 
couvrent les  vues  des  autres  les  plus 
iecretes  ,  leurs  de(reins  les  pi  lis  pro- 
fonds Se  leur  dernière  re(rource  ,  &  il 


«  ^ 


/ 


A^à      Lès  CÎARAÔfÉftÉ^ 

tJé  $6uA  cri  profite.  Si  quelquefois  ilcft  tcîc 
1 1 R  4  X  Ni  djin5  quelques  cneft  qui  ont  enfin  cté 
réglez^  il  crie  haut;  fi  c'eft  Iccoor 
traire ,  il  Cric  plus  haut,  &  jette  ceu* 
qui  perdent  fur  la  juftification  Se  là 
dcfenfîvc.    Il  à  fort  fait  digéré  par  \i 
Cour,  toutes  fes  démarches  fout  me- 
fiirrfes  j  les  moindres  avances  qu^ilfaîÉ 
lui  font  prclcrites ,-  &  il  agit  nétn- 
moins  dans  les  points  difficiles ,  &dans 
les  articles  conteftez  ,  comme  s'il  fe 
relâchôit  de  lui-même  fur  le  thanïp , 
6c  comme  par  un  efpric  d'accommo- 
dement :  il  n'ofe  même  promettre  à 
l'ABemblée  qu'il  fera  goûter  la  pro- 
pofition  ,  &  qu^iJ  n^en  fera  pas  dé- 
fevotié.  Il  fait  courir  un  bruit  fauJf 
des  chofes  feulement  dont  il  cfl  char- 
gé, muni  d'ailleurs  de  pouvoirs  parti- 
culiers ,  qu^il  nedrfcoUvre  jamais  qu'à 
Pextremitë,  &  dans  les  momens  où  ii 
lui  fcroit  pernicieux  de  ne  les  pa5 
fiïcitf e  en  ufàge.  U  tetid  fur  tout  pat 
fes  intrigues  au  folideÔC  à  l'eflentiel , 
toujours    prêt    de  leur  facrifier  ks 
points  d'honneur  imaginaires.  Il  a  du 
flegme ,  il  s'arme  de  courage  &  de 
patience,  il  ne  felaflè  point  ,  il  fàti- 
^ue  les  autres,  il  les  fHDUflfe  jufqu'àu 
*  ^     ^  dcr 


âécféurageiâem  y  il  fe  ptAraiitiotmc  6é  ^^^ 
S*ef7diiFcit  contre  les  Icntcuf  s&  les  rc  ♦ 
mifès ,  coïitfeIes*cpfochfed,ics'fou{y-i 
çons  9  It$  défiances  »  contre  ks  diâSM 
culcez  &  Jes  pbfhcles  ^  perfuadë  qw 
le  tctûs  iènl  Se  k^  e<mjoii€)kires  ^xae^^ 
nent  ks  cho&s  ^  5t  Canduifènt  ks  e& 
prîts  au  point  oà  oti  ks  fbahaite..  Il 
ta  jttfques  à  feindre  un  inter&  fecretf 
k  la  rupttire  de  là  négociation ,  lor& 
^ti'il  defire  le  plus  aixfcmmcnt  qtt*èl* 
ie  fok  continuée  ^  et  &  au  contraire 
il  a  des  ordres  précis  de  faire  ks  dcr^ 
nief s  eflforts  pour  la  rompre ,  il  cfoic 
devoir  pour  y  réùfSr  en  preflèr  l^ 
continuation  êc  la  fin.  S'il  furvient 
un  grand  évenenietrt ,  il  ieroiditoil 
il  Te  relâche  febn  qu'il  lui  td  utikr 
ou  prëjudiciabk  ;  &  fi  par  une  gran- 
de prudence  il  fait  k  prévoir ,  il  pref* 
fè  &  il  tempbrifè  félon  que  TËtaC 
J)0ur  qui  il  travaille  en  doit  crain- 
dre ou  efpercr,*  &  il  fcgfe  fur  fes  be-' 
foins  fes  condition*.  Il  prend  confeîf 
du  tems ,  du  lieu ,  des  occafions ,  de 
fa  pmflance  ou  de  fa  foiblefk  »  do  gé- 
xne  des  Nations  avec  qui  il  ti^ite,,  du 
tempérament  &  du  caradere  des  per-* 
Ibnnes  arec  qui  il  négocie.  Toute» 

fca 


4Ti       trs    CARÂCTERÈi 

Dv^  Sotr-  fgg  y^çs  ^  tdutes  fes  maximes^  tofll 

t«iiAiN.   jgg  raffincmeas  de.  fa  politique  ten* 

dent  à  une  feule  fin^  qui  eit  de  dè^ 

tre  point  trocppe^  Se  de  tromper  les 

autycs*  *i  •    .  i . 

.   *  lue  carafibcrc.  des  François  iti 
mande  du  férieux  dans  le  Souverain. 

*  L'un  des  malheurs  du  Prince  eft 
d'être  fouvenc  trop  plein  de  Ion  fe* 
crct ,  par  le  péril  gu'il  y  a  a  le  rc^ 
pand^e  :  fqn  bonheur  eft  de  rencon- 
trer une  perfonne  furc  gui  l'en  dc^ 

chi^rQs.  '         .  ,    ^ 

*  11  ne  manque  rîcna  unRoiqufi 
tes  douceurs  d?une  vie  privée  :  il  ne 
peut  être  confolc  d'une  fi  grande 
peftc  que  par  le  charme  de  Pamiac, 
&  par  la  fidélité  de  fcs  amis*      ^ . 

.  *  Le  plaifir  d  un  Roi  qui  ©^ff 
de  rêtre^  eft  de  Pctie  moins  qud- 
quefois  ,  de  fortir  du  théâtre ,  de 
quitter  le  ba«  de  foyc  &  les  brode-i 
quim  5  &  de  jouer  avec  une  p^- 
fonne  de  confiance  un  rôle  plu^  ^ 
milien 

.  *  Rien  ne  feît  plus  d'honneur  ad 
Prince  que  la  modeftie  de  fofl  F** 
yori. 

:  *  Le  Fayori  n>  point  de  ft^'jj 


ijti  lis  MoEVRS  DE  CE  âlEGli.  47^ 

i^  (ans  engagement  &  fans  liaifons^;    C  h  Ali 
ii  peut  être  entoure  de  p^rens  &  de       ^^ 
créatures ,  mais  il  n'y  tient  pas  :  ii 
eft    dëtaehé    de  tout ,  &  comm^ 
ifolé. 

*  Je  ne  dôi;^te  point  cj^'un  Favori^ 
s*il  a  quelque  force  8c  quelque  élëva^ 
tîon ,  ne  le  trouve  fou  vent  confus  Si 
déconcerté  des  baflèfTes,  des  petite^ 
iès  y  de  la  flatterie  y  des  foins  fuperflus 
èc  des  attentions  frivoles  de  ceux  qui 
îe  courent ,  qui  le  fuivent  f  &:  qui 
s'attachent  à  lui  comme  fes  viles  créa-< 
turcs  9  ôc  qu'il  ne  fè  dédommage  danf 
le  particulier  d^une  û  grande  ièrviti»« 
de,  par  le  ris  Se  la  moquerie.       , 

^  Hommes  en  place  ,  J^iniÂres  f 
Favoris  ,  me  permettrez^  vous  de  lé  • 
dire ,  ne  vous  rcpofèî  point  Âir  vos 
deicendans  pour  le  foin  de  votre  mé^ 
moire  »  Se  pour  la  durée  de  votre  * 
nom  ;  les  titres  padènt ,  la  àveui* 
S'évaxK>uït  y  les  dignitez  fe  perdent  ^ 
les  richeflès  fe  diflipent ,  &  le  mérite 
dégénère^  Vous  avez  des  en&ns,  il 
eft  vrai  ^  dignes  de  vous  ,  j'ajoute 
même  capables  de  foutenir  toute  vo- 
tre fortune  »  mais  qui  peut  vous  en 
promettre  autant  de  vos  petits-fils  j^ 


:^i4       LbS    CATLÀcfivLii  ' 

t>u  Sou-  Ne  m*cn  cfoyez  pks^  regardez  ccttï 
1 1  ft  A  X  N.  unique  fois  de  certains  hommes  qw 
totts  ne  regardez  jamais  ^  que  vous 
dédaignez  :  9s  ont  des  ayeals,  à  qui 
tout  grands  que  vous  êtes ,  vous  iw 
fiites  que  fiicceden  Ayez  cfc  fa  ver- 
tu &  de  Phumanité ,  &  fi  tous  mii 
dîtes  ,  qu'aurons  -  nous  de  plus?  je 
vous  rrfportdrai  ^  de  Phamairité  &  de 
la  vertu  :  maîtres  alors  de  ravenir,& 
îndépendans  d'une  pofteritc,  vous 
,  êtes  fûrs  de  durér  autant  que  la  Mo- 
harchîe  ;  &  dans  le  tcras  que  l'on 
Inontrerales  ruines  de  vos  Châteaux, 
■  fe  peut-être  )a  feule  place  oîins 
ëtoient  conftruits  j  l'idée  de  vos  loua- 
bles actions  fera  encore  fraîche  dans 
l^efprit  des  peuples  ,  ils  confidereronJ 
avidement  vos  portraits  &  vos  mé- 
dailles i  ils  diront  i  Cet  hommedont 
Vous  regardez  la  peinture  a  parle  a 
fon  niaîcre  avec  forée  &  avec  libe'^^* 
&  a  plus  craint  de  lui  nuire  que  QC 
<ui  déplaire  :  il  lui  a  pefrms  d'être 
hon  &  bîenfeifaût ,  de  dire  de  fc$ 
Villes  ,  ma  ionhe  Ville  ,  &  àtion 
î^cuple  ^  mm  Peuple.  Cet  autre  dortt 
vous  voie4  l'image  ,  &  en  qui  J'^" 
<tmanjue  une   phyfionomie  forte  ', 


W'  tis  MoÈtTRS  tic  CE  SiECLi.    '47^ 

]mnte  k  uù  air  grave  ^  duftere  &  mz*  c  h*  i  #^4 
jeftiieux  ^  alimente  d'tnnée  à  autre  X. 
de  réputation  i  les  plus  grands  politiv 
fpics  fôuârent  de  lui  être  comparez. 
Son  grand  deâèih  a  été  d'afiermir 
l^utorité  du  Prince  &  la  fureté  de$ 
peuples  par  Pabaiffementckà Grands  i 
tù  lea  partis ,  ni  les  conjurations ,  ni  les 
iràhifqûS,  ûi  le  péfil  de  la  mort  »  itf 
les  infirmitez  n'ont  pu  l^en  détour^ 
•ner  :  il  a  du  tems  de  fefte  ,  pour  en* 
itamer  un  ouvrage ,  coiitkiué  enfuite 
Se  achevé  par  l'un  de  nos  plus  grands 
i&  de  nos  meilleurs  Princes^  Pextino* 
«fîon  de  riiéréfie. 

t  "^  Le  panneau  h  plus  délié  &  fe 
i»lus  fpécîeux  qui  dans  tous  les  tems^ 
Ait  été  tendu  aux  Grands  par  leufs 
cens  d^afiaires  ^  £c  aux  Jltois  pa/ 
feurs  Miniftnes  ,  eft  la  leçon  qu'ils 
Jeur  font  de  s'aojuitter  Se  de  s^nri^ 
cbir.  Excellent  cohfeil  !  maxime 
-tittle,  filiâueuflê,  une  mine  d'or,  un 
JPerou,  du  moins  pour  cetix  qui  ont 
fû  jufqu^  préfent  hnfpîrer  à  leurs 
Maîtres. 

♦  C*eft  Wi  extrême  bonhctrr  pour' 
les  peuples ,  quand  le  Prince  admec 
«kns  &  confiance ,  &  cJK>i(k  pour  te 

lûi^ 


-  i 


^jé    Les  CÎa  r  a  et  ntiii- 
Du  Sou-  miniftcrc ceux  mêmes  qu'îb  auro.^^ 
t  â  â  A I  H.  ^Q^^^  \^i  donner ,  s'ils  en  avoient  ctc 

les  maîtres.  :     , 

*  La  fcience  des  détails ,  ou  oM 
diligente  attention  aux  moindres^  be^ 
foins  de  laRéjJubîique,  tEt  une  por^ 
tie  efiëntielle  au  bon  gouTernement  ; 
trop  négligée  à  la  vérité  dans  les  der-^ 
niers  tems  par  les  Rois  ou  par  les 
Minières  ^  mais  qu'on  ne  peut  trop 
fouhaiter  dans  le  Souverain  qiui  l'î^ 
gnore  ^  ni  afiêz  eftimer  dans  cdui  qm 
Jà  poflcde.  Que  (ert  eh  effet  au  bien 
des  peuples  ,  Se  à  la  douceur  de  &$ 
jours ,  que  le  Prince  place  les  bornes 
de.fbh  empire  aU-delà  des  terres  de 
ics  enoemis  ,  qu'il   faflèide  leuri 
Souverainetés  des  Provinces  de  fou 
Royaume ,  qu'il  leur  foit  également 
.iuperieur  par  les  fîeges  &  par^  les  ba- 
tailles ^  Se  qu'ils  ne  foient  devant  lui 
en  fureté  Ai  dans  les  plaines  «  ni  dani 
les  plus  forts  baftions^  que  les  N^ 
lions  s'appellent  les  unes  les  autres  i 
:  fe  liguent  enfemble  pour  fe  défendre 
&  pour  l'arrêter,  qu'elles  fe  ligqerit 
en  vain  ,  qu'il  marche  toujours  ,  & 

3u'il   triomphe  toujours ,  que  kuts 
erniere^   cfperances  foienc.tambéqs 


bu  iBi  MosuRs  pn  CE  Sieci|[.  477 

îpar  le  raficriniflement  d'une  fanté  qui  C  h  a  t: 
donnera  au  Monarque  le  plaifir  de  ^*  . 
voir  Ij^s  Princes  Tes  petirs-fils  foutenir. 
ou  accroître  Tes  deftinécs ,  fe  mettre 
en  campagne ,  s'emparer  de  redouta» 
bles  forcereflcs ,  8c  conquérir  de  nou« 
veaux  Etats ,  commander  de  vieuH 
&  expérimentez  Capitaines ,  moins 
jpar  leur  rang  &  leur  naiflance ,  que 

{)ar  leur  génie  &  leur  fagefle  ,  fuivrc 
es  traces  auguftcs  de  leur  viârorieu^ 
|>ere  ,  imiter  fa  bonté  ,  (à  docilité  ^ 
ibn  équité  ,   fa  vigilance ,  (on  intré^ 
piditéî  que  me  ferviroit,en  un  mot, 
<:omme   à  tout   le  peuple  ,  que  le 
Prince   fût    heureux  Sc  comblé  d$ 
gloire  par  lui-même  Se  par  les  fîens , 
que  ma  patrie  fût  puiflànte  ôc  formi- 
dable? fi  trifte  &  inquiet,  j'y  vivois   , 
dans  Poppreflîon  ou  dans  l'indigence  ; 
fi  à  couvert  des  courfes  de  l'ennemi  ^ 
je  me  trpuvois  expofé  dans  les  places 
ou  dans  les  rues  d'une  ville  au  fer 
4i*un    afTaffin  ,  &  que  je  craigniflè 
mpinsdansPhorreurdela  nuit  d'être 
pillé  0)1  maflâcré  dans  d'épaiflès  fo«  ^ 
rets  ,  que  dans  fes  carrefours  ;  fi  li 
fureté ,  l'ordre  &  la  propreté  ne  ren- 
(Joiem  f  as  le  Séjour  âss  Villçs  fî'dél^ 

cicux. 


47t  -  Les  CARAersitts 
Bu  Sou-  peux ,  &  n'y  ayoicnî  pas  ao^en^ avec 
ir  iK^iN.  j^abondancei  la  dpuceur  de  la  focie- 
fé  y  fi  jfoible  èc  &ul  de  n^on  pm  $ 
j*avois  à  (bu^rijT  dans  n)a  mç'cairie  dit 
voifinage  d'un  Gmnd ,  .6c  fi  l'on  ayoiç 
moins  pourvu  à  me  &ire  juftice  de 
fes  entreprises  ;  fi  je  n'avois  pas  (bus 
paa  main  autant  de  maîtres  ^  d'c^* 
retiens  maîtres  pour  élever  mes  eoa* 
fans  dans  les  Sciences  oi|  dans  le^ 
^rt$  qui  feront  un  joi^r  leur  établiflc* 
pilent  j  fi  par  ia  facilité  dv  commerce  il 
m'etoit  moins  ordinaire  de  m'habilkr 
de  bonnes  etofiès ,  Se  de  pe  nourrir 
à&  viandes  faincjs ,  Se  de  les  acheter 
peu  ;  fi  enfîp  par  les  foins  du  Prince 
je  n^étois  pas  auffî  content  de  ma  for* 
cune,  qu  il  doit  lui- même  par  fes  ver* 
fus  Pctre  de  la  fienne. 

^  Lies  huit  ou  les  dis^  tpille  hoa}« 
;nes  font  au  Souverain  comme  une 
iQonnoyedont  il  acheté  une  place  ou 
une  via:oire:s'ii  fait  qu'il  lui  en  coû« 
te  moins5  s'il  épargne  les  hommes ,  il 
reflèmbleà  celui  qui  marchande  Se  qui 
ponnoît  mieu:^  qu'un  autre  le  prix  de 
)'argent. 

*  Tout  prpfperc  dans  une  -Mo^ 
fiuux:hte ,  où  Ppn  £pnf(^4  les  intCf 


rets 


ou  itBs  Moeurs  de  ce  Siècle.  479 

fêts  de  PEtat  avec  ceux  du  ]Prim:c.     Ch  a^ 

*  Nommer  un  Roi  P  £  a  p  d  y       f^ 
P  £  u  p  L  B  9  cQ:  moiiis  faire  Ton  éloge^ 

xjuc  l'appcjler  p^r  fon  aom ,  ou  feire 
ft  définition. 

*  II  y  ^  up  comiperce  pp  lun  re* 
tour  de  devoi):s  du  Souverain  à  feç 
Sujets,  $c  de  ceux-ci  au  Souverain  ; 
quels  ibot  les  p}us  aûujetciâans  1^  les 
plus  pénibles,  je  ne  le  dçfciderai  pas  ; 
il  s'agit  de  juger  d'un  cpté  enfre  les 
/Étroits  engageooehs  du  refpeiâ: ,  cle$ 
fecours  ,  des  fcrvices  ,  de  1  bl^ïflàn- 
ce ,  de  la  dépendance  ^  &  d'un  autre  ^ 
^es  obligations  indirpenfables  de  bon* 
té ,  de  juijbice ,  de  ioins  ,  de  défenfe  « 
de  proteftion.  Dire  qu'qn  Prince  eft 
arbitre  dé  la  vi<e  des  hommes ,  c'eft  dirç 
feulement  que  les  bpmmes  par  leurs 
irrimes  deviennent  naturellement  fou* 
P)is  aux  loix  £c  à  la  juftice  ,  dont  le 
Prince  eft  dépofîtaire  ;  ajoiiter  qu'il 
efl  majtre  abfolu  de  tous  les  biens  de 
fes  Sujets ,  fans  égards  ,  (ans  comptç 
ni  difcyffion ,  ç'm  le  langage  de  la 
flatterie  ,  c'eft  l'opinion  d'uà  Favorf 
qi^  ie  d.édira  à  l'agonie. 

*  Quand  vous  voyez  qpelquefois 
uu  aomhreDX  proupeau  1  fjui  rppgqdn 

fuf 


4«o      Les  Caractères 
ï>u  Sôxj.  far  une  colline  vers  ie  décUn  d^îi 
V  •*A'N»  beau  jour  paîttranqaîlletnent  le  thim 
&  le   ferpolct ,  ou  qui  broute  dans 
une  prairie  une  herbe. menue  &  tcn-» 
dre  qui  a  cchapé  à  la  faulx  du  moif- 
fonneur  ;  le  berger  foigaeux  &  atten- 
tif eft  debout  auprès  de  fes  brebis  ,  il 
ne  les  perd  pas  de  vue ,  il  les  fuit ,  il 
îcs  conduit ,  il  les  change  de  pâtura- 
ge j  fi  elles  fc  difperfeqt,  il  Icsraffem- 
Ile  5  fi  un  loup  avide  paroU ,  U  U^ 
chc  fon  chien  qui  le  met  en   fuite , 
il  les  nourrit ,  il  les  défend  ;  l'aurore 
le  trouve  déjà  en  pleine  campagne  , 
cPoù  il  ne  fe  retire  qu'avec  le  Soleil  i 
quels  foins  !  quelle  vigilance  !  quelle 
{ervitude  !  quelle  condition  vous  pa^ 
roît  la  plus  dcHcieufe  &  la  plus  libre, 
ou  du  berger  ou  des  brebis  >  le  trou* 
peau  eft-il  fait  pour  le  berger  ,  ou 
le  berger   pour  le  troupeau  i  Iniar 
ge   naïve  des  peuples  &  du  Prin* 
ce  qui   le  gouverne  ,  s?il    eft  bon 

î?rince. 

Le  &fte  &  le  luxe  dans  un  Sou- 
Verain  ,  c'eft  le  berger  habille  d'or 
&  de* p\tt revies  ,  la  houlate  d'or 
«n  fes  mains  ;  fon  chien  a  un  col- 
lier 4'or  :  iJ  eft  aijachc'  avec  une  le& 

fç 


u» 


ou  LES  Moeurs  ob  cb  Siècle.  4S1 
|c  d'or  &  de  foyc ,  que  ftrt  tant  d\>r    Ch  a^ 
à  ion  troupeau ,  ou  contre  les  loups  >       ^% 

*  Quelle  heureufe  place  que  celle 
qui  fournit  dans  tous  les  infbns  Toc- 
caflon  à  un  homme  de  faire  du  bien 
à  tant  de  milliers  d'hommes  !  quel 
dangereux  pofte  que  celui  qui  expoie 
à  tous  roomens  un  homme  à  nuire  à 
un  million  d'hommes  ! 

'^  Si  les  hommes  ne  font  point  car 
paUes  iiir  la  terre  d'une  joye  plus  na<^ 
turelle ,  plus  flatteufe  Se  plus  fenfîble 
que  de  connoître  qu'ils  (ont  aimez;  8c 
û  les  Rois  font  hommes  ,  peuvent- 
ils  jamais  trop  acheter  le  cœur  de  leurs 
peuples  > 

*  U  y  a  peu  de  reglei  générales  & 
de  mefiires  certaines  pour  bien  gou«* 
vemer  :  Ton  fuit  le  tems  Se  les  con- 
jonâures ,  Se  cela  roule  fur  la  pruden^ 
ce  Se  fur  les  vues  de  ceux  qui  régnent  : 
aiiffi  le  chef-d'œuvre  de  Tefprit ,  c'eft 
le  parfait  gouvem^ent  ;  Se  ce  ne 
feroit  peut-être  pas  une  chofe  pofli- 
ble  y  fi  les  peuples  par  l'habitude  où 
ils  font  de  la  dépendance  Se  de  la. 
foûmiffion  ,  ne  (kifoient  la  moitié  de 
^ouvrage. 

*  Sous  un  très-grand  Roi  ceux  quji 
T^nn.  U  X  tîen« 


4^1     LisCaraçt8RBs 

Gto  So  n-  ôenseiit  les  premicres  places  q'oiicqqf» 
▼iKAJN-  ^  dcvcMrs  faciles  ;  Se  que  Ton  rem* 
pUt  iâas  nulle  peine  ;  tout  coule  de 
ibttn:e  :  i'jiucorité  Se  le  génie  duPrîir 
ce  kuf  appkmiflènt  les  chemins ,  leur 
^pargtieBS  ks  difficukex,  &  font  eouc 
profperer  aiMlelà  de  leur  attente  :  ils 
ooc  k  mér'm  de  fubalternes, 

*  Si  c'eit  trop  de  fc  trouter  cliar«« 

g6  d'une  firule  famille ,  fi  €^c&  affîz 

d'avoir  à  répondue  de  foi  feul ,  qnd 

poids  ,  que)  accablemmt  qpe  œlui 

dis-  tout  uQ  Royaume  !  Un  âouve? 

nûit  eft-il  Tpayi  de  fcs  peines  par  le 

pkifir  que  iiêmble  donner  une  puiG^ 

fance  abfoluc  ,  par  toutes  les  prof»; 

toraations  àf^s  Courtifans  t  Je  fi>nge 

aux  péniUes ,  douteux  &  (k^ereuz 

chcmias  qu'il  eft  quelquefois .  obligé 

de  fuivre  pour  arriver  à  h  tnuiqui«« 

lité  publique  :  je  repafle  les  moyens 

eKtrêtnes  »  mais  néceflaires^ ,  dont  il 

«le  ibuvent  pour  une  bonne  fin  :  jp 

is  qu'il  doit  répondre  à  Di»  me^ 

me  de  la  félicita  de  fès  peuples,  que* 

k  bien  &  k  mal  efl  en  fès  mains ,  & 

^uejtoote  ignonmce  ne  l^Qccufè  pas  ^ 

éc  ie  me  dis  à  moi-même ,  vc^rois^ 

^rcj^oer  ^  Un  boïpmomi  pep  }iea« 

soax 


où  LBS  Moemis  M  dl  SisclIi.  4I5 

toît  dans  une  condmon  pHvéè  do^  Cuirî 
vroit-il  y  renoncer  potnr  une  Monar**  *• 
çhie  ?  N'elb-c»  pas  b^coup  pour  celsi 
qui  ië  croave  en  pliice  par  un  droii  hé* 
nfditaire^de  fuppofter  d^re  né  Roi? 
^  Que  de  dons  du  Ciel  ne  iàut-il 
pas  pour  bien  régner?  utle  naiilanct 
auguftc ,  un  air  d'enïpire  &  d'autbricéi 
un  vî&ge  qui  rempli/^  la  curiofité 
des  peuples empreiS»  devoir  lePrin^ 
ce ,  &  qui  conferve  le  refpeâ  danft 
un  Courtiân  :  Une  parfaite  ^alité 
d'humeur  ^  un  grand  âoigtietnent 
pour  la  railkrie  piquante  ^  ou  afièt 
de  ration  pour  ne  fè  la  penbettit 
point  :  ne  ftire  jamais  ni  menaces , 
m  reproches  ,  ne  point  céder  à  k 
colère  :  &  ctrc  toujours  chéi-:  L'cf- 
prit  ftfcile ,  infinuaDt  :  le  cœur  ouveit^ 
fincere,  te  dont  on  croit  voir  kfbnd; 
&  ainfi  très^propre  à  fe  faire  dttu 
amis  ,  des  créatures  ^  6c  des  àllie'z  ; 
ccre  ftcret  toutefois  ,  profond  et  Mh 
ptfnétfaUc  dans  fts  aidtifs  &  dam 
fcs  projets  :  Du  fïfieux  &  de  la  gffti- 
vic^  dan^k  puMic  :  de  la  brièveté^ 
jointe  à  beaoïeoup  de  jufteflè  &  de 
dignité  ,  fok  dan»  les  iépioùkê  âtut 
Ambaffiidcurs  des  Pnncea  ^  ibit  diAs 

X  X  les 


4^4     i-^^'  CÂltACtKRIS 

Du  Son-  les  Confeils  :  Une  manière  àè 
V I AAi  M.   des  grâces  ,  qat  eft  comme  un  lêpotid 
bienfait ,  k  choix  des  perfonnes  cpjG 
Pon  gratifie  ;  le  difcernement  des  d^^ 
prits  ,  des  taleqs  Se  des  dqlniplexions 
^our  la  diftributiôn  des  gpftes  éc  des 
emplois  :  le  choix  dés  Generau^  8c 
des  Miniffa-es  :l  VH  jugement  (crwc , 
Iblide  ,  déciiîf  dans  les  afi&ires  ,  qui 
iait  que  l'on  connolt  le  meilleur  par-' 
ti  &  le  plus  jufte  :  un  efprir  de  droi- 
ture &  d'équité  qui  feit  qu'on  fe  fuît ,, 
julques  ï  prononcer  qùèlduelbis  çpn^ 
tre  ioi-mcme  en  faveur  du  pepp^f 
des  alliez ,  des  ennemis ,  unç  mémoi- 
re heureufeSc  très-prefènte  qui  rapelle 
]es  befoins  des  Sujets  y  leurs'  vifages» 
leurs  noms ,  leurs  requêtes  :XJne  vafte 
Capacité  qui  s'étende  non  içulémeot 
«u*  aifiires  de  dehors,  au"çpm|ncjcé^ 
àxix  maximes  d'Etat ,  aux  vùësèt^lz 
politique ,  au  reculement  d^froffiçra; 
par  la  conquête  de  nouvÙlc^j^rify^i^ 
ces ,  &i  Icurfflretépar  uiV^^^ 
bre  de  forttrefics  macccpîwes  ;  rfi^s^\ 
fâche  auffi  fe  renfermer ;aU  a^^pfl^ 
êc  comme  dans  les  !^tail$  ^..tpiit 
un  Royatime  ^  qiii  cà^ 
culte  faux  ifixCpçQitc  enheihi  âch 

Sou- 


ev  LES  Mocims  i>ï  ce  Sàcuu  4tf 
Sou^^erainecé ,  Vil  s'y  rencontre  j  qui  C  HA?, 
aboliflê  des  ufiges  cruels  &  impics  ,'  -'^• 
s'ils  y  rcgnerrt;  qui  réforme  Ici  Loîx 
£c  les  Coûcuines  y  û  elles  étoienc 
Amplies  d'abus  j  qui  donne  àn^  Vil- 
les plus  de  fureté  &  plus  dé  cbmmo- 
ditez  par  le  renpuvellement  d'une; 
ixaâe  police ,  plus  d^éclat  &  pîùs  dé 
Aîajefté  par  des  édifices  /bmptuelix  i 
3Punir  feVerement  les  Vrces  fcandà-] 
leùx  :  dotmer  par  fbn  autorité  &  pzt 
ton  exemple  du  crédit  à  la  pieté  Sc 
t' ïk  vertU'  :  protéger  TEglife ,  fes  Mi* 
Ai&tcs  ^  ies  libertez  ;  ménager  fes 
iteuples  comme  les  enfans  j  être 
toujours  occupe  de  la  penfée  de  led 
ibulager  ,  de  rendre  les  fubfides  le-^ 

fers  y  6c  tels  qu'ils  fê  lèvent  fur  les 
Provinces  (ans  les  appauvrir  :  De 
grands  talens  pour  la  guerre  ;  être 
Vigilant ,  appliqué ,  laborieux  :  avoir 
4e|  armées  nombreufes,  les  comman. 
dei'  en  personne ,  être  froid  dans  le 
véti\ ,  ne  ménager  la  vîdqfuc  pour  le 
hijçh  défoh'Etgt ,  aimei"  le  bieb  dé 
fbtfi  Etat&  ft  gloire  plus  que  fiVic  ; 
Une  puif)âhce  trèà-àbfoliië  ,  qui  ne 
laiifîc  point  d'occafion  aux  brigues  ,; 
i'  l'intrigue  £c  à  la  tâbale  ;  qui  ôte 

X  3  celte 


4gV  Ië's  Cahactbiibi  •• 
Bu  Sou*  cette  diibdce  infinie  qui  eft  qnclqde* 
vit  A  IN.  iots  encre  les  grands  Se  les  petits  ^ 
qui  les  rapproche  »  &  (bus  laquelle 
tous  plient  également  :  Une  étendue 
de  connoiflânce  qui  fait  que  le  Princô 
Toit  tout  par  les  yeux  ,  qu'il  agit  ini« 
médiatement  Sa  par  lui-même ,  que 
k$  Ge'neraux  ne  font ,  quoiqu'e'Ioigoe^ 
de  lui ,  que  fcs  Lieutenans,  &  les  MiniA 
très  que  fes  Miniftrés  :  Une  profonde 
h^cne  qui  fait  de'ckrer  la  guerre,  qui 
fait  vaincre  &  ufer  dé  la  yiâôire,  qui 
fait  fai  re  la  paix  ^  qui  ait  la  rompre ,  qui 
lait  quelquefois  &  félon  les  divers  id* 
terêts  contraindre  les  ennemis  à  là 
recevoir  ;  qui  donne  des  régies  à  und 
vafte  ambition ,  &  fait  jufques  oii  I  où 
doit  conquérir  :  Au  milieu  d*ennetnii 
couverts  ou  déclarez  fc  procurer  k 
loifir  des  jeux ,  des  fêtes  ,  des  fpcc- 
tacles  ,  cultiver  les  Arts  &  les  Sdem 
ces  ;  former  Se  exécuter  dès  projeti 
d^édifices  furprenans  :  Un  génie  enfin 
rupérieur  6c  puiflant  qui  fe  fait  aimer 
&  révérer  des  Gtn$  ,  craindre  àti 
étrangers  ,  qui  fah  d'une  C6ur  »  8C 
tnéme  de  tout  un  Royainne  comme 
une  feule  &mille ,  unie  par&itemeift 
fous  un  mêote  cheif  ^  dont  Putâbn  Si 


/ 


ou  LES  Moeurs  DB  ce  Siècle.  4!^ 
la  bonne  intelligence  eft  redoutable  Chap^ 
au  refte  du  monde  :  Ces  admirables  ^* 
yei'tus  me  ftmblent  renfermées  dan$ 
ridée  du  Souverain.  Il  eft  vrai  qu^il 
eft  rare  de  les  voir  réiinies  dans  un 
mênâe  fujet  :  il  £iut  que  trop  de  cho- 
{es  concourent  à  la  fois ,  l'efprit  ,  le 
cœur ,  les  dehors  ,  le  tempérament  ; 
fBc  il  me  pâroit  qu'un  Monarque  qui 
les  ralTemble  toutes  en  fà  perfbnne  ^ 
c^  bien  digne  du  nom  de  Grand, 


Tin  dfi  fffmier  Timff 


D 4362 9 


313623 


««       • 


• 


/" 


•Ci.- 


/« 


*.     •     \ 


^ 


.^•i