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Full text of "Les caracteres de Theophraste traduits du grec, avec Les caracteres ou les moeurs de ce siecle"

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LES 

CARACTERES 

DE THEOPHRASTE 

TRADUITS DU GREC 

LES CARACTERES 

LES MOEURS 

DE CE SIECLE. 

Par Mr. dbla Eau-vEnE. de l'Académie- 

Fr«nçoire. 

ÏT LA CLEP, 

£a marge Se 
^ far Orért4^uAtt'i§u^ 

TOMÇ SECOND. 

KoorcUe Sdittftn Aatnwatlt; 




A A Kf S T E R D A M. , 
ChezPiBRRR M ARTi A V, Libraire, 



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M. Dccr. 






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LES CA RA CTERES 

pu L ES 

MOEURS 

DE CE 

S I E CLE. 

A prévention du peuple en fiiveur 
des Grands eftfi a^reugle , & 1 cn- 
^ têtement pour leur gefte, leur 
■^ vifige, leur tondevoix& leurs 
manières fi ' gênerai i que s'ils s'avifoient 
d'être bons, celairoitàKdolâtrie. 

* Si vousétesné vicieux f'^6Thea^ef$e$ 
je vous plains: fi vous le devenez par foi- 
Weflè pour ceux qui ont intérêt que vous 
lelbyczi qiHQntjuréentr'euxdevouscor-. 
romp^ç, ôc.qui le vantent déjà de pouvoir 
V réuflkji iQuf&ez que je vous méprifâ 
Maisfi vous êtes ,fige, tempérant, mode-. 
. ?5«^. n. A fte. 




g Les CA^RACt^ERES 

fte , dvîl ', généreux , rcconnoiflant » labo- ' 
ric^>. dWifaog d'^wrs & d'uacfwif- 
fince à donner desex^nptesplutotqu'àics 
prqpdtc d'autruy , •& raire les régies j^- 
tôt qu à les recevoir 5 convenez avec cette 
£»rtetd^ ^Mi^ fùivrevpar compki&ôct 
lèiirsrdéte^àieMj^èuriivtoe»^ ôcteuf^ft* 
lie 9 quand ils auront jpar la déférence qu'ils 
vous doivent £âteig;e qoiutàs les vertus que 
vous cherifTez: ironie forte, mais utue, 
trés.p»€|prcv4m«ttt0C vps n^eyrs «U/feure- 
té , à réweiûr tou&kufsprejci&t , &à ks jet- 
ter dans le parti de continuer d être ce (ju-ils 
ibnt , & de vousiidflbr ttl que vous éces. 

^ L'avantage des Grands fur les autres 
hoitiTf es eft ifinieiifcrj^ un endroif;; jeimii 
c^ Içur bpine cjbçjejif» lei|rs:richai^ainQU« 
blemens^leurschiensfleurschevauxy leurs 
fingesj leurs nains, leurs fpus& leurs fia- 
feuics; niîttsjeleiirenvîeleborfieur.d avoir. 
)l Itnr^Ùcfkfi des gens qui le^^égdient par le- 
coettr8cpftr;ré%rit5 8C4:iittle»paflfeotqud[- 

quefeis» 

- ' *^ Les ' Glanée fe pîqucfttai'ôuvrir'Unc^ 
allée dans un^ forêts de feâtemrdê»terres^* 
pârc&longuesqnuraittes', dedoperdes pla- 
fonds^ dèfiire'VeBfl!'^poiiec9^%a»> dé' 
imubWuneopangerie: mais-de^end^un: 
coeur client ^ dé combla' une ame déioye > 
dèprévcWd%»trémcetèfcw, ou^'J^ré^- 
cftedi^^S ïètt^ curiofef nw'é«»d péÈ^itiupr 

^^^"''\, ' .'-••on 



t 



mepauvreayiladécidc. ■ i 

SL*;^rï-^ fJ«^«* «fe-diflfertûtesrtba^ 

Plaifent daa$ l'excès, j5c» léS' petits ahnfeotf 
Umodcfâttbftj oeuxtlà^owlè'^dédo- 
mtaef ;» dé^oûmftwndfer, ôcceux^*' feiw 
^dtt daifc-, «même de là vattité-à le* 
wrw &-à leur obéïf* les<ÎMiidsfonrett- 
wunMftv fihieï-, re^)ttaètt: lès^jette entou, 
««vHiuftiei fe'pK>flérne»ie, ôiwtiifcnt' 

♦' n-oûâw fî^pea 'atw<^Hdaf à'ntdboJ 
^TjMe-dètfparoley, «! leur'cofldltfcdlé»' 
<atWBfti fl fort' de tenir Jésbtelfcspttjiîteflè* 
qtfllâ^u*ont&feï} que c'eft'wodfcffièà 
«w de'neprotneetfcpas' encorephularB»» 

«tt'tféréànicfùiwe', ç^ttrèàtelUtt 

aotte-plûsjeuiMt^'etoiéve'fes'dÇjmneeSi « 

A i obi^ 



'4 . L'ES G AR ACTE k ES- 

qbtientle pofte qu'oa,nerefiifèà:ce oaalhéU* 
reux f que parce jfju'ii l'a trop merit4r 
^ * Je lae içay » d^^c^-vous ^vçc un air • 

àeYefprîif de i's^émentj de Texaétinide. 
£ir fba devoir , (fe .k fidélité 2c de l'atta* 
çbementpour fbn maître, & il en eft xoe^ 
dîocreipentçonfideréy il ne:pjaît pas» H' 
n'eft pas gQuté: ^ expliquez- vous% eH-cc 
jpbilante» ou Iç Grand qu'il ièrt, que voi^. 
condamnez? 

. P Q eft (purent plus utile de quitter les 
Çrands que de s'en plaindre. ^ 

. * Qui peut dire pourquoy qu^ques-* 
uns ontlejgroslbt, o^ quelques autre3lai 
Éveur des Grands ) . 

[ ^ t^ Grands >{bnt: fî heureux 9 qu'ils 
ç!eflu7^nt pas m^e dans toute leur vie* 
Hnconvenient de regretter. la perte de 
Ipurs meilleurs ièrviteurs ^ ou des perfonnes 
iUuftres dans leur genre, &. dont ils ont ti-, 
ri le plusfde d|ai(îr & le plus d'utilité. , La 
première choie que la iSatterie fçait j&ire a* 
pris la tapn de ces liommeiuniques ^ qui 
ne & rq>^ent point, eft de leur fuppolèr 
^es endroits é^ibles, dont elle prétend 
que ceux qui leur fùccedent £)nt très ex- 
empts^ elle aflure que Tup avec toute la. 
capacité & toutes le^ lumières 'de Tauti'^ 
' )nt il prend la place, n'en apoint Içs de« 
uts { & ce (tile (ert aux Princes à fè conib* 
r du gtand &de l'excellent par le medio* 

««.. i .. * Les 



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0aiBSM0EUXl$DECBSIECLC\ f 

* I.CS Grands dédaignent les gens d*ell 
prit qui n*ont oûe de l'emrit ^ les gens d'et 
Iprit méprifcmlcs Grands qui n'ont que de 
la grandeur: les gens de bien plaigneift les 
uns & les autres , qui ont ou de la grar*. 
deur ou fiéi'fefpfît , fans-nulle vertu. 

* Qiâhd jé vois d*une part auprès dçs 
îGradds , à leur tablé y & qudquefois dans 
ieur ' fenriBanté vde ces hommes alertes^*, 
cmpreflci , ' iiitri^ian)*, avanturicrs, e{prit$ 
d^gereux^ôc numblés* Se que je confide* 
Tç d^ùtre |)aft Quelle peine ont les pdribn- 
liesf de mente à en' approcher, Tèneltûspas 
toujours dîfpofé à: croire que les méchant 
foient fbofFerts par intérêt, ouquelesgens 
de bîcttfoifentirfcgârdezconntme inutiles 5 j^ 
trouvé plilaf mon cortplte à rte cùùèxititir 
dans cette^^^ftfte, que grandeuf êcdifeer» 
neffient font déuxchofcsdîfierentcsi' ficlV 
moùr pour la vertu & pour les vertueux > 
unctroifiëmechofe. ' 

^ Lucik aime mieux u(êr fa\ne à ft£sA! 
re fiipportérdcqurIqùeaGrandsf'qued*é-^, ^ , ^ 
tre rçQciit'à vivre fioiilierement avec R$\ 
égxixx. '', ' 

. La régie de vdr de plus grands que (bjTi • 
doit avoir iès reftriéHons^ Il faut quelque** 
ibis d'étranges taleas pour la reauire ep, 
pratique; 

* Quellç. eft KhdiiraWe inalidle de^LIver 
Tbeopbik} elle lâi dure depuis plus detr»-q««4'Att 

(e;uinéeS| il negueHt poiati îl^yoului ^""^ 



4 I«ES C^^RACT 6 RBS 

3I .v<utf & V wdr« gowerper les pfands; 
^ «içirtrcmle li^ ôtet^a^avi^ç la vieccttefoit 
^?èn?piTe«c,d'aicc»dwtiui:}escfpriUi eft- 
j^ en3lui :!ade.<îu pro<d3«A2 > eitrce haHtu- 
4e? eft-ce.jHttfi^3^(fi;Ke opintondeCjy xnè- 
nie ?iln'^{appi«t j(M^glai&^u;ilfles^mfî 
^ nîçft ,pgs w nîiliw d'mac-cfeamlwe quil 
^'0rêtiÇ9 U fil^e ;^ miie ^brafiire ouau 
fii»my 9n Wçad gv'|l,«k parlé, & 

«ft»»gw« îlprivfei«, jil:s'o0ic, ilfe,&it 
Ijovr^wew^r «fenitjçi^^U fon;g|irf^^ 

dont il fe cl^geplus volpfKiim: îlfiQQUKCjf 
ji 1^^ îfrr WVt ^ .x^ HFUfièmrdc 

terre fa. cft-il débarqué, qu'il rempoignc & sî/5a6i- 

* Une froideur ou une mci^u: qwi 
_i!tf*3iât.Mrt SWi$N»«ltftî)»,«ftJw- 

ÂBMWwtesrwwiïft il r i ;, 

* Il 



^ II'y^dé&lM»Miesittpei4K8^|piel^âe^ 
mû&n de leufs ri¥»uit htnttdlhifcHiifpfi^oi. 

«â'àitddrelelUut^: iMis'la tt»^s^(«dbi»* 
ior tottteeéhoféa, les ^edsftt ei£n ibus^leiil: 
mturd. 

* Le mépris ^e4«s OhMds MtjKMir 

ties^^ fiïrk» louiÇ^é84}U%'enreccfit'eût^ 
te Ifempene kilr ytttdii. DecnèmelesPriii^ 
W8 loiia ibas finerfiAs y^thedésgmndl 

Y% «efllMiolaEit -éMrMM^e ode^ qm hcs 
tottttir; 

ides^ ^tihàtÊktmtt q«r'à tieltie datis les auà: 

«WbMttHèS k (kc^AtHreà'ëffMt, Inhabiletés 
bMUÈnmt^^ Bc s^éiflfMMnt 4b cesridktt 
«tfteEiS) itMifHe <ie dtoft^âAëi à fe)ir«)P> 
ÉHoe: iÊ^ €ef^»idttnt M feM Utae ^rr^ 
l^ffiere defemurrir lie fi<iii!ffiss{)réyetm . 
tfmsH 'oe quV y« jâfiiiAs M ^ iMeux par- 
fis de mieux dit, de il^toux écrit » 6c peut- 
teeiKMe isMdûfte )>kis<èéliMte ae nous 
«ft-paswâjoimvéâUHfe lelfr^feod: ilsôfit 
degcMds^OQitMdiiciif R vne lôtiguie ilAè 
d'Aneècns, tek ne lefeir peift être ^cohte- 
wbém 

* Av«2»vdus de Mprlt> de lattait- •Mi.deia 
deor, deWwbaété, dugoût,dud«wiie.'~^***- 
nteac} en croiray^je k prévention &k 
batterie <jpâ publkût hardiment vôtre me»- 

A 4 rite? 



-« êûoif par m «ir de 
MORv ci vous metui 
ES ç£i ic taâ, de ce ^ 
t ce ^j s'écrit i qvà 

ùr in kxoDges , & 
: ae ^^ snadier de 

arçraMôan? jecooduc 
sièàiatt que vousavez 
t£ aoàii & de grades ri- 
■«V9 <àe iv«B dcfioir, 7i- 
coAe. de vousqueconv 




JMBTâm finâfarit^ , 
c awfel, pour^vout 
-^•^/bÊk, tvecqwvoiu 
iwiKque raus,*Z>#ii« 
MMi imt-ce^fetpour 

eki qoe sib podroieac 
Mnmotft iè coonoitFC 
leicat boule de primer. 
i>MtU««s Ontcurs, y 
. oui puiflèot les entea- 
in«t« bons Ecrivams* 
^ivnt Gre? De'mànic 
MW du petit nombre de 
de cookiller les Rois, 
0cde 



OV LBS MoEUÎtS bfit^E SX BCLB. '" X^ 

te de les aider è^nd PadiriifAIlration^Ieutfa 

afiàires mids s^ik ludflent^enfia ces hôoirâek 

iiabiies te mtelligensy^^lls agiffent Tdùh 

licuTs^âësec leurs- Iiâàtetd , fbnt-^âs at& 

mez, font ils eftimez autant qu^Is letnerr* 

tent ? fbnt-ils'lQùez 4ece àalk pcnferit ôcdà 

rè qu'Us font pour lapatne? us vivent» U 

&ffit /onJ|escenf5re slkéch^ent , Se on les 

envié s^i^jéâfiîflentr biânkttri le peuple oii 

iljferoît'ridicdedevoùldrrSçxclifèrj Ion 

diàgrtn Se (a jalotifie regardez des Grandi 

oudesPuiflàns'comnieinévitables» les ont 

conduits infenfiblement a le compter pour 

irien , & à ^^^ff^^ ^' iuffra^ès dans touteir 

leurs enttèpmes ^ '^s^èi^&ièeinêQie méré^ 

'rifeWpolIt^iîe. '^'•. ?•'- *^ -'^ • • ■' 
^^ Les tjietits-ft^tSîflSHt les uns les àuti^ 
Iprfqu'lls fe n^fent réciproquement^ Lcfe 
t3^nds'fi)ttt ,,ôdiéux aux petits parole hial 
qu% kur fent, & par tout.lë $ien bu'ils 
M leur font pà^ r ils leur ibnt réfponâblea 
aëjfeùrôblfeife, • d^qeur paévrt», c& de 
{ëùrïnfèittfr^ i^o^xjt iâeîoins ifo leur ûroiH 

• Cnsft^déja'ttejyd'avàfravcc lepe^^^ 
une même Rfclî^on & un «ême. Jpil?u,^g3^^ 
quel xtioyctk ehcdr^ de Vappellèr Pierre^ qiupoiteiu 
Jean/Jâra^ Wfe*^Ié*M^i^î»P«'ôolèietnomi 

Laboureur : '/éfrftqàs d'àveîf rîen de comf> J^ 
imi» sx^ l^^inUlMè, ageftons'aii 'eèfP Achir 
tni^%Mle^ leff diinn6tiôhé\ui-noMS eiitlM^ 
(cj^àtéi^i •qtt^ÛeVàppirc^rie'lcs ^ae Ai 
•i A $ pôtreSf 



^6 .^,..fs.ÇÀ^4-PTIP»*f;. ■ 




. . ." .J 



peredesunille, &qu^ie IoùeDtçp;&m 



Scleibibledetoatun JËtaCt ftagent à fe 
tMiJt placer^ fe placent» s'âevrac^ ck«» 
tienoem puiffiui», feukgeatlePriooeti'a^ 
fie partie ans feins publics^ les Qimismà 
kl àéditgaoiâat ïmrtvttmty heureux a di 
fle^eflimt leursgendf es» 
* ^ Si je co ûj pi i fe etafemMe ha dfeax xoa^ 
dMonsoes boonnes les plaa op^po^s^ je 
vteBxâirelesOmndsaveclepeQjne» cedtru 
niermepemkromentdutieceflfl^ ficks 
«utres looc itiquiecs Bc pauvres avec k fu^ 
perâa Ui) bomnie du jpAipk fle %uroîc 
fi^ MOmmal; uirOrandneTeacfivevn«* 
cun bien 8t eift tapsUede grandstn a ilx t I^qq 
M Ct ibfiueatnë'yexorceqdedktns leb dho* 
fttqiui flmc udtesj l'autre 7 joint le^perdU 
tiaifts : là fe inontreot iûgenuëmenrfei 
ftro fl StrijréacktfiaDchifej icyiè coche nnè 
ffi^ aMAnetctoarômput iixis Pkorce de 
lapoliteueylepeupfen'agabresd'é&flr^ 0c 
lea<ktudB n'ont pt)hicidwiè^ cëkii^abon - 
fend ^ n'a ooiot de ddiocs $ ceux^cy 
n'tat qw dte àefaorsjc qu'uâe fimplefopsp* 
fidSL nittc41 opter^ ]t lie bahacepas» je 
Veuziéci^MUple.. 

* Quelque profonds aue fykbt bb 
<im»b w^la Cour ^ 6c duMque tait qu'ils 
lyeatpwr paroltrece quilane fhm pas, te 
poutrBepdmtpiimitreceifi^ &» 
P0UTM« Cad» kqr maii^fté^ tattremifc 

Ai KM 



If Les Caracterbs 

taé peote à rire aux dépens d'autruy v àç à 
jetter un ridicule fouvenc où il n'y en pêne 
avoir : ces beaux talens fe découvrent en 
eux du première coup d'odl f admirables 
iàns doute pour envelopper une duppe^ fie 
rendre fot celui qui left déjà; mais encore 
plus propres à leur ôter tout le plaiûr qu'ils 
pourroieat titerd'un homme d'e{prit » qui 
feauroit {ëtoûrhér & fe plkr en mille ma- 
nières agréables fie réJQuiffanteS) fi le dan* 
gereux caraâere du Courtifàn ne Tenea- 
gec^t pas à une fort grande retenue : iilui 
ôppoie un caraélere ferieux dans lequel il 
fé retrandie ; fie il £dt ùhiea que 1^)3 nul- 
^ leurs avec des mtentkms 'firmauvai&s naaa« 
* quentd'occafionsdefèjouerdelul 
.' ^ Lesaîfèsde la vie , l'abondance y le 
calmed^une grande proQ)eritéj iont que les 
Princes ont de la joye de refte pour rire 
d'un nain > d'un finge i d'Un imbecille, 6c 
dWmauvais conte* Les gens moins heu. 
ri^ux âe tient quf à propos. 
jlX ^ Un<3randumelaChamp^e» ab« 
horreiaBrie ^ ils'enyvre de m'eiileun via 
que l'homme du 'peuple : feule différence 

Sie la crapule lame er^tre les conditions les 
us diiproportionnëes >. entre leSeiffleujr 
(ÔCl'Efttfien r; * 

: 1 "* P H femblc dnabord qu'il entre dans les 
:|daifir3; des Prindes un peu de celd d'inr 
tcocamodeiflesaucres : maisnon-) JesPrin* 
€es reffcsil^dt aux homo^ i ^ fi>aeenc 
5.i *. . . àcux- 



00 tBS MoBtiâS Dfi Cfi SIECLE. t| 

i eux-mêmes, fuîventleurgoût, leurspal^ 
fions, leur commodité/ cela eft naturel 
' * ♦ Il ièmbfe que la première règle des . '- 
compagi^ , des gens en place ,' ou des 

ÎuiuanS) eft de donner à ceux qui dépen* 
;nt d'euK pour le befbin de leurs afikires, 
toutes les traverfes qu'ils en peuvent crain* 
dre. • ' ..... 

^ Si un Grand a quelque degré de bon- 
heiûr fût ks autres hommes , ]e nedevine 
pas lequel, fi ce n^eftpeut-êtredc fe trou- 
ver fouvent dans le pouvoir ficdansPocca* 
fîon de &ire pla^r ; & fi elle naît cette 
conjonâurè y il iemble qu'il doive s'en 
fervir } fi c'eft en faveur a un homme de 
bien , il doit apprdbeixler qu'^e ne lui 
échàpe; mais comme c*eften une çhofe 
jufte , il doit prévenir lafblficitation , iSc 
n'être vu que pour être remercié -j & fi 
die eft &cile , il ne doit pas même la lui 
faire ^oir } s'il la lui refuie i je lesplains 
tous deux. 

. ^ II y a des hommes ne2 inacceffibles l 

<& ce (ont precifément ceux de qui les au-* 

trescMit belbin j de quiils dépendent : ils 

ne font jamais que fiir un pied ; .mobiles 

.cônmie le mercure Hspiroùçttent , ils ge* 

'iUculent, ilscrtent, ifss'a^tent s femUa; 

•bks à ces figures de carton qin Tetvent d^ 

^noDtreàoneiefte puisque, iti Jettent fèti 

:Sc flamme, tonnent^ foudroienr, on n'en 

4ipprQchepas> jufqu'k oe quevenant k s^ê- 

> , \ * A 7 teindre 



\ 



sicftiqaes 
deslcTel- 



44 Le< CAitdkCfCRVt 

Viennent tmtabJbs» ^misîaïutilcs^ 
^^^7*'' u * t LeSuifle^ ie V^et4e<4MiiAre, 

'^^ gueneporteleurcoQdiâoa, >DeÎ4fi;eotpliis 
aeu^-^mêmes pax leur preoDiere bâiâèâèi» 
mais par l'ile^on àc k jfbrtuqe ^ ^90$ 
qu'ils fervent , & mettent tous ceux fwA 
entrent par kur porte ^ bnonMitlfeur eA 
çalier ^ indifiFeremmÊat «u d^tis d'eiiat 
8c de leurs maîtres : tantilcftvmjrou'on 
îpfl: deSinéà fou&k âes Omods & 4e)ûequi 
Jeurappartieat. 

* Un homme «a plaoe doit timer £>ii 

Prince» liitemme« &^ eo&tis ac apré< eiiat 

Icsgensd'cfpriti'illesdokidkîpter, Jl^loit 

3^en iournir & s'en )(H3Mb nMquer; il » 

fcauroitpajrer , je aedispas detroipdepeo^ 

faons & de hieûfaits ^ mais de trop de ê« 

miUarité & de catctks les Jfecours & les 

tovices qu'il^ en tire , inême &n$fel^ 

Toir: quels petits bruits nediflipeat^p»} 

quelfcs hiftoires ne redw£(ntil9p«sà h &^ 

Ek&àlaJiâioa^ ae iigi^tfHsJb pas joâ^ 

£er les ouuvais iuccés par les bornes iir 

tendons, prouver k b^té d'un àtSàn^ 

h juftefle des mefures par le botèeur des 

éveneméas ^ s'clever (;anti4rkubalîgdté et 

? pour accorder à de bonnes mtt^ 

4e HKCflieiflrs motift , donner dei 

ipns fiivoiqbl^ à: dû ms^fencei ^ 

n mauw(bi d^dam^lopctits ^ 

£iuts> 




iqp)^ rcmarxÔJQÛlleoc- 

^mwjifeiuC)» A: 4;f)urnçr le iis &Jaotf)C 
^wic cfv^co ^wx 4uî oTeroieQt m don* 
xçrt «u jH^Mcer jde» fints ouuraircs ? b 
ffiay g^e le^^ScM^ qw poiir (coawncBe 

jp i^'j^Wi ^^% jb^ ^^irâr^ 'eo piufieurs 
rencoocres y quthifftt 4içf le$ empêche 

jSv^ coonu • lejbiep traitier 9 deuocgiaodû 

* Tu es grand f tues^puilTant, cexi*e4 

m frffejij MMimk^f^^ afin 9W je 
tçù$ triiU 4'^cre 4â^4« tes boooefi gt^« 

^ Vi>i^ 4iDe94'ua Graôd oud'oo bon^ 
loeeqpt^^^» qM?ilrôprevepaoitt.p£ckui^ 
G u il aia;^ à ^r# pl^^ : & vou3 le coor 
manp^T ^Jpqg 4^ dp ^eigu U a &it 

1^ qq$ «fi^s-PÂ i ji Tçû qw yousproQie?; 
idriir^i j(B vpWf<Qtmdf 7 <^ vapourrou^ 

aechc» vous êtes connu du I^iioiflxe^ vqui 
^e9i)jl(Q9 4V4K; A» ff»fep%iKdtf6ri(¥-fbu8 

'«•ri 



» ^ 



iS U^S CÀRACTCltES 

>Rray,luy rcpbncl«|ir6uà ^fi^ètiéfifènfhié^ 

femhk mhnt^tfiM t^eztivik ^ Jcèrôis etr^ 

corfi vous entendre y' vous votiléi qt?bà 

"l^ache qu^ih hofntne en pkce a dé 1 attiehi 

tionpour vous, & qu'il vousdeméle tflns 

l*antidiânabi*ê entre mille honnêtes gens 

de qui a détourne fes ye^u*, depeurcfe 

tonifcr 'dansl'încbnvcnieht.deleitf rendflè 
ïeÊdut, oirdeîeurfbârird • .- c- 

Se iQÛer de quelqu'un , iè louer d;*un 
Gr^9 pfarafe dêlkate dans fbn origine^ 
'& qt» fignîfie fans doute fe loiier Iby-mê- 
Tne, en difent d'un Grahdtoutle bien qu^ 
QQUsa Êit , ou qûH ii'a pas ibn^ à nous 
fidre.' '".'■■ •'- "'^ \ 

^ On loue les Grands pôjàr marquer qù^bn 
les voitdeprés-V rarement par çttiiipe cAipat 
gratitude,;- on ne connoîtpas fouvent ceux 
quel'on loue; la vanité ou lalegerfetéftm- 
poirtent ^uâquefbîsfurlercSentiment, ,ori 
cftibàlçontentd'cfqx, &onlesfoii!ei - - - 

*• S'il eflr bérilleùxdéîremper.îïàns Uto 




tire, êc^usj^iflc payer doutlctnenti pour 
lut & pour vous.' JL-'.:. . t 

i- *^liePHhceiï\pO!niSflSB^ toute fî 
fortune pour payer ^e tialfic ^içM^BSBW^ 

3 Vitrât ^tà^my^'Qisl^fièd 
^^^"tWj^iie^i^^ 
< \.^ -^ punit 



ou LES Moeurs de ce sx bclb* i f 

punir / s'il mefiire la vengeance au tort 
qu'il en a reçu, 

^ La Noblefle expofè & vie pour le là- 
lut dei'£cac $ & pour la gloire du Souve* 
raid. Le Mbg^ftratdécharge le Prince d'u«« 
nepartie du loin de juger lespeupies : voilà 
de part & d'autre des fondions bien lubli^ 
mes ôc d'une mervetlleufè utilité ; les hom- 
nés ne font gueiss capables de plus gran- 
des chofès ? & je ne ^ayd'où laRcSe Se 
?Epée ont puilé de quoy fe méprilèr ved-. 
proquement. ."* — 

^ S'il eft vray qu'un Grand donne phtt > 
à la fortune loriqu'â bazarde une vie defti* X 
née à couler dans les ris, le (^aifir 2&1V /< 
bond«3ce^ ^u*un puticdier qui ne ri^ue \ 
que des jours qui ibnt miferaUes ; iLfiàti \^ . 
avouer auffî quil a|unr>tDut autre dédonK ^ . 
magementV qui eft la gloire £ck haute rei" 
put^on : lelddat ne fent pas au'il Ibit 
connu , il meurt ob&ur 6c oànsla foule; 
il vivoit de même à la vérité , ^ mais iUvi* 
voir ; ic c'efl Tune des iburces dii dé£iuc 
de courage dans les. conditions baffes :8c 
ferviles. 'Ceuxaucontndreque:knatfiân«< 
ce défioéle d'avecle peuple , & expo&o» 
veux des hommes , à leur cenfbre, de à 
leurs éloges^, font même capables de ibrtir 
par effort de leur tempérament , s'il ne les 
pcMTtôit. pas à la vertu : & cette difpoGtion 
ae cœur 6c d*e^rit qui pafTe des ayeuls par 
les perep dans leurs delcendans ^ . efl cct<^ 

te 



r> 



> 



febramure £ familière acKpeiftnoesiiii^* 
bles^ ficpeutètrelanobldreaîâme. 
. :J<ït0MiMf7 cda06 4cs ^tmi^ oomme 
iwfiiopleiôkht', jelcits Thcdioe : :txm^ 
tâ&jaoy A4a'tete d'uBc -année doht jStoe 
à répondre ii toute L^an^ ^ je 4o» 

AOBIUfi». 

^ Les Pôdces fiosaptie'iaBKexiy ^on 
tietié^eoatmjgKKÔtiie'eampnrifcn.^ ik 
foit ÎMft Bc éi ey cx aa mibeu 6c commb 
dtnrieiceiitnniesiindJeumMiy^ à^ooy 
îU rapportent ce qu'ils lifènt , «onqcAbpor 
yeèt « 4c<6 ^iii'élâ eméiMkac Tout ;cequt 
s'r^o^flôtK^de LuiXT, deRAQU», :8c 
dexs^iuiM , éftxaMidanBié. 
, ^ lfeparicr<nttrjtnnes iB!rfni»ft|iifc<do 
inaide lci]r>Mng<9 ^cftaaiieKoesidtpiKMi^ 
tknu loiiijUAtiiitecuiietÔoiiritiK 
vnr A4iiiel»ràe<4fe;ft :poii&BRira4i»V8i^ 
ânr» Bcciift.'ib ibdt UeBiaws fiijtfR àigw 
9o»r«tticiindes>^gnedBdè4àJeur aatffinw 
ce^t qit^ conSmdreilasipcBfeaiieB A^e» 
tDBitf dodahfemiiiBtit .& -finsudffiiitDttDft 
dos condknns «Se «ksUtrcB .: ébwx^ifl» 
fierté ifBUiiBcUe ^^ii% ^MsowKflt dms-ltflft 
woafioBB ; il ne kordiBit tfai JeçaoR (jM 

rr la xdàt « xque pour leur iaftiicr la 

ité, l^Buâixse A Itfpfk de iHcer^ 
loeitt.. 

^ tCeft une ^reifaf^pocitfe Ji:taaiiom'' 
me dxme csrtaiae'iâevstîon , ^ ne p«i 
pnendie d'^ifandie^fwg^qcB bif «ftdû, «r 

que 




ou LBS^MOSURS DE «QE.&IBCLE, 2.^ 

que tout le moadeluy cède; jlxieJuyxQu. 
te rien d'èf re modefte » de ie tnelcr àam 
ïa.nuîltitude.g[ui"iva Couvrir pour'Luy # M 
prervire xkns. we^iTembltte une idemiefe 
place, . afin .que tous Tj vpyent , & i*eai- 
pteïïeat de Tcnlàicv. La -mcidelKe cft 
d'une pi:atîque .plus amere aux hommes 
iW cox^ditlon^ ordinaire ; . s'ils k jettent y«> 
dans la.fiuiley Qo.Iesiécraie ; jslls dhoilîP 
lent un poRe incomisucKle « il3eur,den;fea^ - ' 

* .,4c^itfi^tfXertiad^ 
avec .ua]3Qra0it.&: xm itrompetce, celuy« 
arjcpoiineoGB^ .tonte k jncuiltitudeaccoûrt 
^JËraflcmUe^ écQUtq3;»,pcupIe»-jdit]eHei* 
xault^i&Tes^attenti^ Bsnce» ^^rifimgmfm 

vous vSj/€X,Mfi9a doiff^^ 

jQîeux ? .^^jejieilgadi^pas ^ô^ûU^it biai# 
lou ^ je.jie le, Imi^onne psis .du • jmnîos 
jdcjcne ravoir œpcisl 

^ Ixa.xneuîejures a,£lions «sfalterent û 
i!;^ffiàiblijOrc(^t par Ja mamierr .door 4on Je? 
£it n A: :l4îCeK9t]nê^e.t^ou](çr âes -^eiv 
lions ji .cdli^ gui [procfg^.oû qui Jbue la 
vertu ppur,u^yenu:9 qui corr^ ou qi^ 
blâmele^eà'Cau&.duwicetf ,i(git Gmple; 
mtxxt^ natjiir^Ueaient « &ns. aucun tQur« 
;to nulle .fit^ularitéj^ lansâftet iàn&a^ 
;{è<%i^iQii : 0in*rU&,pintde4r/épcwfèsjgra* 
yc9 de 'i^q^ntîeufi^j ^e&alre hmms «^ 
•^ ' ' thrits 



t. 



' 



%o Les-Caracteres 

traits picquans & iàtiriques * ce n'eft ja" 

mais une fcene qu^il joue pour le public 9 

c'èft un 5on «xemplç qu'u donne ^ & un 

devoir dont il s'acquitte j il ne fournit rien 

•Rende»- aux vifiteS des femmes , . ny au cabinet^ 9 * ny 

lis de qaci-^^ nouvelliftes, il ne donne point à un hom- 

queth^. me agréable la matière d'un jbly conte : le 

ultfis 0k$ bien qu'il vient de feîre eft un peu moins 

confia. îçâàla vérité, mais il a &it Ce bien , que 

ipi^ Widrbit-il davantage? 

^ * I^sGrandsqcdcMvent point aimer fe* 
premiers temps,^ ils neleur font point «vo- 
tables j il erf trifte pour eux dV voir qiè 
înous iôrtions tous ' du frère '& de la foeur* 
Les honnnes compofent enfomble une mê- 
ihe &m)Ie ^ - il n'y ique leplbsduleàioins 
îdanslçdegré die parenté ' * " '. . 

fl'ilff. .* 'f'7^(?(j»fVcftrcçhcrchédansfonaju^ 
*j]j?]^"«'ilcippnt ,- ,& il fort paré comme unfe femi. 
■^^**' me r il n'eftpashors de là mailon > Qull a 
déjà àjûfîélès yeuxôc fon vifige, afin que 
ce foituneicholè £ute quand il fera dans ït 
public» qullyparoiffctoutconcertéf que 
ceux . qui pàCfent le 'trouvent; dçja gratieux 
& leur fourîant , êr que nuhie luy échappe. 
:Marche-t-il 'dans les filles , ilr fetckiirne à 
droit DÛ il y a un grand monde, ' & à gau- 
che ou il n'y a perionne'; ilfaluë ceux qui 
i^y fontpas L îleiftbraflfe un homme quil 
trouve foiis ia ifnain ^ ' il Ipy preffe la tété 
contre là poitrine, il demande cnfoité qui 

xftceluyqiftiacttibraflëi Quelqu'un afce- 
'•' - ' foin 



w 

<0U LES Moi^S DB CE SlfiCLB* 2z 

fein de luy dans une affiure qui eft.iicUe» 
Uvale trouver tluyfàicfipriere» Tbeofipis 
FécoOte fiiVorsit>lejnent , il eft ravi de luy. 
être bon à Quelque chofë^ il le conjure de 
&ire naître dés qcc^oosde Juy lendrefèr* ' 
vice^ & comme celuy-cyinfîite fuç fondF- • 
Êire» il luy dit qu*il.nela fera point» il le 
prie de'fe mettre eo là place» iiren Êdtju*? 
ge:leclient{brt, roçonouit» careffé» confus» ' 
pcefque coûtent^'être refufé. 

^ C^^ft avoir une.tFes-maM\^{è opinioa 
des hommes 5 & néanmoins les .bien con* 
aoitre » que de croirç dans un grand poft& 
leur impoier par des caceflfes étudiées » par 
de loqg$)& flerilçs embraflèmens. 

* jPfm^itiÀnes'entretientjpasaveclesti^Mu^ 
fflens qu'il rencontre dans les Q&cs ou dans^'JjjL 
les coursi " ^'^^ ^^ ^^^^ ^ gravité & l'é- ^^ 
levation de ià voix» il les reçoit» leur don» 
ne audience» lescoogedie » ilades termes 
tout à la ibis civils & hautains » une bonne* 
fteté imperieufe & qu il employa jQuis dif- 
ceraement » il a une fàufle grandeur qui 
Pabaifle &c qui en^barafle fort ceux qui 
font fesaaiiâ» ic qui ne veulent pas lemé*. 
prifcr. 

UnPamphileeft plein de luy-mèroe, ne 
ieperd pas de vue ; ne fort pdnt dePidée 
dei^erandeur » defèsalliances, de £1 char*, 
ge» de£idignité: ilramafle» pour ainfixiire» 
toutes iès pièces » . s'en enveloppe pour Ce 
£ùrevaioir: ildit» M^nOrdu^mmCmim. 



un Bamphile' ecy pis mor^ieur étire grande 
il croit l'écrevilnel'd^nsv iI'Mi^apéà 
un Grand; â quel^èfoiT' il{ {oûrir^aMm> 
bomam-^lûr dernier oiidfé>y • à-un bonmê 
éfébrk r U choiftt fèr« tM^'fi^julfe ipill 
n'efi jamrô: prislurléftÉ^f 2imi^]a«niu^ 
grar loi foofiteUMtnBlâi an vîi^ s'ii'éoaifr 
floalhcurcxifenietic ' foipris» densr'k- liiaMdfe 
familiarité avec quelque' qm n^'i^ 
opdént, r^peiflant V nyamf il^bn^Kfibi- 
ftte» ny-fonalfie, n^mioaic^ue^^ il 
eit ferere 8t inexorable à^qui nV point* en?* 
core fiûe fa^ fortune • ' il^ous a{^)erçoirua^ 
Jour dans une «dleriev èc il votia^ fiiît^; fit? 
leiendeiBain^s^ vous'ttoave'en'unjQndhiit 
jQODins^piiUiGy on9^«fl^Uie, enk^cMi^ 
pi^nie dHin Grands il'pKnd ooûfâge j ili 
vientàvoua^ 2cilvo«i9dtr» f^ôiêinèfaifiiSf^^ 
fm biiT fimUait>dtfm'xmr: TaRtèr^iî v«Q8^ 
quitte bniiquement poor joindre un Sei^ 
gpeur on un premier Commic ; £t tâflrôt< 
?il lestirouire^ avec vons^en conv^lSeioçi^' 
ilvpuaiooupejt vou9ke<enlèvi? • vonslV 
bord«K un^autreAi9i &;ilne s'airétepasi 
il fèfàit iuivre , vous parle fi haut y que 
c?eft uaeibenepoQr ceux qui paflem : auffî 
lee: Pbropinâes Ibnt-ili toûjoura^comnie fur 
us:^ofltrr;.gefisneQrri5i]an94e^AtnBi Stf 
qniineihaSfifent rièntanc^œ dîétre natu^ 
ms^^ vraisrperfèviftàeesde'coraidiè; des* 



- ' On 



OULBS.MoeQ1I8>^DB'OBHBQLE« If^ 

OaneUritpoifiefarlesBAfxipJiiles j ib' 
icmt bas 6c timides de^nt le» Princes fti 
les MiQiftres, pleins-de hautetinSc de con- 
fiance xiftc ceuX'Quîfi*ont qtsedelaverm;: 
snieti&einbamfleKaxreelesIçavansj vifsi 
birdi» 8c dedfifs avec ceux qui ne ^avenr 
rien 9 ilspaWent de &;uerre'àun homme de 
lobbe» Si de pcditMjue à un Fihander ; 
ils ioamne lliimire avee lès' Ammes f ils* 
ImtPoètesayeeuaDoâteur^ &Gèome- 
tresavee un Poète : demaximesilsncs^ 
cfaai^gentfXM, d» prindpesfeneore moins, 
ils vivent à l'avanture , pQuflfezfitenrnd- 
mi par le venirde là faveur ^ fit par I^ttrait 
des nà«St»'y ili n'ont poiht d^opinion gui 
ftttàjeux, quileur (bit propre^ ilsenem^ 
pnuMSt àmeAirfrqu^»eQ:ont befinn; 6r 
œluià-Qoiilis^ ont recours» n'eftgueres uir. 
homme'Ê^^ ouhabilé>ouvertueux9 c'eft: 
unliomnie à la mode. 

^ Nous* avons pour les Giands^ârponr; 
leigsnsen{daceiiiiejidouGeftéTBe, ou une 
biiiie ii&piéfflinte>. qutnenousvangepcrint; 
de leur ipleodeureé de leur élévation, &' 
quiuie fidr qu'ajoutera nfitre propre toife- 
rele ptids'infiipports^ledu bonheur d^u*^* 
tniy : que finre^contne^unenudadlr de l^i-'^ 
me fî invétérée & dconta^^ie? Contenu 
tons-»nou»de peu ) 6t de moins encore s'il* 
eftpoflTlÛe^ l^aobcms^perdredansl'occa- 
fion, IttreœtteièftkifiiHiUe , & je conlèns 
àl'épreavcr • : j*évi«epar là dSipprivoiftr - 

un 



^^ Les Ca;R acteur s 

unSuifle ou de fléchir un Commis» d^étre 
repoufîe à une porte par k fouie innom- 
I^rable de. cliens ou de Courtifkas dont k 
maîion d'uo Miniftre fé d^orge plufieqrs 
fois le jour , de knguir dans u ialle d au- 
dience , de lui demander en tremblant 6c 
en balbutiant une choie jufte^ d'efluyer 
fà gravité » ion ris amer^ & ion Lacmif- 
ftf€ : alors je ne le haïs plus, je ne lui por- 
te plus d'envie ^ ii ne me fait aucune priè- 
re » je ne lui en fais pas , nous fommes 
égaux, fi ce n'eft peut-être qu'il n'eft pas 
tranquille , & que je je fuis. 

^ Si les Grands ont \ts occafions de 
nous faire du bien , ils en ontraremenc la 
volonté i £c.s'ils<lenrent de nous &ire du 
mal, ils n en trouvent pas toujours les oc 
cafions • ainfi Ton peut être trompé dans 
l'eipece . de culte qu'on leur rend , s'il n'eft 
f^ndéque iur l'eiperançe, ou iur k crain- 
te ^ & une longue vie fe termine quelque- 
fois , &ns qu'il arrive de dépendre d^ux 
pour le moindre intérêt , ou qu'on leur 
doive ià bonne ou ià mauvaiiè fortune : 
nous devons les honorer parce qu'ils. font 
grands y & que noos iommes petits , Ôc 
qu'il 7 en^ d autres plus petits que nous, 
qui nous honorent. 

^ A k Cour , à k Ville mêmes pafl 
fions» mêmes foibleiTes , mêmes petitef^ > 
(ts , mêmes - travers d'eQ)rit $ mêmes 
brouilleries da^s les iamilles ^ entre les 

pro- 



ou LES Moeurs de ce siècle, if 

proches, mêmes en^es , mêmes antipa- 
thies : par tout des brus & desbelies-mè- - 
res , des onris & des femmes » :des dif on 
ces, des rupcaces, 6c de maùvms raccbfti- : 
modemens : par tout deshumeurs ^ des 
colères» des partial! tez, des rapports» 8c 
ce qu'on appelle de mau vais dtfix>urs : avec 
de Dons yeux on voit fans peine ]a petite 
ville 9 la rue S. I>enis ccmme tranfeortées 
àU**QuàF**. fcyroncrpkfel^ra-Vetfiine 

vec plus de fierté & de hauteur, *P pou^ ^JJïT*^ 
^tre avec plus de.dteiité , oncfê miit recii* * 
proquement avec p^ d'iubileté & de* & " 
neflê; les colères ibnt plus éloquentes, èc^ 
l'on te dit des iajurçs plus poliment & en 
meilleurs termes ^ l'on n'y blefle point la 

Eureté de la laïque » l'on n'y. offeofe^que . 
ts hommes 6u que leur réputation y tous ; 
les dehors du vice y fbnir fpecieux, mais le t 
fond encore une iois y efl le même que 
dans les conditions les plus ravalées , tout . 
le bas , tout le fbible & touti'indigne s'y ; 
trouvent : ces hoinmes fi grands ou par 
leur nàiflàoce, ou parleur&véur , ou mrn 
leiHrs dignitez.; ces tètes fi fortes &. fi ha* 
biles 'y ces femmes fi polies &^fi (pintuélr ^ 
les, tous méprifent le peuple , & ils font* 
peuple 

Qui dit le peuple dit plus d'une choie ; 

c'eftunevafle expreffion , &l'on s'étonnc- 

roit de voir ce qu'elle embraffe, &iufqucs 

où elle s'étend î il y a le peuple qui eftop- 

Tm. II, B pofé 



•y . » 



2^' Lis Cabajctbrbs 

pale aux Onands ,. a^cQ: la populace & k 
rouliiaidb^ H y a le peuple qui eâ^ pppofé 
aux^ Êgcft, >aiix babiles jc aux nerf aeux , ^e 
f(Mtt lesG]»Éd&c(nniDelfcs«petâc^ . -/ 

e .^ ^i Gmnds & goatraM^nt par fèati- 
meot^» am^.cn&wsrfiir lesquelles tout fait 
àbbmd une^ iâ?:e impceffion . .: une cWe 
arrnref^ Sa. eut parlent trop 9 bientôt* ils en 
peiAont peu ^ en(intecils:.n'eit parient plus, 
ociybaciLpadepoiitp^s : àénon, condui- 
,^. ^fe^.oqiz^mge'f. éœneineittptoiiteft oublié; 
neileur.dfiilaâhdeK;n^c(»teâiQn;, Yiyvpré^ 
vc^anbe »:. nj? rèflcxioa. , ny reconnoiflan* 
ca, Q§r. raximpedB. 
f ^ Lfoflr le porte aux extreodtez oppo«^ 
fiksâil'^gârd de certains peribnnagei ^ b 
&tg^pe;aprâs)leur mort rcoun para»|]eptu^t 
piecf; pendant. q(|v.lesvoûtes^dett?arenipl«9i 
rctentmfe9C<delttirs âoge^ f > ibiie niemefic 
qiîfffqmfifa] of ilbeUesi nyi «Mcours titJcie^ 
bues/} ^qudc^uefais auffi UsfoQcdigiieS'de 
t^kadbuKi.' 

.^ LZoajdmt ie taire tbrJesfîuiflam ; i)>|r* 
a^pqefquectoiqoursideki.i^atceâe àiendii'edti' 
bien ^ il-'y axiujperit à.en ditt diraiiilipe&d*Bt) 
qtlolftrii^,. £edelti lâcheté' quafid^ili» êmkj 
xaDot&.- ' 



• r 



■• l .-■ 



l 'I' 






eVLBS MOEUAS oc CB $IBCLE« IJ 

DU SOUVERAIN» 

OU 

DE LA RBPU»LIQJJÈ 
QUAND l*otipâmmittfinS'Iapf*évertd> 

▼erneifietity l'on nj^f^aitàhqiidlefetehh^ 
il y a dàfls toutes le iMUl^bôttr Oè ié mttktt 
nmuvai^ Ce quM j a^ ddpius niKoiinablë 
& de plusfelir) c'eft âTéBt&trcdltoUÏ-cm 
eftnéy làmdllearedeYOtttes» êc^tes'yfôflf^ 
mettre. 

* Il ne faut ny art oy fdencé "pour ex- 
ercer la tyrannie ; Se la politique qui nt 
Gonfifte qu'à répandfe leftng eft fort bôri- 
née & de nul raifinemetit ; elle ih(pire àt 
tuer ceux dont la vie eft un ôbibk:Ié à nô« 
ite afâbittOU'^ un homme né crUel fait cek 
fins peine. C'eift la mttiûene laf plus horHi* 
bie & k plus giroffiei^ de fe ttulifàenir » oH ^ 
d^'agrandir. 

^ ^ Cdft^ une p^lkSqu<s féiiré êlf arièkitH: 
fiedans-tediF^Ui^u^^ , que d*y UàSèfilb 
fe^tAt- s'^dortDi^dftitt leaf teres , dains les 
ipi:èsade^y dka!rkluxè»dahs'le^é, dai6 
les phOfirâf , à^m la vanité ft k iflëllefle ; 1^ 
laifftfr iè x^6mpllr d^vûidô y fit fa^ouref là 
ta^smlkf : quéllè^gtandèSdénfariâtië^ né 
£âmoff parsAi^dë(|>oiiqué pt^ cette indOti 
geocel 

B » S 



tS Les Caractères 

* Il n'y a point de patrie dans le defpo- 
tique, d'autres chofes y Juppléent , Tinte- 
reftf lagbire, le fèrvice du rrince. 

* Quand on veut changer & innover 
dans une Republique y c eft moins les cho-* 
lès que le temps que Ton confidere : il y a 
des ,conJQnâures ou Ton Cent bien qu'on 
ne fcauroit trop attenter contre le peuplé; 
& uy en a d'autres oùil eft clair qu'on ne 
peut trop le ménager. Vous pouvez au~ 
]Ourd*fauy ôter à cette Ville fes francbilès, 
feÈ droits , fès privilèges ; mais deouia 
ne ibngez pas même à reformer (es enfèi- 
gnes. 

. "^ f Qj^nd le peuple eft en ihouyenr.ent, 
on ne comprend pas par où le calme peut y 
jrentrer ; & quand il eft paifible , on ne 
voit pas par où le calme peut en fbrtir. 

^ n y a de certains maux dans la Re* 
publique qui y ibût fouâPerts, parce quMs 
préviennent ou empêchent de plus grands 
maux. Il y a d'autres maux qui ibnt telâ 
feulement par leur établiftement , & qui 
étant dans leur origine un abus ou unnuiu- 
V^s uiàge ) ibnt moins pernicieux dans 
leurs fuites ôcdans la pratique, qu'une loy 
plus jufte , ou une coutume plus raiibnna- 
jble. L'on voit une efpece de maux que 
ji'oii p^ut corriger parle changement ou la 
ç^>^vc^té 9 qui eft un mal, & Ibrt dange- 
rei|x. Il y en^ d'autres cachez & enfoncer 
*conune des ordures dans une cloaque, je 

veux 



ou UBLB MOEORS DE CR SIECLE. Ip 

▼eux dire enièveli» fous la honte , fous le 
fecret & dans Tobicurité ; on ne peut les 
fouiller & les remuer , qu^ils n'exhalent le 
poi(bn & l'jinfàmie : les plus fages doutent 
Quelquefois $11 eft oûéux de copnoitre ces 
maux, que de les ignorer. L'on tolère queU 
quefeis dans un Etat un aflez. grand mal , 
mais qui détourne un million de petits 
mauxr oud'inconveniensqui tous fèroient 
inévitables 8c irrémédiables. Il Ce trouve 
des maux dont chaque particulier gémit , 
& qui deviennent neanoioins uabien pu« 

Uic, quoyquelepublicnefoit auQreehoie 
que tous les particuliers. . H y ade$ maux 
perlonnelsf quiconcoinentau bien& à?a- 
vantâge de chaque famille* Il y en a'^qoi 
affligent 9 ruinent ou deshonorent les te^ 
milles 9 mais qui tendent au bien :2c à la 
confervation de la machine de l'Etat & du 
gouvernement. D'autres maux renver/ènt 
des Etats, & fur leurs ruines en Rêvent 4e 
nouveaux. On» en a vu enfin qui ont &p- 
pé par les fondemens de grands Empires ^ 
8c qui les ont fait évanouir ctedefrusla ter* 
re, pour varier 8c renouvelier la Àce de 
rUnivcrs. 

^ Qu'importe à PEtat qu'Ergsfii foit-^^ 
riche» aurait des chiens qui arrêtent bien» 
qu^l crée les modes fur les équipages 8c fur 
les habits , QuM abonde m fîiperfluitez ? 
Où il s'agit de l'intérêt 8c des commodi* 
tez de tout le public , le particulier efl-il 

fi 3 corn- 



e 

fa \u%^ Caractère! 

compté ? Ui coi^obtio» des pcsuples dans 
les coc^squi jui pefa)^ un pçu» «ft de%i- 
yptr qu'ils (^diligent Je Prince j ou qa\ls 
•jonticbiffesttqujeluî) tlsjoefecrofe^tpcinl 
f^À^ékf. à £iq^dereinbellifffiQientde 

^ La ggerreapiQ!urefieljnttqi,Ht€, elle 
aité dans tous les ûecks : joaTa teujpurs 
yéë reoiplir le monde de veuires S( d'or* 
riielios» êpui&r les éànûlWs ë*herH)er9 ^ 
«Are périr ksib^s jt juae fnteoM^ tiM^^ 
J[e«i(pe$ovsCQuEi îe ngMtetaMriUf t% 
pudeur, ton efprit déjà ^esi^ast « penftraotî 
Idsvé » iôc^bie: .•jejpJiaifiseette.nBig^rtpré^ 
0iatufée^ fie jote à tftfi mirepiide £:ffe» 
tc!t*enieve iii une Cour ou tu n^as fiûc fu^ 
te montrer ^ JM&etrdé^doedble, isaispfi^ 
dinaire ! fîè aouttcaifis (h» luiBvn^s pow 
^Ique jaiOEOeau ide terce jâe pètf /OU é$ 
inobis ibttt 4»iiTe«iia eiitr'jmn: de & ^ 
pî^âiBer, &4)iéiér, ictuer^ «'^gpn^rle^ 
ti()8 le8«ui|« } te pmir le ^re .plus ifge- 
iâevii^ciient i8c avec pbs de âuméf Ils 
fm kiTeiic^ de belles f ég^ o^iaspi AppeU^ 
focct 4iriiljiafaie ; is ovt attia^ à lapr^ti-» 
que de ces régies laj^loire, ou kplu9felî^ 
r^uËattenîy 6cîls ont depuis endberi de fie* 
ck en fieole fur la manière de fe détruire 
fedprdqueoaent. De l'in^uftice des pre^ 
ftiièrs JAomqies «coaune de (on umque fbur<« 
ee eft \«eouë la guerre ; àtnG que lanecef- 
£té où ils le Iboc tro^i vez de iè idonni^ d^9 



mai* 



tnftkres ^ui feàfifent kt^^dnâllls^èc kùrfs 
prétctitions : A oommt dutieA IMI ràt'|f)& 
^s'âbftenir du 'biW4k ^fei vi^KhIss* 'iM ^avoit 
|>ourtoâjciumU paibc dc'laliberté; 

^ Le^ple.paiâble'dansiéfifby^riifSÀ 
«)}lieude6fii?ns, &>daas4efeilid\iA^gmnk 
de VUte ottlin^ri^Dà crdndredyj^tmrfeii 
i^fiensiiy potirik ¥ie^ tefymltién 8c te Qtot^ 
«ldocuped6g\aertei^ démines^ d^efnbfàd- 
^thcUfi^Aî de^iaflimes ,t(b«i({teit)f^teEiWnem: 

«e krim^nt^p^tar tt'ft^y^Ad^myéf ^ ^ufi ëRc^ 
dK>fit «ne ft4B m pÉ*d«lcè , '(jn'^sM dMi- 
bittent pMHi:^ ouAeliesfetf^kiiït, qtiéfe 
cmnbat Ae Jbit MsrfiMj^nr , Scqullyift 
ittiinA4kbdt^ flm'lK>ri^ 

ypiùi de b iio»»^mi(fé ^ «ci <ks^hoAs%i^ 

à yàk «ne autre foisiléfi ch'ii«in]$«u)c pûhèk 
de Dijon, m de QorW » 4 »^tr tcâA^e dèb 
draines t & isife deà bufticadcs ^ poUrhs 
fini idalfir^d^midlre-ôsi d'en apptendris ]k 
nouvelle 

^ DempMe à ma droite fe kmé^te 8t r Abbé d« 
s'écrie, toutcftpcrdu, c'eftfiUtdelTEtatjilîc.Kcte. 

eft du moins iur le penchant de ià nàne% ^' 
Comment reiîiler à une (i Ibft» 8t ^ eene^ 
nde cookrmion ? ^oel^moyefi , |ent& pa4 
d'être i^perie)*', mais <lera!âMlMÀ tarit 

B 4 &de 



& dé il ^flànseoncliiis? cela efl ûm tx^ 
cmpk d$n9 k MoiuirGbié. : Un tferos , 
iin A ÇHijLfiUBs Y fnocoftiberoir. On a 
fait , ajoûtjQ^t'il , de lourdes fautes ^ je 
içay Ineâ ce que je dis it je Aiis du ipétier , 
j'ay va là guerre y & Phiftoire m'en a 
^>eaucQup appris. D parle là-deflus avec 
admiration aOlivier le Dûm & de Jac- 

3ue$ Çtiem.y c*étoiept là des boi»93^, 
it^jd, ;c'étoient des Miniftres. Udebke 
ies nouvelles, qui font toutes les plus tri- 
^iies .& les plus deiavantageufès que i'od 
jKMirrdt feitidre ; tantôt un parti des nô- 
j;res a é^tf attiré dans une embufi:ade 9 , 6c 
taillé en pieçeç : . tantôt quelques troupes 
renfèriflée^ dtms un Château lèfiont ^^Or 
d\m aux ebneaiis; à diii:retion (c ont p^ts- 
. fé, gf»" le fil de Tépée , ft .û voiis^Jui dkt^ 
;qMe>5ce èruit eftfiwx ôc.qu'il rie iè confirr 
.mè poini; 9 il ne vçu» écoute pas > il ajoû« 
te qu^un tel Generala été tué i S< bien qu « 
^1 (oit vray qu'il n'a reçu qu'une Icgere 
bteflure » . & que vous l'en afiuriez , il dépb* 
re là Tùojcty uplaint fà veuve» fè^ en^s» 
l'Etat 9 il fe plaint lui-mêcoe 9 ilaferdm 
un hn anrj Cr uni granit fnteBim* Il die 
que la Câvàllerie Alknmtidè efl: invinci- 
ble ; il pâlit au ièu| nom des Cuiraffiers 
de r£mpereur. Si l'on attaque cette pla- 
ce 9 <X)ntinuè'-t-il 9 on lèvera le fî^. 
Ou I^n demeurera fur la défènCve &qs li- 
vrer de jçpmbat 9 ou C pn le iiyre 9 on le 

doit 



î' 



ou CCS Moeurs n cb sibcle. 3 3 

doit perdre^ & fi on le perd^ voilà Tenae- 
mi fur la frontières & comnie Demophile 
lefàicyoler» le voilà dans le cœur du Roy au-* 
me s il entend déjà fonner le beffroy des 
Villes, & crier à rallarme : il ùxïge àibn 
bien & à (es terres y où cooduira-t-il fba 
argeat» fe$ meubler , & faipillc? où fe re- 
iùfi^ra-t-il9 enSuifleouàV(snife2 AmîfiM»^ 

Mais à ma gauche Bafiliie met tout d'un ^wi- 
coup fiir pied une arfnée de trois cens mil* 
le hommes y il n'en rabattroit pas une feule 
brigade : il a k lifle des eicadrons &des 
bataillons^ des Généraux & des Officiers 9 
il n'publie pas l'artillerie ny le bagage. Il 
dîfpofe abfolument de toutes ces troupes : 
il en envoyé tant en Allemagne Se tant en 
Flandre ^ il re(êrve uncertain nombre pour 
les Alpes ) un peu ^noins pour les Pyrénées» 
{cil &r paffer la mer à ce qui lui refte ; il 
connolt les marches de ces armées ^ il fçait 
ce qu'elles feront & ce qu'elles ne feront 
pas, vous diriez qu'il ait l'oreille du Prin- 
ce, oulefccret duMiniftre. Si les enne- 
mis viennent de perdre une bataille où il 
foit demeuré fur la place quelques neuf à 
âx mille hommes des leprs , il en cpmptc 
jufqu'à trçnte taille , ^. ny plus ny. moins. ^ 
car lès nombres font xçsûjpurs ^xes ôc^cer- 
tmns , comme de celui qui eft bien infor- 
mé. S'il apprend le matin que pous avons 
perdu une oicoque , non feulement il en- 
voyc s'éxcufcr à k^ amis qu^il a la veille ^ 

B 5 ^^^^ 



}4 I^S^S CAmACTÈÀE» 

coarie à dîner , 9iaism€fnece)Our-làilne 
aine peint , êc s^4 (bupe y c'eft Êfts appe« 
tir. Si, les notices afficgcnt une place très- 
forte ^ tres-regirfîerc , peurvâë de vivres 
t< dé tuunkioiis , ^ a une bemie garn»- 
Ibn ,. commandée par un homme d'an 
grand courage , il dit que k Vilb a de»^ 
endroits foioles de mal fortifiées, qu^elle 
manque de poudre > que foa Gouverneur 
manque d^eîcperîcnce , & quVKe capltu- 
kra après huit jour sf de tranchée ouverte* 
Une autre foi& il accourt tout hbrs d^ha-» 
Irfne , & après avoirTèJpîré un peu j vom 
h 9 s'écrie-t-fl ^ une grande nouvelle » iU 
font défaits à |^tte couttn^ ; le General $ 
. les Chefs du moins une bonne partie ^ 
tout eft tué> toutaperî; voilà, continue- 
f-il, un grand mafl^re^ Scifàutconve* 
rtîr'quc nous joiions d'un grand bonheur» 
il s'dlBed , il fouffle ajprés aVôir détoé Bt 
nouvdk > à laquelle if né manque qu^une 
drconftance , qui eft qu'il eft certalii qtfll 
tfy a point çu- de bataifte. 11 affure d^ail- 
leurs qu'un tci Prhicc iienon<e à la Rgue 
êc quitte fos confederei ; qu^ln autre fe 
Aftpfe à prendre le- même parti : il croie 
ftiTOt^nt^vcc la. populace oi/un troiflé^ 
niéfcîr rnott ,9 nommée le lieu bù il tfl 
etiterré, '^-OTand oit eft- détrompe aux 
Hàffes 8C4U3C Fiuxbourgi'^ Bpdrk 'encore 
pour rifftfççirive, Il Içâîr par tme voye 
^^^^ indubiWbfe*qtief';T.K^L.*ftdeg^ 



< ^^ ' progrès 



OQ VEA MoëUAS bfe CE liBCLE. | ( 

DTogtés contte PEmpcreur, que feCmnâ 
ddgneur $xrùt fuijpmmm^ tft veutpèifih 
dcpaî)f, &^fonVM5rVâfefttontr«t'U»e 
autf e f^ aux portes de Viei^e ^ A frfiip^ 
pe des mains , & il treflkille lîir cet éw* 
netneÀidotlt'il rie dôme plus r la triple aU 
lîatocé chéX' lui eft un Cerbère ^ êciestttJ 
notais autant de mônfltes à àflommer : il 
ne parle «que de lauriers i, que de palmes i 
ûue de triomphtsf, êfc tiuedetfophéeîJ. Il 
dit dans le mcoMt^ fJimîlief , Vlitré àl^é 
ikrtrs^ -Hêtre ^i^Tt^ehtat ^ Htm k^in*- 
Me MifHéff^ne. Reduifèt^leG touspcnï-i. 
yez à ditt ntnplèMeAt. Le Roi a kémeoUP 
à^mnemis\ Hs finîfuiJPitnu itt^tfHiss m 
feni aigris., ilksà vaincus , j'I^fM tâ^outi 
^ jift/ ks fmrttê vahtere. G« fty le ttt^fp fé& 
me & ifàp ddcîfif tiour Dèmôphilé fl'éft 
potii; BàfGlidè hy tiWi porfipfeuie try 'atfei 
exagéré : Il a wen d'autres expfeffi<Aîs eft 
tête j il tr'àtaffle iu* in(crîptîofts déà àrci 
itdttpyfaAiîdcsi quidôiverkortèr la Ville 
eajJltàle tm jôiiY d'entrée; & dés ^u'^ett- 
tend dh-êqùe les années ftfit eft préftWe, 
ou tfu'ùHë plif <- iftîfiviéffié , il felt d^plftk: 
faro^etiaibèftréàiWi àrtrfqtt'è»ë;l«l: 
tôtftë prêït pôWr là eerôrtotliè âé laCaîh^ 
dràle/ ' ^ ' 

♦ I! felitfqtre le capkâl d'tiné af&iffe qifi 
affemble dlansf une, Vîlle )és Plertipotén^ 
tiaifes ou les Agens <fcèl Cîourbnîif-s Sc-^Vs 
l^epM^xki fort tf iHife l<>ngtÉc flc tî«<f rf^&f- 

B (5 dinaire 



dinaire dilcuffion , (i elle leur coûte plus 
de tems». je ne dis pas que leslèuls préli- 
mioaires $ mais que le iimple règlement des 
rangs» des préfeancesôc des autres ceremo^ 
xûes. 

. Le Miniflre ou le Plénipotentiaire eft 
unCameleûn, eft un Prothée , femblable 
quelquefbisàun joueur habile 9 il ne mon- 
treny humeur, nycompkxion; fbîtpour 
ne point donnerlieu auxeonjeâures, ouiè 
laiâer pénétrer; fbit pour ne rien laiffer é- 
chaper de fbn ieçret par pailion , ou par fbi- 
bkfie. Qudquèfois auffi il (çait feindre le 
caraâere le plus conforme aux vues qu'il 
a, & auK bdbins où il fè trouve 9 & pa- 
rpître ^ tel qu'il a intérêt que les autres 
croyent qu'il eft en effet. Âinli dans une 
;râQde puiSançe^ ou à^as une grsùicfe 
^bibJieSe qu'il veut >difl]muter 9 il eft fer- 
me ^ intlexible^ pour ôter lenviç debe* 
Aucoup obtenir 9 ou il. eft. Êicile , pour 
fournir aux autres les occafions de lui de- 
mander 9 2c fè donner la même licence. 
Une autre foisou.il eft'profbnd& diffinîu- 
1^, pour cacher une vérité çuT^nonçant» 
parce qu'il lui importe qu'il l'ait dite , & 
qu'elle ne fbit pas crue ^ ou il ^ franc & 
ouvert, afin que lorsqu'il diftimule ce qui 
ne doit~ pas être fçu , l'on croye néan- 
moins qu'on n^gnore rien de ce que l'on 
vçut fcavoir, & que l'on fè perfuade qu'il 
atofitdit. Dememe ouil ell vif & grand 



ou LES MoBUaS DB CB SIECX.B. 'j7 

parleur pour Êûre parler les autres 9 pour 
empêcher qu'on ne lui parle de cequ il ne 
veut pas y ou dece qu'il nedoit pas Ravoir 9 
pour dire plufteurs choies indifférentes 
qui fè mcXlinent 9 ou qui fè détruii[ènt les 
unes les. autres, qui confondent dans le$ 
efprits la crainte & la confiance » pour (è 
défendre d'une ouverture qui lui eft é* 
cbappée par une autre qu'il aui^ £iite; ou 
il eft froid & taciturne , pourjetter les aur 
très dans rengageaient de parlei^ , pour 
écouter lons^emps $ pour être écouté 
cruand il parle 9 pour parler avec aicen- 
^tôc avec poids, pour teire des promeiTes 
ou des menaces qui portent un^i:ànd coup t 
Se qui ébranlent. 11 s'ouvre & parle le pre- 
mier 9 pour en découvrant les oppofittons 9 
les contradiâions 9 les brigues & les caba- 
les des Miniftres étrangers fur les propo- 
fitions qu'il aura avancées a prendre &s 
mefures & avoir la réplique^ & dans une 
autre rencontre il parle le dernier 9 pour ne 
point parler en vain 9 * pour être précis 9 
pour connoltre parfaitement les chofesfur 
quoy il eft permisde faire fond pour lui , o\ï 
pour fçs alliez 9 pour fçavoir ce qu'il doijt 
demander 9 & ce qu'il peut obtenir. Ufçait 
parler en termes clairs & formels ^ il fçait 
encore mieux parler ambiguëment, d'une 
manière enveloppée» ufer de tours ou de 
mots équivoques qu'il peut faire valoir 9 ou 
diminuer dans les occaGonsj & félon fès 

B 7 tatc- 



38 Lbs CAlRACTfinrs: 

intérêts. Il demaode peu quand il ne \^eut 
pas donner beaucoup pour avoir peu & l'a- 
voir plus feurement* Ilexige d'abord de pe- 
titescbolês, qu'il prétend enfuitè lui devoir 
être comptées pcHir Yien» & qui ne VtX" 
duëfu pas d'en deitutider unepkisgrande^ 
te il évite ftû c<»itmire de commencer pat 
obtenir unpOintlAiportant, s^i iVmpècbé 
d'en gagner plufieurs autres de moindre 
conièquence> maisqui tèus€n1èniblel'em<^ 
portent 6xr le premier. Il densatide trop ,. 
pour être refxilé ; mais dans ledefTdn de t% 
mre un droit ou une bienfeàncc dereFbièi' 
lui-même ce qu'A %ait bien qui lui fènt 
demandé» & cfxA ne veut pas odhoyer: 
«iiffi (bigtieux âlèta d'exagérer rénormké 
àtkdm^ÊAâei 8r<fé'&ire<^onv€n}t, s'ijfè 
peirt ,des raifortsqu'îh den'y pas enrendf é ,. 
XMt d'aSoiUk ceMè) qt/tû prétend trcit 
de 'ne lui pas aisèofde^tequllibllidteavec 
inftffiure: également âf^uqué à faire fon^ 
ner haUfcy «c à gfoflfirdbtts lldécdes autres 
le peu qu'il offre , 6c à mé^rîfer àù\^eftei- 
menc k péuf quef'Ontorfeht dèluîdottne^.. 
Il feît.âe faufles offres,' raafe' eTtttâOrdihaî. 
res, qui donnent de la défiaftce, & obli- 
gent de rejetter de cpe l'on âtcepteroithr- 
utilemehf ; qui lui fent cependant oneoc- 
cafion de faire des demâtides e^cofbitailtes, 
& mettent dans kur tott ctùx qdl les lui 
retufent. Il accorde ph^ qtfbrr ne lûî de- 
mande, pour avoir eftcof e Jifus* qtrti tst 

doit 



OULBsMoiSHM PS CE SIECLE. Jp 

doit donner. Uiè&lt longtemps prier» prêt 
ùtf importuner fur une choie médiocre, 
pouréceiodreleseTperanceSy ScôterkpeQ* 
lée d'exiger de lui rien de plus fort ; ou sM 
k JbtffenédbirJQfquesàraUndon^^ c'eft 
toujours tvese des conditions (jiù lui font 
ptrtagerle ggin ôc ks airsmc^es avec ceux 
aui reçoiveot. U prend direâemenc ou ith 
dnreâemént l'intérêt d^un allié, s'ilvtrou^ 
ve (bfi utilité fie i avancenieet de ks pré*-- 
tenfioos. Il ne parle que depaix, qued'ai*- 
liances $ que de cranqiiillké publique, que 
à»terêt pttbiic ; fie en eftet û ntSbnM 
qu'aaxiiem, cVftàdireàceuxdefonM^ 
treou de fo Republique» TamÔt il. réunit 
quelques-ufis qui étoieat oomnûre$lesun$ 
aux amres« £t taotôtJl dîvîfe quelques au- 
tres quiétoient unis: âîotinrideies forts 6c 
ks pittfi&nst il encDun^e les ftttbks? iî 
unit d'abord dlnterec pkiGeurs foibles 
contre uo {^s miflaat pour i«ndre k ba^ 
iaoceé^iki il (e joint eimôre aux premiers 
pour la £ttre pancner , fie il leur vend cher 
fa prote£ltf>Q & fbn alliance. U iç^t inte* 
reOer ceux avec qui il traite; &par una- 
drok man^ , par de fins fie ae fubtîla 
détours il leur wt fentir leurs aiirantages 
parricotiers, ks bknsficks honneurs qu'ils 
peuvent eipieper psa: une certaine &cmté, 
qui ne ehoque point leur commiffioo , ny 
ks intentions de leurs Maîtres: il ne veut 
pasaui&âtns cn\ ifnprcnabk par est en^ 

droit j 



40' Les Caractbubs 

droit; il laiflè voir en lui quelque peu de 
fènfibiliré pour £i fortune; il s'attire par 
là des propofîdoDS qui lui découvrent les 
vues des autres les plus fecrettes, leurs def* 
leiDs les plus profonds & leur dernière 
Teâburce» £c il en profite. Si quelque* 
fois il eft leié dans quelques ches qui ont 
enfin été r^lez , il crie haut ; fi c'eft le 
contraire f il crie plus haut, £c jette ceux 
qui perdent fur la juftification & Sa dé- 
énfive. Il a fbn fait digéré par la Cour , 
toutes iès démarches font mefuré 3S|' 
les moindres avances qu'il bit lui ibnt 
prelcrites ; & il agit neanmcmis dans les 
points difficiles, £c dans les articles con* 
teflez , comme s'il fè relâchoit de lui- 
même fur le champ, & comme par un 
cTprît d^accommodement: Il n'ofc même 
promettre à l'Afiemblée qu'il fera goûter la 
propofidon , & qu'il n'en fera pas (fêfk- 
voiié: il fait courir un bruit Élux des cho- 
ies feulement dont il cû chargé , muni 
d'ailleurs de pouvoirs particuliers, qu'il ne 
découvre jamaisqu'à l'extrémité , & dans 
les momens où il lui feroit pernicieux de 
ne les pas mettre en ufi^e. Il tend fur tout 
par fès intrigues au folide & à reflentiel, 
toujours prêt de leur fàcrifier les minuties 
& les points d'honneur imaginaires. Il a 
du flegme , il s'arme de coursée 6cde pa* 
tience, il ne fè lafle points il&tigueles 
autres, il les pouflè jufqu'au décourage- 
ment: 



ou LES Moeurs de ce siècle. 4^ 

ment: il ie précautionne & s'endurcit 
coDtreles lenteurs &Ies reœifes, contre 
les reproches » les Ibupçons» les défian- 
ces» contre les difiicultez & les obftacles» 
perfuadé que le temps iëul iScles conjonc- 
tures amènent les choies i & conduifènt 
les efprits au point où on les fouhaite. U 
va jufques à feindre un intérêt fecret à k 
rupture de. la negopationt lors qu'il de- 
Cre le plus ardemment qu elle ibit conti- 
nuée ^ 6c fi au contraire il a des ordres 
précis de &ire les derniers efibrts pour la 
tompre 9 il croit devoir pour y reuflîr en 
preÔer la continuation & la fin. S*il fiir- 
vieot un grand événement $ il ie roidit ou 
il fe relâche ielon qu'il lui eft utile ou pré- 
judiciable^ & fi pstr une jmndc prudence 
il fçait le prévpir, il preUe^c il temporale 
félon que TEtat pour qui il travaule en 
droit craindre ou eiperer 9 & il r^leiùr. 
Tes belbins fes conditions. Il prend conièil 
du temps , du lieu » des occafions» de (a 
puilTance ou de Sx R>ib!e(re, du génie des 
oatiçns avec qui il traite » du tempéra- 
ment 8c du cara£):ere des peribnnesavec 
qui il négocie: toutes fcs vues» toutes Tes 
maximes ^ tous les rafiRneroens de fa poli- 
tique » tendent à une feule fin 9 qui eu de 
n'être point trompé» 6c de tromper les 
autres. 

^ Le caraâere des François demande 
du ferieux dans le Souverain, 

* L'un 



i^ {Les CAtl'ACfCR'Sé 

^ L'un des nuibeisfê^ du Priâce éi! d'ê- 
tre fouveot trop |deiQ <ie ion iècrec , par 
le péril qu'il jraà te répandre; ion bonheur 
eft de rtncoficrer une perib&ne (bure qm 
l'eûdéchaty. 

^ Il ne manque rien à un Roy que les 
douceurs d'une vie privée ^ il ne peut 
être codbléxl^uae £ faraude perr« que par 
le channexie l'anâtic > 6e par la fideW 
defesamiflL 

* Le phifir 4^\m fif&y qiAroerite êé 
r^tne, eft del'^èfre «noiiisquelq^efeîs^; d\é 
iottàr du théâtre» ^ q«iit^ET'le ba&deêtye 
& les ^brodequins, et de jouer avec une 
per&tme de coiffiance ^m p^ f lus ftrjûi* 

^ fiicmie&kptifS(MiéiMettràu9rtn<^ 
yetrtmoddftIedefefilhvoW. 

^ Ix£UrQfiti?a^ifïc^eH(ttite; ârflân^ 

tfiloQ9&defBt^ns9C'dec^mki$, Imus M 
n'y tieat pas 3 il €ti detadié ^e tout> 8c 
commeirolé. 

• * jle redoute pôtar qtt\lâ^ttPbS WI â' 
qoeique &rce^ qodqtiè éle^atk>n ; ne "Gé 
trouve fouipcnt coiifii» 6t déconcerté d^ 
baSe&s, despedteâès, dela'âàtterié) des 
foins fuperâus & des attentions irhroles de 
ceux qui le courent', qui le fui wnt ,. 8c qin 
s'attachent à luy comme fès viles creatu* 
nés 4 À qu'il ne ît -dédommage dànç 
le particulier d'we fi grande fcrvitude*: 

par 



ou LU Moeurs de ce si scxae* 43 

parle ris & la mocquerie, 

^ Hommes en placer Miaîilr««9 Favo^ 
ris, me permettrez vous de le dire^ae 
vous repoièz poiat fur vos delceodant 
pour le loin de vôtre mémoire , 6ç po«r 
la durée de vôtre nom : Its titres pawpt , 
la £iveur s'évanoîiit • les d^itez fe per- 
dent, les ricbeffes iè diflïpent, & le Joe* 
rite d^cnere: vous avez des en&ns, A 
eft vray , dîmes de voyus , j'sqoûte même 
capable de louteoir toute vôtre fortune 'j 
loais f^vA peut ^ous^Q proaiiettre «ufgot 
de vos petns<^iîls i Hc m'en cnoyeft |M i 
nqgurdez <ceite unique 6hs de certates 

kQmaaesqwv<>uiMï€|gardez jamais 9 qutî 
vous dedaigi»çzi ilsoQt des:i^eub« i 
^i tout grandisse ^Brous étqa» ¥Oiis ne 
m^ que fiicceder. Ayez 4e bi ▼ertu te 
é Vhm&tuAéf & fi v>Qna nie difes t q^'m* 
ronsoous de plus? je vous repooamf 1 
de l^bnmriité 8c dte la venu : maîtres a- 
k^s de i avmir , Se indépeoéuis d'une 
p<^!erké, vous êtes ièurs ot durer autant 
que la MojaxcàAe i Se dans le temps que 
l'on montnera les ruines de vos Châteaux, 
& peut-écre la feule phce oiii ils écoîent 
comlnms, i^iàée de vos louables aâions 
fera ercore fraîche dans l'esprit des peu- 
ples y ûs confidereront aridement vos, ^^^ 
portraits iç vos médailles 9 ils diront 9 ^ «jin^i Go- 
cet Imnnoe dont vous regarder la pdntu- osged*- 
re afsdéà jRm jartkre avec force £c avec ^^^^ 

liber- 



44 Le^ CARACTEltES 

liberté, & a plus craint de lui nuire que 
de lui déplaire j il lui a permis d'être bon 
& bienfrilànt 9 de dire de fcs ViMcs, ma 
hmmVitk^ & dé fon Peuple, monPeupk. 
«nSS** * Cet autre dont vous voiez l'image, &en 
JUdwiiea» qui Ton remarque une phiGonomie forte, 
jointe à un air grave , auftere & majc- 
ftueux , augmente d'année à autre de ré- 
putation : les plus grands poUttoues (bu& 
firent de lui être comparez : Ion g^nd 
. deflein a été d'affermir Tautorité du rrin- 
œ & la feureté des peuples par l'ab^fle- 
odient des Grands; ny tes partis» ny les 
conjurations , ni les trahiions, ny le péril 
de kmort, ny fèsinfirmitez n'ont pu l'en 
détourner: ilaeu dutempsderefte, pour 
entamer un ôuvmge r continué enfidte êc 
achevé par l'un de nos plus grands & de 
nos meilleurs Princes , l'extinélion de 
l'herefie. 

* Le panrieaù le plus délié & le plus 
fpecieux qui dans tous les temps ait été 
tendu aux Grands parleurs gens d'aflaires» 
& aux Rois par les Minières, eft la le* 
çon qu'ils leur font de s'acquiter ôc de 
s'enriclûr. Excellent confeil r maxime uti- 
le , fruâueuiè , une mine d'or $ un Pérou , du 
moins pour ceux qui ont (çû jufqu'à pre-^ 
fent l'infpirer à lears Maîtres. 

* C'eft un extrême bonheur pour les 
peuples , quand le Prince admet dans ft 
confiance, & choifit pour le miaiftere ceux 



me- 



ou LES Moeurs de ce siècle. 45 

mêmes qu'ils auroient voulu lui donner, 
s'ils enavoientécé les maîtres. 

^ Le icience des détails 9 ou une dili« 
gente attention aux moindres befoins dé 
h Republique 9 eft une partie eflentieÙe 
au bon gouvernement, trop négligée à la 
venté dans les derniers temps par Tes Rois 
ou par les Minières , mais qu'on ne peut 
trop ibuhaker dans le Souverain qui llc;- 
nore, ny affe^ eftimer dans celui qui Ta 
poflede» Que fèrt en efiet au bieodes peu- 
plesj ôcàladouceur de leurs joursj que le 
Prince pk^re les bornes de ion empire au- 
delà des terres de fes ennemis , quM fàffê 
de leurs Souverainetez des Provinces de 
fon Roiaume ^ qu'il leur (bit également 
fuperieur pas les ueges & par les batailles, 
k qu'ils ne foient devant lui en fèureté 
07 oans les plaines, uy dans les plus forts 
bafliona : que les nations s'appellent les 
unes les autres^ fe liguent eniemble pour 
fe défendre & pour 1 arrêter; qu'elles fe 
liguent en vain, qu'il marche toujours, £c 
qu'il triomphe toujours : que leurs der- 
nières dberances u>ient tombées par le 
rafièrmiilenient (d'une lancé qui donne- 
ra au Monarque le plaifîr de voir les Prin- 
ces lès petits-hls fbûtenir ou accroître fes 
deftinéeS) fe mettre en cam^gne, s'em- 
parer de redoutable;s fbrtereuès , & con- 
quérir de nouveaux Etats; commander (fe 
viçux Se expérimentez! Cajntaines, moins 

par 



H.S Lbs Caractbres 

par leur rang & leur naiâancei que par 
leur génie & leur fàgeflèy kâneeek» traces 
auguttesde leur viétoricftax: père, imirerfà 
bonté» ià docilité 9. Ibaéquieev fà^vigilan* 
ee^ fi>a incrcpkitté? qu&me fèrviroîreauâ 
not^ commeàrtoutle peuple, <)iielrPrm- 
cefôt heureux & coiiiDitédeg!<»repar IuL- 
memeOc par les Cens, qœ ma puone tàt 
pmiTante Ar Ibcmidabie r fi triikefo in- 
quîiBt, fy yivoisdansropprefiîotyoudans 
l'indigBQQef (i à^oovert de^ooiirfègdePen* 
nemrf je me crouv^cns expofé dans les pki- 
ces^ouxbns les rues d'une ville au fer d'un 
affaffiii<9 & que je craigniâe moins dans 
l'horreur delà nuit d'être pille 00 mailacré 
dans d'epaîflês forêts, que dans ks carre* 
fours; tilafaireté, l'ordrefic la propreté 
ne reodoienr pas lei^or des Villes Cdéii* 
deux, fie n'y aroient ps0 amené avec Ùl- 
bondance, la douceur delà iboiecév fiiôt^ 
Uedc ièul de mon parti j'avdsr à ibufirir 
dans ma métairie du voifiisage d'uniGnanc}) 
8t {il'onavok moins.poufwi- i me: iàimjo»- 
fiicedeicsearreprifès; fl}en?ayo(spasâcis 
manmu aucam; dr maîtrt» de d'excettens 
maîtres pour élevev mes enfans dans les 
fiaences ou dans les artsqui fenont un jour 
lenrétiUiâèiiienf^ fiparia&dlité dfi<xnn^ 
mcvoe ilîm^etair moins oûdinair^ch^m'lui^ 
biBer de t>omicr:écofi«9,^ ir de me noanir 
doviaui^ &ine^^^ & dé^l'adiArerf pevv fi 
en&npacle&ibi&i da^itrtnwîP'ja'ékiIsjpBs 

auifi 



OV LEI MofiaUS/DC CtSI BCtE. 47 

auffi content dcina fortune, quû doitlul- 
«œif par 4b wtosrétretfela fienne; 

* Les huit ou les dix mille Hommes 
font au Sbuvtiraiô comme une raénnoyc 
àm il atthete ^ne pltèe ou^qne vîaoire; 
s il bit qu?ll lui en coûte moins, s'il épar- 
gi» les hommes , il reflcmble à celui qui 
marchande » qui connoît mieux qu^in au- 
treJeprixdciWentr' = 

; ^ Tout prolpere» dans une Monarchie, 
ou J%îi confond' les intérêts de PEtaravec 
ceux Al Prince. 

* Nommer un<RQi Père DU Peuple, 
eftmoins.feirefon éloge, quel appeilcr par 
fonoom, ou ferefa définition. • 

* 11 y a un commerce bu un retour de 
devoirs du Souverain à fes Sujets', & de 
ceuxwcyauSoitverain^ quels font les plus 
afluj6ttiflto5 » les pîus^penibles ^ je ne k 
dedderaynas: il s'agir de juger d'un côté, 
oatrcles étroits engâgemens dû refpeà, 
Jsfeceufs, desfervîcés, deTobéiflance,; 

* la-dépendance;; &d^a^ autre, Ies"obH- 
ptionBi indflpoDfiblea de bonté , déitiffi^^ 
^e, de foins, de defenfe^ de prace^îcvi'r 
we^tfun Prince eft arbitre de h vie: des 
mnmes , c^eft dire fèulempnt qgè ké: 
toûmies par leurs* crimes, deviennent na- 
tunsllémc.nt fournis aux^ teix &r à,lâ juflV, 
cfe, <k)iïrlePKrtcteft le^deboStairei ajoû- 
^qu'il cft maîfere abfohi de tous les bicni^ 

* feS' Sùjetas fin» cgardsi 'fins «mp» 

ny 



48 Les CARACTBRfis 

ny difiruffion , c'en le lang^ de k flatte-* 
rici c'ell l'opinion d'un ExvQti qui fe dédi- 
ra à l'agonie. 

^ Quand vous voyez quelquefois un 
nombreux troupeau» qui répandu (urune 
colline vers le déclin d'un beau jour paît 
tranquillement le tbim & le ièrpolet, ou 
qui broute dans une prairie une herbe me- 
nue &c tendre qui a éçhapé à la faux du 
moiffonneur^ le bergçr (bigneux &atten«» 
tif eft debout auprès de fes prebis » il né les . 
perd pas de vue) il les fuit, il les conduit» 
il les change de pâturage^ fi eUcsfe difper- 
iènt, il les raiTemble^ ù un loupavidepa- 
roît, il lâche (on chien, qui le met en fuite, 
il les nourrit, il les détend^ iVurore le 
trouve déjà en pleine campagne, d'où U 
ne fe rétire qu'avec le SoleU, quds Gms l 
quelle vigilance! quelle fèrvitudél quelle 
condition vous paroit la plus delideule & . 
la plus libre, ou du berger ou des brebis? 
le troupeau eft-il lait pour le berger , ouïe 
berger pour le troupeau ? image naïve des 
peuples & du Prince qui lesgouverne) s'il 
eil bon Prince, 

Le &fte Se le luxe dans lin Soui^eraio » 
c'eft le berger habillé d'or& de pierreries, 
là Roulette d'or j en fès mains; foncbif^na 
un collier d'or, il eft attaché avec uiiele0ê 
d'or & de foye, que fèrt tant d*or à^ion > 
troupeau, ou contre les loups? 
^ Qijclle heurcufe place que cellp.quî 
' * fournie 



OUisS MOBQRS DE CE 5 1 SCLE; 4f 

(bumit dans tous les inftans l'occafion à un 
isomme de £ure du bien à tant de milliers 
d'hommes l quel dangereux pofie que ce- 
lui qui expofe à tous momens un homme à 
nuireà un million d'hommes ! 

* Si les hommes ne font point capables 
fur la terre d'une joveplus naturelle , plus 
flatteufê & plus fènuble que 'de connoître 
qu'ils fbnc aimez ^ & fi les Rois (ont hom« 
meS) peuvent-ils jamais trop acheter le cœur 
deleurspeuptes? 

^ U y a peu de r^les générales 6c de me« 
fures certaines pour bien gouverner ; l'on /t*^/; 
fuit le temps & les conjonttures, & cela rou* /. > ■* '' ' 
le fur la prudence & furies vâcs de ceux qui ( "" 
r^nent ; auffilechefcd'oeuvredel'ca(prit,\''v ' J 

c'eft le parËdt gouvernement; ôcceneleroit ^^ '^^ 
peut-itrepas unechofepoffible, ù les peu- ^^^ 
pies par l^iabitude où ils ibnt de la dépen* 
dance & de la ibûmillîon } ne fâifoient Is 
moitié de l'ouvrage. 

* Sous un très grand Roi ceux qui 
tiennent les premières places n'ont que des 
devoirs faciles 3 & que l'on remplit fans 
nulle peine : tout coule de fburce; l'auto^ 
rite & le génie du Prince leur applaniflent 
les chemins , leur épargnent les difïîcul- 
tez > & font tout proiperer au delà de 
leur attente i ils ont le mérite de fùbalter- 
nes. 

* Si c'eft trop xle fe trouver chargé 
d'une feule fàmilk: > c'eft aifez d'avoir 

Tm. U. C à 




à râ>ondre de (by feul , quel poids $ quel 

aec^lement que celui de tout un Royau- 

,UK\ Un Souvenûn eft«iipay« defespeines 

.par le j^aîfir que fembk donner une puî£^ 

:£uice abfoluë f par toutes ks proftema- 

tîont des CourtiJans? Je ioage aux peni- 

'bles y .douteux & œngereux diemins 

qu'H eft quelquefois obligé defùivre pour 

atrrhrer à k tranquMlité publique ; je re- 

if^Seks nMvens extrêmes ^ mais neceffid- 

reSrf dont il ufè fou vent peur une bonne 

^; je CgaLf qu'il doit répondre à Dieu 

. «dème de k felicité de fcs peupks 9 que 

le bien & k mal éft en tes mains» & 

que toute ig^ioflance ne Vesocafe pas ; & 

îcmedis àraoy-mâme» voudrois-je re- 

g^ ? .Ua homme un peu heureux dans 

«me con<fitition priiréedevroic*ily renoncer 

pour une Monarchie ? n'eft-ce pas beui- 

coup pour celui qui iè trouve en pkce par 

T.ii«- «n droit héréditaire • de fopporter d'être 

^ Que de dons du Qel ne âat-il pas 
pour bien r^er ? une naiflance angutte» 
un ahr d'empire & d'autorité , un viiage 
qtû rémpiifie k curiofité des peu{^es em- 
preflezdevcnrle-Prince, &quicon&rvele 
refpeâ; dans un CourtUàn, Une par&ce 
^alité d'humeur , un grand éloignement 
pour k raillerie piquante^ ou aflez de rai^ 
ibn pour ne fek permettre point ; ne aise 
janiais ny menaces » ny reprocbesi ne poin^ 

céder 



ou LB9 MOBURS DE CB SIBCtsl J ( 

iceder à k cokre , &: être toujours obé'C 
L'elpritiàdlCf iofiouatMl» k cœur ouvert 
(inœre^, & dont on croit vcûr le fend» 2c 
ainli très-propre à fe £ûre des amis , des 
créature t & des alliez i être iècret tou- 
tefois 9 profond & infipenetrable dans fis 
motifs Se dans fes projets. Du ièrieux&de 
ia gravité dans le publie j de la brièveté^ 
jointe à beaucosp de juftofle & de dr- 
oite 'j foit dans les réponfes aux AmbaCl 
iàdeurs des Princes, fbit dans les Confeik. 
Une manière de &ire des grâces » qui eft 
comme un iècond bienfait ^ le choix des 
perfonnes oue Ton gratifie : le difcemc* 
ment des é^nts , des talens & des com« 
plexions pour la diftribution des poftes 
& des emplois ^ le choix des Généraux 
& des Miniilres. Un jugement fèrmo» 
iblide , dédfif dans les afnires , qui £ut 

Sie l'on connoit le meilleur parti & le 
^ tt^ juile i un efptit de droiture & d*é- 
^ui^ qui mit qu'on le fuit-> jufques à pro- 
noncer quelquefoiscontreiby-mêmeen Sh 
^«urdupcupie) desalMeSidesennemlsjune 
inemoire heuraifè &c tres*pre(ènte qui 
rapelle les beibins des Sujets , leurs vuà* 
gasyleuifsnoms, leurs requcftes. Uaevafle 
capacité qui s'étende non feulement aux 
anôresdedehors, aucommerce, aux ma- 
ximes d'Etat, auxvuës délia politique au 
recuiement des frontières par k conquefte 
de nouvslks Provinces^ & à leur ieureté 

C z par 



ji 1-Es •Cara^ctbk.i&s 

par un grand nombre ck-fortereffes.înacr 
ceflîbles ; mais qui fçache aaffi fe renfer- 
mer au dedans ,, «ccoôïmc dans le&details 
de tout unRoyaume , ^ui en bannilfc un 
culte &UX, fufpèa& ennemi de la Sot^ 
yersoneté , s^il s'y rencontre; quiabolitic 
des u&ges cruels & impies , s'ils y régnent ; 
«m reforme les loix & les coutumes., fi 
cUes étoîent Fcmplics d'abus ; quidonne 
aux Villes plus de fcurctc & plus dexrom- 
inoditez par le renouvellement d'une ex- 
^ae police, plus d'éclat & plus de maje- 
-fté par des édifices ^fompruetcç. Punir 
Sévèrement les vices fcandaleux ; donner 
par fon autorité & par fon exemple du 
crédit à la pieté & à la vertu : protéger 
l'Eglife , fes Mîmftres , fes droits , fes 
•libertés : ménager fes peuples comme fes 
cnfàns ; être toujours occupé de la pen- 
fée de les fôulager , de rendre les lubfides 
légers, & tels qu'ils fe lèvent fur les prc- 
Tinccs làns les- appauvrir. De grands ta- 
lens pour la guerre ; être violant , ap- 
pliqué, laborieux : avoir des armées nom- 
•breuïès, les commander en pcrfonne; être 
froid dans le péril , ne ménager fi vie que 
pour le bien de fpn Etat , aimer le bien de 
-'fon Etat & fa gloire plus que fi vie. U ne 
-puiffartcetres-abfoluë?, qui ne ;laiffe point 
d'o^afion aux brigues , à l'intriguç &à la 
cabale; quiète cette diftancc inbniequieft 
quelquefois entre les grands & les petits. 



oai les rapproche 9 Se fous laquelle tou9 
plient ^auemenr. Une étendue de con-* 
noifTance qui fiiit que le Prince voit toue 
par &s yeux , qu'il agit immédiatement 
& par lui-même ^ que fes Généraux* ne 
fontquoy qu*ëloîgnc2 de lui que lès Lieu- 
tenans, & les Miniftres que les Miniftres. 
Une profonde fageflc qui içait declarA 
h guerre , qui fçait vaincre & ufèr de la 
viooire ^ qui i^ait fsdre Istpaix , qui fcait 
la rompre > ;qui i^ait quelquefois Se feioit 
les divers intérêts contraindre les ennemis 
à la recevoir ^ qui donne des régies à une 
vaile ambition 9 Se fçait jufques où l\>n 
doit conquérir. Au miueu d'ennemis 
Couverts ou déclarez fe procurer le loifit 
des jeux» des fêtes 9 des fpeâades^ cul«^ 
tiver les ans Se les fciences ; 'former Se 
exécuter des projets d'édifices furpre- 
nants. Un génie enfin fuperieur Se puif* 
&nt qui fè fkit aimer Se révérer des hens» 
cndndre dès' étrangers j qui fait d'une 
Cour» SemêmedetoUtunKoyaumecom* 
me une fëuIe famille unie perfàitement 
fous un même chef»' dont runion Se la 
bonne intelligence eft redoutable au refte 
du mcnde. Ces admirables vertus me fem* 
blent renfermées' dans ftdéc du Souverain; 
il eft vrai quH eft rare de les voir réunies 
(hins un même fujet^^ il faut que trop de 
cbofis concourent à la fois r 1 elprît-, k 
cœur • les ddiors , le tempérament } te 

C 3 â 



il me paroic qu'an Monarque qui les raC- 
ièmble toutes en iaperfonne > eft bien digne 
rfunomdeOraod. 



D B l'H o m m b^ 

E notis emportons point contre les 




ils font ainfi^ts, c'eiUeur nature ^ c'eftne 
pouvoir fupporter que k pierre tombe ^ ou 
qUele&us'elev^e. 

^ Leshoaunesenun fens ne font point 
leg^rsyoune le£>ntquedao5les petites cho- 
ies : îlschai^ent dégoût quelquefois , ils 
^rdent leurs mœurs toujours mauTaiiès} 
fermes & conilansdaeslemaly oudaasl'tOp» 
4lijBrerence peur la vertu. 

^ LeS>toîcifineeftuajeud'efbrit&uae 
idée femblable à la Republique de Platon% 
Les Stoïques ont &tnt qu'on pouvoit rire 
^ans la pauvreté ; être iniènfible aux ixi^a^ 
reSf à l'ingratitude >, aux percesdes biens, 
comme à celles desparens^ desamis ^ re- 
garder froidement la mort , 6c comme une 
choie indifférence qui ne'devoit ny réjouir^, 
jiy rendre trifie ^ n'étrè vaincu py par le 

Ïiaiiir , ny par *]a douleur^ fentiriefèr ou 
I feu dans quelque partie de £m corps iàos 
poitfl^r k moindre foupir ^ ny jetcer une 

ièule 



' *• I 



ftule larme y & ce phantome de vertu 6c 
de cpnllance atnfi imagine » il leur a plû 
de l'appeller un fage, ils ont laifleàPhom-s 
me tous les de&uts qu'ils lui ont trouvez . 
& n'ont prefgue relevé aucun de firs foi- 
blés : au lieu de £wre de fes vices despein*- 
tures afFreufes ou ridicules qui ierviflent k 
l'en corriger » ils lui ont tracéPidce d^ùne • 
perfeéèion & d'un heroïfme dont il n'eft 

Siiït capable , & l'ont exhorté à l'impof- 
le. Ainti le &ge qui n^ft pas ,. ou qui 
fi'eft qu*ii!BagiBaire ,> fc trouve naturelle- 
ment ce par lui-même au deiTus de tous 
tes évenemefis 6c de tous lesniaux^ ny ta 
goutte la plus douloureufe « ny la colique 
h plus aîsuë ne feauroientlui arracher une 
plainte^ le Ciel 8c la terre peuvent être ren- 
verfex'^RS Tentrainer dans kur chute t flç. 
il demeureroit ferme fur les ruines de YU^ • 
ntvers ; pendant que l'homme qui eft en 
effet , fort de fbn fens, crie, fedefefpere, étin- 
celle des yeux , 6c perd k refpiration , pour 
un chien perdu, ou pour une porcelaine qui 
eft en pièces, 

* Inquiétude d'efprit , inégalité d'hu- 
meur, inconftance de cœur , incenicudede 
conduite. Tous vices de l'ame , mais difFe- 
rens , 6c qui avec tout le rapport qui paroît 
eutr'eux ne k ruppofént ^s toûjourâ l'un 
l'autre dans un même fhjct. • 

* Il cft difficile de décider fi l'irrefblur 
tion tend l'homase plus malheureux que 

à 4; mé'f 



<A 



ftf Les Carac TBAKf 

mépri&ble : de même s'il y a toujours plus 

d'inconvenientà prendre un mauvais parti| 

^u'à^n'en prendreaucun. 

. * Un homme in^l n'éft pas un feul 

homme» ce font plufieurs y il le multiplie 

autant de fois qu'U a de nouveaux gcuts & 

de manières dmèrentes : il eft' à chaque 

moment ce qu?il n'étoit point i & il va 

ctre bien-tôt ce qu'il n'a jamais été , il le 

iuccede à lui-même :. ne demandez pas de 

. quelle cpmplexion il eft , mais quelles fi>nt 

ies complexions: ni de quelle humeur « mais 

combiem il a de fortes d'humeurs. Ne vous 

trompez- vous point ? eft- ce Eutichrate que 

v,ous abordez ? aujourd'huy. quelle glace 

pour vous i hier u vous recherchoit , il 

vous careflbît,, vous donniez de la jaloufie 

à fès amis : vous reconnoîl-il bien ? dites- 

Jui vôtre nom. 

* Menalque -f- defcend fbn efcalier» 
ouvre fâ porte ppurfortir ,. il la referme; 
il s'àpperçoît qu'il eft en bonnet de nuit 
^ f^ venant a mieux sfexamîner^, il fè trou- 

jnS? ^^. ^^ à moitié , il voit que fon épée eft 
cuaâere ^^ du côté droit 9 que lès bas font rab- 
piiticuliex.battus fur fes talons , & que là chemife eft 
mmàt Pa^^deffus fes chauffes. S'il marche dans, 
faits de di* îcs places ,, il fè fènt tout d'un coup ru- 
fiiaftions: dément frappera l'eftomac, ou au vifage, 

soient eue , . . ^ . . ^ 

en trop nombre s ils fent igieablei ; car \t$ go4ts éunt dliFeien t » 
gnad onaikchoifîc* 

t Le Comte De Bnncat Chevalier drhonncQi de la Rei- 
ne, jnere. L'iTaatncc dç la pcnuqaclpy laim chc» cette 
fxiacçOè. 



au xsEs Moeurs de cb sieCle. ff 

i ne (bupçonne point ce que ce peut être $ 
jufqu'à ce qu'ouvrant les yeux & ie réveil** 
lanc 9 îl iè trouve ou devant un fimon de 
charette , ou derriere'un longaisdeineftui* 
ferie que porte un ouvrier ârfè&épaules. 
On l'a vu uneibis heurter du front eoatre 
celui d'un aveugle ^ s'embiaraflèr dans fhs 
jambes, & tomber avec lui chacun defbn 
côté à la renverfe: il lui eft arrivé pluGeurs 
fois de fè trouver tête pour tête a la ren- 
contre d*un Prince & lur fon pafîs^e, fô 
reconnoître à peine , & n'avoir gue le loifir 
de fe coller à un mur pour lui faire place. 
D cherche , il brouille , îl- cric j il s*é- 




gants qu 

femblable à cette femme qui prenok le 
temps de demander fbn mafq ue » lors qu'- 
elle Vavoit fur fbn vifkRe. H entre à 1 ap- 
partement, 6c pafle fous un luflre où» fà 
perruque s'accroche & demeure fufpen- 
duë, tous les Courtiians regardent Scrient^ 
Menalque re^rde auflî , & rit plus haut 
que les autres , - il cherche des yeux dans 
toute l'afTembleé où eft celujr qui- mon^ 
tre fcs ordlles, & à qui îl manque une per- 
ruque. S^il va par la Ville, après avoir feît 
quelque chemin, îl fe croit c^ré, il s e- 
meut , & il demande où il eft à des paf^ 
fans , qui lui^ difènt précifemcnt le nom 
de & rue : û entre enfuite dans fà mai- 

C J fon, 



|8 Lbs Caract^ubs 

ibni d'oùUibrtprédpiumiDeQt, aoyant 
qu'il s'eft trompe. Il deiceaddu Palms, & 
trouvant au bas du gnuid d^ré un carofle 
qu'il prend pour le Gen» il le met dedans; 
le cocher touche, 2c croit remener fon 
Maître dans ù, maifon , Meoalque fe jette 
hors de la portière f trayerfèlacour, mon- 
te Tefedier » parcourt l'antichambre 9 la 
chambre, le cabinet tout lui eft&milieri. 
lien ne lui eft nouveau, ils'a£[ied, ilfere- 

i)o{è, il eft chez Iby^ le Maître arrive, ce- 
ui-cy iè levé pour le recevoir, il le traite 
fort dvilement ; le prie de s'aflêoir , & croit 
fàife les honneurs de & chambre; il parle;, 
il rêve , il reprend la parole; le Maître de 
la maiibn s ennuyé, de demeure étonné; 
Memdque ne l'eft pas nooins, & neditpas 
ce qu'il en penTei il a aâàirc à un fâcheux, 
à un homfne oiâr, qui iè retirera à la fin ^^ 
il leipere, & il prend patience; la nuit ar- 
rive qu'il eft à peine détrompé. Une autre 
fais il rend viute k une fèoune^ & fe per-* 
iùadant bien-tôt quec'eft lui qui la reçoit j, 
i s'établit dans fon fiuiteùil, & ne ionge 
nullement à l'abandonner ; il trouve enfui- 
te que cette Dame fait fès vifites longues^ 
il attend à tous momens qu'elle iè levé & 
k laiiTe en ïberté; mais comme cela tire 
en longueur, qu'il a faim , & que la nuit 
eft déjà avancée, il k prie à fouper; elle 
rit, & fi haut, qu*el]e le réveille. Lui-mê- 
me fe marie le maûn 9 1 oublie le ibir , Se 

dccou- 



ou LES Moeurs m ce si ecib 5^ 

d&ouche la nuit de fes noces* & quelques 
années après il perd (à femme ^ elle meurt 
entre fès bras» il ailifte à fesobièquesy Ce 
k lendemain quand on lui vient dire qu'on 
a ièryi» il demande G fà femme ell prête 9 
6c fi elle eft avertie» C'eft lui encore qui 
entre dans une Eglife, & prenant Taveu- 
gle qui eft collé à la porte pour un pilier» 
& £1 tafie pour un bénitier, y plonge û 
main 9 la porté à Ion front 9 lors qu'il en- 
tend tout d'un coup le pillier oui parle, 
8c qui lui ofire des oraiibns : ij s'avance 
dans lu nef, il croit voir un Prié-Dieu , il 
k jette lourdement defîus ^ la machine plie » 
s'enfonce ôc &it des effortspour crier y Me^ 
nalque eft furpris de Ct voir à genoux fur 
les jambes d'un fort petit homme, appuyé 
fiir fon dos, les deux bras paflezfurièsé* 
paules, & les deux mains jointes & éten* 
dues qui lui prennent le nez 6c lui ferment 
la bouche » il fe retire confus & va s'age- 
nouiller ailleurs : il tire un livre pour £ûre 
fà prière 9 c'eft & pantoufle qu'il a pnfc 
pour les heures, ôcqu'ilamifedansfa po» 
che avant que delbrtir^ iln'eftpashorsdc 
l'Egliie quun homme de livrée court au- 
près lui, le joint, lui demande en riant s'il 
n'a point veu la pantoufle de Monfcigneuri 
Meiwlque lui montre la fienne, & lui dit, 
Foiid toutes les fémtmfies quepayfuf my , iî 
fe fouille néanmoins & tire et lie de l'Eve- 
que de ** qu'il vient de quitter, qu'il a 

C 6 trou- 



éc Les Car ACTFites 

trouvé malade auprès de fon feu, & dont' 

avant de prendre congé deluî, îlaramaflTé* 

la pantoufle, connne Tun des fes gants qui' 

étoit à terre 5 ainfiMènalques*én retourne 

chez foy avec une pantouBe de moins. II a* 

une fois perdu au jeu tout l'argent qui cft 

dans fit Dourfe , & voulant continuer de 

joiier , il entre dans fon cabinet , ouvre une 

armoire , y prend la caflette , en tire ceqvù 

hii plaît, croit la remettre où il l*a prife; 

H entend abboyer dans fon- armoire qu'il 

vient de fermer , étonné- de ce prodige il 

l'ouvre une fecondc fois , & il éclatte de 

rire d'y voir fon chien qu'il a ferré pour fi 

caflette- II joue au triéh-ac , il demande à 

boire, on lui en apporte, c'éftàluiàjoûer} 

il tient le cornet d'une main & un verre de 

l'autre , & comme il a une grande foif, il 

avale les déz & prefque le cornet, jette te 

verre d'eau dans letriélrac, & inonde ce^ 

•lui contre qui il joué : & dans «ne cham^ 

bre où il èft familier, il crache fur le liti 

îc jette fon chapeau à terre , en croyant 

faire- tout le contraire. II le promené for 

reau , & il demande quelle heure il eft ; 

on lui prefènte une montre; àpcinel a-t-fl 

reçue, que ne fongeant plus ny à l'heure t 

ny à la montre, il la jefte dans la rivière , 

'Comme une chofe qui f'embarafTe. L.uy* 

même écrit xim longue lettre-, met dé la 

poudre defTus à j>lufieursreprifes, & jette 

toujours la poudre daas rcBcrier j cén'ëft 

pas 



• ou LES Moeurs de ce siècle, et 

4 

pas tout, il écrit une féconde lettre., & a- 
Prés les avoir achevées toutes deux, il lë 
trompe à ràdrcflc ; un Duc & Pair reçoit 
Pùne de ces deux lettres, & en l'ouvrant y 
lit ces mots, Méhre Olivier^ neman^uix» 
fito^ laprefintenç^^ de m^ envoyer maPro^ 
vificn me foin.... Son Fermier reçoit rau- 
trc , il Pouvrc , & le la fait lire , on y t rou vej 
MmfeipittÊT^ i^éy reçu avec tme Joâmifflon 
weugk ks ordres qtfil api* éi Votre Gran* 
denr. .. Lui-même encore écrit une lettre 

Sendant la nuit^ & après l'avoir cachetée» 
éteint & bougie , il ne laiflè pas d'être 
farpris de ne voir goutte , & il fçait à peine 
comment cela eft arrivé. Menalque def^ 
cend Telblier du Louvre, unautrelemon^ 
te, à qui il dit, ^eflvous que je cherche ^y il 
le prend par la main , le lait delcendre a-^ 
vec Itû , traveriè plufîeurs cours , entre 
dans les Mes, eniort, il va, il revient fur 
fes pas ; il regarde enfin celui qu'il traine 
après foy depuis un quart-d'beurc^ il eft 
étonné que ce ibit lui , il n'a rien à luy dl. 
re , il lui quitte la main , & tourne d'un 
autre côt;;^. Sou vent il vous interroge , & 
il eft déjà bien loin de vous , quand vous 
ibngez à Im répondre ; ou bien il vous de- 
mande en épurant comment fe porte vôtre 
père, &cdmme vous lui dites qu'il eft fort 
mal, il vous crie qu'il en eft bien-aife : il 
vous trouve quelque autre fois fur Ion che- 
min , U efi rm^i de vous rencontrer , ilfirt 

C 7 de 



6% Lbs Caractères 

ék ebez,v(msfourvms entretenir £une certain 
m ibofi % il comtemple vôtre main , vous 
avez-iày dit-il, un beau rubis: efl-ilfia* 
lais ? il vous quitte & continue & route: 
voilà Tafiaire importante dont il avoit à 
vous parler. Se trouve-t-il en campagnci 
U dit à quelqu'un qu'ai le trouve beureuic 
d'avoir pu Ce dérober à la Cour jpendant 
Pautomoe* .& d'avoir paiTé dans les terres 
tout le tems de Fontainebleau ^ il tient à 
d'autres d'autres difcours, puis revenant à 
celui-cy » vous avez eu » lui dît-il 9 de 
beaux jours à Fontainebleau, vousyaves 
^s doute beaucoup chafle. U commence 
enfuite un conte ^u'il oublie d'achever, il 
rit en lui-même, il éckte d'une cboiè qui 
lui pafle par l'elprit., il répond à Gi penfëe , 
il chante entre (es dents, tlfiffle, uleren- 
verfè dans une chaiiè , il pouÔe un crj 
plaintif, Ubaaille, il&aoitfeul. S'il ^ 
trouve à un repas» on voit le pain iè xnul«- 
tiplier inienGblement fur fbnaihette ;. ileft 
vray que (es voiiîns en manquent « auÔi- 
bien que de couteaux £c de fourchettes, 
dont il ne les laifle pas jouir longtems. On 
a inventé aux tables une grande cueillere 

rur la commodité du iervice; illapfènd» 
plonge dans le plat, i'emplJt , laportcà 
ià Doucbe , & il ne fort pas d'étonnement 
de voir répandu (br ion linge & fur lès ha- 
bits le potage qu'il vieat d'avaler. Il oublié 
de boire pendant tout lediner^ ^ou s'il s'en 

fou- 



ov JLES Moeurs i>E ce siècle. 6^ 

finivieot» & qu'il trouve que l'on lui don* 
iK'trop de viot ilen /^iir plus de la moi* 
tié au viiàfie de celui qui eftà& droite i il 
boit le reite tranquillement , & ne corn- 

5 rend pas pourquoy tout le monde éclkte 
e rire, de ce qu^il a jette à terre ce qu*oa 
lui a verfé de trop. Il eft un jour retenu au 
lit pourquelque incommodité, on lui rend 
vifîte y al y a un cercle d'hommes & de 
£bmmes dans ià ruelle qui l'entretiennent y. 
& en leur prefence il fouleve & couverture 
& cradie dans les draps. On le meneaux 
Chartreux 9 on lui £ût voir un Cloître or* 
né d'ouws^es » tous de la main d'un ex« 
cellent Peintre ; le Religieux qui les lui 
exp^ue, parle de fiunt Bruno, du Cha- 
nome ôc de Ibn avanture, en fidt une Ion» 
gue hiftoire Se la montre dans Tun de (es 
tableaux : Menalque qui pendant k narrai 
tion eft hors du Cloître, & bien loin au 
delà, y revient enfin » & demande auPe«- 
re fi c'eft le Chanoine ou fiùnt Bruno qui 
eft damné. Il le trouve par hasard avec une 
jeune veuve » il lui parle delbndêfiintma- 
ri, lui demande comment il eft mort^' cet-* 
te femme à qui ce diicours renouvelle (es 
douleurs ^ Dleure , iânglotte » & ne laLQTe pas 
de reprendre tous les détails de la maladie 
de {on époux , qu^elle conduit depuis la 
veille de la fièvre qu'il fcportoitbien, jut 
qu'àTagonie. Maaamif lui demande Me-* 
xialque qui iVoit apparemment écoutée 

avec 



^4 Zes C'ahacteres? 

avec attention , n*aruieZj^vo»Tqmceluy.lâ) 
II s'avife un marin de faire tout hâter dans 
fkcuîfine, ilfe levé avant le fruit, & prend 
congé de la compagnie j on le voit ce jour- 
là en tous les endroits de la ville , hormis 
en celui où il' a donné un rendez-vous 
précis pour cette afiâire qui Ta empêché 
de diner , & Ifa feit (brtîr à pied , de peur 
que fon carofle' ne le fift attendre L*én- 
tendez-vous crier , gronder , s*enaporter 
contre l'un de fesdomeftiques, il eltéton- 
né de ne le point voir, oùpcut-iiêtre, dit- 
il", que fkît-il , qu'eft-il devenu ? qu'il 
ncrfe prefente plus devant moy, jelectof- 
£t dés à cette heures le valet arrive , à qui 
il' demande fièrement d'où il vient , il lui 
répond qu'il vient de l'endroit où il l'a en^ 
voyé, & il lui rend un fidèle compte de j& 
commiffion. Vous le prendriez fouvent 
pour tout ce qu'il n'eft pts ' j pour tm ilu- 
pide, car il n'écoute point , & il parle en-* 
core moins; poortmfiiu, car outre qu^ 
parle tout feul , il èft (ujet à dé certaines 
grimaces & à des- mouveraens 'de tête inJ. 
volontaires ; pour un homme fier & inci- 
vil, carvouslelàluez, & il pafle^s vous 
regarder, bu il vous regarde fans vous ren- 
dre le falut '; pour un inconfideré, car il 
parle de banqueroute au milieu d une fii- 
milie où il y a cette tache ; d'éxecution & 
d*échafaut devant un homme dont le père 
y a monté i de roture devant les roturiers 

qui 



ou I £S MOEU RS DE CB S l ECEE . if 

^ui (ont riches, & qui iè donnent pour 
nobles. De même il adeSein d'élever au-^ 
prés dtCoy un fils naturel» feus le nom Se 
le perfonnage d'un valet ; & quoy qu'il 
veuille le dérober à la connoiffance de fa 
femme & de Ces enfans, il lui échape de 
rappellerfbn fils dix fols le Jour r il a pris 
auffi la reiblution de marier ion fils à la fil- 
le d'un homme d'affaires , & il ne laiflè 
pas de dire de temps en temps en parlant de 
Gi maifbn &c de lès ancêtres , que les Me- 
nalques ne & font jamais inefàlliez. Enfin 
il n'èft ni pre/ènt ni attentif dans une com- 
pagnie à ce qui fait le fiijet de la converià* 
tion; ilpenfe, & il parle, tout à la fois 9 
mais lachofè dont il parle, eft rarement 
celle à laquelle il penfe, aufli 'neparle-t>il 
gueres conlèquemment & avec fuite; où 
il dit. Non 9 fouvent il &ut dire Ouy^ fie 
où il dit Oity , croyeï qu'H veut dire Ntm^y 
fl a en vous répondant h jufte les yeux fort 
ouverts» mais il ne s'en (èrt point, il ne 
regarde ny vous, nyperfbnne, nyrienqid* 
fbit au monde : tout ce que vous pouvez 
tirer de lui 9 fie encore dans le temps qu'il' 
efl le plus appliqué fie d'un meilleur coiii-' 
mcrce, ce font ces mots. Oi^'vnyement.. 
Ceft way: Bm l Tostt âèhonV OùfM Ijt 
ftnfi quouy . ajfmtmmt. Ah \ Ciel! fie 
qudques autres monofyllabes qui ne (bnt^ 
pas même placez à propos. J amais aufli il- 
n'éft avec ceux avec qui il pàroit. être? il 

appelle 



^pelle ièrieuiêment (on laquais Mmfie» 
& ion aoii» il l'appelb /a Pèrdmi: A ditj 
^•rr« Révérence^ z un Prince du Saog, £c 
^/re Aàefe à un Jeiuite. U enteodlaMei- 
iie 9 k Prêtre vient à éternuer r'à lui dit , 
Dien 'uom ajfifii. . ti fk trouy&avec un Ma- 
gnat > cet homme grare par fbn carââ:e« 
rei vénérable par &n âge & par là dignité y. 
luiterroge fur ioa évàiement^.^ lui de* 
«onde u cela eft aiofi » Menalijue lui re- 
pond, Oif^, Mad^^Ûilk, U revient une 
£bis db kicampagncy' (es laquais en livrées 
entrepreon^t de le voler & y reûilittent^. 
ils delceadent de ion caroâèy.lui portent, 
un bouc de âambeau feus la gorge, luidc- 
roaixjbit la bourfe. Oc il la rend» arrivé 
cbest (qj s racwfie fim avantureà&saoûs» 
quiioe m«o«|ttent pas de^rinterroger furies 
drcoaAances» & il leur dît, demamUx, 
^fmsgmtf ftsi/éoéenÊ: 

^ L'îndvilité n'eft pas un vice de 1 a« 
me » die eft réfifet de plufieurs vices , 
de la ibtte vanité, de Tiknorance de fes 
devoirs, de k parefle j dfi la flupidité, 
de la diftraâion , du mépris des autres » 
de la jaloufie: pour ne le répandre que lur 
les dehors, elle n*én eft que plus haiuable» 
f^icce que c^eft toujours un de&ut viiible 
& manifefte : il eft vray, cependant qu*il 
ofienlè plus ou moins ièlon la caiife qui le 
groduit. 

^ Dire dun homme^cdecp». inégal « 

que: 



ou LE5 Moeurs de ce sibclb» éj 

querelieux , chagrin » poiadlleux » ca* 
pricieux» c'eft fon humeur I n'eftpasTex- 
cufèr» comme on le croit ^ mais avouer 
km Y penfer que deQ graads dé&uts font 
irrémédiables» 

Ce qu'on appelle humeur eft une cho* 
ie trop négligée parmi les hommes^ ils 
devroient comprendre qu'il ne leur fuffic 
pas d'être bons» mais qu'ils doivent en- 
core paroitre tds i du moins s'ils tendent 
à être fodables, capables d'union 8c de 
commerce^ c'eft à dire à être des hommes i 
f oa n'ex^e pas des âmes maligneaqu'elles 
ayent de k oouceur & de lafouplefle y elle 
ne leur manque jamais 9 & elle leur fêrt de 
^£^ pour fijrprendre les Cmoles , 8c pour 
aire vabir leurs artifices: ron defireroift 
deceux<^.ontuDboncceurt. qu'ilsfuflen^ 
toujours pjians» âdles, complailàns^ 8c 
aull fOt moins vray^uelquefëis que ce 
(ont les méchans qui nuifènti 8c les bons 
qui font louffrir. 

^ Le commun des hommes va delt 
colère à IHnjure: quelques-uns en ulènt 
autrement t ils offeoiènt 8c puis ils ie fà» 
chsmi 1^ furprife. où l'on eft toujours de 
ce procède ne laiflêpasde place aurelTenti- 
ment. 

^ Les hommes ne s attachent pas af-^ 
fez. \ ne 9oint manquer les occafions de 
faire plaiur i il £êmhle que Ton n'entre 
dans un employ que pour pouvoir obliger 



'6S^ Les Caractères 

& n'en rien feire^ k chofe la plus proîntcr 
& qui fe prefentc d'abord , c'eft le refiis r 
& Ion n'accorde que par r^exion. 

* Sçachez precHement ce que vous 
pouvez attendre des hommes en gênerai, 
& de' chacun d'eux en particulier , & 
jëttez-vous eniiiite dans le commerce- du 
monde: 

* Sî la pauvreté eftla'mere des crimes, 
le défaut d'efprit en çftle père. 

* Il eft difficile qu'un fbrtmàlhonnête 
homme ait allez d'elprit, un génie quiefE 
droit & perçafltconduit enfin à la régie, à 
laproBîté, à la vertu: il manque du fèns 
& de la pénétration à celuy qui s opiniâ- 
tre dans le mauvais comme dans le raux; 
l'on cherche en vain à le corriger par des 
traits de làtyrc qui le deGgnentaux.au- 
tres, & où il ne le reconnoit pâsHuy-mê- 
ine ; ce font des îajures dites à un fburi 
Bferoitdefirablepour'le pbifîr deshonnè- 
tes gens & pour la .vengeance pibliquej 
qu'un coquin nr le fôt pas au point d^trc 
privé dç tout fentiment' 

* D y a des vices que nous ncdevons à 
perlbnnc, que nous apportons en^^nàflanti 
et que nous fortifions par l'habitude ; il y 
en a d'autres que l'on contraire, & qui 
nous'fonr étrangers;' l'on eft né quelques- 
fois avec dés mœurs fàdles, de la com^ 
pl^&nce & tout le defirde plaire ; mais 
par les traittmens que l'oa reçoit de ceux 

aveo 



i>v LGt Moeurs bb gb sib.gie« €f 

avec qui fon vit» ou de qui l'on dépend^» 
l'on eu bien-tôt jette hors de [ès,merure&| 
6c mêipe de fon ^atunel ; Ton a des cha- 
grina» & une bik que l'on ne fe xx>naoiC> 
loit pointi Ton fc^voit une autre com- 
plejrion, l'on cft enfin étonné dcfetrou^» 
ver dur & épineux- 

.* L'on demande pourquoy tous les 
hommes ei)femble nexompoiènt pascom- 
nse. une (èule nation & n'ont point voulu 
.parier une même langue 9 vivre Ibus les 
mêmes loix » convenir entr'eux des mê- 
mes uiàges & d'un même culte : & mojr 
penlànt à la contrariété des eiprits» des 
goûts &,desièn(imens9 je fuis étonné de 
voir jufques à .ièpt ou huit perfbnnes & 
raflèmbier fous uo même toit» dans une 
même encdnte, & compofcr une feidc 

famille* 

* Il y a d'étranges pères, &donttou.' 
•te.Ia vie nefemblé occupée .qa'à préparer à 
fleurs enËio$ des raifbns de fe confoler de 
leur mort. 

* Tout eft étranger dans Phumeur, les 

mœurs & les manières de la plupart des 
hommes: tel a vécu pendant toute £ vie 
4:hagriu, emporté, avare, rampant, foûp 
mis, laborieux, intereffé j qui étoit né 
gay> paifible,pareflcux,magnifiaue,d'uo 
courage fier, & éloigné de toute baflcffe: 
les befoins de la vie , la iîtuation où 
Jîon fc trouve # la loy de la ncccffité 

for- 



70 {«ES CARACTfiRES 

forcent la nature, 8c y caufèst cw grands 
cbai^emens. Ainfi tel homme au fond $ 
6c en lui-même ne le peut ^fiair, trop 
déchoies qui font hors de lui, 1'*'^^^^^? 
le changent , le bouleverfeni # il n'^^ 
point ppedfémcdt ne qu'il eft^ oujcc qu il 
.paroîtctre, 

* La Yîe eft courte & enniyeufc» elle 
fe pafle toute à délirer ; l'on remet à Favc- 
«ir fon repos & fes joyeSf à cet âge fou- 
vent où les meilkurs biens4>nt d^ o^ni» 
lafintéic k jeuneflc. Ce temps arrivcqui 
j«ioQ8 liirprend encore dans les oefirs» od ^ 
eft là 9 quand la fîévre nous fiific Se noitf 
éteint; fa l'on eût guéri « ce n'^toit q^ 
pour deGrer plus longtems. 

* Lorsqu'on defircf on ft rend à dîfo^ 
^nà cekii de qui Pon dp<»e; eA-hù &ar 
d'avoir, ontemporifèfOnparlemeattf ^^ 
«ipitule« 

* Il eft fi ordinaire à l'homme de n^^ 
*re pas heureux, & fi effentid à «ont <^ 
qui eft un bien d'être acheté par mille pei- 
nes, qu'une affiûre qui & rend fiKrile^ de* 
Vient fu(peâe: l'on comprend à pelne^ of^ 
^ue ce qui coûte (i peu, puîffe nous être 
"iort avantageux ; ou qu'âme des médites 
juftes, l'on doive £i aïKmeot parvenir à li& 
%i que l'on & propolè : Ton croit mérita 
les bons fuccés^ nxûs n'y devoir coBOf^f^^ 
quefort rarement ^ 

^ L'homme qui dicqiill a'^pas » 



OU^ES MOBUM W£ Cfi ffIBCLE. fl 

heureux 9 pourroit du moins k devenir 
par le bonheur de fes asiis eu de ks pro- 
ches. L'envie lui ôte cette dermere rtS- 
fburce. 

* Qupy que faye pu dire ailleurs^ 
peut-être que les amige& ont tort : ks 
nommes fembknt 45tre nez pour Knfortu- 
ne, k douleur & la pauvreté» j>eu en i- 
thapentj & comme toute di^racepeut 
kur arriver 9 fis dcvr<Ment.étre préparez à 
toute di%race. 

^ Les hommes ont tanede peine às'ap- 
procher fur les allaires 9 font fi épineux fur 
les moindres intérêts , fi berifTez de difïw 
cultez, veulent (i fbrt tromper, te fi peu 
écre trompez j mettent fi haut ce qui leur 
appartient) 8c fi bas ce qui appartient aux 
autres; que j'avoue que je ne Içav paroù^» 
£c comment fe peuvent conclure les mari»- 

fesy lescontratSj lesacquifitions^lapaux^ 
trêve» kstnntez, les alliances. 
^ A quelques-uns farrogance tient fieQ 
de grandeur; inhumanité, de fermeté 9 
6ckfburberie, d*efprit. 

'* Les fourbes croyent aifément queled 
autres le font; ils |ne peuvent gueres être 
trompez 9 8c ils ne trompent pas long- 
temps. 

Je me racheteray toujours fort volon- 
tiers d'être fourbe 9 par être flupide 8c pâf^ 
fer pour tel 
On ne trompe point ta bien 9 la four- 
berie 



yt Lies Caractères 

berie ajoute la malice au menfonge. 

* S'il y avoit moins de .dqppes» il y 
aurcnt moins de ce qu*on appelle des hom- 
mes fins ou entendus 9 & de ceux qui ti- 
rent autant de vanité que dediflinâion d'a- 
voir içû pendant tout le cours de leur vie 
tromper les autres : «comment voulez-vous 
tplEropbik à qui le manque<lè parole 9 les 
mauvais offices, la feuroerie, bien loin 
de nuire , ont mérité des grâces & des bien- 
faits de ceux mêmes qu'il a pu manqué de 
iènôi;, ou desobligez , ne prélume pas in- 
finiment de foy & de ion indufirie ? 

* L'on n*entend dans les places & dans 
les rues des grandes Villes, & de la bou* 
che de ceux qui paflent » que les mots J^ex- 
ploity àtfaifie^ àiinttYragatoirey de framef» 
/Jfi & àt plaider contre fammejji: eft-ce 
qu'il n*y auroit pas dans le monde la plus 
petite équité ? Seroit-il au contraire rem- 
pU de gens qui demandent froidement ce 
qui ne leur.eftpas dû, ou qui refiilcntnet- 
tement de rendre ce qu'ils doivent. 

Parchemins inventez, pour faire fouve- 
nîr ou pour convaincre les hommes de leur 
parole : honte de l'humanité. 

Oftez les paffions, l'intérêt, l'injuAi- 
ce , quel calme dans les plus grandes Villes ! 
I-es befbins & la fubfiftance n'y font pas le 
tiers de fembarrasu 

* Rien n'engage tant un efprit raifon- 
fiable à fùpporter tranquilkment des pa- 
ïens 



ou 1^8 MOEUM »B es f»CLE. 7f ; 

rens & des amis les toits qu'ils ont à Soot 
^à ) que la réflexion (fjk^H fiùc fiir les^ 
vices de l'Bumanicé ; & vCOitibi^o il eft fKSrf 
cible aux homoed d'ecre cQoftans ^ [gfiot^ ^ 

reux^ fidèles 9 d!^tfe coucbez d'-qnè aoih 
cie^ plus ibrte que leur intérêt : comme, 
ilcoimoit leur portée 9 il n'exige point 
d'eux qu'ils. pcaetreot «les corps, qu'ils tp-» 
lent-dans Tair 9 'qu'ils ayeot de 1 équfté;,^ 
il DOijLt hait les^hommesi lengençn^ , où il y 
4 u peu de verM 3 mais il excufe les par*r 
ticufiers , il les 'ajme mênie par des;mo«f 
tifs plus relevez ; & il s'étudie à mériter 
e moins qu'il fë peut une pareille inéul^ 
'ge^ce. . : .: 

^ il y de certains biens que l'on deJVf 
re avçc, epxportegsiem ^ & dent 1 -idée feule ^ 4 
nous.ei^levç & noi^s^trahiporte ^ . 8*il nous 
arrive de les obtenir 9 on lesiènt plus tran* 
quillement qu'on ne l'eût penfé 9 on en 
jouit moins 9 que l'on a^ire encore à de, 
plusgraads. 

^ Oyades oiaiix effroyables Se d'bor* 
ribles malheurs où l'on n'ofi^ pedièr ^ & 
dont la fede vue &it frémir j s'il arrire 
que Pon y tombe , i on (e trouve des re(- 
iources que l'on ne (è connoiflbit point 9 
l'on & roidit contre (on infortune 9 fie Ton 
&it mieux qu'on ne l'efperdr* 

^ Il ne faut quelquefois qu'une jolie 
mai&n dont on hérite ^ qu'un beau che* 
valf ou un joli chien dont on iè trouve le 

Tom. II. D oȔ. 




tJfcéntement pour la Bôriflaiï» jcuficffc 

pas'feu»dèttbuyCMi« atteindre. 
M^éSér^a^k^ke^ Poû aime la vic& 

î!> #iqe^ «(^'*it>dg c^tt? à?fcl tmaxtt 
-èf d*«*àiwé^kiB«r-* qùçdfeÉAredeccnv 
* firiti^l» éSéxt$ , ^4tti^de«dfo05t&^ecWh 
' flexifeiis^ , «c ^trè contîfïûellémentÉ aux p*- 
^r^î^vecfey^iâêiHeV p^ur-^^a pas/iwiDr 

* Si de tous les hommes les utegaw*- 
•^œenc/ y Wtt^ç^ûé^fe, àt fettUtonb^^o- 
îlaBtè^fl^aiohqaedèmouife.^ l '^ ^ 
ri o# tJfleloÉiguè tï^hdie fetfASe îérte p®- 
cée entre la vie & la mort, afin que là mort 
"Mêaie devieiliiê tïn fodagement êc à ceux 
-g* ifléureriti i8c àcéuif quifeftent. 
*/ ^ %i r/pUi4fîr:hâMàihdr(eliti K 
%è) cÛ^ofi^'^^èftdeineiftfe fin^lâivfeB* 

icflc- . v: .' 

< <£j| i^m qui fté^làini k cadgdf S arme 
^plus à 'propos, qûôcdlequilaterxDme. ' 



k 



^* Le regret^ qu'ont les hommear d« 
mauvais employ du temps quMs ôot déj» 
vécu , ne les conduit pas toujours à aire 
de celui q\i leur vefte'àvifrefi uaneiUtitr 

» la vie eflrt]»rohim^ ,' Je^Tièilk 
ioht ceuNf dont le iSitnmei] ^ étéplusfb^ 
fls ne cciiiit»ûiicei]làfe réveiller que quané 
il faut mourir : s'ils repaflent alors fîir tout 
lé €obii>4iê>leitr8attBM,ld8èfr€rofi 
feuvaiC' AV ^vciisi r^ ' Q}r aâîons Ipinifak^ 

S[uV Wdimtigiientlcs uoes des^vwtses.^ iits^ 
OAlÏAid^iil loirs diJBSaiBw %e$r ibiia^t 
voyenrHetr qui isod^^ aâSêz pou9intfu-<» 
rer le temps qu'ils ontvécu : usone eiiutt- 
fengecoims ) i iiifcniie'..8c fims aucuoc^ 
Ak»} 4ls^-(eMifaci aiesaàioins. coauie 
ceux qui s éveillent » qu'ils ont dora^loogs* 

.«i fléiy fk^f ociê* nigmnerjqiie^trQîsf ére^»' 
nemenS) nattre^ vivre 2c mourir :Hneiô 
ièdt' pasndcre»^ Uibuffre àmomir ,: Se ii 
oubliedfe vivrez, 

^ ifi' jr « JUB^waps bà.kxaiibn n^-pas 
oieore « x>à l^neyieqiie^nr iolbkârà 
k ntanlere desraiÉBBiiètv SCDdontil iie*r6^ 
ilë diibs^la»> mèmoiffei aucuo «ftige^ H .7 
a un iècond temps- oà h^raifiMtf feidéve» 
loppe 9 oàdle eft formée» .ât où- elle 
pourroit agir , fi elle n etoit pas obfeurdQ 
& eomme- éceinte' par) les vices., de la 
eoinpleJâon » k 6c paaun efaciiAkialQcat d^ 

D 3» paft 



fô Les Caractères. 

• L'unique fiiiQ des ea£ins eft de trouver 
PendfoklbibledeliBurs maîtres 9 conmiede 
tôâs ceux à quiils fiMUPfôûmis ; déiqoMs 

pT^neat fiveox^anafomdaotqu^ilfiieper- 
dent plus. Ge qui nous &it décheoir une 
première fois de cette fiiperioriré àleur é- 

fird> efttoâjDurs ce qui nousempécbede 
Tecouvreri. 
V .# Liiptrefie^ Bndolenoe^ 6ci'Qifîvete» 
«iotts<i^;anxirdkauxen£m8 9 dîiparoifiènc 

4ttisfeui3jeiir^ oàilsfinu:Vi&^ ttppli^ueBt 
exaâs i amouneux des régles6cde k iy»i- 
nietrie^ où ils -ne fè pardonnent nuUe nute 
les uosauz autres» &rcconinie8iGenr eux- 
ménpes^phiâeùfs Âisone feule icfaoiè qu'ils 
QoitmsaqiicjB: pné&gesiSertaiiis qu'ils pour-' 
sont on jour ocgi^ec leurb de w)îrs t. mis 
qi/ilsi Q'eiiUieBUKt.riflo: pour rieurs pkî« 
firsL 

^ Au3t en&ns tout paroit grand ,. les 
cours ,. iei jardiDS^, les édifices^ les meu. 
Mes, .leslioagnes».lfalaain}aiix; .auxJioni.^ 
mes les choies du monde paroiifisnt.ainfi;» 
Ccj'o&direpasbniêmeiailQQj pàrcequ'ils 
£int.petifiSi:,|i: ... 

. ^ Les en&ns commencent entre eux 
pac l'état p(^ulaire » chacun y eft le maî- 
tre^ A: ce qui eft biei^naturd , . ils ne s'en 
accQmmpdentpaa longtemps ». & paflenc 
auMooârciiîQUfi : . quelqu'un iètfiitingue, 
ou par une pbis grande vivacité jv ou pac 
..... une 



àv Lfis^ Monits SB es sicdLE. 8 . 

• 

ràt meilleure* dilpdlkkm. du corps § - ou mi 
une connoiflànce plus exade des jeux dif. 
fbenS''& des petites loik qui lescOmpo 
&nv, lerapîres loi dé^utnti tc'A&formtr 
alors ua gouverpttacisc «biblu qpi Mtçiik 
que fur le platfir.^ 

^ Qpi doute ^ueies cnfaus neconco* 
veilri|;)q^%:nr jugent» qu jil^ ne raiK» ' 
aem:c0bfeqtfnpment^ fi c'eftfèufefiie 
fur de petites choies», c^^ft qu'iU ibn^re* 
&Ab(9 «2 fî«ii^ ju)ie loiigfio experi^ce ; 'Cc 
c'en ettiteuvm terqaes»; cell tnpin&r^t 
&ute que celle de leurs pàrens ou de leur^ 
OMiftffres.- 

# -C'eft: perdre . toute pon&nee dans • 
l?eQ)dcr des enfàx)^ fie leur devenir itiutile, . 
que: de les punir -dcsh faut^ qju'iU n'ont ' 

Ë\n%i &àtc$ r. ou tnêMe- ftveiremedt ^e ceU ; \ 
\ qui font kgeres; ils* fçaveqjt pré»' 
diëment fie mieux que peribnn.«' ce- 
qu*ik méritent » fie ils ne méricem gue*-^ . 
les .que ce qu'ils craigpient ; , ils connoi(^ 
ient h c*eft Vtort purarec. raii^n qu'ôa 
lescb&iâe, & ne&^entp^n^oinspArdes 
pdnes mal prdonnées^qne.gar Timpuniv 
té. 

^ On ne vit point aflex^ur profiter 
de (es fautes ; on en commjst pendant tout 
le cours de fit vie, fie toute cequçrôn peut 
fidre à forcée de fidllir».c'eft de mourir cpFi* 

ngé. 
U n*y a rien qui: ra&aichifiLlé' iàng;. 
D $; cora-. 



le mèfide r nous çontlôlt { Yoù ùit rfttréu 
de fi pare(fc-eri des tprtne? ^Ui figillficnc 
tèâjêûi-^ fèn désioterefleifient , i6r que 
Ybn tA guéri de l'ambition r Ton nctoa- 
pt point de (à mal-propreté qui n'efluqa'- 
nné' hc^igence pour les petites choies 9 
Çf^ qui femble luppofer qu'on n'a d'ap- 

Î>fic^ièn ^de pour les folides £c efieotiel- 
éS;' Un hômme^de^ guerre aime à.dire 

me c'étoit par trop 4r^<Qp^fi^°>^°^ ^^ 
par curioGté qu'il Te trouva ub certun 
}Qur à la trandnée ^ ou en quelque.autre 
i|)ofted'es- périlleux y fins être ileearde 
ny^èfmnaAdé; & itajoûce qu'il eçfiitTe- 
ërtè «k ibâ' Gemi^; De maneunebon-* 
rie têté,^ ou Un ferme g^fue qm {k trouve 
né avec cette prudence que les autres hom-» 
mes cherchent vainement à arâuerir^ quia 
fortifié la trempe de foo ei^rit par une 
-gMUidé e^p<^nce^ quelle noBaDre» le 
{k^dsi k diverflté^ la difficulté^ ScfisA 
'^l^nc« dc|s:^^âfiàirôs occupeatTeùlemear» 
^•n'aéCaA^lMr pbin^ qui par l'étendue de 
-fts ^voës & de Êpenetiacion fe réndlmal- 
tre de tous les évenemens ^ qui bien loin 
de confulter toutes les* réflexions qui font 
écrites (liF le gouvernement & la poutique 9 
tA ftut^hrè de (î^s.ames.iabbmes nées 
pour i^egr les ijutres » & fur. qui ces^pre* 
•mierès règles mat ét^laites^ dui elldétour^ 
né par les grando^chofesqu'ilâit». desbd- 
les ou dei agr'eables qu'il ppitrr<»t hj^t^ . & 
i. À. , qiii 



ou LEi MoBy lU 0B CE mciJRl 8 f 

Oui au contraire? ne perdrienàrêtraeerjkà 
^uiQeterrpour wiG dire^ vie 8c ies^âioni»; 
Un bonmie oinG fait jpeut dire aifëmenrSc 
fiâss fi^ commettre, ^n'ilûttconnohauMD 
hvTC^ & qu il ne lit jamais. 

* On veut quelquefois cacher ièsibi- 
bles I ou en diminuer l^^pinion par î^âveti* 
Kbre que l'on en:iàit; Tel^dft , jûGÉ^ig^ 
norant, qui^ne Tçûtrien: un homme dit) 
je Ibis vieux ) ilpaffisibixanfçans: un au« 
treencore» )e;neiubpa8ric'he^6cil«ftpaii& 

# Ea modeflfe nVft poiâr» ^u ^ con« 
oduè' avce une choie toute Idîîferênte idi 

Iby, fi on la prend pour un fèndâteat iflf«i 
teneur qui avibc l'homme à ite propre 
yeuK» & qui eft:une^ venu fiimaturèlle 
qu'on appdfe humibté.' L^omme de* â 
nature penie hautement 6c fùperbement de 
Itti^noème,. ^ ne penie^ ainfi .que de lui- 
même; ht modei^ie oc tend qu'A £ùre^ue 
perfbnne n'en (bufïre ; . elle eft une verra 
du ^d^orsqui r6JB;lej(ës7eotr* la démarche 9 
&s paroles^ ion ton de voix; &quilefiiit 
agfar extérieurement avecles^utres, corn*» 
me s'il n'étoit pas vray qu'il les compte 
pour rien. 

i ^ Le monde eft- plein de gens qui Sàh 
iant extérieurement 6c par Inbttudè , la 
compannibn d'eux-mêmes avec, kaai»- 
txes , dérident. toûjourai^en &veur delwr 
mérite. 6caâflèntcon(èquemmçi:$i 
. . D 7 * Vous 



16 .yLB9. ÇAJbAerBUE^/ 

fjjBite^fetrieipfitf.qiie 1^ fcQ««»cfrftisBipiçl- 
lça$;pi^ finir .i€^^9C: %uiçcdwt!fm^m9^^p 
&nebriièntpas.c^x<|ai^a<« . ^ 
. Pçm$aiQrpai<&(^ M mit avoir des lia- 




v^.ijm.igùm à'mffim ^t^f^ ciu pk» 
éu^>q\^s£à{em3Kcwi^^ ,! i 
rl.^i M&nte 9Mité'jâijll trille gsÀmje.^Ai*; 
]ôke-ûue timaicvl>ns.îdê imid-ifnâKjS:^ :e«5^ 
bàt-mipqiyoKtààmks maztesme fiertéà 

fiâfcnoniturëtsedâ^ < 

. # CcdinlefïiMit ib 'défeodner deoetc^- 
MMté quLnow iait;peiii{er ^uc fesjKitres 
floas regmbat arec cnriofite & avec dfti^ 
ne, & ne parlent enfembde que pours'en*- 
tretenir de nôtre mérite & Birc xiètreéb^ 
^ : auSi (k^oruMioai avoir une cârtiine 
aJongan^é qiitioasefiipêohedeerQireiqa^Qfr 
•M fè^^^^ rc»dHe:^ue pour dire dpaial 
lieiiUHi)^ ^ott que r«OQ Jic lit igue^pours^» 
mocquèr. kr^\ 



OUlEsMoSUStSDBCESIECLE. tT 

j«ff41my,..in? fpwç&ic jettetors ji^une 

pas rkhe^ ^ }% fi^ff a fied^ ^ doit daqsTos 
r^s^ 0^. jpa^ voirî a efi.ce point pour 
etrevul^rSoesOf àfm ûo mfm c. fr nia avec 





, #. NiMi^ 4iei^6faM9 nâtrç bo^muTct^ 

peu finceres» ians équité ^ pleki^ dViivie^ 

* Jl fçsakk fjfie l'on ufi pi^Cc rke^gqç 
jdtft.cha&s tîdîoiw»;r Tes voit newôoin$ 

choies ridiruIes,.^.4e(CtUeS4^ ac fefimr 
jft»^: .^r^nd étgsfo^ & twonfiSeriéi & 
^uil ^mécbâpc devtnt euxqp^ciisu^^^^ 
pertioeiace» Ib rieatidc vous: u vousétç^ 
6glè| & Que tous fierez que des chofè^ 
ta^nafaleff» &dtt cooqull les fiiut Jke^ 
ils rient de même* .. . i > r it 

^ jGeiisi(^alfioihfftViirent lest^oipar 
4flr violence îfotr par' l^nJKiftî^j iS^quinouf 
étentHhgMfoufptf Iftt^^QiiHC» 'nquscQarr 
queat alTez leuoliaîoe pour w\à»i roai^i]^ 

ne 



|3 Lii C AiîÀcrËiiBr ' 

ayçnt perda à- nôtre IgarH toute ibtteâ%^ 
ftiiùe VJtt& né £>mmës'nei!id'^8 iaè3j)9}>le$ 
iJè quelque retour poûi^'éUx^ decfêle&t 
retaJré un joiir IiôtTeàIhMé^ Lâtoc^ 
W contraire €ft dé toutes les injures eelle 
qui iè pardonne le moins^ diéeft le lam 
^ée' ià\ tn^tîis , '8r l^^né ^ 'maaiéres 
Pf lé tiileU3t:^eâeê»lti^ ^ék 

^^ , iqùi^cft]^pay#nqte%tt*rfoy- 

même y elle veut le i^eifidré^^ricfetde à les 

ieiinvaincde 
lù IVm pin& 

• -C*cff une <*6feinontl»àeaïei5lii^^ 
2c lafkcilitéquieftennousderayier, â^i^ 
prouver & de méprîferteft autres j & tout 
rafonblè la^coieFequenoUsreSèntôndc^ 
tfé ceùkqùlàôtis railteit^ ûous ii«prc«ii. 
Vcttt, ^,tm^n\i^r^tà.f- -^ - 
^' #La4nteBtIesricbéfièsôraiitaiifxhM|. 
''tacs^'Yexpf^nneè diimAi l«lPiâf«fentk 
^rcté^pur lédrï fcmiriables^ ^ & lès gerts 
'déjà chargez de leur propre mifêre tont 
«ceux qui entrent davâdti^e par lâcompa& 
fion dans celle dWruy. . . 
^ ^lliémblequ'attx «nés bien nées les 
fêtes , 'fes/peâa<*eô > i kfyii»toiite rapnv 

•nos protbes oû»4Aî; uokiàam^i v ; . . . ^ 

* Une 



eu LES MôButis De ce sibcls* êgt 

^ Une grande aoie«ft au delTus de rin* 
jdre,del'injuftioe, delà douleur, de la moe: 
guérie; Se éUe 6rôir l|itultaend)k^' il elle 
neibuf&oitporlacompaiffion*. ' ' 

* Il 7 a^unee^)^edèbofAre<l^ètrf hea<i 
reux àk vûedeceitainesmlières. 

^ On eft prompt à connoitr» &8 plus 
petits avantages, 8c lent à pénétrer ièa 
défauts : on n'imore point qu'on a de 
beaux fèurèilsi c «es onmesbienâiitS} on 
fyàt it peine que Pon eft bov^ y on né 
^ait point du tout que l'on manque d'e!4 
Iprir. 

Argjft tire fbn gant pour montrer 
une belle main , £c elle ne néglige 
pas de détfouidr un petit Ibolier qui ûsp« 
poiè gu^le a le piedt petit \ eUe rir des 
cbofes plaifantes ou fèrieuiès pour.&U 
re voir de belles dents. ^ . £< me ooon- 
tre fon oreille \ c*èfl quelle l'a bien fàt«^ 
te, & fi elle nedaofè jamûs^ c'eft qu'elle 
eft peu contente de la taille qu'elle aépaii- 
fe; elleemendtous fesi|iM:ècsàl<'éxc^p« 
tkm d^un feul, elle parle toujours f. & ^â 
point d'eiprir- : • ; . . ;; 

• ^ Les hommes oomptencptcEsuepoup 
ries toutes les vertus du cceuiTr^oC'idoiâ^ 
trent les enlens du corps & de Veipric : : celuf 
qui dit froidement de îciy^ & &ns cneire 
bleffèr.la-modeftie,iqu?ileft'bonv qu'il.eth 
eoDftanity :fidele^fincere^ equitaUe,.reoQiia 
aotffiuity '&'dGbdirejqu\left^vi^^ qu'danka 

dents. 



Pà Les GARA'Ç'FBrRBS^ 

dents beiro»&;l^ peau doijtce^ cela eft trop 

TQÊtt: '\ < ■ ' i ' ' ■• - / » •• 

a- Il clt5«»Jf:qu'Ui)faiid8«K'Ve*t|î? ^ le$ 
hc«nraes admin^e^fli^.bï»VÇurfs^i^^ 

eftiment beaucoup ^ . & que ce» vertus foat 
n^ligtf f la vie &rai«o^* aufl&/peï*>n- 
oe. QisfcvanQe de fi>)?.qtt;'a çft:l>favf oalbo- 

fbndoax^»r;qii^iéftfaâite^^ cft-gc^ 

qualitez à un trop haut prix^ on fe.e^ 
teatedftlcBmièr.' 

^. .* Qœlque rapport qu'il paroiflf^ d$ b 
îafouQcr^''etDuiatlon^ : il f i^ eï^^i^k 
tokati âiâgo^tet^ y^ :ii|uâ c^f.^^vi^ & 
tr<kii»ot^rele»m6cIitvQi$tt. >: > 

- idixa jakmfife&.l'éfmâatiM j»!exercâ]Bl^£»6 
leihèar' objecV qui ék' le bieo^o» lettiÀi-r 
ts dèS'autrbBit avec cette, différence » q^9 
ctiie-cyeftun'&QtimeQt vQloatwCf cf^ 

las/amyi liacéoe.» qui: leod^di^ame kcooÀ 
iti 4ui Jaj%jpfiMitecJdes^ndâéx«flH 

pies, &la porte ibuvènt au-dcfliiâ;de.<'ç 
qu^levamîfe.;^ lAc ^qmr iieU)&>k)aU ^i^' 
tâtirkidlu^rfliouvbQMdt vident ;&)C^ 
me uo : aivea contratot du raérîte qm eft 
hoari â^àk ; qu'ellie va même jufques à 
sJkrMa'vertu ^s ^jfujetsilijbeile esHle^ 
ou qoilbvoéé do la rseonno&feftiui;^ ^^ 
fiaMèiiâo^ bu Uiy: envie les ceç<Ka^'^ 



fes; une pâiÉoa|{^e qui laiflè l*hoaaine 



Î>W 




a autres talens que lesuens» ou dautref 
liooatne%4y«c4es ,iaéfncs'ta)iqqs 4pi)pi} fè 

ttjïQt g^i!9^a^%4^t^.p$r||npcs«[|ejifi^ 

hSioa ^'tm \^t%\m ou ()<ts Jb^ IMt 
U^j kiSrP^BtkeS): ks,MuGci<)Ç^s U^:.Qt 

ft)41çoiad'3é«vùjèi)B|B!^e9yH«(l)C ^ ^pi^ 

Toub jaîouGe n'en point.'jSS»ER^te/|^ 
qwrf«iBW}fe«%:d>ol^ea ^vfejavsAtiniferae 
ces &1X p^S^nê iè CQofondeift . TJtavif 
au ci9Qtvtire eflr. quplqu^is. %»Fée de k 
Hiloiiâ^ » «mnsse .«Sri «dEk 4)^'<»d«eat 
i!laQ»>inàNret>ltnM)îi(M C9njlismla:%tv..'^ 

.-( for- 



^ar LVS Car ACTE 

fbrtffnâi là&Vëâ^; lèinidiftem - 




ère A^V 6c 'elk^ ne ^ rècoatiailKiaéi 
érifte '^es ^ qu'en éè Hle Tutiê ^attiiiciie 

' ■ Ua Kbmlhe a'éfpHt n'èft ïiWiit falèux 
d^JO^otlTfiëf m txvsivMé' tiné bbnofr é' 

l^a!^^ 6c ù^ tn«tMdëb(A>H'ae4(^ 







comme fi 'k- riMbo & le biWlbis qtiHui 
&nt commùns'avèc eux^-étoieht ks (eals 
iaftr^^ëfiid'^ûPft^eiirà'regir un Etar&à 
jp^èi» itf:» ïlfiâN^ ij^i^qWsV et qvfÛÈ 
duiTent fuppléer aux règles^ ^ic prW<^^s i 

i' ^ L*cw Vôir^eu tfc(prits eritftft^nt 
•fourds'&ftupides; Vbn en voie eôcoré 
flioins quiioJent fublimes & traniî*éndàns; 
te Commun <Je$' hommes' nage emm ct% 
4^\àx excféffiâreï : l^bitâval& eft ^reuipb 
^far U^ gcÂnë fiôciAre de^csitottl^ofâjD^»» 



vigaûon 9' les artSf les métiers |r-riHWeu<» 

* Tout Pefprlt.^îtigl/llfcÇiqBdfÇTpi.tft 

liBS ^â«o«( gUe^^Wsii^Uij^e^iprofii;^^ ^ 
celles aautruy,» .oi«in • nj^J3:r.r t)!^^.?;}). 

* Le prepsHer d^^ ^Mî l^honçnfe a- 




paîj;là. 'Oç^ ^roit l^fpppljRblçt oiv&a^roit 
finis çij)rii;A'ét:r6.pwi|nfpï,,nyun&t,^ ny 

ua^ippertinent»: : 

. . * u:i^honî«Eïeti9uit(Q'a.,4q re(fHÎt.fl[W 
•dans uoe qepta^jQ^ ip^diçcrgé cift ierie^x^ 
tout 4*unc pipcjcj iliOftiit p^wnt, Ujr^e W 
àot, jacittis f U w lire, aucun fruit d^.la bv 
gAtdle^ au(fi incapable de s'élever f^xxf 
grandes cbofeS) que de s'accomnioderae- 
me par reiâçberocnt des plus petites» 41 
^t à pein^jpûeravee fes. enfâns. 

*: Tout iç iDonde dit ,d*uo %»; ou^ 
eft up £it.s perfoone n'oie le lui dire àluî- 
mèope, il D9^rt ums ,1e f^vpir» & fins 



queperloqpefefoityangéi ib 



Quel, 



tsaiPft^|ffeeè[«W{i<lt Ifi phtepéirtm^ï 
dKi ^ës < »àdifi*fâÛ)liàé> lie «IgaiiRfS^ 

les fciences font fe»il^léhs^ i^âkkikb&ni- 
quoyleameRre en ooivre. .Yi^iJOB'b «al!» 

)lft««tvèr Ans ^^^«âti^f i« jg^iMAef iaSESi- 
tOezatf fts {Seafifté,' «hijdti^fenl: ât^ec^^ 
ffueil 6c fans modération } lëurs^^iieux » 1<^ 
i$kKb^y tf^ii^'tbiii^-J^Ont ac4eWr iaxéi 
i^i^Mk))feèi|^l§t^r«n>'€«x:^3^âMii««iiin 
^ %îrotâf id^iÉLâiè^et visa éë'f*evUf£ 
^é«liMédè.'''«ë ^>«teV?eiàAéM fi j[i^0«diéB, 
^tfeleùr JÀtât&Jkiiâépélif lésàpëtivaifer. ' 
- . **. ^jj, {iç^me h^ut: 6n<ôba Ae y ^u! a 
lUR^iritHnè Wge, êdde^lài^ ép^uks 



porte Internent >&'iJe%éH6è^-^K:«}to 



'féftè ^êëA;'iini>ras 



■*^ "* ^"«ngti • , M"" T«=S» J~»«l, «traire.» 

r«ndea( les graéâi 1ï(oiàB]éâ>^ine(M^ frfiis 
■'.O " grands» 



ou L£S MOEORS i>fi ^E s I B^B. O^ 

|;ranfdsi èc Its pètié^' beaucoup pîijispfei.^ 

* Ilf a tîes gens gù^gâglibît/i'éh^^ 
extraordinaires : ife' Voguent ^ - ils |cifa^Ieht 
dans Une mér 'où Iti âbtfés'échoHtsiir & ife 
brifènc; ils pïrvienntDt» en blcflânt toiri 
tes les règles de parv,enir'î fls tirtnt dd 
leurirre^ylaHtë -& jfc Ithif foKe tôUs les 
ftuîts^^'ane^fegettV là plà!^ coftforiitfgé ; 
hommes dcvouez a dPatitrei liômm'iès ,• .;iiiiè 
^nds' i qui ils om ^ci^êi ; ct\ qui* ijs 
(mt 'jilacé leurs dernières cfpcràncçsj ils 
ne les fervent point i mais ils les amirientj 
les perlonnes dé. mérite & de ftrvice font 
utiles aux Grands , cevcx^ty^ lèut; Iqft W- 
ceffiUnrs, iW, blanchiflent ^aupt^^a^i 
dan» • fe> pptlqtic ,desf b<Sfns mtitiS " ^tH^etiit 
ticnrient 'lieud^éîWîoitl! 'dont Ils attendent 
la récomperiie : ils s^atfirent à force d'ê- 
tre plailâns , des emplois* graves, ,& $*éi 
lèvent par. un continuel enjo{|cmentJti]& 
qu\ra fericuit des dignîtez': Bs :fihi&ni 
enfin , &rertcomrentij*)pin<mentUn'ayti 
nir otifas n'ont ny craint ny elperé j ' ce 
qui pcfte d^cîux fofr la terre , Veft exem- 
ple de leur fortune, &tal à ceux qui vou- 
droîent le fiiivre. 

* L'on exigeroit de certaitis perfonna- 
ges (^ dm Une fois été capables dVne a^ 
aion noble, hetoïquie, ôr <Jui a été f^ûç 
de toute latérite, que (anspardîcfecdmme 
épuifez parUQ û ^gtand W)rt, ilâ euflené 



^ X^ES ÇARACTEftBS 

du moins 4aq3,le (reftede joir yie4%tt€ con- 
duite &ge & judicieufe qui le remarque 
mêipecuns les Jbonunes ordinaires , < qiuls 
fietombaiTent'pi^nt ^àns'dçs petite&esin-» 
^gnes dela^utç réputation qu^ilsay oient 
açquife» <]ue le mêlant moins d^s'lepeu* 
pie» & ne Itu laiflant pas le loifir oeles 
iroir de pr^és ^ ils ne le fiflènt.pointpaflèr de 
k'cùriputé & 4e l^idisûfiycion^à' 1 oodiflEbreo* 
i^I^^&^peut-ètrç au mépris. 
'.]'j OfCOuteipôoinsà certaina hommes de 
$^enrichif de mille vertus» que de ie corri- 
ger d*un ièul dé&ut : ils (ont mêmes G, 
inalheui^ux» que ce vice eft Ibu vent celui 
qu^finvenoit le moins à leur état^^Sç qui 
jp(Uigo^ leyr donner d;uis le mondepiuade 
ridScule^^ â aBbihlit réclat; dé leurs grandes 
qi»liteï/ empêche qu'ils ne Ib^c des 
homnies pari^tSy & que . leur réputation 
ne (bit entière: on ne leur demande point 
qu'ils foient plus édairez &.plus incorrup-* 
iSbles; qu'ils ibient plus anus de Tordre^c 
^e'ia dilcipliné^ pli^s fidèles à leursdevotrst 
plus zdez pour le bien public^ plus graves; 
on veut ièulement qu ils ne . foient pojnt 
amoureux. 

^ Quelques hommes dans le cours de 
leur vie font fi difFerens d'eux mêmes par 
le coeur & par l'eiprit , qu'on eft lur .de 
(e méprendre s fi l'on en juge feulement 
par ce qui a paru d'eux dans leur première 
jeunefle. Tels écoient pieux > iag^,fja< 



OTT tiM MotfÙRS DE CE SIÈCLE. 97 

wîs i qui* par cettt molcflê inlèparable 
d une trop riante fortune ne le lonr plus. 
L'on en j(çait d^autres qui ont commencé 
leur vie par les plaifirs ^ & qui ont mis ce 
qu'ils avoient d'elprit àlesconnoître ^ que 
les dif^mces'çnftire ont rendu religieux 9 
figes , temjjerans : ceis derniers font pour 
Kordidaire dcf grands. fiijets,* & for qui 
Iten peut faire beaucoup de fondj ût 
éot une probité éprouvée par la pa- 
liecfëe 8c par Padverfité y ils entent fur 
cette extrénie . politefle que le commer- 
ée des femmes leur a donnée » & dont 
Is ne fo défotit jamais , un efprft de ré- 
gie i - de réflexion , & quelque-fois une 
haute capacité , qu'ils doivent à la cham- 
bre & au'loifir d'une mauvaiië fortu-* 
ne 

■ Tout nôtre mal vient de rie pouvoir être 
fëùls^j dêlàléjeiï, le luxe, la diflipationy 
le vin f 'lès femme?, l'ignorance, a mé- 
fiance , l'envie , l'oubli de foi-m^e fie de 
Dieu. 

* L'homme femble quelquefois ne fe 
fiiffire pas à foi-même, les ténèbres, lafo- 
btude le troublent , le jettent dans des 
craidtes frivoles , & dans de vaines ter*» 
reurs ; le moindre mal alors qui puifleluî 
arriver cft de s'ennuyer. 

^ L'ennuy e;fl entré dans le monde par 
la pareflè, elle à beaucoup de part dans la 
recherche que font les hommes des plaiHrSf * 

Tm. Il £ du 



vaii aailèx âc {bi-oîanè. 
! ^ La plupart des hûiniiie$ emploient 
k premiei^ partie de leur vie à refdcc Tau* 
tre imlèrahie. 

^ Il y a des ouvr^^ '^ ^ojsneoceot 
par A 2c finiffênr parZ» : khou^ lémm^ 
YàiSrhipkc^ côutyeotre, rieneau^ cer- 
tain geiiren'eftGUibîic, ^ueUerecherci^j 
quelte aSe£bitioa dans ces OQviages I Oa 
les appelle des jeux d'e^c; , De mâcaeil 
y a uajea danskcGoduite ^ onacoainM^ 
cé^ il£kutfinir, oa veut; fôurok tome 1^ 
çarrierp : iliêroit raieuxo^dêdbaf^otf 
^e fuipendre » m^a il eft ,plu$ rs|re & pto 
difficile de pouriuivre 9^ onpourfiûti <^ 
s'aiDime par les concradi£Bons , la vanité 
ibûcient 9 fupplée à la raiibn qui cède JC 
^ fc d^ùùc j ou porte ce q^âvi^iiient 

I'uiques dans le&aâioas les plus vertufi^ 
es 9 dan^ celles iQe9iesQÙUentsede,laR6^ 
ligioo. 

^ Il n y a que nos devoirs qui nous 
coûtent i parce que4eur pratique n& Tar- 
dant que les chofts que nous fôimnes éa^i* 
^ment obliges de faire > ette n'efl patfiui' 
snede frasas éloges, quj eft tout- ce qui 
. nous excite aux a6kk>ns hKBtUea , & qui 
nous ibûtieût dansno&eatrepfifes. N ^^ 

Bettia- ^ ^^"'^ ™^ f^ Êftiieufe qui lui attire 
toicoié llntendance oes befbios despai^vresj le 






.ftit 



ou LES MûBUaS D^ <:B SIOCLE. OO 

m de ùl nuiion un dœofl public où (e 
£mt les diUribucions.^ lea gças à petits 
collets, fit \c%lœunffifis y ont une libre 
entrée , toute une ^e voit fes aumônes» 
& les publie : qui pourroit douter at^ 
Ibit homme de bien , fî ce n'eA peut-être 
ks créanciers \ \ 

^ G^offi^ Q)eurt de caducké ,, ^& 'jj^s 
avoir fait ce teftament (jjull projenoif 
depuis trente années.; dix têtes viennent 
êhinttfiat partager {kluccelTion: ilneviyoic 
de puis long-temps que par les Ibins ^^ 
ferie. fa. femme » qui jeune, encore s'étoiç 
dévouée à là perfbnnè.^ ne fe perdoitpaf 
de vue» /ecouroit la vieiBefle, fie lui^aen^ 
fin fermé les yeux. H ne lui laifle pas aues 
de bien pour pouvoir JGb palTer povur vwre 
d'un autre vieillard. 

^ LaifTer perdre cbarges fie bénéfices 
plutôt que de vendre ou de refîgDcr méiôç 
dans fon extrême vieille& 9 re^ie ipfi^ 
fuader qu'on ri'eft pas du non:JE)rq^ç cçuif 
qui meurent; euii Ton croit que Ion peut 
mourir , c'eA s'aimer £)i-même & a'ainier 
que fol. 

♦ Eatiftû eft un diflblu ; uô, jrofîip' 
gue., un libertin 9 uningrat V un èp^4 
ié, f^Atfnk ibnonçlê ira {>u hfUr '^e^| 

'Fro9tî|iiieveû d'Autide après vingt . aot 
nées d'une probiicé connulr^ &; d^uàecoqi- 
.pbifiK^e aveuglej)our ce vidl^ oe^l^ 

E i " ^ pil 



zoe L^s Caractères 

t>û fléchir en là fà?eur j & ne tire de &dé. 
pouiiie qu'une l^re petifioh que Fai^e 
iinîque légataire luîdok payer. 
! * Les haines font fi longues & fi opî- 
tfiatrées que It plus grand Cgnc de mort 
^aûsunhommemaladey c'efl: £ reconcilia- 
tion. ... 

^ * L'on s*infindë atiprës* de tous les 
iibmmes » pu en 1er flattant dans les pa(- 
fions qui occupent leur ame , ou en corn- 
patiflant aux infirmitez qui affligent leur 
corps; en cela fèul confiftent les foins 
gue l'on peut leur rendre : de là vient 
^ûè celui qui fè pdrte bien , 8c qui defire 
^ir de choies , efl: moins Jàcile à goqvet- 
toer." ;;•'"' 

^ * La molefle & la volupté naiflcnt %- 
vec,l'homme , & ne finifleht qu'avec lui ; 
by les heureux y nj le$ trilles cvenemçns 
ne Peh peuvent ièparet ': c'eft pdiir lui ou 
te^ftièi de la bonne fortune, ouundedom- 

^'' * Cétt une grande Mbrmité dans la 
tsXtMXt quan vieillard amoureux. ^ 
.. * Peu de gensfe fou viennent d'avoir 
Âë iciunes , ^ iSç combien Uleur étoit àffi- 
éll^i3*à:feichafles &temperaqs j' lafbrêmie? 
ftdfiifi qtii- arrive au^ homfÀfek-ajjfé? à- 
voir renoncé au)ç plai/îrs , ou par biétf» 
î^ticcy oli par îamt'udé, où '^r xè0tQCf 
ifefl: de Ici condamner dans leS autres ^ il 
klitre dans (Dette coniJuite'iuie forte d'attar 
^^i ^ '■" chc 



ou LES MOBUM pE CE nsCtEl lot 

• ♦» 

cbemeat pour les choies mêmes que l'on 
vient de quitter ^ l'on aimeroit qu un bien 
qui n'eft plus pour nous , ne fijt jplus au(fî 

Sourlereftedumonde : ceftunlentimenc 
ejaloufie. 

^ Ce n'eft pas le t>e(bin d'ai^ent où Ie9 
vieillards peuvent appréhender de tomber 
un jour, qui les rend avares ^ car ily en a 
de tels qui ont de G grands fonds t qu'ils 
ne peuvent, gueres avoir cette inquiétu- 
de ; & d'heurs comment pourroient-ils 
craindre de manquer dans leur caducité 
des commoditez de la vie , puisqu'ils s'en 

{>rivent eux*roêmes volontairement pour 
atis&ire à leur avarice : ce n'eft point auflî 
l'envie de laiflèr de jplus grandes richeflesà 
leurs enfàns, car il n'eft pas naturel d'ai- 
mer quelque autre choie plus que fby-mâ* 
me» outre qu'il ie trouve des avares qu| 
n'ont point d'héritiers. Ce vice eft plu- 
tôt l'effet de l'â^e & de la complexion 
des vieillards 9 qui s'y abandonnent aufïï 
naturelkmeni; ^ qu'ils luivoient leurs plai* 
iirs dans leur jeunefle , ou leur ambition 
dans l'âge viril ^ il ne faut ny vigueur » ny 
jeunefTe « ny ianté pour être avare ^ l'on 
n'a auilî nul belbin oes'emprelTer 9 ou de 
fe donner le moindre mouvement pour é- 
pargner lès revenus ; il faut laifler feule* 
ment Ion bien dans fes coffres & fe priver 
de tout ^ cela efl conunode aux vieillards 
à qui il &ut une pafTion , parce qu'ils font 
hommes. E 3 ^11 



foi L«s CÀI^WcTeiit.1. 

* n 7 a desgeaB ^ifom mal log» r 
mal coudbes ^ mat hsbiïez 8c f^ifts msyi 

fens 9 qbi ft privant éto-câroCBitie k fo>- 
cieté des hommes | & pafTent leurs joiurs 
^s k fo&nàcx e(vAfouSKttc Aa ft^Ssnt , 
Sa pafie j Uàe 1 V^enk 9 x)mc k vie dl 
comme une perateiki^ontiDucUe y & qia 
ont xinfi trouvé k iccpetd^er à leur perte 
par k chemin le pins pénible : ce fint les 
avares. 

^ Le fottvenir de h jame& eft tendre 
^ns les vieiikrds ; Ss aimefitks lieiix où 
ils Tont pafiee y les perfonmea qu% ont 
commencé de connokre diuas ce ^emps 
leur font chères } ik ftfitâenc ^piœhiiies 
mots du prenûer kngs^ -qu'ils mt psdéy 
ib tiennent potir Tandenâe mamcre de 
chanter, 6c pour kvidUedan% ik vantent 
lés modes qui regnoient alors dans les ka«* 
bits 9 ks meirbfes et les cqiâpages } ils ne 
peuvent encore dd&pprouver des ch<^ 
qui (ervdentàkurspafffionsf quiét<Aentfi 
utiles àiettrs plaifias , & ^ «ararorikat: 
kixlemoire : comment pounolent :uskur 
préférer de nouveaux oiàgeS) ficde^moKks 
toutes récentes, où ils tfont nulk part , dont 
îl n'ejÇjercntrren , queles jeiflnés gens ont 
&tes , 6c dont ils tirent à leur tour de fi 
grandsavantagcs contre kvieîHefle? ' 

* Une tr<M) grande ncgl^;ehcc , com- 
me une escceiiive parure sans les vieiikrds 

mul- 



OHilttplieni: léUTB^rid^s, 6c font mieux rek 
fcvr caducité. 

^ Un vkiflard eft fieri âéàaipïedX^ bc 
cTttn eenanierée difficile ) s'A n'a^^ucoup 
d eipritn 

* Uft vieiHard qui a vécu i Ja Cour , 
^ a un grand fen9 & une mémoire fîdel« 
le , eft un tréfor in^îmable ; il eft plein 
de fÈdtsêc de maximes ; Ton y t rouye I^. 
Aoite da fieck % revécue de drconftances 
tres^^eumufî^ 9 9c qui ne fè lifènt nulle 
f2ctt\ h>nyîEi}^)fenadeiâfeg{e3pourIaconÀ 
dtHtc 6t pour leé mosur»^, qui font toâr^ 
loura feure^, parcequ^efles fent fbnd^ Cut 
reîcpcrience. 

• ^ Les jeunes aens à caufe des paffions 
qi!i$fedatnmènt, Raccommodent mibux de 
ia^littKifeauelcs'ndHardia. 
• * fkmffit^£jlfL vîetrx raffine fur la jito-^^^y^^ 
Areté de- fur ia moUeffe » il palTc aux peti-Danc«i 
tesdeikatefi^; il s'eflr fehr un art dii boire, 
dumanger, du repos 8c de rexcrdce , les 
petites réglés qtfâVeftprefcrites, & qiii 
terKient cotâtes aux aifèsde fa perfbnne y il 
tes aWferfc avtc fcrupule s & ne les rom^ 
proit pa$ pour une maîtrcfïe t fî le régime 
nii avoir permis d'en retenir ; il s'efl acca- 
blé de fùperfhiitcz , que Phabîcude enfin 
lui rend neceflaires : il double ainfi & ren- 
force les liens qui l'attachent à la vie i £c 
il veut employer ce qui lui en rcfte à eii 
rendre k perte 'plus doulowcufc j n'ap* 

E 4 pre- 



Giriyo? * G»«ffAtf» nevit quepourfoy, &t<y2S 
le Maraab les. hommes enfemble loQt à ion égard 
dcSablî. comme s'ils n'ctoipnt point : ooncQqtent 
de remplir à une table k première fhct, il 
occupe loifèul celle de deux autries^ il ou- 
I>lie que le repas eftpour luî & pour toute 
la compagnie y il fe rend maître au plat» & 
£iit (on prppre de chaque fer vice; iînes'atr 
tache à aucun des mecs, qu'il n'aie adievé 
d'eâàyer de tous , û voudroit pouvoir 1^ 
iàvourer tous 9 toutàk£>is : uaçiefcirtà 
table que de fes^maîns 9, |1 manie leç yiaq^ 
des, les remanif 9 démembre» décûre,2c 
en ufè de manière qu^i^ faut que les coq- 
viez ,, s'ils veulent manger^ nsangene.fès 
xeftes : il ne Içur épargne aucune de; .^ 
malpropretez dégoûtantes , capable? d'^t 
ter l'appétit aox plus a£famez > Te ji^ ôCrles 
* JaufTês lui dégouttent du menton & de la 
barbe ; s'il enlevé un ragoût de defTus un 
plat y il le répand en chemin dans un autre 

Slat &q fur la nappe , on le fuit à la trace y 
mange haut & avec grand bruit j il rou- 
le les yeux en mangeant » la table eil pour 
lui un râtelier ; il écure fes deats » & il 
continue à manger. U le fait , quelque part 
où il fè trouve » une manière d'établlfTe* 
ment , & ne fouflFre pas d'être plus prefTé 
au Sermon ou au tneatre que dans fà 
chambre : il nV a dans un carpflè que 
les places du fond qui lui covieniiient^ 

• ' ' • ^ dans 



ou Les Moeurs i>B cb siècle; ko; 

dans toute autre , G on veut Ten croi«. 
re y il pâlit & tombe en fbiblefTe : s'il 
£iit un voyage avec pluiîeurs , il les pré- 
vient dans les hôtelleries , & il i^ait toii« 
£' >ur5 (e conferver dans la meilleure cham« 
re le meilleur lit : il tourne tout à ionu- 
iage, iês valets » ceux d'autruy courent 
dans le même temps pour fbn lèrvice i tout ^ 
ce qu'il trquve ious ia main lui eft pro^ 

1>re9 hardes, équipages: il embâradTe tout, 
e mo^dei ne fe contraint pourperfenne, 
ne plaint perfbnne » ne connoît de maux 
que les (iens , que & repJedon & là bile j, 
ne pleure point la mortcles autres , n'ap- 
prencnde que . la fienne » . qu'il racheté* 
rott volontiers de Textinâiondu genre fau-| 
main, ' y u - 

^ Cbtm n a jamais eu toute ia.yîe que Ddonnê 
deu:K ajïàires » qui eft dedinerlé matin &dd 
& de fbuper le fbir , il ne lèmble né que ^^"Œn. 
pour la digeftion ^ il n a de même qu un 
entretien , il dit ks entrées qui ont été 
ièrvîes au dernier repas où il s'en trou- 
vé , il dit combien il y a eu de potages , & 
quels potages y il place enfûire le roft Se 
les entremets , il le fbuvient exaâement 
de quels plats on a relevé le premier 
lervice , il n'oublie pas les Bors a»wvft ^ 
le fruit & les affiettes , il nomme tous 
les vins & toutes les liqueurs dont il a bu» 
il poiïede le langage des cuifmes au- 
tant qu'il peut s'écencre , & il méfait en- 

E $ vîe 



▼k dé iBanger à une bosfie table où d i^ 
(oit points Sa&rtotftttDpalfliffiiry i^m 
ne prend point le changjc» <& il ne s'efi ]8- 
cifis vu «cpofé "à Phf^n^bfe inconvement 
demangertinnaanvdsrag^j oadeixM- 
rc d'an Tin tticAxTc : ceftunperfeniMge 
âluflredansfon genre, 8c quiapopié le ta- 
lent de fê Uen nourrir }u(ques où il pou» 
▼oit aller , on ne reverra plua un komnoe 
Qui mange tant 6c qm mangeG bien ^ wiù 
n eft-il iVttttre des bons morceaux , & d 
i/eftgueres permis d'avoir du goût pour ce 
quil deiapprouve. Mais ilin'eftplasy [il 
reft Ëdt ou moins porter à table jdqu'ao 
dernier ibâpir : ildonnoitàmangerlejour 
qu^ eftmort » quelque part où il i^ il 
mange^ fics^ilrevientaumonjdey c'eilpour 
manger.*^ 

^ Ruj^n commence à grilbnner y naSê 
il dliain , il a un vi&ge frais & un c|p3 
vif qui lui promettent encore vingt années 
de vie ; il eft gay , /î?w«/, iàmiber > indtf- 
ferent ; Ô rît de tout (on cœur , 6c il rit 
tout ièul 6c fans fmet ^ il efl content de 
foy , des Gens 9 de & petite fortune y il dit 
qu'à eft hieureux: ; il perd (on fils uni- 
que, jeune homme de grande efpenince, 
& qui pou^ôit un jour être l'honneur de (a 
femiîle.j iî remet fur d'autres le foin de 
fleurer, 11 dit, Atmfiheftmm'^ cela fera 
wùurirfa mère , ôc il eft confblé : fl n a 
point de paffions , il n^ ny amis ny enne- 
mis, 



ou lies MoEiliitt m et siECtE. lo^ 

dûs i perfbnne ne rembarafle , tout le 
inonde Iqi convient , tout lui eft propret 
îl parle à celui qu'il voit urle première fois 
avec kmÊme liberté , 6c la même confian- 
te , qu'à ceux qu*il apèBe de vieux amis t 
& àhi iait part bien-t6t de Ces ^ptohkeis 6c 
de fes faîftonettcs , onPabcMxte, onlequit- 
ce j&ns qu*il 7 fàffe attention ; 6c le même 
tonte qu'a a commence défaire à qudqu'- 
un^ il racheve à celui qui prend &pla« 
ce. 

# N ## eft moins affbîbK par P^e Aie 
par la maladie , car 9 ne palle point lbi« 
xante-huit ans , mais il a h goutte » 2c 3 
eft fîijet à unç ,colSquc néphrétique ^ Sale 
vi(àge d6:harné, le teint verdltne 1 81: qt^ 
' menace ruine : il ^marner la terrey' Se il 
compte que de quinze ans entiers il ne iem 
obligé de la fumer ; il plante uiijeqne bois, 
.& il efpere qu'en moins de vingt années û 
lui donnera un beau couvert, n fût bâtir 
dans la rue ** une maîfon de pierre de tail- 
le 9 rafermie dans les encognures ^ par des 
mains de fer , &: dont il anure en touflant 
& avec une voix frde ficdcbSe , qu'on ne 
verra jamais la fin ^ il fè promené tous les 
jours èms Ces ateliers fur le bras d'un vaJqc 
qui le foulage 9 il montre à fes amis ce qu'il 
a fait , & il leur dit ce qu'a a defTdn àe 
&ire. Ce n'eft paS pour fes enfeos qu^ bâ- 
tit, car îl n*en a point , ny pour fes herî- 
; tiers, perlbnnes viles, 8c qtdfefontbroiiîl- 



2oS Lbs Caractère^ 

késaveclui : c'eftpourluifèuly&ilmour^ 
ra demain. 

* Antagwas a un vi£ige trivial & Jjo* 

Sulaire , un SuiiTe de Paroifle ou le SaîQt 
e perre qui orne le grand Autel n'eft pas 
mieux connu que lui de toute la multitu- 
de : il parcourt le matin toutes les Cbam- 
bres& tous les Gre&s d'un Parlement» Se 
le finr les rues & les carrefours d'une Vil-* 
le^ il plsûde depuis quarante ans, plus^o- 
che de fortir de la vie que de fbrtir d'aSâi-* 
res : il n y a p(nnt eu auPalaisdepuistouC 
ce tems de caulès célèbres ou de procéda^ 
res longues & embrouillées où il n'ait du 
moins intervenu ^ auffi a-t-il un ncnn. £ut 
pour remplir kbouche de l'Avocat, &qui 
s'accorde avec le. demandeur .ou le défà* 
deur comme le fubfhntif & l'ad jeâi£ Pa- 
rent de tous, & haï de tous, il n'y a gueres de 
^milles dont il ne fè plaigne ,. & ^ui ne & 
plaignent de lui t appliqué ^ceflivement 
à Mir une terre» à s'oppoièràu C:eau, à 
ièfèrvir d'un atmmttimusy ou à mettre un 
Arreft en exécution , outre qu'il aflîfte cha- 
que jour à quelques aflemblées de créan- 
ciers y par tout lyndic de direflions , & 
Serdant a toutes les banqueroutes, il a des 
eures de refte pour fes viutes ^ vieil meu" 
ble de ruelle où il parle procès & dit des 
nouvelles : vous Tavezlaifrédans une maî- 
Ibn au Marais , vous le retrouvez au grand 
Fauxbourg, où il vous a prévenu j Se où 

• • déjà 



ou LES MpBQÎtl X>tt C£ SIECLE* IOJ|r 

déjà il redit fes nouvelles & ion procès: fi 
vous plaidez vous-même» &quevousal* 
liez le lendemain à la pointe du jour cfaez 
Tun de vos Juges pour le follid ter, le Juge 
attend pour vous donner audience qu'An- 
tagoras (bit expédié. 

^ Tels hommes paiTent une longue vie 
à iè défendre des uns & à nuire aux autres^ 
^ilsmeurentconfumexdevieillefle» après 
avoir cauféauts^nt de maux qu'ils en oat 
fi>u£Ferts. 

^ Il faut des ùàHes de terre, & des en* 
kvemens de meubles, des priions & des 
fupplicesi \t Tavouë: mais juitice, loix» 
£c Defi)ins à oart, ce m'eil une choie tou- 
jours nouvelle de contempler avec quellr 
ièrodté les honunes traitent d'autre^hoix^ 
mes. 

^ L'on voit certains animaux &rou^' 
ches 9 des mâles & des femelles répandus 
par la campgne, . noirs, livide^ £c tout 
brûlez du Soleil, attachez a la tepre qu'ils 
fouillent, fie qu'ilsremuënt avec uneoi»- 
niatreté invincible^ ils ont comme une 
voix articulée • fie quand ils iè leyenc 
fur leurs pieds, ils montrent une tance hib* 
maine , fie en ef&t ils font dçs hommes ^ 
il fe retirent la nuit dans des tanières où 
ils vivent de pain noir, d'eau , fie de raci- 
nes ^ ils épargnent aux autres hommes 
la peine de femer , de labourer fie de re« 
cueillir pour vivre y fie méritent akipi 

E 7 ^ - de 



ti9 Les Caractérbs* 

de ne pas imn^er de ee pttnqu%odtfe^ 

£f, ^norant, médiântt qsecdletix^^fàur- 
'lie) iflfteinperâfit, itopeitinent ; mats 3 ti- 
ré Tépee contre iès voifins, flcpouranrien 
ilexpofeiai^i Sataédeshomoies^ ilibra 

* Le noble deÇtawince înarHcà&pa* 
tHe^ -à-Ê fiaâle» 6cà hn-mèroe^ Sa- 
vent (ans toit, âiu habits, & £im aucun 
flxséiite , répète dSx Sns le jour qvTA eft 
Gentilhoninie g trakc les fibutrures 6c les 
anorticfs de bémgeoHie, ocaspé toute & 
'mt4tû^ ^parébarAns 8t de les titres qa^ ne 
dmgéreSt pss contre ksmaflte d'un Cfaai^ 
^dSer. 

^ Il le Eût généralement dans tous les 
liommes des comfainaifbns infinies de la 
puiSmcCf dela^Bnreurf du génie, des ri- 
chefle<t^sdtgmte%9 dekncbleflfe, de 
la forcé, de l'înduftfte, de la capacité, de 
la vwtu 9 du vice , de la foibleffe, de la 
ibipfiitié, de la pauvreté, de Pimpuiflan- 
^e^ de la roture , & dé la baffeHe ; ces 
•thofès mâees enfemble en raille manières 
idifferentes , 8c compcnfëes Pune rar rau- 
tffe «n *rers fujets, forment aum les di- 
vers états êcles différentes conditions. Les 
hommes d^aJUcufs qin tous fçavènt le fort 
• êc le foible les uns des autres , agifleut auffi 
redprotjueroent.cortitoe ils croyent le de- 
voir 



j 



•U as MoBIAt PB CE sibcleI tl X 

voir faire) connoifirent ceux qui Jeur fimt 

^ux f fêntent la iîiperiorké que qud* 

Ques-unt offlt fur euxt de ceUe au*ibonc 

Htr jqudques ancres 9 fc de là aâflent eu» 

cr'eux ou ia âacniîarité , ou le r^tSt fie 

k déCmaoe» ou la fierté fc lemépris: de 

cette &arct «neuf que dans ksendraicspu« 

tiicB, de oà le monde Se raflèmble^ oo & 

crooveà tous mooieiis entre cdui^qoe l'on 

cherchée aborder oo i falaer« Accet au* 

tre que Ton fèiot de ne pas connoStre, 8c 

dont l'on veut encore moint & laif&sr jouu 

dre; que l'oafè ait hoaneurderun» Oc 

qi^an afaoniede faut»; ija^anive même 

quccdui dont vous vous bam h o mmK f te 

que vous-votdenetenfarY cft celui anfitqui 

t& embaraffî de vous, tr qui vousquitte; 

& que le même cft fbuvent celuiqui roii. 

fit d'autruy, te donc on roi^, qui dé« 

dugne icy, 0c ^ là eftdéd^é^ il eft 

encore awx ordinaire demépriferquinoua 

méprife} qoelle miCère! te puisqu'il dl 

vray que <»ns un (létranK commerce, ce 

que l^n penfe gagner d'un côté, on le 

penl de l'autre, ne reviendroit«i1 pas au mé^ 

me de renoncer à toute hauteur & à toute 

fierté^ qui convient fi peu aux feibles hom« 

mes, de de confier euiemble defe trai- 

tertousavecunemutuellebomé, qui avec 

l'avantage de n'étrejamais mortifiez, nous 

procureroit un auffi grand bien que celui 

de ne mortifier perlbnne; 

* Bien 



m Les CÀRACTERBSf 

vw^i^ * ^^^ ^^^ ^^ s'eflFwer, ou de rou- 
eoccBdie gir même du nom de Phîloibphe, il n'y 
qafdSdé-* perfonne au monde qui ne dut avoir une 
ptndanie forte teinture de PMofopbk. * Elle con* 
de h keii* vient à tout le monde; la pratique en eft uti« 
g^^^ieàtouslesâges, àtpuslesfexesj firàtou. 
tes les con<fitions'; die nous coofble du 
bonheur d'autruy y des indignes préfisren- 
ces, des mauvais (uccés^ dudeclin denos 
forces ou de nôtre beauté, die nous arme 
contre la pauvreté, kvieille&,Ma mdk- 
die, & la mort,, contre les lots & les mau- 
vais railleurs^ elle nous &it vivre &ns une 
fênome, ou nous fait {iipporter cdle avec 
qulnousvivons. 

^ Les honunoB en un même jour ou- 
vrent leur ame à de petites joyes , & iè hôC- 
Sent dominer par de petits chagrins; rien 
a'eft plus in^^ & moins .fiiivi , que ce 
qui iè psi& en G. peu de tems dana leur 
cceurôc dans leur.eiprit Le remède à ce 
. mal ëft de n'eflimer les choies du monde 
précifôment quece qu'elles valent. 

* Il eft aufli cuflScile de trouver un 
homme vain qui iè croye aflez heuroix , 
qu'un homme modefie qui fe croye trop 
malheureux. 

- * Le deftin du Vigneron , du Solcfat 
& du Tailleur de pierre m'empêche de 
m'eftioier mattieareux y par la fortune 
des Prince» pu des ^iMinilbres qui .me man« 
que. 



Oa LEsMoVttKS »K CE 81ECiE« ^tf 

'^ Il o?y a pour PhoAmie qu'un vtzj 
iBalheur, aui eft de fe trouver en fiytc^ U 
d avoir qudque choie à fe reprocher* 

^ La pl^)art des hommes pour arriver 
à leurs fias fi>m plus capables 4'uti grand 
effort 9 que d'ude lota^e perfeyergnce : 
leur ps^irelTe ou leur inconilance leur (ait 
perdre le fruit des meilleurs commence- 
mens ^ ils iè laiflent fouveot devancer 
par d'autres qui font partis après eux ^ 6ç 
qui marchent lentement > mais confiamr 
ment. 

^ J'o^ preique aflumque leshoiQinei 
fçayent encore mieux prendre des.mefu- 
res que Içs fuivre , refondre ce qu'il faut 
fàire^ ce qu'il fkut dire, que de £ure ou 
de dire ce qu'il faut: on Te proppfe ferme- 
meot; dan^ une aflÊiire qu'on négocie j 4^ 
j;aiT£' une certaine chofëi dcenfuiteoupar 
pafSpn^Gu par une intempérance de lan- 
gue, où dans ia chaleur del'entretien 9 c'cft 
la première qui échape. 

^ Les hommes agirent mollement dans 
les chofès qui font de leu^r devoir» pendant 
qu'ils fèibntun tnérite» ou plutôt une va* 
nité de s'empreOerpour celles qui leur font 
étrangères 9 & qui ne conviennent ny à 
leur état 9 nyàleurcara£lere. 

^ La différence d'un homtne qui fère« 
vêt d'un caraâere étranger àlui-mèm^, 
quvul il rentre dans le flen | efl celle d'un 
mafque à un vi£îge. 



r: 



. * SM A Aï iVrpiir^ "timi» dix fbitf 
mofOBy décompte feity qd^ ne preJuipe 
d'enatok» il m^ioiic dttt» ce<|u'it dity 
àibs^e^^^, éBB^e&qiiit aiéekte, Qc 
t^^H pfojeet^; dnc |b» air dèlS et ce 
^a^ti d^efpft, îtirieft^kme'jànÉtfs dins ce 
^U^ a dcftirce 8c ^éeefidàie; ce -rfSïiafn©- 
Diest eft jufte: îi 4 comme une barrière 
qui le ferme-, ôc q» derrek l'avertir de 
fe n ré m - en deçà; mws il paflfe oetre, 3 
feTette bm dccft^^iere^i il ti<9we hâ^ 
même fpn endroit foible i & le montapcpar 
tet en^(^ ^ 1^ ^e'^è œ quu 11c Tçait 
point) <Ki tle cequ^ (çaic-nMl; 1t entre* 
jprend air deflas de ton pouvoir, • 8 ifefire 
M èék^ù portéej Js'^kjkceoti'aya 
dcflidlleuien.foutgéôre: il a dû ma {c 

ikl'gniâdouidQ'raervcâtteux^; bo^ohrdar 
xement ce oifBl n'eft pas^, * & il &iitdevi> 
cer ce gt/îf eft en eflfer. C eft un 6omme 
qui ne ie mefùre point , qui ne:^ connoit 
poiflft! fon caraftere eft de ne fçavrtr pa^ 
fê renfermer disns cekij^qniluteftpropre^ 
ftCtaieftïefiep. • < 

* LTiomme du fflcîlïeur elprit cftîné- 
gal> il Jôeiffre des accroiflemens & des di- 
minutions, â entre en verve , mats il en 
fert: abrs s'il eft &ge, il parle peu s il 
n'écrit point, il ne oierche point à imagi- 
ner' ny a plaire* Chante-t-onavec un rhu- 
nje? nefciut-ii pas attendre que-la voix re- 
vienne? Le 



Le fi)t é&uUtmata^ îl eft tsactoe» il 
f A reflbrt , le pdds l'emporte % hStktnoutm 
voir* jeftktoumcry tcfloiqouni Iccbns 
le même ièna» icaTCck mtmti^i^é ; 3l 
eft unâbcrae, il oe fedémeflt poiat^ i|tit 
¥zvà ime fois, ?a. Vu dans oeuBrles ia&sm 
fie dans toutes les périodes de *& m ; c eft 
tout aa plus le bœuf qui meugle ou letisF* 
le qui fitle, il èft fixé & d»erminé> par 
& nature^ & )ok divt par iini' e&eoe: ce 
mBpafoitknoins^akn, <f^fl;ionarae# 
enenWtpointf dleneVexeroepoînt» elle 

^ Le for ne meart point; oufioelalui 
arrive ièkm n6tre manière de pader^ iléft 
vray de dire qo^ eœne à mourir, &que 
dans ce nmncac où tes autres nearent» î 
CGonieace àvirm: foo ame aburs penJè; 
raifbûne, infère^ conclut, juge» prévoir , 
fia; prédiètwBt tout oe qi&!»dk ne Mbit 
pctet; eUe fè trouve éégsgk d'une ma& 
de cboir, où elle étoit comme etifèvdie 
ânafedâton, fiins mouvement t &nsaii*> 
cun du nooins qui fôt d^e d'elle : je di- 
mîs. prdque qu'eue rougît de ion pîropre 
^rp», ft deMirganes brutes £c imparÊscs» 
«Qfoneispelles'eft vue attachée libng^mpsy 
£c dont elle n'a pu faire qu'on ibt on qu'un 
fhipide: eHe va d'^1 avec les grandes a- 
mes,^ avec celles qui font les bonnes têtes 
ou les honnnes d'efprit. L^ime à^ Alain 
Qc fe démde plus d'avec ceOes du grand 



CoKDB% de RiCHEi^iEUi de PasCAi^î 

deLZNGENDES. 

^ La Êiufle délîcateffe dans ]es a£Honf 
libres, dans les mœurs ou dans la conduite 
n'efl pas ainfi nommée , parce qu'eUe efi 
feinte; mais parce qu'en effet elle s'exerce 
fur des chofes& en des occadons qui n'en 
méritent point. La fàufle délicatefle de 
goût & de complexion n'eft telle au con- 
rmire que parce qu elle eft feinte ou affe- 
&ét : c^eft Emilie quicriede toute là force 
^r uûpec|tpertlquineltti|mtpas de peur: 
c'eft une autre qui par mignardiiCepâlitàla 
Vûë d\]ne iburis , ou qui veut aimer les 
violettes, &s'éyanouirauxtiibereuiès. 
' * Qui oferoit fe promettre de contcn- 
terleshoniunes? Un Prince, quelqueboa 
j6c quelque puifiant qu'U fut, voudroit-il 
l'entreprendre? qu'il reffave. Qullfe&f- 
fe lui-nôême une affaire de leurs plaifirsi 
qu*il ouvre ion Palais à fes Courtifiins, 
qu'il les admette jufques dans fon domefti- 
que, que dans des lieux dont la vue ièule 
efi: un feeâacle» il leur&ffe voir d'autres 
ipeébcies, qu'il leur donne le choix des 
jeux, desconcerts&de tous!esrafraid)i£. 
Jèmens, qu'il y ajoute une chère fplendi- 
de & une entière liberté ^ qu'il entre avec 
eux en Ibcieté des mêmes amuièmens , que 
le grandhomme devienne aimable, &que 
le Héros (bit hun^ain & familer^ û n'aura 
pas aflez. ait. Les hommes s'eQtnuyenc 

^nfia 



bu tu MoEVttS Dt^ CE SIBCLE. IJfp 

enfin des mêmes chofes qui les <ôn tcbârtoes 
àmsi leurs coftimencemèns , - ilî? deftrte- 
Toient iatabk des Dieux 9 SaleNeétarsiVcc 
le tems leur devient infipide : ils n'hefitcnt 
pas de critiquer des chôfes qiiî font parfai- 
tes; il y entre de k vanité & unemauvaife 
délicateffei leur goût, fi on jescn croitr 
eft ehcore au dâà' de toute l'afFeâation 
qu'on auroit à lesfetisfeire, & d'une dc- 
penfe toute roiale que l'on feroitpour y 
réûflir , il s'y mêle de la malignité qui va 
jufquesàvoulrfr afïbibb'r dans les autres la 
joye qu'ils aurdent de fcs rendre contenu 
Ces mêmes geite pour l'ordinaire fi flat- 
teurs & fi dômpWfâfw peuvent fe^ démen- 
tir; quelquefois pn ne les reconnoît plus^ 
&ronyoit l'homme jufqucs dans le Cour- 

tilàn: '" 

* L'afieéhttîon dans le géfte, dans le 
parier i & danstes nrMÎnieres eft fouvônt un^ 
fuite dé IVafiVetëi oU de Rndîfièrettte;. k 
il femble qu'un gi^rid attactelrçent ou dp 
ferieufes aftaîrcë^jctteat l'hôiâtoédaiis fon 

naturel. . . . ^ ■ ^^\ n '" À" ^ 
' * Les hommes n'oni point decdractc^ 

res, oa s'ils en ont, c'eft celui de n'en'*i 
rvbir aucUn qui foîc'fi#5r}, >ûui ^nc fc "dé- 
mente pointa « oùiilç foiôtk ycconnoiflai 
blçst ifefeûffWnifeeauèéupà êtretoûjours 
les mêmes, à perfevererdans le defordrc^ 
& s'âb fe délaflent quelquefoisd'une ^értu 
•pafune autre venu, ilsic: dégoûtent plÙB 
c .: louvçftt 






{bweac d'tta vice jpacupis^ucre vJce^ ils.ts>iit 
de9 paifions cootr^e^, ^ des fi>ibles <^uî 
fe^coQUtedtfedt: Ukuricoikeipiw&dejoiiL. 
^eles extvemkez» que d'at^oir une con-* 
duite dont une partie aaiflfi del'autre ^, en- 
QOiiis de-k modecatipa^ ijs outrenc tx>utes 
çboiès» les ;b(9ones ^ 1^ siauvaim» dionc 
91^ pouvant; -eo&ite fupport^r Pe^ ils 

«cent fi caarroiiipu'& fi libertm» <|ufii lui a 
6é CQoios difikâe de iiiii^re k mode, & iê 
&dre dévot ^ U Itû eût coûté davœc^ d'é« 
treiiomme de^bie^ 

. , ♦ D'pà vient que ks ♦mêmes honuneg 
qui ont un flegme tout prêt pour recevoir 
îodiffminmeiii: les plud graods delaftres^ 
s^êpjii^pcxit,. 5c ont une bue.intafifrableiuf 
les plus petits inconveniensj ce n efl pas 
fige0e en eux qu'uneftelle conduite ji car la 
vertu eâ; ^^kScoe iè démeotipi^ntj, -c'efl 
donc un vice , ,8c quel autre que;k vaciité 

2ui ne ferj^mUe fc raè ^i^c^e^h^ 
aôSc k$ éveness^ns) où il y a dç ^o]^ 
reparler le monde, & beaucoup à. «gagner 
pouretiel mais q^i^i^ acgl^ fur to«t le 
ïefte. ^ . c . 

; .*'XWnfc«epeatmïwmefiti^e|»rkrpeu, 
tjxii^imsvenl: de trop pader^ Inafadme ^sSm^ 
£c.tipHr4Qk que tou$ le j)[^Qi¥k x)$? prati%U« 

;r * C'eftlcvTOgercc^ntrefoy-nilnie, ac 

di^yoet uniiidpgttPd»«a9rigeà.^ 

* " . • » »■ • ♦ 




WBf que ds feur impotcr desdidds qià 



^ Si rhcunmc içavoit i»u^ de &y^ 
qiids crimes non feulement cadiex, imig 
pofafas ac <:oaous oe; VéporgoeioinUl 
pas? 

^ JSi eiBrtaînsiiQmniesiie vont pusikn» 
k bira jdic)iii3i oiâ iils povrroient oUer^ 

êe&'pmle^àcc de leur prcDdcre iaÙM^ 

ft« — 
cinr* 

^ II y â dan» quet go es imiiine» tiM 

ocrtfflne fisediocrké ék^tk qui «DnftiéiUAf^ 

^ It fanx.nxen&nslosver^ltelafe* 
fdef il 6m aux hennés fifosuMcouron-^ 
ne^ un icepcre^ oa mortier ,. desfourru^ 
reS) àesfBi£x»iXr dés timlxdes , dès ho« 
quêtons. La^aifiin &iia^ juftkeiJénuéesdé 
tous kufs ornénéns ixjr oé^rfittiient tf 
nlnckoidént : il«onie qot dk ^iprk iè 
iBooep»- kffyeipcèt léscmUiesir 

* Tmms oa )e mifinciope peut avoir 
Pame^ufteredcfioroudie^ mais extérieur 
remeitt il eft dvii & ctnmùiêiim: j 4 ne s^é>* 
chappe*^» îitne ^appritol&v^ ari^ec lés 
hommes, au contraire il les traire hon^* 
tanent Oc'ferigqfaneat» îhsfflplojr^ à leur. 
%ird wot ce qui peut lo^ner itu^ ^oA^ 
Itaitoé, il n« veut pas les mieux connoître 
ny s'en fiofe des amis, fètnbhbteenceièns 
à uae femme qiA cAen vi&e chez une au- 
tieièmmc * I^a 



: # La raiibh dent dé k jiteécér çQe éft 
wxty.VQn,ny.Bxnve:<jpc psa un chemin y 
ScPon s'en écarte par mille ^ l'etudè de 
]g lôgcflè' a moins d'étaidaë que celle 
que Ton fèroit des fats . & des imperti^ 
)peiis: cejtn' qbi lâu vu jqaexleS' hommes 
polis 6c raifbnnables, ou ne connoîtpas 
Èboinme» ou :ne le ctaiD<ût'qu^ detay; 
quelque dhreriitc qui ic troinrerdansriies 
cpmplexions ou dans les moeurs^ ie com- 
merce du monde & la politefle donnent 
ksm^n&i apparences 9 tont qu'oQ le re& 
^gifsijk .to uns aux autres par dos ddun» 
quiplailènt réciproquement % quiiemblcnt 
con^Ups à tous, & qui fentjccdirid qu'il 
o-y^a,l:i^ailleut'S.quines'y rapporté: ce- 
lui W, . (çontraifc. qui. jfc . jette dans ie p^u-. 
fde ou d^r^ Jaj province, j fait bien-tôt, 
ail a ^des y^s^lK, t d'étcan^. déa>uvertest^ 
y voit. des cl^fts quriui finu:}nouvetteS| 
Ibnt il ?ie Jlîb. (i^utoit.pas., ;dont il.tïe(tou-' 
voit avoir Iç- itiùmlre ibupçon; il avan- 
ce par d^ expériences .coatiQ^dlès dans 
la connoijQàqee d^ riiunaantté , iil calcu- 
le pr^^ue issL. combien de .mainiercs dif- 
férente^: r]ipa)me peut, étït ÂQfi^ppam* 

• ^ Apres avoir meunement aj^rofixidi 
les hommes , & connu le £àux de leurs 
penlées^ de leurs ientimens, de leurs 

Soûts & de leurs aflfeâions, Ion efl re- 
uit àd^ç» qu d y a moinâ à perdre pour 
I . ■-' ^ . . eux 



-*/ 



ou LES Moeurs de ce sz eole« i 2 1 

eux par llnconftance que par l'opiniâtre* 
té* 

* Combien d'âmes fojbles , molles & 
indifférentes , fans de grands débuts » Se 

3iui puiffent fournir à la fàtyre. Combien 
e ioites de ridicules répandus parmi les 
hommes ; mais qui par leur fingularité ne 
drent point à confequehce» & ne Ibnr 
d'aucune reffourcc pour Imftruâion & 
pour la morale : ce font des vices urûr 
qucs qui ne font pas contagieux , & qui 
font moins de l'bumanit« que de la peribn* 



■ 

D l'EK ne reffemble mieux à la vive 
perfuafion que le mauvais entête- 
ment : delà les partis^ lescabales^ kshe- 
refies. 

* L'on ne penfe pas toujours confiam- 
ment d'un mêmefujet : l'entêtement &le 
d^oût Ce fùivent deprés. 

^ Les grandes choies étonnent 9 & les 
petites rroutent ; nous nous apprivoiibns 
av^c les unes & les autres par l'habitude. 

^ Deux chofes toutes contraires nouli 
préviennent également f l'habitude & la 
nouveauté; 

* n n*y a rien de plus bas, & quîton- 
vienne mieu}('au peupîe > que de parler en 

T^. IL P des 



122, Les Caractères 

des termes magnifiques de ceu^c mêmes 
dont Ton penioit tres-modeftement avant 
Ifiurélevacioa 

^ La&veur des Princes n'exdud pas le 
mérite» &nele{uppoiè|ias auffi. 

^ Il eft étonnant qu avec tout Torguetl 
dont nous (ômmes gpnâez » &. k haute 
ppinioa. ^e nous avons de nous^^nêmes 
& de la bonté de nôtre jugement » nous 
neg&i^OQs de nous en lervir pour pronon- 
cer (ur le mérite desautres : la vogue, la 
£iveur populaires celledu Prince nous en* 
traînent comme un torrent : nous louons 
ce qui eft loué , bien plus que ce qui efl 
kniable. 

* Jp ne^ay s'ily a rieô au?nw)ndt qui 
coûte davantage à approuver & à louer, 

me ce qui eft plus digne d'approbatian & 
le louange, & fi la vertu, le.mérite , la 
beauté» fes bonnes aâic^ns , les^i^xou* 
vr^esont un elFetplus naturel & plus fur 
que l'envie, kjalouiie & l'aaripathie. Ce 
•f tBi de- n'eft pas d'i^n Saint donr un dévot * içak 
*^ dire du bien, mais d*un autre d^ot : fi une 
belleifemme approuve la beauté d'une au- 
tre femme , on peut conclure qu'elle a 
mieux , q^e ce qu'elle.approuve : C un 
Soëte louëles vers d'un autre Poète, ily a 
à parier qu^ ibnt mauvais Se ans cai^ 
quence. 

* Les hommes ne fe goûtent qu'à pd- 
nelesunsles^autres, n'ont qu'une ibible 

pcn- 



t 



cil LES Moeurs de ce^siecle* ttf 

pente à s'approuver réciproquement ; a* 
âion, conduite, penfécfexpreffion, rien 
de plait» rien ne contente ; ils fubibtuënt 
à la place de ce qu'on leur récite , de ce 
qu'on leur dit^ ou de ce qu'on leur bt 9 ce 
qu'ils auroient fait eux-mêmes en pareille 
conjonâure ^ ce qu'ils penfèroient ou ce 

Qu'ils écrircdent fur un tel fujet, & ils font 
pleins de leurs idées qiiHln'y aplusdeph* 
ce pour celtes d'autruy. 

^ Le commun des hommes eft fi etx^ 
clin au dér^ement 2c à la bs^telle ; & le 
monde efl fiplein d'exemples ou pernicieux 
ou ridicules, <^ue je croirois aflez que l'eF*' 
prit de fingulanté , s'il pouvoit avoir fes 
bornes , 2c ne pas aller trop loin , approché* 
r(nt fort de la droite raiibn6c d'une condui- 
te r^kere. 

Il fiiut faire comme les autres; 'maxime 
fuipeâe, quifknifie preique toujours, il 
&ut nul £dre , des qu'on l'etend au delà de 
ces choies purement extérieures, qui n'ont 
pointdefuite, qm dépendent de l'us^, de 
lamode ou des bienfèances, 

^ S les hommes font hommes plutôt 

S l'Ours Ou Panthères ; s'ils font equita* 
es, s'ils fê font jufHce à eux-m^es, 2c 
qu'ils la rendent aux autres , que devien- 
nent les loix 9 leur texte 2c le prodigieux 
•ra^ieroent de leurs commentâmes ? que 
iç9kt^ le fetitùire&c le foffeffià^ 2c tout 
ce qu*on appelle Turifpnidence ? oùfère* 
^ Fa duifcnt 



4q!X4 "Les Caractères 

duiiènc même ceux qui doivent tout leur 
relief & toute leur enflure à l'autorité oùils 
font ^ablis de ^e valoir ces inêmes loix ? 
Sicesmêroes.hommeS'Ont de k droiture 8c 
de la Gncerité ^ s'ils font guéris de la préven- 
tion , où (ont évanaûies les difputes de 
récole^ laicolaftigue , de lescontroverfes} 
S*ils.fbnt temperans ^ .chaftes & modérez i 
que leur ;{èrt le my fterieux jarjgon de k mé- 
decine » & qui efl une mine d^r pour ceux 
qui s'avifent de le parler ? Leg^fies, Doc- 
teurs ^ Médecins 9 quelle chute pour .vous, 
fi nous pouvions tous 9 nous.donuerlemot 
.dedevenir&gesi 

: £>e combiai de grands hommes dans les 
differens exercices de la psdx& delà guer- 
re auroit-on dûfe paffer! A quel point de 
perièâion Se de raffinement n'a-t-on pas 
porté de certains arts & de certaines 'icien- 
ces qui ne doivent point être necejQ^es , 
fie qui font dans le monde comme des re- 
mèdes â à tous les maux , dont nôtre toalice 
cft runiqueiburce ! 

Qjie dechofesdepuis VARRoNque Var- 
ron à ignorées! Ne nous fuffiroit-fl pas mê- 
me de n'être fgavant que comme PlâtûN 
ou comme Socrate ? 

. * Tel à un Sermon , à une Mufique, 
ou dans une galleriede peintures , a enten- 
du àià droite & à k gauche , fur une chofe 
précifément k même , des icncimens pré- 
cifèment oppolè?; i cela me ferait dire vjo^ 

Ion 



ou 2fES MoEUrS DE CE s I ECtEr Tl ^ 

fentîers que l'on peut hasarder dans tout 
genre d'ouvrages , d*y mettre le bon ficlc- 
lïiauvais; lebon plàkauxuns» & le mau- 
vais aux autres ; Ton ne rifque guerts 
davantage d'y mettre lepire» ilafès parti- 
iàns, 

* Le Phœnîx delà Pôèfie eA^«/&»fif t 
renaît de fès cendres $ il a vu mourir & re- ^^^"^ 
vivre laTéputâtion en un tnême jour , ce" 
]Uge même (i in&iUîble &' fi ferme dans 

fès jugemens , le public, a varié iur fo^ 
fujet, -ou a le trompe, ouîl s'eft trompé^ 
celuy qui prônoncenrit aujourd'huy que 
Q^ * en un certain, genre eft mauvais 
Poète ,nparleroit prelqufe àuffi mal que s*j1 
eût dit il y a^quelquc temps 1/ ejl bm. 
Tùete. 

* CP. t^^o»^^^^h«» &C.N.t'ûerëut^^[;;f^- 
toit pas^ la P4tcelk,6cRoJogméméntoiçnt^^CQtvMl-^^ 
chacune une autre avanture : ' ainfi Ton a|«- ^ . . 
toujours Idematidé potirquoy dans telle ou y , - - . "^ 
tèllfc profeffion, ceiuy-cy avoit fait & for-/ y' 

tune , & cet autre Tavoit manquée ; • & m- ; 

cela les hommes cherchent la raifbn de\ ' 
leurs propres caprices ^-^ quiîdans les con- '* ., ' 
joni^ures prefTantes delejurs afiaires^ de 
leurs phifirsj deleur fànté, &de leur vie, 
leur font fouvent laifler les meilleurs *j £c 
prendre les pires.» 

^ La condition desr Comédiens étoit 
infàtne chez les Romains , Se honorable 
chez les Grecs ; qu'eft-ellecheznousj on 

E z penfè 



f'^ 

/ 



fitf Lbs Caractères 

pe|i(b d'eux comme les Romains ^ on vit 

. _ . -avec.cux comme les Grecs.. 

îic oap^' * U fuffiftnt à B^tbyUe f d'^re Panto. 

coQi. jmîme poqr être couru des Dames Romai» 

2^««j[*4çs, àlîikï/de^ àJRapet 

fcieiaBtf* & ^ '^Mne de repre(ènter dans les chopurS) 

beretB pour s'^^ttirçr une foule d'amansL La va- 

£%!^î,i lû^^ & Taudace fuïtçs d'une trop arande 

puii^lance avoient ôté au^ Romains le goût 

idu i^cret 6c du myftere ; ils iè p]aifi>iem à 

£dre du théâtre public c^uj de leurs a« 

mours ; ils a'écoieq^ popt jaloux de l'anif 

pbicl^atre 9 & pariaig^ent avec la niiultH 

Itudelesdianiicisdeteur^msukrefles; leur 

goût nlatloic qu'à laiflèr voir qifûs al* 

.iDoient 9 non p^ une belle perfonne» ou 

t laDaa* une excellente Comédienne ^ mais une i" 

"^^^ Coroc^pne. 

P Ricpoe découvi« QÛeux dans ^dle 
diipOGtioa fon( ks hopunes à T^ard des 
fiiet\çe$ & des beUes lettres 9 &qe quelle 
iitHité ils le3 croyent dans la republique 1 
£U£ k prix Qu'ils Y 6i)t mis , &l'idçequ - 
iU Te ferment de ceux qui ont prii^ le pàrtL 
de les cultiver. Il n'y a point d'art G mé- 
canique ny de & vile condition , oùles a« 
vantagesnefoienrplusfèurs» plus prompts 
èc plus foiides. Le. Comédien cpuché 
dans fbn carofle jette de la boue au yiiage 
de CoRNEiXL&quieftà pied. Chez, 
plufieurs t f^avant & pédant font iyaoni- 

mes» 

Sou- 



cv LES Moeurs de ce s x ecle 1x7 

Souvent où le riche parle & parle de do^» 
Ariney c'eft aux doâes aie taire 9 àécou^ 
ter, àapplaudir» s'ils ^euleiu: dusioins oe 
paiÉsr quepourdofbes. 

* Sy aune fbrtedehardeflê à foâtenir 
de^Faot certains efprics la honte de Pénidi- 
tion* : l'on trouire chez eux uoepreventkni 
toute établie contre lesfçavans , -à ^ Û$ 
ètont tes manières du mondei le {çavoir vi- 
vre » Heipritdelbdeté, & qu'ils renvoyent 
ainfi dépouillez à leur cabinet 6c à leurs li- 
vreE . Comme l'ignorance eft un étatpaifi- 
Me» 2ç qui ne coûte aucune peine , l'on 
^ range en foule» & elle ferme à la 
dour & à la Vilie un namlmux pard 
qui l'emporte fur cduy des Sçafann 
S^ils allèguent en leurfitveur les nomsd'Ë- 
STRE*SS » de Harlay y BOSSXJBT y Ss« 
«V1ER, MoMTAUSlER, VARI»S» CHB- 
VRËUSB, NovioN, LA Moi GNON» Scu- 

DBRY * , Pblisson , & de tant d'autres ^ ^i^ 
Per(bnnages également doâes 8c polis ^ sciitay« 
t^ût oient même citer les grands noms de 
CHARTRES) deCoNDE', deCoNTi , de 
BouREoN , du Maine » de Vendôme , 
comme de Princes qui ont içû joindre 
aux plus belles Seaux plus hautes connoifl 
fiuices 9 fie l'atticifme des Grecs, fie iW 
ban&é des Romains 9 l'on ne feint point 
de leur dire que ce font des exemples fingu- 
liers : fie s'Qsont recours à de iblides rai-* 
fims» ^Obesfoncfbibles contre la voix de h 

F 4. mul"» 



t%9 Les Cak hç'Hë^sl^.ib.s 

multitude. Ilièmble néanmoins que Ton 
devroit décider fur cela; avec plus de pr6r 
caution, ficfèdonoer feulement kjpeine de 
douter 9 C ce même eTprit qui £dt raire de & 
grands progrés dans les Sciences , qui £dt 
bienpenfèr, bienjuger» bien parla* & bien 
écrire 9 ne pourrok point encore fervir à 
. être poli. -' ^ 

Il fàuttres-peu de fi>nds pour la politei^ 
iè dansjes manières y 'A en &ut beaucoup 
pour cale de 1 efprit. 

^ U eft frayant, dit un politique» ilefi; 
donc incapable d'afiàires ^ je ne luy con- 
fierds pas Tétat de ma garderobe ^ & il a 
xaifim. OssATy Ximenes^Richeliev, 
étoient i^avans 9 étoient'ils habiles? ont- 
ils pafle pour de bons Miniftres ? Il fçait 
leGrec , continue l'homme d'Etat >i ét& 
qn Grimaud » e'efk un Phâo|bph& Et 
en efièt $ une Fruitier à Athènes &I0Q 
^ les apf^eoces parloitGreç » & par cette 
irailbn étoit Phuoibphe.: les BiGNoNs , les 
LamoignoMs étoient de purs grimauds, 
qui en. peut douter? ils içayoidit le 
Grec Quelles vifions , quel :ddire au 
grand , au (âge , au judicieux A N T o** 
K I N ! de dire qu^ahrs Us peuples feraiefa 
heureux , (i P Empereur pbilofifboit ; omfi 
Je Pbihfifbe^ ou k grimaud vmoU dPEm- 
pire. \ 

Les langues font la clef ou 1 entrée dct 
ÇjeaceS) &riea davantage j le mépris des 

unes 



OULGSMOEU&SDECESIBCLB 129 

VMS tombe fur les autres: U ne s'agit poiot 
& les langues font anciennes ou nouvelles, 
moftes ou vivantes, vasàs fi elles font grof. 
fieres ou polies ; fi les livres qu'elles ont 
ferme* , font d'un bon ou d un mauvais 
goût. Suppofons, que nôtre kngué pût un 
jour avôif le fortde 1» Grecque & de la La- 
tine, feroit-on pédant quelques fieeles a- 
prës qu'on ne la parlcroit plus, pour lire 

MOCLIERB ou la FOMTAINEÎ • 

* Je nomme Eiwi^/j ', & vous dites, 
c'en un bel eforit , vous ditezauflî de ccr 
luy qui travaifie une pojutre , il eft Char- 
pentier, &de celuy qui refait un mur , il 
eft Maçon ; jevousdemandequcleftlat.- 
telier , où travsùUe cet hommede métier, ce 
belefprit? quefle eft fon cnfeigne? à qud 
habit le reconnoit-on ? quels font tes our 
tils l eft-ce le coin , font-ce le marteau 
ou l'enclume} où fend-il, oùcogne-t-d 
fon ouvrage , àà l'expofe-t-il en vente ? 
Un ouvrier fc pique <f être ouvrier ; Eu- 
ripae fe pique-t-il d'être bel efpnt ? .s û 
eft tel-, • vous «ne peigne! an fat , qui met 
l'efprit en roture , une amc vile & méca- 
nique , à qai ny ce qui eft beau , nyce 
ûv?i efk efprit , ne fçaurdent s appbquec 
érieuferaeht j & s'il eft vray qu il ne fe 
pique de rien , je vous entends , c eft un 
Êoînme fege ôcqui a de l'efpnc , ne àtej 
vous pasTncore du (çavantaffe »! il eft bel 
eforit. ôcainfi du iSuvaisPocteî Mai» 



• 



F5 



VOUS* 



S30 Les Caractciies 

vous-même vous croyez- vous làl)^ î^icun 
efprit? 6c fi vous eaa^ez» ceft^MDsdoute 
de celuy qui eft beau^cosveDakle^ vous 
voilà donc un bel efprit : ou s'il s'en &ut 
• peu que vous ne pteniez ce wn; pomr u- 
ne injure i continuez, j^coolèns» dele 
donner à Eurioile t & dVmpIoyer cme 
-konie comme les ibts iaps le nioiodre di^ 
«ememçnt 9 ou comme jes î&pcaaos^u'elle 
confole d'une certaine cubuce qui leur 
inanque> ficqu'ilsi^iEOjDent que dans les 
autres. 

# Qu'on ne me parle jamsôs d'encre^ 
de papier, déplume, deftjdes dlmprî- 
meur, dîmprioaerie: qu'oppefeb^zardr 
plus de me dire » vous écrive!!; fi bien , Am- 
t Deta Ufihem f , continuez d'écrire ; np verrons» 
iniyefc nous point de VOUS un Ml ^iEr^? traitez dç 
dies Qui- toutes les vertus & dç tou&les viçe$ dac^ uo 
ftcici. ouvrage fijîvi » méthodique, qui A'aît point 
de fin > ils devroient ajouter , fc nul 
cour?; Je renonce à to^tcequiatété, qui 
Fikbbé ^^ » & qui fera livre. Biv^U^ f tombe ea 
\% iLa^. ryncope à k vûëtfim diat , &. mpy à 1^ 
vûë d'un livre. Suis-j^ mieux nourri & 
plus lourdement vêtu, fiii8.-je;d^s ma 
chapibre à l'abri du Nort, ay-je un ^t de 
plumes après vingt ans entiers qu'on me 
débite dans la place i j'ay un grsmd nom r 
(^ites^vousi &. beaucoup de gloire 9 dxi^ 
que j'ay beaucoup ^ veot: qui ae fert à 
rien, ay-jeuagRsiDde^.mttalqMi pro- 
cure 



1 



ou LUS Moeurs de ce siècle, i 3 i 

cure toutes choies? Le vil Praticien grof* 
fitfoa mémoire» fèvoit rembouriièr des 
irais qu^n^rvancepas, Setl&pour gendre 
un Comte ou un Magiftrat Un hom:- 
me rouge ou féUBê-nMrit devient Copn 
mis , & bien - tbt plu9 ricbe que foa 
Maître, il te laifle dans la roture» êca* 
vec de Pargent il devient nohk B** i" t 
s'enricUt à montrer dans up cercle des 
mariranectes. BB** f à vendre en bou- H^^ 
telles l'eau de la rivière. "JT Un aittre xique. * 
Chaclatan anîvtt icv de delà les Monts a^ tuihuu 
vec une malle, il h4ft pas déchargCt que ^SSm^ 
tea p^qns courent» 5c il eft prêt de re- ^^ 
tourner 4^où il arrive avec des mulets & 
d^ fourgons. Mercure eft Mercure , Se 
nfSQ daivantage , & Tor ne peut payer fes 
medtoitioas & fès intrigues > on y ajoute 
la faveur & lies; diitinéUons. Et /ans<{iar« 
1er quq deg licites » on paye au Thuillier 
ia.tbuiU^9 5c à ^ouvrier ion tems & fon 
ouvrage» paye<.t.oD à uâ Auteur ce qu^l 

Ceoie Se. ce qu'il écrite âc s'il penfè très- 
ien »: la pay^* t-on tres-larsement ? iè 
meuble-t-il , s*aânoblit-il à force de pcn- 
1er iç d'écrire ji)fte ? Il* faut que les homr 
me» foient habille:^» qu'ils (oient rafez» il 
Jbut que retirez dapsleui;smaiibns ils ayant 
une. pOjTt^ qui Sffçmt bien ;. eft-il neceiTair 
re qu'ils foient ihflruits ? JR>lie » fîmplicir 
té| imbécillité! continue Ântiflfaene» de 
metltie V^is^^ d'Auteur ou de Fbilo- 

Fff ' fo- 



fejx Lbs Caractères 

(bphe : ayoif , s'il k peut ^ un Cffic^ U^ 
^ratiff qui rende la vie aimable, quifidP 
& prêter à fès amis, & donner àceux qui 
ne peuvent rendre : écrire alors par jeu , 
par oviîveté ^ fie comme Ttfjfe fiâe ou 
]ouë ae la flûte; cela, ou rien: j'écris à 
ces conditions, fie je cède sûnfi à la violen- 
ce de ceux qui me prennent à la goi|^, 
£c mediient, vous écrirez. Ils liront pour 
titre de mon nouveau livre, DU Beau^ 
DO Bon» DqVray. Des Idées. Du 
PREMiBH Principe i far AitHfibemiJt^ 
iemie marte. 
«•M fc * Si les Ambaflâdeurs des Princes é- 
***^ trangcrs étoîent des Sn£es kiftruits à 
marcher fur leurs pieds de derrière , fie à fe 
faire entendre par interprète , nous ne 
pourrions pas marquer unplusgrandéton- 
nement que cekiy que nous (tonne' la ju^ 
fiefle de leurs réponses , fie le bon ièns qui 
paroit quelquefois dans leurs difix>urs. La 
prévention 4u païs , jdnte à l'orgueil delà 
nation , nous lait ouoSer que la raiibn eft 
de tous les climats, ficque iV>n penfèjufie 
par tout où il y a des hommes: nous n'iû>- 
tnerionspasàétre traitez ainG de ceux que 
nous appelions barbares; fie sM y a en nous 
quelque barbarie , elle confifte à être épou- 
vantez de voir d'autres peuples raiibnner 
comme nous. 

Tous les étrangers ne fbntpas barbares i 

le tou» nos compatriotes oc lom pas civili* 

- fez: 



ov LES Moeurs de ce siècle, i 3=3 

ièz : de même toute campagne n'eft pas 
acrette *, 6c toute ville tfeff pas pglie: îilfjfî?" 

^» « **r-i 1 ■• * J5 * 1% met en 

y a dans 1 Europe un endroit une Pro- tend icy 
vince maritime <run grand Royaume, où mctapha- 
le Villageois eft doux & infinuant , k^!^ 
Bourgeois au contraire fie le Ma^ftrat 
gro(iters, fie dont la rufhcité eft hérédité* 
re. 

* Avec un langage fi pur, tfne fi gran- 
de recherche dans nos batnts , âes mœurs 
fi cultivées 9 de fi belles loix & un vi&ge 
blanc, nous Ibmmes barbares pour quelque^ 
peuples. 

* Si nous entendions dire des Orientaux.^ 
qu'ils boivent ordinairement d'une liqueur 
qui leur monte à la tête, leur fait perdre la 
ndfen, ficlesfàit vomir, nous dirions, cela 
eft bien barbare. 

* Ce Prélat i" fe mon tre peu à la Cour , îh . 1^ ca^i 
n'eft de nul commerce, on ne le voit point ^^^ 
avec des femmes i il ne Joue ny à grande 

ny à petite prime, il n*affifte ny aux fèftes 
ny aux ^e£bacles, il n'eft point homme 
de cabale, fie il n'a point reiprit d'întrir 
guej toujours dans Ton Evêche, oii il fait 
une refidence continuelle, il ne fongequ'à 
înftruire fon peuple par la parole,, ficàl'é- 
difier par Ion exemple; ilconfume.lbnbien 
en des aumônes , fie Ion corps par la péni- 
tence; il n'a que l'efprit de régulante, 8c 
à eft imitateur du zde 8c de la pieté des 
Apôtres. Les temps font changez, fie il eft, 
^ " F 7 me. 



tî4 I-E» Garactirbs 

menacé fous ce Regae d'ua titre pluséini- 
Qcnt. 

♦ Ne pourroit on point fijre compyea. 
*:e gux pertom?^ d'qncertaiQcara(aere& 
q'une profcffion (erieufè, pour ne rien di- 
re de plus, qu'ils ne font point obWà 
fairedired'eux, qu'ilsjouent, qu'ilsdian- 
tent , & qu'ils badinent comme les autre» 
hommes , &. (ja*à les voir G pjaîiàns & fi 
agréables, on oe croiroit point qu'ils iirfl 
fôitdTailleursfiréguliera&^fevCTes; ofe- 
yoit-on même Içur infînuer q^'iIs s'ék». 

Snent rar de telles manières de la politeûè 
ontilsfepiquenti qu'elle affortit w con- 
ttaire & conforme les dehors aux coaA- 
tioos, quelle évite le Qpntrafte, &dc 
montrer le même homme fousdcs figure» 
diflércntcs, & qu! font de lui uncomiwfé 
pizarre, ouungroteiàuf. 

♦H ne ^utjpasjugerdcshommeçwjitt. 
^e d un tableau ou d*upe fi^e Git une 
feule & premiere^vûë; Uy^niMerieur, 
& un çœuFQUil &.11H approfondio, le wi. 
le de la. modeffie çgnyrç le mérite , & le 
malque àt i'hipoçr^e cache la mafigni! 
te i II nV a q,» un très, petit noiSre 
de co^noifeui-s q*gi (Jifcçcne , Scqiàfok 
en droit de^ prononcer; cen'eft qii^Dciir 
îT peu,,,, ôç £6xcç% même par l tLd 
.g les ocçafions. qi^e la vertu per^^ 
:^k vice confonjHjfi vit^ioent aiki à fe 






ou LES Moeurs dc ce sibclk. i } ^ 

* Il difbit que lefprit dans î*t« 

cette belle perfbnnc étoit un ({iamant bien ^* ** J^^ 
mis en œuvre^ôc contin psuit de parlpr d cl- ***** ** 
Ici c^eft, ajoûtoir-U, compie une nuance de ^ 
tmon &dagremçnsquîoccuDe les yeux ^ 
& le cœur de ceux qufluy parlent, on ne ^ 
^ait û on Paiine ovtû onradfnire^ ^ y s^ ^ 
eadledequoyfiiireuneparfaiteaœieyily ^ 
a auffi de quoy vous mcper p^usloingue ^ 
l'amitié: trop jeune & trop âemie pour ^ 
ne pas tWe^mais trop mpdç(^e pour (bn- ^ 
ger à pWe» eUenetientcompKegux hoov- ^ 
mes que de leur mente» &necr^tavoir ^ 
^uiede^^s: pleine de viyadtç^i Se capa-^^ 
U^ 4çi^timens elle iùrprend^ elle inte- ^ 
reilè i fie* &n^ riea ignorer de ce qui peut ^ 
entrerdeplusdelicat&deplus^dansles ^ 
^nverfàtions » èUe a encore ces faillies ^ 
^uredîès qui eatr'agtres plaiiîrs qu'elles ^ 
6^^ (Ëiî>en(ênt toujours de la réplique :^ 
dBe vo^js. p^le coçOTo celle qujl n^^p^ ^ 

fc^vmfiei^ qui 4oMe^qviiçheriE:hie.à&'4- ^ 
cWcir, icçlley^llftéçoi^tçcdmBpe^^çUie.^^ 
OU ^^t bji«ucojuip , ^çpttjiç^fepnpc^ 
de cç que you.s îuy dites , & a^ipres •* 
d(p qui you^ ^e fH^de;^ rien de ce qui '^ 
wm éçhs^ff^, Lçkk dç ^^pliquei? ^ ^ 
vw^ cç^f^j:^ avec eilprit, 6c d^im^r ^^ 
G/W qMI aHm vmx». p^er pour uoe ^ 
femme vive/ que'marquierdubon&Qftic ^ 
de li^ juftefTef ^ea'ajTpcoprie vos feiti- '^ 
meoi^ çlleiea «^ fim>. elleles étend » '^ 

elle 



i3<5' LesCar-acte-ebs 

** elle les embelHt » vousétes content de ^ous 
** d'avoir penfé fi bien & d^atroir mieuxdh 
** encore que vous n'avic;;z crû. EUeefttou- 
** jours au deflus de la vanité , (bit qu'elle 
** parle foit qu'elle écrive » elle oublie les 
^traitsoùiliautdesraiibns» elleadéjaconi. 
** pris que la fimplicité-eft éloquente: s'il 
** s'agit de iervirquelqu'uft&de vousjetter 
^^dans les mêmes intérêts « JatiâantàEtviit 
^ les jolis diftours Scies belles lettres qu'elle 
^ met à tous ufages 9 Arttnice n'ànployé au- 
•* prés de vous que la fincerité, l'ardeur, rcm- 
••preflcment&laperfuafiori. CeqUidomi- 
^neenellec'eftleplaifirdelalcâiure, avec 
"k goût des personnes de nom & de re- 
^•putation , moins pour en être connue 

3ue pour les connwre : on peut la louer 
'avance de toute la iàgefle qu'elle aura 
un jour, £c de tout le mérite qu'elle fê 
** prépare par les années^ puilqu avec une 
** bonne conduite elle a de meilleures in- 
attentions , des principes fûrs, utiles à 
^celles qui font comme elle expoiees aux 
**foins & à la flatterie; £c qu'étant aâea 
^particulière fiins pourtant être £irouefaei 
**ay^t même un peu depeûcbant pour la 
** retraite, il ne luy feauroit peut-être^ man- 
*<quer que les occafions, ou ce qu'on ap* 
^ pelle un grand theatrepoury £ûre briller 
î* toutes fes vertus. 

♦ Une beUe femme eft aîmabic dans 
f>n naturel, eQcDC perd rien à être ncgli* 



a 



tt 



ou LES Moeurs x^e ce sibcle. i^f 

fjécf 6c làns autre parure que celle qu'elle 
tire de là beauté & de fa jeuneOe • une gra-^ 
ce naïve éclatte fur (on vi&ge , anime (es 
moindres a6Hons^ il y.auroitmoinsdepe-^ 
ril à la voir avec tout l'attirail de l'ajufte- 
ment 2c delà mode. De même un homme 
de bien eft relpeâable par tuy-mèmC) 2c 
indépendamment de tous les dehors dont 
il voudroit s'aider pour rendre ùl perfbn- 
ne plus grave-y 2c (à vertu plus fpecieuièt 
dit air reformé 9 une modéllie outrée, la 
fingularité de l'habit ^ une ample calot- 
te 9 n'ajoutent rien à la probité, ne relè- 
vent pas le mérite, ils le fardent, 2c font 
peut-être qu'il eft moins pur, 2c moins in* 

Une gravité trop étudiée devient comi- 
que : ceiont comme des extremitez qui iê - -^^ 
touchent 2c dont le milieu eft dignité: cela 
ne s'appelle pas être grave , mais en ioûer 
le perionnage : eeluy qui longe à le de- 
venir ne le fera jamais , ou la gravité 
n'eft point, ou elle eft naturelle ^ 2c il 
(A moins diflScile d'en defcendre que d'y 
monter. 

^ Un homme de talent 2c de reputa* 
don > s'il eft chagrin 2c aufterc, il efiarou^ 
che les jeunes gens , les fait penfèr mal do 
la vertu , 2c laTeur rend fufpedbe d'une trop 
grande reforme 2c d'une pratique trop en- 
nuyeufê ; s'il eft au contraire d'un boa 
commerce 9 Uleureftuaele^oa utile, il * 

leur 



hm. 



138 LbS CARACTBRBr 

kur apprend qu'on peut vivre gaj^eneot 
2c kocHieufemeat) avoir des vues ferieu- 
feiàns renoncer aux pkifirslioiinètos; 2 
feOr devient un^esemple qu'on peut fià- 
vre. 

* La phifianofflie 0*0% pas une te^ 
^i.nous loit doonéepour juger deshom* 
oies; elle nous peut fërvirdeconjedure» 

^ L'ak ^nrkud eft dans les hooHBes» 
ee que la c^ularité des traks eft dans ki 
femcnes^ e'^ le genre de beauté où lespk» 
vaàos puiflfiQta^rer. 
M,Mi^ * Un homme qui a beaucoup Je naëritt 
Ccd'e&nt» êcquteft connu pour tel 9 n'eft 
pas laïQy mê«ie avec des traks qià SMtâlf 
formes^ ou s'il a de la laideur 9 elle ae&t 
pas ioaimpreffion. 

* Coodnen d'art pour rentrer dans b 
nature; combien detenups» der^les^d'at- 
tendon & de travail pour dénier avec k 
même Hberté & la même ff^cc que Poo 
içait marcher» pour chanter comme on 
parle, parler & s'exprimer comme l'on 
penfie» jetcer autant oe force y de vivacité f 
de pafllon & de perluafion dans un'dif' 
cours étudié & que l'on prononce dans le 
public 9 qu'on en a quelquejbis naturelle- 
ment & fans préparation dans les entretiens 
les plus familiers. 

^ Ceux qui jàns nous conneStreaflèz» 
penfèntmal de nous, ne nous6>ntpaçd6 
tort i ce a'eft pas nous qu'ils attaquent, 

c'cft 



1 



ou us Moeurs DB OEsiBCiE^ i)9 

c'eft le fantôme de leur imagination. 

^ U y a de petites règles , des devoirs» 
des Uenfeances attachées aux lieux» ^\xx 
temps 9 aux perfonnes» quinefedevioeot 
point à force dVprit^ & que l'uiage ap- 
prend fans nulle pttioe; juger des hommeg 
par les fiiutes qui leut éoiapent en ce gen- 
re ^ ^y^t qu'ils f^er^aSèzinftruits, c'eft 
en juger par leurs oo^es» ou par la pointe 
de jlevprs cheveux i c'ettvc^oirunîouréciie 
détrompé. 

^ Jeoeiçay s'il eftpersQÂs de juger def 
hQoamespfiuruqe fiutequi eftuoique: & û 
m befoiû extrême» ou une wwotc pa£> 
fion 9 ou un premier mouveme^ tiroQt k 
confeoueiice. 

* Le contraire des bruita <|ttic9ttref« 
des 9&ix<^ ou des peribones^ i^ft iiouveiit 
la veritiÉ. 

* Sms une grande roîdeur Ce une oqpp' 

tinuelle attention à toutes £bs paroles» on 
cft expoQ^ à dire en ni<4ns d'une heure le 
oiiy & le non fur une même chofe» optfor 
une même perfoone, détemuoé lèukœep( 
par un efprit de fodeté & de commerce , qpl 
entraîne naturellenoent à ne pas coqtredirt 
cduy-cy & celuy-la qui en parlent diffe* 
remmênr. 
^ Un homme partial eftexpoféàd^pe- 

tites mortifications; car comme il eftégar 
lement impoffible que ceux qu'il Ëivori^ 

foient toujours heureux ou iàges » & qup 

ceux 



1340 LkS CaHIACTERE;? 

ceux contre quîil fe déclare foient toujours 
en faute ou malheureux, il naift de làqu*jl 
luy arrive ibuvent de perdre contenance 
dans le public > oupar le mauvais fuccés de 
iès amis y ou par une nouvelle gloire qu^ao- 
quierentceuxqu'îln'aime point. 

* Un homme lùjetàfe laiflerprcveniri 
s^ oferemplir une dignité^ou feculiere ou 
Ecclefiaftique, eft un aveugle qui veut pdn- 
drcî' unmuet Tiui s'ëft chargé d'une haran- 
gue , un lourd qui juge d'une fymphonîe; 
mbles images^ & qui n'expriment qu^im- 
perfeitement la^miferede la prévention: il 
£iut ajouter qu'elle eft un mal défèfperé, 
incurable , qui infeâe tous ceux qui s'ap- 
prochent du malade 9 qui j&it deièrter les 
égaux , les inférieurs , les parens 9 les amis 1 . 
jufqu'aux médecins^ ils font bien éb^ez 
de 1^ euerir, s'ils ne peuvent le fsdre con- 
venir oe & maladie^ ny^des remèdes, qui 
&roient d'écouter 9 de douter, de s^nfor- 
merfic de s'édaircir: les flatteurs, lesfbur- 
besr les odomniateurs^ ceux qui ne dé- 
lient leur langue que pour le menlbnge& 
l'intérêt, .font les charlatans en qui il fe 
confie y & qui luy^ font avaler tout ce qui 
leur plait ; ce font eux auffi qui l'empoifbn^ 
nent & qui le tuent 

♦La règle de De s CAR TE s , qui ne 
veut pas qu'on décide fur les moindres ve- 
ntes avant qu'elles foient connues claire» 
oientuôc diftîaâementy - efl zffca. belle Se 

affez 



n 



GULBS MOBURS DE CESIECLB. It^l 

aflèzjufte, pour devoir s*étcndrc au juge- 
mentqueronfàirdcspcrfonncs. . 

* Kien ne nous vange mieux des mau^ 
rais jugemens que les hommes font de nos 
fnanieres, que nndignïté&le mauvaûs ol^ 
raâere dcceux qu'ils approuvent. 

Du même fond dont on néglige un hom* 
me de mefite» Ton i^aitencoreadmirer un 
fot; 

* Un (bt eft celuy qui n*a pas même ce 
qu'il faut d'efprit pour étrefàt. 

* Un fat eft celuy que les lots croyent 
un homme de mérite. 

* Limpertinenc eft un &t outrée le fit 
hflè) ennuyé, dégoûte, rebute: l'ib- 
pertinent rebutte, aiprit^irrite , ofFenfe i il 
commence où l'autre finit. 

Lefàteft entre Timpertinent fickioty il 
eft compoié de l'un & de Tautre. 

^.Les vices partent d'une dépravation da 
eœur^ les défiuts, d'un vice de tempéra- 
ment; le ridicule, d'un défaut d'elprit 

L'homme ridicule efl celuy qui tant 
qu'il, demeure tel j a les apparences du fbt. 

Le fotnefe tire jamais du ridicule, c'eft 
Ton caaaâere ^ l'on y entre quelquefois avec 
dereQ>rit, mais l'on en fort. 

Une erreur de fait jette un homme fige 
dans le ridicule. 

Lafbttifèeft dansMe fot; lafituité éans 
lefit, Scl'in^pertinence dans impertinent: 
il femble que le ridicule reiide tantôt dans 

celujr 



tJ^t Les CARACxe'aEs 

celuy qui en efibt eft ridicule » & tantôt 
dans rima^oatioû de ceux qui croyenr 
voir k ridicule où il n'eft point 9 &ûepeuc 
être. 

^ La groffiereté, h ruftidtc, U bru* 
talité peuvent être les vices d'un homme 
dVlMt. 

^ Le ftuptde eft Un fbt oui ne patle 
points en cela plus fiipportable que le fec 
quiparle; 

^ La même chofe {buvent eft dans b 
bouche d'uft homme d-eiprit 9 une naïveté 
ouunbonmot} ôcdanscdiedu ibt, une' 
Ibirife, 

* Si le&t pouvcnt craindre demal parler f 
ilfbrttroitdefoncaraâere. 

^ L'une des marques de la médiocrité 
ckl'ef{)r&:9 eftdçf toujours conter. 

^ Le fbt eft efmharafie de (à perfoone; 
le &c a IW lit^e fir âfluré ; rimpertinent 
paffeà l'effiroaterie: le mérite a oe la piN 
deur. 
^ * Le (uâ^teft<:duy en qiû la pratique 
de.certainsdéteilsque l'on honore du nom 
ifaffidres» & trouve joiàte à itfietres<-gran- 
de medtoeritéd'e^t 

Un grûn d'eipnt & uiie once d\i&&es 
l^qiran'en entredanslacoœpofition du 
iuffifant» fbnt l'important. 

Pemfane qu'on ne fait que rire de Hm» 
partaût» ilniapasun autre nomidésqu'on 
â'eupkttQti ç-cMurogfM. 

» L'hon- 



6u LBS Moeurs db ce siècle. 14^ 

*, L'honnête homme tient le milieu 
entre Tbabile homme & l'homme de bien, 
ouoyque dans une diflance inégale de&s 
Jeux extrêmes. 

Lailiftance qu'il 7 a de l'honnête hom. 
me à Thabile homme s'affbiblit de jour à* 
autre, &eflfurle point dedii|)aroître. 

Ubabûc homme eft celuy qui cache ies^ 
paffions, qui ^^tend (es intérêts, quiyfi- 
ciifie beaucoup déchoies» qulaj^ acque-' 
rirdubien) ouenconferver* 

L'honnête homme eft cduy qui nevble 
{AS fiirles ffrands chemins, & qui netuë 
pcrfonne, dîmt les vices: enfin ne font baS 
ican<&deuk« 

O0 comioîtaflfe. qu'un hoffliftédèfâen 
eft honnête homme, maisil eft p^fantd'i* 
maguner que tout honnête faûiâmtn^^ pas' 
homme dobien. 

L'iiomme de bien eft ^cduy qui ïi*dl ny • Fia» i^ 
uniaintnyun dévot*, & quis^bornêà "^ 
n'a^toir^ue de la vetxu^ 

* TldentfgoâtjesiÇ^t, bonfitts,chofes 
afférentes, nooincompatihies* 

EatreJe bon&Qs & le bon goûrilyala'^ 
dififemoedela cauièà Ibo efitt* 

Entre e^rit & takntily alaproportiotf' 
du toutAià'panie 

Appcleray.jeunhommed'efprit^ celuy 
qid borné & renfermé dans qudque art, ou 
même dans une certaine foience qu'il exer- 
ce dans une grande peiftâiooi ne montre 

hors 






t^ . Les CARACTtKRCS 

hors de là ny jugement, ny memoirey &y 
Tmciré) ny mœurs, ny conduite t qui 
se m'entend pas, quine penièpcnnty qui 
sénonce mal^ un Muficien, par exemple, 

!ui après m'avoir comme enchanté par 
» accords, fèmUe s^étre remis ai^cfcm 
luth dans un même ètuy, ou n^'étre plus 
iàns cet inftrunjent, qu'une machine dé- 
montée, à qui il manque quelque chofe; 
& dont il n'eft plus permis de rien atten- 
dre. 

Que diray-je encore de feiprit du jeu i 
pourroit-on ^ne le définir? ne fiiut^l ny 
prévoyance, ny fîneflè, ny habileté pour 
jouer rombre ou les échez ? & s'ilen&uti 
pourquoy y voit-on des imbedlfes qui y 
excellent 9 & de très-beaux génies qui n'ont 
pu même ^itteindre la me&crité^ à qui 
une pièce ou une carte dans les siaiûf , 
troublé la vûë, & Eut perdre contenance? 
lil^Deh I' y adanslemondequdquechofe, s'il 
«fontaine, fe peut , deplusincomprehenfible. Un 
bpmmeparoitgtoiTier) lourd, ftupide, il 
ne Içait pas parler, ny raconter ce qu'il 
^nt de vôiri s'îlfè met à écrire, c'dl le 
modèle des bons contes, il lait parler les 
aiiimaux*« les arbres, lespierres,4outcequi 
ne parle point: ce n'eft que légèreté^ que- 
^ legânce^ que beau naturel^ & que dâica- 



tçÏÏè dans/es ouvrages, 
i^iiicrai- Un autre eft fimple, timide, d'une en- 
«é. Quyeuiè <:oi^V€riàtioni il prend un mot 

pour 



OULEsMoEURSDECeSXECLC. 14^ 

rur un autre, & il ne juge de la bonté de 
pièce que par Pargent qui luy en revient 9 
il ne fçait pas la réciter wj lire fon écritu- 
re : latflez-le s'élever par la compoGtioii , 
il n*eft pas au deflbus d' A u 6 u s t E , de 

PoMFE'e, deNlCOMEDE,d'HERA« 

CLius, ileftRoy, & un grand Roy, il 
eft politique^ il en Philofbpne ; il entre- 
prend de faire parler des Héros, dei^âire 
agir ; il peint les Romains ; ils font plut 
grands & plus Romains dans fès vers ^ que 
dans leurhifloire. 

Voulez -vous quelque autre prodige; Mç stà-- 
concevez un homme fàdle, doux , com- î^^ *•• 
plailànc, traiiable, & tout d'un coup vio« 
lent 9 <:olere , fougueux , capricKux ; 
imaginez-vous un homme (impie, ingé- 
nu, crédule, badin, volage, un enfant 
en cheveux gris ; mais permettez-liiy de 
fe recueillir , ou plutôt de ik livrer a un 
génie , qui agit en luy, fofè dire* fans 
lull y prenne part , & comme à fi)n io. 
çû^ quelle verve! quelleélevation 2 quel- 
les ifloages ! quelle latinité ! Parlez - vous 
d'une même peribnne ? me direz -vous; 
oûy, du même , de TheoJasy & de luy 
feuL II crie 9 il s'agite, il iè roule à ter- 
re, il & relevé, tonne, ilédate;&da 
mifieu de cette tempête i fort une lumière 
qui brille & qui réjouit;. difbns-Ie fans fi- 
gure , il parle comme un fou , £c penfè 
comme un homme ùjRc ; il dit ridicule- 

Tom. Il G ' ment • 



i 



14^ . ;Les Caracteubs 

fnem: àss cbofes vra^s ; & feUement de 
çbofes &oiees & j^bimablea ^ on efi: far* 
pris de voir joaître & cclore le bcm^s du 
jèia de h bouffi^noerie , panmles|;rîaiace8 
8c les coptorfioos: qQ'a)Oui:era7'']edavaa* 
t^g^f ildit&il&tnùeuxqy'it.iieiçait; 
ce loot eo luy commedeux âmes jgfusiiefè 
ccKiDoiflencpcdiir» quine dépeadcntpcnat 
l'une del -autre » qui on t chaamèleurs toms, 
DU leurs fi)o£tiona toutes Réparées. U imn« 
qwrçMC un traita celte pdnture û&mprt- 
nahce» fi j'oubloisdedirequ^efttoutàb 
^waifride ^ài&tiabledeJouAnges» pràtde 
&jetteraiiKyeuxde feicntiques 9. Bc dam 
k £bod affez dodlepourprc^tei^de kur 
f cnfure. Je /conmcncc à me perfviader 
iQoy-ipême que j'ay fidt le portrait de 
deuxpecfoofiage8.tQUtdiffereQs: iliiefe* 
toix pas nièxie impoffible d'en trouver un 
trpiCmied^sTbeodas; carilofthoâhena* 
iXiCi, î)cft.plldftnt;liomfDe9 &îleft,eKcdf 

Ictat uDOMBCi 

^ Apiésl'd^tdediièernementycequ'- 
îlyaaii!Qf)mdedeplasrarie» celootkaâia* 
tEuna & k$ perles. 

Mt.fclle- ^ "^^ ÇQUQU dans le mmde par de 
tîttdc .^QandiitalQns, honoré &chmnar tout où 
^oocy. ilfctrnavc^ eft «pelât daoafbttâQQDéftique 

«Danx Tosscde fcsprochegquîtn'a pu ic^ 
ron Frcrc^"* ^ l'eftîmer ; xé, autre au contraiiei 
kMiiûftiepi^^^^^ <^i^ ion païs jouit d\ine yogue 

«quSlapaB^mjrlcjijaiSi &quielfcrefferrcc 

dans 



OUtEsMoEUItSDECESIECLB %^J 

<la&s l'eoceince de £i maifon ^ s applaudie 
d'410 mérite rare èc fmgulkr , oui IU7 eâ 
accoidérar&fkmiyedoQtileftuQole, mug 
qu'il laiflcchczfoy toutes |c3foi$tja'ill(>r-t, 
& Qu'il ne porte nulle part.^ 

* Tout le monde s'élève contre ua 
boforoe qui'eatre en réputation , à peiné 
ceux qu^il croie fe$ amis lujr pardonnent* 



hxt déjaeQpofié0Î0n:; ron.nçr({fpn4<|U*à 
I^trenùté» & après ^e le Prince s'eft 
déclaré par les récoa]|>en(e5 ; tousalorsiè 
rapprochent deluy, &decejojur.*iàieulQ>» 

ment il prend ion mng d'boQiŒkf de ment 
te; : ' 

^ Nous affeâons iEpuven.t de loîicr a^^ee 
czaseradon des botnme;s.afle% mediocrc^f 
& ce les élever 9 s'ilfèpouvoitj jufqu'àlt 
hauteur cle ceux qui excellent; du parce 
^nôus £>mmes^U6'd^dmirertoûjounle8 
joêoQesperibnnes, oùpsirfiftq^eieurglpire 
ainfi! partagée ^Dftei^e moios n^ .^uë & 
<ioi^ djfiyicaÉ plus d&ucç. & plus fupportt^ 

^, JU'on.voic des homipesquelev^ntde 
hfaveur pouiTe d'îèordàplcin^t(vpiks;:ils 
perdent en un moment la terre de vue 8c 
fentletu: wute;, tOuileUrtriçrtoytiojflùc* 
cede^ aéte>ri, oqyrage, .tOMt eft comblé 
d'ék^iScderécoiçpeûfea» il^jnefe.mPAh 
Irent que pour être embuez ^^dtez: 
^ ^ Gz U 



T4S Les Caracter&s 

^ Y' a uir rocher immobile qui s'élcvc fur 
une câte» les flots fè briiènt au pied ; la 
puiflance» lesrichefleSf h violence^ la flat- 
terie, r^utorité, la feveur, tous les vents 
ne l'ébraident pas , €^e& le puUic , oùces 
génséchôûeot. 

^ n eft ordinaire & comme naturd de 
juger du travail d'autruy , feulement par 
rapport à cdujr qui nous oécupe» Ainli le 
Poète rempli dé grandes & (ubbmes idées 
èftfane peu le cbieours del'Oniteur, qui ne 
s^exerce fbuvent que fur de fîmples faits: 
Se celuy qui écrit /hiftoire de fbn paîs ne 
peut comprendre f qu'un efprit raifonnaUe 
employé fà i4e à in^a|^er des fi£|ions &à 
trouver une rime : de même le Bachelier 
^ongé dans l^s quatre preoûérsuecles traH 
te toute auttedoâtJoe defoencetrifie^vai* 
tie £c inutile ; pendant qu'il efl peut-être 
méprifë du Géomètre. 

♦ Tel a atlèz d'efprit pour exceller dans 
tine.certcdnê .matière 8c en&iredes leçons, 
4fû en manque pdUif voir qu'elle doit fécu- 
le (ujî queldup autre dont S p'a qu'unis foi- 
ble connoiilànce ^ il fort hardiment des 
iiniites de fon génie , mais il s'é^rc , & 
fait que l'homme illuftre parle comme un 
ibf. ' ^ ^ 

-' * »W/fefoîtqù'il parle , qu^ baratte 
*U' qu'il écrire, veut dtert il fait dire au 
^d(ùédesPhiIo((^he$, quelevinenyvre, 
,«rà l'Orateur Romain que Teau Ictempe- 



0ULi£itMaBnrs/i>EeiLsiBeLfe. 14^. 

re^'s'il le jéttedàos la morale» cen'eft pas 
luy 9 c'eft le divin Platon qui aflure que la 
vertu eft aimable, le vice odieux, ou que 
l'un &c l'autre fe tournent en habitude : les 
chofés les plus communes , les plus triTia- 
les, Se qu il eft même capable de penfèr, i| 
veut les devoir aux Anciens, aus Latins, 
aux Grecs : ce n*efï hy pour donner plus 
d'autorité à ce qu'il dit ,ny peut-être pour 
le faire honneur de ce qu'il (çait. It veut 
dter. 

^ C'eft Ibuvent hasarder un bon mot 
Se vouloir le perdre , que de le donner pour 
ften; il n'eft pas relevé, il tombe avec des 
gens d'eibrit ou quifecroyent tels, qui né 
Pont pas dit,. & quidevoyentledîre. C'eft 
au contraire le Ëitre valoir , que delerapl 
porter comme d'un autres ce n'eft qu'un 
bit,& Qu'on nefè croit pas obligé deiça- 
voir; il eft dit avec plus d'inGnuation, Sc 
reçu avec moins de jaloufîej peribnnen'en 
fouffre^ onrits'iliautrire, 6c s'il faut ad- 
mirer, onadrnire^ 

* On a dit de SocR ATE f qu'il étojt u,, ^ |^ 
en délire y Sc que c'étoit un fou tout Btuyeic • 
plein d'efprit ; xoeàs ceux des Grecs qui par- 
loient ainft ^un homme fi iàge paifoient 
pour fous. Ils diibient, quels bizarres 
portraits nous Eût ce Philofbphe ! quelles 
mœurs étranges & particulières ne décrit- 
il point! où a-t-il rêvé, creufé, raflen»- 
blé des idées £i extraorcfinaires ? quelles 

G 3 cou- 



M^o . Les Caracte m» 

couleur^ f quel {riscemi 1 ceibnt des.cbî» 
wacres ; ils ie trompoîent » c'écoknt des 
monfh^s, c'ecoient des vices, inais 
peints au nattird^ on croyoit les voir , ils 
Jaifixent peur. . Socrate s ekngooit du 
Cinique, il épargnoît les perfranes^ & 
blâmoit les moeurs qui étoienc mauvai- 

^ CeIu7quieftxîchep8r{bniçaTQir£ù« 
tt; connoitimPhilofi^ei fès piecepcest 
£i morale & ià conduite ^ & n'imaginant 
pas dans' tcms lès faommes une autre fia de 
ft>utes leurs aâions, que cdle qu'il s'eft 
propofé luy-même toutefa vie, die en ha 
coeur ^ je le plains, jele tiensédiouéceri- 




vent^ ec que iutiam veau 

de la fortune: & ielan &$ principes iTrad* 

Ibnne jufte. 

Jepardonne, àzAntfpfinSf àcetutque 
f ay louez dans mon ouvrage, s'ils mW 
blient: qu'ay-jefait pour eux, ilsétoient 
louables. Telepardonnerois moiosàtous 
ceux dont j'ay aaaqué les vices (ans tou^ 
cher à leurs perfbnnesy s'ibmedoiventua 
auflî grand bien que cehiy d^etrecorr^ez; 
mais conmie c'eft qn événement qu'on ne 
voit point , il fiût delà que uy les uns ny 
les autres ne font tenus de me fidre du 
lues. 

L'on pcutt adjoûte ce Philoibphe, envier 

ou 



OULESMOBURSDEGESIECLB tjfl 

ourefureràmesécritsleurrecompenfè; oa 
ne fçauroic en diminuer la réputation; fie 
fi on le &it f qui m'empêchera de le mé** 
prifcr? 

^ Il eft bon d'ètrePhilofoDhe, il n'eft 
gueresutilede paflèr pour tel ^ iln'eftpas 
permis de traiter quelqu'un de Philofo- 
phe; ce fera toi^urs luy dire une injure» 
jufqu'à ce qu'il ait plû aux hommes d'en 
ordonnerautrement, ficenreftituantàunfi 
beat! nom ion idée * propre de convenable^ 
de lujr concilier toute Peftime qui luy dà 
éâë. 

^ Hya une 1%ik)lbpbie qui nous éietre 
au defTusdel'amlutiQD&delafbrtune» qui 
nous égale, que dis- je qui nousplaceplus 
haut que iestiches^y que les grands, &que 
les pinflàns} qui nous fait négliger les po^ 
lies» Se ceux qui les procurent) qui nous 
exemptededefirer, dedcma déride prier^ 
defoUiciter, d'importuner; flc qui nous 
£kive même l'émotion & l'exceflive joje 
d'être exaucez. Il y a une autre Philofo^ 
phie qui nous (bûmet & nous ailujcttit à 
toutes ces cfabfès en faveur de nos proches 
oudenosaihis: c'eft la meilleure. 

* C'eft abréger, &s'épai^ner mille diil 
-enflions, que de penfèr de certaines gens, 
qu'ils font incaps^les de parler jufte; fie de 
condamner oc outils difènt , ce qu^ ont 
ditf fie ce qu'ils diront. 

* Nous n'approuvons les autres que 

G 4 par 



ij;% Les CAtiACTERES 

par les rapports que nous ièncons qu'ils ont 
avec nous-mêmes ; &c'û fèmUe qu'eftimer 
quelqu*un 9 c'eft i*ëgakr à foy. 

^ Les mêmes défauts qui dans les autres 
font lourds & infupportâaesy font chez 
nous comme dans leur centre 9 ils ne pèlent 
plus 9 on nelesfèntpas : tel parle d'un au- 
tre, & en fait un portrait affreux 9 qui ne 
voit pas qu'il fè peint luy-même. 

Rien ne nous corrigeroit plus pfomp- 
tement de nosdéiàuts 9 que u nous étions 
capables de les avouer & de les reconnoî- 
tre dans les autres 9 c'eft dans cette jufie 
diflance, que nous paroiilànt tels qu'ils 
£>nt 9 ûs & feroient haïr autant qu'ils le 
méritent. 

* La âge conduite rode (iir deux pi- 
vots 9 le pafle & l'avenir : celuy qui a la 
mémoire fidèle & une grande prévoyance , 
cft hors dupera de cenlufer dans les autres 
Ce qu'il a peut-être &it luy-même : ou de 
condamner une aâion dans un pareil cas 9 & 
dans toutes les circonftances 9 où elle luy 
fera un jour inévitable. 

* Le guerrier & le politique non plus 
que le joueur habile , ne ibot pas le hazard ^ 
maisils le préparent, ils l'attirent 9 Sclem- 
blent prelque le déterminer i non feu- 
lement ils fçavent ce que le (bt & le 
poltron ignorent > je veux dire 9 fe fer- 
vir du hazard quand il arrive ; ils (çaveot 
même profiter par leurs précautions & 

leur? 



ou LES MOEUKS PB CB SIECLE. 15^ 

leurs tnefures d'un tel OU d'un td bazarda 
ou de plufieurs tout à fois : fi ce point ar- 
rive, ils g^cnt; ft c^cft cet autre, ils gagnent 
encore; un même point fouvent les (ait ga- 
gner de plufieurs naanieres: ces hommes &- 
gez peuvent être louez de leur bonne fortu-. 
ne comme de leur bonne conduite , & le 
hazard d<Mt tererecompenfé en eux comme 

la vertu. 

* Je ne mets au deffusd^unçrand poli- 
tique que celuy qui n^lige de Te devenir, 
& qui fe perfiiade de plus en plus que le 
monde ne mérite î)oint qu'on s'en occupe» . 
* ^ Il y a (hns les meilleurs conleils de 
quoy àépbàrej ils viennent d'ailleurs gue 
ie nôtre efprit, c'cft aflczpour être rejet- 
tcz d'abord par préfomtion & par humeur 5 
& fiiivis feulement par neccllité, ou par 

reflexion. 

<• Quel bonheur nirprenent a accom-Mr.té 
pagné ce Êvori pendant tout le cours de iajrj^*^**;^. 
vi?! -j- quelle autre fortune mieux foute- ucrj 
nue ) fens interruption , fens la moindre 
diferace ! les premiers poftes , l'oreille du 
PAjce , d'ïmmenles trcfors , une fanté 
parfidte, & une mort douce : mâsquel 
étrange compte à rendre d*unc vie paffée 
dans h &veur ! des confeils quel'ona don- 
nez , de ceux qu'on a oegligé de donner- 
ou de fiiivre, desbiens quePon n'a point 
fidts : des maux au contraire que l'o» 
a&its: ou par foy-même, ou par les 
"PS *«- 



^$4 L^^ Ca&act^bre» 

filtre» : eniiDmocdetoaté&pro^>erité. 
. . * L'oags^e à mourir ^ d*étrcloûéde 
eeax qui nous iurvt vent, fbuveot ians au-» 
tseméritequtcelujden'êtreplus : le nie- 
lae éloge &rt alors poor CiMtficpour Fp- 

lie broitCBitrtqiiePibneft mort f c'^ 
une grande pette » c^étoît im hommede 
bien 9 Scquiméritôit une plus longue vie; 
SI airoit derelprie &de Fa^cemeat , àt k 
finmeté&dticoorage^ ilétokJBar» flcne- 
ceux, fiddb : shootes ,. poonrû-^^ ioii 
morTr 

: ^ LaimaflkredoQtop fei é sù e fo rqqel- 
Mes-mis <pii fe diftinguent par la boooe 
107, le désintefîefiement&b probité, neft 
pa& tant leur âoge, que le décreditemeoi 
dugenrehumaio. 

^ Tel foulage les nûiêrables ,. qtn nC' 
^ige & fiuaiik ac kàflè fbti fils dans Pin- 
di^^ence : un aïKre élevé mimm^dedificef 
qui A^a pas encore payé les plofirf>s d'une 
fliaîfon qui eft achevée depuis dix années : 
«xki troi&eme iàa des prefens & des ]ai|^ 
Sn^ Se ruine ièacieaiidersi je deosoidef 
k pkié , k tt)efa3icé , la magnificence 
&nt-ce les vertus d'tm boniiiie in^ufie ? 
eu plutôt fi la blaarrede&k vanité nefait 
pas eauièade riûjâftice? 

^ Une drçofïftancé efientklie à ktju- 
Dice que ron dok ausr aotrer, c'eftdela 
Aire pton^tcQMjiH; fc uns «^ffierer ; k 

\ £ûre 



OGILBsMc)Etiks0&M9MC£.â. iii 

Eàre attendre c'eft in joftice. 

Ceax-là font bien, oufont ce qu'Hs doi- 
vent. Celuy qtd dans toute là condutte 
hiée lot^-tems ère de fof qu^il fera Ixen, 
&iCtres-mJ. 

* 1,'on dit d*im gnwd oui tient tsWe 
deux «Wslejour, «TfjuimfleÛTieàfiùre 
dgefHon, quHmeurtdenJm^pourexpri- 
mcr qu'a n'eft pas riebe, ou qoe fcs aflit* 
Tta foat fort mauvaiiès : c'eft one %are , 
on le c^oit [^ à b lettre de Scà creajt- 
àers. 

* LTiodnireté, leségw^ & lapolitefli 
drt perfoone* srrancte en ite« de l'un & d» 
Pftunelèxe, me douecnbomie o^nutoi» 
de ce qu'on appelle le vîeox tempa 

* G'eft un excé» de confiance dans les 
parens d'efperer tdw de 1» bonne édure* 
fiofï de leura «fin», & iwe gnmde a- 
«trr de n'en «iindre nw & de U négli- 
ger. 

* QtiafldtffeOittMJ'y cfquh î^nfieuw 
dHèni r qae l*édiic«(0n ne donne point à 
Phdmioe- un aotre «obm ny aoe anwe com- 
piexton, qu^aHtf nechai%e rien dans-ion 
feid, & ne touche qu'aux fupcrfidesi jo 
neMfittfôîfp» *dlre qordie ne li^ cft 



• nnVîiquetfe r«Miiago pour ce u» 
^jiparleW, iBwréfoMpttoDdiqtfifa 
^ y^prit i K s'A ïA «aj- qu'il n'oinan. 
que pi, lftprtf»mp»lon eft qu'au «- 
àfieT ^ G< *Nc 



i5<^ Lbs Caractères 

* Ne (bngerqu'à foy & au prefènc, four- 
ced'erréur dans la politique. 

^ Le plus grand malheur après celuy 
t Mr Se- ^'^^''^ convaincu d'un crime, "freftlbuvcnt 
namierac- d'avoir eu à s'en juftifier. Tels arrefts 
cuÇ d»eiii- nous déchargent & nous renvoyent ablbus^ 
«(ffltr"^ qui font infirmez par la voix du peuple*. 

* Un homme eft. fidèle à de [certaines 
pratiques de Religion ». on le voit s'en ac- 
quitter avec exaâitude, peribnne ne k louë^ 
ny ne le de&prouve , on n^ penfè pas : td 
autre y revient après les avoir n^Iigées dis: 
années entières, on k récrie, on Pexalte; 
cela eft libre r moyjeleblâmed'unfilong, 
oubly de iès-devdrs, & je le trouve heu- 
reux d'y être rentré. 

^ Le flatteur n'a pasafiez-bonne opini- 
on de (by, ny des autres.. 

* Tels Ibnt oubliez dans la diftribution 
des grâces,, &; font dire d'eux, foHTfwyla 
•ahlierj qui, fironsenétoitfouvenu, au- 
roient ait dire , foitrjiuffs^ehfiiivemr : d'oiî 
vient cette contrariété i Eft-cc du cara- 
âere de ces personnes , ou de l'incertitude 
de nos jugemens ^ ou niême de tous les 
deux ? 

* L'on dit communénsçQt^ après un tel, 
qui fera Chancdier? qui fera Primat des 
Gaules? qui fera Pape? on va plus loin; 
chacun félon fesfbuhaitsoulbn caprice Eût 
£i promotion, qui eft ibuvent de gens plus 
vieux fie plus caducs que celuy qui eft en 

phcci 



ou LES Moeurs db ce siècle. 157 

place; & comme il n'y a pas de raifon qu*- 
une dignité tue cduy qui s'en trouve revê- 
tu, qu'eUefèrt au contraire à le rajeunir, & 
à donner au corps Se à i'efpritdenouvdles 
reflburces, ce n'eft pas un événement fort 
rare à un titulaire d'enterrer fon iuccef* 

feur. 

^ La di&race éteint les haines 2c les jV 
louGes : ccUiy-1^ peut bien faire , qui ne 
BOUS aigrit plus par une grande faveur : il n' v 
a aucun mérite, il n*y a forte de vertus qu - 
on ne luy pardonne : ilferoitunHerosimi. 
punénient. 

Rien n'efl bien d*un homme difgracié, 
vertus, mérite, tout efl éedaigné, ou mal 
expliqué., ou imputé à vice : qu'ilaitun 
granacœuri qu^lnecraigneny lefin: ny le 
feu, quM^le â'auffi bonne* grâce à l'cnnc- 
my que Bayard & Montrevel * j 
c'efl un bravache r on en plailante : iln'a'tfti^ 
plus de quoy être un Héros. ^ Mon^ 

TcmecontrediSr ileflvniy, accufez-cn^^ ç^j^; 
les hommes , dont je ne fsûs aue rapponer d.l»c. 
les jugemens ; je ne dis pas de difFerens hom- i^cut. Gea» 
mes, jedisksmémesquijugentiîdifferem- 

snent. 

?^ Il ne faut pas vingt années accom- 
plies pour voir changer les hommes d'opi- 
nion lur les chofès les plus krieufès , com- 
me fur celles qui leur ont paru les plus 
fcurcs & les plus vrayes. Je ne hazar- 
dcray pasd'avancer que le feu en foy Se 

G 7 indé- 



ixxlependammeQt de nos iè&ikions y a'a 
aucune chaleur » c'en à dire riei» de lèm^ 
bkble à ce que nous éprouvons en nous 
mêmes à fonappoche , depeur quequel« 
que jour il nedevienoe auffi chaud qu'il a 
lamaift été. J'alKirefay auffi peu q^'uae 
ligne droite tombant iùr une autre ligne 
droite fàk deux angles^ droits 9 où égaux à 
deux drpit»^ de ptur que le» IxMnfnes ve« 
nantà y découvrir aadque/sho^ de phi» 
Qu de raoins^ je no M)i$ raillé de ina pr^ 
fîtion : synfi dan» aoautre genreje ms!y k 
peine avec toute la France , V Au B^Aïi effc 
in£âtiUe» on n^ed apffelle fHfint ;. qui me 

Srentiirok que dins peudeteâtips oa wtia^ 
uër2ipas(^0iêft)efiirkfi^e, qpi eft 
i«in fort & ou il décide fbdvcfaioeoMit^ il 
esre qod<»iefoî&^ fiijetatlx&tttesoomfBit 




Ses lune contre iaucre, oe< 
mue 3^ l'hoimnc doéleeft ui 

_ _ ^'Praticienj 

le Financier un Mm^tkr » & k Gentii^ 
hoaaùtViXiGtmiUkre'y nvns il ^ étmner 
que de û mauvais noms que la colère Scll 
haine ont %à invefuer f devfeomnt fami- 
lier^r, & que k dédain tôtit froid' fit tout 
paiâblequ^ileft^ ofe s^enièrvir. 

* Vottsvou^agkez, vousvoQsdooâcs 
un grand mouvement, for to«: lodqœ les 
enaemiscomfueiiceiMàfirâr^ âcf.qt»; kvlft 

ftoi- 



ou LKSMOXIIRS DB CE SIECLE* I ^^ 

âoire n'eft plus douteuiè^ ou devane une 
ville après qu'elle z caj^dlé : vous aime^; 
daos un combat ou prâdant un Gegeàpa- 
roitre en cent endroits pour n'être nulle 
part 9 à {«revenir le» ordres du General de 
peur de lesfuivre » & ^chercher les occa^ 
fions, plutôt (jue de les attendre & les re-^ 
cevoir j^ vôtre valeur ieroiocllefsiuflê? 

^ Faites garder aux homfiies quelque 
pofie où ils puifient être tue^ 9 & ou ncan-- 
moinsilsnelbientpastuex: iUsûmentrhon>» 
neurôclavie. 

^ A voir comme ks honnnes sûment £1 
vie s pouvoic-00 fbujp^aaet qu'ils aûnai!^ 
fi»Bt quçlme autre choie pku que la vie ,. 
ne fut ce ibuvent qu'une certaine opinion 
d*eux-»n^êa]ei établie dans Pcfprit de mille 
gens» ou qu'ib ne aASKÉTenC point » ou 
qu'ils n'eftiment poinr. 

* Ceux qui ny Guerriers ny Courti^^Pinfietiitt 
jans veat à la Guerre & fuivent la Cour ,^°^^*«* 

Sui ne font pas unfi^e , mais qui y afli- gens qui 
ent) ont bien-tôt épuilé leur curio(itéfut«Ueienta« 

une place de guerre, quelque fi^rcnante^'^j^^^ 
qu'^ iôit, uir la tranchée, lurleiFetdes 
bombes & du canon, lur les coupsde main, 
comme fur Tordre & le fiiccé» d'une atu« 
que qu'ils entrevoyent^ larefiftance conti* 
nue , les pKiyes furviennent , les &tigues 
eroiÔent, onplonge dans la fàngc^ ona à 
combattre les lâi&ns£c l'ennemi, on peut 
être forcé dans fes lifpes Se enfermé entre 

upp 



ï6o Les Caractères 

une Ville & une Armée y quelles cxtremîi 
tez! oh perd courage, on murmure, eft- 

dii 

àlu 

plu 

xlpa$9 ajoutent-i^ fléchir fouslesordresdu 
Ciel qui ièmblefèdeclarer contre nous. Se 
remettre la partie à" un autre temps;? Alors 
ils ne comprennent plus la fermeté, &, s^ 
cfbientdire^ Topiniatreté du General qui 
fè roidit contre les obftades , qui s'anime 

er la (fifficulté de l'entreprifè , qui veiOe 
nuit & s'expofe le jour oour la conduire 
à û fin. Â-t-on capitule, ces faonamesQ 
découragez rdevcnt rimportance de cette 
conquête, enprédifènt les fuites, exagèrent 
la neceffitéqu^ily avoit de la faire, le péril 
Ce la honte qui (uivoient de s'en defifier, 
prouvent que l'Armée qui nous coudoie 
desennemis étoît invincible j ils reviennent 
avec la Cour , paflent par les Villes & les 
Bourgades , fiers d'être regardez de la 
bourgeoifie qui eft aux fi^nêtres , comme 
ceux mêmes qui ont pris la place , ils en 
triomphent par les chemins r ils fe croient 
braves y revenus chez eux ils vous êtourtfil- 
lèrit de flancs, de redans, deravelins, de 
fauflcbraye, de courtinet , & de chemin 
couvert 5 ils rendent compte des endroits 

où r^jw/e ^ tw les a portez, & oùrfw Aj/À 
fiitpas d'yav^irdttperiljàeshAT^ds qu'ils 
ont couru à leur retour dette pris ou tues 

par 



ou LES Moeurs de ce siicle. i<?C 

par TennenDi : ils taifent feulement qu'ils 
ont eupeur. 

* C'eft le plus petit iticomrenient dit 
monde que de demeurer cx>urt dans un 
Sermon ou dans une Harangue ^ il laifleà 
l'Orateur ce qu'il a d'efprit» de bon fèns^ 
d'imamnation » de mœurs & de doârine , 
il ne my ôte rien ; mais on ne laifle pas de 
s étonner que les hommes ayant voulu une 
fois y attacher une efpece de honte fie de 
ridicule, s'expofènt par de longs, & fou- 
vent d'inutiles diicours à en courir tout le 
rifque. 

^ Ceux qui employent mal leur temps 
font les premiers à (è pkûndre de & brié^ 
veté^ comme ils le confument à s'habiller^, 
à manger 9 à dormir, à de fots diicours, à 
k refoudre for ce qu'ils doivent Êdre , fie 
fouvent à ne rien bare , ils en manquent 
pour leurs afïàires ou pour leurs plaiGrs ^ 
ceux au contraire qui en font un meilleur 
ulàge, enontdereffe. 
. n n'y a point de Miniftre fi occupé qui 
De f^cne perdre chaque jour deux neures 
de temps, cda valoin à la fin d'une longue 
vie ^ fie fi le mal eft encore plus grand c&ns 
les autres conditions des hommes , quelle 
perte infinie ne fe fait pas dans le monde 
d'une chofo fi précieufe , fie dont bon fo 
plaint qu'on n a point aflez. 

* Il y a des créatures de Dieu qu'on ap- 
pelle des hoinmes» quiont uneamequiefl 

efprit > 



léx Les Caractères 

efprit, dont toute la vie efl occupée) fie 
toute l'attention eft reîinie à fàcr du mar- 
bre^ cela eft bien finpjde, c'eil: bien peu 
de cbofe : il y en a d'autres qui s'en éton- 
nent 9 mais qor font entièrement iouti^ 
les, & qui patient les jours à ne rien faire ^ 
c'eft encore mcâns que de fcier du mar^ 
bre- 

* La plupart des Inimmes oublient fi 
fort qu'ils ont use aole» fie fe répandent ea 
tant. (Taâions fie d'execdces, ouUfeoiUe 
quUleeftiQotâty. Vque l'on ccok parier 
avantageufèment de quelqu'un, endiËiilt 
qu'il penie', cetélogeniême éfr dcveôn ruU 
gaîre ; qui pourmnt ne met cet homme qu'- 
^adeffuffduchicD^ oududieTal. 
. ^ Aquoyyous^vertifiez*you5?àquo]r 

giflf z^vous le tecns? vous demandent les 
tsfic les gens d'elprit: (i je replia ue que 
c*eft à ouvrir les yeux ôc a voir, a prêter 
l?ordlle 8c à entendre, ficàavoirla&nté, le 
repos, la liberté, ce n'eflrriendire; lèsfcl^ 
des bàens, les grands biens , les fèuls biens 
ne font pas comptez, neiè font pas ièntir: 
jouez-vous? mafquez^vous ? dfaut répon- 
dre. 

Eft-ce un bien pour l'homme que la li- 
berté , fi elle peut être trop grande fie trop 
étendue, telle enfin qu'aie ne fèrve qu^ 
luy faire defirer quelque choie , qui efl d'à- 
Toir moirasdelibert^f 

La liberté nf'eft pas oi&reté, c'eil un 

ufage 



€U LIS MOCURS X>B CSr SIECLE* l6j 

ufige libre du temps , c'eft le choix du 
travail 8c de l'exercice: être libre en un 
mot n'eft pas ne rien faire ; c'eft être ièul 
arbitre dé ce qu'on fait ou de ce qu*on ne 
ait point; quel bien en ce (èns que la liberté l 
^ César n'étoit point trop vieux 
pour penfer à la conquête de l'Univers*; 
il n'avoit point d'autre béatitude à le £iire« v. 1m 
que le cours d'une belle vie, & un ^andpcnfôetae 
nom après (à mort; né fier, sun^ideux .^- '•^^l^ 
£c fè portant bien comme il fàiibit» Unciiduie 
pou voit oMux employer ion temps qu'&co&tiAixcJ 
conquérir le monde. Albxanpre écoic 
bien jeune pour un defifein fifèrieux, il eft 
étonnant que dans ce premier âge les fem- 
mes ou le vin n'ayent plûcât rompu fba en* 
trepriJè. 

* UNjEnmPRiNCE, j/van race 
AUGUSTE. L'amour et l'bsper a ncr 

DESPEttPtfiS. DONKE^ DU CiEL POUR 
PROLONGER LA FELICITE' DE LATBR<« 

RE. Plusgramd(^esesayeux. Fils 

d'un HeRO$ qui est son MODELE, A 

DEJA montre' a l'Univers par ses 
Divines qualttez, et par unb ver* 

tu ANTICIPEES, que LES ENFANSDES 
Héros sont plus proches de L'ES-^contie 
TRE<^E LES autres HOMMES. * lamayimc 

^ Si le monde dure feulement ocotidy tiiviale. 
lions d années , il efl encore dans toute & 
ftdcbeur^ &nefàitprdiquequecominen* 

ccr j 



l6^ Les GARACTBHEf 

cer ; nous-même nous touchons aux" 
premiers hommes & aux Patriarches , & 
qui pourra ne nous pas confondre avec 
eux danâ des fibdes u reculez ? mais fi 
Ton juger par le palFé de l'avenir , quelles 
chofès nouvelles nous font inconnues 
dans les arts, dans les foiencesy dans la 
nature, &j'ofe dire dans ITiiftoire ! quel- 
les découvertes nefera-t-on point! quel- 
les différentes révolutions ne doivent pa^ 
arriver fur toute la face delà terre, dans 
les Etats Se dans les Empires ! quelle 
ignorance cft la nôtre ! & quelle fcgere 
expérience que celle de fix ou fept mil* 
le ans ! 

* Il n'y a point de chemin trop long à 
qui marche lentement &fàns fe preffer, il 
n'y a point d'avantages trop éloignez àqbi 
s'y prépare par la patience. 

. * Nefàireûcouràperfonne, nyattea» 
drede quelqu'un qu'il vous faiTela flenne; 
douce fituation^ âge d'or >. état de l'homme 
le plus naturel. 

*. Le monde eft pour ceux qui fuivent 
les Cours ou qui peuplent les Villes; la na- 
ture n'eft que pour ceux qui habitent la 
campagne, euxfèuls vivent, euxièuls du 
moins connoiflent qu'ils vivent. 

* Poutquoy me faire froid ^ & vous 
plÂndre de ce qui m'eft échapé fur quel- 
ques jeunes gens qui peuplent le^Cours ? é^ 
tes vous vicieux 9 ô2^^//^^jeneleiçavois 

pas 



ou LUS Moeurs de ce siècle, tSif 

pas, & vous me 1 apprenez} cequejelçay' 
«cfl que vous Q^éces plus jeune. 

Et vous qui voulez être ofiènfè peffbtii 
nellement de ce que j'ay dit de quelque^ 
Oiands, né criez*vous point delaDleuure 
d'un autre? étes-vous dédsHgneux, mal*- 
fàiiànt, mauvais plailànt, flatteur, hypo- 
crite ? je l'ignorois , 6c nepenfixispas à vous , 
f ayparic desGmrids. 

# L*efprit4lemodératioii6eiinecerad<* 
nefiifle0eâans]a,ooQduite, Idflèmlesfaom- 

mesaansl'obicurité} il leur iàut de ^^andes 
vertus pour étpe connus 6c adndrez, ou 
peut-êtredegrands vices. 

^ Les hommes fur la conduite des 
frands 6c des petits îo^&remnient , 
K>nt prévenus 4 charmez, eqlevez par U 
r^îiilite, il s'en faut peu mie le crime - 
heureux ne (bit loôié comme la vertu mê- 
me j 6c que le bonheur ne tienne lieu 
de toutes les vertus: c'efturinoir attentars 
c'e^ une iàle 6e odieufè entreprife, ;que 
.celle que 1^ fuccés ne fçauioit jttfti- 
fier. ' ' ' \!i 

^ Leshommesfeduits par de belles ap- 
parences 6c de fpecieux prétextes , goûtent 
aifément un projet d'amlûdon que queU 
quesGrands ont médité, ils en panent av6c 
inteeèt, il leur plàk même par la hardieÇè 
ou par la nouveauté que l'on' luy impute» 
ils y fentdéia accoutumez, 6c n'en atten- 
dent que lefucqés^ lorf^e venant au con- 
traire 



t66 Les Caractehes 

crûrQà)Ayorfiec9 Us ileodcnt avec coofian- 
ce 6c ikns n\^ Crainte, d6 & tcomperi 
Qiiil kok ciemecaire & fie pouvoit xéûf- 

* II 7 a de tels projets, d'un il grand 
ÀçUt% & d'une conièquence û vaflc^ qû 
fmtparlerJeshonuiiesGlongHrenips; oui 
fotiiWAdjptiBcr^ jou tamtonôndre Jèloales 
divers intérêts des jpejaples «que toute k 
^oire & toute kioirtune. d^ hàmme j 
ibntcojMoifa: ilnefetttpàsavfoirpsrtiitff 
h;Scéaeàvec un{ibelappardl> pour&re< 
cirer jGms'rididire^ quelques affreux peak 
au'il commence àprévoir dans k fuite de 
£m 9Btriiprik , il nut qu'il l'entre ^ Te 
^càndre mal pour luyi eft de la naan- 
quor, 

^ Dans un oaéchaat homme il n'yafK^ 
4e.quoy&re un grand homme: louez fis 
.vues 6c fes projets» admirez ià conduite , 
^exagerezioà hatnletéà&ièryir desxDOjreos 
Jcs^pluàipcopres & les plus courtis amr hâiw 
>veofr Sifi» fifiis ; .fi les. fiosL font sauvanesy 
la prudence n'y a aucune part ; & où man- 
que là prhàffsuxi crOttwz lagmidetir il 
vous le pouvez. 
^ ^ Un ennemi eft mort, qui létoitàla 

Yiince '^^è!tf d'une armée formidable, dd^ée k 
chulef pa&rlèRhin^ iliçavQit]aguerre,r&fbti 
^ ^'•"^'ecstpcrience poiivoit être &otàh de k 
-fottune, quels &UX de joyea-^t-on vus, 
quelle ikc {mbHque? Jl y a des honmes 

"au 



OULesMoBUR^PE CBSfECLE« t6j 

aucontraire.n^turelleraçnit odieux» fie dont 
riverlioQ devient populaire:, ce n^sftpdnt 
ptéà&wfint par les pro^s qu^fls (ont $ nj 
parla crainte de ceux qu'ils peuvent faire » 
que la foix du peuple éclate à leur mort, & 
que tout trewiUet iufqu'aux en&nfli dés 
que rpn murmure dans les places» que Ja 
terre enfin en efl: délivréa . . 

^ O temps! è moQursl s'écrie Heri$*^ 
c2M, ô fi^sdbewéux iaede ! fiècle reos^ 
de mauvais exemples» où Jairertufouffife» 
où k crime dcxnine» où il triomphe! Je 
vwxskte iUQ tyc00i^ un JEgffie^ Toc* 
ca&m.ne peut être meilleure, ov les 
ooi^onâure^ plus £un>rablest fije délire 
du moifis de fleurir 6c de proPperer. O 
paflres » continue Heraclite ! O ruftres 
qui habitez fous le chaume & dans les 
cabanes ! il les éranemens ne vont point 
jui^a'à vous ; (1, vous n'avez point le 
coeur ^cé pai: la ^lice. des hômoiies ; 
£ 0i ne psne pkis d'homsties dans yios 
contcées, mais > feulement de aeiiardsAt de 
loups^cerviers , recevéZr'moypanni'VQusà 
iDanger vôtre pain noir» & à boire l'eau de 
vosdfternes. 

* Petits homntes, hauts de (ixpieds, tout 
auplusdefept» qui vous enfermez aux loi* 
res:commegeaQs» ôtcomme des pièces ra* 
resdont iliàur acheter la vûè > dés que vous 
aUezjufques à huit pieds; qui vous donnez 
fims pudeur de la bauujjtU de Tm/Mm» 

qui 



t69 Les Caractères 

quieft tout ce que l'on pourroit accorder à 
ces montagnes voifioes du Ciel» & qui 
t'oyent les nuages iè fermer au deflbus 
d'elles-^ tfpece ^animaux glorieux & fe- 
perbes, qui méprifèz toute autre e^ece , 
oui ne faites pas même comparaiibn avec 
rËiq^iant& la Baleine, approchez^ hom- 
mes, répondez un peu à Democrite. Ne 
direz- vous (xis en commun prov^erbe, des 
hntps mmffans^ des Bons furiettx^ maUcieiec 
cmme unfinge : & vous atïtres^ qui étes- 
vous ? j entends corner fan$ cefie à mes o- 
rellleSf Vbûfnme efi tm.animal^raifmnéàki 
qui vous. a paffé .cette définition^ fiMit-ce 
les loups, lesfînges, & Jes tions^ ou fi 
VOUS vous l'êtes accordé à vous même» ? 
c'eft déjà une choie plaifante , que vous 
donniez aux animaux vos conmrês ce 
qu^d Y a de pre, pour prendre pour vous 
^e qu'il ya de meilleur, laiflèz-les un peu 
fe définir eux->mèmes^ 6cvousvierrezroin« 
me ils s'oublieront , fic<ommeivous texcL 
traitez. Je ne parle pdnt, 6 hommes, 
de vos l^retez, de vos folies fie de vos 
caprices qui vousnaettent au deflbus de la 
taupe fie de la tortue, qui vont âgemeot 
leur petit train, fie qui Ibivent^ &ns varier 
Hnilinâ de leur nature; maisécoutez-mov 
un moment. Vous élites d'un tiercelet de 
faucon qui efl (on leger^ fie qui fait une 
belle defcente fiir la perdrix, voilà un bon 
oifêau^ fie d'un lévrier qui prend un lièvre 

corps 



ou LES Moeurs de ce s i eclc. t<ji 

corpsàcorp3| c'eft un bon lévrier^ jecon* 
fensauffi que vous dificz d*un homme qui 
court k ânglier t qui le met aux abois » 
qui l'atteint 6c qui le oerce» voilà un bra- 
ve homme : mus u vous voyez deux 
chiens qui s^abboyent 9 qui s^anfrontenr t 
qui ie mordent & fe décnirenti vous di* 
tes 9 voilà de (bts animaux, & vous pre* 
nez uo bâton pour les (èparer: quelîi^on 
vous difoit que tous les cliats d'un grand 
païs fe font aiTemblez par milliers dans une 
plaine , & qu'après avoir miaulé tout leur 
Uoul> ils fè font jettez avec fureur les uns 
fur les autres, & ont joîié enfèmble de la 
dent £c de la gplk ; que de cette mêlée il 
eft demeuré de part Se d'autre neuf à dix 
mille chats fur la place ^ qui ont inièâé 
IW à dix tieuës de là par leur puanteur» 
ne diriez-vous pas, voilà le plus abomina- 
hk Jabot dont on ait jamais oîiy parler ? & (î 
les loups en fâfbient de même, quels heur- 
lemens, quelle boucherie 1 & fi les uns 
ou les autres vous diroient qu'ils aiment 
h gloire, concluriez-vous de ce difcours 
quils la mettent à fe trouver à ce beau 
rendez-vous , à détruire ainG , & à anéan- 
tir leur propre efpece; ou après l'avoir 
conclu , ne ririe z-vous pas de tout vôtre 
cœur de Tingenuité de ces pauvres bêtes? 
Vous avez déjà en animaux raifonnables; 
& pour vous diflinguer de ceux qui 
ne le fervent que de leurs dents £c de 
Tm. U H kurs 



T 70 li &S C A/it A C TAU fiJ 

leurs ongles 9 imaginé les lances, kspiqueSj 

les dards , les (abres & Jes cimeterres^ & 

Jimbn grè fort judicieuièment; car avec 

JÇ08 Gsmts maîos que pouviez-vous vous 

iàire les uns aux autres, que vous arracher 

les cheveux, vouségratîgnerau viËige,ou 

Xout au pkis vous arracher les yeux de 1^ 

^tête ; au lieu que vous vcnlà munis d'in- 

ftrumens commodes , qui vous fervent 

à vous 6ire réciproquement de larges rài* 

Jes d'où peut couler vôtre làng julqu'a k 
emiere goutte , fans que vous puiffie^ 
xràindrç d'en écbaper : mais comme vous 
c^venez d'année a autre plus raiibnnablesb 
vous avci bien enchéri forVette vieille 
manière de voqs exterminer ^ vous avei 
Jic petits globes qtn vous tiient tout d'uo 
coup, s'ils jpeuvent feulement vous attda^ 
dre à la tète ou à la poitrine^ vous en avez 
d'autres plus pelans & plus maffils qui 
vous coupent en deux parts ou qui vous 
évcntrent , fins compter ceux qui tonr 
bant fur vo; toits ^ enfoncent ks plan- 
diers , vont du grenier à la cave, en en- 
lèvent les youtes, & font iàuter en Eaira- 
vec vos maifons , vos femmes qui font en 
couche, l'enfint & la nourrice; ôcc'cftlà 
encore où gi/l la gloire, elle aime le remué'- 
mendge , & elle eft perfonne d'un grand 
fracas. Vous avez d'ailleurs des armes dé- 
fend ves^ dedans les bonnes réglés vous de** 
vczenguerreêtrehabillezdefcr, cequieft 



^ns meotir une jolie. parure , iÇc gvimê 
fiit Ibuvenir de ces quatre paces jcàçl^rei 
que inontFoit atutre/bis un q^rkt^tx uitira 
ouvrier» dans une phiolé où ilâvoit troai 
vêle fecret de les £ire vivre 5 il leur avoit 
mis à chacune une iàlade en tête » leur a^ 
voit paffé uncprETS de cuiraflê, mis.dc% 
brailàrs , des genouillères/ la lancé fur Ik 
^cuiffe, rien, ne leur manquoît/ & in cet 
équipage eUes alloiept par fauts éc[pài^ 
bonds dans leur bouteille :/ feignez un 
homme de la taille du mont AtHps^ pour: 

ÎU07 non; une ame ièroitelle embaraifée 
^animer un tel corps ? elle en %ôk ]^ù^ 
ftularge } fi cet homme avcjitjk vue awà^ 
fubtfle pour vous deçouvrirqqdique pat;^ 
fur la terre avec vosarmesofiemlre^i^déT 
fenQves , que croye&rvous qu^il ponieroit 
de petits marmouzets akifi équipez, & de 
ce que vous appeliez guerre , cavalerie^ 
in&nterie , un mémorable Gege « une iGu- 
meuiîè journée „ n'entendray.je donc plu^ 
bourdonner d'autre choie parmi vous? le 
monde ne & divlfe-t-il plus qu'en refi^ 
mens 9 & en compagnies ? tout efl-il joe* 
venu bat^on ou elcadron ? il a fris ima 
ville ^ il m afrisunefieondèj pmsuKetror 
jWtf; ila gagmimilmtaillef Jeupcbatail' 
ksi il cbé^lpn ennemi^ il 'v^mc fit mtr ^ il 
Paifêcfir une ^ eft-ce de queIq^esHlnf de 
vous autres f eft-ce d'un géant 1 d'un^p 
ttm que vous parlez ? Vous avez (ùr tout 

H 2 un 



iyi Lks Caractcrês 

nii homme pâle & livide qtri n*a p^ fur 
% dîxx)ncesdechaîi*, ftrdufePon croiroît 
jetter à terre du moindre ibufflc?. B fet 
iîcantmoins plus de brbit-aue' quatre 
iwtrcs. 8c met tout en conibuftion, il 
Vient de' pécher en eau trouble une iflc 
totife entière, aîÛcurs ai fei venté il eft ba- 
tù 'êi pourfurvi ,' mais îl-fe^uve par les ma- 
rais '-^lieyeut écoutêtuy^^fïaîx ny^ trêve. 
.B'a montré de l>Qibe Ijéui^cc qu'il fy- 
voît&rcjV/i mmriti k Jeih ie fa nourrice y 
iîkmefl marte la paa^ure fermney jem'en- 
tens, il fuffit, en un mot il écoit ri futet, 
&'^ ne Pcft'.plds, au contraire il èftlc 
thaîtrc; ôc'ctqx^qu^il a dbrtptei & mis 
lotis Je }ougî *4rùtit à & chafrûc & bbbu- 
rent/de boncdùrage, ils fèmblent même 
appréhender ,' les bonnes gens , de pouvoir 
fe déBer un jour & de devenir 19>reS| car 
ils ont ctenou la courroye & allongé le 
•fcriictderêlui qui les fait tnarcher/ ils n'ou- 
ïïlierit rien pour ^ccroitre leur lervitude: 
^ luy 'font pàfler.Peau pour fe faire dW 
tresf vâflaux & s*aquerir de nouveaux do- 
maînes , il s'agit , 3 eft vray , de prendire fon 
perc & Cl mère par les épaules , & de les jet- 
ter hors dé leur maifon, ôcilsl'aiidentdans 
; une' fi honnête entrcprife. Les gens de 
-delà Peau & ceux d'en deçà fecdWfent& 
lïiettéfat chacun du leur , '>potJr fè le tendre 
àeiix tous de jour en jour plus redoutsd)le9 
les Vidxê^ \et Saxons, tpus fè peuvent 

; vanter 



ou LES MOXURS DE CE SiECLS. 17I 

vanter d'être lès humbles efclaves» &aiir 
tant qu'ils le fouhaitent» mais qu'entends- 
je de certains. per(bnnages qui ont des 
couronnes, je nedispasdesComtesoudei 
Marquis dont la terre Iburnoil^e^^ nuos des 
princes & des Souverains > ils viennent 
trouver cet homme dés qu'il a fîflé, ils iè 
découvrent dés Cou antichambre , & ib 
ne parlent que quand on les interroge ; 
ibîit-cê là ces ihémes Princes fi pointiU 
leuXf fi formalifies fiir leurs rang^ fie fiir 
leurs préieances^ & qui confument pour 
Jes r^er 9 les mois' entiers dans une diec- 
te ? que fera ce nouvel * Àrconte pour 
payer unefiaveiKle Ibumiffion, fie pour 



un* fiege» il doit le luy fidre lever » ^ 
a^ec honte, à moins que tout l'ocein 
ne foit entre luy fie Tenoemy, il ne fçaii- 
roit moins faire en faveur de iès cour« 
tilaosi Cezar luy même ne doit il {»s 
en venir groffir le aombre, il en attend 
du moins d^portans fcrvices^ car çfx 
l'Arconte échouera avec ^fes luliez. tçe 
qui eil plus difficile qu'impoffible à 
concevoir, ou s^il reuflît fie que rien 
ne luy refifte, le voilà tout porté a; 
vec lès alliez jaloux de U/reugion fie; 
de la puifiÀnce de Cezati pour fbn- 
4re fur luy, pour luy enlevée l'Âîde- 

H 3 eue 






l74 Les èAkACTttiim^s 

te le redirire luy & fon héritier à la fefcc 
d'argent . &c^ aux pais héréditaires. En- 
•fiû ?èïi èft làlt , us ft Ibrit tous livrez k 
ïiQr volontaifÂnent , i celuy peut-eftre 
|àe qtilità dévoient le défier davantage. 
Efbpe nçfeur dirbic il pas ; la gent vo* 
latîk d'une certaine contrée prend TaHar 
me , & s'effraye du voifinagé du Jyon> 
dont le ieul ru^ffement luy Bat peur, 
elle fè Jréfujgîe éiprés déia bete , qui luy 
iairpsfcrkr d^tcomniodement & tes prend 
^U$ 6 protéôipn-, q^d fe termine en'- 
•fiii'à Ifes çTjiqticr tous l'on .^rés rau"* 
itre.. '-''''' 



w ' j ' j . j j ^ 



u 



.» ■ ■ • « . • r- • 

> ^ . . . . . / » 

Nfi chofe foll^ Se ^ui découvre tNeO: 

nôtre ^ pctiteffe ^. c'cft -Mujettîfe 

' tnentaux modes quand on l'étend à ce qui 

concerne le goût , 'le vivre , la famé 8c la 

^confeiendK La viande noire eft hors de 

^itiBde 'P Se f«t cette^raîfon înf^ilde : ce 

'ftrèît^ pedict 'coiithé^ la toode qae de g^é- 

'jUv dé bïévre ^ laffàignée ; 'de même 

Ton ne mourait plus oéptiis Hong-temps 

par Thtùtime^ fes tendres exhortations ne 

chotcoxé là^v^^^plus^^l* P^^pl^î &Theotkne 
dest.Gtt'aviïfôWRlccefleur. , ' 
rds. Le. . .#. r^curibSté n'eft pai uh éoût'pour 
««loue, ;cequieftDonôuce quteUbsaùy matspoiir 



..' » 'A 



eXJ LBS MoBURSDE CF SIËGLE. iff 

ce qui eft rare i unique» pour ce qu'on a. 
&ce que les autres n^ont point. Ce n'e^ 
pas un attacbeoicnt à ce qui eft pariait ^ 
niais à ce qui eft couru » à ce qui eft a la mo^ 
de. Ceireftpasunarnufement^ maïaunp 
paflionf ficfouventii violente, qu^eUe ne 
cède à l'amour & à l'ambition que par la pe- 
titefledefbnobjet. Cen'eft pasuaepaQioh 
qu'on a generaleoient pour les cbo&s rares 
Ac qui ont cours ; mais qu'on a feuleiEnent: 
pour une certaine choie qiû eft rare $ £ç 
pourtant à la mode. 

Le fleurifte a un Jardin diàns un ÎPaux^CiboatA- 
fotti^, a y court au lever du Sdeil/ & i]^^^ 
en Mvient à ion coucher j vous le yoj^ 
abncév & qui a pris i^dqe au iniW^4f 
les tulif^s £c devant hjfilitairê j iFou^ 
vire de -srând^ y^eux» ilèotte iês. ipains^ 
il'fc baifle ^ il la voit de plus prés 9 i| de 
l'a jamais vue ii belle » il a le coeur épa- 
noui de joye, il la quitte pour t^oruntâk^ 
delàil va à Wvtitve^ il naflè au^r4i^//?f b 
de celfei^y à Pagatii y d'où il reyient epr 
fin à \à filnaix$ » où il iè fixe ^ q:Ù'^ 
fe lafTe» où U s'affit , où il oublie de d^ 
ner; auffi eft-elle nuancée, bordée , huv- 
lée , à. pièces emportées y elle a un beau 
vafè ou un beau calice ^ il laconteoipl^p 
il l'adtïiire , D f B u & la natune foilt ea 
tout cela ce qu'il n'admire point, il ne m 
pas plus Icûn que l'oignon de ià tuli^fie 
qu'il ne livreroit pas pour mille^ écus % 



BctCoi* 



\j6 Les Caraci'eres 

te qli^il donnera pour rien quand lestulip- 
pes feront négligées £c que les œîUets au- 
tont ptévalu. Gec homme raifennable i 
qùf a une ame, qm a un tulte&unereli-- 
gponj revient chez {by^ fatigué , afiamé) 
mais fort content de la journée^ il a vu des 
tulippes. 

Parlez à cet autre delaricheflTedesmcis- 

"fbûs, d^une ample recelé ^ d'une bonne 

ven(kpge, il èft curk(i3t de fruits , vous 

i/afticulex pas., vous ne vous &ites pas 

entendre; parlez-]uy de figues & de me- 

Ions 9 dites que les poiriers rompent de 

£^uit cette année , que les pelchers ont 

dooné avec abondance7 c'efl pour lujr un 

iàiome inconnu » ils'attSiche ami^ feiilspni- 

niers, il ne vous répond pas j ifel'eatre* 

tenez pas même de vo» pruniers s il n'a 

de l'amour que pour une certaine efoeœ» 

toute autre que vous luy nommez le £ût 

iburire£cfè Slit mocquer j il vous mené à 

l^uhre y cueille artulement cette prune 

exquiiè» ilTouvre, vous en donne une 

moidéf & prend l'autie, quelle cbair, 

dit-il^ goûtez- vous cela? cela efï-âl divin? 

voilà ce que vous ne trouverez pas ailleurs ; 

8c là-delTus (es narines s^enflent^ il ca- 

die avec peine ià jgye flc fà vanité par 

quâloues dehors de moddftie. Ql'hom- 

ttie drivin^en effet ! homme qu'on ne peut 

|an]aisafl[tzIouer& admirer! bommedont 

il fera parlé dansplufieurs iieclesj quejç 

voye 



ce d^uA fa^p>oi^'qui feu) entrç ks cporo^ 
poJTdeiAoeteii^priiine. .,.,,: ;, , 
Xjn tco^eme (xie vous allez voir y vouf 
parle des curieux les confrères 9, ^ fur tout 
d^Djogf^^te. Je l'admire » dic-il^. 6c je le 
cpmprend^rooinsqueîamaj^ l penfez-vouf 
qu'ilcheijc^e^ s^m%uir]p;.pa^ les med^e«{ 
,&, <)h4^ \es i;cgsuÉ4çiComnie .des preuve» 
p^p^^tje&^t de certains £û;u, Se desmomur 
mens £xes & indubitables de Tandenne 
lû|toirer rien moix;is^ vous croyez peuD- 
ètre que tonte la peine qi^'il iè donne pour 
rec9uy rer uner /^ 9 via^ idu plaifîr qu'il 
fe £iit dcne yoiiT pasrune uûte: d'Êmpereuri 
intercqn^puéy .cieft encore, moins r Dlo*- 

Îmete fyàt d'une medaill^ Icfiufi^ Icfe-- 
oHsç & hfiewt di c9in^ il a une tablette 
dont toutes les places font garnies à 1 ex<- 
ception d'une feule^ ce vuide luy bleffis 
la vue, & c'eft", précifément & àla lettre . 
pour le remplir, qu'il employé iR>n bienjç 
favie. 

Vous voulez , i^oute Dmourii^ voir m& Mr. géà 
eftaropes. & bien-t6t il les étale & vous^'^'^e^ 
les montre ; vous en rencontrez une qui JJJg* 
n^eft ny noire » ny nette, ny defljnécy ScdcGuiM 
d'ailleurs moins propre à être gardée ^dans 
un cabinet >. qu'à tapifler un jour defètelf 
petit-pont ou k rue neuves il convient 
qu'elle eft imal gravée, plus wX deifinéei 



T78 Les Caractère» 

' lâ^-il àffttije ^jurVUe éft d'un ttidlèa ^i s 

^i^j'quécfeftk feule quife^tenF/ance de 
cedeflein, qu'il Pa aèliétéétres-chcr î & 
qù'aoéla èhangçfoitpasfpour ce tjuU a de 
meâleur r fzf3 continuë-t-a , une fenfible 
nSàkdàon^ ôcquiih^oblfeera à renoncer aux 
irfî^!MtesipâuHé relie <^^ jour^^ fay 
4bùtC<rA^^J^Aitistinél^ulediâ k 

Write dc^ftsb(*s('puvr^és^,' âticôfftiake 
t^ftttaf flèsiHoinrfres^^ mais ' qui m^lc^ei^ 
'îHÉ>ît<2iIoti je travaillé depuis vingt ans àre^ 
rouvrèr cette è|bmpé». & je deiè^^e en- 
fin dVréufiîrrcelaeft bien rdde. 
^- ^ TciâUtiW&ftîafatyre decfes gcrié 
Vfeng^ënt ^r Inquiétude bu mr curi< 
"dans dè;ioingS voyages , qUi ne font «y me- 
lïK^çsny relations, qui ne portent point de 
tablettes, qui^vom dout voir ,, & qui ûc 
:i^entms,ouquioublientçequ1Is ontvu, 
igpi ddStfent feulement <fe conctoître de 
âèuveflésr téws au de nouveaux clochers, 
*r de pafler^d^ rivières qu'on n'àpelle ny 
la Seine ny la Loire ; qui ibrtçnt de leur pa- 
trie pour ^ retourner, qui aiment àêtrcab' 
ftn&: qUfveulent un jour être rcvenusde 
loin , & €e làtyrîque parle juftc , & fc fint 
écoiiter. 

' l^àî^ quand ilajoâte que les lîvresen 
4q>rènnent pkis que les voyages , Ôc qu^il 
im'afeïrcomprendrepar fesdlfcours qiriîa. 
une bibliothèque ,. je fouhaitc de la voir, 

je 



ou ibs KtÔEttiu sË CE trttttr «79 

je vais trouver cet homite qui me reçoit 
dand une mai(bn 1 où des Teibdier je tombe 
en fbibleffè d'une odeur de raaroquki noir 
donties livresibnt tous coq verts; il a beau 
me crier âux oreilles pour me ranimer » 
qu'ils (ont dorez fur tranche ^ ornez de fi- 
lets d'or, £c de la bonne édition ,. me 
nomiDer les meilleurs l'on après l'autre $ 
dire que ià gallerle eft remplie à quelques 
endroits prés, qui (ont peints de mantere, ^ 
qu'on les prend pour de vrais livres arran- 
ge! fur des tablettes, ôcqueroeils'vtrom- 
pe } ajouter qu'il ne lit jamais, qu'Jntmet 
pas le piçddans cette gallerie , qu'ily vien^' 
dra pour me faire plaiur ; je le remerde de 
facomplaâfànce^ ^ ne veux non plus que 
lay vifiter fà tannerie ^ qu'à appelle bibuo- 
theque- • 

Quelquès-Ufts pàruneintentpérahce de -' 
fçavoir, &parnepouvoir(èrefbudre are-.* 
noncer à aucune forte de connoiffitace , lei 
embraflent toutes & n'en pofièdent aucune^ ^ 
ils dmèiit mieux fçavoir beaucoup» quede 
fçavoir bien i & être (bibles & fuperfidelt » 
dans diverfes foences , que d'être f&rs 8e ^ 
profonds dans une feule ; ils trouvent ta } 
toutes rencontres celiiy qui eft leur tnal^» - 
tre éc qui les redrtffe j ils font les diqi^ 
pcs de leur vaine curîofité , • <C* ne * 
peuvent au plus par de longs & pe* • 
nibles efforts que fe tirer d'une ignomocf 

crafTe, 

H 4''^ D'autre» ' 



|8o .Le9 Caracteiles 

D'autres ont la clef de$ iciènce$9 où ils 
n'entrent jamais; ils pafifexic leur vieàdé- 
dilSer les langues Orientales & les lan- 
gues du Nort^ celles des deux Indes» celles 
des deuxpôies, & cellequi le parle dansla 
lune; les idiomes les plus inutiles avec les 
cara^eres les plus bcarres &lesplus man- 
ques ibiot précifément ce qui revdlle leur 
paflion & qui excite leur travail ; ils plaig- 
nent ceux qui le bornent ingenuëment à 
fçavoir leur langue , ou tout au plus là 
Grecque & la Latine: ces gens Ulènt tou- 
tes les hifioîres de ignorent l'hiftoire, ils 
.parcourent tous les nvres » & ne profitent 
d'aucun; c'eft en eux une fterilité de £ut$ 
èç, de principes qui ne peut-être plus gran- 
de; mais à la vérité U meilleure récolte 
& la richelle la pluâ abondante de mots 
ifC de paroles qui puifle s'ima^erj ils 
plient ^us le faix» leur mémoire en eflac- 
cablée» pendant que leur e^rit demeure 
vuide^ 

M Attc Un QoUrgecHs aime les bâtiraens» il & 

totft m»i.feit bâtir un Hôtel fi beau , fi riche & fi 

^sit ^^^» 4^**^ eftinhaUuble: le maître hon- 

viciUe me teux de s'y loger, ne pouvant peut-être le 

A^cm- reibudre à le louer à un Prince ou à un 

^ hoiome d^fiàires, le retire au galbas» où 

il*adi»ve.là vie pendant que l'enfilade & les 

planchers de rapport Ibntenproye auxAn- 

glpî^ & aux Allemans qui voyagent » & 

qui vieiment là du Palais Royal, duPa- 



ou LU MoiiURS DB CE SIECLE. lit 

lais L.. G ... ôc 4u Luxembourg: oa 
heurte fans 6n à cette belle porte ^ tous de- 
mandât à voir la maifi>n y &c perfonne à 
voir Monfieur. 

On en fçait d'au très qui ont des filles de- 
vant leurs yeux» à qui ils ne peu vent pas 
dcMUier une dot: que dis-je» elles ne font 
pa$veti|ès> àpéinenourries^quifereiùfènt 
un tour de lit & du linge bknc^ qui font 
pauvres» & la fource de leur milète n'eft 
pas fort loin ^ c^eft un garde-meublechargé 
acembarafledebuftes rares» déjà poudreux 
Se couverts d'ordures ,dont la vente les met- 
troit au large» mais qu'ils ne peuvent {ère* 
foudre à mettre en vente. 

Difbik commence par un oifèau 2c finit 
par mille» fà mûfon n'en eft pas égayée » 
maisempeftée, la cour, la fale felcalier» 
le veftibule , leschambres^e chabinet, tout 
cftvoUerei.cen'eft plus un ramage, c*eft 
un vacarmç, les vents d'Automne & les 
eaux dans leurs plus grandes crues ne font 
pas un bruit fi perçant & fi aigu , on ne 
s^entend non plus parler les uns les autres 
que dans ces cbmibres où il faut attendre 
pour faire le compliment d'entrée , que les 
petits chiens ayent aboyé : cen'eft plus 
pour Diphilc unagreaWe amufement , c^eft 
{meafeirelaborieufeôr à laquelle à peine 
il peut fuffire; il paffe lesjours, ces jours 
quiécbapent & qui ne reviennent plus, a 
T«rfer du gnûn & à nettoyer des ordures j 



itt Les Caracter^^ 

il donne penfic^ à UQ homme qaraV point 
d'autre ihiniftere que dé (îffler des lerim 
au flageolet, & de 6ire couver des Ca- 
narits y il eft vray que ce qu^ dépefift d'uo 
côté, il l'épatée de l'autre, cariesen- 
£ms {ont (ans maîtres & Êns éducafion^ 
il fè renferme ie icir f^tigâé de ibn propre 
plaifir, &n9 pouvoir jouir dii mohidre 
repos, que (es oiieaux ne repofènty & 
que ce petit peuple , qu'il n'aime que 

rrce qu'il chante, ne cefle de chanter; 
retrouve (es oilêaux dans ion ibmmeilj 
luy-même il eft ^leau, il eft huppée îi 
gazouille, il perche; il rêve l^nidr qtiH 
mue, ou qu'il couve. = 

Qui pourroit épuifer tous les difllerens 
genres ae curieux r devineriez-vous à en- 
tendre parler celuy-cy de fon Lsêfard% • 
2^J delàf^we*, àclkmitfi^ue^y lesvantcr 
g^ comme ce qullyaflirlaterredeplusfin- 
gulier &c de [Jus merveilleux» <px% veut 
vendre fes coquilles? Pourqiioy non? s'il- 
les acheté au poids del'br. 

Cet autre aime les in(è6)fe9> il en £àk 
tous les jours de nouvelles emplettes ; c'eft • 
filrtout le premier homme de l'Europe 
.^pour les papillons, il en a de touces les 
cailles 6c de toutes les cdukurs. Ç^l 
temps prenez-vous pour lojr rendre vS- 
te? il eft plongé dans une amere douleur, 
il a rhumeur ndre, chagrine, £c donc 
toute fa Êtmille foi^e» aùili g-t-iF £àt 

* une 



• « • 



j 



ou LES MofiUHS Dfi CB 8iBC LE. 1 8^3 

une perte icrepiafablè^ approchez, regar- 
des ce qu'il yo\Ai montre iur fon doigt » 
Ç|ttiiifa{diis4li3 vie,. & qui vient d'expirer), 
c'eft une chenille, & quelle chenille! 

^ Le duel eft le triomphe de la mode, 
ic l'eadroit oà ellç a exercé & tirannie 
avec plus d'éclat ^ cet uiàge n'apasbiffî 
au p^on >la 'hfeerté de vivre, îll'axnené 
fe mre mtt par iiùpplas brave auefoy, 6c 
i% confondu avec un homme de coeur; il 
•a at^hé de l'honneur & de la gloire à une 
aâion fbile & extravagante } u a été ap*. 
prouvé par la prefence des Rois , il y a eu 
quelquefois une êfpece de Religion k le. 

Eratiqûérj il a décidé de l'innoeenoe des 
ammjeS). des accuf^tions fiiufies ou vé- 
ritables fur des crimes Capitaux ; il. s'étdc 
enfin fi profondément enraciné dans l'o- 
pinion des peuples, & s'étoit fi fi>rtîàifi. 
de leur cœur èç deleurefprit, qu'undes 
plus beaux endroits de la vie d^uOf tres- 

rRoy , a été de lesguerirdecetie fb- 

^ Tel a été à la mode ou pour le corn* 
mandement des armées & la négociation , 
oupour l'éloquence de la Chaire, ou pour 
les vers r qui n'y eft plus. Ya-t-ildesbom* 
mes qui d^jenerent de ce qu'ils furent au- 
crefi^is; eft-ce leur méritequi eft ufé, ouïe 
goût que l'on avoit pour eux f 

^ TJn homme a la mode dure peu vcar 
lesmodespafîent} s'il eft par hazard hom* 

me 



XS4 L£9 CARj«(CTB£tE:S 

me de mçrite , U n'eft.fw aocaniL, &:il 
r fubfiile encorei pat wdçjfjt^ eàdrok^^ ég^ 
lemeot eitimable ^ , U eft fèutemeot mm 
eftimé. -;/ 

La vertu a cela d'heureux ,! .qu'elle fêfiif- 
fit à elle-mêrae , & quVUe fçait.fe paflar 
jd'âdmiraceurs » de prt^s Se ^de p»ite- 
âems'y le paoqued';i^4»uyi& d'^pi^ 
rion nm feulement nelujr wi£. pt3^ »' mais 
il k coniènre } l'épure ôcla rena pâ^ce^ 
qu'elle fok à la mode f qu'eUeu'y Kntpius^^ 
elledemeure vertu. 

* Si vous dites aux hommes êciùr tout 
aux Grands.) qu'un tel a de h vertu» ils 
vous difenc > qu^'il Ja^ard^ j quai a bien 
de Teiprit , de x:eluy for tout qui plaît & 
quiamufe» il^vous répondent» tant mieux 
pourluy; qu'il arefpritfert cultivé» qu'il 
^t beaucoup» ils vous demandent quel- 
lebeure ileft ». ou quel tems il fait : mais 
iî vous leur apprenez quil y a un TigilîM 

3n\Jmfle, ms^jme^fabkixt^ verred'cau 
e vie, &, chofe merveilleufe I qui y re- 
vient à plufieurs fois ep Un repas » alorsils 
difènt, oùeft-il? amenezrlemoy, demain^ 
cefoir» mel'amenerez-vous? onicleurai» 
mené ;.& cet homme propre à parej: Ie3 ave- 
nues d'une foire,, & à être montré en cban3«' 
bre pour de l'argent ». ils l'admeuent dans 
leurfamiliarité. 

* Il n'y a rien qui mette plus lulStei 
«eut yu homm^ àb w4^ ; & qui le fi>ui; 

* lève 



ou LIS Moeurs de ce siscle/ itf 

levé davantage que k grand jeu :. cela va du 
pair avec la crapule : je voudreis bien voir 
un homme poli 9 emoùé) fpiricuel 1 fôt<4l 
un CATuLtE ou (on difiriplet faire qudr 
que compandfbn avec celuy qui vient de 
perdre huit cens piftoles en une feance. 

^ Une perfonnè à la mode refTembleà 
uncfimhkuë^ quicrtitdefby-mémedans 
les filions j où eueétouflè les épicay dimi- 
nue la m'Qiflbo,flc tient la place de quelque 
choie demdlleur; qui n'a de prix & debe'' 
auté que c6:qu'eÛe emprunte d'an caprice 
leserqui naît de qui tombe prefquedansle 
D&ne inftanty aujourd'huy elle eft courue» 
les femmess'en parent» demain elle eft aet 
glteée fie renduëau peuple» 

Une peribime de mérite au contraire eft 
une âeur qu'on ne défigne pas par fa cou* 
leur, mais que l'on nonune par fon nomt 
que l'on cultive par fa beauté ou par iba 
odeur } l'une des grâces de lanature» l'une 
de ces choies qui embellifiènt le mcxide, 
qui eft de tous les temps 6c d'une vogue 
ancienne Se populaire ; que nos pères ont 
efBmées » & que nous eftimons après nos 
pères ; à qui le dégoût ou l'antipatlûe de 
quelques-uns ne fçouroitnuire. Un lys» 
une rofè. 

* L'on voit Eufiratû aflisdansfi oaceU 
le » oiji il jouit d'un air pur & d'un del (e^ 
lain^ ilavance d'un bon vent & quia tou* 
tt% les apparences de devoir durer ; n;iais il 

tombe 



i8tf LBrCAKAcrfiAn. 

tosBht tout d'un coup» lèCielfe couvre r 
Porage & dechre ^ un tourbîtlcm enre^ 
loppe^k^ nacelle f.eUe cftfii bm ergée, on 
voit Eufirate revenir iùr feau Se £ûre 
mielques efibrts, on efpere qu'il pourrr 
du moim Ce &uver 8c venir abord; mais 
une vague l'enlbneey <m le tient perduj 
il p«-oit une féconde fois, & les eipenm* 
ces Ce réveillent ; lors qu'un floc iiurvien^ 
te V^imcy OQ ne le rtiroit'piusi ' ileftoo» 

pour kur fiede; 6c ils ont paru dans un* 
temps» oà il fenAle^Hs étaient attendus? 
s^ils s'étoient moins prc&z de venir» ils 
arrivoient troptard^.&foleéBaQeroà^^ 
fuflfenr tehr âulfoordisay^ qu'ils ont été a» 
lor»: les comirrfirionileg^RHV les 0Érd6%. 
k £ne pblfimterie^ ks lettres enjoâéet* 
6c familières » les petites parties où l'oa 
écoit admis feulement avec de F^ritj tout 
t difparu : 6c qu'on ne dife point qu'^ 
les f«ro)mt revivre ; tequejepuis&irecQ 
&veur à» leur efprit» eft de convenir que 
peut èrn^^âfi exceUtiroient dans un. antre 
genre; msds les femmes fonride no3 fours 
ou dévotes, ou coquettes» ou joueuiès» 
ou ambitieulès » quelques-unes même 
ttnit cek à la foisj^ le g(mcdela£i3^r» le 
jeu , les salans i les dire£):eurs ont pris la 

lace de b défendent contre Jes gens d'è- 

rit- 
Un 



t 



ou &jr$ MofitTRS D& CE SIlSCLE. itf 

* Un homme 6t & ridicule porte un 
long chapeau y un pourpoint àailerons ^des 
chauffes à é^illette8^£c desbot^nes^ il ré* 
▼e la veille par ojr&commeût il pourra ie 
&ire rtmar^QfM UiiPIûlo* 

fi>pheiè laine habiller par ibn Tailleur j il 
y a autant de kHbkffc a fuir la modo qu'à 
raffeaer. 

^ L'on bl&meùoe mode qui cBvifaotlsp. 
tailfe des hotnntes^^n dbux parties égales >. 
en pi^end unt toiUte.eMiere pour le buftei 
êc KÙfle Kàdti^ ipottr teirefte du corps : Ton. 
eotuiabine cdle ^ul fait de la tète des&mk 
méd la hàftd^txn édifice àplafieursétagesy 
éotA Tordre 8t la ibuâure chànepat &« 
bn leurs cÉprtces^ qui élo^erhfis cfats. 
vtVÊi du vmge ,' bien quils ne croiiG»it 
que pbur Tacrcompagner 9 quiléspdir^f 
le ks herlflS^ à la maniéré des Bacchaiw 
tes y te ièmble avoir pourvu à ce que 
les femmes changent leur pbifioodmie 
douce de modefte , en une autre qui fcMt 
fiere & audacieufè r on fè récrie eDbncon- 
'tt>e Dne iletle ou telle mode t qui cepen- 
dant toute bizarre Qu'elle efl , pare & em^- 
bellit pendant qu%Ue dure » 8c dont l'on 
tire tout Vkvmt^e qu'on en peut olpe^ 
rer f qui eft de plaire- Il me «paroît qu'on 
devrpit feulement adraîi^rfiK'n^onftancê & 
la légèreté des hommes, quî^WrachentfuC- 
ceffiveraent le3 agréemenâ & la bienfeance 
à deschofestoutoppofèesi qui employeur 

pour 



j 



x8S Les CarActeUss 

pour le comique & pourhmafcaradey ce 
ijiûleura&rvidepaniregniye) &d'crne^ 
mens les idus fèrieux^ te que fi peu de 
temscn&uekdiflSnrmce. 
- ^iN.. eftriche^ elle mafige bien f.elk 
âortbkn^ maisles coëfiures^changiNir» & 
lors qu'elle y pen(è le nx)ins & qu'elle & 
croit neureute, laHenneeilhorsdemode. 
. ^ If bis voit i r£g^. ua loulier d'une 
iKxiveUe modoy Jt u^vde le fieo, & ea 
^oiîgit 9 Une le cTocc plu9 bs^é; il étok 
Tenuà la Méfie pour s'y qiontrer, &ilfe 
cache; le Toilà -retenu par le çkd dans fil 
chambre tout le refte.du jour^ il a la main 
douce, fie il l'entretient avec une pâte de 
iènteor : il a {btnde rire pour mo^rer fes 
'^deots; il i^t la petite bpychei fioil:4i'y,a 
«gueres de momens où îtne veûi^e ibufire: 
il regarde ks jambes » il. fe voit au ttàtoir^ 
Pon ne peut être jJus content de perfonoe, 
qu^il l'ell de luy-méme: il s'efl acquis une 
voix claire fie délicate , fie heureuiemeoc il 
parlegFft$ : il a un mouvement de tête 3 fie je 
ne j^ay quel adouciflement dans: les yeuxi 
dont il n'oublie pas de s'embellir » il a une dé- 
marche fnoUe fie le [dus joli maintien qu'il 
eft capable de fe procurer: il met du rouge 1 
mais rarement 9 u n'en fait pas habitude : il eii: 
.yray aufli qu'iil^portedes chau0es fie un cha- 
peau 9 fie qu'jd^ii'a.ny boudes d'ofeilles ny 
colier de perles, i aufli nel'ayjepasm^sdans 
le chapitre desièiq^s» 

* Ces 



ou tEs Moeurs de cb siècle i8p 

^ Ces mêmes modes que les hommes 
Itihrent fi volontiers pour leurs perfbmies: 




peuvent tomber dés-qu'elles auront perdu 
ce qu'on appelle la fleur oul'agréementde 
la nouveauté^ ib leurpréferent une parure 
arbitraire» unedrapperieindifi»rente» &n- 
taifies du Peintre qui ne font prifes nyfur 
Pair, ny furlevifâgey qui ne rappellent ny 
Içs mœurs ny la perfonne; ils aiment des 
attitudes forcées ou immodeftes, une ma- 
nière dure» fauva^» étrangère» qui font 
un Capâtan d'un jeune Abfabé , 5c un Ma* 
camor d'un homme de robe ; une Diane 
d'une femme de ville» comme a une femme 
fimple & timide une Amazone ou unePal^ 
lasj une Laïs d'une honnête fille; unScy- 
te » un Attila d'un Prince quieft bon & ma- 
gnanime. 

Une mode a It peine détruit une autre 
mode» qu'elle eft abolie par une plus nou- 
velle, qui cède elle-même à celle quila fuit, 
8c qui ne fera pas la dernière; telle eft nô- 
tre l^ereté: pendant ces révolutions un 
fiede s*eft écoulé qui a mis toutes ces paru- 
res au rang des chofes paflées & qui ne (ont 
plus ; la mode alorsla plus curieufè & qui £uit 
plus dé plaifir à voir » c'eft la plus anaenne ; 
aidéedu temps & des années» elle a le mê- 
me agréement dai» les portraits qu'a la iày e 

ou 



ipo L«S CâRACTfi&ES 

ouilisibitRomainfiirlesthçatfes» qi^ont 
«Habits la mante *, le voile ^'^ôc la tiare* dans 0OS 
4csOficn- tapifieries & dans nos peinturetu 
ttWK. Nos pères nous ont tranfiojs avec la 

connoiil^e de leurs pef&Does, celle de 

leurs habits^ àc leurs coeâiiresy de leurs 
mruf^r *""^ *^ & des autres oroemeus qu'ils 
w^fedé- ont aimez paadant leur vie: noussiel^au^ 
làifivcs. rions bien reconnoitre cestt forte de bien- 

&it, qu'en traitant «dexaême nos defixn* 

dans. 

* Le Gourtiiàn autrefois avcrit iesdie- 
veux 9 ëtoit en chauflès & en pourpoînti 
portait de larges canons f & il etoit liber* 
tin; cela nefied plus: il porte une penu* 
que» rhalMtfërre> lebasuni» &ileftde- 
vot» tout fere^leparJa mode: 

* Cduy qtn depuis quelque tempsàk 
Cour ètoit dévot 9 & par là contre toute 
raiibn peu élo^é du ridicule» pouvoit4l- 
«iperer de devenir à la mode ? 

* De quoy tfeft point capable un Cour- 
^ lâfiin dans la vûë delà fortune» H pour nek 

pas manquer il ck vient dévot ? 

* Les couleurs font préparées , & k 
toile eft toute prête ; mais comment le 
^xer» cet homme inquiet» léger» incon« 
(ftant , qui change de mille & mâle figu- 
res : je le pdns^^vot » fie je crois l'avoir 
attrapé, mais il rn^hape» &c îéfi ileil 
libertin j qu'il demeure du moins dans 
cette mau vulè fituation f & je fçauray le 

prendre 



4ftUXlS MOEV&S DB CB SIBCLS. CpS 1 

prendre dans un point de.dér^ement de 
. cœur & d'efprit où il fera reconnoiffable > 
fliais la modeprefle^ 41 eft dévot, 

^CeluyquiapenetréiaCouri connoit 
ceque^t'ellque^ertUf &cequec'eft que 
dévotion *j il ne peut plus sy tromper. «p,Qfl^ 

^ Négliger Vêpres comme une choie de votûMit 

.aotique & hors de mode , garder {a place *I^ 

foy-raème pour le Salut, içavoir les êtres 

de la Chapelle 9 connoitre le flanc» (Ravoir 

où l'on eft vûicoùron n'cftpasyii: rêver 

dans TEgliiè à Dieu & àfesafiàires» y re- 

.cevoir des viGtesj y donner des ordres Se 

des commif&ons » y attendre les répoh* 

ies: avoirunDireâieur mieux écoute que 

I?Evangilej tirer toute & âinteté & tou£ ' 

fon reUef de la réputation de fbn Di* 

rêveur » dédaigner ceux dont le Dire- 

«âeur a m(»ns de vogue , & convenir à 

pdne de leur (àlut; ri' aimer de la parole 

M Dieu que ce qui s'en prêche chez foy 

ou par ion XXreâeur , préferer là Mei^ 

aux autres Meflès, & le« Sacremensdon* 

nez de & main à ceux qui ont moins de 

cette drcon Aance :: ne ie repaître que de 

livres de fpiritualité» comme s'il n'y avoit 

ny Evangues ny Epîtres des Àp6tre&f ny 

Morales des Pères; lire ou parler un jar^ 

gon incœinu aux premiers (lecles : cir« 

conftander à contefle les dé&uts d'au* 

truy , y pallier les fiens; s'accufer de (es 

ibuffi^ces^ de £i patiences dire comme 

un 



X9^ Les Caractères 

un péché ion peu de progrés dans Phe- 
roufoe: être en liaiibn fecrette avec de 
certaines gens contre certsûns autres: n'e« 
filmer que fby&ia cabale, avoir pour fu- 
ipeâe la vertu même; goûter , lavourer 
la profperité&la laveur t n'en vouloir que 
pour Sojf qe point aider au mérite, are 
iervir la pieté à ion ambition , aller à 
{on iaiut par le chemin de la fortune& 
des dignicez; c eft du moins juiqu'à ce 
jour le plus bel e£Ebrc de la dévotion du 
tensps. 

* Undevot*eilcelu7quiibusunRoy 
athée, iêroit athée. 
• ftaa * Les dévots # ne connoiflent de 
^ dcTOL - CTÎiues que l'incontinence, parlons plus 

Erédiëment , que le bruit ou les de- 
ors de l'incontinence: fi PberedJe paf- 
tè pour être guéri des femmes , ou 
PJbenmce pour être fidèle à ibn mari , 
ce leur eft aiTez: laiiTez-les jouer un jeu 
ruineux , faire perdre leurs créanciers, & 
réjouir du malheur dautruy 5c en profiter , 
idolâtrer les grands, mépriièr les petits, 
s'enyurerde leur propre mérite, fecher 
d'envie, mentir, médire*, cabaler, nui« 
rc , c'eft leur état ; - voulez-vous qu^ils 
empiètent fur celuy des gens de bien, qm 
avec les vices cachez fiiyent encore l'orgueil 
Scnniufticeî 
leDHcdc ^ Quand un Courtifan ièrahumblct 
iwfiWcrf gy^ri du Êifte & de Tambitiooi qu'il n'e- 

tablira 



bu LBS MOBURS DE CESIBCLE^ l^y 

Cablira point ià fortune fur la ruine de fes 
concurrens, qu'il fera équitable) foulage- 
ra (es vaflàux , payera fès créanciers ^ qu'il 
ne fera ny tourbe , ny médifànt ; qu'il 
renoncera aux grands repas £caux amours 
illégitimes ^ qu'il priera autrement que 
des lèvres ^ & même hors de la prefènce 
du Prince ; quand ailleurs il ne fera 
point d'un abord £iroucbe & difficile; 
qu'il n'aura point le vifàge auftere Se 
la mine criile y qu'il ne fera po!ht pareC- 
feux & contemplatif, qu'il fçaura ren- 
dre par une fcrupuleufè attention divers 
emplois très-compatibles , qu'il pourra 6c 
ju'il voudra même tourner fon elprit 6c 
es foins aux grandes &laborieuiès affaires t 
à celles fur tout d'une fuite la plus étendue 
pour les p<3uples& pour tout l'Etat : quand 
fon caractère me fera craindre de le nom- 
mer en cet endroit , & que fa modeflie 
1 empêchera » fl je ne le nomme pas , de 
s'y reconnoître^ alorsjediraydeceperfbn- 
nage ^ il eft dévot y ou plutôt , c cft un 
bomme donné à fon fiecle pour le modde 
dune vertu fîncere&pourledifcemement 
del'hipocrite. 

* Onupbre n'a pour tout lit qu'une 
houfle de fèrge grilè f mais il couché fiir 
le cottpn & furie duvet ^ de même il 
eft habillé fimplement, mais commodé- 
ment, je veux dire d'une étoffe fort légère 
en eflé, 8c d'une autre ibrt moëlleufè 



k 



\^- 





4 



«194 Les CâftACTEJtEs 

pendant l'hy ver , il porte des chemifès très- 
déliées qu'il a uo très grand fbio de bien 
. cacher. Il ne dit point ma boire & ma dif- 
tiflim^ au contraire, il paflèroit pour ce 
qu'il eft, pour uir hypocrite, &il veut 

Ïafler pour ce qu'il n'eft pas, pour un 
omme dévot ; ileft vray qu'il Êit en for- 
te que l'on croit fans ou il le dife 9 qu'il 
porte une batre & qu'il lë donne la mlci- 
pline ; ' il y a quelques livres répandus dans 
ià chanibre indifféremment , ouvrez-les, 
c'eû le Combat fpirituel, le Chrétien in- 
: teneur, & l'Année {àinte^ d'autreslivres 
ion t £>uS la ckf. S'il marche par la ville & 
^ ^.^ qu'il découvre de loin un homme devant 
^'^ , qui il eft neceflaire qu'il fbit dévot j les 
yeux baiflèz, 'la démarche lente Scmode- 
lile, l'air recueilli, luy font âmiliers, il 
. )ouë fon rôle. S'il entre dans une Eglife 9 
il obforvc d'abord de qui il peut être vûi 
&.folon la découverte qu'il vient de fai- 
re, il fe met à genoux & prié, ou il ne 
fonge ny. à fe mettre à genoux ny à prier: 
arrive-t-il vers luy un homme de bien & 
. d'autorité qui le verra & qui peut l'en- 
tendre, non feulement il prie , maisil mé- 
dité, il poufle des élan^ Se des foûpirs; fi 
l'homme de Irien (è retire , celuy-cy qui 
. le voit partir s appatfe & ne foufle pas. 
U aicre une autre fois dans un lieu &inr, 
perce la foule ;. choifit im cndrcMt pour fe 
.recueillir, & où tout le monde voit qu'il 



sTiu- 



ou LES MOEtaS DE CE SIECLE. t^% 

s*humUiei sîl entend des Courtlfins qui 
parlent, qui rient, & qui font àkChap- 
pdle avec moins ^filence que dansl'anti- 
chambre, il lait j5lusde bruit qu'eux pour 
les fàtt taire , îl reprend là méditation, 
qui eft toujours la comparaifon qu'il fait 
de ces perlbnnes avec luy-même , & où 
il trouve fon compte. Il évite une Eglile 
deferté & folitàire , où il pourroit enten- 
dre deux Meffés de fuite, le Sermon, 
Vêpres & Comjdies , tout cela entre Dieu 
& luy , & làns que perlbnne luy en Içût 

Çé i il aime la raroifle ^ il fréquente lég 
amples où fe feit un grand concours, 
on n'y manque pcmic Ion coup , on y eft 
vu. Il choifit deux ou trois jours dans 
toute l'année^ où à propos de rien îl jeûne 
ou fait abftinence : mais à la fin de l'byver 
il toufle, il a une mauvailè poitrine, il a 
des vapeurs, il a eu la âévre; il fè fait 
prier , preffer, quereller pour rompre le 
Carême dés fon commencement, & il en 
vient là par complailance. Si Onuphre eft 
nommé arbitre dans une querelle de pa- 
rens ou dans un procez de famille , il eft 
pour les plus forts, je veux dire pour les 
plus rtches, & il ne le perfuade point que 
celuy ou celle qui a beaucoup debienpuit 
fc avoir tort. S'il fe trou ve bien d'un hom- 
me opulent, àquiilafçûimpofer, dont il 
eft le parafite , & dont il peut tirer de grands 
fecoursy il ne cajolle point là femme, iltie 

I z luy 



^ 



t^6 Les Caractbil£s 

luy fkit du moins 07 avgncç 117 déclaration ; 
il s'enfuira, illu7laifre|aJqn manteau, s'il 
m'eft zuSi fur d'elle .qtté de IU7 même: il 
cft encore plus éloim6;d'emplo7cr pour 

• Pamflè \^ ^^^ ^ P^^^ ^* ledmre le^argon de la 
Motion, dévotion.* y -ce n'eft pointer nabitude 
qu'il le parle ) mais avec deflan, & iHoo 
qu'il lu7 eft utile, & jamais quand il ne 
ierviroit qu'à le tendre tres-ridicuIe. Il 
jçait où le trouvent des femmes plus (ô- 
dablei & plus dociles que celle de fon 
ami , il ne les abandonne pas pour long- 
tems, quand ce ne feroit que pour faire 
dire de fo7dans le public qu il fait des re- 
traites^ qui en effet pourroit en douter, 
quand on le revoit paroître avec unviâge 
exténué & d'un homme qui ne fè méoa- 
. gepoint. Les femmes d'ailleurs qui âeu- 
riflent & qui profperent à l'ombre de la 
"* fanfie dévotion *, Ju7 conviennent, feulement 
^«iDtioii. ^^^ ^çj^g petite différence qu'il n^igc 
celles qui ont vieilli, & qu'U . cultive fc 
jeunes, & entre celles-c7 les plus belles & 
les mieux faites , c'eft fbn attrait]: ell^ vont , 
ôcilvai elles reviennent , ôcilrievienti el- 
les demeurent, & il demeure jc'eft en tous 
lieux & à toutes les heures qu'ilala^onfo- 
lation de les voir^ qui pourroit n'en être 
pas édifié ? elles font dévotes^ & il cft dé- 
vot. Il n'oubliepas de tirer avantageidel'a- 
veuglen)ent de fon ami & de la prévention 
où B la je;té en fà faveur^ tantôt il luy 

cm- 



OQ t.CS MOEUM DB CE SIECLBt hffj^ 

emprunte de Targent , tantôt il Eût G bien 
que cet ami luy en offre; il (è fait repro- 
cher de n'avoir pas recours à lès amis dans 
iès befbins, quelauefbis il ne veut pas re- 
cevoir une obole uns donner un billet qu*il 
eft bien fur de ne jamais retirer; il dit une 
autre fois 6c d'une certaine manière , que 
lien ne luy manque» 6c c*eft lors qu'il ne 
luy faut qu'une petite (bmme ; U vante 
quelque autre fois publiquement la gene- 
rofîtc de cet homme pour le piquer dlion- 
neur 6c le conduire à luy faire une grande 
largeflc ; il ne penfè point à profiter de 
toute là fucceffion , ay à s'attirer une dona- 
tion générale de tous fès biens , s'il s'agit 
fur tout de les enlevet à un fils , le légiti- 
me héritier ; un homme dévot n'èfl hy ava- 
re f nV violent, ny înjufte, nymémein- 
terefle; Onuphre n'eil pas dévot , mais 
il veut être cm tel > 6c par une parfaite^ 
quoy que fàuffe imitation de la pieté, mé- 
nager lourdement fes intérêts : auffi ne fê 
jbuè'-t-4l pas à la ligne direâie, de il ne 
s'infinuë jamais dans une famille , où fè 
trouvent tout à la fois une fille à pourvoir 
6c un fik à établir; il y a là des droits 
trop forts 6c trop inviolables $ on ne les 
traverfè point fànsfàiredel'éclat ; 6c ill^ap- 
prehende; fans qu'une pareille entrepnfe 
vienne aux oreilles du Prince, à qui u dé- 
robe fà marche par la crainte qu'il a d'être 
découvert 6c de paroitre ce qu il eft: il en 

I 3 veut 



>yS Les CARAHQi?£riiBs 

veut à la ligne coUaterak , on 1 attaque plus 
impunément, il eft la terreur des cou- 
fjns & cks couGnes, du. neveu & de k 
nièce, le âatteur & Pami deciari de tous 
les oncles qui ont iàit fortune j il fè don- 
ne pour l'héritier légitime de tout vieil- 
lard qui meurt ricbe 6c fans eaÊms, &il 
feutque celuy-cy le déshérite , s'il veut 

2ue fès parens recueillent la fucceffioo; 
Onuphre ne trouve pas jour à les 
en fruftrer à fonds, il leur en ôte du 
moins une bonne pa;rtie^ une petite 
calomnie, moins que cela, une légè- 
re médiiànce luy Tuffit pour ce pieux 
dcffdn, c'eft le talent qu'il poffedeàun 
plus haut degré de perie£tion ^ il le Eut 
mèeçïç (buVent un ppint de conduite de ne 
le p^s laiâèr inutilegî il y^^ des gens, fé- 
lon luy» qù^on eft obligé en cooSdeùtù 
de décrier , &c ces g^ns Ibnt ceux qu'il 
n'aime point, à qui il veut nuire, Scdont 
il defire la dépouille^ il vient à fès fioa 
&ns donner même h peine d'ouvrir h 
bouche^ on luy parle aEuJoxe^ il îbû- 
rit, ou il foûpirej on l'interroge, cmin- 
lifte, il ne répond rien, Scilaraifbo» il 
çnaaflezdit. 

. ^ Riez, Zelie, fbyez badine Se folâtre 
à vôtre ordinaire, qù'eft devenue vôtre 
joye? Je fuis riche, dite^-vousf me voilà 
^^arge, & je commence à refpirer; rfes 
plus hftut» Ziclie j éclatez ^que fèrt une meil- 
: - ; . Icurc 



oa LES Moeurs DE CE smctBt r^p 

Icure fortune, fi elle amené avec foy le fc- 
rieux& latrifteffe ? Imitez les Grands qui 
font nez dans le fein de l'opulence , ils rient 
quelquefois , ils cèdent à leur tempérament, ■ 
ftiivez le vôtre; ne faites pas dire de vous ' 
qu'une nouvelle place ouqpe quelque mil- 
le livres de rente déplus ou de moins vous 
font pafler d?une extrémité à l'autre ' je 
tiens, dites-vous, à la faveur par un en- 
droit ,• je m'en doutois , Zelie , mais cro"" 
yez-moy , ne laiflezpas de rire, & même • 
de me foûrire enpaflant caipme autrefois; 
ne craignez rien , je n'en fèray ny plus libre 
ny plus femilîere avec vous ; je n'auray pas 
une moindre opinion de vous & de vôtre 
poftc , je croiray également que vous êtes- 
riche & en faveur : je fuis devbte , ajoû* 
tez^yous y c'eft affez >, Zelie t & je dois 
me fouvenir que ce n'eft pluslaferenité & 
la joye que le fentiment d une bonne con- 
fcience étale fur le vifàge , les paffions tri-« 
fies & aufteres ont pris le deffus & fe répan-» 
dent fur les dehors ; elles mènent plus loin, 
ôcTon ne s'étonne plus de voir que la dé- 
votion * Içache encore mieux que la beau"» Fiuife 
té&la jeuncffc rendre une femme fierc ôc^^^'^^* 
dédaigneufè. 

* L'on a été loin depuis un fiecle dans 
les arts & dans les icietices, qui toutes ont 
été pouffées à un grand point de raffine- 
ment, jufquesàcelkdu falutquel'onare- ' 
duite en règle & en miethode, fie augmentée 

I 4 de 



"^Lmo Les Caractères 

de tout ce quePeforitdcs hommes pouvoit 
inventer de plus beau & de plus iublime: 
la dévotion^ & la Géométrie ont leurs 6- 
^fndSè çons de parler , ou ce qu'on appelle les 
4c votioo.|;ermes de l'art ^cduy qui ne les (çait pas 
n'eft ny dévot 'çy Géomètre : les pre- 
miers dévots, ceux mêmes qui ont été di- 
riez par les Apôtres , ignoroient ces ter- 
mes , fimples gens qui n'avoient que la 
ky & les œuvres » & qui le reduifoientà 
croire & à bien vivre. 

* C'eft une chcle délicate à un Prfece 
rdigieux de reformer la Cour » & de la ren- 
dre pieufe : inftruitjufquesoùle Courtifan 
veut lu V plaire, & aux dépens de quoyilfe- 
roitiàtortune, illeménageavec prudence 
il tolère, ildiffimule> depeurde lejetter 
dans rnypocrifie ou le (àcruege : il attend 

S lus de Dieu & du temps quede Ton zèle Sc 
sfbninduftrie. 

- * C'eft une pratique ancienne dans 
les Cours de donner des penGons , 8c 
de difti ibucr des grâces à un muficien , à 
un maître de danfe, à/un farceur, à un 
joueur de flûte, à un âateur, à un corn- 
pkilànt ; ils ont un mérite fixe & des 
talens furs & connus qui amufènt les 
Grands, & qui les délàffent de leur gran- 
deur y on içait que Favier eft beau dan- 
ièur , 2c que Lorenzani fait de beaux 
motets : qui içait au contraire fi l%om- 
ve dovoc a de la vertu ^ . il n'y a rien 

pour 



ou LES Moeurs de cb sieci^s] i6t 

pour luy fîir la caflette ny à Tépargne , & 
avec railbn , c^eft un métier ai(c à contre- 
dire » qui 9 s'il étoit recotnpenfë , expo- 
feroit le Prince à mètre en honneur ia dif* 
émulation & la fourberie, & à payer pen** 
fionàrhypocrite. 

* L'on efpere que la dévotion de la 
Cour ne laiflera pas dmfpirer la refi- 
dence. 

^ Je ne doutepointquela vraye dévo- 
tion ne ioitlafourcedurepos; elle fait fup- 
porterlavie& rend la mort douce, on n'en 
iirepas tant del'hy pocrifie. 

^ Chaque heure enfoy , comme à nô- 
tre égard ell unique y elrelle écoulée une 
fois 9 elle a péri entièrement , les millions de 
fiecles ne la ramèneront pas : les jours, les 
mois> les années s'enfoncent, & le perdent 
&ns retour dans l'abimedes tems ^ le temps 
même fera détruit; ce n'eft qu'un point dans 
les.efî)acesimmenfèsderéternité, ôc il fera 
effece : il y a de légères & frivoles circonftan- 
ces du tems qui ne font point fiables, qui 
paffent , & que j'appelle des modes, lajgran- 
deur, lafàveur, learichefTes, lapuiflancé, 
l'autorité, l'indépendance, leplaifir, les 
joyes , la fupernuité. Que deviendront 
ces modes > quand le temps même aura dif'* 
paru? Lave^tufeulefipeuàlâmodevaau 
delàdestems« 



u. P» 



ao2 Xes Caractères 



De. QUBLQJIES U8A,GES. 

TL y ades geeos (juin ont pas le moyen d'ê- 
••"tre nobles. 

Il y en a de tels , que s'ils enflent obtenu 
ûx mois de delay de leurs créanciers » ils c « 
toient nobles*. 

Quelques autres fe couchent roturiers & 

• • vete-felevenr nobles *. 

«"»• Combien de nobles dont le père & les ai- 

nez font roturiers? 

.* Tel abandonne Ion père qui eft connu, 
& dont Ton cite le greffe ou la boutique , 
pour fe retrancher fur fon ayeul , qui njort 
Gcpuis long-temps eft inconnu & hors de 
prife ; il montre enfiiite un gros revenu , 
une grande charge , de belles alliances , 6c 
pour être noble, ilneluy manque que des 
titres» 

• * Réhabilitations , mot en u&ge dans 
les Tribunaux , qui a &it vieillir fit rendu 
gothiquecelui de lettres de nobleffe , au- 
trefois fr François & fi ufité : fe faire re. 
habiliter fuppol^ qu'un homme devenu ri- 
che , originairement eft noble , qu'il efl 
d'une ncceffité plus que morale qu'il le foit ^ 
qu'àla vérité fon père a pu déroger ou par 
la charrue, ouparlahouë , ou par la mal- 
le, ou par les livrées ^ mais qu ilne s'agit 
pour lui que de rentrer dans ks premiers 

droiw 



ou LES Moeurs vm et siEct^c. 203 

droits deies ancêtres y fie de condauer le^ 
armes de ùl maifbn , les mêmes pourtant 
qu'ilaiàbriquéesi & tout autres que cel^ 
les de fà vaiiTelle d'érain : qa en un mot |ea 
lettres de noblefle ne lui conviennent plus 1 
qu'elles n'honorent que le roturier .» c'e(c 
à-dire celui qui cherche encore le fècret de 
devenir riche. 

* Unhoïpmcdupeûpleàforcç d'aflu-r 
rer qu'ila vûun prodige^ fe perfus^le faut 
fement qu'il a vu un prodige , celui qui 
cottdnué de cacher ion âge, penlè enfin lui- . 
même être auifi jeune qu'il veut . le faire 
croire aux autres : de même le roturier qui 
dit par habitude qu'il tirç ion ori^ne de 
quelque ancien Baron où de quelque Cbân 
telaindontileft vrai qu'il ne defcend pas^ a 
le plaifir de croire qu'il en defcendr 

* Quelle eil laroture un peu heureulè 
& établie 9 àquiilmanqyedesarmes> fie 
dans ces armes une pièce honorable f de$ 
fuppôtSy un cimier , une deviiè , fie peu€-r 
être le cry de guerre j qu*eft devenue la di? 
ihnâion des Cafques fie des HeMmes ? la 
nom fie Tuiàge en font abolis , il ne s'agit 
plusdelesporterdefrontoadecôté , ou^ 
verts ou fermeZ'i 8cceux-cy detantoudc^ 
tant de grilles; on n'aime pas les minutie^ $ 
on paiTe droit aux Couronnes^ o^laeil^plUSt 
fimple , on s'en croit <JigQp 4L pri fc IosbA^ît 
jilge •- il rcfte encore aujçixieÎJteiur^lBourn 
geoisune ceiftaine pudeur )<}uiie$\einpêchc 

I S de le 



jao4 Les Ca&acte|Iies 

de fc parer d*une Couronne 'de Marquis î 
trop fâtis£dts de la Comtale ; qudques- uns 
même ne vont pas la chercher fort loin f & 
h font pafler de leur enfèîgneàleur caro£< 

* II fiiflRt de n'être pcrint né dans une 
ville 9 B^^s ibus une chaumière répandue 
dans la campagne , ou fbus une ruine qui 
trempe dans un marécage $ & qu'on ap- 
pelle Château , pour être crû noble fur 6 
parole. 

'•a. * Un ton Gentilhomme veut pafler 

Gur un oetit Seigneur , & il y parvient 
n grand Sdgneur afièâe la principauté, 
& il ufè de tant de précautions , qu^à for- 
ce de beaux noms, dedifputes fîir le rang 
&lespré{èances, de nouvelles armes , & 
d'une genealo^e que il*Ho s 1ER ne lui 
apasfeite, il devient enfin un petit Prince. 

* Les Grands en toutes chofes fè for- 
ment & fè moulent fur de plus grands » qui 
de leur part, pour n'avoir rien de commun 
avec leurs inférieurs, renoncent volontiers 
à toutes les rubriques d'honneurs ficdedi- 
HinÛions dont leur condition fe trouve 
chargée, &préferentà cette fervitude une 
déplus libre & plus commode : ceux qui 
fiiivent leur pifte obièrvent déjà par ému- 
ktion cette (implicite & cette modeftie : 
tous aînfi le réduiront par hauteur à vivre 

MtureUement&commelepeupk Horri- 
M€i0convci«eQtl 

*£Cer. 



ou LES MofiURS DE CE SIECLE 10$ 

* Certaines gens portent trois noms de JJ*:^* 
peur d'en tnanauer ^ ils en ont pour la cam-^^ 

Egne & pour la ville ) pour les lieux de 
irfèrviceoudeleuremploi : d'autresont 
un fèul nom difTyllabe qu'ils annobliffent 
par des particules 9 désqueleur fortune de- 
vient meilleure : cduî-cypaTlafùppreflîon 
d'une iyUabe fait de fbn nom obicur ^ un 
nom illuftre : cdui-là par le changement 
d'une lettre en une autre fetraveftit , &de 
Slifrus devient Cjrus : plufieurs fuppriment 
leurs noms qu'ilspourroientcon(èrvçr(àns 
honte, pour en adopter de plus beaux 9 où 
ils n'ont qu'à perdre par la comparaifbn 
quel'onfàit toujours d'eux qui les portent» 
avecles grands hommes qui les ont portez: 
il s'«n trouve enfin qui nez à l'omore des 
clochers de Paris veulent être Flamansou 
Italiens, comme û la roture n'étoit pas de 
tout païs ,^ allongent leurs noms François 
d'uneterminailbnetrangeret dccroyentque 
venir de bon lieu c'eft venir de loin. 

^ Le be(bin d'argent a reconcilié la no- 
bleffe avec la roture, & a fait évanouir la 
preuve d^ quatre Quartiers. 

* A combien (Tenfans ièroit utile la loi 
qui décideroitque c'cft le ventre qui anno- 
Mit ? mais à combien d'autres feroit-elle 
contraire ? 

^ Il 7 a peu de fiimiUes dans le monde 
qui ne touchent aux plus grands Princes 
par une extrémité , »£cpar f autre au fim- 
plcpcuple^ ^. 1 Z * fl 



zc6' Les Caractères 

tes Celé. * Il n'y a rien à perdre à être noble ; 

ftint ^ franchilès « immunkez , exemptions » pri* 

unechMge vileges : que manque-t-il a ceux qui ont 

de sccie- qn titre ? croiez-vous que ce fbît pour la 

!?*^ ^ nobleffe que des fblitaires * fe font feits no- 

«Maifoo t>l<cs? ils nefontpas (i vains y c^eft pour le 

Kdigicnfe profit qu'ils en réécrivent : cela ne leur fied- 

^J^*^ il pas mieux ^ued entrer dans les gabelles ? 

je ne dis pas a chacun en particulier , leurs 

vœux s'y op|X)Ient, jedismêraeà laQ)m- 

munautd 

* Je le deckre nettement, afin que l'on 
s'y prépare t & que perfonne un jour n'en 
foit furpris. S'il arrive jamais que quel» 
lue Grand me trouve digne de fes foins ; 
i je Ëûs enfin une belle fortune 9 il y a 
un Geoftroy de la Bruyère que toutes les 
Groniques rangent au nonu>re des plus 
grands Seigneurs de France , quifuivi- 
rent Godefroy de Bouillon 
à la conquefte de la Terre-Sainte : voi- 
là alors de qui je defoends en ligne dire- 
âe. 

^ Si la nobleffe eft vertu , elle fe perd 
par tout ce qui n'eft pas vertueux ^ & fi elle 
n'cft pas vertu , c'eft peu déchoie. 

* Il y a des choies qui ramenées à leurs 
principes & à leur première inftitution 
font étonnantes ôcincomprehenfibles. Qui 
pe\jt concevoii* en effet que certains Ab- 
oea à qui il ne manque rien del'ajufte- 
ment j jde la moleffe & de la vanité des 

ièxcs 



t 



ou LBS M OXUIIS P£ Cft SIBCLË. Xif 

kxes &c des conditions , qui encrent au* 
prés des femmes en concurrence avec le > 
Marquis & le Financier , & qui l'empor- 
tent fur tous les deux , qu^ux-mêmes 
ibient origin^rement & dans rétimolo» 
gie de leur nom , les pères 8c les chefs 
ae iaints Moines & d'humbles Solitaires» 
& qu'ils eh dcvroient être l'exemple : 
quelle force, quel empire, quelle tyran- 
nie de l'ufage ! ôc fans parler de plus grands 
defbrdres , ne doit^on pas craindre de voir 
un jour un (impie Abbé en velours gris 
6c à ramages comme une Eminence y ou 
avec des mouches & du rouge conune une 
femme l 

♦ Que les iâletez des Dieux > la Ve- 
nus , le Ganimede , & les autres nuditez 
duCarache aient été faites pour desPrin* 
ces de rEglile» & qui fè ditentfucceflèurs 
desApôtres» le Palais Farnefè en efllapreu« 

TC. 

* Les belles choies le font moins hors 
de leur place ^ les bienfeances mettent la 
perfeftioD, & la raifbn met les bienfean- 
ces. Ainit l'on n'entend point une gigue à 
la Chapelle ; ni dans un Sermon des tons 
de théâtre ; l'on ne voit point d'images 
pro&ncs * dans les Temples, unCHRiST*Tipiae« 
par exemple , & le Jugement de Paris" 
dans le même Sanébuaire^ ni àdesperibn- 
nés con&crees à l'ËgUie le tnûn & l'équi* 
page 4' UQ Cavalier, .) 

?Dc 



lies. 



. SoS Les CARACTiais 

^ Déclarerai- je donc ce quejepen(ède 
ce qu'on appelle dans le monde, un beau 
Salut: la décoration fouvent propha- 
•»LeMd-; ne, les places retenues ôcpaîécs, des*lî# 
^^^U^vrcsdiftribuex comme au théâtre, lesen- 
Fnnfob trevuës & les rendez-vous frequens^ le 
fÊtuu^ •murmure & les caufèries étourdifl&ntes , 
quelqu'un nu)nté daas une tribune qui y 
parle âmilierement , fècbemeot , & &ns 
autre zèle que de raflembler le peuple 9 IV 
^ mufer, juiqu'à ce qu'un Orcheftre, ledi- 
niy-j^ , & de voix qui concertent depuis 
longtems y iè&flènt entendre. Eftceànioi 
à m'écrier que le zèle de la taaifon duSd- 
gneur me confume, & à tirer le voile lé- 
ger qui couvre les myfteres , témoins d'u- 
ne telle indécence: quoy I P^rce qu'onne 
danfe pas encore aux TT**, merbrcera- 
utTci^ t-ond'appellertoutcefpeâaclet Officc- 
^"- d'^lifeV ^ 

* L'on ne voit point faire de vœux ni 
de pèlerinages y pour obtenir d'un Saint 
d'avoir l'çfprit plus doux, l'ame plus rc- 
connoiflante , d'être plus équitable & 
moins mal-fàiiànt; d'être guéri de la vani- 
té, de l'inquiétude ôcdelamauvaifenulle- 
rie. 

* Quelle idée plus bizarre, que de fe 
reprefenter une foule de Chrétiens de l'un 
& de l'autre fexe^ qui feraflemblent à cer- 
tains jours dans une fàlle, pour j applau- 
l^rà une troupe d'excommuniez, qui ne 

^ le 



OULcsMûltTRSDBQBSIBClE^ Zof 

le font que par le plaiGr qu'ils leur donnent , 
fie qui eftdéjapaïé d'avance* U meièmble 
qu'à Êudroit ou fermer les Théâtres, ou 
prononcer moins lèverement fur l'état des 
Comédiens. 

* Dans ces jours qu'on appelle fidnts 
le Moine confèUe , pendant que le Curé 
tonne en chaire contre le Moine 2c Ces ad** 
herans : telle femme pieufe fort de l'Au- 
tel 9 qui entend au rrône qu'elle vient 
de feire un (àcrilege. N'y a-t-il point 
dans l'Ëglife , une puiflànce à qui il ap- 
partienne, ou de faire taire le Pafteur, ou 
de fufpendre pour un tempsle pouvoir du 
Bamabite? 

* Il y a plus de rétribution dans les Pa- 
roifles pour un mariage que pour unbap^ 
tême ^ fie plus pour un baptême que pour 
la confèilion: l'on dirQit que ceibit un tau 
fur lesSacremens, qui&mblentparlàétre 
appréciez. Ce n'eft rien^au fond que cet 
ulage; fie ceux qui reçoivent pour les cho« 
les &ntes , ne croient point les vendre^ corn- 

.me ceux qui donnent ne penfènt point à les 
acheter j ce font peut-être des apparences 
qu'on pourroit épargner auxfimplesficaux 
indevots. 

* Un Pafteur frais fie en parfaite finté , M Htmt. 
en linge fin fie en point de Venife , a fa5J,^;||;[^* 

i)lace dans l'Oeuvre auprès les pourpres fie 
es fburruies , il y achevé fa d^efUon ^ 
pendant que le Feuillant ou le Recollet 

quitte 



le 



%to Lbs Caractsiies 

q^uittç la cellule &c fon deiêrt 9 où il eft lié 
par fès vœux & parlabien-feance , pour ve- 
nir le prêcher , lui & fes ouailles, &en 
recevoir le lalaire i comme d'une pièce 
d'étoflfe^ Vobs m'interrompez » & vous 
dites , quelle cenfore ! & C(Hnbien elle eft 
nouvelle & peu attendue, nevoudriez- 
voiis point interdire à ce Pafteur £c à ion 
troupeau la parole divine, 5c le pain de 
FEvan^e ? au. contraire ^ je voudrois 
lu'il le diftribuât lui-même le matin y le 
oir , dans les temples j dans les mai- 
iQps, dans les places, furies toits ^ &c qu'il 
nç prétendît à un emploi û grand , C k^ 
borieux, qu'avec des intentions , des ta- 
lens & des poulmons capables de lui mé* 
riter les belles offrandes & les riches rétri- 
butions qui y ibnt attachées : je iuis for- 
cé , il ctt vray d excufèr un Curé fur cet- 
te conduite , par un u&ge reçu , qu^il 
trouve établi , & qu'il laiflera à. ion luc- 
ceffeur^ mais c'eft cet ufàge bizarre & dé- 
nué de fbndeipent & d'apparence que je 
ne puis approuver , & que je goûte enco- 
re moins que celui de ièraire payer quatre 
fois des mêmes obfeques , pour foi , pour ks 
droits, pour là prelènce, {K)ur fon affiftance- 
* Tite par vingt annéesde fêrvicedans 
une féconde place, n'efl pas encore digne 
de la première qui eft vacante : ni fes ta- 
lens 9 ni fà doébrine , ni une vidiexemplai- 
re» ni les vœux des Paroiflîens ne fçau- 

roient 



ou 1MB MOBURS OB CE SIECLE. XXI, 

Toitnx l'y &irc afleoir j il naît de deffous 
terre un autre Clerc * pour la remplir : Ti- J?^JJ|^^ 
te eft xecdé ou congédié » il ne s en plaint ^ 
pasi c'eftTufage. 

* Moy, ditleCheffecier» je fuis Maî- 
tre du cbœur^ qiû méibrcera d'aller à Ma- 
tines ? mon predecedèur n'y alloit point 9 
fuis-je de pire condition! dois-je laifTer 
avilir noa dignité entre mes nuins » ou la 
laifler telle mt k Tay reçue ? Ce n'eil 
point 9 dit l'ËGobtre » mon intérêt qui 
me. mené) maiscfluy delà Prébende f il 
leroit bien dur qu'un ffàxki Chanoine fut. 
fujet au choeur 9 pendant que le Threfb- 
Tier» l'Archidiacre» le Pénitencier & le- 
Gr^d- Vicaire s'en croient exempts. Je. 
foisbipn fondé» dit k Prevoft» àdemao^t 
der la rétribution iàns me trouver àl'offi- 
ce j il y a vingt années entières que jefîiis 
en poueflion de dormir les nuits» je veux 
finir comme j'ay commencé » fie l'on ne 
me verra point déroger à mon titre; que 
me 1er virent d'être àlatête d'un Chapitre ; 
mon exemple ne tire point àconfèquen- 
ce. . Enfin c'efl • entr'eux tous à qui ne 
louera point Dieu» à qui fera voir pstf un 
long ulàge» qu'il n'eft point obligé de le 
faire » l'émulation de ne fè point rendre 
aux Offices divins ne fçàuroit être plus vi« 
ve» ny plus ardente. Les cloches ion- 
nent dans une nuit tranquille ; ficleurme* 
lodie qpi réveille les Chantres fie les En- 

fans 



ftXS LbS CâRACtSRlS 

Ê0S de choeur « endort les Chanoines l là 
plonge dans un fbmmeil doux & fkcilet 
le auineleurprocurequedebeaux longes, 
ils fe lèvent tard, Se vontà TEgliieiè &2re 
payer d Voir dormi. 

* Qui pourroit s'inaa^er, fi Texpc- 
rience ne nous le mettoit devant les yeux, 
quelle peine ont les hommes à fe refoudre 
d'eux-mêmes à leur propre félicité, & 
qu'on ait befoin de gens d'un certain ha- 
bit^ qui par un diicours préparé, tendre 
Bc pathétique, par d<$ certaines izdexioas 
dtvoiXf parles l^mes^ par des mouve^ 
mens qui les imettent en fiieur & qui les 
jettent dans l'épuilèment , fàfiènt enfin 
coofèntir un homme Chrétien & rai(b&- 
nable, dont la maladie, éb uns re(l 

Jfeurce^ àneièp^tperdre6cà£ureiba 
iàlut t . 

* La fille à'Arifiifpe eft mJade & ea 
péril j elle envoyé vers fbn peré^ veut fe 
réconcilier avec luy & mourir duis fcs 
bonnes grâces ^ cet homme (î %é, le 
confèil de toute une ville, ferart-il de lui 
même cette démarche fi raiibnnable, j 
entrainera-t-il & femme ? ne feudra^t-il 
point pour les remuer ftous deux la machine 
du Diredteur ? 

*^ Une mère, je ne dis pas quicedeSc 




laficone, en repond à Dieu même, en eft 

la 



ou LES Moeurs de ce ^ecle. tx] 

la caution: afin qu'une telle raare ne (cper* 
de pas, il faut que fàfiUefe fauve. 

* Un homme joùë & fc ruine : il ma- 
rie neammoins l'ainée de fes deux filles de 
ce Qu'il a pu làuverdes mains d'un Ambre^ 
mUe} la cadette eft fur le point de (airefès 
vœux, qui n'a point d'autre vocation que 
lejeudefonjpere. 

* Il s'eft trouvc<ies filles qui a voient de 
la vertu, de la famé, delà ferveur ôc une 

bonne vocation j mais qui n'étoien t pas aflez ^^7 :^.., 
riches pour fiiire dans une riche Abbaye /C]*.->' \. 
vœu de pauvreté. / '^' 

* Celle qui délibère fur le choix d'une l ^^ 
Abbayeoud un fimple Monaftere pour s'y \ • ..^ ^ -> 
renfermer» agitel'andennequeftiotiderc- '" - — -^-^ 
tac populaire 6c du de(potique. 

* Paire une fblie & fe TOSLVieTparéimoih * 
ntte^ c'eft époufer Melite qui eft jeune, 
bdle» iagei œconome, quipMt, qui vous 
aime, quiamoinsde bien qu'^JE^i»^ qu'on 
vous propofe , 6cx[ui avec une riche dot 
apporte de riches fmpofitions à la confii- 
mer , & tout vôtre fond avec (à dot. 

^ Ilécoit délicat autrefois de ie marier, 
c'étoit un long établifiement , une afikire 
ferieufe , & qui méritoit qu'on y penfit: 
l'on étoît pendant toute là vie le mari 
de fà femme , bonnne ou mauvaife : mê- 
me table f même demeure , même lit 1 
l'on n'en étoit point quitte pour une 
penfion ; avec des enfiuas ôc un ménage 

com^ 



ii4. Lés Caractbres 

<:onipIet l'on n'avoit psles apparences & les 
délices du célibar. 

* Qu'on évite d'être vu feul avec une 
femme qui n'eft point la fienoe , voilà uqe 
pudeur qui^eft bien placée : qu'on fente 
quelque peine à fè trouver dans le monde 
avec des perfbnnes dont la réputation eft 
attaquée , cela n'eil pas incompreheofi- 
ble. Mais quelle mauvaitë honte Êitrou- 
tàr un homme de ià propre femme , & 
rempêche de paroître dans le public avec 
celle qu'il s'eft choifie pour ià compagne 
infeparable , qui doit raire ik joye , fes 
délices & toute (à focieté 9 avec celle 
qu'il aime & qu'il eftimCy qui eft ion or- 
nement, dont i'eiprit 9 le mérite» la ver- 
tu, l'alliance luy font honneur? que ne 
* <:ommence-t-Jl par rou^r de ion maria- 
ge? 

Je connois la force de la coutume $^ 
jufqu'où elle maîtriiè les eiprits , & con- 
traint les mœurs , (kns les chofes mène 
les plus dénuées de rafbn 6c de fondement : 
je fens néanmoins que j'aurois l'impudence 
de me promener au tours, &d'y paflèren 
re V ûë avec une personne , qui feroit ma fem- 
me. 

* Ce tt'eft pas une honte, nytine&uteà 
«n jeune homme que d'époufer une fem- 
.me avancée en âge; c'eftqudque fois pru- 
dence, c'efl précaution. L^in&mieefldefe 
jouer de fà hien&âxice par des traitemens 

in- 



ou LES Moeurs de ce siècle i if 

indignes , & qui luy découvrent qu'elle eft 
la dupped'un hypocrite ficd'un ingrat : fi 
la fiftioneftexcufable, c'ett où il jfaut fein- 
dre de l'amitié j s'il eft permis de tromper, 
c'eft dans une occafion où il yauroit de la 
dureté à être fincere. Mais elle vit long- 
temps : aviez-vous ftipulé qu'elle mourût 
après avoir figné vôtrefortune, ficl'acquit 
de toutes vos dettes ? n'a-t-cUe plus après 
ce grand ouvrage qu'à retenir fbn haleine» 
qu'à prendre de l'opium ou de la ciguë? a- 
t-elletortde vivre? fi même vous mourez 
avant celle dont vous aviez déjà réglé les fu* 
neraîUes, àquivousdcftiniezla grofle ibn- 
nerie&r les beaux ornemensf eneft-elleref- 
ponlàble ? 

* Il y a depuis long-tems dans le monde 

une manière* de faire valoir Ion bien, qi^iobibari- 
continuë toujours d'être pratiquée parons, 
d'honnêtes gens, & d'être condamnée par 
d'habiles Dodteurs. 

* On a toujours vu dans la Républi- 
que de certaines charges , qui fembleiit 
n'avoir été imaginées la première feis , que 

Î)Our enrichir un feul aux dépens de plu- 
îeurs : les fonds ou l'argent des particu- 
liers y coule fans fin & fans interruption ; 
diray-je qu'il n'en revient plu5 , ou qu^il 
n'en revient que tard ? c"efl un gouffre» 
c'efl une mer qui reçoit les eaux des fleu- 
res , ôc qui ne les rend pas > oufi elle les 
rend, c'eft par des conduits fecrets & Ibu- 

terrains, 



%i6 Les Caractbiies 

terrain s 9 iàns qu'il y paroiffej ou qu'elle 
en {bit moins enflée^ ce n'eil: qu'après eo 
avoir joîii longtems» qu'elle ne peut plus 
les retenir. 

* Le fonds perdu , autrefois fi fur , fi 
religieux & fi inviolable $ eft devenu avec 
le temps, & par les foins de ceux qui en 
étoient chargez 9 unbienpordu: queiautre 
fècret de doubler nies revenus & de the- 
iàuriforl entreraj-je dans le huitième dé- 
ni^) ou dans lesaydes? ièray-jeavare> 

partilàn ou adminiflrateur ? 

* Vousavezunepieced'argentjOumê- 
me une pièce d'or, cen'eftpasaflez» c'eft 
le nombre qui opère 9 faites en fi voun 
pouvez un amas confiderableSc qui s'élève 
en pyramide , &je me charge du rdle : vous 
n'avez ny naiflance ny elprit, ny talens 
ny expérience, qu'importe^ neaimiauez 
rien de vôtre monceau, &jevousplaceray 
fi haut que vous vous couvrirez devant vô- 
tre maître fi vous en avez ^ il fera 
même fort éminent » fi avec vôtre mé- 
tail qui de jour à autre fe multiplie , 
je ne fais en forte qu'il fè découvre devant 
vous. 

* Ortf»/tf plaide depuis dix ans entiers en 
r^lement déjuges, pour une affaire jufte, 
capitale, & oui y va de toute fà fortune; 
elle Içaura peut-être dans cinq années quels 
feront fès Juges, & dans quel tribunal elle 
doit plaider le refte de fa vie. 

* L'on 



.•a. 



eu LB8 MoiURS DB CE SI£CLB, XIJ 

* L'on applaudit à la coutume qui ^^eft^^^^j^ 
introduite dans les tribunaux 'f , d'inrer-pr^gj^n^' 
rompre les Avocats au milieu de leurdeKo?i- 
aéhori , de les empêcher d'être éloqueosf 
& d avoir de refprit , de les ramener au 
&it & aux preuves toutes fèches qui éta« 
bliflent leurs caufes & le droit de leurs {xir- 

ties i & cette pratique fi fevere} qui laifTe 
aux Orateurs le regret derfavoir pas pro- 
noncé les plus beaux traits de leurs diC- 
cours 9 qui bannit l'éloquence du lèul en- 
droit où dleell en û place» & va faire du 
Parlement une muette Juriidiâion > on 
i'autorife par une raifbn folide & ians ré- 
plique, qui eil celle de l'expédition; il 
efl: feulement à defirer qu'elle fut moins 
oubDée en toute autre rencontre ^ qu'elle 
réglât au contraire les bureaux comme les 
audiences , & qu'on cherchât une fin aux 
Ecritures » * comme on a fait aux Plaido* • ^*o€4ê 
yers. ^ ^ 

* Le devoir des Juges efl: de rendre h 
juflicc ; leur métier de la différer : quel- 
ques-uns fçtvent leur devoir 9 & font leur 

métier. 

* Celui qui foUicite fbn Juge ne lui 
&it pas honneur ; car ou il iè défie de fè^ 
lumières , & même de fa probité ; ou il 
cherche à le prévenir ; ou il lui den^ande 
uneinUilHce. 

* Il le trouve des Juges auprès de ^ui 
la faveur, l'autorité, les droits de l^amitic 

T0W. IL K &dc 




ii8 Les^Caracteres 

& de Palliance nuifent à une bonne cau- 
fe ; & qu'une trop grande a£fieâatk)a de 
pâer pour incorruptibles , expofeà être 
ihjuftes. 

^ I^ Magiftrat coquet ou galant eft 
fixe dans les con&queâces que le dtflblu ; 
cdiû-cy cache fbn commerce & fes liai- 
ions, 6ç l'on ne içait fouvenc par où aller 

'* u'à lui ; celui-là cft ouvert par mille 
les qui font connus , & Pon y arrive 
par toutes le6 fènames à qui il veut plaire. 

^ Il s'en faut peu que la Relig^n & la 
Juftice n'sûHent de pair dans la Republi* 
que 9 £^ qnc la Ms^ftrature ne con&cre 
ks hommes comme k Prêtrilè : l'homme 
de Robe ne Içauroit guercs danfer au Bal i 
paroitre- aux Théâtres , renoncer aux habits 
bmples & modeftes , fans conientir à fon 
propre aviliflement ; & il eft étrange qu'il 
ait &lu une loi pour régler ion extérieur , 
Se le contraindre ainG à être grave & plu; 
refoeâé. 

^ Il n'y a aucun métier qui n'^ fim 
apprentiflage; & en montant des moia* 
dres conditions jufques aux plus gran- 
dcsj 6vi remarque oians toutes un^temps 
de pratique & d'exercice , qui fw^éparc 
aux ebplois , où les Eûtes iont fins 
coiifequence » èc qaenent au contrite à 
la perfèâion. La guerre notésne qui ne 
lètnble naître & durer que par la confo- 
- fion fie le deibrdre 9 a fës préceptes; on i .e fe 

.mat 



ou LE^ MpÇUIlS DE CE SIECLE. Xl^ 

mafTacfi: pîsp5ir.peIotqnç^p^'^rpupes en 
uze C4mp^gpf , ^ f^n^ l 'avoif . appris, & l'on 
sy tqë mçthpidiq^ucmepi: : à y h l'pcofc de 
la guerre ; o^ 'p(l accole 4u Magiftratl 
Il X a i|n uiàge, de^ loix , cjes çpûtumes; 
où eft le ceoiDs » & le ten^ps aflez long- 
que l'on eipplove.^ les digérer & à s'en in- 
liruirc ? , L^^effay à l'^pr/emifl&gp d'un 
jeupe adoIeÇrent qui paUe de h &ule'àla 

fourpre, Çi don^ kt confignation a fait un 
uge » eft de décider fouvendnement des 
vies & des fortunes des hommes. 

* La principale partie de l'Orateur, 
c'eft la probité: iàns elle il dégénère ende- 
clamateur, il deguife ou il exagère les &it5, 
il cite Êiux» il calomnie , il epouiè la paf- 
(ion&les haines de ceux pour qui il parle; 
& il eft 4^ Ja claiTe de ces Avocats , idonc 
le proverbe dit 9 qu'ils font payez pour dire 
des injures. 

* îleftvrajr^ dit-on, cette fommeluf 
eftdûèS & ce droit luy eft acquis :. fnaisje 
Tatitends à cette J)etite formalité j s'il l'ou- 
blie, il n'y revient plus, èc co»fequifmtfmû 
perd (à Comme, o\i'ù t^ imontefiahlemtnt 
déchu defpn droit; or il oubliera cette for-* 
malité. VoilVce que j'appelle une confcien- 
cedePraticien. ^ 

Ui^e belle maxime pour le Palais 9 utile 
iu pdl>liC) ren)plie de raifon, de&geflefic 
d'équité , ce feroit précifèment la contradi- 
âiondecellequidit» que la forme empor- 
telefond. \% ♦U 



120 Les Caractères 

^ La que0ion eft une invention mer- 
veilleufe & tout k fait fure , pour perdre un 
innocent ^ui a la conaplexion feible » & iàu- 
▼er uncoupable oui eft né rdbufte. 
^ Un coupable puni eft un exemple 
* .Mi. De pour la canaille: ^ un innocent condanemé eft 
îfîW* Tafiàire de tous les honnêtes gens. 
jBocent Je^iraypreique<lemoy, jenefaraypas 

•Bx Oale- veleur-ou meurtrier : je ne fcray pas un jour 
■"• puni comme tel, c*dB: parler bien hardie 
ment 

Une condition lamentable eft celle d'un 
innocent à gui la [trédpitation & la procé- 
dure ont trouvé un crime, celle même de 
Ifi. De fon Juge peu t-elle l'ètriB davantage ? 
Gmà 4 Si ron me racomoit qu'il s'eft trouvé 

J^JJ^J 4^' autrefbîs^n Prevoft ou Tun^e ces Mag- 
ucoime- ftrats c(ée2 pour pourfiiivre les voleurs & 
û*U«. 1^5 exterminer, qui les connoiffoit tous 
depuis long-temps de nom & de viïàgei 
fçavoit leurs ms, J'entends l'elpece, le 
'nombre & la quantité; penetroit fi avant 
dans toutes ces profondeurs , & étoit (î 
initié dans tous ces affr/suxmyfteres, qu^il 
fçut rendre à -un homme de crédit un bi- 
jou qu^n luy avoir pris dans la foule au 
fbrtir d'une aflembleei Se dont il étok 
fur le point de faire de /éclat: que le Par- 
lement intervint d^ns cette aftaîre, & fit 
le procès à cet -OSBder , je r^rderois 
cet événement comme l'une de ces che. 
fes dont l'hiftoire Je charge, 2c à qi» le 

temps 



ôu-LES Moeurs DE CBSttciA. lis 

temps ôte la croyance ^ comment donc pout» 
rois je croire qu'on doive préfijmerpar des 
^tsrecenst connus & drconfbndezjqu'une 
conniv^ence G pernicieufe dure encore, qu^- 
elle ait même tourné en ^eu & paCfé- en co4« 
tumeî 

* Combien d'hommes qui lont lorts' 
contre les fbibles , fermes &c inflexib.^es 
ttix foUidtations du fimj^le peuple} &ns 
nuls égard» pour les petits ^ n^des & 
(everes dans les nûnuties y qui refiifeot , 
les petits pfeièns ^ qui n'écoutent nj leurs 
Darens ny leurs amis» &que ksiemioes 
feules peuvent corrompre. 

^. Il n'efi pas' abfolument impofîibler 
qu^une perfbnne.qui (e trouve «ans une 
grande faveur perde ua procès. 

^ Les mourans qui parlent dans Teurs te* 
damens , peuvent s attendre à être écouter 
comme des oracles ; chs^cunlestiredefbn 
côté, & les interprétée fa manière» je veux 
dire félon (es deGrs ou iès intérêts. 

* Il eft vrayqu'ilya des hommes dont 
on peut dire que la mort fixe moins la der- 
nière volonté » qu'elle ne leur ôte avec k 
vîel'irrelblution & inquiétude j.^ un dépit 
pendant qu'ils vivent les fait téfier » ils 
s'appaiiènt , & déchirent leur minute » la 
voua en cendre : ils n'ont pas moins de 
teftamens dans leur cadette, que d'alma- 
nachs fur leur table » ils les comptent par 
les années : un fécond fè trouve déitruit 

K 3 par 



Sii^ "HkB GAftAtTTBRES 

par dn trbî6eme , qui eft anéanti luy-mémc 
par un autre tméux digéré , & celuy-cy 
encore par un cinquième -Ôîcgrafbe ; mais 
fi le moment, ou^mialice^ ou Pauto* 
rite manque à ccloy qui a intérêt de le 
fupp^mer, ilfeurqu'ileaenefluyelcsckii- 
fës & Ite^ cc^tiônfs 9 car 4afp/)«rMi ihieux 
^ tM^oGkicrils des faonlitiei les pliis iïi- 
ironftans ^ que paV ud defniérââe , figûé 
dé lèUr ibain bc apréâ lei^l il^ d^t pas 
èx fntÀài eii Ife teifir de vbidôir tout fe c6n- 

^ ♦' Mllï^jr^vôit DÔttttfckéfiiltnWhs b^^^ 
régler le drçrit des Mrit^érs , je'iiéiçayÔ 
Pori àurbit bcfoih de TttbUtiau* bôur je- 

|lfer tes diflR*ehdS dfes ibôtohiéé : fes Juges 
ièroicnt prefque f èduîts'à îâ trîftè fettéffito 
&\tivofè: ki ^bêt féî.. i^ofeuKi & fes îto- 
cfendîî^fèi : qid ^oît-Ôrt dâfeS fe lâàtëttlès 
des Chàthbrfesi àliPâr^iieV^^à iâ'^ttiî 
OU dans la Saltedu ft^gîtti^t , 'deà heritfehs 
éb intejfat ? it^ri* , M Ldî* ôtt ôttufVÛ 
à fcuns partages j bô J^ voit le's tfefemen- 
taîrts duî.tMaîdéfat 'ettrèxplicktîôn dW 
cfadfè t)u d'dki àfticfe^ fe^peVfôhnés exhe- 
redées , ccûic q\A le plaquent d'iih tefta- 
fnfent&râvecîoîfii-^ aVec maturité , par 
un hôtoihe grave ,. habile , cônfirientieux , 
éc qui a été aidé d*un bon confâl ^ d'un 
afte où lé pr^icien n'a iieh ohmis de fon 
j^gon & de fes fincfles ordinaires ; il 
cft fignë du tfei^tcur 8c des témoins pu- 
blics. 



ou LES MOBURS DE CC JlfiiCLE. tl^ 

Uics, il eftoaraphé^ 6c c'cft en cet état qu'il 
eft Ckffé Se déclaré nul 

^ TitiiKÊS affifle à la leâure d'un tefta- Mr. Hea< 
tnentavcc des yeux rouges 6c bunÀles, 6c »«^'**"' 
le cotur ferré de la perte deceluy dofft ï ef- 
père recueillir klucceffîon •* unartideluv 
donne la charge 9 un autre les rentes de m 
¥ille t un croiiiécne le rend nmiflre d'elle 
terre à la c&mpogne ^ ily aunedaufequt 
bien entendue luy accorde une ttuSSoQ &- 
tuée au milieu de Paris 9 comme elle fe trou- 
ve ^ 6c avec les meuMesj fbnaffii&toa aô* 
»nente, les'lamiesluy coukntdes yeuix^ 
k moyen de ks contenir? HièTtHt Oflicier, 
logé aux champs 6c à la viUe 1 meublé de 
fnemc) il k voit une bonne table , 6c un 
taroile ; y avoif-il m mmdi w$fimsé9m$et€ 
imiHie^ U défunt i tmtntiUewrbmmthly 
^ un codidle, il fiiutlelire; WimMievim 
légataire univerfeli ^ il renvoyé Titius cians 
fonFauxbourg, fiuisrentes, (ànsticre, 6c 
le met à pied : ilefluyeiesknsies^ c'd9;à 
Môevius a s'affliger. 

^ La lôy qui défend de tuer un faom^ 
tne n^embràiiè-t^elle nas dans Cette défoi* 
fe, le fer, lepoifen, lefeutl'baïf lesem- 
bûches» la force ouverte , touslesmoyens 
enfin qui peuvent fervir à l'hàonçide? 
La loy qui ôte aux maris 6c aux fem- 
mes le pouvoir de fe donner redpmque**^ 
ment , nVt-elb connu que les yoyesdt- 
re6^es 6c immédiates de donner l at-eUe 

K 4 man- 



324 L«s Caract£Kes 

manqué de prévoir les indireâes ? a-t-d" 
le introduit les fiddconunîs » ou (î même 
elle les tolère ? avec une femme qui nous 
eâ: chère &c qui nous iurvit y legue-t-on 
ion bien à un ami fidèle par un lend- 
mentdereconâoifl^cepourluyy ouplûtôt 
par une extrême confiance ^ ficparlacerti"* 
tude qu'on a du bon uâ£^qu'il fçauiafiùre 
dece qu'on luy l^e? donne-t^n à celuy 
-que l'on peutfbupçonner de ne devoir pas 
rendreàlaperfônne, àquieneflFetl'onveut 
' dmner l ^ aut-il fe parler, fiiut il s'écrirei 
; eft-îl belbin depaâe, ou de ièrmens pour 
fermer cette coUufion ? les honmies ne 
' lènrent-ils pas en ce rencontre ce qulls 
peuvent efperer les uns des autres? & 
u au contraire la propriété d'un tel bien 
efl dévolue au fiddcommiilàire , pour- 
quoy perd-il & réputation à le. rete- 
nir? fur quoy fenae-t-on la fàryfe & 
les vaudevilles ; voudroit-on les compa- 
rer au dépofîtaire qui trahit le dépofl » 
à un domeftique qui vole l'argent que 
fbn maître luy envoyé porter ? onauroît 
tort^ ya-t-il de l'infamie à ne pas £ùre 
-une libéralité, & à confèrver pour fby 
cequieftàfby ? étrange embariâs, horri- 
b.^e poids que le fideicommis ! fi par la re« 
. verencedesloix on fel approprie, ilnefiiut 
-pluspafTer pour homme de bien^ fi par le 
• refpeâ d'un ami mort ion fuit Ces înten- 
ttioQS, en le rendant à fà veuve» oneflcon^ 

fi- 



OULesMoEVRSOBCBSIBeiE* ttf 

fidentiaire, onbleflelaloy: elle quadre donc 
bien mal avec l'opinion des hommes , ceh^ 
peut être ; & il ne me conviœt pas dédire 
icy, hloypedie, ny les hommes fè trom- 
pent. 

* Tentends dire de quelques particu- 
liers ou de quelques Conroagnies, td&td 
corps fe conteftentl'unàrautrek prélean- 
ce j !e Mortier & la Parie fe dtfputent le 
pas. •Ilmeparoîtquecduydesdeuxquî 
évite de fe rencontrer aiuxAflemblees, efl 
céluy qui cedc, & qui fenttnt fon foible 
juge luy-même en fiiveur de fon concur- 

* Typbon fournit un Grand deduens 
èc de chevaux, que ne luyfournJt-U point 1 
fa perfeaioa le rend audacieux , il dt ii»- 
puHément dans fa Province toutceqm luy 
èlaît d'être, afTaffin, prwre; ffiv^eita 
Uns, ôciln'apasbefoind'afyle : flfeut 
enfin que le Prince fe mêle luy-mêmedelà 

punition. , , 

* Ragoûts, liqueurs, entrées y entrer 
mets , tous mots qui devroient être baxw 
bares & inintelligibîes en nôtre langue : «C 
s'il eft vray qu'ils ne devroient pas être d u- 
fige en pleine paix , où ils ne fervent 
Sa entretenir'le luxe Ce la^ g»""^" 
dife ; comment peuvcnt-ils être entendus 
dansle temps de la guerre &d^™- 
fcre publique , à la vûé de l'cnnam, 
à la Veille d'un combjit , pendant un 



U-. 



ti6 L'es CÀaACfBRÊs 

Qegj^ ; où et)--!! parlé de k uble de Scifim 
ou de celle de Marias ? ày-je tu quelque 




qu 

catefle j de la pi'opreté & de là &mptuo. 
fité de$ Generàuk f qu'après n'avoir plus 
^ rfcn à dire fur leur fujet , & s^être épuifc 
fur les drçonftaûces d'une bataille gajgtiée 
& d'u^e ville prife 5 i'âimerôis même qu'ils 

-.V vou]^0eûtiè priver de cet élcgè. 

favuS. ' * Hermilfti eft Mclavè de ce a u-il ap. 

pelle fes petites commoditez , il leur br 

crifie.l'àlàgere^^ la coutume» lesmo- 

des> 4a biemè^ce ^ il les cherche en tou« 

' tes cbpfes , il quitte ime moindre pour 
tmé plm -gçmde ^ il ne negîige aucune de 
càïes qdi ibnt Dratiquables , û s'en fait 
une étude.» & il ne fe pafle aucun jour 
qu'il M <àfle ein ce genre tme découverte j 
il laiiTe aux autres nommes le dîner & le 
ibtiper » i, peînç en admet-il les termesi 
ÏL xnaQge qgand ik îàim , & les métsfeu^ 
lémetit où Ion am)etit le porte ; il voit 
iàireibhlit'^ quelle main aiféz adroite où 
afièz beuf èujfè . pourrait le Ikifè dditiiîr 
comme il vctot dormir ? il fort rareinent 
de dicK ïov ^ Il aime la cbàmbrjè , où il 
p^tri.Qïlîf, ni laborieux, ou il ti^i 
point i 'àù'A ttik^e 5, ;& jfens réqùîfwgc 
d?nn hôtnipe qïii'a^is/içèdecïrie; .t5à 
diépcad fervilemei^ ûHm feifrukîêr 'fic'd'uii 

me- 



ou LES MOBUM DE OS SftCfcs: XX7 

menuGer (èlon fès befbins ; pour \uy s'il 
iàut Bmer il a uoe Urne * une Icie s'il fiait 
fcier, 8c dts ten^les s'd feut arrâdierî 
iïna^neT: , s'U cftpoffibîe , (jurf<jues ou- 
tils qu'il n'ait pas , iSc meilleurs, Se plui 
commodes iloagrè que ceux mêmes dont 
les ouvriers ft -{menTî il en a de nou- 
veaux & d'inconnus , qui n'onf point de 
nom , produÛions de ibn eïprit , & dont 
il a prelque oublié l'u&ge; nul nelè peut 
comparer à luy pour faire en pende temps 
& lans peine un travail fort inutile. H 
&ilbit dix pas pour aller de Ton lît dans & 
garderobe ; il n'en fât plus que neuf pw 
la fflànîere dont il a fçâ tourner tk 
riinmbre , combien de pas épargnés dans 
irs d'une ^e ! ailleurs l'on touirie la 
l'on pouffe contrt » ou l'on tire h 
& une porte s'ouvre , quelle fiiti- 
yoilà un tnouvement de trop qull 
'épargner , & comment , c eff uo 
re qu il ne révèle point ; ïl eft à I» 
un grand maître pour le refforï flc 
[a mécanique , pour celle da -mMB* 
:ùui le monde le i«tffe : Hermippe 
î jourdt fon appattcment d'wlleua 
e la fenêtre , il a trouvé le (ccret <te 
:r & de defcecdi'e autrament qM 
'Ccalier , & il cherche ctluy d'en»!*!- - 
Vtir. pluicommodrtnéntquepar'to 

y déjà longtefiis que l'on knpro». 
K <f Te 



2t8 Les CARACTEaBS 

ve les Médecins » & que Pons'ea fert \ le 
rbeatre & la (àtyre ne touchent point z 
leurs peniionft^ ils dotent leurs filles» 

Ï lacent leurs fils aux Parlemems & dans la 
Vekture, *& les railleurs epx-mêmes 
jR> urniflènt l'argent. Ceux qui fè portent 
bien deviennent malades! » il leur &ut 
des gens dont le méder (bit de les aflurer 
qu'ils ne mourront point : tant que les 
hommes pourront mourir 9 & quils aime- 
jront à vivre, le Médecin (èra raillé & bien 
payé. 

'^ Un bon Médecin eft celui qui a des 
-remèdes Ipedfiques , ou s'il en manque, 
.qui permet àceux qu>lesont9 de guérir Iba 
.malade. 

*.La témérité des Charlatans, Ôcleuii 
.tr^eisfuccésquienfbntleslùitess font va- 
hit la Medecine& les Médecins : fi ceux- 
irylaiffent mourir, les autres tuent* 
r * QiTToCarri débarque avec une re- 
. cctîft qu'il appelle un prompt remède , & 
:quî qçelquetbis eft un poifbn lent : c'eA 
uû;Im^q de Emilie , mais amélioré en Tes 
mains, de ifpedfique qu^il étoit contre la 
cblîquç» il guérit clela fièvre quarte, delà 
pleureGe, del'hydropifîe, de l'apoplexie, 
del'epilepfie; fi>rcez un peu vôtre memoî- 
Te, nqpmez une maladie, lapremierequi 
yiro<;is viendra en refprit, l'hémorragie, di- 
tes- voua? il la guérît : il nereffulcite per- 
J^9Qe]i( il eft ^vray ,, il ne rend pas' la vie 
:•' * aux 



J 



ot7 LES Moeurs de cesibcle. ixp 

aux hommes, mais il les conduit neceflai- 
rcmentjufqu'à la décrépitude, &ccn'cft 
que par bazardque fon père £c fbn ayeul^ 
quiavoientce fecret, font morts fort jeu- 
nes- Les Mededns reçoivent pour leurs vi- 
fîtes ce qu'on leur donne, quelques-uns fe 
contentent d'un remerciement j darro Carri 
efl: fî fQr de fon remède , & de l'effet qui 
en doit fuivre, qu'il n'hefite pas de s^n 
Élire payer d'avance , & de recevoir avant 
que de doniier; il le mal efl incurable, 
tant mieux, il n'en efl que plus (Tigne de 
fbn application & de fon remède ^ com- 
mencez par lui livrer qudques &cs de 
mille francs , pafTez lui un contrat de 
conflitution , donnez lui une de vos ter- 
res, la plus petite, 8c ne foyez pas en-* 
fuite plus inquiet que lui de vôtre gue- 
rifon. L'émulation de cet homme a 

feuplé le monde de noms en O & en 
, noms vénérables qui impofènt aux 
malades &c aux maladies, vos Méde- 
cins , Fagon , & de toutes les fàcultez , 
avoùez*le, ne gùérifTent pas toujours, ni 
furementj ceux au contraire qui ont hé- 
rité de leurs pères la médecine pratique, 
& à qui l'expérience efl échûë par fùccet 
fîon , promettent toujours & avec fêrmens 
qu'on guérira, quil efl doux auxhom- 
' mes de tout efperer d'une maladie mor- 
telle, 8c de fc porter encore pafTablement 
bien à l'agonie 1 la mort furprend agrea- 

K 7 blement 






ijb Lies Cara^tehes 

fclemcnt & fans s^étrè fat ctafcïA-e, an ht 
fcnt plutôt qu'on n'a longeas^ préparer 
& à s^'y reloudrc. O f'AXîôN Ësru- 
t AP£ ! faites r^èr fur toute !a tenue le 
Quinquina & T^âetiquë 9 tojhilaifèz à 
& pertèâion la fcienee déâ 'âft]jj[>les, qui 
font donnez aux bbmn^es poiïr prolonger 
leur vie -y obfervez dans lès cures avec 
plus de precifloh & dé fàgéâfe que perfba- 
ne n'a encore fait le ^ftiat, les temps, 
les fimptomes & les complexiôns ^ guérif- 
ièz de la manière feule qu'il tonvleût à 
diacun d'être guéri y chaCex des eorps 
où rien ne vous efk caché de leiir ctCon(h 
mie le^ maladies lés plo^ oblèareà JBt les 
plus invétérées i n'aïtenleii pat ^r t^fes 
de ï'éfprit , elles font încûrtiblés y ïatfièt 
à CmnmA Lesbie^ à Cûniiiêi à Trmàkm & 
à CarfHs la paffion ou la fureur des Charla- 
tans. 

* L'on fbufire dans la République les 
Chiromanciens & les Deviiiis, ceux qui 
font l'horoicope & quî tirent la figure, 
ceux qui connoiflent le paffé par le ttiou- 
vemeikdu&/i ceux quîfbnt voir dans uh 
miroir ou dans un vafe ^'eaû la claire vé- 
rité 5 & ces gens font en eflFet de quelque 
ufâge» ilspredifènt aux hommes qulls fe- 
ront fortune, aux filles Qu'elles époûfe- 
font leurs amans, confolent les enÊfls 
dontles pères ne meurent, point t ^char- 
roèùt Tinqidetude des jeûnes fuîmes qtd 

ont 



ou 1.1$ MoktrRi t>e cfc stEôLBl %ji 

ont de vieux maris : ils trompetât enfin 
k trés-vil prix ceux qui chcrcheût àéorc 
trompez. 

* Qge pcnfer de la magie & du fbrtile- 
ge? I^ameorieen eftôbfcure, les prind- 
pes vagues, incertains, Ôc qlii approchent 
du viûonnàire: mais il y a des ïraits emba- 
rafîansj'affirmezpar des hommes graves qui 
les ont vus , ou qui les ont appris de perfon- 
nes qui leur reflemblent ^ les admettre tous 
ou les nier tous parok un égal inconvénient, 
£c j'oie dire qu en cela, cQmme dans toiir- 
tes les choies extraordinaires de qui fbrtent 
des communes règles, qu'il 7 atm parriilt 
jrrouver entre les âmes crédules & îcli ef prits 
forts. 

* L'on ne peut gueres charger Penj&n- 
ce âe la connoiuance de trop de langues » 
& U me lèmble que l'on cievroit mettre 
toute fbn application à l'en inftruire j elles 
font i^tiles à toutes les conditions des 
hommes, & elles leur ouvrent également 
l'entrée ou à une profonde , ou a une fâ- 
dle £c agréable érudition. Si l'on remet 
cette étude il pénible à un âge un peu plus 
avancé, & Qu'on apelle la Jeunefle, ou 
l'oon^apaslatorce del'embraflèr par choix, 
ou Pon n'a j>as celle d'y perfeverer ^ & fi l'on 
yperièvere, c'eftcQnfomër à là recherche 
des langues le même temps qui efl coniâ- 
cré k l'pfibge ,que l*on 'en doit faire y c'êft 
borner àS fcicace des inôfs un âge qtd 

veut 



3^x Lbs Caractères 

veut déjà aller plus loin, & qui demande 
des choies^ c'en au moins avoir perdu les 
premières & les plus belles années de & 
vie. Uo û grana fond ne fè peut bien &re 
que lorfque tout s'imprime dans l'ame na- 
turellement , & profondément ; que la 
mémoire eft neuve, prompte, & fidde; 
que Pefprit & le cœur font encore vuides 
depaflîons, de foins & de deffrs, &quc 
Ton efl: déterminé à de longs travaux par 
ceux de qui Ton dépend. Je fùîsperfiiadé 
que le petit nombre d'habiles, ouïe grand 
nombre degens fuperfîdels vient delx)ubli 
de cette pratique. 

* L'étude des textes ne peut jamais 
être affez recommandée : c*ell le chemin 
le plus court , le plus lur & le plus a- 
greable pour tout genre d'érudition: a- 
vez les choies de la première main^ pui- 
kz à la fource; maniez, remaniez le tex- 
te j apprenez- le de mémoire; citez-Ic 
dans les occaGons ; fongez fur tout à ea 
pénétrer le fea§ dans toute Ion étendue 
& dans fes drconftances; conciliez un 
AuLCur-onginal', ajuScz fès ^principes, 
tirez vous-même les concluions; lespre- 
miers Commentateurs fè font trouvez 
dans le cas où je defire que vous foyez ; 
. n'empruntez leurs lumières, & ne fuivez 
leurs vues, qu'où les vôtres«fcroîent trop 
coùrtçs: leur^ éxp^cations ne font pas a 
V0U3, & peuvent aïfeaent vôuàéchaper; 

'• -- • • ■ TOI 



ou LESMOEUHS DB C£ Sl£CLB. Z J 3, 

VOS obfèrvations au contraire naiSent de 
vètre efpric & y demeurent, vous les re- 
trouvez plus ordinairement dans k con- 
veriârioq» dansla confultation & dans la 
difpute : ayez le plaifir de voir que vous 
n'êtes arrêté dans la leâure que par les 
difficultez qui ibnt invincibles» où les 
Commentateurs & les Scoliaftes eux-mê- 
mes demeurent court , G fertiles d ailleurs 9 
fi abondans £c fi chargez d'une vaine 6c 
fàûiueuie érudition ^ans les endroits clairs 
6c qui ne font de pdne ni à eux ni aux 
autres: achevez ainfi de vous convain- 
cre par cette méthode d'étudier, que 
c'eft la parefTe des hommes qui a en- 
couragé le polantifme à groŒr plutôt 
qu'à enrichir les bibliothèques , a &ire 
périr le texte fous le poids des Com- 
mentaires; 6c qu'elle a en cela agi con- 
tre fby*même 6c contre fès plus chers 
intérêts, en multipliant les leôlures, les 
recherches 6c le travail qu'elle cherchoit 
à éviter. 

* Qui règle les hommes dans leur 
manière de vivre 6c d'ufcr de& alimens, 
la fantc Ôc le régime ? cela eft. douteux j 
une nation entière mange les viandes 
après les fruits, une autre fait tout le 
contraire ; quelques-uns commencent 
leur repas par de certains fruits^ 6clefi- 
niflcnt par d'autres, efl-ce raifon; efî- 
ce ulàge ? Eil^ce par un foin de leur 

fànté 



X 



»34 ^^' Caractères 

làncê'que les hommes sliabilient ][u%i'ail 
menton 9 portent des fraife^ 6c des col- 
lets, eux qui ont eu fî longtemps h poi- 
trine découverte ? Ëft-ce mt bienfetûce» 
fur tout dans un temps où fis avoiéâtttou- 
vè le fecret de paroîtf e niîds tout habil- 
lez? & d'aîBeufS les femmes qui montrent 
leur gorgèfit leur^épâules , Ibtir-eHesà'u* 
bt compie^oti moins dé&cate que ki 
hommes , ou Aiobs fùjettes qu'eux aux 
bîcïiièàrîces? quelle eft lâ *pudeur qui en* 
gage celles-ey à toiivrfr leurs jàxnbéi& 

Srèrqùé leurs pîeds, & qui leur permet 
^avoir lès bras nuds au defitis du eoiide; 
qui àvôît ifils autrefois dans itfpHt de* 
hôïnnàeâ qu^on étoît à k guerre ou pourfè 
défendre , ou pôut attaquef , Se qui leur 
avcMt inffnùé rttûge des armeS offenfîvi» 
& des défenfives f qtii les ùbl^ atijtnir- 
d*huî de fencjrncet ^ Cèlles-cy, & pendàrtt 
qu'ils fe bottent pour âlletâu baU de M- ' 
tenir Ûfls armes & tù rpourtrtAit des tra- 
vailleurs, expofez à tout le feu d'ûûfe eoiî- 
trcïcafpe? Nos PCré^ qui ne jugeoient 
j>as une telle Côttduitè utile au Pnttceftc 
à la Patrie, étoient-ils fages où infèttfet? 
& nous-mêmes queb tferos cclebrons- 
nous dans nôtre Hiftoire? UnGuefclin, un 
Cliffon^ unFoix, unBoucicaut, qui tous 
<Hit porté Pàrmet & endolTéunccuiraflè. 

Q^i pourroit rendre raifbn de la 
Ibrtune oè certsùns mots, & de lapro- 

fcrî- 



fcFÎption de quelques autres ? Jtihs a pe 
ri , la voyelle qui le commence , 6c G 
propre pour l*elifit)h, n'i pu le Éiiiver) 
il a cdcfe à un autre mchiofyllabe '^ & • Mais. 
qui ti'eft au plus que fon anagramme. 
Cetfes eft beau dians & vlcillcflfe , & à en- 
core de k fbrce fur fon décliA; hPoë- 
fie le reltlàftiev et tlôWé fengUi^ doit beau- 
coup aux ÉcHvains (\\x\ le dufetit th prôfe» 
et q\il tè côitimififtétit j^dur liiy dàrtS teuré 
6a\^ tiges. MàiHt eft un triot qu'bft ne de- 
vbît jattîàis àî)akidoilt1er, -& p3x la feclHté^ 
q\i*y y aVoîf à le. coùlèt dans le ftyle, flç' 
pat Ton origine qtii elt Ftatrçôift. Moti!t , 
^uoy que Latin, étoit dkn^ fon temps d\m 
ifaêfenfe mérite, & je ne Vbls pas par où 



haaco^ l'ettîp'orte fiir iujr. Quelle pct- 
f&cmïA lé Cdi^ h*a-t-il pââ étfuy^j A: *?8 
ti^t troàyé dé là tof cite£Hôn ^YttA lès 
gens '^ohls , h'étoit-it pas hûxAd hbnteâ- 
fetxient d\ine iàngàe à qui il ia rendu dé fi 
tbngâ lèrvicés^ &i8 qu'on f^Ût quel Mot 
luy fùbftitue^ ? Cil a été dans tes beaux 
jours le phis joli mot de la langue Fran^ 
çoSfe, il eft douleureux pbur m Poctéi 
qu'il ait vieiliî. Dûuhi&en^ ne vient pas plus 
flaturellement de douleur que de chaUuf 
vïent chaUureM ou cbaldêreux , celuy-cy fê 

Eafle , bien que ce fïk une ficheffe pour la 
mgue, & qu'il fe dift fort jufte ou chaud 
ne s'enjployc qu'improprement. Valeur àt^ 
toitauflinousconlèfver wfc<ré//x Huitiè^ 



zi6 Les C a |i ▲ en iie$ 

haimux. Teine^feineux. Fruit ^fru^ueux. Pi^ 
tiéfpiteux^yojfe^jovial. Foy^feal. Cour^cour- 
Ms. Gifitj gtjppftf Haleine » baleiné^ Vanterie , 
^vantart* Menfingejmefffonger.CoùtumeiCoi^ 
tumier. Covamt f art mwiiïmif artialJPinntf 
joint u Upointil(eux. Ton , tonant. Son yfinou. 
Frein^mrifîé. Front y effronté.Ris^ ridicule. 
Lojfy uyal. Cœur yeofJm.^Uen^benin. Mal y 
msUcieux. Htur (è pkçoit où bonheur oe 
^aurok entrer» il atâit heureux^ quieflC 
Françoi3» ôcUacefiféderétre^ fi quelques 
Poètes, 3'en font fervis $ c*eft moins par 
choix que par la contrains de lamelùre. 
IffiêîmoG^e, & Fient à^ij^r qiiî eftabolL 
•Fin fubuue &ns conlèquence pour fner 
qui vient de luy» pendant que ^^ôcfig^ 
régnent également. . Verd ne&lt plus ver^ 
deyer^ njfftif fetojerinylarntifiarwtjeri 
ny deûilf fidouloir^ Jecondoulùr^ ^JJ^y 
s ^ouir , bien qu'il kSè toujours fi i youir % 
£e conjouir-y ainC qa^orgueil^ s^ enorgueillir. 
On zààtgmts le corps. ^6ir^; ce motfi&* 
die non feulement eft tombé; l'on voit 
même qu'il a entr4Îné£f»;/7 d^s fàcfaûte» 
On dit diffaf;jé y^ oui dérive àtf^imo qui ne 
s*entend plus. On dit cmieux dérivé de 
iiwrc qui eil hors d'u/àge. Tl y avoît à ga- 
gner de dire)? (jue pour de forte jue ou de 
rîamere que. De moy au lieu de four moy 
ou de quamÀmoy-y dédire, jefffijfuec^efi 
ju^un mal^ plutôt ç^t je fçay ce quec^e^ 
quun mal'f Ibit par l'analogie JLatine% 

Coii 



ou LES Moeurs de cb nscLE. i j 7 

foitpar l'avantage qu'ilyafouvent à avoir 
un mot de moins à placer dans l'oraiibn. 
L'uÊtge a préfère far confequmt kfar ^mfe- 
^umce i &cen confequrncé à m tonfMtêmt^ 
fofons de faire z manières di faire 9 ^wa^ 
nieres J^ agir 'i façons d'agir .... Dan^lcs 
vtrheSf^ravailier à ùttvreryetre acceSSuTfttï 
fouhir^nvenir à âuire^faire du bruit à bruire^ 
injmier\ vilainer ^fijuer ï poindre^ faire ref _ 
fiuvenir à ranrentevoir ..,..;. Et dans m 
nomsfenfées à f enfers ^ un (i teau mot , & 
dont ^e vers le crouvojt fi bien , grandes^ 
avions ^proueffes , louanges à loz, , méchanceté 
à ntanvaifiié^forte à huis^ navire à nef^ armée 
ïùfi^ monaftere à monjfter^ fratries kprées. 
,,... Tous mots qui pouvaient durer en- 
fenîble d'une égale beauté , & rendre une 
langue plus abondante. I/ufage a par 
rafflition , la fupreffion , le change- 
xment ou le dérangement de quelques let- 
tres fait frelater SefraUter. Prmver de 
preuver. Profit de proufit. Froment de four- 
ment* Profil dt pourfilProvifim dtpourvem. 
Promener depoarmemr , ic promenade de 
pourmenade. Le mènifcuf âge fait félon foc- 
cafîon d^ habile, d^Htiktdtfadleydtdodh ^àt 
mÂiie & de fertile 9 Cins y rien changer, dès 
zenres differens ; au contraire de w, vile; 
uAtil, fiAtfk\ félon leUr terminaifon maf^ 
cuUnsou fbninins. Il a altéré lès termi. 
nations anciennes. De fiel il a Sxitjcean^ 
d^Monfely mmte0H9 mcapel, eiapeau; 

de 



i3& ILtES Çai^açterk.s 

& c^û iàns quei'oa voye gueres ce quela 
langue Françoilè g^e^ ces différences &ç 
^ CCS chaqgeipçqs, £ft*(çe donc faire pour 
le progirés d'une langue que de déférer à 
J'vi^gç ? ^r^V^î} ipîeui^ de fècQiier le joug 
de ion erop^e il <]e{popique? fàudroM 
dans une langue vivante écouter la ièule 
laifon qui prévient les équivoques, /lût la 
racine des motS) 6çle rapport qu'ilsonta- 
yec les langues originaires dont ils font fbr- 
tiSy G la raifbn d'heurs veut qu'c^ fuive 
. Tulâge ? 

Si nos Ancêtres ont mieux écrit que 
nous» ou (ïnous l'emportons fur eux par 
le choix des mots, par le tour & Texpref- 
(ion, par la clarté & la brièveté du dif- 
cours, c'eft une queftion ibuvent agitée^ 
toujours indecifè; on ne la terminera 
poipt , en cçmparant , comme l'on Bit 

guçlquefbiS) un froid Ecrivain de l'autre 
eck ^ux plifsceleb^es decelui-cy , ouïes 
vers de I^aurent pay^ pour ne plus écrii^, 
à ceux de Marot éc de Dèsportes. U 
feudroit pour prononcer jufte fur cette roa- 
t?^re oppofèr Meçle à fiecle & excellent ou- 
^ragç 4-^xcelient ouvrage, par exemple 
ics ipeilleurs rondeaux et Be^si^RAPjbou 
de VoIT^RE à ces deiix-cy , qi^'une tra- 
dition Qous ^ confèrvez , £u^ nqiis çn mar- 
^^*ier le tçippjciii'Âwgiif, 

Bien 



ou LES M0BUR3 PK CE $ÎÇ€LE. l^^ 

Tî Im â propos s'en vint Ogier en France 
*^ Pour le pais de wefirean s monder ; 
Ja ne^ hefoin de conter fa vaillance^ 

Tuifyu ennemis no/oient le regarder. 
Or quand il eut tout mis en afiurance t 
De voyager il voulut s^enbarder , 
En Par Mis trouva Peau dejonvanc( | 
Dont il fi /fut de viellejji engarder 

Bien d propos. 

Puis par cette eau fin corps tout décrépite 9 
Tran/mu/futpar manière fuUte 
EnJ4unegars , frais , gracieux é* droit. 

Grand dommage e/i que cecjffoitfimettesf 
Filles connois qui ne fint pas jeunettes , 
ui qui cette eau dejouvance viendroit 

Bien d propos. 



DE éettuy preux-maints grands clercs ont 

écrit y 

Qu^oncques dangier n^é tonna fin courage | 
Mujefutpar le malin ejprit 
^ilepoufa fius féminin vifage. 

* 
Si piteux cas â la fin décotnrit 
Sans unfeulbrin depeur ujf de dmmagp^ 
Dont grand renorn par tout le monde acquit 
Siqu^ontenoit très- bonnefie langage 

DecettuypreuXf 



j 



Bien. 



140 Les Ca^actei^ss 



Bientoft après fille de R&f s'éprit 
Definamoug^ qui vàiéïentier s s'offrit 
Aubm Richard en fécond marine. 

Donc s'il vaut mieux ou diable ou femme 

avoir y 
Et qui des deuxhriiitjflus en ménage^ 

Cculx qui voudront y ft lepurrontffavrir 

De cettu] freux. 



De i-A Chaire. 

LE difcours Chrétien eft devenu un 
{peôacle^ cette triftcfTe Evangdiquc 
qui en eft Tame ne s'y remarque dIus j elle 
eft fuppléée par les avantages de ia mine, 
par les inflexions de la voix , par la régula- 
rité du gcfte , par le choix des mot? i & 
par les longues enumeratîons : on n'écou- 
te plus ferievifcment la parolefàinte j c'eft 
une forte d^araufement entre mille autres, 
e'eft un jeu où il y a de remulation & des 

parieurs. 
•L'Elpquenceprofaneefttfan(pofée,pour 

ainfidire, du Barreau ,oùi-eMaitre,Pu- 
cELLE&FouRCtiOYront fait régner, & 
où eUèn'eftplusdufage, à laChaire où el- 
le nedoit pas être. -^ 
L'on laitaflàutdcPeioquenceîufquau 

pied de TAutel, ôceala prefence des My- 

^ - fteres: 



tXJ LBS MOEUAS DE CE SIECLE, t^t 

lleres: celui qui écoute s'établit Juge de 
celui qui prêche, pour eondamnçr ou pour 
applaudir^ & n'eft pas plus converti par Je 
ducours* qu'il iàvorife, que par celui au- 
quel il eft contraire. L'Orateur plaîtaux 
uns 9 déplaît aux autres, & convient avec 
tous en une choie; que comme ilnecl^r- 
che pointa les rendre meilleurs, ilsnepen^^ 
iènt pas auffi à le devenir. 

Un apprentif eft docile , il écoute j(bn 
maître j il profite defes leçons, il devient 
maître: l'homme indocile critique le dis- 
cours du Prédicateur, comme le livre du 
Philoibphe, & il ne devient ni Chritien, 
ni raifonnable. 

* Julqu'à ce qu'il revienne unliommcf 
qui avec un ftyle nourri de^fàintesEcritu- *^^ ^ 
res^ explique au peuple la parole divine uni<^. moniîya 
ment ScËimilierement) les Orateurs ôclesqadqnet 
Dedaraateurs feront fuivis. m»^ 

^ Les ijta^ons pro&nes , les froides 
allufîons, le mauvais pathétique, lesan- 
tithefès, les figures outrées ont fini» les. 
portraits finiront, & feront place à une 
fimple expUcation de l'Evangile, jointe 
aux mouveœens qui infpirent la converfi- 

OD. X^ 

^ Cet homme que je fbuhsûttois inh- 
padeoipient , & que je ne daijgnois pas ef^ 
perer dç nôtre fiecle,. eft enfin venu; les 
Courtifitns à force de goût & de connoître 
les fHenieances loi ont applaudit ils ont^ 

Tm. n. L cho-i 



%/^i Lbs Caractères 

chofe inrroiable ! abandonné la Chapelle 
du Roi, pour venir entendre avec le peu- 
pie la parole de Dieu annoncée par cet 
•Le F. Se- homme Apoftolique * : la ville n'a posété 
nfh.Ci2 deTavisdelaCour; où il a prêché, lesPa- 
rbifiiens ont defèrté , juiqu'aux Marguil- 
liers ont difparu , les Palpeurs ont tenu 
ferme, msûs les oiiaiUes (è (ont diiperiëes, 
& les Orateurs voiGns en ont gmffileur 
auditoire. Je devois le prévoir, & ne pas 
dire qu^un tel homme n'avoit qu'aie mon- 
trer pour être fuivi, & qu'à parler pour 
être écouté: hc içavois-je pas quelle eft 
dans les hommes 2c en toutes choies la 
force indomptable de l'halntude : de- 
puis trente années on prête l'oreille aux 
Rhéteurs, auxiDeclamareurs, aux Enu^ 
nterateurs , on court ceux qm peignent 
en grand, ou en mignature^ il n'^ a pas 
long-temps qu'ils avoient des chûtes ou des 
tranfîtions ingenieufès , quelquefois mê- 
me fi vives & fi aiguës qu^elles pouvolcnt 
paffer pour epigranmies , ils les ént a- 
dbudçs-, jel'avouè\ & cenefontplusquc 
des madrigaux : ils ont toujours d^une 
ûecefiîté indifben&ble & géométrique 
trois fujets admirables de vos atten- 
tions ; ils prouveront une teBe chofe 
dans la première partie de-leiir débuts. 
Cette autre dans la féconde partk ,- Recet- 
te autre encore dans là trôifieme*; aiofi 
vous ferez convaincu d abord d'une cer- 

tainc 



ou tîBS iMoElIftS a>B'CB SIECLE. I4f 

tâiné vérité 6c c'eft leur premier pomt-^ 
d'une autre cverité &c c'eft leur ftoond 
point» fie p9i»<|clttne-.trQfi6]|o:wiitéi;fiG 
c'eft* leur.troiffirmec point):» '^-àk forte aiM 
la prbn3iiire.9efiibcionrVu>iii Itiftniirad^ 
principe des 'pldsifbndamen^iAc de yâtre 
Keligiion, k féconde df an autre principe 

3ui ne l'^ftpâ mckins» 6cla <ternierei ré** 
eicioa d)at^trQiiienipr£c dernier priodpe 
le gltisr'Sffipoctato'de^lDoasv *<}iA ^eft «MiHi^ 
pourtant faute de loifir à une autrefbb:i 
enfin po\iiiTepnâ&dre'& rafoe^er çét^di- 
vifion». âc fermer un' fikn ....• encore 
dites- 
un* 

r<efte à faire l plus ils jchercheot; à ledige- 
rer & à l'édanTcit, phiriisfiii^einbvaiiâM 
lent : je vous braiS) ans: pMne^licafiBft 
Ifeffet le^ plus naturel de'toutrcètan8aijdH& 
déesqui reviennentllvin^echolèy dont, 
ils diai^nt Suis pirié la mémoire de leurs 
auditeurs. 11 (èmble à les voir s^opiniterer 
à cet uiâger 4ue là grâce. de IftcoftiTei^ 
(ion ibtc atxocheràtcèsénonqes^rï^nsi 
coitiment néanmoins. feroîti«nr' coiovrerti 
par* de t^ Apôtres^ fi l%Hir^â^euti^a% 
pdne' les entendre articuler , les fiiivflo 
fit ne les pas perdre de vâë? Je leur do» 
manderois volontiers qu'au nâfieu deleui^ 
couriè impetueuiè Us vixuîuflèDtKplnGeiiv^ 
atkà inddneyf' fodffleriuQ«û^ 
ibnffldr leorsicudîtetàrs. {Vaias 
L^z di. 



«41 Lis s CAti:ftrTck6s 

difeotirs , mnries pefiluë&! le temps des Ho- 
soeltes n'^ phsj. k^ Bafiles, tes Chryfo- 
flomes ne letmàm^riàaitjpaai; {oapafièroit 
«nd'sttitrôs {Siocdesif^gr. are ! hors de la 
poftée de kul* YKW) :&f <teleur3 firoilieres 
uiib^uâloQai; b cpfttmiiii desiunninesidxne 
1^ [4»a(è$ &c les périodes» adoâre cequll 
n^éotsnd i>as« k fiippolèiniîlreîtf content 



de: déddet. entre un preoûer.&itm iècond 
pfliQt, m Itiitrç fe deriscir&rai^ &ie pe- 

. .^ifl y a moins d'œLfcdc 'qu^un li^e 
Fmoçoisctok un certain: noiid>rB Je po^ 
I^atines» ou Fon découvroic queiquesu- 
gnes ou quelques mots en n6tre*bngu& 
tes paflagesf les tnûts 2c les dtations 
a*ér étkni&pasidoneurélà, ! Ovide & Ca^ 
ttdle sush^eroiqit de: décider des ^naiiages 
Se des tefiamens $) t^ ivedoteht ; avec les 
Pandeâes au ftcours' delà veuve& des pu* 
pilles: le iàcré. 8c lé proF^e ne le qiût- 
tdent point » ils s'étoient gliflez eiuèm* 
ble]i^|ues dans la chaire; & Çyiille, :Ho« 
racei«/&:cpyprient J^rccd pado^ al- 
temarivetnent, lés Boetes étoient de Fa* 
vfe deS.^uguâfô ât 4ctousIes Pères ^j ô&- 
parioit iiatio & loi^emps devant des 
femoaes & des MarguiHiers , on a parlé 
Grec 9 U &loit fçavoir prodigîéuièment 
pour pcèc^rfinu&v z'A\Ant&opa^ lautre 
\ii^^Jeièxté^eft,fi&cQni iiAia>c|r»utle 
dfcôârs ,tA MaoçoiÈ & ^^âoàeau Fism- 
-•b :: .T çois. 



OV L£S MbKimS DE CEtlEciE. 24^ 

çoîs , l'Evan^Ie même n*eft pas cité : îl feut 
jjçavoir aujôurd'huy tres-peudechofepout 

bien t^rêcher. , \ 

♦ L'qû a enfin bànnî h Scolafliqûc de tou- 
tes les Chaires des grandes Villes , ôconï^a 
reléguée dans les Bourgs & dans les Villages 
pour rinftruâion & pour le lalut du La- 
boureur ou du Vigneron. L»AbW 

* C'eftavoirdel'efprkqucdeplaîreauBtYyn.icf 
peuple dans un Serndo» paruivflyle fl«ûri,^.'J««^- 
tme morale enjouée, des figures réitérées, ç^"^^^^ 
des traits brillans & de vives defcriptions ; ucf. 
mai? ce n'eft point en avoir affez. Uamcil- 

leur efprîc n^l^ces omemens étranger^) 
indignes de fervir à l'Evangile: . il prê-. 
c|ie amplement, fortement > chrétieimçi»> ^ ^ 

'mentî . " . ^^ ^^ 

* L'Ôratetup fait dfe fi belles Iraaçts de 

certains defordres 5 y fait entrer des circoû- 
fbnces fi délicates, met tant d'efprit,de tout 
& de saffinemcntdansceluy ^uipedie j que 
fi jetfaypasdepentcàvouloirrcflfcmblcrà 
fcsportraatSf j'ày belbindu moinsaucquel- 
que Apôtre avec un flyle plus Cbrétienv 
me dégoûte des vices dont Pon m'avoitfeit 
une peinture fi agréable. 

* UnbeaaBermonefttmdMcoufsoia- 
toire qui efl dans toutes les '.règles purgé 
de tous fes défauts^ conforme aux précœ- ^ 
tes de TEloquence humaine, & paré oc 
rous les omcmensdela Rhétorique^ ceux, 
qui entendent finement n*en padcntpatlc 
^ L y moijv 



4,^4 LeI C AJRACTSRE8 

•^pi^drc Fraie, nyuoe feule peniee^ îlslîâ^ 

^ciit ^^pdne rOi^reur dans touteslesé- 

Bumerations où il fè promené 9 . coninae dans 

4ouc^ les el6]^atîon3 où il iè jette : ce n'eft 

rune enigcne que pour le peuple. 

, * Ile JQUde &;l'adn»rable difcours que 

. jcclujjr qu'on vient d*entendre 1 les points de 

religion les plus efTendels, comnae lesplus 

fure^ns motifs^ converSon » v ont ététr^- 

jtez; quel gifgod effet a'a-t-il pas dû &ire 

fur rejQvit jSc .dans l'idOie de tous les Audi- 

. tei;Hrs4 les voilà ses^us^ ils en font emAs^ 

.8c twckiez au point ^ i^udre dans leur 

VAihi ^coyiir fur. ce Sênsmn d^ TbtûJhn^ Wîleft 

JJ^JjJlfJ^" WPre pl^is htaH ^^e Je :d«riW€ff qu'il aprè- 

NîMMt. ^ La morale douce fie relâchée tinsSft 
jivee <2eluy ij(¥ lia pi^obè ^ 41e n^a nen qva 
jr^iUe & qui |tique la çoxiod^ d'un hom- 
fpe.du movà^s qm fCfmtsmi» qu'on ne 
ipfiak uae àpSbm^ &7eDe ^M qm IVp^e 
joSniife ^»if «oçlMf s^ kit f^ wm^ ca 
-Tat^oQçmt : il jèmkle do^Mf QMlîlf ^Mii^îkns 
4'fîglife- fCOTmeydçpîCj4iiW.<j^.doÎYW 
jûâDix^ . <»Iâ(y ife4ite|a iv^onte dai^oute 
Ion étendue, iags ^^ds» fans dëguifè- 
. snent j ~<JeI.uy ' de l'écouter avjkl^ment > 
aytc gput, ;ivçc adinJratfPiijL ayec elo- 

%'Aybè -ges^ &/tîe xk^mim§ cependant py.pis d/ 

?cudc£r * L!9apeutikirfc.cereprQcfeeàlWoî. 
i^veique <}ue T«rtti dts grands hojEPmes , qu'elle ^ 
D'Authot , corrompu 



'^ 



ou LES Moeurs de ce siècle. 147 

Corrompu l'éloquence , ou du moins amolli 
le Ayle de la plupart des Prédicateurs; au 
lieu de s'unir feulement avec les peuples 
pour bénir le Cîeldefirares prefensquicn 
ibnt venus ; ils ont entré en {odetéavec les 
Auteurs & les Poètes, & devenus comme 
eux Panegyriftes, ils ont enchéri iur les E- 
pitres Dedicatoires, fur les Stances & fur 
les Prologues ; ils ont changé la parole iàin*- 
te en un tifTu de louanges » juftes à la vérité 9 
mais mal placées , in tereflees , que peribnne 
n'exige d'eux , de qui ne conviennent point 
à leur caraâere} on eftheureux, CàToc* 
<afion du Héros quMs célèbrent juiques 
dans le Sanâuaire, ilsdifènt un mot à/i 
Dieu & du myftere qu'ils dévoient pre- 
mier : il s'en eft trouvé quelques-uns qm 
ayant aflujettileiàint £vai^e qui doit être 
commun à tous , à laprélènce d'un (èul Au- 
diteur f iè font vus déconcertez par des ha- 
zards qui le retenoient ailleurs , n'ont pu 
prononcer devant des Chrétiens, undiC* 
' cours Chrétien qui n'étoit pas fait pour eux ; 
Se ont été iuppîéezpar d autres Orateurs, ' 

3ui n'ont eu le temps que de louer Dieu 
ans un Sermon précipité. 

* TheoJuk amoinsreiiffi quequelquos- 
uas de fès Auditeurs ne l'apprehendotent^ 
ils font contensde luy & de Ion difcours ^ il 
a mieux fait à leur gré, que de charmer 
l'eTprit & les oreilles ^ qui ell de flatter leur 
îaloufie: 

L4 *Le 



1^ Les CARACTEREt^ 

* Le métier de la parole reffemblc en 
mne cfaofè à celuy de ta guerre» il y a plus 
de riique qu'ailleurs ^ mais la fortune y e& 
plus rapide. 

^ Si vous êtes d'une certaine qualité, 
& que vous ne vous ientiez point d'autre 
talent que celuy de {sàvc de froids difcours: 
il n'y a rien de pire pour ià fortune r que 
d'être entièrement ignoré. Theodat- a été 
payé de fès mauvaifès phrafes&defon en- 
auyeufè monotonie. 

^ L'on a en de grands Evêchezparua 
mérite de chaire , qui prefentement ne vau» 
drcnt pas à ion homme une (impie prd)eih 
de. 

* Le nom de cePan^riftefèroblege^ 
mir fous le poids de&titres dont il efl acca- 
blé» leur grand nombre remplit de vaftes 
affiches qui font diflribuées dans les mai- 
Ibns» ou que l'on lit par les rues en cara- 
âeres monilrueux, Se quon ne peut non 
plus ignorer que la place publique ; quand 
fur une fi belle montre l'on a^ièulement ei«- 
fayé du perfbnnage, & qu'on l'a un peu 
écouté, l'onreconnoîtqu'ilmanqueaudé. 
nombrementdeièsqualitez, celle de mau- 
vais Prédicateur. 

* L'oifiveté des femmes & l'habitude 
,au'ont les hommes de les courir par tout où 
dles s ailèmblent, donnent du nom à de 
JBroids Orateurs, ôcfoûticnncnt quelque 
temps ceux qui oncdecliné. 

* De- 



ic puiiftnt Mi lempwlej^jjrêçifelou^ 
blâ ôuiioni & dèwnt;le ©pt; Auteli & 
daas'k chôrcde la veritéloué&cdebréà r 
fts fiinferaillcsî. n'y a-t-H point d'autre ^ • 
gi^eur que celle, qui vient de Tautorité- 
& de lanalflàncer pourqtfôy n'eft-ilpas^ 

tuba. 4e fi>ir«î.>Vli9PÇ«'«9 le panégyn- 
4tje <}'un. horoffl«r qùia,eja^é nendant, ft 
.vied^wlaWptf^aaiisrçquïté , dws laaojl-' 
xîe»/r,dan»lafi«lelit^,danslapiete?céqu*oÉ»: 

appellfi. une oré£m fùnn^^e n'eftaujpùr-- 
d'huy bien reçue du. plus «apd nombrcr. 

des. apditeqrs.^ qu'i^cfurfî^/Hes ^?^ 
goe,^vant%!4ui^Qurs,cbfétjefl j:.qu, fi^ 

vou^ l'aimez wi^'ujfa»alL,:qu>llç.ap|»j;o^e 

deolusd'unéiogqprofene. f, , „ . , 

* L'Orateur cherche par les ducoursuf» 

Evêché,''VApôtre fiiit des converfions, . 

a mente de trouver ce que l'autre çh^g-. 

^•A^A ' , . r. • . . - *• / 

: v,*. L^?n .yolt deîjSJtpW.«^Wdeqi^- 

^.«^«iiJ[>,.^w;n/*Ae mijls n'ont cas xaiMiil ions . 



^ 



trÀuv6est<»itè8 ÊkesiCpçioïçaeGeUesqu r 

il«ç'oqt pûfeire,iècqniparerdéja/»ux Vi«-. 
CEI» «taux XAVltRsî&fe croire deshom- 

fi heureufts. i»^W9f,tîc;%picn^Pî^^le^^ 
peniéi ycïHe, ^-du|«picr; unepUi^^ 






^ç ifioBr co^y-in^iricS ' je ^ifls ^kie un li- 
vre- i*^.? utilité trféiit'^iir^me, qt)elc; 
Woin Wil'à ()ei»fi^ piitotes^ jeky 
roodcc crie inutilement » prenez une icîe Ùiêfco^ 
Stlkf^^^ fdei, bbblfetttài#nck,'ou:feitesuiic 
Gnads» jante de rouè^'Voasâumv^efidflûre) 4 



^tTta^itt^^dTnhWtaine*. ïi*^ 




xnerj & parce qtf'on n'envé^;^ pa«àlcn- 
jJîittiear un cahier -bbnci 9 le bafbmiâle 
de ce qui Juj pbît, tl écrireic volootîcr» 
oué' k^inf (ioule âP^,* i^U'A y a fept 

ÏMifîl'dâns^la ienmje,^ tni'due fc tènâpseS 
m ptoye; 15tiièo!niWé teisftours rfeftn^ 
contre h, Religion rty [ëèatte TEtaei & 
qu'iï'he feta pcMpt d'autre defôrdre éws le 
^blic q'dë'de %^tef Ie«^^ 
tilmieraux'dbdftkfSles&inGpi^s, âpaflè 



8c S prêche } le vbîlà' eh chafire &» autre 
talent ny Vécatîbn oùe'fébefiffild^tittBeBe- 
' * Ûhei6tc:iii^iiîahrt^ 
inorifè éi<*airè;-effdc»^^ 'î- ^ 



on/irîlS'S|fit^?^ éH^^S^la 
pçrfuàfîbn^ fl*parcMç« AréWK itapetn 

' t - ■ pic 



OULE$MO£0RS DB CE SIECLE. Z{I 

pic qui doit les écouter eft déjà ému & corn- 
itie perfuadépar leurpréfènce: le diicoùrs 
qu'ils vont prononcer » fera le tcfte. 

* L*. oc MeAux & le P. BouKDA*- 
Loue me rappellent Demosthene Se Ci<* 
Ceron. Tous deux mai très dans l'Elo* 
quence de k chaire, ont eu le deftin des 
grands modèles, l'un a fait de mauvais ceiw 
leurs, Pautre de mauvais copiftes. 

* L'Eloquence delà chaire, en ce qui 
y entre d'humain & du talent de l'Ora- 
teur, eft cachée, connue de peu de per- 
(bnnes & d'une diâRcile exécution; quel 
art en ce genre pour plaire en perluadant, 
il faut marcher par des chemins battus^ 
dire ce qui a été dît, & ce que l'on pré^ 
voit que vous allez dire; les matières font 
grandes , mais ufées 8c triviales ; les pria- 
dpes (Qrs, mai$ dont les Auditeurs pé- 
nètrent le^l^^conclufions d'une fiule vuëj 
îl y entre des fiijets ouï font rublîmes^ 
mais qui peut traiter le fublime? il y ft 
des m^Hfcre^ que' l'on doit expliquer, 8c 
'qui '^expliquent mieux paf une leçcri de 
ÏÏEcoIe que par tin difcours oratoire: la 
'Morale même delà chaire, qui comprend 
une matière, auffi vafte 8c aulfi diverfi- 
iiée , que. le font ks mœurs des hommes, 
rouk lùr les mêmes pivots^ retrace les 
mêmes ims^s, 8t fe prcfcrit tîes -bornes 
bien plus étroites que la fatyre ; api-é» 
rmTecUve commune contre les honneursj 

L $ les 



%^i. L&S Caaacjter&s^ 

les^richefles&Iepyfir, il ne fefte f^usai 

JLt 

cours 

êàt ,acteotio& au genîe & au caraâerede 
ceux qui font pleurer, peut-être convien- 
dra-t'On que c*èft la matière qui ^è prêche 
eUe-mêmei & nôtre intérêt le plus capi- 
tal qui fe élit fentir^ ,que c'eft moins, une 
véritable éloquence, que la^ ferme poitrî- 
nedu MiQionnaire,, qui nous ébranle 8c 
qui x:aulè en nous ces mpuvemens. Enfin 
le Prédicateur n'eft point foûtenu comme 
l'Avocat p^r des faits toujours nouveaux, 
par de differens. évehemen& , par des a- 
vantures inoîiies ; il ne s'exerce point fur 
les queftipns doureufes , il ne fait point 
vabif les violentes [ conjeftures & les pré- 
.fcxnptions, , toutes ^ choies neannooins qui 
élèvent le g^nie, lui donnent de k force 
Jk de retendue,. & qui contraignent bien 
moins Téloquence qu'elles^ ne la fixent 2t 
:ae la . dirigent : il doit.au contraire tirer 
:lbn di{<x)urs d'une fource commùae, 8c 
où tout le monde puifc; & s'il s'écarte de 
.ces lieux, communs j^ il n^eflf plus populai- 
.re,. il eft abftrait ou declamateur, il ne 
^prêche.plusl'Evangjle, il n'a befoin que 
jd'une noble fimplîcité, mais il! fiut Tàt- 
.^dre^ tafent rare , . & qui paflelêsJÈrccs 
:ducommundes.homme3: ce qu!ils.ont de 
,genie V d'imagination , d'érudition. & de 



oulbs.MobuestDb ce skeLE.' Z57 

mcoKÂre ne leur ferc (buvekit ,qu'à s'eQ é* 
loignen 

X«a'ibn(^k>n de l'Âv^cat c^ftpe^blo ^ la^ 
borieufè» fie fuppofe dapsceluyquircxcr- 
ce 9 un riche lond ^ de grandes reflbur- 
ces ^ U n'eft pas feulement chargé comoie 
le Prédicateur d'un certain nombre d'^rait 
fbp3 compofëes ayjecloifir recjtées de me* 
moire ^'avecaunorîté, fànscontfadideurs^ 
& qui avec de médiocres, changement lu^ 
font honneur plus d'une ftxis 5 U pronon- 
ce de graves plaidoyez devant des Jugea 
a ui peuvent luyimpofèrfîlence; & contre 
des adveriàiresquirmterrompent t . il doit 
être prêt iîir la réplique 9, il parle en. .un 
même jour ^ dans divers Tribunaux , de 
diflerentes affaires ^ fa maifbn n'eft p^s pour 
luy un lieu de repos & de retraite » ny un 
.alyle contre les pl^udeurs ^ elle eft ouver-^ 
te à tous ceux q^ui viennent l'accabler de 
leurs que&ions & de leurs doutes iû ùefe 
met pas au lit,,, on ne UejQuye point ». on 
ne.l^y prépare point desraffraîchiflemens»^ 
il nefe fiût; point dansià chambre un con* 
cours de monde de tous les états & de 
.tous les fexesy pout le féliciter fur l'agrée- 
ment & fur la politeffe de Ion langage.» 
Uiy remettre Tefprit fur un endroit ou il 
! a couru rifoue de demeurer court.» ou fur 
'un fcrupule qji'il à fur le. chevet dïavoir 
. pïsûdé moins vivement iQU^^ l'ordinaire : il 
^ delaÔè d'un longdifcour^ par de plus 
'.w. ' L Z ' longs 



»f4 ^^^ CARACTERE» 

loDgsëorits^ y ne lait •que-changer de tfa-^ 
vaux& de Ëitîgues : j'ofe dire qu'il eft<kns 
fon genre , ee (|u*étoieat d^s le leur les 
premiers hommes Âpoftollques. 




du 

l'iâoqueiice de la Chaire du nnmftere 'du 
Pi-edkâteuf) on crcSt^vrtrqti^eftpîusaîfé 
dti prêcher que deplsàder) dctulus dffidle 
debièn^rèdier qùedelnenj^aider. 

^ K^Mèl avants^ n'a pas un ^Rrours 
prononce(ùr un omrrage qui eft écrit! Les 
nommes ibht les duppes dePaéHon Se de la 
parole , - comme dctput lappardlde TAu- 
ditcMre : pour peu tje prêvémioQ qu^ 
ayent en feveur de cduy^qnî parle ^ 3s 
l'afidmirenc 9 îc cherdhêotenlînteà letrom- 
prendre ; avant quM ait commencé 2s 
V^crient qu^ va bien &re , ils s'en- 
dorment tnenrtât : 8c k cfifcours fini ib 
(è réveillent pour dire qu^ a bien fiut. 
Onfe paffionne mdîns pour un Auteur: 
ion ouvrage eft là dans le loifir de la cam- 
pa^e-i ou dattô fe filence du câh^net , il 
n'y a point de tériflez-vous pul^s pour 
luy applaudir 9 encore moins de cabinet 
pour luy fecrifier tous lès rivaux , & pour 
l'élever à la ftclaturc y on lit fon livre , 

Quelque extfdletitw^Ifoit, dans l'elprit 
e le trouver'npedlocre ; on le feuillette, 
oii le difcute , oh le confronte 9 ce ne font 
pas des foiis qiii ie j^erdent en l'air 9 & qui 

s'ou-* 



ou LES MaBQBS JK>X £B iSIECLE^ ^5 f 

s^oufadiQBt f locqni èSbimprimé dmêure^ii]^ 
jxiiné ^: ..oa t'attend que^aefet3:^llû^ 

le plaiik le plus débc^qoé V4n ea tire» 
-vient de la xdtîque qu'on ,en fait; ,on eft 
-piqué.d'yjtiKKivar à cloaque .pajge ikatcattti 
qui doivent plaire , on va même ibufKcnt 
jijfqiB^t^pxxiièndDti^'enÊtiÀdisreni ^ oh 
•ne (pditeice iivpre i^patce qu^il .eftt)ç«» 
TocDietinoiide ne fe donpe pas pour (^ 
tazmii les i^ndès^ Wfgores'^ Ae dim 
de la mémoire » 'la robe ou fei^^ipenc 
de cekqr qui pràdie, ne fimt pas des cho- 
lep q« oikv ofe^^ou^qu'on! veuiue jtoAjouts 
s!amrbpri^^« c)iaieun w ^ncrgire .ccok 
pentar ' bien Se fiaStt' encote mieut;: ce 
qu'il a 'penfôliil !en eft ino^ &v(nabte 
k céixy qui peniè 8c qt;âjécrit>aofiî;tâBB 
mieluy, en jan mot fe Sê^m êu^ tr eftpJû» 
tôt Ëvèque que le pliss fblide Ecrivain 
n'eft vevitu dWPiltoréfiiiflpie , -Srrdans 
k idiAribiMofl «des grâces ^ 'de nonvellca 
ioMtâcotéésli à C(âuf4&^, pendant qte 
PAt^dHr'^grave'lè tifttt heureux d^oBrûi 

reftesJ • w :•• . • 

^ S'il arrit>e^ue^lcs^m(^hans vous haïi^ 
ièot^vous perièoutent, les gefis de bien 
voi}i JOOtt^ttt de ^l^its huBS^ieitÀvaint 
Diiw^ ; ipeur^ùfii tnetcre4Âfgb^<dôiitiieift 
WDlcé i^i poi)n>ûiit 'io/ùH^m^t de dé^n^ 
àiidtS4aâÀ^ ct)dMâetWy dtf ttfèmefi4cenk 
tiini&oiMieîfujetàà^écrieFibfJé «ce. 
r i dîo»' 



tfS £^es Caractbabs 

^oçrd àc&pttmvmt uh xmvagc ipie'vou» 
âtiftô%ritr ouondi&oursque vouaireoez 

ftfCidanslaChairey^.ouaifleurs'y humiliez, 
irous, .oa;nepeat gueresêtcé expôféàune 
tentatioa d^oigueUpliisdelÎQiteaBcplùspia. 

: -^ ^ U më^&mble/qu^ Pm£cat«àrxie^ 
.fToiC'Êiirec^GâXîd^QS diaqiie di(ooitrsxi'i& 
^ vérité umque^ àiÀi ca^tak, jiemblé 
loni inftruâire, la mamèr ï^fimi&fépui^ 
:fer; abandonner toutes'ces divifions hoë* 
^lèrchées^ fi retounjées^ fr remaniées & 
fi diâeœntiéë$9/ QcrrpoiQt^.fi^>pc^jee qui 
eft Êiux^ ie Vieux dir&^ue Je gifand tm k 
b&oi monde fçatt là Rel^çp&iièeif devoirs^ 
flc nepas ap&rehenderde£ureOuàcesbdi^ 
nés tètes QûàxÊs elprits firaffiiiez de^cs^ 
tedûfinesi eè temps (IJongaue Tcm ds 
à compokr un ki^ Quvrs^e^ remployer 
àiè>ne&drefimaîtr€^d^ià matière» que le 
totff.iScles.éxpueiSQns iliaiâènt ^aosira^ 
ô}on,i & ccjjïfcnt de feurefrjî ;ilciîYrcf 
a^râsnde cortsu^ pn^^tdtioQà-ioisi geàtc 
2t aux mouvemens qu'un grand /& jet 
p^ut infpirer: qu'il pourvoit enëà s'épar- 
gner ces prodigieux eâpirt^cjde mémoire 
:i|)û«:ftil^eqt QÛeuxi^un^g^uoequ^à 

ilttQ}^h^ .%»«feijf:^î^çon!Q^p^ntild 
coftfn^rsiproenM^^gy^g^ 

• i j cœur; 



ou IéIS Mo£UR3 DB ce SIECLE. 2 57 

cœuTi 6c toucher fes Auditeurs d'une tou* 
te autre crainte que celle de le voir demeu- 
rer court.. 

* Que celuy quin'cft pas encore aflcz 
par&itpour s'oublier fby-méme dans le mi- 
niftere de la parole âinte, ne fè décourage 
ooint par lesregles aufieres qu'on luy pre- 
scrit t comme ij elles luy ôtoient les moyens 
de faire montre de ion efprit , & de monter 
auxdignitezoûilafpire : quel plus beau ta- 
lent que celuy de prêcher apoftoliquement} 
& quel autre mérite. mieux ua Evêcbé ) 
FBNBXyoNenétoit-il ind^e^ auroit-ilpû 
échaper au choix du Prince 1 queparuAtti* 
trecnoix? 



Dj^s Es prît s Forts. 

T Es Efprits fort Içavcnt-îls qu'on les 
appelle ainfi par ironie ? quelle plus 
grandie fbibleiTe que d'être incertains quel 
eft le principe de (on être 9 deâvie» deiès 
fibns f de fes connoiflànces f & quelle en doit 
être la fin ? Quel dêcûun^ement plus 
grand quelle douter fi foname n'eft point 
matière comme la pierre & le reptile , & fi 
elle n'eft point corruptible comme ces viles 
créatures? N^ya-t-il pas plus de force ÔC de 
grandeur à recevoir ^ns nôtre efprit l'idée 
d'un Etre fiiperieur à tous les Etres » qui les 

a)tou«ikits > ficà qui tous le doivent np^ 

pou 



^^B L«s Cahacteiies 

porter"; d'un être ibaveramiement priait, 
qui dl pur 9 qui n'a point oommeocé & 
qui ne peut finir, dont nôtre ame eft Ti- 
mage, &fifofedire; une portion com- 
me elprit 9 & comme immortelle? 

^ Le docde & le ibible iont fuCcepti- 
blés d*amprefiîo&s 9 l'un en reçoit de bon- 
nes» l'autre de mauvailèsy c'en à dire que 
le weoûer eft perfijadé èc fidèle 9 8c que 
le lecond eft eotetéflc corrompu 9 ainfil'et 
prit docik admet k vrayerd^n, dVé- 
pntfoible, ou n'en ^dinetaucuiieou en ad- 
met uaefiiufle : orl'e^>rîtfi»rtoan'apoiDt 
Je rdi^on ou fe &àt une Relî^oa , donc 
l'efpritfort, c'eftl'efpritfi)ible. 

"M'appelle mondains , terreftrcs ou 
^mers ^ ceux dontl'elprit & le cœur font 
attadiezà ime petite portion de cemonde 
qu'ils habitent, qui eft la terre; quin'efti«> 
ment rien , qui n'mment rien au-ddà, 
cens auiiî limitez que ce qu'ils appellent 
kurs polïèflions ou leur domaineque l'on 
mefiire, dont on compte les arpens , & 
dont on montre les bornes^ Je ne m e- 
tonne pas que des hommes qui s'appuTest 
fur un atome , chancellent dans les moin- 
dres efforts qu'ils font pour fonder k ve« 
rite ^ fi avec des vues fi courtes ils ne per- 
cent point à travers le Ciel & les Aftres 
julques à Dieu même ; fi ne s'iqiperce- 
vant point ou de l'excellence de ce qui eft 
e%dt , ou <]fi la dignité de T^nie ils réf. 

ien- 



ou Lis-MoEVus x>e ce.siicle. ay^ 

fênten( encore moins combien elle eft dîf« 
fîcile à afTouvir , combien la terre entière ^ 
eft au,deflbus d'elle, de quelle necef&éluy 
devient un être fpuverainemenc parmit qi^i 
eil D I EU 9 & quel befoin indifpenfaSle el- 
le a d'une religion qui le luy indique » 8c 
qui luy en eft une caution fure. Je com- 
prends au contraire fort aiiemeut qu^il eft 
naturel à de tels efprits de tomber dans 1^ 
crédulité oul'indincrence, & de £iire (ervir 
Dieu & la reti^nàla^poUtique^^c'eft .à di^ 
re f -à l'ordre & à ladecpration de cemond^' 
Jalèule choie ielon eux qui mérite qu'on y 
peiife. 

^ Qi]elque5*un^ ^achèvent de ie cor-* 
rompre par de longs voyages, ficperdentle 

Seude xie^gtftn^i leur rcAoit ^ as voient 
e jour ii autre un«youyeauc4ilte 9 diverl^ 
moeurs , diveries cérémonies : ils refTem- 
Uentàceux qui entrent dans les magaz^ine^, 
indéternûoez. fur le choix des étoffes qu'ils 
veplfuitachç^aTi 1^£rand n^nbre de celles 
qu'on leur montre les rend {dus in<^âe- 
^FCfls^ celles QBt. chacune leur agréement & 
kur bienféaQoe; ils ne fe fixent point, j^a 
Ibrtent (àns^emplette. 

^ Il y a des honunes qui attasdent à 
être dévots & religieux^, que tout le monde 
fe déclare impie & libertin^ ce ièraabrsle 
parti du vulgaire » ils içauront s'en déga- 
ger ^ la/H^ularitéleur plaît dans une. <im* 
ciereftiffriei^èdc fi profonde, ils ne fuiront 



z6o Les Caractetiis:* 

la mode & le train commun que dans le9 
choies de rien & de nulle fuite : oui fqait 
même^s^s n'ont pasdé^ mis une ibrte de 
bravoure ïBc dlntrepidité à courir tout le 
nique de ravebir ^ il ne '£ait pas d'ailleurs 
que dans une certaine condition , avec une 
certaine étendue d'eiprit , 8c de certaines * 
vues f l'on ibngc à croire comme les iça^ 
▼ans & le peuple. 

^ Ci'on doute de Dieu dans une pleine 
iàntét comme l'on doute, que ce jbttpe^ 
cher que d'avoir un omunerce avec une 
tgmm^perioQne fibre ^:^ quand l'on devient ma- 
bde» & que llydropiGe e& formée, l'oa 
quitte ft concid>îne ^ 6c Toa croit ea 
Dieu. 

*• U faudrait s^pnnitier ft s'examiner 
tres-feriénfement, avant que de (èdedarer 
efprit fort oufibertin, afin au moins & iè- 
'lon fès principes de finir comme l'on a vé- 
cu; oufi Tonne fe iènt pas la ferce d'aller 
fi loin , iê reibudre de vivre comme l'bQ 
veut mourir» 

^ Toute p^iànterie dans un homme 
mourant eft hors de ià place; fi die roule 
fiir de certains chapitres , elle dk fùnefte. 
C^eft une extrême miiere que de donnera 
tes dépens à ceux que rpniaiile > le plaifir 
d'unbonmot 

Dans quelque prévention oà Ton puii& 
être fiircequidoitfiiivrekraortf 'c'eftunt 
ghai^bknièrieufè que do mourir : een^il 

poîDt 



point alors lebadinage quiGcd bten ^ mais 
ti confiance. 

. ^ Il y: aiea de tout temps de céa gdo^ 
d'un bel efprity fltd'une agréais Uttetatu^ 
le j >ei)c{ays8 des Grands dont ils ont épou- 
fé klibertînage & porté le joug.toute leur 
vie contre leurs propres lumières, &. contre 
laircooiaerice. Ces hommes n'ont jamais 
vécuquepourd'autreshommcs» fcilsfèni»; 
blem les avoir r^rde^coiBQie legvdernie't 
re fin : Ils'onteufaontedefè &uveràléurs 
veux» idepamltre telsqu'ib étoient peut- 
être dans le cœur 9 8cik te font perdus par 
déférence ou par kibleSk. Y a-t-il donc 
(ùr k terre des Grands aflex grands 6c des 
PvnflSms aflfçz puiûkis pour mériter de nous 
que nous croyions i 8c que nous vivions à 
leur gré ^ félon leur goût fie leurs caprices } 
& que nôusi pouffions la complai&nce plus 
loin j en mourant i non de la manière qui 
eft la{^us£bre pouriKXUs^ maisdpceUequî 
leur plaît davantage ? 

^ J'iexigercâsdecepx guivont contre le 
train communie lés grandes règles^ qu'ils. 
fcûiSênt plus que les autres t qu'ils euflènt 
«ksrdfons clûres » £c deces argumens qui 
eraportentconviâion^ 

^ Je voudrois voir un Iiomme ibbre, 
modéré 9 chafte» équiiiable prononcer quil 
n*y a point, de Dieu j il parleroit du moins 
£uis intérêt» . oùiîs cet nommp ne & trou«^ 
Vitpoint» , . 

*rau» 



'* ]r*aurc&dUQ6 extrimecurioiitéde.voîr 
cduy qiû feroit perfuadé que. .Dieu nVft 
pttnt ^ flioedirrât dur'fnitfkiS'laE^ndfbil in- 
iFÎni^e^uluièûleconibiâcpe.. J ..</ 

• ^ Uimpoifibilite oà' fd «iJitis de jaiouYcr 
queiDiett:ifeft:pas , ta^dSkmrmSoïi'Cx* 

. ^ Dieu condanHie Se punit, ceux, qui 
fof&n(èfit ^ feul J«i|gs en.Ia.poopre cuiiè t 
ee qiiiirWt^^s^Untreftîluî^niÊciMi k Jdb^ 
ee&laVeticé, c'éfti^diresIlneSI^em - 
' ^ Je feos'4[ja'il y a: uailfieu. , :&, ja ne 
finspas^qu'iln'y enait poinr^ ceUirmefu^ 
fit y tout le raubnnemenr du monde m eft 
inutile^ je condusque Dieu exiflc : cette 
eoflciu&on eft dms mariiàcure ^ î?ea ay re- 
ÇLi les jniiidpiéS' trop aifemesit: dans mon 
enânce^ &rjéiés ày conÛÉrre^depuis trop 
iifltui^emem' dans un âge pieu avance , 
pour les iôupçtmner de &ufleté' : tnm 
n y a- des dbrits qtd' fe défont de ces 
principes i cdi une gmnde queftion s'il 
^fen croule de t^ls ^ 6c .quaapb il feroit 
9ûn(i f cda preuve &i3lenîent i qu'ity a 
desuKinftres. < 

* L'athcïfine^rfeft point : les Grands 
qui en font le plusibupçonne^, font trop 
nrdOleux. pour décider en leur efprit que 
Dieu n'eftpasi^ leur indolence va juiqu'à 
les nencke ttoids 80 îndilFescns fiir cet arti- 
c4e {i'ca()iml:^.^conime fur lai natumdèleur 

amei & fur les conièquences d'tm&<^r 

Religion 



ou Les MOBVRS DE Cfi SIECLE. %^: 

Religion : ils ne nient ces choies, njrnelea 
accordent; ils n'y penfènt point. 

^ Nous n'avons que trop de toute nô-v 
tre iàntéf de toutes nos forces & de^ut 
nôtre elprit pour penfèr aux hommes o\h 
au plus petit intérêt: illèœbleaucohtnHre 
que k bienfeance & la coutume ex^nt de 
nous , que nous nepenGons à EHea que dans 
un état où il ne reue en nous qif autant dt 
raifbn qu'il faut pouruc pas dist ^^I n?y 
cnaplus. ' . ^ 

* Un Grand croit s'évanouir , & il 
meurt ^ un autre Grand périt iniènfible* 
ment, & perd chaque jour quelque cbofi 
de foi-mêmeavant qu'il (bitéteint : formi- 
dables leçons f mais inutiles ! descirGon<ii 
ibnces iî' marquées 8c (i fei^blement op. 
pofées ne fèrefevent point) £cnetoudient 
pe^nne ; les hommes n'y font (pas pluj 
d'attention qu'à une fleur qui fe âne , ou 
à une feuille qui tondbe ^ ils envient les 
places qui demeurent vacantes » ou ils 
s'informent fi elles font remplies» £c pav 
qui. 

^ Leshommesiont-ilsaflezbQnSy afr 
fez fidèles, afièz équitables i pour mériter 
toute nôtre confiance^dc ne nous pas fàdre do* 
firer du moins que Dieu exiflâtt* à qui nous 
puiffionsapdlerdeIeursîi:^emens, & avoir 
recours quand nou& en iommesiperfecutes 
ou trahis. 

^ Si c'eft le grand &c le fiiblim&de h* 

Religion 



1 



t<$4 L^^ Ca&ACT'ERES 

Kéligon qui éblouit 5 ou qui confond les 
clprits forts, ils oe'font plus des efprits 
fbrtrmais de foibks génies & de petits 
cfprits; fi c^eft au contrairB ce qu'il y a 
d'humble & de Gmple qui les rebutte , ils 
ibntà la vérité des efprits forts , & plus 
forts que tant de grands Hommes fi éclai- 
rez^ u âèvcLf & néanmoins fi fidèles, 
que les LsoNs ^ les B A s i x^ E s les Jerô- 

MES9 JeSÂUGUSTiNS. 

* * un Pcredel'Eglife, unDoûcurdc 
l'Eglife, quels noms! quelle trifteffe dans 
leurs Anits ! quelle lèchérefle, quelle 
froide dévotion , & peut être quelle Tcho- 
lafiiqiïe / diiènt ceux qui ne les ont ja- 
mais lus: mais plifeôt quel étcMincinent 
pour tous ceux qui fe font feit Une idée 
des Pères fi éloignée de la vérité I s'ils 
voyoient dansleùrs ouvrages plus de tour 
ôcdedelicateflè, plus de politeffe & d'e- 
îjpTitj plus (de richeflê d'expreffîon & 
plus de ibrce de r^nnement , des traits 
plus vrfky & des grâces plus naturelles 9 
que Ton n'en remarque dans la ^ûpart 
des livres de ce temps , qui font lus avec 
goût, qui donnent du nom & de la vani- 
té à leurs Auteurs, Quel' plaifir d'aimer 
h Religion, & de la voir crue, foutc- 
nuè, expliquée par de fi- beaux gemes & 
par de iblides erprits ! for tout lorique 
ron vient à connoitre , que poiir Péten- 
dûë de comoii&nd?, pour la profondeur 

&la 



ou LES Moeurs de ce siècle. z6^ 

& la pénétration dans les principe > de la- 
pure Philofophîe , pour leur application 
& leur développement, pour la juftefle 
des concluGons^ pour la dignité du dif- 
cours, pour la beauté de la monde & des 
fentimens, il n'y a rien, par exemple, que 
Ton puifle comparer à S. Augjstin» que 
Platon & que C i ceron. 

* L'homme eft né menteur; la venté 
eft lîmple Ôc ingénue, & il veut du fpe- 
cieux ôc de l'ornement; elle n'eft pas à 
lui» elle vient du Ciel toute laite, pour 
ainG dire» & dans touteià perfèâion, & 
l'homme n'aime que ion propre ouvnge 
la fidion & la fable: volez le Peuple, il 
controuve $ il augmente » il charge par 
grofliereté & par Tottife ; demandez mê- 
me au plus honnête homme s'il eft^ tou- 
jours vray dans les difcours, s'il ne le fur 
prend pas quelquefois dans des déguile- 
mens où engagent neceflairement la vani<- 
té &la légère^ , lipour faire un meilleur 
conte il ne lui échape pas Ibuvent d'ajou- 
ter à un &it qu'il recite , une circonltan- 
ce qui y manque. Une chofe arrive au- 
jourd'hui , & prefque fous nos yeux » 
cent perfonnes qui 1 ont vue $ la racon- 
tent en cent façons différentes, celui.cy, 
s'il eft écouté 9 la dira encore d'une ma- 
niere qui n'a pas été dite , quelle crestri- 
ce donc pourrois-je donner à des fiits 
qui font anciens , éloignez de nous par 

Tom. II. M plu- 



x6iS Les Caractères 

plufieurs fiecles ? que] fondement dois» 
je ^re furies plus graves FfiftorieQS? que 
devient PHiftoire ? Ce^* a-t- il été ma£ 
Étcrê au raifieu du Sénat I y a>t-it en un 
Ce&r? quelle confequence, me dites- 
irous ! quels doutes] quelle demande 2 
Vws necfii TOUS ne me jugez; pasdigœ 
d'aucune réponie^ : & je crois mime que 
vous ave2^ nulbn:* je iSippoiè néanmoins 

2ue le livre qui fiùt mention de Ce&r , ne 
Mt pas un Irvre pro&net décrit de la main 
des^ nommes qui tbat menteurs # trouvé 

Sar hazard dans les Bibfiotheques paraû 
autres maoulîcFics qut contiennmc des 
hift<rires vrayes ou. apocriphes, qu'au 
xxmtraire il (bit infpîre, matf divin, 
qu'il porte en foy ces caraâeres, qu'il le 
trouve depuis prés de deux mil ans dans 
une focieté nombreufè qui n'a pas permis 
qu'on f ait fait pendant tout ce temps la 
moindre altération, £c qui s^eft 6ic une 
religion de le confèrrer dans toute fi» 
intégrité, qu'il y ait même un eneage- 
ôîént religieux de indiipoifiibfe d^oir 

. de la fby pour tx>u$ les faits conteaus 
dans ce volume où il eft parié de C^ 
&r de de ià Di(5hture; avoûe^-lei JLii- 
tHt09 vQUS'dôuterez abrs^qu'il y aiteaun 
Gefer, 

* Toute. Mufique n'efl: pas propre à 

' louer Dieu, & à être entendue dansle San- 
Suaire ^ toute Philoibpfaieae parle pasdl- 



oaxEs Moeurs DE ces tECLE. 1(^7 

gitenieat de Dieu, de (à puîffancc, des 
principes de fes opérations, & de fts my^ 
itères: phjs cette Philoropbiie eft fiibtlle 
& idéale, plus elle eft vaine & inutile 
pour expliquer des chofes, qoinedeitian-» 
dent des hommes qtf an £cm droit pour 
être connues mCqùa à un certain point, 
& qui attdelà fewtinexplic^Wes; vouïrtr 
fendre naiHon de Dieu, de fes perfeâions, 
& fi Pdfe tànd parier, de les aÉHof»^ 
t:'eft aller plus loinf que lés anciens !>hi« 
lofophes, que tes Apôtres, que lès pre- 
miers ?Do6fceurs,> mais ce n'ett pas ren- 
contrer fi jufte; c'feft creufer kn^crns 
& profondément, fins trouver les Ibuf- 
ces de la vérité? d^squ^onaatendohné l 
les termes de bonté, dç miîerîcôfde, de 
juftice & de toute-puifiawce > ^«1 A«*- 
nent de Dieu de fi hauve» 6c défi aimable 
idée», qiielque grand eflort d'imagina^ 
Jion qu'on puifle fàhre^ il faut recevoir 
«s exprelfions fedies, fteriks, vul<fes<fc 
*cn8» admettre tespenliiescreùfes, écartées 
desnodons communes y ou tout au plus tes 
^ubtiitesêclè^'i^^eufeB, &àtnefi]reque 
l'on acquiert d^uvertore dans une nouvd- 
k Metaph jrfique , perdre un peu de û Reu 

* Ju(ques^ù]es hommes ne feporteno*' 
îfeçolnt jjar Tinterêt de la ReSgion , dont 
ils font fil peu perfiiadez, êc qu'ils prati* 
<ïucntfirfial?*' 

Mi * Cet. 



Z<yi - Les CA^ACtftRES 

; * Cettç même Rdigioo que les hom- 
mes défendent, avec cl^ur & avec zele 
contïe ceux qui en ont une* toute contraire , 
ils l'alterçnt eux-mêmfi$dans leur eipxît par 
des ièntimens particuliers , ils y ajoûteoc 
2c ils en retranchent mille chofes fou vent ef^ 
ièntielles iclon ce qui leur convient , &ils 
demeurent fermes & inébranlables danscet* 
te forme qu'ils luy ont donnée. Ainfi , à 
parler populairement» on peut diredW 
leule natiqn , qu'elle viMbus un même cul* 
te '^ 6c qu'elle n'a qu'une feule Religîoa ^ 
mais à parler exaé^ement, ileftvrayqu'eOc 
enapluiieurs» & que chacun pe^ueya la 
fienne. , 

1^ ^ Deux fortes de. gens fleuriflent dan^ 
ies ,Cour^ ^ : £c y d^nûnedt dans diven 
tecÀp^ j les ]ibe«tiD$/k 1^ hypocrites, ceuz- 
rlà ^énexit 9 ouvert^netit > ÙM art Se 
iànsdiffimuiation, ceux-cy finement , jpar 
des artifices» par la cabale * cent fiais plus 
épriâde la fi>rtune,qMe les prénûers» ils 
;cn font jaloux Juiqwi'&r l'excès ; ijts veulent 
:1a gouverner , .lapp0ed€^r.feu{s» jhipartar 
gcr entr'euî^ ^ç en e^^uretoutjiutre ; di- 
.fnitez, charges» poftes» bénéfices» pen- 
JSons , honneurs , tout leuf convient & 
ne convient qu'à eux » le refte des. hom- 
ipes en eft indigne »' ils ne cc^pfennent 
point Que fans leur'attaçhe d^..ait;t?i0lplr 
.dencedelès(çfpNer«^: unf trçupje demaÇ* 
ques entré dans un bal » ont-il»- la maioi 
. r ils 



r 

OU LES MoEUll^ DE CE SIBCLE. x€9 

ils danfent, îlsfe font danferlesuas les au- 
tres t ils danfènc encore , ils danfent tou- 
jours, ils nie tendent! là niaîti à pérfonne' 
cfe Pà'flemHée > ^quelque digne qu'elle fcrft 
de Icuf attention; on languit, on lèche de 
les voir dahfet & dé ne danfèr point; quel- 
ques-uns murmurent, les plus iàges prea-. 
nent leur part;^ & s'en vont. 

* II; y a deux efpeçcs de Hbcrtîos ; 'tes 
fibertins ^ ceux du moins qui croyent Tê- 
tre , Çt les hypocrites ou fàMit dévots , c^eft 
à dire ceux qui ne veulent pas être crus lii 
bertins; lesdemiersdailscegen)re-làfei!tles 
meilleur?. 

. Ce fauxdevpt ou ne croit pas en Dieu , 
onfè moque deDieu \ parlons de luy obli- 
geamment, il ne croit pas en Dieu* 

* Si toute Religion ctt une crainte re- 
ipeâueufe de 'la Divinité , que penler de 
ceux qui ofent la blefler dans fà plus vive 
image; qui eft le Prince T 

* Si ronnous aiTuroitque le motif fe« 
cret de l'AmbafTade des Siamois a été 
d'exciter le Roy Treff^Chrétien» à renon- 
cer au Chriftianifinc , à pcnâettre l'entrée 
de ion Royaume aux Tàlafoins i qui euC- 
fent pénétré dans nos mallons , pour per- 
fuader leur Religion à nos femmes , à nos, 
enfans 6c à nous-mêmes par leurs livres 
Se par leurs entretiens ; qui euflent ^él^é 
des Péffodes au milieu des Vittes , : oà ^seuf- 
fent pncé des ^gurtis d» métal pour être 

M 3 ado« 



1 



odorécsy avec q^elf^s rjfëes fie qudétrazC 
gç mépris pfenteodriops nous pas des 
çbo£è$i]t e:K^avag^lçe^,.^^Iô^& fâifboi ce- 
péadatu: £ix nulle Jkpjës^ de mec pour la 
€00 veriipa , des Iodes y dqs, ^ymunes de 
Siam, de la Chioe & du Japoa^ c'eft à- 
dire pour feire tres-ferieu(eaieot àtousces- 
peuples des propo&ioos i|ui doîirent leur 
paroiti^ tre5*rales .& tres-ridicu'es;: ils 
iupportent neanoiQios nos Religîetur & 
nos Prkfc^i is les écoutent quelque- 
fois r leur laiflenc bâtir leurs Ëgliiès, & 
£%ire kurs^flÎQiis; quî&t c^la eneux& 
en nous ^ ne fèroit ce point la force delà y> 
rite? 

. ^ H ne cKxmept f^fi à toute ibrtede 
perfbiinçs ile ieveç liâendard d'âuoi^aerf 
& d'avoir tou9 ks pauvresi d'une Ville at 
fembkzà Qà, poçer quiy reçoivctnt ifurs^ 
portions : qui ike i^ait pas au concnuredes 
niiferes plus fècrettes» qu'il peut entre- 
prendre de ibul^ger» ou immédiatement 
8ç >par (es ftcôurs, §ai du moins par k 
médiation*- De tnèsié il jn'èft pas donné 
k tou$ de moeîtf f n Cb^re, Scd'y diftri- 
Jbuer en MiâiosEmâire ou «a Gatecbifte la 
parok £iinte^ mais qui n'a ws quelque* 
£>}S fi>qs iâ main un fibertin, a. réduire» & 
k ramener pçir de douces £c infinuantes 
^0OQ¥erâttOQS| k la docilité.. Qj^nd on 
jîie fooît pcndaot |à vie que l'Apôo^.d'ûn 
ièuDiomiâe» ceneiêroicpasiêcte.en vain 
- . ri..' * fur 



ov LE» Moeurs di c£ siècle, t/t 

£ir la terre ^ ny luy être un fardeau inuci* 

le. 

* D y a deux mondes^ l'un où l'on fô^ 
journe peu, fie dont l'on doit ibrtir pour 
n'y plus rentrer ^ l'autre où l'on dok bien 
tôt entrer pour n'en jamss fbrtir: lafà* 
yeur, l'autorité y les* anus ^ la haute répud- 
iation, les grands biens fervent pour le 
premier mondes le mépris de toutes ces- 
chofes ièrt pour le fecood. U s^ii^t de 
choifir. 

* Quiavécuun&alj<anry fl^véciiun 
fiecle^ même ibleil^ même terre i même 
inonde, mêmes (èn&tions , riennereflem- 
ble mieux 4 aujourd'huy que denuin : il 
y auroit^udquecurioGtéàmourir, c'eil*» 
a^e à nWe {dus un corps, mais à être 
feulement efpdt. L'bomroe cependant 
impatient de la nouveauté n'eft point cu«- 
rteiix fiir ce (eui article ; né inquiet & qui 
4 eonuye de tout, il ne s'ennuye point de 
vivre, il confentiroit peut-êtrq. à vivre 
loueurs: ce qu'il voit de lamort le Frappe 
plus violemment que ce qu'il en fyàt , la 
maladie, la douleur, le cadavre le dégout- 
tent de h connoiflance d'étui autremonde : ■ 
fl faut tout le fèrieux delaReligion pourle 
réduire. 

^ Si Dieu avoit donné le choix ou de 
mourir ou de toujours Vivre : après avoir 
médité profondément ce que c'efl que de 
TOir nulle fin à la pauvreté» à ladépendan- 

M 4 ce, 



271 Les Caractères 

ce, à l'enmiy , à la maladie y ou de n'ef- 
iàyer des richefiès , de la grandeur , des 
pkîfîrs & de la i&nté , que pour les voir 
changer înviolablement , & par la révo- 
lution des temps en leurs contrdres, & 
^re sunfi le jouet des biens & des maux, 
l'on ne fçauroit gueres à quoy Ce refoudre. 
Le nature rous fixe & nous ôte l'embar- 
ras de choifir; & la mort qu'elle nous rend 
necefl^ei eft encore adoucie par kRd^- 
on. 

* Si maRelî^on étoît^ufle, jelV 
vouë, voilà le piège le mieux drefle qu^d 
(bit poffible d'imaginer , il étoit inévita- 
ble de ne pas donner tout au travers 9 & 
de n'y être pas pris ; quelle Majçfté, quel 
,^lat des myfteres / quelle fuite & quel 
enchaînement de toute la dodrine l quelle 
raifbn éminente ! quelle candeur» quelle 
innocence de rooeurs^I quelle force invin- 
cible & accablante des témoignages ren- 
dus fucceflivement & pendant trois fiedes 
entiers par des millions de peribnnes les 
plus iages , les plus modérez, qui fuffenc 
alors fur la terre, & que le fèntiment d'u- 
ne même vérité (oûtient dans l'exil 9 dans 
les ktSf contre la vue de la mort & 
du dernier fupplicé ! prenez l'hiftoire 9 
ouvrez 9 remontez juiques au coibmen- 
cement du monde , jufques à la veille de 
& naiilànce 9 v a-t-il eu rien de fèmbla* 
ble <fans tous les temps f Dieu même 

pou- 



ou LM Moeurs de ce si&clg. . 27.} 

pouYOit-ii jatnais . mieux, rencontrer pour 
«le feduire ^ |iar oà écbap^ ? où .^ler ^ 
où me jetter v je ne di3 pas pour trouver 
rien de meilleur y mais quelque choie qui 
en approche ? . s'il fkur périr , c'efl: par là 

Sue je veux périr 9 il m'eft plus doux de nier 
Meu 9 que de l'accorder avec une trompe- 
rie £fpedeùiè&(ient;i^re : mais je l'ay ap- 
profondi» je nepuîsêcreathée» jeruisdonc 
ramené &; entramédansma Reli^on^ c'en 
ciHkit. 

. ^ La Rei^on ell vraye , ou elle efl 
£iuflè : fi elle n'eft qu'une vaine ââion , 
voilà u l'on veut ibixante années perdues 
pouf l'homme debîen 5 pour le Chartreux 
ou le Solkaire» 11$ n0 courent pas un autre 
rifque' t mais fi eÛ/e efl: fondée fur la vérité 
même 9 c'eïl alprâ: un épouvantable mal- 
heur pour, l'homme vicieuse , l'idée feule 
des maux qu'il fe prépare me trouble Ti- 
maginatlqxi ^ la penfée efl trop fbible pour 
les concevoir. ^ .8c les, paro^$ trop vaines 
pour les exprimer. Certes , en luppofant? < 
même daps le monde moins de certi-* 
tude qu'il ne s'en trouve en eflFet fur 
la vérité de la Religion j il n'y a point 
pourThommeun meilleur parti que la ver- 
tu. ..: 

; * Je ne Iç^y iî ceux» qui ofcnt nier Dieu i^. 
nytriient qu'on s'efforc^e de le leur prouver, 
&(;qp<}Q.)eS(.{raîteplus fèrieufement que 
roâa£^i(4ad9Scef;bapitre^ l'ignorance qui 



174 ^^ ^ ^A >L'^ ^"^^ E & B s 

eft letnrcaraâere les reod incapaUesdes 
principes jes^plus ckirs & des raiiômie- 
fotùà lés mieux foivis; Je cotons neao* 
moffîi^ qu^s lifent cdui^ que je vab faire, 
pourvu qu'ils ne fe perfuadedtpas, que 
c*èft tout ce que l'on pourroit dire fur une 
vérité G éclatante. 

Il y a quarante ans que je n'ètois pcûnty 
6c qu'il n^étôit pas en moi de pqûvoir ja- 
mais ^re, comme il ne dépend pas <iemoi 
qui fuis une fois' de n*ètre plus:j'ay donc 
cdnrnieocé^ & je continuë'd'étrepar quel- 
que choie qui dft hors de moi^ quidorem 
après moi, qui eft meilleur flc^uspuifiànt 
que moi, fi ce quelqoécho&n*eft pas Dieu» 
qu'bnroedilêceqvieè^èlL. » 

Peut être que mol qia exifte^ n'exifle 

^dofî que par k force d'ilné nature uni^eri» 

(elle qui a toujours été telle que nousla 

• Ql,|^^voïons en remontant jufques à Infinité 

•noafy- des temps ^: mais cette nature^ ou elle 

^««Jl^efl feulement çliJrîi, £cc'eflDiefH oud- 

^*^ fc eft matière, & ne peut par conlèquent 

âiroir créé mon eijprit; ouelle eftun oom- 

pofé de matière èc d'eiprit : & alors ce 

2ui eft ei|>rit dans la nature, je l'appelle 
tteu. \ 

Peut être auffi queèe que j'appelle moo 
c^t, n^eft <^^]nep5tek>n deniatisrejnui 
exifte parla force d-ime nature uoiverfem 
qui eft auffi matière, i^a to6tfoviits été t. 
£C qiû ièni toujours .tdld que lious la 

voionsf 



Otr CBS MôKURS 0E CB ilXCïX. 1J$ 

volons, 6c qui n'cft point Dku *f mais 

du moins faut il m accorder que ce que TJ?^^ 

j appeue mon elpnts quelque cbole que tim. 

ce puiflè être y eft une chofequipenfe» 6c 

que s^l eft matière , il eft neceilakement 

une matière quipenfè} car l'on nemeper- 

fùadera point, qu'il nV ait pas en mol" 

qudque chofè qui penle, pendant que je 

fiis ce raifonnement. Or cequelque cboi- 

fe qui eft en moi» & qui penJe,-s11 do^ 

(on être & fk confervation à une nature uni- 

verCdlef qui a, toujours été 6c qui fera 

toujours, laquelle il reconnoifle comme 

A cau(è, il faut incfifpeniaUement que ce 

ibità une nature univerfèlle, ou qui pen^ 

ft 9 ou qui foit plus noble 6c plus parfaite' 

que ce qui penf e ; 6c G cetto nature mnfi faîte 

©ft matlaie , l'on doit encore conclure que 

e'éft une matière univerfèllequipei^, ou 

qui eft plus noble 6c plus parfaite quece qui 

penfe. 

Te contintië Ce je ^sv cette niadere telle 
qu^ellc vient d'être fuppofife, (î eUfe n'eft 
pas un être chîmerimie, hôis réel ^ n'èft» 
>asaufli imperceptible à tous les fcns, 6e 
i elle ne le découvre pas par elle-mê- 
me 9 on la connoît du moins dans le 
divers arrangement de fes 'parties , Oui; 
conftitue les corps, 6c qui en f^ kdif* 
fêrence, elle eft donc dfe-mâme tous ces 
diflfererts corps ; 6c comme elle dl une 
matière qui penfe fàonlafuppoGtioo $ on 

M S^ qwi 



? 



lui 



2y6 Les Caractères 

ui vaut mieux que ce qui penfe i il s'en- 
uit qui'elle eit telle du moins félon quel- 
ques-Uns de ces corps , & par une fuite 
neceffairc félon tous ces corps , c'eft à di- 
re qu'elle penfè dans les pierres , dans les 
métaux ^ dans les mers » dans la terre , dans 
moy-même qui ne iiiis qu'un corps» corn* 
me dans toutes les autres parties qui la 
compofent : c'eft donc à l'aiTemblage de 
ces partîesfi terreftres , fi groffieres, fa cor 
porelles , qui toutes enferoble ibntla ma- 
tière univerfeUe ou ce monde vifible , que 
je dois ce quelque chofè qui eit en moi , qui 
penfè , & que j'appelle mon e^rit ^ ce qui 
eâabfurde. 

Si au contraire cette nature uaiverfèUe, 
qudque choie que ce puifle être , ne peut 
pas ^tre tous ces corps , ni aucun de ces 
corps 9 il fuit de là qu'elle n'eft point ma- 
tière y ni perceptible par aucun des feus ' 
fi cependant elle penfe 9 ou fi elle èftplus 
0t^erque.fie qui penfè' ^ je conclus en- 
coJ;e qu'elle ffl efprit , ouiui être meilleur 
& 'pli|S accompli .^Ue ce qui ,efl: efprit j fi 
d!a\lleurs il nerefte j^Iasà ce qui penfè eo 
moi , & que j^apelle mon elprit, que 
cette najure univerfèlle à laquelle il puiffe 
remopier ..pour rencontrer &l première 
jcaufe jSCi Âmi* ynique çrigip^ , ixircc qu'il 
pc t J?ouv)e, point foh principe en foi -, & qu'il 
le trouva encore njoins 4ms la matière, 
âûnfiqu'ila été démontré, .alors je ne dif- 

pute 



ou LCsMqEURS OECE SIECLE^ I77 

pute point des noms ^ mais cette fource b- 
riginaire de tout elprit > qui eft efprk eller 
même, & qui eft.plus excellente que tout 
efprit, je l'appelle. Dieu. 

En un mot je penfe,, donc Dieu exifte; 
car ce qui penfe en moi, je ne le dois point 
à moi-même } parce qu'il n'a pas plus dé- 
pendu de moi aeme le donner une premiè- 
re fois, qu'il dépend encore de moi de me 
le conferver un feul infiant, je ne le dois 
point à un être qui fbit au deflbusdemoi, 
£c qui fbit matière, puis qu'il eft impoflî- 
ble que la matière foit au deflus de ce qui 
penfe ^ je le dois donc à un être qui efl au 
defTusde moi, & qui n'eH point matière j 
Scc'eflDieu. 

^ De ce qu'une nature univerfelle qui 
penfe exclut de foi généralement tout c^ 
qui eft matière , il fuit necefTairement , 
qu'un être particulier qui penfe ne peut 
pas auffi admettre en foi la moindre ma- 
tière': car bien qu'un être univcrfel qui 
penfe renferme dans fbn idée inâniment 
plus de grandeur , de puiflànce , d'indépen- 
dance & de capacité qu'un être particu- 
lier qui penfe, il ne renferme pas néan- 
moins une plus grande exclufion de ma- 
tière 'y puifque cette exclufion dans l'un 
& l'autre de ces deux êtres efl aufli grande 
qu'elle peut être & comme infinie i 
fie qu'il efl autant impoflible que ce qui 
pen& en moi foit matière j qu'il efl 

M 7 in- 



inconcevable que Dieu (bit matière : ainG 
comme Dieu eft efpritj monameauibdl 
dprit. 

^ Je ne fçais point (i le cbien cfaoifit : 
s'il (è reflcHiviem 9 s'il afiëâionnè , s13 
endnty s'il imagine^* s^ peniè;- quand 
donc Ton me dit que toutes ces- choies ne 
ibnten lui ni pallions ^^ ni fèntiment j mais 
l'effet Mturel 8c nece£&ire de la diipofidon 
de (à machine préparée par le divers ar- 
rangement des parties de la> matière 9 je 
puis au moins-acquiefirer à cette doékine:- 
maisjepenfë» & jefiiiscertauiquejepen- 
iei or quelle proportion y a-t-îl de tel ou 
de tel arrangement des parties de la ma- 
dère 9 c'eft à dire 9 d'une étendue félon 
coûtes (es dimenfions ^ qui eft longue y 
large 6c profonde » & qui éft ëmk- 
ble dans tous ces fens^ avec cequipeo* 
fe? 

^ Si tout eft matière, & fi la penfëe 
en moi comme dans tous les autres bom« 
mes n'dR: qu'un effet de l'arrangement des 
parties de la matière ; qui a mis dans fie 
monde toute autre idée que celle des ehofès 
matérielles ? la matière a-t»elle dans- (on 
fond une idée auffi pure, aufH (impie, auf^ 
(i immatérielle qu'èft celle de l'efpri t ? corn» 
. ment peut-elle être le principe de ce qiA 
la nie & l'exclut de kmi propre eftre, 
comment eft-elle dans l'homme ce qui 
penie, c'eft à dire, ce qui eft à Pbomme 



mê- 



•0 fi&S MoKUaS DB Cg SIBCLE. 27)1 

même une conviâion quil n'cft point ina« 
ticre? 

^ n yades eftres qui durent peu >^ par» 
ce qu'ils font compofê^ de choies tres-dif» 
isreotesr £c qui fènuilènt réciproquement v 
il 7 en a d'autres qui durent davantage » 
parce qu'ils font plus firoplea» mais ils pé-^ 
rifient.9 parce qu^ils ne lai£&nt pas d'avoir 
des pai-ties félon léiqudles ils |>euvent êtro 
divilèz.. Ce qui penfè en moi doit durer 
beaucoup , parcequec'èft un être pur » ex* 
empt de tout mélange & de toute compo* 
fition; èc il n'ya pas de nùfbn qu'il doive 
périr, car qui peut conompre ou feparer 

un être firaple, 8c qui n'a point de par-*^ 
ties? 

^ Lr'ame vmc la couleur par l'organe 
^e l'œil, de entend les fous w l'organe 
àe Poreille; mais elle peut ceuer de voir 
ou d'entendre , quand ces fèns ou ces ob« 

Ets luy manquent, fiuis que pour cela d-* 
cefle d'ctre, parce que l'ame n'efl point 
prédiëment ce qui voit la couleur j ou 
ce qui entend les ions^ elle n'ell que ce 

Ïii penie : or comment peut-elle ceflèr 
^etre telle ? Ce n'dl point par le défaut 
d'oreane» puis qu^l eft prouvé qu'el* 
le n^sft point matière ^ ny par ledefiiur 
d'ob}et , tant qu'il y aura un Dieu & 
d'étemelles veritez: elle eft donc inoor-- 
îoptibie, 
r Je ne conçois pcrint qu'une aœede 

fpn 



tSo Les Caractères . 

&n eftre infini» ôclbuverainementparÊir,' 
doive êtreaneantie. 

* Voyéz'f Luciki ce morceau de terre 
plus propre, & plus omc que les autres ter- 
res qui luy font contiguës^ icy ce: font àss 
eompartimensniélés cr eaux pkttes & d'eaux 
jalbfl^ntes, là des allées en palifiàde qui 
n'ont pas de ,fin & qui vous couvrçnt as 
vents du Nort; d'un côté c'efl: ua bois é. 
paisqui défend de tous lés Soleils, .&d^ia 
autre un beau point de vue*, plus bas une 
Yvette ou un Lîgnon qui couloît obfcuré- 
• ment entre les fàules & les peupliers, efz 
devenu un canal qui eft revêtu 5 ^èurs 
de longues & fraicWs avqiuëa iè perdent 
dans la campagne, 6c annoncent la maifbn 
qui eft entourée d'eàuk: vous rçcrierez- 
vousqueljeuduhazard! combien de belles 
diofes fe font rencontrées œfemble inopiné- 
ment ! non fans doute, vous direz au con- 
traire, cela eft bien' imaginé & bien ordonné, 
U rcgne icy^ un bon goût & beaucoup d'in- 
teUigencéi jcparleraydpmmevous, &j?a- 
jouteray que ce doit être Ja demeure de 
quelqu'un de ces genschez oui un NautRB 
va tracer, & prendre des.suignemèns dés le 
jour même qu'ils font en place: qu'eft-cc 
pourtant que cette pièce de terre ainfi dif- 
^^n^ û-^.v*.^.,; p^j-t j>Q,| ouvrier babïf^ * 

ir Pembellir ? fi ipême t 
qu'un atome fulpendu 
Pair» & fi vous écoute^ ce que je v^sdîre. 

yous 



f ou tes MofiURSPB CV SIECLE. zSl 

Vous êtes placé , ô Lucile 9 quelque part 
(ur cet atome , il&uc donc que vous foyez 
bien petit, car vous n'y occupez pas une 
grancfe place ^ cependant vous avez des 
yeux qui ibnt deux points impercepti- 
bles , ne laifiez pas de les ouvrir vers le Ciel ^ 
qu'y appercevez-vousquelquefbis» laLu- 
ner dansfbn plein ? elle eft bdle alors & fort 
lumineufe^ quoyqutiàlumierenefbitque 
la reflexion de celle du Soleil^ elle Daroît 
grande comme le Soleil s plus granaeque 
les autres iPknettes, Ôc qu'aucune dtf & 
tcùles^ mais ne vous laiflez par tromper 
parles dehors: iln'yarienauQeldefîpe* 
tit que la Lune 9 la fuperfide efltreizejbis* 
plus petite que celle de la terre^ & iblidi- 
té quarante-huit fois, & ion diamètre de 
fept cens cinquante lieues n'eft que le 
quart de celuy de la terre : aufli dft-il 
vray qu'il n'y a que ion voifinage qiii 
luy donne une fi grande apparence , pui9 
qu'elle n'eft gueres plus éloignée de 
nous que de trente fois le diamètre de 
la terre, ou que & diftance n'eft que de 
cent mille lieues. Elle n'a prefque pas 
même de chemin à faire en comparaifbn du 
vafte tour que. le Soleil lait dans les efpa«* 
ces du Ciel; car il eft certain qu'elle n'a- 
chevé par jour que cinq cens quarantemil- 
le lieues, ce n'eft par heure que vingt-deux 
mille cinq cens lieuè's, & trois cens ibi- 
xante £c quinze lieuè's dans une minutte: 

a 



zi^ Lbs Caaactbae» 

il £u2t neam^diis pour axscoœplir cette 
€oar& y qu'elle aille cinq miUe £ix eent 
fois fdus vite qu'uotrhevaldepofte qui4- 
rw quatre lieuës^ par heure, qu'elle voie 

Îuatre-vii^t fois pus l^erement que le 
>n, que h bruit,- par exemple, du ca- 
non & du conoerret qui parc<Mirt en une 
heure deux cens G^xûat 6c ^-iepc 
lieues*. 

Msàs quelfe compardfim de k Lune air 
Sokil pour bt grandeur, pour l'éloi^ic- 
ment^ pour Jaeoufie! vous verrez qu^d 
ny en a aucune. Souvenez vous ieule- 
ment du diaaieti;ie de la terre, il eft de 
oob miUe lieues, cduy du Soleil eft cent 
ma plus gmé^ il e& ddœ de trois go»^ 
iflUk^Heucs; û cdk Jà & largeur en tout 
SsRSf queUe .pcu^étre toi^:e m luper£[c« ! 
^eUe ûl {blsdité ! comprenez^vous t»en 
cette étendue, & qu'un million de torreS' 
comme la nôtre ne feraient toutes en- 
fbnble pas plus grofles que le Soleil? quel 
dit donc, direz^vous, fbn élcMgnementt 
ù. TcHi en juge par fbn apparàoce! vous 
aeez raîfon, il eil prodigieux; il efl dé- 
montré qu'il ne peut pas y avcûr de la ter- 
re au Soleil mmns de dix mille diamètres^ 
de k terre; autrement moins de trente 
nûlliens de Beuès; peut-être y a-t-îl qua- 
tre fois, fix fois, dix fois plus loin, on n'a 
aucune méthode pour aéterminer cette 
difknccé 

Pour 



ou lEsMc^iras db ce ^seclb. iS} 

Pour aider feulement Tij&tre imagina*- 
tion à fe la reprefenter , fuppo£>as une 
meule de moulin qui tombe du Soleil fur 
la terre 9 donnons-luy la plus grande vî'' 
teffe qu'elle. (bit capable d'avoir, celle 
même que. n'ont pas les corps tombans de 
fort haut j fuppofbns encore qu'elle con- 
ferve toujours cette même yiteflè fans en 
acquérir , & (sm en perdre j. 'qu'elle par« 
^ourt ^}Jé^tfi poifh^ par chaque féconde de 
temps » c'eft-à-dire k moitié de l'élera-? 
tion de^ ijpju» IsAUtes tours , ic - ainfi neuf 
cens t9iles en }iae minutte » paflons hiy 
mille toiks en une minutte pour une plus 
grande facilité j • mille toifes font tme de* 
mie Ueuë.Gommcaiet ainfî en deux minucr 
les 9 la meule fera une lieuë» & en une 
})6ure die en fera trente , Se en un jour 
^^ fera fèpt cens vingl: lieuê's ^ or eue » 
trente ûûllioas à traverfèr avant que d'ar^p 
river à* terre , il luy faudra donc quatre 
mille cent foixante & fix jours y qui font 
plus d'onze années pour êdre ce vopge: 
ne vous eârayez pas 9 Ludle ^ écoutezr 
moy ^ la difmnce de la terre à Saturne efl 
au moins décuple de celle de la terre au 
Soldl, ^'eft vous dire qu'elle ne Deut être 
moindre que de trois cens millions de 
lieues, & que cette pierre employeroie 
plus c^ cent dix ans pour tomber de Sa<> 
turneen terre. 

Par cette élévation de Saturne élevez. 

vous-' 



284 Les Caractères 

vous-même, fi vous le pouvez, vôtrcîroa- 
gination à concevoir quelle doit être i'im- 
menfité du chemin quH parcourt chaque 
jour au defilis de nos têtes ; lef cercle que 
Saturne décrit a plus de Gx cens milMoos 
de lieues dé diamètre , & par confequent 
plus de dix-huit censt ixùllions de lieuè'sde 
circonférence ^ un c|leval Anglois qui fè- 
roit dix lieues par heure n'auroit à courir 
que vingt mille dni^ cens quarante^famtani 
poùr&recetour. ' 

Tên'ay pas tout dit, ÔLucikt furlenn- 
racle de ce monde viiflUe j ' ou , comme 
vous parlez quelquefois , (fur les merveil- 
les du hazard ; que vous admettez ièul 
pour la caufe première de toutes choies; il 
eft encore un ouvrier dus admirablequc 
vous ne pehfez , connôiflêz le hazard , laif- 
lez-vous iûftruire de toute la puillance de 
-vôtre Dieu. Sçavcz-vous que cette di- 
ftance de trente mfllions de heucs quMj a 
de la terre au Soleil , & celle de trois cens 
millions de lieues de k'terre à Saturne, font 
fi peu de chofe , comparées à l'éloîgne- 
ment qu'il y a de la terreaux Etoiles ^ que 
ce n'eu pas même s'énoncer affèz jufte 
ue de fè fervir fur lé fujet de ces dillances, 
ù terme de comparaiibn ; quelle pro- 
portion à la venté de ce qui le mefùre , 
quelque grand qull puifle être , avec ce 
qui ne le mefure pas ? on ne connoit 
point la l^uteur d'une Etoile 9 elle efi , 

* fifofe 



I 



OUtEsMoEUI^S DE C£ SIECLE. iSf 

{\ foie ain& parler 9 inmmfurabUj il n'y a 
piwQjfAndes» oy finu59.nyparalaxes.dont 
onpOi&iniider : fi un homme obfèryoità 
Pkiâi Ujoé étoile fixe» &c qu un autre la re- 
gardât^dii japon , les deux lignes qui par» 
tiroient de leurs yeiKxpour aTOutir juiqu'à 
cet aftre»^ ne feroientpas un angle 9 & (è 
confi>nd]:«iient en une (èule & même lig** 
ne 9 tant la terre entière n'eft pas efpace 
par raport à cet éloignement ; mais les 
Etoiles Qnç.cela de commun avec Saturne 
& avec Iç^leil 9 il faut dire^quelque cho« 
iè de plus \ Si deux Obièrvateurs ^ l'un 
fur la terre» & Tautre dans le Soleil 9 ob- 
■ièrvoietit en même temps une; Etoile 9 les 
deux rayons vifuels de ces deux Obiièrva- 
teuxs ne fbrmeroient point d'angle (ènfible: 
. pour concevoir la cnoiè autrement 9 fi 
un homme étoit fitué dans une Etoile 9 
nôtre Soleil 9 nôtre terre 9 & les trente 
. millions de lieues qui les Réparent 9 luv 
paroîtroient un même point ; cela «fl: dé- 
montré. * 

On ne.- f^git pas auifi la diftahce d'une 

. Etoile d'avec uqq autre Etoile , quelques 

voifines qu^eUes nous paroifient ^ les 

Pleyades fe touchent prefque , à en juger 

pt nosyeiix, upie ËtQîIeparoit affile :^ 

. Tunf de celles qui fbtnpitnt k queue de la 

gnaade.Ourfe « à peine ;la.vûë peut-elle 

0,l;(ei|]dre à diic^ner \% partie du Ciel qui 

lès fepare 9 c'eft comme une Etoile qui 

'..: paroît 



i8<5 Les CASACTsass 

paroir douMe^ Si ceçeaàant tout Tart 
des Aftroiiaines> eft inuetfe «poui* ea^^nuiN 

?itier k (fiflaocse , que doie-<yii ^nBst de 
Séldgnenient de deux Ëtoites^ > qwea c& 
fit poroifleot ébigoées Ttin^ de F'autre , 
Zi à plus forte nufba ctesdeux polaires ? 
quelle eft donc f knmeoûté de la ligoe qui 
pafic d'un potùre à Vmtrt ? de que 1^ 
ra-ce <pie le cerde donc cette lîgkie eft le 
<fiametre ? Mois nVft-<:e pa^ qudque cho& 
de plus que defimder les^ablifiâ-, que de 
voidoiriniag^rla (blidité<iu g^be , donc 
ce cerclé n'eft qu'une feâîon? Sefoos-noos 
encore furpris que ces mêmes Etofles fidé- 
foefur^ dans leur grandeur ne nouspartrit 
fent néanmoins que comme des étincelleft<? 
N'aàaaireroQS' nous pas j^âcât qud ^uae 
hauteur fi prodiglcufèefle^ purfiène conièv- 
verune certaine apparence, Scqu'on^neles 
perde pas toutes devûë? Qn'eftpas aufiii* 
maguiable combien il nous en éoiape : oa 
fixe k nombre des Etétts , oiiy as ccfles 
qui font apparentes^ le moïen décompter 
cdies qu'on a'apperçoit poik ¥ celles par e- 
xemplequiconxpolèntlavoyedelaiti cet- 
te trace luminenfequ'on remarque au Ciel' 
dansunenuitfèreineduNortau Midy, & 
qui pat leur extmorçimdre âeTfttion ne 
|^cft»raiit percer jul^Pflt nos^ jtMtx pour étie 
vââMincanffenpafâeoliery nefi)flràtt<phas 
mie blandbir cène i^ucedbsO^x oà «Ues 
lontpkeées» 

Me 



ou f.ES MoBUiLS »B CB SIBOLB. xty 

Me voilà donc iur la terre comnie for 
un grain de £ible qui ne tient àrien » & 
jqui eft forpendu au milieu des airs s àm 
jiond>re prelque infini de globes de fax 
xl'une grandeur inexprimable, fie qui con- 
fond rimaginarion , d^ine hauteur qui 
furpaflè nos conceptions^ tournent/ rou- 
lent autour de ce grain de iâUe ^& tnu- 
verfènt chaque jour depuis phis de 6x 
mille ans les vwes 2c immenfès e^aces 
des; Cieux t voulez-vous un autre lyfte* 
me f 2c qui ne diminue rien du m«i^-it» 
leux ? la terre eUe-mâme eft ^emportée 
avec une rapidité inconcevd>k autour <hi 
Sdieil le centre de llJnivers : je me^ les 
reprefente tous ces globes » ces corps eh 
froïablesqui font en marche 9 ils ne s'enu 
baraflent point l^un Tautre, ils ne (è cho- 

Suent pcHnt , ils ne fè dérangent point; 
le pluff petit d'eux tous vendt à fe dé* 
mentir fie à rencontrer la terre 9 que de* 
viendroitla terre? Tous au contraire font 
en leur place, demieurent dans Pcx^re qui 
leureftpreforitt foiventla route qui leurdft 
marquée , fie G paifibleroent à nôtre égard $ 
que perfonne n a l'oreilJe aflez fine pour les 
entendre marcher 9 & que le vulgaire ne f^aic 
pas s'ils font au monde. O œconomie mer- 
veûleuiê du hasard ! 1 mtell^ence mène 
pourroit elle mieux reûffir? Une feule cho- 
fe, Lucîle, me fait de la peine, ces grand) 
corps font G précis fie (i conflans dans leurs 

mar« 



288 Les Cahacteres - 

, marches, dans leurs révolutions, & dans 
tous leurs rapports, qu'un petit animal re- 
Ugaé en un coin de cet efpace immenfe, 
qu'on appelle le monde, après les avoir 
obièrvez, ts'eft fait une méthode infailli- 
ble de prédire à quel point de leur cour« 
fè tous ces aftres.iè trouveront d'aujour* 
d'huysndeux, en quatre, en vingt mil- 
, le ans; voilà mon firrupule, Lucife, fi 
c'eft par hazard qu'ils oblêrventdesr^Ies 
fi invariables , qu^ft-ce que l'ordre ? qu'efl 
ce que la règle? 

Je vous demanderây même ce que c'en 
que le hazard: eft-il corps, eft-ileiprit? 
ett-ce un être diitingué des autres êtresi 
qui ait fbn exiftence particulière, qui 
toit quelque part? ou plutôt, n'eft-çe pas 
un mode, ou une façon d*ètre? quand 
Une boule rencontre une pierre, l'on dit, 
c'eft un hazard y maiseft-ce autre chofè 
que ces deux corps qui fe choquent fortui- 
tement ? fi par ce hazard ou cette rencon- 
tre, la boule ne va plus drçit,' mais obli- 
quement ; fi £bn mouvement n'eft plus di- 
xeâj mais refiechi; fi elle ne roule plus fur 
ion axe , mais qu'elle tournoie & qu'elle 
pirouette, concluray-je que c'eft par ce 
même hazard qu'en gênerai la boule eften 
inouvement ? ne foùpçonneray-je pas plus 
volontiers qu'elle fè meut,i oudefoy- 
méme , ou par l'impulfion du bras qui 
la jettéeî Et parce que les roues d'une 

pen- 



k 



ôtj LES Moeurs DE CB SIECLE, iî^ 

pendule font déterminées l'une parfâutre^ 
•a un mouvement tifcukire d'une téfle ou 
telle vrtefle, exanMneray-jc moins cu- 
rieufement * quelle peut être la caufè de 
tous ces mouvemèns , s'ils fe font d'eux- * 
mêmes, ou par la ibrce mouvante d'un 
poids (jui les emporte ^ mais ni ces rouè'Sf 
ni cette boule n'ont pu ft donncfrlemou- 
vemewt d'eux-mêmes , ou ne Pont poinlc 
par leur natute, s'ils peuvent le perdre 
làns changer de nature; il y a donc appa- 
rence qu^ls font mus d'ailleurs , & pat 
une pumance qui leur eft étrangère: 6c 
les corps celeftes s'ils vcnoient a perdre 
leur mouvement , changeroient-ils de 
nature? fcroient-ils moins des corps? je 
ne ' me Timagine pas ainfi ; ils ft meuvent 
cependant j 8c Ce n'eft point d'eux-mê- 
mes & par leur nature: il feudr oit donc 
chercher, ô Lucile, sll n'y a point hors 
d'eux un principe qui les bit mouvoir j * 
qui que vous trouviez , je Pàppelle 
Dieu. ' \^ : 

Si nous fuppofons que cesgrands cofps 
font fànâ mouvement » on ne deitiandi:- 
roit plus à la vérité qui les met en mouve- 
ment f mais on (èroit toujours reçu à de- 
mander qui a fait ces corps, comme on* 
peut s'informer qui a fait ces roues ou cet-^ 
te boule i 6c quand chacun dé ces grands 
corps fèroît lîippofêun àtnas' fortuit d'ato- 
mes, qui (ë font liez âcenchainezeofemble 

Tarn. Il N par 



^Vt-ia=t:^ i -i- ,^ 5- 1 «'âoit pas 
lie aa: t =~ -"tTasri foneffe 
,,-:itî^ i ^T-i-^ots elt-u 



ou i.Et Moeurs. DBCB 8iBct;E. 191 
-équiralens aux veines, aux nerEj. auxar- 
ccres, & un cerveau pour diftribuerlesef- 
pries antmauic. 

Une uche de moififlure de la grandeur 
d'un grain de Ikble , paroit dans !e micro- 
Icope connue un amas de pIuHeura plan- 
tes trcs-di{linâes , dont les unes ont des 
fleurs , les autres des fruits, ii y en a q^ui . 
n'ont- que des boutons à demi oavcrcsi il 
y en a quelques-unes qui font fâoéesi de ' 
quelle étrange peiiretTe doivent être les . 
racines , ôcles philtres qui fepârent lei 
afimens de ces petites plantes ! Sx. û l'on 
vientà conlïderer que ces plantes ont leuri 
graines amlî que les chênes ficles pins; 
ôc que ces perits animaux dont je viens 
de parler, fe multiplient par ivoye de gé- 
nération comme les Elephans & les Bafci- 
ues ( où cela n^ mene-t-il point ? qui a 
fçu travaillera des ouvrages u délicats, fi 
fins, qui échapuit à la vue des hommes 1 
&c .qui tiennent de Ptnfinl comme les. 
Cieux, bien qucdans l'autre t 
ne ièroit-ce point celui qui 
Cieux , les aiVes ces maues 
épouvantables par leur grandew 
élévation^ par la rapidité fie Ti 
leurcourfe, ôcquîfejoùcdeles 
vdir? 

* Il eft de iàit que l'hcmimi 
Soleil» desAftres, desCieuxi 1 
flucDcês, eommeiljouit de l'air 
Ni 



S^i X«ES CAR'ACT'EBrE^S 

rcf &,cîe la terre fur kauelle il inarchçj 
& qui le foûrieot: & ^U&loit ajouter à 
la certitude d'un lait, la convenance qu 
la vray femblance , elle y eft toute entiè- 
re 9 puîlgucjes Ciçux & toutçe qu'ils con- 
tiennent, ne peu ventpas entrer en compa- 
raifbn pour la ndblefle &la dignité avecle 
moindre des hommes qui font fur la terre; 
& que la proportion qui fe trouve entf*eux 
6c lui , m celle de la nutiere incapable de 
fcntiment, qui eft lêuldment une ctcaduè 
félon trois dimçnG.ons , )l ce qui eft efprit, 
raifbn , ou intelligence : G Ton dit que 
l'homme aurpit pu fe paffer à tpoîns pour 
fà çoniècvation , je répons que Dieu ne 
pouvoir moins faire pour étaler fôn pou- 
voir, fa bonté & fa magnificence, puif- 
qUe quelque cbofe que nous voyions qu'il 
ait fait, il pou voit faire infiniment davaiv- 
tage. 

Le monde entier s'il eft lait pour l'hom- 
me y eft littéralement la moindre chofe 
qtueDieu ait lait pour l'iiomme, la preuve 
^^n tire du fond de la Religion : ce li'eft 
donc' ni vanité ni préfomtion .à l'hom- 
me , de fè rendre iur fès avantages à 
la force de la vérité : ce fèroît ea lui 
ftupîdîté & aveuglement de ne pas fe 
laiiler convaincre ^r l'enchaînement des 

f5reuves , dont la ReligFon fe fert , pour 
lû; faire coôàoître ks. privilèges , fcs 
Vrcfl^Urccs, fes elperanceSï pour lui 



eu hks Moeurs de cas i Ecur ,X9^> 

«)prendre ce qu il eft, & ce qu'il peut de- 
venir: mais la lune eft habitée ^ il n'eft 
pas du moins impoOible qu'elle le fbit^ 
que parlez-vous» Lucile» de la lune, Se 
à quel propos? enfuppofàntDiCiU, quelle 
eft en cSèt la choie jinipoflibie ?' vous de* 
mandez peut-être £ npus fbmmes les (êuls 
dans l'Univers que Dieu ait {lbieatr^tez^ 
s'U n'y a point dans la luoe ^ ou d'autres 
hommes y ?ou d'autres- créatures que Pieu 
ait aulTifàvo^ifées? vaine curiofité,.iriv(^e 
demande ! La terré y Lucilo, eft habitée t 
nous l'habitons 9 & nous fçavons que noue 
l%abitons y nous avons nos preuves » nô- 
tre évidence, nos conviétions fur tout 
ce que nous devons penier de Dieu fie de 
nous mêmes; que ceux qui peuplent les 
globes celeftes , quels qu'ils ptdflent è* 
tre s'inquiètent pour eux-mêmes f ils ont 
leurs foins, fie nous les nôtres. Vous 
avez , Luple, ohfervé^Ia lune, vous 
avez reconnu ies taches, iès abîmes , 'fês 
, in^alitez, ià hauteur. Ton étenduèV ion 
cours, fèséclipiès, tous les Aftronomes 
n'ont pas été plus loin : imaginez de 
nouveaux inftrumens , ol)fèrvez-la avecf 
plus d'exaâitude : voïez-vous qu'elle foit 
peuplée, fie de quels animaux? reflcm- 
Dlent'ils aux hommes, iônt-ce 'des hom- 
mes; laifTez-md voir après vous, fiçû nous 
lommes convaincus l'un fie l'autre que des 
)iônuies habitent la lune, eicamioonsalors 

^f j '• «'as 



^)^ Les Cahactbrb» 

' s^tls font Chrétiens , & G Dieu a partie 
■ fcsfivcursentr'èux & nous. 

Tout efl grand & admirable dans la na- 
. ture^ il ne s y voit riènquînelbit marqué 
au coin de l'ouvrier 5 ce qui s'y voit quel- 
tjtiéfbis* d^rréigu!îer*& dlitiparfeit foppofc 
rcgje iôc perfection. Homme vain & prc- 
ibmteux ! faites un vermifTeau que vous 
Ibùiezaùx pieds ; que vous méprilèz r vous 
'avez 'horreur du crajpaudi 'feues uti cra- 
paud 9' s'S eft pomble : ^uel excelleot 
« sua^tre que celui tnii fait âes ouvrages, je 
«eifijB.pas que les nommes admirent 9 mais 

3u% entent ! Je ne vous demande pas 
9 vous mettre à vôtre attelîer pour faire 
un homme d'èfpritt un homme hka &it; 
^ tiôe belle fènrnie, PentrcpHfe efl forte & 
- -au delTus de vous; efIa7ez&u^emeDt de 
Isdreunboflu,, unrou» unmohftref jefuis 
content. 

îl'oîs y Monarques, Potentats,- ficrécs 

/Majeftez! vous ay-jè nommex par tous 

T06 tbperbés noms f Graftds de 'k terre , 

* tres-hauis, tres-puiffans, & peut-être 
Ixien^tôt, iout'fuijfafis Seigneurs t nousau- 

■ très hommes nous a^ons befbin pour nos 
moiflbns d'un peu de pluye , de quelque 

• chofède moins, d'un peuder(^e; feitcs 
delarofée» envoïezfurla terre une goutte 
d'eaUi : 

. tiTordre» la décoration , les effets de Ja 
nature îém populaires : les caufes, les 

K. . prin- 



O0 tKS MOEIIRS m CE ^lïfCLE. ^^ 

principes rïe le font point j denlandez à une 
femme comment un bel œiln'à qu'à s'ou- 
vrir pour voir y demandez-le à^uu homme 
doâe. 

* HjjfieursmlHions d'années, piufieuis. 
centaines de millibiîs^'années, »enunmotr 
tous les cempsnefôntqu^jn înilant, com- 
parez à la diiréç de Dieu, qiu eft éternelle : 
'cous les efpac^s du moÂde entier ne foitt 
qu^ûn poiitt, qu'un Iq^ atbme , côn\pa-^ 
rez à (on imthenfité :^1 eft afafi , com^ 
me je l'avance » car quelle proportiotj dû 
£ni a l'infini ?. Je demande . quièft ce q'ife , 
le cours de la vie d'un homme ^ qti^eft-ce / v 
qu'un grain de pouffiere qu'on appelle la| 
terre , qutft-cejqu'une petite portion de\ O, 
cette terre' que l'hod^mepoflcde, & mW ' 
habite 1 Les mécharts profoerent peiidaAt 
qu'ils vivent i quelques mecHans , ^ |e l'k- 
vouë^ la vertu efft oppriniéié , & lé crtnie 
îttipuni 'fur la terre , quelquefois , .j'en 
convien ; c'eft une injuffice , point du 
tout : il.Êiudroit, pour tirer tettecoudû- 
fion/ avoir prouvé qu^àblblumerit les tàXh 
chans font heureux , que la vertu nél'dft 
pas 9 & que le crime demeure impùrfi % ■ il 
feudroit du moiris que té peil dé tems où 
les bons foufFrent , & où les méchans 
profperent, eût une durée, &que ce que 
nous ;ippeIlohs, prolperitééc tortune , ^tie 
fut pas une apparence faufle «c une oisr 
bre vainequi s'évanodît ; que cette terre i 

N 4 cet 






^'^ 



ê 
ê 



cet atome , où il paroit que la vertu & 
le crime rencontrent fi rarement ce qui 
leur eft dû , fut le fèul endroit de la fcene 
où fe doivent paffer la punition & les recom- 
j)enfe&. 

De ce que Je penfè, jen'infere pas plus 

clairement que je luis eiprit , que je ,con- 

clùs de ce que je fais» ou ne fais point kr 

Ion qu'il me plaît ), que je fuis libre. : orli- 

^bcrtc, c'eft choix , autrement une deter 

^mination voktntaire.au bien ou au mal» 6c 

ainfi une action bonne ou noauvaifè, &ce 

. qu'on appelle vertu ou crime : que le crime 

] ablb umeht foit . impuni , il eft vray , c'eft 

injuilicej qu'il Içibit fiir la terre, c'eft un 

. myftere , uîppofons pourtant ïarcc l'athée , 

que c'eft injufiice j toute injuftîce eft 

une négation^ ou une privation de ju- 

ftice , donc toute injuftice fiippofè ju- 

ftice y toute juftice eft une conformité 

à une fbuveraine raifon , je demande en 

effet , ouand il n'a. pas été, raifonna- 

ble que. le crime Ipit pmii ,, à. moins 

Si'on ne difè que c!eft quand le trian- 
^ eu avoit moins de trois angles j or tou- 
te conformité . à la raîfon eft une veritéi 
cette conformité , comme il vient d'être 
dit, a toujours été, elle eft donc de celles 
^uel'on appelle des éterneliesveritez; cet- 
te vérité d'ailleurs , ou n'eft point , ou. ne 
peut être r ou elle eftrobjet d'une conaoit 



ôtr UÊS Moeurs i>r ce hêcuu t$y 

Lesdenouëmensqui découvrent les cri* 
mes les plus cachez , Scoù la précaution 
des coupables > pourlesdéroberauxyeux 
des hommes, a. été plus grande, paroiflent 
fi finiples"& fi feciles , qu'il fcmble qu'il 
n^y ait que Dieu feul qui puifle en erre 
hauteur t & les faits d'ailleurs qu^ l'on en 
rapporte , (ont en fi grand nomBre ,. que 
s'il plaît à quelques-uns de les attribuer k 
de purs bazards , il faut donc quMs fbûtien- 
nent que le bâzardde tout temps a pafieen ' 
coutume. 

^ Si vous faites cette fuppofition, que 

. tous les hommes qui peuplent la terre ians 
exception 9 fbient chacun dans jaboi^ 
dance , Se que rien ne leur manque i j'in- 
fere de là que nul hpmmequief): fur la ter* 
re , n eft dans rabonjdance*, ^ que tout 
luy manque : il n^y a.qucdeu:&lortesde 
richefTes , & aufquelles les deux autres fë 
reduiTent;, l'argent & les terres j fi tous 
{ont riches , qui cultivera. les terres , Sc 
om fisuillera les mines ? ceux qui Coot 
âoignez^ des mines , ne les fouilleront 
p^ f ni ceux qui habitent des terres 
incultes &ç minérales, 'ne pourront pas 
en tirer des fruits.^ on aura recours au 
commerce-, & on le fuppofè : mais fi 
les hommes abondent de biens , &^ que 

' nul ne Ibit dans le cas de vivre par fon tra- 
v^^ qui trabfportera d'une ir^on à une 
autre kslingotif ou les chofes échangée^ 

]Sr f qui 



/ 



%^ ^ LXs Caragtbr'e^ 

lui mettra des vaiffcaik en mer , qui fe 
^diargera .de Icf conduire? qioî entrepren- 
dra. des caravannes? on nanqueraàlorsdu 
neceflàire^ & des choies utiles ; sll n'y a 
plusse be£>ins , iJn'y a plus dVts^. plus^ 
de iciences y plus d'inventif ^ plus de 
mécanique*. D'ailleurs cette égalité de 
pôfièffions & de richefles en émblit une 
autre dansles conditions , bannittoate iiib- 
ordination t reduitleshémmesàlefènrir 
eux-mêmes , & àne pouvoir être iecourus 
les uns des autres , rend les loix frivoles & 
inutiles, entraine une anarchie umverïèlle: 

^ — 

attire la violence» les injures, les raâtfiàcres^ 
iîmpuiifté. 

Si vous fuppoièz au contraire que tous 
ics hommes Ibnt pauvfes ,. en vain le So- 
leîl fe levé pour eux fur l'horizon 9 en 
▼ain il éehauflfe là terre & k rend fe- 
^conde ; en vain le Ciel verfe for elles fcs 
iriSuendes ; les fleuves en vain i'arrolcnr,. 
^ répandent dans les diveriès contrées la 
îtrtiUté & Pabondance j mufcilcment auffi 
la tner laifle ïbndçr fcs abîmes profonds^,, 
îcs roehers & les tnontagies s'ouvrent 
^ur laïDfer fefiiller dans leur fein , & en 
«rcr tous lès treïblrs qu^Is y rcnferment- 
%^/fi-vouà iétaHiflfez que «de tous les 
liëinÈHes: répandue dans'lc monder lesêns 
•Ibîént îidhes , (Se les autres patùvres ^èc în- 
*geitei voiis^fiites.alorsquelèbc!loiâirap- 
fteéit mutudykixieùtliesiiOKQDies , Its lie» 

- ^ lis 



ou LES MoE^KsiJç CB swclé: V90^ 

lesrecondliQceux-cy fervent, obeïflènt, in- 
ventent, travaillent, cultivent ,perfè6Hon. ^ 
nent^ ceux-là jouilTentrncttrriUent, fècou- 
rent , protègent, gouvernent ^ tout ordre efl 
rétabli, ôcDieu le découvre. 

* Mette2rautorité,.le6plaifirs&Poyfi- 
veté d'un côté : la dépendance, lesibinsfic 
la miière de l'autre , ou ces chofès (ont dépla^ 
cées par la malice des hommes , . ou EKeu 
n'efl pas Dieu. 

Une certaine in^alité dans les conditi- 
ons qui entretient l'ordre & la (libordinati- 
on, eft l'ouvrage de Dieu, ouluppofèune 
loi divine : une trop grande dliproportion^ 
& telle qu'elle fe remarque parmy les hom- 
mes,, eft leur ouvrage, ou la loy des plus 
forts. - 

Les exttémitez font vicîeuièsî fie partent 

de l'homme :• toute compeniàtioo eft jufte 

& vient de Dieu. ^ 

* 

Si on ne goûte point ces Carafleres , je 

m'en étonne; fie u on les goûte , je m'en 

étonne de même. 

F IN.- 



s^ 



N 6 



1 



DISCOURS 

P R.ON O N C É 

DANS L'ACADEMIE 




• ^ V. 






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1 






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PREFACE. 

E UX qui interrogea, fir le difcourt 

Îfueje fis à J^ Académie Françoifi 
e Jeur que feus Chrnnewr J^yétre 
^repiy mtditfiehement^yavm 
fait des carakeres^ crvfont le blâmer en cm 
donné Pidée la fins avantageufemtejefouvois 
moy-ntime defirer : car Te fuhiie ayant ap- 
frotivé ce genre ^jfcrire okje mefms afpU^ 
que depuis quelques ornées j c^étoit lepré^ 
'venir en ma faveur que defkire une telle ré- 
ponje i H nerejloitplus que de fçavoir fi je 
n^auroispas du renoncer aux cara&eres dans 
k difcours dont il s'agiffoit , & cette quefiéen 
s^évanoift dés qu'on f fait que l*ujigeapré^ 
*valu fHun no vel Académicien compoje çe^ 
hy qu'il doit prononcer le jour de fa recep- 
^on , de rUoge du Roy^ de ceux du Cardi- 
mldeXicbelieuy du Cbancelier Seguier^ de 
laperfinneiquiilfuccedef étdePAcade^ 
mie Frmfoije » Je ta cinq éloges ilj en a 
*qu4ttre de perfinnels : or je demasâe à mes 
tenjeuri qu^ih mepofint jtbien ta dij^ènçe 
qwily a 'des éloges perfirmels aufc caraSerès 

^ui hiiem , -fffjthpwtffèfintir 9 é* avouer 

mu 



S#4 P U JS F A C TE/ 

ma faute; fi charge défaire qtielwe autre Hd^ 
tangue je ritembe encore dans des peintures, 
€*e fi alors qu on pourra écouter leur critique^ 
t^peut itretnecondanmer-j je dis Peut-être, 
pui/que les caraSf ères i oudu moins tee images 
des cbofis (^ (des perfonnes font inévitables 
dans Vwaifon , qne tout Ecri*uâin efi Fem. 
troj & tout excellent Ecrivain^ excellent 
Peintre. 

J* avoue que j^é^ ajoute â ces tableaux qui 
étoiene de commande , les loianges de chactm 
des Hommes IBufires qui compcfint 1^ Acadé- 
mie Françoifi , é^ ils ont dame lepardanneTf 
s'ils ont fait attention, qu autant pour manager 
leur pudeur que four éviter les cara^euî,je me 
fiêis abfienu deioucberâkmperjinnes , pouf 
neparUr-qnedeleursoiivnl^esf dont j'ay.f ait 
des'eloges critiques plsu ou moins ettndusjilm 
que Usjujets ^i^ihy ont traites pouvoient fexi- 
ger.y^ayloUe des Académiciens encore vivam, 
eli/ent quelques-uns f ilejivray ,maisjeksaj 
UmeZttQus, qui^^tr* euxauroit une raijon de 
fejplaindre ? C^e/Î une' conduite toute nouvelle^ 
moût em ils \ & qui r^avoit point ^tncore eu 
a exemple ; je ve^ en tonvenir , &^ î«Kf *fy 
frtsfiindem*écarter des lieux càmmuns.(^ m 
fbfafe> proverbiales ujf es depuis Ji long temps 
pour avoir [èrvi à minombre infini ^paifeiU 
dijioitrs dépttis'la naiffknce de F Académie 
Fmnçoife ^ m^étoit H donc fi diffidlede faire en^ 
frèr Rome ^ Athènes 9 U Lycée é' It Portique 
dansfélogedecetteffàvifnteCompagnie?Exxc 



P^R; E;F A C;Eh 30? 

au comble de fes vœux de fe voir -Academi- 
cieû : procefter que ce jour où l'on joiiit 
pour k première lois d'un (1 rsû'e bonheur, 
eft le jour le plus beau dé fà vie : douter fi 
cet honneur qu'on vient de recevoir eft 
une cho{^ vrayeouqu\>naitfbngé ; efpe* 
rer de puilèr déformais à la iburce des plm • 
pures eaux de l'Eloquence Françpilè' : n'a- 
voir accepté , n'avoir defiré une telle place ^ 
que pour profiter des lumières ds- tant dé 
perfonnes (1 éclairées : promettre que tout : 
indigne de leur choix qu'on le reconnoic 9 . 
on s'eiForcera de s'en rendre digne. Cmr * 
autres formules JefmeibcomplimensfimteU 
les J! rares érji peu connues y ue je n^cujjifû la 
troufvery les placer éf^ en mériter des appku'' 
dijjimens ? 

Parce Jonc qui pay cru ^utquoy que Penvk ' 
é^ Ptnjufiice publient de l Académie F rMçoU' 

fej^uOyqu^ellesveuiUentdiredefmdgfttoréf' 
Je fa décadence 9 elle n^a jamais depuis fin eta^ 
hUjJement rdffhmblé un figrand nombre doper ^ 
fmnages illuflres par toutes fortes de talens ô* 
on tout genre, (it érudition ^ jdilefi facile au^ • 
jour^huy J^j en remarquer j (^ ^ue dam cette 
prévention oàjefuisj^n'^affpa^seiperé que cette 
Compagnie put être une autre fois plus belle i - 

gindre , fyprife dans unjour plus favorable $ 
^queje mefuisfirvideroccajioni ayjerie9 
f^tquidoiyem^attirerlesmoindretreprocbesf r 
Gceron a pi loiier impunément BrutséSf Cejat$ 
Fmpée , Marcelluf ^ quiétoient vivons^ , qui " 

ctoietà :: 



\ 



je(î PREFACEE 

ttoknt ffefens ^ H les a laikz, flafieurs fiir^ 
iUs aUmez, fiuîs^ danshSémit^ fiwûtntm' 
frefince^e leurs epmeMisj toujours devant u^ 
né compagnie jaloufe de leur, mérite , C^ ifuia* 
■voit bim d^autres délt'carepesdepotitiijite fur 
U verfudes grands Hùrnmes^eiHe nenfçauroit 
awirF Académie Françoi fi; j*^lmélesA^ 
eademiciens^ je les ay loieiç, touf^ tT^cerfa 
fas été impunément,'^ ^uemefiroitU arrivé fi 
je les avêis blimex, tous ? 

Je viens^ d'entendre 9 a dit Tiechaîdey 
?une grande vilmne (Ëirangue c^id m'a £dt 
'hsaSSkr vingt (sisj & qui m'a ennuyé à h 
mort: Vailaee^ilàdil^j i^voitiénjuitt 
9e ep$Ul dfait^ tuf (^ feu ^autres qui ont 
crûdevéirenfrer dans iesfnimes.intefits: Ils 
fartirfnt pour la Cour le fendemaindetapro' 
ftohcidtfimdènm'Ht^ ik afférent di 

Wle^nf en mdtjins j ils dirent auxperfinnes 
auprès de qufilsontaççés^ ^ue jeteur avois- 
balbutié la 'ueilk^n difcouts oh il ny avoit 
liyftile^ nj fins commun f que étoit rempli 
aextrarvagances ^ ér une vraje fatyrt. R^- 
^enus a raris Us fi cantonnèrent en divers 
^uartifrsy où ilsrépajjdireht tant de venin, 
contre moj , s^ acharnèrent fi fort à diffamer 
cette Harangue j fiit dans leurs cànverfiaionSf 
fiit dans les letiresqu^ils écrinmentàleursO' 
mis dans ksTrov^ces, en direnttànt demain 
xir le perfitaderent fi fortement li qui ne fa- 
voit pur attendue ^qu ils crurenrpou^troitin' 
finuer au publia ^ mqi^kiCàrJitSfe^esfiésJe 



.PREFACE. 3O7 

lé mime mai» ttoitnt mauvais ^ ûu que s* il s 

étointbenSf jen^enetoispasi^AutesÊTf mais 

qu^Ufse femme deffses amies m^avoit fourni ce 

^ quUly a'voit Je plusfuffortahte ; ilspnmonee" 

re»h aujji que je h" it ois pas capable défaire 

' rien de fuvvf^ pas mime lamomdré Pr^ace » 

tant ils eftimoient impraticable à un homme 

même quieâdansl^habitudedepenferét^ér 

' étire ce quil^fe^ Fart de lier fis penjeesér 

défaire des tranfitions. 

Ils firent plus ^ violant les loix dé PAca^ 

demie Françoife^ qui défend aux Académie 

-giéns décrire ou de faire écrire contre leurs 

ionfreres , ils laeberent fi$r moy deux Au^ 

^teufs ajfocitx, à une GétzÀtte ^. Ils les ans- •mm 

ftterent non pas i publier contre moy une faty^<^^ 

refim ér ingenieufif '^-ouvrage trop au défi 

fous des uns dr des autresf ^ileàmanier» 

' &C dont les moindres eifirits fe tjrouvent 

^ capables, mais ime di^deceswfttresgrof-' 

fieres é^ perfomtelks^ fi difficiles i rencon^ 

trer^ fi pénibles d prononcer ou décrire y jitf^ 
tout à des gens à fui je veux croire qu il re fie 
encore quelque pudeur & quelque foin de feUr 
rtpuiation. 

Mt en vérité Je ne doute point que lepubHe 
m foit e^n étourdi ^fatt^i J^tHtenire de-^ 
fuis que^ues années de vieux corbeaux croajfep 
autour de ceuxqui d^un vol libre o* d'aune plu^ 
me kgerefefint élevez, k quelque gloire par 
liursecrits. Cesoifeaux lugubres fimblent par 
' kurs cris eontinudsleurvouloirimputer lede- 

crj . 



1 



5o8 P RE F A C B^ 

Hry umviffil oà tombe neceffàiremmt tout ce 

quils ts^yint au grand jour de l^iwpreffion , 

comme fi on eMt caufe qu^ils manquent de 

forcée d'haleine^ ou^u^on dut efiiee rejfon-' 

fibk de cette médiocrité répandue jfurletirsau^ 

i/rages : s^ihHmfrifmunli'vrede mœurs af^ 

fex^mal digéré fom tomber de fij-memeé' ne 

f0s CMcittr leurjahujie , ils k louent volontiers ,. 

et f lus 'vohmiers encore iUnenfarkntfOint*^ , 

mais siUfitcl^ue le mondetn parle 5 éliPat^ 

tajuent avec furie i Profit Verj ^ zfout^jtfi fk» 

jet âleÉrccnlutej tout ejlenjriye aune h/Une 

implacable quUls ont conçue centre ce ^^mi-oCe 

faroitre dansquelqueperfeSionj (^aiHcîis 

jfy;nes ituneapproSationpuilijue : onrseffoit 

plus ^pueUamorakleurfoumir jui leur t!grie^ 

ilfaudréfleuryendre cettt de la Serré on àe~ 

\^Definarets^ & sHlsenfmt crus ^ nvimran 

Pédagogue Chrétien ^ (^ d la -Cour Sain-' 

te : H paroit une nouvelle Sutyri Mérite 

contre les vkes en geper:al y jui £un vers 

fort é* d^unfiUe d'airain enfonce fes traits 

contre 1^ avarice y textes du j eu ^ lachicànne^ 

l^mokJJ'ej Pordure é^ Pbjfpocrijie ^ on^pfr- 

fonne n^efi nommé f^ défigné^ où nulle femme 

vertueujè nepeutnj nedoit ft^onnoitre^ m 

BôuRDALduE tn chaire ne fait pjdnt depefn- 

tures du crime ny plut vives ny plus innocentes, 

iln^insporte , c'eitmédiËince, ceftcaldmaie. 

Ft^ld depuis quelque temps leur uniqi^ ton, 

celuj quUls emploient contre les ouvrages de 

Metms quiriuj/i^ent ; ilsy prennent tout Ht-^ 



P -R E F A G E. 199 

ter aliment , ils Jet lifint comme. une bifioire j 

iUn^y entendent f^ la Jùefîeny la figure ^ ainfi 

ih ks condamnent, ; ils y trouvent des en^ 

droitsfbikles^ ily en a.daniHçmere y dans 

Tindare i dans Virgile é^dans Horace i^ ou 

fi y en a i-ilpint ? fi ceriefijeut-^firedans 

kurs écrits. Bern i N n^afas manié U nidr^ 

hre^ ny traité toutes lis pgures d'une éiak 

if<^ce, ) rnais m ne laijfe fas de voir dans 

cequ^il a moins beureufiwent rencontré , de 

, certains traits fi. achevez, tout proche de queU 

ques autres qui le/ont moins , (juils découvrent 

,aifiment rexceifenee de Fouvrier : fic^efiun 

^ cheval f lescrinffint tournez, d^une main bar^ 

die^ ils^oltigent ér (imbleut itrile jouet du 

vent ; l*mil efi ardent , les mzeauxfiu fient 

le feu €^ la vie^ un cizeau de maître s y re- 

trouve en mille endroits , iln^efifas donné d 

fes cofifies ny à fis envieux d^ arriver d de tel^ 

tesfautespar leurs cbef-d* œuvres , hn voit 

bien que c*efi quelque tchofi de manette par 

un habile homme f ^ unefaute.de Prax^* 

TEI.E. 

Mais quifint ceux ^ui fi tendres ^é'fifiru^ 
puleux ne Peuvent même fuppwter ^uefitns 
,bUffètiTjans nommer les vicieux on Jedeclare 
contre le vice? font ce des Chartreux & des So^ 
litaires} fontcelesj.ejuites hommes pieux & 
éclairez, ? font oe cesiommes religieux qutha^ 
hitent cnFrance lesCloitres & lesAbbayeslTous 
. au contraire lifint ces fortes d^duvrages^ en par» 

. tifulier^ ^. enPubUc 4 kurs recrenfions y ils en 



1 



3f • PREFACE. 

infpirent la leéiure à kurs Penpomudusy â 
kars élevés , ils en defeuplem. ksloutJfues ^ ils 
Us cùnfer^entdans leurs Sibliotbifiêes', ttient 
ilspms lesfrentiers reconnu. le pJanér Pœcona^ 
mie du Livre des Césra&eresï n^ontilsfasob^ 
fervt que defeiz>eChafitre/^uileconsfofint^ 
ilj en a qidnz,e qui s^m^dant d decoworir le 
faux é^ le ridicuU fui fi rencontrent dans les 
^ets desfaj^çns (^desattacbemens humains f 
ne tendent qu^à ruiner tous les obfiaclesqui 
affhiUifftnt J^abord^ér qui éteignent enjiiu 
Jam tous les hommes laconnoiJimcedeDieui 
quasnfiilsm font que des préparations au /ii' 
%iéme et dernier Chapitre , ok fAtbeifhse efi • 
attaqué étpeut'êtreconfondu^ oùlesfrmves 
de DieUf une partie au moins de celles que 
les foibks bommes^fint capables de recevoir 
dont leurtfpriti font apportées ^ oùtapa^ 
^dence de Dieu ^ défendue contre Finjuke' 
ér les plaintes des libertins :. qui font donc 
ceux qui ofent répéter contre unotêçc/rage ^ Je- 
rieux Cr* fi utile ce continuel rérain, , c'cû 
médilance, c*eft calomnie ^ ufautUsnom" 
meti ce font des Poëtes ^. mais. quels Poètes ? 
dès Auteurs d^ïfymner fierez, ou des Im^^ 
Seurs de Pfeaumes^ des Godeauxou-desCor^ 
neillesf ISon ^ mais des faijeurs de Stances 
à* dHéle^ifls. amofireyfes y accès. Idéaux e/prits . 
qsfi tournent unSonnetfkruneabfince ou fur 
esn.retiuû', qui^fota uneEpigram^efupuna 

hUe.gorger H!^^Jié^4nS!^ljur.ttn^ 
Piilaxeupc quipîrM/icatfJfi de- cwfcitncem 



V R EF ACE. lit 

lesfartigéUiTi âvpc toutes les Pricmitiom f^ 
U frudence pfAt fnggerfTt jeifma^nunm, 
Li^e def Mneurs Je décrier ^^^s^HeftpàdibU^ 
tmislesvicesdu^eeuT^dereJfriti derendrt 
rb(m$JHrAifçnnaUe(jrpl$^ffrO€bede devmr 
ÇkritiifK Tek (W ^tt ks Theohaldespu ceu^ 

di»^mmfeimjrAV0illmtf(meu9;f éhdém$. 
luét^tteiifir.. 

Ils fotftencùr alleX'flMs hin^ çarpafliMt 
d'unep^tiqm zélée le chagrin de nefefentir 
pas à teHrgjréfihienloiicx, O"filoni temps ^ut 
chacun des autres Académicien s^iTs pnt ojefai* 
tfi des implications délicates érdat^ereufeide 
Fmdrpit de ma Harangueyoà m^^ffantfedi 
prendre fe parti de toute la Littérature^ cdntrt- 
l^nri pljUs irréconciliables ennemis , gens peçu-^ 

nieiix% quel^excis,d^^rgent)>uqu^me fortum 
faitepar decertaines 'vcjes t jointe à la faveur 
des Grands qu^ elle leur attire necejfairement f 
mesfeJiéfyuUunefroideinfoUnce^ je leur fais 
4 la vérité, itpufum vive apofirophei, maie ^ 
qnUl nefi pas p^n^ de détourner de d^if\ 
eux pour krejetter fur anfitéfy f^fkt9Hi^alh^^ 
trOp ■ ■ ' ^ 

Ainfîen Uifent â mQné^ard^ excitex, peta^. 
être par kslieobaldes, ceH96e^uifeperfuê4ei^^ 
fH^jm Atiteur éititfeKle^entpomJes amufe^. 
P^^¥fi(F<^ &'f9iP^dfsièii^pouKleUf^tai< 
refer m9êfaim.nm^e'^'iaiêjiiad^ 
em. é^aefair^er^ir ^iMfinffe^te^Àe^^arA 
mmii^lesdin^er^.traifspi{on^fem^ dans^m^ 

OU' 



la 



.3M P RE F ACE. 

9wvragei s^ap^i^aent â décotivrir j fils h 
fettvmt>f quels tk leurs amis oh de knrs 
imtemirtes traits feuruent regarder ^ negU- 
g€9it dans un- livre tout ^e j«i n'eft ^ae re- 
marques filides ou ferieûfis reflexions j qucj 
quenfi grand nombre efueUes le umfojim 
freffuetout entier , four ne s^ arrêter qu am 
feinturesouMtx caractères: dt afrés les avoir 
expliquez, À leur manière y é^ en avoir eru 
trouver les originaux , donnent auPMic Je 
longues liftes^ oucommoilsles M^peup^ty des 
ckfs^faujpesclefsy & qui leur, font aujjiin^ 
utiles y qiê elles font injmieuf^ aux ferfomes 
dont les noms s y voyent déchiffrez^ , -& i 
IrEcriviûnquienefllacaê^'^ qaojqu^inm- 

tente. - 

J^avois pris la précaution deprotefter dans 
une Freface contre toutes ces interprétations <^ 
que quelque conmiffanct que y ay* des hom- 
mes mjtvoit fait prévoir , jufqu^à befiter 
quelque temps fi je devois rendre mon livft 
public^ <^d balancer entre le defir d^itreu^ 
tile â ma patrie parûmes écrits , et la crainte 
defmrmr à quelques, uns dtqucy exercer leur 
malignité j maispuifquefay eu lafoiblejfedi 
publier ces Caraàleres ^ quelle difftee lève- 
ra/ je contré ce déluge J^ explications qui 
inonde la ville €^ fui bien tôt va g^ner 
la C^urS dir^ U '/ineufiment , & pn- 
teêeray-je ^voc aèoiribles fèrmens.fue jene 
fuis ny ameik nf cothj^ce de ees clefs qui cou- 

rem , ^ueje nit^^mffnéaucuft^, î^^ »*»' 

plus 



PREFACE, 31? 

fhsfaniilms amisfcavmt quejekiliÊtràf 
ttnttes nfHfées ; ^ ksperfinnes lesflusaecre^ 
dittes de Ja Courent i$fijfiréJrarvoirmiH$(è^ 
cret? n^ifi ce pas la mime cèofe ^uifije mé 
Umrmentois beammif âfoAtenirqueje nefii^ 
pas un médhonnhe bemmej un hlmmefant 
fudeuf^ pmsmœwrs^ fans confiience^ tel enfm 
^ne les GaXÂtiers Jontje viens ik parler ont^ 
*vo9ilumerefnJenter dans km' IdfeBe diffama* 
foire. 

Mais d^-aiUenrs comment onrots-je don^ 
ne c€s Rftes da tlrfs , fi je nay pA moj 
mime Us fi/rger telles quelles font ^ et que 
je les aj v^'es} Etant preffue toutes dâ[i^ 
rentes entr^eiles y . quel moyen Je les jhairê 
fervir à une mime entrée j je veux direâ 
inintelligence de mes Remarques? Nommant 
des félonnes de la Cour ^ de la Ville d 
qui je n^é^ jamais parlé ^ que je ne cenneie 
point , peuvent elles fortir ^ mcjff ^ iiré 
difhihiées de ma main? Auroisje denni 
eelUs qm fi fabriquent kRomorentin^ âM»r^ 
taigne dr a Belyinne^dont les différentes apm 
plications font i la Baiiive^ d la femme de 
fjifeffeuTy au Preftdent de PEle&ion^ au 
Prevofi de la Maréchauffée% & auPrevo^ 
de la CoBegiate} les noms y font fort bien 
marques:,^ mais ils ne m^éudent pas davat^ 
toge à connoitre les perpmnes. Qu'on me 
permette ig une vanité fur mon Ouvrage; 
je fisis prefque difposiâ croire mti il faut que 
mes peintures expriment bien thmmo enge* 

Tom. iZ O ntral^ 



314 PREFACE. 

FiUeim de fa Province: J^iyfUnfàkwritt 
infrts mturt^nMisjenafpoftoi^mtrsfiHgéà 
feikdre eth^ ej ouceikls dansmmLévredei 
Aiùsurs}, jenemeJmsfointbiiéaftftÊtUefmr 
fiûreJesf9rtraits ^mfiiffintfasa^aUesié' 
nefarifij^£jiims ou iàniffneKtytfenndantfim 
'Mffcileje^faisla^^plmkmy foffnmn trait 
J^un cétéér un trait d*un autre-^'de ces druen 
trd^fjmpùnvcimt convenir d uhent^t^e fer» 
finnelf*en dffMt dèsfeintureivngffimUatkif 
wbercbant moins irqouir tes kUmrsparUca^ 
raShrciûiÊCOmmèiedifin^iesntéeontens^farU 
fiftjfteÂfièelfu\m^ ep^ûUuvfrt^ofiiraesdé-^ 
ftutsdtviter^ & ^moHiesnafitiwt. 

Ilmefen^lè doncfiièfedoisttrtmmé^hU^ 
inly pie fMnt de ceux ^m far hasùâtdvtf^ 
TOicntkm'snomT écritr£m$cesnMmtes lifes 
we.je ^definmljli^ ptej^ ctmJutmm aWam 
yuAetie wénmt -j'^ffi nAneétiondre d^imx 
cette fufiice , ^ ^«e fiut j^mrrher)^i(h yÉtOiur 
Aiaratwghf^a^tàinuUe ivtehtimdehsofffnfit 
par finOt^oragei Hs^^a^mtfufft^aMxInter^ 
frètes dùnib 'notifeeiuré^inèucufable.ye diielt 
è^t àt^jedity 4Jr -m^crtient^ ju^on ^u 
^^ùej^joj'ru^tdè dire yé^je rep&fnlfencofeweoins 
-Aw^mpufiiidirti. &^jjue^e^ctbsff$i0f^'y 
'je n^fjie nmomèntks'ftrfimmqnefcvBUK 
y»mrme9^fofi§wr%>danshÊ<mëde4on^ 
tu Ou 'ktèf'mmte^ j^uru kurs-pomftm^iet^ 

treseofimle^^n'ju'miesvofe dffhfn^^jtte 



PREFACE. 3XT 

kJécUwr m cpun-fAs fifque de Uswan^uer: 
Siysafmois t^ïdu ^wttindes noms 'vtritabUr 
auxfgintmtsnfriniobligeantti^ j.e me fhrois (^ 
fof^'k tra<fiml (l.emftw^Ati notns Je Pan* 
jciâfmehifioire^ d'ewfkj/er des lettres jnitidles 
^mnêntqiifknefigmfication'vaine ér incèr-' 
faine^ tTem;€rmfif^9^ill^t0trs& mille faux 

J^êâief des affUo^kms. VoiU Ut cendutte qnf 
yay^temiedantU4Smpofyws desCaruH^res^ 

Sierceqm concerne laHarangtiejHfapam 
lostgsêe&tnmtymfenu chef des mecosstests. Je 
nejiay en ^ fcîerwtyf^j tenté de faire de 
se remerciensmt à r Académie Fr an foi fi tm 
difioHTA ^miréiftfieit quelque fin'ce érqueL 
^He/tee^dné':Âei^ez^\4Mdemiciens.m^avçienf 
^f^fr^yé:Qecbemhky ^maisilsfifinttrçuve^ 
if»,fftit nomhe ff^leur*7ulefour P honneur (^ 
fomk^fefsttatien Je Pjicademie n^aeu que feu 
d^imitateursje fowuois fuivre Pexewple de 
4Sf^<vif«^l4^ cette Comfag^ 

^nf^fi»stu!if0&jamadsfri^é^ 
xbjmtifcxii^e ^'"im^imVff^ déJofgneu^ment la 
f^^i^^4(ih^:imftii^^^^ii^ils n ont ^ue deux 
'eeeoH4Jére:f d^^fi^m^momentiparler^ qmf 
^cfffeiksMfmlirjQng^temfs , ér defarUr 

^eSUpem^^^iontré^if qu^ainfi que ntd 
jenipm efeâ nggtegii^iecune ficieté ^ nj n^ ' 
fisJetfresJe Maiitrifi fa^pfiUrefin cbefa^eeu- 
n^re,^ mime é^aveû^coreflusje bien fiante 
MÊÊ^homena éjfficié iumxorps qui nes^efifoutenut 

Ù t é[ 



ii6 PRÉFACÉ. 

é^ ne peut jamais fi foAttnir f$é€parPék. 

guencêf fi trouwit engage iifdife in jentroftt 

tm^efforteneegenrej quiîéfift aux jeux iet(m 

faroitre digne du tfboix dont il 'venoit de rbom^ 

ter : Il nte fintbloit encore que pui/fue Feh' 

externe pr<fane ne paroilfoit plus régner au 

^ Barreau 9 d^où elle a été hamrie par ta necejjiti 

de Pixpeditionf & quitte' ne de^oH,plm e- 

tre admifi dans la Chaire ou elle n^ a été que 

tropfiuWerte\ UfiulaJylejiuipounMdtlMjre' 

fier^ roit i Académie Fhmçoifi^^ &ffil 

ffj aveit rien de plus naturel^ nj quipM 

rendre cette Compagnieplusceldir4^ que h du 

figet des réceptions de nouveaux Académie 

ciensj elkffavoif quelques àtthettaCour 

& la Ville à fis afewbkes par la^kriéfiédy 

entendre des pièces ^Eloquence JtmejufieL 

tendue 9 faites de main de maîtres f ^dont 

laprofejjm efi d^exctller dam kfdenct de U 

parole. 

Si je najf pas atteint mmittt 9 fklétoitde 
fi^noncer unaifiourséloifuentf iïimefdroitdu 
nteinsftejemefiHsdifimpéderatoirfiiit trop 
long de quelques minutes icdrfid^Mlleurs Fmis 
a qui m favoit Promis mauvais , fatjrique é' 
i^enfij s^ejiptaintqt^onlt^avoit manqué de 
parole \ fi Marly ou la curiofité del\ntendre 
s^itoit réparsdtiy ffa point retenti d^applan* 
diffèmens que la Cour ait donner à la erité- 
quequ^on en avoit faites sUlafiiffancbir 
Chantilly , éciieil des mauvais Ouvrages ; fi 
t Académie Franfoifi à quij ^avois ^eUé corn* 



P R E F A C £♦ riT 

me au yu^ fiuvirain d$ ces fortes de fie- 
ces^ itmt aJjenAlée eoOraordinairement , a 
miofté ceUe cf\ Nfmt imprimer far Jim, 
Libraire , Fa tnife dans fes Arûbiws ; yî f A- 
krfitoitfas en effet eemfofee d'un IWc afFe- 
âé , dur ôc interrompu , ny chargée de louan^ 
M fades ér omrées , teUes ^lion les lit dans les 
Prologues d'Opéras, & dans r^jird'Epi- 
tres Pedicatoires , il ne faut pks setmner 

ÎH^elk aitennty^Tbe(Aalae.Jevoisles umPs^ . 
t fuhlic me permettra de le dire , ek ce ne fera . 
pas affez, de f approbation ^uHl aura donnée à 
anonvragepourenfatrelarepHtatieini &^ 
potirymettre/edemterfiean, il fera nece£ aire 
fue de certaines gens le defapproavent , ^nitsy 

é^ent haMUén 

, Car veudroient ils prefentement 4iu'ils ent. 
reconnu que cette Harangùea meinj mal reajjfi 
dans le public ^u ils ne l aveiem efperé qu'ils 
ftavent^que deux Libraires ont plaidé^ à qui «finifaui. 
Fimprimeroitj voudraient ils defavouer leur ^^^^^^ 
goût et lejugememati^ils en ont porté dans les aueftesd» 
premiers jours fi elle fus prononcée: me ver ^ IHàtd» 
mettroiene^ih de publier ou feulement defoup^ 
çonnertme toute ausrermfon de f à^re cenfure 
qu Us en firent 9 fie laper fuafienoi^Ui^oif ne 
moelle la méritoU : entait fie cet homme d'un 
mm & d'un mérite fi dift.ngué dvecquifeus 
Phonneur d'être reçu k l'Académie Fronçai fe^ 
prii\ J^lUciié.perfeektlde confeniirk Pimpref^ 
Ronde fa Haranguepar ceux mêmes qmvou" 
loiefttfMtimer la mienne , é^ en iteindr.eU. 

O 5 mémoire^ 




3i8 K RE F A CJE. 

wewpre^ Uurr^iJhteSfottrsiKvecfèrmuéill 
l^r dft^ qu'il ne pcnt^oit ny ne devoir ap* 
prouver^ne dmio^ion E odieùfe qu'ils. 
Touioient f^re entre luyic nwy , ^ que la 
préference qu'île donB«>)Bi!iD3<fi>ii DtKoufS 
avec cetre amâarionf &>cet empcefiaxieDt 
q^u'ils luy marqnoient , bien km de Tobli- 
f comme ilspouvoientlecroire, luy £ft« 
au contraire une yeriuble pdiie> que 
deux Difcouf s également kinooeiis prou 
HoDceï danà le mime jour dey oknt kte 
iàaptimez dùBs^ h même tea^s^: Il /esfl^ 
^ mfuite oUigMfmnmf 49t fMù ^ m 
farffctêUer fur £ violent cbagrm f»fl nf- 
fintûit de ce éfue les Jem A^t&trs de lé 
Gazette ^ue fay citez, ayoient fait fervif 
Uikuanges^ttHlem anJwtPi&Jektfdomiêr^ 
4 un deffein firme- de rneMn de^ wef^ de 
pton Di/coarsé^demepCam&ereSy é^ilme 
ft fier cette Jatyre injmieufi des explieatkiu 
ér des e^cufes fuil ne wse dtvùitfaint. Si 
dmc m voulcit iu^er de cette canduitedee 
Theobaldesj yu^tls ent cm fiieifftnmrt a^ùie 
hefiin de eeimparaifim ^ ^ntir HÊrm^nefo^ 
k& décriée four rekver ceUe demm CûBi^ 
pte^ ils doivent r^ondtefeurjilaixer de ce 
finfçen foi les desAonàre-f efusis nefint nf 
aouvtifimsnj dévoikz,é kfwem^ nyinieref' 
fiznjadulaPenrs'j ^n^au centréàreUsfimtJm^ 
cens^ t^ qu^Us ont ddfjimwnene Ujfu'ils 
pènfiiene au flan^ dte^fisk ^Jet^icftefiem 
de fnonSjtmeroiement ithP^udemk Mf0et£Mfi% 

, * mais 



PREFACE. îij 

rnmonru tnmujutra9»t^infifitr^dt leur 
dire^ut UjugementJtUCoitr&JelaVilk , 
JetGranat^ilitp4iifleluy a étéfavorakle ; 
qu'importe, ili restitueront avec confiance que 
hfuHîeafMljttt t é" 'JH^Mtmt.k^i'Kréson^ 
juimtfermela homhi é'^mtffninetoiit4jf~ 
prend; ih^vrt^^u'eUem'éioigne déplus e» 
plus Jevtuloir leur plaire paraucim de ttrn i- 
eritfj earfij'^unpeudefatiîc avec quelque* 
ttnifittdevk jje n'awMVplus d'autre ambîtio» 
^uecellede rtndrepar desfiim ajjîdus é^ far 
Jtiem-cmjQilt met oitvrggei tell i qu'ils fmf 
finttmjmrsptirtager Ut Thoèaidti Cr fepti- 



O 4 DI- 




DISCOURS 

PRONONCE 

DANS L'ACADEMIE 

FRANÇOISE 

Le Lundi quinzième Juin X^P3* 




^ESSI'EURS, 

Il feroit difficile d'avoir l'honneur de 
le trouver au milieu de vous , d'avoir de- 
vant les yeux l'Académie Françdfe » d'a- 
voir là Pfaiftoire de fonétabliflement, làns 
penièr d'abord à celui à gui elle en eft rede- 
vable, & fans fe perfuader qu'il n'y a rien 
de plus naturel 9 ôc qui doive moins vous 
déplaire , que d'entamer ce tiâu de louan- 
ges qu'exigent le devoir & la coutume $ 
par quelques traits où ce grand Cardinal 
ibit reconnoifTab^ & qui enrenouvdlent 
h mémoire. 

Ce 



OB l*Agadbmie Françoise. $i^x 

Ce n'eft point un perionoage qu'il foie 
fàdle de renore nv d'exprimer par de belles 
p9cck^9 ou par ce riches figures, parce# 
difirours moins faits pour l'dever le mériv 
ee de celui que l*on veut peindre ^ que pour 
montrer tout le feu & ^oute la vivacité de 
l'Orateur. Suivez h .Resne de Louis 
le Jufte f c'eft la vie du Cardinal de ]^U 
chelieu , c eft fou éloge 9 & celqr du Prin^ 
ce qui l'a mis e^ oeuvre ^ Q^e pourrois«je 
Rajouter à des fàitseqcope recens &rimemo<i^ 
fables? Ouvres^ fbn.Tefiàmept politique, 
digérez c^ ouvrage, c'eft la peinture de 
Ion efprit j ion ame toute entière Ty de. 
veloppe ^ Ibn y décou vrele &cret de (k 
conduite & dcf feaafâions, i^ony trouvela 
jbUrce & la vrgy^mblance de tapt & de (l 
grands évenemensquiontparû fousion ad- 
miniilracion y l'on y voitiâns peine qu'un 
homme qui penied virilement & fi jufte ^.fl[ 
pu a^r iilrement & avec fuccés, & que 
celui qui a achevé de fierandeschofès, ou 
n'a jfunùs écrit,, ou^a^du éaire comme il a 

Eût-. 

Génie fort & fUperieur il a fçeû touc 

le fond & tout le mvflére di; gouverne* 
ment j il a connu le beau ôc le lubUn 
me du miniftere j il a refpeÛé l'Etran- 
ger f ménagé les Couronnes.» . connu le 
roids de leur alliance ; ilaoppolëdes Allieis 
desËnnemis; ilaveSléaux intérêts du dé-, 
hors, à ceux du dedans, il n'a oublié que 

O j %s 



'^1% Discours à MEfi^iÊtfkr 

les Gens ; une vie b^dfie!i&£rlaiigyiffitfKte9 
(buvant expôlée, à été h pûk di'uâe fibao^ 
veftujdépbiitairedes trefof s^de'icia M^e» 
toiDbiédefèsbîêhâ^ât oi'dôii^fKiteiâr, âC- 
pen&tètir de fé»PïÉatiéés,dn ofe^tKOtsitdire 
qu'il eftmoït riche. 

*Lecroirotc-on y Meffieilîs , cette ame 
iêrieufè» êcauflefe, fbniâidableainrËiiiie- 
xnis del^tâf , inexorable aux &^etix , 
pb'ngéedanslàtiegedatien» occujpée tan^ 
tôtààifibiblfrlef^àrttdeilieFefie, ta&tèt^ 
déconceftef uncl^ùe , & tatitât à liiéditer 
l^tieconquâte, a trouvé le loîfir d'être Iça- 
vante , a goûté les belles lettres fie ceux 
ti^uî en feifoieût profèflton. Q>mpare%;-vous, 
fivôusl'ofèï, au gt^nd Richelieu , Hom« 
toesdevouezàkforfafle^ î^parfeiîiccés 
devosaflàîrespartîctdîeres, vousjugezdi* 
gttesque l'on vous confie les afl&ires publi- 
ques I qui vous donnez cioùr des geilies 
heureux & pour debonnes têtes, qui dites 
que*vousiïelçavezrîen, que vous n'avez 
jamais lu, -quel^otisae lirez- pofot , ou 
pour marquer rinùtiUtédes iciences , ou 
pbùi- paroîtrfe ne devi^ir rîcil aiix autres ^ 
filais puffer tout dé vôtre fi«ftdsj appfcnea 
que le Cardinal de Richelieu a (çâ ; qu'à a 
m, je ne dis pas qu'il n'a point eu d^éloigne- 
iheiît pour les gens de lettres, maisqu^il 
fcsaainret, careffez^ fevorifez; qirtlieût 
a ménagé des privilèges y qu'illeur defti- 
nbit des pfenfiotts> qu'a leôa*féfeiis à une 

Com- 



DE l' Académie Françoise. 31^ 

Compagnie célèbre 9 qu'il eaa âitrAcade- 
ixiieFraaçoife. Oùy» Hommes riches 2c 
ambitieux , contempceursde la vertu & de 
toute aiTociation qui ne roule pas furies éta^ 
bliffemens & fur Pintêret i cdle-cy efl une, 
des penfées de ce grand Mioiftret né homme 
d'Etat 5 dévoué k r£tat 9 efprit folide , émi<- 
isent 5 capable dansce qu'il faiibit des ngiotifs 
les plus relevez, & qui rendoient au bienpu-^ 
blic comme à la gloire de la Monarchie , in- 
capable de concevoir jamais rien qui ne fuc 
digne de lui 9 du Prince qu'il ièrvoit 9 delà 
France à qui ilavoit coniacré k$ méditations 
6ifes veilles. 

U içavoit quelle eft la force & l'utilité 
de l'éloquence , la puiflànce de la parole 
qui aide la railonSc la fait valoir 9 quiin-' 
unuè aux hon^m^ la juilice & la prooité y 
qui porte dapsje cœur du ibldat l'intrepidi- 
té 6c l'au^ce, quicsJme les émotions po- 
pubures,qui€xciteàleurs devwsles Çom* 
pagniesentierpsj ou la multitude : il n'xg- 
noroit pas quels font les fruits de l'Hiftoirc 
6c de la PoëUe» quelle eft la neceffité de la 
Grammaire j la bafe & le fondement die^ 
autres fcienceS) & que pour conduire ces 
chofèsàun degré de perfeâion qui les ren^ 
dit avantaceufès à la Republique 9 il &loic 
drefTer le irfan d'une Compagnie, où la ver- 
tu feule futadmiiê , le mérite placé , l'eCr 
prit & le fçavoir rafièmblexpardesfùfFra- 
ces, n'gilongpas plus loin, vçilà , Met 
^ O 6 ficurs, 



04 Discours à Messieurs 

Ceurs, vos principes & vôtre règle, dont 
je néïîiis qu'une exceptioa 

Rappeliez en vôtre mémoire, kcompa* 
faiibn nevouslèrapasinjurieufe , rappeuec 
ce grand & premier Condle, où les Pères 
qui le compolbient , éroient remarqua- 
bles chacun par quelques membres mud- 
kz , ou par les cicatrices qui leur écoient re- 
ftéesdes foreurs de la perlècution ^ ils fera- 
bloient tenir de leurs playesle'droit de s'af^ 
fèoir dans cette Aflemblée générale de tou* 
te FE^iferîln'yavoit aucun de vos illuftres 
predcceffeursqu^onne s'emprdsât de voir, 
qu'on ne montrât dans les places , qu'on ne 
déGgnât par quelque ouvrée &meux qui 
luy avoir fait un grand n6m, & qui luy don- 
iloit rang dans cette Académie naiflantequ''- 
ils avoient comme fondée : tels étoient ces 
grands artifàns de la parole , ces premiers 
Maîtres de rËioquenceFrançoifè, tels vous 
êtes, Meilleurs, qui ne cédez ny en fçavoir 
ny en mérite à nul d&eeux qui vous ont pré- 
cédez. 

L'un auflî correft dans& langue que s^ 
Favoit apprife par i:cgles & par principes, 
aufli élégant dans les langues étrangères que 
fi elles lui étoient naturelles , en quelque 
idibnîe qu'il compoièf ièmbletoûjourspar- 
lèf celuydcfonpaïsi il a entrépris, îlafoxi 
une peîiible tradu<9:ionque leplusbelefprit 
pourroit avouer, & que le pluspieux per* 
K>nnage devroit dcfirer d'avoû* £iite» 
^* L'autre 



DE l*âcAdemxb Françoise, jtjf 

L'autre feit revivre Virgile parmi nous , 
tranfmet dans nôtre langue les grâces ôc, les 
richefles de la Latine , fait des Romans qui 
ont une fin , en bannit le prolixe & Tincroya- 
bîe pour y fuftituer le vray-femblable &^le 

naturel. 

Un autre plus ^gal queMarot & plusPoë- 
te que Voiture, a le jeu , le tour 8c lanaï veté 
de cousles<leuX5 il ihftfuit en badinant , per* 
fuade aux homflies la vertu par Torgane des 
bêtes, élevé les petits fujets julqu'au fubli- 
mc> homme unique dans fon genre d'écrire, 
toûiours original , foit qu il invente , foit 
ou il traduite, quiaétéaudelà defesmode- 
les,modele lui-même diflRcile à imiter. 

Celui-cy paffe JuvensJ , atteint Horace ^ 
fcmble créer les penfées d'au truï& fc ren- 
dre propre tout ce qu*il manie , il a d^s ce 
qu'Ôemprunte des autres toutes les grâces 
de la nouveauté & tout le mérite de l'inven- 
tion : fè^ vers forts & harmonieux , faits 
de genie,quoy que travaiUezavec art j pleins 
de twttts & de poèfie r feront lus encore 
quand la langue aura vieilli > e» feront les , 
derniers débris ; on y remarque une^criti- 
que fânc, judicieufe, & innocente y s'ileft 
permisdu moins dédire de ce qui cft mau- 
vais, qu^ileft mauvais. 

Cet*autrc viept après un homme loué, 
applaudi, admiré, dont les vers volent en 
tous lieux & paffeni? en proverbe, ^qui pri- 
me f qtri règne fur la fcene y qui s'cft em- 
j O 7 paré 



pjS DiSCOU RS à MëS9I EOlEll 

paré de tout le théâtre: Unerendepoflede 
pas, ïeftvrayimatsils'yéubbtavecluiyle 
saonde s'accoutume à en voir faire la com- 
parsûicHi ^ quelques-uns oe fouiH-eat pas que 
Corndlle » le grand Corneillei lui (oit prefe- 
ré 9 quelques autres qu'il lui ibit égalé ^ ils en 
appellent àPautrefiecle 9 ils attendent la fin 
de quelques vieillards , qui touche^indîk. 
feremment de tout ce quirappelleleurs pre- 
mières années , n'aiment pei|t-être dans Oe« 
dipequelefi>uveny:deleurjeun^e* . 

^e dirai-je de ce perionnage qui a^ £ût 
parler £ lontems une envieufe critique Se 
qui l'a (sut taire ; qu'on admire ma^é foi » 
qui accable par le grandaiombredc parré* 
pmiencedeiestalens, Orateur, Hiftori^, 
Tbeolo^en, Philofophe, d'une rare éru- 
tiition , d'une plus rare éloquence, fcHt dans 
(k& entretiens , (bit dans (èsecrits ^ (bit dans 
la chaire? un défènièur de la Religion, une 
lunâere de r£gU(è, parlons d'gvance (élan** 
g^delapofteritéjUnPerederjE^ife Quj 
n'eft-il point? Nommez, Meffieurs, unç 
xperm q ui ne (qit pas lajRenne. 

Toucherai- je aufli vôtre dernier cboix fi 
indigne de vous? Qi}elle^ çhofes vous di- 
rent dites dans ia place oùje me trouve] je 
m'en (bu viens, & gprés ce que vous ave9i 
.étendu t cotnoieatote-jepgpieri comment 
djûgBe2r.vou§m'€iiitendrçî avoiiqflis-le, on 
Jfent la force & l'aîcendaotdec^ïareefpriti 
foit qu^^ prêche de génie .& &ps pref^jra^- 

V tionj 



DE l'Acabbmte Faahçoise. %iy 

tiofiy (bit qu'il prononce un diicours étudié 
£c oratoire , foin qixû expUque iès peniees 
danslaoonver&tioo: toujours maître de l'o- 
reille &c du coeurde ceux qui l'écouteot, il 
ne leur permet pas d'eovier nitastd'élevs^ 
tion , ni tant defacilité » de ddicatelTe^de po- 
Uteffe; on eft aflez heureux de l'entendre» de 
ièntir ce qu'il dit, & commcille ditj cm 
doit être cointeot de foi fi l'on emporte {es 
reâetxionsy&fil'onenprofite. Q^ellegran- 
de acquifitionave!L-vous&ite en cet honune 
âiuftre? àquim'aflbcieZ'VOUS? 

Je voudroiSy Meflîeurs, moins preiTé 
pv le temps de par ksbienièances qui met- 
tent des bornes a ce difi:ours»pouvoir louer 
chacun ûc ceux qui compofi»t cette Aca* 
demie, par des endroits encore plus mar- 
qiie^&pardenltasTivesexpreffionff. Tqu^ 
«es les iortes de talens que Ton voit répan- 
dus parmi les hommes^ iètrouvent paa^ 
gez entre vous: Veut-oo de dilèrts Ora« 
tetirs qui sii^t fisméidans la Chaire toute$ 
les fleurs de â'ËkNnmiceb qui avec une £une 
lllaraIe^aiQnt 'employé tous les tours 8c tou- 
tes iesfiaeffès de falaise, quiplailentpar 
un l>eau choix de pardbes , qui Ment lù- 
tner 1er (blemnites^ , les n^emplea , qui y 
fàflent courir, qu'on ne les cherche pas ail* 
ieurs, ils ibnt parmi vous. Admire*t»on 
une vafte & profonde littérature qin ^iHe 
fouiller daiis les aischives de l'aittiqutté# 
pour en retirer de& ehofea enfèvelies dans 

Toubli, 



'-V 



i 28 Discours à Messxeuics^ 

ToubU 9 échapees aux eiprics les plus ox* 
rieux» ignorées des autres hommes ^^ une 
mémoire r une méthode r unepréd&onà 
-ne pouvoir dans ces recherche» s'égarer 
d'une fçde année , qudquefbis d'un ^1 
jour fur tant de fîecles^ cette doctrine ad* 
mirable vous la poifedez» elle eft du moins 
en quelques-uns de ceux qui forment cette 
içavante Âflemblée.- Si l'on eft ctuîeuxdu 
xjon des langues joint au double talent de 
fçavoir avec exaétitudelescholèsandennes , 
£c de narrer celles qui font nouvelles avec 
autant de fimplidtéquedcveritéy desqua* 
ltte2 fi rares ne vous manquent pas >^ ficlbnt 
reunies en un même fujet: ^ fî l'on cherche 
des hommes habiles y pleinsd'efi»it&d'ex- 




avec juftefiè^ d'autres qui placent heureu- 
sement & avec (uccés dans Wnegodatioss 
les plus^ délicates , les^talens qirUsontde 
tnen parler & de bien écrire; drautres en- 
core qui prêtent leurs ibins & lemr^TÎ^lance 
aux aâaires publiques» après les^^avoir em- 
plo}cex aux Judidaiits 9 toujours avec u^ 
De égale réputation ^ tous & trouvent au 
tnifieu de vous v & je fbuSre à ne les pas 
nommer. 

Si vous aimezleiçavoir joint à l'éloquen- 
ce r vous n'attendrez, pasliongtems, re(èr« 
vti,. fedemenc coûte vôtre attention pour 
celui quiparleraaprésmoi;! que vous man; 

que- 



DE l'Académie Françoise, yi^ 

que-t-il enfin 9 vous avex des Ecrivains ha- 
biles en l'une & en l'autre oraiibn , des 
Poètes en tout genre de poëfîes» (bit mo- 
rales» ibitchréiàennesy {bit héroïques, foit 
gakntes^ & enjouées , des imitateurs des 
anciens, des criticKies aufteres j deseiprits 
fins 9. délicats, uibtils, ingénieux, pro- 

{>re8 à briller dans les convmàtions icdans 
es cercles j encore une fins à quds hommes 9 
à quels gnuods fu jets m'affociez* vous ? 
• ^ais avec qui daignez- vous aujourd^uî 
me recevoir, après qui vous fais- je ce pu- 
blicremerciement ? il ne doit pas néanmoins 
cet homme fi louable & fi modefte appre* 
hender que je le loue , fi proche de moi 9 il 
auroit autant de &cilitéque de difpofîtipQ 
à m'interrompra Je vous demanderai plus 
volontiers à qui me faites vous fiicceder? à 
un homme Qjxi A v o i T D£ LA ver- 
tu. 

Quelquefois, MefTieurs, il arrive que 
ceux qui vous doivent^ les louanges des il- 
lufires morts dont ils remplifient la place, 
heûteot partagez entreplufieurschofesqur 
méritent égdement qu'on les relevé , vous 
aviez chom en M. rAbbé de la Chambre 
un homme fi pieux, fi tendre, fi charita- 
ble, fi louable par le cœur» quiavoitdes 
moeurs fi (âges & fi chrétiennes, quiètoic 
(i touché de religion j fi attaché à fes de- 
voirs, qu'une de £bs moindres^qaalitez êtoir 
de bien écrire, de fondes vertus, qu on vou- 

droit 



N 



3 jo Discours à Mbomurs 

droit cel€i>rer9 font pafler Icgcsieraent (ur 

ion érudition oqfuribnéloqufxice^ ondti^ 

me encore plus ià vieôcËi cooduifie^eiès 

ouvrages^ je prefereroiseiieffec depvQooiK 

cer Iç dilcours funèbre dftcelukà quijefiii:- 

cède, plûçôtquçderaeborwr àuaim^e 

éloge de fon âprit. Le mérite telui a'è« 

tpitpa^ UMchoièacquife) maisunpadn- 

moiae» ua bien, hereoBcvre; fidamotosii 

en&ut jugeD{^ le cbohi àt cefaûqui aFOJr 

Bvré fim cœur y iàconfiaoee» toiitefaper- 

Jonae à ce^te iàimUe €^ IVôk rendoe 

Cpnime yôdr^ aUi^ , pui^ otr'oopeiic dira> 

qu'il Tavoic adoptée & (fxu ravoîttmie ar 

^jiec fAcademie Fraoçoifeibusia pcoceétion, 

Jep^ile du^CbancelierS^fuier ; ons'ea 

fpuviispt cwKQe de l'un w ^w grands 

M a^iîltata que la Fraace ait ooiim depuis 

fe^QpmoienQCiBievs : il a laiffià douter ca 

quoi il excdloit davantage , ou dans les 

bdles krtres , ou dans les affîùfes t îl eft 

vrai du moins » & on en convient 9 quil 

furpai&it en l'unâc en l'autre tous ceux de 

{<î>n temps : hoQ)aiegrave&£uiiilier9 pro-. 

fonddanalesdellberations» qucMque doux 

& âcile dans le commerce » il a eti nain* 

f ellemeot ce que tant d'autres veulenc a« 

voir, 6c ne fè donnent pas , ce qu'on n'a 

point par l'étude fie par l'afifeâation » par 

tes mots graves , ou fintentieax ^ ce qui 
/i 1 i_ r_, — -- peui-être 

a dignité; 



DB ïJAcADKUfiBf Françoise, ijt 

il ne la devoir point à l'éminence de fbn 
pofle^ w contraire^ il l'a annobli} il a été 
grand j^ acccedité ians.miniftere » & on ne 
voit ffi^ qtt<;ceuxqcuomIçûtQut réunie ea; 
leurs g^rloanés^ I ajreot e&cé. 
. Vouf le perdîtes il' y a ^^ques années> ' 
cegfand PrbteÛeur 9 vous iettâtesla v&e 
autour de vous ^ vouspromenates vos yeux, 
i^r (pus t:€ux qui s'ofihroient & qui fe troU" 
¥oieat Woresi de vous recevoir ;. liais le 
feotiraeAtde votre perte fût tel » quedana 
1^ eâ^rts que vous fîtes pour la reparer y. 
lïou^ oiiatespeofer à celuiqui feul pouvoit 
vous k iàire oublier & la tourner à vôtre 
^oire; avec quelle bonté 9 avec quelle hu- 
manité ce magnaùime Prince vous a-t-^ilre* 
cens ] n*en ibions pas iùrpris 9 c^eft iÔA cà- 
raâeseji lemême, Meffîeurs, quel'onvoit 
éclater danfrlesa6Uons de & belle «ie $ maie 
que les iurprenaates révolutions arrivées. 
duasunRoiaume voiGn & allié de la Fran« 
ce» ont misdana le plus beau jourqu'il pou- 
voit jamais recevoir. 

Quelle Êcilité eftla nôtre , pour perdre 
toutd'uQ coup le ièntiment & la meimnre 
des choies dont nous nous femmes vus le 
plus fortement imprimez ! Souvenons-^ 
nous de ces jours triftes que nous avoae 
paflez dans l'a^tation & dans le trouble» 
curieux » incertains quelle fortune auro« 
ieac couru un grand Roi , une grande 
Reine » le Prince kw fiU s fiunilleaugu* 

ftei 



J3X Discours i Mssisxisiiies 

fie, maismalheureuie, que la piété & la fe- 
l^on avoient poufTée jufqu'aux dernières 
épreuves de l'adverfitc,nelas! avtnenNilsperi 
fur la mer, ou par lesmainsdcleurs ennemis^ 
nousnelelçavionspas^ ons^terrc^e(xt/m* 
lepromectoitredproqueinent tes premières 
nouvelles qui viendroient fur im évenemeor 
fi lamentable^ cen'étoîtplusunea&ireptK 
blique , mais doroefttque , on n'en aor- 
moit p\us\ on s'éveilloic lesunrles aoerer 
{K>ur s'annoncer ce qu'on en avcrit appris; 2c 
^uand Ces perfbnnes'Roialesàqui l'impre** 
noit tant d'intérêt» eufibnt pûecfaaper àb 
mer ou à leurj^trie , êtoit-ceaflêz r ntBr 
Ibit-il pas une Terre Etrangère oùibpuflèn^ 
aborder, un Roi également bon&puiilànc 
qui pût & qui voumt les recevoir ? Jel'à 
▼uë cette réception, fpeéèaclc tendre s'ilen 
fut jamais! onyverfbit deslarmesd'àdmi- 
i^on & de joye, ce Prince n'a pas plus de 
grâce , lorfqu'à la tète de fes Camps 6c de &s 
Armées il foudroie une ville quiluiréfifie, 
ou qu'il diffipe les Troupes Ennemies du 
feul bruit de ion approche. 

S^d fbûtient cette-longue guerre , n*cn 
doutons^pas, c'eft pour nous donner une 

Saixheureuie , c'eft pour l'avoir à des con- 
[tions qui {oient juftes de qui fàflfent hon- 
neur à la nation, qui ôtent pour toujours- 
à l'Ennemi l'efperancedenou^ troubler paet 
de nouvelles hoftilitez; Que d'autres pu- 
blientr exalteoc ce que ce grapnd Roi a 

€XC- 



m 

i 



DE l'Academib Faakcoxse ;3| 

•exécuté , ou par luy-même , ou par Ces Capi- 
caioes , <lurant le cours. de ces mou vemens 
doat toute l'Europe eftibranlée^9 ils ont un 
iujet . vafte & qui les excercera longteml 
Que d'autres augurent » s'ilsle peuvent , ce 
qu'il veut achever dans cette Gtmpagne» 
:îenepArlequedelbncoeur, quedelapure- 
>€C & de la droiture de fes intentions ; elles 
ibnt connues ) elles luiéchapent , on le fé- 
licite fur des titres d'honneur dont il Tient 
de gratifier qiielques Grands de fon Etat, 
. que <fit-il.? qu il ne peut*être content quand 
tous ne le font pas, & qu'il lui eft Unpoflî. 
;ble que tous le foient comme il levoudroiç: 
i fçifit» MeffieprS) quekfi»tuned'unRoi 
left de prendredes villes 9 dégager des ha- 
tailles^jde reculer fesfrontieres, d'être craint 
jàtks ennemis.; mais que laj^oireduSou- 
irerainconGfte à être aimé de (es peuples» on 
^ivoirlecœur» & par le coeur tout ce qulls 
{wiTedent. Provinces éloignées^ Provinces 
voifines j ce Prince humain £chipa&iËmt^ 
que les Peintres &Jes Statuaires nous défi- 
gurentyvoustendlesbras, vousr^^ardeavçc 
desyeuxtendres&pleinsdedouceur; c^^ 
là ion attitude * il veut voir vos habitans; 
vos bergers danfer auibn d'une flûte cham- 
nêtre fousles ûules & les peupliers» y mêler 
leurs voix ruftiques» & chanter les louanges 
de cduT qui avec la paix & les fruits de 
la paix leur aura rendu la joye&la lèrenité. 
Ceft pour arriver à ce comble de fès 

Ibù- 



)34 DkCOUILS â ^BSSïBUltS 

ibuhaits la&licité communey qu!il Jè âvfe 

aux travaux Se aux îfàtîgues daine guerre 

peniblcy xju^ileflu7et'inclçineaeeduddi& 

«flesiàiibnsy qu'il expefe *& perfônne, «qu^ 

^ilque une vie heureufej voila Ibniècret, 

&Iesvâe8quileiQfit^r, on les penecpe, 

^n les difcerne par les feules quaUtez de 

ceux qui fontenplaee, ôc qui l'^udenr de 

leurs conlcsls; je ménage leurmodeKe^ 

qu^ xne permettent lèulemeat de remaiu 

'quer» qu on ne devine point les projetsâe 

ceiàge Princej qi?on devine au contraire, 

qu'on nomme les perfbnnes- qu'il va placer 

Bc qùfil ne ^(àit que confirmer la vq^du 

^pçuple dans te éboixqa^ fnt de fcsMim- 

'ttrést n lie le décharge p» ^enâerement 

^iûtjeux du poiâsdé {es affaires» lujMfflêmd» 

'fi je i'ofe dite, ilteft fon ^rind^ filkli. 

ftrbj toujours appliqué à^Hos^wfiAifs, 41 

njapour luy^njr tempsde^-elâèiienylaétt* 

Très prcvilçgiées^ déjala nuit s'avance , 'fcfs 

irdes font reicvéei aux avènn*'s d^JfenîPk- 

ïs, ^ks' ÀïhtJs^bKllent au t)iel & fondeur 

xourfe, toute là nâturerepdfè, pn^lbi 

pur.i en&vebc dans ies'ombres , fftyurra- 

^oofons auffi, tandfeuucci? Royretirédaas 

"fcn balûftriç vèflltf 'fcul Fur nous fie fur tout 

'^ïïiat 5 tel cftt'-Mefficors ifeÇreteétewo» 

vous Vipus êtes pro c ur,é,cduy de^fes petytcs. 

. 'Vous Tii'avez aSniis îlans une Co«p^ 

• nieîlluftrccpar unefi-feiute proteêMon: je 

B« le dilBmule^, fay tâOèï ^Q^mé ^tte 

difiin- 



SE L^AcADfiMiB Françoise, ^^f 

difHnéHon pour defirer de l'avoir dans tou- 
te ÙL âeur fie dans toute fon intégrité, je 
veux dite de la devoir à vôtre feul choix , 
& f ay mis vôtre choix à tel prfac » que je 
n'ay pas ofé en blefler, pas tnème en ef- 
-fleurer la liberté «par une importune (bllid^ 
.tation: j'avois d'ailleurs une jufte défiance 
-dempy-mème» jerfentois déjà répugnan- 
ce à demander d'être prdferé à d'autres qiii 
(pouvoienc être cfaoifis ; j'avois crû entre- 
voir, Meffieurs,un^ch(Mê que je ne devoir 
•avoir aucune peitieà:cro]re, que vosincli- 
lAtionsiè tournoient ailleurs / fur unfujet 
digne, iiir un hot»me rempli Se vertus^ 
■d'efprit & de comïoil&nides- , quî^ éf oît 'tel 
<dvantTepo<te^c€oafiiik^ec|ii^loiectipe, & 
:qcji rfc»oit>tei ôftôore isM he l^icctîpoit 
plus: je itie^fen» nouché, inen de Ê^défè- 
rence^ je fçais celle quejeluy dois, mais de 
l'amitié qu'il m*a témoignée , julques à 
s'oublier en ma faveur. U n père mené fbn 
fils à un fpeâacle , la foule y eft grande , la 
porte eft afiîegée, il eft haut&robufte, il 
fend la prefTe , fie comme il eft preft d entrer , 
ilpouflefbnfilsdevantluy» qui iâns cette 
précaution ou n'entreroit point, ou entre- 
roit tard. Cette démarche d'avoir fup- 
plic quelques-uns de vous, comme il a fmt» 
de détourner vers moy leurs fuffrages, qui 
pouvoient fi juftement aller à luy, elle eft 
rare , puifque dans fès circonflances elle eft 
unique, 6c elle ne diminue rien de ma re- 

con- 



'33^ Discours à Messieurs, &€• 

çonnoiflànce envers vous , puiique vos voix 
feules itoujourslibres & arbîtnùres,donncat 
une place dansFAcademie FraDC(»iè. 

Vous me l'avez accordée 9 Meffieurs, Se 
de G bonnegrace , avecunconfcntement û 
uiiamine,que je k dois & la veux tour de 
vôtre feule magiûficence ! fl n'y a ny poflci 
nyxnredit, nyricheâcs^ ny titres, nyauto- 
riicé ,ny faveur ouiayent pu vous plier à fài- 
rere choix, je n^ay rien de toutes ces diofes, 
toutmenoaoqiue; un ouvragequiaeu^dh 
que fuccés par fà fînguktfité, & dont les nu£' 
ies, je dîslesfkifres Semailles applications 
pouvoient me nuire aupt^s des perlonnes 



moins équitables & moins éclairées que 
vous , a été toute la médiation que î'ai em- 
ploiée , & que vousavez re^ë. Qud moycB 
ce me repentir jamaisd'avour é^'*^ 

F I Nw 



TABLE 

dès' 

MATIERES 

PRINCIPALES, 

i : : 

Contenues au Tome Premier, - 

• * 
DiSGOO&S SUK THfiOPHKASrsV ' * ftg.ï 

IBS Caractiris db TtffopHÀÂ'stv* ' ;p&p; 17 

PltA OlSSXMOLATtON.'^ '*' W 

Dl X.A FtATTlRXI. ^t 

Dl L*ImP BRTX MIKT O O ' X) U DXStOK 

/. .D^.^.XIN. , 

Db la Rosticx ti\ 
Du Com'plax s an r« 
Ds l*Imagb x>*on Coq^uih. 

DVGRAMD PaRLBUR* 

Do VbbXT dis l4oOV'BtLBB. 





# *• 


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40 

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S 1*1 


*47 



Db l'Epakonb S^oit Dxsv. ' 49 

Db llMPOBBNTOa DBCBtoyQai 
MB R.09GIT XXB RXBK. C| 

2Wf. //• P D« 



Du eoMTRE-yÎEMPS. * 
Db t'AlR EMP«.BS$B% 

Db t a Stupxdxtb*. 
Db tA BRtiTAti'rB*. 
De t A Superstition» 
De L*E8Pitir chagrin. 

De tA DEI lANCE. 

D'^^N vltAiN Homme. 

P'«H,H0MMB INCOMMOD». 
De X.A SOTT». VANITE*. 

De L'Avarice. 

De l'Oetehtation. 

De i'Orgueib. 



54 
5^ 

57 

S9 

6o 

i), 

^7 
i% 

7* 

74 



De ia Peor, dodepaotdi 

COORAGEt ' 

Dts grandsd'^ne Repob^iqo». 7« 

D'one tardive Instri^ctxok» ^^ 

DE t'A Médisance^ ... ■* 

X 1 s C A » A C T J » » .». o f. v»| .M » » » » 

"■ o> c« Suc t«. ' 

I 

Po Mérite per-SPXHIu 
-Des îi.HMES» - 

■fio COBOlLt. 



14} 
I7J 



Dl LA SoctlTl'lT Dt 1* CONTIH'S'A* 



D>S BlIKS DB FDKTOHt. 

Dl ik Vitv.1. , 
D* i* Cook. > 



»Î4 



TA RLE 

DES: 

MATIERES 

PRINCIPALES, 

Contenues au Tome Second^ 

Do SoovtAAIM OO OB LA R IF 9- 

t) B L*H O M M B. 54 

pis TOGBMBNS.. HZ 

Db LA Modb/ X7^ 

Db QOlLOOEi^UtACBB^ IO& 

Db LA Cma xi{'B« • 240 

Dbb Esprits Po%lrB« > ' 257 

PABYACBA ONl>SSC.0omB PKON ON- 

c b' d a m b l*A caobmis Fran- 
co X .» ». joj 

DxfCOOlB P&ONONCB* OAHB L* Ac ▲ 1K 
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