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LES CARACTERES
SE
THEOPHRASTE-
AVEC LES CARACTERES
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L£SMO£URS DE CE SIE:CLE,
rir M. DE LA BRUYERE.
Nmclle Edilion augmentée ia Ii DE'FENSI
de ML Da L4 iUuxua te de iè* Cauctbku.
T» M.cosrt..
TouePrxuiiiu
f ^ A AMSTERDAM;
''dieo F. CHANGUION. t7;i.
'UNIVERS-.TY '--^
-2N0V19S4
OF OXFORD
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CLEF
DES
CARACTERES
PE
LA BRUYERE.
P^g^. ri/* V» Magtfirkt. Mr. Poucet Je là
^iVicre , mort JD|o^en des ConfeiIIer$
i'Etzt'^ qui préteadoit ittc Chancelier » Se
qui.avoic faic j^n m^auvais Liyre des Avanta-
ges dç la VieiHcfli.
f}6. Certains Prêtes. Cortieiile le Jeune
dans û fieremce > dont les quatre premiers
Vcfs font tx^ fi|it <P^liQ)^cias:
Déms Us iomlUns 7>Mt/forts étunt fufte Colêfë
C^ntfi un Vils criminel $xcufabU eft un Pen;
Ouvn Us y eux éi" nsoins aveugU VQi
Lt flusjage Confiai /*i^/firer 4 to^ Rfih
tj7. Çon i^*és guttH vA, Le Dîâionnaîr^ jp
l'Académie françoife.qui a paru (snfîn en
lé» 94* après avoir ccé atceijidu pendant plus
de quarante Ans^
ti9. On fe nourrit des Anciens » Mr« de ïoii*
tcneJie > Académicien > Auteur des DiMUgues
du èivru » & de quelques autres Ouvrir
gcs. .
ibid. Un Auteur Moderne. Mr. Charles Per«
laok , de l'Académie Irançoife > qui a voula
% Ctir DBS Caractekb$
prouver cette Propofition ^ar un Ouvrage c!f
trois Volumes , iu-iz. qui prouve que les
Modernes font au defTus d«s Anciens.
Pag. 140. §iuelquis hMles. Defpreaux & Ra-
cine ; le premier » Pplrrc Satirique tç Hifto-
xi^cn du Roi : le fécond qui a fait des Traeé*-
liies & de» Comédies <î ^ qui a a^iflTi travaillé
i l'Hiftoirc du Roi. • Jl cft mert. Il ^érbic
Gentilhomme ordinaire de la Chambre du
Roi. ' /
141. Bien des gens. L'Abbé Dangeaa , de
l'Académie Françoîfe' , Fferc du î^rquis
' Dangeaa. ^ - ^ '.^ ..\...^
14 j. Un bel Ouvrage. Le ptéfent Livre dc%
Cara^éres,
f4f. Affine, Le Marquis de Trevillc , ott
l'Abbé de Choifi.
^4^. Théecrine. L'Abbé Dângeau » on de
Brie. Ce dernier cd Auteur d*un petit Ro-
iman du Duc de Gui£e. Il a traduit quelque^
' Odes -d'Horace qui ne répondenr pas au
génie de ce Poète. Ce de Brie ef); Fils^d^on
iChapcUer de Paris.
Ibid* // n'y a feint iOuvrage. Les Cartes
de l'Abbé Dangeau.
147. Un Auteur ferieux. Allufion auxdilfé^
rentes applications que l'on fait des Çarac*
téces du préfcnt Livre.
I $0. C4pys, Bourfault 9 Auteur de la Comév
die d'E(bpe ^ 4e quelques autres Ouvrages^
tbid. pamis* M. Bôileau Defpreaux;
II I. Le fhilefophe eçnjume, La Bruyère ^ Au<-
teur du préfcnt Livre.
1 j|. Il n*n manqué d Molière, Jean-Baptffte
Poquelin , fi co<nna (bus le nom de Molie^»
,$c , ^toic. Fils d'un Valet de Chambre , T^r
pi/Bcr du Roi , fl naquit à Pari? ; environ
• f^^Uo. ïlfc.fîwd'#l?orddpi$t^Trogpç
ées Comédiens de Monfiear , Se panic (ur
le Théâtre aa petit Bourbon. li réunît fi
mai la première fois^a'ilparuc à la Tragé-
die d*HécaciittS , donc il faifoit le principal
Perfbnnage , (]u'on lui jetca des Pommea
cuites <}ui fe veadoient a la Porte, & il &ic
obligé de quitter. Depuis ce tems-là ».il
n'a plus paru au férieux > & s*eft donné tout
aa Comique » où il réu/Iiflbit fore bien.
Mais comme il ne paroiâbit qu*à Tes pro-
pres Pièces , il faifoit toujours un Pçrfonna*
£c exprès pour lui. Il e(l mort prefque fur
le Théâtte » à la Repréfen cation du Ma-
laie Imaginmrg , le 17. Février i ^7 j.
P^g^if 6, Deux Ecrivains^ Le P« Malcbran-
cbc , qui penfe trop , & Mr. Nicole du
Porc- Royal , qui ne penfe pas allez. Ce dcr«
sier . eft more au mais de Novembre
ïbid. ^♦* G**. Le Mercure Galand ,faîl
par le Sieur De Vifé.
157. D'Amphiçn. Lulii , ou Francine • (on,
Gendre. Le premier étoit originaircracnc
Laquais , cnfuite Violon. II a porté laMu-
fique à là dernière perfedion > & a donné
les plus beaux Opéra , dont il a fupprimé la
plus grande partiic des Machines > faites
par le Marquis de Sourdiac de la Maifon
de Rieux en Bretagne. LuUi cil mott en
168^.
ijg- Us ont féUt. le Théâtre, M. Manfard „
Arcliite(5le du Roi qui a prétendu avoir
donné l'Idée dé la belle fête donnée à.
Chantiili.
159. Les Cênneigiurs, Mr. Quinaut, Auditeur
des Comptes» quia fait les plus beaux Vers
de plufieurs Opera^
i6i« U feeme TItépquê. H parle contre TOpétiu
• ♦ 1 Pag.
'4 CtSf DES CAKACtEKt
Pâg. i6u Ce ffeji fûint^fez. LesCom(jîe9
de Baron.
1^1. Cefi h propre d'un ejpminé. L'Homme à
Çonne-Forcuite > Comédie de Baron le Pe-
fe , Comédien fdtt célèbre > laquelle Pièce
en prétend être le Portrait de (es Avamu-
res. Il a renoncera Théâtre» Se s'ef); jette
dans la Dévotion,
$6s* Dsns h Cid , dans Pûlieuiîe é* dans les
Horaces. Le Cardinal de Richelieu fe déclara ,
& s'anima contre Corneille Tainé > Auteur de
' la Tragédie du Cid> comme contre un Çri«
minci de Leze-Majeflé.
1^9. Tout Ecrivain. Les Romans.
171. Von a cette incommodité. Les Jéfoites 1 Çc
les Janféniâcs.
171. hon écrit. Le Père Bouhours > & le
Père Bourdaloue » tous deux Jéfuites*
37}. lly a desEfprits. Mr. Ménage.
174. ^eeonfeilie, L* Abbé de Villiers qui a ^té
autrefois Jéfuite.
tys» Un Homme hé Chrétien. Le Noble» na«
' tif de 'Trbyes , ci-devant Procureur Gêné?
- rai au Parlement dé Mets , qui a fait quan«
tité d'Ouvrages d'Efprit & d- érudition , pn.
tr'âutres , rEfirit de Gèrfin > qui a été
shis à l'Index à Rome. Il a été détenu
plufîeurs années en prifon , d'où il eft en-
on forti > après avoir fait Amende honof a«
ble.
P»id. Il fasse éviter If Stslf. Vari]Ias &Maifn«
bourg. '
^8^.- Votre Vils eR heguo. Mr. de Harlay »
Avocat Général , Fils de Mr. le Premier
Préndént : Madame de Harlay , Fille de Mr*
k Premier Préfident > Rcligieufe à Sainte
^iiïâbieth y où elle a été mi(è a caulè de i'ha*
^itude qu elle ayoîic aycc Ptf Mçfajl > Mufif^
fag. lié. XMtuas. Mr. de Coonenvaux > Fils
de M. de Loavois.
187. CrMffks. Mr. d€,LoDTois 8c k$ Enfans.
Ibid. llétffaroh. Le Cardinal de Richelieu*
188. V** C**.' VAutiitr de PyrMme. Pra*
don I Vignon , Peintre i Colailè « Muficien $
qui bacoit Ja Mefure fous Luili > â( a cqjh-*
pofé des Opéra*
tS^. Aprh U Mérité perfcnneL Vkxçhvrt^
qne de Rheims > Frère de Mr. de Lou«
Tois y élu Provifèur de Sorbonûe après ta
mort de Mr. de Harlaj > Archevêque de
PariSi
Ibid. SlMeltiues-uns. feu Mr. de Harlaj » Ar-*»
chevelue de Paris.
Ib/d Philemon, Mr^lc Gomte d'Aubigni , Fre-
re de Madame de Maincenon j ou Myïord
Scrafoit » Anglois d'une grande dépenfe >
mais très- pauvre d'clpriC} & qui a toujours
un magnifique Equipage.
290. Cen'efiptuqu*H frui. M. de Mcnncvil-
lette , qui a été Receveur Général du Clei;-
fé j o]j il a gagné Ton 2\tn, U a fait fon
ils Préfidenc à Mortier , qui a époufé Ma-
dame de Harlay , petite-Fille de feu Mr.
Boucherac y Chancelier. Sa Fille a époufé le
Comte de Tonnerre.
191* Un homme k U Cour. L*Abbé Boileau ,
fameux Prédicateur.
Ibid. Une terfonne humlle. Le P. Mabillon i
Bénédiâin , Auteur de pluficurs beaux Oa«:
vrages.
i5j« O» fi» regwii. Mr. de Tdrenne*
154. TtU» Petit '^ils, Mr. le Duc de Char«
très j enfuite Duc d'Orléans 9 & ^Régent
du Royaume , qui a époufé une des
Filles du Roi & de Madame de Mon«
tefcao*
« Cttt nu CAKÂCTînti
Pag. f 96. Mêpje, UAbbé de Su Pierre > éc TX*
cadcmie Françoife.
Ibid Celfê* Le mron de Breteuif qiii a écc
Atnbadadcur auprès du Duc de Mancooë.
157. D€ h broutUerie des dtuK Frères , ^ dr
U rupture des deux Minifires, Qui arriva en-
> tre Mr« Pelletier 6c Mrs. de Louvois & d«
Seignelai , au (ujec de la protedion 4 don-
ner au Roi Jacques , que Mr de Louvois
piqué fecretement contre lui pour lui avoic
lefufé (à Nomination au Chapeau deCardi-
'- nal peur TArchevéque de Rbeims y (on
Frère , vouloir abandonner , & ne point
•charger la France de cette Guerre qui ne
pouvoir être que très-longue & très oncrcu-
fe. M. de Seignelai « au contraire 3 foute«
Doit , que le Roi ne pouvoit fe difpcnfer de
cette protcâion qui lui étoit glorieufe de
néceflaire : & le Roi approuva cet Avis 9
que Mr. de Louvois combat toit. Cepens
dantyon envoya en Irlande peu de Trou-
pes pour le Rétablfflement de ce Prince , $t
' Mr. de Cavois pour y palîèr avec elles :
tnais^ne s'y étant pas trouvé te plus fort >
il ne put empêcher que le Prince d'Oran-
ge ne pafTât la Boyne , où il y eut un
grand Combat le 10. Juillet 1^90. dans
lequel le Roi Jacques ayant été abandonné par
les Anglois , & Irlandois > fut obligé de (e
fauvcr à Dublin , & de repafl'er en France.
Ce (ut dans ce Combat que le Maréchal de
Schomberg fut tué d'un cou^ de Sabre 3c
de Pidolet, que^ deux François » Gardes du
Roi Jacques 9 qui pailcrent exprès les Ran»
pour, l'attaquer , lui donnèrent » lefquels ni-
xent tués fur le champ. Le Prince d'Orange
' fut û fucpris de cette mort, que la tête lui
en tourna , & qu'il devint inviiiblc quet«
Çaes jourSjCequi donna lieu au bruir qui
.. courue de fa Mort , donc la Nouvelle ré-
pandue en France cau(k pendant erois jours
des jojes extravagaare^ i dl qui â peine c^t
ferencpar les Nouvelles du récabtiflèoienc de
ia fancé ôl du Siège de Limmeric» où il fc
trouva en Perfonne. Depuis ce tems-là »
Je Roy Jacques à'a pu fe rétablir. Il cft
mon à â»c. Germain en Laie » le i6. Sep*
tcmbrc 1701.
Pag. 198. Mempfe, Lé Maréchal de Ville-
roi,
100. £4 /Iixi Grandeur. Le Maréchal de Vil«
Icroi,
Ibid. La véri/shU Grandeur. Mr. daTtirenne^
Maréchal de Prance » enterré à St. Denis ,
& tué en Allemagne d*uû coup de Canon ,
le £7. Juillet 1674*
107. Li/i. La Préfîdente d'Ofambraj , Femme
de Mr. de Bocquemart , Préfident en la
féconde des Enquêtes du Palais.
ail. A JHger de cette Femme* Mlle, de Lui-
nes ^ Sœur de Mr. de Luines. Corred^r
des Comptes ; belle & bien &ite , laqueife
s'amouracha d'un nommé Thibert » Frère
du Notaire , qui étoit petit & boiTù > & qui
en abufa. Elle a époufé depuis Le Tel«
lier , Frerc de Le Tellier , Confeiller en la
Cour des Monnoyes.
Il^d. Le rtbut de la Cour. Le Etron d'Aubi-
i gnc.
ai 5. Ell'ce en vue du Secret. Madame de la
Fcrieie, Femme du Mattre des Requête»^
3 ai aime fon Laquais.
. lÊi Dorinnefin Médecin. Mlle. Foueaue^
Pille de Mr. Foucaut , Confeiller aux Ro-
quéces du Palais > qui aimoit Metcanfon foQ
Médecin*
• ♦ 4 Pag;
9 Cï;tF »« exuiCTfftirt
Pag. itj. Ulie. La Fille dH Préfidcnt Erifiri;*
414. Claudie^ La DUcfatflè de BoaUloû^ e^f:
de la Pcfté.
Jbid. Mejfaline» Madame d'Otonne.
Ibidi Bathfih. Pecourt , Danfeur de VOpêtit
Râilletie (ùr les Dames qm s^amourachent de
Farceur?.
find. Cch/ts. Le Barque, Danfeur de TOpéf a >
ou Beauchamp.
Ibid. Draeon, Philibert » Joueur de la îluté
Allemande , d6nt h Femme avoir empoi-
fenné Ton premier Mari > afin de Tépoufer i
ce qui ajant été découvert ^ elle fût pendue
«c brûlée.
âiT. Ctfonii. Mlle de Briou, Fille du Prciï^
. dent en la Cour des hjàts^ Ëfle a époufë
le Marquis de Coflantin , qui ne vécut que
trois ans avec elle. Depuis Ton Veuvage ,
«lie s'eft abrolutnent déclarée pour Phili-
bert , & a fait fur ce diapître des extrava-
gances fon grandes. Elle eft morte. Etant
Fille , elîe etoit fbrr retirée. Ce fut un»-
: Demoifelle qu*on lui donna qui lui infpira
Tenvie . de f e mettre dans le Monde , ce
. qu'elle fit avec beaucoup d'emportement*
Elle fréqnentoit fouvent Mlle. Aubri , i
^ préfent Madame la Marquife de Monpî-
. peau.
XI 6^ §lHelqu€S Femmes. La Duchefle d'Am»
. motit > Fille de Madame la Maréchale de
la Mothe > & It^dame la Maréchale de Ik
rFcrtéi
|bjd. Slm^efi'Ci funnè lemme. Madame I4
, Duchefle.
atç. L0 Dévotion vient, La Duchefle d*Au-;
• mont & la Duchefle de Lefdiguieres*
»&}. Slftel^Hef Memnw.^ La Duchefle d'Aq^
mont» . X
B^ « I iV 1B n tj r E n i« 9
Pag. 117. Il y a uUe Fsmme. Madame la Pré*
Sdence de fiocquemari , qui a confcrré fou
nom d'OTambraj.
ti9* Coif^itj^ dt FilU$. Mlles. Baré, Bolot&
Mamelin.
ij I. Ofycerê. Madame de la Feriete , petite*"
• Fille de fca. Mr. le Préfidcnc de Norion*
iji. VtnouxM' Vincenne*
2] h Canidie» La Voifin empoitoimeafè «• qui
a été pendue & br&lée.
1)4. Je ne comprends pMS, Le Préfideot' dd
fiocquemarc,
ij4. i> A#4ri 1^ illiii/4m# Ir**^ La Pt6&;
deme d'OGimbraj.
i|7* Z>/v9«r^. Le Comte de Tomîcrrc , pre-»'
mier Gencflliomme de la Chambre de feu
MoNSZfiUit , de la Mafifon de» Comtes
de Tonnerre - Cictmonc. Ils portoicnt au*
trefois pour Armes un Soleil au-deflbsd'ona
Montagne. Mais , depuis que l'an iia^i »
un Comte de cette Maifon rétablit le Pape
Calixtell^furfon Trénc» ce Pape a don«
né pour Armes à tfetre Maifon deux Clefs
d'Argent en Sautoir « qu'elle porte préfen cé-
ment : Zc j quand un Comte de ^tte Mai-*
ion fe trouve à Rome lors de quelque
Couxornienrent de Pape » au lieu que tout
le monde lui va baiter les pieds , lui fe
mec à côté , cire ion Epée » ft dit : 'Eifi
0mnes » ego mn. Ceci en une pure Fable*
Cette Maifon eft fort illuftre & fort an-
cienne » de ceux qui en font préfentemenv
ibnc crÀ-fieis , & trantent les autres de petite
NbUeflê Bc de Bourgeoifie. L*£vêque de
Koyon > qui ea ell » ayant traité fuf ce
pied , la Famille de Harlay ^ de Bourgeois ,
& étant allé pour dîner chez Mr. leprcmiev
Fxéfidciic> WÎ ravoicfa^U kcrfuTa en Lui
elO C^nV DBS CAKACTSRE9
diÛLtit qa'il n'apparrenok pas à an petit Boxas^
^ geois de traiter un Homme de (a Qualité ;
& , comme cet Evéque lui répondit « qa'il
avoir renvoyé fon Garolfe , Mr. h premier
Préfident fit mettre les Chevaux au fîen , 6c
le renvof a ainfi -, dont on a bien ri à la Cour*
Après la mort de Mr. de Harlay , Arche*
véque de Paris , il a en. le Cotdon blea*
Depuis, le Clereérayam prie d*cn vouloir
faire POiaifon funèbre ai»x grands Auguf-^
tins , où l'on devoir faire un Service (olennely
il s'en excuGi.difant qu'il tronvoit le fujet
trop ftérile , dont le Roi étant averti te ren-
voya dans fon Diocéfe. Il cft mort. L'Abbé
de Tonnerre*, de la même Maifon , a été
fait Evéque de Langre , en 169^, C'eft un
fort bon fujct qui a beaucoup de bonne»
Qualités , de qui n'a p.is les hauteurs de (es
frères.
Pag. z6i. AroncÉ. Mr. Perrault.
Ibid. Vom vêit dts gens* Contre les Précieil»
fcs.
; aé/^. ArrUs, Mr. Robert de Charillon , Fils de
Mr. Robert , Procureur du Roi au Chatc-
let , où il eft lui - même Confeiller. Cette
Avanture lui elt arrivée.
4^^9. TheodeSle. Monfïeur le Comte d'Aubigné»
Frète de Madame de Mainteoon » Gou-
verneur de Berri , Fils de Mon(ieur d'Aa.
bignéj qui auroit eu h tête coupée, fi par
rintrigu« de la Fille du Geôlier , il ne fe fuc
fàdvé de la priibn. Il fe retira avec elle aox
Ifics de l'Amérique où il l'époufa. 11 en cur
encore une Fille. Après Çz mort , ùt FeiD-
me revint en France , Bç maria (i FiMe dans
. la fuite à Mr. Scaron Cul de> Jarte , fi con-
nu par (es Ouvrages comiques , fequcf étar>c
motc , elle fe trouva fiuis beaucoup de bien $
nais.
/ 01 t A Brdtb&c# tr
maïs , s'éraot infinoéc a«iprds de Madame
Coibercqui-avoic le (pin de VBduc^timn des
Encans ^e le Roi avoit eu avec Madame
de Moncefpat) , elle ht placée chez elle
comme Gouveraance $ où elle s*eft fait con-
noître au Roi , & a fait par ce moyen à
l'âge de s !• ^^^ ^^ plus haute fortune qne
Femme ait jamais faite. £!Ie. eft née ea
i^)r.
Pag. tj^.llfautlMiJStrpMPlir.VAhhédcVskSL
\l€m Cl0om, MoBoeroç de &?e*
Ibid. BMtifhrcn. Mr. du Buiilon > Imendaat
des Finances.
177. ThMiUme. L'Abbé De Robbe.
Ibid. Vm n/ûit des gens. Feu Mr. de Harlaj ^
premier Préfident,
-178. Parler é* ofenfer, G'eft la manière d«
Mr. l'Abbé de Rubec , Neveu de Mr. l'B«
▼éqae de Tournay.
iS^ Von fait des gens. Mrs. Courtin & da
Saint Romain , intimes Amis très - long*
tcms y & en6n devenus Ennenns.
.28/. deante. L'Oifèau , ci- devant Receireitf
• à Nantes » qui a époufé Mlle, /de Soîeure
de Beaufiè , affez jolie Pcrfonne > & fepaiée
d'avec lui.
Ig7. C**. H**^ Vcdeau de OtammOfit •
Confèiller de la Cour en la féconde des
; Enquêtes , a eu un très-grand Procès avec
' Mr. Hervé , qui étoit Dayen du ParlenKnc »
au (bjet d'une Bêche. Ce Procès >commen«
ce pour une Bagàtel!e«a donné lieu à une In(-
* cription en faux de Titre de Nobleâe dtidîc
Vedeau , & cette affaire a été fi loin qu'il a été
dégradé publiquement , fa Robe déchirée
fur lui i outre cela » condamné à un Banniffe-
menc perpétuel , depuis converti à une Pri«
£m à Picm AÎocito > où il eft 1 ce^qni a
• * 6 wo4
Il Clbp fitS Caractbrbï
lainéabfotmacnc kdtc Vtdew (fui étoitfbrf
fickc» R avoic époufé Mlle. Genou , filld
. éc Mr. Genou > Coftfeiller eo k grande
Chambre.
Pag. igj. fMpprocht ftêmpitiii VilU. La Ville
de Richelieu.
291. ThMétide. Boor(kufr»
i^S* CyMas. Perraufc 9 de F Acadcntie » qoi 4
fait le Pocme des Arcs* II s^étoir oppofé à
. la Bruyère pour être reçu Académicien-^ ce
qui fait quril ledrappcj^f tout où il le seur^
icontrc.
30$- Un homme fart riche, Mr. de Lonvefs j^
ou Mr. Frroiont.
fe6» Veux istufchuntk. Un Marchand ii Pàrk
qui avoir pour En(èlgne les I^ft > ( * )
. qui a. maiic u Elle à Mr. d'Armenonvik
le.
307* Un Somme efi laid, Mr. Te Due de VeiK
tadouc
lbid> N * *. Avet ti9^ Pertitr, Me. de 8c. Pouai^f
ges.
|o8* Cfitiphm. Mr. leCàmus» Te Lieutenant
Civil , le premier Préfident de 1» Cour de^
Aides V le Cardinai le Camus , & Le- Ca^*.
Sus , Maître des Comptes font petitS'-FîI»
Nicolas Le Camus > Marchand dans la
Rue Se. Denis , qui avoir pour fin(èigne U
Peiscan- , que ces Meffieurs onc pris pour
leurs Armes j ce qui a £iit dire à Mjs le
l^oble dans ù, Comédie du Fourbe..
yS'f'ên ehercher fi loin ttcU les gênrjémt^
venus ?
JE/ ne voyens" nôifs f/u les Fils- dn vionx
CMimus >
C*^) J^ çtoU qplUr b 2ieiiuno&
»s LA Brot me; t^F
MiéUif à nçsytHX fur un Char Mdgiùfqmê
Vtnjtignê qui Umr Fête MV»st À Js Botêti*
fue}
S*tfffprmer tant qui fut l$ur Ajftulffrtmd C^
Us , à'Cn
Ce Nicolas Le Camus arohité Garçon dt
BMU(|ue. Apres la mort du Maicre , il
épou& la Veuve , & continaa le Comaier*
ce. Cette VcttvefiQone, il ép^ufa uneCol-
bcrt de Troie » grande Tante deMrColi*
bert , ContiÂIenr Général. Ce fécond Ma*
liage ne loi fut pas heureux *, ilfitBan^ue-
loute « & Ce retira en Italie > où il fe fie
Comnviflâire des Marchands François , dana
tcqad Poûc il amafe du bien. Pendant fba
Séjour en Italie , il s'appliqua auïïi à TAr*
cluteâure , où il réïïffic beaucoup » enforte
aue de rerocs en France avec & £imil]« , il
}y adonna > & fut un des principaux Entre-
preneurs de la Place Roiale où il s'ènricbic»
H fc £c Secrétaire du Roi , & le Roi pour U
lecompcnfer du fuccès de cette Entrcprife »
lui accotda de porter une Fleur de Lys dans
ics Armes.
Pag. /lo Sofie^ Delpéche , ou Berjcr , Fermier
Général & £cononîe de TAbbaïe de SJ.
Dcni^ 11 a fait fon Fils Confeiller de la
Cour , & un autre Avpcat Général en la
Cour des A;des , qui eft Mij* Delp&-^
cbe.
311 Arfuti. Madame Beliiany^ ou de Conc«
cliaœp.
IbiJ. Crefus. Mr. de Guenegaud « fameux Pac*^
iiùsï du rems de Mr. Fouquet 9 que l'on
tcnojt ricLc de plus de quatre Millions^ Il
a été taxé à la Chambre de Juflicc en
lâùé . Se cxifin cft mort malheureux dan»
**7 «»
.1X4 Cl^BP OBS CARACTtfRSf
un Grenier. Il avoit bâti l'Hâtcl Saié ai|
Marais*
Pag. j II- ChampdgM. Monnerot , fameux
• Partilàn , dont le Fils eft Confcillcr an Châ-
telet & grand Donneur d'Avis k Mr. de
Ponchartrain. Ledit Monnerot eft mort pri-
fimnicr au petit Châtclct , & n'a pas vou-
lu payer la Taxe de loooooo* Livres , à
quoi il avoir été condamné pat ia Cbambre
de Jufticc en 1666. Gomme il avoit fort
bien en Argent comptant , il en joniflbic i
& faifoit gioflc dcpenfe au petit Cbâtclcr.
lia laiflé de grands biens à fcs Enfans, qu'ils
cachent encore.
Ibid Sylvain. Mu Gorge, femcux Partîfan ,
qui a acheté le Marquifat d'Antragncs ,
dont il a pris le Nom. Il eft natif de Nan-
tes, a hit fortune fous Mr. Fouquct, & en-
fin a époufé Mlle. De Valancé , fille dtt
Marquis de ce nom.
ibid. Dorus. Feu Mr. de Gucnegaud.
3 1 j ?€riandre. Mr. de Langlée , qui a gagn£
beaucoup de bien au Jeu. Il eil Marecaal
des Camps & Armées du Roi: ou Mr.Puf-
fort,Conicillcr d'Eiat,OncIe de Mr. Colbcrr.
514 Si certains Morts. Mr. Laugeois , Fih oe
Mr. Laugcois , Receveur des Configna-
tions du Châtelet , qui a acheté la Scigneo-^
rie dlmbercourt dont il porte le nom.
^16 Ce Oarfon fi frais. Feu Mr. LeTellier j
Archevêque de Rheims.
3 1 7 Chryfippe, Laugcois , Fermier Général \
dont le Fils a époufé la Fille du Préfidenc
Coufin, Confine de Mr. de Pontchartrain z
& la FiUe le Fils de Mr. le ^Maréchal de
Tourville > qui étoit devenu amoureux de
fa Belle (œur fc fîit un jour obligé de (c (au-
vc£ de ùk Chambre par la Fenéae*
Pag;
0S E'A B kUTBRBW tf
'Pag 517- ^rgAflt. Le Baron de Baunk^granil
Donneur d'Avis , a époufé Mile de Bec-
tbelot » fille de Berthelot des Poudres, Ferw
mier Général. Sa Naidanee eft aâèz éqni«
' Toque. On vem qu'il y aie de fa Pourpre
& àts Lys mêlés. D'autres diiênc qu'il n'jT
a rien que de l'ordinaire. Sa Mcre écoit de 1«
confidence de la feue Reine Merc 9 & le
bruit cft , que ce fat elle qui fur la prcoiié*
re à allurer la Reine > que le Roi ,<|ui »
dans (a Jeunéâe paroiîSbic fort indiiférenc
pour les Dames , éroic trés-dtremeni pro-
pre au Mariage. L^on veut que Madame de
Ric\icUea (oit de la même Famitie. Son
Pcrc éroir Marchand de Rubans au Palais »
8c ùk Mcie s'appelloit Careau la Eorgnefie^i
qui par fês Liberalicez , a fait Mr. Fromen-
teau » on de La Vauguion > Cordoti
bleu*
|i8 Criton. Feu Berrier. lî étoic du Pat9
du Mans , fimple Sergent de Bois, Il fe
ii connottre à feu Mr. Colbert du ten»
de la Reforme des Forets de Normandie»
le il s'en fit fi bien écouter , qu'il ga^na b
confidence ; donc \\ (è (èrrit pour lui don-
aer une infinité d'Avis » qui fui ont fait ac-
quérir de grands biens. Il a laiâSE plufieurs
Enfans > dont un'efl: Makredes Requêtes,
appelle de la Feriere , qui a époufé la petite»
Fille de feu Mr. de Novion , premier Pré<-
fident y qui, pour conlenrir à cette Allian»
ce, a reçu 1 00000 Livres. Ce Mariage
avoit été fort uarerfé > & la jeune Dame
en a bien fait accroire à fou Mari.
IWd. Br§ntin. Mr. de Pontchartrain àrinftitu-
tion des Pères de l'Oratoire > ou Ber*
lier , dont on a fait courir les Médita-
fions, •
97 Clef vSs C AHAéTiitft
J?dg. |T9« lljf M uni d$trefé. Mf • Pellctief dii^
Soufy.
1 10. Fuyêt. Mr. ic Poiicbartrairt.
Ibid. Un Homme avide. Mr. de Loa?ols.
}ti. Un Hemme d^un feth génie- Thomé d4
Lifle » & Tirman.
|ii. //^ 4 i»ê;99« iesflupides» Nicolas d'Or^'
ville » Fils de Madame Nicolle , qui étoif
de la confidence des Amours du Roi BC
. de Mile, de la Valiere. Il étoic Treforiec
de France , à Orléans » de fi peu d'eiprie
qu*un jour étant interrogé qui éroit le pre-
mier Empereur Romain , il répondit ouc
c'écoit Vefpafien. Il n'a pas biffe que d*a-
nialTer du bien à deux Filles qui ont été
mariées ; Tune , à Salomon de Gneneuf »
Tréforier de France , à Orteatis : l'autre 9 aa
Sieur Bailli de Momorood. Ce d'OiWlle
écoit Receveur des Gabelles à Orléans.
3 15. §luel tfi le fruit. Mr. Boucheiat > Chail«
celier de France.
;|i4. Von ouvre» Les Marchands,
Jbid. U Marchand Bouter , à la Tête Noire i
Rue des Bourdonois. Son Pcre a acketé
> le Matquifac de Francontille £ins pareil %
qui lui a attiré une infîm'té de Ptocés , poui
les Droits honorifiques » & qui s'eft ruiné à
les foutenîr.
|Xf. Ltfi Hommes fregex,. Feu Mr. Raci^
ne.
i%6. Tel avec deux millient. Mr. de Seignc4
hy.
Ibid. llny s rien. Le Noir » André » Le Vleurj
Doubler.
$Z9' Les FasÊconneis. Il 7 a un Bail des Fee-'
mes fous ce Nom. Les Bertheloti & aa-^
très s'y cmichirenc.
i}if Qrmu Mr. deU lUv^iç | Abîciedetf
Hommes de Fortune qui a épooiS Mlle*
Valiere , Filk d'une Incéreflëe » rré&*joiicf
Pciibnne.
Pag. 331. leJddtrisii. Mr. Doajat Hervé dd
&aramonc«
131. ZpoHftr une Veuvê^ Le Duc d^Atri>l<
Comte de Mar&n^
Ibid. CUarque. Mr. du Baiflbn*
Ibid. VA*vi^f€* Mr. Morflein > qui zioii
été Grand Tréforier de Pologne > ^ qui s*é«
toit venu établir à Paris , ou il eft mort. Il
étou fort avare.
j]l» Trifie ContUthn, Banfe , le Fils.
j^^. L'#» Hê reamimt plus, Mr. deCourcil-^
ion de Dangcau , de finaple Gentilhomme
de Beaaïïe , s*eft fait par le jeu , Gouvet-*
neur de Touradne • Cordon-bleu 9 & Vicai^
re Général de l'Ordre de Se Lazare. £n«
faite , il a été fait ConfeiUer d'Etat d'£pée.
Oh Morin , qui avbit fait en Ânf^letterre
une grande Fortune au Jeu • d'où il eft re-
venu avec plus de douze cens mille Livres «
qu'il a perdu depuis , & efl à préfent fort
petit Compagnon» au lieu que dans fa For-
tune il fréquentoii tous les plus grands Sei«
gneurs.
337. Mille gen*. Le Préfident des Com{^-
tes , Robert , qui avoir apporté beaucoup
d'argent de fon Intendance de Flandre ,
qu'il a prefque tout perdu au Jeu , enforte
qu'il eÀ fort mal dans fcs Affaires | & à
été obligé de reformer fa Table , 8c la
dépcafi: qu'il^faifoic , 8c £e réduire au pe-
utfHed. Encore ne fe peut*il paflès de
jouër.
540. §luelqH'un de ces Tafires. Mr. de Gour*
ville , Intendant de feu Mr. le Prince « qui
MA coitfGAt dui Chitegu dç Se» Maui > qiicU
que beau qu^lKâe y ôc dont Mr. le Pnncd
s*étoit contenté » a iMt beaucoup cfe déptïij
fc pour rembellir.
Pag. ^40. Ce Faléûs. Mu tofikt de Raincît
341. Eumolpe, Feu Mr. de Seignelay^
I4X. Gitan, Barbefieux.
346. Von s'attend au PJiff^ie- Vinc^nnes;
347. Dans ces Lieux. Les Thuilleries.
350. A qui ïon conteftele premier. Mr. Ro-f
bcït Avocat.
Ibid. Vous moquet'Vous* iAv, de Su Pouan<^
ge , ou Mr. de k Brilfe , Procureur Gé-*
néral.
IJi. Il y a un certain nonAre. Mr^de Med
jtic jFils duPrcfîdent à Mortier , & ac-
tuellement premier Préndenc 9 aépou(%ea
169 f. U Fille de Mr. Fedeau de Brou ^
- Préfident au Grand Confeiljdont il a eu
trois cens cinquante inille Livres. On veut
que la Mère lui ak encore ailUré deux cens
mille Livres après fa mort. La Demoirelle
• tH petite ) un peu boiceufe y pad'ablement
belle » & toute jeune.
Pag. H^* Un Homme de Kobe. M. le prcmlcK
rréfidcnt 9 ou Mr. Talon.
Ibid. tes Crijpins, Mrs. Malo> ou Mr. Char-
pentier. Les premiers font trois Frè-
res.
Ibid. Des Sannions* Mrs. de LefTevilIc » def-
ccndus d'un Tanneur de Meulan. more
fort riche , & qui a laifTé deux Enfans $ Tua
Confeitler aux Requêtes du Palais, Selau-
tre au Grand Confeil » dont il eft more
Doyen , & qui ne voulut pas k rendre à
Mantes en 16; i. quand le grand Confeil s'f
rendit du tems de la Fronde » de crainte
Îue Ton n'alpproFondit dans foii Volfinage
m JExtraâioih De ces deux Branches fonc
tenus Mrs. de Le^eville , qui font pfefque
dans toutes les Cours feuvcraincs , y en
ayant un Maître des Requêtes , un autre
ConfeiIIer au Parlement y TaurFc au Granti
Confèil, Se l'autre en la Chambre des Comp-
tes. Ils yîvent tou» de fort bonne intelli-
gence , portant les méme^ Livrées , qu'ils
renouvellent tous enfemble. Ils ont pouC
Armes trois Croiflâns d'Or en Champ d'A-
zur. Là Branche cadette a chargé fbn £cix
^un Lambel. Mr. le Clerc de la Neuville eft
de cette Famille. L'on veut qu'aptes la
Bataille d'Ivry en 1590. Henri IV. s'étant
letité du côté de Mantes ; êc manquant
d*argenr , ajantapris que ledit le Clerc Se
Pe/ierier, qui étoient deux riches Tanneurs»
le dernier de Mantes > ponvoient lui en
prêter , les manda à cet effet , & tira d'eux
vingt mille Ecus , dont il vouttrt leui donner
fon Billet » mais > que le Pelletier lui ayant
repréfencé qu'il &Uoit donc créer un HuilHer
exprès pour faire payet le Rqî > ils fc con-
tenrércnt de fa Parole. Il leur donna en-
fuite des Lettres de NobîeiTe , dont s'eft
lèrvi depuis le Pelletier , aknt Quitté fon
Métier de Tanneur , & non le Clerc. Le
Pclktier eft Ayeul de McfBeurs PcMetier
d'aujourd'huy , dont il y en a eu im Pre-
mier Préfident , ôc fon Fils eft à préfcnt
Piéfîdent à Mortier*
Pag» Jf4- Un autre. Le feu Préfident le Coî-
gneux,qui aimoit fort la Chaffe^dont il avoic
un fort gros Equipage à fà Terre de Mort-
Fontaine , ou il alloit quand le Palais te lut
pouvoir permettre. Il n'étoit pas riche»
Son Aycul croit Procureur au Parlement.
L'on trouve encore des Expéditions de lui.
Il ipouà en fécondes Kôces la Veuve de
Galaad^
Ï6 C t f î iS E S C À R ï é t* f »'
Galand , fameux Partifan , qui lui apport*
de grands Biens , dont il » depuis fubfifté^
il ne s'étoit pas même mis en dépenfc d*u-
neRobc de Chambre pour ce Mariage, cn-
forte qu'étant obligé , félon Tuiàgc de Paris,
de fc rcndre-à la Toilette de u nouvelle
Femme , qu'il apprit ôtre des plus magnifi-
3UCS , il fut obligé, par l'avis de fon ValcC
e Chambre , d'y aller en Robe du Pahis ^
& en Robe louge foutée , fuppofanr qu'il
ne pouvoir rien moiltrer de plus agréable
aux yeux de cette Dame , qui ne l'avoîc
époufé que pour fa Dignité, que la Robe»
J|ui en faifoit la marque ; ce qui fit rire TAC»
emblée. Il a époufe en troifiémes N^ces
Mlle, de Navaillè , dont il a eu un Fils ,
qui , bien qu'unique > ne (èra pas ri^
che.
Ou Jacquier , Sieur de Rieux Montirel f
Confcillcr de la Cour , Fils de Jac-
quier des Vivres , fort entêté de la Chad
(e.
^^g' Hf- Menalipfi, Mr.de Nouveau Surin-
tendant des Poièes.
Ibid. §luel ijl l^égarement. Mr. le PiéfidenC
Gilbert.
iS6. §lu€lqtièS'uns, Mr. Noblct , Fils du Sieur
Noblct , Commis de Mr. Jcannin de Caftille*
qui a mangé plus de 30000. Ecus en dé-
pen(è (ourdes & fottes au Marais , auprès
de Mlle. Gurot de Boival > laquelle étoit en
même tems Maitrefle des Sieurs Le Fevre
9l Mafure » qui en ont profité. Ce Noblee
étoit Maître d'Hôtel chez feu Monsieur*
Il a vendu fa Charge , U pour lui donner
de quoi vivre » (à Mère a été obligée de
lui fubftituer fon bieo«
pu Mr. PcioYÎUCf
iS E E A B R tJ Y B R f, ff;
f^' 3S^' tJarciffe. Mr. Garnier Seigneur de
Moncere^u , rrere de Madame de prancas ^
Picfidenc à Mortier au Parlement de Mets,
f ils dç Mr. Garnies > Tré(brier des Parties
Cafiicllcs y oui avoir laiflc buic Enfans qui
àéritereot cnacun d*un million. Ils furent
cous uxcz à ia Chambre de^ Jaftice 4
loooop. £cus chacun qu'ils payèrent.
1^7- Voilà un Hoff^me. feu Mr» lePfincpdç
MecJ^eiubourg.
}$6. Scapin. Mr. .d'Halogni > Maréchal de
- Rochcforc > poftç trois Fleurs 4e Lys d'Ar-
gent en Champ de Çueules, M^* le Comcq
<i*Ha£laing porte* trois Fleurs 4!^ tys d*pr
. 4^ns un Champ d*Âznr au Chef d'Or, ^ç
Sicuf: de St- Mefmin à .Orléans porte qua-
tre Fieuf s de Lys d'Or en Champ d'Azur ,
fc Mr. dç Goulaine de Qretagne mi-partiç
de France & d'Angleterre i ce qui tut ac.
cordé à on de cette Race 9 ppur avoir ne*
gocié }'a^:cQmmodei^ent ^^s deux Couron*
nés à la Urisfa^ÎQO jes deux Rpis ^ qui lui
donnèrent pour récompenfe chacun là nioiy
tié de leurs £.c]u5 > dpnt il compofa fes Ar^
JQes*
$i^o» Theramme^ Mtf Terrât > Chancelier dp
feu MoNsiEW^*
S^$. U hel & le JMMcm^ UMe. C'cft pu
6(àge 4 Paris que les nouvelles - mariéfçs
reçoivent les trois premiers jours leurs Vi*
fitcs>iur un Lit ^où elles font magnifique-
iDent parées, en ÇQinpagnie de quelques
DenioKcIies de leufs Amies « & tpu^ )e
monde les va voir, & examine leur fer;iie«p
té Se leur contenance fur une infinité
de iquçftip.nj ôf de Quolibets , qu'9n leur
Ht dans cette occafion.
f7p, N**, Mri d'Aubigni , Fi^rc de Mada,
il CiEf DBS Car AeTBitci^
Pag. J71. /// a doits les Cours, te Mixcinx^
de Carerti , Médecin empirique.
174. De Cûurtifans. Me. de Langlée.
577- Un Homme de la Cour. Mr. leDucdc
Bouillon : Son Château ed Sedan.
Ibid. // doit tenir. Ur. de Tonnere , Evéque
de Noyon. (
^S^'Vfeat'on de piscer^itelqu' un, Cchefk ar.
rivé à feu Mr. de Luxembourg , quand il
ei^txa dans le G>mmandemeni: des Ac«
mees^.
|87- ^ Couture. La Couture étoit Tailleur
d*habits de Madame la D^uphine » lequel
iroit devenu Fou • & qui « fur ce pied de«
meuroic à la Cojur , où il faifoit des Contes
fore cxtravagans. Il alloit (buvenc à la
Toilette de Madame la Dauphine.
388- On fait fa Brigue, Mr. le Marquis de
Vardes» revenu de Ton £xil de vingt années»
avoir fait une groiTe Brigue pour être Gou-
Terneur de Monfeigneur le Duc de Bour«
gogne , à quoi il auroji^ reîi(G , s*il ne fût
pas mort.
Ibid. jy Artimon. Mr, le Duc de Beaavil-
liers.
^90 II faut avouer. DifFérente manière d'agir
du Cardinal de Richelieu , & du Cardinal
Mazarin. Le premier favoit rcfurer (ans
déplaire. Le fécond faifoit plaiHr de mau-
vaife grâce.
1^1. Von remarque dans les Cours. "Feu Mv^
de Villcroi , Archevêque de Lyon «qui en
itoit aufli Gouverneur , ou Mr. le Cheva-
lier Haute-Feuille 9 Amballàdeur deMaÛ
thc.
Ibid. Heneph'tle. Le Pece la Chai(è y Jefuite ^
Coofeflèur du Rpi,
«eiaBruybke. Ij'
P^g. 39^. F^*« un heureux. Mr. Je Chan«
celicr Boacherar.
I9|. C/ff Hemmequi vient^ Mr. dcPontchar*
train.
J^4. Il faut des Frifons. Bcrrîcr,Dcs-Chicns,
firunet, Monncrot , Salabcrî.
3%. Timante, Mr. de Pomppnp , disgracié
depuis la Paix de Kimegf^ y ôc prive de fji
Charge de Secrétaire d*£tac , qu'on lui a
rendue depuis ; ou Mr. de Luxembourg >
difgracié lors de la Recheri:he des Poifons ,
& revenu depuis en faveur. Il eft morr
en i<>94«
196. g^e d'AiniV. Mr. le Maréchal de Ville-
roi , ioTS de réJeyaripn de Mr- Pelletier au
Cburroiie général » s*écria qu'il en étoit ra-
vi , parce qu'ils enétoîent Parens, bien que
cela ne fût pas vrai. Ce Maréchal eft Fils
du Duc de Villerai , Gouverneur de Louis
XIV »<{ui rétoit de Mr^ Daluceau > (gouver-
neur de Ljon 9 Fils de Mr. Villeroi tSé*-
ctétaite d'£cat de la Ligue , dans lequel
Pofte » ayant nienagéles Intérêts d'Henri
IV, il fut confervé par ce Prince , après U
Ligne éteinte. Il étoic Fils d*ua nommé
Le Gendre > qui ayant acheté la terr^ de
Neafville , en prit le Nom & les Armes, Sç
la tranfinic a fà Famille. Depuis tienci»
Ans , un des pefcendans du Frète du«
dit Lé Gendre , qui avoit fait fortu»
ne 9 étant mort , Mr. de Villeroi s'en porta
Héritier » ôc juftifia fa Généalogie. Il a
été mis à la tête des Troupes , aptes U
more de Mr. de Luxembourg > 6c a latifé
reprendre Namur en i6gS' <l^oi qu'il eût
une Armée de tooooo Hommes. Ilconi-
manda en 1 701. avec Mr, le Maréchal de
^tinac les Armées du Roi en Italie , fut
plis
$4 Clef DB$ Car A CTBRS}
prU à Crémone en i7otf par le Prince Eu4
gène , & battu àRamilUen 1706. par M)r«
loïd Marlboroiigh« Il efl nréfencement C^£
ides ConfeiUers du Roi ifa place de Mr. de
Bçauvilliers , oaoec «a 1714 > qui avojlC
rhonneur de pofleder cette Place*
P*g. 197* X'^>*''« Meudon.
Ibid« fUneus. Mt. dfi ^ouvois 1 morc fubit^
ment en i^^i*
f^8. ThéodQf$. L'Abbé de iCbolfi.
4®j. IL y 0i tm Pais. La, Cour.
40;. Xantippe.. Mr. Bontems , Concilie, Va^
let de Chambre du Roi » Gouverneur de
Veriàilies. Il cft mQ^K ^^ ^ ^^^ ^ ^^
.veriicuj: de Vannes , Sf. /a Fille a ipoufé
le Fils de Mr. Lambçrt de ITorigni > Prélî.
4ent de la Chambre dts Comptas > à ^ui
, elle a tant donni d/e chagrin, qu'elle lui a
fait tourner la tête. Le Pue d*filbcuf d'^
préfe^t en ^ été fort amoureux » & ejlcde
lui. Il lui a mangjé toutes fcs Pierre<-
ries ; ce qi^i t^ çouomsnci les ch^*
406. L'û^ parle ttune Kegion. La Cour.
408* Un Autel, La Mefle du Roi.
)bid. Les Gens4Hlféiïsknêmmen$-^*Wai
faille^.
41 z. X^ Ceur- Feu Me Sontems > ou k Mar«
. quis de Pangeau.
fiûlà. Il y A des gens. Le Comj:c d'Aabigni.
41 1. Artfisde. Mr. le Cardinal 4*fiftréçs , oa
Mr. de Pompooe.
^i(. Strénon- Mr. le Du^ de Laufun, q^i a
été Favori du Roi ipjiis.di^acié& envoie
. en pj:i(bii à Pigoerol » où il a été pj?ndanc
. dix an^i enfuice revenu ^ rçntré 44ns les
^mnc$ ^ra^ejs ie MUe* de Mpnrf enficr ,
9 B X A B R 17 T B R d{. 1^
^d lui a donné S» Fargeaa , Se 50000.
iivrcs de sente fur les âabelles du Lan*
guedoc i depuis brouillé avec elle ^ Se enfin
czdus de la Cour. Il a été fait Duc Se
Cordonbleu » à la follicitation de la Reine
^'Angleterre , qui étoit (brue d'Angleterre
avec Te Prince de Galles en léS^. Il eft
Odet de la Maifon >de Nompar de Caa*
jDont> Neveu du Maréchal de Granunont
qui l'attira à Paris ^ ou il lui donna retraite
chez lui , & par i;ec-onBoiflânce il débaucha
ÙL Fille mar^ depuis ,aa Prince de Mona*
co. Ce fut au fujet de cette intrigue > donc
il avok &k confidence au Roi , qu^il iè
brouilla avec lui , avec des emportemens
létranges , :dont le Roi l'excufa 9 recon-
ooiâânt généreufement qu*il avoir trahi
la confidence qu'il lui en avoit faite. Il
fut cependant mis à la Baftille pour Je
Bianque de refpeâ i mais {èuleoient ^
pendant 14. heures > Se rentra dans les bon-
nes grâces idu Roi , qu'il a perdu entière-
ment depuis par l'attachement qu'il prie
avec Mlle, de Montpenfier* Il paâà en Ir«
lande awc le Roi Jacques « ou il ne fit riea
Îui vaille y s'en étant enfui des premiers au
^n^bat de la Boyne. Il a dans un âge
aflcz avancé époufé la féconde Fille du Ma«
séchai de Lorge , en i^çf. UAiaée^ a
époufé le jeune Dw^ ^e $. -Simon. La Mère
eft Fille du Sieur Frempnt , fameux Hom*
OK d'^^aires , Se enfin jQajcd^ du Tréfiu:
Rojral.
f^. 4x7. La faveur. Mr. PcUecier j le Mini&.
4t8* D'atffres Hâmmes, Mrs. de Pontchartraàl i
Oamilkrd Se de Chanlais.
410. 0 Thi0g9m. Mr» le Grand-Prieur.
z6 CxEFDBs Caractères
Pag. 41 j. // eft vieux, Mr. de St. Pouangcs.
414. Oh des Berftnnes lUuftns. Mr. <le Loti-
vois.
VbiL^ Sui Uur fs^cedent. Mr. de Pontcbar«
train.
41 f. Théophili. Mr* de Roqucïce > Evéque
d'Aucun.
^x6. Un Grand débarqué. Le Ro^i Jacques II.
^jiuprés duquel il a voulu s'infinuer , a qua-
tre Ënfans légitimes : deux Filles de ibn
premier Mariage avec Anne Hyde. Fille
de Mylord Edouard Hydç , Grand Chancç«
lier d'Angleterre : TAînée a été mariée 4
Guililaume III. Roi d'Angleterre : l'autre >
au Prince George de Dannemarck , & font
mortes toutes deux Reines d'Angleterre.
De Ton fécond Mariage avec Anne d'fift »
Princefle de Modene , il a eu un Fils né au
mois de Juin 1 688. appelle le Prince de Gal-
. les. Et en i6$o. eft née une Fille qui eft
morte. Il a eu deux Çnfans naturels : un
Fils qui eft le pue de Barwick i & une Fille
mariée à Mylord Vf^algrave , Lieutenant du
Comté de Spmmerfet.
418. AveZ'Vcstt de tE/frii f Mr. le Duc de la
Feuilladc.
430, Ceft déjà trop. Il défigne plufîeurs grands
Seigneurs , qui portent ces Noms , comme
Célar de Vendôme > Annibal d'Efttces >
Hercule de Rohan , Achille de Harlaj »
Phebus de Foix , Diane de Chaftigniers.
41 1 . fendant jue. Les jeunes Gens de qu4«
lité.
4) I. Des Citoyens, Les Miniftres*
41^. le Suijie. Les Domeftiques de Mr. le
Tcllier.
441, Cefi une fure hyfecfifie* Mr. 4e Harlay t
. premier piéôdent^
^ Pag*
Sig- 44 1. jfrifiMrfue. Le même. On lui vint ap-
porter 1 Beaomont pendant les vacations
vingt-cin^ mille livres ^e ]cPréfîdentdeU
« Barois lai avoit léguées. Il fe cranfporta à
Fontainebleau , ou la Cour écoit alors , et
par-devant un Notaire Royal , il déclara
cette (bmme au profit des Pauvres.
44 $» Les mfilieur es avions, L^incme.
444- ThM^is. Mr. de Harlay , Arckevéqiie
de Paris ^ mort fubitement en fa Maifon de
Conflans.
44 j. PsmfhiU. Mr; le Marquis de Daa*
geaa.
44s. £f celui. Mr. de Chanlais.
449. La Muifan jttun Minifire, Mr. de Lov-
VOIS.
45 7. Sif^ecour. Beau - Frère de Mr. de Boit-
Franc .Maître des Requêtes , qui ayant
époufë fa Sœur avec peu de bien, &'mcme
«ontre le fentiment de fon Père , s'eft vit
par la mort de l'un Se de Tautrc, avoir épou-
(e une Héritière riche de z/ooo. livres de
rente.
458- i> ?4UplefaifiUe. Les Nouvfilliftes.
459* Demofhile» L'Abbé de Sainte Hélène^
Frondeur.
461. BafiUde* Ancifrondeut ^ Le Sieur du Mou-
linet.
463. îl croit fermement. Le faux bruit qui
courut de la mort du Prince d'Orangé > â
préfent Roy d'Angleterre,
471. Ve rencontrer une Perfenne. Madame de
Maintenon.
Ibid. La modeftie de fon Ta'Vorh La même*
475* Hommes en place. Les Cardinaux d'Am-
boife Bc de Richelieu. Le premier étolt
Mini/lrc de Louis XIL
ïbiL £#/ Dignités fe perienf. Lcs'Hérltietft
••• * . des
18 Clef des CAHACTEREf
des Cardinaux de Richelieu & Mazario.
Pag. 474. Cet homrm. Le Cardinal George
d'Aipboi^.
Ibid- Cet iuàtre dont vota voyez, Vimage. Le
Cardioal de Richelieu. ,
47 f^ Penos meilleur/ Princes Louis XIV*
It>id. Psr leurs Mmijlres. Feu Mr. Colberc ,
^ouand il confeilla tu Roi le Rembourfemeni
d^ Rentes delà Maifon de Ville 3 ce qui 9
ruiné hifiti des Familles.
Ibid. Ppur U Minifiere. Mr, de Pompone;.
476^ JL4 Seittsce, Le Roi«
Ibid. Bi^ns les f lus forts Bafiiens- Louanges da
Roi.
4Si. â«r de dcns du Ciel Porrraic de Loui$
XIV.
TOQ). If. Pag. 4^ Menaf^ui. Feu Mr. de Bran-
cas , Chevalier d'Honneujr de la Reine*
Mcrc f Frerp ^e M^ le Pup de Villars. L'on
conte de lui di^érentes (brtes d'abfpncc d'cf-
pri^ L'Avaoture de la I^erruque » donr il
çft ici parlé, lui arriva jchez la Reine. L'on
veut qu'il oublia le jour de fes Noces qu'il
itoit Aiari^ aY^ec Mlle. Garnier ^ Fille dqi
P^rcidin -, & que le foir rcrournant chez lui ,
Jl (on ordinaire >i! fut furpris de n'v point
t^ptnrer Ces Valet; de Chambre qu'il appric
(êtirc allés loettrc (a Toilette chez fa nou-
veik Fef)pl|Tie -, ce qui le fit reflpujirenir de
fa Cérémonie du Matin. L'Autieur a publié
. qii'un jour donnant la main à la Reine, il
jj^i prit envie de lâcher de l'Eau. U fê inic
çn devoir d'y fatisfaire : ce qui fit bien rire
cette Princ^flè fi: les Dames qui écoienc
/ivcc el!^.
^7. Votre tLévérence. L'Abbé de Maurov, cl>-
devant Aumônier de feu Mile de Monc?
ÎDC XA Brut ers; 3jf[
4c& Comptes , Se Coufin gerimin Je Maa«
toy , Curé des Invalides > fa jet à une infi«
niic d'abfences d'eipm^ étam allé de la patc
deMademoiièlJe parler de quelques AlEki«
les au Père la Chaife , il le traita A*Alteffë
HoynU > & rendant réponfe a Mademoifef-
le y il la traita de Révérend' Une autre fois
étant habillé pour dire fa Meflè , il f'auroic
commencée fi fon Laquais ne l'eue averti
Îu'il avoit pris Médecine , & enfuite nh
ouillon. Il voulut un jour que le Prieuc
de (on Abbaje , qui Tétôit venu voir , lui
eût dérobé (es Lunettes > qu'il cherchoic
pour lire une Lettre 9 & après tes avoir
bieii cherchées > elles iè trouvèrent fur (on
nez* Une autre fois ^ il entonna le com-
mencement des Vêpres par Vsfi > Miffa eft.
Il donna trois fois la Nominauon d'un mé.
me Bénéfice à trois différentes Perfonnes »
& puis voulut s'infcrire en faux > prête n»
dant ne l'avoir donné qu'une » & il eut de
]a peine à le croire après qu'on lui eut pré*
fente ces trois Nominations.
Pag. II. Il y a dtétranga Pères, Mr. le Duc
de Ge(vres , ou Baufe le Père , ou M. Ta!^
Ion « ci- devant Avocat Général > & depuis
Préfîdent à Mortier > qui a ^it enfermer
fon Fils unique à. S. Lazare > en 169 f*
parce qu'il s'éroît amouraché de la Fille d'un
Chirurgien , bien qu'il fut Confeiller de la
Cour oes Aydés » & a fait mettre la Fille à
la Pitié 9 après l'avoir fait ra(er. Elle ei|
ciï depuis K)rtie par Arrêt du Parlement.
17. Irene^ L'on tint ce difcoursà Madame $}e
Montefpan aux Eaux de Bourbon • où elle
atloir (buvent pour des Maladies imaginai-
res.
17* ïleuiféUfêns fsr vautil Mr. Iç Prince de
•*• > Coiv*
Conti , qui gaena la petite Vérole xàptèi et
la Princciiè fa Femme y qu'il n'aimoit pas > Ss
qui en eft mort , 6c elle en eft giiétie»
fag. )^« DemSmg une iomu tête. M. de Loa«
Yois.
4J« O» f/f fr&mft. Le CfaeT^er de Soiflbns •
fils naturcf du Comte de SoitTons > tué àr
la Bataille de Sedan en i6^i» qui eft bot:'
gnc.
$x. Il fê trouve des hommes* Mr. de Lauzun.^
J5. Il y aies gens. Monfr. de la Feuilfadc, de
la Maifon d'Aubudbn , Gouverneur dur
Dauphiné > & Colonel du Régiment des Gar^
des Françoifes > qui a érigé la Statue du Roi^
a la place des Vijfboires , qui a fait bitic
iur les ruines; de l'Hôtel de la Ferté > a fait
fit fortune par mille Quolibets qu'il difoir
au Roi. Ce fut lui qui conduifit le iècours^
que le Roi envoya à rBmprreur , qui fui fut
fi utile y qu'il défit avec lui les Turcs à la
Eaaille de Se* Godard , en 1664, & les obli^
fea de p^flèr k Raab avec perte de prés
e locoo. Hommes. Cette Dé£iite donna
de h ialoufîe à l'Empereur , qui renvoya ao:
Roi fon fecours , fans lui accorder prefque
de route i ce qui ruina beaucoup les Tr<Mi*
pcs.
J4' Von exiger oit ^ Le feu Roi Jacques IL qui
s'étoit rendu illuftre dans le tems quil com-
mandoit la Flotte d'Angleterre en qualité
de Duc dTorck, & qui depuis ce tems» là
n'a fait aucune aéèion de valeur.
ibid* Il eoAte moins. Mr. de Harlay > Archevé^
que de Paris > qui a toujours eu quelque
Maitreâê:long-tems Mlle, de laVaienncr
, depuis Madame de Bteconvillicrs i enfuite
Madame la Duchefle de Lefdiguieres s te
*CQfia »Ia Fille d'oaMarchand^ entre ksbraa
01! LA B&0y i R t . jj.
éc laquelle on veut qu'il bit mort le 6»
Âoûc 169/.
^^g- 5 S' ^elques Hommes* Le Gardliul de
Bouillon.
Ibid. £'«» en fait Neutres. Mr. Eoutillier de
Rancé > qui a été Abbé de la Trappe , ou
il a mené une vie ciifte , dure & auftcte.
Il cft mort.
Ou Mr. le Cardinal le Camus , Eréque de
Grenoble • qui a été fort débauché , & qui
a fait de certains Alléluias de la Cour 9 fort
impies. Il cfl mort-
j;^. i/^ n i/e; OuvrMgeSn Le Dlâîonnaire de
l'Académie.
Ibid J>7 * *. Lcftrot , Adminiftniteor & Pro-
fifcuï des Pri(bnniers. Ou Mr< Pcliâbn ,
Maître des Requêtes, qui avoit TOccono*
mat des Evéchez & des Abbaïes.
iô. Ci k'efi pus li hejùin. Le Marquis dOr.
fort » ou Mr. de Marville.
Cj* Un ViêilUrd qm n vécu à U Cour* Mr. de
y Jlcroi , défunt.
Ibid. PhidipPi^ Feu Mr. de Mennevillette »
Père du Président de ce nom. Ou le Mar-
quis de Sablé , de la Maifon de Leonne.
^4^ Gnmthên, L'Abbé Danfe, Chanoine de la
Saince Chapelle à Paris ; Frère de Madame
Dongois I dont le Mari eft Greffier du Par-
lement.
i6. dit on. Le feu Comte d'Olonne > ou du
Brouflin*
^5* Antagorns, Mr. le Comte de MontJLuc,
Frère de Mr. le Marquis d'Alluye. Il a
. époufé Mlle. Le Lièvre ^ Fille du Préiident
de. ce nom.
Il» Von voit. Les PaiTans& les Laboureurs.
îo, §lH'il onvro fon Palais. Les Aparten^cns
de Vcrlàilks > ou. Marli , où le Roi dé&ais
••»4 toup
^■1 CtBFnss CXfiAcriiti
toute laCoaiy^vec une magnificence Roya-
le, & où , pourtant > il y a toujours des Mé-
contenSr
Pflg* 9j»Tim0n. ^r. le Duc deTilleroû
91. Le^Phemx, Quinaut > Auditeur dcsComp*
tes y qui» fait les plus beaux Vers de l'Or
péra.
55. Bathylle. Le Bafque > ou Pecourr.
54. itf/f// »»tf Ctf/»///»»;f tf. La Dàncourc
Ibid Le Comédien. Cliammelé ou Barom
99' §1^^^^ *' ^^ ^4(rAr. L'Auteur parle a lui^
même.
Ibid. BefyUe.VAhhé de Rubee >FseredeMr.
de Valancé.
100. Un Homme rougf, ^ le Normand r 09
M. d'Apoignt.
Ibid. B*\ Benoit , qui a amaffé du bien eo
montrant des Figures de Cire.
Ibid. B M *"*, Baibereau > qui a ama/Té dm
bien en vendant de TÉau de la Riviè-
re de Seine pour des Eaux minérales^
Ibid. Un autre Charlatan. Caretri , qui
a gagné du biect par quelques Secrets qu'd
vcndoit fort cher.
Ibid. àdercttre. Mr. Bontemps.
10 r. Si ks Ambaffadeufs. Ceux deSiamv
103. Ca Prélat,. Mt, de NoaKles « ci-deyant
£véque de Cbalons 9 à préfent Archevêque
de Paris. Les chofes ont bien changé de fa;-
ce. Ou Mr. le Camus.
zo8* Unairreforme.Mv.de Harlay , premiec
Ptéfident.
209. S^i e^ connu pom tel. Mr. Peliflbn 9
Maître des Requêtes, Hiftorien du Roi ic
de l'Académie , trés-laid de vifage y mais
bel Efprit. II a fait plufieurs petits Ouvra-
ges. Il écoit Bénéficier , & avoir été Hu-
guenot. On veut qu'il (eût mort daxu cectte
* HeligioQ ca x^94« P^
0E lA 6 BL 0 t I R t; 3]i'
fïg. 117. Un Bâmme farêtf grofiir. Feu Mb
- de la Fontaine de l'Académie Françoise »
Auteur des Contes & des Fables.
Ibid. Um sutre efi fimpU* Corneille l'AtnJs
Poète.
118. VûtiUz-'uous, Santcûili Religieux die Se
Viâoc , Auteur des Hymnes du Nouveau
Bréviaire , & d'une innnité de petites Pie-
ces Latines en Vers en q^aoi il ezcelloir*
Il eft in«KC en i6^«
110. Tel connu. Mr. Pelletier de Sou()f % Inten«
dant desFinances*
Ibid. Ttl MUvt. Mr> (on Frère » te Miniftrew
Ibid. Tauê le monde* L'Académie Françoife.
I&f. j^tifihius. Mx de la Bruyère.
ti9* Quel bonheur» Mr. le Tellier » Chanceliez
de France » ou Mr» do Louvoi«r
ij). Le plus gfdni malheur ^ Mr< Penautier i
Receveur Générai du Clergé de France , aç-
café d'avoir erapeifonné Mr. *•*. Tréfo-
xicr des Etats de Bourgogne > de laquelle ac-
' CH&tion il: a été décmirgé par un Arrêt qui
/or fort follicieé par Mr. le Bouts, Confeil«
1er de la grande Chambre , (on Beau- Frère «
qui étoit fort habile & en grand crédit. L*oa
veut que Ton ait encore donné beaucoup
d'argent à cet elfer«
ijf. ^e dis /tfi ioei»f 5. Le Pape Innocent ]^I.
qoi z- changé du blanc au noir des Senti*
mens » qu'il avoir éunt Cardinal >à ceux
qu'il a eu étant Pape.
IH* Vnuhnn, Cela e(t arrivé à Mr« de Vau-
ban après la reprife de Namiir par lé Prin-
ce d'Orange en té^f.&Ton prétend ^u'H
avoir &rc mal fortifié cette Place i «mais il
'- s'en eft juftifié en (âi&nt voir que l'on n'a*
voir poinif fnivi le B^flein qu'il en avoic
' donné poot épargner quelque dépenfeq^'il
f^ ClU^ BBS CARACTIltrS'
auroit fallu faire de plus , comme un Cara-i
lier qui voulait faire du côcé de la Rivie-
re , a quoi I'ob^ avoit aiaiKiué , deparoû(
ladite Ville fut prifc.
Pag. r)7' GMAr^tfi. Allufion à plufieurs Cour*
' tiiàns & PaKicutiets qui al lerent voir le Siéger
de Nainur , en 1^93. ({ui fut fait dans one
erés-nriauvoife Saifon > & par lapluie qui du»
ra pendant tout le Siège.
141. U^jiuiu frinci. MonfeigneuF le Dau«»
pbin»
146^ li X 0dg tels Prûjen. Guillaume & Na&
lau , Prince d'Orange > qui entreprit de paf-^
iêr en Angleterre , d*oii il a cbaflTékRoi
Jaques. IL fi>n Beau'Pece«. IJ eft né le if «^
• Novembre i<^fo.
147. Un inmmiifimêft. Le feu DucCbarlei
de Lorraine y Beao-Frexe de l'Eropereus
Leopold Premier.
Ibid* Qnê U Voix du Peufte. Le fau^ bruit de
laiffnoit du Prince d*Orange , qu'on croyoit
avoir été tué au Combat de la Boy ne.
lhi6,.Un Homme (Ut. Le Prince d'Orange.
14g. Dépouillez, yêtre P^rr. Le Roi Jaques IL
làÀà Un fitil toujours Bon. Louis XIV. qui
donna ietx4ite à Jaques IL & à toute fa f a»
mille, après qu'il eux été obligé de ièxeti^
rer d'Angleterre.
24^. Uft Prituê déUvfoù tEuropt. VEasçt^
rcur.
Ibid. Détruit un gramt Em^in. Le Turc^
Ibid. Oux ^ui font nez. Le Pape Innocent XL
ijo» Petits Hommes, Les Anglois.
? n* T>opetit4 Globes. Les Balles de Mbufquef*.
Ibid. Vous en mvoz tfatetres. Les Boulets de
Canon»
Ibid. Sans eomptet. toux. Les Bombes»
ifr Vous avez, fur tottt tm Hammo fih Le
s Puncc d'OtangCk Ibid;.
' DE LA B'KVYl^Utt. " ff
'^g* If ;•(/»« Ifte têute tnshre. L'AngleterCr
ttrid, H m m^rdn.li ftin tU fm JHoutriçê, Le
Piince d'Oman ge , devenu pfus pnrilancpar
la Coufonne cTAngletenre , s^écoic rendil
Maitte abfolu en HoHande > & j fai(ôic ce
qu'il lui plai(bic.
X f ^.* £/ rei»x qu*ilt^ thmpux,* Les Anglois.
Ibid» àiêis qu'tntênds'fe de ar tains Perjonndgetm
. Ailufîon à ce ({ai fe paiïk en 1^90- à la
Haye • lors du premier retour du Prince
d'Orange de rAng]etetrc,oùles Liguez fe
rendirent , & où le Duc de Bavière fat long-
tems 4 attendre dans I*Anci-Chambre.
If 7. Ce far. L'Ëinpcrear»
If 8. A la JP,%fce iArgtnu Armes de la Mat-
fon d'Autriche.
Xf9< 7i&/M#ffiitf. Mr. Sachoe , Curé de St. Ger*
vais ,. oui exhotroit toutes les Perfonnes de
Qualité à la mort. Le Père Bourdaloue lui
a fuccedé dans cet Emploi
4 (0. Le TUurifiem Mr. Cabonll , Sieur des CoC*
teaox , Avocat au Parlement.
i^i. FarUx, k ce$ «iw/rf'. Le Sieur Marlet , A*
vocac.
i6i. Un troifieme. Le Père Meneftricr , Jefuite»
165. Dtmocêde. Mr. de Ganieres , Ecuyerdc
feue Mademoifelie de Guife. Ou Mr* de
Bcringhem , premier Ëcuyer du Roi.
1^4. Mais quand il ajoute. Mr. Morcc »
Concilier.
léf. §luelqH0S'Uns. Mrs. Thevencr & laCroiir.
i6é:. Un BêHTgeois, Mr. i^melot. Sa Maifon ^&
dans la vieille Rue du Temple.
Uf. L»*. G**. Lcfdiguieres.
u%. Difhile. Santeuil , <]ul avoît toutes, fes
Chambres pleines de Serins de Canaric,
171. Il m'jt a ritn. Morin le Joueur.
Ibii UuêFUsér hUttë. Ces Barbeaux , <)ut
• ♦* 6 ciei^
croîflcnt parmi les Seigles , forent un Etfi^
à la mode dans Paris. Les Dames en mec*
toient pour Bouquet.
Pag. iTf.Un Homme fm. Mf. dcBoa«lbn.
X 79. Lt Cowrtifâu OHfnfoh. Mr. le Duc de
Beauvilliers.
18 t. ^and un Cmrtffan. te E)uc de Beau-
villiers , Gouverneur des finfans de f rante 9
Fils de Mf. le Duc de St. Aignan > dont il
s'cft emparé de tour le bien , fans en payer
ks Dettes yOui s'cft jette dan» la Dévotion*.
II eft Chef du Gonfeil <les Finances. Il »
fait faire à St. Aignan en Berri unt Banc
dcMenuiferie d'une Elévation femblaUe aus
Chaires des £vêques»
183. Onufhre. Mr. de Mauroy , Prêtre de Sf»
Lazare , depuis €uré des Invalides , qui
avoir été auparavant dans les,Moufi}uetaires»
& pour fcs Libertinages mis à St. Lazare,
dont il cmbrailk la Pipofcffion. Il y vécut
douze ans en réputation d'honnête Honime^
ce qui lui fit donner la Cure des Invalides f
depuis i) reprit iès aneiennes^ manières j maisi»
gardant toujours les apparences. U fe mit dans
Rs Intrigues des Femmes, & fi avant avec
Mlle. Doujat , Nièce de Mt. Doujar,.Doyea
du Parlement , qu'après l'avoir entretenue
du tems > & £iit de grandes dépenfès avec
elle , & avoifr 9 pour les foutenii^ , cnga^
]e Patrimoine des Invalides y il la maria
au FiU de'Mr. le Boindre , Gonfeiller au Paiv
kment , à laquelle il donna dç fon Chef
joooo. Livre». Mais ^ cette Intrigue s'étanC
, dans la fuite découvene y ila été condamr
né à une Prilbn perpétuelle , Se envoyé i
l'Abbaïe des Bernardins de Sept-Fonds ,
w il eft mouadcz^iepencant de ik vicdé-
ïégléc.
îfn LA WfLVttKfS ff
fag. i^o. Zelié. Madamtdc Pontchartraîif;
tfS. ^««/f «»ei-iv»/ même, Âllaâon au Pélican
qae porcenc Mrs. le Camus.
197. Lis Grands enui0teiehâfis»A\\uGùnàce
qae feu Monsieur» pour s'af>t>f ocher
ic Monlèigneur le Dauphin, ne vouloit plus
qu'on le nraitâc d'AlfeJfe Kâyslê , maÎ9 qtt'oa
lui parlâr par t^ûns y coirnne Ton fâifeic à ,
Mon(èigneuF&aaxBnfàfis da Prarnce. Les
ancres Princes » » (on exemplie > ne veulent
plus être Traii:ésd*^//«j/^> mais fîmpleaient
de Vûus*
ibid. Censims Gins, Mr. de Dangeau 9 ou bien ,
le Camus de Vienne qui fè fait dcfcecEdre
de J'Amirai de Vienne : ou Mr« Lai^fois
de Rieux.
198. Dès fuâ leur Fêrttine. Laugeois^qui Ct
fiûc appelle! De Laugeois*
Ibid. Celur-àpar Ufupn0on iunsfyîlaht. DeU
uieU3C , qui fe eût nommer De Rieux.
Ibid. Plufieurs fufriment Uiérs Noms, Langlois $,
Fils de ï.angfois , Receveur airx ConfîTca-
tions du ChâtelcC) qui Ce dit appelkr d'In>
bercourt.
Ibid. Us'en trauve enfin, Sonnin > Fils de Mr^
de Sannin , Recevcat de Paris ^ qui fe faic
nommer de Sonningen*
i^^v 11 n'y a rkn^ Les Jefuices 9 ou les Célef*
tins. Cesdemiets jouiïlentdes mêmes Privi*
leges que les Secrétaires du Roi.
Ibid. liyAun Geefroyde U Bruyère» C*eft le
nom dé TAuteur.
%ot.§ittebfM*$m mente ftersine TriBane. Ailufîoi»
aux Sutluxj des Feres Théatins^ compofez par
le Sr. Laureneani^ , Italien , qui a été de«-
pais Maine de la^Muâque du Pape Inno^
cent XII.
T, 7* Les Tbéatins^
fê CtEt dËS CÂRAcfeitf f
Pag. 104 Uh Pdfteur frais. Mr. de Blampî*»:
. gnon > Cuié de Sr, Mederic » Homme à beoh
He fortune > & qui a toujours fous {k Di"
reâion les plus jolies Femmes de là Paroiflè«
Il eft mof t. Ou feu Mr. Hameau > Curé de
St. Paul.
ix)/. Tite. Pcrfeval, Vicaire de Se. Paul.
Ibid* Patér h remflird Mt> le Seuryquin'etelf
pas Précre ouand il fut fait Curé de Se< Paul«
%q€. Le Threjûrier rArchidiMcre. Les Digni-
tez de la Sainte Chapelle.
JL07. Ld lilU d'Arifiifpe. Mlle. Fodet , fille
de Mr. Morel« de la Chaiàbreaux Deniers.
HoS* Féiireune leUe, Mr. le Marquis de Riche-
lieu.
Ibid. Cêfi épMjer Meliie. Mlle. Mxoixin ^fii'
le du Duc de ce nom.
10^. Il étoii délient, Mr. le Prince de Monraa-
ban , Mr. de Pons 9 Mr« Belot # Mr. de kl
Salle. ^ .
110. Une Femme Avancée en Âge. Madame la
Préfidence le Barois.
ai I. On M tûÂjeurs vA, Le Receveur des Con-
fifcations. Ou la Charge de Surintciïdant <lei
Finances.
m. Lefends perdu. AttnGonk la Banc|uerou«
te , faite par les Hôpitaux de Pans & les
Incurables en i6%9. qui a fait perdreaux
Particuliers qui avoient des Deniers à fonds
Perdu fur les Hôpitaux > la plus grande par-
. tie de leurs Biens : ce qui arriva par la frî*
ponnerie de quelques-uns des Adminiftrai«
' teurs que l'on chaiTa > dont un nommé Ao*
dré Le Vieux » fameux Ufurier , Père de
Le Vieux <| Concilier a la Cour des Aydcs,
- écoit le principal. Cet Adminiûrateur dévoie
être fort riche : mais fa Femme l'a ruinc>
fui devine amoureufcd^uA nommé PoDlàn»
ge , qui école Mousquetaire > auquel ejlc
acheta une Charge de LieuteHrant aux Gat"
ëcs , & lui donna en fuite un gros Equipage »
tcfnoycn de tenir table ouverte à la Plaine
ë'Ouiile.où ledit Le Vieux, qui ne Cavoie
tien de cette Intrigue, alloit louven: faite
bonne cberc qu'on ne îui refufoit pas, puis
2Q*il la payoit bien. La Femme voulut lui
ire époufer fa Filfe > du moins , ij couch»
avec elle, & l'engroflà : mais Le Vieux s'7
oppo£i , Se fit décréter contre PonKânge, âc
cQDn l'obligea, moyennant 10000. livres»
qu'il lui donna , de quitter fa Fille 9 la-
quelle s'amouracha enfuite d'un nommé
Feriifarr, Maître des Comptes à Dijon ^ qui
r^nieva & l'époufa. Le Fils du fufdit , è9
concert avec la Mère y voloic le Pcie qui
le forprit. It y eut Plainte f qui fut retirée»
Ton dit que ce Le Vieux étant â Texcré-
nûté, & le Curé de St, Germain de l'Au^
xenois l'exhortant i \a mort , i\ lui préfenrx
VA petit Crucifix de Vermeil qu'il rengagea
i adorer » à quoi Tanere ne répondit rien :
mais, le Curé lui ayant approché delà bou*-
chc pour le lui faire baiier , Le Vieux le
prit à £1 main , & l'ayant foupefif > il dit qu'il
n'étoic pas de grand prix , . & qu'il ne
pouvoit pas avancer beaucoup d'argent dc(^
lus.
P. ti 1. Véus âvtXi'unepiSceitMfgent Eourvalais»
XI ). CoAiHme qui s^efi introduite dans les 7>f*
itMMMx. Sous le P. Préûdent de Novion*.
21 f. £/ a eft étrange, II y a un Arrêt du Cqn»
feiliqui oblige les Confei 11ers àérre en ra-
bat. Ils étoient avant ce tems - là piKque
toujours en Cravate, Il fut rendu à la Re*
quête de feu Mr. de Harlay 9 alors Procu-
reur Général , & qui a été depuis premier
. Piéfidenc* C^g^
li"'^'
40 Cttt DBS CAAÀCTËRiBi
Pag. ti6. Efl de décider. LeChâtclet.
Ibid* // déiuife 9H il exf^gtre. Mr. Faucder g
Avocat.
117. Un innêcint tondstfinê. Mr* fe Marquis
^ de Langlade > innocent condammné aux Ga-^
lerés , où il eft mort. Le Brun appliqué à
]a Queftion , où il eft more Le premier
avouZté accufé d^un Vol fait à Mr. de Mon-
fommcry ; &: le Voleur , qui avoir ^é foit
umônier , fut trouvé depuis & pendu* Le
fécond fut accitfë d'avoir a(Ià(Ytné Madame
Mazel , & pour cela mis à la Qutriion»
L'Âfiaflin nommé Berry> qui étoit Fils na-
turel de ladite Dame Mazel» a paru depuis ,
Se a éré puni.
Ibid. SiVommerêcontùif, Mn de Grand-Mai-
Ton > Grand-Prevôc de l'Hôtel , a fait rendre
a Mr. de Sc. Pouanee une Boucle de Dia«
mans qui lui avoit éte^érobée à l'Opéra.
XI 8. Cémbien tt Hommes, Feu Mr. le Préfideot
de Mefme & le Lieutenant CiviL
119. Il efi 1/rai. Peu l'Abbé de la Kiviere >
Evéque de Langres;
110. S'ilnysvoit. La Princeâc de Carignan,
le Ptéfîdcnt Larché.
a»i. îitiM. M. Henntquin ,• Plrocureur Géné-
ral au Grand Confcil , avoit été fait Lcga-
raire univerfelpar le Teftamcnt de Madame
Valentin , Femme de l'Avocat au Confeil »
aui n'avoir fait faire ec Tcftamcnt au pro-
m dudit Sieur H^nnequin que dans la vue
qu'il rcmcttroit les bicns> comme étant un
Fideieommis. Mais , le Sieur H^nnequii)
ne l'ayant pas pris fur ce ton , & voulant
s'approprier les biens même , ayant pris le
d'cuil & fait habiller tous Tes Domeftiques »
Mr. Valentin fit paroîtrc un autre Teftamcnc
•m faYcuc de Mr. de Bragelonne qui révo-
quoiç
^t LA Bu UT ER y. 4f.
fcoic le premier , & qui a été confirmé »
celui-ci ayant mieux entendu rincenûon de
h Péfunce.
Pig. 111. Lf JJi fui Sf€. Mr. 8c Madame
de Valentin.
iij» Au lidii-pommiJIéire. Mr. Henneqtiliv
224. jyfkMj. jMr. de Bercy.
n>id. RMiêÀtf^ fjqueurs. Mr. le Duc de Duras»
Ibid. Ohtft^ilfétrtédiU TahU* Il prétend par*
icr du Combat de Vakroun* ou de Mt» k
Maréchal d*Humieres.
aif. Hermippi» Mr. de Renovîlle.
117. Ily udéjÀhmg'tems» Les Daquins.
11^, Carrù C«m, Caretri , Italien , qui a fait
Îuelques Cures ^nl l'ont mis en réputation»
[ a gagné dfi bien y Se vend fort cher fes
Remède^ qi/il fa^ payer d'avance. Helve-*
tias , HoH^qdois » avec la Eacinc Hypecar
coanba , poiur le Flux de Sang » a gagné beau?.
Qoap de biea«
a>9* Vos Médecins, Mr. FagoQ » premier Mé-
decin du Roi qui a fuccedé à Mr. Paquin p
^ifutdifgracié en 1694* par trop d*ambi^
cion 9 & pour avoir djcmandé au Roi la
place de ^réfident à Mortier y vacante par
la Mort de |ylr. de Nefmond > pour Ton Fils ,
lorendant a Nevers ; & outre cela TÂrche-
Vjêché de Bourges pour un autre Fils , (îm,*
pic Agent du Clergé. Il paâbit aufli pout
fov ÎQtexj-eJljré 9 & fài(knt argent de tout , juf«-
ques-lià qu'il tira de Du Tarte , Chirutgîeut
a.Qooo. livres , pour lui permettre de £û«
goer le Roi y dans une petite indifpofition »
où il s'en Ceroit bien pafR. Mai3 .le prin,- .
cipal fajet de fa Difgrace fut qu*ii étoît Créa-
ovedc Mad^c de^ontefpan, &qui;Mar
dame de Maifitenon vpulpit le faire fortir
pour j adpgicttcc fon ^f^cfiu Fagon. Da-
5ui%
41 ClÊV JDES CARACTBltlf
' <}tiîn enveloppa dans fa difgrace tdtire fii
Famille. L'intendant fiit révoqué, & obligé
de fe défaire de fa Charge de Maître de»
^ flequéces: Ton Fifs> quiétoit Capitaine atir
<?ardes eut le même ordre , & TAbbé eft
demeuré ce qu'il étoit. Daquin n'étoit pas
un fort habile Homme dans fa Profeiïion.
rag. 1^4. ^ui règle les Hommes. Les François
& les Efpagnols.
1^4. ^ufqu*à u qiiil revienne. Mr. le Tour-
neux , grand Prédicateur, qui a fait l'Année
fainte, & gui ne préchoit que par Home-
lies > aété fort fuivi dans Paris.
Jbid. tes CitMtions froftmgs. Manière de pr£«
• cher de TAbbé Boileau.
/49- Cefl f^voir de Nfprit. M. l'Abbé Flécher ,
depuis Evéque de Nîmes , a fait quantité de
beaux Panégyriques , on bien 9 le Père Se^
' naut , La Roche , & autres.
Ibid. \5n meilleur Efprit. Le Père Sonanin »
^grand Prédicateur, Prêtre de TOratoire, de-
puis Evéque de Sencz.
Jbid. VOrateur. L'Abbé Çouin , grand Fa ifèur
de Portraits en Chaire ) habile Prédicateur 5c
grand Joueur j ce qui l'a empêché de parve-
nir aux Dignitez Êccicfiafliques , où il aa-
roit eu bonne part fans cela.
250. Un keau Sermen. Le. Père Gonnelieq >
Jcfnite.
IBid. Le felide ^ Vadmirahle. Le Père Qonr-
daloue.
Ibid. la Merale douce. L'Abbé Boileau & Fie*
chier.
A f I . L'en peut f sire. Contre les Oraifbns fusé*
bres*
Ibid. Ils enfchsniéUParele Sainte, L'Abbé de
Roquette, Neveu de l'Evêauc d'Autun , ayant
^prcd^t devant le {loi un jour du Jeudi Sainr«
atois
^E LA BrUVERB. 4)
aroit préparé un beau Difcpars , rempli des
Louanges liu Roi , <}ai s*y devoir trourer i
nuis, le ^oi ne l'ayant pu à caofe de quel.
ques Araires qui lui lurvinrent > il n*offt
monter en Chaire , n'ayant plus d*ocçafioii
de débiter Ton Difcours.
Pag. 15 1. Theodule. Mr. l'Abbé flécbier , Evéf
que de Nîmes.
254. Devrfiit'il /uffire f Contre les Oraifonf
foDcbres.
^H' Dio/core^ Gedeon Pontier * Auteur dp
Cabinet des Grtmds»
A/7* V^veque de MeMUX. Mr. Bofluet,ETê«
que de Meaux « qui avpit été Ptécepteur do
Monfci^nçur > grand Prédicateur & Con-
novcrûlte , peu aimé des Jéfuices > qui l'ooc
traverfê ea toutes pccafions.
tél. limêfemble- Le Perc de la Rue.
16;. Fenehn, Ci-devant Précepteur des Enfanf
de France , à. prefent Archevêque de Cam<-
braj , & du Confeil de Çonfcience , & Créa*
tore de Madame de Maintenon.
»70. Tâêête PUi/Mntêrie. Mr. le Comte d'0«
lonne die vi Ut de la mort f quand on vint
Pavettir que Mr. de Comouailfe > Vicaire de
St. Euftache , entioit pour le confeflèr ^
SiTM-ji inecmailU iufqu^k U tmnt f
17 ). Un Qrnnd er$it. Feu Mr. de la Feuillade ,
fia Mr. de {.ouvpis , ou Mr. de Segnelay,
IS I. Si ton nous Mjfuroit. L'Ambaflàde dcf
Siamois envoyée au Roixn 1 6go.
»94« C$m9rci0fid§tm$^ Chanc|ili»
lEI
AVERTISSEMENT
fiir ccoe Nouvelle Edition.
'Owfége de La BRvYEAft
fut téJmrd gémrultwtm af^
fiAuA i & le tms ne lui a
^ rien fmt ftrére de cette frim
mère réfutMm. Ls flofan des rifii^
sms ém cet Juteur m rempli fm line
des Cataâseres de ce fiécle./Mt^r^î-
fmnMes , & exprimées d'un ftUe Ji vif
&Jîpiàs , que hk» des gens qmen cm
femi tome U besmé , frtnnent fmtene
fiéfir à les citer en cmyerfMion , & à
jen fth , dans les mimes termes éom 4
^^ fervi fcur les exprimer.
I4 Brt^ere s'efi fur tout esiàche X
Uùuspmàre Its hommes d'^rèslsatstre s &
fous Us jours , & par imtt PaSSy a Lofl^
dres comme À Paris , en Hollande cemmt
Ml France, on découvre derOripndux fiéi
p^em Ufupge & là vérité de fes Ca-
raâeits. fiien rfefi pius agréeUe ^M*un tet
ffeââcle , & rien^ ^ mon avis , fie pour»
tm être plus utile , pour qui liroiif dam le
Uffén îe smfku^e ,&defe Corriger.
Quoiqu'il en foit de cette iiernkre re^
jlexM que foi peut-être jettée ici trop le^
ftremem y U eft certmqwe peu de tempi
AVERTISSEMENT.
Affis que cet Ouvrage eut été rendu public
4 Paris , il fut réimprimé dans les^ Pats
Etrangers r& il fer oit difficile decmfter
ht d'^entes Editions qu^on en a fait en
Flandres & en HoUande, ■ .\ '
Mais ce grand nmbre d?Edi$ms qui
fait honneur a la Bruyère , a' infenjtblè*
mm défiguré plujteurs endnius de fon IJ^
tre. Cûmme P Auteur ^géme crfginal , ex-
jteUea feindre f es fenfées vivement & dé^
licatement far des traits naturels & bar^
dis tout enfer ble , il tfi prefque impoffible
de deviner lexpreffim a laquelle Plmpri^
ïneur en a fubftitué une autre ^nunns fro^
fre^ ou flus foible. Avec un peu d^ attend
tion , on voit le défaut de ces endrrits cor^
fmpus^ mds mne f aurait les corriger.
\. Oane pouvoit rétablir fûremem la
plupart de ces endroits , quUn confult^ni
4^ comparant enfemhle quantité éP Editions
ffifedentes. Etc^eft ce que j^ai fait avec
toute rex4âitudequ'i^ peut apporter dans
Utte efpeçe de travail , naturettement trop
yétiUeux pour ne pas donner à PEfprit
tinfertain dégofit^ qui de temps en tempt
doit lui faire perdre néceffairemfnt un
peH dû: fon attention.
IL En corrigeant PExempléire qui dcf
Vfiif /jftvk df copie ^ Plm^rimeur , ;V f^
■ ' . . * ' fotvl
, AVERTISSEMENT. .
foin de le kien-ponSuer. La Bruyère sUteit
fort n^ligéfur cet mkte^ & des Critique f^
f m être trop délie At s , s^en étoient flmnt%
tubliquewent. Mais dans le fond , quelque
petit que foit ce Mfdut, il n'étoit pas. iHu*
tile d?j remédier , s% e/î . vrai qu'il aip
enifêcbé certains Le&eurs de cm^rendté
itfément la penfée de l^ Auteur. .
IIL^ EN FIN j'oiij trouverez dans lettii
tdimn quelques Remarques ou Pon juf»
t^fi^ Utxaàûâion de plujîeurs FaffagesdeM
CaroEteres de Theophraftc, j^»'fl»/^ôWM^
foupfûnner d'avoir été mal rendus* Cer*
tainfCenfeurs de livres fe font mis dans
Vefprk que la Bruyère n'^avoit traduit
Theïïpbrafie . que d'après quefque Verjion,
Latine, Je ne fai fur quoi ils fondent ce
préjugé : car pourquoi un Gentilhomme de,
H. le Frincf nlaur^it^l pas pâ liff & en-^
tendre cet Ameur en Grec y tout auffi bien
qiCmJ>p&eur ^ qk^un Frofeffeur en Tbeo^
loj(^fn^J^ofp:bie^ ou en belles Lettres l
X^ijftl^/ÎÀireM Tbiypbrafie 5 &. après.
P^ig^,0^ipMé exafkament avec la Tra>^
dsi^iflffiff^^a donné la Bruyère , ^je mon*
tre 0,\p^ de. mots , qu'a ^exception d$.
qHfl^^_„petifef méprifes qui pomoient
icbappei off» plus habdes dans U I^angue ,
^/Wf^ç^tte^ Traduôtion exprime trés^
ornement li fens & Us beameX,dePori*
gml.
AVERTtSSEMEWT.
fmM. HiUfeufemtm , iansr t$u$t €tHê
Crkiqutf^njii eu éi^fâiH 91»'^ CaÊtulxm
& à Duport , deux des plus fapâns <^
des plus juéUdenx CùmnieméteuTs de Tbei^
jpbrsfte , qui ne s'Aceefdent pd$ Ht^eurs nf-
femUe. Si pour défendre UBrujferej'emgfe
é$e Migê femnr en lice mes des Ameure
ytPâns , je crei que jj^é^reks éfke le camr
êâi , p^rce que je bute i ntert les difpitue
litter eûtes ^ qm prefquê teufoufs fmt at^
eempAgnétis, de deiats plans iPé^em <5r
de malignité , âufqneU If FuUic ne prtni
mcnn mteret.
Bonn ■ Loftandt aento ne fccer ongoî ,
Vp. L. !• Dirpliceti(lclocus,cIafno«.i8ccUliidiapoJd»;
redux Commentateurs de Tbeepbraften*ctn
gneres fint mitre ebofe qm répéter ce qnê
Cafduten & Dnpert ékvmentdéjd ditfj^M
itédifpenfé fart nnturMement /âprir rien
d démêler upee eux.
H ne me refie qu^ttn nmt n dire fur lé
Défeniè de la Brbyeit qmdmtpdreStre
dans cette Edition : c\tfi que Ji Peu ttmcpê
qu^eUe ne mérite pds dPeccuper une pldfe
jf benefâUe , /r S en ebdfetai mm-mimê
daus Id première Métien qià fe fern e$t
«ellâniedetCamSttresàcccûécici A
, fdris êe XQ. Oitibre 1720...C0STB.
^ TABLA
TABLE,
DES MATIERES
Contenues dans ce I. Volume.
DISCOURS SUR Theophrast».
Pas. I.
LES CARACTERES DE
THEOPHRASTE. 35
AvANT.pRoFbs. ibid.
€ltÂF« II. Dr U Ilatterie^ 5^
Gh AP. IQ. De Plfi^enmnUu du Difuàr
de ifuR, A^
Chap. V. I>ftC4>fnplaifant. ^i
QsiA:F.VhbetJmMged*mCoqmn. $6
Crap. vil Du grand Parleiir. - fo
CBAP.ym.DMdeHe d^s Nourelfes. 6f
Chap. IX< B0 rsfnmerie caufet féùt
tAvmce. Su
Chap. X. De t Epargne fordide. j±
Ch AF. XL Jte fimp9idi»t en de ttlen qtâ
mteugiede^rien. ,77
Cbap. X IL Dn Ceme^tems. 8 1
Gbap. XIII.IU fm emffeffii 84
Clup. XIV. De U ftnjfidké. 86
OiAP. XV. JDi U BmMité. . 88
OiAP. XVL DeU SÉfef^itien. 90
Oujf. XVÏl. De l Effrit chagrin. 9}
Chap*
TABLE DES MATIERES;
Chap. XVllI. î>e la Difianie. ^ê
Caav. XIX. D'un viUin Homme. 9Ô
CnKV.l^^.iyunBtmmeïncmnmode.iox
Ch AP. XXL De la Cette vanité. lOir
Chap- XXII. De l Avarice. aç^.
.Chap. XXIIL De fofhntation. 108
Çhap. XXIV. De rorgfuU. m
,CHAPi XXV. De ta Peur, ou du iefata
^ de courage, • i l'j
Chap. XX VI. t>es Grandi êunepfum
, bltqtte. . ^ ^ 117
Chap. XXVII. J^nne tardtve Infiruc^
. tion. MM i^a
Chap. XXVIII. De la Médite. \i±
LES CARACTERES OU LÉS
MOEURS DE CE SIECLE. 125
Préface. . 1x7
Çhap. I, Des Ouvrages de l'offrit, igf
Chap. H. Du Mérite perfonneL 1 78
Chap. III. Des Femmes. y - ., 3^93
Chap. IV. Du Cœur. ,.« j v . 24.2^.
Chap. V. De la Socieff^,(^Jel4^^^^r*
fation. . ...^,. ,;;., JJX/îMT:
Çhap. VI.. Des biiffs^deFortfiff.\ ^f:
ç^Av. y IL De j^yi'ii, vrx.i54^^
Çhap. VUL De U Cour^ - .^o
Çhap. IX. Des Granii, • , x \ï^O:
Chap. X. Du &9uvtHUf ^n 4e4*4h^'
PRIVI-
: D I s C O UJR s
SUR
THEOPHRASTE
n*eftime pns que l'bora-
; foit capable de former
os fon cfprit un projet
is vain & plus chiméri-
que, que de prétendre en eçrivapt de
quelque Art ou de quelque Scicncç,
que ce foit, echapcr à route forte dç
critique , & enlever les fuiïrages de
tous lès Leâeurs,
Car fins m'écendre fur la diffèrent
ce des cfprits des hommes auiÏÏ prodi-
gieufe en eux que celle de kurs viia-
ges, qui fait goûter aux uns les çh<i^
ics de fpcculafion , & aux autres cek
lesdepratiquef qui fait quequelques-
uns cherchent dans.les Livres à exer-
cer leur imagination , quelques autres
■ Tm,h A i
-* 0 l s € p V 9L s
à former kur jugement ; qu entre ccu^
qui lifènt , ceux-ci aiment à être for*-
jccz par la démonf^ration , & ceux-là
veulent entendre 4ciicatement , qu.
ibrmer des rai(onnemens &c des con^
Jeâures ; je me renferme ioilement
dans ce(te Science qui décrit le^
mœurs, qui examine les hommes, Se
jqui dc'veloppe leurs cara6terçs j & j'p-
fc dire que fur les Ouvrages qui tr^?
tent de chofes qui les touchent de fî
près , 6c où il ne s'agit que d'eux-mê-
mes , ils ibnt encore exti:ên>exnent dif"^
lîciles à contenter.
Quelques Sava^us ne goûtent que Ie$
Apophtbegmes des Anciens , & ley
exemples f irez desRomains, des Grecs,
des Pa-fes ^ des Egyptiens ; Phiftoire
du monde prefent leur eft infipidc j
ils ne font point touchez des homme;g
iqui les envii'onncnt , & avec qui ils
vivent , & ne font nulle attentioii à
leurs mœurs. Les femmes au con-
traire , les gens de la Cour , & tous
ceux qui nV)nt que beaucoup d'efpric
tans érudition , indifferens pour tou-»
tes les chofes qui les ont précédé ^
font avides de celles qui fê pailent à
feurs yeux , & <jui fontiromme fous
leur
•sun Theoîpiïiiaste. ^
rksr main : ils les examinent , ik les
-difcernent , ils ne perdent pas de vue
les perfonnes qui les entourent , fi
<:harniez des defcriptions & des pein-
tures que Von faik de lears contempo-
rains y de leurs concitoyens , de ceu?
enfin qui leur reflèmblent , & à qui
ils ne croyent pas Teflcmbier , que juA
.ques dans la Chaire Ton le croit obli-
gc (buvent de fufpendre PEvangilc
pour les prendre par leur foible,&les
l'amener â leurs devoirs par des cho«
fcs qui foicnt lie kur goût & de leur
portée.
La Cour ou ne -connoît pas la
Ville , ou par le mc'pris qu'elle a
pour elle , n^lige d'en relever le ri-
dicule^ & ii'eft point frappée des ima-
ges qu'il peut fournir ; & fi au con-
traire l'on peint la Cour, comme c'cft
-toujours avec les mémgemens qui lui
font dûs , la Ville nés tire pas de cet-
te ébauche dequoi renriplir la curiofi-
te' ^ & £e faire une jufte ide'e d'un
pais où il faut même avoir vécu pour
le 4:^onndStre.
D'autre part il eft naturel aux
fiomities de ne point convenir de la
l^eauté ou de la délicatef^ d'un trait
A X ' ce
4 Diiscou &i :
4e morale , qui ks peint , qui les di^
figne, Se où ils fe reconnoiticnt eux^
paSmes ; ils fê cirent d'embarras en là
condamnant ^ 2c tels n'approuvent*
]a fatyrc , que Iprfque commençant
à lâcher prife , Se a s'éloigner de
Jeurs peribnne$ , elle va mordre quel<r
que autre. •
En^n quelle apparence de pouvoir
remplir tous les goûts (I difiêrens des
))ommes par unfeul ouvrage de M07
raie ) Les un$ cherchent des définie
tioi)s, des divifions, des tables» & de
la méthode : ils veulent qu'on leur ext
plique ce que c'eft que la Vertu en
f général , Çc cette vertu en particu-
ier ; quelle difièrence fe trouve entre
}^ yzlcut , la force , ôc la magnanimi-*
té , les vices extrêmes par le défaut
ou par Texcès entre lefquels chaque
vertu fe trouve placée , & duquel de
ces deux extrêmes elle emprunte da*
yantage : toute autre doârine ne leur
plaît pas» Les |»utres contenu que Ton
rpduife les mœurs aux paffîons, & que
Ton explique celles-ci par le mou ver
^nt du fang, par celui des fibres^ &;
(}es artères , quittent i|n Auteur. 4^
pùf. Jtrefte.
Sun Tu^oPhAÀHt: ^
;. tl s'en trouve d'un troifiémc âr*
are , qui perdiadéï que toute doârine
des mœuf^ doit tendre à les réformer;
à difcerner le$ bonnes d'avec les mau^
vaifes , & à démêler danâ les hommes
ce qu'il y a de vain , de foiWc & de
ridicule , d'avec ce qu'ils peuvent avoir
de bon , de fàin & de louable , fë
plaifènt infiniment dans la leâure des
livres *, qui . fuppofant les principes
phyllqucs & moraux febatus par les
Anciens & les Modernes , (è jettent
d^bord dans leur application ausf
mœurs du tems , corrigent les bom^
mes les uns par les autres , par ces ima-
ges de choies qui leur font fi familie^^
res , Se dont néanmoins ils ne s'avi-i^
fbientpas de tirer leur inftruârion.
Tel eft le Traité des Caraâeres dei
mœurs que nous a laiflif Tbeophrafie t
il Pa puifô dans les Ethiques & dans
fcs grandes Morales d'Ariftote dont il
fut le difcîple : les excellentes de'iini-
tions que l'on lit au commencements
de chaque Chapkre, font e'tablies fut*
les idées Sc.ûir les principes de ce
grand Philofophc , Se le /bnd des ca^
n&erest qui y. font décrits, eft pris <îe
^ méixïc iouxa. Il ^ft vrai qu'il i$i
A3 les
* • ^ . * . . ^ • * •
les rend propres par l'étendue qli'iP
kur donne, & par la fatyire iiigenieif^
fc qu'il en tire contre le9»vice» dda^
Grecs , & furtouc des Athéniens,
Ce livre ne peut gucres pâflèrqtie
poiir^ le cômmciiÈetneftr a Un plus
long ouvrage que Theophrâfte avoir
entrepris. Le projet de ce Philofo*
phé, comme vouslcjremarqucrcxdans^
ia Préface , etoit de tr^tcr de toutci
|es Vertus , Sç de tous Ids Vices. Et
çonaoïe il aflure- lui-mêtné dans cer
endroit qu*il commeriç?- un ff grand
dcflèin à l'âge de quatrc-yingtrdix-i^
peuf ans , il y a apparence qu'une
prompte mort l'empîcha de le con*
duire à fa perfeétion. J'avoue que
l'opinion: commune a toujours ctë
qu'il aroit pouffe fa vie .au delà de
cent ans ; ôç S- Jérôme dans une Let-*
Ke qa il écrit à Nepotien , aflîire qu*il
eft mort à centiept ans accomplis :.
de (orte que je ne doute point qu^it
»'y ait eu une ancienne erreur j ou dan^
ks chiffîes Grecs qui ont fervi de rè-
gle à Diogene l^ërce , qui ne le fait
vivre que quatre -vinet- quinze an-
n^SyOu dans les premiers manufcrits
^ont été faits de cet IMorien^ s'il
4
ÏV'ti TfHEOPflRAStJE: J
ift vrai d'ailleurs que les quatre-viogt-
dix-neufans que cet Auteur fè donne
idans cette Préface ^ fe liiènt égale-^
ment dans quatre manufcrits de là Bi-
bliothèque Palatine , où Pon a auâi
trouvé les cinq derniers Chapitres des
Caraâeres de Theophrafle qui man-*
quoient aux anciennes imprdlions , &
m l'on a vu deux titres , l'un (i) da
gÊUt qu^on a pour Us vicieux , & l'au«
tte (x) du gm fordide , qui font fèuls,
^ dénuez de leurs Chapitre^*
Ainfi cet Ouvrage n'cft pcut-êtrç
même qu'un fimple fragment , mais
^pendant un refte précieux de TAn-
équité , 8c un monument de la viva-
dté de l'efprit , & du jugement fèr«
me &c folide de cePhiloiophe dans un
iige fî avancé* En ef&t il a toujours
été lu comme un chef-d'œuvre dans
§on genre : il ne fe voit rien oùle goût
Artique (c fkRe mieux remarquer y 8c
eii l'élégance Grecque éclate davan-
tage : on l'a appelle un livre d'on
i^s Savans faifant attention à la di«
ycrûîé des mœurs qui y font traitées ,
Se
A4
t Dis cou Us ^
•
jèc à la âlaniere naïve dont tous les "^
raâercs y font exprimez ; & la coti>-
^rant d'ailleurs avec celle du Poè'te
Menandre ( i ) difciple deTheophrafte.
Se qui fervit enfuite de modèle à T&-
rence, qu'on a dans nos jours fi heo-
jeufcment imité , ne peuvent s'emp&-
cber de reconnoitre dans ce petit Ou^
.vrage la première fource de tout le
^miq]ue : je dis de celui qui eft épu«-
ré des pointes , des ohCccnkcz , des
équivoques , qui eft pris dans la natu^
xe , qui fait rire \ts (âges & les ver-^
tueuJt. . t
Mais peut-être que pour relever fe
.mérite de ce Traité des Caraâreres, Su
en infpirer la leâure , H ne fera pas
inutile de dire quelque chbfe de celui
de leur Auteur, llc'toit d'Érefc, viW
ledcLesbos^fîIs d'un Foulon: il eut
pour premier Maître dans fbnpaïs un
certain' Leucippe (a) qui Àoit de la
même Ville que lui : de-là il paflà à
VËcole de Platon , Se sVréu enfuite
à
Iftog. iMêrt. în Vitâ Thcophrafti. Lib. V.
( z) Un aurrcque Leocippe Philofophe cdt^
htc , & diicipie d« Zcnoiu . ^
1^ celle d'Ariftotc , où il fe diftingua
entre tous ks difciples. Ce nouveau
Maître charme' 4c la facilite de (on
cfprit & de la douceur de fon élocu^
tion , lui changea (on nom , qui étoit
Tyrtame , en celui d'Eupbra^e , qui
figniiîe celui qui parle bien ; Ôc ce
nom ne répondant point aflëz à la
haute eftime qu'il .avoit de la beauté
de fon génie Se de fes expreffions , il
Tappella Tbeophrafte , c'eâ-^-dire un
homme dont le langage eft divin. Et
il fènible que Ciccron ait entré dans
les (êntimens de ce Philofophe , lorf-*^
que dans le livre qu'il intitule £f«r«^,
pu des Orateurs illufires ^ il parle ain-»
il (i) : „ Qui eft plus fécond & plus
'^ abondant que Platon ? plus idlido
fie plus ferme qu' Ariftote > plus a^
greable & plus doux que Théo-
^ phrafte"î Et dans quelques-unes d«
fes Ëpltres à Âtticus on voit que par<«
laotdumêmcTheophrafte (x)il l'ap-
pelle Ton ami , que la le&ure de fesi
Li-i»
(i) èjuis êéerior in diando TlMone f Suis
^JlriftgteU nervûfiar î tkfQfbrafto dukior f Cap..
(i) EPifi. i6. L, II.
A S
99
9>
fO Dis C Ù VR s
f
I-.ivrés lui Aoit femiliere ^ & qu^ft €i*
hiCoit {es délices.
Ariftôte difoit de lui- & de Califte-
ûç un autre de fes diteiple« , ce que
Fl^onavoit dit la première fois d'A-
siftoce même £c de Xenocrate y que
Califtene étoîc lent à concevoir & a-»
yoit Pcfprittardif ;&queThcophraftè
au contraire l'avoit fi vif, fi perçant , fi
pénétrant, qu^it comprenoit d'abord
d'une chofe tout ce qui en pouvoit
être connu i que Pùnavoit beloin <Pé»
peron pour être excite , & qu^il fàU
loit à l'autre un frein pour le retenir;
. 11 cftimoit en celui* ci fur toutetf'
chofe» un caraârere de douceur qui
i^gnoit également dans* fes Moeurs SE
dans Ton ftyk* L'on raconte que les^
difaiples tl'Ariftote Voyant leur Maî^
trc avancé en âge & d'une fente fort
tf&ibdie y le prièrent de leur nomme»
-ion fuccefièur ; que ct^mt i! avoi%
deu'i hommes dan^ fbn Ëtok /urqui
feuls ce cbôi* poUvôit tt>i!Abei' ^
Ça) Menedeme le Rhodien, & Thea-
phraâe:
(al) I! y en a eu deux autres du même nom »
ïun Philofojirc Cfnicjflt, Vàsiitt difciglc it
WaïQAi
&0«C THEOFHRilS^TÊ. tt
i^irafte d'Ei^cfè , par un efprit de mé*
nagcment pour celui qu'il vouloit ex-
clure , il fe déclara de cette manière :
Il feignit peu de tems après que Tes
dîfciples lui eurent &it cette prière , Se
en leur prefence , que le vin dont il
feifoit un u&geo^inaireluiëtoitnui^
fiblc, & il fe fit apporter des vins de
Rhodes & de Lesbos : il goûta de
ficus ks deux , dit qu'ils ne dc'men-
toiem point leur terroir ,& que cha-
cun dam ion genre étoit excellent ;
que le premier avoit de la force , mais
que celui de Lesbos avoit plus de dou-
ceur, & qu'il lui donnoit la prcferen-
ce. Quoiqu'il en foit de ce fait ,
qu'on lit dans Aulu^Gelle (i^ ,il eft
certain que Io(qu'Ariftote accufc par
Eurymedon Prêtre de Cercs, d'avoir
mal parlé des Dieux , craignant le
deftin de Socratc , voulut fortir d'A-
thcnes , & fe retirer à Calcis , ville"
d^Bobée , il abandonna (on Ecole au
Lesbien,lui confia fes écrits k condi-
tien de les tenir fecrets ; & c'eft par
Theophrafte que font venus jufques à
nous les Ouvrages de ce grand hom*
me. Son
A 6
«•.>' %-<*
12 DlSCOt7l(#
Son nom devint fi célèbre paf tôif^
te la Grèce, que Succeflèur d'Arifto^
te il put compter bien-tôt dans TE-*
éole qu'il lui ayoic Uiflee , jufqucs à
deux mille difciples. Il excita l'envie
de (4) Sophocle fils d'Ampbiclide , ôc
qui pour lors AoitPre'tcur : celui-ci^
en eÔet (on eiinemi , mais fous prétex-
te d'une exaâe police , & d^empêcheï
les afièmblçes , fit une Loi qui défen-
doit fur peine de la vie à aucun Phi-.
lofophe d'enfèignçr dans^ les Ecoles*
Ils obéirent : mais Vannée fiiivantc ^
Philon ayant fiiccede à Sophocle qut
étoit (brti de charge , le Peuple d'A-^
thenes abrogpa cette Loi' odieufê que
ce dernier a voit faite , le condamna à
une amende de cinq talenç , rétablit;*
Theophrafte , & le refte dei Pbilofo-
phes.
Plus heureux qu^AriftotequîavoJt
cté contraint de céder à Eurymedon,
il fut fiir le point de voir un certain
(i) Agnonide puni comme impie par
k$
i. ' ♦
(m) Un autre qac le Poète tragftjuc. f Voyez.
la Ti'e de Theophrafle pax .Diogene Laërce ,
H^} Diêg. lairt. in Viiâ Ttcophrafti , U V.
les Athéniens , ftuIcBient a cauiè qu'il
?yôit ofé laccufer d'impiet<f , tanï
ctoit grande l/aflcétion que ce Peupk
a voit pour lui , & qtfil méritait pair
fa vertu.
En eflet on lui Fend ce teînoigna^
gc , qu'il avoit une fingulieje prudent
ce , qu'il ctoit zélé pour le bien pu^
blic , laborieux ^ oiBicieu3? » af^ble 4
bienfeifant. Ainfi au rapport (1) de
Plutarque , lorfqu'Erefe fut accàble'c
de Tymns qui avoient ufurpe' la do^
mination^ de leur pais ^ il fè joignit à
{a) Phidias fon compatriote , contri*«
Sua avec lui de ks biens pour arme?
les bannis qui rentrèrent dans leur viU
le, en chaflcrent les traUres^ ,« & rco-»
dirent à toute VIfle de Lesbôs ia li-^
hcné.
Tant de rares qualitez ne lui ac^r,
quirent pas (èulement la- bien veiUancer
du Peuple , mais encore l'eftime & k
familiarité des Rois. 11 fut ami de;
Caûàndre qui avoit fuccedé à Aride'e.
Fre..
f») pan» im Ouvrage intitulé , Sjf'onn^^
Jêurûit vivre agreàhUment Jelon la DoBrin^
iEpicitre : Ch. ii. Et dans Ton Traité confrêf
tEfiturien CoLOTBSiCh.ig*
{») Un autre qi\e le fameux Sculpceur*
A 7
J^fcre d'Alexandre leGrand au Roïau^
ifte de Nfacedoine ; & Ptolomçe , filg:
deLagus, & premier Roi d'Egypte ^
entretint toujours un commerce étroit
avec ce Philofophe. II mourut eiv-
fin accablé d'années 8c de fatigues >
èc il cefïa tout à la fok de travailler
& de vivre. Toute la Grece le plcu^
ïa , & tout le peuple Athenica zâiC-
i;a à (es funérailles.
• L'on raconte de lui que dans fbiï
extrême vieilleflc ne pouvant plus^
marcter à piedj il fe fàilbit porter en
Ktiere par la ville , où il éroit vu d»
Peuple à qui il étoit fi cher. L'oi>
At auffi que fcs difciples qm entou^
foicnt fon lit lorfqu'il mourut , lui
ayant demande s'il n'avoir rien à leur
recommander , il leur tint ce dit
cour^: (i) „ La vie nous feduit, elfe
^ nous promet de grands plaifîrs dans
A la poflèflîo(n de la gloire , mais à
^ I^eine commence -t- on à vivre
,> qu'il faut mourir : il n'y a fouveat
„ rien de plus fterile que l'amour de
^k réputatioa Cepend^t , nie$
»difl
(I ) Tout ceci fc trouTc dans Diogcn« La«r-i
^ dîfcîples , contentez-vous : fi you^-
^ négligez l'eftimè des hommes , vou^
i^ vous épai^QGZ' à vous - mêmes de
^ gramis uavaux : s^ils ta rebutent
99 point votre jcourage ; il peut arri-i
^ ver que la gloire fera votre récom*
^ penie. Sou venez- vous fcuîemenr'
^ qu'il y a dans la vie beaucoup de
^ chofes inutiles ; & qu'il yr en a peu>^
^ qui mènent à une fin folide. Ce
^ n'eik poim à moi à délibérer fur le
^ parti que je dois prendre , il n'effî^
^, plu5 tems : pour vous qui avez à-
„ me furvivre, vous ne (zuritz pefci^
^ trop mûrement ce que vous devers
^ faire" : & ce furent là fesdernieres^
paroles.
: Ciceron dans le troifiAne livre dca^
Tufculanes (i) , dirque Theophrafte
mourant fè plaignit de la Nature , de
oc qu'elle avoic accordé aux Cer&&:
att:s;
^cintr y f»hd Servis ér^^ofnicibas vitam Hiu^
HétMsm y quorum id nihil intertffet ; hominibup
quorum maxime Hiterfrsfftt y tkm exi^u^m vè^
téuo dedijfà : quorum fi éttas pofuiffetofie lon^
ifnquior .futurum fuiffo ut , omnibus perftm^
mtibusyomm doHrinâhom^mn vit^trud^p»^
ikfs Câg^ !&•'
ië . ï> I s c o u ft *
aux Corneilles une vie fl longue êà
qui leur efl fi inutile , lorfqu'ellc n'a<*
voit donné aux hommes qu'une vie
très-côurce , bien qu'il leur imporce
fi fort de vivre long^tcms ; que fi l'â-
ge des hommes eût pu s'étendre à un
plus grand nombre d'années ^Iferoic
arrivé que leur vie âuroit été cultivée
par une doârine univerfelle , & qu'il
11*7 suroît eu dans Je .monde , ni Art
ni Science qui n'eût atteint fa per«
feâion. Et S. Jérôme dans Pendroit
déjà cité aflure (i) que Theopbrafte
à rage de cent (èpt ans'^ frappé de la
maladie dont il mourut , regretta de
jbrtir de la vie dans un tems où il ne
faifoit que commencer à être fage.
, Il avoit coutume de dire, qu'il ne
ùtA pas aimer fès amis pour les éprou^
ver , mais les éprouver pour les ai-
mer ; que 1^ amis doivent être com«
muns entre les frères , comme tout
eft commun entre les amis j que Ton
de voit plutôt fe fier à un cheval fans
fi^in :
f'
(i) Sapiens tftr QrâeU Tkitffbràftus , chm
ixfUtis c'entum é'fiptem annisfe mort arnerêi , .
dixife ftftuf , ft dotere , qubd thm egndttetut-
è tfitâ , qurnidê/afiTi $œpijfe$, Bpift, «d Ncpo-
tuaum.
. ê
SUR If HEOFHRASTE. fj .
fitin , (i) qu'à celui qm parle fàiis
jt^emenc 9 que la plus forte depenfo
que l'on puiflè faire , eft celle da
tems. Il dit un jour â tin hommo
qui fe tailbit à table dan§ un feftin ^
5i m fi un hdbile homme 'j tu ds tort de
ne fds pâfltr j mais sHl n'efi pas amjt ^
tu en fais beaucoup. Voilà quelques^
unes de (es maximes.
. Mais fi IM3US parlons de fes Ouvra-
ges, ils font infinis; Sc nous n'appre^
Bons pasquenui Ancien ait plus écris
que Thcopbrafte. Diogene Lacrce
hic rénumeration de plus de deu3^
cens Traitez difièrens , èc fur toutes
ibrtâ de fujets qu'il a compofez. La
plus grande partie s'eft perdue par 1q
maliieur des tems, èc l'autre fe rédui&«
à vingt Traitez qui font recueillis
dans le volume de (es Oenvres. Uon
y voit néuE li ?res de Thiftoire des plan^
tes, fix livres de leurs caufes : il a e'-*;
cric des vents f du feu , des pierres ^
du miel , des (ignés du beau tems ^
des figne^ de la pluye , des fîgncs de
k tempête, des odeurs , de la fueur ^
du vertige , de- la laffitude , du relâ-
chement
' (t) Diogem-ta^rct tiiM la vie doTiico*
tf 6 I svd'ô u iff ?
•
cïhetnênt des nerfs , de la défaillantes
des poifions qui vivent hors de Teaa ;
des aniimit^ qui changent de. couleur ^
des animaux qui naiflènt fubitemenc ^
des animaux^ fujets à l'envie , des ca-
jfiaéfcercs des moeurs. Voilà ce qur
BOUS refire de les écrits : entré lefquels
ce dernier ièul dont on donne la Tra-
du6Hon^, peut répondre non feule-
ment de la beauté de ceux que l'on
vient de déduire, mais encore du mé-
rite d'un nombre infini d'autres qui'
ne font point venus jùfques à nous.
' Que fi' quelques-uns fè refroidie-
feient' pour cet Ouvrage moral par
kschofes qu'ïb y yoyent ,^ qdi font
du tems auquel il a été écrit , & qur
•lie font point lelott leurs mcBurs; que
peu vent^ils faite de plus utile & de
plus agréable pour eux,que de fe dé-*
faire de cette prévention pouî leurs^
coutumes Se leurs manières , qui fans
autre dilcuflîon non feulement les leur
feit trouver les meilleures de toutes ,
tiiais leur fait prefquc décider , que
tout ce qui n'y eft' pas conforme cft
ihéprifable , & qui les prive dans lar
lèâuredcs Livres des Anciens,du plai-
fir & de l'inftruftiofl qu'ils en doivent
flflCendre. > Nqu&
l^ous qm (bmmes fi modernes fê-
ibns anciens dans quelques fiecles. A-
lôrs Vhiftoire du nôtre fera gdûter à'
la pofterité fe vénalité dcsr charges ,
c'cft-à-dire le pouvoir de protéger;
l'innocence , de. punir le crime, & de
faire juftice à tdut le monde , acheté '
à deniers coroptans comme une mé«
tairie,la (plendeur des Partifans , gens ^
fi méprUèz chez les HcKreux & chez'
les Grecs. Uoù entendra parler d'u-'
ne Capitale d'un grand Royaume , où^
il n*y avoir ni placer publiques , ni^
Ëainé y^ ni fontainer^-ifi amphithéâ-
tres , ni gsderies^, ni portique» , fti^
promenoirs , qui étoir pourtant Wte
ville mervcillcuie. L'on dira que tout-
le cours de k vie s'y' paflbit jpnefqiit k-
foFtir de (a maifon, pour aller (e ren-
fermer dans celle d'un autre : que
d'honnêtes femmes qui n*étoieitt ni^'
marchandes , ni hôtelières, avi>ient
kurs maifons ouvertes à ceux qui
payoientpour y encrer; qu@ l'on a voit'
à choifîr des dez , des cartes , 8c de
tous les jeuX'; que Pbn mandent dani'
œs maifops , & qu'elles ^toient com-
modes à tout commerce. L'on faursi'
vack pjsuple'ue paroiûbk daas la vil-
_
^Sd . ' 'B Tk C 6 V R t\ ^ ,
le que pour y paflêr avec preci^tâ^
.feion ; nul entretien , nulle familiarité ;
que tout y écoit farouche 6c cOiXixrre
^allartné par le bruit des chars qu'il
'iâlloit e'\riter , 6c qui s'abandonnoienc
au milieu des rues , comme bn fàic
dans une lice pour remporter le prix
de la courfc. L'on apprendra /ans
étonnemejit qu'en pleine paix 6c dans
urte tranquillité publique , des Ci^
toyens entroient dans les Temples , al^
loicnt voir des femmes ^ ou vifitoient
leurs amis avec des armes oi&nfives ;
& qu'il n'y avoit prefque perianne
qui. n'eût à fon côcé de quoi pouvoir
d'un feul coup en ttier une antre. Ou
dG ceux qui vieridi'ont après nous, re-
butez par des mœurs û étranges éc fi:
différentes des leurs, fè dégoûtent par
là de nos Mémoires ^ de nos Poëfïes ^
de notre comique & de hos fatyrcis ^
pouvons-nous ne les pas plaindre par
avance de (è priver eux-mêmes par
cette fauflc dclicatcfïe , de la ledare
de fi beaux Ouvrages ^fî travaillez , ii
réguliers , 6c de la connoiflâncedu plus
beau Règne dont jamais Phiftoire aie
été embellie \
A^ons donc pour les Livres: des
Âncient
ivK Tkeophras'teI if
Anciens cette même indulgence qu^'
nous efperons nous-mêmes de la poOf
terité ^ perfuadez que les hommes
n'ont point d^ufoges ni de coûtumcr
qui foient de tous les iîecks ,. qu'elles^
changent avec les tems ; que nous fom^r
mes trop éloignez de celles qui onir
paffé , éc trop proches de celles qui
FCgnem encore , pour être dans la
diftance qu'il faut pour faire des une?
& des autres un, jufte difcern'ement.
Alors ni ce que nous appelions la poli-»'
(efiè de nos siœurs , ni la bienfean^
ce de nos coutumes , ni notre faite ^
ni notre magnificence ne nous pre-^
viendront pas davantage contre la vie
ficipk: des •Athéniens , que contro
celle des premiers hommes , grands
par eux-^mémes , & indc(pendamment
de mille choies extérieures qui ont
été depuis inventées pour fuppl'éer
peut-être, à cette véritable grandeutf
qui n'cil plus, ' *
. La nature fè mpntroir ef eux dan^
toute fa pureté &. fa dignké^ & n*é«
toît point encore foiii|l6& par la vani«
té , parJe luxe ,. & par la fottc am«
bition. Un homme n'étoit honoré
iur h tccrc (^ka^b de ià fsaux ou
j^n, J^ i se o 9 & j
fàt (à vcrttu ilp'étoit point riche par
,<ies charjg^s ou des penfions , mais par
^fi>n cbatnp , par fes troupeaux , par iesi
.enfans& fès ferviteurs: fa nourriture
, étoit iàiae 8c aaturelle , les fruits de
;ia terre , At lait de fès animaux £c de
fes brebis ; (es vecemens fîmples ^
/Uniformes , leurs laines , leurs toi«
4bns , fes plaifirs innocms , une gran«
de récolte , ie mariage de fes enfans i
runion avec fes yoiGns ,;la Paix dan»
^ famille.: rien n'eft plus oppofè à
nos mœurs que tou^^ c^ chofës i
mais Péloignement des tems nous les
^it goûter , ainfi que la di^nce des
lieux nous £iit recevoir tout ce que
les diverfes Relations ou les Livres de
voyages nous apprennent des paï^
lointains & des Nations «'trangeres. *
ils racontent une Religion , une Po^
1^ , une manière jà& fe nourrir , de
Vhabiller , de bâtir Se dc^re la guer-
jre, qu'on ne fa voit point, des moeurs
^ue l'on i^ioroit ; celles qui appro-^
xlient des nôtres nous touchent , cdLi
Jes qui s'en ^éloignent nous Vtonnetit i
mais toutes nou^ ami^mt , moios re«
^tttezpar la barbarie des manières ic
4a i^aubua^.^ peuple; JS^loignex^
. ,. - qu'ijBU-
svR The o p hu a s tos, >a|
.qu'înftruits & mênçic réjouis par leur
4iouveaut€ ; il nous fuffic que ccu|c
<lonc il s'agît foient Siamois , Chi-
nois , Nègres ou AbxfTms.
Or ceiHC dont Thcophrafte noup
peint les mœurs dans fcs Caraderes;^
ctoicnt Athéniens , ôc nous iomm^
François ; & fi nous joignons à Ja di-
verfitié des lieux £c du climat , Je long
intervalle à^s tems , £c que nous coii-
ildenoQS que ^e Livre a pu être écrit
Ja àetmcfc année de la CXV . Olymr
piade , trois cens quatorze ans avant
rEre Chrétienne ^ & <ju*ainfî il y a
deux mille ans accomplis que vivoit
ce peuple d'Athènes dont il fait la
peinture , aous admirerons de nous y
iieconnokre nous-mêmes , nosatpis^
nos eaneiaaîs, ceqx avec qui nous vir
vons , Se que cette reflembknce a^
vec des hommes fepjarez par tant de
£edes foit fi entière^ £n eflèt le;i^
hommes n'ont point changé félon 1$
CQpur èc félon les p^ons , ils fon^
encore tebqu'ils .etoientalors ,jSc jqu'i];
ibnt ooarquçz dans Theophr^e ^
vains , idiffimulez , dateurs , intese(^
fez , croates; , importuns , défians ^
mcdiSsDs ^ t^iipreUeus ^îuj^xS^m^^ -•
ii4 Discours
Il eft V rai , A thenes étoit libre , c Vtor^
le centre d'une République : fès Ci-
toyens ^toienc égaux , ils ne rougiC-
foient point l'un de l'autre ; ils tnzr^
choient prefque feuls & à pied dans une
•ville propre , paifible & fpacieu(ê,ca.-
troient dans les Boutiques & dans les
Marchez , achetoient eux-mêmes les
ichofes néceflàires ; l'e'mulation d'une
Cour ne les faifoit point fortir d'une
vie commune-: ils refervoient leurs en-
claves pour les bains , pour les repas ^
pour le (êrvice intérieur desmaiibns ^
pour les voyages : ils paflbientune par-
tie de leur vie dans les Places, dans les
Temples , aux Amphithéâtres , fur un
Port , fous des Portiques , Se au mî^
lieu d'une ville dont ils e'toient éga<-
lement les maîtres. Là le Peuple s'a&
iémbloit pour délibérer des affaires
publiques , ici il s'entrctenoit avec les
Etrangers : ailleurs les Piiilolbphes
tantôt enfeignoient leur doârine ,
tantôt confèroient avec leurs difci-
ples ; ces lieux étoient tout à la fois
la icene des plaifirs & des afiàires. Il
y avoit dans ces moeurs quelque ciio«
iè de fîmple & de populaire , & qui
{^^le jpçu aux ûôtres ^ jç Pavouë ;
r
6U«l T«JEOPHRA5TE, '%jf
intis cependant quels hommes en gê-
nerai , que les Athéniens , & quelle
ville 9 qu'Achenes ! quelles loix !
quelle police ! quelle valeur ! quelle
^iifciplinc ! quelle perfeârion dans too*
tes les Sciences Se dans tous Iqs
Arts i mais quelle politeflè dans le
commerce ordinaire jBc danjs le lan-
gage ! Theophrafte , le même Tjko-
phrafte dont Pon vient de dire de û
grandes choies , ce parleur agréable ,
cet homme qui s'exprimoit divinc-
menr , fut reconnu étranger , £c ap-
pelle de ce nom par une {impie fem-
me f i ) de qui il achetoit des herbes
au marché , & qui reconnut par je
fie iai quoi d'Attique. qui lui man-
quoit y 8c que les Romains ont de-
puis appelle' Urbanité , iqu'ij n'ctoit
pas Ajthenien : EtCiceron rapporte,
que ce grand perfonnage demeura é-
lonnc de voir , qu'ayant vieilli dans
. . Athe-
(i) Jiiçitur 9 cum fertunSiaretur (Theo-
piiraUus^e» anicul quéidam^ quanti nliquid
Vindifet ; e$* Tijfûndiffet ilia , tnque.adâidiffet ^
Ho/pcs , non poce minoris xtuliffe eum moîefl} »
fe non effngere hoffitis fpteiem , cnm dratem
' MgiM Athtnii^ $fûméqu$ U^umtur. Biutu^,
\t D T s 43 O ^ Il -S
•Athènes , pofltdant fî parfaitement V
langage Attique , & en ayant acquis
l'accent par une habitude de tais:
d^années , il ne s'ctoit pu donner ^c
que le fimple peuple avoit naturelle
'^eot & fans nulle peine. ;Que fi Toa
fie laiflc pas de lire quelquefois dans
ce Traite des Caraâcres de certaines
moeurs qu'on ne peut excufcr ,& qui
nous paroiflënt ridicules , il &ut fe
fouvenir quMles ont paru tdles à
Theophrafte , qu'il les a regardées
•jcomme 4es vices dont il a fait une
peinture n^Ve qui fit honte au?:
Athéniens ^ jSc qui f^vit à Jes cor^
riger.
£ nfih dans l'efprit ,de<3omc«ter ceux
qui reçoivent froidement tout ce qui
^appartient aux Etrangers & aux Aq-
ciens , 8c qui tfeftiment que Imr^
mœurs , on les ajoute à cetOuvi^agc-
L'on a cm pouvoir fedifpenfer de fiîi-
vre le projet de ce Philolbpbe 9 foit
parce qu'il eft toujours pernicieux, de
pour fu ivre le travail d'autrui , fur touf
fi c'eft d^un Ancien ou d'un Auteur
d'une grande réputation -, foit encore
, parce que cette unique figure qu'on a|v
f clljs deUbriptionou énumeration , em-
^' .' plôyçc
^yée avec tant de 4îiccè$ dans . cc^
'" 'Vingt- huit Chapitres dçs Caraâ:erc$^
j)ourroit en avoir un beaucoup woin-
dre 9 fi elle ecoit traitée par un génie
-fort inférieur à celui ^e Theophrafte^
Au contraire Cç toflouvpmiM: qnt
|)araïi ic grand JKMiibrc des Traitez dt
ice Philolophe rapporté par Diogcne
l^ërce , il s'en trouve un fous le ti*-
trc de Proverbes ^ <:'cft. à dire de
pièces détachées ^ comme des réflc^
xions ou des remarques i que le pr6-
iiuer & le|>l^s grand Livre^e Morale
«qui ait été &it , porte ce même nom
dans les divines Ecritures j on s'eit
prouvé excité par de fi grands mo-
«deles à (iiivre ijelon fes forces une (èm«
1?lable manière (#) d'écrire dçsmœur^;
i&ç Pou n'a point été decourné de fon
^ntfeprifè par deux ouvrages de Mo-
rale qui font dans les mains de tout \c
solide , & d'où ftute d'attention , oia
.par un e(prit de critique quelques uns
pourrpient peafer que ces remarques
ibntîmilées.
L'un
(a) L'on'ehtend cette manière coupée donc
Salomon a écrie fes. Proverbes , & tiuilcmenc
les chofcs qui foac cUvioes^âe horsldc coucb
coiBparaibiU
1
\
i
I
I
,rJ
ijr D \ s Ç O U R 8
( I ) L'un par l'engagement de fètï
Auteur fait (crvîr la Mctaphyfique à
la Religion , fait connoitre Tatne ^
lès paflions , (es y iceé ^ traite les grande
2c les fcfieuK motifs pour conduire à
la vertu , & vciit* rendre Phomme
Chrc'tieh. L?autre qui eft la producr
aion ( 2 ) d'un cfprit inftruit par le
commerce du monde ^ & dont la deV
iicatefle écoit ^gale à la pénétration ,
cbfervant que l?amour propre eft dans
l'homme la:cau& de tous fes foibles,
l'attaque (ans relâche quelque part où
il fe trouve ; & cette unique penféc
comme multipliée en inille manières
idifFerentes , a toujours par le choix
des mots ôc par k variété de Tex-
rprefiion , la grâce de la nouveauté.
/ L^on ne fiiit aucune de ces routes
dansTOuvragc qui eft joint à laTra-
'duéfcion des Caraéterés , il t& tout
édifièrent des deux autres que je viens
vde toucher y moins fublime que le pre-
mier , & moins-dcHcat qpe le feconçî ;
il ne tend qu'à rendre l'homme rai-
: fonnable , mai? par de| voyes fîmples
{p) Le Duc de la ^che/pHomlt,
|t communes , & en l'examinant in«
dififeremment , fans beaucoup de me4
f^ode,& félon que les divers Chapi-*
très y conduiiènt par les âges , les
lèxes &: les conditions ^ 6c par les yi-»
ces 9 les foibles 5 & le ridicule qui y
iont attachez^
L'on s'eft plus appliqué aux vices
de Peipric ^ aux replis du cœur , &: à
(DUC rincerieur de l'hominc , que n'a
£m Theophrafte : & Ton peut dire
que comme. fès Caraâeres par mille.
chofcs extérieures qu'ils font remar-
quer dans l'Homme, par fes aûions,
les paroles & fes démarches , appren-
lient quel , eft fon fond , & font rc*
mooxer iufqugs à. la fource de fon dé«
regledQcnt; îput ay contraire les nou-
veau)( Caraâicr^ d^eployant d'abord
les penfcfes, les fentimens ôc les mou^
vemens des hommes, découvrent Ig
Î principe de leur malice & de leurs
oibleilës^ font que l'on prévoit aifé-
ment; tout ce qu'ili^ font capables de
djire ou de faire , ^ flu'on jaç s'çton-
iie plus de mille aÂions vicieufes ou
frivoles dont leur vie eft toute em-
plie.
Il fsmt avouer que fur le» titres (b
- - - B 3 " ces
ces dtvtx Ouvrages l'embttftias s^^
fxovtvé prefquc é^ai. Pour cgust qui;
partagent k dernier , s^ih ne plaifentf
point al&fc , Pôn jieriK^t cPôn fup-
plécr d'autre^ ^ Mâii à l^é^nd des ti--
ttîcs des CawÉteîts de T^heopluafte ,
la même liberté n^efl: paë accordée y
parce qu'on n'eft point maître dw
6icn d'àiïtrui: H a fallu fui vrc VtCprm
de l'Auteur ,it les tradtjîre félon lai
itm le plus pmche de la diébjon Grec-
que , & en même tems félotl la plu&^'
cxaéte conformité avec leu-rs Chapi-
tircs ; çequth'efl pa^'Une chofc facile ; .
parce que tou vêtit la fîgnificâtiond'ui>:.
terme Qrec, tt^âduit cn^François, moÉ
pour motvn'dl: plus h même dan^
l^tre Langue : par exefliplè , ironie
cû chez- nous ûneraillérie dans la <Don%
verfation , ou une figure de Rbetpri^
que;& chez Theophraflex'efl quel-
que chofe entre la fourberie ôr 1^?
difSmulation , qui n^ft pourtant nt
tun ni Paùtre , mais précifertieftt cô
qi^i eft décrit dans la ptfeÉjicr Cha-^.
f itre.
• Et d'ailleurs les 'Grecs ont quel-
quefois deux ou trois termes aflezdift
> gcaïf exprimer des, tj&ofts qui
ic (ont aufli , & que nous ne faurions
gueres rendre que par un feul mot :
cette pauvreté enu)araflè. En cfïèt
Ton remarque dana cet Ouvrage Grec
trois efpeces d'avarice , deux fortes
d'importuns , des flatteurs de deux
manières , & autant de grands par»
leurs 'y de foitp que les Caraâcres de
ces perfbnnes fèmblcnt rentrer lesuns^
dans les autres au defkvantage du ti-
tre: ils ne font pas au0i toujours fui*
vis &par&itemenc conformes , parce
que Theophrafte empoité , quelque-
fois par le deflèin qu*il a de faire des
portraits , fe trouve déterminé à ces
ebangemens par le cara&ere 8c les
mœurs du perfonnage qu'il peint , ou
dont il fait lafatyre.
Les définitions -qui font au com^
mencement de chaque Chapitre onc
eu leurs difficultés ; elles font courtes
& conci&s dans Theophrafte ^ félon
la force du Grec & le ftyle d'Arifto-
te qui lui en a fourni les premiei^
idées : on les a étendues dans la Tra-
duâion pour les rendre intelligible$r.'
M fc lit auffi dans ce Traité , des
Phrafts qui ne font pas achevées , &
£ui formant un fens imparfait , au-
5 t B 4 q^el
il Disc. stTït THÉtfts:
quel il à été facile de fnppléer le ve^ i.
ritaHe : il s'y trooive de différentes le-
çons , quelques endroits tout - à - fait
mterrompus, & qui pourvoient rece-
voir diverfè» applicatiorîs ; 8c poui*
ne point s*égarer dans ces doutes , on
a fui^i les meilleurs Interprètes.
Enfin comnie cet Ouvrage n'cfl
qu'une fîmple • inftruftion fur les
moeurs des hommes , & qu'il viffe
moins à les rendre fevaris qu'à les rcn»
dre iâges , l'on s'eft trouve exempt
de le charger de longues & curieu^$
Obiervations , ou de doé^es Comv
mentaires qui rendrffent un compte
cxaél: de Tantiquité. L'on s'eft coir-
urité de mettre de petites notes à côté
de certains endroits que Von a crâ
ies mériter , afin que nuls de ceux
qui ont de la juftefîè , de la vivacité ,
oc à qui il ne manque que d'avoir lu
beaucoup , ne fe rcpi'ochent pas mê-
me ce petit défaut , né puiffent être
iarrêtez dans la lefture des Caraétere» ^
^ douter un mandent du fens de
yiicopbrailc.
u ••
LE*^
s
LE S
CARACTERES
DE
THEOPHRASTE'
TRADUITS VU GREC
AVANT-PROPOS.
g^Ǥ 'Ai admW fouvent,, & |^
encoTB
lue ie-
,rieufe réflexion que je (siC^^
pourquoi toute la Grèce étant placée
tous un même Ciel , &. le» Grecs
nourris &c e'ievez de la (a) même
pDaniere , il fe trouve néanmoins &
peu
{a) Par rapport aux Barbares , donc les
mœurs éroienc uçs - dificrcntes de celles des
trccs.
^eu dercficinblâncedansJéuFs mœtràL
Pui$ donc , mon- cher Poliçles , qu a«
ïâge de quatr€-vingt-d!x-ne«f ans où:;
'p ïQC trouve , j'ai aflèz vécu pour/
connoUre les hommes ; que j'ai vu:-
4'ailleujr9: pendant Je courside ma viç.
toutes (brtes de pôifibmics-, & de di^^
vers temperamens-,.& que je me fuis^
toujours attaché à. étudier: les hom-^
mes v£rtueux^ comnie ceux qui n'é«u.
* toient connus que par leurs vices j f i )
il fembje que j'ai dû marquer (b) le&.
Caraâ:^res. des uns & des autres , Se
ôe me pas 'contenter, de peindre le&-
Grecs en gênerai ; mais, même de.:
toucher ce qui eft; perfoimcl , & cc^;:
que plulîeurs^ d^èntr'cux, paroiflènt.
Xofr. de plus faniilier, . pcfpere ,
t>n cher Policies^ que cet ouvrage?
lB»'a;Un{e à ceux qui viendront après..
vom y , il leur tracera des. modele^^
qu'ils^
• (tj tx TniiiûemSc fcroit exprîfné plus
Mfcemcrtti à iiwn aWs , s'il eût dit ifsi eru^j
Ae-wtir rMrfHerUyC4réi^gr$s desuns -^ des i^tf^
très, y (^ ne pas me cênt enter de "bons peindra
iis^Qrecs en. gêner til, mais Jouiher auffsee qui:;
p^ perfonnel ,^&c. T'WA«i8ov /« v ^yt^'^. Si.
(b) Theôphtâftc ayôît dcflèfn de traiter d^
ttticcs^ lifc. 2«ti«$ & de. roas les . vices».
•—
i>É THÊOPHtlASTâ. ^f
Hjp^ils pourront fuivre ; il leur.ap*
prendra à faire le difberaeincnt de
ceux avec qui ils doivent lier quelque
commerce , & dont l'émulation lc3
portera à imiter leur %efle & kun
vertus. Ainfî je vais entirer en ma*
tiere : c'eft à vous de pénétrer dans
mon fens , 6c d'examiner avec atten-
tion fî la vérité (e trouve dans me»
TOroles ; & fans faire une plus longue
Préface , je parlerai d'abord de la
Dijfimulmvn^, je définirai ce vice «je
dirai ce que c*eft qu'un homme difb*
mule , je. décrirai fes mœurs ; & je
traiterai enfuite des autres paffîons ^
foivant le projet que j'en ai fait.
CHAPITRE I
De la Dissimulation*
LA (â) diffimulation n'eft pas ai- C h a p. le
Ut à bien définir : fî l'on fe con-
sente d'en faire une fimple defcrip«
tion,
(m) L'Aatcur parle de celle qui ne vienc
£a de la prodcace » & que les Grecs appel*
^
0 XrBS CaRACTERBT^
Chap. I. don , Von peut dire que c'eft un cc^
tain art de cotnpofer les paroles & fes
aâioDs pour une mauvaife fin. Un
honmie dùltmulë fe cooiporte de cec«
te lùanierc ; il aborde fes cnftem«> i
kur parle fie kur-feit croire par cette
démarche qu'il ne les hait point r il
loik ouvertement & en leur prefencic
(i^ ceux i qui il dreûè de fècrete^
em»-
(t) Ci9Ut k qui it dnffe de feerties emhsi»
fhe$. } Lji Bruyère (tiit ici Cafmého» y V\mAt%
plus judicieux & des plus- favans Cominenca«-
tèursjdcs Cara(flcrc5 de Thcophraftc. Scion
*Duport , qni éroit Profrffiirr en Gvtc dans
yVmvetûié de Cambrige fous le Règne de
Charles I. & qui compoia fiir le loéinc Ouvrage
de longues & (ayantes DiUèrtacions que Mr..
Keedham a^ enfin communiquées au Public ea
tjii. il fcroit peut^-être mieux de traduire
ainfx : Le Uiffimulé Uuë owvertement ^en Uuï
fréftntê ceux dont 3 déchire la réputation ei>
leur abfcnce : C»ràm laudat prAfentês ép in
ês » qu(>$ cldm Ab/Bntts fuggUkm y inftâitttur , é^
reprehendit. Ce Savant croit que roppofîtioa^
«htre^ louer un honimè en fa prélence > fit Ib"
noircir en fon abfence , peut contribuer à auto->
lîfêr ce fènsJâ. Mais l'explication de Cafau-^
honmc paroîtjnéfcraWe , parer qu'elle dbrrrté
vne idée plus forte Uj^\\x% naturelle de i'im*
pofteur qui fait le fu/et de ce Chapitre. Pour
l!amitbe(e , on fait qtieleisi Ecrivains judicieux
oc la cherchent jamais j & que s*ils i*emf
ployent , ce, n'efl que lorfqu'elle (eprcfcnte ncil
tuieliçmeÂl^i^ f^der^ou afFojj^lir leur pcufécr
!JB TôbofhïIastsI ^J
embûches, & il s'afflige avec eux s'il <3»^^- *i
leur eft arrive quelque difgraoe : il
fembk pardonner les dîfcours ofièt^
fans que Pon lui tient r il recite froi-^
dément les plus horribles choies que
Ton aura dites contre /a r^putatioQ }
& il employé les paroles les plus flat»
teulès pour adoucir ceux qui fe plai«*
gncnt de lui , de qui (ont aigris par ka
injures qu'ils en ont reçues. S'il ar-
lÎYC que^quclqu'un l'aborde avec an^
preffcmcnt , il feint des al&ire^^ &
lui dit de revenir une autre fois :• il
cache ibigncufement tout ce qu'il
fait ; & à Pencciïdre parler , on croi*
roit toujours qu'il délibère ^ il ne par*
k point indifRremment ; il a (es rai-
fons pour dire tantôt qu'il ne fait que
revenir de la campagne , tantôt qu'i!
cft arrive à la ville fort tard , & quel-
quefois qu'il eft languiflànt , ou qu'il
a une mauvaifè fanté. Il dit à celui
qui lui emprunte de l'argent à intc-
ict , 01 qui fc prie de contribuer (b)
de â part à une fbmme que ks amis
çonfentent de lui prêter , qu'il ne vend
rien,
{h) Cette force de contribution étoit frc-
9ucntc à ÀtEeACS.p, S; gutorifée par les Loix» ^
3B7
afS- Ijes CAtcÂcTtmti
IPhAp. I. rien ^ qu'il ne s'eft jamais vft fî dinvît
d'argent ; pendant qu'il die aux au«
très que le cammerce va le mieux du
sionde , quotqu'en^ efiet il ne vende
tien. Souvent après avoir «coûté ce
que l'on lui a dtc, il veut faire croire
quSI n'y a pas eu la moindre atten«>
don : il feint de n'avoir pas apperçâ^^
fes chofes: où il vient de jetter le»
yeux , ou s'il eft (2) convenu d'un
fkit , de ne s^en plus fouvenir. Il tfa
pour ceux qui lui parlent d'afiàires ^
que cette feule réponfe , jy penfetdu
li fait de certaines chofes, il en i^no«
re d'autres : il eft fâifî d'àdmiracion :
d^âutres fois il aura penfcf comme vous
fur
' ( 1 ) S'il s'agit ici , comme le prétend Ca-
btibon , d^n accord « d-un pa Ae » que rinio
poftcar avoir fait a^eDctnent , il faudroic
traduire , é^ dprh avoir fait un accord 9 ilfcinfi
de M s'en plus fouvmin La Brujere n'auroic
peot " être pas mal fait de fuivce cette idée :
mais Ton explication » plus vagae & plus géné-
rale que celle de Cafaubon 9 échappera du
aoins â là critique de ceux qui croycnt qu*ici
le terme de Torieinal [ //uoAoyfiT ] (ignifie am-
plement ficonnqttre , «x;^»^ 1 car dire de Tlm^»
podeur dont parle Tfaeophrafle , qu'il eft con-
venu d^un Fait 9 c'eft dire qu'il en a reconnu la
vérité» qu'il a avoué qnt ce Fait étoit alors
t^l qu'on le loi repre(catoi(| - - - J
..«!
fer^vcnemcnt , & cela félon fcsr àiB- Ch^A^TK
.fcrens intérêts. Son Jai^gc le plus
ordinaire cft celui- d :./f »V# ach
mn y, je m- cmfnns pas^ge uU puiffe.
être ^ je. ne foi m j'en fuis ^ ottWen ^
a me femlli qneije ne fms.pMs mi^m&é
me i & oifuîtc , ce;nefi PAS dinfi .gaW
Tâe iU fait entendre, : i^Uà une cbofm
merpeillenfe , & ^ui page t^utei credn^
u : emeî^ceUl d'autres , d$is ^ je: veus-
<rme ? eu me ferfumlcTjiije qu% m'aiPi
dit U yefitil paroks doubles ÔCaFtk
ficicuiês , .dont il ftut.fe défier coou^
me de ce qu^l )^a âù iBondede plusç/
pernicieux. Ces «mmeres d'agir ne
partent point d'une ame iîmple St
-droite ^juais d^Quc mauvaife volante',
ou d'un homme qui veut nuire : le
laenîa des afpics cft moins à craindrç,
CHAPITRE LR
IDe la Fla^çterie*
LA. flatterie eft un commerce bon- Chaf, II^
teux qui n'eft utile qu'au flatteur.
Si ub flarceur^ic promène ayec quel*
qu'un
^ Les CArLACTttmk
qu'un daiiB la plate , RcmarcpâîS
TOUS , lui die- il , comme tout le mon^
de a \€È yeux fur -voi» > cela rfarrive
qu'à vous feul : hier il fut bien parle
de vous , & l'ojn ne tariflôit point fer
-vos louanges j noua nous trouvâme»
plus de trente perÉbnnes dans un en^
droit du (4) Portique ; & cdmfoe
par la fuite du difcoars Pon vint à
tomber fur celui qiit ron devoit cftî^
mer le plus homme de bien de la vil-
le, tous d'une commune voix vous
nommèrent , & il n'y. en eut pas un
ièul qui vous refusât fes fufFrages. il
lui dit mille chofcs de cette nacurs.
1\ aflfeéte d'appcrcevoir le moindre
duvet qui iè lera attaché à votre ha-
bit , de le prendre & de le fouffler Si
.terrCi : fî par hazard k vent a fàk vo-
ler quelques (b) petites pailles fur vo-
tre barfcfe , du fur vos cheveux -^ 9
prend foin de vous ks ôter ; & vous
ioûhant , il eft iherveilleu^ , dk-il ^
com^
(a) Edifice publié qui (kzyk depuis à Zenon
êc à fes difciples , de tendez » vous pour leuis
dilpaccsîils en furent appeliez Scotciens : «sar
Stoa y mot Grec , (îgnifîe Portique.
(b) Allufîon à la nuance <jue de peiif€^
failles fom d^s les chcveuxi
fombien vous êtes (i) blanchi de- Cbfap. 0)
pttis deux jours qtie je ne vous ai pa$
vu j
(i) Ce que le Flacteiir ^é ici , n'éft qa'unè
méchante plaifamerie»plja$ capable dépiquer
aae de divertir celui à qui elle efl adreuée,^
il c'étoit un Iiomme âge , comme fa cru Ci*
dkubon. Mais fi le Flatteur (>arle à un jeune
homme » comme ta Bruyese le fuppofe ,■ ce
^a*il lui dit , devient une efpece de com;pli<»
ment » |iès-in(îpide à la vérité « nsais qui ce-
penda!lt peut n^'étré pa^ défagreabre à celui qui
en cft Vobjfct ; c* comme il ne lui parle dd
iveux héatnes que par i^ltufion à Im wMnf9
ju€ éie petites pMiUts ont fait dam fes cheveust^
$'il ajoure iramédiarement après , Voila encofê
fHêr un hetnme dé votfe âge apt dé chev'eUxl
mdrs , c*eft p&tir lui dire » en continuant d«f
ptai(»ncer (ur k mérne ten y ^u*M ne I« reftë
plus de ciietcux blancs après cçux qu*il vien»
de lui ôtcr j & pouf foi k&tïiitï eiï iftéiifife'-"
tems qu'il eftplus éloigné d*avoir des chcveus
blancs qu'il ne l'étoit eifcdiveoient : âatterio
i|of ne déplaiioit pas à itn jtune bomme qui
croit fur k poins de ne Terre plus* Voilà » je
penfe , ce' qui a fait dite à la Ertiyere dan»
niïc petite Note , que k Flatteur de Theo^
fhtsiiic parle ici à un) eune homme* Du refte^
fi )'ai mal pris fa penfée , il me (emble qu'une
telle méprife eft au/C pardonnable que celle de*
la Bruyère « û tant cfl que Itri- ménK ne (bit
pas entré exademeae dans la penfée du Flat-
teur de Theophrafte » lequel f aifant métier de
dlircàtout moment & à tout propos quelque
chofc d*agrcable à ceux dont il veut gagnée
ks bornes euccs > doit ks régales fort iot^v^nc
i^* Les Car acte ttâr-
À^p. II. vu ; & il ajoute , voilà encore pottft
un honmié de votre âgp (^) aflèz de
cheveux noirs. ^ celui qu'il veut
flatter prend k parole , il impofè fî-
tencc à tous ceux qui fètrouvent pre^
fens , & il les force d'approuver aveu-*»
glémefti: tout ce qu-il avance ; 6c dès
qu'il a ccffé de parler , il fc récric ,
Cela eft dit le mieusrdu monde, rien^
n'eft plus hèureufement rencontra.
D'autres fois s^il lui arrive de faire à*
quelqu'un une raiHerie froide , il ne
manque pas de lui applaudir , d*en-*
vctr dans cette mativaife plàifànterie ^'
& quoiqu'il n'at nulle envie de rire^
if porte k fa bouche l'un' des bouts dfe
fen manteau , comme s'il ne pouvoifr
de compliffiem faiés 8t îrrtpcrtînçns qdî exa-
minez à* la rigueur ne figftifîent rien. Ceft
là , fi Je ne mt trompe , Tidce que Thcoi
phrafte a« voulu nous enick>nTier , I6r(qu^il fupw
pofe qu*à J'occafion de qaeiques paUIesquele
vent a fait voler iht les cheveu» de fon amî f
il lui dit. en fbiUiant ; i/ eft mtrveiUeHKCûm^
^imvoméfes Iflanchè depuis dutxfours qH9 jt^
ne vous Mi pas vâi, Car comment expliqueif
ce foMtê,^ h penfcé extravagante qui Tao
i»mpagne?N'cft-iI pas vifibte que qui vou«
«Jtojit trouver du fens à tout cela > fe readl»i^
srèsTridicuIc lui-^mémc?
if^) lifArle à i»n jeune bomo^
£ contenir , & qu'il voulÂc s'empé- Chak 11$.
cher dfêckcer ^ & s'il l^ccompagne
lorfqu'il marche par la ville , il dit à
lœox qu'il rencomt^ dân%rCùn cHe-
toin , de s'arrêter jofqtt'à* oe qu'il fôit
^paSé. li acheté des firuit^ ^ It les-
porte chez un dtôyeâ , il les- donne .
à (es enfàns en fi prefoiêe ^ ilks bâir
£b ^ il les careflè ,. voilà , dir^il , de
jolis enfan« Se dignie* d'un tel pcre :
^'A Çort^t fi maifoti^, il le ftiit :'s*n
Mire d'ans a^ebouwque pour fflaycr
des fbâtierâ ^ ikhii dit , vorrc '^ied eft
mieux fait que cela : il ] 'actoiupagne
cnfuité chez iès amis , ou plutôt il
entre le premier dans leur maifbn^Sc:.
Itor dît'^ rnir rel me Itsit , 6c vient
^w$ ttpîàu vnffce ; 6^ rétouèiàint fur
PaH fe fai$: Un grUifid hèHneup dt vous
tecefoir. Le filatieur fè met à tout
fins héfiter ,'& l»âfe des diofesles
pHis vîtes ) £c CHL) V w conviennent qu^,
des femmes. Si'il^'efl: invita à ^fouf^r { .
i) eft le premier des ^conviez â louer le
vin : adis à talble le plus proche de
celui qoin fiût le repas^ , il lâi répété
iiMivent: Eti vérité vôus^feites une
cbere dcUcate ; ^ montrant; aux au*^
•'*. - - .V tFC9,
6hj», II. très Vtm des mets qu'il fôuleve <2d
pkt , cela s'appeHe , difr-il ^ un moir*
ceau friand : il a foin de luir demander
s'il a froid , s'it ne voudroit point vtM
ftuçrc robe , 8c il s'ctepfeffe de te
mieui: couvfir : il lui.pàrle i^ns éiçflà
à Poreille^ & fi quelqu'un delaGc^Ei»
pa^ liç Wqrerroge , il lui repond ne»
gligemment & fans k regarder ^
n'ayant des yeux que pour un feûj.
Une faut pas croire qu'au théâtre il
oublie d'arracher des carreaux *de$
mains du valet qtit les diftribuë, po^f
ks porter à fa place , & l'y faire à4
fcoir plus mollement. }'ai d )' dirç
?ni& qu'ayant qu'il forte ce fk nïaiftrR i
il eir> loîîë ] arçtiiteâûrç y fe recr i^iiUl
toutes choies, dit :que les, jardins; fonl
bien plante;^ j §c s'il apperçoit ^ud"-
que partie portrait du m^trc ^oùil
fof I extrêmement flatté , A eft ton*
chéde voir comben i\ l^irçfètoWfti
^ il l'adruire comme ttit chcfrd'qeor
yre. Ein iin mt^H.lt à^KKiW m 4ii
rien 8c m fait riert;au;ha2ard- mai$
il rapporte toutes! fes paroles & tou-
les (es adiîôns au deflêin qu^il a d$
plaire à quelqu'un ,&' d?àcqu€jr*r fès
A P I T RE m
J
pir du iifpur de rign, -
LA fôtte envie de di&ourir vient Gwkt^
d\me h^ttude qu'on a contrac-^ ^ I li
tée de parler* beaucoup « 2c iâns ref]e«
jdon. Un bomme qui veut parler fè
trouvant a{Ss proche d'une peribnnè
qu'il n*«^ jamais vue, Ôc qu'il ne con*»»
Doit point, entre d'abord en matière;;
rentraient: de fà femme :, & lui f.iit
ion élQge , lui cpme Ton £>nge , lui
fait un long décail^d'un xepas où il
^eft trouve , fans oublier le moindre
mets ni un feul ferviçe -, il s'échauffe
enfuite dans la converfâtion , declamç
contre le tems prefcnt , & foutient
*-que les hommes qui vivent prefentc-
jgaent , ne valeijt point Ije^rf pères":
4e )à il fe jette fur ce qjui fe débite ap
marché , fur la cherté du bled , fur
le grand nombre d'étrangers qui font
fbgs la yiUe : il .4i^t (jjrkw Pi'iofçms
/-
Ç H A p. où commencent les Bacchanales Çtt^ l
^^^ la mer devient navigable , qu'un pecc
de pluye feroit utile aux biens de la
rtei:rc , &( fefoic efberer liné boiine re«
.coite ; qu'il cultivera Ton champ l'an-
jnée prochaine 9 8c qu'il Ue mettra ea
^valeur ; que le fîecle ed; dur, & qu'on
^ bien de là peine à vivre. Il apprend
à cet inconnu que c'eft Damippcqui a
r ' ^t brûler la plus belle torche devant
- • Mutd de Cerjàs (i) à la fête des
Myfteres^ il lui demanda combien jdo
colomnes foutiennent le théâtre àsr la
Ibiufîque.qaelefllequantiemedu moisii
il lui dit qatil a eu la vetUe une indi*
^eftion: & fi cet hommeàqui il par*
le a la patience de Pecouter ,-il ne par*
jira pas d'aupcès de liri; il lui annoiw
ceraxomme 4ine choie nouvelle , que
les {c) Myfleres ie célèbrent dans le
anois d'Âoik , les Afatu$'us {d) z%
mois
y
(«^ Prcmicces B9cchanalc^>qui re.<elebroJcitf
.danslaviUe.
{b} Les Myftcrcs de Cercs fe ccIcbroienC
la nuit > & il y avoir une émulation entre les
^cheniensà ^oi y appottcroic. use plus giaar
4e porche. *
le) Fctc de Ccrésr Voyçz ci - dcffus-
\J^ £a français la Ii49 du imnfirUSi è#e
*«• << le
jnoîs d'Oâobre ; ôc à la Campagne Çmaj^
4ans le mois de Décembre \t^ Bac- ^^-^
.chanales Ç,t). Il n'y a avec de «fi
grands cauicurs qu'un parti à prea-
ilrc , qui cft de fijïr , iî l'on ycut da
moins .éviter la fièvre '\ Car qud
moyen de pouvoir tenir contre dâ$
:gens qui ne iàvcnt pas di (cerner vi
votre loi^r , .ni le xems de v^ i|f-
^ires.
fe faifott en Tlionncur de Bacchas. $on origine
j)e Ëiît rien aux moeurs dexc Chapitre.
(#) Secondes Bacchantes qui re.celebtôic«^
en hjFer à la Campagne.
C H A P I T R JE IV^
Pe la RjijstixsiteV -
IL iêmble que la rufticité n'eft aii- Chap^
tre chofe qu'une ignorance groffic- ^ ^^
je des bîenfcances. L'on voit en ef-
fet des geqs Tujliques & fôns refle-
xion , fortir un jowf de .médecine ,
4^) .& fe jtrouvcr en cet et^t dans un
lieu
(a) Le texte Grec iionime une certaine
drogue qui rendoit Thalçine £ort mauvaife'lç
joui^u!oftra¥oicpri£b» . ..«
48 l'Es Caractikee^s .
Chap. lieu public perçai le monde ; ne psi
l V. faire la diflFerence de J'cxjeui forte du
thim ou de h marjolaine , d'avec Iqs
parfums les plus d^Iicieqx i êtr/c
(chauflcz large Çc groffierement ; par-
ler haut , & xie pouvoir fe riduir^ à
. tin ton de voix modéré ; rie iè p^
iier à leurs aixris fur Iss moindres af-
Étires , pendant qu'ils s'en entretiei^-
nent avec leurs domcftiques, jufquçs
à rciadrf compte à leurs, moindres va-
lets, de ce qui aura été dit dans une
aflèmbiec publique. On les voit aflîs,
leur robe relevée jufqu'aux genoux &
fl'^ne manière it^décence, 11 ne leqr
arrive pas en toute leur vie de rien ad-
fnirer; ni de paroitre furpris de$ cho-
ies les plus extraordinaires , que l'pi)
rencontre fur ks cheinins' ;^ mais û
c'efl: un bœuf , un âne , . ou ijn
yieux bouc , alors ils s^rrêtent &C
ne fe lalîent point de les contcm-
>ler. Si quelquefoijs lis entrent dans
leur cuifîne , ils mangent aviide^
ment tout ce qu'ils y trouvent , boî-
■yent tout d'une haleine une grande
taffe de vin pur ; ils fe cachent pour
xela de leur fervante , avec qui d'ail-
Içwrs ils vont ^u mwlip ; & cn-
trciif
Je
i>js Theophrasts. 49
tcent (i) dam les plus petits détails Chay«
du domeftique. Ik interrompcqit içuT; ^*
^feuper , & fe lèvent pour donner une
poignée d'herbes aux bêtes (b) de
charrues <}u'ils ont dans Icurs^'tables:
Jheurte-t-on à leur porte pendant
qu'ils dînent ^ ils lônt attentià & eu*
rieux« Vous remarquez toujours
proche de leur table un gros chien
de cour qu'ils appellent à eux , quiis
empoignent par la gueule, en difant ^
voilà celui qui ^rde la place , qui
prend foin de la maifbn &c de ceux
qui ibot dedans. Ces gens épineux, dans
les payêmens qu'on leur fait , rebutent
4in grand nombre dé pièces qu'ils
croyent kgeres , ou qui ue brilknt
pas aflèz à leurs yeux , & qu'on eft
obligé de leur changer. Ils fpnt oc-
cupez pendant la nuit d'une charrue , ^
d'aio iac , d'uiic fàulx , d'unie cor-
beille, & ils révent à qui tls ont prê«
té ces uftenciles. £t lors qu*ils mar-
chent par la ville , Combien vaut ,
deman-
{j) Dans ^ec en^roîc rOrlsinal ciï defec-
tiicosp» Ce que Cafaubon a toppléé fait an
fens jon peu difrej-ent de celui que voue
Toycz ici.
(k) Des boeufs.
f^ îuks Caracteubç '
^y^^ dent-ihau^x premiers qu^Hs rentotvî
titac , lé poiflbtt hU ? Les fourrures ftf
Vcmfcnt-clfcs bien ? N*eft-ce pas au-^
jourd'bui que les jeux (c) tvbus rame-i
Acnc une nouvclk Lune î D'autres
ft>is ne fcaehant que dire , ifs vous ap^
prennent qû^s vont fe faire rafer , SC
4|U'il5 nefortent que pour ctïa. Ccfene
Ces mêmes perfbnnes que l'on entend
chanter dans k bain, qui mettent des
clous à leurs ibuliers , & qui fis trou^
Vartt tout porirez devant h boutique
éPArchiâs (rf) , achètent eux -mémei
dfes viandes falées , & les rapportent
à Jaf maitt en pleine rue.
{c) Cela-ed dît runi<)ucmere>mi autre «Ji^
ijf^'it cfic la noarelle Lyneramene Je» jeux : Se
d ai] leurs c^dk- coiamc Ci le. jour de i?âquef
^ quelqu'un difoîc > n'cft-çc pas aujourd'hui PîU
* qtrcif • ' • ^
-' (j^ Foméox Marchand de chairs iaito ^
Dâuiriciire. ordinaire du peuple.
CHÂ^
I3IBJ TiroaFifilÀsvY* jn»
t r
CHAPltREV.
T)v GoM,PI^AISANT (4).
POuK faire une dciînidon un peu ch ap*
exade. de cette affeâation que V.
quelques-uns ont cie plaire à tout le
monde y il fiut dire que c'eft une
pianiere. de :vivrç ,/ où Tou cherijjc
beaucoup mojujs ce qui eft ycrtueuiç
8c honnête V que 05 , qui ,d|: agréable.
Ccluî q,ui 9 cetre paflîoxi , d'auffi
loin qu'il apperçoit un homme dans
la place, le faluë c^i s'écriant ^ voil^
cc'qa*ohappçllc urTJîopnîe d^e^en^
l'aborde » racfi^îre ^iiir le^ ^iBoiri^re?
chofes , le reriçnji'aYi^c fes deux i»ain$
de peur qu'il nelufiçchapei & apr^
avoir fàitfquelques pas avec lui, il lui
/demande ^vcc emprcflemeht quel jôùt*
on pourrt^ \ç -voir.^, & çuîfia ne s?en
fepare qu'en lui donnant aiille clogct*
Si quelqu'un le oboifît pour arbitre
'dsins un procès, il ne doit pas attend
//$) Où et rcnîîc de plaîrc .1
i
jf% L«s CAftAeTsAnt!
*^^'' drc de lui qu'il lui foit plus ËivoraUe
qu'à fon adveriaire : comme il veut
plaire à tous deux , il les ménagem
également. Cdk dans cette vue qm
pour fe concilier tous les tftraqgers qui
font dans la ville, il leur dit qudque<r
fois qu'il leur trouve plus de raiiôn Sc
dVquité 9 que dans fes concitoyetis.
S11 eft pri^ d'un .repas , il demande
en entrant à celui qui l'a convié où
font fes enfkns ; & dèr qu'ils paroii^
lent, il fe récrié fuir li réffemblancc
2u'ils ont avec leur père, & que deux
gués ne le rèflèniblent'pa^ mieux : il
les fait approcher de lui , îl les baifc , 6c
les ayant fair ajQeoir à les deux côtes , fi
badine avec eux : A qpi eft /dit-il , la
petite bouteille f à qui çft la jolie coi,
;née (i)t II l^s pfcnd eôfuite fur
iui,& les larfle dormir fur ton efto-
mac, quoi qu^il en foit incommodé,
^i) Celui ehfin qui veut plaire fe feit
^ (h) Petits jocietsf que* les Grcés pcadoi'cat
AU con de U\u& ehfâiiSk -'^'l -
: , • (i) dCafiboii croie «yue le refijc de jcc Cht^
pitre <iep|]uis ces màr$,9 cflmmfin^Hi'veMtfléd^
te y &c« appartient a un Caraûere tlifFcrenc de
Hccwi par où Thcophraftc a commencé 1»
dhapj'trc» ôc que tous IcjS tiraits^e/ce derpicr
Cataâere ont féc^ tranipctftczici pu la méprît
DIT T K£OT H i^ Asrà'. fi
râffer fou vent , a ira fort grand Coin de Cm^tl
fk% dents y diange tous les jours d'ha« ^*
bits
fe de quelque Çôpific. Cen'cftdânile fond
qa'uae cottjeAure > (ux laquelle ce favanc hoiiH
me ne tcuc pas compter ab(oIuinent • (JUcIque
y»ircmblable qa^I k ttouvc d'abord. Elle a
paru fi peu certaine à La Bn^ere , qa'il n'a
fês ju^e à propos d'en parler. Ce fîlenqe
pour r oie bien déplaire à quelques Critiques :
mais je ne vois pas qu*bn ait au^un droit de
s^èn plaindre y fortout «prés ce que La Bruj^
re a déclaré & pofitivemenr dans fa Préface
fiir les Caïaâeres de Theoplxrafte , que comme
€éi ÙuvrMgt n'efi qu^uns fimpU infirHêfionJué
les moeurs des hommes j^ (^ qu'il vi/e moins à U$
tendre Jmvmus qu*à les rendre fuges , il féteii
.frosevé exemft de le charger de longues fj^etH
rieufes objtfvktiênsou dedo^es ÇammentMreu
tJn Angfois *,^ui depuis quelques années à
mis au jour en fa: Langue une Traduébon foirt
/âiBgance desiCaraderes diclltt'dplii'afte^ a &&at
£oacé ce raifbnnement qu'il va jufqu'à defa-
prouver le peu depeutcs Notes que La Bruyère
a faites pout expliquer certains endroits cle ÛL
Traduâ on qui pouvoient faire de la peine i
quelques-uns de (es Ledeurs 3 de (btte que
pour n'ûîtc pas réduit lui*m6ne à publier de
pareils ccfairciikibens , it a pris le partr de
.donner à (à Traduâion un air très- moderne*
Xe moyen de contenter les Qiriques ! fK>ur
l'ordinaire d'un goût tout oppofé > commçles
trois convives c'Horace.
Tofiefé^
*£mfta€i Buditïî , Ecujor , proche pcieat du
ti\e^e\Hx. ÂJldi{m.
^H^A«. [jijj^c les quitte prclquc tout neù&î
il neiartjpoinc en puÛic qu'il dç foit
. 'fttrfumé. On ne le voit guercs dans
•les fâlies p^Iôqaes'qu'auprèS'éesYd)
'comptoirs des Banquiers^; & dans tes
icoles^ qu'aux endroits feulement ou
akxcvccm, ks jeanea gens ( 1/ ) j & au
théâtre les jours <Jc (pcéfcaclc , qœ
'dans les meilleures places & tout pro-
che des Prêteurs. Ces gens eocoise
«'achètent jamais riei^ pour eux , mais
'ils envoyent i Byzànce toute forte lâe
iijoux précieux , des chienç de Spai'fc
à Cynique ^ & à Rhodes l'exceiles^
«ici da Mont Hymette; €c îlsprctl-
iient foin que toutclà ville Toit in/foi^
joée qu'ils font ces empkttes. X^ur
mmConeà toupouors ^remplie 4e mdic
t1b6-
Fofeenres varie tnuhhm diverfn faUto , ^
¥c que Tan rejette , Tautrc Je demaiide , 8c
«e qui plai( aux uns , paroit déteftàble aux
autres. , *
^ii dem ; gitf/W nondem t Renuii fuâd tié^
iuhit Miter.
Sluodpetis » id/an} êfiinvifum aciduwqtà
duohmm
(c) Cetoîc fcndroît où ValTembloiem les
^us Lonnétes gens de la ville.
, (d) Pour être connus d*eux » Se en être
regardez aiofi ^e de tous ceux qui Vf not^
voient» \
chofès curieufès qui font plaifir k ^*^y*
voir, ou que Ton peut doniacr /codv
ine des Singes & des ( ^ ) Satyres qu'ils
fàveot i^oucrir , des pigcpn^ (le<$icile ,
des dez qu'ils font faire d^os* de chèvre,
des phioles pour des par&i.ms ^ 4^
"eûmes torfes que l*on fait a Sparte ,
& des tapis de Perfe à perfçnnag^s.
"lis oBt chez eux jufques. à pn jeu de ^ . .
pairt«ic,& une arenc propre à,s?c- \' /
metctr i la lutte ; 8c ^Hls fe promç-
nent'par la vîllc , &qu'ils rcncontrcHt ^
-ta leur chemin des Philpfophe? , des
. SophîA» ( /) , dçs E4crrmc ws pu des
-Mufidens , ils lejir efifrent. leur tnaî-
•To» poàr ^y exercer dhacmi dans Jon
^«T inâiffereD^mcQt : ils fc trotrve^t
pr^ns \ ces exercices , JBc fe linëlant
«vec ceux qui viennent là peur re-
garder: Aq.icroveî^-vous qu*appar-
' tienne une fi l?elle tnaifon & cette
' arène »fi connnode ? Vous voyez , «joû-
tent-îls , en leur montrant queîgde
homme puiflànt de la viHc ,celui qui en
cft le maître , & qui en peut difpofer.
CïiA-
(e) Vnc cfpccc de Singes,
IQ Une forte de Philofophes vams Se m^
•tereflcz. _
C4
y$ Les Cakacteres
CHAPITRE VL
». •
J)i l4^lMAGE D'UKCoQ.VINf
• t
UN Coquin eft celui à qui to
choies ks plus honteufès ne
^ '' ^ coOtÇQt rien à dire , ou à faire j qui
jure volontiers , 8c ùàt des ftrmeos
* en Jufticé autant que Ton lui en de»
mande , qui eft perdu de reputatioit:;
.^ue l'on outrage impunément , qui
. eft un chicaneur de profeffion , up
câronté , Se qui £è mêle de toutes^
.fortes d'af&ires. Un homme de ce
^ caraâere entre (n) fans imfqye dan»
, une danfè comique , &; même fans
. être y vre , mais de* iàng froid il k
^diftingue dans la danfè (h) laf>liis
. obfcene par les poftures Jes plus iode-
centes : c'efl lui qui dans ces lieux
oà
(il) Sur le thcâtrp av<^c des farcears,
. \h) Cette danfe la pîus jêceglée de toutes 9
«Vppelle en Grec Cordax ^ parce que Ton s'/
fervoit d'anc cocdc pour faire des poftures*
Pon voit des pïeftigcs (e) s'in- ^^**
gcrc de recueillir l'argent de cbacaç '
des fpeâateiirs , & qei fait quereK-
fe à ceux qui tftânt entrez par billets
croyent ne die voir rien payer. Il eft
d'^leui^ dt tous métiers ^ tantôt ii
tient une taverne , tantôt it eft fup-
pot de qnelque fieti infeme, une au«
fre fois p«tifàn : il n^y û poiiitdaiir-
• le comfEierce où il ne foit capable
ë^cmrer. Vous le ventz aujourd'hui»
•Crieur puWfc , demain Cuifinier oir
Brelandier , tout lui eft propre. S'il
a une merÊf , il la laifle mourir de
tsàm < il eft ftijet au larcin , & à Ib
• voir ittâticr pa^ h viile dans ime pri-
fen fa deitkwe ordinaire , & oiï iï
'fsiOk une partie dû ft vie. Ce fotft
«s fortes de gens^qtie Ton voit fe faî^
K entouitr dir peuple, appellcr ceux«
qui paflënt , 6c (e plaindre à eux avec
«ne voix forte 2c enroiiée , infnlticr
ceux qui'ks contredirent : les uns fen*
dent la pitflè pour les voir, pendant
que les autres contens de les avoir
vus fe dégagent 66 poufuivent leur
clic-
*
(^) CiMi(ès<feit cxtraosdÎQaûes» telles qu*oQ
in foit dans nos foires.
.CofjiY. xhefnîn ftas .you^<iir4e« écautcfg^
^ '* ifnais CCS ef&ontcz ; coiuinueot de ^pai^
icr 9 'Jis (dirent à celui-ci le comn^eQ-
^emencd'uii fait: j ^qu^ique .moc ^ (^
-fiutre , là .peine pc^tnoo riFêr d?euK ifk
mpmistç ;paifcîe 4ç çc 4oj^ A is'ngit .^
ÀtTû^S renfni}quereK*<}uHls çJaoil^âênc
^pouroela^des jours d'aflëmblée publi-
•^ue , où 'il y a un ^ra»d *cûncouBS
<4e .oaonde , ^ui rfe fiyouvie k témoin
ide kur jnlbknii^. .Teuj^ui:^ accft*
fbkz de procès que Pon' nitente con-
Itije eux , ou qu'ik ont ^otenqez i
^'autres, ideiseupc doiH ils ie^olivreac
$ar de &UX fermons , comme de x^miic
^uî ks QJbligelu: ^de ç^mparokre ., ils
np'tiubUent j^ma^ dç porter kur boo-
iio>(d) diws kur/ein , & ;Ui)e liaâè
jâc p^piefsrc^reileui'^ crains.: -vous 1^
"^oyct doamcr parmi dé vils Prati-
:ciens à qui ils prêtent. à ufure , reti-
rant chaque jour uoe obole & demie
ik chaque dx^gnxe (e) , fréquenter
^ks jèàv^xacs/i fiarc^urir Ic^ Ikux ou
: . l'on
(U) Une petite boëte de cuivre (on legeix
ou ks Plaideurs meccoient leurs titres & lès
pièces de leur procès*
(0) 'Uneobokctottiailxiémcpaiicied^une
dragme. : . j . . .-*
Von débite le poiÛbn £rés ou J^lé^Sc -^y |^
4Qos{umer aii^ (i) en bonne cJ^ ' '
tout
Jbon , ^ Pup©rt pw donné à ce Pi^ij^c. 5c-
lonccs dcDxlàvàns Commçntatéyrs , Vlmpa-
dcm qnc Thtophrâflc notis caraftcrifc ici , ^
chaque joar recueillant fà & là. j'irH;etéc {bt«
didedc cccju'il prête à de vils Praticiens jft
pour ne pas pérdce do ^témps à iêrrer cet ar»
gent dans une boncfe^ il le met dans fa-* bob-
che: Cafauboff proqvc fost clairement ^tfà
Amenés les petits Marchands en détail ayoieiK
accofitunié de âettre dansJa boudieies p«ti»
tes pièces de mtmnoyc qu'ils recevolent $a
Marché, Se furtouc quand ilsétoièiit enrouridz
d'acheteurs. C'efi , dit- il ,Jur CBttê eoètumê,
ùuênnêtë Mmx-prnatirsJMtêrfretes.4ie Thtofhff'
tê t qu*€fi fêndée lUxpUêMùwdece V^ffage y^e
laquelle il s'applaudit ertréfflensent coinmc
d'une découverte qui avoir échappé à tous hs
Interprètes avant Jmi. La Brupce' a vu todt
cela , mais ne l'ayant pas trouvé &> propre Ik
déterminer le fens de ce Paffage , il fait dire à
Yhcophraftc « que foh Impudent retire chi-
que jour une obole & demie de chaque dr<ig.
me qu'il a pcétér à d^ viIs<PraticieDs ; 6t^que
parcourant enfuite les tavernes & les lieux où
l'on débite le poiilbn frais ou £ilé^ il con&me
en bonne chère tout le profit qû^ retire de
cette efpece de trafic. La Bruyère a cru fans
doute qu'il n'étoit pas -naturel , .que Th^- ,
phrafte intr.oduifent. d'abord cet Impudent y i
recueille chaque jour k (ordidé intérêt qu'il
-exige df fcs créanciers, & luifaifant immédia-
tement aptes y parcourir les ravcH>^s Jg les
C € iiwux
VI.'* ^^^ ^^ profit qu'ils tirent de cette cf*
pecc de trafic. Eh uti mot, ils (brit
tjaérelleu)^ ôc difficiles , ont ans cefl^
*ki boache ouverte à ta calomnie* ont
une voix étourdîflante^, & <|uils font
jDetentjr dans les. marchez, ôc dan$ le;s>
boutiques..
lieax otrrott iébitt le poîilbn frais on fM,
il s'aviiar après cela de parler encore des, chc.
ci& intérêts (|ae cet InipQdeartccaeill'oitcfaa.
que )QUc 9 ponr avoir occafion de dire q^il
sncttoit acr argent dans & ixMitht k- mtimc
2i\'il le recevoir.. Mais qnr La Bruyère (è
»it trompé ^a non , l'on voit toujours par
.]à » que bien ëk>igné de Aiivre aveuglémeac
ksTradiiéleurs Se les Commentateurs deTheo-
'phra/le , il a examiné l'Original avec Coj^^
.qu'il a cmiûderé^ & pefé la forcfe 3c la liaifcm
des paroles de (on Auteur , afin d'en pénétrer
Je Tens » & de i'ea^primer diftinâcmeiit en
François».
CHAPITRE V l R
Du GRAND Parieur (4).
j. j^ ^ ^ /^^ E que quel ques-uns appellent bs*
Vit* V^ bil , cfi proprement une intem-
pérance
Çs) Ou. da MiL
Mrance de langue qut ne permet pas ^"/'*
a un homt&c de k tam. Vous ne ^ •
contez pas la chofe comme die edr ,
dira quelqu'un de ces grand parleufi
à quiconque vcm l'ennttenfr de queti
que af&ifc que ce Çok ; j'ai t»utt (%^
Se fi vous vous donnez la patience de
m'ccoïKcr^je vous apprendrai tout :
• 2c fi cet autre continue de parler ,
TOUS avez dëja ^ dit cela , (bngez ,
pourfuk'>îl , à ne rien oublier ; feit
hien-y cela efl ainfi , car vous m'avez
heureuiemene lemis dans le &ir;
voyez ce que c'eft que de s'entendre
ks uns les au tïcs >* 8c enfuite , mais'
Iquç veux-je dire > ah j'oubliois une
cbofè ! oui c'cft cela même , ôc îe
vouIoi$ voirfi v<ni* tomberiez hrfte
dans tout ce que j'en, ai appris. C'èfl:
par de telles ou. femblables i^iterrup*
lions qu'itne donne pas le loifir à ce-
lui qui lui parle , de rcfpirer. Et
fi)rs qu^il a comme aflàOîne de ion ^4^-
. m chacun de ceuXtqjoi ont voulu lier
avec lui quelque* entrenen* , il va Ce
jcttcr dans un cercle de perfonnes
graves qui traitent enfemble de cho*
fcs iêdeufes & les met en fuise. De
C7 14
iC^ A r. Jà il entre (b) dans k8 Ëcdlegi p«i^
«VIA. 4jues &: daas ks lieux àcseKrçkcSi^
où il àtnuiè ks majtre^ par d.e ^mîfis
.dilcours , êc empêche Ja îeuneflè <lc
,profiter<ie kucs jeçoi>s«.S'il echap*
pe^à quelgu'ua de ^rts ^ is'en vjais»,
ioclùi-ci Te met ,à j^ fu^vfe , <& ^1 fie
l'abandQnpe poinjt-qa'il ne r^c ternis
jufques dans fa maÙbn. Si par h^^
il a a.ppris ce -qui .aura ocç dit <daips
4)ne iiOêmblee de vilk;, ^rcourt ti^iis
Je znêtne t^ipps le div^^Igucr. }l s'écecii
merveillcufiemeot fur la fam^fe (i)
bataiUe
(i) 'Cétx)ît un crime pûîiî Je mort a Athè-
nes* parane Loiuie Solon , à laquelle on avok
.vn pçu dérogé au ccms de Xhcopbraftc*
, (r) Tout ce ^u€ >La BcuTcre écalc api;^
Cauqbon.pour prouver , ^uep^r cette baeafl-
le il faut entendre U famcufe Bataille d'Arbcl-
^cs ) (juoî quVlle fut aFrivée on an avait
qu'Ariftophonoôtété Gouvernear d'Arbenef ,
vii*cft pas fort convaincant : car enfin The})-
pbrafte aflure po/itivcmcnt nue la Bataille (^r
' laquelle fon "BtihiHardt^mQ b fort à s^^tendre,
: le. donna foos le gonvecnemem d'AriftopÀon»
la Bruyère auroit yipc^t^èxx^ nQieux fait de
.s*en tenir à ce que dit * J^^u Tâftmer^
àt
ITheophxafti de E^hîcîs Chara^eribui iibcum* pag.
Vtaille < ^ï) qv4 "s'eft donocc fous Je C-hîi^.
-gouvernetncnc de POraj^ei^r AriiW* ^'^
,4^ Prentemgfffil^ , (jiril s'agk ici de la JBâUil*
le ^uî (e àbnnîi'ciure ceux ijc' LâccJcmone
rous la conduire in .Roi Agis, iSc les Màcè-
•^i^Iens iCouijnâiiiiez4>ar A(it})>atK ^ JoqBdte
aisWa )uftcmciic^âi>sie tem^fjurAriflaphctfi
étoic Archonte d'AibeiKS , comme Je ccmoi*
gneDiodote de Sicile ,.£it;. 17 & Pluurquc
dans la Vie dt Vewefikenè» Cécoit un fujèc
fbtc ptopce à exercer I| langue An flabiUaBki
caïa^iiCc jpgr Thcophrafle-, ccicc Bauiitc
ajanc éréfi mnelle aux Grecs', qu'on peut diie
que lenr Liberté expira aTcc'ÂgiS}& les cinq
mille mis cens cinquante Lacèdemoniens qtit
y pcrdrrent la?ie. Du rcfte pour Je d^^ilje
cette Bataille • Grcnrerhefml nous icnvoye
â Quinte - Curce y Liv. V I. Le renvoi cTl
-txès-piftc : mais ià Tëgard du temps auquel elle
fc donna ^ fi l'on sïn cdppoetoit aolC â esc
Hiftorien , ce^ne (auroit éne^elle Jbiu paUe
ici Theophrafte :,carrcIon Qiuore-Curcc, ja
Guerre quiVétoft allumée entre ceux de Lace*
dcmone & les Kfacèdoniens , fut terminée par
cette Bataille atant que Darius eût 6j6 détait
à la Bataille d'Atbelles , c*çft - à - dire un ou
deux ans avant qvi'AriRophon fût ^Archonte
d'Athènes, hit fuit wxittts heliiy dit-il > fu^
refêitû êrmm ; friks tumên fiaitum eft% quM»
J>Mrmm AUxéinderspud ArUlla Ju^ntet. ,
(c) Ceft-a-dire iur la bataille d'Arbellès
& la viftoire d'Alexandre , fuiviesde Ja itiôrt
de Darius , dont les nouvelles vinrent à Athe*
.ses, lors.qu'ATiAophon célèbre Orateur écoit
jveaiier Magiftr^t.
vu'* P^^" • cotntne fur le combat (^
célèbre que eeux de Lacedemonfe
ont livré aux Athéniens fous kr con-
duite de Cyfândre :* M raèbnte une
autre fois qiiels applaudiâèmens a eu
' on difcours qu'il* a- fm dam le pu-
blic , en répète une grande partie ,
^mêfe da^ns ce ^ccit ennuyeux des in-
veâives contre le peuple^ pendant
que de ceux qui l-écouœnc les uns
$'endornicnt , les autres le quittent ^
& que nul ne (e reflbuvieht d^un^^feul
mbc qu'il aura- dit, Un gmud eau-
feur en* un mot , s'il eft fur les Tribu-
oaux , ne laiflè pas ta liberté de ju^-
. gier ; il ne p^rcnet pas iqpe l'on mangjç
à table ; & s'il fe trouve aa théâtre ,
' îi empêche non feulement d'entendre,
' mais même de voir les aéteurs. Oh-
lui fait avouer ingenuëaienc qu'il ne
lui èft pas poflîble de fe taire , quht
feut que (à langue fe remue dans fon
palais comme . le poifibn dan& l'éau ,;
À: que quand on l'acqiieioît d'être
pluî bdi'iard qu'une hirondelle , îl
j6ut qu'il parle : aufll ccoute-t-il froi-
. dément
^éiyli éxoit plqs'aiieietr<{tie la batsMlle d*Ar*
bdl«s> uuis trivial de (& de roar le peuple.
DE T HEOFHItASTB; 6f
denaene toutes les railkries qae Ton ^y^i*
fait de Iwfùr ce fujet ; &ju(quesà
iès propres en&ns , s'ik commencent
a s^abandonoier au ibmmeil , faites-
nous 9 lui difent-ils , un conte qui
achevé de nous endormir,
^f^% SkSI^ JUilJ^ jUJHM ëlUKLM
CHAPITRE VIII.
ï>0 Dbbitdbs NovyuhhM;»!
UN Nou velliftc ou un- conteur G m a r»
de fables »eft un homme qui ap- VIH.
tangp félon ion caprice des difcours éc
des £dts remplis de fimflèté ; qui lor»^
qu'il rencontre l'un de Ces amis , tom-
pofc^ fon- vi(àge ,, & kii (bûrianc ,
iVoù vcncï-tQu» ainfî' , lui dir-jl ?
Qpc nous direzrvoua .dcf bon > N't
a^til- rien de nouveau ? & continuant
de r/nterrogcr. Quoi donc n'y a-tiî
aucune nouvelle ? cependant il y g
de^ çhofcs iftonnlames à raconter: &
(ans lui donner le loifîr de lui rcpen-
drc^ Que dites- vous donc , pourfuii;-
iî, n'avez-vous riea entendu^ par la
VjJIe? Je vois bien que vous ne fâv«
lieu ..
VIJL
69 Lti Ci^AcriERfs
eiTAp. dans un baûr public, pendant qu^
ne (bngeoient qu'à raflèiàbler aueoar
d^eax une . foule de peuple , te à lui
conter des^ nouvelles : quelques^anttes
$tprè$ avoir vaincu fur mer &r fur^t)^-
PS dans le ( r ) Portique , ont payd
Pamende pour n^ivoir pas compam
à une caufe âppellée : enfin ii s'en eil
Êiwvi qtii le jour même qu'ils ont
' pris une ville f^ d» tnoins par leurs
oeaux difcourSvont manqué de dîner^
Je ne crois pas qu'il j ait riçn de û
miièrableque la condition de ces pcr-
jfennes : car quelle eft la boutique ;
quèt eft le Portique =, quel eil J'cih
adroit .d^tm marcbé pqblîe oùilsne
pafl^ttout k jcHif3r^ rendre iourd»
ceux qui les écoutent , ou £ les hàn
guer psr leurs menfon^s >
(tf) Vojci leCbap, IL DtUfMé/t
r
CHA^
CHAPITRE IX.
xaufée par VâPârkel
POur ftirc connpîtrc ce vice , 3 Çha jp.
faut 4m:c ^e c'e^ un ,inépris de ix/
rhqfiBeùr 4ans la ^v<ië 4'un syl interq:,,
Uni^omnie^ue l'avance rend effronté.
«le eioprunter une fomtne d'argent.
à celïii à qui il en doit (Jcj^ , ^ ^u'il
lui . refôitw >?cc injufticc. Le jour
mêf^e qu'il aura f^cri^é ^qxÛieu^,
%M lieu it içangor ( 4 ) ;'eli^ieufciçciJt
chez (bi une partie des riandes coq«
(âcrées , il les fait faler pour lui fcrvir
dans plufiears repas , & va fôuppr cHez
l'uo dejTes^Oîis ; 5c là à wtle , à la vAë
de tout le monde , il appelle ion v^let
qu'il veut encore nourriF aux dëpeaé
de Ton hôte, & lui çpiip^nt un' mpi^
fcau de vi^ndç qù'U ^nci:^ fur ;un quarv
:.. • ^ ticr
{m] C'ctoîc la coutume ât% Grecs» Ycqrciç
C H A p, ticr de pain , f^»e^, ( i ) mon ami , lui
IX. (îit-il , f/i'tes bonne chère. Il va luw
même au marche acji^er (k) des vian-
des cuites j & avant que de convenir
du prix , pour avoir unp meilleure
compofition du Marchand^ , il le fait
reflbuvenir qu'il lui a autrefois rendu
fervice. Il -fait cnfuite pcfcr ces vian-
des, Se ilenentaflè le plus qu'il peut;
s'il en cft empêché par celui qui les
lui vend , il jette du moins quelque
o$' dans la balance : & elle peut tout
contenir , il eft (àtis&it , finon if
FamalTe (ur la table des morceaux de
rebut , comme pour ft dAlommtger ^
foûrit , & • s'en va. Une autre fois
for Paient qu'il aura reçu de quel-
ques étrangers pour leur loiier des
' "places
( I ). Sdumêifi pgx le changement d^uie Icc«
trc mer ici le nom propre dû Valer. La con-^
jeâare* eft heureafe : mais comme elle n*eft
antorilëe pai aucan nlaiiufoic , on -peut focf
^^^ s'qn çcnii: à l'exjplici»ion. i^iU Bnty^ro
gl^ xeyi^oc ail même. compte. i qir y& ce
qui ' précède , il eft évident que par ces mots ,
%f»M étffÀ > 'rêifBonté* défignc expreflement ion
yatec : ce qui fafficpour Tincelligence de ce
Pafligc,
' {#) Comme le menu peuple quiachccoîc
ton foapé chertés Chaircuâicrr.
places au théâtre , il trouve le (ccret CuAfé
4'^oit fa place fi^^nchc du fpedadc.; ^ ^*
& d'y envoyer le lendemain les en-
fans ^fic Uuv précepieuF. Toiit lui
fait envie , il veut profiter des bons
marchez , Sc demande hardiment au
premier venu une chofe qu il ne vieni: -
que d'acheter. Se trouve- 1- il dans
vne maiibn écrai^cre ^ il emprunta
ju^ues à Torge & à la paille , encore
tmt-il cjp& celui qui les lui prête ^
§à(& les irais de les faire porter juiques
chez lui. Cet efironté en un mot ,
entre (ans payer dans un bain, public ,
£clà en pretence du Baigneur qui crie
inutilement contre lui , prenant l6
premier vafè qu'il rencontre , il le
plonge dans une cuve d'airain qui eft
remplie d'eau , (c) iè la répand fur
tout le corps : Me voili lave , ajoûtci
t-il, autant que j'en ai befoin , Sç
fims avoir obligation à perfonne , re^
met (à robe, ^ difjparo^t.
fsqet moins» ^
n
I
iV^n
j% Les Car^apteres
De l*Epa|igne sordid*.
Ch4 F. y^ Ettc efpecc tfavariec cft dans les
^- V^ hommes une paffiôn de vouloir
ménager les plus petites chofes uns
aucune fin honnête. C'cft dans cet
pfprit que qudcjuçs-ims repérant ( i)
tous
' ( I ) le favant Cafaubon confciTc ingcnuc"
«icnt qu'il n'a jamais pu fc fatisfairc fur le
fcQS 4k ce Paflàfîe. If en donne deux eu txM
^explications différentes 5 & celle ttpi'ii a inkléc
^an's fa Todudion , parpît la moins confor-
xnc aux paroles de TOriginal. Pour celle que
«ous donne ici La Bruyère , vous la tiouvc-
f cz dans le CQnuncniajre de .Qafaubon , qui dic
cxprcfliçnientjju*nn4esCara^efcS'du Pîpc«-
Wi/tf décrit ^ans c/ Chapitre, ;p'cftau*il va
Jui-mfnie chez fon C>ebireur pour le faîrt
fAycf la moitié d*uDe x>boIe > ddc d'tm^^fie
de payement qui hà doit jêtre £iic jdiaque
fK^m-i ce qui ajoute-t-il , peut £ccc enten-
du' , ou de rinterét d'un certain Capital , ou
d'un louage de matfon , de merade condmSé
\dmnàs* Ceftl^/dêraier fcns qu*a Tiu>i la
Brayere. Selon Puport, il s*agi£ ici d'aninf
terét payable tous its mois , pour une foaime
qui louvent ne devoit être rendue que ^dans
M an : jft fooiquie cet inccifo De revint qu'à
^ou^ les mois le loyer de leur mai (on, Chait,
ne négligent pas d'aller eux-mêmes ^
demander la moitié' d'une obole qui
manquoit au dernier payement qu'on
leur a fait: qued'auçrcs faiiànt l'effort
de donner à n^aqger chez eux , ne
ibnt occupez pendant le repas qu'à
compter le nombre de fois que chacun
des conviez deinande à boire. Ce
\ , font
' •■' » * '
la moîtic d'une ObôIe par mois, ♦l'Avare
'de Thcôphraftc altoit Vcxigct lui-même le
propre jour de l*^chean«e. Enfin , le dernier
Traduifïeur f Afigiois des Cara£lere$ de
ThcophrAfte > encUcriflanc fur Calkubon &
Duport , fait dire à Thcoph rafle , que cet
'Avare. ne manqué jamais- if aller chez /es D«-
-hiteups pêUf exiger f intérêt de ee quUl* leur\0
fri/êtjf^^ùepetff fH*il/eitn m^me -avamfue
cet intérêt foie entièrement dâ. ïl fonde cette
explication {ur le' fAis de ces mors , •i' r» /uny * ,
qui y feloii' Vax , ne fi^ifient pasi chaque mois^
mais' dMurle mçh , av^tU- fin du mefs;y c'c{i>
irdire ayant l'4iheaince du j^vfefntnt : ^ je
croi pour- moi'i ou 'on peut fort bien Ic^ pren-.
dredans<:é fens-li: - * '
* Hane illt l4.rftHÎAm prPMfnrJi fftmmttUm n»n dniir
ïatat mCfititansi^fe ^9innmdeHt»fîsftttfofeert > &aà
iffMi tDei^ere i ^im ntia tfl fnmma fiiKCpAoytat , &
infimsrmn fêtimm, Jac Duportii»X&.(«pir. Chavé
Yiaeleâiones , f. 349«
. t Moaileiix Gslly ,4oot la Tradiiâion a j^aitt
-pour la première ftis.ca ijzj..
Xm.h D
-^4 L«s Car AGTEREs
^ H A ^. iont eux encore dont la portion des
^- |)réniices (m) des viandes que l'on en-
voyé fur P Autel de Diane , cil toujours
' la plus petite. Ils apprécient les chofès
au deflbus de ce qu'elles valent , iSc
de quelque bon matrhc' qii'uh auti«
tti leur fendant coiùpte veuille &
jprcValôir , ils lui fôuticnhént toujoutt
)^'il a achète trop chci-. faapkcables^
à i^e'gard d'un valet qui aura laifle
tomber un pot de terjre , ou cafle pac
inaiheur 'quelque vafe (î'ar^ile , ils lui
^duilènt cette pertefurfanouniturci
mais fi leurs femmes ont perdxi feu<-
letiient un dénier , il faut alors rcn-
yerfcr toute une maifon , de'rahger lès
lits ^ trànfpoiter des coffi^es •; &ç cherv
«lier drfftt te rtooinsîes pijEtô «acftctw
ÎLojrlqu'jlâ vendent , îFs tfon't que
cette unique cbofe cq vûq , qu'il n^y
. nk qu'à pcï'df^ ^>Diir celui qiit^krhète.
Il tfcft pcrmfe à perfonite SJé cuetfiir
une figue dans lètir jardin « dé pafTèr
au travers de leur- champ, de ramaâer
line petite t)jram:hè dé j^almier , ou
quel?
- (il) les ùrécs cdmrtiençoîent par ces of-
fiandes Icuts ccpâs publics.
<jfielqucs olives qui icronc loxnbces de Chaf.
1 arbre. Ils vont tous les jours fe ^
pron^eaer fur ieurs terres , en rcmar*
^ttent les bornes , voyem fi l'oo n'y
atiefs cfa&ngé,& fî cites ibm nou^oura
les mêmes. Us tii^n£ inccféc dtf
l'intérêt , •& ce n^eft qu'à cette eon^
•^tioa <{u^tls donnent du tems à leurs
créanciers. S'ils oût invité a dîner
^iielques^ns de kui's amis , & ^qui -ne
iont <^ d(^ perk>niles du ftMph^ ih
9e feignent point dt km' faire fcï^rit
un iîmple hadiis ; 6c on les a vas
Ibaveot aller eux-^némes au fnarclie
pour ces repas , y trouver tout trop
-cfierj-ôc en revenir làns rioa acheter:
Ne ^^ncz pas P&abkude , diient^ils è
leurs femmes , de prêter rotrc (tl ^
votre orge , votre farine , ni même
du (b) CAimin , de la (r) màrjolai-»
ne, des gâteaux (rf) pour l'Autd,
du coton , de la laine, car ces pe«
tits de'tails' ne laiflent pas de moin«
ter à la fin d'mie année à une grof^
(è
{b) Une forte d'herbe,
le) Elle empêche les viandes de fe'^corrom*
prc , ain/î que le thim 6c le laurier.
(,dè FaÎK de farine & 4c mkl » Se qgi fer-
Toicot aux Sacrifices.
Z
7^ Les Caractères
Chap. fc fomme. Ces avares en un mot^
^' ont des trouflèaux de clefs rouillées
.dont ils ne fe fervent point , des caf-
ièttes où leur argent e£k en dépôt ,
qu'ils n'ouvrent jamais" , & qu'ils
laiflènt moifir dans un coin de leur
cabinet : ils portent des habits qui leur
font trop courts & trop étroits : les
plus petites phiôles contiennent plus
d'huile qu'il n'en faut pour les oindre :
ils ont la tête rafëe jufqu'au cuir ; fe
déchauflênt vers le ( ^ ) milieu du jour
pour 'épargner leurs fouHers ; vont
trouver les foulons pour c^tenir
d'eux de ne pas épargner la craye dans
la laine qu'ik leur ont donnée à preV
parer , afin , difent ils , que leur étotk
ic tache moins, (f)
(e) P^rce que dans cette piartlc du jour le
froid en toute {àifon écoit fupportable.
(/) G'écoit aufli parce que cet apprêt avec
âc la craye comme le pire de tous , & qui
fendoit les étoifes dures & .grodieics » ctpic
' celui ^lû cputoit le ffioins^
.CH4-
DE ThEOPHRASTB» 77
CHAPITRE XL
De l'Impudent,
ûu de celui qui ne rougit de rien.
L 'Impudent. eft fâcik à définir : iî Chap:
fuffit dédire quec'eftuneprofeC- *
Êoh ouvcrcc d'une plâifantcrie ou-*
tréc , comme de ce qu'il y a die plu»
contraire à la bienfeance. Celui-^là ^
par exemple , eft * impudent , qui
Voyant venir vers lui une femme
de condition , feint 'dans ce lûo-^
ment quelque befoin pour avoir oc-
cafion de fe montrer à- elle d'une
manière dcshonnête : qui fb plaît k
tattre des mains au Théâtre lorfquc
tou^ le monde fe taîr,ou y fiffler les
Afteurs que les autres voyent & e'cou-
tent avec plàifir : qui couché fur le
dos , pendant que toute l'aflèmblée
garde un profond fiknce , fait enten*
dre de fales hocquets qui obligent les -
fpcûateurs de tourner la~ tête ,& d'in-
terrompre Icurr attention. Un homma
D 5 de
j9 LS^S CilICilCTRRES
C H A P. de ce cara£terc acheté en plein marché
^ ^' des noix , des ponitïics , toute Ibrtc
de fruits , les mange , caufe dcbouc
avec la Fruitière , appelle par leur»
noms ceux qui pafllnt fans prefque
les connoitre , en arrête d'autres qui
courent par la place, 8c qui ont leurs-
aflàtres : & s'il voie vem« quelque
Plaideur , il l'aborde , le railfc fie le
félicite fur une caufe importante quh^
vient de plaider. Il va lui* même
choiHr de la viande , & loikr pour un
. ibuper d^s femmes qui joiknt de \a
fiute i Se montrant ï ceux qu'il
rencontre ce qu'il vient d'acheter ,
il les convie en riant d'en venir marv
ger. On k ^oît s'arrêter devant la^
boutique d'un Barbier ou d'un Parfit*
meur , & là (s) annoncer qu'il v»
faire un grand repas , & s'enyvrcr.
Si quelquefois il vend du vin , il le
fait mêler pour (es amis coçnmc pour
les autres fans diftinâion. Il ne per«
met pai à Tes enfans d'aller à rAm.-
yhitheâtre avant que les jeux foient
commencez , & lorfque l'on paye
pour
' ( « } Il y avoie des gens faineans & dé(bc-
cof €z « qui s'anêanblolcat daos-Icurs boutiques»
DE ThEOPHRASTBv f^
pour être placé , mais {culement fur Chap.
la fin du fpeaaclc , & quand (*) ^^'
l'Archiceéfce néglige les places & les
donne popr rien. Ëtanç envoyé av^ç
quelques autres Citoyens ep dm)>^an
de , il l^fiè chez foi la^ ibmme q4e Iç
public lui a donnée pour faire \^
frais de fon yoyage , & cmprunçç d§
l'argent de fesCpllegueç : fa coi|ti|tne
:^lors eft de charger fon valet de f^r**
deaux au-delà de ce qu'il en pcpt por-9
ter , 2ç de liai retranche^ çepei^daat
4c (on ord inaiiç j Sc çpilfinje i} arrivfi
fouvcpt q«e Tort ftit dgns )^ yil|et
d^ prpfenfr a^K Ainhafl^^pufs ^ U
4en>aq4e ^ part ppuf la vendra. Vpmi
m^achetez toujours , ditril §11 j^itnç
^ci^im qur 19 fert 4âns ï? bpïn , mift
mauvaife hui]e, & qv Pf| a^ pe^t fgps
porter f il fe fert enflûte de Phuilc
d'un autre , & épargne la iîçnne.
Il envie à fcs propres valets qui le fui-»
Ycnt la plus petite pièce de monnoye ,-
qu'ils auront ramaffée dans les rues ;
fc il ne manque point d'en retenir fa
p»ri^
(h) Vhïchitt&z qui avoit bâti TAmphi-
th:ârre , & à qui la Kcpubliqac donaoit le-
louage des places en payûnenc.
D 4
8o Lbs C'Aïi AcrruEST
Chap part avec ce mot , ( c ) Mercure ejl
XI. commun. 11 fait pis , il diflfribtië à
les domeftiques leurs provifions dans
une certaine mefure , dont le fond"
creux pardcflbuss^cnfonce en dedans,'
& s'élève comme en pyramide , &'
quand elle eft plefne , ri l'a rafè lui-
m me avec le rouleau le plus près
qu'il peut (d) De même s'il paye
à quelqu'un trente mines {e) qu'il lui
doit , il dit fi bien qu'il y manque
Quatre dragmes f) dont il profite v
mais dans ces grands repas où il fàutr
traiter toute une Tribu , il fait recueil-
lir par ceux de fes domeftiques qui ont
foin de la table , le refte des viandes'
qui ont été fervies, pour lui en rendre
compte : il feroit fèche' de leur laiflèr'
one rave à demi mangée.
CHA-
(r) Proverbe Grec qui revient à notre ftf
fttiens part.
. (d) Quelque chofe manque ici dans le'
texte.
{e) Mine fe doit prendre ici pour une piè-
ce de monnoye. Athènes croit partagée eîi
jdiïfîeurs Tribus. V. le Chap. XXVIIL dt U
Médifance.
( f) Dragmes , petites pièces de monnoye >
dont il falott cent à Athènes pour faire une
laine.
»1E f HEOPHïtyrSTÈ. t%
C H A P I T R E XII.
Dtf Contre - TE M-s.
C
Ette ignorance du tems & db CHAPi
loccafion , eft une manière d'à- ^l^t
border les gens ou d'agir avec eux ,
toujours incommode 6c embarraflante.
Un importun eft celui qui choiiît Je
Apent que ion ami efl: accablé de
s propres affaires , pour lui parler
des ficnnes :'qui va fouper chez fà
maîtreflb le foir même qu'elle a la
fièvre : qui voyant que quelqu'un
vient d'être condamné en juftice
de payer pour Un autre pour qui il
s'cft obligé , le prie néanmoins de
repondre pour lui : qui comparoîC
pour fervir de témoin dans un pro-
cès que l'on vient de juger : qui
prend k lems des noces où il eft in-
vité pour IS déchaîner contre les
femmes : qui entraîne à la prome-
nade des gens à peine arrivez d'un
long voyage : & qui n'afpire qu'à
iê repofcr : fort capable d'amener
D jT des
XIL
Çt Les Caractères
CHAPi dcsMarchands pourofïrird'unecho(e
plus qu'elle ne Vaut après qu'elle effe
vctrduë , de fc lever au milieu d'une
aflèmblée pour reprendre un fait dès-
fes commencemens , & en inftruire à
fond ceux qui en ont les oreilles-
rebatucfs , & qui le favent mieux que
lui : fouvent empreflc pour enga-
ger dans une affaire des perfon-
nes { I ) qui ne l'aftcftionnant pofnc ^
n'bfcn r
(I ) Il y a dans TOrigina! , à le traduire tont
unîxnenc , mjflfiant k mn jugement arhitraÉÊ^
^ocdioneft Je favoirH Thcophraftc a voura
4ite par là, que fon homme, (î fujct à faire
des comre-ccmps , affilie à ce Jugement com-
me Arbitre lui-même , ou bien par hazaid. Sc-
. ion Cafaubon fi: La Bruyère , il s'y trouve en
2ualitè iP Arbitre ;& Duport croit qu'il n*y af-
dc qncpdr accident , & que , s*il eût été choiû
poutarbitre , Theophrafte fe fcroit (crvi d'une
«utce exprcllion t , u^cée en pareil cas. Mais
«omœe il ne s'agit ici que d'un trait lance
en palTant % & non d'une Adlion poCnivc Se
juridique dont il faille dccaiHer toutes lescir-
confbnces en forme , & dans le flile do-
Barreau f peut-être qu'une expreffion un
fxu négligée a meilleure grâce qu'une au*
tre plus formelle , 6c qu'il faudroit néceflai-
rcmcnt employer devant une Cour de^ ]uf-
tice. Quoi qu'Jl en foit de cette Qyeftion ,
purc-
f ^^virirpa/iifiéi^Ç rîv i']ùsfra,1 , c'eil^-dîrc ,
De TheofhkastîsÇ * .8j
Qu'oient pourtant refûfcr d'y entrer. Cha«.
S'il arriyç que quelqu'un dans la vil- ^^^
& doive faire un ftftin (4) après
avoir fàcrifié, il va lui demander une
portion des viandes qu'il a préparées :
Une autre fois s'il voit qu'un Maître
châtie devant lui fon efclave , J^af
ftrdu , dit -'il , un des miens dans une
fdreiUe occajion , je le fis fouetter , tl
fe dêfeffera , & i'^ff4 penire. Enfin il
n'cft propre qu'a commettre de nou*
reau deux perfonoes qui veulent
9*accommoder ,. s'ils Tout fait arbitre
de leor difièrend. C'eft encore une
aâioa^ui lui convient fortqueji'àller
preoF-
purement ^amtmtîcale , & fur laquelle je n'ai
garde de rien décider , il eft coi>}Ours certiun >
que l'homme deTheopbraftc qui Ce rrouvant
à un jti^cmcnc d'Aibirres , commet de nou-
veau deux perlbnnes qui veulent s'accommo-
der , eu a peu près également bien earadleri(S ,
ibic qu'il ait été choifi lui-même pour Ar*
bitte> ou que^r sccidem il affilie au jugemenr
des Arbitras qui ont été nomuKZ poiK (ermi-
cer ce différend.
(n) L«s 6rees lé joiHméme<{u'îfs avoien^'
facrjfié»,Ou4bupoicnt;ivec leurs amis, ou leur
cnvoyoient à chacun une portion de la vidi^^
me. Ç'éroit donc un contre-tcms de demander
fi part prématurément, & lorfque le fcftin étok
rilolu > auquelon pouvoic même être invité» .
I> 6
84 Les CARAcrEnÉr
Chap. prendre au milieu du repas pour danî^
^^^ fer fi) un hdmme qui cft de (ang
froid , Se qui n'a bâ que modére'fhent.^
(b) Cela ne fc fâii'oit chez Ics^Gtccs qo^a-
près le repas ,& lorf^uc les tables ctoietic en-
levées,
•
CHAPITRE XIII.
De l'air empresse'.
Chat. T L ftmblc que Te trop grand em preC-
XIII. JL fetnenc eft une recherche importu-
ne , ou une vaine aftiftation de mar-
quer aux autres de la bien- vcillance p^r
fes paroles 2c par toute fa conduite. Lies
manières d'un homme cmprefle font
de prendre fur foi 1 événement d'une:
affaire qui cft au-deflus de fes forces ^
& dont il ne fauroit fortir avec hon-
neur ; & dans une chofè que toute
une aflèmblée juge raifonnable , &
où il ne fè trouve pas la moindre
difficulté, d'infiftcr long-temsfur une
légère circonftance pour être enfuitc
de l'avis des autres ; de faire beaucoup
plus apporter de vin dans un repas
. , / qu'oa
tTE' T BTE OT> H R A S T E. ^f
^u'on n'en peut boire j d'entrer dans C ïta f.
une querelle où il fe trouve préftnt j ^^*^'
d'une manière à l'échaufièr davantage.
Rien n'tft aufli plus ordinaire que de
k voir s'offrir à lèrvir de guide dans
un chemin détourné qu'il ne connoit
pas, 5c dont il ne peut enfuioi trouva
î'ifluë; venir ver^ fon General , & lui
denlandcr quand ii doit ranger îba ar-
mée en bataille , quel jour il faudra
combattre, & s'il n'a point d'ordres à
lui donner pour le lendemain : une
autre fois s'approcher de fon père , .
ma mère, lui dit-il myftericulement,
vient de fe coucher , & ne commence
qu a s'endormir : s'il entre enfin dans
la chambre d*un malade à qui fon
Médecin a de'fcndu le vin , dire qu'on
peut eflayer s'il ne lui fera point de
mal , 6c le foûtenir doucement pour
lui en faire prendre. S'il appr<rnd
qu'une femme foit morte dans la ville ,
il s'ingère de faire fon e'pitaphe 5 il y
feit graver fon nom , celui de fon
mari , de fon père , de (à mère , fon
pais , fon origine avec cet cloge , Jh
dvoient tous de la- (a) vertu. S'il eft
quefc. .
i4) Formule d'Epitaphc» -
S6 Les 'C AR AcrBKEf
C H A p. quelquefois oblige de jmerdevwrder
XIIL Juges qii i exigent fon Içrmeat , C0 n*efi
pas , ditril en perçant la foule pow
paroîtrç ï l^audieoce , h fremer^f^is
p(e cttd vfff^ étrrm
CHAPITRE. XI V;
De la St^pi^ite^.
Ch Ap. T A Stupidité eft en nous une po-
XIV. JLi fanteur d'efprit qui accompagna
nos aâ:ions& nos difcours. Unhonv
me ftupide ayant lui-même calcuW
avec des jettons uae certaine fomme ,
demande à ceux qui Je regîirdent foire
à- quoi elle fe monte. S^iJ cft obligé
de paroître dans un jour prefcrit do-
sant fcs Jug^s pour fe défendre dar«
un procès que l'on lui feit , il l'ou-
blie entièrement , & part pour ht
campagne. Il s'endort à «n fpcâaclô,
.&il ne fc réveille que loî^grtçms ?près
qu'il eft fini , & que le peuple fi'cft:
fetiré. Après s'être rempli de vian-
des le foir , il fe levé la nuit pour une
indi^eftion , va- dans la ruë fe foula-
ger,
BE TmtOTHRASTB. "Vf
gcr , où il cft morda d'un chien du C h a »-
voifinagç. Il cherche ce qu'on vient ^^^*
àç lui donner , & qu'il a mis lui-même
dans quelque endroit , oii (buvent il
ne peut le retrouver. Lorfqu'on l'aver-
tit de la mort de l'un de fês amis afin
tju'ii alfifte à fcs funerailtes, il s*attrifte ,
il pleure , il fe defefpere ; &, prenant
Hne façon de parler pour une autre ,
à la bonne heure , ajoûte-t-il , ou un«
pareille fottife. Cette' précaution
qu'ont les perfonnes fages de ne pas
donner fans tc'moin (a) de l'argent 1
leurs créanciers , il l'a pour en rece-
voir de fcs débiteurs. On le voit
quereller fon valet dans le plus grand
froid de l'hy ver pour ne lui avoir pas
acheté des concombres. S'il s'avilè un
jour de faire exercer fes enfans à la lut-
te ou à la courfe,iI ne leur permet pas
de fe retirer qu'ils ne foicnt tout en
fueur & hors d'haleine. Il va cueillir
lui-même de$ lentilles, les fait cuire ,
& oubhant qu'il y a mis du fel , il les
fale une féconde ibis , de forte que
peribnne n*en peut goûter. Dans le
tems
(m>) Les iétnoiiïs étoicnt fort en' uCzgc chtz
les Grecs, dans les paycmcns & <kns tous bs
Âdcs.
Sî Les CARAcrÊRt^
Ch Ap. tems d^unc pluyc ( i ) incommode-^
•XlVw 5c donc tout le monde fe plaint , il
lui echapera de dire que l'eau du Ciel
cft une chofe délicieufe : & fi on lui
^iemande par bazard combien il a vu
emporter de morts ( i ) par la pone
fàcre'e ? autant , répond-il , penfant
peut-être à dé l'argent ou i des
grains , que je voudrois que vous &
moi en puûions avoir.
( I ) Ici le Texte efl vifîblemenc corrompiti
A regard du rnpplémcnc que La Hruyerc a
imaginé , il ne le donne (ans doute que pour
remplir ce vuide, en attendant qu*6n décou-
Tfc la penféc de Theophrafte par le (ecoufs
. de quelque bon Manufcrit « fans quoi l'on ne
pourra jamais la trouver , ou du moins être
afluréde Pavoir trouvée..
(h) Pour être enterrez hors de la ville fui-
van&laLoideSolon.
G H A P I T R.E XV.
De LA Brut ALITEE'
C H A p. T A Brutalité' cft une certaine dure-
^V^. JLi te% & j'ofe dire une ftrocité* qui
& rencontre dans nos Manières d*agir,
&
DE ThEOPAII ASTJÊ. 8^
& qui paflè même jiifquà nos paro- Chap;
les. Si vous demandez à un homme ^ V'^
brutal , qu'cft devenu un tel ? il vous
repond durement , ne me rompez
point la tête : fi vous le falue^, il ne
vous fait pas Phonneur de vous ren-
dre le iàlut : fi quelquefois il met en
vente une choie qui lui appartient ,
il eft inutile de hii en demander le
prix , il ne vous e'coute pas : mais il
dit fièrement à celui qui la marchant*
de, qu'y trouvez- vous à direMl (è
moque de la pieté de ceux qui en-
voyent leurs offrandes dans les Tem-
ples aux jours d'une grande celcbri^
te : fi leurs prières , dit-il , vont juf--
qu'aux Dieu^ , 8t s'ils en obtiennent
les biens qu'ils fouhaitent , l'on peut
dire qu'ils les ont bien payez , & que
ce n'eft pas un prefent du Ciel. Il
eft inexorable à celui qui &ns deflèia
l'aura poufle légèrement, ou lui aura
marche fur le pied , c*cft une faute
qu'il ne pardonne pas. La première
chofequ'il'dit à uir ami qui lui env
prunte quelque argent , c*eft qu'il ne
lui en prêtera point : il va k trouver
e'nfuite , & le lui donne de mauvaife
grâce ^ ajoutant qu'il le compte per-»
du..
Chap. du. 11 ne lui arrive jamais de fe
^^* heurter à une pierre qu?il rencontre
en Ton chemin fans lui donner de
grandes malediâioQS» Il ne daigne
pas attendre perCpi^nc > ^ G Voxx di^
fère un moment à k rendre au lieu
(dont Ton eil convenu avec lui , il te
retire. Il (c diftingue toujours par
une grande fingularité : il ne veut m
ehantçr à fon tour , ni reciter ( a } dan^
un repas , ni niême danfer avec les
«utres. £n un mot , on nç le voit
gqtfres dans les Temploi importuner
les Dieux » Sc leur Eure des vœux oo^
des facrificâs.
. (m) l^$ Grçc5 rccjtoiçnt à îabif qqçl^i|cç
bt^auxendroits de kuts Poëces ,& danfoienç
ènfcmble après le repas. Vûjcz le Chap. XIL
CHAPITRE X VI-
DE LA SUPB&STITION^
Ghap. T a Superftitionfëmble n'être autre
^^^' t-^cBofc qu'une crainte ma) réglée
de la Divinité* Un, homme fuperfti-
ûeux
DE THEOPffAilSTJE:. pt
tkux après avoir lave ics mains, s'ctrc Chak
purifie avec de Peau {s) luftrale , XVI.
fort du Temple , & fc promené une
grande panie du jour avec une feuille
de laurier dans fa bouche. S'il voit
une bclcte , il s'arrête tout court , 8c
îl ne continue pas de marcher » que
<]uclqu'un n'ait paiTé avant lui par k
même endroit que cet animal a tr^
vcrfé y ou qu*il n'ait jette lui-mêmt
trois petites pierres dans le chemin ^
comme pour éloigner de lui ce noau*
vais preiage. £n quelque cadrciit de
la maifon qu'il ait apperçû un Icrr
pent , il ne difièrc pas d'y élever un
Autel : & dès qu^il remarque dans les
carrefours de ces pierxes qu^e ladévo^
tion du Peuple y a confacrees , il s'ètr
approche , verfe deflus toute l'huile
de & phiole , plie les genoux devant
elles , Se les adore. Si un rat lui a
rongé un fàc de farine ». il court au
Devin , qui ne manque pas de lui en-
joindre d'y faire mettre une pièce :.
mais
{m) Une eau ou Ton avoir éteint un tiibn
ardent pris fui TAutel où Ton brûloic la vidi-
iae:elle étoit dans une chaudière à la porte
du Temple : Ton s'en lavoit Ibi-mcmc > g.»
Von s*cn taifbit laver par les Prêtres.
^t Lés Caractères^
Chap mais bien loin d'êcre fatisfait de (k
^^^- reponfe , effraye d'une avanture fi
extraordinaire ,'il n'ofe plus fe fervir
de fon fac & s'en défait. Son ioiblc
encore cft de purifier fans fin la mai-
fon qu'il habite , d'éviter de s'afleoir
fur un tombeau , comme d aflîfter à
des funérailles, ou d'entrer dans la
chambre d'une femme qui eft en
couches: & lorfqu'il lui arrive d'a-
voir pendant fortlorameil quelque vi^
(ion , il va trouver les Interprètes
des fonges , les Devins & les Augu-
res , pour favofr deux à quel Dieu
ou a quelle D^flè il doit facrifier. Il
«ft farc cxaâ: à vifiter fm* la fin de
chaque mois les Prêtres d'Orphe'c
pour (è faire initier (b) dans fes
myfleres : il y mené fà femme , t>u fi
elle s'en-exeufc par d'autres foins , Il
y fait conduire fes enfans par une
nourrice Lorfqu?il marche par la
ville, il ne manque guéres de fe laver
toute la têce avec l'eau des fontaines
qui font dans les places : quelquefois
il a recours à des Prêtrcllès qui le
purifient d'une autre manière , en
liant
C<^ )«. laftruke de fesMyAcrçs,
DE ThEOPHRASTE. 9^
liant & étendant autour de ion corps Chap.
un petit chien , ou de la (c) fquille. ^^^•.
Enfin s'il voit uîi homme (i) frappé
d'épilepfie ^ faifi d'horreur , il crache
dans fon propre fein comme pour rc- .
jettcr le malheur de cette rencontre.
{e) .£|pççc d'oignon marin.
(i) Il y a dans l'Original , s'il voit un honi'^
me hors du ftns , ou frappé d*cpilcpfîc , Mô^.
tlfj^ii T6 îcTcJv i ivt\nTrrfiy. .Ceft uneomif-
fionduTradodear, ou peut^éçrc ic l'Impri*
fncur.
ràmB^mim'mMm^nr^^^
CHAPITRE XVIL
De l'Esprit Chagrin.
L'Efprit chagrin fait que l'on n^eft Cha^
jamais content de perfonne , 8c ^VH*
que l'on fait aux autres mille plain-
tes fans fondement. Si <]uelqu'un
fait un fcftin , & qu'il fe -fouviennc
d'envoyer (a) un plat à un homme
de cette humeur , il •ne reçoit de lui
pour
(il) C'a été la coutume des Juifs & d'au-
tres peuples Orientaux, des Grecs & dcsRq-
ouios. J
^4 I^ES Caractères
Chap. pour tout remerciment que le repro-^
^VII. chc d'avoir été oublie : Je n* étais pas
digne , dit cet cfprit querelleux , de
bcire de fon vin , ni de manger d [él
table., Toxit lui cft fufpeâ: jufqucs
aux careflcs que lui fait fa maîtrcflè :
Je doute fort, lui dit- il , que vous
ibyez fincere , & que toutes ces
démonftrations d'amitié' partent du
cœur. Après une grande fcchereflè
•irenanr à pieu voir, comme il ne peut
fe plaindre de la pluye , il s'en prend
au Ciel de ce qu'elle n^a pas com-
mence plutôt. Si le hazard lui fait
vpir une bouffe dans fon chemin ^ il
s'incline; il y a des gens , ajoute- 1- il ,
qui ont du bonheur , pour moi je
n'ai jamais eu celui de trouver un
ttefoT. Une autre fois ayant envie
. d'un efclave , il prie inftamment celui
à qui il appartient d'y mettre le prix;
& dès que celui-ci vaincu parfês im-
portuniteï: le lui a vendu , il (ê re-
pent de l'avoir acheté' : K^ fuis -je
p^s trompé , demande-t-il , & exige'-
toit -on Jî peu d^une ckoft qui ferait
fjins défauts ? A ceux qui lui font les
complimens ordinaires fur la naiflàn-
ice d'un fils , .& fur l*augmentatiaa
de
1>£ THÉÔI^aRAStE. 9f !
de fz famille , ajoutez , leur dic-il , Chaf. j
pour ne rien oublier , £ur ce que ^VlL I
mon bien eft diminue de la moitié. j
Uo homme chagrin après avoir eu ^
•de Tes Juges ce qu'il demandoit , &
l'avoir. emportfe' rout d'une voix fur
fon adverlàire , fe plaint encore de
«ehii qui a décrit ou prie' .pour lui^
<de ce qu'il n'a pas touché les meil-
leurs moyens de fa caufe : ou lor(que
lès amis ont fait enfemfale une certain
m
ne ibmme pour le fccourir dans un
befoin preflànt , fi quelqu'un l'en fé-
licite, êc 4e convie à mieux efperer
de la fortune : Comment ^ 4ai ré-
pond-il y f)uis-je Être fcnfible à la
mokKke joye > q^Siand je penfe que
je dois rc^dne cet argent à chacun de
axit qui me l'ont prêté , & n'être
pas encore quitte envers eux de la
recoonoiâàlice de leur bienfait^
CHA-
jKJ JUeS Ca.RACTE:11ES
»
CHAPITRE XyiIL
De LA Défiance,
C H A P. T ""Erprit de défiance nous fait croi-
XVIII. Jl> re que tout le monde eft capable
de nous tromper. Un homme dé-
fiant , par exemple , s'il envoyé au
inarché Pun de fes domeftiques pour
y acheter des provifions , il le feit
iiiivre par un autre qui doit lui rap-
porter «ifidelement combien elles ont
coûte. Si quelquefois^ il porte de
l'argent fur foi dans un voyage, il le
calcule à .chaque ftadef^j qu'il fait,
pour voir s'il a fon compte. Une
^utre fois étant -couché avec fà fem-
me il lui demande C elle a remarque
que fon coffre fort fût bien ferme' , fi
;fa caflette eft toujours fcelle'e , & fi
^on a eu foin de bien fermer la porte
du veftibule ; & bien qu'elle aflure
que tout eft^ en bon état , l'inquiétu-
,4e le prend , il fe levé du lit , va eu
(a) Six ^ccns pas.
T HE OP H R A S T bJ 97
chemifc & les pieds nuds avec la Cha».
lampe qui brûle dans la chambre^ XVJil.
vifîcer loi-menieiousies eadroics de
{à maifen 9 & œ n'eil qu'avec beau*
,<:oap de peme qu^il i^eq^ort aprè»
^cette Techerchç. U* îxiiwe avec Iw
des témoins quand ri va dorayauder k^
^arrérages ,^fin qu'il oe prenne pas UQ
jour eiii^ic à lès débiteurs -de lui dé»
nier ià dette.. Ce ti'eii point chez Iç
foulon qui pafiè pour le meilleur ou«-
vrier , qu'il envoyé teindre fâ robe ,
mais chct ccloî qiri coiifoit de ne
point la recevoir fans donner cautionu
Si quelqu'un fe bazarde de lui tm^
prunter quelques va(ès (l^y\,il les lui
refufê Ibuvent, ou s'il les accorde, fl
jie Jes.hifie pas (:pleva''q|tt*i1^ ne/oi^nt
pefeït il fait faivrecâuf qui les em-
porte ^ & eovoye dc^. k kodwiaia
prier qu'on les lui renvoyé (c). A-
t^ W9 iefeiave { i ) qu'il ^^âionae
&
^.^J^ D*oton.<fârgciif. f
(^) Ce 4|iiî.|e lit encie fe$ Jeq^c Lettres
.f *) (.#> a'ifâ l^as.tiao^ Ip flrcc, owic fens eft
tnterroospQ , np^û« il «ft ifuppliêé par ^ttcl(|aM
ïntcrprercs.
(i) Dam le Grec > îl y a finiplemcnt , A-uil
98 Les Caractères"
Chap. & qui raccompagne dàn^lâ ville , i|
xv^n, le ^it; marcher devant lui , de peur
que s'il lé perdoit dç yùë il ne JuJ
cchapât & nç prjt la fuite. . A uii
homme qui emportant dé chez luî
quelque cnofe gue ce foit , lui diroit ^
cftimez cela , & inettez-lc for tnoq
compte , il répondroit qu'il feut le
laifler où on l'a pris , & qu'il a d*aur
très affaires , que celle de courir aprè$
ion argent. ,
/( âxpAvâ^vVT» KtMvHi fine. La cûconftancç
que Iç Tradu(âeur a trouvé bon d'ajouter , nç
gâte rien ici : elle contribae au contr^iirc à r^
Ic7er le C^taâere*
Chap.
XIX.
CH A P I T I^E XI3Ç.
D'un vilain Homme.
CE caraâere fuppoiè toujours dans
un homme une extrême malpro-
preté , & une négligence ppur (à per-
fonne qui p^flè dans l'excès , & qui
bleflè ceux qui' s'en apperçoivent.
Vous le verrez quelquefois tout coup-
yert de lèpre , avec de^ oncles longs
fa mal propre ^ ^ .pas la^êr de k
.- T mêler
DE ThEOPHRASTG. ^
mêler parmi le monde , &c croire en cha»;
être quitte pour dire que c'cft une XiX«
maladie de famille , & que Ton pcre
£c (on a]^ul y etoient fujcts. 11 a aux
jambes des ulcères. On lui voit aux
mains des poireaux & d'autres Exlctcz
qu'il néglige de faire guérir : ou s'il
penfe à y remédier , c'eft lorfque le
mal aigri par le tems , efl: devenu in-
curable. II eft heriflé de poil foni
ks aiflèlles & par tout le coi-ps ^
comme une bête, {kixve : il a ks dents
Hoires , rongées 5c telles que foii
abord ne {è peut foufïrir. Ce n'efl;
pas tout , il crache ou il (e mouchei
en mangeant , il .parle la bouche plei-
ne , fiiit en buvant des chofes contre
la bienfcance. Il ne fe fert jamais au
baiii que d^une huile qui fèht mau«
vais , éc ne paroît gueres dans une a&
i^mblée publique qu'avec une vieille
robe & toute tachée. S'il eft obligé
d'accompagner fa mcre chez les De-
rins , il n'ouvre la bouche que pour
dire des chofes de mauvais augu*-
rc (4; ; Une autre foi^ dans le Tem-
ple
( « ) Les Anciens avoîenc an grand égard
pour les paroliss ^ui écoîenr«Droferée5> même
fOO Lb$ CaRACTBR:ES
CHiip. pic & en ^ifàntdes lâsQcions (t)\'"à'
/XIX. lui echapcra des mail» june coupe o^
quelque autre vafè ; 8c il .rira enfuice
de cectè avancure , comme 5'il avoir
êàc cpidque cjboiè de merveilleux/
Vn i^onune û extraordinaire ne fait
sioint écouter un concert ou d'excel:*
lens joîieurs de fixâtes , il èat des
33aios i^ec violence comme pour
leur ^applaudir , ou ^ien il fuit d^uqe
,voix défagrâ^e fe même air qu'ilf
joiienc : il s'enjouyede la fymphonie^
Ik demande jfi eUe ne doit pas bieiW
tôt fimr« Enfin fi ét^t affis k ta«
bic , il veut cracher , c'cft jufte-
inent fur celui qui eft d^iic^ Iq]|
pour lui donner à ppirc^
i>ar hmKi» par ceux qui fcnoîent confoltcr
es Devins Se les AugMres \ pti'et ou f$cnûçt,
4ans les Temples. *
(^) Cérémonies où l'on répandoû du, tîq
pu du Uû^aas I^ iaiçxificcs. «
ICHA^
tht ifntéPàiLAiT'£ tôt
r
C H A PITRE XX.
D*UN HOJ^ME INCOMMODE.
CE qu'on appelle tin fâcÈeux , cft C h a ri
celui qui fans faire à quelqu'un ^^^
*n fort grand tort , nfc laiflc pas de
i'cmbaraffet beaiKoup ; qui entrât*
dans la chambre de fon ami qui com^
mence à s'endormir , le réveille pouf
Tentretcnir de vains difcours j qui ft
trouvant fur le bord de la mer , fur
le point qu'un homme eft prêt de
Î'anir & âc monter dans fon vaiileau^
arrête fans^nul befoin, l'engage in^
iênfîblemcnt à fe promiçncr avec, lui
feir le rivage ; qui arrachant un petit
enfant du feinde fa nourrice pendant
qu'il tette , lui fait avaler quelque
chofe qu'il a. mâché , bat des mains
devant, lui , le carefle , & lui parle
d'une voix contrefaite ; qui choiflt
fe tcms du repas , 8c que le potage
«ft fur la table , pour dire qu'ayant
pris naedecine depuis deux jours , il
«il àîlé psLB haut & par bas , 6c qù^und
^ E 3 bile
CnAv^ cavalcade qo'fl atii* faitc^vce d\
^^^- Citoyens, il rcitvojfe thttCoi ip«t tttti
valet roarfonéqtiipagCjat ne gàrcte^
qu'uncr ficfee roftc dont ii cft hâbiH^^-
& qn?ilrrafac lé rdîè dirjotir darii^
la phce publiqite. â*il Ini^irieuft uÀ^
jpctk chien. , il Kchtenfc ; lui àtcffé
nm épitaphe avec ces tn(St^ \ il étoiP
ék raCi dr Matthe f ^). M confa-'
Cît' {iy ti» aniteaU ^ Éicuîapc, qtf iP
jtÂt k fijhre d'y pendre dejr toarohncs»
de iïeorsl II' fe païfuttie tous les^
jouts; II: remplir avec biî^ grand feiftc*
tcnic le tems de fà. Mag^mtore ; 8C
Ibrtant de chaire, il rend compte au^
l^elipteavec oftemaiiâtx des faépfieesfr-
qp'il a êïtîr ; comme: dbtipmbre & dç^
KL qualité des viâimés: qp'ilaimmo^
lëes,'-
Ç'^) Cette Iffc portoft <te petits cEîens fore'
cftimez. ^
( I ) Sultaht. ce»ie tÀJitt9tot./É'«ft l'Ani
at^tt^onfacré à Efculape , qu'on ufe à force à'y^
Snare des Couronnes > de ii nous en croyons
i. Nèedhantf , on n'i^e ^ i'AQSK0tt \ itMiiS*
Jjkirftcoë d^ITcttlape. Les: paroles de TOii-'
l^kiai admettent également ces deux explica^
tÎQOs.i de je ne* vois pa^ qu-oiv ait^ckciii d'eiK
rejettes sne abiblumenc , à. moins qu'on JS0^
INuilè établir l'autre fur de bonnes preuves y co
^uè perfonoe n'^fàit encore 9,ilîjeae
:i -1
»ft Theophrastê. roy
,ww. Alors revêtu d'une robe blan- Chaf:
chc Se couronné de fleurs , il paroît ^^^
dans l'aflêmbléc du Peuple : Nous
fouvtms , dit-Jl , vous ajfurer , è Atbe^
mtfis , que fendant le tems de notre
gouvernement nous opons famfié ï Cy^-
fêle , & que nous lai avons rendu des
honneurs teli que ks mérite de nous la
mère des Dieux.: efpere^ donc routes
frifofes beureufes de cette Deeffe. Après
avoir parlé ainfi , fl fc retire dans Û
inaiibn , ou il ftit un long récit à &
femme de la manière donc tout lui •-
réiifli au-delà même de fes fouhaits. '
>
CHAPITRE XXri;
Dfe L'AvARiCt.
CE vice icft dans Pliomme un ou*- c h a k
Mi de i^fconneuf êc de la gloire \ xxn»
quand il i^'ag^t d'évîtier la moindre dé^
penlè. Si un homme a remporté lé
Îrix de la (4) Tragédie, il confecre
Bacchus des guirlamdes ou des bao*»
delettes
(4) Qa*U a faite «a récitée.
io6 Les Caractères
XXl/* cjelettcs faites d'écorce de bois ; & ii
w . ' fait graver fon nom fur un prefcnt Q
magnifique. Quelquefois dans les
tems difHciies , le Peuple eft obligé
de s'aûèmblcr pour régler une contrir
bution capable de fubvenir aux ber
foins de la République.; alors il fe le-
vé & garde le filence (i) , ou Iç
plus fou vent il fend la preflè Se fe rer
tire. Lorfqu'il marie fa fille , &i
qu'il lacrifie félon la coutume , il n'ai
bandonne de la vïâime que fe? par*
tieis (r) feules qui doivent être brû;
jées fiir r Autel , il referve les autres
pour les vendre-; 5c comme il man-
<fue de domeftiques pour fervir à ta-
ble & être chargez du foin des noces,
il ioiie des cpis pour tout le tpxns db
la fStè qui % nourriflent à leurs dé-
pens , & à qui il donne une certaine
ibmme. S'il efl Capitaine de Galère ,
voulant ménager fon Ut , il fè conten-
ta de : coucher, indifièremtpent avec le$
autres fur cie U natte qu'il emprunte
de fon )?ilote* Vous verrez une auf*
{^) Ceux qui vouloient donner, (c levoknfc
Ir ofFroicnront fdmme ; ceux oui ne vud-
loient mn donner , fe Icvoient & le taifoicnr.
i (^y CctciUes mfftt &.Jesinttfti(tf.;
trc fois cet homme fordide acheter ^^jA|/
tn plËÎn marché Vies viandes cuites ^
toutes fortes d'herbes , & les porter
hardiment d$lisron.fôp& ^us fa.iio-
be : s'il Pa un jour envoyée chez le
Teinturier pour la dét^chf r , c^mme
il n'en a pas une féconde pour fonir,
il eft obligé de garder la chambre^ 11
fait éviter dans; la place* la rencpntn: .
^*un ami pauvre qxx\ ppurroit lui de-
mander (d) cpmoie aupc wtre^ .<)Uiel^
gue fecours , il fe'détpurne.4ft lu^9 il
reprend le chemin de fy maifon, 11
ne donne point de fervantes à fg fem-
me, content fie lui çp lotii^r quelques--
unes pour Paccpn^pagner \ la villç
toutes les fo^ quiellçr fort. Enfin nç
penfez pas que ot (bit un autre quç
lui qui ballie It- matin fa çhaon^re ^
qui feffe fon lit , ôc le nettoyé. 1]!^
hut ajouter .qu?il porte un. mamç^u
ûlc , fâle & tout couvert de taches j
qu'en ayant honte juj-même^ il le rc»
tourne quand il eft obligé d'allpr ter-
nir fa place dans quelque aÛèmbiée. .
r
' (df'Pàx^ttac de contriBatfrifi, Voytt fc
];.CfaAp. de U DiffimuUtion,Sc le XVII. d0
£ 6
»
C H A P^ l T R E XXIK.
De L'OB,TniN.*Afcid«r:
C»^f^ f En'eflfitxie pas^ue Vbn poifSn âon^
XXIIL J âep «fïc-yéc ptuè jufte de rOftcn-
tftCKHi*^ qu%n*dî&m que c'eft danii^
Fhomme tuie pa(fion< de fiiTtti montré
^un» bieti ou des d\^ntftges qufil n'ai
pfiSA Gelai en qui elle doniine s^àrré-»
» dans, l'endroit dw Pyréc , (af) oifc
leS; Marchands étalent, et où le rrou^
ire on plu^ grand nombre d'étram
gers ; ilentte ea maticfle ia^ec eux-,-,
il fcuft tf t qn^l a Beauéoup^id'irgcnt
fiir !• mer , il-difcourt avec eux dcsN
avantages de ce commerce , des gains ^
immcnfes qu?ir y a ît tt^erer poair
CeuXj qui f entf ent , 8c de coux fur-
tout qtic 1^ qui leur parte y. aiâits..
Il ikh&eàb dans un • r orage lê premier^
quîil trotawre. ftÈt fofl cfïertiitr , tri fait
Hpvrirpagnie , & lui- dit bien-tôt qu'il'
A kryi ùmAkxaxidxc 9^ quels beauKi
Vftièft
Vafis & xibut enrichis de ptentries C h a ^
il a lapporcé de TAfic ,<qitels eKcl- *^ï^
fens ouvriers^ s'y reoicoioierenr , 2c
combien gcux- de PËiiftope kur foivi^
inferieuts (^).. Il & ^M« dœs une
aucie- occafioA d^à»e Lettre qu'il a«
icçûë d'Amipacer (^^) , qvti-^p^rtnd^
que tbî troiuéme eft entré' dam la^
Maoedoâne. Ifdit une autre fbh que*^
bien <)ne tc9^ Magiftmts liit ayentper^^
mis tels- tranfporsft (4) de bois qu*it^
lui phiiroit fans payer de mbut^pour'
éviter neanbooinsl^viedu Peuple , ib
n'a point' ¥d^ltt-uler de ce privil^d.
Il sq^ûte qae pendatA une grande
diert^ de ywrc» ^. i(r a* diftribaé auir:
pauvres Citô)^m d' Athenes^ ^uCques àv
là Smuèh^ de -citiq talens ( $) : 8C s'il^
(A') Cétoît courte l'opiaion commune de
taace la Grèce.
(e) L'un dfts Cipkatiitfs d'Alcxtndre lé
€caiiii,&dohc la famille régna quelque tems
'dans h Macédoine.
( 4 > Nrcé ^uc Ir» Pin« , hs S^itss , lif s C|^
ffCTt ^ CQwtafticne bois {Propre à cohftrifeiris-
d6s Taîilèaux Soient rares dans ic paM Atri^
*que,t*onnVnp€tmetroîtlé tranfport en d*au*
trcï païs qu*en payant un fort gros tribut*
(c ) Un^difH jittsfMedont il s*agxt , vdoft
Ibixame mines AtciquesjJKMiwiM ceai dng*
WêS i 9Êl$ê ébr0ffH ÛX 6bù\c$.
£ 7 ^
fiBAp. parle; à dA gens qu'il ne :connok
i^iU. .poiat , & dont il n'eft pas mieux
ÇDAnu , «ir feujr 'fait prendre des jâo-
tons , compter le. nombre. de ceux à
:<i\t\ ii^afeitiCcs^UrgcflèsiÇc quoiqu'il
monte à plu$.d$ u^ cens periooœs ,
il Içur donne à (dus deainoms conve-
nables i 6c apfès avoir fupputé les
ibmmes particuliores qu'il a données à
jchacun d'eux , il. fe trouve. qu'iLea
néfulte le double de ce qu'il péufoiit ,
•Se que dix talens y font empk>yez ,
iàns compta, pourfuit-il , les \OaIe-
jres que j'ai armées à mes dépens , &
les charges publiques que j'ai exercées
à mes frais ^ /ans récompeuiè. Cet
bomme faflueuj^ va che£ un ^fàmeu^i:
Marchand de chevau;X;, isût forck de
ji'écurie les plus beaux & les meil-
leurs , fait fes offres , comme s'il vou-
loit les acheter : De même il vifite
les foires les plus célèbres , entre fous
les tentes des 'Marchands > fe fait de-
jploycr une riche robe , oc qui vaut
jufqu'à deux talens , & il fort en que^
, reliant fon valet de ce qu'il ofe le fui-
vrc
Le talent Arrique Valoir çucijucs fiz'ccos
fcus de notre monnoytjiS ' ' ^:r - . »
bE Theofhrastï. Mît
tre fans porter (/) de roi* fur lui C h a y,
♦pour les befoins où l'on fe trouve. ^Xllir
Enfin s'il habite une maiibn dont il
4>aye le loyer Jl dit hardiment à queU
qu'un qui l'ignore., que c'eft.unç
maifbn de famille , &: qu'il a héritée
de fon Pcrc j mais qu'il veut s'en dé-
faire, feulement parce qu elle eft trop
petite pour le grand nombre d'étran-
gers qu'il retire {g ) chez lui.
t (/) Coottimc des Anciens.
: (g ) Par droit d'hofpitaIiç,é.
•
CHAPITRE XXIV.
De l'O r g u e 1 l.
IL faut définir POrgueil, une paf- C h a r.
fion qui fait que de tout ce qui eft XXIV*
aiynoode l'on neflime que foi. Un
homme fier &; fuperbe , n'écoute pas
celui qui l'aborde dans la phce poiir
lui parler de quelque af&ire : mais
j6ns s'arrêter , & fe . faifant fliivrè
quelque tems; il lui dit enfin qû^bn
peut le voir après fon {<>uper. Si l'on
a rtçû de lui le moindre bienfait , il
ne
¥t* les CAHACTEREtf
^x/ '• ne vcur pas qu'on en perde jamais Î6
XXiV. fou^eo^jj. ^ 'y\ iç reprochera ea- pleine
rue à la^ v4ë de tout le monde; WPai:-
tendez pas de lin qu^eo^ quelque enr
droit qu^il vous rencomré , il s^ap*-
proche de vous , & qu'il vous parle
te premier : de même au lieu d'expé-
dier fur le champ^ des marchands on-
des ouvriers , il ne feint point de les-
rcnvoyer au« lendemain matin , & \
thcure de fon lever: Vous le voyer
marcher da ns. les ruci de la- v ill« la tétc
baiflee , iàns daigner parlera perlbn»
»e de ceux qui vont & viennent. S'il
fc-làmiKarife quelquefois jufques à in»
vitfcr (es amis à un repas, il prétexte
des raifons pour ne pas fe mettre i
table & manger avec eux, 8c il chan-
ge fes principaux domeftiques duibia
de les régaler. Il ne lui arrive point
de rendre vifite à perfonnc fans pren-
dre la précaution d'envoyer quel-
qu'un des^fiens pour avertir ( 4 ) qu'A
va venir. Oh ne le voit point chc4
lui lorfqu'il mange ou qu*ïl ie ( * ) par-
Êime. 11 ne fe donne pas la peine de
T^ler
(M) Voyce le Chap. II. De k FtsiHrii^
O) Arec des hoiles de fctti^Uf.
H^Ier lui*fnôme des parties : mais Û'CnAti
dit Açgligpmmeik à liii valet de les ^^V'^
calculer , de lesr an^Stner ^ôt les pafièr
à compte. U ne iaît point écrire dans
iBLtuc Lettite , Je ionr pu de me faite
<t pUifir jQfà ieme tendre te fi rpke ir
filais , yeittens que eeU [m mnfi :■
J'envifjé un iemme vers veus pur r^
4eveiif une uUe chùfe ; Je ne veux fds qu¥
VnfAire ft f0fff éutfetnent t Féites et
ifué je ~vûu$ dh' p^emftement^ & fmt
êifferer. Voilà Ibn fiy le.
c u A p 1 1 li %, xxvl !
Ou dit défaut de cour âge.
ClEicrjÊ çmxM eâ xlxï ihotiV&- c h a<^'
mciîc de Pàihe qui s'ébranle , d{i X X V,
^ui cédé eo vûë d'ufi péril Vf ai ou^
imaginaire ;.& l'homme timide eft^
celui defnt je vais faire la peinture»
SSI lu î^ arrive d^ôtre fur la mc^^ , 8c^
s'ilUpperçoit d^ loia des duiie»' ow
de& proflMOtpiifes V^* pcu' lui 'Air
croifCk
114 Les CAn^cTË'iiaît
c H A P. croire que c'eft le débris de quelque^
XKy. vaifleaux qui oot iait naufrage fur
cette côte j auffi tremble -t- il au
^moindre flot qui s'c'kve , .êç il s'iiir
forme avec foin fi tous ceux qui navi-
gent avec lui font 1 4 ) inijtiez' 2 s'il
vient à remarquer que le Pilote fak
une nouvelle manœuvre, pu (cmble
iè détourner comme pour éviter uq
ccueil , il l'interroge , il lui de(nai>dç
avec inquiétude s'il ne croît pas s'être
ccarté de fa route , s'il tâenç'toiijppFp
la haute mer , & fi les ( b ) DieÛJt
font propices : après cela il le met à
raconter une vifion qu'il a eue pcn*»
dant là nuit dont il eft encore tout
épdu vanté, -&qu^l j>rend pour-un
mauvais préfagç. Enfuitefès frayeurs
venant à croître -, il fe 'deshabille &
ètejufijues à fà chemife pour pouvoir
mieux
( * ^;I*cs- Anckfis ttmg(olct}t rarcmçnt aVec
• - ' *^°^' ^°* pafl'oicnt pour. impics, & ils k faî-
foîent initier "avant de 'partir , c'cft à-dirc,
inftroirc àts mffttrrck dé quèlcfoc/DiViiiité",
;pQur, fc h CcndtaB . ftf Cïpicfe dan^ teurs vo jagcs.
V. le Chap. 'XVI. pe ia Sufèrflificft.
.^ (*|ïhconfulrprcntk$ Dieux parles Ctcn»
•ficcf , ou par les îqgures , c'efti-dire , par
JévoU IcK^rbanr^î^niJMger'dtîsbîfeita, Se
;^n<o?f.ra^i^|rn|EtailIc5.d0sMt€s; ;. .
DR ThEOPHRASTE* Xljf
ioaieux fe fau ver à la nage , & après C h a f«
cette précaution , il ne laiffe pas de ^^V.
prier . les Nautonniers de le mettre à
terre. Que fi cet hoimne foible dan»
une expédition militaire où il s'efb
engagé entend dire que les ennemis
font proches , il appelle iès compa^
gnons de guerre , obferve leur contc«
nance fur te bruit qui court , leur dit
qu^il cft ùins fondement , & que les
coureurs n'ont pu difccrner , fi, ce
qu'ils ont découvert à la campagne
font amis ou ennemis : mais fî l'oq
n'en peut plus douter par les cla-!
meurs que l'on entend , & s'il a vu
lui-même de loin le commencement
du combat , & que quelques hommes
âyent paru tomber à fçs ]pieds ,. alors
feignant que la précipitation & le tUf
jnulte lui ont fait oublier fes^ armes ,
Il court les quérir dans fà tente , où
il cache fon épéc fous le chevet dç
fon lit, 8c emploie beaucoup de tcim
z la chercher ; pendant que d'un au-?
trc côte' fon valet va par fes ordres
favoîr des nouvelles des ennemis , obr
ferve quelle route ils ont prifc,& oii
en font les affaires : & dès qu'il voit
apporter au camp quelqu'un tout fan-
glant
mé t B i G A *' A'C TE R- n§
^H Ap. glatit d'une blcflbrc.qu*il a reçulf, w
»xv. accoure vers lui , le cotifole oê Pcn-
ëourage , ëtanchè le fang qui coule
de fa playc , chàfle les mouches qur
Pitnpottuttcnt , ne lui refufe aucun-
fecours , Se fe mêle de tout , excepté'
de combattit.' Si pendant fe tcrts
^u*il eft dans fa chambre du malade ;«
qu'il ne perd 'pas de vue , il entend
h trompette qui fonne la charge ; Ah ,
dit- Il avec imprécation , puilKs-tu
être pcndtf , maudit fonncur , qaî
cornas i nceflammtnt , & fais un bruit
cnrag<f oui empêche ce pauvre hom-
me de aormir ! Il arrivfe même que
fept plein d'un fang qui n*eft pas le
feff, mais qm a- rgaîllf fer lui deht
playe du bîelfê^ ^ il fait accroire i
cêu^ qui re viennènr du* combat, qu^
a couro^ uti^ grand' nique de & vie
pour fau ver celle de fott ami : iFccwv
duit vfcrs' lui ccuit qtii y prennent in*
terêt, ou comme fes parens , oti par-î
ce qu-'ils font d'im même païs > Se là
îï ne rougir. pat de leur raconter
quand & de quelle manière il a tiré
eet homme des ennonis ,. 8c Ta ap^
Iforcé dam fa tente.
» * ■ ■ »
CITA,-
Pes .Grands p^Ji^^iB ^Rs^vwaQujs^
L.4 plufig^dcpaflîon<le.x:cux qui C h a j.
ont les' prççaiéres places dans un XXVv
îcat m){)ul^irc , n'di pas k .deiir du
gain ou de î'accroiflemqnt dé Jcur^.
revcAus , xna.is ppc impatience de s V
jran^ù*,^ de ife inonder , s'il fc pou*
voit , uoe ibuyerainc puiiTafice fui*^
celle du Peuple. S'il i'cft aiTemble
pour (Wlibcrer à qui des Citoyens il
donnera k 'ÇO^oimiilion d'aider de f^
jfoins le |>rcmier MagiS^ dans la
conduite d'une £ete ou d'un ipeâar
ç\t, cet homme ambitieux , & tel qjup
je viens 4e le 4^ânir , fe levé , 4e-
m^idc cet mipici y & procède qu^
|Kil aucic ne peut fi bien s^cn si/cquify
fer. il »'appi:x>uye point la domina^
lion de pli^qurs ; jû de tous |ies verf
d'Homcf^ il Q*a retenu i|ue celui-ci f
Son
<
4e If A p. TL s'agit (le. décrke^iielgaesincoiu
#^VIL Xvéniçiis w ;tonJbent ceux qui
^ayant nMfprifé <fans leur jcuoeilè ie$
-Sciences 4^ Icâ exercices ^ vcuknt xo»
j)arer cette négligence ds^ns un âge
^avanc^' par ^un travail iôuvent inutile.
Ainfi un vieillard de ioixante aQs s'ai-
.vife d'apprendre des vers par qoeur ^
^ de les { 4 ) réciter à table dans uo
ieftin , où la iQ^noire venant à liu
jnanquer ^ il ^ la confufîoa de d&
jneurer court. Uoe autre fois il ap«
|>rend de ion propre fils les .«Volu-
tions qu'il faut faire dans les i:angs «
jdroit ou à gauche , le maniroent des
armes .& quel eft Tufage ï la guerje
àc la lance & du bouclier. S'il moa-
tc un cheval que l'on lui a prêté , il
le preflc de 1 epeçon^veut le manier ,
^ lui iài^nt faire dçs vpltes ou des
(s) Vojrcï le Çh^f. XV. ^^ »00fit^f
t>£ Theophrasts. x&i
caracolles, il tombe lourdement & fè
caflê la tête. On le voit nmtot pour
s'exercer au javelot k lancer tout ua
Jour confie rfaomme ( £ ) de bois ^
tantôt tirer de Par^ £c difputer avec
fon valet lequel des deux donnera
mieux dans ^ui biaoc avec des â^«
ches^ vouloir d'^rd apprendre de
Jui , fe même enCuite à Tinftruire &
à le corriger , comme s'iLétoit le
|>lus habile. Enfin €e voyant tout nud
au (briir d'un bain, il imite les poftu-
tes d'un lutteur, & par le défaut d 'ha*
bitude, il les fait de mauvaifê grâce ,
fc il s'aj^ite 4'yne manière ridicule^
(h) Une grande ftatuë de boîs qui éroïc
.4ans k lifu des exfiickçs poin: appccodirci
«Urdgr*
C H il p.
xxviu
Tm. h E CHA:
idx Les Caractsrej
CHAPITRE XXVIII.
; * . , •
• • / i . .
De la Médisance.
î^^iV \ ^ 4^'^"^ ^^^^ ^^ Mcdifancé : une
yxyjjl. J peujç fccrctte de l'âme à penfej:
inal de tous les hommes , laquelle fè
JUanifcft^: parles paroles ; & pour cç
qui concerne le me'dij[^iit, voici Icj
mœurs ; iî on l'iaterroge ftir quel-
qu'autre , ,^ que l'on lui demanda
^uel cft cet Homme., il fait d'abord
fa généalogie : fon père , dit ri , s'ap-
f elloit Sofie (4 ) , que l'on a connu
daas le feryice .& parmi les troupQ^
lous le nom de Sofiilrare ; il a été af-
franchi depuis ce tems & reçu dans
l'une des \b ) Tribus de la Ville ;
^ur fa merc , c ccoit «ne Qoble {c )
Thr^-
{d) C'ccoit chez les Grecs an nom de va-
Jct ou d'ciclavc.
{h) Le penpk d'A chênes ccoit partagé /en
divcrics Tïibus.
{c ) Cela cft dit par dcrîfion des Thracicn-
fies qui vcnoientdans la Gjrece pour ic4:e &!:•
iranccs, U quelle cho(è de pis.
' -* ...
XXVIIL
Thracienne, car les femmes de Thra- 5JÎ,^.t'
ce , ajoute- t-il , (è piquent la plûpait
d'une ancienne noUdSè : celui-ci né
défi honnêtes gens eft un icelerac;
qui ne mente que le gibet ; & ro»
tournant à la m^e de cet .homme
qu'il peint avec deti^bdles couleurs^
elle eft, pourfuit-il , de ces femmes
qui épient (ur les grands chemins (^^^^
les jeunes gens au paflàge , Se qui ^
pour ainfî dire -^ les enlèvent & les
raviflènt. -Dans une compagnie ou
il fc trouve quelqu'un qui parle mal
d'une perfbnne abfente , il rdcvt la
xonverfâtion ; je fuis, lui dit-il , de
votre fentiment , cçt homme m'elt
.odieux , 8c je ne .le puis foufFrir {
qu'il eft infapj?ortablepgr ftphyfio-
nomie ! y a*t-il ^^n plus grand fripon
& des manières plus extravagantes i
lavez- vous combien il donne à fafem-
me pour la dépçnfe de chaque repas ?
(rois oboles ( e y& rien davantage ;
jSc croine£-vQUS que dans les rigueurs
de
(J) EHes tenoient hôtellerie fur les chemins
publics où elles k môloienc d'infâmes com«
ncrccs.
( e ) Il 7 avoir au deflbus de cette mon*
Apye 4'auctc$ encoi c de moindre prix^
1X4 LbS CARACTB9.BS
de l'hyircr &au mois de Décembre iï
1 oblige de fe laver avec de l'eau froU
de i Si alors quelqu'un de ceux qi^i
rAxjutent iê Icyc & fc retire , il parle
de lui pFeTquc dans les mêmes ter-
mes ; nul de Tes plus âmiliers n'elt
éptTgaé : les morts ( f) mêmes daqs
le tombeau ne trouvent pas un aTyle
«contre fa iqauvaife langue,
C /) Il éjfilt iéfend\i c|iez les Atbcnîens Je
nailcE mal Açi morts pat une Lpi dç Soloq
Icar LcgUUttur,
LES
LES CARACTERES
o u
LES MOEURS
DE CE SIECLE.
13
Adhionere volumius^ > non mordèrc r
ùrodeffe , non Ixderc : confulere mori^
9US kominumi non officera* SM/m^..,^
*
LES
CARACTERES
ou
LES U O EV K s
DE CE SIECLE.
i E rends au Public ce <)u'il
■ m'a prft^ ;pai emprunta
Cde lui la matière de cet
y Ouvrage ; il eft juûe que
l'ayant achevé avec toute l'attention
pour la Vérité doi» je fuis capable ,
& qu'il mérite de moi , je ]iiï en faûè
la- refUtution. Il peut regarder avec
Joifir ce portrait que j'ai fait de lui
d'après nature ; & s'il iè connoît
quelques-uns <4cs défauts que je tou-
F 4 chc,
lia Les CAHAcTEafisr
chc , s^ien corriger. C'eft Tunique
fin que Pon doit fe propofer en ecri-»
vant, & te foccès aufli que Ton doit
, moins fe promettre. Mais comme
les hommes ne fe dégoûtent point du
yice j il ne faut pas auifî fe hGkr de
le leur reprocher : ils (croient peut-
être pires , s'ils venoient à manquer
de cenièurs ou de critiques ; c'eft ce
qui fait . que l'on prêche & que l'on
écrit. L'Orateur & l'Ecrivain ne
fâuroient vaincre la joye qu'ils ont
d1!tre applaudis , mais ils devroient
rougir d'eux-mêmes s'ils n'avoient
cherché par leurs Difcours ou par
leurs Ecrits que des éloges : outre que
l'approbation k plus fore & la moins
e'quivoque eft le changement' de
mœurs èc la reformation de ceux qui
les lifent ou qui les écoutent. On
ne doit parler ^ on ne doit écrire que
pour rinftruârion ; & s'il arrive que
l'on plaiiè , il ne faut pas néanmoins
€*en repentir, fi cela (èrt à infîmierSc
à faire recevoir les veritez qui doi-
vent inftruire : quand donc il s'efl
gliifè dans qn Livre quelques penfèes
ou quelques reflexions qui n'ont ni le
^u, ni le tour^ ni h vivacité des^iu*
ttcs^
bt7 LES MoBuiis b£ tB Siècle. 125^
U-€d ^ bien qu'elle^ fèmbktlt y être
admifcs pour la variété, pourdélaflèr
Jrefprit, pour le rendre plus prefenc
Se plus attentif à ce qui va fuivre , à
tnoins que d'ailleurs elles ne fbient
fîbnfîbles , familières , inftruâives ,
accommodées au fimple peuple,
qu'il n*cft pas permis de 'négliger , le
Lieâeur peut les condamner , & PAu«
teur les doit proftrire \ voilà la règle.
Il y en a une autre, Se que j'ai inté-
rêt que l'on veiiille fuivre; qui cft de
ne pas perdre mon titre de vue , Se
de penfèr toujours , Se dans toute la
kâure de cet Ouvrage , que ce font •
les caraâreres ou les mœurs de ce fie-'
de que je décris : car bien que je le»
tire fouvent de la G)ûf de France ;
Se des hommes de ma Nattion, on ne
peut pas néanmoins les reftraindre à'
une fouie Cour, ni les renfermer en un-
foui pais , fans que mon Livre ne per«
d/e beaucoup de fon étendue Se de^:
fon utilité , ne s'écarte du plan que
je me fuis fait d'y peindre les hom«
mes en gênerai , comme des raifons
qui entrent dans Tordre des Chapi-
tres , & dans un certaine fuite infen-
iible des reiksions qui les compofom.-
F y Après
^o Le^s Caiiactbkes
éip. es cette précaution fi necefiâiiê J.
& dont on pénètre zttkZt les confc^
i|uences,je crois pou voîk protefter
contre tout chagrin;^, toute plainte .,,
tpute maligoe interprétation » toute
i^uflê ^plication Se toute cenfure ;.
contre les froids plaiians & les Lec««;
t^urs mal inteationnez. 11 faut &^>
voir lire y Se enfuiie fe taire, ou pou^
voir rapporter, ce qu'on a lu , & ni;
plus ni moins que ce qu'on a lu ; Sc
fi on le peut quelquefois ,. ccn'efb
f^ aflè^ , il Bkut encore k vouk>i^
§ûre ; fans ces conditions^ qu'un Au«.
teur exaâ;.Sc icrupuleux eft en droit*
d'exigpr de certains efprits pour Pu-»
«ique recompenfè de Ton travail , jC)
doute qu'il doive continuer d'écrire ^
^*il préfère du -moins la^ propi« (àtis^
âétion à l^ltiIité de plusieurs Se- au^
a^ledeJa Verifé% pavouë d'^leursi
que j'ai balancé dès Tann^ M; DC<
XG« Se avanc la cinquiénve édition ^
entre l'impatience de donner à moiv
Livre plus de rondcur.Sc une meilleure^
fprmepay^ de nouveau xscaraéteres , Sd
h crainte de faise dire à- quelques^
um ^ne finiront-ils point ces Carac*{
m»s,. &: n^> Vjemws-Qous jamais autre^i
choie
CIT LES MbStnCS DE CE SlËCLB. I J I
chotc de cet Edrî^n > Des gens (à-
ges me difoienc d'une part , la matie-
K eft fblide , utile ^ agréable , iné*
puifable ^ vivez long-rems , Se trai^
te^la (àn^. interruption pendant que
vous vivres ; que pourriez- vous faire
de mî^xl il n'y a point d'année que
ks folies des hommes ne puiflent vous
four-nir un volume: d-autfesavecbeau^
coup de raifon me fàifoient redouter
ks caprices de la multitude & la le-^
gereté du Public , de qui j^ai nean«-
moins de fî grands fujets d'être con«^
tent ; St ne manquoient pas de me
Ibggerer que perfonne pitfque depuis
trente années ne lifant plus que pour
Kre^ il falloit aux hommes pour les
amufer , de nouveaux chapiti*es &un
nouveau titre : que cette indolence
avoit rempli les boutiques & peuplé
le monde depuis tout ce tems de lÀ^
vi€s froids & ennuyeux , d'un mau«
vais ftyte & de nulle reflburcc , fans
r^es & fans la moindre jufteflè ,
contraires aux moeurs & aux bien* '
fiances , écrits avec précipitation ,
& lus de même ^ feulement par leur
nouveauté , & que fi je ne favois
qu'augmenter un Livre raifonnable ;
. - F 6 le
i^x Lbs Caractb&s»
k mieux que je pouvois faire , étoie
de me repoièr Je pris alors quel*»,
que choie de ces deux avis û oppoCcz^
& jç gardai un ceioperameqr qui les-
rapprocboic : je ne feignis point d'a-
jouter quelques nouvelles remarque^»
à celles qui avoient déjà groifi diL
double la première editicm de mon
Ouvrage : mais afin que le Public nC:
fut poini obligé de parcourir ce qui^
ëtoit aïKien pour paflTer à ce qu'il y.
avoic de nouveau^ 6c qu'il trouvâr
fous lès yeux ce qu'il avoit fçulçmenc
envie de lire , je pris foin de lui dé^.
figner . cette féconde augmcntatioiiL
♦ (C ♦ ); par une marque * . particulière : je
crusau/fî qu'il ne feroit pas inutile de
lui diftihguer la première augmenta*/
0f0x tion par une autre marque ♦ plu*
£mple, qui Icrvît à lui montrer le
prQgrès de mes Caraôeres , & à. ai-
der fon choix dans la leâure qu'il eit
youdroit faire : & comme it pouvoir
craindre que ce progrès n'allk à l'in^
fini , j'^outois à toutes ces cxaftitu^
des une prom^ finciere dc.m plu$
rien hazar er en cç geiira. Qic fi
quelqu'un m^ccui^ d'ayoir manqua
à sptà parole ^ cm iuicmn dans lea
^ ^ trois
OV LES MdEUKS Bfi crSiECLK. f 3^
trois éditions qui j>oc fuivi un afla
grand nombre de nouvelles remar^
ques 'y il verra du moins qu'en le$,
confondant avec les anciennes par la?
fiippreiSon entière de ces différence»,
qui fè voyent par apoftille , j'ai moins
penféà lui faire lire rien de nouveau^
qu'à laiflêr peut-être un Ouvrage de
mœurs plus complet j plus fini Sc
plus régulier à la poftcritë. Ce ne
font point au réfte des maximes que
j'aye voulu c'crire : elles font comme
des ioix dans la Morale , & j'avoue
que je n'ai* ni aflèz d'autorité , ni aC-
icz de gcme, pour faire le Legifla-
teur. Je fai même que j'aurois pcchc
contre l'îr&ge des maximes , qui veut
qu'à la mânierie des oracles elfes foienc
courtes & concife^ Quelques-unes
de ces remarques le font , \quelques
autres font plus Rendues : on penfè
les chofes d'une manière différente. Se
on les explique par un tour aufli. tout
différent j par une ientence , par un
raifonnement , par une métaphore ou
quelque autre figure, par un parallèle,
par une (impie comparaifon , par un
fait tout entier , par un feul trait , par
une defcri{kion,par une peinture : de Ik
♦ F 7 procède
t^ ■ CfBi CÀttAirrsAKr*
procède la longueur ou la brieTet<f dêc
mes réflexions. Ceux enfin qui fonr
des- maximes veulent être crus : je
confens au contraire que l'on difc ,de
moi que )e n'ai pas quelquefois bico^
venurqué, pourrû que l'on remarqua
CHAf
OULISSMoE^SDEC&SlEGLE. tJ^f
C H AP I T R E L
Hes Ouvrages de l'ëspri'H/
TO u T cft dit , & l'on vient trop C k a tw.
tani depuis plus de fcpt mille ans ^
qu'il y a des hommes , 8c qui penfent^
Sur ce qui cohcferneles^- moeurs le
plus beau Sc le ngieilleur eft enlevé ^
l'on ne ait que glaner après les An^
oens S^ les habiles d'entre les Mo
4erne»*
* 11 faut cKercher feukmem^lb
fcnfctSc à parler jufte , fans vôirioiï"
amener les autres à notre goût 6c à
Qos (èoûm/îas^ c'ei); une trop grande
cntreprifè.
* C'eft un métier que de fâire unn
Livre çopme de faire une Pendule»
Jl faili3pjus que de l'efprit pour être
^uteijin. Un Magiftrat;. alloit par
ibn mérite à la première dignité , il
étoit homme délié & pratic dans les
afiairc&fj il a fait injprimer un Ou-*
ytage iQDral q^iii çft rare par le ridi-r
VRAGiS
DE L*ES*
PRI T.
t)6 LêJ CARACTEflS^
Des Ou. m fl j^^cfl pas (î aife de fe faire uri
noi# par un Ouvrage parfait , que
d'en taire valoir un médiocre par le
nom qu'on 8*cft déjà acquis.
♦ Un Ouvrage fatyrîquc ou qui
contient des faits , qui eft donné en
feuilles fous le manteau aux condi-
tions d'être rendu de méme^ s*il eft
médiocre » paflè pour merveilleux :
rimpreffîon eft Tëcueil.
* "Si l'on ôte de beaucoup d'Ou-
vrages tle Morale PAvertiflement au
JL-eoreur , PE pitre Dédicatoire , la
Préface , la Table ^ les Approbations ,
il refte à peine afiêz de pages pouf
mériter le nom de Livre.
* Il y a de certaines chofes dont
la médiocrité eft infupportable , la
Poëfie , la Mufique , la Peinture , le
Diicours public.
Quel fupplice que celui d'entendre
déclamer pompeuièment un froid
Difcours^ou prononcer de médiocre
vers avec toute l'empbaiè d'un mauvais
Poète !
* Certains Poètes font fujcts dant
k Dramatique à de longues' fuites de
vers pompeux ^ qui (èmbleht forts i^
c'ievçz ^ &: remplis de grands fenti-<
mens.
tetr tÊs MoEtrfts dé èE Siècle, i !♦
mens. Le peuple écoute avidement , j^^'
îcs yeux devez & la bouche ouverte ^
croit que cela lui plaît , & à mefure
qu'il y comprend moins , Tadmire
davantage , il n'a pas le teûis de re&
pirer ,11 a à peine (^elui de fe recrier
& d'applaudir. J^ai cru autrefois &
dans ma première jeunefle , que ce»
endroits étoiem clairs & intelligibles
pour les Aéteurs, pour le Parterre &
r Amphithéâtre ,. que leurs Auteurs
$*emcndoient eux-mêmes ; & qu'a-*
vcc toure l'attention que je dpnnois
a leur récit , j^avois toi't de n^y ricrt
entendre : je fuis détrompé.
* L'on n'a guc'rcs vu jufques à
pMfent un chef-d'œuvre d'cfprit qui
foit l'Ouvrage de plufieurs î Homert
a feit l'Iliade , Virgile 1 Encïdc , Ti- -
te-Livc fes Décades , & l'Orateur
Romain fes Oraifons.
* 11 y a dans l'art un point de per-
fcâion comme de bonté' ou de ma*
turitédans la nature; celui qui k
fcnt & qui l'aime a le goût paifait j
cdui qui ne k fent pas, & qui ai*
me en deçà ou au delà , a le goût
defcdueux. 11 y a donc un bon
& un mauvais goût , & l'on dif-»
pute
^f s O u- pui^ des goûts avec fondement. ^
©"i^i^EV * H y a beaucoup plus de vivacité
p&i n. que de goût parmi les hommes ; ou ^
pour mieux dire , il Y a peu d'hom-
mes dont l'efppit u>it accompagne»
d'un goût' (ur 8c d'une critique judi**
cieu(è«
* La vie des Héros a enrichi PHif^
toire , 6c THiftoire a embelli lés ac^
cbns des Héros : ainfî je ne fài qui
font plus redevables ,r ou ceux <jai
ont ^crit THiftolre , à ceux qui leur
« en ont fourni une fi noble matière ;
ail' ces grands Hommes à leurs Hîr<«
toriens. .
* Amas d'c'pîthètcs , mStivaifcS
louanges : ce font les faits qui louent^
& la manière de les raconter.
* Tout Fcfprit d'un Auteur con-r
€ûc à biea dranir & à bien peindre*
(a) Moi se, Homère, Pla^
TON /Virgile y HioR'A<:e , ne
ibnt au deffiis des autres Ecrivains
que par leurs exprefifions & par leurs
images : il faut exprimer le vrai pouc
écrire naturellement , fbrtement , déli-
catement» * Ois
C^) Quand même on neleconfidere que.
* On a dû &ire du ftile ce qu'on ChasÇc
a (ait de l'Architeébure. On a entic* ^
itmenc abandonné Tordre Gothique
que la barbarie avoitintrodirit pou^
les Palais & pour les Temples , on a
zappellé le Dorique , l'Ionique & le
Corinthien : ce qu'on ne voyoit plui
que dans les ruines de l'ancienne Ko»
me 8Cr de* la» vieille Grèce , devenU'
moderne , e'clate dans nos Portiques
& dans nos PériftiHes. De même on
ne lâuroit en écrivant rencontrer le
parfait , & s'il fç peut , fiirpaflèr les*
Anciens ,.que par leur* imitation.
Combien de fijçcles;fe font écoulez
avanr que Jës hbftnmes dàn$ lès Stienv
ces &;dans les Arts ayent pu revenir
au goût des Anciens , Se reprendre
enfin k fîmple & le naturel
Oh ie nourrit des Anciens 8C des
habiles Modernes *,'dn les -pfeflTe , on
en tire le plus que l'on peut , on en^
renfle fès Ouvrages; Se quand Ton eft
Auteur , Se que Ton croit marcher
toatiëul, on s'élève contre eux, oa
les^ maltraite , fèmblable à ces enfans
druls & forts d'un bon lait qu^ils ont
esté , qui battent leur nourrice»
Un* Auteur moderne pi-QaveîQrdit
nairiik
i^a liES ÔA1lAGTEl(Bf
Dis Ou- naîrement que les Ancietû nous font
V R A G B s inférieurs en deux manières , par «i^
p 11 T. ^* ^'^^ ôtpar exemple; il tire la raifbn de
fbn eoût particulier , 6t l'exemple de
iès Ouvrages.
Il avoue que les Anciens , quelque
iti^gaux & peu cotreârs qii^ils (oient ;
ont de beaux traits ^ il les cite ; 8c
ils font fî beaux qu'ils font lire & crif
tique.
Quelques habiles prononcent en
faveur des Anciens contre les Moder**
Iles , mais ils font fufpeâs , & fem^
blcnt juger en leur propre caufè, tant
leurs Ouvrages font faits fur le goût
de l'Antiquité : on les recufe.
* U6n devrofit dater i lire fêt
Ouvrages à ceux qui en fçavent zQkz
pour les corriger & les eftimer.
Ne vouloir être ni confeillc ni
corrigé fur fbn Ouvrage, eft un pe*.
dantifme.
Il faut qu'un Auteur reçoive avec
une égale modeftie les éloges & la
critique que l'on fait de fes Ouvrages.
* Entre toutes les différentes ex«
preflions qui peuvent rendre une feu-
le de nos penfées, il n'y en a qu*une
qui lôic la bonne : onncla rencontre
pas
JOU L£S MOEU&S 9^ CE SlEjCLE. 14!
pas toujours en parlant, ou en écri- C h a p;
vant. 11 eft vrai néanmoins qy'elie '^
cxifie , que tout ce qui ne l'efl: point
fit fbijble , 2c ne fktisfait point w^
homme d'efprit. qui veut fe faire eh^
tendre.
Un bon Auteur , Se qui écrit avcjC
(bin , eprouyc fouvent que l'cxpret
iion au^il cherchoit depuis long-temy
£ms la connoître , & qu'il a enfii)
trouva , eft celle qui étoit la plus
fimple ^ la plus naturelle , qui iemr
bloît devoir fè pre(ènter d'abord Hç
fans eijbrt.
Ceux qui écrivent par humeur ^
(ont fujets à retoucher ^ leurs Ou-
vrages : comme elle n'eft pas toujours
fixe , & qu^elle varie ep eu^ic félon le^p
occaiîons ; ils Ce refroidiflënt bientôt
pour les esjçpreffions & les terines
qu'ils ont le plus aimez,
* La même juftedè d'efprit quî
nous fait écrire de bonnes choies ^
nous ikit appréhender qu'elles ne le
ibient pas ^ez pour nîeriisr d'étfç
juës.
Un efprit médiocre croît lécrirç
divinement ; un bon efprit croit écrino
raifoiinabkmenc.
* L^oa
©isOu- * ^'^^ ^'^ engagé, dit Ari/h;
^KAGss à lire mes Ouvrages à Zoîle^ je l'ai
;j> ■ L'Es- Êit ;4Is Tont fàHi d'abcucd , & avant'
^âir. ^^»ii jîj^ çu \\ç iQJgf ^ iç5 trouver
mauvais , il les a louez modeftemcnc
'Cn ma prefence ,^Sc il ne les a pas
iouez depuis devant peribnne : je
l'exçufè & je n'en demande pas da^^
vantage à un Auteur , je le plains
même d avoir écouté de. belles jchofcs
qitil n!a poiiit £ike$.
Ceux qui par leur condition {c
trouvent exemts de la jaloufic.d'Auc
.teur , ont ou des paffions , ou des
l^efoins qui les diftraient & les ren.
dent froids.iur les conceptions d'aib»
trui,: .pecfonne prefquepar Ja di{po&
tion de .'Ton erprit^^de Ton cœur, &
de fà fortune n'eft en état de fcïxvrac
au plaifîrque donne 1^ perfeâion
il'un Ouvrage.
^ Le plailir de la cpîtique nous ôte
jcelut d'être vivement '^touchez de
irès-fbelles chofès. :
^ Bien des gens vont jufques â
lêntir le mérite d'un manufcrit qu'on
jéur Jit , qui ne peuvent Ce déclarer
jCjQ fa faveur, ijufques à ce qu'ils ayeiK
vu le cours qu'il aura dans k monde
iOULtSiM<»SURS0ECÊ SlDCLE. IJ^^
ipstr l'impreffion , ou quel fera fou ^ » ^
^rt parmi les ibabiles : ils ne hazari» ^
ideac point leursfufiragcs,^ ilsvciir
ient être porter paria ioule & en-
traînez par Ja multitude. Ils difcnt
iilors qu'ils inities p;renug^ approuva
xçi Ouvrage ^j& ^ue le public ci): d^
* Ces gens lailTei;!!: cchaper lej
|>1qs belles txrcafioas de i>ous con*
JV'aincre qu ils ,ont de la capacité 3C
des lumières ., qu^iis .(auvent juger ^
trouver bon cequi o^t 'bon , >Sc meilf
leur cequieft-nieyflew. Uq be] Our
^vrage tombe entre leurs mains, c*eii:
ain premier Ouvrage , PAuteur ne
^^eft pas, encore fait, un grand nom^
il n'a -nen qvi^rovicnne m /à fàveiUr ;
il ne ^agit point de imrp & cour ou
de flatter les Grands en appUudiflànÇ
aies Ecrits.. On nt vous dctàandç
pas , Zelai€s « de vous récrier , C^éfi
Mn tbif- i^œuvre dp Pefffit : Phum^.r
mté nr r^ pâs plus Itm ; i^efi jufjqu'ou
la paxolt bufft^ne feuf s'Aevpf : on m
jugent À Pévemr i^ gmtt de quelqu^u^
qu'à froporticn qifil tn nutâ fout ctpr
te fUce : pbr^fes. outrées , dégoûtani.
tes 9 (yii ftoteat la po^lÎQO pu TA^f
bayej
144 ^^^ Caractères
D ■ s O u- baye ; nuifiblcs à cela même qui ejft
PI IlVs*. ^^^^'^ ^ qa^on vqut loiicr : que nç
,1^ I T. diiicz* vous (èulemem , Voilà un boQ
)Li vre $ Vous le dites 9 il eft vnd , avec
toute la France , avec le$ i^trangerg
* iromme avec vos Comptriotes, quand
il eft imprimé par toute l'j&urope , &
jqu'il eft traduit en plusieurs {jangues ;
jl n'eft plus tems.
* Quelqucs-ftns ^c caix qui ont
}u un Ouvrage , en rapportent cer^
rains traits dont ils n*cmt pas compris
le fêns , & qu'ils ^iltercqt encore par
tout ce qu'ils y mettent dju leur i &c
ces traits ainfi corrompus & déâgu**
rc2 , qui ne font autre chofèque leurs
propres penlees & l^rs expreifions ,
ils les expofent à la cenfure , ibutien-
fient qu'ils font mauvais , Se tout le
monde convient qu'ils font mauvais ;
mais l'endroit de l'Qavrage que ces
Critiques croient citer , & qu'en eSct
ils ne citent point , n'en eft pas pirp;
* Qjie dites-vous du Livide d^Her^
modère i qu'il eft -mauvais, ri^pond 4nm
th'me ; qu'il eft mauvais i qu'il eft tel ,
continuë-t-il , que ce n'eft pis un
Livre , cm qui mérite du moms que
jkqoonde en pa^le ;Alîais l'ayez- vous
lu?
1â;> <Non,dît Afithime : Que n'*- Cha^
joute-t-il que Fulvie Se MtUnie l'ont ^
condamné lans l'avoir lu , Se qu'il efi;
ami de Fulvie & de Mehnie >
* Jrfene du plus haut de (on et
prît contemple les homn^es , & dans
l'éloigpement d'où il les voit il eft
i:omme effrayé de leur p^titeflib,
Loiié , exalte « & port^f jufqu'aux
Ciettx par de certaines gens , qui fy
font promis de s'admirer reciproqu^p*
ment ^ il croit avec quelque mérite
qu'il a 9 poflèdcr toui: celui qu'on
peuc avoir , & qu'il n*wra janiais ;
occupé & rempli de fes fublime«
idées y il fe donne à peine le loifir de
prononcer quelques oracles : eleviî
par fbn carapbçre au de/Tus des juge*
mens humaiâs , il abandonne aux
âmes communes le mérite d'une vie
fuivie & uniforme j & il n'cft rcf»
pQpf^ble de fe3 ipconÀances qu'à ce
cercle d'amis qui les idolâtrent. Eux
fculs faveqt juger , favent pcnfer , fa-.-
vent rfcrirjB , doivent éprjre. Il n'y a
point d'autre Ouvrage d'efprit û bien
i^çûdans le monde, & fî univer&Ue-^
ment goûte' des honnêtes gens ^ je ne
dis pas qu'il veuille approuver , mais
Tem.J. G qu'il
14^ Lis Caractbiiiï
Dis Ou- qu'il daigne lire : incapable d'ctrc cw*
TRACES rige' parcctfe peinture tju il» nç lir^
^«^'^^- ^point.
**"• * Tbffocfint feit des cbofes afira
mutiles , il a des fcntimens tc^jpurs
finguliers , il cft moins profond que
méthodique , il n'exercç que (à mé-
moire 5 il eft abftrait , dédaigneux,
^ il femble toujours rire en lui-mç*
me de joeux qu'il q^oit ne \c valoir
pas. Le hasard ftit que je lui lis
itnon Ouvrage, il IVçoutc. Eft -il
lû, il me parle du fien; & du vôtre,
me dire?;- vous, qu'en penfe-t-il ? Jç
vous l'ai déjà dit , il me parlç du ficq,
* Il t)»y a point d*Ouvnige fi ac»
Complî qui ne fondît tout entier aij
milieu de la Critique , fl fop Autcuf
rouloit en croire tpus les Cenfeiirs ,
qui ôtent chacuq rendjroit cjui leur
plaît le moins.
'" * C'eft une expérience feitc , quç
s'il fe trouve dix pcrfoniics qui eflà-
jcent d'un Livre une expreflion où uq
fentimcnt , l'on en fournit aift'ment
Un pareil nombre qui les réclame i
|ceux-ci s'écrient, pourquoi fiipprir
mer cette pcnfife? elle cft neuve, clk
f(^bcijie, 6c le toi^rcp eft ^idraira^cj
• . &
L
€>U tSS MoEUHS DE CE SlECLK. 147
te ceax4à affirment au contraire, ou C h^a ?.
qu'ils auroient ncglig^ cette pcnîec ,
£>u qu'ils lui auroient donné un autre
tour. 11 y a un terme , dîfent lc$
uns , dans votre Ouvrage , qui eft
rencontré , & qui peint la çliofè au
naturel ; il y a un mot , difent le$
wcrcs , qui eft ha2ardé,& qui d'ail-
Jeurs ne (ignifie pas aflèz ce que vous
voule;^ peut'étre faire entendre : &c
€ eft du même trait & eu même iTK>t
^e tous ces gens s'expliquent ainG :
& tous font connoiflèurs & paûènt
pour tels. Quel autre parti pour un
Auteur y que d'oièr pour lors être de
i'avis de ceux qui l'approuvent >
* Un Auteur ferieux n'cft pas
oblige de remplir (on efprit de toutes
kt extravagances , de toutes les fàle-
jtez f de tous les mauvais mots que
-Pon peut dire , & de toutes les inep-
tes applications que l'on peut foire
au fujet de quelques endroits de (on
Ouvrage, de encore moir>3 de les iiip*
primer. Il eft convaincu que quel-
que (crupuleufe exaâitude que Ton
ait dans (a manière d'écrire , la raille-
rie froide des mauvais plaifans eft ua
nul inévitable , Se que ks meilleures
G z cho-
PRIT.
14$ Les CAnAcTEaES
Des Ou- cbofts nc leur fervent fourent qu^à
^ * ^?£ * leur faire rencontrer une fottife.
<^ Si certains efprits vife & decifift
é( oient crus , ce feroic encore trop
que les ternies pour exprimer les fen*
ttmens : il (àudroit leur parler par
£gnes , ou ians parler fe faire enten*
dre. Quelque foin qu'on apporte à
être ferré fie concis , & quelque re«
putaticn qu'on ait d'être tel , ils vous
trouvent diffus. Il faut leur laiflcr.
tout à fuppléer , Se n'écrire que pour
eux fe|Lils< ils conçoivent une période
par le mot qpi la commence , Se par
une période tout un chapitre : leur
avez-vous lu un feul endroit de VOa^
Vr^ge , c^eftafièz, ils font dans le £iit 8c
entendent l'Quvrage. Un tiflu d'^nigr
ine;B leur feroit une leâurcdivertiflan^
te, & c'eft une perte pour eux , que ce
ftile eflropie' qui les enlevé , foit ra^
re , & que peu 4^Ëçrivains s'en ac-
commodent. Les comparaifons ti«
fiks d^un fkiive dont le cours , quoi-
que rapide , eft égal & uniforme , o(|
d'un embrazemcnt qui pouflé par les
vents s'épand au loin dans une foret
ojà il confume les chênes & les pins,
ne leur &)irni|lpnt aucune id^e de
J'élQr
o^ us Moeurs bi ce $i£aF. 149
|,^âoquence. Momrez-leiir un feu Gtc^ c h a f«
geois qui les furprenne, ou un c'clair h
qui les e'blouïflè , ils vous quittent du
bon & du beau.
*' Quelle prodigieufe difbnce en*
tre un bel Ouvrage , & un Ouvrage
parfait ou régulier : je ne fai s'il s'en
cft encore trouvé de ce dernier genre.
11 eft peut-être moins diÊcile aux
rares génies de rencontrer le grand Sç
le fubiime ^ que d'éviter toute forte
de &utes< Le Cid n'a eu qu'une voi}ç
pour lui à (à naiilànce ^ qui a éce
celle de l'admiration ! il s'efl: vu plus
fort que lautorité & la politique (t)
qui ont tenté vainement de le deS
truirc; il a rcUni en fa (aveur des ef-
prits toujours partagez d'opinions 2c
fie fèntimens , les Grands & le Peu-
ple : ils s'accordent tous à le fàvoir
de mémoire ^ & à prévenir au Thei*
tre les Aéieurs qui le recitent Ls
Çid enfin eil l'un des plus beaux
Poëaiesque Ton puiflè faire i& Tune
des meilleures Critiques qui ait été
faite
fB) Ccrtc Pictc excita la jafoufic du Cardi-
ti\ de Richelieu , qui obligea l'Acadcfoie Ftafri
foift a i« cfitif nei. .
i^d Lis Caractïré^'
D>f Ou* faite fur aucun fujet , efi; célk d«
PRIT, ^ * Quand une leâure rom éiew
rcfprit , & qu'elle tous infpire de^
ièncîRiens nchk» & cour>ox , ne
cherchez pas une autre règle pouf
juger de l'Ouvrage , il eft Ixm ^ fit
fait de main d'ouvrier.
* Capyf qui s'érige en Juge du
beau ftile, & qui croit écrire comme
BooiËOURs & Raïutîk , re-
fiftc à h voix do Peuple , ÔC dit tout
feul que Dsmif n'eft pafs un bon Au*
teur. Damis cède à la multitude, Se
dit ingemtërïjent.avec le Public que
Capys cÛ' un froid Ecrivain.
* Le devoir da^NouvelKfte eft de
dire, if y a un tel Livre qui court, &
qui eft imprimi? chez Cramoify en
tel caraftere , il eft bien relie & ctt
beau papier , il fe vend tant : il dokr
favoir jufques à I^nfcignedu Libraire
qui le débite : fa folie eft d-en vouloir
faire la critique.
Le fublimc du Nouvelliftc eft k
raifonnement creux fur la politiqucr
. Le Nouveliifte fe couche le ibir
tranquillement fur une nouvelle qui
fe corrompt la nuit , fie ^u*ii eft oUit
gc
. ■ * *
hir lEs MûBURS de 6e Siècle. 15!
^ d*àhaùdùmit k matin à Ton ré- Ch a k
teiU h
* Le Philoiop^ cotifutne Ht vie h
obfèrirer ks hommes , & il uiè (es
cTpritsà ea d^mêkr ks vices &k ri-»
dieu le : s^il donne quelque tdur à
its penfëes » c'eft tnoins^ par une va-*
nité d'Aueeui* , que pour mettre une
Vérité qu'il ^ ti'ouvée dan» tout le
jour neceflairc pour iaiire PimpreâiQi^,
qui. doit lèrvîr à foni deflèin^ QiieU
ques Leâeurs croyent.neaoinoins I&
payer avec uiîire s^ils diient mag^flra-
Icmcne qu'ils ont lu ion Livre , &
qu'il y a de l-efprit } içaig il lear reû*
Yoye tous kurs ^tog/es qu'il n'a pas
cherché p$ir ion: travail ^Sc par ik%
vcilks. Il porte plus haut (es projets
& agit pour une fin plus relevée : il
demande des homtnes un plus gmnd
& uii plus rare fuccès qi^ kslouan<*
grs , & mêide .que ks i^compcnfes »
qui eft de ks reildre meilleurs.
* Les fbcs lifbnc un Livre & ne
Peniendent point : les eTprîts medio-
ciea croient Pcnteiidre par&ttesaent :
ks gmnd^efpric^ ne l'entendent queU
quefo» pas tottt {cnôer : iti ti^g^Ciftt
fbJGurx:e!qttîeft pM<^r9.çqinf»fi;iI»
P 4 o^^«-
%$i Les CAKActsiEir
T>is oo- tfouvcfit clair ce qui cft clâin L»
© E^/tffr. beaux cfprits veulent trouver obfcuf
YKXT. ^e qui ne Vc& point , & ne- pas en*
tendre ce qui cft fort inccK^ible.
• * Un Auteur cherche vainement
à fe faire adoiirer par fou OûvnagCy
XiCs fbts admirent quelquefois , mais
ce font des fors. LiCs perfonnes d'et
prit ont eit euH les ièmence» de touv
tes les veritez & de tous les {ctm-^
merïs , rien ne leur eft nouveau ^ îtt
admireût peu , ils approuvent.
^ Je ne fâi fi Pon pourra jamaif
mettre daHs des Letti^s plus d'efprît ^
plus de tôiir , plus, d agrément &
plus de ftile que Pon en voit dans
celles de Ëal2;ac & de Voitu^
RE. Elles font vuides de fentimens
qui n'ont régné que depuis leur tems^
& qui doivent aux femmes leur nàif^
fànce. Ce fexe va plus loin que Je
nôtre dans et genre dVcrire : elles
trouvent fous kur plume des tours 5c
des expreflions qui fouvent en nous
ne font Pefi^ que d un long travail
& d^une peniUe recherche : eUes font
heureufes dans le cteix des termes
qu^elles placent fi jafte , que tout
foQQus ^u'ils^ font 9 il( 4m le<iatf»o
• ' . • dç
ov us Moeurs he ce Siècle. 15}
de la nouveauté , £c Semblent être Chaf.
Mis feulement pour l'ufage où elles ^
les mettent. Il n'appartient qu'à el-
les de faire lire dans un feul mot tout
un (èntiment , 6c de rendre de'licate-
znent une penfée qui efl délicate. El-;
les ont un enchaînement de difcours
inimitable qui fô fuit naturellement ^^
& qui n'efl lie que par le fens. ^Si
les femmes etoient toujours correcr
tes 9 f ofèrois dire que les Lettres de
quelques-unes d'entre -elles fèroient
peut-être ce que nous avons dans no-
tre Langue de mieux écrit.
^ U n'a manqué à TerencS
qnc d'être moins froid \ quelle pure-
té , quelle exactitude /quelle poli-
teflè , quelle éle'gance , quels carac-
tères ! Il n'a manqué à MoLiers
que d'évitej le jargon & le barharif^
me & d'écrire purement : quel feu ^*
quelle naïveté , quelle fourCç de la
bonne plai&ncerie , quelle imitation
des moeurs , quelles images , & quel
âeau du ridicule ! mais quel homme
on auroit pu faire de ces deux Co*
iniques!
ijuB. Ils. pot tous ideuK. oonntt
^ Gy la
va AG*s
De €* £ s-
* Kl T.
154 Les Caractères
p E* O u la nature , avec cette difiêrence , quç
"'" le premier d'un ftile plein & unifor->
me montre tout à la fois ce qu elle a
de plus beau Se de plus noble , dé
plus naît & û(i plus fimple : il on fait
la peinture ou Thiftoirc. L'autre fan»
choix , fans exaâitude ,^ d'une plume
libre & inégale y tantôt cbarge fes
dcfcriptiôfts , ^'appefantit- fur les dé-
tails j il &it une aQatomie ; tantôt il
feint, ri exagère , il pafic le vrai
dan& la' riaf ure ; il en fait le roman.
* RoNSARD^Sc Balxac ont
eu chacun dan$ leur genre afièz de
feort 8C de mauvais pour former après
eux 4e très-graind$ bott)a)es envers^
tn prùCCé
* M A n o T par fan toirr & par
fbfii AiU femble avoir écrit depoif
!R Oïl â A R D : il n'y agueres entre
ce premier & nous, que la différence
(de quelques mots.
' * Roi^^ARD 6c fef Àuteorsib
contemporains. oA€ ptos nzà aa ftife
qu*tk M im o»; fcrvk Ik l^ont re«
tardé' dans le cbemto de h perfec-
tion , ils l'ont expofé à la tnanqtier
ywiïrtoulDftft, <càii?jr plus rcvetiir.
ou tes Moeurs W cb Siècle, i 5 1
M A R o T fi naturels & fi belles Ch a v.
it'ayeoc fu £iîre de Ronfard^d'ailleiirs ^
plein de verve & d'entfaoufiaTme ^ un
plus grand Poëcc que Ronftrd Se que
Maroc ; & au contredis que BeHc^u ;
Jodelle , & Du Baitas ayent é^e' fi«
tôt iUîvis d'un R A c a K & ^un
M A LHERBEi ; & que nocTe JL)ui«
^e à pdae corrompue ft iôic voS
yepafM.
"I^ M A R Olf Se R, A « E L A I <
Ibnt incxiCtt(àble5 d'avoir femé l'or«
dure dans leurs Ecrits : tous deut
avoienc aflèz de génie & de naturel
pour pouvoir s'en' pafier , même i
l'égard de ceux qui cherchent moins
3f adiniitr qu^à rire dans uû Aùteun
Rabelais fur tom cft incbmprehenfî-
ble. Son Livre eft une énigme ^ quoi
^u'on veuille dire, inexplicable: c'eft
^ne cbftnerô , c'eft le vifàge d'une
bdie femme avec des pieds Se une
<|ueiiè de &tpcnt , ou de quelque atl-
%fe bête^ plus diferme : ceft un
monftruetix aflèmblage d'une morale
^ne Se iûgenieufe S» d^unô (aie cor-
ruption. Où il eft mauvais , il pa&
-bien Idn^au detk du pke , 6'eft le
cbtfme de la canaille : ou il eft bon ,
i$6 Les Caractehes^
bss Ou. il va ju(quC5 à Texqui^ &C à Pexccl-i
V RAGE 8 Jçj^j jl pgm gj.|ç jjj J3^j3 Jgg pjy^
* Deux Eçrivaigs darts leurs oM^
yragc^ Ont blâmé Mqn t aone: ^
que je ne crois pas gufli»btcn qu*eu^
exempt de pute. forte. de. blâine : i(
parolt que tous dieux ne Pont eftimé.
en nulle pianiere, X^'un.iae. penCbift
pas aflêz pour goûter un AuteUr quî
penie beaucgtup- :. Vautre pi.nfe trop
fubcitemçty pour saccômmoder ddi
penfees qui (ont naturelles. /
* Un ftile grave ^ (èrfeux , (cru*:
puleux va fort loi» : on lit Am y o r
£c CoEFPEtEAu ; leqwl Ut-ôQ
fie leurs contemporaine } Rajukàc
pour les termes ii pour l'exprefliaa
eft moins vieux que Voiture' }
mais fi ce dernier pour le tour , pour
j'ofprit & pour le naturel n^efl pif
;.nîoderne , & nç reflemble en rim ^
JBQS ^Ëcri vain; .,. c'efl qu'il Ifîur a ete
rplu$ ^cile de Ije n^liger qUe*^
rimicer ^ & que le petit nombre de
ceux qui cdur^nt après lui , ne petH:
]'atteîndre«
. * Le H** G** eft imBkfdiate.
^ j(#) Le Mercaïc GUsmtf
ou us Moeurs ob cfk Siecub. iffjr
ment ^tl deflbus du rien > îl y a bien c » Af.
d^autres ouvrages qui lui rcflcmblcnt* ï'
I] y a autant d'invencion à s'enrichir
par un foc Livre ^ qu'il y a de ibttiio
à l'acheter : c'eft ignorer le goût da.
Peuple y que de ne pas bazarder qucl*^
quefois de grandes fadaiiès.
♦ L'on voit bien que Vcperd clï
Pébauche d'un grand fpeâacle : il en
donne l*idee«
Je ne (m psis coftinfent VOferd
avec une muHque fi parfaite £c une
de'penfe touce Royale , a pu reiiffir a
m'cnnuyer.
Il y a des endroits dans Vopgr/i qui
laiflenc en defîrer d'autres. Il échapc
quelquefois de foubaitcr la fin de tpui
le fpeâacle : c'cil: faute de théâtre ^
d'aâion & de chofes qui intereficnt.
Uopera juiques a ce jour n'cft
pas an Poëme i ce font des vers -^ ni
un fpcâade depuis que les machines
ont difparu par le^ bon tn^nagie d'^mr
pb'um & de fa race ; c'cii un concert ^
ou ce (ont des voix foûtenuës par
des inftrumens. C'cd prendre le
change , & cultiver un mauvais goût
que de dire , comme l'on fait , que
la macltinc û*eil qu'un amufement
C 7 d'en-
© it Ou- d'eofetis , & qui nccxmvicnt qtfau«
V R A d I s Marionnettes ï elle atfgmentc 8C cm-*
* ■ ^' * f bcllit la fiâtiort , fourient dans Icé^
'**^* fpearateurà cette douce illûfion <wi
eft tout le plaffif du théâtre , bu elle
jette, encore le merveîlkti?t. Il ùthat
point de vols , ni de chars , m dxS
chaogciflcns aux Bérénices & à Péné-
lope j il en feut aux Opérdf : & k
propre de ce fpeôacle eft de tenir Ie$
efprits , ks yeux & lès oreilles dîna
un égal encnantemént.
* Ils ont fait le theâtire ces emJ
Î)reirez , les machines , les ballets ^
es vers , la mufiquc , tout le fpcôa-
cle , jufqu a la Salle où s'eft donné
le rpeftacle , j^cntends le toit &' la
quatre murs dèsleursfbndemefîs: qui
doute que la chafîc fur Peau , Tcni
chantement de la fable ^{d) h mer-
veille (f) du Labyrinthe ne ibient
encore de leur invention I J'en jug$
par le mouvement qu'ils fe donnent ,
Se par I^ir content doiic* ils s'applau*
diffcrik
(d) Hctidez^ vmss île ehzBt dans la ibtéc
^ CHantilly. ^ ... ^
, . (^} CoHanon três-ingenicufe Joionée dafis
ic Labyrinthe de ChaàciH]r«
ou ISS Moeurs di ck SiÉClÉ.t^
jdiflcnt fur tout ïe fuccès. Si je me C«*«^
trompe , 8c qu'ils n'ayent contribué ^
en rien à cette fête fi iuperbe ^ û gau-
lante 9 fi long-tems foûtenuë , ëc où
un fcul a fuffi pour le projet & pour
la depenfe , j'admire deux cboiès , la
tranquillité & le âçgme de celui qui
« tout remue , comme l'embarras £t
l'aârk^n de ceux qui n'ont rien fait.
* 1jb$ connotffeurs ou ceux qui (c
croyant tels ^ fe donnent voix délibe^
TatiTe fie décifive fur les fpeâaeles ,
iê cantonnem au/fî y &; fe divifent ea
des partis conu'aires , dont chacun
pouflë par un tout autre intérêt qne
par celui du public ou de Tcquicrf:',
âdmiie un certain Poëme ou titto
certaine liluiïque ^ & fiâe toute axTr
irc. Ils nuîfem également par cette
«ifideurà défendre leurs prévientions y
«c à h h&hn oppofee , & à leur
propre cabale : îé déconragçst par
laillc contradiâtioiw le&Pbctc& & Ici
Mtifidens , retarde» k, progrès de»
Sciences & des Arts , en kur otant
k frok qu'ils pourroknt ti#er de
Pfeahaîon & de b liberté qu'au*
tùicâr pkificat^ exbellens Maitres de
&iit ckmmdans leia genre, & félon
kur
*t)is ôub leur ^ie de trè$- beaux ôavragcit
VRA61S * fyoù vient que Ton rit C libre*
pI l'rf *' ^^^^ *" théâtre , & que Ton a home
d'y pleurer }£{):• il moins dans la na«-
ture de S'attendrir fur le pttapble
que d'e'clater fur le ridicule > Ëft-ce
l'altération des traits qui nous re«
tient > Elle eft plus ^grande dans un
ris immodéré que dans la plus amere
douleur i Se l'on détourne Ton vifàge
^ur rire comme pouf pleurer en la
prefènce des Granas , £c de tous ceux
que Ton refpe&e. £ft*ce une peine
que l'on fènt à laiflèr voir que l'on
^ft tendre , 8c à marquer quelque foî«
bleflè , fur tout en un iujet faux , 8c
dont il Semble que Ton fbit la duppe i
Mais fans citer les perfbnncs graves
cm les efprits forts qui trouvent du
foible dans un ris exceiflif comme
dans les pleurs » & qui fe les défên*
dent également : qu'attend-on d'une
fcene tragique ^ qu'elle &(& rire } Et
d'ailleurs la vérité n'y. règne- t-elle pas
au/fi vivement par fes images que
dans le comique \ L'ame ne va-t-ellê
pas jufqu'au vrai dans Tun & l'autre
genre avant que de s'émouvoir > cft>
elle même fi aifée à contenter ? ne
lui
hv lu MoEuns 0B ci SxEct?. 16t
lui faiù-ii pas encore le vrai-fêmbk^ CnÂTé
Ue > Gomme donc ce ife& pomt imc ^'
chofe bizarre d^eàtendre s^iHeircr dei
tout un Ampfaitheâciie Qa ris uniyer'-'
fël fur quelque endroit d'sineCoqae^
die , & que cela fiippofe au comraifo
qu'il eft pkifânt êc trè3-'mavemenC
exécuté : aufli Textrcme. violence qnà
cbacun fè fait à contraindre .&& lacv
mes , & k mauvais ris dont on veut^
ks couvrir , prouvent çlairemeht quer
VcSEet naturel du grand tragique fc*»
xoit de pleurer tout franchement àù
cle concert à la vûë I un de Pautre ^
& iâns autre embarras que d'effiiye^
îes larmes : outre qu'après être con«i
Tenu de s'y abandonner , on éprou*
f eroit encore qu'il y a (buvent moiû3
lieu de craindre de pleurer au tbèâ*
tre , que de s*y morfondre*
* Le Poëme tragique vous krtc
le coeur dès fon commencement ^
vous laide à peine dans^ tout fon pro**
grès la liberté' de refpirer & le tems
de vous remettre ; ou s^il vous donne
quelque relâche , c*e{l pour vous leif
plonger dans de nouveau» abîmes Sc
dans de nouvelles allarmes. Il vou»
conduit à la terreur par la pitié , p|i
rege-
/
tèi t B s C A'R A c T â ii c ^
b I » ô u- ifcâprùqucracdî à la pîci^ par le iet^^
^ * ^'V ^ "'^^^ ^ ^^^'^^ ^"^^ P^^ ^* lannca, par
^lil^ *' ks ûoÈgjiùts i- par Piûcexzîtudc , pat'
Pefperanoe , par Ja craiiitte ^ par ks
fiirprilês ^ & par Phot rcur jufqa'k laL
cataftrophe. Ce n'cft donc pas od
tiffii de jolis fencioicna^ de dectan**
dons teodi'cf ^ d'entretien» g^aos, do
{xurtraits agieaUes , de mois ànuâ^
mx f on quelquefois afioà plaliana
pour hixe rire^ futvi à la vérité d'une
dernière fcene où les ( /; mutins n'en-»
cendentiHJcune raifon , & où pour b|
bienfeanceil y a enfin du fang rcpan^
du^ & quelque toalheareox à qoî tt
en ωte la vie.
^ Ce n'eft point aiRt que kt
moeurs du théâtre ne foient poit«
mauvaiiès , il faut encore qu'clléî
foient décentes 6c inftniâiva. Il
peut Y avoir un ridicule fi bas ^ fi
groifier , ou même fi &de & fi indif^
krent , qu'il n'eft ni permis au Poëte
d'y faire attention , m poflibk aux
ipeébteurs de s'en divertir. Le Paï^
fiin ou l'y vrogne fournit qudquesfccu
* ( f ) Scdidon , dénôuemenc Tulgâiie des
où tel fÂoÉOiks ti CE ^ifcis. i^|[
lied ï ttu làfceur , il nWretjft'â pd<« Ch ii#;
nie dans le vrai comîqde 2 comment !•
pourroit-il faire le foâd oa l'ââioo
principale de Ik Comédie ? Ces ca«
raâeres, dit-on , ibik hatoréls : ainii
par cette règle cm occupera tiientôt
tout VAmpmh^xrt d'an laquais qiiî
fifie , d'an malade dana â gardcrobe y
d^ùn bothme fvtt qm dort oa qui
t^omit t y a-t-'ii rieftde pks saccirelif
Ceft le prc^prc d^utt eéècânié de fe
lever tard ^ de paflër ofie partie dix
jour à fa toilette , de le voir au mi-
roir ^ de iè.parfdifier , d» le mettre
des moiidfies ^ de itœvoir àss bitteta
& d'y faite r^ponfe : mettez, œ rofe
fur la (cène, pit» lon^trms vous kr
ferez, durer , un aéfce , deux aâes ,
plus il fera naturel & conforme à S6t%
original ; mais plas auffi il fera froid
2c mfipide.
* 11 (èmble que le Roman & h
Comédie poorroicnt être auifi utiles
qu'ils font nuifibles : Yoay voit de fi
grands exemples de confhince , dt
vertu , de lendredb & de d^fintereil
feiiient, de (i beaux £c de fî pirfaic»
caraâeres, quef quand une jeune peiw
foniie jatt: de*& & vàe fur «ont oe
V R 4G IS
]> B l' E S-
t€4 Lb^ CA^AcTBlLt$
t)i9 Ou- qui Tentoure, rie trouvant que éd
fujets indigtKs & fore au defibus do
ce quelle vfcne d'admirer , jeitfécon-
ûc qu'elle foit capable pour eux da
la moiiKlre .foiblefie.
* Go&î^EiuL E ne peut être
égale datis les cndnyits ou il excdle ^
il a pour lors un caraâ!ere original &
inimitable : mais il cft inégal. Ses I
|>remieres Comédies font feefaes , lan-
guifiàotes i îc ne laifloient pas efpc*
rer qu'il dut enfuite aller û loin i
comme iès defnfiei'es font qcf oi> sér
tonne qu'il ait pu tombef de fî haut.
Dans quelques unes de &s meilleures
Pièces il jr a des faites inexeuTabl^
contre les nïoelurs ; «in - fttle de ëcela*
mateur qui arrâte l'a6t:ion Sc la fsat
lai^ûir ) des négligences diins les vers
|5c dans l'e^ipreflion qu'on ne pe^it
comprendre en un fi grand homme*
Ce qu'il y a eu en lui de plus émi-
ntùt tfeft rcfprit , qu'il aroit fubli*
me, auquel il a été redevable de cer«
tains vers les plus heureux qu'on ait
jamais lu ailleurs, de la conduite de
foq théâtre qu'il a quelquefois bazar*
d^e contre les règles des Anciens ^ &
lenfia ^e fâS/tl^i^Quçmens ; c^ il ne
MJ tE9 MOSUHS OÈ CE SiFCIE. i6k
VeA pas toujours afilijetti ay goût Chap.
des Grecs , & à leiir grande fimplicî- . ^'
té ^ il a aimé au contraire à charger
la Iceae d'évenemens donc il eft prcf^
que toujours (brti avec fuccès : ad«
mirable fur tout par Tcxtrême variété
6c k peu de rapport qui Te trouve poup
le deflèin entre Un iî grand nombre do
Poëmcs qu'il a composez. Il fembic
i]u'il y ait plus de reflèmblance dans
ceux de Racine , & qui tendeni:
un peu plus à une même chofe i mais
il eft égal , feutenu , toujours le mé«
me par tout, (bit pour le deflein Se
la conduite de (es Pièces , qui font
juftes , régulières , pri(ès dans le boni
fens & dans la natuir j foit pour là
verfification qui eft correéte , riche .
dans iès rimes , élégante , nombreu-
fe^ harmonieufe : exaâ imitateur des
Anciens dont il a fuivi rcrupuleu(è-
mcnt 1^ netteté & la (implicite do
l'aftion , a qui le grand & lemerveiL
ieux n*ont pas même manqué , ain(i
qa'à Corneille -ni le toud^nt ni le
pathétique. Quelle plus grande tei^
dreflè que celle qui eft répandue dans
tOQt le Cid , dans Polieuâe dedans
ki Horacesl quel}e grandeur ne fe
remarr
t66 Lbs- Car ACTi^Rss
Dis O y- remarque point en Mithridatc , en Poî
D « L* V$- ^"* ^ ^° Burrhus ï Ces paffions ei>
f ftjT. core fax^orites des Anciens , que les
Tragiques aimoient à exciter fur les
théâtres, Se qu'on qomme /^ terreur
£iC la pitié ^ ont ete connues de ces
deux Poètes : Orel^e dgnsl'Andror
tnaque de Racine , & Phèdre du
filême Auteur j comme PQedipe iç
les Horaces de Corneille en font h
preuve^ Si cependant il eft permis
lie faire entr'eux quelque comparair
Ton , & les marquer l'un & l'autre
par ce qu'ils ont eu de plus propre ,
£c par ce qui éclate le plus ordinaire*
fnent dans leurs Ouvrages , peut-êtrç
.qu on pounoit piarler afnfî. Corneilic
nous aÛujctit à (es caraâreres & à
Ses idées , Racine , fè conforme aux
vOÔtres : celui-là peint les bomtaes
comme ils devroienc être, celui-d
les peint tels qu'ils font, il y à plus
ilans le premier de ce que Ton admi-
re, & de ce que l'on doit même imi-
ter : il y a plus dans le Iccond de ce
l)ae l'on reconnoît dans les autres» ou
de ce que Ton éprouve dans foi-naê«
me. L'un élevé , étonne , maitrifë ,
mUmit : Twtre plaie, remue » tou-
che.
I.
OV LES MofiVRS BE CB StECtfi. fif
dkc , peuco-e. Ce qu'il y g de plus ^ "^^ ^»
beau,dcp|us noble &(je piqs ioipe^
rieux d^ns la R^aifon ef): manie par le
premier ; $c par l'autre pe qu'il y 9
de plus flatteur & 4e plus délicat
^aos la pa^oa. Ce font c^ns celuir
Jà des maximes , des règles , des pre^
cpptes i & dgns celui-ci du goût Sç
des (êntimens. L'on elt plus occupa
aux Pieqps de Corneille ; l'on eft plus
â>ranlé & plus attendri à celles de
Racine. Corneille eft plus moral ;
Racine plus naturel. Il femble quç
l'un incite S o f h o cl £ ,^ êc que l'au**
fre doip plus à E^uripxde.
♦ Le peuple appelle jEloquence la
fadhté que quelques-uns ont de parler
feuls & Ipng-tems , jointe à Tem*
portement du jgefte ^ à l'éclat de la
voix 9 & à la force des poulmon^,
Les Pedans ne l^admettipnt auffi que
dat>s le Piicours oratoire , £c ne la
diftinguent pas de l'entaiTemenc des
^ures , de ji'ufage des grind;» mots ^
Se de la rondeur des période;.
> Il ièipbk que la Logique eft l?art
de convaincre d^ quelque vérité -y &
l'Eloquence un don de l'ame , lequel
«ottsrei3d ipaîtres du cpeur èç de l'ef-
f/îJ Les Cakactiiieô
!>«« O u- prie des wrres >* qui fiiit que nous leuf
V R AGI s infpirons ou que nous leur perAïadons
^li-^, * tout ce qui nous plaît.
L'Eloquence peut fe trouver dan$
les entretieqs êc dan^ tout genre d'ei^
crirc. Elle eft rai'emenr où on la
cherche , Se elle éfi quelquefois où
on ne la cherche point.
L'Eloquence eft'au fublime ce que
le tout eft à (â partie,
Qu'eft-cc que le fublime jt II ne
paroit pas qu'on l^ait défini,^ Ëft-ce
«ine figure ? naît-il des figures , ou
du moins de quelques figures ? tout
genre d'écrire reçoit-il le fublime ,
6y s'il n'y a que les grands fujets qui
en foient caj^bles ? peut-il briller au»
tre chofe dans l^Eglogue qu'un beau
tiaturel , & dans les Lettres ^milieres
comme d^ns les çonveriations qu'une
grande délicatefîè ? ou plutôt le na;
turel Se le délicat ne font-ils pas lé
fublime des ouvrages dont ih font la
perfeétion ï qu'cft-ce que le fphlime ?
où entre le fublime ?
^ Les fynonymcs font piufieurs dîc^'
tions , ou plufieuis phrafcs dif&rciir'
tes qui figniHént une même choiè^
X^'antithéfè cft Une op{>ofîtion de
€fC UÊS MOEÇKS DM OB SllCLU. I Sf
îjeiix vérité qui (c doonenc du jour Cha?.
Pune k Paucrc. La métaphore ou h ^*
çompumCon emprunte d^une chofê ^ '
écrai^ere une image CçnGblc Se natu« *
itlle d'une yefij:ç. L'hyperbole cï>
prime au-delà de la yeritç pour ra-
mener l'efprit a la mieux cîonnoîtrefj
Le {iiWiine ne peint que la vérité'^
mais en un fgjet noble ^ il là peint
toute entière .* aan$ (à caufè 2c dan$
jfon efFer. 3^ H eft rêxpredîon , oi|.
Viihage li plus digne dé cette vérité.
Les efprits médiocres ne trouvent;
point Vunique ès^prefOon , & ufenc
de fynonytnes. Les jeunes gens font
â>louïs de l'écUt de Tantithele , &
/eh ferventi,, Lcsefprits juftes, &
jquî aiment à faire dés Images qui^
toient précifcs , donnent' naturelle^
nient dans la comparaifon 3c la mé^
tajphore. Les efpnts vifs , pleins dç
jlfeu y & qu'une vafte imagination em^t
jporte hofs des reglèjs &de la juftelTey
»e .'peuvent ^'affouvir de l'hyperbole*
Pour lé fublirae, il n'y a même entre
les jgrands génies que les plus ^leveK
<^i en foient capables^ .
* Xoup Ecrivain pour Retire net-
tàhént , doit fc mettre à la place à»
ijp 1 1 s C A » A c T « i p f
Bb^ O o- l'es Lèftèurs , îJaT»inÀ (an pro
' V*-V^ Pùvraèc potaa)fc Vm^^t^ ^^^^ "^
liir, }9i Çft nouveau ,:<iuni lit pour la pn^
'* ihicrc fois,ôù.ilt|'<ifiûllc^J)art,&qûè
rAutcur âoroit ' foùiûis à fa critique)
1^ fc pl^fuadCT enfuitequ'oi) n'eft t^
•pijttodu ^«Icment à èaafe que ï'<^
ychtcnd foi- même, mais paroe qu'où
cft en d9fâ: intelligible. ^ '
* tW n'écrit %iç pojir être cn-
'^adw , mai? il faut du tti«ns en ccm
Vaiit 6ir<; «^tendre de lxttc$ chofcs.
JL'ofl tioit avoir une diÔion pure 6C
jiicr de tcripes <j.ui ifoient propres, il
fi& vrai : mais fl feut que «es icnnc?
fi f>roprcs expriment des penttes no-
Jbleiî , yivti! , folides . & a"> ï*«^^rr
*toent no trësrl?ea« fens.; Ç'eft &iA
^c la pureté iBc de îà cbné du d»f-
pours un mauvais ufage flue de 1^
ïâire fcrtir a une matière aride , ifh
'fruaucuïc , qui eft fans fel , fans utir
iké s fan# nouyc».até : <^ «Tt auç
JUâreui* dç compftpdre aifemcnt ^
^s peine dcscfiolcs fnvotes & pontif-
ies , quelqoefoi^ fadcS j& tôtbniuncïi
j8c d'jocrc -moins incertains de ^ pCK-
• Si
I
iSi Pon JQttc quelque pxofoadeitr C«4^
iians ccrcaiiis JEcrits 3 û Pon aâèâe ^
linc finejûe dcuour,iBc <j«dquefois
janctrpptgïwckdclkiiatçflè, ce a'^
que jpar la boopcippiiEÛpa (jUron iix^
4b» JLc6bc;iirs. .
^ L'on a ixaxe tna^mmodicé à :e&
^uyer dans la loébufe àçs Livi^s faits
|w des gens dc|»rti & de cabale,^
.que Ji'on jiy^^ pas tcHijwrs U «^c-
^te. Xas tfk% y 6m àéjgfû&z ^ ks
jrûToas r^ipr^oques n^ lont poim:
4'appoitces 4^s Ëoute leur force , ni
fxv^uaccatk^ «scaâictide ; & cequt
J!»fc la plijij^ longue patiaicc , il feut
^^.99^&wd nombre de termcsdur^s
jBc ÎQJiurieux qui fe difent deshommts
^^^es , qui d un point de doârrine ^
iou d'an fait çx>meiîé fe font une quâ-
^c perfonncUe. Ces Ouvrages ont
^ek de p^^iculier qu'ils ne méritent
^ k €X>urs prodigieux qu'ils ont pe^
jdant un certain cems , ni le profond
jwbli oxL ib toodbent , Lorfqse le ièu,
JSc la div^fîon venant k ^'éteindre, ils
^dcviennenc des Akaanachs de l'autre
smkée.
* Xa Ivoire ou le mente de ceN
<tm$ hoanttic» dttie bien écrire; Se
Ha de
Y7t Les Cahaotiiils^
D#$ Ou- de quelques autres , c'cft de n'ecrifS
Îmx. ^ ♦ t'on écrit r<fgulicremcnt dcpuîl
VHîgt années : l'on cft cfciavc de Ii|
feonftruékioR : l*on a enrichi là Langue
de nouveaux mots , fecouc le joug
ilu Latinifine , & rpduit le ftylc à
la pbrafe purement foLni^oiCt : Von
^ prefque fctrouv.c le nombre que
-M AL H E a B E & B A L X A C
avoient les premiers rcncont^ j 6c
que tant d'Auteurs depuis eux ont
làiflc perdre. L'on a mis enfin dariç
le Difcours tout Tordre & toute la
netteté dont il eft capable i cela conr
duit infenfiblement 4 Y mettre de
Pefprit. ' ^
. *^ Il y a des Artifens ou des hal>^
les dont Pcfprit eft auffi yafte qiic
PArt & la Science qu'ils pro&flênt ;
ils lui rendent avec avantage par te
génie & par J^invcntion oc qu'ils tieii-
nent dfelle & de (es principes : ils
fbrtent de l'art pour l'fetinoblir $ s'é-
cartent des règles, û elles ne les coar
duifent pas au grand & au fublime i
ils marchent feuls & fans compagnie^
mais ils vont fort haut & pénètrent
fon loin, toujours &at$ îi confirmât
ha Ufr MoBUJtS Dl CE Siwcm. i
^r le fuccès des avantages que Ton CiÎAi^i
cire quelquefois de l'irrégularité. Les !•
cfprits juftes , doux ^ modérez y non
lèulement ne les atteignent pas , né
le$ admirent pas, mais ils ne les com-
prennent pôitt ,,\Sc Toudroient enco*
te moins les imiter. Ils demeuren|:
tranquilles dans Pétenduë de leur
^hcre ^ vont jufqués à un cenain
point qui 1^ les bornes de leûrcapa^
dté & de kiirs lumières ; ili ne vont
pas plus loin , parce qu'ils ne voyent
rien, au-delà : ils ùe peuvent: au^ .
plus qu'être les premiers d'une fe^
conde claflè , & exceller dans le me^
dîocre.
• * Il y a des cfprits , fi je lofe di-
te , inférieurs & fubalternes , qui ne
iêmblent faits , que pour être le re^
cudl 9 le rcgiftre ^ ou le magasin de
toutes les produârions des autres ge^'
nies. Ils font plagiaires, traduâeurs^
compilateurs : ils ne peniènt point f
Jli difent ce que les Auteurs ontpcM
£f ; 8c comme le choix des penfées
cft invention , ils l'ont mauvais , peu
^fte, & qui les détermific plutôt à
lapporter beaucoup de chofes , qiic
||;ex<irikotc.s chofes t ils n'ont rien
H 3 d'oric
'tT4 t»^ CaH iT'éîT'lXti'
9^tT. ' ^^ n^s^ipumaern qot . ce que txMdf
Ir monde ycat biœ^ igpoirr , ua^
Sbesœ wioe , jnîde ^ démiés^ dftir
grénenr 8r d'utilke, qui ne tombe
fromt danè iar convGinâtbt) y qui eft
mn cb coidmefce /ftmblaftleà tio4r
sionmjpr qiai a^rpoént àt coûts* Oir
cft tout i kr fois étbimé de Icuf^
leâuft 8t enmiyé de feur entre»
tien ou de kofS Ouvfâgps» Ce font^
ceux que lips Grands & le VuU
gaure oonlbndcnc avecies Sàvans^ti^
que le» &ge» Kmvokot al» pcd^Hif
tifine.
> La Critique i^rmt tCdBè pas^
oue Science : c'éft un mÀier où^ il
dut plus de ânté que d'c^fît , ptoa^^
de travail que de capacité , phis. d'ha^
bicude que de génie» Si elle vieof
d'un honmie qui «c moins de diiêer^
«emenc que de kâuœ , 6r qu^eilo
s^cxerce ùm cfe ontain^ chifntrta^
cttr eotroflipt dr ks^ Lcâsnn & l'E^
criiraîii.
^ ^ ooafeille à un Amsur n(^ 004
pifte , £e qui afesctrême modsftie da
mvoàier.d'aprèsqiKlqu^'v de a»
le^ciioifiF poiur es;ci9|>bpir<é ^ ces CnAi&
mt; ,' 4e ]?'vsk^ii^xiQJx ^ pijt même de
jçrudiùpci i.fi, tftttçmt pa$ ici oo^
r" y^^yM moijt^si il en ajprocjbç êç
de &it KiCi?. W doit au cpflç^ii^^
évrtct comme tœt écueil de vomcw(
imiter ccu^ cjui écvhttfi ^ar ku*
|D0ttr, que le eœUr |^t parier , à «u^
4, inf|V>e fc^ %rmçs. Se les figWçs ,. a|
^i.tvenfV î>owr injfi 4iiirc ,. 4fi,:kyt^
^i^I|ef tout Ce qi^^Hls; e^rim^^
îur k papier > daiigereKUJé. tç^lf ^ ^
tout prc^i^es à fkire tomW 4ai^ ^
ttoïà f dans le baïs^ Se ds^ Iç r^ico-
Iç ceux qui $'itigci:ent 4e li^i Aiivre^
t^^}y^ rircas d;'tm l^om^i^ (lui
vou4Fok ferieyifçmpnl pyl«' JÊW>tf
fon de voia)^^ c»^ o^^^iièim^r de
tiiage.:
* Ûfli iiom;aiç iî^' (^hréikti §i?
Fi*ançois fe trouve contraint da^s 1|
&tyre : les graiidsi fnjets lui £0» dé-
^ndus, il les entame quelquefois , &
& detoUrde enfuitefurde petites cho-
ies qu'il rekve par }a beam^ de fvn
Ç«rie & de fi)n ftile.
• * n feut éviter k ftilç vain $Ç
pucrile^de peur de reflèmI;4Q¥ ^ P^
H 4 ^ n^/nf
Viiùij. MdS & (i) Handburg. ' Uon ^pÉÔÉ
il Ve ^ ^^ contraire en une forte d^Ectits ha^
Jm I T. ** tarder de ccrtai nés expreffions , uét
de termes tranfpofez & qui pcigneàt.
vivement }. 6c plaindre ceâx qpi oc
icntenf paj Iç plaifir qirtl y ai s'cii
icrvir 011 à: les entendre. ^
* Celui qui n'a égard en écrivant
fu*au goût de Ion fiecle , fongc plus
fa perfonne qu'à fcs Ecrits. 11 faut
toujours tendre II la perfeâricn j &
alors cette juftice qui nous cft qucl-f
^uefois rcfufée par nos contempo-
«ins, la pofteritc /ait noqs la rendre^
* Il ne feut point mettre un ridi-
cule où il ny en a point : c'eft fç
gâter le goût , c^eft corrompre fon
fugdneht & celui des autres. Mai$
le ridicule qui €Û quelque part ^ il
faut l'y voir , l'en tirer avec grâce ,
« d une manière qui plaife & qui
inftruifè.
* HoRACB OU DbsI^UBAUX
IV
f
^ (1 ) le p. Maîmbdutg s ik M^mt ^
Sevigné , Un. tis. s r^map U diUcM ii^
9umitV4ifes ruelhs. Ce jugement s'accorde &>tt
d *^*!S ^^"*' *** ^* Rojerc fçitici du ftita
« .a. _ *
• 1,
hv us Kibitms OB Cl Sieclb. 177
l*a die avant vous , je le croi fut TO- Chan
tfe parole , mais je l'ai dit comme ^*
mica. Ne puis -je pas peniêr après
eux une choie vraye , & qUe d^utrcs
l^ore pcnfcrom après nioi,î
H S CHA-
P £ Jt s O N-
NIL*
I.7S LVi CAKACTlâBS^
CHAPITRE IL
; - . ^ . .... y
Du Mérite personnel^.
D o Mi. ^^ u j p^t jiyeg [g5 plus rares fâ«^
péVs ON- ^^ '^"5 ^ ^^ P'"^ excellent meritc^
s'être pas convaincu de fon inutilité^
quand il coofidere qu'il laiiiê, en mou-- '
rant , un mande qui ne fè fent pas de
fa perte, & où 'tant de gens fe trou»^
vent pour £e len^bcer f-
* De hin des geœ il n'y a qcte le
nom qui v|ik quâque cbo|iy ^and
TOUS les voye^v, de fi)rt près , c'eft
moins que rien r ($e loin* ils impo^
ient.
* Tout perfuadé que je luis que
ceux que l'ôa choifit pour de difi^
rens emplois, chacun ielon ion genie^
& fa profeffion font bien , je me luk
2arde de dire qu'il k peut faire qu'il
y ait au' monde plufîeun perfbnncs^
connues ou inconnues , que Voa
n'employé pas , qui feroîent très*
Inen > & je fuis induit à ce fèntiment
par le merveilleux Aicccs de certaine»
I
ois u^îâcéfstt^ m eË Siecxe. 179
^em ^ k iu^rd frai t jplaccz ; 8e ^?/'*
de qui jufqu^ • alors on ti^^tt pas *
âôeeiidu da (orte^ ^ndesHcJiefts.
Cotnhietk d'hommes adDiirabler l
ic qoî avoient de très^scairx getiiés-^'
Iboc fn^rtà- ûtis qùV>n ^n ait parte f
Combien vivent encore dont osk né
pttle point V & d^nt on m parlera
Junais i t ^
^ QieRe fiorrible peine à xm hoi»^
ne qui eftlansf planeurs 6e fans ica^
batev'^^i- 1^^ engagé dans ancutt
Corps , .mais qui eft teul , & ^ui n^(
^e 'bà^ifééûp><fe 1^^ pour t;oute
ttoommâtdaf»on'' , çle fè taire jour i
lfh^erti'1'obfeiinté ôii 3 fetroq^^ ,8^
dr«riii^Vtottivtw*d*tthH&t <jm éft eu
^' '^MrM*«;^cfljuè *e i^ift- a$
iii^«^tti£Me ëki Âetitc'd'u^ '^^ . ^
' EiCB( -homin^ •fôht trop ocçu]^
tfàjx-mêmci pôuîr it^dir' le loifir 4*
toentetrer <m de ^fi^ther ics autres t
9c là vfeift^^yccr ûîï '^àto^
^. miè^ plus 4rân<fc mckJ^^'KoW idit
«S*t <J^*c3s igncïré;^ ' - ^ "^
• -* Le écnfc *c les. grands fâlfccà
fnanqta^m^ibuvènF, ^dquefois âuflî
le) ictdd ^ôcoifions : tels peâvêhtétî^
^1" I^tf loiia
i8o Le? GAftAOTB.Uls»*
Du Me. Iqiiez de ce qufjils^ont fak ;& lek <k
^ ' ^ • cé qu'ils auroient f^k.
PE^HsoN- - ♦ Il cft moins: rare .de trouver <fe
* i l'eipiît q^e des gens qui i^ fèryencdu
leur y' ou qui faflenç. valoir ceiiû dca
autres 9 Scje m^tfat i :^wlqiij^
muorç^ ^, . «'•.</.,' ••, )
* II y a pjw.d'ootils^Wjd'ptt.
vriers , & de ces derniers plus de
toauTats ,que -d'excellens : ' qat |cnfeU
ypus de c^uiqui. v^t fciar /iveç ^
jaboç,.&qui, prend fe.Çpcidijpur.Rkt
.. * n n'y a pomt ap mQg4^:^U;J^
pénible m&ier que celui de r&'fû
un grand nom : la vie s'açbçve qt
* Que fau-e à'Eg^ffe qui detoiaif}
fièw^.oft.^ TOct d»|Ç9Wa? I <m
tout, diienc lesam)^„ce.qujll|{9i^
^oujc^urs qul^l'n'^ |ii|is.j>Ui.f <k «aient
«our une choie que.JKUJUf.iîbèautcç.i
11? 5» îl'îH^ !!«,»■ sH^é^'a^m
.^Ki^
botuniés occupcit d'eux iculs dan» ^^
kur jeilocâè , corrotiipus par la piH
x^c ou parle plaifir^croye&t fauflc**
«[ent ikns^ un' âge plqs avancé iquîil.
leiir*iu£( d'4tre iniiQles: p(| dansî'in-
4îg$ntf.^;a£i^<]a^Ja llepublique foi(,
eô^gffç ^ }es placer ^ ou à les iecou^
lir ; & ils profitent rarement de cet«
te: kçon très-itpporrante ^ que ks
^QQiiaet 4iSy9)i<}]tit employer Icspre^
Qi(ai^.«nQ€^ 4c IciHr vie à deyoïnf
tciei fwrîlçer* .^u^ca 8ç par feur tiîà*
V{ûla;^ue'lai R^pwbli^e e^e- mpine
eût b|iK<^Q::4e.kur mdutfrie & de
leitt's lutnieres ^ qu^ils fafTeat côtnintf
yi)er|^iéce,nf(ce^a»re:iik toi^t fçn éXxû'^
ce^j.*f.-^^€illri6bP<îuv&: portée par
- Noos devons travailler a nous reflh»
1».. «^ • <.^v
drc- t|F軫<iigiif«$' ^Ti^adkqiifr emploi i
; ■ % Sçfatf6iyf4<«^, p?i4^chj>K? qui
dcv/çM; &it} , pu renoncer \:£tn^t^
H 7 ttuje
^tn' ' mkitrè» ife leui^ipmine ottdeMrM-f
poi :• perntcieuiè pour k^l^MBcb ^
qui diminiHii^oir ktir OMfr , o» ]piô^
tdt le notnbtr cfe te«» «fcktos?^ <pt^
Ibrb^ ton^r leuiC' noi^ a«ee icpt»
paitMS de ktâ' ailtoint^ , û ks' to^^M
l'oie' ^e^iie à- feurs enttiQpacta^ <& è
^Vs ^t^pi^ ; qui kir pnver$i»4tf
^laifîf qt^th KOtraè k (o fttrtf pritt»^
pi«ffîr'^/^Hd«ér:,4> ftiré ttlottc^'
«ii'à iiéf^lèr , è pi^xaèttitidC 4^M« poa^
dplttër;:qtti^Ier' ^veikréilf^étBiU
goût' qo-'ils ont quelquefois à ok^sv
Σf fx^i en vû£ Stli Satàmw' ktaèn»
tà&ttc , la fbteriti^ k'fôu^Beri» ^^dl
^roic d'une Ckiv/r érageii^ ,^ pîéÎM
de'mDuVefflenriSi>0c d*Kitngqc#,' ^ottVJ
ihe ^ne pièce eècoique ou ÉRCGoe-w»*
^tquc. , dom,les fâgjès >M-1ëi^éttt>'^ë«
les !péaittèur$) tjiaf i^àkttfibh' (^ la
a^tiité' mA Mûmmiéa^edttSiéhiili
dés hotmnéj y 8é dé la iiatni»^ firt
fcui^ yifeçcs'i qni rftettdféff fcttt K-
Iff^: qui |rt£veiBeràit <» etiir'îfreé
otr tBacMtmwM m^ (Si $ù^i. it^
rtafeos Mâoiels Phdbttude dit mx-'
& de roÊcrcicc ; qui les ostitc*
xok àr rémalaiiioo , m defir de W
gloire , à ramôur delà vertu ; qui au^
haa de Gourtifiais viis, iaqùkts ^inuw
tik y. ibuvett ooeroix è^ h RepuUi<
que r en feroit ou de iâgesoeconoi
itiss ^ oir d^fisûslkas peres de famille^),
ou des Jugdr. ints^jits » ou de giiuid^
Capkaioés ^ on des Orateurr ^ ou de^
PlHfe&pkes i ik qtti ne leur atcireroiir
k tous: mil MBEOast . iacoiifttiiedt^» qw^
«clm pait*âtrrde hàSkri Icmsi^i-î
ée»^ Éftoôtt.de iiè&m que de U^aat
excdlptes;
« H f«]t etr FriAc^e 6eat2{:oti$r» dà^^
ldrmec^,& une gpuide étendue dfe(<
prit pour & fuSkt à^9 ckàrg^ S(dief>
CBiploî» 9 Se confeiitir dinfi à dcB^cur
lerchEZ ibr^ & à œ rktifkirc.' Per^
lonile pfefiioe nV ^V de sueritir
pour. jouer ee.ràk aifeâ di^i^é.»:^^
affi^ dft fond poiar mopUr k vuide
do fttolSyram^^qiselcviiljBgtre lip^
pcttc des al&icei; il ae mm^wi <»^
pendant k l-piilyeté du \k^ qutiqif
neîBciii? itDiSL; 6c que nicditcf , pitf^
lor ^ Use , Se ccre ttAnqMifle sPfrppe]Jto
vu
* »« •«
KlU
ti4 lis <;AJCAéTf!lt<^
fhi Mf- " * Un homme de mérite , & .qâf.
kl Ta e^ en place 4 n'eft jamais incotnmQ'^
tsftioif. 4e par fa vanité ; il s^ctofurdit moins
du pofte^qu'iî occupe, qu'il tfeftBù-
milié par un plus grand qu'il ne
reôiplit pas ifiî. donc il fe croit dignes
]4us capable d'inqttietude que de fier*'
té , ou de mépris' pdUr^es autres | ii
tic penfe qu'à foi-même. - •
* ^ Il coûte à un homme de meritei
4e faire afliduement fa Cour , mais
fi^ une raiibn bien oppofifeà celle
que Ton pourroic croire^ Il ; n*eft
^oînt tel (ans une grande. modeftiè ;
qui réloigne de penfèr qu'il failè le
moindre pkifir aux Princes ^ s'il &
trouve fur leur pafiâge, fe pofte de-^
Vant leur» yeux , & leur momre Ion
Tifice. Il ^ft plus proche de fc p«*
foackr ou'il les importune ^ & il a
befoin de toutes les raifons tirées de
l'ùlàge & de- fon devoir pour fc ré^
foudit À fe i;âontiier. Celui au con«
fafaîre qui a bonne opinion de ibi ^ &
que le vuteaiftî appelle un ^orietâi
i du goût a^fetfaire voi^ ) & il fait â
Oour. avec d'autant plus de confian»
<!e , qq'iL eft incapable de Js'imagjipct
guc les Grands dont il eft y{x]^akot
ïatreiiïent de ftperibiuie-, qWll/faiU CttÂK
lui.méinc. . ^ :■ ih
* XJn hmnâcc.hômirie fepâye pâf
les cliatDS de^r^pUci^oh qâ'il ai
ion devoir par ktplaifirifil'il fentk lo
faire ; & fe défintâtflè ihr les e1o4
ges 4 Teftittiê >^ & ki itconooi&ncir
qui lui itlàQ(}tieiSC <^el(|iiefois.
^ Si j*olbis faire une coifiparaiilbf(
entre deux conditions tottt-à«&ic in^«
pies ^ je dirois , qu^ûn^ hoa»ne de
cœur penie ï retn[^tr Ib devoirs ^ k
f>cu près^comtne le couvreur fonge à
couvrir : ni Pun ni l'autre ne cher^
chent à elcporer leur vie , ni ne (bnti
détournez par le péril ; la mort pouf
cun eft un inconvénient dans ki mé^ï
tier 9 $: jamais un o}>JlacIe. Le pré»
saier aufG i^eft gueres f\u$ vain d'ai
toir paru à la trancha ,' emporté un
ouvrage , ou forcé un retrancfaef
ment ^ que celui«ci d'avoir monté fuif
de hauts combles , ou fur la pointé
d'un clocher. l(s ne font tous deux
applii)w2 qu^ï bien faire ^ pendant
que le fanfaron travaille ^ ce que l'oil
dife de lui qu^il a bien ùdt. .
* La modeftiè efl au mérite oê
que ks ombfcs ibht au?ç £gi<rés dans
>I RtOlt*
*J1*^ & du relief. ....
Vti tmmtit lÎDipfa «ft l%b*: de*
paruié pQW CiîtliMNJ; «>9t.^ei]^li ifm
«k . de gnodi» !«âfcio»v J^^^^, gomp*»
re à lAie btaucé di^«^ *> «Mï {du^
^ndqttc Qiwragje qW «c ki*r- % pa«
tïzl vmfi » & ataàfi Qt^j^ 4t<c <]^ 1^
Àbdcftîc imi bieiaf a^^ gr«f«U i^Hh
Es kit QttiMéHsî ^mW^bM
le bpi&ût axa portos 4is pKw 4^ Il
fceuitef •
* Vcittc fiÈ eft fegœ, wfeit^
]K» airaeer àt la Tribune. Voti9
fille cft Q^c pioinr k monde» dq F^
leroM pas panoi tes Veftalc^. X<t#^
Hu iioùs af&:aachf e& fmbic 8c tîn^k
de 9< QQ (Eltâcitz; fsà y MËitea»rte dit
iqgioais & de k milioe. |e vcu
Ji'avsûiceF , dkés*iN3lii r œmbfex^e dof
àkwV fii^dttrgcK-fe de tereca » de
iate te dû pciiKdbm yr^vcKnvotis^
ëa Witii ^ éw» tivôm d^ 4i^0Kf
éù elles lui feront plos ditonjksaÉqf» ' Ih
h vtxtxL B* a^èâ' €oàt€ioit iropy
Dnegoiitmdi'ieaa^|Aiet<>«$. piiifcst dqt^
*lPibcepQitr coticbup X^tits ^ ¥Ott#
aimez , & peur pré vœîc ks h^nteût
Ib fii^ dHM«q^igt9Beittoi^ ii^ n^eftr
faspcQpit>
^ fi né &ifi( iWbgird^r dkiiè' fe«^ À^
^ue b fevlrtcrttt qui àoiisf^tnche à-
eux , fans" aucun c:tametf de l^vkif
lentoeoâ de ktiV mmiyaife fi)ftune ;>
& quand on fc fenf capa01e de le^*
feivre dons; leur dî&niceril^&ttt lei^
culÔTtr hâidimén 2s avec coUfianiXi^
|u£buBS d»s kw plor gKaàde pr^4>cf
ritd
^ S'il efl^ oràii^it d'être ^ivtirieof'
iDucbë des chofes^ i^rés ^ pcs^ir^oi W
fommes-Hotts fi peu de la^rcAU ^
^ S'ft eft beu«ci>x d'avoîï- de It^
iiaijQànce y* il ne Teft pas moins^ dPêtrr
tù çploitim s'itttonxr i^u^- & vdu» éir'
a\PC2»
* B appaimt de ftito en tifiA^ AiT
blaoe de k mre des honmer rares ^
fxquis, qiiilMrilkiiC|i«r kii$ v«i«ti^^
tit if i- Se dont les qualîtez étâirieAteâ jettdt
iiti* ttn rfclat prodigieux. Semblables à
tii"^'*' ces étoiles extraordinaires dont on
ignore ks orafes , 8c dent M fait en*
core- moins 'ce quMks deviennent
après avoir di(pajÊ1i , iU «'ont ni
ayeuls ni defeendans , ils compoTent
fèuls foute- leur rade/ >
♦ Le bon cfpfit nous d&ouvit
lK>tre devoir , notre engageaient à le
feirt j Se s'il y a du péril , avec pe-
fil : il inipiit k courage ^ ou il y
fupplfe
« * Quand drt eii^celle dans fôn hn ]
le qu'on lui donne torite la perfec-
tion d<mt il eft capable , l'on en fort
en quelque manière j UV^ s'égaie^
ce qu^il y a de plu? noble & de plus
releva, V** eft un Peintre. C**
îin Muficfcd , & PAuteor de PyJ>
Ine eft un Poëie : mais Mignard
cft M 1 6 N A R i> , L u L L y eft
LuLiLY 9 & CoRK£JLL£ ^^
CoRNElIiliE^
* tJn homme libre , & q"^ ^^
point de femme , s'il a quelque efprit
. *cut s'dever au deflus de fà fortune ,
Je mêler dans le monde , & aller da
jair avec ks pluj honnîtes gens :f^
ôtr tu MoEUitô Ofi es SicetF.' i f^
^ moins :&ciie a celui qui cft eng«- Cn-x^w^
Çtf : il fembie qge le mariage met 1 1^ >
tout le monde dahs ion ordre.
* Après le mérite perfonael , il ' ^
!kut Tavouer , ce font les <^inence9
dignitez jk les grands titres dont tes
hommes tirent plus de dlftinâion ^
plus d éclat; j & qui ne fait me no
Erasme doit penier à être £v$r
que. Quelques ^ uns pour étendre
leur renommée entaflent fur leurs
peribnnes des Pairies ^ des CoUierf
tfOrdrç , des Primaties , la Pourpre,
iBc ils auroient befoin d'une Tiare i
mais quel beloiq ^ Bénigne (4) d'mc
Cardinal? '
* L'or éclate , dttesrvous ^ fur les
kbits de Tbiletnen : il éclate dc'mâ-
ffie chez les Marchands. Il eft hai*
bille des plus belles écof&s : le fbntr
elles moins toutes déployées daqs les
boutiques Se à la pièce ? Mais I4 bror
derie & les ornemens y aioutent enr
eore la. magnificence , je loue donp
le travail de l'ouvrier. 8i pq lui éèr
mande quelle heure il eft , il tire unç
montre qui cft un cbeif d'çeiivre : 1»
gardç
( « } J. BeoigniE Bpfluct , KTi^que 4c l^^ux»
« I
S.^» 4.BS C AA AC?"-***» '
^ T « fla au doigt \m gros diaiçam ^u*il
# ■#«.9#- J&it i>riUcr auîc yciix , ^ ^W çft jpztr
ff ■'*• ^ic i il at lai tnsmqMe aucaçc de ç«
^uricufcs baigjitciioB^clîon |)qije fiv
Joi «utaot pour l» vaiîiité ^ve poux
^♦uûgc i & il ne ic plaint non plxxf
toute forte de p^iùp ^u'un jeune
iKMnme qui a .cpoviQ& «inc riche y.âcillc,
yoûs mHçfpirea^cnfin de I9 i;iiriofite'
il faut voir dtt moins de? chof^ «
précicofcs : cçvoyez-moi ixf. hato 5f
jccs bijoux de fbifcmottjje yo«d
«quitte de ia perfonné.
Tu jBc tKMçpes ,. Philcpaon , ^ avec
fx Ç#ro.flê bf lUant , ce gr»ùd joonï^
f>tt <k £W|was qui fc Jfiijvcat, & ce?
jfi? Jbctes qui te tnéncrt , t?â p^«
jtfùe >^i> t'en cftiioc (lavaoïagc. L'oç
îeintte tout cet atdiaiî qui t*éft ^traiv>
«er , poftr pénéper jufques à «pi ,
■^i ft*es âtt'an £it.
Ce n'eft P»s <iu'il £ntt qudqudai;
'^rdomier à cel»i qui avec un gnui4
lÉoro^) an ixAn. ncfaeiSc un magni*
^jfique «équipage , s*oa croie {dus de
^laiSanse :& jtlu^ d'api» -; ^Jit ed|
jlaw
|8«ns(fa<^f%émi^.& dm les yca^ C^h4|8»
A ceci^x qui 1^ padcQt ^U
Va» â k î^fljc^ qui ^ Hd lOM ttHll^
tcau-^feyeou 4è dïà^' dtUmmds^
ttbc' W!mic$[;è farge & jpfecée bm fur
jcalotteféeinca^, ^>Hn feeaû gmin |
M cbllct bien iak & bkn rni]^ ^
îcs cheveux amsge^ & le teit^ vw- ~
ineil , qui ayèc iecjà fe fouvient dt
quelques diftinâîons !i^ctaplpyfiqtf€5 ^
explique f e que <fc^ qqe la lumiejrt
de gloire , & fait précifenent cpm?
inent l\>n yoit Dieu j pch (f^ppd^^
un Doôcur. Uijïc pcrkjnfte humble
qui eft enfcyelic dans îc catect , qu^
a njediti^ , chercha , confulté ,<:ow-
ïpnté , lu PU ^rit péndgnjt toute &
fie, tfl: un homme doâe.
* Cèeîs nous le iTolcJal: eft brave ;
te Phomme de robe eft (avant : noue
tfailons pas plus loin. Ch^ le&Roy.
ttaios PfiQmme iîc robe ûùk brave j
le le fôldat Aoit lavant : un Rotnaii|
Àoit tout enfemirie Scie Ibldat ^
^Tvommc de robe.
* D lèmble que le Héros eft d'un
£ul mécjier ^ auiH^i^l^ ècU ^r-
De Ml. re } 8f qtic Ib grand rhomcaç .d|. M
n i« ■ tous les m^ers , oiy 4$ M robe , oo
ri»<oa- dçr<fpéc,ou du »binet,ou de U
*"*• ISouc i l'un «c l»auîrc. iw ctifc«>blf
^pçfcntJpîB»ah9mpiedçJ^«çnj .
• » ^65 la gifcflre, 1» di0ip^pn ai*
tw te Heroa $£ le %mi HeH»H»e cf|
délicate } touïçs les vertus militaire»
/ont l'un & l'afttrc- îl fcmblenéih-
litp^ns <|»c je |«rcaiie? /w« K^pe . j^*"
ttepfeûant', d^uacia^je valeur , fer»
jMc dans- |es pei:ils , ia»^pj<îe j quç
l'autre éjf celle par un grand fens , par
«nç jiraftc prçyôyaiicc , par une haurç
iqapacite Se par une longue experién-
Ht, . .^^p r ^y^ *>*A L E X A N p R B
ïi'étçitqufuA. Héros , & que Çesa»
itoit un gmi Homme. . .
plus grand.s hpmmcs ne deviennent
qu'à ibrte de règles , de méditarioo
.Çj; d'excrGice. Il n'a. eu dans fes pre^
^icres années qu'à remplir des talcn»
qui Aoient naturels.,^ qu'à fe livrer
è fon gçnie. Il ^ ftit , il a agi ayaop
jjuc. de jàvqiv , ou plutôt il a fu cç
qu'il n'avoit jamais appri»^ dira»-J9
7 ' ■ ■ "•:•..,,• . %n
IL
les jeux dc:ïon cri&nce ctfc ëcë Chu^
plufîeurs viâoires. Une vie accooK
pagnée d'un texcrême 4i>onheur joiiu:
à une longue ^^experience feroic iUuir
trc par les (êules aâioias qu'il 0vok
achçvc'es.de> fe jcuneflè, Toutes ic!$
occafîons de -Wncre qui & iont^de*
puis ;éBèrccs ,.^1 les a etnbrailifes , 2C
celles qui n'et(>ienc pas , fa vertu ^
Ton étoile les ont fait naipe.; admira^
ble méme&.par les choies <]u'il a fai-
tes, Se par celles qu'il aiiroît pu fai-
re. On l'a re^rde' comme un honsu»
me incapable^ coder à l't^nnenii'» de
plier fous le nombre ou fous -les 'o"b«-
jtacles i comme une ame au ^premier
ordre , rpleine de refliburces & de lu^
miere&,qui voycHt. encore où pcvfoor
ne ne voyoit plus ; çomoie cdbi qw
à la tête des llegions était pour elles
un préfàge.ile la yiâ:aire,éc qui ^va^
loit feul plufîeurs Lçgtoas ^qui étok
grand dans la profperité , plus^tand
quand la foitune lui a écc' contraire 2
ja levée d'un fîçge , une retracice l'ont
plus annobli que fes triomphes j l'oft
ne met qu'après , les l^ataiUes gag^^es
^ les villes prifes ^ qui &oit rempli
àc gloice jgc éÉ saode&ie ^ on lui a
lonu X. I en»
1^4 Le$ Caractères
D u M £- entendu dire , je fujfois , avec la m^T
R « T I fQç grâce qu'il difoit , lHous Us battU
JJJ/^*'- ms i un honÊïme dévoue k l'Ecat , \
iâ famille, au chef de fa famille : /!q.
<:erc pour Dieii Se pour les hommes,
autant admirateur du mérite que s il
ïui eàt été moins propre & moins ta-
milier : un homme vrai , (impie ,
>{nagnanime, à qui il n^a mapaué que
fcs moindres vertus.
* Les cnfans des Dieux ( rf ) , pour
tiinfi dire, retirent des règles de la
nature , & en font comme Pcxcep-
tion. Ils n'attendent prefque rien du
tems & des années. Le n^erite chez
4
eux dçvance Tâge. Ils naiflent inf-
fruits , & ils font plutôt des hommes
]f)aifaits que le commyn des hommes
tie fort de l-en&nce.
* Les vâës courtes , je veux dire
les efprits bornez ôc reflcrrez dans
leur petite fphere ne peuvent com-
prendre cette uqiyerlàlite de talens
que l'on remarque quelquefois dans
un même fujct : où ils voyent ragréf.»
ble , ils en excluent le folide : ou ils
croycnt découvrir les grâces du corps,
\ . ' Tagi-
r Ci/;fil5<Pcttc4lff KTasdc^Jlpis,
en Les MpsvRs* 9E; çt SieeLB. 195
î^gilîoÉr,,!» -ibuplefl* i ;I^ dextérité , Cha».
iJs ae yculpQt plu$ y adnacttre les ^*
dons de l'ame , U profi;>adeur , h '•
iK^éxion, Sa-tfagigi^^ : .ils ptent de
Pài^biii: -Mr^i^fi i- A T P'<p*a ?it
dhoie. ,-: !i'' -1 . : -, - .
: *'1{ «?y.<i. gi^çgef .^hoi^ine fi ae-
CQfnpli.âc'fi,:i)ç;çd3{Mrsa!UX fieas, qu'il.
n'ait di'qMf»'fc_hite jbb^s regrçt^er^
- * Ua JbQ^me, ^çir^ipi&: 4'un <;?-
td^U^ ûfi»f^\ ^At9\^ 'fP^t îcpbei?
dam ;q?W^B«; ps^e , "il q^ gen^ pps,
«W«fPfffeRW!iO?iiiï?e.J|iifCn .d^eflca-,
«ififil«»(îfi|Wir êtfeA duppe ,- ^çtçp
£Ql^i(IQC«r jl/e^reo4 9l9Ù|s précaiDt^i}*
ft(Stti4e,4^g<}i ; .J.:if)îf# .-.Ifomp^
f*.'ttrïB.&i8, '!:•■•:•■••;;;•; S ••■ ; ,..;>
:i: J'4«iKm s«eÇif9.ift. d'âfffpÇcr «Çfo
|»yiï!*Shft(çs,;H»,hani9pp.4»fifgrrt,,x^
• .'f .1*. ijfy:a,/rie|iidc ^.idéliji , de'fi,
fîinpte-^i,5Jp^ ipjpçiçep^îtiile , o^il
n*eatr« ^ lî^njeres qui pous déce-
Iw^ yfîfeji'% Jî^ffc « n»; »c fort ;
/' ï» ni
4
RITt
PlltftO!|f«
if« ' te* CAlÊA'cfi^45 •
Du Mi- ai nt ^'éflSedl, n^ m fe kv6<Viii'tie;^
ni) hdàafne (fferprki - '
il prie des gens qu'il jie xrotuiok
point dd lés mener à}k% d^mvcs^ovft
m n'eft pds cdnnû r il^tit à des fem-
mes <|tiM! :dôh1Hbît,dferirôë.^^
iHië dam titl.ccrek def^îrfoiuies rcf-
peÔafefes^; a ^ûi ne- feVÉttt'^ftîcl il
eft ;2t îi fehs atrearfrt ^uW^^ifitcr-
Joge,.iM ô^^ fëritii*^^tfit ittseit-ôpipt,
JI «ntre-.4irte «rtré ftm 'ô^ -tmt <i(^
icmbfée j rft ptece ou il fc^riotivc 4
IbWnèmbi'bhTdte'ffiiite gi«te déft*^.
«âé'i tin iMihifl^e^ il^^'^d â c^ltd
du Ducj8c Pair: il.eftJà p^i^BÊmètt
Celui dont k iittltitodè- m .'»& qui
ftW eftgfiVe «ciké rit pdinC. Oiâ(i
^ un cWeti^ fetii*tfil dti^ïlof i »
^fiiii^^ li%îftWau^!»W«ctee^^^ St.
regarde le.jpiondc indifia^qmmefitSitti
c«nbarrài',.rafts jfetoQçtn-V'îrrft ^i)as
Mbit |)lus quci ^ idt ddKptbi m)B0if.
' * €^//îr feft ià^ûtt m^ fnedfocrê J
ou 1.9$ MoÔJAi'TDt aeS^iPCtB- 197
)^ùmmt\ tl^a fiekdon avfee dès Sa* C h ▲ ^.
yiAnà :- il%* ptastÂc alterittr y siais il i^'*'\
eonnâ^: <ks gciiâ i|iié en^ont boiu»
côop i' U d'dl^ pfis faflbile^ , 1^ %
tille iangtté (|ai péutfprvir do tracfac«r
2iitfiC9>& 4es 'picds qui peuvent le
piÊter d'u«l lieip à aà^ autre. C'eft
ûfl hmome n^ pouf des^ allées & vç->
mëfty pcx»K^ écpuMr dés propofîdooS'
flC' ksr rapporter , pour tnSéasé dH>ffiH
ce , pmH' altct pltt6 lom quefa coixv^
fiiifltMr ,^' ea^ écnp defevou^ ^ pou0
KcoQcilJerdes gens qui & quêrdienr
à lea^ premîero entreTÛë , poar taïf^
fir dans- une af&ii^ £c -ea marquer
2»illè^ poiirft doiMKi? toàie la 0oirç
êèikrév^^^ 2C fÀMird^urdêr ftir
lèi'atitre& la mine d^itt qiauvais iu(>
cèa.^ li lait les bràia oeJÉimuns , lest
fai flsbr icttes de t^ TiHè 2 ii ne fait nen>
il dit où il' éœu^ ce qw les autrea
fi>nt>â éft^ nouvellijde ; illaic ttiièine
IdTé€M:de$ Àmilles t.ileficredans de
pliis iRHifid i^ij^fteres^'it v0ua dk pourip*
^fum'éekif-Ci ^^it^ndl^ , fie pourqu^tf
en n^ppélte cet! autre ! tl eonnellt le
fend & lescaufësde la fetooilleiiiedéa
dèuK fi^erei,^ de ta i%ptUiedB3deusf
Ij pre;
D V M »» penaiérs ler triibs fukcs dekurnicSi
p s R . o N- intelligeoca? o^- t^âl pas cbt de- ccu^
.ii£L, eicjiie leur unîop ne feroîtpâs Ipn-
gué \ n'^coit^iL;.pàs"pfGreflfe ï* de Gclr*-
laines paibles^ qtn:furciik dit£$^ n^çty-
tra-t-il /pas;daD&ufîee^Ci:i^.dc negpcia?
tionMeroulu&!oncifQire.> fac-il écou*
té ? à qui parier- vous de ce$ choies i
quî a eu pkts de part que Celle à rou*
tes ces incriguea de Cour >^ fî cela
a?écnit àiofi , s^it np Payoic du moisir
ou rêvé. ou imaginé ^ ibngeroic-il i
TOUS ie fkitt : croire ï auroic-il l'aii?
importafic Sç lâyilerieux d^uu homme
levétu d'une i^mbaflàde^
. ^ Mfnippr.tik PoiTeau pare de di^^
Ters phimagés qiiirqp ipnt pas à lui :
il ne p^liQ. p^ , il ne fenç pasvil ^e^
pete de» reotimeps Se des difcours ^ (e
fert même fi a^tarellemenc de refprit
des autres y qu'il y eft le premier
trompé, &.. qu'il crWt foûvent é\tu
ion goût ou e}<pliquer â peçCee^lors
qu'il n.*eft' qi^e Péçho de- quelqu?ua
4u'il vieflt;4e ^tHCtcr. C'^ft uahom^
me qui. eft de mife un quart d'heure
de fuite, qui Ic; moment d'après bail^
fe, dégjéaerflvjpcçd le peu deluftw;
^<^'iinjpe.ii de^ nteqioire lui d$mnoi(^
8Ç
où lEs Moeurs db ce Sieclb. 199
Bc montre la corde : lui fèul igtiorc CftAVi^
combien il eft au defibus du fublimci I ^-
6c de rheroïque j & incapable de fa-
voir jufqu où Pon peut avoir de l'e(^
prit , il croit riaïtemcnt que ce qu'il
en a , eft tout ce que les nooimes eil
iàuroient avoir : aufîi a»t-il l'air & ïo
maintien dé celui qui n'a rien à defï-
rer fur ce chapitre , ôc qui ne porto
ciivie à perfonne. Il fè parle fou vent»
a {(^-meme. Se il ne s'en cache pas :
ceux qui paflent le voient , iSc qu'il
iemble toujours prendre un parti , ou
décider qu'une telle chpfè ed; iàns re^.
plique. Si vous le fàluez quelque-
fois , e'eft le jetter dans l'embam»
de fçâvoir s'il doit rendre le falut ou
non j 8c pendant qu'il délibère > vous
êtes déjà hors de portée. Sa vanité
Ta fait honnête homme , l'a mis au
deïïusde lui-même, l'a &it devenir
ce qu'il n étoit pas. L^on juge en le
voyant qu'il n'eft occupé que de fa-
perfonne, qu'il fait que tout lui fkd
oien , Se que fa parure c& aflbrtie ;
qu'il croit que tous les yeux fontou-.
verts fur lui , Se que les hommes (e
relayent pour le contempler.
^ Celui qui logé chez foi dans uà
I 4 Pa*
ttJd Les Caracterhs*
xi?»}^ ^*^" avec dcuK appartCracnsrpotw-
j'iKsoiip. ** àaiX; iâifôas , vient coucher au^
»*!., Lottvrc dans un eatrcfej-, rfcuJefe
f«s aiflfi par modcftic. Ccr amre
^ pour confcrvcr une taiile fine
S^fticnt du vin , & ne fait qn»un
iêul repas , n'éft ni fobrc , ni tcmpc-
wnt : 6c d*tin troifiAne qui importu-
né d'un ami pauvre , lui donne enfin
^ucl^e fccoors, l'on die qu'il achète
foarepoa , '& nuHement qu^l e* li-
merai; L« motifs fêul. fiit le mérite
<fcs avions des Hommes , & le defîn-
ttreflcment y-met la perftaipn. ,
^* La ftuiTe grandeur cft ftroucïfe
« inacccflîMc : comme elle fentfoa/
fojble,. elle fc cache, ou du moins,
«e ft montre pas de front , & ne fe
fiit/ voir qu'autant qu'il 6ût pour/
impofcr & ne paroÎÉrc point ce qu'd*
I« eu , je veui dire une vraye peti-
tefle. La véritable grandeur cft li-
Wt , douce , femijicre , populaire.
Elle fc lailifc toucher & manier , elle
ne perd rien à être vue de près: plus
onlaconnoît.pluson l»admiee. El-
fe: le courbe par bonté vers fcs infè-
weurs , & revient fins effort dans fon
«afurd £ile s*absiDdoiuic quelque-
' ' foif ,.
O0 I.ES Moeurs i)È es Sibcie. i»r
fois V fe Vcg% , fc i'cfâi;ïie de fti Cha?.
avaiA^gcs » jtoujoufs eh pouvoir de 1^%
les ^prendre , Ôc de les faire Vaorr';
elle rit , joue & badine , iînik avoc
dignité. On l'approche tout epfem*
ble avec liberté &, avec retenqë. SqiI-
caraâere c(i noble & facile , înl^ire
le refpeâ & la confiance ; & fait que
ks Princes nous paroiflènt grands 8c
ts'ès-grands ^ (ans nous &ire fentir que
aous fommes petits.
* Le fage guérit de l'ambition par
Pambition même T il tend à de fi
grandes chofes , qu'il ne peut fe bor-
ner à ce qu'on appelle des trefors ^
des poiles , la ^iortuoc Ôc la &veur.
U ne voit Tien iMcs de fi foibles
avanuges qui. ifiit fffez bon & aflèz
iblide pour remplir ion cœur , 6c
pour mériter Ces ibins & (es dcfîrs : il
a même befoin d'efibrts pour ne les
pas trop dédaigner. Le feul bien
capable de le tenter eft cette forte de
gloire qui devroit naître de la vertu
toute pure 8c toute (Impie : mais les
hommes ne Paccordent gueres y Se il
8^en pailè*
* Celui-là eft bon qui fait du bien
aux autres : s'il fouffie pour le bien
If qu'il
101 Le» .Cailacteres..
D o M 1- qu»il fait, il eft très-bon i sll lÔuflSè
Mifc. " MM fi grande bont^ qu'elle ne peut
Être augmentée, que dans le eqs où
iës £}Jumunces viendraient ^ croîcre ;.
& s'il en meurt, fit vertu ne içauroil
aller plus loin, elle cft heroïquç»eU&
eû'pat&itc.
CHA*
ou L£S MOBURS DE CI SifiCLE. 20)
CHAPITRE III.
Des Femmes
LE s hommes & les femmes con-^ C h a P4
viennent rarement far le mérite ^^^'
d'une femme, leurs intérêts font trop
diflferens. Les femmes ne fe plaiient
point ks unes aux autres par les mê«
mes agrémens qu elles plaifènt aux
hommes : mille maniefes qui allument
4arfs ceux-ci les grandes paifîons , for*
ment cntr'elles l'^verfion Se Panti-^
pathie.
. * Il y a dans quelques femnïes une
grandeur artificielle ^ attachée au
mouvement des yeux , à un air de
tête f aux façons de marcher , 6c qui
ne va pas plus lom j un efprif éblouïlV
iknt qui impofe , & que l'oft n'eftime
que parce qu^il n*eib pas approfondi.
Il y a dans quelques autres une gran«
deur fimple , naturelle , indépendant
te du gefte 8c de la démarche , qui a
& fburce dans le cœur , & qui eft
une fuite de leur haute naif.
■ 16 faoccj
«« IDlt
2ro% kfis Garactire»-
lx^>i I s. ^^^^ ;,uiv mcriw paifibjc , mais fôlî-
' de ^. aeco0^)àgae' de mille vcrtos'-
qilkUcs ne peuvent couvrir de toute
kucinodeiÛe ; qui echapent^ £c qui
& HK)ntrent à, ccuX; qui ont des
yeux»
» pâi v^ foohaiterd'cfrc filte , &:
vnc belle £lle depuis treiw: ans juir*
mes, à.^ngt-dcux^ â: après cet âge/
4e àewQÎr on homme* .
^ Q^lqiies jeanes perfonnes ne
«HBoiflèm pQfimafl^ les avanti^ts
dfttOCL bcuvcu& nature, Se combtci}:
il kujp ^roir utile de s'y abâmdomien
EUesafliMblîilicot ces dons du Ciel &;
Hrm & fi fragiles pardes mameres?
a&€bees^.& par une roauvaife imitai
ma. ixof ton de voix,^* kiur d^
Mu-che fynt empuntées : elles &;
fiompo&nc , eUes fe recherchent, le*
^ttident dans^n mirotr û elles i^âà^-
g^ent4ii]èz de leur natutcl : oe n'dS^>
{MO £ms peine^élks pkiiènt mom&K
^ iShèz les fefiâme^^è pay^r & A,
ftrd^-iAsft pas , 3e T^ooe , parlerr*
omttç fa fetîfée : e*eft pi w^Mâi ^
Jk^ tttiMâââèiKnc '9r là ^mafearade ,oà^
t^njat fe domie point neur œ que
^ fouler
»
ou -LES MotUBiS Dfi Cfi ^EClt. l&f
fèuTcmcmà fe cacher tt » ft lairc Crtuts
igTX)rcr : cVft chercher â impoièr aux: IH^
yeuxr^ & vouloir paroîtrc (eldn Tcx-^
wricur "Contre la .veritd ; <:'cft - une cfr- "
pox de-menterie*^
Il fiut jugcr<î€s Ifeimes dépdfs It >
cJiiHiffi]^ jufqu^à la <:oëilire exclufî--
vcmeiit -i à pcu^ prèscomme on mcCttm
re le poifibn eiMr« qQeiië'& tête.
* "S^ ies Itfmma&^euAènc feiîemenc;
ite« belles à lettre fptQpm^ytwi -& fe-
plffrre à eUes^tnêmee-; elfes peuvent*
fin» dout« tkm 4a Timiiersede s'ân^'
bHiir , dans te ciKMxdes^'irjuftemensi'
&dc la parure fuivre leur goût 6É-
Iqui: caprice : mais fi eSeffi aox -hom- -
mes qu?dfes défirent de pldire , fi c'eft:>-
po«r eux qu'elles fe fardent ou qu'el-
les s'H^hluminent , j'ai/recueilli les^
¥oix i &r je leur prononce de la part^
de tous les hommes ou dcf la plus
grande partie, que le Manç & le rou»-^.-
ige lés fend aiffrcufes^c députantes $,,
•que k ronge feul le? vîcilHt S lesdé-
giaiiè ; qu -ils i&SBknt antant ï les
voir avec^de la cerufe inr fc vîftge ^.
^n^av^ec de fkuffes dents ^«n H bou-
ché, «t des 4>ouîes de trire dans les-
tméK0nGS in^^ ppotcflcnt €crieu(e^
FiMMlS.
lo^ Les Ô ara et eues
,^. I * flieiit contre tout l'aftificiî dont cllei
ttfent , pour fe rendre laides ; & que
bien loind'en repondre devant Dieu ,
il femble au contraire (ju'il leur ai(
refervé ce dernier Se infaillible moyen
(de guérir de» femmes.
Si les femmes etoient telles nato-^
rdiement qu elles k deviennent par
artifice , qu'elles perdiâènc en un mo*
:mem toute k fraîcheur de leur teint,
qu'elles euflent le yifage afuiO allumé
6c auffi plombé qu'elles fe le font
j>ar le rouse & par Ja peinture doot
,«lles fe fardent y elks ièroient incon«
folables.
. * Une femme coquette ne le rend
point fur la pa/fîon de plaire , & fur
.l'opinion qu'elle a de fe beauté. Elk
regarde le çems & ks années comme
quelque chofè feulement qui ride &
.qui enlaidit kst autres femmes : elle
joublie du moins que l'âge cft écrit
fur le vifage. La même parure qui
.a autrefois embelli fa jcuneflè , défi-
gure enfin fa pcrfonne , éclaire les
défauts de fa vieilkflc. La mignar-
.diiè & l'alfedation l'accompagpent
id^nsladoukurJScdans la fièvre : eUe
meurt parée & en rubans decoûleur.
? * £x/ip ' entend -dinj d'one aWre co" CAaV^
qucttc qu'elle fe moqa€ de fe piqiuôr ***•'
dejcuncflè & de vouloir ufct d'ajuC-
temens q tn ne conviennent phis à une
&mme de. quarante ans. Lrfè les a^
âGOompIis,.fiQais [les années pour-eUt
est! moins de douze mois &. ne k
TîeiHiflent point. Êïle le croit ainfi t'
£c pendant qu elle k regarde au mr«
jroir y qu'elle met du rougp fur font
viiège & qu'elle place des- mouches y
elfe convient qu?il n'çft pas permis à
nn certain âge de faire la ji^une , Sa
^nc CUrice en eâct avec les mouches^
& Ibn rougccft ridicule.
* Les femmes fe préparent pour
leurs amans , fî elles les attendent i
mais £. elles en font furprifes, elles
ettUiomà leur. arrivée Terat où dk$
k trouvent , elles ne fe voyent plus.^
£lles ont plus de loijSr avee les indif^
ferens , elles fentcAt le défordre oiSi^
clks font , s'ajuftenten leur préfcncc,
^u> di^raroifiênt un moment , Se xo*
viennent paréeç.
* Un beau vifage eft le plus beau
de tOM3 les rpeûaGles^Sc Pharmonie
la plus douce elî le fon de Ta.voix de
ceUe.que Pbn aime*
^ - *L*a.
\
Des 4t i/igjp^osénr.' eflf^ aijaitrâire : fz
E« HMis. bJùiu^ clt'qiKlq« chofede plus néd
& <te phi» indépendant' du gpûc fiexlc
Popioiom'
tâin»' beautés /fipnrËûtçs £c d'un
taerite £ ÀHanm^^ue l'oiii ^e borae i
les voir Se à leur paticr/x
^ Une belk fkamie qui ar<le»ic]tta»
lit^;d''un honnâccr homme , eft ^ce
qn^tl y^a au monde d'un commerce
plus délicieux : l'on CfOuVe e& elte
tour le mérite des deux {cxs.
* II rfcbapeàune jçune perfimnede
petites chofes qui perfiiadent 'Ixsitt^
coup , Se qui fiatent iaifiblém^nt
celui pour qui. elles font £iiccs : il
n*ecbape prefque tîen aux hommes :
leurs care£^ ibnt^ vc^ifKaires : ils
parlent , ils agiflènt , ils ibnt emprei*
(ûz , Se perfiiadent moins.
* Le caprice tH dans les fenmes
tour proche de là beauté pour ésre
Ion contrepoison^ & afin quelle nuîfe
moins aux hommes , qui n'en jgueri-
roient pas fans remède.
^ Les femmes s'attachent aux
par ks ÂYCurs qu^:ll6S leur
»i>)M;5« «^
ee'LHS MoÊrtRS M CE SlECtE. lO^^
«cordent : les hommes gucrificnr par' C h aJê*-
CCS' mêmes- faveurs. ^-
* Une femme oublie d'ûfl lîômtnC
qu'elle n%mc plus , jufqocs aux fâ?*
veurs qu'il a reçues drctte.
* Uhe femme cjui n'a qi^àn ga^-
lanr croit tfêtrc pomt coquette ; celle-
qui X plufieurs ^lantsrcroît n'être
que coquctce.
Telle femme ente d'être coquette
par un ferme attachement ï uti feul ,.-
qui paflc pour folle parfcm mauvais >
choixi.
* Uirtincicn^galanr tient à' fî peuJ
^ de chofe qu*il cède i un nouveau ma- -
ri ; fit celui-ci dure fî peu , qu'un ^
nouveau.^ant qui fur vient jWicnd';
IccKingeT
Un ancien galunt craîiit ou mépri-
fe un nouveau mal felon le- caraftere
de la perlonne qu'il fcnr;
11 ne manque fouventr à un ancica-^
galant auprès d'une femme qui l'attar-
chci q^e le nom de mari î c'cft beau-
coup ; 8c il feroit mille fois pprdu?
£ins cette cirçonftance*
* Il fembïe que làgalinterfer dans>
une femme ajoute à la coquctteriel
\Jn homme coquet au contraire eft.
Ois ♦'A juger de ççt^ femme par â
7iMiiis. bêattteVfa jôBoe^, û.fifiraf^ & icc!
dédains^, il n'^r a perfonne q^ doqcç
que es ne fait U9 j^kiw^idcn^eua
jour )a cIviratfF ,: Cm cboi V ^ f^H i
HJ'cft wv peut nwûifti'f «!li': rma^aç
d^fprit,
f U jr a dé3 (émtm d^ flltncs;
qui par leur complexiou o^ p^r- leur
OiàuVAii isskmOsere &nt tmwolhpatnt
la rei£»!irce de3 jeupes gj^ns qui «*qQ(
pas a&zdehkiL Je ne fni qui eft plai
è phrndié , ou ^'une femme avancée
en' âge 9 qtit a befoin ^ d'un Cavalier,
où duA^Caxâlier qiû a beicûa^ d^iinp
vieille.'
* Le rèHw de k Coo^ttt-rt0 i
k Vilte dans ww rùdk^joh W^aît
lé Màgàtraf ; n^miâ en cnmice ^^ ^
iuÙt jgrjsvamfi qtie le Boufgçpfs^ea
baudrier ,4es écarté, & devientow*
trc die Ifplace : il cfto rfcoarf , il eft
aim» ; on ne tient guettes plii$ û^
waoÊomi xontxc une écharpe çfo^ Se
«me pinmt blaœiibi ^ ccmttc un ^poir
»it qu^ pMle mtLùi ér pritiefUir
niflfef.' II hit des )}l0iix J6c das ^r
wslêà ^ on l'admira ^ il &ît entk ; i
miacro^lieuës de là 'û£k v'nié^. .
ou LE^MotÛRSDfi CBSnOli. *!*}
• *^h;b6mmc4e la^ilk çft pour Cha?,
une lèmme de iProvince ce qu'cft ^
pouTiiDiQ fèmiiie jf^ }/i^c jan homnu:
^ A iin hQomke^m / ix0i(btttj^
qukft gi>nd parleur 5Çc/muvars plan
(ànt ; ijuiparlcdè foi avec coriBinco^
il des auti^s^ .av^c ,4)»épris ; impé-
tueux , altier '^ entreprenant ; Ëins
îoœtu^ ni ipràbité ; dé 4iul jugetncQt
€c*d?iineinD$g^iatiôn très-Ub^e, il ne
lui maiitjiit pitis pour être adoré de
bî^ dds f$tnme^,i <^ue de tbeauX' ifâk$
.& là taill^^Wle:
^ E ftiiêe4cn yûe 4a fetttr /^èkn par
«n gœit Jiypocpndre ^e <ettc fcm»
me aime uâ . ^àtet V <ïei?ee «atre u4l
Woinc , & Ikrii^v ,-fon^M
--•>iî i?(?/ri«/ (-4; ) .eri<re ^ûr U fçenc
^cn)te ^encofKS q<f it 41 Jes-jamb^s^bien
tournées , - 4|b11 joue ^itn , £c 4e
tMgs tolëft ^-Sc poiir-^iiYat^^ ^pait.
^kcaxiéf^ %4i&\vt\ m^(^é[^ ^cmmi
on lé M^^'ipkàtptÈtl&iàvdZ'^ jboxi-
^ :ctt^i« éfllM le i^t ^«^iMcodbe
rag«|ttK(it- ,4aqa-jte içp'il^ -fek^^^«
) /♦;(
-iii6 Xbs Caractbue.s
t) rs * Pour les femmes du monde , va
^iMM£s. Jardinier eft un Jardiaier, & un MaC-
Jbtx dl un Maflbn : *pour quelques
:autr^,plus retirées un Maflbn di un
iîiommè , uîi Jardinier eft un born-
ée. Tout eft xcvmioa à gui k
craint,
* Quelques femmes doïmem: aux
^Convents èc à leurs amans ^^alances
/& bien-ifaiârices elles ont Jufques
<daiis Penccince de PAutel dos tribu-
nes & des ôracokes où elles lifènt des
fbillecs tendres , *& où perfonne oe
;Voit quelles m prient point JDieu.
* Qy\ft-ce qu'une iemme que
jPon dirke;^ eft-ce une femme plus
.coinplailaiite f our {on mari , plus
.^ioucepour fes domoftiqueSj, plus ap»
^pjiquee à fa famille & à Ses afl&ircs ,
plus ardente & plus fincere pour fcs
:amis ; qui foit moins çfclave de fon
^lumeur , moins attachée â fes intc-
?rêts , gijîaimç moins les commoditez
de la vj^ijc ne dis îpas. qui faflÇe des
l^rgclîçs a fcs bri&ns qui fojn; déjà ri-
ichçs , maïs qui opufcnté çl\c- même
.:& accabla du fupetflu leqf faumiffi:.
Je. ncçeflaire., & ieur «nde au moins
|a Jufticc .^'eflc 3eur,,4?it,i xpi (cit
ou t£S MqECIU D9 Cl SiSCCE. 2 If.
pïus çxçmptc d'amour de îfoi-njEme ChaîÇ
& (J^eloignçment pour les autres , qiiij ^ ^h i
foit plus libre de tous attachemens,
humains ? Non , dites^vous , ce n'eft
rien de toutes ces chofes, Jihfiftc*
Sç je vous demande x}u'eft-ce donc^
qu'une femme que l'on dirige ? je
vous entends , c'cft une icçamc ijui ,
à un Dircâeur.
* Si le Confeifcur éc le Dircârenr*
ne conviennent poinr fur une règle
de conduite , qui iera le tiers qu'une .
femme prendra pour fur^rbitre >
* Le capital pour untf femme nVft
pas d^avou? un yirecceur, mais.de
vivre fi uniment qû^eÙe s'eh puifle'
paflèn '
* 3i une femme pouvbit dire ï.
{pn Confeilcur avec fes autres foiblc^
les celle qu'elle a pourfonDireâeur»
& le tem$ qu'elle perd dans ion en* /
trctiçn , peut-être lui fcroit* il donné ?
pour pénitence 4'y rcnoncor.
* Je voudrois qu'il me ÎFût permis
de crier de toute ma for/ceàces hom«
mes &ints qui qnt été autrefois bief-
fez des femmcs^. Fuyez les femmes ;
ne les dirigez point , laiflez à d'autrci;
le foin de leur (àlut.
i 7 ^ L 1 s C A R A C t B R E s
l>i f # Oefttwm contre un mari ii'êtfç
V^xiili. coquette 'K aev(>te ; unefcname de-
vroit opter. ' '^^
* J'ai dîficré à le airc , & j'en af
ibuffert i mais ehfio il m'cchapc , 8ç
j'cfpere niêmc qiic • ma* francbilè fera
litile àcéiW qui n'ayant pas^aflcz
d^un Çorrfeflcùr pour leur conduite ,
n'ufent d'aucun difcerhèmenc dans le
choix de'leur$ Dîrefteurs. Je ne fors
pas d'admiration ' St (l'éconi)ement a
la vue de certains perfponages que je
ne nomme point ; jouvrè de fore
^^ds yeux fur eux^ je les comemr
plç ; ils parlent , je prête rorcille' : je
xhio&rme , pn me dit des faits , je
}es recueille ; 1^ je ne comprend^ pâ$
comn^eiit deç gens pn qui je 'croiç
voir toutes choies diaipctralementop-
pofôes au bon elprît , au fcns droit ,
91 l'expérience des afliaires 4u monde ^
à la connoiflàtice dé l'hopime , à la
icience de la Religion ^ des moeurs/
jprrfrument que Dieij doive renouvcl-
ler en nos jours la merveille de M-
I^oftolat, eç faire un miiracle en leurs
per(ônne$,,' en les rendant capables,
tout fîmplcs Se petits efprits qu'ils
fQUF , cjij ïQim^çtç ^ ^C8 , celui
OIT tES MoKURS DB CE SiECLV. ll^
de tous le plus délicat & le plus fu-* Ch A.f^
blitne : & fi au contraire ils fe croyent ^^
nez pour un emploi fi relevé', fi dif-
ficile, & accordé à fi peu de perfon-
nes, & qu'ils fe perfuadent de ne faire
en cela qu'exercer leurs talens natu-
rels, & fuivre une vocation ordinai-
re , je le comprends encore moins-
Je vois bien que le goût qu'il y t
à devenir le dépofitaire du fecret des
familles, i le rendre néccffairc pour
les reconciliations , à procurer des
commiffions ou à placer des domefii**
ques , à trouver toutes les portes ou-
vertes dans les maifons des Grands , i
manger fou vent à de bonnes tables ,
à fc promener en caroûe dans une
grande ville, Sc à faire de delicieufes
retraites à la canipagne , à voir pliv-
fleurs perfonr»es de nom & de diftinc-
tion s'interefiêr à (a vie & à fa fanté, 8C.
à ménager pour les autres & pour
foi-même tous les intérêts humains :
je vois bien encore une fois que cela
lèul a fait imaginer lefpecieux Se îr-
rcprehenfible prétexte du foin des
^Rnes , & ièmé dans le monde cette
pépinière intariflable de Direéteurs.
* La dévotion vient à quelques-
K X uas
i^o Lbs CaracturiI.
D ■ s ^ uns , & fur tout aux fciomes comme
f EK^fis/ upe padion, ou comme le foible d'un
certain âge , ou comme une mode
iju'il faut luivre. Elles comptoicnt
autrefois une (èmaine^par les jouis de
jêii , de fpeftacle , de concert , de
luafcarade , ou d'un joli fennon. El-
les allaient le C-undy perdre leur ar^
gcnç chez Ifmene , le Mardi leur tcms
cjicz Ctimene , & le Mercredi leur
réputation chez Celimne : elles fa-
vpieqt dçs la veille toute la joye
qu'elles dévoient avoir le jour d'après
ce le lendemain ; elles jouïflbient tout
. à la fois du plaifir préfent & de celui
qui nç leur pouvoit manquer : elles
aurpient fouhaité de les pouvoir raf-
fembler tous en un (cul jour. C'étoit
^lors leur unique inquiétude & tout
le fujet de leur^ diftradions ; & fi el-
ts fe trouvoient quelquefois à VOfC"
ra , elles y regrettoient la Comédie.
Autres tems , autres mopurs : elles
outrent l'aufterité 5c la retraite, elles
n'ouvrent plus les yeux qui leur font
i^onncz pour voir , elles ne mettent
^{lus leurs fens à aucun ufage , Sc
phofe incroyable ! elles parlent peu :
(lies penfent çnçorc ^ éc aûez bien
(Telles-
OU tES MoiTTRS.liB CE ÉlECLt. lit
d'elles-mêmes , comme aflez mal des Chat,
autres. 11 y a chez elles une émula-* lïl,
rion de vertu & de réforme , qui
tient quelque chofc de la jaloufie-
Elles ne haïficnt pas de primer daris
ce nouveau genre de vie , comme el-
les faifoient dans celui qu'elles vien-
nent de quitter par politique ou p»ir
dégoût. Elles fe perdoient gayement
par la galanterie , par la bonne chè-
re , & par Poifîveté : & elles fe per-
dent triftement par la préfomption
& par l'envie.
* Si j'cpoufe , Herfnas , tine fem-
me avare , elle ne me ruinera pôifit t
fi une joueufc , elle pourra s'enri-
chir : fi une favântc , elle faurai
m'inftruirc : fi une prude , elle ne
fera point emportée : fi une empor-
tée , elle exercera ma patience : fi
une coquette , elle voudra me plai-
re : fi une galante , clic le fera peut-^
être jufqu'à m'aimer : fi une dévo-
te (d) , répondez , Hcrmas , que
dois -je attendre de celle qui veut
tromper Dieu , & qui fe trompe
elle-même >
*Unc'
(d ) Faaflc dévote
FlMIllS.
10
1X& Le s Caractères
Jî.!.! * • Une femme cft aifce à gouver-'
ncr pourvu que ce foit un homme
qui s'en donne la peine. Un ièul
même en gouverne pludeurs : il cul-
tive leur clprit & leur mémoire , fixe
& détermine leur religion , il entre*
prend même de régler leur cœur.
Elles n'approuvent & ne defapprou-
vent , ne louent Se ne condamnent
ju'après avoir confulté Tes yeux &
(on vifâge. II elt le depofîtaire de
leurs joyes Se de leurs chagrins , de
leurs defîrs , de leurs jaloufîes , de
Jlcurs haines & de leurs amours: il les
fait rompre avec leurs galans : il les
brouille & les reconcilie avec leurs
maris j & il profite des interrègnes.
Il prend foin de leurs affaires , îoUi-
cite leurs procès, & voit leurs Juges :
il leur donne fon Médecin, fbn Mar-
chand , fès Ouvriers : il s'ingerc de
les loger , de les meubler , & il or-
donne de leur léquipage. On le voit
avëcelles dans leurs carofics , dansles
rues d'une ville & aux promenades ^
ainû que dans leur banc a un Ser-
jnon , & dans leur loge à la Comc-
rdie. Il fait avec elks les mêmes vifi-
Ces 9 il les accompagne au bain » aux
eaux y
où ii^ MôeùrS èE CB Sipafi. Il 5
-cy ux , datis les vojragcs : il a le plus c h a rt
•eommodeappaitemem chez elles k k lU. .
campagne; 11 vieillie f^ns décbeoîr
de. fon autorité ; un peu- d'cfprit &
beaucoup de teins à perdi'e lui fufEc
pour la conferver. Les enfens , les
Jneritiers ^ la bru ^ la nièce ^ les dô-
;inefl:iques , tout. <n. dépend. Il a
.con[>aiencé par fe faire eftimcr : il fi-J
nit pat fe faire craindre. Cet ami &
ancien , û néceilaire meurt {ans qu'on
Je pleure *, & dix femin^i]o!H Jl étoic
]e tyran , héritent par fa mort de lalî*
berté.
* Qielques femmes olrt voulu ca-
cher leur conduite fous les dehors dé
la modçftie ; Se tout ce que chacune
a pu gagner par une continuelle a^
feâation , & qui ne s*eft jamais dé*
inentie , a été de faire dire de toi ^
On V'auroit prife four une Vefiale.
* C'cft dans les femaiçs une vio-'
lente preuve d'une réputation bien
nette & bien établie , qu'elle ne foic
pas même effleurée par la familiaritt
dexjuelqucs-unes qui ne leur rcflèm?
blent point ;& qu'avec tojite la pee»
te qu'on a aux o)alignes explications ^
eo-ak r^cour^iàiUOe' tPtitQ autre mt
;; ^ K4 ' fou
ïi*4 Lts Çaracthris ^
P»* jfon de ce commerce , qu'à celle de
F «il Kl S' la convenance ^s mœurs.
* Un Comique oiitre fur la fcenc
fe$ Perfonnages : uti Poëté charge fes
dcfcriptions : un Peintre qui feit d'a-
près nature , force & exagère une
paffion , un contrafte , des attitudes ;
& celui qui copie , s'il ne mefure au
compas les grandeurs 6ç ks propor-
tions , gfoflit Tes figures , donne ï
toutes les pièces qui entrent dans
l'ordonnance de fon tableau plus de
volume que ntn ont celles del»or^
nal : de même la pruderie eft une
imitatiow de la fègeflè.
Il ^ a une faullc modcftic qui eft
•vanité ; une f«ufiè gloire qui eft lé-
gèreté ; une feuffe grandeur qui eft
pctitcflè ; une fauflè vertu qui eft
Aypocrific j une fauflè fageflc qui eft
pruderie.
Une femme prude paye de main-
tien & de paroles , tinc femme fage
paye de conduite ; celle-là fuit fon
Jîuracur & fa complexion , celle-ci fa
raifon & fon cœur : l'une eft ferieufe
« auftere , l'autre eft dans les diver-
KS. rencôntrcSv precife'ment ce qu'il
^t qa'dle foif. La première cache
' : • iks
ou LES Moeurs de ce Sieclb . lij
dfes foibles fous de plaufibles dehors , c h à w
la féconde couvre un riche fonds fbtis IIU
un air libre & naturel. La pruderie
contraint l'tfprît , ne cache ni Tâgc
ni ta laideur , fou vent elle les fuppole»
La fâgeflë au contraire pallie les de«
fâuts du corps , annoblit l'cfprit , ne
rend la jeuneflc que plus piquante ^dC
la beauté que plus perilleufe*
* Pourquoi s'en prendrc.aux hom-
mes de ce que les femmes ne font pas^
ik vantes > par quelles Loix , par quelsi^
Ëdi^ , par quels Refcripts leur a-t-oii
défendu d'ouvrir les yeux & de lire ;
der retenir ce quielles ont lu , & d'en
rendre compte ou dans leur conver-^
fâtion ou par leurs ouvrages ï Ne fe
font-elles pas au contraire établies el*
les-mémes dans cet ufàge de ne rkn
favoir , ou par la foiblefJè de leur
complexion , ou par la pareflè de
leur efprit , ou par k foin de leur
beauté , ou par une certaine kgerefé
qui les empêche de fui vre une longue .
€tude , ou par le talent & le gcnîe
-qu'elles ont feulement pour les ou-
vrages de la main, ou par les diftrac-
tions que donnent ks détails d'oa
domellique , ou par un eloigncmcnt:
ii6 Les Caractères .
Dit nature) des choies pénibles ôc ferieu^
liMMis. les 9 ou par une curiofité toute difFc*
rente de celle qui contente refprit ^
ou par un tout autre goût que celui
d'exercer leur mémoire. Mais à quel-
3UC cauic que les hommes puiflcnt
cyoir cette ignorance des femmes ,
ils font heureux que les femmes qui
les dominent d ailleurs par tant d'en-
droits ,ayent fur eux cet avantage de
moins. .
On regarde une femme fiyante
comme on fait une belle arme ^ elle
cft cizelee aitiftemeat, d'une poliffii-
«admirable , & d^un travail fort re-
cherche jic^eft utic pièce de cabinet ^
que l^pn montre aux curieux , qui
,11'efl: pas d'uûge , qui ne fert ni à
la Guerre , ni à la Chaflè , non plus
qu'un cheval de manège quoique k
^ mieux inilruit du monde.
Si la Science & la Sageflè fe trori-
Tcnt unies en unmême fujet ,je ne
m'informe plus du fexe , ^admire ; &
£ vous me dites qu'une femme iâge
Be fonge gueres à être favance , ou
qu'une femme ià vante n'eft gueres
£gp y vous avez d^ja oublié ce que
. .VOtts^ vene2^ de lire ^ que les femmes
ou i£r MowKS^ m ck Sitài. ±tf
fie ftmt dictoiirxïëes .des .Sciences cpiè ^ff^
par de Gcrtaîas défauts : concluez «^'^
donc voDDS-inStne que^ moiinis elles àu^
roièM de ce$ défsuic^ ^^ ptps: citer ^
Toim fàgcs ; & ^>in&.uâe fënlnsè
venir iàvaétse ; ou <{u'iuie ^fânme ÙA
Tante ; n'étant celle que parcp âU^ellâ
aurok pà vaincie lx)afCH»M3p<de^46«
fauts, n'en eft cpxc plus fige;
^/* Loi nèottat^ entité des' femme»
qui nous fbûsiéœkiasent atmtsf ; q uoi-^
qn^âte^^SKjEem rompit poiir des inte*
imovr ncNBs n'ayons nulle part , éHk
HA point difficile ; il iàue choifirlbo^
ventctafcik^ y^oit les >perdre t^itt
éôux. ' '-i ••'••- -• -'■ - '^*
.. :^. llliy a trfleifètiîRBe qûî* aim# ^
meiix'. fon argetit'que- fes ami^ '^ Sc
fes amans que fon argscft.
* n èft étoiiîiaiic de voir dafis^ le
cnsnr 'de certaines^ femmes ' quelque
chofe de ïplus vif 8c de plus un q«è
Pisimour pour le$ lioiikiés ^jC'^ùTi
dire l'ambition & te jeu : de te&e$
femmes rendent les' hommesf cha£* ,
tes y ellei ifont die tour iêxe i^ue )ra^
habits.
'^ Lesi^femoics font extrêmes r eBe«
itt '■ LSS Car A G TER ES
D»s fooc metlleures ,. 6a pires que les
4 ******* honunts.
. ^ Xa plupart des femmes nVint
gaeresdcL.principes^elIesfÈ coodûi*
lent parjlexaéur , & di^pendent pour
10(11$ moeurs dé ceux qo^efles auneot;
^.^Les femmes vont plus loin ea
Amour que la p^part ctes Iiommes :
lôliîsil^sr Jhomme^ Pemportent fur clks
en amitié.
- Les' hommeé &ût caufi:. que les
femmes ne s'amfttfpmiac; ',!j< -
. * ïl/y ?. ^" 1^^^^ * cjoottBÊmr:
ïi/^.dcja viéitte veut rendue nncr jeu-
ne femme, ridicuk , & elle-même d&*
vient d]h9brtx)e , clie me &tt peun
£Ue uiè pour l'imiter de grimaces.&
de concorfio0S r la voilà aufli knde
qu'il faut pour embeUir ceUe dont
elle iè moque.,
^ r * On veut à \» viHcque bien des
idiofs & des idiotes ayeiic de Pétrit.
O» veut à h Gbur que bien des gens
ipianqu^nt ;d'cfpric qui cb ont beau-
coup i & entre les pcrfonnes de ce
dernier gpnrc une belle femme ne fc
feuve qu'à peine, awrcc d^auunts fem-
mes.
* UftboQUBee^pIiu fidèle anfê-
CKt
eu iE$ Mcfttms ps ce Sï£cls. x 19
cret d'aucrui qu'au fien propre : une Chai^.
femme au contraire garde mieux fon 1 1 L
tboKX que celui d 'autrui.
* Il o?y a point dans le coeur d'une
jeune perfbnne un ii violent amour ,
auqupl Pimerêt ou l'ambition n'âjoâh
te quelque choie.
^ Il V a un tems où ks filles lesi
plus ricnes doivent prendre pani. El^
les n'eu laiilent gueres ^chaper les .
premieics occafîons fans fe préparer
un IcH^ repentir. Il femble que la
réputation dés bkns diminue en elles
avec celle de leur beauté. Tout fa«
vorîfë au contraire une jeune perfon-
ne , jufqueS'à l'opinion d^ hommes^
qui aiment à lui accorder tdtis les
avantages qui peuvent laxendre plus
ibuiiaitabirr
^ Combien de filles i qui* une
grande beauté n'a jamais (èrvi qu à
leur faire elperer une grande for*
tune>
: ^ Les belles filles font fujettes k
venger ceux de leurs amans qu'elles
ont maltraitez > ou par de laids , oa
par de vieux , ou par d'indignes
maris.
* La plupart desjçtomes jwgent
7 dit
I lUMBS.
tf^^ du mérite & de la bonne miné d^ûtt
homme par Pimprelfion qu'ils font
fur elles; &. n'accordent pvtCqacni
Pun mi autre à cieltiip^ur qui elle»
fie fentcnc rien/
•* * Vn.homvae.cpn .ferEÔtcn peine
de Gonnoître s'il clàngc , -«'îî com-
mence à vieillir ,- peut- confulter les
yeux d'une jeune femme ;qu'il aborde^
êc.lctqiï dont elle lui parlé i; il ap-
prendnt.cexiu-it cpaicCide &voîri Au^
àcécolcJ. .. ' \: !. -u: ;jr:o!
: f it^rte icmrtleqm >V jmèaiK'les
ycur que fur une mêoie perfonne^ou
qui les en détourne toujours, feit pco*
fcr.dfcllc la même çhoCc. .
i .t^illooàte peu auxiftrfrme* de dire
ce qu'éttcyflKl fentcntpcîiïjt ijl coûte
encore moins aux b^me^ de dut
ce qaîilsf fénteht-
. * Il arrive quelquefois qtf'une fem-
me Ica^; à f un iiomme toute h pzU
fion qu^elle" fent pour lui , peridanc
4ue defon cotëil^ât paiir eUe toQce
celle qu'il »c feM pas. M
^ L'on' fuppofe un, homme indifi»
fercnt , mais qui .voudroit perfiiadcf
à une femme une paffion qu*il nefcnt
fas; & l'oa demande ^ s'il ne dm fe-
ou LES MoECR$ M CE SuCLf. .Z;i
lok pas plus aîfc d'impoiêri cclfe CH^fk
doni il cft aimé , qu*à celk qui ne ^f*
Vaime point.
* Un homme peut tromper une
femme par un teint attachement ^
pourvu qu'il n'en ait pas aiikufs UQ>
véritable.
* Un homme éclate contre une
femme qui ne l'aime plus , & iecon-
ible : une femme fait moins, de bruit
quand elle c& quitte'e ,&. demeure
long-tems rnconfolable.
* Les femmes guéiiflent de leur
parefle par la vanitc'ou par l'amour.
La parçflè au contraire dans les
femmes vives t& le préfàge de 1%
moun
* Il eft fort fur qu'une femme, qui
écrit avec emportement eft cmp orv
tée, il eft moins clair qu'elle foit
touchée. Il femble qu'une paflîoa
vive & tendre eft morne 8c filencieulè j.
& que le plus preûànt intérêt d'une
femme qui n'eft plus libre , & celui
qui l'agite davantage , eft moins de -^
perfuader qu'elle aime, que de s'afTitt
rer il elle eft aimée
* Gljcere n^aime pas les femmes ,
cite hait kur commerce Se leurs vi&
les.:
t^i Les CAKAttiKt^
tÎBt tes , fe feit cdcr pour elles • & fcm-i
I EUMES, vent pour fcs amis , dont le nomlnr
cft petit , à qui elle eft fevcre , qu'el-
le reâèrre dans leur ordre , fans leur
permettre rien de ce qui pailc Pami-
tié : elle eft diftraite avec eux , leur
répond par desmonofylIabes,& ièm«
l>le chercher à s^en défeirc. Elle eft
fûlitaire & farouche dans fa maifon :
fa porte cft mieuJt gardée , 8c fà
chambre plus inaccemble qtie celles
de . Montbmn ' & (ÏHemerj. Une
fiulc C0rhne y eft attendue , y cft re-
çue, & à toutes les heures t on Tem.
oraflè i plufieurs feprifes , on croit
laimer , on lui parle à l'oreille dans
.un cabinet où elles font feules , on a
foi-même plus de deux oreilles pour
l'écouter , on fc plaint à elle de tout
autre que d'elle , on lui dit toutes
choies & on ne lui apprend rien , elle
a la confiance de tous les deux. L'on
voit Glycere en partie quarréc aa
Bal , au ~ Théâtre , dans les Jardins
publics , fur le chemin de Venoûu
bîx l'on mange les premiers fruits ;
quelquefois lèule en littierc fur la
route du grand Fauxbourg où efle a
un verger délicieux, ou à la porte àc
W Lis MôEÔR« ht ôE SieclV 1 5 J*
tlAfttdie qui a de fi beaux fccfets , qui CirAft
promet aux jeunes femmes de fecon* m»
des riôcés , qui en dit le teins & les
circonftancés. Elle pàroît prdinairé-
ihtnt avec nue icocfFure plate & ifc-
glig^e , en fîmple déshabillé , feni
xorps & avec des mules : elle eft bel-
le en cet équipage^ &^il ne lui man*
que que de la fraîcheur. On remar-
que néanmoins fur die une riche at-
tache qu'elle dérobe avec foin aux
5 feux de fbn mari : elle le flàte , elle
c càréfle , elle invétote tous les jours
|>our lui de nouveaux noms , elle n'a
"pas d'autre lit que cielui . de ce cher
époux ,* & elle ne veut pas décou-
cher. Le matin elle fe partage entre
iâ toilette & quelques billets qu'il
faut c'crire. Un affranchi vient lui
" parler en fecret , c'eft Parmenm , qui
eft favori , qu elle foûtient contre
l'antipathie du maître & la jaloufie
des domeftiques. Qui à la vérité fait
mieux connoître des intentions , &
rapporte mieux une réponfe que Par-
menon ? qui parle moins de ce qu'il
feut taire ? qui fait ouvrir une porte
feciette avec moins de bruit ? qui
foûduic plus adroitement par le petit
' "^ ' ^ efcà-
$.^4 .4^^ Ca R A et Ba>8 i-.
P ^ • cfcalier ? qui, fait mieux foitir mt o$
''****'*• poaeft entré?
*- ]c:J^ çoirtprencis firs comment
,lin marî qai s'al^n^otit^^à. foçlHi;^
jnearSc à (a çomplexioâ ^ qui ne ça^
.-chfc aucun de (ks dé&urs. & ic toon^
ire aa Cc^fltraire par fçs inauyais etv
^oits ; qui eft avare . , qui .eft r trop
Jiegligë4àns ion ajuilemeht ^ pmfquç
dans fes ^éponfes ^incivil , froid 2p
taciturne , peut cfperer de défendre
lerœur dHine jeune fcmmq contre
les entrepri(ès de ion galant, quiçm->
ployé la parure & la rnagnificeojce'^
h complaiiânce , les , ib jns, Pen^prd*
iîèment , les dons ,1a flatterie. ,:/
* Un mari n'a gueres un rival qui
Jie foit de fa main & comme un pr^
lent qu'il a autrefois fait II ià femmcj
Il le loue devant elle àc ics belles
f dents & de ià belle t-ête : il agr^ les
ribins , il reçoit fc^ viiîtes j & après
ce qui lui vienf defon cm, rien ne
lui parôît de meilleur goût que le
gibier & les truflfès que cet ami lui
envoie. Il donne à fouper j & il dit
•aux conviez , Goûtez bien cela^ iljeft
de Liandre^ ôc il îic me coûte qii'aâ
nu
6tr LES MoSURS DE CB SiECLfi* ^£.;.J
* 11 y a telle femme qui anéantit Chaf.
ou qui enterre fon mari au point, ^^^«
qu'il n'en eft £iit dans le monde aucu-
ne mention : yit-il tfïcorc , ne vit-il
phis > on en doute. Il ne fert dans
iâ famille qu'à montrer l'exemple
d'un filence timide Se d'une parfaite
ibumiffion. Il ne loi eâ dû ni doUaî-
Tt ni conventions, mais à cela près^'
& qu'il n'accouche pas , il eft la fem-
me & elle le mari. Ils paflènt Ie$
mois entiers dans une même maifon
fans le ipoindre danger de fe rencot)«
trer , il eft vrai feulement qu'ils font
voifîns^* Monfîeur paye le Rotiflèut
& le Cuiflnier , & c'eft toujours chez
Madame qu'on a foupé. Ils n'ont
fouvent rien de commun , ni le lit ,'
ni la table , pas même le nom : ils vi^
Tent à la Romaine ou à la Grecque ,'
chacun a le fîen ; Se ce n'eft qu'avec
le tems Se après qu^on^eft initié aur
jargon d'une Ville , qu'on fait enfin
que Monfieur B . • • . efl publique-^
ment depuis vingt années le mari de
Madame la,...
* Telle autre femme à qui le dç^
ibrdre manque pour mortifier fon
msixl^ y revient par (à noUeilè éç
$0^
Dé » fcs alliances ^par la riche dot qu^elIc
Fb>iai£s. h apportée , par les charmes de û
* beauté , paf fon mérite , pai* ce que
quelques-uns appellent vertu.
* Il y a peu de femmes fî partî-
tes , qu'elles empêchent un mari de
fe repentir du moins une fois le jour
d'avoir une femme j ou de trouver
lieureux celui qui n'en à point.
* Les dôuleufs muettes 8c ftupides
font hors d'ufage : on pleure , on ré-
cite , on répète , on eft fi touchée
de la mort de fon mari , qu'on n'en
oublie pas la moindre circonftande.
* Ne pourroit-on point découvrir
l'art de fe faire aimer de fa femme \
^ Urie femme infenfîblc eft celle
qui n'a pas encore vu celui qu'elle
doit aimer.
Il y avoît à Smjrne une très-belfe
fille qu'on appelloit l^rme , & (Jiiî
ctoit moins connue dans toute la
Ville par là beauté qiie par la ftveritc
defes moeurs , & fur toutpar Tiiidif-
ference qu'elle confervoit pour tous
, les hommes , qu'elle voyoit , difoit-
clle , fans aucun péril , ec lâns d'au-
tres difpofitions que celles où clk le
t|a)Uvoit pour fes amies ou jpoiir fes
(
6u LlS;MoiuRs Di CE SifctB; 1-57
frere$. Elle ne croyoit pas la moin*.CHAK
dre partie de toutes les folies qu'on ^^ï*
difôic que Pamour avoitfait faire dans
tous les tptns ; & celles qu*elle avoit
vues elle-même , elle ne les pouvoit
comprendre : elle ne connoiflbic que
l'amitiç, Une jeune & çlwçmantc,
perfonne a qui elle de voit cette ex-
périence , la lui avoit rendue iî dou-
ce , qu'elle ne pcnfoiç qu'à la faire
durer , & n'imaginoit pais par quel,
^utrç fchtiment . elle paurroit jîjmais
fc refroidir fur celui de Teftime & de,
la confiance dont elle etoit fi contenu
te. Elle ne parloit que d'Euphro^ne ^
c'etoit le nom de cette fidcUe atnie ;
& tout Smyrne ne payloît que d'elle
& dEuphrofine : leur amitié pafibit
en proverbe. Emire avoit deux frè-
tes qui étoient jeunes , d'une excel;*
lente beauté' , & dont toutes les fera- .
mes de la Ville étoient éprifes : il eft
vrai qu'elle les aima toujours comme
une fœur aime fes frères. Il y eut un
Prêtre de Jupiter qui avoit accès
dans la maifon de fon père , à qui
elle plut , qui ofà le lui déclarer , âc
ne s'attira que du mépris. Un vieil-
lard qui ffi confiant en (à naifiànce 6c
* ' en
i)8 Lts Caractïhis
D B • en fcs grands biens aVoit eu la même
F B M M B s. audace , eut auffi la mêtoc avanturc.
Elle triomphoit cependant ; & c'é*
toit jufqu'alors au milieu de (es frè-
res , d^un Prêtre & d'un vieillard
qu'elle fe difoit infenfîble. Il fèmbla
<jue le Ciel voulut Pexpofcr^à de plus
fortes épreuves , qui ne fervirent
néanmoins qu'à la rendre plus vainc,
& qu'à l'affermir dans la réputation
d'une fille que l'amour ne pou voit
toucher. De trois amans, que fcs
charmes lui acquirent fucccffivemcnt,
& dont elle ne craignit pas de voir
tx)ute la paflîon, le premier dans un
tranfpoit amoureux fe perça le fein à
fcs pieds , le (ècond plein de dcfcf-
poir de n'être pas écoute' , alla fc faire
tuer à la guerre de Crète , & le troi-
fiémc mourut de langueur & d'in-
fomnie. Celui qui les devoit vanger
n'avoit pas encore paru. Ce vieillard
qui avoit été (î malheureux dans fcs
amours s'en etoit guéri par des refle^
xioris fur (on âge & fur le caraârere
de la perfonneli qui il vouloit plaire:
il defira de continuer de la voir » &
elle le foufïrit. Il lui amena un jour
fon fils qui étoit jeune, d'une pby^
fioûomie
eu L8€ MœuRtffECE SiEcfe. ij^
£oBomi€ agrieabk ^ £c qui arait une c h a #.
taille -fort aablc* Elle le vit ayec in- Hl. i-
terêt , &: comme il fe !tut beaucoup^
en la préfenoe-de (on père ^ elle trou*
va qu'il n'avoit j>a,s aflèï d'efprit , fie
dtiira qii^ii en hût eu davantage.
11 la vit c ièui , pkila âflez , &; av^
erprit'^'tâai^ctfmmê illar regarda peu :
8c quHl pâj-k eâcôre «moins (i*clie îSc
de la beauté, elle fut' furprife & cora*
me indignée qu^an horame fi bien
fait & fi rpiritucl ne fût* pas galant,.
Elle s'entretint de lui avec fon .amie
qui voulut le voin 11 n'eut des yeux
que pour Eupbrofine , il lui die
qu'elle étoit belle j&Emire fi indif-
férente , devenue jaloufe , coinpriÉ
que' Ctfjifhm etoit pcrfuadc de ce
qu^îl difoit , & (jue non feulcrrient it
étoit galani, mais même qu'il étoip
tendre. Elle iè! trouva depuis ^reteija»
moins libre avec fonfime ; elle defi^p.
ra de le» Voir éttfennble .une ;j£condc
fois pour être plus e'cfcûrqe j $c une
fecoti4e entrevue lui fit voir encore
plus qu'elle ne craignoic de voir, ÔC-
changea fes foupçons en certitude.
Elle s'doigne d'Euphrofine , ne lui
çonnoît plus le wcrite qui J'avoiç
^O Dis Ca^ A CTfillt s >
08$ charmée , perd le goût de fe çonvçr-
F&uMfis. fotion ,f.dle ne Taiioc' J)lus : & ce
changement lui fait fçntir que l'a-
mour dans fon coeucit^pris la- place
de Pamitié. Ctefiphon & Euphro-
» fine fe voient tous les joujrs , &. s'ai-
ment , fongent à s'cpçafcr , s'épou-
foot. La nouvelle s'^ea répand par
toute la Ville , & l'on public que
deux perfonnes enfin ont eu cette
joye fi. rare de fe marier à ce qu'ils
aimoicnt, Enjire l'apprend & s'en
delefpere. Elle reflent tout fon amour ;
elle recherche Euphrofîûe pour le
feul plaifîr de revoir' Ctefiphon : mais
ce jeune mari eft encore Ramant de
là femme., 8c trouve une maîtreÛb
dans une nouvelle époufe : il ne voit
dans Emire que l'amie d'une perlbnne
qui lui c& chère. Cette filk infor-
tunée perd le fommejl , & ne veut
plus manger , elle s'afifoiblit , fon ef«
prit s'égare , elle prend fon frerc
pour Ctefiphon', & elle lui parle
comme à un amant. JElle fe détrom-
pe , jougit de ibn également : elle
retombe bienr tôt dans de plus grands ^
& n'en rougit plus ; elle ne les çoa«
apit plus. Alors elle craiut les hom«
«V us MosuRs sr ce SigcCE. 241
foes , nuis trop pard , c'cft & fblïe ; Ch «f.
c^e a des intervalles où Ci Raifon lui ' ' ^'
^vient y & où elle gémit de la re-
trouver. La Jeuni^llè de Smyme qui
l'a vû.ë C fiere 5c fi înfenfîble , trou-
t/f: gue les Pleu^c l'opt trop punie-
TefH. 1( ■ t CHA-;
142 Les Caractère^
CHAPITRE IV.
P U C O E U ^.
C H A P. T L y a un goût dans k pure amîr
*^* JL tié où ne peuvent a^èpdre ccuç
qui font ne? ipediçciie^.
^ L'amitié peut jfubiîfter entre j}e$
gens ide diâ^jreos fexes , exemte mê-
me de tQutê groiOSeretr'. Une femme
cependant re^aAle toi^|ours un homr
me comme un homme ; jk reciprcH
qucmear fm hôix)me regarde une
i^mtne tomme une femme. Cette
liaifo^ n'é^ tû pafHou ni amitié pu«
/e ; die ait une clajflè à part.
''^ L'amour naît prufquemei^t £in$
autre réflexion , par tempérament ou
par foiblefTe : un trait de foeautj^ nous
fixe y nojus détermine. L'^tie acy
^onti^ire fè forme peu à peu , avec
letems, paria pratique, par un long
commerce. Combien d^efprit , de
borne' de coeur , d'attachement , de
- ferviceis & de çomplAilânce dans les
^CQis^ fipxtjL ^aircv^n pjiufîeu.rsL années
^en moms que nc^ faif quelquefois en C h a n
«un moment vn beau vifàge ou uae ' ^*
Sxlle main.
* Le tçms quifomfîe Ic^ atçkîea;^
a£R>iblit f amour^ ^
* Tant que ramov^ dure , il fub-
û&c de foi-mêniç, &: quelquefois par
les diofes qui lembicnt le devoir
•éteindre , par tes ' caprices , par les
ligueurs , par l^'loigneHieiit , par la
jaloufîç. L'amiti^ au contr^re a
befoin de fecoufS^i elle périt &utedc
foins ^y de conjgjsoçe,^ de CGfnpUi^
iàoce. ' ^ '
* Il eft plus ordinaire de voir un
amour extrême qu'une parfaite ami-
tié.
^ L^fimour ^ ramitiué..s^^c}ueni;
J'uii l'autre.
qui d^L i^pui^
corç rien faitr paur Parpow. ,
mourir tVw^m fiuuroii-j^iM^.^ej»
plus fpite...apiûé;.;iqu'irttn^amour
fbible.
* Rieri lOfe feffiwftbk miwix à une
riyi^ 4iai&é,,qjwid»iliaîio^
.. ,.; %% tcrât
%44 Les CAlBi'AQrtKtB
m •
Du terêt de nôtitç kmoùt nbus feit cul*
* L'on n*aimc bien qu'une fcule
fois : c*eft- la première, l^es amours
qui fuivent font moins involontaires^
' * pamouf qui nak fubitement cil
le plus long lE guérir. -
* L/amour oui croit peu ï peu &
par degrez , reuèmble trop à l'amitié
. jpour être une paffîon violente.
' * Celui qui aime aflcz pour vou-
loir aimer un million de fois plus
" qu'il ne fait, né cède en amour qu'à
celui qui aime plus qu^il ne you*
droit.
. ' * Si yaccprde que dans la violen-
ce d'une grande paffîon on peut ai-
mer quclqu^un plus que (bi-méme^à
qui ferai-je plus de plaifir ou à ceex
(|ui aiment, ou à ceux qqî font ai-
. !hez ^ "
' * Les hommes fou vent veulent ai-
mer , &• ne fauioie^tj y • re'iiffir : ils
lîîierclîent ItùvééMît ^^fetts pouvoir
fa -kifci^irér>j»« firrjp^« «nfi pér-
1er , iis fonS <:OntriÂn» <ic demçiiper
libres.
- * Ceu^qui s^âiiiiênt d^abord avec
f^'f}^ yioleme i^aÉ^ i çooi^ibueiit
eu ùs MoEinis M tfi SiittB. %4,j -
i»en*tôt chacun de leur part à s'ai^ c h a ^;
mer moins , Se enfliite à ne s'aimer I Y*
phi&. Qpi'd'on homme où d'une
ïcmmc met davantage du iien dan$
cette roptiire ^ il n'eft pas aifê de k
àéddcr* Les femmes accufent 1er
hommes d'être volages ; Se les hom-
mes diient qu'elles font légères.
^ Quelque délicat que l'on foit eii
âinour , on pardonne plus de fautes
que dans Tamitie'.
* C'cft une vengeance douce i
celui qbi aime beaucoup ^ de faire par
tout fon procédé d'une perfbnrie im»
grate ^ une très-ingrate.
* 11 eft trifte d aimer fans une
gninde fortune i & qui nous donne
les moyens de combler ce que Ton'
aime , & le rendre fi heureux qu'il
n'ait plus de foubaiti à faire.
* S'il fc trouve une femme pour^
qui l'on ait eu une grande paffîon ,
te qui ait été indif&iente ; quelques '
importans ferviçes qu'elle nous rsn*
4e dans la fuite de notre vie , l'onL
court un grand rifque dêtre in«
grat.
* Une grande reconnoiiïancc em^
foHC avec jbi l^cauçpup de goût Se
,. , ' L3 d'amL-
Ï4« l- * s C A It A'C T B 1( t S^ '"
D u d^atnitirf pour ia peribuac i^ui lïotré^
CoxuR. oblige.
^ Ëibre avec Ici gensqaf!»^ aâme,.^
cela fuffit : rcwr j tel» pader , ne
leur parier point, ptnicrie^,pcii^
fer à deS' choie» plos indifFercntcs y;
«nais auprès d'etnç, tout eft ^al.
* 11 n'y a pas fi loin de la haines
& l'amitié , que de Tantipachie.
> Il icmble qu'il t& tfkeim rare de
paffer de rantipathic à î'âmowr qu'à^
ramitié; '
* L on confie fon ftcrct dans l'a*-
Qiitié, mais il ^hape dans Pamoun
L'on peut avoir la confiance de
iquclqu'unfa«s en avoir le cœur :cc-^
lui qui a 1^ cœur Q^a pas befbin de^
levelatiotT ou de confianee , tout lui>
eft ouvert.
* L'on ne vcwt dans l^mitîrf que
les d^auts qui peuvent nuire à nos'
:tmis. L'on ne voie en amour de d^
fautsdans ce qu'on aime, que ceux*
dont on fonStc foi-même.
* Il n'y a qu'un^ premier dépit cn^
amour , comme la première foute
dans l'amitié , dont on puifiè faire un;*
jbon tdàge.
'^ U iémble que s^il j a un foup^
^onr
6t7 ILES Moeurs DE CE Siècle. 147
4^n înjufte , bls^rre , & &ns fonde- c h a ?•
ment , qu*oa ait nhc fois appelle j*- ^ V*
Jaiiûe i cette atitte Jaloufie -qm cft un
.fentimeiM: )uAe,, nati^rl , fende len
raifpn 6c fur l'eX|)ericm:e^meritero«Ë
nn autre noai.
«Letempeiïmie^aàeaiKoupdtf
part à la jaloufie , & elle ne ftrppofe
pas^ toujours une gnm<£epaifian : c^efl
cependant un par^xe qu'un yioiexs
amour funs délicateflè.
Il arrive ibuvent <fat l'on fodfire
iout (cul de la <ielicate(Iè : Ton fbu&
fre de la jaloufle^-Se l'on fait &vSnt
les autres. -
Celles <|iri liie.noius miénâgent M
rien, &ne nous épargnent nulles oc<-
cafîons de jaloufie ^ ne meriteroient
'de nous aucune jaloufie , fi Ton ft
fegloit plus par leurs fentimens 6c
leur conduite que par fon cœur.
* Les froideurs & les rclâchemcns
dans l'amitié ont leurs caufes : en
amour il n'y a gueres d^autre raifon
de ne s'aimer plus, que de s'être trop
aimez.
* L'on n'eft pas plus maître de
toujours aimer ^ qu'on Ta été de *ne
pas atmer.
^ X4 *Lcs
CoiVA.
*4!g tis <ÎaiixcîViieÏ
.^». * Les amours itieui^nt par le éé:
goût , & l'oubli les eriterre/
^ Le comméifcremefit & le àécliA
de Tamour fe fbnt feritir pair l'embai^r
ras où Ton eft de fe trouver fèuls.
Ccflcr d^irrtcr , preuve fcnfibfe
que ffabimne eft hottié , & que te
tœut a Tes limités^
Oeft foiblefië que d'aimer : c'cft
;lbùvent une autre fbibleiiè que de
guertf.
Ort gad-it Comme où fe confole :
on n*a pas dans te cœur de quoi toii«
JQurs pleurer , Se toujours aimer.
* 11 dcvroit y avoir darts le cœiir
des fources inépuifables de douleur
pour de certaines pertes^ Ce n*eft
gueres par vertu ou par force d^fprîc
que l'on fort d'une gmnde afRiâion r
l'on pleure amèrement, 8ç, l'on eft
fenfiÛement toucha ; mais l'on eft
enfuite fi foible ou fi léger , que Poa
iè confole.
* Si une laide fe fait aimer , ce ne
peut être qu^éperduëmènt ^ car H
faut que ce foit ou par une étrange
foiblefle de (bn amant , ou par de
plus fecrets & de plus invincibles
charmes que ceux de la beauté.
bù LÉS Mo£URS't>6 àB Sl£éL£. 24^
* L'on cft encore loiç^tems à le cha?.
voir par habitude , &'à ie dire de IV«
l3ouche que l'on s'aime , après que^
les maniées diiênt qu'on ne s'aime
plus.
• * Vouloir oublier quelqu'un^ c'cft
y penfer. L'amour a cela de com^^
tnun avec les fcrupules, qu'il s'aigrit
par les réflexions & les recours que
Pon fait pour s*cn délivrer. Il feue ;
^il fe peut , ne point fonger à fe paf*
fion pour l'afibiblir.
* L*on veut feire tout le bonheur ^
ou 11 cela ne fe peut ainfî , tout le
malheur de ce qu'on aime.
* Regretter ce que Ton aime cft
tm bien , en comparailbn de vivre
avec ce que l'on hait«
* Quelque défintcreflcment qu'on
ait à l'égard de ceux qu'on aime , il
ÙM quelquefois fe contraindre pour
6UX , & avoir la générofité de rece-
voir.
Celui-là peut prendre ^ qui goûte
un plaifîr auifi ddicat à recevoir \
que fon ami en lent à lui donner.
' * Donner , c'cft agir , ce n'eft
pas^ loufFrir de fes bienfeits , ni cé-
der à rimportuiûté ou à U nifce&
2^0 Les Caractères
p u iicé de ceux qui &oii$ demandent.
C o i y A« # Si Tofi a donné à ceux que Vott
aîmoit, ^clqae chofe qu'il arrive, il
n'y a plus d -occafions oà l'on doive
longer à tes bienfaits.
On a 4k en Laim q6^il coûte
moins cher de haïpque d'aimer ; ou ^
£ Ton veut, que l'amitié efl: plus k
chatte que la haine :: ileft vrai qu*oa
efl: difpenfc de donner à (es ennemis ^
mais ne coûte-til pien de s'en \cn*
ger >' ou s'il cft doux & naturel dt
^ire du matàr ce que l'on haie, Vcû^'
il moins de &ire du bien à ce qu'oo*
aime ? ne ièroir-il pas dur & pcmble
de ne leur en point fkice l
* Il y a du plaiflr à rencontrer le»^
yeuxdc celui à qui> Ton vienrde do»**
Ber.
* Je ne (ai fi un bienfait qui totn^
bc fur un ingrat, & ainfi. fur un in«^
digne , ne change pas de nom , & s'i(
meritoit plus de rcconnoi (lance.
* La liberalita confîile moins à.
donner beaucoup qu'à donner à pro»
fos.
* S'il eft vrai que la pitié' ou W
compaffioa foit un retour vers nous*
ttô&es^ qui nous tmpc ea la place de»
saai-
ou .LIS Moeurs de cb Siècle; 151
tfialhear^ax ; poarxpioi tirent-ih de Chaf^
tioixs fi peu de fottlagetnenc dans '^*
leurs miiêrts?
Il vaut mieux s'expofêr à Tingra*
ticude que dt maifquer aux mifcra*
felcs.
* L'expérience ccyn^rme que h
fnolefle ou l'indulgence pour foi 3c
la dureté pour les autres » n'eft qu'un
ièul«& même vice.
* Un homme dur au travail & à
la peine, inexorable à foi-même, n'eft
indulgent aux autres que par un excès
éc raifon.
* Quelque dcfigrément qu'on ait
à fc trouver Chaîné d'un indigent ,
Ton go 'te à peine les nouveaux
avantages qui le tirent enfin de notre
fujetion : de même la joyc que l'on
reçoit de l'élévation de Ton ami eft
un peu balancée par la petite peine
qu'on a de lé voir au deflus de nous,
ou s'égaler à nous* Ainfi l'on s'ac-
corde mal avec foi-même , car l'ott
veut des dcpendans , & qu'il n|en
coûte rien : 1 on veut aiiffi le bien
4c fes amis ; & s'il arrive , ce n'cft
pas toujours par s'en réjouir que Ton
commence.
L 6 * On
Do * On convie , on invite , on offie
^^*^*- & maiibn , (à table , fôn bien & fts
(crviccs : rien ne coûte qu*à tenir
parole.
* Ccft allez pour foi d'an fiddc
ami j c'eft même beaucoup de l'avoir
rencontré : on ne peut cnr avoir trop
pour le fervice des autres^.
* Quand on a aflcz fait auprès <fc
certaines per(bnnes pour avoir dû fc
les acquérir , fi cck* ne rëiiffic point,
il y a encore une refiburce , qui cft
de ne plus rien faire.
* Vivre avec fe% ennemis comme
s'ils dévoient un jôtir être nos amis ^
. & vivre avec nos amis comme s'ife
-pou voient devenir nos ennemis, n*eft
ni felon h nature de la haine , ni fc-
Ion les règles de Pamitié : ce n'cft
point une maxime nxwale , mais po^
îitique,
* On ne doit pas^ fe fiiredcscnnc-
»ts de ceux qui mieux connus pour-
. xoient avoir rang entre nos «nis. On
doit faire e^oix d'amis fi fûrs &
d'une fi exacte probité , que venant
à ccflcr de l'être , ils ne veuillent pas
abufer de nome confiance , ni fc £nre
craindre comme nos enneoaâ»»
#11
ov tES Mobors ta CE SàétÉ. i Ci
* Il eft doux de voir les aàii$ p^r cnAté
koût 8c par eftime $ il éft pénible de l V«
ks cultiver par înEeict , c'cft fâlli^
citer,
* Il faut briguer k favetrr de ceux
à qui Pon veut du bien , plutôt qâe
de ceux de qui Pon efpere du bien.
* On ne vole point des mêmes al-
lés pour fa fortune que Ton fait pour
des choies frivoles & de fàntaifie. Il
y a un ièncimenc de liberté' à fuivre
ies caprices ; & tout au contraire de
ièrvitude à courir pour fbn e'tablifli-
ment : il eft naturel de le fbuliairer
beaucoup & d*y travailler peu.: de fe
croire digne de le trou ver fans l'avoif
cherche.
* Celui qur fait attendre le bien
qu^il fouhaite , ne prend pas le cbt-
min de iè defeif erer s'il ne lui arrive
pas ; & celui au contraire qui defire
une chofe avec une grande impatien-
ce , y met troç) du lien pour en ctie
afièz récompenfé par le fuecès.
* 11 y a de certaines gens qui veif-
lenc fi ardemment & fi déterminé-
ment une certaine chofe , que de
peur de la manquer , ils n'oubliew:
L 7 ïicix
^54 ^ B '* é A 1. A C-fiVi t S
D V rien de ce qpt*il ^tk £uit poOT I»
toB\fK. manquerr
* Les cbo(b les" plus foubaitée»
n'arrivent point ; ou fi elles arriyent,
ce n^dt ni dans le tems , nî dtns les^
circonftancesoùtUcsauraienrfaic ui»
extrême platfin
* 11 £iut rire avant qaed'êcne hca*
feux^ de peur de mourir fans avoir
tu
"^ La tie eft courte ,- fi elle ne me^
rite ce nom que lorfqu'elle efi: agréa*»
ble ; puifque fi l'oncoufoit enièmUe
toutes les heures que Ponpaflèavoc
€c qui plaît , l'on feroit à peine d'ua
grand nombre d'années une vie de
quelques mois^
* Qu'il eft di^ile d'être conteur
de quelqu'un !
* On ne pourroit fe defendrb de
quelque joye à voir périr un mé-
€hant homme ; Ton jouïroit alors du
fruit de (à haine , & Ton tireroîe
de lui tout ce. qu'on en peut elpercr ,
qui eft le plaifirde (à perte. Sa mort
enfin arrive , mais dans une conjonc-
ture où nos intérêts ne nous permet-
tent pas de nous en rgouïr ; il meurt
trop tôt ou p:op tard
. * Il eft periiWc à un boiniric fiiqr' Chm^
ék pardonner à celui qui le furprend' ^ ^^
en faute , & qui le plainrde lui avîec
TtÀfonif% fierté ne s'adoucit que lors-
qu'il reprend &s avaâteges ^ &: qu'iF
met l'autit datns Ton tdrt.
^ Comme nous nousaâèâionnon;i^
de plus en plus aux perfbnnes à quir
sous faifoos du bien, de même nous>
haïflbns violemment €eu}c que noust^
a^^)ns beaucoup ofifcofcz^
* 11 eft egglcmem difficile dVtoit-'
fer dans ks commeitcemens le fentir
nenc des injures , 3t de le confervcr'
après un certain nombre d'années.
* G'eft par foibleflc que Ton haie'
uneOncmîSc que l'on- longe à ^'ea-
venger , Se c'eft par parc fie que
l'on s'app^fe & qiî'on ùe fe vcngp"
point.
* H y a bien smtànt de pareflc qitt^
àe foibleûè à & laiilèr gouverner.
Il ne faut pas penfer à geuvcrnèr
un homme tout d'un coup Se fans
autre prépaTatbn dans une afiàirc
împoitante & qui feroit capitale k
kit ou aux Cens : il fcntiroit d'abord
Pempre & Pafccndant. qu'on veut
prendre iur fon efprit .; St il fecouo-
roit
t^g tns C ÂHActikt^
D a toit le joug par bonté ou par dpni
C61U&- ce. Il faut tenter auprès de lui le»
^ites chofcs ; & de là le progrès
jufqu'aux plus grandes eft imomii*
quable. Tel ne pouvôit au plus dans
les commeilcemens qu'entreprendit
de le faire partir pour la campagne
ou retourner à la ville , qui finit pjs*
lui diâer un teftament où il réduit
fon fils à la légitime.
Pour gouverner quelqu'un long-*
fenis 8c abfblumient , il &ut avoir la
main légère , & ne lui faire fèndr
que le moins qu^il Ce peut 6 dépcn-
dance«
Tels fe laiflent g<mvcrncr jufqu'à
un ccrxzitî point , qui au delà font
intraitables êc ne fe gouvernent plus:
on perd tout à coup la route de leur
cœur & de leur efprit : ni hauteur ni
fouplcflè , ni forée, ni induftrie ne les
peuvent dompter , avec cette diflè-
rence que quelques-uns (ont ainfî
faits par raifon fie avec fondement ; fc
quelques autres par tempérament &
par humeur.
Il fe trouve des hommes qui
n'écoutent ni la raifon ni - les bons
confeils , ^ qui s'égarent volontaire
mcût
IV.
tncfit par là crainte qu'ils ont à'ètrc à^ik
^ouverneZé
jy^autrcs coiïfenccnt d'être gouvcf-^
nez par leurs ^mis en des cbo&s prefr
qu'indîfièrentes / £c s'en font ut
droit de les gouverner à fcur tour
lerr des cbofes graves & de confia
quenoe.
J>rance Veut paâer pcfur gouverner
ion Maître , qui n'en CToit rien non
plfis que lé public : parler fans cedc
» un Grand que l'on ftrt , en dds
lieux & en des tenis où il convient fe
'iBoixiis , lui parler à Poreilte ou en dés^
termes myfterieus: , rire jufqu'à écla^
ter en ià prëfênce , lui couper la pa«
tolc \ iè mettre entre lui & ceux qui
lui parlent , dédaigner ceux qui vieâ««
iKnt faire leur cour, ou attendre inii»
patiemment qu'ils le retirent , fè met-'
ttç, proche de lui eii une pofturc
trop libre, figurer avec lui le do»
appuyé à une cheminée , le tirer par
§cfTi habit , lui marcher fur les talons ,
lâire le âmilier , prendre des liber-
tez , marquent mieux un &t qu'un
fiivorî.
Un ^orame fige ni ne fc laiflè
goâverner , ni ne cherche à gouyer*
11 J ^ .- 1
ii.% Les Cahacteas^
^ >> u ner les autres r il veut que la RaiibÉ
' gouverne feule, & toujours.
Je ne liaïfDis pasd^étre livré parlÉ
^Confiance à une perfeatic raiibou»-
elle, £c d'en être gourâmé en toutes;
éhcrfb , & abfidimient ^ & toujours :
je kxdvi fur de bien' ^ire Ûmavbîr le
foin de délibérer , je jouïfoîs de kf
àanquiUitd (de celui <}ui €& gouverna
parla jRjiifim.
* Toutes ks paâîbn^ font totcsasà-
ki \ ellK ie déguifent autant qu'elle^
le peuvent auîsc yeuï des autres ; d«
lies & cachent à elles-mêmes : il n^y a
point de vice qui n'ait une ùxkiSk xA
IbnblaiiGe avec i^Kh|ue verttf, &
qu'il ne s'en aide;
* On ouvre un livre de devociesi^t
te il touche vt>rierTÈ ouvre un aatise
Îui eft ^aiid , Se il ait fén imptt^
on. Oferai'je dire' que lé cœur fcu(
concilie les chbfes contraires , Se ad>»
. met les incotnpatibles ï
^. Les hommfes rbùgiflcnt moios^^
de leufs crimes que dfe leufs' foîbleflès
£cde leur vanité : td eft ouvertement
itijufte , violent , perfide , calomnia*
teur , qui cache fon amour ou fotf
ambition , iâns autre vûë^ue de k
cacher;
&J m MoEÛR5 M CE Slictf. i<^'
* Le otô n'arrive guercs où Ton ChaïC
^uifle dire ^ j'étbis ambitieux ; ou on ^ V*
«c l'cft point , ou ôh Pcfrionjours :-
âaaîs Ib tenu viem où Ton avoue que
Fon a aim^.
^ Les^ komAies commencejQt par
l^.amoor , £niilènt par l^mbition , &
:^ ie trouvent xlaris une alEette plus^
ifranquille que loyfiju'ik ineuivnL:
* Rien ne coûte moim à te paffion'
3ae de fe mettre au dcSm de la rai*-'
m : (on graild trîdâiipfaeeft dePem^
^iter fur l'intérêt. -
* L'on cfr plus foéiable & ii'uii^
meilleur commerce par le cœur quc^
par remplit:
'^ Il y a de certains grands fentîi*
nens , de eertaines^ aâionriioblcs fic-
elé vées , qtie lioUs devons moitas à la^
Ibrce de âotre efprît , qu'à la bonté'
de notre naturel.
* Il n'y a gueres au monde uiv
plus bel excès que edm de la recoOK
lioiflànce.
* ir faut être Bien dè)Ué d^cfprît ^
fi Pamour , la malignité , la riecêffité
n'en font pas trouver.
* 11 v a des lieux que Ton admire ;.
iêri Lni C atl a c f Î h e f >
bti il y en a d'autres qui touchent ; et.
CoivR. où l'on aimeroit à vivre.
II me ièfnf>Ie que l'on dépend ddr
lieux pour Pdprit , Phumeur , la pafr
(ion , le goûc & les fentimeds.
' ^ €^ux qui font bien mcritcroicnt
iculs d'être enviez , s'il n'y avoit ert-
core un meilleur parti à prendre , qui
cft de faire mieux : c'efi une douce
vengeance contre ceux qui nous don*
-aent cette jaloufie.
* Qiidqûes-uns fc défendent d'ai-^
mer & de faire des vers , comme de
ékùx fbibles qu'ils li'ofcnt avouer ,
Tun du cœur , l'autre de l'efprit.
* Il y a quelquefois dans le coati
de la vie de fi chers plaifirs Se de â
tendres eiigagetnens que l'on noins
dcTerid , qu'il efl naturel de defîrer
du moins qu*ils fufïènt pennis : de &
grands charmes ne peuvent être fur<-
paflci que par celui de favoir y re*
lioncer par vertu»
CHA-
a^ tg% MotuK^s »E c£ Siicte; x(Sj :
CHAPITRE Vi
P )S L. A • s O C I £ T 1^*
* » ■
*
OE I.A Conversation.
UN caraâere bien fa4e cjl celui. CHAP^f
* G'cft le. râle d^un for d^icre im- .
poitun : un homme habile fent s'il
convient, ou s^il ennuyé: il fait dii^
paroitre le momeat qui précède o
lui où il'feïoit dé trop quelque part. /
r • L'on maiclie lun les mauvais;
plaifans , & il pleut, par tout pais de:
cette (brte d'inlèâes. Un bon plai#^
£int eft une pièce rare c à un hommes
qui eft n4ttlji\e& encoœ fort àk-
licat d'en foûtenir long^'tems le peiv^
(bhmge : il n'dtpas ordmaire que ccr
lui qui ait rîrc,(e£ifiêeftimér. ' »
' ^ 11 y a beaucoup d'e{prits obice^r
ses, encore plus de me'diiansoudO;
fatin^es , pçu 4e djotiats; Pqur ba«-
•D i i A dinçr avjcc gracc^ & rencontrer heiiJ
fiocxiTi'. ^-cufemcnt fur les plus petitîi fujets ,
(il faut trop de manières, trop de po«
JiteiTe , ^ niême trop de fécondité ^
^*eft qrécr que 4^ raiUer 2^106 ,& faire
quelque cïiofe de rien.
* $i l'on faifoic ^ne feriez (e atten^
^lon à tout ce q^i fe dit de froid , de
Airain (f de puérile dans les entretiens
^rdioaires , Pon auroît honte de par*
jerou d'ccouttr, 6c l'on fecondamnû-
* roit peut-être à ym ftlcpce perpétuel^
.qui leroit uaccboiè pire dans le conu
^erce qwe les difcours inutiles. U faut
xlonc^accpmmodër à tous les efpritsi
|>ermettrex:omt9e un noal n^^eflairele
r^t des iâufles iioavdSes 5 les va»*
jgiK% Télexions fur legouvcuneipent
préknt ou fur J?intù;6t dcsîPriflces ,
]ic.dc\nc des beaux fbptâApens^ & qui
fcneni^cm. toujours las oçtêmes : i
&ut kiSEsr Arme paiier proverbe , 2c
MriimU |«a*kr!deibL,4ei^. vapeurs^
iie ib m^ramfis & de £s. mfoQjuiies.
^ :^ ,Lkm.yDicde3^^itis. qui (fera les
iConverÊtfâonsbtiiâans ie peu cfe.canoh
lœrce ^que B09 a sktcc cnx vous dé*
Ipnûtenc par leurs, ridicules expre^
im^^p^lfLfWivemé:, If J'ofe dire
*. «<
/09 tBS MoBiniS BB CE SiECLC. z6^
parl'ûnpropriete des termes dont ib ChajK
fc fervent , comme par Palliançe de ' V*
ccrtsnm iiK>t^ qui ne fe rencontrent
cnfemible que d^ns leur boudie , £c
â qui ils Ibnt (îgnifier des chofev
que leurs premier* mycntcurs n'onc
Jamsiis eu i^itentiosi de leur £iire dire«
Ils ne fuii^ent en parlant ni la rai(bn|
ni Tufâgc , mais leur bizarre génie ,
que Penvie de toujours plai(apter , Sc
peut£t^ de briller , tourne infenû^i
blemetitÀ un jargon qui leur cft pro^
pre , Sa qui devient enfiq leur idiome
naturel : ils^ccompagnent un langage
£ extmâgant d'un gefte afieâé &
d'une prononciation qiiii eil contre^
faite. Tous ^nt con^teiîs d'eux - txÀ*
mes êç de' Pagcémf^t* de leur eCprît ^
j6c Pon^ne poat pas di^e qii^iU té foietif
entièrement ^nuez , mais* on Ie|
plaine de ce peu qu'ils en ont ; 2c et
qui €& pi^ , on en ibuffue.
^ <^e dites- vous ! comment f j<r
n'y fuis pas-^ Voufe pfeiréit-il de te^
commcflrtr ? ^'^ fyi^ itiami màÏM i
je devine enfi|fi^:>Vio«s^oalW'^:, A4$s^^
me dire q^'il fait froid ; que ne* di-
(iez-vou9 , il ^it froid ; vous, vpukç
m'zj^eïdfa qu^il |>l^jut^Dtf qu'ilne^
' -*
t.^4 LSS CARACTERIt
Bt LA gt.^ dites , â piett£ » îl m%c < vmis
êoxiM' me trouvez ]boa vifege , & vous defîr
'**• . nsz de m'en fclûrkcr ; dites , je vous
Itrouve bon vi&^e. Mais , répondez^?
vous , odk cft bien uni ^ bien clair ,
. le d'ailleurs qi|.i ne pourroit pas eç
dii-c autant i Qy'injporte , Acis , eft-.
fc un fi grand roal d'être ^ntcndi»
qugnd <^ parle , fer de parler commç
tout le monde? Une chofe vous mai]Lf
que , Am » k vous 8f jà y,os fembUr
bles les difcprs dff Tbœbu$ ^ yous nç
ypus en dcficjs point , $C je v^\% vous
jcttcr dans lytonnemcnt ; ijnc cbofç
vous manque , c'cû Pcfprit ç ce n'eft
pas, tout , il ^'a en vojus une chofc de
tiop , quHrft l'opinion d'en avoir plu?
que les autres. :, voilà 1? fçprçc dç
yotrè ppmpcux gilimathias , .4c yos
pbrafcs embripuillée^,^d€yoftgrand$
mots qui «e fignijàeot rien. Vous
aborde;& est homaje , pu vpps entre?
llaos cctfft/^rb^mbfie , je vqus tire par
.votije babit ^ yc»« c|Sis> l'oreille, nç
. ayc& p»m $ ^ cft votre ^çk^; ayez ,
fi vous pou VÇ2 ,.un langage ^mple,
JJc tel que Toptceux qà qui vous ^
|H)WyW l»Cï»R cfpît ^.pS^t'Ctrc
ou |£s Morons* OB cz Siwom* t6$
ifors croira-t*on que vous en avez. Ch a >•
* Qui peut fc promettre d'éviter ^'
dans la Société des hommes la ren*
contre de cerDÎns efprits vains , lé-
gers , familiers , délibérez , qui font
toujours dans une compagnie ceux
qui parient , 8c qu'il faut que les au«
très écoutent ? On les entend de Pan^
ti-chambre , on entre impunément Se
fans crainte de les interrompre : ils
continuent leur récit fans la moindre
attention pour ceux qui entrent où
qui Ibrtent , comme pour le rang ou
iè mente dès perfonnes qui çompoi^
lent le cerde : ils font taire celui qui
commence àcotlter une nouvelle ,
pour la dire de leur façon , qui eft la
meilleure, ils la tiennent de ^ Zamet:^
dé Ruccilay ^ , où de C&ncbini , qu'ils
né connoiilènt point , à qui ils n'ont
jamais parlé , & qu'ils traiteroient d^
Monfèigneur s'ils leur parloient : ils
ft'appredfcnt quelquefois de loreille
du plus qualifié de Taflèmblée pour le
gratifier d'une circonflance que per-
sonne ne fait ^ & dont ils ne veulent
jpai que les autres fbîent inftruits : ib .
fup-
* V ^ans dire Moafieor.
t66 Les Caractère a
D 1 t A fuppriment quelques noms pour dér
S o cil TA*, guiier Phiftoirc qu'ils iaconcent,&
pour détourner lés applications : vous
les prieZi, , vous les prciTe^ inutilç**
mcDC^ il y a ^cs choies qu'il3 ne d>-
ront p^ , il y ^ des gens qu'ils ne fau-
roient Qomtner, Jeur parole y jcft en»
gagée , ddï le dernier fccret , c'clt
iin myflere, outre q^ie vous leur de-
mandez IPimpoifîble ; car fujr ce que
vous voulez apprendre d'eux , ib
ignorent le &it pi les ptribnnes.
* Arrias a tout lu , a tout y a ,4
veut le perfuaderain{î,c'eftj4n hoto-
me univerfei , & il fé donne pour te);
il aime mieux laemir que de fc taire
pu de parokre ignorer quelque chp-
fc. On parle à Iol t^lc d'un Gr^d
j4'une Cour du Nort , il prend la p^*
rôle , & rôte à ceux qui alloient dire
ce qu'ils en favent ; il s*pnen[te d^
cette région lointaine cçonme ^il en
àétoit origiiiaire; il diicourt des mœurs
^de cette Cûijir, des femmes du païs,
nde fès loix &; de fès coutumes : il ro-
xite des hiftoriectes qui y fimt arn«>
vées , il les trouve plaifànises & il :eif
•rit jufqu'à éclater. Quelqu^un fe ba-
î&arde de le cpwredijiP Si hxi prouve
ou LES Moeurs de ce SiecL'E. i6y
j^citcmcisit qu'il dit des çh&Ccs qai ne Cha».
4K)nc pas vrayes,: Arrias ne fe trouble
jpoinc, prcEul feu au ^contraire contre
frimerrupteur ; je n!avaDce , lui dit-il,
>îe ne raçoncç ^rien que je ne fâche d?o-
jriginal , je l'ai appris de Setbon Am->
^flàdeur de France dans cette Cour^
j'evenu à Paris depuis quelques jours^
^que je connois familièrement , qu/c
j'ai fort interroge •,& qui ne m'a ca-
jché aucune circonftance ;: il reprcnoit
Je fil de fà parration a vec plus de con*
Jiance qu'il ne l'avoit commencée^
lorfque l'un des .conviez luixiit, c'eft
Sethon à qui vous parlez, lui-même, *
jSc qui arrive fraîchement de fon Am«
^flàde.
"^ 11 y a un parti à prendue datis
les entretiens entre une (certaine pa-
iiefle qu'on a de parler , ou quelque^
Sois un efprit abfbrait , qui nous iet*
tant loin du fujet de la coovirfation^
ctous fait faire ou de mauvaifcs de-
;pEiaQdes ou de foties reponfes ^ & une
sutention importune qu on a au moin^
dremot qui ^chàpe , pour le rdever^
badiner autour, y trouver un n^yfle-
xc que les autres n'y voyent pas , y
chercher de la fine^ \&c de la fubtili-
M X té,
\
t6t Lsf Caractères
D B f. A tif , (euletnenc pour avoir occsifîôir
So c i K Ti*. d'y placer la (îennie.
* Ëftre in&tui <le foi , & 8*ctre ibfy
tetnent peffiiadé qu^qn a boiucoup
d^efprit , eft uq accident qui n'arnve
gUeres qu^à celui qui n*en a poi^t ,
ou qui en a peu : malheur pour lors
à qui cftexpofif à l'entretien d^un tel
perfonnage , combien de jolies pbra*
tes lui kudra^t-il efluyer i combien de
ces mots avanturiers qui paroiilênt
fubiteraent , durent un tems , Se que
bientôt on ne revoit plus ! S'il con«
te une nouvelle , c'eft moins; pour
l'appcendre à ceux qui l'écoutent ;
que pour avoir le mérite de la dire \
éc de la dire bien : elle devient unro*
man entré fcs mains : il fait penfer les
gens à fk manière, leur met en la bour
che fes petites &çons de parler , & les
lait toujours parler long-téms: il tom«
be enfiite en des parehthèfês qui poA
vent paflèr pour épifodes , mais qui
font oublier le gros de Thiftoire , 8c
« lui qui vous parle, & à vous quile
iiipportez : que feroitTCê de vous , &
àe lui , fi quelqu'un ne furveooit beir
l'euiêment pour dcianger lé ccfcle,
pC £uxe oublier la narration^ >
*pcn.
w tm MoHOfis DE es SxsdiB. s 69
-:* l'cntcns rheoiefjte de Tantî- Cha#4
chatnbre ; il groifît ià voix à mcfure ^*
qu'il s'approcoe ^ le voilà, entré : il
jrit , il crie , il éclate , ou bouche fès
oreilles , c*cft un tonnerre : il n'eft
pas moins redoutable par les choies
qu'il dit , que par le ton dont il par-
le : il ne s'appaife & il ne revient de
ce grand fracas , que pour bredouil-
ler des vanitez & des fottifes : il a fi
peu dVgard au tems , aux perfbnnes »
flux bienfèances , que chacun a (00
fkic (ans qu'il ait eu intention de le
lui donner \ il n'eft pas encore affis ^
qu'il a à fon infû defobligë toute l'aj&
ibnbl^e. A*t-on &rvi , il iè met le
premier à table Sc dans la première
place , les femmes font à ià droite 8c
a (à gauche : il mange , il boit , il
conte ^ il plaifànte , il interrompt
tout à la fois : il n'a nul difcernemept
des perfbnnes , ni du Maître , ni des
conviez , il abufè de la folle déféren-
ce qu^on a pour lui : t&^cc Eutideme
qiti donne le repas > il rappelle à toi
toute l'autorité de la table , & il y a
un moindre inconvénient à la lui ]aif«
icr entière qu'à la lui difputer : le vin
& k% viandes n'ajoûtetit rien à fqp
M 3 carac*
&0 C 1 £ Tl\
'^\^.^ earaftere. Si Pbnjouë, it gagoc aS^
jeu ; il veut railler celui qui perd ,&
il l'oflfenfe : les rieurs!^ font pour lui ^
il n'y a forte de fàtuitex qu\>n de lui
pafiè. Je cède enfin & je difparois ;
incapable de foufirir plus long-tenv^^
Theodcâe , Se ceux qui le foufirent.
♦ Trwfccft' utile à ceux qui onr
trop de bien , il leur ôte l'embarrai
du fuperflu , il' leur fauve la peine
^maflër de Fargcnt , de faire det
irontrats^ , de fermer dés coffres , de
porter des clefs fur foi& de craindre
un vol domeftique : il les' aide dans
leurs plàifîrs , & il devient capable
enfuite de tes (èrvir dans^ leui? pa&
fions , bien-tôt il fes re^ & les mak
trife dans leur conduite. Il eft l'ora*
de d?une maifon% eetiii dont on at^
tend , que dîs-je , dont on prévient ,-
dont on devine les décidons : il dit
de cet efolave , il fiiut le punir , Sc
on le fouette , & de cet autre , il'
faut l'afïranchir, & on Haflfranchit :
Poa voitqu^unparafitene le feitpas
rire , il peut lui déplaire , il eft con-
gédie : le Maître eft heureux , fî
Troile lui laifle fà femme & (es en-
iSms. Si celui-ci eft à t^le ^ & qu^l
pror
év LE$ TiioBVRS tiE CE SflEdtH. ift
fronortcc d'un mets qu'il cft friand v Chapï
Ï€ Makfc & ks conviez qui en man-
^eoieiit fifts reflexioirvlc trouvent
friand,^ ne s'en peuvcaoe raflàficr :
s'il dit arf contaraire d'un autre mets
qu'il eft ihfipidef ceux qui commen-
çofcnt à le go^i^ , B'ofapu avaler fe
morceau quUls ottt à k bouthe , ils
le jcttcht à- Étrre : tous ont les yeux
fur fui, oBrfarveatfonmàintien 8c ibn
▼ilâgc avant de pr qînoàocr fôT k vin
t^u fur ks viandes qui font fc^vks. Nt
le cfeercW pas ailkurs que dans In
Àaifon^de ce *iclic ^tfiJ gettvcrac V
<?cft ' là qu'il' «aiige , qu'fli <Jon &
fl domine dânsi tiric Me, il y reçoit
Il cour 6c les |iommages de ceux qui
]^lus fins que les autres ne veulent al-
fcr au Maître que par Troilc. Si l'on
entre par malheur (ans avoir une phy-
fionomk qtri lui agrée , il ride fbn
front & il- détourne (à vue : fi on
Taborde, il ne fe Icvç pas : fi l'on
s'afiîed auprès de lui ^ il s'éloigne : G.
oh lui parle ^ il ne répond pomt : fi
Foa continue de parler , il pafle dans
M 4 une
k7% Les CAAAjbrnKi^é
t) t I A june autre dâmbre : fi on le (uh; , 3
lu cil XI*. gagne Tcfcalier , il franchiroit tous
ies Àages , qu il ie lapceroit C i ) par
siae kxmre ., plutôt qye. de iè laiflèr
joindre par quelqu^un qui a ou ub
vi£ige ou yn fon de voix quH:l deiâp*
:prourv6 ; Puh Se l'autre foot ^reabks
.en Tr6ile, 2c i(l s'en eft f^rvi keureti-
jkment pçuir s'jqiînuÔMHi ppùjp con*
querk. ToUt devient avec le tems ^
.au deflbus de, fes foin»^ comme il eft
•au deiïus de vouloir fe ibûtenir ou
ominvei- de pjaire; par le moindre
àts calens qui ont commencé à le fai«
rc valpif^ Q'^A beaucoup qu'il fortt
quelquefois de fès médications Se de
h taciturïuté potrr contredire 9 &
que même pour, critiquer il daigne
"une foi^ le jour avoir de rcfprit ;
bien loin d^actepdre de lui qu'il defe»
a vos femimeias ^ qu'il fait compjai-
iànt 9 qu'il vous loue i vous n'êtes
pas fur qu'il aime toujours votre
apro*
Îi) Un Funçois qui (aie fa Langue »&a
prit cultivé > n'a pas be(bin d'écre aretti
qu'il ne doit pas prendre ceci â fa' lettre » non
plus que mille autres pareilles exprcffions
' ^*oa rencontre dans cet Ouvrage « ic à9g\s
Coiis les meilleurs Ecrits , anciens A modci;
^c$« en verij Se enfrofe»
OU CES Moeurs db cb Sicclf. 17 j
«pfobation 9 ou qu^il fouffiie votre Chap«
«Qipplaifance. ; Vt
> ^ il faut laiiTer parler cet inconnu
^uelc hazard a placé auprès de vous
dans une voiture publique , à unç
fête ou à un fpeâacle, êç il ne vous
coûtera bien- tôt pour le connoitre
que de l'avoir écouté : vous faurer
fi>n nom , fa demeure ^ ion pays ;
l'état de fon bien ^ /on emploi , celui
de ion père , la famille dont eft C^
imere , la parente , (es alliances , les
trmes de fa maifon ; vous compren«>
drez qu il eft noble , qu'il a un châ-
teau , de beaux meubles 5 des valets^
& un carofie.
' "^ liy a des gens qui parlent uQ
moment avant <}ue d'avoir penfB : il
y en a d'autres qui ont une fkde atr
jRntion à ce qu'ils difènt , & avec
qui Pon fouf&e dans la converfation
dte tout le travail de leur efprit ^ i|$
font comme paitris^de phrafes & de
petits tours d'expreflion , concertes
dans . leur gefte & dans : tout leuir
maintien } ils font purifies (4) , Se
ne
' (m) Ocqs (piï affisAent une gnnit pureté
Jelaofiage.
♦ -' • • #
SO.CiBT£\
XT4 Les Caractères
^n r". ^.^ ^ bazardent pas k moindre mot ^
quand il dcvroit faire le plus bel ^flfet
du monde ; rien, d'heureux ne leur
^chape , rien ne coule de fource Sa
avec lil^eité : ils parJcnc. groprcmentp
& ennuyeufetneçu
♦ Lîeiprit dcla-conycffàtiottco»»
fifb bien moins à en montrer beau-*
coup qufà en faire, trouver aux au^
très : celui^ui fortdc votre entretien^
content de foi & de fi>n cfprit l'eft de
vous parfaitement.: Les hommes n ai-
Bient point à vous admirer , ik veu«9
knt plaire :;ils cherchent moins k
être inftruits & même r^uïs , qu'è»
être goûtez fie applaudis jj& te piai--
fir le plus délicat eft de f^re celui
d'autrui^
* Il ne fiiut ptS' q»'il y ait tro^
d^imagination dans nos converfàtioos.
ni dans nos, écrits : elle ne prodiiii»
fou vent que des idées vaines & pueii*
fca. , qui ne fervwt point à pcrftû*
donner le . goûc , & à nous rendic
meilleurs r. nos penfées doivent êtsc
un efièt de notre jugement.
•*-C'eftune grande mifere que de:
p'avoir pas aflèz d'efprit pour bifiv
parler ^ ni ailèZu de jugement pour St
1 taii£«'
, ou IBS MOEUKS tE CE SlËCIE. I75
taire. Voilà le prindj* de tôûtcim*- Ckap^
pertinence. ^^
* Dired^utfechofêmodeftertcntotl
<iu'ellceft bonne , ou qti'clle cft mau-
vaîfë, & les raiibns pourquoi elle eft
telle , demande du bon (èns 8c de Pcx-
prcfiton , c'eft Uiie afîàire. Il eft pruS
court de prononcer d'un ton dtfcifif ,
& qui emporte la preuve de ce qu'on
avance, ou qu'elle éft exécrable , oti
qu'elle eft mirâtuleufê.
* Rien n'eft moins fel6n Dieu & ft*
foxi le' monde que d'appuyer tout et
que Ton dit dans la converâtion , ju(^
quesaux choies les plus indifierentes ;
Sr de longs & de raftidieux fcrmens.
n honnête homme qui dit oui tt
non , mérite d'être crû r fon cafaâti
ït jtfre pour lui , donne créance à fc$
paroles 8c lui attire toute forte de
confiance. • •
~ * ♦ Celui qui dit inceflamtnenr qu'il
a de l'honneur & de la jprobîté , quSl
ne nuit à perfonne, qu'il confent que
le mal qu'il fait aux autres lui arrive ,
& qui jure pour le faire croire , ne
im pas mên^c dontrcfkirc l'hotome dé
•bien.' . t '''^' , •• *
• • * M 6 pêcher
27^ Lfi'S CAltACTERES
Db i A pêcher par toute & modeftie , qu*oli
SoCfUTB*. ne dife de lui ce qu'un malhonnéce
homme fait dire de foi.
* cUon parle peu obligeamment
eu peu jufte , c'eft l'un ou l'autre :
mais il ajoute qu'il eft &it ainfi , &
qu'il die ce qu'il penfe.
'*' Il y a parler bien , parler aiie*
ment , parler jufle , parkr à propos :
c'çft pécher contre ce dernier genre ,
2' ue de s'étendre fur un repas magifi^
que que l'on vient de faire ^devant
des gens qui font réduits à epargiier
)eur pain j de dire merveilles de ià
iânté devant des infirmes y d'entretenir
de iJbs richeflès , de les revenus & de
ics ameublemens , un homme qui n'a
pi rentes ni domicile j en un mot de
parler de fbn bonheur devant des mi-
iêrables. Cette converiàtion eft trop
fone pour eux ; & la comparaifon
qu'ils font alors 4k^ leur état au vô-
tre cft odîeufe.
* Pour vous ^ dit Butipbnm , vous
êtes riche, ou vous devez, l'être ; dix^
inille livr^ de rente ^ & en fonds de
terre, cela cftb^u, Çtlf e]p^iipP*»*^
Ton eft heureux à moins ^ P^iH^
ou lÉs Moeurs ob ce Siicti» %7'i
e livres de revcmi,&ci:oitn*avoHr Cnkfi
que h moitié de ce qu^ mérite } il ^' •
vous taxe , il vous apprécie ^ il fixe vo«
fre dépenfe, & s'il vous jugeoit digne
«{'une meilleure fortune , & de oelk
même où il afpire ^ il ne manqueroit
pas de vous lafoufaaiter. Il n'eftpasle
iéul qui fàflèdc fi mauvaifeseftimations
ou des comparaifons û defobligcan*
tes ^ le monde eft plein d'Eutiphrons.
* Quelqu'un fuivant la pente de
]a coutume qui veut qu'on loue , 8c
par l'habitude qu'il a a la flatterie £c
a l'exagération , congratule Thioimf
fur un Difcours qu'jl n'a point enten-
du , & dont perionne n a pu encorç
lui rendre compte , il ne laifle pas de
lui parler de fon génie, de ion gefte ,
& fur tout de la tidelité de là memoi-»
re } & il eft vrai que Theodeme cft
(deo^euré court.
* L'on voit des gens bruiques , in-
quiets 9 fufifdns y qui bien qu'oiûfs ,
fie fans aucune affaire qui les appelle
ailleurs , vous expédient , pour ainà
dire ^ en peu de paroles ^& ne longent
qu'à fe dégager de vous : on ïcqr par-
le encore qu'ils font partis & ont difc
MTu. Us ûcfont-pas moins irapcfti-
M 7 ncM
r
**» ï- A. riens qûè ceux qui vous aî^rêiènt féâH
"^*** lement pour vous* cnnu^yer ,-ib {cm
peut-être moins incommodes:
♦ Parler 8c offenfer pour de ccrtzi^
ries gens'- eft pr<fcifémèn^ là mémo
ehofe : ih S)ttt piquans 8c amers : leur
ftylc cft mêlé de fiel 8c d^abfyntlie
là raillerie , Pinjurc , Pinfulte , IcuP
découlent des lièvres comme leur fa^
Uve. IL fcur fcroit utile d^re nés
muets ou ftupîdes. Ge qu'As ont de
vivacité 8c d'èfprit leur nuit davanta*
ge que ne fait à^quelques autirs^leur
îottifc. Ils ne fè contentent pas tou*
jours de répliquer aVec aigreur , ils
attaquent foii vent avec infolence : ils
f râpent fur tout ce qui fe trouve fou*
leur langue , furies préfens , fiir les^
fens, iTs heurtent de front & de côt^
comme des Béliers: demande-t- on à
des Béliers qu'ils n'ayent pay de cw?-
nés ? de même n'cfpere-t-on pas de«^
former par cette peinture des aaturclt
fi durs , fi farouches , fi indociles- Ce
que l'on peut faire de mieux d'auffi
loin qu'on les^ découvre ; eft de les
fuir de toute fa^force 8c fans regmiet
derrière foi;
! Il y- a des gtns 4'iitîie^ tîertainé
• ' '" étoffe
-ou IBS Moeurs DECÊ^iccte. 17^
écofl&ou d^un certain diraâer^ zvct Cm^KI
qui il ne faut jamais fc commettre y- *
de qui l'on ne doit Te plaindre que le
moins qu'il cftpoflible, & contre qur
il n'eft pas même permis d'avoir raifon.
* Entre deux^perlbnnes qui ont eu
ensemble une violente quereMedont^
l^unaraifon & l^utit; ne l'a pas^ ce
que la plûpartr de eeux^ qui y: ont aîfif^
te ne manquent jamais de faire , ow
pouriê difpenferdeji^er; oupar un^*
tempérament qui m'a toujours paru^'
hors de fk place , c*eft de condamner
tous^lcs' deux : leçon • importante ,-
motif predantâc indifpcnfeBlfe de fuît
V rOrient , quand le fat eft à TOcci**
dent , pour éviter de partager avec -
lut le même tort;
* Jfe n'àimc pas uif homme que je
ne puis aborder le premier ni faluer
avant qu'il me (àluë, fâns^ m'avilir à:
&s yeux, & fans tremper dans la bon-^
ac opinion qu'il a de lui-mêmei-^
MoNTAGifE diroit : (l^) Je veux^
avoir m$i coudées francbfs , & être'
eéurms & dffâble à mon point , fanif
pamrdx w confequence. Je ne ms dt^
tûMi^
' X i^ Iflûté de Montagne.
llo . Lii CAiiâétBki9
♦I> fi i A tmit efirivtr contré mm pencbétu ^ é"
SotiiTi'. ^i^ 4H rebours de mm naturel , qm
w? emmené vers celui qui je trouve i
ma rencontre. Quand il m*eft égal «
& qu^îl né nieft point ennemjjf ^ f an-
ticipe fon bon accueil , je le queftmnc
fur f^ difptifitm & fanté ^ je lus fuis
offre de mes i^es fans, tant matchen*
der/ur le plus ou fur le moius , ne être\
comme diftnt aucuns , fur le qui vive i
celui Ik me diplM , qui par la conmf^
fance que j^ai de fes coâtumes & fof^ns
d'agir me tire de cette liberté & fran*
cbife .' comment me reffouvenir tout éi
fropos & d*auffi loin que je vois cet
bomme , d^emprunter une contenance
grave & importante , & qui Pavertiffe
que je crois lé valoir bien & au délai
pour cela de me rament evoir de mes bon»
ne$ qualité^ & conditions^ & des J^eth
nés mauvaifes , puis en faire la compa^
r/ifyn : c^eft trop^ de travail pour moi ,
& ne fuis du tout capable de fi roide &
JS" fubite attention ; & quand bien elle
m'auroit fuccedé une première fois ; je
ne léûfferois pas de fléchir & me ditsuntut^
a une féconde tache : je ne puis mefor^
^cr & contraindre four quilanquo i
être fier.
^ hV tES MoiURS DE Cfc SfCCEt. 5 ?f
♦ Avec de la vertu , de la capacité Chavi
& une boooe conduite on peut être ^*
infupportabie/ Les manières que l'on
negl^e comme de petites cbofes , font
fouvent ce qui fait que les hommes
décident de vcfus en bien ou en mal ;
une légère attentio)rà les i^oir dou«
ces & polies , prévient leurs mauvais
jugemens^ Il ne faut prefque rien
])our être crû fier ^ incivil » mépri«
^nt , deibbligeant i il faut encore
moins pour être eftimé tout le con«
trai^
* La poiiteiîè n'infpire pas touf
jours la boBt^ , l^equité y la complai*
lâncie , la gratitude : elle en donne du
moins les apparences^ & fait paroitre
l'homme au dehors comme il devroit
)6tre intérieurement
L'on peut définir reiprit 4e^fipli«
tefiè , l'on ne peut en nxer la ^ra«
tique : elle fuit lulàge Se les coutu^
mes reçues : elle eft attachée aux
tems , aux lieux ^ aux peribnnes , 5c
n^eft point la même dans les deux fe*
Xes ni dans les difïèrentes conditions ;
J'efprit tout ieulnelaiàit pasdevinef^
il fait qu'on la fuit par imi^tion , 6c
que Ton s*y perfeâionne. Il y a des
leqpH
xii Lbs CAKAcriKté
é I LA temperamens qui ne ibnt fiilccptibîci
S^orcjhBTB*. que de la politcflcj & il y en- a d au-
tres qui ne iêrvenf qu'aùsr grands ta-
lens, où à' une vcrtaOslidt.lleAvfsà
que les manieFés polies donnent cours
au mérite / & k rendent ^éàbk j
k quil &ut avoir de Bien éminen*
I9C8 qualitts^^ pour iè (buténir uns ia
politeflè.
Il me {bmble que refprit^ de poli«
fbfle eft une certaine attention à faire
que par nos^parbles & par nos imnie^
jvs les autres foiènt contens dAoui
K d*cux^mcmes;
* Ceft une feuter contre |à polii
^& que de louer immodérément en
prefence de ceux que vous faites
dianter où toucher un> indrument ;
quelque autre perfbnne qui a ces mo^
mes talens*^ ; comme devant ceux
qui Votià^ lifcrit leurs veiis , un^ autre
PocÉe.
* Dans* les repas ou les fetes^ que
Von donne au:^ autres , dans les pré^-
^ns qu'on leur fait , & dans tous Ie$
plaifirs ^vtkyn leur procure , il y a
aire bien , & fèire félon leur goût :
ife dferàier eft préférable.
.M, H y ^ixxQît une efpecc de fcroci-^
te
CV tn yHotàti M CE SlïCtE. lif
té à rcjetter ihdifFeremmcnt' touib Cha'^
forte de louanges : Ton doit être fei^
fible à celles qui noiis victînent dcS^
gens de bien , qui louent en nous fîn^
cetement des chofes louables.
* Un hôtmnc d'el^rit , & qui efT
ne fier , ne perd rieil de fe fierté ÔC.
de fi roideur pour fe trou ver pauvre t*
fi quelque chofe au. cotitraire doit
amollir fon humeur, le rendre ' plus^
doux & plus fociable, c'eft Un peu>
de profpcrité.
* Ne pouvoît fupporter tous kr
mauvais caraftcres dont le monde eft
pkin , rfeft pas un fôrt bon caraftere :'
H feut dans le commerce des^ pieccr
d'ôr , & de la monnoye.
* Vivre avec des^ gertè qui fonç
brouillez, & dont il faut' écouter de
part & d?autfe . les plaintes reciproi
ques , c'èft , pour ainfî ditt , ne pa»^
foîtir de l'audience , & entendre dtt^
matin aufoir plaider & parler procès.
* L'on fait des gens ( c;} qui avoicnt
côuléleurs jours dans uflc unioactroi-
te : IcuFS^ biens ctôient en-commun ,.
(O MrsCoamn & de St. Romain, CoiH'
feillcrs d'Eta».
i84 i^BJ CARACTEkSS X
. 01 i A ils ti'avoient qu une mêoie demeure }
SoeisTB*. ils ne fe perdoient pas de vue. Ils fc
,ibnt apperçus à plus de quatre- vingt
ans qu'ils dévoient le quitter l'un l'au«
tre,8c finir leur (bciete' : ils n'avoient
plus qu*un jour à vivre , & ils n'oot
pfê entreprendre de le paflèr enièm*
ble : ils jfe font dépéchez de rompre
^vant que de mourir ^ ils n'avorcm de
fonds, pour la complaifance que juf-
qucs-lk. Us ont trop vécu pourrie
bon exemple ; un momenr plutôt ils
nouFoient ibciables , Se laifibicot
après eux un riare modèle de la perfe-
yerance dans l'amitié.
* L'intérieur des familles eft fbu«
tent troublçS par les défiances, parles
jaldufies & par l'antipathie , pendant
i^ue des dehors contenu , paifibles Sc
mjouez nous trompent ^ nous y
font fuppofer une paix qui n'y cft
i^oint i il y en a peu qui gagnent â
,ctre approfondies. Cette vifitc que
.vous rendez , vient de (ufpendre une
ijuerelle domeftique qui n'attend que
votre retraite pour recommencer.
, * Dans la focieté c'cft la raifon qui
plie la première. Les plus fàees font
souvent ûienez par le plus touècH
plus
V,
ov LE$ Moeurs de ce Sncàf idy
plus bizarre ; l'on étudie (on foibte , Cn^i.
fbn humeur , fes caprices , l'on s'y actr
commoîde ; l'on évite de le heurter ,
tout le monde lui cède : la moindre *
ierenité qui paroît fur (on vifage, lui
attire deâ éloges: on lui tient compte
de n'être pas toujours infupportabk.
Il eft craint ^ ménagé ^ obel' , quel»
quefois aimé.
* 11 o'y a que ceux qui ont eu de
vieux cpllateraux , ou qui en ont en«
corê , & dont il s'agit d^heriter , qiji
puiflênt dire ce qu'il en coûte.
* clfdfue eft un très-r honnête hom-
me 9 il s'eft choifî une femme qui eft
là meilleuie perionne du monde & la
plus raifonnablè : chacun de fa part
&it tout le plaifîr 8c tout Tagrément
des focietez où il fe trouve r l'on ne
peut Voir ailleurs plus de probité i^
j>lûs de politeflè : ils k quittent de-
main , £c Tafte de leur réparation e^
tout drefle chez le Notaire. Jl y i
iàns mentir (^) de certains mérites
a"?
(z)llmc foqyient k ce propps 4'an Paflfage
de Piaf arque frès>reaiai:qi^able,pris 4c la Vie
dePauIus iEoiitius >qaejc prendra la libercf
de mettre ici daçsles propres termes d'Amyot;
tl^M ftfelqti^filh dç fififis h^^is d? W^'^s
xiS LbsCaracterhs
p s t A q^i œ font |)oint 'faits pour être eiw
^ociiTB. fembic^dc certaines vçrtijs iocompt-
<»tibles.
* L'on pe^t.coippter furcment fur
0a dot, le douaire & lescoovcntÎQns,
^ais foiblcment fur les :noumtuT€s : cl-
ics dépjBudent d'une union :fragilc de
Ja bel le- mère Scde la bru ,& qui pe-
:rit fouvèut dans 1 -année da mariage.
* Un beau -pcre 'aime fon gendre,
AÎmefa bru. Une belle-mere aime foa
jgcndrc , .n'aime point fa bru. Tout cSl
^eciprpquq. ..
* Ceq^mne marâtre aîmc le moins
4c tout/ce qui eft au monde » ce foi^
les enfans de Ton mari : Plu$ elle eft
iblle de fon mari , plus elle eft ma-
.xâtre.
Lcsmarâtres font déferrer les villes
0i les bourgades , if, ne peuplent pas
' moins
Jkuvent répétées , prceeJante^ de queLjuef fâ'
' theufes condmpns , ou de qtéelque aiffimsliftidif
ûu incetnpftibiUtJ de nature , que les éranitTS
pu (onnQtjfent pus y hfqutlles pur fucce^u ie
umps engendrent de jt grund^s ulîeuuiions de
fUolontesL entre des f^rfonnes , qu^ elles pie peuvent
^lus'vivre seihu^biter enfemUe. Tout cch cft
'«fit à l'occafion d'un Divorce , bîzatrc en ap-
parence , mais fonde .en efFet fur de bonnes
Tarons. yojtzh'Vie de Futifus ^miii/fSj
bu I.ES Moquas de ce Sieclf. m/
.îtloins la terre de mendians^ de vaga* C k a p.
;|bon4s, dedoiaeftiqueSjSc defclavcs ^ Y*
,iquelap^vreté. :
*:G*^& m**.fQOt voifias de
.camp^ne,& leurs terres, fant conti-
guës.: ils l^|?iterît une.cpntréc dcfcrce
isc folitaire ^^'loignez dcs:villcs & de
tout commerce , il iêrqbloit que la
fuite d'une entière .iblicude . ou Par
xnour de krocieté eût dû lesami jettir à
une liaifon réciproque ; il eft cepen.-
dant di^cile d expi;imer la bagatelle
qui les a fait rompre , qui les rend
implacables J un pourPautre,& qui
perpétuera ieurs haines dans leurs deîG»
iCendaris. Jamais des parens , £c même
des frères ne font brouillez pour une
^moindre chpiê.
Je fuppde qu'il n y ait que dcu^t
]iommes fur la teri'e qui la poflèdent
ièuls , Se qui la partagent toute entre
eux deux '; \t fuis perfuade' qu'il leur
U^trn bien-;tôt quelque fujet de rup.r
ture , quand ce ne ferpit que pour les
limites.
* Il efl: fouveot plijis court & pluj
Vtjle de quadrer aux autres , que de
/Paire que ies autres s^ajuftenc à nous. 1
* 1 approche d une paite ville ^ &
ils Les Garacts^es
. Di L A je fuis déjà fur une hauteur d'où je U
jSocx^TB*. çlécouvre. Elle e$ Cituée ï mi-côte ,
une rivière baigne (es murs , Se coul^
çnfuice dans une belle prairie : elle a
une forêt épaifle qui la couvre de9
vents froids 6c de l'Aquilon. Je la
vois dans un jour fi ^ vorable , que je
compte lès tours & fe^s clochen : elle
me paro}t peinte fur le penchant delà
colline, Je me récrie , Se je dis ,
Que} plaifir de vivre fous un fi beau
ciel & dans ce fêj^our fi djélideux l Je
delcends dans la ville , oii je n^ai pas
couché deux nuits , que Je refièmbls
à cew^ qi|i l'habitent ^ j'en yeux
fortir.
* U y a une chofe que l^on rfa
point vue fous le Giel , 6c que félon
toutes les apparences on ne verra ja-
mais : c^eft une paite ville oui n^eil
divifee en aucuns partis ^ ou les £i«
milles font unies , & où les coufins
fe yoyent avec confiance ; où un ma-
riage n'engendre point une guerre ^ci-
vile ; où la querelle des rangs ne fe
réveille pas à tous momens par rof-
frande , î'oncens & le pain béni , ptf
les proceffions & pkr les obfeques ;
d?QÙ Ton ^ banni les (Aguets , le mcn-
'OU cis MoEuaS'.jDfi ce ^iegli. ztf
longe -& la mc'dii&nce ; où Vou voit ^ " ^ *•
parler cnfemble le Bailli & le Prcfi-
dent , les Elus & les Afièflèurs ^ où le
poytQ vk bien avec fes Chanoines ,
où les Chanoines ne 4éddignenc pas
ics Chapelains , Se où ceux-ci jfouf-
fj{ent les Chantries.
Les Provinciaux 6c les fbts font
^ujours prêts à fe fâcher & à croire
qu'on fe moque d'eux , ou qu'on le». v
méprifenl ne -bût jamais hazarder la
{>lai(ànterie , même la plus douce Se
la plus permife, qu'avec des. gens po*
lis , ou qui ont de i efprit
* On ne prime point avec les
Qrands ^ ib /e défendent par leur
grandeur j ni avec les petks , ils vous
lepouflènt par le qui vive»
* Tout ce qui cSt mérite & fcnfjic
^ifcerne ^.fc devine xedproqucment ;
fi l'on vouloit être eftimi^ , il faudroic;
vivre avec des perfbnnes eftimables.
* Celui qui cft d'une «mincnce aii
deiTus âqi autres , qui le met à cou-
vert de la rep^e ^ ne doit jamais .
faire une nûllcrle piquante.
^ Il y a jde petits dé&uts que l'oa
^bandonçc volontiers à la cenfure ^ £ç
dontnous^ haifibn^pas à Itre raille z,
Torr^l. N ce
ipo Lis Ca r a ct er«s
D I L A de font de pareils défeuts qbfi noM
>ciiTB'. devons choifir pour railler les autres^
• * Rif c des gens d'efprij , c'cft le
privilège des tots : ilf font ^ns le
inonde ce que les fous lont à la Cour,
je veux dire faos confequcnce.
* La moquerie cft fou vent ind^
gence d'efprit, '^
* Vous k crôycîK votre duppc : s'a
feint de Têtrc, qui eft plus ^uppe de
lui ou de vous ? \ • ,
* Sî vous obferyez avec foin, qui
font les gens qui ne peuvent louer ,
qui blâment toujours , qui ne foi^
éontensdc perfonne , y ous reconnoî-
trcx que çc font ceux n^m^s dont
perfonne . n'eft content.
* Le demain & le reUgor^en?
ians la focieté attire précifénaent le
Contraire de ce que Pon cherche, fi
p'eft à fe faire eftimer. ^
« * Le plaifîr de la focietc entre le»
imis fé cultive par une reflcmblançc
(de goût fur ce qui regarde les moeurs,
& pat quelque différence cPopinionS
fur les Sciences : parla ou Tons^rf-
fcrinit dam Ces fentimens , ou l'oij
^•exerce & Ton s'inftruit par la difpute.
. * i/<m ne peut aller loin dans l'^r
«bvxEs MoËUHsi^B CE SifiCLt. 19Î
«itié., fi Pon ifeft pas difpofé àfc ^ J^^**
j)ardonner Icstmsaux autres ks petits
défauts.
• Combien de belIesSc mutiles raî-
ibns à étdcr à celui qui eft dans une
grande adverfité pour eflàyer de 1c
rendre tranquille : les choies de dé«
hors quon appelle les évenemens^
font quelquefois plus fortes que la
xaîfon & que la nature. Mangez ,
formez, ne vous laifièz point mou-
rir de chagrin , (bngez à vivre : ha-
rangues froides &c qui Jredui&nt à Pitn-
poinble. Etes-vous rAifonnable de veift
tant inquiéter ? N'eft-ce pas dire ,
JSâes^vous fou (Terre malheureux V
* Le confcil fi néceflaire po«r lèf
affiiires , eft quelquefois dans la focieté
nuifible à qui le donne, 8c inutile ,à
celui à qui il efl: donne c fur ]e«
mœurs vous faites remarquer des dé«
&uts , ou que Pon n'avoue pas;, ou [
2ue l'on éflâifie des vertus : fur les
ouvrages vous rayez les endroits qui '
paroiHènt; admirables à leur Auteur, où
iVfc complaît davantage , où il croit
«'être furpafi*é lui-même. Vous perdez
ainfi la confiance de vos amis, fans les
avoir rendu ni meilleurs,ni plushabilés.
N a * L'on
i^l' Les CAHACTCaVs
l) 1 tA *# l'on a vu il n'y a pas loi;ig-.tem$ :
Soçiiis% ^^ cercle de pçr(bnne$ (d) de$dcu|{::
(êxes,liées enièmble par laconverfâtioqi^
& par un commerce d^efprit : ils hif*
ibient au vulgaire Ta^cde parler d'um
manière intelligijble : june cliofe dîte
cntr^eux peu dairement en enitr^înoit
yne autre ci^core plus pbTcure, fur
laquelle on encberiâbit par de vraj€$
énigmes , togjour;^ Tuivies de longs
opplaudiflèfiieps ; par tQUt jce qu'ils
appel loient djélkatcflè , fentimcns ,
tour , $c Bmffc d'cxprcffion , ils
étoîent enfin parvenus à n'être plu^
cpcendus,&à ne s'entendre pas eu^
mêmes; Il ne fabit pour fournir 4 .
q^s entretiens ni bpn (cf^s \ ni jiJge-
mienit, ni mcmpire « ni la pioinditt:
cupaçit^'.'il fàllmt deVefprit, non pas:
à^ meillcjur , nw's /je celui qui efî
faux , & oii l'imagination a trop de
pprt.
; * Je le fai , rbe$bdlde , vous éicf
vieilli ; ipai;^ VQpdriez-vo.us que je
cruflè que vqus êtes b^iflé , que vous
nfjêtes. plus Poctc , ni bel Efprit , que
vpus êtes prçfeni:ctQeqt aiifli mauvais
^ :/ Jugfî
oi/ les Moeurs de ce Siecie. '25^5
Juge de toutgeàre d'Ouvrage , que CHAr5;
léchant Auteur , que vous n'avez V.
plus rien de naïf 8t de délicat dans hi
convcrfation i Votre aif libre & pré-
fomptueux me rdTufe Se me perfuade
tout le contraiit. Vous êtes dont
aujourd'hui tout ce que vous fûtes J*.
âiais , âc peut*étre meilleur : car fi à
Votre âge vous êtes fi vif & fi impé-
tueux , quel nom , Theobalde^ fal-
loit-il vous donner dans votre jeunefl^
Se lorfque vous étiez la Coqueluche oà
f'ehtéteiûent de certaines femmes qui
ne juroient que par vous Se fur votre
parole, qui difôient , CeUefi délicieux^
* L'on parle impetueulement dans
les entretiens, (buvent par vanité ou
par humeur , rarement avec afièz
d'attention : tout occupé du defir de
répondit à ce qu'on n'écoute point ,
l'on fuit les idées, Se on les explique
fans le moindre égard pour les raiibn<«i
nemens d'autrui : l'on eft bien éloigné
de trouver enfemble la vérité , Tort
n'eft pas encore convenu de celle que
l'on cherche. Qui pourroit écouter
ces fortes de conversations Sc les lécri-
rCj fcroic voir qudquefois de bonnet
^ " " N 3 chofes
SoCIBTi*.
1> « i A chofcs qui n-ont nulle fuite*.
" ^ ' * Il a règne pendant quelque tcm*
une ibrte de converfation &de &
puérile ,qui rouloit toute fur des quct-
ttons frivoles qui avoient relation aw
cœur , 8t à ea qu?on appelle paffioQ
ou tendrefTe. La leâure de quelques-
Romans le^ avoit introduites parmî'
les plus honnêtes gens delà Ville &
4e la Cour : ils s'en font défaits, &.
k Bourgeoifie les a reçues avec les»
équivoques.
* Quelques femmes de la ¥ille ont
la déiicateffe de ne pas fa voir, ou de
B'ofcrdirelc nom des rues, des plap
ces Se de quelques endroits pdblibs ^.
qu'elles ne croyent pas ailèz nobles^
pour être, corjaus. Elles- difent l^
Louvre ,. U Fldce RQyate : mais elles
ufènt de tours & d[e phrafes plutôt
que de prononcer de certains noms y\
éc s'ils leur échapent, C'èft du moins
avec quelque altération du mot , Se
après quelc^ues façons qui lesraflurent:
en celamoms naturelles que les fem-
HiesdelaCour, qui ayant befoin dans
k difoours de^- Hatles , du Cbâtelet ^^
ou de chofes femblaËiles , difent Us
où IMS Moeurs be es Siecu. isf^
* Si Voxk feint quelquefois de ne fe c h a f*
|»as fouyeniF dç certains némsque l'on V?
croit obicursy Se fî l'on afièâe de les
^rrompre en les prononçant , c'eft
par la fak>nne opinioii qu'on a du fien.
^ '^ L'on dit par belle humeur » Se
dans la liberté de la converfation de
ces choies froides , qu'à la vérité l'on
donne pour telles , & que l*on ne
trouve bonnes q^ parce qu'elles S:>nt
extrétnemeiït xiiauvaiftâ. Cette ma-
nière bàâe de plaifânter a pafTé dil
peuple à qui elle appaitient , jiifqtrËs
ëans une grande partie de la jeuneflè
de la Cour qu^elle a déjà infèStéc. Il
cft vrai qu'il y entre trop de fedeur &
degroi&rete' pour devoir craindre
Ju'elle s'étende plus loin , Se qu'elle
kfle de plus graùds progrès dans un
païs qui efl le centre du bon goût Se
de la politeflè :l'bn doit cependant en
iiprpirer le dégoût à ceux qui la prati^
quent » car oièn que ce ne foit ja-
mais ièrieufement , eltb ne kiile pas de
lenir la pE^e dans leur efprit Se dans
k commerce ordinaire , de quelque
chofc de meilleur.
. ^ Entre dire de mauvaiies choies
fU en dire de bonnes que tout le
N 4 moor
^Cf6 IeS CARACiTERir
B » t A monde fait , & Ics^ donner pour nba^
So c ï s Ti\ yçjieg ^ je n'ai pas à choifir:
* Lucéun^d dk unejdït itlcfe : il /
4 un bon nfcr de Claudm :i j 4 cet
,fndm$d0^ Seneque : & fâ-dtflbs unÇ
longue fuite de Latin que londtc
ibuvent dcvam dès gens qui ne Pcm
tendent pa», & qui feignent de l'entei»-
dre. Le fecret feroit dlavoir un grani
&ns&deKefprit : csiroui^on fc pafr
«feroit des Anciens^ ou a^rès les avoir
lus avec foin , l'on fauroit encore chot
fir les meilleurs , & les citer à propos.
* Hermagêras ne fait pas qui eft
Roi de Hongrie : il s'otonne de n'em
tendre faire aucune mention du Roi
de Bohême : ne lui parlez pas des gucr*
SCS de Flandre & de Hollande , diA
penfèzrle 4^ mpins de vous répond
dre , il confond les tems , il ignore
quand elles ont commence' , quand
dles ont fini r combats , fiegcrs, tout
lui eft nouveau. Mais il eft iof^
truit de la guerre des Geans , il en
xacoiite le progrès &: les moindres
détails , rien ne lui écbape. U dé^
brouille de même Pfaorhbie cabosf
des deux £mpircs, le Babylonien &
l^Aflyrien : il connoît à fi>nd les &(
- ^ ^ . ' gyp-^
. ou LES Moeurs de cb Sieclb. 197
^yptîeris & leurs Djrnafties. Il n^a Cha »»
jamais vu Vcrfailles : il ne le verra V| .
boint : il a priefque vu la Tour de Ba^
Del : il en compte les degrés , il fait
combien d'^Architcfites ont prefîdé a
cet Ouvrage , il fait le nù[ti des Ar-
chitcétes. Dirai-je quïl croît (^ ) Heilt-
rî IV. fils d^Henri III. il néglige dû
moins de rien connoîtreaux Maifons
de France ^ d'Autriche , de Bavière :
quelles minuties » dit-il ! pendant qu'il
récite de mémoire toute une liiîe deiï
Rois des Medes , ou de Babyïone, 8c
que les noms d'Aproftal, d'Herigebaî,
de NoefuemK)rdach , de Mardokem*
pad lui (ont auffî familiers qu'à liou^
ceux de Valois & de Bour*
'iRON. n demande fi TE^mp^reur 4
jamais été i&zrié i mais perfonne ne
lui apprendra que Ninus a eu deux
femmes. On lui dit que le Roi jou'ft
d'une (ànt^ parfaite ; & if fe fouvienè
'^qucTbctmofîs un Roi d'Egypte rftoî|:
Valétudinaire ^ & qu'il* tehoit cette
complexion de (bn ayeul Alipharniu-
'fofis. Que ne faitpil point i*^ Quelle
cbofe lui eft cachée de lia vénérable
( r) Hcarl le Grand.
N 9
-fK
298 Les Car ACTERFS
B>i LA antiquicé > Il vous dira que Sentira-^
&^GUT4. iQjg^Q^ (cIqiv quelques-uns , Serima^
lis , parloit cotxKae fbn fil$ Ninyas^
4}u!on ne les diftinguoicpas à> la. parcv
k i (i c'étok parce" que la mère avoit-
vne voix mâle comme ion fils , oa
le fils une voix» ef&minée comme
& mère , qu'il n'olè pas^ le décider, il
vous révélera que Nembroc étoit gau,'»
cher, ScSefoftris^mbidextre i que c'efi
une erreur de s^imaginer qu^un . Arta*
xerxe ait été appelle Longuemain^
parce que les -bras lui tbmboient jul^
qu'aux gçnoux , Se non à cau(è qu^il
avoic une main plus longue que l'au-
txe : Se il ajoute qu'il y a des Auteurs
«ayes qui affirment que c'étoit 1%.
aroite , qu^il croit néanmoins être biea^
jSxidif à (outenirque c'êft la gauche.
* Afcagne eft. Statuaire , HcgioiL
Fondcui» , ^fchine Foulon , fie e;r-
iUi bel efprit^ c'eft ià. pfofeiBc»^
Il a u|ie en^igne , un attelicr , des^
Ouvrages die cbounànde , & des
con^^gnojQs qui rràvgilknr fous luût.
a ne. vous faupoit rendre de plus.
à?\m mois les Stances- qu'il vous<
», promifès , sll ne manque de pa^
Mk à Trq/iéè qui. l*a. engagé à
V*
- oir LES MbEviEis OE dB Siècle. 299
iûre une Ëlcgie : une Myllc cft far ^ ^^'''
le mécier , c'efl pour Cranm qui le
preflib & qui lui laiflè efpeitr uu ri-
che falaire. Proie , vers , que vou*
lêz^vous? il réuffic également en l'un
te en l'autre. Demandez-lui (ks Let<^
lërea de confolation ou fur une gbièn-
«e, il les .entreprendra^ prenez-les
toutes âites & entrez dans fon maga-
sin, il y a à choifir. Il a un ami qui
fi'a point d'autre £>n£bion fur la terre
^e de le promettre loc^-tems à un
certain monde , & de le prefentér
enfin dans les roaifons comme, hom*
aoe rare 8c d'une exquiiê converfa*
flon^ & là airiÇ que le Muilcien
chante & que le îoueur de luth toa^
che fon luth devant ks peribnnes à
^ni il a été prcMnis , Cydils après
avoir touffe , relevé fa manchette ,
étendu la 'main 8c ouvert.les doigts ^
déUte gravement fes penfées quintcf-*
lènciées 8c fes raifonnemens fophifti«
yies. Diflferent de ceux qui conve*
sunt de principes , 8c connoiilant h
imfon ou la vérité qui eft une , s'ar*
sachent la paiole Tun à Pautre ppur
jl^accorder fur leurs ientimens , il
" N6 n'ou-
)00 LbS CAKArTSRET
Dr lA ft'iniYic la bouche que pour contre^
::f/ M# /fwMf , dit-il gracicuie
men^ , 90^ c^efi t9v$ U eontraiu de ^
ifue vous dites , ou je ne fatsme hr^
de votre opimm , ou. bktP Ça hi 411-.
tft^s mon entêtement cimime U eft l^
riire , nuk . . ^il y 4 trdr-cbrfes i
ftjouce-t-il , ^ eênjiderer •• ». Se il CD
ajoute une quaméme r.fade diicou-
leur qui* n'a«pas mis^ plutôt le pied
dans une aflemblée , qu'il cherche
quelques femmes^ aupsès^ de qui' il
puiilë s'infinucr , fe parer de fon be>
efprit, ou de fà. Philofophie , & met^
vtc en ' eeu vre &s rares conceptions t
car foit qu'il parle ou qu'il écrive ,'
il'fie doit pas être foupçosn^ d?avoin
en vue ni le vrai- nr. le finsx:^ ntto
taifonnaUe ni le ridicule , il évîto
uniquement de donner dans lefens des?
autres ^ & d^être de l'avis de queW
qu'un : auffi attend- il dans un cercle»
que chacun fe foitiei^Iiqué fur le fiu:
jet qui s'eft offert, ou:rouven&qu'il a^
amené lui-même pour dire dogmati-^
quen^nt des. choies toutes nouveUesv
mais à fofh gré dÀiifives £c làns rc^
jili^. Cydm s'i^k à Lucien > .2c
m
•u\fis MôB!)iis M CE SiaciE. iot
'à Seheque (/) fè onec au deffiis de CViaK-
Platon, de Viiçite, Se de Thcocri- ▼;
te y Se fon flatteur a fbiii de le confir-
mer tous les matins dans cette op^
nion: Uni de goût & d'intérêt avec
Us contemptseors d'Homère , il attend
paiiîUcmem gue ks faomrnérdéiromi»
pe^ lui préftrentles^PMtes modernes :
il fè met en ce cas à la tête de ces der^
niers , fie il fait à qui il adjuge la fc»
conde place. C'eft en un mot ua
€ompôâ^^dii''pedMt fie du- précieux ,
ftiit pour être admiré' de la^* Ebuj^
geoifie fie de la* Province , en qui
néanmoins ^ on n^apperçoit rien de
grand que l'opinion qu'il a de lui*
même.
^ C'eft'k profonde ignorance qui?
infpire le ton dogmatique; Celui
qui ne fait rien , oroit en&igner aux
autres ce qu'il vient d'apprendre lui^
même : celui qui fait beaucoup penlë
ït peine que ce qu'il dit , puifle être
ignoiv' , fie parie plus, indiâfercm^
nent
* Les plus grandes choies n*ontbe^
fein que d'écrc dites amplement , cU
le»
If /} PWWbjAc^ « Poctc tragique. *
N 35
foi tlS CVlLACTERB^
M ^** ^f les fe gâtent par Pcidphafe i îîfSnit
^^**"* dire iK^lement les plu» petites, cUç»
tic fe (butiennentque par resqntflîcm,
ktonSc la manière^
i * Il mcfemblequel'on dit Ic^cho^
ib encore plusfioefiiciitqp^oa nepeu^
les écrire.
^ Il n'y a^^eres qu^une naiffiœce^
£ohnête , ou qu'une bonne édsça»
lion , qui rende lés hommes capables^
defecfet. ;
* Toute coofiamt eft^ dangereufe
fi elle n'cft entière : il ya pc» de aw
jonâures où il ne faille tout dire , out
tout cacher. On a déjà trop dit de fon
fccret à celui a qui l'on croit devoir
en dérober une circonftance.
: * Des gens vous' promettent le
£cret,Sc ils le orëvelent eux-mêmes»
& à leur infçu : ils n&remuem pas4es
lèvres St on ks entend : on lit fur leur
front & dans leurs yeui& , on voie
au travers de leur poitrine , ils ibnc
firaniparens v d'autres ne dîfent pas
précifôment une choie qui leur a été
confiée , mais* ilsr parlent , iSc ag^ffiait
> de manière qu^on la découvre de fbi^
même ; enfia quelques-uns mépriient
votre iccret de quelq|je C0Qfcq[uiesœ
ou LES MOBORS DE CE SiECLE. JOj'
i|u'il puiflc être : C'ç/Î un myfert , un
Wci mUn 4 fait part , & m'^A défendu de lé ^^
àvre^ & ils le difènc.
Toute itveÈtion d'ufl feeret cft la^
iàute de celui <]iii l'a confié.
* Nicandre s'eBtfeticût avec Blife^
de la imniere douce $c cotâplaifame^
dont il a voeu avec fa femme, depuis*
le jour qu'il en fit le choix jufques à;*
fà mort: il- a dçja dit qu'il regrette^
qu'elle ne lui ait pas>*Utflèdes enfans , «
fie il le rçpcté ;, il parlé des maiibfi»^
qu'il, a à la ville , & Ken-tôt d une
terre qu'il a à la campagne : il calcule
k revenu qu'elle lui rapporte , il feitf
le plaa des bàtimcns , en décrit la^
iltuation, exagère .la>commodité des^
appartemens , ainfî que la richefie &
la propreté des meubles. Il affure
qu'il aime la bonne chiçre, les équi*
pages : il & plaint que fa femme n'aî^
Bioit point aâèz le jeu ^ la fociet^
Vous êtes- fi ricte. , lui diJToit l'un de
fcs amis , que n'achetez - vous cette
charge? pourquoi ne pas &ire Cette:
acquifition qui étendroit votre domai<^
Hc ?. On me croit , ajoûte-t-il , plu*
de bien que je n'en poflède. Il n'ou^
àUe pas iba extraâion & fcs allian«»
ces i
^04 tfiS CÎAft* ACTËRES .
• fi « t A ces : Mmjièur lé Surinfendani qm ef
^^^^"'^^''mmcûujin ^ Madme U Chanceliere qé
efi ma parente : voilà fbn ftylc II ra-
conte un fidt qui prdUvc Te mécoa-
tcntcmcnt qu'il doit avoir de fcs plus
proches , &' de ceUX même qui font
fes héritiers : aî-je tort , dit-il a Elife?
ai-je grand fujet de leur vouloir du
bien ï & il Pen fait jugt. Il infînuë
cnfuitc qu'il a une ùaùté foible 8fc
TanguilTante ; il parle de ta cave où il
doit être enterra. U eft infinuant;
flatteur , oflideux à Tif^ard de tous
ceux qù'îl tW)uvc auprès de la pcr-
foniie à qui il afpire. Nfkis Elifë n'a
pas le courage d'être riche en T^pou-
Ênt : on annonce, au moment qu^il
parle , un cavalier , qui de fn fcufc
prélencc démonte la batterie dferhom-
me de viHe i iï fe levé déconcerté' 8fc
chagrin ,. & va dire aîBeurs qu'il veut
Je remarier.
* Le fagc quelquefois éVit^ le motlj
de^db peur d'être ennuyé;
CHAî
titf itS MOEÛÉS Dfe dE ^ECLf. fdf^
wWm ^SWêMmW 'M^W WWW
OTW W^9 VPB W* Wv WB • WV VBV ^ffV OT^ WV> VV ^W WP wVV
CHAPITRE VL
Des Biens de Foiltuke.
N homme fort' riche jJcuîf iri^ri- VI*
ger deis cîftremct's , faire peiri-
d'rc fesr TatriSris 6c fes alcovcs , jouïr
d^un Palais à la campagne , et d'un
âlitre à la villcjavoii'iingi-andcquif
page, mettre* un Bu<: dans fa fàmi>-
Kj Si aire de fcfn fils un grand Sei^
gneuT :' cela' cft juffe & de Ion wflbrf.
Mais il appartient peut-être à d'av^
Uts dt vivre contenu.
* Une grande nàiflàncc ou uric
grande fortune annonte le mérite âc
It fait plutôt remarquer.
* Ce qui difcaîpe le fat ambitieux
cfe fon ambition- , eft le (bîn que l'on
prend » s'il a fait une^ grande fôrtUtiei
dh lui trouver un inerite qu'il n'a ja-
mais eu" ^.St auffi grand qu'il erftfk
l'avoir.
* A mefurc que la faveur & ks
grauda biens fe retirent d'unhomme^^
COUe
ffoé L]fs CfARACTERES
0 B 8 âs izi&vz vcit en hii le ridicaîe qu'ils
1 1 B N 8 couvroienc , & qui y ifcoit fans qoc
* ■ ^®*- perfohne s'en appcrçûr.
pourroit-on jamais s'imaginer Técran-
ge difproportion que le plus ou le
moifïs de pièces dcnKmnoye met en-
tre les hommes.
Ce plus ou ce moins détermine «
ïEpée, îk la Robe, ou à TE^ife : iï
A'y â prefque point d'autre vocation.
* Deux Marchands ctoient voî-
fins & f aifoient le même ccMnmerçe^
qui ont eu dans h fuite une fortuné
toute différente. Ils avoient chacun
Bne fille unique ; elles ont été nour-
lies^ enfemble, ôc ont vécu daias cette
familiarité que donnent nn même âge
ic une même condition : Tune des
deux pour le tirer d'une extrême mi-
fcre cherche à fe placer , elle entrt
âu fervice d'une fort grande 0àmc &
l^une des premières de la Cour , chez:
& compasne.
* Si le Financier manque (b^
€oup , les Courtifàns difent de lui
c'eft un Bourgeois, un homme de
jûm^ un* malotru : s?il xéuÛk , ils lui
ifkmmkoi ^ >£Ue.
'é\j t¥s Moeurs db (Si Sittit. i&f
* Quelques-uns (a) ont (àk dam CkaW;
feur jeuneflè Tapprentiflàge d'un €cr-> ^^
tain tnétkvj pour en exeiter un au>-
tre & fort difibrent le refte de leutP
vie.
* Un homme cft laid , de petite-
taille , & a peu d'efpritb L^on me
dit à l'oreille , il a cinquaûte mille li-^
vres de rente : cela le concerne tout
ftul , & il ne m'en fer^ jamais ni pis?
m mieux : fi je commence àt^^ le regar-
der avec d'autres yeux , & fi je no-
£iis pas mattre de faire autrement ^/^
quelle fottife !
* Un projet aflcz vain Icroît de
Vouloir tourner un homme fort fot
Àç fort riche en ridicule : les^ rieurt^
font de Ton côté.
* N ^ * avec un portier ruftrc ^«
jàrouche , tirant £ur le SuiÛë , avec'
un veflibule & une aoticKambre, pour
peu qu'il y faâè languir quelqu'un 8&
£c morfondre :; qu'il parôifiè cnBw
ja vec une mifie grave & une démarche
mefurée , qu^il écoute un peu & nt
icconduife point, quelque lubalicme
^u'il foit d*ailleurs , il fera feotir de;
luir'
{m) Le» Pactiran$»'
•JOg Le^S CAftACTEREJ
tf 11, M*$ ï«i-°ïêmc quelque chofe qui zpptcff
» i' F oft. ^hfc de k confîderatiodr^
*u«i- * Je vais, Clmphon, à vdtifeport^
'kbcibiiY que j'ai de vous me cbafië
de mon lit & de ma chambre : plût
aux Dieux qfte je tid fuffe nr' votre
Client ni votre fèchçux ! Vos cfcla-
/tes me difedt que vous êtes enferme,
& que vousf ne pouve:i m'écouter
que d'une hcut« entière : je reviens
^vant le tems^ qtf ils m'ont nàarqué;
^ ils me difënt que vous êtes fort».
-Que faites-vous , Clitiphon , dans ca
endroit le plus reculé de votre appar-
tement, de fi laborieux qui vous em-
ï>êche dtf m^enteitdi^ ? Vous enfite
^lielqucs mémoires , volisr collation^,
nez un regiftre , vous figiiez , vous
pâtaphez' , ^ n'avois qtf uhe choFe à
l^ous dematdcr , & vous n'aviez qu'utt
mot à me répondre, oui ou nod.
Voulez- votes être Are >* rctîcfcï fervi-
te à ceux qui d^ndent & vous :
tous le ferez davantage par cette con^
JJiitequeparne vouspâS laiffervoir.
O hi3mme important & chargé d'aP-
feïVes , qui à votre tour avez bcfom
•demes offices ! venez dàirs là folitudc
àc mon Cabinet , ic Pbilofophe jcft
accet
tu^iCble, jeoevousTetxiectrai poioi: Cha>;
à MO autre jour ! Vous me troiwecez V I.
ùjLT les Livres jde Pkton jqui traitent .
4e la rpkitualitié ije Vame & de û
dîftinâioD d avisc le ,corps , oju h
plume ji }a main pour «j^îoiler les
(jiftanccs de .Seturne Se de Jupiter ; .
j'admire Dieu dans Tes ouvrages , £c
jç cherche par la connoiflànce de la
Vérité à régler mon efprii: $c devenir,
mcilleyr^ ]Bntre^, ipute^ leç portes
vpus JToiTt pfivcrn^ ; mon anjticham* .
bre n'cft pas f^ife ppur s'y ennuyer.»
ep m'attendent , paflcz juîqu'à jnoi
làns me faire avertir : vous m'appor?>
tez quelque çhqCç de piu$ précieux'
que l'argent Jk l'or , fi cVft une oc:»
qafîonde vojus obliger : parlez » quç
vj3ulc2>ypus gue je itàflc pour vsiys ?-;
Faut-il ,q!uitt/:r mes Jivrps , mes jc'tur
dqs p mou ouvrage , cette ligne qui*
eft çom^enqée > (juelle intermptioa^
beureufe pour mo^ (jue celle qui y Qii^l
cA utile ! Le maiv^iur d'argent \
Pl^mipe d'afiàires ej| up Qurs qu'^
ne iâurpit ^pprivoifer , on ne le yoi(^
dans fa Ipce qi|*avcc ppine , que di(hs
jç , on ne Te* voit point , car d'abord
pi ne le voit pas euçpfe, (f bicn-tpc
m
^Ï4 Lis CARACTHâei
IMi luxe & par kibonne.chcsre, il ne IbI
» î*FÎ>*. ^^ P^ dcmquic de quoi fe fàice cn^
f UNI. ' terrer : il e^ mort infbkable ^ fans
biens , & ainfi privé de tous les (c^
cours 'Z l'on n'a vjûûbez hii ni ]uiçp^
ni Cordiaux , ni Médecins , ni le
ntoindre Dd&eur qui l'ak aCucé de
fçn (âlut.
*^ Chamfjigne au «fônir <l'un loi^
dtner qui lui enfle l'eftomac , &dans
les douces fumées d'un vin d'Avenay
ou de SiUeiy figne un ordre qu^on
lui préfêace , tpii ioterqii; le pain à
toute une Province fi l'on n'^ ieQi&-
dioît : il eft excufahle , quel moyen
de comprenditdansJa première heure
de la digeftion qu'on, puiflè quelque
part mourir de faim ?
^ &ylv4in de iês denier^ a ^qui;
db la naiflaœe&oin autre nom. il dl
^gnenrde ja Paroii&..oij.Ce$ayeul$
payoient la taille : il n'auroit pu av«
«refbisxntrer P^e ch^t çlpçkul/f & il
cft fiin^ gendre. . ,
* Diffus pjiûjc en littfcre paria v^j^^e
Apfknne , |)recedc de iès affranchis
fi de (es eiclâves qui de'coument;.
ICi peuple ^ & font feire.place : il nç
Itti m^ijique que dfis J^jeurs, H en-.
in
•- • »•» *
ou LES Moeurs de -ce SiHCLSt ;t)
ire 4. Smm avec ce cortège ^ où Â ChaiC
ftmble triomphcr^e k bSefle &4e VI«
h pauvreté de fon fere SsngA.
. * On oe peut mieux ufer de la for^ *
tune que fkit PeriàMdre : elle lui. don*
iK du rang^ du-crcdit, de-l'autorité::
déjà on ne Je ^prie plus d'accorderfon
amitié , on implore fa poteâion. . H
a commencé f^r dire ce (bi-mêmç^
un homme de ma forte. , il pafiè à. dire .,
nfi homme ie ms qualité , il *fe donne
pour tel,'êc il n'y a perlbnne de ceux
à qui il prête ^e d'aiagenc , ou qu'il
reçoit à (à table , qui dl délicate , qui
veuille s^y oppoièr. 6a demeure eft
fuperbe ^ un dorique règne dans toua
fta dehors , iCe*n?eA^ pas une porte ,
c'eft un ^tique :: eft^ce la maiibn
d'un particulier , eft-ceun Temple-?
le {)euple s*y trompe. Ileft le Sei-: -
gmur dominant de tout le quartier :
c9eft lui que l'on envie & dont oa
vwidrmt voir la châte ^c'eft lui dont
la femme par fba colîîcr de perles ^
slcft >&it dsA ennemies de toutes les
l^mes du voifinage 'l'out fe foô-
tient dans cet homme, nen encore ne
iè dément dans cette grandeur qu'il a
acquife , dont il xie^doit rien , qu'il ^
Tmj^ I. O payée.
ryni.
J14 1 1 s X A R A c T 1 YES
Des * payée; Que fim peare & vimm 9i ê:
^' Y*^ caduc n^«itnièrt il y a vit^ atia tp
" ^^' avant qu'il fe fift clans Je môndeaiica-
ne mention de Periandre ! Conuneac
poiitrart-il faûcenir ces odieiilês paa«
cartes {g) qui déduârent les OMndi»
tîons 9 & qui fouvent font rouffr h
wuve & les iiemiers^ Les &ppnn)e-
fa-t-il aux yeuic de coûte tane ville ja-
Ipuiè , maliene ^ clairvoyante » £c
aux dépens de miliciens qui veulttt:
^MbluoientaHer tenir kur rang ji des
ciblêqucs > Veut - on d'atUeurB qu'il
fyBkdc ion père up IScUe hwmt^ Ce
peot«ctre un H9m^ bnm \ lui
quieftMfj^f^
^ Combien d%ommes feficDoMcftfs
àces arbres déjaforta & avancer que.
IVm tranl^kiote^lânsies jardins:, ottib
furprennent les yeux de jceox qui la'
voyéQt fdace^dadis de beaux endroits
où ils ne les ont point vu croltiie, &
^i ne conncùilèQt ni leurs icommon-
cemcns , ni leurs progrès.
* Si ^:a-cains paorts levenoiettt ait.
monde, & s'ils voyoû»ir Jeuns gmiàs'
Noms portez , ^ Icvrs Terres les*
mioix
■ (i) .Billend'eiueirentea&
î
èv tu M<«im« dbchSiIck. jïj
amelir cittéé» , jiirec fetirs CSâtàiinç' «^^
& kùrs mifbnis aiidqueis^ , ^dekâées ^ *'
p« dw^M doflt fcs pwcs étoicnc
penr-ltre Icurt métayers, «jucUc opi-
JMon pourioient-àl» avoir de nout
; * Riani ne . fait Mieux comprendre '
1« pstt éi- chbfo ^e Dfeii «roît don-
ner aax hommes , en Icar abandon-
aant fc» richeflès , Vâtgpxt , les grands
«tMtli&flàet» 2fe les aùtrei bichs, que '
la'<li%;iiûtion qu'il en fait , bçlc
jgtoK d'hèmmès qui en i«nt le mieux '
* Si v^us entrez dans les cuifines^'
oua'oa voie reduic en art' & en mé-
thode, le fecrct dcflatcr vôtre, goût
& dl'vottt fek* manger au delà du
wxmsè ; ifivotts examinée en d<^taH '
tali8-lisâî>|ii««'des' viandes qui dôi-
^mi cdini«>fti' le felHn que Ton vous
|*ét«re> fî voâs i-ègardèz par quelles •
inkin8eBeSpa(lètic.& toutes lei for-
mer': dlflferentcé'qii'dlés prennent-
a*iM*îde-4eVenîrua'me» ex^ûié,'8c^
<*ia«ivep 'à cette "propreté' & à cette'
^l^aeciqui charment vos ycùx , vous
fcwcibdfitdr far le choix Scprendi^ le*
p«tti'd*eftj^detout;{î vous voyez'
-• '} O % tout
IV « tout le itpas; atlkuf & q«e /tir une tsir ^
* "p"^ blc bicn'i^nifiC;^ quelles (idetcz , qici
Xh^** di'gout ! ^i vous allff derrière w
Théâtre , £c fi vous «ombra 1^
poids , les roujc^ , }sf cc^rdciges qm
font le» vols ^ les machines ; (t. voii^ .
coiiSderez cpsijbieo de gens entrent
d^s Pexeoitiou de gçs mo^yonew /
qiielle ibipe de bras ,Sc qud^e xwcn*
Uptk de , nerfs ils y emplpyent « vcm
àxvcz , Sont- ce là les' principe :^ ks
rèflbrts de ce fpc^clc fî^lv^u , fi nar
turcî ,/qui pprc^tl^niçic ^ ajgir de
4oi • n^oie i vous vous xécjiifiœh p
<2itcl3 effims p quelle viQleqçe ! dé
^êmie Ji'âppr^ondi^ pa; la fertUr
lie 4çs P,ar4fatM^ . /
' * Ce garçon |S lirais , fi Bfxuti i
& d'u^ fi jM^e,r^..eft Sfffl^
xTune ^bbjLje âc.dç dix 'ji^Crc^BeiiCr
^es : .tqus enrembtp li^i lappojtcqi:
itx viti^ 4nille livf^ dexevjequ, doM
il^'f^^ paye qu'en^ ^qied^iÙos d'c^r. 0
jt,^ ailleurs, fi? ^fpgf %WJlB$ indîf.
^tes qui ^es (p .ql^u^QOt p^ikiu;,
pcndanf Mhy,vcr ^ ^qui ii'<)»,nt, poîm.
cPbabjits pour fe fxiuvrir , ^ qui ûor.
vjBOt Qianqueot de pain ; skur pa»?
vretc cft ejtttéoie ,4c .tK>fl|»uîê r qswl
•• r ». »
eH Lis MdïdRS tu ci SSiccu. 3/7
_ tEt cek'ne prouvc-t-il pds Chap;-
ekiretnent un avettif > V k
* Chrjffifpi hiomme nbuvwi &
le pmnier noble de f^ race , afpiroit
il y a trente années à' (c Voir Un joirir
'deux mîHe livres de rente poui^ totifc
ëien , c'écoit^}^ fe comble de iès fou:-
Iiaits 6c fa plu^ haute ambition , ii
•l*a dttainïî-, & on^s'cn fou vient. H'
Émve je rie fii par qiith chemins jiiC^
«ues \ donner en revenu à"^ Pûne de
fes filles pour fa dot , te qjf'A def?-
jtait Itismêmc d'hoir en - fonds pou t"
•toute fortune -pendant^ fa vie : unfe
pareille fbmmeefl: comptée dans iêis
<oSrt^ ^pbûr cHaciini dç fês autre»
enftns^ gd^t doit çotïrvbir'; & il à
Ufi grâifd nombre d'eh&ns :- ce n'cft
qu^en aVancèmefht- d%diriê , il y à
d'autres biens à^ cfpcrcr après & tnorri
il vit encore , quot<^u\i(rez avancé
eii âge , £c il ufê le refle de fé%
j^urs à trail^ilkr pour s*tnlricbir.
* Laîflèï ftiit Érid/le , 8c ïï
teigera un droit dfe toul ceiix qiri
doivent de l'eau de la rivière', ou
qui marchent' fur la terre ferme. Il
iÂic convertir enr orjiafques aux rcM*-
ftaux ^ aux joncs /6ê i Portie: A
315 Lj»^ C ARACTf ltt$
Bi?iî ^» tous Iw avis, Ôfpmpofc.Jte^
i^ifoft- ceux qu'il a écoutez. Le Plnooe
Tuivi- jiecjonneimxauaçs. qu'aux dépens
ii^Eimfte , & Hc ^euc âii de ^^^aqst
.i|ue ^Uês qui li^i iepieoc dues j c'e&
m)c Êûio ini&ti?ble d'avjpîr £p^e po(*
fhkt : il irafiqueFoit des ,i^ & do^
Sciences, & oa^uok en parti juf-
(ques à l'Iiar;zioiiie^ Ù Bnfluntj^ s'il
eu étoit cm ^ que le X^euplc , pcHv
^oi]c le pbifir d^ le voif^ ncliç» de Iw
yoir imc meute ^^ junp écurie , pôc
perdre ]c {quvpw de la ncHifiqiie
À*orphéi^ ic k çQotamf de b
. * Ne tx^Stct pa» «vçc-crii^ , il
n'pft coudhç que de ii^s iciils s^iw^
ges> Le piegçcil (pMit ^fie à cpiiz à
qui ù cliargc , fa terre ^4^ ce qu*il
pollêde» feront env:ie.:. il vpu& impoi'
,ikn des coodi^Qus. extra v^iggxxe^. il
py a, nul qpei^gerneiit &c nulle conv-
pofîtioo à atcçpfire dHin ^booiiae &
f)leiir de {es intérêts Sf û ennemi des
vôtres : il lui faut une dappe.
* BrottH» f dit le peuple » Eût des
^raites % 2c ;S'enff:rme huit; joura
avec des Saints i ih ont leurs ipédi*
fiitioos, & ua jes fienocs.
' ♦Le
e0 LEi MôEtFRS im CE Sîectfi. ^ f $
- • Le peuple fou veut a Je pliifir iië c h ^ «•
la Tragédie : il Voit périr im k theâ^ V l«
tre du monde les pemnnâgi^s^ k% plan
odieux , qui ont fkit te plus de mal
dans diveries fcenes, 8c <^^1 a le
"plus hais.
- ♦ Si l'<» partage la vie des P* T. Partîûiji.
S. en deux portions igûei ; la prc^
^ere vht ^ agiflânte eft toute oo
cupéeli ipouloîf affliger le peuple , ft
fa ftconde,Hroi£[nt de k moit,^ fede-
celer 8t à fe ruiner les «ins les àiu
ttcs,
* Cet hOfaw» tjm â ftît la forttiw
tte de pltGetirs , ^tri a ^tU fente ^
nhi pu fbâtenir la fîenfte , ni afliirer
créant fa mptt odle de fa ftmtbe & de
iès eniàns t ih vivent cachez & ibaU
îeurcux r (juekjue &ien mftruit qufe
vou^Xoyez dé la mifere de leur condiw
tiom, vous nepenfez pas à Padoucir^
vous né le pouvez pas en cfîct , vou^
tenez table , vous feStiflcz ; mais vous
tonfcrvcz par reconneifl^nce le poi*-
trait de votre bicnfefteur ,qui a paflîf
a la vérité du cabifiet à Panticham-
Bre , quels égards ! il pouvôit aller au
garde- meuble.
* lî y a une dureté de. compte*
O 4 xion :
^1« . Les Caractihes
Dit ation : il y en*a une autre de cx>ndu
TVNi. ' ci comme de la piemîere de quoi
s^endorcir fur k milère des auQts ,
dirai*je' méme.^ de quoi ne pas plain-
dre les malheurs de {à famille: unbra
Financier ne pleure ni fcs amis, ni &
femme^ni lès enÊns»
. • Fuyez , retirez«vous ; vous tfe.-
tes pas aâèzloîn: je fuis, ditcs-roas,
fous l'autre tropique :. pafli^ Tous k
pôle 9 & dans rautre hemi(phere :
montez aux e'toiles fi vous le pouvez^
la'y voilà :.fort bien , vous êtes en
fureta : je découvre fur la terre un
homme .avide , iniatiaUe , inexonu
hie , qui veut aux dépens- de tout^ce
qui fe trouvera fur ibn chemin & a
ùi rencontre , & quoi qu'il en puiiTe
coûter aux autres , pourvoir à loi
feul , gtofiir fa fortune , & regorger
de bien.
* ^ Faire fortune eft. une ^ fi belle.
phca(è , & qui dit une fi bonne cho-
fe X quîellc eft d'un ufige univerfeL
On U connoît dans toutes les hm^
fues : elle plaSt aux Etrangers &c aux
«arbarés , elle règne à la Cour & i
]a Ville , elle a percé les Qokres St
> ûancltt
eu tES KfbEVAS DE CE SlËOMl 3 lY
franchi les mars des Abbayes de l'un C h À M'
tic de l'autre fcxe : il n'y a point de ^ ^
fieux làcrcz où clic n'ait ' pénétré ,
pointée deièrC nr de folitude où elitir
fbit incoûnuë.
* A force dé &irt de nouvfcau:^^
contrats , ou die fèntir fon argent
^Qifîr dan!s fcscoffits; on iè croit
etifin une bonne tête-, & prefque ca4
pable de gouverner;
* ll'fàût une forte &cfptitpout
fiîré fortune , €c fur tout- une gran^
de fortune. Ce n*efl: ni le bon ni lé
bd efprit , ni le gi;and ni le fûMi^
tâe , ni le fort, m le délicat : je nt
far préeifcnafcnt Icqutl^efl j j -attend*-
qtje quelqu'un veuille nPén inflruîre.
Il faut moins d'efprit que d'ha^i-
rude ou d'expérience pour faire fa for4
cài* : Pon' ir fonge trop tard- , &
quand xûûti Fon stn àvîfè , l'on com-
mettee par desHEàutès que Ton n'a pasf
toujours le loifir de réparer : de Ik
^ient peut-être qije les fortunes {oui
S rares'. -
Un hommfc dlirt pétif génie peut*
vbuloir s'avancer : il néglige tout , ih
tft penfe du-matin au foir , il ne rév^
[tt-à ixne* ftulê choie ^ qui èlS
Of do
\
\
)ZX. L E» Car ACTE R E^ ,
D f t Je s^avaQcer. Il- a commence de boo^
^ ' * j* • ne heare & dès fon adolefcence à fc
mettre dans les voye^ de la fortune :
s'if trojLve une barrière dc_ front qui
ferme fon paflage , il likiCc narurçlle-
ment , .Se va à dn>it §c à gauche^ fc*
Ion qu'il y voit de jour .fie; d'apparen-
ce, $c (î dç nouveaux obftacles Par*^
retcnt, il rentre dans le îentier qu'il
avoit quitte. U'eft déterminé par la
<^ture des difSicuttez , tantôt à les
lurmpnter , tantôt à ks éviter , ou à
' prendre d'amre^ mcfures ; fon intérêt,
rufage , les conjonéhircs te dirigent.
Faut-il de ft grands ulens & une &
^nne tête^ ijq voyageur pour fui-
yred'abqrd le grand • chemin, & s'H
êft plein Se emraraîié, prendre la ter-
Ce^oc aller à travers champs » puis
regagner fâ première route , la conti-
9Ucr , arriver à fon terme ï Faut- il
tant dVprit pour aller à fcs fins > EAf
çq donc un prodi{^e qu'un &t riche 2c
accrédité ?
Il y a même des ftupidcs , Sc j'ofe
dlîre des imbeciUes qui Ce placent en
lie beaux poftes, fie qui là vent mou**
rir dans l'opulence , fans qu^ion les
doive foup^onncF en ouUe manifcso
: • . • • . jîy
ev Lis MoEuns DE CE Sucti(. ^ Z J
«l'y avoir cotitribuë de leur travail ou C ha p.
de la moindre induftrie : quelqu'un ^^v
les a conduits à la ibuî-ce d^un Acu-
ité , ou bien Iç hazard fcul les v â
feît rencontrer : on^leur a dit , voulez-
Vous de Peau > puifez ; & ils ont puifér
* Qjiand on cft jeune , fouvenc
un. eft pauvre : ou Pon n'a pas en-
core fait d'iacquilîtions , ou les fuc«
ieeffîons ne font pas échues. L'on dê«
vient riche Se vieux en même tcxùsl^
tant il eft rare que les hommes puif-
km réunir tous leurs avantages : & fi
ceh arrive a quelques-uns , il n'y a'
]pas de quoi leur porter envie : ils ont
aflcz a perdre par la mort , pour me--
ritcr d'itrc plaints.
* Il fkut avoir trente ans pour ft)rt^
ger à fa fortune, elle n'çft pas faite à^
cinquante : l'on bâtit dans là vieillèfi;
fe, & l'on meurt quand on en c^
» Peintres & aux Vitriers.
* Qttd' eft le fi-uir d'une grande
fortune , fi ce n*cft de jôuïr dç W'
Vanité , de TinduArie , du travail &
de ladépeniè de ceux qui font venus
avant nous , & de travdilcr nou$-mé^
mes 9 de planter , de bâtir , d*acque-^
*ir pottjfî^k poffieritc f
0 6 L'on
TVNB.
314 Lfis Caractères
D t s * L'on oavrt & l'on étale tous hà
B I B N t matins pour tromper fon inonde ; &
I on terme le loir après avoir trompa
tout le joan
* Le Nfarchand Ùk des montres
pour donner de fa marchandifè ce
qu'il y a de pire : il a le catîs & les
faux joufs afin d'en, cacher les dé*
fàuts , & qu'elle paroiâè bonne : i|
la furfait pour la vendre plus cïier
qu'elle ne vaut : il a des marques
huttks Se myfterieufb ^ afin quVm
croye n'en donner que fon prix ,
un. mauvais aunage pour en livrer
k moins qu'il le peut ; & il a un
trebucliet , afin que celui i ^ui il
Ta livrée , la lui paye en or qui foi;
de poids.
, ^ Dans toutes les. conditions , le
pauvre eft bien proche de l'hommç
de bien :.& l'opulent n'eft guercs é-^
loi^né de la fripçnnerie. Le ÙLV(m
faire & ibabilete ne mènent pas jui-
ques aiix énormes richeflès.
^ L'on peut s'enrichir dans qiH^uc
art , ou dans quelque commerce que
ce foit , par loftentation d'une cer-
taine prooitc.
t De tous les moyens de £ufe 6
• fer-
etf LES- Mbt&HS Dfi C!t SitCLB. } i^f
fbrtaûc , k plusxouit & fc metllcuf Ch a«î
elt de mettre les-g^ns à voir claire*? ^ ■
ment leurs intérêts à vous faire dir
M l^r JiiwmBie* pirefleK par les bc^
feins de la vie, & quelquefois par lo
defir du g^in ou de la gloire , culti<t
vest'des tsilem profanes , ou s^enga<*
rt dan» des profeffions ^i^voques^
dont ils Ce cachent ioAg^tems è
eux-mêmes le pertl & les coiiiëqueru
ces. Ils lès quittem enfuite par uifo^
dévotion indiferetté qui ne leXir vient ,
jamais qu après qu'ils ont fait leuo-
iceoke , 8c qu'ils puifiènt d une for-
tune bien àabHe.
* Il y a des mifcrcs fur la terre qui^
&ififlènt le cœur : il manque à queU
qu€S-un9^ jusqu'aux alimens, ils re-^
douttnr* rhyver- , ils^ appréhendent
de vivre, ll'on^' mangie ailleurs des»"
ifruks^ pr^oces , Pon foFce la terre
Se les âiibns pour fournir à & délt^
eareilè : de fimpies Bourru, feule-
ment à caufe qu^lls eioi^PlKches «^
ont* eu Piiudace d'avaler en un feuF
morceau la nourriture de cent &mil-*
les. Tienne qui voudr» contre de fi
cnuodes extrtaût», jft ne veu3&étre v
O7 fi^
9B FOA-
t) 1 1 i^ je le puis , ni malheureux ^ ni ^i^
■ I BjK t reux : je me jetteSc me réfugie dam l^
mcdîocntë.
* On (ait que lés pauvres ^ (bot- cbi-^
grimdec&qoe^outlear manque, 8c
qpa uerfonne ne ks^ ibuiage : mais s'il
eft vrai que les riches (oient colères^
c^ctt dece que la moindre chok puiC*
jfe leur manquer , ousque quelqli'ud^
veuille leur rc(îfter,
* Celui-là ed riche , ^nreçc^t
plus qu^l ne confume : celui»Ià cft
pauvre dont la d^peniê exede la re-
cette.
* Tel avec deu«.miliic»)s de rente
peut être pauvre chaque année de^
cinq cens mille livres;
Il ny a fictt qui fe toû^tnvK ptijs
long^^tcms qu'une médiocre fbrtunc :
if n'y a rien dont on voyc mieux la
fin qu'une grande (bmitie.
Loccafion prochaine de k paovit*^
tié\ c eft de grandes richeflcs.
* S*iî eâ||nii que Vba fait rklk de
tbut ce4|kt on n'a pas befoin , un^
Komme j^rt riche , c'elt on heftime
q*ii cft (âge.
; Sïl ^(t vrai que 1%» fok pauvre
par lôittes lescWesqM^ ïotak&rt^
VL
0u iis.MoioiLî.iBi et SitcLf. jr>^
wat çfsctimc pauvreté.
^ 'Les palfions tyransilcnt Phom^^
floe , éç l'iimbieian lufpcnd en lui let
tucie» pgffions^ ^ 8c loi donne pour
wi tems les appareûcm .de toûrs^lei^
yercus» Ce T'^i/^lf^fi qui t tous les^ vi^
ce» y )e l'ai crû^ foË^re , chafte , \ht^
ffti; kumble, & même devor : Je le
ctoifoîs en€oit y>s'il a'eât^fin fait
L'on t» ft fcod pffiiit fur Je ddîf^
de po^edec Se de sagiundir : la Bile
g^ne, & la mort approche , qu'avec
fia vifage Mri, êc dci jambes dféja
feibles Von dit , W4 fortune ^ mon étM
* Il n*y a au in0«cki>c^ deux ma*
nicres de s^^lever , ou par Ta propre
mduftfie,o«:pap Wmbecillitédes m^
crcs^ î
^f Les traits dccouvrent îa com*
plèxiofi 8li le5:itloettrs ,; mais la mine
défigncljîslbîçr^ dc]%i;unp : fc pltia
èutlc môinl de. mille Jivms de reote
k oxmve écrit fteks Vifag^tv
♦ ç*î2/>W» homme opulent Bcii»-
pcrtijici» ne veulpas/êcrc vu av«c
imw qui oft: hMWC: dt meiitc ^
,' , mais
Cf'i s flAis pcickvr^, : - îl -cf. irôk en être dfeff -
Kl f^^ honore. Eugène €&• pôûi^ Ght-jfrfan^'
"^^ " ^ " tC'i diÂs les'taêtnds dt^ofitbns : ils nc-
c(Àrênrpa^t<îfi)uêdeiebdiirceFi- -
* Qàand' je Voâ de ccrtaîneaF^ ^n»
qui : me prévenoient aun^féi^ pai^
kurs dvilitcs , aftendrie àu^coâtraiit
mie )a les fahië', ^> etr^re avec moi
mr le pliK on fui^^lé tnbkls ^ je dis en
noi-méme , fort bien , f en fuis ravi ;
tant inieux pour eux : vous verrez
que cet'Iâ>itnne*ci eil mkiix logé»
mieux menbfé Çc-mtéux^ nourri qu^
l'ordinaire ,- qu'ils ièra entré depuis
quelques mois dani^quelque afiàire ,
0Ù il aura déjà &it uâ gain raiibm
nablc : Dieu veuille qu'il en vieni
ne dâR»s^ peii-de tsms JH^ii.^i'tne mé»
pïifcr. .
♦ Si les pénfées., tes Jfvrcs Se leursr
Ai&teurs dépendoient des riches 6c de
eeorqtrî ont hk une bdfc fortune ,
quelle Drofcriptteftrll*rfy auroit plus
de nipfd : qutl toft , qaà arcendant
M prennent- ilis pas fui^ lés <Sftvans i •
Suclle majeftë/ rfobferventa^ife ; pas k'
(é^rd de ces hommes chi$iff\ que
bur mérite n^a w pincez ai enrichis |
jBl^qili en ibat etfêtfi'e. à pèqfer £t à
ccnre
OV tES MoiBVIlS-0fi CE SaCLfU^flff
écrire judicîeufbment; Il fiiut VA C hu ^
voticr, le prefaît eft pour les riches ; V i,
èc rayenir pour les verttieus^ & ks '
liabiles. Homère eft encore ,£(
fera toujours: les Receveurs de droits^,
les Publicains ne font plus , ont- ils
écë^ ? L^ur patrie , leurs noms font^
ils connus-^ jr a-t>-il eu dans la Grecs
des Panifans ^ que font» devenus ces
ÎRiportans per(bnnages qui* nïéprir
ibient Homcre , qui ne fongeoient
dans la place qiV4 Pe'vite», qui ne lui
reodoi^ne» paale (àkit , ou qui le &-*
laoient par foù nom , qui ne dai^*
gnoient pas TafFocier à leur table ,^
qui le regardoient comme un bomme
qnvo?itoit pas riche , Se qui faifbjt
un livre ï' que deviendront les Fâii^
connets ? iront-ils aufli loin dans la'
pofterité que Descartesii/ Frân^^'
fois & mort en Suéde ?
^ Du même fond d'orgucrl dont'
}V>n s^e'Ieve fièrement as deffiis de fès
inférieurs , l'on rampe vilement de-
vant ceux qui (ont au deflus de foi.
Ocft le propre de ce vice qui n'cft
fbndé ni fyx le mérite pcrfonnel ^ ni '
fur la vertu » mais fur les richeflès ^
]m pofte&>.lc crédit i^ôc fu«-dc vainei
Scîeo^
'^^6 Ibs Car Aci^BRi s
Dft Sdcttoes , de note fonar iffàmiat >
Btih^^ mëprifer co» qpi oot moins que
noM de cette cfpece de biaos^ & à
«ftimer trop ceux qui on oot une me-
ibre qui «oede U nocn^
*Û fz*(ksmats tsAts paftriesdc
iouë ^d'oiduTe ^ ^prilcs du g^ûn &
de Pkiterêtv œnrnie les belles amet
kibnc de h^^oitc & de la verni j
eapMcsd'uoe (èidê voli^cé, qui eil
4mle 4*i8Ç^uef i^ ou de ne point pei^
4tç : cnrietifts ie sndes du denier
4ix , oaR]ttenient occupées de Icun
^iMcnrs ^ toujours inquiètes fur le
j^hMS^ ou fier k déai de$ UHmnoîet^
'<nfo«ktes , $t cointnt s&îmétes diuir
les comtfflts , les titres & les ptf cbe^
fliîns.' De cetics^em fie ûmt ni psk
Feos y ni amis » ni cîtcrjfms , ni Cbr^
tiens , ni peut-être des heatmes ^ ils
ont de l'aiçcnt.
♦ Commençons par eweptcr ces
«mies noBie9'& courâgeuies , s^îl en
ivfte encore fur la tbire, i^ourablçs,
ingenieufès à faire do bien , que nuls
Sefoins , nulle dirproportton , nuls
artifice» ne peurent fepsoftr de ceux
qu'ils fe font une fois choifis pour
mm$'^Sc après cette j^écautien» di*
iù
ou i.B$ Moem^ «9 cb Siicitt* tjj^r
.fims^ fii^rdîment une ^fioiè mi& : ^K: ^-^^^*
douioiMreule ^:iH)9&ai^ rilrn^j; àpni»
4i»niip ^«'^npQi^. g^ies^Ë^ av«c jnousr
jde Jbciec^ ^ lie Is^aTmtlaacÈ ^^qi^r
«ous fut «liUe QlBiics; 4à fervioes , éc
4}ut flous kH ^fielque^'s ; qin 3x*m
en (oî pv fiittiçteiqei» à /qq ^mtsrct:
.tics <lir|)crftcîoti$ :Qr^p|ie(iK$ à arcmw
, ^ Pi^dchnt tqu'qrMte ttgmeott
jivec Tes annito/an (mmIs & Tes ttire-
«w^ uqe fiUç nalc dafts qu^ue &^
«nille^ f^'^eiire , ^a^^^s^^tcJ^t » ^
^iHrc xi&Ys jà fôi^iéfne îmtiée : ilkfm
pfier à cinquante ans poitr UépoM^iav
jeune*, t>eUe , ^^^^ * cps homme
iàns naiffiince « {kn$ e^fît , & fans le
paoîndxe menice eft {>réfbre.à.lous ib^
maux.
^ (x imrî^; q^.devimc étxt à:
^homœe. une £[Hircedeiloii»'*Ici.bieas^
l^î e& feurem par la^ii^àfittQii dè^
& fortune un^ lourd fàfdcau* fous le-
quel A foocomtK i c'eft alcus qu^unc
Rnune & de» enfiiM £mi.ini^.4ioltn»^
te tencajcîoQ- à. la fhiude -^aa tStuitfytk
ge, 8k;,aMX gtîoB ifiifiKà^.X:il fc trcac»-
9M FoR4
TU'IIJL'
pcre |ia$ tôùjôttiii^ ce ctti'il figifîfi
'^fi t • s C A-*C A c T i R f r ^
A B s fè mob la fnt>oaiiérie , êc ' l'ihdfgcii^
■ IVL*. ^ 9 étrange fituation ! -
Efott&r une vcttvc eti^bèû Fràc^
^ia figniJSe faire fà fbrtiiûe , H n\>^
avet
fts frères que pour vivre à Vm(t bon
praticien, vtttè être Ôffitikr ; - te
fimple Officier' fe^ ftif Magtl^rât f &
fe Mâgtfikt veut pr^der:<:& aînf
de toutes les conditions , oii les hôitf*
fttesr biiguMftnc ktrcÉ Se indigefir ,-
»)rès avoir tenté au (leli^e-kur for»
cune ,^fbréé, pdur aihfî dire ^ leur
deftinée » incapables tout k la fois de
:riè pai v^^lâ^r ^re> riches ^ &<le^d6ii
riÉiàiiier riches:
• * Dîne bien , cle4r^'\ foirpd te
fi>rr y mets-du bois au féu , acheté uA
inantèaU^ytapi(ft ta chàmbfe , til^
n'aimes point ton héritier , tu - ne te
ccOnhis fàm^^ twn'èa^^poÎQt
* Jeune oÉconfervé pùtrfk vîël*
kflê : vièaK^^M^épafgnfr potir la mord
{«^héritier prodigue paye de fupeibea
fiinêrailtes , & dev^rt te refte.^
* L*avure dépei^ [flùs'môtt eil
un fbil jour , qu^l nie fififoit vivaat
«t^dîàC ann^') 8s feniierittcrplus
'/ ~ en
es dix ûjois. qu'il âVfô.ôiœ lili- Xha».
jnémcett ooute.Ê,^ ... " 'y|»'
* Çc quel^a prodigue ,jan I!^ :•(
à z£pa hencief /: oc jjiié, Xon jè^gœ
fordidemcnt i pti: fc Ym à /oianên^.
Le milieu <ftji4aji©B|>CHir.foiî& pour
fes-aucns:. •
* Les cnfi»Hs.|ïeiit^€tte,4&wi<8it
ploscliqis àieuw pçitSii&.reçiprei-
qaenwQC Jes|)erer à kwrs ^ëiqs , ân^
le dcre d'heiitier;».
-* Trifte oooditipo <i«; ^hgtnjne Sc
qui dégoûte (te la, «je .^ jA (»w: Tiwr ^
yalkr,£éclm,,4sf4wkfe^\3^ «voir
un peu de foitanc , <»» .1» '^qvoiir . à
l'tgonie de:nos pnxrhe^ : c^i qi^.
s^empéche de fouhait^ quç (bi) peip .
y piflc biciwqt^çft hoa«açrdç;bicn.,
* L< £ajidiq:£ 4e fisM'fui'vWttlc-
h^itBr de^qifielqy'ttQ ^mm d«l» fi^.
lui du cooiplgir^QC : nous w fotntni^
ppinc «Dieux Bi^tea. , raku^ obétr^
pAÛs fuivis , plus.e;îfonfe2,plus:çut.
tvvez , plus iq^Q^HgçiSB , pluj cafcfia
de pedbnipe gsedijçt neçrp y^c, que.
de oel(4i q^ jcroiç .gigo^ i tiQite
mort , Çc.qui'dcilîçe qv'ellejurriwe. - ,
* To,usJes ^tntnes par les pofbi^..
diff««w^ PV |c».J3Veî. è par k jrtt<îf .. .
1 . 4
Du
BtlNt
9^4r CfiS CA&AC«rj!lfiS
' oeffiôn ic régsgàtac oçmme iKÔàm
T u N j. cet incef^ peDclatt tout le œon dé
leur irîçuiidcfiricx:t%t âceoFdoppé
de ta mort d^iMinii )* te |>liis keatcox
a plus de clio^ à percke par &l mon
& à laiâb à ^ Aioccjlibttr. ^^
^ L'cm dk du jda qà'â ^le les
xonditiotis ; mai^ cHes & trourcnt
quelquetds fi étiangaoiemdifpToporf
tibhâlbS'^ I0 il 3r a tû^att ^e & xeiie
cQfidiàdn on aUôMrd^îminvaliefiim-
ifiefife ft: £'pMf^'^4{iie les yeux
fwiknc dé-v^îf d&^teUes excremitez
ft^il^]^i9(^r: (fcftcjomâieiineiinifi-
que qui àkovMr^ et ^c^comme des
^MÂc^xt^tôA a^rdes- \ wornamàa
p^^ÏQÉ^^i yitmi & qui &&il(êDt
i\>ftiife, «emmo de m htUM ou de
ce» 4é^ qufi fei« freinir : c^eft^en ua
i3aot un retAreribmâft de tiames les
bimfeincea. Si Pon mpôppoie que
f ^ la pmriqoe de tout l'Oiiilident ^
je léponj que e^ peat«i6tre aqffi
r4ine dé ces diofès qui nous an-
dent barhaits à Plkuttc| partie 'du
«oiidfl , & que les Orimtaux qui
viofinem jujqu'â nous , -maportent:
< > fur
«7 LIS MOBintS M CE SlEGLC. J ]5^
fçit let)fis ubietses : je ne doute pas cmai;
mime !}t|c cqi; deçà d^ famîliariie ae vi*
lc$ rebute davantage que nousneibitn-
viss bktÛ» ae teîir Zêmèsye {d)£c de,
teirs aptres pfofternatiohs.
^ Uae ^ceaue d'Etats , ^u les
<!haiiriuts aflemblées jiqur une z&ixe
ués-çapkale , ii'ofiri^nt poittc auv.
yeux rien de û grave & de fi (crieux »
qu^une tabk de gens qui jouent lyi
gmod jeu ; uae .mile fcverité rc^ne
lur leurs vîâges : itnplacables rua
pour l'autre te irréconciliables enne-,
mis pebdaiK que la féance- dure , ils
ne rûcoimoîâbnt plus ni liaifens » ni
alliance, ni nai^&nce , nidiftinâions.
Le Qaauuxi feul , aveujgle Se ârou^
<^he Divinitcf » pt^fîde au cercle , & y,
dccide (buverainement : ilsrfaonoreat
tous psur un filttice. prolbfid , j8c par.
une attention dont ils font par tout
atUeursfoit iilcapables : toutesies pa(^
fions comme f^fpeQduiës cèdent à une >
X^le : lê Courtilan alors n'eft ni dou3^
m fihtteur , m complaiiàiit , m memc>
dcyQt.
*Uoq.
»
' ( ^i) V. les lUhcioos da Royaume de Siun.
oi Fan
TUlfl.
D-M ^ L\m nereconnoït j^las en cq»
BiiH^s cflc le jeu êc le g^in ont illvtftrcz^
la moindre trace cjc leur première
condition. Ils perdent de vûë kui»
égaux , & atteignent les plus grands
Stignqiirs. Il eà vm qne la fortu«
ne du d^, ou du lanfquenet les remo;
ibu vent #ù elle les a pris.
' * Je «e m'étonne pas qu'il y ait
das brelans publics , comme autant
de pièges tendus à i*a varice des hoia*
mes , comfne des gott0res où l'-argent
des particuliers tonlbe & & précipite
fans retour , comme <l'a|Freux écueils
où les joueurs viennent fe brifèr &fe
perdre ^ qu*il parte de ces lieux des
émiflàtres pour favoir i heure mar<-
4u^, qui a de(cendu à terre avec un
argent frais d'une nouvelle prilè,qcu
a gagné un procès d'où on Ipi a
compté une groflè /omme , qui a
reçu un don 4 qm ^ fait au jeu un
^in confiderable , quel fils de famil-
le ^vient de recueillir une riche /uc«>
cdfion , ou quel commis imprudent
veut bazarder fur une carte les deniers
de Cl caifle. C'efl un fale £c indi-
gne métier , il eft vrai , que de trom^
pcr j /mais c!^ j»n ^étier , ^ui eft
an-
Vi.
ftnçiçn^ , CQimu , . pratique de tois: C » a ^
jtems par ce genre d'hommes que
j'appefle .des brcjaçidiq's. (-r^enieigne
^ft si leur porte « on y lirojt prefque;
Ici Nn trott^e 4e jbitme foi \: car fè
yôudroient-ils .donner pour ûrepro--
jrhables^ Qui ne (îii|: pas qu'entrer &
perdre dans ces maifons eft une mé»
roe cbo& ? Qu'ils trouvent donc fous
.leur uiajn jutant de duppcs qu'il eu
faut poiir Jeiv ûijbfijl^ , p'eft jce
;qui nie paflci , ^;
,* jMille . gens fe ruinent au jeu «
vous difènt froidement qu'ils ne fàu^
/oient fc pajflcr.de jouer : quelle èxcu-
fe ! .y a-t*il un^ paJÛGo^i^ quelque viof»
Jenre ou Iionteufe qu'elle foit , q\ii nç
j)ût tenir ce mpmjc langage > feroit*
pli rççû à 4ire qu'ojn jie pey t fe paflèr
4e^yoier ^ ^^^ffiiffifiqr \ de jfe pxécipiy
ièri Oh jeu eflfroyaT^le'/cbntijtxuel ,
i^ns . retenue , fans iprues , o^ l'on
n'a ÇQ vue que ^ rume totale de foQ
adjjvcrfeîrè , m l'ojn ef^ tranipjprt^ du
4cfir;dugai;i, defcf^^^ fiir la perte^
cJBhfumc par l'^yance, ojù l'on expo.*
fe,iuj^,uqp carte ou à la fortune du
dé 9 U fienpe propre , ,celle de fa feiii-
îiie ^ & de fes cpfans, ejft-ce une çho^
jm.l. P fe
, • •
^$t 1 B$ C A RA&Tfi à e §
1» 1 9' ft gui foie pennîfc ou dont l'on ddvè
B n N 8 fç .paficr> Ne ftut-il pas quclqiicfdij
^ôv.^*" ^c feirc une plus grande violence *
"*"• iorf<îuc lijuOê .par ic icv mfquts â
irne déroute ui^ii ve^felle ^ il raut même
ïjire l\>n.{e ptfK d'habits & de noufr
rrtore , 2^ de les fournir k (â &*
jnflle^
Je ne permets al pcrfottnc cPétrc feir
pon, mais je penpets à qn fripon dé
30uer nu grand jeu : je ie défends ï
jun honnête homme. C'eft une trop
grande ptïerilité^ <jac 4C'S^3cpofer j
une grande pcije.
* Il nV ? Qu'une ar^iârion qui da-
ïc, qui eîl celle qui vient de lapcitp
ide Htsjs ; 1^ tetps qui adoucit toutes
les antres aigrit ccMc-cu Ifcius fen-
jtons i tous motnens pendant le couiS
jde notre vie , m le bien que noas
sivons perdu , nous maqqiie*
' T II fait bon avec irehii qui ne &
ïcrt pas de fen bien à marier fés SI*
t^es, a payer fes dettes, ou zBdrc dcç
contrats , pourvu que l'on ne foit^i
jfes enfans^ ni fa femme,
* Ni les troubles , ZfMlji^ qui
jagitcnt votre empire , ni la guttit
*^ae voip foûfcnçz virifcmcnt Itontit
9V L«S MoSmiS BB CE SiECiS. ^)9
£0ht Nation puîflàntc depuis la mort ^V!^
xlu Roi votre époux , ne ditnioaenrt
^ien de votre magnificence :: vous
Mvcz préféré à toute aotre contrée
4es rives de lïuphrate pour y 'élever
.'un fupcrbe 'édifice , l'air y cft lâin
te tempéré , la fit nation en efi: rian^
4e , un bois facré Tombra^e du coté
du Couchant, les Dieux de Syrie qui
fiabîtent q\^elqu^ois laterre n'^ au»
j^oicnt pu choifir une plus belle de-
mineure : la campagne autour eft cou*
verte d'hommes qui taillent Se qm
-coupent , qui vont & qui viennent;
jqui roulent ou qui cfaarient le bois
-du Liban , l'airain Se le porpliyre : les
grues $C les machines gémifiem: dans
l'air 9 Se font efperer à ceux qm
voyagent vers TArâbie , de revoir i
leur retour en leurs foyers ce Palais
Achevé, Se dans cette fplendeur oii vous
defirez de le porter , avant de Thabi-
-tcr vous 8c ies Princes vos enfiins,
N'y épargnez rien , grande Reine :
xinployez-y l'or 8c tout Part des plus
iexcellens ouvriers : que les Phidias
£c les Zeuxis de votre fiecle dé-
ploycQt tooiip leur fcience fur vos
P % pla*
)4^ 'bBS CARACTSkEft «
t>i^ plafonds Se fur vos lambris : tfacexf
®'.*i" y ^^ vaftcà & de délicieux jardins ^
T y N I. ' ^^'^ Leochantemeni: foit tel. qu'ils ne
. paroiflènt pas faits de la m^in de$
iiotnmes : épui(èz vos treibrs & vof
tre induftrie fur cet ouvrage încom'r
parable ; Se après que vous y aure^;
mis , Zenobie ^ h dernière' main ;
quelqu'un de ces paAres qui habitent
les fables voifins de Palmure , deve^
nu riche par les péages de vos rivic*-
res 9 achètera un jour à deniei*s compr
tans cette Royale Maifon , pour
) embelh'r,i&: la rendra plus digne de
lui , & de ia fortune,
"^ Ce Palais , ces ii^eubles , ces
jardins ^ ces belles e^ux vpus /r^r
chantent , & vous font rieçriçr d'unç
première vùjé fur une maifon (i dc«
licieufe^âc fur Pe|[trên)e bonheur di|
maître qui la poflède. Il n'eit plus »
il n'en a pas joiîi fî agréablement
ni fi tranquillement que vous : il
n^y a jamais eu un jour fêrein , ni
une nuit tranquille ; il s'efl: noyc de
jettes pour la porter à ce degré dc
beauté' oîi elle vous ravit : fes créanr
«cfs J'.en qnt. çbafljÊ? ; ij a fipuroé
I
h tête /& il Ta regardée de lofn Cha^
une dernière fois j & il eft flûort de V <•
£ii£ilëmentr
- * L'oii ne (àuroit s'empeGhcr dé
Voir dans certaines (àmilles ce qvCon
appelle les caprices du hazard ou led^
jeux de la fortuM : il y a cent ans
^u'on ne parloit poiitt de ces fàmil*
les , qu'elles n'étoicnt point. Le
Ciel tout d'un eo^p s'ouvre en leuf
faveur : les biens ,' le» hotoneûrs , le»
digniéez fondent fur elles à plQfîeUt^s^
repri(ès , elles nagent dans la profpe^
24té. Eumolpe l'un de ces hommeS'
qui n'ont point de grands-pefes, a ed
un père du moins qui sVtoit élevé fl
liaut » que tout ce qu'il a pu fouhai*'
ter pendant le cpursd'une longue vie^^
c'a été de l'atteindre ,& il l'a atteint. *
Etoit-ce dans ce^ deux perfonnager
Àninence d'erprit, pro/onde capactr^
té y étoit-ce les conjonâiure^ tf La- for-*'
tune enfin ne leur rit plus y elle fc-
jôuë ailleurs » Se traite leur poilerité
oomme kurs ancêtres. ^
^ La cau(è la plus immédiate de la^
iliine & de la déroute des perfbnned'
Jes deux conditions , delà robe Se dc^
\ ^ P 3 répée^
'J49 ter C/fiÇAcrtK^f
B?£* \ ï'ép<e,,çfl? que Péai fcul , & non lè{
T vHi. ^ Si vous n'avez rien^ oublia poiu^
^ l^)i:fç fortune, queltmvail ! Si vous^'
%vez néglige Ift^ moiodK ohoCc, (yieL
sepentir t
. * Gitên f^ le teim frais , le vilâ^
plein ^ les jpuës pendantes , l'œil 6m
4t afluré 9 le» ^pauks larges , l'efto^.
^fitc haut 9 }a démarche femiie & dé-*
libérée :, il. parle avec confiance , il.
6it repeirf celui qui l'entretient , &.
ii ne goufte que médiocrement tout
oe qu'il lui dit lil déployé un ample^
mouchoir, & ie mouche avec grandi
%ruit> : il craohe ibre loin, & il éter^*
wië^ font baui : ii dei^ le jour ^ il dort;
\s^ nuit , ô(. pmjfandéaaçnt ,. il ronfla
ej\ €xn9tp9gtue;. tl' oqcufc à ubk Se
à; la promeaada plu^ de. place qu^un»
autre, il tient le. milieu^ en fe prome*.
isant avec iea épux , il s'arrête & PoOf
«''arrête ^il çominuë de marcher &
Jgqa JH wl*|, , tous fe regknt fur \m :;
^ ii interrompt , il: redrcflà cpux qui/
^t h parole r on ne l'interrompt pas ,
cm l'écoute au/fî long^tem» qu^ veu^v
yyrler ^ oa cflL defon :i^vi«^ pu (roîL
. u le*
rà L^ MoËù?;$ DE en ÉncvE. i4i
les nouvelles qu'il debiçe. Ç'iJ s'af* ^^^f ^'
iÇcd , vpos k rayez s'enfoncer dami
itn éuteuil ^ croiièr les jambes Vum
fur Tautrc • froncer le fourciî » abaîA
i^r (on chapeau /y r fes yeux p6ur na
irolr perfoone f CI9 le -relever enfiiittf
& découvrir Ion frooc p^r fiefté £e
par audace. 11 c& enjoué » grand
ificur , impatient ^ pi^éiomptoeux ^
colefe y. libertin , politique ^ myfbe<4
tkux fur les af&ire^ du ttms : il fa
croit des taleoi & de l'écrit : il ed
riche. ..... . ^^
Jib^^ a ks yeicnt crtujt » k tcîi^
^hauffë , k corps f^c & le vifagemaiu
gre : il doi't peu & d'an icmmcil
fort léger : il efb ab%aît^ rêveur^ So
i3 a avec de l'efprit l'air d'un ftupide i
il. oublie de dire ce qu'il fait , ou an
|>a^kr^d'évenemens qui lui font (xm^
DUS y & s'il k iBiit quclqueib^ , il
a'cn tire Qial , il croit pefer à ceux U
qui il park , jâ .conce brièvement ;
99ais froidement^ il ne fe fait pas
écouter , il ne &it point rire r il ap-»
plaudit , if fourit à ce qbe les autres
lui difent » ilefl de leur avis, ilcourt,
îl yofe pour kur xeodre de petits^ei^
^VHI.
^44 tl^ dÀHACTBltÉ^
Dfi ' TÎccs : 3 éft cottiplailârtt , flattçul^^
* ^ »ï^ » emprcflc : il cft m^fferiéUSt fur (esf
^^ ° ** afTaircs , quelquefois" chentdït , il cft
Aiperfticieiix ,- ferii^uTeux ^ timide :îl
marche ;douc<^menÈ & légèrement , Û
femble ct^tndrc de fouler h tferre r il
marche les yeux baKTez -, & il n'ofê
les lever fur çeu^ qui'paflènt. Il tfeil
jamais dv nombre de ceux qui fof^
ment nrt cercle polir dîfcourir , il fe'
met derricit celui qui^patle , recueH-
fe iurrivement ce qi^i 1^ dit , & ilfe
retire fi on le regarde. 11 n'occujfe
poim de Kea , û ne tient point de
place , il va les épaules ferrées , le
chapeau abalCéfuf fcs yeux pour
û'etne point Vu , il fc replie & fc
renfèrnie dans (c>t\ manteau : ri n -y X
point de ruës ni de- gatlenes fî em-
barafn^s ôc fî remplies de monde ,
où ii ne trouve moyeir de paflèf"
6ns eflort , & dd fe couler fans
être appcrçiî. Si on te prie de s'afr
fcoir V H fc met à peine fur le bord
dhinfiege : rlpirle bas dans Ta con»
yerfatioa, & il articule mal : libre
ucanmoins fur les af&im publiques ,^
ch^rin contre le fiecle ^ mediocit*^
OIT LES MdEURS DE CK SlICLE. ^4$
tnent provenu des MiniAres 8c du Chay;
Miniftcre. 11 n'ouvre la bouche que VI»,
pour répondre : il touflc , il fe mou-
che fous foQ chapeau , il cradie
prefque fur foi , Se il attend qu*il
Toit fcul pour étermicr , ou G cela
lui arrive « c'eft à t'infû de la com-
pagnie , il n'en coûte à-perfonne ni
£duc , ni' compliment : il eft pauvre.
Vf CHA.
3r4<S' Lb$ CAB.A.CTSJLS»
CBA P l'EBLE YÏL
*«r* ¥ '^^ ^^*^»« à^Psuris (ans fc pari.
Xi4Jcr coHimc un, rendezrvous pu^
blic, mais fort exaâ,, tous- les fbirs ^^
au'Cours ott- aux.Tùillerîes , pour fc
icgarder au vif^ç 8c fe déÊipprouvcsr
les uns les autres.
LTon ne peut fe pa(Ic^ de ce mêmCL
monde que l'on n^àtou^ pomt , âc dont
HiM fe moque.
L*oii s'attend ati^ pefl^ técipro^
qvement dans un» fM^omrngide publi«-
que, Pôn y^fNiâc en^ r«vûë l'un de-
vant Fàutre r domile , chevaux , li^»
vrces »,annoines ,*tien n'^sq^e aux^
]Feuie:,^tout eft curteufêmem oumali^
;nement,obièrvé; dc félon le plus oit>
moÎQs^e l'équipage , ou^'onre/pcc*
tie fes per/ûnncs-, ou.on^ les dédaigne.
* Tout le monde conneît cettcr
M longue leviée qiii borne & qui rcA
ftne
^é^yLc fAshomg^Êi la
VIL
tft ttS MotORS t>% CE SlEdtE. 747
fe lit de h Sdnc, dû qôfié où«Hc C» ^ i^
ettre k^ Paris avec la Marne q]|i'eU&
xôcnt (fe rcobvoÎF : les hommes s^
insgnenc au pied pendant lescfaaleui'Sf
de kr canicule , on Its voit de forti
près fe jetter dans l'eau , eu ks' etn
y^mt (ortit , c'efi: un amufenent >
quand celle ûlKqb, n'eft pas venue ,
tes fenHnes de k ville ne s'y pome-i
lient pas< encore ; Se quand elle elb^
pftflec, dileant s'y pn>nienentplut« >
'* Dans» ces^ lieux d?uii: concours^
gemral , où les. femmes (è raflèmblentli
pour montrer une belle étoffe , £&
pour recueilli]? lefruit de leur totlet*^
te, on ne.fè piiomene pai^ avec uncr
compagne par k neocffité de k cofi-i
iierfatioD ,. on fè joint enfemble poûi*
fe raffiirer liir le dbcâcrc , s'SàpprivoH
fer avec le pubhc , & fe nfktmip
oooere k optique : c*efb là précifô-^
mentqu'Qniè parle fans fe riep dire ^
eoKpKit&t qu'on parle pour kt pûC*
Ami i pour ceux^ même en faveur dd^
qm l'on himifefe voix , l'on^gdliciik
et Pon badine , Pbn:pa^che hegligem- -
ment k tête , l\>n pa^ Se Pon repaflè.
* La Vilk. eft partagée en divcriès^
P 6 pcti-
3'4fr I^E^ Caractères
Bt Là:r petites Républiques , qui ont Icur^
Vi*ii- loix , leurs afagcs, leur jargon &»
leurs mois pour rii?c :• tant que eet
»flèmhlage eft dans iâ force , & qoe:
Pentêtement iufaïîfte , l'on ne trouve*
lien de bieç dit ou de bien fait, qiie*
ce qui part des fiens , & Ton eft iiK-
capable de goûter ce qui iFÎent d'ail-
leurs : cela ta juiqiies aur mépm
pour les gens qur ne font pas inidâS'
dan^ leurs myftere?. L^bomme du;
moodc d'un meilleur e%rit , que fe
bazard a^ porté au^ milieu d'eujc^, leur
eft étranger, li^fc trouve là comme
dans un païs JointaMi, dont il ne co»
aoit ni les routes , ni 1» kngue , tm
les metoRi ^ nr hr coutume : il voit'
nn peuple qui cauiè , bourdoime y
parle à l'breiUe , éclate de rire , fie
qui retombe eiifuite dans un morne
ulence : il y perd ibn maintien /ne
trouve pas où placer un feui mot, &'
n^a pas inême;de quoi écouter. Il ne«
manque jansais là un^ mauvais piai*:
ian; qui domine ^& qur eft comme -
le héros de fe focieté : ^lui-ci s*cflr^
chargé de la joye des autres , & iait:
toujours rjre avant quÈ d'âvQiir parlé.
$î quelquefois une femme iwvienc
ou LU MOEUILS DB CB Snthï. f4^
^pn n^eft point de leurs plaifîrs , f* Cn ai*
bande joyçufe ne peut comprendre ^ VX !•
qu'elle ne feche point rhe des chofeaf
qu'elle n'entend point , & paroiffif
infènfible à des fàdaifcs qa'ih n^ncen^
dent eux-mêmes que parce qu'ils le^
ant Êrites:: ik ne kti pattlonnent ni fort
ton de voxx ^ ni fcn fîlehee , ni (3
taille , ni Gm vifaga / tii ibn habille^
ment, ni fbn entrée , ni k maniéré
donc elle eft fortio. Deux atiiféès ce-^»
pendant' ne pafiènt point fur une mê^
me cûîterie. Il y a tcjujour^dès ï^
première année des feâ^nccs de divi-^
£oiT pour rompre daifô cetle qui doit
iuivre. L'imerêt de là beauté , les
incidens da jeu , l'extravagance desr
i^epas , qur^ modeftes au commeitce'^
ment dégenererit bieâ-rôt eil pyrami*^
des de viandes & en bftnqtaets fbmp*
tueux , dérangent la Republique , S&
hii porteadenfin le coup mortel : il •
i^eft en fort ]âu: de tems- non plutf
parlé de cette Nation que dès mou^
cAes de l'amiée pafTëe.* ^ .
' ^ 11 y a dans la ville {h) h grtodeêC
' (h)Lts QïBcJcrs ^Ics Confcillcrs ;. Tes Av9^
caitf & kl Brociucttn; ..
. / P 7
t^t L A k pctkb robe ^ & la premicrtf fe vem
Vi>&«r ge fur l'autre de9 dédains de bCoor^
fie des petites humiUadoor qii'cUe f
cfluye ;; de &vK>tf ^ikIs £biit leun li^
mices ,;où la; giande finit^ & m bF
petite commence^ , ce n'eft pas tu»
«hoie facile» U fc ttanvc même in»
■
€x>rps coofîderable qui refiiiè d'êttc
du fécond ordi^ , & à qui Pbn coii4
tefte le pxtmier : il ne fe xcnd p»
néanmoins ^ il cheiche au contraiie
par la gQivité& paria d^penie à. sV«
galer à la Magiftrature , on ne Itsk
cède qii?avec peine : cMi-rentend dira
que là noblei^de foa emjdoi, l'index
pcndafiee de fk profèfficm , le takns
de la parok » & lé mérite peifennel
balancent aa moiiis les iàcs de miller
francs que le filt du FurtiÊm ou du
Banquier a. fû payen pour (on CHm
ficc.
* Vou$ Qsoquez^ trous:: de leveii
tn carofie » ou peut^^âre de ik>us yi
seppfçr > rkf^^Tcnafmrt H va, o»
vos papiers , liiez , ne <ieE qu^
peji^ ces gpis qui paâcnr dans leur
équipage : ils vous en croiront plas<
occupé , ils diront , cet homme eft
:ieux^ in&tigaUç ^ il ]4^ il tne
vaille
ou i£$ Moeurs dh ce Sitcxe. j yv
iraîlle jufqucs daps les rues ou fur la C» a^4(
route rapprenez du naoindi^e Avocat ^^ ^
qu'il faut paroicre accablé cl'afIàircS|^
froncer le fourcil,& rêver à ricRi
ti'ès- profondément ^ fàvoirà propos^
perdre le boire & le manger , ne ùki^^
te qa^apparoir dans fa maifbn-, sVva?«
nouïr & fè perdre comme un fantôme
dans le (ombre de fbn cabinet ,- fe ca-
cher au public , évitex. le thcfâtre , le
liiiiièr à ceux qui ne counent atK:u|k'
rifque à s'y montrer ^ qui en ont ^
pciiie le loiflr , aux Gomo n^ , au^-
I^U.HA.Ai6l.S.
* Il y a un certain nombre de jeu**.
nés Magiârats que les grands biens^
Se les plaiH» ont aflbciez à quelques-»;
uns dec-euxqu*on nomme a la Cou^
de petits UaUr^s: ïh les; imicenr, ilsi
fc tiennent fort au dcûus de U gravi^i
té de la n)be , & fe croyent di(peniès>:
jgm^ leurâgp & pai:^ leur fortune d'être.
iâg^ & modérez. 1U> prennent de l^
Cour « qji'el le ai de pic , iisrs'appro*;
]^4ontla-vani^^la molefiè, rintem*^
péranqe^ le libertina^ , cooune %
tous^ces vices leur étoient dûs ; & afi
fcâant ainli un caraéterc éloigné de:
aluiq[]i?ikLbnt à foûtenir ^ ils devien-^
• hcnt^
i^fi tis CÀiAcf EâÉs
Dit A lîcnt enfin fclon leurs foùhaîts de*
y.ifoi. copies fidèles de très^^méchans ori^
♦ l3tth3tAmtàe'&6tkkhlriire';
te le mêttté à la Cour , ce font deu^
hommes. Revenvchez foi il reprend
&s moeurs , & taille St fon vifàgc
qu'il y avoît laifièz : it n'efr phis ni Q
embarfafië , ni fi honnête.
♦ Les Criffins fe côttiferit 8t tzf^
ifembleht dans leur fkniille jufques \
fix chcvaux^ pcAir allonger un équi*
^ge , qui avec on" eflain de gqis de
livrées où ils ont fourni chacun leur
part , les fait triomphtr au Cours
oti à Vincennes , 8k aîler de pair
-^ec les notivellerihariées' , afvecjii-
fon quî le ruine , & avec - Thtâfon
2ui vent & mkrier , & qui a con*
♦ J'entends dire des Sànfàms m&!
ittc nom , mêmes artoes j h branche
àÎTïic , la branche cadette , tes cadets
de la féconde branche ; ceux-là por-
tent les armes pleines, ceux-ci br&nt
d'un lambel, & les autres d'une bor*
^ duiC
(e) Dèpofé Con argent a« Trcibr fablis
ipbur une grande Chargt. • - - * ' ^*
f
iSû £es Moeurs Di ci Siicit. ^^i
tfûrc dentclifc. Ils ôiit avec k* C h a'^
&OUÏIB0N.S fur imc même cou*- ^^^
leur , un même métail* , ïit portctitf
Comtxie coi àtvtut & urie : ce rie fonf
pas dés Fleurs de* lys , triais ils s* tri
confôlcût , {)eut. ôre dans leur cœur*
trouvént-ils leurs pfcces auffi honora-
bles , & ih les ont comiDunes atecf.
de grands Seigneurs' qui eh font con^
tcns. . On Tes voit fuf les Iferes & fur*
les vitrages i fur la porte de leur ehâr-J^
teau , fut le pilîiier de leur Kaotc Ju&
£fce, oi^iis viennent! de faire pendre?
un botnine qui ihèrîtbit le bannîfle«
fnent : elles s'offrent aux yeux ée
toutes parts , elfes foilt fut les meiè-'
bles & fur les ferrures , elles font fê-
ftirfçs fur les cafoflês rieurs livrées W
d'eshôrifbfènt pojnr Iciirs armoiries^ Jcf
dirois volontiers aux Saiinionsf, votre
folie cff prématurée , iîtet?de:t' dif
moins que le fîeele s'acHeve for votre?
l^cc : ceux- qufont Vu* votre grande
père , qui lui ont parlé , font vieux ^
& oc (auroient plus vt^re long- tems:
qui poiirra^ dire coiilnie ettx y là it
^taloit & veridoit très-cher. '^
Les Sannions & les Crifpins vcu^
encore* davantage que Ton difil
d'eu»
1(4 Les Cakactekes
piiA d'cuxqu'ilsfortt une grande dépcûfei
^^^>*' qu'ils n^aimcnt à la faire :,ils font un
rcck long & ennuyeux d'un0fete. ou
d'un repas qu'ils ont donne , ils di-
fenc Targent qu*ib ont perdu au )eu »
£c ils plaignent fort haut celui qu'ils^
n'ont pas ibngé à perdre. Ils parlent
krgon âc myfkre iiir de certaine»
ranmes , ils ont réciproquement cent
€hofes plaifantes â fe f9ntâr ^ ils ont
fait défauts pcM des decowertef ^ ils (è
IKiÛCBt les* uns au^ auots qu'ils fonr
gens à belles avamuxes. L^un d'eux
[uis'efl couché tard ila caxnpagnâ,
qui voudroit dormir » fè levé ma*
tin , chaufle des guêtres , cndo{& un
^bit de toile ^. paiOè un cordon où
pend le fourniment , renoue fcs c1iè-f
Teux , prend un fu£l ^ le v(»Ià cluf*
fèur s^l tiroit bien : il revientde nuic"
ixiouiUîe Se recru &ns avoir tué : il xc«
Courue à la chaflê le lendemain , & il
j^ilè touc le jour ^manquer des gri-^
yes ou des perdrix.
Vn autre avec quelques mauvais
fhiens auroit envie de dire, màmeur^
u ^ it fait un rendez- vous de cbafiè y
a s'y trouve , il efl au l^iflèr courre,
îi entre dans le (oit, fèmcle avec
le
^Cr tES MoEtfks DH CB SiECtE'. j V ç^'
^rs prqueurs, il a un cor. Il ne die" CwA^i
pas comme Mefialippe , 4i-j> rf« //^i- Y ^^ ^^
JfV ? il croit en avoir , il oublie loij^
Se procédure , c'eft u» Hippolyte :
MenMdr€ qui le vit hier fur un pro-:
ces qui eft en Tes mains , ne recon-
jAoitroic pas aujourd'hur ^n Rappor-
Kur :. le vo^2-vou^ le lendemain à iài'
cHambre» où Ton va juger une cau&
grave & capitale , il îfe fait entourée'
de fês cèn&erés^ ijb leur raconte com-^
«Qc il n'a- point perdu le cerf de meu-
te 9 comme ii s'efi: étouffé de crier aprèi^
Hfis chiens qui* étoient en défaut ôu^'
aprè^ ceuxdes cfaaflèuns qui prenoienti
\^ change , qm'il a vu domiier les ^
#bîe&s 'y Pbeuce ,pr£ilè ^ il achevé d§
kujc. parler des abois &<le la curée , &^
là court s'a&oir avec ks autres pouç
* Quel dk r^arement à» ceisrain^
particuliers, qui riches du négoce de
îeuES peres^ dont ils; viennent de re*
weillir la &cce£Soa, fe moutêoç fur.
les Princes pour leur garderobe fiC
pour kur^uipage , excitent par unt^
dépenfe exceffive& par un fafte ridi-^
cule, ks traits $c lia raillerie de tqut<;r
vne viïk qu'ils çroycnt; çblauïj ^ Ôq
^$6 Les CÀKÀctEKii
. Db I il (c tmûcrk àitifî à (è faire moquer âé
Quelques -uns tfoiit pa* tAêmt le
triftc avantage de rîf^adrc Iciïrs la-
Kes plus loinf que Te quartier où iU
habitent ,'c*eff le fcul théâtre de leur
va^it^. L'on ne fait point dans rifle
^VL^ André brille au Manâs , & qu'il
y diffîpe fon patricnbine : du" moins*
iPi\ étoit connvi diiis toute la Ville &
dans fe^ Fauxbourgs, il feroit diASd-^
le qu*eâtre un* fi grand non^rc de
Citoyens qui ne lavent pas tousjuge^
iaiifiement dé toutes cfabfès, il ne s'en
trouvât qiicrqtf un qui diroît de lui y
S eft magnifique , Sc? qui lui ticndroJC
cotnpte des i^gals qu'il fait à Xdmi
et à Ari/lon , & des fêtes qu*il dpnae
i BUmre : niais' il fe fUine oblcuré'
jnent. Ce n'cfl qu'en faveur de deux
ou trois perfcMines qui nb l'efliment
f oint , qu'il court a l'indigence j &
qu'aujoifVd'hui en caitoflè , il n'aum
^as dans ûx mois le moyen à'sdkr k
- pied. *
* Ndrcijfe fe levé te matm pour fil
Coucher le foir, il a* fes heures de toi«
fette comme une femme , il. va tous
les jours fore r^ulieiemeitt à kf hàk
ou ICS Mo£UllS>DE CB SlCCtl. } $7
Mefiè ay^ Fcuijls^ oa aux Mini- ^A^^
mes : il eft homme d'un bpn conu» ^ ^^*
inei'çe,& Poncomptje fur lui a^ quari*
tierrde ** pour un tiers pu pour uij
cinquième à l'ombre ou au reverds f
}à il tient le fauteuil quatre heure^
4e Cuite chez 4ricie , où il ri^e cha*
que foir cinq.jpiftoles. d^or. Il lit
exaâemcut la .Gazette de Hollande
& le Mercure Galant : il a lu Berr
gerac ( rf ) , des Marets (/ ) , Lefcl^r
chc , les Hiftoriettes de Barbin . Sf,
quelques Re^cueil^ de pondes. Il iç
promené avec des femmes ^ la Plair
lie .ou au Cours j & il c^ d'une poncr
jualité religicufe ûir les viCtés. Il
fera demain ce qu'il f^it aujourd'hui
& ce qu'il &t hier »* |k il meurt
ainfi après avoir vécu.
* Voil^ un homme , dites- vous ^'
que j'ai vjû quelque part , de fâvoi|?
où , il eft difficile , mais fon vifàg:
m^eft lamilicr. Il l'eft ï bien d'au-
très"; & je vais , s'il fe peut, aidejP
votre 'mémoire ; cft-ce au BouIevar(|
fur i^n ftrapontin ^ ou au:s Thuillç-
féi) Cyrano. ^ * ^ .'
45* 'Le« Caractères
'bi lA ries dans la grande #llée., oudaste le
^ ^" •• Balcon k' la Comédie > eft-ce au Set-
mon , au Bal , à ftamboujljet ? ou
pourrici-votts ne Pavoir point vu «
où tfeft-fl point * S'il y a dans la
place «ne femcufc cjcecution , ou ua
î&u dcioyc.il paroît \ «ne fencoe
de l'Hôttl de Vifle : fi l'on attend
4ine magnifique entrée, il a & place
fur un échaufl&ut ; s'U fe fait un air-
ïouzd , le voilà cntr<f , ^ place fur
l'amphithéâtre : fi le ^oi reçoit ^
Arabaflàdeurs , il voit leur marche,
jl affifte à leur audience, ilcft cnhayc
fluand ils reviennent de leur audience.
-Sa préfcocc eft aufli cficntfclle aui
Scrmcns des Ligues Suiflès .quecd-
ïc du ehancelicr & d<» L»gB« me-
jnes. C'cft fon .vifage que l'on v«t
aux Almanachs reprefcnter le pcapk
ou l'afliftance. Il y a «ne châ»
publique ,une sém mbcrt , le yoi-
3à à Aeval : on parle d'un camp &
xl'unc rcvMC. 3 eft à ôuillcs, il eft
i Achetés , il aime des troupes ,^ U
«ilice , la guerre , il la voit de pro ,
& iufques au Fort ,dc Bernardu
Chanley fait les marches, Jac-
jq^^zjL les ymps, Vp >lBTï V^
VII.
^ its Moeurs db ce Siecif. .)5^
lerîc : celui-ci voit , il a vJcîUi fomj C h âv^
ieHarnpi» en voy^ni: , il eft fpcftateur
.de profeffion ; il né Ait jpien de ce
qu'un homme dedt ftire , il ne (ait
j*icn de ce qu'il doit (avoir , mais il g
^û , dit-il , tout ce q^'on peut voir ^
il n'aum point regret de mourir :
quelle perte alors pour toute la Vilfe f
^jii dira après lui , le Cours cift ferr
iûé , on ne s'v promené point , le
ijourbicr de V incennçs eft dcflciché
& releva , on n*y vcrfcra plus ? qui
annoncera un concert \ un beau la-
lut, un preftigc delà Foire i qui vou^
lavcnira que Beaumaniellc mourut
hier , que Rocbois eft enrhumée 8c
ne chantera de* huit jours f qui con^
Âoitra comme lui un bourgeois \ fci
armes & à fès livrées > qui dira jSca^
fin porte des Fleurs de lys , jSc qui eii
icra piys édifiée qui prononcera avec
plus de vanité 8c d*emphafe le nom'
^*une fîmple bourgcoifè? qui. fera
fiiieu|:fourni de vaudevilles ? qui pri^-
,tera aux femmes les Annales galantes ^
àc le Journal amoureux ? qui fauqi
iComme lui chanter ^ table tout uqf
Dialogue de V opéra $c les fureurs de
Roland dai?s uqc ruelle^ enfin puif^
qu'il
pu LA Qu'il y a à la ViIlecotnme.^ilkvn<|S
V lyh^' tort foues gens, des geçs fades, oififs,
(lefÔQcupez ^ qui pourra ag[ffi par&i-
tcmenc Içur convenir?
"^ TbirAwune âo^t riche ^^voîc
ilu mérite , il a hérite . il cSt donc
trèssriche i(, d'un t^-ès-gt^nd mérite:
voilà toutes hs femmes en cam«
pagne poyr l'avoir pour galant » &
Xoutcs les filles pour éfouffur. U va
de YQaiipns en mai(bns faire efperer
9UX macs qu'il ëpoulêra ^ eft-il affis»
çllesiè retirent pour Uitfhr à leurs fil*
{es toute la libertjé d'^ecre aim4>le3 ;
& à Théramene de ûir^ fcs de'cla*
rations. Il tient ici contre \c Mor«
tjer 9 là il efi&ce ]e C^iv^licr ou ^
Çxentil-hoîQme : ^in jeune homme
. fleuri , vif , ^p}xé , fpiritucl n'eij:
pas fou hai té plus ardemipent ni mieux
reçu : on (e j'ari^^che ^$ mains ,.on
a à peipe le loifir de fôurire à qui fc
Ç'ouve avec lui dans une même vifite:
combien de galans va-t-il mmre e^
déroute ? quels bons par-t^s ne fcra-;rr
i} pas .ma^nqucr ? pourra- t-il fiArc à
int d' héritières qui le recherchent i
, 3c n'eft pas feulement la terreur des
jB?yi3^ ç'fflt l'e^ouyepqil de im
i»u LIS MecORs DE tt SiEtiLE. f€m
kaskK qui otK envie de fêtre , & qm c« a»*
;attendent d'un msriage à remplir k v I L
•vuide de leur xonfignacion. On do-
Vroit profcrire de tels pecfbnnages fi
:lieureux , fi pécuoîeux d'une ol^tlle
bien pdlicëe .; oU condamner le fexe
fous peine de iolie ou d'indignité à
ne les traiter pas mieux , que s'ils
<n'avùient que du mérite.
• * Paris pour l'ordinaire le linge de
3a Cour » ne fait pas toujours la cou*
«refaire : il ne f imite en autnine m^
tïicpc dans ces dehors agréables &
^areilans que quelques Courtifàns £c
fur tout les femmes y ont naturel»
icment pour un homme de mérite ,
£c qui n'a même que du mérite;
elles ne s'informent m de fes con-
trats ai de fes ancêtres , elles le troit-
(irent à la Cour , cela leur fuffit , ^
elles le foufirent » elles Teftiment t
/elles 9e demandent pas s'il eft venti
en chaifè ou ï pied , s^îl a une diar-
;ge , une terre ou un équipage; comi»
me elles regorgent de train , de fplen-
deur & de dignitez ^ elks fe delaflènt
volontiers avec la Philofophie ou la
vertu. Une femme de Ville entend-
elle le brouïilèment d'un carrofle
T«m. J. Q. qui
'<fià, Ies Caractères ^
<D f L A ^ui 9^arrête à iâ porte , elle petiHe de
y hix I. ^oût 6c <le complaiiànce pour qui-
conque eft dedstns fàas le connoftre :
^mais fi elle a yô Jic fa fenêtre un bd
•attelage, beaucoup de livrées, & que
plufieur^ rangs de clous pai&itemenc
âorcz jl'ayent éblouie, quelle impa-
tience n'a-t-elle pas de voir déjà dans
fa chambre le Cava^er ou le Magi£.
trat ! quelle diannante réception ne
lui fera-t elle point .' oterart elle les
yeux de deiUtô lui ! 11 ^e perd rien
auprès d'elle , on Im tient compte
'des doubles foupantes , & des refforts
qui lefont rouler plus mollement, elle
J^en eftime davantage , elle l'en aime
mieux.
■ * Cette 'fatuité de quelques fem»-
«es de la Ville , qui caufe en elles
^ne mauvaÂfe imit;ation de celles delà
Cour, eft quelque chofe de pire que
4a grofliereté des femmes; du peuple ,
*<& que la rufticité des villageoifes :
<\le a fur toutes deux l'afFeâacioç 4p
-plus.
* La fubtile invention de faire de
4nag'nifiques prefèns de noces qui ne
coûtent rien, & qui doivent être ^cnr
dus en efpece ! .
* L^u-
it)U LfiS MoEUItS. DE CE SlECLE. J^tfj*
. * L'utile .& la louable pratique., de Cha^
perdre en frais de* noces le tiers de la Vï L
dot qu'une feratpe appoite J de com-
mencer par. s'appauvrir de concert
par lamas & rentaflèmem dcchofc$
fupcrfluës, & de prendre déjafûr foir
fonds de quoi payer Gaultier , les
meubles •& la toilette J
* Le bel & le judicieux u/âge ^
que celui qui préférant une forte
d'cfFrontcrie^ux bienféances & à la
pudeur , expo(è une femme d^unc
ieule nuit fur un lit comme fur ua'
xhéâtre , pour y faire pendant quel-
ques jours un ridicule perfonnage ,
&. la livre en cet >^ctat à la curiofité
des gens de Tun Se de l'autre fcxe ^
jqni connus ou inconnus accourent de
xoute une ville à ce fpeâ:acle pendant
4ju'il. dure î .Que manque-t-il à une
telle coutume pour êa^e entièrement
bizarre & incompr^'henfible, que d'êr
tre lue dans quelque Relation de U
Wingrelie ? »
* Pénible coutume, aflèrviflèment
incommode ! fc chercher inceflam-
ment les uns les autres avec l'impa-
tience de ne fe point rencontrer j ne
ic rencontrer que pour /c dire .d^s
(^ z jricns^
9i>4* Lbs CARACTBllBi
D 1 i A ricn3 , qiic pour s'apprendre recipB^
^ quement des chofcs dont on eft egalc^
ment inftrmte , & donc i] importé
peu ^ue Ton foit inftruite ; n'entrejr
dans une jdijimbre préci(ànent que
pouf en (brtir ; ne fortir d^ cfaex (ai
S'après-dînée que pour y rentrer Je
foir , fort fàtisfaite d'avoir vu en dnq
petites heures trois Suifles , une femme
que Ton cohnoît à peine ^ Se une autue
ique Ton Q^akne gueres. Qui confidcr
reroit bien le prix du tems , Si com*
fcien fa perte eft irréparable, pîeurerojt
/imerement fur de fî grandes miières.
. * On s'élève à la Ville dans une in-
différence groflÇere des chofcs rura»-
les Si chatnpçtres ; on diftingue i
peine la plante qui porte le cmnvre
d'avec celle qui produit le lin , & k
|>led froment dayec leis (bigles , SC
Tua ou Pautre d'avec le meteil , os
ic contente de fe nourrir & de s'habil-
ler. Ne parlez pas à un grand nombre
de Bourgeois ni de guerets , ni de bali^
rvcau^, ni de provins, ni de regains, fi
vous voulez être entendu , ces termes
•pour eux ne fopt pas François : par-
iez aux uns d'aunage , de tarif ou de
fçi po^r liyye^ & aux autres de voyc
' .- d'ap*
bxr t« NioEims ûE éB Sitèit. jtf y
tf appel, de requête civîfe ^ d^ppoîch ChaV^
fetnent ^ d'évocadon. Ih conûoiflènc VII#
ié monde , 8c encoffe par ce qu'ici a
4e moins I]^u & de moins fpe'cieux^»
as ignorent ta nature, fes cotnmencc-
fiiens , Tes progrès , fes doitis & fc^
hrgtffes : leur ignorance ibuvent ef^
volontaire ^ & fondée for l^cffimc
qu'ils ont pour leur profeSSon & pour
leurs talcns» lï n'y a fi vil Prati-
cien qui au fond de fon Aude fombrâr
&: ennimée , & Tefprit occupa d'une
plus noire chicane:^ ne fe profère au
L^dboureqr , qui JDmt: da Ciel, qui
cultive la terre , qm' &me à ]^ropos ^
2c qui fait de picM» moiilons : Se s'il
entend quelquefois parler des premiers
hommes ou és9 Pisbiarcbes: ^ de leur
vie champêtre & de leur cecono*
mie., il s*étonne qu'on ^ pu vivre
tn de tels cems ,où il n"]^ avoit encorç
ni Offices ni Commiffions , ni Prcffi*
dens ni Procureurs r-il ne comprend
pas qu^ott ait jamais pu fe pailer. da
Gre^ , du Parquet 8c de la Buvette.
* Les Empereurs n'ont jama^
triomphé à Rome fi mollement , ft
<;ommodifment , ni fi fûrement mê-
fat contre le yent , la pluyc, la pou-
Q3 drc
"i*66 r Les Caractèives
YtitnJ* ^^^ ^ ^^ fokil, que le Bourgeois (âk
à Paris fe faire mener par toute la Vil-
le.: quelle diflance de cet ufage â h
mule de. leurs ancêtres ! Ibne (â-
Toient point encore fe priver du nc-
.ceflàire poiiF avoir iefupcrfki , ni
|>réferer ie faâe aux çhofes utiles: oa
ne les voyoit point s'éclairer avec des
bougies & (è chauiTer à' un petit feu> :
la cire ctoit pour l'Autel & pour le
l^uvre: Us ne fottbcent 'point d?uti
mauvais dkier /pour' monter dai»
leur caroflè^ : ils (e perfuadoient que
l'holnme a voit des jambes pour mar-
cher , Se ils marchoient. Ils fe con*-
fcrvoient* propres quand il feifoit fec,
& dans uiitems ^cnhide ils gâtoieat
leur chaufib're , auffi peu em^rraflèz
de.foanchff Ad' fxies-8c les carte-
fours y que Te cbaffeur de traveirfer un
gueret , ou- le foldat de fe mouiller
dans' une tranchée : on^ n'avbit pas
iencore imaginé d'atteler • deux hom-
mes à une littiere : il y avoir même
pluAeurs Magrftrats qui ; alloicnt à
pied à la Chambre, ou aux Enquê-
tes d'auflS bonne grâce qu^Auguftc
autrefois alloit de fon pied au Ca-
pitoJe« L'étain dans ce tems brillDÎt
fur
4. *•
ou lis Moeurs m ce Siècle. ^6j
^r les tables Se fur les bufîcts , com- ^j^^*
me le fer & le euivrc dans les foyers v ^ * •
l'argent & l'op étoicnt dans les cof-'
frcs. Les femmes le ftifoient fcrvir
par des femmes , on met^it celles-ci
)u{qu'à la cuiflne. Les beaux noms^
de gouverneurs & de gouvernante»
n'étoient pas inconnus à nos pères \^
iis iàvoient à qui Pon confioit les en«
&ns des Rois & des plus grands Prin<'
ees : mais ils* partageoient le fervico
de leurs domcftiques avec leurs- en- ^ ,.
&n8! ,< contins- de* veiller, eux-mêmes
immédiatement à leur éducation. ïtê
comptoient en toutes chofes avec
eux-mêmes : leur dépenfe ëtoit pro-^
f ôrtionnée à leur récette : leurs li*-
vre'es , leurs e'quipages, leurs meu-
bles , leur table , leurs maifons delà
Ville & de la Campagne , tout étoit
mefuré fur leurs rentes^ fit fur leur
condition. Il y avoit- entr'eux dey
diftindioiîs cxterieiïres ' qui empê-
ehoient qu'on ne prît la femme du^
Pi-aticien pour celle du Magiftrat, &
le roturier ou le firaple valet pour le
Gentilhomme. Moins àpplique2& a'
difliper ou à groflîr leur patrimoine'
^'à- le ^ maintenir , ils le laiflbient
6 1 ta Mttier à fcurs héritiers », ÔE pj&
TttLi. foieot ainâ d'uoc vie modérée à une
mort ttanquille. Us ne difoicne
point , le fiêcle tfi dur , /^ mifrre efi.
grande, Pdrgent efi tétt : ils en avoicnc
Boins qfie nous , & en avoieac allez ,
]ilus riches par leur oeconomic Ôcpao
leur modeiÛe que de leurs revenu»
le de leurs domaines. Enfin l'oa
étoit alors péiiétré de cette maxime ^
^ue ce qui eft dans les Grands fplen-
deur , fbmptuolît^ , magnificence ^
cft dilHpation' , £i>lie ,. ineptie dau Ift
fwQCuiieK
CHA-
btr lis MoiURS 0B CB ^lecd!: ji^^
^K WW"* ww' W'W' ww"' #f'flir7f*ffr"fi
CHAPITRE VIII.
De la C o u r«
LÉ reproche en un fens le plu3 Cha?^
honorable auePon puiflc faire à un ^^
botntne , c'èft de lui dire qu^il ne fait
pas la Cour : ils n'y a forte de vertus
qu'on ne raflemble en lui par ce feul
mot.
* Un homme qui fait la Çour^
eft maître de Ton gefte , de Tes yeux
Se de (on vi(àge , il eft profond , im-
pénétrable : il diflîmule les mauvais
offices , (bûrit à iès ennemis , con*
traint fon humeur , déguife fês pa(l
fions , dément fon cœur , parle , agit
contre fes fentimens. Tout ce grand
xaffinemenc n'cft qu'un vice; que l'on
appelle fauflèté , quelquefois aufli
inutile au Courti£m pour fa fortune^
que la franchile , la fincerité , 8c h
vertu.
* Qui peut nommer de certaines
eoukurs changeantes , 8c qui font di*
vcr&s lelon 1^ divers jours dont on
0.5 kj
570 L 8S Ca RACTrRE^ ^
D « LA Ycs regarde ; de même qui peut définir
iâ Cour r
* Se dérober à la Cour un fèul
moment ^c'cfl: y renoncer: le Cour-
tifan qui l'a vue le matin , la voit le
foir , pbur U rccoonoïtre^ Ic^ lende-
main ; ou afin que lui-même y foiv
connu,
* L'en eft petit à là Cour , Sc
quelque vanité que l'on ait , on s'y
trouve tel : mais le mal eft com*
î»un , & lés Grande' mêmes y font
petits.
, * La Province eft l'endroit d'où
la Cour, comme dans fon- point d«
vûë , paroît une- chofe admirable : fi
Von s'en approche , fcs agrémens di-»
minuent comme .càcx d'une perfpec.
tive que l'on voit de trop piès.
* L'on s-accourume difficilemem
à. une vie qui- fc paflc dans^unc antN
chambre , .dans des cours ou fur Peli
«lier.
^ * Là Gour^ ne rend p^ coscent-^
^\c , empêche qu'on ne le foit aiû
leurs.
: •** Il faitt qu'im honnête hbmme
ait tâté de la Cou^r : il <iécouvre en y
auracLt , comme ua nouveau moDdç
i . _ qui
ou LB^ MôEÛKS DE CB SiECtE. .JJT
qni lui étoit incônnq , ou il voit rc- c h a i<
gncr également le vice & la politeflè, VHfc
& où tout lui eft utile ^le bon & le
mauvais.
* La Gûur eft comme un c'âifice
bâti de marbre , je veux dicc qu'elle
cft'Compofe'c d'hommes- fort durs ,«
mais fort polis.
• * L'on va quelquefois à la Cour*'
.^iouren revenir, & fè faire par là ref^-
pcâer du nobk de fâ Province , ou*
de fon Diocefain.
• * Le Brodeur & le Confiflèur fe^
rbient fupci'flus& ne feroienc qu'une
jîaontre inutile , fi Ton étoit modefte^
& fobre : lesCoufs feroient défertes » •
& les Rois prelque feirîs , fi ronc'toît-
guéri de la vanité & de l'intérêt. Les
hommes veulent être efclàves quelque
part,& puifer là dequoi dominej^
ailleurs* 11 feBàble qu'on livre en gro» '
aux premiers de la Gour. l'air de hau-*
teuT, de fierté & de commandement, ^
afin qru'ilis le diftribùent endétail dans
ïés Provinces : ils font prccifémeni
comme on rieur &it , vrais finges de ^
la Royauté.
^ * 11 n'y a rien qui enlaîdiffî cer-
taÂisCourttfaiis. comme la préfem^
^y% L£.s. Caila.c:tb^]1ES
P^ft LA du> Princà , ft peine k» pms-je iccoo»
C ® w a.. Qoître à leurs vifs^s , kuf s traits Onsif
^crcii f Se leur contenance edaviliei
Les gens fiers Se fuperbes font Ics^
plus dé&ics 9 car ils^ perdent plus dui
leur : celui qui eft honnête & mo#
^efte s'y. foûtient^ mku& y il aa rien h
«éformer.
* Li'air dé Couf eft; contagîeux>', il'
iteïûillcs, fc prend > à Y** , comme l'accent:
Norxnand à Roiien ou à Fàlaife ::oi^
Pentrevoir en des. Fouriers, en de pe-r
ttts Goncrofeurs ».âc ea des Chefs de
fruiterie : l'on peut as^ec une portée
d-efprit fort médiocre y, &ire de.
grande progrès. Un homme d'ui^
génie élevé & d'un: mérite (blide nd^
fait pas a(&2 de cas de cette efpece da
lalent pour faire fon : capital de l'^vtm
dicr & fè le rendre propre : il l'acf
^iert fans r^xion^^ il ne penfc
point à s'en défaire. . .
* Nf*'* arrive avec grand bruitv^
î! écacte ït monde , fe ait faUç ph^
ce, il gratQc , il heurte prcfque , il ft
jÛNomeL : on rçfpiaas y, éc il a?entrft
^^avec la foule. . i
^ S yi a dans les Cours dos appari^^
IHiQi. Qf .j^os^ ajraatuxiers. fit hardis. ^
' . ' " d:uft
'
oi/ tES Moeurs de: cb Siecth. j 7^
d'uir caraâere libre Se ^imlier; qui CnAf)
fc .produiftnt euK-tnêmcs , proteftcnc^ VIÛ%
qu ils t>iit dans^ leur art toxue Phabilc-r
wè qui manque aux: autres , & quî^
ibnt crûs fur leur parok. Ils profi«ii
tent cependant de l'erreur publique ^
eu de l'amour qu'ont les hi^mmes^
pour la nouveauté :ils percent la fou^
fe. , Se parviennent jufqu^ l^oreilte
du Prince, à qui le Couitifan les voit^
parler , pendatit qu'il fc trouve heu-^
icux d%n être vu. Ils ont cela dc^^
eommode pour les Grands ^ qu'ils cot
font foufferts fans conféquence , &k
congédiez de même :v alors, ils difpa*
soi flènt tout à. la fois riches ôc décréi»
ditez ; & le monde qu'ils viennent dr
tromper, eft encore pret^ d'être tiorn*»^
p& par d'autres.
* Vous voyez des gens qui entrent
fens laitier que légèrement , qui mar*^
ehent des épaules , & qui fe rengor^i*
gent comme une femme : iis vous in#
tcrrogent fans vous regaitier , ils par^
lent d'un ton élevé ^.& qui marquer
qu'ils fe fcntent au deffus de ceux qufc
fe trouvent piefcns. Ils s'arrêtent, ôc
on les entoure :, ils ont la parole,,
cr^fîdent: au cercle , & perfiftenft
Ç^j dan»
3^74' Les Ca-racte*rm-
Pt LA jj^jjs cette hauteur ridicule & contre^
^^y*' ftîte , jufqu'à ce qu'il furviennc un
Grand , qui la- faîËuit tomber tou^
d'un coup par fa pré(ènce,les leduf-^
ië à leur naturel qui eft^moins^ mau-»
vais.
* Les Cours ne fauroient Te paftp
d une certaine efpece de Courtifans ,
bomtnes flatteurs , complaifans^ iD&
fiuans , dévouez aux • femmes , don&
its ménagent les plaifîrSy étudiera les
fèibles, & flattent toutes lespaflions:
ih leurfouflentà l'oreille des groflje-
retez , leur parlent de leurs maris &
de leurs' amans dans les termes con^
ytnables , devinent leiH's chagrins ,
leurs maladies , Se fixent leurs cou-»
ches : ils • font les -modes, raffinene
far le luxe & fur la dépeniè , & apr
preimenrà' ce fcxc de promts nfôyens
de confumer de grandies femmes ci)
habits , en meubles 6c en équipages :
fis ont eu .^ mêmes des ^habits oùbriî-»
lent rinvention & la richeflc , 6c ils
rfhabitent d'ancien» Palais qu'après
les avoir renouveliez & cmbdlis. Ils
xftangent délicatement & avec rcflé^
xion • il' n'y a -forte de volupté qu'ils
i/eâayent ,.& donc ils ne puiflent
ou tn Moeurs dK' tt SieÀe. J71
ièndre compte. Us 'doivent à etix- ^"^j;*
mêmes ' leur fbrtuoe , & ik la fouticnh-
nent avec la même adreflci^u'ils Pont
élevée :• dédaigneux & fkrs ils n'a«
bordent plus leurs pareils , ils ne les
falueot pluis : ils p^ent où tous les
autres fe taifcnt, entrent, pénètrent
en des. endroits Se à desr heures où
les Grands n'ofent fc faire voir: ceux*
ei avec de longs fer vices , bien des
playes fur le corps ./de beaux em*
pliMS OQ* de grasdcs dignitez', ne
montrent pas un vifajgc fi afliiré, ni
jrine contenance fi libre. • Ces gens
ont Poréille des plus grands Princes^,
ibntdc tous leurs plaifirs & de tou*
tes" leurs fêtes ,. ^ fortent pas du
iiouvre ou- du Château , où ils
marchent &. agiflcnt comme» che2 eux
& dans leur domeftique , . fcmbknt
fc multiplier en mille endroits , 8c
font toujours les premiers^ vifages qui
frappent les nouveaux* venus à. une
Gour rils- crobtraficnt, ilsfonrem^-
braflèz : ils rient, lilis éclatent , ils font
plaifans, ils font des contes : perfon*
ncs commodes , agréables , riches-,
^ui prêtent , & qui font fans confé*
y « Ne
ffg tes CAKÂcriftEr
Xft tk * Nccroiroit-on-pasrdeCàwM'K
Co^Uft. de cUidndre , qu^ils font feuls char*
gez des détails de tout 1- Etat , SC
que ieuis auffi ils- endoi^rent r^o»
dre i' Tua a du* mdois les s^res dt
cerie , fit Uaiitit les maritiiiies. Qp
poarsoit^ les reprefcnitr exprimeroûr
V^emprtÛtmtnt ^ l'inquiétude , la cu«'
tioCité j laâîvité , fauroit peindre Je
nouvemem^ Oh ne les a^ jamais vik
fiflis , jamais fixes Se arrêtez :. quî
même ks a vu maicher ? Oh les v<Ht
courir , parler en couiant , Se i^ou»
Àiterroger fkns^^ attendre de r^onfe^-
Ji^s ne viennent d'aucun endroit , ibr
âe vont nulle part : ils pafiènt Se ib
repaflent. Ne lès retardez pasdao»
leur courfe précipitée , vous démonw
itriez leur macbine :: ne leur Eûtes
pas de queftions , ou donnez-leur dii^
moins le t^ms de refpirer Se de fe lef^
Ibûvcnir qu'ils n^ônt nuMe a£&ire;.
qu'ils peuvent demeurer avec vous 8c
ibngrtems ^ vous faivn même oà il
vous plaira de les emmener; Bs w
ibnt pas lès Sat^ttms de- Jupiter y je
veux dire ceux qui preflènt Sc qui
entourent le Prince, mais ils l'annon«
cent Se le précèdent ^ ils fê lancent
- • impéy
6tr LES Moluîcs M éÉ SimiÊ. ^ff.
îtnprftaeufement dans Ja foule dcjr Cha^
Courcifans ^tout ce qui fe trouve (ur ^^*
leur paflàge cft en péril : fcur profcj^
£on eft d'être vus & itvûs ; & ils ne
jfe couchent jamais (ans s'être «cquitW
tcz d'un emploi fî ferieu:s & fî utdler
à la République. lis font au reft^
iaftruits à fond de toutes les nouvel^
tes indifférentes , & ils favent' à Uf
Cour tout ce que Ton peut y igno^
jFcr : il ne leur manque aucun des ta-*"
lens néceflàirespours'àvanceFmedio«^
ciiement. Gens néanmoins éyeûlenâ:
fie alertes fur tout ce qu^ils cpdyenr
Ifcur convemc , un peu entreprcnans^r
légers & précipitera ^ le dirai*je , ils^
portent au venr , atteteï tous deuai
au char de îa fortune ^ & tous deuac
Ibrt éloignez de. s'y voir afiis.
* Un homme de la Cour qui n'as
pas un aflez beau nom , doit renfeve#>
fir fous un meilleur ; mais s'il l'a tel^
qu'il ofe le porter , il doit* alors iniî-t»
nuer qu^l eft de tous les noms^ le plus^
ifiuftre, comme fà maifonde toutes les
maifons la plus ancienne : if doit tenir
aux Princbs Lo^irains , auie:
RoHANs,auxFoix, aux Chas*^
AILLONS., aux MONTMOREN^
J78 L es' C ARACTrA ES
01 t A ois,ôt s'il (c peut, aux PringB'^
C^t; K. D u S AN G ; ne parler que de Dues , do
Cardinaux Se de Minières ; &ire ea^
trcr dans couces* les converfaciOns ies
ayeuj»' paternels & maternels, Se y
O'ouver place pour l'Oriflamine &
pour les Croifades , avoir des falles pa-
rées d'arbres généalogiques:, d'écuC*
ions chargezde feizç quartiers , & de
tableaux de Tes ancêtres & des alliez
de Tes ancêtres ; fè piquer d'avoir un
ancien Château à tourelles , à créneaux
Se à machecoulis ; dire en' toute ren-«
contre ma race , ma branche , mon
pom & mes armes ;• dire de celui-ci ,
qu'il n'eft pas homme de qualité ; de
celle-là, quelle n'efl: pas Demoifeile j
ou û on lui dit qu^Hjfacintke a eu le
gros lot , demander ^ s'il eft- Gentil*
homme. Quelques - uns riront de ces
contretems, mais il les laiflèra rire-;
d'autres en- feront des contes , & il
leur permettra de conter : il dif a tou-
jours qu'il' marche après la Mâifon
régnante , & à force de le dire , il
fera crû:
. * C'eft une grande fimplidté que
d'apporter à la Cour la moindre rotu-
le, ^ de n'y. être pas GcntilhommcL
VIII,
ou tR9 Moeurs de ce Siîcle. j^j
* -L'on' -fc couche à Ja Cour Se -^/M^
Fon fe levé fur l'intérêt : deft ce que
Pon digère le matin & le foir, le jouf
& la nuit ; c'eft ce qui fait que Ton
penfe , que Pan parle , que l'on fc
tait , qae l'on agit ; e'eft dans cec
cfprit qu'on aborde les uns, & qu'on
néglige les autres , que Ton monte &
^uc Ton defcend ; c'eft fur cette
règle que l'on mefure les fbins^ ,
&s -complarfânccs , Ion eftime , Ion
indiiïcrencc , fon. mépris. Quelques
pas que quelqueè-unsïfaflènt par ver-
tu vers la modération & la fageP.
fe , un premier mobile d'ambitioa
les emmené avec ks plus avarca ,
les plus violons dans leurs defîrs 2c
les plus ambitieux .: quel moyen de
demeurer immobile où tout marche,
eu tout fe remue ,. & de ne pas cou*
rir où les autres courent ? On crok
même être refponfoble à fbi-mêmc
de fon élévation & de fa' fortune :
celui quine Pa point faite à la Cour;
cft cenfé de ne l!avoir pas dû faire,,
©n n'en appelle pas. Cependant s'eii
éloignera- c- on avant d'en avoir tiré
fc moindre fruit , ou perfîftera-t-oii
^. y. demeurer ùm grâces. & fans réj
com^-
3l4b tns C ÀKAdTEKii
t^ H t A compcnfes t qucftion (î épincirfc ; û
^^^** cmbarraflêe , & d'une fi pénible drf-
cifion , cnjpun nombre infini deCour«
ti&ns vieilliffint fiir fe oui & (îir te
son 9 Se meurent dans le doute.
* U n'y a rien à la Cour de fiméy
prifàblt & de fi indigne qu^un boni-
me qui ne peut contribuer en rien k
notre fortune :^ jp m'étonne qu'il ofe
& montrer.
* Celui qui voit foin dcrticre foi
«n homme de fbn' tems & de (a con^
dition , avccqui il eft venu à la Cour
la première fois , s'it croit avoir une
iaifon folidc d'être prévenu de fon
propre mérite, & de s'eftimcr davan-
«âge tpt cet autre qui eft demeurée»
chemina, nte fe fouvifcnt pliiiB de c6
fu'âvanc fa faveur il pjenfoit de foi^
lûcme ^ ÔG dé ceux qui Ta voient dfti
vancé.
* Ccfï beaucoup tirer de notre
ami , fî ayant monté à une grande
feveur^il eft encore utt homme da
flotre connoifîàncc.
* Si celui qui eft en faveur ofe s'en
pré\aIoir avant qu'elle lui échapc:^
«•il fe fert d'un bon vent qui foutàà
four fiirc foa chcmia, s'il a les yeujc
ou tw Moeurs db c3E Sibcle. tti
©tivms fiir tout ce qui vaque, pot Cha*.
te , Abbaïc, pour tes demander & let ^**** '
obtenir , & qu'il fbit «luni de pen-
fions , de brevets & de furvivanccs ,
vous lui reproçhqt fon avidité $c [on
ambition 9 vous dites que tout le ttnr
te , que tout kii eft propre , auy
fiens, à fes créatures,. & que par le
nombre .& l||i diycifité dc^ grâces
ilont il fc trouve conjblé, lui feul a
fait plufîeurs fortunes. Cependanf
qu'a-t-il dû faire t Si j'en juge tnoin$
par vos difcours que par le parti que
vous auriez pris vous-même en pareil.-
le fitu^ion , c'^fl: précifëment ce qu'il
a -fait*
JL'on blâtne les gens qui font une
grande fortune pendant qu'ils en onjt
les occaflons, parce que Ion defèt
pcre par la médiocrité de la fienne ,
à'êtrejamais en état de faire conim^
'jcux^ «: "^de s'attirer ce reproche. Si
l'on étoit à portée de leur fuccedcr ,
•l'on commenceroit à fentir qu'ils onj
moins de tort , f& Pon feroit plus retc*-
Tui , de peur de prononcer d'ayaneç
fz condamnation.
* Il ne faut riçn exagérer , ni dire
des Cours Iç mgl qui n'^ eft point ;
Ton
)82 Les Caractères
Oi i A ^^^^ n'y attente rien de pis contre h
Coyji. vrai mérite, que de k laifler quel-
quefois fans récompenfe , on ne Py
mcprife pas toujours: quand on a pu
une fois le^ifcoTicr , on l'oublie j &
C^iift là ovi l'on (ait pai:faitement ne
feire rien , ou faire très-peu de chofe
pour ceux que l'on eftimc beau-
coup*
^ 11 eft difficile à la Cour , que de
toutes les pièces que 1 on employé à
l^cdifice de (à fortune ,il n'y en ait
quelqu'une qui porte à faux : l'unde
mes amis qui a promis de parler ne
parle point, l'autre parle mollement:
il échape à un troifîéme de parler
contre mes intérêts & contre fes in-
tentions : à celui-là manque la bonne
volonté , à celui-ci l'habileté & la
prudence : tçus n'ont pas aflez de
plaifir à me voir hçurcux pour con-
jtribuer de tout;, leur pouvoir à me
rendre tçl. Chacun fe fouvient at
fez de -tout ce que fon établiflèment
lui a coûté â faire, ainfi que des fe-
xours qui lui en ont frayé Jp chcm\n;
on feroit même aflez porte à juftifi^
his fcrviccs qu'on a reçu des uns, par
Cjcu je qu'en de pareiU ,l>cfoins on rcn-
* * ^ droit
CA7 LES MOIUJEIS DE C£ SsHCtB. J g $
droit aux autres, fi le premier Jeu Pu- c h a^*
nique foin qu'on a après fa fortune VHI. **
faite y n'étoit pas de fongcr i foi.
* Les Courtifaos n'erpploient pas
ce^îu^ils <xtA d efprit^ d adreflè ^ de
fîneflè pour trouver les expédiens
d'obliger ceux de leurs amis qui imr
plorcnt leur fecours , mais feulement
^ouricur trouver de^ raifons appar
pentes, de fpécieux pre'te^tes , ou qc
qu'ils appellent uoe impoflibilice de te
pouvoir faire j & ils fè perfuadent d'ê-
tre quittes par là en leur endroit de
tous les devoirs de Tapitié .ou de 1^
«connoiflancc.
Perfonne à la Cour ee v:eut en-
taracr , ,on V.offie d'appuyer > parqe
que jugeant des autres par foi mê^
jne, on cfpere que nul n'entamera,,
& qu'on fera ainfi difpcnfe' d'ap^.
puyer; c'eft une t3oanieje douce &
polie de reÇufcr fon crédit , fes jofr ^
fices Si fa .médiatiQQ à qui en a be^
ibin.
* Combien de geçis yous e'touÇ-
rfcnt de careflès dans le particulier ,
V0U5 aiment & yous eftiment , qufi
font embaraffcz de vous d?ins le pu-
blic , & qui au jieyer ou à Ja MeÛ^
cvj-
^S4 Î-BS CA!lACTE».t$
flO ■ lA ^vîtenc vos yeux & votiç rencontre;
C^OK. jj jj^y ^ qu'un petit nombre de Cour-
:lîfans qui par grandeur, oia par une
confiance qu'ils ^nt d'eux-mêmes ^
ofent honorer devant le monde le mé-
dite qui eft feul, & déwc de grands
«rftabliflcmcus.
* Je vois wn homme entouré 8c
luivi , mais S eft en place : j'en vois
«n autre que tout le monde aborde ,
mais il eft en «faveur j: celui-ci eftem-
Mflc &cs^«|je, même des Grands ,
iinais il eft riche; celui-là eft rcgar*
iic de tous avec curiofîté , on le mon-
tredu doigt , mais il eft favant & é\o
:queht : j'en découvi» w que per(biL>
«c n'oiAlie de faluer , mais il eft me»
chant : je veux un homme qui foit
|>on , qui ne ibit rien davantage , ^
Tqui foit recherche'.
* Vknt-on de placer quelqu'un
. àans un nouveau pofte , c'eft un dé-
t>ordement de louanges en fa faveur
^ qui inonde les Cours & la Chapel-
le, qui gagne Tefcalicr, les fallcs, la
^allerie, tout l'appartement; on en
ia au deffiis des yeux , on nV tient
pas. Il n'y à pas deux voix dificren-
fcs fw fx perfonnagc , l'enyic , la ja-
* ^ ^ Jeu-
otr Lts Moeurs de ce Siècle. ;tf5
loûfie parler comme Padulatioa : ^iîn f ' ^
cous fc laiilènc entraîner au torrent
^ui les emporte^ qui les force de dièc
d'un homme ce qu'ils en penfent oa
ce qu'ils n en penfent pas ^ comme
de buer ibuvent celui qu*ik ne cou*
noiflènt point. L/homme d'efprit ,
de mérite ou de valeur devient en un
inftant un génie du premier ordre^ un
héros , un deini-ï>ieu« 11 c& û pro-
digieu&ment flatté dans toutes les
peintures que Ton fait de lui , qu'il
parolt difiorme près de Tes portraits :
il lui eft impofOble d'arriver jamais
jufqu^bù la Ixiflêflè & la complaifan-
ce viennent de le porter, il rougit de
fa propre rq)utatioB. Commence*
t-il à chancder dans ce pofte où op
l'avoit mis , tout le monde pafle fy'
cilement à un autre avis : en eft-il enr
tierèfflent déchu , les machines qiit
Pavoient guindé fi li^ut par Tapplau-
diflëment 6c les éloges » font encore
toutes dreifêes pour le faire tomber
dans le dernier mépris ; je veux dire
qu^iln'yen a point qui ledédaigneiit
mieux , qui le blâment plus aigre-^
]tnent , & qui en difent plus de mal ,
gue ceux qui s'etoient comme' dé-
Tm. J. R vouez
'98^ L6S CAHACtlltES •
t PuL* ^ ivoucï 9^ la fureur d'en dire du bîcif,
. * Je crois pouvoir dire d'un pofte
^minent Se délicat , qu'on y monte
.plus aifânent qu'on ne s'y confèrve».
* L'on Toit des hommes tomber
4'unc haute fortune par les mêmes
défauts qui les y avoient fait mon*
ter.
: ^ Il y a dans les Cours deux mu-
jiteres de ce que l'on appelle congédier
ion monde ou (c défaire des gçns ; &
fâcher contr'eiix , ou £ure fi bien
qu'ils fe fkbent contre vous 8c s'en
dégoûtent.
* L'on dit ï la Cour du bien de
i|uelqu'un pourdeu^ raifons, lapre*
œiere afin qu'il apprenne que nous
difbhs du bien de lui ; lafêcpndea&i
^u'il en dife de nous.
. ^ n eft auifi dangereux à la Couf
de fgire les avances , qu'il eft embsu
raflant de ne les point faire.
. * U y a des gens à qui ne connoitic
|oint le nom & le vifage dPun faomnir^
cil un tkre pour en rire fie le taé^
prifer. Ils demandent qui eftcethom*^
mci ce n'ef): ni fi9Ulfeau ^m\xn (^)P4^
' (i) Brûlé il/a wigt.^nsi. ^
W'tlS MoEUaS DBCB SiBCÎV. t^T
\n j'tii /il C9umt \ ils çre pourroient le C n a ».
«oeconnoîtrc/ ' VlU.
^ L on me dit tatu; de mal de Èet
Jiôipme , Çc j'y en. vpi^ fi peu , que je
comidence^ibupçonner qu'il n'ait ua
xnerite importmn / qui éteigne celui
îles autres.
* • 1
'^ Vous êtes homme <]e bien , vous
oc fong^? ni à plaire ni àde'plaireaux
Favoris 9 uniquement attaché à votre
paître^fj: à vôtre devoir ; vous êtes
perdu.;/.
.^ On n'eft point efironté par
ùiCxn , mais par complexion ; c'e^
un vice de \^\xt , mais naturel. Ce*
lui qui n'eft pas ni tel , ç(t modef^-
ip:j& ne paflè pas aifémeqt de cette
extrémité à l'autre ; c'eft une Icçcm
«ucir inutile que de lui dire ^ foyez
ff{roQCé,Scvous réiiinrez : une mau-
yaife incitation ne lui profiteroit pas ,
ix. le fcroit échouer. Il ne faut rieç
<bp inpinSi 4ans les Cours qu'uqf
yrajEe ^ /^ivp iippudence pour
jrciimr..
* On cherche , on s'empreiïc,oa
brigue , on (c tourmente , on deman-
4e, on eft xefiiré , on demande Se on
^ticnt , mais , dit.<m » &ns l'avoiy -
■ R X dé-
'tÉ8 tts Caractbrbs *
u ■ i, A jcnaandé , & daos le tcms que Poiî
n'y pcnfoit pas , & que l'on fongeoiç
même à toute autre cbofe : vieux ûjr
le , menterie îonooente , (c t^ui tic
trompe perfonne.
- * On fek fa brigue pour parvenir
à un grand pofte,on préparc tou--
^s Ces machines , toutes lés mefures
font bien prifes , ëc ron doit étrç
ièrvi félon fes fouhaits : les ans doi-
vent entamer , les autres appuyer :
l'amorce eft dga conduitd , & la mi«
ne prête à jouer t alors on s'âoigijc
de la Cour. Qui olèroit fbupçonncr
à^Artemon qu'il ait penfë à Te mettre
dans une fi belle place , lorfqù'on le
tire de fa Terre où de fbn Gouverne^
ment pour l'y faire aflcoir ^ Artifice
grof&er \ finéfles ufëes , & dont, lé
Courtifâh sktL fèrvi tant de (bis, que
fi je voulois donner le change à tout
le public , & lui dérober mon ambi'
cion , je me trouverois fous l'œil 8c
jfbua la main du Prince -, pour rece^
voir de lui la grâce que j'aurois rc^
cherchée avec' Iç plus d'cmpoitç-
inent. ' ' '" ^ \
' Les hommes ne veulent pas
^ùc l'on de'gouvrc ^stvuès qu'hits cmt
^Kut leur fottune, nique Ton pénëcit Ch av:
.^'ils peniêm à une telle dignité ^ VllU
jjpaxce que s'ils ne l'obtiennent point i
il ^ A (k la honte ^ {e perfuadent-ils ^
^ ^etre.refu(czi.& s'ils y parviennent^
il y a. plus de gloire pour eux d'en
être crus dignes par celui qui la leur
accorde , que de s'en juger dignes
eux-mêmes par leurs brigues & pat
leurs . cabales : ils fe trouvent pare2
tout à la -fois dé leur dignité 8c de
leur modeftie*
Quelle plus grande honte y a*t*'
il d'être refufé d'un pofte que l'on
mérite j ou d'y être placé fans k mé^
yîter !
Quelques grandes diflîçultez qu*îl
y ait à fè placer à . h Cour ^ il cfl:
encore pluâ âpre & plus difficile
de k rendre digne d'être placé.
Il coûte moins à faire dire de foi ;
|x>urquoi a-t-il obtenu ce poftc ,qu'i
faire demander ^ pourquoi ne l'a-t-il
pas obtenu ?
. L*oa fe pre'fente encore pour le$
Charges de ville , l'on poftule une
Î>lace dans l'Académie Françoife^
^on demandoit le Confulat : queHê
«moindre nûfon y auroitril de travail^
R 3 »«
Di 11 1er ks pitdiieres années de fa vkâft
C«uâ. #endf€ capable d'un^and emploi ^
ic de demwder enfiiite uns njàï m]r£*
<ieiie & fans nulle intrigue , mais ou^
verteffient & avec confiam^ , d>
fervir £i patrie ^ ion Prince, b Re»
puUique.
^ Je ne vois aucun Conrtifâit à qui
le Prince vienne d'accorder un lx>a
Gouvernement 5 une plaœ émînentei
eu une forte penfion , qui tfaffure
par vanitë, ou pour marquer fondé*
nnterefléoient^, qu^îl eft bien moins
content du don , que de fa manière
dont il lui a ét^fait : ce qu'il y a efl
cela de fur & d'indubiuble^c'eft qu'il
le die ainfi.
Ceft rufticité que de donner dt
ftiauvaife grâce : le plus fort & le plus
pénible eft de donner , que coûte-c-il
d'y ajouter un (bûrire î
Il faut avouer néanmoins qu'il s'cfl
trouvé des hommes qui refufoient
plus honnêtement que d'autres neià«
voient doniief ; qu'on a dit de quel-
ques-uns qu'ils fc feifoient fi long-tems
prier, qu'ils donnoientfi fécliementy
& chargcoient une grâce qu'on leur
lUTacboityde conditions ûdéAgrcsh
DkS|
■A- t s A.
où ai MofitTRis M CE Stecii j^r '
,qu*ùturplus grande gi^œ écoit Chap,
&cbmM d^cux d'êrrc éàfptù&z de ^"^'
rien reœvoin
^LWreimrqtie dmis les Cours
des hommes avides ^ qui fe revêtent^
de toutes les conditions pour enâ voir ^
les avantagea : gouvernement , char-»
ge, bénéfice , tout lear convient : ils
fé (ont fi bien ajuftez » que par leur
état ils deviennent capables de toutes
les grâces , ils font amphibies : ils vi*
vent dcPËglife& de VEpée, & au-
ront le fecrct d*y joindre la Robe \
Si vous demandez que font ces gens
à la Cour , ils reçoivent , & envient
tous ceux à qui Pon donne.
^ MiUsâ gens \ la Cour y traînent
kur vie à emhrafler , ferrer & con-
gratuler ceux qui reçoivent , jufqu'à
ce qu'ils y meuient fans rieii
avoir.
< * litnûphiU emprunte fes mocury
d une profeflion , & d^]ne autre fon
habit : il mafque toute l'année, quoi«
qu'à vilâge découvert : il parott à \z
Cour , k m Ville , ailleurs , toujours
ibus un certain nom 8c Ibus le tntmc
d^uifement. ' On le reconiiok i 8c on*
^it quel il «ft * à fon vifage. - '^
R4 "^W
- ' V
COUJEL^
]?i' o ^ ^ * 11 y a pour tû:nvcr aux DignjftS
ce qu'on appelle. la gniûde veyeoil
le chemin' battu : il y a le chemin dé^
tourné ou de tiaveriè, qui cft le plus
court.
. * L^on court les mallieulreus pour
les envifager, l'on fe range en haye,
oul'on iè place aux fenêtres pour olv
içrver les traits, & la contenance d'oit
homme qui eft condamné , & cpi
fait qu'il va mourir : Vaine ^ mali-
gne,inhumaine curiofité ! Sî les hem-*
mes étoient fâgcs , la place publique
&roit abandonnée, & il fcroit établi^
qu'il y auroit de l'ignominie feule*
ment à voir de tek fpèâacles* Si
vous êtes il touches^ de curipfîté ,
cxercez-là du moins en un fujet no-
ble ; voyez un heureux , contem-
plez-le dans le jour même où il a
été nommé à un nouveau pofte^
te qu'il en reçoit les complin^ns :
lifez dans ks yeux & au travers
d'un calme étudié Sc d'une feinte
modeftie , combien il eft content Se
pénétré de ibi-même : voyez quelle
ferenité cet accompliflèment de fes
defîrs répand dans fon cœur & fur
fqn vifage ^ comme i\ xis fonge plu^.
00 CBS MoEUaS DE CE Sl^CLE. J^TJ
^\ Vivre 8c à avoir de la finté , com- C h a «
-me cnfuite fa joye lui échappe & ne ^^^ï*
-peut plus fè diffimuler ; comme il plie
ibiis le poids de (on bonheur , quel
air froid Se ferieux il conferve pour
ceux qui ne font plus fcs ^gaux, il ne
leur répond pas , il ne les voit pas :
'les embraflèmens & les careflès des
Grands qu'il ne voit plus de fi loin ,
achèvent de lui nuire , il fe décon*
ccerte , il s'étourdit ^ feft une coiircc
«aliénation* Vous voulez ctre heu-
-l'eux , vous defirez des |;races , que
de chofes pour vous à éviter l
- * Un homme qui Vient d'être
;placé , ne fe fert plus de fa Raifon 9c
de fon efprit pour régler fa conduite
ic fes dehors à l'égard des autres : il
'emprunte fa règle de fon pofte & de
cfoh état : de là l'oubli ^ la fiené';
i arrogance , la dureté , PingradtU-
de. '
"^ . Tbeonds Abbé depuis trente ans
Se laÛbit de Pêtre ; on ^ moins d'ar«
deur Se d'impatience de fe voir ha-
:t>illé de pourpre , qu il fen avoit de
porter une croix d or fur iâ poitrine.
JËt parce que les grandes Fêtes fepaf-
tfoicnt toujours fans l'ien changera Jk
•< i 'Kf forr
7194'-' Ï-ES CAKACTBkM
D f 1 4 fortune^ il murmuroic contre le
CowA* jM^cnt , trouvait V£tat mal gouycr-
né, & rfcn prédifoit rien que de fînii^
tre : convenant en Ton cœur que le
mérite eft dangereux dan& les Coui^
à qui veut s'avancer , il avoit enfin
pris fon parti Se renoncé à la Préla-
^ûre , lorfque quelqu'un accouct lui
,dire qu'il eft nommtf à un Evéch^ z
rempU de joye & de confiance fiir
rune nouvelle fi peu attendue , vous
verrez , dit-il , que je n^en . demeure^
trai pas là , Se qu'ils me feront Arcbo-
vèque.
* * Il faut des fripons à la Cour au-
près des Grands , & des Miniftret-,
même les mieux intentionnez , mais
il ufage en eft ddicat, & il faut favoir
:Jes mettre en oeuvre ; il y a des tems
^& des occ^ons où ils ne peuvent écit
fuppldez par d'autres. Honneur ,
venu , confcience ^ qualitez toojoois
ttcfpc&zHes , fou vent inutiles ; que
. voulez - vous ' quelquefois que Vch
^iafiê d^un homme de bien? >
: * Un vieil Auteur , & dont f ofe
.rapporter ici les propres termes, dp
'peur d'en afibiblir le fens par ma tra-
uéa^iqn ^ dit que sUfim^ntr dii fi^i%
Ou Iës MbE^RS j^ios Siècle. )9f
Viinde fts p4reils > & keuU pHfincf Cuk p.
€r defpnfir , s^aCmnttr de grandi &' VHI/
futjjfMs en tous biens & chevsnces , &'
en iefte leur tointife & frivétuti eftre'
de tûus éhdts ,. gâhs , mmmeties , &^
vilaines be feignes j èfire eshvme^ faf»
ftanier t^ fans feint de vergogne y en^^
durer brocards & gaufferies de tous
thacuns , fans fout ce feindre de'
cheminer en avant y & i tout fon
entregent ^ engendre heur & fortu^
^ * Jcuneflc da Prince , fourcc dci
belles fortunes.
'- rimante toujours le mêtne^ & fatt$
rien perdre de ce tnerîte qui lui à
«tire' la première fois de la réputà^
rion Se des nfcompenfes ^ ne laiHbic
pas de dégffnerer dans 1 cfprit àti
Courtilàns : ils ëtoient las d.e l'cfti-i
mer , ils le faluoient froidement ^ ili
ne lui (burioient plus j ils comment
éoient à ne le plus joindre , ils nd*
Fdnbraflbient plus , ils né le ti^
j^icnt plus à l'ccah pour lui pari
1er myftericufemcnt d'une chofe indifî
ferente , ils n'avoient plus rien à lui
dire« Il lui fâlloit cette penfîon^ ou
çç ôouvcau poftc dont iKticnt d'Si
*^- • R6 trc
49^ L^S Ca^ &ACTEK El
Db L^ tre hoaoré pour fiiice revivre fês \rel%;
Coy^. tus à demi efEicccs de leur memoi'»
re. Se en rafraîchir l'idée :>ils lui fonc
comme dans les commencepiens , Sc
encore mieux. .
* Que d'amis , que de parens nai&
fent en une nuit au nouveau Mi*
niitre ] Les uns font valoir leurs an-
ciennes liaiibns » leur ibcieté d'étu*
des y les droits du voiiinage : ks acK
très feuillettent leur généalogie , re»
i](iont:ent jufqu'à un triiayeul , rap«
pellent le côte paternel & le ma^
ternci , l'on veut tenir à cet homme
par q^elque endroit , & l'on dit
pluiîeurs fois k jour que l'on y cient^
on l'imi^imeroit volontiers , /f/î
^m ami ,.& /r fuis fort aife d$fim élé^
yétion , /'/ ioh preidre part , il m\(L
sj[t%y proche. Hommes vains & d^<4
Touer \ la fortune , fades Courti*
£ins y parliez- vous aînfî il y a huit
jours > E(l*il devenu depuis ce tems,
plus hoo^mexle bien , plus digne dit
choix: que le Prince t\\ vknt de fai»
le ? Attendiez -vous cetre eircon*
ftance pour le mieux connokre l
"^ Ce qui me foûtient & me raf^
fure contre ks Kiits dédains que
■ 0.. ' i^
•» . i
OU LES. M0fiUR$.DB ct SnClt. J^jf
jîffllrfe quelquefois (ks* Grands & G»ifr;
de mes égaux , c'eft que je me dis k VUt j
jnoi-même , ces gens n'en veulent
peut-être qu'à ma fortune , & ils ont
faiibn , elfe eft bien petite. lis m V
dorcroient uns doute , fi j'étois Mî-
Jiiftre,
• Doisije bien- tôt être en pkce , fe
tfàit-il , eft -ce en lui un preflcnti-
«icnt ^ il me provient ^ il me ià*
iuc
* Celui quî dit , Je étiM hier %
Tiiur j ou ;/ foupe ce foir , qui le ré-
pète , qui fait entrer dix fois le noiô
de PUncus dans les moindres convci>
fàtions , qui dit , Plancus me ^emarim
doit. . . Je éfois à Fl^mcuu , . • Ce*
lui-là même apprend dans ce roomcnç
(que fon Héros vient d'être enlevé' paç'
une mort extraordinaii^e : il part de
Ja maifon, il raflèmble le peuple danf
les places ou fous les portiques , accu«
fe le mort , décrie & conduite ^ .dé-
jnigre fon Confolat , lui ôte jufqu'â
Ix foience des détails que k voix pii«p
jblique lui accorde , ne lui pafiè point
une numoire heureufè ^ lui refuie
i'éloge d*un lucMnme icvere & labo^
jricux^ne ^^i &j j pas^ r hp^^
*&« t A lui tfrôîre parmi les ennemis de VUvA
Cova. pjrg ^ un ennemi.
* Un homme dé mérite le doânei*
)e crois , un joli fpeâacle « lorfque
la même place, à une aflëmblëe ou \
un fpeâade , dont il efi refuie , il
la voit accorder à un homme qui n'i
J)oint d^yeux pour voir , ni d'oreâles
pour entendre , ni d'clprit pour coa-
noitre & pour juget ; qui n'eft re^
çommandable que par de certai*
faes livrées , que même il ne porte
plus.
* * Theûim a^^ec un habit auftere i i
tin viâge comique 6c d'un homme
qui entre fur la Scène : là voix ^ fi
démarche , fou geftc , fort attitude
accompagnent fon vi(age ! il eit fin ,
iduteleux ^ doucereux, myllerieux ,
îl s^apprôfche de vous , & il vous dit
i Poreille , Pbili un hd'4 tims , rM
Un teâu dégel. S*i\ n'a pas les gnm-
des manières ^ il a du moins toutes
les petites , & celles même qm' ne
conviennent guefcs qu'à une jeune
précicuïfc. Imaginez- vous Papplicsr-
tion d'un enfant à élever un châ*
teau de carte ou à le faifîl* d'an pa-
"^'"in, c'çft celle de Thcodosepoor
'i ^ une
^be/iaflSure ide rîeri , 8f qui ne me*
•dte pas qu^oû s*cn remue ^ il la tniii- ^^'^ -^
te fe'rieufcment & comme quelque
ichofe qui eft capital ^ il ajgît , A
«'cmpueffe , il la fait; réuffir î ic voill
:qui reffMre.Sc qui fc j-epofe^ & il t
jrtà&oij^lc lui a coûte beaucoup de
/peine. L^cn voit des gens enyvrcz ^
^cnforcelez de la faveur: ils y pcnfent
-le jour , ils y rêvent la nuit : ib
,2nontent l'efcalier d'un Minifirc fit
«-ils. en defpendent ^ ils fortcnt de fdo
^ntichambrfî & ik y rentrent , ib
-n'ont rien à lui dire & ils lui pap»
4ent, ils lui parlent une féconde foisv
les voilà contens , ils lui ont parléi
-Pre0èz-les , torde2>Ies , ils dégoût-
ant l'orgueil , Parroganoc , la pré-
:fbinption : vous leur adreficz h p^
•rôle, ils ne vous ré^^ondent point, iïâ
^ne votis connoilTent point , ils ont les
J^eux c'garcz & Pefprit aliène' : c'cft à-
eurs parens à en prendre foin & à
les renfermer , de peur que leur fcK
4ie ne devienne fureur , Bc que te moor-
«de n'en fouffiie. Theodote a une plus
-^ouce manie : il aime la faveur ^pen-
duëment , mais fa paillon a moins
^^btiÛ loi imtàt$ vœuxen&crec:
r- .i
il
%ô0 Lbs CAftXèr^icsl .
Oi II i\ la culrire ^ il la fcrt my&èfîeoiâ)
P^w** ment : il cftau guet & à la découver-
te (ur ^)ut ce qui paroîe de nouveau
avec les livrées de la &veur : ont-ils
une prétention , il s'bffi-e à eux, il
Vincrigue pour £ux ^ il leur £K:rific
iburdement mérite , alliance , amidé.;
cngageinent ', recbhnoiflànce. . Si k
place d'un Cassini deyendt va-
cante 9 8c que le SuifTe ou le Poifkil-
Ion du &vori s'avisât de ta demander^
il appuycroit fa demande , il le 'yop»
Toit digne de cette place , il le trou»*
veioit capable d'obferver & de caU
jculer , de parler de Parelies & de Pa^
latlaxes. Si vous demandiez de Thco-
•dote s'il cft Auteur ou plagiaire^ ori-
-ginal ou copifte , je vous doûncrois
fes ouvrages , & je vous dirois , USèt
êc jugez: mais s'il eft dévo: ou cour*
tifan , qui pourroit le décider fur le
portrait que 'if€n viens de faire. Je
prononcerois plus hardiment fur Ion
étoile : oui , Tbcodote , j'ai obCervé
le point de votre naiflàncè , voifô &-;
3rez placé » & bien-tdt , ne veillez plu»,
n'imprimez plus » le public vous do^
tnande quaruer.
. ^ N'efpeAs; plus de candcttr ». àc
fiaiH
/
fSif iK WfcEtJKs u ci SïECtt: 4cfi^
fcinchifc , d'équitc , de bons) offices ^ ^^À*^
de fervicc , de bien^-veillancc , de gé-r^ ^
B^rofîté ^ de fermeté' dans un homme
^ui s^eft depuis quelque tems livré à
la Cour ^ & qui fëcrettemcnc veut (à
fertune. Le r6CûnnoifIb2!-vous à foni
Yiiage , à fes entretiens ? il lie nom^
jne plus chaque choie par fon nom :
il n'y a plus pour lui de fripons , de
fourbes ^ de fbts & d'impeninens*
Celui dont il lui tfchaperoit de dire
ce. qu'il en penfêy eft celui-là même
qui venant à le fàtoir ..rempêcheroit
dç ibmtnir. Penfânt mal de tout le
mondé \ il n^en dit de perfbnne ; ne
voulant du bien qu^à lui feul^il yeue
perfuader qu^il en veut à tous ^ afin
que tous fui en fàflènt , ou que nul
du moins lui (bit contraire. Non
content de n'être pas fîncere ^ il ne
fouflre pas que perfonfte le (bit j lai
Terité bleflè fbn oreille ; il cù froid
Zc indiâèrent fur ks obièryations que
l'on fait fur la Cour & fur le Courti^
iàn ; & parce qu'il les a entendues ;
il s'en croit complice & refponiabîe.
Tyran de la fbciet^ & martyr de fon
ambition , il a une trifte circonfpec**
tio9 dans fa conduite £c 4ans k$ dif^
.. , 'cours^
'h\ I A cciurs\ une raillerie intidceote , tùâ
CâuA. ^oide & contrainte ) un lîs fetcé^
des careflès contrc&îfees , Une conva^
£iâon interrompue ^ & dés iHftrac#
nom fréquentes l il a une profulbû^
k dirai^je , des torrens de louimgcs
0our ce ott'a fait on ce qajai dit un
bonune placé &: qui cft en fiiTeur ^
6c pour tout autre une fccbcrcSè de
pulmonique ^ il a des forcnuks de
complimens difièrens pour l^ntrée Se
pour la fortie à T^ard de ceux qu'il
vifite ou dont il m viiUé ; & il n'y
ft perfonne de ceux qui ih pajFcnt de
mines & de &çons de pader , qui ne
iorte d'avec lui fort fatisfak. li vift
%ilement à fe faire des patram £c
des créatures : il efl: médiateur ^ am^
fident ^ entremetteur , il veut gou^
vemcr : il a une ferveur de novice
pour toutes les petites pratiques de
Cour : il fait où il faut fe placer pour
écn; vu : il fait vous embraflcr , pi€n«
dre part à votre joye , vous &irc
coup fur coup dès queftions empitC*
fées fur votre fanté^ fur vos afBiires ;
& pendant que vous lui répondez, il
perd le fil de fâ curiofité,. vous in-
tcrrompt^ emame un autre fujet y oa
f -^ s'il
FÎl furvicTtt qudqu^un à <jui il doive Cwaft
tin di&ptirs tout difièrcnt ^ il fait , en VM* ^
ttchevaût de votis congratuler , Im
faire un' compliment de condol<fstnce/
il ptotre d'un oeil ^ & il rit de Tâutre.
Se formant quelquefois fur les Mî^
liiftres ou fur le Favori , il parle dÉ
imblic de chofes frivoles , du vent ^
de la g^ltfe : il fe tait ai( contraire, 8c
fait le myfterieux Tur ce qu*il fait de
J)lus important , & plus volontiers
encore fur ce qu41 ne fait point.
' ^ Il y a un païs où les joyes font
vifiblesi mais ftufles , & les chagrins
cachez, mais réels. Qui croiroit que
Tempreflement pour les fpeâacles.^
que les éclats 6c lés applaudiflèmenè
rax Théâtres de Molière fiCi d'Arle*
quin , les rcpas ; la chaflè, les balets ,
les carrousels couvrirent tant d'in«
^quiétudes, de foins &; de divers inte«
rets , tant de craintes , 6c d'efperances,
des payons ii vives , tc des afiaircs fi
férieufes?
* La vie dfcla Cour cft un jeu f5&
rieux , mdancolique , qui applique i
il faut arranger fes pièces U fes batte>^
ries , avoir un deflein. , le fùivre , pai
rer celui de * fbn ijàvàtùârt ^ hazardél
< ^ quel*
pu LA ^uelquçfeîs , & jouer dé caprice } et
^9 va* après toutes Ces rêveries & toutes &»
tnefures on cft échec , quelquefois
mat. Souvetit avec des pions qu'oa
ménage bien ^ on ya à (|apie ^ & Voa
gagne la partie : le plus habile Vçm^
porte^ ou le plus heureux* .
* Las roues , les refîbrts , les mou«
^yemcns font cachez i rien ne parolt
d*une montre que fon Quille , qui
infonfiblement s'avance .& achevé fon
tour : image du Courtifân d'autant
plus parfaite ^ qu'après avoir fait al^
fez de chemin , il revient au même
{oint d'où il eft parti.
^ Les deux tiers de nia vie font
^ iScoulez ^ pourquoi tant m'inquiéter
/ur te qui m^en l'efte i La plus bril«
lante fortune ne mérite point ni U
tourment due je me donne , ni les
Ç£titeflès ou je me furprens , ni les
umiliations i ni les hontes que j'e^
fuye : trente ^ années détruiront ces
Coloiles de puiflànce qu^on ne voyait
bien qu'à force de lever la tcte^nous
diiparoîtrons , moi qui fuis û peu de
choiq 9 Se ceux que je contemplois ù
avidement, & de qui j^e^Jerpis toute
|na grandeur ; le meilleur de tous les
pienS|
>
bu lis Moeurs dh ce Siecib. 40 j'
t>îcns , s'il y a des biens , c'cft le r&- Ch a *5
pos , la retraite , & un endroit qui "^^^^
fbk fon domaine, N * * a penfrf
cela dgns Ta difgràee , 8c Pa oublié
(dans la prof pcrité,
* Un npble , s'il vît chez lui dani
fe Province , il vit libre, mais fani
appui ; s*il vit à la Cour , il eft prô-'
Itêgç' , mais il cft efçlgve 9 cela ic
cpmpenfc.
' * Xantipfe au fond de fi Proviîf-^
jc:e , fbùs un vieux toît , & dans uni
inauvai$ lit a rêvé pendant la nuit
qu*il voyoit le Prince , qu'il lui par*»
loir j ëc qu'il en reilèntoit une extrê^
xne joie ; il a été trifte à Ton réveil i
il à conté fbn fonge , 6c il a, dit ^
quelles chimères àe tombent point
4ans IVfprit des bomâies pendaht
qu'ils dorment l Xantippe a continué
^ vivre , fl èft venu a laf Cour , il a
vu le Prince, îl lui a parlé; 6c il a e'cé
pi us loin que fon fonge, il eft favori
* Qui cil plus efctave qu'uaCdti li
tifin aâSdu , fi ce n^eft uq Courtîân
plus aflidu ? i
^ * L'efclave n^a qii'Un màttiet
^ambitieux en a autant qu'il y a (^
feoè Wilcs-à fa firftwnc. ** ^ ^^
^ -. ^ " --' * Mille
40^ Ib^ Caracteue^
Di LA . * Mille gens à peine connus font
Cftpi. la foule au lever pour être vus du
Prince qui n'en (auroic voir mille i
h fois i 6c s*il ne voit aiijpurd'bui
3ueceux qu'il vit hier, & qa'il varn»
CQiain , combien de OK^lheureux !
* De cous ceuic qui s'emprcflèiK
Auprès des Grands & qui leur font la
Cour, un petit nombre les recherche
par des vues d'ambition Se d'interer ,
un plus ^rand nombre par une ridi-
4;ule vanui(, pu par une fottc împu
fiente de î^ faire voir..
.. ^ Il y a de certaines familles qui
par les loix du monde , ou ce qu'on
lippelle delà bieaijbaDçe , doivent êtrç
irréconciliables ; les voih^ réiinics : 6ç
PÙ h I^ligion a échoué (juand elle a
iroolu. I'emrepi5rpd|ç , l'interct s'en
joue , & le fait (ans peine.
, * L'on parle d'une r^ion ou k^
yjeillards fonc $alanf , polis & civils «
les îeanesigjens m afx^mvc durs, fi>
jrp^s ', fms iiiioeurs ni i pdi(eilè ; ils ih
*ro»v€n|:,a^0if)çjiîs àf ih, pa^fion dcf
femmes dans un ige o^ l'on com«-
^ence ailleurs à la i^utîr : ils leur
^r^erent des repas , des viandes., (ç
I0ÇS mm$ l'ifM^* Gçimr)^ Çbes
ou LES MOEUBIS DÉ CE SlÀCLE. 407
^tfK eft fobre Se modère ^ qui oç Chaf«^
ycny vrc que de vin 2 Tufage trop fré» ^J^^*
queqt qu'ils en ont hit \ le leur a
rendu iqfipide. Ils cherchent à r^^
veillçr leur goût d^ja éteint par des
eaux de vie, & par toutes les liqueurs
les plus violentes ; il ne manque à
leur débauche que de boire de Teau
fone^ ]Les femmes du païs précipi*
toit le déclin de leur beauté par aes
artifices qu'elles croyent fervir à les
jxndrc belles ; leur coutume eft de
{)eindre leurs lèvres » leurs jouçs ,
eurs fourçils , $c leurs épaules ^u eU
Jies écalent avec leur gprge , leurs bras
fi leurs oreille; , comme fi elles crai«
^noient de «cher pendrojt par o^
elles pourvoient plaire , ou de ne pas
fe montrer aflè^c. Ceux qui habitent
çcttt contrée ont une phyfionomie
qui n'efl: pj^s nette , mais confufè ,
embarraflée dans ^ une épaiflcur- dç
çbcvçux étnmgers qu'ils préfe^nt
aux naturels , jSc dont ils font un
long tiflci pour couvrir leur tête : U
defcend à la moitié du corps , chaok
ge les traits ^ & eippâcbe qu'on ne
connoiflè les hommes i leur vifàge^
Ces peuple; d'aÂUq)jrs jim kvr V^
4of Les Càracterc^
0 1 1 A gç [^j. jj(j^{ . icg Grands de la Narioii
P Q^ R* «•aflcmblcnt tous les jours à une cer-
taine heuœ dans un Temple qu'ils
comment Eglilè. n y a au FoikI de
ce Temple un Autel con&cre' à leor
Dieu , où un Prêcre çelcbtie des myf'
tercs qu'ils appellent fàints , facrez &
redoutables. Les Grands forment an
vafte cercle ati pied de cet Autel , 8c
paroiiTent debout , le dos tourne di"
refkement aux Prêtres Se aux faints
Myfteres , & les* faces élevées ver&
)eur I^ot , que l'on voit à genoux fur
une tribune , ëc à qui ils (emblent
avoir tout Pefpm & tout le cceor
applique. On ne laiflë pas de voir
dans cet ufnge une efpece de fhbordi-
nation ; car ce peuple paroit adorer
le Prince , & le Prince adorer Dieo.
Les gens du païs le nomment * * * ;
il eâ: à quelque quarante-huit degrez
d'élévation du pâle ,;& à plus d'onze
jûens lieues de*/mer des Iroqaois &
des Huroni. . .
.'. :^ Qui coinfiderera que le viâge du
Prince fait toute la félicité du C^r-
tifett, qu'il «^occupe et fè remplit peu*
d^Qt itoute fa vie de le voir & d'en
ètftvû fçomptcndû ua peu com*
i - -" ^ pacnl
mène voir Pieu pout faire toute Cha^
la gloire Se tout le bouheur des ^^^^*
jSgintç.
"^ Les ^n4s. Seigneurs fontpleinj;
/dVgards pour les Princes | c eft leur
âflàire^ils'ont des inférieurs : les pe-
tits Courtiâins & ri^lâchenc fur ces
idevoirs , font les familiers , & viyenc
romme gens qui ç'oot d'exemples à
donner k per(oane#
* iQuc manque -t- il de nos jours à
la jeuneâc i elle peut » oc elle fait : ou
à\i moins quand elle iauroit ;iutaat
qu'elle peut ^ elle nç feroit pas plus . «
.décifive.
'^ Foibles lionunes ! un Grand die
ÙQTinfagene votre ami qu'il eft un fot»
£c il .& trompe : je ne demande paf
que vcHis. répliquiez qu^il eft homme
d çfprit : ofez feulemeut penfer qu'il
n'cft pas ujn fot. »
. De xçême il prononce d'iphkrdt^i
f^Wïl m^ique dexxcur; vous luiayq;
vu faire une belle aâiofi ^ raflUrez^
vous ^ je vousdi^ui^ de la raconter ,
pourvu, qu'apz:ès ce que vous vene:^
d'entendre , vous vous fouveniez en*
pore de la lui avoir vu fairç.
* Qui (ait parler aux Rois , c'qft
,T0nL I. S peut-
4to Les CaIiacterès
Db lA peut-être où feternriBC toi|t€ la pni*
Coy R. tlence & coûte la foupleffè dû 0>nrf
rifan. Une parole éphappp & elle
toiïAc de Pô'rcille du Prince, bieg
avtntdatia là mémoire , & quelquefois
jufquesKÎaos fon cqpùr , il eft impoC-
ïîblcdc lar'^voir •. tous les foins que
Pon pretid & toute Padreflè dont on
«fe pour l'cxi^iquer ou pour Paffoif
blir , fervent à la graver ^pkis profour
dimetit^c a l'enfoncer dâVânCige : fi
ce n'eft- que contre nous-mêmes que
nous ayons pjirié , outre cjue et mal-
heurnell: pas ordinaire^ il y a encore
I3n prompt remède , qui eft de pou?
înftruire par notre faute , Se de fouf
frirla ^cine^e- nôtre légèreté : inais fi
c'cftxontre -qûdque -autre , quel abr
battement ; ' quel repentir * l if a-t-iî
qne regfc plus utile contre <in (i .ckn-
«çrcux inconvénient t^Qc de parier
oes autres au Souverain, de leurs pcr-
fbrines , de lèuts ouvragies ,'de leurs
aârîons , deleurs' moeurs, ou de leur
cinîdUTte, du-Hibms avec PàtteiiÉian,
fcs précautions & Icsmefures dont on
piric'dc foi? .
* Dife'urs de bons mots , mauvais
iitcààcté' ,Me le mUi y^il n'avoir
ou LBS Moeurs de es Sibcie* 411
dté dk. Ceux qui naifent à la repu* C^ap.
tacion ,.qu à la éorcune des autres YJUL
plûcôc que de perdre un bon mot ,
fnéritent une pciae infamante : cela
jD*a pas été dit, £c je. Tofè dire.
"^ II y a un cer^n nombre de plira*
£çs toutes faites , que l'on prend, com*
me dans un Magazin^ & dont Pon &
iert pour fê féliciter les uns les autrea
fur les éveneme;as. Bien qu'elles fe
difent (buveat fans afFe^ion , & qu'el-
les (oient reçues fans reconnoiflance ^
^In'eiCb p9S permis avec.ce|a de lea
omettre,parce que du moins elles fotû:
l'image de ce qu'il y a au monde de
meilleur , qui ed Pamitié , & que le^
liommes ne pouvant gueVes compter
les uns fur les autres pour la r^li-
{é, (êmblent être convenus entiip
«ux , de iè contenter des appareil-
* Ayee cinq ou. fix termes de Parts
.& rien de plus ^Ponfe donne pour
/Connoifleur en mufiqueV en tableaux;,
fn bâtimens , & en bonne chcre : Pou
xroit avoir plus de plaifir qu^un autce
à entendre , à voir Se à manger :
Pon impofe à (es femblables , & l'on
fe trompe foi-même.
Sx * La
4li LSS CARACTEftES
Pi LA ^ La Cour n'efl: jamais dénuée
CoVA- ^un certain nombre de gens , en qui
Tufage du monde , la politeflè ou h
Ibrcune tiennent lieu d'e(prit,& iiip*
pléçnt au inerice. Ils (àvent entrer
& fortir , ils fe tirent de la convcr-
fation en ne s'v mêlant point, ils plaii-
fent \ force de (è taire , & fe rendent
importans par un filence long*tcms
foûtenu , ou tout au plus par quel-
'ques monofyllabes : ils payent de mi*
hes , d'une inflexion de voix , d'un
gefte & d'un fourire : ils n'ont pas ,
n je Tofe dire , deux polices de pro-
fondeur , fi vous les enfoncez , vous
rencontrer le tuf.
* II y a des gens à qui la faveur ar-
'rîve comme un accident , ils en font
les premiers forpris & conftemcz : ils
ib rcconnoiflcnt enfin & fe trouvent
dignes de leur étoile ^ & comme fi k
ftupidité & la fortune étoîcnt deux
chofcs incompatibles ou qu^il fût im-
poffibie d'être heureux & fot tour ï
h fois , ils fê crpyent de Pelprit , ils
hazardent,que dis- je , ils ont la cofi-
nance de parler en toute rencontre ,
& fur quelque matière qui puilft
ç'pfFrir ^ Se fans nul difcerpemcàt des
^ "'^ . pcr-
Chak
OfaîllS ^lOEWM M. Cf SlECtï. 41 y
icrfontics qui les écoutent : àjoûto Ch a f
^l-je quMls épouvantcot , ou qu'ils ^* '
donnent le dernier d^ut par Icui:
fatuité & par leurs fedaife$ *. il eft
yrai du moins qu'ils dcshoqprent
iàns rcflburcc ecux qui ont qupU
que part au hazard de leur éléva-
tion. ^ .
: * Comment nommerai -je cette
forte de gens^ui ne font fins que pour
ks fots ï je Iki.du moins que ks ha-
biles les confondent avec ceux qu'ilf
iavent tromper^
• C eft avoir feit un crand pas dani
la fineife ^ que de taire pciifcr de
foi y que l'on tf eft que médiocrement
fin.
La ÈheCtc n^cA ni une trop boii-
îie , ni une trop mauvaifc qualité' :
die flotte entre le vice & la vertu : il
D'y a poilat de rencontre oh, elltf
ne puiflè , & peut-être ^ où elle
ne doive être fuppléée par la pru-
dence»
La fincfîè eft Poccafion prochai-'
ne de la fourberie , de Tune à l'autre
le pas eft gliflànt : le menfonge feuleti
fait la diffirence : fi on Tajoûte à U
fincffe , c'cft fourberie.
S 3 Avec
414 ^^^ CAïtACTBfltâ
t> « i A Avec les' gcm qui j^ar ètid&éccKt'.
*^*^** fcnt touft, et p^tiiBttt pctty partca^
encore moim ^ <Hi fr vous parlca^
ttaucoup , diurs p^dît' chefe^
^ Vous éëpen^ âàn^ vtna afiôic
oui eft jûfte ft ktifïorcâace , du con*
Kiiceiticnt de dcH!» pefTMncr. Vuù
vous dît 9 j'y donoe les mains , paur«
tû (}u%>^tel f eondèfectsdfe, Se ce
M Y eortdbfeeâd' , 9à i»s àsùre piM
Îue êètvt afibrê dê*s inrentions de
autit : cependant i^n^afiec, les
mois , les années s'éeoukac inarife«'
mctït : Je fisTy perd», dkts-voos , &
jlE^ n^ coiÉpicm rien, il ne »'àgit que
de (aire qts^ili^ s^alKMtehefit , Se qu'ili
le parlent ; je vous dis moi que ff
vois-clair, Sl'^fur j'y compcens cooc :
& £è font parkr.
^ n me* (èm^ qu« qui follîcice
îpcmr las imtres a la cofinance d'un
BofliiHr qui demanda juftice, & (fi^M
parlant ou fn agiilanc pour foi^mê^
me , on a l'embarras & la pudeur da
celui qui demande grâce.
* Sâ l'on ne fe prArautionnc \ U
Cour contre les piéges-quc l'on y
lend fiins çeflè pour faire tomber dans
k ridicule, Ton cft étonna avec tout
/ . fou
ij>n eiprit de fe troii?er U duppc de *yjj'*
plus fût» ^e foi, •
la vie i où la vérité & la Gxpçiici- .
1^ ibm le mei^ljl9¥'^e49^« du mon-
* Etts^'Vouseiv &y€ur,t09!Mda!3e«
cft }^n y vowiljç ftiw3 poipE de.
utes, tous ks chemins vou&ioenent
ta terme : autreo^enc tout eft Smi» «
irien n?eft utik , il i>*y ^ poiatde ffia«
iier qui ne vous égam
* Un homme qui a vécu ^^mè
l'imrigue un certain teios ^ ne peut
pkis 3^en pa&r : toute aitfve vi^ pcmr*
|ui efk languiflbite.
• ^ Il ^u.t. avoir àt: Fe^rit jpouTt
être homme dç cabale : i'ooipeyt .ce«^
{>endanteil avoir à un certain point ,
que Poaeft aurdefips de t'intrigue 8c
de la cabale, & que Tofi ne 6a-*
rott. s'y aiTojertir ^ Ihm va alors, è
vme grandm;. ferluae ; 6u> à une
bau&B !Fépotq^ion par d'autres chc-i
* Avec un c(prit fuèlia» ^ wm
doârine uni«£c(èlie , une poUtcf it
toiAca épcenrves , & oà mérite trèsu^
gccomplî , afapptâiendea^ paK, â ^«
416 t^i CAiCACtHRl*
C ^V^ ^^^^' ^ tombfer i la Cour , ou 4S
* perdre la faveur des Grands , pen-^'
dant tout le tems qi^ils aarcmc; htCoia
de TOUS.
* * Qu'urt Favori ïi*ot)fef^« de fort
près , car s^il me fait moins attendra
dans fon antichambre' qu'à rordinaire ,
s'il à le vi£^e plus ouvert , s'il fron«
ée moins letourcil , s'il m'écoute plu^
volontiers , & s'il me reconduit uo
peu plu^ loin , je penferai qu'il com-
mence I à tomber , & je penferaî
vrai-
* L*honnne a bien peu de neflbur-'*
ees dansfoî-mlme , pui(qu*il lui faut
une difgrace ou une mortification ^
pour^le'renSdifc plus humain, plus trai«
taUe , moins . fi»bce j phis honnête
homme.
. * L'on contemple dans les Coura
de certaine» gens , & l'on voit bien
à leurs difcoars & à toute leur coq«
duite^, qu?ils ne fongent ni à leuis
gràndff^peres , ni à leurs petits-fils : k
préfent eil pour eux ; ils n'en joui&
&ntpas, Hsèn abiiTent.'
^ Str^Mn dl né fous deux étoiles :
nàlheiirei»: , heureux dans le même
degré* ^ yie eft un .rom^ i non^
mu
ôt Les Moeurs de ce Siecie^ 41 7
51 lui manque le vrai-fèmblable. 11 ^J|^^/'
A'a point eu d'avantures , il a eu de
beaux (bnges, il en a eu dé mauvais 1
que dis-je , on ne rêve point comme
il a vécu. Perfbnne n'a tiré d'une
deftinée plus qu'il a fait : Textrême
& le médiocre lui font connus : il a
brillé , il a fbuf&rt , il a mené' une
*vie commune t rien ne lui eft échap«
|)é. Il s'e0r fait valoir par des vertus
2u'il aflureit fort ferieuièment qui
toienten lui : il a dit de foi, J 'xi d^
Peffrit , ;*4Î du courage , & tous onc
4it après lui j II a de Pefprit ^ il a dtê
iouTdge. Il a exerce' dans l'une Sc
l'autre fortune le génie duCourtifan^
qui a dit de lui plus de bien peut-
être & plus de mal qu'il n'y en avotb
Le joli , l'aimaUe , le rare , le mer«
veilleux , l'héroïque ont été' employés
^ fbn éloge ; & tout le contraire n
&rvi depuis pour le ravaler ; caraûe*
re équivoque , mêlé , eu\reloppé ;
une énigme, une queftiôn prefquHn-
<i^cifc. •
. * Loi faveur met l'homme au def*
fus de fes ^gaux ^ & fa chute ^ au
fleflbus, . .. -^;
*..: •» S / ^ Ce-
4r? LesCaractsres
D 1 L A ♦ Cchii qui on beau jour (àk rc*
CouK- fioncer fomeoieiit , ou à lUi crand
nom, ou ï une grafkle autorité , ou
à une '- grande fertuue, ic délivre en»
tin moment de bien des peines , de
bien des reilks» & quelquefois dcbicn
des crime^w
^ ]>in$ cent sns le monde fubtifte^»
ta encore en ibn entier :; ce Icrar k mê-
me théâtre & les nicmes décorations ;
ce ne ièront p^ les mêmes aâeurs*.
Tout ce qui (è réjouît fur une grâce
reçue, ou ce qm s'aetrifte 6c fe délefpe»
wà(\iT un refus , tous auconc difparu
de deifiis U fcene. Il s'avance d«ja fuv
le théâtre d'autres hommes qui sont
jouer dans une même pièce les mê^
mu^ roies , ife s'^évanourronc à leul
tOtt4^, & cet»t qui ne font pas enco*
wc , un jour ne feront plus :: de nou^
Yeaux aâeurs om ppis leur place t
quel fonds à faire fur uo pecfbniv^
ëe Comédie r
* Qui a v6 k Coof , a vè du mon^
de ce qui Cft le plus bôiu , le plos/p^
cieuTt éc le plus orné : qiii méprife b
CcH^r après l'avoir nâe , mépnfe k
«londe.
âtr LES MoSDAs m'ee Siiciv. 419
* La Ville dégoûte de laProvincc: " C ha f,
la CourdAronijpede la Vilfc,&gu^ V^"'
rie de la Cour,
Ua efprit ûjo puifê à. la Cour le
£oût de h Iblicude Se de U retrait.
S 6 CHAr
4X0 : LisCAKAcTii/fi^ r
: CH A P I T RE. IX.
.... * . • ^
Des Grand 5r
C H A p. TA prévention du peuple en faveur
1X« JLi des Grands cil fi aveugle ^ & Peu-
têcement pour leur gefte, le^ir viâ^
ge, leur ton de voix & leurs rnank*
Tcs fi gcqieraj':; l^pe <ili^s'ayifoient
d'être Bons, c?e]a îroit k-Fidelâtrie.
* Sî vous êtes né vicieux , â
Theagtne ,jey6us plains rfi vous le
devençi par foiblcflc pour ceux qui
ont intcuct.que v.oqs te /fo jpz , qui
ont jure' entr^qpiae vou^corrompre ,
&qui fe vantent. iàéjg de pouvoir y
réiiffir, foufirez que je vous mcpri-
fc. Mais fi vous êtes fage , tempé-
rant ,inodefte , civil , généreux , re-
connoifiant , laborieux , d'un rang
d^ailleurs & d'une naiflànce à donner
éts exemples plutôt qu'à les prendre
d'aatrui , & à faire les règles plutôt
qu'à les recevoir, convenez avec cet-
te forte de gens de fuivre par com-
jplaifance leurs dércglemcns , leurs vi-
/ > l : ta;
eu 1.ES MOEVI^S DE CE SiBCpB. 421
Ces , & leur Iblié , 4uand ils auront Cit a#;
ï>ar la déférence qu'ils vous doivent f ^
exercé toutes les vertus que vous cfae^
rîfl£2 ; irooie forte , soiais utile « très«
propi^à)meiitreyos ineeurs w fureté ^
ÀrdmRenfcrtqus kufs ^ojieCs, ^ l les
jetteir dans le parti de continuer d'é*
ire ce qu'ils font , & de vous laifTef
tel que vous êtes.
« ^' L'ava&tage. de» Grands fur le$
^tres hommes dk iinipisnfe par un
endroit. !Jc leur cède leur bo&qe che-^
itf, kurs riches ameublemens $ leur»
ichieos , leurs chevaux , kurs finges ,
leurs nains , kurs fous^» &: kurs flat-
teurs : mais je leur envie k bonheur
jd'avoirà kur fervice dc;s gens quileé
4e^\cm par k coeur & par l'efprit , &
4ili ks .paflènt quelquefois.
* Les Grands k piquent d'ouvrir
lUne allée dans une forêt , de foutenir
jdestiçrfes par deJongues murailles ^
;dfidcâcrf.desptalbnd.3r de fair?. venir
^x: pouces d^eau:,'ite Biei)bkr une
oraogefie. : mfiis de reqdre un cœur
content/k combler uneame de joie , d«
^réveçii: d^extr émes befoins , ou d'y
Jiéme^X ; kur curipCte' ne s'^endi
:poiBl)»fq|iïÇSFl4.. .
. .: S 7. : Ou
411 tes CAtLAàrntL^i
tt Mi * On demande fi cù Geinpmal
Gkmmds. ^nfcmblc k^ diffcremcs condkionsdc*
hommes , leart pcmcr, leurs avanta^
g:8 , on xfy remarqucroic pas uomê^
ngc,eKi une e^icc de coinpcjfi&^
tion de bfen 8c de mal , qui AabVw
^oit cntp'elle^ Wgalicé , ou qui km
du moins que I"ttu de feroît guérci
plus dcfîtabk que l*a«m:, Cehâ q»i
eft puîflànt , rfcbej&àquiilnc mo:
que rien , pctfl former eciic queftioti,
tnais il feut que ce ibit un homa»
pauvre qui la décide*
II ne laiflc pas d'y avoir comtne ua
channç attacW à chacune dci dife-
rentcs conditions , & qui y dcmcuic,
jufqucs \ ce quelamifcrc Pc» ait ôic,
Ainfi les Grands k plaifcnt daw t'cï-
ces , âc les petits aiment la modoa-
tion i ceux-là ont le goût de dominer
& decommarkler , & ceux-ci ftnccnt
du plaifir, & même de la vtxàt i
les ftr?ip& è leur ob^r : les Grands
fontemoiiitft/&l«ess, refpeâez : les
petits entourent , felucnt , fc pro&r-
lient ; & tous font contens.
' * U co&te fi peu aux Granc& \ tt
donner que des psu^oles^ oC lear-ooD"
dition les dif peujé û. £Jrc <dj; t&sia l9
« " '. bel-
ou LES MoËîïaS DE es SiECtF. J^l^
belles pFomefifes^ qu'ils troiis ont fet ^^^
tcs^ que c'eft medeftie à eux de *
iie prometere pas cncoi^ plus lai^
gcment.
* Il eft vieux & ufé , dit uit
Grand , il s'eft crité à meiuivre^:
qu'en £iire l Un autre plus j^rnie en»»
kve (es efperances , & @6tienc le pofte
qu'on ne rcfufe à ce malheureux , que
parce qu'il l'a trop mérité.
* Je ne fai , dites-vous avec un air
#l*oid Se dédaigneux , PbilaÉte a dai"
tncriee, de l'èfprit, de l'agrément, de
Vexaditude fur fon^ devoir , de la fide-
fit^ & de l'kttnchemem pour Ton maî^
trc , & il en eflr médiocrement Gonfî«
• deré , il ne plaît pas , il n'eft pas g:xù^
lé :• expliquez- vous ,cft- ce Philante^.
©u le Grand qu'il ferc , que vous
condamnez!
* Il eft fou vent plw utile dequirir
ter les Grands que dé s'en plain-r
dre.
* Q\ii peut dire pôorquoî qtiet.
ques uns ont le gros lot ou quebjue^
autres la &veur des Grands >
* Le» Grands^ font fi heureux ,
«qu'ils n'efluyent pas même dans toutis
kttj: vie }?iBa>9f^éeoi4fi regretter là
per.
4J.i4 tEi CAltACTE«.lS
£^ * ^ perte de Icursmerllcurs fcrvitcurs,ôi
*'^^*'*** des pcrfonnesilluftrcs dans kurgcnrc^
& donc ils ont tiré le plus de plaifir
& le plus d'utilité. La prcnucre
choftquelftfbittene fait faire après la
tnortde ces hommes uniques , & qui
ne fe réparent point, eft de leur fop-
pofcr des endroits foibles , doiît elle
prétend que ceux qui leur fuccedeot
font très-exempts : cl^c affure que Van
avec toute la capacité & toutes les lu*
tdieres de l'autre dont il prend la pla*
ee < n'en a point les défauts , & ce
ftilc fèrt aux Princes à £c confokr
du grand & de Pexcellent par le mé*
diocre«
. * Les Grands dédaignent les getfs.
rfcfpf it qui n'ont que de refprit : les
gens d'efpric méprifent lesGrandsqui
n'ont que de la Grandeur : les gens
de bien plaignent les uns Ôc les autres,'
4)ui ont ou de la grandeur ou de ref-
prit , fans nulle vertu.
* Quand je vois d^une part auprès
ides Grands, à leur table ^ ^quelque^
fois dans leur familiarité , de ceslxira-
fOCS alertes , empreffez , intriguaus »
ftvanturiers , efprits dangereux & nuv*
iibles 3 & que je c€)0$dcre d'aatie
èîj tts^ Moeurs ûe et SiBfctÉ. 4if
|>art guetté pciiïe ont les pcrfowics de j^.*
rrîcrite à en approcher , je ne fuis pas
lolijpurs difpofé à ctoii:e <}ue les më--
diansfôieiik foufièrts par ioterêt , oct
qoe les geh§ de bien foient reg^rdez^
comme inutiles : je trouve plus mo»
compte à me confirmer dans cette
penfc'e ,que grandeur & difcernemcne
îont deux chofes dafTeremes , & IV
mour pour la vertu & pour les ver-i
toeux , ttne . trbiCeme chbfe.-
♦* * Lueile aiifte mieux uièr fa vie ^
fc faire fupportcr de quelques Grands ^
que d'être réduit à vivre fiimilier«-
mentavec fes e'gau'x.
I La règle de voir de plus gfân<f$
îq[ue foi , doit avoir fes reftric-
fions. 11 fmt quel^iefoîs d^trafi^
ges talens peur la réduire en pra«
tique-
- * Quelle eft l'incurable maladie
de Tbevplnle ? cUe lui dure depui^f
plus de trente années , il ne guerii
point , il i voulu , il veut , & il vou-
dra gouverner ks Grands : la mort
feule lui ôtera avec k vie cette foif
d'empire & d'afccndani. fer les et
prits : eft-ce en lui zèle du prochain; i
*ft.ce J»biwdeJ.cftr« Wc cjWeffivc
'4i6^ tfii HÀKACrtKÉi
0 g s ôpiniôfn de foi-même ? Il n'y a poiniÇ
ÙKAiiDs. de Palais où il ne s'infinuë : ce n^eft
pas au milîeit d'irae chatnbve qu'il;
^aroête , il pa^ à Uf» embcafiire ou
au cabinet i onr amtsiki ^iL ^t fiAéf
èc lon^cenns de avec àâicm , pour
Avoir audience , pcmr être va. Û en-^
fre dans le kcm des femittes., il eft
de qiKlque chofe dMs oout ce qui
leur arrive de, trifte ou d'avantagpix^s
îl prévient, il s'offre, il fe fait de i&i
^ te, i\ feui l'admettre. Ce n'cft pas af-
ièz pour remplie ion tecns ou fou
ambitioÉi , que le foin de dix milio
âmes dont il r^ond^ à Dieu coidibs
de h (le^ propife i'û y ça a âun
plus 6aut rang te d'une plus grandi
diftinârion dont il ne dok ancoà
compte, 8c dont i) fe charge pllis vo*
lontitfrs. II écoute, il veille furtotti
te qui peift lervir de pâtute à ion ef-
prit^d'intf igné , de médiation on di
tnanége : à peine un Grand eiî-iï dé-
barqué, qu'il l'^^mpoignc & s'en fit"
fit : on entend plutôt dire à Théo-
phile , qu'il le gouverne , qu^on tfa
pu foupqonmv qu31 penfeit à legoci*
terncr. • " ' -^
* Uttc ^fte^idtiir ' ou une incivilité
btj tts Mpcuks ^cB. Siècle. 4>if
^ixî tient de ceiri qm (ont âù^dtÛtis CnAti
de nous , nous les fait hai'r , mais un ^ ^<
Ikhit Qii un- jGbunti^e nous fes jeecoo-
€ilie.
• ^ Il ^ a dei honub^ filperbes que
l'élévation de leurs rivaux humilie Se
apprivûifë., ils e»; viennent par cette
diigrace jnlqa'à rendre ^le faUii : maisr
Se cents qcri adoutit toutes chdfes ^
les remet enfin dam leur' miwcL
^ Le mcpria que ka. Grands ont
^ur le peûpie;, ks rond indîfiferenf
£ir les fttttcnes oub fin les louanges^
^'ils en reçoivent ,. & tempère leur
vanité. De mcoK ks Prînees louer
&ns fin Se âns^reiâc&e diea Gcâàds ott
des Courti&n^,.en- fetiienf pltijs Vaio^^
^ils efticQoient davantage ceux <}ui le»
louent.
* Les. Granck crâ^t être &ids
parfaits , n'admettent qa à peine dans^
ks autrts hommes la droiture d^efprir ^
Fhabileté , k délkateâb , 6c s'empa»
rcnt de ces riche» talent , eomme àer
choies ducfs à leur naâi&ûce. C'eft
cependant enr eul une erreur groffiere
de fè nouriérde (1 fauâès préventions r
ce qu'iï y a jamais eu- de mieux pen*'
Se. de mieux dit:^ de mieux écrit y
2|tÉ Lss Caractères
Ùii èc pcut^nt d\liie conduite plus ^
GftâNDt. ]icsLtc ne nous eft pas tmijours ventt
de leur fond. Us ont de erands do^
maines , & une longue mite d'Ao^
cétres i cela ne leur peut être con-*
tefté.
• * Av«i - vous de l'cfpfit ^ dr la
grandeur^ de Pfaatnleté i du goût «
du difccraement ? en croirai-je h pré-
vention Se la flatterie qui pabâcot
hardiment votre mérite ? dles me
ibnt (ufpeâes , je les rccufë. Me
laiilèrai-je éblouir par un air de cà*
pacité ou de hauteur , qui vous mec
aa defTus de tout ce qui fé fait y de
ce qui fe dit , 6C de ce qui s'écrit ,
qui vous rend ièc fur les louanges, &
empêche qu^n lic puiflê arracher dis
Vous la moindre approbation > je coff*
dus de là plus naturellement , que
vous av«È de la faveur , du crédit
& de grandes ricbeflès. Quel moyeâ
de vous définir , Tilepban ? on n'af>«
proche de vous que comme du feu ;
te dans une certaine diftance , & il
faudrait vous développer , vous ma*
nier , vous confronter avec vos pareils^
pour porter de vous un jugement
iain & raiibnnable : votre iîomaie de
ÇOOtr
bu Les Moeurs de ce Suc^f, 4tj^
{Confiance , qui eft dans votre fami* C h a 9,
Itarité , dont vous prenez conièil , IX.^
pour qui vous quittez Socrste &C Jrif^
tiJe , avc€ q^i vous riez ,& qui rit
plus haut que vous , Dave enfin
a)'efl trçs-çonnu ; feroit^ce aflèz poui
vous bien connoi tre i
* 11 y en a de tels ^ que s'ils pou-»:
voient connoître leurs fubalternes 8ç
fê connoitre eux -menées , ils aui*
voient honte de primer.
. * yil y a peu d'cxcdlcns Orai#
teurs , y a-t-il Ûen des gens qui puii^
lent les entendre ? S'il n'v a pa5 aflcsç
de bons Ecrivains, où (ont ceux qui
fa vent lire > De même on s'eft tou-»
jours plaint du petit nombre de per+
lonaes capables de cotifèiller les Rois,
& de les gider dstns Tadminiflrationi
de leurs afiàires. Mais s'ils naiflenc
enfin ceç hommes habiles &c intelli* .
gens , s^ils agtflfent félon leurs vues 80
leurs lumières , font-ils aimea , fbnt«
ils eftimez autant qu'ils le méritent i .
font-ils louez de ce qu'ils penièpt &
de ce qja'ils font pour la patrie > Us
vivent , il fiiffit : on les cenfure s'ils
«chouenc , & on les çnvie s'ils téafr
jugent.- Qlâmons Je peuple où il.j&P
xoil
4fo lîs Caracttres
f) t s roit f idf cide de vouloir Pexcu(k : (bit
Caa^os. chagrin iSc (à j^oyfie regardez des
X^rands ou d|es Puiflàns comme inévp'
lables , les qih coaduits ifl&nfiblcp
ment à 4e coo^itter pour Fien , & à
négliger ies fufirages daçs toutes leur»
cncreprifès , à s'en £iire m&ne une
r^e die politiaue.
Les pcttcs (e haïflqnt les uns le$
antres , lorfqu^âs fe ^aifent jredpro*
quemenc. Les Grands fbot odieux
aux petits par le mal qu^ils leur font,
.& par tpuc le inen outils ne }eur font
pas ; ils leur (ont re^Tpo&bles de leur
obihurité , de kur pqmvreté , èc de
leur iniortujQe s ou jdu moins ils leur
{laroifiènt tek.
, * iQcft d«ja trop d'avoir ^vcc )ê
peuple .une même , I(.^ligioQ & un
m^me Dieu : qdel mo^en encore de
j6*appeller Piejrre , Jean , Jacques ,
comme le Marchand ou le Labou-
rearM^vitOQS d^avoic rien de com*
ttmn avec la multitude ; afk^^fi ao
comxaire toutes ; les di(^9^ions quj
iiousin'féparent: qu^elle s^approprie
^es doujse Apocnes/y leurs dircipies,les
ôtmiera ^Martyrs ( telles gens , tels
^$tîpns) qji^fUfe vQ^e 3f»y«: pl^ûfir rcr
: : ycnir
I
ou CES MoEuas ob ce Sieclb. 431
iirenir 'tâiltes ie^ années ce jour parti- CU 4f f
culier que chacjun célchrc cooune f^, l^^ ,
éqte. Pour nous autres prands^, ayons
recours lauK aoqïs profanes , fa^Consr
flous baptifèr ibus xeux d'Ançâ^al ,
4e iCViâr , & de Pompée , cVcoient
àc grands bon^oics ; (bus céiai dç JLor
CT4x:e , cVtoic une itluâre Romaine :
fous ceux de Renaud , Jip Kogcr ,
d'Olivica- & de Tancrcdc ^ i^écdieni:
des Paladins , §c le JElr>imn n'a point
de Herps plus n^erveilleux ; fous
ceux d'Heftor , d'Achille, d^^crcu-
le^ tous demi- Dieux ^ fous ceux mê^
tne de Phœbus & de Piane : S^, qui
iious empecbera de nous faire nomr
iner Jupiter , ou Mprcure , pu Vp-
çus , ou Adonis ?
* Pend^iH: que les Grands négli-
gent de rien èônnottre , je ne dis pas
feMlemetii: ayx intérêts- des Princes &
AUX af&ir^ publiques , mais, à- leur$
propos afiUres , ^its ignorent rcç^
çonoûaie iSc la fciente d'un père de
famille , & qu'ils- Ce Joiaent ^uxmê^
tues de cette ignonince yc^^$ fe laif-
fent appauvrir ic. m^tnier par .de^
Imendans j qu'ils le contentem d?êtfÇ
go^rmdt; -pjf fiffdux ^ ^d^ailer chS^
i
45» lï$ Cahactb'rs*
D,;^ Zbdit ou chez Pbrytu,.àc pwicf ^ j
£k AND s. la mcutt Ce de la vialle meute, <J«
dire cpmbicn il y a de poftes dçPati»
« Bcfioçon , ou à Philisbourg : d«
iCitoyens s^inftruîfcitt. du dedans 8c d»
dehors d'un Royaume , éwdiént Iç
«ouvcracnient , deviennent fins &
politiques , fw^tit le fort & le foiblç
/le tout ua Etat . fongcnt à ft nuÇW
placer , fç placent , s'élèvent » de? ico-
ncnt puiflâns , foolagcnt le Pnncç
d'une partie des foins publics. Lçs
Grands qp» les dédaignoici|t,le»rfr
avèrent, heuïeujt s'ils deviçnpept le)iB
gendres.
* Si je compare cafeioble les Cfiai
«on<&iops des homoïcs lc4 plus op»
pofées , je veux dire les Qrapds avec
b peuple , ce demie» mç parotr cou-
ijent du ncceflàirc , ÔC les autres foM
inquiets & pauyyçs .a,vpc le fuperflo-
.Unhommedu peuple. ae faproit&irt
«ucuo- »»1 i ^ Orand np, veyt f^^
^ucua^.Qien & eft ciapable. df.|[randJ
panTH.iVun oe. fc. ferme §f a^s'efet'
ce que dans les cbofcs qui font utiles i
llautrey joint les peraiçicufes : 1» »?
fpontiwt if^gçnuëmcnt 1^ . groillerw
pç la fraaPbiff > vici Jfc- çgiçhim «J
^Gu tes Moeurs .DE ce Sieole. 4}j
toaUgoe & corrôop^puë fous Pecorçe C h a i».
îde la politeffc .: le peuple i^'a gueres ^ ^'
.d'efpric « ôc les grands a'ont poiqjt
^'ame: celui-là^ un bon fond Se n'a
point de dehors ; ceux*ci n'ont que
âes dehors âc qu'une .;fimple fuper^fi-
icie. Faut -il opérer., je ;ie ,balance
j3!as , je veux être pe,uplc.
. * Quelque profonds que ibieqt les
<7rands de la Cour , Se quelque art
qu'ils ayent pour paroitre ce qu^ils ne
font pas « 8c pour ne poinc paroitre
^e qu'ils (pot ^ îh ne pcuvenf. ipacher
Jeur maU^te'/leur ex):rçme pcjpte à
xire aux dépens 4'^utrui , &ç, à jet|;er
du, ridicule fouvent où il P'y eu peut
avoir : ces beaux talens fe découvrent
en eux du p)*emter coup d'œil , ad«
lUijables fans doute pour envelopper
iune duppe , 3c rjpnd)re fot celui qui
i'eft déj^> mais ençoore pluç propres à
jeur ôtér (put \^ plaifir qu'ils pour-
voient tirer d'un bonune jd'cfprit , qui
fauroit |è tpurner ^ Ce plier en miljlc
jnanieres ggreables & réjouïfïàntes , fi
le dangereux cara^ere du Courtifan
ne l'engageoit pas à upç fort grande
retenue. 11 lui oppofe un caraéberc
férieux d^ns lequçl i] fe i^etrancl^ç j Se
, Tm. J. T il
434 I-^s Caractikbs
t> « s il fiiît fi bîctt que ks raîttctiTS avec
Grands. ^ intentions fi «lauvaHcs manquent
^'occafîons de fc joacr de lui. .
* CjCS aifcs<ie la vie , l'abonàncc ,'
le calme d'une grande profpcritc font
que les Princes ont de la jo^e de rcftc
pour rire d'un nain, d'un fingCjd'un
imbécile, & d'un mauvais conte. L«
gens moins heureux ne rient qu'i
propos. ^
* Un Grand aime la Champagne,
abhorre k Brie , il s'eqyvrc de qiciU
leur vin qttc l'homme du Peuple ;
fçule difiercnce que k crapule laiffc
entre les conditio*)S les plus difpro*
*K)rtionnées , entre le Seigneur &
. rEftafier.
, ' * Il fenibic d'abord qu'il cotre
dans les plaifirs des Princes un peu de
cehii d'incommoder les autres : mais
fion les Princes refièmblent 40*
hommes : ils fomgent \ eux-mêmes ,
fuivent leur goût , kurs paflîons ,
leur commodité , <:eia eft naturel.
* Il iêmble que la première rcgte
des compagnies , des gens en place ,
ou des puiflans, eft de donnera ceux
qui dépendent d'eux |)0ur le- ^omi
âe leurs i^flaift» « toittes les cfaii^
■ : -^\^:< -ici
^ -
1
ov LES Moeurs m ce Siecië. 4)5
les qu'Hls en peuvent craindre^ . ^'ix^^^
'**' Si un Grand a quelque degré de
bonheur fur les autres honinies , je
SIC devine pas lequel , fî ce n'eft peut*
être de fe trouver fouveot dans le^
pouvoir & dans l'occafîon de £iirc
plaifir ; & fi elle naît cette conjonc-
ture , il (cmble qu'il doive s'en fer-
vir ; fi c'eft en âveur d'un homme
de bien , il doit appréhender qu'elle
ne lui échape : mais comme c^eft en
une chofe ju^ , il doit prévenir I;^
fiillicitation , & n'être vu que poi^r
être remercié ; âc fi clic c(t facile , il
ne doit pas même la lui faire valoir :
s'il la lui refufè , je les plains tous
deux.
^ Il y a des hommes nez -inac*»
ceffibles , 8c ce font précifémcnt ceux
4e qui les autres ont beibin , de qui
ils dépendent : ils ne font jamais que
iur un pied ; mobiles comme le mer«
cure il^ pirouettettt , ils geftîculent ^
ils crient , ils s'agitent : tembkbles à
ces figures cle carton qui icrvent de
montre à une fSte publique , ils jec»
tent feu Se flamme , tonnent & fou«
droient , on n'en approche pas , juf-
iju'â ce que venant à s'éteindre ils
T a tom-
Grands.
4)é Lj!s Cablactcres
D%9 tombent , êc par leur chute devîefM?
lient traitables , mais inutiles.
* Le Suiflc , le Valet de cliambiTe ^
Fhommc de livrée , s'ils n'ont plus
d'efprit que ne porte leur condition ,
àe jugent plus d'eux-mêmes par leur
première bailêflè , mais par réléva"
tion & la fortune des gens qu'ils fer^
vent , & mett^ tou^ ceux qui enr
trent par leur |H>rte , & montent leur
efcalier , indifïèremment au deflbus
d'eux Se de leurs maîtres : tant il cft
vrai qu'on eft deftiné à foufirir des
Grands & de ce qui leur appatr
tient.
^ Un faomme en place doit ai-
mer Ton Prince , fa femme , fès en-
fans & après eux les gens d'cfprit : il
les doit adopter , il doit s^en fournir
& n'eu jamais manquer. Il ne (âur
rçit payer , je ne dis pas de trop de
penfions & de bienfaits , mais de
trop de ^miliarité & de careflcs les
&cours & les fervices qu'il en tire ,
même fans le fàvoir : quels petits
J^ruits ne diffipei^t * ils pas ? quelks
hiftoires ne rédjuifent * ils pas à la
^ble & à la fiâion > ne favent-
JJs pas Juftifiér les mauvais ibc^
eh t£s MofiUAs DE ok Siec£b. 45^
tes par les bonnes intentions , prou- C h /K
ver la bonté d'un deflcin & la juftcflc 1 ^*
lies mefures par le bonheur des évene-
mens , fikHr contre h malignité St
•Penvie pour accorder à de bpnnes en-
trepriies de meilleurs motifs , donner
des explications favorables à des àp- •
parences qui étoient mauvaifes , éé^
tourner les petits défauts , ne rnon^-
trer que les vertus , & les mettre dans
leur jour , femer en ntrllç occafion^
des faits 6c des détails qui foient
avantageux , & tourner le ris & la
mocquérie contre ceux qui ofcroicnt
en douter 4 ou avancer des faits con-^
traires ? Je (ai que les Grapds orftî
pour maxime de laiflèr parler & de
continuer d'agir : mais je fai auffi qu^il
leur arrive en plufîeurs rencontres ^
que laiflêr dire les empêche de
laire.
* Sentir le mérite ; & quand il cft
une fois connu , le bien traiter s deux
grandes démarches à &ire tout de fui*<
te , & dont la plupart des Grands
font fort incapables.
* Tu es grand , tu es puiflànt , ce
a'eft pas affez : faits que je t'eftimc ,
afin que je fois trille d'être déchu do
Tj tes
4)S tn Caractsubs
l> B s tes bonnes grâces^ ou d^ n'avoir pâ
GfcAMos les acquérir.
* Vous dÎKsd'Qn Grand m d'mi
%omme en place , qu'il cft prcvenani;
«fficieux^ qu'il aime à f»m pkà&t :
& vous te coflfiFimxpar un loog dê«
tail decequ^i^La &ît en m)e a&tte ou
Hz fà que yevs preniez inKrèt. ]e
vous entends , on va pour vous au
devam de la folIickatîoQ ^ vous avei
4u crédit , vtsus êtes connu du Mi-
niftre , vous ctcs bieaavec ks Puif-
£inces : defiriez- vous que je fu^ tnuc
chofe T
QuelquHm vous ait ^ je me ^m
fvm tel ^Uefi fiât depth fon élevâMn ^
U me diidgne ^Û ne me 'Ommk pluf.
^e nféà fm feurmâ y lui re'popdc^
voos^ , fnjer de m'en flamdre , au r«ff-
traire Je m^enlom fert , & il mefemi'i
mime quHl efi âffeT^ dvd. Je crois enco
K vous entendre ^ vous voulez qu'on
âche qu^in homme en place a dePa^
tention pour vous , & qu'il vous dé-
siêle dans l'antichambre entre mille
honnêtes gens de qui il dèfionme fe$
jeox , de peur de tomber dans PiO'
çonvénient de kur rendre le falut^oti
de kur ibunxe»
:.. • ^ Se
ou LES Moeurs di ce SxEctv. 4} 9
Se louer de quelqu'un, fc louer ^"^^^v
d'ua Gnand , phraiè délicate dans * -./
ion origine , & qui fignifie &ns dou-
te iè louer foi-meme , en difanc d'un
Gsand tout le Ixen qu'il Qous a
fkk, ou qu^il n'ia pas fongë à nous
On loue les Grands pour marquer
qu'on ks Toic de prè$ , rarement par
tàlime ou par gratitude : on ne con»
noît pas fouvent ceux que l'on loue,
La vanité ou la légèreté l'empor-
tent quelquefois fur le reflentimcnt :
on eft mal content d'eux , & on les
loue.
* * S'il eft périlleux de tremper dans
une aflàirc fufpcéte , il Teft encore
davantage de s'y trouver complice
d'un Grand : il s en tire , & vous
hiSç payer doublement, pour lui ôc
pour vous.
* Le Prince n'a point affezi de tou-
tc ÙL fortune pour payer une bafle
complaifànce , fi l'on en juge par
tout ce que celui qu'il veut récom-
pcniêr, y a mis du fien j & il tPa:p^-
trop detoute fà puiflànce pour le pu«
nir , s'il mefure iâ vengeance au tort
qu'U en a xeçu.
T 4 » JU
40 le s Car AcTERi^
Ci»$ * La Noblcffc expofe fa vie poû?
c a A N D s. le falut de l'Etat , & pour la ^oîr^'
du Sou veraîti. Le Magiftrat déchar*
gc le PHnce d^unc' partie dif foin de •
juger tes Peuples f voilà de part &c
d'autre des fondions bien fublimes 2c
d'une merveilleufè utilité , les hom-'
lâes ne font giueres capables de plus
grandes choies ; Se je ne fay d'où I^
Robe & PEpée ont puifif de quoi fe
meprifer recîproquemenL
* S^il cft vrai qu'un Grand donner
plus à la fortune h>rfqu'il bazarde une:
yie deftinée à couler dans les ris , le
plaifir ôc l'abondance , qu'un partie
culier qui ne rifque que dôs jours qui'
font miferables , iï faut avouer aufi
qu'il a un tout autre dédommage*'
ment, qui efl: la glaire & la haute ré*
putation. Le Ibldat ne fent pas qu'il
foit connu , il meur obfcur & dans
h' foule r il vivoît de même à la véri-
té,, mais il vivoit ; & c'cft Tune des
fburces du défatrt de courage dans Je»
conditions bafles Se fer viles. . Ceut:
ou contraire que la naiilànce démêle
d'avec te peuple^ Se expofë au£
yeux des homnfies , à leur cenfiire ^
Se i leurs doges , font même capa«
• ' ^ . 1. ^ blci
otj LES Moeurs de ce SiecIe. 441
lï^les de fortir par eflbrt de leur tem- ^^^ ^*
-perament , s'il ne les portoit pas à la
•Vertu : & cette difpofition de cœur
£c d'efprit qui paflè des ayeuls par les
pères dans leurs defcendans , eft cet«
te brdvoure fî familière aux per(bn-
lies nobles , & peut-* être la nobleflè
même.
Jettez - moi dans les troupes com«
ïne un fîmpifc foldat , je fuis Therfi-
te : mettez-moi à la tête d'une armée
dont j'aye à repondre à toute PEuro*
pe , je fuis Achille.
* Les Princes fins autre fcience ni
autre règle ont un goût de comparai-»
fon : ils font nez & élevez au milieu
& comme dans le centre des meilleu-
Tes chôfes ^ à ijûoi ils rapportent ce
qu'ils lifent j ce qu'ils voyent , &
ce qu'ils entendent. Tout ce qui
«'éloigne trop de L tj l l v , de R a-
cihe , Se die le Brun , eft con*
damné.
* Ne parler aux jeunes Princes
que du foin de leur rang , eft un ex-
cès de précaution , lorfque toute une
Cour met fon devoir & une partie
de fa politeffèàlesrefpe&er,2c qu'ils
Tant bien moins fujecs à ignorer au-
" . - T j cun
442 Les Caractires
Dis cun des égards dûs à tear îxÀSaycCf
Okahj^s» qu'à confondre les perfonncs & to
traiter indifféremment & fans diftioc^
ûon des conditions Se des titres. Us
ont une fierté naturelle qu'ils reorou-
vent dans les occafions : il ne leur
faut de leçons que pour la r^kr, que
pour leur infpirer la bonté , Phoonê-
teté & l'efprit de difcernement.
* C'eft une pure hypocrifie à un
liomme d'une certaine élévation , de
m pas prendre d'abord le rang qui lui
cft dû , &: ^ue tout le inonde lui
cède. 11 ne lui coûte rien d'être iho*
defle , de fe mêler dans la multitude
qui va s'ouvrir pour lui , de prendre
dans une aflembléc une dernière pla-
ce, afin que tous l'y voyent , Se s'em-
preflènt de l'en oter. La modeftie
eft d'une pratique plus amere aux
hommes d'une condition ordinaire :
s^'ûs iê jettem dans la foule , on les
écrafè : s'ils choififlènt un pofteiiv
commode , il leur demeure.
^ Arifidfquê (c tnmfporte dans U
place avec un Héraut Se un Trom-
pette , celui*ci commence , toute 11
multitude accourt & & nflêmblc.
£coutez 9 peuple ^àiC k Henmt ;
ou LES KîoÉtfRS DE CE Siècle. 443
îbycz attentifs , fflencc , Ar^arque que ^ |^ '*'
rous vojeX^ fréfent doit faire demain une *
tonne alUon. Je dit^ai plus fimpletnent
Se (ans figure , quelqu'un &it bien ;
veut-il faire mieux ? que je ne fâche
}>as qu'il fait bien , ou que \c ne le
bupçonne pas du moins de me l*a*
voir appris.
* iJes meilleuires aâions s'alterenc
2ç s'aflbibKflènt' par la mamere donc
On les fait , Se làifiènt même, douter
des intentions. Celui qui protège ou
qui loue la vertu pour la vertu , qui
corrige ou qui blâme le vice à caufe
du vice , agit Amplement , naturelle-
ment , fans aucun tour , fans nulle
fin^ularité , fans fàfte , &ns' afièc-
tation : il n'ufc point de réponfes
graves Se fèntentieufés» encore moins
de traits piquans Se fatyriques : ce
Ij'cft jamais une fcenc qu'il joue pour
le puolic , c'eft un bon exemple qu'il
dotine, Se un devoir dont il s'acquit-
i;e: il ne fournit rien aux vifîtes de»
femmes, ni au cabinet (4) ni aux
i»ouvclliftes : il ne donne point à un
hom«
»
{a) Rendez-vous à Paris de quelques hon-
fjtfitcs geas pouc U coBverfati^ii.
T 6
444 ^^^ CAKACTBRBf
^ ^ 1 9 homme agréable h matière d'un joîi
A4.MOS. conte. Le bien qu'il vient de feiœ
cft un peu moins fû à la vérité ^ mais
il faic ce bieuy.q^ue voudrok-ilda^
Tantage ?
^ Lef Grands oe doiveor poioc
aimer les premiers tems , ils ne leut
font point favorables : il eft trifle pouc
eux d'y voir que qou3 fortions te»
du frère ÔC de la fœur, Les» bommo^
compcfeiu enfemble une même famiL^
le : il n y a que le piu& ou le moini^
dans le degré de parenté.
* Tbeogniseù recbercbe dans Cm
ajuftemeat , & ri ibrt paré comme
une femme : il n'cit pas hors de la
majfpn », qu'il a déjà ajuf^c,iès. yeux.
Se ion yii^e ^ aâa q^ ceiioit^lw
choTe faite quand il &ra dans lé piU
Wic , qu'il y paroiflè tout concerté ,*
que ceux qtii paflent le trouvent deja
gracieux 8c leur foûriant^ & que nul
ne tui échapper Marche^t*il dans la
lâlies , il ie ^^r^e à droit pii il y ^
ua grand monde ^ôc^àgaqche ou ^
. a'y a peribriue , il fàluë c^ux qui y,
font & ceux qui v?yCotkpzs. ïlcm-
brailè un homme qu'il trouve ibus â
main ^ il I^i preile. j^, ^ête contre i^
pot.
cû lis MoEUHs M CE ^ïbAb, 44f ,
^àkrîtïc ,• il dcriwnde eofiïice qili cft Gfiiift
celui qu'il a embraflc. Quelqu'un a ^^
f>efoin de lui dans une af&ire qui c&
fecile y il va lé trouver , Itfî- fàic fe
.yricre: Theognxs l'écoute favorable*
^ment^î] eftravi.dc lui être bon à
4]uelque cbofè , il le conjure (k faire
i|tre des* occaâon» de Im rendre fèr^
^ ; & comme oelm-cr i nfifte for
^^ire , il lui. dit qu'il ne la fèrâ.
point ;.il le prie dc fc mcitre^eufa
^kce., il lîco' fait juge r le cHcnt fort ^
rccoîïdait , careflé ^ confus ^ prefijue
icontent d'être refufe'.
4
* G'eft avdr une très- mauvaife
opinioa des bmimes , 8c néanmoins
JéS! biefi cobn^itre ^ . que de croire
idai|5'jH^:graDd pofte le^r tmpoftrpai
des careâèa é^udiées^ ^ par de longs de
âeriles çmbntflem&ns.
* PampbiU ne ^'entretient pas^ avec
les giens qu'il rqicoritre dms les (ailes
0u: dn{i$.k8 aqtirsi \ fi l^ori eo croit fk
Iç^'f^c^ » leur, donne-audienee , Ifis
coQ^édie. If a des termes tout à h
fpi$ civils Se hautains y^une honnêteté
ippérienlè fc; qu'il en3p)(>ye (ans dil^
ceraement! ::'A a :un<; âufie grandeur .
T7 qui
'•i -Jl
Dit ^^^ ^^^ Caractiris
tiAHBs. qui Tabaiflê , fie qui embaralTe fort
ceux qui fout les amis ^ Se qui ne Yeu«
lent pas le m^prifer.
Un Pamphilc cft pkin de lui-mê-
mc^ ne fe perd pas de vue , nefort
point de l'idée de & grandeur , de fa
alliances , de fa charge , de fa digni-
té : il ramaflc , pour ainfi dire , tou*
tes fes pièces, s'en enveloppe pour fe
Élire valoir : il dit. Ma» Otdre , m
Cardon bleu ^ il l'étalc ou illc cache
par oftentation : un Pamphilc en on
mot veut être grand , il croit Pctrc »
il ne Teft pas, il eft d'après un Gtm*
Si quelquefois il fourit à un homme
du dernier oidre, à un homme dtf-
prit, il choifit fon tenas fi juftc qu^
rfeft jamais pris fur le fait : aaffi «
rougeur lui monteroit-elic au vifegCj
s'il ctoit malheureufemcnt furpris^iû^
la moindre familiarité avec quel(}u'un
qui n*eft ni opulent , ni puiflàflt» '^^
ami d^unMimftre, ni fonaUié,iuloft
domeftique : il eft feveiêi&ifle^'
We i qui n'a point encore f5iit& for-
tune : il vous apperçoit un jourda»^
une gallerie , & il vous fuit ; & ^
lendemain s'il vous trou!^ ^^ ^^ ^'
it mpim poWic^ou »'il«^J^'
ou LES MoitJRS BE CE SiECLE. 447
blîc , en la compagnie d'un Grand , iv'*
^1 prend courage, il vient à vous, &
il vous dit , Vous ne faiJieT^ pas hier
femUant de me voir. Tantôt il vous
quitte brufqucment pour joindre un
Seigneur ou un premier Commis ^&
tantôt s'il les trouve avec vous en
converiation , il vous coupe & vou4
les enlevé. Vous l'abordez une autre
fois, & il ne s'arrête pas , il fe fait
iuivre, vous parle fi haut , que c'eft
unefcene pour ceux qui paflènt : aufli
les PampÛIes (ont- ils toujours com-
me fur un théâtre , gens nourris dans
le &UX , qui ne haïflènt rien tant que
d'être naturels j vrais perfonnaees de
Comédie , des Floridors , des Mon-
doris*
On ne tarit point fur les Pamr
philes : ils ibnt bas &: timides devant
les Princes & les Minîfbxes , pleins de
liauteur fie de confiance avec ceux
qui n'ont que de la vertu : muets fie
cmbarraflèz avec le& iàvans : vifs , har-
dis âc dccifi^ avec ceux qui ne ûvent
rien. Ils parlent de gaerre à un homr
mcdcroÛe, fie de politique à un Fif-
nander : ils iaveat Phiftoire avec Ic^
immoles : iU toncPocces avec un Doc-
teur,
4^8 tes CJARACTEREi
t5 1 « tcur , & Géomètres avec un
%iKAnDt. p^ maximes ils ne s'en chargent pa^,
de OTincipes encore moins, ils vivent
i ravâitturie , pduflcz & entraînez
fâr le Verit de lâ faveur' , & par Paî-
trait des richeflcs. Ils nTont point
d'opinion qui foit à eux , qui leur
foit propre , ils en empruntent k Bac-
fure qu'ib en ont belbin ; & ccfoi
\ qui ils crht recours , ifeft gueres
iin botnme fage , bu habile , on
Vertueux ^ c'eft un homme à la
mode,
* Nous avoris pouf les Grands &
j>our les gens en place une jaloufie
-ftefiie , ou une haine impuiflântè" ,
l]ui ne nous venge point de leur
fplcndcùr & de leur c'Itvation , & qui
. lie fait qu'ajouter à notre propre mi-
fcre le poids infupportable du bofl-
hcût d autrui i que faire contre une
Inalàdie dé Tamle fi invétérée Se fi coo-
tâgieUfe > Cdntentons-nlous de peu ,
j8c de moins ericofe s'il eft poflîbte :
ïàchoriS perdre dans l'dccafion , la tt-
cctte eft infaillible , & je coàfens )k
l^éprouver i 'f évite par là d^apprivd*
ièr un Suifle ou de fléchir un Com-
inis ^ d'être repouûe â 110e porte par
56 its Moeurs m ci Siècle^ ^49
U foule innombrable de cliens du de C Va*
Gotirtilans dont la maifoti d'un Mu ^*'
niftre fç dégorge plûfieur^foi^ le jour 4
de laiiguir daiis fa faHe d^aûdiehcc , dé
Jkiî demander en- tremblant & eri bafc
But5ant atîc chôfe jnfte , d^effûycr fi
gravité , foîi rîs amer , & fbn Laconip
me. Alors je ne le hsih plus , je né
lui pdrte pkis d^envie : il ne tac fait
*ucurife priete , je hc lui en ftis pus i
AoUs fommes égaux , fi ce n'eft peut-*
êtite qu^il n'eft pas tranquille , & que?
je le fois;
* Si les Gftmds ont des- oêcafioni
de nous faire du bien , ils en ont rare-
ftient la volonté j & s'ik défirent dcf
éous faire du mal , ils tfcn trouvené
pas toujours les occafiohs; Ainfi Tort
peut être troiiipé dans Pcfpccc de cul-»
te qu'on leuf rend, s'it rfeft fondé
que furPefixirance , ôû fui* la ciïiinte i
& une longue y ifefe terminé qatlque-^
fois ,- fens qu'il arrive de dëj>endré
deux pour te moinfdré intérêt , oiï
qu'on leur doive (à bonne ou (à mau-
^âife fbrtiïnc. Nous devons- les ho'-
Horef parcte qu'ils fortt grands , & que
hous fommtes petits ; & qu^il y eft i
tfâutrc» pk» petits q\ic nous , qui nbu»
^lOieûtr * A
'4$o Lés CAHÀcTtiiES
D » « * A la Cour , à k Ville mcmc»
G K AN 9 s. paflîons, mêmes foibieflès, mêmes
. peuceflb , mêmes travers d'efprir ^
mêmes brouilleries dans les âmilles
& entre ks proches , mêmes envies ,
mêmes antipathies : par toutdeis^ brus
& des belies-meies , des maris & des
femmes ^ des divorces, drs rupcares ,
& de mauvais raccommodemens :par
tout des humeurs , des cokres , des
pardalite&9 des rapporu, & ce quon
appelle de mauvais difcouxs ^avec de
bons yeux on voit fans peine la pe«
tite ville , la rue & Denis comme
+Vcrlka- transportées à + V* * ou à F* *. Ici
'" ' j^^' l'on croie fe haïr avec plus de fierté
tame leati. ^ ^^ hauteur , & peut-être a^vcc plus
de dignité : on fe nuit re'ciproque*
ment avec plus d'habileté' & de fine(^
iè , les colères font plus éloquentes ,
& l'on fe dit des injures plus poliment
& en meilleurs termes, Ton n y bieA
fe point la pureté de la langue , Ton
n'y o&nfe que les hommes ou que
leur réputation : tous* les dehors du
yice Y ^ont fpécieux , mais le fond
encore une fois y efl le même que
dans les conditions les plus ravalées :
i|x>utlc bas 9 tout le foibte 8c tout 1 in-
6V tïS MOECKS DS CE SiECLÊ. 45 1
-idîgnç s^y trouvent. Ces tiommes fi Cnit^
grands du J)ar leur naiâànce , ou pat
leur faveur ^ ou par leurs dignités , ces
tètc$ û Gsttcs & fi habiles ^ ce& fem-
mes fi polies & il^rituelles , tous mé^
prifènt le peuple, & ils font peuple*
Qui dit le peuple dit «plus d'une
chofe I c^eft une vafte expreffion , 2c
JPon s'étonneroit de voir œ qu'elle
embraffe-, 2c ju^ues où elle s'étendii
11 y a le peuple qui eft oppofé aux
Grands , c*eft la populace Se la mul^
titude : il y a le peuple qui eft oppo*
fi aux fages , aux habiles & aux ver-»
tueux 9 ce font les Grands comsie tes
petits.
* Les Grands le gouvernent pflr
fèntiment : atnes oifîves fur leiquel«>
les tout &it d'abord une viveimprei-
£on« Une chofe arrive , ils en par«
lent trop , bientôt ils en parlent peu ;
en fuite ils n'en parlent plus , & ils
n'en parleront plus : aâion, condui-
te , ouvrage , événement , tout eft
oublie' : ne leur demandez ni cor-
itftion , ni prévoyance , ni réflc^
xion 9 ni reconnoiflànce , ni récom*
penie.
* L'on ie porte aux extrémités^
. op-
'4$t ttS e*R.*cf8AE^ ^
tSt% c^ofifes i P^rd de certains pcrioA
CxANDs. nJ,^e,_ La gtyre après leur more
court parmi le peupte, paidant que
les voûtes dra Tcmpleis retentiflèot do
leurs éloges. Ils ne mérilcnt quelque-^
fois ni lioeUes ni' difcburs funèbres :
cfuelqutfois suis ils Tont digaes dâ
tous les deux-.' ,
* L'onrdoit fe erirc fur les jPaiflàns î
il y * prefque toujours de- la flatterÎQ
à en dire du mal pendant qu'ils vî-'
Tent , 8c de la lâcheté quand ils fosAr
iDortS'
CHA-
<aa tEs MocoRs de ce Siècle» 4.^^'
iXUti
»»ï'
C H A P I T R E X.
Du SOUVEJIAIN,
I
9 ^
«
Pe la I^EPUB)L.IQUE.
».
QUand l'on parcourt fans la Cwa^^
pré.ventioi) de fon païs toutes ^»
ks foràiQS de gouyeynemc^ît , ion np
fait à laquelle ie tenir : il y a dajo^
toutes le moins l)on , &: le n^oins
$nauvais. Ce qu'il y a de plus raifon^
mble fie de plys fyr , c'eft d'eftimer
celle o;ù l'op eft ne' , la meilleure de
toutes , & 4!^ s'}r foûmettre.
"* 11 ne fàiu Qi art ni fciénce pour
exercer la tyrançie ; & }a politique
qui Qe conÇfte qy *à rép^n^re le fang,
f^ft fort ^rnée ^ de nuj rafiînemcnt ;
(die infpire de nier .ceyx dont la vie
ejOb un obftacïe à notre ambition ; ury
homme ni cruel fait cela fans peine.
Ç'eft la manière la plus horriJble & la
454 I-«^ Car A ctiru
D u S o '.. plus groflîcrc de fc mamtenir , ou dé
TBAâiN. s'agrandir.
* C'cft une politique fôic & anp
cicnne dans les Républiques, que d'y
laiffcr le peuple s'endormir dam les
fêtes, dans les fpeaacles, dans le luxe,
dans le faftc, dans les plaifirs,dansla
vanité & la moUeffe ; le laiflèr ferem-
plir du vuide , ^ favourcr la baga-
telle : quelles grandes démarches nç
fait- on pas au defpptique par cette
indulgence ! -
* Il n'y 9 point de patrie dans te
defpotiqjie , d'autres chofes y lup
plécnt , Pintcrêt ,ia gloire , le fervicc
du Prince.
* Quand on veut changer & mno*
ver dans une République, c'cft moins
les chofes que le tems que l'o!) configu-
re. Il y a des conjonéturesoiJ l'on fenf
t^ien qu'on ne fauroit trop attenter
contre le peuple ; fit il y en a d'autrj
où il cft clair qu'on ne peut tropJÇ
manager. Vous pouvez aujourdw
pter à cette Ville fes franchifcs , W
droits, ics privilèges r niais demain n^
fongez pas tnême à réforn^cr fes ^
feignes.
" * <^uand le peuple çft cfl ifiouj«-
09 tT.S MOECRS Dl CE SîECLC* 455
ment^ on ne comprend pas par où le Ch a^:
calme peut y rentrer ; & quand il eit ^«
paifible ^ on ne voit pas par où le calme
peut en forcir.
''^ Il y a de certains maux dans la
République qui y font foufïèrts , par-
ce qu'ils préviennent ou empêchent
4c plus grands mau?^. Il y a d'autres ^
inauxqui (ont tels (eulement parleur
^tabliflèment, 6c qui étant dans leur
origine un abus ou un mauvais ufage^
(pnt moins pernicieux dans leurs mi-
tes 8c dans la pratique , qu'une loi
plus jufte , ou une coutume plus rai-
fbnnable. L^on voit une efpece d^
maux que l'on peut corriger par le
changement ou la nouveauté, qui eft
un m^l , & fort dangereux. Il y en a
d'autres cachez Se enfoncez comme
des ordures dans un cloaque, je veux
dire enfevelis fous la honte ^ fous le
fecret Se dans l'obfcurité i on ne peuC
les fouiller ôc les remuer, qu'ils n'ex*
halent le poifon & Pin&mie : les
plus fages doutent quelquefois s'Heft
-mieux de connoître ces maux ^ que
de les ignorer. L'on tolère quelque!»
fois dans un Etat un aflèz grand mal,
mais qui détourne un milhon de pof
45^ Lis C A« ACTBIICS
19x1 Sou- tics maux , ou d'inconvéniena qai
9f * A.'.N- tous^ ferçicnt inévitables 8ç irrem^dk^»
{^ks. Il fc trouve des vwi^ .daiV
chaque particulier gémit , & qui do-
{Tiennent néanmoins un biep pubUc i,
i|uoique |e public ne foie autre chofe
que tous les particuliers. Il y ^ d^
inaux perfonnels , q}xi concçurent ^
• 4)ien & à Tavant^ige de chaque famÛ-
Ic. Il y 60 a qui affligent , ruineçtf
ou déshonorent les familles ^ mais qyi
jççndent au bien & à la ççnfcrvztiojji
ide la m^hinie de l'Ërtat ^ du gour
j^crncmcnt. D'autres maux renvcgr-
iènt des Etat;s ; & Cur le.urs ruines e^
ilevent de nouveaux. On en a v.û
£nfin qui ont i^ppe par les fondement
jdegi*an(ls ï^mpires/(^ qui les ont Bûl
évanouir de.deflus k terre, pou,r va-
.^-ierSc renouyeller U &i^ç de i'Uaîr
jrers.
* Qu^impprte 3i l'Eut c^\j?Erg4fie
/bit riche , qu'il ait des chiens qui ar «
fêtent bien , qu'il crée les mod^ /ûr
)es équipages ^ fur le]^ habits , qu^il
^bonde en iuperfl^te;& > Où il ^'agijt
jde l'intérêt & des commodité^ de
Cout le public , le particulier eft-il
fpmpté > lya coiîfolatiqn ^ics peyp!??
dans
4MJ LÉ« MôfcURS X>€ CE SlEélE. 457
ies choies qui lui pefcnc ui%peu , ^ ^^^*
eft de favoir qu'ils foulaient le Prin».
ce , ou qu'ils n'eurichiflent que lui ;
ils ne fe croyent point redevables î
Ergaftc de PcmhidîiiQièîncnt éc 6 for»
tune.
"^ JLa guerre a pour ejl^ l'antiqui*
te , elle a éce dans tous les (îecles ; oi)
l'a toujours vûë remplir le xnonde d$
veuves & d'orphelins , cpuifer les fa<^
milles d'héritiers Se faire périr lesfresr
rcs à une même bataille. Jeune S o y e^
COUR ! je regrette ta vertu ,ta pu^
deur, ton efprit déia mûr, peqetrant,
élevé , fociable ; je plains cette mor(
pvémacurée qui te joint à ton incre'pi<?
de fre^e , fie t'enlève i nm Coyr pù
tu n'as feit que te montrer ; malheur
déplorable , mai« ordinaire ! De touj:
tems les hommes pour quelque morr
ceau de terre de plus ou de moins font
convenus cntr'eux de k dépouiller ,
iè brûler , fe tuer , s'écorger les unf
les autres ; Sc pour lej^ire plus ingé-
nieufemcnt & avec plus de fîireté, iljs
ont invente de belles règles qu'on ap-
|)elle l'Art militaire ; ils pnt attaché )l
la pratique de c]es regle^ I4 gloire , ovf,
h pluslplidg rjéput^tiofl y&ç^]fi or$
u. Tm.i. * V ae*
•»
458 Lis Caractires
Du Sou* depuis enchéri de (ieclc en fiecle ffif
f I ft A I M. la manière de fc détruire reaproque»
ment. Vc Prnjuftipe des preioicr^
hommes comme de (on unique four*
ce eft venue la guerre ^ ainfî que h
néceflité où ils fè font trouvez dç
fe donner des maîtres qui fixaflènç
leurs droits & leurs prétentions : {;
content du (ien on eût pu s'ab?
ilenir du bien de fès voifîns , on
avoir pour toujours la paix Se 1^
libcrt<f.
* Le peuple paifîble dans iês
foyers, au milieu acs fiens,$c dans le
iein d'une grande Ville 014 il n'a rien
à craindre ni pour fes biens ni pour i^
vie , refpire le feu 6c le fang, s'occu-
pe de guerres , de ruipeç , d'embraie*
mens 8c de maflacrcs , foufifre impar
tiemment que des armées qi|i tiennent
la campagne , ne viennent point à Ce
rencontrer ^ ou ii elles font upe R}is
tnpréfence , qu'elles ne cpmbattenc
point , ou fi elles fe mêlent , que k
combat ne (oit pas fanglant , & qu'il
-y ait moins de dix mille bopmes fur
la place. |1 va même fouvent jufqucf
g oublier tes intérêts les plus cho's , le
gevod Se h Carcti f^r Tamour qu'il a
^ poor
09 CES Moeurs db et Sibclï. 45^^
foxLv le ch^ngemcat « &: par le goût c h a f.
4e la nouveauté , ou des chofès ex« ^>
ixaordinaires. Quelques-uns i:on(ènd-
roient à voir une autre fi3is les eone-
mis aux portes de Dijon ou dp Cor'«
bie, à voijr tendre des chaînes, & fai-^
re des barricades , pour le ièul plaifir
d'en dire ou d'pn apprendre la nou«
arelle.
* DempphUf i ma droite fe lamenta
6c s'e'crie , tout cft perdu, cVft fàiç
4e l'Etat, il eft du moins fur le pen-
chant de fa ruine. Comme^ir refiC»
fer à une (I forte & fi générale
conjuration >. quel moyen , je ne dis
pas d'être fuperieur , mais de fufK«
re feul à tant & de fi puifians enne*^
Pïis > cela eft fans exemple dans lâ
Monarchie. Un Héros ^ un A ç h 1 Lf*
jL. E y fuccomberoit. On a fait ^
ajoûte*t!>il ', de lourdes f^tes ; je fai
bien ce que je dis » je fuis du métier ^
j'ai va la guerre , pC l'hiftoirç m'en
^ beaucoup appris. Il parle là-def-
fus avçc admiration d'Olivier le Daim
& de Jacques Gopur : c'étaient U des
hommes i dit-il, c'etoient des Minif^
très. Il débite fes nouvelle^ , qui font:
toutes les plus triflcs & le$ plus d^fà-*
V X van*
'4.60 L BS C A RA c Tentf ^
Du s o ti- Tantagcufes que Poh pourroit feindre i
TiAAiN. tantôt un parti des nôtres a ctcattw
ré dans une cmbufcade , & taillé eq
pièces ; tantôt qudques troupes ren-
fermées dans un Château fefent ren-
dues aux ennenais à difcrétion & ont
pafle' par le fil de Pépée ; & fi vouj
lui dites que ce bruit eft faux & qu'il
ne fc confirme point , il ne vous
écoute pas : il ajoute qu'un tel Gene-
ral a été tue' ; & bien qu'il foit vrai
qu'il n'a reçu qu'une légère bleflure,
& que vous l'en aOuriez , il déplore
fa mort, il plaint fa veuve, fcscm^^i
VEtat, il fc plaint lui-même, r/ 4 fct-
du un bon ami & une gravée ffûteânm^
Il dit que la Cavalerie Allemande eft
invincible ; il pâlit au feul nomda
Cuiraffiers de l'Empereur. Si Ij^n
attaque cette place , continuë-Mi ,
on lèvera le fiege. Ou l'on demeure^
ra fur la défenfive fans livret' dccom^
bat, ou fi on le livre, on le doit per-
are 5 & fi on le perd , voilà r^^"^^*
fur la fronterie. Et comme pcnio-
J)hile le fait voler , le voilà énnsj^
•coBur du Royaume : il entend de)a
fonner le beffroi des Villes , & cncr^
i'^llarme ;; il fongc à fon bipa & ^ '^
res : où conduira-t-ii (bn argcnE ^ ChaK\
ïcs meubles , fa famille ? où fe rc- ^t
fugiera-t-^il ^ eu Suiilè ou à Ve«*
- Mais % tùi gauche Bdjtlide met
tout d'un coup* fur pied une arme'é
ide trois cens mille hommes , il n'en
-t^battroit pas une feule brigade : il a
Ja lifte des efcadrons & des bâtait-
Ions 9 des Généraux & des Officiers^
:il h'oiibliçpas Pareil lerie ni le bagage^^
Il difpofe abfolument de toutes ces
troupes : il en envoyé tant en AUc-
magne & tant en Flandre : il réferve
un certain nombre pour les Alpes,
yxn pçu nisoins pour les Pyrénées , &
4I fait paiier la mer à ce qui lui
j-efte, II connoît les marches de ces
armées , il fait ce qu'elles feront & ce
qu'elles ne feront pas , vous diriez
qu'il ait l'oreille du grince , ou le fc-
cret du MiniÀrCr Si les ennemis
vjennent de perdre une bataille où. i}
foit demeure' fur la place quelques
neuf à dix mille hommes des leurs ^
il en compte jufqu'à trente mille, ni
plus ni moins , car fes nombres font
toujours fixes &c certains , comme
j^t celui qui efl bien informé. S'ijl
V 3 ^ \apr
4ii tE§ CAtLâCtttti
' perdu une bicoque, non iêulemenc 3
envoyé «'excufer à ks wnis qtf II a b
treille convié à dîner ^ mais même ce
jour-lâ îl ne d)ne point i & s'il fou-
pc , c'cft j&ns appecic. Si les nôtrcl
afficgcnt une place très-for», très-ri^
fulîcre ^ pourvue de vivres & dcmu^
nitions , qui a une bonne gamifon ;
commandée par^ un homme d'u»
grand courte , il dit que la Ville a
des endroits foibles & mal fortifia >
qu'elle manque de pôudit, q« foa
Gouverneur n^tique d*expericncc, &
qu'acné capitulera après huit jours de
tranc Wc ouverte. Une autre fois ^1
accourt tout bor» d'haleine^ & après
«voir refpirë un peu , voilà , sVcrie-
t-il , une grande notf 7cHe, ils fon«
défiiirs à platte couture , le General f
les Che6, du moins une bonne par"
tie, tout eft tué, tout a p^ri : foilif
contittuë-t^i^ un^ grand maflacrt , &
il faut convenir que nous jouons d^n^
grand bonheur. Il s'aflît , il foo®^
après avoir débite fa nouvdfc , à 1^
quelle il ne manque qu'une cifconl-
tance, qui eft qu'il y ait eu une te-
taille; II aflurc d'ailleurs qu'un »
A ^
I
cb LÈS MoËtjRs m CE Siècle; 46 i
Pnncc renonce à la Ligue & quitté fe* C h a n-
Confederez > qu'un aiitrc fc difpoiè à *
prendre le ixiême parti : il croit fcr-
tnement avec la populace qu'un troi«
fiéme ef): môit , il nomiine le lieu où
il eft enterré ; 6c quand oh eft dé^
trompé au^ Halles 6c aux Faux*
bourgs , il parie encore pour l'affif*
inativc. Il fait pat une voye indubi-
table que ( 4 ) T. K. L.feit de grands
progrès comte PEnipereur , que le
Grand Seigneur artne fuiffmmeifit ^
tie veut point de paix j 6c que fon
Vifir va fe mOna'er une autre fois
4iux portes de Vienne : il frappe des
mains , 6c il trelTaille fur cet évene«
ment dont il ne doute plus. La tri-
ple Alliance chez lui eft un Cerbè-
re ^ Se les ennemis au tant de monftres
k aflbmmer. II ne parle que de lau-
tiers , que de palmes , que de triom-
phes , 6c que de trophées. 11 dit
dans le difcoui^s familier , HJotre du^
gufie Veros , nme grand P&tmat , nô^
tre ifmncibte Monarque. Réduiiez-lc
£ vous pouvez à dire fimplement :
te K0> 4 biducouf d'ennemis ^ ils font
futf^
(4)TckcIu.
y 4
"4*4 Ies CJtKAcrtviii
lïVSôù- fuiffMs ^ Us font unis ,. ils fm iipis f
viKA-TN. u lis S Véàneus^ f^ff^^ twjmi tfi'i
ks pourra vaincre. Ce ftyle tiop fer-*
HW & tfop dccifif pour Dcmophilc
o^eft pour Bafiiide ai af&z pômpeai^
ni a(&z exagéré ^ il a bien d'autres
txpreflîons ei> têie ^ il travaille aux
iaftriptions des arcs & des pyrami-
des , qui doivent orner la Ville ca-
pitale un jour d^cfttrée ; & dès qu'il
entend dire que les armées font en
préiènce , ou qu'une place eft in-
vcfiie , il feit déplier 6 robbe & la
mettre à Tair , afin qu'elle foit m*
te prête pour la cérémonie de la
Cathédrale.
* Il faut que Je capital d'une af-
feire qui afl'emble dans une Ville h
Plénipotentiaires ou |es Agens des
Couronnes & des Républiques foit
d'une longue & extraordinaire diP
çu/fion , fi elle leur coûte plu^ d€
tems , je ne dis pas que les feuj^
préliàiinaires, mais que le finaple rè-
glement des rangs , des prcfcanccs H
d^s autres cérémonies,
7. Le Miniftrc ou le PlcDÎpotenr
liaire eft un Caméléon , eft un Vro^
t^éc . femblable quelquefois à^un
où IfiS MOEtfRS DE CE SlECLE. 46$
fbûetir habile ,il ne montre ni ha» Chah
incur , ni compkxioh , foit pour ne **
point donner lieu aux coi^câ:uiies y
Ou fë laiflèr péne'trer, ibit pouriiq
rien, laiilèr échaper de fon &:ret par
ptfffion^ ou par fcnbleflè». Qudiquc^r
fois auifi il fait feindre le caraâcre le
plus conforme aux vues qu'il 4i , ôc
aux be(oins où il fc trouve , & parot«
tre tel qu'il n intérêt: que les autres
croyenc qu'il efl: en efifet. Ainfî dana
une grande puifiânce ^ ou dras une
grande foibleflè qu'il veut diflimuier;
il eft ferme ic inflexible , pour ôter
Penvie de beaucoup obtenir , ou il eft
facile , pour fournir aux autres 1»
eccafîons de* l«i, demandera ^ tCi &
donner la même licence. Une autw
fois ou il eft profond & diflimuié ;
pour cacher une vérité en l'annon^
çànt , parce qu'il lui importe qu^l
Kait.dite ; £c qu'elle ne foit paîcruë $;
oui! eft franc Si ouvert ^ afin qur
lorfqu'ilrdiiSmûle ceottine doit.pa»
être fû , l'on croye néanmoins qu!oa^
n^^noit Hen de ce que l'on veut f^^
voir , & que l^on fè perfuade qu'il .a
tout dit. De même, oa il eft vif 8c.
grand parkiç pour, fafire.parkr.ici
Vf au-.
U
V
466 Les!Ca a ACTBRf I
Dv 8or. avtres, pour einpécber qu'on W ^
▼ BKA^N. parle de ce qii'U ne veut pas,ou<icf
ce qu'il ne doit pas favoir, pour dire
plufîeors cbofes indîfFeieotes qni fa
modifient,. ou qui & déuuiÂot le»
Hnes kl autres , qui confondent dan»
kseiprits la crainte & la confiance^
Cmrfc défendre d'une ouvcrturcqui
i eft échapée par une autre qu'A
aura iake; ou il eft fmid Sctacituroef
pour .jcttcr k$. autres, dans Peqg^c^
' ment de parier , pour eVouicr long-'
teais , pour parler avec afccndanc &
avec poids, pour feirc des promcflb
ou'des menaces qui portent un graiw
«oup , 8c qui. ébranlent. H s'^^'*
& parlçkpiriiiicr^.pburefldcoou-
«ant les oppofitùnis., fcf cootrsdjc*
çont, ks brigues & les cabales ckJ
Mâaîftres étrangers fur ks pxfpo^
rions qu'il aura avanc&s , prendre to
ip^ues & avoir la réptiq ue ; & ^
noe autrereoGontre il pariefeàrwcr,
jKMiK ne. poiôt povler co vain ,p^
être prëds , pou» connoitie fisW^
ment les cbofes fur quoi il cft î^^'
mis de faire fond pour lui , ou f^J
fis ailieas , pour favoir^ ce qu'il doit
ilemaadcr , fc ce qu'il pçut Qbtcnj,
X.
bt^ LES MoEUàs M ce SiccLE. 4^7
Il laïc parler en termes clàîrs & for- Ch af»
hicls I il fait encore mieux parler am-*
fciguëment , d'une manière envelop-
pée , ufèr de tours ou de mots équi»
Voqùes qu'il peut faire valoir, où
diminuer dans les occafîons , Se (c^
Ion fès intérêts* Il demande peii^
quand il ne veut pas donner beau-
coup. Il demande beaucoup pour
avoir peu & Pavoir plus fûremenr. II
exige d'abord de petites chofcs^qu^il
prc'tend enfuitc lui devoir être comp-
tées pour rien , Se qui ne Pexcluenc
is d'en demander une plus grande j
il évite au contraire de commen-
cer par obtenir un point important^
8*iJ Pempêche d*cn gagner plufieùrs
luitres de moindre conféquence, mais
qui tous enfcmble Remportent fur le
premier. Il demande trop, pour être
Kfufé ; mais dans le deflèin de fë
faire un droit ou une bîenféance df
refufer lui-même ce qu'il fait bien
qu^il lui fera demandé , & qu'il ne
-Veut pas oétroycr : auffi foigneux
alors d 'exagérer i'énormité de la de-
mande , & de faire convenir , s'il fê
peut, des raifbns c|u'il a de n'y pas
entendre , que d'afibiblir celles qu'on
V 6 pré.
/^
^(f% .Les CARAcTEais
Dp Sou- prétend avcrir de ne lui pas accorde?
V I R 4 X N. ^ qu'il follicite avec inftancc : égHf*
lement appliqué à faire Tonner haut ,
^ à groiur dans l'idée des autres le
peu qu'il oâre, & à mépriicr ouveN
temenc le peu que l'on coofent de Itii
donner. Il fait de fauiles offres, mais
extraordinaires y qui donneras de la dé«
fiance , & obligent de rcjettcr ce que
l'on acfirpteroit inutilement ; qui lui
font cependant une occafioo de (aire
des demandes exorbitantes , & p^^
teht dans leur tort ceux qui \s,% lui ne-;
fuient. Il accorde plus qu'on lîe lui
demande , pour avoir encore plui
^u'il. ne doit donner. Il fe feit long^
tçms prier , preflfer , importuner fuf
yne cnofc médiocre .pour éteindre les
cfperances, & ôtcr 4 penfe'e d'exigée
' de lui rien de plus fort ;.ou.s'iirelail-
ic fléchir jufques à l'abandonner, c'elE
toujours avec àt^ conditions qui'"*
font partager le ^ain & ks avantages
avec ceux .qui reçoivent. Il pf^^
<îired:emeiît bu indireélement Tinte»
rêt d'un allié, s'il y trouve fon utilité
& l'avancement de iès prétentions.
Il rie parle que de paix , que d'aflian-
ces^quedetranquilîitépubligue ^qp^
«./ •
ou tes Moeurs dc oe Sncit. 4^^
iâ!întcrêt public j & en cflfet ilne (on- Ch a f# -r
ge qu'aux (îens , c'eft-à-dire à deux ^
de (on Maître oQ de ia République*
Tantôt il réunit quelques-uns qui
écoient contraires les uns aux autres ^
& tantôt ildivife quelques autres quj
etoient unis : il intimide les forts Sc
les puifiâns ,il encourage le$ foibles :
il unit d'abord d*interçt pluiîeura
fbibles contre un plus puifiànt pour
rendre la balance e'gale : il fe joinc
enfuite aux premiers pour la faire
pancher , & il leur vend cher fa pro-
teâion & fon alliance. Il (ait inte«
reder ceux avec qui il traite ^ & par
un adroit manège y par de ûm & de
fubtils détours il leur fait fentir leurs
avantages particuliers , les biens & les
honneurs qu'ils peuvent c(perer par
une certaine facilité , qui ne choque
point leur commlflîon , ni les inten^
tions de leurs Maîtres : il ne veut pask
aufll être crû imprenable par cet en«
droit : illaiflc voir en lui quelque pei»
defènûbilité pour fa fortune : il s'at-.
tiré par là des propofîrions qui lui dé-
couvrent les vues des autres les plus
iecretes , leurs de(reins les pi lis pro-
fonds Se leur dernière re(rource , & il
« ^
/
A^à Lès CÎARAÔfÉftÉ^
tJé $6uA cri profite. Si quelquefois ilcft tcîc
1 1 R 4 X Ni djin5 quelques cneft qui ont enfin cté
réglez^ il crie haut; fi c'eft Iccoor
traire , il Cric plus haut, & jette ceu*
qui perdent fur la juftification Se là
dcfenfîvc. Il à fort fait digéré par \i
Cour, toutes fes démarches fout me-
fiirrfes j les moindres avances qu^ilfaîÉ
lui font prclcrites ,- & il agit nétn-
moins dans les points difficiles , &dans
les articles conteftez , comme s'il fe
relâchôit de lui-même fur le thanïp ,
6c comme par un efpric d'accommo-
dement : il n'ofe même promettre à
l'ABemblée qu'il fera goûter la pro-
pofition , & qu^iJ n^en fera pas dé-
fevotié. Il fait courir un bruit fauJf
des chofes feulement dont il cfl char-
gé, muni d'ailleurs de pouvoirs parti-
culiers , qu^il nedrfcoUvre jamais qu'à
Pextremitë, & dans les momens où ii
lui fcroit pernicieux de ne les pa5
fiïcitf e en ufàge. U tetid fur tout pat
fes intrigues au folideÔC à l'eflentiel ,
toujours prêt de leur facrifier ks
points d'honneur imaginaires. Il a du
flegme , il s'arme de courage & de
patience, il ne felaflè point , il fàti-
^ue les autres, il les fHDUflfe jufqu'àu
* ^ ^ dcr
âécféurageiâem y il fe ptAraiitiotmc 6é ^^^
S*ef7diiFcit contre les Icntcuf s& les rc ♦
mifès , coïitfeIes*cpfochfed,ics'fou{y-i
çons 9 It$ défiances » contre ks diâSM
culcez & Jes pbfhcles ^ perfuadë qw
le tctûs iènl Se k^ e<mjoii€)kires ^xae^^
nent ks cho&s ^ 5t Canduifènt ks e&
prîts au point oà oti ks fbahaite.. Il
ta jttfques à feindre un inter& fecretf
k la rupttire de là négociation , lor&
^ti'il defire le plus aixfcmmcnt qtt*èl*
ie fok continuée ^ et & au contraire
il a des ordres précis de faire ks dcr^
nief s eflforts pour la rompre , il cfoic
devoir pour y réùfSr en preflèr l^
continuation êc la fin. S'il furvient
un grand évenenietrt , il ieroiditoil
il Te relâche febn qu'il lui td utikr
ou prëjudiciabk ; & fi par une gran-
de prudence il fait k prévoir , il pref*
fè & il tempbrifè félon que TËtaC
J)0ur qui il travaille en doit crain-
dre ou efpercr,* & il fcgfe fur fes be-'
foins fes condition*. Il prend confeîf
du tems , du lieu , des occafions , de
fa pmflance ou de fa foiblefk » do gé-
xne des Nations avec qui il ti^ite,, du
tempérament & du caradere des per-*
Ibnnes arec qui il négocie. Toute»
fca
4Ti trs CARÂCTERÈi
Dv^ Sotr- fgg y^çs ^ tdutes fes maximes^ tofll
t«iiAiN. jgg raffincmeas de. fa politique ten*
dent à une feule fin^ qui eit de dè^
tre point trocppe^ Se de tromper les
autycs* *i • . i .
. * lue carafibcrc. des François iti
mande du férieux dans le Souverain.
* L'un des malheurs du Prince eft
d'être fouvenc trop plein de Ion fe*
crct , par le péril gu'il y a a le rc^
pand^e : fqn bonheur eft de rencon-
trer une perfonne furc gui l'en dc^
chi^rQs. ' . , ^
* 11 ne manque rîcna unRoiqufi
tes douceurs d?une vie privée : il ne
peut être confolc d'une fi grande
peftc que par le charme de Pamiac,
& par la fidélité de fcs amis* ^ .
. * Le plaifir d un Roi qui ©^ff
de rêtre^ eft de Pctie moins qud-
quefois , de fortir du théâtre , de
quitter le ba« de foyc & les brode-i
quim 5 & de jouer avec une p^-
fonne de confiance un rôle plu^ ^
milien
. * Rien ne feît plus d'honneur ad
Prince que la modeftie de fofl F**
yori.
: * Le Fayori n> point de ft^'jj
ijti lis MoEVRS DE CE âlEGli. 47^
i^ (ans engagement & fans liaifons^; C h Ali
ii peut être entoure de p^rens & de ^^
créatures , mais il n'y tient pas : ii
eft dëtaehé de tout , & comm^
ifolé.
* Je ne dôi;^te point cj^'un Favori^
s*il a quelque force 8c quelque élëva^
tîon , ne le trouve fou vent confus Si
déconcerté des baflèfTes, des petite^
iès y de la flatterie y des foins fuperflus
èc des attentions frivoles de ceux qui
îe courent , qui le fuivent f &: qui
s'attachent à lui comme fes viles créa-<
turcs 9 ôc qu'il ne fè dédommage danf
le particulier d^une û grande ièrviti»«
de, par le ris Se la moquerie. ,
^ Hommes en place , J^iniÂres f
Favoris , me permettrez^ vous de lé •
dire , ne vous rcpofèî point Âir vos
deicendans pour le foin de votre mé^
moire » Se pour la durée de votre *
nom ; les titres padènt , la àveui*
S'évaxK>uït y les dignitez fe perdent ^
les richeflès fe diflipent , & le mérite
dégénère^ Vous avez des en&ns, il
eft vrai ^ dignes de vous , j'ajoute
même capables de foutenir toute vo-
tre fortune » mais qui peut vous en
promettre autant de vos petits-fils j^
:^i4 LbS CATLÀcfivLii '
t>u Sou- Ne m*cn cfoyez pks^ regardez ccttï
1 1 ft A X N. unique fois de certains hommes qw
totts ne regardez jamais ^ que vous
dédaignez : 9s ont des ayeals, à qui
tout grands que vous êtes , vous iw
fiites que fiicceden Ayez cfc fa ver-
tu & de Phumanité , & fi tous mii
dîtes , qu'aurons - nous de plus? je
vous rrfportdrai ^ de Phamairité & de
la vertu : maîtres alors de ravenir,&
îndépendans d'une pofteritc, vous
, êtes fûrs de durér autant que la Mo-
harchîe ; & dans le tcras que l'on
Inontrerales ruines de vos Châteaux,
■ fe peut-être )a feule place oîins
ëtoient conftruits j l'idée de vos loua-
bles actions fera encore fraîche dans
l^efprit des peuples , ils confidereronJ
avidement vos portraits & vos mé-
dailles i ils diront i Cet hommedont
Vous regardez la peinture a parle a
fon niaîcre avec forée & avec libe'^^*
& a plus craint de lui nuire que QC
<ui déplaire : il lui a pefrms d'être
hon & bîenfeifaût , de dire de fc$
Villes , ma ionhe Ville , & àtion
î^cuple ^ mm Peuple. Cet autre dortt
vous voie4 l'image , & en qui J'^"
<tmanjue une phyfionomie forte ',
W' tis MoÈtTRS tic CE SiECLi. '47^
]mnte k uù air grave ^ duftere & mz* c h* i #^4
jeftiieux ^ alimente d'tnnée à autre X.
de réputation i les plus grands politiv
fpics fôuârent de lui être comparez.
Son grand deâèih a été d'afiermir
l^utorité du Prince & la fureté de$
peuples par Pabaiffementckà Grands i
tù lea partis , ni les conjurations , ni les
iràhifqûS, ûi le péfil de la mort » itf
les infirmitez n'ont pu l^en détour^
•ner : il a du tems de fefte , pour en*
itamer un ouvrage , coiitkiué enfuite
Se achevé par l'un de nos plus grands
i& de nos meilleurs Princes^ Pextino*
«fîon de riiéréfie.
t "^ Le panneau h plus délié & fe
i»lus fpécîeux qui dans tous les tems^
Ait été tendu aux Grands par leufs
cens d^afiaires ^ £c aux Jltois pa/
feurs Miniftnes , eft la leçon qu'ils
Jeur font de s'aojuitter Se de s^nri^
cbir. Excellent cohfeil ! maxime
-tittle, filiâueuflê, une mine d'or, un
JPerou, du moins pour cetix qui ont
fû jufqu^ préfent hnfpîrer à leurs
Maîtres.
♦ C*eft Wi extrême bonhctrr pour'
les peuples , quand le Prince admec
«kns & confiance , & cJK>i(k pour te
lûi^
- i
^jé Les CÎa r a et ntiii-
Du Sou- miniftcrc ceux mêmes qu'îb auro.^^
t â â A I H. ^Q^^^ \^i donner , s'ils en avoient ctc
les maîtres. : ,
* La fcience des détails , ou oM
diligente attention aux moindres^ be^
foins de laRéjJubîique, tEt une por^
tie efiëntielle au bon gouTernement ;
trop négligée à la vérité dans les der-^
niers tems par les Rois ou par les
Minières ^ mais qu'on ne peut trop
fouhaiter dans le Souverain qiui l'î^
gnore ^ ni afiêz eftimer dans cdui qm
Jà poflcde. Que (ert eh effet au bien
des peuples , Se à la douceur de &$
jours , que le Prince place les bornes
de.fbh empire aU-delà des terres de
ics enoemis , qu'il faflèide leuri
Souverainetés des Provinces de fou
Royaume , qu'il leur foit également
.iuperieur par les fîeges & par^ les ba-
tailles ^ Se qu'ils ne foient devant lui
en fureté Ai dans les plaines « ni dani
les plus forts baftions^ que les N^
lions s'appellent les unes les autres i
: fe liguent enfemble pour fe défendre
& pour l'arrêter, qu'elles fe ligqerit
en vain , qu'il marche toujours , &
3u'il triomphe toujours , que kuts
erniere^ cfperances foienc.tambéqs
bu iBi MosuRs pn CE Sieci|[. 477
îpar le raficriniflement d'une fanté qui C h a t:
donnera au Monarque le plaifir de ^* .
voir Ij^s Princes Tes petirs-fils foutenir.
ou accroître Tes deftinécs , fe mettre
en campagne , s'emparer de redouta»
bles forcereflcs , 8c conquérir de nou«
veaux Etats , commander de vieuH
& expérimentez Capitaines , moins
jpar leur rang & leur naiflance , que
{)ar leur génie & leur fagefle , fuivrc
es traces auguftcs de leur viârorieu^
|>ere , imiter fa bonté , (à docilité ^
ibn équité , fa vigilance , (on intré^
piditéî que me ferviroit,en un mot,
<:omme à tout le peuple , que le
Prince fût heureux Sc comblé d$
gloire par lui-même Se par les fîens ,
que ma patrie fût puiflànte ôc formi-
dable? fi trifte & inquiet, j'y vivois ,
dans Poppreflîon ou dans l'indigence ;
fi à couvert des courfes de l'ennemi ^
je me trpuvois expofé dans les places
ou dans les rues d'une ville au fer
4i*un afTaffin , & que je craigniflè
mpinsdansPhorreurdela nuit d'être
pillé 0)1 maflâcré dans d'épaiflès fo« ^
rets , que dans fes carrefours ; fi li
fureté , l'ordre & la propreté ne ren-
(Joiem f as le Séjour âss Villçs fî'dél^
cicux.
47t - Les CARAersitts
Bu Sou- peux , & n'y ayoicnî pas ao^en^ avec
ir iK^iN. j^abondancei la dpuceur de la focie-
fé y fi jfoible èc &ul de n^on pm $
j*avois à (bu^rijT dans n)a mç'cairie dit
voifinage d'un Gmnd , .6c fi l'on ayoiç
moins pourvu à me &ire juftice de
fes entreprises ; fi je n'avois pas (bus
paa main autant de maîtres ^ d'c^*
retiens maîtres pour élever mes eoa*
fans dans les Sciences oi| dans le^
^rt$ qui feront un joi^r leur établiflc*
pilent j fi par ia facilité dv commerce il
m'etoit moins ordinaire de m'habilkr
de bonnes etofiès , Se de pe nourrir
à& viandes faincjs , Se de les acheter
peu ; fi enfîp par les foins du Prince
je n^étois pas auffî content de ma for*
cune, qu il doit lui- même par fes ver*
fus Pctre de la fienne.
^ Lies huit ou les dis^ tpille hoa}«
;nes font au Souverain comme une
iQonnoyedont il acheté une place ou
une via:oire:s'ii fait qu'il lui en coû«
te moins5 s'il épargne les hommes , il
reflèmbleà celui qui marchande Se qui
ponnoît mieu:^ qu'un autre le prix de
)'argent.
* Tout prpfperc dans une -Mo^
fiuux:hte , où Ppn £pnf(^4 les intCf
rets
ou itBs Moeurs de ce Siècle. 479
fêts de PEtat avec ceux du ]Prim:c. Ch a^
* Nommer un Roi P £ a p d y f^
P £ u p L B 9 cQ: moiiis faire Ton éloge^
xjuc l'appcjler p^r fon aom , ou feire
ft définition.
* II y ^ up comiperce pp lun re*
tour de devoi):s du Souverain à feç
Sujets, $c de ceux-ci au Souverain ;
quels ibot les p}us aûujetciâans 1^ les
plus pénibles, je ne le dçfciderai pas ;
il s'agit de juger d'un cpté enfre les
/Étroits engageooehs du refpeiâ: , cle$
fecours , des fcrvices , de 1 bl^ïflàn-
ce , de la dépendance ^ & d'un autre ^
^es obligations indirpenfables de bon*
té , de juijbice , de ioins , de défenfe «
de proteftion. Dire qu'qn Prince eft
arbitre dé la vi<e des hommes , c'eft dirç
feulement que les bpmmes par leurs
irrimes deviennent naturellement fou*
P)is aux loix £c à la juftice , dont le
Prince eft dépofîtaire ; ajoiiter qu'il
efl majtre abfolu de tous les biens de
fes Sujets , fans égards , (ans comptç
ni difcyffion , ç'm le langage de la
flatterie , c'eft l'opinion d'uà Favorf
qi^ ie d.édira à l'agonie.
* Quand vous voyez qpelquefois
uu aomhreDX proupeau 1 fjui rppgqdn
fuf
4«o Les Caractères
ï>u Sôxj. far une colline vers ie décUn d^îi
V •*A'N» beau jour paîttranqaîlletnent le thim
& le ferpolct , ou qui broute dans
une prairie une herbe. menue & tcn-»
dre qui a cchapé à la faulx du moif-
fonneur ; le berger foigaeux & atten-
tif eft debout auprès de fes brebis , il
ne les perd pas de vue , il les fuit , il
îcs conduit , il les change de pâtura-
ge j fi elles fc difperfeqt, il Icsraffem-
Ile 5 fi un loup avide paroU , U U^
chc fon chien qui le met en fuite ,
il les nourrit , il les défend ; l'aurore
le trouve déjà en pleine campagne ,
cPoù il ne fe retire qu'avec le Soleil i
quels foins ! quelle vigilance ! quelle
{ervitude ! quelle condition vous pa^
roît la plus dcHcieufe & la plus libre,
ou du berger ou des brebis > le trou*
peau eft-il fait pour le berger , ou
le berger pour le troupeau i Iniar
ge naïve des peuples & du Prin*
ce qui le gouverne , s?il eft bon
î?rince.
Le &fte & le luxe dans un Sou-
Verain , c'eft le berger habille d'or
& de* p\tt revies , la houlate d'or
«n fes mains ; fon chien a un col-
lier 4'or : iJ eft aijachc' avec une le&
fç
u»
ou LES Moeurs ob cb Siècle. 4S1
|c d'or & de foyc , que ftrt tant d\>r Ch a^
à ion troupeau , ou contre les loups > ^%
* Quelle heureufe place que celle
qui fournit dans tous les infbns Toc-
caflon à un homme de faire du bien
à tant de milliers d'hommes ! quel
dangereux pofte que celui qui expoie
à tous roomens un homme à nuire à
un million d'hommes !
'^ Si les hommes ne font point car
paUes iiir la terre d'une joye plus na<^
turelle , plus flatteufe Se plus fenfîble
que de connoître qu'ils (ont aimez; 8c
û les Rois font hommes , peuvent-
ils jamais trop acheter le cœur de leurs
peuples >
* U y a peu de reglei générales &
de mefiires certaines pour bien gou«*
vemer : Ton fuit le tems Se les con-
jonâures , Se cela roule fur la pruden^
ce Se fur les vues de ceux qui régnent :
aiiffi le chef-d'œuvre de Tefprit , c'eft
le parfait gouvem^ent ; Se ce ne
feroit peut-être pas une chofe pofli-
ble y fi les peuples par l'habitude où
ils font de la dépendance Se de la.
foûmiffion , ne (kifoient la moitié de
^ouvrage.
* Sous un très-grand Roi ceux quji
T^nn. U X tîen«
4^1 LisCaraçt8RBs
Gto So n- ôenseiit les premicres places q'oiicqqf»
▼iKAJN- ^ dcvcMrs faciles ; Se que Ton rem*
pUt iâas nulle peine ; tout coule de
ibttn:e : i'jiucorité Se le génie duPrîir
ce kuf appkmiflènt les chemins , leur
^pargtieBS ks difficukex, & font eouc
profperer aiMlelà de leur attente : ils
ooc k mér'm de fubalternes,
* Si c'eit trop de fc trouter cliar««
g6 d'une firule famille , fi €^c& affîz
d'avoir à répondue de foi feul , qnd
poids , que) accablemmt qpe œlui
dis- tout uQ Royaume ! Un âouve?
nûit eft-il Tpayi de fcs peines par le
pkifir que iiêmble donner une puiG^
fance abfoluc , par toutes les prof»;
toraations àf^s Courtifans t Je fi>nge
aux péniUes , douteux & (k^ereuz
chcmias qu'il eft quelquefois . obligé
de fuivre pour arriver à h tnuiqui««
lité publique : je repafle les moyens
eKtrêtnes » mais néceflaires^ , dont il
«le ibuvent pour une bonne fin : jp
is qu'il doit répondre à Di» me^
me de la félicita de fès peuples, que*
k bien & k mal efl en fès mains , &
^uejtoote ignonmce ne l^Qccufè pas ^
éc ie me dis à moi-même , vc^rois^
^rcj^oer ^ Un boïpmomi pep }iea«
soax
où LBS Moemis M dl SisclIi. 4I5
toît dans une condmon pHvéè do^ Cuirî
vroit-il y renoncer potnr une Monar** *•
çhie ? N'elb-c» pas b^coup pour celsi
qui ië croave en pliice par un droii hé*
nfditaire^de fuppofter d^re né Roi?
^ Que de dons du Ciel ne iàut-il
pas pour bien régner? utle naiilanct
auguftc , un air d'enïpire & d'autbricéi
un vî&ge qui rempli/^ la curiofité
des peuples empreiS» devoir lePrin^
ce , & qui conferve le refpeâ danft
un Courtiân : Une parfaite ^alité
d'humeur ^ un grand âoigtietnent
pour la railkrie piquante ^ ou afièt
de ration pour ne fè la penbettit
point : ne ftire jamais ni menaces ,
m reproches , ne point céder à k
colère : & ctrc toujours chéi-: L'cf-
prit ftfcile , infinuaDt : le cœur ouveit^
fincere, te dont on croit voir kfbnd;
& ainfi très^propre à fe faire dttu
amis , des créatures ^ 6c des àllie'z ;
ccre ftcret toutefois , profond et Mh
ptfnétfaUc dans fts aidtifs & dam
fcs projets : Du fïfieux & de la gffti-
vic^ dan^k puMic : de la brièveté^
jointe à beaoïeoup de jufteflè & de
dignité , fok dan» les iépioùkê âtut
Ambaffiidcurs des Pnncea ^ ibit diAs
X X les
4^4 i-^^' CÂltACtKRIS
Du Son- les Confeils : Une manière àè
V I AAi M. des grâces , qat eft comme un lêpotid
bienfait , k choix des perfonnes cpjG
Pon gratifie ; le difcernement des d^^
prits , des taleqs Se des dqlniplexions
^our la diftributiôn des gpftes éc des
emplois : le choix dés Generau^ 8c
des Miniffa-es :l VH jugement (crwc ,
Iblide , déciiîf dans les afi&ires , qui
iait que l'on connolt le meilleur par-'
ti & le plus jufte : un efprir de droi-
ture & d'équité qui feit qu'on fe fuît ,,
julques ï prononcer qùèlduelbis çpn^
tre ioi-mcme en faveur du pepp^f
des alliez , des ennemis , unç mémoi-
re heureufeSc très-prefènte qui rapelle
]es befoins des Sujets y leurs' vifages»
leurs noms , leurs requêtes :XJne vafte
Capacité qui s'étende non içulémeot
«u* aifiires de dehors, au"çpm|ncjcé^
àxix maximes d'Etat , aux vùësèt^lz
politique , au reculement d^froffiçra;
par la conquête de nouvÙlc^j^rify^i^
ces , &i Icurfflretépar uiV^^^
bre de forttrefics macccpîwes ; rfi^s^\
fâche auffi fe renfermer ;aU a^^pfl^
êc comme dans les !^tail$ ^..tpiit
un Royatime ^ qiii cà^
culte faux ifixCpçQitc enheihi âch
Sou-
ev LES Mocims i>ï ce Sàcuu 4tf
Sou^^erainecé , Vil s'y rencontre j qui C HA?,
aboliflê des ufiges cruels & impics ,' -'^•
s'ils y rcgnerrt; qui réforme Ici Loîx
£c les Coûcuines y û elles étoienc
Amplies d'abus j qui donne àn^ Vil-
les plus de fureté & plus dé cbmmo-
ditez par le renpuvellement d'une;
ixaâe police , plus d^éclat & pîùs dé
Aîajefté par des édifices /bmptuelix i
3Punir feVerement les Vrces fcandà-]
leùx : dotmer par fbn autorité & pzt
ton exemple du crédit à la pieté Sc
t' ïk vertU' : protéger TEglife , fes Mi*
Ai&tcs ^ ies libertez ; ménager fes
iteuples comme les enfans j être
toujours occupe de la penfée de led
ibulager , de rendre les fubfides le-^
fers y 6c tels qu'ils fê lèvent fur les
Provinces (ans les appauvrir : De
grands talens pour la guerre ; être
Vigilant , appliqué , laborieux : avoir
4e| armées nombreufes, les comman.
dei' en personne , être froid dans le
véti\ , ne ménager la vîdqfuc pour le
hijçh défoh'Etgt , aimei" le bieb dé
fbtfi Etat& ft gloire plus que fiVic ;
Une puif)âhce trèà-àbfoliië , qui ne
laiifîc point d'occafion aux brigues ,;
i' l'intrigue £c à la tâbale ; qui ôte
X 3 celte
4gV Ië's Cahactbiibi ••
Bu Sou* cette diibdce infinie qui eft qnclqde*
vit A IN. iots encre les grands Se les petits ^
qui les rapproche » & (bus laquelle
tous plient également : Une étendue
de connoiflânce qui fait que le Princô
Toit tout par les yeux , qu'il agit ini«
médiatement Sa par lui-même , que
k$ Ge'neraux ne font , quoiqu'e'Ioigoe^
de lui , que fcs Lieutenans, & les MiniA
très que fes Miniftrés : Une profonde
h^cne qui fait de'ckrer la guerre, qui
fait vaincre & ufer dé la yiâôire, qui
fait fai re la paix ^ qui ait la rompre , qui
lait quelquefois & félon les divers id*
terêts contraindre les ennemis à là
recevoir ; qui donne des régies à und
vafte ambition , & fait jufques oii I où
doit conquérir : Au milieu d*ennetnii
couverts ou déclarez fc procurer k
loifir des jeux , des fêtes , des fpcc-
tacles , cultiver les Arts & les Sdem
ces ; former Se exécuter dès projeti
d^édifices furprenans : Un génie enfin
rupérieur 6c puiflant qui fe fait aimer
& révérer des Gtn$ , craindre àti
étrangers , qui fah d'une C6ur » 8C
tnéme de tout un Royainne comme
une feule &mille , unie par&itemeift
fous un mêote cheif ^ dont Putâbn Si
/
ou LES Moeurs DB ce Siècle. 4!^
la bonne intelligence eft redoutable Chap^
au refte du monde : Ces admirables ^*
yei'tus me ftmblent renfermées dan$
ridée du Souverain. Il eft vrai qu^il
eft rare de les voir réiinies dans un
mênâe fujet : il £iut que trop de cho-
{es concourent à la fois , l'efprit , le
cœur , les dehors , le tempérament ;
fBc il me pâroit qu'un Monarque qui
les ralTemble toutes en fà perfbnne ^
c^ bien digne du nom de Grand,
Tin dfi fffmier Timff
D 4362 9
313623
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