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Full text of "Les Essais de Michel de Montaigne"

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in  2010  with  funding  from 

Universityof  Ottawa 


http://www.archive.org/details/lesessaisdemi04mont 


LES    ESSAIS 


DE 


MICHEL    DE    MONTAIGNE 


LES    SOURCES    DES    ESSAIS 


ANNOTATIONS  El    ÉCLAIRCISSEMENTS 


LES  ESSAIS 


DE 


MICHEL  DE  MONTAIGNE 

PUBLIÉS  PAH  MM.   FoRTUNAT  SIKOWSKI,   Kkançois  CiEBI-LlN  ET  Pierre  VU.LKY 

d'après  l'exemplaiue  de  bordeaux, 

avec  les  variantes  manuscrites  c~v  les  leçons  des  plus  anciennes  impressions, 

des   notes,   des  notices  et  un    lexique 

SOUS  LES  AUSPICES  DE  LA  COMMISSION  DES  ARCHIVES  MUNICIPALES  DE  BORDEAUX 


TOME    QUATRIÈME 

LES    SOURCES    DES    ESSAIS 

ANNOTATIONS    ET   ÉCLAIRCISSEMENTS 

PAR 

Pierre    VILLEY 
Professeur  ;'i  l'Université  de  Caen 


BORDEAUX 

IMPRIMERIE    NOUVELLE   F.    PECH    &    C' 


MCMXX 


PQ 
.AI 


AVANT-PROPOS 


On  ne  cherchera  pas  ici  tout  le  commentaire  historique  et  moral 
que  comportent  les  Essais.  Il  est  relativement  aisé  à  chacun  de 
suppléer  aux  lacunes  laissées  à  dessein,  car  la  plupart  des  noms  et 
des  taits  historiques  évoqués  par  Montaigne  sont  généralement  bien 
connus  et  les  idées  morales  sur  lesquelles  s'exerce  sa  méditation 
ont  tait  l'objet  des  réflexions  de  bien  des  moralistes. 

Si,  pour  la  commodité  du  lecteur,  j'ai  donné  çà  et  là  quelques 
éclaircissements  et  informations  jugés  indispensables,  et  si  j'ai  repris 
les  traductions  des  citations  en  langues  étrangères,  l'objet  propre  de 
mon  enquête  était  un  peu  différent;  j'avais  avant  tout  à  rechercher 
les  sources  des  Essais. 

Les  sources  d'une  oeuvre  aussi  vivante  devaient  être  cherchées 
d'abord  dans  la  vie,  et  spécialement  dans  la  vie  intime  de  Fauteur. 
Il  fallait  donc  éclaircir  les  allusions  aux  faits  contemporains  qui 
avaient  stimulé  sa  pensée,  aux  choses  locales;  il  fallait  établir  des 
rapprochements  d'essai  à  essai  qui  constituent  comme  un  commen- 
taire de  Montaigne  par  lui-même,  et  des  rapprochements  entre  les 
essais  et  les  autres  témoins  de  la  pensée  de  Montaigne  :  Journal  de 
voyage,  lettres,  éphémérides,  inscriptions  de  sa  librairie,  notes 
marginales  jetées  sur  ses  volumes. 


AVANT-PROPOS. 


Mais  cette  oeuvre  vivante  est  en  même  temps  l'œuvre  d'un  liseur 
infatigable  dont  la  pensée  reste  tout  imprégnée  de  ses  lectures,  dont 
la  phrase  roule  souvent  les  mots  mêmes  de  la  page  qui  a  fécondé 
sa  réflexion.  Il  fallait  donc  surtout  examiner  tous  ses  livres,  qui 
étaient  pour  iMontaigne  le  prolongement  de  son  expérience. 

Déjà  l'origine  de  la  plupart  des  citations  en  langues  étrangères 
et  de  beaucoup  de  faits  historiques  avait  été  indiquée  par  des  com- 
mentateurs :  M"'^  de  Gournay,  Coste,  Leclére,  le  docteur  Payen. 
Mais  un  nombre  considérable  d'emprunts  n'avaient  pas  été  reconnus, 
naturellement  ceux-là  surtout  qu'aucun  nom  propre  ne  signalait 
à  l'attention,  et  qui  portent  sur  des  idées  plutôt  que  sur  des  faits. 
Surtout  il  fallait  reprendre  l'enquête  dans  un  esprit  nouveau  :  il 
s'agissait  non  pas  de  fournir  au  lecteur  une  référence  qui  lui 
permît  de  s'informer  au  sujet  d'un  fait  rapporté  par  Montaigne, 
mais  de  retrouver  le  texte  même  dont  Montaigne  s'était  inspiré. 
Il  fallait,  entre  plusieurs  sources  possibles,  choisir  laquelle  est 
la  vrai.e;  savoir  si  Montaigne  l'a  connue  chez  son  auteur  ou  dans 
un  ouvrage  de  seconde  main;  s'il  a  fait  usage  d'une  traduction  qui 
peut  altérer  le  récit,  et  de  laquelle;  autant  que  possible  de  quelle 
édition  il  s'est  servi  et  les  ressources  d'information  qu'il  y  trouvait. 
Enfin  il  fallait  par  des  citations  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur 
les  textes  mêmes  qui  avaient  passé  sous  les  yeux  de  Montaigne. 
Car  alors  seulement  l'étude  des  sources  devient  féconde  lorsque, 
à  un  chiffre  stérile  qui  propose  un  rapprochement  hvpothétique, 
se  substitue  un  texte  concret,  celui-là  même  au  contact  duquel 
a  jailli  la  pensée  de  l'auteur. 

Pour  cette  enquête  nous  devions  nous  installer  avec  Montaigne 
dans  sa  tour,  reconstituer  sa  librairie,  reprendre  un  à  un  sur  les 
rayons  tous  les  livres  que  son  inlassable  curiosité  y  accumulait, 
et  les  relire  avec  lui,  par-dessus  son  épaule. 


AVANT-PROPOS.  VII 

C'est  dans  ce  même  esprit  que  Miss  Grâce  Norton,  dans 
son  excellent  petit  livre  Le  Plutarque  de  Montaigne,  et, 
sous  la  direction  de  M.  Strowski,  MM.  Joseph  de  Zangroniz 
et  Jean  de  la  Ville  de  Mirmont,  ont  apporté  à  cette  enquête 
des  contributions  partielles  et  limitées  que  je  suis  heureux  de 
rappeler  ici. 

Au  cours  de  ces  longues  lectures  j'ai  vu  les  Essais  peu  à  peu 
s'éclairer  d'une  lumière  nouvelle.  Si  elles  ne  m'avaient  pas  cons- 
tamment fait  mieux  comprendre  le  travail  de  la  conception  chez 
Montaigne,  et  fait  pénétrer  plus  avant  dans  l'intimité  de  sa  pensée, 
je  n'aurais  pas  poursuivi  mon  travail. 

Certaines  compilations  du  temps,  celles  de  Messie,  de  Guevara, 
de  La  Primaudaye,  de  Jean  des  Caurres,  etc.,  des  collections  d'adages 
et  d'apophtegmes,  présentent  en  abondance  des  faits  et  des  idées 
qui  se  retrouvent  dans  les  Essais,  et  elles  pouvaient  prêter  à  de 
beaucoup  plus  nombreux  rapprochements.  Il  suffit  de  le  rappeler 
ici,  afin  qu'on  ne  perde  pas  de  vue  que,  par  leurs  racines,  les  Essais 
plongent  dans  un  courant  littéraire  très  à  la  mode,  abondant  autant 
qu'impersonnel.  Mais  je  n'ai  retenu  à  dessein  que  ceux  de  ces 
rapprochements  qui  étaient  instructifs  :  il  importait  de  ne  pas 
étouffer  le  texte  source,  quand  il  est  connu,  sous  un  amas  de 
citations  oiseuses. 

J'ai  à  m'excuser  du  nombre  important  des  «  addenda  »  qu'on 
trouvera  sur  la  fin  du  volume.  On  voudra  bien  penser  que  l'im- 
pression a  été  commencée  voici  dix  ans.  Si  je  n'avais  rien  appris 
durant  ces  dix  années,  ce  serait  le  signe  qu'un  jour  venu  je  me  suis 
désintéressé  de  mon  enquête. 

J'exprime  aussi  au  lecteur  mon  regret  des  irrégularités  que  son 
œil  pourra  rencontrer  dans  le  jeu  des  références  et  pour  lesquelles 
j'invoque  la  même  excuse  du  temps  et  des  circonstances. 


VIII  AVANT-PROPOS. 

je  voudrais  pouvoir  dire  que  je  n'ai  point  d'autres  regrets;  mais 
personne  mieux  que  l'auteur  ne  connaît  dans  le  détail  les  imper- 
fections de  son  œuvre. 

L'aide  que  m'a  donnée  notre  compositeur  M.  Elies  est  une 
véritable  collaboration  éclairée  et  dévouée  autant  que  discrète. 
Je  le  prie  de  trouver  ici  l'expression  de  ma  vive  gratitude. 

P.     ViLLEY. 


20  novembre  19 19. 


TABLE  DES  AUTEURS  CITES 


INDICATIONS  GÉNÉRALES  ET  EXPLICATION  DES  SIGNES 


Il  y  a  ici  deux  catégories  d'ouvrages  que,  pour  la  clarté,  j'aurais  rangés  en 
deux  tables  dift'érentes  si  la  commodité  du  lecteur  ne  m'avait  invité  à  les 
réunir.  La  première  est  celle  des  volumes  qui  paraissent  avoir  appartenu 
à  Montaigne;  elle  représente  la  partie  de  sa  «librairie»  que  mes  recherches  et 
celles  de  mes  devanciers  ont  permis  de  reconstituer.  Ceux-là  sont  les  livres  qu'il 
convient  d'interroger  d'abord  quand  on  veut  connaître  les  sources  des  Essais, 
puisque  très  vraisemblablement  Montaigne  les  possédait.  La  seconde  catégorie 
est  formée  d'ouvrages  qui  ont  été  cités  au  cours  de  ces  annotations,  soit  pour 
l'indication  de  sources  possibles,  soit  en  vue  de  rapprochements  instructifs. 
Beaucoup  d'entre  eux  étaient  des  livres  appréciés  en  ce  temps-là,  et  ont  des 
chances,  bien  que  les  preuves  fltssent  défaut,  d'avoir  figuré  parmi  les  mille 
volumes  que  possédait  l'auteur  des  Essais.  Il  importait  d'ailleurs,  pour  ces 
derniers  aussi,  d'indiquer  les  éditions  que  j'ai  consultées  et  de  compléter  les 
titres  trop  sommairement  désignés  au  cours  des  annotations. 

Un  astérisque  (*)  distingue  les  ouvrages  de  la  première  catégorie,  ceux  pour 
lesquels  nous  avons  des  preuves  qu'ils  ont  appartenu  à  Montaigne,  soit  dans 
ses  déclarations,  soit  dans  les  emprunts  qu'il  leur  a  f^tits.  Il  a  semblé  utile  de 
citer  tout  au  long  certains  titres,  lorsqu'ils  permettent  au  lecteur  de  se  faire 
une  idée  du  contenu  des  volumes. 

Un  second  astérisque  (**)  fiiit  connaître  ceux  dont  l'exemplaire  même  de 
Montaigne  nous  a  été  conservé  muni  de  sa  signature.  On  a  pensé  rendre 
service  au  lecteur  en  rappelant  les  titres  même  de  ceux  qui  ne  nous  ont 
fourni  aucune  source. 

Un  point  d'interrogation  est  joint  à  l'astérisque  (*?)  devant  les  titres  des 
ouvrages  pour  lesquels,  à  défaut  de  preuves,  nous  avons  quelques  raisons  de 
croire  que  Montaigne  ne  les  a  pas  ignorés,  soit  à  cause  de  l'estime  dans 
laquelle  il  tenait  leurs  auteurs,  soit  parce  que  le  genre  littéraire  auxquels  ils 
appartiennent  les  recommandait  particulièrement  à  son  attention,  soit  parce 
que  des  idées  significatives  ou  des  allégations  se  retrouvent  à  la  fois  dans  ces 
ouvrages  et  dans  les  Essais. 


X  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

Enfin  les  titres  marqués  de  deux  points  d'interrogation  (??)  sont  ceux  des 
ouvnti;es  qui  ont  fourni  des  contributions  à  Montaigne,  si  bien  qu'on  a  pu 
supposer  qu'il  les  a  possédés,  mais  dont  les  contributions,  vérification  faite, 
paraissent  lui  être  venues  par  des  intermédiaires,  en  sorte  que  nous  n'avons 
aucune  preuve  qu'il  les  ait  étudiés. 

La  mention  «  d'après  l'édition  de...  «  placée  à  la  suite  d'un  titre  précédé  d'un 
astérisque  indique  que,  bien  que  l'édition  dont  Montaigne  faisait  usage  n'ait 
pas  pu  être  déterminée  avec  certitude  ou  avec  vraisemblance,  il  a  paru  à  propos 
de  mentionner  une  édition  à  laquelle  les  références  des  annotations  repor- 
teront le  lecteur. 

Dans  quelques  cas,  d'ailleurs  rares,  il  est  malaisé  de  déterminer  d'après  un 
emprunt  la  partie  de  l'œuvre  d'un  auteur  que  possédait  Montaigne.  Les  hypo- 
thèses auxquelles  nous  nous  sommes  arrêtés,  basées  toujours  sur  des  raisons 
de  vraisemblance,  et  sur  les  habitudes  de  la  librairie  au  xvi'  siècle,  ne  sont 
pas  toujours  hors  de  contestation. 

Les  trois  chiffres  qui  con.stituent  chaque  référence  désignent,  le  premier 
(chiffres  romains)  le  volume,  le  second  (chiffres  arabes)  la  page,  le  troisième 
(chiffres  italiques)  la  ligne  oià  figure  le  texte  à  propos  duquel  une  source  est 
indiquée,  —  chiffres  qui  .sont  reproduits  en  tête  des  annotations  du  pré.sent 
volume.  Ces  références  permettent  donc  de  se  reporter  directement  soit  au  texte 
dans  les  trois  premiers  volumes,  soit  aux  notes  dans  le  quatrième.  Une  croix  (i) 
renvoie  aux  additions  et  corrections.  Elle  suit  la  référence  quand  il  y  a  lieu 
de  se  reporter  à  la  fois  aux  annotations  et  aux  additions;  elle  la  précède  quand 
il  suffit  de  con.sulter  les  additions. 

Il  a  paru  superflu  de  rappeler  dans  cette  table  les  renvois  aux  ouvrages 
allégués  seulement  pour  les  rapprochements  instructifs  et  les  éclaircissements 
qu'ils  ont  fournis.  Nous  nous  sommes  borné  aux  ouvrages  que  Montaigne 
a  possédés  (un  astéri.sque  ou  deux  a.stérisques)  et  à  ceux  auxquels  il  a  fait  des 
emprunts  indirects  (deux  points  d'interrogation).  Pour  ceux-là  d'ailleurs  les 
réminiscences  et  les  simples  rapprochements  ont  été  relevés  aussi  bien  que 
les  emprunts. 

Au  moven  de  ces  références  il  sera  aisé  de  mesurer  la  dette  actuellement 
reconnue  de  Montaigne  envers  chacun  des  auteurs  cités,  celle  du  moins  qui 
consiste  en  emprunts  exactement  di.scernables,  et  l'on  pourra  contrôler  les 
raisons  qui  nous  ont  fait  classer  chaque  ouvrage  dans  telle  ou  telle  des  caté- 
gories sus-mentionnées.  Eaut-il  rappeler  que  cette  dette  ne  se  mesure  pas 
d'une  manière  mécanique,  en  faisant  le  compte  des  références,  mais  qu'il  faut 
toujours  se  reporter  aux  textes  que  chaque  référence  met  en  parallèle,  et  dont 
la  signification  varie  d'une  manière  considérable.  On  devra  d'ailleurs  avoir 
grand  soin  de  compléter  ces  informations  au  moyen  de  l'index  des  noms 
propres  qui  permettra  de  retrouver  les  jugements  portés  par  Montaigne  sur 
les  écrivains  et  les  ouvrages  dont  il  a  eu  l'occasion  de  parler. 

Bien  que,  sur  des  points  particuliers,  la  présente  enquête  modifie  les  résultats 


ET    DKS    AUTEURS    CITHS.  XI 

provisoires  que  j'avais  communiqués  précédemment,  on  pourra  souvent  avec 
profit  se  reporter,  en  les  corrigeant,  aux  notices  qu'il  eût  été  trop  long  de  repro- 
duire ici,  et  qu'on  trouvera  dans  mon  ouvrage  sur  Les  Sources  et  l'Evoliitioii  des 
Essais  (1908),  et  dans  deux  ce  suppléments  à  la  Bibliotiièque  de  Montaigne» 
publiés  dans  la  Ra'iie  d'Hisloirt  litîernirc  de  la  France  (1910  et  1916). 

Pour  les  écrivains  de  l'antiquité  classique,  les  éditions  et  les  traductions 
consultées  ont  toujours  été  celles  du  xvi'  siècle;  mais,  sauf  le  cas  d'information 
contraire,  les  divisions  des  œuvres  indiquées  par  les  références  renvoient  aux 
éditions  de  la  collection  Teubner. 

Afin  de  ne  pas  allonger  démesurément  cette  table,  je  n'y  ai  pas  tait  figurer 
les  nombreux  ouvrages  ou  articles  publiés  depuis  un  demi-siècle  que  j'ai  eu 
occasion  de  mentionner.  Il  a  paru  qu'avec  les  indications  données  dans  les 
références  le  lecteur  les  retrouverait  sans  peine. 

Dans  la  préparation  de  cet  index,  j'ai  été  secondé  par  M.  Marcel  Brunnin 
auquel  j'exprime  ici  mes  affectueux  remerciements. 


AUTEURS     CITES 


.EMILIUS   (Paulus)    ÉiMILK    (Paul).    'De  n/'m  Fniuronim  iiscjiie  r,d  aniiiiiii   14.SS 
lihri  deceiii. 

I.  —  75>  ;  —  149, 26. 

.ÏNEAS  SILVIUS-PICCOLOMIXI.   De  ediicafwuc  liheronnii. 

AGRIPPA  (Hekri-Corxeille).  'De  iiicerlilndine  cl  vanitale  sciciilianim  et  aithiui  alijiic 
exeelleiitia  vcrbi  dei  deelaiiuilio.  (Cite  d'après  réditioii  de  1357.) 

I.  —  157  (titre)  —   145,  là'. 

H.  —  157,  j,  2j  —  205,  <f  —  207,  I  —  219,  S,  10  —  220,  12  — 
222,  22  —  224,  6,  ij  —  261,  I  —  262,  4  —  268,  //  —  274,  75  — 
277,  j  —  279,  9  —  280,  12  —  282,  26  —  284,  j  —  296,  II  — 
505,  2  —  508,  ;  —   334,  19  —  345,  4  —   545  (texte  de  1588)  — 

400,    9     405,    2     478,  iS    587,  J,   (J,  17    588,   24,  2)     — 

589,  ;  —  •)9^,  24, 27  —  591,  /;  —  392,  ^>  iiy  'S,  2S  —  594. 9 

—   39),  ly,  18  —   397,  2,  10,  2;  —  605,  7,  9,  2.9  —  fo6,  2). 
III.  —  106,  S  —  366,  24. 

—  ' De  ociiilia  philosophia,  libri  très. 

I.  —  12,  20  —  121  (titre)  —   137,  j6  —   331,  22. 

II.  —  157,  I  —  212,  18  —  258,  ;/  —  276,  10  —  420,  //. 
m.  —406,  2. 


Xn  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

ALCIAT.  De  fiiigiiliiri  a-iliimiih\  Lyon,  1545. 

L'Alcoraii  des  Ccrileliers  (d'aprts  la  traduction  française  de  Badius,  deuxième 

édition,  I  578). 

ALLEGRE  (Antoine).  *' Décade  eotilenaiit  les  vies  des  empereurs  Trajaiiiis,  Adrianus, 
AiiloiiiiisPius,  Comniodiis,  Perlbmx,JuUanus,  Sn'eriis,  Anioninus  Bass'uvius , 
Helhigabaliis,  Alexar.der,  exlraictes  de  plusieurs  aulheurs  Grecs,  Latins  et 
Espagnols,  et  mises  eu  Frauçois  par  Antoine  Allègre...  A  Paris,  par  Vascosan, 
impiimeur  du  Roy,  1567,  avec  privilège. 

A.\L\IIANUS  MARCELLINUS.  ' Rcrum  geslarum  lihri  XXXI. 

I.  —  87,  6,  10  —  34;,  21. 

IL  —  98,  II,  ij  —  409,  26  —  459,  I),  is,  ly,  /<?,  22  —  459,  27  — 
460,  if>,  iS,  20,  22,  24,  2)  —  461,  9,  7-;,  j6,  22,  26,  2S  — 
462,  4,  )-,  12,  14  —  529,  21. 

AMYOT.  ^'oir  Plutarque,  Diodore  de  Sicile  et  Héliodoie. 

ANACRÉON.  \on  Gambara. 

I.  —  207,  j. 
HL-137,  ;,  ^. 

ANTONIUS  MELISSA  et  MAXIMUS.  }} Sententiarum...  ex  sacris  et  profanis  libris. 
tomi  ires,  per  Antonium  et  Maximum  immachos  olim  collecti...  (d'après 
l'édition  grecque  de  1546.) 

II.  —  589,  4  —   591,  ;. 
■      III.  —  98,  a.V. 

APOLLINAIRE.  **'Az;/.'.vap::u  ;;£Tiiiaî'.;  -yj  ■l^.'ir.f.y.t,  V.x  j-r'ywv  f.iwï/tôj.  Apoli- 
ni.rii  interprelatio  Psalmorum,  versihus  heroicis.  Ex  bibliotheca.  Regia. 
Parisiis,  1552,  apud  Adr.  Turnebum,  typographium  reglum. 

APOLLONIUS  THYANEUS.  'tEpislohr,  traduction  latine.  Baie,  1534. 

II,  —  \(o,  2  —  430,  f. 

APPIEN.  '  Appieu  ahxandrin,  historien  grec,  des  guerres  des  Romains,  livres  XI...  le  tout 
ircdnict  en  Françoys  par  feu  M.  Claude  de  Scyssel...  A  Lyon,  pour  Antoine 
Constantin,  1544  (ou  à  Paris,  1552,  Lyon,  1537,  ou  à  Paris,  1559  et 
15(0,  cité  d'après  l'édition  de  1544). 
I.  —  169,  /j  —  291,  S. 
IL  —  4<'>,  2;  —  484.  12  —  550,  19. 

III.  —  103,  ;<). 

APULÉE.  }}De  Deo  Soeratis. 

II.  —  526,  10. 

ARCULANUS.  " Praclica  Johannis  Arcuhini  J'ironensis  parlieularium  mcrhorum  om- 
nium... \'enetiis,  ex  ofiicina  X'algrisiana,  1560. 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  XIII 

ARETIXO  (LiONAiîDo).  "La  historia  univcrsale  d(  suoi  tcwpi  iVt  M.  Lioiianh  Arelino... 
Rivcdiila,  nnipliiiln  el  cornila  pcr  Fraiiccsco  Siuisoviiio.   In  ^'enetia,  1561. 

ARIÛSTE.  ' L'Orlaudc  furiouK 

I.  —  52,  14  —  209,  24  —  242,  7. 

II.   97,    11    108,   4    219,    2]    596,  ). 

ARISTOTE.  *Le>  PcUlhjucs...  Iradiiittei...  pur  Lcys  Le  Roy...  A  Paris,  par  Michel  de 
\'ascosan...  Paris,  1568  ou  1576. 

I.  —  14S,  /  —   150,  ^  —   151,  /  —   151,  20. 
n.  —  75.  2;  —  76,  2  —  329,  2j  —  420,  /;  — 

♦582,  17. 
I1I.-552,  /;. 
' Morale  ù  Niavnaqiie.        I. —  16,   14    —    41,    /;t    —    146,   12+,   19    — 
ti75,  S  —  259,  27. 
II.  —  61,  9   —   71,  /o   —    74,  /^'   —    93,    26    — 
222,  ij    —    553,   20  et  t   _    392,  ij    — 
430,  i  —  516,  s- 
III.  —  27,  /;   —    41,  /9   _   79,  ^   _    122,  7   — 
236,  ;  —  237,  j   —  366,  II  —  418,  ;. 
' Prohlemalum  Arisloielis.      II.  —  21,  20. 
III.  —  145,  S. 

—  247,  27. 


Opéra. 

Rhétorique. 

I. 

—  254, 

2] 

II. 

—  515, 

!)■• 

Poé/icjiie. 

II. 

—  568, 

s- 

Métaphysique. 

II. 

—  296, 

2. 

Histoire  natiirelle. 

II. 

-léy, 

24. 

Divers. 

I. 

—  t265 

.  ; 

401,   21^. 

ARRIEN  (de  Nicomédie).  'Les  faicts  el  eoiiqiiesles  d'Alexamire  le  Grand...  traduicts 
nouvellemeut  de  Grec  en  Fratiçoys par  Cl.  Viiilart...  A  Paris,  De  l'Impri- 
merie de  Federic  Morel...  M.  D.  LXXXI. 

I.  —  165,  2  —  217,  j  —  376,  24. 
II.  —  8,  7  —  176,  ;  —  196,  .^  —  253,  7  —  569,  14  —  570,  21,  2f  — 

571,  ^,  S. 
III.  —  loé,  2  —  426,  6. 

ATHENEE.   ?  ?  Deipiiosophisles. 
II.  —  217,  12. 

III.  —  92,    72    —    122,  7    —    3.J2,    12    —   414,  9. 

AUBIGNÉ  (Agripp.a.  u').  Œuvres  complètes  publiées  par  Réaume,  de  Caussade  et 
Lcgouez,  1875-1892. 


XIV  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAUiXE 

Histoire  AUGVSTU.    "  Cacmrum  vitac  posi  Sueloniuin  Tninquilluiu  conscriplae...  Joaii. 
Baplislae  Egiiaiii  vcueli  in  ccsdem  anuotal'wiics.  Apud  Scb.   Grypliium. 
Lugduni,  i55i('). 
•    I.  —  260,  )  —  261,  /  —  284,  ;  —  344,  j  —  5)4,  21. 
II.  —  374,  (>   —  430.  ^4  —   469,  (>■ 
III.  —  87,  j8  —  149,  12,  —   173.  2^  —  267,  26. 

AUGUSTIN  (Saint).  'De  civilale  Dei  (cité  d'après  l'édition  de  1370  qui  contitnt  le 
commentaire  de  \'ives). 

I.  —  9,  6  —  20,  2:  —  41,  ly,  iS  —   54,  20  —  55,  4,  )  —  66,  i't  — 

69,  2^  —  m,  7  —  ii5>  -f?  —  116,  /  —  122,  2)  —  123,  2^  — 
127,  14  —  129,  S,  10  —  132,  20  —  174,  )  —  205,  21  — 
217,  21   —  255,  22,  2),  2j,  28   —  279,  6   —  2S4,  12   —  302.  20 

—     313,  II    —  350,  /;  —  396,  I    —   415,  2). 

II.  —  3,  25  —  6,  s   —    26,  7,  ly,  21    —    32,  77,  20    —  38,  /  — 

44  (titre)  —  47.  2''»'  —  48.  1,8  —  154,  19.  28  —  158,  /y  — 
207,  6  —  232.  I)  —  238,  )  —  242,  w  —  247.  /;,  18,  24  — 
248,  7  —  250,  14  —  2)5,  24  —  2)6,  6.  7,  /y  —  258,  18,  18  — 
264,  22  —  266,  2,  i^  —  268,  /,  14  —  272,  2,  _?,  4,  ),  8,  10, 
18,  21  —  278,  12  —  2S3,  II  —  298,  8,  ij  —  500,  j,  (>,  7,  .V  — 
301,  20  —  324,  26  —  325,  16  —  326,  8,  10.  II.  14  —  333.  6  — 
344,  I  ■—  394,  I  —  595.  24  —  45  5-  ^  —  491,  26  —  515,  20. 
III.  —  70,  J9  —  95,  16,  ly  —  95,  20  —  104,  7-V  —  10),  7,7  — 
109,  14  —  220,  7  —  271,  9  —  28).  I)  —  312,  4  —  316,  29  — 
517,  24  —  367,  S   —  418,  16    —  428,  9. 

—  }}  De  ordine. 

II.  —  221,  79. 

—  Divers. 

II.  —  93,  72. 

AULU- CELLE.  '  Xocluim  atticanim  lihri  iindez'igiiili. 

I.  —  12,  20  —   39,  7<V  —   54,  20  —  71,  ;;  —  74.  2^  —  91,  .^,  ;  — 
122,  2),  2j   —    152,  6  —    137,  14   —    247i  27  —    363'  ^<^  — 

370,   27    —    421,    2J. 
II.   2,   <?  20,    2;  29,   ^  4),    79  —    46,   2;  —    47,    2  —    121,    26   — 

191,  79  —  193,  /)•  —  259,  6  —  262,  <V  —  308,  ;<V  —  585,  2}  — 
437.  10  —  4)9.  ';   —  )i9.  "^.  24  —  569,  ;;. 

III.  —  80,  7<î  —   106,  rt  —  \\i,  24  —    270,  7  —   272,  7  —    515.  7;  — 

406,  22  —  416,  16  —  421,  '. 

(i)  Dczeimeris  csiinLiit  que  les  annotations  m.irginales  qui  tigurent  sur  l'exciiiplaire  Je  .Montaigne 
n'étaient  point  de  la  main  de  Montaigne.  Il  suggérait  l'IiypotliCse  qu'elles  pouvaient  ctre  Je  la  Hostie, 
sans  d'ailleurs  appuyer  cette  hypothèse  de  solides  rais.ins. 


ET    DES    AUTKIKS    CITES.  XV 

AURATL'S.  \'oir  Dorât. 

AUREI.IUS  (\'ictor).   ??\'oir  Hisloiie  Aiigiislc. 

AUSONH.  "  Aiisciiiiiis'.  AUhis.  Vciidiis  in  a-iVthii!  AUli  el  Aiidrex  soccri  meiise  noi'cmhri 
M.  D.  XVII. 

II.  —  402,  6. 

—  "  D.  Mcigiii  Ansonii  Biirdigalciisis  poêlx,  Augusloriim  prxceploris,  virique 

Civisiilaris  opnit...  Lugduni,  apud  Joan.  Tornaesiuni,  1558. 

AVL\NL-S.  '}Fiibu]œ. 

I.  —  283,  26  (Suppléer  :  fable  .\xi\).  , 

BACCI.  "  Dil  Tcvercdi  M.  Andréa  Bncci  Medico  c  Fi losofo...  lu  \'cnetia,  1576. 

BAIF  (Jax- An  loixE  de).  '* Eiivres  en  rime  de  Jnii  Aiilcine  de  Bdïf.  A  Paris,  pour 
Lucas  Brever,  marchant  libraire... 

B.\LBI  (Gaspard).  *  I'i(ii;giû  de!  l'Iudie  Oiienlale,  iiel  quah  si  conlieiie  qiuinlo  egli  in  detlo 
viiiggio  ha  vedulo,  dal  7/79  fiiio  al  i^(iS.  \'enet,  1590. 

I.  —  296,  /;. 
II.  —  507,  i.V. 
III.  —95,  8. 

B.\RBARO  (Francesco).  De  re  11x01  ia  Uhelli  duo.  (Paris,  1513,  plusieurs  fois  réim- 
primé.) 

BHLI.EAU  (Remy).  Œuvres  (édition  A.  Gouverneur,  1867). 

BELLEFOREST  (François  de).  Les  grandes  Annales  el  Histoire  générale  de  France  dès 
la  venue  des  Francs  en  Gaule  jusqu'au  règne  du  roy  Henri  III.  Paris,  1 579. 

BELLOY  (Pierre  de).  " Examen  du  discours  publié  contre  la  maison  ro\alle  de  France 
et  particulièrement  contre  la  branche  de  Bourbon  seule  reste  d'icelle,  sur  la 
Lo\i  salique,  et  succession  du  royaume  par  un  Catholique,  Apostolique, 
Romain,  mais  bon  François  et  très  fidèle  subjet  de  la  couronne  de  France... 
Imprimé  nouvellement,  1587. 

I.  —  158,  2. 
H.  —  88,  27. 
m.  —  567,  /. 

BE.MBO  (Pierre).  *?(7//  Asolani  (La  première  édition  est  de  \'enise,  1 505  ;  traduction 
française  de  J.  Martin,  Paris,  1545). 


XVI  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

BENZONI  (GiROi.AMo).  ' Hisiciic  nouvelle  du  'Ncuvcau-Momie...  extraite  de  l'italien  de 
M.  Hiercsiiic  Beii-:j3ui...  par  M.  Urbain  Chauveton,  ensemble  une  petite 
histoire  d'un  massacre  commis  par  les  Hespagnols  sur  quelques  François  en 
la  Floride.  Lyon,  E.  \'ignon,  1579. 

1.-265,,'. 

III.  —  161,  jj  • —  316,  29. 

BERNARD  (Saint),   r  Liber  de  Anima  (cité  d'après  l'édition  de  156S). 

II.  —  283,  27. 

BÉROALD.  \'oir  Suétone. 

BEUTERUS.  "  Michaelis  Beutheri  Carolopolitœ  Franci  Ephemeris  historien;  ejusdem  de 
annornm  muudi  concinna  dispositione  libcllus.  Parisiis,  ex  officinn  Michaelis 
Fezandat  et  Roberti  Grandion...  1531. 

BÈZE  (Théodore  de).  ''  Theodori  Be-^x  Vexslù pcematum,  eiiitio  secunda,  ab  eo  rccognita. 
Item,  ex  Georgio  Buchanano  aliisque  variis  insignibus poetis  excerpla  carmina, 
pra.'serlimque  epigrammata.  Anno  M.  D.  LXIX,  excudebat  Henricus  Stc- 
phanus,  ex  ciijus  ctiam  epigrammalis  grœcis  et  latinis  aliqiioi  cœteris  adjccta 
Sun  t. 
III.  —  133,  ir. 

Bible.  **Tf,;  Weia;  v-a^fj;,  Ta/.aiâç  lr,'/.3.lf,  va\  véaç  ctaSïjy.T;-:  y.-ri-x.  Divinx  scrip- 
tura%  veteris  ac  novi  testanienti,  omnia  innumcris  locis  nunc  demum  et  opti- 
niorum  librorum  collalione  et  doctorum  virorum  opéra,  mullo  quant  unquani 
antea  enicndatiorn  in  hicem  édita.  BasiUe,  per  Joan.  Hervagium,  1545, 
niense  Martio. 
I.  —  70,  )  —  92,  12  —  132,  20  —   257,  Il  —   2S4,  iS  —   294,  7  — 

309,  Jh 
II.  —  31,  29  —   37,  37  —   38,  :  —    134,  cV  —   146,  )  —   149,  II  — 

152,    14    154,    19    155,    12,   I),    7/    156,    16    158,    79    

207,  1 ,  4,  (y   —   221,  9,  10  —  223,  S  —  232,  70,  1}  —  238,  /  — 
243,  4  —  249,  2;  —  256,  79  —  257,  79  —  262,  4  —  265,  13  — 

277,    26  298,  iV  332,   20t    390,   2  395,    24   4I!,   22  

420,  24  —  439,  14  —  605,  6,  7. 

III.  —  4,  26    —    92,   72    —    204,   2     —     253,  rt    —     262,  6    —     296,   72    

503,   j,'. 

BLACKWOOD.   '  Adversus  Georgii  Buchanani  dialogtim,  de  jure  regni  apud  Scotcs,  pro 
rcgibus  apologia .  (  1 5  8 1 .  ) 
1.  —  151,  2;. 

II.  —  309,  I)  —  400,  1  —  405,  2. 
III.  —  171,  4,  )   —  260,  <V. 


ET    DES    AUTELKS    CITES.  XVII 

BLACKW'OOD.  De  coiijuuciionc  rcligkvih  cl  iwpciii  Jihii  duo.  Paris,  1575. 
BOCCACE.  '  Dn-aniirom-. 

II.    105,  24    145,   23. 

—  De  casibiis  virontm  et  fcminaniin  iUusIrluni  (d'après  la  traduction  de  \\'itard, 

1578). 

I.  —  596,  /. 

II.  —  542,  50. 

BODIX  (Jean)  */.  Bodini  niftbcilus  ml  fcicUcm  hisicriaruin  cognitioiicin.  Parisiis,  apud 
Martiiium  juvcnem,  1566.  (Ou  1572  ou  1576.) 

I.  —4,16. 

II.  —  113,  7/,  7./  —  115,  <;,  24  —  116,  10,  2)  —  529,  2y  —  571,  16  — 

400,  9  —  403,  2<?  —  459.  7,  9  —  4(''7.  2,  4  —  471.  7  —  476,  é 

4<S7,  I     527,    27,   2/    528,  S,   9,   72,    2)     552,  10,   7cV    

34),  4  —  568,  4. 

III.  —    200,  S,  20   201,   79    —    204,   16. 

—  *Lm  six  livres  de  la  République  de  Jeiiii  Bodiii,  Augevin...   .\   Paris  (cité 

d'après  la  première  édition,  1576). 

I-  —  157  Oitri;)  —    I42>  J  —    145.  1)  —    150,  j  —    1)1,  7,  20,  2;    — 

164,  27    181,   J)    362,  77    366,    5. 

II.  —  63  (titre)  —  88,  27  —  135,  ;  —  38),  2^'  —  409,  -f  —  47^,  Jw  — 

477,  6,  10. 
III.  —  16,  24  —  149,  7;  —  161,  7;  —  208,  6  —  219,  22  —  298,  2;  — 
361,  7<?  —  562,  9  —  367,  7. 

—  .       *Lii  Démoucmaiiie  des  scnieis,...   A  Paris,  chez  Jacques  du  Puvs,  1580, 

1582,  1587  ou  Anvers,  1586,  ou  encore  en  latin,  Bàle.  1581. 

I.  —  124,  <?. 

III.   315,    77,   27    316,   20,   2). 

BOHIER  (Nicolas).  ' } Deeisiones  Biirdegaleiises.  Nieol.  Boeiii  Siniiiiia  diligeiilin  cl  eni- 
dilioiie  coUeclœ  cl  cxplicalœ  :  quibiis  iitiiic  demum  acccsscrc  ejiisdeni  Bocrii 
Consilia,  Traclatiis  de  Sediliosis,  de  custodia  clavium  portaniiu  civitalis, 
item  Additiones  in  tractalum  Joait.  Monlatii  de  aiithorilale  magiii  cotisilii. 
CoUalis  veluslissiinis  exeiiiplaribiis  oiniiia  rccogiiila.  Accessit  reruni  verbc- 
runiqitc  lociiplctissimus  index.  Lugduni,  apud  A.  Vincentium  .M.  D.  LXMI. 
ou  encore  l'édition  de  1579. 

III.  —  87,  24. 


XVIII  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAK    MONTAIGNE 

BONFINIUS.  " Aiitoiiii  Boiifiiiii  rennii  uiigtiricanim  décades  quatuor,  ciiiii  diiiiidia. 
Qunrum  Ins priorcs,  aille  iifiiws  XX,  Marlliii  Bicmieri Bistricieiisis  iiiduslria 
edila',  jawque  divcrsorum  nliqiiol  codicum  iiiaiiiiscriploruni  coUai'wne  muUis 
in  htls  emeiidaliores ;  quarta  vero  Decas,  cuiii  quiiiia  dimidia,  nuiiquam 
aiilea  excrissx,  Joan,  Samhiici  Tmiaviencis,  Cxs.  Mnjesl.  hisloiici,  etc., 
opcra  ac  studio,  viiiic  démuni  in  luccm  prcferuntur ;  uiia  cuiii  rerum  ad 
uostra  usquc  tcmpora  gcstarum  appciidicihus  nliqiiol,  quorum  seriem  versa 
pagina,  indicahit.  Accessit  ctiam  locnples  rerum  et  ivrhorum  loto  opère  mcnio- 
rabiliinn  iiutcx.  Basil;v,  fx  officina  Oporiniana,  1568. 

11.-3  37, -V. 

BORRO  (Girolamo-Aretino).  'Del  flusso,  et  reflusso  del  Mare,  et  deW  Inondationc 
del  Nilo,  Alla  Sereuissima  Donna  Gioï'anna  d'  Austria  Reina  nata,  cl 
Grau  Duchessa  di  Toscana.  In  Fiorcnza,  apprcsso  Giorgio  Marescotti. 
M.  D.  LXXVII. 

1.  —  195.  22. 

BOUAYSTUAU  (Pierre).  "  Bref  discours  de  l'excellence  et  dignité  de  l'homme,  faict  en 
latin  par  Pierre  Boiiaxstuau  surnommé  Lauiiay,  natif  de  Bretaigne,  puis 
traduit  par  hi\  niesme  en  François,  dédié  à  Messieurs  Jacques  et  Alexandre 
de  Bctonn,  gentil\hommes  Escossois,  frères.  A  Paris,  pour  Jean  Longis  et 
Robert  le  Mangnier  tenant  leur  boutique  en  la  gallerie  par  ou  on  va 
à  la  Chancellerie.  1558. 

l.  —  157,  /-/. 
II.  —  282,  26. 

—  Le  théâtre  du  monde,  oii  il  est  fiiicl  un  ample  discours  des  misères  humaines, 

composé  en  latin  par  Pierre  Boaystuaii,  surnoiniiié  Laiinay,  natif  de  Bretaigne, 
puis  traduict  par  luy  mcswe  en  Françoys... 

III.  —  ii.|,  4  —  558,  iS. 

—  L'histoire   de   Chelidonius    TIgiirinus  sur  l'institution   des  princes  chrestiens 

et  origine  des  ro\aiiincs,  traduite  de  latin  en  français  par  Pierre  Boaistuau, 
surnommé  Launay... 

I.  —  145,  2/  —   I  jo,  j   —   58e  (titre). 
II.  —  ?8,  /  —   163,  26  —  172,  16  —  568,  7. 

m.  —  120, 2/  —  378, 12. 

—  '}  Histoires  prodigieuses  les  plus  mémorables  qui  ayeul  este  observées  depuis  ta 

nativité  de  Jésus-Christ  jusques  à  noslre  siècle,  extraictes  de  plusieurs  fameux 
aulheurs  Grcc;^  et  latins,  sacre^  et  profanes  mises  en  tiostre  langue  par 
P.  Boaistuau  surnommé  Lauiuiw  natif  de  Bretaigne  avec  les  pourlraict-^  et 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  XIX 

BOUAYSTUAU  (Pierre). 

figures.    (Nombreuses   éditions,   constamment  augmentées   par  divers 
collaborateurs,  depuis  la  première  qui  date  de  1 560.) 
I.  —  131,  >)    -   132,  16  —  5H,  21  —  556,  ij. 
II.  —  191,  79   —   514  (titre). 
III.  —  51,  6. 

BOUCHARD  (Alain).  '  Les  grandes  cnviiques  de  Bniaigiic. 

BOUCHET  (Guillaume,  sieur  de  Brocourt).  '  Scnrs  de  Giiillaiiine  Bouchcl,  Juge  et 
Consul  des  Mnrehaiids,  à  Poicliers,  livre  premier.  El  migx  séria  dncunt. 
A  Poictiers,  paries  Bouciietz,  1584.  (Ou  Paris,  1585,  ou  Poictiers,  1 585.) 

I.  —  122,  2)   —  124,  8  —  129  (note)  —  1)0,  j  —  279,  8. 

II.  —  10  (titre)  —  14,  z  —   148,  9  —  178,  21  —  514,  6  —  426,  /;  — 

591,  26. 
III.  —  87,  24  —  328,  2j  —  562,  9  —  414,  S. 

BOUCHET  (Jeax).  'Les  annales  d'Aquilaine,  faicts  et  gestes  en-  sommaire  des  Roys  de 
France  et  d'Angleterre,  &  des  pals  de  Naples  et  de  Milan.  Reveuës  et  corrigées 
par  l'Anthenr  niesme  :  jnsques  en  l'an  mil  cinq  cens  cinquante  et  sept. 
Poictiers,  par  Enguilbert  dt  Marnef.  (Cité  d'après  l'édition  de  1557.) 

I.  —  17,  /  —  61,  2  —    75,  ^  —   i'^)»  ',  4   ^   255,  18  —   283,  ^2  — 

28e,  12  —   289,  16,  18  —   354,  10,  1}  —  555,  ij  —   3)6,  ij  — 
358,  18  -   363,  j. 

II.  —  I,  6. 

BO\'ELLE  (Charles).  Geonu'Irie  pratique  composée  par  le  noble  philosophe  M.  Charles 
de  Boi'elles,  nouvellement  par  lui  revue  augmcutée  et  grandement  enrichie. 
Paris,  1547. 

BR.\CH  (Pierre  de).  Les  poèmes  de  Pierre  de  Brach,  hourdelois,  divisés  tu  trois  livres. 
Bourdeaux,  Millanges,  1576. 

BRANTOME.  Œuvres  (d'après  l'édition  Lalanne  1864-1882). 

BRESL.W  (Pierre).  L'anthologie  ou  recueil  de  plusieurs  discours  notables,  tire::;^  de  divers 
bons  niitheurs  Grecs  et  Latins,  par  Pierre  Breslav,  Angevin.  .\  Paris,  chez 
Jean  Poupv,  rue  Saint  Jaques  à  l'image  Saint  .Martin.  M.  D.  L.XXH'. 

BRUÉS  (Guy  de)  *  Les  dialogues  de  Guy  de  Brués,  contre  les  nouveaux  Académiciens,  que 
tout  ne  consiste  point  en   opinio)i.   Dedie^  à   tresillustre  et   reverevdissinic 
cardinal,  Charles  de  Lorraine.  A  Paris,  chez  Guillaume  Cavellat,  à  l'en- 
seigne de  la  poulie  grasse,  devant  le  collège  de  Cambray.  M.  D.  LX'It. 
I.  —  65,  6  —  137  (titre)  —  145,  7j. 

II.  —  240,  6   —   279,  6,  9,  22   —   282,  26  —  284,  20  —   288,  24  — 

289,  79  —  291,  7  —  307,  16  —  324,  26  —  334,  79  —  337,  4  — 
338,9- 


XX  TABLE    DES    OLVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

BRUSOXIUS.  RcTiim  immorabiliiini,  iiisigiiiiim  ieiilastiarum,  historianiin,  iiiiraculoruiii, 
npophtegiimliim ,  exeiiipJaniiii,  fm'i'liiiriiniijiie...  lihri  FIL  Francfort,  1600. 

BRUYERIX-CHAMPIER.  De  rc  ciharUt.  (1560.) 

BUCHAXAN  (George).  ' Jepbthes,  sire  voliiin,  lia^ra-iila. 

—  '  Bnptiitcs  sivc  Calumuia,  Iragadia. 
1.  -  250,  2. 

III.  -74,  14. 

—  Frauàscaiiiis  (à  la  suite  des  Pcemata  Je  TJi.  de  Bèze). 
111.- 297,  i- 

—  '  De  jure  fi'giii  apiid  Scotcs  dialoçrui,  niiibore  Gcorgio  Buchaiiaiic  scolo.  Edin- 

burgi,  apud  johannem  Rosseum,  pro  Henrico  Chartreris.  Anno  1579 
(ou  1 580). 
I.  —  309,  14. 
II.  —  547,  //. 
III. -171W.  j. 

BUDE.  L'Insliliilioii  du  prince,  livre  eoiileiuinl  plusieurs  histoires,  euseigiienteuts  e!  seiiges 
dits  des  anciens,  tant  grecs  que  latins,  faict  et  composé  par  niaistre  Guillaume 
Budc...  Revu,  enrichi  d'arguments,  divisé  par  chapitres,  et  augmenté  de 
scholies  et  annotations  par  hault  et  puissant  seigneur  niessire  Jean  de  Liixem- 
hourg  abhé  d'Ivry.  Paris,  1547. 

BUGNOX  (Philibert).  "  Chroiiicon  urhis  Matissin:r  Phil.  Burgnonius  J.  C.  concin- 
navil.  Lugduni,  J.  Tonuvsius,  1559. 

CESAR.    "  C.    Juin   Cxsaris  commentarii    novis   emendalionihus    ilhtstrati.    Ejnsdeui 
lihrorum  qui  desiderantur  fragmenta  ex  Inhliothecà  Fulvii  Ursini  Romani. 
Antverpi;e,  ex  officina  Christoph.  Plantini.  M.  D.  LXX  (0. 
I.  —  88,  I)  —  tiii,  2J  —  +163,  7;  —  235,  cV  —  274,  iS  —  342,  II  — 
572,  I  —  374,  21  —  581,  j;,  16  —  t399,  /;. 

II.  —  76,9*     —     85,  2t     —     114,   2,  té     —     116,  +2,  t/;     —     157)  i     — 

253,  Ui  —  299,  /<¥  —  474,  //  —  481,  2,  i  —  540,  2S  — 
54),  O"  —  547.  2i  —  548,.^  —  )49,  i;,  22,  —  550,  /6  — 
551,  /;,  2^  —  552,  i)  —  5)3,  /;  —  555,  10. 

CALPL'RXIUS.  ??Cité  d'après  Juste  Lipse. 
111-  —  155,  7,  24  —   1)6,  /<V. 

O)  Dans  les  ciuiions  ^u'on  lir.i  au  cours  de  ce  volume  des  notes  marginales  relevées  J.111S  l'exem- 
plaire de  Montaigne,  les  mots  ou  lettres  mis  entre  parenthèses  ont  été  rognés  par  le  relieur  et 
hypothètiquemeni  restitués  par  moi.  J'avertis  au  reste  que  j'ai  transcrit  seulement  quelques-unes 
de  ces  notes,  celles  qui  paraissaient  intéressantes  pour  le  commentaire,  mais  que  le  dépouillement  complet 
reste  à  faire. 


hT    DES    AUTEURS    CITES.  XXI 

CAPILUPUS.  ":  Li-Jio  ctipiliipi  cciito  i:\  l'irgilio  di'  viia  moinuvniiii.  (1541.) 
I.  —  191,  ij- 

CARIOX.  ?  ?  Carioiiis  chrouiam  ah  exordio  iiiuiidi  ad  Caroluni  V  impcraion'm  coutiiiiialum 
a  Phil.  MdanchloiH  cl  Casp.  Pcuccrc. 

CARO  (Han'XIB.vi.).  'Le  Icllcre  fainiVuiri  dcl  ioiiimciidalorc  Annihal  Caro  col  Privilegio 
di  Noalro  Sigiuv  Papa  Pio  V  &  dcW  Illuslriss.  Signera  di  Vcnctia.  J'ohniie 
primo  (siroiido).  In  W'nctin,  H.  Giuntile  fratolli.  M.  D.  LXXXI. 

I.  -   328,   2J. 

II.  —   161,    2. 

CASA  (GiovAN'Si  dei.la).  Tratiato  iicl  quak...  si  ragiona  de'  iiiodi  che  si  debbono 
0  tciierc  0  scliifarc  iiella  coiiitaïc  coiii'er>a:;^ioiic,  ccgiioniiiiato  Galateo,  overo 
de'  cosliinii.  (D'après  la  traduction  française  de  Lyon  1573.) 

CASTANEDA  (Lophz  de).  "  Historia  dcl  dcsciibrimienio  v  coiiqiiista  de  la  Iiidia  por  los 
Porlugueses,  coniptiesia  por  Hcriian  Lope^  de  Caslancda  en  laiigiiaje  Por- 
iiigucs,  y  tradu^ida  tiiievatiieiile  en  Romance  Castellano.  Dirigida  al  miiy 
iliislre  sefior  don  Liiys  de  Avila  Çirùiga,  comcndador  mayor  de  Alcantara,  etc. 
En  Anvers.  En  casa  de  Martin  Nucio.  .M.  D.  LIIII.  —  Voir  Goulard. 

C.\STIGLIONE  (Bai.dassare).  '//  libro  dcl  Cortcggiano.  (Cité  d'après  l'édition  Cian, 
Florence,  1894)  ou  bien  la  traduction  française  de  cet  ouvrage  par  Colin  : 

Le  Courtisan  nouvellement  traduict  de  langue  vtalicquc  en  Françovs,  avec 
privilège.  On  les  vend  au  palais  en  la  gallerie  près  la  chancellerie  en  la 
boutique  de  Jehan  Longis  et  de  \'incent  Sertenas.  (Paris,  1557  ou 
Lyon,  1538.) 

I.  —  44,  /  —  88,  ^  —   91,  j  —    137  (titre)  —    151,  /  —    186,  16'  — 
196,  20  —  217,  ;  —  219,  2;  —  309,  I  —  341,  2  —  375,  iS  — 
384,  7  —  400,  10. 
n.  —  39,  ^  —   68,  )  —   75,  2}  —    120,  I  —    371,  7/>  —   394,  ri   — 

409,  I   —  420,  7   —  465,  ly   —   331,  10  —   55e,  <S'. 
III.  —  88,  79  —  91,  16  —  108,  26  —  109,  27  —  149,  2;  —  174,  i  — 
227,  iC,  —  2)8,  7   —   283,  24. 

C.\TULLE.   '  Calullus,    Tihullus,   Properlius.   His  accessernnt   Corn.    Galli  fragmenta. 
(Peut-être  l'édition  de  Lyon,  Grvphius,  1548  ou  1573.) 
I.  —  II,    7^    —    tyé,   2S   —    107,    29    —    241,    26^    —    253,    14    — 
289,  7  —  307,  j. 

II.  —  105,  24    316,   14    —    453,   70    —   466,    jt    478,   10. 

III.  83,   22    91,    72    100,  4,   2)    loi,   4    105,    7<?   108,   2    

123,   J     126,   6    129,   26    133,   20     145,   22     267,  4 

—  329,  2  —  3)8,  4  —  389,  22. 


XXII  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MOKTAIGKE 

CELSE  (Cornélius).  "rDe  iiialidim,  libri  VIII. 
II.  —478,  18. 

Cent  Nouvelles  koitelles.  (Edition  Leroux  de  Lincy.  Paris,  1841.) 

CHALCONDYLAS  ou  CHALCOCONDYLAS.  ' L'hisloire  de  h  di-cmUncc  de  l'Ewpire 
grec  et  cslahlissemeut  de  celuy  des  Turcs,  comprise  en  dix  livres,  par  Slcolas 
Chalcouds'U . . .  de  la  traduction  de  Biaise  de  Figenere.  Paris,  N.  Chesneau,i  577 
(ou  1585). 

I.  51,    /    52,    14    262,    20    276,    10    340,   2)     ■ —    577,   2j. 

II.  —  5,  jy  —  47),  19  —  500,  2  —  510,  2/  —  511,  14  —  537,  19,  2y 

—  5)2,  7  —  576,  24. 
III.  —  12,  28  —  14,  I  —  148,  26  —  235,  21. 

CHAUMEAU  (Jean).  'Histoire  de  Berry  contenant  l'origine,  antiquité,  gestes,  prouesses, 
privilèges  et  libertés  des  Berruvers  :  Avec  particulière  description  du  dit  pais. 
Le  tout  recueilly  par  Jean  Chaunieau,  seigneur  de  Lassay  advocat  au  siège 
prciidial  de  Bourges.  Lvon,  .\ntoine  Grvphius,  1566(0. 

CHEFFONTAINES  (Christophle  de).  Cbreslienne  ccnfulation  du  poinct  d'honneur  sur 
lequel  la  noblesse  fonde  aujourd'huy  ses  querelles  et  nwnomachies.  Paris,  1 568. 

CHOLIÈRES  (Nicolas  de).  Les  neuf  matinées  du  seigneur  de  ChoUèrcs.  Paris,  1585. 

CICERON.  'M.  Tullii  Ciceronis  opéra,  omnium  qux  hactenus  excusa  sunt,  casiigalissima, 
mine  primum  in  lucem  édita.  \'enitiis,  in  orticina  L\cx  .\ntonii  Junta;. 
-M.  D.  XXXVII  (5  tomes  in-folio). 

ou  encore  : 
.\/.  T.  Ciceronis  opéra  ex  Pétri  Victorii  codicihus  niaxinia  ex  parte  descripta, 
viri  docti  ex  in  recensendis  authoris  hujus  scriptis  cauti  et perdiligentis  :  quent 
nos  industria,  quanta  poiiumus,  consequuti,  quasdam  orationes  redintegratas, 
1res  libres  de  legibus  multo  quam  antea  mcliores,  et  reliquias  de  commentariis 
qui  de  republica  inscripii  erant,  magno  labore  collectas  undique,  descriptasque 
libris,  vobis  cxhibenius.  Ejusdem  Victorii  explicationes  suarum  in  Crceronem 
castigationum ,  Index  rem  m  et  verborum.  Parisiis  ex  officina  Roberti  Ste- 
phaiii,  M.  D.  XXXVIII  et  M.  D.  XXXIX  (4  volumes  in-folio).  (Cité 
d'aprt^s  cette  dernière  édition.) 


Bruius. 

il. 

•—  114,  9. 

m. 

—  227,  79. 

Orator. 

I. 

—  10,  I  )    — 

318,  17. 

II. 

—  tii4,  9- 

III. 

-255,^- 

345-  22 

421,  ;. 

(l)     Voir  Rmie  d'Hisloiic  Lillirairr  il,-  la  France,  .iniicc  19J0,  p.  70. 


CICERON. 


Plaidoyers. 


liT  DES    AUTEURS    CITÉS. 


Paradox».        I.  —  80,  /;,  ij. 
II.  —  8,  14- 

III.  —  48,  79  —  209,  /  —  215,2.'. 
Pro  Arch'hU        I.  —  532,  /. 
)  Pic  Ligiirio.         I.  —  39,  ^^• 
)  II.  —  429,  10. 

Pro  Rûscio.       II.  —  139,  /[). 
Acadhiiiqiies.        I.  —  177,  21  —  201,  i  —  222,  /  —  232,  6. 

II.  —  140,  4  —  208,  20  —  224,  I)  —  226,  20  — 

227,  29  —  228,  j,  9,  2}  —  229,  12  —  231, 
/,  //,  1  )  —  254,  6  —  236,  16  —  257,  26  — 
239,  9  —  260,  II,  12  —  262,  S  —  264,  24  — 
275,  12  —  275,  6  —   279,  9  —  282,  26  — 

297,  16  504,  J  309,  6  —    310,   I,  2/  — 

322,  9  —  324,  26  —  347,  27  —  348,  ),4  — 
349,9  —  553,7,  ^<y  —  554,  16^  360,  4  — 
571,  i(>  —  41e,  2  —  454,  26  —  439,  26  — 
557,  /  —  613,  10. 
III.  —  227,  iS  —  229,  8  —  245,  i^  —  510,  I)   — 

314,  ;  —  315,  2<?  —  320,  //  —  324,  ;  — 
360. 14  —  575,  2  —  418,  14. 

De  Fùiihus.       I.  —  67,  ;<S',  26  —  68,  20''  —  74,  26  —  96,  ./  — 
100,  6  —    102,  24  —    178,  S  —    194,  iS  — 
220,  I  —  1 309,  }. 
II.  —  25,  14   —   93,  /    —    140,  4   —    207,  2   — 

208,    21    —     209,    I<),    24    213,   2J    215, 

I,  20  —  2ié,  J,  /,  S  —  254,  9  —  286,  4  — 
333,  7  —  *537,  22  —  541,  /  —  390,7,  20  — 
391,  21  —  392,  j,  10,  20  —  393,  7,  ij,  17  — 
397.  ^  9,  '9  —  400,  19  —  403,  21  — 
405,  20  —  419,  16  —  580,  14. 

III.  —  41,  19  —  61,  16  —    1)1,  //  —  169,  2)  — 

177,  27  —  181,  U  —  275,  2)  —  274,  /  — 
305,   24  —   376,   24   —    420,   21   —    426,   22   — 

427,  '9- 
Tuscuhincs.        I.  —  15,  2,  j    —    20,  //,  /9,  22    —    22,  12    — 
24,  iS   —    59,  27    —    65,  2j    —    6),  4    — 

69,    17  70,   2J,   2J   71,    16  75,    />',   26 

—  74,  26  —  82,  21  —  94,  9,  //  —  97,  ;  — 
100,  I,  2  —  loi,  9  —  114,  /o  —  117,  /;  — 

138,./  176,  I S  181,  76  I99,77,/2  

204,  /  205,  72  217,   77,  27  218,  72  


XXrV  TABLE   DES   OUVRAGES    POSSEDAS    PAR    MONTAIGNE 

CICÉRON. 

TtlSCulailCS  {Suite].  236,   7  —   243,  14  —   245,   /  —    503,  ),  icV  — 

522,  i<V  —  351,  7  —  359,  20,  22  —  590,  2, 

II.  —  7,  jS,  19    —    20,  7   —    24,  ;   —    38,  2    — 

51,70  ^-,1/^22  123,2/   150,76  

154,  7  7  207,  2}   208,  ;   209,  7(S',  24  

214,     72,     18    215,     7,    ;     218,     7,    ;     

233,  2    248,   7    282,   26    —     283,   2(1    

284,  7;   —   295,  ^   —   296.  /   —   297.  ;  — 
299,  )  —  307.  ^  —  3i7>  2)  —  318,  7,  79  — 

332,    72    —    340,    I<)    —    341,^^    —    375,   27    — 

394,  7  —  397,  '^  —  +-179,  ■'2,  14—  507,  6  — 
509,  7  —  520,  16  —  529,  4  —  545.  ;  — 
568,  24  —  580,  7,  14  —  585,  4. 
III.  —  25,  1}  —  41,  j6  —  56  (titre)  —  57,  ■?  — 
59,  7,  iS  —  61,  77,  79,  20  —  63,  20  — 
74,  iS   —  94,  4   —    124,  iS  —   256,  2;  — 

287,   24    291,   22    297,   27    306,   6    

318,   6    —     325,   2)     —     326,    7;    —    342,   7    — 
392,   4    —    417,   2,   9    —     420,   2}     —    423,    I). 

De  Natura  Dt'oniiii.        I.  —  47,  9    • —    48,  9    —    50,   14   —    141,  2    — 

155,  7^    —    183,  6,  9    ■ —    194,  iS,  20^   — 

234,  9  —  289,  2y. 

II.   —   138,    6    —     156,    77,    27     —     158,    2,  S,    72     — 

199,    72     200,     77,     72     201,    S,     1}     

204,    79  208,   2)    222,  S,    18  223,  S^t 

—  224,    6    —     233,    27     —     244,    77     —     246, 

9, 70  —  247, 7j,  7<s'  —  24S,  7  —  255,  «y  — 

264,  7j,    14    265,  4,   j    266,    18,   21     

267,    9     269,    70,    16,    20     270,    72     — • 

273,;  —  279,  /;  —  286,  ij.  18  —  404.  14  — 

4(^7,  -';• 

111.   —    25,    14    —    157,    14    —    532,    79. 

De  Divinalioiie.        1.  —  47,  4,  1 1   —   49,  12,  ij,  18  —    50,  <S',  20  — 
51,  9  —   1)4,  14  —  175,  ^• 

II.  224,  20   250,  14     246,  70,  7_;t  — 

265,  8  —  271,  I)   —  277.  77  —  288,  70  — 
295,  iS,  20  —  319,  1}  —  346,  77  —  558,  2; 

—  481,  I )-   —  515,  7./,  20,  26  —  580,  22  — 

591,  72. 

III.  —  312,  2  —  406,  4,   9,  7/. 

De  FaU).       11.  —  130,  79  —  330,  6. 
111.-35,7;. 


ET   DES   AUTEURS   CITES. 


CICERON. 

République  et  Songe  de  Scipion. 

De  Officih. 


1.  —  158,5. 
II.  —  26,  7. 

I.  —  27,  10    —    31,  iS   —    52,  <^    —    III,  7    — 

178,  4    182,   6     —     200,    72     243,  S    

260,   24    541,   2- 

II.  —  tS,  ;  —  tii4,  y  —  121,  2)  —  124,  14,  iS  — 
234,  1)  —  395,  19.  24  —  394,  12,  21  — 
599.  n  —  45t>,  2^  —  444,  20  —  488,  12  — 
572,  16. 
III.  —  9,  /;,  2^  —  14,  2(1  —  16,  II,  24—  17.  S  — 
18,  2/  —  71,  2)  —  150,  I),  I)  —  152.  ly 

—  154,  /;,  16,  79  —  195,  12  —  221.  )  — 
233,  /  —  239,  2;  —  262,  1}  —  298,  4  — 
305,  22  —   505,  /6  —    315.  î'  —    351.  <?  — 

352.  h 
De  Seiieitute.        I.  —  293,  26  —  518,  6. 

II.  —  8,  2,?  —  115,  <?  —  435.  }■ 
III.  —  33,  17  —  71,  7j  —  72,  cV,  /o,  79  —  260.  20 

—  400,  27  —  411,  i,  7. 

Z)t'  Ainieilii).        I.  —  243,  ),  8  —  246,  77  —  247,  ^,  27  —  248.  S. 
III.  —  213,  2(1  —  255,  /.y  —  252,  S  —  260,  ;. 
II.  —  221,  24  —  233,  )  —  416,  I). 
m.  —  26,  7<V  —  135,  ;  —   199.  i^>  —  302,  72. 
I.  —  523,  7,  ;-  —  327,  6. 
II.  —  121,  1}  —  481,  9. 
III.  —  78,  20  —  263,  79. 
I.  —  131,7  —  530,  70. 
H.  -  3,  2S. 

III.   —   35e,    72. 


Traduction  du  Tintée. 

De  Pelitioiie  Consnlatm. 

Epistol.  ad  familiarei. 


Divers. 


CLAUDIANUS  (Ci.audius).  'Opéra. 
I.  —  103,  10  —  273,  8. 

II.  —  99.  ^  —  137.  '2  —  289,  I)  —  482,  i  —  489,  ij  —  497,  2;  — 
323,  7^. 

m.   117,    14    188,    2j     332,  ;-. 

COIGNET.  Instruction  aux  priiurs  pour  garder  la  foy  promise  coiilciiant  un  sommaire  de 
la  philosophie  ehreslieiuic  et  morale  el  devoir  d'un  hoiiune  de  bien.  Paris, 
J.  du  Puys,  1584. 

COMMINES  (Philippe  de,  sieur  d'ARCEKTox).  *  Les  Mémoires  de  Messire  Philippe  de 
Commines,  Chevalier,  Seigneur  d' Argentan,  sur  les  principaux  faicis  el  gestes 
de  Louis  onzième  el  de  Charles  huielièmc  son  pis,  roys  de  France.  Rcvcus  el 


XXVI  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

COMMIXES  (Phiuppi:  i>k,  sieur  (.I'Akgkstos). 

lorrii^i'i  par  Dtins  Sativngc  de  Foiitciuiillci  en  Brie,  sur  iiir  exemplaire  pris 
à  Voriolnal  (Je  l'Aiileiir  el  snwaiil  les  bons  hisloriogrnpbes  et  Croniqueurs, 
avee  liisliiietiou  de  livres,  selon  les  matières,  estons  aussi  les  ebapitres  autrement 
distingue:^  ijue  par  c\  devant,  et,  hrief,  le  tout  mieux  ordonné  :  ainsi  que  les 
Lecteurs  pourront  voir  par  l'averlisscnieiit  à  eux  luldrccé,  après  VEpislre 
nu  Roy.  (Cité  d';iprcs  l'éiiition  de  Lyon.  i))9-) 
I.  —  166,  9  —  370,  S. 
11.  —  S 10,  14. 

III.   —   57,    2}    —    199,   9    —    29S,    2}. 

CONSTANTIN,  Angevin.  Vers  cités  ibns  \ Anthologie  de  Breslay.  —  Voir  Breslay. 

CORAS  (Ji;an  de).  '  Arresl  mémorable  du  parlement  de  Tolose,  contenant  nue  histoire 
prodigieuse  de  iiostre  temps,  avec  cent  belles  et  doctes  annotations  de  Monsieur 
Jean  de  Coras,  Conseiller  eu  la  dicte  Cour  et  Rapporteur  du  procès  prononce 
es  Arrest:igeneraul.\  le  XII  Septemi're  M.  D.  LA'.  Paris,  1561,  1565,  etc. 

111.  —  124,  14  —  314,  22. 

—  Altercation  en  forme  de  dialogue  de  l 'empereur  Adrian  et  du  philosophe  Epictete, 

soixante  et  Iri^e  questions  el  autant  de  responses,  rendues  de  latin  eu  français 
par  Monsieur  nuiislre  Jean  de  Coras.  Toulouse,  1558. 

CORDIKR  (Mathi'kis).    De  corrupti  sermouis  emeudatione.  Paris,  1550,  Lyon,  1535. 

CORNELIUS  NEPOS.  *  De  virorum  cxcellentium  vita. 

I.  —  258,  3  —  344,  28. 

II.  —  94,  /  —  376,  ;  —  572,  /  —  574,  2;. 
III.  —  5,  ^  —  209,  2/  —  2)7,  ')■  —  -42»,  2;- 

CORROZET  (Gu.iKs).  *?/.«  divers  propos  mémorables  des  nobles  el  illustres  hommes  de 
la  chreslienté.  (D'après  l'édition  de  1557) 

I.  —  181,  iS. 
M.  —  430,  2/. 

COUST.\U  (Pikrkk).  Le  Pegme  de  Pierre  Coustau  avee  les  narrations  philosophiques, 
mis  de  latin  eu  françovs  par  Lauteaume  de  Romieti,  gentil  homme  d'Arles. 
Lyon,  1560  (l'édition  latine  est  de  1563). 

CRINITL'S.    '  C.ommeutarium  de  houcsta  disciplina  libri  .VA'/'.   (D'après  l'édition   de 
Lyon,  Grypliius,  1554.) 
I.  —  12,  20  —  102,  /;  —  344,  ;  —  3)4,  21  —  400,  10  —  .|o8  (titre). 
11.  —  3,  /;  —  18,  2;  —  92,  i,V  —  338.  y  —  430,  24. 

III.   —   74.    iS    87,    /cV    149,    72    —     154,    22    —      175,    2;    248,    2tS'. 


i:t  des  Aurr.UKS  cites.  xxvii 

CRISPIN.  Tî  -G;::y.jvï  IV.v  ra/a'.-^Tiov  ll:..r,TÙ.v  lElîPIlKA  ISOVKOAIKA  v.xi 
l"NL'M!K\.  Vi'tuitissimoruin  Authcntin  Gcorgini,  Biicclica,  et  Giioiiiica 
pcenuitd  qiia:  siipersiiul.  Quorum  Piiiiiiiiiii  calalo^iiiii  &  qiiid  sigillatini  ail 
coritin  expl'uiliim  hoc  '}L-;-/}^:Vm  ilcliir.  scqiiciilfs  piigiii.r  iiiiiicaiii.  Ilati 
Kptî-ivw.,  a.  I.  r. 
I.  —  1)1,  14  —  285,  6  —  290,  77. 

CROMER  (Martin).   }}  Poîoii'ui,  sivc  de  origine  et  reluis  geslis  Poloucntm  lihri  XXX. 

Hi. ->4,  y- 

CURSIUS  (Qitnte-Curce).  "  Q.   Ciirlii  bisloriographi  liieiileiilissiiiii  de  reluis  geslis 
Alexaiidri  Magiii  régis  Macedouinii  opiis,  ila  demum  emciidaliim  alqiie  illtis- 
triiliiin  ut  posthac  vix  quieqiiam  iu  co  desidernri  possit...  Basileie,  1545. 
I.  —  6,  24  —    32,  16  —   95,  2/t  —    145,  10  —    i^j,  2   —   298,  f,   — 

578,  //. 
II.  —  36,  iS  —  48,  ;  —  96,  /  —  426,  4  —  570,  /(),  U4,  ly,  20,  21. 

III.  —  128,  )  —  203,  4  —  226, 20  —  260, 22  —  286,  /()  —  290, 2<y  — 

312,    2)     —    450,   9,    /(). 

CUS-\  (N'icoi-AS  de).  'De  Cusii  Curdiinilis,  ulriiisque  Juris  Doeloris,  iu  oiiiiiique  Philo- 
sophin  iucomparahilis  viri  (Opéra).  lu  quibus  Theologix  luysleria  pluriuiu. 
siue  spirilii  Dei  iiiacessa,  inui  aliquol  seculis  vclala  et  uegleeta  rri'eltvilur. 
Pnvterea  uuUus  locorum  couiiuuuium  Theologix  non  truetutur.  Item  lu 
Philosophia,  prœserlim  iu  mathcmulicis,  dijjienltntes  luuitiV,  qr.as  aute  biiiic 
autoreni  (ceu  humaine  mentir  eaptuiii  cxcedeutes)  uemo  promis  aggredi  Juit 
ausus,  cxpUeaulur  et  deuwtislraiitiir.  Poslreiuo  ex  iilroqiie  jure  de  luaxiiuis 
CiviUhiis  &  Ecclesiasticis  reluis  eousiUa  &  rcsponsu  dniilur  :  Ex  iuextrieahiles 
causa:  decidiiutur.  Basihu,  1566. 

DANTE,  i'ila  Diviua  Coiuedia. 
I.  —  196,  10. 
II.  -  167,  9. 

—  "  Sextiis  liber  decretaliiiiii.  Liber  sextus  decretciliiiiii  luui  vctustis  iuin  uovis 

exeuipltiribus  collatis  exacte  recoguilus  :  iiitegrilatique  pristiiie  restitutus 
exit  iu  luceiu  cum  scholiis,  casibusque  pateiitissiuiis  et  cuni  iiotabilibus  seii- 
teutiis  ac  glossis  haiid  iudeceuter  distiuctis  quibus  intcrserinitiir  iioiiiiulle 
adiiointiones  ex  utilissiina  Johnuuis  Andrée  luwella  decerple.  Adduiitiir  nj 
hune  libruin  cousanguinitatis  et  affiuitatis  arbores...  (1528). 

D.\RX.\L.  Chronique  bourdeloise,  par  Gabriel  de  Liirbe,  aduocal  en  la  Cour,  Procureur 
et  S\ndie  de  la  ville  de  Bouideaux.  continuée  et  augmentée  par  Jean  Damai. 
esciiver  aduocat  aiidict  Parlement.  Bourdcaux,  M.  DC.  XH'. 

DELA\'AL.  —  \'oir  Guichardin. 


XXVIII  TABLK    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

DÉMOSTHÈNE.  ?  ?  Onilioiies. 

II.  —  3,  6. 
III.  —  150,  9. 

DENYS  D'HALIC.\RXASSE.  "  y.z^zzizj  --.j  A/.v/.apvarrr-u;  jwy.a-y.f,;  x:y3:olzra; 
,3;c/.ia  i-'/a.  Dio)i\si  Jlicnnrnssei  niitiijiiltniiiiii  Roijiniwniiii  libri  X. 
Luteti;v...  1546. 

DES  CAURRES  (Jkan).  Œinns  iiiûnilcs  et  (Hvrmjiées  (1377). 

DES  PÉRIERS  (BoxAVKNTURi:).  *Z.«  iwinrlks  rtxrciilioiis  cl  joyeux  ihi'is  de  feu  Boiia- 
vautiire  Des  Péiiers,  vnlet  de  chamhie  de  la  Roxiie  de  Navarre.  A  Lj'on,  de 
l'Imprimerie  de  Robert  Granjon,  1558.   (Montaigne  a  eu  cette  édition 
ou  l'une  dos  suivantes  qui  la  répètent  exactement.) 
I.  —  61,  12  —   295,  2f. 
II.  —  131,  16  —  249,  12. 

DIODORE  DE  SICI  LE.  *  Sept  livres  des  histoires  de  Diodore  sieilien  iwiiveUement  Iradiiyls 
de  grec  en  fraiiçoxs.  A  Paris,  de  l'Imprimerie  de  Michel  de  \'ascosan. 
Avec  privilège  du  Rov.  M.  D.  LIIIl.  (C'est  la  traduction  d'Amyot. 
Montaigne  a  eu  cette  édition  ou  la  réimpression  de  1559.) 

I.  —  S,  24   —    8,  12   —    12,  2/    —   ti),  li    —    21,  /;    —    22,  2,  4   — 

62,  /ot  —  86,  uj   _  89,  7   —  95,  4  —  1)1,  20  —  238,  },  4  — 

277,  14  —  298,  6  —   510,  79  —   346,  I)   —  562,  jo  —  374,  12. 

II.—  12,/^   —    36,  ;.y  —   94,  ;    —    159,  /;    —   233,  7   —   415,;   — 

471,  ;cV  —  370,  20. 
m.  —  13,  2/i  —   II).  -^  —  119.  /6  —  128,  ;  —  170,  jn  —  338,  /;-  — 

t42!,    21. 

DIOGÈNE  LAERCE.  *  Diogeiiis  Laerlii  chiriss.  historié!  de  vitis  ne  iiwribiis  prisccniin 
philosopher iim  libri  deeeiii.  (Cité  dans  l'édition  de  Lyon,  1336.) 

I.  —  20,  //  —  64,  iS  —  73,  I,  i;'  —  9",  -/  —  113,  2;  —  119,  '>  — 
127,  /;  —  139,  7  —  149,  cV  —  174,  //,  nj,  20,  24  —  173,  /  — 
178,  9  —  189,  iS,  21  —  206,  iS  —  207,  9,  22  —  213,  14  — 
216,  j    —    218,  /,  j    —    222,  /,  2    —    223,  20    —    234,  2}    — 

240,   79    —     247,   2J    —    248,  4,   77,   2<V    —     274,  20    —    309,   12    — 
310,   6,    2}    —    313,   i,   7    —    514,  ;    —    315.    2    —     317,  4   —    351,   2^ 

—  3  59,  f'  -     582,  //   —  386  (titre)  —   590,  7<?,  79  —  407,  ;. 

II.  —  4,  7    —     17,  tÇ   —     18,   70,    7  2    —    20,  <V,   2;    —     23,2;    —    26,    7    — 

28,   26   76,   )     93,    7    121,    7    123.    26    128,    14,    2-J    

129,   },   (f     130,    14     140,  4     148,   24,    2tV     I  30,    1(1     — 

138,    14 171,   9    218,    20    224.    7    226,    7    230,    77    

254,  7<V,  79    —    236,   j-    240,   rf,  16    ^243.    26  236,    27,   22,    2) 

2(0,    70     262,    l)     268,    24,    2(y     277,    }     282,    1/     


ET    DES    AUTEURS    CITKS.  XXIX 

DIOGÈXE  LAERCE. 

285,  2;  285,  2J  288,  24   299,  79  302,  22  304,  //  

326,  <?  —  338,  ly,  21,  24  —   539,  8,  10  —  342,  4  —   344,  7,  9,  f; 

—  35e,  j,  6,  Il  —  567,  10  —  376,  22  —  404,  16  —  452,  18  — 
438,  24  —  492,  8  —  505,  8,  27  —  522,  26  —  536,»?  —  572,  12,  16 

—  573-  I    —    574,  i)^  2j    —    577,  /  —  579,  22  —  585,  4  — 

589,  /  6oé,  2). 

III.  —  57!  7  —  61,  12,  i(>  —  6),  20  —  75,  2  —  76,  II  ■ —  77,  26  — 
84,  10  —  89,  I)  —  91,  26,  2-/  —  92,  7,  4,  4,  },  6,  7,  8,  g  — 
106,  6  —  115,  77,  18  —  119,  7  —  123,7  —  127,  j  —  140,  <¥  — 
141,  14  —   144,  ;  —  147,  26  —   173,  jo  —   184,  16  —   193,  a  — 

196,  4   —   209,  2;    —    211,  27    —    215,   24    —    241,   18  —    251,  4  

263,   18,  26  —  264,   I  273,  9  287,  29  —  296,  7  —  300,   72  

345,22—  352, ,?,,?—  353,7  —  559,72  —  364,  72  —  369,  ;,  6  — 
375,  20,  22  —  385,  79  —  384,  9  —  391,  ;  —  402,  9  —  406,  77  — 
410,  26  —  415,  27  —  418,  ;  —  422,  ;  —  423,  77  —  426,  14. 

DION  CASSIUS.  *  }Dioiils  hhloriaruiu  roiiiauarmn  libri...  (Lu  probablement  dans  la 
traduction  de  Mcrula)  publiée  pour  la  première  fois  à  Bàle,  en  1558. 

II.  —  469,  6  —  527,  7  —  550,  79. 
III.  —  89,  7*  —  95,  7;. 

DOMENICHI  (LoD.).  Facette,  molli  t-  hurle  di  diversi  sigiwri,  raccoltc  da  L.  Doiiwiiichi 
(Nombreuses  éditions  depuis  1 548  sous  des  titres  divers  notamment  : 
Dt'tli  et  falti...  traduction  française  sous  le  titre  :  Facéties  et  mol-^  snblil^ 
d'aucuns  excelleiis  esprili  et  très  nobles  seif;iieiirs).  Lyon,  1574. 

DONATI.  '  Jo.  Baplistiv  Doiialii  de  aquis  hieeusib.  quir  vulgo  J'illeuses  appellanliir  liber 
primiis,  il!  quo  iwstrœ  de  hanim  aquaruiu  natura  ratioiies  prorsiis  alio  modo 
se  habent,  ac  quœ  aUatœ  suut  a  ceteris,  qui  hactemis  de  bisce  scripserunt. 
Luciv,  ex  biblioteca  Octaviani  Gindoboni  (1580). 

DORAT*.    Nous  ignorons  quelles  œuvres  possédait  Montaigne.  Peut-être  Johaiitiis 
Aurati,  Lemoi'icis,  poêla  et  iiilcrprelis  regii,  poemata.  Lutetiit  Parisiorum, 
158e. 
II.  — +105,  22. 

DROIT  DE  GAILLARD  (Pierre).  Méthode  qu'où  doit  tenir  en  lu  lecture  de  Vhisloire, 
vray  miroir  et  excmphnre  de  nostre  vie,  où  les  principaux  points  des  sciences 
morales  et  politiques  rapporte:^  à  la  loi  de  Dieu  et  accomode\  aux  meurs  de  ce 
temps,  sont  contenus  et  'illustre\  des  plus  beaux  exemples  //V(\  des  histoires, 
tant  sacrées  que  profanes.  Paris,  1579. 

DU  BELLAY  (Guillaume).  \'oir  l'ourquevauy. 


XXX  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

DU  BELLAY  (Joachim).    'Œuvres.   (Cité  d'aprts  l'édition  de  1 569  ;  pour  la  Ay?i'W? 
et  Uhislration  d'après  l'édition  Chamard,  1904.) 
I.  —  172,  12  —  +187,  II  —  218,  22  —  224,  22  —  344,  2j  —  556,  jj  — 

338,2-^. 
H.  —  107,  //  —   508,  16,  iS  —  555,  24  —  ^477,  19- 

DU   BELLAY   (Martin   et   Guillaume).    'Les  mémoires  de  mess.  Martin  du  Bellay, 
seigneur  de  Laiigey,  conlenans  le  discours  de  plusieurs  choses  advenues  au 
royaume  de  France,  depuis  l'an  M.  D.  XIII  jusijues  au  trespas  du   Roy 
Françoys  I,  ausquels  l'autheur  a  inséré  trois  livres  et  quelques  fragmens  des 
O^doadi'S  de  mess.   Guillaume  du   Bellay,  seigneur  de  Langey,  son  frère. 
Œuvre  mis  nouvellement  en  lumière  et  présenté  au  Roy  par  mess.  René 
du  Bellay,  chevalier  de  l'Ordre  de  sa  Majesté,  baron  de  la  Lande,  héritier 
d'iceluy  mess.  Martin  du  Bellay.  Paris,  1569,  avec  privilège  du  Roy. 
L  —  18,  /;  —  28,  8,  12  —  32,  ;,  10  —  33,  2  —  41,  21  —  44,  ij  — 
48,  II    —    33,  24    —    84,  9,  I),  18    —    86,  j    —    87,  //,  24    — 
90,  -;  —  92,  I)   —  95,  j,  9  —  177,  2/  —  288,  16  —  289,  72  — 
297>  <5  —  33'.  ^2  —  366,  ;. 
IL  —  43,  f  —  594,  18. 

DU  CHOUL  (Guillaume).  "Discours  de  la  religion  des  anciens  Romains.  Escript  par 
NobleSeigneur  Guillaume  du  Chonl,  Conseiller  du  Roy  et  Bailly  des  Montaignes 
du  Dauphinc  et  illustre  d'un  grand  nombre  de  médailles  et  de  plusieurs  belles 
figures  retirées  des  marbres  antiques,  qui  se  trouvent  à  Rome  et  par  nostrc 
Gaule.  .\  Lvon,  de  l'Iniprinierie  de  Guillaume  Rouille,  M.  D.  L\'L 
Avec  privilège  pour  dix  ans. 
11.  —265,  iC. 
111.  —  70,  /9 

DU  FAIL.  Contes  et  discours  d'EutrapHe.  (D'après  l'édition  de  1585.) 

DU   HAILL.\N    'L'histoire  de  France  eu  l'histoire  géiu'rale  des  roys  de  France.   (Cité 
d'après  l'édition  de  1576.) 

I.  —  63,  27  —  73,  ;. 
Il--5i3,7. 
m.  —  13.7  —    II9W   —   '49i  '<>■ 

—  Histoire  des  seigneurs  contes  et  ducs  d'Anjou.  Paris,  i  372. 

DU   MONIN.  Nouvelles  œuvres  (en  vers  latins  et  en  vers  français)  de  Jean   Edouard 
du  Mouin,  poète  philosophe.  Paris,  1382. 

DU  PLESSIS-MORNAY.    'De  la   vérité  de  la  religion  chrestiennc,  contre  les  Athées. 
Epicuriens,  l'ayens,  Juifs,  Mahomelans  et  autres  infidèles.  (Anvers,  1381  ou 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  XXXI 

DU  PLESSIS-MORNAY. 

Paris,  1582,  Leyde,  158),  ou  en  latin,  Anvers.   1581,  1585,  Genève, 
1585.) 
I.  —  511,  1} 

II.  —  269,  22  —  296,  2. 
III.  —  117,  21. 

—  Exiellriil  discours  de  hi  vte  cl  de  la  inori  (Duriint,  à  Lausanne,  1576). 

DU  TILLET  (Jean,  l'évèque).  Chronique  des  Rois  de  France  depuis  Pharamond...  (Une 
des  éditions  latines  parues  depuis  1557,  ou  bien  une  des  traductions 
françaises  parues  depuis  1549.) 

DU  TILLET  (Jean,  le  greffier).  'Mémoires  et  recherches  de  Jean  du  Tillet,  greffier  de 
la  cour  de  Parlement  à  Paris.  Contenant  plusieurs  choses  mémorables  pour 
l'intelligence  de  l'estal  des  affaires  de  France,  (i  577  ou  1 578.) 

ou  encore  : 

Recueil  des  roys  de  France,  leur  couronne  et  inaison  ;  ensemble  le  rang  des 
grands  de  France,  par  Jean  du  Tillet.  sieur  de  la  Bnssion...  (1580  ou  1586.) 
(Cité  d'après  l'édition  de  1618.) 

I.  —  332,  14,  16. 

— ■  }}  .Sommaire  de  l'histoire  de  la  guerre  faite  contre  les  hérétiques  albigeois.  (1590.) 

I.  -  63,  27. 

DU  \'ERDIER.  '} Suite  des  diverses  leçons  de  Pierre  de  Messie  (publié  à  la  suite  des 
Diverses  leçons  de  Messie  depuis  1577). 
I.  —  122,  2;  —    305,  7  —    316,  16  —   344,  ;  —   554,  2/  —    3)8,  24. 
IL  —  268,  //  —  276,  m  —  282,  26  —  430,  24. 
III.  —  87,  iS,  24  —   145,  lu  —  264,  S  —  315.  ;. 

EGINHARD.  'La  vie  de  Charlemagne.  (Peut-être  traduction  d'Élie  Vinet  (1546  ou 
1548;). 

EGN.\T1US.  "  Joannis  Baplistœ  Egnalii,  viri  doctissimi,  de  cxemplis  illuslrium  viroruni 
Vcnete  civitatis  atque  aliarum  gentium.  Cuni  indice  rerum  notabiliuni. 
Parisiis,  in  otlicina  AudocMii  Parvi,  via  Jacobea,  ad  Floris  Lilii  insigne, 
1)54- 

—  "  Cœsarum    vita-  post  Suetonium    Tranquillum  conscriplcr.   Qiiarum  autores 

sunt  hi  :  Tonius  I  Dion  Cassius  Nicirus  :  .Eli us  Sparlianus;  Jtilius  Capi- 
ioUnus;  jEUus  Lainpridius ;  Vulcatius  Gallicanus ;  —  [Tomus  II]  Trebellius 
Pollio;  Flavius  J'opiscus;  Sexins  Aurelius  l'iclor:  Pomponius  La-tus.  Joan. 
Baptistx  Egnalii  Feneti  in  eosdeni  annotationcs.  Apud  Seb.  Grv'phium, 
Lugduni,  155 1. 


XXXII  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

ELIEN.  }}Opt'ia  (D'après  rédition  Je  Tigurium,  1558). 
.      I.  —  295,  77. 

II.  —  217,  12  —  507,  6. 
III.  —  86,  J4  —  99,  2)  —  115,  ./. 

ENNIUS.  ??  Citations  empruntées  à  Cicéron. 

EPICTÈTE.  *  Manuel. 
I.  —  58,  I. 
II.  —  207,  16. 

EPIPHANE.  }}Co)itra  o.logiiila  Iwicus.  Bàle,  1544. 
I.  —  283,  ^2. 

EQ.UlCOL.\.  '  Dflla  miliira  d'aiiiore.  (Voir  la  traduction  de  Chappuis,  1364). 

ÉRASME.  *  Adagiorum  chiUadcs. 

I-  —  î37>  J   —    344,  2i'  —  t405,  77. 
II.  —  82,  79  —  216,  24  —  217,  12,  20,  21  —  599,  I). 

m.  —  156, 26  —  183,  s  —  518, 2)  —  520, 7  —  364, 14  —  41-4, 1  — 

420,  w. 

—  '  Apophthegmala  (cites  d'aprcs  l'édition  d'Anvers  de  1564). 

I.  —  96,  4. 

II.  —  t7é,  2  —  430,  24. 
III.  —  109,  4. 

—  Colloquia. 

I.  —  +211,  2i  —  373,  16. 

—  ??D('  liiigiia. 

—  '  Moriœ  Hnconiiiini  (cité  d'après  l'édition  de  Bâle,  1522). 

1.  —  20,  ^  —  tioo,  7  —  118,  77 1  —  177,  2  —  283,  2^  —  1 5 14,  77  — 

*357i  '^  "'   392,  10   —  408  (titre). 
II.  —  +21,  22  —  29,  é  —  tl5I,  16   —  t203,  ^  —  +213,  4  —  t2i7,  4   — 

222,  22+  —  225,  SK 
111. -+525,^;- 

—  "  Dca.  F.rasmi  Rot.  in  cf>islolas  aposlolicas  paraphrasis.  (Lugduni,  apud  Scb. 

GPi'phium,  1544.) 

—  '}  Quercla  pdcis.  (Cité  d'après  l'édition  de  B."ilc,  1322.) 
II.  -  356,  7. 

—  Divers. 

1-  —  43>  ■/  —  420,  6. 


ET    DES    ACTEURS    CITES.  XXXIII 

ÉSOPE.  '  FabiiLr.  (Avec  la  vie  d'Esope,  par  PlanuJe,  cité  d'aprùs  l'édition  de  Lyon, 
I554-) 
II.  —  390,  70  —  59),  j. 
III.  —  ^,11  —  320,  2^  —  429,  21. 

ESTIENNE   (Hekri).    *  hilroâticluvi  au  traite  de  la  coiiprmitc  des  merveilles  aiieieiiucs 

avec  les  modernes,  ou  traité  préparatifà  l'apologie  pour  Hérodote.  L'argument 

est  pris  de  l'apologie  pour  Hérodote,  composée  eu  latiu  par  Henri  Estiemte, 

et  est  ici  continué  par  lui  mesme.  (Cité  d'après  l'édition  de  1566  reproduite 

par  Ristel  Hubert  1697;  références  à  l'édition  Leduchat,  1755.) 

I.  —  27,  j  —  34,  10  —  43,  -/  —  60,  II  —  113,  10  —  157  (titre)  — 

150,  j   —  194,  7  —  198,  4  —  204,  14  —   311,  7;   —  586  (titre). 

II.  —  52,  77,  2S  —  48,  16  —  141,  7  —  14S,  y  —  249,  12  —  377,  2^  — 

506,  /;. 

III.   6é.  24     89,   2<y    94,    /    105,   7    —     112,   23    123,    J2     

133,    12    367,    /    420,    10. 

—  Project  du  livre  intitulé  :  De  la  Précellcnce  du  langage  frauçois.  Paris,  1572. 

(Cité  d'après  la  réédition  de  Feugère,  1850.) 

EURIPIDE.  }'!  Tragœdiis.  (Citations  prises  à  Stobée,  Diogène  Lacrce,  Sextus  Empi- 
ricus,  Cicéron.) 

I. -i78,i. 
II.  —  260,  16. 

EUSÈBE.   **F,iTî5(;u   tsO  ili\i.z'ù,yj  tjx';yih'.v.f,^  zpizapïîZEJÏiç  pi6.  ■sévts  xa'i  îi/.a. 
Eusebii Pamphili Evangelica- praparationis  lib.Xr.  Lutetiœ...  M.D.XLIIII. 
(I544-) 
II.  —  269,  22. 

—  }? Eusel'ii  Pamphili  ecclesiasticx  histori.r,  lib.  X;  ejusdeni  de  vita  Constautini, 

lib.  V.  Paris,  1544. 
I.  —261,  ;. 

—  Divers. 

III.  —  92,  12. 

EUTROPE.  '  EiUropii  decem  libri  historiarum. 
II.  —  460,  12. 

F.\UCHET  (Claude).  Antiquités  gauloises  et  jrançoises  (i  579-1 599). 

PERRON.    'De  rébus  gesiis  gallorum  (d'après  l'édition  de  Paris,   \'ascosan,    1555; 
ouvrage  qui  fait  suite  à  l'histoire  de  Paul  Emile.  —  \'oir  -Emilius). 


XXXIV  lABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

FICIN  (Marsii.e).  '  Comiiieiilaiirs  da  ouvrages  âe  Platon  el  en  particulier  du  Banquet. 
(Ce  dernier  commentaire  traduit  en  français  par  Symon  Silvius,  1 546, 
et  en  1578  par  Guy  Le  Fèvre  de  la  Boderie  sous  ce  titre  :  Discours  de 
l'honneste  amour  sur  le  Banquet  de  Platon,  par  Marsile  Ficin,  traduicts  du 
toscan  par  Guy  La  Fèvre  de  la  Boderie,  avec  un  traité  de  J.  Picus  Miraiidu- 
laniis  sur  le  mesnie  sujet.)  Paris,  1 578.  —  \'oir  Platon. 

FWRILEGWM.  "  Diversorum  epigranimatuiu  in  seplem  lil>ros.  solerli  nuper  repnrgatuni 
cura.  M.  D.  XXI.  'AvOsXîvix  s'.aiipwv  iT.:yt7.[j.[j.x-t,v/  àp-/a;ît;  tjv-eO:'.- 
ixïvhjv  5SIÎÎ;,  £-i  si3tj;p:'.;  C)7:;0î7;r'.v,  £p;jLT,v={a^  ÈyivTojv  ènsî'.^tv,  •/.%: 
TzpOL'^'^.i-iWi  f,  Yîv;;j.iv(jjv  i5T,Yr,Jiv.  AuifâtTa'.  3'î;^  Éz-rà  ■:\>.r,[i.ci-:a  t: 
S:ê'/.'.i'i ,  y.al  Taj-i  ;!;  xîii/.ata  y.x-'x  :t;'.-/î;;v  î!=/.Ti6-':a'..  A'//Hr  ca//  frt.v//- 
gatius  quant  alias  unqiiani  pristiuis  elustratuni  errorihus,  multisque  adauctuin 
adjectis  epigrannnatihus.  i))i.  Veuundatur  Badio  (et  à  la  fin)  Suh  prelo 
Ascensiano,  niense  Maio,  ly^i. 

FLORUS.  }?F.pithoniata. 
I.  -  27,  7- 

FOURQUEX'AUX  (Raymond  de)  '}  Instruction  sur  le  fait  de  la  guerre,  exiraicte  des 
livres  de  Polibe,  Frontin,  Végcce,  Cornaian,  Machiavelle  el  plusieurs  bous 
autheurs.  (D'après  l'édition  de  1555.)  Ouvrage  attribué  à  Guillaume 
du  Bellay. 

I.  —  362,  ly  —  565,  6  —   566,  j. 

FRANCHI  (De).  "Dell,  uuione  del  régna  di  Portogallo  alla  coruna  di  Casllglia,  istoria 
del  .Sig.  leroninio  de  Franchi  conestaggio,  gentilbuonio  genovese.  In  Genova, 
appresso  Girolanio  Bartoli.  1585. 
II.  —  471,  iS  —  570,  77. 

FR.WCIOTTI  (G.).  *  Franciolti  nicdici  lucensis  traclatus  de  Balneo  Villensi  in  agro 
Encensi  positû.  Luca;,  apud  Busdracuni.  M.  D.  LI. 

FR.WCO  (Veronica,  courtisane  de  Venise).  *  Lettere  famigliare  a  diversi.  1580. 

FREGOSO  (.\ni.-Phii.eremo).   Riso  di  Deniocrito  e  pianto  di  Heraclilo. 

FR01SS.\RT   (Jean).    'Le  premier  volume  de  l'histoire  et  cronique  de  Messire  Jehan 
Froissard.  Reveu  et  corrigé  sus  divers  Exemplaires,  et  suvvant  les  bons  Auteurs, 
par  Denis  Sauvage,  de  Fonlcnailles  en  Brie.  A  Lyon,  par  Jan  de  Tournes, 
M.  D.  LIX.  4  tomes  (ou  la  réimpression  de  1574). 
I.  —  5,  ^  —  29,  /  —  234,  24  —  290,  (>  —  305,  7  —   331,  2;. 

II.  —  48,  16  —  470,  2/  —  477,  20  —  485,  8. 

1  RONTIN.   }}Stratagenuila.  Voir  \'égèce. 
III.  -  53'>.  '■ 


ET    DES    AUTEURS    CITES,  XXXV 

FULGOSIUS  (Baptista).  '}Dc  dictis faclhquc  niemcrahiUluis  (lllis  exaplis  qii.r  Valcrius 
Maxlmui  ciVidit  collcclmicn).  (D'après  l'cdition  de  1518.) 
I.  —  18,  j  —  lO),  4  —   II-',  ;   —  260,  ;'  —  505,  /. 
II.  —  52.  20. 

FUMEE  (Martin).  \'oir  Goiiiarn. 
GAGUIN,  *  Raum  Gallicaruin  Annales. 

111.-255,^. 
GALIEN.  }} Opéra. 

II.   284,   20    329,   2y. 

GALLUS  (Cornélius).  '  Elegiœ. 
I.  —  1 12,  9. 
II.  —  15,  //. 

III.  —  74,  /  —  84,  i>)  —    121,  /  —   341,  18  —    355,  j    —    388,  26  — 
393,  ^6- 

GAMBARA.  "  Carmina  novem  illusiriiimjcminariim,  Sapphiis,  Erbniœ,  Myrus,  .\I\rl!(hs. 
Corhiuœ,  TelesilLr,  Praxtllœ,  Nessidis,  An\tx...  latiuo  versn  a  Lnurentio 
Gaïuhara  expressa...  Antverpin-,  ex  ofHcina  Christopliori  Plnntiiii,  1568. 
I.  —  207,  ^ 
111.-152,.^. 

GARZONI.  Opère.  (16 17.) 

GAUFI-RETEAU  (Jean  de).   Chronùiiies.  Bordeaux,  1877. 

GAULTERON.  Voir  Giovio. 

GELLI.  /  tiipricci  dcl  hollaio  (cité  d'après  la  traduction  française  de  i  j66). 

—  La  Circe  (citée  d'après  la  traduction  de  Sauvage). 

GÉMISTE  (Georges).  \'oir  Hérodote. 
I.  —  290,  79. 

GENTILLET  (Innocent).   'Discours  sur  les  moyens  de  bien  gouverner  ci  maintenir  en 
bonne  paix  un  Royaume,  ou  autre  Principauté.  Divise^  en  trois  parties,  assa- 
voir, du  Conseil,  de  la  Religion  et  de  la  Police  que  doit  tenir  un  prince,  (uvilre 
Nicolas  .Machiavel,  Florentin.  (Cité  d'après  l'édition  de  1579.) 
I.  —  26,  /   —   27,  2.^   —    150,  j    —    151,  /   —    194,  7   —    519,  14   — 

324,  -fi- 
II.  —  5,  /;'    —    80,   12    —    148,  9    —    241,  21   —    440,  6  —    465,  //   — 
470,  21  —  477,  6,  10  —  478,  I  —  489,  I  —  497,  I)  —  510,  14  — 

569,  3- 
111.  —  16,  24  —  202,  24. 


XXXVI  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

^*  GERMA.XIC.iRl'M  rcriiin  quatuor  cdchr'wres  vetusiioresquc  chronographi ,  earuin  descrip- 
Ikmem  ah  orbe  coiidito  usquc  ad  tcmpora  Heiirici  IV.  Francfort,  1 566. 

GHERUS  (Jano-Grutero).  Delitiœ  C poetarum  gallorum.  Francfort,  1609. 

GILLES  (Nicole).  "Annales  et  crcniqucs  de  France,  depuis  ta  destruction  de  Troxes 
jusques  au  temps  du  ro\  Louis  on^Jesme,  jadis  composées  par  feu  maistre 
yUcoUe  Gilles,  en  son  vivant  secrettaire  iudiciaire  du  Rox  et  contrerolleur  de 
son  trésor.  Imprimées  nouvellement  sur  la  correction  de  M.  Denis  Sauvage 
de  Fontenailles  en  Brie  et  additionnées  selon  les  modernes  historiens,  iusques 
à  cesl  an  mil  cinq  cens  soixante  et  deus...  Paris,  1562. 
L  —  105,  2,  4  —  234,  27. 
IL -493. -^2. 

GIO\'IO  (Paoi.o).  Pnuli  Jovii  Xovocomensis,  episcopi  Xucerini,  historiarum  sui  temporis 
lomus  primus,   XXIII  lihros  complectcns...    Paris,  \'ascosan,   1555.    Le 
second  tome  est  relié  à  la  suite  du  premier. 
I.  —  II,  6  —  289,  12  —  370,  8,  Il  -^  375,  J(?  —  57e,  10  —  407,  16. 

IL   —  76,   2/    —    431,    IS    —    500,    ly    —    537,   2y. 
III.   —   530,    /;-. 

—  }}Ordo  ac  disciplina  Turcic:r  mililia'. 
I.  —  376,  ;o. 

—  *?  Commentarii  dellc  cose  dei  Turchi  di  Paolo  Giovio,  cou  gli  fatti  e  la  vila  di 

Scainlerherg.  1541.  (Traduction  de  Gaulteron  de  1544.) 

GIRALDI    CINTHIO    (Joan.-Bapt.).    Dialogues  philosophiques...    traduits  des  trois 
excellens  dialogues  de  Giraldi  Cynthien,  par  Gabr.  Chappuis.  Paris,  1583. 

GIUSTINIANO.  Voir  Justinianus. 

GOMAR.\    (Lopkz    de).    'Histoire  générale  des  Indes  occidentales  et  terres  neuves,  qui 

jusqii  'à  présent  ont  esté  descouvertes.  Augmentée  en  ceste  cinquiesme  édition 

de  la  description  de  la  nouvelle  Espagne  et  de  la  grande  ville  de  Mexique, 

autrement  nommée  Temictilan.  Composée  en  Espagnol  par  François  Lope:^  de 

Gomara,  et  traduite  eu  François  par  le  s.  de  Gcnillé  Mart.  Fumée.  Paris, 

M.  D.  LXXXIV  (ou  peut-être  la  réimpression  de  1587). 

I.  —  18,  77  —  137,  77  —    138,  7,  5   —    141,  7,  cj,  10  —    142,  ;,  j,  S, 

II,  77,  i^,  21,  2},  24,  25;   —    143,  7,  2,  4,  6,  ,y,  (?,  72,  7^,  16,  18, 

20,  21,  2),  24,  2/  —  144,  18,  20,  2/,  29  —  145, 1,  6,  y  —  260,  /  — 

264  (titre) t  —  265,  _;  —  266,  i  —  283,  4  —  298,  8. 

IL  —  76,  24  —  178,  21  —  199,  16,  20,  2)   —  200,  2  —  327,  7,  %  10, 

72,   14,  16,   16,  16,   18,  20,  22,  2)    —     328,  4,  9,   70,   77,   72,   72,   1}, 
I),   14,   IJ,   IJ,   16,   l<),   J<),  20,  2j      529,  6,   1/      —      386,   1)      

456,  2;  —  475,  /;. 

m.    —   107,    70  —    159,  9  —    lél,  27   —    162,  2A'  —    164,   16  16),  28  — 

166,  2/    167,  7j    195,   16. 


ET    DES    AUTEURS    ClTiiS.  XXXVII 

GOMARA  (Loi'EZ  di;). 

—  *  Hisloria  di  don  Ferdinando  Cartes,  marclme  délia  l'allé,  capitaiio  valoivsissinw, 

cou  le  sue  viaravtgliose  prodene,  tiel  lempo  che  discopri  e  acqiiislo  la  uuova 
Spagiia.  Parle  ler^a.  Composla  da  Fraiicesco  Lopei  di  Gomara  in  litigua 
spagmiola,  tradotta  iiella  ilaliana  per  Agostiuo  di  Cravalix.  Venise,  Fran- 
ceschini,  1 57e. 

I.  —  263,  2,  j,  //,  14,  16  —  376,  16. 
111.  —  163,  iS. 

GONÇALEZ  DK  MEN'DOZA.  '  Hisloire  du  grand  ro\aiime  de  la  Chine,  situé  aux  Indes 
orientales,  divisée  eu  deux  parties.  Contenant  en  la  Première,  la  situation, 
antiquité,  religion,  fertilité,  cérémonies,  sacrifices,  rois,  magistrats,  mœurs, 
us,  loix,  et  autres  choses  mémorables  dudit  royaume.  Et  en  la  Seconde,  trois 
voyages  faits  vers  iceluy  en  l'an  ij//,  7/79  eti)8i,  avec  les  singularitei 
plus  reumrquables  y  veucs  et  entendues  :  ensemble  un  itinéraire  du  nouveau 
monde  et  le  descouvremeut  du  nouveau  Mexique  en  l'an  ij8).  Faite  en 
espagnol  par  R.  C.  Juan  Gonçales  de  Meudoce,  de  l'ordre  de  S.  Augustin  : 
et  mise  eu  François  avec  des  additions  en  marge  cl  deux  Indices  par  Luc  de 
la  Porte,  parisien...  Paris,  1588. 

II.  —  38,  1)  —   307,  7<V. 
III.  —  369,  7<S'. 

GOULARD  (Simon).  '  Histoire  de  Portugal,  contenant  les  entreprises,  navigations  et  gestes 
mémorables  des  Portugallois,  tant  en  la  conqueste  des  Indes  orientales  par  eux 
descouvertes  qu'es  guerre  d'Afrique  et  autres  exploits,  depuis  l'an  mil  quatre 
cent  nouante  six  jusques  à  l'an  mil  cinq  cens  septante  huit...  Comprinse  en 
vingt  livres,  dont  les  dou^e  premiers  sont  traduits  du  latin  de  Jérosme 
Osorius,  évesque  de  Sylves  en  Algarve,  les  huit  suivans  prins  de  Lope\ 
de  Castagnede  et  d'autres  historiens...  De  l'iniprimerie  de  François  Estienne 
pour  Antoine  Cliuppin.  M.  D.  LXXXl  (ou  In  réimpression  de  1587.) 
I.  —  27,  72  —  éi,  /  —  62,  16  —  63,  2  —  85,  16  —  143,  28  — 
144,  ;,  9,  9^  ">  12,  7;,  77  —  270,  ;  —  310,  5»  —  319,  14. 

II.  —  34,   7    —    189,  2J    —    211,   20   —    505,  }    —   471,    18    —    491,   I). 

III.  —82,  26  —  235,  2). 

GRÉVIN  (J.^CQUEs).  VoirWier. 

GRIMAUDET.  Opuscules  polil'uiues.  (1580.) 

GROUCHY  (NicoL.\s).  *  Di' i-i);;;//n.'î  i?o»;(/;n'n;;;/ (ouvrage  publié  pour  la  première  fois 
en  1535). 
I.  —  295,  24. 


XXXVIII  TABLE    DES    Ol'VRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

GUAZZO  (Stephano).  'La  Civil  coiiveruilioiie  del  S.  Stiphaiio  Giia-^^o.  Gentil'  hiicmo 
di  Casak  di  Moiiferraîo.  Divisa  in  III I  libri.  Ne  qunVi  dolcemeiiie  si  rnggioim 
di  liilti  h  maiiiere  del  amversare,  cou  più  (biaro  nella  scguente  facciaia  si 
diincstra.  (Cité  d'après  l'édition  de  1 581  et  d'après  la  traduction  française 
de  Chappuis,  Lyon,  1579.) 

I.  —  88,  j    —    137  (titre)    —     151,  i    —    180,   /;+    —    196,  10    — 

333,  J^- 

II.  —  5,  /;   —   72,  26   —   75,  20   —   77,  iS  —    307,  y   —    329,  2y  — 

438,  27. 
111.  —  176,  ),  20  —   181,  S  —  260,  5    —  391,  22. 

GUÉROULT.  Un  sonnet  cité  dans  l'histoire  de  Zonaras.  —  \'oir  Zonaras. 

GUE\'ARA  (Antonio).  *  Episires  dorées,  morales,  jamilières,  et  discours  salutaires,  du 
sieur  don  Jutoiue  de  Guevare  Espagnol,  cvesquc  de  Mondognet...  (Cite 
d'après  la  traduction  de  Guterry,  édition  1565.) 

I.   —    260,    ,'    —    5O),    /    —    375,    72. 

II.  —  191,  79. 

111.  —  51,  é  —  264,  ,f. 

—  *  Libro  aureo  de  Marco  Aurelio  imperador. 
1.  —  261,  7. 

II.  —  15,  7*. 

—  *  ?  Lihro  llamado  mevosprecio  de  la  corte.  ' 
GUICHARDIN  (Louis).  L'hore  di  ricrealione  {depxih  1^6^). 

ou  encore  : 

Detti  e  fatti  piacevoli  e  gravi  di  diversi  principi,  filosofi  e  corligiani  :  raccolti 
dal  Guicciardino  e  ridolti  a  lupralità.  Traduction  française  de  Belleforest  : 
Les  heures  de  récréation  et  après  dinés  de  Louxs  Giiicciardin,  tnui.  de  l'italien 
par  ».  de  Belleforest.  (i  571.) 

GUICHARDIN  (François).  'Dell.  Historia  d'Ilalia  di  .\I.  Fraw  Guicciardini  Gentil' 
huonio  Fiorentino  Gli  ultinii  Quattro  libri  non  pin  slampati.  (Cité  d'après 
l'édition  de  \'enise  1568.) 

1.  —  12,  24  —  17,  V  —  28,  1)  —  31,  24  —  32,  ;  —  54,  )-  —  57,  )  — 

97,  4  —  1 50,  ;  —   196,  20  —  288,  ). 
IL  —  507,  9. 

III.  —   149,  2}    —    234,    J2. 

—  Plusieurs  advis  et  conseils  de  François  Guicciardiu  tant  pour  les  affaires  d' Estât 

que  privées.  Traduits  d'italien  en  français  par  A.  de  Laval,  avec  42  articles 
concernant  ce  mesme  snhject.  Paris,  1 576. 


ET    DES  AUTEURS    CITES.  XXXIX 

GYRALDI  (Lilio-Gregorio).  *  *  De  deis geut'utin  varia  et  mulliplcx  histcria,  iii  qtia  siintil 
de  eortim  imaghiihui  et  cog/ioniiiiihiis  agiliir,  iibi  phirinia  ctiam  hacteims 
imiltii  igiiota  expliqiuvitur,  et  pleraiiiie  clariiis  Iractiuiliir...  Basiht,  1548. 

I.  —  292,  /;. 

m.  —  93. 16,  i-j  —  94,  /  —  105, 7. 

—  ?L///(  Gregorn  Gvraldi  Ferrarieiisis  progymimsiita  adi'ersiis  lileras  el  literatos. 

(D'après  les  Opéra  de  1580.) 
I.  —  186,  10. 
II.  —  208,  y. 

• —  De  varia  sepelieiidi  ritii.  (D'après  les  Opéra  de  Bàle,  1580.) 

III.  —  248,  2S. 

HEBREO  (Leone).  —  "  Diahgbi  di  amore,  composli  per  Leone  inedico  Hehreo.  In 
Vinegia,  1 549. 

I.  -245,*. 

HELIODORE  'Histoire  ethiopique  traitant  des  loyales  et  pudiques  amours  de  Theagènes  et 
de  Chariclea.  (Cité  dans  la  traduction  d'Aniyot,  édition  de  1559.) 
II.  —  91,  6. 

HERBURT-FULSTIN  (Je.w).  "Histoire  des  roys  et  princes  de  Poloigite,  contenant 
l'origine,  progrès  et  accroissement  de  ce  royaume,  depuis  Lech,  premier 
fondateur  d'iceluy  jusqnes  au  Roy  Sigisniond  Auguste  dernier  décédé,  avec  les 
illustres  et  excellens  faicts  desdits  Roys  et  Princes...  traduite  de  latin  en 
français  et  dédiée  an  Roy  de  Pcloigne,  par  François  Balduin.  A  Paris,  1575. 
I.  —  tiS,  j  —  577,  jj,  20. 
III.  —  II,  2j  —  89,  24. 

HÉRODIEN.  ??Voir  Politien. 

I.  —  +295,  2.?  —  385,  16. 
II.  —  265,  16. 

HERODOTE.    'Les   neuf  livres  des  histoires  de  Hérodote  prince  et  premier  des  histo- 
riographes grec-^...  plus  un  recueil  de  George  Gemiste  dict  Plelhon,  des  choses 
avenues  depuis  la  journée  de  Mantinée,  le  tout  traduit  du  grec  en  français 
par  Pierre  Salial...  (Cité  d'après  l'édition  de  1575.) 
I-  —  9,  7  —  16,  p  —  25,  7*  —  34,  10  —  39,  77  —  55,  7<?  —  96,  4  — 
110,2^    —    122,2^    —    127,  6,  7 j    —    14},  26    —    U44,  i^    — 
145,  7j,  iS,  18  —    146,  10  —    148,  7  —   153,  II)  —  272,  26  — 

290,   7^  296,   7    —    301,   70   —    308,  }    336,   70   —    351,  24  

Î70.  i  —  578,  J  —  406,  14. 


XL  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

HÉRODOTE. 

II.  i>,   J-f    14,   1    35j    17,  2i    90,   II    —    155,   10  159,  2/    

154,    1/     —     166,    26    170,    i),    24     —     249,     12     —     255,    16     — 

254,  4    —     2)3,  14    —     259,   10,   12,   /y    —     271,   j     —     304,   22    — 

325,  ir  —  550,  17  —  332,  12  —  342,  /  —  386,  7  —  493,  24  — 

500,    J)      582,    ly     587,    iS     598,    j      606,    ly. 

III.  —  5,  I)  —  68,  /  —  82,  2}  —  92,  12  —  93,  20  —  103,  I]  — 
lOé,  10  —  120,  22  —  124,  10,  14  —  126,  2)  —  170,  S  — 
206,  7  —  252,  7/,  16  —  406,  10  —  410,  24. 

HOMÈRE.  "  Odyssca  grâce.  Anno  1525. 

Iliade.        I.  —  260,  7  —  561,  2. 
III.  —  172,  2  —  236,  ). 
Odyssée.       II.  —  3,  2(S  —  207,  2  —  591»,  18  —  606,  2/. 
III.  —  103,  ;. 

HOR.\CE.  (i)    ' Horatiiis  Flaccus,  ex  Jide,  atqiie  auctorilate  decem  îihrorum  manu  scrip- 
torum,  opéra  Dionys-Lamhim  MoiistroUensis  cmendatiis  ah  eidemq.  commen- 
tariis  copiosissimis  illusiralus,  nitnc  primuin  liiceni  ediliis.  Lyon,  1561  (ou 
la  rcimpression  de  Venise,  1566). 
Epodes.        I.  —  40e,  10. 

II.  —  132,  9  —  205,  I)  —  382,  y. 

III.   ^  74,    10    91,   2)     130,  S    —     139,   2rî    225,    //    

236,    II    •    245,    10    380,   21. 

Odes.        I.  —49,  I,  10    —    102,  /yt    —     103,  ;    —    104,  2j    — 
106,  79  —  109,  ()  • —  113,  i  —  196,  20  —  198,  26  — 

241,  21     —     253,  ;,  72  —   304,  72  —  311,  14,   21    — 

337>  '*>'  —  340,  iS   —  385,  9  —  419,  79. 

II.  —  II,  2)    13,  14    18,  I)    27,  7,  Ij    124,  7  

128,  9  —  263,  I)   —  270,  20  —  290,  7  et  t  —  515,  16 

—     392,  2>     —    39e,  20    —    502,  2j    —  550,  ;. 

m.  2),  2)     —  44,  20     72,  16    70,  79  96,  7;  

130,  77  155,  72  140,  2  141,  2)    142,  6    

137,  )    —  191,  72  207,  2^   213,  70  222,  79  

260,  II   275,  j,  9  281,  22   284,  26   —  302,  )   

33e,  27  389,  26   404,  21   420,  7  —  450,  I)    

431,  6. 
Carmen  sarulare.        I.  —  325,  j. 

Satires.        I.  —  7;,  i)  —  +187,  77  —  221,  4,  y  —  252,  /  —  282,  77  — 
333>  "  —  334.  J'*»'  —  355,  "  —  385,  4- 

(i)  J'indiquerai  procli.iiiicmcm  les  raisons  qui  me  font  croire  que  Montaigne  taisait  usage  de  cette 
édition.  Comme  je  n'ai  reconnu  que  trop  tard  ces  emprunts,  elle  n'a  été  qu'accidentellement  collntionnce 
au  cours  de  ce  travail.  Le  lecteur  s'y  reportera  avec  fruit  en  plusieurs  occasions. 


ET    DES    AUTEURS    CITES. 


HORACE. 


Satires  (Suiu).       II.  —  h  ^9  —  io>  ^j  ^'^  —  1^8,  i  —  185,  m  —  267,  2^  — 

3S5,    10—  408,    12  —  423,   /-t  —   44S,    7    —  451,   7<y.       ^ 
III.   117,  22    174,    10. 

EpHres.        I.  —  89,  10  —  106,  4  —  107,  14  —  113,  72  —  206,  20  — 

21 3>  2i  —  217,  70,  72  —  233,  }  —  257,  7  —  300,  16 

—   311,70  —   512,  22  —   31e,  22+  • —    518,  ;,  70  — 

320,  2;  —  338,  14  —  539,  9  —  41S,  77,  14, 

II.  —  3,  ^o  —  5,  14,  16  —  77,  26t  —  106,  26  —  153,  77  — 

188,    72    —    207,    77    2lé,   22    2I7,   9     —    2l8,   6   

277,  27—   333,  5>,    iS—  399,    77  —  422,   9  —  424,   4  — 
425,  4    —    427,   22    —    440,    72    —    487,    14    —     367,    77. 

III.   216,   27  288,    79    333,  /    342,    18  407,   20  

417,  22. 

Art  poétique.        I.  — •  35,  76  —  219,  26  —  238,  9+  —  265,  2/. 

II-  —  59>  2;  —   106,  2t  —    577,  2j   —'412,  27   —  417,  9. 

HOTM.\N  (Fr.wçois).  '  : Fraiiiognlliii.  (Cité  d'aprcs  l'édition  de  1573.) 
I.  —  150,  i. 

HUARTE  (Ju.\n).  Aimchrise  ou  parfait  jii';eiiiciit  des  esprits.  (Traduction  par  Chappuis, 
Lyon,  1580.) 

HYGIN.  *'  L.  Juin  Hygiui,  Avgustiliherti ,  fahuUvum  liber  ad  omnium  poetarum  lectionein 
mire  neeessarius  et  uune  denuo  exeusus.  Ejusdeiu  poetieon  Astrouomieou  lihri 
quatuor  :  quibus  accesserunt  similis  argumenti  Palœphati  de  fabulosis  iiarra- 
tionibus  liber  I;  S.  Fulgeiitii  Placiadis  episcopi  Carthagiueiisis  mythologiarum 
libri  III ;  ejusdem  de  vocum  anliquarum  interpretaiioue  liber  I;  Phuruuti, 
de  natura  Deorum,  sive  poeticaruui  fahularum  allegoriis,  speculatio;  Alhrici 
philosophi  de  Deorum  imaginibus  liber;  Arati  <faivî;j.£'vo)v  fragmeutum, 
Germanico  Cœsare  interprète;  ejusdem  Phxnomeiia  grœcè,  cum  interpreta- 
iioue latina;  Procli  (je  spJ.urra  libellus,  grarè  et  latine.  Basilas,  1549. 

ISOCR.\TE.  *  Oraliones.  (Cité  dans  la  traduction  latine,  édition  de  1570.) 
I.  —  149,  22  —  154,  16. 
III.  —  150,  7  —  223,  24. 

JEAN  CHRYSOSTOME  (Saint).   ?? 
I.  —415,  20. 

JÉRÔME  (Saint).   }} Hieronymi  S.  Opéra.  Bàle,  1537. 
I.  —  132,  16. 

m. -97,  <?  -  142,;. 


XLII  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    l'AR    MONTAIGNE 

J01N\'1LLE.  '  L'bislohed  chrcniqnc  du  1res  chralicn  ro\  S.  Lcys,  IX.  du  nom  el  XLIIII. 
de  France.  Escriptc  par  feu  meisire  Jehan  sire,  seigneur  de  Joiurille  el  seiies- 
chal  de  Champagne,  amy  cl  contemporain  dudict  roy  S.  Lovs.  Et  maintenant 
mise  en  lumière  par  Anthoine-Pierrc  de  Ricnx.  Poicticrs,  M.  D.  XL^'II 
(ou  la  réimpression  de  1561). 

I.  —  72,  21. 
II.  —  38,  7  —   145,  17  —  510,  i. 

JOSÈPHE.  'Opéra.  (Cité  d'après  le  texte  grec  de  1544  et  l.i  traduction  latine  de  1559. 
Rien  n'indique  d'ailleurs  que  Montaigne  ait  fait  usage  de  celle-là  plutôt 
que  de  toute  autre  traduction  latine,  ou  même  d'une  traduction  fran- 
çaise. Références  à  l'édition  Dindorf,  1845.) 

II.  —  1 1,  2^  —  20,  ;.;  —  30,  /  —  31,  ^^  —  268,  II  —  499,  2) 

JOUBHRT  (Lalrknt).  'Erreurs  populaires  au  fait  de  la  médecine  et  régime  de  santé 
corrige^  par  M.  Laur.  Jouberl,  conseiller  et  médecin  ordinaire  du  7-oy,  et  du 
n'v  de  Navarre...  Bordeaux,  Millanges,  1578  ou  1579.  (Cité  d'après 
l'édition  de  1579.) 

II.  —  166,  26    —    167,  /;.  24    —    291,  7    —    434,  21    —    579,  uS'   — 

587»  9  —  591»  26  —  396,  iS  —  603,  2/  —  605,  6,  77. 
III.  —  78,  20  —  93,  })- 

JON'E.  \'oir  (liovio. 

JUSTIN.  }rjnstini  et  Trogi  Ponipeii  hisioriis  exiernis  lihri...  (Cité  d'après  l'édition 
de  Paris,  1578.) 

I.  —  371,  1). 

JUSTIXI.WUS.  "Pétri  Jnsliuiani,  Patritii  Veneli,  Aloysii  F.,  rernm  Vcuctaniv!  uh 
nrbe  condita  historia.  \'enetiis,  1560. 

JU\'HNAL.  •Salinr. 

I.—  178,  6  —  180,  22  —  208,  2/  —  274,  2;  —  309,  14^  — 
334.  }  —  360,  6  —  386  (litre)  —  389,  j6  —  393,  26  —  410,  11. 

II.  —  12,  II  —  45,  17  —  46,  II  —  129,  22  —  138,  7  —  171,  79  — 
178,  S  —  187,  iS  —  205,  /;  —  531,  10,  17  —  332,  24  — 
339,  18  —  390,  2)  —  401,  29  —  423,  1}  —  42S,  /<V  —  441,  9  --' 
477,  14  —  487,  16  -■-  517,  I,  10  —  589,  iS. 

m.  —  45,  18  —   jé,  i   —   80,  12  —  85,  28  —  87,  22  —    106,  2;   — 

157,   7    —    153,77^    188,  4    —    218,   72   —    263,  2j    264,   7?   — 

269,    9     —     385,    7.V    —     403,    22. 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  XLIII 

LA  BOÉTIE  (EsTiENNE  de).  'Discours  de  la  Servitude  voloiilnire  en  manuscrit^ 
(cité  d'après  l'édition  des  Œuvres  ci-dessous). 

—  'Les  Mémoires  sur  l'Edit  de  Jauvier    en  m.iniiscrit    (d'après  l'édition  de 

P.  Bonnefon  dans  h  Revue  d'Histoire  Lilléraire  de  la  Frauce,  année  1917). 

—  *  La  mesuagerie  de  Xéuophoii.  Les  règles  de  mariage  de  Pliilarque.  Lettre  de 

cousolatiou  de  Plutarque  à  sa  femme.  Le  tout  tradiiict  de  grec  en  françois  par 
feu  M.  Estieniie  de  La  Boétie,  Conseiller  du  Roy  en  sa  court  de  Parlement 
à  Bordeaux.  Ensemble  quelques  vers  Latins  &  François,  de  son  invention. 
Item,  un  discours  sur  la  mort  dudil  Seigneur  de  La  Boétie.  par  M.  de  Mon- 
taigne. .\  Paris,  de  l'imprimerie  de  Federic  Morel,  M.  D.  LXXI  (i)7i). 

I.  —  35,  ;  —  44>  '  —  66,  ;  —  137  (titre),  14  —  147,  2/  —  187,  u  — 
Essai  xxviii  en  entier  (cf.  surtout  +239,  //,  16  —  245,  2;,  2S  — 
253,  2;  —  234,  y)  —  255,  14  —  260,  14  —  304,  14  —  566,  ^  — 
420,  6. 

II.  190,  6    —    213,  /;. 

III.  202,  24    —    365,  II. 

—  Œuvres  complètes,  par  P.  Bonnefon,  1892. 

L.\  CHASSAIGNE  (de,  Seigneur  de  Pressac).  Voir  Pressac. 

LACROIX  DU  MAINE.  Bibliothèque  frnuçoise  (d'après  la  réédition  de  Rigoley 
de  Juvign}',  Paris,  1772). 

LACTANCE.  '}  Opéra. 

II.  • —  282,  26  —  448,  10. 
III.  —  105,  /  —  183,  j  —  336,  12. 

LA  .MARCHE  (Olivier  de).  \'oir  Sauvage. 

LAMBIN.  Voir  Lucrèce. 

LAMPRIDIUS.  \'oir  à  Auguste  :  Histoire  Augusic. 

L.\NDI  ou  LANDO  (Hortexsio).  Paradossi,  cioè  senlentie  fuori  del  comuu  parère, 
uovellamente  yenute  iu  hice,  opéra  non  men  dotta,  che  piacevole,  in  due 
parti  separala.  Lione,  per  Gioanni  Pullon  da  Trino,  1543. 

L.\  noue  (François  de).  '}  Discours  politiques  et  militaires  du  Seigneur  de  La  Noue, 
nouvellement  recueillis  et  mis  en  lumière.  Genève,  Fr.  Forest,  1587  (ou 
Bàle  1587  ou  1588,  ou  La  Rochelle  1590). 

I.  —  150,  j  —  182,  10  —  198,  4  —  212,  I)  —  228,  j  —  319,  14  — 

372>  24. 
II.  —  494,  28  —  496,  ;. 
III.  —  19,  ir. 


XLIV  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

LA  PERRIÈRE  (Guill-^ume  de).  Les  annales  de  Foix,  joiucli_  à  ycelles  les  cas  et  faieli 
dignes  de  perpétuelle  rccordation ,  aducnus  tant  aulx  pays  de  Beani,  Com- 
niynge,  Bigorre,  Armygnac,  Navarre,  que  les  lieux  circuinuoisyns,  depuis  le 
premier  comte  de  Foix  Bernard  jusques  a  Henr\,  a  présent  comte  de  Foix  et 
roy  de  Navarre,  composées  et  mises  en  champ  de  publication  (ce  qui  par  cv 
devant  na  este  faici)  par  Maistre  Guill.  de  la  Perrière.  Toulouse  1539. 

LA  POPELINIERE.  Les  trois  mondes,  par  (Lancelot  \'oisin)  de  la  Popelinicre.  Paris, 
P.  L'Huillier,  1582. 

LA  PRIMAUDAYE  (Pierre  de).  'Académie  Françoise  :  en  laquelle  est  traitté  de 
l'institution  des  mœurs,  et  de  ce  qui  concerne  le  bien  et  heureusement  vivre 
et  tous  estas  et  conditions,  par  les  Préceptes  de  la  doctrine,  et  les  exemples  de 
la  vie  des  anciens  sages  et  hommes  illustres.  Par  pierre  de  la  Primaudaye, 
Escuycr,  Seigneur  dudict  lieu,  et  de  la  Barrée,  gentilhomme  ordinaire  de  la 
Chambre  du  Roy.  Paris,  1579  (0. 

L  —  198,  4  —  204,  26  —  284,  14  —  315,  )  —  319,  14  —  386  (litre). 
IL  —  46,  2)   —  208,  22  —  409,  I. 

LAS  C.\SAS  (Barthélémy  de).  Histoire  admirable  des  horribles  insolences,  cruautei,  et 
tyrannies  exercées  par  les  Espagnols  es  Indes  occidentales.  Brih'emenl  descrites 
en  langue  castillane  par  Don.  F.  Barthélémy  de  Las  Casas,  moine  et  evesque 
espagnol  :  fidèlement  traduictes  par  Jacques  de  Miggrode.  1 582.  (La  première 
édition  de  cette  traduction  est  de  1579.) 

LA\'.\RDIN  (Jacques).  'Histoire  de  Georges  Castriot  surnomme  Scanderberg,  Roy  d'Al- 
banie, recueillie  par  Jac.  de  Lavardin.  Paris,  Guillaume  Chaudière,  1576. 

I.  —289,   72. 
IL  163,  26    —  500,   10    —    337,  2J    —    5)2,   10. 

III.  —  13,  28  —   129,  9. 

LEBELSKI  (George).  ' Brieve  histoire  de  la  guerre  de  Perse,  faite  l'an  mil  cinq  cens 
septante  huit  et  autres  suyvans,  entre  Amurath,  troisième  de  ce  nom,  empereur 
des  Turcs,  et  Mahumed  Hodabende  roy  de  Perse.  Avec  la  description  des  jeux 
et  magnifiques  spectacles  représente:^  à  Constantinople  en  la  solennité  de  ta 
circoncision  du  fils  d' Amurath,  l'an  mil  cinq  cens  huilante  deus,  es  mois  de 
May  et  de  Juin .  Le  tout  nouvellement  traduit  du  latin  enfrançois,  à  Paris,  i  jS) . 
(Le  premier  de  ces  écrits  avait  été  composé  en  latin  par  Porsius.) 

I.  -  378,  24. 

(i)  Le  titre  reproduit  ici  est  celui  de  l'cdiiion  de  i)8i.  Je  n'ai   p.is  rencontré  l'édition  de  IS77,  i^elle 
que  possédait  sans  doute  Montnigne. 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  XLV 

LE  CAROX  (CharonJas).  Discours  sur  la  tranquillité  tic  l'esprit. 

LEO  AFRICANUS.  "t  Historiale  descripticii  de  l'Afrique...  cscrite  par  Jean  Léon ,  africain, 
premièrement  en  langue  arabesque,  puis  en  toscane,  et  à  présent  mise  eu 
français  (par  Jean  Temporal  et  autres).  Lyon,  J.  Temporal,  1556. 

L  —  145,  10. 
IIL  —  120,  ;. 

LERICHE  (Guillaume  et  Michel).  Journal  de  Guilhiuinc  et  Michel  Leriche,  avocats  dit 
roi  à  Saint-Maixent.  1846. 

LE  ROY  (Louis,  dit  Regius).  De  la  Vicissitude  ou  variété  des  choses  en  l'univers,  et 
concurrence  des  arnws  et  des  lettres  par  les  premières  et  plus  illustres  nations 
du  monde,  depuis  le  temps  où  a  commencé  la  civilité,  de  mémoire  humaine 
jusqu'à  présent.  Paris,  Pierre  L'Huillier,  1377.  (Voir  Aristote,  les 
Politiques.) 

LERY  (Jean  de)  Histoire  d'un  voyage  faict  en  la  terre  du  Brésil  dite  Amérique  contenant 
la  navigation  et  choses  remarquables,  veûes  sur  mer  par  l'aucteur,  le  compor- 
tement de  Villegagnon  en  ce  pays-là,  les  mœurs  et  façons  de  vivre  estranges 
des  sauvages  amcriquains,  avec  un  colloque  de  leur  langage,  ensemble  la  des- 
cription de  plusieurs  animaux,  herbes  et  autres  choses  singulières,  et  du  tout 
inconnus  par  deçà...  La  Rochelle,  imprimé  pour  Ant.  Chuppin,  1578. 

L'ESTOILE.  Mémoires-Journaux  de  Pierre  de  L'Estoilc  (i  574-1610).  Paris,  édition 
Brunet,  1875-1884. 

L'HOSPITAL  (Michel  de).  *  De  Sacrafrancisci  IL  Galliarum  Régis  Imitationc  Regniqiu- 
Ipsius  administrandi  Proi'identia  Mich.  Hosp.  Sermo.  Parisiis,  apud  Fede- 
ricum  Morcllum,  in  vico  Bellonaco  ad  Urbanam  Morum.  M.  D.  LX. 

—  De  mcti  tirbe  capta  et  ab  Hostiuni  Ingenti  obsidione  liberata,  Ampliss.  viri 

M.  H.  Carmen.  Parisiis,  apud  Fedcricum  Morellum,  in  dico  Bellonaco, 
ad  Urbanam  Morum  1560.  Cum  privilegio  Régis. 

—  In  Francisa  lUustriss.  Franciœ  Delphini,  et  Mariœ  Sereniss.  Scotorum  Reginx 

Nuptias,  Ampliss.  Viri  M.  H.  Carmen.  Parisiis,  apud  Federicum  Mo- 
rellum, in  vico  Bellonaco  ad  Urbanam  Morum  1560.  Cum  privilegio 
Régis  CO. 

LIÇ.\RR.\GUE  (Jean-  de).  *}Iesus  Christ  gure  javnaren  Testament n  Perria.  Rochellan, 
P.  Hautin,  1571.  (Traduction  en  basque  du  Nouveau  Testament.) 

L  —413.  -f/"- 


(i)     Je  dois  commu]iication  de  ces  poèmes,  ^luxquels  -Montaigne  a  emprunté   une  des  inscriptions  de 
sa  librairie,  i  l'oblioeance  de  .\I.  Parguex. 


XLVI  TABLE    DKS    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

LIPSE  (Juste-).  '  Jiisli  Lipsi  de  amphilheatro  lihcr.  In  q no  forma  ipsa  loci  cxpressa,  et 
ratio  spectaiidi,  citiii  œiieis  figiiris.  Lus^duni,  Batavorum  (ou  Anlvcrpia;), 
ex  officina  Christophori  Plantini.  CIC.  IC.  LXXXH'. 

III.  —  152,  4  —  155,  7,  II,  14,  16,  24  —  156,  /.  4,  6,  9,  14,  16,  iS. 

—  ' Jiisti  Lipsi  (le   imiphithealris  qiur   extra    Romani    libelliis.    In   qiio  J'oniiœ 

ivrtim  aliquoi  et  typi.  Lugduni,  Batavorum  (ou  .\ntverpiie),  ex  officina 
Christopliori  Plantini.  CIC.  IC.  LXXXIV. 

—  *  7.  Lipii  Saliirnalium  sernioiium  lihri  duo.  qui  de  gladiaioribtis.  Antverpia:, 

ex  officina  Christophori  Phintini.  .\1.  D.  LXXXII. 

I.  —  1 10,  /j». 

II.  —  29,  27  —  170,  16,  20  —  316,  14  —  475,  ;  —  478,  2,y  —  479,  I, 
2,  22,  26.  —  480,  2,  ),  ). 
III.  —  223,  17  —  257,  j;. 

—  '  Justi  Lipsi  de  coiislaiitia  lihri  duo,  qui  alloquium  prœcipue  continent  in  publias 

inalis.  Lugduni,  Batavorum  (ou  Antverpia:),  ex  officina  Christophori 
Plantini.  CIC.  IC.  LXXXIV. 

1.  —  284,  14  —  311,  1}  —  344,  i- 
II. -135,;- 

III.   161,   j;    —    207,    /;-    218,   9    —    260,   30    —    290,    //. 

i—  'Justi  Lipsi  Pûliticornni  sivc  civilis  docirinx  lihri  sex.  Qui  ad  priucipalum 

maxime  speclant.  Lugduni,  Batavorum,  ex  officina  Plantiniana,  apud 
Franciscum  Raphelengiuni.  CIC.  IC.  LXXXIV. 

I.  —  27,  ;,  6,  7,  2_/  -77,9  —  i37>  ^-'  —  i^é,  ;  —  174,  ^  — 
178,  8  —  181,  II  —  191,  77  —  196,  20  —  276,  <S'  —  355,  20  — 
346,  2y  —  362,  77,  28. 

II.  221,    /£>,   20      255,    //      289,   7J      530,   2      420,   6      

426,   7    448,    10. 

III.  189,21     190,)-     192,  /,  (?     285,22     324,2^,2^     

329,   2J    —    330,    /    —     560,  4    —    361,  20. 

—  'Justi  Lipsi  adversus  dialogistam  liber  de  una  religione.  In  quo  tria  capita  lihri 

quarii  Politicorum  expUcautur.  Lugduni,  Batavorum  ex  officina  Plan- 
tiniana, apud  Franciscum  Raphelengium.  CIC.  IC.  XC.  (Ou  peut-être 
les  réimpressions  de  Leyde  1391  et  de  Francfort  i  )9i.) 

I.  —  87,  ./  —  413,  20. 

II.  254,    70. 

III.  —  530,  7;. 

LOISEL  (Antoine).  '}Deux  remonstrances  jaictes  es  villes  d'.-lgeu  el  Perigueux,  à  l'ou- 
verture des  deux  séances  de  la  Cour  de  Justice,  envoyée  eu  Guyenne  pour 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  XLVII 

l.OISEL  (Antoine). 

l'eslahlissemeiit  de  la  pacification.  A  Paris,  chez  Robert  le  Mangnier,  rue 
neufve  Nostre  Dame,  à  l'image  de  S.  Jean-Baptiste.  1584. 

—  *?ût'  rumversitè  de  Parti  :  el  qu'elle  est  plus  ecclésiastique  que  séculière. 

A  Paris,  chez  Abel  L'Angelier,  libraire  juré,  au  premier  pilier  de  la 
grand'  salle  du  Palais.  M.  D.  LXXX\'I.  Avec  privilège  du  Roy  (à  la 
fin  :  extraict  d'un  plaidoyé  faict  en  Parlement  par  M.  A.  L.  le  vendr. 
six  et  treiziesme  juing,  et  niard.  vingt  Juill.  et  douziesme  Aoust 
M.  D.  LXXXVI). 
II.  -  339,  18. 
L'OSTAL  (Pierre  de).  Discours  philosophiques  de  Pierre  de  l'Hostal,  esqucis  csl  Imité  de 
l'essence  de  l'âme  et  de  la  vertu  morale.  Paris,  Borel,  1579. 

LUCAIN  (M.  Annceus).  ' Pharsalia.  (Peut-être  l'édition  d'Anvers  1564,  publiée  par 

Pulmannus.) 

I.  —  23,  12    —    24,  7    —    36,  II    —    48,  ^    —    59,  2)    —    67,  2)    — 

166,  1/  —  222,  2/  —  304,  7ot  —  30e,  jt  —  309,  _;  —  362,  ;  — 

363,  29  —  372,  2c9  —  375,  7  —  418,  /;. 

II.  —  27,22    —    50,27    —    265,2/    —    2(1(1,16    —    372,  2r,  26    — 

373,  22  —  374,  i;  —  405,  14  —  547,  //  —  549,  6,  26  —  550,  79. 

III.  —  19,  18  —  29,  )  —  64,  27  —  109,  2]  —  224,  9,  16  —  238,  14 

266,  4  —  323,  7  —  371,  o'  —  375,  i;  —  426,  fi. 

LUCIEN.  'Opéra  (ou  peut-être  seulement  Dialogi). 

I.  —  118,  77+  —    122,  24    —    249,  4    —    358,  79    —    586  (titre)    — 
408  (titre). 

II.   189,    7()    570,   2). 

LUCRÈCE.  *  Titi  Lucrctii  Cari  de  rcriiin  nalura  lihri  sex.  A.  Dionysio  Lamhino  Moiis- 

troUensi  Utterarum  Grxcnruni  in  urhe  Lutctia  doctore  Regio,  locis  innumera- 

hilibus  et  auctoritatc  quinquc  codicum  manu  scriptornm  emendati  atque  in 

antiquum  ac  nalivum  statum  feré  rcstituti,  &  prxterea  hrevihus,  &  perquam 

utilibus  cominenlariis  ilhisirali.  Parisiis.  Et  Lugduni  habentur.  In  Gulielmi 

Rouillii.  Et  Philippi  G.  Rouillii  Nep.  a:dibus,  via  Jacobœa  sub  Concordia, 

Cum  privilegio  Régis,  Temporum  et  rcrum  rcsurrcctio,  1563. 

I.  —  16,  22   —   65,  22     -    97,  72   —   98,  9   —    103,  77   —    108,  6   — 

109,  S,  20   —    110,  Il    —    114,  7tS',  2;    —    115,  7J-,  77,  18,  20  — 

116,   12    —    116,    16,    20,    21,    24^    —    117,    ;,    7,    II,    iS   — 

118,  j,  7    —     122,  16    —    131,  24    —    136,  j    —    148,  10    — 

233,  20,  24    —    234,  j    —    294,  18    —    307,  26  —    308,  20  — 

312,   14    —    333,   77    —    535,  22    -    336,  27    —    337,  8,  79    — 

338,  14    —    559,  22    —    344,  2;    —    383,  S,  10    —    398,  7;    — 

599,  4  —  418,  14  —  423,  >'• 


XLVni  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEUES    PAR    MONTAIGNE 

LUCRÈCE. 

II.  —  3,2)  —  II,  ij  —  i<),  6  —  27,  26  —  28,  77  —  46,  ;  —  50,  10  — 
54,  2)  —  56,  20  —  151,  (5  —  141,  2)  —  149,  S  —  156,  2S  — 
160,  14,  22  —  164,  70  — •  165,  16  —  166,  7  —  167,  77  — 
168,  7,  70  —  183,  79  —  184,  7  —  188,  4  —  198,  ij  et  t,  20  — 
^99i  i  " —  202,  14  —  208,  72  —  216,  70  —  218,  7j  —  222,  j  — 

224,  26     226,  70  234,  9,  72  247,  IJ     250,  9,  2)     

251,  7,  7;,  iS  —  254,  70  —  255,  j  —  256,  77  —  257,  7;  — 
258,  ),  S,  s,  14  —  282,  27  —  283,  72  —  284,  é,  9  —  286,  4  — 
289,  77  290,  72,  2)    291,  2]   292,  2/  293,  6,    11,   21   

294,  ;,  19  —  295^  10,  ^7, 27  —  501,  9,  14  —  312,  24  —  322, 16 

—  325,  4  —  348,  7  —  349,  J.  9  —  350,  ;,  7  —  353.  7,  12,  2;  — 
355,  -f  —  359,  ^<^',  2)  —  361,  ),  -"S  —  3(^2,  7,  77  —  364,  70  — 

365,    70    368,    72    371,    16    372,  4    3S2,    77    ■ —    419,   26 

—  443,  20  —  464,  77  —  567,  77t. 

III.  2,   27    62,   2;,   26   64,    72    79,    1}    107.   20   I  10,  26  

III,   é    121,    16    145,   S   157,   9    —    1)8,   9,    1}    208,  }   

211,  4    —    254,   2). 

LURBES  (Gabriel  de).   Chronique  Bourdeloik'.  1594. 

LUSIGNAN  (EsïiENXE  de).  **  Descriplion  de  loiiie  l'hle  ck  Cyprc,  et  des  Roys,  Princes 
el  Seigneurs,  tant  Payens  que  Cbrcsticns,  qui  ont  commandé  en  icelle  :  conte- 
nant l'entière  Histoire  de  tout  ce  qui  s'y  est  passé  depiiis  h  Déluge  universel, 
Van  142  et  du  monde  17^8,  jusques  en  Van  de  l'incarnation  et  nativité  de 
Jésus  Christ  mil  cinq  cens  soixante  et  dou^e.  Par  R.  Père  F.  Esticnne  de 
Lusignan  de  la  Royale  maison  de  Cypre,  Lecteur  en  Théologie,  aux  Frères 
Prescheurs,  de  présent  à  Paris  :  composée  premièrement  en  Italien  et  imprimée 
à  Bologne  la  Grasse  el  maintenant  augmentée  et  traduite  en  François. 
A  Paris,  chez  Guillaume  Chaudiùre,  rue  S.  Jacques,  à  l'enseigne  du 
Temps  et  de  l'Homme  sauvage,  15S0.  .\vec  privilège  du  Roy. 

LYCOSTHÈNES.  Apophtegmata. 

MACHIAVEL,  m  Principe. 

I.  —  27,  24  —  164,  24. 

II.   80,    7  2    431,  7. 

III.  16,  24    —    378,  72. 

—  "rDiscorsi  sopra  la  prima  deçà  di  Tito  Livio. 
I.  —  164,  77  —  366,  ;  —  367,  14,  79. 

—  *  L'Arle  de  la  gucrra. 

I.  —  572,  70,  24  —  375,  7. 


ET   DES   AUTEURS   CITES.  XLIX 

MACHIAVEL. 

—  Hislorie  Jîorciiliiie. 

I.  —  27.  IÇ)  —   169,  9. 

.MACROBE.   }}Snliiriinli,i. 

I. -97,  'S. 
II.  —427,  6. 

m.  - 173, 2i- 

M.WILIUS.  'Afrtrci  MaiiiUi  poêla'  Claris.  Aslroiwmkon  ad  Cxsaiciii  Aiigiistiini.  Lug- 
ciuni,  apud  Tornœsium  tvpogniphum  Regium  1566  (ou  1551). 

I.  —  115,  7  —  116,  ;  —  304,  7  —  567,  26. 

II.  —  152,  16  —   157,  ;,  7,  14,  2ot  —  480,  j+  —  567,  20. 
111.-360,^. 

.MARCOWILLE  (ou  MARCOUVILLE  (Jean  de).    Tiallc  aiscigiiaiil  d'où  procède  la 
divcrsilè  des  opinions  de  Vhomiiie.  1563. 

—  Recueil  niéniorahlc  d'aucuns  cas  niervcillcux  advenus  de  no\  ans  et  d'aucunes 

choses  estranges  et  monstrueuses  advenues  es  siècles  passei.  Paris,  J.  Dallicr, 
1563. 

.MARGUERITE  de  VALOIS,  reine  de  Navarre.    ' L'Heplauiéron  des  nouvelles  de  très 
illustre  et  très  excellente  princesse  Marguerite  de  Valois,  royne  de  Navarre. 

I.  -  56,  ;. 
IL  —  4,  2S. 

III.  —  142,  S. 

.MAROT.  'Les  œuvres  de  Clément  Marol.  (D'après  rédition  Jannet,  1868-1872.) 

I-  —  145,  2). 

II.  —  55,  9+  —  454,  /• 
III.  —  120,  21. 

MARTIAL.  •  Epigrammata. 

I-  —  56,  i    —    504,   )"    —    576,  6    —    5S2,  i,  ;    —    383,  7t,  /yt,    — 

384,  2;  —  406,  ;,  r,. 
IL  —  27,  y,  20  —  65,  _/  —  107,  10  —  179,  2j  —  188,  2)  —  343,  i',  1)  — 
382,  i  —   413,  ;  —  421,  26  —  437,  2;  —   453,  9  —   484,  9  — 
487,  10  —  560,  27   —  578,  9  —  602,  //t. 

III.   70,   24     74,    7/      89,    10     104,    i^',    16     123,    72    77     

124,   28   125,    1    129,   27    141,    1    156,    14    189,   27     — 

264,  "  —  378,  2;  —  390,  ;■ 


L  TABLIi    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

MASSARIUS.  " Fidiicisii  Mussarii  Vciicli  tu  tioviini  Pliiiii  De  iniliimli  hisloria  lihniiii 
cnsti^^at'wiies  cl  atmolalioiics.  Qiiisqiiis  de  nalttra  aqualiVnnn  ac  reiiioliorc 
pisciiiin  cogiiitipiic  edoceri  ciipis,  buiic  Massaru  commcntaritim  emc  et  lege. 
Adiniraberis  hhorem  ac  vigcninin  homiiiis  caiididissiiiti,  qui  longe  maximain 
operam  in  hiis  indagandis,  ni  sliid!o>:i jnvdieninr,  insinnpsil.  Froben,  Basilea;, 
anno  1 537. 

MAS\'HRIUS.  * ' Masverii  jnrisconsuUi galli prndiùi foiensii casiigalius qnani  anlehnc  cdiUi 
cl  in  novis  addilionihns  swnnariisqne  aacla  et  locnplelala,  ac  indice  copiosis- 
iinio  iUiisIrala.  Hiiic  adjectus  est  lihellus  De  Exccplionihus  in  ulroque  foro. 
M.  Nepotis  a  Moule  Alhauo,  qucm  Uhrum  fugilivnm  vocaul.  Parisiis,  apud 
Hieronymuni  et  Dionvsiam  de  Marnef,  fratres,  sub  Pelicano  in  Monte 
D.  Hilarii,  1555. 

MAURO.  "Le  nnlicl.'ila  Jelhi  cilla  di  Roma  hnvissinuvncvie  raccolle  da  chinnqne  lia 
scrilto,  ô  aulic(^,  moderno,  per  Liicio  Manro,  che  ha  volnlo  parlicolarnieute 
liilli  questi  luoghi  vedere  :  onde  ha  corrctti  di  molli  errori,  che  ne  gli  altii 
scriltori  di  qnesie  antichilà  si  leggono.  Et  insiemc  anco  di  tuile  le  statue 
antiche,  che  per  lutta  Roma  in  diversi  luoghi,  e  case  parlicolari  si  veggono, 
raccolle  e  descriltc,  per  M.  Ulisse  Aldroandi ;  opéra  non  fallu  piu  mai  da 
scrillor  alcuvo.  In  \'enetia.  apprcsso  Giordano  Ziletti,  ail'  insegna  délia 
Stella,  1558. 

MAXIMIANUS.  VoiiGallns. 

MÉXANDRE.    'i'îEx  comœdiis  Menaudri  quce  supersuul  (acceduul  c  coniicis  gr:rcis  XLI 
dcpcrdilis  scntciili:r).  i  >  5  5 . 
I.  —  290,  17. 
MHXIA  (Pldro  di).  ": Les  diverses  Icccu^  Je  P.  Messie.  (Traduction  Claude  Gruget.) 

1.  —  12,  20  —  35,  i  —  i9,  '^  —  122,  nj,  2;,  24  —  130,77  — 
151,  2S  —  132,  70,  16  —  137  (titre),  14,  16  -  196,  20  — 
235,  Il  —   2S9,  72,  27  —  296,7  —  386  (titre). 

11.  —  lo(titie)  —  166,  2û  —  191,  79  —  324,  26  —  329,  27  —-  430,  24  — 
434,  27,  22  —  4S9,  7;  —  496,  ;. 

.MILLE  T  i>i;  S.   AMOUR.  Voir  Zonaras. 

.MONLUC.  Œuvres  (édition  de  Ruble). 

.MON'STRELHT.  'Chroniques  d'Euguerran  de  Monsirclel,  GeuUrhomme  jadis  demeurant 
à  Cambras,  en  Canibraisis.  Coulenans  les  cruelles  guerres  civilles  entre  les 
maisons  d'Orléans  et  de  Bourgongnc,  l'occupation  de  Paris  et  Normandie  par 
les  Anglais,  l'expulsion  d'iceux,  et  autres  choses  mémorables  advenues  de  son 
temps  en  ce  Royaume,  &  pays  esiranges.  Histoire  de  bel  exemple  cl  de  grand 
fruicl  aux  I-'raiiçois,  commeuceaul  eu  l'an  M.  CCCC.  ofi  finis!  celle  de  Jean 


ET    DES    AUTELIÎS    CITES. 


MONSTRELET. 


Froissai!,  et Jiiiissniil  eu  l'an  M.  CCCC.  LXFIf,  peu  outre  le  commeuccmeiil 
de  celle  de  Mess.  Philipes  de  Connues.  Reî'cue  et  corrigée  sur  Vexemplnirc  de 
la  librairie  du  Rpy,  et  enrichie  d'abbregei  pour  l'introduction  d'icelle,  &  de 
tables  fort  copieuses.  A  Paris,  chez  Guillaume  Chaudière,  rue  Sainct 
Jaques,  à  l'enseigne  du  Temps  et  de  l'Homme  sauvage.  M.  D.  LXXH. 
Avec  privilège  du  Roy. 
I.  -  374,  ;,  iS. 

II.  —495,  22  —   569,  ,'. 

MONTAIGNE  (Michi-i.  de).  •'  Les  Essais  (cdhion  dci-)'S.S). 

Pour  les  Ephéiuirides  annotées  par  Montaigne,  voir  Beuterus. 

—  "Journal    de    voyage     en     manuscrit     (cité    d'après    l'édition    Lautrey, 

Hachette,    1906). 
I.  —  75,  ,V  —  123,  ,-  —  191,  19  —  238  (titre)  —  53S,  /  —  372,  24  — 
378,  /9  —  395,  ;  —  407,  /(),  24  —  408,  1  —  410,  2  —  413,  2; 

—  420,  6. 

II.  —  it,  9   —  41,  '   —   84,  i    —  +105,  24   —    131,  i;    —   200,  7   — 
243,  i<;  —  249,  12  —   374,  22  —  382,  22  —  38),  /<)  —  438,  /; 

—  448,  14.  iS  --  459,  9+  —  494,  26'  —  499,  /.V  —  522.  29    — 
592,  6,  II  —  599,  19  —  600,  21  —  601,  70,  12. 

III.   113,    16      125,     16      140,    2;      148,     12       —       I)0,    20      — 

242,  6,  10,  2S  —  257,  jcV,  26  —  238,  7,  II)  —  272,  20  —  274,  I )  — 

276,  9  —  281, 2^  —  292,  12  —  303,  .y  —  310,  /j  —  315,  is  — 

317,    J     —     566,    16     —     381,   22,   2J,   2<)     —     5S5,   21    —     586,    14    — 

387,  J  ~  592,  20  —  597,  n)  —  400,  2,  ?  —  402,  4  —  +405,  ;  — 
409,  4  —  -jio,  /,  7  —  412,  ;  —  414,  ;,  ;-/,  t/o  —  415,  ;. 

.MONT.\NUS.  **  joannis  Ferrarii  Montani,  de  Republica  bcnc  instituenda,  Par.rnesis,  in 
qua  tant  privati,  quant  qui  aliis  prœsunl,  ojficii  siii  non  sine  pietalis  studio 
prœslandi,  secus  atque  a  philosophis  tradituin  sit,  nwnentiir.  Accessit  reruin  et 
verboriun  meinorabiliinn  copiosissimiis  index.  Basile;v,  per  Joan.  Oporinum. 
1556. 

.VIONTDORÉ  (MONTAURHUS).  Pièces  diverses,  peut-être  en  manuscrit. 

MORUS.    Utopie. 

.MUNSTER.  "La  Cosmographie  universelle,  contenant  la  situation  de  toutes  les  parties  du 
monde,  avec  toutes  leurs  propriété^  et  apartenances  ;  la  description  des  pays  et 
régions  d'icelux ;  la  grande  variété  et  diverse  nature  de  la  terre  ;  le  vray  pour- 
Iraicl  d'aucuns  animaulx  cstrangcs,  avec  le  naturel  d^iceulx;  les  figures  et 


TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 


MUNSTER. 


pomiraicts  des  villes  cl  cile\  les  plus  notables;  les  coiistumcs,  loix  et  religions 
de  toutes  vatioiis,  avec  l'origine,  accroissement  et  transport  des  Royaumes  et 
Seigneuries,  et  les  généalogies  et  faicti  des  Roys,  Duc:^  et  autres  Princes  de 
tonte  la  terre,  continuant  jusques  à  uoslre  temps,  par  Sehast.  Monslere. 
(C'est  l'édition  de  1565.) 

I.  —  264  (titre). 

.MURET  (Marc-.\ntoi\e).  *  Ouvrages  divers. 
1.-225,27. 

.MUZIO.   //  Gcntihuomo. 

—  Duello  del  Mu-^io  ccn  le  riposte  cavalleresche .  1550. 

XICÉPHORE  (Cam-Isii;).  'Histoire  ecclhiaslnjne  (cité  d'après  la  traduction  française 
de  1586). 

I.  ~  261,  ;. 

II.  —  37,  2}  —  91,  6,  7. 
III.  —  76,  20. 

XICÉTAS.  ??Cité  d'après  Juste  Lipse. 
I.  —415-  20. 

XIZOLIUS.  " Marii  }\i-^oHi  Brixelkvsis  in  M.  T.  Ciccroncm  ohservationcs  utilissinur  : 
omnia  illius  verha,  universamque  dictioncm  alphabeti  ordine  compleetentes, 
totiusque  Latinœ  lingnx  usuni  methodo  tant  commoda  demonstrantes,  ut  ex 
sohv  omnium  grammaticorum,  omnium  hoc  in  génère  commentariorum  vice 
esse  possint.  Doctissimorum  denuô  viroruni  opéra  non  parva  vocum  accessione 
locupletala  postremaque  hac  editioiie  innnmeris  propeinodum  ad  mendis 
siimina  cura  judicioque  repurgatœ.  Ejusdeni  Marii  Niiolii  libcUus,  in  quo 
vulgaria  quxdam  verba  et  parum  latina,  ad  purissimam  Ciceronis  consuelu- 
dinem  emendaninr,  ab  iisdem  et  accuratius  limatus  et  locis  non  paucis  locu- 
pletatus.  His  accessit  diversorum  Ciceronis  excmplarium  coUatio,  qtia  ccu 
Tl)csei  jilo  in  singulis  locis,  qui  hic  citantur  invesligandis,  uti  commodissimc 
ac  citra  negolium  licchil.  Lugduni,  apud  lia."redes  Seb.  Gryphii,  1562. 

OCHIXO  (BiîRNAiiDiKo).  ■  *  11  catechismo,  0  vero  institniicne  chrisliana  di  M.  Bernardino 
Ochino  da  Siena,  in  forma  di  Diahgo,  Intcrlocutori.  il  Ministre  et  Illumi- 
nalo.  In  lîasilea,  i  561. 

—  'Disputa  di  M.  Bernardino  Ochino  da  Sieini  inlorno  alla  prescn-^a  del  corpo  di 

Giesii  (Ihristo  ncl  sacranicnio  dclla  ccna.  In  Basilea,  1561. 


ET    DES    AUTEURS   CITES.  LUI 

OPPIEN.  '  Oppiaiii  de  vcimlioiic  lihri  IF.  Joan.  Bodiiio  Andegavensi  interprète.  Ad  D. 
Gahrielc  Boverium  Aiidiiiin  episcoptim.  His  accessit  cotiimenlariîis,  varias, 
et  multiplex,  ejttsdem  iiilerpretis.  Lutcti;e,  apud  Michaelem  \'ascosanum. 
\'ia  Jacobcea  sub  insigni  fontis.  M.  D.  L\'.  Cuni  Privilégie. 

II.  —  18),  22  —  186,  9. 

OSORIO.  ^'  Hieroiiyiiii  Osorii  Lusiiaiii,  Silveiisis  in  Algarhiis  cpiscopi,  de  rébus,  Einina- 
iiiielis  régis  Liisitaiiiae  iiivictissiini  virtiite  et  aiispicio,  aiiiiis  sex  ac  viginti, 
domi  forisque  gestis,  lihri  duodecim  ;  quihus  polissimum  ea  qiix  in  Africa  et 
India  hclla  coiifecit,  explicantiir.  Adjectus  est  renim  ac  verbonim  index. 
Coloniit  .\grippiiiae,  apud  ha^redes  .\rnoidi  Birckmanni.  1574.  (Pour 
la  traduction  française,  voir  Goulard.) 

I.  —  264  (titre)   —   270,  ;,   II)   —   271,  //    —   273,   I)   —   275,  }    — 

310,  9  —  414,  /(?. 
II.  —  470>  2). 

OSSAT  (Cardinal  de).  Lettres  du  Cardinal  d'Ossnt,  édition  d'.\msterdara,  1708. 

OVIDE.  'Opéra. 

I.  —  10,  24   —   66,  4   —   96,  /   —    iio,  4   —    123,  4   —    132,  j    — 

152,  9  —  297»  "  —  540,  ;  —  382,  i^'- 
II.  —46,  //  —  55>  ^  —  58-  '^  —  94,  '9  —  i5<',  '^  —  137,  ;,  2;  — 
186,  1}  —  200,  24  —  202,  6  —  250,  6  —  271,  I),  16,  2^  — 
272,5,//  —  274,//  —  308,2^  —  309,1;  —  322,^  — 
3Î7,  "  —  357,  ;,  //,  /6  —  381,  1)  —  382,  72  —  383,  2;  — 
385,  2;  —  598,  i)  —  405,  2j  —  414,  /;  —  465,  2;  —  490,  4  — 
518,  10  —  567,  14. 
III.  —  18,  iS  —  48,  2<y  —  58,  ;/  —  70,  II  —  72,  27,  24  —  87,  7;  — 
99,  77  —  100,  9  —  109,  18  —  121,  26  —  126,  7  —  131,  '^'  — 
141,  10  —  190,  j  —  198,  77  —  238,  7,  7;  —  245,  2  —  275,  14  — 
280,  j  —  328,  77  —  332,  ;  —  347,  4  —  389,  2,9  —  393,  ^  — 
595,  15  —  405,  10. 

P.\C.\RD.   Théologie  naturelle. 

PACU\'IUS.   ??Cité  d'aprcs  Cicéron  et  Juste  Lipsc. 
I.  —  174,  ;. 

PAN\'INIUS.  "  Oniiphrii  Panvinii,  Veronensis,  fralris  erewila:,  augustiniani,  Roma- 
noruni  principum  et  eorum  quorum  maxima  in  Jtalia  iniperia  fueninl 
libri  IIII ;  cjusdem  de  coniiliis  inipcratoriis  liber  in  qiio  universa  Iniperatorum 
eligendorum  ratio,  ab  Auguste  Crsarc,  usque  ad  Imperatcrem  Carolum  V 
Augustuni  SiVpius  inimutata  explicalur.  Item  iniperii  romani  divisio  in  Occi- 
dentale et  Orientale,  cum  altcrius  excidio,  cjusque  pcr  Carolum  Magnum  et 


LIV  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

PAXVINIUS. 

Oihonem  Aiigusios  rcsliiulio  rcferunlur.  Basilea.-,  per  Henricuni  Petrum, 
anno  1 558. 

—  ' '  Omiphiii  Paiiviiiii,    Veroiiciisis  fratris   cremitx  Augustiiiiani,  Reipuhlica: 

RomaihT  commenlariorum  libri  Ires  ci  aVta  qtixdam  quorum  sérient  scijuciis 
pagella  indicabit.  Venetiis,  ex  officina  Erasrniana,  apud  Vincentium 
\'algrisiuiTi,  i  558. 

PAPYRE  MASSON.  "  Papirii  Massoui  aunaUuin  libri  quatuor,  quibus  rcs  gcsix  Fran- 
corum   cxpUcautnr.    Ad   Hcnricum    lertium    rcgem    Fraiidx  el   Polcuia'. 
Lutcti.T,  apud  Nicolaum  Cliesneau,  via  Jacoba^a,  sub  quercu  viridi, 
1577- 
I.-552,  i^. 

PARACELSE.  Opcra.  (Genève,  1658.) 

PARADIN'  (Guillaume).  ' Coiitiiiuntiou  de  Vhisloirc  de  uosirc  temps.  Lyon,  1556  ou 
Paris,  1375, 

ou  peut-être  même  : 
L'Histoire  de  nostre  temps  (1558  ou  1 56S). 

II. —  51,^. 
III.-  115,2^. 

P.\RE  (A.mbroise).  Œuvres  complètes  d'Ambroise  Paré  revues  et  collatiounces  sur  toutes 
les  éditions,  avec  les  variantes,  par  J.-F.  Malgaignc.  P.iris,  J.-B.  BailICre, 
1840. 

PAUL  É.MILE.  ^•oir  Emilius  Paulus. 

PASQ.UIER  (EsTiEKNi;).  Œz/î'/cv  (^édition  d'Amsterdam,  1723). 

PERSE.  *  Persil  salira: 

I.    180,    )     187,    //     205,    21     21  1,    cV    212,    7    yl2,   S    

518,20      —      321,7,/;      —      338,;        -        385,;      —      417,//,/./      — 

418,  <;. 
II.  —  247,  22  —  389,  2;  —  400,  I  —  401,  9  —  444,  ;  —  452,  ;. 
III.  —  62,  22  —  252,  ./  —  310,  }*. 

PI"rR,\RQ.UE.  *'//  Petrarca,  cou  uuove  et  brevi  dichiarationi,  iusieme  una  tavola  di 
tutti  i  vocaboU,  detli.  et  proi'erhi  difficili  diligenlemente  diehiarali.  In  Lyonc, 
appresso  Gulielnio  Rovillio.  (1550.) 

I.  —  II,  />■  —  305,  12  —  561,  4. 
H.  —  305,  //  —  438,  21. 


KT  DES    AUTEURS    CITES.  LV 

PÉTRONE.  'Salyriav!. 

I.  —  137,  I. 
III.  —  290,  //   • —  390,  4. 

PHILON.  **<l'iA(ov;;  'I:jîaî;u  £t;  Ta  t;D  MÛteio;,  v.scii.o-o'.r^-'.Y.x,  Iz-zpv/.x,  v;;;.oO£Tixà. 

Philoiiis  ]udœi  in  libros  Mosis  de  inundi  opificio,  bisioriros,  (/<■  legibiiî. 
Ejusdcm  libri  siiignlarcs.  Ex  bibliotheca  regia,  Parisiis,  ex  officina 
Adriani  Tuniebi  tyographi  regiis  typis.  M.  D.  LU.  1552. 

PHILOSTR.\TH.   }}  Vie  d'Apollonius  Thyanciis. 
II.  —  ]6o,  2. 

PIBR.\C.  'Les  (]iiatraiiis  du  Seigneur  de  Pibrac  (conlenanl  prèeeples  et  euscigneiueuls  utiles 
pour  la  vie  de  l'homme,  composeià  l'imitation  de  Phoeylides,  d'Epieharmus 
et  autres  anciens  poètes  grecs). 

III.  —  220,  II. 

PICHOTUS.  "De  aniinoruni  natura,  morbis,  viiiis,  noxis,  horumqiie  curatione,  ae  medela, 
ratione  niediea  ac  philosophiea .  Auctore  Petro  Pichoto  Andegavo,  Medico 
Burdigaleiisi.  Burdigahv,  ex  officina  Simonis  Millangii,  Burdigalensium, 
typographi,  via  Jacobea.  1574. 

II.  —  215,  16. 
PL.\NUDE.  Voir  Esope. 

PLATON.   0^?/rt  (traduction  latine  de  Ficin,  cité  dans  l'édition  de  1546). 

Aleibiade.        I.  —   185,  12  —  418,  i6\ 

IL  —  275,  )  —  287,  12  —  351,  14. 

III.   304,    /;. 

Apologie  de  Soerate.       IL  —  220,  2;. 

III.  —  241,  //,  i.j   —    345,  14,  2;   —    344,  ;,  6,  14,  i-j  — 
545,  7,  70,  77. 
Banquet.         I.  —  130,  6  —  243,  //  —  244,  16,  20. 

III-  —  117,  )  —  127,  9  —  146,  ï}  —  322,  7/  —  421,  7/,  7<V 
—  422,  2,  ;,  77. 
Cratyle.       IL  —  304,  j. 
Critias.        1.  —  37,  ,y  —  282,  4. 

IL  --  276,  24. 
Criton.        I.  —  152,  10. 

m.  —  241,  ift,  20. 
Euthydème.        I.  —  206,  iS. 

III.  —  182,  24  —  348,  77. 


LVI  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

PLATON. 

Gt'igias.        I.  —  258,  10  —  341,  <S'  —  392,  7. 

II.  —  248,  14  —  260,  16. 

III.  —  186,  5>  —  267,  19  —  352,  21  —  370,  icj  —  377,  24. 
Hippias.        I.  —  185,  27  —  i8é,  4  —  202,  21. 
Ion.        I.  —  303,  iS. 
II.  —  21,  79. 
III.  —  270,5. 
Lâchés.        I.  —  52,  7;  —  53,  i- 
II.  —497,  i- 
III. —  103,  j. 
Lettres.     III.  —  217,  9  —  330,  27. 
De  Legihiis.        I.  —  79,  7;  —  148,  79  —  151,7  —  214,  77  —  215,  77  — 
224,  /  —  259,  24  —  269,  8  —  296,  16  —  347,  7,  79 
—  371,  9  —  409,  2)  —  414,  14  —  -119,  '<■ 

II.  —   17,    77t,  +7é     —     18,  tj,+^     _      28,    7     —      76,77     — 

88,    7    149,  27   185,   22    —    221,   22    297,    7    

305,  24    —   404,  S   —    417,    77   —  497,  8  —    5)3,  t22. 
III.    —  44,    72    71,   7    74,    16   117,    72    129,    16    

174,  i  —  246,  )0  —  271,  ;  —  279,  18  —  402,  9  — 
418,  16  —  423,  22,  24  —  424,  7  —  428,  ;. 
Mcnon.        I.  —  178,  22. 

II.  —  300,  9. 

III.  —  367,  7  —  374,  ;. 
Panneiiide.       II.  —  261,  72. 

Phcâou.         I.  —  20,  22  —  69,  70  —  loi,  7,  2. 

II.  —  2é,  7  —  125,  70  —  291,  7  —  348,  4  —  417,  77  — 

465,  ij. 
III.  —  398,  29  —  423,  27. 
Phèdre.       II.  —  91,7  —  319,  i). 

III.  —  50,  7  —  73,  22  —  241,  18  —  270,  i. 

Politique.  II.   159,    70    224,    72    325,   9    417,    77". 

Prolagpras.        I.  —  179,  4. 

III.  —  142,  2  —  182,  24  —  416,  I}. 

République.         I.  —  49,  2<S'  —  137,  is  —  182,  C>,  22  —  193,  j  —  211,  j  — 
260,  7 
II.  —  76,  2  —  150,  <S',  I ;  —  240,  22  —  241,  2  —  248,  7./  — 
274,  7<;  —  281,  2  —  292,  14  —  337,  4  —  399,  I]  — 
421,  4  —  455,  10  —  467,  2  —  590,  7. 

III.  —  95,  ;,  79  —  143,  9  —  144,;  —   151,  14  —  180,  77  — 

188,  26     223,   I     —     266,   77,   18    352,   22     

380,  7   —    393,  9    —    423,  27    —    427,   7;. 


ET    DES    AUTEURS    CITES. 


PLATON. 


Théagvs. 
Théélèle. 


Tiiiu'c 


Divers. 


I.  —  192,   72. 

1-  —  175.  i- 

II.  236,7     261,2     277,;,/-/     348,   .,(,   3J     

367,  10,  rr,  +r/. 

m. -5i-I.^/-- 
I.  —  M,  14  —  47.  7  —  265,  ;  —  36S,  4. 
II.  —  21,  /  —  154,  /y  —  159,  j6  —  200,  II  —  201,  (S'  — 
221,2^  —  232,22  —  233,;  —  258,  ;<Ç—  273,  26  — 
275,  26   —    300,  I)    —    519,  ij    —    326,  j,  ^14   — 


41e,  I )   ■ —  588,  /. 


II.  —  II,/  —   300,  I. 
ill.  —  103,  j  —  115,  1/ 


74,  l'i  —  411,  -/  —  42 


PL.\UTE.  *  Ccmœdiac. 

I-  —  535,  20  —  405,  9. 

III.  —  84, 1}  —  192,  <y  —  223,  ij. 

PLINE  (l'Ancien).  *  C.  PVtnii  Scciiiidi,  hisloricv  ualuraVn  libri  Irigiiiln  sepleiii. 

I.  —  10,  I)    —    12,  20,  21,  21    —    15,  2    —   41,  ;<Y   —    102,  ij    — 
105, 5? t,  jo,  12,  i/,  //  —   III,  /   —  122,  i^),  2)  —  132,  6,  S  — 

137,  12   —  234,  2}   —    235,    II   —    289,   2y    —   290,    I    —   296,   24    — 
351,   22    —    371,   9. 

II.  —  25,  (?  —  30,  r^  —  40,  7  —   159,  II)  —    160,  jt   —    162,  4  — 
163,  26  —  171,  24^  —  176,  /  —  180,  2  —  181,  2,  9  —  200,  I  — 

250,    79    259,   6,    12,    72,    7/,   20,   22    263,    7,   2<S'   278,    II    

504,;  —  361, /+,  9  —  373>  7  —  375^14  —  380.9  — 
434.  27  —  474,  17  —  475,  ;  —  485,  26  —  491,  26  —  568,  7  — 
582,  ij  —  587,  9,  77  —  388,  2;  —  590,  2y  —  591,  <?  —  592,  6  — 
593,  S,  n  —  611,  77. 
III.  —  74,  18  —  119,  ;  —  120,  22  —  149,  72  —  218,  2j  —  241,  6  — 
274,  22. 

PLINE  (le  Jeune).   '  Qui  Plinii  Sccmidi  episicliiniiu  libri  X  (iwec  le  comment.iire  de 
Castancs.  Peut-être  l'édition  de  1552  ou  celle  de  1533). 
1.  —  518,  7;  —  323,  7,  ;. 
II.  —  436,  A'  —  557,  2;  —   559,  2,  —  560,  9. 

PLOTIN.  " Ploiiin  Diviiii  illiiis  è  Platonica  fninilia  philoiophi  de  rchiis  Phihiophicis 
libri  LIIII,  in  Eiincades  scx  distributi,  a  Marsilio  Ficino  Florentiuo  c  grxca 
Uiigiia  in  laiinam  versi  et  ah  codent  doclissimis  commentariis  ilhistrali, 
omnibus  mm  grœco  exemplari  collatis  cl  diVigenter  cas'.igaiis.  Basile»;,  per 
Thom.im  Guerinuni,  anno  1559. 


LVIII  TABLE    DUS    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

PLUTARQUE.     '"  ir/.:J-a;'/.:j     \x:^by/iii):    -a,îi/,/.r,/,a    âv    |i{:iç     'E/./,r,vcôv-ri,    y.x: 
'Pii);j.3iti)v. 

Plnlairhi  Chxrouci  qiur  vocaiiliir  Parallela  :  hoc  esl  l'ila:  illustriuin  vironiii: 
Gnrci  nominis  tic  Latiiii,  proiit  qiiaquc  altcri  convcnhc  videhaiur,  acciinilins 
quam  antchac  unqiiam  digcsiœ  et  castigalx.  Froben,  Basileœ,  1560. 

—  'La  J'its  des  hommes  ilhislres.  Paris,  \'ascosan,  1563,  ou  l'une  des  édiiions 

suivantes  : 
Préface  d'Anixol.        I.  —  177,  21. 

H.  —  115,  14  —  575,  14. 
III.  —  19a,  iC>  — ■  421  (texte  15S8). 
Theseiis  cl  Romulus.       II.  —  285,  7tV. 

II.   —    26S,    14    —    301,   2j. 

m.  —  7,  2  —  146,  /;. 
Lxcurgus  et  Niiiiia  PompUius.        I.  —  70,  /j,  18  —  iio,  /;  —  151,  2)  —  184,  2. 
II.  —  165,  9  • —    338,  9  —   582,  4  —  478,  14  — 

488,  14  —  528,  12  —  )29,4. 
111.  —  197,  17  —  359,  22. 
II.  —  243,  6  —  404,  26  —  516,  2. 
Soloii  et  Pnhlicold.     III.  —  219,  iS. 
II.  —  19,  22. 
Pciiclès  et  Maximiis.        I.  —  24,  16 —  157,  -/  —  324,  1}  —  323,  y,  24  — 
391,  é. 
II.  —  611,  2^. 
III.  —  26,  18  —  57,  20. 
Alcihiade  et  Coriohni.        I.  — •  217,  j. 

II.  —  409,  2  —  568,  //. 
III.  —  63,  2;  —  369,  9. 
II.  —  574,  )-. 
Paul  Emile  et  Timolcon.        I.  —  96,  77  —   107,  27  —  233,  ;  —  331,  21  — 
594,  S. 
III.  —  208,  6. 
I.  —  290,  79  —    308,  2/. 
Pclopidiis  et  Miircelhis.       II.  —  3,  ;  —  4S9,  j. 
I.  -  174,  6. 
Arislides  et  Maictis  Calo.        1.  —  396,  77,  ij,  16. 

II.  —  139,  72,  2),  26  —  501,  9  —  587,  16. 
III.  —  173,  ^.. 
Pbilopwmeii  et  Flaiiiiiiius.        1.  —  157,  9  —  352,  ^i- 

II.  —  421,  6  —  496,  18  —  302,  ^. 
IH.  —  585,  29. 
1.  —  264,  ;  —  384,  79. 
II.  —  501,  14  —  528,  8. 
111.  —  109,  14  —  408,  29. 


ET    DES    AUTKURS    CITES.  LIX 

PLUTARQ.UE. 

Pyiriis  et  Giius  Marins.        I.  —  264,  /  —  505,  i  —  344,  ij  —  564,  2S. 
II.  —  528,  p,  21. 
m.  —  409,  2. 
I.  —  156,  16  —  531,  7. 
II.  —  I,  ;  —  121,  2S  —  455,  ij. 
III.  —  18,  9  —  29S,  2;. 
Lysandcr  et  SxUa.        I.  —  27,  24  —  156,  27. 

II.  —  456,  /(),  2iS'    —  4S8,  9. 

I.  —  163,  iS  —  551,  12. 
II.  —  172,  16  —   534,  7. 
111.-270,7. 
CillWll  L-t  LlhllIhlS.        II.  — 96,  /;    —    531,  /(;. 
III.  —  100,  /. 
Xicias  et  Marciis  Crnssiis.        I.  —  17,  /,'  —  378,  <?. 

II.  -  575,  I. 
II.  —  189,  22. 
Sciioriiis  et  Ftimeiws.        I.  —  365,  9. 

II.  —  189,  2;   —  404,  2(î. 
I.  —  28,  ji. 
H.  —  189,  22. 
III.  —  12,  14. 
Jgi-silaiis  et  Pompàus.        I.  —  305,  /;  —  362,  cV,  /,)  —  565,  6—  570,  />-. 
II.  —  382,  /;  —  457,  /,)  _   553,  27. 
III.  —  18,  6  —   100,  7,  ;   —  450,  16. 
I.  —  17,  7<S'  —   156,  24  —  18),  2;  —  251,  16  — 
?5  5,  7- 

m.  —  26, 14. 

Alcxamlrc  et  JiiUus  Cœsar.  I.  —  1 56,  26  —  167,  2  —  216,  20  —  357,  22  — 
349.  '}  —  56)1  2  —  390,  2  —  405,  I  — 
t388,  22. 

II-  —  235,  ;  —  4)9.  i)  —  309, 1  —  568,  7  — 

369,    7^     570,    70,    77,    77,    72,    72,    7,%   20. 

III.   9,   2;    272,    7   ■ 304,    II. 

I.  —  76,  2^  —  305,  I)  —  562,  (9,  70  —  370,  77. 
II-  —  45.  4  —  374,  22  —  409,  2  —  49e,  7;  — 

557.  2  —   540,  16  —  548,  20  —  535,  ;. 
III.  —  18,  7    —    94,  ;-    —    100,  7    —    169,  9    — 

587.  24. 
Phocioii  et  Caloii  iVUliqnc.     III.  —  209,  27. 

I-  —  220,  24  —  3)0,  6,  ij  —  3S2,  II  —  420,  ?. 
H.  —  378,  77  —  457,  70  —  539,  9. 
III.  —  100,  7. 


LX  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

PLUTARQUE. 

Jgis  et  Clcomniei.        I.  —  365,  4. 
III.  —  408,  20. 
l.-3i,j. 

II.   29,    7(7. 

Tibaiiis  et  Gains  Gnicci.        I.  —  246,  11  —  597,  j. 

1I.-Î590-. 
Dt'iiiosl belles  et  Cieero.         I.  —  324,  2/. 

Hl.  —  21,  j  —   I  II,  2<;. 

I.  —  103,  2;  —  171,  /;. 
m.  —  270,  7. 
Deiiielfliis  et  Aiilcuius.       II.  —  99,  Je?. 
111.-113,2^. 
IL-  482,^. 

III.  —  64,   16    100,   /    —    149,   72    256,  7. 

Artaxerses.       II.  —  13,  16. 
Dion  et  Marais  Bniliis.     III.  —  48,  /. 

I.  —  62,  ^  ■ —  365,  70  —  390,  14. 

n. -54).  ;• 

III.  —  262,  24  —  330,  20  —  420,  2. 
Galba.     111.  —  131,  /. 
Olboii.        I.  —  549,  iS  —  364,  )-. 

—  *  Les  Œuvres  morales  et  iiieslées  de  Plnlanjiic,  Iraiislalécs  du  Grée  en  François 

par  Messire  Jacques  Amyol,  à  pirsenl  Ei'esijiie  d'Aiixcrre,  conseiller  du  Roy 
eu  son  privé  Conseil  et  grand  Auinosnier  de  France,  revene  et  corrigée  en 
infinis  passages,...  à  l'aide  de  plusieurs  exemplaires  vieux,  escripts  à  la  main, 
et  aussi  du  jugement  de  quelques  personnages  excellens  en  sçavoir.  A  Paris, 
lie  riniprimeiie  de  Michel  de  \'ascosan,  M.  D.  LXXII.  Avec  Privilcge 
du  Rov. 

Episirc  au  roy. 

1-  —  539,  24. 

Comment  il  fiiiill  nourrir  les  enfans. 

II.  —  520,  16. 

Comment  il  faull  ouïr. 

I.  —  177,  ;/  —  196,  20. 

"•  —  335.  '7  —  5)8,  21  —  490,  6  —  519,  16  —  572,  ij. 
ni.  —  184,  27  —  193,  7  —  205,  2;  —  263,  ;;,  14  —  391,  22. 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  LXI 

PLUTARQ.UE. 

De  la  Vertu  morale. 

I.  —  41,  14. 

II.  —  60,  )  —  120,  /  —  317,  ly. 
111.-567,7. 

Du  vice  cl  de  la  vertu. 
I.  —  82,2. 

Que  la  vertu  se  peult  enseigner. 
III.  —  174,  j  —  41e,  ;. 

Comment  ou  pourra  distinguer  le  Jlatteiir  d'avec  l'amy. 

I.  —  153,  /  —  525,  j;. 

II.  —  3,  I)   —  170,  4  —  304,  22  —  409,  I. 

III.  —  4,  ;  —  11,2  —  113,2^  —  118,  jj  —  171, 2^,  2<s'  —  175,  <y, 

14,  U)  —  189,  ;  —  205,  2;  —   258,  8  —   273,  51  —   283,  24  — 
304,  )■ 

Comment  il  fault  refréner  la  colère. 
I.  —  24,  22  —  25,  20. 
II-  —  359,  ;  —  517,  4>  27,  27. 
III.  —  44,  26  —  210,  14  —  38e,  ly  —  394,  2. 

De  la  Curiosité. 
I.  —  74,  26  —  2S4,  14. 
11.-42,4. 

III.  7,     iS   —    76,  2/    —    121,  2/    137,  20. 

De  la  Tranquillité  de  l'àmc. 

I.  —  290,  17  —  313,  j. 
IL  —  152,  9. 

III.  —  23,  12  —  75,  /,  7  —  108,  21  —  171,  26  —  173,  }o  —  189,  /  — 

206,  2J    210  (texte  1588)    391,   27. 

De  la  mauvaise  honte. 

I.  —  203,  77. 

III.  —  82,  29  —   102,  2j  ■ —  179,  9  —  300.  )   —  520,  iV. 

De  l 'amitié  fraternelle. 

I.  —  240,  22  —  252,  6. 
III.  -68,  7  -  375,  ;. 


LXn  TABLH    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGXE 

PLUTARQUE. 

Du  trop  parler. 
II.  —  34,  29  —  430,  24  —  568,  14. 
III.  —  137,  20  —  287,  19  —  591,  )-. 

De  l'avarice. 

II.  —75,  20. 

De  l'amour  &  charité  ualurellc  des pcrcs  envers  les  eufniis. 

II.  —  71,  >   —  90>  9- 
III.  —  339,  ;;. 

De  la  pluralité  d'amis. 

11.  -  3,  ')■ 

III.  —43,  24  —  367,  7. 

De  l'envie  et  de  la  haine. 

I.  —  216,  7. 

III.  —  346,  S  —   359,  71?  —  361,  6. 

Comment  on  pourra  recevoir  utilité  de  ses  ennemis. 

II.  —  121,  26. 

m.  —  105,  2  —  184,  2/  —  239,  9. 

Comment  on  pourra  s'apercevoir  si  l'on  amende  et  profite  en  l 'exercice  de  la  vertu. 

1.  —  176,  2,  iS  —   197,  26. 
II.  —  218,  22  —  223,  20. 
III.  —  299,  12  —  304,  24  —  381,  I. 

De  la  superstition. 

II.  —  254,  4,  II. 
III.  — 68,  ^. 

Du  bannissement  ou  de  l'exil. 

I.  —  204,  I. 
II.  —  307,  9. 

m.  —  241,  f>  —  247, 12  —  285,  4  —  585,  s. 

Qu'il  faut  qu'un  philosophe  converse  avec  les  princes. 
m, —  79,  ;/. 

Que  le  vice  est  suffisant  pour  rendre  l'homme  malheureux. 

I.—   143,    7/1. 

III.  -   287,   27. 


ET    DES   AUTEURS    CITES.  LXIII 

PLUTARdUE. 

Cotmueiil  ou  se  petill  louer  sov  mcsme. 

I.  —  5,  /-/  —  163,  iS. 

II.  —46,  21. 

Les  Prëeepies  de  mariage. 

I-  —  35,  ;  —   127,  J>  —  260,  14  —   566,  ). 
II-.- 415,;- 

Banquet  des  sept  sages. 
I.  —  107,  10  —  290,  ly  —  344,  10. 
II.  —  585,  2(>. 
\\\.  —  26,  7  —  412,  ij  —  426,  14. 

luslnicl'wu  pour  eeuh  qui  mauicni  affaires  d 'Estai. 

I.  —  6,  17  —  220,  /^  —  260,  21  —  352,  7,  10  —  541,  2,  I). 

II.  —  319,  16  —  521,  27. 

III.  —  26,  10  —  520,  7  —  368,  29  —  402,  I]. 

Si  l'homme  d'aage  se  doit  niesler  d'affaires  publiques. 

I.  —  332,  7  —  339,  11. 

II.  —  8,  2,?. 

Les  dicts  notables  des  aueiens  Roys,  Priuees  et  grands  Capitaines. 

I.  —  74,  /  —  79,  jS  —  98,  20  —  164,  2S  —  168,  27  —  325,  /;-,  19  — 

327,  I)  —   537,  22,  26. 

II.  —  96,  24  —  97,  6  —   98,  i)    —   135,  ;  —  550,  'i   —  575,  10  — 

520,  2 j  —  551,7  —  568,  ly,  20. 

III.  —  II,  6,  20   —  34,  7  —  77,  2;  —  105,  7  —  109,  14   —  152,  I   — 

169,  <J   190,  16   218,  27  —  294,  2j    —  368,  iS. 

Les  diels  notables  des  Laccdenwnicns. 

I.  —  88,1/    —    96,  /^    —    151,2;    —    184,2     -     185,  (),  20,  2j    — 

205,  21  —  21S,  1)  —  220,  12  —  296,  6  —  531,9  —  352,  10  — 

+  361,  16  —  363,  24  —  391,  I. 

II-  —  23,  7,  ^^  I)  —  24,  2  —  162,  ;  —  254,  /;  —  26e,  ;  —  313,  2;  — 

402,    ly     502,    I    518,   2),    2<V    520,   2J    568,    II. 

III.  18,    //    156,   22    294,   12. 

Les  vertueux  faiets  des  femmes. 
I.  —  146,  7  —  279,  S. 

II.  —  29,  6. 

Consolation  envoyée  !i  Apollonius  sur  h  mort  de  son  fils. 

II.  -  532,  ^2. 

III.  —  64,  14  —  223,  II  —  249,  79  —  324,  8. 


LXIV  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

PLUTARQUE. 

Pmirijiwv  la  justice  iliviite  diffère  quelquefois  In  punition  des  maléfices. 

I.  —  192,  21,  22. 

II.  45,  <?,    l)    46,   (5  252,    77  290,    !■/   367,   20  490,    I)    

520,    16    582,    //. 

III.    —    569,   2. 

Q_ut  les  hesles  brutes  usent  de  la  raison. 
I-  —  353>  ^■ 

II.    —    171,    12    184,   ;2    207,  22    606,   2). 

Que  l'on  ne  sçauroit  vivre  joyeusemeut  selon  Epicurus. 

II.  —  +210,  24  —  259,  17  —  574,  ;. 
111.-35,^7- 

Les  Règles  et  préceptes  de  santé. 
II.  —  540,  iS. 
III.  -  372,  27. 

De  la  fortune  ou  vertu  d'Alexandre. 

I.  —  H,  24  —  ti5»7,  J  —  211,2^  —  212,2. 
II.  —  569,  14. 

D'Isis  et  d'Osiris. 

II.  —  138,  j,  jj,  16,  16  —  247,  ]. 
Des  Oracles  qui  ont  cesse. 

I.   208,    70. 

H.  —  237,  j}. 

III. -32,;. 

Que  signifie  ce  mot  d. 

II.  —  566,  29. 
111.-278,^  —  374,  i'. 

Les  Propos  de  table. 

1.  —  189,  2  —  213,  9,  79  —  214,  S  —    325,  ij  —  400,  S  —  405,  I. 

II.  —  13,  16  —    i.i,  7    —   43,  20   —   76,  ;   —    136,  9   —    233,  16  — 

238,  10. 

III.  91,   2)     137,  20    —     172,   2. 

Les  opinions  des  philosophes. 
I.  —  401,  72. 

II.  —258,  77  —   282,  26  —  303,  2. 

III.  —  81,  77. 


ET   DES   AUTEURS   CITES.  tXV 

PLUTARaUE. 

Les  demandes  des  choses  roiimiiies. 
I.  —  385,  16. 

II.   139,    70. 

III.  —  107,  7  —  119,  14  —  309,  6. 

Les  Vies  des  Dix  oraleiirs. 
III.  -  251,  26. 

De  irais  sortes  de  Gciiveriicineiit. 
III.  —282,  12. 

Oncis  aniiiiaitx  sont  les  plus  advise^. 

I-  —  197.  ;t. 

II.  —  150,  12   —  +162,  !<■)    —  i66,  I)    —  169,  77  —  172,  o,  26   — 

173,  7,  70  174,  22    175,  6,    16,    IJ,  21    ^—    l-jG,    9,  16,   )I    

177,  70,  20   179,  22   180,  2,  70  181,  I4,   20   182,  72  

184,  14    185,  24    186,  77  187,  7  190,  76'  194,  ), 

ih  24  —  195,  4,  ih  2)   —  196,  7.  i6- 
Si  les  Atitènicns  oui  iiè  plus  cxccUens  eu  anues  qu  'en  leilrcs. 
I.  —  221,  77. 
III.  —  152,  4. 

Les  causes  naturelles. 
III. -145,  //. 

Les  qucslious  plillouiqiies. 
III.  —  3S2,  iS. 
Les  contredicts  des  PInlosophes  Stoiques. 

II.  —   10,  ^^    —    150,   7    —    255,   I    —    341,  22    —    349,  Ç)    —    379     7. 
III.   —  247,    72. 

Des  connuiiues  conceptions  contre  les  Stoïques. 

II.  —  160,  j  —  203,  6  —  207,  iS  —  208,  22  —  218,  16  —  272,  !4  — 

567,  '7- 
III.  —  244,  16  —  305,  ij  —  364,  79  —   398,  2J. 

Contre  r Epicurien  Colotes. 
II.  —  206,  27. 

De  l'Amour. 

I.  —  70,  ij  —  415,  j. 

.  i-ii.  —  88, 7;  —  105, 7<y,  7(?  —  142,  ;-. 


LXVI  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAU    MONTAIGNE 

PLUTARaUE. 

De  la  face  qui  apparoist  au  rond  de  la  lune. 
II.  —  1)8,  14  —  248,  14  —  250,  ;  —  251,  ^  —  259,  22  —  300,  I  — 

Pourquoy  la  prophcthse  P\thie  ne  rend  plus  les  crades  en  vers. 
111.-365,^. 

De  l'Esprit  familier  d:  Sacrales. 
II.  —41  (titre)    —    43,  7    —    121.  27,  2^    —    572,  i;    —    573,  ,9   — 

574,  9,  '2. 
I!I.  —  17,  12  —  194,  2<J. 

De  la  malignité  d'Hérodote. 

I.  —  302,  77. 
II.  —  300,  i^. 

ANGE  POLITIEN.  "  Angcli  Poliliani  openim  tomns  primus,  epislolariim  libres  XJI  ac 
Miscellaneorum  centuriam  I  compleclens.  Indicem  rerum  memorahiliiim  calci 
operis  adjecimus.  Apud  Seh.  Gr}-phium,  Lugduni,  1550. 

—  *  'Jngeli  Politiani  iomiis  sccundus,  coniinens  ea  qum  Grseco  in  Latinum  convertit, 

Quorum  catalogum  sequenti pagcUa  reperies.  Apud  Seb.  Gryphium,  1545. 

—  ■  *  Opertim  Angeli  Politiani  tertius  tennis,  ejusdcm  Prœlectioues,  orationes  et 

epigrammata  complectens.  Lugduni.  Seb.  Gn'phius,  1546. 

II.  —  487,  24  —  566,  4  —  569,  i;. 
POLYBE.   r: Historiarum  libri. 
I.  —  27,  6. 

PONTUS  DE  THYARD.  ':Deu.\  discours  de  la  nature  du  Monde  et  de  ses  parties: 
asçavoir,  le  premier  Curieux  traillant  des  choses  matérielles  :  &  le  second 
Curieux  des  intellectuelles.  Par  Poutus  de  T\ard,  .'ieigneur  de  Bissy.  .\  Paris, 
par  Mamert  Pâtisson,  Imprimeur  du  Rov,  au  logis  de  Rob.  Estienne. 
M.  D.  LXXVIII.  Avec  Privilège  du  Roy. 

Ou  peut-être  même  : 

—  Les  discours  philosophiques  de  Ponlus  de  Tyard,  Seigneur  de  Bissy  et  depuis 

evesque  de  Chalon.  A  Paris,  chez  Abel  Langelier,  1587,  avec  privilège 
du  Roy. 

II.  —  266,  /<y. 

PORCIUS  LATRO  ??.  Citù  d'aprcs  Juste  Lipse. 
I.  —  52-  '4- 


F.T    DES    AUTEURS    CITES.  LXVII 

PORSIUS  (Hexri).  *  Brievc  histoire  de  hi  guêtre  de  Pêne,  faile  l 'du  mil  cinq  cens  seplaiile 
huit  et  autres  suvvaiis,  entre  Amiirath,  troisième  de  ce  nom,  empereur  des 
Turcs,  et  Mahumed  Hodahende,  Rov  de  Perse. 

I.   -   378,   2V. 

POSl'EL  (Guillaume).  *  Des  histoires  orientales  et  principalement  des  Turkes  ou  Tur- 
chikes  et  Schitiqiies  ou  Tartaresqucs  et  attitrés  qui  en  sont  descendues.  Œuvre 
pour  la  tierce  fois  augmenté  et  divisé  en  trois  parties,  arec  l'indice  des  choses 
les  pltts  mémorables  v  contenues.  Par  Guillaume  Pastel,  cosmopolite,  deux 
fois  de  la  retourne  et  vcritableineitt  injormé.  Paris,  de  l'imprimerie  de 
Hiérosme  de  Marnef,  et  Guillaume  Cavellat,  au  mont  St-Hilaire,  1575 
(ou  peut-être  édition  de  1560). 

I.  —  72,  12  —  260,  i   —  293,  16  —  340,  2)  —   392,  ;. 

II.   269,   6    571,    7(). 

III.  —  51,  20  —   120,  <;  —  550,  10. 

PRESSAC.  "i Epistres  de  L.  Aniicee  Seiieqtte,  philosophe  très  excellent,  traduictes  en  fran- 
çois.  Avec  le  Cleandre  ou  de  l'Honneur  et  de  la  Vaillance,  seconde  édition. 
A  Paris,  chez  Guillaume  Chaudière,  M.  D.  LXXWI  (ou  première 
édition  de  15S2). 

II.  —  84,  j  —  459,  y  —  496,  ;. 
III.  —  171,  28. 

PRI.\PE.A.  '  Diversortim  poetarum  in  Priapum  Itisus. 

III.  —  99,  77  —  151,  //,  16. 

PROPERCE.  'Elegiarunt  UhrilV. 

I.  ■ —  88,  ;  —  106,  2j  —  202,  12  —  206,  2)  —  261,  14  —  269,  ;  — 

320,  //. 
II.  —  103,  7  —  199,  14  —   383,  24  —   384,  9  —  427,  7  —  428,  7  — 

507,  12  —  566,  /(). 
III.  —  19,  2)  —  68,  II  —  loi,  14  —  262,  ;  —   541,  j/)  —  571,  /;. 

PRUDENCE.   }': Opéra. 

II.  —  20,  12  —  478,  28  —  479,  2,  22. 

QUINTILIEX.  '  Institntianitm  oratoriariim  lihri  XII. 

I.  —  10,  !)-  —  137,  /  —  215,  (?  —   222,  I  —   223,  ;;   —   224,  2/  — 

5!),  2i  —  346,  27  —  391,  ly  —   392,  r,  ;  —  4(;o,  m. 
II.  —  146,  7  —  +161,  7  —  ti6i,  I)   —   398,  6. 

III.  —  35,  20   —  66,  l'j   —  III,  20  —  227,  26   —  285,  Hj   —  3  |i,  )   — 
352,  12  —   563,  II   —  391,  lij. 


LXVIII  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

RABELAIS.  '^  Les  Œuvres  de  Maistre  François  Rabelais. 

I.  III,    /    —    171,    //—    267,    77  +283,  2_)-  293,   21   338,   2  

359,  ')   —  547,  O'  —  562,  //   —  386  (litre). 
II.  —  16,  14  —  109,  4  —  148,  9  —  +181,  20  —    27e,  jo  —  503,  22  — 
308,  ;<S'  —  542,  I  —  546,  2i  —  303,  ij. 

111.   4,   2rî     7,   2      29,    10     52,    12     91,    16     109,   21     

112,   22    —    297,    13    —    315,  ;    —    563,   2c?. 

RABUTIN.  ':Cotiiiiieiitaires  des  dernières  guerres  en  la  Gaule  Belgiijue... 


RA.MUS.  *?P.  Ranii  regii  eloqiieiiiix  el  philosophia'  projessoris,  liber  de  morihus  velentm 
Gallorutu,  ad  Carohim  Lothniugnm  cardinalcm.  (Paris,  1359,  ou  Paris, 
1362;  Bâle,  1572.) 
1-  —  574,  21  —  3S1,  16. 

—  Imtilulionum  dialeelicarnni  libri  Ires.  (D'aprùs  l'édition  de  1553.) 
1.-289,27. 

—  Oratio  de  projessicne  sua. 
11.  —  275,  21. 

—  SehoLr  physicx.  (Edition  de  1569.) 
II. —  279,  é,  22. 

—  Liber  de  viililia  C.  Jul.  Cxsaris. 
II.  —  543  (titre). 

RAMUSIO.  Le  navigationi  e  l'iaggi  raecolli  già  da  Gio.  Bal.  Raniusio. 

R.WISIUS  TEXTOR.  '  Joannis  Ravisii  Te.xloris  Nivenieusis  officiua,  nune  deinuni  post 
lot  cdiliones  diligenter  emendala,  ancta  &  in  longe  commodiorem  ordinem 
rcdacla  per  Conradum  Lycosihenem  Rubeaqiienseni.  Ciii  hae  editione  acces- 
serunl  Ejusdan  Ravisii  Cornueopix  lihelliis,  quo  contiuenlur  loca  diversis 
rébus  per  orbcm  ahundanlia.  Item  ejusdem  auloris  non  vulgaris  eruditionis 
epislolœ,  mine  recens  aecnralius  castigalœ  cl  propris  initumeris  omnium 
copiosissimi.  (Cité  d'aprùs  l'édition  de  1552.) 
I.  —  12,  20  —  105,  2,  ),  4,  ),  9,  12  —  III,  J  —  122,  4,  24  — 
260,  )  —  283,  ^2  —  284,  ;  —  315,  J  —  554,  f^. 

II.   139,   2}    172,    16    219,    10    342,  _J0    368,   7. 

111.  —   124,    14    —    168,  <?. 

RESKKE.  '  Oralio  funehris  in  e.xsequiis  domini  Slanislai  hosii.  Roma,  1572. 

RHODIGINUS  (LiiDOViCL's-C.i;i.ius).    Leclicnum  autiquaniin  libri  Iriginta.  (D'après 
l'édition  de  13 16.) 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  LXIX 

RIXGHIERI.  "Centogiiiochi libérait, et  ii'iiigegiio,novellaiiiniteda M. IniiocenlioRilighieri, 
geiililhuomo  Bologiicse,  rilroi'ali,  et  in  âicci  Lihri  ikfcrilti.  In  Bologna,  per 
Anselnio  Giaccarelli,  1551. 

RONSARD.  'Œuvres.  (D'après  l'cdition  de  1572.) 
I.  —  196,  20  —  209,  7. 

II.  —    144,   26    —    245,    /J    —    t262,   2<>. 

RUTILIUS.  ':  Iliiierariiiiu.  Pcut-iJtre  dans  De  prisca  c!  nom  Roiiia  auctores  varii. 

SABELLICUS.  ^■oir  Suétone. 

S.\INT-GELAIS  (.Meklik  de).  ' Œuvres  poétiques  de  Melliii  de  S.  Gelais.  A  Lyon. 
Par  .\ntoine  de  Harsy.  1574. 

III.  -135,   72. 

SALIAT.  Voir  Hérodote. 

SALLUSTE.  '  De  coiijuratiotie  Calilitia',  de  belle  Jugurihiiio,  etc. 

\.-l-.i)  -  t3i8w- 
II.  —  255,  II  —  394,  '• 

SAL\'IEX.  '  }  De  guliernalione  Dei. 

Ou  peut-être  : 

S.  Salvieii,  evesque  de  Marseille,  du  vrai  jugement  et  providence  de  Dieu, 
a  S.  Salouie,  evesque  de  Vienne  :  nouvellement  traduit  de  latin  en  François 
par  B.  B.  D.  S.  A  Lyon,  par  Guillaume  Rouillé,  à  l'escu  de  \'enise, 
M.  D.  LXXV,  Avec  privilège  du  Roy. 

n.  —  455,  14- 

SAXCHEZ  (François).  '}Franciscus  Sanchei,  Philosophis  et  medicis  doctor.  Quod  nihil 
scilur.  Lugduni,  apud  Ant.  Griphium.  M.  D.  LXXXI. 

III.  —  366,  24  —  367,  I. 

S.\X  PEDRO  (Diego).  *'  Carcer  d'amore  tradotto  dal  magnifico  Messer  Lelio  de  Manfredi 
Ferrarese  de  idioma  spagnolo  in  lingtia  materna,  hystoriato  et  nuovamente  con 
diligentia  corrctto.  A  la  fin  :  Stampato  in  Vinegia  per  Francesco  Bindoni 
et  Mapheo  Pasini  Compagni,  Nel  anno  del  Signore,  154e. 

SAXSOMXO.  '*  Del  governo  aniministratione  di  diversi  regni  et  repuhliche,  eosi  antiche 
came  moderne  di  M.  Francesco  Sansovino.  Libri  XXI;  ne'  qiiali  si  contengono 
diversi  ordini,  magistrati,  leggi,  costumi,  historié,  et  altrc  cose  notabili,  chc 
sono  utili  et  nccessarie  ad  ogni  buomo  civile  et  di  slato  con  niiova  aggiunta 


LXX  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MOKTAIGXE 

SANSOVIXO. 

di  pin  Repuhliche  et  Regiii  iu  diverse  parti  dcl  moiido.  In  V'enetia,  15 78, 
per  ordine  di  Jacomo  Sansovino.  A  la  fin  :  Appresso  Giovanni  Antonio 
Bertano. 

II. -382,-,. 

SARPI  (Fra  Paoi.o).  Isloriii  del  loncilio  Tridentiiw.  1619. 

SAUVAGE  (Dekis).  *'  CrDiiique  de  Flandres  aucicvement  coiitposce  par  auteur  incertain, 
et  nouvellement  mise  en  lumière  par  Denis  Sauvage,  de  Fontenailles  en  Brie,  ■ 
Historiographe  du  Ires  chreslien  Roy  Henry,  second  de  ce  nom.  A  Lyon,  par 
Guillaume  Rouille,  à  l'Escu  de\"enise,  1562. 

I-  —  519,  '4- 
m. -52,;,'. 

—  Les  mémoires  de  Messire  Olivier  de  la  Marche,  premier  maisire  d'hoslel  de 

l'archeduc  Philippe  d'AusIriche,  comte  de  Flandres,  nouvellement  mis  en 
lumière  par  Denis  Sawvage,  de  Fontenailles  en  Bric,  historiographe  du  très 
chrestien  Roy  Hcnrv,  second  du  nom.  Lyon,  Guillaume  Rouillé,  1562. 

SAXON  (le  Grammairien).  '}  Danorum  reguni  herounupic  historia-. 
111.-243,2;. 

SEBOND.  *  Theclcgia  naturalis,  sive  liber  creaturarum,  specialiter  de  hominc  et  de  naliira 
cjus.  (Cité  d'après  la  traduction  de  Montaigne,  édition  de  1569.) 

I.  —  307,  2). 

II.  —  140  (titre)  —  141,  4  —  152,  ;  —  263,  2j  —  389,  ;. 
III.  —  280,  26. 

SECOND  (Jkan).  'Opéra, 

m.  —  80,  2  —  99,  28. 

SÉNÈQUE  le  Rhéteur  (.M.  .\nna?us).  Édité  à  la  suite  de  Sénèque  le  Philosophe, 
édition  de  Bàle,  1 557. 

I.  —  45,  16  —  122,  4  —  219,  27. 
II.  —  91,1/   —   112,  J/  —   240,  )    —   342,  11. 

SÉNÈQUE  le  Philosophe  (L.  Annaîus).  '  L.  Annxi  Senecx  plnlosophi  stoicorum 
omnium  aculissimi  opéra  qux  extant  omnia.  Ca'lii  Secondi  Curionis  vigilan- 
lissima  cura  castigata  et  in  noi<am  prorsus  faciem,  nimirum  propriam  et 
suani  mulata  :  cjuorum  leclio  non  modo  ad  bene  dicendum,  verumetiam  ad 
bene  bealeque  vivendum  prodesse  plurimum  potest.  Totius  porro  emendalionis 
ratio,  quidque  superiori  editioni  accesserit,  ex  sequentihiis  slalim  cognesces. 


KT    DES    AUTEURS    CITES. 


SENHQ.UE  le  Philosophe  (L.  AniicXHis). 

Index  reruiii  cl  verboruiii  copiosis.   Cum  gratia   et   privilegio   Civsarex- 


Majestatis  ad  decennium.  Basilea?,  M.  D.  L\'I1. 


De  ira. 

Cpiisolalioiics. 

De  Provideniia. 
De  hcnefuns. 


111 


De  consiantia.  1 
De  bm'ilale  vilac.  1 1 1 
De  irauquiUilate.         1 


De  elemeiitia. 

Oiieslioii  naturelle. 
Epi  Ire  à  Luc. 


■   209,  7  —  5S6  (titre). 
517,  17,  24    —    321,  /,  20   —    522,  ; 


—  24,  2^ 

—  i)f^.  !} 

525,  ). 

—  17-4.  i  —  2«5,  U  —   286,  }. 

—  396,  ?t  _  39-,  ^. 

—  598,  7- 

—  54,  )"• 

—  67,  //  —  277,  I. 

—  378,  "  —  504,  4- 

—  155,  /  —  289,  2J. 

—  109,  /;  —  3S2,  7. 

—  98,  14   —  282,  12   —  520,  <?  —  391,  22. 

—  277,  ;  —  5 '3-  i- 

—  281,  10. 

—  78,24   —  311,7^  —  312,2,"  —  38e  (titie). 

—  10  (titre)  —  13,  9,  I)    —  21,  10,  11),  20   —  50,  12,  2j. 

—  290,  S  —   325,  9. 

—  4,  i"t  —  159,  2]. 

—  i,S  —   385,  26. 

54,  !0.    189,  10,    12    363,  2j    570,  10. 

14,  12      59,  77  éo,  4     64,  22      67,  26     — 

68,  6  —  69,  i^   —  71,  7,  70,  77  —  7),  7;  —  77,  77 

Si,  2j  —82,  6  —  83,  7,  ,-  —97,  7;t  _  98,  <y,  77,  iS  — 

100,  7j  102,  9,  22   106,  7  107,  ),  16,    I/,    7cV,  Zy 

108,  77,  22  109,  S     III,  10     112,  70  

113,  10    114,  2  115,  22  116,  iS    117,  7J, 

20,  ^21 ,   22,   24,   2)      I  18,  7,  4,  ),    10,    I )      I  19,  y, 

70,  2S   175,  20,   26   —  176,  20,  2cS'  177,  2,  <S,    18   

181,  77,  72  182,  J   —   188,  70  1,94,  4     195, 

14,  21      196,  7j,  14,    Ij,    16^,   20,  26     197,  I^      

200,  j,   7  206,  Ç)   208,  2cV  211,  72  216,  2)    

218,  22  221,  18,   24    222,  8,    Il    —     223,  ^2,  I4   

270,  7J  286,  2,  Ç)   300,  4   309,  l()   310,  14   

311,  7;,  79,  24,  2;  —  512,  2)  —  513,  }  —  314,  7;  — 
515,  72  —  316,  7.?,  27  —  317,  j,  4,  14  —  319,  27  — 
321,  +20,  27,  24,    26      522,  7,  },   6,  S,   9,  II,   14      

526,  I)    '!20    327,  9  333,  77+  334,  2,  8,   II,  22, 

2),  2;,  27  —  335,  1,4,  6  —   336,  9,  16,  2;  —  537,  77 

342,  26     349,  7   381,  20,  26     382,  6     

583,  2,  16   —  408  (titre). 


LXXII  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    .MONTAIGNE 

SÉNÈQUE  le  Philosophe  (L.  Ann:-eus). 

Ep.  à  Luc  (Suite).      II.  —  2,  27  —  5,  9,  14,  16,  20   —  4,  7,  //,  //  —  8,  ij,  ij, 
/c^t,  27,  22,  2],  24    —  9,  9,  77  —  10  (titre),  7  — 

II,  79,  2<î  12,  6  18,  7 J  21,  2,  7  24,  7,  8, 

'J,  10,   IT,   14,   I),  20,   27,  22,  24,  2),  26,  2J,  2S     2), 

1,^1^      —   29,  7   —   50,  7,  2,  7;,  27   —   51,2;   — 

45,  17  —  46,  5  —  49  (titre)  —  51.  77  —  34,  70  — 
82,  79  —  121,  22  —  1 5),  2j  —  165,  24  —  200,  iS  — 
208,  22,  26  —  217,  2;  —  218,  22  —  256,  ^  —  238,  S  — 
239,  4  —  261,  6,  14  —  264,  7  —  +265,  26  —  285,  7  — 

296,  13    —  299,  2  —  341,  7  —  346,  2;  —  5)2,  7  — 

371,  16  —  377,  ^  —  381,  2,  ■)  —  386,  1(1  —  ^:,^\,8  — 
■^394>  7  —  397,  i(>  —   398,  7  —  405,  20  —   464,  9  — 

465,  7,  7^,  27  466,  7,  77   471,  9  486,  7  

502,  7,  5»,  20,  22   —  503,  ;,  8,  21  —   519,  77  —  523,  ; 

—  564,  27  —  576,  20    —  378,  9  —  388,  27. 

111.  —  10,  2   18,  >J  25,  77   24,  Ij      32,  )      

35,  17   —  41,  -/  —  42,  27  —  43,  28   —    62,  7,  2  — 

71,22  —  73,  22,  2i  —  94,;  —  III,  7i,  77,  20  — 
136,  7,  ifl   146,  72  —  133,  9  168,  7  181,  70,  2J 

182,  7  199,  14  206,  18  210,  27  214,  7;  

223,  9  —   233,  14  —   244,  28  —   2)9,  2,'  —  261,  i  — 

271,  lù    274,  /  280,  2    281,  /  284,  7(5  

285,  16  —  286,  77,  14,  18  —  287,  2^,  28  —   288,  ;  — 

295,72  —  2')T,  IJ,  18,  !<)  —  311,;  —  312,  2J  — 
324,  2;  —  325,  79  —  326,  16   —  327,  7,  7  —  328.  4  — 

534,  14—  539,  2j,  28^  —  340,  2,  2,  7.^,  16—  541,  7  — 

542,  2/  —  346,  7  —  361,  7  —  365,  7  —  382,  77  — 
384,  3,  IJ,  18  —  388,  9  —  393,  2  —  394,  18  — 
396,  72  —  404,  6  —  407,  77  —  408,  9  —  412,  6,  16  — 
416,  6  —  418,  7  —  422,  2y  —  424,  77  —  426,  72  — 
427,  6  —   428,  7^. 

SENEQUE  le  Tragique  (L.  Ann.-eus).  *  TragtViUa'  ihceiii. 

I.  —  12,  14  —  22,  9  —  113,  6  —  136,  9  —  265,  ;  —  343,  4. 
II.  —  24,  16  —  27,  (5  —  216,  IJ  —  426,  7  —  .{27,  77. 

SEXTUS  EMPIRICUS.  '  Stxli  philosifhi  Pyrrhoiiianim  Infohfoscon  lihri  III,  Ouibus 
in  ires  philosopbiœ  parles  scvertssinie  iiiqtiiritiir.  Libri  magiio  ingeiiii  acumivc 
scripli,  variaquc  doctrhia  rcfcrli  :  Graxe  umiqiiam,  Latine  iiunc  primiiiii 
editi.  Interprète  Henrico  Stephano.  Anno  M.  D.  LXH.  ExcuJebat  idem 
Henricus  Stephanus,  illustris  viri  Hulderici  l'uggcri  tvpographus. 

I.  —  149,  ''i  —  274,  J)- 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  LXXIH 

SEXTUS  F.MPIRICUS. 

II.   —  20,    J)    —    175,    70   —    225,    iS  —  226,   27  —    227,    14   —   229,    iS  — 
250,    I,    II   255,    16  260,    16  261,    I    262,    I)    279,   9  

282,  26    —   535,  21    —    554,  ic/  —   358,  9,  77   —    359,  14,  j;    — 
345,  4  —  347.  21  —  349,  21  —  351,  20  —  560,  2j  —  561,  20  — 

362,    I,  9,   26    —     363,   9,    /,-    —     364,    72,    77    —     365,   2;    —     366.   6 

567,    16    —     371,    16    381,    7    505,  <S'. 

III.  -   352,    /2. 

SIDONIUS  APOLLINARIS.  *Openi.  (D'aprcs  l'cdition  de  Vinet  1 552.) 
I.  -  384,  7,S\ 

IH.  74,    77    274,   27. 

SIGONIUS.   Consolat'w  ad  Tulliam.  (Ouvrage  attribué  à  Cicéron  au  xvi'  siècle.) 

SILIUS  ITALICUS.  ??D«  hdh  Punico  secundo  XJ'II  libri. 
I.  —  lio,  79  —  296,  77. 

SIL\'ES  DE  i.A  SELVA.  **  Don  Sihrs  de  la  Selva.  Comiêça  la  do;;_nia  parle  dcl  iiiven- 
cihle  Cavallero  Aniadis  de  Gaula  que  tracta  de  los  grandes  bcchos  eu  Arums 
del  esforçado  Cavallero  don  Silves  de  la  Selva  cou  el  fin  de  las  guerras 
Rurianas.  Junt'o  con  el  nacimicto  de  los  leniidos  Cavalleros  Eseramûdi  y 
Amadis  de  Astra  y  assi  niismo  de  los  dos  esforçados  principes  Fortunian  y 
Astrapolû.  Dirigido  al  Illustrissimo  seiior  Don  Luvs  Ponce  de  Léon,  Duque 
de  Arcos,  Marque-  de  Zahara,  Coude  de  Casares,  Sci'ior  de  la  leal  zillc  de 
Marchcua,  etc.  Auno  dcl  uacimiento  d'nro  Salvador  d'M  D.  y.  .\lix. 

SIMLER  (JosiAs).  *Lrt  République  des  Suisses,  mise  eu  François.  Paris,  Jacques  du  Puys, 
1577  (ou  Anvers,  1577,  ou  Paris,  1579). 

SLEIDAN  (Jean).  '  De  statu  religionis  et  rcipiihUcœ,  Carolo  quinto  cœsarc,  coniuwutarii. 

SOPHOCLE.  ??(Cité  d'après  Érasme  et  Stobée). 
II.  —  217,  20. 

SORBIK  (.\ktoin-e).  Exhortation  à  la  Noblesse  pour  les  dissuader  et  dcstouruer  des  duels 
el  autres  combats,  contre  le  coniniaudemenl  de  Dieu,  deuoir  el  honneur  dcus 
au  Prince.  A  Paris,  chez  Guillaume  Chaudière,  1578. 

SOZOMÈNE.  ??VoirThèodoret. 
II.  —  460,  4. 


LXXIV  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

SPARTIEX.  \'oir  Auguste  (Hifloire  Auguste). 

STACE.   ??(Cité  d'api  Ci  Juste  Lipse). 

II.  —  271,  I)   —  4R0,  ). 
111.-285,22. 

STOBÉE.  'KEl'Ai  AMA.VHEIAZ.  lOAN-NOV  TOV  ITOlîAlOV  EK.VOIA!  AUD'î-eEI- 
MATtiN  KAI  VI'OHIIKO.N. 

Johatiiiis  Slobœl  scnknlix  ex  thesauris  Grxcoruin  délecta;,  quaniin  aulbores 
circiter  ducentos  et  qiihiqttaginta  cetat  :  et  tu  sermoties  sive  locos  communes 
digestœ,  a  Conrado  Gesucro  doctore  medko  Tigiiriiio  in  latiuum  sermoiiem 
tradtictœ,  sic  ut  Latina  Graxis  è  regione  respoudcmit,  Tiguri  (i  543,  ou  1 545, 
ou  1559).  Cité  d'après  l'édition  de  1559. 

iSi.  7  - 


I. 

—  58,  /.  —  135,  12  —    137,  I  —  ti75,  26  —   178,  j 

224,  8  —  258,  ^,  —  315,  2;+  —  333,  //. 

II. 

—  154,  i-j  —  207,  16  —  220,  24  —  260,  16  —  277,  / 

45  5,  9  —  465,  9. 

III. 

—  6[.  12. 

STRABON. 

}':Dc  situ  orhis. 

I. 

—  297,  !)■ 

111. 

—  92,  12  —  115,  4. 

STREINN  lus.  *  *  Gentium  et  familiarum  Roinanorum  stem  mata,  Richardo  Streinuio  Banmc 
Schwnrienavio  auclorc.  Ad  illustiissimum  principem  Carclum  Arcliiducem 
Aiistrinc.  Anne  1559,  e.\cudebat  Henricus  Stephainis,  illustris  viri 
Huldrici  Fuggeri  typographus. 

SUETONE.  '  Siielonii  XII  Ca-siires.  (Avec  les  commentaires  de  Béroald  et  de  Sabel- 
licus.)  Peut-être  dans  l'édition  de  Lvon,  1548. 

I.  —  25,  S,  12  —  129  (note)  —  168,  16  —  222,  14  —  279,  S  — 
295,  26  —  296,  7,  II  —  351,  ;  —  358,  2j  —  363,  /<)  —  369,  4  — 
370,  17  —  571,  ;,  9,  ^2,  -ri,  '9  —  585,  7  —  421,  3),  2j. 
II.  —  25,  ^  —  63,  I  —  80,  12  —  *ii4,  9  —  116,  1)  —  132,  20  — 
373,  /;  —  375,  10  —  469,  I  —  474,  1}  —  481,  7,  18  — 
487,  1,6  —  488,  ),  )  —  518,  12  —  527,  16  —  536,  21,  24  — 
ii7y  ',  2,  j,  4,  6,  12,  16  —  539,  i,  6,  7,  9  —  540,  /;,  20  — 
541,  i,  II,  14,  17,  2u  —  542,  /,  ;,  7,  S  —  545,  16  —  546,  ;,  4, 
10,  2-j  —  347,  7,  i-j,  20  —  549,  7^  —  550,  70,  /?  —  551,  rt  — 
552,  2J  —  553,  20,  26,  27,  28  —  554,  6,  21  —  555,  /,  i. 


ET    DhS    AUTEURS    CITES.  LXXV 

SUÉTONE. 

III.  —  65,  4  —   141,  s  —  201,  24  —  205,  1  —  520,  4  —   579,  27  — 
409,  /• 

SYNESIUS.  **  Z'jvïJiî'j  i-\.z7.zr.yj  KjîTiVv;;  tcî,îI  paîtAeia?,  ïtç  tïv  ajTr/.îi-spa  'Apy.aî'iv. 
Aiîov,  Yj  -spi  -fjÇ  xalJ'aiTbv  S'.aYtoY'i;;"  oaXâv.pa;  ï';y.w^<.^ù^^^  -spi  -pov;;a;, 
r,  aiyù-Tio;"  îy.iAia  èv  ■ûavYiyjpïi"  "îp't  évy^rviwv  -/.a';  z'.i  ajT";  NixvjsipîJ  t;j 
rpTJYspâ  îpjAïjvzia'  tsO  aj-sî  SuV'^'-"'  £~'-tî''''-i''- 

Sytiesii  episcopi  Cyrenes  de  regiio  ad  Arcaditim  iiiiperalorem  ;  Dion,  skv  de 
siix  vit.v  ratione;  calvilii  laudalio;  de  provideiilia,  seii  a'gyptius;  coiicio 
quxdam  pmiegyrka ,  de  iiisomiiiis,  ciiiii  Nicephcri  Gregora'  expUcatione  ; 
ejiisdem  S\iiesii  epislola.  Parisiis,  1355.  Ex  officin.i  .\driani  Turnebi. 
tvpographi  Rcgii,  Rcgiis  tvpis. 

SYRUEILH  (François  de).  Joiinml  de  François  de  Svnieilh.  (Dans  les  Archives  histo- 
riques de  la  Gironde,  tome  XIII.) 

SYRUS  PUBLIL'S.   }} Fragmenta podarum  vetenini  iaiincrnm  quorum  opéra  non  exslant. 

I-  —  77,  9  —  30e,  .V. 
11.-2,9  -  47,2s. 

T.\BOUROT  DES  ACCORDS.  '} Les  Bigarrures  et  Touches  du  Seiçneur  des  Accords. 
Le  premier  livre  depuis  1582,  le  quatrième  depuis  1585. 

I.  —  124,  S  —  547,  I)  —  356,  26  —  358,  24. 
II.  —  15,  T^  —  401,  i. 
III.  —  66,  24  —  185,  S. 

T.\CITE.  'Opcra.  Cite  d'après  l'édition  de  Juste  Lipse.  (.\nvers  15S1.) 

Histoires  cl  Annales. 

I.  —  16,  I,  )  —  95,  /-/t  —  262,  2  —  307,  20  —   530,  70. 
11.  —  24,  II  —    33,  /2t,  /;  —    34,  jy,  24  —   57,  22    -   92,  /;,  iS  — 
96,  13  —  574,  28,  }0  —  375,  ^  —  383,  26  —  411,  }  —  467,  4  — 
487,  I  —   527,  16  —   529,  2)   —   530,  /  —   561,  i)   —   609,  24. 

III.  I,  JO  2,  4   10,  7,  12,    16  —   15,  2)    19,  l),    18  49,  2J   

51,  ^  60,  7,  2/  lOI,  79  —  109,  24   IIO,  21   175,  2   

199,  12    200,  8   201,  cV,  24    222,  2,  20,  24    2)6,  10    — 

515,  20    —    361,  20    —    379,  18,  2J. 


LXXVI  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

TACITE. 

Agrkoln. 
II.  —468,  iS  —  483,  2. 

m.  -  524, 24. 

Dialogue  des  Orateurs. 

I.  —  220,  //. 
II.  —  115,  I.  4  —  418,  ^. 

Des  imrtirs  des  Germains. 

I.  —  +264  (titre). 
II.  —  221,20. 

TAHUREAU  (Jacques).  Les  Dialogues  non  moins  profilahles  que  facelieus...  (Cité 
d'après  l'édition  de  1566). 

—  Oraison  de  Jacques  Tahureau  au  Roy,  de  la  grandeur  de  son  règne,  et  de  l'excel- 

lence de  la  langue  francoyse;  plus  quelques  vers  du  mesme  autheur  dedie^ 
a  Madame  Marguerite.  Paris,  1555. 

TASSP  (ToRQUATo).  '  Gcrnsahmme  lihcrata.  (La  première  édition  est  de  1580.) 

I.  —  330,  6. 

II-  —  55j  2;'  —  54,  i  —  76,  14  —  495,  21. 
III.  —80,  ;. 

—  *  Rime  (e  prose)  del  Signor  Torqtmlo  Tasso.  Parte  Prima.  Insicme  con  altri 

compouimenti  del  mcdesimo.  In  ^'enegia,  M.  D.  XXXI. 

I.  —  32,  J4  —  309,  I  —  407,  24. 
IL—  161,  ;. 
III.  —  185,  ;  —  319,  28. 

TEREXCE.  "P.  Terentii  Cotnedia;  sex,  ium  ex  Donati  commeutariis  tum  ex  opiimorum, 
prxserlim  vcierum,  e.xemplaritim  coUatioue,  diligentius  quant  unquam  antchac , 
emendaliT.  .Elii  Douait  antiquissiini  et  celeherriini  grainmalici  alioruniquc 
veterum  in  easdein,  qnicuntque  e.\taut  cominentarii,  ex  vcteri  codicc  manu 
dcscripto.  Grœcis  etiain  repositis,  accurale  castigali.  Calphurnii  in  tertiam 
coniœdiam  doctissinta  interprclatio,  etc.  Parisiis,  ex  officina  Roberti  Ste- 
phani.  1 541. 

1-  —  1550'  —  251,  12  —  252,  2;  —  514,  26  —  324,  6,  8  —  353,"!>'  — 
338,  9  —  394,;- 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  LXXVli 

TÉREXCE. 

II.  _  19,  ij   _   -4,  2j  —   Si,  8  -    383,  16  —  427,  4^  -   434,  <*>'  - 
439,  9- 

III.  I,    ;'    109,   22    120,    I    155,   20    185,   22t    222,   2^ 

233,  4    —    234,    12    —    24e,   5    —    270,    I    —    355,   2. 

—  "Htibes  hic  ainice  leclor  P.  Tciciitii  lOiiur  ilias,  inin  ciim  siboliis  ex  Doiiali 

Asperi  cl  Coniiiti  comnicnlariis  decerpiis. . .  iiidicaia  mut  diligentins  carmhuim 
gciicra...  studio  et  opéra  des  Erasmi  Rvierodcimi.  .It  hsec  accepil  index  accu- 
nrliis.  Froben,  Basilcx'  in  officina  frœbeniana.  Anno  M.  D.  XXX\'III. 

TERTULLIEN.  Î^Opem. 

I.  —  87,  -/  —  105,  12. 
11.-264,7. 
111.-275,2;-. 

TESSERAND.  Siiiti  des  Histoires  prodigieuses  de  Bonaysiuau.  (\'oir  Bouaystuau.) 

THEODORET.  *}  L'histoire  ecclésiastique  nommée  Tripartite,  divisée  en  dou:^e  livres  : 
contenant  les  nobles  et  illustres  Jaicts  tant  des  hommes  que  des  femmes  de  la 
primitive  Eglise,  fidèles  en  Jésus-Christ,  depuis  le  temps  de  Constantin  le 
Grand,  jusques  au  temps  de  Théodose  le  jeune,  Nouvellemeut  Iraduicte  de 
Latin  en  François,  par  Loys  Cyaneus.  A  Paris,  chez  Gilles  Gorbin,  rue 
Sainct  Jean  de  Latran,  à  l'enseigne  de  l'Espérance,  devant  le  collège  de 
Cambray.  1568.  Avec  privilège  du  Roy.  (Ou  peut-être  une  traduction 
latine.) 

11.-462,7. 

THEOPHRASTE.  *  *  Thcophrasti  lihellus  de  odoribus,  ah  Adriano  Turneho  latinitate  danatus 
et  scholiis  atqiie  annotationihus  illustratus.  Lutetias,  Vascosanus,  1556. 

I.  —  405  (titre). 

*  Thesoro  POLiriCO,  in  cui  si  conlengono  trailati,  discorsi,  relationl,  ragguagli,  ins- 
truttioni,  di  molla  imporianxfl  per  li  maneggi,  interessi,  pretensioni, 
dipendcn\e  e  disegni  de  Principi. 

I.  —  ti86,  S  —  +376,  10. 

II-  —431,  7,  O',  -f^,  ''"^  —  470,  !)-■ 
111.-329,27. 

THEVET  (AxDiil;).  Les  Singularité^  de  la  France  Antarcliquc,  autrement  nommée  Amé- 
rique, cl  de  plusieurs  terres  et  isles  découvertes  de  nosire  temps,  i  )5S. 


LXXVill  TABLE    DES    OUVRAGES    POSSEDES    PAR    MONTAIGNE 

THE^■ET  (André). 

—  Cosmographie  Uiiivci selle.  Paris,  1575. 

THOMAS  (Saint).  '  Opeia. 

I.  —258,  27. 

THOU  (Auguste  de).  Histoire  Universelle  de  J.-A.  de  Thou,  de  i)4)  à  i6oj. 
(Londres,  Paris,  1734). 

THUCYDIDE.    :} Hisloriariuiu  lih.  J'IIl. 

1-  —  153,  '  —  258,  ;. 
UI.  —  119,  16  —  192,  /. 

TIBULLE.  'Opéra,  (^■oir  Catulle.) 

1-  —  71,  2j  —   514,  14  —  339,  .^t. 
11.  —  9,  2/  —  170,  20  —  440,  j  —  506,  ;<S'. 
111.  —  125,  70. 

TITE-LH'E.  '  Roiiiaïur  historix  lihri...  (D'après  l'édition  de  Francfort,  1568.) 

I.  ^  15,  2()  —  20,  iV  —  24,  77  —  26,  7  —  30,  7;  —  31,  ^7  — 
71,  7  —  74,  é  —  87,  77  —  94,  7  —  155,  6,  ij  ~  165,  24  — 
166,  ;  —  230,  77  —  258,  4  —  264,  7  —  297,  77  —  331,  ;  — 
361,./  —  363,79  —  369,  7i  —  371,2^  —  372,  -f?  —  375. 
22,  26  —  574,  2  —  375,  70  —  377,  4,  II  —  392,  20. 
II.  —  30,  24  —    31,  j   —   35,  70,  77,  22  —  36,  4,  7,  72,  24   —   57,  .;. 

5>,  77,  Ij    47,  II    66,    10   75,  27  95,  7J  139,  70  

215,7;  —  255,  V,  6  —   271,9,7;  —   358,7;  —   397,7;   — 
398,  14    —    400,  9  —  467,  27  —  471,  iS   —   472,  16    —   475,  2  — 

481,  S  —   493,  2;  —  495,  6   —  497,  26  —   501,  6  —   554,  77  ~ 

570,  2;. 

III.  —  5,  7;  —  12,  24  —  18,  16  —  40,  6  —  109,  14  —  126,  4  — 
i-n,  9  —  190,;  —  205,  ;,  cV  —  221,27  —  237,77,7^  — 
270,  7  —  292,  2,  79  —  311,  ;  —  317,  7;  —  331,27  —  335,  16  — 
338,  27  —  359,  77  —  577,  ;  —  421,  ;,  70t. 

TocilS  iLll)  contre  les  Massacreurs  et  auteurs  des  confusions  en  France,  par  lequel  la  source 
et  origine  de  tous  les  maux  qui  de  longtemps  travaillent  la  France,  est  décou- 
verte, afin  d 'inciter  et  esmouvoir  tous  les  princes  fidelles  de  s 'employer  pour 
le  retranchement  d'icelle.  Reims  (1577,  1579?). 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  LXXIX 

TREBELLIUS  POLLIO.  Voir  /7/5/oiV.'  Aiigiisle. 

TROGUE- POMPÉE.  ??  Voir  Justin. 

TURNÈBE.  ":  Advcrsurloniiii  lihri  trighila.  (D'après  l'édition  de  Bàle,  15S1.) 
III.  —  267,^. 

ULLO.\  (Alphonse  de).  Commentaire  du  Seigneur  Alphonse  d'Ulloë,  conlenant  le  voyage 
du  duc  d'Alhe  en  Flandre.  (Traduit  de  l'italien  par  Belleforest.  Paris, 
1570.) 

V.\LÈRE  MAXIME.  *  Vtûcrii  Masimi  factorum  ac  dictorum  menwrahilium  lihri  novem. 

I.  —  10,  I)  —  12,  21,  22  —  70,  /<?  —  96,  4  —  102,  jj  —  105,  ).  7  — 

III,  ;  —  122,  19,  24  —  145,  2)  —  147,  jt  —  152,  I  —  246,  II  — 
2)8,  4  —  289,  27  —  308,  ;  —  376,  4  —  596,  I  —  597,  /. 
II.  —  39,  2,S  —  46,  2)   —  96,  24  —  224.  I)   —  385,  2;  —  400,  9  — 

488,  ),    72      496,    10     520,    16     +529,    Kl      556,  ,V     

542,   JO. 
III.  —  32,  24  —    59,  iS  —    61,  12  —    92,  12  —   108,  26  —   115,  24  — 
124,  7  —  190,  ;  —  223,  Il  —  233,  ;  —    315,  ;  —   329,  27  — 
421,  j. 

VARCHI  (Bekedetto).  *'  Le  seconda  parte  délie  le-^{ioiie  di  M.  Benedelto  Varchi,  nella 
qnale  si  contengono  cinqiie  le:^:;joni  d'Amure,  Jette  da  Ini  puhUcamenle  nelV 
Accademia  di  Fioren^a  et  di  Padova.  Nnovamenle  stampate.  In  Eioreniia 
appresso  I  Giunti,  1561. 

II.  —  i6o,  2  —  167.  9,  12  —  325  (texte  de  1588). 

—  '  L'Ereolano,  dinlogo  iiel  ijuale  si  raggiona  délie  lingue  cd  in  particolare  délia 

Toscana  et  dclla  Fiorenliua.  Firenzc  c  \'inegia,  1570.  X'inegia,  1580. 

VÉGECE.  "  Flave  Vegece  René,  homme  noble  et  illustre,  du  fait  de  guerre  et  fleur  de  che- 
valerie, quatre  livres.  Sexie  Jute  Frontin,  homme  consulaire  des  Stratagèmes, 
espèces  et  subtilité^  de  guerre,  quatre  livres.  Aîlian,  de  l'ordre  et  instruction 
des  batailles,  ung  livre.  Modeste,  des  vocables  du  fait  de  guerre,  ung  livre. 
Pareillement  CXX  histoires  concernans  le  faicl  de  guerre,  joinctes  A  Vegece. 
Traduictj  Jidellement  de  latin  en  français  et  collationnei  par  le  polygraphe, 
humble  secrétaire  et  historien  du  parc  d'honneur  (Nicolas  Vo1c)t,  de  Serou- 
ville)  aux  livres  anciens,  tant  a  ceul.x  de  Bude  que  Beroalde  et  Bade.  Imprime 
à  Paris,  par  Chrestian  Wechel,  à  l'enseigne  de  l'escu  de  Basle,  en  la 
rue  Sainct  Jacques,  l'an  du  salut  des  Chrestiens.  M.  D.  XXXVI  (1536). 

II.  —  330,  2  —  420,  a. 


LXXX  TABLE    DES    OUVR.\GES    POSSEDES    PAR    .NiOXTAIGNE 

VELLEIUS  PATERCULUS.   :}  Historix  Roimiiur. 
II.  —  568,  4. 

^"lCTOR  (AuRELiLs).  Histoiix  romaitx  hreviarum  miiiqiiam  aiitea  ediliim,  de  viris 
iUustr.  de  Cacsaiihus,  de  vita  ei^uoribtis  imperatorum  epitome,  ciini  casliga- 
t'wnihus.  Anvers,  1579. 

^'ICTORIUS  (Petrus).  ** Pclri  Viciorii  coniim-nlarii  longe  dcctissimi  ht  1res  libros  Aris- 
totelis  de  Arte  diceiidi,  niiiic  primiim  in  Gerniauia  edili ;  cum  hcupletc 
rcriim  et  verhoriim  in  iisdem  nieiiwrahiliiini  indice.  Basilere  (à  la  fin),  ex 
olîicina  Joannis  Oporini,  anno  salutis  human.v.  M.  D.  LIX.  Mense 
Martio. 

MGUIER  (Nicolas).  Sommaire  de  rhisioire  des  François,  1579. 

\'1LLANI  (Giovanni).  "La  prima  parle  délie  Inslorix  universali  de  snoi  tcmpi di  Giovan 
Villani  citladino  Fiorentino;  niim'amente  ristanipala  con  tavole  necessarie 
e  Postule  in  margine  délie  cose  nolahili,  faite  par  M.  Reanigio  Fiorentino. 
In  ^'enetia,  ad  instantia  de  Giunti  di  Fiorenza.  1559. 

1-  —  27,  19  —  169,  9. 

\'IXET  (Elie).  L'Antiquité  de  Saintes  (et  de  Barbeiieus).  Bourdeaux,  1371011584. 

—  L'Antiquité  de  Bourdeaus  et  de  Bourg  sur  Mer,  reueue  et  augmentée,  et  a  ccstc 

autre  impression  enrichie  de  plusieurs  figures  par  son  aucteur.  Bourdeaus, 
Millanges.  1574. 

MRET  (Pierre).  Le  monde  à  l'empire,  le  monde  demoniacle.  Genève,  1550. 

VIRGILE.  "P.  Virg'ilii  Maronis  Bucolica,  Georgica  et  .Eneis,  uunc  démuni  Xicolai 
Erxthrxi  L  C.  opéra  in  pristinam  lectionem  restituta,  et  ad  rationem  ejus 
indicis  digesta.  Additis  ejusdem  Erythrxi  schoUis,  ad  ea,  qux  aïwruni  antchac 
circumferebantur  apprimè  utilibus,  qux,  cujusmodi  sint,  sequens  epistola  indi- 
cabit.  His  accedit  diligens  observatio  cum  licentiœ  omnis,  tuo  diligentix  Maro- 
nianx  in  meiris.  Quarum  rcrum  capita  aversa pagina  conunonstrabit.  Xonsine 
privilegiis  omnium  Principum  Christianonini.  \'enetiis.  M.  D.  XXXIX. 

Bucoliques.        I.  —  132,  12  —  229,  22. 
II.  —  12,  ;  —  384,  S. 
111.-213,^  —  237,22  —  331,25. 
Géorgiques.         I.  —  lié,  Jj  —  +170,  14  —  270,  16. 

II.  —  45,  22    —    108,  10   —    162,  16   —    187,  24   —    1S9.  24   — 

289,  22  —  373,  )  —  558,  2<V. 
III.  —  81,  22  —  $1,8  —  94,  <V  —  120,  7tS'  —  1)^^  i  —  '-I3-  '^'  — 
196,  26    —   218,  iS   —    240,  j    —    501,  nj   —    320,  12    — 
529,  2;  —  337,  24  —  340,  21  —  376,  ij. 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  LXXXI 

VIRGILE. 

Eiicide.        I.  —  II,  J  —  12,  //  —  27,  j  —   52,  26  —   35,  //  —   55,  4  — 

92,  /    —    109,  2j    —    206,  4   —    252,   lyi   —    265,  79  — 

504,  16  —  311,  iS  —  325,  6  —  358,  20  —  359,  ij  — 
372,  16  —  373,  16  —  375,  9  —  382,  /(). 

II.   19,   2()  21,7   26,    //    30,    16   55,   2(^    56,    16  — 

95,  17  —  127,  9  —  136,  ;  —  189,  4,  12  —  193,  2;  — 
248,  /<V  —  253,  i^  —  270,  26  —  271,  i^  —  283,  jt,  6  — • 
300,  ;o   —    321,  7j    —    339,  i    —    359,  16    —   371,  i^  — 

402,  12  —  403,  6  —  420,  20  —  49),  j  —  502,  22  — 
522,  <S'  —  528,  24  -^  545,  /  —  549,  7  —  571,  /,  79  — 
590,  29. 

III.  —  61,  S  —  79,  27  —  80,  j6  —   100,  14,  ly,  20  —   loi,  26  — 

110,20     —      1X1,6     —     151,  i     —     190,22     —     211,1)     — 

218,  20  —  224,  2)  —  234,  10  —  242,  S  —  260,  S  — 
262,  72  —  269,  2)  —  282,  70  —  295,  79  —  297,  26  — 
307,  é    —    329,7    —    357,2^'    —    373,27    —    377,  2^5    — 

403,  20  —  426,  ). 
Divers.       II.  —  274,  77. 

III.  —  121,  16. 

VI\'ÈS.   Commentaire  de  lu  Cilé  de  Dieu.  (Cf.  saint  Augustin.) 

VOPISCUS.  Cf.  Histoire  Auguste. 

\MER  (Jean).  Histoires,  disputes  et  discours  des  illusions  et  impostures  des  diables,  etc.;  le 
tout  compriiis  en  si.x  livres  par  IVier  (trad.  du  latin  par  Jac.  Grévin)  avec 
deux  dialogues  de  Tli.  Crastus.  touchant  le  pouvoir  des  sorcières.  Genève,  1 579. 

WITARD.  Voir  Arrien. 

XÉNOPHON.  "  Xenophonlis  philosoplii  et  historici  clarissimi  opéra,  quœ  qiiidem  grxcè 
extant,  omnia,  partini  jam  olini,  partim  nunc  primum,  bominum  doctissi- 
morum  diligenlia,  in  latinam  linguam  conversa,  atque  nunc  postremum  per 
Sel).  Castalionem  de  intégra  magno  studiosorum  compendio,  recognita.  Quorum 
elenchum  versa  pagella  reperies.  Basileœ,  apuj  Insigrinium,  anno  15  51. 
(Cité  d'après  l'édition  de  1545.) 

Anahase.        I.  —  297,  24  —   365,  2;  —  574,  8. 

III.  —  141,  ). 
Cyropédie.        l.  -    19,1}    —    51,^9    —    80,22    —    146,4    —    183,70    — 

184,   9,    7J     —    250,   9    —     563,    I)    —     371,    72    —     372,    70    — 

375,  21  —  37e,  7. 
H-  —  471,  7  —  474,  4  —  552,  4- 

III.  —  140,  2}    —    153,  77   —    196,  77    —   206,  2,'    —    237,  9   — 
242,  I )  —  296,  S. 


TABLE    DES    OUVRAGES    POSSÉDÉS    PAR    MONTAIGNE 


XÉNOPHOX. 


Economique.        I.  —  318,  6  +  . 
Mémorables.        1.  —  353,  n- 

II.  —  204,  /;  —  273,  4,  II,  16  —  351,  n  —  333,  '  —  534,  V    - 

355-  II  —  575.  2;  —  465,  9- 
III. — 45,/    —    125,^^    —    137,20    —    260,7    —    296,4    — 
374,  //,  2/  —  380,  I. 
Divers.        1.  —  540,  i,  //,  12  —  541,  21. 
II.  —  14,  /. 
III.  —  58,  24  —   137,  7  —  268,  24  —  +421,  72. 

—  "La  mesnagerie  de  Xàiophou.  Les  règles  de  mariage  de  Plittarqiie.  Lettre  de 

consolation  de  Pliitarqiie  a  sa  jemme.  Le  tout  traduict  de  grec  en  français  par 
M.  Estienne  de  La  Boélie,  Conseiller  du  Roy  en  sa  court  de  Parlement 
à  Bardeaux.  Ensemble  quelques  vers  Latins  et  François  de  son  invention. 
Item,  un  discours  sur  la  mort  dudit  Seigneur  de  La  Boètie,  par  M.  de  Mon- 
taigne. A  Paris,  de  l'imprimerie  de  Federic  Morel,  rue  S.  Jan  de  Beauvais, 
au  Franc  Meurier.  M.  D.  LXXI  (1571). 

—  "Le  mesnaaier  de  Xcnophon,  plus  un  Discours  de  l 'excellence du  mesme autheur, 

à  mon  seigneur  Paul  de  Termes,  maréchal  de  France.  A  Paris,  pour  Jan 
Dalier,  libraire  demeurant  sur  le  pont  Saint  Michel,  à  l'enseigne  de  la 
Rose  Blanche.  1562. 

XIPHILIN.  '?Dionis  Nicxi,  rcriini  Ramauarum  a  Pompeio  Magno,  ad  Alexandrum 
Mamœœ  filium  Epitome,  Jaannc  Xiphilino  authore  &  Gnilielmo  Alanco 
Adbiensi  interprète...  1551  ou  1559;  ou  avec  le  texte  des  livres  conservés 
de  Dion,  Bàle  1558,  ou  Lyon,  1559.  (Cité  d'après  l'édition  grecque- 
latine  de  1578.) 

11.-97,17  -  375,  <?  -   )88,  2;. 
III.  —  89,  18. 

ZOXARAS.  *  Chroniques  au  Annales  de  Jean  Zonare.  Jadis  &  quatre  cens  ans  y  ha,  grand 
Drungaire  du  Guet,  &  Premier  Secrétaire  de  Constantinople,  esquelles  sont 
discourues  toutes  Histoires  mémorables  advenues  en  ce  monde,  en  la  révolution 
de  six  mille  six  cens  ans,  &  plus;  disposées  en  trais  parties,  la  première 
disquelles  traitte  l' estât  des  choses  passées  en  Judée,  Perse,  Egypte  &  Grèce, 
depuis  la  création  du  Monde,  jusques  à  la  sulrversion  et  misérable  conflagration 
de  Hierusalcm.  La  seconde  contient  l'Histoire  Romaine  prinscà  l'édification 
de  la  Fille,  jusques  à  l'Empire  du  Grand  Constantin.  La  tierce  raconte  les 
faicts  &  gestes  des  Empereurs  depuis  le  susdict  Constantin,  jusques  au  trespas 
d'Alexis  Comnene  :  lequel  mourut  environ  l'an  de  salut  un^e  cens.  Œuvre 
recommandable  et  longuement  désiré.   Traduit  par  1.  Millet  de  S.  Amour. 


ET    DES    AUTEURS    CITES.  LXXXIII 

ZONORAS. 

au  comte  de  Bourgongne .  La  fin  de  chascune  partie  donne  son  Indice  a  part. 
A  Lyon,  par  Macé  Bonhome,  à  la  Masse  d'Or.  M.  D.  LX.  Avec  privi- 
lège du  Roy. 

I.  —  93,  19  —  19e,  20. 
II.  —  460,  4  —  462,  S  —  469,  1,6  —  471,  I  —  497,  jj. 

ZWINGGERIUS.  *?  Theatrum  vitx  humanœ  :  hoc  est,  Eorum  omnium  jerè  qux  in  hominem 
cadere possunt  Bonortim  alque  Maloritm  exempta  historica,  Eihicsephilosophix 
prœceptis  accommodata,  et  in  XIX  lihros  digesta,  comprehendens  :  Ut  non 
'  immerito  historix  Promptiiariiim,  vitxque  humana;  spéculum  nuncupari 
possit  :  Primùm  à  Conrado  Lycosihene  Rubeaqiiense  inchoatmn  :  deinde 
Theodori  Zvinggeri  Philosophi  et  Medici  Basiliensis  studio  et  lahore  eousque 
deductum,  ut  omnium  ordinum  hominihus  ad  vitam  praxlare  instituendam 
utile  et  jucundum  sil  futurum  :  Hac  verù  editione  pernuiltis  lacis  et  exemplis 
auctuni  et  locuplelatum  :  a  multis  eliam  hxresibus  et  erroribus,  quœ  pio 
lectori  et  vero  catholico  nauseam  movere  potuissent,  consulta  vindicatum  et 
repurgatum.  Adiecto prœterea  indice  locupletissimo,  cùm  rerum,  tum  nominum 
propriorum,  eo  studio  arteque  concinnato,  ut  omnia  hoc  opère  contenta, 
tanquam  per  compendium,  ordine  alphabetico  digesta  Lectori  exhibeat.  Parisiis. 
Apud  Nicolaum  Chesneau,  via  Jacobea,  sub  scuto  Frobeniano,  et  Quercu 
viridi.  M.  D.  LXXI.  Cum  privilégie  Régis. 

I.  —  18,  j   —  105,  2,  _;,  4,  12  —  III,  /  —  122,  2j,  24,  2/. 


PosT  ScRiPTOM.  —  Gr.ice  à  l'obligeance  de  MM.  Joseph  Barrère,  avocat  près  la  Cour  d'appel  de 
Bordeaux,  et  Mounastre  Picamilh,  je  suis  en  mesure  d'ajouter  à  cette  table  le  titre  d'un  ouvrage  dont 
un  exemplaire  muni  de  la  signature  de  Montaigne  est  actuellement  en  la  possession  de  M.  Jacques 
Vieillard  : 

VALENTINI  FORSTERI,  iureconsulti.  De  Historia  luris  Ciuilis  Romani  Libri  très. 
In  quibus  traditur  ortus  Romani  Imperii  :  suhiiciuntur  mutationes  insignes 
magistratuum  in  Repub.  Rom.  et  caussce  :  initia  et  progressus  luris  Ciuilis  : 
nec  non  secundum  seriem  annorum  Catalogus  legum,  tam  ad  publicum  quant 
privatum  statiim  pertinentium  :  deniq^  Vitx  veterum  lureconsullorum ,  à 
Papyrio  inde  usq^  ad  lustinianum  :  item  recentiorum  lureconsullorum,  qui 
à  restituta  per  Lotharium  Saxonem  luris  projessione,  celebritalem  scribendo, 
consulendo  et  docendo,  ad  xtatem  nostram  consequuli  sunt.  Cum  gratia  et 
priuilegio,  ad  annos  sex.  Basileœ,  per  loannem  Oporinum,  et  hasredes 
loannis  Hernagii.  1565. 


LIVRE     PREMIER. 


Chapitre   I. 


PAR    DIVERS    MOYENS    ON    ARRIVE    A    PAREILLE    FIN. 


P.  3,  1.  6.  Edouard).  Il  s'agit  du  Prince  Noir  (the 
Black  Prince),  le  fils  d'Edouard  EU,  et  le  père  de 
Richard  II.  Le  siège  de  Limoges  dont  il  est  ici  ques- 
tion est  le  siège  de  1370.  L'anecdote  que  Montaigne 
rapporte  se  trouve  longuement  développée  chez 
Froissart  :  «  Là  eussiez  veu  très  grand'  pitié,  car 
hommes,  femmes  et  enfans,  se  gettoyent  à  deux 
genoux  devant  le  Prince,  en  criant  merci,  mais  il 
estoit  enflammé  de  si  grand'  ardeur,  que  point  n'y 
entendoit  :  ne  nul,  ne  nulle,  n'estoit  ouy,  mais  tout 
mis  à  l'espee,  quant  qu'on  trouvoit  et  rencontroit, 
&  mesmes  ceux  &  celles,  qui  point  n'en  estoyent 
coupables...  Quand  ils  (Messire  Jehan  de  Villemur, 
Messire  Hugues  de  la  Roche,  &  Roger  de  Beaufort, 
fils  au  Comte  de  Beaufort,  Capitaines  de  la  Cité) 
veirent  la  tribulation  &  la  pestilence  qui  ainsi  couroit 
sur  eux  &  sur  leurs  gens  ils  dirent,  Nous  tous  serons 
morts,  si  nous  ne  nous  défendons.  Or  nous  vendons 
chèrement,  ainsi  que  tous  Chevaliers  doivent  faire... 
Et  firent  ces  trois  François  plusieurs  appertises  d'ar- 
mes :  &  les  laissèrent  tous  les  autres  convenir  :  &:  mal 
pour  ceux,  qui  se  fussent  tirés  avant.  Le  Prince  en 
son  chariot  vint  celle  part  :  &  les  regarda  moult 
voulontiers  :  &  se  rappaisa  &  adoucit,  en  eux  regar- 
dant, moult  fort...  Si  donna  le  Prince  congé  à  toutes 
ses  Gens-d'armes  :  &  n'en  fit  pour  celle  saison  plus- 
avant.   Car  il  ne  se  sentoit  bien  à  son  aise  :   ains 


tousjours  aggravoit  sa  maladie  :  dont  ses  frères  &  ses 
gens  estoyent  tous  ébahis.»  (Éd.  de  1559,  i,  289.) 
Il  faut  noter  d'ailleurs  que,  d'après  Froissart  et 
contrairement  à  l'allégation  de  Montaigne,  si  le 
Prince  de  Galles  fit  grâce  aux  trois  gentilshommes, 
il  n'épargna  pas  les  habitants. 

P.  4,  1.  9.  Scandcrberg).  Souvenir  probable  d'un 
ouvrage  de  Paul  Jove  intitulé  :  Commentarii  délie  cose 
de'  Tiirchi  con  gli  fatti  e  la  vita  di  Scanderberg  (^1541), 
ouvrage  qui  avait  été  traduit  en  français  par  Gaul- 
teron  (Paris,  1544),  sous  ce  titre  :  Commentaires 
d'aucunes  choses  des  Turcs  et  du  seigneur  George  Scan- 
derberg, prince  d'Épire  et  d'Albanie,  contenant  sa  vie  et 
les  victoires  par  lui  obtenues.  On  lit  dans  la  traduction 
de  Gaulteron  :  «  Parlant  ung  jour  Scanderberg  avec 
ses  soldatz  de  faire  quelque  entreprise  d'importance, 
le  soldat  desprouevement  respondit,  &  avec  tant 
d'insolence,  quïl  le  feit  entrer  en  coUere,  de  sorte, 
que  meit  la  main  à  l'espee  &  courut  subitement 
pour  le  frapper.  Mais  le  soldat  tourna  légèrement  le 
cheval  &  se  meit  à  fouyr,  toutesfois  Scanderberg  le 
suyvit  jusques  a  une  rivière,  laquelle  ne  pouvant  le 
soldat  passer  tourna  bride,  &  mettant  la  main  à 
l'espee,  avec  bonnes  &  humbles  parolles  deit,  que 
pour  leaue,  ne  pouvoit  plus  oultre  courir,  &  qu'il 
estoit  contrainct  deffendre  sa  vie.  Ce  voyant  Scan- 
derberg qui  auroit  voluntiers  recouvert  ung  homme. 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


d'ung  tel  vouloir  &  courage,  pour  autant  d'argent 
qu'il  pesoit  plus  tost  que  de  le  perdre,  considère 
mesmes  la  grant  révérence  qu'il  luy  portoit,  tout 
commeu  de  pitié  luy  deit,  vien  avec  moy  &  ne  te 
soucie  sinon  de  faire  bonne  chère,  car  je  ne  te 
nuyray  aucunement.  »  fxLii  fin,  éd.  italienne  de  1541, 
f"  49  V.  ) 

P.  4,  1.  lé.  L'Empereur  Conrad).  Cf.  Bodin,  Me- 
thodus  adfacilem  historiaruni  cognitionein  :  «  Laurentius 
Medices  a  morbo  convaluisse  dicitur  ex  ejus  historié 
narratione  quit  fertur  de  Conrado  tertio  imperatore 
qui  cum  Guelphum  Bavariœ  ducem  obsidione  diu- 
turna  fregisset,  nec  ullis  conditionibus  a  proposita 
susceptaque  urbis  eversione  deduceretur,  ad  extremum 
victus  nobilium  feminarum  precibus,  permisit  ut 
inviolats  abirent,  ea  lege  ut  nihil  ex  urbe,  nisi  quod 
humeris  possent,  exportarent.  tum  illae  confidentia 
majore  dicam  an  pietate,  ducem  ipsum,  maritos, 
liberos,  parentes  ab  humeris  suspensos  gestare  cœpe- 
runt  :  ex  quo  imperator  tantam  voluptatem  cœpit, 
ut  effusis  pra;  gaudio  lachrymis,  non  modo  feritatem 
&  iracundiam  ex  anime  penitus  deposuerit,  verum- 
etiam  urbi  pepercerit,  &  amicitiam  cum  hoste  omnium 
acerrimo  traxerit.  »  (Proœmium.)  Il  s'agit  de  Weins- 
berg,  ville  de  la  Haute-Bavière,  assiégée  en  1 140. 
L'anecdote  vulgarisée  par  Bodin  a  été  répétée  par 
Droit  de  Gaillard  dans  sa  Méthode  de  l'histoire  (1579). 
On  la  retrouve  encore  chez  Coignet  :  Instruction 
aux  princes  pour  garder  la  foy  promise  (1584,  p.  104); 
Coignet  a  pu  la  prendre  aussi  bien  chez  Montaigne 
que  chez  Bodin  ou  chez  Ciroit  de  Gaillard. 

P.  4,  I.  30.  Passion  vitieuse).  Voir  entre  autres 
Sénèque,  De  clément iâ,  v. 

P.  5,  1.  14.  Le  peuple  thebain).  Cf.  Plutarque, 
Comment  on  se  peult  louer  soy  mesinc.  «  Estans  leurs 
capitaines  accusez  de  ce  que  le  temps  de  leur  office 
expiré,  ils  ne  s'en  estoient  pas  incontinent  retournez, 
selon  les  loix  du  pais,  ains  estoient  entrez  en  armes 
dedans  la  Laconie,  avoient  repeuplé  la  ville  de 
Messene,  à  peine  absolurent  Pelopidas,  qui  plioit 
à  telles  objections,  &  les  supplioit  :  Et  au  contraire, 
Epaminondas  qui  vint  à  raconter  magnifiquement 
les  braves  choses  qu'il  a  voit  faittes  en  ce  voiage... 
ils  n'eurent  pas  le  cœur  de  prendre  seulement  les 


ballotes  en  mains  pour  donner  sentence  contre  luy, 
ains  se  départirent  de  l'assemblée,  en  louant  gran- 
dement sa  haultesse  de  courage,  &  s'esjouissant 
&  riant  d'avoir  ainsi  ouy  parler  ce  personnage.  » 
(v,  f°  139  r°.)  Cf.  encore  Les  dicts  notables  des  anciens 
Roys,  Princes,  et  grands  capitaines.  (F°  201  v°.) 

P.  5,  1.  24.  Dionysiiis).  Cf.  Diodore  de  Sicile, 
trad.  Amyot  :  «  Entre  les  prisonniers  fut  pris  aussi 
le  capitaine  Phyton,  &  son  filz,  que  Dionysius  feit 
noyer.  Et  le  lendemain  feit  premièrement  attacher 
&  lier  le  père  sur  la  plus  grande  &  la  plus  haulte 
machine  de  batterie  qu'il  eust,  comme  voulant  faire 
un  exemple  notable  de  vengeance  tragique,  &  luy 
envoya  dire  par  un  serviteur,  comme  le  jour  de 
devant  il  avoit  feit  noyer  son  filz  dedans  la  mer  : 
Phyton  respondit,  qu'il  en  avoit  esté  plus  heureux 
que  son  père  d'un  jour  :  puis  le  feit  le  tyran  trainner 
par  toute  la  ville,  en  le  fessant  &  fouettant  le  plus 
ignominieusement  qu'il  luy  estoit  possible  :  suyvant 
derrière  luy  un  sergent,  lequel  alloit  criant  à  haulte 
voix,  que  Dionysius  le  faisoit  ainsi  chastier  &  punir 
estrangement,  pource  que  c'estoit  luy  qui  avoit  mis 
en  teste  à  ses  citoyens  de  soustenir  la  guerre  contre 
luy.  Mais  Phjnon  s'estant  porté  en  homme  de  bien 
&  bon  capitaine  durant  le  siège  :  &  ayant  vescu 
toute  sa  vie  en  honneur,  endura  aussi  constamment 
&  vertueusement  la  peine  que  le  tyran  luy  feit 
souffrir  à  sa  mort;  car  il  eut  le  courage  tousjours 
constant  &  ferme,  sans  jamais  fleschir,  &  sans  se 
perdre  :  criant  à  haulte  voix  qu'il  enduroit  la  mort 
pour  n'avoir  voulu  trahir  son  pays,  &  le  livrer  entre 
les  mains  du  tyran,  &  que  dedans  peu  de  jours  les 
Dieux  feroient  la  vengeance  de  sa  mort  :  &  fut  sa 
constance  telle  qu'elle  feit  pitié  &  compassion  aux 
soudards  mesme  de  Dionj'sius  :  de  sorte  qu'il  y  en 
avoit  qui  commençoient  ja  à  murmurer  contre  luy. 
Parquoy  Dionysius  craignant  que  quelques  uns  à  la 
fin  ne  prissent  la  hardiesse  de  l'aller  oster  par  force 
aux  bourreaux,  cessa  de  le  faire  plus  martyriser,  &  le 
feit  noyer  dedans  la  mer,  avec  tous  ceulx  de  sa 
parenté.  »  (XIV,  xxix,  éd.  de  1554,  f"  173  r°.) 

P.  6,  1.  17.  Pompeius).  Cf.  Plutarque,  Instruction 
pour  ceulx  qui  manient  affaires  d'estat  :  «  Comme  feit 
aussi    Pompeius    envers    Sthenon ,    son    hoste  ;    car 


LIVRE      I,      CHAPITRE      I. 


3 


aiant  proposé  de  punir  aigrement  les  Mamertins  de 
ce  qu'ils  s'estoient  rebellez  contre  luy,  Sthenon  luy 
dit...  Ces  paroles  touchèrent  tellement  au  cœur  de 
Pompeius,  qu'il  pardonna  à  la  ville,  &  se  porta 
humainement  envers  Sthenon  :  &  l'hoste  de  Sylla, 
ayant  usé  de  semblable  vertu...  car  Sylla  aiant  pris 
la  ville  de  Péruse,  condamna  tous  les  habitans  à 
mourir,  excepté  son  hoste,  auquel  il  pardonna  pour 
l'ancienne  alliance  d'hospitalité  qu'il  avoir  avec  luy  : 
mais  son  hoste  luy  respondit  qu'il  ne  vouloit  point 
estre  tenu  de  sa  vie  au  meurtrier  de  son  pais,  &  se 
jetta  parmy  la  trouppe  de  ses  citoiens  que  Ion  mas- 
sacroit,  où  il  fut  meurtry  quant  &  eulx.  »  (xvii, 
f°  172  r°.) 

Par  erreur  Montaigne  dit  Zenon  au  lieu  de  Sthe- 
non ;  ailleurs  Amyot  appelle  encore  ce  même  per- 
sonnage Stennius  ou  Sthenis. 

P.  6,  1.  24.  Alexandre).  Cf.  Quinte-Curce  :  «  In- 
nixus  telo,  nondum  prioris  vulneris  obducta  cica- 
trice, inter  primores  dimicat,  ira  quoque  accensus, 
quod  duo  in  obsidione  urbis  ejus  acceperat  vulnera. 
Betim,  egregia  édita  pugna,  multisque  vulneribus 
confectum  deseruerant  sui  :  nec  tamen  segnius  prœ- 
lium  capessebat,  lubricis  armis  suo  pariter  atque 
hostium  sanguine.  Sed  cum  undique  telis  est  cir- 
cumductus,  insolenti  gaudio  juvenis  elatus,  aliàs 
virtutem  etiam  in  hoste  miratus,  tune  inquit,  Non, 
ut  voluisti,  morieris,  Beti  :  sed  quicquid  tormentorum 
in  captivum  inveniri  potest,  passurum  esse  te  cogita. 
Ille  non  interrito  modo,  sed  contumaci  quoque 
vultu  intuens  regem,  nullam  ad  minas  ejus  reddidit 
vocem.  Tum  Alexander,  Videtisne  obstinatum  ad 
tacendum?  inquit.  Nom  genu  posuit?  Num  suppli- 
cem  vocem  misit?  Vincam  tamen  silentium,  &  si 
nihil  aliud,  certè  gemitu  interpellabo.  Ira  deinde 
vertit  in  rabiem,  jam  tum  peregrinos  ritus  nova  sub- 
eunte  fortuna.  Per  talos  enim  spirantis  lora  trajecta 
sunt,  religatûmque  ad  currum  traxere  circa  urbem 
equi...  »  (IV,  VI,  éd.  de  1545,  p.  38.) 

P.  8,  1.  2.  Nil!  nefeiit  veu).  Cf.  Diodore  de  Sicile  : 
«  Les  Thebains  retenans  jusques  au  dernier  souspir 
l'amour  de  la  liberté,  tant  s'en  falloit  qu'ilz  cher- 
chassent de  sauver  leurs  vies,  que  en  quelque  lieu 
qu'ilz   rencontrassent  les  ennemys  par  la  ville,   ilz 


s'attachoient  à  eulx,  &  les  prouvoquoient  voulussent 
ou  non  à  les  ferir  &  tuer  :  car  encore  après  que  la 
ville  fut  prise,  iamais  n'y  en  eut  pas  un  qui  requist 
qu'on  lui  sauvast  la  vie,  ne  qui  se  meist  lasche- 
ment  à  genoux  pour  demander  mercy  :  mais  aussi 
l'affliction  de  leur  vertu  ne  trouva  aucune  pitié  vers 
les  ennemys,  &  ne  suffit  pas  la  longueur  du  jour 
pour  assouvir  la  cruaulté  de  leur  vengeance...  Si  fut 
tué  ce  jour  là  plus  de  six  mille  Thebains,  &  y  en 
eut  plus  de  trente  mille  de  prisonniers.  »  (XXVII, 
IV,  f°  262  r°.) 

Chronologie  :  A  cause  de  la  place  qu'il  occupe 
on  pourrait  être  tenté  de  penser  que  cet  essai  est  le 
plus  ancien  de  tous.  Je  crois  qu'il  n'en  est  rien.  En 
effet  :  1°  s'il  ouvre  le  volume  c'est  très  probable- 
ment parce  qu'il  conclut  que  l'homme  est  «ondoyant 
&  divers»,  et  parce  que  Montaigne  tient  très  parti- 
culièrement à  insister  sur  l'inconstance  humaine. 
Cette  idée  conclut  l'édition  de  1580  (Cf.  II,  xxxvii, 
fin);  elle  ouvre  également  le  second  livre  (c'est  l'idée 
maîtresse  de  l'essai  II,  i).  La  place  occupée  par 
l'essai  I,  i  ne  nous  renseigne  donc  aucunement  sur  sa 
date  de  composition.  2°  Deux  exemples  pris  à  la 
traduction  des  Œuvres  morales  de  Plutarque  (le  peuple 
thebain,  p.  5,  1.  14,  et  Pompeius,  p.  6,  1.  17)  ne 
peuvent  être  antérieurs  à  la  fin  de  1572,  date  de 
publication  de  cette  traduction.  Or  certains  essais 
(I,  XX,  par  exemple)  sont  du  début  de  1572. 
3°  L'exemple  de  Conrad  III,  pris  à  l'ouvrage  de  Bodin 
intitulé  :  Meîhodus  ad  facilein  historiarum  cognitionem , 
ne  semble  pas  être  sensiblement  antérieur  à  1578. 

L'examen  de  ces  faits  suggère  diverses  suppositions 
entre  lesquelles  il  est  difficile  de  choisir.  On  peut 
penser  qu'un  premier  essai,  très  rudimentaire,  com- 
posé surtout  des  exemples  d'Edouard  et  de  Scander- 
berg,  a  été  écrit  au  début  de  1572;  que  plus  tard, 
vers  1573,  par  exemple,  les  emprunts  à  Plutarque 
sont  venus  se  joindre  à  ce  noyau  primitif  et  ont 
donné  au  chapitre  sa  véritable  signification;  qu'enfin 
vers  1578  Montaigne  a  ajouté  l'exemple  pris  à  Bodin. 
C'est  l'hypothèse  que  préfère  M.  Lanson  (Cf.  Revue 
d'histoire  littéraire  de  la  France,  oct.  1908,  p.  75e, 
note  2).  Elle  suppose  que  l'essai  a  été  composé  en 


ESSAIS      DE      MOKTAIGKE. 


trois  fois.  Peut-être  encore  a-t-il  été  écrit  en  deux 
fois  :  l'ensemble  daterait  des  environs  de  1573; 
l'anecdote  de  Conrad  serait  venue  plus  tard.  Cette 
hypothèse,  plus  simple  que  la  précédente,  aurait 
l'avantage  de  supposer  cet  essai  contemporain  de 
l'essai  II,  i,  De  l'inconstance  de  nos  actions,  qui  pré- 
sente une  morale  analogue.  Enfin  on  peut  se  deman- 


der si  l'essai  tout  entier  n'a  pas  été  composé  vers  1 578, 
à  l'époque  où  Montaigne  connaissait  l'exemple  de 
Conrad  III  par  la  lecture  de  Bodin.  J'incline,  pour 
ma  part,  à  préférer  ces  deux  dernières  hypothèses 
qui  me  paraissent  plus  simples  que  la  première,  mais 
toutes  deux  me  semblent  à  peu  près  aussi  probables 
l'une  que  l'autre. 


Chapitke    II. 


DE      LA      TRISTESSE. 


P.  9, 1.  5.  Malignité).  Le  mot  italien  «tristezza»,  en 
même  temps  que  le  chagrin,  désigne  la  méchanceté. 
On  le  trouve  dans  les  deux  sens. 

P.  9,  1.  6.  Les  stoïciens).  Dans  les  lectures  qu'il 
fait  après  1588,  Montaigne  trouve  ceci,  notamment 
chez  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  XIV,  viii. 

P.  9,  1.  7.  Psammenitus).  Souvenir  d'Hérodote 
(in,  xiv).  Montaigne  ne  reprend  pas  du  tout  ici  les 
mots  du  traducteur  Saliat. 

P.  9,  1.  15.  Un  prince  des  nostres).  Sur  l'expression 
«prince  des  nostres»,  cf.  ci-dessous  (I,  xxiv,  t.  I, 
p.  158,  1.  2).  Il  s'agit  de  Charles  de  Guise,  le  fameux 
cardinal  de  Lorraine  qui  assista  au  Concile  de  Trente 
depuis  le  milieu  de  l'année  1562  jusqu'à  la  fin  de 
1563.  Son  frère  le  duc  François  de  Guise,  le  chef  de 
la  famille,  mourut  assassiné  devant  Orléans  le  24  fé- 
vrier 1563;  le  6  mars  1563  un  autre  de  ses  frères, 
un  bâtard  puîné,  abbé  de  Cluny,  mourut  des  suites 
d'une  fluxion  de  poitrine  contractée  à  la  bataille  de 
Dreux. 

P.  10,  1.  15.  Ancien  peintre).  Il  s'agit  d'un  tableau 
de  Timanthe,  peintre  du  iv'  siècle  avant  J.-C.  Beau- 
coup d'auteurs  anciens  ont  mentionné  la  particularité 
à  laquelle  Montaigne  fait  allusion  :  Cicéron,  Oralor, 
XXII  ;  Pline,  Hist.  nat.  XXXV,  x;  Valère  Maxime, 
Vni,  II,  ext.  6;  Quintilien,  Inst.  orat.,  II,  xui.  Mon- 
taigne ne  reproduit  les  mots  d'aucun  de  ces  auteurs. 
Il  trouvait  d'ailleurs  le  même  fait  souvent  rappelé 
chez  les  vulgarisateurs  contemporains. 

P.  10,  1.  24.  Dirignisse).  «Avoir  été  pétrifiée  par  la 
douleur.»  (Ovide,  Métam.,W,  304.)  Les  éditions  du 
XVI'  siècle  comme  les  éditions  modernes  donnent  le 


texte  :  «  diriguitque  malis  »  ;  Montaigne  change  la 
forme  du  verbe  pour  fondre  plus  intimement  la  cita- 
tion latine  dans  la  phrase  française. 

P.  11,1.  5.  Et  via).  «  Enfin  à  grand 'peine  la  dou- 
leur a  ouvert  un  passage  à  sa  voix.  »  (Virg.,  En.,  XI, 
151.) 

P.  II,  1.  6.  En  la  guerre).  Cf.  Paul  Jove,  Historix 
sui  temporis  :  «Erat  inter  Germanos  duces  insignis 
Raisciacus  Suevus  :  hujus  filius  impiger  adolescens, 
quum  ignaro  pâtre  in  aciem  prodiisset,  strenueque 
decertans  spectante  ante  alios  atque  admirante  virtu- 
tem  pâtre,  a  cunctis  vel  ignotus  eôuse  laudaretur, 
priusquam  se  explicaret  a  circumfusis  hostibus  est 
interfectus.  Tum  vero  Raisciacus  casu  equitis  vehe- 
menter  commotus,  ignarusque  suaj  sortis,  conversus 
ad  alios  duces  :  omni,  inquit,  laude  perornandus 
videtur  hic  quisquis  sit  equitum  longe  lortissimus, 
ac  omnino  publici  funeris  honore  tumulandus.  Id 
quum  ab  omnibus  pari  pietate  probaretur,  infœlicis 
filii  ad  longe  miserrimum  patrem  cadaver  est  relatum, 
verioresque  tum  omnibus  obortse  sunt  lachrymje 
sed  in  pâtre  repentinus  dolor  profundius  ad  vitalia 
pervasit,  atque  ita  ille  paulo  post,  quum  rigentibus 
oculis  stetisset,  nihil  eff"atus  interiit.  »  (XXXIX, 
f"  252  c.) 

P.  II,  1.  15.  Chi  pno  dir).  «Qui  peut  dire  à  quel 
point  il  brûle,  est  dans  un  petit  feu.  »  (Pétrarque, 
sonnet  137.) 

P.  II,  1.  18.  Misera  qitod  oinnes).  «  Misérable  que  je 
suis!  l'amour  m'arrache  le  sentiment.  A  ta  vue, 
Lesbie,  je  perds  la  parole,  je  suis  hors  de  moi;  ma 
langue  s'embarrasse,  une  flamme  subtile  court  dans 


ESSAIS      DE      MONTAIGKE. 


mes  membres;  mes  oreilles  bourdonnent,  et  la  nuit 
couvre  mes  yeux.  »  (Catulle,  li,  5.) 

Ce  texte  se  lit  dans  diverses  éditions  du  xvi"  siècle, 
en  particulier  Anvers  1569,  Lyon  1573,  etc. 

P.  12,  1.  14.  Ctirœ).  «  Les  légers  soucis  sont  bavards, 
les  grandes  passions  sont  silencieuses.  >>  (Sén.,  Hipp., 

n,  III,  607.) 

p.  12, 1.  17.  Ut  me).  «Dès  qu'elle  me  vit  approcher, 
dès  qu'elle  aperçut  de  tous  côtés  les  armes  troyennes, 
affolée,  frappée  comme  d'une  vision  prodigieuse,  elle 
se  pétrifia  soudain:  la  chaleur  abandonna  ses  os  :  elle 
tombe,  et  ce  n'est  que  longtemps  après  qu'elle  peut 
enfin  parler.  »  (Virg.,  En.,  III,  306.) 

P.  12,  1.  20.  OuUre  la  femme).  Montaigne  réunit 
ici  plusieurs  exemples  de  morts  causées  par  la  joie. 
D'autres  avant  lui  avaient  fait  de  pareilles  collections. 
Cf.  Aulu-Gelle,  III,  xv  ;  Crinitus,  De  honesta  disci- 
plina, II,  VI  ;  Messie.  Diverses  levons,  I,  xvii;  Ravisius 
Textor,  Officina,  etc..  Les  mêmes  exemples  se  retrou- 
vent souvent  chez  ces  divers  auteurs.  La  liste  de 
Ravisius  Textor  présente  tous  les  noms  allégués  par 
Montaigne  à  l'exception  de  celui  de  Léon  X.  Mon- 
taigne a  dû  connaître  celle-là  ou  quelque  autre 
analogue.  En  tous  cas  il  n'a  pas  eu  à  prendre  chacun 
des  exemples  suivants  à  sa  source. 

P.  12,  1.  20.  Femme  romaine).  Cf.  Pline,  Hist. 
nat.,  VII,  Liv. 

P.  12, 1,  21.  Sophocle).  Id.,  ibiJ.,  et  Valère  Maxime, 
IX,  XII,  ext.  ). 

P.  12,  1.  21.  Denys).  Cf.  Pline,  Hisl.  nat.,  VIL 
Liv.  Le  récit  de  Diodore  de  Sicile  est  différent  de 


celui  de  Pline;  c'est  sur  la  foi  de  Diodore  que  Mon- 
taigne atténuera  son  affirmation  lorsque,  après  1588, 
il  parlera  à  nouveau  de  la  mort  de  Denys.  (II,  xvii, 
t.  II,  p.  414,  1.  I.) 

P.  12,  1.  22.  Talva).  Cf.  Valère  Maxime,  IX,  xii. 

P.  12,  1.  24.  Léon  dixiesme).  Cf.  Guichardin, 
Hisl.  d'Italie,  XIV;  mais  cet  auteur  ajoute  que 
Léon  X  fut  peut-être  empoisonné,  supposition  que 
Montaigne  ne  mentionne  pas.  «Mori  di  morte  inas- 
pettata  il  primo  di  di  Dicembre  il  Pontefice  Lione, 
il  quale  havendo  havuto...  la  nuova  dello  acquisto 
di  Milano,  &  ricevutone  incredibile  piacere,  sopra- 
preso  la  notte  medesima  da  piccola  febre,  &  fattosi 
il  di  seguente  portare  a  Roma...  mori  fra  pochissimi 
di,  non  senza  sospetto  grande  di  veleno  datogli.  » 
(F°  695  A.) 

P.  13,  1.  2.  Diodorns).  Cf.  Pline,  VII,  liv. 

Chronologie  :  Cet  essai  est  probablement  l'un  des 
plus  anciens.  Un  emprunt  à  Guichardin  le  rattache 
au  groupe  de  1572;  de  plus  Montaigne,  pour  re- 
cueillir des  exemples  de  morts  causées  par  la  joie,  se 
sert  probablement  de  la  compilation  que  nous  verrons 
de  nouveau  entre  ses  mains  quand  nous  étudierons 
l'essai  I,  xx  :  or  l'essai  I,  xx,  est  de  mars  1 572.  Il  est  vrai 
que  Montaigne  emploie  l'expression  «  dernièrement  » 
à  l'occasion  d'un  fait  qui  date  de  1563,  et  cela 
pourrait  nous  inciter  à  placer  la  composition  de  cet 
essai  bien  avant  1572  :  ce  serait  oublier,  je  crois,  que 
le  mot  «  dernièrement  »  a  souvent,  au  xvi=  siècle,  un 
sens  très  élastique. 


Chapitre  III. 


NOS    AFFECTIONS    S  EMPORTENT    AV    DELA    DE    NOVS. 


P.  14,  1.  12.  Calamitosus).  «Tout  esprit  soucieux 
de  l'avenir  est  malheureux.  »  (Sén.,  Ép.  98.) 

P.  14,  1.  14.  Ce  grand  précepte).  Cf.  Platon,  Timée. 
«Scitum...  priscum  id  dictum  :  Agere  sua,  séque 
ipsum  cognoscere,  solius  prudentis  est  opus.  »  (P.  72  ; 
éd.  de  1546,  p.  724.) 

P.  1 5, 1.  2.  Utstultitia).  «  Comme  la  folie,  quand  on 
luy  octroyera  ce  qu'elle  désire  ne  sera  pas  contente, 
aussi  est  la  sagesse  contente  de  ce  qui  est  présent,  ne 
se  desplaist  jamais  de  soy.  »  (Cic,  Tiisc,  V,  xviii.) 
Cette  traduction  est  fournie  par  l'édition  des  Essais 
de  1595  qui  la  substitue  au  texte  latin  donné  par  le 
manuscrit. 

P.  151-5.  Epiciirns).  Cf.  à  ce  sujet  Cicéron,  Tusc, 

m,  XVI. 

p.  15,  1.  26.  Tite-Live).  Peut-être  allusion  à  un 
passage  des  Annales,  XXXV,  48. 

P.  16, 1. 1.  L'un).  Cf.  Tacite,  Annales.  «Interrogatus 
a  Nerone  quibus  causis  ad  oblivionem  sacramenti 
processisset  :  oderam  te,  inquit  :  nec  quisquam  tibi 
fidelior  militum  fuit,  dum  amari  meruisti.  Odisse 
cœpi,  postquam  parricida  matris  &  uxoris,  auriga, 
&  histrio  &  incendiarius  exstitisti.  »  (XV,  lxvii.) 

P.  16,1.  3.  L'autre).  Id.,ihid.  «Breviter  respondens, 
non  aliter  tôt  flagitiis  ejus  subveni  posse.  »   (XV, 

LXVIII.) 

P.  lé,  1.  9.  Mort  des  roys).  Cf.  Hérodote.  «  Aussi  les 
Lacedemoniens  observent  mesme  coustume  que  les 
barbares  de  l'Asie,  &  plusieurs  autres  nations  en  la 
mort  de  leurs  Roys.  Car  il  faut  que  tous  les  amis 
du  Lacedemon,  qui  sont  reputez  pour  voisins  des 


Spartiates,  se  trouvent  à  ces  funérailles.  Quand  plu- 
sieurs milliers  de  ces  voisins,  des  Hilotes,  &  des  Spar- 
tiates mesme  se  sont  assemblez  tant  hommes  que 
femmes  tous  pesle  mesle,  ils  se  taillent  &  decouppent 
le  front,  &  avec  cris  &  lamentations  infinies  regretent 
leur  Roy  :  disans  tousjours  que  le  dernier  est  le  meil- 
leur qu'ilz  eurent  onque.  »  (VI,  lxviii;  t.  II,  f°  20  r°.) 

P.  lé,  1.  14.  Aristote).  Cf.  Morale  à  Nicomaque, 
I,  10.  Cette  allusion  est  de  1595;  déjà  en  1580 
Montaigne  avait  disserté  sur  la  même  pensée  dans 
l'essai  I,  xix. 

P.  16,  1.  22.  Quisquam  vix).  «  Il  est  bien  difficile 
que  nous  nous  déracinions,  pour  ainsi  dire,  &  que 
nous  nous  arrachions  à  la  vie  :  l'homme  s'imagine 
dans  son  ignorance  de  l'avenir,  qu'une  partie  de 
lui-même  lui  survit;  &  il  ne  peut  se  détacher 
&  s'affranchir  entièrement  de  son  corps  terrassé  par 
la  mort.  »  (Lucr.,  III,  890,  891  et  895.) 

Montaigne  a  modifié  assez  sensiblement  son  texte, 
et  l'édition  Lambin  n'explique  pas  ces  modifications. 

«Nec  radicitus  è  vita  se  tollit,  &  ejicit  :  sed-facit 
esse  sui  quiddam  super  inscius  ipse...  Nec  removet 
satis  à  projecto  corpore  :  &  illud  se  fingit.  » 

P.  17, 1.  I.  Bertrand  du  Glesquin).  Cf.  Jean  Bouchet, 
Annales  d'Aquitaine.  «  Bertrand  du  Guesquin,  connes- 
table  de  France,  mourut  de  maladie,  au  siège  qu'il 
tenoit  devant  le  chasteau  de  Rançon,  a  quatre  lieues 
près  le  Puy  en  Aulvergne;  &  le  jour  de  son  trépas, 
ceulx  du  dict  chasteau,  apportèrent  les  clefs  sur  le 
corps  du  dict  Guesquin.  »  (F°  127  r°.) 

P.  17,  1.  4.  Barthélémy  d'Alviane).  Cf.  Guichardin, 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


Histoire  d'Italie.  «  Il  quale  (Bartolomeo  Alviano) 
ammalato  a  Ghedi  in  Bresciano...  passô  ail'  altra 
vita...  et  volendo  condurlo  a  Vinegia,  non  comporté 
Teodoro  Trivulzio  che  per  poter  passar  perVeronese, 
si  dimandasse,  corne  molti  ricordavano,  salvocondotto 
a  Marcantonio  Colonna,  dicendo  non  essere  conve- 
niente  che  chi  vivo  non  haveva  mai  havnato  paura 
de  nimici,  morto  facesse  segno  di  temergli.  »  (XII, 
607,  c.) 

P.  17,  1.  13.  Celity  qui  deiiiandoit).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Nicias.  «...  Faisant  descente  sur  le  pais  des 
Corinthiens,  il  (Nicias)  desfeit  ceux  qui  se  présen- 
tèrent en  battaille  devant  luy,  &  en  occit  un  bon 
nombre...  Mais  en  ceste  rencontre  il  luy  advint 
d'oublier  à  inhumer  deux  de  ses  gens  qui  y  estoient 
morts,  dont  on  n'avoit  peu  trouver  les  corps  en 
recueillant  les  autres  :  mais  si  tost  qu'il  en  fut  adverty, 
il  feit  arrester  toute  la  flotte,  &  envoya  devers  les 
ennemis  un  herault  demander  congé  d'enlever  ces 
deux  corps  :  combien  que  par  l'usance  de  la  guerre 
ceulx  qui  envoyoient  demander  congé  d'enlever  les 
morts,  quittassent  la  victoire,  de  sorte  qu'il  ne  leur 
estoit  pas  puis  après  loisible  de  dresser  un  trophée, 
pour  marque  de  victoire,  pource  qu'il  sembloit  que 
ceulx  qui  les  avoient  en  leur  puissance  fussent  vic- 
torieux, &  ne  se  pouvoir  dire  que  ceulx  qui  les 
demandoient  de  grâce,  les  eussent  en  leur  puissance, 
autrement  ilz  ne  les  eussent  pas  requis.  »  (11,  f°  169  v°.) 

P.  17,  I.  18.  Agesilaus).  Id.,  Vie  d'Agésilas. 
«...  Ayans  ses  ennemis  envoyé  demander  licence 
d'enlever  leurs  morts,  il  (Agesilaus)  leur  ottroya 
trefves  pour  ce  faire,  enquoy  faisant  il  confirma  sa 
victoire.  »  (vi,  f°  425  r".) 

P.  17, 1.  25.  Edouard  premier).  Mort  en  juillet  1307. 
J'ignore  où  Montaigne  a  pris  ce  fait  :  les  ouvrages 
du  XVI'  siècle  où  je  l'ai  trouvé  mentionné  le  pré- 
sentent autrement  que  Montaigne. 

P.  18,  1.  I.  Jean  Vischa).  Il  s'agit  de  Jean  Zischa, 
le  chef  des  Hussites  (i  360-1424).  Le  fait  semble  être 
souvent  allégué  dans  les  compilations  d'exemples 
du  XVI'  siècle  :  dans  Fulgose  (III,  vu),  dans  le  Thea- 
trumvitx  humanx  de  Zwinger  (éd.  de  1571,  col.  852). 
Les  compilateurs  le  prennent  chez  Eneas  Silvius 
Piccolomini. 


P.  18,  1.  7.  Certains  Indiens.)  Dans  la  vallée  des 
Alcazares.  Cf.  Lopez  de  Gomara,  Hist.  générale  des 
Indes.  «  Ils  portent  à  la  guerre  les  hommes  morts, 
qui  ont  esté  vaillans,  pour  rendre  les  soldats  plus 
courageux,  &  pour  leur  donner  exemple...  Ces  corps 
sont  sans  chair,  ils  ont  seulement  les  oz  joints 
ensemble  par  les  jointures.  »  (III,  xxii,  f°  241  v°.) 

P.  18,  1.  15.  Capitaine  Bayard).  Cf.  les  Mémoires  des 
frères  du  Bellay.  «  Le  capitaine  Bayar  fut  blessé  d'une 
harquebouzade  au  travers  du  corps,  lequel  persuadé 
de  ses  gens  de  se  retirer  ne  le  voulut  consentir, 
disant  n'avoir  jamais  tourné  le  derrière  à  l'ennemy. 
Et  après  les  avoir  repoussez,  se  feit  descendre  par  un 
sien  maistre  d'hostel,  lequel  jamais  ne  l'abandonna, 
&  se  feit  coucher  au  pied  d'un  arbre  le  visage  devers 
l'ennemy.  »  (II,  59.) 

P.  18,  1.  24.  L'Empereur  Maximilian).  Peut-être 
Montaigne  rapporte-il  ce  fait  d'après  une  tradition 
orale  :  je  ne  l'ai  trouvé  mentionné  dans  aucun  ou- 
vrage du  temps. 

P.  19,  1.  13.  L'ordonance  que  Cyrus).  Cf.  Xéno- 
phon,  Cyropédie.  «  Si  quis  vestrûm  aut  dextram  meam 
tangere,  aut  oculum  meum  dum  adhuc  vivo  intueri 
velit,  me  adeat  propius.  Verùm  ubi  ego  oculos 
clausero,  peto  à  vobis  filii,  nemo  amplius  corpus 
meum  intueatur,  neque  vos  etiam  ipsi.  »  (VIII, 
VII,   297.) 

P.  20, 1.  3.  Vanité  si  persévérante).  Pour  une  critique 
analogue  de  gens  qui  se  préparent  de  pompeuses 
funérailles,  cf.  Érasme,  Eloge  de  la  folie,  édit.  de  1544, 
p.  100. 

P.  20, 1. 8.  L'ordonnance  de  Marcus ./Emilius  Lepidus). 
Cf.  Tite-Live.  «  Marcus  .^mihus  Lepidus,  antequam 
exspiraret,  prœcepit  filiis,  lecto  se  strato  sine  linteis, 
sine  purpura,  efferrent.  »  (Epitome,  XLVIII.) 

P.  20,  1.  15.  Le  philosophe  Lycon).  Cf.  Diogène 
Laerce,  Vie  de  Lycon.  «  Cœterum  funus  &  crematio 
curœ  erit  Buloni  &  Callino  &  amicis  cœteris,  uti  ne 
illiberalis,  neu  superflua  sit...  De  sepultura  vero 
videbit  Lycon,  sive  me  hic,  sive  domi  sepelire  ma- 
luerit.  »  (V,  lxxiv,  304-306.) 

P.  20,  1.  17.  /('  lairrai).  On  peut  rapprocher  du 
sentiment  de  Montaigne  celui  que  Cicéron  a  ex- 
primé dans  les  Tusculanes  :  «  Quantum  consuetudini 


LIVRE      I,      CHAPITRE      III. 


famaèque  dandum  sit,  id  curent  vivi  :  sed  ita  ut 
intelligant  nihil  id  ad  mortuos  pertinerc.  »  (I,  xi.\'; 
t.  IV,  125.) 

P.  20,  1.  19.  Toliis  hic  locus).  «  C'est  un  soin  qu'il 
faut  entièrement  mépriser  pour  soi-même  et  ne  pas 
négliger  pour  les  siens.  »  (Cic,  Tusc,  I,  xlv.) 

P.  20,  1.  21.  Cnratio fnneris).  «Le  soin  des  funé- 
railles, le  choix  de  la  sépulture,  la  pompe  des  obsè- 
ques regardent  plutôt  la  consolation  des  vivants  que 
le  profit  des  morts.  »  (Saint  Augustin,  Cité  de  Dieu, 

\,    XII.) 

P.  20,  1.  22.  Sacrâtes).  Cf.  Platon,  Phédon.  «  Opor- 
tet...  dicere  corpus  sepeliri  meum  atque  ita  sepeliri, 
ut  tibi  placebit,  maximéque  justum  esse  censebis.  » 
(lxiv,  p.  1 1 5  ;  éd.  de  1 546,  p.  5 19  ;  et  encore  Cicéron, 

Tusc,   I,    XLIII.) 

P.  21,  1.  15.  Diomedon).  Cf.  Diodore  de  Sicile. 
«  Adonc  Diomedon  l'un  d'entre  eulx,  homme  de 
bien  de  sa  personne  en  la  guerre,  &  au  demeurant 
droitturier  &  vertueux  en  la  paix,  se  tira  en  avant 
pour  parler,  &  luy  estant  faict  silence  parla  en  ceste 
manière  ;  «  Seigneurs  Athéniens,  je  prie  aux  Dieux 
»  que  la  sentence  que  vous  avez  donnée  alencontre 
»  de  nous,  tourne  au  bien  &  à  l'honneur  de  la  chose 
»  publique.    Mais   puis  qu'aii^i  est  que  la  fortune 


»  nous  garde  de  pouvoir  nous  mesmes  acquitter  les 
»  veusz  que  nous  avions  faicts  &  vouez  aux  Dieux 
»  pour  la  victoire,  il  est  raisonnable  que  vous  ayez 
»  le  soing  de  les  payer  :  car  nous  avions  promis 
»  &  voué  de  sacrifier  à  Jupiter  sauveur,  à  ApoUo, 
»  &  aux  vénérables  Déesses,  si  par  leur  grâce  nous 
»  obtenions  la  victoire.  »  Ayans  dit  ces  paroles,  il 
fut  mené  avec  les  autres  à  la  mort.  »  (XIII,  xxxi- 
xxxii,  f°  118.) 

P.  22,  1.  2.  Car  Chabrias).  Id.,  XV,  rx,  i°  190  r°. 

P.  22,  1.  4.  L'islc  de  Naxe).  Naxos,  île  de  la  mer 
Egée,  la  plus  grande  des  Cyclades.  La  forme  Naxe 
est  dans  la  traduction  de  Diodore  par  Amyot. 

P.  22,  1.  9.  Quœris...).  «  Veux-tu  savoir  où  tu 
seras  après  la  mort?  Où  sont  les  choses  à  naître.  » 
(Sénèque,  Troad.^  chor.,  act.  II,  v.  30.) 

P.  22,  1.  12.  Neque  sepidchrum...).  «Qu'il  n'ait  pas 
de  tombeau  pour  le  recevoir,  de  port  où,  déchargé 
du  poids  de  la  vie  humaine,  son  corps  repose  en 
paix.  »  (Ennius,  chez  Cicéron,  Tusc,  I,  xliv.) 

Chronologie  :  Les  emprunts  à  Jean  Bouchet 
(p.  17,  1.  i),  à  Guichardin  (p.  17,  1.  4),  aux  frères 
du  Bellay  (p.  18,  1.  15),  prouvent  que  cet  essai  est 

des  environs  de  1572. 


Chapitre   1\. 


COMME    LAME    DESCHARGE    SES    PASSIONS    SVR    DES    OBIECTS    FAVX,    Q.VA\D    LES    VRAIS    LVY    DEFAILLENT. 


P.  25,  1.  12.  Fcntiis).  «  De  même  que  le  vent,  si 
d'épaisses  forêts  ne  viennent  pas  lui  faire  obstacle, 
perd  ses  forces  et  se  dissipe  dans  l'espace  vide...  » 
(Lucain,  III,  362.)  Le  texte  est  celui  des  éditions 
contemporaines. 

P.  24,  1.  i6.)  Plutarque  dans  la  Fie  de  Pcriclès. 
«  Cïesar  voiant  un  jour  à  Rome  quelque  estrangers 
hommes  riches  &  opulents,  qui  avoient  tousjours 
entre  leurs  bras  de  petits  chiens  &  de  petites  guenons, 
&  les  cherissoient  mer\'eilleusement,  leur  demanda 
si  les  femmes  en  leur  pais  ne  faisoient  pas  des  en- 
fans  :  reprenant  très  sagement  ceulx  qui  emploient 
envers  les  bestes  l'inclination  à  aimer,  &  l'affection 
de  charité  que  la  nature  a  mise  en  nous,  pour  en 
user  envers  les  hommes  &  non  pas  envers  les  bestes.  » 
(i,  104.) 

P.  24,  1.  7.  Pannonis).  «  Ainsi  l'ourse  de  Pannonie 
devient  plus  féroce  après  avoir  été  atteinte  du  javelot 
que  retient  la  mince  courroie  de  Libye.  Elle  se  roule 
sur  sa  plaie,  et,  furieuse,  elle  cherche  à  mordre  le 
dard  dont  elle  est  percée,  et  poursuit  le  fer  qui  tourne 
avec  elle.  »  (Lucain,  VI,  220.)  Le  texte  est  celui  des 
éditions  contemporaines. 

P.  24,  1.  17.  Fhrc  omîtes).  «  Tous  de  pleurer  aus- 
sitôt et  de  se  frapper  la  tète.  »  (Tite-Live,  XXV, 
xxxvii.)  Les  deux  frères  dont  il  est  ici  question  sont 
Publias  et  Cnéus  Scipion. 

P.  24,  1.  18.  Le  philosophe  Bion).  Cf.  Cicéron,  Tusc. 
«  In  quo  facetum  illud  Bionis,  perinde  stultissimum 
Regem  in  luctu  capillum  sibi  evellere,  quasi  calvitio 
mœror  levaretur.  »  (III,  xxvi,  t.  FV,  149.) 

P.  24, 1.  22.  Xerxes).  Peut-être  Plutarque,  Comment 


il  jault  refréner  la  cholere.  «Xerxes...  donna  des  poin- 
sonnades  &  des  coups  de  fouet  à  la  mer,  &  escrivit  des 
lettres  missives  à  la  montagne  Athos...  »  (v,  57  v°). 
L'addition  du  manuscrit  s'explique  par  le  texte  d'Hé- 
rodote que  Montaigne  lut  précisément  après  1588. 
«  Xerxes...  commanda  que  trois  cents  coups  de  fouet 
fussent  donnés  à  l'Hellespont  &  qu'on  jetât  dedans 
deux  paires  de  fers  pour  mettre  aux  pieds.  Et  j'ai 
davantage  entendu  qu'il  envoya  marques  pour  le 
flétrir  et  stigmatiser.  A  la  vérité  il  commanda  qu'il 
fust  souffleté  avec  ces  paroles  barbares  et  présomp- 
tueuses... »  (VII,  XXXV.) 

P.  24,  1.  23.  Cyrus).  Peut-être  Sénèque,  De  ira, 
III,  XXI.  Le  fait  est  d'ailleurs  souvent  allégué  par  les 
vulgarisateurs  du  xvi=  siècle. 

P.  24,  1.  25.  Caligiila).  Id.,  ibid.,  III,  xxii.  Mais  je 
crois  avec  Coste  qu'il  faut  lire  «  desplaisir  »  au  lieu 
de  «plaisir».  Voici  en  effet  le  texte  de  Sénèque  : 
«  Cassar  villam  in  Herculanensi  pulcherrimam,  quia 
sua  mater  aliquando  in  illa  custodita  erat,  dirait.  » 

P.  25,  1.  i.  Un  roy  de  nos  voisins).  Le  texte  invite 
à  penser  qu'il  s'agit  probablement  d'un  roi  de  Castille. 
Mais  je  n'ai  pu  retrouver  aucune  indication  précise 
à  ce  sujet.  Victor  Leclerc  suppose  que  Montaigne 
fait  allusion  à  Alphonse  XI,  mais  le  texte  de  Charles 
Bovelle  qu'il  allègue  à  ce  propos  {Géométrie  pratique, 
édition  de  1547,  f°  62),  ne  fournit  pas  même  un 
commencement  de  présomption  en  faveur  de  cette 
hypothèse. 

P.  25,  1.  8.  Augustus  César).  Cf.  Suétone,  Vie 
d'Auguste,  xvi.  Montaigne  ne  traduit  pas  Suétone, 
mais  son  allégation  est  exacte. 


LIVRK      I,      CHAPITRE      IV 


P.  2),  1.  12.  Ayant  perdu  une  bataille).  Id.,  ibid. 
«  Ut  caput  interdum  foribus  illideret  vociferans  : 
Quinctili,  Vare,  legiones  redde.  »  (xxiii.) 

P.  25,  1.  18.  Tljraces).  Cf.  Hérodote.  «CesThraces 
tirent  contre  le  ciel  traicts  &;  flesches,  lors  qu'il  tonne 
ou  esclaire,  menaçans  leur  dieu  &  estimans  que  point 
n'en  est  d'autre.  »  (IV,  xciv,  t.  I,  f°  278  r°.) 

P.  25,  1.  20.  Che:^  Plutarque).  Dans  le  Traité 
intitulé  :  Comment  il  fault  refréner  la  cholere  (iv, 
î°  69  v). 


Chronologie  :  Aucune  allusion  et  aucun  emprunt 
ne  me  semblent  révéler  la  date  de  composition  de 
cet  essai.  Peut-être  est-il  de  1572  comme  les  essais 
voisins.  Sans  doute  les  vers  qui  terminent  sont  pris 
aux  Œuvres  morales  de  Plutarque  traduites  par  Amyot 
et  n'ont  pas  pu  être  insérés  avant  la  fin  de  1572, 
mais  la  place  même  qu'ils  occupent  permet  de  sup- 
poser qu'ils  ont  été  insérés  après  coup.  L'hypothèse 
reste  donc  possible,  toutefois  aucun  fait  ne  permet 
de  l'appuyer. 


Chapitre   V. 


SI    LE    CHEF    D  VNE    PLACE    ASSIEGEE    DOIT    SORTIR    POVR    PARLEMENTER. 


P.  26,  1.  I.  Luciiis  Marcius).  Le  fait  est  assez 
fréquemment  mentionné  par  les  vulgarisateurs  du 
xvi''  siècle.  Cf.  par  exemple  Gentillet,  Discours  sur  les 
moyens  de  bien  gouverner,  III,  xii;  éd.  de  1579,  p.  385; 
Droit  de  Gaillard,  Méthode  de  l'histoire,  xv;  éd.  de  1579, 
p.  254,  qui  l'allèguent  précisément  dans  le  même  but 
que  Montaigne,  pour  disserter  sur  l'opposition  entre 
la  ruse  et  la  force.  L'allusion  de  1580  ne  suppose 
donc  pas  nécessairement  un  souvenir  direct  de  Tite- 
Live  qui  nous  a  rapporté  cette  histoire;  en  tout  cas 
le  texte  de  Tite-Live  n'y  est  pas  traduit.  Dans  l'addi- 
tion de  1595,  au  contraire,  on  retrouve  les  mots 
mêmes  de  cet  auteur  :  «  Haec,  ut  summa  ratione 
acta,  magna  pars  senatus  adprobabat  :  veteres  &  moris 
antiqui  memores,  negabant  se  in  ea  legatione  Ro- 
manas  agnoscere  artes.  Non  per  insidias  &  nocturna 
pra^lia,  nec  simulatam  fugam  improvisosque  ad 
incautum  hostem  reditus,  nec  ut  astu  magis  quàm 
vera  virtute,  gloriarentur,  bella  majores  gessisse.  in- 
dicere  prius,  quàm  gerere  solitos  bella,  denuntiare 
etiam,  interdum  locum  finire,  in  quo  dimicaturi 
essent.  Eadem  fide  indicatum  Pyrrho  régi  medicum, 
vitae  ejus  insidiantem  :  eadem  Faliscis  vinctum  tra- 
ditum  proditorem  liberorum  régis.  Hase  Romana 
esse,  non  versutiarum  Punicarum,  neque  calliditatis 
Grscas,  apud  quos  fallere  hostem  quàm  vi  superare, 
gloriosius  fuerit.  Interdum  in  prajsens  tempus  plus 
profici  dolo,  quàm  virtute  :  sed  ejus  demum  animum 
in  perpetuum  vinci,  cui  confessio  expressa  sit,  se 
neque  arte,  neque  casu,  sed  conlatis  comminus  viri- 
bus  justo  ac  pio  bello  esse  superatum.  »  (XLII,  xlvii, 
p.  904.) 


P.  27,  1.  5.  Dolus).  «Ruse  ou  valeur,  qu'importe 
entre  ennemis?»  (Virg.,  ^«.,11,  390.)  Cette  sentence 
de  Virgile  est  citée  par  Henri  Estienne  dans  son 
Apologie  pour  Hérodote,  XVIII,  m,  ouvrage  que  Mon- 
taigne a  lu  certainement  vers  1572,  à  l'époque  où 
il  a  composé  cet  essai  par  conséquent.  On  la  retrouve 
dans  d'autres  écrits  du  temps.  Cf.  Grimaudet, 
Opuscules  politiques,  iv;  Juste  Lipse,  Politiques,  V, 
XVII,  etc.  ;  ouvrages  postérieurs  à  la  publication 
des  Essais. 

P.  27, 1.  6.  Les  Achœiens ,  dict  Polybe).  Montaigne  n'a 
pas  pris  ce  fait  chez  Polybe,  mais  dans  les  Politiques 
de  Juste  Lipse  :  «  Tmv  y.x-x  -;/vî;xsv  ïp'^-wi  iXàTTui  zx 
TZps^r^Moç  Y.T.  \xt-:x  ^'.xç  ir.'.-i'Kiyxz^oi,  twv  [/.--'x  îîaij 
y.ai  3Ùv  ■/.x(p<o  xpaTTîv.Évwv.  Facinorum  militarium  ea 
esse  minoris  laudis  ac  momenti,  qxxx  propalàm  &  per 
vim  patrantur,  bis  qu£e  ex  occasione  &  per  dolum.  » 
(V,  xvii.) 

P.  27,  1.  7.  Eam  vir).  «  Un  homme  sage  et  ver- 
tueux doit  savoir  que  la  seule  vraie  victoire  est  celle 
qu'on  gagne  sans  blesser  l'honneur  et  la  dignité.  » 
(Florus,  I,  xii.)  Montaigne  a  pris  cette  citation  chez 
Juste  Lipse,  Politiques,  V,  xvii. 

P.  27,  1.  10.  Vosne  velit).  «  Eprouvons  par  le  cou- 
rage si  c'est  à  vous  ou  à  moi  que  In  fortune  maîtresse 
des  événements  destine  l'empire.  »  (Ennius,  chez 
Cicéron,  De  off.,  i,  xii.) 

P.  27,  1.  12.  Au  royaume  de  Ternate.)  Cf.  Goulard, 
Hist.  du  Portugal,  traduite  d'Osorio,  de  Castaneda 
et  de  quelques  autres  historiens  :  «  La  coustume  du 
pays  porte,  que  quand  les  Insulaires  veulent  faire  la 
guerre  à  quelques  autres,  afin  que  les  assaillis  ne  se 


LIVRE      I,      CHAPITRE      V 


13 


plaignent  d'avoir  esté  surprins,  il  les  envoyent  desfier 
premièrement,  &  les  avertissent  des  gens  qu'ils  mei- 
nent,  descrivant  les  armes  défensives  &  offensives 
qu'ils  portent  :  si  les  autres  se  rendent  on  ne  leur 
fait  aucun  desplaisir  :  mais  s'ils  font  les  asseurez, 
disans  n'avoir  peur  &  estre  prests  à  se  défendre,  de 
là  en  avant  ils  peuvent  s'entrecourir  sus,  &  se  faire  la 
guerre  par  tous  les  moyens  de  finesse  &  de  trahison 
dont  ils  se  peuvent  aviser,  sans  en  encourir  blasme.  » 
(XIV,  XVI.) 

P.  27,  1.  19.  Les  anciens  Florentins).  Ce  fait  est 
allégué  chez  Machiavel,  Historié  florentine,  II,  et  aussi 
chez  Giovanni  Villani,  Chronica,  VI,  lxxv.  Mon- 
taigne ne  reproduit  les  mots  d'aucun  de  ces  deux 
auteurs.  Comme  l'ouvrage  de  Villani  figurait  certai- 
nement dans  sa  bibliothèque,  on  peut  supposer  qu'il 
a  puisé  chez  Villani. 

P.  27,  1.  24.  Lysander).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Lysandre.  «  Quand  la  peau  du  lion  n'y  peult  fournir, 
disoit-il,  il  3'  faut  coudre  aussi  celle  du  regnard.  » 
(iv,  f°  306  r°.)  C'est  une  image  tout  à  fait  courante. 
Elle  est  déjà  chez  Pindare.  Au  xvi'  siècle  elle  a  été 
reprise  et  vulgarisée  par  Machiavel  dans  le  Prince 
(passim  et  en  particulier  chap.  xviii).  On  la  trouve 
dès  lors  partout  :  chez  Gentillet  (^Discours  sur  les 
moyens  de  bien  gouverner ,  III,  xii),  qui  combat  l'opinion 
de  Machiavel;  chez  Droit  de  Gaillard  (^Méthode  de 
l'histoire,  éd.  de  1579,  p.  209),  dans  les  Politiques  de 
Juste  Lipse  (IV,  xiii),  etc. 

P.  28,  1.  8.  Aux  seigneurs  de  Montmord  &  de  VAs- 
signi).  Il  s'agit  du  siège  de  Mousson  qui  eut  lieu  en 
1521.  Cf.  Les  Mémoires  des  frères  du  Bellay  qui 
fournissent  visiblement  l'idée  mère  de  cet  essai  : 
«  Parquoy  le  seigneur  de  Montmort  &  celuy  de 
Lassigny  y  allèrent  en  personne  &  y  feirent  compo- 
sition telle...  chose  qui  fut  trouvée  mauvaise  par  le 
roi,  attendu  que...  &  aussi  que  les  deux  lieutenans 
du  roi  estoient  ensemble  sortis  au  camp  de  l'ennemy 


pour  parlamenter  :  chose  non  usitée  parmv  les 
hommes  qui  font  profession  des  armes.  »  (I,  22.) 

P.  28,  !.  12.  Regge).  Cf.  les  Mémoires  des  frères 
du  Bellay  :  «  Estant  donc  arrivé  audit  lieu  de  Rege 
ledit  seigneur  de  l'Escut,  demanda  de  parier  au  gou- 
verneur (Guy  de  Rangon),  lequel  sortit  hors  la  porte 
plus  avant  que  la  barrière,  &  ledit  seigneur  de  l'Escut 
descendit  à  pied.  Pendant  leur  parlement  l'alarme  se 
donna  dedans  la  ville,  &  fut  crié  de  dessus  la  mu- 
raille audit  gouverneur,  que  l'assault  se  donnoit  à  la 
porte  de  Modene,  laquelle  chose  entendue,  le  Comte 
Guy  dit  à  mondit  seigneur  le  mareschal,  monsei- 
gneur, entrez  dedans....  Mais  entrant  dedans  quel- 
qu'un de  la  ville  estant  sur  la  muraille,  tira  un  coup 
d'arquebouze,  duquel  fut  frappé  à  travers  du  corps 
le  seigneur  Alexandre  Trevoulce,  &  cinq  ou  six  jours 
après  il  mourut  dedans  Parme...  »  (I,  29.) 

P.  28,  1.  13.  Car  Guicciardin).  Cf.  Guichardin, 
Histoire  d'Italie,  p.  670. 

P.  28, 1.  21.  Eumcnes).  Cf.  Plutarque,  Vie  d'Eumène. 
«  Peu  de  jours  après  Antigonus  arriva  devant  la  place, 
&  premier  que  l'assiéger,  luy  manda  qu'il  veint  parler 
à  luy,  en  fiance...  Et  comme  derechef  Antigonus 
insistast,  en  disant  qu'il  estoit  raisonnable,  qu'il  veint 
devers  luy,  attendu  qu'il  estoit  le  plus  grand  &  le 
plus  fort,  Eumenes  fit  responce.  Je  n'estimeray  jamais 
homme  plus  grand  que  moy,  tant  que  j'auray  mon 
espee  en  ma  puissance.  Antigonus  à  la  fin  y  envoya 
dedans  la  place  son  propre  nepveu  Ptolomieus,  ainsi 
comme  Eumenes  le  demandoit.  »  (v,  î°  413  r°.) 

P.  29,  1.  I.  Henry  de  Vaux).  Cf.  Froissan,  I,  ccix; 
éd.  Lettenhove,  t.  VI,  247.  Montaigne  ne  répète  pas 
les  mots  de  Froissart,  mais  son  récit  est  fidèle. 

Chronologie  :  Des  emprunts  avoués  aux  Mémoires 
des  frères  du  Bellay  (p.  28,  1.  8,  et  p.  28,  1.  12)  et 
à  Guichardin  (p.  28,  1.  13),  prouvent,  que  cet  essai 
est  de  1572  environ. 


Chapitre   VI. 


L  HEVRE      DES      PARLEMENS      DANGEREVSE. 


P.  30, 1.  I .  Mussidan).  Petit  village  du  Périgord,  dans 
le  voisinage  du  château  de  Montaigne.  Le  siège  auquel 
Montaigne  fait  allusion  date  du  mois  d'avril  1569. 
A  son  sujet  on  peut  voir  de  Thou,  V.  Cf.  aussi 
A.  de  Roumejoux,  Essai  sur  les  guerres  de  religion 
au  Périgord,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  du  Périgord, 
année  1902. 

P.  30,  1.  13.  ^mylius  Regillus).  Cf.  Tite-Live, 
Annales,  XXXVII,  xxxii. 

P.  31,  1.  5.  Cleomenes).  Cf.  Plutarque,  Les  Dicts 
notables  des  Lacedœnwniens.  «  Il  avoit  fait  trefves  pour 
sept  jours  avec  les  Argiens  :  la  troisiesme  nuict  après, 
aiant  observé  que  les  Argiens  s'estoient  très  bien 
endormis  sous  la  fiance  de  ces  trefves,  il  les  alla 
charger,  &  en  tua  les  uns,  &  en  prit  les  autres  pri- 
sonniers :  &  comme  on  luy  reprochast,  qu'il  avoit 
faulsé  la  foy  jurée,  il  respondit,  qu'il  n'avoit  pas  juré 
de  garder  les  trefves  la  nuict  :  au  demeurant,  que 
quelque  mal  que  Ton  peust  faire  à  ses  ennemis,  en 
quelque  sorte  que  ce  fust,  cela  estoit  par  dessus  la 
justice,  &  non  subject  à  icelle,  tant  envers  les  Dieux 
qu'envers  les  hommes.  »  (F°  217  V.) 

P.  31,  1.  13.  Casilinum).  Cf.  Tite-Live,  Annales. 
«  Casilinum  inter  colloquia,  cunctationémque  peten- 
tium  fidcm,  per  occasionem  captum  est.  »  (XXIV, 
XIX,  p.  424.) 

P.  31,  1.  18.  Neminem).  «Que  personne  ne  doit 
chercher  à  faire  son  profit  de  la  sottise  d'autrui.  » 
(Cic,  De  off.,  III,  XVII.) 

P.  31,  I.  19.  Xenophon).  Dans  la  Cyropédie. 

P.  31,  1.  24.  Monsieur  d'Aulngny).  Cf.  Guichardin. 
«...  Avendo...  cominciato  a  parlare  da  un  bastione 


sopra  le  conditioni  dell'arrendersi  Fabritio  Colonna  col 
Conte  di  Gaiazzo,  la  mala  guardia  di  quelli  di  dentro . . . 
dette  occasione  a  nemici  d'entrarvi;  i  quali...  la  sac- 
cheggiarono  tutta.  »  (V,  11,  226.) 

P.  32,  1.  2.  A  Yvoy).  Petite  ville  des  Ardennes, 
aujourd'hui  Carignan.  Cette  aventure  ne  se  rapporte 
certainement  à  aucun  des  sièges  d'Yvoy  (1543  et 
1552).  Montaigne  fait  manifestement  une  confusion 
avec  le  siège  de  Dinan  au  sujet  duquel  les  historiens 
contemporains  nous  font  un  récit  tout  semblable. 
Le  voici  dans  la  Continuation  de  l'histoire  de  notre  temps 
de  Guillaume  Paradin,  ouvrage  auquel  Montaigne 
fera  certainement  un  emprunt  après  1588;  le  fait 
se  passe  en  1554.  Paradin  nous  présente  Rommero 
en  train  de  parlementer  avec  le  «  Connestable  »  qui 
assiège  la  place.  «  Et,  dit-il,  ce  temps  pendant,  que 
l'autre  estoit  longuement  a  estriver  &  opiniastrer, 
plaidant  tousjours  pour  ses  armes  :  mon  dict  seigneur, 
voulant  sans  eff'usion  de  sang,  ny  perte  des  siens, 
avoir  la  place,  usa  de  bonne  invention.  Car  il  fit 
secrettement  advertir  les  autres  Espaignols  estant  dans 
le  chasteau,  que  Romero,  lequel  ils  avoient  envoyé 
pour  parler  pour  eux,  ne  plaidoit  plus,  que  pour 
emporter  ses  armes,  &  de  douze  des  siens,  laissans 
les  autres  en  crouppe,  a  la  merci  de  l'espee.  Ce 
qu'entendans  les  Espaignols  sortirent  tous  du  chasteau, 
soubs  mesme  capitulation  que  les  Allemans  :  qui  fut 
bonne  &  profitable  ruse.  »  (Éd.  de  1568,  f"*  228  v°, 
234  r°.) 

Montaigne  a  pu  encore  connaître  ce  récit  dans  les 
Mémoires  de  Rabutin  où  Paradin  l'a  très  exactement 
pris.  (Cf.  éd.  de  1574,  p.  146.) 


LIVRE      I,      CHAPITRE     VI. 


15 


P.  32,  \.  ').  Le  marquis  de  Pesqttaire).  Cf.  les  Mé- 
moires des  frères  du  Bellay.  «  Estant  ledit  Vital  en  la 
tente  du  Marquis,  les  citadins  s'asseurans  sur  le  par- 
lement, &  à  la  promesse  dudit  Marquis  qui  estoit  de 
rien  innover  durant  ledit  parlement,  faisoient  mauvais 
guet  :  les  Espagnols  ayant  la  cognoissance  d'une 
ruine  qui  estoit  à  un  pan  de  mur  sans  aucune 
deffence,  entrèrent  dedans  la  ville,  &  mirent  au  fil 
de  l'espee  tout  ce  qu'ils  trouvèrent  devant  eux.  » 
(n,  43.)  Cf.  aussi  Guichardin,  Histoire  d'Italie.  «Il 
Marchese  di  Pescara  si  ritorno  con  maggiore  efficacia  a 
ragionamenti  del  convenire  &  gia  rimasi  in  concordia, 
non  appariva  piu  alcuna  difficulta,  quando  i  fanti 
spagnuoli,...  sendo  negligenti  quelli  di  dentro  alla 
guardia...  l'occuparono...  »  (XW,  v,  712  h.) 

P.  32,  1.  10.  Ligny  en  Barrais).  Cf.  les  Mémoires 
des  frères  du  Bellay.  «  La  brèche  faicte,  les  assiégez 
furent  conseillez  de  parlamenter,  &  durant  leur  par- 
lement les  ennemis  entrèrent  dedans  par  la  porte  du 
secours,  &  prindrent  par  derrière  ceux  qui  estoient 
sur  la  brèche  pour  attendre  l'assault,  &  les  firent 
prisonniers  sans  faire  grand  meurtre.  Je  ne  sçay  qui 
en  fut  le  moyen,  sinon  que  Bertheville  lieutenant 
du  Comte  de  Brienne  sortit  le  premier  pour  parla- 
menter. »  (IX,  328.) 


P.  32, 1.  14.  Fu  il  vincer).  «  La  victoire  est  toujours 
louable,  qu'elle  soit  due  au  hasard  ou  à  l'habileté.  » 
(Arioste,  Orlando  fiirioso,  XV,  i.)  Cette  citation  se 
retrouve  dans  un  dialogue  du  Tasse  intitulé  :  //  Romeo. 

P.  32,  1.  16.  Chrisippiis).  Cf.  Cic,  De  off.  «  Scite 
Chrysippus,  ut  multa  :  qui  stadium,  inquit,  currit, 
eniti,  &  contendere  débet,  quammaxime  possit,  ut 
vincat  :  supplantare  eum  quicum  certet,  aut  manu 
depellere,  nullo  modo  débet.  »  (III,  x,  t.  IV,  p.  382.) 

P.  32,  1.  21.  Ce  grand  Alexandre).  Cf.  Quinte- 
Curce,  rV',  xiii. 

P.  32,  1.  24.  Malo  me).  «  J'aime  mieux  avoir  à  me 
plaindre  de  la  fortune  qu'à  rougir  de  ma  victoire.  » 
(W.,  ibid.^ 

P.  32,  1.  26.  Atquc  idem).  «  Il  (Mézence)  dédaigne 
de  frapper  Orode  dans  sa  fuite,  de  lui  décocher  un 
trait  qu'il  ne  verrait  pas  et  qui  le  blesserait  par  der- 
rière; il  court  à  lui,  et  c'est  de  front,  d'homme  à 
homme,  qu'il  l'attaque  :  il  veut  vaincre  non  par 
surprise,  mais  par  la  seule  force  des  armes.  »  (A'irg., 
En.,  X,  752.) 

Chronologie  :  Les  emprunts  à  Guichardin  (p.  31, 
1.  24)  et  aux  frères  du  Bellay  (p.  32,  1.  5  et  10), 
permettent  de  dater  cet  essai  des  environs  de  1572. 


Chapitre   VII. 


QVE      L   INTENTION"      IVGE      NOS     ACTIONS. 


P.  33,  1.  2.  Henry  sepliesuie).  Cf.  les  Mémoires  des 
frères  du  Bellay.  «  Quelque  temps  après  le  Roy  Dom 
Philippe  allant  par  mer  de  Flandres  en  Espagne,  la 
tourmente  le  contraignit  de  descendre  en  Angleterre, 
OÙ  il  fut  recueilly  du  Roy  Henr}'  septiesme  hono- 
rablement :  si  est-ce  que  ledit  Roy  d'Angleterre  ne 
voulut  permettre  audit  Roy  Dom  Philippe  de  sortir 
hors  de  son  royaume,  que  premièrement  il  n'eust 
remis  entre  ses  mains  le  Duc  de  Suffolc  cy  dessus 
mentionné  qui  estoit  en  sa  puissance  dedans  ses  païs 
bas  :  vrav  est  qu'il_  promist  audit  Roy  Dom  Philippe 
de  ne  le  faire  mourir,  ce  qu'il  ne  feit  :  mais  à  son 
trespas  &  dernière  volonté  ordonna  à  .son  lils  le  Roy 
Henrj'  huictiesme  qu'incontinent  luy  decedé,  il  luy 
fist  trencher  la  teste,  chose  qui  fut  exécutée.  »  (I,  7.) 

P.  33,  1.  6.  En  cette  tragédie).  Philippe  II  de  Mont- 
morency-Nivelles,  comte  de  Horn,  et  Lamoral,  comte 
d'Egmont,  décapités  le  4  juin  1568.  Je  n'ai  retrouvé 
dans  aucun  ouvrage  du  temps  les  détails  que  Mon- 
taigne  mentionne   ici.   Les  ouvrages  de  Wesenbeke 


(1569)  et  celui  de  Ulloa  qui  fut  traduit  en  français 
par  Belleforest  en  1570  ne  signalent  rien  de  pareil. 
Juste,  dans  son  livre  intitulé  Le  comte  d'Egmont  et  le 
comte  de  Horn  d'après  des  documents  authentiques  et  inédits 
(Bruxelles,  1862),  n'apporte  à  l'appui  de  ces  détails 
aucun  autre  témoignage  que  celui  de  Montaigne. 
(Cf.  p.  348.) 

P.  34,  1.  10.  Le  masson  de  Hérodote).  Cf.  Hérodote, 
II,  121,  f°  55  r".  On  trouve  une  allusion  à  la  même 
anecdote  chez  Henri  Estienne,  dans  V Apologie  pour 
Hérodote  (XV,  xvi),  que  Montaigne  lisait  à  l'époque 
où  il  a  composé  cet  essai. 

Chronologie  :  Un  emprunt  aux  Mi'/«o;Vc5  des  frères 
du  Bellay  (p.  33,  1.  2)  permet  de  fixer  la  compo- 
sition de  cet  essai  à  l'année  1572  environ.  D'ailleurs 
Montaigne  parle  de  la  mort  des  comtes  d'Egmont  et 
de  Horn  (1568)  comme  d'un  événement  qui  s'est 
passé  «  dernièrement  ». 


Chapitre   VIII. 


DE     L  OISIVETE. 


P.  35,  1.  I.  Des  terres  oysives).  On  trouve  la  même 
image  dans  une  leçon  de  Pierre  Messie  qui  porte  le 
même  titre  que  cet  essai.  (Cf.  Les  diverses  leçons  de 
Pierre  Messie,  trad.  Gruget,  I,  xxix.) 

P.  35,  1.  5.  Les  femmes).  Image  empruntée  à  Plu- 
tarque.  Préceptes  de  mariage.  «  Il  n'y  eut  jamais 
femme  qui  feist  enfant  toute  seule  sans  avoir  la  com- 
pagnie de  l'homme,  mais  bien  y  en  a  il  qui  font  des 
amas  sans  forme  de  créature  raisonnable,  ressemblans 
à  une  pièce  de  chair  qui  prennent  consistance  de 
corruption.  »  (xlv,  f"  149  v".)  Aussi  bien  que  dans 
la  traduction  d'Amyot,  Montaigne  a  pu  puiser  ceci 
dans  la  traduction  des  Préceptes  de  mariage  écrite 
par  La  Boétie  et  publiée  par  lui-même  en  1571. 
(Cf.  édit.  Bonnefon,  1892,  p.  182.) 

P.  35,  1.  II.  Sictit).  «Ainsi  lorsque  dans  un  vase 
d'airain  une  onde  agitée  réfléchit  les  raj^ons  du  soleil 
ou  l'image  de  la  lune,  les  reflets  de  lumière  voltigent 
de  tous  côtés  et  s'élèvent  dans  les  airs,  et  vont  frapper 
les  plus  hauts  lambris.  »  (Virg.,  En.,  VIII,  22.) 

P.  35,  1.  16.  Velut  xgri  somnia).  «Ils  se  forgent 
des  chimères,  vrais  songes  de  malade.  »  (Hor.,  Art 
poétique,  7.) 


P.  36,  1.  3.  Qitisquis.)  Martial,  VII,  Lxxin.  Vers 
que  Montaigne  traduit  avant  de  le  citer. 

P.  36,  1.  II.  Variani).  «L'oisiveté  dissipe  toujours 
l'esprit  en  tous  sens.  »  (Lucain,  IV,  704.) 

Chronologie  :  Cet  essai  a  de  grandes  chances 
d'être  des  environs  de  1572.  1°  Montaigne  déclare 
qu'il  s'est  retiré  «  dernièrement  chez  luy  deUberé 
autant  qu'il  pourroit  ne  se  mesler  d'autre  chose  que 
de  passer  en  repos  &  à  part  »  ce  qui  lui  reste  de 
vie.  Bien  que  le  mot  «  dernièrement  »  ait  chez  Mon- 
taigne un  sens  assez  vague,  il  y  a  là  une  raison  de 
croire  que  nous  ne  sommes  pas  éloignés  de  l'époque 
de  la  retraite  (début  de  1571).  2°  Tous  les  essais 
avoisinants  sont  datés  de  1572.  L'emprunt  à  Plutarque 
lui-même  peut  être  de  1572,  car  (nous  l'avons  vu) 
Montaigne  peut  le  devoir  à  la  traduction  de  La  Boétie 
aussi  bien  qu'à  celle  d'Amyot  (fin  de  1572).  3°  Il 
semble  que  Montaigne  ait  lu  Messie  vers  1572  :  si 
l'image  des  terres  grasses  vient  de  Messie,  comme 
il  est  possible,  cet  emprunt  appuie  encore  notre 
hypothèse. 


Chapitre   IX. 


DES    MEXTEVRS. 


P.  37, 1.  8.  Platon).  Dans  le  Critias  :  «  Prœter  deos, 
quos  tu  memorabas,  alios  insuper  invocare  decet, 
prascipuéque  Mnemosyncn,  id  est  memoriam  :  in  qua 
dea  priEcipua  orationis  nostrae  motnenta  sunt  sita.  » 
(P.  io8;  éd.  de  1546,  p.  737.) 

P.  39,  1.  II.  Cet  ancien).  Peut-être  est-ce  une  allu- 
sion au  Pro  Ligurio  de  Cicéron  :  «  Oblivisci  nihil  soles, 
nisi  injurias.  »  (xii.) 

P.  39,  1.  II.  Darius).  Cf.  Hérodote  :  «Apres  il 
commanda  à  un  page,  que  toutes  les  fois  qu'il  (Darius) 
se  mettroit  à  table,  il  luy  dist  par  trois  fois,  Sire, 
souvenez-vous  des  Athéniens.  »  (V,  cv,  f°  134  v°.) 

P.  39,  1.  18.  Les  grammairiens).  Il  s'agit  de  Nigidius 
dont  il  est  parlé  chez  Aulu-Gelle,  XI,  11,  et  chez 
Nonius,  ^',  Lxxx.  Montaigne  a  pu  encore  prendre 
ceci  chez  Pierre  de  Messie  qui  répète  le  passage 
d'Aulu-Gelle  et  le  commente  dans  une  de  ses  Diverses 
Leçons,  V,  xviii,  intitulée  :  «Comme  on  peut  dire  men- 
songe sans  mentir.  »■ 

P.  41,  1.  14.  Mille  routes).  Peut-être  souvenir  de 
Plutarque,  De  la  vertu  morale  :  «  Comme  Ion  ne  peult 
assener  au  but  que  par  une  sorte,  mais  bien  le  peult 
on  faillir  en  plusieurs,  en  donnans  ou  plus  hault  ou 
plus  bas  qu'il  ne  fault.  »  (iv,  f°  33  r°.)  Mais  l'appli- 
cation chez  Plutarque  est  un  peu  différente  :  «  Noz 
actions  ne  peuvent  estre  bonnes  qu'en  une  sorte  seu- 
lement, &  mauvaises  en  plusieurs.  » 

P.  41,1.  17.  Un  antien  père).  C'e.st  saint  Augustin 
qui  dit,  dans  la  Cité  de  Dieu  :  «  ...  Ita  ut  libentius 
homo  sit  cum  cane  suo,  quàm  cum  homine  alieno.  » 
(XIX,  VII.) 

P.  41,  1.  18.    Ut  e.xternus).  «  De  .sorte  que  deux 


hommes  de  différentes  nations  ne  sont  point  hommes 
l'un  à  l'égard  de  l'autre.  »  (Pline,  Hist.  nat.,  VII,  i.) 
Montaigne  n'a  pas  pris  cette  citation  directement  chez 
Pline;  il  l'a  trouvée  dans  le  commentaire  de  la  Cité 
de  Dieu,  par  Vives  (XIX,  vu),  au  chapitre  qui  lui  a 
fourni  l'allusion  précédente.  Le  texte  de  Pline  est  un 
peu  différent.  Il  dit  «  pêne  non  sit  ».  Avant  Mon- 
taigne, \'ivès  avait  supprimé  «pêne». 

P.  41,  1.  21.  Le  Roy  François  premier).  Cf.  les 
Mémoires  des  frères  du  Bellay.  Montaigne  résume  un 
long  récit  dont  voici  le  passage  essentiel  :  «  Le  Roy 
se  plaint  que  Merveilles  ait  esté  exécuté  de  nuict 
sans  forme  n}'  figure  de  justice,  &  le  tout  en  trois 
jours...  L'excuse  &  remonstrance  qu'il  proposa  fut 
que  le  Duc  son  maistre  ne  pensa  jamais  que  ledit 
Seigneur  Roy  deust  prendre  ceste  mort  en  la  sorte 
qu'il  la  prenoit,  par  les  lettres  pleines  d'expostulation 
que  sa  majesté  luy  en  avoit  escrites,  d'autant  que 
ledit  Merveilles  n'estoit  ambassadeur,  &  n'en  avoit 
ordre  ne  lieu,  ny  estoit  estimé  ne  tenu  tel  en  la  cour 
du  Duc  sondit  maistre,  mais  qu'il  y  estoit  comme 
son  subject  &  vassal,  &  pour  ses  propres  affaires 
&  négoces,  ainsi  que  les  autres  vassaux  &  suhjects 
de  sondit  maistre... 

»  Si  n'estoit-il  excusable  ny  soustenahle  en  droict 
&  justice,  veue  la  précipitation  de  la  procédure  faicte 
contre  luy,  lequel  fut  seulement  par  souspeçon 
&  comme  presumptieusement  consentant  de  l'homi- 
cide faict  par  ses  gens,  emprisonné  le  vcndredy,  &  le 
Dimenche  jugé  &  exécuté  clandestinement  &  de 
nuict... 

»  Mais  à  ceste   objection    le   sens    luy    faillit    au 


LIVRE      I,      CHAPITRE      IX. 


19 


besoing,  ou  sang  qui  ne  peut  mentir  le  feit  respondre 
si  mal  à  propos,  &  contredisant  à  tout  ce  qu'il  avoit 
dit  au-paravant,  que  pour  excuser  ceste  exécution 
nocturne  &  clandestine,  il  allégua  que  le  Duc  son 
maistre  Tavoit  ainsi  voulu,  non  pour  la  peur&  craincte 
des  susdites,  mais  pour  autant  que  ledict  Merv^eilles 
estoit  au  ser\-ice  d'un  si  grand  Ro)^  il  luy  avoit  porté 
ce  respect  de  ne  luy  faire  ceste  honte  que  de  l'exé- 
cuter publiquement.  A  ceste  cause  on  luy  rompit 
alors  la  broche.»  (IV,  pp.  113-117.) 

P.  43,  1.  4.  Le  pape  Jiile  second).  L'anecdote  a  été 
rapportée  par  Erasme,  De  Lingiia;  mais  je  crois  que 
Montaigne  l'a  empruntée  à  Henri  Estienne,  Apologie 
poiir  Hérodote  (X\',  xxxiv)  qui  l'a  traduite  d'Erasme. 
«  Voici  donc  le  conte  tel  qu'il  est  là  (chez  Erasme) 
en  changeant  seulement  les  mots  latins  en  François. 
Pendant  que  j'estois  en  Angleterre,  vint  au  Roy  un 
Italien  ambassadeur  du  pape  Jule  deuxième  de  ce 
nom  envoyé  pour  animer  ce  roy  à  faire  la  guerre  aux 
françois.  Or,  après  avoir  exposé  sa  légation  au  conseil 
privé,  dudict  prince,  luy  ayant  esté  respondu  que  sa 
majesté  estoit  en  bonne  délibération  d'embrasser  son 
parti  :  mais  qu'il  luy  seroit  difficile  d'assembler  si 
soudain  forces  suffisantes  pour  combattre  un  roy  si 
puissant,  d'autant  que  le  royaume  d'Angleterre  sous 


une  longue  paix  avoit  discontinué  l'exercice  des 
armes  :  un  mot  luy  eschapa  duquel  il  se  pouvoir 
bien  passer  :  car  il  vint  à  dire  que  desja  il  avoit 
remonstré  cela  audict  pape.  Lequel  propos  fit  entrer 
en  souspeçon  les  seigneurs  qui  estoient  là  que  com- 
bien que  ce  personnage  fust  ambassadeur  du  pape, 
il  portoit  toutefois  quelque  faveur  au  roy  de  France. 
Dont  il  fut  mis  en  prison  et  perdit  tous  ses  biens  : 
comme  il  eust  perdu  la  vie  s'il  fust  tombé  entre  les 
mains  de  son  pape.  » 

La  morale  qu'Estienne  tire  de  cette  histoire  est 
différente  de  celle  de  Montaigne.  «  Or  ay-je  bien 
voulu  reciter  cette  histoire  comme  en  passant  seule- 
ment, pour  ce  qu'elle  me  sembloit  contenir  un 
exemple  assez  rare,  touchant  les  traistres  ausquels 
on  rogne  ou  plutôt  on  arrache  les  dens  avant  qu'ils 
puissent  mordre.  )i 

Chronologie  :  L'occasion  du  chapitre  est  presque 
certainement  l'histoire  de  Francisque  Taverna  (p.  41, 
1.  21);  elle  vient  des  frères  du  Bella}',  et  fixe  par 
conséquent  la  composition  aux  environs  de  1572. 
D'ailleurs  un  emprunt  important  à  V Apologie  pour 
Hérodote  (l'anecdote  de  l'ambassadeur  du  pape  Jules  II, 
p.  43, 1. 4)  est  probablement  aussi  des  environs  de  1 572. 


Chapitre   X. 


DV      PARLER      PROMPT      OV      TARDIF. 


P.  44,  1.  I.  Onc  ne  furent  à  tous).  Cf.  La  Boétie, 
Vers  français,  édition  de  1572  (sonnet  XIV);  réédition 
de  1892,  p.  277. 

P.  44,  1.  5.  Comme  on  donne  des  règles).  Peut-être 
est-ce  un  souvenir  du  Cortegiano  de  Castiglione  où 
nous  lisons  :  «  Perché  aile  donne  è  licito  e  debito 
aver  più  cura  délia  bellezza  che  agli  uomini,  e  diverse 
sorti  sono  di  bellezza;  deve  questa  donna  aver  giu- 
dicio  di  conoscer  quai  sono  quegli  abiti  che  le 
accrescon  grazia,  e  più  accommodati  a  quegli  eser- 
cizii  ch'ella  intende  di  fare  in  quel  punto,  e  di  quelli 
servirsi  :  e  conosc&ndo  in  se  una  bellezza  vaga  ed 
allegra,  deve  aiutarla  coi  movimenti,  con  le  parole 
e  con  gli  abiti,  che  tutti  tendano  allô  allegro...  » 
(Éd.  Cian.,  III,  viii.) 

P.  44,  1.  17.  A  l'entreveue  du  Pape  Clément).  Cf.  les 
Mémoires  des  frères  du  Bellay  :  «  Or  avoit  il  esté 
ordonné  de  longtemps  que  maistre  Guillaume  Poyet 
feroit  l'oraison  au  pape...  &  estoit  ledit  Poyet  le  plus 
éloquent  advocat  de  son  temps  &  mieux  parlant  la 
langue  Françoise...  Et  pour  ceste  raison  avoit  faict 
forger  son  oraison  de  longue  main  par  les  plus  doctes 
hommes  de  ce  royaume  &  l'avoit  bien  estudiée... 
Le  maistre  des  cerimonies  vint  devers  .sa  majesté  luy 


faire  entendre  la  substance  sur  laquelle  sa  saincteté 
prioit  ledict  seigneur  qu'on  fist  laditte  oraison,  afin 
de  n'offencer  les  autres  Princes  &  potentats  :  laquelle 
instruction  estoit  toute  contraire  à  ce  qu'avoit  projeté 
ledit  Poyet,  parquoy  se  voyant  surpris,  suplia  le  Roy 
de  donner  ceste  charge  à  un  autre...  Mais  à  bien 
dire,  c'estoit  qu'il  n'avoit  le  temps  de  pouvoir  changer 
le  language  ne  la  substance  de  laditte  oraison,  par- 
quoy en  fut  baillée  la  charge  à  Jean  du  Bellay.  » 
(IV,  f°  118  r".) 

P.  45, 1. 16.  Onrecite de Severiis  Cassius).  Cf.  Sénèque 
le  rhéteur  :  «  Vir  enim  praesentis  animi  &  majoris 
ingenii  quam  studii,  magis  placebat  in  his  quae  inve- 
niebat,  quam  in  his  quœ  attulerat.  Jam  vero  iratus 
commodius  dicebat.  Ideo  diligentissime  cavebant  ho- 
mines,  ne  dicentem  interpellarent.  Uni  ulli  prodebat 
excuti,  melius  semper  fortuna  quam  cura,  de  illo 
merebatur.  »  (Controverses,  ITI,  p.  579.) 

Chronologie  :  Il  est  manifeste  que  l'exemple  de 
Poyet  (p.  44,  1.  17)  fournit  le  thème  de  cet  essai; 
or  il  est  pris  à  du  Bellay;  l'essai  est  donc  très  pro- 
bablement de  l'époque  à  laquelle  Montaigne  a  lu 
du  Bellay,  des  environs  de  1572. 


Chapitre   XI. 


DES      PROGXOSTICATIONS. 


P.  47,  1.  4.  Cur  isto  modo).  «  D"où  vient  qu'il  ne  se 
rend  plus  de  pareils  oracles  à  Delphes,  non  seulement 
à  présent,  mais  depuis  fort  longtemps,  en  sorte 
que   rien  n'est  si  méprisé?»  (Cicéron,  De  divinat., 

n,  Lvii.) 

p.  47, 1.  7.  Aus  quels  Platon).  Dans  le  Timée,  p.  72; 
éd.  de  1546,  p.  724. 

P.  47,  1.  9.  Aves  quasdam).  «Nous  croyons  que 
l'existence  de  certains  oiseaux  n'a  pas  d'autre  raison 
que  de  servir  à  l'art  des  augures.  »  (Cicéron,  De  nat. 
deorum,  II,  lxiv.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  de 
Paris  de  1538. 

P.  47,  1.  II.  Multa  cermint).  «  Les  aruspices  voient 
beaucoup  de  choses;  les  augures  en  prévoient  beau- 
coup; beaucoup  d'événements  sont  annoncés  par  les 
oracles,  beaucoup  par  les  devins,  beaucoup  par  les 
songes,  beaucoup  par  les  prodiges.  »  (Jd.,  ibid.,  U,  lxv.) 

P.  48,  1.  4.  Cur  hanc).  «  Pourquoi  as-tu  voulu, 
maître  de  l'Olympe,  ajouter  aux  maux  des  mortels 
cette  nouvelle  angoisse  de  leur  faire  connaître  par 
de  cruels  présages  leurs  malheurs  futurs?  Que  tes 
desseins  nous  frappent  à  l'improviste,  que  l'avenir 
soit  caché  aux  hommes,  que  l'espoir  leur  soit  permis 
au  milieu  de  leurs  craintes.  »  (Lucain,  II,  vers  4,  5, 
6,  14,  15.) 

P.  48,  1.  9.  Ne  utile).  «  Il  n'y  a  aucune  utilité  à 
connaître  l'avenir.  C'est  une  misère  de  se  tourmenter 
sans  profit.  »  (Cicéron,  De  nul.  deorum,  III,  vi.) 

P.  48,  1.  II.  L'exemple  de  François  marquis  de  Sal- 
lusse).  Cf.  les  Mémoires  des  frères  du  Bellay,  VI,  185. 
Le  récit  de  de  Thou  (I,  xxxvii)  est  conforme  à  celui 
de  du  Bellay. 


P.  49,  1.  I.  Prudcns futuri).  «Un  dieu  sage  nous 
a  caché  d'une  nuit  épaisse  les  événements  de  l'avenir, 
et  se  rit  du  mortel  qui  porte  ses  inquiétudes  plus 
loin  qu'il  ne  doit.  Celui-là  est  maître  de  lui-même 
et  passe  heureusement  la  vie  qui  peut  dire  chaque 
jour  :  «J'ai  vécu;  qu'importe  que  demain  Jupiter 
»  voile  le  ciel  de  nuages  sombres  ou  nous  ménage 
»  la  clarté  d'un  beau  jour?  »  (Horace,  Odes,  III,  xxix, 
vers  29-32  et  41-44.) 

P.  49,  1.  10.  Leetus  in  preesens).  «  Satisfaits  du 
présent,  n'ayons  pas  la  folie  de  nous  embarrasser  de 
l'avenir.  »  (Jd.,  ibid.,  II,  xvi,  25.) 

P.  49,  1.  12.  Ista  sic  reciprocantur).  «Ils  argumen- 
tent ainsi  :  s'il  y  a  une  divination,  il  y  a  des  dieux; 
et,  s'il  y  a  des  dieux,  il  y  a  une  divination.  »  (Cicéron, 
De  divin.,  I,  vi.) 

P.  49,  1.  15.  Nam  islis).  «  Quant  à  ceux  qui  com- 
prennent le  langage  des  oiseaux,  et  qui  s'en  rapportent 
au  foie  d'un  animal  plutôt  qu'à  leur  propre  raison, 
j'estime  qu'il  vaut  mieux  les  écouter  que  les  croire.  » 
(Pacuvius  apud  Ciceronem,  De  divin.,  I,  lvii.) 

P.  49,  1.  18.  Un  laboureur).  «Tages  quidam  dicitur 
in  agro  Tarquiniensi  quum  terra  araretur,  &  sulcus 
altius  esset  impressus,  exstitisse  repente,  &  eum  affa- 
tus  esse  qui  ara  bat.  Is  autem  Tages,  \A  in  libris  est 
Etruscorum,  puerili  specie  dicitur  visus,  sed  senili 
fuisse  prudentia.  Ejus  aspectu  quum  obstupuisset 
bubulcus,  clamoremque  majorem  cum  admiratione 
edidisset,  concursum  esse  factum,  totamque  brevi 
tempore  in  eum  locum  Etruriam  convenisse  :  tum 
illum  plura  locutum  multis  audientibus,  qui  omnia 
verba  ejus  excepermt,  liteiisque  mandaverint.  Omnem 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


autem  orationem  fuisse  eaui  qua  aruspicina  disci- 
plina contineretur. ,))  (W.,  ibid.,  II,  xxiii;  t.  IV,  269.) 

P.  49,  1.  28.  Les  mariages).  Cf.  Platon,  République, 
V,  p.  460;  éd.  de  1546,  p.  591. 

P.  50,  1.  8.  Ouis  est  enim).  Quand  on  tire  toute 
la  journée,  il  faut  bien  que  l'on  atteigne  quelquefois 
le  but.  »  (Cicéron,  De  divin.,  II,  Lix.) 

P.  50,  1.  14.  Diagùras).  Id.,  De  nalura  deorum  : 
«  At  Diagoras  quum  Samothraciam  venisset,  Atheos 
ille  qui  dicitur,  atque  ei  quidam  amicus  «  tu  qui 
»  deos  putas  humana  negligere,  nonne  animadvertis 
»  ex  tôt  tabulis  fictis  quam  multi  votis  vim  tempes- 
»  tatis  efFugerint,  in  portumque  salvi  pervenerint  ? 
»  Ita  sit,  inquit.  Illi  enim  nusquam  picti  sunt  qui 
»  naufragium  fecerunt,  in  manque  perierunt.  »  (III, 
xxxvii;  t.  IV,  239.) 

P.  50,  1.  20.  Xenopbanes  Cohphoniits).  Id.  De  divi- 
natione  :  «  Ex  quibus  (philosophis),  ut  de  antiquissimis 
loquar,  Colopbonius  Xenopbanes,  unus  qui  deos  esse 
diceret,  divinationem  funditus  sustulit.  »  (I,  m; 
t.  IV,  241.) 

P.  50,  1.  26.  JoacJiiin).  Joachim  de  Flore,  cister- 
cien et  théologien  mystique,  né  à  Celico  (Calabre), 
vers  II 30,  moit  en  1201  ou  en  1202.  Ses  ouvrages 
ont  été  publiés  au  début  du  xvi^  siècle,  et,  outre 
les  prédictions  qu'ils  renferment,  la  légende  en  a 
prêté  beaucoup  à  Joachim  qui  fut  surnommé  le 
prophète. 

P.    51,   1.    I.    I.eon  l'empereur).  Cf.  Chalcondyle  : 


«  C'est  chose  bien  estrange  que  pas  un  de  tous  les 
Grecs  ne  se  prit  garde,  ou  bien  n'y  adjousta  point 
de  foy,  aux  prédictions  qu'ils  avoient  devant  les  yeux  ; 
veu  que  le  catalogue  des  empereurs  de  Constanti- 
nople  autres  fois  descrit  par  l'empereur  Léon,  prince 
très  sçavant,  venoit  à  se  terminer  en  Constantin,  qui 
de  vray  fut  le  dernier,  &  au  Patriarche  qui  mourut 
à  Florence  :  car  cette  table  ou  liste  de  Léon  ne  faisoit 
mention  ny  de  Constantin  mis  à  mort  par  les  Turcs, 
ne  qu'il  fut  decedé  au  palais  Impérial.  Ne  aussi  peu 
de  Grégoire  s'en  allant  en  Italie  (ainsi  s'appeloit 
le  dernier  Patriarche)  là  où  tous  les  autres,  peu  ou 
plusieurs  qui  soient  parvenuz  à  ces  deux  dignitez, 
chacun  en  son  ordre,  &  au  propre  temps  qu'ils  dé- 
voient estre  selon  qu'il  se  vérifia  depuis,  se  trouvoient 
marquez  en  ladicte  table,  jusques  à  cest  Empereur 
&  Patriarche  qui  furent  les  derniers.  »  (Trad.  ^'igenère, 
I,  VIII,  535.) 

P.  51,  1.  9.  Le  parler  obscur).  Sur  l'obscurité  cal- 
culée des  devins,  cf.  Cicéron,  De  divinatione,  II,  liv, 
et  II,  Lvi. 

Chronologie  :  L'histoire  du  marquis  de  Salluce 
est  assurément  l'occasion  du  chapitre;  elle  est  prise 
de  Martin  du  Bellay,  qui  a  entendu  lui-même  de  la 
bouche  du  marquis  les  inquiétudes  que  lui  causaient 
les  présages  funestes  qui  ont  déterminé  sa  conduite. 
L'essai  est  donc  très  probablement  des  environs 
de   1572. 


Chapitre  XII. 


DE     LA      CONSTANCE. 


P.  52,  1.  14.  Les  Turcs).  Montaigne  pouvait  remar- 
quer cela  dans  ses  divers  ouvrages  sur  les  Turcs,  en 
particulier  chez  Chalcondyle  qu'il  a  lu  précisément 
après  1588.  Cf.  encore  Porsius,  Guerre  de  Perse,  tra- 
duction française  de  1583,  p.  11,  qui  en  dit  autant 
des  Perses. 

P.  52,  1.  15.  Socrates  en  Platon).  Résumé  d'un 
passage  du  Lâchés,  p.  190;  éd.  de  1546,  p.  295. 

P.  53, 1.  3.  Les  gens  de  pied  Lacedemoniens).  Id.,  ibid. 
«  Nempe  Lacedaemonios  aiunt  in  Platseis,  cum  in 
scutiferos  incidissent,  non  sustinuisse  primum  illo- 
rum  impetum,  neque  perstitisse,  sed  fugisse  potius. 
Postquam  vero  Persarum  solutœ  sunt  acies,  equitiim 
more  convertisse,  atque  ea  pugna  victores  evasisse.  » 

P.  53,  1.  8.  Touchant  les  Scithes).  Cf.  Hérodote  : 
«  Daire  cognoissant  que  la  fuitte  continuoit,  il  depes- 
cha  un  héraut  vers  Indathyrse,  Roy  des  Scythes,  avec 
ces  parolles.  Heureux  entre  les  hommes,  que  te  sert 
de  fuir  incessamment,  attendu  que  tu  peus  faire  l'un 
de  ces  deux.  Si  tu  te  trouves  suffisant  pour  résister, 
demeure  &  viens  au  combat  :  autrement  en  arrestant 
le  cours  de  ta  fuitte,  viens  parler  à  ton  seigneur, 
&  luy  apporte  pour  don  terre  &  eaiie.  Indath3Tse 
respondit.  Sache,  Roy  Perse,  que  ma  coustume  est 
telle,  que  je  ne  fuy  onque  pour  crainte  d'homme, 
&  par  cy-devant  ne  de  présent  je  n'ay  faict  acte  de 
fuitte;  t'avisant  que  aujourd'hui  je  ne  fay  chose  qui 
ne  me  soit  coustumiere  en  temps  de  paix.  Et  je  te 
veux  bien  déclarer  pourquoy  je  ne  viens  à  te  com- 
battre. Nous  n'avons  villes  aucunes,  &  noz  terres  ne 
sont  plantées  ne  labourées  pour  nous  faire  craindre 
que  prises  soient  ou  gastées,  si  soudain  n'entrons  en 


bataille  contre  vous  :  mais  si  voulez  nécessairement 
nous  faire  venir  à  ce  point,  nous  avons  les  sépul- 
tures de  noz  ancestres,  marchez,  &  les  allez  trouver, 
puis  essaiez  de  les  gaster  :  lors  vous  verrez  si  nous 
combatrons  ou  non,  pour  icelles  sépultures.  »  (IV, 
cxxvii,  f°  108  r°.) 

P.  53,  1.  24.  Le  Marquis  de  Guast).  Cf.  les  Mémoires 
des  frères  du  Bellay  :  «Toutes  ces  fortifications  veoit 
le  Seigneur  Marquis  du  Guast  du  dict  hault  lieu  où 
il  s'estoit  embusché  derrière  les  moulins  à  vent... 
car  il  fut  descouvert  des  nostres,  &  fut  incontinent 
par  ledict  seneschal  Dagenois,  lequel  se  pourmenoit 
avecques  ledict  seigneur  de  Bonneval,  monstre  au 
seigneur  de  Villiers  commissaire  très  diligent  &  très 
expérimenté  au  faict  de  l'artillerie,  lequel  prompte- 
ment  addressa  si  à  propos  devers  le  lieu  où  estoit 
ledict  Marquis  les  deux  pièces  estans  sur  le  théâtre 
des  Arennes,  que  si  le  Marquis  voyant  mettre  le  feu 
ne  se  fust  tiré  à  costé,  il  n'eust  failly  d'arriver  à  la 
fin  de  sa  vie.  »  (Vil,  129.) 

P.  54,  1.  5.  Laitrens  de  Médicis).  Cf.  Guichardin, 
Histoire  d'Italie  :  «Lorenzo...  vedde  dar'  fuoco  a  un' 
archibuso,  il  colpo  del  quale  per  schifare  gittandosi  in 
terra  bocconi,  innanzi  che  arrivasse  a  terra,  il  colpo, 
che  altrimenti  gli  harebbe  dato  nel  corpo,  gli  percosse 
nella  sommita  del  capo,  toccando  l'osso,  &  riuscendo 
lungo  la  cote'nna  verso  la  nuca.  »  (XIII,  11,  635.) 

P.  54, 1. 20.  Les  Stoïciens).  Tout  ce  passage,  jusqu'à  la 
fin  du  chapitre,  est  très  directement  imité  d'Aulu-Gelle, 
Nuits  attiques,  XIX,  i.  Certaines  phrases  semblent 
supposer  que  Montaigne  a  eu  le  texte  d'Aulu-Gelle 
devant  les  yeux  en  écrivant;  pourtant,  dans  la  majeure 


24 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


partie  de  cet  emprunt,  il  suit  nianifestement  non  Aulu- 
Gelle,  mais  le  résumé  que  saint  Augustin  a  donné  du 
chapitre  d'Aulu-Gelle  dans  la  Cité  de  Dieu  (IX,  iv). 
Saint  Augustin  rapproche  le  vers  de  Virgile  qui  suit. 

P.  55,  1.  4.  Mens  imtnota).  «Ses  pleurs  ont  beau 
couler,  son  âme  est  inflexible.  »  (Virg.,  En.,  FV,  449.) 
Pris  dans  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  IX,  iv. 

P.  55,  1.  5.  Le  sage  peripateiicien).  Cette  opposition 


est  encore  suggérée  par  le  même  passage  de  saint 
Augustin. 

Chronologie  :  Les  deux  exemples  qui  ont  suggéré 
cet  essai  viennent,  l'un  des  frères  du  Bellay  (le 
marquis  de  Guast,  p.  53,  1.  24),  l'autre  de  Guichardin 
(Laurent  de  Médicis,  p.  54,  1.  5).  Il  est  donc  très 
vraisemblablement  des  environs  de  1572. 


Chapitre   XIII. 


CHREMOXIE  DE  L  KNTREVF.VE  DES   ROYS. 


P.  56,  1.  5.  La  Royne  de  Ndvene).  Pcut-ctre  Mon- 
taigne rapporte-t-il  ici  un  propos  oral  de  Marguerite 
de  Navarre.  Je  ne  l'ai  pas  retrouvé  dans  VHeptamcmn. 

P.  56,  1.  20.  A  l'entreveitë).  Il  s'agit  de  l'entrevue 
de  Clément  VII  et  de  François  I"  à  Marseille,  en  1533. 
Les  détails  que  Montaigne  donne  ne  se  rencontrent 
ni  dans  le  récit  de  Guichardin,  ni  dans  celui  de 
du  Bellay. 

P.  57,  1.  3.  A  Boiiloigne).  Il  s'agit  de  l'entrevue  de 
Clément  Vil  et  de  Cliarles-Quint.  Guichardin  pré- 
sente ces  réflexions  à  propos  de  la  première  entrevue 
de  Bologne,  celle  de  1529  (XIX,  vi),  mais  il  déclare 


que  tout  se  passa  de  même  dans  la  seconde  entrevue 
qui  eut  lieu  en  1532.  «  Nel  quale  tempo  essendo 
giunto  il  Pontefice  a  Bologna,  Cesare,  secondo  l'uso 
de  Principi  grandi  vi  venue  dopo  lui  :  perché  è  cos- 
tume che  quando  due  Principi  hanno  a  convenirsi, 
quello  di  piu  degnita  si  présenta  prima  al  luogo  depu- 
tato,  giudicandosi  segno  di  riverenza  che  quello  che 
è  inferiore  vadi  a  trovarlo...  »  (XIX,  vi,  15^.) 

Chronologu-;  :  Cet  essai  est  certainement  inspiré 
par  la  lecture  de  Guichardin  (Cf.  p.  57,  1.  3);  il  est 
donc  probablement  des  environs  de  1572. 


Chapitre   XI\'. 


QVE    LE    GOVST    DES    BIENS    ET    DES    .\1A\  X    DEPEND    EN    BONNE    PARTIE    DE    L  OPINION    QVE    NOVS    EN    AVONS. 


P.  58,  1.  I.  Les  hommes).  Cf.  Épictète,  Manuel,  X; 
mais  très  probablement  Montaigne  a  pris  cette  sen- 
tence chez  Stobée.  Elle  était  inscrite  en  grec  sur  les 
parois  de  sa  bibliothèque.  «  'Xxzi.zzv.  ■:: jç  avôpoi-ïj,, 
z'j  -ri  ::px-;;j.ïTX.  a/./.i  -ri  r.iy.  twv  zpa-'iii-rwv  «--uâta. 
Perturbant  homines  non  res  ipsie,  sed  rerum  opi- 
niones.  »  (Stobée,  sermo  117,  p.  598.) 

P.  59,  1.  17.  L'unique  port).  Cette  expression  et 
les  suivantes  sont  directement  inspirées  des  Épitres 
de  Sénèque,  bien  qu'elles  ne  soient  pas  exactement 
traduites. 

P.  59,  1.  23.  Mors  uliihim).  «  O  mon,  plût  à  Dieu 
que  tu  dédaignasses  d'enlever  les  lâches  à  la  vie,  et  que 
la  vertu  seule  te  pût  donner!  »  (Lucain,  IV,  580.) 

P.  59,  1.  25.  Tlieodorus).  Cf.  Cicéron,  Tusc.  :  «  Ma- 
gnum vero,  inquit,  efficisti,  si  cantaridis  vim  conse- 
cutus  es.  »  (V,  XL;  t.  IV,  183.) 

P.  60, 1.  4.  Personnes  populaires).  Sans  cesse  Sénèque 
appuie  sa  démonstration  sur  des  exemples  pris  aux  gens 
du  commun.  On  peut  voir  un  mouvement  tout  sem- 
blable dans  l'épitre  70,  et  la  conclusion  que  Sénèque 
tire  de  ces  exemples  est  tout  à  fait  analogue  à  celle 
qu'on  trouve  chez  Montaigne.  «  Quod  animi  periti 
noxiosique  habent,  non  habebunt  illi  quos  adversus 
hos  casus  instruxit  longa  meditatio,  &  magistra  rerum 
omnium  ratio.  » 

P.  60,  1.  II.  Un  qu'on  menait  au  gibet).  Cf.  Henri 
Estienne,  Apologie  pour  Hérodote  :  (c  De  combien 
ovons-nous  parler  tous  les  jours  ausquels  le  bourreau 
a  donné  le  saut  pendant  qu'ils  gossoient  encores... 
L'autre,  à  messire  Jean,  qui  luy  dit.  Mon  ami  je  vous 
as.seure  que  vous  irez  souper  aujourd'hui  avec  Dieu, 


rcspond,  Allez-y  vous  mesmes  :  car  quant  a  moy  je 
jeusne  :  ou,  Allez-y  souper  pour  moy,  &  je  payeray 
vostre  escot.  Un  autre  estant  à  l'eschelle,  demande 
à  boire,  &  puis  le  bourreau  ayant  beu  le  premier,  il 
dit  qu'il  ne  bevra  ja  après  luy  :  pour  ce  qu'il  ha  peur 
de  prendre  la  vérole.  Un  autre  allant  au  lieu  du 
supplice  dit  qu'il  se  gardera  bien  de  passer  par  telle 
ou  telle  rue  :  pource  qu'il  a  peur  de  prendre  la  peste. 
Un  autre  dit,  Je  ne  passeray  point  par  ceste  rue-là  : 
car  j'y  doy  de  l'argent,  &  pourtant  je  crain  qu'on  ne 
m'arreste  au  corps.  Un  autre  dit  au  bourreau  estant 
prest  à  le  jetter,  Regarde  bien  que  tu  feras,  car  si  tu 
me  chatouilles  en  me  touchant,  tu  me  feras  tressaillir. 
Mais  entr'autres  contes  qui  se  font  sur  ce  propos, 
cestuy-ci  est  fort  commun,  du  Picard,  auquel  ja 
estant  à  l'eschelle,  on  amena  une  povre  tille  qui 
s'estoit  mal  gouvernée,  en  luy  promettant  qu'on  luy 
sauveroit  la  vie  s'il  vouloit  promettre  sur  sa  foy  &;  sur 
la  damnation  de  son  ame  qu'il  la  prendroit  à  femme  : 
mais  entr'autres  choses  l'aj-ant  voulu  voir  aller,  quand 
il  apperceut  qu'elle  estoit  boiteuse  se  tourna  vers  le 
bourreau,  &  lui  dict.  Attaque  attaque,  elle  cloque. 
Or  me  souvient-il  qu'un  jour  en  la  ville  d'Ausbourg, 
soupant  en  la  table  du  feu  evesque  de  Vienne,  Charles 
Marillac,  alors  ambassadeur  pour  le  Roy,  ce  conte 
avant  esté  faict,  un  gentilhomme  Alemand  qui  estoit 
en  la  compagnie,  nous  en  conta  un  fort  semblable 
d'une  chose  advenue  au  pays  de  Dannemarc,  asçavoir 
d'un  qui  avoit  esté  condamné  d'avoir  la  teste  tranchée, 
&  ja  estoit  sur  l'eschafaut  :  auquel  ayant  esté  amenée 
pareillement  une  fille  qui  avoit  esté  de  mauvais 
gouvernement,  &  luy  ayant  esté  proposé  la  mesme 


LIVRE      I,      CHAPITRE      XIV. 


27 


condition,  aprcs  l'avoir  bien  regardée,  appercevant 
qu'elle  avoit  le  ne/,  pointu  Se  les  joues  plates,  dict  qu'il 
n'en  vouloit  point,  &  prononça  un  certain  proverbe  en 
rhythme  de  son  language,  la  substance  duquel  est  que 
sous  un  nez  pointu  &  joues  plates  il  n'v  a  rien  de 
bon.  »  (Éd.  de  1566,  p.  175;  éd.  de  1735,  XV,  xx.) 

P.  61,  I.  2.  Ceux  de  la  ville  ii' Arias).  Cf.  Bouchet, 
Annales  d'Aquitaine  :  «  Le  roy  print  par  force  la  cité 
d'Arras...  &  les  principaux  habitants  d'icelle  furent 
punis  &:  décapités  :  à  partie  desquelz  le  Roy  eust 
pardonné  s'ils  eussent  voulu  dire,  vive  le  rov  :  mais  ils 
aimoient  mieulx  mourir  que  s'humilier.  »  (F°  160  v".) 

P.  61, 1.  5.  Au  Royaume  de  Narsinque).  Cf.  Goulard, 
Histoire  du  Portugal  :  «  Après  leur  mort  (des  Banlanes 
ou  religieux  du  pays)  on  enterre  les  vefves  toutes 
vifves  auprès  d'eux.  Les  autres  femmes  après  le  deces 
de  leurs  maris  sont  portées  en  grande  compagnie  de 
leurs  parents  &  amis  avec  chansons  de  resjouissance 
&  de  louange  près  d'un  feu  ardent  dedans  lequel  on 
les  jette  vives...  Quand  le  Roy  meurt,  on  alume 
un  feu  de  bois  odoriferans,  &  met  on  le  corps  sur 
le  bûcher.  Lors  on  luy  baille  pour  compaignie  toutes 
.ses  concubines,  tous  ses  mignons,  ses  domestiques 
&  serviteurs  qui  sont  bruslez  avec  ce  corps. 

»  Or  ils  accourent  si  alaigrement  à  ce  feu,  qu'on 
void  manifestement  qu'ils  estiment  que  le  plus  grand 
honneur  qu'ils  pourroyent  jamais  acquérir  consiste 
à  estre  compagnons  de  leur  Rov  en  sa  mort.  »  (IV, 
II,  f"  118  V".)' 

P.  61,  1.  12.  De  ces  viles  aines  de  bouffons).  Cf  Bonav. 
Despériers,  Nouvelles  récréations  :  «  Je  loiierois  beau- 
coup plus  celuy  de  nostre  temps,  qui  a  esté  si  plaisant 
en  .sa  vie,  que  par  une  Antonomasie,  on  l'a  appelle 
le  Plaisantin  :  Cho.se  qui  luy  estoit  si  naturelle  &  si 
propre,  qu'a  l'heure  mesme  de  la  mort,  combien  que 
tous  ceux  qui  y  estoient  le  regretassent  :  si  ne  purent 
ilz  jamais  se  fascher,  tant  il  mourut  plaisamment. 
On  luy  avoit  mis  son  lict  au  long  du  feu,  sus  le 
piastre  du  fover  pour  estre  plus  chaudement.  Et 
quand  on  luy  demandoit,  Or  ça  mon  amy,  ou  vous 
tient  il?  Il  respondoit  tout  foiblement,  n'ayant  plus 
que  le  cœur  &  la  langue,  Il  me  tient,  dist-il,  entre 
le  Banc  &  le  Feu,  qui  estoit  à  dire  qu'il  se  portoit 
mal  de  toute  la  personne.  Quand  ce  fut  à  luv  bailler 


l'extrême  Onction,  il  avoit  retiré  ses  piedz  a  cartier 
tous  en  un  monceau.  Et  le  prestre  disoit  :  Je  ne  sçay 
où  .sont  ses  piedz.  Et  regardez  (dist-il)  au  bout  de 
mes  jambes,  vous  les  trouverez.  Et  mon  amy  ne  vous 
amusez  point  à  railler,  luy  disoit-on.  Recommandez 
vous  a  Dieu  :  Et  qui  y  va?  dit-il.  Mon  amy,  vous  irez 
au-jourd'huy,  si  Dieu  plaist.  Je  voudrois  bien  estre 
a.s,seuré,  disoit-il,  d'y  pouvoir  estre  demain  pour  tout 
le  jour.  Recommandez  vous  à  luy,  &  vous  y  serez 
en  huy.  Et  bien  disoit  il,  mais  que  j'y  sois,  je  ferai 
mes  recommandations  moy  mesmes.  Que  voulez  vous 
de  plus  naïf  que  cela?  Quelle  plus  grande  félicité?» 
(P  7  r".) 

P.  62,  I.  4.  Fille  des  Kantiens).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Bruius  :  Le  récit  de  Plutarque  très  développé,  se 
termine  ainsi  :  «  Brutus  feit  à  son  de  trompe  crier 
par  un  herault  qu'il  donneroit  certain  pris  d'argent 
à  tout  soudard  qui  pourroit  sauver  un  Xanthien  : 
&  ne  s'en  trouva,  à  ce  que  l'on  dit,  que  cinquante 
seulement,  qui  furent  sauvez  mal  gré  eulx.  ))  (viii, 
f"  695  V".) 

P.  62,  1.  10.  /.('  premier  article).  C'est  le  début 
du  serment  prononcé  par  les  Grecs  avant  Platée. 
Cf.  Diodore  de  Sicile,  V,  xxix;  Lycurgue,  Contre  Léo- 
crate,  p.  158;  Théon,  Progymnasm.,  n,  etc.  J'ignore 
quelle  est  la  source  de  Montaigne. 

P.  62,  1.  16.  Les  Roys  de  Castille).  Tout  ce  récit 
est  résumé  d'Osorio,  Histoire  du  roi  Eniinanuel,  qui  a 
conté  ces  événements  très  longuement.  (Cf.  éd.  latine 
de  1574,  î°^  6  r°  et  13  r";  trad.  Goulard,  p.  6  et  15.) 
Montaigne  s'est  certainement  ser\i  pour  ce  morceau 
de  l'édition  latine. 

P.  62,  1.  16.  lan  de  Portugal).  Jean  II,  qui  régna 
de  1481  à  1495. 

P.  63,  1.  2.  Emanuel).  Successeur  de  [ean  II,  roi 
de  1495  à  1521. 

P.  63,  1.  27.  En  la  ville  de  Castclnau  Darr\).  (Pas- 
sage ajouté  dans  l'édition  de  1595  ;  ci.  p.  464  du  t.  I.) 
Cf.  du  Haillant,  Hist.  de  France  :  «  La  ville  de  Cas- 
telnau  d'Arri  fut  longuement  assiégée,  en  laquelle 
furent  pris  50  hommes,  qui  aimèrent  mieux  estre 
bruslez  tous  vifs  que  de  revenir.»  (Éd.  de  1576, 
p.  512.) 

On  peut  voir  le  même  fait  encore  dans  du  Tillet, 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


Sommaire  de  l'Histoire  de  la  Guerre  faicte  contre  les  here- 
tiqties  Albigeois,  extraicte  du  Thresor  des  Chartes  du  Roy. 
Paris,  1590,  p.  Il;  mais  on  constatera  que  le  texte  est 
très  différent  et  que  là  n'est  pas  la  source  de  Montaigne. 
P.  63,  1.  27.  Ouoties).  «  Combien  de  fois  n'a-t-on 
pas  vu  non  seulement  nos  généraux,  mais  nos  armées 
entières,  courir  à  une  mort  certaine?  »  (Cicéron,  Tusc, 

I,    XXXVII.) 

p.  64, 1. 18.  Pyrrho  le  Philosophe). CLDïogènelj\eTce, 
Vie  de  Pyrrhon,  IX,  lxviii.  D'ailleurs  cet  exemple 
est  courant  dans  les  recueils  d'apophtegmes  du  temps. 
(Cf.  les  Apophtegmes  de  Lycosthenes,  éd.  de  1574, 
P-  979) 

P.  64,  1.  22.  Oserons  nous  donc  dire).  Même  pensée 
chez  Sénèque.  «  Est  turpissimum  si  eani  securitatem 
nobis  ratio  non  prœstat,  ad  quam  stultitia  perducit.  » 
(Ep.  ^d,  vers  la  fin.)  Sénèque  vient  de  déclarer  que 
les  enfants  et  les  fous  ne  redoutent  pas  la  mort. 

P.  65,  1.  4.  Aristippus,  Hicronimus).  Cf.  Cicéron, 

Tusc.,  II,    M. 

p.  65,  I.  G.  Possidonius).  Id.,  ibid.  «  Solebat  narrare 
Pompeius  se,  quum  Rhodum  venisset  decedens  ex 
Syria,  audire  voluisse  Possidonium;  sed  quum  audiis- 
set,  eum  graviter  esse  .-egrum,  quum  vehementer  ejus 
artus  laborarent,  voluis.se  tamen  nobilissimum  philo- 
sophum  visere;  quem  ut  vidisset,  &  salutavisset, 
honorificisque  verbis  prosecutus  esset,  molesteque 
se  dixisset  ferre,  quod  eum  non  posset  audire;  at 
ille  :  «Tu  vero,  inquit,  potes  :  nec  committam,  ut 
»  dolor  corporis  efficiat,  ut  frustra  tantus  \ir  ad  me 
»  venerit.  »  Itaque  narra  bat,  eum  graviter  &  copiose 
de  hoc  ipso,  nihil  esse  bonum  nisi  quod  honestum 
e.sset,  cubantem  disputavisse,  quumque  quasi  faces  ei 
doloris  admoverentur,  s;vpe  dixisse,  Nihil  agis  dolor, 
quamvis  sis  molestus  :  nunquam  te  es.se  confitebor 
nialum.  »  (II,  xxv;  t.  IV,  p.  137.)  Cette  anecdote 
figure  souvent  dans  les  recueils  d'apophtegmes  du 
temps  :  cf.  ceux  de  Brusonius  et  de  Lvcosthenes. 
Dans  Guy  de  Bruès,  Dialogues  contre  les  nouveaux  aca- 
démiciens (p.  15),  on  trouve  une  critique  de  l'attitude 
de  Possidonius  qui  a  quelque  rapport  avec  celle  de 
Montaigne,  mais  rien  n'indique  que  Montaigne  ait 
puisé  ceci  chez  Guy  de  Bruès. 

P.  65,  I.  22.  Qui  nisi).  «Et  si  les  sens  ne  sont 


pas  véridiques,  la  raison  nous  trompe  également.  » 
(Lucrèce,  W,  485.) 

P.  (>(>,  1.  3.  Aut  fuit).  «Ou  elle  est  passée,  ou  elle 
va  venir  :  il  n'y  a  rien  de  présent  en  elle.  »  (La  Boétie, 
satire  adressée  à  Montaigne,  p.  233.) 

P.  G6,  1.  4.  Môrsque).  «  Et  la  mort  cause  moins 
de  mal  que  l'attente  de  la  mort.»  (Ovide,  Ép.  d'Ariane 
à  Thésée,  vers  82.) 

P.  66,  1.  8.  Malain  mortem).  «  La  mort  n'est  un 
mal  que  par  ce  qui  vient  après  elle.  »  (Saint  Augustin, 
Cité  de  Diai,  I,  11.)  Le  texte  de  l'édition  de  1 570  est  : 
«  Neque  enim  facit  malam  mortem,  nisi  quod  sequitur 
mortem.  » 

P.  67,  I.  II.  Avida  est).  «  La  vertu  est  a\ide  de 
danger.  »  (Sénèque,  De  providentia,  iv.) 

P.  67,  1.  18.  Non  enim).  «Ce  n'est  pas,  en  effet, 
dans  la  joie  et  les  plaisirs,  dans  les  rires  et  les  jeux, 
compagnons  de  la  légèreté,  qu'on  est  heureux;  on 
l'est  bien  plutôt  dans  la  tristesse  par  la  fermeté  et  la 
con.stance.  »  (Cicéron,  De  fin.,  II,  xx.) 

P.  67,  1.  23.  Lœtius  est).  «  La  vertu  est  d'autant 
plus  douce  qu'elle  nous  coûte  davantage.  »  (Lucain, 
IX,  404.) 

P.  67,  1.  26.  Si  gravis).  «Si  elle  est  violente,  elle 
est  courte;  si  elle  est  longue,  elle  est  légère.  »  (Cicé- 
ron, De  fin.,  II,  xxix.)  Cette  idée  revient  souvent  dans 
les  Epitres  de  Sénèque;  d.  en  particulier  épîtres  34 
et  78. 

P.  67,  1.  26.  Tu  ne  la  sentiras).  Cf.  Sénèque,  Epi- 
Ires  :  «  Brevis  morbus  ac  pnv?ceps  alterutrum  fiiciet, 
aut  exstinguetur  aut  exstinguet.  Quid  autem  interest 
non  sit  an  non  sim?  In  utroque  finis  dolendi  est.  » 
(Ép.  78.)  Remarquer  l'effort  fait  par  Montaigne  pour 
faire  passer  le  jeu  de  mots  en  français. 

P.  68,  1.  2.  Memineris).  «  Souvien.s-toi  que  la  mort 
met  fin  aux  grandes  douleurs,  que  les  petites  ont 
beaucoup  dintermittences,  et  que  nous  sommes  maî- 
tres des  douleurs  moyennes.  Ainsi  légères,  nous 
pouvons  les  supporter  patiemment;  intolérables,  nous 
pouvons  nous  y  dérober  en  sortant  de  la  vie  comme 
d'un  théâtre  qui  nous  déplaît.»  (Cicéron,  De  fin., 

I,    XV.) 

P.  68,  I.  6.  Ce  qui  nous  fait  souffrir).  Cf.  Sénèque, 
Epitres  :  «  Illud  autem  est  quod  imperitos  in  vexatione 


LI\RF.      I,      CHAPITRE      X  H' 


29 


corporis  uialc  liabet  :  non  assutverunt  animo  esse 
intenti;  uiultiim  illis  cum  corpore  fuit.  Ideo  vir 
magnus  ac  prudens  animum  deducit  a  corpore  &  mul- 
tum  cum  meliore  &  divina  parte  versatur;  cum  hac 
querula  ac  tVagili  quantum  necesse  est.  »  (Ép.  78, 
p.  iSi.)  Voir  le  texte  de  1580. 

P.  69,  1.  10.  Platon  craint).  Cf.  en  particulier  dans 
le  Pbédon,  p.  83;  éd.  de  1546,  p.  494. 

P.  69,  1.  13.  Tout  ainsi  c] ne  l'ennemy).  Cf.  Sénèque, 
Épîtres  :  «  Toto  contra  illum  pugnet  animo.  ^'incetur  : 
si  cesserit;  vincet  :  si  se  contra  dolorem  suum  inten- 
derit.  Nunc  hoc  plerique  faciunt,  attrahunt  in  se 
ruinam  cui  obstandum  est.  Istud  quod  premit,  quod 
impendet,  quod  urget,  si  subducere  te  cœperis,  seque- 
tur  &  gravius  incumbet;  si  contra  steteris  &  obniti 
volueris  repelletur.  Quemadmodum  perniciosior  est 
hostis  fugientibus,  sic  omne  fortuitum  incommodum 
magis  instat  cedenti  &  averso.  »  (Ep.  78,  p.  181.) 

P.  69,  1.  17.  Comme  le  corps).  Image  prise  de 
Cicéron  qui  a  écrit  dans  les  Tusculanes  :  «  Ut  onera 
contentis  corporibus  facilius  feruntur,  remissis  oppri- 
munt  :  simile  animus  intentione  sua  depellit  pressum 
omnem  ponderum,  remissione  autem  sic  urgetur  ut 
se  nequeat  extollere.  »  (II,  xxui.) 

P.  69,  1.  23.  Tantuni  dohierunt).  «Ils  ont  souffert 
dans  la  mesure  où  ils  se  sont  livrés  à  la  douleur.  « 
(Saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  I,  x.)  Notons  d'ailleurs 
que  l'esprit  de  cette  sentence  est  très  différent  chez 
saint  Augustin  qui  affirme  que  les  seuls  biens  véri- 
tables sont  ceux  qui  nous  conduisent  à  l'éternité,  et 
que  plus  on  s'attache  aux  biens  de  la  terre,  plus  on 
s'expose  à  la  douleur.  Montaigne  intervertit  l'ordre 
des  mots  qui  est  chez  saint  Augustin  :  «  ..  Quantum 
se  doloribus.  » 

P.  70,  1.  3.  Par  Dieu  mesnie).  Allusion  probable  aux 
mots  fameux  de  la  Genèse  :  «In  dolore  paries  filios», 
tu  enfanteras  dans  la  douleur. 

P.  70,  1.  13.  Feme  de  Sabinns).  Cf.  Plutarque,  De 
l'amour,  xxxiv,  f°  613  r". 

P.  70,  1.  15.  f/n  simple  garçonnet).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Lycurgue,  xiv.  Cet  exemple  était  déjà  très  vul- 
garisé au  XVI'-"  siècle. 

P.  70,  1.  18.  Et  un  autre).  Id.,  ihid.,  Valère  Maxime, 
III,   III,   etc.    C'est   un   fait   très  vulgarisé   au   temps 


de  Montaigne  qui  le  mentionnera  à  nouveau  dans 
l'essai  II,  xxxii.  Il  déclarera  alors  le  tenir  de  «Plu- 
tarque» et  de  «cent  autres  tesmoins».  Valère  Maxime 
attribue  le  foit  à  un  jeune  Macédonien. 

P.  70,  1.  21.  Et  s'en  est  veii  un  grand  nombre).  Encore 
un  fait  qui  est  cité  partout  autour  de  Montaigne  et 
qu'il  mentionnera  de  nouveau  dans  l'essai  I,  xxiir. 

P.  70,  1.  23.  Et  Cicero).  Dans  les  Tusculanes  : 
«  Adolescentium  grèges  Lacedaemone  vidimus  ipsi 
incredibili  contentione  certantes  pugnis,  calcibus,  un- 
guibus,  morsu,  denique  ut  exanimarentur,  priusquam 
se  victos  faterentur.  »  (V,  xxvii.) 

P.  70,  1.  25.  Nnnquam  naturam).  «Jamais  l'usage 
n'aurait  vaincu  la  nature,  car  elle  est  invincible;  c'est 
nous-mêmes  qui,  par  la  mollesse,  les  délices,  l'oisiveté, 
l'indolence,  la  nonchalance,  avons  altéré  notre  âme, 
qui  par  les  préjugés  et  les  mauvaises  habitudes  l'avons 
corrompue.  »  {Id.,  ibid.) 

P.  71,  1.  I.  Scevola).  Cf.  Tite-Live,  II,  xii,  47. 
Sénèque  fait  allusion  à  ce  récit  dans  l'épître  24. 

P.  71,  1.  10.  Celuy  qui  ne  daigna).  Cf.  Sénèque, 
Epitres  :  «  Ille  qui  dum  varices  exsecandas  prœberet, 
légère  librum  perseveravit?  »  (Ep.  78.) 

P.  71, 1. 1 1.  £/  celuy  qui  s'obstina).  Id.,  ibid.  «  Ille  qui 
non  desiit  ridere,  cum  ob  hoc  ipsum  tortures  omnia 
instrumenta  crudelitatis  experirentur?  »  (Ep.  78.) 

Peut-être  est-il  question  d'Anaxarque. 

P.  71,  1.  15.  Un  gladiateur  de  Cœsar).  Cf.  Aulu- 
Gelle  :  «  Qualem  fuisse  accepimus  ferum  quendam 
in  ludo  Caîsaris  gladiatorem,  qui,  cùm  vulnera  ejus 
à  medicis  exsecabantur,  ridere  solitus  fuit.  »  (XII,  v, 
288,  dans  un  chapitre  sur  l'idée  que  les  stoïciens  se 
font  de  la  douleur.) 

P.  71,  1.  lé.  Ouis  mediocris).  «Quand  jamais  les 
moindres  gladiateurs  ont-ils  gémi  ou  changé  de  visage? 
Quand  jamais  en  a-t-on  vu  montrer  de  la  lâcheté, 
je  ne  dis  pas  seulement  dans  leur  maintien,  mais 
dans  leur  chute?  Renversés,  condamnés  à  recevoir 
la  mort,  quand  en  a-t-on  vu  détourner  la  tête  ?  » 
(Cicéron,  Tusc,  II,  xvii.) 

P.  71,  1.  27.  Vellere  quels).  «  Elles  qui  ont  soin  de 
s'arracher  les  cheveux  blancs,  de  s'enlever  la  peau  pour 
se  refaire  un  visage  nouveau.  »  (Tibulle,  I,  viii,  45.) 

Le  texte  est  :  «  ToUere  tune  cura  est.  » 


30 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  72,  1.  6.  Xoslir  Rov).  Henri  III  qui  régna  en 
Pologne  de  1573  à  1574.  De  Thou  cite  expressément 
à  ce  sujet  l'exemple  du  Grand  Cliambellan  de  Pologne 
qui,  au  départ  d'Henri  III,  se  donna  un  coup  de 
poignard  dans  le  bras  pour  lui  témoigner  son  dévoue- 
ment. La  phrase  de  .Montaigne  a  dû  être  écrite  entre 
novembre  ou  décembre  1588  (date  de  son  retour  de 
voyage),  et  le  2  août  1 589,  date  de  la  mort  d'Henri  III. 

P.  72,  1.  12.  Les  turcs).  Cf.  Guillaume  Postel,  Des 
histoires  orientales  :  «  De  braves  &  gens  de  court,  qui 
aiment  &  poursuivent  une  dame,  feront  de  telles 
taillades,  pour  approuver  l'amour,  &  souvent  se  pic- 
queront  de  quelque  fer  jusque  au  sang,  faisant  une 
figure  à  la  devise  de  la  dame,  sur  un  bras  ou  autre 
part  cachée  d'habit,  puis  v  bouteront  le  feu  long  temps 
avec  une  chandelle  :  qui  est  une  extrême  douleur 
&  seulement  pour  faire  que  le  seing  dure  à  jamais... 
Ny  a  celuy  de  ces  ballaffrés  à  qui  ne  faces  fendre  un 
bras,  une  joue,  ce  que  voudrés  luy  donnant  quelque 
sept,  ou  huit,  ou  dix  aspres.  »  (Ed.  de  1575,  p.  228; 
éd.  de  1560,  V^  partie,  p.  108.) 

P.  72,  I.  21.  Tesinoiiig  tres-digiie  de  foy).  Cf.  Join- 
ville  :  «  Il  se  confessoit  tous  les  \'endredis  à  son 
Prestre  :  &  après  sa  confession,  il  despouilloit  ses 
espaules,  &  se  faisoit  battre  par  sondict  Prestre,  a 
tout  cinq  petites  chesnettes  de  fer,  qu'il  portoit  dans 
une  boete.  Il  porta  .souventes  fois  la  haire,  jusques 
en  sa  vieillesse,  qu'il  la  laissa  par  l'admonestement 
&  conseil  de  son  Confesseur  :  ^  au  lieu  d'icelle...  » 
(Éd.  Rieux,  xciv,  f"  211  r".) 

P.  73,  1.  I.  GuiUattme  nostre  dernier  Dite  de  Gusenne). 
Cf.  Jean  Bouchet,  Annales  d'Jcjnilnine  :  «  Ledict  duc 
Guillaume...  par  le  conseil  d'un  ermite,  en  lieu  de 
haire  print  une  cuyrasse  sur  son  corps,  &  sur  sa 
teste  un  aubergeon,  qu'il  porta  tousjours  jusques  à 
sa  mort,  par  pénitence,  soubs  un  habit  d'hermite.  » 
(P75r".) 

P.  73, 1.  5.  l-'oiiliiiies  Comte  d'Anjou).  Cf.  Paul-Emile, 
De  rel'ns gestis  Francornm  :  Il  s'agit  de  Foulques  III  qui 
mourut  en  1040. 

On  trouve  encore  le  même  récit  chez  \'inet.  Anti- 
quités de  Saintes,  pp.  41-43.  Vinet  .suppose  que  ce 
seigneur  voulait  expier  le  meurtre  commis  par  lui  sur 
la  personne  du  comte  du  Maine.  Du  Haillant  a  repris 


les  termes  mêmes  de  Paul-Emile  dans  son  Histoire  des 
Rois  de  France,  1 576,  et  dans  sa  sommaire  Histoire  des 
Seigneurs  comtes  et  ducs  d'Anjou  (Paris,  1572). 

P.  75,  1.  8.  Un  grand  nombre  d'hommes  &  femmes 
se  battre).  On  peut  rapprocher  de  ceci  ce  que  dit 
Montaigne  dans  son  Journal  de  Voyage  :  «  Au  milieu 
des  rancs  (il  passa  devant  moy)  une  file  des  Pœni- 
tanciers  qui  se  foitent  à-tout  des  cordes;  de  quoy  il 
y  en  avoit  cinq  çans,  pour  le  moins,  l'eschine  toute 
escorchée  &;  ensanglantée  d'une  piteuse  façon.  C'est 
un  œnigme  que  je  n'entans  pas  bien  encores;  mais 
ils  sont  tous  meurtris  &  cruelemant  blessés  &  se 
tourmantent  &  hâtent  incessammant.  Si  est-ce  qu'à 
voir  leur  contenance,  l'assurance  de  leur  pas,  la  fer- 
meté de  leurs  paroles  (car  j'en  ouis  parler  plusieurs), 
&  leur  visage  (car  plusieurs  estoint  descouverts  par 
la  rue),  il  ne  paroissoit  pas  sulemant  qu'ils  fussent 
en  action  pénible,  voire  ny  sérieuse...  »  (P.  259.) 
Le  passage  des  Essais  ne  s'inspire  pas  de  cette  expé- 
rience, car  il  est  antérieur  au  voyage  de  Montaigne 
et  a  paru  en  1580. 

P.  73,  1.  I).  Maxiinus.  .  Calo...  Paulus).  Ct.  Cicé- 
ron,  r«5r.,  III,  xxviii.  Les  mêmes  exemples  se  retrou- 
vent ailleurs,  notamment  dans  le  De  consolalione  de 
Sigonius,  par  supercherie  attribué  à  Cicéron. 

P.  73,  1.  17.  Je  disais).  Montaigne  fait  sans  doute 
allusion  aux  morts  de  Frédéric  de  Foix,  comte  de 
Gurson,  et  de  ses  deux  frères,  sur\-enues  le  même 
jour.  Il  a  écrit  dans  ses  Ephcmérides  :  «  Iulius  29,  1 587, 
le  comte  de  Gurson,  le  comte  de  Fleix  &  le  Chevalier, 
trois  frères  mes  bons  S"  &  amis,  de  la  Maison  de 
Foix,  furent  tués  à  Moncrabeau  en  Agenois  en  un 
combat  fort  aspre  pour  le  ser\-ice  du  roy  de  Navarre.  » 
{Éphém.  de  Beutère,  p.  238.) 

P.  73,  1.  26.  Ex  quo  intelligitur).  «  D'où  l'on  peut 
voir  que  l'affliction  n'est  pas  un  effet  de  la  nature 
mais  de  l'opinion.  »  (Cicéron,  Tusc,  III,  xxvni.) 

P.  74,  1.  I.  Tcre^.  Cf.  Plutarque,  Dicts  notables 
des  anciens  Ro\s...  :  «Teres,  le  père  de  .Sitalces,  sou- 
loit  dire,  que  quand  il  estoit  de  loysir,  &  qu'il  ne 
faisoit  point  la  guerre,  il  luy  estoit  advis  qu'il  n'y 
avoit  point  de  différence  entre  luv  &  son  parefrenier.  » 
(F°  189  r".) 

P.   74,  1.  6.  Eerox  gens).   «Nation   téroce  qui  ne 


LIVRE      1,      CHAPITIU:      XI\. 


pensait  pas  qu'on  put  vivre  sans  combattre.  »  (Tite- 
Live,  XXXIV,  x\ii.)  Le  texte  est  conforme  à  celui 
de  l'édition  de  1568. 

P.  74,  1.  10.  Le  cardinal  Borrmié).  Saint  Charles 
Borromée  (1538-1584),  archevêque  de  Milan.  On 
peut  consulter  à  son  sujet  :  Giussani,  Vie  de  Saint 
Charles  Borromée,  traduite  par  le  Père  de  Soultbur 
(Paris,  161 5);  Sala,  Docimwnti  circa  la  vita  e  la  gesîa 
di  Boiroineo  (Milan,  1857). 

P.  74,  1.  26.  Celtiy  qui  se  les  creva).  Il  s'agit  de 
Démocrite.  Cf.  Dejiiiilms,  V,  x.xix;  Plutarque,  De  la 
curiosité,  xi,  qui  mentionne  le  fait  pour  en  contester 
l'exactitude;  Aulu-Gelle,  X,  xvii,  qui  directement  ou 
indirectement  est  la  source  de  Montaigne.  D'après 
Cicéron,  Tusc,  V,  xxxix,  et  d'après  Diogène,  la  cécité 
de  Démocrite  n'était  pas  volontaire.  Montaigne  reprend 
la  même  allégation  dans  l'essai  I,  xxxix,  p.  316,  1.  15, 
et  dans  l'essai  II,  xii,  p.  358,  1.  17. 

P.  75,  1.  I.  Thaïes).  Cf.  Diogène  Laerce,  Vie  de 
Thaïes  :  «  Et  cùm  rogaretur,  cur  liberis  non  daret 
operam,  quôd  filiorum  amore  non  teneretur  respon- 
disse.  »  (I,  XXVI,  28.) 

P.  75,  1.  13.  Tel  pour  arriver  à  la  pauvreté).  Il  s'agit 
d'Aristippe.  Cf.  entre  autres  :  Diogène  Laerce,  II, 
Lxxvii;  Horace,  Satires,  II,  ni,  100.  (Rapprocher 
essai  II,  xi,  p.  129,  1.  3.)  On  en  dit  autant  de  Cratès. 
Cf.  essai  III,  ix.  Montaigne  cite  ici  de  mémoire  un 
exemple  très  vulgarisé;  il  n'y  a  pas  lieu  de  chercher 
une  source  précise. 

P.  75,  1.  15.  Epicuriis  dict).  Cf.  Sénèque,  Épitres. 
«  Ab  Epicuro  mutuum  sumam.  Multis  parasse  divitias 
non  finis  miseriarum  fuit,  sed  mutatio.  »  (Ep.  17.) 

P.  76,  1.  24.  Cœsar).  Cf.  Plutarque,  Vie  de  Jules 
César,  f°  494  r".  Amj'ot  dit  «  treize  cents  talents  » 
et  met  en  note  «  sept  cents  quatre  vingt  mille  escus  ». 

P.  77,  1.  9.  Fortuna  vitrea).  «  La  fortune  est  de 
verre;  plus  elle  brille,  plus  elle  est  fragile.  »  (Publius 
Syxns,  e.xMimis.')  Montaigne  a  pris  cette  citation  dans 
les  Politiques  de  Juste  Lipse,  V,  xviii. 

P.  77,  1.  15.  Faber  est).  «Chacun  est  l'artisan  de 
sa  fortune.  »  (Salluste,  De  rep.  ordin.,  I,  i.) 

P.  77,  1.  17.  In  divitiis).  «L'indigence  au  sein  des 
richesses  est  la  plus  lourde  des  pauvretés.  »  (Sénèque, 
ép-  74-) 


P.  78, 1.  24.  Bioii).  Cf.  Sénèque,  De  tranquill.  ûiiiiiii). 
«  Bion  eleganterait,  non  minus  niolestuni  esse  comatis 
quam  calvis  pilo  velli.  »  (via.) 

P.  79,  1.  15.  Platon  range  ainsi).  Dans  les  Lois: 
«  Minorum  primum  est  sanitas,  forma  Secundum, 
Tertium  vires  ad  cursum  ca;terosque  corporis  motus, 
Quartum  diviti;t,  qua;  ciçca;  non  sunt,  sed  acutœ  cer- 
nunt,  si  prudentiam  sequuntur.  »  (L  i,  p.  631; 
éd.  de  1546,  p.  749.) 

P.  79,  1.  18.  Dionisius  le  fils).  Cf.  Plutarque,  Les 
dicts  notables  des  anciens  Roys  :  «  Estant  ad\erty,  que 
l'un  des  habitans  de  Syracuse  avoit  caché  un  trésor 
dedans  la  terre  en  sa  maison,  il  luv  feit  comman- 
dement de  le  luy  apporter  :  ce  qu'il  feit.  Non  pas 
tout  pourtant,  car  il  en  reteint  une  partie,  avec 
laquelle  il  s'en  alla  demourer  en  une  autre  ville,  là 
où  il  en  achetta  quelque  héritage  :  quov  entendant, 
il  le  renvoya  quérir  &  luy  rendit  son  or  &  argent  : 
puisque  tu  sçays,  dit  il,  maintenant  user  de  la 
richesse,  et  non  pas  rendre  inutile  ce  qui  est  fait 
pour  l'usage  de  l'homme.  »  (F°  190  \".)  Montaigne 
commet  une  erreur  :  il  s'agit  de  Denys  le  père,  et 
non  de  Denys  le  fils. 

P.  80,  1.  15.  Non  esse  cupidum).  «C'est  une  richesse 
que  de  n'avoir  pas  la  passion  d'acquérir,  c'est  un 
revenu  que  de  n'être  pas  avide  d'acheter.  »  (Cicéron, 
Parad.,  VI,  m.) 

P.  80,  1.  17.  Divitiarniii).  «  Le  fruit  des  richesses 
est  l'abondance  et  le  critérium  de  l'abondance,  c'est 
la  satisfaction.  »  {Id.,  ibid.,  VI,  11.) 

P.  80,  1.  22.  Feraiile:^).  Cf.  Xénophon,  Cvropédie  : 
«  An  ignoras  me  &  comedere  &  bibere  &  dormire 
nullo  modo  nunc  jucundius,  quàm  tune  cùm  eram 
pauper.  Quod  autem  h:ïc  sunt  mihi  permulta,  tantum 
mihi  est  lucri,  quod  plura  me  oportet  custodire, 
plura  aliis  tribuere,  &  quo  plura  euro,  eo  mihi  plura 
esse  négocia...  Itaque  mihi  videor  magis  tristari  quôd 
nunc  plura  possideam,  quam  antea  quod  pauca  ha- 
berem...  Accipe  enim  hsc  omnia,  ac  posside,  iisque 
utere  pro  voluntate  tua,  méque  aliud  nihil  quàm  ut 
hospitem  aie,  &  tenuius  quoque  quàm  hospitem...  Sic 
igitur  &  Pheraulas  afliciebatur  maxima  voluptate... 
&  Sacas  plurimuni  kvtabatur...  Et  hi  quidem  ita  dege- 
bant.  »  (VIII,  m,  pp.  272,  273,  274.) 


32 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  8i,  1.  23.  La  fortune).  Cf.  Sénèque,  Épitres  : 
«  Errant  eiiim,  mi  Lucili,  qui  aut  boni  aliquid  nobis, 
aut  mali  judicant  tribuere  fortunam.  Materiam  dat 
bonorum  ac  malorum,  &  initia  rerum  apud  nos  in 
maluin  bonumve  exiturarum.  Valentior  enim  omni 
fortuna  animus  est,  in  utranque  paitem  ipse  res  suas 
ducit,  beatreque  ac  misera;  vit;t  sibi  causa  est.  »  (Ep.  98, 
p.  242.) 

P.  82,  1.  2.  Les  Mcoitstremens).  Cf.  Plutarque,  Du 
vice  et  de  la  vertu  :  «  II  semble  que  ce  soient  les  habil- 
lements qui  eschauffent  l'homme,  &  toutefois  ce  ne 
sont  ils  pas  qui  l'eschauffent,  ne  qui  luy  donnent  la 
chaleur,  par  ce  que  chascun  d'iceux  vestements  à  part 
soy  est  froid...  l'habillement  enveloppant  le  corps, 
&  le  tenant  joinct  &  serré,  arreste  &  contient  la 
chaleur  au  dedans,  que  l'homme  rend  de  soy-mesme, 
&  empesche  qu'elle  ne  se  respande  parmy  l'air.  Cela 
mesme  estant  es  choses  humaines  trompe  beaucoup 
de  gens,  lesquels  pensent  s'ils  ont  logez  en  belles 
&  grandes  maisons,  s'ils  possèdent  grand  nombre 
d'esclaves,  &  qu'ils  amassent  grosse  somme  d'or 
&  d'argent,  qu'ils  en  vivront  joyeusement  :  là  où  le 
vivre  doulcement  &  joyeusement  ne  procède  point 
du  dehors  de  l'homme,  ains  au  contraire  l'homme 
despart  &  donne  à  toutes  choses  qui  sont  autour  de 
luy  joye  &  plaisir,  quand  son  naturel  &  ses  meurs 
au  dedans  sont  bien  composez  par  ce  que  c'est  la 
fonteine  &  source  vive,  dont  tout  ce  contentement 
procède.  »  (i,  f"  58  r".) 

P.  82,  1.  6.  Certes).  Cf.  Sénèque,  Epitres  :  «  Luxu- 
rioso  frugalitas  pœna  est;  pigro  .supplicii  loco  labor 
est;  delicatus  mi.seretur  industrii;  desidioso  .studere 
torqueri  est;  eodem  modo  Invc  ad  qua;  omnes  imhe- 


cilli  sumus,  dura  atque  intoleranda  credimus...  Non 
isia  difficilia  sunt  natura,  sed  nos  fluidi  &  énerves. 
Magno  animo  de  rébus  magnis  judicandum  est; 
alioqui  videbitur  illarum  vitium  esse,  quod  nostrum 
est.  Sic  quœdam  rectissima,  cum  in  aquam  demissa 
sunt,  speciem  cur\-i  prœfractique  visentibus  reddunt. 
Non  tantum  quid  \ideas,  sed  quemadmodum  refert.  » 
(Ép.  71,  p.  164.) 

P.  82,  1.  21.  Opiiiio  est).  «Un  certain  préjugé  fri- 
vole, efféminé,  nous  domine  dans  la  douleur  comme 
dans  le  plaisir.  Nos  âmes  en  .sont  amollies,  liquéfiées 
pour  ainsi  dire;  une  piqûre  d'abeille  suffit  pour  nous 
arracher  des  cris...  Tout  .se  réduit  à  savoir  se  com- 
mander. »  (Cicéron,  Tiisc.,  Il,  xxii.) 

P.  83,  1.  I.  S'il  est  mauvais  de  vivre  en  nécessité). 
Cf.  Sénèque,  Epîtres  :  «  Malum  est  in  necessitate 
vivere  :  sed  in  necessitate  vivere  nécessitas  nulla  est.  » 
(Ép.  12,  p.  93.) 

P.  83,  I.  5.  Oui  n'a  le  ceiir).  Cette  idée  revient 
souvent  chez  Sénèque,  ci.  pages  74,  78,  114,  etc. 

Chronologie  :  Deux  faits  sont  empruntés  aux 
Annales  d'Aquitaine  de  Jean  Bouchet  :  l'entêtement 
des  habitants  d'Arras  qui  se  laissent  pendre  plutôt  que 
de  crier  vive  le  Roi  (p.  61,  1.  2),  et  les  pénitences 
que  s'impose  Guillaume,  dernier  duc  d'Aquitaine 
(p.  73,  1.  i).  L'essai  est  donc  de  la  première  période 
(environ  1 572).  J'ajoute  qu'une  liste  de  faits  e.st  prise 
à  VApoloi;ie  pour  Hérodote  d'Henri  Estienne  (p.  60, 
1.  Il);  or  V Apologie  est  la  source  d'une  anecdote  qui 
est  insérée  dans  l'essai  I,  ix,  essai  qui  est  de  1572. 
Nouveau  motif  pour  accepter  cette  date.  Enfin  cet 
essai  est  antérieur  à  l'es.sai  II,  m. 


Chapitre   XV, 


0\    EST    PVXY    POVR    S  OPINIASTRER    A    VXE    PLACE    SAXS    RAISON. 


P.  84, 1.  9.  Monsieur  le  ConucstahJc  de  Moiiiiiioreiicy). 
Cf.  les  Mémoires  des  frères  du  Bellay  :  «  Puis  en\oya 
(le  Rov)  le  mareschal  de  Montmorency  avecques... 
pour  passer  le  Tessin,  &  se  loger  au  faubourg  Sainct 
Antoine,  dedans  une  isle.  Pour  gaigner  ledict  fau- 
bourg, ledict  seigneur  de  Montmorency  fut  contrainct 
de  battre  une  tour  qui  estoit  sur  le.  pont,  l'ayant 
gaignée,  la  fait  remparer  &  garder,  faisant  pendre  ceux 
qu'il  trouva  dedans,  pour  avoir  esté  si  outrageux 
d'avoir  voulu  garder  un  tel  pouUier  à  l'encontre  dune 
armée  Françoise.»  (H,  éi.) 

P.  8-1,  1.  i^.  Encoix  depuis).  Id.,  ibid.  :  «...  les 
gens  de  pied  François...  montèrent  contremont  le 
rocher,  &  avec  eschelles  entrèrent  dedans,  &  taillèrent 
en  pièces  ce  qui  se  trouva,  hors  mis  le  capitaine  &  l'en- 
seigne, qui  furent  prins  en  vie,  lesquels  monsieur  le 
grand  Maistre  fist  pendre  &  estrangler,  pour  donner 
exemple  aux  autres,  de  n'estre  si  téméraires  d'attendre 
dedans  une  meschante  place  une  armée  Françoise 
descendant  en  sa  première  fureur.  »  (VIII,  267.) 


P.  84, 1.  18.  Le  capitaine  Martin  du  Bellay).  Id.,  ibid.  : 
«  Estans  arrivez  devant  Saint  Bony,  fut  plantée  l'artil- 
lerie, de  laquelle  en  peu  d'heures  fut  faict  un  trou... 
&  furent  tous  ceux  de  dedans  tuez,  hors  mis  le 
capitaine,  qui  fut  pendu  pour  avoir  esté  si  oultrageux, 
de  vouloir  tenir  une  si  meschante  place  devant  le 
canon.  »  (IX,  295.) 

P.  85,  1.  16.  Et  au  quartier  par  ou  les  Portugahis). 
Cf.  Goulard,  Histoire  du  Portugal  :  «  Cachil  disoit  la 
coustume  inviolable  estre  qu'en  toutes  les  batailles 
esquelles  les  Roys  ou  leurs  lieutenans  se  trouvoyent, 
on  faisoit  mourir  sans  aucune  remission  tous  les 
ennemis  qui  avoyent  attendu  le  combat  ou  l'assaut.  » 
(XIV,  XV,  f°  416.) 

Chroxologie  :  Tous  les  exemples  dont  cet  essai 
était  bâti  dans  sa  première  forme  sont  empruntés  aux 
Mémoires  des  frères  du  Bellay.  Il  est  donc  très  vrai- 
semblablement des  environs  de  1572. 


Chapitre   X\'I. 


DK      LA      P\NITIOX      DK      LA      CONARDISE. 


P.  86,  1.  5.  Sei^^ih'iir  tic  l'civiiis).  On  peut  rappro- 
clier  un  passage  des  Mâiioircs  des  frères  du  Bellay 
que  Montaigne  lisait  au  moment  où  il  a  écrit  cet 
essai  :  «  ...  Jamais  l'opinion  du  seigneur  de  Ver\in 
ne  changea,  &  ne  peut  estre  persuadé  qu'il  ne  remist 
la  place...  mais  il  taillit  bien  de  sa  foy  à  son...  Prince, 
dont  du  depuis  il  eut  la  teste  tranchée  à  Paris.  »  (X,  336.) 

P.  86, 1.  19).  Le  h\i;islateiir  Chanvidas).  Cf.  Diodore 
de  Sicile  :  «  Il  ordonna  qu'ilz  demoureroient  l'espace 
de  trois  jours  assis  au  milieu  de  la  place,  vestuz  de 
robbes  de  femmes.  »  (XII,  iv,  f°  43  V.) 

P.  87, 1.  4.  Siiffimdere).  «  Songez  plutôt  à  faire  mon- 
ter le  sang  au  visage  tl'un  homme  qu'à  le  répandre.  » 
(Tertullien,  Apologétique).  Tertullien  parle  dune  loi 
contre  les  débiteurs  que  Sévère  annula  en  substituant 
à  la  peine  de  mort  la  vente  des  biens  :  «  Sin  pudoris 
notam,  dit-il,  capitis  pœna  conver.sa,  bonorum  adhibita 
proscriptione  :  suffundere  maluit  hominis  sanguinem 
quàm  etfundere.  »  L'application  chez  Montaigne  est 
un  peu  différente.  Elle  est  inspirée  par  Juste  Lipse 
qui  avait  cité  cette'  phrase  dans  son  Advcrsns  dialo- 
i^istaiii  (ui,  édit.  de  1637,  f"  165  v").  C'est  là  que 
Montaigne  l'a  prise.  On  v  trouve  la  forme  \erbale 
«  malis  »  pour  0  maluit  >>. 

P.  87, 1.  6.  Aniiuiaiiiis  MiiireUiiins).  «  Decem  milites 
ex  his  qui  fugerant  exautoratos  capital!  addixit  sup- 
plicio,  secutus  veteres  leges.  »  (XXIV,  iv.) 

P.  87,  1.  10.  Pour  nue  pareille  faute).  Cf.  Auimien 
Marceiiin  :  c  Omncs  eos  qui  fugisse  arguebantur, 
intcr  impedimenta  &  sarcinas  &  captivos  agcrc  iter 
imposuit.  »  (XX\',  i,  449.) 

P.  87,  I.  II.  L'aspre  coudauiuatiou).  Cf.  Tite-Live, 
XW,  vu;  XXVI,  II  et  m.) 


P.  87, 1.  17.  LcSeigiienrde  Fraugct).  Cf.  IcsMcmoircs 
des  frères  du  Bellaj'  :  «  Vous  avez  bien  entendu  cy 
dessus  comme...  le  mareschal  de  Chabannes  avoit 
secouru  Fontarabie  &  avoit  tiré  dehors  le  seigneur 
du  Lude...  &  en  son  lieu  avoit  par  le  commandement 
du  Roy  mis  pour  gouverneur  le  capitaine  Frauget, 
lequel  estoit  lieutenant  du  mareschal  de  Chastillon  car 
le  capitaine  Frauget  après  avoir  tenu  peu  de  jours... 
rendit  la  place  qui  n'estoit  forçable.  Toutesfois  ledit 
Franget  fut  à  Lion  sur  un  eschaffault  dégradé  de 
noblesse,  &  déclaré  roturier  luy  &  ses  descendents 
pour  avoir  esté  négligent  &  failly  de  cueur  à  pour- 
veoir  à  la  conspiration  dudit  Dom  Petre...  »  (H,  52.) 

P.  87,  1.  24.  Dans  Gn\se).  LL,  ibid.  :  «  Les  autres... 
rendirent  la  place  à  la  volonté  de  l'ennemy.  La  puni- 
tion dont  on  a  depuis  usé  contre  les  moins  delinqueurs, 
a  esté  telle,  que  tous  ceux  qui  s'y  sont  trouvez  ex- 
traicts  de  noble  race,  ont  esté  privez  &  dégradez  eux 
&  leurs  descendans  de  tous  tiltres  &  privilèges  de 
noblesse,  &  faicts  subjets  aux  subsides  &  impositions 
comme  non  nobles  6c  roturiers.»  (^"^,  217.) 

Cmkonologie  :  Les  deux  derniers  exemples  (p.  87, 
1.  17,  et  p.  87,  1.  24)  sont  empruntés  aux  Mémoires 
des  frères  du  Bellav  :  l'essai  est  donc  très  probable- 
ment des  environs  de  1572.  L'emprunt  à  Diodore 
de  Sicile  (p.  86,  1.  19)  d'ailleurs  a  de  grandes  chances 
d'être  de  la  même  époque,  car  il  semble  que  Montaigne 
ait  lu  Diodore  vers  1572.  On  peut  se  demander  si 
la  citation  d'Ammien  Marceiiin  n'est  pas  postérieure, 
car  c'est  surtout  vers  1578  que  Montaigne  semble 
l'avoir  étudié.  Peut-être  a-t-il  fait  une  addition  à  cet 
essai  plusieurs  années  après  l'avoir  composé. 


Chapitre   XVII. 


VN      TRAICT      D1-;     QVKLaVKS      A  MB  A  SS  A  DE  V  R  S  . 


P.  88,  1.  3.  De  ramener  taiisjoiirs).  Sur  cette  idée 
cf.  en  particulier  //  Cortegiano,  de  Balthasar  Casti- 
glione  (éd.  Cian,  I,  xxvi). 

P.  88,  1.  5.  Basti  al  nocchicro).  «  Que  le  nocher  se 
borne  à  parler  des  vents,  le  laboureur  des  taureaux,  le 
guerrier  de  ses  blessures,  le  berger  des  troupeaux.  » 
Ces  vers  italiens  sont  traduits  de  Properce  (II,  i,  43). 
Montaigne  les  a  trouvés  dans  un  ouvrage  de  Stetano 
Guazzo,  La  Civil  conversation  (II,  \"ers  le  début). 

P.  88, 1. 1 1 .  Arcbidamus).Ci.  Plutarque, 7_)/f/.s-  notables 
des  Laeedœnwniens  :  «  Il  luy  dit  un  jour  :  Je  ni'esbahis 
de  tov  Periander,  comment  tu  aimes  mieulx  estre 
appelle  mauvais  poëte,  que  bon  médecin.  »  (F"  2 1 5  v".) 

P.  88,  1.  13.  César).  \'oyez  en  particulier  la  des- 
cription du  pont  jeté  sur  le  Rhin  ÇDe  hello  gallico, 
IV,  xvii). 

P.  89,  1.  7.  Le  vieil  Dioiiisins).  Cf.  Diodore  de 
Sicile,  XV,  11,  f"  179  r°. 

P.  89, 1.  10.  Optât  ephippia).  «  Le  bœuf  pesant  aspire 
à  la  selle,  le  cheval  aspire  à  labourer.  »  (Horace,  Epitres, 
I,  XIV,  43.) 

P.  90,  1.  4.  L'Empereur  Charles  cinqniesme).  Cf.  les 
Mémoires  des  frères  du  Bellay  :  «  Et  quand  ores  il 
seroit  plus  difficile,  si  estoit  ce  qu'il  s'y  pouvoit  trouver 
moyen,  comme  de  combattre  en  une  Isle,  ou  sur  un 
pont  ou  batteau  en  quelque  rivière.  Et  quant  aux 
armes  eux  deux  se  pourroient  aisément  accorder  à  les 
prendre  qu'elles  fussent  esgalles,  &  que  luy  de  sa 
part  les  trouveroit  toutes  bonnes  :  fust-ce  de  Tespee 
ou  du  poingnard  en  chemise... 

»  Duquel  (le  Roi  de  France)  les  subjects  capitaines 
&  soldats  estoient  tels  &  de  telle  sorte  que  si  les  siens 


de  luy  estoient  semblables,  i!  se  voudroit  lier  les 
mains,  mettre  la  corde  au  col,  &  aller  vers  le  Roy 
de  France  en  cest  estât  luy  demander  miséricorde. 
Iceux  ambassadeurs  toutestois...  ne  voulurent  escrire 
au  Rov  leur  maistre  tous  les  propos  qu'ils  avoient 
entendus,  ains  lui  en  dissimulèrent  grande  partie  : 
comme  du  combat  avecques  Tespee  ou  le  poingnard 
en  chemise,  la  façon  &  terme  dont  avoir  l'Empereur 
usé,  magnifiant  la  force  &  vertu  de  ses  subjects 
&  vilipendant  ceux  du  Rov,  6c  que  si  les  siens  fussent 
tels  que  ceux  du  Roy...  «  (P.  i)2-ij6.) 

P.  91,  I.  4.  On  corrompt).  Cf.  Aulu-Gelle  :  «  Cor- 
rumpi  atque  dissolvi  officium  omne  imperantis  ratus, 
si  quis  ad  id,  quod  facere  ju.ssus  est,  non  obsequio 
debito,  sed  consilio  non  considerato  respondeat.  » 
(I,  xiii,  24.) 

P.  9 1 , 1. 5 .  Crassiis).  Id.,  ihid.  :  «  Is  (Crassus)  cùm . . . 
circunsedere,  oppugnaréque  Leucas  oppidum  pararet, 
opusque  esset  firma  ac  procera  trabe,  qua  arietem 
faceret,  quo  muros  ejus  oppidi  quateret,  scripsit  ad 
magistrum  àpy.'.TÉy.Tojva  molis  Atheniensium  sociorum, 
amicorûmque  populi  Romani,  ut  ex  malis  duobus, 
quos  apud  eos  vidisset,  uter  major  esset,  eum  mit- 
tendum  curaret.  Tum  magister  if/.'.Ti-/.Twv  comperto 
quamobrem  malum  desideraret,  non  uti  jussus  erat, 
majorem ,  sed  quem  esse  idoneum ,  aptiorémque 
faciendo  arieti,  taciliorémque  ponatu  existimabat, 
minorem  misit.  Crassus  eum  vocari  jussit,  &  cùm  inter- 
rogasset,  cur  non  quem  jusserat,  misisset,  causis,  ratio- 
nibû.sque,  quas  dictitabat  spretis  vestimenta  detrahi 
imperavit,  virgisque  multum  cecidit.  »  (I,  xiii,  24.) 

Aulu-Gelle  présente  tout  au  long  ce  récit  et  institue 


56 


ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


à  son  sujet  la  même  discussion  que  Montaigne.  Il  ne 
prend  pas  parti;  au  contraire,  Montaigne,  après  avoir 
fortement  posé  le  devoir  d'obéissance,  établit  des 
distinctions  et  réclame  des  libertés  d'action  pour  les 
ambassadeurs.  Il  faut  noter  encore  que  l'anecdote  de 
Crassus  et  la  discussion  qu'elle  suscite  se  trouvent 
dans  un  ouvrage  que  Montaigne  a  lu  dans  le  temps 
où  il  a  fait  cette  addition,  après  1588  :  c'est  dans  le 
Corlcgiaiio  de  Castiglione  (II,  xxiv).  Castiglione, 
comme  Montaigne,  accorde  que  quelquefois  il  faut 
s'en  remettre  à  son  propre  avis  et  le  préférer  à  celui  qui 
vous  a  été  donné  par  votre  prince;  il  veut  toutefois 


qu'on   se  montre  très  prudent,  très  réservé  sur  ce 
point. 

Chronologie  :  Cet  essai,  comme  ceux  qui  l'en- 
tourent, est  bâti  sur  un  exemple  des  frères  du  Bellay 
(p.  90,  1.  4).  Il  est  donc  très  vraisemblablement  des 
environs  de  1572.  Il  est  possible  que  le  mot  d'Archi- 
damus  (p.  88,  1.  11),  qui  vient  de  Plutarque,  ait  été 
inséré  postérieurement  à  la  composition  primitive, 
s'il  vient  de  la  traduction  d'Amyot  qui  parut  seule- 
ment à  la  fin  de  1572. 


Chapitri:   XVIII. 


DK    LA    l'KVR. 


P.  92,  1.  I.  Ohstitpiii).  «  Jf  demeurai  stupidc,  mes 
cheveux  se  dressèrent,  ma  voix  s'arrêta  dans  ma 
gorge.  »  (Virgile,  En.,  II,  774.) 

P.  92,  1.  15.  Monsieur  lic  Bourbon).  Cf.  les  Mémoires 
des  frères  du  Bellay  :  «  Un  porteur  d'enseigne  aj-ant 
la  garde  d'une  ruine  qui  estoit  à  la  muraille  au  bourg 
S.  Pierre  voyant  monsieur  de  Bourbon  venir  avecques 
quelques  soldats  à  travers  les  vignes  pour  recognoistre 
la  place,  entra  en  tel  effrov  que  cuidant  fuir  devers 
la  ville,  passa  (l'enseigne  au  poing)  par  ladite  ruine, 
&  .s'en  alla  droict  aux  ennemis.  Monsieur  de  Bourbon 
voyant  ceste  enseigne  venir  droict  à  luv,  estima 
qu'elle  fut  suivie  d'autres  gens,  &  que  ce  fust  une 
saillie  faicte  sur  luy  :  parquoy  il  s'arresta  pour 
recueillir  les  hommes  qui  venoient  à  son  secours 
&  faire  teste...  Ledit  enseigne  ayant  marché  environ 
trois  cens  pas  hors  la  ville...  se  recogneut...  &  par 
la  mesme  ruine  dont  il  estoit  sorti  rentra  dedans.  » 

(III,  75.) 

P.  93,  1.  5.  L'enseigne  dn  Capitaine  Jnille).  Li., 
ilvii.  :  «  L'enseigne  du  capitaine  Juille...  son  enseigne 
au  poing,  voyant  l'ennemy  marcher  à  l'assault  entra 
en  tel  effroy,  que  pensant...  fouir  dans  la  ville,  sortit 
par  une  canonnière,  &  fouit  droict  aux  ennemis,  son 
enseigne  au  poing,  où  il  fut  massacré.  »  (VIII,  255.) 

P.  93,  1.  9.  An  mesme  siège).  Id.,  ihid.  :  «  Aussi  un 
gentilhomme...  entra  en  telle  frayeur,  qu'il  tomba 
mort,  sans  estre  frappé.  »  (VIII,  255.) 

P.  93,  1.  14.  De  Germaniciis).  Cf.  Tacite,  Hist., 

I,    LXIIt. 

P.  93,  1.  19.  L'Empereur  Tbeopinle).  Cf.  Zonaras  : 


«  Ainsi  que  derechef  l'Empereur  se  fut  acheminé 
contre  les  Agarenes,  l'issue  de  la  bataille  fut  malen- 
contreuse pour  les  Romains  :  car  peu  s'en  faillit  que 
l'empereur  ne  fut  emmené  prisonnier  par  les  ennemis. 
Manuel  en  estant  acertené,  après  avoir  rallié  des  gens, 
il  se  fourra  en  la  plus  grosse  presse  des  Sarazins, 
commandant  à  l'Empereur  qu'il  le  suivist,  car  il  estoit 
tout  estonné,  &  disoit  pour  couvrir  son  peu  de 
courage,  qu'il  ne  s'en  vouloit  fuir  abandonné  le 
peuple.  Et  après  que  souventes-fois  on  luv  eust 
remonstré  qu'il  sortit  hors  de  la  bataille,  sans  en 
vouloir  rien  faire,  estant  retenu  de  crainte  comme 
s'il  eust  esté  détenu  es  ceps.  Manuel  luj'  dit,  si  vous 
ne  me  suyvez,  je  vous  tueray  :  car  il  vaut  mieux 
que  vous  perdez  la  vie,  que  si  estant  prisonnier  vous 
procurez  un  si  grand  deshonneur  à  la  Republique  de 
Romme.  »  (Ed.  de  1560,  3^  partie,  f"  58  V'';  éd.  de  1583, 
f  879  r°.) 

P.  93,  1.  21.  Adeo  pai'or).  «Tant  la  peur  s'effraie 
même  des  secours.  »  (Quinte-Curce,  III,  11.) 

P.  94,  1.  I.  En  la  première  juste  bataille).  Cf.  Tite- 
Live,  Annales  :  «  Cùm  jam  in  orbem  utrinque  pugna- 
rent,  decem  millia  fermé  hominum  cùm  alià  evadere 
nequivissent,  média  Afrorum  acie,  qu«  Gallicis  auxiliis 
firmata  erat,  cum  ingenti  caede  hostium  perrupere.  » 
(XXI,  Lvi,  347.) 

P.  94,  1.  9.  Amis  de  Pompeins).  Cf.  Cicéron,  Tiis- 
culanes  :  «  Constabat  eos  qui  concidentem  vulneribus 
Cn.  Pompeium  vidissent,  cum  in  illo  ipso  acerbissimo 
miserrimoque  spectaculo  sibi  timerent,  quod  se  classe 
hostium  circumfusos  vidèrent,  nihil  tum  aliud  egisse. 


38 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


nisi  ul  rémiges  liortarentur,  et  ut  salutem  adipisce- 
rentur  fuga  :  posteaquam  Tyrum  venissent,  tuin 
adflictari  lamentarique  cœpisse.  »  (III,  xxvii.) 

P.  94,  1.  17.  Tumpavor).  «Alors  la  peur  m'arrache 
du  cœur  tout  mon  courage.  »  (Ennius,  apud  Cice- 
ronem,  Tiisc,  IV,  viii.) 

P.  95,  1.  \.  Les  Grecs).  Cf.  Diodore  de  Sicile  : 
«  Ce  fui  une  calamité  publique  qui  survint  lors  à  la 
cité  de  Cartilage  par  permission  divine  :  car  ordinai- 
rement on  oyoit  des  bruits  par  la  ville  &  des  frayeurs 
&  espouventemens  sans  propos  ny  raison  apparente, 
que  l'on  appelle  tremeurs  paniques  :  de  sorte  que 
plusieurs  sortoient  de  leurs  maisons  en  sursault,  avec 


les  armes  aux  poings,  comme  si  l'on  eusl  crié  alarme, 
&  comme  si  les  ennemis  eussent  esté  dedans  la  ville  : 
&  s'entrebattoient  les  uns  les  autres  comme  s'ils 
eussent  esté  ennemis,  y  cstans  les  aucuns  blecez, 
&  les  .autres  antierernent  tuez,  jusques  à  ce  qu'ils 
eussent  appaisé  par  oraisons  &  sacrifices  l'ire  des 
Dieux.  0  (XV,  VII,  f"  185  v°.) 

Chronologie  :  L'essai  semble  être  suggéré  par  trois 
exemples  empruntés  aux  Mémoires  des  frères  du 
Bellay  (p.  92,  1.  15,  et  p.  93,  1.  5  et  9).  Il  est  donc 
très  vraisemblablement  des  environs  de  1572. 


CliAPiTRi;   XIX. 


Q\   IL    NE    1  A\T    1VGF.R    DK    NOSTRK    HUNR,    a\-  APRES    LA    MORT. 


P.  96.  TITRE.  Ce  sujet  est  touché  dans  beaucoup 
de  dissertations  morales  du  temps.  Cf.  en  particulier 
Estienne  Pasquier,  Le  poitrparler  du  Priiicc,  édition 
de  1581,  f"  204  V". 

P.  96,  1.  I .  SciliiCt).  «  Il  fiiut  toujours  attendre  le 
dernier  jour  de  l'homme,  et  personne  ne  peut  être 
déclaré  heureux  avant  sa  mort  et  son  heure  suprême.  » 
(Ovide,  Métaiii.,  III,  135.)  Le  texte  est  celui  des 
éditions  contemporaines. 

P.  96, 1.  4.  Du  Roy  Crœsits).  Cf.  Hérodote,  1,  lxxwi. 
L'anecdote  est  tout  à  fait  courante  chez  les  auteurs 
anciens  et  modernes  :  Cf.  Diogène  Laerce,  Vie  de  Selon  ; 
Cicéron,  De  fin.,  II,  xxvii;  ^'alère  Maxime,  VII,  xi.ii; 
Erasme,  Apopht.,  VII.  Lycosthenes  qui  intitule  un 
de  ses  chapitres  :  Aiite  morteiii  iieiiio  beatus  jiidicaiidiis; 
Le  Roy,  Vicissitudes,  éd.  de  1577,  p.  52;  Budé,  Insti- 
tution du  Prince,  Lin,  etc. 

P.  96, 1.  i^.Agesilaus).  Cf.  Plutarque,  Diets  notables 
des  Lcuedxinoniens  :  «  Quelqu'un  reputoit  heureux  le 
Roy  de  Perse  de  ce  qu'il  estoit  venu  fort  jeune  à  un 
si  puissant  estât;  voire  mais,  dit-il,  Priam  en  tel  aage 
ne  fut  pas  malheureux.  »  (F"  211  r°.) 

P.  ^6,  1.  17.  //  s'en  faict  des  menuisiers  et  grejjicrs 
à  Rome).  Allusion  au  fils  de  Persée,  nommé  Philippe. 
Cf.  Plutarque,  Vie  de  Paul-Éniile,  xix. 

P.  96,  1.  18.  Des  pédantes  à  Corinthc).  Allusion  à  la 
fameuse  légende  de  Denys  l'ancien  ou  le  tyran,  chassé 
de  ses  États  par  Timoléon.  Elle  est  partout.  Cf.  en 
particulier  Pasquier,  Le  pourparler  du  Prince,  au  début. 

P.  97,  1.  3.  Ce  grand  Pompeius).  Son  exemple  est 
souvent  cité  avec  la  valeur  que  Montaigne  lui  donne 
ici.  Cf.  en  particulier  Cicéron,  Tusc,  I,  xxxv. 

P.  97,  1.  4.  Ce  Ludofic  Sforce).   Cf.   Guichardin, 


Hisl.  d'Italie  :  «  Dopo  due  di  fu  menato  nella  Torre 
di  Loces,  nella  quale  stette  circa  dicci  anni,  &  insino 
alla  fine  délia  vita  prigione;  rinchiudendosi  in  una 
angusta  carcere  i  pensieri  e  l'ambitione  di  colui,  che 
prima  appena  capevano  i  tormini  di  tutta  Italia.  » 
(P.  212.) 

P.  97,  1.  7.  La  plus  belle  roiiie).  Marie  Stuart,  veuve 
de  François  II,  décapitée  par  l'ordre  d'Elisabeth  le 
18  février  1 587. 

P.  97,  1.  12.  Usqiie  adeo).  «Tant  il  est  vrai  qu'une 
torce  cachée  renverse  les  puissances  humaines,  et 
semble  se  foire  un  jeu  de  fouler  aux  pieds  l'orgueil 
des  f;iisceaux  et  des  haches  consulaires.  »  (Lucr.,  \', 

I233-) 

P.  97,  1.  15.  El  semble  que  la  fortune).  Cette  idée 
revient  souvent  chez  Sénèque.  Cl.  en  particulier 
l'épitre  98  qui,  à  propos  de  l'incendie  de  Lyon,  s'étend 
longuement  sur  ce  sujet  :  «  Incrementa  lente  exeunt, 
festinatur  in  damnum.  » 

P.  97,  1.  18.  Nimirum).  «  Certes,  j'ai  trop  vécu 
d'un  jour,  n  (Macrobe,  Satura.,  II,  vu.) 

P.  98,  1.  8.  De  bon  et  de  net  dans  le  fond  du  pot). 
L'épitre  26  de  Sénèque  est  intitulée  :  «...  Qualiter 
boni  viri  meritum  mors  excutiat,  &  quod  egregium 
sit  mortem  discere.  » 

P.  98,  1.  9.  Nam  vera-  wces).  «  Alors  seulement 
des  paroles  sincères  nous  sortent  du  fond  du  cœur, 
le  masque  tombe,  l'homme  reste.  »  (Lucr.,  III,  57.) 
Le  texte  de  Montaigne  est  conforme  à  celui  de 
Lambin  (p.  195). 

P.  98,  1.  II.  Vovla  pourcjuoy  se  doivent).  Pour  cette 
idée,  cf.  Sénèque,  Épitres,  jiassim,  en  particulier 
épitre  82.  Mais  Montaigne  suit  ici  surtout  l'épitre  26 


40 


ESSAIS      DE      MONTAIGXE. 


à  laquelle  une  phrase  est  textuellement  prise  :  «  Ego 
certe  velut  appropinquet  experimentum,  &  ille  laturus 
sententiam  de  omnibus  annis  meis  dies  venerit,  ita 
me  obser\-o...  Quod  profecerim,  morti  crediturus 
sum.  Non  timide  itaque  componor  ad  illum  diem, 
quo  remotis  strophis  ac  fucis  de  me  pronuntiaturus 
sum,  utrum  loquar  fortia  an  sentiam,  nunquid  simu- 
latiofierit  &  mimus,  quicquid  contra  fortunam  jactavi 
verborum  contumacium,  etc.  »  (P.  112.) 

P.  98,  1.  18.  Scipion).  Cf.  Sénèque,  épître  24. 

P.  98,  1.  20.  Epaminondas).  Cf.  Plutarque,  Les  dicis 
notables  des  anciens  Roy  s...  :  «  On  luy  demanda  quel- 
quefois lequel  il  estimoit  plus  grand  capitaine  de  luy, 
de  Chabrias  ou  d'Ipliicrates  :  il  respondit,  il  seroit 
bien  mal  aisé  d'en  juger,  tant  que  nous  sommes  en 
vie.  »  (F"  201  r*^.) 


Chronologie  :  Un  exemple  semble  venir  de  Gui- 
chardin  (Ludovic  Sforce,  p.  97, 1.  4).  C'est  une  raison 
de  croire  que  l'essai  est  des  environs  de  1572.  Il  n'y 
a  là  toutefois  qu'une  présomption  parce  que  l'emprunt 
se  réduit  à  une  simple  allusion.  D'autres  présomp- 
tions se  joignent  à  celle-là  :  i"'  tous  les  essais  avoi- 
sinants  sont  de  la  première  période;  2°  ce  chapitre 
présente  le  même  stoïcisme  qui  caractérise  les  essais  I, 
xi\ ,  et  I,  XX,  tous  deux  datés  avec  certitude  de  1 572. 
On  pourrait  être  tenté  de  reculer  la  composition  à  la 
fin  de  1572  parce  que  l'apophtegme  d'Agésilas  est 
pris  textuellement  à  Amvot  et  parce  que  la  traduction 
d'Amyot  parut  seulement  à  la  tin  de  1572;  mais  cette 
conclusion  elle-même  n'est  pas  nécessaire  :  il  a  pu 
être  ajouté  là  sous  forme  d'addition. 


Chapitre   XX. 


QVE    PHILOSOPHER    C  EST   APPRENDRE    A    MOVRUl. 


P.  loo,  1.  I.  C'uxro).  Cf.  Tusc.  :  «  Tota  philoso- 
phorum  vita,  ut  ait  ideoi  (Socrates),  commentatio 
mortis  est.  »  (I,  xxx.)  Après  1 588,  dans  l'essai  III,  xu, 
Montaigne  reprendra  cette  pensée  de  Cicéron,  mais 
pour  la  contester.  Cicéron  l'a  traduite  du  Phàion. 

P.  100,  1.  2.  C'est  d'autant  que  J'estiide  et  la  contem- 
pJatiûii).  Id.,  ilnd.,  I,  xix,  et  surtout  I,  xxxi,  où  cette 
pensée  est  développée  :  «  Nam  quid  aliud  agimus, 
quum  a  voluptate,  id  est,  a  corpore,  quum  a  re 
lamiliari,  qu;e  est  ministra  &  tamula  corporis,  quum  a 
republica,  quum  a  negotio  omni  sevocamus  animum? 
Quid  inquam,  tum  agimus,  nisi  animum  ad  se  ipsum 
advocamus,  secum  esse  cogimus,  maximeque  a 
corpore  abducimus?  Secernere  autem  a  corpore  ani- 
mum, nec  quidquam  aliud  est  quam  emori  discere?» 
(I,  XXXI.)  En  tout  ce  passage,  Cicéron  imite  de  très 
près  le  Phi'doH  de  Platon. 

P.  100,  1.  6.  De  vra\  ou  la  raison).  Comparer  la 
même  idée  chez  Cicéron,  dans  le  De  fiuibns,  II,  xxvii, 
etV,  XXIX.  Cicéron  l'exprime  dans  une  attaque  contre 
l'épicuréisme.  On  comprendra  par  là  combien  il  est 
peu  à  propos  de  citer  ce  passage  pour  prouver  que 
dès  1572  Montaigne  était  franchement  épicurien. 

P.  100,  1.  9.  La  saincte  escritiire).  Cf.  Ecries.,  III, 
verset  12.  «Et  cognovi,  quod  non  esset  melius,  nisi 
liftari,  &  facere  bene  in  vita  sua.  » 

P.  100,  1.  13.  Traiisc/irraiiiiis).  «Laissons  ces  sub- 
tilités. »  (Sénèque,  ép.  117.) 

P.  loi,  1.  9.  Non  celii\ de  la  vii[nr).  Cicéron  dans  les 
Tnscnlanes,  II,  xviii,  dit  que  le  mot  «  virtus  »  vient  de 
«  vis  »  qui  signifie  force,  courage.  La  même  étj'mologie 
est  rapportée  dans  l'essai  II,  vu,  p.  67,  1.  15. 

P.  ICI,  1.  19.  Ce  n'est  pas  d'un  pareil  soiug).  Cf.  la 


même  idée  et  le  même  mouvement  dans  Sénèque, 
ép.  70. 

P.  102, 1.  n.  Xenophilus).  Cf.  Valère  Maxime,  VIII, 
XIII,  ext.  5.  Mais  Valère  Maxime  dit  105  ans  et  non 
106.  L'exemple  de  Xenophilus  est  d'ailleurs  repris 
dans  les  collections  d'exemples  de  morts  que  nous 
trouverons  tout  à  l'heure  entre  les  mains  de  Montaigne. 
Cf.  en  outre  Pline,  Hist.  uat.,'Wl\,  li;  Crinitus,  De 
honesta  disciplina,  VII,  x,  etc. 

P.  102,  1.  17.  Oinnes  eodein).  «Tous  nous  sommes 
poussés  au  même  terme;  tous,  de  l'urne  qui  s'agite, 
plus  tôt  ou  plus  tard,  nous  verrons  sortir  notre  billet 
qui  nous  enverra  par  la  barque  de  Caron  dans  l'éter- 
nel exil.  »  (Horace,  Odes,  II,  m,  25.) 

P.  102,  1.  22.  Il  n'est  lien).  Cf.  Sénèque  :  «  Nihil 
est  unde  non  subeat.  Itaque,  ut  in  hostili  regione 
versantibus  hue  &  illuc  circumspiciendum  est,  &  ad 
omnem  strepitum  circumagenda  cervix.  »  (Ep.  74, 
p.  268.) 

P.  102,  1.  24.  Oua-  quasi  sa.xiiiu).  «  C'est  le  rocher 
qui  pend  sans  cesse  sur  la  tête  de  Tantale.  »  (Cicéron, 
De  fin.,  I,  XVIII.) 

P.  103,  1.  3.  Kon  sicuhr).  «Les  mets  les  plus 
exquis  lui  seront  sans  saveur,  les  chants  des  oiseaux 
et  les  accords  de  la  lyre  ne  lui  rendront  pas  le  som- 
meil. »  (Horace,  Odes,  III,  i,  18.) 

P.  103,  1.  10.  Audit  iter).  «  Il  s'enquiert  du  che- 
min, il  compte  les  jours,  il  mesure  sa  vie  sur  la 
longueur  de  la  route,  tourmenté  sans  cesse  par  l'idée 
du  supplice  qui  l'attend.  »  (Claudien,  In  Ru/.,  II,  137.) 

P.  103,  1.  17.  Oui  capile  ipse).  «Puisqu'il  s'est  mis 
dans  la  tête  d'avancer  à  reculons.  »  (Lucrèce,  IV,  472.) 
Le  texte  est  conforme  à  l'édition  Lambin,  p.  308. 


42 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  103,  1.  25.  Les  Romaim).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Cicéroji).  «Il  se  tourna  vers  eulx  &  leur  cria  tout 
hault.  Ils  ont  vescu.  Ce  qui  est  une  façon  de  parler 
dont  usent  quelquefois  les  Romains  quand  ilz  veu- 
lent éviter  la  dureté  de  ceste  rude  parole  de  dire.  Il 
est  mort.  »  (xxii,  f"  559  r".) 

P.  104,  1.  5.  J  cette  heure).  C'est  en  1565  que 
Charles  IX  rendit  une  ordonnance  pour  iixer  le  com- 
mencement de  l'année  au  premier  janvier  au  lieu  de 
Pâques.  Le  Parlement  ne  se  conforma  à  cette  ordon- 
nance que  deux  ans  plus  tard,  et  ne  commença 
l'année  au  premier  janvier  qu'en  1567. 

P.  104,  1.  25.  Oiiid  giiispe  vitct).  «  L'homme  ne 
peut  jamais  bien  prévoir  les  dangers  de  chaque  heure.  » 
(Horace,  Odes,  II,  xiii,  13.) 

P.  105,  1.  2.  Duc  de  Bretaii;iie).  Il  s'agit  de  Jean  II, 
mort  en  1305.  Pour  tous  ces  exemples  il  faut  se 
reporter  aux  recueils  d'exemples  du  temps,  au  Thea- 
Iriiin  vita'  biimaua-  de  Zwinger,  surtout  à  YOfficiiia  de 
Ravisius  Textor  qui,  réunissant  tous  les  exemples 
que  nous  retrouvons  ici  chez  Montaigne,  me  semble 
avoir  été  mis  à  contribution  par  lui  (Cf.  Ravisius, 
f°  31  r°).  Volatéran  avait  déjà  recueilli  cet  exemple. 
Montaigne  le  trouvait  encore  dans  les  histoires  de 
Gilles,  de  Bouchet  (f"  102  r")  qu'il  lisait  à  la  même 
époque. 

P.  105,  1.  3.  Pape  Cknicnl).  Il  .s'agit  de  Bertrand 
de  Got,  archevêque  de  Bordeaux,  pape  sous  le  nom 
de  Clément  V,  de  1305  à  13 14. 

P.  105,  1.  4.  Un  de  nos  roys).  Henri  II,  blessé  à 
mort  dans  un  tournoi  le  29  juin  1559  par  le  comte 
de  Montgommery.  Jean  de  Marcouville,  dans  son 
Recueil  d'aucuns  cas  werveilkiix  (1563)  commence 
par  l'exemple  d'Henri  II  son  chapitre  vu  intitulé  : 
Jjts  eslran_^es  morts  d'aucuns  roys  et  grands  seigneurs. 
Déjà  on  faisait  de  la  mort  d'Henri  II  un  sujet  de 
méditation.  Zwinger  la  mentionne  dans  son  Tbcalnini, 
col.  538. 

P.  105,  1.  4.  Un  de  ses  ancestres).  Philippe,  fils  de 
Louis  le  Gros,  qui  n'a  pas  régné,  mais  qui  a  été 
couronné  du  vivant  de  son  père.  L'exemple  est  dans 
toutes  les  compilations  du  temps,  depuis  la  compi- 
lation de  Fulgose  qui  l'a  recueilli  (IX,  xii).  Montaigne 
a  dii  le  prendre  chez  Ravisius  Textor  comme  presque 


tous  les  exemples  de  ce  chapitre,  mais  Ravisius  parle 
d'une  chute  de  cheval  sans  mentionner  le  pourceau 
(f°  25  r^).  Montaigne  a  complété  sans  doute  par 
quelqu'un  des  historiens  qu'il  lisait  alors,  peut-être 
Nicolle  Gilles,  peut-être  plutôt  Jean  Bouchet  qui 
dit  :  ft  L'année  prochaine  précédente,  Philippes  filz 
aisné  du  dict  roy  Loj-s  le  Gros,  auquel  il  avoit  baillé 
la  couronne  de  France,  estoit  mort  d'une  cheute  de 
cheval,  en  la  rue  Sainct  Antoine  à  Paris,  par  la  fortune 
d'un  pourceau,  qui  s'estoit  mis  entre  les  jambes 
d'un  fol  cheval,  que  le  dict  Philippes  chevauchoit.  » 
(P  72  r».) 

P.  105,  1.  5.  ^izschihis).  Valùre  Maxime,  IX,  xii, 
ext.  2,  raconte  le  û\k  un  peu  autrement;  voir  Ravi- 
sius, f°  33  v°,  etc. 

P.  105, 1.  7.  L'antre).  Anacréon.  Cf.  \'aière  Maxime, 
IX,  xii,  ext.  8,  etc. 

P.  105,  1.  9.  Aziniliiis  Lepidiis).  Cf.  Pline,  Hist. 
nal.,  \'n,  LUI.  «  Q..  vEmilius  Lepidus,  jam  egrediens 
incusso  pollice  limini  cubiculi.  »  Le  texte  de  Pline 
est  répété  par  Ravisius. 

P.  105,  1.  10.  Anfidiiis).  Id.,  ibid.  :  «  Cum  in  sena- 
tum  iret  offenso  pede  in  comitio.  » 

P.  105,  1.  12.  Cornélius  Gallus...  Tigellinns...  Lu- 
dovic... Speusippus...  L'un  de  nos  papes...  Ces  cinq 
exemples  sont  réunis  dans  le  recueil  de  Ravi.sius 
Textor  sous  le  titre  »  Morlui  in  actii  veuereo  ».  Dans 
le  Tbeatruiu  'cita-  l'exemple  de  Ludovic  fait  défaut; 
les  quatre  autres  y  sont.  Ces  auteurs  ont  trouvé 
l'exemple  de  Cornélius  chez  Pline,  H/.T/.  nal.,\ïl,  lui. 
Celui  de  Speusippus  vient  de  V Apologétique  de  Tertul- 
lien;  d'ailleurs  Diogène  Laerce  prétend  au  contraire 
que  ce  philosophe  se  tua  lui-même  à  un  âge  avancé, 
et  Plutarque  le  fait  mourir  de  maladie  pédiculaire. 
Quant  au  pape  auquel  Montaigne  tait  ici  allusion, 
il  s'agit  de  Jean  XXII,  d'après  Platine  :  «  Cujus  mors 
eo  turpior  est  quo  sanctiorem  eum  esse  oportet,  qui 
dignitate  ceteros  antecellit.  »  C'est  .sans  raison  qu'on 
a  voulu  reconnaître  ici  Jules  IL 

P.  105,  1.  15.  Le  pauvre  Bcbius).  Cf.  Pline,  Hist. 
nal.  :  « Bebius  judex, cum  vadimonium diH'erri  juhet...  » 

(VII,    LUI.) 

L'antithèse  que  contient  la  phrase  est  propre  à 
Montaigne. 


LIVRE      I,      CHAPITRE     XX. 


-13 


P.  10),  1.  17.  Caiiis  Jiiliiis).  Id.,  ihid.  :  «  C.  Julius 
medicusdum  inungit,  specillum  per  oculum  trahens . . .  » 
(VII,  LUI.)  Ici  encore  l'antithèse  appartient  en  propre 
à  Montaigne. 

P.  loé,  1.  4.  Praiiilcrini).  «  J'aimerais  mieux  passer 
pour  un  fou,  pour  un  imbécile,  si  ma  folie  me  plaît 
ou  si  elle  est  inconsciente,  que  d'être  sage  et  d'en 
souftrir.  »  (Horace,  Épltres,  II,  11,  12e.)  Le  texte 
d'Horace  est  :  «  Pn-etulerim  scriplor  delirus.  » 

P.  106,  1.  7.  Ils  vont).  Imitation  d'un  passage  de 
Sénèque,  Épiircs  :  «  Emam,  a;dificabo,  credam,  exigam, 
honores  geram.  »  (Ép.  loi,  au  début.) 

P.  106,  1.  19.  Neiiipe  et  fiigaccm).  «  Certes,  il  pour- 
suit l'homme  mûr  dans  sa  fuite,  il  ne  fait  pas  grâce 
à  la  Lâche  jeunesse  qui  cherche  à  lui  échapper.  » 
(Horace,  Odes,  III,  11,  14.) 

P.  106,  1.  23.  lUe  liai).  «Vous  avez  beau  vous 
couvrir  de  fer  &  d'airain,  la  mort  vous  frappera  sous 
votre  armure.  >>  (Properce,  IV,  xviii,  25.) 

P.  107,  I.  5.  Efforçons-nous  de).  Rapprocher  des 
expressions  de  Sénèque,  Epitres  :  «  Adversus  omnia 
quaï  incidere  possunt  etiam  potentissimis,  adhortare 
te  &  indura.  »  (Ep.  4.) 

P.  107, 1.  10.  Egyptiens).  Cf.  Plutarque,  Banquet  des 
sept  Sages.  «  Quand  à  la  façon  de  faire  d'^Egypte  où  ils 
ont  accoustumé  d'apporter  ordinairement  au  milieu 
d'un  festin  l'anatomie  sèche  d'un  corps  d'homme 
mort,  &  le  monstrer  à  tous  les  conviez,  en  les  admo- 
nestant de  se  souvenir  qu'en  peu  de  temps  ils  seront 
tels,  encore  que  ce  soit  un  fort  mal  plaisant  &  impor- 
tun entremets,  toutefois  si  a-il  quelle  comodité.  » 
(m,  f""  151  r''.) 

P.  107,  1.  14.  Oninein  crede  dieiii).  «Imagine-toi 
que  chaque  jour  est  pour  toi  le  jour  suprême;  tu 
recevras  avec  reconnaissance  l'heure  que  tu  n'espérais 
plus.»  (Horace,  Épitres,  I,  iv,  13.) 

P.  107, 1. 16.  //  est  incertain).  Cf.  Sénèque,  Epîtres  : 
V  Incertum  est  quo  loco  te  mors  exspectet  :  itaque  tu 
illam  omni  loco  exspecta.  »  (Ep.  26.) 

P.  107,  I.  16.  La  préméditation).  Id.,  ihid.  :  «  Medi- 
tare  mortem  :  qui  hoc  discit  meditari  libertatem 
jubet.  »  (Ep.  26,  p.  112.) 

P.  107,  1.  17.  Oni  a  apris  à  mourir).  Id.,  ihid  :  «Qui 
mori  didicit,  servire  dedidicit.  » 


P.  107,  1.  18.  Le  sçavoir  mourir).  Id.,  ihid.  :  «  Supra 
omnein  potentiam  est,  certe  extra  omnem.  » 

P.  107,  1.  19.  //  n'y  a  rien  de  mal).  Id.,  ibid.  : 
«  Contemne  mortem  :  nihil  triste  est,  cum  hujus 
metum  effugimus.  »  (Ep.  78.) 

P.  107,  1.  21.  Paulns  ^Emiliiis).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Paiil-Émile  :  «  Lon  dit  bien  que  Perses  envoya 
devers  .(Emilius  le  requérir  &  supplier  qu'il  ne  fust 
point  ainsi  mené  par  la  ville,  en  la  monstre  du 
triumphe,  mais  .lElmylius  se  moquant,  comme  il 
meritoit,  de  sa  lascheté  &  foiblesse  de  cueur,  respondit, 
Cela  paravant  estoit,  &  encore  est  en  sa  puissance, 
s'il  veult,  luy  donnant  assez  à  entendre,  qu'il  devoit 
plus  tost  choisir  la  mort  que  de  souffrir  luy  vivant 
une  telle  ignominie.  »  (xvii,  f°  175  v'\) 

P.  107,  1.  29.  Jiicundnm  cuni  ;rtas).  «  Quand  mon 
âge  dans  sa  fleur  jouissait  de  son  printemps.  »  (Catulle, 
LXVIII,   16.) 

P.  108,  1.  6.  Jam  fuerit).  «  Bientôt  le  présent  sera 
passé,  &  jamais  plus  nous  ne  pourrons  le  rappeler.  » 
(Lucrèce,  III,  915.) 

P.  108,  1.  17.  De  vray,  les  ha:^ards).  Cf.  des  idées 
tout  à  fait  analogues  chez  Sénèque,  ép.  49. 

P.  108,  1.  22.  Nemo).  «Aucun  homme  n'est  plus 
fragile  que  son  voisin,  aucun  n'est  plus  assuré  du 
lendemain.  »  (Sénèque,  ép.  91.) 

P.  109,  1.  6.  Ouid  hrevi).  «  Pourquoi  dans  une  vie 
si  courte  former  tant  de  projets.  »  (Horace,  Odes,  li, 
XVI,  17.) 

P.  109,  1.  8.  L'un  se  pleint).  On  trouve  le  même 
mouvement  et  les  mêmes  idées  parfois  chez  Sénèque. 
Cf.  aussi  Lucrèce,  III,  898,  et  suivants,  je  n'ai 
retrouvé  nulle  part  les  mots  de  Montaigne. 

P.  109,  1.  20.  Miser).  «  Malheureux,  oh!  malheu- 
reux que  je  suis!  disent-ils,  un  seul  jour  néfaste 
m'enlève  tous  mes  biens,  tant  de  charmes  de  la  vie.  » 
(Lucrèce,  III,  898.)  Montaigne  suit  ici  le  texte  de 
Lambin,  p.  252;  on  lit  ordinairement  «misero  misère, 
aiunt...  » 

P.  109,  1.  23.  Maneni).  «Je  n'achèverai  donc  pas 
mon  œuvre;  je  laisserai  imparfaites  ces  superbes 
murailles.  »  (Virgile,  En.,  W,  88.)  Toutes  les  éditions 
du  xvi=  siècle  que  j'ai  consultées  écrivent  pendent  au 
lieu  de  manent. 


44 


KSSAIS      DE     MOXTAIGXE. 


P.  iio,  1.  4.  Ciiin  moriar).  «Je  veux  que  la  mort 
me  surprenne  au  milieu  de  mon  travail.  »  (Ovide, 
Amor.,  II,  X,  36.) 

P.  iio,  1.  II.  Illiid  in  his  rchiis).  «Ils  n'ajoutent 
pas  que  la  mort  nous  ôte  le  regret  de  ces  choses.  » 
(Lucrèce,  III,  900.) 

P.  iio,  1.  15.  Disoit  Lyciirgiis).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Lyciirgitc  :  «  Au  demeurant,  quant  aux  sépultures 
Lvcurgus  en  ordonna  aussi  tressagement  :  car  en  pre- 
mier lieu,  pour  oster  toute  superstition,  il  voulut 
que  les  morts  s'enterrassent  dedans  la  ville,  &  que 
les  .sépultures  fussent  à  l'entour  des  églises,  pour 
accoustumer  les  jeunes  gens  à  les  avoir  tousjours 
devant  les  veux,  sans  s'efProver  de  veoir  un  trespassé.» 
(xx,  f"  39  r^) 

P.  iio,  1.  19.  Oiiiii  etiam).  «Bien  plus,  c'était  la 
coutume  jadis  d'égayer  les  festins  par  des  meurtres, 
de  mêler  aux  banquets  le  cruel  spectacle  de  combats 
de  gladiateurs,  qui  souvent  tombaient  jusque  sur  les 
coupes  et  inondaient  les  tables  de  .sang.  »  (Silius 
Italicus,  XI,  i-i.)  Citation  prise  chez  Juste  Lipse, 
Sattirnaliiiin  seniioiinni  lihri  duo,  I,  m. 

P.  no,  1.  23.  Coiiiiiie  les  égyptiens).  Cf.  Hérodote  : 
«  Rs  maisons  des  riches,  après  le  repas,  un  certain 
homme  porte  une  image  de  mort  dans  un  estuv  tirée 
le  plus  au  naturel  que  possible  est,  &  grande  d'une 
coudée  ou  deux,  laquelle  il  monstre  à  chacun  des 
assistants,  &  en  la  regardant  il  dit  :  Bov  et  t'esjouv, 
car  mort  tu  seras  tel.  »  (II,  Lxxviii,  f"  129  r".) 

P.  III,  1.  3.  Un  registre  coniniante).  Pline,  Hist. 
liât.,  Vil,  Valère  Maxime,  IX,  xii,  Ravisius  Textor 
dans  son  Officina,  Fulgose  dans  son  De  dictis  factisqiic, 
Zwinger  dans  son  Tbeatntm  vitœ,  etc.,  lui  ont  fourni 
de  semblables  collections  qu'il  a  consultées  une  ving- 
taine d'années  plus  tôt.  Rabelais,  IV,  x\ii,  présente 
des  listes  de  morts  tout  à  fait  analogues  où  figurent 
en  particulier  les  morts  d'Eschyle  et  d'Anacréon,  et 
il  nous  renvoie  pour  en  trouver  de  semblables  à 
Verrius,  Valère,  Pline,  Fulgose,  Bacaberv. 

P.  III,  I.  7.  Dicœarchiis).  Cf.  Cicéron,  De  Ojf.  : 
«  Est  Dicœarchi  liber  De  interitu  hominum,  Peripate- 
tici  magni  &  copiosi  :  qui  collectis  ca;teris  causis 
eluvionis,  pestilentiaï,  vastitatis,  helluarum  etiam  re- 
pentina;  multitudinis,  quarum  impetu  docet  qua.-dam 


hominum  gênera  esse  consumpta  :  deinde  computat 
quando  plures  deleti  sint  homines  hominum  impetu, 
id  est  bellis  aut  seditionibus,  quam  omni  reliqua 
calamitate.  »  (II,  v,  364.)  Cf.  aussi  le  De  amsoJalioiie  de 
Sigonius,  faussement  attribué  à  Cicéron  (éd.  de  1583, 
f°  12  r°),  et  encore  ^'ivès,  Conwientairc  de  la  Cité  de 
Dieu  de  saint  Augustin,  XII,  xxu. 

P.  III,  1.  10.  Le  préméditer).  C'est  l'idée  chère  à 
Sénèque  qui  revient  sans  cesse  dans  les  Epltres. 
(Cf.  26,  8;  30,  18;  69,  6;  loi,  7;  114,  27,  et 
surtout  70,  18.) 

P.  III,  1.  14.  /(•  iii'apper<,vis).  Argument  que  Mon- 
taigne reprendra  souvent  :  cf.  II,  \'I,  et  début  de 
II,  xxxvii. 

P.  III,  23.  Ce  que  dit  César).  De  bello  galiico,  \U, 

LXXXIV. 

P.  112,  1.  9.  Heu  seiiihiis).  «Hélas!  quelle  part 
reste-t-il  aux  vieillards  dans  la  vie?  »  (Maximianus 
ou  Pseudo-Gallus,  I,  16.) 

P.  112,  1.  10.  César).  Cf.  Sénèque,  Epîtres.  «  Cssar 
cum  illum  transeuntem  per  latinam  viam  unus  ex 
custodiarum  agmine,  demissa  usque  ad  pectus  vetere 
barba,  rogaret  moitem  :  nunc  enim,  inquit,  vivis?  » 
(Ép.  77,  p.  180.) 

P.  113,  1.  3.  Non  viiltns).  «Xi  le  regard  menaçant 
d'un  tyran,  ni  l'auster  furieux  qui  bouleverse  l'Adria- 
tique, rien  ne  peut  ébranler  sa  fermeté,  non  pas  même 
la  main  puissante  de  Jupiter  lançant  ses  foudres.  » 
(Horace,  Odes,  III,  m,  3.) 

P.  113,  1.  10.  Faire  la  figue  à  ia  force).  Rapprocher 
Sénèque,  Epîtres  :  «  Supra  omnem  potentiam  est, 
certe  extra  omnem.  Quid  ad  illum  carcer,  &  custo- 
dia,  &  claustra?  Liberum  ostium  habet.  »  (Ép.  26,  fin.) 
L'expression  «  faire  la  figue  »  est  encore  une  expres- 
sion empruntée  au  style  des  conteurs.  Henri  Estienne, 
dans  son  Apologie  pour  Hérodote,  I,  x\",  déclare  formel- 
lement que  c'est  un  mot  comique,  un  mot  de  gueux, 
et  il  reprend  sévèrement  Castalion  de  l'avoir  inséré 
dans  sa  traduction  de  la  Bible.  Cf.  essai  II,  xii,  209, 1. 1 3. 

P.  113,  1.  12.  /«  inaiiicis).  «  Pieds  &  poings  liés  je 
te  tiendrai  dans  la  geôle  la  plus  horrible.  —  Un 
dieu,  quand  je  le  voudrai,  me  délivrera.  —  Ce  dieu, 
sans  doute,  c'est  la  mort.  La  mort  est  le  dernier  terme 
des  choses.  »  (Horace,  Épitres,  I,  xvi,  76.) 


LIVRE      I,      CHAIMTKH      XX. 


45 


P.  113,  1.  19.  Puis  que  nous  soiiiiih'S  menasse^). 
Cf.  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu  :  «  Cum  autem  uni- 
cuique  mortalium  sub  quotidianis  vitœ  hujus  ca.sibus, 
innumerabiles  mortes  quodam  modo  comminentur, 
quamdiu  incertum  est,  quœnam  earum  ventura  sit, 
qu.vi'o  utrum  satius  sit,  unam  perpeti  moriendo,  an 
omnes  timere  vivendo?  »  (I,  u,  54.) 

P.  115,  1.  2^.  ^  Socrûtes).  Cf.  Diogène  Laerce,  Fie 
de  Socrate  :  «  Indignanti  cuidam  quôd  despiceretur, 
cùm  summam  rerum  triginta  tyranni  sibi  vendicas- 
sent,  Ergône,  inquit,  pœnitet  te?  Referenti  quôd 
illum  Athenienses  mori  decrevissent.  Et  natura  illos, 
inquit.  »  (II,  xxxv,  117.) 

P.  1 14, 1.  2.  C'esl  pareille  folie).  Rapprocher  Sénèque, 
Épîtrcs  :  «  Nonne  tibi  videbitur  stultissimus  omnium 
qui  fleverit  quod  ante  annos  mille  non  vixerat?  .£que 
.stultus  est  qui  flct  quod  post  annos  mille  non  vivet  ! 
Hœc  paria  sunt  :  non  eris,  nec  fuisti,  utrumque 
tempus  alienum  e.st.  »  (Ép.  77.) 

P.  114,  1.  10.  Ayistote  dit).  Cf.  Cicéron,  Ttisculanes  : 
«  Apud  Hypanim  fluvium,  qui  ab  Europœ  parte  in 
Pontum  influit,  Aristoteles  ait  bestiolas  quasdam  nasci, 
qua;  unum  diem  vivant.  Ex  his  igitur  hora  VIII  qu;t 
mortua  est,  provecta  Ktate  mortua  est  :  quœ  vero 
occidente  sole,  decrepita,  eo  magis  si  etiam  solstitiali 
die.  Confer  nostram  longissimam  œtatem  cum  a;ter- 
nitate,  in  eadem  propemodum  brevitate  qua  \\\x 
bestioLf  reperiemur...  »  (I,  xxxix,  t.  IV,  p.  123.) 

P.  114,  1.  18.  Sortes,  dit-elle).  Tout  ce  long  mor- 
ceau est  imité  du  ftmeux  discours  de  la  nature  qu'on 
trouve  au  III'^  livre  de  Lucrèce.  On  verra  que  Mon- 
taigne y  fait  de  très  nombreux  emprunts.  En  1580, 
le  morceau  est  bâti  d'emprunts  à  Lucrèce  illustrés  et 
étoffés  de  quelques  traductions  de  Sénèque.  Les  addi- 
tions de  1588  sont  en  majeure  partie  de  Lucrèce. 
En  1595  elles  viennent  presque  toutes  de  Sénèque. 
On  remarquera  que  bien  souvent  les  sentences  en 
français  qui  séparent  les  citations  latines  ne  sont 
guère  que  des  commentaires  de  ces  citations. 

P.  114,  1.  23.  /;;/(';•  se).  «Les  mortels  se  prêtent 
mutuellement  la  vie;  c'est  le  flambeau  qu'on  se  passe 
de  main  en  main  comme  aux  courses  sacrées.  » 
(Lucrèce,  II,  76,  79.) 

P.  115,  1.  6.  Prima  qiix  vitaiii).  «Notre  première 


heure  en  nous  donnant  la  vie  nous  l'a  enlevée.  » 
(Sénèque,  Hercule  furieux,  III,  chœur,  vers  874.) 

P.  115,  1.  7.  Nasceiites  moriiniir).  «Dès  notre  nais- 
sance nous  mourons;  la  fin  de  notre  vie  est  la  consé- 
quence de  son  origine.  »  (Manilius,  Astron.,  IV,  xvi.) 

P.  115,  1.  15.  Si  vous  ave:^  faicl).  Rapprocher 
Lucrèce  : 

«  Nam  si  grata  fuit  titii  vita  ante  nota  priorque...  » 

(III,  9350 

P.  115,  1.  17.  Cnr  non).   «Pourquoi  ne  pas  sortir 

de  la  vie  en  convive  rassasié?  »  (/(/.,  ihid.,  III,  938.) 

P.  115,  1.  18.  Si  vous  n'en  ave^^sçen).  Cf.  Lucrèce  : 

n  Sin  ea  qu;f  fVuctus  cumque  es,  periere  profusa; 
0  Vitaque  in  ofl'ensu  est...  » 

(111,940.) 

Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin,  p.  258. 

P.  115,  1.  20.  Cur  aniplius).  «Pourquoi  vouloir 
multiplier  des  jours  que  vous  laisseriez  perdre  misé- 
rablement de  même  sans  en  mieux  profiter?  »  (^Id., 
ihid.,  III,  941.) 

P.  115,  1.  22.  La  vie).  Cf.  Sénèque,  Épitres  :  «  Vita 
nec  bonum  nec  malum  est;  boni  ac  mali  locus  est.  » 
(Ép.  99.) 

P.  116,  1.  5.  Non  aliuin  vidcre).  «Vos  neveux  ne 
\erront  rien  de  plus  que  ce  qu'ont  vu  vos  pères.  » 
(Manilius,  I,  522.)  Montaigne  qui  ne  semble  plus  lire 
Manilius  après  1588  prend  ceci  chez  Vives,  Commen- 
taire de  la  Cité  de  Dieu  de  saint  Augustin  (XI,  iv). 

P.  116,  1.  12.  Versamur  ibidem).  «Nous  tournons 
dans  le  même  cercle,  nous  n'en  sortons  jamais.  » 
(Lucrèce,  III,  1080.) 

P.  116,  1.  13.  Alque  in  se).  «  L'année  roule  sur  elle- 
même  et  recommence  sans  cesse  sa  route.  »  (\'irgile, 
Géorg.,  II,  402.) 

P.  116,  1.  16.  Naiii  tibi).  «Car  je  ne  puis  rien 
imaginer,  rien  inventer  de  nouveau  pour  vous  plaire; 
c'est  toujours  la  répétition  des  mêmes  plaisirs.  >> 
(Lucrèce,  III,  944.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition 
Lambin,  p.  258. 

P.  né,  1.  18.  L'equalite).  Cf.  Sénèque,  Épitres: 
«  Quis  queri  potest  in  ea  conditione  se  esse,  in  qua 
nemo  non  est?  Prima  autem  pars  est  aequitatis, 
aiqualitas.  »  (Ép.  30.) 


4é 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  lié,  1.  20.  Vous  n'eu  rehattn'i).  Rapprocher 
Lucrèce  : 

«  Xec  prorsum  vitam  ducendo,  deniimus  liilum 

»  Tempore  de  mortis,  nec  delibare  valenius 

»  Quo  minus  esse  diu  possimus  forte  perempti.  » 

(in,  1087.) 

p.  116,  1.  21.  Aussi  h)io  temps  screi  vous).  Rappro- 
cher Lucrèce  : 

«  Xcc  minus  ille  diu  jam  non  erit,  ex  hodicnio 

»  Lumine  qui  finem  vitai  fecit,  &  ille 

»  Mensibus  atque  annis  qui  multis  occidit  ante.  » 

(III,  1092.) 
P.  116,  1.  24.  Licel).  «  Vivez  autant  de  siècles  que 
vous  voudrez,  la  mort  n'en  restera  pas  moins  éter- 
nelle. »  (/(/.,  III,  1090.) 

P.  117,  1.  3.  lu  vent).  «  Ignorez-vous  que  la  mort 
ne  laissera  pas  sur\-ivre  un  autre  vous-même  qui, 
vivant,  puisse  vous  pleurer  mort  et  gémir  debout 
.sur  votre  cadavre.  »  (/rf.,  III,  885.) 

Chez  Lucrèce  ce  passage  ne  fait  pas  partie  du 
discours  de  la  nature.  Il  est  à  la  troisième  personne  : 

«  Xec  videt  in  vera  nullum  fore  morte  alium  se 
»  Qui  possit  vivos  sibi  se  lugere  peremptum...  » 

On  voit  comment  dans  cette  citation  et  dans  quel- 
ques autres  Montaigne  met  la  phrase  à  la  seconde 
personne  et  adapte  les  vers  de  manière  à  les  taire 
entrer  dans  son  discours. 

P.  117,  1.  7.  Nec  sibi).  «  Alors,  en  effet,  personne  ne 
s'inquiète  ni  de  sa  vie  ni  de  .soi-même;  il  ne  nous  reste 
aucun  regret  de  noils-mèmes.  »  (/J.,  III,  919,  922.) 

P.  117,  1.  II.  Mullo  uioitem).  Vers  que  Montaigne 
vient  de  traduire.  (Jd.,  III,  92e.)  Le  texte  est  celui 
de  l'édition  Lambin,  p.  256. 

P.  117,  1.  13.  Elle  ne  vous  coueeme).  Rapprocher 
Cicéron,  Tuscuîaues  :  «  In  quo  quid  potest  esse  mali, 
cuni  mors  nec  ad  vivos  pertineat  nec  ad  mortuos?» 

(I,   XXXVIII.) 

P.  117,  1.  15.  Nul  ne  meurt).  Cf.  Sénèque,  Epilres  : 
V  Nemo  nisi  suc  die  moritur.  Nihil  perdis  ex  tuo 
tempore  :  nam  t)uod  relinquis,  alienum  est.  » 
(Ép.  69,  fin.) 

P.  117,  I.  18.  Respiee  eiiim).  «Considérez  en  effet 


combien  les  temps  écoulés,  des  siècles  sans  nombre 
sont  pour  nous  comme  s'ils  n'avaient  jamais  été.  » 
(Lucrèce,  III,  972.) 

P.  117,  1.  20.  Ou  que  vostre  vie).  Cf.  Sénèque, 
Epilres  :  «  Ubicumque  desines,  si  bene  disinis,  tota 
est  vita.  »  (Ep.  77.) 

P.  117,  1.  20.  L'utilité  du  vivre).  Id.,  ibid.  :  «  Doce 
non  esse  positum  bonum  vitaî  in  spatio  ejus  sed  in 
usu;  posse  fieri,  immo  sa;pissime  tieri,  ut  qui  diu 
vixit  parum  vixerit.  »  (Ep.  49.) 

P.  117,  1.  22.  n  gist).  Id.,  ibid.  :  «Ut  satis  vixe- 
rimus,  nec  anni  nec  dies  facient,  sed  animus.  » 
(Ép.  61.) 

P.  117,  1.  24.  Peiisie:i-vous).  Id.,  ibid.  :  «Tu  autem 
non  putabas,  te  aliquando  ad  id  pervcnturuni,  ad 
quod  semper  ihas.  »  (Ep.  77.) 

P.  117,  1.  25.  Encore  n'y  a  il  ciiemin).  Id.,  ibid.  : 
«Nullum  sine  exitu  iter  est.  »  (Ép.  77.) 

P.  118,  1.  i.  Le  monde  ne  va-il).  Id.,  ibid.  :  «Eo  ibis 
quo  omnia  ibunt.  » 

P.  118,  1.  3.  Oniuiu  te).  «Toutes  clioses  vous 
suivront  dans  la  mort.  »  (Lucrèce,  III,  968.) 

P.  118,  1.  4.  Tout  ne  branle-il  pas).  Cf.  Sénèque, 
Épttres  :  «  Séries  invicta,  &;  nulla  mutabilis  ope,  illigat 
ac  trahit  cuncta.  »  (Ép.  76.)  Tout  le  passage  de 
Sénèque  est  à  rapprocher  de  celui  de  Montaigne. 

P.  118,  1.  5.  Mille  hommes).  Id.,  ibid.  :  «  Fortior, 
ut  opinor,  esses,  si  multa  millia  tibi  commorerentur. 
Atqui  multa  millia  hominum  &  animalium  hoc 
momento  ipso,  quo  tu  mori  dubitas,  animant  variis 
generibus  emittunt.  »  (Ép.  77.) 

P.  118,  1.  7.  Xam  nox  nulla).  «Il  n'est  pas  de 
jour,  pas  de  nuit,  qui  n'ait  entendu,  mêlés  aux  vagis- 
sements de  l'enfant,  les  cris  de  douleur  qui  accom- 
pagnent la  mort  et  le  cercueil.  »  (Lucrèce,  II,  578.) 

P.  118,  1.  10.  Vous  en  ave^  asses  veu).  Imité  de 
Sénèque,  Épitres  :  «  Nemo  eorum  qui  illam  accusant, 
expertusest.  Intérim  temeritas,  damnare  quod  nescias. 
At  illud  scis  quam  multis  utilis  sit,  quam  multos 
liberet  tormentis,  egestatis  querelis,  suppliciis,  txdio.  » 
(Ép.  91.) 

P.  118,  1.  15.  Est-ce  a  toi.)  Id.,  ibid.  :  «  Utrum, 
obsecro  te,  Kquius  judicas,  te  natunv  an  tibi  naturam 
parère?  »  (Ép.  93.) 


LIVRK      1,      CHAPITRE      XX. 


47 


P.  I  iS,  1.  15.  Encore  que  ton  cage).  Id.,  ibid.  :  «  Licet 
ejus  retas  imperfecta  sit,  vira  perfecta  est...  Quemad- 
modum  in  minore  corporis  habitu,  potest  homo  esse 
perfectus,  sic  &  in  minore  temporis  modo  potest  vita 
esse  perfecta.  »  (Ép.  93.) 

P.  1 19, 1.  6.  J'apriiis  a  Thaïes).  Cf.  Diogène  L.ierce  : 
«  Tu  vero,  aiebat  quispiam,  quare  non  moreris?  Quia 
niliil,  inquit,  dift'ert.  »  (F/c  de  Thaïes,  I,  xxxv,  34.) 

P.  119,  1.  9.  L'eau,  la  terre).  Cf.  Sénèque,  Épitres  : 
«  Hœc  nempe  sunt  &  elementa  quibus  hic  mundus 
administratur,  aqua,  terra,  spiritus  :  omnia  ista  tam 
causœ  vivendi  sunt,  quam  viœ  mortis.  »  (Ép.  117.) 

P.  119,  1.  10.  Pourquoi  crains  tu).  Id.,  ibid.  :  «  Erra- 
mus  qui  ultimum  timemus  diem,  cum  tantumdem 
in  mortem  singuli  conférant.  Non  ille  gradus  lassitu- 
dinem  facit,  in  quo  deficimus,  sed  ille  profitetur.  Ad 
mortem  dies  extremus  per\-enit,  accedit  omnis.  » 
(Ép.  120.) 

P.  119,  1.  28.  Les  enfans  ont  peur).  Id.,  ibid.  «  Quod 
vides  aecidere  pueris,  hoc  nobis  quoque  majusculis 
pueris  evenit  :  illi  quos  amant,  quibus  assueverunt, 
cum  quibus  ludunt,  si  personatos  vident,  expaves- 
cunt  :  non  hominibus  tantum,  sed  rébus  persona 
demenda  est  &  reddenda  faciès  sua.  Quid  mihi  gladios 
&  ignés  ostendis  &  turbam  carnificum  circa  te  fre- 
mentem  ?  Toile  istam  pompam  sub  qua  lates  &  stultos 
territas  :  mors  est,  quam  nuper  servus  meus,  quam 
ancilla  contempsit.  »  (Ép.  24.) 

Chronologie  :  Incontestablement  une  bonne  partie 


de  cet  essai  a  été  écrite  vers  1572.  En  effet,  1"  Mon- 
taigne déclare  (p.  104,  1.  4)  :  «  Je  nasquis  entre  unze 
heures  &  midi,  le  dernier  jour  de  Febvrier  mil  cinq 
cens  trente  trois,  comme  nous  contons  à  cette  heure, 
commençant  l'an  en  Janvier.  Il  n'y  a  justement  que 
quinze  jours  que  j'ay  franchi  39  ans.  »  Cette  phrase 
est  donc  environ  du  15  mars  1572.  2"  Un  peu  plus 
loin  (p.  108,  1.  12),  il  écrit  encore  :  «  La  santé,  que 
j'ay  jouy  jusques  à  présent  tresvigoureuse  &  peu- 
souvent  interrompue...  ne  m'allonge  pas  l'espérance 
de  la  vie.  »  Il  est  assez  vraisemblable  que  cette  phrase 
est  antérieure  à  1573,  date  à  laquelle  sa  santé  semble 
avoir  été  assez  sérieusement  éprouvée.  Une  très 
grande  partie  de  l'essai  qui  semble  être  de  la  même 
venue  que  ces  phrases,  doit  être  du  début  de  1572. 
Pourtant,  avant  1580,  des  additions  sont  venues  s'y 
joindre.  1°  Un  emprunt  presque  textuel  aux  œuvres 
morales  de  Plutarque  traduites  par  Amyot  (p.  iio, 
1.  23,  les  Egiptiens),  ne  doit  pas  être  antérieur  à  la 
fin  de  1572,  date  de  la  publication  de  cette  traduction. 
2"  Il  semble  qu'en  un  passage  on  trouve  une  trace 
de  la  lecture  de  César  (p.  m,  1.  23);  il  est  assez 
vraisemblable  (bien  qu'on  ne  puisse  aucunement  être 
affirmatif  sur  ce  point)  que  le  passage  où  il  se  ren- 
contre date  de  l'époque  où  Montaigne  étudiait  César 
(début  de  1578),  ou  même  qu'il  est  postérieur  à  cette 
époque.  Je  crois  donc,  en  résumé,  qu'une  grande 
partie  de  cet  essai  est  de  1572,  mais  que  dans  la 
suite  Montaigne  y  a  fait  des  additions,  surtout  dans 
la  dernière  partie. 


Chapitre   XXI. 


DE      LA      lORCE      DE     L  IMAGINATION'. 


P.  121,  1.  I.  Fortis  iinail'umtio).  «Une  imagination 
forte  produit  l'événement.  » 

P.  122, 1.  4.  GaUits  Vibiiis).  Cf.  Sénèque  le  rhéteur, 
controv.  9,  II.  Co-ste  a  remarqué  que  Sénèque  ne 
dit  pas  que  Gallus  Vibius  perdit  la  raison  en  tâchant 
de  comprendre  l'essence  de  la  folie,  mais  en  s'appli- 
quant  avec  trop  de  contention  d'esprit  à  en  imiter 
les  mouvements.  Rhétoricien  de  profession,  il  imagina 
que  les  emportements  de  la  folie  représentés  vive- 
ment par  le  discours  charmeraient  ses  auditeurs,  et 
par  le  soin  qu'il  prit  de  bien  contrefaire  le  fou  il 
devint  effectivement  fou.  «  Huic  accidisse  uni  scio, 
dit-il,  ut  in  insaniam  non  casu  incideret,  sed  judicio 
perveniret.  »  Les  recueils  d'exemples  du  xv!""  siècle 
font  parfois  mention  de  Gallus  Vibius.  Son  cas  est 
cité  chez  Ravisius  Textor,  parmi  les  Fiiriosi  cl  iiianiaci 
(Éd.  de  1552,  p.  507),  et  Ravisius  dit  le  devoir  au 
recueil  de  Cœlius  Rhodiginus  (VI,  xxxv.) 

P.  122,  1.  16.  Ut,  quasi  transaclis).  «En  sorte  que 
souvent  ils  répandent  des  flots  abondants  et  ensan- 
glantent leurs  vêteinents.  »  (Lucrèce,  IV,  1035.) 

P.  122,  1.  19.  L'aviiciiieiit  de  Cyppiis).  Cf.  Pline, 
Hist.  liai.,  XI,  XLV,  qui  fait  une  simple  allusion  à  ce 
récit;  Valère  Maxime,  V,  vi,  3,  qui  ne  parle  pas  de 
combats  de  taureaux,  et  qui  l'appelle  simplement 
préteur;  il  ajoute  qu'à  la  suite  de  cet  événement  les 
devins  lui  prédirent  qu'il  deviendrait  roi  d'Italie  : 
Cyppus  s'exila  volontairement  pour  empêcher  la  réali- 
sation de  cette  prédiction.  Cf.  encore  Messie,  Diverses 
leçons,  II,  VII,  qui  est  peut-être  la  source  de  Montaigne. 

P.  122,  1.  23.  An  fiJs  de  Cra'siis).  Cf.  Hérodote,  I, 
Lxxxv.  Mais  il  faut  ajouter  que  ce  fait  a  été  répété 
par  beaucoup  de  vulgarisateurs  :  Aulu-Gelle,  V,  ix; 


Valère  Maxime,  \,  iv,  ext.  6;  Messie,  Diverses  leçons, 
I,  xxxiii;  Marcouville,  chapitre  XLiii,  qui  répète 
exactement  Messie;  Zwinger,  Tliealniiii  vitœ  hiimancv, 
col.  142^;  Rhodigin,  Aiitiqiianiiii  Icctioniiiii  libri, 
XX,  XV. 

P.  122,  1.  24.  Autiocbiis).  Cf.  Lucien,  Truite  de  la 
déesse  de  Syrie,  t.  I,  205.  Mais  là  encore  nous  avons 
afî'aire  à  un  fait  très  vulgarisé  et  souvent  répété  par  les 
contemporains  de  Montaigne  :  le  texte  de  Lucien 
n'est  certainement  pas  la  source  directe.  Cf.  Valère 
Maxime,  V,  vu,  ext.  i;  Messie,  Diverses  leçons,  III,  xiv  ; 
Ravisius,  Officina  (parmi  les  Incestiiosi),  qui  déclare 
emprunter  le  fait  à  ^'olatéran  ;  Zwinger,  Theatnun  vita; 
col.  888;  Rhodigin,  Antiquaruiu  lectioniini  libri,  XX, 
XV,  etc.  Il  faut  remarquer  que  Montaigne  avait  d'abord 
écrit  Antigonus  au  lieu  de  Antiochus;  c'est  seulement 
après  1588  que  cette  erreur  a  été  corrigée.  Elle  ne  se 
retrouve  dans  aucun  des  textes  que  je  viens  de  citer. 

P.  122,  1.  25.  Pline  dict).  Hist.  ual.,  N'II,  iv  :  «  Ipse 
in  Africa  vidi  mutatum  in  marem  nuptiarum  die 
L.  Cossitium.»  Ce  fait  est  répété  dans  les  mêmes 
termes  chez  des  vulgarisateurs  du  xvi'^  siècle  :  ainsi 
Zwinger,  Thcatrnm  vitx,  col.  282.  Grâce  à  Pline 
(VII,  iv)  et  à  Aulu-Gelle  (IX,  iv),  cette  question  des 
changements  de  sexe  semble  avoir  été  à  l'ordre  du 
jour.  On  la  trouve  non  seulement  chez  un  médecin 
comme  Paré  (cf.  ci-dessous),  mais  chez  Vives,  Commen- 
taire de  la  Cité  de  Dieu,  III,  xxxi  ;  chez  du  Verdier,  Suite 
des  diverses  leçons,  IV,  xxv;  dans  les  Sàies  de  Bouchet, 
I,  V,  qui  imite  Montaigne,  et  qui  après  1 588  lui  emprun- 
tera l'exemple  de  Marie  Germain,  etc.  C'est  sans  doute 
dans  quelque  dissertation  de  cette  sorte  que  Montaigne 
a  vu  rappeler  les  exemples  allégués  par  Pontanus. 


LIVRK      I,      CHAPITRE     XXI. 


49 


P.  123,  1.  4.  Vota  pncr).  «  Iphis  acquitta  garçon  les 
vœux  qu'il  avait  faits  étant  fille.  »  (Ovide,  Métaiii., 
IX,  793.)  Le  texte  est  celui  des  éditions  du  xvi'  siècle. 

P.  123,  1.  5.  Passant  à  Ficirx  le  Françoys  (lors  de 
son  voyage,  en  septembre  1580).  Voici  comment 
dans  son  Journal  Montaigne  présente  cette  anecdote  : 
«...  L'autre  histoire,  c'est  d'un  homme  encore  vivant 
nommé  Germain,  de  basse  condition,  sans  nul  mestier 
ni  office,  qui  a  esté  fille  jusques  en  l'aage  de  vingt 
deux  ans,  veuë  &  connue  par  tous  les  habitans  de 
la  ville,  &  remarquée  d'autant  qu'elle  avoir  un  peu 
plus  de  poil  autour  du  menton  que  les  autres  filles; 
&  l'appeloit-on  Marie  la  barbue.  Un  jour  faisant  un 
effort  à  un  sault,  ses  utils  virils  se  produisirent 
&  le  Cardinal  de  Lenoncourt,  evesque  pour  lors  de 
Chalons,  lui  donna  nom  Germain.  Il  ne  s'est  pas 
marié  pourtant;  il  a  une  grand'barbe  fort  espoisse. 
Nous  ne  le  sceumes  voir,  parce  qu'il  estoit  au  vilage. 
Il  y  a  encore  en  cette  ville  une  chanson  ordinaire 
en  la  bouche  des  filles,  ou  elles  s'entr'avertissent  de 
ne  faire  plus  de  grandes  enjambées,  de  peur  de 
devenir  masles,  comme  Marie  Germain.  Ils  disent 
qu'Ambroise  Paré  a  mis  ce  conte  dans  son  livre  de 
chirurgie,  qui  est  très  certin,  &  ainsi  tesmoingné 
à  M.  de  Montaigne  par  les  plus  apparens  officiers  de 
la  ville.  »  Qounial  de  voyage,  p.  60.) 

Le  récit  d'Ambroise  Paré  est  un  peu  différent  : 
«  Estant  à  la  suite  du  roy,  à  \'nry  le  François,  en 
Campagne,  j'y  veis  un  certain  personnage  nommé 
Germain  Garnier,  aucuns  le  nommoient  Germain 
Marie,  parce  qu'estant  fille  on  l'appeloit  Marie,  jeune 
homme  de  taille  moyenne,  trappe  &  bien  amassé, 
portant  barbe  rousse,  assez  espesse,  lequel  jusqu'au 
quinziesme  an  de  son  aage  avoir  esté  tenu  pour  fille, 
attendu  qu'en  luv  ne  se  monstroit  aucune  marque 
de  virilité,  &  mesmes  qu'il  se  tenoit  a\ec  les  filles 
en  habit  de  femme.  Or  ayant  atteint  l'aage  susdit, 
comme  il  estoit  aux  champs,  (S:  poursuivoit  assez 
vivement  ses  pourceaux,  qui  alloient  dedans  un  bled, 
trouvant  un  fossé  le  voulut  franchir  :  &  l'ayant  sauté, 
à  l'instant  ses  genitoires  vindrent  à  se  développer, 
&  la  verge  virile...  Et  ayant  assemblé  des  médecins 
&  chirurgiens,  pour  la  dessus  avoir  advis  on  trouva 
qu'elle  estoit  homme  &  non  plus  fille  :  &  tantost 


après  en  avoir  faict  le  rapport  à  l'evesque...  par  son 
authorité  &  assemblée  du  peuple,  il  receut  le  nom 
d'homme  :  &  au  lieu  de  Marie  (car  il  estoit  ainsi 
nommé  auparavant)  il  feut  appelé  Germain,  &  luy  fut 
baillé  habit  d'homme,  &  croy  que  luy  &  sa  mère  sont 
encore  vivans.  »  (Paré,  Œuvres,  édit.  de  1607,  p.  1017.) 

P.  123,  1.  20.  Sainct  François).  On  peut  voir  à  ce 
sujet  le  tameux  Alcoran  des  cordelicrs,  ouvrage  qui 
fut  très  répandu  au  xvi=  siècle.  On  y  lit  :  «  Es  mains 
&  pieds  de  Sainct  François  furent  faits  des  doux, 
soit  de  nerf,  soit  de  chair,  lesquels  estoyent  gros 
&  massifs  :  ils  estoyent  aussi  longs,  &  passoyent 
outre  les  pieds  &  mains  ayans  la  poincte  recourbée 
en  façon  d'anneau,  tellement  qu'on  y  eust  peu  passer 
le  doigt...  Cela  donc  ne  s'est  point  fait  par  la  vertu 
de  nature,  ou  d'imagination  :  aussi  ne  ce  fust-il  peu 
garder  si  long  temps  sans  se  pourrir,  par  vertu  de 
nature  comme  il  a  fait  en  ce  S.  père.  Car  par  l'espace 
de  deux  ans  le  sang  descouloit  des  playes,  &  on  n'y 
appliquoit  point  d'oignement,  mais  des  drapeaux 
pour  estancher  le  sang.  Or  si  la  véhémente  contem- 
plation du  Seigneur  Jésus  eust  eu  naturellement  la 
vertu  d'imprimer  les  playes  d'iceluy  en  quelqu'un, 
cela  se  fut  tait  en  la  benoiste  Vierge  Marie  sa  mère, 
laquelle  l'a  aimé  par  dessus  tous,  &  a  esté  dolente 
de  sa  passion...  »  (L' Alcoran  des  cordelicrs  tant  en  Latin 
qu'en  François...  tiré  du  grand  livre  des  Conformite:i, 
jadis  composé  par  frère  Barthelemi  de  Pise,  Cordelier 
en  son  vivant...  Genève,  éd.  de  1578,  p.  6.)  C'est 
la  traduction  de  Badius  qui  avait  déjà  paru  en  partie 
en  1556,  et  complète  en  1560. 

P.  123,  1.  23.  Sainct  Augustin).  Cf.  Cité  de  Dieu  : 
«  Presbyter  fuit  quidam  nomine  Restitutus  in  parœcia 
Calamensis  ecclesiœ  :  qui  quando  ei  placebat  (roga- 
batur  autem  ut  hoc  faceret  ab  eis  qui  rem  mirabilem 
coràm  scire  cupiebant),  ad  imitatas  quasi  lamentantis 
cujuslibet  hominis  voces,  ita  se  auferebat  a  sensibus, 
&  jacebat  simillimus  mortuo,  ut  non  solum  velli- 
cantes  atque  pungentes  minime  sentiret,  sed  aliquando 
etiam  igné  ureretur  admoto,  sine  ullo  doloris  sensu, 
nisi  postmodum  ex  vulnere  :  non  autem  obtinendo, 
sed  non  sentiendo  non  movere  corpus,  eo  probabatur, 
quôd  tanquam  in  defuncto  nullus  inveniehatur  anhe- 
litus  :  hominum  tamen  voces,  si  clarius  loquerentur. 


ESSAIS      DK      MONTAIGNE. 


tanquani  de  longinquo  se  aiulissi.-  postea  referebat.  » 
(XIV.  XXIV,  p.  97.) 

P.  124,  1.  8.  Ces  pJaisaulcs  liaisons).  Il  s'agit  des 
nouements  d'aiguillettes.  Pour  comprendre  combien 
les  contemporains  voyaient  dans  ces  aventures  l'in- 
ter\'ention  des  sorciers,  il  faut  lire  la  Dciiwiwmaiiie  de 
Bodin  (1580),  aussi  Coignet,  Inslnictiou  aux  princes 
pour  garder  h  foi  promise  (1584,  ch.  xlix),  etc.  Après 
Montaigne,  Guillaume  Bouchet  reprend  la  question 
dans  le  premier  livre  de  ses  Sérées  (1584,  ch.  v);  il 
oppose  à  l'opinion  de  Montaigne  celle  de  Bodin  et 
la  majorité  dans  l'assemblée  se  prononce  pour  Bodin. 
L'influence  de  Montaigne  est  peut-être  plus  sensible 
chez  Tabourot  des  Accords  (^Bigarrures,  IV,  iv),  qui 
s'élève  aussi  énergiquement  que  Montaigne  contre 
cette  croyance. 

P.  126,  1.  4.  Pelelier  (du  Mans,  médecin  et  mathé- 
maticien, auteur  de  poésies  qui  furent  imprimées 
à  Paris  en  1547).  Il  visita  Montaigne  chez  lui  comme 
nous  l'apprenons  dans  V Apologie  de  Scboud.  (Cf.  t.  II, 
p.  324,  1.  II.) 

P.  127,  1.  6.  Auiasis).  Cf.  Hérodote  :  «  Il  espousa  la 
tille...  laquelle  sienne  fille  avoit  nom  Ladice.  Amasis 
couché  avec  elle  n.e  peut  prendre  sa  compagnie, 
&  toutefois  il  se  trouvoit  assez  gentil  compagnon 
avec  les  autres  femmes,  parquoy  luy  continuant  ce 
défaut,  il  parla  à  elle  en  ceste  manière.  Madame,  je 
cognoy  que  vous  usez  de  quelque  sorcerie  en  mon 
endroit,  mais  je  vous  avise  qu'il  n'v  a  artifice  ne 
enchantement  qui  vous  puisse  sau\  er,  que  je  ne  \  eus 
fasse  mourir  le  plus  malheureusement,  que  mourut 
jamais  femme.  Ladice  emploia  toutes  ses  forces  de 
bien  dire  à  luy  persuader  le  contraire  &  nier  que  fust 
vray  ce  qu'il  luy  imposoit,  mais  il  ne  s'appaisa  aucu- 
nement :  &  parce  elle  feit  sa  prière  à  \'enus,  &en  son 
ceur  luy  voiia,  car  autre  enchantement  ne  savoit- 
elle,  que  si  celle  nuict  Amasis  pouvoit  prendre  sa 
compagnie,  elle  luy  envoiroit,  une  image  en  Cyrene. 
Ce  vœu  ne  fust  plustost  fait  qu'Amasis  feit  devoir 
de  mary,  &  jamais  depuis  ne  se  trouva  rétif,  toutesfois 
&  quantes  qu'il  s'approcha  de  Ladice.  »  (II,  CLXWi, 
t.  I,  f  173  V.) 

p.  127,  I.  13.  Iai  brti  de  Pylhagoras).  Cf.  Diogène 
Laerce  :  «Ei  vero  qux-  ad  virum  ingrederetur,  monebat 


uti  cum  veste  &  verecundiam  poneret,  exurgensque 
denuo  cum  ipsis  illam  unà  resumeret.  »  (\'III,  xliii, 
546.)  Il  s'agit  non  de  la  bru  de  Pythagore,  mais 
de  sa  femme  Teano.  Montaigne  trouvait  encore  des 
allusions  à  ce  mot  dans  Hérodote,  I,  \iii,  et  dans 
Plutarque,  Préceptes  de  mariage,  viii,  f"  146  r". 

P.  128,  1.  14.  Mettrais  ie  en  soupçon).  Montaigne 
s'inspire  ici  d'un  chapitre  de  la  Cité  de  Dieu  (XIV, 
xxiv)  et  V  répond.  Le  chapitre  de  saint  Augustin 
est  intitulé  :  «  Quod  insontes  homines  6c  merito 
obedientiœ  in  Paradiso  permanentes,  ita  genitalibus 
membris  fuissent  usuri  ad  generationem  prolis,  sicut 
caeteris  ad  arbitrium  voluntatis.  »  La  thèse  est  que 
c'est  par  suite  du  péché  originel  que  la  volonté  n'est 
plus  obéie  de  ce  membre  comme  des  autres. 

P.  129,  I.  8.  Sainct  Augustin).  Id.,  ibid.  :  «  Non- 
nulli  ab  inio  sine  pudore  ullo  ita  numerosos  pro 
arhitrio  sonitus  edunt,  ut  ex  illa  etiam  parte  cantare 
videantur.  »  (XIV,  xxiv,  t.  II,  p.  97.) 

P.  129,  1.  10.  Vives).  Dans  le  Connucntaire  de  la 
Cité  de  Dieu  :  «  Talis  fuit  memoria  nostra  in  hac 
terra  Germanus  quidam  in  comitatu  Maximiliani 
Caîsaris  &  Philippi  ejus  filii,  nec  ullum  erat  carmen, 
quod  non  ille  crepitibus  podicis  redderet.  «  (XIV, 
XXIV,  t.  II,  p.  99.) 

p.  1 29,  NOTE.  L'empereur  (Claude,  empereur  romain). 
Suétone  (xxxii)  dit  seulement  que  Claude  avait  eu 
dessein  d'autoriser  cette  liberté  par  un  édit.  Mon- 
taigne avait  encore  lu  ce  fait,  qu'il  cite  de  mémoire, 
dans  le  premier  livre  des  Sérées  de  Bouchet. 

P.  130,  1.  6.  Pourtant  est  à  Socrates).  Cf.  \t  Banquet, 
p.  202-206-207  (éd.  de  1546,  p.  430  et  p.  432.) 

p.  1 50,  1.  17.  Sur  le  conte  que  me  faisoil).  Rappro- 
cher cette  phrase  qu'on  trouve  dans  la  leçon  de  Messie, 
sur  l'imagination  (II,  vu)  :  «  Guillaume  de  Maris  dit 
avoir  cogneu  un  homme,  lequel  en  voyant  seulement 
une  médecine,  sans  la  goûter  ou  fleurer,  prenant 
sans  plus,  la  similitude  d'icelle,  par  son  imagination 
s'en  purgeoit,  tout  ainsi  qu'un  autre  qui  l'eust  prin.se.» 

P.  131,  1.  9.  Une  femme).  Montaigne  rapporte  ici 
un  exemple  qu'il  n'a  pas  connu  par  les  livres,  comme 
le  contexte  l'indique;  il  fixut  remarquer  que  dans  les 
dissertations  sur  l'imagination  qu'il  pouvait  lire  il 
rencontrait   mentionnés  des   faits   analogues  :   celui 


1,1  VRK      I,      CHAPITRE     XXI. 


51 


notamment  d'une  femme  qui  pensait  avoir  avalé 
une  couleuvre  et  qu'il  fallut  tromper  pour  la  guérir. 
Cet  exemple  est  dans  les  Histoires  pnitii,!;;ieuscs  de 
Bouaystuau  (xxvi),  dans  le  Recueil  d'aucuns  cas 
nierveilletix  de  Marcouville  (xxxi),  etc. 

P.  131,  1.  24.  Nous  les  voyons).  Montaigne  trouve 
ces  faits  signalés  par  Lucrèce,  III,  493  et  passim. 

P.  131,  1.  28.  One  I'iiiiai;iiialion  agisse).  Rapprocher 
Messie,  Diverses  leçons  :  «  La  forte  imagination  peut 
avec  telle  force,  esmouvoir  les  espèces  ou  genres, 
qu'elle  imprime  en  soy  la  figure  des  choses  imaginées, 
puis  elles  la  mettent  en  œuvre  en  leur  sang;  &  est 
ceste  chose  de  telle  force  que  mesme  elle  s'estend  aux 
membres  des  tierces  personnes.  »  (II,  vu.) 

P.  132,  I.  3.  Duni  speclant).  «En  regardant  des 
yeux  malades  les  yeux  deviennent  malades  eux  aussi 
et  beaucoup  de  maux  se  transmettent  ainsi  d'un 
corps  à  un  autre.  »  (Ovide,  De  reniedio  auioris,  615.) 

P.  132,  1.  6.  L'ancienneté).  Cf.  Pline,  Histoire  natu- 
relle :  «  Esse  ejusdem  generis  in  Trihallis  &  Illyriis, 
adjicit  Isigonus,  qui  visu  quoque  effascinent,  interi- 
mantque  quos  diutius  intueantur,  iratis  prœcipue 
oculis...  Huius  generis  &  feminas  in  Scythia,  qu£e 
vocantur  Bithy:ï,  prodit  ApoUonides.  »  (VII,  11.)  La 
même  allégation  se  trouve  dans  Aulu-Gelle  (IX,  iv). 
Mais  Aulu-Gelle  parle  seulement  des  Illyriens,  non 
des  femmes  scythes. 

P.  132,  I.  8.  Les  tortues).  Cf.  Pline,  Histoire  natu- 
relle (IX,  x);  mais  si  Pline  parle  des  tortues,  il  ne 
dit  rien  des  autruches. 

P.  132,  1.  10.  Quant  aux  sorciers).  Rapprocher 
Messie,  Diverses  leçons  :  «  Encore  dit  Avicenne  que 
l'ensorcellement  qui  se  fait  par  les  yeux,  traverse 
une  personne  en  autre,  par  l'imagination  de  celuy 
qui  fait  le  sort.  »  (II,  vu.) 

P.  132,  1.  12.  Nescio  quis).  «Je  ne  sais  quel  œil 
fascine    mes   tendres  agneaux.  »   (Virgile,   E^los^ues, 

m,  103.) 

p.  132,  1.  16.  Celle  qui  engendra  le  more).  Il  s'agit 
d'une  anecdote  rapportée  par  saint  Jérôme  et  que 
Bouaystuau  a  vulgarisée  en  ces  termes  :  «  Par  sem- 
blable considération  Hippocrates  sauva  une  princesse 
accusée  d'adultère  parce  qu'elle  avoit  enfanté  un 
entant  noir  comme  un  éthiopien,  son  marj'  ayant  la 


couleur  blanche,  laquelle  à  la  suasion  d'Hippocrates 
fut  absoute,  pour  le  pourtraict  d'un  more  semblable 
à  l'enfant  lequel  coustumierement  estoit  attaché  à  son 
lict.  »  ^Histoires  prodigieuses,  v.)  Les  termes  de  Mon- 
taigne qui  se  contente  d'une  allusion,  montrent 
assez  combien  cette  anecdote  était  connue  alors.  On 
la  retrouve  dans  toutes  les  dissertations  sur  la  force 
de  l'imagination,  presque  toujours  en  compagnie  des 
deux  faits  qui  suivent  (la  fille  d'auprès  de  Pise,  les 
brebis  de  Jacob).  Cf.  Cœlius  Rhodiginus,  Antiquaruin 
kctionuin  libriÇKX,  xv),  Messie,  Diverses  leçons  (II,  vu), 
Bouaystuau,  Histoires  prodigieuses  (v),  Tesserand, 
suite  des  Histoires  prodigieuses  (xlv),  Marcouville, 
Recueil  d'aucuns  cas  nwrveilleux  (p.  75),  Ambroise 
Paré,  Des  monstres  (ix),  etc. 

P.  132,  1.  16.  //  fut  présenté  à  Charles).  Cf.  toutes 
les  références  ci-dessus  mentionnées.  \'oici  les  termes 
de  Bouaj'stuau  :  «  Damascène  autheur  grave  asseure 
avoir  esté  présenté  à  Charles  quatriesme  empereur, 
&  roi  de  Bohême,  une  vierge  velue,  entièrement 
comme  un  ours,  laquelle  mère  avoir  entante  ainsi 
de  forme,  &  hideuse,  pour  avoir  trop  ententivement 
regardé  l'effigie  d'un  saint  Jean  vestu  de  peau,  laquelle 
estoit  attachée  au  pied  du  lict  pendant  qu'elle  conce- 
voit.  »  {Histoires  prodigieuses,  v.)  Dans  aucune  des 
éditions  de  Bouaystuau  que  j'ai  pu  consulter  je  ne 
trouve  l'indication  de  lieu  (près  de  Pise).  Elle  est 
chez  Messie,  mais,  inversement,  dans  aucune  des 
éditions  de  Messie  je  n'ai  trouvé  mentionné  le  nom 
de  Charles  IV  qui  est  chez  Montaigne.  Il  est  probable 
que  Montaigne  cite  de  mémoire  une  anecdote  alors 
très  connue. 

P.  132,  1.  20.  Les  brebis  de  Jacob).  Cf.  les  références 
ci-dessus  indiquées.  L'anecdote  à  laquelle  il  est  f^tit 
allusion  ici  vient  de  la  Genèse  et  a  été  reprise  par  saint 
Augustin  dans  la  Cité  de  Dieu  (XII,  xxv).  Jacob,  pour 
tromper  son  beau-frère  Laban  et  s'enrichir  de  son 
bétail,  fait  peler  des  verges  de  diverses  couleurs  et  les 
place  auprès  de  l'abreuvoir,  afin  que  les  chèvres  et  les 
brebis,  quand  elles  viennent  boire,  voient  ces  couleurs 
variées,  et  qu'en  conséquence  les  petits  qu'elles  con- 
çoivent aient  le  poil  tacheté.  De  cet  exemple  Paré 
conclut,  et  tout  le  monde  avec  lui,  que  l'autorité  de 
Moïse    prouve    l'influence    de   l'imagination    sur   la 


52 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


conception.  Il  faut  noter  que  tous  les  contemporains 
semblent  accepter  ces  faits  sans  aucun  esprit  critique. 
Ambroise  Paré  termine  l'énumération  de  ces  exemples 
en  disant  :  «  Il  faut  que  les  femmes,  à  l'heure  de  la 
conception,  et  lorsque  l'enfant  n'est  encore  formé, 
qui  est  de  trente  ou  trente-cinq  jours  aux  masles, 
et  de  quarante  ou  quarante-deux,  comme  dict  Hippo- 
crates,  aux  femelles,  n'ayent  à  regarder  ny  imaginer 
choses  monstrueuses.  »  {Des  monstres,  ix.) 

P.  132,  1.  20.  Les  perdris  et  les  lièvres).  Paré  dit  de 
même  dans  son  traité  des  Monstres  :  «  D'avantage  on 
veoid  que  les  connins  et  paons  qui  sont  enfermez  en 
des  lieux  blancs  par  vertu  Imaginative  engendrent 
leurs  petits  blancs.  »  (ix.) 

Chronologie  :  Nous  n'avons  d'autre  indice  pour 
dater  cet  essai  que  la  place  qu'il  occupe.  Les  essais 
avoisinants  sont  tous  de  la  première  période  (envi- 
ron 1572).  On  peut  encore  remarquer  qu'on  y 
retrouve  des  accumulations  d'exemples  très  courts,  tout 
à  fait  analogues  à  celles  qui  caractérisent  les  essais  xiv, 
XIX  et  XX  du  même  livre;  or  les  essais  xiv,  xix  et  xx 
sont  tous  de  la  première  période.  L'hypothèse  la 
plus  vraisemblable  est  donc,  à  mon  avis,  que  l'essai 
De  la  force  de  l'imagination  est  lui  aussi  de  la  première 
période.  Pourtant  on  a  fait  une  autre  hypothèse; 
on  a  supposé  qu'il  est  de  fort  peu  antérieur  à  celui  de 
\' Institution  des  en/ans'  (I,  xxvi);  que,  par  conséquent, 
il  a  été  écrit  fort  peu  avant  1 580.  L'argument  qu'on  en 
donne  est  tiré  d'une  phrase  de  VInstitntion  des  enfans  : 
Montaigne  y  déclare  qu'il  «  vient  de  rencontrer  chez 
»  Plutarque  tout  piresentement  son  discours  de  la 
»  force  de  l'imagination  »,  et  qu'à  comparer  le  traité 
de  Plutarque  avec  le  sien  il  se  fait  «  pitié  ou  desdain  » 
à  lui-même. =  L'argument  ne  me  semble  aucunement 
probant.  Montaigne  dit  ici  qu'il  a  lu  tout  récemment 
«  le  discours  de  Plutarque  »,  et  que  cette  lecture 
lui  a  remis  en  mémoire  l'essai  que  lui-même  avait 
préalablement  composé  sur  la  même  matière.  Par  là, 
il  ne  nous  enseigne  rien  sur  la  date  à  laquelle  il  avait 
composé   cet    essai.    Peut-être    était-il    écrit    depuis 

'     Strowski,  Montaigne,  1906,  p.  218. 
'     I,  XXVT,  X.  I,  p.  189. 


plusieurs  années  déjà.  Il  n'y  a  donc  rien  à  tirer  de 
la  phrase  de  Montaigne.  Rien  surtout  en  elle  ne 
contredit  notre  hypothèse. 

RÉsu.MÉ  :  L'occasion  du  chapitre  semble  avoir  été 
une  anecdote  rapportée  à  Montaigne  :  «  Tout  ce 
caprice,  dit-il,  m'est  tombé  présentement  en  main 
sur  le  conte  que  me  foisoit  un  domestique  apotiquaire 
de  feu  mon  père...  d'avoir  cogneu  long  temps  un 
marchand  à  Toulouse  maladif  &  subject  à  la  pierre, 
qui  avoit  souvent  besoing  de  clisteres  ;  &  se  les  faisoit 
diversement  ordonner  aux  médecins...  »,  etc.  (p.  130, 
1.  17).  Cette  anecdote  conduisait  Montaigne  à  un 
sujet  traditionnel,  le  sujet  de  la  force  de  l'imagination, 
traité  par  beaucoup  d'auteurs  qui  s'étaient  illustrés 
dans  le  genre  des  Leçons  :  Cœlius  Rhodiginus, 
Messie,  Marcouville,  Bouaystuau,  etc.  Les  faits  qu'ils 
avaient  vulgarisés  par  leurs  dissertations  se  retrouvent 
partout  autour  de  Montaigne;  même  des  médecins 
comme  Paré,  comme  Huarte  (Examen  des  esprits, 
X\,  iv),  en  font  leur  profit.  Certains,  comme  Messie, 
mentionnaient  des  cas  où  la  médecine  avait  agi  sim- 
plement par  imagination.  C'était  tout  à  fait  ce  que 
Montaigne  trouvait  dans  son  exemple.  Pour  enrichir 
sa  dissertation  il  s'est  contenté,  en  1580,  de  puiser 
largement  dans  le  bric-à-brac  des  exemples  tradi- 
tionnels :  Cyppus  (p.  122,  1.  19),  le  fils  de  Crésus 
(p.  122,  1.  23),  Antiochus  (p.  122,  1.  24),  les  chan- 
gements de  sexe  (p.  122,  1.  25),  les  enfantements 
monstrueux,  etc.  Il  y  a  joint  de  lui-même  quelques 
anecdotes  dont  il  avait  été  le  témoin  :  la  femme  qui 
croit  avoir  avalé  une  épingle  (p.  131,  1.  9),  celle  qui 
croit  avoir  mangé  du  chat  (p.  131,  1.  20),  etc.),  et 
quelques  souvenirs  antiques  :  l'exemple  de  Gallus 
Vibius  (p.  122,  1.  4),  une  citation  de  Lucrèce  (p.  122, 
1.  16),  etc.  La  seule  partie  intéressante,  un  peu  nou- 
velle, était  une  courte  dissertation  sur  les  nouements 
d'aiguillettes.  En  1580,  elle  se  réduisait  à  peu  de 
chose.  En  1595,  elle  a  été  sensiblement  développée 
et  a  donné  une  grande  importance  à  cet  essai.  Des 
emprunts  à  saint  Augustin  (Cité  de  Dieu,  XIV,  xxiv) 
et  des  développements  très  originaux  sur  la  vérité 
historique  dans  les  essais  l'ont  encore  considérable- 
ment enrichi  à  la  même  époque. 


Chapitre  XXII. 


LE      PROFIT      DE      L  VX      EST      DOMMAGE     DE      L  AVTRE. 


P.  135,  1.  I.  Demades).  Cet  exemple,  et  presque 
toute  la  dissertation  qui  constitue  ce  chapitre,  viennent 
de  Sénèque,  De  beneficiis  :  «  Demades  certe  Atlienis 
eum  qui  necessaria  funeribus  venditabat,  damnavit, 
cum  probasset  magnum  lucrum  optasse,  quod  contin- 
gere  illi  sine  multorum  morte  non  poterat.  Qua;ri 
tamen  solet,  an  merito  damnatus  sit?...  Prœterea 
omnes  licet,  qui  in  ista  negociatione  sunt,  damnes, 
omnes  enim  idem  volunt,  idem  intra  se  optant. 
Magnam  hominum  partem  damnabis.  Cui  enim  non 
ex  alieno  incommodo  lucrum?  Miles  bellum  optât, 
in  gloriam.  Agricolam  annona;  caritas  erigit.  Eloquen- 
tiae  exceptât  precium  litium  numerus...  Institores 
delicatarum  mercium  juventus  corrupta  locupletat... 
Denique  se  quisque  consulat,  &  in  secretum  pectoris 
sui  recédât,  &  inspiciat  quid  tacitus  optaverit.  Quam 
multa  sunt  vota,  (\\xx  etiam  sibi  fateri  pudet.  »  (VI, 
xxxviii,  69.) 


P.  135,  1.  12.  Nul  médecin).  Sentence  de  Philémon, 
Cf.  Stobée  : 

O'jtî  vàp  "taT^iç  iJSi  V.:,  avïu  rxsTr^r, 
Tî'jç  à'jT;;  aû-:;3  pîûXîO'  ÛYtaîvîiv  çi'Xsuç. 

('  Namque  neque  medicus  ullus,  si  diligenter  circunispicias, 

»  Amicos  suos  bene  valere  cupit  : 

»  Neque  miles  civitatem  sine  malo  aliquo  videra.  » 

(Sermo  c,  p.  551.) 

P.  136,  1.  5.  Nam  quodcimque).  «Car  quand  quel- 
que chose  se  transforme  et  change  de  nature,  aussitôt 
il  y  a  mort  de  l'objet  qui  existait  antérieurement.  » 
(Lucrèce,  II,  753;  III,  519.) 

Chronologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai.  Très  maigre,  dépourvu  de  toute  origi- 
nalité, presque  entièrement  tiré  de  Sénèque,  il  a  de 
grandes  chances  d'être  des  environs  de  1572  comme 
tous  les  essais  avoisinants. 


Chapitre   XXIII. 


DE    I.A    COVSTVME    &    DE    NE    CHANGER    AISEMENT    \NE    LOY    RECEVE. 


P.  1 57,  TITRE.  Les  compilateurs  du  xvi^  siècle  se 
plaisent  manifestement  à  recueillir  des  coutumes 
étranges,  comme  Montaigne  le  fait  ici  lui-même. 
On  peut  voir  entre  autres  :  Marcouville,  Traicte  ensei- 
gnant d'au  procède  la  diversité  des  opinions  humaines 
(p.  25  et  suivantes),  ouvrage  où  se  rencontrent  sur- 
tout des  coutumes  empruntées  à  Hérodote  et  qui 
présente  à  peu  près  toutes  celles  dont  Montaigne 
fait  mention  dans  l'essai  de  1580;  Corneille  Agrippa, 
De  incerlitudine  et  vanitate  saentianun  (lxiv);  Guj'  de 
Brués,  Dialogues  contre  les  nouveaux  académiciens  i  p.  250); 
Messie,  Diverses  leçons  (I,  xxvi);  Breslay,  Anthologie  : 
(I,  xxx\i  :  De  plusieurs  eslranges  façons  de  vivre  dont 
usaient  jadis  quelques  nations;  I,  xi.  :  Coustunie  remar- 
quable des  Egyptiens  sur  le  larcin,  etc.);  H.  Estienne, 
Apologie  pour  Hérodote;  etc.,  etc.  Montaigne  lui-même 
reviendra  souvent  sur  cette  question  de  la  diversité  des 
coutumes.  Cf.  les  essais  I,  xxxi,  I,  xxxvi,  I,  xi.ix. 
Comme  lui-même,  beaucoup  d'auteurs  contemporains 
insistent  sur  la  force  de  la  coutume  :  voir  en 
particulier  La  Boétie,  Contr'un  (p.  23  et  suivantes). 
Beaucoup,  comme  Montaigne  encore,  concluent  à  la 
nécessité  de  se  tenir  très  exactement  aux  usages  du 
pays  où  l'on  est  né.  Chez  Castiglione,  Giovanni  délia 
Casa,  Stefano  Cua/.zo  (voir  traduction  Cliappuis,  1 579, 
p.  306),  c'est  surtout  une  règle  de  politesse.  Chez 
d'autres,  en  particulier  chez  des  écrivains  politiques 
comme  Le  Roy,  Bodin,  etc.,  c'est  une  règle  de  prudence 
intellectuelle  et  de  conservatisme  politique.  Les  deux 
points  de  vue  se  retrouvent  dans  cet  essai. 

P.  137,  1.  I.  Cehiy  me  semble).  Ce  conte  était  déjà 
très  vulgarisé  dans  l'antiquité;  il  n'est   pas  étonnant 


que  Montaigne  en  ignore  l'inventeur.  Cf.  Stobée, 
sermo  xxix;  Quintilien,  I,  ix;  Pétrone  en  a  fait  un 
proverbe  : 

«  ...  tollere  taurum 
I)  Q.UX  tulerit  vitulum,  illa  potest.  » 

Erasme,  Adages,  chil.  I,  cent.  11,  ad.  51.  Stobée  dit 
prendre  le  récit  à  Favorinus. 

P.  137,  I.  12.  Usiis).  «L'usage  est  le  plus  puissant 
maître  en  toutes  choses.»  (Pline,  Hist.  nat.,  XXVI,  11.) 
Montaigne  a  pris  cette  citation  dans  les  Politiques  de 
Juste  Lipse  (I,  viii). 

P.  137,  1.  13.  L'antre  de  Platon).  Cf.  République, 
MI,  I,  p.  514  (éd.  de  1546,  p.  617). 

P.  137,  1.  14.  Et  ce  Roy).  Mithridate.  Il  avait 
habitué  son  corps  au  poison  pour  déjouer  les  tenta- 
tives d'empoisonnement.  Le  fait  était  très  vulgarisé  : 
Cf.  Aulu-Gelle,  XVII,  xvi;  Bouaystuaù  dans  son 
Discours  de  l'excellence  de  l'homme;  Messie,  dans  ses 
Diverses  leçons  (I,  xxvi).  La  Boétie,  dans  son  Contr'un 
(p.  23),  mentionne  le  fait  avec  la  même  valeur  que 
Montaigne  lui  donne  ici,  etc. 

P.  137,  1.  16.  Im  fille  qu'Albert  récite).  Il  .s'agit 
d'Albert  le  Grand;  mais  Montaigne  prend  le  fait  chez 
Messie,  Diverses  leçons,  dans  un  chapitre  intitulé  : 
<<  Des  variables  natures  des  hommes  outre  les  naturelles 
inclinations  et  d'où  procède  la  cause.»  (I,  xxvi.)  «Albert 
le  Grand  asseure  avoir  veu  à  Cologne  en  Allemaigne 
une  jeune  fille,  qui  s'accoustuma  de  tirer  les  areignees 
des  murailles,  &  les  manger,  tellement  que  le  reste 
de  sa  vie  elle  en  vescut.  ^) 

P.  137,  1.  i".  On  trouva  des  grands  peuples). Ci. Lopcz 


LIVRE      I,      CHAPITRK      XXIir. 


55 


de  Gomara,  Histoire  géncralc  des  Indes  :  «  Ils  mangent 
force  oiseaux,  &  mesme  des  chauve-souris  pelées  en 
eau  chaude.  »  (II,  ix,  f°  55  r°.) 

«  La  viande  de  ces  habitants  sont  areignes,  fourmis, 
vers,  petites  lézardes,  serpens,  petits  coppeaux  de 
bois,  de  la  terre...  »  (II,  xii,  f'  60  %■*.) 

«  Le  païs  au  reste  est  si  stérile  que  les  hahitans  sont 
contraints  nourrir  des  fourmis  pour  leur  manger.  » 
(III,  XXII,  f°  241  r".) 

«  Ils  mangent  poux,  areignes  &  vers  cruds,  ainsi 
qu'ils  les  trouvent.  »  (VI,  xxii,  f"  474  v°.) 

P.  138,  1.  I.  Et  fut  un  napanlt).  Id.,  ihid.  (III,  vi, 
f°  206  r°.) 

P.  138,  1.  ^.  Mortelles  &  venimeuses).  Id.,  ihid. 
(fMSro.) 

P.  138,  1.  4.  Consuetndinis).  «Grande  est  la  force 
de  l'habitude  :  les  chasseurs  passent  les  nuits  dans  la 
neige  ou  se  brûlent  au  soleil  de  la  montagne.  Les 
athlètes  meurtris  du  ceste  ne  poussent  pas  même  un 
gémissement.  »  (Cic,  Tusc,  II,  xvn.) 

Si  Montaigne  a  pris  ce  texte  dans  son  édition  de 
Paris  1538,  il  a  supprimé  le  mot  «  inde  »  devant 
«pugiles».  Mais  comme  l'édition  Lambin  de  Paris  1565 
supprime  «inde»,  je  suis  porté  à  croire  que  Montaigne 
a  trouvé  cette  citation  dans  quelque  ouvrage  de 
seconde  main  qui  la  devait  à  l'édition  Lambin. 

P.  138,  1.  8.  Des  voisins  des  ca tarâtes  du  Nil). 
Cf.  Cic,  Songe  de  Scipion  :  «  Quis  hic,  inquam,  quis 
est  qui  complet  aures  meas  tantus  &  tam  dulcis 
sonus?  Hic  est,  inquit  ille,  qui  intervallis  conjunctus 
imparibus,  sed  tamen  pro  rata  portione  distinctis, 
impulsu  &  motu  ipsorum  orbium  efficitur,  qui  acuta 
cum  gravibus  temperans  ;equabiliter  concentus  efficit. 
Nec  enim  silentio  tanti  motus  incitari  possunt  : 
&  natura  fert  ut  extrema  ex  altéra  parte  graviter,  ex 
altéra  autem  acute  .sonent... 

»  Nec  est  ullus  hebetior  sensus  in  vobis,  sicut,  ubi 
Nilus  ad  illa  quœ  Catadupa  nominantur,  pntcipitat 
ex  altissimis  montibus,  ea  gens  quas  illum  locum 
accolit,  propter  magnitudinem  sonitus  sensu  audiendi 
caret.  »  (VI,  xix,  t.  IV,  p.  305.) 

P.  139,  1.  I.  Platon  tansa).  Cf.  Diogène  Laerce, 
Vie  de  Platon.  «  Platonem  tradunt  cùm  vidisset  quen- 
dam  aleis  ludentem  increpasse,  &  cùm  ille,  quàm  me 


in  panis  reprehendis  diceret,  respondisse.  At  est 
consuetudo  non  parva  res.  »  (III,  xxxviii,  207.) 

Le  texte  de  Montaigne  présente  quelques  diffé- 
rences :  il  est  possible  qu'il  ait  connu  une  source 
autre  que  Diogène. 

P.  140,  1.  8.  /[•  viens  de  voir).  Il  est  parlé  de  ce 
personnage  dans  plusieurs  journaux  de  cette  époque. 
Cf.  le  Journal  de  Guillaume  et  de  Michel  Le  Riche, 
avocats  du  Roi  à  Saint-Mai.xent  (de  1534  à  1586), 
publié  pour  la  première  fois  et  annoté  par  A.-D.  de 
la  Fontenelle  de  Vaudoré  (Saint-Maixent,  1846). 

On  lit  sous  la  date  du  17  mars  1579  : 

«  Le  samedi  17,  arriva  en  cette  ville  un  petit 
homme,  se  disant  de  Nantes,  lequel  n'avoit  de  bras, 
au  lieu  desquels  il  usoit  de  ses  pieds.  Il  tiroit  de 
l'arquebuse  qu'il  chargeoit,  bandoit  &  abattoit  le 
chien  ;  il  jouoit  aux  dez,  se  lavoit  &  s'essuyoit.  Il  se 
coupoit  du  pain,  lavoit  des  verres,  y  mettoit  vin 
&:  eau,  jouoit  aux  cartes,  ôtoit  son  chapeau,  en  saluant 
les  personnes,  enfiloit  les  aiguilles,  faisoit  le  nœud, 
cousoit  &  escrivoit  fort  bien,  le  tout  de  ses  pieds, 
ce  que  je  vis  au  Cigne,  où  il  estoit  logé.  Il  v  avoit 
avec  lui  six  personnes,  dont  deux  femmes,  qui 
jouoient  des  forces.  »  (P.  308.) 

Dans  son  Journal  mémorial,  L'Estoile  signale  le  pas- 
sage du  même  phénomène  sept  ans  plus  tard,  sous  la 
date  du  10  février  1586  :  «  Le  10  de  ce  mois  je  vis  un 
homme  sans  bras,  qui  escrivoit,  lavoit  un  verre,  ostoit 
son  chapeau,  jouoit  aux  quilles,  aux  cartes  &  aux 
dés,  tiroit  de  Tare,  desmontoit,  chargeoit,  bandoit 
&  laschoit  un  pistolet.  Il  se  disoit  natif  de  Nantes  en 
Bretagne  &  estoit  aagé  de  40  ans  ou  environ.  »  Je 
dois  communication  de  ces  deux  textes  à  l'obligeante 
érudition  de  M.  Henri  Clouzot,  qui  a  cité  le  premier 
dans  son  Histoire  du  théâtre  en  Poitou  (p.  27e). 

P.  140,  1.  16.  J'en  v\  un  autre).  Peut-être  s'agit-il 
du  même  personnage  dans  ce  passage  d'Ambroise 
Paré  :  «  On  a  veu  depuis  quelque  temps  en  ça  à 
Paris  un  homme  sans  bras  aagé  de  quarante  ans  ou 
environ,  fort  &  robuste,  lequel  faisoit  presque  toutes 
les  actions  qu'un  autre  pouvoit  faire  de  ses  mains  : 
a  sçavoir  avec  son  moignon  d'espaule,  &  la  teste, 
ruoit  une  coignee  contre  une  pièce  de  bois,  aussi 
ferme  qu'un  autre  homme  eust  sceu  foire  avec  ses 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


bras.  Pareillement  faisoit  cliquetter  un  fouet  de  char- 
tier,  &  faisoit  plusieurs  autres  actions  :  &  avec  ses 
pieds  mangcoit,  beuvoit,  &  jouoit  aux  cartes  &  aux 
dez.  »  {Des  monstres,  viii.) 

P.  141,  I.  2.  Non  ptidet  physicum).  «Quelle  honte 
pour  un  physicien,  dont  le  rôle  est  d'observer  et  de 
scruter  la  nature,  d'alléguer  la  coutume  comme 
preuve  de  la  vérité.  »  (Cic,  De  nat.  dem-itni,  I,  xxx.) 

P.  141,  1.  7.  //  est  des  peuples).  Toutes  ces  coutumes 
sont  empruntées  à  l'Histoire  générale  des  Indes  de 
Lopez  de  Gomara.  «  Bogota  estoit  fort  révéré  :  il 
failloit,  quand  on  parloit  à  lu)',  tourner  les  espaules 
de  peur  de  le  voir  en  la  face .»  (III,  xxii,  f°  240  V.) 

P.  141,  1.  9.  Quand  le  Roy  crache).  Id.,  ibid.  : 
«  Attabalipa  ne  crachoit  point  en  terre,  mais  une  de 
ses  plus  favorites  recevoit  en  sa  main  la  salive.  » 
(V,  XII,  f°  326  V.) 

P.  141,  1.  10.  En  autre  nation).  Id.,  ibid.  :  «  Quand 
Bogota  crachoit,  les  principaux  de  sa  court,  qui 
estoient  à  l'entour  de  luy,  se  jetoient  à  genoux  pour 
recueillir  sa  salive  en  une  toûaille  de  coton  blanche, 
à  fin  qu'elle  ne  cheust  point  en  terre,  qui  est  une 
cérémonie  de  grand  Prince.  »  (III,  xxii,  f°  240  r".) 

P.  141,  1.  23.  Les  miracles).  Cf.  la  même  idée 
exprimée  à  l'occasion  des  monstres  dans  l'essai  II, 
xxx,  p.  515,  1.  20. 

P.  142,  1.  3.  Aucun  ne  parle  au  Roy).  Cf.  Lopez 
de  Gomara,  Hist.  générale  des  Indes  :  «  Personne  ne 
parle  au  Roy  de  Borney,  si  ce  n'est  par  Sarbatane, 
excepté  sa  femme  &  ses  enfans.  »  (IV,  v,  f°  282  v°.) 
Cf.  encore  à  ce  sujet  Bodin  :  Les  six  livres  de  la 
République  (I\',  vr.) 

P.  142,  1.  5.  En  une  mesme  nation).  Id.,  ibid.  :  «  Les 
femmes  mariées  (aux  îles  Lucayes),  &  celles  qui  se  sont 
esbattues  avec  les  hommes,  se  couvrent  les  parties 
honteuses  depuis  la  ceinture  jusques  au  genoûil  avec 
certains  petits  manteaux  :  mais  les  vierges  ne  portent 
qu'un  petit  rets  de  cotton,  lequel  a  dedans  la  maille 
des  feuilles  d'herbe,  encor  ne  portent-elles  ce  rets 
que  quand  elles  ont  leurs  mois,  autrement  elles  vont 
toutes  nues.  »  (II,  vi,  f'  50  v".) 

P.  142,  1.  8.  Im  chasteté).  Id.,  ibid.  :  «Les  tilles 
qui  font  folie  de  leur  corps  (chez  les  Dariens),  &  en 
deviennent  grosses,  se  deschargent  de  leur  fardeau 


avec  une  herbe  qu'elles  mangent,  sans  autre  chas- 
tiement  &  sans  honte  aucune.  »  (III,  xviii,  f°  233  r°.) 

P.  142,  1.  II.  Si  c'est  un  marchant).  Id.,  ibid.  : 
«  Aux  nopces  un  autre  est  l'espoux,  &  parainsi  si 
l'espoux  est  Cacique,  tous  les  Caciques,  qui  sont 
invitez  à  la  feste^  couchent  avecques  l'espousée  devant 
l'espoux  ;  s'il  est  marchand,  les  marchands  }•  couchent  ; 
s'il  est  citadin,  bourgeois  ou  laboureur,  le  Seigneur 
couche  le  premier,  ou  quelque  prestre  &  après  que 
tous  y  ont  couché,  l'espousée  est  réputée  vaillante 
&  courageuse.  »  (III,  i,  f"  197  V.) 

P.  142,  1.  17.  //  en  est).  Id.,  ibid.  :  «Ils  ont  des 
bordeaux  publics  de  femmes,  &  mesme  d'hommes.  » 
(III,  xviii,  f"  233  r°.)  «Ils  marient  un  homme  avec 
un  autre  quand  ils  sont  impuissants  ou  eunuques.  » 
(II,  XI,  f-  61  V.) 

P.  142,  1.  19.  Où  les  femmes).  Id.,  ibid.  :  «Les 
femmes  vont  souvent  avec  leurs  maris  à  la  guerre, 
&  s'y  employent  à  tirer  de  l'arc,  aussi  bien  qu'eux.  » 
(III,  xviii,  f°  233  v°.)  «On  dit  que  il  y  a  en  ce 
quartier  une  contrée,  où  les  femmes  régnent  &  com- 
mandent. »  (III,  xxii,  f°  242  v°.) 

P.  142,  1.  21.  Les  bagues).  Id.,  ibid.  :  «  Ils  se  per- 
cent une  mamelle  &  aucuns  se  les  percent  toutes 
deux,  &  traversent  par  les  troux  certaines  petites 
cannes  de  la  longueur  d'une  paulme  &  demie.  Ils  se 
persent  aussi  les  fesses,  &  y  pendent  de  semblables 
cannes  qu'à  leurs  mamelles.  »  (II,  xi,  f"  59  v°.) 
(Pour  ce  qui  est  des  bagues  au  nez,  aux  lèvres,  aux 
joues  et  aux  orteils,  on  les  trouve  partout.  Cf.  en 
particulier  f"'  73  f  &  233  r°.) 

P.  142,  1.  23.  ();'/  en  mangeant).  Id.,  ibid.  :  «Ils 
ne  s'aident  point  de  tables,  ni  de  nappes,  ou  serviettes 
pour  manger  &  s'essuier,  excepté  le  Roi,  tous  les 
autres  s'essuient  les  doigts  à  la  plaïue  de  leurs  pieds, 
ou  à  leurs  cuisses,  voire  aux  bources  de  leurs  tes- 
moings.  »  (III,  xv,  f°  227  r°.) 

P.  142,  1.  24.  Où  les  enfants).  Id.,  ibid.  :  «Les 
nepveux  succèdent  à  leurs  oncles,  ic  non  les  enfans, 
excepté  entre  les  Roys  Yngas,  &  les  Seigneurs.  » 
(\\  i.xxwii,  f'  441  v".)  \'oir  aussi  la  même  idée 
f"  327  V. 

p.  142,  1.  29.  Où  l'on  pleure  la  mort).  Id.,  ibid.  : 
«  Quant  à  leurs  enlans,  ils  les  nourrissent  avecques 


LIVRE      I,      CHAPITRE     XXIII. 


S7 


grandes  mignotises,  tk  si  d'aventure  ils  viennent  à 
mourir,  ils  entrent  en  grande  cliolere  &  fascherie, 
&  les  enterrent  avec  grandes  plaintes.  Ils  ne  pleu- 
rent point  les  vieillards  quand  ils  meurent.  »  (II,  xi, 
f"  60  r°.) 

P.  143,  1.  I.  Où  ils  couchent).  Id.,  ihid.  :  «  Ils  cou- 
chent en  leurs  Hamacques  (ainsi  appellent-ils  leurs 
lits)  cinq  à  cinq,  &  niesme  dix  à  dix,  avec  leurs 
femmes.  »  (I\',  11,  f°  272  v°.) 

P.  143,  1.  2.  Où  les  femmes  qui  perdent).  Id.,  ihid.  : 
«  Une  veuve  ne  se  peut  remarier,  si  son  mari  est 
mort  naturellement  :  mais  elle  peut  se  remarier  s'il 
est  défait  par  justice.  »  (II,  viii,  f°  54  v°.) 

P.  143,  1.  4.  Où  l'on  estime).  Id.,  ibid.  :  «  Ils  achè- 
tent de  leurs  ennemis  des  femmes  pour  un  arc 
&  deux  flesches,  ou  pour  un  rets  a  pescher,  &  tuent 
les  filles  qu'ils  font  à  fin  de  ne  les  donner  à  leurs 
parents,  ni  à  leurs  ennemis.  »  (II,  i,  f°  60  v°.) 

P.  143,  1.  6.  Où  les  maris).  Id.,  ibid.  :  «Ils  répudient 
leurs  femmes  pour  cause  bien  légère,  &  elles  pour 
cause  aucune  ne  peuvent  abandonner  leurs  mariz.  » 
(III,  I,  f=>  197  v°.) 

P.  143,  1.  8.  Où  les  maris).  Id.,  ibid.  :  «Ils  laissent, 
&  changent,  &  mesme  vendent  leurs  femmes  si  elles 
ne  peuvent  concevoir.  »  (III,  xviii,  f"  233  r°.) 

P.  143,  1.  8.  Où  ils  font  cuire).  Id.,  ibid.  :  «  Si  un 
de  leurs  seigneurs  meurt.  ...  ils  rôtissent  le  corps, 
le  mettent  en  pièces,  le  pilent  en  telle  façon  qu'ils 
le  font  devenir  comme  en  bouillie,  &  le  jettent 
dedans  un  grand  vase  plein  de  vin,  où  ils  le  détrem- 
pent, &  puis  le  boivent.  »  (III,  xxiii,  f°  243  v°.) 

P.  143,  1.  II.  Où  la  plus  désirable  sépulture).  Cf. 
Plutarque  :  Que  le  vice  seul  est  suffisant  pour  rendre 
l'homme  malheureux  :  «  Ce  sont  les  plus  heureu.ses 
sépultures  des  Tartares  &  des  Hyrcaniens,  l'estre 
mangé  des  chiens  :  &  entre  les  Satraniens,  par  les 
loix  du  pais  ceux-là  sont  estimez  avoir  plus  heureuse 
fin,  quand  les  oiseaux  les  mangent  après  qu'ils  sont 
morts.  »  (v,  f"  138  r°.) 

P.  143,  1.  12.  Où  l'on  croit  que  les  âmes).  Cf.  Lopez 
de  Gomara  :  «  Ils  croient  que  l'ame  soit  immortelle 
&  qu'elle  se  retire  en  une  campagne,  où  elle  mange 
&  boit,  &  que  c'est  l'Echo,  lequel  respond  à  celui 
qui  parle,  &  crie.  »  (III,  xxxiii,  f°  260  r".) 


P.  143,  1.  14.  Où  ils  combatcnt  en  l'eau).  Id.,  ibid.  : 
«  Ils  se  jettoient  dans  l'eau  jusques  à  la  ceinture, 
poursuivans  les  nostres,  &  plusieurs  en  nageant  des- 
chargeoient  leurs  trousses  à  force  de  tirer,  tant  estoit 
grand  leur  courage.  »  (III,  xxi,  f"  237  v°.) 

P.  143,  1.  16.  Pour  signe  de  subjeciion).  Id.,  ibid.  : 
«  Mais  il  folloit  que  quelque  personne  que  ce  fust  qui 
vint  à  la  Cour,  qu'il  se  deschaussast  avant  qu'entrer 
dedans  le  Palais,  &  s'il  vouloit  parler  à  Guainocapa 
il  haussoit  les  espaules,  &  baissoit  la  teste,  qui  est 
une  cérémonie  entr'eux,  pour  montrer  qu'ils  sont 
ses  vassaux.  »  (V,  xiii,  f"  322  r°.) 

P.  143,  1.  18.  On  les  Eunuques).  Id.,  ibid.  :  «Les 
hommes  qui  sont  commis  pour  les  garder  sont  chas- 
trez,  &  mesme  on  leur  coupe  le  nez,  &  les  lèvres 
pour  en  oster  tout  appétit  aux  femmes.  »  (V,  xiv, 
f°  324  r".) 

P.  143,  1.  20.  Où  les  prestres).  Id.,  ibid.  :  «  Quand 
ils  veulent  parler  au  diable...  aucuns  de  leurs  prêtres 
se  crèvent  les  yeux,  ce  que  je  croi  qu'ils  font  de 
peur  :  car  tous  se  bouchent  la  veûe  quand  ils  veulent 
parler  à  lui.  »  (V,  xiv,  f°  323  V.) 

P.  143,  1.  21.  Où  chacun  faict  un  Dieu).  Id.,  ibid.  : 
«  Un  chacun  adore  ce  qu'il  lui  plaist  :  mais  c'est 
l'ordinaire  à  un  pescheur  d'adorer  une  flammette,  ou 
quelqu'autre  poisson  :  à  un  chasseur  de  révérer  un 
lion,  ou  bien  un  ours,  ou  un  regnard,  &  semblables 
autres  animaux,  comme  oiseaux,  &  autres  choses.  » 
(V,  xiv,  f"  323  r°.) 

P.  143,  1.  23.  Le  soleil,  la  lune).  Id.,  ibid.  :  «  Il  est 
bien  vrai  que  tous  généralement  adorent  pour  leurs 
Dieux  principaux  le  Soleil,  la  Lune,  &  la  Terre.  » 
(V,  XIV,  f"  323  r°.) 

P.  143,  1.  24.  La  forme  de  jurer).  Id.,  ibid.  :  «Aussi 
quand  ils  jurent  ils  touchent  la  terre,  &  regardent 
le  soleil.  »  (V,  xiv,  f°  323  r°.) 

P.  143,  1.  25.  Y  mange  l'on  la  chair).  Id.,  ibid.  : 
«Ils  mangent  leur  chair  &  le  poisson  crud.  »  (V,  xvii, 
fo  p-  r°.)  Cf.  encore  f°  436  v°. 

P.  143,  1.  26.  Où  le  grand  sermant).  Cf.  Hérodote  : 
«  En  leurs  sermens,  ils  jurent  par  les  hommes  d'entre 
eux,  que  l'on  estime  avoir  esté  les  plus  justes  &  plus 
vertueux,  en  posant  la  main  sur  leurs  tumbes.  » 
(IV,  172,  f°  305  r°.) 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


58 

P.  143, 1.  28.  Où  les  estrenes  annuelles).  Cf.  Goulard, 
Histoire  dit  Portugal  :  «  Tous  les  ans  (au  royaume  de 
Benemopata)  le  Roy  envoyé  de  ses  domestiques 
&  familiers  porter  de  sa  part  aux  Roys  &  Princes 
ses  vassaux  du  feu  nouveau,  auquel  les  autres  sujets 
vont  pour  en  avoir  leur  part  :  ce  qui  fait  comme 
s'ensuit.  Quand  l'ambassadeur  arrive  à  la  maison  de 
l'un  de  ces  Princes,  qui  qu'il  soit,  on  estaint  le  feu. 
Puis  l'ambassadeur  en  r'allume  de  nouveau,  &  lors 
tous  viennent  en  prendre  là  pour  l'emporter  en  leurs 
maisons.  Qui  refuse  cela  est  estimé  traistre  ou  rebelle, 
&  le  fait  on  mourir  comme  criminel  de  lèse  majesté  : 
&  s'il  est  besoin,  on  levé  une  armée  contre  luy  pour 
rattrapper&  exterminer  cruellement  comme  un  perfide 
&  déserteur.  »  (IV,  xix,  f"  124  v".) 

P.  144,  1.  3.  Oii  quand  le  Roy).  Id.,  ibid.  :  «Il  y 
avoit  une  loy  portant  que  si  le  Roy  par  dévotion 
quittoit  la  couronne  pour  employer  le  demeurant  de 
ses  jours  à  vivre  solitairement  en  quelque  lieu  à 
l'escart  &  vacquer  aux  affaires  de  sa  superstition, 
incontinent  après  sa  mort,  son  successeur  seroit 
contraint  laisser  le  gouvernement  du  Royaume,  &  se 
retirer  en  la  mesme  solitude,  afin...  &  lors  celuy  a 
qui  les  loix  adjugeoyent  la  couronne  s'emparoit  du 
Royaume.  »  (VII,  xii,  f"  207  V.) 

P.  144,  1.9.  Où  hommes  et  femmes).  Id.,  ibid.  :  «  Les 
masles  sont  circoncis  au  huitiesme  jour,  &  couppe 
l'on  mesmes  quelque  chose  aux  femmes,  afin  quelles 
semblent  aucunement  circoncis...  Les  masles  sont 
baptisez  quarante  jours  après  la  circoncision,  les 
femmes  au  bout  de  trois  mois.  »  (IX,  xxiv,  f°  276  v".) 

P.  144,  1.  9.  Où  le  soldat).  Id.,  ibid.  :  «  Correa  sçeut 
que  quiconque  en  ces  isles  peut  porter  à  son  Roy  à 
diverses  fois  sept  te.stes  d'ennemis  tuez  en  guerre, 
il  est  fait  chevalier  &  gentil  homme  qu'ils  appellent 
Mandarin.  »  (XI^',  xv,  f"  416.) 

P.  144,  1.  II.  Sonbs  cette  opinion).  Id.,  ibid.  :  «  Il  y 
a  un  grand  nombre  d'hommes,  qui  estiment  que  nous 
n'avons  rien  que  naistre,  &  mourir,  aussi  ne  se  sou- 
cient ils  de  se  faire  enterrer  avec  du  pain,  &  du  vin, 
&  moins  encore  avec  des  femmes  &  serviteurs.  Mais 
ceux,  qui  croient  l'immortalité  de  l'ame,  s'ils  sont 
seigneurs,  ils  seront  enterrez  avec  leur  or,  argent, 
plumes  &  pennaches  :  &  si  ce  sont  autres,  on  mettra 


en  leur  sépulture  avec  leurs  corps  du  maiz,  du  vin, 
&  des  couvertures...  (VI,  i,  f"  445  r".)  Si  ce  sont 
Cacicques,  on  fait  seicher  leurs  corps  au  feu,  qui  est 
leur  fliçon  d'embaumer,  &  puis  on  les  met  dedans 
leurs  tombeaux  faits  en  voûte,  où  on  met  ^vecques 
eux  quelques  uns  de  leurs  ser\-iteurs,  pour  les  ser\-ir 
en  enfer,  &  celle  de  leurs  femmes  laquelle  ils  auront 
mieux  aimée.  »  (VI,  i,  f°  445  r°.) 

P.  144,  1.  12.  Où  les  femmes).  Id.,  ibid.  :  «Quand 
elles  accouchent  elles  ne  se  tourmentent  ni  ne  se 
passionnent  tant  que  les  autres.  »  (III,  xxix,  f"  252  v°.) 

P.  144,  1.  13.  Où  les  femmes).  Id.  ibid.  :  «Leurs 
femmes  portent  en  l'une  &  l'autre  jambe  des  gregues 
de  cuïvre,  laissans  croistre  leurs  cheveux,  &  toutes- 
fois  prenans  sur  elles  un  poûil  elles  le  remordent 
ainsi  qu'il  les  a  morses,  &  sont  seules  des  Lybiennes 
qui  usent  de  ceste  honnesteté.  Les  filles  de  ce  peuple 
sont  présentées  le  jour  de  leurs  nopces  à  leur  Roy 
pour  les  despuceller,  si  bon  luy  semble.  »  (IV,  168, 
t.  I,  f"  304  r".) 

P.  144,  1.  17.  Où  les  hommes).  Id.,  ibid.  :  «Les 
hommes  portent  leurs  fardeaux  sur  leurs  testes  &  les 
femmes  sur  leurs  espaules.  Elles  se  tiennent  debout 
quand  elles  urinent,  mais  les  hommes  s'acroupissent.» 

(Il,  35-) 

P.  144,  1.  18.  Elles  pissent  debout).  Outre  le  texte 
qui  vient  d'être  indiqué,  cf.  Lopez  de  Gomara,  His- 
toire générale  des  Indes  :  «  Les  hommes  pissent  accrou- 
pis comme  font  noz  femmes  par  deçà,  &  les  femmes 
de  ce  pais  pissent  tout  debout.  »  (VI,  x,  f°  455  r°.). 

P.  144,  1.  20.  &  encensent).  Id.,  ibid.  :  «  De  ces 
encensoirs  ils  encensoient  aussi  leurs  seigneurs,  comme 
ils  feirent  Cortes,  &  autres  Espagnols,  quand  il  entra 
au  temple.  »  (II,  lxxxix,  f"  176  v°.) 

P.  144,  1.  27.  Où  l'on  mange).  Id.,  ibid.  :  «Ils 
mangent  toutes  sortes  d'herbes,  lesquelles  n'ont  point 
mauvaise  odeur.  »  (II,  Lxxxv,  f"  172  r".) 

P.  144,  1.  29.  Où  tout  est  ouvert).  Id.,  ibid.  :  «  Leurs 
logis  n'ont  portes,  ni  fenestres  fermantes,  tout  est 
ouvert  :  &:  pour  ceste  cause  on  chastie  fort  sévère- 
ment les  adultères,  &  larrons.  »  (II,  lxxxv,  {"  171  v°.) 
Voir  essai  II,  xv,  p.  38e,  1.  13. 

P.  145,  1.  I.  Où  ils  tuent  les  pouils).  Id.,  ibid.  : 
«  Ils  mangent  neantmoins  fort   bien   toutes  autres 


LIVRE     I,     CHAPITRE     XXIII. 


59 


bestes  vivantes,  jusqu'à  leurs  propres  poulx,  alleguans 
quelques  uns  d'entre  eux  qu'ils  les  mangent  pour 
leur  santé,  disans  d'avantage,  qu'il  est  plus  honneste 
de  les  manger,  que  de  les  tuer  entre  les  ongles.  » 
(II,  Lxxxv,  f°  172  r".) 

P.  145,  1.  é.  Où  ils  nourrissent).  Cf.  Hérodote  : 
«  Les  Auses  &  les  Libyens  laboureurs  laissent  croistre 
les  cheveux  du  costé  droit  de  la  teste  &  rasent  ceux 
•du  gauche.  »  (IV,  191;  t.  I,  f"  310  r°.) 

P.  145, 1.  7.  Et  en  voisines  provinces) .  Id.,  ihid.  :  «  Les 
Machlyes  sont  attenans  les  Auses,  qui  uns  &  autres 
habitent  les  environs  du  palus  Tritonis.. .  Les  Machlyes 
laissent  croistre  leurs  cheveux  de  derrière  &  les  Auses 
■ceux  de  devant.  »  (IV,  180;  t.  I,  f°  306  v°.) 

P.  145,  1.  10.  On  peut  honnestement  faire  des enf ans). 
J'ignore  la  source  de  Montaigne  pour  ce  passage; 
mais  on  trouve  beaucoup  d'indications  semblables 
chez  les  voyageurs  de  l'époque.  «  Les  hommes  pren- 
nent tant  de  femmes  que  bon  leur  semble,  ne  s'ar- 
restant  à  la  parenté  ny  à  la  lignée,  de  sorte  que  le 
père  prend  la  fîlle,  &  le  frère  la  sœur,  &  le  fîls  sa 
mère,  n'ayans  mesme  honte  se  joindre  &  associer  en 
public  comme  les  betes  brutes...  »  (Voyage  d'Anieric 
Vespuce,  à  la  suite  de  l'ouvrage  de  Léon  Africain. 
Lyon,  1556,  p.  470.) 

P.  145,  1.  13.  Ic\  on  vit  de  chair  humaine).  Les 
coutumes  qui  suivent,  et  qui,  à  la  différence  des 
précédentes,  figuraient  déjà  dans  l'édition  de  1580, 
ne  viennent  plus  de  Lopez  de  Gomara  lu  par  Mon- 
taigne après  1580;  elles  viennent  presque  toutes  des 
auteurs  anciens  :  Hérodote,  Pline,  Aulu-Gelle;  Mon- 
taigne ne  les  y  a  peut-être  pas  prises  directement,  car 
■elles  étaient  très  vulgarisées,  et  on  les  retrouve  dans 
beaucoup  d'écrits  du  temps  dont  les  auteurs  se  font 
un  jeu  de  collectionner  des  usages  qui  déroutent 
l'imagination.  (Voir  la  note  p.  137,  titre.) 

P.  145,  1.  13.  Tuer  son  père).  Chez  les  Nomades, 
<hez  les  Sidoniens,  les  Scythes,  les  Thraces,  chez  les 
Massagètes  (Hérodote,  III,  xxxviii;  Marcouville, 
Traicté  enseignant  d'où  procède  la  diversité  des  opinions 
humaines;  Brués,  Dialogues,  p.  256;  Bodin,  Répu- 
blique, I,  v;  etc.). 

P.  145,  1.  18.  Elles  sont  communes).  Cf.  Hérodote 
{IV,  CLXXii),  etc. 


P.  145,  1.  18.  Portent  pour  marque  d'honneur).  Cf. 
Hérodote,  IV,  clxxvi;  Corneille  Agrippa,  Marcou- 
ville, etc. 

P.  145,  1.  21.  Vue  chose  publique).  Allusion  à  la 
république  des  Amazones. 

P.  145,  1.  25.  Des  nations  entières).  Surtout  les 
Thraces;  voir  en  particulier  Valère  Maxime,  II,  vi, 
12;  le  fait  se  retrouve  dans  toutes  les  dissertations 
sur  la  mort  et  sur  la  misère  humaine.  De  là  il  passe 
dans  des  œuvres  de  tout  genre  :  ainsi  d.  Marot,  pièce 
pour  la  naissance  du  troisième  enfant  de  la  duchesse 
de  Ferrare.  Bouaystuau,  dans  l'Histoire  de  Chelidonius 
(viii),  cite  comme  références  à  ce  sujet  Hérodote, 
Valère  le  Grand,  Pomponius  Mêla,  Solin  ;  et  il  ajoute  : 
«  Nous  lisons  de  mesme  des  Indiens,  Césiens,  Cau- 
tiens,  Gymnosophistes,  Brachmanes  »,  liste  qui  sera 
reproduite  intégralement  par  d'autres  .auteurs,  comme 
Droit  de  Gaillard  dans  sa  Méthode  de  l'histoire,  xxix. 

P.  145,  1.  26.  Où  les  enfans  (à  Lacédémone).  Fait 
très  vulgarisé  que  Montaigne  répète  au  moins  trois 
fois  dans  les  Essais. 

P.  146,  1.  4.  Des  régions  (en  Perse).  Cf.  Xénophon, 
Cyropédie  :  «  Ferunt  domo  pro  cibo  panem,  pro  obso- 
nio  nasturtium,  ad  potum  vero  capedinem  ut  ex 
flumine  aquam  hauriant.  »  (I,  11.) 

P.  146,  1.  7.  En  Cio).  Cf.  Plutarque,  Des  vertueux 
faicts  des  femmes:  «L'honnesteté  de  ces  femmes  se  peult 
cognoistre  à  cela,  que  en  l'espace  de  sept  cents  ans, 
il  n'est  point  de  mémoire  que  jamais  il  y  ait  eu 
femme  mariée  qui  ait  commis  adultère,  ne  fille  qui 
hors  mariage  ait  été  despucellee.  »  {Des  Cienes, 
f°  233  v°.) 

P.  146,  1.  10.  Pindarus).  Cf.  ci-dessous  la  note, 
p.  148,  1.  I,  Darius. 

P.  14e,  1.  19.  Dit  Aristote).  Cf.  Morale  à  Nicomaque 
(VII,  vi). 

P.  147,  1.  I.  Ceux  de  Crète).  Cf.  Valère  Maxime  : 
«  Cretenses  cum  acerbissima  execratione  adversus  eos 
quos  vehementer  oderunt  uti  volunt,  ut  mala  con- 
suetudine  delectentur,  optant.  »  (XII,  11,  ext.  18.) 

P.  147,  1.  21.  Les  peuples).  Cf.  cette  idée  dans  le 
Contr'un  de  La  Boétie,  p.  23  et  suivantes. 

P.  148,  1.  I.  Darius  (et  p.  146,  1.  10,  Pind.irus). 
Cf.  Hérodote  :   «  Au   temps   que   Daire  regnoit,   il 


6o 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


demanda  aux  Grecz  qui  estoient  à  la  suitte  de  sa 
court,  pour  quelle  somme  d'argent  ilz  voudroient 
manger  les  corps  de  leurs  pères  trespassez,  et  ilz 
respondircnt  que  pour  rien  ne  voudroient  ce  faire. 
Apres  il  feit  appeler  certains  Indiens  nommez  Calla- 
ties  lesquelz  avoient  coustume  de  manger  leurs  pères, 
il  demanda  presens  les  Grecz,  pour  combien  ils  vou- 
droient consentir  à  brusler  leurs  pères  dans  un  feu. 
Hz  s'escrierent  &  dirent  :  Sire,  Dieu  vous  doint 
bonne  vie,  mais  faictes  nous  chanter  chanson  de 
meilleur  présage.  Ainsi  cènes  sont  estimées  les  cous- 
tumes  receues  &  suis  d'opinion  que  Pindare  a  très 
bien  faict  quand  il  a  dit  que  :  Coustume  est  comme  roy 
dominant  sur  tous.  »  (III,  xii.)  Ce  texte  est  reproduit 
intégralement  dans  le  commentaire  de  Le  Ro)-  sur  la 
Politique  d'Aristote,  II,  vi.  Je  crois  que  c'est  dans 
ce  commentaire  que  Montaigne  l'a  pris,  parce  qu'a- 
vant 1580  il  ne  semble  pas  faire  usage  de  la  traduction 
d'Hérodote  par  Saliat,  tandis  qu'il  fait  d'autres  emprunts 
à  ce  commentaire  de  Le  Roy  ;  de  plus  dans  le  même 
passage  Le  Roy  rapproche  de  cette  citation  l'exemple 
des  Thuriens  que  nous  trouverons  plus  loin. 

Le  même  exemple  se  retrouve  encore  avec  la 
même  application  dans  une  lettre  de  Pasquier  (M, 
à  M.  Chopin). 

P.  148,  1.  10.  Nil  adeoinagniiw).  «  Il  n'est  rien  de 
si  grand,  rien  de  si  admirable  au  premier  abord,  que 
peu  à  peu  l'on  ne  regarde  avec  moins  d'étonnement.  » 
(Lucr.,  II,  1023).  Le  texte  de  Montaigne,  très  diffé- 
rent de  celui  que  nous  lisons  aujourd'hui,  est  conforme 
à  l'édition  Lambin  (p.  177). 

P.  148,1.  \-].  j'y  trouvai  le  fondement).  Rapprocher 
II,  XII,  p.  341,  1.  6. 

P.  148,  1.  19.  De  quoi  Platon).  Cf.  Platon, 
Lois  :  «  Constat  nunc  quoque  plurimos  hominum 
quamvis  iniqui  sint,  bene,  &  diligenter,  &  sponte 
à  pulchrorum  conjunctione  sese  abstinere...  Quando 
frater  aut  soror  eximia  pulchritudine  alicui  sit  a  filio 
quoque  filiaque  lex  eadem,  quamvis  scripta  non  sit, 
sufficienter  repellit,  prohibetque  &  manifestum  &  fur- 
tivum  istorum  concubitum...  Unum  ergo  verbum 
atque  brevissimuui  omnes  hujusmodi  voluptates 
extinxit...  Quod  fas  nihil  horum  esse  dicitur,  sed 
apud  deuni  odio  haberi,  &  turpium  omnium  esse 


turpissima.  Causa  autem  nonne  hœc  est?  Quia  nemo 
aliter  prédicat,  sed  statim  ab  ineunte  Ktate  &  joco 
simul  &  serio  dicta,  &  sitpius  in  tragœdiis  hœc  eadem 
audiunt,  quando  vel  Thyestem,  vel  Œdipum,  vel 
Macareum  mortem  sibi  debitam  sceleris  pœnam 
conscivisse  propter  hujusceniodi  venerem  narrant... 
Miram  enim  famce  potentiam  novimus,  quando  nemo 
aliter  quani  jubeat  lex  ne  respirare  quidem  audeat.  » 
(VIII,  VI,  p.  S38;  éd.  de  1546,  p.  845.) 

P.  149,  1.  8.  Chrysippus).  Cf.  Sextus  Empiricus, 
Hypotyposes,  I,  xiv;  surtout  Diogène,  Vie  de  Chrysippe, 
que  Montaigne  lisait  à  l'époque  où  il  a  écrit  ceci. 

P.  149,  1.  22.  L'ingénieuse  opinion  d'Isocrates).  Cf. 
Isocrate,  Discours  à  Nicoclès  :  «  Effice  negotiationes 
eis  lucrosas,  lites  detrimentosas  :  ut  has  fugiant,  illas 
appelant.  »  (VI,  xviii,  éd.  de  1570,  col.  26.) 

P.  149,  1.  26.  Comme  disent  nos  historiens).  Cf.  Paul- 
Émile.  Voici  le  passage  dans  la  traduction  Regnard  : 
«  Il  taschoit  que  les  François  receussent  les  premiers 
les  loix  impériales,  qu'il  vouloit  luy-mesme  faire 
toutes  neufves,  &:  toujours  par  icelles  se  gouvernas- 
sent à  l'advenir.  Dont  les  grands  seigneurs  de  France, 
craignans  vivre  en  perpétuelle  senùtude  commen- 
cèrent à  se  mutiner  :  tant  qu'un  d'entre  eux  appelle 
Gascon  &  de  Gascongne  mesme...  osa  bien  tenir  ces 
propos  à  l'empereur.  »  Suit  un  long  discours  du 
Gascon,  &  la  conclusion  en  est  que  Charles  «se 
désista  de  son  entreprise  &  ne  fut  rien  changé  des 
anciennes  coustumes  des  François». 

P.  150,  1.  3.  ifl  charo;e  de  juger).  Depuis  le  chan- 
celier Duprat  sous  François  I'",  les  abus  de  l'organi- 
sation judiciaire  en  France  sont  signalés  par  tous  les 
écrivains  du  temps.  Les  critiques  de  Montaigne  ne 
sont  pas  originales.  Sans  revenir  sur  les  plaintes 
éloquentes  et  bien  connues  de  Budé  qui  ont  inspiré 
plusieurs  de  ces  auteurs  que  nous  allons  nommer, 
citons  autour  de  Montaigne  :  ^'iret,  h-  monde  à  l'em- 
pire (1550,  dans  les  dialogues  II  et  III);  Cousteau, 
dans  le  Pegme  (1553;  éd.  française  de  1560,  pp.  54, 
188,  329,  etc.);  Bouaystuau,  Histoire  de  Cbelidonius 
(1557,  x);  Tahureau,  Dialogues  (1565;  éd.  de  156e, 
pp.  109-122);  Henri  Esù^innc,  Apologie  pour  Hérodote, 
(1565,  XM,  xvi);  Le  Roy,  h-s  Politiqiws  d'Aristote 
(1568;  éd.  de  1576,  p.  266);  Hotman,  b'rancogallia 


LIVRE      I,      CHAPITRE      XXIII. 


6l 


(1573,  xx);  Gentillet,  Discours  sur  les  moyens  de  bien 
gouverner  (1576;  éd.  de  1579,  III,  xxxv,  pp.  33, 
598,  606,  etc.);  Bodin,  Les  six  livres  de  la  République 
(1576,  passim);  A.  Délavai,  traduction  annotée  des 
Piu  consigli  de  Guichardin  (1576,  n"'  187  et  suivants), 
Pierre  L'Ostal,  Discours  piiUosophiqucs  (1579,  xv); 
Droit  de  Gaillard,  Méthode  de  l'histoire  (1579,  x); 
Guillaume  Bouchet,  Sérées  (1584,  I,  ix);  Coignet, 
Instruction  aux  Princes  pour  garder  la  foy  promise 
(1584,  xx);  du  Fail,  Les  contes  et  discours  d'Eutrapel 
(1585,  dise.  I);  La  Noue,  Discours  politiques  (1587, 
dise.  IV);  etc.,  etc. 

P.  151,  1.  I.  De  suivre  le  stille  commun).  Cette  con- 
clusion est  encore  celle  qu'on  trouve  chez  beaucoup 
de  contemporains.  Elle  s'inspire  des  anciens,  de 
Cicéron,  d'Aristote  (Politiques,  II,  vi),  de  Platon 
(Z.0/5,  VII),  etc.  Le  Roy,  dans  son  Commentaire  des 
Politiques  d'Aristote,  II,  \'i,  avait  réuni  un  petit 
faisceau  de  faits  dont  il  tirait  la  même  leçon  (1568). 
Et  nous  retrouverons  les  mêmes  idées,  souvent  avec 
les  mêmes  faits,  dans  la  République  de  Bodin,  IV,  m, 
dans  les  Discours  de  Gentillet  sur  les  moyens  de  bien 
gouverner,  III,  xxii,  dans  le  Discours  de  Charondas 
le  Caron  sur  la  tranquillité  de  l'esprit,  etc.  Peut-être 
Montaigne  s'est-il  inspiré  du  chapitre  de  Le  Roy.  Au 
point  de  vue  des  usages  de  la  vie,  des  vêtements, 
des  manières,  les  auteurs  italiens  comme  Castiglione, 
comme  Giovanni  délia  Casa,  et  plus  tard  Gua^zo, 
lui  prêchent  la  même  leçon. 

P.  151,  1.  10.  Socrates  refusa).  Cf.  Platon  dans  le 
Cri  ton. 

P.  151,  1.  14.  Ns;j.î'.;).  On  doit  obéir  aux  lois  de 
son  pays  (sentence  prise  des  tragiques  grecs).  Elle  ne 
se  rencontre  pas  dans  Stobée.  Je  crois  que  Montaigne 
l'a  trouvée  dans  le  recueil  de  sentences  grecques  de 
Crispin  (i 569-1 570). 

P.  151,  1.  20.  Le  législateur  des  Thuriens).  Cf. 
Diodore  de  Sicile  :  «  Il  ordonna  que  celuy  qui  entre- 
prendroit  de  faire  révoquer  ou  corriger  une  de  ses 
loix,  pendant  qu'il  deduyroit  &  remonstreroit  au 
peuple  ses  raisons,  pour  lesquelles  il  pretendroit  la 
loy  devoir  estre  corrigée,  se  meist  un  las  courant  au 
col,  lequel  y  demourast  jusques  a  ce  que  le  peuple 
eust  donné  son  jugement  sur  la  correction  de  celle 


loy,  &  si  le  peuple  approuvoit  les  raisons  pour  les- 
quelles il  la  vouloit  faire  corriger,  qu'il  fust  délivré; 
mais,  s'il  les  reprouvoit,  qu'il  fust  tout  sur  le  champ 
estranglé  du  las  qu'il  avoit  au  col.  »  (XII,  iv,  f°  43  v°.) 
Il  s'agit  de  Zaleucus  le  législateur  des  Locriens.  Le  fait 
se  retrouve  avec  la  même  valeur  chez  Le  Roy,  chez 
Bodin,  chez  Pasquier  (I^//rfj',  III,  lettre  à  Ramus),  etc. 

P.  151,  1.  23.  Et  celuy  de  Lacedemone).  Lycurgue. 
Cf.  Plutarque,  Vie  de  Lycurgue,  xxii.  Le  fait  est 
mentionné  avec  la  même  valeur  dans  la  République  de 
Bodin,  IV,  IV  ;  mais  il  est  ailleurs  encore,  et  il  n'en 
faut  pas  conclure  que  Montaigne  l'a  pris  chez  Bodin. 

P.  151,  1.  25.  L'ephore).  Cf.  Plutarque,  Les  dicts 
notables  des  Laceda'moniens  :  «  Emerepes  estant  Ephore 
couppa  avec  une  hachette  deux  chordes  des  neuf  que 
le  musicien  Phrynis  avoit  en  sa  lyre,  disant,  Ne 
viole  point  la  musique.  »  (F°  216  v°.) 

Je  retrouve  le  même  fait  dans  une  collection  toute 
semblable,  auprès  de  la  disposition  législative  de 
Zaleucus,  dans  YApologia  pro  regibus  de  Blackwood 
(1581).  Peut-être  faut-il  conclure  de  là  que  ce  fait 
était  déjà  joint  aux  précédents  dans  les  exemples 
traditionnels  sur  cette  question,  et  que  Montaigne  et 
Blackwood  s'inspirent  d'une  source  encore  inconnue. 

P.  152,  1.  I.  C'est  ce  que  signifioit).  Cf.  Valère 
Maxime,  II,  vi,  ext.  7,  qui  indique  cette  signification 
symbolique.  On  retrouve  la  même  allusion  avec  la 
même  valeur  dans  une  lettre  de  Pasquier  (III,  lettre 
à  Ramus  sur  l'orthographe).  Coignet  la  reprendra 
encore  dans  l'Instruction  aux  princes  pour  garder  la  foy 
promise  (1584).  Il  ajoute  que  Cicéron  et  Tite-Live 
louent  les  Marseillais  de  leur  conservatisme. 

P.  152,  1.  ^.  Heu  patior).  «Ah!  ce  sont  mes  propres 
flèches  qui  ont  causé  mes  blessures.  »  (Ovide,  épître 
de  Phyllis  à  Démophon,  vers  48.) 

P.  153,  1.  I.  Ce  que  Thucidides  (III,  ui).  Mais 
Montaigne  prend  ceci  chez  Plutarque,  Comment  on 
pourra  discerner  le  flatteur  d'avec  l'amy  :  «  Thucydides 
escrit  qu'es  séditions  &  guerres  civiles,  l'on  transferoit 
la  signification  accoustumee  des  mots,  aux  actes  que 
l'on  faisoit,  pour  les  justifier  :  car  une  témérité  déses- 
pérée estoit  réputée  vaillance  aimant  ses  amis  :  une 
dilation  providente,  honneste  couardise  :  une  tem- 
pérance,   couverture    de    lascheté   :    une    prudence 


62 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


circonspecte,  générale  paresse  :  aussi  tault  il  bien 
prendre  garde  es  flatteurs  là  où  Ion  verra  qu'ils 
appelleront  prodigalité,  libéralité...  »  (F°  44  E.) 

P.  1)3,  1.  5.  Honesta).  "Le  prétexte  est  honnête.» 
(Térence,  Andiinine,  I,  i,  114-) 

P.  153,  1.  6.  Adeonihil).  «Tant  il  est  vrai  qu'aucun 
changement  apporté  aux  instinnions  anciennes  ne 
mérite  approbation.  »  (Tite-Live,  XXXIV,  liv.) 

P.  153,  1.  17.  Ad  deos).  «  Que  cela  concernait  les 
dieux  plus  qu'eux-mêmes,  que  ces  dieux  empêche- 
raient la  profanation  de  leur  culte.»  (Jd.,  X,  vi.) 

P.  153,  1.  19.  A  ceux  de  Delphes).  Cf.  Hérodote  : 
«  Les  Delphes...  demandèrent  à  l'oracle  qu'ilz  avoient 
à  faire  des  thresors  sacrez,  si  les  dévoient  cacher  en 
terre,  ou  les  transporter  ailleurs.  Le  dieu  défendit 
qu'on  ne  le  bougeast  point,  disant  qu'il  estoit  suffi- 
sant pour  garder  son  bien.  »  (VIU,  xxxvi,  t.  II, 
f^'MSv^)' 

P.  154,  1.  14.  Qiiis  est  eiiiiii).  «Qui  pourrait  en 
ert'et  ne  pas  respecter  une  antiquité  qui  nous  a  été 
conservée  et  transmise  par  les  plus  éclatants  témoi- 
gnages?» (Cic,  De  divin. ^  I,  xl.) 

P.  154,  1.  lé.  La  défectuosité).  Cf.  Isocrate,  Discours 
à  Nicoclès  :  «  Optimum  certè  quidem  est,  servare 
modum,  sed  quoniam  is  non  facile  cognoscitur  :  malis 
citrà  resistere,  quàm  ultra  progredi.  »  (IX,  xxxiii, 
éd.  de  1570,  col.  30.) 

P.  155,  1.  14.  Quniii  de  reJigiom  agitur).  «  En  ma- 
tière de  religion,  mes  modèles  sont  T.  Coruncanius, 
P.  Scipion,  P.  Scevola,  souverains  pontifes,  non 
Zenon,  Cléanthe  ou  Chrj'sippe.  »  (Cic,  Deiial.  deonnn, 
III,  II.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  de  Paris  1538. 

P.  15e,  1.  9.  Aditum  nocendi).  «  Se  fier  à  un  perfide, 
c'est  lui  donner  le  moyen  de  nuire.  »  (Sénèque, 
Œdipe,  III,  686.) 

P.  156,  1.  15.  On  sçail).  On  trouve  un  passage 
assez  semblable  à  celui-ci  dans  les  Opuscules  politiques 
de  Grimaudet  (1580)  :  «  Plutarque  dans  la  Vie  de 
Marins  reprend  Octavius  de  pareille  faute,  qui  par 
superstition  d'enfreindre  les  loix  en  temps  où  la 
republique  estoit  en  péril,  refusa  faire  ce  qu'estoit 
nécessaire,  et  de  prompt  expédient,  pour  la  défense 
de  la  ville  :  et  par  telle  fainéantise  et  peu  d'avis  il 
laissa  Rome  à  la  boucherie  de  Marius  et  de  Svlla.  » 


Grimaudet  adresse  des  critiques  semblables  à  Lentulus 
et  à  Scipion  pour  leur  attitude  dans  la  guerre  civile 
de  César.  Il  insiste  sur  cette  idée  que  dans  les  temps 
de  guerre  civile,  comme  ceux  que  traverse  la  France, 
il  ne  faut  pas  se  montrer  trop  superstitieux  sur  ce 
point.  Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  eu  influence  de 
Grimaudet  sur  Montaigne.  L'assimilation  de  nos 
guerres  civiles  à  celles  des  Romains  est  partout  alors; 
sans  cesse  on  détermine  sa  propre  ligne  de  conduite  en 
examinant  et  en  critiquant  la  conduite  des  Romains 
qui  ont  été  mêlés  aux  guerres  civiles. 

P.  156,  1.  16.  Octavius).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Marius  :  «  Marius  se  saisit  premièrement  du  mont 
que  Ion  appelle  Janiculum,  par  la  faulte  d'Octavius, 
lequel  ruina  ses  afl"aires  non  tant  par  faulte  d'entendre 
ce  que  le  besoing  de  la  guerre  requeroit,  comme 
par  une  importune  bonté  &  justice  de  vouloir  trop 
exactement  obsen-er  les  droits  contre  l'utilité  :  car 
coumie  plusieurs  l'admonestassent  de  proposer  liberté 
aux  esclaves  pour  leur  faire  prendre  les  armes  à  la 
défense  de  la  chose  publique,  il  respondit  qu'il  ne 
donneroit  jamais  loy  nj-  privilège  de  bourgeoisie 
Romaine  aux  esclaves,  de  laquelle  il  debouttoit 
Caius  Marius  pour  m.iintenir  l'authorité  des  loix.  » 
(xv,  f°  301  v".) 

P.  156,  1.  24.  Celui  qui  ordonna).  Agésilas.  /</.,  Vie 
d 'Ai^csilas  :  «  Toutefois  son  authorité  estoit  si  grande 
pour  sa  vertu  et  sa  réputation  si  bonne,  que  non 
seuleuient  ilz  se  ser\"oient  de  luy  à  la  guerre,  comme 
de  leur  Roy  et  de  leur  souverain  capitaine  :  mais 
au.ssi  usoient  de  son  conseil  et  de  son  advis  quand 
il  estoit  question  de  trouver  expédient  en  quelques 
difficultez  civiles  :  comme  ilz  feirent  lorsqu'ilz  estoient 
en  douhte,  s'ilz  dévoient  imposer  à  ceulx  qui  s'en 
estoient  fouiz  de  la  battaille,...  les  notes  d'infamie 
auxquelles  les  loix  les  condemnent,  pource  qu'ils 
estoient  en  grand  nombre,  et  tous  des  plus  nobles 
et  plus  puissantes  maisons  de  la  ville,  de  peur  qu'ilz 
ne  leur  suscitassent  quelque  nouvelleté...  Et  luy, 
sans  oster  ny  adjouxter  ou  changer  rien  aux  loix,  en 
publique  assemblée  de  tout  le  peuple  Laced;vmonien, 
dit,  que  pour  ce  jour  là  il  falloit  laisser  dormir  les  loix, 
pourveu  que  de  lors  en  avant  elles  reprissent  leur 
authorité.  Par  ce  moien  il  mainteint  les  loix  sans  y 


LIVRE     I,      CHAPITRE     XXIII. 


63 


rien  corriger,  et  si  sauva  l'honneur  à  ces  pauvres 
gens.  »  (vi,  f"  429  v^*.) 

P.  156,  1.  26.  Et  cet  antre).  Alexandre.  Id.,  Fie 
d'Alexandre  :  «...  y  en  avoir  qui  disoient  qu'il  falloir 
prendre  garde  à  roh.ser\-ance  anciene  des  mois,  pource 
que  les  Roys  de  Macédoine  n'avoient  jamais  accous- 
tumé  de  mettre  leur  armée  aux  champs  le  mois  de 
Juin  :  à  quoy  Alexandre  leur  respondit  qu'il  y  reme- 
dieroit  bien,  commandant  que  l'on  l'appelast  le 
second  May.  »  (v,  f*^  469  v".) 

P.  156,  1.  27.  Les  Lacedemoiiieiis).  Id.,  Vie  de 
Lysaiider  :  «  Mais  pour  autant  qu'il  y  avoit  une  loy 
qui  defendoit,  qu'un  mesme  personnage  ne  fust  deux 
fois  admirai,  &  que  neantmoins  ilz  vouloient  gratiiier 
à  la  requeste  de  leurs  alliez,  ils  donnèrent  le  nom 
&  le  tiltre  d'admiral  à  un  nommé  Aracus,  &  à  luy 
de  superintendant  de  la  marine  :  mais  en  effect  ilz 
luy  baillèrent  la  souveraine  authorité  de  toutes 
choses.  »  (iv,  f°  30e  r".) 

P.  157,  1.  4.  Et  de  mesme  subtilité).  Id.,  Fie  de 
Pe'riclès  :  «  Les  Lacedœmoniens  envoyèrent  des  ambas- 
sadeurs à  Arhenes  sur  ce  poinct  là  :  &  comme  Pericles 
alleguast  une  loy  qui  defendoit  d'oster  le  tableau, 
sur  lequel  un  edict  public  auroit  une  fois  esté 
escrit,  il  y  eut  l'un  des  ambassadeurs  de  Lacedcemone 
nommé  Polyarces,  qui  luy  dit  :  Et  bien  ne  l'oste  pas, 
mais  rourne  le  seulement,  car  vous  n'avez  point  de 
loy  qui  défende  cela.  Ce  mot  fut  trouvé  plaisant, 
mais  non  pour  cela  Pericles  n'en  fleschit  jamais.  « 
(xviii,  f'  115  r°.) 

P.  157, 1.  9.  Phttarqiie  loue  Philopœmen).  Id.,  Compa- 
raison de  Titus  Q.  Flainininus  avec  Phihpœweii  :  «  Par 
ainsi  estant  né  pour  commander,  il  ne  sçavoit  pas 
seulement  commander  selon  les  loix,  ains  aux  loix 
mesmes  quand  il  en  estoit  besoing,  &  que  le  bien 
public  le  requeroit.  »  (f°  268  v°.) 

Chronologie  :  Aucune  allusion  ne  permet  de 
dater  cet  essai  avec  certitude.  Pourtant,  outre  la 
place  occupée  par  lui,  plusieurs  faits  tendent  à  mar- 
quer que  la  majeure  partie  en  a  été  composée  dans 
la  première  période  (environ  1572)  :  1°  l'exemple  de 
la  fille  «  qu'Albert  recite  s'estre  acoustumée  à  vivre 
d'araignées  »,  vient  très  probablement  des  Diverses 


leçons,  de  Pierre  de  Messie,  ouvrage  qui  semble  avoir 
été  mis  à  contribution  par  Montaigne,  dans  les 
essais  viii  et  ix  du  premier  livre,  tous  deux  datés 
de  1572;  2°  l'exemple  des  Thuriens  est  pris  directe- 
ment à  la  traduction  qu'Amyot  avait  donnée  de 
Diodore  de  Sicile  en  1554;  or,  les  seules  traces 
certaines  de  cette  traduction  avant  1580  se  rencon- 
trent dans  des  essais  qui  semblent  être  de  la  première 
période  (I,  xvi;  I,  XLiii);  3°  il  est  probable  que  la 
citation  grecque,  qui  n'est  pas  dans  Stobée,  a  été 
prise  dans  le  même  florilegium  que  les  citations  des 
chapitres  I,  xxxiii,  et  I,  xxxiv,  très  probablement 
dans  le  recueil  des  sentences  de  Crispin;  or,  les 
essais  I,  xxxiii,  et  I,  xxxiv,  sont  datés  avec  certitude 
de  1572.  L'hypothèse  est  donc  ici  tout  à  fait  vrai- 
semblable. Notons  toutefois  que  l'unité  de  cet  essai 
n'est  pas  suffisante  pour  qu'on  ne  puisse  pas  supposer 
des  additions  postérieures  à  la  rédaction  primitive. 
L'occasion  du  chapitre  semble  avoir  été  le  spectacle 
d'un  «  petit  homme  natif  de  Nantes  »,  qui,  privé  de 
bras,  avait  appris  à  les  remplacer  par  ses  pieds 
(p.  140, 1.  8).  La  date  à  laquelle  ce  personnage  s'est  foit 
voir  dans  le  voisinage  de  Montaigne  nous  fournirait 
sans  doute  une  indication  utile.  Mais  jusqu'à  présent 
je  n'ai  rencontré  aucune  trace  de  son  passage  dans 
le  Périgord.  Nous  l'avons  trouvé  en  mars  1579  dans 
le  Poitou,  à  Saint-Maixent  :  on  pourrait  être  tenté 
de  croire  qu'à  cette  date  il  venait  du  Périgord  ou  s'y 
rendait.  Mais  rien  n'appuie  cette  hypothèse.  Sept  ans 
plus  tard  l'homme  de  Nantes  passe  sous  les  yeux  de 
L'Estoile  :  il  a  donc  longtemps  poursuivi  ses  tournées. 
Il  a,  d'ailleurs,  à  cette  époque,  nous  dit  L'Estoile, 
environ  quarante  ans.  Comme  son  infirmité  était 
congénitale,  il  est  peu  probable  qu'il  ait  attendu  la 
trentaine  pour  en  tirer  profit.  Sans  doute  il  voyagea 
bien  avant  1 579.  Nous  ne  pouvons  donc  rien  conclure 
de  ce  fait  touchant  la  date  à  laquelle  l'essai  De  la 
constnme  a  été  composé. 

Résume  :  Cet  essai  se  divise  en  deux  parties  : 
1°  puissance  de  la  coutume  et  étrangère  de  ses  effets; 
2°  en  dépit  de  la  vanité  de  nos  usages,  nécessité  de 
les  obser\-er  et  de  fuir  toute  «  nouvelleté  ».  D'un 
côté  comme  de  l'autre  Montaigne  exprime  des  idées 


64 

qui  sont  familières  à  ses  contemporains,  et,  en  1580, 
il  le  fait  au  moyen  d'exemples  qui  se  rencontrent 
fréquemment  dans  les  écrits  du  temps.  Il  y  joint 
seulement  quelques  faits  empruntés  aux  Vies  de 
Plutarque  dont  il  fait  alors  sa  lecture  habituelle.  On 
le  voit  ainsi  se  pénétrer  du  sentiment  de  la  relativité, 
et  il  commence  à  formuler  son  conser^-atisme  poli- 
tique et  religieux.  En  1588  les  deux  parties  seront 
considérablement  développées,  la  première  par  un 
amas  de  coutumes  empruntées  surtout  à  Lopez  de 
Gomara,  la  seconde  par  des  développements  très 
personnels  inspirés,  semble-t-il,  par  les  troubles  civils. 


ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


En  1595  toutes  deux  reçoivent  encore  de  nombreuses 
et  très  importantes  additions  qui  prouvent  combien 
l'intérêt  de  Montaigne  est  resté  attaché  aux  questions 
qu'il  y  avait  traitées.  Hérodote  et  des  ouvrages  sur 
les  expéditions  des  Portugais  aux  Indes  fournissent 
de  nouvelles  coutumes,  mais  surtout  Montaigne 
ajoute  quelques  développements  très  riches,  dont 
plusieurs  sont  suscités  directement  par  des  expé- 
riences personnelles,  d'autres  par  d'abondantes  lectures 
d'auteurs  anciens,  de  Platon,  de  Tite-Live,  etc.,  mais 
principalement  de  Cicéron  dont  le  conservatisme 
séduit  singulièrement  Montai<?ne. 


Chapitri-:   XXIV. 


DIVERS      EVENEMENS      DE      MESME      CONSEIL. 


P.  158,  1.  2.  Un  Prince  des  nosires).  François  de 
Guise,  de  la  maison  de  Lorraine,  au  siège  de  Rouen 
en  1562.  L'expression  «  un  prince  des  nostres  » 
(cf.  ci-dessus  ch.  11,  p.  9,  !.  15)  se  distingue  de 
l'expression  «un  de  nos  princes».  Celle-ci  désigne 
les  membres  des  familles  françaises,  maisons  de 
France  et  de  Bourbon;  celle-là  s'applique  à  la  maison 
de  Lorraine  qui  était  étrangère  d'origine.  Au  moment 
de  la  Ligue  on  reprochera  beaucoup  aux  Guises  d'être 
des  étrangers.  Cf.  à  ce  sujet  en  particulier  De  Belloy, 
Examen  du  discours  publié  contre  la  maison  royale  de 
France...  (1587).  Voilà  ce  qui  explique  l'insistance 
de  Montaigne. 

P.  159,  1.  23.  L'Empereur  Auguste).  Cf.  Sénèque, 
De  clementid  :  «  Cum  in  Gallia  moraretur,  delatum  est 
ad  eum  indicium,  L.  Cinnam  stolidi  ingenii  virum 
insidias  ei  struere.  Dictum  est  &  ubi  &  quando, 
&  quemadmodum  aggredi  vellet.  Unus  ex  consociis 
deferebat.  Constituit  se  ab  eo  vindicare.  Consilium 
amicorum  advocari  jussit.  Nox  illi  inquiéta  erat,  cum 
cogitaret  adolescentem  nobilem,  hoc  detracto  inte- 
grum,  Cn.  Pompei  nepotem  damnandum.  Jam  unum 
hominem  occidere  non  poterat,  cum  M.  Antonio 
proscriptionis  edictum  inter  cœnam  dictarat.  Gemens 
subinde  voces  emittebat  varias,  &  inter  se  contrarias. 
Quid  ergo?  ego  percussorem  meum  securum  ambu- 
lare  patiar,  me  solicito?  Ergo  non  dabit  pœnas,  qui 
tôt  civilibus  bellis  frustra  petitum  caput,  tôt  navalibus, 
tôt  pedestribus  prjeliis  incolume,  postquam  terra 
marique  pax  parta  est,  non  occidere  constituât,  sed 
immolare  ?  Nam  sacrificantem  placuerat  adoriri. 
Rursus  silentio  interposito,  majore  multo  voce  sibi, 
quàm   Cinnœ  irascebatur.   Quid  vivis,   si   perire  te 


tam  multorum  interest.  Quis  lînis  erit  suppliciorum? 
Quis  sanguinis?  Ego  sum  nobilibus  adolescentulis 
expositum  caput,  in  quod  mucrones  acuant.  Non 
est  tanti  vita,  si,  ut  ego  non  peream,  tam  multa 
perdenda  sunt.  Interpellavit  tandem  illum  Livia  uxor. 
Et  admittis,  inquit,  muliebre  consilium?  Fac  quod 
medici  soient,  qui  ubi  usitata  remédia  non  procedunt, 
tentant  contraria.  Severitate  nihil  adhuc  profecisti, 
Salviddienum  Lepidus  secutus  est,  Lepidum  Murena, 
Murenam  Cœpio,  Cœpionem  Egnatius,  ut  alios 
taceam,  quos  tantum  ausos  pudet  :  nunc  tenta 
quomodo  tibi  cedat  clementia.  Ignosce  L.  Cinnx, 
deprehensus  est.  Jam  nocere  tibi  non  potest,  prodesse 
famœ  tua;  potest.  Gavisus  sibi,  quod  advocatum 
invenerat,  uxori  quidem  gratias  egit  :  renunciari 
autem  extemplô  amicis,  quos  in  consilium  rogaverat, 
imperavit,  &  Cinnam  unum  ad  se  accersit,  dimis- 
sisque  omnibus  è  cubiculo  :  cùm  alteram  Cinna; 
poni  cathedram  jussisset.  Hoc,  inquit,  primum  a  te 
peto,  ne  me  loquentem  interpelles,  ne  meo  sermone 
medio  proclames,  dabitur  tibi  loquendi  liberum 
tempus.  Ego  te  Cinna  cum  in  hostium  castris  inve- 
nissem,  non  factum  tantum  mihi  inimicum,  sed 
natum  ser\'avi,  patrimonium  tibi  omne  concessi. 
Hodie  tam  felix  es,  &  tam  dives,  ut  victo  victores 
individeant.  Sacerdotium  tibi  petenti,  pr.-eteritis  com- 
pluribus,  quorum  parentes  mecum  militaverant,  dedi. 
Cum  sic  de  te  meruerim,  occidere  me  constituisti. 
Cum  ad  hanc  vocem  exclamasset,  procul  hanc  ab  se 
abesse  dementiam  :  Non  pn-estas,  inquit,  tidem  Cinna, 
convenerat,  ne  interloquereris.  Occidere,  inquam,  me 
paras  :  adjecit  locum,  socios,  diem,  ordinem  insi- 
diarum,  cui  commissum  esset  ferrum.  Et  cum  defixum 


66 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


videret,  nec  ex  conventionc  jam,  sed  ex  conscientia 
tacentem  :  Quo,  inquit,  hoc  animo  facis?  Ut  ipse  sis 
princeps?  Maie  mehercule  cum  Repub.  agitur,  si 
tibi  ad  imperandum  nihil  pn-eter  me  obstat.  Domum 
tueri  tuam  non  potes.  Kuper  libertin!  hominis  gratia, 
in  privato  judicio,  superatus  es.  Adeô  nihil  facilius 
potes,  quàm  contra  Cœsarem  advocare?  Cedô  si  spes 
tuas  solus  impedio,  Paulusne  te,  &  Fabius  Maximus, 
&  Cossi,  &  Ser,-ilii  ferent,  tantumque  agmen  nobi- 
lium  non  inania  nomina  prxferentium,  sed  eorum, 
qui  imaginibus  suis  decori  sint?  Ne  totam  ejus 
orationeni  repetendo,  magnam  partem  voluminis 
occupem  :  diutius  enim  quàm  duabus  horis  locutum 
e.sse  constat,  cum  hanc  pœnam,  qua  sola  erat  con- 
tentus  futurus,  extenderet  :  Vitam  tibi,  inquit,  Cinna 
iterum  do,  prius  hosti,  nunc  insidiatori  ac  parricide. 
Ex  hodierno  die  inter  nos  amicitia  incipiat.  Conten- 
damus  utram  ego  meliore  fide  vitam  tibi  dederim, 
an  tu  debeas?  Post  hœc  detulit  ultro  consulatum, 
questus,  quôd  non  auderet  petere.  Amicissimum 
fidelissimumque  habuit,  hœres  solus  fuit  illi.  Nullis 
amplius  insidiis  ab  ullo  petitus  est.  » 

P.  162,  1.  2.  De  pareille  trahison).  François  de 
Guise  fut  assassiné  -au  siège  d'Orléans  par  Poltrot 
de  Méré,  gentilhomme  protestant  de  l'Angoumois, 
le  18  février  1563. 

P.  162,  1.  4.  La  fortune  maintient).  Rapprocher  la 
formule  toute  semblable  que  nous  avons  trouvée  au 
chapitre  précédent  (p.  156,  1.  i)  :  «Si  est-ce  que  la 
fortune,  resen-ant  son  authorité  au  dessus  de  nos 
discours...  » 

P.  163,  1.  18.  Je  suis  de  Vadvis  de  Sylla).  Cf.  Plu- 
tarque  :  Comment  on  se  peut  louer  soi-niesnie,  ix,  et 
surtout  Vie  de  Sylla.  Mais  la  phrase  de  Montaigne 
ne  doit  rien  à  celle  de  Plutarque  :  elle  est  de  1580; 
l'allusion  à  Sylla  est  ajoutée  en  1582. 

P.  164,  1.  17.  Tesmoing  tant  d'Empereurs  Romains). 
Machiavel  a  compté  que  sur  26  empereurs  romains 
qui  régnèrent  depuis  César  jusqu'à  Maximin,  16  furent 
assassinés,  10  seulement  moururent  de  mort  natu- 
relle. (^Discours  sur  Tite-Live,  I,  x).  Rien  ne  prouve 
d'ailleurs  que  Montaigne  ait  eu  le  souvenir  de  cette 
statistique  à  la  pensée. 

P.  164,  1.  24.  Quiconque  aura  sa  vie).  On  trouve 


la  même  idée  chez  Machiavel  (Le  Prince,  ch.  xix)  : 
«  Queste  simili  morti,  le  quali  seguono  per  delibe- 
razione  di  un  animo  deliberato  e  ostinato,  non  si 
possono  dai  principi  evitare,  perché  ciascuno  che  non 
si  curi  di  morire  lo  puô  offendere.  »  Elle  est  encore 
dans  la  République  de  Bodin  :  «  Il  est  malaisé  que  le 
prince,  pour  fin  et  msé  qu'il  soit,  puisse  garder  sa 
vie  d'un  homme  résolu  qui  a  juré  sa  mon,  car  le 
secret  et  l'exécution  est  contre  un  homme  seul  qui 
sacrifiera  toujours  sa  vie  à  quelque  prix  que  ce  soit, 
pour  avoir  celle  d'autrui,  fût-il  environné  d'une  armée, 
comme  estoit  le  roy  Porsenna  de  la  sienne  lorsqu'un 
soldat  romain  s'efforça  de  le  tuer.  »  (lY,  vu.)  Bodin 
et  Machiavel  se  .souviennent  de  Sénèque. 

P.  164,  1.  28.  Dion).  Cf.  Plutarque,  Dicts  notables 
des  anciens  Roys...  :  «  Dion...  estant  adverty  que 
Callipus...  espioit  les  moiens  de  le  faire  mourir, 
n'eut  jamais  le  cœur  d'en  informer...  disant  qu'il 
aimoit  mieulx  mourir  que  vivre  en  ceste  peine, 
d'avoir  à  se  garder  non  de  ses  ennemis  seulement,, 
mais  aussi  de  ses  amis.  »  (F°  190  v°.) 

P.  165,  1.  2.  Ce  qu'Alexandre).  Cf.  Quinte-Curce  : 
«  Quo  viso,  Alexander,  levato  corpore  in  cubitum, 
epistolam  à  Parmenione  missam,  sinistra  manu 
tenens,  accipit  poculum,  &  hausit  interritus  :  tum 
epistolam  Philippum  légère  jubet.  »  (III,  vi,  p.  16.) 
Montaigne  semble  plutôt  se  souvenir  d'Arrien  de 
Xicomédie  :  «  Philippe  pour  guérir  le  roy  luy  com- 
posa un  bruvage,  et  comme  il  le  luy  vouloit  présenter, 
Alexandre  eut  advertissement  de  la  part  de  Parmenion 
par  une  lettre  qu'il  luy  envoya  de  ne  se  fier  que  bien 
à  point  de  sa  santé  à  Philippe  :  par  ce  qu'il  avoit 
esté  gaigné  par  argent  et  corrompu  par  Daire,  et  que 
si  tost  qu'il  eut  leu  les  lettres,  il  prit  la  couppe  en 
la  main  et  bailla  les  missives  a  lire  à  Philippe,  et 
pendant  qu'il  lisoit,  Alexandre  hardiment,  et  sans 
monstrer  aucun  signe  de  peur,  avalla  la  médecine 
et  que  incontinent  on  jugea  bien  qu'il  n'y  avoit 
point  de  malice  de  la  part  de  Philippe,  par  ce  qu'il 
ne  s'cstonna  jamais...  »  Cf.  aussi  Plutarque,  Fie 
d'Alexandre  le  Grand. 

P.  165,  1.  13.  J'en  sçay  un...,  et  l.  19,  J'en  sçai  un 
autre...)  Montaigne  fait  peut-être  allusion  à  Henri  III 
et  à  Henri  IV. 


LIVRE      I,      CHAPITRE     XXIV. 


67 


P.  165, 1.  24.  Scipion  sccitt).  Cf.  Tite-Live,  XXVIII, 

XVII. 

P.  166,  1.  5.  Habita fides).  «La  confiance  que  nous 
témoignons  bien  souvent  appelle  la  bonne  foi  »  (il  est 
impossible  de  rendre  en  français  le  jeu  de  mots  que 
permet  en  latin  le  double  sens  du  latin  «fides»,  qui 
signifie  à  la  fois  confiance  et  bonne  foi).  (Jd.,  XXII, 
XXII.)  Montaigne  a  sans  doute  pris  cette  phrase  dans 
les  Politiques  de  Juste  Lipse  (IV,  xiv). 

P.  166,  1.  9.  Le  plus  dejjiant).  Louis  XI,  à  Péronne 
(1468).  Commines  (II,  v;  II,  vu)  blâme  Louis  XI 
■de  son  imprudence. 

P.  166,  1.  17.  Stctit  aggere^.  «Il  parut  sur  un 
tertre  de  gazon,  debout,  le  visage  intrépide  ;  ne  crai- 
gnant rien,  il  mérita  d'être  craint.  »  (Lucain,  V,  316.) 

P.  166,  1.  29.  Je  vis  en  mon  enfance).  Je  crois  qu'il 
s'agit  du  sire  de  Moneins,  lieutenant  du  roi  en 
Guyenne  au  nom  d'Henri  d'Albret  en  1548,  au 
moment  de  la  fameuse  sédition  de  Bordeaux.  Il  fut 
tué  le  21  août.  «Le  peuple...  hurlait  et  campait 
autour  de  la  mairie...  Moneins  eut  la  hardiesse  de 
vouloir  sortir  :  il  n'avait  que  trois  amis  près  de  lui; 
•quant  à  La  Chassaigne,  un  remous  l'avait  écarté. 
Mais  alors  on  se  mit  à  crier  :  Guyenne!  Guyenne!  Ce 
•qui  fit  comprendre  à  Moneins  qu'il  était  perdu;  il 
rentra  dans  la  mairie;  la  foule  l'y  suivit,  s'amusa  de 
lui  comme  d'un  jouet,  puis  l'égorgea  comme  une 
victime.  »  (Jullian,  Histoire  de  Bordeaux,  éd.  de  1895, 
p.  341.)  Nous  avons  bien  là  les  alternatives  d'audace 
et  d'hésitation  auxquelles  Montaigne  fait  allusion. 

P.  168,  1.  16.  La  vove  qu'y  tint.)  Cf.  entre  autres 
Suétone  (César,  lxxv). 

P.  168,  1.  24.  Un  estranger).  Cf.  Plutarque,  Dicts 
notables  des  anciens  roys...  :  «  Il  y  eut  une  fois  un 
estranger  qui  luy  promit  tout  hault  de  luy  enseigner 
à  part  en  secret,  à  quoy  il  pourroit  cognoistre  ceulx 
qui  conspiroient  &  machinoient  contre  luy  :  Diony- 
sius  le  pria  bien  fort  de  luy  dire,  &  l'autre  allant  devers 
luy,  Donne  moy,  dit  il,  un  talent  (six  cens  escus) 
à  fin  qu'il  semble  à  ceulx  de  Syracuse  que  tu  aies 
appris  de  moy  les  signes  ausquels  tu  pourras  descou- 
vrir ceulx  qui  conjureront  alencontre  de  toy  :  il  le 
luy  donna,  &  feit  semblant  d'avoir  appris  &  entendu 
de  lu}'  ces  moiens,  louant  grandement  la  subtile  façon 


de  tirer  argent  que  cest  homme  avoit  inventée.  » 
(F°  190  r°.) 

P.  169,  1.  9.  Le  duc  d'Athènes).  Cf.  Machiavel, 
Istorie  Florentine,  et  surtout  Villani,  Historié  universali 
di  suoi  tenipi  :  «  Fece  pigliare  uno  Matteo  di  Morozzo 
e  in  su  uno  carro  attanagliare  e  poi  tranare  senz' 
asse  e  impiccare  perche  aveva  rivelato  uno  trattato 
dei  Medici  ed  altri  che  dovevano  offendere  il  Duca 
e  non  voile  credere  a  suo  pericolo  e  danno  di  quello 
che  gli  avvenne.  »  (11^  partie,  I,  xii;  éd.  de  Venise 
1559,  p.  127.) 

P.  169,  1.  15.  L'histoire  de  quelque  Romain).  Cf. 
Appien  qui  raconte  des  aventures  analogues  à  celle-ci  : 
«Varus,  dit  Appien  au  sujet  d'un  des  proscrits,... 
s'eschappa  et  s'enfuyt  par  les  montagnes  tant  qu'il 
vint  au  marest  qui  est  près  Minturne,  où  il  se  alla 
musser  pour  soy  reposer  :  mais  il  advint  que  ceulx 
de  la  ville  alloyent  cherchant  des  larrons,  et,  voyans 
remuer  les  cannes  et  roseaux  du  marest...'  »,  ils  le 
prennent  pour  leur  larron;  Varus,  menacé  de  la 
torture,  se  dénonce  et  se  livre  par  là  même  aux 
exécuteurs  des  triumvirs.  Ici  nous  n'avons  pas  du 
tout  la  conclusion  de  Montaigne;  nous  ne  retrouvons 
que  son  cadre.  La  conclusion  nous  est  offerte,  à  peu 
de  chose  près,  par  l'histoire  d'un  autre  proscrit  : 
«  Aponius  estant  en  seureté  dedans  quelque  lieu  bien 
secret,  abomina  de  vivre  ainsi  povrement  et  mes- 
chamment,  et,  sortant  dehors,  se  alla  présenter  aux 
meurdriers".  »  Il  me  semble  que  Montaigne  a  mêlé 
ensemble  dans  son  souvenir  ces  deux  anecdotes,  et 
peut-être  d'autres  encore,  car  le  passage  est  riche  de 
faits  semblables,  et  de  cet  amalgame  est  sortie  l'his- 
toire un  peu  inexacte  qu'il  nous  rapporte. 

Chronologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai. 

RÉSUMÉ  :  L'occasion  du  chapitre  est  le  contraste 
entre  les  exemples  d'Auguste  (p.  159,  1.  23)  et  de 
François  de  Guise  (p.  158,  1.  2)  qui,  avec  une  con- 
duite identique,  eurent  un  sort  si  différent.  Sénèque, 


1  ÉJ.  de  1544,  p. 
-  Id.,  p.  486. 


68 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


dans  le  De  ckmcntiâ,  où  Montaigne  prend  tout  au 
long  l'exemple  d'Auguste,  assure  que  la  clémence  et 
que  les  bienfaits  sont  la  sauvegarde  des  princes;  il 
affirme  même  à  plusieurs  reprises  (I,  3,  et  I,  198) 
que  la  clémence  est  un  rempart  suffisant.  De  pareils 
jugements  ont  réveillé  dans  la  pensée  de  Montaigne 
l'aventure  de  François  de  Guise  qui  en  prouve  l'inexac- 
titude. Beaucoup  des  vulgarisateurs  du  temps,  dans 
des  chapitres  sur  la  clémence,  rappelaient  brièvement 
l'exemple  d'Auguste  et  de  Cinna  (ainsi  Droit  de 
Gaillard,  xxvii);  Montaigne  diffère  de  la  plupart  de 


ses  devanciers  en  ce  qu'il  fait  effort  pour  le  critiquer. 
De  là  une  longue  dissertation  sur  la  toute-puissance 
de  la  fortune  sur  nos  délibérations,  l'incertitude  de 
nos  jugements  et  la  conduite  qu'elle  nous  impose, 
dissertation  qui  s'augmentera,  en  1588  et  en  1595, 
d'exemples  variés,  d'expériences  personnelles  et  de 
réflexions.  Les  exemples  qu'il  avait  choisis  et  le  De 
cleiiientid  dont  il  s'inspirait  l'engageaient  à  émettre  cette 
idée  qu'un  prince  ne  doit  pas  être  défiant,  se  laisser 
effrayer  par  les  dangers  qui  l'entourent.  C'est  celle-là 
qui,  à  partir  de  1588,  deviendra  l'idée  principale. 


Chapitre    XXV. 


DV      PEDAXTISME. 


P.  171,  1.  12.  Mais  jehay).  Cf.  Regrets,  sonnet  68, 
dans  l'éd.  des  œuvres  de  1569,  p.  21. 

P.  171,  1.  13.  Phitarqiiedit).  Dans  la  Vie  de  Cicéron  : 
«  On  l'appelloit  communément  le  Grec  &  l'escholier, 
qui  sont  deux  parolles  que  les  artisans,  &  telle 
manière  de  gens  mechaniques  à  Rome,  ont  assez 
accoustumé  d'avoir  en   la  bouche.  »  (11,  f°  394  r°.) 

P.  171,  1.  17.  Magis  magnos).  «Les  plus  grands 
savants  ne  sont  pas  les  plus  grands  sages.  »  Proverbe 
populaire  qu'on  retrouve  chez  Rabelais  (I,  xxxix), 
et  que  Régnier  a  traduit  ainsi  : 

«  Parbleu  !  les  plus  grands  clercs  ne  sont  pas  les  plus  fins.  » 

P.  172,  1.  6.  La  première  de  nos  Princesses).  On 
suppose  généralement  qu'il  s'agit  de  Marguerite  de 
France  qui  devint  reine  de  Navarre  en  1572,  et  qui, 
depuis  le  mariage  de  sa  sœur  Claude,  était  la  pre- 
mière princesse  de  France.  Pourtant  la  phrase  de 
Montaigne  est  écrite  après  1580.  S'il  s'agit  de  Mar- 
guerite, il  faut  comprendre  «  me  disoit  une  princesse, 
qui  estoit  alors  une  tille,  la  première  de  nos  prin- 
cesses »  au  moment  où  elle  me  tenait  ce  propos. 
Quand  Marguerite  fut  devenue  reine  de  Navarre,  la 
«  première  de  nos  princesses  »  fut  Catherine  de 
Bourbon,  la  sœur  d'Henri  de  Navarre.  Je  crois  plutôt 
que  c'est  d'elle  qu'il  est  question.  Montaigne  qui  eut 
de  fréquentes  relations  avec  la  cour  de  Navarre,  qui 
était  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  d'Henri 
de  Navarre,  la  rencontra  certainement  et  elle  ne  se 
maria  que  bien  plus  tard  en  l'an  1600. 

P.  172,  1.  9.  Comme  les  plantes).  On  trouve  une 
image  semblable  dans  .^Eneas  Silvius  Piccolomini, 


De  ediicatione  liheroruin  :  «  Plant.t  namque  modicis 
aluntur  aquis,  multis  suffocantur.  »  L'auteur  parle 
contre  l'abus  des  études  et  en  faveur  des  exercices 
physiques.  Toutes  ses  œuvres  étaient  fort  lues  au 
XVI'  siècle.  Peut-être  Montaigne  a-t-il  connu  ses 
idées  sur  l'éducation. 

P.  173,  1.  3.  Oyent  ils  louer).  Tout  ceci  est  traduit 
du  Théététe  de  Platon  :  «  Quum  tyrannum  aut  regem 
laudari  sentit,  unum  quendam  subulcum  aut  pasto- 
rem  ovium,  vel  bubulcum  extolli  existimat,  quod 
abunde  mulgeat,  id  tamen  interesse  censet,  quod 
reges  &  tyranni  infensius  &  insidiosius  animal  curent 
&  mulgeant.  Agrestes  vero  &:  rudes  non  minus 
propter  otium,  quàm  pastores,  illos  esse  necesse 
est...  Cum  vero  agrorum  decem  millia  jugera,  aut 
plura  etiam  prœdicari  audit,  quasi  magnum  quippiam 
ab  illo  qui  habet,  possideatur,  exigua  quœdam  audire 
se  putat,  quippe  qui  universum  terr^  orbem  spectare 
sit  solitus.  Quoties  prceterea  quis  generis  nobilitatem 
refert,  quod  septem  avos  divites  omnes  enumerare 
valeat,  hebetis  nihilque  magnum  propter  ignorantiam 
cogitantis  animi  laudes  hujusmodi  censet,  quasi  ad 
totius  mundi  naturam  respicere  nequeat,  &  videre  quod 
innumeri  unumquenque  nostrum  avi  atque  proavi 
antecesserunt,  quorum  in  numéro  divites  &  inopes, 
reges  &  ser\-i,  Barbarique  &  Grœci  innumerabiles 
prœcessere.  Quinetiam  quando  quis  stirpem  quinque 
&  viginti  majorum  dinumerat,  &  in  Amphitryonidem 
Herculem  originem  refert,  indigna  memoratu  res  illi 
videtur.  »  (xxiv,  pp.  126-127;  éd.  1546,  PP-  I49-I50-) 

P.  174,  1.  3.  Odi  homines).  «Je  hais  les  hommes 
dont  la  philosophie  n'est  qu'en  paroles.  »  (Pacuvius, 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


apud  A.  Gellium,  XIII,  viii.)  Montaigne  a  pris  cette 
sentence  dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse  (I,  x).  Il 
l'a  rencontrée  en  outre  dans  Vives  {Commentaire  de  la 
Cité  de  Dieu,  VIII,  i). 

P.  174,1.  6.  Ce  Geometrien  de  Syracuse).  Archimède. 
Cf.  Plutarque,  Vie  de  Marcellus,  vi. 

P.  174,  1.  17.  Celiiy  qui  demanda  a  Crates).  Ct. 
Diogène  Laerce,  Vie  de  Craies  :  «  Dicebat  autem 
tandiu  philosophandum  esse,  donec  videantur  duces 
exercitus  esse  asinarii.  »  (VI,  xcii,  399.) 

P.  174,  1.  19.  Heraclytus).  Id.,  Vie  d'Heraclite  : 
«  Ejus  aiti  aniuii  signum  Antisthenes  in  successio- 
nibus  id  asserit,  quod  fratri  concesserit  regnum.  » 
(IX,  VI,  582.) 

P.  174,  1.  20.  Jus  Ephesiciis).  Id.,  ihid.  :  «  Succe- 
dens  vero  ad  fanum  Diana;  cum  filiis  ludebat.  Cir- 
cumstantibus  autem  Ephesiis,  quid,  inquit,  niiramini, 
o  perditi,  nonne  prœstat  isthuc  facere,  quam  vobis- 
cum  Rempub.  administrare  ?  »  (IX,  m,  580.) 

P.  174,  1.  24.  Et  refusa).  Id.,  Vie  d'Empédocle  : 
«  Regnum   cùm   sibi  offerretur  constanter  renuit.  » 

(VIII,   LXIII,    560.) 

P.  175,  1.  I.  Thaïes).  Cf.  Cicéron,  De  divinationc, 
I,  XLix;  Diogène  Lae'rce,  Vie  de  Thaïes,  I,  xxvi.  Mais 
partout  les  circonstances  sont  un  peu  différentes  de 
celles  qu'on  trouve  chez  Montaigne.  L'exemple  se 
rencontre  fréquemment  dans  les  éloges  de  la  science 
qui  sont  fréquents  au  xvi=  siècle.  Par  exemple  cf. 
Cousteau,  le  Pegme  (trad.  de  1560,  p.  110),  Le  Roy, 
Vicissitude  (éd.  1577,  f°  52  v°),  etc.  Nulle  part  je  n'ai 
retrouvé  le  texte  de. Montaigne  qui  cite  de  mémoire, 
assez  inexactement.  Voici  le  récit  qu'il  lisait  dans 
son  Diogène,  Vie  de  Thaïes  :  «Cùm  vellet  ostendere 
quàm  sit  facile  ditari,  prœcognita  futura  ubertate, 
conduxisse  olearia,  pecuniasque  innumeras  sibi  com- 
parasse. »  (I,  xxvi,  28.) 

P.  175,  !.  20.  Criez^  d'un  passant).  Imité  librement 
de  Sénèque,  ép.  88.  :  «  Magna  alienarum  aurium 
molestia  laudatio  h^ec  constat  :  o  hominem  littera- 
tum  !  simus  hoc  titulo  simpliciore  contenti  :  o  virum 
bonum!  »  On  voit  avec  quelle  originalité  Montaigne 
tire  profit  de  l'exemple  de  Sénèque.  La  troisième 
réplique  lui  appartient  en  propre. 

P.    175,    1.    26.    Mieux    sçavaut).    Souvenir    de 


Sénèque  :  «  Stude,  ut  non  plus  aliquid  scias,  sed  ut 
melius.  »  (Ep.  89,  à  la  fin.) 

P.  176,  1.  2.  Tout  ainsi  que  les  oyseaux).  Cf.  Plu- 
tarque, Comment  Ion  pourra  appercevoir  si  Ion  amende 
&  profite  en  l 'exercice  de  la  vertu  :  «  Ceulx  qui ...  ne 
font  qu'espier  s'ils  pourront  derobber  quelque  chose 
de  la  philosophie  pour  l'aller  incontinent  prescher 
comme  charlatans,  ou  au  milieu  d'une  place...  ce 
contrefaiseur  là  de  philosophe  ressemble  proprement 
à  l'oyseau  que  descrit  Homère,  qui  porte  incontinent 
en  sa  bouche  tout  ce  qu'il  peult  prendre,  à  ses  dis- 
ciples, comme  à  des  petits  qui  sont  encore  dedans 
le  nid  sans  plumes.  Et  cependant  il  meurt  de  faim 
luy  mesme  :  ne  prenant  rien  de  ce  qu'il  apporte  pour 
s'en  valoir  &  nourrir,  ou  ne  digérant  rien  de  ce  qu'il 
prent.  »  (ix,  f°  11 5  v°.) 

P.  176,  I.  18.  Compter &jetter).Id., ihid.  :  «Comme 
Anacharsis  disoit  qu'il  ne  voioit  point  que  les  Grecs 
usassent  de  leurs  deniers  monnoyez  à  autre  usage 
qu'à  jetter  &:  compter  :  aussi  ne  font  ceulx  là  autre 
chose  que  compter  &  mesurer  leurs  beaux  propos,  sans 
en  tirer  autre  commodité  ne  profit.  »  (vu,  f°  1 1 5  r°.) 

P.  176,  1.  18.  Jpud  alios).  «  Ils  ont  appris  à  parler 
aux  autres  et  non  pas  à  eux-mêmes.  »  (Cic,  Tusc, 
V,  xxxvi.) 

P.  176,  1.  20.  Non  est  loquendum).  «Il  ne  s'agit 
pas  de  parler,  mais  de  veiller  au  gouvernail.  »  (Sén., 
ép.  108.) 

P.  176,  1.  24.  Bouha).  Pour  ce  dicton,  d.  i"  au 
sujet  de  l'établissement  du  texte  :  J.  Ducamin,  An- 
nales du  Midi,  XIV,  p.  206  (année  1902);  Arnaudin, 
ibid.,  p.  539;  2°  pour  l'interprétation  :  Léonce  Cou- 
ture dans  le  Bulletin  de  la  Faculté  catholique  de  Toulouse 
(année  1890-91,  p.  120);  l'abbé  Mulac,  Un  dicton 
gascon  dans  Montaigne  (Tarbes  1891);  L.  Couture, 
Revue  de  Gascogne  (avril  1894).  MM.  Ducamin  et 
Arnaudin  estiment  qu'il  faut  lire  «  bouha  prou  bou 
ha  »,  écrivant  en  deux  mots  le  second  «  bouha  »  qui 
n'est  plus  le  verbe  faire  mais  qui  signifie  «  est  facile  ». 
Dès  lors  il  faut  entendre  :  «  souffler,  cela  est  assez 
facile,  mais  nous  en  sommes  à  remuer  les  doigts  »  ; 
pour  jouer  du  chalumeau,  la  difficulté  n'est  pas  de 
souffler,  mais  de  bien  placer  les  doigts.  Nous  ne 
devons    pas    être    étonnés    que    Montaigne    se    .soit 


LIVRE     I,      CHAPITRE      XXV 


71 


mépris  ici;  il  a  laissé  entendre  qu'il  était  fort  peu 
versé  dans  la  connaissance  des  patois  de  son  pa^-s. 

P.  17e,  1.  28.  Mais  nous).  Cf.  Sénèque,  Epîtres  : 
«  Hoc  Zenon  dixit  :  tu  quid  ?  hoc  Cleanthes  :  tu 
quid?  quousque  sub  alio  moveris?  »  (Ep.  33.)  L'épitre 
tout  entière  est  à  rapprocher  de  cet  essai  de  Montaigne. 
Elle  critique  l'ahus  des  citations  et  l'exercice  continuel 
de  la  mémoire  au  détriment  du  jugement  personnel. 

P.  177,  1.  2.  Riche  romain).  Calvisius  Sabinus. 
Cf.  Sénèque,  ép.  27.  Sénèque  fait  de  cet  exemple  le 
même  usage  que  Montaigne.  Il  veut  qu'on  n'imite 
pas  Calvisius,  qu'on  se  pénètre  intimement  des  leçons 
de  la  philosophie.  Le  même  personnage  est  encore 
tourné  en  dérision  par  Erasme  dans  V Éloge  de  la  folie. 

P.  177,  1.  8.  Pensait  ce  sçavoir).  Sénèque  (ép.  27) 
dit  :  «  In  ea  opinione  erat  ut  putaret  se  scire,  quod 
quisquam  in  domo  sua  sciret.  » 

P.  177,  1.  15.  Nous  seinbloiis  proprement).  Cf.  Plu- 
tarque,  Comment  il  faut  ouïr  :  «  Tout  ainsi  doncques 
comme  si  quelqu'un  aiant  aifaire  de  feu  en  alloit 
chercher  chez  ses  voisins,  &  là  y  en  trouvant  un 
beau  &  grand,  il  s'y  arrestoit  pour  tousjours  à  se 
chauffer,  sans  plus  se  soucier  d'en  porter  chez  soy.  » 
(xix,  f'^  30  v°.) 

P.  177,  1.  18.  La  panse  pleine).  Même  image  dans 
Sénèque,  Épîtres.  «  Alimenta,  quœ  accepimus,  quamdiu 
in  sua  qualitate  perdurant  et  solida  innatant  stomacho, 
onera  sunt  ;  at  quum  ex  eo  quod  erant,  mutata  sunt, 
tune  demum  in  vires  et  in  sanguinem  transeunt. 
Idem  in  his,  quibus  aluntur  ingénia,  prœstemus,  ut, 
qucecumque  hausimus  non  patiamur  intégra  esse  nec 
aliéna.  »  (Ep.  84.) 

P.  177,  1.  21.  LucuUus).  Cf.  Cicéron,  Acad.,  II,  i. 
Mais  le  fait  revient  souvent  dans  les  dissertations  du 
temps  sur  l'utilité  des  lettres  et  de  l'étude.  Cf.  par 
exemple  Guillaume  du  Bellay  dans  le  prologue  à  son 
histoire,  publié  dans  V Antiquité  des  Gaules  (1556); 
Il  gentiluomo,  de  Muzio  (1575),  p.  238.  Montaigne 
l'a  rencontré  en  particulier  dans  la  préface  qu'Amyot 
a  mise  en  tète  de  sa  traduction  des  Vies.  «  Combien 
que  Cicéron  escrive  de  Lucius  Lucullus  que  quand 
il  partit  de  Rome  capitaine  gênerai  &  lieutenant  du 
peuple  Romain,  pour  aller  faire  la  guerre  au  roy 
Mithridates,  il  n'avoit  expérience  quelconque  de  la 


guerre,  mais  que  depuis  il  feit  si  grande  diligence  de 
lire  les  histoires,  &  d'interroguer  sur  chaque  poinct 
les  vieux  capitaines  &  gens  de  longue  expérience, 
qu'il  menoit  avec  luy,  que  quand  il  fut  arrivé  en 
Asie,  ou  il  fallut  mettre  à  bon  escient  la  main  à  la 
besogne,  il  se  trouva  un  tressuffisant  capitaine,  ainsi 
que  le  tesmoignerent  ses  effects.  » 

P.  178,  1.  3.  Montaigne  avait  traduit  en  1580  : 
«Je  hai  le  sage  qui  n'est  pas  sage  pour  soy-mesme.  » 
Vers  d'Euripide  que  Montaigne  a  pris  chez  Stobée 
(sermo  m,  p.  37). 

P.  178, 1.  4.  Ex  quo  Ennins).  «Aussi  Ennius  dit-il  : 
Vaine  est  la  sagesse  du  sage  si  elle  ne  lui  profite  pas 
à  lui-même.  »  (Cic,  De  offic,  III,  xv.) 

P.  178,  1.  6.  Si  cupidus).  «S'il  est  avare,  s'il  est 
vantard,  efféminé,  plus  vil  qu'un  agneau.  »  (Juvénal, 
VIII,  XIV.)  Les  textes  du  xvi""  siècle  que  j'ai  consultés 
portent  tous  «  mollior  »,  non  «vilior». 

P.  178,  1.  8.  Non  cniin).  «  Car  il  ne  suffit  pas 
d'acquérir  la  sagesse,  il  faut  en  profiter.  »  (Cicéron, 
De  finibus,  I,  i.)  Juste  Lipse  a  cité  cette  sentence 
dans  ses  Politiques  (I,  x)  en  modifiant  légèrement 
le  texte  de  Cicéron  sans  en  changer  le  sens;  c'est  là 
certainement  que  Montaigne  l'a  prise.  Il  a  seulement 
ajouté  «  enim  »  pour  la  relier  au  contexte. 

P.  178,  1.  9.  Dionisius).  Cf.  Diogène  Laerce,  Vie 
de  Diogène  :  «  Grammaticos  admirabatur,  quod  cum 
Ulyssis  mala  requirerent,  sua  ignorarent.  Musicos 
itidem  in  jus  vocabat,  quod  cum  lyra;  chordas  con- 
grue aptarent,  animi  mores  inconcinnos  haberent... 
Oratores  item,  quôd  studerent,  quôd  studerent  justa 
dicere,  non  autem  &  facere.  »  (VI,  27  et  28, 
p.   361.) 

P.  178,  1.  22.  Coiiie  Platon  dict).  Dans  le  Ménon  : 
«  Num  ii  soli  ex  omni  hominum  génère  cum  prodesse 
hominibus  profiteantur,  adeô  cœteris  détériores  sunt, 
ut  non  modo  non  juvent,  quemadmodum  alii,  quod 
ipsis  traditum  sit,  verum  contra  corrumpant,  atque 
hujus  gratia  vulgô  mercedem  exigant?»  (XXVIII, 
p.  91,  éd.  de  1546,  p.  23.)  Plus  loin,  Platon  oppose 
ces  sophistes  à  des  cordonniers  et  des  tailleurs. 

P.  179,  1.  4.  Protagoras  proposait).  Cf.  Platon  : 
«  Exactionis  mcx  hœc  est  conditio  :  postquam  aliquis 
à  me  didicit,  si  vult  ille  quidem   retrihuit  quantum 


72 


ESSAIS     DE     MOXTAIGXE. 


exigo  argentum.  Sin  minus,  ingressus  teniplum, 
jurejurando  prœstito  xstimat  quanta  mercede  digna 
sibi  mea  documenta  videantur,  tantdmque  exponit.  » 
(Protagoras,  XVI,  p.  328;  éd.  de  1546,  p.  235.) 

P.  180,  1.  3.  Vos,  0  patrititis  sanguis).  «  O  vous, 
nobles  patriciens,  qui  n'avez  pas  le  don  de  voir  ce 
qui  se  passe  derrière  vous,  prenez  garde  que  ceux 
à  qui  vous  tournez  le  dos  ne  rient  à  vos  dépens.  » 
(Perse,  I,  lxi.)  A  remarquer  que  toutes  les  éditions 
du  temps  que  j'ai  consultées  donnent  «  fas  est  »,  et 
non  «  par  est  ». 

P.  180,  1.  15.  Regardent  à  sa  rrcerence).  On  trouve 
une  idée  semblable  dans  Guazzo  que  Montaigne 
avait  lu  après  1580  :  «Cette  sottise  est  seulement 
considérée  par  le  vulgaire,  lequel  voyant  qu'ils  ne 
savent  pas  faire  la  révérence  à  la  moderne,  ni  s'agen- 
cer le  bonnet  de  travers,  ni  baller  de  mesure  pour 
venir  à  la  cadence,  ni  piquer  subtilement  autrui,  s'en 
rit  et  en  fait  peu  de  compte.  »  Guazzo  présente  pour 
tous  les  lettrés  la  défense  que  Montaigne  applique 
au  seul  Turnèbe. 

P.  180,  1.  22.  Oueis  arte  henigna).  «  Que,  par  grâce 
particulière,  Prométhée  a  formé  d'un  meilleur  limon.  » 
(Juvénal,  XIV,  xxxiv.) 

P.  181,  1.  7.  Vers  traduit  par  Montaigne.  Ct. 
Stobée,  sermo  m  :  «  Quam  nihil  est  disciplina  sine 
mente.  »  (P.  37.) 

P.  181,  1.  II.  Non  vitiv').  «On  nous  instruit  non 
pour  la  vie,  mais  pour  l'école.  »  (Sénèque,  ép.  106.) 
Montaigne  a  trouvé  cette  sentence  dans  les  Politiques 
de  Juste  Lipse.  (I,  x.) 

P.  181,  1.  12.  Attacher  le  sçavoir).  Cf.  Sénèque,  Epî- 
Ires  :  «  Animum  non  colorare  .sed  inficerc.»  (Ep.  71, 
vers  la  tin),  et  encore  :  «  Si  illa  se  non  perfuderit, 
sed  infecerit.  »  (Ép.  110.) 

P.  181,1.  12.  //  ne  l'enfant  pas  arrottscr).  M.,  ibid.  : 
«  Perbibere  liberalia  studia,  non  illa,  quibus  perfundi 
satis  est,  sed  ha;c,  quibus  tingendus  est  animus.  » 
(Ep.  36,  au  début.)  Rapprocher  essai  II,  xvii,  p.  412, 
1.  9,  où  se  trouve  une  expression  analogue. 

P.  181,  1.  15.  Glaive).  Cette  image  se  retrouve 
chez  quelques  écrivains  du  temps.  Cf.  Cousteau,  le 
Pegme  (trad.  de  1560,  p.  no);  Bodin,  RcpuHiqne  : 
«Aussi  est-il  cenain  que  le  sçavoir  d'un  prince,  s'il 


n'est  accompli  d'une  bien  rare  et  singulière  vertu, 
est  comme  un  dangereux  cousteau  en  la  main  d'un 
furieux  :  et  n'y  a  rien  plus  à  craindre  qu'un  sçavoir 
accompagné  d'injustice  et  armé  de  puissance.  »  (III,  i.) 
Id.,  ibid.  (IV,  vu.)  Cf.  encore  une  image  analogue 
chez  Pacard,  Thàilogie  naturelle,  préface.  Montaigne 
l'appliquera  de  nouveau  à  la  liberté  d'esprit  dans 
l'Apologie  (t.  II,  p.  306,  1.  16). 

P.  181, 1.  lé.  Ut  fiierit  melius).  «  De  sorte  qu'il  aurait 
mieux  valu  n'avoir  rien  appris.  »  (Cic,  Titsc,  II,  iv.) 

P.  181,  1.  18.  François  duc  de  Bretaigne).  Exemple 
que  Corrozet  a  vulgarisé  dans  ses  Propos  mémorables  : 
«  Jean,  duc  de  Bretagne,  cinquiesme  du  nom,  voulant 
faire  le  mariage  de  Monsieur  François,  son  fils,  avec 
Isabeau,  fille  du  Roy  d'Escosse,  le  jeune  prince 
François  s'enquit,  quelle  estoit  ceste  dame  Isabel. 
Auquel  on  respondit  que  c'estoit  une  belle  dame 
et  sage,  bien  disposée  de  son  corps  pour  avoir 
lignée,  mais  inélégante  à  parler.  Elle  est  telle  que  je 
demande  (dist  le  petit  Duc  :)  car  je  tien  une  femme 
assez  sage,  quand  elle  sçait  mettre  différence  entre  le 
pourpoint  et  la  chemise  de  son  marw  »  (Ed.  de  1557, 
p.  85.)  Molière  a  repris  le  mot  de  Montaigne  dans 
les  Femmes  savantes,  act.  Il,  se.  vn. 

P.  182,  1.  5.  Postquam  docti  prodierunt).  «Depuis 
que  les  doctes  ont  paru,  on  ne  voit  plus  de  gens 
de  bien.  »  (Sén.,  ép.  95.) 

P.  182,  1.  6.  Toute  autre  sciance).  Ceci  est  peut- 
être  imité  d'une  idée  de  Platon  qu'on  rencontre  à  la 
fois  dans  le  Ménexène,  et  dans  la  République  (IV),  et 
que  Cicéron  a  reprise  dans  le  De  officiis  (I,  xix). 
«  PrcEclarum  illud  Platonis  :  non,  inquit,  solum 
scientia,  quœ  est  remota  ab  justitia,  calliditas  potius 
quam  sapientia  appellanda  est...  » 

P.  182,  1.  10.  Retires).  La  Noue  formule  les  mêmes 
plaintes  dans  ses  Discours  politiques  ct  militaires.  Il 
constate  que  la  noblesse  s'est  décidée  à  envoyer  ses 
enfants  au  collège;  mais,  ajoute-t-il,  elle  les  retire 
trop  tôt,  à  l'époque  où  vient  le  jugement  et  où  l'on 
pourrait  commencer  à  profiter. 

P.  182,  1.  22.  La  principale  ordonnance  de  Platon). 
Cf.  République,  III,  p.  415;  IV,  p.  423,  etc. 

P.  183,  1.  6.  Aristo  Chius).  Cf.  Cic,  De  nat.  deor.  : 
«  Etsi  verum  est  quod  Aristo  Chius  dicere  solebat. 


LIVRK      I,      CHAPITRE      XXV. 


Nocere  audientibus  philosophos,  iis  qui  bene  dicta, 
maie  interpretarentur  .  «  (III,  xxxi;  t.  IV,  p.  237.) 
Cliius  signifie  natif  de  l'île  de  Cliios. 

P.  183,  1.  9.  Asolos).  «Il  sortait,  disait-il,  des  débau- 
chés de  l'école  d'Aristippe,  des  sauvages  de  celle  de 
Zenon.  »  (/(/.,  ibid.)  Dans  son  édition,  Montaigne 
trouve  la  forme  latine  «  asotos  »  qu'il  a  conservée 
au  lieu  de  la  forme  grecque  «asôtous»,  mais  le  texte 
dit  seulement  «  posse  etenim  asotos  ex  Aristippi...  » 

P.  183,  1.  10.  Que  Xemphon).  Cf.  Cyropcdie,  lib.  I 
et  passim. 

P.  183,  1.  12.  Platon  dict).  Dans  \e  Preiiiicr  Alci- 
hiade  :  «  Deinceps  nutritur  puer,  non  a  muliere 
nutrice  parum  honorihca,  verum  ab  eunuchis,  qui 
reliquorum  circa  regem  optimi  videantur,  quibus 
&  alla,  qu;\.'  spectant  ad  curam  pueri,  demandantur, 
ac  pr;\;cipue,  ut  natum  quam  pulcherrimum  reddant, 
componentes  membra  ejus  atque  dirigentes.  Atque 
hïec  faciente's  magno  in  honore  habentur.  Cum 
autem  pueri  septimum  œtatis  annum  impleverunt,  ad 
equestrisartis  magistros  proficiscuntur,  deinde  in  vena- 
tionem  tendunt.  Anno  vero  quartodecimo  puerum 
suscipiunt  hi,  quos  regios  pœdagogos  appellant.  Sunt 
ii  profecto  ex  omnibus  Persis  ea  a;tate  electi  prasci- 
puique  quatuor,  sapientissimus,  justissimus,  tempe- 
ratissimus,  atque  fortissimus  aliquis  vir.  Quorum 
primus  magicam  Zoroastri  Oromansii  filii  docet  : 
est  autem  illa  deorum  cultus  :  atque  idem  tradit 
instituta  regia.  Secundus  admonet,  ut  in  omni  vita 
sit  verax.  Tertius  ne  uUa  cupiditate  superetur,  ut 
liber  vivere  consuescat,  ac  reveraret,  imperans  iis 
ante  omnia,  quae  in  ipso  sunt,  nec  ulli  servkns. 
Quartus  denique  impavidum  illum,  &  intrepidum 
reddit,  ne  quando  quippiam  metuens  servus  fiât.  » 
(P.  121;  éd.  de  1546,  p.  36.) 

P.  184,  1.  2.  Police  de  Lycnrgiis).  Parmi  les  nom- 
breux textes  où  Montaigne  a  appris  à  la  connaître, 
cf.  Plutarque,  les  Dicts  notables  des  Lacedœtnoniens, 
f°  226  r",  et  aussi  Vie  de  Lyciirgue,  xi,  f°  33  r". 

P.  184,  1.  9.  Leur  discipline).  La  discipline  des 
Perses.  Le  passage  s'inspire  manifestement  de  la 
Cyropédie.  J'imagine  que  la  phrase  sur  les  Lacédémo- 
niens  a  été  insérée  après  coup,  de  là  le  mot  «leur». 
Après  avoir  fait  une  addition,  Montaigne  aura  négligé 


de  remplacer  le  pronom  personnel  par  le  nom  qu'il 
avait  cessé  de  rappeler. 

P.  184,  1.  13.  Asiiages  en  Xenophon).  Dans  la  Cyro- 
pédie :  «  Atqui  olim  in  quadam  lite  verberibus  cksus 
sum,  utpote  qui  minus  rectè  judicarim.  Erat  autem 
causa  hujusmodi.  Puer  magnus  corpore  cui  parva 
esset  tunica,  alterum  parvum  puerum  qui  tunicam 
haberet  magnam  exuerat,  suaque  illum  tunica  in- 
duerat,  illius  tunica  se  induto.  Ego  igitur  horum 
causa  audita,  judicavi  esse  melius  ambobus,  ut  aptam 
uterque  haberet  tunicam.  Itaque  hac  in  re  magister 
me  percussit  inquiens  :  si  de  convenientia  essem 
judex,  ita  judicare  oportere  :  cum  verô  judicandum 
fuerit,  utrius  sit  tunica,  hoc  ita  considerandum  esse  : 
quK  possessio  est  justa?  utrum  habere  is  débet,  qui 
vi  tunicam  abstulit,  an  hic  possidere,  qui  vel  fecit, 
vel  émit?  quoniam  id  est,  ait,  justum,  quod  legiti- 
mum  sit  :  quod  verô  sit  contra  legem,  id  est  violen- 
tum.  »  (I,  m,  15.)  C'est  à  Mandane  que  Cyrus  fait 
ce  récit,  non  à  Astvage. 

P.  185,  1.  6.  Agcsilans).  Cf.  Plutarque,  Dicts  nota- 
bles des  Lacedainoniens  :  «  Quelque  autre  demandoit 
que  doivent  apprendre  les  enfans  en  leur  jeunesse? 
il  respondit,  ce  qu'ils  doivent  faire  quand  ils  sont 
devenus  grands.  »  (F"  2 1 2  v".) 

P.  185,  1.  20.  Si,  Aniipater).  Id.,  Dicts  notables 
des  Lacedainoniens  :  «  Apres  la  deflaicte  du  Roy  Agis, 
Antipater  leur  demandoit  pour  ostages  cinquante 
enfans.  Eteocles  qui  lors  estoit  l'un  des  Ephores  luy 
respondit,  qu'il  ne  luy  bailleroit  point  denfans,  de 
peur  qu'ils  ,ne  devinssent  mal  conditionnez,  pour 
n'avoir  pas  esté  nourris  en  la  discipline  de  leur  païs, 
sans  laquelle  ils  ne  seroient  pas  mesme  citoïens,  mais 
qu'il  luy  bailleroit  des  femmes  ou  des  vieillards  s'il 
vouloir  deux  fois  autant.  »  (F°  225  r°.) 

P.  185,  1.  23.  Quand  AgesilausJ.Id.,  Vie  d'Agesilas  : 
«  Aiant  autour  de  luy  le  philosophe  Xenophon  qu'il 
aimoit,  &  duquel  il  fixi.soit  grand  compte,  il  luy 
suada  d'envoyer  quérir  ses  enfons  pour  les  taire 
nourrir  en  Lacedemone,  là  où  ib.  apprendroient  la  plus 
belle  science  que  les  hommes  scauroient  apprendre, 
c'est  à  sçavoir,  obéir  &  commander.  »  (vu,  f°  425  v"); 
ou  encore  Dicts  notables  des  Lacedamoniens  :  «  Il  avoit 
autour  de  luy  Xenophon  le  philosophe  qu'il  aimoit 


74 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


et  estimoit  beaucoup,  il  le  pria  d'envoyer  quérir  ses 
enfiins  pour  les  faire  nourrir  en  LaceAvmone,  et  y 
apprendre  la  plus  belle  discipline  du  monde,  de 
sçavoir  obéir  et  commander.  »  (F''  212  r\) 

P.  1S5,  1.  27.  Sacrâtes).  Cf.  Platon,  Hippias  major, 
p.  285;  éd.  de  1546,  p.  iio. 

P.  186,  1.  4.  La  suite  des  Roys).  M.,  ibid.  :  «Stirpem 
heroum  atque  omnium,  &  habitationes,  ut  urbes 
quondam  exstructa;  sint,  ac  summatim  omnem  anti- 
quitatis  historiam  attente  audiunt.  »  (P.  iio.) 

P.  186,  1.  10.  Le  plus  fort  estât).  Tous  les  para- 
doxes du  temps  contre  la  science  ne  manquent  pas 
de  tirer  argument  de  la  puissance  des  Turcs  et  d'en 
parler  comme  fait  Montaigne  lui-même.  Cf.  par 
exemple  Gyraldi,  Progymnasina  adversiis  Hteras  {Opéra, 
Bàle  1580,  t.  II,  p.  439).  Cette  théorie  du  danger 
que  l'étude  des  lettres  foit  courir  à  la  puissance  mili- 
taire d'un  pays  est  celle  que  présente  le  courtisan 
dans  le  Pourparkr  du  Prince  d'Estienne  Pasquier. 

P.  186,  1.  15.  Quand  les  Gots).  Exemple  qu'on 
alléguait  alors  volontiers  sans  doute  dans  les  para- 
doxes contre  les  sciences  puisque  Coignet,  Instruction 
aux  princes  pour  garder  la  foy  promise,  chap.  xii,  le 
cite  comme  tel  dans  un  chapitre  où  il  veut  montrer 
l'utilité  des  études. 

P.  i8é,  1.  18.  Quand  nosire  Roy).  Je  trouve  un 
jugement  analogue  dans  le  Corlei^iano  :  «  Non  vorrei 
già  que  qualche  avversario  mi  adducesse  gli  effetti 
contrarii,  per  rifiutar  la  mia  opinione,  allegandomi, 
gli  Italiani  col  lor  saper  lettere  aver  mostrato  poco 
valor  neir  arme  da  un  tempo  in  qua  il  che  pur 
troppo  è  piu  che  vero;  ma  certo  ben  si  poria  dir, 
la  colpa  d'alcuni  pochi  aver  dato,  oltre  al  grave 
danno  perpetuo  biasmo  a  tutti  gli  altri.»  (I,  éd.  Cian, 
paragr.  43.) 

Chronologie.  -  Aucune  indication  ne  permet 
de  fixer  avec  précision  la  date  de  cet  essai.  Disons 


seulement  que  la  présence  de  six  emprunts  aux 
Œuvres  morales  traduites  par  Amyot  rend  tout  à  fait 
vraisemblable  qu'il  n'est  pas  antérieur  à  la  fin  de 
1572,  au  moins  en  bonne  partie.  Trois  de  ces  em- 
prunts sans  doute  sont  rejetés  à  la  fin  et  pourraient 
avoir  été  introduits  là  sous  forme  d'additions;  mais 
trois  autres  sont  intimement  mêlés  au  développement 
des  idées.  J'ajoute  que  la  place  importante  qu'occu- 
pent les  souvenirs  de  Sénèque  rend  peu  probable 
que  Fessai  soit  des  environs  de  1578,  car  nous  verrons 
qu'en  1578  les  emprunts  à  Sénèque  sont  peu  nom- 
breux. On  trouve  en  outre  deux  citations  grecques 
prises  à  Stobée,  et,  d'une  façon  générale,  les  emprunts 
à  Stobée  semblent  être  antérieurs  à  la  période  de  1578. 
J'incline  à  croire,  pour  ces  diverses  raisons,  que  cet 
essai  a  été  écrit  entre  1572  et  1576;  mais  nous 
n'avons  guère  que  des  présomptions. 

Résumé.  —  Quoi  qu'il  en  soit,  il  importe  de  noter 
que,  en  1595,  l'opinion  de  Montaigne  semble  un  peu 
différente  de  ce  qu'elle  était  dans  le  texte  de  1580. 
En  1580  Montaigne,  qui  s'inspire  surtout  de  Sénèque 
et  de  Plutarque,  comme  Sénèque  et  Plutarque  cri- 
tique seulement  la  fausse  science;  son  but  est  de 
combattre  le  pédantisme  de  son  époque  comme  le 
titre  l'indique,  et  il  exprime  hautement  son  admiration 
pour  les  vrais  .savants,  pour  les  grands  philosophes 
de  l'antiquité.  En  1595  il  atténue  ces  éloges,  sans 
doute  avec  discrétion,  parce  que  son  dessein  était 
de  ne  pas  se  corriger,  d'une  manière  significative 
cependant;  il  emprunte  à  Platon  de  nombreux  sar- 
casmes contre  les  philosophes,  qui  lui  semblent 
manquer  complètement  de  sens  pratique;  surtout 
par  les  additions  qui  terminent  le  chapitre  il  affirme 
fortement  cette  idée  que  la  science  n'est  profitable 
qu'à  une  minorité  d'esprits  bien  nés,  que  répandue 
dans  les  masses  elle  est  funeste  pour  la  morale  et 
pour  le  courage  militaire. 


Chapitre   XXM. 


DK      I.   INSTITVTION      DES      ENFANS. 


P.  187,  TITRE.  Madame  Diane  de  Foix).  Pierre  de 
Brach  lui  avait  dédié  un  volume  de  vers  en  1576,  et 
en  tète  de  ce  même  volume  Florimont  de  Raymond 
avait  écrit  une  pièce  en  son  honneur.  Montaigne 
était  certainement  lié  avec  la  fomille  de  Foix  :  au 
contrat  de  mariage  de  Diane  de  Foix,  le  8  mars  1579, 
Montaigne  était  présent  comme  procureur  des  père 
et  mère  de  Louis  de  Foix.  Dans  ses  Épbeiiicrides,  au 
mois  de  juillet  1587,  il  a  noté  la  mort  de  Louis  de 
Foix,  comte  de  Gurson,  et  de  ses  deux  frères,  sur- 
venue le  même  jour  au  combat  de  Moncrabeau. 
(Cf.  ci-dessus  la  note  de  la  page  73,  1.  17.)  Etant 
donnée  la  nature  des  renseignements  contenus  dans 
les  Épheiiierides,  je  crois  que  de  cette  note  on  peut 
conclure  que  Montaigne  avait  des  relations  d'amitié 
assez  intime  avec  ces  personnages. 

P.  187,  1.  II.  Ronge  les  ongles).  Rapprocher  La 
Boétie,  p.  252,  vers  20  : 

«  Que  mainte  nuict  dessus  le  livre  il  songe 
»  Et  dépité  les  ongles  il  s'en  ronge.  » 

P.  188,  1.  10.  Connue  disait  Cleantes).  Cf.  Sénèque, 
Éphres  :  «  Ut  dicebat  Cleanthes,  quemadmodum 
spiritus  noster  clariorem  sonum  reddit,  cum  illum 
tuba  per  longi  canalis  angustias  tractum  patentiore 
novissime  exitu  efFudit,  sic  sensus  nostros  clariores 
carminis  arta  nécessitas  efficit.  Eadem  neglegentius 
audiuntur  uniusque  percutiunt,  quamdiu  soluta  ora- 
tione  dicuntur  :  ubi  accessere  numeri  et  egregium 
sensum  adstrinxere  certi  pedes,  eadem  illa  sententia 
velut  lacerto  excus.sa  torquetur.  »  (Ep.  108.) 

P.    189,    1.    2.     Che:^    Plutarque).    Je    pense    que 


Montaigne  tait  allusion  à  un  chapitre  des  Propos 
de  table  (\',  vu,  f"  400  r")  intitulé  :  «  De  ceulx  que 
Ion  dit  qu'ils  charment.  » 

P.  189,  1.  18.  Le  philosofe  Cbrysippus).  Cf.  Diogène 
Laerce,  Vie  de  Chrysippe:  «Ut...  omne  quod  incideret 
mandaret  literis,  ac  sœpe  emendaret,  magnaque  testi- 
moniorum  nube  uteretur.  Adeô  verô  id  consuetudine 
habuit,  ut  cùm  in  quibusdam  opusculis  Euripidis 
Medeam  totam  inseruisset...  Apollodorus...  dixit. 
Nam  si  quis  tollat  de  Chrysippi  libris  qua;  aliéna  sunt, 
vacua  illi  charta  relinquetur.  »  (VII,  181,  509.) 

P.  189,  1.  21.  Epieartis).  Id.,  Vied'Epieure).  «Nam- 
que  cvlindri  ad  trecentos  sunt,  in  quibus  nullum 
extrinsecus  qu;esitum  testimonium  est.  »  (X,  xxvi, 

P.  191,  1.  15.  Capihipns).  Il  s'agit  de  Lelio  Capi- 
lupus.  \'oici  le  titre  de  l'ouvrage  auquel  Montaigne 
fait  allusion  :  Lelio  Cfipilnpi  cento  ex  Virgilio  de  vita 
nwnaconini.  Il  parut  pour  la  première  fois  à  Venise 
en  1543,  et  semble  avoir  joui  d'un  grand  succès. 
La  Bibliothèque  nationale  en  possède  sept  éditions 
publiées  entre  1543  et  i6oi.  C'est  une  satire  comique 
qui  mérite  assez  bien  l'épithète  d'« ingénieuse»,  que 
Montaigne  lui  attribue.  Le  comique  en  consiste  dans 
l'application  à  ces  moines  de  vers  héroïques  et  de 
vers  imprégnés  de  sentiments  païens,  qui  sont  pris 
à  Virgile.  Lelio  Capilupus  est  également  l'auteur 
d'une  satire  du  même  genre  contre  les  femmes. 
Plusieurs  membres  de  sa  famille,  et  particulièrement 
son  neveu  Giulio  Capilupus,  se  sont  distingués  dans 
le  même  genre  littéraire.  (Cf.  Capiliiporiini  Hippolyti, 
^lii,  Camilli,  Alphonsi,  Jnlii  carmina,  Rome  1590.) 


76 


ESSAIS      DE      MONTAIGXE. 


P.  191, 1. 17.  Politiques).  Polilica,  sivc  civilis  doctrinœ 
libri  sex,  ijiii  ad  principatuin  maxime  spectant.  Cet 
ouvrage  de  Juste  Lipse,  qui  parut  pour  la  première 
fois  à  Levde  en  1589,  eut  un  succès  considérable. 
Il  a  eu  environ  quatre-vingts  éditions.  Cinq  ou  six 
d'entre  elles  avaient  déjà  paru  à  la  mort  de  Montaigne. 
Au  reste,  Juste  Lipse,  qui  était  en  correspondance 
avec  lui,  le  lui  envoya,  et  Montaigne  y  a  fait  plus 
de  trente  emprunts  dans  les  Essais. 

P.  191,  1.  19.  Potniraici).  Même  comparaison  des 
Essais  avec  un  portrait  de  Montaigne  dans  l'essai  II,  xvii. 

P.  191,  1.  19.  Poiirtraiet  chauve  et  grisonnant).  Un 
ou  deux  ans  plus  tard,  dans  le  Journal  de  voyage, 
Montaigne  écrira  :  «  Quant  à  me  fiiire  tondre  comme 
ils  font  tous,  et  puis  on  met  à  cet  endroit  une  petite 
pièce  de  satin  avec  certains  réseaux  qui  la  tiennent 
sur  la  tête,  ma  tète  polie  n'en  avait  pas  besoin.  » 

(P.  354) 

P.  191,  1.  27.  L'article  précédant).  L'essai  Du  pcdan- 

tisme. 

P.  192,  1.  4.  Axant  en  tant  de  part).  Rappelons 
qu'à  la  signature  du  contrat  de  mariage,  d'après  une 
copie  conservée  aux  archives  de  la  Dordogne,  Mon- 
taigne était  procureur  des  parents  du  marié. 

P.  192,  1.  12.  Tout  ainsi  qu'en  l'agriculture).  Cf. 
Platon,  Thcagès  :  «  Ut  in  plantis  focillimum  hoc 
nobis  est  qui  terram  colimus,  pra;parare  quidem 
omnia  antequam  plantemus,  &  ipsa  eiiam  plantatio  : 
postquam  vero  quod  plantatum  est,  vivit  :  tune 
cultus  i^sius  varius  est  &  difHcilis  :  sic  &  in  homi- 
nibus  videtur.  »  (P.  121;  éd.  de  1546,  p.  9.) 

P.  192,  1.  21.  Voye:^  Cimon).  Cf.  Plutarque  :  «  Pour- 
quoi la  justice  divine  diffère  quelquefois  la  punition  des 
maléfices  »  (vi,  f°  260  r"). 

P.  192,  1.  22.  Les  petits  des  ours).  Id.,  ihid.  :  «Les 
petits  des  ours,  des  loups,  des  singes,  &  de  semblables 
animaux,  monstrent  incontinent  leur  inclination 
naturelle  des  leur  jeunesse,  d'autant  qu'il  n'y  a  rien 
qui  les  desguise,  ne  qui  les  masque.  Mais  la  nature 
de  l'homme  venant  à  se  jetter  en  des  accoustumances, 
en  des  opinions,  et  en  des  loix,  couvre  bien  souvent 
ce  qu'elle  a  de  mauvais.  »  (F"  267  v".) 

P.  193,  1.  5.  Platon).  Cf.  en  particulier /^./'/(W/i/^c-, 
III,  p.  415;  IV,  p.  423,  etc. 


P.  193,  1.  18.  François,  monsieur  de  Caudale). 
François  de  Foix  de  Candale,  évéque  d'Aire,  est 
l'auteur  d'une  traduction  de  Mercure  Trismégiste 
enrichie  d'un  commentaire  abondant  :  uLe  Pimandre, 
cognoissance  du  verbe  divin  et  de  l'excellence  des  œuires 
de  Dieu»  (Bordeaux  1579).  C'est  sans  doute  à  cet 
ouvrage  que  Montaigne  fait  sunout  allusion.  Déjà 
en  1574  il  avait  donné  une  édition  et  une  traduc- 
tion du  même  ouvrage,  et  en  1587  il  avait  traduit  les 
éléments  d'Euclide  en  latin  (Lutetice  1578). 

P.  194,  1.  4.  Pour  s'en  enrichir  et  parer  au  dedans). 
Sénèquedit  de  même  :  «Intus  instruamur».  (Ép.  74.) 

P.  194,  1.  7.  Tête  bien  faite).  Expression  qui  se 
rencontre  assez  fréquemment  alors.  Cf.  Gentillet, 
Discours  sur  les  moyens  de  bien  gouvermr  (éd.  de  1579, 
p.  1 1 1  )  ;  Henri  Estienne,  Apologie  pour  Hérodote  (III,  vi  ; 
X\'I,  x);  Vinet,  Antiquités  de  Bonrdeaus  (paragr.  32); 
du  Fail,  Les  contes  d'Eutrapel  (éd.  de  1875,  p.  32). 
Les  commentateurs  ont  donc  eu  tort  de  croire  que 
c'était  là  une  expression  neuve  chez  Montaigne;  il  faut 
remarquer  cependant  qu'il  lui  donne  une  vigueur 
particulière  en  l'opposant  à  «  tête  bien  pleine  ». 

P.  194,  1.  18.  Socrates,  et  despuis,  Archesilas).  Cf. 
Cicéron,  De  finibus,  II,  1. 

P.  194,  1.  20.  Obest  plerumque).  «L'autorité  de 
ceux  qui  enseignent  nuit  souvent  à  ceux  qui  veulent 
apprendre.  »  (Cic,  De  nat.  deoruni,  I,  v.) 

P.  195,  1.  14.  Tesmoignage  de  crudité).  On  trouve 
des  images  analogues  dans  les  Epltres  de  Sénèque  : 
«  Non  prodest  cibus  nec  corpori  accedit  qui  statim 
sumptus  emittitur.  »  Voir  aussi  ép.  84. 

P.  195,  1.  21.  Nunquam).  «Ils  sont  toujours  en 
tutelle.  »  (Sén.,  ép.  33.) 

P.  195,  1.  22.  Je  vy  privéement).  Il  s'agit  de  Giro- 
lamo  Borro  au  sujet  duquel  il  s'exprime  ainsi  dans 
son  Journal  de  vo\age  :  «  Plusieurs  fois  vint  me  visiter 
chez  moi  Girolamo  Borro,  médecin,  docteur  de  la 
sapienza.  Et  ayant  été  le  visiter  le  14  de  juillet,  il 
me  fit  présent  de  son  livre  du  flux  et  reflux  de  la 
mer,  en  langue  vulgaire  :  et  me  fit  voir  un  autre  latin 
qu'il  avait  fait  des  maladies  des  corps.»  (P.  405.) 
Dans  son  traité  Del  fiusso  e  del  riflusso  del  mare 
(1561,  1567, 1577),  qu'il  avait  oflert  lui-même  à  Mon- 
taigne, il  parle  de  la  «  divina  philosophia  »  d'Aristote 


LIVRE     I,      CHAPITRE      XXVI. 


77 


(Cf.  éd.  de  1)77,  p.  96).  Sans  cesse  il  se  réfère  à  l'auto- 
rité d'Aristote.  Girolamo  Borro,  d'Arezzo,  professeur 
de  philosophie  à  l'Université  de  Rome,  avait  été  jeté 
dans  les  prisons  de  l'Inquisition,  d'où  le  pape  l'avait 
tiré;  ses  collègues  le  forcèrent  à  quitter  sa  chaire 
en  1586.  Il  mourut  à  Pérouse  en  1592  (A.  d'Ancona). 

P.  196,  1.  10.  Cbc  non  men).  «Aussi  bien  que 
savoir  douter  m'est  agréable.  »  (Dante,  Enfer,  XI, 
xciii.)  Montaigne  a  pris  ce  vers  dans  la  Civil  conver- 
sation de  Guazzo  (liv.  I). 

P.  196,  1.  13.  Oui  suit  un  autre).  Cf.  Sénèque, 
Epîtres  :  «  Qui  aliud  sequitur,  nihil  sequitur,  nihil 
invenit,  imo  ncc  qux-rit.  »  (Ép.  33,  p.  179.) 

P.  196,  I.  14.  Non  sninus).  «Nous  ne  vivons  pas 
sous  un  roi,  que  chacun  dispose  librement  de  soi- 
même.  »  (Id.,  il'id.) 

P.  196,  1.  15.  //  faut  qu'il  eu  l'oive).  Cette  idée  est 
amplement  développée  par  Sénèque  dans  l'épître  84; 
Montaigne  a  certainement  cette  épître  présente  à 
l'esprit  en  i  )So. 

P.  196,  1.  16.  Qu'il  oublie  imrdiuu'nt).  Rapprocher  : 
«  Isti  qui  in  verha  jurant,  nec  quid  dicatur  sed  a  quo, 
sciant  qua;  optima  sunt  esse  communia.  »  (Sén., 
ép.  84.) 

P.  196,  1.  20.  Les  abeilles).  Même  image  chez 
Sénèque,  ép.  84;  aussi  Plutarque,  Ct);(/w;<'H/  il  faut 
ouir,  ï°  27  r";  Horace,  Odes,  \\,  11.  Elle  est  par- 
tout autour  de  Montaigne,  cf.  Balthasar  Castiglione, 
Il  Cortegiano,  I,  xxvi;  un  sonnet  en  tète  de  la  tra- 
duction des  Diverses  leçons  de  Messie;  un  sonnet  de 
Guéroult  en  l'honneur  de  Zonaras,  en  tête  de  la  traduc- 
tion de  cet  auteur,  par  Millet  de  Saint-Amour  (1560); 
une  ode  de  Délavai,  en  tête  de  sa  traduction  des  Avis 
et  conseils  de  Guichardin  (1576);  quelques  vers  de 
Constantin,  Angevin,  en  tête  de  l'Anthologie  de  Rreslay 
(1574);  un  .sonnet  de  Ronsard  en  tête  des  Œuvres 
morales  et  diversifiées  de  J.  des  Caurres  (1577);  les 
Politiques  de  Juste  Lipse,  I,  i,  note  i;  etc.,  etc.  Les 
applications  varient  naturellement,  mais  le  fond  reste 
à  peu  près  le  même. 

P.  196,  1.  26.  Qu'il  celé).  Cf.  Sénèque,  Epîtres  : 
«  Hoc  faciat  animus  no.ster  :  omnia  quibus  est  adjutus, 
abscondat;  ipsum  tantum  ostendat,  quod  etfecit.  » 
(Ép.  84.) 


P.  197,  1.  5.  Epicharnius).  Cf.  Plutarque  (Quels 
aniuiau.x  sont  les  plus  advise::^).  «Il  n'a  pas  anciennement 
esté  mal  dit,  l'Entendement  voit,  l'Entendement  oyt, 
tout  le  reste  est  sourd  et  aveugle.  »  (F"  508  v".) 

P.  1 97, 1.13.  Sçavoir  par  cœur).  Rapprocher  Sénèque, 
Epîtres  :  «Aliud  est  meminisse,  aliud  scire  :  meminisse 
est  rem  commissam  memoriit  custodire.  At  contra 
scire  est  sua  fxcere  quœque,  nec  ad  exemplar  pendere 
et  totiens  respicere  ad  magistrum.»  (Ép.  33.) 

P.  197,  1.  26.  Tout  ce  qui  se  présente).  Même 
conception  chez  Plutarque  :  «  Comment  on  pourra 
apercevoir  si  Ion  amende  et  profite  en  l'exercice  de  la 
vertu»  (surtout  f°  115);  ^^  Comment  il  faut  lire  les 
poètes»,  etc. 

P.  198, 1.  4.  Visite  des  pays  estrangers).  Il  semble  qu'il 
était  déjà  assez  habituel  à  la  noblesse  de  voyager 
pour  s'instruire;,  c'est  seulement  sur  la  manière  de 
voyager  que  Montaigne  veut  insister.  La  Noue,  en 
1587,  écrit  dans  ses  Discours  politiques  et  militaires  : 
«  Il  n'est  année  qu'il  ne  sorte  de  France  trois  ou 
quatre  cens  gentilshommes,  et  la  pluspart  de  bonne 
maison,  qui  vont  es  pays  estranges,  pour  y  voir  et 
apprendre,  ce  qui  procède  de  gentillesse  de  cœur  et 
d'un  désir  véhément  de  sçavoir.  »  (Z)ùr.,V.)  La  Noue 
critique  ces  voyages  comme  Montaigne,  mais  pour 
des  motifs  différents  :  «  Tout  bien  compté,  il  revient 
autant  d'inconvénients  que  de  profit  de  tels  voyages  : 
car  ils  emportent  l'argent  de  France,  et  y  rapportent 
souvent  de  mauvaises  coustumes.  D'avantage  il  ne 
retourne  pas  la  moitié  de  ceux  qui  y  vont  :  la  plus 
part  mourans  de  maladie  ou  estans  tuez.  »  (Ibid.') 
C'est  surtout  sur  les  inconx'énients  moraux  que 
La  Noue  insiste,  et  on  retrouve  le  même  point  de 
vue  chez  d'autres  protestants;  cf.  Henri  Estienne, 
Apologie  pour  Hérodote;  La  Primaudaye,  Académie 
françoise,  I,  xw 

P.  198,  1.  6.  Santa  Rotouda).  C'est  l'ancien  Pan- 
théon qu'Agrippa  fit  bâtir  sous  le  règne  d'Auguste. 

P.  198,  1.  26.  Vitamque).  «Qu'il  vive  en  plein 
air  et  au  milieu  des  alarmes.  »  (Horace,  Odes,  III, 

n,  5.) 

P.  199,  1.  II.  L'acostumance  a  porter  le  travail).  Ct. 
Cicéron,  Tuscnlanes  :  «  Consuetudo  laborum  perpes- 
sionem  dolorum  eflîcit  faciliorem.  »  (II,  xv.) 


78 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  199,  1.  12.  Lalm).  «Le  travail  endurcit  à  la 
douleur.  »  (Cic,  Titsc,  II,  xv.) 

P.  200, 1.  5.  Qu'il  se  contmlc).  Cf.  Sénèque.  Épîlres  : 
«Sibi  vitia  detraliat,  non  aliis  exprohret;  non  ablior- 
reat  a  publicis  moribus  nec  hoc  agat  ut  quidquid  non 
facit,  damnare  videatur.  »  (Ep.  103.) 

P.  200,  1.  7.  Liccl  sapcre).  «  On  peut  être  sage 
sans  ostentation,  sans  arrogance.  »  (Ep.  103,  fin.) 

P.  200,  1.  12.  Si  qiiid  Socraies).  «Parce  qu'un 
Socrate  et  un  Aristippe  se  sont  écartés  de  la  coutume 
et  des  usages,  il  ne  faut  pas  qu'il  se  croie  permis 
d'en  faire  autant  :  chez  eux  des  mérites  éminents  et 
divins   autorisaient    cette    licence.  »    (Cic,  De  Off., 

I,   XLI.) 

P.  201,  1.  I.  Xeqiii,  ut  oiiinia).  «Aucune  nécessité 
ne  le  contraint  à  défendre  des  idées  qu'on  lui  aurait 
impérieusement  prescrites.  »  (Cic,  Acad.,  II,  m.) 

P.  202,  1.  2.  //  sondera  la  portée).  Cf.  des  préceptes 
analogues  ci-dessus,  dans  l'essai  I,  xvii. 

P.  202,  1.  4.  La  sottise  inesiiie).  Cf.  le  développe- 
ment de  cette  pensée  au  début  de  l'essai  III,  viii. 

P.  202,  1.  12.  Oiix  tclliis).  «Quelle  terre  est  en- 
gourdie par  la  glace,  quelle  autre  est  rendue  poudreuse 
par  la  chaleur;  quel-  vent  est  favorable  pour  pousser 
'es  voiles  en  Italie.»  (Properce,  IV,  m,  39.) 

P.  202,  1.  21.  Coiiic  dict  Platon).  Dans  VHippias 
major,  début. 

P.  203,  1.  II.  Comme  ce  sien  mot).  Cf.  Plutarque, 
De  la  mauvaise  honte  :  «  Celuy  qui  dit  anciennement 
que  tous  les  hahitans  de  l'Asie  scn-oient  à  un  seul 
homme  pour  ne  scavoir  prononcer  une  seule  syllabe 
qui  est,  Non.  »  (vu,  f°  79  r".) 

P.  203,  1.  21.  Alexandridas).  Cf.  Plutarque,  Les 
dicis  notables  des  Laceda'moniens  :  «  A  un  autre  qui 
disoit  aux  Ephores  de  bons  propos,  mais  plus  qu'il 
n'en  fiilloit  :  Estranger  mon  amy,  dit  il,  tu  dis  ce 
qu'il  fault  autrement  qu'il  ne  tault.  »  (F"  214  v".) 

P.  204, 1.  I.  On  demandait  à  Socrates).  Cf.  Plutarque, 
De  l'exil  :  «Mais  Socrates  disoit  encore  mieulx  qu'il 
ne  pensoit  estre  ny  d'Athènes,  ny  de  la  Grèce,  mais 
du  monde.  »  (iv,  f"  125  r°.)  Voir  aussi  Cic,  Tiisc., 
V,  XXXVII,  etc.  Le  mot  est  répété  par  beaucoup  de 
vulgarisateurs  du  xvi"  siècle. 

P.  204,  1.  14.  Et  disoit  le  Saiviart).  Rapprocher 


Henri  Estienne,  Apolof[ie  pour  Hérodote,  discours  pré- 
liminaire :  «  C'est  demander  (comme  l'autre)  si  la 
mer  est  plus  grande  que  le  lac  de  Xeufchastel,  c'est 
parler  avec  aussi  bon  jugement  que  celuy  qui  disoit 
(ainsi  qu'on  raconte)  «  se  le  reé  de  Franse  se  fusse 
bin  gouverna,  é  fusse  maistre  d'hosta  de  nostrou 
seignou.  »  Pour  la  pensée  aussi  tout  ce  discours  pré- 
liminaire est  à  rapprocher  de  ce  passage  de  Montaigne. 

P.  204,  1.  19.  Nostre  mère  nature).  Expression  qui 
revient  à  diverses  reprises  chez  Montaigne  :  cf.  I, 
xxvii,  p.  233,  1.  12;  III,  VI,  etc. 

P.  204,  1.  26.  Livre  de  mon  escholier).  Cf.  la  même 
image  dans  La  Primaudaye,  Académie  française,  II, 
Avant-propos.  Elle  sera  reprise  par  Rousseau  dans 
Y  Emile. 

P.  205,  1.  12.  Disoit  Pythagoras).  Cf.  Cicéron, 
Tnscnlancs  :  «  Pythagoram  autem  respondisse,  similem 
sibi  videri  vitam  hominum,  &  mercatum  eum  qui 
haberetur  maximo  ludorum  apparatu  totius  Grœciïe 
celebritate.  Nam  ut  illic  alii  corporibus  exercitatis 
gloriam  &  nobilitatem  coron:ï  peterent,  alii  emendi 
aut  vendendi  quKstu  &  lucro  ducerentur  :  esset  autem 
quoddam  genus  eorum,  idque  vel  maxime  ingenuum, 
qui  nec  plausum  nec  lucrum  quœrerent,  sed  visendi 
causa  venirent,  studioséque  perspicerent  quid  age- 
retur,  &  quomodo  :  Item  nos  quasi  in  mercatus 
quadam  celebritate  ex  urbe  aliqua,  sic  in  hanc  vitam 
ex  alia  vita  &  natura  profectos,  alios  gloria;  servira, 
alios  pecuni;e,  raros  esse  quosdam  qui  ca;teris  omni- 
bus, pro  nihilo  habitis,  rerum  naturam  studiose 
intuerentur  :  hos  se  appellare  sapientia;  studiosos,  id 
est  enim  philo.sophos.  »  (V,  m,  t.  IV,  p.  168.) 

P.  205,  1.  21.  Ouid  fas  optare).  «Ce  qu'il  est  per- 
mis de  désirer;  à  quoi  sert  l'argent  si  dur  à  gagner; 
dans  quelle  mesure  on  doit  se  dévouer  à  la  patrie  et 
à  la  fimille;  ce  que  Dieu  a  voulu  que  tu  fusses;  le 
rôle  qu'il  t'a  assigné  dans  la  .société;  ce  que  nous 
sommes  et  le  de.ssein  dans  lequel  nous  avons  reçu 
l'être.  »  (Perse,  m,  69.)  Je  n'ai  trouvé  dans  aucune 
édition  du  xvi=  siècle  la  leçon  «  locaverit  »  que  Mon- 
taigne avait  d'abord  adoptée,  sans  doute  par  une 
erreur  de  mémoire,  et  qu'il  a  corrigée  en  1595.  La 
même  citation  se  trouve  dans  saint  Augustin,  Cité  de 
Dieu,  II,  VI.  Comme  Montaigne  après  1 588  ne  semble 


LIVRE      I,      CHAPITRE      XXVI. 


79 


plus  étudier  Perse,  et  comme,  au  contraire,  il  a  cer- 
tainement lu  la  Cite  de  Dieu  à  la  même  époque,  c'est 
peut-être  cette  lecture  qui  a  été  pour  lui  l'occasion 
de  corriger  «  locaverit  »  en  «  locatus  es  ». 

P.  206,  1.  4.  Et  qtio).  «  Et  comment  éviter  ou 
supporter  les  peines.  »  (Virg.,  En.,  III,  459.) 

P.  206,  1.  9.  Entre  les  ars  lihraiis).  Tout  ceci  est 
imité  de  Sénèque,  ép.  88. 

P.  206, 1.  18.  L'institution  de  Socrates).  Cf.  Diogène 
Laerce,  II,  xxi;  Platon,  Euthydème,  etc. 

P.  206,  1.  20.  Sapere  ande).  «  Ose  être  sage,  com- 
mence :  différer  de  régler  sa  vie,  c'est  ressembler  à  ce 
voyageur  naïf  qui  attend,  pour  passer  le  fleuve,  que 
l'eau  soit  écoulée;  cependant  le  fleuve  coule  toujours, 
et  il  coulera  éternellement.  »  (Hor.,  Épitres,!,  11,  40.) 

P.  206,  1.  25.  Oiiid  nioi'cant).  «Quelle  est  l'in- 
fluence des  Poissons,  des  signes  enflammés  du  Lion, 
de  ceux  du  Capricorne  qui  se  baigne  dans  la  mer 
d'Hespérie.  »  (Properce,  IV,  i,  85.) 

P.  207,  1.  3.  T{  -'/.v.iinz:).  «Que  m'importent  à 
moi  les  Pléiades,  que  m'importe  la  constellation  du 
Bouvier?  »  (Anacréon,  Odes,  XVII,  x.)  Montaigne 
a  pu  prendre  ceci  dans  son  recueil  de  Gambara, 
Carmina  navein  illiistrinni  feniinanini,  p.  131. 

P.  207,  1.  5.  Anaxin'.encs).  Cf.  Diogène  Laerce, 
Vie  d'Anaximène  :  «  Medorum  item  rex  nobis  acriter 
imminet,  nisi  velimus  esse  tributarii...  Quonam 
igitur  animo  possit  Anaximenes  cœli  sécréta  rimari, 
cujus  jugis  aut  mortis  aut  servitutis  incumbit  metus?  » 
(II,  V,  98.) 

P.  207,  1.  17.  La  moelle).  Rapprocher  la  fameuse 
expression  de  Rabelais,  la  «  substantificque  mouelle  » 
qui  se  cache  dans  son  ouvrage  tout  frivole  en  appa- 
rence (prologue  du  premier  livre). 

P.  207,  1.  22.  Ga:{a).  Philosophe  péripatéticien 
du  xV  siècle,  qui,  réfugié  de  Grèce  en  Italie,  enseigna 
avec  éclat  à  Sienne,  puis  à  Ferrare.  Sa  grammaire 
grecque,  imprimée  à  Venise  en  1495,  a  été  au 
XVI'  siècle  la  grammaire  la  plus  généralement  em- 
ployée pour  l'étude  du  grec.  Ses  réimpressions  sont 
très  nombreuses. 

P.  208,  1.  10.  DeinetrinsJ.  Cf.  Plutarque,  Des  oracles 
qui  ont  cesse  :  «  Si  se  prit  Demetrius  en  se  riant  à  leur 
dire,  Diray-je  vray,  ou  si  je  mentiray?  Il  me  semble 


a  vous  veoir,  que  vous  n  avez  pas  entre  vous  propos 
qui  soit  de  gueres  grandes  conséquence,  car  je  vous 
voy  assis  fort  à  votre  aise,  &  semble  bien  à  xo/ 
visages  rians,  que  vous  n'avez  pas  grands  pensements. 
Il  est  vray,  répliqua  lors  Heracleon  le  Megarien,  que 
nous  ne  disputons  pas  a  sçavoir  .si  ce  verbe  Ballo  en 
son  futur  perd  l'une  de  .ses  11,  ny  de  quel  mot  positif 
ou  primitif  sont  formez  et  dérivez  ces  deux  compa- 
ratifs, Chiron  et  Beltion,  et  ces  deux  superlatifs, 
Chiri.ston  et  Beltiston  :  car  ces  questions  là  et  autres 
semblables  sont  celles  qui  font  rider  et  froncer  les 
visages  :  mais  au  reste  on  peut  bien  disputer  de 
toutes  autres  questions  de  philosophie,  .sans  se  froncer 
le  sourcil,  et  en  discourir  tout  doulcement,  sans  avoir 
un  regard  furieux,  nv  se  courroucer  aux  assistans.  » 
(v,  fo  338  r".) 

P.  208,  1.  21.  Deprendas  aniiiii  toniieiila).  «On 
peut  reconnaître  dans  les  aflections  du  corps  et  les 
tourments  secrets  de  l'âme  et  ses  joies  intimes  :  le 
visage  réfléchit  ses  divers  états.»  (Juvénal,  ix,  18.) 

P.  208,  1.  28.  La  plus  expresse).  Cf.  Sénèque, 
Epitres  :  «  Hoc  ergo  cogita,  hune  esse  sapientia;  effec- 
tum,  gaudii  ajqualitatem.  Talis  est  sapientis  animus, 
qualis  mundus  super  lunam;  semper  illic  serenum 
est.  »  (Ep.  59.) 

P.  209,  1.  2.  Barroco  &  Baralipton).  Deux  termes 
de  l'ancienne  logique  scolastique.  Pour  retenir  plus 
commodément  les  dix-neuf  formes  du  syllogisme  on 
avait  imaginé  quatre  vers  faits  de  mots  factices  : 

«  Barh.ira,  celarein,  darii,  ferio,  baralipton. 
»  Celantes,  dabitis,  fapesmo,  frisesomorura, 
»  Cesare,  camestres,  festino,  baroco,  darapti, 
»  Felapton,  disamis,  datisi,  bocardo,  ferison.  » 

P.  209,  1.  3.  Crote::^).  Le  mot  «  marmiteux  »,  que 
Montaigne  avait  d'abord  écrit,  tendait  peut-être  à 
vieillir  à  la  fln  du  xvi'=  siècle;  pourtant  ce  n'est  pro- 
bablement pas  pour  ce  motif  que  Montaigne  l'a 
supprimé.  En  effet,  1°  on  le  trouve  chez  plusieurs 
auteurs  du  temps;  il  est  à  diverses  reprises  chez 
Brantôme  (Cf.  le  dict.  de  Godefroy);  le  voici  dans 
les  Contes  et  disconrs  d'Entrapel,  par  Noël  du  Fail 
(1585)  :  «faire  le  marmiteux»  (réimpr.  de  1875, 
p.  5);  2°  Montaigne  l'a  maintenu  dans  les  différents 


8o 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


passages  où   il   l'avait  d'abord  écrit;   ainsi   et.  t.   I, 
p.  182,  1.  3. 

P.  209,  1.  7.  A  la  teste).  Cf.  Sénèque,  De  ira  : 
«  Nec  ut  quibusdam  visum  est  arduum  in  virtutes 
et  asperum  iter  est,  piano  adeuntur,  non  vana;  vobis 
autor  rei  venio.  Facilis  est  ad  beatam  vitam  via...  « 
(II,  XIII,  320.)  Peut-être  Montaigne  se  souvient-il 
encore  d'un  passage  de  Ronsard  : 

«  Apres  avoir  d'un  jugement  divers 

»  En  tous  endroits  pratique  l'univers 

»  Et  clairement  aux  hommes  fait  entendre 

»  Ce  qu'ils  pouvoient,  sans  estre  Dieux,  comprendre, 

»  Pour  mieux  se  faire  avec  peine  chercher 

»  S'alla  loger  sur  le  haut  d'un  rocher. 

»  Dans  une  plaine  est  une  haute  roche 

»  D'où  nul  vivant  sans  grand  travail  n'approche  ; 

»  Car  le  sentier  en  est  fascheux  et  droit, 

»  Dur,  rabotteux,  espiiieux  et  estroit. 

»  Tout  a  l'entour  s'y  asproye  l'ortie 

»  Et  le  chardon,  et  la  ronce  sortie 

»  D'entre  les  rocs,  et  les  halliers  mordans 

»  Qui  font  saigner  les  mains  des  ahordans. 

»  Au  bas  du  roc  est  un  creux  précipice, 
»  Qui  fait  horreur  à  l'homme  plein  de  vice 
»  Qui  veut  monter  avant  qu'estre  purgé 
»  De  son  péché  dont  il  estoit  chargé. 
»  Tout  au  plus  haut  ceste  roche  déserte 
»  Est  d'amaranthe  et  de  roses  couverte, 
»  D'oeillets,  de  Ivs,  et  tousjours  les  ruisseaux, 
»  Herbes  et  lleurs  animent  de  leurs  eaux. 
»  Jamais  l'orage  et  la  fiere  tempeste 
»  En  s'esclatant  ne  luy  noircist  la  teste; 
»  Mais  le  soleil  gracieux  en  tout  temps 
»  Y  fait  germer  les  boutons  du  printemps. 

»  Là  sur  le  roc  ceste  Philosophie 
»  Pour  tout  jamais  son  palais  edilîe 
»  A  mur  d'airain,  loing  des  ennuis  mondains 
»  Et  des  soucis  dont  les  hommes  sont  pleins 
»  Qui,  comme  porcs,  vivent  dedans  la  fange 
»  Peu  curieux  d'immortelle  louange.  » 

{Hymnes,  liv.  I,  hymne  i,  De  la  philosophie.  A  très 
illustre  et  Reverendissime  Odet  de  Colligni,  Cardinal 
de  Chastillon.  Éd.  Blancliemain,  p.  163.) 

P.  209,  1.  24.  Bradainanl  ou  Angélique).  Deux 
héro'i'nes  du  Roland  furieu.x  de  l'Arioste. 

P.  210,  1.  15.  Elle  lii\  eschape  ou  elle  s'en  passe). 
«  C'est-à-dire  :  elle  échappe  aux  coups  de  la  fortune, 


ou  elle  se  passe  de  ses  faveurs,  elle  se  sépare  donc 
tout  à  fait  de  la  fortune  et  .s'en  forge  une  toute 
sienne.  » 

P.  211,  1.  5.  Le  prarepte  de  Platon).  Cf.  République. 
III,  p.  415;  IV,  p.  423,  etc. 

P.  211,  1.  8.  Udum  &  molle).  «L'argile  est  molle 
et  humide;  vite,  vite,  hâton.s-nous,  et  sans  perdre  un 
instant  façonnon.s-la  sur  la  roue.  »  (Perse,  m,  23.) 

P.  211,  1.  12.  Cicero  disait).  Cf.  Sénèque,  Épîtres. 
«  Negat  Cicero,  si  duplicetur  sibi  xv,\s,  habiturum  se 
tempus  quo  légat  Lyricos,  eodem  modo  Dialecticos. 
Tristius  inepti  sont.  »  (Ep.  49.) 

P.  211,  1.  24.  De  l'adi-is  de  Philarque).  Dans  le 
traité  De  la  fortune  d'Ale.\andre  :  «  Mais  toutefois  si 
l'on  disoit...  que  sa  vraye  munition  et  son  entretien 
pour  la  guerre  estoient  les  discours  qu'il  avoit  appris 
de  la  philosophie,  et  les  recors  et  préceptes  touchant 
l'as.seurance  de  ne  rien  craindre,  la  prouesse  et  vail- 
lance, et  la  magnanimité  et  teiiiperance,  nous  nous 
en  mocquerions,  pour  autant  qu'il  n'a  rien  escrit  de 
Tartilice  de  composer  syllogismes,  ou  des  elemens  et 
principes  de  la  géométrie.  »  (11,  f"  308  r".) 

P.  212,  1.  2.  A  tout  }0  000  hommes).  M.,  ihid.  : 
«  Un  jeune  adolescent,  qui  ne  faisoit  que  sortir  de 
l'enfance,  oza  bien...  mettre  en  son  entendement  la 
conqueste  de  l'Empire  de  tout  le  monde,  avec  trente 
mille  hommes  de  pied  et  quatre  mille  de  chevaux. 
Car  il  n'avoit  pas  plus  de  gens  de  guerre,  ce  dit 
Aristobulus  :  ou  comme  dit  le  Roy  Ptolomeus,  qua- 
rante &  cinq  mille  hommes  de  pied  et  cinq  mille 
cinq  cens  de  cheval  :  &  tout  le  grand  &  plantureux 
moien  d'entretenir  ceste  puis.sance  la,  que  la  fortune 
luy  avoit  préparé,  c'estoient  quarante  deux  mille 
escus  comptant,  ainsi  que  dit  Aristobulus...  » 

P.  212,  1.  7.  Petite  Une).  «Prenez  là,  jeunes  et 
vieux,  une  règle  ferme  pour  votre  conduite,  des  pro- 
visions pour  les  rigueurs  de  l'hiver.  »  (Perse,  v,  64.) 

P.  212,  1.  9.  Ce  que  disoit  Epicurus).  Cf.  Diogène 
Laerce,  Vie  d'kpicure  :  «  Xeque  juvenis  quispiam 
dum  est,  philo.sophari  negligat,  neque  .senex  cum  sit, 
philosopliando  fixtigetur.  Qui  autem  dicit  aut  nondum 
philosophandi  tempus  esse,  aut  tempus  prœterissc, 
ei  similis  est  qui  dicit  ad  beatam  vitam  non  ades.se 
tempus,  aut  non  amplius  esse.  »  (X,  cxxii,  718.) 


LIVRE     I,      CHAPITRE     XXVI. 


8i 


P.  212,  1.  13.  Emprisonne  ce  garçon).  A  cette  cri- 
tique des  collèges  on  peut  opposer  le  grand  éloge 
qu'en  tait  Jean  des  Caurres  dans  ses  Œuvres  morales 
et  diversifiées  :  «  Brief  discours  des  louanges  d'un 
collège.»  (VIII,  Liv.)  «Il  est  fort  requis  pour  plusieurs 
raisons  que  tous  les  escholiers  demeurent  en  un 
collège,  response  à  tous  ohjects  contraires.  »  (VII, 
Lv.)  N'ayant  pas  rencontré  l'édition  de  1377,  j'ignore 
si  ces  chapitres  y  figuraient  ou  s'ils  paraissent  pour 
la  première  fois  dans  l'édition  de  1584;  il  ne  m'a  pas 
semblé  que  des  Caurres  ait  eu  pour  objet  de  répondre 
à  Montaigne.  La  Noue  (^Discours  pol.  et  mil.,  V)  est 
d'un  avis  intermédiaire  entre  celui  de  des  Caurres  et 
celui  de  Montaigne  :  tout  en  reconnaissant  les  défauts 
des  collèges  il  en  prend  la  défense  parce  qu'il  trouve 
qu'on  n'a  rien  de  mieux  à  leur  opposer;  ils  lui  sem- 
blent toutefois  si  peu  adaptés  aux  besoins  de  la 
noblesse  que  pour  les  gentilshommes  il  demande  la 
création  d'académies  spéciales.  Peut-être  a-t-il  voulu 
répondre  à  Montaigne  (1587). 

P.  212,  1.  22.  Carneades).  Cf.  Diogène  Laerce,  Vie 
de  Carnéadc  :  «Et  cœsariem  et  ungues  nutriebat,  tanta 
erat  in  literas  intentione.  »  (IV,  lxii,  286.) 

P.  212,  1.  24.  La  sagesse  Françoise).  Rapprocher  le 
passage  suivant  de  Ilhodigin,  Antiquarnm  leclioninn 
lihri  :  «  Qua  in  parte  commonendi  amplius  sumus, 
quod  a  doctissimis  proditum  est,  Gallorum  pueros 
initio  sapientes  videri,  mox  auctiores  factos  desipere. 
Quod  educandi  curœ  aliqui  adscribunt...  Unde  scitis- 
simum  profluit  Adagium  ut  Gallicam  appelantes 
Sapientiam,  prematuram  intelligamus  et  qux'  mox 
deficiens  obrutescat  quodammodo.  »  (Ed.  de  15 16, 
p.  839.)  Rhodigin  écrivant  au  début  du  xvi^  siècle 
ne  met  naturellement  pas  les  collèges  en  cause,  mais 
le  rapprochement  n'en  est  pas  moins  frappant,  et 
nous  retrouvons  là  le  proverbe  cité  par  Montaigne. 
Je  dois  ce  rapprochement  à  l'obligeante  érudition  de 
M.  Plattard. 

P.  213,  1.  9.  Isocrates).  Cf.  Plutarque,  Propos  de 
table  :  «  Non  plus  que  l'orateur  Isocrates  ne  voulut 
oncques  respondre  à  ceux  qui  le  pressoient  de  leur 
dire  quelque  chose  de  beau  en  banquetant,  lesquels  ne 
peurent  jamais  tirer  de  luy  autre  chose  sinon.  Il  n'est 
pas  maintenant  le  temps  de  ce  que  je  sçay  faire  :  et 


ce  dequo)-  il  est  maintenant  le  temps,  je  ne  le  sçay 
pas  faire.  »  (I,  i,  f°  359  v°.)  Tout  le  passage  est  à 
rapprocher;  Montaigne  s'en  inspire  très  directement. 

P.  213,  1.  19.  Et  Platon).  Id.,  ibid.,  f°  360  v°. 

P.  213,  1.  23.  ^Eque  paiiperibiis).  «Elle  est  utile 
aux  pauvres,  elle  est  utile  aux  riches;  ni  les  enfants 
ni  les  vieillards  ne  la  négligeront  impunément.  » 
(Horace,  Èpitres,  I,  i,  25.) 

P.  214,  1.  8.  Comme  dict  Platon).  Cf.  Plutarque, 
Les  règles  et  préceptes  de  santé  :  «  Parquoy  Platon  nous 
admonestoit  sagement,  de  ne  remuer  et  n'exercer 
point  le  corps  sans  l'ame,  ny  l'ame  aussi  sans  le 
corps,  ains  les  conduire  également  tous  deux,  comme 
une  couple  de  chevaux  attelez  à  un  mesme  timon 
ensemble.  »  (F"  301  r".) 

P.  214,  1.  II.  El,  à  l'ouir).  Voir  en  particulier 
Platon,  Les  Lois,  liv.  \\\. 

P.  214,  1.  16.  Et  cruauté').  Cf.  les  mêmes  idées 
dans  l'essai  I,  vin,  p.  75,  1.  i. 

P.  215,  1.  9.  Ouinlilicn).  Dans  YLislitution  oratoire 
(I,  III,  à  la  fin). 

P.  215,  1.  14.  Speusippns).  Cf.  Diogène  Laerce, 
Vie  de  Speusippe  :  «  Gratiarum  signa  in  schola  collo- 
cavit.  »    (IV,  I,  245.) 

P.  215,  1.  17.  Cond'ien  Platon).  Cf.  Les  Lois, 
liv.  VII  en  entier,  particulièrement  éd.  1546,  f"  828 
et  837. 

P.  216,  1.  3.  La  complexion  de  Deinophon).  Cf. 
Diogène  Laerce  :  «  Demophon  mensis  pra;fectus 
Alexandri  ad  umbram  calefiebat,  soleque  rigebat.  » 
(F/f  de  Pvrrhon,  IX,  lxxx,  631.)  Antérieurement 
Montaigne  avait  lu  le  même  fait  chez  Sextus  Empi- 
ricos,  Hypotvp.,  I,  xiv;  chez  Bruès,  p.  15,  etc.  Ceux 
qui  se  plaisaient  à  recueillir  des  étrangetés  sur  la 
nature  humaine  notaient  volontiers  ce  fait. 

P.  21 6,  1.  ^.  J'en  ay  veu  fuir  la  senteur  des  pounnes). 
Peut-être  s'agit-il  du  même  personnage  dont  Bruye- 
rin  Champier  parle  en  ces  termes  dans  son  De  re 
cibaria  :  «  Novimus  prœterea  Joannem  à  Querceto, 
Parisiensem,  regium  secretarium  in  aula  maximi 
regum  atque  clarissimi  Francisci  ejus  nominis  I,  qui 
solo  malorum  odore  atque  aspectu  adeo  turbaretur 
ut  statim  illi  abeundum  esset  e  convivio  si  apposita 
cerneret.    Quod   si    propius   naribus  admoverentur. 


82 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


repente  illi  e  naribus  sanguis  profundebatur...  ideo- 
que  turundis  ex  pane  confectis  utramque  narem 
obturabat.  Hujusmodi  vero  malorum  odium  innatum 
et  peculiare  fuisse  in  nobilissima  Aquitaniœ  familia 
Flustatum  (quos  nunc  Foësios  appellant)  accepimus. 
Gcrmanicus  gallum  gallinaceum  aspicere  non  poterat. 
Persarum  magi  mures  intolerabili  prosequebantur 
odio  :  quare  eos  interficiebant.  »  (Éd.  de  Lyon  1560, 
I,  XXIV,  80.)  On  trouve  encore  beaucoup  de  faits 
analogues  dans  le  même  chapitre  qui  est  intitulé  : 
Odium  erga  quosdaiii  cibos  quibiisdam  honiinilnis  con- 
tingit. 

P.  216,  1.  7.  Geriiiaiiiciis).  Cf.  Plutarque,  De  l'cinic 
et  de  la  haine  :  «  Geruianicus  ne  pouvoit  souffrir  ny 
le  chant  ny  la  veuë  d'un  coq.  »  (11,  f°  108  r°.) 

P.  216,  1.  17.  Au  desregkiiicnt  et  ans  excès).  Cf.  les 
mêmes  idées  exprimées  par  Montaigne  quelques 
années  plus  tard  dans  l'essai  III,  xiii. 

P.  21 6,  1.  20.  Calisthenes).  Cf.  Plutarque,  Fie 
d'Alexandre,  et  aussi  De  la  colère,  m,  etc. 

P.  216,  1.  25.  Multiiiii  iiiterest).  «Il  y  a  grande 
différence  entre  ne  vouloir  pas  et  ne  savoir  pas  faire 
le  mal.  »  (Sén.,  ép.  90.) 

P.  217,  1.  3.  J'en  sçay  qui).  Quelques  années  plus 
tard,  dans  la  préface  de  sa  traduction  d'Arrien,  Witard 
écrivait  :  «  Si  Alexandre  buvoit  d'autant,  c'estoit 
(comme  escrit  mesme  Arrian)  pour  entretenir  les 
capitaines  de  diverses  nations  qu'il  avoit  avec  luy,  non 
que  de  son  naturel  il  y  fust  addonné.  Et  estoit  au 
jugement  des  gens  de  guerre  et  de  tous  autres  de 
bon  entendement  une  grande  discrétion  à  luy  de  se 
pouvoir  ainsi  accommoder  pour  quelques  fois  avec  les 
personnes  dont  il  avoit  affaire.  Et  de  nostre  temps 
se  sont  veuz  de  braves  chefs  de  grosses  et  puissantes 
armées  pratiquer  le  mesme  :  dequoj'  ils  ont  esté 
plustost  louez  que  blasmez.  » 

P.  217,  1.  5.  Merveilleuse  nature  d'Alcibiades). 
Cf.  Plutarque,  Vie  d'Alcibiade  :  «  Il  n'y  avoit  meurs, 
coustumes,  ny  (;içons  de  faire  de  quelque  nation  que 
ce  fust,  qu'Alcibiades  ne  sceust  imiter,  exercer  et 
contrefaire  quand  il  vouloit,  autant  les  mauvaises 
que  les  bonnes.  Car  à  Sparte  il  estoit  laborieux,  en 
continuel  exercice,  vivant  de  peu,  austère  &  severe  : 
en    lonie,    au    contraire,    délicat,    superflu,    joyeux. 


&  voluptueux  :  en  Thrace  il  beuvoit  tousjours,  ou 
estoit  à  cheval  :  s'il  s'approchoit  de  Tissaphernes 
lieutenant  du  grand  Roy  de  Perse,  il  surmontoit  en 
pompe  &  sumptuosité  la  magnificence  Persienne.  » 
(xiv,  f"  139  r°.)  Alcibiade  est  déjà  présenté  comme 
modèle  de  l'homme  de  bonne  compagnie,  tout  à  fait 
à  la  manière  de  Montaigne,  dans  le  Cortegiano  de 
Castiglione  (liv.  I,  éd.  Cian,  paragr.  43).  Montaigne 
reviendra  sur  la  même  idée  après  1588,  dans  l'essai 

II,   XXXVI. 

p.  217,  1.  10.  Omnis  Aristippuin).  «  Aristippe  s'ac- 
commoda de  toute  condition,  de  toute  fortune.  » 
(Horace,  Épîtres,  I,  xvii,  23.) 

p.  217,  1.  12.  Oueni  duplici).  «J'admirerai  celui 
qui  ne  rougit  pas  de  ses  haillons  ni  ne  s'étonne  de 
la  bonne  fortune,  et  qui  joue  les  deux  rôles  avec 
grâce.  »  (Horace,  Épîtres,  I,  xvii,  25,  26,  29.) 

P.  217,  1.  17.  Dict  quelcun  en  Platon).  Dans  les 
Rivaux  :  «  Absit  igitur,  ô  vir  optime,  ut  philosophari 
sit  plurima  discere,  artesque  tractare.  »  (P.  139;  éd. 
de  1546,  p.  8.) 

P.  217,  1.  19.  Hanc  aniplissiiiuini).  «  C'est  par  leurs 
mœurs  plutôt  que  par  leurs  études  qu'ils  se  sont 
voués  au  plus  grand  de  tous  les  arts,  à  l'art  de  bien 
vivre.  »  (Cic,  Tusc,  IV,  m.) 

P.  217,  1.  21.  Léon).  Id.,  ibid.  :  «  Pythagoram, 
ut  scribit  auditor  Platonis  Ponticus  Heraclides,  vir 
doctus,  in  primis  Phliuntem  ferunt  venisse,  eumque 
cum  Leonte  principe  Phliasiorum  docte  &  copiose 
disseruisse  quaedam.  Cujus  ingenium  &  eloquentiam 
quum  admiratus  esset  Léon,  quœsivisse  ex  eo  qua 
maxime  arte  confideret.  At  illum  artem  quidem  se 
scire  nullam  sed  es.se  philosophum.  «  (\ ,  m.)  Cf.  aussi 
saint  Augustin,  Cité  de  Dieu.  VIII,  i. 

P.  218,  1.  I.  On  reprochait  a  Diogenes).  Cf.  Diogène 
Laerce,  Vie  de  Diogène  :  «  Dicente  quodam,  cur  nihil 
sciens  philosopharetur,  &  si,  inquit,  philosophiam 
simulo,  hoc  ipsum  philosophari  est.  »  (\'\,  lxiv, 
381.) 

P.  218,  1.  3.  Hegesias).  Id.,  ibid.  :  «  Hegesia  se 
deprecante,  ut  sibi  libronjm  aliquid  exponeret,  stul- 
tus,  inquit,  es,  Hegesia,  qui  caricas  quidem  non 
scriptas  eligis,  sed  veras  :  vera  autem  exercitatione 
ncglecta  te  ad  scriptam  confers.  »  (M,  XLViii,  373.) 


LIVRE     I,      CHAPITRE     XXVI. 


83 


P.  218,  1.  12.  Oui  disciplina  ni).  «Qui  fait  de  sa 
science  non  un  sujet  d'ostentation,  mais  la  règle  de 
sa  vie;  qui  .sait  s'obéir  à  soi-même,  se  soumettre  à 
ses  décrets.  »  (Cic,  Tiisc,  II,  iv.) 

P.  218,  1.  15.  ZcHxidamits).  Cf.  Plutarque,  Dicts 
notables  des  Lacedœmonicns  :  «  Zeuxidamus  respondit 
aussi  a  un  qui  luy  demandoit,  pourquoy  ils  ne  redi- 
geoyent  par  escript  les  status  et  ordonnances  de  la 
prouesse,  et  qu'il  ne  les  bailloient  escripts  à  lire  à 
leurs  jeunes  gens  :  pour  ce,  dit  il,  que  nous  voulons 
qu'ils  s'accoustument  aux  faits,  &  non  pas  aux 
escriptures.  »  (F°  217  r°.) 

P.  218,  1.  22.  La  inoictie  de  nostre  aage).  Rappro- 
cher des  plaintes  semblables  qu'on  rencontre  dans 
les  Epîtres  de  Sénèque  :  «  ^tatem  in  syllabis  conte- 
ram.  »  (Ép.  88.)  Au  xvi*^  siècle  beaucoup  d'hommes 
se  plaignent  du  temps  que  l'on  perd  à  l'étude  des 
langues  anciennes.  Cf.  en  particulier  du  Bellay, 
Deffeitce  et  illustration  :  «  A  grand'  peine  avez  vous 
appris  leurs  mots,  et  voilà  le  meilleur  de  vostre  âge 
passé.  »  (I,  III.)  Cf.  aussi  Le  Roy,  Deux  oraisons... 
(•pos  ^  ^.o  gj  j  ^o-j.  Lg  j:^Qy^  Vicissitude  (éd.  1577, 
f  23  V). 

P.  219, 1.  25.  En  bergamasque).  Souvent  mentionné 
<ians  les  écrits  italiens  du  xvi=  siècle  (comédies  et 
nouvelles),  et  tourné  en  ridicule  comme  l'un  des 
dialectes  les  plus  grossiers  de  la  péninsule.  Cf.  en 
particulier  une  phrase  du  Cortegiano  de  Castiglione, 
I,  XXX,  où  il  est  cité  avec  ironie,  et  qui  donne 
à  penser  que  de  l'avis  unanime  il  était  plaisant  de 
songer  à  faire  usage  d'un  pareil  patois  pour  écrire 
ou  pour  parler.  (Voir  dans  l'éd.  Cian  du  Cortegiano, 
p.  64,  une  note  instructive  à  ce  sujet.) 

P.  219,  1.  26.  Verbàqne).  «  A'oit-il  son  sujet  :  les 
mots  ne  feront  aucune  difficulté  à  suivre.  »  (Hor., 
Art  poétique,  311.) 

P.  219,  1.  27.  Cum  res).  «Quand  les  choses  ont 
saisi  l'esprit,  les  mots  se  présentent  d'eux-mêmes.  » 
(Sén.,  Controverses,  m,  proème.) 

P.  220,  1.  I.  Ipsx  res).  «Les  choses  entraînent  les 
paroles.»  (Cic,  De finibus,  III,  v.) 

P.  220,  1.  3.  Petit  Pont).  Le  Petit-Pont  ou  pont  du 
Petit-Chàtelet,  un  des  trois  premiers  ponts  de  Paris,  par 
opposition  au  Grand-Pont  devenu  Pont-au-Change. 


P.  220,  1.  6.  Maistre  es  arts).  Celui  qui  avait  reçu 
les  titres  universitaires  qui  lui  permettaient  d'enseigner 
les  arts  libéraux. 

P.  220,  1.  7.  Du  candide  lecleur).  Allusion  aux 
préfiices  adressées  «  candido  lectori  »  qu'on  rencontre 
en  tête  d'un  grand  nombre  d'ouvrages  de  l'époque. 

P.  220,  1.  II.  Afer  montre).  Dans  le  Dialogue  des 
orateurs  de  Tacite,  xix.  Il  faut  lire  «  Aper  »  et  'non 
«  Afer  » . 

P.  220,  1.  12.  Les  Ambassadeurs  de  Sanios).  Cf.  Plu- 
tarque, Dicts  notables  des  Laccdœmoniens  :  «  Et  aux 
ambassadeurs  de  Samos  qui  estoient  venus  devers 
luv,  pour  luy  persuader  d'entreprendre  la  guerre 
contre  le  t)-ran  Polycrates,  &  pour  ce  faire  usoient 
de  longues  persuasions,  il  respondit.  Quant  à  ce  que 
vous  avez  dit  au  commencement,  il  ne  m'en  souvient 
plus,  &  pour  ceste  cause  je  n'ay  point  entendu  le 
milieu  :  &  quant  à  ce  que  vous  avez  dit  à  la  fin,  je 
ne  le  trouve  pas  bon.  »  (F°  218  r\) 

P.  220,  1.  19.  Les  Athéniens  esloyent).  Id.,  Lnstruc- 
tion  pour  ceux  qui  manient  affaires  d'estat  :  «  Comme 
Ion  escrit  de  deux  architectes  &  maçons,  que  Ion 
vouloit  esprouver  à  Athènes,  pour  sçavoir  lequel  des 
deux  seroit  mieulx  à  propos  pour  entreprendre  une 
grande  fabrique  &  édifice  publique  :  l'un,  qui  estoit 
aifetté  &  sçavoit  bien  dire  sa  raison,  recita  une 
harengue  qu'il  avoit  préméditée  touchant  cette  fa- 
brique, si  bien  qu'il  émeut  toute  l'assistance  du 
peuple  :  &  l'autre  qui  entendoit  bien  mieulx  l'ar- 
chitecture, &  ne  sçavoit  pas  si  bien  harenguer,  se 
présentant  au  peuple  ne  feit  que  dire,  Seigneurs 
Athéniens,  ce  que  cestuv  cy  a  dit,  je  le  ferai.  »  (IV, 
f^  163  v^) 

P.  220,  1.  24.  Au  fort  de  l'éloquence).  Id.,  Vie  de 
Caton  d'Utiqne  :  «  Ciceron  qui  estoit  ceste  année  là 
Consul,  en  défendant  Murena  se  mocqua  si  plaisam- 
ment des  philosophes  Stoïques,  &  de  leurs  estranges 
et  extraordinaires  opinions,  qu'il  en  feit  rire  les  juges, 
de  sorte  que  Caton  mesme  se  soubriant,  dit  à  ceulx 
qui  estoient  autour  de  luy  :  \o\fi  que  nous  avons 
un  plaisant  Consul  qui  fait  ainsi  rire  les  gens.  »  (vi, 
fo  534  r°.) 

P.  221,  1.  4.  Emunctir  naris).  «Il  a  bon  goût,  si 
ses  vers  sont  négligés.  »  (Hor.,  Sat.,  I,  iv,  8.) 


84 

P.  221,  1.  y.  Tevipora  ccrta).  «  Otez-en  le  mhme 
et  la  mesure,  inten-ertissez  l'ordre  des  mots,  faisant 
des  premiers  les  derniers  et  des  derniers  les  premiers; 
vous  retrouverez  le  poète  dans  ses  membres  dis- 
persés. »  {Id.,  Sal.,  I,  IV,  s8.) 

P.  221,  I.  II.  C'est  ce  que  respoiidil  Menandcr).  Cf. 
Plutarque,  Si  les  JtiKiiieiis  ont  esté  plus  exceUens  en 
armes  qu'en  lettres  :  «  Menander  luy  respondit,  si  ay... 
je  l'ai  composée  :  car  la  disposition  &  ordonnance 
en  est  toute  taillée  &  projettee,  il  ne  reste  plus  qu'à 
y  adjouster  des  vers.  »  (F°  525  r°.) 

P.  221,  1.  18.  Pins  sonat).  «  Plus  de  bruit  que  de 
sens.  »  (Sén.,  ép.  40.) 

P.  221, 1.  24.  Il  est  plus  subtil).  Cf.  Sénèque,  Épîtres  : 
«  Subtilius  est  contempsisse  quam  solvere.  »  (Ép.  49.) 

P.  222,  1.  I.  Qu'il  emprunte  d'Aristippus).  Cf. 
Diogène  Laerce,  Vie  d'Aristippe  :  «  Quid,  inquit... 
vis  ut  solvam,  quôd  etiam  ligatum  nobis  exhibet 
negotium?»  (II,  lxx,  139.) 

P.  222,  1.  2.  Quelcun  proposait) .  Id.,  Vie  de  Chry- 
sippe  :  «  Ad  dialecticum  Cleantlii  imminentem,  eique 
callidas  conclusiunculas  tendentem,  Desine,  inquit, 
grandem  natu  a  gravibus  rébus  abducere.  Nobis 
autcm  junioribus  pro"pone.  »  (VII,  CLXXXii,  511.) 

P.  222,  1.  5.  Contorta).  «  Ces  sophismes  entortillés 
et  épineux.  »  (Cic,  Acad.,  II,  xxiv.) 

P.  222,  1.  8.  Qui  se  destournent).  Rapprocher  ce 
que  dit  Sénèque  lorsqu'il  compare  Salluste  à  son 
imitateur  Arruntius  :  «  Ille  in  \vxc  incidebat,  at  hic 
illa  qux-rebat.  »  (Ép.  114.) 

P.  222,  1.  10.  Aut  qui  non  verha).  «  Ou  qui,  au 
lieu  de  choisir  les  mots  pour  les  choses,  vont  cher- 
cher hors  du  sujet  des  choses  auxquelles  les  mots 
puissent  convenir.  »  (Quintilien,  lust.  or.,  VIII,  m.) 

P.  222,  1.  II.  Qui  alicujus).  «  Qui,  pour  placer  un 
mot  qui  leur  plaît,  se  détournent  de  leur  sujet.  » 
(Sén.,  ép.  59.) 

P.  222,  1.  21.  Har  demiim  sapiet).  «La  seule 
expression  bonne  est  celle  qui  frappe.  »  {hpitaphe  de 
Lucain.  On  la  trouve  dans  beaucoup  d'éditions  de 
Lucain  publiées  au  xvi'^  siècle,  en  particulier  dans 
celle  d'Anvers,  1564.) 

P.  222,  1.  24.  Comme  Suétone  appelle).  Dans  la  Vie 
de  César  :  «  Eloquentia  militari  qua  re  aut  a.-quavit.  » 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


On  lit  aujourd'iiui  :  «Eloquentia  militarique  re...  » 
L'expression,  qui  d'abord  avait  séduit  Montaigne,  et 
qui  après  1588  lui  parut  difficile  à  expliquer,  est  donc 
due  à  une  f^iute  de  transcription. 

P.  225,  1.  II.  Tout  ainsi  qu'en  un  beau  corps). 
Rapprocher  une  expression  de  Quintilien  :  «  Ossa 
detegunt  :  quiv,  ut  esse,  et  astringi  neiTis  suis, 
debent,  sic  corpore  operienJa  sunt.  »  (Inlro.iiiction 
de  l'Inst.  or.) 

P.  223,  1.  12.  QiuT  l'critati).  «Le  langage  de  la 
vérité  doit  être  simple  et  sans  art.  »  (Sén.,  ép.  40.) 

P.  223,  1.  14.  Quis  accurate).  «Quiconque  parle 
avec  trop  de  soin  tombe  dans  la  recherche  et  l'affec- 
tation. »  {Id.,  ibid.,  75.) 

P.  223,  1.  20.  Arislophanes  le  grammerien).  Cf. 
Diogène  Laerce,  Vie  d'Epicurc  :  «  Utitur  autem  in 
rehus  vocabulis  propriis,  quit  quoniam  simplicissima 
sunt,  ea  Aristophanes  grammaticus  taxât.  «  (X,  xiii, 

659-) 

P.  224,  1.  5.  Dict  Platon).  Dans  les  Lois  :  «  Gra;ci 
omnes  civitatem  &  eloquenti^e  studiosam  judicant 
&  verbosam.  Laceda;monem  vero  atque  Cretam, 
alteram  breviloquam,  alteram  intelligentiœ  magis 
quam  verbis  studentem.  »  (I,  p.  741;  éd.  de  1546, 

P-  753-) 

P.  224,  1.  8.  Zenon  disoit).  Cf.  Stobée  :  «Zenon 
è  discipulis  suis  aliquos  aiebat  esse  ç:'/S/.i'fzj;,  id 
est,  variœ  rerum  cognitionis  studiosos  :  alios  verô 
'/.zyzci'hzjç,  id  est,  loquendi  tantum  studiosos.  » 
(xxxvi,  218.) 

P.  224,  1.  22.  Cette  longueur).  Cf.  pour  cette  idée 
du  Bellay,  Deffence  et  Illustration,  I,  x.  Du  Bellay 
copie  ici  Sperone  Speroni,  Dialogo  de  la  lingiia. 

P.  224, 1.  27.  Il  me  donna).  Peut-être  cette  méthode 
dont  bénéficia  Montaigne  fut-elle  en  partie  inspirée 
par  Quintilien  qui,  dans  l'Institution  oratoire,  I,  i, 
recommande  qu'on  apprenne  le  grec  comme  sa  langue 
naturelle,  et  que  tout  enseignement  dans  l'enfance 
soit  donné  sous  la  forme  d'un  jeu. 

P.  225, 1.  24.  Nicolas Groticchi).  Nicolas  Grouchy, de 
Rouen  (i  5  lo-i  572),  professa  au  Collège  de  Guyenne 
de  1 534  à  1 547;  Montaigne  dut  l'avoir  comme  maître 
de  dialectique,  et  l'on  peut  se  donner  une  idée  de  son 
enseignement  en  lisant  ses  Prxceptiones  dialecticcc. 


LIVRE     I,      CHAPITRE     XXVI. 


8S 


P.  225,  1.  25.  Giiillaimie  Gtiemite).  Né  à  Rouen, 
comme  Grouchy  et  ami  intime  de  Grouchy;  il  pro- 
fessa au  Collège  de  Guyenne  de  1534  à  i547-  H  ^ 
peut-être  travaillé  à  la  traduction  de  la  Logique 
d'Aristote  que  Grouchy  publia  chez  Vascosan,  car 
daus  cet  ouvrage  on  trouve  un  avis  au  lecteur  et  une 
pièce  de  vers  qui  sont  de  Guérente. 

P.  225,  1.  26.  Bncanan).  Né  en  Ecosse  en  1506, 
professa  au  Collège  de  Guyenne  de  1539  à  1542,  par 
conséquent  les  trois  premières  années  que  Montaigne 
y  passa.  Quand  il  dut  prendre  la  fuite  à  cause  de 
ses  opinions  religieuses,  il  se  réfugia  quelque  temps 
au  château  de  Montaigne. 

P.  225,  1.  27.  Muret).  Né  en  1526,  semble  n'être 
arrivé  au  Collège  de  Guyenne  que  vers  l'époque  où 
Montaigne  le  quitta  (1546).  Peut-être  fut-il  «pré- 
cepteur domestique  »  de  Montaigne  avant  de  professer 
au  Collège. 

P.  226, 1.4.  Ce  Comte  de  Brissac).Tn\\o\io\\à<:(lossé, 
comte  de  Brissac,  né  vers  1543,  mourut  tout  près 
de  Montaigne,  au  siège  de  Mussidan  (printemps 
de  1569).  D'après  de  Thou,  c'est  l'exaspération  causée 
par  sa  mort  qui  provoqua,  après  la  prise  de  cette 
ville,  les  violences  relevées  par  Montaigne  dans 
l'essai  I,  vi.  Brantôme  parle  souvent  de  ce  personnage, 
et  avec  grand  éloge  :  «  Feu  M.  le  comte  de  Brissac 
se  fit  en  un  rien  plus  grand  capitaine  que  tant  de 
vieillardz  qu'il  avoit  aux  armées,  seullement  parce 
qu'il  ne  fut  jamais  en  repos  tant  qu'il  y  fut,  ains  à 
toute  heure  et  à  tous  momans  et  occasions  ne  faisoit 
que  rechercher  la  guerre,  les  combatz  et  les  rencon- 
tres et  à  toutes  sortes  d'hasardz;  aussi  se  façonnant 
ainsi  en  un  rien  tout  de  mesmes  façonna  tant  ses 
capitaines  et  ses  soldatz  que  combien  qu'ils  y  fussent 
jeunes  d'ans  ilz  estoient  vieux  et  d'expériance  et  de 
playes.  »  (Éd.  Lalanne,  t.  VII,  31.)  Brantôme  déclare 
que  Buchanan  fut  précepteur  de  Brissac  (t.  V,  126). 

P.  227,  1.  12.  Au  collège  de  Giiienne).  Cf.  l'Histoire 
du  Collège  de  Guyenne,  par  E.  Gaullieur,  Paris,  1874. 

P.  227,  1.  18.  Mon  Latin  s'abastardit).  Comme  le 
latin  était  la  seule  langue  autorisée  au  collège,  aussi 
bien  au  réfectoire  et  dans  les  récréations  que  dans 
les  classes,  les  écoliers  parlaient  entre  eux  un  jargon 
épouvantable.  Cf.  à  ce  sujet  l'ouvrage  que  Mathurin 


Cordier  composa  dans  le  dessein  de  corriger  cet 
abus,  De  cornipti  sernionis  emendatione  (Paris,  1530; 
Lyon,  1535,  etc.);  et  ce  que  Gaullieur  en  dit  dans 
son  Histoire  du  Collège  de  Guyenne,  p.  129. 

P.  228,  1.  2.  Des  Lancelots).  De  fait,  dans  l'œuvre 
de  Montaigne,  on  ne  trouve  point  de  traces  de  ces 
romans;  je  relève  seulement  dans  l'essai  I,  li,  une 
allusion  aux  Ainadis,  qui  d'ailleurs  ne  suppose  pas 
même  une  lecture  directe.  La  jeunesse  de  Montaigne, 
et  plus  spécialement  le  règne  de  Henri  II,  est  une 
époque  de  grand  succès  pour  les  romans,  et  spéciale- 
ment pour  les  Amadis.  Un  volume  des  Ainadis  en 
espagnol  figurait  dans  la  «  librairie  »  de  Montaigne. 

P.  228,  1.  3.  A  quoy  l'enfance  s'amuse).  Sur  le 
succès  des  romans  au  wi"  siècle,  voir  l'ouvrage  de 
Bourciez,  les  Mœurs  polies  et  la  littérature  de  cour  sous 
Henri  H,  liv.  I,-  ch.  i  et  m;  liv.  III,  ch.  iv  et  v; 
et  aussi  Plattard,  V Œuvre  de  Rabelais,  i  (19 10). 
Aux  témoignages  qu'on  trouvera  mentionnés  dans 
ces  deux  ouvrages  on  en  peut  joindre  un  fort  impor- 
tant de  La  Noue,  Discours  politiques  (éd.  de  1587, 

P-  I34-) 

P.  229,  1.  22.  Alter).  «A  peine  avais-je  atteint  ma 
douzième  année.  »  (Virg.,  BiicoL,  viii,  39.)  Le  texte 
de  Virgile  que  possédait  Montaigne  donne  ce  Tum 
me  jam  ceperat  annus  »  ;  intentionnellement  sans 
doute  il  substitue  «  vix  »  à  «  jam  ». 

P.  230,  1.  1.  Es  tragédies  latines).  Sans  doute  le 
Jules  César  que  Muret  composa  à  Auch,  la  Jephté  et 
le  Baptiste  de  Buchanan.  Buchanan  avait  en  outre 
traduit  du  grec  Médée  et  Alceste.  Quant  à  Guérente, 
ses  tragédies  ne  sont  pas  venues  jusqu'à  nous.  Ce 
n'est  pas  Gouvéa  qui  a  introduit  les  représentations 
théâtrales  au  Collège  de  Guyenne,  elles  sont  anté- 
rieures à  son  principalat.  Cf.  à  ce  sujet  Gaullieur, 
Hist.  du  Collège  de  Guyenne,  p.  25e. 

P.  230,  1.  3.  Goi'canus).  André  Gouvéa,  né  en 
Portugal  en  1497,  réorganisa  en  1534  le  Collège  de 
Guyenne  dont  il  fut  principal  jusqu'en  1547;  il 
mourut  en  1548  à  l'Université  de  Coïmbre.  Son 
frère  Antoine  Gouvéa  (1505-1555),  qui  défendit 
Aristote  contre  Ramus  et  qui  professa  lui  aussi  au 
Collège  de  Guyenne,  est  connu  comme  jurisconsulte. 

P.  230,  1.  II.  Arisloni).  «Il  découvre  son  projet 


86 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


à  l'acteur  tragique  Ariston.  C'était  un  homme  dis- 
tingué par  sa  naissance  et  par  sa  fortune;  et  sa  pro- 
fession ne  lui  ôtait  rien  de  sa  considération,  car  elle 
n'a  rien  de  honteux  chez  les  Grecs.  »  (Tite-Live, 
XXIV,  XXIV.) 

Chronologie  :  Cet  essai  est  dédié  à  Madame  Diane 
de  Foix,  comtesse  de  Gurson.  Montaigne  s'adresse  à  elle 
en  ces  termes  :  «  Si  j'avoy  quelque  suffisance  en  ce 
suhject  (de  l'institution  des  enfants),  je  ne  pourroy  la 
mieux  employer  que  d'en  faire  un  présent  à  ce  petit 
homme  qui  vous  menasse  de  faire  tantost  une  belle 


sortie  de  ches  vous.  »  (P.  191,  1.  29.)  Nous  avons 
vu  que  Diane  de  Foix  épousa  Louis  de  Foix,  comte 
de  Gurson,  au  mois  de  mars  1579.  La  phrase  que 
nous  venons  de  citer  ne  peut  donc  être  antérieure  au 
mois  de  juin  ou  au  mois  de  juillet  1579;  rien  ne 
prouve  qu'elle  n'est  pas  seulement  des  premiers  mois 
de  1580.  C'est  entre  ces  deux  dates  que  se  place  la 
composition  de  l'introduction  où  elle  est  insérée.  J'ai 
montré  ailleurs  (Lm  sources  et  l'évolution  des  Essais, 
t.  I,  p.  290)  que,  suivant  toute  vraisemblance,  le 
chapitre  entier  est  de  la  même  époque. 


Chapitre   XXMI. 


CEST    FOLIE    DE    RAPPORTER    LE    VRAY    ET    LE    FAVX    A    NOSTRE    SVFFISANCE. 


P.  232,  1.  6.  Ut  necesse  est).  «  Comme  le  poids 
fait  nécessairement  pencher  le  plateau  de  la  balance, 
ainsi  l'évidence  entraîne  l'esprit.  »  (Cicéron,  Acad., 
II,  12.) 

P.  233,  1.  3.  Soiiiiiia).  «Songes,  terreurs  magi- 
ques, prodiges,  sorcières,  apparitions  nocturnes  et 
autres  merveilles  de  Thessalie...  »  (Horace,  Epitres, 
II,  II,  208.) 

P.  233, 1.  20.  Jaiii  ncmo).  «Las  et  rassasiés  que  nous 
sommes  du  spectacle  des  cieux,  personne  ne  daigne 
plus  lever  la  tète  vers  ces  temples  de  lumière.  » 
(Lucrèce,  II,  1037.)  Montaigne  suit  ici  exactement 
le  texte  de  l'édition  Lambin.  Cf.  p.  177. 

P.  233,  1.  24.  Si  Hunc  primnm...  «Supposez  que 
maintenant  pour  la  première  fois  elles  se  manifes- 
tassent soudainement  aux  mortels  et  tout  à  coup  se 
présentassent  à  leurs  yeux,  rien  ne  pourrait  nous 
sembler  digne  de  leur  être  comparé,  et  nous  n'aurions 
rien  su  imaginer  de  semblable  avant  de  les  avoir 
vues.  »  (Lucrèce,  II,  1032.)  Montaigne  adapte  les 
vers  de  Lucrèce,  édition  Lambin  : 

«  Quic  nunc  si  primum... 
»  Quis  magis  his  rébus...?» 

Cf.  p.  177. 

p.  234,  1.  5.  Scilicct).  «Un  fleuve  moyen  paraît 
très  grand  à  qui  n'en  a  pas  vu  de  plus  grand,  il  en 
est  de  même  d'un  arbre,  d'un  homme,  il  en  est  de 
même  de  toutes  choses  quand  nous  n'avons  rien  vu 
de  plus  grand  dans  la  même  espèce.  »  (Lucrèce,  M, 
674.)  Le  texte  de  Montaigne  est  conforme  à  celui 
de  Lambin.  Cf.  p.  508. 


P.  234,  1.  9.  Consuetudinc).  «  L'habitude  d'avoir 
les  objets  sous  les  yeux  familiarise  nos  esprits  avec 
eux;  ils  ne  s'étonnent  plus  des  choses  qu'ils  voient 
sans  cesse,  et  n'en  recherchent  pas  les  causes.  »  (Cicé- 
ron, De  natura  deoniiii,  II,  xxxviii.) 

P.  234.  1.  23.  Comandee  par  Chilon).  Ce  mot  est 
attribué  à  divers  sages,  en  particulier  Diogène  Laerce 
l'attribue  à  Solon.  C'est  pourtant  à  Chilon  qu'il  est 
le  plus  fréquemment  attribué  :  cf.  le  même  Diogène, 
Vie  de  Thaïes,  I,  xli;  Aristote,  Rhétorique,  II,  xii; 
Pline,  Hist.  nat.,  VII,  xxxii. 

P.  234,  1.  24.  Que  Je  conte  de  Foix).  Cf.  Froissart, 
III,  XVII ;  le  fait  date  de  1385. 

P.  234,  1.  27.  Nos  annales  disent).  Il  s'agit  des 
Annales  de  Nicole  Gilles,  ouvrage  que  Montaigne 
a  annoté.  On  y  lit,  en  effet  :  «  Lon  dit  que  le  Pape 
Honorius,  qui  lors  présidoit,  fut  miraculeusement 
adverty  du  trespas  du  dict  Roy  Philippe  et  le  dict 
jour  qu'il  trespassa,  luy  et  ses  cardinaux...  feirent  le 
senàce  de  ses  obsèques  et  funérailles  à  grand  solen- 
nité, et  manda  ledict  Pape  les  faire  dans  toutes  les 
églises  dudict  pays  d'Italie.  »  (Sous  la  date  de  1223.) 

P.  235,  1.  3.  Si  Plutarque).  «Un  autre  pareil  cas 
advenu  de  nostre  temps  rend  toutes  telles  nouvelles 
croyables,  car  quand  Antonius  se  rebella  contre 
l'Empereur  Domitian,  la  ville  de  Rome  en  fut  en 
grand  trouble,  pource  que  lon  y  attendoit  une 
grosse  guerre  du  costé  de  l'Allemagne  :  mais  en  cest 
etfroy,  il  se  leva  soudainement  de  soymesme  un 
bruit  de  victoire  parmi  le  peuple,  et  courut  la  nou- 
velle par  toute  Rome  qu'Antonius  luy  mesme  avoit 
esté  tué,  &  son  armée  tellement  desfaitte  qu'il  n'en 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


estoit  du  tout  rien  demouré.  Si  en  fut  le  bruit  si 
grand  que  plusieurs  des  principaux  de  la  ville  y 
adjouxterent  foy,  &  en  sacrifièrent  aux  Dieux,  en 
leur  rendant  grâces  de  la  victoire  :  mais  quand  on 
vint  à  enquérir  qui  en  avoit  esté  le  premier  autheur, 
il  ne  s'en  trouva  point,  pource  que  l'un  l'alloit  tou- 
jours rejettant  à  l'autre,  tant  qu'à  la  fin  elle  s'alloit 
perdre  en  la  multitude  infinie  du  peuple,  comme  en 
une  mer  vaste  ou  il  n'y  a  ne  fond  ne  rive,  &  n'y 
trouva  Ion  jatr.ais  commencement  ny  fondement 
asseuré  :  parquoy  le  bruit  s'en  escoulla  aussi  tost 
hors  de  Rome,  comme  incertainement  il  y  estoit 
entré  :  mais  toutes  fois  s'estant  Domitian  mis  en 
chemin  pour  aller  à  ceste  guerre,  il  rencontra  lettres 
&  messagers  qui  lui  apportoient  nouvelles  cenaines 
de  la  victoire,  &  trouva  Ion  qu'elle  avoit  esté  gaignée 
le  mesme  jour  que  le  bruit  s'en  estoit  levé  à  Rome, 
combien  que  les  lieux  soient  distans  l'un  de  l'autre 
de  plus  de  douze  cents  cinquante  lieues.  »  (F/>  de 
Paiil-Émik,  i°  \~2  r°.) 

P.  235,  1.  8.  Et  si  Cœsar  tient).  Je  n'ai  pas  trouvé 
cène  affirmation  chez  César;  le  texte  que  Coste 
allègue  ici  {De  bello  civili,  III,  xxxvi)  n'a  pas  ce 
sens. 

P.  235,  1.  II.  Que  le  jugement  de  Pline).  Chez  les 
compilateurs  et  les  auteurs  de  leçons,  Pline,  comme 
il  est  naturel,  jouit  d'un  grand  crédit.  On  peut  voir, 
par  exemple,  le  grand  éloge  que  Messie  fait  de  lui 
dans  ses  Diverses  leçcns,  fin  de  la  vingt-sixième  leçon 
du  premier  livre. 

P.  235, 1. 18.  Quand  nous  lisons ,  dans  Bouchet).  Dans 
les  Annales  d'Aquitaine;  d.  éd.  de  Poitiers  1567, 
f"  21-30. 

P.  235,  1.  22.  A  Milan).  Cf.  saint  Augustin,  Cité 
de  Dieu,  XXU,  viii. 


P.  235,  1.  23.  Une  femme,  à  Carthage).  Id.,  ibid.  : 
«  Admonetur  in  somnis  ut  in  parte  feminarum 
observanti  ad  baptisterium,  qucecumque  illi  baptisata 
primitus  occurrisset,  eumdem  locum  signo  Christi 
signaret  :  fecit,  et  confestim  sanitas  secuta  est.  »  (XII, 

VIII.) 

P.  235,  1.  25.  Hcsperins).  Id.,  ibid.  Saint  Augustin 
attribue  cette  expulsion  aux  prières  d'un  prêtre  qui 
vint  dire  la  messe  dans  la  maison  d'Hespérius,  non 
à  la  terre  sainte.  Toutefois  l'erreur  de  Montaigne  est 
fort  légère,  car  saint  Augustin  ajoute  qu'Hespérius 
conser\-a  de  la  terre  sainte  dans  sa  chambre  pour  se 
préser\'er  lui-même  du  malin  esprit. 

P.  235,  1.  28.  Une  femme).  Id.,  ibid.  :  «  Ibi  caeca 
mulier,  ut  ad  Episcopum  portantem  (reliquias  mar- 
tyris  Stephani)  duceretur,  oravit  :  flores  quos  ferebat 
dédit  :  recepit,  oculis  admovit,  protinus  vidit.  » 

P.  236,  1.  7.  Oui,  ut  rationem).  «  Quand  même 
ils  n'apporteraient  aucune  raison,  ils  me  persuade- 
raient par  leur  autorité  seule.  »  (Cic,  Tnsc,  I,  xxi.) 

Chronologie  :  Une  allusion  très  directe  à  Bouchet 
indique  qu'une  partie  au  moins  de  cet  essai  est  de 
la  première  période  (environ  1572).  D'ailleurs  rien 
ne  prouve  qu'il  soit  entièrement  de  cette  époque. 
Un  long  paragraphe  où  l'on  trouve  des  emprunts  à 
Froissart,  à  Nicole  Gilles,  à  Plutarque,  à  César,  pour- 
rait fort  bien  avoir  été  ajouté  après  coup.  Montaigne 
V  dit  en  effet  :  «  Cœsar  tient  qu'il  est  souvent  advenu 
que  la  nouvelle  a  devancé  l'accident.  »  Je  n'ai  pas 
trouvé  le  passage  de  César  auquel  il  est  fait  allusion. 
Si  cependant  Montaigne  a  réellement  pris  ou  cru 
prendre  chez  César  cette  idée,  il  est  possible  que  le 
passage  soit  postérieur  à  la  lecture  de  César,  c'est-à- 
dire  à  1578,  mais  cette  hypothèse  est  fort  incertaine. 


Chapitre   XXVIII. 


DE    L  AMITIE. 


P.  238,  TITRE.  Pour  juger  de  la  sincérilé  du  sen- 
timent que  Montaigne  exprime  ici  il  e.st  bon  de  relire 
une  phrase  du  Journal  de  voyage,  écrite  dix-sept  ans 
après  la  mort  de  son  frère  d'alliance,  Estienne  de 
La  Boétie  :  «  Ce  mesme  matin  escrivant  à  M.  Ossat, 
je  tumbé  en  un  pensement  si  pénible  de  M.  de  La 
Boetie,  et  y  fus  si  longtamps,  sans  me  raviser,  que 
cela  me  fit  grand  mal.  »  (P.  32e.) 

P.  238,  1.  9.  Desinit  in  piscem).  «  C'est  le  corps 
d'une  belle  femme  avec  une  queue  de  poisson.  » 
(Horace,  Art  poétique,  46.) 

P.  239,  1.  II.  Quelques  iiieinoircs  sur  cet  edict  de 
Janvier).  Il  s'agit  de  l'édit  de  janvier  1562,  qui  accor- 
dait aux  protestants  l'exercice  de  leur  religion.  Les 
Mémoires  composés  par  La  Boétie  à  son  sujet  n'ont 
pas  été  retrouvés. 

P.  239,  1.  lé.  Outre  le  livret).  «La  mesnagerie  de 
Xénophon.  Les  règles  de  mariage,  de  Plutarque. 
Lettre  de  consolation  de  Plutarque  à  sa  femme.  Le 
tout  traduict  de  grec  en  françois  par  feu  M.  Estienne 
de  La  Boétie,  Conseiller  du  Roy  en  sa  court  de  Par- 
lement à  Bordeaux.  Ensemble  quelques  vers  Latins 
&  François,  de  son  invention.  Item,  un  discours  sur 
la  mort  dudit  Seigneur  de  La  Boetie,  par  M.  de 
Montaigne.  A  Paris,  de  l'imprimerie  de  Fédéric 
Morel,  rue  S.  lan  de  Beauvais,  au  Franc  Meurier, 
M.  D.  LXXI  (1571).  »  Voir  la  réédition  des  Œuvres 
de  La  Boétie,  par  P.  Bonnefon  (1892). 

P.  239,  1.  27.  Et  dict  Aristote).  Dans  la  Morale  à 
Nicomaque,  VIII,  i. 

P.  240,  1.  14.  //  s'est  trouvé  des  nations).  Cf.  les 
mêmes  faits  dans  l'essai  I,  xxiii,  p.  145,  1.  13. 


P.  240,  1.  19.  Tesiiioi)!^  Aristippus).  Cf.  Diogène 
Laerce.  En  1580  Montaigne  n'avait  qu'une  vague 
réminiscence,  il  a  précisé  son  souvenir  dans  les 
éditions  suivantes;  en  particulier  c'est  seulement 
après  1588,  à  l'époque  où  il  a  étudié  Diogène,  qu'il 
a  inscrit  le  nom  d'Aristippus.  «  Causante  quodam 
quod  filium  quasi  non  tx  se  natum  projiceret,  An 
vero,  inquit,  ignoramus  et  pituitam  et  pediculos  ex 
nobis  gigni?  Tamen  velut  inutilia  quam  longissime 
projicimus.  »  (II,  lxxxi,  éd.  1556,  p.  145.) 

P.  240,  1.  22.  Et  cet  autre,  que  Plutarque).  Cf.  De 
l 'amitié  fraternelle,  iv. 

P.  241,  1.  21.  Et  ipse  iiotus).  «Connu  moi-même 
pour  mon  affection  paternelle  envers  mes  frères.  » 
(Horace,  Odes,  II,  11,  6.) 

P.  241, 1.  26.  Nequeeniniest  dea).  «Car  je  ne  suis  pas 
inconnu  à  la  déesse  qui  mêle  une  douce  amertume 
aux  soucis  de  l'amour.  »  (Catulle,  Epif;r.,  Lxvi,  17.) 

P.  242,  1.7.  Corne  segue  la  lèpre).  «  Tel  le  chasseur 
poursuit  le  lièvre  par  le  froid,  par  le  chaud,  dans  la 
montagne  et  dans  la  vallée;  i!  le  dédaigne  quand  il 
l'a  pris,  et  ne  le  désire  que  tant  qu'il  tuit.  »  (Arioste, 
Roland  furieux,  x,  stance  7.) 

P.  242,  1.  18.  De  luy).  De  La  Boétie. 

P.  243,  1.  14.  Ouis  est  enini).  «Qu'est-ce  en  effet 
que  cet  amour  d'amitié?  D'où  vient  qu'il  ne  s'attache 
ni  à  un  jeune  homme  laid,  ni  à  un  beau  vieillard?» 
(Cicéron,  Tusc,  IV,  xxxiii.)  Le  texte  que  Montaigne 
suit  ici  est  conforme  exactement  à  l'édition  de 
Paris  1538. 

P.  243,  1.  15.  La  peinture  uiesines).  Cf.  le  Banquet, 
discours  de  Pausanias,  passim. 


90 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  244,  1.  16.  Et  ta  lisent  grandement  le  poète  Azs- 
chiliis).  Cf.  Platon,  Banquet  :  «jEschilus  plane  délirât, 
cùm  Patroclum  ab  Achille  dicit  amatum,  qui  non 
Patroclo  tantùm,  verumetiam  cunctis  heroibus  forma 
prœstabat,  eràtque  adhuc  imberbis,  multôque  natu 
minor,  ut  inquit  Homerus.  »  (Ed.  de  1546,  p.  420.) 

P.  244,  1.  20.  Ils  disent  qu'il  en  provenait).  Id.,  ibid.  : 
«  Nam  inter  barbares  quidem  propter  t^-rannides  turpe 
istud  habetur,  &  sapientice  prœterea  atque  g}-mnasticœ 
studium.  Xeque  enim  tyrannis  conducunt  ea  studia 
quœ  subditorum  mentes  acutas  generosasque  reddunt, 
quœve  amicitias  inter  eos  indissolubiles,  societatesque 
fréquentes  pariunt  :  quœ  cûm  ab  aliis,  tum  vel 
maxime  ab  amore  gigni  consueverunt.  Hoc  autem 
ex  re  ipsa  tv'ranni  nostri  didicerunt.  Xam  Aristogi- 
tonis  amor  &  Harmodii  amicitia  confirmata,  illorum 
tj'rannidem  dissipavit.  Atque  ita  ubicunque  Amoris 
indulgentia  funditus  sublata  est,  pravitate  illorum 
qui  leges  condiderunt,  est  vetita,  principium  quidem 
avaritia,  augendique  imperii  studio  subditorum  igna- 
via.  »  (Ed.  de  1546,  p.  421.) 

P.  245,  1.  I.  Ainorem  conatum  esse).  «L'amour  est 
le  désir  d'obtenir  l'amitié  d'une  personne  qui  nous 
attire  par  sa  beauté.  »  (Cicéron,  Tusc,  IV,  xxxiv.) 

P.  245,  1.  3.  Omnino  amicitix).  «L'amitié  n'est 
vraiment  entière  que  dans  la  maturité  de  l'esprit  et 
de  l'âge.  »  (Cicéron,  De  amicitia,  xx.) 

P.  245,  1.  8.  En  l'amitié  dequov  je  parle.)  Sur  la 
conception  de  l'amitié  que  Montaigne  expose  ici  je 
crois  que  le  De  amicitia  a  exercé  une  influence  pré- 
pondérante. On  y  lit,  en  effet  :  «  Homo  et  se  ipse 
diligit  et  alterum  anquirit,  cujus  animum  ita  cum 
suo  misceat  ut  effîciat  pœne  unum  ex  duobus.  » 
(xxi.)  «  Cum  amicitiie  vis  sit  in  eo  ut  unus  quasi 
animus  fiât  ex  duobus.  »  (/</.,  xxv.)  Et  dans  le 
De  officiis  Cicéron  dit  encore  :  «  Efiîciturque  id  quod 
Pytliagoras  vult  in  amicitia  ut  unus  fiât  ex  pluribus.» 
Peut-être  aussi  sur  ce  point  Montaigne  a-t-il  subi 
l'action  des  platoniciens  du  xvi'  siècle  qui  parlent  avec 
enthousiasme  de  l'amour  platonique  et  de  l'amitié. 
Voici,  par  exemple,  comment  s'exprime  Leone 
Hcbreo  à  ce  sujet  :  «  Le  philosophe  dit  que  le  vray 
Amy  est  un  autre  soy-mesme,  pour  dénoter  que, 
qui  est  en  la  vraye  amitié  a  double  vie,  constituée 


en  deux  personnes  ;  c'est  assavoir  en  la  sienne,  &  en 
celle  de  l'Am)-  :  tellement  que  son  amy  est  un  autre 
soy-mesme  :  &  chacun  d'eux  embrasse  en  soy  deux 
vies  ensemble  :  dont  la  sienne  propre  est  l'une  &  celle 
de  l'amy  l'autre  :  &  par  un  amour  esgal,  ayme  toutes 
les  deux  personnes  :  et  pareillement  conser\-e  toutes 
les  deux  vies.  Et,  pour  ceste  cause,  la  sainte-Escri- 
ture  commande  l'honneste  Amitié,  disant  :  tu  aimeras 
ton  prochain,  comme  toi  mesme  :  voulant  que  l'a- 
mitié soit  de  sorte  que  les  amis  se  fassent  unis 
esgalement,  &  qu'un  mesme  amour  soit  en  l'esprit 
de  chacun  de  ces  amis.  Et  la  cause  de  telle  union, 
&  assemblement,  est  la  réciproque  ^'ertu,  ou  sapience 
de  tous  les  deux  amis;  laquelle,  par  la  spiritualité 
&  aliénation  de  matières,  &  par  l'astraction  des 
conditions  corporelles,  oste  la  diversité  des  personnes, 
jusques  à  ne  leur  laisser  de  divers  que  l'individuation 
corporelle  :  &  engendre  ez  amis  une  propre  Essence 
de  pensée,  conser\-ee  par  un  sçavoir  &  par  un  amour 
&  volonté  commune  à  tous  deux,  autant  séparée  de 
différence  et  de  diversité,  comme  si  vrayment  le 
subject  de  l'amour  estoit  une  seule  ame,  &  essence, 
conser\-ee  en  deux  personnes,  &  non  multipliée  en 
icelles.  Et,  pour  conclusion  je  dy  que  l'amitié  hon- 
neste,  fait  d'une  personne  deux  :  &  de  deux,  une.  » 
(Traduction  française  de  1555,  p.  65.)  Et  Bembo  dit 
dans  les  Asolani  :  «  Alcuni  (degli  amanti)  dall'  amo- 
rose  fiamme  piu  riscaldati,  ogni  disvolere  levando 
de'  loro  amori,  niuna  cosa  si  niegano  giammai,  ma 
quello  che  vuole  l'uno  vuole  l'altro  subitamente  con 
quello  medesimo  affetto,  che  esso  facea;  e  in  questa 
guisa  due  anime  governando  con  un  solo  filo  ad 
ogni  possibile  diletto  fortunosamente  si  fanno  via.  » 
Toutefois  je  n'ai  retrouvé  nulle  part  la  forme  très 
originale  par  laquelle  Montaigne  exprime  cette  même 
idée  :  «  Elles  se  meslent  et  confondent  l'une  en 
l'autre,  d'un  meslange  si  universel,  qu'elles  efl^acent 
&  ne  retrouvent  plus  la  cousture  qui  les  a  jointes.  » 

P.  245,  1.  22.  B  escrivit  une  Satyre  Latine).  (Publiée 
par  Montaigne  lui-même  en  1571  dans  le  recueil 
dont  le  titre  a  été  donné  ci-dessus,  p.  239,  1.  16.) 

P.  245,  1.  26.  De  quelqu'  ainiee).  La  Boétie  est  né 
en  1530,  Montaigne  en  1533. 

P.  24e,  1.  II.  Quand  Lvlius).  Cf.  Plutarque,  Fie 


LIVRE     I,     CHAPITRE     XXVIII. 


91 


■de  Tiberiiis;  cf.  aussi  Valère  Maxime,  IV,  vu,  i.  Mais 
la  source  principale  de  Montaigne  est  le  De  amicitia, 
de  Cicéron,  chap.  xi,  où  Lélius  s'exprime  ainsi  : 
«AtC.  BlossiusCumanus...  quum  ad  me,  qui  aderam 
Lœnati  et  Rupilio  consulibus  in  consilio,  deprecatum 
venisset,  banc,  ut  sihi  ignoscerem,  causam  afferebat, 
quod  tanti  Tib.  Graccbum  fecisset  ut,  quidquid  ille 
vellet,  sibi  faciendum  putaret.  Tum  ego  :  Etiamne, 
inquam,  si  te  in  Capitolium  faces  ferre  vellet?  — 
Nunquam,  inquit,  voluisset  id  quidem.  —  Sed,  si 
voluisset?  —  Paruissem.  »  Il  faut  noter  d'ailleurs 
•que  le  commentaire  de  Montaigne  est  très  diiférent 
de  celui  de  Cicéron. 

P.  247,  1.  4.  Est  il  du  tout  impossible).  C'est  l'opi- 
nion que  Cicéron  exprime  très  nettement  dans  le 
De  cimicitia,  xi  et  passim. 

P.  247,  1.  27.  Disait  Chilon).  C'est  en  général  à 
Bias  que  ce  mot  est  attribué  :  cf.  Diogène  Laerce, 
I,  Lxxxvii;  Aristote,  Rhétorique,  II,  xiii;  Cicéron,  De 
amicitia,  xvi.  Aulu-Gelle  cependant  le  donne  à  Cbilon 
(I,  m).  En  cet  endroit  Aulu-Gelle  traite  la  question  de 
savoir  si  l'on  doit  faire  le  mal  pour  plaire  à  un  ami,  et 
il  critique  comme  superficiel  le  morceau  de  Cicéron 
où  est  rapporté  l'exemple  de  Blossius,  et  dont  Mon- 
taigne s'était  inspiré. 

P.  248,  1.  4.  O  mes  amis).  Cf.  Diogène  Laerce, 
Vie  d' Aristote  :  «  O  amici,  amicus  nemo.  »  (V,  xxi, 

303-) 

P.  248,  1.  8.  L' amitié  que  je  me  porte).  Rapprocher 
Cicéron,  De  amicitia  :  «  Ipse  se  quisque  diligit,  non 
ut  aliquam  a  se  ipse  mercedem  exigat  caritatis  suœ, 
sed  quod  per  se  sibi  quisque  carus  est.  Quod  nisi 
idem  in  amicitiam  transferatur,  verus  amicus  nun- 
quam reperietur  :  est  enim  is  quidem  tanquam  aller 
idem.  »  (xxi.) 

P.  248,  1.  17.  Selon  la  trespropre  définition  d' Aristote). 
Cf.  Diogène  Laerce,  Vie  d' Aristote  :  «  Rogatus  quid 
sit  amicus,  Una,  inquit,  anima  in  duobus  corporibus 
habitans.  »  (V,  xx,  303.) 

P.  248,  1.  28.  Quand  le  philosofe  Diogenes).  Cf. 
Diogène  Laerce,  Vie  de  Diogène  :  Cùm  pecuniis  egeret, 
eas  se  ab  amicis  repetere,  non  petere,  dicebat.  »  (VI, 

XLVI,   371.) 

P.  249, 1.  4.  Eudamidas).  Cf.  Lucien,  Toxaris,  xxii. 


P.  250,  1.  19.  La  responce  de  ce  ieiine  soldat).  Cf. 
Xénophon,  Cyropédie  (VIII,  m,  270). 

P.  251,  1.  12.  Mihi  sic  usas  est.)  «  Pour  moi,  c'est 
ainsi  que  j'en  use;  vous,  faites  comme  vous  l'enten- 
drez. »  (Térence,  Heautontimoroumenos,  act.  I,  se.  i, 
vers  28.)  Les  éditions  de  Bâle,  1538,  Paris,  1541,  et 
toutes  celles  que  j'ai  consultées  portent  «  est  usus  » 
au  lieu  de  «usus  est». 

P.  251,  1.  16.  Tout  ainsi  que  cil).  Cf.  Plutarque, 
Vie  d'Agésilas  :  «Il  aimoit  fort  tendrement  ses  petits 
enfans,  de  sorte  qu'il  jouoit  avec  eulx  parm}'  la 
maison,  se  mettant  une  canne  entre  les  jambes 
comme  un  cheval  :  et  comme  quelqu'un  de  ses  amis 
l'eust  veu  et  trouvé  en  cet  estât,  il  le  pria  de  n'en 
dire  jamais  rien  à  personne  jusques  à  ce  que  luv- 
mesme  eust  des  enfans  aussi.  »  (ix,  f"  212  v°.) 

P.  252,  1.  5.  Nil  ego  contulerim).  «Tant  que  j'aurai 
mon  bon  sens,  il  n'est  rien  que  je  puisse  comparer 
à  un  tendre  ami.  »  (Horace,  Sat.,  I,  v,  44.) 

P.  252,  1.  6.  L'ancien  Menander).  Cf  Plutarque, 
De  l'amitié  fraternelle  : 

«  &:  n'est  pas  celuv  fier 
»  Pensant  avoir  trouvé  du  bien  sans  nombre 
»  Qui  d'un  amv  a  peu  recouvrer  l'ombre.  » 

(F°  82  r^) 
P.  252,  1.  17.  Ouem  semper  accrhum).  «Jour  que 
je  ne  cesserai  jamais  de  pleurer  et  d'honorer,  puis- 
que telle  a  été  votre  volonté,  ô  Dieux  !  »  (Virgile, 
En.,  49.) 

P.  252,  1.  23.  Necfas  esse).  «Et  j'ai  décidé  que  je 
ne  devais  plus  prendre  aucun  plaisir,  maintenant  que 
je  n'ai  plus  celui  qui  partageait  ma  vie.  »  (Térence, 
Heauton.,  act.  I,  se.  i,  vers  97.)  Montaigne  a  adapté 
à  son  usage  personnel  le  texte  de  Térence  que  voici  : 

«  Nec  fas  esse,  uUa  me  voluptate  hic  frui, 

»  Nisi  ubi  ille  hue  salvus  redierit  meus  particeps.  » 

P.  253,  1.  3.  Illam  mtœ).  «Puisqu'un  sort  cruel 
m'a  ravi  trop  tôt  cette  douce  moitié  de  mon  âme, 
qu'ai-je  à  faire  de  l'autre  moitié,  séparée  de  celle  qui 
m'était  plus  chère?  Le  même  jour  nous  a  perdus 
tous  deux.  »  (Horace,  Odes,  II,  xvii,  5.) 

P.  253,  1.  12.  Ouis  desiderio).  «  Puis-je  rougir  ou 


92 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


cesser  de  pleurer  une  tcte  si  chère  ?  »  (Horace,  Odes, 

I,   XXIV,    I.) 

P.  253,  1.  14.  0  misera).  «O  mon  frère!  que  je 
suis  malheureux  de  t avoir  perdu!  Avec  toi  ont  péri 
d'un  coup  toutes  nos  joies  et  ce  charme  que  ta  douce 
amitié  répandait  sur  la  vie.  En  mourant,  frère,  tu  as 
brisé  tout  mon  bonheur,  mon  âme  est  descendue  au 
tombeau  avec  la  tienne;  depuis  que  tu  n'es  plus,  j'ai 
dit  adieu  à  l'étude  et  à  tous  les  plaisirs  de  l'esprit. 
Ne  pourrai-je  donc  plus  te  parler  ni  t'entendre? 
Jamais  donc  plus  je  ne  te  verrai,  ô  frère  qui  m'étais 
plus  cher  que  la  vie?  Ah!  du  moins,  je  t'aimerai 
toujours!  »  (Catulle,  lxviii,  20,  et  lxv,  9.)  Pour  les 
trois  derniers  vers  Montaigne  a  modifié  l'ordre  des 
vers  et,  au  cinquième  a  substitué  le  mot  «anima» 
à  «  domus  ». 

P.  253,  1.  25.  Mis  en  lumière).  Un  fragment  de 
la  Servitude  ivloiitaire  avait  paru  dans  le  Rcvcille-matin 
des  François  (1574),  et  elle  avait  été  publiée  en  entier 
dans  les  Mémoires  de  l' Estât  de  France  sous  Charles  IX 
(1576).  Dans  ces  deux  recueils  \^  Servitude  volontaire 
était  jointe  à  des  pamphlets  protestants  contre  la 
monarchie  des  ^'alois,  qui  lui  donnaient  un  sens 
séditieux.  Sur  la  signification  véritable  du  Contr'un 
on  peut  voir  les  articles  de  M.  Armaingaud  et  les 
différentes  réponses  qui  y  ont  été  faites  :  Montaigne 
pamphlétaire;  l'Enigme  du  Contr'un  (Hachette  1910). 

P.  254,  1.  9.  Estre  na\  à  Venise).  Voir  à  ce  sujet 
dans  la  Senntude  volontaire  la  longue  comparaison 
que  La  Boétie  institue  entre  le  gouvernement  de 
\'enise  et  celui  des  Turcs  {Œuvres  de  La  Boétie,  éd. 
Bonnefon,  p.  24). 

Chronologie  :  La  première  partie  de  l'essai,  celle 
où  Montaigne  annonce  la  publication  du  Contr'un 
de  I-a  Boétie,  doit  ne  pas  être  postérieure  à  1576, 
date  à  laquelle  le  Contr'un  parut  dans  les  Mémoires 
de  l'Estat  de  France.  La  .seconde  partie,  celle  où  il 
déclare  qu'il  a  renoncé  à  son  projet  parce  que  le 
discours  de  son  ami  a  été  publié  «  à  mauvaise  fin  », 
ne  peut  pas  être  antérieure  à  cette  même  année  1576. 
C'est  en  effet  l'apparition  des  Mémoires  de  l'Estat  de 
France  sous  Charles  IX  qui  dut  amener  ce  revirement 
dans  les  intentions  de  Montaigne,  parce  que  dans 


cet  ouvrage  le  morceau  de  La  Boétie  était  inséré  au 
milieu  de  libelles  séditieux  et  était  assimilé  à  ces 
libelles.  Il  est  vrai  que  deux  ans  auparavant,  en  1574, 
les  protestants  avaient  déjà  mêlé  un  fragment  du 
Contr'un  à  un  de  leurs  pamphlets  les  plus  violents, 
le  Réveille-matin  des  François;  toutefois  le  fragment 
qui  en  avait  paru  à  cette  occasion  était  fort  court; 
il  est  probable  que  cette  publication  n'aurait  pas  suffi 
à  détourner  Montaigne  de  son  projet.  C'est  donc 
bien,  suivant  toute  vraisemblance,  la  première  édi- 
tion des  Mémoires  de  l'Estat  de  France  qui  détermina 
ce  changement.  On  a  supposé,  sur  la  foi  de  L'Es- 
toile,'  que  cette  première  édition  avait  paru  en 
octobre  1574.  Mais  les  indications  chronologiques 
de  L'Estoile  sont  parfois  erronées;  aucune  trace  ne 
semble  subsister  d'une  édition  de  1574;  enfin  j'ai 
actuellement  entre  les  mains  deux  éditions,  l'une 
de  1576,  l'autre  de  1578  :  or  l'édition  de  1578  porte 
au  titre  la  mention  «  deuxième  édition  » .  Nous  pou- 
vons donc  conclure  que  la  première  édition  est  celle 
de  1576,  et  que  l'année  1576  est  bien  la  limite  qui 
sépare  les  deux  parties  de  l'essai  De  l'amitié.  On 
a  proposé  une  date  plus  précise  pour  la  première 
partie  de  cet  essai.  Montaigne  y  fait  allusion  à  un 
peintre  qui  travaille  chez  lui  :  «  Considérant  la 
conduicte  de  la  besoingne  d'un  peintre  que  j'ay,  il 
m'a  pris  envie  de  l'ensuivre.  »  M.  Bonnefon  estime 
que  la  phrase  a  été  écrite  à  une  époque  où  Mon- 
taigne a  fait  peindre  sa  bibliothèque.  D'autre  part, 
il  pense  pouvoir  déterminer  cette  époque  par  la 
tameuse  inscription  qui  nous  apprend  la  résolution 
de  Montaigne  de  vivre  dans  la  retraite.  Elle  était 
peinte  sur  la  muraille  de  sa  bibliothèque,  et  elle  por- 
tait la  date  du  i"  mars  1571  :  c'est,  pense  M.  Bonne- 
fon, que  le  peintre  auquel  Montaigne  fait  allusion 
ici  a  exécuté  son  travail  au  début  de  l'année  1571 
et,  par  conséquent,  que  le  chapitre  De  l'amitié  date 
du  début  de  1571.  Mais  cette  argumentation  ne 
me  semble  aucunement  probante.  Rien  ne  prouve 
qu'au  moment  où  Montaigne  écrivait  .son  peintre  fût 
occupé  dans  sa   «  librairie  »   plutôt  que  dans  toute 


'     Cl'.  r.inicle  Je  M.  P.  Bouiiefon  dans  h  Revut  [vUlitjue  et  parle- 
inlaire  (janvier  1907). 


LIVRE     I,     CHAPITRE     XXVIII. 


93 


autre  partie  de  son  château.  Même  si  cette  démons- 
tration était  faite,  la  date  nous  resterait  inconnue  : 
l'inscription  de  Montaigne  pouvait  très  bien  exister 
antérieurement;  le  peintre  aurait  évité  de  la  recouvrir, 
ou  mieux  encore  il  l'aurait  refaite  à  neuf.  La  date 
de  1571  ne  me  semble  donc  pas  probable.  Si,  pour 
la  première  partie  du  traité  De  l'aiiiilic,  on  voulait 


hasarder  une  hypothèse,  on  pourrait  rappeler  qu'il 
s'y  rencontre  deux  allusions  à  un  opuscule  de  Plu- 
tarque.  Peut-être  Montaigne  a  pris  ces  allusions  dans 
la  traduction  d'Amyot;  auquel  cas  elles  ne  seraient 
pas  antérieures  à  la  fin  de  1572.  Mais  c'est  là  une 
indication  tout  à  fait  incertaine. 


Chapitre   XXIX. 


VIXGT    ET    XEVF    SONNETS    D   ESTIENNE    DE    LA    BOETIE. 


P.  2)5,  TITRE.  Madame  de  Graininoiil).  Diane, 
vicomtesse  de  Louvigni,  dite  la  belle  Corisande 
d'Andouins,  mariée  en  1567  à  Philibert,  comte  de 
Grammont  et  de  Guiche,  qui  mourut  au  siège  de 
La  Fère  en  1580.  Montaigne  a  noté  cette  mort  dans 
ses  Éphémérides  sous  la  date  du  6  août  1580,  et  il  y 
déclare  que  M.  de  Grammont  lui  «estoit  fort  amy». 
Dans  l'essai  III,  iv,  il  nous  apprend  en  outre  qu'il  est 
allé  lui-même  conduire  à  Soissons  le  cœur  de  M.  de 
Grammont. 

P.  255,  1.  14.  Pieç'a  j'en  ay  faict  imprimer).  Allu- 
sion aux  vers  frartçais  de  La  Boétie  publiés  par 
Montaigne  chez  Fédéric  Morel  en  1572  et  dédiés  par 
lui  au  comte  de  Foix.  Voir  ci-dessus,  p.  239,  1.  16. 

Chronologie  :  A  la  fin  du  chapitre  précédent 
Montaigne  a  écrit  :  «  En  cschange  de  cet  ouvrage 
sérieux  (c'est  du  Contr'nn  qu'il  s'agit)  j'en  substi- 
tueray  un  autre,  produit  en  céte  mesme  saison  de 


son  aage...  ce  sont  vint  et  neuf  sonnets  que  le  sieur 
de  Poiferré...  a  retrouvé  par  fortune  ches  luy.  » 
Montaigne  avait  donc  renoncé  au  projet  de  publier 
le  Contr'un  quand  il  a  inséré  ces  vingt-neuf  sonnets, 
et  probablement  même  quand  il  les  a  reçus  de  M.  de 
Poiferré.  Il  est  donc  vraisemblable  qu'il  les  a  insérés 
dans  les  Essais  au  plus  tôt  en  1576.  De  plus,  quand 
il  parle  des  vers  de  La  Boétie  édités  en  1572,  il  dit 
qu'ils  ont  été  imprimés  «  piéç'a  »  :  i!  n'est  pas  témé- 
raire de  penser  que  cette  phrase  est  de  quelques 
années  postérieure  à  1572.  Pourtant  nous  ne  pouvons 
pas  avoir  sur  ce  point  une  absolue  certitude.  Le  mot 
«  piéç'a  »  a  pu  être  inséré  au  moment  de  l'impression 
et  la  dernière  phrase  du  chapitre  xxviii  a  pu  être 
modifiée  en  1576  :  peut-être  elle  existait  auparavant 
sous  une  forme  différente,  et  annonçait  la  publication 
des  vingt-neuf  sonnets  à  la  suite  du  Contr'mi,  non 
pas  à  sa  place. 


Chapitre  XXX. 


DE      LA      MODERATION. 


P.  257, 1.  7.  Insani sapiens).  «Le sage  mérite  le  nom 
d'insensé,  le  juste  celui  d'injuste,  s'ils  outrepassent 
les  bornes  de  la  vertu.  »  (Horace,  Epîtres,  I,  vi,  15.) 

P.  257,  1.  II.  Ne  soye:^  pas  plus  sages).  Cf.  saint 
Paul  aux  Romains  :  «  Ne  plus  sapite  quam  oporteat, 
sed  sapite  ad  sobrietatem.  »  (xii,  3.)  Cette  sentence 
figurait  sur  les  travées  de  la  bibliothèque  de  Montaigne. 

P.  257,  1.  13.  J'a\  veu  tel  grand).  On  a  supposé 
que  Montaigne  fait  ici  allusion  à  Henri  III,  mais  la 
chose  est  tout  à  fait  incertaine.  Voici  comment  Coste 
s'explique  à  ce  sujet  :  «  Il  y  a  apparence,  dit  le  tra- 
ducteur anglais,  que  Montaigne  veut  parler  ici  de 
Henri  III,  roi  de  France.  »  Je  crois  qu'il  a  raison.  Le 
bon  cardinal  d'Ossat  écrivant  à  la  reine  Louise,  veuve 
de  Henri  III,  lui  dit  franchement  à  sa  manière  «  que 
ce  Prince  avoir  vécu  une  vie  autant  ou  plus  religieuse 
que  royale  ».  (Lettre  xxiii.)  Et  un  jour  Sixte  V,  par- 
lant de  ce  Prince  au  cardinal  de  Joyeuse,  Protecteur 
des  affaires  de  France,  lui  dit  plaisamment  :  «  Il  n'y 
a  rien  que  votre  Roi  n'ait  fait,  &  ne  fasse  pour  être 
moine,  ni  que  je  n'aye  fait  moy  pour  ne  l'être  point.  » 
Tiré  d'une  note  d'Amelot  de  la  Houssaye  sur  les 
paroles  du  cardinal  d'Ossat  qu'on  vient  de  voir,  p.  74, 
tome  I,  des  Lettres  du  Cardinal  d'Ossat,  publiées  à 
Paris,  1697,  et  p.  164  de  l'éd.  d'Amsterdam  1708, 
enrichie  de  nouvelles  notes  d'Amelot  de  la  Houssaye, 
qui  ne  sont  point  dans  l'éd.  de  Paris  1697. 

P.  258,  1.  3.  Ny  la  mère  de  Patisanias).  Cf.  Dio- 
dore  de  Sicile,  xi,  45  ;  le  scholiaste  de  Thucydide, 
I,  134;  Cornélius  Népos,  Pausanias,  v;  Stobée, 
serm.  38;  Tzetzès,  Chiiiad.,  xii,  477;  etc.  Voici  le 
texte  de  Diodore  de  Sicile  que  Montaigne  a  lu  après 
1588  :  «  Lon  dit  que  sa  mère  propre  vint  elle  mesme 


au  temple,  là  où  elle...  posa  sur  le  seuil  de  la  porte  du 
temple  une  pièce  de  bricque  qu'elle  avoit  apportée.  » 
(XI,  X,  f°  20  V.) 

P.  258,  1.  4.  Ny  le  dictatur  Posthumius).  Cf.  Dio- 
dore de  Sicile,  XII,  xix,  f°  62  r°;  Valère  Maxime, 
II,  VII,  6.  Tite-Live,  W,  xxix,  et  VIII,  vu,  conteste 
ce  fait. 

P.  258,  1.  10.  Callicki,  eu  Platon).  Cf.  Platon, 
Gùrgias  :  «  Nam  philosophia  quidem,  ô  Socrates, 
gratiosa  res  est,  &  venusta  .•  si  quis  illam  moderatè 
in  adolescentiaque  attingat.  Sin  autem  supra  modum 
tempus  in  ea  contriverit,  hominum  est  corruptela. 
Quamlibet  enim  quis  bono  à  natura  sit  ingenio  prœ- 
ditus,  tamen  si  diutius  per  œtatem  jam  provectam 
philosophetur,  necessario  omnium  rerum  imperitus 
evadet,  quarum  omnino  clarum,  bonum,  excellentem 
virum  habere  peritiam  oportet,  nam  &  legum  civi- 
lium,  &  verborum  quibus  in  consuetudine  cœtuque 
hominum  tam  publiée  quàm  privatim  uti  decet, 
voluptatum  prœterea  cupiditatumque  humanarum, 
(Se,  ut  breviter  comprehendam,  morum  prorsus  fiunt 
ignari.  Quocirca  quoties  ad  aliquam  rem  gerendam, 
vel  publicam  vel  privatam  sese  conférant,  habentur 
ridiculi,  quemadmodum  &  civiles  viri,  si  in  vestras 
exercitationes  disputationesque  descendant...  Jam 
vero  quomodo  id  ad  sapientiam  spectat,  ô  Socrates  : 
si  qua  ars  ingenuœ  mentis  nacta  virum  reddit  dete- 
riorem  :  adeô  ut  nec  ipse  sibi  opem  ferre  valeat, 
nec  ex  gravissimis  periculis  se,  aut  alium  quenquam 
servare,  sed  inimicorum  raptorumque  exponat  injuriis 
inglorium  in  civitate  degentem?  Jam  vero  ejusmodi 
virum  etsi  dictu  sit  agrestius,  licet  super  genam 
impune  pulsare.  »  (Éd.  de  1546,  pp.  353  et  354.) 


96 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  258, 1.  21.  Cheisainct  Thomas).  Dans  la  Secnnda 
Secundz,  quaest.  154,  art.  9. 

P.  259,  1.  16.  Je  ne  m'y  suis  servi).  Le  docteur 
Payen  a  lu  en  cet  endroit,  dans  un  exemplaire  des 
Essais  qui  a  appartenu  à  Florimont  de  Rémond,  la 
note  suivante  :  «  J'ai  ouï  dire  souvent  à  l'auteur 
qu'encore  que  plein  d'amour,  d'ardeur  et  de  jeunesse, 
il  eust  espousé  la  femme  très  belle  et  bien  aimable, 
si  est-ce  qu'il  ne  s'estoit  jamais  joué  avec  elle  qu'avec 
le  respect  et  l'honneur  que  la  couche  maritale  requiert, 
sans  avoir  onques  veu  à  descouvert  que  la  main  et 
le  visage,  non  pas  mesmes  son  sein,  quoique  parmi 
les  autres  femmes,  il  fût  extrêmement  folastre  et 
desbauché.  Je  renvoie  la  vérité  de  ce  que  j'en  dis  sur 
la  conscience.  » 

P.  259,  I.  24.  C'est  lin  homicide).  Cf.  Platon,  Lois  : 
«  Abstinendum...  a  maribus  jubeo...  Nam  qui  istis 
utuntur,  genus  hominum  dedita  opéra  interticiunt.  » 
(Vin,  p.  838;  éd.  de  1546,  p.  845.) 

P.  260,  1.  ï.  La  Mahiimetane).  Cf.  Guillaume  Pos- 
tel,  Histoire  des  Tiirhes  :  «  Il  est  défendu...  de  toucher 
à  femme  qui  est  grosse,  depuis  qu'on  s'en  aperçoit, 
jusques  à  tant  qu'elle  soit  délivrée.  »  (Ed.  de  1375, 
p.  90.)  «  Quand  sa  femme  est  grosse,  le  mary  selon  la 
loy  en  est  privé  jusqu'à  la  délivrance.»  (Ed.  de  1575, 
p.  120.)  Le  texte  de  1588,  qui  ne  fait  point  mention 
des  Mahométans,  s'explique  par  une  phrase  de  Lopez 
de  Gomara  dans  YHistoirc  générale  des  Indes  :  «  Ils 
(les  Indiens  de  Darien)  s'en  abstiennent  quand  elles 
ont  leurs  mois  et  quand  elles  sont  grosses.  '>  (III, 
xviii,  f°  233  r°.) 

P.  260,  1.  5.  Zenohia).  Cf.  Trebellius  PoUio  : 
«  Zenobia  ea  castitatis  fuisse  dicitur,  ut  ne  virum 
suum  quidem  sciret  nisi  tentatis  conceptionibus. 
Nam  quum  semel  concubuisset,  exspectatis  menstruis 
continebat  se,  si  prsgnans  esset  :  sin  minus,  iterùm 
potcstatem  qua;rendis  liheris  dabat.  »  (xxx.)  Il  faut 
ajouter  que,  chez  les  compilateurs  et  les  moralistes  du 
XVI'  siècle,  Zénobie  est  sans  cesse  mentionnée  et  louée 
pour  sa  chasteté  :  Cf.  Fulgose,  IV,  m;  Sahellicus,  V; 
Ravisius  dans  son  Officina,  ï°  124  v°;  Droit  de  Gaillard 
dans  sa  Méthode  de  l'Histoire,  xxiii.  Droit  de  Gaillard 
me  paraît  avoir  puisé  le  fait  dans  les  Epîtres  dorées 
de  Guevara,  où  je  l'ai  rencontré  également. 


P.  260,  1.  7.  C'est  de  quelque  poëte).  Cf.  Homère. 
Iliade,  XIV,  294. 

P.  260,  1.  7.  Que  Platon  emprunta).  Cf.  République: 
«  Sive  cum  dicitur,  Jovem  caeteris  tum  diis,  tum 
hominibus  dormientibus  omnium  qux  vigilando 
tractaverat  coitus  cupiditate  oblitum,  &  usqueadeo 
libidine  &  amore  Junonis  perculsum  esse  ut  nec 
cubile  ipsum  ascendere  sustinuerit,  sed  ibidem  humi 
congredi  statim  voluerit,  dicens  vehementiori  se  cupi- 
dine  inflammari  quam  olim  cum  primum  clam  paren- 
tihus  invicem  congressi  fuerunt.  »  (III,  p.  390; 
éd.  de  1546,  p.  559.) 

P.  260,  1.  14.  Les  Roys  de  Perse).  Cf.  Plutarque, 
Préceptes  de  mariage  :  «  Les  Roys  de  Perse  quand  ils 
souppent  ou  mangent  à  leur  ordinaire  ont  leurs 
femmes  espoiises  assises  auprès  d'eulx  à  la  table;  mais 
quand  ils  veulent  jouer  et  boire  d'autant  jusques  à 
s'enivrer,  ils  renvoyent  leurs  femmes  en  leurs  cham- 
bres, et  font  venir  leurs  concubines  et  leurs  chante- 
resses  et  baladines.  Ils  font  bien  en  cela,  qu'ils  ne 
veulent  point  que  leurs  femmes  légitimes  voient  ne 
participent  en  rien  de  leurs  yvrongncries  et  de  leurs 
dissolutions.  »  (Traduction  Amyot,  xiv,  f"  146  v".) 
Voici  la  traduction  de  La  Boétie  :  «  Les  femmes  esponses 
des  Rovs  de  Perse  se  sient  à  table  au  dîner,  et  pren- 
nent avec  eux  leurs  repas;  mais  lorsqu'ils  veulent 
folâtrer  et  boire  d'autant,  ils  les  en  envoyent,  et  font 
venir  les  chanteresses  et  femmes  dissolues.  Et  certes 
c'est  bien  fait  à  eux,  dequoy  ils  ne  font  part  à  leurs 
femmes  de  la  dissolution  de  î'yirongnerie.  »  {Œinres 
complètes  d'Estienne  de  La  Boétie,  publiées  par  Paul 
Bonnefon,  Règles  de  mariage,  p.  167.) 

P.  260,  1.  21.  Epaminondas).  Cf.  Plutarque,  Instruc- 
tion pour  ceux  qui  manient  les  affaires  d'est at  :  «Comme 
feit  Epaminondas  mieulx  que  tous  les  hommes  du 
monde,  quand  il  refu.sa  à  Pelopidas  de  mettre  hors 
de  prison  un  tavernier,  et  peu  d'heures  après,  à  la 
requeste  d'une  sienne  amie,  il  le  laissa  aller,  en  luy 
disant,  .seigneur  Pelopidas  ce  sont  de  telles  grâces 
et  faveurs  qu'il  faut  concéder  à  des  concubines,  et 
non  pas  à  de  grands  capitaines.  »  (ix,  f°  167  v".) 

P.  260,  1.  24.  Sophocles).  Cf.  Cicéron,  De  officiis  : 
«  Bene  Pericles,  cum  haberet  collegam  in  prastura 
Sophoclem  iique  de  communi  officio  convcnissent, 


LIVRE     I,      CHAPITRE      XXX. 


97 


et  casu  formosus  puer  prsteriret,  duxissetque 
Sophocles,  «  O  puerum  pulchrum,  Pericle  !  —  At  enim 
prsetorem,  Sophocle,  decet  non  solum  manus  sed 
etiam  oculos  abstinentes  habere.  »  (I,  xl.) 

P.  261,  1.  I.  ^lins  Férus).  Cf.  Spartien,  Vents,  v  : 
Le  fait  est  rapporté  chez  certains  compilateurs  du  xvi= 
siècle,  en  particulier  chez  Volaterran  (éd.  de  1552, 
p.  689)  ;  dans  Y Horlogedes Princes  de  Guevara,  au  début. 

P.  261,  1.  5.  Nos  antiens  aulheurs  ecclésiastiques). 
Cf.  Eusèbe,  Histoire  ecclésiastique ,  IV,  et  Nicéphore 
Calliste,  Histoire  ecclésiastique. 

P.  261,  1.  II.  Entier  &  pur).  Rapprocher  l'essai  II, 
XX,  Nous  ne  goustons  rien  de  pur. 

P.  261,  1.  14.  Fortunœ  miseras).  «Nous  avons 
employé  notre  art  à  augmenter  la  misère  de  notre 
sort.  »  (Properce,  III,  vu,  32.) 

P.  262,  1.  2.  Comme  a  un  Gallio).  (Junius  Gallio 
est  un  sénateur  romain  qui  fut  exilé  pour  avoir 
déplu  à  Tibère.)  Cf.  Tacite,  Annales  :  «  Quia  incusa- 
batur  facile  toleraturus  exsilium,  dilecta  Lesbo,  insula 
nobili  et  amœna,  retrahitur  in  Urbem,  custoditurque 
domibus  magistratuum.  »  (VI,  m.) 

P.  262,  1.  18.  Gratifier  au  Ciel).  Voir  le  dévelop- 
pement de  cette  idée,  t.  II,  p.  254. 

P.  262,  1.  20.  Amurat).  Cf.  Chalcondyle  :  «Amu- 
rat  achepta  de  ses  deniers  jusques  au  nombre  de 
six  cens,  des  plus  beaux  jeunes  hommes  qui  se  peu- 
rent  recouvrer  parmy  tous  les  prisonniers  Grecs, 
dont  il  fit  un  solennel  sacrifice  à  lame  de  feu  son 
père;  comme  si  l'effusion  du  sang  de  tant  de  pauvres 
misérables,  luy  deust  servir  de  propitiation  pour  ses 
péchez.  »  (VII,  iv,  457.) 

P.  263,  1.  2.  Ces  pauvres  gens  sacrifiahles).  Cf  Lopez 
de  Gomara,  Histoire  générale  des  Indes  :  «  Plusieurs 
d'iceux  allans  à  la  mort  joyeusement,  vont  au  lieu 
de  leur  sacrifice  dansans,  &  demandant  l'aumosne  par 
les  rues  pour  leur  sacrifice  :  &  ce  qu'ils  obtenoient 
estoit  pour  des  prestres.  »  (II,  vu,  f°  180.) 

P.  263,  1.  5.  Les  ambassadeurs  du  Roy  de  Mexico). 
Cf.  Lopez  de  Gomara,  Istoria  di  Don  Fernando 
Cartes...  «Olintlec  rispose  che  Moteczuma  era  signore 
del  mondo,  che  haveva  trenta  vassali  ciascuno  con 
cento  milla  huomini  di  guerra,  che  sacrificavano 
vinti  milla  persone  ogn'  anno,  che  era  in  la  piu  bella 


e  fortissima  città  di  tutto  il  mondo,  che  la  casa  e 
corte  sua  era  grandissima,  nohile,  e  generosa,  la  sua 
richezza  incredibile,  ed  il  pasto  suo  eccesivo,  e  per 
certo  che  lui  disse  il  vero  in  tutto  eccetto  che  si 
allargo  un  poco  in  quel  del  sacrificio,  ancor  che  in 
verità  era  grandissima  beccaria  di  huomini  la  sua, 
sacrificandogli  in  ogni  tempio,  &  alcuni  spagnuoli 
dicono,  che  era  tal  anno  che  sacrificava  cinquanta 
milla.  »  (F°  66  V.) 

P.  263,  1.  II.  Devray,  ils  disent).  Id.,  ihid.  :  «Le 
ragioni  erano  perche  li  gioveni  Mexicani,  et  di  Cul- 
hua  essercitassero  le  loro  persone  ivi  appresso  nella 
guerra,  senza  andare  lontano  à  Panuco,  et  Tecoan- 
tepec,  che  erano  frontière  molto  lontano  ed  ancora 
per  tenere  sempre  ivi  gente  che  sacrificare  alli  lor 
dei,  pigliata  in  guerra,  e  cosi  per  fare  festa  è  sacri- 
ficio. »  (F°  85  r°.) 

P.  263,  1.  14.  Ailleurs,  en  certain  bourg).  Id.,  ibid  : 
«  Olintlec  ricevette  Certes  molto  bene,  &:  allegio  e 
provedette  a  tutta  la  gente  copiosamente,  perche  cosi 
haveva  commandamento  di  Moteczuma  che  lo  hono- 
rasse, seconde  che  poi  lo  disse  lui  medesimo, 
&  commandamento  a  favore,  sacrificio  cinquanta 
huomini  per  allegrezza,  il  quale  sangue  viddero 
fresco  &  netto.  »  (F°  66  r".) 

P.  26^,  1.  16.  Aucuns  de  ces  peuples).  Id.,  ibid.  : 
«  L'altro  giorno  mandorno  subito  quelli  signori 
&  capitani  tre  sorti  di  cose  in  présente  a  Cortes,  e 
quelli  che  le  portarono  gli  dicevano  :  signore  vedete 
qui  cinque  schiavi,  se  sete  Dio  bravo  che  mangiate 
carne  &  sangue,  mangiatevi  questi  &  ve  ne  portaremo 
più,  se  sete  Dio  buono  vedete  qua  incenso  &  penne, 
se  sete  huomo,  pigliate  delli  uccelli,  pane  &  cerase.  » 
(P  73  v^) 

Chroxologie  :  Nous  n'avons  aucune  Indication  un 
peu  précise  sur  la  date  de  composition  de  cet  essai. 
L'emprunt  fait  par  Montaigne  aux  Préceptes  de  mariage 
de  Plutarque  a  pu  être  pris  par  lui  aussi  bien  dans 
la  traduction  de  La  Boétie  que  dans  celle  d'Amyot. 
Donc  nous  ne  pouvons  même  pas  affirmer  que  le 
chapitre  est  postérieur  à  la  fin  de  1 572,  date  à  laquelle 
Montaigne  a  pu  recevoir  les  Œuvres  morales  traduites 
par  Amyot. 


Chapitre   XXXI. 


DES     CAXXIBALES. 


P.  264,  TITRE.  Des  Cannibales).  On  a  beaucoup 
écrit  sur  les  cannibales  au  xvi'  siècle.  Il  est  intéres- 
sant de  contrôler  les  allégations  de  Montaigne  par 
celles  de  ses  contemporains.  Outre  les  grandes  cos- 
mographies de  Thevet,  de  Belleforest  et  de  Munster 
(on  sait  que  cette  dernière  figurait  dans  la  «  librairie  » 
de  Montaigne)  et  les  grandes  histoires  des  Indes  comme 
celle  de  Lopez  de  Gomara,  il  est  tout  particulièrement 
instructif  de  lire  les  récits  faits  par  les  compagnons 
de  \'illegagnon  :  André  Thevet,  Les  Singiilariîe:^  de  la 
Fiance  antarctique  (1563);  la  relation  de  Jean  de 
Léry  parue  à  La  Rachelle  en  1578  pour  la  première 
fois  :  Histoire  d'un  voyage  fait  en  la  terre  de  Brésil 
autrement  dit  Amérique.  Autour  de  Villegagnon  des 
compétitions  éclatèrent  entre  protestants  et  catho- 
liques. Aussi  sur  les  questions  religieuses  Thevet  est 
suspect  de  favoriser  les  catholiques,  Lérj'  de  favoriser 
les  protestants;  mais  tous  deux  parlent  de  choses 
qu'ils  ont  vues.  Cf.  encore  une  lettre  de  Pasquier  à 
M.  de  Querquisineiii  {Correspondance,  III).  L'ouvrage 
d'Osorio,  De  reluis  régis  Eminanuelis,  que  Montaigne 
possédait  dans  sa  bibliothèque,  et  qui  traite  surtout 
des  expéditions  dans  les  Indes  orientales,  parle  lon- 
guement du  Brésil  au  début  du  second  livre. 

P.  264,  1.  I.  Quand  le  Roy  Pyrrhus).  Cf.  Plutarque, 
Fie  de  Pyrrhus  :  «  Pyrrhus...  ayant  bien  considéré 
la  forme,  l'assiette  &  l'ordonnance,  la  manière  d'as- 
seoir leur  guet,  &  toutes  leurs  façons  de  faire,  s'er; 
esmerveilla  fort,  &  addressant  sa  parole  à  l'un  de  ses 
familiers  qui  se  trouva  lors  près  de  luy  :  Ceste  ordon- 
nance, dit  il,  Megaclcs,  encore  qu'elle  soit  d'hommes 
Barbares,  n'est  point  barbare  pourtant,  "(vin,^  27 5  v°.) 


P.  264,  1.  5.  Autant  en  dirent  les  Grecs).  Id.,  Vie 
de  Flaminius  :  «  Lon  dit  que  le  Roy  Pyrrhus,  la  pre- 
mière fois  qu'il  apperceut  de  dessus  une  haulte  escho- 
guette  l'armée  des  Romains  rengee  &  ordonnée  en 
bataille,  dit  que  l'ordonnance  de  ces  Barbares  ne  luy 
sembloit  point  barbaresque.  Mais  aussi  ceulx  qui 
n'avoient  jamais  veu  Titus,  &  qui  venoient  à  parler 
la  première  fois  avec  luy,  estoient  contraints  d'en  dire 
presque  autant  :  car  ilz  avoient  ouy  dire  aux  Macé- 
doniens, qu'il  venoit  un  capitaine  de  Barbares,  qui  à 
force  d'armes  ruinbit  tout  par  ou  il  passoit  &  mettoit 
tout  en  ser\-itude  :  &  au  contraire  ils  venoient  à 
trouver  un  personnage,  qui  premièrement  estoit  jeune 
d'aage,  doux  &  humain  de  visage,  parlant  bon  grec 
&  amateur  de  vraye  gloire.  »  (m,  f"  260  r".)  On  voit 
que  Montaigne  commet  une  légère  erreur  :  il  s'agit 
dans  Plutarque  non  de  l'armée  de  Flaminius,  mais  de 
sa  personne.  La  source  n'est  cependant  guère  douteuse. 

P.  264,  1.  7.  Philippus).  Cf.  Tite-Live  :  «Ac  sub- 
jecta  cemens  Romana  castra,  admiratus  esse  dicitur, 
&  universam  speciem  castrorum,  &  descripta  suis 
qua;que  partibus,  tum  tendentium  ordine,  tum  iti- 
nerum  inter\allis  :  negasse  barbarorum  ea  castra  uUi 
videre  posse.  »  (XXXI,  xxxiv.) 

P.  264,  1.  13.  En  l'endroit  où  Vilegaignon).  Au 
Brésil  où  il  arriva  en  1557. 

P.  265,  1.  3.  Platon  introduit  Solon).  Cf.  Timée  : 
«In  quibus  maxima  civitas  est,  quam  Saim  vocant... 
Tune  ex  sacerdotibus  quendam  grandem  natu  dixisse  : 
...  Tune  enim  erat  fretum  illud  navigabile  habens 
in  ore  &  quasi  vestibulo  ejus  insulam,  quas  Herculis 
Columnas  cognominatis  :  ferturque  insula  illa  Libya 


LIVRE      I,      CHAPITRE      XXXI. 


99 


simul  6c  Asia  major  fuisse...  In  hac  Atlantide  insula 
maxima  &  admirabilis  potentia  exstitit  regum  qui  toti 
insulœ  illi,  multisque  aliis  &  maxime  terras  continentis 
parti,  prœterea  &  his  qui  pênes  nos  sunt,  domina- 
bantur.  Siquidem  tertiœ  mundi  parti  quœ  Lybia 
dicitur,  u.sque  ad  iEgyptum  imperaverunt,  Europce 
vero  usque  ad  Tyrrhenum  mare.  Horum  vis  omnis 
unà  collecta  nostram...  vestramque  regionem,  &  quid- 
quid  intra  Columnas  Herculis  continebatur,  invasit. 
Tune  vestraî  civitatis  virtus  in  omnes  gentes  enituit. 
Qux\..  extrema  discrimina  subiit,  hostesque  expu- 
gnavit...  Posthaîc  ingenti  terrae  motu  jugique  diei 
unius  &  noctis  illuvione  factum  est,  ut  terra  dehis- 
cens  vestros  illos  unà  omnes  bellicosos  homines 
absorberet,  &  Atlantis  insula  sub  vasto  gurgite  mer- 
geretur.  »  (xxii,  xxiv  et  xxv;  éd.  de  1546,  pp.  702, 
703  et  704.)  Il  convient  de  noter  d'ailleurs  que 
Montaigne  n'est  pas  le  premier  à  chercher  un  rapport 
entre  ces  souvenirs  de  l'antiquité  et  la  découverte  de 
l'Amérique;  Lopez  de  Gomara  en  fait  autant  à  la  fin 
de  son  Histoire  générale  des  Indes;  et  après  avoir 
mentionné  un  passage  de  la  Médée  de  Sénèque,  qui 
lui  semble  être  une  véritable  prophétie,  il  consacre 
un  chapitre  presque  entier  aux  deux  témoignages 
de  Platon  et  d'Aristote  que  nous  trouvons  chez 
Montaigne.  (Cf.  trad.  de  Fumée,  éd.  de  1569,  c.  220, 
et  mes  Livres  d'histoire  moderne  utilisés  par  Montaigne, 
p.  224,  où  j'ai  reproduit  en  bonne  partie  le  texte  de 
Lopez  de  Gomara.)  On  retrouve  encore  les  deux 
mêmes  souvenirs  dans  les  Singularité:^  de  la  France 
antarctique  d'André  Thevet,  xii.  Au  reste,  je  ne 
pense  pas  que  Montaigne  ait  pris  directement  ces 
rapprochements  à  Thevet  ou  à  Lopez  de  Gomara. 
Thevet  et  Lopez  de  Gomara  nous  apprennent  seu- 
lement qu'on  les  faisait  sans  doute  assez  habituelle- 
ment au  xvi""  siècle. 

P.  265,  1.  19.  Hœc  loca).  «  On  dit  que  ces  terres, 
qui  ne  formaient  qu'un  seul  continent,  ont  été  jadis 
séparées  dans  une  violente  convulsion.»  (Virg.,  En., 

m,  414-) 

p.  265,  1.  25.  Sterilisque).  «Et  un  marais,  long- 
temps stérile  et  battu  des  rames,  nourrit  aujourd'hui 
les  villes  voisines  et  supporte  le  poids  de  la  lourde 
charrue.  »  (Horace,  Art  poétique,  65.) 


P.  266,  I.  I.  Il  n'y  a  pas  grande  apparence).  Lopez 
de  Gomara,  dans  le  chapitre  que  nous  mentionnions 
ci-dessus,  est  d'un  avis  tout  contraire. 

P.  266,  1.  24.  Les  hahitans  disent).  Un  compatriote 
de  Montaigne,  Damai,  dans  son  Supplément  des  Chro- 
niques de  Bordeaux  (1620),  écrit  :  «Les  montagnes 
de  sable  s'advancent  plus  d'une  lieue  et  demye  dans 
la  terre,  et  la  mer  les  multiplie  en  telle  façon,  qu'il 
y  a  un  village  qui  a  esté  contrainct  se  reculer  environ 
d'une  lieue,  et  remuer  leur  clocher  que  le  sable 
commençoit  à  couvrir  fort  avant.  Encores  les  dits 
sables  s'approchent  tant  d'eux  depuis  soixante  ans 
que  le  dit  remuement  fut  faict,  qu'ils  songent  à  se 
reculer  encore  plus  avant.  Ce  village  s'appelle  le  Liège 
qui  appartient  à  la  maison  de  Caudale.  »  Arsac  est  à 
cinq  lieues  de  Bordeaux,  dans  le  canton  de  Castelnau 
de  Médoc.  Il  paraît  que  les  traditions  locales  prou- 
vent l'existence  d'anciennes  villes  de  l'époque  romaine 
qui  ont  disparu,  englouties  par  les  sables. 

P.  267,  1.  2.  Dans  Aristote).  Cf.  à  ce  sujet  la  note 
ci-dessus,  p.  265,  1.  3. 

P.  267,  1.  29.  Sans  m 'enquérir  de  ce  que  les  cosmo- 
graphes). En  effet,  bien  que  les  récits  de  Montaigne 
soient  en  général  parfaitement  d'accord  avec  ceux  de 
Munster,  de  Thevet,  de  Jean  de  Léiy,  il  ne  me 
semble  pas  qu'il  leur  ait  rien  emprunté  dans  ce  cha- 
pitre; aucune  expression  caractéristique  ne  passe  de 
leurs  livres  dans  les  Essais. 

P.  269,  1.  3.  £"<  veniunt).  «Le  lierre  vient  mieux 
sans  culture,  et  l'arbousier  ne  croît  jamais  plus  beau 
que  dans  les  antres  solitaires,  et  le  chant  des  oiseaux, 
pour  être  sans  3rt,  n'en  est  que  plus  doux.»  (Properce, 
I,  II,  vers  10.)  Montaigne  remplace  les  subjonctifs 
par  des  indicatifs;  —  j'ai  trouvé  le  texte  «formosior» 
dans  l'édition  de  Paris  1543;  dans  presque  toutes  les 
autres  éditions  on  lit  «  formosius  » . 

P.  269,  1.  8.  Toutes  choses,  dict  Platon).  Dans  les 
Lois  :  «  Res  omnes,  nonnulli  aiunt,  quœ  fiunt,  qu^e 
futurœ,  quasque  facta;  sunt,  vel  natura,  vel  fortuna, 
vel  arte  fieri...  Maxima  dicunt  atque  pulcherrima 
natura  fortundque  fieri  :  Arte  vero  minora.  »  (X, 
p.  888;  éd.  de  1546,  p.  871.) 

P.  270,  1.  5.  C'est  une  nation).  On  peut  rappro- 
cher ce  que  dit  Osorio  à  ce  sujet.  Je  cite  la  traduction 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


de  Goulard,  que  Montaigne  lira  seulement  plusieurs 
années  après  l'époque  où  il  écrivait  ces  lignes  :  «Ils 
n'ont  connoissance  de  lettres  quelconques,  vivent 
sans  religion,  sans  loix,  ne  s'aydent  de  poids  n)- 
mesures,  et  ne  sont  subjects  à  roy  quelconque. 
Toutesfois  s'il  survient  guerre,  ils  élisent  pour  chef 
celuy  qu'ils  tiennent  pour  le  plus  vaillant  et  adroit 
à  conduire  les  autres.  Ils  cheminent  nus,  excepté 
quelques-uns  des  plus  apparents  qui  couvrent  une 
partie  de  leur  corps  de  certain  parement  faict  de 
plumes  de  perroquets  et  d'autres  oiseaux,  où  l'on 
voit  plusieurs  diverses  et  belles  couleurs...  Au  reste, 
ils  ne  travaillent  point  de  leurs  mains,  et  ne  deman- 
dent qu'à  se  donner  du  passe-temps.  S'ils  n'ont  point 
de  guerre,  ils  ne  font  autre  chose  que  banqueter, 
chanter,  danser,  sans  fin  ny  mesure...  etc.  »  (II,  xv.) 
P.  270,  1.  15.  Viri  a  diis).  «Des  hommes  qui 
sortent  tout  fraîchement  de  la  main  des  dieux.  » 
(Sénèque,  ép.  90.) 

P.  270, 1. 16.  Hosnatiira).  «  Voilà  les  premières  lois 

qu'ait  données  la  nature.»  (Virgile,  Géorgiqncs,  II,  208.  ) 

P.  270,  1.  19.  //  est  rare).  Plus  tard,  dans  l'essai  II, 

XII  (t.  II,  p.  211),   Montaigne  nous  dira  sur  la  foi 

d'Osorio  qu'ils  ne  meurent  que  de  vieillesse. 

P,  271,  1.  II.  Leur  hreiivage).  On  peut  rapprocher 
ce  qu'en  dit  Osorio  :  «  Ils  ne  sèment  point  de  blé, 
ains  font  leur  pain  de  la  racine  d'une  herbe  grande 
comme  le  pourpié.  Cette  racine  est  si  venimeuse  que 
celuy  qui  la  mange  crue  meurt  incontinent.  Eux  la 
pilent  et  en  tirent  le  jus,  tellement  qu'il  n'y  reste 
aucun  suc  venimeux.  Puis  ils  la  font  sécher  au  soleil, 
la  broient  et  en  font  de  la  farine.  Les  tourteaux  de 
cette  farine  sont  bons,  fort  savoureux  et  appétissants. 
Avec  icelle  et  avec  graine  de  millet  ils  brassent  une 
.sorte  de  breuvage  telle  que  cervoise,  dont  ils  s'eni- 
vrent, ce  qui  leur  avient  souvent,  et  en  faisant  leur 
buvette  tous  conspirent  et  machinent  la  ruine  de 
leurs  ennemis  plus  que  de  coutume.  » 

P.  272, 1.  8.  Ilscroyent  lésâmes).  Cf.  à  ce  sujet  Jean  de 
Léry,  Histoire  d'un  voyage  fait  en  la  terre  du  Brésil,  xvi. 
P.  272,  1.  26.  Entre  les  Scythes).  Cf.  Hérodote  : 
«  Ils  emplissent  une  chariote  pleine  de  brieres,  à 
laquelle  .sont  bœufs  attelez,  &  les  couchent  au  travers 
avec  fers  aux  pieds,  mains  liées  derrière  le  doz,  &  la 


bouche   bâillonnée,   après  ils  mettent  le   feu  en  la 
chariote.  »  (IV,  lxix;  t.  I,  f"  269  r".) 

P.  273,  1.  13.  Bien  traité  leurs  prisonniers).  Pour 

tous  ces  détails  sur  le  traitement  des  prisonniers  et 

leur  exécution  finale  on  peut  voir  Jean  de  Lén,',  xv, 

et  Thevet,   Singularité::^,   xl.   On  y  constatera   que 

les    récits    de   ces    deux   auteurs   sont   parfaitement 

conformes  à  celui  de  Montaigne.  Voici  celui  d'Osorio  : 

«  Ils  nourrissent  grassement  les  prisonniers,  et  leur 

donnent  des  femmes  qui  couchent  avec  eux.   S'ils 

veulent  faire  quelque  jour  de  feste,  ils  lient  de  cordes 

le  plus  gras  de  leurs  prisonniers.  Premièrement,  son 

amie  pour  reconnoissance  de  faveur  luy  jette  une 

corde  au  col,  et  tire  son  amy  au  supplice.  Puis  les 

hommes  l'environnent,    luy   serrent    le   ventre,   les 

bras  et  les  jambes,  le  lient  à  un  pieu,  peignent  son 

corps  de  couleurs,  et  l'ornent  de  divers  plumages. 

Et  pour  n'estre  estimés  trop  inhumains,  ils  le  laschent 

parfois,  le  font  manger  et  boire  joyeusement  et  à 

suffisance.    Eux    cependant    banquettent    et    avalent 

quantité  de  breuvage  susmentionné.  Puis  ils  sautent, 

chantent,    dansent,    et   font   durer   ce   jeu    tragique 

l'espace  de  trois  jours,  en  fin  desquels  ils  le  deslient 

et  le  font  entrer  en  une  logette  ou  fosse.  Les  femmes 

et  les  enfants  le  tirent  avec  une  corde  dont  il  est 

ceint  par  le  ventre.  Mais  les  hommes  et  quelques 

autres  femmes  luv  jettent  des  citrons  et  divers  fruits. 

Luv,  recueille  ce  qu'il  peut,  et  en  frappe  ceux  qui 

se  trouvent  au-devant.  Cependant  il  boit  joyeusement, 

ce  semble,  car  on  ne  luy  refuse  à  boire  ny  à  manger; 

au  reste,  il  se  montre  fort  allègre;  eux,  d'autre  côté 

se  plaisantent  de  luy  et  luy  disent  force  outrages  : 

«  Tu  seras  châtié,  garnement  que  tu  es,  disent-ils; 

»  nous  épandrons  ton  sang  pour  venger  la  mort  de 

»  ceux  qui  ont  été  tués  en  la  guerre.  Car  nous  te 

»  massacrerons,  dépècerons,  rostirons  et  mangerons.  » 

—  «  Il    ne  m'en    chaut  pas,    répond-il,    car   je   ne 

»  mourrai  point  en  vilain  et  couard.  Toujours  je  me 

»  suis  monstre  vaillant.   Et  bien  vous  me   tuerez, 

»  mais  j'en  ai  tué  plusieurs  d'entre  vous  en  divers 

»  lieux.  Si  vous  me  mangez,  aussi  me  suis-je  souvent 

»  saoulé  de  la  chair  de  plusieurs  des  vôtres.  Davan- 

»  tage,  j'ay  des  frères  et  cousins  qui  vengeront  ma 

»  mort.  »  Disant  cela  il  est  enclos  en  la  logette,  et 


LIVRE      I,      CHAPITRE     XXXI. 


lors  entre  avec  luy  celuy  qui  l'a  gardé  prisonnier, 
lequel  a  le  corps  peinturé,  et  la  teste  parée  de  belles 
plumes,  portant  es  mains  une  grande  espée  de  bois. 
Il  saute,  siffle,  et  fait  quelques  tours  de  son  baston, 
que  le  prisonnier  tasche  luy  arracher  des  poings, 
mais  en  se  voulant  lancer  d'un  costé,  les  femmes  et 
enfants  le  tirent  à  eux  par  la  corde  qu'ils  tiennent, 
à  laquelle  il  est  attaché.  S'il  veut  tourner  de  l'autre 
costé,  il  est  empesché  et  retenu  par  les  mains  des 
femmes;  bref,  il  est  arresté  de  telle  sorte  qu'il  ne 
peut  bouger  d'une  place.  Or,  ce  vaillant  escrimeur, 
après  l'avoir  estonné  de  son  espée,  finablement  lui 
casse  la  teste  et  fait  tomber  la  cervelle  par  terre; 
puis  il  luy  coupe  les  mains.  Alors  les  femmes  appro- 
chent et  jettent  le  corps  mort  dans  un  feu,  afin  qu'il 
ne  luy  reste  aucun  poil,  et  qu'elles  le  puissent  laver 
plus  aisément.  Cela  fait,  elles  lui  fendent  le  ventre 
et  en  tirent  les  tripes  et  boyaux;  les  autres  mettent 
le  corps  par  pièces;  et,  pour  n'allonger  davantage  ce 
propos,  tous  mangent  cette  chair  humaine  avec  grand 
plaisir.  Il  y  a  d'autres  sauvages  demeurant  es  mon- 
tagnes qui  font  tousjours  la  guerre  à  ceux  qui 
demeurent  es  loges,  et  ne  sont  pas  moins  cruels 
et  méchants.  »  (II,  xv.) 

P.  273,  I.  22.  Pour  s'ti!  nourrir).  Jean  de  Lérv, 
au  contraire  (xv),  les  déclare  très  avides  de  chair 
humaine,  surtout  les  vieilles  femmes  dont  il  peint 
l'empressement  glouton  à  recueillir  les  graisses  chaudes 
qui  coulent  des  corps  pendant  la  cuisson.  C'est  le 
seul  point  sur  lequel  Lén^-  soit  en  contradiction  for- 
melle avec  Montaigne. 

P.  274,  1.  15.  Chrysippus  &  Zenon).  Cf.  Diogène 
Laerce,  Vie  de  Chrysippe,  \l\,  188,  et  surtout  Se.xtus 
Empiricus,  III,  xxiv. 

P.  274,  1.  18.  En  la  ville  de  Alexia).  Cf.  César, 
De  belle  gallico,  VII,  Lvii  et  lviii. 

P.  274,  1.  21.  Vascones).  «Les  Gascons,  dit-on, 
prolongèrent  leur  vie  en  faisant  usage  de  pareils 
aliments.  »  (Juvénal,  xv,  93.) 

P.  275,  1.  3.  Que  la  seule  jalousie  de  la  vertu).  Jean 
de  Lér}'  (éd.  de  1578,  p.  219)  explique  par  les  mêmes 
motifs  les  guerres  des  cannibales,  et  affirme  qu'ils 
n'ont  aucun  souci  de  conquêtes.  Même  affirmation 
dans  Osorio,  II,  xv. 


P.  276,  1.  S.  Victoria  nulla  est).  «Il  n'y  a  de  véri- 
table victoire  que  celle  qui  force  l'ennemi  à  s'avouer 
vaincu.  »  (Claudien,  De  sexto  consiilatii  Honmi,  248.) 
Montaigne,  qui  ne  semble  pas  lire  Claudien  après 
1588,  a  pris  cette  citation  dans  les  Politiques  de  Juste 
Lipse,  V,  XVII.  Les  Politiques  d'ailleurs,  comme  les 
diverses  éditions  de  Claudien  publiées  au  xvi^  siècle, 
présentent  un  texte  différent  :  «  Nulla  est  victoria 
major  quam  quœ...  »  C'est  peut-être  volontairement 
que  Montaigne  a  renforcé  la  pensée. 

P.  276,  1.  10.  Les  Hongres).  Cf.  Chalcondyle  : 
«  Mais  si  on  leur  quitte  la  place,  &  qu'on  fuye  devant 
eux,  alors  les  Hongres  ne  s'opiniastrent  pas  beaucoup 
à  chasser,  ny  à  respandre  le  sang  :  &  donnent  fina- 
blement fort  volontiers  la  vie  si  on  la  leur  demande, 
&  qu'on  advoûe  d'estre  vaincu;  renvoyans  ceux  qui 
se  soubs-mettent  à  leur  mercy  quittes  et  exempts  de 
toute  rançon,  à  la  charge  de  là  en  avant  de  ne  porter 
plus  les  armes  contr'  eux.  »  (V,  ix,  343.) 

P.  277, 1.  I.  Si  succiderit).  «  Est-il  tombé,  il  combat 
à  genoux.  »  (A'  provùdentia,  IL)  Le  texte  suivi 
par  Montaigne  est  conforme  à  l'édition  de  1557, 
p.  295. 

P.  277,  1.  5.  //  est  battu).  On  peut  rapprocher 
Sénèque,  De  Constantin  :  «  Non  est  quod  me  victum, 
victorem  te  credas.  \'icit  fortuna  tua  fortunam  meam.» 

(vi,  39 1-) 

P.  277,  1.  14.  Le  capiteine  Ischolas).  Cf.  Diodore 
de  Sicile,  XV,  xvi,  f°  203  x°.  Il  faut  noter  que  Diodore 
de  Sicile  rapproche  de  l'exploit  d'Ischolas  la  victoire 
de  Léonidas  que  Montaigne  vient  de  rappeler. 

P.  278,  1.  9.  J'ay  une  chanson).  On  trouvera  une 
chanson  tout  à  fait  analogue  chez  André  Thevet, 
Singularité^^  de  la  France  antarctique,  XL. 

P.  279, 1.  6.  Lia,  Rachel,  Sara  et  les  faines  de  Jacop). 
Montaigne  a  trouvé  ces  faits  dans  la  Cité  de  Dieu  de 
saint  Augustin,  pour  Sarah  (XVI,  xv),  pour  Lia  et 
Rachel  (XVI,  xxxviii).  Toutefois  la  phrase  présente 
quelque  confusion  :  les  femmes  de  Jacob  sont  Lia  et 
Rachel,  ce  qu'elle  ne  fait  pas  comprendre. 

P.  279,  1.  8.  Livia  seconda).  Cf.  Suétone,  Auguste, 
Lxxi.  Montaigne  avait  sans  doute  lu  le  même  fait 
ailleurs,  et  particulièrement  dans  la  huitième  des 
Seras  de  Bouchet  (éd.  de  1585,  p.  183),  qui  avait 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


d'ailleurs  fait  des  emprunts  à  ce  trente-unième  essai 
de  Montaigne. 

P.  279,  1.  8.  La  famé  du  Roy  Dejotariis).  Cf.  Plu- 
tarque,  Des  vertueux  faits  des  femmes  :  «  Stratonice 
sçachant  que  le  Roy  son  man,^  desiroit  singulièrement 
avoir  des  enfans  légitimes,  pour  les  laisser  successeurs 
de  sa  couronne,  et  n'en  pouvant  avoir  d'elle,  elle 
luy  pria  et  persuada,  qu'il  en  feist  a  une  autre 
femme,  et  lui  permeist  qu'elle  se  les  supposast. 
Dejotarus  s'esmerveilla  fort  de  cette  sienne  resolu- 
tion, et  luy  permeit  d'en  faire  a  sa  guise,  ainsi 
comme  elle  voudroit  :  par  quoy  elle  choisit  entre  les 
captives  prises  à  la  guerre  une  belle  jeune  fille  qui 
avait  nom  Electra,  qu'elle  enferma  avec  Dejotarus 
dedans  une  chambre  :  et  nourrit  et  éleva  les  enfans 
qui  en  vindrent  avec  autant  d'affection,  et  en  aussi 
grande  magnificence  comme  s'ils  eussent  esté  siens.  » 
(F°  239  v°.) 

P.  279,  1.  26.  Retirant  aux  terminaisons  Grecques). 
Jean  de  hér\  signale  lui  aussi  une  certaine  ressem- 
blance entre  la  langue  des  cannibales  et  la  langue 
grecque.  (Cf.  éd.  de  La  Rochelle,  1578,  p.  340.) 

P.  280,  1.  6.  Du  temps  que).  En  1562. 

Chroxologie  :  Trois  allusions  fournissent  de 
vagues  indications  :  1°  Montaigne  parle  dans  cet 
essai  du  «  feu  roy  Charles  neufiesme  »,  ce  qui  semble 


indiquer  qu'il  est  postérieur  au  mois  de  mai  1574, 
époque  de  la  mort  de  Charles  IX.  Cette  indication 
toutefois  est  incertaine,  parce  que  Montaigne  a  pu 
ajouter  le  mot  «feu»  au  moment  de  l'impression. 
2°  Un  passage  semble  inviter  à  penser  que  Montaigne 
vient  de  lire  César  :  «  Nos  ancestres,  estans  assiégez 
par  Cœsar,  en  la  ville  de  Alexia  se  résolurent  de  sous- 
tenir  la  faim  de  ce  siège  par  les  corps  des  vieillardz, 
des  femmes  et  de  toutes  autres  personnes  inutiles 
au  combat.  »  Ceci  nous  reporterait  à  l'année  1578  au 
plus  tôt  ;  mais  l'argument  est  faible  parce  que  le  siège 
d'Alésia  est  bien  connu  et  que  Montaigne  peut  penser 
aux  événements  tragiques  qui  l'ont  marqué  sans 
qu'une  lecture  récente  de  César  les  lui  remette  en 
mémoire.  3°  Notons  encore  un  souvenir  de  Sextus 
Empiricus  qui  semble  indiquer  que  cet  essai  n'est  pas 
antérieur  à  V Apologie  de  Sehond  puisque  tous  les 
emprunts  à  Sextus  Empiricus  se  rencontrent  dans 
V Apologie  de  Sehond  :  «  Chr\'sippus  et  Zenon,  chefs 
de  la  secte  stoicque,  ont  bien  pensé  qu'il  n'y  avoit 
nul  mal  de  se  servir  de  nostre  charoigne  a  quo}' 
que  ce  fust  pour  nostre  besoing.  »  Mais  là  encore 
nous  n'avons  qu'une  allusion  très  vague.  L'essai 
est  si  différent  de  tous  ceux  que  nous  pouvons  dater 
avec  certitude  de  1572  que  je  le  crois  très  postérieur 
à  cette  date;  toutefois  les  preuves  décisives  font 
défaut. 


Chapitre   XXXII. 


QV   IL    FA\'T    SOBREMENT    SE    MESLER    DE    IVGER    DES    ORDONNANCES    DIVINES. 


P.  282,  1.  4.  A  cette  cause,  dict  Platon).  Dans  le 
Critias  :  «  Quandoquidem  facilius  apparet,  ut  qui  de 
diis  dissent,  satisfacere  hominibus  videatur,  quani 
qui  de  mortalibus.  Imperitia  namque  &  ignoratio 
audientium  magnam  copiam  ad  ea  quse  ignota  sunt, 
effingenda,  prœstare  dicentihus  consuevit.  »  (P.  107; 
éd.  de  1546,  p.  736.) 

P.  282,  1.  II.  Id  geniis  oiiine).  «Tous  les  gens  de 
cette  espèce.  »  (Horace,  Satires,  I,  11,  2.) 

P.  283,  1.  4.  En  une  nation  Indienne).  Cf.  Lopez  de 
Gomara,  Histoire  générale  des  Indes  :  «  S'ils  sont  vain- 
cus, ils  pleurent  &  lamentent,  demandans  pardon  au 
Soleil  pour  l'injuste  guerre,  qu'ils  ont  encommencée.  » 
(III,  XXII,  {"  242.) 

P.  283, 1.  20.  La  Rochelabeille  (ou  La  Roche-Abeille 
près  de  Saint-Yrieix),  le  25  juin  1569,  escarmouche 
entre  les  troupes  de  l'amiral  de  Coligny  et  celles  du 
duc  d'Anjou,  où  l'avantage  resta  aux  protestants  qui 
surprirent  deux  régiments  de  gens  de  pied  dans  un 
vallon,  et  firent  Strozzi  prisonnier. 

P.  283,  1.  22.  De  Mont-contour  et  de  Jarnac).  Deux 
victoires  des  catholiques  commandés  par  le  duc 
d'Anjou  et  par  Tavannes  :  Jarnac,  près  de  la  Cha- 
rente, le  13  mars  1569,  et  Moncontour  le  3  octobre 
de  la  même  année. 

P.  283,  1.  26.  De  mesme  bouche).  Allusion  à  un 
apologue  d'Anianus.  Un  satyre  par  un  temps  très 
froid  voit  un  paysan  souffler  dans  ses  doigts;  inter- 
rogé, le  paysan  répond  qu'il  souffle  pour  se  réchauffer. 
Quelques  instants  plus  tard,  à  table,  il  souffle  sur 
ses  aliments.  Interrogé  de  nouveau,  il  répond  cette 
fois  qu'il  souffle  pour  refroidir  ses  aliments.  «  Qu'en- 


tends-je!  »  réplique  l'autre,  «de  la  même  bouche  tu 
souffles  le  chaud  et  le  froid!  »  De  là  peut-être  une 
expression  proverbiale  que  je  retrouve  chez  Erasme^ 
dans  l'Éloge  de  la  folie,  où,  en  parlant  des  flatteurs,  il 
déclare  :  «  Horum  est  nigrum  in  candida  vertere,  et 
eodem  ex  ore  frigidum  pariter  et  calidum  efflare.  » 
(Éd.  de  1544,  p.  81.) 

P.  283,  1.  27.  C'est  une  belle  bataille  navale).  Bataille 
de  Lépante,  remportée  sur  les  Turcs  par  don  Juan 
d'Autriche  à  la  tète  des  armées  d'Espagne,  de  Venise 
et  du  pape,  le  5  octobre  1571. 

P.  283,  1.  32.  Arrius  et  Léon).  Cf.  Jean  Bouchet, 
Annales  d'Aquitaine,  ï°^  14  v°  et  19  v°.  Montaigne 
combat  ici  la  leçon  que  Bouchet  tirait  de  ces  événe- 
ments. La  mort  d'Arrius  est  encore  racontée  chez 
Athanase,  Epist.  ad  Serapionem ;  Epiphane,  De  morte 
Arii,  I,  II;  aussi  chez  Ravisius  Textor,  f°  34  r°. 
Tous  voient  dans  les  circonstances  de  cette  mort  une 
punition  divine. 

P.  284,  1.  5.  Lfl  mort  de Heliogabalus).  Cf.  Lampride, 
Héliogabale,  xvii;  mais  Montaigne  a  pris  probablement 
ce  fait  ainsi  que  le  suivant  (la  mort  d'Irénée)  dans 
les  compilations  du  temps,  peut-être  dans  celle  de 
Ravisius  Textor,  f''  3 1  V. 

P.  284,  1.  12.  S.  Augustin).  Pour  toutes  ces  idées, 
cf.  Cité  de  Dieu,  I,  viii. 

P.  284,  1.  14.  Il  se  faut  contenter  de  la  lumière). 
Cf.  Plutarque,  De  la  curiosité  :  «  Ceulx  qui  ne  se 
contentent  pas  de  la  lumière  abondante  des  rayons 
du  soleil,  qui  s'espandent  si  clairement  sur  toutes 
choses,  ains  veulent  à  plein  fond  regarder  le  cercle 
mesme  de  son  corps,  en  osant  se  promettre  qu'ils 


104 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


pénétreront  sa  clarté,  et  entreront  des  yeux  à  force 
au  beau  milieu,  ils  s'aveuglent.  »  (F°  64  v°.)  Cette 
image  est  reprise  dans  La  Primaudaye,  Académie 
française,  I,  xv;  dans  Juste  Lipse,  De  constantia, 
m,  XVII. 

P.  284,  1.  18.  Qiiis  hominum).  «  Quel  homme  peut 
connaître  les  desseins  de  Dieu,  ou  imaginer  ce  que 
veut  le  Seigneur?  »  {Sagesse,  IX,  xiii.) 


Chronologie  :  Cet  essai  est  certainement  des  pre- 
miers mois  de  1572.  1°  Montaigne  écrit  :  «  Une  belle 
bataille  navale  s'est  gaignée  ces  mois  passez  contre 
les  Turcs,  sous  la  conduite  de  Don  Joan  d'Austria  »  : 
il  s'agit  de  la  bataille  de  Lépante,  qui  date  du  5  oc- 
tobre 1571;  2°  l'allusion  aux  morts  d'Arrius  et  du 
pape  Léon  vient  des  Annales  d'Aquitaine  de  Bouchet, 
que  Montaigne  lit  en  1572. 


CllAPITRl-     XXXIII. 


DK    FVIR    I.HS    VOLVPTHZ    AV    PRIS    D1-:    LA    VI1-: 


P.  285,  1.  6.  H  ijr,v  a/.j-wç).  «  Ou  une  vie  tran- 
quille, ou  une  mon  lieureuse.  Il  est  bien  de  mourir 
quand  la  vie  est  à  charge.  Mieux  vaut  ne  pas  vivre  que 
de  vivre  dans  le  malheur.  »  Je  crois  que  Montaigne 
a  pris  ces  trois  sentences  grecques  dans  le  recueil 
publié  par  Crispin  en  1569  et  réimprimé  en  1570; 
des  recueils  du  temps  que  j'ai  pu  consulter  c'est  le 
seul  qui  présente  ces  trois  vers  ainsi  réunis. 

P.  286,  1.  2.  Je  suis  d'advi^,  dict-il).  Cf.  Sénèque, 
Epîtres  :  «  Censeo  aut  ex  vita  ista  tibi,  aut  c  \ita 
exeundum.  Sed  illud  idem  existimo,  Icni  eundum 
via,  ut  quod  maie  implicuisti,  solvas  potius  quam 
abrumpas,  dummodo  si  alia  solvendi  ratio  non  erit, 
vel  abrumpas.  Nemo  tam  timidus  est  ut  malit  sempcr 
penderc  quam  semel  cadere.  »  (Kp.  22.) 


P.  286,  1.  9.  Eiiiprunlc  d'Epicnnis).  Id.,  ilnd.  : 
«  Epicuri  epistolam  ad  hanc  rem  pertinentem  levi, 
Idomeneo  quK  scribitur,  queni  rogat,  ut  quantum 
potest  fugiat  et  properet,  antequam  aliqua  vis  major 
interveniat,  et  auterat  libertatem  recedendi.  » 

P.  286,  1.  12.  S.  Hilairc).  Cf.  Jean  Bouchet, 
Annales  d'Aquitaine,  qui  conte  longuement  cette 
histoire  (F"-  16  r°  et  21  r"). 

Chronologie  :  Il  est  manifeste  que  la  source  de 
cet  essai  est  l'histoire  de  l'évèque  saint  Hilaire.  Or 
cette  histoire  vient  certainement  des  Annales  d'Aqui- 
taine de  Bouchet,  ouvrage  que  Montaigne  lit  vers  1 572. 
L'essai  est  donc  selon  toute  vraisemblance  de  1572. 


Chapitre   XXXI\'. 


LA    FORTVNE    SE    RENCONTRE    AV    TRAIX    DE    LA    RAISON'. 


P.  288,  TITRE.  On  peut  rapprocher  ce  que  Mon- 
taigne écrivait  peu  auparavant  dans  la  dédicace  des 
Poemata  de  La  Boétie  adressée  à  Michel  de  L'Hôpital  : 
«  Nous  le  devons  sans  doute  à  la  fortune,  qui  par 
l'inconstance  de  son  bransle  divers,  s'est  pour  ce 
coup  rencontrée  au  train  de  la  raison.  » 

P.  288,  1.  I.  L'inconstance  du  bransle  divers).  Cf.  la 
citation  reproduite  à  la  note  précédente. 

P.  288,  1.  ^.LeDucde  Valentinois).  Cf.  Guichardin, 
Histoire  d'Italie  :  «  Che  havendo  il  Valentino,  desti- 
nato  alla  medesima  cena,  deliberato  d'avvelenare 
Adriano  Cardinale  ili  Corneto,  nella  vigna  del  quale 
dovevano  cenare...  Narrasi  adunque,  che  havendo 
il  Valentino  mandati  innanzi  certi  fiaschi  di  vino 
infetti  di  veleno,  &  havendoli  fatti  consegnare  ad  un 
ministro  non  consapevole  délia  cosa,  non  commes- 
sionc  che  non  gli  desse  ad  alcuno,  sopravvenne  per 
forte  il  Pontefice  innanzi  ail'  hora  délia  cena,  &  vinto 
dalla  scte  &  da  caldi  smisurati,  che  erano,  dimandô 
gli  fusse  dato  da  bere...  gli  fu  da  quel  ministro,  che 
credeva  riservarsi  corne  vino  piu  pretioso,  dato  da 
bere  del  vino,  che  haveva  mandato  innanzi  Valentino, 
il  quale  mentre  il  padre  beeva  sopragiugnendo  si 
messe  similmente  a  bere  del  medesimo  vino.  »  (VI, 
p.  267.) 

P.  288,  1.  16.  Le  Seigneur  d'EsIrce).  Cf.  \i:s  Mémoires 
des  frères  du  Bellay  :  «  A  ladite  charge  le  seigneur 
de  Licques  lieutenant  du  Duc  d'Arscoi,  lequel  ce 
jour  là  avoit  espousé  la  sœur  du  seigneur  de  Fon- 
querolles  :  de  laquelle  le  .seigneur  d'Estrée,  guidon 
de  Monseigneur  de  Vendosme,  avoit  esté  serviteur, 
estant   demouré   sur   la   queue    pour   soustenir    ses 


hommes,  fut  charge  par  ledit  seigneur  d'Estrée,  et 
par  le  seigneur  de  Rum,  et  fut  pris  prisonnier,  telle- 
ment que  ce  jour  là  il  ne  coucha  point  avecques 
son  espousée.  Le  seigneur  d'Estrée  requis  par  la  dame 
dont  il  avoit  esté  seniteur  luy  renvoya  le  seigneur 
de  Licques  son  mary.  »  (II,  p.  64.) 

P.  289,  1,  7.  Conjiigis).  «  Contrainte  de  s'arracher 
des  bras  de  son  nouvel  époux,  avant  que  les  longues 
nuits  d'un  ou  de  deux  hivers  eussent  rassasié  l'avidité 
de  leur  amour.  »  (Catulle,  lxviii,  81.) 

P.  289,  1.  12.  Constantin,  filx).  Cf.  Lavardin,  His- 
toire de  Georges  Castriot  :  «  Tout  ainsi  que  Constantin 
fils  d'Helene  fut  le  premier  qui  la  fonda,  orna,  et 
enrichit  :  en  pareil  cestui  cy  nonrmé  Constantin,  fils 
aussi  d'Helene,  fut  le  dernier,  après  onze  cens  vingt 
et  un  an  de  cest  Empire.  «  (F°  331  r".)  Il  faut  men- 
tionner d'ailleurs  que  le  même  fait  est  souvent 
rappelé  et  dans  des  termes  tout  à  fait  semblables 
chez  divers  écrivains  du  temps.  Le  voici,  par  exemple, 
dans  la  Fie  de  Mahomet  écrite  par  Paul  Jove  :  «Illud 
notatu  dignum  ac  fatale  fere  habetur  quod  quemad- 
modum  Constantius  Helena;  filius  primus  Constan- 
tinopolitanus  imperator  fuerat  :  sic  et  is  qui  post 
annos  ab  illo  primo  112 1  ultimus  cxstitit,  Constan- 
tinus  Helena;  filius  fuit.  »  \'oir  encore  Messie,  Diverses 
leçons,  I,  xxxvii,  où  l'on  trouve  toute  une  liste  de 
coïncidences  singulières  comme  celle-ci. 

P.  289,  1.  16.'  /_(•  Roy  Clovis).  Cf.  Jean  Bouchet, 
Annales  d'Aquitaine  :  «  Récitent  Grégorius  et  Anno- 
nius  que  luy  (Clovis)  tenant  le  siège  devant  la  cité 
d'Engoulesme,  les  murailles  de  la  ville  tombèrent 
par  terre,  divinement.  »  (F"  36  r".) 


LIVRK      I,      CHAPITRE      XXXIV 


107 


P.  289,  1.  18.  L-RoyRohrt).  Id.,ihid.  :  <>  Bernardus 
Cuidonis  récite  en  sa  cronique,  que  comme  il  (le  roi 
Robert)  eust  faict  mettre  le  siège  devant  quelque 
ville  près  d'Orléans,  laissa  le  siège  pour  aller  célébrer 
la  feste  sainct  Aignan  en  ladicte  ville  d'Orléans, 
&  tinst  chappe  avec  un  des  chanoines  :  &  comme 
il  conimençoit  le  tiers  agnus  de  la  grand  Messe,  à 
genoux,  les  murailles  de  la  ville  assiégée  tombèrent 
par  terre  sans  œuvre  d'homme.  »  (F°  69  r°.) 

P.  289,  1.  22.  Le  Capitaine  Rense).  Cf.  les  Mémoires 
des  frères  du  Bellay  :  «  Le  seigneur  Rence  estant 
arrivé  devant  ladite  ville  d'Eronne,...  mais  après 
avoir  miné  un  grand  pan  de  mur,...  la  muraille 
estant  enlevée  en  l'air...  retomba  dedans  ses  fonde- 
mens,  &  demoura  debout,  à  raison  dequoy  se  voyant 
frustré  de  son  intention  et  avoir  perdu  tant  de  temps 
feit  sa  retraite  en  nostre  camp.  »  (F"  56  v°.) 

P.  289,  1.  27.  Jason  Pbeiriis).  Jason  de  Phères 
(Phères  en  Thessalie).  Montaigne  suit  ici  le  récit 
de  Pline,  Hist.  nat.  :  «  Phereus  Jason,  deploratus 
a  medicis  vomico  morbo,  cum  mortem  in  acie  quje- 
reret,  vulnerato  pectore  medicinam  invenit  ex  hoste.  » 
(VII,  L.)  La  version  de  ^'alère-Maxime  (I,  viii,  6) 
et  de  Sénèque  (^Dc  heneficiis,  II,  xix)  est  un  peu 
différente  :  chez  ces  auteurs  c'est  un  assassin,  non  un 
ennemi,  qui  rend  ce  service  au  tyran.  Cf.  en  outre 
Cicéron,  De  rialiira  deoriim,  III.  Rien  ne  prouve 
d'ailleurs  que  Montaigne  se  soit  reporté  directement 
au  texte  de  Pline.  L'aventure  de  Jason  aussi  bien 
que  le  fait  suivant  est  souvent  reprise  chez  les  compi- 
lateurs du  xv!""  siècle  :  cf.  entre  beaucoup  d'autres. 
Messie,  Diverses  leçons,  III,  1 5  ;  Ramus,  Dialectique, 
édition  de  1555,  p.  15,  etc. 

P.  290,  1.  I.  Le  peintre  Protogenes).  Cf.  Pline,  His- 
toire naturelle,  XXXV,  10. 

P.  290,  1.  9.  Isahel).  Cf.  Froissart  :  «  Ils  se  mirent 
à  chemin  en  costoyant  Zelande,  et  avoyent  intention 
de  prendre  terre  à  un  port,  qu'ils  avoyent  avisé  : 
mais  ils  ne  peurent  car  un  grand  tourment  les  print 
en  mer  :  qui  les  mit  loing  de  leur  chemin,  qu'ils  ne 
sceurent  par  deux  jours  ou  ils  estoyent.  Dequo}'  Dieu 
leur  fit  grand'grâce.  Car,  s'ils  se  fussent  embatus  en 
iceluy  port  qu'ils  avoyent  avisé,  ils  eussent  esté 
perdus,  et  cheus  es  mains  de  leurs  ennemis  :  qui 


bien  savoyent  leur  venue,  et  les  attendo3"ent  là 
endroit,  pour  les  mettre  tous  à  mort.  »  (I,  x,  8.) 

P.  290,  1.  17.  'V xj-i\}.x-.z-i).  Vers  de  Mén^ndre  que 
Montaigne  traduit  après  l'avoir  cité.  Il  l'a  trouvé 
dans  le  recueil  de  Crispin  dont  nous  l'avons  vu 
faire  usage  au  chapitre  précédent.  Plutarque  dans 
ses  Œuvres  morales  fait  plusieurs  fois  allusion  à  cette 
aventure  :  cf.  De  la  tranquillité  d'esprit,  f°  70  x°  ;  le 
Bancquet  des  sept  sages,  (°  150  v°. 

P.  290,  1.  19.  Icetes).  Cf.  George  Gémiste,  dict 
Plethon,  Recueil  des  choses  avenues  depuis  la  journée  de 
Mantinee,  traduction  Saliat  :  «  Il  avoit  apposté  deux 
estrangers  qu'il  envoya  vers  Timoleon  pour  le  tuer, 
&  le  vindrent  trouver  séjournant  à  Adrane,  où  ils 
entendirent  qu'il  devoir  faire  quelque  sacrifice,  &  parce 
délibérèrent  de  faire  leur  coup  quand  il  sacrifieroit. 
Se  faisant  le  sacrifice,  ils  se  fourrèrent  parmy  la 
multitude  qui  estoit  à  l'entour,  mais  comme  ils 
s'avertissoyent  l'un  l'autre  qu'il  estoit  heure  de 
besongner,  quelqu'un  de  l'assemblée  donna  un  coup 
d'espee  sur  la  teste  à  l'un  des  deux,  lequel  tomba 
par  terre.  Celuy  qui  avoit  frappé  se  sauva  soudain 
en  Testât  qu'il  estoit  tenant  son  espee  desgaingnee, 
sus  un  haut  rocher.  L'autre  complice  voyant  que 
son  compagnon  estoit  tombé  recourut  à  l'autel, 
&  requit  franchise  promettant  de  dire  vérité.  Sa 
demande  fut  accordée,  &  parce  déclara  tout  ce  qu'il 
estoit  de  luy  &  du  trespassé,  &  comment  Icetes  les 
avoit  subornez  pour  tuer  Timoleon  en  trahison.  En 
cest  instant  mesme  un  autre  estoit  poussé  &  saboulé, 
parce  qu'il  avoit  fait  mourir  quelqu'un,  &  crioit 
qu'il  n'avoit  point  offensé,  à  raison  qu'il  avoit  ce 
fait  pour  venger  la  mort  de  son  père  qui  avoit  esté 
tué  par  l'autre  en  la  ville  des  Leontins,  &  produisoit 
pour  tesmoings  aucuns  de  la  compagnie.  Cecy  feit 
esmerveiller  les  assistens  des  rencontres  de  fortune, 
comme  elle  appreste  une  chose  par  une  autre, 
&:  assemble  faicts  semblables.  Les  Corinthiens  ordon- 
nèrent que  ce  personnage  auroit  pour  salaire  d'avoir 
fait  telle  vengeance  dix  mines  attiques,  pource  que 
d'un  costé  il  avoit  fait  justement,  &  d'autre  il  avoit 
sauvé  Timoleon.  »  (Ed.  de  1575,  f°  263  v°.)  Tout 
ce  morceau  est  pris  par  Gémiste  à  la  Vie  de  Timoleon 
écrite   par   Plutarque,    vu.   Si   l'on  se  reporte  à  la 


io8 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


traduction  d'Amyot  (f"  183  r"),  on  constatera  que 
Montaigne  a  puisé  chez  Saliat  et  non  chez  Am3-ot. 
P.  291,  1.  8.  Igiwtiiis  perc  et  fils).  Cf.  Appien, 
Guerres  civiles  :  «  Ignatius  aussi  le  père  et  le  filz  de 
mesme  nom,  coururent  les  espees  nues  l'un  contre 
l'autre,  tellement  qu'ilz  se  occirent,  et  en  mourant 
s'embrassèrent  si  estroict,  que  après  qu'on  leur  eut 
couppé  les  testes  demeurèrent  les  corps  encores 
embrassez,  blessez  chascun  d'un  seul  coup.  »  (Ed. 
de  1544,  p.  448;  éd.  de  1559,  f"  33e  r°.)  On  remar- 
quera combien  Montaigne  développe  cet  exemple, 
et  avec  quelle  complaisance  il  en  détaille  les  particu- 


larités. Cf.  à  ce  sujet  mes  Livres  d' histoire  uioilenie 
utilisés  par  Moulaigiie,  p.  164. 

Chronologie  :  i"  L'anecdote  de  la  mort  du  pape 
Alexandre  M  est  prise  à  l'Histoire  d'Italie  de  Guichar- 
din;  2°  celle  du  seigneur  d'Estrées  vient  des  Mémoires 
de  du  Bellay  :  il  en  est  de  même  de  l'aventure 
d'Éronne;  3°  les  anecdotes  de  Clovis  à  Angoulème 
et  de  Robert  le  Pieux  à  Orléans  viennent  des  Annales 
d'Aquitaine  de  Bouchet.  Montaigne  ayant  lu  ces  trois 
ouvrages  vers  1572,  l'essai  date  certainement  des 
environs  de  1572. 


Chapitre   XXX\'. 


D   VN      DKFAVT      DK      KOS      l'OLICKS. 


P.  292,  I.  15.  Lilius  Gregoriits  Giraldiis).  Lilio  Gre- 
gorio  Giraldi,  poète  et  archéologue,  d'une  érudition 
qui  lui  valut  une  grande  réputation  dans  l'Italie 
du  xV  siècle,  naquit  à  Ferrare  en  1479,  et  mourut 
également  à  Ferrare  en  1552.  Il  fut  pauvre  durant 
toute  sa  vie,  mais  surtout  pendant  les  quinze  der- 
nières années.  Montaigne  possédait  certainement 
dans  sa  bibliothèque  la  principale  œuvre  de  Giraldi, 
VHistoria  de  diis  gentiuin,  ouvrage  d'une  grande 
érudition.  Ses  œuvres  ont  été  réunies  à  Bàle  en  1580, 
et  plus  complètement  à  Leyde,  en  1696. 

P.  292,  1.  16.  Sebasiianus  Castalio).  Castellio  : 
Sébastien  Châteillion,  né  à  Châtillon-les-Dombes 
en  15 15,  et  mort  à  Bàle  en  1563.  Régent  à  Genève, 
ses  tendances  libérales  lui  valurent  des  difficultés  avec 
Calvin  qui  l'obligèrent  à  renoncer  à  son  emploi  et  à 


quitter  la  ville.  Il  est  principalement  connu  par  ses 
traductions  de  la  Bible,  traduction  latine  qui  fut 
terminée  en  155 1,  traduction  française  surtout 
en  1555.  Sur  Castellion,  cf.  F.  Buisson,  Sebastien 
Castalion. 

P.  293,  1.  21.  Chacun  m  sa  chaciinieir).  L'expres- 
sion semble  venir  des  conteurs.  Cf.  Rabelais,  II,  xiv, 
III,  xxxvii,  etc.;  Bonaventure  Despériers,  Nouvelles 
Récréalions,  I,  xui. 

P.  293,  1.  22.  D'y  avoir  failli).  En  effet,  les  Éphé- 
iih'rides  que  nous  avons  de  Montaigne  ne  relatent 
que  fort  peu  de  renseignements. 

Chronologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai,  qui  a  chance  d'être  des  environs 
de  1572  comme  ceux  qui  l'entourent. 


Chapitre   XXXVI. 


DE      L  VSAGE      DE     SE     VESTIR. 


P.  294,  1.  7.  Toiil  ce  qui  est  souhs  le  ciel).  «Omnium 
quœ  sub  sole  sunt  fortuna  et  lex  par  est.  »  (Ecck- 
siaste,  ix.)  Cette  sentence  figurait  sur  les  travées  de 
la  librairie  de  Montaigne  et  a  été  reproduite  par  lui 
dans  l'essai  II,  xii;  t.  Il,  p.  168,  1.  5. 

P.  294,  1.  13.  0/(1'  )wiis  soyons  seuls).  Rapprocher 
ce  que  Montaigne  dira  dans  le  même  sens  dans 
l'essai  H,  xii,  163. 

P.  294,  1.  18.  Proptereaque).  «Et  que  pour  cette 
raison,  presque  tous  les  êtres  sont  couverts  ou  de 
cuir,  ou  de  poil,  ou  de  coquilles,  ou  de  callosités, 
ou  d'écorce.  »  (Lusrèce,  IV,  93e.) 

P.  295,  1.  lé.  Et  en  Turquie  sur  tout).  Cf.  Guil- 
laume Postel,  Hist.  des  Turcs  :  «Ils  sont  appelés 
dervis,  ou  saints  :  et  les  autres,  fols.  Les  habits  et 
modes  de  faire  sont  si  diverses  qu'il  m'est  quasi 
impossible  les  reciter  :  les  plus  fols  sont  que  à  jamais 
vont  tous  nuds,  soit  chaud  ou  froid...  »  (Ed.  de  1575, 
p.  227;  éd.  de  1560,  I"  partie,  p.  108.) 

P.  295,  1.  17.  je  ne  sçay).  On  trouve  une  histoire 
toute  semblable  dans  Elien,  Histoires  variées,  VII,  vi. 
Mais  .Montaigne  ne  pense  pas  à  Elien.  En  effet,  dans 
un  exemplaire  des  Essais  possédé  par  Florimont  de 
Raimond,  et  auquel  nous  avons  déjà  ci-dessus 
emprunté  une  note  manuscrite  (p.  259,  1.  lé),  le 
docteur  Payen  a  lu  l'indication  suivante  :  «  Ce  fut 
moi  qui  fis  caste  demande  à  un  jeune  garçon  que  je 
trouvai;  la  réponse  qu'il  me  fist  eust  bien  meilleure 
grâce  en  nostre  gascon  disant  «  nou  soi  tout  care.  » 

P.  295,  1.  26.  Le  Roy  Massinissa).  Cf.  Cicéron, 
De  seneclute,  x.  Mais  Montaigne  a  sans  doute  pris 
ceci  chez  Béroald,  Cannicntaire  de  Suétone,  qui  écrit. 


Vie  de  César,  lvii  :  «  Laudat  Marc.  Cicero  Massinis- 
sam  ab  hac  firmitudine,  quod  nonaginta  annos  natus 
nullo  imbre,  nullo  frigore  adduci  poterat,  ut  capite 
operto  esset.  Consimiliter  Silius  in  primo  Punicorum, 
extoUit  Annibalis  tolerantiam,  cum  ait  : 

«  Tum  venice  nudo 
»  Excipere  insanos  inibres,  ccelique  ruinam.  » 

La  note  de  Béroald  s'accroche  à  l'allégation  de 
Suétone  que  Montaigne  va  citer  un  peu  plus  bas, 
p.  29e,  I.  7. 

P.  29e,  1.  I.  Hérodote  dict).  «Vous  trouverez  les 
testes  des  Perses  si  molles  &  si  tendres,  que  les 
touchant  seulement  d'un  jecton,  vous  les  fausez  de 
part  en  autre.  Au  contraire  le  tais  des  Egyptiens  est 
si  dur  &  si  ferme  qu'à  peine  est  il  rompu  en  le 
frappant  contre  un  caillou.  Ils  me  dirent  la  cause 
de  ceste  différence,^  laquelle  ils  me  persuadèrent 
aisément,  c'est  que  dés  l'enfance  on  fait  raire  la  teste 
aux  Eg\'ptiens,  qui  est  une  cause  que  l'os  s'endurcit, 
et  qu'ils  deviennent  moins  chauves  que  tous  autres 
peuples.  Mais  la  raison  pourquoy  les  Perses  ont  la 
teste  si  tendre  est  parce  que  depuis  leur  naissance 
on  les  tient  en  l'ombre  la  teste  couverte  de  béguins 
&  bonnetz,  &  tantost  après  avec  tiares  &  turbans.  » 
(III,  XII ;  t.  I,  f"  179  v°.) 

P.  29e,  1.  6.  Et  le  roy  Agesilaus).  Cf.  Plutarque, 
Apophtegmes  des  Laceda'inoniens  :  «  Il  estoit  tellement 
disposé  contre  le  chaud  et  contre  le  froid,  que  par 
toute  saison  de  l'année  il  n'avoit  jamais  qu'une  sorte 
d'habillement.  »  (F"  210  v".) 

P.  29e,  1.  7.  Cxsar).  Cf.  Suétone,  Vie  de  César  :  «  In 


LIVRE      I,      CHAPITRK      XXXVI. 


agmine  nonnunquam  equo,  sœpius  pedibus  anteibat, 
capite  Jetecto,  seu  sol,  seu  Imber  esset.  »  (lviii.) 
Messie  dans  les  Diverses  leçons,  I,  \\i,  rapporte  cet 
exemple  pris  à  la  Vie  de  César  et  y  joint  l'exemple 
d'Annibal  et  l'allégation  de  Varron  que  nous  allons 
retrouver  également  chez  Montaigne. 

P.  296,  1.  II.  Timi  vertice  nudo).  «  Sur  sa  tète  nue 
il  recevait  les  pluies  les  plus  fortes  et  les  torrents 
du  ciel.  »  (Silius  Italiens,  I,  250.)  Citation  prise  par 
Montaigne  dans  son  édition  de  Suétone,  commen- 
taire de  Béroald  à  la  Vie  de  César,  LVii.  Cf.  ci-dessus, 
p.  295,  1.  26. 

P.  296,  1.  13.  Un  vénitien).  Cf.  Balbi,  Viaggio  : 
«  Gli  huomini  del  Pegù  vanno  discalzi,  e  le  donne 
nel  caminar  mostrano  le  gambe.  «  (F°  107  r".) 

P.  296,  1.  lé.  Et  Platon  conseille).  Cf.  Platon, 
Lois,  xii  :  «  In  primis  capitis  pedumque  virtutem 
alienis  tegmentis  non  corrumpere.  »  (XII,  p.  942; 
éd.  de  1546,  p.  896.) 

P.  296,  1.  19.  Pour  leur  Roy).  Etienne  Bathory. 

P.  296,  1.  24.  Varro  tient).  Cf.  Pline,  Histoire 
naturelle  :  «  Capita  aperiri  aspectu  Magistratuum, 
non  venerationis  causa  jussere,  sed  (ut  Varro  auctor 
est)  valetudinis,  quoniam  firmiora  consuetudine  ea 
fièrent.  »  (xxvm,  6.) 

P.  297,  \.  6.  Le  Capitaine  Martin  du  Bellay).  Cf. 
Mémoires  des  frères  du  Bellay  :  «  Les  gelées  furent  si 
fortes  tout  le  voiage,  qu'on  departoit  le  vin  de  muni- 
tion à  coups  de  congnée,  &  se  debitoit  au  poix,  puis 
les  soldats  le  portoient  dedans  de  penniers.  »  (X, 
p.  317,  v°.) 

P.  297,  1.  II.  Nndaque).  «Le  vin  est  solide,  il 
conserve  la  forme  du  vase  qui  le  contenait:  on  ne 
le  boit  pas  liquide,  la  distribution  en  est  faite  par 
morceaux.  »  (Ovide,  Trist.,  III,  x,  23.) 

P.  297,  1.  13.  L'embouchure  des  Palus  Mœotides). 
Cf.  Strabon,  VIL 

P.  297, 1. 17.  Les  Romains).  Cf.  Tite-Live,  XXI,  liv. 


P.  297,  1.  24.  La  retraite  des  Grecs).  Cf.  Xénophon, 
Anahasc  :  «  Nix  vero  nihilo  duobus  passibus  minus 
alta  erat  :  quare  &  jumentorum  &  captivorum  magnus 
numerus  periit...  Quibus  certe  in  locis  ignés  fecis- 
sent,  in  iis  soluta  nive  scrobes  aperiebantur  deorsum 
usque  ad  imum  solum,  ex  quibus  facile  erat  nivis 
altitudinem  metiri.  Postero  die  per  nives  perpétuas 
iter  fecerunt...  Reliqui  in  ipsa  via  pernoctarunt,  et 
hi  quidem  sine  cibo  et  igné  :  multi  itaque  frigore  ac 
famé  confecti  sunt...  Relicti  de  nostris  multi  sunt, 
qui  oculos  ex  perpetuo  nivium  aspectu  amiserunt. 
Multi  item  quibus  gelu  pedum  digiti  obstupuerant.  » 
(IV,  v;  éd.  de  1545,  p.  225.) 

P.  29S,  1.  6.  Alexandre).  Cf.  Diodore  de  Sicile  : 
«  L'hyver  ilz  couvrent  de  terre  leurs  vignes  &  autres 
arbres  portant  fruict,  puis  quand  vient  la  saison 
du  printemps,  ik  les  descouvrent.  »  (XVII,  xmii, 
f°  289  v°.)  On  trouve  le  même  fait  chez  Quinte- 
Curce,  VII,  m,  mais  certainement  Montaigne  l'a 
pris  chez  Diodore  de  Sicile. 

P.  298,  1.  8.  Le  Roy  de  la  Mexique).  Cf.  Lopez  de 
Gomara,  Histoire  générale  des  Indes  :  «  Aussi  ordinai- 
rement changeoit-il  quatre  fois  le  jour  de  vestemens 
&  ne  revestoit  jamais  celui  qu'il  avait  laissé.  Tels 
habillemens  toutefois  se  mettoient  en  réserve  pour 
donner  en  récompense...  Les  plats,  les  escuelles,  les 
tasses,  coupes,  boccals  et  pots,  &  tout  ce  qui  despen- 
doit  du  service...  chaque  pièce  ne  servoit  qu'une  fois 
à  un  disner.  »  (II,  xxxiii,  f"  91  v°  et  92  v°.) 

Chronologie  :  Un  emprunt  à  Martin  du  Bellay, 
qui  est  nommé  par  Montaigne,  indique  que  l'essai 
doit  être  de  la  première  période  (environ  1572). 
Il  a  dû  être  écrit  en  hiver,  «  en  cette  saison  frileuse  », 
dit  Montaigne,  mais  rien  ne  permet  de  décider, 
semble-t-il,  s'il  s'agit  de  l'hiver  1571-1572  ou  de 
l'hiver  1 572-1 573. 


Chapitre   XXXVII. 


DV    IE\-SE    CATOX. 


P.  300,  I.  _|.  Ma  Joil'lessf).  Pour  Tidée  comparer 
Sénèque,  Epitres  :  «  Xon  putant  fieri  quidquid  facere 
non  possunt,  ex  iniîrmitate  sua  de  virtute  ferunt 
sententiam.  » 

P.  300,  1.  5.  Sunt  qui  nihiJ).  «  Il  y  a  des  gens  qui 
ne  louent  que  ce  qu'ils  croient  pouvoir  imiter.  » 
(Cf.  Gcéron,  Titscitlanes,  II,  i,  où  le  temps  des  verbes 
diffère  seul  :  «  Reperiebantur  nonnulli,  qui  nihil 
laudarent  nisi  quod  se  imitari  posse  confiderent.  ») 

P.  300,  1.  16.  Virtntem  verba  putant).  «Ils  croient 
que  la  vertu  n'est  qu'un  mot,  et  que  le  bois  sacré 
n'est  que  du  bois.  »  (Horace,  Epitres,  I,  vi,  31.) 

P.  300,  1.  18.  Oitam  vereri  deherent).  «  Qu'ils  de- 
vraient honorer  quand  même  ils  seraient  incapables 
de  la  comprendre.  »  (Cicéron,  Titsc,  V,  11;  t.  W, 
p.  167.)  Le  te.xte  de  Cicéron  est  :  «  Qiiam  vere 
deberet,  etiamsi  minus  percipere  potuisset.  »  Cicéron 
applique  cette  phrase  à  la  philosophie,  Montaigne  à 
la  vertu. 

P.  301,  1.  10.  En  ccte  i^iamic  bataille  de  Polidee). 
Il  s'agit  de  Platée,  non  de  Potidée  comme  Montaigne 
a  écrit  par  erreur.  Cf.  Hérodote  :  «  Se  tenant  propos 
qui  d'entre  eux  estoit  le  plus  vaillant,  les  Spartiates 
dirent  qu'Aristodeme  avoit  laissé  son  reng  &  exécuté 
grandes  prouesses  :  mais  il  vouloit  ainsi  mourir  en 
la  présence  des  gens  de  bien,  à  cause  d'une  note 
qu'il  avoit  encouriie.  Et  quant  à  Posidone,  qu'il 
n'avoit  nul  désir  de  mort,  neantmoins  il  s'estoit 
monstre  preudhommc.  »  (JX,  Lxx;  t.  Il,  f"  217  r'.) 

P.  302,  1.  17.  Pliitarqttc  dict).  Dans  le  traité  de  la 
Malignité  d'Hérodote  :  «  Ceux  qui  disent  que  Caton 
d'Utique  se  tua  soy-mesme  craignant  que  César  ne 


le  feist  mourir  honteusement,  ceulx  sont  envieux  et 
malings  en  toute  extrémité.  »  (F°  650  r°.) 

P.  302,  1.  20.  Ceux  qui  Vont  attribuée  à  l'ambition). 
Je  ne  sais  si  Montaigne  pense  ici  à  saint  Augustin, 
mais  saint  Augustin  a  porté  sur  le  suicide  de  Caton 
un  jugement  analogue  dans  la  Cité  de  Dieu,  I,  xxiii, 
et  XIX,  IV. 

P.  303,  1.  18.  Come  l'aimant).  Cf.  Platon  :  «Ut 
bene  de  Homero  loquaris  ars  tibi  non  prsstat,  ut 
modo  dicebam,  sed  divina  vis  est  qua;  te  movet, 
sicut  in  lapide  quem  Magnetem  Euripides  nominavit, 
nonnulli  Heraclium  vocant.  Qui  lapis  non  solum 
ferreos  annules  trahit,  sed  vim  eiiam  annulis  ipsis 
infundit,  qua  hoc  idem  efiîcere  possint,  ac  perinde 
ut  lapis,  alios  annulos  trahere.  Unde  longa  plerumque 
concatenatio  ferri,  &  annulorum  invicem  pendet, 
6«:  omnibus  his  ex  illo  lapide  vis  attrahitur.  Ita  ipsa 
.Musa  poetas  divino  instinctu  concitat,  poetœ  conciti 
alios  furore  corripiunt.  Quare  ex  his  omnibus  séries 
ipsa  contexitur.  »  (Jon,  p.  533;  éd.  de  1546,  p.  170.) 

P.  ^04,  1.  5.  Sit  Cato).  «Que  Caton  soit  de  son 
vivant  plus  grand  même  que  César.  »  (Maniai,  VI, 
XXXII.)  Il  faut  noter  que  cette  citation  de  Martial 
n'est  que  le  premier  de  deux  vers  qui  sont  tout  à 
l'honneur  d'Othon,  vu  que  le  second  place  Otlion 
au-dessus  de  Caton. 

P.  304,  1.  7.  El  iinictnm).  «Et  Caton  invaincu 
ayant  vaincu  la  mort.  »  (Manilius,  IV,  Lxxxvii.) 

P.  304,  1.  10.  Victrix  causa).  «Les  dieux  choisirent 
la  cause  des  vainqueurs,  mais  Caton  celle  des  vaincus.» 
(Lucain,  I,  cxxviii.) 

P.    ^o_|,  1.  12.  Et  euncta).   «L'univers  tout  entier 


LIVRE     I,     CHAPITRE     XXXVII. 


à  ses  pieds,  hormis  le  fier  Caton.  »  (Horace,  Odes, 
II,  I,  23.) 

P.  304,  1.  14.  Le  maistre  du  chœur).  Rapprociier 
dans  les  œuvres  de  La  Boétie,  éd.  Bonnefon,  p.  213  : 
«  Die,  o  Calliope,  chori  magistra.  » 

P.  304,  I.  16.  His  dantem).  «  Caton  qui  leur  dicte 
des  lois.  »  (Virgile,  Enéide,  Mil,  670.) 

Chroxologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  avec  certitude  cet  essai.  Un  emprunt  aux  Œuvres 
morales  de  Plutarque  ne  doit  pas  être  antérieur  à  la 
fin  de  1572.  Mais  l'essai,  qui  consiste  essentiellement 


dans  le  rapprochement  de  cinq  citations,  ne  le  sup- 
pose pas  nécessairement;  il  se  peut  qu'il  ait  été  ajouté 
après  coup,  et  par  conséquent  nous  ne  pouvons  rien 
conclure  de  sa  présence.  Je  suis  tenté  de  croire  tou- 
tefois que  dans  sa  majeure  partie  cet  essai  a  été  écrit 
dans  la  première  période,  vers  1572  ou  peu  après 
cette  date.  Non  seulement  la  place  qu'il  occupe  invite 
à  faire  cette  hypothèse,  mais  les  sentiments  très  stoï- 
ciens qui  l'emplissent  le  rapprochent  naturellement 
des  essais  l,  xiv,  l,  xix,  I,  xx,  qui,  tous  trois,  sont 
datés  de  1572. 


Chapitrf.   XXXVIII. 


COMME  XO\S    PLE\ROXS    &    RIONS    d'vNE    MESME    CHOSE. 


P.  305,  1.  I.  Antii;oniis  scciil  tres-inmtvais  s^rc).  Cf. 
Plutarque,  F/c  de  Pyrrhus  :  «  Alcyoneus  courut  devers 
son  frère  qu'il  trouva  devisant  avec  quelques  siens 
familiers,  &  luy  jetta  devant  luy  la  teste.  Antigonus 
l'aiant  regardée  et  recogneue,  chassa  son  filz  à  coups 
de  baston  en  l'appellant  cruel  meurtrier  &  barbare 
inhumain,  &  se  couvrant  les  yeux  du  bout  de  son 
manteau,  se  prit  à  plorer  par  compassion.  »  (xvi, 
f"  284  v°.)  Il  faut  noter  que  chez  plusieurs  compi- 
lateurs du  xvi"-'  siècle  on  retrouve  des  listes  de  faits 
qui  rappellent  celle  que  nous  avons  ici.  Dans  des 
chapitres  sur  la  clémence  ou  encore  sur  la  prudence, 
Guevara  dans  ses  Épîtres  dorées.  Du  Verdier  dans  sa 
Suite  des  Diverses  leçons  (III,  xxx\"i,  éd.  de  1580, 
p.  230),  Droit  de  Gaillard  dans  sa  Méthode  de  l'Histoire 
(éd.  de  1579,  p.  534),  recueillent  des  exemples  de 
vainqueurs  qui  ont  pleuré  la  mort  de  leurs  ennemis 
vaincus.  Ces  auteurs  se  répètent  d'ailleurs  textuelle- 
ment les  uns  les  autres.  Chez  Droit  de  Gaillard  nous 
rencontrons  :  Alexandre,  Marcellus,  Scipion,  César, 
Philibert-Emmanuel.  L'exemple  de  César  seul,  on  le 
voit,  est  commun  à  Montaigne  et  à  ces  compilateurs. 
Montaigne  n'a  donc  pas  sciemment  puisé  chez  eux, 
mais  peut-être  s'est-il  souvenu  de  leurs  ouvrages. 
Il  est  intéressant  de  comparer  la  richesse  de  son 
développement  à  la  pauvreté  de  celui  qu'on  trouve 
chez  les  Du  Verdier  et  les  Droit  de  Gaillard. 

P.  305,  1.  5.  René  de  Lorraine).  René  II  de  Lorraine 
défit  Charles  le  Téméraire,  duc  de  Bourgogne,  devant 
Nancy  (1477),  dans  une  bataille  où  Charles  le  Témé- 
raire trouva  la  mort.  Le  fait  que  Montaigne  relate 
ici  est  relevé  chez  Fulgose,  IV,  v,  à  la  fin. 


P.  305,  1.  7.  En  la  bataille  d'Auroy).  Ou  d'Auray, 
près  de  \'annes.  Cette  bataille  fut  livrée  sous  Charles  V, 
le  29  septembre  1364.  (Cf.  Froissart.) 

P.  305,  1.  12.  Et  cosi).  «Et  c'est  ainsi  que  l'àme 
couvre  ses  passions  sous  une  apparence  contraire,  sous 
un  visage  tantôt  joj'eux  et  tantôt  sombre.  »  (Pétrarque, 
sonnet  81;  édition  de  1550,  sonnet  82,  p.  162.) 

P.  305,  1.  15.  Quand  on  présenta  à  Casar).  Cf. 
Plutarque,  Vie  de  César  :  «  Pompeius  avoit  desja  esté 
mis  à  mort  :  si  eut  en  horreur  Theodotus,  qui  luy 
en  présenta  la  teste,  tournant  le  visage  d'un  autre 
côté  pour  ne  la  point  veoir...  &  en  le  regardant  se 
prit  à  plorer.  »  (xni,  f"  508  r".)  Et  aussi  Fie  de 
Pompée  :  «  Il  ne  passa  gueres  de  temps  après  que 
C;vsar  n'arrivast  en  iî!gypte  ainsi  troublée  &  estonnée, 
là  ou  luy  fut  la  teste  de  Pompeius  présentée,  mais 
il  tourna  la  face  arrière  pour  ne  la  point  veoir...  &  se 
prit  à  plorer.  »  (xxi,  f"  462  v".) 

P.  306,  I.  3.  Tutumque).  «Il  crut  dès  lors  qu'il 
pouvait  sans  péril  manifester  des  sentiments  de  beau- 
père;  il  versa  des  larmes  forcées  et  tira  des  gémisse- 
ments d'un  cœur  joyeux.  »  (Lucain,  1037.) 

P.  306,  1.  8.  Hœredis  fletus).  «  Les  pleurs  d'un 
héritier  sont  des  ris  sous  le  masque.  »  (Publius  Syrus, 
apud  A.  Gellium,  XVII,  xiv.)  Traduction  de  Made- 
moiselle de  Gournay. 

P.  307,  1.  3.  £"5/  ne  novis).  «Vénus  est-elle  odieuse 
aux  nouvelles  mariées,  ou  celles-ci  se  moquent-elles 
de  la  joie  de  leurs  parents  par  toutes  les  larmes  fausses 
qu'elles  versent  en  abondance  au  seuil  de  la  chambre 
nuptiale?  Que  je  meure  si  ces  larmes  sont  vraies.  » 
(Catulle,  De  coma  Bérénices,  LX\'I,  xv.) 


LIVRE      1,      CHAPITRE      XXXVIIl. 


IIS 


p.  307, 1.  20.  Ncron).  Cf.  Tacite,  Annales  :  «  Nero... 
prosequitur  abeuntem,  arctius  oculis  et  pectori  hiïrens, 
sive  explenda  simulatione,  seu  peritura  matris  supre- 
mus  adspectus  quamvis  feruoi  animum  retinebat.  » 
(XIV,  IV.)  On  voit  que  Tacite  doute  de  la  sincérité 
des  sentiments  de  Néron. 

P.  307,  i.  23.  On  dict  que  la  lumière).  Cf.  Sebonde, 
Théologie  naturelle,  trad.  Montaigne  :  «Dieu...  bâtit 
et  engendre  continuellement  ce  monde,  tout  ainsi 
que  le  .soleil  ses  rayons  il  fait  et  refait  si  dru,  qu'il 
en  continue  la  lumière.  » 

P.  307,  1.  26.  Largiis  enini).  «  Car  le  soleil,  source 
féconde  de  lumière,  inonde  le  ciel  d'une  clarté  sans 
cesse  renaissante,  et  projette  continuellement  rayon 
sur  rayon.  »  (Lucrèce,  V,  282.) 

P.  308,  1.  3.  Artabanus).  Cf.  Hérodote  :  «Quant 
il  (Xerxès)  regarda  que  tout  l'Hellesponte  estoit  cou- 
vert de  vaisseaux,  &  que  tous  les  rivages,  ensemble 
les  champs  des  Abydenois  estoyent  remplis  d'honmies, 
adonq'  il  se  reputa  heureux,  toutesfois  il  changea  sou- 
dain &  se  print  à  larmover.  Ce  vovant  Artabanus 
son  oncle...  luy  dit  ainsi  :  «  Comment,  Sire,  en  peu 
»  de  temps  vous  faictes  deux  choses  qui  sont  tort 
»  eslongnees  l'une  de  l'autre  :  car  après  que  vous 
»  estes  estimé  heureux,  maintenant  vous  pleurez.  » 
Xerxes  luy  respondit  :  «  Considérant  que  la  vie  des 
»  hommes  est  si  courte,  j'ay  pris  pitié  de  ce  grand 
»  nombre  d'hommes,  dont  nul   sera  vivant   d'ici   à 


»  cent  ans.  »  (VII,  xlv,  xlvi,  t.  II,  f"  69  V.)  Cf. 
aussi  Valère  Maxime,  IX,  xiii,  ext.  i. 

P.  308,  1.  20.  Nil  adeo).  «  Rien  n'est  si  prompt 
que  la  pensée  et  que  l'action  de  l'esprit.  L'âme  est 
donc  plus  mobile  que  tout  ce  qui  tombe  sous  nos 
regards.»  (Lucrèce,  III,  183.) 

P.  308,  !.  25.  Quand  Timoleon).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Timoleon  :  «  Timoleon  se  retira  un  peu  à  l'escart,  et 
se  couvrant  le  visage  se  prit  à  plorer,  et  ce  pendant 
les  deux  autres  desguainnans  leurs  espees  occirent 
Timophanes  en  la  place.  »  (F"  179  r".) 

Chronologie  :  Aucune  allusion  ne  permet  de  dater 
d'une  façon  certaine.  Il  est  assez  vraisemblable  cepen- 
dant que  cet  essai  est  de  la  première  période  (envi- 
ron 1572).  En  effet  :  1°  la  place  qu'il  occupe  invite 
à  le  croire;  2"  il  est  inspiré  manifestement  par  trois 
exemples  empruntés  aux  Fies  de  Plutarque  (Fies  de 
Pyrrhus,  de  Pompée  et  de  Timoleon).  Ceci  invite  à 
penser  qu'il  fait  partie  d'un  groupe  d'essais  (I,  xli, 
I,  XLiv,  I,  XLV,  I,  xLVii)  qui  sont  tous  inspirés  direc- 
tement des  Fies  de  Plutarque  et  qui  présentent  de 
notables  analogies  dans  la  méthode  de  composition. 
Or  ce  groupe  d'essais  doit  appartenir  à  la  première 
période  :  1°  parce  qu'il  est  encadré  d'essais  qui  appar- 
tiennent à  cette  première  période;  2°  parce  que  les 
essais  I,  XLi,  et  I,  xlvii,  qui  en  font  partie  sont  certaine- 
ment de  l'année  1572  ou  lui  sont  de  peu  postérieurs. 


Chapitre    XXXIX. 


DE    I.A    SOLlT\DE. 


P.  309,  1.  I.  Celle  longue  comparaison).  Question 
sans  cesse  débattue  par  les  philosophes  anciens  (sur- 
tout Aristote,  Platon,  Cicéron),  et  qui  devint  un  lieu 
commun  au  xvi'=  siècle.  Cf.  Balthazar  Castiglione, 
Il  Corlegiaiio,  IV,  xxvi;  un  dialogue  de  Sperone 
Speroni,  le  dialogue  de  Torquato  Tasso  intitulé  : 
Il  padre  di  famiglia,  etc.,  etc.  Comme  Torquato 
Tasso,  la  plupart  des  compilateurs  qui  reprennent 
la  question  ne  manquent  pas  de  combler  d'éloges 
Charles-Quint  qui  en  1556  renonça  au  pouvoir. 

P.  309,  1.  3.  Nous  ne  somwcs pas  ne:^) .  C'est  l'éloge 
que  Lucain  (II,  385)  tait  de  Caton  d'Utique  : 

<'  Xec  sibi,  scd  toti  genitum  se  credere  mundo.  > 

P.  309,  1.  12.  Si  le  viol  de  Bios).  Cf.  Diogène 
Laerce,  Vie  de  Bios  :  «Plures  mali  sunt.  0  (I,  Lxxxviii, 

P.  3t)9,  1.  13.  De  mille).  «  Virum  de  mille  unum 
reperi,  mulierem  ex  onniibus  non  inveni.  »  ÇEcele- 
siastiqne,  vn,  28.) 

P.  309,  1.  14.  Rari).  «  Les  gens  de  bien  sont  rares, 
à  peine  en  pourrait-on  compter  autant  que  Thèbes 
a  de  portes,  ou  le  Nil  d'embouchures.  »  (Juvénal, 
XIII,  XXVI.)  Montaigne  a  peut-être  pris  cette  citation 
dans  un  ouvrage  de  Buchanan,  \c  De  jure  regni,  1579, 
p.  82,  qu'il  a  lu  précisément  entre  1580  et  1588.  Il  est 
vrai  que  chez  Buchanan  le  premier  vers  présente  une 
leçon  légèrement  différente  de  celle  que  nous  trouvons 
chez  Montaigne. 

P.  309,  1.  16.  //  faut  on  imiter).  Cf.  Sénèque, 
Epllres  :  «  Ncccsse  est  aut  imiteris  aut  oderis.  Utrum- 
que  autem  dcvitandum  est,  ne  vel  similis  malis  fias. 


quia  multi  sunt,  neve  inimicus  multis,  quia  dissimiles 
sunt.  »  (Ep.  7,  p.  88.) 

P.  310,  1.  6.  Parquai  Bias).  Cf.  Diogène  Laerce, 
Vie  de  Bias  :  «  Xavigabat  cum  impiis  aliquando, 
&  cùm  tota  tempestate  navis  quateretur  fluctibus, 
illique  deos  invocarent,  Silete,  inquit,  ne  vos  hic  illi 
navigare  senliant.  »  (I,  lxxxvi,  70.) 

P.  310,  1.  9.  Alhuqiierque).  Qi.  Histoire  du  Portugal, 
trad.  Goulard  :  «  Albuquerque  voyant  un  fort  jeune 
garçon  prest  d'estre  noyé  par  les  vagues  qui  entroyent 
à  randon  dans  sa  navire,  le  chargea  &  tint  sur  ses 
espaules,  jusques  à  ce  qu'on  fust  venu  au  secours 
d'un  autre  navire,  &  dit,  L'innocence  de  cest  enfant 
m'asseure  que  par  la  grâce  de  Dieu  j'eschapperay  ce 
danger.  »  (VIII,  ix,  f"  234  r°.) 

P.  310,  1.  14.  Ce  n'est  pas  que  le  sage).  Cf.  Sénèque, 
Epllres  :  «  Ibi  quoque  (dans  le  monde)  licet  quiète 
vivere,  si  necesse  sit.  Sed  si  liceat  disponere  se, 
conspectum  quoque  et  viciniam  fori  procul  fugiam... 
Sapiens  feret  ista,  non  eliget...  Non  multum  prodest 
vitia  sua  projecisse,  si  cum  alienis  rixandum  est.  » 
(Ép.  28,  p.  113.) 

P.  310,  1.  19.  Charondas).  Cf.  Diodore  de  Sicile, 
XII,  IV,  f"  42  r'\ 

P.  310,  1.  23.  Antislhenes).  Cf.  Diogène  Laerce, 
Vie  d' Antislhène  :  «Probro  illi  dabatur  aliquando  quôd 
congrederetur  malis  :  At  medici,  inquit,  inter  a;grotos 
versantur.  »  (VI,  vi,  350.) 

P.  311,  1.  10.  Ratio).  «C'est  la  raison  et  la  pm- 
dence  qui  dissipent  les  chagrins,  ce  n'est  pas  une 
plage  d'où  l'on  découvre  une  vaste  étendue  de  mer.  » 
(Horace,  Epllres,  I,  11,  25.) 


LIVRK      r,      CHAPITRE      XXX(\. 


117 


P.  311,  1.  13.  Pour  changer  de  contrée).  Ce  thùme 
de  l'inutilité  des  voyages  pour  guérir  l'àiiie  est  un 
de  ceux  auxquels  Sénèque  revient  le  plus  \olontiers; 
cf.  surtout  à  ce  sujet  les  épîtres  28,  69  et  104.  C'est 
tout  spécialement  de  l'épitre  28,  semble-t-il,  que 
Montaigne  s'est  souvenu.  Cf.  aussi  le  De  tranqnilHlate 
ril;r,  11.  Les  moralistes  du  xvi'-'  siècle  ont  parfois 
emprunté  ces  développements  à  Sénèque.  Cf.  en 
particulier  H.  Estienne,  Apologie  pour  Hérodole,  xi  et 
x\  ;  Duplessis-Mornay,  Excellent  discours  de  la  vie  et 
de  la  mort  (éd.  de  1576,  p.  45);  Juste  Lipse,  De 
constantia,  I,  11.  D'ailleurs  Juste  Lipse  se  souvient,  si 
je  ne  me  trompe,  de  l'essai  de  Montaigne. 

P.  3 1 1 , 1. 14.  £"/  post).  «  Le  sombre  chagrin  monte  en 
croupe  derrière  le  cavalier.  »  (Horace,  Odes,  III,  i,  40. ) 

P.  311,  1.  18.  Hxrct).  «La  flèche  mortelle  reste 
attachée  à  son  flanc.  »  (Virgile,  En.,  IV,  73.) 

P.  311,  1.  19.  On  disoit  il  Sacrales).  Cf.  Sénèque, 
Epîtres  :  «  Socratem  qu;vrenti  cuidam,  quod  nihil 
sibi  peregrinationes  profuissent,  respondisse  ferunt  : 
non  immerito  hoc  tibi  evenit  :  tecum  enim  peregri- 
nabaris.  »  (Ep.  104.  Cf.  aussi  ép.  28,  p.  253.) 

P.  311,  1.  21.  Oiiid  terras).  «Pourquoi  aller  cher- 
cher des  paj's  chauffés  d'un  autre  soleil  ?  Qui  donc 
en  fuvant  sa  patrie  arrive  à  se  tuir  soi-même?» 
(Horace,  Odes,  II,  xvi,  18.) 

P.  311,  1.  24.  Si  on  ne  se  descharge).  Rapprocher 
Sénèque,  Epîtres  :  «  Te  igitur  emenda,  onera  tibi 
detrahe.  »  (Ep.  loé,  p.  255.) 

P.  3 1 1,  1.  25.  Le  remuement).  Cf.  Sénèque,  Epîtres  : 
«  \'adis  hue  &  illuc,  ut  excutias  insidens  pondus, 
quod  ipsa  jactatione  incommodius  fit,  sicut  in  navi 
onera  immota  minus  urgent,  ina;qualiter  convoluta 
citius  eam  partem,  in  quam  incubuere,  demergunt. 
Quicquid  facis  contra  te  facis  et  motu  ipso  noces 
tibi.  ^igrum  enim  concutis.  »  (Ep.  28,  p.  113.) 

P.  312,  1.  8.  Riipi  jam).  «J'ai  rompu  mes  fers, 
direz-vous.  Oui,  comme  le  chien  après  de  longs 
efforts  a  brisé  sa  chaine  :  dans  sa  fuite,  il  en  traîne 
un  long  bout  à  son  cou.  »  (Perse,  V,  158.)  Montaigne 
suit  ici  le  texte  de  toutes  les  éditions  du  début 
du  XVI'  siècle. 

P.  312,  1.  14.  Nisi  purgatum).  «Si  l'âme  n'est  pas 
libérée  de  ses  passions,  que  de  combats  à  soutenir. 


que  de  périls  à  vaincre  !  Quels  acres  soucis  angoissent 
et  déchirent  l'homme  en  proie  à  ses  passions  1  Que 
de  craintes  aussi  !  Combien  traînent  de  désastres  à 
leur  suite,  l'orgueil,  la  luxure,  la  colère  !  Combien 
la  dissipation  et  la  paresse!»  (Lucrèce,  V,  xliv.) 
Montaigne  suit  le  texte  de  Lambin,  p.  376. 

P.  312,  1.  22.  In  culpa  est).  «Le  mal  est  en  l'âme, 
et  l'âme  ne  s'échappe  jamais  à  elle-même.  »  (Horace, 
Epîtres,  I,  XIV,  15.)  Montaigne  a  traduit  cette  phrase 
avant  de  la  citer. 

P.  312,  1.  23.  Rcnnener  et  retirer  en  so\).  Rapprocher 
une  expression  de  Sénèque  :  «  Animus  est  revocandus 
in  se.  »  (De  tranqnillitate  vitiv,  14.)  Ou  encore  : 
«  Recède  in  te  ipsum  quantum  potes.  »  (Ép.  7.) 

P.  313,  1.  3.  Stilpon).  Cf.  Sénèque,  Épîtres  :  «Hic 
capta  patria,  amissis  liberis,  amissa  uxore,  cum  ex 
incendio  publico  solus,  et  tamen  beatus  exiret,  inter- 
roganti  Demetrio  cui  cognomen  Poliorcetes  fuit, 
nunquid  perdidisset  :  omnia  inquit,  bona  mea  mecum 
sunt.  »  (Ep.  9.)  Cet  exemple  est  d'ailleurs  fréquem- 
ment répété  par  les  moralistes  anciens  et  modernes. 
Cf.  entre  autres  Sénèque,  De  constantia  sapientis,  v; 
Plutarque,  De  la  tranquillité  d'esprit,  xvii;  Diogène 
Laerce,  Vie  de  Stilpon;  Pontanus,  De fortitudine  donies- 
tica  ;  Ra\isius,  Officina  (dans  les  Constantes  et  Patientes^; 
La  Primaudaye,  Académie  françoise  (éd.  de  1598, 
f°  27  V);  Muzio,  Il  gentiluonw,  p.  7,  etc. 

P.  313,  1.  7.  Le  philosofe  Antisthenes).  Cf.  Diogène 
Laerce,  Vie  d'Antisthène  :  «  Ea  dicebat  paranda  viatica, 
quie  cum  naufragio  simul  enatarent.  »  (Ed.  de  1556, 

VI,    M,    350.) 

P.  313,  1.  II.  La  ville  de  Noie).  Cf  saint  Augustin, 
Cité  de  Dieu,  I,  x. 

P.  314,  1.  4.  /h  solis).  «Dans  la  solitude  soyez-vous 
un  monde  à  vous-même.  »  (Tibulle,  IV,  xiii,  12.) 
Adaptation  d'après  : 

«  In  solis  tu  milii  turba  locis.  » 

P.  314, 1.  5.  La  vertu,  dict  Antisthenes).  Cf.  Diogène 
Laerce,  Vie  d'Antisthène  :  «  Sufiîcere  virtutem  ad  bea- 
tam  vitam  nuUo  indigentem,  nisi  Socratis  viribus. 
\'irtutem  quoque  operum  esse,  neque  verbis  multis, 
neque  disciplinis  indigentem  sapientemque  sibi  ipsi 
sufficere.  »  (VI,  xi,  352.) 


ii8 


ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


P.  314,  1.  15.  Penses  tu  i]  Il 'il  cherche).  Cf.  des  idées 
analogues  chez  Sénèque,  passim,  et  spécialement  dans 
le  De  hrantate  intse,  xiii. 

P.  314,  1.  26.  Vah!  quemquamm).  «Comment! 
Qu'un  homme  aille  se  mettre  en  tète  d'aimer  quelque 
chose  plus  que  soi-même  !  »  (Térence,  Adelphes,  I, 

P.  315,  1.  2.  Thaïes).  Cf.  Diogène  Laerce,  Vie  de 
Thaïes,  au  début  :  «  Post  reipublicK  negotia  sese  ad 
contemplandam  reram  naturam  transtulit.  »  (I,  xxin, 
26.) 

P.  315,  1.  12.  Le  reste  soit  à  nous).  Cf.  Sénèqucj 
Épîtres  :  «  Omnia  ista  nobis  accédant,  non  hrereant, 
si  abducantur,  sine  ulla  nostri  laceratione  discedant.  » 
(Ép.  74,  p.  169.) 

P.  315,  1.  23.  Rarum).  «  Il  est  rare  en  effet,  qu'on 
se  respecte  soi-même.  »  (Quintilien,  x,  7.) 

P.  315,  1.  25.  Socrates  dici).  Barbeyrac,  et  après 
lui  Coste  et  Victor  Leclerc,  ont  cru  trouver  la  source 
de  ce  passage  dans  un  Apophtegme  des  Pythagoriciens 
qui  est  rapporté  dans  V Apologie  de  Stobée  (sermo  41). 
L'erreur  d'attribution  commise  par  Montaigne  s'expli- 
querait par  ce  fait  qu'un  mot  de  Socrate  est  cité 
quelques  lignes  plus  haut.  Bien  que  je  n'aie  aucune 
hypothèse  à  proposer,  je  ne  crois  pas  que  cette  source 
soit  exacte.  En  effet,  1°  le  passage  auquel  il  est  fait 
allusion  a  un  sens  différent  de  celui  que  nous  trou- 
vons chez  Montaigne;  2°  après  1588  Montaigne  n'a 
fait,  que  je  sache,  aucun  emprant  à  Stobée. 

P.  316,  1.  15.  Se  crroer  les  yeux).  Allusion  à  Démo- 
crite  qui,  dit  la  légende,  se  creva  les  yeux  pour 
philosopher  plus  librement.  Cf.  la  note  p.  74,  1.  25. 

P.  316,  1.  16.  Jetter  ses  richesses).  Allusion  à  Cratès. 
Ce  fait  que  Montaigne  reprendra  dans  l'essai  III,  ix, 
est  reproduit  dans  toutes  les  compilations  sur  la  pau- 
vreté. Cf.  Lando,  Paradoxes,  I;  Du  \'erdier,  Suite 
des  Diverses  leçons,  II,  xxv;  V,  vu,  etc. 

P.  316,  1.  18.  Se  mettre  en  seurtc).  Rapprocher 
Sénèque,  Épîtres  :  «  Rédige  te  ad  parva,  ex  quibus 
cadere  non  possis.  »  (Ép.  20,  p.  105.) 

P.  316,  1.  22.  Tuta  et  parvula).  «Je  loue  les  petits 
revenus  assurés  quand  la  fortune  m'est  contraire,  et 
je  sais  me  contenter  de  peu  ;  vient-elle  à  me  favoriser, 
je  proclame  qu'il  n'y  a  de  sages  et  d'heureux  que  ceux 


dont  les  revenus  sont  fondés  sur  de  belles  terres.  » 
(Horace,  Epîtres,  I,  xv,  42.) 

P.  316,  1.  27.  Il  y  a  pour  mo\).  Sénèque  en  général 
a  plus  d'arrogance  à  défier  les  maux;  il  lui  arrive 
pourtant  de  parler  comme  Montaigne  :  «  Dissentio 
ah  his  qui  in  fluctus  medios  eunt  et  tumultuosam 
probantes  vitam,  cotidie  cum  difficultatibus  rerum 
magno  animo  colluctantur.  »  Cette  phrase  est  prise 
dans  une  épître  dont  Montaigne  s'est  souvent  inspiré 
au  cours  de  cet  essai.  (Ep.  28,  p.  113.) 

P.  317,  1.  3.  Contrefaisons  la  guerre).  Rapprocher 
Sénèque  (^Epîtres),  qui  revient  souvent  sur  cette  image  : 
«  Miles  in  média  pace  decurrit  sine  ullo  hoste,  vallum 
jacit,  et  super\-acuo  labore  lassatur  ut  sufficere  neces- 
sario  possit.  »  (Ep.  181,  p.  ici.) 

P.  317,  1.  4.  Arcesilaus  le  philosophe).  Cf.  Diogène 
Laerce,  Vie  d'Arcésilas  :  «  Aurea  quoque  vasa  in  studio 
habuit...  argentea  vasa...  »  (IV,  xxxviii,  271.)  Pour 
la  pensée  rapprocher  Sénèque,  Epîtres  :  «  Magnus  ille 
est,  qui  fictilibus  sic  utitur,  quemadmodum  argento. 
Nec  ille  minor  est  qui  sic  argento  utitur,  quemad- 
modum fictilibus.  Infirmi  animi  est  pati  non  posse 
divitias.  »  (Ep.  5.) 

P.  317,  1.  14.  Et  ne  puis  croire).  Cette  confiance 
en  la  raison  se  retrouve  sans  cesse  chez  Sénèque. 
Cf.  en  particulier  les  épîtres  36  et  70. 

P.  318,  1.  3.  Conentur).  «Qu'ils  tâchent  de  se 
subordonner  les  choses,  non  de  se  subordonner  eux- 
mêmes  aux  choses.  »  (Horace,  Epîtres,  I,  i,  19.) 
Montaigne  adapte  le  texte  d'Horace  :  «  Et  mihi  res, 
non  me  rébus  submittere  conor.  » 

P.  318,  1.  4.  Comme  le  nomme  Sahistc).  Dans  le 
Catilina,  IV  :  «  Neque  agrum  colendo,  aut  venando, 
servilibus  officiis  intentum...  « 

P.  318,  1.  6.  Que  Xenophon  attribue  à  Cyrus).  Cf. 
Economiques ,  I,  xx,  et  surtout  Cicéron,  De  senectute, 
XVII,  où  le  passage  de  Xenophon  est  cité  tout  au  long. 

P.  318,  1.  10.  Democriti  pecus).  «Les  troupeaux 
ravagent  les  champs  de  Démocrite  et  ses  moissons, 
tandis  que  son  esprit,  loin  de  son  corps,  voyage  avec 
rapidité  dans  l'espace.  »  (Horace,  Épîtres,  I,  xii,  12). 

P.  318,  1.  13.  Je  te  conseille).  Cf.  Pline  le  jeune, 
Epîtres  :  «  Quin  tu  (tempus  est  enim)  humiles  et 
sordidas  curas  aliis  mandas  :  et  ipse  te  in  alto  isto 


LIVRE      I,      CHAPITRr,      \XXIX. 


119 


pinguique  secessu  studiis  adseris?  Effingc  aliquid  et 
excude  quod  sit  perpétue  tuum.  »  (I,  i,  ép.  3.)  Elle 
est  adressée  non  à  Cornélius  Rufus,  mais  à  Caninius 
Rufus. 

P.  318,  1.  17.  Cicero  qui  dict).  Dans  VOrator,  43, 
et  ailleurs. 

P.  318,  1.  20.  Usqiie  adeone).  «Quoi  donc!  ton 
savoir  n'est-il  rien  si  l'on  ne  sait  pas  que  tu  as  du 
savoir?»  (Perse,  I,  xxiu.) 

P.  319,  1.  14.  De  fièvre  en  chaud  mal).  Expression 
très  fréquente  au  xvi=  siècle.  Cf.  entre  autres  :  Tahu- 
reau,  Dialogues  :  «  Ce  seroit  encore  faire  pis  que 
devant,  et  comme  l'on  dit  au  vieil  proverbe,  voulant 
éviter  Carybde,  s'engouffrer  en  Scylla,  ou  bien  autre- 
ment tomber  de  fièvre  en  chaut  mal»  (Éd.  de  1562, 
p.  79);  Gentillet,  Discours  sur  les  moyens  de  bien  gou- 
verner :  «  Ils  croyoient  que ...  ils  estoient  tombés  de 
fièvre  en  mal  chaud»  (Ed.  de  1579,  p.  116);  La 
Primaudaye,  Académie  françoise,  I,  m  ;  Goulard,  His- 
toire du  Portugal,  XVIII,  viii;  Denis  Sauvage,  trad. 
de  la  Circé  de  Gelli  (Ed.  de  1550,  p.  79);  Lanoue, 
Discours  politiques,  VIII  (Éd.  de  1587,  p.  172);  etc. 

P.  319, 1.  14.  Cette  occupai  ion).  Voir  cette  même  idée 
qui  est  chère  à  Montaigne  dans  l'essai  I,  xxvi,  24  2. 

P.  319,  1.  21.  Car  la  pi uspart  des  plaisirs,  disent  ils). 
Cf.  Sénèque,  Epitres  :  «Latronum  more  quos  Philistas 
iEgyptii  vocant.  In  hoc  nos  amplectuntur  (voluptates), 
ut  strangulent.  »  (Ép.  51,  p.  135.)  Comme  on  le  voit, 
Montaigne  trouve  dans  son  édition  le  texte  Philistas, 
fautif,  pour  Philetas. 

P.  320, 1.  II.  Unusquisque).  «Que  chacun  choisisse 
la  route  qui  lui  convient.  »  (Properce,  II,  xxv,  38.) 
Montaigne  a  traduit  ce  vers  avant  de  le  citer. 

P.  320,  1.  23.  Tacitum  sylvas).  «Me  promenant 
silencieusement  dans  les  bois,  et  m'occupant  des 
questions  qui  sont  dignes  d'intéresser  un  sage  et  un 
honnête  homme.  »  (Horace,  Epitres,  I,  iv,  4.) 

P.  321,  1.  7.  Carpaiiius).  «Cueillons  les  plaisirs 
de  l'existence,  nous  n'avons  à  nous  que  le  temps  de 
nostre  vie  :  tu  ne  seras  que  cendre,  ombre,  un  jour.  » 
(Perse,  V,  151.) 

P.  321,  1.  15.  Tun',  veiule).  «Vieux  radoteur,  ne 
travailles-tu  donc  que  pour  amuser  l'oisiveté  du 
peuple?  »  (Perse,  I,  xix.) 


P.  321,  1.  22.  Vous  avei  (disent-ils).  Cette  lettre 
est  composée  en  bonne  partie  de  phrases  empruntées 
à  diverses  épîtres  de  Sénèque,  spécialement  aux  epi- 
tres 7,  19,  21,  22,  25,  68.  Le  début  est  inspiré  d'un 
mot  de  1  epitre  19  :  «  In  freto  viximus,  moriamur  in 
portu.  » 

P.  321,  1.  24.  //  est  impossible).  Id.,  ép.  22  :  «Fa- 
cile est...  occupationes  evadere,  si  occupationum 
pretia  contempseris.  Illa  sunt  qua;  nos  morantur  et 
detinent.  » 

P.  321,  1.  26.  Ilest  dangier).  Id.,  ép.  19  :  «Sequetur 
quocumque  fugeris  multum  pristinœ  lucis.  » 

P.  322,  1.  I.  Quant  à  vostre  science).  Id.,  ép.  7  : 
«  Cui  ergo,  inquis,  ista  didici?  Non  est  quod  tinieas 
ne  operam  perdideris,  tibi  didicisti.  »  (P.  88.) 

P.  322,  1.  3.  Souvienne  vous).  Id.,  ibid.  :  «  Bene  et 
ille  quisquis  fuit,  (ambigitur  enim  de  autore)  cum 
qua;reretur  ab  illo,  quô  tanta  diligentia  artis  spectaret 
ad  paucissimos  pen-entura;,  satis  sunt,  inquit,  mihi 
pauci,  satis  est  unus,  satis  est  nullus.  »  (P.  88.) 

P.  322,  1.  6.  Vous  et  un  compagnon).  Id.,  ibid.  : 
«  Satis  magnum  alter  alteri  theatrum  sumus.  » 

P.  322,  1.  8.  Que  le  peuple).  Id.,  ibid.  :  «Unus 
mihi  pro  populo  est,  6c  populus  pro  uno.  «  (Sénèque 
prête  ce  mot  à  Démocrite.) 

P.  322,  1.  9.  C'est  nue  lascbe  ambition).  Id.,  ép.  68  : 
«  Gloriari  ocio,  iners  ambitio  est.  Animalia  quœdam, 
ne  inveniri  possint,  vestigia  sua  circa  cubile  ipsum 
confundunt.  Idem  tibi  faciendum  est.  » 

P.  322,  1.  II.  Ce  n'est  plus).  Id.,  ibid.  :  «Cum 
secesseris,  non  est  agendum  hoc,  ut  de  te  homines 
loquantur,  sed  ut  ipse  tecum  loquaris.  »  (P.  158.) 

P.  322,  1.  14.  Ce  seroit  folie).  Id.,  ép.  25  :  «  Pro- 
dest  sine  dubio,  custodem  sibi  imposuisse,  &  habere 
quem  respicias,  quem  interesse  cogitationibus  tuis 
judices.  Omnia  nobis  mala  solitudo  persuadet.  Cum 
jam  profeceris  tantum,  ut  sit  tibi  etiam  tui  reverentia, 
licebit  dimittas  pœdagogum.  Intérim  te  aliquorum 
autoritate  custodi.  Aut  Cato  ille  sit,  aut  Scipio,  aut 
Lœlius,  aut  cujus  interventu  perditi  quoque  homines 
vitia  supprimèrent  dum  te  efficis  eum  cum  quo  pec- 
care  non  audeas.  »  (P.  m.) 

P.  322,  1.  18.  Observentur  species).  «Remplissez- 
vous  l'esprit  d'images  vertueuses.  »  (Cicéron,  Tusc, 


ESSAIS      DE     .MONTAIGNE. 


II,  XXII.)  L'édition  de  Paris  1538  écrit  «  obverscntur» 
au  lieu  de  «  obser^-entur». 

Chronologie  :  Aucune  date  certaine.  Notons 
cependant,  1°  qu'une  partie  de  l'essai  est  composée  de 
sentences  ajustées  à  la  manière  d'une  mosaïque  et 
spécialement  de  sentences  empruntées  à  Sénèque; 
c'est  là  une  méthode  de  composition  qui  caractérise 


les  essais  I,  xiv,  et  I,  xx,  tous  deux  datés  de  1572,  et 
qu'on  ne  retrouve  plus  dans  les  essais  datés  de  1578; 
2°  que  la  place  occupée  par  cet  essai  invite  à  le 
croire  des  environs  de  1572.  En  conséquence,  il  v  a 
grandes  probabilités  pour  qu'en  partie  au  moins  il  ait 
été  écrit  dans  la  première  période.  Rien  ne  prouve 
d'ailleurs  qu'il  n'ait  pas  subi  dans  la  suite  de  notables 
additions. 


Chapitre  XL. 


CONSIDKRATIOX      SVU      CICKROX. 


P.  323,  1.  I.  Ces  couples).  Cicéron  tt  Pline  d'une 
part,  et  d'autre  part  Epicure  et  Sénèque,  person- 
nages dont  il  a  été  longuement  question  dans  l'essai 
précédent. 

P.  323,  1.  5.  Les  historiens  de  leur  temps).  Cf.  la 
lettre  de  Cicéron  à  Luxeius,  \ ,  xii,  et  celle  de  Pline 
le  Jeune  à  Tacite,  VII,  xxxiii.  Notons  que  Pline  le 
Jeune  demande  à  Tacite  de  respecter  la  vérité,  que 
Cicéron  prie  Luxeius  de  la  fausser  à  son  avantage. 

P.  323,  1.  18.  Si  les  gestes  de  Xeiiophon  et  lie  Crsar). 
Montaigne  fera  un  emploi  analogue  de  l'autorité  de 
ces  deux  personnages  dans  l'essai  II,  xviii. 

P.  324,  1.  6.  Que  cet  ouvrage).  Dans  son  édition  de 
Térence  (Bâle  1438),  Montaigne  trouve  une  «  Terentii 
vita...  ex  .-Elio  Donato»  où  il  est  parlé  assez  longue- 
ment de  cette  question.  «  Non  obscura  tama  est 
adjutum  Terentium  in  scriptis  a  LkHo  &  Scipione, 
quibuscum  familiariter  vixit.  Eamdem  ipse  auxit  : 
nunquam  enim  nisi  leviter  se  ^utari  conatur,  ut  in 
prologo  Adelphorum.  »  Suit  la  citation  des  Adeip])es 
à  laquelle  Montaigne  fait  allusion  dans  la  phrase 
suivante  :  «  Q.  Memmius  in  oratione  pro  se  ait  : 
P.  Africanus,  qui  aTerentio  personam  niutuatus,  quiv; 
domi  luserat  ipse,  nomine  illius  in  scenam  detulit. 
Nepos  autore  certo  comperisse  se  ait,  C.  L;vlium 
quondam  in  Puteolano  Cal.  Martiis  admonituni  ab 
uxore,  temporius  ut  discumberet,  petiisse  ab  ea  ne 
interpcUaretur  :  serius  tandem  ingressum  triclinium 
dixisse,  non  sa.'pe  in  scribendo  magis  successisse  sibi  : 
deinde  rogatum  ut  scripta  illa  proferret,  pronun- 
liasse  versus  qui  sunt  in  Heautontimorumeno.  »  \'oir 
essai  III,  xiii. 


P.  324,  1.  8.  Terence  l'advùue).  Dans  la  préfiice  des 
Adelpiies  il  ne  l'avoue  pas  à  proprement  parler,  mais 
il  ne  s'en  défend  que  faiblement. 

P.  324,  1.  13.  Comme  qui  loueroil  un  Rov).  Cette 
idée  est  souvent  chez  Plutarque,  en  particulier  dans  la 
rie  de  Pcriclès.  Je  la  retrouve  chez  Gentillet,  dans  les 
Discours  sur  les  moyens  de  bien  gonveruer.  Il  l'exprime 
à  l'occasion  des  éloges  que  les  poètes  contemporains 
décernaient  à  Charles  IX  pour  avoir  été  habile  menui- 
sier. Avec  quelques  exemples  sur  ce  sujet.  Gentillet 
cite  les  vers  de  Virgile  que  nous  trouvons  ici  chez 
Montaigne.  I,  n  (éd.  latine  de  1577,  p.  77).  Je  crois 
que  c'est  simple  coïncidence.  D'ailleurs  Montaigne 
n'insérera  la  citation  de  Virgile  qu'après  1580,  et  il 
adoptera  une  leçon  légèrement  différente  de  celle 
que  nous  trouvons  chez  Gentillet. 

P.  324,  1.  18.  A  Cvrus).  Cf.  l'essai  précédent, 
p.  318,  1.  6. 

P.  ^24,  1.  25.  Les  compûignons  de  Demoslljeues).  Cf. 
Plutarque,  Vie  de  Démostijène  :  «  Philippus  monstra 
bien  plus  de  privaultez  à  .î-schines  &  à  Philocrates 
qu'à  luy  :  à  l'occasion  de  quoy,  comme  eulx  le  hault- 
louassent,  disans  que  c'estoit  un  prince  qui  parloit  très 
bien,  qui  estoit  fort  beau  de  visage,  &  qui  vravement 
beuvoit  fort  bien,  6c  estoit  plaisant  en  compagnie,  il  ne 
se  peust  tenir  de  s'en  mocquer,  &  de  le  destourner  en  la 
pire  part,  disant  que  toutes  ces  qualitez  là  n'estoient 
point  louanges  dignes  ni  propres  a  un  roy,  pource 
que  la  première  estoit  plus  tost  qualité  d'advocat,  la 
seconde  d'une  femme,  &  la  troisième  d'une  éponge.  » 
(iv,  f"  587  v".) 

P.  325,  1.  3.  Lnperet  Ivllanle).   "  Qu'il  connnande. 


ESSAIS      DK      MONTAIGNE. 


vainqueur  au  combat,  clément  à  l'adversaire  terrassé.  » 
(Horace,  Carmen  sœcularc,  51.) 

P.  325,  1.  6.  Orabunt  causas  alij).  «  D'autres  s'oc- 
cuperont de  plaider,  d'autres  à  l'aide  du  compas 
décriront  les  mouvements  du  ciel  et  prédiront  le  cours 
des  astres  brillants;  pour  lui,  qu'il  sache  commander 
les  peuples.  »  (Virgile,  Enéide,  VI,  849.)  Montaigne 
modifie  le  texte  de  ^'irgile  que  voici  tel  qu'on  le  lit 
dans  son  édition  (F"  97  r")  : 

«  Orabunt  caussas  melius,  cœlique  meatus 

»  Describent  radio  et  surgentia  svdera  dict'iu  : 

rt  Tu  regere  imperio  populos.  Romane,  mémento.  » 

P.  325,  1.  9.  Phiiarqiie  dict).  Cf.  Plutarque,  dans  b 
Vie  de  Pcriclès  :  «  Philippus  Roy  de  Macédoine  dit  une 
fois  à  son  filz  Alexandre  le  Grand,  qui  avoit  chanté  en 
un  festin  fort  plaisamment,  &  en  homme  qui  enten- 
doit  bien  l'art  de  Musique,  N'as  tu  point  de  honte 
de  chanter  si  bien?  Pource  qu'il  suffit  bien  qu'un 
Roy  emploie  quelquefois  son  loisir  à  ouir  chanter 
les  chantres,  &  fait  beaucoup  d'honneur  aux  Muses. 
de  vouloir  estre  quelquefois  auditeur  des  ouvriers  de 
tel  art  quand  ilz  font  à  l'envy  les  uns  des  autres  à 
qui  chantera  le  mieux.  Mais  qui  actuellement  exerce 
quelque  art  basse  &  ville,  il  produit  en  tesmoignage 
contre  soymcsme  le  labeur  qu'il  a  emploie  en  choses 
inutiles,  pour  prouver  qu'il  a  esté  paresseux  à  appren- 
dre les  honnestes  &  utiles.  »  (i,  f°  104  r".) 

P.  325,  1.  15.  .^  ce  mesmc  Philippus).  Cf.  Plutarque, 
Propos  de  table,  II,  i\'.  Comment  on  pourra  discerner  le 
flatteur  d'avec  l'amy,  xxv,  et  surtout  Les  dicls  notables 
des  grands  Capitaines,  où  on  lit  la  version  que  voici  : 
«  Un  musicien  joueur  d'instruments  avoit  sonné  devant 
luy  durant  son  soupper,  Philippus  le  voulut  reprendre 
de  quelque  passage  et  commencea  à  entrer  en  dispute 
coiure  luy  de  la  Musique  des  instruments,  «Ja  Dieu  ne 
plaise,  Sire,  luy  dit  adonc  le  .Musicien,  qu'il  t'adviene 
jamais  tant  de  mal,  que  tu  entendes  ces  choses  là 
mieulx  que  moy.  »  (F"  192  v".) 

P.  325,  1.  19.  Comme  Ipbicrates).  Cf.  Pkitarque,  Ixs 
dicts  notables  des  anciens  Roys,  Princes  et  grands  Capi- 
taines :  «  Un  orateur  harenguant  devant  le  peuple  en 
pleine  assemblée  de  \ille  demanda  a  Iphicratcs,  qu'es 
tu,  à  fin  que  Ion  sçache  dequoy  tu  te  glorifies  tant  :  Fs 


tu  homme  d'armes,  ou  archer,  ou  homme  de  pied 
6»;  picquier?  Je  ne  suis,  respondit-il,  rien  de  tout 
cela,  mais  je  suis  celuy  qui  sçait  commander  à  tous 
ceulx-là.  »  (F"  197  r°.)  Cf.  aussi  le  traité  De  la  fortune, 
f"  107  v'\ 

P.  325,  1.  24.  Et  Anlistheim).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Pcriclès  :  «  Pourtant  respondit  tresbien  Antisthenes 
à  un  qui  lui  disoit  que  Ismenias  estoit  excellent  joueur 
de  flustes,  C'est-mon,  dit-il,  mais  au  demeurant 
homme  qui  ne  vault  rien  :  car  autrement  il  ne  seroit 
point  si  excellent  joueur  de  flustes.  >>  (Préambule, 
f^'  104  r".) 

P.  326,  1.  13.  Non  est  ornanientnni).  «Ce  n'est 
pas  une  parure  d'homme  que  l'arrangement  svmé- 
trique.  »  (Sénèque,  ép.  95.) 

P.  326,  1.  20.  Ils  promettent  aussi).  Cf,  Sénèque, 
Epîlres  :  «  Cum  Idomeneo  scriberet  (Epicurus),  et 
ullum  a  vita  speciosa  ad  fîdelem  stabilemque  gloriam 
revocaret,  rigidas  tune  potentia;  ministrum,  et  magna 
tractantem,  si  gloria,  inquit,  tangeris,  notiorem  te 
epistola;  mex  facient,  quam  omnia  ista  qux'  colis  et 
propter  quœ  coleris...  Quod  Epicurus  amico  suo 
potuit  promittere,  hoc  tibi  promitto,  Lucili.  Habeo 
apud  posteros  gratiam,  possum  mecum  duratura 
nomina  educere.  »  (Ep.  21,  pp.  105  et  106.) 

P.  327,  1.  6.  A  une  juste  cadence).  Il  ne  faut  pas 
oublier  que  dans  l'essai  II,  x,  Montaigne  a  parlé  tout 
autrement  et  avec  beaucoup  plus  de  justice  des 
Épîlrcs  familières  de  Cicéron. 

P.  327, 1.  9.Fv  de  l'éloquence).  Cf.  Sénèque,  Epitres  : 
t(  Nocet  illis  eloquentia,  si  non  rerum  cupiditatem 
facit  sed  sui.  «  (Ép.  52.) 

P.  327,  1.  13.  //  avoit  à  orer).  Cf.  Plutarque,  Les 
dicls  notables  des  anciens  Roys,  Princes  &  grands  Capi- 
taines :  «  Il  estimoit  tant  l'honneur  de  bien  dire,  &  y 
prenoit  si  grand'peine,  avec  si  grande  ardeur  d'afîec- 
tion,  que  aiant  .\  plaider  une  cause  devant  les  cent 
juges  seulement,  estant  escheut  le  jour  de  l'assigna- 
tion, l'un  de  ses  serfs,  Eros,  luy  vint  apporter  la 
nouvelle  que  la  cause  estoit  remise  au  lendemain  : 
il  en  fut  si  aise,  qu'il  lu\'  en  donna  Hberté  pour  ceste 
bomie  nouvelle.  «  (F"  208  r".) 

P.  3 28,  1.  4.  De  ces  longues  offres).  Rapprocher 
de  ces  plaintes  celles  d'un   contemporain,  Estienne 


I.IVRI-:      I,      CHAPITRE     XL. 


Pasquici",  qui,  dans  la  lettre  qui  sert  d'introduction  à 
sa  correspondance,  écrit  à  Loisel  :  «  Mettant  la  main 
à  ceste  œuvre,  je  me  délibère  de  luy  ostcr  ht  teste 
et  les  pieds  :  je  veux  dire  ces  mots  de  Monseigneur, 
Monsieur  et  autres,  dont  nous  faisons  les  premiers 
frontespices  de  nos  lettres  :  et  plus  encore  ceste  clos- 
ture  des  quatre  ou  cinq  lingues  de  recommandations 
aux  bonnes  grâces  qui  ne  servent  que  de  perte  de 
temps  et  retiiplissage  de  papier.  » 

P.  328,  1.  24.  Que  les  Italiens).  A  Venise,  le  7  no- 
vembre 1580,  Vcronica  Franco  offre  à  Montaigne  un 
recueil  de  lettres  familières  qu'elle  venait  de  publier. 

P.  328,  1.  25.  Annihale  Caro).  Annibal  Caro 
(1507-1566)  est  connu  par  sa  traduction  de  Virgile, 
et  surtout  par  ses  lettres  familières  qui  sont  regardées 
comme  des  modèles  du  genre  et  comme  des  spéci- 
mens de  la  meilleure  prose  italienne.  Elles  ont  paru 
en  1572  et  1574.  Montaigne  a  pu  posséder  l'édition 
de  1581  :  leLetterefaniigUari  del  coinmeudatore  AiiuibaJc 
Caro  col  privilégia  di  Nostro  Signor  papa  Pie  V  c  dell  ' 
illustriss.  Signora  di  Vemtia  (In  Venetia,  B.  Gimitilc 
fralclli,  i)Si).  Ces  épitrcs  de  Caro  nous  montrent  très 
bien  ce  que  Montaigne  demandait  au  genre  épistolaire. 
Ce  n'est  pas  par  le  fond  sans  doute  qu'elles  l'ont 
séduit  :  elles  traitent  surtout  de  questions  d'art  et 
d'archéologie,  de  vieilles  médailles,  c'est-à-dire  de 
sujets  qui  ne  semblent  pas  occuper  particulièrement 
Montaigne;  elles  font  une  place  importante  aux 
querelles  littéraires  et  particulièrement  à  la  querelle 
de  Caro  avec  Castel-\'etro  :  Montaigne  aurait 
dédaigné  sans  doute  ces  minuties  grammaticales 
et  ces  questions  de  spécialistes.  Une  lettre  présente 
une  attaq,ue  violente  contre  l'écriture  et  l'éloge 
des  illettrés  :  celle-là  certainement  aura  intéressé 
l'auteur  de  VApologic  de  Scbonde.  Mais  ce  qui  l'a  séduit 
surtout  c'est  la  forme.  Bien  souvent  les  lettres  de  Caro 
n'ont  pas  de  sujet.  Elles  sont  pleines  de  compliments 
gracieux  et  joliment  tournés,  de  riens  délicatement 
dits,  d'excuses  spirituelles,  de  remerciements  habile- 
ment variés,  de  recommandations  insinuantes,  des 
bagatelles  de  la  vie  de  société.  Montaigne  a  goûté 
cette  agréable  aisance  et  cette  souplesse  à  exprimer 
les  banalités  mondaines,  cette  légèreté  de  style  où 
vraiment,  toute  matière  faisant  bien  souvent  défout. 


le  premier  trait  produit  le  second.  Cette  absence 
complète  de  recherche  a  aidé  Montaigne  a  dégager  son 
idéal  en  matière  épistolaire  comme  il  le  foit  en  1588 
dans  son  quarantième  essai  du  premier  livre.  Aucun 
«projet»,  c'est-à-dire  aucun  sujet  qui  transforme 
la  lettre  en  un  cotirs;  aucune  recherche  de  forme; 
aucune  affectation  dans  les  formules  de  politesse  et 
dans  les  offres  de  service;  beaucoup  d'aisance  et  de 
bonne  grâce,  tels  sont  sans  doute  les  caractères  des 
lettres  de  Caro  qui  ont  séduit  Montaigne. 

P.  329,  1.  26.  D'en  charger  le  front).  Effectivement, 
en  tête  de  l'édition  de  1 588  Montaigne  a  supprimé  ses 
titres  qui  figuraient  dans  les  éditions  précédentes. 

Chronologie  :  Les  allusions  contenues  dans  cet 
essai  ne  me  semblent  suggérer  aucune  hypothèse 
solide  touchant  sa  date  de  composition  :  i"  l'essai 
précédent  critiquait  la  vanité  de  Cicéron  et  de  Pline 
le  Jeune  :  celui-ci  reprend  le  même  sujet.  Cela  peut 
inviter  à  penser  que  tous  deux  ont  été  composés 
dans  le  même  temps;  mais  on  en  pourrait  tirer  une 
conclusion  toute  contraire  et  je  crains  que  cette 
similitude  n'ôte  toute  force  à  l'argument  que  nous 
pourrions  invoquer  de  la  place  occupée  par  cet  e.ssai 
pour  fixer  sa  composition  à  la  première  période  :  en 
effet,  le  vingt-sixième  essai  du  premier  livre.  De  l'ins- 
titution des  enfants,  qui  est  au  plus  tôt  de  1579,  a  été 
placé  à  la  suite  de  l'essai  Du  pedanlisnie  (I,  xxv),  de 
beaucoup  antérieur  probablement,  pour  ce  seul  motif 
que  tous  deux  traitent  le  même  sujet.  Qui  sait  si  les 
mêmes  considérations  n'auraient  pas  déterminé  le 
classement  des  essais  I,  xxxix,  et  I,  XL?  Qui  sait  si  le 
second  n'est  pas  de  beaucoup  postérieur  au  premier  et 
si  Montaigne  n'a  pas  voulu  rapprocher  deux  morceaux 
d'époques  très  différentes,  mais  de  sujet  identique; 
2"  deux  passages  importants  sont  pris  aux  Œnvres 
morales,  traduites  par  Amyot,  et  ne  peuvent  par 
conséquent  pas  être  antérieurs  à  la  fin  de  1572. 
D'ailleurs,  ils  ne  commandent  pas  du  tout  le  dévelop- 
pement :  ils  ont  pu  être  insérés  sous  forme  d'additions, 
et  l'essai  peut  être  antérieur  à  cette  date.  En  résumé, 
il  n'est  pas  invraisemblable  que  cet  essai  soit  postérieur 
à  la  date  que  sa  place  semble  lui  assigner,  mais  rien 
ne  le  prouve. 


Chapitre   XLT. 


DE     NK     CO.MMVXiaVEIv     SA      GLOIRE. 


P.  330,  1.  6.  La  fauta).  «La  renommée  qui 
enchante  par  sa  douce  voix  les  superbes  mortels  et 
qui  paraît  si  belle,  n'est  qu'un  écho,  un  songe,  que 
dis-je!  l'ombre  d'un  songe  qui,  au  moindre  souffle, 
se  dissipe  et  s'évanouit.  »  (Torquato  Tasse,  Jcriisalcin 
dclivrà,  chant  xiv,  stance  63.) 

P.  330,  1.  10.  Que  les  philosophes).  Rapprocher  ce 
mot  de  Tacite  auquel  Montaigne  n'a  probablement 
pas  songé  :  «  Etiam  .sapientibus  cupido  glori;v;  novis- 
sima  exuitur.  »  {Hist.,  l\,  vi.)  Cette  idée  est  en  effet 
fréquemment  reprise  par  les  moralistes,  notamment 
par  Cicéron. 

P.  330,  1.  13.  Quia  etiam).  «  Parce  qu'elle  ne  cesse 
de  tenter  ceux  mêmes  qui  ont  fait  des  progrès  dans 
le  chemin  de  la  vertu.  »  (Saint  Augustin,  Cite  de 
Dieu,  V,  XIV.) 

P.  331,  1.  I.  Connue  dit  Cicero).  «  Ipsi  illi  philoso- 
phi,  etiam  illis  libellis  quo  de  contemnenda  gloria 
scribunt,  nomen  suum  inscribunt  :  in  eo  ipso  in  quo 
prasdicationem  nobilitatemque  despiciunt,  pn-edicari 
de  se  ac  nominari  volunt.  »  {Pro  Archia,  xi.)  Cicéron 
a  repris  cette  idée  dans  les  Tiisculanes,  I,  xv.  Cf.  aussi 
j.  Tahureau,  Oraison  au  roi  de  la  i^raiideur  de  sou  règne 
(éd.  de  1555,  f"  7  r"). 

P.  331,  1.  7.  Catulus  Luetatiiis).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Marins  :  «  Il  commanda  luy  mesme  à  celuy 
qui  portoit  l'enseigne  qu'il  marchast,  &  s'en  courut 
devers  les  premiers  qui  s'en  alloient,  se  mettant  a 
marcher  devant,  à  ffn  que  la  honte  de  ceste  retraite 
tumbast  toute  sur  luy,  non  pas  sur  son  pais,  ii:  qu'il 
semblast  que  les  Romains  .suivissent  leur  capitaine, 
&  qu'ilz  ne  fouissent  pas.  »  (viii,  f''  273  v".) 

P.  331,1.  12.  Quand  l'Empereur  CJjarles cinquiesnie). 


Cf.  les  Mémoires  des  frères  du  Bellay  :  «  Antoine  de 
Levé...  le  supplioit  de  se  laisser  persuader...  Aucuns 
toutesfois  estoient  d'opinion,  que  secrètement  ledit 
de  Levé  estoit  d'advis  que  l'Empereur  passast  deçà, 
mais  du  vouloir  et  sceu  dudit  seigneur  il  monstroit 
devant  le  monde  et  publiquement  le  contraire,  afin 
que  venant  l'Empereur  au-dessus  de  son  entreprise 
(ainsi  qu'il  en  avoit  bonne  espérance,  voire  s'en  tenoit 
pour  asseuré)  toute  la  gloire  et  honneur  en  fust 
attribué  audit  seigneur  Empereur,  et  dit  par  le  monde 
que  son  cueur  avoit  esté  si  grand,  sa  prévoyance  et 
conduitte  si  bonne,  que  contre  l'opinion  de  tous  il 
eust  osé  entrer,  et  eust  eu  la  prudence  de  conduire 
à  heureuse  fin  une  entreprise  désespérée.  »  (VI, 
194.)  Brantôme  assure  positivement  tout  le  contraire. 
«  Antoine  de  Levé,  dit-il,  se  persuada  si  bien  et 
beau  ce  voyage  de  Provence,  et  à  l'Empereur,  &:  s'y 
opiniastra  si  fort,  que  l'Empereur  le  creut  contre  l'advis 
d'aucuns  de  ses  grandz  Capitaines,  —  disant  tousjours 
qu'il  esperoit  le  mener  à  Paris,  ne  demandant  que 
d'estre  enterré  à  Sainct  Denys  pour  toute  recompanse.  » 
{Fies  des  Hommes  illustres  étrangers,  à  l'article  Antoine 
de  Lève,  I,  p.  17e;  voir  aussi  110-228,  et  ^'II,  lxi.)  De 
Thou  dit  de  même  :  «...  Antoine  de  Lève  qui  avait 
été  le  principal  auteur  de  cette  entrepri.se,  et  qui 
avait  garanti  à  son  maitre  une  victoire  certaine  s'il 
attaquait  les  Français  dans  leur  pays.  »  (I,  379.) 

P.  331,  1.  19.  Les  Ambassadeurs  Thraciens).  Cf. 
Plutarque,  Dicts  notables  des  LaceJa-moniens  :  «  Et  après 
qu'il  (Brasida.s)  fut  mort  en  délivrant  de  servitude 
les  Grecs  habitans  au  pais  de  Thrace,  les  ambassa- 
deurs qui  furent  envoyez  de  la  part  du  pais,  pour 
rendre  grâces  aux  Laccdxnuonicns,  allèrent  visiter  sa 


LIVRE      I,      CHAPITRK      XLI. 


125 


merc  Archileonidc  ;  laquelle  leur  demanda  premiè- 
rement, si  son  fils  Brasidas  estoit  mort  vaillamment  : 
et  comme  ces  Ambassadeurs  Thraciens  le  louassent 
si  haultement,  qu'ils  disoient  qu'il  n'avoit  point  laisse- 
son  pareil  :  Vous  vous  abusez,  dit-elle,  mes  amis, 
car  Brasidas  estoit  bien  homme  de  bien,  mais  il  y  en 
a  plusieurs  en  Sparte  qui  sont  encore  meilleurs  que 
luy.  »  (F°  2ié  r".) 

P.  331, 1.  25.  En  la  bataille  de  Crccy).  Cf.  Froissart  : 
«  ...  &,  pour  le  péril  ou  ceux  de  la  première  bataille 
se  veirent,  ils  envoyèrent  hastivement  un  Chevalier 
de  leur  conroy  au  Roy  d'Angleterre...  et  dit  le 
Chevalier  quand  il  fut  venu  jusques  au  Rov,  Sire, 
le  Comte  de  Warwich,  le  Comte  d'Estanfort...  sont 
combattus  aigrement  des  François,  parquoy  ils  vous 
prient  que  vous  et  vostre  bataille  leur  venez  aider, 
car  si  tel  eifort  se  multiplie  ainsi,  ils  doutent  que 
vostre  fils  n'ayt  affaire.  Si  dît  le  Roy,  mon  fils  est-il 
mort,  ou  à  terre  ou  s'il  est  blecé,  qu'il  ne  se  puisse 
aider?  Le  Chevalier  respondit,  Nenny,  Sire,  si  Dieu 
plaist  mais  il  est  en  dur  party  d'armes...  Le  Roy... 
dît...  je  leur  mande  qu'ils  laissent  gaigner  à  l'enfant 
ses  espérons,  mais  je  vueil  (se  Dieu  l'a  ordonné)  que 
la  journée  soit  sienne,  &  que  l'honneur  luv  en 
demoure.  »  (I,  130,  p.  I5^) 

P.  332,  1.  5.  Sempcr  eiiiiii).  «Toujours  en  effet  le 
dernier  renfoit  semble  avoir  seul  décidé  la  victoire.  » 
(Tite-Live,  \X\ll,  xl\-.) 

P.  332,  1.  7.  Plusieurs  cstiinoyent).  Cf.  Plutarque, 
Instruction  pour  ceux  qui  manient  ajf aires  d' Estât  : 
«  Les  mesdisans  qui  portoient  envie  à  la  gloire  de 
Scipion,  disoient  qu'il  n'estoit  que  le  joueur  des 
beaux  faicts  d'armes  qu'il  executoit,  mais  que  l'au- 
theur  en  estoit  L^lius  son  familier  :  toutesfois  Lselius 
ne  s'en  éleva  ny  altéra  jamais  pour  tous  ces  langages 
là,  ains  continua  tousjours  à  seconder  &  promouvoir 
la  gloire  &  la  vertu  de  Scipion.  »  (vu,  f"  166  r".) 
Cf.  aussi  le  traité  intitulé  :  Si  l'homme  d'aage  se  doit 
encore  entremettre  des  affaires,  f°  187  r". 

P.  332,  1.  10.  TheopompHs).  Plutarque,  Instruction 
pour  ceulx  qui  manient  affaires  d' Estât  :  «  Theopompus 
roy  des  Lacedœmoniens,  à  un  qui  luy  disoit,  que 
Sparte  demouroit  sur  ses  pieds,  pour  autant  que  les 
Roys  y  sçavoient  bien  commander,  «  mais  plus  tost. 


»  dit-il,  pource  que  le  peuple  y  sçait  bien  obeïr.  » 
(F°  172  \".)  Les  dicts  notables  des  Lacedxmoniens  : 
«  Quelqu'un  disoit  devant  luy  (Theopompus),  que 
la  ville  de  Sparte  se  maintenoit  en  son  entier,  pource 
que  les  Roys  y  sçavoient  bien  commander  :  «  non  pas 
»  tant,  dit-il,  que  pource  que  les  citoiens  y  sçavent 
))  bien  obéir.  »  (F"  217  r°.) 

P.  332,  1.  14.  Conte  les  famés).  Cf.  du  Tillet,  Recueil 
des  Rois  de  France  :  «  Les  femmes  sont  capables  de 
tenir  pairries,  ont  séance  et  opinion  es  jugemens, 
y  doivent  estre  appelées  et  adjournees  comme  les 
autres  Pairs,  qui  est  conforme  à  la  loy  civile,  pource 
qu'elles  tiennent  dignité  avant  exercice  de  justice.  » 
(Éd.  de  1618,  p.  259.) 

P.  332,  1.  16.  Z,«  pairs  ecclésiastiques).  Id.,  ibid.  : 
«  Encores  que  les  saincts  Canons  défendent  les  armes 
à  tout  le  Clergé,  Jes  Prélats  pairs  de  France  estoient 
pour  raison  de  leur  pairrie  (chose  temporelle)  obligez 
à  servir  et  suyvre,  accompaignez  de  leurs  chevaliers 
et  soldats,  les  Roys,  quand  ils  alloient  à  la  guerre 
en  personne,  lequel  service  estoit  deu  par  aucuns 
evesques  non  pairs,  tant  la  France  en  tous  estats 
honoroit  lors  les  armes.  Floard  en  son  histoire  parle 
de  Huicmard  et  Hernieu  Archevesques  de  Rheims, 
ayant  souvent  conduit  en  personne  de  leurs  gens  de 
guerre,  pour  le  service  des  Roj^s  Charles  le  Chauve, 
et  Charles  le  Simple.  Guillaume  le  Breton,  en  celle 
du  Roy  Philippe  Auguste,  faict  mention  de  l'Evesque 
de  Beauvais,  Prince  du  sang,  frère  du  Comte  de 
Dreux,  Pair  de  France,  estant  avec  le  dit  Auguste, 
en  la  bataille  du  pont  de  Bouvines,  qui  d'un  coup 
de  masse  jetta  de  cheval  à  terre,  Guillaume  comte 
de  Salsbery,  surnommé  Longue-Espee,  frère  bastard 
du  Roy  d'Angleterre,  et  commanda  à  messire  Jehan 
de  Nesle  chevalier,  le  prendre  son  prisonnier.  Le 
semblable  il  feit  de  plusieurs  autres  qu'il  versa, 
donnant,  pource  qu'il  estoit  d'Eglise,  le  los  de  ses 
faicts  d'armes  à  autruy,  et  ne  voulant  combattre  que 
de  masse,  pour  ruer  sans  tuer.  »  (P.  257.  Cf.  aussi 
Papyre  Masson,  Annales,  1577,  p.  301.) 

Chkoxologie  :  Un  emprunt  aux  Mémoires  des 
frères  du  Bellay  (Antoine  de  Lève)  permet  de  dater 
cet  essai  de  la  première  période  (environ  1572). 


Chapitre   XLII. 


DE      L   !Xi;aVALITE      QV I      KST      ENTRE     XOVS 


P.  335,  I.  I.  Philarqnc  dit).  Cf.  Pluturquc,  Que 
les  bestes  iiseiil  de  la  Raison  :  «  Je  ne  pense  pas  qu'il 
y  ait  si  grande  distance  de  beste  à  beste,  comme  il  y 
a  de  grand  intervalle  d'homme  à  homme  en  matière 
de  prudence,  de  discours,  de  raison,  et  de  mémoire.  >> 
(F»  274  r°.) 

P.  333,  1.  6.  Plus  de  distance).  Montaigne  reprendra 
cette  même  idée  dans  l'essai  II,  xii,  p.  177,  1.  19. 

P.  333,  1.  8.  Hem  vir).  «Ah!  qu'un  homme  peut 
être  supérieur  à  un  autre  homme.  »  Montaigne  trans- 
forme le  texte  de  Térence  qui  est  :  «  Di  immortales, 
homini  homo  quid  prœstat.  »  (Eunuque,  II,  m,  i.) 

P.  333,  1.  II.  A  propos  de  l'estimation  des  hommes). 
Cette  idée  de  la  vanité  des  motifs  sur  lesquels  nous 
fondons  la  supériorité,  et  la  comparaison  entre  les 
animaux  et  les  hommes  à  ce  point  de  vue,  sont  des 
thèmes  courants  chez  les  moralistes  de  l'antiquité  et 
du  xv!*^  siècle.  Cf.  Lucrèce,  II  (le  début  du  livre); 
Horace,  Satires  I,  11,  II,  vu;  Stobéc,  Sermones,  xxi, 
p.  177;  Stcfano  Guazzo,  La  civil  conversation  (trad. 
Chappuys,  p.  448);  Muzio,  Il  gentilnomo  (p.  7  de 
l'éd.  de  1575).  Voici  le  texte  de  Stobée;  il  cite  tout 
un  long  passage  des  Mémorables  de  Xénophon  : 
«  Quemadmodum  illi  qui  equos  emunt,  non  antea 
putant  se  cognosccrc  equum,  quem  nosse  cupiunt, 
quàm  animadvertant  utrum  bene  domitus  an  effrenis, 
fortis  an  debilis,  citus  an  tardus  sit,  ac  in  aliis  quo- 
nam  modo  se  habeat,  in  quibus  equum  valerc  oponet. 
Qui,  quantum  valcat,  nesciat,  .seipsum  ignorât.  » 

P.  333,  1.  II.  C'est  merveille  que).  Cf.  Sénèque, 
Hpîlres  :  «  Eo  quidque  laudatur...  quod  illi  proprium 
est.  Ergo  in  homine...  »  (Ép.  ï6.  p.  173.) 


P.  334,  1.  2.  Nous  louons  un  cheval).  L'expression 
est  de  Montaigne;  mais  il  en  imite  plusieurs  de 
Sénèque,  particulièrement  :  «  Non  faciunt  meliorem 
equum  aurei  freni...  ^■item  laudamus,  si  fructu  pal- 
mites  onerat.  Num  quis  huic  illam  pn\;ferret  vitem, 
cui  aureae  uva;,  aurea  folia  dépendent?...  In  homine 
quoque  id  laudandum  est,  quod  ipsius  est.  »  (Ép.  41, 
p.   125.) 

P.  334,  1.  3.  Volucrem).  «Ainsi  nous  louons  un 
cheval  pour  sa  vitesse,  pour  les  palmes  nombreuses 
qu'il  a  remportées  dans  les  cirques  aux  applaudisse- 
ments des  foules  bruyantes.  »  (Juvénal,  VIII,  lvh.) 

P.  334,  1.  8.  //  a  un  ora)id  train).  Cf.  Sénèque, 
Epîtrcs  :  «  Familiam  pulchram  habet  et  domum  pul- 
chram,  multum  serit,  multum  fxnerat,  nihil  horuni 
in  ipso  est,  sed  circa  ipsum.  »  (Ep.  41,  p.  125.) 

P.  3  34, 1. 1 1 .  Si  vous  marchande:^).  Id. ,  ibid.  :  «  Equum 
empturus,  solvi  jubés  stratum...  »  (Ep.  80,  p.  185.) 

P.  334, 1. 18.  Rcgibns).  «Les  rois  ont  cette  coutume, 
lorsqu'ils  achètent  des  chevaux,  de  les  examiner 
couverts,  de  peur  que,  si,  comme  il  arrive  souvent, 
le  cheval  a  la  tète  belle  et  le  pied  mou,  l'acheteur 
ne  se  laisse  séduire  par  l'aspect  d'une  belle  croupe, 
d'une  tète  fine  ou  d'une  belle  encolure.  »  (Horace, 
Satires,  I,  11,  86.) 

P.  334,  1.  22.  L'estime^-vous  tout  enveloppé).  Cf. 
Sénèque,  Épîtres  :  «  Homineni  involutum  xstimas.  » 
(Ép.  80,  p.  185.) 

P.  334,  1.  23.  //  ne  nous  faicl  montre).  Id.,  ibid. 
Imité  de  :  «  sic  nobis  imponitur,  quod  neminem 
.vstiniamus  eo  quod  est,  sed  adjicimus  illi  &  ea  qui- 
bus adornatus  est.  »  (Ep.  76,  p.  175.) 


I.IVRi:      I.      CHAPITRF.     XLII. 


P.  334,  1.  25.  C'est  h-  ivis  de  l'espcc).  Id.,  ihid.  : 
«  ...  Nec  booum  nec  maluui  vagina  gladiuni  facit.  » 
(Ép.  92,  p.  219.) 

P.  334,  1.  27.  //  le  finit  ju^cr  pur  lii\  iiwsinc).  Id., 
ibid.  Imité  de  :  «  neminem  œstimalis  suo  »  (ép.  87, 
p.  201),  et  aussi  de  :  «  si  perpendere  te  voles  sepone 
pecuniam,  domimi,  dignitatem,  intus  te  ipsc  consi- 
déra. ))  (Ép.  80,  p.  185.) 

P.  335, 1.  I.  Etcûininedit  Ircs-plaisniiiiiieiil  iiii  ancien). 
Id.,  ibid.  :  «  Quare  magnus  videtur?  Cum  basi  illum 
sua  metiris.  »  (Ép.  76,  p.  175.)  Montaigne  reprend 
sous  trois  formes  différentes  le  mot  «  très  plaisant  >> 
de  Sénèque  (patins,  base,  échasses). 

P.  335,  1.  4.  Qu'il  mette  à  part  ses  rieljesses).  Id., 
ibid.  :  «  Ponat  patrimonium,  ponat  honores...  corpus 
ipsurn  exuat.  »  (Ép.  76,  p.  175.) 

P.  335,  1.  6.  OiieIleamcail?).Id.,ibid.  :  «Animuui 
intuere  qualis  sit...  alieno  an  suo  magnus.  .Si  crcctis 
oculis  gladios  micantes  videt,  &;  si  scit  nulla  sua 
interesse,  utrum  anima  per  os  an  per  jugum  cxeat  : 
beatum  voca.  »  (Ép.  76,  p.  175.) 

P.  335,  1.  12.  Sapiens,  sibiqne  iinperiosns).  «Sage 
et  maître  de  lui?  Tel  que  ni  la  pauvreté,  ni  la  mort, 
ni  les  fers  ne  le  fa.ssent  trembler?  A-t-il  le  courage 
de  tenir  tête  à  .ses  passions,  de  mépriser  les  honneurs? 
Renfermé  tout  entier  en  lui-même,  rond  et  poli 
comme  la  boule  que  rien  n'empêche  de  rouler,  ne 
laisse-t-il  aucune  prise  à  la  fortune?  )  (Horace,  Satires, 
II,  VII,  83.) 

P.  335,  1.  20.  Sapiens  pùl).  «Le  sage  est  lartisan 
de  son  propre  bonheur.  »  (Plaute,  Trinumntns ,  II, 
M,  84.)  Montaigne  a  très  probablement  pris  cette 
sentence  dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse,  I,  \ii. 

P.  335,  1.  22.  Nonne  videniiis).  «Ne  voyon.s-nous 
pas  que  la  nature  n'exige  en  nous  rien  de  plus  qu'un 
corps  sans  douleur,  et  une  âme  sereine  exempte  de 
soucis  et  de  craintes?  »  (Lucrèce,  II,  16.) 

P.  336,  1.  9.  On'eii  leurs  chausses).  Cf.  Sénèque, 
Epitres  :  «Togis  inter  se  isti,  non  judiciis  distant.  » 
(Ép.  114,  p.  272.)  Rapprocher  I,  xxxi,  p.  281,  1.  8. 

P.  336, 1. 10.  En  Thrace).  Cf.  Hérodote:  «Quant aux 
dieux,  ils  adorent  seulement  Mars,  Bacchus  et  Diane. 
Combien  que  leurs  Roys  adorent  seulement  Mercure, 
ce  que  ne  font  les  subjects.  »  (V,  vu;  t.  I,  f°  317  r".) 


P.  336,  1.  16.  Comme  les  joueurs  de  comédie).  Rap- 
procher Sénèque,  Epitres  :  «  Nemo  ex  istis  quos 
purpuratos  vides  felix  est,  non  magis  quam  ex 
illis  quibus  sceptrum  &  chlamydem  in  scena  fabulce 
assignant  :  cum  présente  populo  elati  incesserunt, 
&  cothurnati,  simul  exierunt,  e.xcalceantur,  &  ad 
staturam  suam  redeunt.  »  (Ép.  76,  p.  175.) 

«  Ille  qui  in  scena  latins  inccdit,  et  hxc  resupinus, 
dicit  : 

«  Impero  Argis,  régna  milii  liquit  Pelops,  qua  ponto 
»  \h  Helles  atque  ab  lonio  mari  urgetur  Isthmos.  >< 

.servus  est,  quinque  modios  accepit",  &  quinque  dena- 
rios.  Ille  qui  superbus  atque  impotens  &  fiducia 
virium  tumidus  ait  : 

«  Quod  nisi  quieris  Meiiel.v  h.ic  dcxtra  occides,  » 

diurnum  accipit,  in  c:tnaculo  dormit.  Idem  de  istis 
licet  omnibus  dicas,  quos  supra  capita  hominum 
supraque  turbam  delicatos  lectica  suspendit.  Omnium 
istorum  personata  félicitas  est.  »  (Ép.  80,  p.  185.) 

P.  336,  1.  21.  Scilicet).  «C'est  que  sur  lui  brillent, 
enchâssées  dans  l'or,  de  grosses  émeraudes  de  la  plus 
belle  eau,  et  qu'il  use  de  helles  étoffes  couleur  vert  de 
mer,  et  les  souille  de  la  sueur  de  \'énus.  »  (Lucrèce, 
IV,  1123.) 

P.  336,  1.  25.  Ille  beat  us  introrsnni).  «Celui-là 
jouit  d'un  bonheur  intérieur,  l'autre  n'a  qu'un  bon- 
heur de  surface.  »  Le  début  de  cette  citation  vient 
de  l'épitre  119  de  Sénèque  :  «Ille...  beatus  introrsum 
est  »  (p.  282);  la  seconde  partie  est  inspirée  de 
l'épitre  115  :  «  Omnium  istorum...  bracteata  félicitas 
est  »  (p.  274). 

P.  337,  1.  3.  Non  eniui  iia:^ii').  «En  effet,  ni  les 
trésors  ni  les  faisceaux  consulaires  ne  dissipent  les 
troubles  du  cœur  et  les  soucis  qui  voltigent  autour 
des  lambris  dorés.  »  (Horace,  Odes,  II,  xvi,  9.) 

P.  337, 1.  8.  Re  veraquc).  «  A  la  vérité,  les  craintes 
et  les  soucis,  inséparables  de  l'homme,  ne  s'effrayent 
pas  du  fracas  des  armes;  hardiment  ils  fréquentent 
les  rois  et  les  puissants,  et  l'éclat  de  l'or  ne  les  trouble 
pas.  »  (Lucrèce,  II,  47.) 

P.  337,  1.  17.  Ce  ciel  de  lict).  Rapprocher  Sénèque, 
Epitres  :  «  Nihil  differt  utrum  ivgrum  in  ligneo  lecto 


128 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


an  in  aureo  colloces  :  quocumque  illum  transtuleris 
morbum  suum  secum  transférer  :  sic  nihil  refert 
utrum  animus  xgev  in  divitiis  an  in  paupertate 
ponatur.  »  (Ép.  17.) 

P.  337,  1.  19.  AVr  calida'  cititis).  «Et  la  chaleur 
de  la  fièvre  ne  tombera  pas  plus  vite  si  vous  êtes 
étendu  dans  les  broderies  et  dans  la  pourpre  que 
s'il  vous  faut  vous  contenter  d'un  drap  plébéien.  » 
(Lucrèce,  II,  34.)  Le  texte  est  conforme  à  celui  de 
l'édition  Lambin,  p.  loi. 

P.  337,  1.  22.  Les  flateiirs).  Cf.  Plutarque,  Les 
dicts  notables  des  anciens  Ross,  Princes  &  grands  Capi- 
taines :  «  Il  fut  en  quelque  rencontre  blecé  d'un  coup 
de  flesche  à  la  cuisse,  si  accoururent  soudain  à  luy 
plusieurs  de  ceulx  qui  par  flatterie  avoient  accoutumé 
de  l'appeller  Dieu  :  et  lors  avec  un  visage  riant  il 
leur  dit,  en  leur  monstrant  sa  playe.  C'est  du  vrav 
sang,  comme  vous  pouvez  veoir, 

u  Et  non  de  l'humeur  telle 

»  QjLii  coule  aux  dieux  de  nature  immortelle.  » 

(Fo  193  vo.) 
Cf.  aussi  Fie  d'Alexandre  :  «Aiant  esté  blecé  d'un 
coup  de  traict,  &  en  sentant  griefve  douleur,  il  se 
retourna  vers  ses  amis  &  leur  dit  :  cela  qui  coule  de 
ma  playe  est  vray  sang,  (5\:  non  point  comme  dit 
Homère  : 

«  Une  liqueur  de  rien,  semblable  à  celle 

»  Qui  flue  aux  Dieux  de  nature  immortelle.  « 

(IX,  f-  474  v°.) 
P.  337,  I.  26.  Herniodonis).  Id.,  Ij:s  dicts  notables 
des  anciens  Ro\s,  Princes  &  grands  Capitaines  :  «  Her- 
modotus  (sic)  poëte  en  quelques  compositions  sienes 
poétiques  l'appeloit  fils  du  soleil  :  &  luy  alencontre 
disoit,  Celu}'  qui  vuide  ma  selle  percée  sçait  bien 
avec  moy  qu'il  n'en  est  rien.  »  (F°  194  r°.) 

P.  338,  1.  2.  Pour  tons  potages).  Expression  de  la 
langue  des  conteurs  (cf.  Rabelais,  II,  vi);  Montaigne 
la  reprendra  un  peu  plus  loin  dans  l'essai  I,  XLvi, 
p.  358,  1.  15. 

P.  338,  1.  5.  Piielhr).  «Que  les  jeunes  filles  .se 
l'arrachent;  que  partout  les  roses  naissent  sous  ses 
pas.  »  (Perse,  II,  38.) 


P.  338,  1.  9.  Hcsc perinde sitnt).  «Les  choses  valent 
ce  que  vaut  le  possesseur  :  à  qui  en  sait  user  elles 
sont  bonnes;  à  qui  ne  sait  pas,  elles  sont  mauvaises.  » 
(Térence,  Hcantontimoroinnenos,  I,  m,  21.) 

P.  338,  1.  14.  Non  domtis).  «Ce  n'est  pas  une 
maison,  ce  ne  sont  pas  des  propriétés  ni  des  tas  d'or 
qui  guérissent  la  fièvre  du  corps  et  les  soucis  du 
cœur  :  il  faut  que  leur  possesseur  soit  sain  pour  qu'il 
en  puisse  bien  jouir.  S'il  est  tourmenté  de  cupidité 
ou  de  crainte,  sa  maison  et  ses  biens  lui  sont  autant 
que  des  tableaux  à  un  chassieux  ou  des  unguents  à 
un  podagre.  »  (Horace,  Épîtres,  I,  11,  47.)  Dans  les 
éditions  de  1580  et  1588  la  citation  comporte  un 
vers  de  plus  qui  signifie  :  «  Quand  le  vase  est  impur 
tout  ce  qu'on  y  verse  s'aigrit.  »  Montaigne  l'a  rayé 
ici  pour  le  reporter  dans  l'essai  III,  xiii.  Notons 
encore  que  cette  citation  d'Horace  se  trouve  en  note 
de  l'édition  Lambin  de  Lucrèce,  au  \ers  34  du  livre  II, 
que  .Montaigne  vient  de  citer,  et  que  réciproquement 
dans  l'édition  d'Horace  donnée  par  Lambin  on  trouve 
en  note  à  propos  de  ces  vers  la  citation  de  Lucrèce. 

P.  338,  1.  22.  Conte  Platon  dict).  Dans  les  Lois  : 
«  Aiunt  nempe  optimum  esse  .sanitatem,  ei  proximum 
bonum  formam,  vires  tertium,  quartum  vero  divi- 
tias...  Ego  enim  assero  quœ  vulgo  mala  dicuntur, 
injustis  bona  esse,  justis  autem  mala.  Quœ  vero 
dicuntur  bona,  bonis  quidem  vere  bona,  malis  autem 
mala.  »  (H,  pp.  661-662;  éd.  de  1546,  p.  762.) 

P.  339,  1.  4.  Totiis  &  argenio).  «Tout  en  argent  et 
tout  en  or.  »  (Tibulle,  I,  i,  71.)  Le  texte  est  :  «Totus 
et  argento  contextiis,  et  auro.  » 

P.  339,  1.  9.  Si  vcntri).  «Si  vous  avez  l'estomac, 
les  poumons  et  les  pieds  en  bon  état,  toutes  les 
richesses  des  rois  ne  pourront  rien  ajouter  à  votre 
bonheur.  »  (Horace,  Epitres,  I,  xii,  5.) 

P.  339,  1.  II.  De  l'advis  du  Roy  Selenctis).  Cf. 
Plutarque,  Si  l'homme  d'aage  se  doit  niesler  des  affaires 
publiques  :  «  Car  la  royauté,  qui  est  la  plus  grande 
et  plus  parfaitte  espèce  de  gouvernement  qui  soit  au 
monde,  a  de  très  grands  soucis,  travaux  et  rompe- 
ments  de  teste  et  en  grande  quantité  :  tellement 
que  Ion  escript  que  Seleucus  disoit  souvent,  Si  les 
hommes  sçavoient  combien  il  est  laborieux  .seulement 
de  recevoir  et  escrire  tant  de  lettres,  connne  il  en 


LIVRE     I,     CHAPITRE     XLII. 


129 


fault  recevoir  et  escrire  aux  roys,  ils  ne  daigneroient 
pas  seulement  amasser  un  diadesme,  quand  ils  le 
trouverqient  en  leur  chemin.  »  (F^  183  r".) 

P.  339,  1.  15.  Puis  qu'à  tripler  nous  nicsnics).  Rap- 
procher Rabelais  :  «  Comment,  disoit  le  moine, 
pourrois  je  gouverner  aultruy,  qui  moy  mesmes 
gouverner  ne  sçaurois?  »  (I,  52.) 

P.  339,  1.  22.  Ut  satins).  «En  sorte  qu'il  vaut 
beaucoup  mieux  obéir  tranquillement  que  de  vouloir 
se  charger  du  gouvernement  de  l'État.  »  (Lucrèce, 
V,  II 26.) 

P.  339,  1.  24.  Joint  que  CvnisJ.  Cf.  Amyot,  Epistrc 
au  Roy,  en  tète  de  sa  traduction  des  Œuvres  morales 
de  Plutarque  :  «  Le  grand  Cyrus...  souloit  dire  qu'il 
n'appartenoit  à  nul  de  commander  s'il  n'estoit  meilleur 
que  ceulx  auxquels  il  commandoit.  » 

P.  340,  1.  I.  Le  Roy  Hicrori).  Dans  le  traité  de 
Xénophon  intitulé  Hiéron,  ou  De  la  condition  des  rois. 
Montaigne  d'ailleurs  ne  copie  pas  les  mots,  mais 
il  résume  les  idées  principales  du  traité. 

P.  340,  1.  5.  Pinguis  ainor).  «L'amour  bien  traité 
et  trop  absolu  nous  dégoûte  bientôt,  comme  l'excès 
d'un  mets  agréable  fatigue  l'estomac.  «  (Ovide,  Amores, 
II,  XIX,  25.) 

P.  340,  1.  II.  Ny  les  dames).  Cf.  Xénophon, 
Hiéron  :  «  At  amor  nuUi  minus  insinuât  sese  quàm 
tyranno.  Neque  enim  amor  appetere  gaudet  ea  quœ 
in  promptu  sunt,  sed  ea  qua;  sperantur.  »  (I,  éd. 
de  154s,  p.  57e.) 

P.  340,  1.  12.  Oui  ne  se  donne  loisir).  Id.,  ihid.  : 
«  Proinde  non  aliter  quàm  si  qui  nunquam  expertus  est 
sitim,  potum  nanciscatur,  itidem  qui  est  expers  amoris, 
expers  est  jucundissimœ  \'eneris.  »  (Édit.  de  1545, 
p.  576.) 

P.  340,  1.  18.  Plerunujue  gratœ).  «Souvent  le  chan- 
gement plaît  aux  grands  :  un  repas  frugal  et  propre 
sous  le  toit  du  pauvre,  sans  tapis,  sans  pourpre,  a 
déridé   leur   front    soucieux.  »    (Horace,    Odes,    III, 

XXIX,    12.) 

P.  340,1.23.  Couw  les Ija le i^rand seigneur).  Cf.  Guil- 
laume Postel,  Histoire  des  Turcs  :  «  Le  Prince  Turc 
a  en  divers  Parcs  ou  Serrails  grandes  multitudes  de 
femmes  et  principalement  en  un  Serrail  de  Constan- 
tinople,  qui  est  au  melieu  de  la  ville,  là  où  à  mon 


partir  y  en  avoit  plus  de  trois  cens.  »  (Éd.  de  1575, 
p.  92;  éd.  de  1560,  i"^'  partie,  p.  6.) 

P.  ^40,  1.  25.  Celuy  de  ses  ancestres).  Cf.  Chalcon- 
dylc  :  «  On  dit  que  Pajazet  entretenoit  d'ordinaire 
bien  sept  mille  fauconniers.  »  (III,  xiii,  209.) 

P.  341,  1.  2.  Ils  sont  trop  esclairei).  On  retrouvera 
la  même  idée  chez  Cicéron,  De  officiis,  II,  xiii;  Plu- 
tarque, Instruction  pour  ceux  qui  manient  affaires  d 'Estât, 
f"  162  v°;  Castiglione,  //  Cortegiano,  IV,  viii,  etc. 

P.  341,  1.  8.  Platon,  en  son  Gorgias).  «  ...  Ego... 
id  esse  dico  tyrannidem,  quod  paulo  ante,  videlicet 
licentiam  in  civitate  habere  quicquid  videatur  perpe- 
trandi,  sive  interficere  quempiam,  slve  cxpellere 
libeat,  cœterdque  omnia  pro  libidine  tacere.  »  (xxiv, 
p.  469;  éd.  de  1546,  p.  346.) 

P.  341,  1.  15.  Un  seing  &  une  verrue).  Cf.  Plutarque, 
Instruction  pour  -ceux  qui  manient  affaires  d'Estat  : 
«  Tout  ainsi  qu'une  lentille,  un  seing,  une  verrue 
en  la  face  de  l'homme  font  plus  d'ennuy  que  ne 
feroient  une  balafre,  ou  une  cicatrice,  ou  une  muti- 
lation en  tout  le  reste  du  corps  :  aussi  les  fliultes 
petites  et  légères  de  soy,  apparoissent  grandes  es  vies 
des  Princes.  »  (F°  162  V.) 

P.  341,  1.  21.  //  recite  aussi).  Cf.  Xénophon, 
Hiéron,  IL 

P.  342,  1.  II.  Cœsar  appelle  Roytelets).  Comme 
César  ne  dit  rien  de  semblable  des  Gaulois,  Coste 
a  supposé,  d'après  Barbeyrac,  que  Montaigne,  par  une 
inadvertance  qu'il  a  commise  encore  ailleurs,  II,  viii, 
avait  rapporté  ici  aux  Gaulois  ce  que  César  a  dit  des 
Germains  {De  bell.  galL,  VI,  xxiii)  :  «  In  pace  nullus 
communis  est  magistratus;  sed  principes  regionum 
atque  pagorum  inter  suos  jus  dicunt,  controversiasque 
minuunt.  »  Cette  hypothèse  est  d'autant  plus  vrai- 
semblable que  Montaigne  ne  semble  pas  avoir  relu 
César  après  1580.  Une  nouvelle  lecture  lui  eût  peut- 
être  fourni  l'occasion  de  corriger  son  erreur. 

P.  342,  1.  26.  Pancûs  servitus).  «  Peu  d'hommes 
sont  enchaînés  à  la  servitude;  beaucoup  s'y  enchaî- 
nent. »  (Sénèque,  ép.  22.) 

P.  343,  1.  4.  Ma.ximuni  hoc).  «  Le  plus  grand 
avantage  de  la  royauté,  c'est  que  le  peuple  est  obligé 
non  seulement  de  souffrir,  mais  encore  de  louer  les 
actions  de  son  maître.  »  (Sénèque,  Thyeste,  II,  i,  30.) 


130 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  343,  1.  14.  Ma  haulciii).  Rapprocher  l'essai  III, 

VII. 

P.  34;,  1.  21.  Ses  courtisans).  Cf.  Ammien  Mar- 
cellin;  ce  sont  des  avocats  qui  louent  ainsi  Julien  : 
«  Fertur  id  di.xis.se  permotus  :  gaudebam  plane  pr;ï 
meque  ferebat  si  ab  his  laudarer  quos  et  vituperare 
posse  adverterem,  si  quid  aut  tactum  sit  secus  aut 
dictum.  »  (XXII,  X.) 

P.  344,  1.  3.  Diochiian).  Cf.  Aurelius  \'ictor,  et 
surtout  Crinitus,  De  boiiesta  disciplina,  que  Montaigne 
a  lu  certainement  entre  1580  et  1588  et  qui  reprend 
à  peu  près  les  mots  d'Aurelius  Victor  :  «  Utinam, 
Romani,  possetis  olera  visere  nostris  manihus  Salonis 
instituta,  profecto  enim  nunquam  istud  tentandum 
judicaretis.  »  (De  Jmiesta  disciplina,  XIII,  viii.)  Cet 
exemple  est  d'ailleurs  très  fréquemment  repris  par 
les  compilateurs  et  les  moralistes  du  temps.  A  la 
même  époque  Montaigne  a  eu  chance  de  le  lire 
encore  dans  la  Suite  des  diverses  leçons,  par  Du  Verdier 
(III,  1),  et  dans  le  De  constautia  de  Juste  Lipse  (I,  11). 

P.  344, 1.  10.  Al'advisd'Anacharsis).  Cf.  Plutarque, 
Banquet  des  sept  sages  :  «  Thaïes  opina  disant  que 
celle  chose  publique  luy  sembloit  la  mieulx  ordonnée, 
où  il  n'y  avoit  pohit  d'hommes  ny  trop  riches  ny 
trop  pauvres.  Suivant  celuy-là  Anacharsis  dit,  que 
c'estoit  à  son  advis  celle  en  laquelle  toutes  autres 
choses  estant  égales  entre  les  habitans,  la  precedence 
se  mesuroit  à  la  vertu,  &  le  rebut  au  vice.  »  (xiii, 
f°  155  r".) 

P.  344, 1.  13.  Quand  le  Roy  Pyrrijus).  Cf.  Plutarque, 
f^ie  de  Pyrrhus  :  «  Içeluy  (Cinéas)  donques  voiant  que 
Pyrrus  estoit  fort  affectionné  à  ceste  guerre  d'Italie, 
le  trouvant  un  jour  de  loisir,  le  meit  en  telz  propos  : 
Lon  dit  sire,  que  les  Romains  sont  fort  bons  hommes 
de  guerre,  &  qu'ilz  commandent  à  plusieurs  vail- 
lantes et  belliqueuses  nations  :  Si  donques  les  Dieux 
nous  font  la  grâce  d'en  venir  au  dessus,  à  quoy  nous 
ser\-ira  cette  victoire  ?  Pyrrhus  luy  respondit.  Tu  me 
demandes  une  chose  qui  est  de  soy-mesme  toute 
évidente  :  car  quand  nous  aurons  dompté  les  Romains, 
il  n'y  aura  plus  en  tout  le  païs  cité  Grecque  ny 
barbare  qui  nous  puisse  résister,  ains  conquerrons 
incontinent  sans  difficulté  tout  le  reste  de  l'Italie,  la 
grandeur,    bonté,    richesse   &    puissance   de   laquelle 


personne  ne  doibt  mieulx  sçavoir  nv  cognoistre  que 
toy  mesme.  Cineas  faisant  un  peu  de  pause,  luv 
répliqua  :  Et  quand  nous  aurons  pris  l'Italie,  que 
ferons  nous  puis  après?  Pyrrus  ne  s'appercevant  pas 
encore  ou  il  vouloit  venir,  luy  dit  :  La  Sicile,  comme 
tu  sçais,  est  tout  joignant,  qui  nous  tend  les  mains, 
par  manière  de  dire,  &  est  une  isle  riche,  puissante, 
&  abondante  de  peuple,  laquelle  nous  sera  tresfocile 
à  prendre...  Il  y  a  grande  apparence  en  ce  que  tu 
dis,  respondit  Cineas  :  mais  quand  nous  aurons 
gaigné  la  Sicile,  sera  ce  la  fin  de  nostre  guerre?  Dieu 
nous  face  la  grâce,  respondit  Pyrrus,  que  nous  puis- 
sions attaindre  a  ceste  victoire,  &  venir  à  bout  de 
ceste  entreprise  :  pource,  ce  nous  sera  une  entrée 
pour  parvenir  à  bien  plus  grandes  choses.  Car  qui 
se  tiendroit  de  passer  puis  après  en  Afrique  &  à 
Carthage,  qui  seront  conséquemment  en  si  belle 
prise,  veu  que  Agathocles  s'en  estant  secrettement 
fouy  de  Syracuse,  &  aiant  traversé  la  mer  avee  bien 
peu  de  vaisseaux,  fut  bien  près  de  la  prendre  : 
&  quand  nous  aurons  conquis  &  gaigné  tout  cela, 
il  est  bien  certain  qu'il  n'y  aura  plus  pas  un  des 
ennemis,  qui  nous  fâchent  &  qui  nous  harcellent 
maintenant,  qui  oze  lever  la  tête  contre  nous.  Non 
certes,  respondit  Cineas  :  car  il  est  tout  manifeste, 
qu'avec  si  grosse  puissance,  nous  pourrons  facilement 
recouvrer  le  royaume  de  la  Macédoine,  &  commander 
sans  contradiction  à  toute  la  Grèce  :  mais  quand  nous 
aurons  tout  en  nostre  puissance,  que  ferons  nous 
à  la  fin  ?  Pyrrus  adonc  se  prenant  à  rire,  Nous  nous 
reposerons,  dit  il,  à  nostre  aise,  mon  amj',  &  ne 
ferons  plus  autre  chose  que  bancqueter  tous  les  jours, 
&  nous  entretenir  de  plaisans  devis  les  uns  avec  les 
autres,  le  plus  joyeusement,  &  en  la  meilleure  chère 
qui  nous  sera  possible.  Cineas  adonc  l'aiant  amené 
à  ce  poinct,  luy  dit,  Et  qui  nous  empesche,  Sire,  de 
nous  reposer  des  maintenant,  &  de  faire  bonne  chère 
ensemble,  puis  que  nous  avons  tout  présentement, 
sans  plus  nous  travailler,  ce  que  nous  voulons  aller 
chercher,  avec  tant  d'efilision  de  sang  humain,  &  tant 
de  dangers?  encore  ne  sçavons  nous  si  nous  y  par- 
viendrons jamais,  après  que  nous  aurons  soufiert, 
&  fait  souffrir  à  d'autres  des  maulx  &  travaux  infinis.  » 
(vu,  f"  275  r".) 


LIVRE      I,      CHAPITRE      XLII. 


P.  ^44, 1.  25.  Niniinim).  «  C'est  apparemment  parce 
qu'il  ne  connaissait  pas  bien  les  bornes  qu'on  doit 
mettre  à  ses  désirs  et  jusqu'où  va  le  plaisir  véritable.  « 
(Lucrèce,  V,  143 1.)  Le  texte  de  Lucrèce  est  : 

«  Ximiruni,  quia  non  cognovit,  qux-  sit  habendi.  » 

Lucrèce  ne  parle  pas  de  Pvrrhus. 

P.  344,  1.  27.  Clorre  ce  pas).  Cf.  pour  la  même 
expression,  du  Bellay,  Dejfcncc  et  illustration,  I,  xii, 
éd.  Cliamard,  p.  161,  note  5.  C'est  une  locution 
empruntée  aux  jeux  militaires  appelés  pas  d'armes; 
on  disait  :  ouvrir  le  pas,  clore  le  pas. 

P.  344,  1.  28.  Mores  cuiqiie).  «C'est  notre  caractère 
qui  fait  à  chacun  de  nous  sa  destinée.  »  (Cornélius 
Nepos,  Vie  d'Atticns,  11.)  J'ignore  dans  quelle  édition 
Montaigne  lisait  Cornélius  Nepos;  il  n'est  pas  inutile 
cependant  de  remarquer  que  dans  certaines  éditions 
(celle  de  1569  par  exemple)  les  sentences  du  genre 
de  celle-ci  sont  détachées  dans  le  texte  au  moyen 
de  caractères  particuliers  qui  attirent  sur  elles  l'atten- 
tion. Dans  le  texte  de  Nepos  l'ordre  des  mots  est 
un  peu  différent  :  «  Sui  cuique  mores...  »  Cette  sen- 
tence est  commentée  longuement  dans  les  Adages 
d'Erasme,  II,  iv,  30. 


Chronologie  :  Cet  essai  est  .sans  doute  de  la 
première  période  :  En  effet,  1°  il  est  entouré  d'essais 
qui  datent  de  1572;  2"  on  y  trouve  la  composition 
en  forme  de  mosaïque,  avec  nombreux  emprunts 
à  Sénèque,  qui  caractérise  plusieurs  essais  de  la  pre- 
mière période  (cf.  I,  xxxix);  3°  l'occasion  du  chapitre 
est  peut-être  le  fameux  entretien  de  Cinéas  et  de 
Pyrrhus  qui  le  termine,  c'est-à-dire  que  l'inspiration 
vient  peut-être  des  Vies  de  Plutarque  (^Vic  de  Pyrrhus'), 
ce  qui  invite  à  rapprocher  le  chapitre  du  groupe 
d'essais  inspirés  par  les  F/V.f  de  Plutarque  vers  1572 
(I,  xxxviii,  I,  XLi,  I,  XLiv,  I,  XLV,  I,  xLvii).  Il  y  a 
donc  des  probabilités  assez  grandes  pour  que  l'essai 
De  l'iiiequalite  qui  est  entre  nous  soit  de  la  première 
période  au  moins  dans  sa  majeure  partie.  Par  sa 
composition  fragmentaire  il  était  tout  préparé  à  rece- 
voir des  additions,  et  sans  doute  il  en  a  reçu.  Trois 
emprunts  tout  à  fait  textuels  aux  Œuvres  morales, 
traduites  par  Amyot  (distance  de  beste  à  besle,  Her- 
modorus,  le  roy  Seleucus...),  n'ont  pu  y  prendre 
place  qu'à  la  fin  de  1 572.  Peut-être  une  grande  partie 
du  chapitre  leur  est  antérieure. 


Chapitre   XLIII. 


Di;S      LOIX      SOMPTVAIRES. 


p.  345,  1.  i.-Nos  loix).  Pour  comprendre  l'oppor- 
tunité de  cet  essai  il  faut  se  rappeler  qu'au  xvr  siècle, 
sous  l'influence  de  l'Italie,  le  luxe  se  développa  avec 
une  extrême  rapidité,  les  modes  se  transformant  avec 
une  promptitude  exceptionnelle,  et  que  sans  cesse  les 
rois  inter\-inrent  par  des  lois  et  des  édits  pour  empê- 
cher les  conséquences  funestes  de  ces  excès.  On 
estimait  qu'il  était  de  grande  importance  de  distinguer 
les  rangs  par  les  costumes  et  de  ne  pas  permettre  au 
vulgaire  de  s'habiller  comme  les  grands.  Les  fortunes 
sombraient  souvent  dans  ces  courses  effrénées  au 
luxe  où  chacun  cherchait  à  surpasser  ses  voisins.  Les 
finances  publiques  en  souffraient  également,  car, 
au  début  du  siècle  tout  au  moins,  et  en  grande 
partie  même  pendant  tout  le  siècle,  les  soieries  et 
les  objets  de  parure  venaient  d'Italie  et  drainaient 
ainsi  chaque  année  des  sommes  importantes  hors  du 
pays.  Enfin  il  semblait  que  la  moralité  de  la  nation 
fut  intéressée  dans  cette  question.  Dans  l'impossibi- 
lité d'apporter  les  textes  du  temps  qui  illustreraient 
la  pensée  de  Montaigne,  je  me  contente  de  renvoyer 
à  l'une  quelconque  des  nombreuses  histoires  du 
costume  en  France  qui  ont  été  publiées  depuis  une 
quarantaine  d'années.  Quicherat  écrit,  par  exemple  : 
«  Ce  même  monarque  (François  I'-'')  qui  faisait  de 
sa  maison  le  temple  de  la  parure  se  vit  bientôt  obligé 
de  mettre  en  interdit  les  choses  dont  la  parure  tirait 
son  principal  éclat.  Les  financiers  chargés  de  l'admi- 
nistration des  deniers  de  la  couronne,  calculant  avec 
douleur  les  sommes  portées  à  l'étranger  par  l'acqui- 
sition de  tant  d'articles  coûteux,  érigèrent  en  principe 
la  nécessité  des  lois  somptuaires,  si  bien  que  ces  lois. 


renouvelées  à  plusieurs  reprises,  sous  le  règne  de 
François  P",  devinrent  l'une  des  pratiques  habituelles 
du  gouvernement.  Tous  les  rois,  jusques  et  y  compris 
Louis  XIV,  en  ont  usé  à  leur  tour.  En  1518  parut 
un  édit  contre  l'importation,  la  vente  et  la  mise  en 
œuvre  de  toutes  les  soieries  de  luxe.  Ce  que  nous 
appelons  soieries  de  luxe  comprenait  les  draps  d'or 
et  d'argent,  le  velours,  le  satin,  le  damas,  le  camelot, 
le  taffetas  broché  ou  brodé  d'or,  même  le  taffetas  uni 
de  couleur  cramoisie.  Les  marchands  qui  avaient  de 
ces  étoffes  en  magasin,  devaient  s'en  défaire  dans  le 
délai  de  six  mois,  soit  en  les  réexpédiant  au  dehors, 
soit  en  les  vendant  pour  l'usage  exclusif  des  princes 
du  sang  ou  de  l'Eglise...  Une  autre  ordonnance, 
rendue  en  1532,  ne  concerna  que  les  financiers  et 
gens  d'affaires.  Il  fut  intimé  aux  personnes  de  cette 
classe  de  s'abstenir  de  draps  de  soie,  de  fourrures, 
des  chaînes  d'or  d'un  trop  grand  poids,  et  de  ne  pas 
faire  leurs  filles  trop  belles  et  trop  riches  lorsqu'ils 
les  mariaient...  Le  chancelier  Olivier,  imbu  de  la 
foi  aux  lois  somptuaires,  mit  en  jeu  tous  les  ressorts 
du  gouvernement  pour  les  rendre  plus  efficaces 
qu'elles  n'avaient  été  jusque-là.  C'est  lui  qui,  au  risque 
d'ameuter  tout  le  beau  sexe  du  royaume,  étendit 
aux  femmes  le  dernier  édit  rendu  par  François  1" 
contre  l'emploi  de  l'or  et  de  l'argent  dans  le  vêtement 
des  hommes  (édit  de  1543).  Cette  mesure  était  le 
prélude  d'une  ordonnance  plus  complète  à  laquelle 
il  fit  consentir  le"  roi  en  1549.  Il  ne  s'agissait  plus 
seulement  de  mettre  un  frein  à  l'exportation  du 
numéraire  :  les  considérants  alléguaient  le  devoir 
imposé  à  l'autorité  de  maintenir  la  décence  publique 


LIVRE      I,      CHAPITRE      XLIII. 


133 


en  même  temps  que  la  distinction  des  rangs.  A  l'in- 
terdiction de  trop  riches  ornements  s'ajoutait  la 
gradation  de  ceux  qui  seraient  tolérés.  La  loi  descendit 
jusqu'à  régler  à  quelle  place  du  vêtement  les  choses 
de  luxe  s'appliqueraient.  Les  couleurs  et  qualités  des 
étoffes  furent  appropriées  à  la  condition  de  chacun... 
A  l'avènement  de  Charles  IX...  des  députés  aux 
Etats  généraux  d'Orléans  déplorèrent  les  désordres 
domestiques  occasionnés  par  le  luxe  des  habits.  On 
signala  la  tendance  de  tout  le  monde  à  y  dépenser 
même  l'argent  qu'on  n'a  pas...  On  rétablit  les  prohi- 
bitions décrétées  par  Henri  IL  On  augmenta  le  chiffre 
des  amendes.  On  introduisit  même  des  peines  corpo- 
relles. Tout  domestique  récalcitrant  devenait  passible 
de  la  prison,  et  les  tailleurs,  surpris  en  récidive  à 
mettre  aux  habits  des  ornements  défendus,  devaient 
recevoir  le  fouet  de  la  main  du  bourreau.  Quant  aux 
marchands  d'étoffes,  ils  étaient  privés  de  tout  recours 
en  justice  à  raison  des  fournitures  qu'ils  auraient  faites 
à  crédit.  L'ordonnance  fut  rendue  le  22  avril  1561, 
affichée,  criée,  trompettée  comme  loi  fondamentale 
du  royaume;  et  cependant  il  fallut  la  renouveler  dès 
le  mois  de  janvier  1563,  en  faisant  l'aveu  qu'elle 
n'avait  pu  être  exécutée  à  cause  des  troubles,  et  que, 
bien  qu'elle  eût  dû  servir  d'avertissement,  le  luxe 
avait  fait  de  nouveaux  progrès  ;  car  à  la  folie  des  étoffes 
somptueuses  s'était  jointe  celle  des  façons  si  compli- 
quées que  la  main-d'œuvre  surpassait  la  matière  du 
double  et  du  triple.  On  prit  texte  là-dessus  pour 
proscrire  toute  façon  qui  s'élèverait  à  plus  de  éo  sous  ; 
et  les  affaires  des  tailleurs  et  merciers  n'en  allèrent 
pas  plus  mal,  puisque  le  gouvernement  revint  encore 
à  la  charge  le  23  avril  1573,  en  gémissant  de  la 
manière  la  plus  pitoyable  sur  son  impuissance... 
Tel  est  le  sort  des  lois  quand  elles  ne  sont  pas  les 
mêmes  pour  tout  le  monde.  Les  édits  de  Charles  IX 
ne  différaient  pas  en  ce  point  de  ceux  de  ses  prédé- 
cesseurs. Il  donnait  carte  blanche  aux  princes  pour 
user  de  ce  que  bon  leur  semblerait,  et  la  plupart  des 
choses  défendues  aux  personnes  du  commun,  il  les 
autorisait  en  faveur  de  quiconque  suivait  la  cour. 
Que  pouvaient  produire  de  pareilles  exceptions  chez 
un  peuple  où  tout  hobereau  entendait  trancher  du 
prince,  où  tout  le  monde  aspirait  à  paraître  de  la 


cour?...  Il  reste  de  Henri  lU  deux  édits  somptuaires, 
l'un  rendu  en  1577,  l'autre  en  1583.  Le  premier  était 
un  rappel  aux  règlements  des  règnes  antérieurs;  mais 
on  en  fit  si  peu  de  cas  que,  lorsque  les  ordonnances 
de  Henri  II  et  de  Charles  IX  défendaient  aux  gentils- 
hommes d'habiller  les  domestiques  d'étoffes  précieuses, 
Bussy  d'Am  boise  affecta  de  se  présenter  au  Louvre 
avec  six  pages  couverts  de  drap  d'or  depuis  la  tête 
jusqu'aux  pieds...  L'édit  de  1583  fut  au  contraire 
exécuté  avec  une  rigueur  qui  n'était  pas  dans  les 
habitudes  de  Henri  III.  Il  alla  jusqu'à  autoriser  l'incar- 
cération de  plus  de  trente  dames  de  Paris,  tant  nobles 
que  bourgeoises,  quoique  le  texte  de  l'ordonnance 
ne  portât  pas  d'autre  punition  que  des  amendes.  » 
(Pp-  353>  379j  397j  399>422.)  Comme  on  le  voit  par 
ce  dernier  texte,  la  manie  des  ordonnances  somptuaires 
continua  après  la.  publication  des  Essais.  Henri  IV 
à  son  tour  rendra  trois  édits  contre  les  soieries  et 
clinquants.  On  peut  supposer  que  l'essai  de  Mon- 
taigne a  été  suggéré  par  l'édit  de  1573  ou  par  celui 
de  1577;  mais  cette  hypothèse  n'est  pas  nécessaire, 
et  il  suffit  de  constater  que  les  préoccupations  aux- 
quelles il  répond  étaient  dans  l'air. 

P.  346,  1.  15.  Corrigea  Zeleiiciis).  Cf.  Diodore  de 
Sicile  :  «  Que  la  femme  de  condition  libre  ne  puisse 
mener  après  elle  plus  d'une  chamberiere  si  elle  n'est 
}'\-re  :  ny  ne  puisse  sortir  hors  de  la  ville  la  nuict  si 
elle  n'est  putain.  Pareillement  qu'à  l'homme  ne  loise 
porter  en  son  doigt  anneau  d'or,  ny  robhe  délicate 
comme  sont  celles  des  draps  tj'ssus  en  la  ville  de 
Milet,  s'il  n'est  sodomite  ou  putier.  Et  ainsi  par  ces 
exceptions  si  honteuses  et  si  villaines,  il  divertissoit 
ingénieusement  les  personnes  des  superfluitez  et 
délices  pernicieuses.  »  (XII,  v,  f''  45  r°.) 

P.  346,  1.  27.  Oiiidqiiid  principes).  «  Tout  ce  que 
font  les  princes,  il  semble  qu'ils  le  commandent.  » 
(Quintilien,  Declaiiiationes ,  III.)  Montaigne  a  pris 
cette  citation  non  pas  directement  chez  Quintilien, 
mais  dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse. 

P.  347,  1.  I.  Le  reste  de  la  France).  Beaucoup  de 
moralistes  ont  insisté  sur  cette  idée  que  l'exemple 
des  gouvernants  est  tout-puissant  auprès  des  sujets. 
Cf.  en  particulier  Platon,  Lois,  I,  iv. 

P.  347,  1.  13.  Tiercelets  &  quartekts  de  Roys).  Image 


134 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


empruntée  de  la  fauconnerie  :  le  tiercelet  est  le  mâle 
du  faucon,  de  l'épervier,  etc.,  d'un  tiers  plus  petit 
que  la  femelle.  Cette  image  se  rencontre  chez  les 
conteurs.  Rabelais  (III,  ix)  a  parlé  de  «  tiercelets  de 
Job».  Tabourot  écrit  dans  les  Bigamircs,  IV,  ii  : 
«  Ils  ronflent  sur  le  pavé,  ils  tranchent  des  tiercelets 
de  prince,  et  deviennent  si  arrogans  que  les  rues  ne 
sont  pas  capables  de  les  tenir.  »  Régnier  parle  de 
«  tiercelets  de  poètes  ».  Montaigne  enchérit  plaisam- 
ment par  le  terme  de  «  quartelets  »  qu'il  semble 
imaginer  pour  la  circonstance.  Je  ne  crois  pas  qu'il 
fût  en  usage  au  xvi'=  siècle.  Le  dictionnaire  de  Gode- 
froy  n'en  cite  qu'un  exemple  du  xV  siècle,  exemple 
dans  lequel  le  mot  a  une  acception  très  différente. 
P.  347,  1.  19.  Platon  en  ses  loix).  «  Nusquam 
cognosci  assero,  quàm  magnam  ludorum  genus  ad 
legum  conditarum  stabilitatem  &  mutationem  habeat 
potestatem . . .  Sin  autem  mutetur  id  genus,  novique 
ludi  quotidie  inducantur,  semperque  novis  delectetur 
juventus,  tum  figuris  gestibusve  corporis,  tum  reliquo 
apparatu  &  suppellectili  :  ac  decens  &  indecens  in 
his  rébus  aliter  in  dics  &  aliter  judicent,  atque  inven- 
tores  novarum  rerum,  colorum  scilicet  &  figurarum 
cœterorumque  hujusmodi  semper  honorent  :  pestem 
hac  nullam  civitati   majorem   fore  censemus,   recte 


admodum  judicantes.  Mutât  enim  juventutis  mores 
occulte  facitque  ut  prisca  quidem  vilia,  nova  vero 
digna  honore  videantur...  nihil...  assero  perniciosius 
civitaiibus  esse...  Mutationem  aio  omnibus  in  rébus 
pnx'terquam  malis  esse  periculosissimam  in  tem- 
porihus  omnibus  inventis,  in  dia;ta  corporum,  in 
moribus  animorum,  In  omnibus  simpliciter  pnvter- 
quam  in  malis...  Omnes  enim  eas  leges  colunt,...  in 
quibus  educati  sunt  :  si  illœ  di^•ina  quadam  fortuna 
longis  temporibus  stabilité  fuerint  :  adeo  ut  nullus 
aut  recordetur,  aut  audiverit  eas  unquam  se  aliter 
habuisse.  »  (VII,  pp.  797-798;  éd.  de  1546,  p.  S28.) 

Chronologie  :  La  source  de  cet  essai  est  un  pas- 
sage de  Diodore  de  Sicile  que  Montaigne  lit  dans  la 
traduction  d'Amyot.  Or  Montaigne  a  certainement 
lu  cette  traduction  vers  1572,  puisqu'on  trouve  des 
traces  de  cette  lecture  dans  les  essais  I,  xvi,  et  I,  xxiii. 
Rien  ne  prouve  qu'il  l'ait  étudié  à  nouveau  entre 
cette  date  et  1580.  Voilà  qui  fortifie  la  présomption 
que  nous  pouvons  tirer  à  première  vue  de  la  place 
occupée  par  cet  essai  :  il  e.st  tout  entouré  de  chapitres 
qui  appartiennent  à  la  première  période.  Il  y  a  donc  des 
chances  sérieuses  pour  que  lui  aussi  soit  de  la  première 
période. 


Chapitre   XLW 


DV    DORMIR. 


P.  349,  1.  I.  Mesnic  chemin).  Cf.  Sénèque,  ÉpUrcs  : 
«  Nec  hoc  dico  sapientem  uno  semper  iturum  gradu, 
sed  una  via.  »  (Ép.  20.) 

P.  349,  1.  13.  Alcxandn-  le  grand).  Cf.  Plutarque, 
Vie  d'Alexandre  le  Grand  :  «  Apres  que  ses  capitaines 
se  furent  retirez  en  leurs  logis,  il  se  jetta  dessus  un 
lict  en  sa  tente,  là  ou  il  s'endormit  tout  le  reste 
de  la  nuict,  plus  serré  qu'il  n'avoit  accoustumé,  de 
manière  que  les  seigneurs  qui  vindrent  à  son  lever 
le  matin,  s'esbahirent  bien  fort,  comme  il  dormait 
encore,  &  d'eulx  mesmes  feirent  commandement  au.\ 
.soudards  qu'ilz  mangeassent  :  puis  voians  que  le  temps 
les  pressoir,  Parmenion  entra  dedans  sa  chambre, 
&  s'approchant  de  son  lict  Tappella  deux  ou  trois  fois 
par  .son  nom,  tant  qu'il  l'esveilla,  &  lui  demanda 
comment  il  dormoit  ainsi  si  haulte  heure,  en  homme 
qui  a  desja  vaincu,  &  non  pas  qui  est  prest  a  donner 
la  plus  grande  &  la  plus  hasardeu.se  battaille  qu'il 
eut  onques  :  à  quoy  Alexandre  luy  respondit  en 
riant.  Comment,  &:  ne  te  semble  il  pas  que  nous 
ayons  desja  vaincu.  »  (11,  f"  476  v".) 

P.  349,  1.  18.  L'Empereur  Othon).  Id.,  Vied'Othon  : 
«  (Othon)  commencea  à  reconforter  ses  serviteurs, 
&  leur  distribuer  libéralement  son  argent,  aux  uns 
plus,  aux  autres  moins  :  ne  le  jettant  point  prodigale- 
ment  sans  considération,  comme  deniers  appartenans 
desjà  à  autruy,  ains  y  gardant  diligemment  propor- 
tion, &  mesure  selon  le  mérite  de  chascun  :  puis 
après  les  avoir  envoyez,  alors  il  se  reposa  et  s'endormit 
tout  le  reste  de  la  nuict  :  tellement  que  ses  valets  de 
chambre  l'entendoient  ronfler,  tant  il  dormoit  profon- 
dement. »  (viii,  f'  733  v*".) 


P.  350, 1.  6.  Car  Caton).  Id.,  Vie  de  Caton  d'Utique  : 
«  s'endormit  d'un  fort  profond  sommeil,  tellement  que 
ceulx  qui  estoient  hors  de  la  chambre  l'entendoient 
bien  ronfler.  Environ  la  minuict  il  appella...  Butas 
celuy  duquel  il  se  servoit  le  plus  es  affaires  d'estat, 
&  l'envoya  sur  lé  port  veoir  si  tous  ceulx  qui  s'es- 
toient  embarquez,  avoient  fait  voile...  Peu  après 
retourna  Butas  qui  luy  rapporta  que  tous  les  autres 
avoient  foit  voile,  excepté  Crassus  qui  estoit  encore 
demouré  pour  quelque  affaire,  et  qu'il  s'en  alloit 
embarquer,  mais  qu'il  faisoit  un  grand  vent,  et  y 
avoit  une  grosse  tourmente  en  la  mer...  (Caton) 
renvoya  Butas  derechef  sur  le  port  pour  veoir  si 
aucuns  auroient  point  relasche,  qui  eussent  affaire 
de  quelque  chose  pour  le  luy  venir  dire.  Les  petits 
ovseaux  commençoient  desja  à  chanter,  &  luy  prit 
derechef  un  petit  de  sommeil,  mais  sur  ce  poinct 
retourna  Butas  qui  luy  dit  qu'il  n'y  avoit  bruit  quel- 
conque sur  le  port.  Caton  luy  dit,  qu'il  s'en  allast 
doncques,  &  qu'il  fermast  la  porte  après  luy,  se  ravalla 
dedans  son  lict,  comme  pour  dormir  ce  qui  restoit 
encore  de  la  nuict  :  mais  aussitost  que  Butas  eut  le 
dos  tourné  il  desguainna  son  espee,  et  s'en  donna  un 
coup  au  dessoubz  de  l'estomach.  »  (xix,  f°  549  v°.) 

P.  350,  1.  15.  En  ce  grand  et  dangereux  orage).  Id., 
ihid.  :  «  Metellus  entrant  en  son  Tribunat,  faisoit  des 
assemblées  &  harengues  séditieuses,  esquelles  il  meit 
en  avant  au  peuple  un  décret,  par  lequel  estoit  porté 
que  Pompeius  fust  au  premier  jour  r'appellé  avec 
son  armée  en  Italie...  Le  Sénat  fut  assemblé  la  dessus, 
auquel  Caton  ne  parla  pas  d'entrée  aigrement,  ny  de 
trop  grande  véhémence  contre  Metellus...  mais  cela 


136 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


éleva  encore  plus  en  audace  &  en  gloire  Metellus, 
&  feit  qu'il  commencea  à  avoir  Caton  en  mespris... 
Adonc  Caton  changeant  de  visage,  de  voix,  &  de 
parole,  après  luy  avoir  parlé  fort  asprement,  en  fin 
protesta  roidement,  que  tant  comme  il  auroit  vie 
au  corps  il  ne  souffriroit  que  Pompeius  entras!  avec 
armes  en  la  ville  de  Rome...  Quand  le  jour  fut 
escheut  auquel  on  devoit  faire  passer  cest  edict  par 
les  voix  du  peuple,  Metellus  ne  faillit  pas  d'avoir  ses 
gens  en  ordonnance  sur  la  place,  force  estrangers, 
force  esclaves,  &  force  escrimeurs  à  oultrance  tous 
en  armes,  avec  ce  qu'il  y  avoit  une  bonne  partie  de 
la  commune  qui  desiroit  le  retour  de  Pompeius 
pour  l'espérance  de  quelque  mutation,  &  si  estoit 
leur  affaire  grandement  favorisé  &  fortifié  de  la  part 
de  Cœsar,  qui  lors  estoit  Prêteur.  Et  a  l'opposite, 
de  l'autre  costé  les  plus  gens  de  bien  de  la  ville  se 
courrouceoient  bien  avec  Caton,  &;  disoient  comme 
luy,  que  c'estoit  une  grande  méchanceté,  mais  ilz 
ne  luy  aidoient  point  pourtant  :  à  l'occasion  dequov 
ses  parents  &  domestiques  en  estoient  en  grand  soucy 
&  en  grande  peine,  de  sorte  qu'il  y  en  eut  qui 
passèrent  la  nuict  ensemble  sans  vouloir  reposer 
&  sans  boire  ny  manger,  pour  le  danger  auquel  ilz 
voyoient  sa  vie,  &  mesmement  sa  femme  &  ses 
sœurs  ne  faisoient  autre  chose  que  plorer  &  se  tour- 
menter en  sa  maison,  là  ou  luy  tout  au  contraire 
parloit  asseureement,  et  reconfortoit  tout  le  monde  : 
&  après  avoir  souppé  comme  de  coustume,  il  s'en  alla 
coucher,  &  dormit  de  fort  profond  sommeil  jusquej 
au  matin,  que  Munatius  Thermus  l'un  de  ses  compa- 
gnons au  Tribunat  le  vint  csveiller.  »  (mu,  f°  535  V.) 
P.  351,  1.  5.  En  la  bataille  navale).  Cf.  Suétone, 
Vie  d'Auguste  :  «  Sub  horam  pugnx-  tam  arcto  repente 
somno  devinctus,  ut  ad  dandum  signum  ab  amicis 
excitarctur.  Unde  prajbitam  Antonio  materiam  putem 
exprobrandi,  ne  rectis  quidem  oculis  eum  adspiccrc 
potuisse  instruciam  aciem.  »  (xvi.) 


P.  351,  1.  12.  Quant  au  jeune  Marins).  Cf.  Plu- 
tarque.  Vie  de  Sylla  :  «...  toutefois  les  autres... 
disent  que  Marins  ne  veit  pas  seulement  la  hattaille, 
pource  qu'estant  aggravé  de  travail  et  de  faulte  de 
dormir,  il  se  coucha  dessoubz  quelque  arbre  à  l'umbre, 
pour  se  reposer  un  petit,  après  avoir  desja  baillé  le 
signe  et  le  mot  de  la  battaille,  et  s'endormit  si  serré, 
qu'à  peine  se  peut  il  esveiller  pour  le  bruit  de  la 
roupte  et  fuitte  de  ses  gens.  »  (xiii,  f"  529  v".) 

P.  351,  1.  21.  Le  Roy  Perseus).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Paul-Emile  :  «  Toutesfois,  il  v  en  a  quelques  uns, 
qui  escrivent  une  nouvelle  et  bien  estrange  sorte  de 
sa  mort  :  car  ilz  disent  que  les  soudards  qui  le  gar- 
doient,  aians  conceu  quelque  despit  &  quelque  haine 
à  rencontre  de  luv,  &  vovans  qu'ilz  ne  luy  pouvoient 
faire  autre  mal  ny  autre  desplaisir,  l'empescherent 
de  dormir,  prenans  songneusement  garde  quand  le 
sommeil  lu}'  venoit,  &  le  gardans  de  pouvoir  clorre 
l'œil,  en  le  contraignant  par  toute  voye  &  tout 
moien  de  veiller  &  demourer  sans  dormir,  jusques 
à  ce  que  ne  pouvant  plus  durer  en  tel  estât,  il  y 
mourut.  »  (F"  176  v°.) 

P.  3  5 1, 1.  22.  Pli}ie  en  allègue).  Cf.  Histoire  naturelle  : 
«  MïEcenati  triennio  supremo  nullo  hon\;  momento 
contigit  somnus.  »  (VII,  lu.) 

P.  351,  1.  24.  //  r  a  des  nations).  Cf.  Hérodote, 
IV,  xxv;  t.  I,  f'  25e  r". 

P.  351,  1.  26.  Cens  qui  escrivent).  Cf.  Diogène 
Laerce,  Vie  d'Épiménide  :  «  Epimenides  lvii  annos 
perpétues  obdormivit.  »  (I,  eix;  éd.  de  1556,  p.  86.) 

Chronologie  :  Cet  essai  est  bâti  de  cinq  passages 
empruntés  aux  Vies  de  Plutarque.  Il  mérite  donc 
d'être  rapproché  du  groupe  d'essais  inspirés  des  Vies 
de  Plutarque  vers  1572,  et  comme  la  place  qu'il 
occupe  dans  le  volume  le  lai.ssait  prévoir,  il  est  très 
probablement  de  la  première  période. 


Chapitre   XLV. 


DK      LA      BATAILLE      DE      DKKVX. 


P.  552,  1.  I.  Bataille  de  Dreux).  Bataille  gagnée  par 
les  catholiques  sur  les  protestants  le  19  décembre  1 562, 
pendant  la  première  guerre  de  religion.  On  peut  voir 
le  récit  de  cet  incident  chez  de  Thou  (iv,  480). 

P.  352,  1.  13.  Philopa'inen).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Philopa-men  :  «  Quand  ce  vint  à  chocquer,  Machanidas 
avec  ses  estrangers  chargea  si  rudement  quelques  gens 
de  traict  et  quelques  archers  que  Philopœmen  avoit 
mis  au  devant  de  la  battaille  des  Achitiens,  pour 
commencer  &  attacher  l'escarmouche,  que  d'arrivée 
il  les  tourna  tous  en  fuitte  :  mais  au  lieu  d'aller  tout 
d'une  tire  droit  à  l'encontre  des  Acheiens  qui  estoient 
en  battaille,  pour  essayer  de  les  rompre,  il  s'amusa 
à  chasser  ces  premiers  fuyans,  &  passa  tout  au  long 
des  Acheiens  qui  teindrent  bien  leurs  rencs.  Geste 
roupie  si  grande  estant  advenue  tout  au  commence- 
ment de  la  battaille,  il  sembloit  bien  à  beaucoup  de 
gens,  que  tout  fust  perdu  &  ruiné  pour  les  Acheiens  : 
mais  Philopœmen  feit  semblant  que  ce  n'estoit  rien, 
&  qu'il  n'en  faisoit  point  de  compte  :  &  voiant  la 
grande  faulte  que  faisoient  les  ennemis  de  poursuyvre 
ainsi  à  toute  bride  ces  avant  coureurs  qu'ils  avoient 
rompus,  &  d'esloigner  la  bataille  de  leurs  gens  de 
pied,  qu'ilz  laissoient  tous  nuds,  &  abandonnoient 
la  place  vuide,  il  ne  leur  alla  point  au  devant  pour 
les  arrester,  ny  ne  s'efforcea  point  de  les  garder 
qu'ilz  ne  chassassent  ceulx  qui  fuyoient,  ains  les 
laissa  passer  oultre  :  &  quand  il  veit  qu'ilz  estoient 
assez  esloignez  de  leurs  gens  de  pied,  adonc  il  feit 
marcher  les  siens  contre  les  Laceda;moniens  qui 
avoient  les  flancs  desnuez  de  gens  de  cheval,  &;  les 
chargeant  à  costé  en  se  hastant  de  gaigner  à  la  course 


l'un  des  flancs,  il  les  meit  en  roupie  avec  un  bien 
grand  meurtre...  Apres  ceste  desconfiture,  il  revint 
au  devant  de  Machanidas  qui  retournoit  de  la  chasse 
avec  ses  estrangers.  »  (vi,  f''  252  v".) 

P.  3)3,  1.  7.  En  cette  aspre  bataille  d'Ai;esilaiisj.  Id., 
Vie  d'Agesilas  :  «  Xenophon  qui  se  trouva  en  ceste 
battaille  du  costé  d'Agesilaus,  a\ec  lequel  il  estoit 
revenu  de  l'Asie,  escrit  qu'il  n  en  tut  jamais  une 
telle...  Agesilaus  pouvant  avoir  la  victoire  entière 
sans  aucun  danger,  s'il  eust  seulement  voulu  laisser 
passer  le  battaillon  des  Thebains,  et  puis  les  charger 
sur  la  cueuë  après  qu'ilz  eussent  esté  passez,  par  une 
opiniastreté  de  vouloir  monstrer  sa  prouesse,  &  par 
une  ardeur  de  courage  aima  mieux  leur  donner  en 
teste,  et  les  alla  chocquer  de  front,  ne  les  voulant 
vaincre  sinon  à  vive  force.  Les  Thebains  de  l'autre 
costé  le  receurent  non  moins  courageusement,  &  y 
eut  là  une  meslee  tort  aspre  par  tous  les  endroits 
de  la  battaille,  mais  principalement  au  lieu  ou  il 
estoit,  entre  les  cinquante  jeunes  hommes  qui  luy 
avoient  esté  envoyez  pour  la  garde  de  sa  personne, 
la  vaillance  desquelz  luy  vint  adonc  fort  à  propos... 
ilz  ne  le  peurent  neantmoins  sauver  d'estre  bien 
blecé...  jusques  à  ce  que  finablement  voians  qu'il 
estoit  trop  mal  aisé  de  forcer  les  Thebains  de  tront, 
ilz  furent  contraints  de  faire  ce  qu'ilz  n'avoient  pas 
voulu  du  commencement  :  car  ilz  s'ouvrirent  pour 
les  laisser  passer,  puis  quand  ilz  furent  passez,  pre- 
nans  garde  qu'ilz  marchoient  en  desordre,  comme 
ceulx  qui  cuidoient  bien  estre  hors  de  tout  danger, 
ilz  les  suivirent,  et  courans  au  long  d'eulx  les  rechar- 
gèrent de  nouveau  par  les  flancs  :   mais  pour  cela 


138 

encore  ne  les  peurent  ilz  tourner  eu  fuitte  à  val 
de  roupie,  ains  se  retirèrent  les  Thebains  au  petit 
pas  à  la  montagne  de  Helicon,  se  sentans  tort 
fiers  de  l'événement  de  ceste  battaille,  en  laquelle 
ilz  s'estoient  quand  à  eulx  maintenus  invincibles.» 
(vi,  f°  424  r".) 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


Chronologie  :  Cet  essai  semble  inspiré  par  un 
exemple  pris  aux  Fies  de  Plutarque  (T/c  de  Pbilopœiiini) 
qui  évoque  le  souvenir  d'une  aventure  analogue 
survenue  à  la  bataille  de  Dreux.  Il  fait  donc  partie  du 
groupe  des  essais  inspirés  par  les  Fies  de  Plutarque 
vers  1572. 


Chapitre   XLVI. 


DES    NOMS. 


p.  354,  1.  3.  Galimafree).  Les  pots-pourris  de  cette 
sorte  ne  sont  pas  rares  dans  le  genre  des  leçons  dont 
Montaigne  semble  s'être  inspiré  au  début  de  sa  carrière 
d'écrivain.  A  titre  d'exemple  on  peut  voir,  dans  les 
Œuvres  morales  et  diversifiées  de  Jean  des  Caurres,  le 
chapitre  (vu,  53)  intitulé  :  a  Enseignemens  divers  de 
nature  et  recueil  non  impertinent  de  choses  diverses  à 
cause  de  brieR^eté,  assemblées  comme  en  un  vaisseau.  » 

P.  354,  1.  6.  Certains  noms  fatalement  affecte:;^).  Je 
trouve  dans  YOfficina  de  Ravisius  Textor  une  liste 
de  noms  ainsi  affectionnés  par  les  monarques  de 
différents  pays;  les  Ptolémées  d'Egypte  y  figurent 
avec  beaucoup  d'autres. 

P.  354,  1.  10.  Le  nom  Je  Giiienne).  Cf.  Bouchet, 
Annales  d'Aquitaine  :  «  L'Aquitaine...  fut  nommée 
Guienne  comme  il  e.st  vrai  semblable  a  cause  des  ducs 
qui  ponerent  le  nom  de  Guillaume.  Lesquelz  par  long 
temps  possédèrent  toute  Aquitaine.  »  (F°  98  v°.) 

P.  554,  1.  13.  Henry,  Duc  de  Normandie).  Id., 
ihid.  :  «  L'année  après  et  en  l'an  mil  cent  soixante 
et  treze,  Henri  le  jeune  retourna  en  Normandie  où 
il  assigna  un  festin,  qui  fut  faict  magnifiquement  et 
en  grand  sumptuosité.  Et  afin  que  croiez  qu'il  y  eut 
beaucoup  de  Chevaliers,  celui  qui  a  fait  la  prosecution 
de  la  Cronique  de  Sigibert,  récite  qu'il  se  trouva 
en  une  salle  où  estoient  Guillaume  de  Sainct  Jehan, 
Seneschal  de  Normandie  &  Guillaume,  filz  de  Hai- 
mon,  Seneschal  de  Bretaigne,  &  frère  dudit  Heurj-  : 
lesquelz  deux  Seneschaux,  par  singularité,  &  afin 
qu'il  en  fust  mémoire,  entreprindrent  que  tous  ceux 
qui  avoient  le  nom  de  Guillaume,  dîneroient  ensemble 
€n  la  dicte  Salle,  et  non  autres  :  ce  qu'on  fi.st  scavoir 


au  Roy  Henry  le  jeune  qui  le  voulut  (^  fist  faire 
commandement  a  tous  les  Chevaliers,  nommez 
Guillaume,  de  se  trouver  au  dict  disner  en  la  dicte 
Salle  :  &  défense  à  tous  autres  de  non  y  entrer,  fors 
ceux  qui  les  seryiroient.  Et  ilz  se  trouvèrent  cent 
&  dix  Chevaliers  du  dict  nom  :  sans  les  simples 
Escuiers  ou  Seniteurs.  »  (F"  84  v".) 

P.  ^54,  1.  21.  L'Empereur  Geta).  Cf.  .Elius  Spar- 
tien,  Histoire  Auguste,  Antoninus  Geta  :  «  Habebat 
(Geta)  istam  consuetudinem  ut  convivia,  &  maxime 
prandia  per  singulas  litteras  juberet  scientibus  servis, 
velut  in  quo  erat  anser,  aprugna,  anas  &c.  »  (v.) 
Le  fait  est  rapporté  chez  beaucoup  de  compilateurs 
et  moralistes  du  temps.  Cf.  Bouaystuau,  Histoires 
prodigieuses,  éd.  de  1567,  p.  107;  Du  'Verdier,  Suite 
des  Diverses  leçons,  III,  xxiii  ;  Droit  de  Gaillard,  Méthode 
de  l'histoire,  p.  524;  Crinitus,  De  honesta  disciplina, 
XIV,  II.  Je  crois  que  Montaigne  a  pris  le  fait  chez 
ce  dernier  auteur  qui  répète  à  peu  près  textuellement 
les  mots  de  Spartien. 

P.  355,  1.  5.  Un  nom  beau).  On  peut  rapprocher 
de  ceci  ce  qu'écrit  Gi  raidi  dans  ses  Dialogues  philo- 
sophiques :  «  Le  premier  don  que  le  père  faict  à  son 
fils  est  le  nom,  qu'il  doit  avoir  toute  sa  vie.  Et  pour 
ceste  cause  il  le  lui  doit  donner  honorable  à  fin  que 
de  là  commance,  avec  un  bon  présage,  la  \ie  de 
l'enfant  qui  se  doit  accoustumer  et  duire  aux  ensei- 
gnemens pour  estre  orné  de  vertu.  Car  il  semble  que 
le  nom  soit  quasi  comme  un  augure  de  la  qualité 
de  l'esprit,  que  l'entant  doit  avoir.  Et  de  là  vient  que 
je  n'aye  jamais  loué  ceux  qui  imposent  à  leurs  enfans 
le  nom  de  vautours,  lions,  léopards,  ours,  chiens  et 


140 


ESSAIS     DE     -MONTAIGNE. 


mastins  comme  si  les  enfans  dévoient  ressembler  à 
telles  bestes.  »  (Trad.  Chappuis,  1583.)  On  voit  que 
les  raisons  de  Montaigne  sont  moins  superstitieuses. 
Il  ne  saurait  d'ailleurs  être  question  ici  d'un  souvenir 
de  Giraldi. 

P.  355,  1.  17.  La  fondation  de  nosire  Dame  la  grand). 
Cf.  Bouchet,  Annales  d'Aquitaine,  f°  13  v°.  Le  récit  de 
Bouchet  est  un  peu  différent  de  celui  de  Montaigne, 
pourtant  il  est  vraisemblable  que  Montaigne  n'a  pas 
eu  d'autre  source.  Cf.  à  ce  sujet  mes  Livres  d'histoire 
moderne  utilisés  par  Montaigne,  p.  53  et  p.  223. 

P.  356,  1.  17.  Les  noms  Latins).  En  effet,  dans  les 
traductions  d'Amvot  la  forme  latine  domine  de  beau- 
coup dans  les  noms  propres,  aussi  bien  pour  les  noms 
grecs  que  pour  les  noms  latins.  Certains  aussi  sont 
francisés,  mais  en  petit  nombre,  et  seulement  les 
plus  connus,  ceux  pour  lesquels  la  tradition  impose 
un  nom  français.  Montaigne  semble  avoir  tenu  beau- 
coup à  cette  idée  :  on  a  pu  remarquer  que  dans 
l'essai  I,  xxxui,  il  a  désigné  la  fille  de  saint  Hilaire 
par  la  forme  latine  de  son  nom  «  Abra  »,  bien  qu'il 
ait  trouvé  dans  les  Annales  d'Aquitaine  de  Bouchet 
la  forme  francisée  «  Abre».  Cette  question  était  fort 
débattue  autour  de  Montaigne,  et  le  fut  longuement 
au  siècle  suivant.  (Cf.  Ménage,  la  Grammaire  de  Port- 
Roxal,  etc.)  Au  temps  de  Montaigne,  on  peut  consul- 
ter du  Bellay,  Deffence  et  illustration,  II,  vi,  qui  est 
d'un  avis  contraire  au  sien;  Pelletier  du  Mans  est 
du  sentiment  de  Montaigne,  et  il  en  est  de  même  de 
Bouaystuau  qui  s'explique  très  nettement  à  ce  sujet 
dans  les  préfaces  du  Théâtre  du  Monde  et  des  Histoires 
prodigieuses  :  «  Au  reste  (lecteur),  je  te  veux  advertir 
que  j'ay  laissé  exprès  grand  nombre  de  noms  propres 
grecs  et  latins  en  leur  langue  (contre  la  coustume 
de  ceux  qui  cscrivent  aujourd'liui)  afin  que  ceux 
qui  voudront  conférer  le  latin  avec  le  françois  de 
quelques  autheurs  rares  que  je  cite  en  mon  œuvre, 
puissent  avec  moindre  labeur  les  recouvrer  chez  les 
imprimeurs  et  libraires.  » 

P.  356,  1.  26.  De  tresmauvaise  consexjtience) .  \'oyez 
des  critiques  semblables  dans  Tabourot  des  Accords, 
Bigarrures,  W,  11. 

P.  358,  1.  I.  ]e  parte).  Dans  le  Journal  de  l'oyage 
on  constate  que  Montaigne  laisse  ses  armoiries  en  de 


nombreux  endroits  :  à  Plooibières,  à  Augsbourg,  etc. 
A  Pise  il  les  iît  blasonner  «  dorate,  e  di  bei  colori, 
per  un  scudo  e  mezzo  di  Francia;  e  poi  al  bagno 
impastarle...  su  una  tavola  e  questa  ta  vola  la  feci 
chiodare  molto  soUecitamente  al  muro  délia  caméra 
dove  io  stava,  con  quel  patto,  che  si  tenessino  date 
alla  caméra,  non  al  capitan  Paulino  padrone  d'essa 
e  che  in  ogni  modo  non  ne  fussino  spiccate  cheche 
dovesse  accadere  délia  casa  per  di  qui  innanzi.  E  cosi 
mi  fu  promesso,  e  giurato  da  lui.  »  (P.  433.) 

P.  358,  1.  9.  Cette  gloire  &  réputation).  Cf.  pour 
les  mêmes  idées  plus  loin  l'essai  II,  xvi,  401. 

P.  358,  1.  15.  Pour  Ions  potages).  Cf.  ci-dessus 
I,  XLii,  p.  338,  1.  2. 

P.  358,  1.  18.  A  Guesquin).  Les  formes  Guesquin 
et  Gueaquin  sont  communément  chez  Bouchet,  An- 
nales d'Aquitaine,  f°  120  v";  Glesquin  se  rencontre 
chez  Froissart.  Sur  le  véritable  nom  du  connétable, 
cf.  Froissart,  m,  75,  passage  qui  très  certainement 
n'est  pas  la  source  de  Montaigne.  Ménage  comptait 
quatorze  manières  de  désigner  ce  personnage. 

P.  358,  1.  19.  En  Lucien).  Allusion  au  Jugement 
des  Voyelles  par  Lucien. 

P.  358,  1.  20.  Non  levia).  «Il  ne  s'agit  pas  ici  d'un 
prix  frivole  et  de  peu  de  valeur.  »  (Virgile,  Enéide, 
XII,  764.) 

P.  358,  1.  24.  Nicolas  Denisot).  Peintre  et  poète,  né 
au  Mans  en  1515,  se  fit  appeler  «Conte  d'Alsinois» 
anagramme  de  son  nom.  Voir  à  son  sujet  Du  V'erdier, 
Bibliothèque  françoise,  p.  904,  et  La  Croix  du  Maine, 
p.  140,  Sur  le  goût  des  anagrammes  au  xvi"  siè-cle;  cf. 
du  Bellay,  Deffence,  11, 9  ;  Tabourot,  Bigarrures,  i,  9,  etc. 

P.  358, 1.  27.  L'Historien  Suétone).  On  rencontre  le 
nom  de  son  père  Lenis  dans  la  Vie  d'Otlxm,  x.  Mais 
Montaigne  se  souvient  probablement  d'une  Vie  de 
Suétone  qu'il  trouvait  sans  doute  en  tête  de  son  édition  : 
«  Pat  rem  habuit  Suetonium,  cognomento  Lenem... 
A  pâtre  filius  Tranquilli  cognomen  accepisse  creditur  : 
Nam  cum  ille  Lenis  sit  cognominatus,  hic  eodem 
significato,  non  eodem  verbo  dictus  est  Tranquillus.  » 

P.  359,  1.  4.  Antoine  Escalin).  R.  Escalin,  baron 
de  la  Garde,  dit  le  capitaine  Poulin  ou  Polin,  est  un 
officier  de  fortune  qui  se  distingua  dans  la  carrière 
militaire  et  dans  celle  des  ambassades  sous  les  règnes 


LIVRE      I,      CHAPITRE     XLVI. 


141 


de  François  I'"'  et  de  ses  successeurs.  Il  était  de  bas 
lieu  et  s'en  faisait  gloire.  Nommé  lieutenant-général 
des  galères  en  1544,  il  fut  plusieurs  fois  destitué  puis 
réintégré  dans  ses  fonctions.  Il  mourut  en  mai  1578. 
De  Tliou  parle  fréquemment  de  lui.  Cf.  I,  75, 
I,  420,  II,  126,  VI,  17,  VI,  22,  VI,  52;  mais  c'est 
surtout  Brantôme  qui  nous  renseigne  sur  le  baron 
de  la  Garde;  cf.  I\^,  139.  Bien  que  Montaigne 
l'appelle  Antoine  Escalin  et  le  père  Anselme  Antoine 
Paulin,  M.  Lalanne  a  remarqué  qu'il  signe  toujours 
R.  Escalin. 

P.  359,  1.  9.  L'histoire  a  coniij.  Cf.  Diogènc  Laerce 
à  la  fin  des  Fies  de  Socrate,  Platon,  Aristote,  Xéno- 
phon,  Démétrius  et  Théodore. 

P.  359,  1.  17.  Id  ciiierem).  «  Croyez-vous  que  cela 
touche  la  cendre  et  les  mânes  des  morts  dans  leurs 
tombeaux?»  (Virgile,  Enéide,  IV,  34.) 

P.  359,  1.  20.  Consiliis).  «Mes  hauts  taits  ont 
anéanti  la  gloire  de  Lacédémone.  »  Ce  vers  traduit 
du  grec  par  Cicéron,  Tusculanes,  V,  xvii,  est  le  pre- 
mier des  quatre  vers  élégiaques  qui  furent  gravés  au 
bas  de  la  statue  d'Epaminondas.  (Pausanias,  IX,  xv.) 

P.  359,  1.  22.  A  sole  exoriente).  «Depuis  le  soleil 
levant    jusqu'au    delà    des    palus    Méotides    il    n'est 


personne  dont  les  hauts  faits  puissent  s'égaler  aux 
miens.  »  (Cicéron,  Tiiscidams,  V,  xvii.) 

P.  360,  1.  6.  Ad  hax  se).  «Voilà  l'espérance  qui 
a  mis  en  mouvement  les  généraux  romains,  grecs  et 
barbares,  voilà  ce  qui  leur  fit  affronter  mille  dangers  et 
mille  travaux  :  tant  il  est  vrai  que  l'homme  est  plus 
altéré  de  gloire  que  de  vertu.  »  (Juvénal,  X,  137.) 

Chronologie  :  Cet  essai  fait  quatre  emprunts  aux 
Annales  d'Aquitaine  de  Jean  Bouchet  (étymologie  du 
mot  Guj'enne;  le  banquet  des  cent  dix  Guillaume,  la 
fondation  de  nostre  Dame  la  grand;  les  formes 
diverses  du  nom  de  Du  Guesclin).  Montaigne  lit  les 
Annales  d'Aquitaine  aux  environs  de  1572;  l'essai 
Des  noms  est  donc  suivant  toute  vraisemblance  de  la 
première  période,  au  moins  dans  sa  majeure  partie. 
Notons  encore  qu'il  est  antérieur  à  l'essai  De  la  gloire 
(II,  xvi)  :  en  effet,  au  chapitre  De  la  gloire,  revenant 
sur  un  sujet  déjà  traité  ici,  Montaigne  écrit  :  «De  cecy 
j'en  ai  parlé  ailleurs.  »  On  peut  remarquer  enfin  que 
la  phrase  sur  le  baron  de  la  Garde  (p.  359,  1.  4) 
semble  avoir  été  écrite  avant  la  mort  de  ce  person- 
nage survenue  en  mai  1578. 


Chapitre   XI.VII. 


DK      L   IXCERTITVDE      DU      NOSTRH      IVGEMEXT 


P.  561,  1.  2.  E-£wv).  H'uiilc,  XX,  249.  Montaigne 
traduit  ce  vers  après  l'avoir  cité. 

P.  361,1.  4.  Vinse).  «  Annibal  vainquit  les  Romains, 
mais  il  ne  .sut  pas  profiter  de  sa  victoire.  »  (Pétrarque, 
sonnet  82;  éd.  de  1550,  sonnet  83,  p.  162.)  C'est  la 
traduction  d'un  mot  fameux  de  Tite-Live,  XXII,  u. 

P.  361,  1.  7.  Moutconiour).  Victoire  des  catholi- 
ques le  5  octobre  1569.  Tavannes  voulait  poursuivre 
les  vaincus,  mais  les  courtisans  du  duc  d'Anjou 
firent  décider  qu'on  assiégerait  Niort,  Saint-Jean- 
d'Angély,  etc.,  et  compromirent  ainsi  les  résultats 
de  la  victoire. 

P.  361,  1.  9.  A  Saiiict  Otu'iitin).  Le  u)  août  1357, 
le  connétable  de  Montmorency,  venu  pour  débloquer 
Saint-Quentin,  où  Coligny  était  assiégé  par  cinquante- 
six  mille  Espagnols  commandés  par  Philibert-Emma- 
nuel, duc  de  Savoie,  subit  une  terrible  défaite.  Les 
Espagnols  .semblaient  pouvoir  espérer  beaucoup  de 
cette  victoire.  En  l'apprenant  Charles-Quint  demanda 
si  .son  fils  était  à  Paris.  Mais  l'armée  espagnole  resta 
-SOUS  les  murs  de  la  villle  de  Saint-Quentin,  qui  fut 
prise  et  brûlée  le  27  août. 

P.  362,  1.  3.  Ditin  forinnn).  «Lorsque  la  fortune 
entraine  tout,  lorsque  tout  cède  à  la  terreur.  ■>  (Lu- 
cain,  VII,  734.) 

P.  362,  1.  8.  Cœsar).  Cf.  Plutarque,  Vie  de  César  : 
«  Et  fut  Cîesar  ce  jour  là  en  si  grand  desespoir  de 
ses  affaires,  que  quand  Pompeius,  pour  quelque 
crainte  ou  par  quelque  envie  de  fortune  eut  faillv  de 
mettre  fin  à  ceste  grande  besoigne  &  se  fut  retiré  en 
son  camp,  .se  contentant  d'avoir  r'embarré  &  chassé 
ses  ennemis  jusques  dedans  le  leur,  Civsar  retournant 
au  sien  avec  ses  amis,  dii  hauh  &  clair,  La  victoire 


esioit  aujourd'huy  à  nos  ennemis,  s'ilz  eussent  eu 
un  chef  qui  eust  sceu  vaincre.  »  (\i,  f"  505  v°.) 
Cf.  en  outre  Vie  de  Pompée,  xvin,  f°  457  r". 

P.  362,  1.  10.  Liiy  chaussa  bien  aiitreiiienl  les  espérons). 
A  PharsaJe.  Cf.  la  .suite  du  récit  de  Plutarque. 

P.  362,  1.  17.  Au  desespoir).  Cf.  la  même  idée  dans 
la  République  de  Bodin,  \ ,  v  :  «  C'est  chose  dange- 
reuse que  de  combattre  gents  désespérés...  Quant  aux 
exemples  des  anciens  les  histoires  en  sont  pleines  : 
mais  il  n'y  en  a  point  de  plus  illustre  que  de  l'armée 
de  César  qui  estoit  au  dernier  désespoir  quand  Pompée 
donna  la  bataille  en  Pharsalie...  »  Je  ne  crois  point  que 
Montaigne  ait  emprunté  ceci  à  la  République  de  Bodin  : 
il  est  plus  probable  qu'il  y  a  eu  rencontre  entre  ces 
deux  auteurs;  la  question  était  classique.  Je  la  retrouve 
chez  Rabelais,  I,  xLiii;  elle  revient  chez  Guillaume 
du  Bellay,  Tiistrucfiofts  sur  le  faicl  de  la  i^uene,  II,  11, 
et  toujours  avec  les  mêmes  exemples  traditionnels  : 
«  Si  l'on  gaigne,  on  doit  suyvir  la  victoire  à  toute 
diligence,  et  imiter  César  en  ce  cas,  et  non  pas  Annibal 
lequel  perdit  de  venir  au-de,ssus  des  Romains  après  ce 
qu'il  les  eut  vaincuz  à  Cannes.  «  l'"lle  est  encore  dans 
les  Politiques  de  Juste  Lipse,  \',  x\  111,  etc. 

P.  362,  1.  21.  Monsieur  de  Voix).  A  Ravenne, 
le  II  avril  15 12,  le  jour  de  Pâques,  Gaston  de  Poix, 
.s'étant  jeté  sur  une  bande  d'Espagnols  qui  se  refor- 
maient, .se  trouva  presque  seul,  accompagné  seulement 
de  quelques  gentilshommes  qui  furent  \ite  entourés 
et  massacrés. 

P.  362,  1.  25.  Serisoles).  \"ictoiie  remportée  le 
14  avril  1544,  après  un  combat  acharné,  par  le  comte 
d'Enghien  sur  le  marquis  del  Guasto. 

P.    362,   1.    28.    Gravissiiui  suul).    <«  Kien   de    plus 


C IIAPITKK      XLVII. 


143 


violent  que  les  morsures  de  la  nécessité  aux  abois.  » 
(Juste  Lipse,  Politiques,  \,  xviii,  d'après  Ponius  Latro.  i 

P.  362,  1.  29.  Vincitiir).  «  On  vend  cher  la  victoire 
à  son  adversaire  quand  on  défie  la  mort.  »  (Lucain, 
IV,  275.) 

P.  362,  1.  30.  Pl.kuiLX).  Cf.  Diodore  de  Sicile, 
XII,  XXIV,  f"  68  r\ 

P.  363,  1.  3.  Clodoiiiire).  Cf.  Bouchet,  Annales 
d'Aquitaine  :  «Mais  Clodomires...  gaigna  la  bataille 
et  mist  en  fuyte  les  Bourgongnons  &  leur  Roy 
Gondemar,  lequel  fut  suivy  par  Clodomires  par  si 
grand  rudesse  et  colère,  qu'il  s'esloigna  trop  de  ses 
gens.  Car,  comme  il  fust  assez  loing,  le  Roy  Gon- 
demar retournant  sur  luy,  par  grand'  fureur  et  indi- 
gnation coucha  sa  lance  et  abattit  Clodomires,  qui 
demeura  mort  en  place.  «  (F"  38  r".) 

P.  363,  1.  9-  Sertorius).  Cf.  Plutarque,  Fie  de 
Sertorius,  \. 

P.  363,  1.  10.  Bnitns).  Id.,  Ile  de  Bnitiis,  ix. 

P.  363,  1.  10.  Civsar).  Cf.  Suétone,  Vie  de  César  : 
«  Milites  habehat  tam  cultos,  ut  argento  &  auro  politis 
armis  ornaret  :  simul  &  ad  speciem,  &:  quo  tenaciores 
eorum,  in  pr;ïlio,  essent,  metu  damni.  »  (lxvii.) 

P.  363,  1.  13.  Raison),  dict  Xenophon.  Cf.  Xéno- 
phon,  Cyropédie  :  «  Alii  adigebant  rhedas  quas  ceperant, 
refertas  mulieribus  pulcherrimis,  partim  uxoribus, 
partim  pellicibus...  Asiatici  enim  exercitus...  secum 
habent  res  omnis  preciosissimas,  inquientes  pugna- 
cioris  se  esse,  ubi  adsint  quœ  habent  charissima  : 
cogi  enim  his  ferre  auxilium.  »  (IV,  m,  p.  124.) 

P.    363,   1.    19.   A   l'on   remarque).   Cf.  Tite-Live, 

IX,    XL. 

P.  363,  1.  20.  Aiitioe/.'us).  Cf.  Aulu-Gelle,  Xiiits 
attiques  :  «  Rex  contemplatione  tanti,  ac  tam  ornati 
exercitus  gloriabundus,  Annibalem  aspisit  :  et,  putasne 
inquit,  conferri  posse,  ac  satis  esse  credis  Romanis 
hitc  omnia?  tum  Pœnus  eludens  ignaviam,  imbel- 
liamque  militum  ejus  pretiose  armatorum  :  satis 
plane,  inquit,  satis  esse  credo  Romanis  hxc  omnia, 
etiamsi  avarissimi  sunt.  «  (V,  v.) 

P.  363,  1.24.  Licurgus).  Cf.  Plutarque,  Diets  nota- 
bles des  Lacedœmoniens  :  «  Quelqu'un  luy  demandoit 
pour  quelle  cause  il  leur  avoit  défendu  de  despouiller 
les  corps  de  leurs  ennemis  morts  :  de  peur,  dit-il. 


que  samusans  la  te.ste  basse  à  recueillir  ces  despouilles, 
ils  ne  se  souciassent  point  de  combattre  ce  pendant, 
ains  qu'ils  entendissent  seulement  à  garder  leur  pau- 
vreté &  leur  reng.  »  (F°  221  r".) 

P.  364,  1.  5.  ViteUius).  Id.,  Vie  d'Otbon  :  «Les 
Prétoriens  qui  \'enoient  de  Rome  estoient  delicatz, 
mois  &  efleminez,  pour  le  long  séjour  qu'ilz  avoient 
eu  sans  guerre,  en  repos  &  en  oysiveté  dedans 
Rome...  ceulx  de  \'itellius  approchans  des  murailles 
de  la  ville,  se  moquèrent  de  ceulx  d'Othon  qui 
estoient  aux  créneaux  les  appellans  beaux  dan.seurs, 
&  beaux  joueurs  de  farces  qui  n'avoient  jamais  rien 
vu  que  des  jeux  &  des  festes  :  mais  de  guerre  ny  de 
faicts  d'armes  &  de  battailles  ne  sçavoit  que  c'estoit, 
&  que  leur  plus  grande  prouesse  estoit  d'avoir  trenché 
la  teste  à  un  pauvre  vieillard  tout  nud,  entendans 
de  Galba;  mais  de  se  présenter  en  pleine  campagne  en 
battaille  devant  des  hommes,  qu'ilz  n'en  avoient  pas 
le  courage.  Ces  paroles  injurieuses  les  picquerent,  irri- 
tèrent &  enflammèrent  si  bien,  qu'ilz  vindrent  d'eulx 
mesmes  supplier  Spurina,  qu'il  leur  commandast  ce 
qu'il  luy  plairoit,  6c  que  désormais  ilz  ne  refuseroient 
travail  ne  péril  quelconque.  »  (m,  f°  730  r°.) 

P.  364,  1.  28.  L'accident  de  Pyrrhus).  Id.,  Vie  de 
Pyrrhus  :  «  Baillant  ses  armes  &  son  manteau  à  l'un 
de  ses  familiers  qui  se  nommoit  Megacles,  &  s'estant, 
par  manière  de  dire,  caché  dedans  celles  de  Megacles, 
il  retourna  en  la  meslee  contre  les  Romains,  qui  le 
receurent  et  le  sousteindrent  vaillamment,  de  sorte 
que  la  battaille  dura  fort  longuement  en  doubte.  Car 
Ion  dit,  que  les  uns  &  les  autres  fouyrent  &  chas.se- 
rent  par  sept  fois,  pource  que  l'eschange  d'armes  que 
feit  le  Roy,  fut  bien  à  propos  pour  la  seureté  de  sa 
personne,  mais  il  s'en  fallut  bien  peu  qu'il  ne  luy 
gastast  tout,  et  ne  luy  feist  perdre  la  battaille,  à 
cause  que  plusieurs  des  ennemis  se  ruèrent  ensemble 
sur  ce  Megacles  qui  portoit  les  armes  du  Roy  :  et  le 
premier  qui  l'assena  au  vif,  &  le  porta  par  terre  mort, 
aiant  nom  Dexter,  luy  osta  soudainement  l'armet  de 
la  teste,  6c  prit  son  manteau,  &  s'en  courut  à  tout 
vers  Albinus,  criant  tout  hault  qu'il  avoit  occis 
Pyrms,  en  monstrant  les  despouilles  qu'il  luy  pensoit 
avoir  ostees.  Lesquelles  estans  portées  au  long  des 
bendes,  &  monstrees  de  main   en   main  par  tout. 


144 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


apportèrent  aux  Romains  une  resjouissance  grande  : 
&  au  contraire  un  estonnement  et  tristesse  grande 
aux  Grecs,  jusques  à  ce  que  Pyrrus  en  estant  adverty 
s'en  alla  passer  la  teste  nue  &  le  visage  descouvert 
au  long  de  toutes  ses  trouppes,  tendant  la  main  aux 
soudards,  &  leur  donnant  à  entendre  à  vive  voix 
que  c'estoit  luy.  »  (viii,  f°  276  r".)  Je  n'ai  trouvé 
dans  aucune  édition  le  nom  «  Démogaclès  »  que 
Montaigne  écrit  par  erreur  au  lieu  de  «Mégaclès». 
«  Levinus  »  est  la  leçon  de  1565  et  des  éditions  posté- 
rieures; l'édition  princeps  de  1559  portait  «  Albinus». 

P.  365,  1.  2.  Alexandre).  Id.,  Vie  d'Alexandre,  v. 

P.  365,  1.  4.  Agis).  Id.,  Vie  d' Agis  et  ClAvnène,  iv. 

P.  365,  1.  6.  A  la  bataille  de  Pharsak).  Id.,  Vie 
de  Pompa  :  «  Pompeius  estant  à  cheval  alloit  considé- 
rant l'ordonnance  &  la  contenance  des  uns  &  des 
autres,  &  obser\-a  que  ses  ennemis  attendoient  tous 
de  pied  quoy  sans  bouger  de  leurs  rengs,  le  temps 
&  le  signe  de  charger  :  &  au  contraire,  que  la  plus- 
part  de  ses  gens  n'avoient  pas  la  patience  d'attendre 
ferme  en  un  lieu,  ains  branloit  &  flottoit  à  faulte 
d'expérience  &  de  bien  sçavoir  le  métier  de  la  guerre  : 
à  l'occasion  dequoy  il  eut  peur  qu'ilz  ne  se  desben- 
dassent,  avant  mesmeque  la  battaille  fust  commencée  : 
si  enjoignit  expressément  à  ceulx  des  premiers  rengs, 
qu'ilz  demourassent  fermes  sur  leurs  marches  en 
defence,  &  que  soy  tenants  bien  serrez  ensemble  ilz 
attendissent  sans  bouger  le  choc  de  i'ennemv.  Qesar 
depuis  blasma  ce  commandement  là,  pour  autant 
(disoit  il)  que  cela  affoiblit  la  violence  que  le  courir 
donne  aux  premiers  coups,  &  quand  &  quand  oste 
l'eslancement  des  combattans  les  uns  contre  les  autres, 
qui  a  accoustumé  de  les  remplir  d'impétuosité  &  de 
fureur  plus  que  nulle  autre  chose,  quand  ilz  viennent 
à  s'entre-chocquer  de  roideur,  leur  augmentant  le 
courage  par  le  en,-  &  la  course,  &  rend  la  chaleur 
des  soudards  en  manière  de  dire,  refroidie  &  figée.  » 
(xix,  f°  458  V.)  Dans  ses  Instructions  sur  le  faict  de 
la  guerre,  1,  xiii,  Guillaume  du  Bellay  po.se  la  double 
question  de  savoir  s'il  faut  rester  coi  au  début  du 
combat  ou  courir  attaquer  l'ennemi,  et  s'il  faut 
l'assaillir  en  silence  ou  avec  grand  bruit. 

P.  365,  1.  25.  En  celte  vileine  bataille).  Hntre  .^r- 
taxerxès  et  Cyrus.  Cf.  Xénophon,  Anabasc,  \,  viii. 


P.  366,  1.  3.  Si  les  ennemis).  Cf.  Plutarque,  Pré- 
ceptes de  mariage  :  «  Les  capitaines  de  Cyrus  comman- 
dèrent à  leurs  soudards,  si  les  ennemis  leur  venoient 
courir  sus  avec  grands  cris,  qu'ils  les  receussent  sans 
mot  dire  :  et  au  contraire,  s'ils  venoient  les  assaillir 
en  silence,  qu'eulx  leur  couru.ssent  avec  grands  cris  à 
rencontre.  »  (xxxiv,  f°  148  V.)  Voici  la  traduction  du 
même  passage  par  La  Boétie  :  «  Aux  Grecs  qui  estoient 
avec  Cyre,  l'advertissement  que  leur  donnèrent  leurs 
capitaines,  ce  fut  :  Si  les  ennemis  les  chargeoient  en 
criant,  qu'ils  les  receussent  sans  mot  dire,  &  s'ils  les 
assailloient  sans  crier,  qu'en  criant  ils  les  repous- 
sassent. »  (P.  176.) 

P.  36e,  1.  5.  Au  passage  que  rEuiperenr).  Cf.  les 
Mémoires  des  frères  du  Bellay,  \\,  184,  et  surtout 
Guillaume  du  Bellay,  Instructions  sur  le  faict  de  la 
guerre,  II,  m,  où  les  arguments  pour  et  contre  sont 
longuement  déduits,  et  où  la  question  est  généralisée 
comme  elle  l'est  chez  Montaigne.  Il  faut  voir  encore 
la  même  question  dans  la  République  de  Bodin,  V,  v, 
et  surtout  dans  les  Discours  de  Machiavel  sur  la  pre- 
mière décade  de  Tite-Live,  II,  xii,  où  de  nombreux 
arguments  et  de  nombreux  exemples  de  l'antiquité 
sont  allégués  dans  les  deux  sens,  exemples  et  argu- 
ments dont  plusieurs  se  retrouvent  chez  Montaigne. 
Au  reste,  contrairement  à  Montaigne  qui  ne  conclut 
pas,  du  Bellay  se  décide  nettement  en  faveur  de 
l'offensive;  Machiavel  conseille  aux  peuples  bien 
armés  d'attendre  l'ennemi  chez  eux,  aux  peuples 
mal  armés  de  porter  la  guerre  chez  leurs  voisins. 

P.  367,  1.  14.  Scipion).  Dans  la  seconde  guerre 
punique.  C'est  un  des  exemples  qui  est  allégué  à  ce 
sujet  dans  les  Discours  de  .\laciiia\cl  sur  la  première 
décade  de  Tite-Live. 

P.  367,  1.  1*9.  Les  Athéniens).  .•Kutre  exemple  éga- 
lement allégué  par  Machiavel  au  même  endroit. 

P.  367,  1.  23.  Les  evenemens  &  issues).  Rapprocher 
ce  que  Montaigne  dit  ailleurs  dans  l'essai  I,  xxiv, 
p.  163,  1.  13,  et  dans  l'essai  III,  vin. 

P.  367,  1.  26.  Et  mak  consul tis).  «  .Souvent  les 
mesures  mal  prises  réussissent,  et  la  prudence  nous 
trompe;  la  fortune  n'est  pas  toujours  avec  ceux  qui 
le  méritent,  elle  va  sans  choix  errant  des  uns  aux 
autres.  C'est  qu'il  v  a  une  puissance  supérieure  qui 


LIVRE     I,     CHAPITRE     XLVII. 


145 


nous  domine,  qui  nous  gouverne,  et  qui  tient  sous 
ses  lois  toutes  les  choses  mortelles.  »  (Manilius,  IV, 
xcv.)  La  leçon  «fortuna  fallax»  que  Montaigne  suit 
ici  se  trouve  dans  diverses  éditions  du  xvi'=  siècle  et 
particulièrement  dans  celle  de  Lyon  (1566)  dont  il 
me  semble  avoir  fait  usage. 

P.  368,  ].  4.  Tîviœiis).  «  Sed  nos  multa  utpote 
fortunée  participes  inconsiderate  et  temere  loquimur.  » 
(P.  35;  éd.  de  154e,  p.  707.) 


Chronologie  :  Un  exemple  est  pris  aux  Annales 
d'Aquitaine  de  Bouchet  (Clodomire),  ce  qui  fixe  la 
composition  de  cet  essai  à  la  première  période  (envi- 
ron 1572).  Remarquons  d'ailleurs  que  presque  tous 
les  exemples  qui  l'emplissent  viennent  des  Vies  de 
Plutarque,  ce  qui  invite  à  penser  que  l'essai  est  tout 
à  fait  contemporain  de  la  plupart  de  ceux  qui  précè- 
dent et  qu'il  occupe  bien  la  place  que  la  chronologie 
devait  lui  assigner. 


Chapitre   XLVIII. 


DES    DESTRIES. 


P.  369,  1.  3.  Et  tVahlatif).  Rapprocher  I,  xxvi, 
p.  220,  1.  2. 

P.  369,  1.  4.  Funalcs  on  Dextraiios).  Montaigne  a 
pris  cela  chez  Suétone,  Vie  de  Tibère,  vi  :  «  Actiaco 
triumpho  curnim  Augusti  comitatus  est,  sinisteriore 
funah  equo,  quum  Marcellus  Octavi^e  filius  dexteriore 
veheretur.  »  Béroald  met  en  note  :  «  Taies  dici  viden- 
tur  funales  a  Tranquillo,  qui  erant  duo,  aher  dexter, 
alter  sinister,  juncti  currui  triumphantis  Augusti. 
Itidem  Statius  in  sexto  Thebaidos,  in  ludis  Archemori 
equuni  nomine  Tiiben  dixisse  videtur  funalem,  qui 
jugalis  crat,  &  in  cursu  equestri  Admeto  inserviebat.  » 
Dextrarius  est  un  barbarisme  qui  s'expHque  peut-être 
par  le  mot  dexterior. 

P.  369,  1.  7.  Adcstii'i).  Le  mot  est  tout  à  tait 
courant  dans  la  langue  du  moyen  âge;  on  lit  par 
exemple  dans  la  Chanson  de  Roland  : 

u  Esp.inelis  fors  le  vait  adcstram.  » 

(\  ers  2648;  cité  dans  le  dictionnaire  général 
d'Hatzfeld,  Darmesteter  et  Thomas.) 

P.  369,  !.  13.  Oiiibns,  desnltomni).  «Comme  nos 
cavaliers  qui  sautent  d'un  clieval  sur  un  autre,  ils 
avaient  coutume  de  mener  deux  chevaux  à  la  guerre, 
et  souvent,  au  fort  du  combat,  ils  se  jetaient  tout 
armés  d'un  cheval  fatigué  sur  un  cheval  frais,  tant 
leur  agilité  était  grande,  et  tant  leurs  chevaux  étaient 
dociles.  »  (Tite-Live,  XXIII,  xxix.) 

P.  370,  I.  3.  A  Ailihie).  Cf.  Hérodote  :  «  Fortune 
voulut  qu'Artybie  avec  son  cheval  rencontra  Onesilc, 
lequel,  selon  qu'il  a\oit  esté  dit,  fut  secouru  par  son 


coustiller,  qui  ne  faillit  datteinte.  Le  cheval  leva  les 
deux  pieds  sur  l'escu  de  Onesile,  mais  le  coustiller 
les  luy  sépara  d'une  faux  d'avec  le  corps,  tellement 
qu'Artybie  &  son  cheval,  tombèrent  en  la  place  sans 
aller  plus  loin.  »  (V,  cxii  et  cxui,  t.  I,  f°  361  r°.) 

P.  370,  1.  8.  Ce  ijne  les  Italiens  disent).  Cf.  Paul 
Jo\e,  Histoire  de  son  temps  :  «  Nec  ipse  (Carolus) 
levé  admodum  vita;  discrimen  subiisse  fertur,  quum 
perrumpcnte  aciem  Mantuano,  perturbatoque  toto 
agmine,  paene  desertus  obvertendo  frontem,  et  gla- 
dium  strigendo  propulsantis  equi  invicto  robore  se 
procul  dubio  servatum  fuisse  foteretur.  »  (II,  f"  42  r°.) 
On  peut  comparer  ce  que  dit  Comines  à  ce  sujet, 
VIII,  VI. 

P.  370,  1.  II.  Les  Manuneins).  Id.,  ihid.  :  «Equi 
Mamaluchorum  validi  atque  acres...  quodque  supra 
nostrorum  hominum  opinionem  esse  videtur,  tanta 
ingenii  docilitate  in  primis  prcestant,  ut  ad  nutus,  et 
ad  certas  sessorum  voces,  hastam  sagittamque  mor- 
dicus terra  sublevatam  porrigere,  hostem  agnoscere, 
atque  appetere  dentibus,  calcibus  cuncta  circumster- 
nere,  natura  consuetudineque  didicerunt.  »  (XVII, 
fo  202  r".) 

P.  S70,  1.  I).  Dn  i^'raïul  Poinpeins).  Cf.  Plutavque, 
Fie  de  Pompée,  x\ii. 

P.  370,  1.  17.  El  de  (^a-S(ir).  Id.,  Fie  de  César  : 
«  Or  d'estre  bien  à  cheval  &  y  avoir  ferme  tenue, 
ce  luy  estoit  chose  fort  aisée,  pource  qu'il  l'avoit 
apprise  des  .son  enfance,  s'estant  accoustumé  à  donner 
carrière  à  un  cheval  courant  à  toute  bride,  en  tenant  ses 
mains  entrelassees  derrière  son  dos.  »  (v,  f'  49S  r".) 


LIVRK      I,      CHAPITRi;      XLVIII. 


147 


Je  crois  que  Montaigne  a  pris  ce  fait  et  plusieurs  de 
ceux  qui  suivent  dans  le  commentaire  de  Suétone, 
par  Béroald,  Fie  de  César.  «  Plutar.  equitandi  usus 
Cc-esari  a  pueritia  facilis  adeo  exstitit,  ut  reilexis  in  ter- 
gum  manibus,  equum  velocissimis  concitare  cursibus 
sœpe  consueverit...  Lex  fertur  a  Cyro,  et  cavetur, 
turpe  esse  habenti  equum,  si  pedibus  visus  fuerit 
proficisci.  Trogus  et  Justinus  memorant,  Parthos 
equis  omni  tempore  vexari,  equis  bella,  equis  publica, 
et  privata  officia  obire,  super  equos  consistere,  mer- 
cari,  colloqui.  Apud  quos  inter  servos  ac  liberos  hoc 
est  discrimen,  quod  servi  pedibus,  libcri  equis  ince- 
dunt.  Equitatio,  ut  ait  Plinius,  stomacho  et  coxis 
utilissima.  »  (lvii.) 

P.  370,  1.  21.  Du  cheval  iV Alexandre).  Cf.  Aulu- 
Gelle,  V,  II. 

P.  371,  1.  3.  Civsar  en  avait).  Cf.  Suétone,  Vie  de 
César:  «  Utebatur  autem  equo  insigni,  pedibus  prope 
humanis,  et  in  modum  digitorum  ungulis  fissis... 
nec  patientem  sessoris  alterius,  primus  ascendit  :  cujus 
etiani  instar  pro  xde  Veneris  Genetricis  postea  dedi- 
cavit.  »  (lxi.)  Béroald  cite  en  note  des  témoignages 
de  Pline  et  de  Solin  sur  ce  cheval  de  César. 

P.  371,  1.  7.  Je  ne  démonte).  Rapprocher  ce  que 
Montaigne  dit  à  ce  sujet  dans  l'essai  III,  ix. 

P.  371,"  1.  9.  Platon  la  recoinaude).  Dans  les  Lois, 
p.  789;  éd.  de  1546,  p.  825. 

P.  371,  1.  9.  Aussi  dict  Pline).  Hist.  nat.,  XX\"III, 
XIV.  Pris  chez  Béroald.  Cf.  ci-dessus  note,  p.  370, 
1.  17. 

P.  371,  1.  12.  On  lict  en  Xeuophon).  Dans  la  C\ro- 
pédie:  «  Legem  ferimus  nobisipsis,  qua  caveatur  esse 
iis  turpe,  quihus  equum  ipse  dedero,  si  quis  nostrûm 
visus  fuerit  proficisci  pedes.  »  (IV,  m,  p.  128.)  Pris 
chez  Béroald.  Cf.  ci-dessus  note,  p.  370,  1.  17. 

P.  371,  1.  13.  Trogus  et  Jiistiniis).  Cf.  ]ustin,  Hist., 
XLI,  éd.  de  Paris  1578,  p.  294.  Pris  chez  Béroald. 
Cf.  ci-dessus  note,  p.  370,  1.  17. 

P.  371,  1.  19.  &  Suétone).  Cf.  Suétone,  Vie  de 
César  :  «  Ancipiti  prœlio  equos  diniittcbat,  et  in  primis 
suum,  quo  major  permanendi  nécessitas  imponeretur, 
auxilio  fugag  erepto.  »  (lx.) 

P.  371,  1.  24.  Quo  haitd  diéie).  «  Où  sans  nul 
doute  les  Romains  excellent.  »  (Tite-Live,  IX,  xxii.) 


P.  372,  1.  I.  Arma  projerri).  «  Il  commande  qu'on 
livre  les  armes,  qu'on  amène  les  chevaux,  qu'on 
donne  des  otages.  »  (César,  De  bello  gallico,  VII,  xi, 
et  passim.) 

P.  372,  1.  10.  Cbrysanthe^  en  Xenophon).  Dans  la 
Cvropédie,  W,  m,  où  Chn,-santhès  fait  un  long  éloge 
de  la  cavalerie. 

P.  372,  1.  10.  A  celle  de  vostre  cheval).  On  peut 
rapprocher  une  idée  toute  semblable  chez  Machiavel, 
De  l'art  de  la  guerre,  II,  v.  Voir  aussi  un  dévelop- 
pement analogue  chez  Brantôme,  IV,  CLXxiv.  Peut- 
être  le  passage  de  Brantôme  a-t-il  été  inspiré  par 
Montaigne. 

P.  372,  1.  16.  Cedehant  pariter).  «Ils  reculaient  en 
même  temps,  puis  en  même  temps  se  ruaient  au 
combat,  vainqueurs  comme  vaincus,  et  ni  les  uns 
ni  les  autres  ne  s'avaient  fuir.  »  (Virgile,  Enéide,  X, 
756.)  Le  texte  de  Montaigne  est  parfaitement  con- 
forme à  celui  qu'on  trouve  dans  son  édition,  f°  lét  r°. 

P.  372,  1.  19.  Primus  clamor).  «Les  premiers  cris 
et  la  première  charge  décident  du  combat.  »  (Tite- 
Live,  XXV,  XLi.) 

P.  372,  1.  24.  Du  boulet  qui  eschappc).  Machiavel 
n'est  guère  plus  favorable  aux  armes  à  feu  dans  son 
traité  de  VArt  militaire,  mais  il  faut  remarquer  que 
Machiavel  écrit  beaucoup  plus  tôt  que  Montaigne, 
vers  15 15.  Plus  près  de  Montaigne  et  après  lui, 
La  Xoue  est  d'un  avis  tout  différent  :  «  C'est  une 
lignée  que  les  harquebuses  ont  enfantée,  et  (pour 
en  dire  ce  qui  en  est)  ces  instruments-là  sont  diabo- 
liques, inventez  en  quelque  meschante  boutique  pour 
dépeupler  les  roj-aumes  et  republiques  de  vivans,  et 
remplir  les  sepulchres  de  morts.  »  {Disc,  politiques, 
xviii.)  Dans  le  Journal  de  voyage  Montaigne  parle  ainsi 
de  Silvio  Piccolomini  qu'il  rencontra  à  Florence  : 
«  Cuanto  al  fatto  di  guerra  spregia  assai  l'artiglieria  : 
e  in  questo  mi  piacque  molio.  Loda  il  libro  della 
guerra  di  Machiavelli,  e  segue  le  sue  opinioni.  » 
(P.  3S5.) 

P.  372,  1.  28.  Et  quo  ferre).  «  Lorsqu'on  abandonne 
au  vent  le  soin  de  diriger  ses  coups.  L'épée  est  la 
force  du  soldat  ;  et  toutes  les  nations  guerrières  com- 
battent avec  l'épée.  «  (Lucain,  VIII,  384.) 
I       P.  373,  1.  I.  J'en  parkrav).  L'essai  que  Montaigne 


148 


ESSAIS     DE      MOXTAIGXE. 


annonce  ici,  et  qu'il  a  écrit  effectivement,  ne  nous 
est  pas  parvenu;  il  lui  a  été  dérobé  par  un  secrétaire; 
d.  plus  loin  II,  IX,  et  II,  xxxvii,  au  début.  Il  convient 
de  remarquer  que  le  sujet  qu'il  y  traitait  l'avait  été 
auparavant  par  Machiavel,  De  l'art  de  la  guerre,  début 
du  livre  II. 

P.  373,  1.  16.  Magnum  stridens).  «Avec  un  brait 
strident  la  phalarique,  décochée  avec  force,  tomba 
comme  la  foudre.  »  (Virgile,  Enéide,  IX,  704.) 

P.  373,  1.  22.  Saxis  globosis).  «  Exercés  à  lancer 
sur  la  mer  av-ec  leur  fronde  des  cailloux  ronds,  et  à 
traverser  à  de  grandes  distances  des  cercles  de  petite 
dimension,  non  seulement  ils  atteignaient  leurs  enne- 
mis à  la  tête,  mais  ils  frappaient  l'endroit  du  visage 
qu'ils  voulaient.  »  (Tite-Live,  XXXVIII,  xxix.) 
Montaigne  abrège  très  sensiblement  le  texte  de  Tite- 
Live. 

P.  373,  1.  26.  Àd  ictus).  «  Au  bruit  terrible  dont 
retentissaient  les  murailles  sous  les  coups,  l'effroi  et  la 
panique  s'emparèrent  des  assiégés.»  (/;/.,  XXXVIII,  v.) 

P.  374,  1.  2.  Non  tain  patentibus).  «  La  largeur 
des  plaies  ne  les  effraye  pas,  lorsque  la  blessure  est 
plus  large  que  profonde  ils  s'en  font  gloire;  mais  si  la 
pointe  d'une  flèche  ou  une  balle  de  fronde  s'enfonce 
dans  leur  chair  en  ne  laissant  qu'une  trace  légère  à 
la  surface,  alors  l'idée  de  mourir  pour  une  atteinte 
si  insignifiante  les  transporte  de  rage  et  de  honte,  et 
ils  se  roulent  à  terre.  »  {Id.,  XXX\'III,  xxi.) 

P.  374, 1.  8.  Les  dix  mille).  Cf.  Xénophon,  Anahase  : 
«  Arcubus  utebantur  (barbari)  ternûm  cubitûm, 
sagittis  nihilo  binùm  cubitùm  brevioribus...  sagitt;e 
scuta  &  loricas  penetrabant.  Eas  nostri,  si  nacti  essent, 
amentabant,  ac  pro  jaculis  utebantur.  »  (IV,  n  ; 
éd.  de  1545,  p.  221.) 

P.  374, 1. 12.  Les  engins  que  Dionysins).  Cf.  Diodore 
de  Sicile  :  «  Et  feut  alhors  trouvé  à  Syracuse  l'engin 
à  tirer  gros  traits  massifz,  et  grosses  pierres  au  loing.  » 
(XIV,  XII,  f"  144  r°.) 

P.  374,  1.  15.  Z^  plaisante  assiette).  Cf.  Monstrelet  : 
«  Lequel  maistre  Pierre  Paoul,  docteur  en  théologie, 
clievauclioit  très  souvent  en  habit  de  docteur  avecques 
ledit  cardinal  parmy  Paris,  tout  d'un  costé  comme 
chevauchent  les  nobles  femmes.  »  (Éd.  de  1572,  XLvi, 
f»  61  r°.) 


P.  374,  1.  18.  Les  Gascons).  Id.,  ihid.  :  «En  outre 
estoient  avenus  au  mandement  du  Duc  d'Orléans  en 
ceste  armée  grand  quantité  de  Lombars  et  Gascons, 
lesquels  avoient  leurs  chevaux  terribles  et  accous- 
tumez  de  virer  en  courant,  que  ce  point  n'avoient 
accoustumé  les  François,  Picards,  Flamens  et  Bra- 
bansons  de  veoir,  et  pource  leur  sembloit  estre  grans 
merveilles.  »  (I,  lxvi.) 

P.  374,  1.  21.  Cwsar).  De  bello  gallico,  IV,  i.  11  est 
très  possible  que  Montaigne  ait  pris  ceci  chez  Ramus 
{De  moribus  GaJlorum)  qui  répète  à  peu  près  les  termes 
mêmes  de  César  :  «  Ca^sar  scribit...  libro  quarto  de 
Suevis  :  «  Equestribus  prœliis  sœpe  ex  equis  desiliunt 
ac  pedibus  pneliantur.  Equosque  eodem  remanere 
vestigio  assuefaciunt  ad  quos  se  celeriter  cum  usus 
poscit  recipiunt,  neque  eoram  moribus  turpius  quic- 
quam  aut  inertius  habeiur  quam  ephippiis  uti  :  itaque 
ad  quemvis  numeram  ephippiatorum  equitum  quam- 
vis  pauci  adiré  audent.  »  (Ed.  de  1559,  f"  19  v°.) 

P-  37 5 1  '•  7-  Ei  g^'i^)-  «  Les  Massiliens  montent 
leurs  chevaux  à  nu,  ils  ne  connaissent  pas  le  frein 
et  les  dirigent  avec  une  petite  baguette.  >>  (Lucain, 
IV,  682.) 

P.  37),  I.  9.  Et  Nuiuida').  «  Et  les  Numides 
montent  leurs  chevaux  sans  frein.  »  (Virgile,  Enéide, 
IV,  41.) 

P.  375,  1.  10.  E(]ui  sine  jrenis).  «Leurs  chevaux 
sans  frein  ont  une  allure  déplaisante,  le  cou  raide  et 
la  tête  portée  en  avant.  »  (Tite-Live,  XXXV,  xi.) 

P.  375,  1.  12.  Le  Roy  Alphonce).  Il  s'agit  d'Al- 
phonse XI,  roi  de  Léon  et  de  Castille.  Cf.  Antoine 
de  Guevara,  Épiires  dorées;  Lettres  au  Conte  de  Bena- 
vanle  Don  Alphonse  Pimentel,  par  laquelle  est  narré 
l'ordre  qu  avoient  les  anciens  Chevaliers  de  la  Bande  : 
«  Commandoit  l'ordre  que  nully  des  Chevaliers  de  la 
bande  osast  aller  à  cheval  sur  mule,  mais  sur  un  bon 
cheval,  si  n'y  osast  aller  sans  bande  en  public,  ny 
entrer  au  Palais  du  Roy  sans  espée,  ny  manger  sans 
bonne  compagnie  à  sa  maison  :  à  peine  que  si  en 
aucune  de  ces  dictes  choses  ledict  chevalier  faillist,  il 
payast  un  marc  d'argent  pour  la  lice  de  la  jouste.  » 
(Trad.  Guterrj',  éd.  de  1565,  f°  93  r°.) 

P.  375,  1.  lé.  Dorées).  Au  xvi'  siècle  cette  épithète 
s'emploie  au  sens  de  «sage,  plein  de  sagesse».  C'est 


LIVRE     I,     CHAPITRE     XLVIII. 


149 


en  ce  sens  qu'on  dit  :  «  Les  mots  dorés  de  Caton  » 
par  exemple.  Dans  les  Colloques  d'Erasme  on  lit  : 
«  Ce  petit  livre  en  parchemin  renferme  les  proverbes 
de  Salomon;  il  enseigne  la  sagesse,  et  il  est  doré 
parce  qije  l'or  est  le  symbole  de  la  sagesse.  »  (Trad. 
Develay,  p.  137.) 

P.  375,  1.  18.  Le  cortisaii).  Il  s'agit  du  Coiiegiaiio 
de  B.  Castiglione  qui  eut  un  succès  considérable 
au  xvi^  siècle.  »  Dicono  non  convenirsi  ai  giovani 
passeggiar  per  la  città  a  cavallo,  massimamente  nelle 
mule.  »  (II,  III.)  Le  traducteur  Colin  comprend 
comme  Montaigne  :  Le  nonobstant  les  vieillards 
(oultre  ce  que  dict  est)  blasment  en  nous  plusieurs 
choses  qui  en  eulx  ne  sont  ne  bonnes  ne  mau- 
vaises seulement  pource  qu'ilz  ne  les  faisoient  point. 
Et  dient  quil  n'est  convenable  aux  jeunes  gens  se 
pourmener  par  la  ville  a  cheval  principallement  sur 
mulles.  ))  (Éd.  de  Paris,  1537,  p.  73;  éd.  de  Lyon, 
1338,  i°  70  v°.) 

P.  375,  1.  19.  Les  Abyssins).  On  trouve  des  indica- 
tions sur  les  mules  des  Abyssins  dans  Paul  Jove, 
Histoire  de  son  temps,  XVIII,  mais  je  n'ai  pas  rencontré 
de  source  qui  explique  complètement  le  texte  de 
Montaigne. 

P.  375, 1.  21.  Xenofon).  Dans  la  Cyropédie:  «  Norunt 
enim  équestre  agmen  noctu  facile  turbari,  esséque 
usu  difficile,  prœsertim  barbarum.  Habent  enim  in 
prœsepio  equos  ligatis  pedibus,  ad  quos  si  quis  eat 
eos  et  solvere  noctu  et  frasnare  laboriosum  sit.  Ope- 
rosum  est  etiam  eosdem  ephippiis  sternere  atque 
loricis  induere  :  et  cùm  equum  ascenseris,  eum  agere 
per  castra  nullo  pacto  poteris.  Itaque  ob  hœc  omnia 
cùm  alii  barbari,  tum  illi  fossa  munitiones  circun- 
dant  :  simulque  existimant  cum  in  loco  sunt  munito, 
potestatem  priiestare  pugnandi  cùm  velint.  »  (III,  m; 
éd.  de  1551,  p.  ICI.) 

P.  376,  1.  I.  Son  Cinis).  Id.,  Ibid.  :  «  Nec  equis 
priusquam  essent  exercitati,  pabulum  injiciebat.  » 
(VIII,  I.)  Et  surtout  un  peu  plus  loin  dans  une  série 
d'instructions  que  donne  Cyrus  :  «  Neque  equis  sine 
exercitatione  pabulum  injicite.  »  (VIII,  vin.) 

P.  376,  1.  6.  Venit).  «  Vient  aussi  le  Sarmate  qui 
se  nourrit  du  sang  de  ses  chevaux.  »  (Martial,  Spec- 
taciil.  Ub.,  III,  4.) 


P.  376,  1.  7.  Ceux  de  Crotte).  Cf.  Valère  Maxime: 
«  Cretenses  obsidione  Metelli  ad  ultimam  usque  penu- 
riam  compulsi,  suâ,  jumentorumque  suorum  urinâ 
sitim  torserunt,  justius  dixerim  quam  sustentarunt.  » 
(VII,  VI,  ext.  I.) 

P.  376,  1.  10.  Les  armées  Turquesques).  Cf.  Paul 
Jove,  Ordo  ac  discipliiui  turcieœ  militix  :  «  Tertia  causa 
est,  quia  absque  pane  et  absque  vino  diu  vivere 
possunt,  oriza  et  aqua  contenti.  Sœpe  numéro  etiam 
cequo  animo  carent  carnibus.  Quod  si  contingat 
eos  orizam  quoque  minime  habere,  salitis  carnibus 
minutatim  contritis,  ac  velut  in  pulverem  redactis 
utuntur.  Nam  ejusmodi  pulveres  in  quibusdam  sac- 
culis  secum  ferunt  cumque  opus  est,  immixta  calida 
aqua,  dissolutis  ebibunt  atque  inde  nutriuntur.  Prce- 
terea  soliti  sunt,  prxsertim  cum  nimia  famé  laboratur, 
equos  phlebotomare  atque  illorum  sanguine  vitam 
propriam  alere.  » 

P.  37e,  1.  16.  Ces  nouveaux  peuples  des  Indes).  Cf. 
Lopez  de  Gomara,  Histoire  de  Fernand  Corte^  :  «  Venue 
a  Cortez  il  signor  di  quella  terra,  &  altri  quattro  o 
cinque  suoi  circonvicini,  con  buona  compagnia  di 
Indiani,  &  gli  portarono  galline,  &  galli,  frutte, 
&  altre  cose  di  provisione  per  l'essercito  suo,  &  fino 
a  quattrocento  pesi  d'oro  in  gioielli,  &  certe  piètre 
turchine  di  poco  valore...  Domandorono  perdonanza 
de  tutto  il  passato,  pregerono  che  li  ricevessero  per 
amici,  &  si  rimessero  nelle  sue  mani...  Annitrivano 
li  cavalli  &  cavalle  che  tenevano  ligati  nel  cortiglio 
del  tempio  di  dove  passavano,  a  certi  arbori  che  vi 
eran,  domandavano  li  Indiani  che  diceano,  alli  quali 
risposero  i  Spagnoli,  che  si  sdegnavano  perché  non 
li  castigano  per  havere  combattuto,  &  per  questo 
loro,  gli  davano  délie  rosse,  &  galli  perché  mangias- 
sero,  pregandogli  li  perdonassero.  »  (F°  32  r°.) 

P.  376,  1.  24.  Aux  Indes  de  deçà).  Cf.  Arrien  :  «  Les 
grands  chevauchent  des  Eléphants.  Car  ils  estiment 
estre  estât  magnifique  et  Royal  d'aller  monté  sur  un 
éléphant  :  et  le  premier  honneur  d'après,  d'aller  en 
coche  ou  autre  char  traisné  par  quatre  chevaux  :  puis 
après  d'aller  sur  un  chameau  :  et  n'estiment  pas 
honorable  à  une  personne  d'estre  porté  ou  charrié 
par  un  cheval  seul.  »  (P.  330.) 

P.  377,  1.  4.  Quintns  Fabius  Maxinuis  Rulilianus). 


ISO 


ESSAIS      DE      MONTAIGXE. 


Ou  plutôt  Rullianus.  Cf.  Tite-Live  :  «  Hqucs  autlicre 
L.  Cominio  Tribuno  militum,  qui  aliquoties  impctu 
capto  perrumpere  non  poterat  hostium  agmen,  de- 
traxit  fr£tnos  equis  :  atque  ira  concitatos  calcaribus 
permisit,  ut  sustinere  eos  nulla  vis  posset,  per  arma, 
per  viros  late  stragem  dedère.  »  (VIII,  xxx,  p.  253.) 
La  leçon  «  Rutilianus  »,  corrigée  par  Sigonius  en 
«  Rullianus  »  dans  les  éditions  qui  furent  publiées 
à  Venise  dans  la  seconde  moitié  du  xvi'  siècle,  est 
la  leçon  de  presque  toutes  les  éditions  du  temps,  et 
en  particulier  celle  de  l'édition  de  Francfort  de  1568. 

P.  377,  1.  II.  Id  cnm  maiore).  «  \'ous  rendrez  leur 
choc  plus  impétueux  si  vous  débridez  vos  chevaux 
pour  les  lancer  contre  les  ennemis;  c'est  une  ma- 
nœuvre qui  a  souvent  réussi  à  la  cavalerie  romaine  et 
lui  a  fait  honneur...  Ils  débridèrent  leurs  chevaux, 
percèrent  les  rangs  ennemis,  et,  retournant  sur  leurs 
pas,  les  traversèrent  encore  en  brisant  toutes  les  lances 
et  en  faisant  le  plus  grand  carnage.  »  (Jd.,  XL,  xl.) 

P.  377,  1.  15.  Le  Duc  de  Moscm'ie).  Cf.  Herburt 
de  Fulstin,  Histoire  des  Rois  de  Pologne  :  «  Le  duc  de 
Moscovie...  recognoissoit  &  payoit  tribut  aux  Tar- 
tares  d'oultre  le  fleuve  de  Rha  ou  Volga,  &  leur 
avoit  été  si  subject'  que  quand  leurs  ambassadeurs 
ou  courriers  venoient  demander  le  tribut,  ou  pour 
quelque  autre  occasion,  eux  estans  à  cheval,  il  falloit 
qu'il  allast  au  devant  tout  à  pié  leur  faire  la  révérence, 
&  leur  présenter  un  goubcau  de  laict  de  jument, 
breuvage  qu'ils  ont  fort  agréable,  et  si  en  beuvant 
quelque  goutte  en  tomboit  sur  le  crin  du  cheval,  il 
estoit  tenu  de  la  leicher  avec  la  langue.  »  (¥°  204  r".) 

P.  377,  1.  20.  L'armée  que  l'Empereur).  /</.,  ihid.  : 
«...  Dieu  envoya  tout  soudainement  un  froid  si 
extrême,  une  glace  et  tant  de  neige,  que  les  Turcs 
en  furent  tous  enclos,  tellement  qu'ils  ne  pouvoicnt 
aller  ni  avant  ni  arrière,  dont  presque  tous  leurs 
chevaux  moururent  de  faim  et  de  froid,  &  plus  de 
quarante  mille  hommes.  On  en  trouva  puis  après 
aucuns  qui  avoient  tué  &  éventré  leurs  chevaux, 
&  s'estoient  mis  dedans  pendant  qu'ils  estoient  encore 
tous  chaults.  »  (F"  212  v°.) 

P.  377,  1.  25.  Pajaiel).  Cf.  Chalcondyle  :  «  Pajazet 
mcsme  voyant  à  quel  party  ses  affaires  estoient 
réduits,  monta  abillement  sur  une  jument  Arabesque; 


&:  se  mit  à  fuyr  à  toute  bride...  Cependant  Pajazet 
fu3-oit  tousjours  tant  qu'il  pouvoir,  taschant  de  se 
sauver  de  vitesse,  &  les  Pzacataides  le  poursuivoient 
de  prés,  désirans  sur  tout  l'avoir  vif  en  leurs  mains... 
Mais  il  s'estoit  desja  fort  eslongné  d'eux  et  avoit  fait 
un  grand  chemin  estant  monté  à  l'advantage;  quant 
de  fortune  il  se  trouva  sur  le  bord  d'une  eau,  où  sa 
jument  pressée  de  la  soif,  s'arresta  pour  boire,  et  ne 
luy  fut  possible  de  l'en  destourner,  ne  la  faire  passer 
outre,  estant  fort  malmené  des  gouttes  aux  pieds  et 
aux  mains  :  De  sorte  que  sa  monture,  ayant  beu 
tout  à  son  aise,  elle  se  vint  soudainement  à  refroidir 
&  lascher;  ce  qui  donna  moyen  à  ceux  qui  alloient 
après  de  le  r'atteinddre.  »  (III,  xii,  pp.  206  et  207.) 

P.  378,  1.  3.  Crœsus).  Cf.  Hérodote  :  «Il  arriva 
en  un  fauxbourg  de  Sardis  lequel  il  trouva  tout  plein 
de  serpens,  que  les  chevaux  passans  par  les  pastis, 
ne  feirent  difficulté  de  manger,  ou  ils  les  rencon- 
trèrent. Quoy  voyant  Crœsus,  il  pensa  bien  que 
c'estoit  quelque  présage,  comme  il  estoit  à  la  vérité.  » 
(I,  Lxxviii,  t.  I,  f"  37  r°.) 

P.  378,  1.  8.  Les  Laccdcmcnicns).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Nicias  :  «  Au  demourant,  aians  assemblé  en 
une  trouppc  ceulx  qui  publiquement  furent  pris,  ilz 
les  despouillerent  de  leurs  armes,  desquelles  ilz  accous- 
trerent  en  guise  de  trophées  les  plus  beaux  arbres  qui 
fussent  au  long  de  la  rivière.  Puis  se  mettans  des 
chappeaux  de  triumphe  sur  leurs  testes,  et  aians  paré 
leurs  chevaux  triumphamment,  &  au  contraire  tondu 
ceulx  de  leurs  ennemis,  s'en  retournèrent  victorieux 
en  la  ville  de  Syracuse.  »  (x,  f°  379  v°.) 

P.  378,  1.  II.  Alexandre).  Cf.  Quinte-Curce  :  «  Ibi 
Dahas  condidit.  Equi  binos  armatos  vehunt,  quorum 
invicem  singuli  repente  desiliunt,  equestris  pugnœ 
ordinem  turbant.  »  (VII,  vu,  p.  108.) 

P.  378,  1.  18.  L^  sieur  de  Carna'akt).  François  de 
Kernovenoy  ou  Carnavalet,  premier  écuyer  de  Henri  II 
et  gouverneur  de  Henri  III,  né  en  Bretagne  vers  1520, 
mort  en  1571.  Brantôme  nous  parle  de  lui  à  diverses 
reprises.  Il  nous  dit  en  particulier  (ix,  348)  que 
Carnavalet  avait  dressé  un  cheval  qu'il  refusa  de  céder 
pour  trois  mille  livres  de  rente. 

P.  378,  1.  19.  J'ai  veu).  Dans  \c  Journal  de  voyage, 
p.  462,  on  voit  Montaigne  s'intéresser  à  des  tours 


M\Ri:      I,      ClIAPlTUr,      XLVIIl. 


151 


de  force  du  mèoie  j^enrc.  «  L;i  Domcnica  alli 
8  d'Ottobrc  1581  andai  a  vcdcrc  ne  i  termi  di  Dio- 
cleziano  in  sul  Monte  Cavallo  un  Italiano  il  quale 
essendo  suto  molto  tempo  schiavo  de  i  Turchi  aveva 
imparato  mille  rare  cose  nel  cavalcarc  :  come,  che 
correndo  a  tutta  briglia  si  stava  dritto  in  piè  sulla 
sella,  e  gittava  con  ogni  forza  un  darde,  e  poi  d'un 
tratto  si  calava  nella  sella.  Correndo  in  furia,  e 
tenendo  d'una  mano  allarcione,  scendeva  dcl  cavallo, 
tocando  del  piè  dritto  a  terra,  il  mancino  tenendo 
nella  staffa  :  e  più  volte  scendeva,  e  saliva  sulla  sella 
a  questo  modo.  Faceva  parecchi  giri  del  corpo  sulla 
sella  correndo  sempre.  Tirava  d'un  arco  Turchesco 
dinanzi,  e  di  dietro  con  grande  agevolezza.  Appo- 
giando  la  testa,  e  la  spalla  sul  collo  del  cavallo,  c 
stando  i  piè  in  su  dritto,  dava  carriera  al  cavallo. 
Avendo  una  mazza  in  mano,  la  gittawn  in  l'aria,  e 
ripigliava  correndo.  Essendo  in  piede  sulla  sella,  una 
lancia  in  mano  dritto  dava  in  un  guanto,  e  l'infilava, 
come  si  corre  all'anello.  A  piedi  girava  una  piqua 
intorno  al  collo  dinanzi,  e  dietro,  avendola  prima 
spinta  forte  con  la  mano.  » 

P.  378,  1.  24.  On  a  vcn).  Cf.  Georges  Lebelski,  La 
description  des  Jeux  represante:^  à  Coiislanliuople  eu  In 
solennité'  de  la  circoncision  du  fils  d'Aninrath  :  «Sans 
m'arrester  a  toutes  les  particularitez,  je  toucheray  un 
fait  des  plus  remarquables,  et  que  Ion  tiendra,  peut 
estre,  pour  chose  controuvée  :  mais  je  l'ay  veuc.  Du 
nombre  de  ces  cinquante  se  tirèrent  a  part  deux  jeunes 
hommes,  beaux  et  braves  entre  les  autres.  L'un  se 
mit  en  pieds  sur  la  selle  de  son  cheval,  et  receut  sur 
.ses  bras  son  compagnon  tout  debout  sur  ses  pieds. 
Estans  en  cest  estât  ils  donnent  carrière  au  cheval, 
et  se  tiennent  fermes,  mesmes  le  plus  haut  monté 
tiroir  des  coups  de  flesches  contre  une  pelle  de  bois 
que  tenoit  en  la  main  droite  celui  qui  le  portoit. 
Outre  plus  ces  deux  mesmes  ayans  rangé  et  attaché 
deus  chevaux  par  les  brides,  l'un  monta,  mit  un 
des  pieds  sur  une  des  selles,  et  l'autre  pied  sur 
l'autre  selle,  ou  il  se  tenoit  comme  collé,  portant  sur 
ses  bras  son  compagnon   tout  debout,  et  tenant  en 


main  ceste  paisle  de  bois,  contre  laquelle  l'autre  ainsi 
haut  monté  descochoit  habilement  et  sans  faillir, 
tandis  que  les  chevaux  couroyent  de  grande  vistesse. 
Y  en  eut  d'autres,  qui  ayans  six  cimeterres  desgainez 
et  attachez  les  pointes  contremont  aux  selles  de  leurs 
chevaux,  se  mirent  la  teste  sur  les  selles  et  les  pieds 
contre  mont,  faisans  en  cest  estât  courir  leurs  chevaux 
de  telle  vitesse  qu'on  eust  dit  qu'ils  voloyent.  D'un 
autre  costé,  il  y  en  avoit  qui  se  mirent  deux  en  une 
seule  selle,  et  comme  le  cheval  couroit  a  toute  bride, 
sautoyent  en  terre,  puis  remontoyent  promptement 
et  sans  delay  l'un  après  l'autre.  »  (Traduction  fran- 
çaise de  15S5,  p.  70.) 

...  Le  mesme  avec  ses  dents  seulement  sella,  brida 
et  liarnacha  un  cheval,  et  fit  plusieurs  autres  mer- 
veilles. ))  (Jlnd. ,  p.  76.) 

P-  379)  1-  5-  Le  Prince  de  Sutuione).  Je  pense  qu'il 
s'agit  de  Philippe  de  Lannoy,  prince  de  Sulmone, 
dont  parle  de  Thou  (I,  124)  et  auquel  Brantôme 
reproche  sa  lâcheté  à  Cérisoles.  Il  mourut  en  1597. 

CiiRoxoLcx;!!-;  :  Cet  essai  est  certainement  antérieur 
à  l'essai  II,  i\,  et  probablement  il  lui  est  de  beaucoup 
antérieur.  Montaigne  écrit  en  effet  dans  l'essai  Des 
destries,  qu'il  «  fera  comparaison  des  armes  anciennes 
aus  nostres  »  ;  il  se  dispose  donc  à  écrire  un  essai  sur 
cette  matière.  Or,  dans  l'essai  II,  ix,  on  voit  qu'il  a 
été  écrit,  et  qu'un  secrétaire  l'a  dérobé  avec  d'autres 
papiers.  Cela  nous  invite  à  penser  que  l'es.sai  Des 
dcsiries  doit  se  rattacher  à  la  première  période  comme 
tous  ceux  qui  le  précèdent.  Un  emprunt  textuel  fiiit  aux 
Fies  de  Plutarque  ÇFie  de  César)  nous  invite  encore 
à  faire  cette  assimilation  puisque  les  essais  précédents 
doivent  beaucoup  aux  Vies  de  Plutarque.  (Cf.  I, 
xxxviii.)  On  pourrait  objecter  que  Montaigne  cite 
ici  un  passage  de  César  :  «  Cassar,  parlant  de  ceux  de 
Suéde...  »;  mais  vraisemblablement  il  le  prend  dans 
^ou^a■age  de  Ramus  sur  Les  mœurs  des  anciens  Gaulois. 
L'hypothèse  reste  donc  vraisemblable;  ce  n'est  pour- 
tant qu'une  hypothèse. 


Chapitkh   XLIX. 


Di;S     COVSTVMES      ANCIENNES. 


P.  380,  1.  6.  Barbare).  Rapprocher  le  début  de 
l'essai  i,  xxxi,  et  aussi  les  derniers  mots  du  même 
essai. 

P.  381,  !.  15.  Sinisiris).  «Ils  s'enveloppent  la 
main  gauche  de  leurs  saies,  et  tirent  l'épée.  »  (César, 
De  bello  civili,  I,  Lxxv.) 

P.  381,  1.  16.  Et  rcmerque).  César,  De  bello  gallico, 
IV,  V,  et  peut-être  aussi  Ramus,  De  moribiis  Gallonim, 
f°  71  v",  qui  répète  à  peu  de  chose  près  les  termes 
mêmes  de  César  :  «  Est  hoc  Gallics;  consuetudinis, 
ut  &  viatores  invitos  consistere  cogant;  &  quod 
quisque  eorum  de  cfuâque  re  audierit,  aut  cognoverit, 
qua:rant.  » 

P.  381,  1.  20.  Alix  bains).  Cf.  Sénèque,  EpUres  : 
«  Nam  ut  aiunt  qui  priscos  mores  urbis  tradiderunt, 
brachia  &  crura  quotidie  abluehant,  qua;  scilicct 
sordes  opère  coUegerant.  »  (Ép.  86,  p.  200.) 

P.  381,  1.  26.  Les  plus  ajfete^.  Id.,  ibid.  :  «  Parum 
est  sumerc  unguentum,  ni  bis  die  terque  renovetur, 
ne  evanescat  in  corpore.  »  (P.  200.) 

P.  382,  1.  3.  Quod  pectiis).  «Tu  t'épiles  la  poitrine, 
les  jambes  et  les  bras.  »  (.Martial,  II,  i.xii,  i.) 

P.  382,  1.  5.  Psilotro  niiel).  «Nitet»  est  la  leçon  de 
la  plupart  des  éditions  du  xvi'  .siècle  :  «  Elle  oint  sa 
peau  de  vigne  blanche  (employée  comme  dépilatoire) 
ou  l'enduit  de  craie  détrempée  dans  du  vinaigre.  » 
(Id.,  VI,  xcm,  9.) 

P.  382,  1.  6.  El  al  lèguent).  Cf.  Sénèque,  Épitrcs  : 
«  Laudare  solebat  Attalus  pulcitram,  qu.-i;  resisteret 
corpori.  Tali  utor  etiam  senex,  in  qua  vestigium 
apparere  non  possit.  »  (Ep.  108,  p.  262.) 

P.  382,  1.  10.  Inde  thoro).  «Alors,  du  haut  de  son 


lit,  Enée  commença  en  ces  termes.  »  (\"irgile,  Enéide, 
II,  II.) 

P.  382,  1.  II.  Du  jeune  Caton).  Cf.  Plutarque.  Fie 
de  Caton  d'Ulique  :  «Après  s'estre  lavé,  il  s'asseit  à 
table  comme  il  avoit  accoustumé  depuis  la  journée  de 
Pharsale,  car  il  ne  se  coucha  onques  puis,  que  ce  ne 
fust  pour  dormir...  »  «  Depuis  le  jour  qu'il  entendit  la 
pêne  de  la  battaille  de  Pharsale,  il  ne  souppa  onques 
sinon  assis,  &  adjousta  cela  au  reste  de  son  deuil, 
qu'il  ne  se  coucha  jamais  que  ce  ne  fust  pour  dormir.  » 
(xv,  fo  545  v°.) 

P.  382,  1.  16.  Gratati'isque).  «Et,  en  te  félicitant, 
je  te  donnerais  des  baùsers  avec  de  douces  paroles.  » 
(Ovide,  De  Ponto,  IV,  ix,  13.) 

P.  382,  1.  17.  Pasieles).  Cf.  Diogène  Laerce,  Vie 
de  Cratès  :  «  Apud  gymnasii  principem,  ejus  coxas 
tetigit.  Illo  indignante,  quid  enim,  ait  ille,  nonne 
&  ista  tua  sont  sicut  &  geniia?  »  (VI,  i.xxxix,  éd. 
de  1556,  p.  397.) 

P.  383,  1.  2.  L'bisloire  de  eeliiy).  Cf.  .Sénèque, 
Epîlies  :  «  Niiper  in  ludo  bestiariorum  unus  e  Ger- 
manis  cum  ad  matutina  spectacula  pararetur,  secessit 
ad  exonerandum  corpus,  nullum  aliud  illi  dabatur 
sine  custode  secretum.  Ibi  lignum  id  quod  ad  emun- 
dcnda  obscœna  adha;rente  spongia  positum  est,  totum 
in  gulam  farsit,  et  pra;clusis  faucibus  spiritum  elisit.  » 
(Ép.  70,  p.  162.) 

P.  383,  1.  7.  At  tibi).  «  Quant  à  toi,  je  ne  te  ferai 
rien,  mais,  après  t'avoir  nettoyé  le  pénis  avec  de  la 
laine...  »  La  leçon  «  lana  »  est  la  leçon  des  éditions 
du  XVI'  siècle. 

P.   383,  1.  8.  //  V  avoit).   Cf.   le  Commentaire  de 


LIVRE     I,      CHAPITRE      XLIX. 


Lambin  dans  son  édition  de  Lucrèce  :  «  Fuisse 
RomK,  cùm  aliis  in  urbis  locis,  tum  in  angiportis 
dolia  quïedam  brevia,  &  amphoras,  &  similia  vasa 
mejendi  causa  comparata,  ac  disposita,  déclarant  illa 
verba  ex  oratione.  »  (C.  Titii  apud  Macrob.,  IH, 
XVII.)  «  Dum  eunt  nulla  est  in  angiporto  amphora, 
quam  non  impleant  :  quippe  qui  vesicam  plenam 
vini  habeant.  »  (P.  348.) 

P.  383,  1.  10.  Piisi  Sivpe).  «Souvent  les  enfonts 
pendant  leur  sommeil  croient  lever  leur  robe  pour 
uriner  dans  les  réservoirs  et  demi-cuves  destinés  à 
cet  effet.  »  (Lucrèce,  IV,  1020.) 

P.  383, 1.  16.  Snrdesfoiiyers).  Cf.  Sénèque,  Epîtres  : 
«  Quia  non  circa  cœnationem  ejus  tumultus  cocorum 
est,  ipsos  cum  obsoniis  focos  transferentium,  hoc  enim 
jam  luxuria  commenta  est.  »  (Ep.  78,  p.  162.) 

P.  383,  1.  19.  Has  vobis  epnlas).  «Gardez  ces  mets 
pour  vous,  riches  voluptueux,  nous  ne  voulons  pas 
de  cuisine  ambulante.  »  (Martial,  VII,  xii,  48.)  Le 
texte  est  celui  des  éditions  du  xvi'=  siècle. 

P.  384,  1.  7.  Sans  comparaison  plus  grande).  Mon- 
taigne exprimera  un  a\is  différent  plus  tard  dans 
l'essai  III,  vi;  il  estimera  alors  que  le  monde  ne  va 
pas  en  empirant  et  que  nous  ne  devons  pas  être 
inférieurs  aux  anciens  en  nature.  Autour  de  lui  des 
partisans  des  anciens  sont  disposés  à  leur  accorder 
une  supériorité  sur  les  modernes.  Cf  la  même  idée 
chez  B.  Castiglione,  B  corlegiano,  II,  m;  chez  Le  Rov, 
Vicissitude,  éd.  de  1577,  f"  57. 

P.  384,  1.  19.  Face  quelque  pois).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Flaininiiis  :  «  Et  ne  fut  que  la  ftulte  des  ^to- 
liens,  que  Philippus  se  sauva  de  vistesse,  pource  qu'ilz 
s'amusèrent  à  piller  et  saccager  son  camp,  pendant 
que  les  Romains  chassoient  et  poursuyvoient  les 
fuyans,  de  sorte  qu'à  leur  retour  ilz  ne  trouvèrent 
plus  rien  à  piller.  A  l'occasion  dequoy  il  commencea 
•à  avoir  quelques  querelles  entre  eulx,  et  s'entredirent 
des  paroles  injurieuses  les  uns  aux  autres  :  mais 
depuis  encore  fascherent  ilz  bien  d'avantage  Titus, 
parce  qu'ilz  s'attribuèrent  l'honneur  de  ceste  victoire,  et 
feirent  courir  le  bruit  parmy  la  Grèce,  que  cestoient 
eulx  qui  avoient  desfaict  en  battaille  le  Roy  Philippus, 
de  manière  que  es  chansons  que  les  Poètes  en  feirent, 
et  que  le  menu  peuple  chantoit  par  les  villes  à  la 


louange  de  ce  foict  d'armes,  on  mettoit  tousjours  les 
/Etoliens  devant  les  Romains.  »  (v,  f°  261  v°.) 

P.  384,  1.  25.  Inguina).  «Un  esclave  ceint  d'un 
tablier  noir  au-dessus  des  aines,  se  tient  à  tes  ordres, 
lorsque,  nue,  tu  prends  un  bain  chaud.  »  (Martial, 
VII,  xxxv,  2.)  Je  n'ai  trouvé  la  forme  «  nuda  »  dans 
aucune  des  éditions  du  xvi'  siècle  que  j'ai  consultées. 

P.  384,  1.  28.  Les  anciens  Gaulois).  Cf.  Sidoine 
Apollinaire  : 

«  Hic  quoque  nionstra  domat,  rutili  quibus  arce  cerebri 
»  .^d  frontem  coma  tracta  jacet,  nudataque  cervix 
»  Setarum  per  damna  nitet.  » 

(V,  239.) 

P.  385,  1.  4.  Dinn  as  e.xigitnr).  «A  faire  payer  les 
passagers,  à  atteler  la  mule,  une  heure  entière  se 
passe.»  (UoTzce,. Satires,  I,  v,  13.) 

P.  385,  1.  7.  Spondain).  «La  ruelle  du  roi  Nico- 
mède.  »  (Suétone,  Vie  de  César,  xlix.)  Voici  le  texte 
de  Suétone  :  «  Tum  Dolabella  (dicit)  pellicem  regire, 
spondam  interiorem  regia;  lecticK.  »  Béroald  écrit  en 
note  :  «  Consuevit  concubinus  &  concubina  in  parte 
interiore  ipsius  lecti,  atque  lectica;  cubare;  in  parte 
vero  exteriore  ipse  vir.  » 

P.  385,  1.  9.  Oiiis  puer).  «Vite,  esclave,  qu'on 
tempère  l'ardeur  de  ce  vin  de  Falerne  avec  l'eau  de 
cette  source  qui  coule  auprès  de  nous.  »  (Horace, 
Odes,  II,  XI,  18.) 

P.  385,  1.  13.  O  Jane).  «O  Janus,  toi  à  qui  on 
ne  fait  pas  les  cornes  par  derrière  ni  les  oreilles  d'âne, 
à  qui  l'on  ne  tire  pas  une  langue  longue  comme 
celle  d'un  chien  d'Apulie  qui  a  soif.  »  (Perse,  1,  58.) 
Janus,  comme  l'explique  le  contexte,  a  deux  faces,  et 
voit  par  derrière  comme  par  devant. 

P.  385,  1.  16.  Les  Dames  Argienes).  Cf.  Plutarque, 
Demandes  des  choses  romaines,  demande  xxvi,  intitulée  : 
«  Pourquoy  est-ce  que  les  femmes  en  deuil  portent 
des  robes  blanches,  &  la  coiffure  blanche  aussi?»,  et 
qui  s'achève  par  ces  mots  :  «  En  la  ville  d'Argos 
semblablement,  quand  ils  portent  le  deuil  ils  vestent 
robbes  blanches,  comme  dit  Socrates,  lavées  en  eau 
claire.  »  (F°  464  v°.)  On  trouve  le  même  renseigne- 
ment, mais  en  partie  seulement,  chez  Hérodien,  IV, 
i,  6. 


154 


DE      MOXTAICNE. 


Chronologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater.  Une  considération  pourrait  nous  engager  à 
croire  que  cet  essai  et  les  trois  qui  le  suivent  (I,  l; 
I,  Li;  I,  lu),  sont  d'assez  peu  postérieurs  aux  essais 
précédents  (I,  xxxviii-I,  XLViii).  Dans  chacun  des 
quatre,  en  effet,  bien  qu'ils  soient  courts  en  général, 
nous  trouvons  un  ou  plusieurs  emprunts  aux  Vies 
de  Plutarque.  Mais  tandis  que  dans  les  essais  précé- 
dents les  exemples  de  Plutarque  fournissaient  le  plus 
souvent  le  thème  de  la  composition,  dans  ceux-ci 
ils  ne  jouent  plus  qu'un  rôle  secondaire.  En  compo- 
sant les  précédents,  on  sentait  que  Montaigne  était 
en  train  d'étudier  les  Fies  de  Plutarque  et  d'en  faire 
son  sujet  habituel  de  méditation;  dans  ceux-ci  il 
prend  son  inspiration  de  côté  et  d'autre;  des  Vies  il 
ne  tire  plus  que  des  réminiscences  nombreuses  sans 
doute  et  qui  enrichissent  son  développement,  mais 
accessoires.  En  tout  temps,  entre  1572  et  1580, 
Montaigne  pratiquera  suffisamment  les  Vies  pour  en 
tirer  de  semblables  réminiscences,  et  par  conséquent 
leur  présence  ne  nous  permet  de  conclure  aucune  date 
de  composition  bien  certaine  pour  les  quatre  essais 
qui  nous  occupent.  Notons  cependant  :  i"  qu'elles 
sont  relativement  -nombreuses  dans  ces  quelques 
pages;  2°  que,  par  la  place  qu'il  leur  a  assignée, 
Montaigne   semble    nous    inviter   à    considérer    ces 


quatre  essais  comme  peu  postérieurs  au  groupe  qui 
s'inspirait  directement  des  Vies.  On  est  dès  lors  tenté 
de  croire  que  Montaigne,  quand  il  les  écrivait,  était 
encore  tout  près  du  temps  où  il  étudiait  spécialement 
les  Vies,  et  que  c'est  pour  ce  motif  que  les  réminis- 
cences des  Vies  se  pressent  sous  sa  plume.  C'est,  je 
crois,  l'hypothèse  la  plus  vraisemblable  qu'on  puisse 
présenter  pour  ces  quatre  essais;  elle  reste  très  fragile 
néanmoins.  Je  crois  que  rien  ne  la  contredit,  en 
particulier  dans  l'essai  Des  consluines  anciennes  qui 
nous  intéresse  en  ce  moment.  On  trouve  deux  em- 
prunts à  César  qui  invitent  à  reporter  sa  composition 
à  l'année  1578  au  plus  tôt.  Il  faut  noter  toutefois 
que  ce  chapitre  n'est  qu'un  amas  de  coutumes,  que, 
par  conséquent,  il  appelait  pour  ainsi  dire  les  addi- 
tions, parce  que  toujours  il  était  facile  d'ajouter 
quelque  nouvelle  coutume  à  la  liste.  11  se  pourrait 
encore  que  Montaigne  ait  pris  ces  passages  de  César 
dans  quelque  livre  de  seconde  main,  car  on  trouvait 
partout  relevées  les  coutumes  de  l'antiquité,  et  par- 
tout on  les  comparait  aux  coutumes  modernes.  «Il 
y  a,  dit  Montaigne,  des  livres  entiers  faicts  sur  cet 
argument.  »  Effectivement  j'ai  retrouvé  l'un  de  ces 
deux  passages  dans  l'ouvrage  de  Ramus  sur  les  Mœurs 
des  anciens  Gaulois.  Je  crois  donc  qu'il  serait  téméraire 
de  rien  conclure  de  ces  emprunts  à  César. 


CHAPITl^E     L. 


DE      DKMOCRITVS      i;T      HERACLITVS. 


P.  386,  TITRE.  DeDciiiocritiis  et  Heinclitiis).  Le  sujet 
■que  Montaigne  traite  ici  se  rencontre  partout  cliez 
les  moralistes  et  compilateurs  du  xvr'  siècle.  Cf.  à  ce 
sujet  mon  ouvrage  sur  Les  sources  el  l'evoliilioii  des 
Essais,  t.  II,  p.  35.  La  question  avait  été  touchée 
par  plusieurs  auteurs  anciens  :  Ju vénal,  Satires,  X; 
Sénèque,  De  ira,  II,  x;  De  traiiquillitate  animi,  xv; 
Lucien,  Dialogues,  xiv;  Diogènc  Laerce,  etc.  L'Italien 
Pliileremo  Fregoso  la  vulgarisa  au  début  du  xm*^  siècle 
par  deux  poèmes  intitulés  //  riso  di  Deiiwcrito  e  piaiito 
di  Heraclito,  qui  furent  souvent  réimprimés.  Il  con- 
tribua sans  doute  à  mettre  ce  thème  à  la  mode. 
En  tout  cas  il  est  partout  autour  de  Montaigne. 
Cf.  Messie,  Diverses  leçons,  I,  xxx\"i;  Bouaystuau 
dans  VHistoire  de  Chelidoniiis,  Mil,  dans  le  Tlk'àtre 
du  monde  (au  début);  Marcouville,  dans  son  Traicte' 
de  la  diversité  des  opinions  humaines  (au  début);  Budé, 
dans  son  Institution  du  prince  (éd.  de  1548,  f°  7  v°); 
La  Primaudaye,  dans  son  Académie  françoise,  I,  i  ; 
Droit  de  Gaillard,  dans  sa  Méthode  de  l'histoire,  p.  5  ; 
Le  Roy,  dans  sa  Vicissitude  (éd.  de  1577,  f"  52  v");  etc. 
Dans  tous  les  genres  littéraires  les  allusions  à  ce 
contraste  entre  les  deux  philosophes  abondent  par- 
tout :  voyez  en  paniculier  Rabelais,  I,  xx.  Tout  le 
monde  est  si  bien  averti  qu'Henri  Estienne,  dans  son 
Apologie  pour  Hérodote ,  dit  sans  expliquer  son  expres- 
sion «  être  héraclitique  »  au  sens  de  «  avoir  l'humeur 
noire  »  ;  et  Jacques  Tahureau,  dans  ses  Dialogues, 
appelle  son  principal  interlocuteur  «le  Democritic», 
pour  faire  entendre  que  la  sagesse  de  son  philosophe 
est  mêlée  de  gaieté  et  de  mépris  pour  l'humanité. 
Chacun  se  pique  de  choisir  entre  les  attitudes  des 


deux  pliilosophes.  L'originalité  de  Montaigne  est 
donc  nulle  dans  le  choix  du  sujet.  Il  ne  fait  que 
suivre  l'exemple  de  ses  devanciers.  En  revanche,  dans 
aucun  des  textes  auxquels  je  viens  de  renvoyer,  on 
ne  retrouve  les  idées  qui  remplissent  la  première 
moitié  de  l'essai  de  Montaigne.  Il  renouvelle  par  là 
un  sujet  rebattu. 

P.  38e,  I.  13.  De  la  fortune).  Montaigne  reprendra 
la  même  idée,  mais  la  commentera  d'une  manière 
différente  dans  l'essai  III,  \'. 

P.  38S,  1.  II.  Elle  les  leur  taille).  Cette  idée  est 
longuement  développée  dans  l'essai  I,  xiv. 

P.  389,  1.  16.  Aller).  «Dès  qu'ils  avaient  mis  le 
pied  hors  de  la  maison  l'un  riait,  l'autre  pleurait  au 
contraire.  »  (Juvénal,  X,  xxviii.)  Le  texte  qu'on  lit 
ici  chez  Montaigne  est  celui  de  toutes  les  éditions 
du  xvi'=  siècle. 

P.  390,  1.  2.  Hochant  du  ne^).  Allusion  à  l'anec- 
dote bien  connue  de  la  visite  d'Alexandre  à  Diogène, 
où  celui-ci  demande  au  monarque  de  s'écarter  de 
son  soleil.  Cette  anecdote  est  partout,  en  particulier 
chez  Plutarquc,  Fie  d'Alexandre,  f"  469  v"';  chez 
Cicéron,  Tusculanes,  V,  x,  32,  etc. 

P.  390, 1.  14.  La  responce de Statilius) .  Cf.  Plutarquc, 
Vie  de  Marcus  Brutus  :  «  Brutus  laissa  mesme  de  ses 
autres  amis,  Stallius  l'Epicurien,  &  Faonius,  celuy  qui 
faisoit  profession  d'imiter,  &  ensuivre  Marcus  Caton,  à 
cause  que  leur  en  aiant  jette  de  loing  quelques  paroles 
couvertes  en  devisant  &  disputant  ensemble  de  la 
philosophie,  pour  sonder  leur  voulunté...  &  Stallius 
avoit  dit,  que  ce  n'estoit  point  le  faict  d'un  homme 
prudent  et  sage,  que  de  se  mettre  en  danger  &  en 


156 

peine  de  sa  vie  pour  des  folz  et  des  ignorans.  »  (m, 
f"  689  r°.) 

P.  390,  1.  18.  Hegesias).  Cf.  Diogène  Laerce,  Vie 
d'Aristippe  :  «  Sapientem  sui  ipsius  gratia  cuncta  fac- 
turam.  Aliuni  quippe  neminem  sque  ac  se  dignum 
arbitrari.  Quamlibet  enim  ingentia  videatur  ab  eo 
consecutus,  non  tamen  eomm  quce  ipse  prastiterit 
mérita  .-equare.  »  (II,  xcv,  153.) 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  390,  1.  19.  Theodoriis).  Id.,  ibid.  :  «  Probabile 
dicebat  prudentem  virum  non  seipsum  pro  patria 
periculis  exponere,  neque  enim  pro  insipientium  com- 
modis  amittendam  esse  prudentiam.  «  (II,  xcviii,  155.) 

Chronologie  :  Aucune  allusion  ne  permet  de 
dater  cet  essai.  Pour  une  hypothèse  très  incertaine, 
cf.  la  chronologie  de  l'essai  précédent,  I,  XLix. 


Chapitre   LI. 


DE      LA      VANITU      DES     PAROLES. 


P.  391,  1.  I.  Un  Rbetoricien) .  Cf.  Plutarque,  Dicts 
notables  des  Lacedannoniens  :  «  On  louoit  en  sa  présence 
(d'Agesilaus)  un  maistre  de  Retorique,  de  ce  qu'il 
pouvoir  par  son  éloquence  amplifier  et  rendre  grandes 
les  choses  petites  :  et  au  contraire  appetisser  les 
grandes  :  Je  ne  trouverois  pas  bon,  dit-il,  un  cor- 
douannier,  qui  à  un  petit  pied  chausseroit  un  grand 
soulier.  »  (F°  209  v°.) 

P.  391,  1.  é.  La  responce  de  Tbiicididt'i).  Id.,  Vie 
de  Périclès  :  «  Comme  donques  Archidamus  rov  de 
Lacedasmone  luy  demandast  un  jour,  lequel  luctoit 
le  mieulx  de  luy  ou  de  Pericles,  il  luy  respondit, 
Quand  je  l'ay  jette  par  terre  en  luctant,  il  sçait  si 
bien  dire  en  le  niant,  qu'il  fait  croire  aux  assistans 
qu'il  n'est  point  tumbé,  &  leur  persuade  le  contraire 
de  ce  qu'ilz  ont  veu.  «  (v,  f°  106  v°). 

P.  391, 1.  17.  Ariston).  Cf.  Quintilien,  Instit.  orat.  : 
«  Cujus  (Aristonis)  hic  finis  est  scientia  videndi  et 
agendi  in  qusstionibus  civilibus  per  orationem  popu- 
laris  persuasionis.  »  (II,  xv.) 

P.  392,  1.  I.  Sacrâtes,  Platon).  Cf.  Platon  dans  le 
Gorgias  (p.  287  et  passim).  Dans  Quintilien,  II,  xvi, 
tout  près  de  l'endroit  où  Montaigne  vient  de  prendre 
la  définition  d'Ariston,  on  trouve,  dans  des  termes 
un  peu  différents,  il  est  vrai,  une  allusion  à  ce  juge- 
ment de  Socrate  et  de  Platon. 

P.  392,  1.  3.  Les  mahunietans).  Cf.  Guillaume 
Postel,  Histoire  des  Turcs  :  «  Aiant  ainsi  instruit  l'en- 
fant premièrement  en  la  I03',  le  maine  après  aux 
autres  disciplines  humaines,  lesquelles  ils  ont  autant 
que   nous,   fors   les   Histoires,   et   rhétorique...    De 


rhétorique  qu'ils  nomment  «  mantic  »,  ils  dient  n'en 
estre  besoin  que  bien  peu,  pour  ce  que  nature  simple- 
ment, et  en  peu  de  parolles  dit,  et  monstre  ce  qu'elle 
entend.  »  (Éd.  de-1575,  pp.  131  et  132;  éd.  de  1560, 
P-  36.) 

P.  392,  I.  5.  Les  Athéniens).  Cf.  Quintilien,  Insti- 
tution oratoire  :  «  Athenis  ubi  actor  movere  affectus 
vetabatur,  velut  recisam  orandi  potestatem...  »  (II, 

XV,.) 

P.  392,  I.  10.  Connue  la  médecine).  Rapprocher  la 
comparaison  suivante  que  je  rencontre  dans  une  note 
de  VEIoge  de  la  plie,  d'Érasme  (éd.  de  1544,  p.  73)  : 
«  Cum  medicina  non  esset,  si  nulli  fuissent  morbi, 
ita  leges  non  fuissent,  nisi  flagitia  coegissent.  » 

P.  392,  I.  20.  Ce  sont  gens).  «Esse  viros  natos 
militiœ,  factis  magnos,  ad  verborum  lingu^que  cer- 
tamina  rudes,  ea  ingénia  consularia  esse  :  callidos 
solertesque,  juris  atque  eloquentiœ  consultes,  Urbi 
ac  Foro  prcesides  habendos,  prœtoresque  ad  reddenda 
jura  creandos  esse.  »  (Tite-Live,  X,  xxii.) 

P.  393, 1.  13.  Cardinal  Caraffe).  Il  s'agit  sans  doute 
du  fameux  cardinal  Carlo  Caraffa,  neveu  du  pape 
Paul  TV,  célèbre  pour  les  scandales  qu'il  provoqua 
en  compagnie  de  ses  deux  frères  sous  le  pontificat 
de  son  oncle  et  qui  finirent  par  le  faire  condamner 
par  le  conclave  en  février  1559.  Rentré  à  Rome  après 
la  mort  de  Paul  I\',  il  fut  jugé,  dégradé  et  étranglé. 

P.  393,  1.  26.  Nec  niinimo).  «Et  il  expose  qu'il 
n'est  pas  d'une  mince  importance  de  distinguer  entre 
le  découpage  du  lièvre  et  celui  du  poulet.  »  (Juvénal, 
V,  123.)   ^ 


nS 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


P.  394,  I.  3.  Hoc  salsum  csl).  «  Ceci  est  trop  salé, 
ceci  est  brûlé,  ceci  est  fade;  voilà  qui  est  bien!  Sou- 
venez-vous de  faire  de  même  une  autre  fois.  Je  les 
instruis  soigneusement,  autant  que  me  le  permettent 
mes  faibles  lumières.  Enfin,  Déméa,  je  les  exhorte  à 
se  mirer  dans  leur  vaisselle  comme  dans  un  miroir, 
et  les  avertis  de  tout  ce  qu'ils  ont  à  faire.  »  (Térence, 
Adelphs,  III,  III,  71.) 

P.  394,  1.  8.  Les  Grecs  iiiesnies).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Paul-Émile  :  «  Les  Grecs  s'esbabissoicnt  comment 
es  choses  de  plaisirs  &  de  jeu,  il  emploioit  encore 
la  sollicitude,  &  comment  en  maniant  &  ordonnant 
de  si  grandes  choses,  encore  vouloit  il  avoir  soing 
&  prendre  luymesme  la  peine  que  les  petites  allassent 
aussi  comme  elles  dévoient.  «  (xv,  f"  173  r°.) 

P.  394,  1.  16.  Palais  d'ApoUdou).  Palais  merveil- 
leux. Cf.  VAiiiadis,  II,  1,  et  IV,  11. 

P.  394,  1.  22.  C'est  une pipeiie).  Rapprocher  Gelli, 
Capn:^:^i  del  Bottaio  :  «  Ils  font  comme  ce  beau  médecin, 
qui  m'a  autresfois  pansé  en  mes  maladies,  lequel 
pour  paroistre  fort  suffisant  et  des  premiers  en  son 
art,  m'ordonnoit  des  receptes,  avec  certains  mots  si 
estranges  et  sauvages  que  le  seul  son  me  faisoit  tres- 
saillir, et  entre  les  autres,  il  me  souvient  qu'à  un 
matin  il  m'en  dressa  une  pour  ceste  aposthume  que 
j'eus. . .  Entre  autres  herbes  et  gommes  qui  y  entroyent, 
il  en  avoit  une  qu'on  appeloit  rob,  une  autre  tartaro, 
et  une  autre  altea,  et  pensois  bien  qu'il  me  fallut 
envoyer  jusques  aux  terres  neufves,   voire   par  delà 


où  le  soleil  se  le\e,  comme  l'on  dit,  pour  recouvrer 
de  ses  drogues,  quand  j'entendis  de  mon  apothicaire, 
auquel  j'en  faisois  mes  plaintes,  que  ce  n'estoient  que 
choses  communes  qu'il  avoit  ainsi  desguisées  et  sur- 
nommées à  plaisir,  dont  le  premier  estoit  un  vin 
cuit,  la  seconde  de  la  mousse  de  muy,  et  la  troisième 
de  la  mauve.  »  (Discours,  Y,  trad.  française  de  1566, 
p.  171.) 

P.  395,  1.  3.  Et  avecqiies  raison).  Montaigne  écrira 
le  contraire  dans  son  Journal  de  voyage  :  «  Fin  adesso 
a  dire  la  verità,  di  quella  poca  pratica,  e  domestichezza 
ch'io  aveva  con  questa  gente,  non  scorgeva  questi 
miracoli  d'ingegni  e  discorsi  che  gliele  dà  la  fama. 
Xon  ci  vedeva  veruna  focultà  straordinaria  anzi  mara- 
vigliarsi  e  far  troppo  conto  di  queste  piccole  forze 
nostre...  »  (P.  362.)  Mais  ce  n'est  là  qu'une  impression 
passagère.  Plus  tard,  après  son  voyage,  il  affirmera 
à  nouveau  la  supériorité  des  Italiens,  et  l'expliquera 
en  partie  par  leurs  académies  qui  leur  sont  un  conti- 
nuel exercice.  (III,  viii.)  Il  donnera  un  jugement 
plus  précis  dans  l'essai  III,  v  :  «  (Des  esprits)  de  la 
commune  façon  ils  en  ont  beaucoup  plus  (que  nous), 
et  évidemment.  La  brutalité  y  est  sans  comparaison 
plus  rare  :  d'âmes  singulières  et  du  plus  haut  estage, 
nous  ne  leur  en  devons  rien.  » 

Chronologie  :  Aucune  allusion  ne  permet  de  dater 
cet  essai.  Pour  une  hypothèse  très  incertaine,  cf.  la 
chronologie  de  l'essai  I,  xlix. 


Chapitre   LU. 


DE      [.A      I'ARSIMO\[|-.      DUS      AXCUA'S. 


P.  39e,  1.  I.  JUiliiis  Reguhis).  Cf.  Valèrc  Maxime, 
IV,  IV,  que  Montaigne  ne  traduit  pas  exactement. 
Le  récit  a  d'ailleurs  été  reproduit  bien  souvent  :  cf. 
Boccace,  De  casibns  vironim  el  feminaniin,  \,  au  début 
(trad.  Witard,  p.  300);  Vives,  Commentaire  de  la  Cité 
de  Dieu,  I,  xxiv;  etc.  Notons  encore  que  l'anecdote 
est  rapportée,  d'une  manière  très  incomplète^  il  est 
vrai,  chez  Sénèque,  De  consolatione  ad  Alhiuam,  xn, 
440,  auprès  de  trois  autres  exemples  de  frugalité  que 
nous  allons  retrouver  dans  cet  essai  de  Montaigne. 

P.  i^G,  1.  II.  Le.  vieux  Caton).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Caton  le  Censeur  :  «  Caton  au  contraire  faisant 
gloire,  dit,  qu'il  laissa  en  Hespagne  le  cheval  duquel 
il  s'estoit  servv  à  la  guerre,  durant  son  Consulat, 
pour  espargner  à  la  chose  publique  l'argent  qu'il 
eust  cousté  à  le  ramener  par  mer  en  Italie.  Or  si 
cela  se  doibt  attribuer  à  une  magnanimité,  ou  bien 
à  une  chicheté,  on  en  pourroit  alléguer  des  raisons 
apparentes  d'une  part  et  d'autre.  »  (m,  f°  236  r°.) 

P.  39e,  1.  13.  Ah  gouvernement  de  Sardaigne).  Id., 
ibid.  :  «  Il  alloit  faisant  sa  Visitation  par  les  villes  à 
pied  sans  monture  quelconque,  &  le  suyvoit  seule- 
ment un  officier  de  la  chose  publique,  qui  luy  portoit 
une  robbe  &  un  vase  à  ofirir  du  vin  aux  Dieux  es 
sacrifices.  »  (m,  f°  236  v°.) 

P.  39e,  1.  16.  //  se  vantoit).  Ib.,  ibid.  :  «  Car  il 
escrit  luy  mesme  qu'il  ne  porta  onques  robbe  qui 
eust  cousté  plus  de  cent  drachmes  d'argent  (En  face  de 
cent  drachmes  Amvot  met  en  marge  «dix  escus»)... 


Et  que  pour  son  soupper  jamais  on  n'avoit  achepté 
au  marché  de  la  viande  pour  plus  de  trente  asses  de 
monno3'e  Romaine  (En  face  de  trente  asses  Amyot 
écrit  en  marge  «environ  dix  sols  tournois»)...  Et 
que  de  toutes  les. maisons  qu'il  avoit  aux  champs, 
il  n'y  en  avoit  pas  une  dont  les  murailles  fussent 
crespies  ny  enduittes.  »  (m,  f"  235  v".) 

P.  397,  I.  I.  Scipion  Azmilianns).  Cf.  ^'alère 
Maxime,  IV,  m,  i  ^ 

P.  397,  1.  3.  On  tient  qii'Honiere).  Cf.  Sénèque, 
De  cousolatioiw  ad  Albiiiain  :  «  Unum  fuisse  Homero 
servum,  très  Platoni,  nullum  Zenoni,  a  quo  cœpit 
Stoicorum  rigida  ac  virilis  sapientia,  satis  constat.  » 
(xii,  440.) 

P.  397,  1.  5.  //  ne  fut  taxé).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Tibérius  Graccims  :  «  Tiberius  demanda  qu'on  luy 
baillast  une  tente  aux  despens  du  public,  quand  il 
iroit  par  les  champs  pour  procéder  au  département 
des  terres,  comme  Ion  faisoit  aux  autres  qui  alloient 
bien  souvent  en  de  beaucoup  moindres  commissions. 
Hz  la  luy  refuzerent  tout  à  plat,  et  pour  sa  despense 
ordinaire  luy  taxèrent  par  jour  neuf  oboles.  »  (En 
face  de  neuf  oboles,  Amyot  écrit  dans  la  marge  :  Ce 
sont  environ  cinq  sols  et  demy.)  (iv,  f°  572  v".) 

Chroxologii;  :  Aucune  allusion  ne  permet  de 
dater  cet  essai.  Pour  une  hypothèse  très  incertaine, 
cf.  la  chronologie  de  l'essai  I,  xlix. 


Chapitre  LUI. 


D    V\      MOT      DE     CESAR. 


P.  398,  1.  9.  Celte  grande  dispute).  Rapprocher  II, 
XII,  p.  331,  1.  3. 

P.  398,  1.  13.  Diiiii  ahest).  «L'objet  de  notre  désir, 
tant  qu'il  nous  échappe,  nous  paraît  toujours  préfé- 
rable à  toutes  choses;  venons-nous  à  en  jouir,  un 
autre  désir  nous  naît,  et  notre  soif  est  toujours  égale.  » 
(Lucrèce,  III,  1095.) 

P.  399,  1.  4.  Nam  ctiin  vidit).  «  Car  il  vit  que  les 
Biortels  ont  a  peu  près  tout  ce  qui  est  nécessaire  à 
la  vie;  il  vit  des  hommes  gorgés  de  richesses,  d'hon- 
neurs et  de  réputation,  fiers  de  la  bonne  renommée 
de  leurs  enfants;"  et  pourtant  il  n'en  était  pas  un 
qui  dans  son  for  intérieur  ne  fût  bourrelé  d'angoisses, 
et  dont  le  cœur  ne  fût  oppressé  de  plaintes  doulou- 
reuses :  il  comprit  alors  que  le  défaut  venait  du  vase 
lui-même,  et  que  par  son   défaut  se  corrompait  à 


l'intérieur  tout  ce  qu'on  y  versait  et  tous  les  biens 
qu'on  y  introduisait.  »  (/(/.,  VI,  9.)  Le  texte  est 
différent  de  celui  de  l'édition  Lambin  (p.  468).  Peut- 
être  Montaigne  l'a-t-il  pris  dans  quelque  ouvrage  de 
seconde  main. 

P.  399,  1.  17.  Comiiiiiui).  César,  De  bello  civili,  II, 
IV.  Montaigne  a  traduit  ce  passage  après  l'avoir  cité. 
Cf.  texte  de  1588. 

Chronologie  :  Il  est  probable  que  cet  essai  est  de 
l'époque  à  laquelle  Montaigne  lisait  César  (1578); 
toutefois  il  serait  téméraire  de  l'affirmer  :  c'est  une 
sentence  de  César  qui  sert  de  thème  à  cet  essai,  il  est 
vrai;  mais  peut-être  Montaigne  a-t-il  pu  la  trouver 
dans  quelque  ouvrage  de  seconde  main  que  je  n'ai 
pas  rencontré. 


Chapitre   LIV. 


DES      VAIXES     SVBTILITEZ. 


P.  400,  1.  8.  Ccliiy  qui  s'tiiiiusa).  Cf.  Plutarque, 
Les  propos  de  table  :  «  Xenocrates  a  asseuré  que  le 
nombre  des  syllabes  que  font  des  lettres  joinctes  et 
meslees  ensemble,  monte  à  la  somme  de  cent  millions 
et  deux  cents  mille.  »  (VIII,  ix,  f°  430  r°.)  Voir 
aussi  Rabelais,  III,  m. 

P.  400,  1.  10.  L'opinion  de  reliiy).  Souvenir  d'un 
passage  de  Quintilien,  Institution  oratoire,  II,  xx,  que 
Montaigne  rapporte  assez  inexactement.  «Ma-:a'.:T£-/v'.a 
est  quasdam,  id  est  super\-acua  artis  imitatio,  qu;v 
nihil  sane  nec  boni  nec  mali  habeat,  sed  vanum 
laborem  qualis  illius  fuit  qui  grana  ciceris  ex  spatio 
distante  missa,  in  acum  continué  &  sine  frustratione 
inserebat  :  quem  cùm  spectasset  Alexander,  douasse 
dicitur  ejusdem  leguminis  modio.  Quod  quidem 
prœmium  fuit  illo  opère  dignissimum.  »  D'ailleurs 
Montaigne  a  pu  prendre  ce  fait  de  seconde  main. 
Cf.  Crinitus,  De  honesta  disciplina,  X\\  11;  //  Corte- 
giano  de  Castiglione,  II,  xxxr. 

P.  400,  1.  18.  Rareté  on  nouvellcte).  Rapprocher  II, 
XV,  581-382. 

P.  401,  1.  12.  Democritits  disoit).  Cf.  Plutarque, 
LjCS  opinions  des  Philosophes  :  «  Democritus  dit,  qu'il 
y  a  plus  de  sentiments  es  bestes  brutes,  et  es  dieux, 
et  es  sages.  »  (IV,  x,  f"  454  r".) 


P.  401,  1.  17.  Sancho).  C'est  Garcia  que  Montaigne 
devait  dire.  Très  certainement  il  fait  allusion  à 
Garcia  V,  dit  le  Trembleur,  douzième  roi  de  Navarre, 
fils  de  Sancho  Garcia.  Il  a  régné  à  la  fin  du  x'=  siècle. 
Les  historiens  disent  qu'au  moment  d'aller  au  combat 
il  tremblait  si  fort  qu'on  l'entendait  grelotter  et  que 
ses  os  semblaient  craquer.  Ils  ajoutent  qu'il  était  très 
hardi  dans  l'action. 

P.  401,  1.  26.  Aristote  dict).  Coste  a  remarqué  que 
Montaigne  ne  rend  pas  exactement  la  pensée  d' Aris- 
tote, qui,  après  avoir  dit  que  l'étain  des  Celtes  se 
fond  plus  tôt  que  le  plomb,  puisqu'il  se  fond  même 
dans  l'eau,  ajoute  :  «  L'étain  se  fond  aussi  par  le 
froid  quand  il  gèle.  » 

P.  403,  1.  24.  Ans  chançons).  Rapprocher  I,  xxxi, 
p.  279,  1.  17  :  J'en  ay  un'  autre. 

Chroxologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater.  Deux  emprunts  aux  Œuvres  morales  tendraient  à 
faire  croire  que  l'essai  est  au  plus  tôt  de  la  fin  de  1572; 
mais  la  composition  de  ce  chapitre  le  disposait  à 
recevoir  des  additions;  peut-être  les  emprunts  faits 
à  Plutarque  sont  des  additions,  et  il  serait  téméraire 
d'en  rien  conclure. 


Chapitre   LV 


DES    SEN'TEVKS. 


P.  405,  TITRE.  Montaignt  possédait  l'ouvrage  de 
Théophraste  sur  les  parfums  dans  la  traduction  latine 
de  Turnèbe.  Il  ne  semble  pas  qu'il  en  ait  fait  aucun 
usage  dans  cet  essai. 

P.  405,  1.  I.  Coininc  d'Alexandre).  Cf.  Plutarque, 
Vie  d'Alexandre  :  «  Et  me  souvient  d'avoir  leu  es  com- 
mentaires d'Aristoxenus,  que  sa  charneure  sentoit 
bon,  &  qu'il  avoit  l'aleine  tres-doulce,  &  issoit  de 
toute  sa  personne  une  odeur  très  souefve,  tellement 
que  les  habillemens  qui  touchoient  à  sa  chair  en 
estoient  comme  tous  perfumez,  dont  la  cause  simple 
estoit  la  température  &  complexion  de  son  corps 
fort  chaulde  &  tenant  du  feu  pource  que  la  doulce 
senteur  s'engendre  par  le  moien  de  la  chaleur  qui 
cuit  &  digère  l'humidité,  ainsi  comme  Theophrastus 
estime.  »  (i,  f°  465  r°.)  Voir  un  texte  très  semblable 
dans  les  Propos  de  table,  I,  vi,  f"  56e  r". 

P.  405,  1.  9.  Millier).  Il  y  a  dans  Plante,  MostclL, 
act.  I,  se.  m,  V.  117  : 

i<  lîcastor  !  millier  recte  olet,  cuni  nihil  olct.  » 

Montaigne  traduit  ce  vers  après  l'avoir  cité. 

P.  405,  1.  12.  Les  bonnes  senteurs  estrangieres).  Le 
Galaleo,  de  Gio\anni  délia  Casa,  qui  fait  alors  auto- 
rité en  matière  d'usages,  écrit  à  ce  sujet  en  critiquant 
l'excès  des  parfums  et  des  parures  :  «  Il  ne  faut 
doncques  que  le  gentilhomme  sente  autre  chose  que 
la  senteur  de  l'homme,  toutefois  s'il  a  quelque  défaut 
de  nature  faut  le  corriger  avec  des  eaux  et  senteurs 
non  trop  violentes.  »  (Trad.  française  de  Lvon,  1571, 
f"73v".) 

P.  406, 1.  3.  Rides  nos).  «  Tu  ris  de  nous,  Coracinus, 


parce  que  nous  ne  sentons  rien;  j  aime  mieux  ne  rien 
sentir  que  sentir  bon.  »  (Martial,  VI,  LV,  4.) 

P.  406,  1.  6.  Posthume).  «Qui  sent  toujours  bon 
sent  mauvais.  Posthumus.  »  (Martial,  II,  xii,  4.) 

P.  406,  1.  10.  Namque  sagacins).  «Je  sens  plus 
subtilement  les  mauvaises  odeurs  qu'un  chien  de 
chasse  ne  subodore  le  sanglier  dans  sa  bauge.  » 
(Horace,  Épodes,  XII,  i\ .) 

P.  40e,  1.  14.  Les  faines  Scithes).  Peut-être  rémi- 
niscence   assez    inexacte    d'un    passage    d'Hérodote, 

IV,   LXXV. 

P.  407, 1.  5.  On  lit  de  Soi  rates).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Fie  de  Socrate  :  «  Adeo  autem  parce  ac  temperatè 
vixit,  ut  cum  Athenas  pestis  siepenumero  vastaret, 
soins  ipsc  nunquam  œgrotaverit.  »  (II,  xxv,  m.) 

P.  407,  1.  10.  L'invention  des  encens).  Rapprocher 
ce  qu'avait  écrit  Montaigne  dans  le  Journal  de  vovage  : 
«  Outre  cela,  un  tiers  prant  un  instrument  d'arjant, 
rond  comme  un  esteuf,  qui  se  tient  à  une  longue  queue, 
lequel  instrument  est  percé  de  petits  trous  come  nos 
cassolettes,  et  le  porte  au  nés  premieremant  du 
ministre,  et  puis  de  l'enfmt,  et  puis  du  parein  :  ils 
présupposent  que  ce  sont  des  odeurs  pour  fortifier 
et  éclaircir  les  esprits  à  la  dévotion.  »  (P.  226.) 

P.  407,  1.  16.  Roy  de  Thunes).  Cf.  Paul  Jove,  His- 
toire de  son  temps  :  «Neapolitani  novum  gentis  cultum, 
vescendique  morem,  et  odoramenti  omnis  generis 
exquisitam  luxuriam  admirabantur.  Cunctis  namque 
dapibus  insani  sumptus  unguenta  infarciebant  con- 
stabatque  pavonem  cum  duobus  phasianis  a  structure 
ex  regia.'  culin:v  disciplina  conditum,  centum  aureo- 
rum   impensani  cxccssisse.   Quippe  non  cimaculuni 


LIVRE      1,      CHAPITRK      LV. 


163 


modo  quum  in  mensa  concideretur,  sed  domum 
universam,  novo  suavissimoque  nidore  complevisse 
ferebant,  tanta  inhalatione,  ut  a  tota  vicinia  hujus 
inusitata;,  et  non  cito  evanescentis  voluptatis  odor 
sentiretur.  »  (XLIV,  f"  :;22  r".) 

P.  407,  1.  24.  Venise).  Dans  le  Journal  Je  voyni^'c 
(p.  léS),  on  voit  que  Montaigne  trouva  Venise  «autre 
qu'il  ne  l'avoit  imaginée,  et  un  peu  moins  admirable». 


Une  comparaison  entre  Venise  et  Paris  que  Montaigne 
a  pu  lire  dans  une  lettre  du  Tasse,  «  Comparaison 
entre  la  France  et  l'Italie  »,  semble  indiquer  qu'il 
était  alors  habitue!  d'établir  un  parallèle  entre  ces 

deux  \illcs. 

Chroxoi.ogik  :   Aucune  indication  ne   permet  de 
dater. 


Chapitre   L\"I. 


DES    PRIERES. 


P.  408,  TITRE.  Le  sujet  principal  de  cet  essai,  que 
nous  devons  'veiller  à  ce  que  les  vœux  que  nous 
adressons  au  ciel  soient  honnêtes,  avait  été  touché 
par  d'autres  auteurs  avant  Montaigne.  Sans  parler 
des  poètes  qu'il  cite,  on  peut  rapprocher  la  fin  de  la 
dixième  épître  de  Sénèque  ;  un  passage  de  Ylcaroinénippc 
de  Lucien  (^Dialogues,  XLVI,  xxv);  un  chapitre  de 
Crinitus  dans  le  De  honesta  disciplina  :  «  Qua;  sint 
a  diis  maxime  roganda,  et  quomodo  ex  Platone  :  tum 
versiculi  persiani  de  votis  peragendis  »  (X,  iv);  un 
«  pegtne  »  de  Cousteau  «  à  la  statue  de  Jupiter  et  de 
Thémis  »  qui  est  suivi  d'une  narration  intitulée  : 
«  Prier  Dieu  en  choses  licites  »  ;  cf.  encore  une 
note  dans  VÉloge  de  la  folie  d'Erasme  (éd.  de  1344, 
p.  96);  etc. 

P.  408,  1.  I.  Je  propose).  Pour  des  déclarations 
analogues  de  soumission  à  l'autorité  de  l'Église,  cf. 
le  début  de  l'essai  II,  m,  et  la  note  t.  II,  p.  23,  1.  4. 
Cette  déclaration,-  qui  a  paru  pour  la  première  fois 
dans  l'édition  de  1582,  a  sans  doute  été  provoquée 
par  r«animadversion»  du  maestro  de!  sacro  palazzo 
dont  Montaigne  parle  dans  son  Journal  de  voyage, 
p.  250.  On  avait  reproché  à  Montaigne  d'avoir  dit 
que  «  celui  qui  prioit  devoir  eslre  exampt  de  vitieuse 
inclination  pour  ce  temps»,  et  Montaigne  avait  avoué 
son  opinion,  «  n'estimant  que  ce  fussent  erreurs». 

P.  409,  1.  23.  Platon,  en  ses  loix).  «  Faciunt  autem, 
aut  dicunt  impium  aliquid  in  deos,  vel  quia  deos 
esse  negant,  vel  quia  &  si  putant  esse  deos,  de  rébus 
tamcn  humanis  curare  ipsos  minime  arbitrantur  :  vel 
tertio  quamvis  &  sint,  &  de  hominibus  curam 
habcant,  facile  tanien  placari  eos  votis  &:  sacrificiis 


opinantur...  NuUus  eorum  ab  adolescentia  usque  ad 
senectam  in  hac  opinione  quod  dii  non  sint  perse- 
veravit.  Reliqui  autem  duo  morbi  quamvis  non 
multis,  nonnullis  tamen  permanserunt  :  quod  dii 
sint  quidem,  sed  de  rébus  humanis  nihil  curent.  » 
(x,  p.  885;  éd.  de  1546,  pp.  870-871.) 

P.  410,  1.  2.  Il  faut  avoir  l'ame  nette).  Au  sujet  de 
la  critique  qui  fut  faite  à  Rome  de  cette  opinion  de 
Montaigne,  voir  Journal  de  voyage,  p.  250,  et  la  note 
ci-dessus  p.  408,  1.  i. 

P.  410,  1.  II.  Si  nocturnus  aditlter).  «Si,  pour 
commettre  la  nuit  des  adultères,  tu  te  couvres  la 
tête  d'une  cape  gauloise.  »  (Juvénal,  VIII,  144.) 

P.  411, 1.  II.  Celuy  qui,  se  confessant).  On  a  conjecturé 
avec  beaucoup  de  vraisemblance  qu'il  s'agit  d'Arnaud 
du  Ferrier,  mort  à  l'époque  où  Montaigne  écrivait 
ces  lignes,  et  dont  M.  Lautrey  résume  ainsi  la  vie  : 
«  Arnaud  du  Ferrier,  né  à  Toulouse  vers  l'année  1 505, 
mort  en  octobre  1585.  Reçu  docteur  en  droit  à 
Padoue,  il  professa  à  Bourges,  puis  à  Toulouse,  où 
il  eut  peut-être  Montaigne  pour  élève.  Président  aux 
enquêtes  du  Parlement  de  Paris,  bien  que  s'étant 
compromis  en  1559  avec  le  conseiller  Anne  du 
Bourg  comme  «fituteur  des  hérétiques»,  il  fut  envoyé 
ambassadeur  du  roi  près  le  Concile  de  Trente  (1562), 
où  il  se  montra  si  hostile  à  la  Cour  de  Rome  qu'il 
dut  se  retirer  à  Venise;  il  y  fut  à  deux  reprises 
nommé  ambassadeur.  «  Le  président  du  Ferrier, 
raconte  Brantôme  (III,  102),  si  longtemps  arresté 
ambassadeur  à  Venise...  s'en  alloit  quelquefois  faire 
des  leçons  publiques  aux  escolles  à  Padoue;  ce  qui 
desrogeoit  fort  à  sa  charge  et  authorité  de  son  roi. 


CHAPITRE      LVI. 


i6s 


qui  ne  le  trouva  bon,  et  ne  lui  ht  bonne  chère  à  son 
retour...  »  Lorsqu'il  revint  d'ambassade  (1582),  du 
Plessis-Mornai  l'engagea  à  se  convertir  au  protestan- 
tisme, disant  :  «  Et  donc  est-il  point  désormais  temps 
de  penser  à  sa  conscience?  à  ces  bons  propos  que 
vous  m'avés  autrefois  tenus  à  ^■enize?  à  ceste  reso- 
lution tant  de  fois  répétée  et  de  bouche  et  par  lettres,  de 
faire  ouverte  profession  de  la  vérité,  de  si  long-temps 
connue,  si  long-temps  recelée?  —  Et  si  vivement 
l'en  pressa  qu'il  tira  parole  de  luy,  qu'il  se  declareroit  : 
ne  taisant  pas  toutefois  qu'il  eust  bien  voulu  estre 
pavé  auparavant  de  quatorze  mil  escus  qui  luy  estoient 
deubs  de  son  Ambassade.  »  Çl^ie  de  du  Plessis-Mornai, 
citée  par  Bayle.)  Bientôt  il  abjura  le  catholicisme,  et 
Henri  de  Navarre  le  nomma  son  chancelier.  «M.  de 
Montagne  certes  ne  se  pouvoit  saouler  de  dire  à 
M.  du  Plessis  :  \'ous  avés  gaigné  une  bataille  sur 
nous,  par  l'appel  de  cest  homme,  honorant  en  luy 
une  vertu  que  nous  avons  mesprisée.  »  (Jbid.')  Mon- 
taigne, comme  intermédiaire  entre  le  roi  de  Navarre 
et  le  maréchal  de  Matignon,  eut  souvent  affaire  avec 
«  le  bon  home  présidant  Ferrier  »,  il  en  parle  dans 
ses  lettres  au  maréchal;  ainsi  le  12  février  1585  : 
«J'ai  veu...  M""  Ferrier  malade  à  Sainte-Foi,  qui  se 
résout  de  me  venir  voir  un  jour  de  cete  semmeine. 
Je  ne  m'atan  pas  qu'il  y  vieigne  et  me  samble  atandu 
son  eage  l'avoir  laissé  en  mauvais  estât.  » 

P.  412,  1.  12.  //  ne  faut  mesler  Dieu).  La  concep- 
tion que  Montaigne  expose  ici  longuement  est  essen- 
tiellement la  conception  catholique  par  opposition 
à  la  théorie  protestante.  Elle  n'est  pas  originale,  et 
on  la  retrouve  souvent  autour  de  lui.  On  peut 
rapprocher  par  exemple  un  morceau  du  «pegme»  de 
Cousteau  intitulé  :  «  N'appartenir  à  un  tas  d'artisans 
d'interpréter  ou  parler  des  lettres  sainctes  à  leur 
poste.  »  Un  dizain  rappelle  l'anecdote  du  satyre  qui, 
attiré  par  la  beauté  du  feu  nouvellement  découvert  par 
Prométhée,  veut  le  baiser  et  se  brûle  à  son  contact; 
c'est  là  pour  Cousteau  l'image  de  celui  qui  «  sans 
art  ne  science  »  veut  gloser  les  livres  saints.  Et  la 
narration  philosophique  qui  suit  présente  beaucoup 
d'idées  chères  à  Montaigne  :  la  critique  des  faux 
savants,  «  ceux  qui  estans  un  peu  outre  les  premiers 
élémens  conçoivent  grande  opinion  de  soy  »,  les  plus 


«importuns»  de  tous  les  hommes;  la  critique  de 
l'outrecuidance  du  vulgaire  qui  prétend  décider  sans 
compétence  de  questions  si  compliquées  :  «  ceux 
qui  mènent  en  public  une  vie  mécanique,  ne  faut 
permettre  qu'en  parlant  de  lettres  sainctes,  ils  donnent 
plus  à  leur  sens  qu'au  jugement  des  doctes  ».  Avec 
une  pareille  méthode  on  ne  peut  jamais  parvenir  à 
l'unité,  et  l'unité  est  un  des  caractères  essentiels  de 
la  vérité,  et.  encore  les  mêmes  idées  chez  Cousteau, 
p.   110. 

P.  415,  1.  14.  En  Basque).  Une  traduction  du 
Nouveau  testament  en  basque  faite  par  Jean  de  Liçarague, 
ministre  protestant,  et  dédiée  à  Jeanne  d'Albret,  a 
paru  à  La  Rochelle  en  1571. 

P.  413,  1.  20.  L'uji  de  no:^  historiens  Grecs).  C'est 
Kicétas,  II,  IV.  Mais  Montaigne  a  pris  ceci  dans  un 
ou\-rage  de  Juste  Lipse  intitulé  :  Adversns  dialogistam 
liber  de  una  religione  :  «  Viri,  fœminte,  senes,  pueri, 
qua^stiunculis  ludunt  et  lasciviunt;  eoque  ventum,  ut 
pro  parum  sano  sit,  qui  non  sic  insanit.  Mysterium 
theologia  erat,  facta  est  populare  oblectamentum. 
Vis  imaginem  claram  horum  temporum  ?  Nicephori 
Gregorœ  ista  lege.  Apud  nos  etiam  opificibus  effusa 
sunt  arcana  theologiae,  atque  ita  omnes  inhiant 
ratiocinatiunculis  et  sermonibus  syllogisticis...  Quo- 
modo  autem  non  sit  absurdissimum,  olim  quidem 
cum  florerent  Gentilium  dogmata,  ordinem  aliquem 
fuisse,  et  arcana  quœ  Delphorum  theologis  commissa 
erant,  nulli  alii  vel  edicere,  vel  indagare  licuisse, 
sive  is  Plato,  sive  Socrates  aut  alius  sapientia  celebris 
fuisset  :  apud  nos  vero,  qui  purum  pietatis  m}'SLe- 
rium  profitemur,  ita  protanari  res  divinas,  et  omnibus, 
qui  de  theologia  disserere  volunt,  id  licère  suopte 
arbitrio  et  suffragio?...  Factionum  verô  Principes 
inter  se  digladiabantur,  et  linguas  contra  sese  niutuô 
armabant,  non  zelo  divino,  sed  iracundiîe  impetu 
ducti.  Nam  qui  secundum  Deum  est  zelus,  a  supernâ 
potentlâ  dependet,  et  divina  quadam  ac  moderatâ 
concinnaque  ratione  gubernatur.  Qui  verô  mentis 
suœ  fores  ambitioni  aperiunt,  ii  non  vident  zelum 
suum  in  œmulationem  et  odium  converti,  et  pro 
frumento,  uvâ,  ceterisque  bonis  fructibus,  spinas  et 
tribulos  in  hoc  agro  produci.  Hitc  autem  sunt  lites,  ab 
animo  non  satis  instituto  profectK,  &  adversariarum 


i66 


ESSAIS      DE      MOXTAIGNH. 


orationum  certamina.  Hx'C  in  Gnecià  olim  fuère.  i 
Quando?  Cùm  paullo  post  ruit.  Nos  quid  aliud 
exspecteuius,  nisi  malis  errationibus  finem  facimus... 
In  publico  et  in  populo  Disputationes  omnes  valde 
improbem.  Primùm,  quia  per  eas  excitantur  ad  novi- 
tates  multi,  &  pruriunt...  Deinde,  quia  Sisinnii 
consilium  (in  re  quidem  istâ  religionis)  mihi  probum, 
viri  diserti,  rerum  usu  periti,  in  litteris  sacris  eruditi, 
&  summi  item  philosophi.  Nam  hœc  elogia  illi  dant 
scriptores.  Is  igitur  Theodosio  aiebat  :  disceptationes 
non  soluni  non  reconciliare  schismata,  sed  h;v:reticos 
prœterea  ad  contentionem  accendere.  Idcirco  concer- 
tationes  Dialecticas  vitandas,  testésque  adhibendas 
tantùm  Formulas  Hdei  a  veteribus  éditas.  Antiqua 
enim  &  antiquos  si  rejiciunt,  qux  ratio  aut  argutia 
oos  vincet?...  Andronicus  igitur  Imp.  sapiens,  qui 
tantum  abfuit  ut  morem  tune  et  nunc  receptum  de 
divinis  dogmatibus  disserendi  probaret,  aut  de  Deo 
novum  aliquid  vel  dicere  vel  audire  vellet  (etsi  ipse 
rerum  divinarum  peritissimus),  ut  Novarum  patrarum 
Episcopum  Euthymum  virum  eruditione  clarum 
&  Joannem  Cinamum,  in  tabernaculo  suo  contra 
Lopadium  disserentes  super  isto,  pater  major  me  est, 
non  solùm  objurgarit,  sed  etiam  abjecturum  se  in 
pnïfluentem  amnem  Rhyndacum  seriô  minatus  sit, 
nisi  désistèrent  talia  loqui.  »  (m.)  La  traduction  de 
Juste  Lipse  a  induit  Montaigne  en  erreur.  Il  a  pris 
Lopadius  (qu'il  écrit  d'ailleurs  fautivement  Lapodius) 
pour  le  nom  d'un  personnage  alors  que  c'est  le  nom 
d'un  lac. 

P.  414,  1.  14.  La  première  de  celles  de  Platon).  Cf. 
Platon,  Ijois  :  «  Vobis  quidem  recte  necne  constitutœ 
sint  leges,  una  certc  lex  est  optima,  qua:  jubet  ne 
quis  juvenum  quajrere  audeat,  rectène  an  contra  se 
leges  habeant,  sed  uno  omnium  ore,  unaque  voce 
recte  tanquam  a  diis  positas  concedi  pni?cipit,  nec 
ullo  modo  aliter  pati  quicquam  a  juvenibus  cogitari  : 
Senem  autem  si  quid  excogitarit,  principibus  6c  a;qua- 
libus,  nemine  juvenum  audiente,  referre.  »  (P.  634; 
éd.  de  1546,  p.  750.) 

P.  414,  1.  19.  Un  cvesijne).  Cf.  Osorius,  Histoire 
du  roi  Emmanuel  de  Portugal  :  «  Il  (Tristan  de  Cugne) 
print  la  route  de  Zacotora,  en  laquelle  la  flotte  vint 
surgir  sans  aucun  empeschement,  et  en  peu  de  jours. 


Plusieurs  estiment  que  ceste  isle  est  celle  que  les 
anciens  appelloyent  Dioscoride,  laquelle  regarde  le 
Promontoire  de  Mozambique.  Elle  est  montagneuse, 
abondante  en  herbes,  et  fruits  de  diverses  sortes.  Les 
hahitans  sont  bigarrez  et  se  disent  Chrestiens.  Ils  ont 
des  temples  et  des  autels,  comme  Ion  void  en  Europe. 
Les  autels  ne  sont  parez  que  de  croix,  &  n'ont  point 
d'autres  images.  Es  jours  de  jusnes  qu'ils  observent 
fort  estroittement,  ils  s'abstiennent  fort  sévèrement 
de  manger  chose  aucune.  Ils  n'espousent  qu'une 
femme.  Ils  ont  les  mesmes  festes,  et  en  mesmes  jours 
que  les  Europeans,  mesmes  celles  des  saincts  :  payent 
entièrement  à  leurs  prestres  les  dismes  des  grains  et 
des  fruits  :  ne  savent  que  c'est  de  navires,  et  sont  si 
ignorans,  encores  qu'ils  facent  profession  de  Chres- 
tienté,  qu'ils  n'entendent  un  seul  mot  de  religion 
chrestienne.  »  (V,  vi,  191.) 

P.  415,  1.  3.  L'antien  commencement).  Cf.  Plutarque, 
De  l'Amour  :  «Tu  peux  bien  avoir  ouy  dire  commeiat 
Euripides  fut  sifflé  et  rabroué  pour  le  commancement 
de  sa  Tragédie  Menalippe  qu'il  avoit  ainsi  commancée. 

Cl  O  Jupiter,  car  de  toy  rien  sinon 

»  Je  ne  cognois  seulement  que  le  nom.  » 

P.  415, 1.  25.  Verbis  indisciplinatis).  «En  termes  non 
approuvés.  »  Saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  X,  xxix. 

P.  415,  1.  25.  Fortune).  Mot  dont  l'emploi  était 
censuré  à  Rome.  Cf.  Journal  de  voyage,  p.  250. 

P.  417,  1.  3.  OuiV,  nisi  seductis).  «  En  demandant 
des  choses  que  vous  ne  pouvez  confier  aux  dieux 
qu'en  les  prenant  à  part.  »  (Perse,  sat.  11,  4.) 

P.  417,  1.  II.  Hoc  ipsum).  «Dis  à  Staius  ce  que 
tu  veux  confier  à  l'oreille  de  Jupiter.  «  Grand  Jupiter, 
»  ô  bon  Jupiter!  »  s'écriera  Staius.  Et  tu  crois  que 
Jupiter  ne  dira  pas  comme  Staius!  »  {Id.,  sat.  11,  21.) 

P.  417,  1.  14.  La  Roy  ne  de  Navarre).  Cf.  Hepta- 
niéron,  journée  m,  nouvelle  25. 

P.  418,  1.  5.  Tacito  inala).  «Nous  murmurons  à 
voix  basse  des  prières  criminelles.  »  (Lucain,  V,  104.) 

P.  418,  1.  9.  Haud  cuivis).  «Il  est  peu  d'hommes 
qui  n'aient  pas  besoin  de  prier  à  voix  basse  dans 
les  temples,  et  qui  puissent  exprimer  tout  haut  les 
vœux  qu'ils  adressent  aux  dieux.  »  (Perse,  sat.  11,  6.) 
Cf.  ci-dessous  la  note  p.  418,  I.  14. 


LIVK1-;      I,      CHAPITRE      LVI. 


167 


P.  418, 1.  1 1.  Les Pythagon'nis).  Cf.  la  note  suivante. 

P.  418,  1.  14.  Clare  ciiin  dixit).  «  A  haute  voix  il 
invoque  Apollon,  puis  il  ajoute  du  bout  de.s  lèvres, 
avec  grand'peur  d'être  entendu  :  «  Belle  Laverne, 
»  accorde-moi  les  moyens  de  tromper,  de  paraître 
»  ju.ste  et  homme  de  bien  :- couvre  mes  fautes  de  la 
»  nuit  et  mes  larcins  d'un  nuage.  »  (Horace,  Ep. ,  III, 
I,  lé.)  Dans  l'édition  de  Lambin,  à  propos  de  ce 
vers  on  lit  la  note  suivante  :  Hune  locum  Kmulatus 
est  Persius  Saty.  II.  «  Haud  cuivis  promtum  est, 
murmurque,  humilesque  susurros  Tollere  de  templis, 
&  aperto  vivere  voto.  »  Volebant  autem  Pythagorei, 
clara  voce  diis  immortalibus  supplicari  :  e jusque  rei 
rationem  affert  Clemens  Alexandr.  Strom.  d.  non 
quod  (inquit)  existimarent,  eos  à  Deo  non  exaudiri, 
qui  summissè  loquerentur,  sed  quôd  preces  justas 
esse  volebant  :  quales  certè  neminem  pudeat  multis 
audientibus,  &  conseils  nuncupare...  H;v;c  notavit 
P.  \'ictorius  Flor.  »  C'est  certainement  dans  son 
édition    d'Horace   que  Montaigne   a   pris   la   citation 


de  Perse  qu'on  vient  de  lire,  car  c'est  la  seule  citation 
de  Perse  qu'on  trouve  dans  les  Essais  de  1 580. 

P.  418,  1.  18.  Fa-us  d'Œdippns).  Cf.  Platon, 
Second  Alcihiade  :  «  Qiiemadmodum  Œdipum  ferunt 
obsecrasse  deum,  de  regno  paterno  ut  filii  ferro  décer- 
nèrent... Unde  ad  eum  eventum  ista  venerunt,  atque 
ex  lis  alla  multa  &  gravia.  »  (P.   1^8;  éd.  de  1546, 

P-  43-) 

P.  419,  1.  17.  Dict  Plakm).  Dans  les  Lois:  «  Ab 
impuro  autem  capere  munera  neque  bonum  virum, 
neque  deum  decet.  »  (P.  716;  éd.  de  1546,  p.  791.) 

P.  419,  1.  19.  Immunis).  «Que  des  mains  inno- 
centes touchent  l'autel;  elles  apaisent  aussi  sûrement 
les  dieux  pénates  avec  un  gâteau  de  fleur  de  farine 
et  quelques  grains  de  sel,  qu'en  immolant  de  riches 
victimes.  «  (Horace,  Odes,  III,  xxiii,  17.) 

Chroxologih  :  Aucune  allusion  ne  permet  de  dater 
cet  essai. 


Chapitre   LVII. 


DE   LAAGE. 


P.  420,  1.  3.  DicI  le  jeune  Caton).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Caton  d'Utiqne  :  «Ne  demoura  que  Demetiius 
et  Apollonides  avec  auxquels  parlant  ja  plus  doul- 
cement,  il  dit  :  Estes  vous  point  aussi  vous  autres 
d'advis  de  retenir  en  vie  par  force  un  homme  de 
l'aage  que  je  suis?  &  n'estes  vous  point  demeurez 
icv  pour  vous  tenir  assis  sans  rien  dire  ne  faire  que 
me  garder?...  pourtant  allez  vous  en  hardyment, 
&  dites  à  mon  filz,  qu'il  ne  veuille  point  forcer  son 
père  à  ce  qu'il  ne  luy  sçauroit  prouver  par  raison 
qu'il  deust  faire.  «  (xx,  f"  549  r".) 

P.  420,  1.  6.  Onarante  &  hiiict  ans).  A  trente-neuf 
ans  Montaigne  se  disait  déjà  âgé,  il  estimait  vivre 
«  pieça  par  faveur  extraordinaire  »,  et  avoir  «  passé 
les  termes  accoustumez  de  vivre.  »  (I,  xx,  p.  104, 
1.  15.)  Dans  \c  Journal  de  voyage,  à  l'âge  de  quarante- 
huit  ans,  il  écrit  :  «  Tra  questo  godeva  in  animo 
quieto  seconde  che  comportano  le  mie  infermità,  e 
la  vecchiaia...  »  L'iige  de  trente-trois  ans  lui  parait 
être  le  terme  normal  de  l'existence.  «  Il  est  plein  de 
raison  et  de  pieté  de  prendre  exeniple  de  l'humanité 
mesme  de  Jesus-Christ  :  or  il  finit  sa  vie  a  trente 
et  trois  ans.  Le  plus  grand  homme,  simplement 
homme,  Alexandre,  mourut  aussi  à  ce  terme.  »  (I, 
XX,  104).  Mourant  à  trente-trois  ans,  La  Boétie 
semble  se  croire  à  la  porte  de  la  vieillesse,  et,  par  la 
pensée  qu'il  échappe,  il  se  console  de  quitter  les 
siens.  «  N'est  ce  pas  assez  vescu  jusques  à  l'aage 
auquel  je  suis  ?  J'estois  prest  à  entrer  à  mon  trente 
troisième  an...  Il  estoit  meshuy  temps  de  se  mettre 
aux  afaires  et  de  veoir  mille  choses  mal-plaisantes, 
comme  l'incommodité   de   la  vieillesse,  de  laquelle 


je  suis  quitte  par  ce  moien.  »  A  quarante-six  ans 
Erasme  écrivait  sur  sa  vieillesse.  Il  dit  encore  dans 
un  poème  intitulé  De  senectulis  incommodis  : 

«  At  floridam  juventani 
»  Usque  adeo  raale  prxcipiti  decurrere  filo, 

»  Ut  illius  priusquara 
»  Cognita  sat  bona  sint,  jam  nos  fugitiva  relinquant. 

»  Et  citius  atque  nosmet 
»  Plane  vivere  senserimus,  jam  vivere  fracti 

»  Repente  desinamus. 
»  At  cervi  volucres,  et  comix  garrula  vivunt 

»  Tôt  seculis,  vigentque. 
»  Uni  porro  homini  post  septima  protinus,  idque 

»  Vixdum  peracta  lustra, 
M  Corporeum  robur  cariosa  senecta  fatigat. 

«  \eque  id  satis,  sed  ante 
»  Quam  decimum  lustrum  volitans  absolverit  .ttas, 

»  Tentare  non  veretur 
»  Ininiortalcm  hominis,  ductanique  ex  a;there  partem. 

(Opéra  1703;  t.  IV,  col.  755.) 

Je  crois  qu'il  faut  voir  là  une  sorte  d'attitude  philo- 
sophique procédant  surtout  des  doctrines  stoïciennes, 
dont  le  premier  et  principal  précepte  consiste  dans 
le  mépris  de  la  vie. 

P.  421,  1.  25.  Auguste  retrancha).  Cf.  Suétone, 
Fie  d'Auguste  :  «  Judices  à  tricesimo  œtatis  anno 
allegit,  id  est,  quinquennio  maturius  quàm  solebant.» 
(xxxn.)  Toutes  les  éditions  du  xvi'=  siècle  écrivent 
«  tricesimo.  » 

P.  421,  1.  27.  Servius  TiiUius).  Cf.  Aulu-Gelle, 
I,  xxviii.  Mais  Aulu-Gelle  dit  quarante-six  ans  et 
non  quarante-sept;  Montaigne  a  trouvé  l'ordonnance 
de  Servius  Tullius,  ainsi  que  celle  d'Auguste,  rappelées 


LIVRE     1,      CHAPITRE     LVII. 


169 


dans  son  Suétone,  Vie  d'Auguste  :  «  Mox  reddendi 
equi  gratiam  fecit  (Augustus)  eis  qui  majores  annorum 
quinque  &  triginta  retinere  eum  noilent.  »  (xxwiu.) 
En  marge,  en  regard  du  mot  triginta,  on  lit  :  alias 
quadraginta.  Et  Béroald,  dont  Montaigne  a  suivi  l'opi- 
nion, écrit  en  note  :  «  Videtur  legendum  esse  quinque 
&  quadraginta  :  quoniam  ex  censu  instituto  a  Sen-io 
Tullio  usque  ad  annum  quadragesimum  quintum 
juniores  appellati  sunt,  supra  eum  seniores...  »  Et 
voici  la  note  de  Sabellicus  que  Montaigne  a  également 
mise  à  contribution  :  «  Ex  antiquo  Servii  Tullii 
instituto,  qui  supra  septimum  &  quadragesimum 
annum,  ut  parum  rei  militaris  idoneum  militcm 
non  allegit.  » 

P.  422,   1.   12.  5/  l'espine).   «Si  l'épine  ne  pique 
pas  en  naissant,  à  peine  piquera-t-elle  jamais.  » 


P.  422,  1.  20.  &  de  Scipimi).  «Bellicis...  quam 
pacis,  artibus  memorabilior  prima  pars  vitœ,  quam 
postrema,  fuit  :  quia  in  juventa  bella  assidue  gesta; 
eum  senecta  res  quoque  defloruere,  nec  pritbita  est 
materia  ingenio.  » 

P.  423,  1.  2.  Se  fanisseiit).  Montaigne  parlera  de 
même  de  la  vieillesse  à  la  fin  de  l'essai  III,  11. 

P.  423,  1.  3.  Ubi  jam).  «Quand  les  rudes  secousses 
du  temps  ont  ruiné  le  corps,  et  que  les  membres 
ont  perdu  leurs  forces,  le  jugement  cloche  aussi,  et 
la  langue  et  l'esprit  se  détraquent.  »  (Lucrèce,  III, 
452.)  Le  texte  de  Montaigne  est  exactement  conforme 
à  celui  de  Lambin  (p.  221). 

Chron'glogie  :  Aucune  allusion  ne  permet  de 
dater  cet  essai. 


FIN    DU    LIVRE    PREMIER. 


LIVRE    SECOND. 


Chapitre   ]. 


DE      L  INCONSTANCE      DE     NOS      ACTIONS. 


P.  I,  1.  5.  h'  jeune  Marins).  Cf.  Plutarquc,  Fie  de 
Marins  :  «  On  le  teint  du  commencement  pour 
homme  adventureux  &  hardy,  à  l'occasion  dequoy 
on  le  surnomma  filz  de  Mars  :  mais  bien  tost  après 
ses  effects  monstrerent  bien  le  contraire  :  &  à  ceste 
cause  fut  surnommé  fîlz  de  Venus.  »  (.\vi,  f"  303  v°.) 

P.  I,  1.  6.  Le  Pape  Boniface).  Cf.  Bouchet,  Annales 
d' Aquitaine  :  «  Et  de  luy  (Bonitace  VIII)  a  esté  ûtict 
l'Epitaphe  qui  s'ensuit  :  «  Intravit  ut  Vulpes,  regnavit 
»  ut  Léo,  mortuus  est  ut  Canis.  »  (F"  102  r".) 

P.  I,  1.  8.  Que  ce  fust  Néron).  Cf.  Sénèque,  De 
clementia  :  «  Invitus  (Burrhus)  cum  charta  protulisset 
traderetque,  exclamasti,  vellem  nescire  literas.  »  (II, 

',  35(^0 

P.  2,  1.  9.  Malnin  consilinni).  «  C'est  une  mau- 
vaise résolution  que  celle  sur  laquelle  on  ne  peut 
pas  revenir.  »  (Publius  Syrus  d'après  Aulu-Gelle, 
XVII,  14.) 

P.  2,  1.  27.  Dict  un  ancien).  Cf.  Sénèque,  Epitres  : 
«  Quid  est  sapientia  ?  Semper  idem  velle  atque  idem 
nolle.  Licet  illam  exceptiunculam  non  adjicias,  ut 
rectum  sit  quod  velis,  non  potest  cuique  semper  idem 
placere,  nisi  rectum.  »  (Ep.  20,  p.  104.) 

P.  3,  1.  6.  De  Demosthenes).  Discours  funèbre  sur 
les  guerriers  morts  à  Chéronée  attribué  à  Démosthène. 

P.  3,  1.  9.  Nul  n'y  a  pensé).  Cf.  Sénèque,  Épîtres  : 


«  In  totum  nulli  velle  aut  nolle  decretum  est.  » 
(Ép.  20,  p.  104.) 

P.  3,  1.  10.  Ouod  peliil).  «  Il  méprise  ce  qu'il  a 
demandé,  il  redemande  ce  qu'il  a  quitté;  toujours 
flottant,  il  se  contredit  sans  cesse.»  (Horace,  Ep.,  I, 
I,  98.) 

P.  3,  1.  14.  Nous  ne  pensons).  Cf.  Sénèque,  Epitres  : 
«  Nesciunt  homines  quid  velint,  nisi  illo  momento, 
quo  volunt.  »  (Ep.  20,  p.  104.) 

P.  3,  1.  15.  Comme  cet  animal).  Il  s'agit  du  camé- 
léon ou  du  poulpe;  c'est  une  image  qu'on  retrouve 
fréquemment  dans  les  Œuvres  morales  de  Plutarque, 
Comnwnt  on  pourra  discerner  le  flatteur  d'avec  l'amy  : 
«  Le  flatteur  véritablement  est  tres-diflîcile  à  descou- 
vrir &  surprendre,  ne  plus  ne  moins  que  les  animaux 
qui  de  nature  ont  ceste  propriété  de  muer  de  couleur, 
et  de  ressembler  en  tainture  à  tous  lieux  et  tous 
corps  où  ils  touchent.  »  Ç\,  i'°  41  \°.)  Cf.  encore 
id.,  ibid.  (viii,  f°  42  \-"),  et  encore  De  la  pluralité 
d'amis  (viii,  f°  105  v").  La  même  image  est  reprise 
par  beaucoup  d'auteurs  du  xvr'  siècle.  Crinitus,  après 
avoir  décrit  la  propriété  du  poulpe  de  changer  de 
couleur,  ajoute  :  «Hinc  vêtus  proverbium  traditur  de 
iis  hominibus  qui  ad  omnia  commode  atque  aptissime 
se  habent  :  quod  in  Atheniensem  Alcibiadem  relatum 
est.  »  (JDe  honesta  disciplina,  xviii,   14.)  Cf.  encore 


172 


ESSAIS      DE      MOXTAIGXE. 


Jean  de  Coras,  traduction  de  l'altercation  d'Epictète 
avec  Adrian  (éd.  de  1558,  p.  109);  Gentillet,  Discours 
sur  la  manière  de  bien  gouverner  (éd.  de  1576,  p.  505); 
Guazzo,  Civile  conversation  ;  etc. 

P.  3, 1.  16.  Ce  que  mus  avons).  Rapprocher  Sénèque, 
Èpîtres  :  «  Variatur  quotidie  judicium  &  in  contra- 
rium  vertitur.  »  (Ép.  20,  p.  104.) 

P.  3,  1.  19.  Dncimur.)  «Nous  nous  laissons  mener 
comme  des  marionnettes  articulées  par  des  fils  qui 
nous  dirigent.  »  (Horace,  Sat.,  II,  vu,  82.) 

P.  3,  1.  20.  Nous  n'allons  pas).  Cf.  Sénèque, 
Épitres  :  «  Ceteri  eorum  more,  quœ  fluminibus  inna- 
tant,  non  eunt,  sed  feruntur.  Ex  quibus  alla  levior 
unda  detinuit  ac  mollius  vexit,  alia  vehementior 
rapuit.  »  (Ép.  23,  p;  108.) 

P.  3,  1.  23.  Nonne  videmus).  «Ne  voyons-nous 
pas  que  l'homme  cherche  toujours  sans  savoir  ce 
qu'il  veut,  et  qu'il  change  continuellement  de  place, 
comme  s'il  pouvait  ainsi  se  délivrer  de  son  fardeau?  » 
(Lucrèce,  III,  1070.) 

P.  3,  1.  28.  Taies  sunt).  «  Les  pensées  des  hommes 
changent  avec  chaque  jour  que  Jupiter  leur  envoie.  » 
(Vers  traduit  de  l'Odyssée,  xviii,  135,  par  Cicéron, 
et  conser\-é  par  samt  Augustin  dans  la  Cilé  de  Dieu 
(V,  xxviii).  Toutes  les  éditions  de  saint  Augustin 
du  XVI'  siècle  que  j'ai  consultées  donnent  «  auctiferas  », 
tandis  que  Montaigne  écrit  «  auctifero  » . 

P.  4,  1.  I.  Nous  flotons).  Cf.  Sénèque,  Epitres  : 
«  Fluctuamus  inter  varia  consilia.  Nihil  libère  volumus, 
nihil  absolute^  nihil  semper.  »  (Ep.  52,  p.  135.) 

P.  4,  1.  7.  Empedocks).  Cf.  Diogène  Laërce,  Fie 
d'Einpédocle  :  «  Agrigentini  deliciis  quidem  ita  quo- 
tidie se  dedunt,  ac  si  postridie  morituri  :  domos 
verô  ita  aedificant,  quasi  perpétué  victuri.  »  (VIII, 
LXiii,  560.) 

P.  4,  1.  II.  C'est  une  harmonie).  Rapprocher  une 
expression  de  Sénèque,  Epîtres  :  «  .^qualitas,  ac 
ténor  vitx-  per  omnia  consonans  sibi.  »  (Ep.  31, 
p.  118.) 

P.  4,  1.  28.  Comme  dict  le  conte).  Je  crois  que 
Montaigne  fait  allusion  à  un  conte  de  Marguerite 
de  Navarre  (Heptaméron,  II,  xx). 

P.  5,  1.  2.  Le  muletier).  Le  personnage  du  mule- 
tier  reparaît   sans   cesse   dans   les   contes   d'amour. 


Cf.  Boccace  et  La  Fontaine.  On  lit  dans  un  ancien 
Règlement  d'amour  : 

«  Pour  un  seul  coup,  sans  y  faire  retour, 

)>  c'est  proprement  d'un  malade  le  tour  ; 

»  Deux  bonnes  fois  à  son  aise  le  faire, 

»  c'est  d'homme  sain  suffisant  ordinaire  ; 

»  L'homme  galant  donne  jusqu'à  trois  fois, 

»  le  moine  quatre  ou  cinq  d'aucunes  fois  ; 

»  Six  et  sept  fois  ce  n'est  le  mestier 

»  d'homme  d'honneur  :  c'est  pour  un  muletier.  » 

Montaigne  qui  a  lu  beaucoup  de  contes  nous 
reparlera  encore  du  muletier  dans  l'essai  II,  xii,  t.  II, 
p.  212. 

P.  5,  1.  3.  Antigonus).  Cf.  Plutarque,  Vie  de  Pélo- 
pidas  :  «  On  racompte,  que  le  Roy  Antigonus  avoit 
à  son  ser\-ice  un  soudard,  entre  autres,  fort  aven- 
tureux :  mais  au  demourant  mal  sain  de  sa  personne, 
&  gasté  dedans  le  corps.  Le  Roy  luy  demanda  un 
jour,  d'où  procedoit  qu'il  estoit  ainsi  pasle,  &  avoit 
si  mauvaise  couleur.  Le  soudard  lui  confessa,  que 
c'estoit  pour  une  maladie  secrette,  qu'il  ne  luy  ozoil 
bonnement  déclarer.  Quoy  entendu,  le  Roy  com- 
manda expressément  à  ses  médecins  &  chirurgiens 
qu'ilz  advisassent  que  c'estoit,  &  s'il  y  avoit  aucun 
moien  de  le  guarir  qu'ilz  y  emploiassent  toute  la 
diligence  qui  leur  seroit  possible  à  le  bien  penser  : 
comme  ilz  feirent  :  tellement  que  le  soudard  recouvra 
la  santé  :  mais  guar\-  qu'il  fut,  il  ne  se  monstra  plus 
si  gentil  compagnon,  ne  si  avantureux  aux  dangers 
de  la  guerre,  comme  il  faisoit  au  paravant  :  de 
manière  que  Antigonus  mesme,  s'en  estant  apperceu, 
l'en  reprit  un  jour,  en  luy  disant,  qu'il  s'esmer\-eilloit 
fort  de  veoir  un  si  grand  changement  en  luy  :  dont 
le  soudard  ne  luy  cela  point  l'occasion,  ains  luy  dit. 
Vous  m'avez.  Sire,  vous  mesme  rendu  moins  hardy 
que  je  n'estois,  en  me  faisant  penser  &  guarir  des 
maulx  pour  lesquelz  je  ne  tenoie  compte  de  ma 
vie.  »  (i,  f"  191  v°.) 

P.  5,1.  14.  Ferbis).  «  En  termes  à  donner  du  cœur 
aux  plus  timides.  »  (Horace,  Ép.,  II,  11,  36.) 

P.  5,  1.  16.  Quantumvis).  «Tout  grossier  qu'il 
était,  il  répondit  :  «  Ira  là  qui  aura  perdu  sa  bourse.  » 
(/(/.,  ibid.,  II,  39.) 

P.  5, 1.  19,  Mecbiiiti).  Cf.  Chalcondylc  :  «Mechmet 


LIVRE      II,      CHAPITRE      I. 


173 


eust  un  extrême  desplaisir  de  l'esloignement  de  ses 
Gennisseres,  la  plus  grand'  partie  desquels  s'estoient 
desbandez  de  costé  &  d'autre  pour  aller  au  fourrage, 
il  fit  venir  à  soy  Chasan  leur  Aga,  auquel  d'une 
extrême  collere  il  parla  en  cette  sorte.  Et  où  sont  à 
cette  heure  (liomme  mal-heureux,  le  plus  mal- 
heureux de  tous  autres)  où  sont  ceux  dont  je  t'avois 
donné  la  charge...  A  quoy  il  ne  répliqua  autre  chose, 
sinon  tant  seulement  :  Certes,  Seigneur,  quand  à 
ceux  que  de  vrav  tu  m'avois  laissé  en  charge,  la  plus 
part  sont  morts  ou  blessez;  que  s'il  y  en  a  encore 
quelques  uns  qui  soient  sains,  ils  ne  me  veuUent 
plus  obeyr.  Parquoy  ce  que  je  puis  pour  cette  heure, 
est  de  m'aller  tout  de  ce  pas  présenter  la  teste  baissée 
aux  ennemis,  &  là  coQîbattant  vaillamment  pour  ton 
service,  perdre  la  vie  selon  la  fidélité  &  obéissance 
que  je  te  dois.  Ce  disant  s'en  va  souldain  ruer  tout 
au  plus  fort  de  la  meslée,  où  il  fut  incontinent  mis 
en  pièces,  à  la  veuë  mesme  de  Mechmet.  »  (\'III, 
xiii,  556-557-) 

P.  6.  1.  8.  Aucuns  nous  songent).  Il  s'agit  des 
Manichéens  dont  il  est  souvent  parlé  dans  la  Cite  de 
Dieu  de  saint  Augustin. 

P.  6,  1.  26.  Distingo).  Je  distingue. 

P.  7,  1.  15.  Quand,  estant  lâche).  Rapprocher 
Sénèque,  Épîtres  :  «  Sed  semel  hune  vidimus  in  bello 
fortem,  in  foro  timidum,  animose  paupertatem 
ferentem,  humiliter  infamiam  :  factum  laudavimus, 
contempsimus  virum.  »  (Ép.  120,  p.  284.) 

P.  8,  1.  I.  La  superstition).  Arrien  revient  souvent 
sur  ce  défaut  d'Alexandre.  Voir  en  particulier  tra- 
duction Witard,  pp.  20,  21,  30,  33,  44,  56,  91, 
97,  146,  etc. 

P.  7,  1.  18.  Dict  Cicero).  Dans  les  Tusculanes  : 
«Gréeci  hostem  adspicere  non  possunt,  eidem  morbos 
toleranter  atque  humane  ferunt.  At  Cimbri  et  Celti- 
beri  in  pr^eliis  exsultant,   lamentantur  in  morbo.  » 

(II,    XXVII.) 

P.  7,  1.  19.  Nihil  enim polest).  «Rien  ne  peut  être 
stable  qui  ne  procède  d'un  principe  ferme.»  Qd.,  ibid.) 

P.  8,  1.  5.  Vohiptatem  contemnunt).  «Ils  méprisent 
la  volupté,  mais  la  douleur  les  trouve  lâches;  ils 
dédaignent  la  gloire,  mais  une  mauvaise  réputation 
abat  tout  leur  courage.  » 


P.  8,  1.  14.  Cui  vivendi).  «Qui  a,  après  examen, 
choisi  la  route  qu'il  veut  suivre  dans  la  vie.  » 
(Cicéron,  Parado.xes,  Y,  i.) 

P.  8,  1.  15.  /('  dy  de  voye).  Rapprocher  Sénèque, 
Épîtres  :  «Nec  hoc  dico,  sapientem  uno  semper  iturum 
gradu,  sed  una  via.  »  (Ep.  20,  p.  104.)  Montaigne 
a  déjà  fait  usage  de  la  même  image  au  début  de 
l'essai  I,  \li\'. 

P.  8,  1.  18.  Dict  un  ancien).  Sénèque,  dans  les 
Epîtres  :  «  Necesse  est  multum  in  vita  nostra  casus 
possit  quia  vivimus  casu.  »  (Ep.  71.) 

P.  8,  1.  19.  ^  qui  n'a  dresse).  Jd.,  ihid.  :  «Tanquam 
quis  possit  de  parte  suadere,  nisi  qui  summum  prius 
totius  x'ixx  complexus  est.  »  (Ep.  93.) 

P.  8.  1.  21.  //  est  impossible).  Id..  ibid.  :  «Non 
disponet  singula,  nisi  cui  jam  vitce  sua;  summa  pro- 
posita  est.  »  (Ep.  71.) 

P.  8,  1.  22.  A  quoy  faire).  Id.,  ibid.  :  «Nemo, 
quamvis  paratos  habeat  colores,  similitudinem  reddet, 
nisi  jam  constet  quid  velit  pingere.  »  (Ep.  71.) 

P.  8,  1.  23.  Aucun  ne  fait).  Id.,  ibid.  :  «  Ideo  pec- 
camus,  quia  de  paitibus  vitœ  omnes  deliheramus, 
de  tota  nemo  délibérât.  »  (Ep.  71.) 

P.  8,  1.  24.  L'archier  doit).  Id.,  ibid.  :  «  Scire  débet 
quid  petat  ille,  qui  sagittam  vult  mittere;  et  tune 
dirigere  ac  moderari  manu  telum  :  errant  consilia 
nostra  quia  non  habent  quo  dirigantur.  »  (Ep.  71.) 

P.  8,  1.  28.  Pour  Sophocles).  Cf.  Cicéron,  De  senec- 
tute,  VII  ;  Plutarque,  Si  l'homme  d'âge  se  doit  entremettre 
des  affaires  d'état,  i°  80  r". 

P.  9,  1.  I.  Zrt  conjecture  des  Par  iens).  Cf.  Hérodote: 
«  Quand  certains  preud'hommes  des  leurs  furent 
arrivez  leans,  voyans  les  maisons  fort  en  décadence, 
dirent  que  ils  vouloyent  voyager  par  toute  l'isle  : 
auquel  voyage  quand  ils  apperceurent  aucun  héritage 
bien  entretenu,  cultivé  &  labouré  :  Ils  prindrent  par 
escrit  le  nom  de  celuy  à  qui  il  appartenoit.  Apres 
toute  l'isle  chevauchée  &  visitée  ayans  trouvé  peu 
de  terres  ainsi  bien  accoustrees,  retournèrent  subite- 
ment en  la  ville,  &  feirent  convoquer  tous  &  chacuns 
les  habitans,  en  la  présence  desquelz  ils  ordonnèrent 
pour  le  gouvernement  ôz  police  d'icelle  ceux,  dont 
ils  avoyent  trouvé  les  terres  bien  labourées  :  disans 
qu'ainsi  sauroyent-ils   bien   administrer   les  affaires 


174 


ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


publiques,  comme  ils  faisovent  les  leurs.  »  (V,  xxix, 

t.    I,   fo    324   V°.) 

P.  9,  1.  9.  Diverse).  Rapprocher  Sénèque,  Epitrcs  : 
«  Multiformes  sumus.  »  (Ep.  120.) 

P.  9,  1.  II.  Magnam  rem).  Cf.  Sénèque,  Épîtrcs  : 
«Sois  persuadé  qu'il  est  très  difficile  d'être  toujours 
le  même  homme.  »  (Ep.  120.) 

P.  9, 1.  21.  Hacduce).  «  Sous  la  conduite  de  Vénus 
la  jeune  fille  passe  furtivement  parmi  ses  gardiens 
endormis,  et  seule,  dans  les  ténèbres,  va  trouver  son 
amant.  »  (Tibulle,  II,  i,  75.) 

Chronologie  :  Un  trait  emprunté,  suivant  toute 
vraisemblance,  à  Bouchet  (Boniface  huitiesme...), 
indique  que  nous  sommes  encore  dans  la  première 
période  (environ  1572).  Une  phrase  invite  même  à 
croire  que  cet  essai  est  antérieur  à  la   reprise  des 


hostilités  qui  marquèrent  l'année  1573.  En  effet, 
Montaigne  date  une  de  ses  anecdotes  par  les  mots 
suivants  :  «  Pendant  les  desbauches  de  nostre  pauvre 
estât,  on  me  rapporta...»  La  formule  semble  laisser 
entendre  que  les  troubles  ont  cessé  à  l'époque  où 
Montaigne  parle,  et  que  «  nostre  pauvre  estât  »  n'est 
plus  en  «  desbauche  ».  Notons  d'ailleurs  que  dans  cet 
essai  :  i"  nous  sentons  encore  très  directe  l'influence 
des  Vies  de  Plutarque  qui  inspirent  une  bonne  partie 
des  essais  de  1572  (cf.  I,  xxxviii,  I,  xlvii);  2"  nous 
ne  trouvons  pas  encore  l'influence  des  Œuvres  morales 
qui  deviendra  prépondérante  dans  la  suite;  3°  une 
bonne  partie  de  l'essai  présente  la  composition  en 
forme  de  mosaïque,  avec  de  nombreux  emprunts 
aux  Sentences  de  Sénèque,  qui  nous  a  paru  caracté- 
riser certains  essais  de  1572,  et  qui  semble  absente 
des  essais  de  1578  (cf.  I,  xiv,  xx,  xxxix,  xui). 


Chapitre   II. 


DE      L   YVRONGXERIE. 


P.  lo,  TITRE.  La  source  principale  de  cet  essai  doit 
être  cherchée  dans  les  œuvres  de  Sénèque,  spécia- 
lement dans  l'épître  83  et  dans  le  De  tranqtiillitate 
vitx,  XV.  Il  est  utile  de  rappeler  cependant  que  le 
sujet  de  l'ivrognerie  est  traité  dans  trois  leçons  de 
Messie  (III,  xvi,  xvii,  xviii),  et  que  dans  l'une  d'elles 
(III,  xvii).  Messie  insiste  tout  particulièrement  sur 
deux  idées  que  nous  allons  retrouver  chez  Montaigne  : 
1°  que  le  vin  arrache  les  secrets;  2"  que  certains 
médecins  (Rasis,  Avicenne)  conseillent  pour  la  santé 
de  s'enivrer  quelquefois.  Je  ne  crois  pas  que  Mon- 
taigne ait  sur  ce  point  rien  emprunté  consciemment 
à  Messie,  mais  Messie  nous  montre  que  ce  sujet 
était  dans  la  tradition  du  genre  des  leçons.  Il  repa- 
raîtra dans  une  des  Sérées  de  Bouchet  (I,  v),  qui, 
publiées  en  1584,  semblent  faire  quelques  emprunts 
aux  essais  de  1580,  et  auxquelles  les  essais  de  1588  en 
retour  feront  peut-être  quelques  emprunts. 

P.  10,  1.  1.  Le  monde  n'est  que  variété).  Cette  idée 
est  très  fortement  exprimée  dans  l'épître  113  de 
Sénèque,  et  précisément  pour  combattre  l'opinion 
des  stoïciens  qui  font  toutes  les  vertus  égales. 

P.  10,  1.  3.  Les  Stoïciens).  Cf.  Plutarque,  Contredits 
des  philosophes  stoïqnes,  xiii. 

P.  10,  1.  6.  Ouos  ultra)  «  En  dehors  desquelles  il 
ne  saurait  y  avoir  de  droit  chemin  ni  au  delà  ni  en 
deçà.  »  (Horace,  Sat.,  I,  i,  107.) 

P.  10,  1.  10.  Nec  vincet  ratio).  «  On  ne  prouvera 
jamais  par  de  bonnes  raisons  que  voler  des  choux  dans 
le  jardin  d'autrui  soit  un  aussi  grand  crime  que  de  piller 
un  temple  pendant  la  nuit.  »  (Jd.,  ibid.,  I,  m,  115.) 


P.  II,  1.  I.  Socrates  disait).  Rapprocher  Platon, 
Charmide,  xxii,  p.  174,  etc. 

P.  II,  1.  9.  La  plus  grossière  nation).  L'Allemagne, 
dont  Montaigne  reparlera  plusieurs  fois  dans  ce  cha- 
pitre. Dans  le  Journal  de  voyage  il  écrit  :  «  Leur  vin 
se  sert  dans  des  vaisseaus  come  grandes  cruches,  et 
est  un  crime  de  voir  un  gobelet  vuide  qu'ils  ne 
remplissent  soudein,  et  jamais  de  l'eau,  non  pas  à 
ceus  mesmes  qui  en  demandent,  s'ils  ne  sont  bien 
respectés.  »  (P.  108.)  Voir  encore  I,  xxvi,  217. 

P.  II,  1.  13.  Ctim  vini).  «Sous  l'action  du  vin 
les  membres  s'appesantissent,  les  jambes  hésitent  et 
\acillent,  là  langue  s'embarrasse,  l'esprit  s'égare,  les 
yeux  deviennent  hagards,  puis  ce  sont  des  cris,  des 
hoquets,  des  injures.  »  (Lucrèce,  m,  475.) 

P.  II,  1.  19.  Comme  le  moust).  Cf.  Sénèque,  Epîtres  : 
«  Quemadmodum  mustum  dolia  ipsa  rumpuntur, 
&  omne  quod  in  imo  jacet  in  summam  partem  vis 
caloris  éjectât  :  sic  vino  exœstum  ante,  quidquid  in 
imo  jacet  abditum,  effertur  &  prodit  in  médium.  » 
(Ép.  83,  p.  192.) 

P.  II,  1.  23.  Tu  sapientiuni).  «C'est  toi  qui,  dans 
les  délires  de  Bacchus,  arraches  aux  sages  leurs  soucis 
et  leurs  plus  secrètes  pensées.  »  (Horace,  Odes,  III, 
XXI,  14.)  Horace  s'adresse  à  son  amphore. 

P.  II,  1.  26.  Josephe).  Cf.  De  vita  sua.  «  Ei  j'j[j.-;ïïv 
r,;j.Tv,  £Çï;v,  6ïAr|7£'.aç,  'i.r^iht:  -/.x-zx  y.ûaOsv  Spa/;;Aï;v  ;j.îav.  » 
()  2 'aî-jJ-Évioi;  6— ^/.suasv,  v.x:  tîA'jv  tèv  slvsv  zpijsîpîji.svîç 
•j-îp  -z~j  xXôTïv  Aasïïv  àpyûp'.sv,  y.al  ixêO-jaSel;  o-r/.iv.  ■z'x 
xr.ispr,-x  jtéyeiv  sSJva'ïî,  iW  sçpocÇsv  c'y/.  Èp(j)TW[A£Vîç 
ty;v  -î  cjv£iy.£'ja^i;.îvr,v  £7:'.6:jAïiv  y.al  (ô;  y.3T£'Vf|Ç'.j;AiVîr 


176 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


£"v  ôivaTîv  T.xz'  ajTiTç.  »  (Éd.  Dindorf,  parng.  44; 
éd.  de  1544,  p.  641.) 

P.  II,  1.  28.  Auguste,  s'estant).  Cf.  Sénèque,  Épî- 
tres  :  «  L.  Piso  urbis  custos  ebrius  ex  quo  semel 
factus  est  fuit,  majorem  partem  noctis  in  convivio 
exigebat,  usque  in  horam  sextam  fere  dormiebat,  hoc 
erat  ejus  matutinum.  Officium  tamen  suum  (quo 
tutela  urbis  continebatur)  diligentissimè  adminis- 
travit.  Huic  &  divus  Augustus  dédit  sécréta  mandata, 
cum  illum  prjeponeret  Thraciœ,  quam  perdomuit  : 
&  Tj'berius  proficiscens  in  Campaniam,  cum  multa 
in  urbe  &  .suspecta  relinqueret  &  invisa,  puto  quia 
illi  bene  cesserat  Pisonis  ebrietas,  postea  Cossum 
fecit  urbis  prsefectum,  virum  gravem,  moderatum 
sed  mersum  vino  &  madentem  adeô,  ut  ex  senatu 
aliquando  (in  quem  è  convivio  venerat)  oppressus 
inexcitabili  somno  tolleretur.  Huic  tamen  Tyberius 
multa  sua  manu  scripsit,  qua;  committenda  ne  minis- 
tris  quidem  suis  judicabat  :  nullum  Cosso  aut  privatum 
secretum,  aut  publicum  elapsum  est.  »  (Ép.  83,  p.  192.) 

P.  12,  1.  5.  Exlt'ino).  «Les  veines  enflées,  comme 
de  coutume,  du  vin  qu'il  avait  absorbé.  »  (Virgile, 
Bucoliques,  vi,  15.)  Le  vers  est  un  peu  différent  chez 
Virgile.  Le  voici  tel  qu'on  le  lit  dans  l'édition  possédée 
par  Montaigne  : 

(I  Inflatum  hesterno  (de  la  veille)  venas,  ut  semper,  laccho.  » 

(F"  10  y-.) 

Je  n'ai  trouvé  le  texte  de  Montaigne  dans  aucune 
édition  du  xvr  siècle. 

P.  12,  1.  6.  Et  commit  on  aussi).  Cf.  Sénèque, 
Épttres  :  «  De  illa  Caii  Cssaris  cœde,  illius  dico  qui 
superato  Pompeio  rempublicam  tenuit,  tam  creditum 
est  Tullio  Cymbro  quam  C.  Cassio.  Cassius  tota 
vira  aquam  bibit.  Tullius  Cymber  &  nimius  erat  in 
vino  &  .scordalus  in  hanc  rem  locutus  est  ipse.  Ego 
inquit,  quenquam  feram,  qui  vinum  ferre  non  pos- 
sum!  »  (Ép.  83,  p.  192.) 

P.  12,  1.  II.  Nec  facilis).  «Il  n'est  pas  facile  de 
les  vaincre  tout  ivres,  tout  bégayants,  tout  titubants 
qu'ils  sont.  »  (Juvénal,  Satires,  XV,  47.) 

P.  12,  1.  14.  Attalus).  Cf.  Diodore  de  Sicile  : 
«  Attalus  feit  convier  de  .soupper  avec  luy  le  premier 
Pausanias  et  l'ayant  enyvré  abandonna  son  corps  à  tous 


les  palefreniers  et  mulatiers  à  en  abuser  charnellement, 
comme  d'une  putain.  »  (XVI,  xxvi,  î°  256  r°.) 

P.  13,  1.  9.  Jusques  aux  Stoyciens).  Cf.  Sénèque, 
De  tranquiUitate  vitx  :  «  Cato  vino  laxabat  animum 
curis  publicis  fatigatum.  »  (xv,  186.) 

P.  13,  1.  II.  Hoc  quoque).  «On  dit  même  que, 
dans  cet  assaut  de  vigueur,  le  grand  Socrate  remporta 
autrefois  la  palme.  »  (Pseudo-Gallus,  I,  xlvii.) 

P.  13,  1.  13.  Caton).  Cf.  Sénèque,  De  trauquillitate 
viîœ  :  «  Catoni  ebrietas  objecta  est.  »  (xv,  386.) 
Montaigne  a  corrigé  une  erreur  qu'il  avait  commise 
en  1580  et  conservée  en  1588  :  «  La  vraye  image  de 
la  vertu  stoïque,  Caton...  »,  disait-il;  l'expression 
venait  encore  du  même  passage  de  Sénèque  :  «  Cato 
ille  virtutum  viva  imago...  >'  Mais  naturellement  ces 
paroles  s'appliquent  à  Caton  d'Utique.  Il  y  avait 
donc  une  confusion  entre  les  deux  personnages  que 
Montaigne  a  supprimée  après  1588  seulement. 

P.  13,  1.  14.  Nanatur).  «On  raconte  aussi  du 
vieux  Caton  qu'il  réchauffait  sa  vertu  dans  le  vin.  » 
(Horace,  Odes,  III,  xxi,  11.) 

P.  13,  1.  lé.  Cyrus).  Cf.  Plutarque,  Fie  d'Ar- 
Inxer.xès  :  «  (Cyrus)  parlant  de  soymesme  avantageu- 
sement, il  disoit  qu'il  avoit  le  cueur  plus  grand  que 
son  frère  (Artaxerxes),  qu'il  enduroit  mieulx  toutes 
nécessitez  que  luy,  qu'il  entendoit  mieulx  la  Magie, 
qu'il  beuvoit  plus  de  vin  et  le  portoit  mieulx.  «  (11, 
f°  660  r°.)  Cf.  aussi  les  Propos  de  table,  I,  4. 

P.  1 3, 1.  19.  A  Silvius).  Jacques  Dubois  dit  Sylvius, 
né  à  Amiens  en  1478,  mort  à  Paris  en  1555;  mathé- 
maticien et  médecin  de  grande  réputation;  il  eut  un 
immense  succès  comme  régent  au  collège  de  Tréguier, 
ensuite  et  surtout  comme  lecteur  en  médecine  au 
collège  ro}^al.  Ses  œuvres  ont  été  réunies  en  1630. 
On  lit  une  pièce  sur  lui  dans  le  deuxième  livre  des 
Touches  de  Tabourot  des  Accords. 

P.  14,  1.  I.  Escript-on  que  les  Perses).  Cf.  Guillaume 
Bouchet,  les  Sérées  :  «  Ruffus  dit  que  les  Perses  vou- 
lans  traicter  de  la  Republique  s'y  mettoyent  après 
boire  :  parce  que  le  vin  .sert  a  aiguiser  l'esprit  et  la 
raison,  et  surtout  a  trouver  la  vérité.  >>  (Discours 
préliminaire.)  Outre  Ruffus,  Bouchet  indique  comme 
source  Xénophon;  cf.  encore  Plutarque,  Propos  de 
table,  VII,  10;  Hérodote,  I,  133,  etc. 


LIVRE     II,      CHAPITRE      II. 


177 


P.  15,  1.  18.  Marc  Jure! le).  Marc-Aiircle  ou  YHor- 
/oft'  des  Princes,  ouvrage  composé  en  espagnol  par 
l'évèque  Antoine  de  Guevara  (1529)  et  qui  eut  un 
très  vif  succès  en  Italie,  en  France  et  en  Angleterre 
aussi  bien  qu'en  Espagne.  En  France  l'ouvrage  a  été 
connu  surtout  par  la  traduction  de  René  Bertaut, 
seigneur  de  la  Grise,  qui  parut  en  1531,  à  Paris, 
chez  Galliot  du  Pré  et  qui  fut  à  diverses  reprises 
revisé  et  sans  cesse  réimprimé  jusqu'après  1550,  puis 
par  celle  d'Herheray  des  Essars,  qui,  publiée  en  1555, 
eut  de  nombreuses  éditions  dans  la  seconde  moitié 
du  xvi'^  siècle. 

P.  lé,  1.  14.  Rnvnojis  à  nos  bouteilles).  Rapprocher 
dans  l'essai  III,  vi  :  «Enfin  retombons  à  nos  coches.  » 
C'est  un  tour  imité  du  style  des  conteurs.  Cf.  Rabe- 
lais (I,  I,  III,  34)  :  «  Retournons  à  nos  moutons.  » 

P.  17,  1.  8.  Anacharsis).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
d' Anacharsis  :  «  Mirari  se  dixit  cur  Graeci  initio  con- 
vivii  parvis  poculis  uterentur,  ubi  verô  saturati  essent, 
majoribus.  »  (Éd.  de  1556,  I,  civ,  82.) 

P.  17,  1.  II.  Platon  défont).  Lois  :  «  Principio  lege 
sanciemus,  ut  pueri  usque  ad  duodevigesimum  annuni 
vini  usum  prorsus  ignorent...  Sed  cum  ad  quadra- 
gesimum  pervenerint,  tune  in  conviviis  liberius 
discumbentes,  cum  alios  deos  tum  Dionysium  ad  sacra 
senum  &  ludos  invocent.  »  (Ed.  de  1546,  p.  764.) 

P.  18,  1.  10.  Le  philosofe  Stilpo).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  S  t  il  pan  :  «  Senem  verô  defecisse... 
hausto  prius  mero  ut  citius  moreretur.  »  (II,  cxx, 
169.) 

P.  18,  1.  12.  Du  philosofe  Arcesilaus).  Li.,  Vie 
d'Arcésilas  :  «Obiit...  cùm  merum  immodicè  hau- 
sisset  ac  offendisset,  septuagesimo  &  quinto  anatis 
anno.  »  (IV,  xliv,  276.) 

P.  18,  1.  13.  Vieille  &  plaisante  question).  C'est 
Sénèque  qui  la  suggère  à  Montaigne.  Elle  est  abordée 
dans  l'épître  83,  dont  nous  avons  vu  Montaigne 
s'inspirer  à  diverses  reprises  dans  cet  essai. 

P.  18, 1.  15.  Si  niunita').  «Si  le  vin  peut  terrasser  la 
sagesse  la  plus  ferme.  »  (Horace,  Odes,  III,  xxviii,  4.) 
Montaigne  arrange  le  texte  d'Horace  qui  est  : 

Il  Munitajque  adhibe  vim  sapienti.t.  » 

P.  18,  1.  23.  Lucrèce).  Montaigne  a  pu  trouver  ce 


détail  dans  la  Vie  de  Lucrèce  écrite  par  Crinitus;  il 
l'alléguera  de  nouveau  dans  l'essai  II,  xii. 

P.  19,  1.  6.  Sudores).  «  Sous  le  coup  de  la  terreur, 
le  corps  pâlit  et  se  couvre  de  sueur,  la  langue  s'em- 
barrasse, la  voix  s'éteint,  la  vue  se  trouble,  les  oreilles 
tintent,  les  membres  fléchissent,  toute  la  machine 
s'effondre.»  (Lucrèce,  III,  155.)  Montaigne  suit  ici 
exactement  le  texte  de  Lambin  (p.  200). 

P.  19,  1.  17.  Hunmni).  «Qu'il  ne  s'imagine  pas 
être  à  l'abri  d'aucun  accident  humain.  »  (Térence, 
Heaiit.,  I,  I,  25.)  Montaigne  détourne  de  .son  sens 
le  vers  de  Térence. 

P.  19,  1.  20.  Sic  fatur).  «Ainsi  parle  Énée  tout 
en  larmes,  et  sa  flotte  vogue  à  pleine  voile.  »  (Vir- 
gile, Enéide,  M,  i.) 

P.  19,  1.  22.  Nostre  Plutarque).  Dans  la  Vie  de 
Publicola  :  «  Cela  fut  un  acte,  que  Ion  ne  sçauroit 
ny  suffisamment  louer,  ny  assez  blasmer  :  car  ou 
c'estoit  une  excellence  de  vertu,  qui  rendoit  ainsi 
son  cueur  impassible,  ou  une  violence  de  passion 
qui  le  rendoit  insensible,  dont  ne  l'un  ne  l'autre  n'est 
chose  petite,  ains  surpassant  l'ordinaire  d'humaine 
nature,  et  tenant  ou  de  la  divinité,  ou  de  la  bestialité. 
Mais  il  est  plus  raisonnable,  que  le  jugement  des 
hommes  s'accorde  à  sa  gloire,  que  la  foiblesse  des 
jugeans  face  descroire  sa  vertu  :  car  les  Romains 
estiment,  que  ce  ne  fut  pas  si  grand  exploit  à 
Romulus,  d'avoir  premièrement  fondé  Rome,  qu'à 
Brutus  d'avoir  recouvré  la  liberté,  &  estably  le  gou- 
vernement de  la  chose  publique;  mais  pour  lors, 
quand  il  se  fut  retiré,  tout  le  monde  demoura  sur 
la  place,  comme  transy  d'horreur  &  de  frayeur,  par 
un  long  temps,  sans  mot  dire,  pour  avoir  veu  ce 
qui  avoit  esté  fait.  »  (m,  f°  68  V.) 

P.  20, 1.  7.  Occupavi).  «Je  t'ai  matée,  ô  fortune  !  je  t'ai 
réduite  à  l'impuissance,  j'ai  bouché  toutes  les  avenues 
par  où  tu  pouvais  arriver  jusqu'à  moi.  »  (Cicéron, 
Tusc,  V,  IX.)  Métrodore  est  épicurien;  «l'autre  secte 
faisant  expresse  profession  de  fierté  »  dont  Montaigne 
ne  veut  pas  parler  est  la  secte  des  stoïciens. 

P.  20,  1.  8.  Quand  Anaxarchus).  Cf.  Diogène 
Laërce  :  «  Hoc  ille  regrè  ferens,  memor  injuria;  post 
nionem  régis,  cùm  navi  ferretur  Anaxarchus,  invi- 
tusque  applicuisset  Cyprum,  comprehensum  eum  in 


178 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


saxum  concavum  rnjecit,  jussitque  ferreis  malleis 
casdi,  illum  pœnx  suœ  negligentem,  célèbre  id  dictum 
ingeminasse  aiunt,  Tunde,  tunde  Anaxarchi  vasculum, 
nam  Anaxarchum  nihil  teris.  »  (IX,  lix,  6i6.) 

P.  20,  1.  12.  C'est  assL'i  rôti).  C'est  ce  que  fait  dire 
Prudence  à  saint  Laurent,  livre  Des  couronnes,  hymn.  II, 
V.  401. 

P.  20,  1.  14.  (Jiianl  nous  oyons  en  losephe).  «  Dans 
le  traité  des  Macchabées,  chap.  viii.  Montaigne  para- 
phrase ici  très  librement  le  texte  de  Josèphe.  Il  faut 
rappeler  que  dans  certaines  éditions  du  xv!"^  siècle  le 
traité  des  Macchabàs  porte  comme  sous-titre  :  «  De 
la  domination  de  la  raison  sur  les  sens  corporels.  » 

P.  20,  1.  25.  J'aime  mieux).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  d'Antisthène,  VI,. m;  Aulu-Gelle,  IX,  v;  Sextus 
Empiricus,  Hypotyposes,  III,  xx;  etc. 

P.  21,  1.  2.  Epicurus).  Cf.  Sénèque,  Épitrcs  (66, 
67,  92).  Montaigne  ne  traduit  aucun  passage  de 
Sénèque,  il  s'en  inspire  cependant.  Ces  épîtres  sont 
remplies  de  défis  jetés  à  la  fortune  tels  que  ceux 
que  Montaigne  relève  ici. 

P.  21,  1.  7.  Spumantémque).  «Dédaignant  ces 
animaux  timides,  il  appelle  de  ses  vœux  quelque 
sanglier  écumant,  ou  un  lion  à  la  fauve  crinière  qui 
descende  de  la  montagne.  »  (Virgile,  En.,  IV,  158.) 
Montaigne  a  pris  ces  vers  probablement  dans  l'épître  64 
de  Sénèque,  où  ils  sont  cités  avec  la  même  valeur. 
Mais  Sénèque  les  prononce  pour  son  propre  compte  ; 
Montaigne  les  critiquerait  plutôt,  il  y  sent  quelque 
exagération. 


P.  21,  1.  10.  Nostre  ame  ne  sçauroit).  Cf.  Sénèque, 
De  tranquillitaie  vita.'  :  «  Non  potest  (mens)  sublime 
quidquam  &  in  arduo  positum  contingere,  quamdiu 
apuJ  se  est.  Décidât  oportet  a  solito,  &  eiferatur, 
&  mordeat  frenos,  &  rectorem  rapiat  suum,  eoque 
ferat,  quô  per  se  timuisset.  »  (xv,  386.) 

P.  21,  1.  19.  Platon  dict).  Id.,  ibid.  :  «Sive  Platoni 
(credimus),  frustra  poeticas  fores  compos  sui  per- 
pulit.  »  (P.  386.)  L'opinion  de  Platon  est  rapportée 
par  Sénèque  d'après  VIon. 

P.  21,  1.  20.  Dit  Aristote).  «Sive  Aristoteli  (cre- 
dimus) nullum  magnum  ingenium  sine  mixtura 
dementia;  fuit.  »  (P.  386.)  L'opinion  d'Aristote  est 
rapportée  par  Sénèque  d'après  les  Problèmes,  sect.  xxx. 

P.  22,  1.  I.  Platon).  Cf.  Platon,  Timée  :  «Nemo 
dum  saniL-  mentis  est,  divinum  &  verum  vaticinium 
ullum  assequitur,  sed  cum  vel  somno  prudentiae  vis 
pra;pedita  est,  vel  oppressa  morbo,  vel  divino  aliquo 
raptu  è  suo  statu  dimota,  fieri  divinatio  solet.  » 
(P.  71;  éd.  de  1546,  p.  724.) 

Chronologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai.  Je  crois  cependant  qu'il  est  à  peu  près 
contemporain  du  suivant,  Cotistume  de  l'isle  de  Cea. 
En  effet  :  1°  ils  sont  placés  l'un  près  de  l'autre,  ce 
qui  constitue  une  présomption;  2°  tous  deux  font 
des  emprunts  au  traité  de  Josèphe  sur  la  mort  des 
Macchabées,  et  ce  traité  n'est  mis  à  contribution  par 
Montaigne  que  dans  ces  deux  essais. 


Chapitre   III. 


COVSTVME      DE      L   ISLE      DE     CEA  . 


P.  23,  1.  4.  Mon  cathedrant).  Pour  des  déclarations 
analogues,  cf.  le  début  de  l'essai  I,  lvi.  Les  essais 
I,  LVI,  et  II,  m,  sont  tous  les  deux  parmi  les  plus 
hardis  que  Montaigne  ait  écrits;  voilà  ce  qui  explique 
ces  précautions  oratoires. 

P.  23,  1.  7.  Philippus  estant  entré).  Cf.  Plutarque, 
Dicts  notables  des  Lacedemoniens  :  «  Damindas  comme 
Philippus  fust  entré  à  main  armée  dedans  le  Pelopo- 
nese,  &  que  quelqu'un  luy  dist,  les  Lacedemoniens 
sont  en  danger  de  souffrir  beaucoup  de  maulx,  s'ils 
ne  treuvent  moyen  d'appointer  avec  luy  :  «  O  Demy- 
»  femme  mon  amy,  que  nous  sçauroit  il  faire  soulfrir 
»  de  mal,  veu  que  nous  ne  faisons  compte  de  la 
»  mort?  »  (F°  216  r°.)  Il  faut  noter  que,  par  erreur, 
Montaigne  écrit  «  Damindas  »  au  lieu  de  «  Damidas  ». 

P.  23,  1.  II.  Jgis).  Id.,  ibid.  :  «Quelqu'un  luy 
demanda,  comment  il  pourroit  demourer  franc  &  libre 
pour  toute  sa  vie  :  En  mesprisant  la  mort,  dit-il.  » 
(F"  214  r°). 

P.  23,  1.  15.  Cet  enfant).  Id.,  ibid.  :  «Un  jeune 
enfant  Spartiate  ayant  esté  pris  prisonnier  par  le  roy 
Antigonus,  et  vendu  parmy  les  autres,  obéissant  à 
celuy  qui  l'avoit  achetté  en  toutes  choses  qu'il  esti- 
moit  estre  convenables  à  un  homme  libre  :  mais 
quand  il  luy  commanda  de  luy  apporter  le  pot  à 
pisser,  il  ne  le  peut  endurer,  ains  dist.  Je  ne  te 
serviray  point  de  cela  :  &  comme  son  maistre  l'en 
pressas!,  il  s'en  alla  monter  sur  la  couverture  du 
logis,  en  disant.  Tu  sentiras  ce  que  tu  avois  achetté  : 
&  se  jettant  du  hault  en  bas,  il  se  tua.  »  (F"  224  r°.) 

P.  24,  1.  2.  Antipater).  Id.,  ibid.  :  «Comme  il  les 
menassast  (les  Lacedemoniens)  qu'il  luy  feroit  du  pis 


qu'il  pourroit,  ils  respondirent  tous  unanimement,  Si 
tu  nous  commandes  choses  plus  griefves  que  la  mort, 
nous  en  mourrons  tant  plus  facilement.  »  (F°  225  r°.) 

Ces  quatre  apophtegmes  se  retrouvent  partout  chez 
les  moralistes  et  les  compilateurs  du  xvi'  siècle,  en 
particulier  dans  les  recueils  d'apophtegmes,  mais 
Montaigne  les  reprend  directement  chez  Plutarque. 

P.  24,  1.  5.  Et  a  Philippus).  Cf.  Cicéron,  Ttiscii- 
lanes  :  «An  Lacedemonii  Philippo  minitati  per  litteras 
se  omnia  qus  conarentur,  prohibiturum,  quaesierunt 
num  se  esset  etiam  mori  prohibiturus  ?  »  (V,  xiv; 
t.  IV,  p.  173.)^^ 

P.  24,  1.  7.  C'est  ce  qu'on  dit).  Cf.  Sénèque,  Épîtirs  : 
«  Sapiens  vivit,  quantum  débet;  non  quantum 
potest.  »  (Ép.  70,  p.  léo.) 

P.  24,  1.  8.  Le  présent).  Id.,  ibid.  :  «  Nihil  melius 
aïterna  lex  fecit.  »  (Ép.  70,  p.  161.) 

P.  24,  1.  9.  Nous  oste  tout  moyen).  Id.,  ibid.  :  «  Hoc 
est  unum  cur  de  vita  non  possimus  queri.  »  (Ép.  70, 
p.  161.) 

P.  24,  1.  10.  La  clej  des  champs).  Id.,  ibid.  :  «In 
aperto  nos  natura  custodit.  »  (Ép.  70,  p.  162.) 

P.  24.  1.  II.  N'a  ordonné  qu'une  entrée).  Id.,  ibid.  : 
«  Unum  introitum  nobis  ad  vitam  dédit,  exitus 
multos.  »  (Ép.  70,  p.  161.) 

P.  24,  1.  II.  Nous  pouvons).  Cf.  Tacite,  Annales  : 
«  Déesse  nobis  terra,  in  qua  vivamus,  potest;  in  qua 
moriamur,  non  potest.  »  (XIII,  lvi.) 

P.  24,  1.  14.  //  ne  te  tient  pas).  Sénèque,  Épîtres  : 
«Neminem  tenet  (vita).»  (Ép.  70,  p.  161.) 

P.  24,  1.  15.  Ta  lâcheté).  Id.,  ibid.  :  «  Nemo  nisi 
vitio  suo  miser  est.  »  (Ép.  70,  p.  161.) 


i8o 


ESSAIS      DE      MONTAIGKE. 


P.  24, 1.  15.  ^  mourir).  LL,  ihid.  :  «  Ad  moriendum 
nihil  aliud  in  moni  esse,  quàm  velle.»  (Ep.  70,  p.  162.) 

P.  24,  1.  lé.  Ul'iqiie).  Id.,  Thôbaîde  :  «La  mort  est 
partout  :  par  une  faveur  insigne  de  la  divinité,  tout  le 
monde  peut  enlever  la  vie  à  l'homme,  mais  personne 
ne  peut  lui  enlever  la  mort;  mille  chemins  vers  elle 
nous  sont  ouverts.  »  (I,  i,  151.) 

P.  24,  1.  20.  Ce  n'esl  pas  la  receple).  Cf.  Sénèque, 
Épiires  :  «  Non  tantum  hujus  morbi,  sed  totius  vitx' 
remedium  est.  »  (Ep.  78,  p.  180.) 

P.  2_|,  1.  21.  C'est  un  port).  Li.,  ihid.  :  «Portas 
est,  aliquando  petendus,  nunquam  recusaiidus.  » 
(Ép.  70,  p.  160.) 

P.  24,  1.  22.  Tout  revient  ii  un).  Id.,  ihid.  :  «  Xihii 
e.xistimat  sua  referre,  faciat  finem,  an  accipint,  tardius 
fiât  an  citius.  »  (Ep.  70,  p.  160.) 

P.  2_|,  1.  2_|.  D'où  qu'il  vienne).  Id.,  ihid.  :  «  Xemo 
nisi  suo  die  moritur.  »  (Ep.  69,  p.  160.) 

P.  24,  ].  24.  En  quelque  lien).  Id.,  ihid.  :  «  Ubi- 
cunque  desines,  si  bcne  desinis,  tota  est  (vita).  » 
(Ép.  77,  p.  178.) 

P.  24,  1.  25.  La  plus  volontaire).  Id.,  ihid.  :  «  Bclla 
res  est  mori  sua  morte.  »  (Ép.  69,  p.  160.) 

P.  24,  1.  26.  Lq  vie  despend).  Id.,  ihid.  :  «  Vitam 
&  aliis  approbare  quisque  débet,  mortem  sibi.  » 
(Ép.  70,  p.  161.) 

P.  24,  1.  27.  En  aucune  chose).  Id.,  ihid.  :  «  In  nulla 
re  magis  quam  in  morte  morcm  animo  gerere 
debemus.  »  (Ép.  70,  p.  161.) 

P.  24,  1.  28.  La  réputation).  Id.,  ihid.  :  «  Ad  id 
consilium  fama  non  pertinet.  »  (Ép.  70,  p.  tél.) 

P.  25,  1.  i.  Le  vivre).  Id.,  ihid.  :  «  Vita  si  moriendi 
virtus  abest,  servitus  est.  »  (Ép.  77,  p.  T79.) 

P.  25.  1.  3.  On  nous  incise).  Rapprocher  ce  passage 
de  Sénèque,  Épîtres  :  «  Ut  dolorem  capitis  levarcs, 
sanguinem  s;Epe  cmisisti,  ad  extenuandum  corpus 
vena  percutitur.  Non  opus  est  vasto  vulnere  dividere 
pr;çcordia,  scalpello  aperitur  ad  iliani  magnam  iiber- 
tatem  via,  iS;  puncto  securitas  constat.  »  (Ép.  70, 
p.  161.) 

P.  25,  1.  8.  Servius  le  Grammairien).  Servius  Clau- 
dius,  chevalier  romain  :  Pline,  Histoire  naturelle, 
XXV,  VI,  et  Suétone,  De  illustribus  grammaticis,  II  et 
in,   dont  voici  les   propres   termes   :    «  Servius   in 


podagra  morbum  incidit,  cujus  impatiens,  veneno 
sibi  perunxit  pcdes,  &  enecuit,  ita  ut  eâ  parte  cor- 
poris  quasi  pra;moi"tuâ  vixerit.  » 

P.  25,  1.  13.  C'est foihlesse).  Cf.  Sénèque,  Épiires: 
«  Imbecillus  est  et  ignavus  qui  propter  dolorem 
moritur;  stultus  qui  doloris  causa  vivit.  »  (Ép.  58.) 

P.  25,  1.  14.  Les  Stoïciens).  Cf.  Cicéron,  De  finihus  : 
«  In  quo  plura  sunt,  qure  secundum  naturam  sunt, 
liujus  officium  est  in  vita  manere  :  in  quo  autem 
aut  sunt  plura  contraria  aut  fore  videntur,  hujus 
officium  est,  e  vita  cxcederc.  E  quo  apparet  et  sapien- 
tis  esse  aliquando  officium,  excedere  e  vita,.  quum 
beatus  sit  :  et  stuiti  manere  in  \it.i,  quum  sit  miser.  » 
(III,  xvni,  t.  I\'.)  \ow  aussi  un  peu  plus  loin  : 
«  Sa^pe  officium  est  sapientis...  » 

P.  25,  1.  23.  Hegesias  disoil).  Cf.  Diogène  Laèrce, 
dans  la  Fie  d'Aristippe  :  «  Mtam  pra;terea  ac  mortem 
eligendam  (dicebat).  »  (II,  xciv,  152.) 

P.  26.  1,  I.  Et  Diogenes).  Id.,  Fie  de  Speusippe  : 
«  Aiunt  illum  cum  vehiculo  ferretur  in  Academiam 
obvium  habuisse  Diogenem,  et  cum  illi  salve  dixisset, 
iioc  ab  eo  responsum  accepisse,  at  tu  nequaquam 
salve  qui  ejusmodi  cum  sis,  vivere  sustines.  Demum 
vero  mœrore  impulsum,  cum  jam  senio  confectus 
esset,  mortem  sibi  sponte  conscivisse.»  (IV,  m,  246.) 

P.  26,  i.  7.  Pluiieurs  tiennent).  En  particulier 
Platon  dans  le  Phàlon,  et  d'après  lui  Cicéron  dans 
la  République,  qui  fait  exprimer  cette  idée  par  Scipion. 
Montaigne  a  trouvé  leur  avis  rapporté  par  saint 
Augustin,  Cité  de  Dieu,  I,  xxii,  et  surtout  par  \'ivès, 
dans  le  Commentaire  qu'il  a  joint  à  ce  passage. 
«Sumus  enim  hic  omnes  velut  in  acie  loco  unicuique 
suo  ab  imperatoie  deo  assignato  :  majorique  sup- 
plicio  afficiendum  desertorem  vita;,  quam  desertoreui 
militiic.  »  Il  faut  encore  rappeler  que  cette  idée  et 
plusieurs  de  celles  que  nous  allons  retrouver  dans  la 
suite,  sont  réunies  dans  un  chapitre  de  Y  Anthologie 
de  Breslay,  parue  en  1574  (I,  11).  Breslay  s'est  inspiré 
manifestement  de  saint  Augustin  et  de  \'ivès.  Il  est 
possible  que  l'essai  de  Montaigne,  qui  certainement 
fait  des  emprunts  à  saint  Augustin  et  à  Vives,  soit 
indépendant  de  celui  de  Breslay,  mais  la  chose  n'est 
pas  certaine. 

P.  26,  1.  17.  Pro.xima  deinde).  «  Puis,  tout  près  de 


LIVRE      II,      CHAPITRE      III. 


i8i 


là  on  voit,  accablés  de  tristesse,  ceux  qui  ont  mené 
une  vie  innocente,  mais  qui  se  sont  donné  la  mort 
de  leur  propre  main,  et  qui,  détestant  la  lumière, 
ont  précipité  leurs  âmes  aux  enfers.  »  (Virgile,  Éti., 
IV,  434.)  Le  début  de  cette  citation  de  Virgile  se 
trouve  dans  le  passage  de  saint  Augustin  auquel 
Montaigne  a  fait  beaucoup  d'emprunts  dans  cet  essai. 
(Cité  de  Dieu,  I,  xix.) 

P.  26,  1.  21.  En  Ri'gnliis  qu'en  Colon).  Cette  idée 
avec  l'opposition  de  Régulus  et  de  Caton  se  retrouve 
chez  saint  Augustin,  Cilé  de  Dieu,  I,  xxii;  I,  xxiv. 

P.  27,  1.  I.  Diiris  ut).  «Tel  le  chêne  que  les  dures 
haches  élaguent  dans  la  sombre  forêt  du  fertile 
Algide;  ses  pertes,  ses  blessures,  le  fer  même  qui  le 
frappe,  lui  donnent  une  vigueur  nouvelle.  »  (Horace, 
Odei,  IV,  IV,  57.) 

P.  27,  1.  6.  Non  est).  «  Non,  la  vertu  ne  consiste 
pas,  mon  père,  comme  tu  le  penses,  à  craindre  la 
vie,  mais  à  faire  face  à  l'adversité,  à  ne  jamais  tourner 
le  dos.  »  (Sénèque,  Tbéhaïde,  I,  190.) 

P.  27,  1.  9.  Rebtis  in  adversis).  «  Dans  l'adversité 
il  est  facile  de  mépriser  la  mort;  il  faut  plus  de  cou- 
rage pour  savoir  supporter  le  malheur.  «  (Martial, 
XI,  Lvi,  15.)  Toutes  les  éditions  du  xvi'^  siècle  que 
j'ai  consultées  donnent  un  texte  différent  de  celui  de 
Montaigne  :  «  Rébus  in  angnslis  facile  est  contemnere 
vilain.  Fort i  1er  ille...  » 

p.  27,  1.  15.  Si  fractiis).  «Que  l'univers  brisé 
s'écroule,  ses  ruines  la  frapperont  sans  l'effrayer.  » 
(Horace,  Odes,  III,  m,  7.)  Montaigne  écrit  «  impa- 
vidam  »  au  lieu  de  «  impavidum  »,  rapportant  à  la 
vertu  ce  qu'Horace  dit  du  sage. 

p.  27,  1.  20.  Hic,  rogo).  «Je  le  demande,  mourir 
de  peur  de  mourir,  n'est-ce  pas  folie  ?  »  (Martial, 
Épigrammes,  II,  lxxx,  2.) 

p.  27,  1.  22.  Multos  in  snviuia).  «  La  seule  crainte 
du  malheur  a  précipité  bien  des  gens  dans  les  plus 
grands  périls  :  l'homme  vraiment  courageux  est  celui 
qui,  prêt  à  braver  les  dangers  quand  ils  sont  inévi- 
tables, sait  aussi  les  éviter  quand  cela  est  possible.  » 
(Lucain,  VII,  104.) 

P.  27,  1.  26.  Vsque  adeo).  «  La  crainte  de  la  mort 
va  jusqu'à  inspirer  aux  humains  un  tel  dégoût  de  la 
vie  et  de  la  lumière  qu'ils  se  donnent  la  mort  à  eux- 


mêmes  dans  un  accès  de  désespoir,  oubliant  que  la 
source  de  leurs  peines  est  précisément  la  peur  de 
mourir.  »  (Lucrèce,  III,  79.) 

P.  28,  1.  I.  Platon,  en  ces  loix).  «  Quid  de  illo 
judicandum,  qui  proximum  atque  amicissimum  cœde 
perdiderit  ?  qui  dico  seipsum  vita  et  sorte  fatorum, 
vi  scelerata  privaverit  :  non  judicio  civitatis,  nec  tristi 
et  incvitabili  fortunx  casu  coactus,  neque  pudore 
aliquo  extrenmm  compulsus  :  sed  ignavia  et  formi- 
dolosi  animi  imbecillitate,  injuste  sibi  mortem  consci- 
verit  ?  Sepultura  isti  solitaria  fiât,  ubi  alius  nemo 
condatur.  »  (IX,  p.  873;  éd.  de  1546,  p.  861.) 

P.  28,  1.  17.  Dehet  eniuî).  «Pour  qu'un  malheur 
puisse  nous  arriver,  il  faut  que  nous  soyons  encore 
en  personne  au  temps  où  ce  malheur  pourra  se  pro- 
duire. »  (Lucrèce,  III,  874.)  Montaigne  suit  le  texte 
de  Lambin  (p.  251). 

P.  28, 1.  26.  'E  JAcvî''  ï;2V'''TV')-  Sortie  raisonnable. 
Expression  des  stoïciens;  cf.  Diogène  Laërce,  Vie  de 
Zenon,  Wl,  130.  Ces  deux  mots  figurent  dans  le  chapitre 
de  Breslay  que  nous  avons  signalé  plus  haut  (^Anthologie, 
I,  xx)  et  dont  Montaigne  s'est  peut-être  inspiré  en 
écrivant  ce  chapitre;  peut-être  est-ce  là  qu'il  les  a  pris. 

P.  29,  1.  I.  Il  faut  souvent  mourir).  Cf.  Sénèque, 
Épîlres  :  «  Sxpe  &  fortiter  desinendum  est,  &  non  ex 
maximis  causis.  Nam  nec  ha;  maximœ  sunt,  qux 
nos  tenent.  »  (Ép.  77,  p.  178.) 

P.  29,  1.  5.  J'en'ay  allègue).  Dans  l'essai  I,  xiv, 
t.  I,  p.  61,  1.  26. 

P.  29,  1.  6.  Vierges  Milesienes).  Cf.  Plutarque,  Des 
vertueux  faicts  des  femmes,  art.  Des  Milesienes,  i"  235  v°; 
aussi  Aulu-Gelle,  Nuits  attiques,  XV,  xi;  Érasme, 
Eloge  de  la  folie;  etc. 

P.  29,  1.  10.  Threicion).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Cléotnéne  :  «  Therycion  prenant  à  part  Cleomenes, 
luy  conimencea  à  dire  :  Nous  avons,  sire  Roy,  fouy 
la  mort  qui  nous  estoit  la  plus  honorable,  de  mourir 
en  la  battaille,...  mais  aumoins  nous  en  reste  il 
encore  une  autre,  qui,  sans  point  de  doubte,  est  en 
vertu  6c  en  gloire  seconde  à  la  première...  Cleomenes 
luy  respondit.  Tu  penses  donques  que  ce  soit  à  toy 
magnanimité  que  de  chercher  la  mort,  qui  est  l'une 
des  plus  faciles  &  plus  aisées  choses  qui  puisse  aduenir 
à  l'homme,...  &  ce  pendant,  meschant  que  tu  es. 


l82 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


tu  fuis  d'une  fuitte  plus  lasche  &  plus  honteuse  que 
la  première...  car  il  ne  fault  pas  que  la  mort  que 
Ion  se  donne  vouluntairement  soit  pour  fouir  à  faire 
des  actes  laborieux,  ains  fault  que  celle  mort  mesme 
soit  un  acte  louable,  pource  que  c'est  honte  de  vou- 
loir vivre  ou  mourir  pour  l'amour  de  soy  mesme... 
Je  suis  d'advis  que  toy  ne  moy  ne  devons  jamais 
abandonner  l'espérance  de  ser\'ir  encore  quelque  jour 
à  nostre  pais  :  car  là  où  toute  espérance  nous  defaudra, 
alors  nous  sera  il  toujours  assez  aisé  de  mourir  toutes 
&  quantes  fois  que  nous  vouldrons.  A  cela  Then,'cion 
ne  répliqua  rien,  mais  à  la  première  occasion  qu'il 
eut  de  se  pouvoir  un  peu  escarter  de  Cleomenes 
sur  le  rivage  en  se  destournant  le  long  de  la  marine, 
il  se  tua  luy  mesme.  »  (xiv,  f"  565  v°.) 

P.  29,  1.  27.  Sf>crat).  «  Etendu  sur  l'arène,  le  gla- 
diateur vaincu  espère  encore  la  vie,  quoique  la  foule 
menaçante  fasse  le  geste  de  mort  en  renversant  le 
pouce.  »  Montaigne  a  trouvé  ces  vers  qu'on  attribue 
à  Pentadius,  chez  Juste  Lipse,  Saturnaliiivi  sermonuiii 
libri  (éd.  des  Œuvres  de  1637,  t.  III,  p.  541). 

P.  30,  1.  I.  Toutes  choses).  Cf.  Sénèque,  Ép'itres  : 
«  Omnia  homini  dum  vivit  speranda  sunt.  »  Sénèque 
relève  ce  mot  pour  le  critiquer  pour  sa  lâcheté. 
(Ep.  70,  p.  161.) 

P.  30,  1.  2.  Pourquoy  auray  je).  Id.,  ibid.  :  «  Ego 
cogitem  in  eo  qui  vivit  omnia  posse  fortunam,  potius 
quam  cogitem  in  eo  qui  scit  mori  nihil  posse  for- 
tunam. »  (P.  lél.) 

P.  30,  1.  5.  Joseph).  Dans  son  autobiographie  : 
«  S{(i.uy  5'  é  TSJ  !T(i);j.aTc;  [aîu  'rï;v  ç'j/.ay.ir,v  -îxtaT£UiJ.£v:;, 
h  ■/.«':  [lôvsç  rapaueîva;,  lîwv  ttjv  £r'.îp(jj|ji.r,v  tûv  r.z'i.'.-.Zyi , 
îi£Y=''p-'  f-s  ■'•'•  ■Tî''  È5ïr:ô)Tâ  \i.i'.  y.ivî'jvsv  à^aYY^/>''£'-'  i^t'-S'-* 
TE  Y£vva{(i)î  M,zf.v.-i  (i)ç  <r:pxrf,-;h■^  Jz  ajTîO,  zp'v  îuÀOsT-; 
■tsj;  iyOft'j;  àvaY/.âîsvTaç  f,  y.TEviOvTaç.  'O  ;xîv  -xj-zx 
r^f^e.-!,  iyi)  oï,  -m  0£(7)  xi  y.x-'  ï'^x-j->z'i  t-r.piiixç,  ûz  xô 
■n'/.ffiz^  (i')î;jLr,Oï;v  Tpîe/.ôsïv.  Msxsvîùç  cjv  [i.éXxiix-t  isfff,-x, 
xal  10  Hîçsç  àxxzTr,zx\is.\z:  èy.  -sii  xj);évsç,  y.aO'  bzz-i 
i-zipxi,  r,  ^EÎiva  |xst  tùv  ro/.eiJi'!o)v  ù-xv.xsih  îi>\i.r,'i,  e\ç  tcv 
IrKsîpsuïv,  i'svw  te  çx/elç  y.x:  Tpr,-ir,z  zeîiov  v.xx  Tf,v  vf"' 
îâxpuai  «ypuv  èXeeivcç  ïiz^x  zâijiv.  »  (Ed.  Dindorf, 
parag.  28;  éd.  de  1544,  p.  635.) 

P.  30,  1.  15.  AUquis  carnifici).  «Tel  a  survécu 
à  son  bourreau.  »  (Sénèque,  ép.  13,  p.  96.) 


P.  30,  1.  16.  Milita  dies).  «Souvent  le  temps  et 
les  effets  variables  du  cours  inconstant  des  choses 
ont  rétabli  des  situations  ruinées;  souvent  la  fortune 
s'est  fait  un  jeu  de  revenir  à  ceux  qu'elle  avait 
abattus  et  de  les  remettre  en  lieu  sur.  »  (Virgile, 
Enéide,  XI,  425.) 

P.  30,  1.  19.  Pline  dit).  Dans  ['Histoire  naturelle  : 
«  De  hoc  tamen  judicavere  avi  experimento,  asper- 
rimos  cruciatus  esse  calculorum  à  stillicidio  vesicas  : 
proximum  stomachi,  tertium  eorum  quas  in  capite 
doleant,  non  ob  alios  fermé  morte  conscita.  »  (XXV, 
III.)  Le  texte  de  1588  est  plus  exact  que  celui  du 
manuscrit  de  Bordeaux.  Pline  parle  d'expériences,  de 
coutumes,  non  de  droit. 

P.  30,  1.  21.  Sénèque).  Epîtres  :  c  Morbum  morte 
non  fugiam  duntaxat  sanabilem,  nec  oiiîcientem 
animo,  non  afferam  mihi  manus  propter  dolorem, 
sic  mori,  vinci  est.  Hune  tamen  si  sciero  perpetuo 
mihi  esse  patiendum,  exibo,  non  propter  ipsum,  sed 
quia  impedimento  mihi  futurus  est  ad  omne  propter 
quod  vivitur.  »  (Ep.  58,  p.  144.) 

P.  30,  1.  24.  Daiiiocrittis).  Cf.  Tite-Live  :  «  Damo- 
critus  .(ïtolorum  dux  paucos  ante  dies,  quam  e 
carcere  nocte  effugisset,  in  ripa  Tiheris  consecutis 
custodibus,  priusquam  comprehenderetur,  gladio  se 
transfixit.  »  (XXXMI,  XLVi.) 

P.  30,  NOTE.  A  la  journée  de  SerisoUes).  14  avril  1544. 
Montaigne  a  peut-être  pris  ceci  dans  les  Commentaires 
de  Montluc  qu'il  a  pu  connaître  en  manuscrit  et 
qui  ont  paru  l'année  même  de  sa  mort,  en  r592. 
«  Monsieur  de  Pignan,  de  Monpellier,  qu'estoict  à 
luy,  me  dict  par  deux  fois  il  se  donna  de  la  pointe  de 
l'espée  dens  le  gorgerin,  se  volant  thuer  soy-mesmes 
et  me  dict  au  retour  qu'il  s'estoict  veu  en  tel  estât 
lors  qu'il  eust  voulu  qu'on  luy  eust  donné  de  l'espée 
dans  la  gorge.  »  (Éd.  de  Ruble,  t.  I,  p.  275.) 

P.  31,  1.  3.  Antinous).  Cf.  Tite-Live,  XLV,  xxvi. 

P.  31,  1.  6.  L'isk  de  Go:^*").  Petite  île  à  l'ouest  de 
Malte.  Cf.  Guillaume  Paradin,  Hist.  de  son  temps  : 
«Il  advint  que  un  Sicilien,  qui  dés  long  temps  s'estoit 
liabitué  en  ce  lieu  (dans  l'isle  de  Goze),  et  s'y  estoit 
marié,  et  avoit  deux  belles  et  honnestes  filles  prestes 
à  marier  :  lequel  se  voyant  en  ceste  calamité,  pour 
ne  voir  ses  filles  tomber  entre  les  mains  de  ces  chiens. 


LIVRK      II,      CHAPITUr.      III. 


183 


et  en  hiiiv  les  insolences  dont  ils  sont  coustumiers 
ce  que  bon  cueur  ne  pourrait  souffrir,  s'en  alhi  en 
sa  maison  :  où  les  ayant  appelées  les  tua  toutes  deux 
de  sa  main  propre  :  autant  en  fit  à  la  mère  accourant 
à  la  mort  de  ses  filles.  Ce  fait,  chargea  une  harque- 
buze,  et  banda  une  arbaleste,  et  s'en  vint  au  devant 
des  ennemis,  qui  ja  estoient  près  de  son  hostel,  dont 
il  en  tua  deux  :  puis  mettant  la  main  à  l'espée  com- 
battit vaillamment,  jusqu'à  ce  qu'il  fut  enfermé  et 
enveloppé  de  toutes  pars  d'ennemis,  lesquels  le  mirent 
en  pièces.  Ainsi  se  sauva  le  Sicilien  de  servage,  en 
aj'ant  délivre  les  siens.»  (Éd.  de  1375,  f"  99  x".) 
Sur  les  différents  textes  où  Montaigne  pouvait  con- 
naître cette  anecdote,  cf.  mes  Livres  d'hisloirc  iiwderuc 
utilises  par  Mtvilaigiic,  pp.  n9  et  suivantes. 

P.  31,  1.  14.  Les  feiiunes  Jiiifves).  Cf.  Josèphe, 
Traité  des  Macchabées  :  «  Ita  ut  mulieres,  circoncisis 
(ut  mos  nostrai  religionis  erat)  parxulis  suis,  in 
prœceps  se  demitterent,  quippe  qua;  vitantes  longiora 
tormenta,  celerem  halitum  ingestse  mortis  optarent.  » 
Montaigne  suit  ici  la  traduction  latine  d'Erasme,  que 
je  viens  de  citer,  ou  une  traduction  française  faite 
d'après  la  traduction  latine  d'Erasme.  Voici  le  texte 
grec  qui  se  lit  dans  les  diverses  éditions  du  xvi^  siècle 
que  j'ai  consultées  :  «  "Qy-i  v.x:  'yj-tx'/.x:,  Ïtv  ■7:ip:i-i\viz-i 
r.Xilix,  ;j.E-:z  -ôt-t  izzçùet  y.x-x/.pr,\i.'i:z^)r,-)x<.,  -fîS'.Ojîaç  :•:■. 
tcjt:  t.v.^zt.x:.  »  (Éd.  Dindorf,  iv,  503;  éd.  de  1544, 
p.  958.) 

P.  31,  1.  23.  Scrihonia).  Cf.  Sénèque,  Epllres  : 
«  Jam  non  reum,  sed  funus,  habere  cœpit  (Libo) 
consilium,  utrum  conscisceret  sibi  mortem,  an  expec- 
taret.  Cui  Scribonia,  qùid  te,  inquit,  delectat  alienum 
negocium  agere?  Non  persuasit  illi.  Manus  sibi  attulit, 
nec  sine  causa.  Nam  post  diem  tertium  aut  quartum 
inimici  moriturus  arbitrio,  si  vivit,  alienum  nego- 
cium agit.  »  (Ép.  70,  p.  161.) 

P.  31,  1.  29.  Dans  la  Bible).  Cf.  Macchabées,  II, 
XIV,  37-46. 

P.  32,  1.  17.  Celle  qnisefaict).  Cette  idée  est  déve- 
loppée dans  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  I,  xxv  et 
passim.  Comme  Montaigne,  nous  l'avons  vu,  s'inspire 
certainement  du  premier  livre  de  saint  Augustin,  il 
est  probable  que  c'est  la  lecture  de  la  Cité  de  Dieu  qui 
l'a  engagé  dans  ce  développement.  D'ailleurs,  d'après 


.saint  Augustin,  le  même  sujet  avait  été  traité  par 
Henri  Estienne,  dans  X Apologie  pour  Hérodote  que 
Montaigne  a  lue  vers  1572,  et  par  Breshu-  dans 
y  Anthologie ,  I,  xx. 

P.  ^2,  1.  20.  Pelagia  &  Sophronia).  Cf.  le  Coininen- 
taire  de  \'ivès  à  la  Cité  de  Dieu,  I,  xx\'i  :  «  Pelagiam 
scribit  Ambrosius  libro  III  De  virginibus,  cum  matre 
et  sororibus  prœcipitem  se  dédisse  in  flumen  ne  a 
persequenti  milite  violaretur  :  eam  tamen,  ut  idem 
inquit,  martyrum  numéro  ecclesia  ascripsit.  Item 
Sophroniam,  qux-  se  occidit,  ne  vim  a  Maxentio 
C;esare  pateretur  ut  Eusebius  in  Ecclesiastica  historia 
perhibet.  »  Ces  deux  exemples  ont  été  répétés,  presque 
traduits  par  Breslay  (Anthologie,  l,  xx).  L'exemple  de 
Sophronie  revient  en  outre  dans  plusieurs  compila- 
tions de  l'époque  à  partir  de  Fulgose  qui  l'a  recueilli 
(VI,  i).  Cf.  Droit  de  Gaillard  dans  son  chapitre  De 
la  continence,  etc. 

P.  32,  1.  23.  L'histoire  ecclésiastique).  Je  crois  que 
Montaigne  fait  allusion  à  l'Histoire  ecclésiastique  de 
Nicéphore  Calliste  qui  cite  des  exemples  de  cette 
sorte  (MI,  xxi). 

P.  32,  1.  28.  Sçavant  autheur).  Je  crois  qu'il  s'agit 
d'Henri  Estienne  qui  émet  cette  idée  dans  l'Apologie 
pour  Hérodote,  XV,  xxii. 

P.  53,  1.  4.  Dieu  .uv't  loiié).  On  trouve  une  anecdote 
tout  à  tait  analogue  dans  Gelli,  Discours  fantastiques, 
II,  traduction  française  de  1566,  p.  55  :  «Les  épicu- 
riens pourroient  à  bon  droict  dire,  comme  cette 
preude  femme,  laquelle  estant  prise  par  les  soldats 
au  sac  de  Gènes,  sans  en  faire  autrement  pire  chère, 
ains  monstrant  au  visage  un  teint  de  gaye  pensée, 
commença  à  dire,  loué  soit  Dieu  !  puisqu'il  m'est 
permis  une  fois  en  ma  vie  assouvir  mon  désir  à 
souhait  sans  scandale,  et  contenter  ce  corps  un  bon 
coup  sans  aucun  danger  de  mon  àme.  »  J'ignore  si 
Montaigne  a  eu  connaissance  de  ce  texte. 

P.  33,  1.  9.  Suyvant  la  rcigle  du  bon  Marot).  Dans 
l'épigramine  intitulée  :  De  ouy  et  nenny. 

P.  ^},  1.  12.  Lucius  Aruntius).  Cf.  Tacite,  Annales  : 
«  Eoque  fugere  simul  acta  et  instantia.  Hxc  vatis  in 
modum  dictitans,  venas  resolvit.  »  (M,  xliii.) 

P.  33,  1.  13.  Granius  Silvauus).  Id.,  ibid.  :  «  E  tri- 
bunis  Granius  Silvanus  quamvis  absolutus,  sua  manu 


ESSAIS      DE     MONTAIGXE. 


cecidit.  Statius  Proximus  veniam  quam  ab  impera- 
tore  acceperat,  vanitate  exitus  corrupit.  »  (XV,  lxxi.) 

P.  33,  1.  17.  Spargapises).  Cf.  Hérodote,  I,  213; 
t.  I,  f°  96  \°. 

P.  33, 1.  21.  Bogc:^).  Id.,  ibid.  :  «De  tous  ces  gouver- 
neurs ainsi  defaicts  nul  fut  estimé  homme  de  bien  par 
Xerxes,  excepté  Boges  qui  estoit  à  Eïone...  car,  à  la 
vérité  il  avoir  mérité  grand  honneur  quand  estant 
assiégé  par  les  Athéniens,  &  Cimon  filz  de  Miltiades, 
bien  qu'il  peust  sortir  par  composition  &  retourner 
en  Asie  n'en  voulut  rien  faire,  afin  qu'il  ne  semblast 
au  Roy  que  par  faute  de  cœur  il  se  fut  sauvé.  Et 
parce  il  tint  jusque  à  l'extrémité  :  mais  vovant  que 
vivres  luy  falloyent,  feit  allumer  un  grand  bûcher, 
&  après  avoir  fait  premièrement  mourir  femme  et 
enfans,  concubines  &  ser\-iteurs,  les  mit  dans  le  feu, 
puis  feit  jeter  tout  l'or  &  l'argent  qui  estoit  en  la  ville 
dans  la  rivière  Strymon,  &  ce  faict  se  jecta  luy 
mesme  dans  le  feu.  »  (VII,  107;  t.  II,  f"  86  v°.) 

P.  34,  1.  I.  NinachelHcn).  Cf.  Go\i\-;x\-à,  Histoire  du 
Portugal  :  «  Quand  Ninachetuen  entendit  que  le  Rov 
de  Campar  estoit  appelle  pour  lui  succéder  en  sa 
charge,  il  conclud  en  soi-mesme  de  ne  souffrir 
nulement  d'estre  dégradé.  Pourtant  il  fit  dresser  un 
eschaffaut  eslevé  et  longuet  appuyé  sur  quelques 
colonnes,  tapissé,  orné  de  fleurs  &  parfums  en  abon- 
dance. Cela  fait  il  se  vestit  d'une  robe  de  drap  d'or, 
&  tout  couvert  de  pierres  précieuses  sortit  en  rue 
ainsi  équipé,  &  monta  par  des  degrez  sur  l'eschaffaut. 
Il  y  avoit  en  dessus  un  bûcher  de  bois  odoriférant 
bien  agencé  &  allumé.  Cette  pompe  extraordinaire 
de  Ninachetuen  fit  lever  les  yeux  &  les  oreilles  de 
tout  le  peuple,  ne  sçachant  que  vouloit  dire  cest 
appareil.  Ninachetuen  commença  lors  a  faire  une 
piteuse  harangue  et  en  premier  lieu  rameuter  les 
ser\*ices  que  les  Portugallois  avoyent  receus  de  luy 
avant  la  prinsc  de  la  ville,  &  ce  qu'il  avoit  fait  depuis 
en  faveur  du  Roy  Emmanuel  :  combien  il  s'estoit 
monstre  ferme  &  fidèle  en  son  devoir  :  avec  quelle 
magnanimité  en  plusieurs  endroits  il  avoit  hazardé 
sa  vie  pour  preuve  de  loyauté.  Que  pour  recompense 
de  tant  de  bons  devoirs,  la  nation  Portugalioise  vou- 
loit diffamer  de  telle  sorte  sa  vieillesse  qu'il  estoit 
impossible  de  trouver  homme  avant  son  honneur  en 


quelque  recommandation  qui  voulust  ni  peust  digérer 
cela  en  aucune  sorte  :  car  ils  le  despouilloyent  de  la 
charge  qu'eux  mesmes  luv  avoyent  commise,  le 
dégradoj'ent  de  ses  honneurs  le  reputans  digne  d'a- 
chever ses  jours  ignominieusement,  &  ser\-ir  de  fable 
&  de  risée  à  tout  le  monde.  Quant  à  luy,  qu'il  avoit 
tousjours  moins  estimé  sa  vie  que  son  honneur  &  f;tit 
mesme  sa  resolution  de  mourir  pour  conserver  •=■■! 
réputation,  &  pourtant  qu'à  l'heure  présente  il  chan- 
geoit  volontiers  sa  vie  à  la  mort  plustost  que  de 
recevoir  la  honte  qu'on  luy  vouloit  faire.  Disant  ces 
choses  il  se  jetta  dedans  le  feu.  »  (IX,  xxvii,  f°  278  r°.) 

P.  34,  1.  19.  Sextilia).  Cf.  Tacite,  Annales,  VI, 
xxix. 

P.  34,  1.  24.  Cocceius  Nerva).  Id.,  ibid.  :  «  Haud 
multo  post  Cocceius  Nerva  continuus  principis, 
omnis  divini  humanique  juris  sciens,  integro  statu, 
corpore  allœso,  moriendi  consilium  cepit...  Ferebant 
gnari  cogitationum  ejus,  quanto  propius  mala  Reip. 
viseret,  ira,  &  metu,  dum  integer,  dum  intentatus, 
honestum  finem  voluisse.^)  (VI,  xxvi;  t.  II,  p.  165.) 

P.  34,  1.  29.  La  femme  de  Fiilviiis).  Cf.  Plutarque, 
Du  trop  parler  :  «  Fulvius,  l'un  des  familiers  de  Cresar 
Auguste,  estant  ja  sur  l'aage,  après  avoir  ouy  les 
regrets  et  complaintes  de  l'Empereur  lamentant  la 
solitude  de  sa  maison,  et  qu'après  le  trespas  des  deux 
fils  de  sa  fille,  et  la  relegation  de  Posthumius  qui 
luy  restoit  seul,  et  pour  quelque  imputation  avoit 
esté  confiné,  il  estoit  contrainct  de  laisser  le  fils  de 
sa  femme  son  successeur  à  l'Empire  :  combien  qu'il 
eust  compassion,  et  qu'il  fust  entre-deux  de  révoquer 
le  fils  de  sa  fille  de  son  confinement.  Fulvius  ayant 
entendu  ces  propos,  les  alla  rapporter  à  sa  femme, 
et  elle  à  Livia,  femme  d'Auguste,  laquelle  s'en  attacha 
bien  asprement  à  Caîsar,  s'il  estoit  ainsi  qu'il  eust  de 
long  temps  proposé  de  rappeller  son  arrière  fils,  pour- 
quo}^  il  ne  le  faisoit,  ains  la  mettoit  en  inimitié  et 
en  guerre  avec  celuy  qui  luy  dcvroit  succéder  à 
l'empire.  Le  lendemain  matin,  comme  Fulvius  luy 
fust  venu  donner  le  bon  jour,  ainsi  qu'il  avoit  de 
coustume,  et  qu'il  luy  eust  dit.  Dieu  te  gard,  Ciïsar  : 
il  ne  luy  feit  que  rcspondre,  Dieu  te  face  .sage, 
Fulvius.  Fulvius  entendant  incontinent  que  cela 
vouloit  dire,  se  retira  tout  aussi  tost  en  sa  maison. 


LIVRK      II,      CHAPITRE      III. 


185 


et  là  faisant  appeller  sa  femme  :  Gïsar,  dit-il,  a  bien 
sceu  que  ie  n'ay  pas  tenu  son  secret,  et  pour  ceste 
cause  j'ai  résolu  de  me  faire  mourir  mov-mesme. 
Tu  feras  justice,  dit  elle,  veu  qu'ayant  si  longuement 
Vescu  avec  moy,  et  devant  aiant  assez  cogneu  l'incon- 
tinence de  ma  langue,  tu  ne  t'en  es  pas  donné  garde  : 
mais  laisse  que  je  me  tue  la  première  :  et  prenant 
une  espee,  elle  mesme  s'en  tua  devant  son  mary.  » 
(ix,  f"  93  r°.) 

P.  35,  1.  10.  Fibins  J'iritts).  Ct.  Tite-Live,  Annales, 
XXVI,  XIII,  XIV,  XV. 

P.  35,  I.  17.  Breuvage).  Id.,  ibid.  :  «  Ea  potio  cor- 
pus ab  cruciatu,  animum  ab  contumeliis,  oculos, 
aures  à  videndis  audiendisque  omnibus  acerbis  indi- 
gnisque,  quîe  manent  vinctos,  vindicabit.  »  (xiii.) 

P.  35,  1.  22.  Vint  et  sept  senatiirs).  Id.,  ibid.  : 
«  Vibium  Virium  septem  &  viginti  fermé  senatores 
domum  secuti  sunt,  epulatique  cum  eo,  &  quantum 
facere  potuerant,  alienatis  mentibus  vino  ab  immi- 
nentis  sensu  mali,  venenum  omnes  sumpserunt,  inde 
misso  convivio,  dextris  inter  se  datis,  ultimôque 
complexu,  collacnymianies  suum,  patriiéque  casum, 
alii  ut  eodem  rogo  cremarentur,  manserunt,  alii 
domos  digressi  sunt.  Impletœ  cibis  vinôque  ven^-e 
minus  efficacem  in  maturanda  morte  vim  veneni 
fecerunt.  Itaque  noctem  totam  plerique  eorum,  &  diei 
insequentis  partem  cum  animam  egissent,  omnes 
tamen  priusquàm  aperirentur  hostibus  porta;,  expi- 
ra runt.  » 

P.  36,  1.  4.  Taureajnbelliiis).  Id.,  il'id.,  XXVI,  xv. 

P.  36,  1.  7.  Commande).  Id.,  ibid.  :  «Me  quoque, 
inquit,  jubé  occidi,  ut  gloriari  possis  multo  fortiorem 
quam  ipse  es,  virum  abs  te  occisum  esse.  » 

P.  36,  1.  12.  Puis  que  mon  puis  prins).  Id.,  ibid.  : 
«  Tum  Jubellius  :  Quandoquidem,  inquit,  capta 
patriâ,  propinquis  amicisque  amissis,  quum  ipse  manu 
meâconjugem  liberosque  interfecerim,  ne  quid  indigni 
paterentur,  mihi  ne  mortis  quidem  copia  eadem  est, 
quse  his  civibus  meis;  petaturque  à  virtute  invisse 
hujus  vitœ  vindicta.  Atque  ita  gladio  quem  veste 
texerat,  per  adversum  pectus  transtîxus,  ante  pedes 
Imperatoris  moribundus  procubuit.  » 

P.  36,  1.  18.  Ale.xandre).  Cf.  Quinte-Curce  :  «Cum 
in  obsidione  persévérasse!,  oppidani  desperata  salute 


ignem  subjecere  tectis  seque  ac  liberos  conjugesque 
incendio  cremant.  Quod  cum  ipsi  augerent,  hostes 
extinguerent,  nova  forma  pugna;  erat.  Delebant  in- 
colœ  urbem,  hostes  defendebant.  »  (IX,  iv.)  Rappro- 
cher Diodore  de  Sicile,  XVII,  xviii,  et  cf.  mes  Livres 
d'Histoire  moderne  utilisés  par  Montaigne,  p.  174. 

P.  36,  1.  24.  Asiapa).  Cf.  Tite-Live,  Annales  : 
«  Locum  in  foro  destinant,  quo  pretiosissima  rerum 
suarum  congererent.  Super  eum  cumulum  conjuges 
ac  liberos  considère  quum  jussissent,  ligna  circa 
exstruunt,  fascesque  virgultorum  conjiciunt.  Quin- 
quaginta  deinde  armatis  juvenibus  projcipiunt  ut...  » 
(XXVIII,  XXII,  XXIII.) 

P.  37,  1.  4.  S'\  lancearent).  Id.,  ibid.  :  «  Postremô 
ipsi  Civde  miserandà  suorum  fatigati,  cum  armis 
medio  se  incendio  injecerunt.  »  (XXVIII,  xxni.) 

P.  37,  1.  9.  La  lueur  de  l'or).  Id.,  ibid  :  «  Dein 
quùm  aurum  argentumque  cumulo  rerum  aliarum 
interfulgens,  aviditate  ingenii  humani,  rapere  ex  igné 
vellent,  correpti  alii  flammâ  sunt,  alii  ambusti  afflatu 
vaporis  :  quùm  receptus  primls,  urgente  ingenti 
turbà,  non  esset.  »  (XX\^II,  xxiii.) 

P.  37,  1.  II.  Les  Abideens).  Id.,  ibid.,  XXXI,  xvii, 

XVIII. 

P.  37,  1.  15.  Leur  eoneeda  trois  jours).  Id.,  ibid.  : 
«  Triduum  se  ad  moriendum  Abydenis  dare  dixit. 
Q.UO  spatio  plura  facinora  in  se  victi  ediderunt,  quàm 
infesti  edidissent  victores  :  nec  nisi  quem  vincula, 
aut  alia  nécessitas  mori  prohibuit,  quisquam  vivus 
in  potestatem  hostium  venit.  »  (XXXI,  xvii,  xviii.) 

P.  37,  1.  22.  Lescondamnex^).  CL  Tacite,  Annales  : 
«  Damnati  publicatis  bonis,  sepultura  prohibebantur  : 
eorum  qui  de  se  statuebant,  humabantur  corpora, 
manebant  testamenta,  pretium  festinandi.»  (VI,  xxix; 
t.  II,  p.  167.) 

P.  37,  1.  27.  Je  désire).  Ci.  saint  Paul,  Épître  au.x 
Philipp.  :  «  Desiderium  habens  dissolvi,  &  esse  cum 
Christo.  »  (i,  23.) 

P.  38,  1.  I.  Qui  me  desprendra).  Id.,  Épître  aux 
Rom.  :  «Infelix  ego  homo,  quis  me  liberabit  de  cor- 
pore  mortis  hujus.  »  (vu,  24.) 

P.  38,  1.  I.  Ckombrotus  Anéraciota).  Cf.  Cicéron, 
Tusculanes  :  «  Callimachi  quidem  epigramma  in 
Ambraciotam   Cleombrotum   est  :    quem   ait,    cum 


iS6 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


niliil  ei  accidisset  adversi,  è  muro  se  in  mare  abje- 
cisse,  lecto  Platonis  libro.  »  (I,  xxxiv.)  Ce  fait  se 
lisait  partout  au  xvi'  siècle  et  Montaigne  a  pu  le 
prendre  bien  ailleurs  que  chez  Cicéron.  Il  l'a  trouvé 
dans  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  I,  xxni;  cf.  encore 
Bouavstuau,  Hisl.  de  Cbelidoniiis,  f°  117  r°. 

P.  38,  1.  7.  Jacques  du  Chastel).  Cf.  Joinville  :  «Il 
y  avoit...  en  nostre  ost,  un  moût  vaillant  homme, 
qui  avoit  nom  messire  Jacques  du  Chastel,  Evesque 
de  Soysson;  lequel  voiant  que  nous  estions  en  che- 
min, pour  nous  en  aller  à  Damiette,  et  que  chacun 
avoit  désir  de  retourner  en  France,  il  aima  mieus 
demourer  avecq  Dieu,  que  s'en  retourner  au  lieu 
dont  il  estoit  né;  et  de  fait,  lui  seul  s'alla  jetter 
parmi  les  Turcs  comme  s'il  les  eust  voulu  tous  mettre 
à  mort  :  mais  tantost  il  tut  tué  par  les  Sarrazins.  » 
(li,  f"  90  v°.) 

P.  38,  1.  13.  Eu  ccrtcin  Royonme).  Cf.  Gonçalez  de 
Mendoza  :  Histoire  du  Royaume  de  la  Chiue  :  «  Ils  me 
mènent  le  char  en  procession  une  bonne  traite  de 
chemin,  et  entre  maintes  cérémonies  dont  ils  usent 
lors,  ils  en  font  une  la  plus  bestiale  qui  se  puisse 
point  imaginer,  comme  pourra  juger  le  lecteur  : 
pource  que  plusieurs  d'iceux  se  coupent  des  mor- 
ceaux de  chair  dessus  leur  corps,  et  les  jettent  à 
l'idole  :  puis  les  autres  non  contens  de  ce,  se  plaquent 
là  amy  la  terre,  afin  que  le  char  passe  dessus  eux, 
demeurant  là  tous  escrasez.  Ceux  qui  meurent  de 
cesie  sorte  sont  canonisez  comme  grans  saints,  et 
tenus  entre  eux  en  singulière  vénération.  »  (Trad. 
De  La  Porte,  1589,  p.  319.) 

P.  39, 1.  2.  En  nostre  Marseille).  Cf.  \'alère  Maxime, 
II,  VI,  ext.  7. 

P.  39,  1.  S.  Scxtus  Pompeius).  Id.,  II,  vi,  ext.  8. 
Cet  exemple  et  la  coutume  des  Marseillais  sont  rap- 
portés tout  au  long  d'après  \'alère  Maxime  dans  le 
Cortegiano  de  Castiglionc,  III,  xxiv. 

P.  40, 1.  7.  Pline  recite).  Histoire  naturelle  :  «...  mors 
non  nisi  .satietate  vitœ,  epulatis  delibutisque  .senibus 
luxu,  ex  quadam  rupe  in  mare  salientibus.»  (IV,  xii.) 

CuKOxoLOGiK  :  i"  Cet  essai  est  postérieur  à 
l'essai  I,  xiv,  que  nous  avons  daté  de  1572.  En  effet, 
parlant  de  folies  de  suicide  qui  saisissent  parfois  des 


peuples  entiers  et  qui  les  poussent  à  se  détruire 
eux-mêmes,  «  J'en  ay  allégué  par  cy  devant  des 
exemples»,  dit  Montaigne.  (Voir  p.  29,  1.  5.)  Or, 
ces  exemples,  c'est  au  quatorzième  chapitre  du  pre- 
mier livre  que  nous  les  trouvons  :  «  Pendant  nos 
dernières  guerres  de  Milan...  le  peuple  impatient  de 
si  divers  changemens  de  fortune,  print  telle  resolution 
à  la  mort,  que  j'ay  ouy  dire  a  mon  père  qu'il  y  veist 
venir  conte  de  bien  vingt  et  cinq  maistres  de  maison 
qui  s'estoient  deffaits  eux  mesmes  en  une  sepmaine  : 
accident  approchant  à  celui  de  la  ville  des  Xanthiens, 
lesquels  assiégez  par  Brutus,  se  précipitèrent  pesle 
mesle,  hommes,  femmes  et  enfans,  à  un  si  furieux 
appétit  de  mourir  qu'on  ne  fait  rien  pour  fuir  la  mort 
que  ceu.x-cy  ne  fissent  pour  fuir  la  vie.  » 

2°  Bien  que  postérieur  à  l'essai  I,  xiv,  l'essai  II,  m, 
me  parait  se  rattacher  assez  intimement  aux  essais 
de  la  première  période.  En  effet  :  A)  parlant  des 
femmes  qui  se  tuent  pour  éviter  les  violences  qu'on 
veut  faire  à  leur  chasteté,  Montaigne  écrit  :  «  Il  nous 
sera,  a  l'adventure,  honorable  aux  siècles  advenir, 
qu'un  bien  sçavant  auteur  de  ce  temps,  et  notamment 
Parisien,  se  met  en  peine  de  persuader  aux  dames 
de  nostre  siècle  de  prendre  plustost  tout  autre  part}' 
que  d'entrer  en  l'horrible  conseil  d'un  tel  desespoir.  » 
Or,  je  trouve  dans  Y  Apologie  pour  Hérodote  d'Henri 
Estienne,  un  long  développement  qui  rappelle  tout 
à  fait  ce  pa.ssage  de  Montaigne.  C'est  donc  très  vrai- 
semblablement à  Henri  Estienne  que  Montaigne  fait 
allusion  ici  :  Henri  Estienne  est  bien  un  «bien  sçavant 
auteur»,  il  est  bien  né  à  Paris;  et  le  terme  de  «contes» 
que  Montaigne  applique  plus  loin  à  .son  ouvrage 
convient  parfaitement  à  Y  Apologie  pour  Hérodote;  mais 
nous  avons  vu  que  Montaigne  a  très  probablement  lu 
Y  Apologie  pour  Hérodote  vers  1572  (cf.  I,  ix,  et  I,  xiv). 
—  B)  Un  argument  semblable,  quoique  beaucoup 
moins  probant,  se  lire  de  ce  que  (je  l'ai  montré)  dans 
le  même  passage  Montaigne  imite  de  très  près  un 
morceau  de  la  Cité  de  Dieu,  de  saint  Augustin.  Sans 
doute  pour  établir  la  chronologie  des  Essais  il  est 
prudent  de  s'appuyer  fort  peu  sur  les  emprunts  faits 
aux  auteurs  anciens,  parce  que  Montaigne  pouvait  être 
sans  cesse  tenté  de  recourir  à  eux.  Notons  cependant 
que  saint  Augustin,  qui  .sera  très  largement  mis  à 


LIVRE     II,      CHAPITRI-:      III. 


187 


coiurihution  aprcs  1588,  ne  fournit  rien  à  ma  connais- 
sance dans  les  essais  écrits  entre  1580  et  1588,  rien 
non  plus  dans  tous  les  essais  de  1578  et  de  1579. 
On  trouve,  au  contraire,  des  emprunts  faits  à  cet 
auteur  dans  les  essais  I,  xi\',  I,  xx  et  I,  xx\n,  qui 
tous  sont  datés  de  1572.  Et  en  dehors  de  ces  trois 
essais,  l'édition  de  1580  ne  présente  plus,  à  ma 
connaissance,  d'emprunts  directs  à  saint  Augustin  que 
dans  l'essai  II,  m,  qui  nous  occupe  en  ce  moment. 
Il  y  a  bien  là  une  probabilité  pour  que  l'essai  II,  m, 
soit  contemporain  des  trois  autres,  et  par  conséquent, 
lui  aussi,  des  environs  de  1572.  —  C)  Enfin  il  faut 
noter  que  cet  essai  n'est  pas  éloigné  du  cliapitre  II,  1, 
que  nous  avons  daté  de  la  première  période;  que 
nous  y  retrouvons  la  composition  par  mosaïque, 
l'abondance  des  sentences  de  Sénèque,  la  raideur 
stoïcienne,  qui  nous  ont  paru  caractériser  certains 
essais  de  1572  (cf.  I,  xxxix).  Tous  ces  motifs  nous 
invitent  à  rattacher  assez  étroitement  l'essai  II,  m, 
aux  essais  de  la  première  période. 

3"  Pourtant  il  est  possible  que,  par  la  date,  nous 
nous  éloignions  assez  sensibleiiient  du  début  de  cette 
période.  Dans  cet  essai,  pour  la  première  fois  appa- 
raissent en  abondance  les  emprunts  aux  Œuvres 
morales  traduites  par  Anwot.  Il  n'y  en  a  pas  moins 
de  cinq,  presque  textuels.  Ils  ne  peuvent  pas  être 
antérieurs  à  la  fin  de  1572,  et  probablement  ils  sont 
postérieurs  à  cette  date.  Sans  doute  la  composition 


fragmentaire  de  cet  essai  permettait  des  additions,  et 
l'on  peut  considérer  ces  cinq  emprunts  comme  ayant 
été  insérés  après  coup  dans  ce  chapitre;  toutefois, 
comme  les  essais  qui  vont  sui\  re  vont  devoir  beaucoup 
aux  Œuvres  morales,  il  est  assez  naturel  de  supposer  que 
Montaigne  avait  déjà  son  Amyot  quand  il  écrivait 
celui-ci,  et  que  nous  n'avons  pas  affaire  à  des  additions. 
Voilà  qui  invite  à  reculer  la  composition  de  cet  essai  II, 
III,  peut-être  à  l'année  1573.  Et  il  est  possible  qu'il 
faille  aller  plus  loin  encore  et  parler  de  l'année  1574. 
J'ai  démontré,  en  effet,  que  suivant  toute  vraisem- 
blance, un  long  développement  est  inspiré  très  direc- 
tement de  YAntholoi^ie  de  Pierre  Bresla}';  or,  cette 
anthologie  date  de  1574.  Il  faut  donc  admettre,  ou 
que  l'essai  de  Montaigne  est  au  plus  tôt  de  1574,  ou 
tout  au  moins  qu'il  a  reçu  de  notables  développe- 
ments qui  ne  sont  pas  antérieurs  à  1574.  La  première 
de  ces  deux  hypothèses  me  paraît  la  plus  vraisem- 
blable. 

En  résumé,  l'essai  II,  m,  est  postérieur  à  l'essai  I, 
XIV  ;  il  se  rattache  nettement  aux  essais  de  la  première 
période  et  ne  doit  pas  leur  être  très  sensiblement 
postérieur;  pourtant  il  n'est  probablement  que  de  la 
fin  de  1572  ou  de  l'année  1573,  peut-être  même 
n'est-il  dans  son  entier  que  de  l'année  1574,  comme 
les  emprunts  à  l'Antholoi^ie  de  Breslay  tendent  à  le 
faire  croire. 


Chapitre   IV. 


A      DEMAIN      LES     AFFAIRES. 


P.  41,  TITRE.  Le  litre  est  emprunté  de  Plutarquc, 
Du  démon  familier  de  Socrates,  où  il  iigure  dans  un 
exemple  que  nous-  retrouverons  plus  loin.  (Voir 
ci-dessous,  p.  43,  1.  7.) 

P.  41,  1.  I.  La  pahiw  à  Jacques  Amiot).  A  Rome 
on  voit  Montaigne  défendre  les  traductions  d'Amyot 
contre  ses  détracteurs  :  «  Disnant  un  jour  à  Rome 
avecq  nostre  Ambassadeur,  où  estoit  Muret  et  autres 
sçavants,  je  me  mis  sur  le  propos  de  la  traduction 
Françoise  de  Plutarche,  et  contre  ceux  qui  l'estimoint 
beaucoup  moins  que  je  ne  fais,  je  meintenois  au 
moins  cela  :  Que -où  le  Traducteur  a  failli  le  vrai 
sens  de  Plutarche,  il  y  en  a  substitué  un  autre  \rai- 
samblable,  et  s'entretenant  bien  aux  choses  suivantes 
et  précédentes.  Pour  me  montrer  qu'en  cela  mesme 
je  lui  donnois  trop,  il  fut  produit  deus  passages, 
l'un  duquel  ils  attribuent  l'animadversation  au  fils 
de  M.  Mangot,  Avocat  de  Paris,  qui  venoit  de  partir 
de  Rome,  en  la  vie  de  Solon  environ  sur  le  milieu, 
où  il  dict  que  Solon  se  vantoit  d'avoir  affranchi 
l'Attique,  et  d'avoir  osté  les  bornes  qui  fiiisoint  les 
séparations  des  héritages.  Il  a  failli,  car  le  mot  grec 
signifie  certenes  marques  qui  se  metoint  sur  les  terres 
qui  etoint  engagées  et  obligées,  affin  que  les  acheturs 
fussent  advertis  de  cete  hypothèque.  Ce  qu'il  a  subs- 
titué des  «limites»  n'a  point  de  sens  accommodable; 
car  ce  seroit  faire  les  terres  non  libres,  mais  com- 
munes. Le  latin  d'Estiene  s'est  aproché  plus  près 
du  vrai.  Le  secont,  tout  .sur  la  fin  du  treté  de  la 
nourriture  des  enfans,  d'ob.server,  dict  il,  ces  règles, 
cela  se  peut  plustost  souhaiter  que  conseiller.  Le  grec, 
disent-ils,  sone,  cela  est  plus  désirable  qu'esperable, 


et  est  une  forme  de  proverbe  qui  se  treuve  ailleurs. 
Au  lieu  de  ce  sans  cler  et  aisé,  celuy  que  le  traducteur 
y  a  substitué  est  mol  et  étrange;  parquoi  recevant 
leurs  pnïsuppositions  du  sans  propre  de  la  langue, 
j'avouai  de  bonne  foi  leur  conclusion.  »  (Jotinial  de 
voyage,  p.  239.) 

P.  41,  1.  17.  Xenopimi).  Il  n'existait  pas  encore  de 
traduction  complète  des  œuvres  de  Xénophon  en 
français,  on  avait  seulement  des  traductions  de  quel- 
ques ouvrages,  comme  celle  de  V Économique  par  La 
Boétie,  de  la  Cyropédie  par  Jacques  de  \'entimille,  etc. 
Montaigne  faisait  usage  d'une  traduction  latine. 

P.  42,  1.  4.  Plutarque  dict).  Dans  le  traité  De  la 
curiosité  :  «  Un  jour  que  je  declamois  à  Rome,  Rus- 
ticus,  celuy  que  Domitian  depuis  feit  mourir,  pour 
l'envie  qu'il  portoit  à  sa  gloire,  y  estoit,  qui  m'escou- 
toit  :  au  milieu  de  la  leçon  y  entra  un  soudard  qui 
luy  bailla  une  lettre  missive  de  l'Empereur  :  il  se 
feit  là  un  silence,  &  moi  mesme  feis  une  pause  à 
mon  dire,  jusques  à  ce  qu'il  l'eust  leuë  :  mais  luy 
ne  voulut  pas,  n'y  n'ouvrit  point  sa  lettre  devant  que 
j'eusse  achevé  mon  discours,  &  que  l'assemblée  de 
l'auditoire  fust  départie  :  dont  toute  la  compagnie 
prisa  &  estima  beaucoup  la  gravité  du  personnage.  » 
(xiv,  p.  67  V'.) 

P.  42,  1.  15.  Civilité  &  courtoisie).  Le  Galaleo  de 
Giovanni  délia  Casa  critique  âprement  ceux  qui, 
pendant  que  les  autres  .sont  en  conversation,  ouvrent 
des  lettres  et  se  permettent  de  les  lire  tout  comme 
s'il  s'agissait  d'affaires  d'Etat. 

P.  43,  1.  I.  Monsieur  de  Boutieres).  Cf.  les  Mémoires 
des  frères  du  Bellay,  IX,  f"  299.  Du  Bellay  déclare 


LIVRE      II,      CHAPITRE      IV 


que  si  Monsieur  de  Boutières  n'ouvrit  point  la  lettre 
qui  lui  fut  remise  ce  fut  «  par  oubliance  ou  par  avoir 
trop  d'affaires».  Montaigne  qui  en  parle  autrement 
a  peut-être  connu  quelque  autre  source. 

P.  43,  1.  4.  Cf  mesme  Plutarque).  Dans  la  Fie  de 
César  :  «  Ariemidorus  natif  de  l'Isle  de  Gnidos, 
maistre  de  Rhétorique  en  langue  Grecque,  qui  pour 
ceste  siene  profession  avoit  quelque  familiarité  avec 
aucuns  des  adherens  de  Brutus,  au  moien  dequoy  il 
sçavoit  la  plus  part  de  ce  qui  se  machinoit  contre 
Cœsar,  luy  vint  apporter  en  un  petit  mémoire  escript 
de  sa  main,  tout  ce  qu'il  luy  vouloit  descouvrir  :  et 
voiant  qu'il  recevoit  bien  toutes  les  requestes  qu'on 
luy  presentoit,  mais  qu'il  les  bailloit  incontinent  à 
ses  gens  qu'il  avoit  autour  de  luy,  il  s'en  approcha 
le  plus  près  qu'il  peut,  &  luy  dit  :  «  Ctesar  lis  ce 
»  mémoire  cy  que  je  te  présente,  seul  &  prompte- 
»  ment,  car  tu  trouveras  de  grandes  choses  dedans 
»  &  qui  te  touchent  de  bien  près.  »  Cœsar  le  prit, 
mais  il  ne  le  peult  oncques  lire,  pour  la  multitude 
grande  des  gens  qui  parloient  à  luy,  combien  que 
par  plusieurs  fois  il  essayast  de  le  faire  :  toutefois 
tenant  tousjours  le  mémoire  en  sa  main,  &  le  gar- 
dant seul,  il  entra  dedans  le  sénat.  »  (xvii,  f"  5 13  r°.) 

P.  43,  1.  7.  Le  comte  d'Archias).  Cf.  Plutarque, 
Du  démon  familier  de  Socrates  :  «Comme  Charon... 
nous  disposast  en  ordre  pour  aller  exécuter  nostre 
entreprise,  il  arriva  une  missive...  escripte  par  Archias 
le  souverain  presbtre,  à  Archias  son  hoste  et  ancien 
amy,  laquelle  luy  declaroit  comme  il  est  vraysem- 
blable,  le  retour  des  bannis,  &  la  surprise  qu'ils 
dévoient  exécuter,  la  maison  où  ils  s'estoient  assem- 
blez et  ceulx  qui  estoient  de  leur  ligue  et  intelligence. 
Mais  Archias  estant  desja  tout  estourdi  de  vin,... 
encore  que  le  messager  luy  dist  que  c'estoit  pour 
affaires  de  conséquence  qu'elles  estoient  escriltes,  il 
prit  bien  les  lettres,  mais  il  respondit,  A  demain  les 
affaires  :  et  meit  les  lettres  dessoubs  son  oreillier,  et 
demandant  sa  couppe  commanda  qu'on  luv  versast 
à  boire.  »  (xxvii,  f"  647  v°.  » 

P.  43,  l.  20.  Et  anciennement).  Id.,  Propos  de  table  : 
«  Mais  nous  fusmes  principalement  en  doubte  tou- 
chant le  lieu  que  Ion  appelle  consulaire  :  car  c'estoit 
de  nostre  temps  celuy  que  Ion  tenoit  pour  le  plus 


honorable  :  ce  qui  n'estoit  ny  pour  estre  le  premier, 
ny  pour  estre  le  milieu,  comme  les  autres.  Et  davan- 
tage des  qualitez  que  Ion  remarquoit  en  iceluy,  les 
unes  ou  ne  sont  pas  propres  à  luy  seul,  ou  ne  me 
sembloient  pas  estre  d'aucune  importance,  toutefois 
il  y  avoit  trois  raisons,  entre  celles  que  Ion  alleguoit, 
ausquelles  nous  nous  arrestions  le  plus...  La  troi- 
sième raison  &  propriété  que  sembloit  avoir  ce  lieu  là 
est,  que  Ion  le  trouvoit  bien  à  propos  et  commode 
pour  ceulx  qui  ont  des  affaires  :  car  le  consul  des 
Romains  ne  fait  pas  comme  feit  jadis  Archias  le 
Capitaine  des  Thebains,  si  on  luy  apporte  ou  lettres 
ou  nouvelles,  &  advertissiment  d  importance,  fust-ce 
au  milieu  du  soupper,  il  ne  crie  pas  tout  haut,  à 
demain  matin  les  affaires  :  &  ne  rejette  pas  le  pacquet 
de  lettres  pour  prendre  la  couppe  de  vin.  Car  non 
seulement  ce  que  Ion  dit  en  commun  proverbe, 

«  La  nuict  apporte  à  tout  pilote  sage 

»  Toujours  la  peur  de  tourmente  &  orage  :  » 

mais  aussi  tout  plaisir  de  festin  &:  d'autres  passe-temps 
à  un  sage  Capitaine  &  homme  de  gouvernement 
requiert  qu'il  ait  tousjours  l'œil  au  guet.  A  celle  fin 
doncques  qu'il  puisse  tousjours  entendre  ce  qu'il  faut 
commander  «Se  signer,  ou  soubscrire,  s'il  est  besoing, 
on  luy  a  attribué  ce  lieu  la,  auquel  estant  le  second 
lict  joint  d'un  tenant  au  premier,  l'encoigneure  lais- 
sant une  espace  ouverte  en  tournant,  donne  moien 
&  à  un  secrétaire,  &  à  un  sergent,  &  à  un  garde-corps, 
&  à  un  messager  venant  du  camp,  de  s'approcher 
pour  parler  à  luy,  &  pour  l'interroguer  sans  que 
personne  l'empesche,  ne  que  luy  aussi  empesche 
personne  des  conviez,  ains  a  &  la  voix  &  la  main 
fort  libre  à  son  commandement.»  (I,  m,  f"  363  v°.) 

Chronologie  :  Cet  essai  est  le  premier  qui  em- 
prunte son  sujet  aux  Œuvres  morales  traduites  par 
Amyot.  L'idée  en  vient  du  traité  De  la  curiosité, 
et  plus  spécialement  de  l'exemple  de  Rusticus  que 
Plutarque  rapporte  dans  ce  traité.  Outre  le  thème 
du  chapitre,  il  doit  aux  mêmes  Œuvres  morales  deux 
autres  faits  :  le  conte  d'Archias  (p.  43,  1.  7),  et  les 
explications  relatives  à  la  place  consulaire  (p.  43, 1.  20). 
C'est  dire  qu'il  est  presque  entièrement  bâti  d'emprunts 


190 


ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


faits  aux  Œuvres  morales.  De  plus  l'essai  s'ouvre 
par  un  éloge  enthousiaste  d'Amyot,  traducteur.  Ces 
faits  nous  invitent  à  supposer  que,  quand  il  a  écrit 
ce  court  chapitre,  Montaigne  avait  reçu  depuis  peu 
le  volume  d'Amyot.  Certainement  il  ne  l'a  pas  reçu 
avant  les  derniers  mois  de  1572.  On  peut  croire  qu'il 
ne  l'a  pas  attendu  bien  longtemps  après  cette  date  : 
1°  parce  qu'il  devait  désirer  impatiemment  ce  volume 
qui  traitait  de  sujets  si  intéressants  pour  lui;  2°  parce 
que  c'était  l'œuvre  de  Jacques  Amyot,  avec  lequel 


Montaigne  était  en  relations  personnelles  et  dont  il 
estimait  et  pratiquait  les  traductions;  3°  parce  que 
(je  l'ai  démontré)  il  lisait  la  première  édition;  s'il 
avait  attendu  plusieurs  années,  il  aurait  eu  des  chances 
d'avoir  l'une  des  éditions  postérieures  (1574  et  1575). 
La  date  de  1573  ou  de  1574  est  assez  vraisemblable, 
comme  pour  l'essai  précédent  qui  semble  peu  antérieur 
à  celui-ci,  à  cause  des  nombreux  emprunts  qu'il  fait 
lui  aussi  aux  Œuvres  morales. 


Chapitre   \' 


DE      LA      CONSCIENCE. 


P.  44,  TITRE.  On  peut  rapprocher  un  chapitre  de 
Jean  des  Caurres,  dans  ses  Œuvres  meslécs  et  diversi- 
fiées, qui  est  intitulé  :  Que  l'homme  qui  se  sent  la  cons- 
cience chargée  de  quelque  mesfait  n'est  jamais  en  repos 
(\'II,  xxxv).  Je  suis  convaincu  d'ailleurs  que  Mon- 
taigne n"v  a  rien  emprunté.  Il  s'est  peut-être  souvenu 
d'un  chapitre  de  la  Cité  de  Dieu  de  saint  Augustin 
(XXI,  ix)  et  surtout  du  Commentaire  que  Vives  y  a 
joint.  Toutefois  il  ne  s'agit  là  que  de  réminiscences 
lointaines;  je  ne  crois  à  aucun  emprunt  direct. 

P.  45,  1.  7.  Occnltum).  «Nous  frappant  d'un  fouet 
invisible,  et  nous  servant  elle-même  de  bourreau.  » 
(Juvénal,  xiii,  195.)  Le  texte  de  Juvénal,  aussi  bien 
dans  les  éditions  du  xvi^  siècle  que  dans  les  éditions 
modernes,  porte  «Occultuni  quatiente  animo».  Mon- 
taigne écrit  «quatiens»  qu'il  rapporte  au  mot  français 
«  conscience  »  afin  de  rattacher  plus  intimement  la 
citation  à  sa  phrase.  C'est  un  procédé  qui  lui  est 
habituel.  Pacard,  Théologie  naturelle  (III,  xvii),  cite 
ce  même  vers  dans  un  chapitre  où  il  traite  à  peu 
près  le  même  sujet  que  Montaigne. 

P.  45,  1.  8.  BessHS,  Pœonien).  Cf.  Plutarque,  Pour- 
qtioy  la  justice  divine  diffère  la  punition  des  maléfices  : 
«  Bessus  aiant  tué  son  père  fut  un  bien  long  temps 
sans  que  personne  en  sceust  rien,  jusques  à  ce  que 
un  jour  estant  allé  soupper  chez  quelques  siens 
hostes,  il  percea  du  fer  de  sa  picque  et  abbattit  le 
nid  d'une  arondelle,  &  tua  les  petits  qui  estoient 
dedans  :  et  comme  les  assistans  luy  dissent  :  Dea 
capitaine  comment  vous  amusez  vous  à  faire  un  tel 
acte,  où  il  y  a  si  peu  de  propos?  Si  peu  de  propos, 
dit-il  :  et  comment,  ne  cr)-ent  elles  pas  ordinairement 


à  rencontre  de  moy,  et  tesmoignent  faulsement  que 
j'ai  tué  mon  père?  Ceste  parole  ne  tomba  pas  en  terre, 
ains  fut  bien  recueillie  des  assistans,  qui  en  estans  fort 
esbahis  l'allerent  incontinent  déceler  au  roy,  lequel 
en  feit  si  bonne  inquisition,  que  le  faicl  fut  avéré, 
et  Bessus  puny  de  son  parricide.  »  (viii,  f"  261  v'\) 

P.  45,  1.  15.  Hésiode  corrige).  Id.,  ibid.  :  «Il  fault 
bien  prester  l'aureille  au  poète  Hésiode  qui  dit,  non 
pas  comme  Platon,  que  la  peine  suit  le  péché  &  la 
meschanceté,  ains  qu'elle  luy  est  égale  d'aage  &  de 
temps,  comme  celle  qui  naist  ensemble  en  une 
mesme  terre  et  d'une  mesme  radne...  Lon  dit  que 
la  mouche  Cantharidc  a  en  soy  mesme  quelque 
partie  qui  sert  contre  sa  poison  de  contrepoison,  par 
une  contrariété  de  nature  :  mais  la  meschanceté 
engendrant  elle  mesme  ne  sçay  quelle  desplaisance 
&  punition,  non  point  après  que  le  delict  est  commis, 
mais  des  l'instant  mesme  qu'elle  le  commet,  com- 
mance  à  souftrir  la  peine  de  son  maléfice...  la 
meschanceté  d'elle  mesme  fabrique  ses  tourments 
contre  elle  mesme,  estant  merveilleuse  ouvrière  d'une 
vie  misérable,  qui  avec  honte  et  vergongne  a  de  grandes 
frayeurs,  des  perturbations  d'esprit  terribles,  &  des 
regrets  et  inquiétudes  continuelles.  »  (ix,  f°  261  V.) 

P.  45, 1.  17.  Quiconque  attent).  Cf.  Sénèque,  Épttres  : 
«  Dat  pœnas  quisquis  exspectat,  quisquis  autem  me- 
ruit,  exspectat.  »  (Ép.  105.) 

P.  45,  1.  18.  La  meschanceté).  Cf.  la  note  ci-dessus, 
p.  45,  1.  15. 

P.  45,  1.  19.  Maliim  consiliitm).  «Le  mal  pèse 
surtout  à  celui  qui  l'a  fait.  »  (Proverbe  cité  par  Aulu- 
Gelle,  IV,  v.) 


192 


ESSAIS      DE      MOXTAIGXE. 


P.  45,  1.  22.  Vitasquc).  «  Elles  laissent  la  vie  dans 
la  blessure  qu'elles  font.  »  (Virgile,  Géorg.,  iv,  238.) 

P.  45,  1.  23.  Les  Canlarides).  Cf.  la  note  ci-dessus, 
p.  45,  1.  15. 

P.  46,  1.  3.  Qtiippe  uhi).  «Car  il  est  beaucoup  de 
coupables  qui  en  parlant  dans  leur  sommeil  ou  dans 
le  délire  de  la  maladie  se  sont  accusés  eux-mêmes 
et  ont  révélé  des  fautes  qui  longtemps  étaient  restées 
cachées.  »  (Liicrèce,  V,  1 157.)  Le  texte  est  exactement 
conforme  à  celui  de  l'édition  Lambin. 

P.  46,  1.  6.  Apollodorus).  Cf.  Plutarque,  Pourquoi 
la  justice  divine  diffère  la  punition  des  maléfices  :  «  Comme 
Ion  dit  qu'Appollodorus  en  dormant  songea  quelque- 
fois qu'il  se  voj-oit  escorcher  par  les  Scythes,  et  puis 
bouillir  dedans  une  marmitte,  &  luy  estoit  advis  que 
son  cœur  du  dedans  de  la  marmitte  murmuroit  en 
disant.  Je  te  suis  cause  de  tous  ces  maulx.  »  (ix, 
f"  262  r°.) 

P.  46,  1.  8.  Aucune  cachette).  Cf.  Sénèque,  Epîtres  : 
«  Eleganter  ab  Epicuro  dictum  puto,  Potest  nocenti 
contingere  ut  lateat,  latendi  fides  non  potest.  »  (Ep.  97, 
p.  241.) 

P.  46,  1.  II.  Prima  est).  «La  première  punition 
du  coupable,  c'est- de  ne  jamais  pouvoir  s'absoudre  à 
ses  propres  yeux.  »  (Juvénal,  xiii,  2.) 

P.  46,  1.  17.  Conscia  viens).  «  Selon  le  témoignage 
que  la  conscience  se  rend  à  elle-même,  on  a  le  cœur 
rempli  de  crainte  ou  d'espérance.  »  (Ovide,  Fastes, 
I,  485.) 

P.  46,  1.  21.  Scipion).  Cf.  Plutarque,  Comment  on 
se  peut  louer  soy-mesme  :  «  Quand  Scipion  leur  dit  en 
publique  assemblée,  qu'il  ne  leur  estoit  pas  bien 
séant  vouloir  juger  de  Scipion,  veu  que  par  son 
moien  ils  estoient  par\'enus  à  ceste  grandeur  de  juger 
de  tout  le  monde,  ils  meirent  des  chappeaux  de  fleurs 
sur  leurs  testes...  »  (v,  f°  139  v°.) 

P.  46,  1.  25.  Un'  autrefois).  Cf.  Aulu-Gelle,  Nuits 
attiques  :  «  Cum  M.  Nevius  trib.  pleb.  accusaret  eum 
ad  populum,  diccrctque  accepisse  a  Rege  Antiocho 
pecuniam,  ut  conditionibus  gratio.sis  &  mollibus  pax 
cum  eo  pop.  rom.  nomine  fieret,  &  quœdam  item 
alia  crimini  daret,  indigna  tali  viro  :  tum  Scipio 
pauca  prîefatus,  quae  dignitas  vitœ  suœ,  atque  gloria 
postulabat  :  memoria,  inquit,  quirites,  repeto  diem 


esse  hodiernum,  quo  Annibalem  Pœnum  imperio 
nostro  inimicissimum  magno  prjelio  vici  in  terra 
Africa,  pacemque  &  victoriam  nobis  peperi,  inspera- 
bilem.  Non  igitur  simus  adversum  deos  ingrat!  :  sed 
censeo  relinquamus  nebulonem  hune,  eamusque 
nunc  protinus  Jovi  optimo  maximo  gratulatu.  Id 
cum  dixisset,  avertit,  &  ire  in  Capitolium  cœpit. 
Tum  concio  universa,  quœ  ad  sententiam  de  Scipione 
ferendam  convenerat,  relicto  tribuno,  Scipionem  in 
Capitolium  comitata,  atque  inde  ad  œdes  ejus  cum 
laititia  &  gratulatione  solemne  prosecuta  est.  »  (IV, 
xviii.)  Cf.  encore  ^'alère  Maxime,  III,  vu,  i;  Appien, 
Guerre  syriaque,  \;  etc.  Cet  exemple  et  le  suivant 
sont  assez  fréquemment  repris  au  xvi'  siècle,  ainsi 
dans  La  Primaudaye,  Académie  françoise,  i"  54  r°; 
Lottini,  Avis  civils,  traduction  de  1584,  n''  54;  etc. 
Toutefois  je  n'ai  trouvé  aucun  texte  qui  explique 
ces  mots  de  Montaigne  :  «Et  son  accusateur  mesme», 
qui  sont  en  contradiction  avec  le  récit  d'Aulu-Gelle. 

P.  47,  1.  2.  Petilius).  Id.,  il'id.  :  «  Petilii  quidam 
Trib.  pleb.  à  Marco,  ut  aiunt,  Catone,  inimico 
Scipionis,  comparati  in  eum  atque  immissi  desiderabat 
in  senatu  instantissimè,  ut  pecuniœ  Antiochena;, 
prœdœque  quîe  in  eo  bello  capta  erat,  rationem 
redderet.  Fuerat  enim  L.  Scipioni  Asiatico  fratri  suo 
Imperatori  in  ea  provincia  Legatus.  Ibi  Scipio  exurgit  : 
&  prolato  è  sinu  togse  libro,  rationes  in  eo  scriptas 
esse  dixit  omnis  pecuniœ,  omnisque  prsdœ  :  Iliatum, 
ut  palàm  recitaretur,  &  ad  Krarium  deferretur.  Sed 
enim  id  jam  non  faciam,  inquit,  nec  me  ipse  afhciam 
contumelia.  Eûmque  librum  statim  discidit  suis 
manibus,  &  concerpsit  :  œgrè  passus,  quôd  cui  salus 
Imperii  ac  Reipublicœ  accepta  ferri  deberet,  ab  eo 
ratio  pecunis  pra;datiti;e  posceretur.  »  (IV,  xviii.) 

P.  47,  1.  II.  Dict  Tite-Live).  Dans  les  Annales, 
XXXVIII,  LU.  Certainement  en  1580  Montaigne  ne 
s'est  inspiré  que  du  récit  d'Aulu-Gelle,  mais  après  1 588 
il  a  retrouvé  le  même  fait  dans  les  Annales  de  Tite-Live 
qui  lui  ont  suggéré  cette  addition  :  «  Major  animus 
et  natura  erat,  ac  majori  fortunœ  assuetus,  quam  ut 
reus  esse  sciret,  et  summitterc  se  in  humilitatem 
causam  dicentium.  » 

P.  47,  I.  28.  Etiam  innocentes).  «  Li  douleur  force 
à   mentir   même   les  innocents.  »   (Publius  Syrus.) 


LIVRE      II,      CHAPITRE      V. 


193 


Montaigne  a  pris  cette  sentence  Jans  le  Coimncnlairc 
de  la  Cité  de  Dieu,  par  Vives,  XIX,  vi. 

P.  48,  1.  i.  Ceiliiy  que  h'  juge).  Cf.  saint  Augustin, 
Cité  de  Dieu  :  «  Cùm  proptereà  judex  torqueat  accu- 
satum,  ne  occidat  nesciens  innocentem,  sit  per  igno- 
rantiœ  miseriam,  ut  &  tortum,  &  innocentem  occidat, 
quem  ne  innocentem  occideret,  torserat.  »  (XIX,  vi.) 

P.  48,  1.  3.  Philotas).  Cf.  Quinte-Curce,  VI,  vu, 
et  les  chapitres  suivants. 

P.  48,  1.  6.  Dict  ou).  Remarquer  ici  la  gradation 
des  formules  d'édition  en  édition  :  1580,  «C'est  le 
mieux  que  l'humaine  toihlesse  aye  peu  inventer»; 
1588,  «C'est  le  moins  mal  que  l'humaine  foiblesse 
aye  peu  in\-enter»;  1595,  «C'est,  dict  on,  le  moins 
mal  que  l'humaine  foiblesse  ave  peu  inventer.  » 

P.  48,  1.  8.  Plusieurs  nations).  Cf.  Vives,  Commen- 
taire de  la  Cite  de  Dieu  :  «  Quomodo  vivunt  tam 
multiE  gentes,  &  quidem  barbarœ,  ut  Grœci  &:  latini 
putant,  quœ  ferum  &  immane  arbitrantur  torqueri 


hominem,  de  cujus  facinore  dubitatur?  Nos  homines 
omni  videlicet  humanitate  prœditi,  sic  torquemus 
homines,  ne  insontes  moriantur,  ut  magis  eorum 
nos  misereat,  quàm  si  morerentur...  An  non  fré- 
quentes quotidie  videmus,  qui  mortem  perpeti  malint, 
quàm  tormenta?  &  fixteantur  fictum  crimen  de  sup- 
plicio  certi,  ne  torqueantur.  «  (XIX,  vi.) 

P.  48,  1.  16.  Je  ne  sçai  d'où).  De  l'Histoire  de  Frois- 
sarl,  IV,  Lxxxvii;  aussi  chez  Henri  Estienne,  Apologie 
pour  Hérodote,  XVII,  ix. 

Chronologie  :  Cet  essai  doit  sou  sujet  aux  Œuvres 
morales  traduites  par  Amyot.  Il  leur  fait  cinq  ou  peut- 
être  six  emprunts  qui  viennent  presque  tous  du  traité 
intitulé  :  Pourquoy  la  justice  divine  diffère  la  punition 
des  maléfices.  Il  y  a  donc  lieu  de  croire  qu'il  est 
contemporain  de  l'essai  intitulé  :  A  demain  les  affaires, 
qui  le  précède  immédiatement  et  qui  prend  son  sujet, 
lui  aussi,  dans  les  Œuvres  morales. 


Chapitri-    VI. 


DE     L  EXERCITATIOX. 


P.  49,  TITRE.  Il  faut  rapprocher  l'épitre  30  de 
Sénèque,  où  l'on  trouve  longuement  développée  cette 
idée  de  l'expérimentinion  de  la  mort.  «L'expérimen- 
tation de  la  mon,  dit  Sénèque,  n'est  pas  possible, 
mais  nous  pouvons  connaître  des  états  voisins  de  la 
mort»;  celui  de  Bassus  par  exemple,  qui  est  rapporté 
tout  au  long  :  «  Plus,  ut  puto,  fidei  haberet  apud  te, 
plus  ponderis,  si  quis  revixisset;  et  in  morte  nihil 
mali  esse  narraret  expeitus.  Accessus  moitis  quam 
perturbationem  afferat  optime  hi  tibi  dicent,  qui 
secundum  illam  steterunt,  qui  venientem  et  viderunt 
et  receperunt.  » 

P.  49,  1.  1 1.  Les  uns  en  ont  ahandonnc  les  richesses). 
Allusion  à  Crates,  déjà  cité  ci-dessus  dans  les  essais  I, 
XIV,  p.  75,  1.  13,  et  I,  XXXIX,  p.  316,  1.  16. 

P.  49,  1.  14.  D'autres  se  sont  prive^).  Cf.  I,  xi\ , 
p.  74,  1.  25,  et  I,  XXXIX,  p.  316,  1.  15. 

P.  50,  1.  10.  Nenio  expergilus).  «  Nul  ne  se  réveille 
quand  une  fois  il  a  senti  le  froid  sommeil  de  la  mort.  « 
(Lucrèce,  III,  942.) 

P.  50,  1.  12.  Canius  Juliiis).  Cf.  Sénèque,  De  traii- 
qiiilUtatc  l'ita-  :  «  Prosequebatur  illum  philosophus 
suus,  nec  jam  procul  erat  tumulus...  Quid,  inquit 
Cani,  nunc  cogitas?  Aul  qu;i;  tibi  mens  est?  Observare, 
inquit  Canius,  proposuis  illo  velocissimo  momento, 
an  sensurus  sit  animus  exire  se,  promisitque  si  quid 
explorasset  circumiturum  amicos,  &  indicaturum 
quis  esset  animarum  status.  »  (xiv,  384.) 

P.  50,  1.  23.  Celtuy-ry).  Ici.,  ibid.  :  «  Ecce  animus 
itternitate  dignus,  qui  fiitum  suum  in  argumentum 
veri  vocat,  qui  in  ultimo  illo  gradu  positus,  exeun- 
tem   animuni  percunctatur,  nec  usque  ad  mortem. 


sed  etiam  aliquid  in  ipsa  morte  discit.  Xemo  diutius 
philosophatur.  » 

P.  50,  1.  27.  Jus  hoc).  «  Il  avait  encore  cet  empire 
sur  son  ànie,  à  l'heure  de  la  mort.  »  (Lucain,  ^'tII, 
636.) 

P.  51,  1.  10.  Combien  jaeiJeniani).  Cf.  Cicéron, 
Tusciilanes,  I,  xxxviii,  pour  une  comparaison  sem- 
blable entre  le  sommeil  et  la  moit. 

P.  51,  1.  17.  En  défaillance  de  cœur).  La  compa- 
raison de  la  mort  avec  une  défaillance  est  chez 
Sénèque,  dans  l'épitre  77,  et  c'est  là  que  Montaigne 
la  prendra  lorsqu'il  l'insérera  dans  l'essai  II,  xii,  à 
la  tin. 

P.  52,  1.  i.  Quand  je  suis  venu).  Montaigne  a  fait 
la  même  observation  en  deux  autres  endroits,  I,  xx, 
p.  m,  et  II,  xxxvii,  au  début. 

P.  53, 1.  23.  Perche).  «Car,  encore  incertaine  de  son 
retour,  l'âme  étonnée  ne  peut  s'affermir.  »  (Torquato 
Tasso,  Jérusalem  délivrée,  chant  xii,  stance  74.) 

P.  54,  1.  3.  Corne  quel).  «Comme  un  homme  qui 
tantôt  ouvre  les  yeux  et  tantôt  les  ferme,  moitié 
endormi  et  moitié  éveillé.»  {Id.,  ilnd.,  chant  viii, 
stance  26.) 

P.  54,  1.  10.  Au  l'Ont  des  lèvres).  Cf.  Sénèque, 
Epîtres  :  «  Cui  senilis  animus  in  primis  labris  esset.  » 
(Ép.  30.)  On  retrouvera  la  même  image  dans  la 
préface  du  troisième  livre  des  Questions  naturelles  : 
<'  animam  in  primis  labris  habere.  » 

P.  54,  1.  13.  Nager  superficiellement).  Ailleurs  Mon- 
taigne a  parlé  d'un  «  sçavoir  qui  nage  en  la  superficie 
de  la  cervelle».  (Essai  I,  xxv,  p.  179,  1.  15.) 

P.  54,  1.  25.  Vi  inorhi).  «  Sous  la  violence  du  mal 


LIVRE     II,      CHAPITRE      VI. 


195 


souvent  un  malheureux  tombe  devant  nos  veux 
comme  frappé  de  la  foudre;  il  écume,  il  gémit  et 
ses  membres  palpitent;  il  est  hors  de  lui-même,  il 
se  roidit,  il  se  débat,  il  respire  à  peine  et  s'épuise 
en  mouvements  désordonnés.  »  (Lucrèce,  III,  485.) 
Le  texte  est  exactement  celui  de  l'édition  Lambin, 
P-  223. 

P.  55,  1.  6.  J'ivilJ.  «Il  vit,  mais  il  n'a  pas  cons- 
cience qu'il  vit.  »  (Ovide,  Tristes,  I,  m,  12.) 

P.  55,  1.  26.  Hiinc  ego).  «Conformément  aux 
ordres  que  j'ai  reçus,  j'enlève  ce  (cheveu)  consacré 
au  dieu  des  enfers,  et  je  t'affranchis  de  ton  corps.  » 
(Virgile,  Émide,  IV,  702.) 

P.  56,  1.  lé.  Seinianhtièsqiie).  «  A  demi  morts  les 
doigts  s'agitent  et  ressaisissent  le  fer.  »  (\'irgile,  Enéide, 
X,^396.) 

P.  56,  1.  20.  Fûlciferos).  «  On  dit  que  les  chars 
armés  de  foux  coupent  les  membres  si  rapidement 
qu'on  en  voit  les  tronçons  s'agiter  à  terre  avant  que 
la   douleur  ait   pu   aller   jusqu'à   l'àme.  »   (Lucrèce, 

in,  642.) 

P.  58,  1.  6.  Ut  tandem).  «  Lorsqu'enfin  mes  sens 
reprirent  quelque  vigueur.  »  (Ovide,  Tristes,  I,  m, 

M-) 

P.  59,  1.  5.  Deiis  ou  trois  antiens).  Dans  ce  nombre 
Montaigne  compte  probablement  Lucilius,  comme  on 
peut  l'induire  par  le  début  de  l'essai  II,  xviii;  peut- 
être  aussi  Archiloque  et  Alcée,  comme  l'a  conjecturé 
Coste. 

P.  59,  1.  25.  In  vitiuin).  «La  peur  d'une  faute 
nous  conduit  à  un  crime.  »  (Horace,  Art  poétique, 

V,  3I-) 

P.  60,  1.  5.  Condamner  le  vin).  Souvenir  de  Plu- 
tarque  qui  souvent  rappelle  que  Lycurgue  défendit 
la  culture  de  la  vigne  parce  que  certains  s'enivraient. 
Le  plus  souvent  il  emploie  cette  image  pour  critiquer 


l'opinion  des  stoïciens  qui  veulent  étouffer  complè- 
tement les  passions  à  cause  des  crimes  qu'elles  sus- 
citent (De  la  vertu  morale,  f"  37  v);  ailleurs  il  s'en  sert 
contre  ceux  qui  veulent  interdire  complètement  aux 
enfints  la  lecture  des  poètes  à  cause  des  dangers 
qu'elle  présente  (f"  9  v"). 

P.  60,  1.  28.  Les  effaicts  diroint  plus  de  la  fortune). 
C'est  une  idée  qui  revient  souvent  chez  Montaigne; 
cf.  essais  I,   xxiv,   p.  163,  \.  13;  I,  xlvii,   p.   367, 

1.    23;   III,   VIII. 

P.  61,  1.  9.  Selon  Arislote).  Dans  la  Morale  à  Xico- 
niaque,  W ,  \ii. 

Chkoxologie  :  .Montaigne  écrit  que  «  Pendant  noz 
troisiesmes  troubles,  ou  deusiesmes  (il  ne  lui  souvient 
pas  bien  de  cela),  .s'estant  aie  un  jour  promener...»,  il 
fut  renversé  de  che.val  et  faillit  mourir  de  cet  accident. 
Et  vers  la  fin  du  même  e.ssai  il  ajoute  :  «  je  me  sens 
encore,  quatre  ans  après,  de  la  secousse  de  céte  frois- 
sure.  »  L'aventure  que  Montaigne  conte  ici,  puisqu'elle 
date  des  «  deusiesmes  ou  troisiesmes  troubles  »,  a  dû 
se  produire  entre  le  mois  d'octobre  1567  et  le  mois 
d'août  1570.  Montaigne  écrit  donc  entre  le  mois 
d'octobre  1571  et  le  mois  d'août  1574,  si  ce  nombre 
de  «  quatre  années  »  est  exact.  Voilà  tout  ce  que 
nous  pouvons  savoir  de  solide  sur  la  date  de  compo- 
sition de  cet  essai.  Notons  toutefois  :  1"  que  la  place 
occupée  par  lui  dans  le  volume  invite  à  croire  de 
préférence  qu'il  est  des  années  1573  ou  1574,  puis- 
qu'il est  rejeté  après  des  essais  que  nous  avons  datés 
de  1573  ou  de  1574;  2°  que  les  termes  mêmes 
employés  par  Montaigne  favorisent  cette  hypothèse  : 
il  semble,  en  effet,  incliner  à  croire  que  son  accident 
lui  est  arrivé  pendant  les  troisièmes  troubles  (sep- 
tembre 1568  à  août  1570),  plutôt  que  pendant  les 
deuxièmes. 


Chapitre  \ll. 


DES      RECOMPENSES      D   HOXXKVR. 


P.  6^,  TITRE.  C'est,  je  crois,  la  lecture  de  la  Répu- 
blique de  Bodin  qui  a  inspiré  cet  essai  à  Montaigne. 
En  effet,  les  idées  qu'il  exprime  sur  la  décadence  de 
l'ordre  de  Saint-Michel  et  sur  les  causes  de  cette 
décadence  se  retrouvent  au  cinquième  livre  de  la 
République,  ch.  n". 

P.  63,  1.  I.  Ceux  qui  escrivent).  Cf.  Suétone,  T/c 
d'Auguste  :  «  Dona  uiilitaria  aliquanto  f;icilius,  pha- 
leras  et  torques  quidquid  auro  argentoque  constaret, 
quam  vallares  ac  murales  coronas,  quas  honore  pra;cel- 
lerent,  dahat  :  ad  quam  parcissime  &  sine  ambitione.  » 

(XXV.) 

p.  64,  1.  10.  L'ordre  Sainct  Michel).  Institué  par 
une  ordonnance  de  Louis  XI,  le  i''  août  1469. 
Brantôme  parle  de  son  avilissement  comme  Montaigne 
et  cite  de  nombreux  abus  qui  lui  ont  ôté  toute  sa 
valeur  sous  Charles  IX  et  Henri  III  (V,  91).  On 
trouve  chez  lui  une  dissertation  qui  rappelle  tout  à 
fait  cet  essai  et  qui  peut-être  s'en  inspire  (VI,  466). 
De  Thou  (Mil,  Lxxiii)  constate,  lui  aussi,  la  dépré- 
ciation complète  de  l'Ordre.  Sous  Henri  II,  il  avait 
encore,  semble-t-il,  toute  sa  valeur.  Montluc  écrit, 
en  effet  :  «  Monsieur  de  Guyse  me  dit  que  le  roy 
s'estoit  résolu  de  me  bailler  le  lendemain  l'Ordre, 
qui  estoit  en  ce  temps-là  (1555)  chose  si  digne  et 
si  recherchée,  que  le  plus  grand  prince  de  France  ne 
se  feust  tenu  pour  content  s'il  ne  l'eust  eu,  et  eust 
mieux  aymé  que  le  roy  ne  luy  fist  jamais  aucun 
bien,  parce  que  c'estoit  une  marque  d'honneur  qui 
n'estoit  pas  profanée  comme  il  est  à  présent.  »  (III.) 


p.  65,  1.  4.  Cui  niahis).  v  Pour  qui  ne  voit  pas  de 
méchants  comment  des  bons  pourraient-ils  exister?  » 
(Martial,  XII,  Lxxxii.) 

P.  66,  1.  10.  Ncque  enini).  «  Car  les  talents  du 
soldat  et  ceux  du  général  ne  sont  pas  les  mêmes.  » 
(Tite-Live,  XX\',  xix,  qui  écrit  «  tanquam  eaidem 
militares  et  imperatoriit  artes  essent  ».) 

P.  66,  1.  27.  De  ce  nouvel  ordre).  L'Ordre  du  Saint- 
Esprit,  institué  par  Henri  III  à  la  fin  de  l'année  1578. 
Les  inquiétudes  de  Montaigne  au  sujet  de  cet  ordre 
nouveau  étaient  très  fondées.  Cf.  Brantôme,  Y,  90; 
\l,  466. 

P.  67,  1.  15.  Etyiuologie  de  la  force).  Cf.  I,  xx, 
p.  ICI,  1.  9  et  la  note. 

P.  68,  1.  3.  Nous  mettions  à  nonchaloir).  La  même 
idée  se  retrouve  dans  le  Cortegiano  de  Castiglione, 
III,  xxxvii. 

Chroxologie  :  Tout  l'essai  semble  suggéré  par  la 
création  de  l'ordre  du  Saint-Esprit,  destiné  à  remplacer 
l'ordre  de  Saint-Michel  qui  était  tombé  dans  un  grand 
discrédit.  Les  cérémonies  instituant  les  chevaliers  de 
l'ordre  nouveau  sont  du  31  décembre  1578  et  des 
i'^'  et  2  janvier  1579.  Cela  semble  indiquer  que  l'essai 
n'est  pas  antérieur  à  1579.  D'ailleurs,  plusieurs  des 
idées  que  Montaigne  exprime  ici  avaient  été  émises  par 
Bodin  dans  sa  Republique,  et  certainement  Montaigne 
se  souvient  de  cet  ouvrage  qui  avait  paru  en  1576. 
Ce  fait  .suffirait  à  démontrer  que  l'essai  est  de  la 
dernière  période,  ainsi  que  les  suivants. 


Chapitre  VIII. 


DE      L  AFl-ECTIOX      DES      PERES      A  \' \      ENFAXS. 


P.  69.  Madame  d'Estissac).  Louise  de  la  Bérau- 
dière  avait  été  la  maîtresse  de  Bourbon  et  lui  avait 
donné  un  fils;  elle  avait  épousé  Louis  de  Madaiilan, 
seigneur  de  Lesparre,  baron  d'Estissac,  gouverneur 
du  pays  d'Aunis  et  de  La  Rochelle,  qui  la  laissa  veuve 
en  1565  ;  au  mois  de  janvier  1580,  peu  avant  la  publi- 
cation des  Essais,  elle  se  remaria  avec  Robert  de 
Combaut,  premier  maître  d'hôtel  d'Henri  III.  Le  fils 
de  Madame  d'Estissac,  Charles  d'Estissac,  accompagna 
Montaigne  en  Italie. 

P.  69,  1.  II.  C'est  le  seul  livre).  Cf.  ce  que  Mon- 
taigne dit  ailleurs  à  ce  sujet,  dans  l'essai  II,  vi,  p.  59, 

I.  5,  également  après  1588. 

P.  71,  1.  I.  Ij)y  vrayement  naturcUc).  Montaigne 
niera  l'existence  de  toute  loi  naturelle  dans  l'essai 

II,  XII,  336. 

P.  71,  1.  5.  L'affection  que  l'engendrant  porte  à  son 
engeance).  Rapprocher  des  discussions  à  ce  sujet  dans 
le  traité  de  Plutarque  intitulé  :  De  l'amour  et  charité 
naturelle  des  pères  envers  les  enfans.  (F°  100  v°.) 

P.  71,  1.  10.  Considération  Aristotélique).  Dans  la 
Morale  à  Nicomaque,  IX,  vu.  Tout  ce  passage  suit  de 
très  près  le  texte  d'Aristote;  peut-être  Montaigne 
l'a-t-il  connu  par  la  traduction  de  Felicianus  Ber- 
nardus,  mais  cela  est  incertain. 

P.  71,  1.  22.  Connue  les  bestes).  Remarquer  que 
Montaigne  contredit  la  théorie  qu'il  développe  lon- 
guement sur  l'intelligence  animale  dans  tout  le  début 
de  l'essai  II,  xii. 

P.  72,  1.  26.  Quant  à  nioy,  je  treuve).  Les  mêmes 
critiques  sur  l'avarice  des  pères,  et  les  mêmes  recom- 
mandations d'admettre  les  enfants  au  partage  des  biens 
paternels  se  retrouvent  chez  Gelli,  Capri^i  del  Bottaio 


(Discours  \'II,  à  la  fin),  et  surtout  dans  la  Civil  conver- 
sation de  Stefano  Guazzo.  Il  est  vrai  que  Gelli  appuie 
ces  conseils  sur  des  considérations  d'ordre  religieux 
qui  ne  se  retrouvent  pas  chez  Montaigne  :  Gelli 
estime  que,  s'ils  se  montrent  généreux,  les  parents 
se  détacheront  peu-  à  peu  des  biens  terrestres  et  se 
disposeront  ainsi  à  se  présenter  devant  leur  juge 
céleste. 

P.  74,  1.  13.  Sekvi  Aristotc).  Dans  la  Morale  à 
Nicomaque,  l\  ,  m. 

P.  74,  1.  27.  El  errât).  «  C'est  se  tromper  fort, 
à  mon  avis,  que  de  croire  que  l'autorité  s'établit 
mieux  par  la  violence  que  par  l'affection.  »  (Térence, 
Adelphcs,  I,  1,  40.)  Montaigne  écrit  «esse  gravlus»; 
son  édition  porte  «  gravius  esse». 

P.  75,  1.  I.  J'accuse  toute  violence).  Voir  les  mêmes 
idées  dans  Fessai  I,  xxvi,  p.  214,  1.  16. 

P.  75,  1.  20.  Souhaiter  nostre  mort).  Plutarque, 
dans  le  traité  De  l'avarice,  VII,  f°  100  r",  avait  déve- 
loppé cette  idée  que  l'avarice  des  pères  les  fait  détester 
par  leurs  enfants.  Guazzo,  dans  la  Civil  Conversation, 
parle,  lui  aussi,  des  enfants  qui  souhaitent  la  mort  de 
leurs  parents  pour  le  même  motif. 

P.  75,  1.  21.  Nulhtni  scelus).  «Nul  crime  n'est 
fondé  en  raison.  »  (Tite-Live,  XXVIII,  xxviii.) 

P.  75,  1.  23.  Pas  marier  si  jeunes).  Sur  l'âge  auquel 
on  doit  se  marier,  on  lisait  au  temps  de  Montaigne 
le  célèbre  De  re  uxoria  de  Francesco  Barbaro;  Aristote 
avait  longuement  traité  la  question  dans  les  Politiques, 
IV,  xiv  et  XV,  et  V.  Dans  le  Cortegiano,  IV,  xxx, 
Castigiione  ne  détermine  aucun  âge,  mais  il  recom- 
mande que  les  enfants  ne  soient  pas  «  troppo  vicini 
ne  troppo  loniani  alla  eta  paterna  ». 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  76,  1,  1.  Trenlf  trois).  Le  23  septembre  1565. 
Le  contrat  de  mariage  de  Montaigne,  daté  du  22  sep- 
tembre 1565,  a  été  publié  dans  les  Archives  historiques 
de  la  Gironde,  t.  X,  pp.  163,  167  et  171. 

P.  76,  L  2.  Esired'Aristolc).  Aristote,  Polilie.,  MI, 
\vi,  dit  trente-sept  et  non  trente-cinq. 

P.  76,  1.  2.  Platon).  Dans  la  République  :  «  Vir 
postquam  acutissimum  sui  cursus  vigorem  transierit, 
annos  scilicet  triginta,  inde  usque  ad  annos  quinque 
&  quinquaginta  procreet.  Si  igitur  senior  istis,  sive 
junior,  generationem  in  communi  attigerit,  propha- 
num  &  iniquum  scelus  hoc  esse  censebimus,  quasi 
fœtus  is  in  civitate  feratur,  qui  si  latuerit,  orietur 
non  sub  sacrificiis  quidem  &  votis,  qua;  singulis  in 
nuptiis  peragent  sacerdotes  onuies  tam  viri  quam 
mulieres,  &  civitas  universa,  precantes  ut  ex  bonis 
meliores,  ex  utilibus  utiliores,  nascantur  :  imô  vero 
sub  tenebris  ex  acri  quadam  incontinentia.  »  (W 
pp.  460  et  461;  éd.  de  1546,  p.  591.) 

P.  76,  I.  5.  Thaïes).  Cf.  Diogène  Laerce,  J"ie  de 
Tlmlès  :  «Urgenti  matri,  ut  se  matrimonii  vinculis 
astringeret,  adhuc  intempestivum  esse  dixit.  Ingra- 
vescente  jam  a.-tate  cùm  sibi  acrius  insisteret,  jam, 
inquit,  intempestivum  est.  »  (I,  xwi,  28.)  Cf.  aussi 
Plutarque,  Propos  de  table  :  «  Le  sage  Thaïes  estant 
importuné  par  sa  mère,  qui  le  pressoit  de  se  marier, 
.s'en  deffit  dextrement,  et  la  trompa,  en  luy  disant 
à  sa  première  semonce,  Il  n'est  pas  encore  temps, 
ma  merc  :  puis  quand  il  eut  passé  la  fleur  de  son 
aage,  comme  elle  luy  en  feist  encore  instance,  Il  n'est 
plus  temps,  dit-il,  ma  mère.  »  (III,  vi,  f°  384  v".) 

P.  76,  1.  9.  Les  anciens  Gaulois).  Cf.  César,  De  hello 
i^allico  :  «  Qui  diutissime  impubères  permanserunt, 
maximam  inter  suos  ferunt  laudem  :  hoc  ali  statu- 
rani,  ali  lioc  vires,  nervosque  confirmari  putant  :  intra 
annuni  vero  vigesimum  femina;  notitiam  habuisse,  in 
turpissimis  habent  rébus.  »  (VI,  xxi.)  Toutefois  Cé.sar 
parle  ainsi  non  des  Gaulois,  mais  des  Germains. 

P.  76,  1.  14.  Ma  hm-).  «Mais  alors,  uni  à  une 
jeune  épouse,  joyeux  d'avoir  des  enfants,  il  avait 
amolli  son  courage  dans  les  affections  de  père  et  de 
mari.  »  (Torquato  Tasso,  Jérusalem  délivrée,  x,  39.) 
P.  76,  1.  17.  L'histoire  (grecque).  Cf.  Platon,  Lois  : 
«  Num  igitur  de  Tarentino  Icco  non  audivimus  :  qui 


propter  olympica  aliaque  certamina,  aniflcioso  circa 
ha;c  studio  temperantiam  simul  &  fortitudinem 
animi  consecutus,  nullam  unquam  in  toto  exercita- 
tionis  sua;  tempore  venerem  cognovit?  Idem  quoque 
de  Chrysone,  Astylo,  ik.  Diopompo  aliisque  quam 
plurimis  fertur.  »  (viu,  p.  840;  éd.  de  1546,  p.  846.) 

P.  76,  1.  21.  Mnleasses).  Cf.  Paul  Jove,  Histoire 
de  son  temps  :  «  In  Mahometem  patrem  palam  inve- 
hebatur,  tanquam  muliebrosum  ac  effœminatum,  qui 
exhausto  a;rario  ingentes  fecisset  sumptus,  ut  ducent:t 
simul  ad  libidinem  fœminœ  regiis  in  hortis  alerentur, 
e  quibus  tôt  suscepisset  liberos...  »  (XXXIII,  f"  140.) 

P.  76,  L  24.  En  certaine  contrée).  Cf.  Lopez  de 
Gomara  :  Histoire  t^énérale  des  Indes  :  «  Ils  ne  se 
marient  point  qu'ils  n'aient  quarante  ans,  encore  que 
les  filles  des  l'aage  de  dix  ou  douze  ans  soient  ja 
faites  femmes.  »  (II,  xii,  f°  63  r".) 

P.  77,  1.  18.  Charles  cinquiesnie).  Les  moralistes 
du  xvf-'  siècle  ont  beaucoup  loué  la  retraite  de 
Charles  V.  Guazzo  (C/î'/Z  conversation)  la  rappelle  dans 
une  dissertation  sur  le  même  sujet  que  Montaigne. 
Lui  aussi  estime  que  c'est  une  des  plus  glorieuses 
actions  de  cet  empereur.  Il  rapproche  l'exemple  de 
Ptolémée  auquel  Montaigne  fait  peut-être  allusion, 
ainsi  qu'à  Diocléticn,  dans  l'addition  de  1595. 

P.  77,  1.  26.  Solve  senescentem).  «  .\ie  la  sagesse  de 
lâcher  à  temps  la  bride  à  ton  cheval  vieilli,  si  tu  ne 
veux  pas  que,  objet  de  risée,  il  culbute  autour  de  la 
carrière  et  devienne  poussif.»  (Horace,  Épîtres,  1, 1,  8.) 

P.  77,  1.  30.  Si  l'anie).  Rapprocher  essai  I,  i.vu, 
p.  423,  1.  2,  et  la  note. 

P.  79,  I.  14.  Un  Doyen  de  S.  Hihiire).  Il  s'agit  de 
Jean  d'Estissac,  qui  fut  doyen  de  Saint-Hilaire  du 
27  juin  1542  au  15  décembre  1576,  date  de  sa  mort. 

P.  80,  1.  12.  (Jnand  je  ponrroy).  Allusion  à  un 
mot  célèbre  qui  se  trouve  chez  Suétone  :  «  Oderint 
dum  metuant.  »  Machiawl  l'avait  rendu  fameux  au 
xv!"^  siècle  par  son  Prince  (cf.  chap.  x^  11),  et  Gentillet 
dans  ses  Discours  sur  les  moyens  de  bien  gouverner,  avait 
répliqué  à  Machiavel  protestant  contre  sa  maxime 
«Mieux  vaut  être  craint  qu'aimé».  (  III,  ix.) 

P.  81,  I.  8.  nie  soins).  «Lui  seul  ignore  tout.  « 
(Térence,  Adelphes,  IV,  ri,  9.)  Le  texte  est  :  «  is 
soins...  » 


I.IVRK      II,      ClIAPITRK      VIII. 


199 


P.  82,  1.  19.  Le  viens  Caton).  Cf.  Séncque,  Épilies  : 
«  Proverbium  jactatur  :  totidem  esse  hostes,  quot 
serves.  »  (Ép.  47.)  Erasme,  Adages,  II,  m,  31;  mais 
le  nom  de  Caton  ne  se  trouve  ni  chez  Érasme  ni 
chez  Sénèque. 

P.  84,  1.  3.  Monsieur  le  Mareschal  de  Moulue).  Ce 
passage  nous  enseigne  que  Montaigne  a  été  en  rela- 
tion avec  Montluc.  Il  retrouvera  plus  tard  en  Italie 
son  petit-fils,  précisément  le  fils  de  «  celuy  de  ses 
enfans  qui  niourut  en  l'isle  de  Madères»,  Pierre 
Bertrand  surnommé  le  capitaine  Perot,  mort  en  1566. 
(Cf.  Journal  de  voyage,  p.  182.)  Un  beau-frère  de 
Montaigne,  M.  de  la  Chassaigne,  seigneur  de  Pressac, 
écrit  dans  son  Cleaiidre  :  «  Il  me  souvient  d'avoir 
ouv  dire  à  feu  Monsieur  le  mareschal  de  Monluc...  » 
(Éd.  de  1586,  f"  215  V".) 

P.  85,  1.  2.  A  ce  que  dit  drsar).  Dans  le  De  hello 
gallico  :  «  Liberos,  nisi  quum  adoleverint,  ut  munus 
militix'  sustinere  possint,  palam  ad  se  adiré  non 
patiuntur;  filiumque  puerili  xtate  in  publico,  in 
conspectu    patris,    assistere,    turpe    ducunt.  »    (\  I, 

XVIII.) 

P.  87,  1.  10.  Veines  eoujecinres).  Déjà  au  début  de 
l'essai  I,  xxvi,  Montaigne  a  déclaré  qu'il  attache  peu 
de  prix  aux  présages  qu'on  peut  tirer  des  actions  des 
enfants,  que  «  la  montre  de  leurs  inclinations  est  si 
tendre  en  ce  bas  aage  et  si  obscure,  les  promesses  si 
incertaines  &  fauces  qu'il  est  mal-aisé  d'y  establir 
aucun  solide  iugement».  (P.  192,  1.  18.) 

P.  87,  1.  12.  Le  pins  lonrd).  Montaigne  a  longue- 
ment insisté  sur  la  paresse  de  son  esprit  à  la  fin  de 
l'essai  I,  xxvi. 

P.  87,  1.  20.  Grands  eslinuitnrs  de  la  béante). 
Xow  à  ce  sujet  II,  x\ii,  pp.  418  et  suivantes. 

P.  88,  1.  I.  Le  plesant  dialogue).  Cf.  Platon,  Lois  : 
«  Grave  est  nimium,  ô  dii,  si  mea  mihi  non  licebit 
cuicunque  volo  relinquere  :  &  aliis  plura,  aliis  pau- 
ciora,  prout  erga  me  boni  malive  liquido  inventi  sunt, 
tum  in  morbo,  tum  in  senio,  lum  in, aliis  fortunis 
meis  sufficienter  comprobati...  O  amici,  dicemus,  ac 
brevi  proculdubio  morituri,  difficile  vobis  est  res 
vestras  atque  etiam  vosipsos  secundum  Delphicum 
epigramma  cognoscere.  Ego  qui  leges  condo,  nec 
vos  vestros  esse  arbitror  :  nec  rem  familiarem  hanc 


omnem  esse  vestram  :  sed  totius  vestri  generis  pnt- 
terite  atque  futuri  :  multôque  magis  universx'  civitatis 
&  genus  omne  &  divitias  esse.  Hxc  cum  ita  sint,  si 
quis  assentatiunculis  in  morbo  &  senio  vos  aggressus, 
pneter  honestum,  testamentum  condere  persuaserit, 
nunquam  id  fieri  sponte  concedam  :  sed  quod  civitati 
universx-  générique  conférât  considerans,  ita  leges 
conscribam,  ut  singulorum  commoda  minoris  quam 
cunctorum,  ut  par  est,  œstimem.  ^'os  igitur  mites 
atque  benevoli  nobis  ite  modo,  quô  natura;  humanœ 
vos  nécessitas  vocat.  Nobis  autem  reliqua  vestra  cura? 
erunt,  qui  non  aliis  magis  quam  aliis  rébus  .stude- 
mus  :  sed  omnium  a;que  pro  viribus  curam  gerimus.» 
(Pp.  922  et  923;  éd.  de  1546,  p.  886.) 

P.  88,  1.  27.  Cette  loy  que  nul  ne  vcit  ouqiies).  L;i 
loi  salique.  On  trouvera  un  éloquent  commentaire 
de  ces  idées  chez -Jean  Bodin,  Répnhliquej  W,  v. 
Bodin  appuie  surtout  son  apologie  de  la  loi  salique 
sur  des  raisons  de  fiiit,  sur  les  désastreuses  consé- 
quences de  la  «  gvnécocratie  »  comme  il  dit,  mais  il 
ne  manque  pas  aussi  de  la  justifier  par  l'incapacité 
des  femmes  à  gouverner;  il  déclare  qu'il  est  contraire 
à  la  loi  de  nature  de  leur  confier  l'autorité,  que  la 
nature  leur  refuse  tous  les  offices.  Il  passe  en  revue 
les  malheurs  qu'ont  eu  à  subir  tous  les  royaumes 
qui  sont  «  tombés  en  quenouille  »,  et  conclut  que 
si  la  lignée  mâle  vient  à  manquer  il  vaut  mieux 
encore  recourir  à  l'élection,  quels  que  soient  ses 
inconvénients,  que  d'admettre  la  succession  par  les 
femmes.  Rappelons  que,  à  l'époque  où  cet  essai 
semble  avoir  été  écrit,  il  n'était  pas  indifférent  de  se 
prononcer  pour  ou  contre  la  loi  salique.  Il  était 
désormais  connu  que,  suivant  toute  vraisemblance, 
Henri  III  n'aurait  point  d'enfants.  Proclamer  la  loi 
salique  intangible,  c'était  accepter  en  principe  la  suc- 
cession du  protestant  Henri  de  Navarre;  la  combattre, 
c'était  se  déclarer  en  faveur  de  la  famille  de  Lorraine. 
Quelques  années  plus  tard  un  grand  débat  juridique 
devait  éclater  au  sujet  de  la  loi  salique,  juridique  en 
apparence,  tout  politique  et  de  circonstance  en  réalité. 
Si  Montaigne  prend  parti  pour  la  loi  salique,  il  a  au 
moins  la  sagesse  de  reconnaitre  que  ce  n'est  pas  parce 
que  historiquement  c'est  une  loi  incontestable,  mais 
simplement  parce  qu'elle  lui  paraît  raisonnable.  Des 


ESSAIS      DE     MONTAIGXE. 


auteurs  comme  Nicolas  \'ignier  (1579)  ou  Pierre 
du  Belloy  dans  son  Examen  du  discours  contre  la  loi 
salique  (151S7),  prétendront  prouver  que  c'est  une  loi 
juridiquement  inattaquable. 

P.  90,  1.  9.  Les  hestes).  Montaigne  pourniit  bien 
avoir  présent  à  l'esprit  un  traité  de  Plutarque  intitulé  : 
De  l'amour  et  charité  naturelle  des  pères  &  mères  envers 
leurs  enfans.  Plutarque  y  combat  l'opinion  commune 
que  chez  les  animaux  l'affection  paternelle  et  mater- 
nelle est  plus  développée  que  chez  les  hommes. 

P.  90,  1.  1 1.  Ce  que  recite  Hérodote).  «  Hz  se  meslent 
indifféremment  avec  les  femmes  comme  bestes  brutes  : 
&  quand  l'enfant  a  acquis  quelque  force  de  marcher, 
ilz  s'assemblent  tous,  ce  qui  leur  est  coustumier  de 
trois  en  trois  mois,  &  celuy  auquel  s'adresse  l'enfant, 
est  estimé  son  père.  »  (IV,  180;  t.  I,  f°  307  r''.) 

P.  91,  1.  I.  Platon).  Dans  le  Phèdre  :  «  Quid  vero  si 
orator  quispiam,  aut  rex  eam  nactus  sit  tacultatem, 
ut  quemadmodum  Lycurgus,  aut  solo,  aut  Darius 
immortalis  in  civitate  scriptor  haberi  possit,  equalem 
se  deo  adhuc  viventem  existimat?  &  posteri  moni- 
menta  ejus  considérantes,  de  illo  similiter  judicant  ?  » 
(P.  258;  éd.  de  1546,  p.  456.)  Je  n'ai  trouvé  aucune 
édition  du  XYi""  siècle  qui  comme  le  texte  de  Mon- 
taigne présente  «Minos»,  au  lieu  de  «Darius». 

P.  91,  1.  6.  Heliodoriis).  Cf.  Nicéphore  Calliste, 
Histoire  ecclésiastique,  XII,  xxxn;  et  aussi  Amyot, 
Épitre  dédicatoire,  en  tête  de  la  troisième  édition  de 
sa  traduction  de  Y  Histoire  éthiopique  (i  ^^^').  Montaigne 
dit  qu'Héliodorc  était  évèque  de  Tricea.  Si  la  lecture 
«  Tricea  »  est  exacte  (et  elle  nous  est  garantie  à  la  fois 
par  les  premiers  éditeurs,  par  Naigeon,  par  M.  Courbet 
et  par  M.  Strowski),  la  .source  de  Montaigne  ne  doit 
pas  être  Amyot,  car  Amyot  dit  «  Tricea  »  ;  le  fait 
vient  plus  probablement  de  la  traduction  française 
de  Nicéphore  Calli.ste  qui  dit  «  evesque  de  Trice  » 
ou  plutôt  encore  de  la  traduction  latine  du  même 
auteur,  dans  laquelle  on  lit  «  Tricensis  episcopus». 

P.  91,  1.  7.  Sa  fille).  Son  Histoire  cthiopique.  Un 
synode  le  condamna,  dit  la  tradition  rapportée  par 
Nicéphore  Calliste,  à  brûler  son  roman  ou  à  renoncer 
à  son  évêché.  Il  choisit  le  second  parti. 

P.  91,  1.  II.  11  V  eut  un  Labienus).  Cf.  Scnèque  le 
rhéteur,  Conlroirr.H'S. 


P.  92,  1.  13,  Greuntius  Cordus).  C{.Ta.dte,  Annales, 
IV,  XXXIV.  Il  faut  lire  «  Cremutius  Cordus». 

P.  92,  1.  18.  Le  bon  Lucanus).  Id.,  ibid.,  XV,  lxx; 
mais  Montaigne  qui  ne  semble  pas  avoir  étudié  les 
Annales  avant  1580,  a  probablement  pris  ce  fait  dans 
la  Vie  de  Lucain  écrite  par  Petrus  Crinitus,  vie  qui 
se  trouvait  sans  doute  en  tête  de  son  édition  de  la 
Pharsale. 

P.  93,  1.  I.  Ou'Epicurus).  Cf.  Cicéron,  De  finibus, 
II,  XXXV,  et  aussi  Diogène  Laërce,  X,  xxii.  Montaigne 
fait  allusion  à  la  mort  d'Epicure  dans  l'essai  II,  xvi. 

P.  93,  1.  12.  Au  cas  qu'il  en  eut).  Saint  Augustin, 
comme  on  le  \'oit  dans  ses  Confessions,  a  eu  des 
enfants;  mais  on  ne  voit  pas  que  Montaigne  ait 
étudié  les  Confessions  auxquelles  il  ne  fiiit  aucun 
emprunt. 

P.  93,  1.  2é.  Selon  Aristote).  Dans  la  Morale  à 
Nicomaque,  IX,  vu,  passage  auquel  Montaigne  a  déjà 
fait  un  emprunt  ci-dessus,  p.  71,  1.  10. 

P.  94,  1.  I.  Epaminondas).  Il  s'agit  des  deux  victoires 
de  Leuctres  et  de  Mantinée.  Ce  mot  d'Epaminondas 
est  rapporté  par  Diodore  de  Sicile,  XV,  xxiii,  f°  214  r°. 
Cornélius  Nepos,  Vie  d'Epaminondas,  ne  parle  que 
d'une  fille. 

P.  94,  1.  19.  Tentatum  nioUescit).  «Il  touche  l'ivoire 
qui,  oubliant  sa  dureté,  cède  et  s'amollit  .sous  ses 
doigts.  »  (Ovide,  Métam.,  X,  283.) 

Chronologie  :  Cet  essai  est  certainement  de  la 
dernière  période  (15 78-1 580).  En  effet  :  1°  Dans  la 
lettre  à  Madame  d'Estissac  qui  sert  d'introduction, 
Montaigne  déclare  qu'il  y  a  «  quelques  années  »  qu'il 
s'est  jeté  «dans  la  solitude».  Il  fait  certainement  allu- 
sion à  sa  retraite  de  1571;  2°  Montaigne  écrit  :  «Je  vy, 
il  y  a  quelques  années,  un  Doyen  de  saint  Hylaire  de 
Poitiers,  rendu  à  une  telle  solitude,  par  l'inconunodité 
de  sa  santé,  que  lorsque  j'entray  en  sa  chambre,  il  y 
avoit  vint  deus  ans  qu'il  n'en  estoit  sorty  un  seul  pas, 
et  si  avoit  toutes  ses  actions  libres  et  ay.sees,  sauf  un 
reume  qui  luy  tomboit  sur  l'estomac.  A  peine  une 
fois  la  sepmaine  vouloit  il  permettre  que  nul  entrât 
pour  le  voir;...  obstiné  au  dcmourant  de  mourir  en 
cette  démarche,  ce  qu'il  fit  bien  tost  après.  »  J'e.stime 
que,  sans  hésitation,  il  faut  reconnaître  dans  le  doyen 


LIVRK      II,      CHAPITRE      VIIl. 


de  Saint-Hilaire,  dont  parle  ici  Montaigne,  Jean 
d'Estissac,  reçu  doyen  le  27  juin  1542,  qui  mourut 
le  16  décembre  1576.  Montaigne  le  vit  peut-être 
lorsque  vers  le  mois  d'avril  1574,  il  se  rendit  en 
Poitou,  près  du  duc  de  Montpensier,  peut-être  ulté- 
rieurement à  cette  date.  En  tout  cas,  au  moment  où 
il  écrit,  ce  singulier  personnage  est  mort;  c'est  dire 
qu'il  écrit  après  le  lé  décembre  1576;  3"  Il  écrit 
même  après  le  mois  de  juillet  1577,  car  il  parle  de 
«feu»  monsieur  le  mareschal  de  Monluc.  Or,  Montluc 
mourut  en  juillet  1577;  4°  On  trouve  dans  cet  essai 
deux  emprunts  à  César,  qui  prouvent  que  Montaigne 
a  lu  les  Commentaires  de  la  guerre  des  Gaules  :  A)  «  Les 
anciens  Gaulois  estimoint  a  extrême  reproche  d'avoir 
eu  acointance  de  femme  avant  l'aage  de  vint  ans...» 


(p.  76, 1.  9).  B)  «  Entre  autres  coustumes  particulières 
qu'avoient  nos  anciens  Gaulois,  à  ce  que  dit  Cxsar, 
cète-c}'  en  estoit,  que  les  enfans  ne  se  presentoint  aus 
pères,  ny  s'osoint  trouver  en  public  en  leur  compagnie, 
que  lorsqu'ils  commençoint  à  porter  les  armes...  » 
(p.  85,  1.  2).  On  pourrait  adresser  des  objections  à 
quelques-uns  de  ces  arguments,  celle-ci  par  exemple  : 
que  la  préface  a  pu  être  écrite  très  postérieurement 
au  reste  de  l'essai,  et  que,  par  conséquent,  le  témoi- 
gnage de  Montaigne  que  nous  y  prenons  n'est  pas 
péremptoire.  Mais  l'ensemble  de  ces  cinq  faits  me 
paraît  décisif.  J'en  conclus  que  l'essai  a  été  composé 
au  plus  tôt  en  1578  (date  de  la  lecture  de  César  par 
Montaigne). 


Chapitre   IX. 


DES     ARMES      DKS      PARTHES. 


P.  95,  I.  12.  Leurs  armes).  Il  est  constant  qu'au 
x\"i'  .siècle  les  armures  étaient  extrêmement  pesantes, 
et  toutes  les  histoires  du  vêtement  en  France  four- 
nissent d'abondantes  informations  à  ce  sujet.  «  Les 
gentilshommes,  dit  Quicherat,  étaient  chevau-légers 
ou  gendarmes,  de  sorte  que  c'étaient  ceux  que  leur 
éducation  avait  le  plus  disposés  à  la  mollesse  qui 
avaient  à  porter  les  armures  les  plus  lourdes.  Ils  en 
étaient  accablés,  d'autant  plus  que  le  poids  des  morions 
et  des  cuirasses  avait  dépassé  toute  mesure.  Il  fallait 
les  faire  à  l'épreuve,  non  plus  .seulement  de  l'arque- 
buse, mais  du  mousquet.  Deux  ou  trois  épaisseurs 
de  métal  suffisaient  à  peine.  Un  harnais  du  duc  de 
Guise  le  Balafré,  qu'on  voit  au  Musée  d'artillerie,  se 
compose  seulement  d'un  morion  et  d'une  cuirasse  à 
demi-brassards  et  tassettes  :  il  pèse  trente-deux  kilo- 
grammes. Les  plus  aguerris  ne  se  mettaient  là-dessous 
qu'à  leur  corps  défendant.  »  (Quicherat,  Histoire  du 
CostiiDic  en  France,  1875,  p.  428.) 

P.  95,  1.  13.  Intokrantissiina).  «Incapables  de 
souffrir  la  fatigue,  ils  avaient  peine  à  porter  leurs 
armes.  »  (Tite-Live,  XXVII,  xlviii.)  Le  texte  est 
conforme  à  celui  de  l'édition  de  1568.  La  première 
partie  de  la  citation  se  retrouve  dans  le  même  Tite- 
Live,  X,  xxviii. 

P.  95,  1.  17.  Tegmina).  «  Qui  ont,  pour  se  couvrir 
la  tête,  des  casques  de  liège.  ■>  (\'irgile,  Enéide,  VII, 

742-) 

F.  96,  1.  I.  Alexandre).  Cf.  Quinte-Curcc,  IX,  vi, 
et  IV,  Xlll. 

P. 96,1. 13.  Taciliis pcint).Dans\es Annales  :  «Quibus 
more  gentico  continuum  ferri  tegimen  (cruppellarios 


\ocant)  inferendis  ictibus  inhabiles,  accipiendis  impe- 
netrabiles...  Jacentes  nullo  ad  resurgendum  nlsu, 
quasi  exanimes  linquebantur.  »  (III,  xliii  et  xl\  i, 
pp.  98  et  99.) 

P.  96,  1.  15.  Lnciilhis).  Cf.  Plutarque,  Fie  de 
LncuIIus  :  «  Il  y  envoya  quelque  nombre  de  gens  de 
cheval...  &  leur  commanda  qu'ilz  les  allassent  charger 
par  les  flancs  pour  les  troubler,  &:  qu'ilz  essayassent 
à  trencher  leurs  lances  avec  leurs  espees,  pource  que 
tout  l'effort  de  ces  hommes  d'armes  consiste  en  leur 
lance,  &  ne  peuvent  faire  autre  chose,  ny  pour  eulx, 
ny  contre  leurs  ennemis,  tant  ilz  sont  pesamment 
&  malaiseement  armez,  de  sorte  qu'il  semble  qu'ilz 
soient  emmurez  dedans  leur  harnois,  comme  dedans 
une  prison  de  fer.  »  (xiii,  f°  358  r''.) 

P.  96,  1.  24.  Du  /une  Scipion).  Id.,  Les  dicts  notables 
des  anciens  Roys,  Princes  &  grands  Capitaines  :  «  Poly- 
bius  luy  con.seilloit  de  faire  jetter  dedans  la  mer  qui 
est  entre  deux,  laquelle  n'est  pas  fort  creuse,  des 
chausses-trappes,  ou  bien  des  aix  percez  de  pointes 
de  doux,  de  peur  que  les  ennemis  passans  ce  bras 
de  mer  ne  vinssent  en  sursault  assaillir  leurs  remparts. 
Il  luy  respondit  que  c'estoit  une  mocquerie,  veu 
qu'ils  avoient  desia  guaigné  les  murailles,  &  qu'ils 
estoient  dedans  la  ville  de  leurs  ennemis,  chercher 
les  moiens  de  ne  combattre  point  contre  eulx.  » 
(F"  204  \ '.)  Le  souvenir  de  Montaigne  n'est  pas  très 
fidèle.  Cf  aussi  Valère  Maxime,  III,  vu,  2  :  «  Non 
esse  ejusdeni  &  capere  aliquos  &  tiniere.  » 

P.  97,  1.  6.  //  dict  aussi).  Id.,  ibid.  :  «Un  autre 
luy  mon.stroit  sa  rondelle  fort  bien  et  richement 
ornée,  auquel  il  respondit,  Voylà  une  belle  rondelle. 


LIVRE      II,      CHAPITRE     IX. 


mon  amy,  mais  il  faut  que  un  soudard  Romain 
mette  plus  son  espérance  en  sa  main  droitte,  que 
non  pas  en  sa  gauche.  »  (F°  205  v°.) 

P.  97,  1.  II.  L'hiishergo).  «Deux  des  guerriers  que 
je  chante  ici  avaient  la  cuirasse  sur  le  dos  et  le  casque 
en  tête;  ni  jour,  ni  nuit,  depuis  qu'ils  étaient  entrés 
dans  ce  château,  ils  n'avaient  quitté  cette  armure 
qu'ils  portaient  aussi  aisément  que  leurs  habits  tant 
ils  en  avaient  l'habitude.  »  (Arioste,  Orlnndo  fnrioso, 

XII,  30.) 

P.  97,  1.  17.  L\'iiipcnir  CaracaJla).  Ct.  Xiphilin, 
Vie  de  Caracalla. 

P.  97,  1.  19.  Les  piétons  Roiiiains).  Cf.  Cicéron, 
Tusculaiics  :  «  Qui  labor,  quantus  agminis  ferre  plus 
dimidiati  mensis  cibaria,  ferre  si  quid  ad  usum  velint, 
ferre  vallum  :  nam  scutum,  gladium,  galeam  in  onere 
nostri  milites  non  plus  numerant,  quam  humeros, 
lacertos,  manus.  Arma  enim  membra  militis  esse 
dicunt.  »  (II,  XVI,  t.  IV,  p.  133.)  Montaigne  prend 
sans  doute  ce  pa.ssage  dans  quelque  auteur  de  seconde 
main  qui  lui  dicte  les  derniers  mots  «  jusques  à 
soixante  livres  de  poix». 

P.  97,  1.  22.  Anna).  Id.,  ibid.  :  «Car  ils  disent 
que  les  armes  du  soldat  sont  ses  membres.  » 

P.  98,  1.  5.  Le  jeune  Scipion).  Cf.  Plutarque,  Les 
dicts  notables  des  anciens  Ro\s,  Princes  &  grands  Capi- 
taines :  «  Il  ordonna  aussi  que  Ion  disnast  tout  debout 
sans  manger  viande  chaulde,  mais  que  pour  soupper, 
on  s'asseist  qui  voudroit,  sans  y  manger  autre  chose 
que  du  pain  avec  quelque  potage  lié,  &:  un  simple 
mets  de  chair  boulie  ou  rostie.  »  (F°  205  r°.) 

P.  98,  1.  II.  Ils  avaient).  Cf.  Ammien  Marcellin  : 
«  Undique  laminis  ferreis,  in  modum  tenuis  plumœ, 
contecti,  tidentesque  quod  tela  rigentis  ferri  lapsibus 
impacta  resiliebant.  »  (XXIV,  vu.) 

P.  98, 1.  15.  Ils  avaient,  dict-il).  Id.  :  «  Etant  omnes 
Catervae  ferratïe,  ita  per  singula  membra  densis  laminis 
tecta;,  ut  junctura;  rigentes  compagibus  artuum  conve- 
nirent  :  humanorumque  vultuum  simulacra  ita  capi- 
tibus  diligenter  aptata,  ut  imbracteatis  corporibus 
solidis  ibi  tantùm  incidentia  tela  possint  ha^rere  quà 
per  cavernas  minutas  &  orbibus  oculorum  affixas 
parciùs  visitur,  vel  per  supremitates  narium  angusti 
spiritus  emittuntur.  »  (XXV,  i.) 


P.  99,  1.  I.  Flexilis).  «Le  métal  flexible  semble 
recevoir  la  vie  des  membres  qu'il  recouvre.  Spectacle 
efi'royable  :  on  dirait  des  statues  de  fer  qui  marchent, 
le  métal  semble  incorporé  avec  le  guerrier  qui  le 
porte.  Les  chevaux  sont  vêtus  de  même  :  leur  front 
menaçant  est  bardé  de  fer;  sous  le  fer,  leurs  flancs 
sont  à  l'abri  des  blessures.»  (Claudien,  /;/  Ruffinum,  II, 
358.)  Les  éditions  de  Claudien  publiées  au  xvi^  siècle 
présentent  en  général  exactement  le  texte  que  nous 
trouvons  ici  chez  Montaigne;  seulement  on  y  lit 
habituellement  «  hamatur  »  au  lieu  de  «animatur». 
La  leçon  «  animatur  »  est  présentée  par  plusieurs 
dans  la  marge  comme  une  variante  :  cf.  Bàle,  1534; 
Anvers,  1571. 

P.  99, 1.  8.  Plutarque  dit).  Dans  la  Vie  de  Deinetrius  : 
«  En  cestt*  guerre  lui  furent  apportées  deux  cuyrasses 
de  fer  du  poids  de  quarante  livres  chascune...  Deme- 
trius  porta  celle  là,  &  Alcimus  l'autre,  homme  natif 
du  païs  d'Albanie,  le  plus  robuste  &  le  meilleur 
combattant  qu'il  eust  en  son  ost,  &  qui  seul  portoit 
son  harnois  complet  du  poids  de  six  vingts  livres,  là 
où  tous  les  autres  ne  le  portoient  que  de  soixante 
seulement.  »  (vi,  f"  617  v'\) 

Chroxologie  :  Cet  essai  est  postérieur  à  l'essai  I, 
XLViii.  Montaigne  écrit  en  effet  dans  le  texte  de  1580  : 
«J'ay  voulu  retirer  ce  passage  de  son  autheur,  ayant 
pris  autrefois  la  peine  de  dire  bien  amplement  ce  que 
je  savo5^s  sur  la  comparaison  de  nos  armes  aux  armes 
Romaines.  »  Nous  avons  vu  qu'au  moment  où  il  écri- 
vait l'essai  I,  xlviii,  Montaigne  se  disposait  seulement 
à  foire  cette  comparaison;  il  l'a  écrite  depuis  et  elle 
lui  a  été  dérobée.  Si  l'essai  perdu  a  probablement 
été  composé  peu  de  temps  après  l'essai  I,  xlviii,  en 
revanche  le  mot  «  autrefois  »  nous  invite  à  croire 
qu'il  l'a  été  passablement  avant  l'essai  II,  ix.  Il  me 
semble  probable,  en  conséquence,  que  cet  essai  est 
contemporain  de  ceux  qui  l'entourent,  c'est-à-dire 
qu'il  appartient  au  groupe  de  1578,  et  que,  peut-être 
même,  il  est  parmi  les  derniers  essais  composés.  Une 
autre  considération  vient  appuyer  cette  hypothèse. 
Le  chapitre  est  certainement  suggéré  par  un  passage 
d'Ammien  Marcellin  :  «  ^L^rcellinus...  remerque 
curieusement   la   façon   que   les   Parthes  avoint   de 


204 


ESSAIS      DE     MOXTAIGKE. 


s'armer,  et  la  remarque  d'autant  qu'elle  estoit  esloignée 
de  la  Romaine.  Or  parce  qu'elle  me  semble  fort  bien 
aprochante  de  la  nostre,  j'ay  voulu  retirer  ce  passage 
de  son  autheur...  »  Et  Montaigne  cite  le  morceau 
d'Ammien  qui  sans  doute  vient  de  lui  inspirer  des 
réflexions  sur  l'armement  des  Français  du  xvi'  siècle. 
Or,  Ammien  Marcellin  fournit  toute  la  substance 
de  l'essai  De  la  liberté  de  conscience  (II,  xix),  et  des 
emprunts  à  cet  auteur  se  rencontrent  dans  les  essais 
II,  XVII,  et  II,  XXXII.  Ces  trois  essais  II,  xvii,  II,  xix. 


et  II,  xxxu,  semblent  être  des  environs  de  1578. 
Certainement  donc  une  lecture  d'Ammien  Marcellin 
par  Montaigne  se  place  aux  environs  de  1578.  Même 
si  l'on  admet,  ce  qui  est  très  douteux,  que  Montaigne 
a  étudié  cet  auteur  à  d'autres  époques  entre  1570 
et  1580,  les  arguments  précédents  rendent  légitime 
la  supposition  que  c'est  lors  de  sa  lecture  de  1578 
qu'il  a  transcrit  le  morceau  sur  les  armes  des  Parthes, 
et  composé  l'essai  II„  ix. 


Chapitre   X. 


DES    LIVKHS. 


P.  100,  texte  de  1588  :  Excutieiuia).  Cette  citation 
se  retrouve  dans  l'essai  III,  ix. 

P.  100,  1.  10.  Mais  moy).  On  trouvera  des  décla- 
rations analogues,  qui  datent  probablement  de  la 
même  époque,  au  début  de  l'essai  I,  xxvi. 

P.  loi,  1.  3.  En  ce  giie  j'emprunte).  Sur  les  emprunts 
de  Montaigne,  voir  les  déclarations  qu'il  a  faites  au 
début  de  l'essai  I,  xxvi,  et  dans  l'essai  III,  xii. 

P.  102,  1.  16.  Tesnioignages  de  jugement).  Rappro- 
cher I,  L,  p.  386,  1.  5. 

P.  102,  1.  17.  Sergent  de  bande).  Image  peut-être 
prise  à  du  Bellay,  Deffence  et  illustration,  II,  11,  édi- 
tion Chamard,  p.  186. 

P.  103,  1.  7.  Has  meus).  «Voilà  le  but  vers  lequel 
mon  cheval  doit  courir  à  toute  bride.  »  (Properce, 
IV,  I,  70.) 

P.  103,  1.  8.  Mes  ongles).  Rapprocher  pour  l'idée 
et  pour  l'expression,  I,  xxvi,  p.  187,  1.  12. 

P.  103,  1.  24.  Le  Decameron).  Sur  l'usage  que 
Montaigne  semble  en  avoir  fait,  cf.  mon  ouvrage 
sur  Les  sources  et  l'â'olution  des  Essais,  t.  I,  p.  80. 
En  1580,  il  déclare  qu'il  reconnaît  des  sujets  de 
contes  de  Boccace  dans  les  comédies  italiennes  qu'il 
lit  (t.  II,  p.  loé,  1.  7).  En  1588  il  fait  une  allusion 
directe  à  un  conte  du  Décanuron,  II,  xii,  p.  145. 

P.  103,  1.  24.  Rabelays).  Sur  l'usage  que  Montaigne 
en  a  fait  dans  les  Essais,  cf.  le  même  ouvrage,  t.  I, 
p.  204.  A  toutes  les  époques  il  semble  emprunter 
quelques  tours  de  style  à  Rabelais. 

P.  103,  1.  24.  Jean  second).  De  son  véritable  nom 
Everaerts,  de  La  Haye  (1511-1536).  Il  fut  élève 
d'Alciat,  à  Bourges.  En  1535  il  suivit  Charles-Quint 


dans  l'expédition  de  Tunis,  où  sa  santé  s'altéra  pro- 
fondément. Il  est  surtout  célèbre  pour  ses  dix-neuf 
Basia  dans  le  goût  de  Catulle,  mais  il  a  laissé  en 
outre  trois  livres  d'élégies,  des  épigrammes,  des  odes, 
des  épîtres,  etc.  Ses  œuvres  ont  été  publiées  pour 
la  première  fois  en  1541.  On  peut  consulter  la  réim- 
pression qu'en  a  donnée  Boscha  en  1821. 

P.  103,  l.  25.  Sous  ce  filtre).  Sous  le  titre  de 
«modernes»,  puisqu'ils  sont  écrits  en  latin,  et  n'ont 
pas  été  traduits.  Je  ne  pense  pas  qu'il  faille  entendre  : 
sous  le  titre  de  «plaisants». 

P.  103,  1.  25.  Aux  Amadis).  Montaigne  l'a  déjà 
dit  dans  l'essai  I,  xxvi,  p.  228,  l.  2. 

P.  104,  1.  10.  De  l'Axioche).  Il  faut  remarquer  que 
dans  la  traduction  de  Platon  publiée  par  Henri 
Hstienne  en  1578,  l'Axioche  est  placé  parmi  les 
dialogues  apocryphes. 

P.  104,  1.  20.  Fables  d'Esope).  Rapprocher  II, 
xxxvii,  p.  590. 

P.  105,  1.  3.  En  la  poésie).  Il  faut  rapprocher  de 
ces  jugements  ce  que  Montaigne  écrira  après  1588 
à  la  fin  de  l'essai  I,  xxxvii.  Pour  Horace  et  Lucrèce, 
voir  aussi  l'essai  III,  v. 

P.  105,  1.  12.  Quant  au  bon  Terence).  Rapprocher 
ce  qui  a  été  dit  de  Térence  dans  l'essai  I,  xl. 

P.  105,  1.  24.  O  secluni).  «O  siècle  grossier  et 
sans  goût!  »  (Catulle,  XLIII,  viii.) 

P.  106,  1.  I.  Terence).  Rapprocher  de  ce  jugement 
ce  que  Montaigne  a  déjà  dit  de  lui  dans  l'essai  I,  xl. 

P.  loé,  1.  I.  Le  père  de  l'eloquance).  Cicéron  fait  en 
effet  de  nombreuses  citations  de  Térence  dans  ses 
œuvres. 


2o6 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


P.  io6,  I.  2.  Le  premier  juge  des  ptvtes  Roineins). 
HoiMce  dans  VArt  poétique  : 

»  At  vestri  projvi  Plautinos  et  numéros,  et 
I)  Laudavere  sales,  niinium  patienter  utrumque, 
»  \e  dicani  stulte,  mirati.  » 

Coste  remarque  justement  que  Térence  tombe 
dans  une  ceitaine  mesure  sous  le  coup  de  l'accusa- 
tion que  Montaigne  va  porter  contre  les  comiques 
italiens  :  lui  aussi  a  parfois  besoin  de  plusieurs  pièces 
grecques  pour  en  bâtir  une. 

P.  io6,  1.  i6.  Ligiiidiis).  «  Son  style  coule  comme 
une  rivière  limpide  et  pure.  »  (Horace,  Épitrcs,  II, 

II,    120.) 

P.  107,  1.  10.  Minus  illi).  «  Il  n'avait  pas  de  grands 
efforts  à  faire;  le  sujet  lui  tenait  lieu  d'esprit.» 
(Martial,  préface  du  livre  MIL) 

P.  108,  i.  4.  Du  Furieux).  VOrlando  furioso,  de 
l'Arioste. 

P.  108,  1.  10.  Excursusqtie).  «Les  courses  qu'il 
tente  sont  courtes.  »  (Virgile,  Géorg.,  IV,  194.) 

P.  108,  1.  15.  Plutarque...  &  Sencque).  Sur  l'usage 
que  Montaigne  a  fait  de  leurs  œuvres  dans  les  Essais, 
cf.  mon  livre  swi'  Les  sources  et  l'évolution  des  Essais, 
t.  II,  pp.  198  et  214.  On  }•  constatera  qu'avant  1580 
il  a  fait  plus  de  deux  cents  emprunts  à  Plutarque, 
et  que  plusieurs  des  chapitres  du  début  sont  en  partie 
tissus  de  sentences  traduites  de  Sénèque  et  inspirés 
des  Épitrcs  à  Lucilius.  Montaigne  ajoute  qu'il  se  sert 
de  Plutarque  «  depuis  qu'il  est  françois  ».  C'est  une 
allusion  aux  traductions  d'Amyot  dont  il  a  fliit  un 
si  grand  éloge  au  début  de  l'essai  II,  iv.  La  traduction 
des  Fies  a  paru  en  1559,  celle  des  Œuvres  morales  en 
1572.  Pour  Sénèque  et  Plutarque,  voir  en  particulier 
l'essai  I,  xxvi,  pp.  188  et  203,  et  surtout  l'essai  II, 

XXXII. 

p.  108,  i.  20.  La  plus  belle  partie).  C'est  en  effet 
aux  Épîtres  que  Montaigne  a  emprunté  à  peu  près 
tout  ce  qu'il  doit  à  Sénèque. 

P.  109,  1.  4.  Cresmc  de  la  philosophie) .  Souvenir  de 
Rabelais  qui  avait  intitulé  un  opuscule  «  La  chresme 
philosophak  des  que.<:tions  encyclopédiques  de  Pantagruel  ». 

P.  109,  1.  15.  //  condamne  la  cause).  Par  exemple 
dans  le  De  hencficiis,  II,  xx. 


P.  109,  1.  27.  Une  heure  à  le  lire).  Rapprocher 
ce  que  .Montaigne  dit  à  la  fin  de  l'essai  III,  viii. 

P.  iio,  1.  i.  Beaucoup  pour  nioy).  Plus  tard,  après 
1380,  dans  l'édition  de  1588  Montaigne  nous  dira 
qu'il  }'  a  plus  dé  vingt  ans  qu'il  n'a  mis  en  livres 
une  heure  de  suite  (III,  viii).  Il  est  probable  qu'après 
1 588  il  lira  davantage  :  au  moins  le  grand  nombre  des 
emprunts  qu'il  fera  alors  nous  invite  à  le  supposer. 

P.  110,  1.  28.  Treinans  les  dialogismes  de  Platon). 
Il  faut  remarquer  que  c'est  surtout  à  l'époque  où  il 
écrit  cette  phrase,  après  1588,  que  Montaigne  a  étudié 
Platon  et  lui  a  fait  de  nombreux  emprunts. 

P.  III,  1.  7.  Lxs  deux  premiers,  &  Pline).  Les  deux 
premiers  sont  Plutarque  et  Sénèque.  Quant  à  Pline, 
pour  savoir  tout  le  cas  que  Montaigne  fait  de  lui,  il 
faut  relire  l'essai  I,  xxvii. 

P.  m,  1.  II.  Les  Epitres).  Montaigne  les  a  jugées 
sévèrement  dans  l'essai  I,  xxxix,  et  dans  l'essai  I,  xl. 

P.  m,  1.  14.  J'ay  dit  ailleurs).  C'est  dans  l'essai 
II,  XXXI,  que  Montaigne  a  exprimé  nettement  et  lon- 
guement cette  idée. 

P.  112,  1.  II.  Le  jeune  Ciccro).  Cf.  Sénèque,  Sua- 
soriie  :  «  Erat...  Cœstius  nullius  quidem  ingenii, 
Ciceroni  etiam  infestus,  quod  illi  non  iuipune  cessit  : 
nam  cum  M.  Tull.  filius  Ciceronis  Asiam  obtineret, 
homo  qui  nihil  ex  paterno  ingenio  liahuit  praster 
urbanitatem  cœnabat  apud  eum  Cœstius.  M.  Tullio 
&  natura  memoriam  dempserat  &  ebrietas,  si  quid 
ex  ea  supererat,  subducebat,  subinde  interrogabat,  quis 
ille  vocaretur  qui  in  imo  recumberet  :  &  cum  srepe 
.subjectum  nomen  Cœstii  excidisset,  novissime  servus 
ut  aliqua  nota  memoriaui  ejus  faceret  certiorem, 
interroganti  domino  quis  ille  esset  qui  in  imo  recum- 
beret, ait  :  Hic  est  Cœstius,  qui  patrem  tuum  negabat 
literas  scisse.  Afferri  protinus  flagra  jussit,  &  Ciceroni 
ut  oportuit  de  corio  Cœstii  satisfecit.  »  (viii,  p.  706.) 

P.  1 1 3, 1.  I .  Fractam).  Cf.  Tacite,  Dialogue  des  ora- 
teurs, XVIII.  Montaigne  a  traduit  ces  mots  avant  de 
les  citer. 

P.  113,  1.  4.  Esse  videatur).  Id.,  ihid.,  xxiii. 

P.  113,  1.  8.  Ego...).  «Pour  moi,  j'aimerais  mieux 
être  vieux  moins  longtemps  que  d'être  vieux  avant 
que  de  l'être.  »  (Cicéron,  De  senectute,  x.) 

P.  113,  1.  II.  Quant  &  quant  l'home).  Bodin  dans 


LIVRI-,      II,      CHATITRK      X. 


207 


sa  Méthode  de  l'hisloire,  insiste  très  particulièrement 
sur  l'utilité  morale  qu'on  retire  de  la  lecture  des 
histoires.  On  peut  voir  spécialement  son  Pioœmium. 

P.  113,  1.  14.  Ceux  qui  cscrivent  les  vies).  Cf  Amyot, 
Avis  an  lecteur,  en  tête  de  sa  traduction  des  Fies  de 
Plutarqm  :  «  L'une  (l'histoire)  regarde  plus  les  choses, 
l'autre  (la  biographie)  les  personnes;  l'une  est  plus 
publique,  l'autre  plus  domestique;  l'une  concerne 
plus  ce  qui  est  au  dehors  de  l'homme,  l'autre  ce  qui 
procède  du  dedans;  l'une  les  événements  et  l'autre  les 
conseils.  »  Jean  Bodin  insiste,  lui  aussi,  sur  l'utilité 
toute  particulière  des  biographies  ÇMelhodiis  ad  faci- 
leiii  historianim  cognitionem,  11). 

P.  113,  1.  18.  Pliitarqtic).  Rapprocher  I,  xxvi,  203. 

P.  113,  1.  19.  Laertiiis).  Dès  1580  Montaigne  a 
exprimé  son  goût  très  marqué  pour  l'ouvrage  de 
Diogène  Laérce,  les  Vies  des  philosophes;  pourtant 
c'est  surtout  après  1588  qu'il  semble  l'avoir  étudié  de 
près,  et  qu'il  lui  a  fait  de  très  nombreux  emprunts. 

P.  114,  1.  2.  Ca-sar  singtiliereinent).  On  peut  rap- 
procher le  jugement  que  Montaigne  a  écrit  sur  la 
page  de  garde  de  son  exemplaire  des  Commentaires  : 
«  Somme,  c'est  César  un  des  plus  grands  miracles 
de  Nature.  Si  elle  eût  voulu  ménager  ses  faveurs, 
elle  en  eût  bien  fait  deux  pièces  admirables  :  —  le 
plus  disert,  le  plus  net  et  le  plus  sincère  historien 
qui  fut  jamais,  car  en  cette  partie  il  n'en  est  nul 
romain  qui  lui  soit  comparable,  et  suis  très  aise  que 
Cicero  le  juge  de  même;  —  et  le  chef  de  guerre 
en  toutes  considérations  des  plus  grands  qu'elle  fît 
jamais.  Quand  je  considère  la  grandeur  incomparable 
de  cette  âme,  j'excuse  la  victoire  de  ne  s'être  pu 
défaire  de  lui,  voire  en  cette  très  injuste  et  très  inique 
cause.  Il  me  semble  qu'il  ne  juge  de  Pompeïus  que  deux 
fois  (208,  324).  Ses  autres  exploits  et  ses  conseils,  il 
les  narre  naïvement,  ne  leur  dérobant  rien  de  leur 
mérite;  voire  parfois  il  lui  prête  des- recommandations 
de  quoi  il  se  fût  bien  passé,  comme  lorsqu'il  dit  que 
ses  conseils  tardifs  et  considérés  étaient  tirés  en 
mauvaise  part  par  ceux  de  son  armée;  car  par  là  il 
semble  le  vouloir  décharger  d'avoir  donné  cette  misé- 
rable bataille,  tenant  César  combattu  et  assiégé  de  la 
faim  (319).  Il  me  semble  bien  qu'il  passe  un  peu 
légèrement  ce  grand  accident  de  la  mort  de  Pompeïus. 


De  tous  les  autres  du  parti  contraire,  il  en  parle  indif- 
féremment, —  tantôt  nous  proposant  fidèlement  leurs 
actions  vertueuses,  tantôt  vicieuses,  —  qu'il  n'est  pas 
possible  d'y  marcher  plus  consciencieu.sement.  S'il 
dérobe  rien  à  la  vérité,  j'estime  que  ce  soit  parlant  de 
soi;  car  si  grandes  choses  ne  peuvent  être  faites  par 
lui  qu'il  n'y  ait  plus  du  sien  qu'il  n'y  en  met.  C'est 
ce  livre  qu'un  général  d'armée  devrait  continuellement 
avoir  devant  les  yeux  pour  patron,  comme  faisait  le 
maréchal  Strozzi  qui  le  savait  quasi  par  cœur  et  l'a 
traduit;  non  pas  je  ne  sais  quel  Philippe  de  Commines 
que  Charles  cinquième  avait  en  pareille  recomman- 
dation que  le  grand  Alexandre  avait  les  œuvres 
d'Homère  et  Marcus  Brutus  Polybius  l'historien.  » 

P.  114,  1.  9.  Comme  dit  Cicero).  Dans  le  Brutns, 
Lxxv.  Mais  Montaigne  n'a  pas  eu  besoin  d'aller  cher- 
cher ce  jugement  chez  Cicéron  lui-même,  il  l'a  trouvé 
dans  son  édition  de  César  (Anvers,  1570). 

P.  115,  1.  9.  Us  se  donnent  loy  de  juger).  Bodin 
discute  longuement  la  question  de  savoir  si  l'historien 
doit  juger;  il  donne  les  raisons  pour  et  contre,  et  il 
incline  à  croire  qu'il  vaut  mieux  laisser  juger  le 
lecteur  et  lui  apporter  seulement  des  matériaux. 
«  Magna  dubitatio  me  angit  utrum  historici  laudare, 
vituperare,  ac  de  re  proposità  sententiam  ferre;  an  verô 
legentibus  judicium  integrum  relinquere  debeant, 
quod  cùm  pra;cipuè  ad  historicorum  delectum  perti- 
neat,  rationes  utrinque  probabiles  afteram,  &  cuique 
judicium  relinquam.  »  {Methodiis  ad  facilem  histo- 
riarnin  cognitio)ieii',  w,  45.) 

P.  114, 1.  22.  Lcbon  Froissard).  Sur  le  jugement  que 
Montaigne  porte  sur  Froissart,  voir  l'essai  I,  xxvii. 

P.  115,  1.  24.  De  sçavoir  hien  parler).  Chez  Bodin 
on  trouve  des  critiques  analogues  contre  les  historiens 
qui  se  préoccupent  de  l'éloquence  plus  que  de  la 
vérité,  et  contre  ceux  qui  bâtissent  leur  œuvre  avec 
des  on-dit  recueillis  n'importe  sur  quelles  lèvres 
{Methodns  ad  facilem  historiarum  cognitionem,  i\).  Il 
reproche  en  particulier  à  Bembo  son  purisme  qui  lui 
fait  donner  à  l'empereur  turc  le  titre  de  «  rex  Thracia;  » 
et  au  duc  de  Milan  le  titre  de  «  rex». 

P.   116,   1.   10.   Que  peut-an  espérer).   Rapprocher 

Bodin,  Methodus  ad  facilem  historiarum  cognitionem  : 

I  «  Quid  tam  ineptum  quàm  si  Phormio  aliquis,  qui 


208 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


castra  nunquam  vident,  de  talibus  viris  quasi  arbiter 
datus  sententiam  ferat  ?  vel  homo  de  schola  Lycurgi  ac 
Solonis,  sapientissimorum  Reipublicœ  moderatorum, 
leges  emendare  velit?  »  (iv,  47.) 

P.  116,  1.  13.  Asiniits  PoUio).  Cf.  Suétone,  Vie  de 
César  :  « . . .  Cum  Cîesar  pleraque  &  quœ  per  alios  erant 
^esta,  temerè  crediderit;  &  quœ  per  se,  vel  consulta 
vel  etiam  memorià  lapsus,  perperam  ediderit.  »  (lvi.) 
Montaigne  trouve  cette  critique  reproduite  dans  son 
édition  de  César  (Anvers,  1570). 

P.  1 16, 1.  25.  Par  Bodiii).  Jean  Bodin  dans  l'ouvrage 
latin  que  nous  avons  mentionné  ci-dessus,  Methodus 
adfacikm  historianim  cognitionem ,  qui  parut  en  1566  et 
qui  fut  réédité  en  1572,  1576,  1579,  etc.  Sur  le  rapport 
entre  les  idées  de  Bodin  et  celles  que  Montaigne  a 
exprimées  dans  cet  essai  II,  x,  cf.  mon  ouvrage  sur  Les 
sources  et  l'civltitioii  des  Essais,  t.  I,  p.  81,  et  t.  II,  p.  24. 
P.  118,  1.  16.  Sur  les  mémoires).  Ces  mémoires 
publiés  par  messire  Martin  du  Bellay,  et  moins 
connus  que  les  ouvrages  précédents,  contiennent  dix 
livres,  dont  les  quatre  premiers  et  les  trois  derniers 
sont  de  Martin  du  Bellay,  et  les  autres  de  son  frère 
Guillaume  de  Langey,  et  ont  été  tirés  de  sa  cin- 
quième Ogdoade,  depuis  l'an  1536  jusqu'en  1560. 
Ils  sont  intitulés  :  Mémoires  de  messire  Martin  du 
Bellay,  contenant  le  Discours  de  plusieurs  choses  advenues 
au  Royaume  de  France,  depuis  l'an  ijij  jusqu'au  trespas 
de  François  I" ,  arrivé  en  1)47-  De  tout  cela  il  est 
aisé  de  juger  pourquoi  Montaigne  parle  de  deux 
seigneurs  du  Bellay,  après  a\oir  dit  les  Mémoires  de 
Monsieur  du  Bellay.  J'ai  démontré  que  Montaigne 
fait  usage  de  la  première  édition  de  cet  ouvrage  qui 
fut  publiée  en  1569. 

P.  118,  1.  29.  Montmorency).  Sur  ces  faits  voir 
de  Thou,  1,  XL;  Brantôme,  III,  209,  546. 

P.  118,  1.  29.  Brion).  Philippe  Chabot,  comte  de 
Charny  et  de  Busançois,  seigneur  de  Brion,  amiral  de 
France  et  gouverneur  de  Bourgogne,  mort  en  1543. 
\'oir  Brantôme,  I,  196  et  suivantes. 

P.  119,  1.  I.  Madame  d'Estampes).  Anne  de  Pis- 
seleu,  duchesse  d'Étampes.  Voir  Brantôme,  III,  244; 
VI,  270;  IX,  512;  etc. 

Chronologie  :  Cet  essai  est  certainement  de  la 


dernière  période  (1578-1580)  :   1°  En  efl'et,  au  mo- 
ment de  transcrire  la  note  qu'il  avait  placée  en  tête 
de  son  Guichardin,  Montaigne  nous  dit  :   «Voicy 
ce  que  je  mis,  il  y  a  environ  dix  ans,  en  mon  Guic- 
ciardin  »  (p.  117,  1.  11).  Il  dit  encore  qu'il  ne  met 
de  semblables  notes  qu'en  tête  des  livres  dont  il  ne 
«veut   se   servir   qu'une  fois»    (p.   117,   1.   6).    La 
lecture  de  l'Histoire  d'Italie  de  Guichardin,  qui  est 
contemporaine  des  lectures  de  du  Bellay  et  de  Jean 
Bouchet,    est   des   environs   de   1572.    Évidemment 
Montaigne  parle  sans  aucune  précision  quand  il  dit 
«  il  y  a  environ  dix  ans  »  ;  nous  pouvons  néanmoins 
conclure  de  ce  témoignage  que  cet  essai  est  de  1580 
ou  qu'il  est  de  peu  antérieur  à  cette  date;  2°  on  y 
trouve  une  allusion  à  la  Méthode  de  Bodin  :  «  Cecy 
a  esté  suffisamment  traicté  par  Bodin,  et  selon  ma 
conception»  (p.  116,  1.  25).  Or,  la  lecture  de  Bodin 
se  place  aux  environs  de  l'année  1 578;  3°  on  y  trouve 
encore  un  jugement  enthousiaste  sur  César  qui  ne 
peut   pas   être  antérieur  au    mois   de   février  1578. 
«Je  lis  cet  autheur,  dit  Montaigne,  avec  un  peu  plus 
de  révérence  et  de  respect  qu'on  ne  lit  les  humains 
ouvrages»  (p.  114,  1.  5).  Nous  savons  en  ellet  que 
c'est  en  1578,  de  février  à  juillet,   que  Montaigne 
a  lu  César;  4°  enfin  l'essai  Des  livres  est  certainement 
postérieur  à  l'essai  II,  xxxi,  qui,  il  est  vrai,  n'est  pas 
daté  avec  certitude,  mais  qui  a  chance  d'être  des  envi- 
rons de  1578.  «J'ay,  écrit  Montaigne,  une  singulière 
curiosité,  comme  j'ay  dit  ailleurs,  de  connoistre  l'ame 
et  les  internes  jugemens  de;  mes  autheurs»  (p.  m, 
1.  14).  C'est  au  chapitre  xxxi  qu'il  a  exprimé  cette 
curiosité,  et  il  en  a  accompagné  l'expression  de  déve- 
loppements sur  la  sincérité  qui  rappellent  tout  à  fait 
ceux  que  nous  trouvons  ici.  Tout  cela  nous  oblige 
à  admettre  que  l'essai  Des  liires  n'est  pas  antérieur 
à  1578.  J'incline  même  à  croire  qu'il  est  de   1579 
ou  peut-être  même  du  début  de  1580.  Ce 'n'est,  bien 
entendu,  qu'une  fragile  hypothèse,  mais  les  mots  «  il 
y  a  environ  dix  ans  »  la  suggèrent;  il  faut  remarquer 
en  outre  que,   pour  Bodin  et  César,   nous  avons, 
non  des  emprunts  qui  supposent  une  lecture  récente, 
mais  des  allusions  et  des  jugements  qui  permettent 
de  penser  qu'un  peu  de  temps  s'est  écoulé  depuis 
que  Montaigne  a  étudié  leurs  ouvrages. 


Chapitre  XI. 


DE      LA      CUVAVTH. 


P.  I20,  TiTRK.  Le  sujet  de  la  cruauté  que  Mon- 
taigne aborde  ici  et  le  sujet  de  la  clémence  se 
retrouvent  constamment  traités  chez  les  moralistes 
du  XVI'  siècle.  Sur  le  contraste  entre  la  manière  de 
Montaigne  et  celle  de  ses  contemporains,  cf.  mon 
ouvrage  sur  Les  sources  et  l'évolution  des  Essais,  t.  II, 
p.  130.  Contrairement  à  ce  que  l'on  pourrait  .supposer 
a  priori,  je  ne  trouve  dans  cet  essai  aucune  influence 
précise  du  De  cleineiitia  de  Sénèque.  Pour  Sénèque  la 
compassion  est  un  vice;  pour  Montaigne  c'est  l'essence 
de  la  bonté  naturelle,  qui  n'est  pas  vertu,  mais  qui, 
au-dessous  de  la  vertu,  mérite  encore  quelque  éloge. 

P.  120,  1.  I.  Il  me  semble  que  la  vertu).  Pour  cet 
essai  de  classification  des  genres  de  vertu,  on  peut 
voir  :  Plutarque',  De  la  vertu  morale;  Castiglione, 
Il  cortegiano,  III,  xvii;  etc. 

P.  121,  1.  I.  Ce  subtil  rencontre  d'Arcesilaus).  Cf. 
Diogène  Laërce  :  «  Pcrcontanti  cur  ex  discipulis  aliis 
plerique  ad  sectam  Hpicuream  transirent,  ex  Epicu- 
reis  verô  nullus  se  ad  c;vteras  conferret,  ait  :  quia 
ex  viris  quidem  galli  fiunt,  ex  gallis  viri  nunquam.  « 

(IV,   XLIII,    274.) 

p.  121,  1.  13.  Et  ii).  «Car  ceux  qu'on  appelle 
amoureux  de  la  volupté  sont  en  réalité  amoureux 
de  l'honneur  et  de  la  justice,  et  ils  possèdent  et  pra- 
tiquent toutes  les  vertus.  »  (Cicéron,  Epttrcs  familières, 
XV,  19.) 

P.  121,  1.  22.  Miiltum).  «La  vertu  grandit  beau- 
coup dans  la  lutte.  »  (Sénèque,  épître  13.) 

P.  121,  1.  23.  Epantinoudas,  qui  estoit  encore  d'une 
tierce  secte).  Cf.  Cicéron,  De  officiis,  I,  xliv,  et  aussi 
Plutarque,  De  l'esprit  familier  de  Socrates,  passim. 


P.  121,  I.  23.  Refuse  des  richesses).  Cf.  Plutarque, 
De  l'esprit  familier  de  Socrates,  î°  641  r". 

P.  121,  1.  26.  Socrates).  Cf.  Plutarque,  Comment 
on  pourra  recevoir  utilité  de  .us  enncnds  :  «  Socrates 
s'accoustumoit  à  supporter  en  sa  maison  sa  femme 
Xanthippe,  qui  estoit  cholere,  &  avoit  mauvaise  teste, 
à  fin  que  plus  aiseement  &  patiemment  il  conversast 
avec  les  autres.»  (viii,  f"  1 1 1  v°.)  Cf.  aussi  Aulu-Gelle, 
Nuits  attiqnes  :  «  Cùm  illam  domi  talem  perpetior, 
insuesco,  &  exerceor,  ut  cœterorum  quoque  foris 
petulanîiam  &  injuriam  facilius  feram.  »  (I,  xvii.) 

P.  121,  1.  28.  Meiellus).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Marins  :  «  Si  jurèrent  tous  les  autres  Sénateurs  les 
uns  après  les  autres,  malgré  eulx,  pour  la  crainte 
qu'ilz  avoient  du  peuple,  jusques  à  Metellus,  lequel 
jiour  prières,  ne  pour  remonstrances  que  ses  parents 
oc  amis  luv  sceussent  mire  pour  l'induire  à  vouloir 
jurer,  à  fin  de  n'encourir  point  les  peines  capitales 
que  Saturninus  imposoit  à  ceulx  qui  retuseroient  à 
jurer,  ne  fléchit  point,  ny  ne  feit  onques  le  serment, 
ains  demoura  ferme  en  son  -naturel,  estant  prest 
&  appareillé  de  souffrir  toutes  les  peines  du  monde 
plustost  que  de  commettre  chose  aucune  indigne  de 
luy  :  &  à  tant  s'en  alla  de  l'assemblée  devisant  avec 
ceulx  qui  l'accompagnoient.  Que  c'estoit  chose  trop 
fitcile  et  trop  lasche,  que  de  mal  faire  :  &:  que  de 
faire  bien  là  où  il  n'y  eust  point  de  danger,  c'estoit 
chose  commune  :  mais  que  faire  bien  là  où  il  eust 
danger,  c'estoit  le  propre  oflice  d'un  homme  d'hon- 
neur et  de  vertu.  »  (x,  f°  296  r°.) 

P.  122,  1.  14.  Elle  demande  un  chemin  aspre  et  cspi- 
na/.x).  Rapprocher  la  conception  très  difterente  de  la 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


vertu  que  Montaigne  exprimera  après  1588,  I,  xxvi, 
p.  209,  1.  7. 

P.  123,  1.  25.  Sic  abiit).  «Il  sortit  de  la  vie  heu- 
reux d'avoir  trouvé  un  motif  de  se  donner  la  mon.  » 
(Cicéron,  Tusc,  I,  xxx.) 

P.  124,  1.  7.  Ddiheraia).  «Plus  tière  parce  qu'elle 
avait  résolu  de  mourir.  »  (Horace,  Odes,  I,  xxxvii,  29.) 

P.  124,  1.  8.  Comme  les  jiigcmens  populaires).  Mon- 
taigne a  déjà  critiqué  ces  jugements  populaires  dans 
l'essai  I,  xxxvii. 

P.  124,  1.  14.  La  philosophie).  Montaigne  tait  allu- 
sion à  ce  que  Cicéron  a  dit  à  ce  sujet  dans  le  De 
officiis,  I,  XXXI. 

P.  124,  1.  18.  Caloiii).  «  Caton,  qui  avait  reçu  de 
la  nature  une  gravité  incroyable  et  qui  par  une  per- 
pétuelle constance  avait  encore  affermi  son  caractère, 
qui  était  toujours  demeuré  ferme  dans  ses  principes, 
Caton  devait  mourir  plutôt  que  de  soutenir  la  vue 
d'un  t}-ran.  »  (Cicéron,  De  officiis,  I,  xxxi.) 

P.  124,  I.  22.  J'interprète  iousjoiirs).  Rapprocher 
le  début  de  l'essai  II,  xiii.  Inversement  Montaigne 
déclare  à  la  fin  de  l'essai  I,  xix,  qu'il  juge  habituel- 
lement la  vie  d'un  homme  par  sa  mort. 

P.  125,  1.  10.  Axe  tressaillir,  du  plaisir).  Allusion 
au  Phédon  de  Platon. 

P.  125,  1.  14.  Cette-cy).  Montaigne  reviendra  sur 
cette  comparaison  entre  les  morts  de  Socrate  et  de 
Caton,  dans  l'essai  III,  xii,  où  il  donnera  plus  nette- 
ment encore  la  préférence  à  Socrate. 

P.  125,  1.  16.  Arisiippus).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
d'Aristippe  :  «  Interrogatus  quomodo  Socrates  obiisset 
.  diem,  utinam,  inquit,  sic  ego.  »  (II,  lxxvi,  142.) 

P.  127,  I.  9.  Haud  ignarus).  «On  n'ignore  pas  ce 
que  peuvent  dans  un  premier  combat  la  soif  d'une 
gloire  encore  inconnue  et  l'espoir  caressé  d'un  pre- 
mier triomphe.  »  (Virgile,  En.,  XI,  154.) 

P.  127,  1.  II.  H  faut  considérer).  Cette  idée  a  été 
longuement  traitée  dans  l'essai  II,  i. 

P.  128, 1.  I.  Sivitiis).  «Si  ma  nature  est  bonne  dans 
l'ensemble  et  si  je  n'ai  que  des  défauts  peu  considé- 
rables et  en  petit  nombre,  comme  un  beau  visage  peut 
avoir  des  taches  légères.»  (Horace,  Sat.,  I,  vi,  65.) 

P.  128,  1.  9.  Seu  libra).  «Soit  que  je  sois  né  sous 
le  signe  de  la  Balance,  ou  sous  celui  du  Scorpion 


dont  le  regard  est  si  terrible  au  moment  de  la  nais- 
sance, ou  sous  celui  du  Capricorne  qui  règne  en  tvran 
sur  la  mer  d'Hespérie.  »  (Horace,  Odes,  II,  xvii,  17.) 

P.  128, 1.  14.  La  response d' AntislJ)enes).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  d'Antisthèue  :  «Interrogatus  quasnam  esset 
disciplina  magis  necessaria,  mala,  inquit,  dediscere.  » 
(VI,  vu,  350.) 

P.  128,  1.  27.  Le  tirau  Dionisius).  Id.,  Vie  d'Aris- 
tippe :  «  Très  formosas  meretrices  ei  in  conspectum 
dari  aliquando  Dionysius  jussit,  eumque  quam  ex 
illis  vellet  eligere.  Tum  ille  très  simul  abduxit,  dicens 
neque  Paridi  tutum  fuisse  quôd  unam  prjetulerit 
csteris.  Eas  igitur  ad  vestibulum  usque  deduxit,  ac 
dimisit.  »  (II,  Lxvii,  137.) 

P.  129,  1.  3.  Son  valet).  Id.,  ibid.  :  «  Gestabat  ejus 
famulus  in  itinere  pecuniam,  &  cùm  premeretur 
onere,  effunde,  ait,  quod  nimis  est,  et  fer  ea  qu£e 
potes.»  (II,  Lxxvu,  142.)  Cf.  essai  I,  xiv,  p.  75, 1.  13. 

P.  129,  1.  6.  Et  Epicurus).  Id.,  Vie  d'Épicurc  : 
«  Ipse  quoque  in  epistolis  aqua  tantum  &  cibario 
pane  se  contentum  esse  testatur  &  mitte,  inquit, 
mihi  casei  cj'thridi  paululum,  ut  cum  epulari  pre- 
tiosius  voluero,  possim.  »  (X,  xi,  657.) 

P.  129,  1.  22.  Nec  ultra).  «Et  je  ne  chéris  pas 
mon  vice  davantage.  »  (Juvénal,  Sat.,  viii,  164.) 

P.  130,  1.  I.  Oui  disent).  Cf.  Plutarque,  Contredits 
des  philosophes  stoïqiies  :  «  Qui  œuvre  selon  l'une 
œuvre  quant  &  quant  selon  toutes  les  autres.  » 
(xxvii,  f»  568  v».) 

P.  130,  1.  14.  Et  tient  Aristote).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  d' Aristote  :  «  Fieri  enim  posse,  ut  prudens  quis- 
piam  ac  justus,  idémque  intemperans  atque  inconti- 
nens  sit.  »  (Y,  xxxi,  309.) 

P.  130,  1.  16.  Socrates  advoiioit).  C.  Cicéron,  Tusc, 
IV,  .xxxvii;  De  fato,  V.  Montaigne  insistera  de  nou- 
veau sur  cette  idée  dans  l'essai  III,  xii,  pour  l'accepter 
en  1588,  et  pour  la  déclarer  incroyable  après  1588. 

P.  130,  1.  19.  Les  familiers).  Cf.  Cicéron,  De  fato  : 
«  Scribunt  ipsius  familiares  &  ebriosum,  &  muUero- 
sum  fuisse.  Neque  hxc  scribunt  vitupérantes,  sed 
potius  ad  laudem  :  vitiosam  enim  naturam  ab  eo 
sic  edomitam,  &  compressam  esse  doctrina,  ut  nemo 
unquam  vinolentum  illum,  nemo  in  eo  libidinis 
vcstigium  viderit.  »  (\',  286.) 


LIVRE     II,     CHAPITRE     XI. 


P.  131,  I.  6.  Ciiin  jain).  «A  l'approche  du  plaisir,  I 
quand  Vénus  va  féconder  son  domaine.  »  (Lucrèce, 
IV,  1099.) 

P.  131,  1.  16.  En  l'iiii  des  contes  de  son  Heptnnicnm). 
«  Et  quand  ils  ont  niatté  leur  chair  jusques  là  que 
pour  parler  ne  pour  baiser  ils  n'ont  point  d'émotion, 
ils  viennent  essayer  la  forte  tentation  qui  est  de 
coucher  ensemble  et  s'embrasser  sans  aucune  concu- 
piscence. Mais  pour  un  qui  en  est  eschappé,  sont 
venuz  tant  d'inconveniens  que  l'Archevesque  de 
jMilan,  où  ceste  religion  s'exerçoit,  fut  d'avis  de  les 
séparer,  et  mettre  les  femmes  au  couvent  des  hommes, 
et  les  hommes  en  celuy  des  femmes.  »  (III,  30.) 

P.  132,  1.  9.  Ouis  non  nialanini).  «Est-il  quelqu'un 
qui  n'oublie  pas  au  milieu  de  telles  distractions  les 
cruels  soucis  de  l'amour.  »  (Horace,  Epod.,  11,  37.) 

P.  132,  1.  16.  Les  sauvages).  La  même  idée  se 
retrouve  dans  l'essai  I,  xxxi,  p.  274,  1.  7. 

P.  132,  1.  20.  Ouclcun  ayant  à  tesnioigner).  C'est 
Suétone  dans  la  Vie  de  César  :  «  In  ulciscendo  natura 
lenissimus.  Piratas,  à  quibus  captus  est,  quum  in 
deditionem  redegisset  (quoniam  suffixurum  se  cruci 
antè  juraverat)  jugulari  prius  jussit,  deinde  suffigi... 
Philemonem  à  manu  servum,  qui  necem  suani  per 
venenum  inimicis  promiserat,  non  gravius  quàm 
simplici  morte  puniit.  »  (lxxiv,  f°  ^o  V^.) 

P.  133,  1.  9.  En  la  justice  uwsnie).  Rapprocher  la 
critique  de  la  torture  à  la  fin  de  l'essai  II,  v. 

P.  133, 1.  9.  Tout  ce  qui  est  au  delà  de  la  mort  simple). 
Cf.  la  même  phrase  dans  l'essai  II,  xxvii,  p.  499, 
1.  18;  voir  la  note. 

P.  134,  1.  8.  Oui  corpus).  «Ils  tuent  le  corps  et 
nprès,  ils  ne  peuvent  rien  faire  de  plus.  »  (S.  Luc, 
XII,  4.) 

P.  134,  1.  II.  Heu!  relliquias).  «Eh  quoi!  ils  traî- 
neraient ignominieusement  sur  la  terre  les  restes  d'un 
malheureux  roi  à  demi  rôti,  décharné  jusqu'aux  os  et 
dégouttant  d'un  sang  noir.»  (Ennius,  d'après  Cicéron, 

TUSC,   I,   XLIV.) 

P.  134,  1.  13.  Je  me  rencontray  un  jour  à  Rome).  On 
trouve  en  effet  ce  récit  dans  le  Journal  de  voyage. 
«  L'onsieme  de  janvier,  au  matin,  come  M.  de  Mon- 
taigne sortoit  du  logis  à  cheval  pour  aller  in  Banchi, 
il    rancontra   qu'on    sortoit    de    prison    Catena,    un 


fameus  voleur,  et  capitaine  des  banis,  qui  avoit  tenu 
en  creinte  toute  l'Italie,  et  duquel  il  se  contoit  des 
murtres  énormes,  et  notamment  de  deus  Capucins 
ausquels  il  avoit  fait  renier  Dieu,  prometant  sur  cete 
condition  leur  sauver  la  vie,  et  les  avoit  massacrés 
après  cela,  sans  aucune  occasion,  ny  de  commodité, 
ny  de  vanjance.  Il  s'arresta  pour  voir  le  supplice... 
Apres  qu'il  fut  estranglé,  on  le  detrancha  en  quattre 
cartiers.  Ils  ne  font  guiere  mourir  les  homes  que 
d'une  mort  simple,  et  exercent  leur  rudesse  après  la 
mort.  M.  de  Montaigne  y  remerqua  ce  qu'il  a  dict 
ailleurs,  combien  le  peuple  s'effraïe  des  rigurs  qui 
s'exercent  sur  les  corps  mors;  car  le  peuple  qui 
n'avoit  pas  santi  de  le  voir  estrangler,  à  chaque  coup 
qu'on  donnoit  pour  le  hacher,  s'écrioit  d'une  voix 
piteuse.  Soudein  qu'ils  sont  morts,  un  ou  plusieurs 
jesiiistes  ou  autres-  se  mettent  sur  quelque  lieu  hault, 
et  crient  au  peuple,  qui  deçà,  qui  delà,  et  le  preschent 
pour  lui  faire  gouster  cet  exemple.  »  (P.  21e.) 

P.  135,  1.  5.  Artoxerses).  Cf.  Plutarque,  Les  dicts 
notables  des  anciens  Roys,  Princes  &  grands  Capitaines  : 
«  Aussi  fust-ce  lu}'  (Artaxerxès)  qui  ordonna  le  pre- 
mier, que  les  seigneurs  qui  auroient  failly  en  leur 
estât  (au  lieu  qu'on  les  souloit  fouetter  eulx  mesmes) 
fussent  despouillez,  &  leurs  vestemens  fouettez  pour 
eulx  :  &  au  lieu  qu'on  leur  souloit  arracher  les  che- 
veux de  la  teste,  qu'on  leur  ostat  leur  hault  chappeau 
seulement.  »  (F°  188  v°.)  La  forme  «  Artoxerxes  »  se 
trouve  au  xvi^  siècle  ainsi  que  la  forme  «  Artaxerxès  » . 
Cf.  par  exemple  la  traduction  des  Vies  de  Plutarque 
par  Amyot,  éd.  de  1559,  f°  658  v°.  Le  même  fait  est 
rapporté  à  deux  reprises  dans  la  République  de  Bodin, 
édition  de  1593,  pp.  286  et  1034.  Juste-Lipse  le 
reprendra  à  son  tour  dans  le  De  constantia,  II,  ix. 

P.  135,  1.  10.  Les  égyptiens).  Cf.  Hérodote,  II, 
xLVii,  t.  I,  f"  118  v°.  Hérodote  dit  que  c'étaient  les 
pauvres  qui  agissaient  ainsi. 

P.  135,  1.  22.  Jouir  du  plaisant  spectacle).  M.  Henri 
Monod,  Bulletin  du  Bibliophile  (septembre  1908),  voit 
ici  une  allusion  aux  morts  de  Briquemault  et  de 
Cavagnes,  et  estime  que  Montaigne  se  souvient  du 
Tocsin  des  massacreurs,  qui  parle  en  ces  termes  de 
leur  exécution  :  «Le  sieur  de  Briquemault...  Le  sieur 
de  Cavagnes  fut  pendu  avec  lui  une  heure  de  nuict, 


ESSAIS      DE      MOXTAIGXE. 


en  présence  mesnie  du  Roy  qui  fit  allumer  des  flam- 
beaux pour  être  spectateur  de  ces  cruauté;^,  non  sans 
iaire  des  risées  de  la  contenance  de  l'un  et  de  l'autre.» 
(F°  93  r°.)  Il  est  possible  que  Montaigne  ait  pensé 
à  ce  fait;  mais  commc.il  nous  apprend  lui-même 
que  son  siècle  «  foisonne  en  exemples  incroyables  » 
de  cruauté,  on  ne  saurait  aucunement  être  aiîirmatif. 

P.  135,  1.  25.  Ut  hoino).  «Que  l'homme  tue  un 
homme  sans  y  être  poussé  par  la  colère  ou  par  la 
crainte,  mais  par  le  seul  plaisir  de  le  voir  expirer...  » 
(Sénèque,  ép.  90.) 

P.  136,  1.  5.  Ouivstnqm).  «Et,  tout  ensanglanté, 
par  ses  plaintes,  il  semble  implorer  sa  grâce.  »  (Vir- 
gile, Enéide,  VII,  501.) 

P.  136,  1.  9.  Pylhagoras).  Cf.  Plutarque,  Propos  de 
table,  VIII,  VIII,  f'  428  r^ 

P.  136,  1.  II.  Priiiioque).  «C'est,  je  crois,  du  sang 
des  animaux  que  le  fer  a  été  teint  pour  la  première 
fois.  »  (Ovide,  Métamorphoses,  XV,  106.)  Le  texte 
de  Montaigne  est  conforme  à  celui  de  l'édition  de 
Bàle  1549,  avec  cette  seule  différence  que  l'édition 
de  Bâle  écrit  :  «  primôque  e  crede  ». 

P.  137,  1.  3.  Morte  caieni).  «Les  âmes  ne  meurent 
point;  mais,  toujours,  après  avoir  quitté  un  domi- 
cile, elles  vont  habiter  et  vivre  dans  de  nouvelles 
demeures.»  (Jd.,  ibid.,  XV,  158.)  Cette  citation  a 
peut-être  été  prise  dans  le  De  inccrlitndine  et  vanitale 
scientiarnin  de  C.  Agrippa,  1.11. 

P.  137,  1.  5.  La  Relif^ion).  On  peut  voir  à  ce  sujet 
César,  De  belle  gallico,  VI,  14. 

P.  137,  1.  12.  Muta  ferarum).  «Il  emprisonne  les 
âmes  dans  des  corps  d'animaux  :  il  enferme  les  cruels 
dans  des  ours,  les  voleurs  dans  des  loups,  il  cache 
les  fourbes  dans  des  renards;  et,  après  leur  avoir  tait 
subir  pendant  de  longues  années,  mille  métamor- 
phoses, il  les  purifie  enfin  dans  le  fleuve  de  l'Oubli 
et  les  rend  à  leur  forme  première.  »  (Claudien,  In 
Ruffiiuim,  II,  482.) 

P.  137,  1.  23.  Ipse  ego).  «  Moi-même  (il  m'en  sou- 
vient encore),  au  temps  de  la  guerre  de  Troie,  j'étais 
Euphorbe,  fils  de  Panthée.  »  C'est  Pythagore  qui 
parle  ain.si  de  lui-même  dans  Ovide,  Métamorphoses, 
XV,  léo.  Cette  citation  a  peut-être  été  prise  dans  le  De 
jitcertilitdiiie  et  vanitale  scientiarnin  de  C.  Agrippa,  lu. 


P.  138,1.  5.  &  d'autres  ne  reconnaissant).  Pour  tout 
ceci,  cf.  Plutarque,  De  Isis  et  Osiris. 

P.  138,  1.  6.  Belluœ).  «Les  barbares  ont  divinisé  les 
bêtes  à  cause  du  profit  qu'ils  en  retirent.  »  (Cicéron, 
De  natura  deorum,  I,  xxxvi.) 

P.  138,  1.  7.  Crocodilon).  «Les  uns  adorent  le  cro- 
codile; d'autres  regardent  avec  une  sainte  terreur 
l'ibis  engraissé  de  serpents;  ici  brille  sur  l'autel  la 
statue  d'or  d'un  singe  à  grande  queue;  là  on  vénère 
un  poisson;  ailleurs,  c'est  un  chien  qui  est  l'objet  de 
l'adoration  de  villes  entières.  »  (Juvénal,  xv,   2-7.) 

P.  138,  1.  13.  Il  dit).  Cf.  Plutarque,  De  Isis  et 
Osiris,  XXXIX,  f''  334  r°. 

P.  138,  1.  16.  Eu  cette-cy).  Le  bœuf. 

P.  138,  1.  16.  En  cette  la).  Le  chat. 

P.  138,  1.  20.  Les  discours  qui  essayent).  Tout  le 
début  de  l'essai  II,  xii,  est  le  développement  de  cette 
pensée. 

P.  139,  1.  10.  Les  Romains).  Cf.  Plutarque,  Les 
demandes  des  choses  romaines,  xc\'iii,  f'  475  v°;  cf. 
encore  Cicéron,  Pro  Roscio,  xx;  Tite-Live,  \',  XLVii; 
Pline,  X,  XXII. 

P.  139,  1.  12.  Les  AtJh'uiens).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Calon  le  Censeur  :  «  Comme  le  peuple  d'Athènes 
voulut  &:  ordonna  du  temps  que  Ion  bastissoit  le 
temple  appelle  Hecatompedon,  qu'on  laissast  aller 
francs  &:  libres  les  mules  &  mulets,  qui  avoient 
longuement  travaillé  à  l'achèvement  de  cette  fibrique, 
&  qu'on  les  souft'rist  paistre,  sans  leur  fiùre  empesche- 
ment,  là  où  ilz  pourroient.  »  (m,  ï°  236  r°.)  Cf.  aussi 
Quels  animaux  sont  les  plus  advisex^  :  «  Car  lors  que 
Pericles  faisoit  bastir  le  temple  de  Minerve,  appelle 
Hecatompedon,...  on  y  conduisoit  tous  les  jours  les 
pierres  et  matières  avec  force  chariots,  &  charrettes 
qui  estoient  tirées  par  des  mules  &  mulets,  comme 
il  est  ordinaire  :  &  y  en  avoit  qui  autrefois  avoient 
bien  servy,  mais  pource  que  lors  ils  estoient  vieux 
1^  caduques,  on  les  laissoit  aller  paistre  là  où  ils 
pouvoient.  »  (xiii,  f'  514  v".) 

P.  139,  1.  15.  Les  Agrigentius).  Cf.  Diodore  de 
Sicile,  XIII,  XX VII,  f'  108  v'\ 

P.  139,  1.  21.  Les  Aîgipliens).   Cf.  Hérodote,  II, 

I.WI-I.XIX. 

P.  1^9,  1.  23.  Ciuion).  Cf.  Plutarque,  Vie'de  Calou 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XI. 


le  Censeur  :  «  Voit  on  encore  les  sépultures  des  juments 
de  Cimon,  avec  lesquelles  il  gaigna  par  trois  fois  le 
pris  de  la  course  es  jeux  Olympiques,  &  sont  lesdittes 
sépultures  tout  joignant  celle  de  Cimon.  Aussi  treuve 
Ion  plusieurs  qui  ont  inhumé  des  chiens  qui  avoient 
esté  nourris  avec  eulx,  ou  qui  leur  avoient  tousjours 
fait  compagnie,  comme  entre  les  autres,  l'ancien 
Xantippus  enterra  son  chien  .sur  un  chef  en  la  coste 
de  la  mer,  que  Ion  appelle  encore  aujourd'huy  le 
chef  de  la  sépulture  du  chien,  pource  que  quand  le 
peuple  d'Athènes  à  la  venue  des  Perses  abandonna  la 
ville,  ce  chien  suivit  tousjours  son  maistre,  nageant  en 
mer  coste  à  coste  de  sa  galère,  depuis  la  coste  de  terre 
ferme,  jusques  en  l'isle  de  Salamine.»  (m,  f°  23e  r".) 
La  plupart  de  ces  exemples  qui  sont  empruntés  à  la 
Vie  de  Caton  le  Censeur  se  retrouvent  réunis  dans 
YOfficina  de  Ravisius  Textor,  ouvrage  que  Montaigne 
connaissait;  mais  Montaigne  les  prend  directement 
à  Plutarque. 


P.  139,  1.  26.  Plutarque  faisùit).  Id.,  ibid.  :  «Et 
quant  à  moy,  je  n'aurois  jamais  le  cueur  de  vendre 
le  bœut  qui  auroit  longuement  labouré  ma  terre, 
pource  qu'il  ne  pourroit  plus  travailler  à  cause  de  sa 
vieillesse.»  (m,  f"  236  r".) 

Chkoxologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai.  Quelques  allusions  aux  Œuvres  mo- 
rales de  Plutarque  prouvent  qu'il  n'est  pas  antérieur  à 
la  fin  de  1572,  c'est  tout  ce  que  nous  en  pouvons 
dire  avec  certitude.  M.  Henri  Monod  estime  qu'une 
partie  au  moins  de  l'essai  ne  peut  pas  être  antérieure 
'•^  ^577)  Et  je  le  crois  avec  lui,  mais  les  raisons  qu'il 
en  donne  ne  sont  aucuijement  probantes.  Il  pense 
y  découvrir  une  allusion  au  Tocsin  des  massacreurs, 
pamphlet  qui  fut  publié  seulement  à  cette  date 
(et.  p.  135,  1.  22  .et  la  note),  mais  rien  ne  donne 
à  penser  que  Montaigne  l'ait  jamais  lu. 


Chapitre   XII. 


APOLOGIE      DE      RAIMOXD      SEBOXD. 


P..  140,  TITRE.  Raiiiiond  Si'hoiid).  Appelé  aussi 
Sebon,  Sebeyde,  Sabonde,  ou  de  Sebonde;  né  à 
Barcelone,  dans  le  xiv-'  siècle;  mort  en  1432  à  Tou- 
louse, où  il  professait  la  médecine  et  la  théologie. 
Montaigne  avait  publié  en  1569  une  traduction  fran- 
çaise de  la  Théologie  naturelle  de  Sebond,  entreprise, 
nous  dit-il,  sur  la  prière  de  son  père.  Cette  traduction 
fut  rééditée  en  1581. 

P.  140,  1.  I.  Trcs-utik  &  grande  partie).  Au  début 
de  l'essai  I,  xxvi,  on  lit  de  semblables  déclarations. 
Montaigne  éprouve  le  besoin  de  protester  de  son 
respect  pour  la  science  au  moment  de  limiter  son 
rôle  aussi  bien  dans  la  pratique  de  la  vie  (II,  xu), 
que  dans  l'éducation  des  enfants  (I,  xxvi). 

P.  140,  1.  4.  Herilliis).  Cf.  Diogène  Laërce,  MI, 
CLXv;  Cicéron,  Académiques,  II,  xlii;  De  finibits,  II, 
XIII  ;  etc.,  etc.  L'opinion  d'Hérillus  est  reproduite  dans 
beaucoup  des  livres  que  Montaigne  a  pu  connaître. 

P.  141, 1. 1.  P/crrcjSHw/j.  Toulousain  (1499-1 546), 
un  des  plus  habiles  cicéroniens  du  xvi'^  siècle,  au  juge- 
ment d'Henri  Estienne  (Dedicat.  Epist.  P.  Bunelli,  etc., 
1581).  Il  fut  précepteur  de  Pibrac.  Sur  Bunel,  cf. 
Léonce  Couture,  Œuvres,  t.  I  (1911). 

P.  141,  1.  4.  Theohgia).  La  Théologie  naturelle  ou 
le  Livre  des  créatures  de  maître  Raimond  de  Sebonde. 
Publiée  pour  la  première  fois  à  Deventer  en  1487, 
cette  théologie  a  été  réimprimée  plusieurs  fois  en 
France  au  xvi'=  siècle. 

P.  141,  1.  14.  Le  vulgaire).  Pour  cette  idée  com- 
parer I,  XXVII,  23e,  et  I,  LVi,  413. 

P.  141,  1.  25.  Nam  cupide).  «  Car  on  foule  aux 
pieds  passionnément  ce  qu'on  a  révéré  avec  excès.  » 
(Lucrèce,  V,  11 39.) 


P.  142,  1.  27.  Tourncbu).  Adrien  Turnèbe  ou 
Turnebus  dont  Montaigne  a  fait  grand  éloge  dans 
l'essai  I,  xxv,  p.  180,  1.  9,  et  qu'il  louera  encore  dans 
l'essai  II,  xvii,  p.  448,  1.  22. 

P.  144,  1.  26.  Illisos  fluctns).  «  Tel  un  vaste  rocher 
oppose  sa  masse  aux  flots  qui  le  heurtent,  les  refoule 
et  les  disperse  en  tous  sens  quand  ils  font  rage  autour 
de  lui.  »  Début  d'une  pièce  /;;  laudeni  Ronsardi,  qui 
comme  me  l'apprend  M.  Laumonier,  a  été  insérée  à 
la  fin  de  la  Réponse  de  Ronsard  aux  injures  et  calomnies 
(1563)  et  reproduite  dans  les  Œuvres  de  1567,  1571 
et  1573.  Blanchemain  (t.  VII,  p.  135)  attribue  à  Dorât 
cette  pièce  qui  ne  se  retrouve  pas  dans  ses  Pocmatia 
(1586). 

P.  145,  1.  17.  Xostrebon  S.  Loys).  Ci".  Joinville,  xix. 
Il  faut  cependant  remarquer  que  le  récit  de  Mon- 
taigne s'écarte  par  quelques  détails  de  celui  de 
Joinville.  Cf.  à  ce  sujet  mon  ouvrage  sur  les  Livres 
d'histoire  moderne' utilisés  par  Montaigne,  pp.  67-68. 

P.  145,  1.  22.  A  cet  autre).  Allusion  à  un  conte  du 
Décaméron  de  Boccace  (première  journée,  deuxième 
nouvelle),  dans  lequel  un  juif  se  convertit  au  chris- 
tianisme pour  le  motif  que  Montaigne  indique  ici. 

P.  146,  1.  3.  Si  nous  avions).  Évangile  selon  saint 
Mathieu,  xvii,  19. 

P.  146,  1.  7.  Brevis  est).  «  Si  tu  crois,  tu  connaîtras 
bientôt  la  route  de  la  vertu  et  du  bonheur.  »  (Qiiin- 
tilien,  XII,  xi.)  Il  n'est  pas  besoin  de  dire  que 
Montaigne  détourne  à  un  autre  sens  le  texte  de 
Quintilien. 

P.  146,  1.  20.  Servent  de  la  religion).  Rapprocher 
ce  passage  des  Mémoires  de  J.  de  Thou  :  «  Montaigne 
lui  dit  qu'autrefois  il  avait  servi  de  médiateur  entre 


LIVRE      II,      CHAPITRK      XII. 


215 


le  roi  de  Navarre  et  le  duc  de  Guise,  lorsque  ces 
deux  princes  étaient  à  la  cour;  que  ce  dernier  avait 
fait  toutes  les  avances  par  ses  soins,  ses  services,  et 
par  ses  assiduités  pour  gagner  l'amitié  du  roi  de 
Navarre;  mais  qu'ayant  reconnu  qu'il  le  jouoit,  et 
qu'après  toutes  ses  démarches,  au  lieu  de  son  amitié, 
il  n'avait  rencontré  qu'une  haine  implacable,  il  avait 
eu  recours  à  la  guerre,  comme  à  la  dernière  ressource 
qui  put  défendre  l'honneur  de  sa  maison  contre  un 
ennemi  qu'il  n'avait  pu  gagner;  que  l'aigreur  de  ces 
deux  esprits  était  le  principe  d'une  guerre  qu'on 
voyait  aujourd'hui  si  allumée  :  que  la  mort  seule  de 
l'un  ou  de  l'autre  pouvait  la  faire  finir;  que  le  duc 
ni  ceux  de  sa  maison  ne  se  croiroient  jamais  en  sûreté 
tant  que  le  roi  de  Navarre  vivrait;  que  celui-ci,  de 
son  côté,  était  persuadé  qu'il  ne  pourrait  faire  valoir 
ses  droits  à  la  succession  de  la  couronne  pendant  la 
vie  du  duc.  Pour  la  religion,  ajouta-t-il,  dont  tous 
les  deux  font  parade,  c'est  un  beau  prétexte  pour  se 
faire  suivre  par  ceux  de  leur  parti,  mais  son  intérêt 
ne  les  touche  ni  l'un  ni  l'autre;  la  crainte  d'être 
abandonné  des  protestants  empêche  seule  le  roi  de 
Navarre  de  rentrer  dans  la  religion  de  ses  pères,  et 
le  duc  ne  s'éloignerait  point  de  la  confession  d'Augs- 
bourg,  que  son  oncle  Charles,  cardinal  de  Lorraine, 
lui  a  fait  goûter,  s'il  pouvait  la  suivre  sans  préjudi- 
cier  à  ses  intérêts;  que  c'étaient  là  des  sentiments 
qu'il  avait  reconnus  dans  ces  princes,  lorsqu'il  se 
mêlait  de  leurs  affaires.  »  (^Mémoires  de  la  vie  de  Jacques- 
Auguste  di-  Thon,  première  édition  traduite  du  latin 
en  français.  Rotterdam,  171 1,  p.  136.) 

P.  147,  1.  7.  Celé  proposition).  Cette  phrase  a  sans 
doute  été  écrite  dans  la  seconde  moitié  de  1589  ou 
dans  l'année  1590.  Du  vivant  du  roi  cathohque 
Henri  III,  qui  fut  assassiné  le  31  mai  1589,  c'étaient 
les  protestants  qui  affirmaient  le  droit  de  s'armer 
contre  le  monarque,  et  les  catholiques  combattaient 
cette  théorie.  Depuis  qu'Henri  III  est  mort,  et  qu'un 
protestant,  Henri  IV,  lui  a  succédé  sur  le  trône,  ce 
sont  les  catholiques  qui  s'arment  contre  le  souverain 
légitime  et  qui  affirment  leur  droit  de  le  renverser  du 
trône  alors  que  les  protestants  le  leur  contestent. 

P.  148,  1.  9.  Faire  barbe  de  foarre).  Encore  une 
expression    prise    par    Montaigne    à    la    langue    des 


conteurs  ou  qui  tout  au  moins  lui  est  commune  avec 
eux.  Cf.  Rabelais,  I,  xi,  qui  dit  «gerbe  de  foarre»; 
Guillaume  Bouchet,  Séries,  III,  xi  (édition  de  1598, 
p.  461);  cf.  aussi  Gentillet,  Discours  sur  les  moyens  de 
bien  gouverner  (édition  de  1579,  p.  171).  Sur  cette 
expression  on  peut  voir  La  precellence  de  la  langue 
françoise,  d'Henri  Estienne  (édition  Feugère,  p.  263). 

P.  148,  1.  24.  Le  pbilosofc  Antisthenes).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Fie  d'Antisthènc  :  «  Cùm  aliquando  Orphicis 
mysteriis  initiaretur,  diceretque  sacerdos  ejusmodi 
initiâtes  bonis  plurimis  apud  inferos  perfrui,  cur 
igitur,  ait,  ipse  non  moreris?»  (VI,  iv,  348.) 

P.  148,  1.  28.  Diogenes).  Id.,  Fie  de  Diogène  : 
«  Rogantibus  Atheniensibus  ut  initiaretur,  atque 
dicentibus  quod  apud  inferos  hi  qui  initiati  sunt 
président,  Perridiculum  est,  inquit,  si  quidem  Age- 
silaus  &  Epaminundas  in  cœno  degent,  viles  autem 
quique  initiati  in  beatorum  insulis  erunt.  »  (VI,  xxxix, 
368.) 

P.  149,  1.  8.  Non  jani  se  nioriens).  «Alors  le  mou- 
rant ne  se  plaindrait  plus  de  sa  dissolution;  mais 
plutôt  il  se  réjouirait  de  partir,  de  laisser  sa  dépouille 
comme  le  serpent  change  de  peau  et  comme  le  cerf 
devenu  vieux  perd  ses  cornes  trop  longues.  »  (Lucrèce, 
III,  6x2.)  Texte  conforme  à  celui  de  l'édition 
Lambin. 

P.  149,  1.  II.  /(•  vcuil).  Saint  Paul  dans  son  Épitre 
aux  Philipp.,  i,  23. 

P.  149,  1.  12.  La  force  du  discours).  Allusion  à 
Cléombrote  qui  se  tua  après  avoir  lu  le  Phédon  de 
Platon.  Montaigne  a  déjà  mentionné  cet  exemple 
dans  l'essai  II,  m,  p.  38,  1.  i. 

P.  149,  1.  27.  Ce  que  dit  Plato).  Dans  le  dixième 
livre  des  Lois,  je  trouve  seulement  cette  idée  que 
personne  ne  reste  athée  jusqu'à  la  vieillesse  (passage 
traduit  par  Montaigne  dans  l'essai  I,  lvi,  t.  I,  p.  409, 
1.  23).  Cf.  aussi  et  surtout  le  passage  ci-dessous 
(République,  I,  p.  330;  éd.  de  1546,  p.  532).  Rappe- 
lons qu'avant  1588  Montaigne  ne  semble  pas  avoir 
étudié  beaucoup  Platon  :  il  y  a  donc  des  chances  pour 
que  nous  n'ayons  ici  qu'une  allusion  assez  imprécise. 

P.  150,  1.  8.  Dict  il).  Cf.  Platon,  République  : 
«  Postquam  eô  devenit  aliquis,  ut  brevi  jam  moritu- 
rum  se  opinetur  incidit  in  eum  timor  &  cura  eorum 


2l6 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


quK  in  superiori  vita  neglexit.  Etenim  fabulîe  qux 
de  inferis  dicuntur,  quemadmodum  eos  qui  injuste 
egerant,  pœnas  illic  dare  oporteat,  irrisœ  hactenus 
movent  tune  animum,  ne  forte  verœ  sint  suspican- 
tem  :  atque  ipse  sive  propter  senectutis  debilitatem, 
seu  quod  alteri  vitœ  propinquior  illa  acutius  inspicit, 
solicitudinis  &  timons  plenus  redditur...  »  (I,  p.  330; 
éd.  de  1546,  p.  532.) 

P.  150,  1.  13.  //  d(ffant).  Cf.  Platon,  RcpnhJiquc  : 
«  Veruin  poetas  ipsos  cogamus,  vel  negare  horum 
hsec  esse  opéra,  vel  non  affirmare  filios  deorum  esse  : 
ambo  vero  hxc  simul  nequaquam  asserere,  neque 
operam  dare,  ut  nostris  juvenibus  persuadeant,  quod 
ex  diis  mala  aliqua  oriantur  quôdve  heroes  hominibus 
nihilo  meliores  sint.  Quoniam  jam  dictum  est,  nequc 
sancta  hœc  sunt,  neque  vera.  Ostendimus  enim  ex 
diis  mala  aliqua  provenire  non  posse.  »  (III,  p.  391  ; 
éd.  de  1546,  p.  559.  Voir  aussi  République,  II,  p.  379.) 
P.  150,  1.  16.  Ils  récitent  de  Bion).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Bion  :  «  Uxc  autem  ex  impii  Théo- 
dori  disciplina  hauserat.  Postremô  incidens  in  malam 
valetudinem,  ligaturas  suspiccrc  inductus  est,  &  pœni- 
tentiam  agere  super  his  qua;  pcccanu  in  deum. 
Eorum  verô  inop^a  quibus  infirmorum  cura  erat, 
dire  cruciatus  est.  »  (IV,  liv,  282.) 

P.  152, 1.  3.  Sebond).  «Tout  ainsi  que  par  ce  peu  de 
lumière  que  nous  avons  la  nuit,  nous  imaginons  h. 
lumière  du  soleil  qui  est  esloingné  de  nous;  de  mesmt 
par  l'estre  du  monde  que  nous  cognoissons,  nous 
argumentons  l'estre  de  Dieu  qui  nous  est  caché,  etc.  » 
(Théologie  naturelle,  xxiv,  trad.  de  Montaigne.) 

P.  152,  1.  9.  Ce  monde  est  un  temple).  Cf.  Plutarque, 
De  la  tranquillité  de  l'âme  :  «Ce  monde  est  un  temple 
tre.s-sainct,  &  tres-devot,  dedans  lequel  l'homme  est 
introduit  à  sa  nativité,  pour  y  contempler  des  statues 
non  ouvrées  et  taillées  de  mains  d'hommes,  &  qui 
n'ont  aucun  mouvement,  mais  celles  que  la  divine 
pensée  a  faitte  sensibles,  pour  nous  représenter  les 
intelligibles,  comme  dit  Platon,  aïans  en  elles  les 
principes  empraints  de  vie  et  de  mouvement,  c'est 
à  sçavoir,  le  soleil,  la  lune,  les  estoillcs,  &  les 
rivières...  »  (xix,  f°  76  r".) 

P.  152,  1.  14.  Dit  saint  Paul).  Épitrc  aux  Romains, 

I,  XX. 


P.  152,  1.  16.  Atque  adeo).  «Dieu  n'envie  pas  à  la 
terre  l'aspect  du  ciel  :  en  le  faisant  sans  cesse  rouler 
sur  nos  têtes,  il  se  dévoile  sous  tous  ses  aspects,  il 
s'offre  lui-même  à  nous,  et  s'inculque  en  nous;  il 
veut  être  clairement  connu,  il  nous  montre  qui  il 
est  par  son  œuvre  et  nous  enseigne  à  méditer  ses 
lois.  »  (Manilius,  IV,  907.) 

P.  153,  1.  17.  Si  melius).  «Si  vous  avez  de  meil- 
leurs arguments,  produisez-les,  sinon  soumettez- 
vous.  »  (Horace,  Epitres,  I,  v,  6.) 

P.  I5_|,  1.  17.  O'j  -.'i?).  «Car  Dieu  ne  veut  pas 
qu'un  autre  que  lui  s'enorgueillisse.  »  (Hérodote, 
VII,  10.)  Montaigne  a  pris  cette  sentence  dans  VAn- 
tboloi;ie  de  Stobée  (sermo  22)  où  elle  est  accompagnée 
de  la  traduction  suivante  :  «  Non  sinit  enim  Deus 
alium  pneter  se  altum  sapere.  »  (P.  190.) 

P.  154,  1.  19.  Deus  superbis).  «Dieu  résiste  aux 
superbes  et  fait  grâce  aux  humbles.  »  (Saint  Pierre, 
ép.  I,  v,  5.)  Montaigne  a  .sans  doute  pris  ce  texte 
dans  la  Cité  de  Dieu  de  saint  Augustin,  XVII,  iv. 

P.  154,  1.  19.  L'intelligence  est  en  tous  les  dirus, 
dici  Platon).  Dans  le  Tiiiicc  :  «  Intelligentia.'  vero  dii 
quidem  omnes,  homines  vero  pauci  adniodum  par- 
ticipes sunt.»  (^Timéc,  p.  51;  éd.  de  1546,  p.  715.) 
P.  154,  1.  28.  Sainct  Augustin).  Dans  la  Cité  de 
Dieu,  XXI,  \. 

P.  155,  1.  12.  (2'"'  uous  prcsche).  Saint  Paul,  lipitre 
au.x  Colossiens,  11,  8. 

P.  155,  1.  13-  Que  nostre  sagesse).  Id.,  Hpître  I  au.x 
Corinthiens,  ni,  19. 

P.  155,  1.  15.  L'homme  qui  présume).  Li.,  Epitre  1 
aux  Corinthiens,  viii,  2  :  «  Si  quis  existimat  se  aliquid 
scire,  nondum  cognovit  quomodo  oportet  illud  scire.  » 
(Sentence  qui  figurait  sur  les  travées  de  la  bibliothèque 
de  Montaigne.) 

P.  156, 1.  1 6.  L'homme  qui  n'est  rien).  Ll.,  Épitrc  aux 
Galatcs,  \]  :  «  Si  quis  existimat  se  aliquid  esse,  cùm 
nihil  sit,  ipse  se  seducit.  »  (Sentence  qui  figurait  sur 
les  travées  de  la  bibliothèque  de  Montaigne.) 

P.  156,  1.  17.  Ont  elles  este  otiroïces).  Cf.  Cicéron, 
De  natura  deorum,  I,  ix  :  «  An  h:i:c  ferè,  ut  dicitis, 
hominum  causa  a  deo  constituta  suntPSapientumne? 
propter  paucos  ergo  est  tanta  facta  rerum  molitio. 
.\\\  stultorum?  .\i  primum  causa  non   luit   cur  de 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


217 


improbis  bene  mereretur.  Deinde  quid  est  assecutus, 
quum  omnes  stulti  sint  sine  dubio  miserrimi,  maxime 
quôd  stulti  sunt?  (I,  ix,  t.  IV,  p.  187.) 

P.  156,  1.  21.  Oiionim  igitnr).  «Pour  qui  donc 
dirons-nous  que  le  monde  a  été  fait?  Sans  doute 
pour  les  êtres  animés  qui  ont  l'usage  de  la  raison; 
ce  sont  les  dieux  et  les  hommes,  certainement  les 
plus  parfaits  de  tous  les  êtres.  »  (Cicéron,  De  nat. 
deor.,  II,  Liv.) 

P.  156,  1.  28.  Ctim  siispiciiims).  «Quant  nous 
contemplons  les  voûtes  célestes  du  vaste  univers  au 
dessus  de  nos  tètes,  et  les  astres  brillants  qui  les 
constellent,  et  quand  on  vient  à  réfléchir  sur  les 
révolutions  de  la  lune  et  du  soleil...  »  (Lucrèce,  V, 
1203.)  Le  texte  de  Lambin  porte  «  solis  lunajque  » 
(p.  451). 

P.  157,  1.  I.  La  doiiiinalion  &  puissance).  Sur  cette 
idée,  très  commune  alors,  de  l'influence  des  astres 
sur  les  destinées  humaines,  on  peut  lire,  entre  autres 
écrits,  le  De  philosopbia  occulta,  de  Corneille  Agrippa, 
que  Montaigne  a  certainement  connu.  Voir  surtout 
I,  XXII  :  «  Comment  les  choses  inférieures  sont  sou- 
mises aux  supérieures  et  célestes,  et  comment  le 
corps  humain  et  les  occupations  des  hommes  et  leurs 
mœurs  proviennent  de  la  distribution  des  étoiles  et 
des  signes.  »  Les  chapitres  suivants  traitent  également 
le  même  sujet. 

P.  157,  1.  3.  Fada  eteuiiii).  «  Car  toutes  les  actions 
et  la  vie  des  hommes  dépendent  des  astres.  »  (Mani- 
lius,  III,  Lviii.)  Les  diverses  éditions  du  xvi=  siècle 
que  j'ai  consultées  portent  fata  au  lieu  de  facta  qui 
est  chez  Montaigne. 

P.  157,  1.  7.  Specidatàqnc  longé).  «Elle  reconnaît 
que  ces  astres  si  éloignés  ont  sur  les  hommes  une 
influence  secrète,  que  des  lois  fixes  règlent  les 
mouvements  périodiques  de  l'univers,  et  que  le  cours 
des  destinées  est  déterminé  par  des  signes  certains.  » 
(Manilius,  I,  lx.)  Le  texte  de  Montaigne  est  conforme 
à  l'édition  de  Lyon  1566,  et  à  toutes  les  éditions 
antérieures  à  la  révision  de  Scaliger  1579. 

P.  157,  1.  14.  Ouantàquc  qtiani).  «Combien  sont 
grands  les  effets  de  mouvements  insensibles...  tant 
est  puissant  cet  empire  qui  commande  aux  rois 
eux-mêmes.  »  (Jd.,  I,   lv,  et  IV,  xciii.)  Les  deux 


vers  que  Montaigne  modifie  en  les  adaptant  se  lisent 
ainsi  dans  l'édition  de  Lyon  1566  : 

«  Quantaque  quam  parvi  lacèrent  discrimina  motus  : 

»  Quantum  est  hoc  regnum...  quod  regibus  imperat  ipsisi  » 

P.  157,  1.  20.  Furit  aller  ainore).  «L'un,  furieux 
d'amour,  traverse  la  mer  et  va  renverser  Troie; 
l'autre  est  destiné  par  le  sort  à  donner  des  lois;  ici, 
des  enfonts  tuent  leurs  pères;  là,  des  parents  leurs 
entants,  ou  ce  sont  des  frères  qui  s'arment  contre  leurs 
frères  et  s'égorgent  entre  eux.  La  faute  n'en  est  pas  aux 
hommes  :  le  destin  les  force  à  tout  bouleverser  ainsi, 
à  se  déchirer  et  à  se  punir  de  leurs  propres  mains... 
Et  si  je  parle  ainsi  du  destin,  c'est  que  le  destin  l'a 
voulu.  »  (/(/.,  IV,  Lxxix,  118.) 

P.  158,  1.  2.  Oiix  vwUtio).  «Quels  instruments, 
quels  leviers,  quelles  machines,  quels  ouvriers  ont 
élevé  un  si  vaste  édifice?»  (Cicéron,  De  nat.  deor., 
I,  viii.) 

P.  158,  1.  8.  Avons  nous  veu).  Cf.  Cicéron,  De 
nattira  dcornni  :  «  Xunquam  vidi,  inquit,  animam 
rationis  consiliique  participem,  in  ulla  alia  nisi 
humana  figura.  Quid  solis,  numquidquam  aut  luna;, 
aut  quinque  errantium  syderum  simile  vidisti?... 
Numquid  taie,  Epicure,  vidisti?  Ne  sit  igitur  sol, 
ne  luna,  ne  stelLt  :  quoniani  nihil  esse  potest,  nisi 
quod    attigimus    aut    vidimus.  »    (I,    xxxi;    t.    IV, 

P-  195  •) 

P.  158,  1.  12.  Quœ  sunt  tanfœ).  «Tant  sont  étroites 
les  boriTes  de  notre  esprit.  »  {Jd.,  ihid.,  I,  xxxi.) 

P.  1 5 8, 1. 1 4.  Corne  Anaxagoras).  En  1 5 80  Montaigne 
faisait  simplement  allusion  au  traité  de  Plutarque 
intitulé  «De  la  face  qui  apparoist  au  rond  de  la  lune», 
où  le  témoignage  de  Platon  est  rapporté.  Après  1588 
il  précise  au  moj-en  d'un  texte  de  Diogène  Laërce, 
Vied'Anaxagore  :  «Dicebat...  lunam  habitacuk  in  se 
habere  &  colles  &  valles.  »  (II,  viii,  100.) 

P.  158,  1.  17.  Intercœtera).  «Entre  autres  infirmités 
de  la  nature  humaine  est  cet  aveuglement  de  l'âme 
qui  non  seulement  force  l'homme  à  errer  mais  qui 
lui  fait  chérir  son  erreur.  »  (Sénèque,  De  ira,  II,  ix.) 

P.  158,  1.  19.  Corruptibilc  corpus).  «Le  corps  cor- 
ruptible appesantit  l'âme  et  sous  son  enveloppe 
grossière    la   déprime   dans    l'exercice   même   de   la 


2l8 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


pensée.»  (Livre  de  la  Sagesse,  ix,  15,  cité  par  saint 
Augustin,  Cite  de  Dieu,  XII,  xv.) 

P.  158,  1.  21.  La  plus  calamiteiise).  Traduction 
d'une  sentence  de  Pline  que  Montaigne  a  citée  à  la 
fin  de  l'essai  II,  xiv,  p.  380,  1.  9,  et  qu'il  avait 
inscrite  sur  les  parois  de  sa  librairie. 

P.  159,  1.  2.  S'égale  à  Dieu).  Rapprocher  ci-dessus 
p.  156,  1.  23;  et  aussi  ci-dessous  p.  208  et  passim. 

P.  159,  1.  10.  Platon  en  sa  peinture).  Dans  le  Poli- 
tique :  «  Si  Saturni  quondam  alumni  in  tanto  ocio 
&  libertate  vitœ  potentiaque  non  solum  inter  se,  sed 
etiam  cum  bestiis  colloquendi,  hisce  omnibus  ad 
philosophiam  utebantur,  inter  se,  &  cum  bestiis 
viventes,  sciscitantesque  ab  omni  natura  qucecumque 
propriam  sentiendi  vim  aliquam  differentem  ab  aliis 
habet,  ad  prudentiam  acquirendam,  facile  judicari 
potest  illos  longo  quodam  intervallo  nos  ad  béate 
vivendum  exuperasse.  »  (xvi,  p.  272;  édit.  de  1546, 
p.  206.) 

P.  159,  1.  lé.  Ce  grand  autheur).  Platon  dans  le 
Timc'e  (p.  72;  éd.  de  1546,  p.  724),  passage  auquel 
il  est  déjà  fait  allusion  au  début  de  l'essai  I,  xi, 
p.  47,  1.  7. 

P.  160,  1.  2.  De  les  entendre).  Cf.  \'archi,  Ercolano  : 
«  Gli  auguri  antichi  e  Apollonio  Tianeo  non  inten- 
devano  le  voci  degli  ucelli?...  Credo  di  si,  perche 
tutti  quelli  che  sordi  non  sono  le  entendono,  ma  le 
significazioni  credo  di  no.  »  Ce  passage  de  Varchi 
explique  le  texte  de  1582  où  Apollonius  de  Tyane 
était  seul  nommé  par  Montaigne.  Il  a  été  complété 
après  cette  date  et  antérieurement  à  1588  par  le 
morceau  suivant  qui  est  tiré  de  Rhodigin,  Antiquaruni 
lectionum  libri  :  «  Si  credendum  sit  antiquis  atque  illis 
qui  patrum  nostrorum  et  nostro  tempore  extiterunt 
addit  esse  qui  dicant  se  audire  sermonem  animalium 
atque  intelligere  :  sicuti  apud  veteres  Melampus  et 
Tiresias  ac  Thaïes  :  nuper  vero  Apollonius  Tyaneus 
quem  dicunt  in  amicoram  cœtu,  cum  audiret  hirun- 
dinem,  aliis  nuntiare  asinum  prope  urbem  onustum 
cecidisse.  »  (XVII,  xiii.J  On  voit  que  dans  la  phrase 
de  Montaigne  le  pronom  les  (les  entendre)  représente 
non  les  Troglodytes  mais  les  bêtes.  Il  convient  de 
remarquer  que  Rhodigin  n'ajoute  aucunement  foi  au 
récit  d'Apollonius,  qui,  dit-il,  n'était  qu'un  magicien. 


«  Summa  \\xc  omnia  esse  nil  aliud  quam  vanitates 
et  immundorum  spirituum  fallacissimas  pra;stigias.  » 
Rhodigin  a  pu  prendre  l'allégation  d'Apollonius  dans 
la  Vie  de  ce  philosophe,  par  Philostrate,  I,  .xx,  25  ; 
celle  de  Melampus,  chez  Apollodore,  I,  ix,  11;  celle 
de  Tiresias,  également  chez  Apollodore,  III,  vi,  7; 
il  est  plus  probable  toutefois  qu'il  se  réfère  à  un 
texte  de  Porphyre  (De  abstinentia,  III),  qui  parle  à  la 
fois  de  Melampus,  de  Tiresias  et  d'Apollonius. 

P.  160,  1.  3.  Les  cosmographes).  Pline,  Histoire  natu- 
relle :  «  Ex  Africa  parte  Ptoembari,  Ptoemphanœ  qui 
canem  pro  rege  habent,  motu  ejus  imperia  augu- 
rantes. »  (VI,  XXX.)  Cf.  aussi  Plutarque,  Des  communes 
conceptions  contre  les  stoïques,  xi,  f"  577  r°. 

P.  160,  1.  14.  Et  muta').  «Et  les  animaux  privés  de 
la  parole  et  même  les  bêtes  sauvages  font  entendre 
des  cris  différents  et  variés,  selon  que  la  crainte,  la 
douleur  ou  la  joie  les  agite.  »  (Lucrèce,  V,  1058.) 

P.  160,  1.  22.  Non  alla).  «C'est  à  peu  près  de  la 
même  manière  que  l'on  voit  les  enfants  conduits  au 
langage  des  gestes  par  l'impuissance  de  leur  langue.  » 
(Jd.,  V,  1029.) 

P.  161,  1.  2.  Les  amoureux).  Rapprocher  une  phrase 
d'Annibal  Caro  dans  une  lettre  à  Marco  Antonio 
Piccolomini  sur  l'inutilité  de  l'écriture  :  «  Mi  pare 
che  gli  innamorati  si  parliano  con  le  mani,  con  gli 
occhi,  s'intendano  in  ispirito,  si  ritrovino  in  sogno...» 
Toutefois  je  ne  crois  pas  que  Montaigne  ait  lu 
Annibal  Caro  avant  1580. 

P.  léi,  1.  5.  E'I  silentio).  «Le  silence  même  sait 
prier  et  se  faire  entendre.  »  (Torquato  Tasso,  Aminte, 
acte  II,  chœur,  34.) 

P.  162,  1.  4.  Les  nations  que  Pline  dit).  Dans  VHis- 
toire  naturelle  :  «  Quibusdam  pro  sermone  nutus 
motusque  membrorum  est.  »  (VI,  xxx.) 

P.  162,  1.  5.  Un  Ambassadeur).  Cf.  Plutarque,  Dicts 
notables  des  Lacedemoniens  :  «  Un  Ambassadeur  de  la 
ville  d'Abdere  estoit  venu  à  Sparte,  qui  avoit  fort 
longuement  parlé,  &  après  qu'il  se  fut  teu,  à  la  fin 
il  luy  demanda,  Sire,  quelle  response  veux  tu  que 
je  rapporte  à  noz  citoiens?  Tu  leur  diras,  dit  il,  que 
je  t'ai  laissé  dire  tout  ce  que  tu  as  voulu,  et  que 
je  t'ay  tousjours  escouté  sans  jamais  dire  mot.  » 
(F»  214  r".) 


LIVRE      II,      CHAPITRE     XII. 


219 


P.  162,  1.  16.  His  quidam).  «  A  ces  signes  et  d'après 
de  tels  exemples,  certains  ont  prétendu  que  les  abeilles 
avaient  reçu  une  parcelle  de  l'àme  divine  et  des  éma- 
nations de  i'éther.  »  (Virgile,  Géorgiques,  IV,  219.) 

P.  163,  1.  24.  Nature  a  embrassé).  De  tout  ce 
morceau  il  faut  rapprocher  l'épître  90  de  Sénèque 
qui  fait  à  la  civilisation  son  procès.  Cf.  en  particulier  : 
«  Non  fuit  tam  inimica  natura  ut,  quum  omnibus 
aliis  animalibus  facilem  actum  x'itx  daret,  Homo 
solus  non  posset  sine  tôt  artibus  vivere.  » 

P.  163,  1.  26.  Ces  plaintes  vulgaires).  Allusion  aux 
plaintes  de  Pline,  Histoire  naturelle,  VII,  au  début, 
sur  les  misères  de  la  condition  humaine,  qui  ont  été 
reprises  chez  beaucoup  d'auteurs  du  xvi=  siècle  : 
Bouaystuau  dans  le  Théâtre  du  monde  tout  entier; 
dans  VHistoire  de  Chelidmiius,  viii;  Droit  de  Gaillard, 
dans  sa  Méthode  de  l'histoire,  i  et  xxix;  L'Ostal,  dans 
ses  Discours  philosophiques;  Gelli,  dans  les  Discours 
fantastiques,  11;  Lavardin,  dans  la  préface  de  son 
Histoire  de  Scanderberg;  etc.  (Cf.  à  ce  sujet  mon 
ouvrage  sur  Les  Sources  et  l'Évolution  des  Essais,  t.  II, 
p.  34.)  La  plupart  de  ces  auteurs  se  plaisent  à  opposer 
la  majesté  de  la  raison  qui  élève  l'homme  incompa- 
rablement au-dessus  des  animaux,  à  la  misère  de  sa 
condition  physique,  qui,  disent-ils,  le  ravale  beaucoup 
au-dessous  d'eux.  Montaigne  critiquera  à  la  fois  ces 
deux  points  de  vue. 

P.  164,  1.  10.  Tum  porro).  «  Semblable  au  pilote 
que  la  tempête  a  jeté  sur  le  rivage,  l'enfant  gît  à 
terre,  nu,  sans  parole,  privé  de  tous  les  secours  de 
la  vie,  au  moment  où  la  nature  vient  de  l'arracher 
avec  effort  du  sein  maternel  pour  le  produire  à  la 
lumière.  Il  remplit  de  ses  cris  plaintifs  le  lieu  de  sa 
naissance;  et  n'a-t-il  pas  raison  de  pleurer,  l'infortuné 
à  qui  il  reste  tant  de  maux  à  souffrir?  Au  contraire, 
les  animaux  de  toutes  les  espèces,  domestiques  et 
sauvages,  croissent  sans  peine;  ils  n'ont  pas  besoin 
de  hochets,  ni  des  caresses  et  du  langage  enfantin 
d'une  nourrice;  ils  n'ont  pas  besoin  de  vêtements 
qui  changent  avec  les  saisons;  il  ne  leur  faut  enfin  ni 
armes  ni  hautes  murailles  pour  mettre  leurs  biens  à 
couvert,  puisqu'à  tous  le  sol  et  la  nature  industrieuse 
fournissent  en  abondance  tout  ce  dont  ils  ont 
besoin.  »    (Lucrèce,    V,    223.)    A   l'occasion   de   ces 


vers.  Lambin  cite  en  partie  le  passage  de  Pline  que 
Montaigne  critique. 

P.  164,  1.  26.  Tesmoing  tant  de  nations).  Sur  ces 
idées,  cf.  l'essai  I,  xxxvi. 

P.  165,  1.  9.  Les  mères  Lacedemoniennes).  Cf.  Plu- 
tarque,  Vie  de  Lycurgue  :  «  Les  nourrices  aussi  usoient 
de  certaine  diligence  avec  artifice  à  nourrir  leurs 
enfans,  sans  les  emmailloter,  ny  lier  de  bandes,  ny 
de  langes,  de  sorte  qu'elles  les  rendoient  plus  délivres 
de  leurs  membres,  mieulx  formez,  &  de  plus  belle 
et  gentille  corpulence.  »  (xiii,  f°  34  v^\) 

P.  165,  1.  16.  Sentit  enini).  «Car  chaque  animal 
sent  ce  qu'il  est  capable  de  faire.  »  (Lucrèce,  V, 
10*32.) 

P.  165,  1.  22.  Ces  nations).  Montaigne  pense  sans 
doute  aux  Brésiliens,  dont  il  a  parlé  longuement 
dans  l'essai  I,  xxxi. 

P.  166,  1.  I.  Et  tellus).  «Et  la  terre  d'elle-même, 
au  début,  produisit  d'abondantes  moissons  et  des 
vignes  fécondes  pour  les  mortels;  d'elle-même  elle 
leur  offrit  des  fruits  sucrés  et  de  gras  pâturages;  et 
tout  cela  maintenant  c'est  à  peine  si  nous  pouvons 
le  produire  par  notre  travail,  et  nous  y  épuisons  nos 
bœufs  et  les  forces  des  laboureurs.  »  (Lucrèce,  II, 

II57-) 

P.  166,  1.  15.  L éléphant).  Cf.  Plutarque,  Oiicls  ani- 
maux sont  les  plus  advise:^  :  «  Voyons  les  prémisses 
&  préparatifs,  que  font  les  Taureaux  avant  que  d'entrer 
au  combat,  comme  ils  jettent  et  respandent  la  poul- 
ciere  alentour  d'eulx;  et  les  Sangliers,  quand  ils 
aguisent  leurs  défenses;  et  les  Eléphants,  pource  que 
l'une  de  leurs  dents,  avec  laquelle  ils  fouillent, 
arrachent  &  tondent  les  herbes,  plantes  &  racines 
dont  ils  se  nourrissent,  en  est  ordinairement  mousse, 
usée  &  espointée,  ils  contregardent  tousjours  l'autre 
pointue  et  affilée,  pour  s'en  servir  aux  combats... 
Vous  avez  assez  ouy  dire  de  l'Ichneumon  ou  rat  de 
Pharaon,  comment  il  s'arme,  ne  plus  ne  moins  que 
feroit  un  champion  qui  iroit  pour  combattre  en 
champ  clos,  tant  il  munit  son  corps,  l'enduit  et  le 
crouste  tout  alentour  d'un  fort  halecret  ou  cuyrasse 
de  limon,  quand  il  veult  combattre  le  crocodile.  » 
(x,  f-^  512  r».) 

P.  166,  1.  26.  Qu'un  enfant  qu'on  anroit  nourry). 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


Allusion  à  la  fameuse  expérience  rapportée  par  Héro- 
dote. Elle  a  été  souvent  reprise  au  xvi'  siècle  :  men- 
tionnons spécialement  Messie  dans  les  Diverses  leçons  ; 
Laurent  Joubert  dans  un  petit  opuscule  intitulé  : 
Question  vulgaire  :  Quel  langage  parlerait  un  enfant  qui 
n'auroit  jamais  OUI  parler,  et  qui  fut  publié  en  1578 
à  la  suite  de  ses  Erreurs  populaires  au  fait  de  la  iiiàic- 
ciue.  C'est  de  ce  dernier  ouvrage  que  Montaigne 
s'inspire  dans  le  passage  qui  va  suivre. 

P.  167,  1.  9.  Cosi  per  entra).  «  Ainsi  dans  le  noir 
essaim  des  fourmis,  on  en  voit  qui  semblent  s'aborder 
et  se  parler  entre  elles,  peut-être  pour  épier  les 
desseins  et  la  fortune  l'une  de  l'autre.  »  (Dante, 
Purg.,  XXVI,  34.)  Montaigne  a  pris  cette  citation 
dans  VErcolano  de  Varchi,  mais  pour  'N'archi  il  n'v 
a  là  qu'une  image  poétique. 

P.  167,  1.  12.  //  me  semble  que  Laclance).  Allégation 
empruntée  à  YErcalano  de  A^archi,  mais  Montaigne 
ne  tient  pas  suffisamment  compte  du  correctif  qui 
la  suit  immédiatement  chez  Varchi  :  «  Egli  non  dice, 
.se  ben  mi  ramento,  che  gli  animali  ne  favellino  ne 
ridano,  ma  che  pare  che  ridano  e  favellino.  » 

P.  167,  1.  13.  £■/  /fl  différence).  Cf.  Laurent  Joubert, 
Quel  langage  parlerait  un  enfant  qui  n'auroit  jamais  ouï 
parler  :  «  La  vois  dépliée,  dit  Aristote...  est  différente 
antre  les  animaus,  voire  antre  ceus  de  mesme  espèce 
an  divers  lieus.  Example  :  les  perdris  an  divers  pavs, 
ont  le  chant  divers...  »  (Éd.  de  1579,  p.  580.) 

P.  167,  1.  17.  Variœque  volucres).  «Divers  oiseaux 
ont  des  voix  très  différentes  selon  les  divers  temps,  et 
il  en  est  qui  avec  .les  saùsons  modifient  leurs  ramages 
aux  sons  rauques.  »  (Lucrèce,  V,  1077,  1080,  1082, 
1083.) 

P.  167,  1.  24.  /(■  respons).  Joubert  insiste  sur  la 
question  d'une  relation  po.ssible  entre  les  organes  de 
l'ouïe  et  les  organes  de  la  parole  qui  expliquerait 
le  mutisme  des  sourds  de  naissance;  mais  c'est,  au 
contraire  de  Montaigne,  pour  nier  cette  relation.  Sur 
tout  ceci,  cf.  Aristote,  Hist.  des  animaux,  IV,  ix, 
qui  est  la  source  de  Joubert. 

P.  168,  1.  6.  Dit  le  sage).  Sentence  de  YHcclcsiasIe 
qui  figurait  sur  les  travées  de  la  librairie  de  Montaigne 
et  à  laquelle  il  a  déjà  fait  allusion  au  début  de  l'essai  I, 
XXXVI,  p.  294,  1.  7. 


P.  168,  I.  7.  Indiipcdila  suis).  «Tout  porte  les 
chaines  de  la  fatalité.  »  (Lucrèce,  V,  874.) 

P.  168,  1.  10.  Res  quœque).  «Chaque  chose  se 
développe  suivant  .son  organisation  propre,  et  toutes 
conservent  les  traits  distinctifs  que  la  nature  leur  a 
donnés.  »  (Lucrèce,  \,  921.) 

P.  169,  1.  17.  Les  habitans  de  la  Tbrace).  Cf.  Plu- 
tarque.  Quels  animaux  sont  les  plus  advise:^  :  «  Les 
Thraciens  encore  jusques  au  jourd'huv,  quand  ils 
veulent  entreprendre  de  passer  quelque  rivière  gelée 
par  dessus  la  glace,  ils  prennent  un  regnard  pour 
leur  guide  à  sonder  .si  la  glace  est  assez  forte  et 
puissante  pour  les  porter  :  ce  regnard  s'approchant 
de  la  rivière,  apporte  l'oreille  tout  contre  la  glace, 
&  si  par  le  bruit  de  l'eau  courante  dessoubs  la  glace 
bien  près  de  son  oreille  il  conjecture  qu'elle  ne  soit 
pas  a.ssez  espesse  &  assez  profondement  gelée,  il 
s'arreste  ou  s'en  retourne,  si  on  luv  permet  :  au 
contraire,  s'il  n'entend  point  bruire  l'eau  courante 
dessoubs,  il  passe  outre  hardiment.  Or  ne  sçaurions 
nous  dire  que  cela  soit  seulement  une  vivacité  du 
sentiment  de  Touye,  sans  aucun  discours  de  raison  : 
car  c'est  une  ratiocination  &  conséquence  tirée  du 
sens  naturel  en  ceste  sorte  :  Ce  qui  fait  bruit  se 
remue,  ce  qui  se  remue  n'est  pas  gelé,  ce  qui  n'est 
pas  gelé  est  liquide,  ce  qui  est  liquide  plie  soubs  le 
faix,  &  ne  tient  pas  ferme.»  (xiii,  f''  513  v".) 

P.  170,  I.  4.  Les  Climacides).  Li.,  Comment  on 
pourra  discerner  le  flatteur  d'avec  l'amy  :  «  Telles 
femmes  qu'estoient  jadis  en  Cypre  celles  que  Ion 
surnommoit  les  Colacides,  c'est  à  dire  les  flatteresses, 
qui  depuis,  après  qu'elles  furent  passées  en  la  terre 
ferme  de  la  Syrie,  furent  appelées  Climacides,  comme 
qui  diroit  eschellieres,  pour  autant  qu'elles  se  cour- 
boient  à  quatre  pieds,  &  faisoient  eschelles  de  leur 
dos  aux  femmes  des  princes  6c  des  Roys,  quand 
elles  vouloient  monter  dedans  leurs  coches.  »  (iii, 
f->  41  r".) 

P.  170,  1.  9.  Les  femnu's  &  concubines).  Cf.  Héro- 
dote :  «  Chascun  d'eux  a  plusieurs  femmes,  qui  est 
cause  que  quand  aucun  d'eux  va  de  vie  à  trespas, 
grand  procès  .se  meut  entre  elles,  et  leurs  amis  sont 
fort  embesongnez  à  juger,  quelle  d'entre  elles  a  esté  la 
mieux  aimée.  Celle  qui  emporte  cet  honneur...  est 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


assommée...  sur  la  tombe  du  trespassé  et  ensevelie 
avec  luy.  »  (V,  f"  iiS  v"\) 

P.  170,  1.  16.  Nous  jurons).  Cf.  Juste  Lipse,  Satur- 
naJiuin sermomtm  libri  :  «Formula  adeo  ipsa  juramenti 
in  Petronii  Arbitri  fragmentis  :  in  verba  Eumolpi, 
inquit,  sacramentuni  juravimus,  uri,  venciri,  verbe- 
rari,  ferroque  necari  :  et  quidquid  aliud  Eumolpus 
jussisset  tanquam  legitimi  gladiatores  domino,  cor- 
pora  animosque  religiosissime  addicimus.  »  (II,  v.) 

P.  170,  1.  20.  Ure  nu'iim).  «Brûle-moi,  j'y  consens, 
brûle-moi  la  tête,  perce-moi  le  corps  d'un  glaive,  et 
déchire-moi  le  dos  à  coups  de  fouet.  »  (Tibulle,  I, 
IX,  21.)  Montaigne  a  encore  pris  cette  citation  dans 
les  SaturimUiun  scrmonum  libri,  de  Juste  Lipse. 

P.  170,  1.  24.  Quand  les  Scythes).  Cf.  Hérodote  : 
«  En  ce  qui  reste  vuide,  ils  logent  une  des  concu- 
bines du  1103%  qu'ils  ont  estranglée,  ensemble  son 
eschanson,  cuisinier,  escuver  d'escuirie,  chambellan, 
&  huissier  de  chambre...  L'an  révolu  ilz  font  de 
rechef  cecy.  Ils  prennent  cinquante  pages  du  Rov 
les  plus  idoines...  Quand  donque  ils  ont  estranglé 
cinquante  de  ces  pages,  &  autant  de  chevaux,  ils 
mettent  les  pages  dessus  empalez  par  l'espine  du 
doz  jusque  au  gosier.  Ces  chevaliers  ainsi  equippez 
&  rengez  entour  la  tumbe,  ilz  se  retirent.  »  (IV, 
Lxxi  et  Lxxii,  t.  I,  f"  270  r°.) 

P.  171,  1.  9.  Diogenes).  Cf.  Diogène  Laërce,  Fie  de 
Diogène  :  «  Necessarios  suos  illum  redimere  voluisse, 
illum  vero  eos  fatuos  dixisse  neque  enim  leones 
serves  esse  nutrientium,  sed  e  converso  illos  servire 
leonibus.  »  (VI,  lxxv,  388.) 

P.  171,  1.  12.  Jamais  Lyon).  Cf.  Plutarque,  One 
les  hestes  usent  de  la  raison  :  «  Ny  ne  vit  on  jamais 
que  un  Lion  s'asservist  à  un  autre  Lion,  ny  un  che- 
val à  un  autre  cheval  à  faulte  de  cœur,  comnie  fait 
un  homme  à  un  autre  homme.  »  (iv,  f°  271  r°.) 

P.  171,  1.  19.  Serpente  siconia).  «  La  cigogne  nourrit 
ses  petits  de  serpents  et  de  lézards  trouvés  dans  les 
lieux  sauvages,  et  l'aigle,  ministre  de  Jupiter,  chasse 
dans  les  forêts  le  lièvre  et  le  chevreuil.  »  (Juvénal, 
XIV,  74,  81.) 

P.  171,  1.  24.  Au  dessus  d'Amphipolis).  Pline,  Hist. 
nul.  :  «In  Thraciœ  parte  super  Amphipolim  homines 
atque  accipitres  societate  quadam  aucupantur.  Hi  ex 


silvis  et  arundinetis  excitant  aves  :  illi  supervolantes 
deprimunt.  Rursus  captas  aucupes  dividunt  cum  iis... 
Simile  quiddam  lupi  ad  M.-eotin  paludem  faciunr. 
Nam  nisi  partem  a  piscantibus  suam  accepere,  expansa 
eorum  retia  lacérant.  »  (X,  viii.) 

P.  172,  1.  6.  Arislotc  dit).  Cf.  Plutarque,  Quels 
aniinau.x  sont  les  plus  advise:^  :  «  Celuy  que  l'on  appelle 
la  grenouille  pescheresse  est  assez  cogneu  de  plusieurs, 
&  luy  a  Ion  donné  ce  surnom  pour  sa  façon  de  faire, 
de  laquelle  finesse  Aristote  niesme  escrit  que  la  Sèche 
use,  car  elle  jette  de  son  col  un  boyau  long  comme 
une  ligne,  qu'elle  estend  au  loing  en  !e  laschant, 
&  le  retire  à  soy  tout  entièrement  quand  elle  veult. 
Quand  doncques  elle  apperçoit  auprès  d'elle  quelque 
petit  poisson,  elle  luy  laisse  mordre  le  bout  de  ce 
petit  boyau,  estant  elle  cachée  dedans  le  sable,  ou 
dedans  la  vase,  ef  petit  à  petit  elle  le  retire  jus- 
ques  à  ce  que  le  petit  poisson  soit  si  près  d'elle 
qu'en  saultant  elle  le  puisse  engloutir.  »  (xxviii, 
f'  519  v°.) 

P.  172,  1.  16.  Les  pous).  Id.,  Vie  deSylla,  xvi.  C'est 
un  foit  qui  est  souvent  mentionné  chez  les  moralistes 
du  temps  :  Cf.  Ravisius  Textor,  Officina,  f"  30  r°; 
Bouaystuau,  Histoire  de  Cbelidonius,  éd.  de  1572, 
f°  132  v";  etc. 

P.  172,  1.  26.  La  tortue).  Cf.  Plutarque,  Quels  ani- 
maux sont  les  plus  advise::^  :  «  Les  tortues  prennent  de 
l'origane...  quand  elles  ont  mangé  du  serpent...  &  le 
Dragon . . .  esclarcit  &  fourbit  ses  yeulx  avec  du  fenouil, 
quand  il  les  a  un  peu  ternis  &  éblouis...  Aussi  dit 
on  que  les  ^Egyptiens  ont  observé  que  l'oiseau  qu'ils 
appelleui  Ibis,  qui  est  une  Cicogne  noire,  se  donne 
a  elle  mesme  un  clystere  avec  de  l'eau  de  la  mer... 
Qui  plus  est  les  Elephans  semblent  user  de  l'art  de 
chirurgie,  car  ils  tirent  les  tronçons  de  lances,  &  les 
traicts  &  javelots  des  corps  des  hommes  blecez,  sans  les 
tourmenter,  &  si  dextrement  qu'ils  ne  leur  font  mal 
nv  douleur  quelconque  :  et  les  chèvres  de  Candie 
quand  elles  sont  frappées  d'un  coup  de  traict,  elles 
vont  manger  de  l'herbe  appellée  Dictame,  dont  elles 
font  tomber  fiicilement  les  traicts.»  (xx,  f°  516  v°.) 
On  remarquera  qu'en  15S0  Montaigne  affirmait  avec 
Plutarque  que  les  éléphants  arrachent  les  dards  sans 
«douleur  quelconque»;  après  1580,  n'ayant  plus  le 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


texte  SOUS  les  yeux  il  adoucit  son  affirmation  :  «  nous 
ne  le  sçaurions  faire  avec  si  peu  de  douleur.  » 

P.  173, 1.  I.  Tesnioing  celiiy  du  Roy  Parus).  Id.,  ibid..: 
«  Le  R03'  Porus  aiant  esté  griefvement  blecé  en  la 
bataille  que  luy  donna  Alexandre  le  Grand,  l'Eléphant 
sur  lequel  il  conibattoit  luy  tiroit  tout  doulcement, 
de  peur  de  luy  faire  mal,  avec  sa  trompe,  les  dards 
&  tronçons  de  javelots,  dont  il  estoit  navré.  »  (xiii, 
f°5i4v°.) 

P.  173,  1.  10.  Chrysippiis).  Id.,  ibid.,  et  aussi 
Sextus  Empiricus,  Hypotvposes,  I,  xiv;  mais  le  récit 
de  Montaigne  n'est  absolument  conforme  ni  à  celui 
de  Sextus  ni  à  celui  de  Plutarque. 

P.  174,  1.  22.  Ce  que  Plutarque  dit).  Cf.  Plutarque, 
Quels  animaux  sont  les  plus  advi.ux  :  (c  Ce  chien  ser- 
voit  à  un  basteleur  qui  jouoit  une  fiction  à  plusieurs 
mines  &  plusieurs  personnages,  et  y  representoit  le 
chien  plusieurs  choses  convenables  à  la  matière  sub- 
jette,  mesmement  l'espreuve  que  Ion  faisoit  sur  luy 
d'une  drogue  ou  d'une  médecine  qui  avoit  force  de 
faire  dormir,  mais  que  Ion  supposoit  avoir  force  de 
faire  mourir,  il  prit  le  pain  ou  la  drogue  estoit 
meslee,  &  peu  d'espace  après  l'avoir  avallé  il  com- 
mancea,  ce  sembloit,  à  trembler  &  branler  comme 
s'il  eust  esté  tout  estourdy,  finablement  s'estendant 
&  se  roidissant  comme  s'il  eust  esté  mort,  il  se  laissa 
tirer  &  trainner  d'un  lieu  à  l'autre,  ainsi  que  portoit 
le  subject  de  la  farce  :  puis  quand  il  cognent  à  ce  qui 
se  faisoit  &  disoit,  qu'il  estoit  temps,  alors  il^  com- 
mancea  premièrement  à  se  remuer  tout  bellement, 
comme  s'il  se  fust  revenu  d'un  profond  sommeil, 
&  levant  la  teste  il  regarda  ça  &  là  :  dont  chascun 
des  assistans  fut  fort  esbahy  :  &  puis  se  levant  du 
tout,  s'en  alla  devers  celuy  qu'il  falloit  qui  le  receust, 
&  le  carressa  :  de  sorte  que  tous  les  assistans,  &  l'Em- 
pereur mesme  (car  Vespasien  le  père  y  estoit  en 
personne  dedans  le  Théâtre  de  Marcellus)  en  demeu- 
rèrent tous  resjouis.  »  (xix,  f°  516  v°.) 

P.  175,  1.  é.  Les  bœufs).  Id.,  ibid.  :  «Les  Bœufs 
de  Suse...  sont  ordonnez  à  tirer  l'eau  pour  arroser  les 
jardins  du  Roy  avec  ces  grandes  roues  &  ces  petits 
bacquets  tournans,  ils  ont  leur  compte  combien  ils 
doivent  tourner  de  tours  :  car  ils  en  doivent  tirer  tous 
les  jours  jusques  à  cent  chascun,  &  n'est  possible  de 


leur  en  faire  tourner  d'avantage,  ny  de  gré,  ny  de 
force,  pour  ce  que  depuis  qu'ils  ont  fait  leur  tasche 
ils  s'arrestent  tout  court,  &  n'est  pas  possible  de  les 
faire  passer  oultre  :  ce  que  Ion  a  bien  voulu  essayer, 
mais  il  n'y  a  ordre,  tant  ils  sçavent  bien  exactement 
compter  &  retenir  leur  compte,  ainsi  comme  Ctesias 
le  Gnidien  a  laissé  par  escript.  »  (xx,  f"  517  r".) 

P.  175,  1.  16.  Plus  de  discours).  Id.,  ibid.  :  «  Pour 
ce  que  l'enseigner  monstre  encore  plus  grand  usage 
de  la  raison  que  ne  fait  l'apprendre,  il  est  bien  force 
de  croire  que  les  bestes  en  ont.  »  (xix,  f'  51e  r".) 

P.  175,  1.  17.  Ce  que  Democritus).  Id.,  ibid.  :  «  De- 
mocritus  monstre  &  preuve  que  nous  avons  nous 
mesmes  esté  leurs  apprentifs  &  disciples  es  choses 
principales  dont  nous  avons  affaire,  comme  de  l'arai- 
gnée en  la  tissure  &  cousture,  de  l'arondelle  en  l'archi- 
tecture, du  cygne  &  du  rossignol  en  la  musique, 
l'ayans  apprise  à  les  imiter.  Quant  est  de  trois  parties 
de  la  médecine,  nous  en  voions  la  plus  grande  partie, 
&  ce  qu'il  y  a  de  plus  généreux  &  de  plus  noble,  en 
la  nature  des  animaux.  »  (xx,  f°  516  v".) 

P.  175, 1.  21.  Aristote).  Id.,  ibid.  :  «Aristote  mesme 
tesmoigne  qu'elles  monstrent  &  enseignent  les  unes 
aux  autres  :  car  il  escrit  que  Ion  a  souvent  veu  des 
rossignols  qui  monstroient  à  chanter  à  leurs  petits,  à 
quoy  luy  pourroit  bien  servir  de  tesmoignage  ce  que 
Ion  a  souvent  veu  par  expérience,  que  les  rossignols  qui 
ont  esté  pris  jeunes  dedans  les  nids  avant  qu'ils  fussent 
achevez  de  nourrir  par  leurs  mères,  n'en  chantent  pas  si 
bien,  par  ce  que  ceulx  qui  sont  nourris  par  les  mères 
sont  quant  &  quant  enseignez,  &  y  apprennent  non 
pour  pris  d'argent,  ny  pour  la  gloire,  mais  pour  ce 
qu'elles  prennent  plaisir  à  bien  chanter,  &  qu'elles 
aiment  mieulx  la  beauté  que  non  pas  l'utilité  de  la 
voix.  »  (xix,  f"  516  r°.) 

P.  176,  1.  5.  J'av  veu  (dicl  Arrins).  (Arrius  est  une 
erreur  pour  Arrianus.)  C'est  en  effet  d'Arrien  de  Nico- 
médie  que  la  phrase  suivante  est  extraite  :  «J'ay  veu 
autrefois  un  éléphant  aiant  à  chascune  cuisse  un 
cymbale  pendu,  et  un  autre  attaché  à  sa  trompe,  au 
son  desquels  tous  les  autres  elephans  dansoient  en 
rond  proprement  et  à  certaines  cadences,  tantost 
s'eslevans  en  l'air,  ores  s'inclinans,  .selon  que  le  son 
et  la  cadence  du  premier  le  rcqueroicnt  :  et  y  avoit 


LIVRK      II,      CHAPITRE     XII. 


225 


plaisir  à  ouyr  l'armonie  de  ces  cymbales.  »  (Histoire 
indienne,  xiv,  traduction  Witard,  p.  327.) 

P.  176,  1.  9.  Aux  spectacles  de  Rome).  Cf.  Plutarque, 
Quels  animaux  sont  les  plus  advisex^  :  «Or  y  en  aura  il 
qui  s'esbahiront  de  ce  que  Ion  monstre  à  l'Eléphant, 
&  de  ce  qu'il  apprend,  ainsi  que  Ion  apperçoit  par  les 
preuves  qu'il  en  fait  veoir  es  Théâtres,  comme  les 
cadences  d'un  bal,  les  divers  compartiments  des  danses, 
qui  ne  sont  pas  aux  hommes  mesmes  bien  faciles  à 
retenir  pour  leur  subtilité  &:  grande  diversité.  Il  n'y 
a  pas  long  temps  qu'à  Rome  on  en  exercitoit  un  bon 
nombre  à  se  remuer,  aller,  venir  &  arrester,  de  mou- 
vements &  arrests  fort  difficiles,  estranges  &  mal  aisez 
à  demesler  :  mais  entre  les  autres  il  y  en  avoit  un  plus 
grossier  &  plus  tardif  à  comprendre,  &  à  retenir,  que 
les  autres,  à  raison  dequoy  il  en  estoit  à  tout  propos 
injurié,  tensé  &  battu  ordinairement,  il  fut  quelque- 
fois trouvé  la  nuict  à  part,  répétant  sa  leçon  à  la 
lune,  &  recordant  ce  qu'on  luy  avoit  enseigné.  » 
(xii,  f°  513  r".) 

P.  176,  1.  16.  Cett'autre  histoire).  M.,  ibid.  : 
«  En  la  ville  de  Rome  au  devant  du  temple  que  Ion 
appelle  Grecostasis  ou  la  place  des  Grecs,  un  barbier 
qui  lenoit  sa  bouttique  vis  à  vis,  nourrissoit  une  pie 
qui  fliisoit  merveille  de  chanter  &  de  parler,  contre- 
faisant la  parole  des  hommes,  la  voix  des  bestes,  et 
les  sons  des  instrumens,  sans  que  personne  la  contrai- 
gnist  à  ce  faire,  ains  s'y  estant  accoustumée  d'elle 
mesme,  &  faisant  gloire  de  ne  laisser  rien  à  dire  ny 
à  contrefaire.  Or  advint  il  que  Ion  feit  les  funérailles 
de  l'un  des  plus  gros  &  plus  riches  personnages  de 
la  ville,  &  emporta  Ion  le  corps  par  la  devant,  avec 
force  trompettes  et  clairons,  qui  marchoient  devant  : 
advint  que  le  convoy  feit  une  pause  en  cest  endroit 
la,  &  s'y  arresterent  les  trompettes  faisans  grand 
devoir  de  sonner  &  bien  longuement.  Depuis  cela 
tout  le  lendemain  la  pie  demoura  muette,  sans  siffler 
ny  parler,  ny  jetter  seulement  sa  voix  naturelle,  ny 
son  ramage  accoustumé  en  ses  ordinaires  &  néces- 
saires passions,  tellement  que  ceulx  qui  auparavant 
s'esbahissoient  de  sa  voix  et  de  son  parler  s'esmer- 
veilloient  encore  plus  alors  de  son  silence,  trouvans 
estrange  de  passer  par  la  sans  luy  ouir  rien  dire,  de 
sorte  que  Ion  eut  quelque  souspeçon  alencontre  des 


autres  maistres  du  mestier  que  Ion  ne  l'eust  empoi- 
sonnée :  toutefois  la  plus  part  des  personnes  estimoient 
que  ce  fust  la  violence  du  son  des  trompettes  qui 
luy  eust  estourdy  l'ouye,  &  qu'avec  l'ouye  la  voix 
ne  fust  aussi  quant  et  quant  demourée  estainte  : 
mais  ce  n'estoit  ny  l'un  ny  l'autre,  ains  estoit,  ainsi 
qu'il  apparut  depuis,  une  estude  profonde,  &  une 
retraitte  en  soy  mesme,  son  esprit  s'exercitant  &  pré- 
parant sa  voix  comme  un  instrument  de  musique  : 
car  à  la  fin  la  voix  luy  revint,  &  se  resveilla  tout 
soudain,  ne  disant  rien  de  tout  ce  qu'elle  avoit 
accoustumé  au  paravant  de  dire  ou  de  contrefaire, 
sinon  le  son  des  trompettes,  avec  les  mesmes  reprises, 
les  mesmes  pauses,  les  mesmes  nuances,  &  les  mesmes 
cadences  :  choses  qui  confirme  de  plus  en  plus  ce  que 
j'ay  dit  auparavant,  que  les  animaux  monstrent  plus 
d'usage  de  raison  à  s'enseigner  soy  mesme,  que  non 
pas  à  apprendre  d'autruy.  »  (xix,  f°  51e  r°.) 

P.  176, 1.  ^i .  Je  neveux  pas  obmettre) .  Id.,  ibid.  :  «  On 
estimeroit  que  ce  fust  une  fable,  aussi  bien  que  celle  des 
corbeaux  de  la  barbarie,  lesquels  quand  ils  ont  soif, 
(Se  que  l'eau  où  ils  veulent  boire  est  trop  basse,  ils 
jettent  des  pierres  dedans  pour  la  faire  monter  jusques 
à  telle  hauteur  qu'ils  y  puissent  attaindre  :  aussi  me 
suis  je  quelquefois  grandement  esmer\-eillé,  volant 
un  chien  dedans  une  navire,  pendant  que  les  mari- 
niers n'y  estoient  pas,  jetter  des  petits  cailloux  dedans 
une  cruche  qui  n'estoit  pas  du  tout  pleine  d'huyle, 
m'esbahissant  comme  il  pouvoit  faire  ce  discours  en 
son  entendement,  que  l'huyle  monteroit  par  force, 
quand  les  cailloux  qui  estoient  plus  pesants  seroient 
dévaliez  au  fond  de  la  cruche,  &  que  l'huyle  qui 
estoit  plus  légère  leur  auroit  cédé  la  place.  »  (xii, 

f°5I2V".) 

p.  177,  1.  10.  Ce  que  recitoit).  Id.,  ibid.  :  «Quant  à 
la  foj'  &  l'amour  sociale,  les  Elephans  (ainsi  comme 
le  Roy  Juba  escrit)  en  monstrent  un  grand  exemple, 
pour  ce  que  ceulx  qui  les  chassent  ont  accoustumé 
de  leur  creuser  de  profondes  fosses,  lesquelles  ils 
couvrent  par  dessus,  avec  quelques  menues  brossailles, 
&  quelques  pailles  bien  légères.  Quand  doncques  il 
y  a  quelqu'un  qui  tombe  dedans,  ainsi  comme  ils 
marchent  tousjours  plusieurs  ensemble  par  les  champs, 
les  autres  apportent  force  pierres  &  force  bois  qu'ils 


224 

jettent  dedans  la  fosse  taschant  à  la  remplir,  à  fin 
que  leur  compagnon  ait  moien  d'en  sortir.  »  (xvii, 

P.  177,  1.  18.  Ce  que  je  maintiens  ordinairement). 
Cf.  le  début  de  l'essai  I.  xLii,  et  la  note. 

P.  177,  1.  20.  Le  gouverneur  d'un  éléphant).  Cf. 
Plutarque,  Quels  animaux  sont  les  plus  advise:^  : 
«Agnon  recite  qu'il  y  a  quelque  temps  qu'en  la 
Syrie  on  en  nourrissoit  un  (un  éléphant)  en  une 
maison  privée  :  son  gouverneur  avoit  par  chascun 
jour  certaine  mesure  d'orge  du  maistre  de  la  maison 
pour  le  nourrir,  mais  il  luy  en  soubtrayoit  &  dero- 
boit  tous  les  jours  la  moitié  :  advint  que  un  jour  le 
maistre  de  la  maison  le  voulut  voir  penser,  &  le 
gouverneur  adonc  luy  versa  devant  la  mesure  toute 
entière  :  et  l'Eléphant  le  regardant  de  mauvais  œil, 
sépara  avec  sa  trompe,  &  meit  à  part  la  moitié  de 
l'orge,  déclarant  le  mieulx  qu'il  pouvoit  à  son  maistre 
le  ton  que  luy  faisoit  son  gouverneur.  Il  raconte 
aussi  qu'un  autre,  voiant  que  son  gouverneur  luy 
mesloit  de  la  terre  et  des  pierres  parmy  son  orge, 
pour  faire  croistre  la  mesure,  s'approcha  du  pot  où 
il  faisoit  au  fouyer  cuire  sa  chair  pour  son  disner, 
&  le  luy  emplit  dfe  cendres.  »  (xii,  f°  513  v°.) 

P.  178,  1.  8.  Siquidem).  «Leurs  ancêtres  (des  élé- 
phants) avaient  servi  le  Carthaginois  Annibal,  nos 
généraux  et  le  roi  Molosse,  et  ils  portaient  sur  leur 
dos  des  cohortes  ou  ser\aient  de  cavalerie.  »  (Juvénal, 
XII,  107.)  Le  texte  de  Montaigne  est  de  tous  points 
conforme  à  celui  de  la  plupart  des  éditions  du 
XVI'  siècle,  en  particulier  à  celui  de  l'édition  de 
Paris  1544. 

P.  178,  1.  21.  Les  Espaignols).  Cf.  Lopez  de 
Gomara,  Histoire  générale  des  Indes  :  «  Les  Indiens 
avoient  aussi  grand  peur  d'un  chien  surnommé 
Vezerrillo...  lequel  gagnoii  la  soulde  autant  qu'un 
arbalestrier  &  demi.  Ce  ciiien  assailloit  les  Indiens 
fièrement  &  avec  discrétion  :  Il  cognoissoit  les  amis, 
&  ne  leur  faisoit  aucun  mal,  encor'  qu'on  le  te-  chast. 
Il  cognoissoit  si  tel  estoit  Caribe,  ou  non  :  poursui- 
voit  vivement  celui  qui  fuioit  iusques  au  milieu  du 
camp  de  l'ennemi  ou  le  mettoit  en  pièces  si  seule- 
ment on  luy  eust  dit,  or  sus  viste,  va  le  chercher  :  il 
ne  s'arrestoit   jusques  à  ce  qu'il   eust    fait   tourner 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


visage  a  celui  qui  s'enfuyoit.  Ce  chien  asseuroit  tant 
nos  gens  qu'ils  osoient  affronter  les  Indiens  aussi 
hardiment  que  s'ils  eussent  eu  trois  hommes  de 
cheval  avec  eux.  »  (II,  ix,  f°  56  v°.)  Ces  faits  étaient 
alors  très  connus.  Voyez  Guillaume  Bouchet,  Sérées, 
I,  vu;  Des  chiens  (éd.  de  1585,  p.  160).  Montaigne 
a  pu  lire  ce  passage  de  Bouchet  avant  de  parler  des 
chiens  des  Espagnols  dans  les  Essais. 

P.  179,  1.  7.  Des  hommes  amene:^.)-  Montaigne  fait 
allusion  à  ces  sauvages  à  la  fin  de  l'essai  I,  xxxi, 
p.  280,  1.  1. 

P.  179,  1.  22.  Si  faisoit  bien  encore).  Cf.  Plutarque, 
Quels  aninuiux  sont  les  plus  advise:^  :  «La  nature... 
nous  exhibe  &  met  en  avant  plusieurs  anguilles  que 
Ion  appelle  sacrées,  toutes  privées  &  familières  à 
l'homme,  comme  entre  autres,  celles  qui  sont  en  la 
fontaine  Arethuse,  &  en  plusieurs  autres  lieux  des 
poissons  qui  obéissent  quand  on  les  appelle  par  leurs 
noms,  ainsi  que  Ion  dit  de  la  Murène  de  Crassus...  » 
(xxiii,  f"  518  r°.) 

P.  179,  1.  27.  Xomen  hahent).  «  Ils  ont  un  nom,  et 
chacun  d'eux  vient  à  la  voix  du  maître  qui  l'appelle.» 
(Martial,  IV,  xxix,  6.) 

P.  180,  1.  2.  Quelque  participation  de  religion).  Cf. 
Plutarque,  Quels  animaux  sont  les  plus  advise:^  :  «  Il 
raconte  aussi  qu'ils  usent  de  prières  envers  les  dieux, 
en  se  purifiant  avec  de  l'eau  de  la  mer,  &:  adorant  le 
soleil  levant,  en  haulsant  contremont  leur  trompe, 
comme  si  c'estoit  leur  main,  le  tout  sans  que  personne 
leur  ait  enseigné  à  ce  faire,  aussi  est-ce  le  plus  devost 
&  le  plus  religieux  de  tous  les  animaux.  »  (xvii, 
f°  5 1 5  v°.)  On  peut  rapprocher  Pline,  Hist.  n<7/.,  VIII,  i. 

P.  180,  1.  10.  Le  philosoplx  Cleanthes).  Id.,  ibid.  : 
«  Le  philosophe  Cleanthes  encore  qu'il  maintiene 
que  les  bestes  n'ont  point  d'usage  de  raison,  raconte 
neantmoins  qu'il  s'est  trouvé  présent  à  veoir  un  tel 
spectacle  :  il  dit  qu'il  y  avoit  un  nombre  de  fourmis 
qui  alloient  à  une  autre  formilliere  que  la  leur  por- 
tans  le  corps  d'un  fourmi  mort  :  Quelques  uns  de  la 
formilliere  sortirent  au  devant  d'eulx,  comme  pour 
parler  à  eulx,  lesquels  un  peu  après  redescendirent 
dedans,  &  puis  remontèrent,  &  firent  cela  par  deux 
ou  trois  fois  jusques  à  ce  que  finablement  ils  appor- 
tèrent d'abas  un  verm,  comme  pour  la  rançon  du 


LIVRE      II,      CHAPITRE     XII. 


225 


mort,  que  les  autres  chargèrent  dessus  leurs  espaules, 
après  avoir  rendu  le  mort,  &  s'en  retournèrent  chez 
eulx.  »  (xi,  f°  513  r".) 

P.  181,  1.  2.  En  dite  grande).  Cf.  Pline,  Histoire 
naturelle  :  «  Fertur  Actiaco  Marte  tenuisse  pnvtoriam 
navim  Antonii  properantis  circumire  et  exhortari 
suos  donec  transiret  in  aliam.  »  (XXXII,  i.) 

P.  181,  1.  9.  Tout  despit  dcquoy).  Id.,  ibid.  :  Osten- 
demnt...  Caio  indignanti  hoc  fuisse  quod  se  revocaret 
quadringentorumque  remigum  ohsequio  contra  se 
intercederet.  Constabat  peculiariter  miratum  quomodo 
adhaerens  tenuisset,  nec  idem  polleret  in  navigium 
receptus.  »  (XXXII,  i.) 

P.  181,  1.  14.  Un  citoyen  de  Cy:^iquc).  Cf.  Plutarque, 
Quels  animaux  sont  les  plus  advise:;^  :  «  Sa  tasniere  (du 
hérisson)  a  deux  pertuis,  l'un  tourné  devers  le  Midy, 
l'autre  devers  le  Septentrion  :  et  quand  il  cognoist 
qu'il  y  doit  avoir  mutation  d'air  &  changement  de 
temps,  ne  plus  ne  moins  que  les  maistres  des  navires 
changent  la  voile  selon  le  temps,  aussi  bouche  il  le 
trou  de  sa  tasniere  qui  regarde  contre  le  vent,  &  ouvre 
celuy  qui  est  à  l'opposite  :  ce  que  quelqu'un  de  la 
ville  de  C^'zique  ayant  jadis  apperceu,  acquit  la  répu- 
tation de  sçavoir  bien  prédire  de  luy  mesme  de  quel 
costé  devoit  souffler  le  vent.  »  (xvi,  f°  515  v°.) 

P.  181,  1.  20.  Le  caiiieh'ou).  Id.,  ibid.  :  «Il  est  vrai 
que  le  chameleon  change  bien  aussi  de  couleur, 
mais  c'est  sans  desseing  d'aucune  ruze,  &  non  point 
pour  se  cacher,  mais  de  peur  tant  seulement,  estant 
de  sa  nature  couard  &  timide  :  mais  quant  au  poulpe, 
c'est  une  action  &  non  pas  un  changement  de 
passion  :  car  il  change  de  couleur  avec  certaine 
science,  &  de  propos  délibéré,  pour  se  cacher  de  ce 
qu'il  craint,  &  pour  attrapper  ce  dont  il  se  nourrit.  » 
(xxviii,  f"  519  v°.) 

P.  182,  1.  12.  La  torpille).  LL,  ibid.  :  «Quant  à  la 
Tromble,  autrement  dite  torpille,  vous  sçavez  tous 
assez  sa  puissance,  qui  est,  que  non  seulement  elle 
endort  &  rend  sans  sentiment  les  membres  qui  la 
touchent,  mais  aussi  atravers  des  filets  de  la  seinne 
elle  transmet  une  pesanteur  endormie  &  amortie  aux 
mains  de  ceulx  qui  la  remuent  &  manient  :  si  pendant 
qu'elle  est  \ive  on  respand  de  l'eau  dessus,  Ion  sent 
ceste  passion  qui  gaigne  contre-mont  jusques  à  la 


main,  de  laquelle  elle  amortit  et  endort  l'attouche- 
ment atravers  l'eau,  qui  est  déjà  tournée  &  altérée, 
comme  il  est  vraysemblable  :  aiant  doncques  une 
cognoissance  de  ceste  vertu  née  avec  elle,  elle  ne 
combat  ny  ne  se  hazarde  jamais  de  front  contre  un 
autre  poi.sson,  mais  environnant  celuy  qu'elle  veult 
avoir  &  prendre,  elle  jette  atravers  l'eau  son  influence, 
comme  si  c'estoient  flesches,  charmant  l'eau  premiè- 
rement, &  puis  après  le  poisson  par  le  moien  de 
l'eau,  tellement  qu'il  ne  peut  ny  se  défendre  ny  s'en 
fuir,  ains  est  arresté  &  fiché,  comme  s'il  estoit  attaché 
avec  des  liens.  »  (xxvii,  f=  519  v°.) 

P.  183,  1.  13.  Tenei  chants).  Ce  proverbe  est  cité 
par  Leroux  de  Lincy  (^Anciens  prcri'erbes  français,  1859, 
t.  I,  p.  147),  sous  la  forme  un  peu  différente  que 
voici  :  «  Le  pied  sec,  chaut  la  teste,  au  reste  vivez  en 
beste.»  Leroux  de  Lincy  renvoie  au  recueil  de  Gruter  : 
Fhrilegium  ethico-politicuin  (Francfort,  16 10). 

P.  183,  1.  19.  More feranim).  «On  croit  commu- 
nément que,  pour  être  féconde,  l'union  des  époux 
doit  se  fiiire  à  la  mode  des  quadrupèdes  parce  qu'alors 
la  situation  horizontale  de  la  poitrine  et  l'élévation 
des  reins  favorisent  la  direction  du  fluide  générateur.» 
(Lucrèce,  IV,  1261.) 

P.  184,  1.  I.  Nani  ntulier).  «Les  mouvements 
lascifs  par  lesquels  la  femme  excite  l'ardeur  de  son 
époux  sont  un  obstacle  à  la  fécondation  :  ils  ôtent 
le  soc  du  sillon  et  détournent  les  germes  de  leur 
but.  ))  (/(/.,  ibid.,  1266.)  Le  texte  est  conforme  à 
celui  de  l'édition  Lambin. 

P.  184,  1.  12.  Hircanns).  Cf.  Plutarque,  Quels 
animaux  sont  les  plus  advise^^  :  «  Mais  qui  voudroit 
appliquer  ce  propos  là  aux  bestes  de  la  terre,  il  seroit 
luy  mesme  sauvage  et  cruel,  s'il  vouloir  nier  qu'il 
n'y  ait  eu  quelque  reciprocation  d'amitié  &  de  justice 
entre  le  roy  Lysimachus  et  son  chien  Hyrcanus, 
lequel  demoura  tousjours  seul  auprès  de  son  corps 
après  qu'il  fut  mort,  &:  quand  on  en  brusla  le  corps, 
il  prit  sa  course  de  luy  mesme  &  se  jetta  dedans  le 
feu,  oii  il  fut  bruslé  avec  luy  :  autant  en  feit  un 
autre,  comme  Ion  dit,  que  Pyrrhus  avoit  nourry, 
non  pas  le  Roy,  mais  un  homme  privé  :  car  quand 
son  maistre  fut  mort,  il  ne  bougea  jamais  de  dessus 
son  lict,  et  quand  on  le  porta  il  se  laissa  enlever  quand 


226 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


et  luy,  &  finalement  luy  inesme  se  lancea  dedans  le 
feu,  &  se  feist  brusler  avec  luy.»  (xiii,  f°  514  v°.) 

P.  184,  1.  32.  Les  cupidité:^).  Id.,  Que  les  besies  brûles 
usent  de  la  raison  :  «  Entre  les  cupiditez  vous  voiez 
beaucoup  de  différences,  comme  celle  du  boire,  oultre 
ce  qu'elle  est  naturelle  il  est  certain  qu'elle  est  aussi 
nécessaire  :  ib\:  celle  de  l'amour,  encore  que  nature 
en  donne  le  commancement,  si  est-ce  que  l'on  peut 
bien  commodément  vivre  en  s'en  passant,  &  pour 
ce  doit  elle  estre  appelée  naturelle,  mais  non  pas 
nécessaire.  Il  y  a  un  autre  genre  de  cupiditez,  qui 
ne  sont  ny  naturelles  ny  nécessaires,  ains  coulées 
de  dehors  par  une  ignorance  du  bien,  par  une 
vaine  opinion  :  &  celles  la  sont  en  si  grand  nombre 
qu'elles  chassent  presque  toutes  les  naturelles,  ne 
plus  ne  moins  que  si  en  une  cité  il  y  avoit  si  grand 
nombre  d'estrangers,  qu'ils  forceassent  les  habitants.  » 
(vi,  f°  272  r°.) 

P.  185,  1.  10.  Neque  illa).  k  Elle  n'a  pas  besoin  de 
la  fille  d'un  puissant  consul.  »  (Horace,  Satires,  I,  11, 
69.)  Le  texte  d'Horace  est  : 

Numquid  ego  a  te 
»  Magno  prognatum  deposco  consule  cunniim  ?-  » 

P.  185,  1.  22.  Elles  se  trouvent  aussi).  Jean  Bodin, 
dans  son  Commentaire  du  De  venutione  d'Oppien 
auquel  Montaigne  fera  un  emprunt  tout  à  l'heure, 
accuse  Plutarque  d'affirmer  que  les  animaux  ne 
s'unissent  jamais  d'espèce  à  espèce,  et  il  prétend 
réfuter  cette  opinion  par  des  faits.  (Cf.  f°  80  v".) 
Platon  dans  les  Lois,  VIII,  soutient  la  thèse  que  Bodin 
prête  ici  à  Plutarque. 

P.  185,  1.  24.  L'elephant  corrival).  Cf.  Plutarque, 
Quels  animaux  sont  les  plus  advise:^  :  «  Quant  à  leurs 
amours  plusieurs  y  ont  esté  farouches  &  furieux, 
les  autres  y  sont  plus  doulx  &  plus  gracieux,  comme 
fut  celuy  qui  fut  corrival  du  grammairien  Aristo- 
phanes  en  l'amour  d'une  jeune  boucquettiere  en  la 
ville  d'Alexandrie,  &  ne  monstra  pas  l'Eléphant  moins 
son  affection  que  l'homme,  car  se  promenant  par  le 
marché  où  Ion  vendoit  des  fruicts,  il  en  prenoit  avec 
sa  trompe,  &  les  luy  portoit,  &  puis  se  tenoit  long 
temps  devant  elle,  &  luy  mettoit  quelquefois  sa 
trompe    dedans    le    sein    par    dessoubs    son    collet, 


comme  si  c'eust  esté  une  main,  &  luy  tastoit  le  tetin 
&  ce  qu'elle  avoit  de  beau  sur  l'estomach.  Il  y  eut 
aussi  un  Dragon  qui  fut  amoureux  d'une  jeune  fille 
d".iEtolie,  et  la  venoit  veoir  la  nuict,  se  coulant  tout 
doulcement  au  long  d'elle  &  l'entortilloit  sans  luv 
faire  mal  ny  desplaisir  aucun,  ny  volontairement, 
ny  autrement,  &  puis  se  departoit  d'avec  elle  tout 
bellement  environ  l'aube  du  jour.  Je  ne  vous  parlerav 
point  de  l'Oye  qui  fut  amoureux  d'un  jeune  enfant,  en 
la  ville  d'Asope,  ny  du  Bellier  aussi  qui  feit  l'amour 
à  une  jeune  menestriere  nommée  Glaucia,  pour  ce 
que  ce  sont  choses  toutes  notoires.»  (xviii,  f"  516  r°.) 

P.  i8é,  1.  7.  Des  magots).  Bouaystuau  dans  une 
de  ses  Histoires  prodigieuses  (xxi),  aussitôt  après  avoir 
rapporté  d'après  Plutarque  l'exemple  de  l'éléphant 
amoureux  d'une  bouquetière,  parle  lui  aussi  de  singes 
amoureux  de  femmes.  Il  n'est  pas  impossible  que 
cette  association  de  faits  soit  due  à  une  réminiscence 
de  Bouaystuau. 

P.  186,  1.  9.  Oppiauus).  Dans  le  De  venatione,  i, 
236,  que  Montaigne  a  sans  doute  lu  dans  la  traduc- 
tion latine  de  Bodin,  1555. 

P.  186,  1.  13.  Nec  habetur).  «La  génisse  se  livre 
sans  honte  à  son  père  et  la  cavale  au  cheval  dont 
elle  est  née;  le  bouc  s'unit  aux  chèvres  qu'il  a  engen- 
drées, et  l'oiseau  féconde  l'oiseau  à  qui  il  a  donné 
l'être.»  (Ovide,  Métamorphoses,  X,  325.) 

P.  186,  1.  17.  Celle  du  mulet).  Cf.  Plutarque, 
Quels  animaux  sont  les  plus  advise:^  :  «  Le  sage  Thaïes . . . 
fut  fort  aise  d'avoir  descouvert  &  afiîné  la  ruse  d'un 
mulet  :  car  il  y  avoit  une  trouppe  de  mulets  qui 
portoient  du  sel  de  lieu  à  autre,  entre  lesquels  un 
en  passant  une  rivière  tomba  par  cas  fonuit  dedans 
l'eau  :  le  sel  aiant  esté  trempé  dedans  l'eau  se  fondit 
pour  la  plus  part,  de  manière  que  le  mulet  se  rele- 
vant se  trouva  fort  allégé  de  sa  charge,  &  en  comprit 
aussi  tost  la  cause,  qu'il  imprima  bien  en  sa  mémoire, 
tellement  que  toutes  &  quantes  fois  qu'il  passoit  la 
rivière  il  se  baissoit  expressément,  &:  trempoit  les 
vaisseaux  ou  estoit  contenu  le  sel  qu'il  portoit,  en 
se  couchant  tout  de  son  long  sur  un  costé  &  puis 
sur  l'autre.  Thaïes  ayant  entendu  sa  malice,  com- 
manda au  muletier  qu'au  lieu  de  sel  on  luy  emplist 
ses  vaisseaux  d'autant  pesant  de  laine  &  d'esponges. 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


<!s:  qu'on  les  luy  chargeas!  sur  le  dos,  &  qu'on  le 
chassast  quant  &  les  autres  :  il  ne  faillit  pas  à  faire 
comme  il  avoit  accoustumé,  &  aiant  rempli  ses  vais- 
seaux &  sa  charge  d'eau,  il  cogneut  que  sa  ruse  luy 
estoit  dommageable,  de  manière  que  de  là  en  avant 
il  se  teint  debout,  &  se  donna  bien  garde  qu'en 
passant  la  rivière  ses  vaisseaux  ne  touchassent  pas 
seulement  au  dessus  de  l'eau,  non  pas  mesme  mal-gré 
luy.  »  (xvi,  f"  515  r".) 

P.  187,  1.  I.  Les  foiinnis).  Id.,  ibid.  :  «Ils  (les 
fourmis)  estandent  au  dehors  à  l'air  leurs  grains 
&  semences  pour  les  esventer,  refreschir  &  sécher... 
quand  ils  voient  qu'ils  commancent  à  se  moj^sir, 
&  à  sentir  le  rance,  &  qu'ils  craignent  qu'ils  ne  se 
corrompent  &  pourrissent,  mais  la  caution  &  préven- 
tion dont  ils  usent  à  ronger  le  grain  du  froument, 
surpasse  toute  imagination  de  prudence  humaine, 
par  ce  que  le  froument  ne  demeure  pas  toujours  sec, 
ny  sain,  ains  s'amollit,  &  se  resoult  &  destrempe 
comme  en  laict,  se  tournant  à  germer  &  produire  : 
parquoy  de  peur  qu'il  ne  devienne  semence,  &  perde 
sa  nature  &  propriété  de  monition  pour  leur  nour- 
riture, ils  rongent  le  bout  par  où  le  germe  a  accou.s- 
tumé  de  sortir.  »  (xi,  f°  513  r°.) 

P.  187,  1.  18.  Oiiando  Iconi).  «Quand  un  lion  a-t-il 
arraché  la  vie  à  un  lion  moins  vaillant?  Dans  quel 
bois  jamais  un  sanglier  a-t-il  expiré  sous  les  défenses 
d'un  autre  sanglier  plus  fort?»  (Juvénal,  xv,  léo.) 

P.  187,  1.  24.  Sœpe  duobtis).  «  Souvent  entre  deux 
rois  (nous  dirions  reines  aujourd'hui)  s'élève  une 
grande  querelle;  nous  laissons  à  penser  dès  lors  la 
fureur  guerrière  dont  le  peuple  est  animé.  »  (Virgile, 
Géorgiqties,  iv,  67.) 

P.  188,  1.  4.  Fulgiir  ihi).  «  L'acier  renvoie  ses 
éclairs  au  ciel,  et  toute  la  campagne  à  l'entour  brille 
de  l'éclat  de  l'airain  ;  sous  le  pas  des  soldats,  la  terre 
tremble,  et  les  monts  voisins  renvoient  jusqu'aux 
astres  les  clameurs  dont  ils  sont  frappés.  »  (Lucrèce, 
II,  325.)  Fitlgur  est  donné  par  le  texte  de  l'édition 
Lambin. 

P.  188,  I.  12.  Paridis).  «On  raconte  que  l'amour 
de  Paris  causa  une  guerre  terrible  entre  les  Grecs  et 
les  Barbares.  »  (Horace,  Épîtres,  I,  11,  6.) 

P.  188,  1.  25.  Qnod fiililit).  «  Parce  qu'Antoine  fait 


l'amour  à  Glaphyre,  Fulvie  m'impose  comme  un 
devoir  de  lui  faire  aussi  l'amour.  Que  je  le  fasse  à 
Fulvie!  Faudra-t-il  le  faire  également  à  Manius,  s'il 
le  demande?  Non  pas,  que  je  sache.  —  Ou  l'amour, 
ou  la  guerre,  dit-elle.  —  Comment  donc?  Si  la  vie 
m'est  moins  chère  que  mon...  Sonnez,  trompettes.  » 
Vers  attribués  à  Augu.ste  et  conservés  par  Martial 
{Epigraiiniiis ,  XI,  xxi,  3.)  On  peut  voir  l'imitation 
discrète  qu'en  a  faite  Fontenelle  dans  ses  Dialogua 
des  morts.  Au  cinquième  vers  les  éditions  que  j'ai 
consultées  écrivent  toutes  :  quid  quod  mihi  vita... 

P.  189,  1.  2.  Fous  m'en  ave:^  donné).  Fous  repré- 
sente la  princesse  à  laquelle  l'Apologie  de  Sehond  était 
dédiée.  Montaigne  .s'adressera  à  elle  de  nouveau  plus 
loin,  p.  304,  1.  13.  Sur  la  foi  d'une  note  de  Jamet 
on  pense  généralement  que  c'est  Marguerite  de 
Navarre,  femme  de  Henri  de  Navarre.  Miss  Grâce 
Norton  estime  que  c'est  Catherine  de  Bourbon,  sœur 
du  même  prince.  (Cf.  Studics  in  Montaigne,  p.  51.) 
Les  preuves  font  défaut  pour  décider  la  question. 
A  l'hypothèse  de  miss  Norton  on  objectera  sans 
doute  que  Catherine  de  Bourbon  était  protestante, 
et  que  l'essai  semble  adressé  à  une  catholique.  Pour 
ce  qui  concerne  cette  phrase  le  sens  en  est  obscur. 
Je  crois  qu'il  faut  y  voir  une  excuse  de  Montaigne 
pour  la  liberté  de  la  citation  de  Martial  qu'il  vient 
de  faire.  Dans  une  œuvre  dédiée  à  une  princesse  on 
devrait  se  montrer  plus  retenu,  semble  dire  Mon- 
taigne. Mais  quoi!  cette  phrase  licencieuse  est  en 
latin,  et  en  latin  vous  m'avez  tout  permis.  D'autres 
comprennent  que  Montaigne  s'excuse  de  parler  latin 
à  une  princesse  qui  n'entend  pas  cette  langue;  mais 
pourquoi  cette  excuse  vient-elle  après  la  citation  de 
Martial  plutôt  qu'à  la  suite  de  tant  d'autres  citations 
qui  ont  précédé  celle-ci  ?  Et  puis  l'expression  «  liberté 
de  conscience  »  est  beaucoup  plus  favorable  à  la  pre- 
mière explication  qu'à  la  seconde. 

P.  189,  I.  4.  Oiiam  miilti).  «Comme  les  Hots 
innombrables  qui  roulent  sur  la  mer  de  Libye,  quand 
le  fougueux  Orion,  au  retour  de  l'hiver,  se  plonge 
dans  les  eaux,  ou  comme  les  épis  pressés  que  dore 
le  soleil  d'été,  soit  dans  les  champs  de  l'Hermus, 
soit  dans  la  féconde  Lycie,  les  boucliers  résonnent  et 
la  terre  tremble  sous  le  pas  des  guerriers.  »  (Virgile, 


228 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


En.,  VII,  718.)  Le  texte  de  Montaigne  est  conforme 
à  celui  de  son  édition  de  Venise,  1539,  f°  112  v°. 

P.  189,  1.  10.  Unefoniiillieic).  La  même  image  se 
retrouve  dans  Lucien,  Dialogues,  xlvi,  19,  et  surtout 
chez  Sénèque,  dans  la  préface  des  Questions  naturelles 
qui  va  fournir  à  Montaigne  la  citation  qui  suit. 

P.  189,  1.  12.  It  iiignim).  «Le  noir  bataillon 
s'avance  dans  la  plaine.  »  (\'irgile.  En.,  IV,  404.) 
Citation  prise  à  la  préface  des  Questions  naturelles  de 
Sénèque  où  elle  a  la  même  application  morale  que 
chez  Montaigne. 

P.  189,  1.  21.  Sertorius).  Cf.  Plutarque,  Fie  de 
Sertorius,  vi,  f°  404  r°.  Montaigne  se  trompe  :  ce 
n'est  pas  Pompée  que  Sertorius  battit  ainsi,  mais  un 
peuple  appelé  les  Characitaniens. 

P.  189, 1. 22.  Euwenes).  Id.,  Vie d'Eumems ,i" ^\6  \°. 

P.  189,  1.  22.  Sureiia).  Id.,  Vie  de  Marcus  Crassus, 
{"  389  v°. 

P.  189,  1.  24.  Hi  motus).  «  Ces  grandes  colères 
et  ces  terribles  combats,  une  poignée  de  poussière 
les  calmera.  »  (Virgile,  Georg.,  iv,  86.)  Le  texte  est 
celui  de  l'édition  de  Venise,  1539,  f"  35  r°. 

P.  189,  1.  27.  Les  Port  liguais).  Cf.  Goulard,  Histoire 
du  Portugal  :  «  Barrigue  fit  une  autre  course  jusques 
aux  portes  d'une  ville  du  territoire  de  Xiatime  nom- 
mée Tanly.  Les  habitants  qui  se  voyoyent  en  extrême 
danger  apportèrent  sur  les  murailles  &  mirent  le  feu 
en  une  infinité  d'exaims  d'abeilles  dont  le  pals  est 
riche  :  tellement  que  les  Portugallois  bruslez  du  feu 
&  picquez  vivement  de  ces  mouches  furent  contrains 
.se  retirer,  &  y  en  eut  qui  receurent  des  coups  de 
main,  afin  qu'ils  ne  se  plaignissent  pas  d'avoir  esté 
chassez  par  les  mouches  seulement.  Barrigue  fut  du 
nombre.  »  (VIII,  .\ix,  f'^  244  v°.) 

P.  190,  1.  6.  Les  aines  des  Empereurs).  Rapprocher 
La  Boétie,  Contr'nn  :  «  S'il  y  a  rien  de  clair  ni  d'ap- 
parent en  la  nature  et  où  ne  soit  pas  permis  de  taire 
l'aveugle,  c'est  cela  que  la  nature,  la  ministre  de  Dieu, 
en  la  gouvernance  des  hommes,  nous  a  tous  faits 
de  même  forme,  et,  comme  il  semble,  en  mesme 
moule.  »  {Œuvres  de  La  Boétie,  1892,  p.  15.) 

P.  190,  1.  18.  Le  Roy  Pyrrhus).  Cf.  Plutarque, 
Quels  animaux  sont  les  plus  advise:^  :  «  Pyrrhus  allant 
par  pais  rencontra  un  chien  qui  gardoit  le  corps  de 


son  maistre  que  Ion  avoit  tué,  &  entendant  des  habi- 
tans  qu'il  y  avoit  desja  trois  jours  qu'il  estoit  au  près 
sans  en  bouger,  &  sans  boire  ny  manger,  commanda 
que  Ion  enterrast  le  mort,  &  amenast  le  chien  quant 
&  luy,  &:  qu'on  le  traittast  bien.  Quelques  jours 
après  on  vint  à  faire  la  monstre  &  reveuë  des  gents 
de  guerre,  passants  par  devant  le  Roy  qui  estoit  assis 
en  sa  chaire,  &  avoit  le  chien  au  près  de  luy,  lequel 
ne  bougea  aucunement  jusques  à  ce  qu'il  apperçeut 
les  meurtriers  qui  avoient  tué  son  maistre,  ausquels 
il  courut  sus  incontinent  avec  grands  abbois  &  grande 
aspreté  de  courroux,  en  se  retournant  souvent  devers 
Pyrrhus,  de  manière  que  non  seulement  le  Roy,  mais 
aussi  tous  les  assistans  entrèrent  en  suspicion  grande, 
que  ce  dévoient  estre  ceulx  qui  avoient  tué  son 
maistre  :  si  furent  arrestez  prisonniers,  &  leur  procès 
fait  là-dessus,  joinct  quelques  autres  indices  &  pre- 
sumptions  que  Ion  eut  d'ailleurs  alencontre  d'eulx, 
tellement  qu'à  la  fin  ils  advouërent  le  meurtre,  &  en 
furent  punis  :  autant  en  feit  le  chien  du  sage  Hésiode, 
à  ce  que  Ion  dit,  ayant  convaincu  les  enfans  de 
Ganystor  Naupactien  d'homicide  commis  en  la  per- 
sonne de  son  maistre.  Mais  ce  que  noz  pères  ont  veu 
estants  aux  estudes  à  Athènes,  est  encore  plus  évident 
que  tout  ce  que  nous  avons  dit.  C'est,  qu'un  .sacrilège 
s'estant  coulé  dedans  le  temple  d'^Esculapius  y 
derobba  les  plus  beaux  &  les  plus  riches  joyaux  d'or 
&  d'argent  qui  y  fussent,  &  pensant  n'avoir  esté 
descouvert  ny  apperçeu  de  personne,  trouva  moien 
de  s'en  sortir  :  le  chien  qui  estoit  pour  la  garde  du 
temple  que  Ion  appeloit  Capparos  feit  bien  son  devoir 
d'abbayer,  mais  voyant  que  personne  des  marguilliers 
ne  venoit,  il  se  meit  à  poursuivre  &  aller  après  le 
sacrilège  qui  .s'en  fuyoit  :  &  combien  qu'il  luy  jettast 
des  pierres,  non  pour  cela  il  ne  laissoit  pas  de  le 
poursuivre  tousjours  :  quand  le  jour  fut  venu,  il  ne 
s'approcha  pas  près  de  luy,  ains  le  suyvit  tousjours 
de  l'œil,  ne  le  perdant  jamais  de  veuë  :  s'il  luy  jettoit 
du  pain  à  manger  il  n'en  vouloit  point  :  s'il  se  cou- 
choit  la  nuict  pour  dormir,  il  demouroit  toute  la 
nuict  auprès  de  luy,  puis  quand  il  se  levoit  le  matin 
pour  cheminer,  il  se  remettoit  à  le  suyvre  :  aussi  s'il 
rencontroit  des  passants,  il  les  caressoit,  è\:  leur  foi- 
soit   feste  à  tous  de  la  cucuc  :   &  au   contraire   il 


LIVRF,      II,      CHAPITRE      XH. 


229 


abbayoit  fort  asprement  au  larron,  &  luy  couroit 
sus  :  quoy  entendu,  ceulx  qui  eurent  la  charge  d'aller 
après  pour  chercher  le  sacrilège,  s'informans  de  ceulx 
qu'ils  rencontroient  par  le  chemin,  de  quelle  grandeur 
&  de  quel  poil  estoit  le  chien,  continuèrent  leur 
poursuite  de  tant  plus  chaudement,  tant  qu'ils  attrap- 
perent  le  larron  en  la  ville  de  Crommyon,  de  la  où 
ils  le  ramenèrent  à  Athènes,  le  chien  marchant  devant 
eulx,  faisant  la  plus  grande  feste,  &  démenant  la 
plus  grand'  joye  du  nionde,  comme  s'il  se  fust  glo- 
rifié d'avoir  esté  cause  de  faire  prendre  le  larron. 
Les  Athéniens  ayants  entendu  toute  la  vérité  du  faict, 
ordonnèrent  qu'il  auroit  du  public  certaine  mesure 
de  bled  poitr  le  nourrir,  &  enjoignirent  aux  presbtres 
du  temple  d'en  avoir  le  soing.  »  (xin,  f°  514  r".) 

P.  191,  1.  19.  Apion  recite).  Cf.  Aulu-Gelle,  Nuits 
atiiqiies  :  «  Hoc  autem  quod  in  lib.  .£g}-ptiacoruai  V 
scripsit,  neque  audisse,  neque  legisse,  sed  ipsum  sese 
in  urbe  Roma  vidisse  oculis  suis  confirmât  :  In  circo 
maximo,  inquit,  venationis  amplissimœ  pugna  populo 
dabatur.  Ejus  rei  (Romœ  cùm  forte  essem)  spectator, 
inquit  fui.  Multit  ibi  sœvientes  fera;,  magnitudine 
bestiarum  excellentes,  oumiùmque  inusitata  aut  forma 
erat,  aut  ferocia.  Sed  pra^ter  alia  omnia  leonum, 
inquit  immanitas  admirationi  fuit  :  prœtérque  omnes 
Cîeteros,  unius.  Is  unus  leo  corporis  impetu,  vasti- 
tudine,  terrificôque  fremitu  &  sonoro,  toris,  comisque 
cervicum  fluctuantibus,  animos  oculôsque  omnium 
in  sese  converterat.  Introductus  erat  inter  complureis 
cœteros  ad  pugnam  bestiarum  Dacus  ser\us  viri 
consularis.  Ei  servo  Androdus  nomen  fuit.  Hune  ille 
leo  ubi  vidit  procul,  repente,  inquit,  quasi  admirans 
stetit  :  ac  deinde  sensim  atque  placide,  tanquam 
noscitabundus  ad  hominem  accedit.  Tum  caudam, 
more  atque  ritu  adulantium  canum,  clementer, 
&  blandè  movet  :  hominisque  sese  corpori  adjungit  : 
cruràque  ejus,  &  manus  propè  jam  exanimati  metu, 
lingua  leniter  demulcet.  Homo  Androdus  inter  illa  tam 
atrocis  fera;  blandimenta  amissum  animum  récupérât  : 
paulatimque  oculos  ad  contuendum  leonem  refert. 
Tum  quasi  mutua  recognitione  facta,  la:tor,  inquit, 
&  gratulabundos  videres  hominem,  &  leonem.  Ea  re 
prorsus  tam  admirabili,  maximos  populi  clamores 
excitatos  dicit,  arcessitumque  à  Cssare  Androdum, 


quaisitàmque  causam,  cur  ille  atrocissimus  leonum 
uni  parsisset.  Androdus  rem  mirificam  narrât,  atque 
admirandam  :  Cùm  provinciam,  inquit,  Proconsulari 
imperio  meus  dominus  obtineret,  ego  ibi  iniquis 
ejus,  6c  quotidianis  verberibus  ad  fugam  sum  coactus  : 
&  ut  mihi  à  domino  terra;  illius  prœside  tutiores 
latebne  forent,  in  campomm,  &  arenamm  solitudines 
concessi  :  ac  si  defuisset  cibus,  consilium  fuit  mortem 
aliquo  pacto  qucerere.  Tum  sole,  inquit,  medio  rapido, 
&  fiagranti,  specum  quandam  nactus  remotam  late- 
brosdmque,  in  eam  me  penetro,  &  recondo  :  neque 
multô  post  ad  eamdem  specum  venit  hic  leo  debili 
uno  &  cruento  pede,  gemitus  edens,  &  murmura, 
dolorem,  cruciatumque  vulneriscommiserantia.  Atque 
illic  primo  quidem  conspectu  advenientis  leonis  terri- 
tum  sibi,  &  parefictum  animum  dixit,  sed  postquam 
introgressus,  inquit,  leo  (uti  re  ipsa  apparuit)  in 
habitaculum  illud  suum,  videt  me  procul  delitescen- 
tem,  mitis  &  mansuetus  accessit,  &  sublatum  pedem 
ostendere  mihi,  &  porrigere,  quasi  opis  petenda; 
gratia,  visus  est.  Ibi,  inquit,  ego  stirpem  ingentem 
vestigio  pedis  ejus  ha;rentem  revulsi,  conceptamque 
saniem  vulnere  intimo  expressi  :  accuratiiisque,  sine 
magna  jam  formidine,  siccavi  penitus,  atque  detersi 
cruorem.  Ille  tune  mea  opéra,  &  medela  levatus, 
pede  in  manibus  meis  posito  recubuit,  &  requievit  : 
atque  ex  eo  die  triennium  totum  ego  &  leo  in  eadem 
specu  eodémque  victu  viximus.  Nam  quas  venabatur 
feras,  membra  opimiora  ad  specum  mihi  suggerebat  : 
qua;  ego,  ignis  copiam  non  habens,  sole  meridiano 
torrens,  edebam.  Sed  ubi  me,  inquit,  vitîe  illius 
ferinae  jam  pertassum  est,  leone  in  venatum  profecto, 
reliqui  specum  :  &  viam  fermé  tridui  permensus,  à 
militibus  visus,  apprœhensusque  sum,  &  ad  dominum 
ex  Africa  Romam  deductus.  Is  me  statim  rei  capitalis 
damnandum,  dandùmque  ad  bestias  curavit.  Intelligo 
autem,  inquit,  hune  quoque  leonem  me  tune  separato 
captum,  gratiam  nunc  mihi  beneficii  &  medicince 
referre.  »  (V,  xiv,  p.  144.)  Le  même  fait  se  retrouve 
dans  les  Épîlres  dorées  de  Guevara,  dans  les  Diverses 
leçons  de  Âlessie,  dans  les  Histoires  prodigieuses  de 
Bouaystuau,  xxix;  mais  Montaigne  suit  exactement 
le  texte  d'Aulu-Gelle. 

P.  193,  1.  15.  Nous  voyons).  LL,  ibid.  :   «  Postea,. 


ESSAIS      DE      MOXTAIGXE. 


inquit,  videbamus  Androdum  &  leonem  loro  tenui 
revinctum,  urbe  tota  circum  tabernas  ire  :  donari  xre 
Androdum,  floribus  spargi  leonem,  omnésque  ferè 
ubique  obvies  dicere  :  Hic  est  leo,  hospes  iiominis  : 
hic  est  homo,  medicus  leonis.  »  (P.  146.) 

P.  193,  1.  23.  Post,  beUator).  «Ensuite  vient  Ethon, 
son  cheval  de  bataille,  dépouillé  de  ses  ornements,  et 
qui  pleure  à  grosses  larmes.»  (Virgile,  Eu.,  XI,  89.) 

P.  194, 1.  3.  L'escare).  Cf.  Plutarque,  Quels  animaux 
sont  les  plus  advise:^  :  «  Comme  font  les  Barbiers  et  les 
Scares,  car  quand  un  Scare  a  avallé  l'hameçon,  les 
autres  ses  compagnons  saultent  alentour  et  rongent 
la  ligne,  et  si  d'adventure  il  y  en  a  un  qui  ait  donné 
dedans  la  nasse,  ses  compagnons  lui  baillent  la  cueuë 
par  dehors,  &  luy  la  serre  tant  qu'il  peult  à  belles 
dents,  les  autres  tirent  tant  qu'ils  l'entrainent  dehors  : 
mais  les  Barbiers  secourent  leurs  compagnons  encore 
plus  magnanimement,  car  mettans  la  ligne  contre 
leur  dos,  ils  dressent  une  espine  qu'ils  y  ont  dentelée 
comme  une  sie,  &  s'efforcent  de  la  sier  et  coupper 
avec  icelle.  »  (xxv,  f°  518  v°.) 

P.  194,  1.  13.  La  baleine).  IiL,  ihid.  :  «Et  celuy 
qui  s'appelle  la  guide,  qui  est  un  petit  poisson  de 
grandeur  &  de  facen  presque  semblable  au  goujon  de 
mer...  il  est  tousjours  avec  quelque  grande  Baleine 
nageant  devant  pour  la  diriger  &  conduire,  comme 
un  pilote,  de  peur  qu'elle  ne  s'aggrave  en  quelque 
platis  où  la  mer  soit  basse,  ou  en  quelque  vase,  ou 
qu'elle  ne  donne  en  quelque  destroit,  dont  elle  ne 
puisse  sortir  puis  après.  La  haleine  le  suit,  se  laissant 
mener  &  tourner  à  luy,  aussi  facilement  que  le  timon 
fait  tourner  la  navire,  Toute  autre  chose  qui  entre 
dedans  le  chaos  de  la  bouche  de  ce  monstre  marin, 
soit  beste,  ou  vaisseau,  ou  pierre,  est  incontinent 
englouty  et  perdu  au  fond  de  ceste  abysme,  mais 
cognoissant  ce  petit  poisson,  elle  le  reçoit  en  sa 
bouche,  comme  si  c'estoit  une  ancre,  car  il  dort  là 
dedans,  &  le  monstre  s'arreste  ce  pendant  qu'il  repose, 
puis  quand  il  sort,  il  se  remet  à  le  suivre  sans  jamais 
l'abandonner,  ny  jour  ny  nuict,  autrement  il  s'esgare 
&  va  errant  ça  et  là  sans  conduitte,  &  y  en  a  eu 
plusieurs  qui  se  sont  ainsi  perdues,  ayants  donné 
à  travers  la  coste,  comme  un  vaisseau  qui  n'a  point 
de  gouvernail,  car  nous  mesmes  en  avons  veu  en  | 


l'isle  d'Anticyre,  il  n'y  a  pas  long  temps.  »  (xxxi, 
fo  521  r".) 

P.  194,  1.  24.  Pareille  société).  Id.,  ibid.  :  «  Le  plus 
ferouche  animal,  &  le  plus  cruel  qui  vive  en  toutes 
les  rivières,  en  tous  les  lacs  &  estangs,  &  en  toutes 
les  mers,  le  crocodile,  se  monstre  merveilleusement 
social  &  compagnable  en  ce  qu'il  a  à  demesler  avec 
le  petit  roytelet,  qui  est  un  petit  oyselet,  hantant 
ordinairement  au  long  des  marets  et  des  rivières.  Il 
fait  le  guet,  &  sert  de  garde  au  crocodile,  non  pas 
à  ses  despens,  mais  aux  despens  du  crocodile,  car  il 
vit  de  son  dessert,  &  quand  il  voit  que  l'ichneumon 
s'arme  &  se  piastre  le  corps  de  limon,  comme  un 
champion  de  lucte  qui  se  pouldre  les  mains  à  hn 
d'avoir  meilleure  prise  sur  son  compagnon,  pour 
assaillir  d'aguet  en  surprise  le  crocodile  dormant,  il 
l'esveille  de  son  chant,  &  de  son  bec  dont  il  le  va 
piccotant,  et  le  Crocodile  est  si  doulx  &  si  privé 
envers  luy,  qu'il  luy  ouvre  la  gueule  grande,  et  le  laisse 
entrer  dedans,  estant  bien  aise  qu'il  aille  recueillant 
les  petits  morceaux  de  chair  qui  luy  sont  demourez 
entre  les  dents,  &  qu'il  les  arrache  tout  doulcement 
avec  son  bec  :  puis  quand  c'est  assez  à  son  gré, 
&  qu'il  veult  refermer  sa  bouche  &  la  clorre,  il 
baisse  un  petit  sa  machouere  de  dessus,  luy  monstrant 
par  signe  qu'il  sorte,  &  ne  la  rabat  jamais  du  tout, 
qu'il  ne  sente  que  le  petit  oyselet  s'en  soit  envolé.  » 
(xxxi,  f"  521  r".) 

P.  195,  1.  4.  Cette  coquille).  Id.,  ibid.  :  «  Ce  Pinno- 
there  doncques  est  un  petit  animal  de  la  sorte  d'un 
cancre,  à  ce  que  Ion  dit,  lequel  vit  et  se  tient  tousjours 
avec  la  Pinne,  qui  est  ceste  espèce  de  grande  coquille 
que  nous  appelions  Nacre,  &  demeure  tousjours 
comme  un  portier  assis  à  l'ouverture  de  ceste  coquille, 
laquelle  il  tient  continuellement  entre-baillée  &  ou- 
verte, jusques  à  ce  qu'il  y  voye  entrer  quelques  petits 
poissons  de  ceulx  qu'ils  peuvent  bien  prendre  :  car 
alors  il  entre  au  dedans  de  la  Nacre  &  luy  mord  la 
chair,  elle  incontinent  ferme  sa  coquille,  &  lors  eulx 
deux  ensemble  mangent  leur  proye  enfermée  dedans 
leur  fort.  »  (xxx,  f"  520  v°.) 

P.  195,  1.  13.  Quant  à  l'Astrologie).  Id.,  ibid.  :  «  Le 
Thun  scait  6c  sent  si  bien  les  solstices  &  les  a;qui- 
nocces,  que  mesme  il  les  enseigne  à  l'homme,  sans  que 


LIVRE      II,      CHAPITRE      Xll. 


231 


pour  cela  il  ait  besoing  de  règles  d'Astrologie  :  car 
il  demeure  au  lieu  où  le  solstice  d'hyver  le  surprent, 
&  n'en  bouge  jusques  à  l'equinocce  ensuivant...  Mais 
pource  que  nous  avons  desja  exposé  la  Mathématique 
et  Astrologique  prescience  &  cognoissance  qu'ont  les 
poissons  de  la  conversion  du  Soleil,  laquelle  est  confir- 
mée par  le  tesmoignage  mesme  d'Aristote,  escoutez 
maintenant  comment  ils  sçavent  bien  aussi  la  science 
d'Arithmétique,  ou  bien  certes  premièrement  la  pers- 
pective... Ils...  font  tousjours  leur  bande  de  figure 
cubique,  c'est  à  dire  quarree  en  tout  sens,  &  en 
dressent  un  corps  de  battaillon  solide,  clos  &  envi- 
ronné tout  alentour  de  six  faces  toutes  égales,  puis 
nagent  en  ceste  ordonnance  quarree,  autant  large 
derrière  que  devant...  de  sorte  que  celuy  qui  est  au 
guet  pour  espier  leur  venue,  s'il  peult  seulement 
nombrer  certainement  combien  ils  sont  en  la  face 
qui  luy  apparoist,  peult  incontinent  dire  combien  ils 
sont  en  tout  le  corps  de  la  trouppe,  estant  asseuré 
que  le  nombre  de  la  profondeur  est  égal  à  la  largeur, 
&  la  largeur  à  la  longueur.  »  (xxix,  f°  520  r°.) 

P.  195,  1.  25.  Ce  faicl  du  grand  chien).  Id.,  ibid.  : 
«  On  raconte  d'un  chien  Indique,  des  plus  excellents 
qui  fussent  en  tout  le  pai's,  que  Ion  envoya  par 
singularité,  pour  le  faire  combattre  devant  le  Roy 
Alexandre,  que  quand  on  lu}'  lascha  un  cerf  premiè- 
rement, &  puis  un  sanglier,  &  puis  un  ours,  il  n'en 
feit  compte,  &  ne  s'en  daigna  pas  remuer  de  sa  place, 
mais  quant  il  veit  un  Lion  qu'on  luy  présenta,  alors 
il  se  dressa  incontinent  sur  ses  pieds,  &  se  prépara 
pour  le  combattre,  déclarant  manifestement  qu'il 
estimoit  celuy  là  seul  digne  de  combattre  contre  luy, 
&  qu'il  mesprisoit  tous  les  autres.  »  (xv,  f°  515  r°.) 

P.  196,  1.  4.  D'un  éléphant).  Cf.  Arrien  :  «Us  dient 
qu'il  s'en  est  trouvé  un,  qui  après  avoir  tué  estant 
en  furie  son  gouverneur,  entra  en  tel  regret,  qu'il 
ne  voulut  manger  oncques  puis,  et  se  laissa  mourir.  » 
(P.  327.) 

P.  19e,  1.  7.  On  recite  d'un  tygre).  Cf.  Plutarque, 
Quels  animaux  sont  les  plus  advise:^^  :  «  On  conte  aussi 
d'un  Tigre  à  qui  Ion  avoit  baillé  un  petit  chevreau, 
qu'il  jeûna  deux  jours  devant  que  de  luy  toucher, 
&  qu'encore  au  troisième  jour  ayant  faim  il  demanda 
autre   pasture,    en    déchirant    la    cage    où    il    estoit 


enfermé,  ne  se  voulant  point  prendre  au  chevreau, 
comme  estant  ja  son  domestique  &  familier  compa- 
gnon. »  (xx,  f''  517  r°.) 

P.  196,  1.  lé.  Des  halcyons).  Id.,  ibid.  :  «  De  quelle 
espèce  d'animaux  ont  jamais  les  Dieux  tant  honoré 
les  couches  (des  alcyons)  la  naissance  &  les  enfan- 
temens?  car  on  dit  qu'il  n'y  eut  que  une  seule  Isle 
de  Delos  qui  receust  l'enfantement  de  Latone,  laquelle 
Isle  estant  au  paravant  vagante  en  a  depuis  esté 
affermie,  la  où  Dieu  a  voulu  que  toute  la  mer  fust 
arrestée,  affermie  &  aplanie  sans  vagues,  sans  vents, 
et  sans  pluye,  ce  pendant  que  l'Halcyone  fait  ses 
petits,  qui  est  justement  environ  le  Solstice,  le  plus 
court  jour  de  l'an  :  au  moien  dequoy  il  n'y  a  point 
animal  que  les  hommes  aiment  tant  que  cest  oiseau, 
par  lequel  ils  ont  sept  jours  et  sept  nuicts  au  fin 
cœur  d'hyver  qu'ils  peuvent  sans  crainte  naviguer 
seurement,  leur  estant  lors  le  chemin  par  la  mer 
plus  asseuré  que  celuy  de  la  terre,  &  s'il  fault  dire 
un  peu  de  chascune  des  vertus  qu'elle  a,  la  femelle 
aime  si  foit  son  mar}-,  qu'elle  demeure  avec  luy, 
non  pour  une  saison  seulement,  mais  tout  au  long 
de  l'année,  &  reçoit  la  compagnie  de  son  masle,  non 
pour  ce  qu'elle  soit  honteusement  subjecte  à  ceste 
volupté,  car  elle  ne  se  mesle  jamais  avec  autre  masle, 
ains  seulement  pour  l'amour  &  affection  qu'elle  luy 
porte,  ne  plus  ne  moins  que  feroit  une  honeste 
dame  mariée  à  son  mar^-  :  car  quand  son  masle 
vient  à  estre  débile  pour  l'aage,  &  pesant,  de  sorte 
qu'il  ne  la  peult  plus  suivre,  alors  elle  le  soustient 
et  le  nourrit  en  sa  vieillesse,  ny  jamais  ne  le  laisse, 
ny  ne  l'abandonne  seul  en  façon  que  ce  soit,  ains  le 
chargeant  sur  ses  espaules,  le  porte  par  tout,  a  soing 
de  le  ser\-ir,  demeure  avec  luy  jusques  à  la  mort. 
Mais  pour  l'affection  qu'elle  porte  &  le  soing  qu'elle 
a  du  salut  de  ses  petits,  quand  elle  se  sent  pleine 
incontinent  elle  se  met  à  bastir  &  construire  son 
nid...  Il  seroit  bien  mal-aisé  à  croire,  qui  ne  l'auroit 
veu  à  l'œil,  ce  qu'elle  compose,  ou  pour  mieulx  dire 
qu'elle  fabrique,  comme  un  niaistre  charpentier  bas- 
tissant  une  navire  d'une  forme,  qui  seule  entre  toutes 
ne  se  sçauroit  renverser  ny  enfondrer  en  la  mer  :  car 
elle  va  premièrement  recueillir  les  espines  &  arestes 
d'un  poisson  qui  se  nomme  aiguille,  qu'elle  conjoint 


232 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


&  lie  ensemble,  les  entrelassant  les  unes  de  long, 
les  autres  de  travers,  ne  plus  ne  moins  que  sur 
l'estaim  on  jette  la  trame,  y  adjoustant  des  courbes 
&  arrondissemens  l'une  dedans  l'autre,  tellement 
qu'elle  en  forme  à  la  fin  un  vaisseau  rond,  prest  à 
vaguer  à  rames,  qui  pour  la  haulteur  ressemble  pro- 
prement à  un  ver\-eu  de  pescheur,  puis  quand  elle 
a  parachevé  de  le  construire,  elle  le  porte  au  batte- 
ment du  flot  marin,  là  où  la  mer  la  battant  tout 
doulcement  lui  enseigne  à  radoubber  ce  qui  n'est  pas 
bien  lié,  &  à  le  mieulx  fortifier  es  endroicts  où  elle 
voit  que  sa  structure  se  dément  &  se  lasche  pour  les 
coups  de  mer  :  &  au  contraire  ce  qui  est  bien  joint, 
le  battement  de  la  mer  le  vous  estraint  &  le  vous 
serre  de  sorte  qu'à  peine  le  sçauroit  on  rompre, 
dissouldre,  ny  endommager  à  coup  de  fer  ny  de 
pierre,  &  ce  qui  plus  encore  fait  à  admirer,  c'est  la 
proportion  &  la  figure  de  la  concavité  du  dedans  du 
vaisseau  :  car  elle  est  composée  &  proportionnée,  de 
manière  qu'elle  ne  peult  recevoir  ny  admettre  autre 
chose  que  l'oiseau  qui  l'a  bastie  :  car  à  toute  autre 
chose  elle  est  impénétrable,  close  &  fermée,  tellement 
qu'il  n'y  peult  rien  entrer,  non  pas  l'eau  de  la  mer 
seulement...  Quant  à  moy  (i')ay  veu,  manié  &  tenu 
plusieurs  fois  (ce  nid).  »  (xxxv,  f°  522  r''.) 

P.  198,  1.  13.  Qiiippe  videhis),  «En  effet,  vous 
verrez  de  vigoureux  coursiers,  quoique  profondément 
endormis,  suer,  haleter,  étendre  tous  leurs  muscles 
comme  pour  disputer  le  prix  de  la  course.  »  (Lucrèce, 
IV,    988.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin, 

P-  345- 

P.  198,  1.  20.  Venaiitimique  canes).  «  Souvent  au 
milieu  du  sommeil,  les  chiens  de  chasse  agitent  tout 
à  coup  les  pieds,  aboient,  et  aspirent  l'air  à  plusieurs 
reprises,  comme  s'ils  étaient  sur  la  trace  de  la  proie; 
souvent  même,  en  se  réveillant,  ils  continuent  de 
poursuivre  les  vains  simulacres  d'un  cerf  qu'ils  s'ima- 
ginent voir  fuir  devant  eux,  jusqu'à  ce  que,  revenus 
à  eux,  ils  reconnaissent  leur  erreur.  »  (Lucrèce,  IV, 
992.)  Le  te.xte  est  celui  de  Lambin,  p.  345. 

P.  199,  1.  3.  Consiteta  dotni).  «Souvent,  l'Iiôtc 
fidèle  &  caressant  de  nos  maisons,  le  chien  se  dresse 
en  sursaut  au  milieu  du  léger  sommeil  qui  alour- 
dissait ses  paupières,  parce  qu'il  a  cru  voir  une  forme 


étrangère  et  des  traits  inconnus.  »  (Lucrèce,  IV,  999.) 
Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin,  p.  345. 

P.  199,  1.  12.  Nous  en  fantasions).  Sur  cette  idée 
de  la  relativité  de  la  beauté,  Montaigne  avait  lu,  à 
l'époque  où  il  ajoute  ces  lignes,  ce  que  dit  Cicéron 
dans  le  De  nafitra  deoruni,  I,  xxvii-xxvm. 

P.  199,  1.  14.  Turpis  Romauo).  «Un  teint  belge 
serait  laid  dans  un  visage  romain.  »  (Properce,  II, 
xviii'',  26.) 

P.  199,  1.  16.  Chargent  de  gros  anneaux).  Cf.  Lopez 
de  Gotnara,  Histoire  générale  des  Indes  :  «  Ces  gens 
ici...  estoient  au  reste  forts  laids  aians  ceste  partie 
du  nez,  qui  divise  les  deux  narines,  si  longue  qu'elle 
pendoit  jusques  à  la  bouche,  &  avoient  en  icelle 
certains  anneaux  pendans,  qui  estoient  faits  d'ambre 
taillé,  ou  d'autre  chose  semblable.  Ils  avoient  aussi 
la  lèvre  de  dessoubs  percée,  &  en  cliaque  trou  des 
anneaux  d'or  et  des  turquoises  qui  n'estoient  gueres 
fines,  mais  pesoient  tant  qu'elles  faisoient  pendre 
contre  bas  la  lèvre  de  telle  façon  que  leurs  dents 
demeuroient  toutes  à  découvert.  »  (II,  xx,  f"  73  v°.) 

P.  199, 1.  20.  Au  Péru).  Id.,  ibid.,  IV,  m,  f°  276  r-'. 

P.  199,  1.  21.  Et  un  home  d'au  jourd'hui).  Cf. 
Raibi,  Viaggio  :  «  Le  donne  poi  hanno  per  bellezza 
lavere  l'orechie  forate  in  una  strana  maniera,  perche 
a  punto  neir  estremita,  dove  usano  di  forarle  anchora 
le  riostre,  fanno  loro,  fin  quando  sono  picciole,  e 
tenere  un'  apertura  molto  grande,  alla  quale  appen- 
dono  un  piombo,  perche  col  peso  suo  renda  il  foro 
tuttavia  maggiore,  onde  quella  carne  tenera  facile  ad 
arrendersi,  viene  col  tempo  ad  allargarsi  si  tanto, 
che  dentro  a  quel  foro  potrebbe  entrare  un  braccio. 
Et  quella  estremita  dell'  orechia  trece  aile  volte  tanto, 
che  scende  sino  su  le  spalle,  il  che  si  mette  in  conto 
di  maggior  bellezza,  prevalendo  questa  cosi  strana 
usanza  non  meno  ne  gli  huomini,  ciie  nelle  donne.  » 
(P.  76.) 

P.  199,  1.  25.  Des  nations).  Cf.  Lopez  de  Gomara, 
Histoire  générale  des  Indes,  IV,  m,  f°  276  r". 

P.  200,  1.  I.  Corne  dict  Pline).  Hist.  nat.,  VI,  xm. 

P.  200,  1.  2.  Les  Mexicanes).  Cf.  Lopez  de  Gomara, 
Histoire  générale  des  Indes  :  «  Les  femmes  mexicaines 
se  pèlent  et  oignent  toutes,  afin  de  n'avoir  aucun 
poil  ailleurs  que  sur  la  teste,  et  aux  sourcils.  Et  pour 


LIVRE      II,      CHAPITRE     Xll. 


233 


cette  cause  elles  estiment  une  chose  belle  d'avoir 
le  front  petit  et  plein  de  poil...  Elles  ont  les  mam- 
melles  grandes  et  si  longues  que  par  dessus  leurs 
espaules  elles  donnent  a  teter  à  leurs  enfants.  »  (II, 
Lxxxiv,  f°'  170  v°,  171  r°  et  v°.) 

P.  200,  1.  7.  Les  Italien!:).  On  peut  voir  dans  le 
Joiirual  de  Voyage  (p.  193)  le  portrait  d'une  femme 
que  Montaigne  trouve  belle  dans  le  goût  italien. 

P.  200,  1.  II.  Oite  Platon  attribue).  Cf.  Cicéron, 
De  natnra  deoniin,  I,  x.  Cicéron  foit  allusion  à  un 
passage  du  Tiiiiee,  p.  33.  (Ed.  de  1546,  p.  706.) 

P.  200,  1.  12.  Les  Epicuriens).  Li.,  ilnd. 

P.  200,  1.  18.  ^  multis).  «  Plusieurs  animaux  nous 
surpassent  en  beauté.»  (Sénèque,  ép.  124.) 

P.  200,  1.  24.  Prouaque).  «  Et,  tandis  que  les  autres 
animaux,  la  face  courbée,  regardent  la  terre.  Dieu 
éleva  le  front  de  l'homme,  lui  ordonna  de  contem- 
pler les  cieux  et  de  fixer  ses  regards  sur  les  astres.  « . 
(Ovide,  Metaiii.,  I,  84.) 

P.  201,  1.  8.  En  Platon).   Dans  le  Tintée,  passini. 

P.  201,  1.  8.  En  Cicero).  Dans  le  De  nat.  deonun, 
II,  Liv  et  suivants. 

P.  201,  I.  13.  Simia).  «Combien  le  singe,  le  plus 
laid  des  animaux,  nous  ressemble.  »  (Ennius  apud 
Ciceronem,  De  natiira  deoruni,  I,  xxxv.) 

P.  202, 1.  6.  Ille  quod  obscœnas).  «  Tel  pour  avoir  vu 
à  découvert  les  parties  secrètes  du  corps  de  l'objet  aimé, 
a  senti,  au  milieu  des  plus  vifs  transports,  s'éteindre 
sa  passion.  >>  (Ovide,  De  remédia  amoris,  429.) 

P.  202,  1.  14.  Nec  vénères).  «Et  nos  femmes  ne 
l'ignorent  pas;  aussi  ont-elles  grand  soin  de  cacher 
toutes  ces  arrière-scènes  de  la  vie  à  ceux  qu'elles 
veulent  retenir  et  enchaîner  dans  leur  amour.  » 
(Lucrèce,  IV,  11 82.) 

P.  203,  1.  6.  La  Philosophie).  Cf.  Plutarque,  Des 
communes  conceptions  contre  les  Stoiques  :  «  La  belle 
forme  &  disposition  du  corps  &  la  santé,  selon  les 
Stoïques,  n'apporte  aucun  profit  ny  accroissement  à  la 
félicité.  Et  neantmoins  ceulx-cy  permutent  &  eschan- 
gent  la  sagesse  à  la  santé  :  car  ils  tiennent  qu'il  eust 
esté  convenable  à  Heraclitus  &  à  Pherecydes,  s'ils 
eussent  peu  quitter  la  vertu  &  la  sagesse,  si  par  là 
ils  eussent  peu  faire  cesser  leurs  maladies,  l'un  la 
pediculaire,  l'autre  l'hj'cfropisie.  Et  si  Cyrcé  versoit 


deux  breuvages,  l'un  qui  feist  devenir  les  hommes 
fols  de  sages,  &  l'autre  sages  de  fols,  Ulysses  eust 
deu  boire  plus  tost  celuy  de  la  folie,  que  de  changer 
sa  figure  humaine  en  forme  de  beste,  aiant  en  soy  la 
sagesse,  &;  par  conséquent  la  félicité  aussi  :  &  disent 
que  c'est  la  sagesse  &  prudence  mesme  qui  monstre 
&  enseigne  cela,  &  les  admoneste  ainsi,  Quitte  moy 
là  &  me  laisse  périr,  s'il  fault  que  je  sois  portée  ça 
&  là  en  forme  &  figure  d'asne.  »  (xi,  f°  577  r°.) 

P.  204, 1.  15.  Sacrâtes).  Cf.  Xénophon,  Mémorables  : 
«  Voluptates  quoque  venereas  cum  caïteris  animalibus 
determinasset  in  aliqua  parte  anni,  nobis  continue 
ad  senectutem  usque  prcestitisse.  »  (I,  iv,  X2.) 

P.  204,  1.  19.  Ut  vinuni).  «Le  vin  est  rarement 
bon  aux  malades,  et  très  souvent  il  leur  est  nuisible, 
aussi  vaut-il  mieux  ne  pas  leur  en  donner  du  tout, 
que  de  les  exposer  à  un  dommage  manifeste,  dans 
l'espoir  d'un  profit  douteux.  De  même  peut-être, 
serait-il  préférable  pour  l'espèce  humaine  que  la 
nature  lui  eût  refusé  cette  activité  de  pensée,  cette 
pénétration,  cette  industrie,  que  nous  appelons  raison 
et  qu'elle  nous  a  si  libéralement  accordée,  puisque 
cette  ficulté  n'est  salutaire  qu'à  un  petit  nombre  et 
fual  à  tous  les  autres.  »  (Cicéron,  De  natnra  deoruni, 
III,  xxvii;  t.  IV,  p.  235.) 

P.  205,  1.  9.  Foire  le  Grec).  Cf.  Corneille  Agrippa  : 
De  incertitudine  et  vanitate  scientiarum,  liv. 

P.  205,  1.  13.  Illiterati).  «Pour  être  illettré  est-on 
moins  vigoureux  aux  combats  de  l'amour?»  (Horace, 
Épodes,  VIII,  17.) 

P.  205,  1.  15.  Scilicet).  «Sans  doute  vous  échap- 
perez ainsi  à  la  maladie  et  à  la  décrépitude,  vous  ne 
connaîtrez  ni  le  chagrin,  ni  les  soucis,  vous  aurez 
une  vie  plus  longue  et  un  sort  meilleur.  »  (Juvénal, 
XIV,  156.) 

P.  206,  1.  8.  La  vieille  Rome).  Rapprocher  Mon- 
taigne, I,  XXV,  p.  186,  1.  12. 

P.  206,  1.  21.  Comme  dit  Epicurus).  Coste  voit  ici 
une  allusion  à  une  phrase  du  traité  de  Plutarque, 
Contre  l'épicurien  Colotcs  :  «  Il  (Colotès)  dit,  que 
ceulx  qui  ont  estably  les  loix  &  ordonnances,  qui 
ont  institué  les  Royautez  &  les  gouvernements  des 
Villes  et  Citez,  ont  oiis  la  vie  humaine  en  grand 
repos  &  grande  seureté,  &  l'ont  délivrée  de  grands 


234 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


troubles,  &  que  si  Ion  ostoit  cela,  nous  vivrions  une 
vie  de  bestes  sauvages,  &  que  l'un  mangeroit  l'autre, 
le  premier  qu'il  rencontreroit.  »  (xxvii,  f"  597  v°.) 
Si  vraiment  Montaigne  a  eu  ce  passage  en  vue,  sa 
mémoire  l'a  trahi,  car  le  sens  de  Plutarque  est  diffé- 
rent, et  de  plus  il  attribue  à  Épicure  ce  qui  appartient 
à  l'épicurien  Colotès. 

P.  207,  1.  I.  Eritis).  «Vous  serez  comme  des  dieux 
sachant  le  bien  et  le  mal.  »  (Genèse,  III,  v.)  La 
citation  se  trouve  chez  Corneille  Agrippa  :  De  inccr- 
titiidine  et  vanitate  scientiaruin,  i. 

P.  207,  1.  2.  Les  Sirènes).  Cf.  Cicéron,  De  finibiis  : 
«  Mihi  quidem  Homerus  hujusmodi  quiddam  vidisse 
videtur  in  iis  quœ  de  Sirenum  cantibus  finxerit. 
Neque  enim  vocum  suavitate  videntur,  aut  novitate 
quadam  &  varietate  cantandi  revocare  eos  solitœ,  qui 
prœtervehebantur  :  sed  quia  multa  se  scire  profite- 
bantur,  ut  homines  ad  earum  saxa  discendi  cupiditate 
adhsrescerent.  »  (V,  xviii;  t.  IV,  p.  99.)  Le  passage 
d'Homère  auquel  il  est  fait  allusion  se  trouve  dans 
y  Odyssée,  XII,  188. 

P.  207,  1.  4.  La  peste  de  l'boinDie).  Rapprocher 
cette  sentence  qui  figurait  sur  les  travées  de  la  biblio- 
thèque de  Montaigne  :  «  Cognoscendi  studium  homini 
dédit  Deus  ejus  torquendi  gratia»;  et  cette  autre 
encore  :  «  Vidisti  hominem  sapientem  sibi  videri  ? 
magis  illo  spem  habebit  insipiens.  »  (^Pmv.,  xxvi,  12.) 

P.  207,  I.  6.  Cavete  ne  quis).  «  Prenez  garde  qu'on 
ne  vous  trompe  sous  le  masque  de  la  philosophie 
et  par  de  fausses  apparences,  selon  la  doctrine  du 
monde.  »  (Saint  Paul,  Épître  aux  Cohssiens,  11,  8.) 
Pris  chez  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  VIII,  x. 

P.  207,  1.  II.  Ad  stimmnni).  «Pour  conclure  : 
le  sage  ne  voit  au-dessus  de  lui  que  Jupiter;  il  est 
riche,  libre,  honoré,  beau,  enfin  le  roi  des  rois,  d'une 
santé  florissante  surtout,  à  moins  toutefois  qu'il  n'ait 
la  pituite.  »  (Horace,  Éptlres,  I,  i,  106.)  Toutes  les 
éditions  du  xvi"  siècle  que  j'ai  pu  consulter  portent  : 
ad  siimmam. 

P.  207,  1.  16.  Ce  que  dit  Epidele).  Cf  Stobée, 
AntMogie  :  «  Tuum  auteni  quid  est  ?  Nempe  solus 
opinionum  usus.  »  (Sermo  xxi,  p.  177.)  Le  passage 
d'Épictète  auquel  il  est  fait  allusion  est  dans  VEncbi- 
ridion,  xi. 


P.  207,  1.  18.  Les  dieux).  Cf.  Plutarque,  Des  com- 
munes conceptions  contre  les  Stoiqiies  :  «  Qui  empesche- 
roit  de  dire,  que  le  mal  fust  en  intelligence,  &  le 
bien  en  essence?  comme  la  santé  est,  à  mon  advis, 
entre  les  Dieux  en  essence,  &  la  fiebvre  &  la  pleu- 
résie en  intelligence,  attendu  que,  comme  ils  disent 
eulx  mesmes,  nous  avons  tous  affluence  de  tous 
maux,  &  rien  de  bien  :  mais  pour  cela  nous  ne 
laissons  pas  d'entendre  que  c'est  que  prudence,  que 
c'est  que  le  bien,  &  que  c'est  que  la  félicité.  »  (xvui, 
f°  578  v°.) 

P.  207,  1.  22.  Calamiteux).  Rapprocher  Amyot 
dans  la  traduction  des  Œuires  morales  :  «  Homme, 
c'est-à-dire  le  plus  misérable  et  le  plus  calamiteux 
animal  qui  soit  au  monde.  »  (11,  f°  270  v".)  Voir  aussi 
le  passage  ci-dessus,  p.  158,  1.  22. 

P.  207,  1.  23.  Dict  Cicero).  Dans  les  Tusculanes  : 

„«Quid  est  enim  dulcius  ocio  literato?  iis  dico  literis 

quihus  infinitatem  rerum  atque  naturœ,  &  in  hoc 

ipso  mundo  cœlum,  terras,  maria  agnoscimus.  >>  (\ , 

XXXVI  ;  t.  IV,  p.  181.) 

P.  208,  1.  3.  Ce  sont  elles).  LL,  ibid.  :  «Philosophia 
omnium  mater  artium  • —  nos  primum  ad  deorum 
cultum,  deinde  ad  jus  hominum  quod  situm  est  in 
generis  humani  societate,  tum  ad  modestiam  magni- 
tudinemque  animi  erudivit  :  eademque  ab  animo 
tanquam  ab  oculis,  caliginem  dispulit,  ut  omnia 
supera,  infera,  prima,  ultima,  média  viderimus.  » 
(I,  XXVI  ;  t.  IV,  p.  117.) 

P.  208,  1.  9.  De  la  condition  de  Dieu).  Rapprocher 
Gyraldi  dans  son  Progymnasma  adversns  litteras  et  litte- 
ralos  :  «  Deos  putes  ex  verbis,  non  homines  loqui.  » 
(^Opera,  1580;  t.  II,  p.  428.) 

P.  208,  1.  12.  Deus  ille  fuit).  «Ce  fut  un  Dieu, 
illustre  Memmius,  oui,  un  Dieu,  celui  qui  le  premier 
imagina  cette  méthode  de  vivre  à  laquelle  on  donne 
aujourd'hui  le  nom  de  sagesse,  celui  qui  par  art 
arracha  notre  vie  à  de  si  grandes  tempêtes  et  à  de  si 
profondes  ténèbres  pour  lui  assurer  un  calme  si  par- 
fait et  une  lumière  si  éclatante.  »  (Lucrèce,  V,  8.) 
Montaigne,  sans  doute  par  une  erreur  de  mémoire, 
écrit  au  dernier  vers  «  In  tam  tranquilla  »  au  lieu  de 
«In  tam  tranquillo ■>■> .  (Cf.  éd.  Lambin,  p.  373.) 

P.    20S,    1.    18.    L'entcnd^menl    de   ccituy-cy).    De 


LIVRE     II,      CHAPITRE     XII. 


235 


Lucrèce,  qui  est  le  disciple  d'Épicure.  Montaigne  a 
déjà  fait  allusion  à  la  folie  de  Lucrèce  dans  l'essai  II, 
II,  p.  18,  1.  23. 

P.  208,  1.  20.  Celte  promesse  ii II-  livre).  Cf.  Cicéron, 
académiques  :  «  Qui  ita  sit  ausus  ordiri,  H;ec  loquor 
de  universis.  «  (II,  xxiii;  t.  IV,  p.  22.) 

P.  208,  1.  21.  Ce  sot  tilfrc  qii'Aristole).  Id.,  De 
finibus,  II,  xxin;  t.  IV,  p.  53. 

P.  208,  1.  22.  Ce  jugement  de  Chrisippiis).  Cf.  La 
Primaudaye,  Académie  françoise  :  «  Et  disoit  Chry- 
sippe,  que  Dion,  le  premier  homme  en  sçavoir  de 
Syracuse,  n'estoit  moindre  en  vertu,  que  son  dieu 
Juppiter,  auquel  ils  attribuoient  divinité  parfaite. 
Sénèque  aussi  se  vantoit,  d'avoir  la  vie  par  le  béné- 
fice de  Dieu,  mais  de  soy-mesme  le  «  bien  vivre  ». 
(Éd.  de  Bâle  1587,  f°  8  r°;  éd.  1581,  p.  5.)  La  pre- 
mière de  ces  allégations  est  prise  de  Plutarque  :  Des 
communes  conceptions  contre  les  Stoiqv.es,  et  la  seconde 
des  É pitres  de  Sénèque. 

P.  208,  1.  25.  In  virtiiie).  Cf.  Cicéron,  De  natura 
deorum  :  «  C'est  avec  raison  que  nous  nous  glorifions 
de  notre  vertu  :  ce  qui  n'arriverait  pas  si  nous  la 
tenions  d'un  dieu,   et  non  pas  de   nous-mêmes.  » 

(III,   XXXVI.) 

p.  208,  1.  26.  Que  le  sage  a).  Cf.  Sénèque,  Epitres  : 
«  Est  aliquid  quo  sapiens  antecedat  deum.  lUe  naturx 
beneficio  non  timet,  suo  sapiens.  Ecce  res  magna, 
habere  imbecillitatem  hominis,  securitatem  dei.  » 
(Ép.  53,  p.  137.) 

P.  209,  1.  12.  Possidonins).  Cf.  l'essai  I,  xiv;  t.  I, 
p.  65,  1.  6. 

P.  209,  1.  13.  Faire  la  figue).  Cf.  l'essai  I,  xx; 
t.  I,  p.  113,  1.  10,  et  la  note. 

P.  209,  1.  18.  Re  succumbere).  «Il  ne  fallait  pas 
faire  le  brave  en  parole  pour  succomber  en  eflet.  » 
(Cicéron,  TuscuL,  II,  xiii.) 

P.  209,  1.  19.  ArchesUas).  Cf.  Cicéron,  De  finibus  : 
«  Is  (Archesilas)  cùm  arderet  podagraï  doloribus,  visi- 
tassetque  hominem  Carneades,  Epicuri  perfamiliaris, 
et  tristis  exiret  :  Mane,  qujeso,  inquit,  Carneade 
noster  :  Nihil  illinc  hùc  pervenit.  Ostendit  pedes  et 
pectus.  »  (V,  xxxi;  t.  IV,  p.  107.) 

P.  209,  1.  24.  Dionisius  Heracleoies).  Id.,  ibid.  : 
«  Nobis  Heracleotes  ille  Dionj'sius  flagitiose  descivisse 


videtur  à  Stoïcis,  propter  oculorum  dolorem.  »  (V, 
xxxi;  t.  IV,  p.  107.)  Cicéron  rapporte  le  fait  un  peu 
diiféremment  dans  les  Tusculanes,  II,  xxv. 

P.  210,  1.  6.  Le  philosophe  Pyrrho).  Cf.  l'essai  I,  xiv; 
1. 1,  p.  64, 1.  18.  Remarquer  la  différence  entre  la  leçon 
morale  que  Montaigne  tirait  de  cet  exemple  dans 
l'essai  I,  xiv,  et  celle  qu'il  en  tire  dans  l'essai  II,  xii. 

P.  211,  1.  20.  Ce  qu'on  nous  dicf).  Cf.  Goulard, 
Histoire  du  Portugal  :  «  La  terre  est  fertile,  plaisante, 
&  si  salubre  qu'il  n'est  gueres  besoin  d'y  (au  Brésil) 
user  de  médecine  :  car  ceux  qui  meurent  sont  em- 
portez plustost  de  vieillesse  que  de  maladie...  ils 
n'ont  connoissance  de  lettres  quelconques,  vivent  sans 
religion,  sans  loy,  ne  s'aident  de  poids  ni  mesures, 
ne  sont  sujets  à  Roy  quelconque.  »  (II,  xv,  f"  46  v°.) 

P.  212,  1.  3.  L'amour  d'un  muletier).  Rapprocher 
essai  II,  i,  p.   5,  1.  2,  et  la  note. 

P.  2X2,  1.  18.  Platon  dict).  J'ignore  où  Montaigne 
a  trouvé  cette  idée.  Il  l'avait  rencontrée,  peut-être, 
avant  1580,  dans  le  De  philosophia  occulta,  de  Cor- 
neille Agrippa,  I,  lx. 

P.  212,  1.  22.  L'un  des  plus  judicieux).  Torquato 
Tasso,  enfermé  à  l'hôpital  Sainte-Anne,  à  Ferrare,  de 
mars  1579  à  juillet  1586.  Montaigne  n'a  pas  men- 
tionné dans  son  Journal  la  visite  qu'il  lui  a  faite. 
C'est  dans  les  Essais  de  1588  que  paraissent  les  pre- 
mières citations  du  Tasse. 

P.  213.  1.  13.  Segnius  homines).  «Les  hommes  sont 
moins  sensibles  au  plaisir  qu'à  la  douleur.  »  (Tite- 
Live,  XXX,  XXI.) 

P.  213,  1.  15.  Pungit  in  cute).  «Nous  sommes 
sensibles  au  moindre  coup  qui  nous  effleure  à  peine 
la  peau  et  néanmoins  la  plénitude  de  la  santé  nous 
laisse  indiff"érents.  Nous  nous  réjouissons  de  n'être 
ni  pleurétiques  ni  podagres,  et  à  peine  mettons-nous 
en  compte  d'être  sains  et  vigoureux.  »  (La  Boétie, 
p.  234.)  On  lit  chez  La  Boétie  urit  au  lieu  de  pungit. 

P.  213,  1.  25.  Nimiiim  boni  est).  «  C'est  avoir  beau- 
coup de  bonheur  que  de  n'avoir  pas  de  malheur.  » 
(Ennius  apud  Ciceronem,  De  finibus,  II,  xiii.) 

P.  214,  1.  12.  Crantor  auoit  bien  raison).  Cf.  Cicé- 
ron, Tusc.  :  «  Minime,  inquit,  assentior  his  qui  istam 
nescio  quam  indolentiam  magnopere  laudant,  quœ 
nec  potest   ulla  esse,   nec  débet.  Ne  œgrotus  sim, 


23é 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


inquit,  sed  si  fuerim,  sensus  adsit,  sive  secetur  quid, 
si%-e  avcllatur  à  corpore.  »  (III,  vi;  t.  î\',  p.  141.) 

P.  214,  1.  18.  Istitd  nihil  dolcrc).  «Cette  indolence 
ne  se  peut  acquérir  qu'il  n'en  coûte  cher  :  il  faut  que 
l'esprit  devienne  féroce,  et  le  corps  létliargique.  » 
(/^.,  UHd.,  III,  VI.) 

P.  215, 1.  I.  Z)d  retirer  nostre pensée).  C'est  la  théorie 
d'Epicure  que  Montaigne  a  souvent  vu  critiquer  chez 
Cicéron,  en  particulier  dans  les  Tuscitlams,  III,  xvi, 
et  dans  le  De  fiuihus,  II,  xxx  et  xxxii. 

P.  215,  1.  5.  Levationes  xgritiidiiium).  «Pour  sou- 
lager les  chagrins,  la  méthode  à  suivre,  selon  Épicure, 
consiste  à  détourner  sa  pensée  de  toute  idée  fâcheuse, 
et  à  se  rappeler  les  idées  riantes.  «  (Cicéron,  Titsc, 

III,   XV.) 

P.  215,  1.  14.  Che  ricordarsi).  «Le  souvenir  du 
bien  passé  double  le  mal  présent.  » 

P.  215,  1.  16.  De  maintenir  en  la  mémoire).  C'est 
encore  la  doctrine  d'Epicure.  Elle  est  exposée  en 
particulier  dans  un  ouvrage  du  médecin  bordelais 
Pichotus  que  Montaigne  possédait  :  De  aniinonim 
natiira...  p.  47. 

P.  215,  1.  20.  Snavis).  «Doux  est  le  souvenir  des 
maux  passés.  »  (Euripide  apud  Ciceronem,  De  finibiis, 

JI,   XXXII.) 

p.  216,  1.  5.  Est  silniii).  «  Il  dépend  de  nous 
d'ensevelir  comme  dans  un  oubli  perpétuel  nos  mal- 
heurs et  de  conser\-er  l'agréable  et  doux  souvenir  de 
nos  prospérités.  »  (Cicéron,  De  Jinibiis,  I,  xvii.) 
Cette  phrase  est  dans  l'exposé  de  la  doctrine  épicu- 
rienne que  Cicéron  doit  combattre  dans  le  livre 
suivant. 

P.  21 6, 1.  7.  Mcmini  etiani).  «Je  me  souviens  même 
des  choses  que  je  ne  veux  pas  retenir,  je  ne  parviens 
pas  à  oublier  celles  dont  je  veux  perdre  le  souvenir.  » 

\ld.,  ilrid.,  II,  XXXII.) 

P.  216,  1.  8.  Oui  se  unus).  «Qui  seul  entre  tous 
a  osé  se  proclamer  sage.  »  (//».,  ihid.,  II,  m.) 

P.  2ié,  1.  10.  Qui  gentis).  «  Qui,  supérieur  au 
genre  humain  par  son  génie,  a  éclipsé  tous  les 
hommes,  comme  le  soleil  en  se  levant  éclipse  les 
étoiles.  »  (Lucrèce,  III,  1056.) 

P.  21 6,  1.  13.  Iners  vialorum).  «L'ignorance  n'est 
à  nos  maux  qu'un  remède  bien  faible.  »  (Sénèque, 


Œdipe,  III,  VII.)  Cette  citation  a  été  prise  dans  les 
Politiques  de  Juste  Lipse,  V,  xviii. 

P.  216,  1.  22.  Potare).  «Je  commencerai  par  boire 
et  par  répandre  des  fleurs,  quitte  à  passer  pour  fou.» 
(Horace,  Épîtres,  I,  v,  14.) 

P.  216,  1.  24.  Cettiiy-cy).  Cf.  Erasme,  Adages,  où 
l'on  trouve  réunis  les  exemples  de  Lj'cas,  de  Thra- 
silaus,  le  vers  grec  et  les  deux  citations  de  VEcclé- 
siaste  qui  suivent.  Je  les  rencontre  dans  l'édition  de 
15 17,  sous  le  titre  «  Fortunata  stultitia  ».  Pourtant 
le  nom  de  Lycas  n'est  pas  là,  et  le  personnage  chez 
Erasme  reste  anonyme. 

P.  217,  l.  9.  PoU).  «Ah!  mes  amis,  qu'avez-vous 
fait?  Au  lieu  de  me  guérir,  vous  m'avez  tué,  vous 
m'avez  enlevé  mon  bonheur,  vous  m'avez  arraché 
l'illusion  qui  faisait  toute  ma  joie.  »  (Horace,  Epîtres, 
II,  II,  138.)  Ces  vers  sont  cités  dans  le  passage 
d'Erasme  indiqué  p.  216,  1.  24. 

P.  217,  1.  12.  Celle  de  Thrasilans).  Cf.  Athénée, 
XII;  Elien,  Histoires  varias,  IV,  xx\'.  Le  nom  est  un 
peu  différent,  mais  certainement  Montaigne  prend 
ce  récit  dans  un  ouvrage  de  seconde  main;  peut-être 
dans  une  édition  d'Horace  dans  le  commentaire  de 
répitre  II,  II,  ou  chez  Erasme.  (Cf.  la  note  p.  216, 
1.  24). 

P.  217,  1.  20.  Ev  Tw  ip:vîT-/).  Sophocle,  Aja.\,  552. 
Montaigne  a  traduit  ce  vers  avant  de  le  citer.  Il  l'a 
pris  chez  Erasme.  (Cf.  ci-dessus  note  p.  216,  1.  24.) 

P.  217,  1.  21.  Et  l'Eccksiaste).  Cf.  I,  xviii.  Mon- 
taigne a  encore  pris  ces  citations  chez  Erasme. 

P.  217,  1.  25.  Placet).  «Te  plaît-elle?  Soumets- 
toi.  Ne  te  plait-elle  pas  ?  Sors-en  par  où  tu  voudras.  » 
(Imité  de  Sénèque,  ép.  70,  p.  161,  où  on  lit  :  «Placet, 
vive;  .si  non  placet,  licet  eo  reverti  unde  venisti.  ») 

P.  218,  1.  I.  Pungit  dolorl).  «  La  douleur  te  pique? 
Mettons  même  qu'elle  te  déchire.  Si  tu  es  sans 
défense,  tends  la  gorge;  mais  si  tu  es  couvert  des 
armes  de  Vulcain,  c'est-à-dire  de  courage,  résiste.  » 
(Cicéron,  Tusc.,  II,  xiv.) 

P.  218,  1.  3.  Aut  bibat).  «Qu'il  boive  ou  qu'il 
sorte.  »  (Jd,  ihid.,  \',  xli.)  \'o\ci  le  pas.sage  de 
Cicéron  :  «  Mihi  quidem  in  vita  servanda  videtur 
illa  lex,  quoï  in  Crscorum  conviviis  obtinetur,  aut 
bibat,  inquit,  aut  abeat.  » 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


237 


P.  218,  1.  6.  Vivcrc).  «  Si  tu  ne  sais  pas  faire  bon 
usage  de  la  vie,  cède  la  place  à  de  plus  sages.  Tu  as 
assez  folâtré,  assez  mangé  et  assez  bu;  il  est  temps 
pour  toi  de  te  retirer,  sans  quoi  tu  risquerais  de  trop 
boire  et  de  devenir  la  risée  de  la  jeunesse  à  qui  cette 
débauche  convient  mieux  qu'à  toi.  »  (Horace,  Epîlres, 

II,  II,  213.) 

P.  218,  1.  13.  Deiihxritum).  «  Démocrite,  voyant 
que  la  vieillesse  avait  affaibli  ses  facultés,  de  son 
propre  mouvement  se  donna   la  mort.  »  (Lucrèce, 

III,  1052.)  Le  texte  est  d'Iui  de  l'édition  Lambin, 
p.  265. 

P.  218,  1.  16.  Disait  Antisthencs).  Cf.  Plutarque, 
Cùinmnncs  conceptions  contre  les  Stoiqiics  :  «  Chry- 
sippus...  ameine  ce  mot  d'Antisthenes...  qu'il  fault 
faire  provision  de  sens  pour  entendre,  ou  d'un  licol 
pour  se  pendre.  &  cest  autre  du  poëte  Tyrt;çus, 

«  De  l.i  vertu  ou  de  mort  approcher.  » 

(xiv,  f"  564  v°.) 

p.  218, 1.  20.  Et  Crûtes).  Cf.  Diogène  Laërcc,  Viede 
Crûtes  :  «  Amorem  sedat  lames,  sin  minus  tempus,  eis 
verô  si  uti  non  vales,  laqueus.  »  (VI,  Lxxxvi,  396.) 

P.  218,  1.  22.  Ccliiy  Sextius).  Cf.  Plutarque,  Coin- 
vient  on  pourra  appercevoir  si  Ion  profite  en  l'exercice  de  la 
vertu  :  «  On  dit  que  Sextius  gentilhomme  Romain, 
aiant  abandonné  les  honneurs,  offices,  iic  magistrats 
de  la  ville  de  Rome,  pour  l'amour  de  la  philosophie, 
&  puis  se  trouvant  en  l'esprit  tourmenté,  &  ne  pou- 
vant mordre  en  ses  discours  &  raisons  du  comman- 
cement,  fut  près  de  se  jetter  d'une  fuste  dedans  la 
mer.  »  (xiv,  f"  114  v"'.) 

P.  218,  1.  22.  Duquel  Senecqne).  Dans  les  épîtrcs 
59,  62,  64,  98,  108,  etc. 

P.  219,  1.  8.  Les  simples).  Cf.  Corneille  Agrippa, 
De  incertitudine  et  vanitate  scieutiaruni  :  «  Vidit  ha;c 
Augustinus  &  timuit,  exclamans  illud  Pauli  surgunt 
indocti  &  rapiunt  cœlos,  &  nos  cum  scientia  nostra 
mergimur  in  infernum.  »  (i.) 

P.  219,  1.  10.  Ny  à  Valentian).  Id.,  ibid.  :  «  Quare 
jam  non  vituperandi  mihi  videtur  Valentianus  ille 
Imperator  (quem  acerrimum  literarum  hostem  exti- 
tisse  aiunt)  atque  Licinius  Imperator,  qui  literas  virus 
ac  pestem  publicam  dictitabat.  »  (i.)  Ces  exemples 


sont  souvent  répétés  dans  les  paradoxes  contre  les 
sciences  et  dans  les  compilations  du  temps.  Cf.  Ravi- 
sius  Textor,  Officina,  à  l'article  :  Indocti  et  qui  litteras 
oderunt;  Lando,  Paradossi;  Garzoni,  Teatro  dei  cervelli 
uniani,  xxxviii.  L'exemple  de  Licinius  est  deux  fois 
répété  dans  les  Leçons  de  Rhodigin.  Montaigne,  à 
l'instigation  d'Agrippa,  commet  une  erreur  dans  le 
nom  de  Valentian  :  il  n'existe  pas  d'empereur  ainsi 
nommé.  Ravisius  Textor  l'appelle  Valentinianus; 
mais  des  trois  Valentinfen  que  l'on  connaît,  aucun 
n'a  été  adversaire  des  lettres.  Il  le  dit  en  outre  fils 
de  Gratien,  «  Gratiani  filius»;  or  Gratien  a  eu  un 
Valentinien  pour  père,  non  pour  fils.  Il  est  probable 
qu'il  s'agit  de  Valens,  empereur  du  iv=  siècle  et  qui 
effectivement  était  peu  fiivorable  aux  lettres.  Dans 
les  éditions  du  De  incertitiuiine  que  j'ai  pu  consulter 
(1530,  1531,  1537,  1544,  1564),  on  trouve  toujours 
Valentianus;  au  contraire  les  éditions  des  Opéra 
d'Agrippa  écrivent  ^'alentinianus.  Il  est  donc  très 
probable  que  dans  l'exemplaire  dont  il  faisait  usage 
Montaigne  ne  pouvait  lire  que  le  De  incertitudine. 

P.  219,  1.  15.  Police  Laccdenionieune).  Rapprocher 
la  fin  de  l'essai  I,  xxv. 

P.  219,  1.  18.  Ce  monde  nouveau).  Rapprocher, 
entre  autres  passages  où  Montaigne  reprend  cette 
même  idée,  l'essai  I,  xxxi,  le  début  de  l'essai  III, 
xui,  et  ci-dessus  II,  xii,  212. 

P.  219,  1.  23.  Di  cittatorie).  «D'ajournements,  de 
requêtes,  d'informations  et  de  lettres  de  procuration, 
ils  en  ont  les  poches  et  les  mains  pleines,  et  aussi 
de  liasses  de  gloses,  de  consultations  et  de  procédure. 
Avec  de  telles  gens,  les  malheureux  ne  sont  jamais 
en  sûreté  dans  une  ville,  ils  sont  assiégés  par  derrière, 
par  devant,  de  tous  côtés,  par  des  notaires,  des  pro- 
cureurs et  des  avocats.  »  (Ariosto,  Orlando  furioso, 
XIV,  84.) 

P.  220,  1.  i .  Un  sénateur  Romain).  Cette  allégation 
est  peut-être  une  déformation  d'un  mot  de  Varron 
qui  a  été  rapporté  par  Nonius  au  mot  cèpe.  Je  n'ai 
pas  retrouvé  la  source  de  Montaigne. 

P.  220,  1.  12.  Les  Chrestiens).  Cette  idée  revient 
à  diverses  reprises  chez  Corneille  Agrippa,  De  incer- 
titudine et  vanitate  scientiarum,  en  particulier  au  cha- 
pitre I. 


238 

p.  220,  1.  24.  r,  :::;'.sr.;j.:v:a).  Cf.  Stobée,  Antho- 
logie, sermo  22,  qui  attribue  cette  parole  à  Socrate, 
p.  189,  1.  26  :  «Superstitio  superbio;  tanquam  parenti 
est  morigera.  » 

P.  220,  1.  25.  Sacrales  fut  averti).  Cf.  Platon, 
Apologie,  VI,  p.  21;  éd.  de  1546,  p.  470. 

P.  221,  1.  9.  Bourbe).  «  Quid  superbit  terra  et 
cinis?»  {Ecclesiastic,  x,  9.)  Cette  sentence  figurait  sur 
les  travées  de  la  bibliothèque  de  Montaigne  et  on  y 
lisait  «  superbis  »  au  lieu  de  «  superbit  » . 

P.  221, 1.  10.  Dieu  a  faict).  «Fecit  Deus  hominem 
similem  umbrœ  de  qua  post  solis  occasum  quis  judi- 
cavit  ?  »  Cette  sentence  était  inscrite  sur  les  travées 
de  la  bibliothèque  de  Montaigne  avec  cette  référence 
EccL,  va;  mais  on  ne  la  trouve  point  dans  VEccJé- 
siaste,  et  suivant  toute  apparence,  Montaigne  l'a 
composée  lui-même  en  s'inspirant  de  YEcdésiaste,  ou 
bien  il  l'a  empruntée  de  quelque  auteur  qui  l'a  trompé 
sur  son  origine. 

P.  221,  1.  19.  Melius  scitur).  «  On  connaît  mieux- 
Dieu  en  ne  s'en  formant  pas  une  idée.  »  (Saint  Au- 
gustin, De  ordine,  II,  xvi.)  Montaigne  a  pris  cette 
citation  dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse,  I,  11. 

P.  221,  1.  20.  Sqnctius).  «Il  est  plus  sain  et  plus 
respectueux  de  croire  que  d'approfondir  ce  que  font 
les  dieux.  »  (Tacite,  De  mor.  Geruian.,  xxxiv.)  Sen- 
tence prise  dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse,  I,  11. 

P.  221,  1.  22.  Platon  estime).  Dans  les  Loix  : 
«  Maximum  deum,  totûmque  mundum  dicimus  in- 
quirendum  non  esse,  nec  rerum  causas  multo  studio 
indagandas,  nec  pium  id  ducimus.  »  (^'II,  p.  821; 
éd.  de  1546,  p.  837.) 

P.  221,  1.  24.  Atquc  illuin).  «  Il  est  difficile  de 
connaître  le  père  de  cet  univers,  et,  si  on  parvient  à 
le  connaître,  il  est  impossible  de  le  faire  comprendre 
au  vulgaire.  »  (Cicéron,  d'après  le  Tiniée,  11.) 

P.  222,  1.  3.  Immorlalia).  «Exprimant  des  choses 
immortelles  en  termes  mortels.»  (Lucrèce,  V,  122.) 

P.  222,  1.  8.  La prudancc).  Cf.  Cicéron,  Dénatura 
deoriiin  :  «  Prudentiamnc  dco  tribuemus,  qua:  constat 
ex  scientia  rerum  bonarum  &  malarum,  &  nec  bona- 
rum  nec  malarum,  cui  mali  nihil  est  nec  esse  pote-st? 
Quid  huic  opus  est  delectu  bonorum  &  malorum? 
Quid    autem    ratione?    quid    intelligentia?    quibus 


ESS.MS     DE     MONTAIGNE. 


utimur  ad  eam  rem,  ut  apertis  obscura  assequamur. 
At  obscumm  deo  nihil  potest  esse.  Nam  justicia  qu;e 
suum  cuique  distribuit,  quid  pertinet  ad  deos  ?  homi- 
num  enim  societas  &  communitas,  ut  vos  dicitis, 
justitiam  procreavit.  Temperantia  autem  constat  ex 
prKtermittendis  voluptatibus  corporis  :  cui  si  locus 
in  cœlo  est,  est  etiam  voluptatibus.  Nam  fortis  deus 
intelligi  qui  potest?  in  dolore,  an  in  labore,  an  in 
periculo?  quorum  Jcum  nihil  attingit.  »  (III,  w; 
t.  IV,  p.  231.) 

P.  222,  1.  17.  Aristûtc  le  tient).  Dans  la  Morale  à 
Kicoinaqiie,  VII,  1. 

P.  222,  1.  18.  Neque gratia).  «Il  n'est  susceptible  ni 
de  haine  ni  d'amour,  parce  que  ces  passions  décèlent 
des  êtres  faibles.  »  (Cicéron,  De  iiat.  deorum,  I,  xvii.) 

P.  222,  1.  22.  Par  les  tesmoius).  Rapprocher 
Agrippa,  De  incertitudine  et  vanitate  scientiarum,  ci  : 
«  Christus  ipse  apostolos  suos  non  rabinos,  non 
scribas,  non  magistros,  nec  sacerdotes  elegit,  sed  e 
rudi  vulgo  idiotas  omnis  literaturœ  pêne  expertes, 
inscios,  &  asinos.  »  La  même  idée  se  retrouve  dans 
le  Paradoxe  de  Lando  contre  les  sciences. 

P.  223,  1.  8.  Je  destruiray).  Saint  Paul,  Épitrc  aux 
Corinthiens,  I,  i,  19. 

P.  223,  1.  20.  //  est  advenu).  Cf.  Plutarque, 
Comment  Ion  pourra  appercevoir  si  Ion  amende  et  profite 
en  l 'exercice  de  la  vertu  :  «  Ainsi  comme  les  laboureurs 
voient  plus  volontiers  les  espics  qui  panchent  et  se 
courbent  contre  la  terre,  que  ceux  qui  pour  leur 
légèreté  sont  haulcs  et  droits,  d'autant  qu'ils  les  esti- 
ment vuide  de  grain  et  qu'il  n'y  a  presque  rien 
dedans.  Ainsi  entre  les  jeunes  gens  qui  se  donnent  à 
la  Philosophie,  ceulx  qui  sont  les  plus  vuides  et  qui 
ont  moins  de  pois  ceulx-là  ont  du  commancement 
lasseurance,  la  contenance...  et  puis  quand  ils  se 
commencent  à  remplir  et  a  amasser  du  fruict  des 
discours  de  la  raison,  ils  otent  alors  cette  mine 
superbe.  »  (x,  f°  116  v°.) 

P.  223,  1.  29.  Ce  que  Velleius).  Cf.  Cicéron,  De 
natura  deorum  :  «  Ambo,  inquit,  ab  eodem  Philone 
nihil  scrire  didicistis.  »  (I,  xvii;  t.  IV,  p.  i8é.) 

P.  224,  1.  I.  Pherecides).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
de  Phérccidc  :  «  Mandavi  itaque  quibusdam  ex  fami- 
liaribus,  ut  cùm  me  sepclierint,  ad  te  pcrferant  quœ 


LIVRE      H,      CHAPITRE      XII. 


239 


scripsi.  Tu  autem  siquideoi  ea  probaveiis  cum  sapien- 
tibus  reliquis,  ita  legenda  demum  trades  :  sin  autem 
impi'obaveris,  nolito  edere.  Mihi  certè  necdum  satis 
placebant.  Est  ibi  quidem  non  certa  remm  fides. 
Neque  enim  id  recepi,  neque  quid  sit  verum  me 
scire  professus  sum...  Omnia  quippe  indico  potius, 
quàm  aperio.  »  (I,  cxxii,  95.) 

P.  224,  1.  6.  Le  plus  sage  hoiiunc).  Socratc.  Cf. 
Cicéron,  De  natura  deoriim,  l,  iv;  Corneille  Agrippa, 
De  inccrtitiidine  et  vanitate  scientiaritm,  i;  etc. 

P.  224,  1.  12.  Dict  Platon).  Dans  le  Polit iciis  : 
«Videturunusquisque  nostrum  tanquam  persomnium 
nosse  omnia,  rêvera  autem  rursus  omnia  ignorare.  » 
(xix,  p.  277;  éd.  de  1546,  p.  208.) 

P.  224,  1.  13.  Oinnes).  «Presque  tous  les  anciens 
ont  dit  qu'on  ne  pouvait  rien  connaître,  rien  com- 
prendre, rien  savoir;  que  nos  sens  étaient  bornés, 
notre  intelligence  imbécile  et  la  vie  trop  courte.  » 
(Cicéron,  Académiques ,  I,  xii.) 

P.  224,  1.  15.  Cicero).  Cf.  Corneille  Agrippa,  De 
incertitndine  et  vanitate  scientiaruni,  i  :  «  Ciceronem 
Ipsum  fontem  literarum  abundantissimum,  refen 
Valerius,  tandem  literas  contempsisse.  »  Le  même  fait 
est  rapporté  dans  le  Paradoxe  de  Lando  contre  les 
sciences.  On  ne  trouve  rien  de  pareil  chez  Valère 
Maxime,  mais  la  source  de  l'erreur  d'Agrippa  est 
certainement  chez  Valère,  II,  11,  2. 

P.  224,  1.  20.  Dicenduiii).  «  Il  faut  parler,  mais 
sans  rien  affirmer;  je  chercherai  toutes  choses,  dou- 
tant le  plus  souvent  et  me  défiant  de  moi-même.  » 
(Cicéron,  De  divinatione ,  II,  m.) 

P.  224,  1.  26.  Qui  vigilans).  «.  Qui  dort  en  veillant, 
qui  est  presque  mort  quoique  vivant  et  les  yeux 
ouverts.  »  (Lucrèce,  III,  1061,  1059.) 

P.  225,  1.  18.  Quiconque  cherche).  Cf.  Sextus  Empi- 
ricus,  Hypûtyposes  :  «  Quicunque  rem  aliquam  quce- 
runt,  eos  hue  tandem  devenire  consentaneum  est, 
ut  aut  eam  inveniant,  aut  a  se  inventam  negent  : 
&  vel  à  se  comprehendi  non  posse  fateantur,  vel  in 
ejus  investigatione  persévèrent.  Quamobrem  fortasse 
in  iis  etiam  quœ  circa  Philosophiam  quxruntur,  alii 
quidem  verum  se  invenisse  dixerunt,  alii  autem 
id  esse  ejusniodi  quod  comprehendi  non  posset, 
pronuntiarunt,  alii  verô  quœrere  pergunt.  Invenisse 


sibi  videntur  ii  qui  peculiari  nomine  Dogmatici  appel- 
lantur,  ut  Aristoteles,  Epicurus,  &  Stoici,  &:  alii 
quidam.  Negarunt  autem  comprehendi  posse  Clito- 
machus,  Carneades,  &  ca;teri  Academici.  At  Sceptici 
etiamnum  quœmnt.  Unde  meritô  très  esse  généra- 
lissime philosophandi  rationes  existimantur,  Dogma- 
tica,  Academica,  Sceptica.  »  (I,  i,  i.) 

P.  226, 1.  I.  Plusieurs  anliens).  Résumé  de  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Pyrrhon,  IX,  lxxii,  624. 

P.  226,  1.  10.  Nil  sciri).  «  Quiconque  pense  qu'on 
ne  peut  rien  savoir,  ne  sait  pas  même  si  l'on  sait 
quelque  chose  qui  permette  d'affirmer  qu'on  ne  sait 
rien.  »  (Lucrèce,  I\',  470.)  Le  texte  est  celui  de 
l'édition  Lambin,  p.  30. 

P.  226,  1.  20.  Zenon).  Cf.  Cicéron,  Académiques  : 
«  Cum  extensis  digiti  adversum  manum  ostenderat, 
visum,  inquiebat  Zeno,  hujusmodi  est  :  deinde,  cum 
paulum  digitos  constrinxerat,  assensus  hujusmodi  : 
tum,  cum  plane  compresserat,  pugnumque  fecerat, 
comprehensionem  illum  esse  dicebat  :  cum  autem 
lœvam  manum  admoverat,  et  illum  pugnum  arcte 
vehementerque  compresserat,  scientiam  talem  esse 
dicebat.  »  (IV,  xlvii.) 

P.  226, 1.  27.  Ataraxie).  Cf.  Sextus  Empiricus,  I,  xii. 

P.  227,  1.  14.  Que  la  nege  soit  noire).  Id.,  ibid.,  l, 
XIII.  On  trouve  là  les  raisonnements  par  lesquels 
Anaxagore  démontrait  que   la  neige  est  noire. 

P.  227,  I.  29.  On  les  autres  sont  porte:^).  Imité  de 
Cicéron,  Académiques,  II,  m. 

P.  228,  1.  5.  Ad  quanicunque).  «Ils  s'attachent  à 
n'importe  quelle  secte  comme  à  un  rocher  sur  lequel 
la  tempête  les  aurait  jetés.  »  Qd.,  ibid.') 

P.  228,  1.  9.  Hoc  liberiores).  «  D'autant  plus  libres 
et  plus  indépendants  qu'ils  ont  une  pleine  puissance 
de  juger.  »  (Jd.,  ibid.) 

P.  228,  1.  23.  S'il  est  loisible).  «Cum  Pana;tius 
princeps  prope,  meo  quidem  judicio,  stoicorum, 
ea  de  re  dubitare  se  dicat,  quam  omnes  prœter 
eum  stoici  certissimam  putant,  vera  esse  haruspicum 
auspicia,  oracula,  somnia,  vaticinationes,  seque  ab 
assensu  sustineat  :  quod  is  potest  facere  de  iis  rébus 
quas  illi  a  quibus  ipse  didiclt,  certas  habuerat,  cur 
id  sapiens  de  reliquis  rébus  facere  non  possit  ?  » 
(/(/.,  ibid.,  II,  xxxiii.) 


240 


ESSAIS      DE      MOXTAIGKE. 


P.  229,  1.  12.  Ut  quiim).  «  Afin  que,  trouvant  sur 
un  même  sujet  des  raisons  égales  pour  et  contre,  il 
soit  plus  facile,  sur  un  point  ou  sur  l'autre,  de  sus- 
pendre son  jugement.  »  Qd.,  ibid.,  I,  xii.) 

P.  229,  1.  18.  Je  n'establis  rien).  La  plupart  de  ces 
aphorismes  sceptiques  figuraient  en  grec  sur  les 
travées  de  la  bibliothèque  de  Montaigne.  La  première 
vient  de  Sextus  Empiricus,  I,  xxii;  la  seconde  de 
Sextus,  I,  xix;  la  troisième  de  Sextus,  I,  xxiii. 

P.  229,  1.  20.  La  loy  de  parler).  Déjà  cité  par 
Montaigne  au  début  de  l'essai  I,  XLVii,  dans  le  texte 
grec  qui  figurait  sur  les  travées  de  sa  bibliothèque. 

P.  230, 1.  I.  'Ez£/;<i)).  «Je  suspens  mon  jugement.» 
Mot  pris  à  Sextus  Empiricus  et  qui  figurait  sur  les 
travées  de  la  bibliothèque  de  Montaigne. 

P.  230,  1.  II.  Ottant  aux  actions).  Cf.  Sextus 
Empiricus,  Hypotrposes  :  «  Ea  quœ  ad  vitam  commu- 
nem  pertinent,  obser\-ando,  opinatione  omni  liberi 
vivimus  :  quia  omnis  actionis  prorsus  expertes  esse 
non  possumus.  Videtur  autem  h^ec  obser\atio  eorum 
quîe  ad  vitam  communem  spectant,  triplex  esse  : 
&  partim,  in  naturali  instructione  versari,  partim, 
in  impuisu  &  coactu  passionum,  partim,  in  constitu- 
tione  legum  &  coiisuetudinum,  partim,  in  traditione 
artium.  »  (I,  11.) 

P.  230,  1.  14.  Xon  eniin).  «  Car  Dieu  nous  a  donné 
non  pas  la  connaissance  mais  seulement  l'usage  de 
ces  choses.  »  (Cicéron,  De  divinatione,  I,  xviii.) 

P.  230,  I.  17.  On  dirt).  Les  premières  éditions 
portaient  «  Laertius  »  au  lieu  de  «  on  ».  En  tète  de 
sa  traduction  de  Sextiis  par  Estienne,  Montaigne 
trouvait  une  Vie  de  Pynhon  par  Diogène  Laërce.  Il 
reviendra  sur  cette  question  plus  longuement  dans 
l'essai  II,  xxix.     - 

P.  231,  1.  I.  Si  n'esl  il  point).  Cf.  Cicéron,  Acadé- 
miques :  «  Sic  quicquid  acciderit  spccie  probabile,  si 
nihil  se  offeret  quod  sit  probabilitati  illi  contrarium  : 
utetur  eo  sapiens  :  ac  sic  omnis  ratio  vitx  guberna- 
bitur.  Etenim  is  quoque  qui  à  vobis  sapiens  inducitur, 
multa  sequitur  probabilia,  non  comprehensa,  neque 
percepta,  neque  assensa,  sed  similia  vcri  :  qux-  nisi 
probet,  omnis  vita  tollatur.  Quid  enim,  conscendens 
navcm  sapiens,  num  comprehensum  animo  habct 
atque  perceptum,  se  ex  sententia  navigaturum  ?  qui 


potest?...  Hujusmodi  igitur  visis  consilia  capiet 
&  agendi  &  non  agendi...  Et  quœcumque  res  eum 
sic  attinget,  ut  sit  visum  illud  probabile,  neque  ulla 
re  impeditum,  movebitur...  Habet  corpus,  habet 
animum,  movetur  mente,  movetur  sensibus,  ut  ei 
vera  multa  videantur.  Neque  tamen  habere  insignem 
illam  &  propriam  percipiendi  notam  :  eôque  sapien- 
tem  non  assenliri,  quia  possit  ejusdemmodi  existere 
filsum  aliquod  cujusmodi  hoc  verum.  »  (II,  xxxi; 
t.  lY,  p.  27.) 

P.  231,  1.  II.  Combien  y  et  il).  Id.,  ibid.  :  «Quid 
fiet  artibus?  quibus?  hisne  qua;  ipsa;  fatentur  conjec- 
tura se  plus  uti  quàm  scientia  in  his,  quœ  tantum 
id  quod  videtur  sequuntur,  nec  habent  istam  artem 
vestram  quœ  vera  et  falsa  dijudicent.  »  (II,  xxxiii; 
t.  IV,  p.  28.) 

P.  231,  1.  13.  Il  y  a,  disent  ils).  Id.,  ibid.  :  «Tam 
vera  quam  falsa  cernimus.  Sed  probandi  species  est  : 
percipiendi  signum  nuUum  habemus.  »  (II,  xxxiv; 
t.  IV,  p.  29.) 

P.  232,  1.  10.  Accepte,  dit  l'Eccksiaste).  «  Fruere 
jucunde  presentibus,  cetera  extra  te.  »  Cette  sentence 
figurait  sur  les  travées  de  la  bibliothèque  de  Mon- 
taigne. Les  commentateurs  ont  rapproché  ce  texte 
d'un  passage  de  VEcclésiaste,  III,  xxii,  qui  en  est  très 
différent. 

P.  232,  1.  13.  Dominus).  «  Le  Seigneur  connaît  les 
pensées  des  hommes,  et  il  sait  qu'elles  sont  vaines.  » 
(Psaume  XCIII,  11.)  Pris  sans  doute  par  Montaigne 
cliez  saint  Augustin,  Cite  de  Dieu,  XIX,  iv;  XXII,  iv. 

P.  232,  1.  21.  Ouani  dùcti).  «Que  les  savants 
supposent,  plutôt  qu'ils  ne  la  connaissent.  » 

P.  232,  1.  22.  Tiniœus).  Cf.  Platon,  Timée  :  «  Ra- 
tionem  vero  originis  naturaliter  explicare  difficillimum 
est...  Verisimiles  rationes  sufficiunt...  ne  mireris 
obsecro,  si  rationes  de  iis  probatissimas  exactissi- 
masque  affere  non  possini.  Satis  enim  factum  putare 
debebis,  si  non  minus  probabiles  quam  quivis  alius 
rationes  attulerim.  .^quum  est  meminisse,  &  me 
qui  disseram,  &  vos  qui  judicabitis,  homines  esse.  » 
(P.  29;  éd.  de  1546,  p.  705.) 

P.  233,  1.  2.  Ut potero).  «Je  m'expliquerai  de  mon 
mieux  :  cependant  n'allez  pas  prendre  mes  paroles 
pour   des   oracles  certains  et   incontestables   rendus 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


241 


par  Apollon  Pythien;  foiblc  mortel,  je  cherche,  par 
des  conjectures,  à  découvrir  la  vraisemblance.  » 
(Cicéron,  Tusailaiies,  I,  i.\.)  Montaigne  écrit  ul 
Pythius  au  lieu  de  quasi  Pythius,  et,  après  «  homun- 
culus  »,  il  supprime  les  trois  mots  mius  e  miiltis. 

P.  233,  1.  5.  Si  forte).  «  S'il  arrive  que,  discourant 
de  la  nature  des  Dieux  et  de  l'origine  du  monde,  je 
ne  puis  atteindre  le  but  que  je  me  propose,  il  ne 
faudra  pas  vous  en  étonner,  car  vous  devez  vous 
souvenir  que  moi  qui  parle  et  vous  qui  jugez,  nous 
ne  sommes  que  des  hommes,  et  si  je  vous  donne  des 
probabilités,  ne  demandez  rien  de  plus.  »  (Cicéron, 
traduction  du  Tiiiice  de  Platon,  m.)  Montaigne 
abrège  la  phrase  de  Cicéron.  L'édition  de  Paris  1538 
écrit  :  ne  quid  ultra  requiratis. 

P.  233,  1.  15.  Epicuriis).  Cf.  essai  I,  xxvi,  p.  1S9, 
1.  21  et  la  note. 

P.  233,  1.  16.  Le  beaucoup  sçavoir).  Cf.  Plutarque, 
Propos  de  table  :  «Florus...  se  remplit  luy  mesmes 
de  plusieurs  doutes,  &  en  remplit  encore  les  autres, 
comme  font  ordinairement  les  hommes  studieux, 
rendants  en  cela  tesmoignage  à  Aristote  qui  dit  que 
le  beaucoup  sçavoir  apporte  beaucoup  d'occasion  de 
douter.  »  (VIII,  X,  f"  431  r".) 

P.  233,  1.  21.  Oui  requirnitî).  «Ceux  qui  vou- 
draient savoir  ce  que  nous  pensons  sur  chaque 
matière  poussent  trop  loin  la  curiosité.  Ce  principe 
en  philosophie  de  disputer  de  tout  sans  décider  sur 
rien,  établi  par  Socrate,  repris  par  Arcésilas,  affermi 
par  Carnéade,  fleurit  encore  à  notre  époque.  Nous 
sommes  de  l'école  qui  dit  que  le  faux  est  partout 
mêlé  au  vrai  et  lui  ressemble  si  fort  qu'il  est  impos- 
sible de  les  di.scerner  d'une  manière  certaine.  » 
(Cicéron,  De  natma  deoruni,  I,  v.)  Montaigne  abrège 
beaucoup  le  texte  de  Cicéron  et  modifie  quelques 
mots. 

P.  234,  1.  6.  Cliloiiiachiis).  Cf.  Cicéron,  Académi- 
ques :  «  Quanquam  Clitomachus  affirmabat,  nunquam 
.se  intelligere  potuisse,  quid  Carneadi  probaretur.  » 
(II,  XLv.)  Montaigne  commet  ici  une  inexactitude  : 
c'est  sur  une  question  particulière  que  d'après  Cicéron, 
Clitomaque  n'a  jamais  pu  déterminer  l'opinion  de 
Carnéade. 

P.  234,  1.  9.  Z-/.:tî'.v;ç).  Ténébreux.  Montaigne  a 


pris  cette  allégation  dans  une  note  de  son  Lucrèce, 
édition  Lambin,  note  du  vers  I,  640,  qui  va  être  cité 
ci-après.  Lambin  donne  comme  autorités  Vitruve, 
II,  II,  et  Cicéron,  De  jinibus,  II,  v.  C'est  dans  la 
même  note  de  Lambin  que  Montaigne  a  pris  encore 
ce  qu'il  vient  de  dire  de  l'obscurité  d'Épicure.  En 
effet,  s'il  se  fût  reporté  au  texte  de  Cicéron,  II,  v, 
il  aurait  vu  que  cette  obscurité  d'Épicure  n'était  pas 
volontaire;  la  citation  tronquée  de  Lambin  au  con- 
traire prêtait  à  confusion. 

P.  234,  1.  12.  Clarus).  «C'est  par  l'obscurité  de 
son  langage  qu'Heraclite  s'est  acquis  sa  réputation 
auprès  des  ignorants.  Les  sots,  en  effet,  n'estiment 
et  n'admirent  que  les  opinions  cachées  sous  un  amas 
de  paroles  embarrassées.  »  (Lucrèce,  I,  640.)  Cf.  la 
note  ci-dessus,  p.  234,  1.  9. 

P.  234,  1.  15.  Cicero).  De  officiis,  I,  vi. 

P.  234,  1.  18.  Ij:s  phylosophes  Cyrenaiques).  Cf. 
Diogène  Laërce,  Vie  d'Aristippe)  :  «  Eos  et  physicam 
&  dialecticam  :uquè  aspernari.  »  (II,  xcii,   p.  151.) 

P.  234,  1.  19.  Zenon).  Id.,  Vie  de  Zenon  :  «  Quod 
disciplinas  libérales  inutiles  denuntiet,  in  principio 
suiï  reipublica;.  »  (VII,  xxxii,  p.  429.) 

P.  235,  1.  I.  Chrysippus).  Il  est  probable  que 
Montaigne  fait  allusion  à  un  passage  de  Plutarque  : 
Les  contredicts  des  philosophes  sloïques,  xw,  f°  568  r°; 
mais  son  souvenir  est  erroné. 

P.  235,  1.  3.  Plutarque  le  dict).  Dans  la  Vie  d'A- 
lexandre :  «  h.  la  vérité,  tout  le  traitté  qu'il  appelle 
Métaphysique,  c'est-à-dire,  oultre  la  science  naturelle, 
ne  contient  rien  qui  soit  utile  ha'  à  enseigner,  ny  à 
apprendre,  &  n'est  qu'une  monstre  &  ostentation  de 
profond  entendement,  pour  ceulx  qui  sont  desja 
sçavans.  »  (11,  f"  466  v".) 

P.  235,  1.  II.  Par  II  ni  inihi).  «Je  ne  saurais  faire 
grand  cas  de  ces  lettres  qui  n'ont  aucunement  servi 
à  rendre  vertueux  ceux  qui  en  sont  instraits.  »  (Sal- 
luste,  Bell.  Jug.,  lxxxv.)  Cette  sentence  qui  ne  se 
retrouve  pas  textuellement  chez  Salluste  a  été  prise 
par  Montaigne  dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse, 
I,  10. 

P.  235,  1.  lé.  Les  uns  ont  estinu).  Cf.  Sextus  Em- 
piricus,  Hypotyposes  :  «  Platonem  alii  dogmaticum  esse 
dixerunt,  alii  aporematicum  sive  dubitatorem  ;  alii  verô 


242 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


in  quibusdam  dogmaticuni,  in  quibusdam  aporema- 
ticum.  »  (I,  XXXIII,  début.) 

P.  236,  1.  3.  Homère,  leur  autheur).  Cf.  Sénèque, 
ép.  88. 

P.  236,  1.  5.  D^  Plate).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
de  Socrate,  à  la  fin. 

P.  236,  1.  7.  Sacrâtes  disait).  Cf.  Platon,  Théétète, 
VII,  pp.  150,  151;  éd.  de  1546,  pp.  138,  139. 

P.  23e,  1.  1 6.  Les  anciens  ont  remarqué).  Cf.  Cicéron, 
Académiques  :  «  Empedoclem,  Anaxagoram,  Demo- 
critum,  Parmenidem  &  Xenophanem,  Platonem 
etiam  &  Socratem  profenis.  »  (II,  v;  t.  IV,  p.  12.) 

P.  237,  1.  23.  Comme  dit  Euripides).  Cf  Plutarque, 
Des  oracles  qui  ont  cessé  : 

a  Les  œu\Tes  des  Dieux  en  diverses 
»  Façons,  nous  donnent  des  traverses,  » 

comme  dit  Euripide,  quand  nous  présumons  &  osons 
prononcer  de  si  haultes  &  grandes  choses,  comme  si 
nous  le  sçavions  bien  certainement.  »  (xxv,  f°  348  r°.) 

P.  237,  1.  26.  Celuy  qu'Empedacles).  Cf.  Cicéron, 
Académiques  :  «  Raro  admodum,  quum  hœrent,  aliquo 
loco  exclamant,  quasi  mente  incitati  :  Empedocles 
quidem,  ut  interdlim  mihi  furere  videatur,  abstrusa 
esse  omnia,  nihil  eos  sentire,  nihil  cernere,  nihil 
omnino  quale  sit,  posse  reperire.  »  (H,  v;  t.  IV,  p.  12.) 

P.  238,  1.  3.  Cogitationes).  «Les  pensées  des  mor- 
tels sont  timides;  leur  prévoyance  et  leur  invention 
sont  incertaines.  »  {Sagesse,  IX,  xiv.)  Pris  sans  doute 
chez  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  XII,  xv. 

P.  238,  1.  8.  .£"/  treuvent  de  l'intempérance).  Cf 
Sénèque  :  «  Plus  scire  velle  quam  sit  satis  intempe- 
rantiœ  genus  est.  »  (Ep.  88.) 

P.  238,  1.  10.  Demacritus).  Cf  Plutarque,  Propos 
de  table  :  «  Comme  il  feit  au  sage  Democritus,  lequel 
un  jour  mangeant  d'une  figue,  trouva  qu'elle  avoit 
le  goust  du  miel.  Si  demanda  à  sa  ser%-ante,  où  elle 
l'avoit  achettée.  Elle  luy  nomma  un  certain  verger. 
Et  luy  se  levant,  luy  commanda  de  le  mener  tout 
de  ce  pas  sur  le  lieu.  Dequoy  la  servante  s'esbahis- 
sant,  luy  demanda  pourquoy  il  y  vouloir  ainsi 
chaudement  aller.  Il  fault,  dit  il,  que  je  trouve  la 
cause  de  ceste  douceur  :  &  je  la  trouveray,  quand 
j'auray   veu  &  bien   considéré   le   lieu.   Dequoy  la 


servante  se  prenant  à  rire,  Rasseiez  vous,  dit  elle, 
hardiment  quant  à  cela,  car  n'y  pensant  pas,  j'avois 
mis  ces  figues  en  un  vaisseau  où  il  y  avoit  eu  du 
miel.  Et  luy  comme  en  estant  marr}-.  Tu  me  fasches, 
dit  il,  de  me  dire  cela  :  Car  nonobstant  je  suivray  ma 
délibération,  &  chercheray  la  cause,  comme  si  ceste 
doulceur  venoit  de  la  figue  mesme.  »  (I,  x,  f°  368  V.) 

P.  238,  1.  20.  D'un  effaict).  Rapprocher  du  début 
de  l'essai  III,  xi. 

P.  239,  1.  4.  Satius  est).  «Mieux  vaut  apprendre 
des  choses  inutiles  que  de  ne  rien  apprendre.  » 
(Sénèque,  ép.  88.) 

P.  239,  1.  9.  La  considération).  Cf  Cicéron,  Acadé- 
miques :  «  Est  enim  animorum  ingeniorumquc  naturale 
quoddam  quasi  pabulum  consyderatio  contemplatio- 
que  natura;.  Erigimur,  latiores  fieri  videmur,  humana 
despicimus  :  cogitantesque  supera  atque  cqglestia,  hxc 
nostra  ut  exigua  &  minima  contemnimus.  Indagatio 
ipsa  rerum  cum  maximarum,  tum  etiam  occultissi- 
marum  habet  oblectationem.  »  (II,  xli;  t.  TV,  p.  32.) 

P.  239,  1.  17.  Eudaxus  souhetoit).  Cf.  Plutarque  : 
Que  Ion  ne  sçauroit  vivre  joyeusement  selon  la  doctrine 
d'Epicurus  :  «  Eudoxus  souhaitoit  &  faisoit  prières, 
qu'il  peust  veoir  de  près  le  Soleil,  comprendre  sa 
forme,  sa  grandeur  &  sa  beauté  &  puis  en  estre 
bruslé,  comme  fut  Phaëton.  »  (^'I1I,  f°  282  v°.) 

P.  240,  1.  5.  Uniquique  ista).  «Ces  systèmes  sont 
les  fictions  du  génie  de  chaque  philosophe,  et  non  le 
résultat  de  leurs  découvertes.  »  (Sénèque,  Suasor.,  iv.) 

P.  240,  1.  6.  Un  ancien).  Montaigne  fait  peut-être 
allusion  à  Diogène  le  cynique  auquel  Diogène  Laërce 
prête  un  mot  analogue  :  «  Dicente  quodam,  cur  nihil 
sciens  philosopharetur  :  etsi,  inquit,  philosophiam 
simulo,  hoc  ipsum  philosophari  est.  »  Montaigne  a 
pu  trouver  ceci  en  particulier  dans  les  Dialogues  de 
Guy  de  Brués,  p.  46. 

P.  240,  1.  lé.  Ou  il  escrit  selon  soy).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Platon,  III,  lxxx. 

P.  240,  1.  22.  //  a  grand  souin).  Cf.  Platon,  Répu- 
blique, fin  du  livre  II  et  début  du  livre  III. 

P.  241,  1.  2.  //  dict).  Id.,  ibid.  :  «  Nempe,  neces- 
sarium  fore  videtur,  ut  frequenti  mendacio  &  decep- 
tione  utantur  principes  ad  subditorum  utilitatem.  » 
(V,  p.  459;  éd.  de  1546,  p.  591.) 


LIVRE      II,      CHAPITRE     XII. 


243 


P.  241,  1.  15.  Non  tain  id  sensisse).  «On  dirait 
qu'ils  ont  écrit  moins  par  conviction  que  pour 
exercer  leur  esprit  par  la  difficulté  du  sujet.  » 

P.  241,  I.  21.  Deiiner  Dieu).  De  l'agnosticisme 
de  Montaigne,  on  peut  rapprocher  ce  que  dit  Gen- 
tillet dans  ses  Discours  sur  les  moyens  de  bien  gouverner  : 
«  Comment  est  l'homme  si  insensé  et  présomptueux 
de  penser  que  son  cen,'eau  (qui  n'est  pas  large  de 
demy  pied),  puisse  comprendre  une  chose  si  grande 
et  infinie  ?  C'est  une  aussi  grande  lourderie  comme 
qui  voudroit  dans  la  palme  de  la  main  comprendre 
toutes  les  eaux  de  la  mer.  Le  christianisme  donc  a 
ceste  modestie  et  simplicité  de  vouloir  connoistre 
Dieu  par  les  moyens  et  selon  qu'il  veut  estre  connu 
des  hommes;  croire  que  de  vouloir  passer  plus  avant, 
c'est  entrer  en  ténèbres,  non  en  connoissance.  » 
(Ed.  de  1579,  p.  144.)  GeUi  dit  de  même  dans  ses 
Discours  fantastiques  (trad.  de  1566,  p.  207):  «Prends 
garde  un  peu  au  faict  de  la  religion  :  ne  vois-tu  pas 
que  ces  messieurs  les  reverens  pour  ne  vouloir  recon- 
noistre  selon  la  vérité  qu'ils  ne  peuvent  comprendre 
les  choses  concernantes  la  foy  chrestienne  par  leur 
lumière  naturelle  et  pmdence  humaine,  se  sont 
tellement  laissez  abuser  par  icelle  qu'ils  ont  entrepris 
de  vouloir  prouver  les  principaux  chefs  et  articles  de 
nostre  foy,  par  des  propositions  et  argumens  de 
philosophie,  laquelle  est  neantmoins  du  tout  contraire 
à  la  foy,  d'autant  qu'elle  procède  par  un  certain  ordre 
et  par  les  principes  naturels,  au  lieu  que  la  foy 
excède  et  surmonte  en  tout  la  nature.  » 

P.  241,  1.  25.  Ne  pouvons  estendre).  Pour  l'expres- 
sion, rapprocher  un  souvenir  de  Cicéron  que  Mon- 
taigne mentionnera  un  peu  plus  bas,  p.  248,  1.  7. 

P.  242,  1.  10.  Jupiter  oninipotens).  «Jupiter  tout- 
puissant,  père  et  mère  du  monde,  des  rois  et  des 
<lieux.»  (Vers  de  Valerius  Soranus  qui  ont  été  conser- 
vés par  saint  Augustin  dans  la  Cité  de  Dieu,  VII,  xi.) 
Montaigne  a  interverti  l'ordre  des  mots  «  rerum  »  et 
«  regum  ». 

P.  242,  1.  14.  Les  evencinans  sortables).  Il  semble 
bien  que  Montaigne  exprimait  des  idées  toutes 
contraires  dans  l'essai  I,  xxxii. 

P.  243,  I.  4.  Celle  qu'ils  avoyent).  Actes  des  apôtres, 
xvii,  23. 


P.  243,  1.  6.  Pythagoras  adombra).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Numa  :  «...  que  ce  qu'il  ordonna  touchant 
les  images  &  représentations  des  Dieux,  se  conforme 
du  tout  à  la  doctrine  de  Pj'thagoras,  lequel  estimoit, 
que  la  première  cause  n'estoit  ny  sensible  ny  pas- 
sible, ains  invisible  &  incorruptible,  &  seulement 
intelligible.  Et  Numa  semblablement  défendit  aux 
Romains  de  croire  que  Dieu  eust  forme  de  beste 
ou  d'homme  :  de  sorte  qu'en  ces  premiers  temps  la 
il  n'y  eut  à  Rome  image  de  Dieu  ny  peinte  ny 
moulée,  &  furent  l'espace  de  cent  soixante  &  dix 
premiers  ans,  qu'ilz  édifièrent  bien  des  temples  &  des 
chappelles  aux  Dieux  :  mais  il  n'y  avoit  dedans  statue 
ne  figure  quelconque  de  Dieu,  estimans  que  ce  fust 
un  sacrilège  de  vouloir  représenter  les  choses  divines 
par  les  terrestres,  attendu  qu'il  n'est  pas  possible 
d'atteindre  aucunement  à  la  cognoissance  de  la  divi- 
nité, sinon  par  le  moien  de  l'entendement.  Les  sacri- 
fices mesmes  que  Numa  institua,  s'accordoient  &  se 
rapportoient  fort  à  la  manière  de  servir  les  Dieux, 
dont  usoient  les  Pythagoriens  :  car  on  n'y  espandoit 
point  de  sang,  ains  se  faisoient  pour  la  plus  part  avec 
un  peu  de  farine,  &  un  peu  d'effusion  de  vin  &  de 
laict,  &  avec  autres  telles  choses  légères.»  (xi,  f"  45  r°.) 

P.  243,  1.  19.  La  venë  de  no^  crucifix).  On  peut 
rapprocher  de  tout  ce  développement  ce  qui  est  dit 
plus  bas,  p.  355,  1.  25;  voir  aussi  la  description  que 
fait  Montaigne  dans  son  Journal  de  voyage,  p.  119, 
d'un  temple  luthérien  :  il  est  très  frappé  par  la  nudité 
de  l'édifice.  Visiblement  dans  toute  cette  page  il  fait 
la  critique  du  protestantisme. 

P.  243,  1.  27.  La  Imniere  couunune).  Cf.  Ronsard, 
Remontrances  au  peuple  de  France.  Au  sixième  vers  le 
texte  de  Ronsard  est  :  <■<■  je  dy  ce  grand  soleil...  »' 

P.  244,  1.  17.  Thaïes).  Cf.  Cicéron,  De  natura 
deorum  :  Thaïes  Milesius  primus  de  talibus  rébus 
qussivit,  aquam  dixit  esse  initium  rerum...  Anaxi- 
mandri  autem  opinio  est  nativos  esse  deos,  longis 
intervallis  orientes  occidentésque,  eôsque  innumera- 
biles  esse  mundos...  Anaximenes  aéra  deum  statuit, 
eùmque  gigni,  esséque  immensum  &  infinitum, 
&  semper  in  motu...  Anaxagoras...  primus  omnium 
rerum  descriptionem  &  modum,  mentis  infinités  vi  ac 
ratione  designari  &  confici  voluit...  Alcnic-eo...  soli 


244 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


&  luiiK,  reliquisque  syderibus,  animôque  prœterea 
divinitatem  dédit...  Pythagoras  censuit  animuni  esse 
par  naturam  rerum  omnem  intentum  &  commean- 
tem,  ex  quo  no.stri  aniini  carperentur...  Xenophanes 
qui  mente  adjuncta,  ouine  pn-eterea  quod  esset, 
infinitum  deiim  voluit  esse,  de  ipsa  mente  item 
reprehenditur  ut  creteri  :  de  infinitate  autem  veliemen- 
tius,  in  qua  niiiil  neque  sentiens,  neque  conjunctum 
potest  esse...  Parmenides...  commentitium  quiddam 
coron^e  similitudine  effecit,  Stephanem  appellat, 
continentem  ardore  lucis  orbem,  quem  appellat 
deum...  Empedocles...  quatuor...  naturas  ex  quibus 
omnia  constare  censet,  divinas  esse  vult...  Prota- 
goras...  sese  negat  omnino  de  diis  habere  quod 
liqueat,  sint  non  sinî,  qualésve  sint...  Dcmocritus... 
tum  imagines  earùmque  circuitus  in  deorum  numéro 
refert,  tum  illam  naturam  qux'  imagines  fundat  ac 
mittat,  tum  scientiam  intelligentiamque  nostram... 
Quid  aer  quo  Diogenes  Apolloniatcs  utitur  deo,  quem 
sensum  habere  potest,  an  quam  formam  dei?...  De 
Platonis  inconstantia  longum  est  dicerc,  qui  in 
Timaso,  patrem  hujus  mundi  nominari  neget  posse  : 
in  legum  autem  libris,  quid  sit  omnino  deus  inquiri 
oportere  non  censeat...  Idem  &  in  Tima;o  dicit  i^  in 
Legibus,  &  mundum  deum  esse,  &  cœlum,  6>:  astra, 
&  terram,  &  animos,  &;  eos  quos  majorum  institutis 
accepimus...  Xenophon...  eadem  ferè  peccat  :  facit 
enim  in  iis  qua;  à  Socrate  dicta  retulit,  Socratem  dispu- 
tantem,  formam  dei  quivri  non  oportere,  eundémque 
&  solem  &  animum  deum  dicere,  &  modo  unum, 
tum  autem  plures  deos...  Nec  multo  secus  Speusippus 
Platonem  avunculum  subsequens,  &.  vim  quandam 
(dicit)  qua  omnia  regantur,  eàmque  animalem...  Aris- 
toteles...  modo...  menti  tribuit  omnem  divinitatem, 
modo  mundum  ipsum  deum  dicit  esse,  modo  alium 
quemdam  pra;ficit  mundo...  tum  cœli  ardorem  deum 
dicit  esse...  Zenocrates...  deos  octo...  esse  dicit, 
quinque  cos  qui  in  stellis  vagis  nominantur,  unum 
qui  ex  omnibus  .syderibus  qua;  infixa  cœlo  sunt,  ex 
di.spersis  quasi  membris,  simplex  sit  putandus  deus, 
septimum  solem  adjungit,  octavam  lunam...  Ponticus 
Heraclides  puerilibus  fabulis  refersit  libros, ...  sen- 
suque  deum  privât  &  cjus  formam  mutabilem  es.se 
vult  :  eodemque  in  libro  rursus  lerram  ts;  cœlum 


refert  in  deos.  Nec  vero  Theophrasti  inconstantia 
ferenda  est  modo  enim  menti  divinum  tribuit  prin- 
cipatum,  modo  cœlo,  tum  autem  signis  syderibùsque 
cœlestibus...  Strato...  omnem  vim  divinam  in  natura 
sitam  esse  censet,  qure  causas  gignendi,  augendi, 
minuendi  habeat,  sed  careat  omni  sensu  &:  figura. 
Zeno  autem...  naturalem  legem  divinam  esse  censet, 
eàmque  vim  obtinere  recta  imperantem,  prohiben- 
témque  contraria.  Quam  legem  quomodo  efficiat 
animantem,  intelligere  non  possumus...  Tollit  om- 
nino usitatas  perceptasque  cognitiones  deorum  : 
neque  enim  Jovem,  neque  Junonem,  neque  \'estam, 
neque  quenquam  qui  ita  appelletur,  in  deorum  habet 
numéro...  Aristonis  non  minus  magno  in  errore 
sententia  est,  qui  neque  ibrmam  dei  intelligi  posse 
censeat,  neque  in  diis  sensum  esse  dicat,  dubitetque 
omnino  deus  animans  nécne  sit.  Cleantlies...  tum 
ipsum  mundum,  deum  dicit  esse,  tum  totius  natura; 
menti  atque  animo  tribuit  hoc  nomen,  tum  ultimum 
&  altissimum  atque  undique  circumfusum  &  extre- 
mum  omnia  cingentem,  atque  complexum  ardorem 
qui  a;ther  nominetur,  certissimum  deum  judicat... 
Perseus  ejusdem  Zenonis  auditor,  eos  dicit  esse 
habitos  deos,  à  quibus  magna  utilitas  ad  vita;  cultum 
esset  inventa...  Chrysippus  qui  Stoïcorum  somniorum 
vaferrimus  habetur  interpres,  magnam  turbam  con- 
gregat  ignotorum  deorum...  dicit  esse  (deos)  ctiam 
homines  qui  immortalitatem  essent  consecuti.  »  (I, 
X  et  suivants;  t.  IV,  pp.  187-189.)  Cicéron  accom- 
pagne l'énoncé  de  chaque  opinion  d'une  appréciation 
que  Montaigne  supprime.  On  remarquera  que  les 
opinions  de  Xénophane  et  de  Diogène  Apolloniate 
sont  déplacées  et  rapportées  d'une  manière  tout  à 
fait  inexacte. 

P.  246, 1.  9.  Diai;oras).  Id.,  ibid:  «Diagoras  Atheos 
qui  dictus  est,  posteaque  Theodorus,  nonne  aperte 
deorum  naturam  sustulerunt.»  (I,  xxm;  t.  IV,  p.  192.) 

P.  246,  1.  10.  Épiciire).  Id.,  ibid.  (I,  xviii  et  sui- 
vants; t.  I\',  pp.  190,  191,  192.) 

P.  246,  1.  13.  Ego  deûm).  «Quant  à  moi,  j'ai 
toujours  cru,  j'ai  toujours  pensé  qu'il  existe  des  dieux 
et  je  le  proclamerai  sans  ces.se,  mais  ma  conviction  est 
qu'ils  n'ont  nul  .souci  de  ce  que  font  les  hommes.  » 
(Hnnius  apud  Cicéron,  De  divinatione,  II,  l.) 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


245 


P.  247,  1.  3.  Ceux  qui  adoroiait).  Les  Ég}'ptiens. 
Cf.  Plutarque,  De  Lis  &  Osiris. 

P.  247,  1.  13.  Onœ  prccid  nsqne).  «Toutes  choses 
qui  sont  très  éloignées  de  la  nature  divine  et  qui  sont 
indignes  des  dieux.  »  (Lucrèce,  V,  123,  124.) 

P.  247,  1.  15.  Formœ).  «On  connaît  leur  phy- 
sique, leur  âge,  leurs  vêtements,  leurs  parures,  leur 
généalogie,  leur  mariage,  leurs  alliances,  et  on  les 
représente  à  tous  égards,  sur  le  modèle  de  l'infirmité 
humaine,  car  on  les  fait  sujets  aux  mêmes  passions  : 
on  nous  parle  de  leurs  amours,  de  leurs  chagrins, 
de  leurs  colères.  »  (Cicéron,  De  natiira  dconiin,  II, 
xxviu.)  Cette  citation  un  peu  abrégée  est  empruntée 
de  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  IV,  xxx. 

P.  247,  1.  18.  A  la  foi).  Rapprocher  pour  tous  ces 
dieux,  Cicéron,  De  natiira  deonim,  II,  xxiii,  et  saint 
Augustin,  Cité  de  Dieu,  I\',  xx,  avec  le  Commentaire 
de  Vives. 

P.  247,  1.  22.  Oiiid  jnvat).  «A  quoi  bon  introduire 
nos  mœurs  dans  les  temples?  O  âmes  courbées  vers 
la  terre  et  vides  de  tout  sentiment  divin.  »  (Perse, 
II,  62  et  61.)  Les  éditions  du  xvi"  siècle  portent 
immittere  au  lieu  de  indncere  qu'écrit  Montaigne, 
mais  elles  présentent  comme  Montaigne  la  leçon 
«  quid  juvat  hoc^K 

P.  247,  1.  24.  Les  Aîgyptiens).  Cf.  saint  Augustin, 
Cité  de  Dieu  :  «  Constitutum  est  etiam  de  illo,  ut  quis- 
quis  eum  hominem  dixisset  fuisse,  capitalem  penderet 
pœnam.  Et  quoniam  fere  in  omnibus  templis,  ubi 
colebantur  Isis  &  Serapis  :  erat  simulachrum,  quod 
digito  labiis  impresso  admonere  videretur,  ut  silen- 
tium  fieret  :  hoc  significare  idem  Varro  existimat  ut 
homines  eos  fuisse  taceretur.  »  (XVIII,  v,  314.) 

P.  248,  1.  7.  Dict  Cicero).  Dans  le  De  natitra 
deorum  :  «  Nec  intelligo  cur  maluerit  Epicurus  deos 
hominum  similes  dicere  quam  homines  deorum.  »  (I, 
xxxii;  t.  IV,  p.  196.)  Et  surtout  dans  les  Tusculanes  : 
«  Fingebat  hœc  Homerus,  &  humana  ad  deos  trans- 
ferebat  :  divina  mallem  ad  nos.  »  (I,  xxvi.)  Texte 
reproduit  par  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  IV,  xxvi. 
Rapprocher  une  expression  semblable  dans  le  même 
essai  de  Montaigne,  p.  241,  1.  25. 

P.  248,  1.  14.  Le  vergier  de  Pluton).  Dans  le  Gor- 
gias  à  la  fin  et  dans  la  République,  x,  Montaigne  se 


souvient  surtout  de  Plutarque,  De  la  face  qui  apparoist 
dedans  le  rond  de  la  Lune,  xxxii,  f"  626  r°,  où  se 
trouve  l'expression  verger  de  Pluton. 

P.  248,  1.  18.  Secreti).  «Ils  se  dissimulent  dans 
des  sentiers  écartés,  dans  une  forêt  de  myrte  qui  les 
enveloppe;  même  dans  la  mort  les  soucis  ne  les 
abandonnent  point.  »  (Virgile,  En.,  VI,  443.) 

P.  249,  1.  12.  Cinq  sens  de  nature).  L'expression 
se  retrouve  chez  Bonaventure  Despériers,  Nouvelles 
récréations,  I,  et  dans  Henri  Estienne,  Apologie  pour 
Hérodote,  XX,  11  ;  elle  semble  appartenir  au  stjie  des 
conteurs.  \ow  aussi  le  fournal  de  voyage  de  Montaigne, 
p.  186. 

P.  249,  1.  25.  Œuil  ne  sçauroit  voir).  Saint  Paul, 
Épitre  aux  Corinthiens,  I,  11,  9,  d'après  Lsaïe,  LXiv,  4. 

P.  250,  1.  3.  Comme  tu  dis,  Platon).  Cf.  Plutarque, 
De  la  face  qui  se  voit  dedans  le  rond  de  la  Lune,  xxxii, 
f°  626  r°. 

P.  250,  1.  6.  Hector  erat).  «C'était  Hector  qui 
combattait  les  armes  à  la  main;  mais  le  corps  qui 
fut  traîné  par  les  chevaux  d'Achille,  ce  n'était  plus 
Hector.  »  (Ovide,  Tristes,  III,  11,  27.)  Les  éditions 
du  xvi"^  siècle  portent  et  idem,  au  lieu  de  at  ille. 

P.  250,  1.  9.  Ouod  niutatur).  «  Ce  qui  change  est 
dissous,  donc  périt  :  les  parties  désagrégées,  il  n'y  a 
plus  de  corps.  »  (Lucrèce,  III,  756.) 

P.  250,  1.  II.  En  la  Metempsicose).  Cf.  ci-dessus. 
Essai  II,  XI,  p.  136,  1.  25. 

P.  250,  1.  14.  Ceus  la  auroint  raison).  Il  s'agit  de 
Porphyre.  Cf.  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu  :  «  Puduit 
scilicet,  illud  credere,  ne  mater  fortasse  filium  in 
mulam  revoluta  vectaret  :  &  non  puduit  hoc  credere, 
ne  revoluta  mater  in  puellam  filio  forsitan  nuberet.  » 
(X,  xxx,  621.) 

P.  250,  1.  19.  Des  caidrcs).  Cf.  Pline,  Histoire  natu- 
relle :  «  Ex  ossibus  &  medullis  (Phœnicis  mortui) 
nasci  primo  ceu  vermiculum  :  inde  fieri  pullum.  » 
(X,  II.) 

P.  250,  1.  25.  Nec  si  materiani).  «Supposez  que, 
après  la  mort,  le  temps  rassemble  la  matière  de  notre 
corps  et  qu'il  le  reconstitue  tel  qu'il  est  aujourd'hui, 
supposez  alors  que  la  vie  nous  soit  à  nouveau  donnée, 
même  dans  ces  conditions,  cette  nouvelle  existence 
ne  serait  rien  pour  nous,  puisque  le  cours  de  notre 


246 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


vie  aurait  été  une  fois  interrompu.  »  (Lucrèce,  III, 

859.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin,  p.  248. 

P.  251,  1.  4.  Quand  tu  dis).  Voir  en  particulier 

Plutarque,  De  la  face  qui  se  voit  au  rond  de  la  Lune, 

XXVIII. 

P.  251,  1.  7.  Scilicet).  «  Ainsi,  l'œil  arraché  de  son 
orbite  et  séparé  du  reste  du  corps  ne  peut  voir 
aucun  objet.  »  (Lucrèce,  III,  562.)  Le  texte  est  celui 
de  l'édition  Lambin,  p.  227. 

P.  251,  1.  13.  Inter  enim).  «Dès  que  la  vie  est 
interrompue,  tout  mouvement  abandonne  les  sens.  » 
{Id.,  ilrid.,  872.) 

P.  251,  1.  18.  Et  nihil).  «Et  cela  ne  nous  est 
de  rien,  puisque  nous  sommes  un  tout  formé  de 
l'union  et  du  mariage  de  l'âme  et  du  corps.»  {Id., 
ibid.,  857.) 

P.  252,  1.  17.  C'est  plus  grande  présomption).  Ct. 
Plutarque,  Pourquoy  la  justice  divine  diffère  quelquefois 
la  punition  des  maléfices  :  «  C'est  plus  grande  presump- 
tion  à  ceulx  qui  ne  sont  qu'hommes  d'entreprendre 
de  parler  et  discourir  des  Dieux  &  des  demy-dieux, 
que  ce  n'est  pas  à  un  homme  ignorant  de  chanter, 
&  de  vouloir  disputer  de  la  musique,  ou  à  un  homme 
qui  ne  fut  jamais  en  camp,  vouloir  disputer  des  armes 
&  de  la  guerre,  en  présumant  de  pouvoir  bien 
comprendre,  nous  qui  sommes  ignorans  de  l'art,  la 
fantaisie  du  sçavant  ouvrier,  par  quelque  légère 
conjecture  seulement.»  (iv,  f°  259  r°.) 

P.  253,  1.  4.  Come  Tiherius  Sempronius).  Tite-Live, 
XLI,  XVI. 

P.  253,  1.  6.  Et  Paul'emisle).  Id.,  XLV,  xxxiii. 

P.  253,  1.  7.  Et  Alexandre).  Cf.  Diodore  de  Sicile, 
XVII,  civ;  Arrien,  VI,  xix;  mais  ni  l'un  ni  l'autre 
ne  mentionnent  les  sacrifices  humains  dont  parle 
Montaigne. 

P.  253,  1.  13.  Suhnone).  «  Énée  saisit  quatre  jeunes 
guerriers,  fils  de  Sulmone,  et  quatre  autres  nourris 
aux  bords  de  l'Ufens,  pour  les  immoler  aux  mânes 
de  Pallas.  »  (Virgile,  En.,  X,  517.) 

P.  253,  1.  16.  Les  Gettes).  Cf.  Hérodote  :  «Ils  (les 
Gètes)  se  cuident  immortels.  Ils  ont  opinion  qu'ils 
ne  meurent  point,  mais  prennent  chemin  vers  Za- 
molxis...  De  cinq  en  cinq  ans  ils  envoyent  pour 
messager  vers  lui  l'un  de  entre  eux,  tiré  aux  ballotes, 


&  luy  donnent  charge  de  ce  qui  leur  fait  communé- 
ment besoing.  Les  aucuns  d'eux  sont  ordonnez  pour 
tenir  trois  javelines  droictes,  autres  prennent  iceluy 
messager  aux  pieds  &  aux  mains,  &  le  jectent  en 
l'air  sur  les  javelines,  s'il  meurt  en  cest  état,  ils  ont 
opinion  que  le  dieu  leur  est  miséricordieux,  mais, 
si  ne  meurt  point,  ils  luy  disent  injures  &  le  blas- 
ment  comme  meschant.  En  fin  après  qu'ils  l'ont  bien 
injurié,  ils  y  envoyent  un  autre,  &  luy  donnent 
ceste  charge,  nonobstant  qu'il  soit  encore  plein  de 
vie.  »  (IV,  xciv;  t.  I,  f°  277  v°.) 

P.  254,  1.  4.  Amestris).  Cf.  Plutarque,  De  la  supers- 
tition :  «  Amestris  la  mère  du  Roy  Xerxes  enfouit  en 
terre  douze  hommes  vivans,  dont  elle  faisoit  offrande 
à  Pluton,  pour  cuider  allonger  sa  vie.  »  (xiii, 
f"  124  r°.)  Et  surtout  Hérodote  :  «  Amestris  femme  de 
Xeraes  devenue  fort  vieille  feit  enterrer  vifs  quatorze 
jeunes  enfans  des  plus  nobles  maisons  des  Perses  pour 
gratifier  au  dieu  que  l'on  dit  estre  soubs  terre.  »  (VII, 
cxiv;  t.  II,  f"  88  V.) 

P.  254,  1.  10.  Tantum  relligio).  «  Tant  la  religion 
a  pu  persuader  de  crimes.  »  (Lucrèce,  I,  102.)  Ce 
vers  est  cité  dans  un  ouvrage  de  Juste  Lipse  que 
Montaigne  a  lu  après  1588  :  Adversus  dialogistam,  i. 

P.  254,  1.  II.  Les  Carthaginois).  Cf.  Plutarque,  De 
la  superstition  :  «  (Les  Carthaginois)  eulx  mesmes 
immoloient  (à  Saturne)  leurs  propres  enfans,  &  ceulx 
qui  n'en  avoient  point  en  achettoient  des  pauvres, 
et  falloit  que  la  mère  propre  qui  les  avoit  vendus 
assistast  au  sacrifice,  sans  monstrer  apparence  quel- 
conque de  s'esmouvoir  à  pitié,  &  sans  plorer  ne 
souspirer.  »  (xiii,  f"  123  v°.) 

P.  254,  1.  15.  Comme  les  Lacedemoniens).  Cf.  Plu- 
tarque, Les  dits  notables  des  Lacedemoniens  :  «  Les 
enfans  enduroient  d'estre  deschirez  a  coups  de  fouet 
tout  au  long  d'un  jour,  jusques  à  la  mort  bien 
souvent,  sur  l'autel  de  Diane.  »  (F°  227  v°.) 

P.  255,  1.  3.  £■/  casta  inceste).  «  Et  que  cette  chaste 
et  malheureuse  victime,  au  moment  même  de  son 
hymen,  fût  immolée  par  la  main  criminelle  d'un 
père.  »  (Lucrèce,  I,  99.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition 
Lambin,  p.  13. 

P.  255,  1.  8.  Quœfuit).  «Quelle  était  cette  grande 
iniquité  des  dieux  de  ne  consentir  à  être  favorables  au 


LIVRE      II,      CHAPITRE     XII, 


247 


peuple  romain  qu'au  prix  du  sang  de  tels  hommes  !  » 
(Cicéron,  De  uatura  deorum,  III,  \  i.) 

P.  255,  1.  14.  L'huimur  de  Policrates).  Hérodote, 
III,  XLi,  XLii;  t.  I,  f°'  194  v°,  195  r°  et  195  V. 

P.  255,  I.  24.  Tanins  est perturhatœ).  «Telle  est  la 
fureur  de  leur  esprit  en  délire  et  sorti  de  son  siège 
qu'ils  pensent  apaiser  les  dieux  en  surpassant  toutes 
les  cruautés  des  hommes.  »  (Saint  Augustin,  Cité  de 
Dieu,  VI,  10.) 

P.  256,  1.  7.  Ubi  iratos).  «De  quoi  pensent-ils  que 
les  dieux  s'irritent,  ceux  qui  croient  les  apaiser  ainsi  ? 
...  Des  hommes  ont  été  châtrés  pour  ser\'ir  aux 
plaisirs  des  rois;  mais  jamais  esclave  ne  s'est  châtré 
lui-même,  lorsque  son  maître  lui  commandait  de  ne 
plus  être  homme.  »  (Jd.,  ibid.,  d'après  Sénèque.) 

P.  256,  1.  II.  Sœpitts  oliiii).  «Bien  souvent  dans 
le  passé  la  religion  a  inspiré  des  actions  impies  et 
détestables.  »  (Lucrèce,  I,  83.)  Le  texte  est  celui  de 
l'édition  Lambin,  p.  12. 

P.  256,  1.  19.  Infinniim  dei fortins).  «La  faiblesse 
de  Dieu  est  plus  forte  que  la  force  des  hommes;  sa 
folie  est  plus  sage  que  leur  sagesse.  »  (Saint  Paul, 
Aux  Corinthiens,  I,  i,  25.)  Sentence  prise  à  saint 
Augustin,  Cité  de  Dieu,  X,  xxviii,  ou  XVI,  11. 

P.  256,  1.  21.  Stilpon).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
de  Stilpon  :  «  Cùm  rogasset  illum  Crates  an  dii  pre- 
cationibus  ac  divinis  honoribus  gaudeant,  Xoli  me, 
inquit,  fatue  in  via  de  hisce  rogare,  sed  solum  ac 
seorsum.  »  (II,  cxvii,  167.) 

P.  257,  1.  13.  Omnia  cum  cœloj.  «Le  ciel,  la  terre 
et  la  mer,  pris  ensemble,  ne  sont  rien,  en  compa- 
raison de  l'immensité  du  grand  tout.  »  (Lucrèce,  VI, 
679.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin,  p.  508. 
Cette  sentence  figurait  sur  les  travées  de  la  biblio- 
thèque de  Montaigne. 

P.  257,  1.  19.  Le  corps  humain).  Chacune  des 
phrases  qui  suivent  contient  une  allusion  transparente 
à  quelque  récit  des  Ecritures. 

P.  258,  1.  3.  Terranique,  &  soient).  «Que  la  terre, 
le  soleil,  la  lune,  la  mer  et  tout  ce  qui  existe,  ne  sont 
point  uniques,  mais  en  nombre  infini.  »  (Lucrèce, 
II,  1085.) 

P.  258, 1.  5 .  Les  plus  fanwnx).  Cf.  une  note  à  ce  sujet 
dans  l'édition  de  Lucrèce  par  Lambin,  au  vers  1023. 


P.  258,  1.  8.  Cum  in  suninia).  «  Qu'il  n'3'  a  point 
dans  la  nature  d'être  qui  soit  seul  de  son  espèce, 
qui  naisse  et  qui  croisse  isolé.  »  (^Id.,  II,  1077.) 

P.  258,  1.  14.  Quarc  etiam).  «  On  est  donc  forcé 
de  convenir  qu'il  s'est  fait  encore  et  encore  ailleurs  des 
agglomérations  de  matières  semblables  à  celles  que 
l'éther  embrasse  dans  sa  vaste  sphère.»  (Jd.,  II,  1064.) 

P.  258,  1.  17.  Un  animant).  Cf.  à  ce  sujet  Plu- 
tarque,  Des  opinions  des  philosophes,  II,  m,  f°  446  r". 
Montaigne  a  vu  encore  cette  idée  longuement  déve- 
loppée dans  le  De  philosophia  occulta  de  Corneille 
Agrippa,  II,  Lv. 

P.  258,  1.  18.  Platon  l'assure).  Dans  son  Timée, 
p.  30  (éd.  de  1546,  p.  705);  mais  Montaigne  prend 
ceci  sans  doute  dans  la  Cité  de  Dieu  de  saint  Augustin 
qui  lui  fournit  aussi  l'allégation  suivante. 

P.  258,  1.  18.  Plusieurs  des  nostres).  Il  s'agit  surtout 
d'Origène.  Cf.  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  X,  xxix, 
et  XIII,  XVI. 

P.  258,  1.  22.  Democritus).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  de  Déinocrite,  IX,  xli\'. 

P.  258,  1.  25.  Epicurus  les  inmgine).  Cf.  Diogène 
Laërce,  X,  lxxxv. 

P.  259,  1.  6.  Oui  en  voudra  croire  Pline).  C'est  en 
effet  de  Pline,  Histoire  naturelle,  que  le  plus  grand 
nombre  de  ces  faits  sont  empruntés;  mais  Pline  les 
déclare  faux  pour  la  plupart  et  il  n'est  pas  improbable 
que  Montaigne  les  ait  trouvés  dans  quelque  ouvrage 
de  seconde  main.  Certains  d'entre  eux  sont  cités 
par  Aulu-Gelle,  Nuits  attiques,  IX,  iv,  mais  ce  n'est 
certainement  pas  par  Aulu-Gelle  que  Montaigne  les 
a  connus. 

P.  259, 1.  10.  Des  contrées  où  les  hommes).  Hérodote, 
IV,  cxci,  et  surtout  Pline,  \'ÎI,  11.  La  traduction 
Saliat  passe  sous  silence  les  hommes  sans  tête. 

P.  259,  1.  12.  Androgynes).  VWns,  Histoire  naturelle, 
VII,  II. 

P.  259,  1.  12.  Ils  marchent).  Li.,  ibid. 

P.  259,  1.  12.  Qu'un  œil).  Li.,  ibid.,  et  Hérodote, 
III,  cxvi,  et  IV,  xxvii. 

P.  259,  1.  15.  Les  femmes  s'accouchent). Wmt,\'l\,ii. 

P.  259,  1.  19.  Randent  le  sperme).  Hérodote,  III,  ci. 

P.  259,  1.  20.  Ceux  qui  naturellement).  Pline,  Hist. 
naturelle,  Mil,  xxii. 


248 


ESSAIS     DE      MONTAIGXE. 


P.  259,  I.  22.  En  quelque  endroit  des  Indes).  Cf. 
Plutarque,  De  la  face  qui  apparoist  dedans  le  rond  de 
la  Lune  :  «Celle  racine  Indienne  que  dit  Megasthenes, 
que  certain  peuple  des  Indiens  qui  n'ont  point  de 
bouche,  et  ne  mangent  ny  ne  boivent  point,  font 
brusler  &  fumer,  &  en  vivent  de  l'odeur  du  parfum.  » 
(xxx,  f"  623.)  Voir  aussi  Pline,  \1I,  11. 

P.  260,  1.  5.  Aller  selon  nature).  Pour  cette  idée 
qui  revient  souvent  chez  Montaigne,  rapprocher  I, 
XXVII,  t.  I,  p.  234;  II,  XXX,  t.  II,  p.  515,  etc. 

P.  260,  1.  II.  Et  Anaxagoi'as).  Cf.  Cicéron,  Aca- 
démiques, II,  XXIII  et  XXXI. 

P.  260,  1.  12.  Metrodorus  Chius).  Id.,  ibid.  :  «Xego, 
inquit,  scire  nos  sciamusne  aliquid,  an  nihil  sciamus  : 
ne  idipsum  quidem  nescire  aut  scire,  scire  nos  :  nec 
omninô,  sitne  aliquid,  an  nihil  sit.  » 

P.  260,  1.  16.  T\:  s'ïi'sEv).  Vers  d'Euripide.  Cf. 
Stobée,  Anthologie,  sermo  119,  p.  602.  Ils  figuraient 
sur  les  travées  de  la  bibliothèque  de  Montaigne.  Il  les 
a  trouvés  sous  une  forme  un  peu  différente  mais  avec 
un  sens  identique  chez  Sextus  Empiricus,  III,  xxiv; 
chez  Diogène  Laërce,  Fie  de  Pyrrhon,  IX,  lxxiii; 
chez  Platon,  dans  le  Gorgias,  p.  492;  chez  Stobée, 
sermo  120,  qui  cite  le  passage  de  Platon. 

P.  261,  1.  I.  D'autres  jurent).  Le  texte  de  1588 
est  une  simple  allusion  à  des  opinions  qu'on  trouve 
fréquemment  répétées  en  particulier  chez  Corneille 
Agrippa,  De  incertitudine  et  vanitate  scientiarum,  lu; 
chez  Sextus  Empiricus,  Hypot\poses,  III,  viii;  III, 
XIV ;  etc. 

P.  261,  1.  2.  Les  suivons  de  Métissas).  Cf.  Platon, 
Thèi'lhète,  180,  199. 

P.  261,  1.  6.  Prot agoras  dict).  Cf.  Sénèque,  Épltres  : 
«  Si  Protagont  credo;  nihil  in  rerum  natura  est,  nisi 
dubium.  Si  Nausiphani,  hoc  unum  certum  est,  nihil 
esse  certi.  Si  Parmenidi,  nihil  est  prœter  unum.  Si 
Zenoni,  ne  unum  quidem.  Quid  ergo  nos  sumus? 
Quid  ista  quœ  nos  circumstant,  alunt,  sustinent  ? 
Tota  rerum  natura  umbra  est,  aut  inanis,  aut  fallax.  » 
(Ép.  88.  p.  208.) 

P.  261,  I.  12.  Si  un  estoil).  Cl".  Platon,  Parmcnidcs, 
p.  138. 

P.  261,  1.  14.  Nature  des  choses).  \'on  ci-dessus  le 
passage  de  Sénèque  cité  p.  261,  1.  6. 


P.  261,  1.  22.  Nostre  parler).  Rapprocher  le  début 
de  l'essai  III,  xiii. 

P.  262,  1.  4.  De  cette  syllabe.  Hoc).  Première  parole 
de  la  consécration  dans  le  sacrement  de  l'Eucharistie  : 
«  Hoc  est  corpus  meum.  »  (Saint  Mathieu,  xxvi, 
26.)  Montaigne  fait  allusion  à  la  fameuse  querelle 
de  la  transsubstantiation.  Il  imite  d'ailleurs  de  très 
près  Corneille  Agrippa,  qui,  dans  son  De  incertitudine 
et  vanitate  scientiarum,  avait  écrit  :  «  Quantas  rursus 
tragœdias  movit  dictio  illa,  nisi,  in  consilio  Basiliensi? 
Bohemis  utriusque  speciei  communionem  necessariam 
adfîrmantibus,  quia  scriptum  sit  :  nisi  manducaveritis 
carnem  filii  hominis,  &  biberitis  ejus  sanguinem,  non 
habebitis  vitam  in  vobis.  Unde  nam  illa  \'aldensium 
&  sequacium,  recentiorumque  circa  Eucharistiani 
hœresis  ?  nisi  ex  illa  dictione,  est  quam  illi  symbolice 
ac  significative  duntaxat  diclam  volunt,  tropumque 
subesse  verbis,  Romana  ecclesia  illam  essentialiter 
exponente.  »  (m.) 

P.  262,  1.  8.  Si  vous  dictes).  Cf.  Cicéron,  Acadé- 
miques :  «  Si  dicis,  te  mentiri  verumque  dicis,  mentiri 
verum  dicis.»  (II,  xxix;  t.  l\,  p.  26.)  C'est  le 
sophisme  connu  sous  le  nom  de  ùijtzy.viz:  ;  cf.  encore 
Aulu-Gelle,  XVIII,  11. 

P.  262,  1.  15.  Quand  ils  disent).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Fie  de  Pyrrhon  :  «  Verùm  &  ipsam  \-ocem 
nihil  magis  sceptici  toUunt...  quœ  &  ipsa  cum  sustu- 
lerit  reliquas  a  semetipsa  sublata  peribii,  non  secus 
atque  medicamenta,  qua;  ubi  epota  prius  materiam 
exhauserint,  &  ipsa  egeruntur  ac  pereunt.  »  (IX, 
Lxx\i,  628.)  Cf.  au.ssi  Sextus  Empiricus,  Hypotyposes. 

P.  262,  \.  2y.  A  la  dci'ise  d'une  balance).  On  trouve 
cette  devise  en  tête  de  l'édition  de  1635  publiée  par 
M"'  de  Gournay.  En  1576  (janvier  ou  février), 
Montaigne  fit  frapper  une  médaille  où  se  voit  cette 
balance  et  ce  «  Que  scay-je  »  dont  il  parle  ici. 

P.  263,  1.  I.  Ce  moqueur  antien).  Cf.  Pline,  Hist. 
nal.  :  «  Imperfectas  vero  in  homine  naturic  pnecipua 
solatia,  ne  Deum  quidem  posse  omnia.  Namque  nec 
sibi  potest  mortem  conscicere,  si  velit  :  quod  homini 
dédit  optimum  in  tantis  vitœ  pœnis  :  mortales  a;terni- 
tate  donare,  aut  revocare  defunctos  :  nec  facere,  ut  qui 
vixit,  non  vixerit  :  qui  honores  gessit,  non  gesserit. 
Xullumquc    habere    in    prxterita    jus,    proîterquam 


LIVRE     H,      CHAPITKK      XII. 


249 


oblivionis  :  atque  (ut  facetis  quoque  argumentis 
societas  hxc  cum  Deo  copuletur)  ut  bis  dena  viginti 
non  sint.  »  (II,  vu.) 

P.  263,  1.  15.  Crûs).  «Que  demain  Jupiter  couvre 
le  ciel  de  nuages  ou  fasse  resplendir  le  soleil  dans 
un  ciel  pur,  il  ne  pourra  faire  que  ce  qui  a  été  n'ait 
point  été,  ni  détruire  ce  que  l'heure  a  une  fois 
emponé  dans  sa  fuite.  »  (Horace,  Oilcs,  III,  xxix,  43.) 

P.  26^,  1.  27.  Chose  si  esloignée  de  sou  poix).  L'esprit 
de  tout  ce  passage  est  en  contradiction  avec  ce  que 
dit  Sebond  :  «  L'homme,  dit  Sebond,  est  par  sa 
nature,  en  tant  qu'il  est  homme,  la  vraye  et  \-\ve 
image  de  Dieu.  Tout  ainsi  que  le  cachet  engrave  sa 
rigure  dans  la  cire,  ainsi  Dieu  empreint  en  l'homme 
sa  semblance,  etc.  «  (^Théologie  naturelle,  cxxi,  traduc- 
tion de  Montaigne.) 

P.  263,  1.  28.  Miniiii).  «Il  est  étonnant  jusqu'où 
.se  porte  l'arrogance  du  cœur  de  l'homme,  lorsqu'elle 
est  encouragée  par  le  moindre  succès.  »  (Pline,  Hist. 
nai.,  II,  xxiii.) 

P.  264,  1.  I.  Rehrouent  Epicitriis).  Cf.  Sénèque, 
Ép'ttres  :  «  Diis,  inquit  (Epicurus),  immortalibus  solis, 
&  virtus  &  beata  vita  contingit.  Nobis  umbra  qua;dam 
illorum  bonorum  &  similitudo...  »  (Ép.  92,  p.  221.) 

P.  264,  1.  7.  Qu'un  grand  personnage).  Il  s'agit  de 
Tertullien  qui  a  dit  :  «  Quis  negat  Deum  esse  corpus, 
etsi  Deus  spiritus  sit  ?  » 

P.  264,  1.  13.  Magna  dij  curant).  «Les  dieux 
s'occupent  des  grandes  choses  et  négligent  les  petites.  » 
(Cicéron,  De  nat.  deoruiu,  II,  lxvi.) 

P.  264,  1.  14.  Nec  in  regnis).  «  Les  rois  non  plus 
ne  descendent  pas  dans  les  détails  infimes  du  gouver- 
nement. »  (/i/.j  ihid.,  III,  XXXV.) 

P.  264,  1.  22.  Deus  ila  arlife.x).  «  Dieu,  si  grand 
ouvrier  dans  les  grandes  choses,  ne  l'est  pas  moins 
dans  les  petites.  »  (Saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  XI, 

XXII.) 

P.  264,  1.  24.  Par  re  que  nos  occupations).  Cf.  Cicé- 
ron, Académiques  :  «  Xegas  sine  deo  posse  quicquam. 
Ecce  tibi  è  transverso  Lampsacenus  Strato,  qui  det 
isti  deo  immunitatem  magni  quidem  muneris  :  sed 
quum  sacerdotes  deorum  vacationem  habeant;  quanto 
est  œquius  habere  ipsos  deos  ?  Negat  opéra  deorum  se 
uti    ad    fabricandum    mundum.    Quitcumque    sint. 


docet,  omnia  effecta  e.s.se  natura  :  nec,  ut  ille,  qui 
asperi  6c  levibus  &  hamatis  uncinatisque  corporibus 
concreta  hxc  esse  dicat,  interjecto  inani,  somnia 
censet  ha;c  esse  Democriti,  non  docentis,  sed  optantis. 
Ipse  autem  singulas  mundi  partes  persequens,  quic- 
quid  aut  sit,  aut  fiât,  naturalibus  fieri,  aut  factum 
esse,  docet  ponderibus  &  motibus.  Sic  ille  &  dum 
opère  magno  libérât,  &  me  timoré.»  (II,  xxxviii; 
t.  IV,  p.  31.) 

P.  265,  1.  4.  Ouod  beatuNi).  «  Un  être  heureux  et 
éternel  n'a  point  de  peine  et  n'en  fait  à  personne.  » 
(Cicéron,  De  natura  deorum,  I,  xvii.) 

P.  265,  1.  5.  Nature  veut).  Cf.  Cicéron,  De  nat. 
deorum  :  «  Intelligi  necesse  est,  eam  esse  naturam 
ut  omnia  omnibus,  paribus  paria  respondeant...  Ex 
hac  igitur  illud  efficitur,  si  mortalium  tanta  multitudo 
sit,  esse  immortalium  non  minorem;  &  si  quœ  inte- 
rimant,  innumerabilia  sunt,  etiam  ea  qu;ï  conservent, 
infinita  esse  debere.  »  (I,  xix;  t.  IV,  p.  191.) 

P.  265,  1.  8.  Corne  les  âmes  des  dieus).  Id.,  De  divi- 
natione  :  «  Ut  enini  deorum  animi  sine  oculis,  sine 
auribus,  sine  iingua  sentiunt  inter  se  quid  quisque 
sentiat,  ex  quo  fit  ut  homines  etiam  quum  taciti 
optent  quid,  aut  voveant,  non  dubitent  quiii  di 
illud  exaudiant  :  sic  animi  hominum,  quum  aut 
somno  soluti  vacant  corpore,  aut  mente  permoti  per 
se  ipsi  liberi  incitati  moventur,  cernunt  ea,  qua;  per- 
mixti  cum  corpore  animi  videre  non  possunt.  )  (I, 
Lvii;  t.  IV,  p.  261.) 

P.  265,  1.  I  ^  Dict  saint  Paul).  Ehilre  aux  Romains, 
I,  22-23. 

P.  265,  1.  16.  Torq  un  peu  ce  hastelagc).  Tous  ces 
détails,  qui  viennent  d'Hérodien,  ont  peut-être  été 
pris  par  Montaigite  dans  l'ouvrage  de  Du  Choul 
intitulé  De  la  religion  des  anciens  Romains  (p.  75  et 
passini).  Un  exemplaire  de  cet  ouvrage  nous  a  en 
effet  été  conservé  muni  de  sa  signature.  Il  y  trouvait 
reproduites  beaucoup  de  ces  médailles  auxquelles  il 
fait  ici  allusion. 

P.  265,  1.  25.  Ouod  fin. \cre).  «Ils  s'effraient  de 
leurs  propres  fictions.»  (Lucain,  I,  486.)  Les  éditions 
du  xvi'  siècle  portent  quai  au  lieu  de  quod. 

P.  266,  1.  I.  Quasi  quicquam).  «Quoi  de  plus 
malheureux  que  l'homme  esclave  de  ses  chimères!» 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  266,  1.  2.  C'est  bien  loin).  Cette  opposition  a 
été  inspirée  :i  Montaigne  par  la  lecture  de  la  Cité  de 
Dieu  de  saint  Augustin,  VIII,  xxiii-xxin-. 

P.  266,  1.  5.  Les  Thasiens).  Cf.  Plutarque,  les 
dicts  notables  des  Lacedemoniens  :  «  Da\antage  les  Tlia- 
siens  aj'ant  receu  beaucoup  de  bientaicts,  &  pour  ce 
se  sentans  grandement  tenus  à  luy,  luy  dédièrent 
des  temples,  &  luy  décernèrent  les  honneurs  divins, 
comme  s'il  eust  esté  un  dieu,  &  luy  envoyèrent  des 
ambassadeurs  pour  luy  faire  entendre  leur  resolution  : 
aiant  leu  leurs  lettres,  &  entendu  les  honneurs  qu'ils 
luy  faisoient,  il  leur  demanda  si  leur  pais  &  leur 
communaulté  pouvoit  déifier  les  hommes  :  ils  luy 
respondirent,  que  ouy.  Or  sus  doncques,  dit-il, 
commancez  à  vous  mesmes,  &  si  vous  vous  pouvez 
faire  Dieux  vous  mesmes,  alors  je  vous  croiray  que 
vous  le  me  puissiez  faire  aussi.  »  (F"  210  V.) 

P.  266,  1.  13.  Oyes  trisviegiste).  Cf.  saint  Augustin, 
Cité  de  Dieu  :  «  Omnium  enim  mirabilium  vicit 
admirationem,  quod  homo  divinam  potuit  invenin.- 
naturam,  eamque  efficere.  »  (VIII,  xxn  .) 

P.  266,  1.  16.  Nosse  cui  Divos).  «  A  qui  seule  il 
est  donné  de  connaître  les  dieux  et  les  puissances 
célestes,  ou  de  savoir  qu'il  est  impossible  de  les 
connaître.  »  (Lucain,  I,  452.)  On  lit  chez  Lucain  : 
«  Solis  nosse  deos  et  cœli  numina  vobis  aut  solis 
nescire  datum.  »  Montaigne  adapte  cette  citation. 

P.  266,  1.  18.  Si  Dieu  est).  Ces  idées,  qui  sont 
résumées  de  Cicéron,  De  nat.  deonim,  III,  xui-xiv, 
ont  peut-être  été  prises  par  Montaigne  chez  Pontus 
de  Thyard  qui  les  présente  sous  une  forme  très 
analogue  :  «  L'opinion  niant  Dieu,  avouoit  pour  soii 
appuy  quelques  argumens,  et  disoyent  ceux  qui  la 
soustenoyent  :  ce  qui  est  animal  est  meilleur  que  ce 
qui  ne  l'est  pas  :  et  si  Dieu  est,  il  n'y  a  rien  de 
meilleur  que  luy  :  donc  si  Dieu  e.st,  il  est  animal  : 
et  s'il  est  animal,  il  sent  :  car  l'animal  n'est  entendu 
animal,  que  par  participation  des  sens.  Et  .s'il  .sent, 
il  sent  l'amertume  et  la  douceur  par  le  sens  du  gou.st, 
comme  les  autres  choses  sensibles  par  les  sens  pro- 
pres à  les  sentir...  Donc  si  Dieu  est,  il  est  animal  : 
et  s'il  est  animal,  il  est  doué  des  sens  :  car  ce  qui 
est  animal  n'est  différent  de  ce  qui  ne  l'e.st  pas  que  par 
les  sens,  et  s'il  est  doué  des  sens  il  peut  périr  :  mais  la 


condition  de  perissement  est  contraire  à  la  divinité  : 
donc  il  n'y  a  point  de  Dieu.  »  (^Second  curien.x,  édition 
de  15  78,  p.  107;  dans  les  Discours  philosophiques. 
édition  de  1587,  p.  310.) 

P.  266,  1.  21.  Xous  sonics  incapables).  Montaigne 
résume  quelques-uns  des  arguments  que  Chn'sippe 
et  Zenon  faisaient  valoir  pour  établir  l'existence  de 
Dieu.  Cf.  Cicéron,  De  nainra  deorum  :  «Res  cœlestes, 
omnésque  hœ,  quarum  est  ordo  sempiternus,  ab 
homine  confici  non  possunt.  Est  igitur  id  quo  illa 
conticiuntur,  homine  melius...  Esse  autem  hominem 
(fui  nihil  in  omni  niundo  melius  esse,  quàm  se 
putet,  desipientis  arrogantia;  est.  Ergo  est  aliquid 
melius.  Est  igitur  profecto  deus.  An  vero,  si  domuni 
magnam  pulchrdmque  videris,  non  possis  adduci, 
ut,  etiamsi  dominum  non  videas,  muribus  illam 
i!:!»;  mustelis  œdificatam  putes.  Tantum  vero  ornatum 
mundi,  tantam  varietatem,  pulchritudinémque  rerum 
ccelestium,  tantam  vim,  et  magnitudinem  maris  atque 
terrarum,  si  tuuni,  ac  non  deorum  immoitalium 
domicilium  putes,  nonne  plane  desipere  videare  ?  An 
ne  hoc  quidem  intelligimus,  omnia  supera  esse 
meliora  ?  terram  autem  esse  infimam,  quam  crassis- 
simus  circumfundat  aerr...  Nihil...  quod  animi, 
quôdque  rationis  est  expers,  id  generare  ex  se  potest 
animantem,  compotemque  rationis  :  mundus  autem 
générât  animantes  compotesque  rationis  :  animans  est 
igitur  mundus  composque  rationis...  Cur...  mundus 
non  animans  sapiénsque  judicetur,  cum  ex  se  pro- 
creet  animantes  atque  sapientes?  »  (II,  vi,  viii;  t.  l\, 
p.  203.) 

P.  267,  1.  9.  Nous  avons  besoing).  Id.,  ibid.,  II,  \\  1. 

P.  267, 1.  23.  Non,  si  te  rupcris).  «Quand  tu  t'enfle- 
rais à  en  crever,  dit-il.  »  (Horace,  Sat.,  II,  m,  518.) 

P.  268,  1.  I.  Profecto).  «Certes  les  hommes  croyant 
penser  à  Dieu,  dont  ils  ne  peuvent  avoir  une  idée, 
pensent  à  eux-mêmes,  ils  ne  voient  qu'eux,  et  non 
pas  lui;  c'est  à  eux,  non  pas  à  lui,  qu'ils  le  compa- 
rent. »  (Saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  XII,  xvii.) 

P.  268,  1.  II.  Paulina).  Cf.  Josèphc,  Antiquités 
j'nd.,  X\'III,  IV.  Cette  histoire  est  souvent  racontée 
chez  les  compilateurs  et  moralistes  du  xvi'^  siècle  : 
cf.  Corneille  Agrippa,  De  incertitndine  et  vanitate  scien- 
tioniin,   LXi\-;   Du  ^'erdier,  Suite  des  diirrses  leçons^ 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


251 


IV,  VIII ;  Jean  des  Caurres,  Œuvres  morales,  V,  xl\i. 
Mais  dans  tous  ces  récits,  comme  chez  Josèphc,  il 
s'agit  d'Anubis,  et  non  de  Sérapis.  Montaigne  qui 
cite  sans  doute  de  mémoire  un  conte  très  vulgarisé, 
a.  fait  une  confusion. 

P.  268,  1.  14.  Varro).  Cf.  saint  Augustin,  Cilc  de 
Dieu,  VI,  vu.  Cette  histoire  est  contée  d'une  manière 
un  peu  différente  par  Plutarque,  Fie  de  Roimdiis,  m. 

P.  268, 1.  24.  Corne  s'il  ne  siiffisoil  pas).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Platon,  III,  i,  185. 

P.  268,  1.  26.  //  estoit  tenu).  Id.,  ibid.  :  «  Enimvero 
Speusippus  in  libro  qui  de  cœna  Platonis  funebri 
inscribitur,  et  Clearchus  in  laudatione  Platonis  et 
Anaxilides  secundo  de  Philosophis  libro  asserunt 
Athenis  famam  esse  Aristonem  Perictionje  cùm  esset 
speciosissima,  vim  inferre  conatum  esse,  verùm  fuisse 
illius  conatus  irrites,  vidisseque  in  soumis  Apollinem 
atque  ab  eo  mundam  a  jugali  copula  quoad  pareret, 
uxorem  servasse.  »  (III,  11,  185.) 

P.  269,  1.  6.  En  la  relligion  de  Mahumet).  Cl'. 
•Guillaume  Postel,  Histoire  des  Turcs  :  «  Ils  sont  aussi 
beaucoup  de  merlins,  asçavoir  d'enfants  sans  percs, 
et  nais  de  pucelles  :  et  dises  que  cela  leur  est 
commun,  et  fréquent  :  ils  les  nomment  nephis  ogli, 
enfans  de  l'âme  ou  de  l'esprit...»  (Éd.  de  1575, 
p.  230;  éd.  de  1560,  I''  partie,  p.  109.)  On  trouve 
la  même  expres.sion  avec  .son  explication  dans  la 
Cosmographie  d'André  Thevet  :  ((  Vous  diriez  que  cest 
enfant  estoit  plus  parfait  que  ce  prophète  anglois 
Merlin,  lequel  on  faint  avoir  esté  fils  d'un  démon 
succube,  d'autant  que  cestuy  parloit,  et  avoit  raison, 
estant  au  ventre  de  sa  mère,  et  Merlin  estant  entie 
les  bras  de  sa  mère  encor  alaictant.  »  (Éd.  de  1575, 
("919  r".)  La  légende  de  Merlin  jouissait  alors  d'une 
grande  popularité. 

P.  269,  1.  10.  Le  lion).  Cf.  Cicéron,  De  iiatnra 
deornni  :  «An  tu  aquilam,  autjeonem,  aut  delphinum 
ullam  anteferrc  censés  figuram  suas?»  (I,  xxvii; 
t.  IV,  p.  194.) 

P.  269,  I.  16.  De  tontes  les  formes).  Id.,  ibid.  : 
«  Quod  si  omnium  animantium  formani  vincit  ho- 
minis  figura  deus  autem  animans  est  :  ea  figura 
protecto  est,  qua;  pultherrima  sit  omnium  quoniam- 
que  deus   beatissimos  esse  constat  :    beatus  autem 


esse  sme  virtute  nemo  potest,  nec  virtus  sine  ratione 
constare,  nec  ratio  usquam  inesse  nisi  in  hominis 
figura  :  hominis  esse  specie  deos  confitendum  est.  » 
(I,  xviii;  t.  IV,  p.  190.) 

P.  26(),  ].  20.  Ita  est).  «Tant  c'est  une  habitude 
et  un  préjugé  de  notre  esprit  que,  quand  il  pense  à 
Dieu,  aussitôt  la  forme  liumaine  se  présente  à  lui.  » 
(Id.,  ibid.,  I,  xxvii.) 

P.  269,  1.  22.  Xenophanes).  Eusèbe,  Préparation 
cvangélique ,  XIII,  xiii  ;  mais  Montaigne  a  probablement 
pris  ceci  chez  Duplessis-Mornay,  Vérité  de  la  religion 
chresticnne,  i  .\  la  fin,  et  surtout  iv  xm  début.  Tout 
le  chapitre  iv  de  Duplessis-Mornay,  intitulé  «(2m 
c'est  que  non':  ponvons  comprendre  de  Dieu  »,  mérite 
d'être  rapproché  de  ce  morceau  de  Montaigne  et 
présente  des  idées  tout  à  tait  analogues.  «  L'homme 
ne  voit  et  ne  sent  pas  Dieu  en  soy  mais  en  ses  effects 
seulement,  en  la  nature,  parce  qu'elle  est  un  effect 
de  Dieu,  et  que  nul  effect  quelque  grand  qu'il  .soit, 
ne  peut  parfaictement  représenter  sa  cause...  C'est 
ce  qui  a  abusé  les  ignorants  qui  ont  figuré  Dieu 
semblable  à  eux  :  ce  que  les  animaux  aussi,  dit  Xeno- 
phanes, eussent  fait  s'ils  eussent  esté  peintres,  ne 
pouvant  ordinairement  chaque  chose  comprendre 
qu'elle-mesme  »,  etc. 

P.  270, 1.  12.  Tant  Manda).  «Tant  la  nature  adroite 
&  indulgente,  porte  tous  les  êtres  à  s'aimer  eux- 
mêmes.  »  (Cicéron,  De  natura  deorum,  I,  xxvii.) 

P.  270,  ].  20.  Domitosque).  «  Ils  sont  domptés  par 
le  bras  d'Hercule,  les  Titans  fils  de  la  Terre  qui  firent 
trembler  les  palais  brillants  du  vieux  Saturne.  » 
(Horace,  Odes,  II,  \ii,  6.) 

P.  270,  1.  26.  Neptnniis).  «Neptune,  de  son  trident 
redoutable,  ébranle  les  murs  de  Troie,  et  renverse 
de  fond  en  comble  cette  cité;  plus  loin  l'impitoyable 
Junon  occupe  les  portes  Scées.»  (Virgile,  En.,  Il,  610.) 

P.  271,  1.  5.  Les  Canniens).  Cf.  Hérodote  :  «Ils 
mettent  armes  en  doz  pour  batre  l'air,  lequel  ils 
poursuyvent  jusque  à  la  banlieu  de  la  ville  Celydna, 
disans  qu'ils  chassent  les  dieux  estrangers.  »  (I,  172; 
t.  I,  f°  79  v\) 

P.  271,  1.  9.  Jdeo  niininiis).  «Tant  la  superstition 
introduit  les  dieux  mêmes  dans  les  plus  petites  choses.» 
(Tite-Live,  XXVII,  xxiii.) 


2)2 


ESSAIS      DE      MOXTAIGXK. 


P.  271, 1.  13.  Hic  iUiiis).  «  Là  (à  Carthagc)  sont  les 
arnus  de  Jiinoii,  là  est  son  char.»  (Virgile,  Eu.,  I,  lé.) 

P.  271,  1.  15.  O  sanctc  ApoUo).  «O  saint  Apollon, 
toi  qui  habites  le  centre  du  monde  !  »  (Cicéron,  De 
divinatione,  II,  lvi.)  Delphes,  consacré  à  Apollon, 
passait  pour  l'ombilic  de  la  terre.  \'oir  Tite-Livc, 
XXXVIII,  XLVin;  XLI,  xxiii;  Ovide,  Métamorphoses, 
X,  168;  X^^  630;  Stace,  Thchaïdc,  1,  118;  etc. 

P.  271,  1.  16.  Pallada).  «Athènes  honore  Pnllas, 
l'ile  de  Crète  Diane,  Lemnos  Vulcain,  Sparte  et 
Mycènes  Junon;  Pan  est  le  dieu  du  Ménale  et  Mars 
celui  du  Latium.  »  (Ovide,  Fastes,  III,  81.) 

P.  271,  1.  23.  Jitncla  que).  «  Ht  le  temple  du  petit- 
fils  est  réuni  à  celui  de  son  grand  aïeul.  »  (Zf.,  ibid., 

p.  272,  1.  2.  Cinq  OH.  six).  Souvenir  imprécis  de 
sain;  Augustin,  Cité  de  Dieu,  IV,  viu. 

P.  272,  1.  3.  Trois  à  une  porte).  Cf.  saint  Augustin, 
Cité  de  Dieu  :  «  Unusquisque  domui  suœ  ponit  ostia- 
rium  et  quia  homo  est  omnino  sufficit.  Très  deos 
isti,  posuerunt,  forculum  foribus,  cardeam  cardini, 
limentinum  limini.»  (l\',  viii.)  Cf.  encore  Id.,  ibid., 
VI,  VII. 

P.  272,  1.  4.  Om//V  a  un  enfant).  Id.,  ibid.  :  Ils 
sont  énumérés  à  diverses  reprises  dans  le  li\re  I\'. 

P.  272,  1.  5.  Aucuns  cerleius).  Id.,  ibid.  :  «  \'arro 
dicit  certos  atque  inceitos  in  omnibusque  generibus 
sicut  in  animalibus  mares  et  fœminas.  »  (III,  xii.) 

P.  272,  1.  8.  Ouos  quoniam).  «  Puisque  nous  ne 
les  jugeons  pas  encore  dignes  de  l'honneur  du  ciel, 
permettons-leur  d'habiter  les  terres  que  nous  leur 
avons  accordées.  »  (Ovide,  Métamorphoses,  1, 194.)  Ces 
vers  ont  probablement  été  pris  par  Montaigne  dans 
le  Commentaire  de  la  Cité  de  Dieu  par  Vives,  III,  xii. 

P.  272,  1.  10.  7/  eu  est  de  plnsicicns).  Cf.  saint 
Augustin,  Cite  de  Dieu,  \'I,  \,  dont  voici  le  titre  : 
«■  De  tribus  generibus  thcologix  secnndum  Varronem,  scilicel 
uno  fabuloso,  altero  naturaJi,  tertio  civili.  » 

P.  272,  1.  14.  Chrysippus).  Cf.  Plutarque,  Des 
communes  conceptions  contre  h's  Sloiques  :  «  Chrysippus 
&  Cleanthes...  de  tant  de  Dieux  ils  n'en  font  pas  un 
éternel,  ny  pas  un  immortel,  sinon  Jupiter  seul,  en 
qui  ils  despendent  &  consument  tous  les  autres.  » 
(xxvii,  f'^  583  r".) 


P.  272,  1.  1-.  Jûvis).  «Crète,  berceau  de  Jupiter.» 
(Ovide,  Métamorphoses,  Mil,  99.) 

P.  272,  1.  18.  Scevola).  Cf.  saint  Augustin,  Cité  de 
Dieu,  l\ ,  XXXI  :  «  Multa  esse  vera,  qu;e  non  modo 
vulgo  scire  non  sit  utile,  sed  etlam  tametsi  folsa  sint, 
aliter  cxistimare  populum  expédiât.  »  (IV,  xxxi.) 
C'est  ici  l'opinion  de  Varron,  celle  de  Scevola  est 
rapportée  un  peu  auparavant.  »  (I\',  xxvii.) 

P.  272,  1.  21.  Cum  veritateui).  «  Comme  il  ne 
cherche  la  vérité  que  pour  s'affranchir,  sovons  certain 
qu'il  est  de  son  intérêt  détre  trompé.  »  (/c/.,  ibid., 
IV,  XXXI.) 

P.  273,  1.  4.  De  pierre).  Xénophon,  Mémorables  : 
«  Asserebat  Anaxagoras...  .solein  lapidem  ignitum 
esse.  »  (IV,  VII,  7;  éd.  de  1545,  p.  515.) 

P.  273,  1.  5.  S'enquiert  on  a  Zenon).  Cf.  Cicéron, 
De  uatura  deoruni  :  «  Zeno  ita  naturam  définit,  ut  eam 
dicat,  ignem  esse  artificiosum  ad  gignendum  progre- 
dientem  via.  »  (II,  xxii.) 

P.  273,  1.  1 1.  Soerates).  Cf.  Xénophon,  Mémorables  : 
«  Geometriam  didicisse  eousque  oportere  (aiebat) 
quoad  recte  dividendo  agro  aut  ;edihcio  dcscribendo 
conférât.»  (\\,  \u,  2;  éd.  de  1545,  p.  514.) 

P.  273,  1.  12.  Polia'uus).  Cf.  Cicéron,  Académiques, 
II,  XXXIII ;  Bodin,  préface  de  la  Déiuononiauie;  Brués, 
Dialogues,  p.  90. 

P.  273,  I.  16.  Soerates).  Cf.  Xénophon,  Mémo- 
rables :  «  Ut  una  omnia  complectar,  cœlestia  omnia, 
&  qua;  dii  machinentur,  scrutari  dehortabatur.  Neque 
enim  hominibus  facile  est  ea  adinvenire  :  neque  diis 
eos  facere  grata  arbitrabatur,  qui  ca  quadrant,  qvxx 
ipsi  dii  in  promptu  &  manifesta  esse  noluerunt. 
Quod  .si  quis  esset  qui  ea  studiosius  sectaretur,  hune 
non  minus  quàm  Anaxagoram  fore  in  periculo  insa- 
niendi,  qui  quidem  quod  nimium  efterretur  in  orbis 
machiniv  dispositione  explicanda,  insanivit.  Ille  enim 
asserens  idem  esse  ignem  atque  solem,  ignorabat 
quàm  ignem  homines  facile  spectent,  solem  vcro  non 
facile  queant  intueri  :  &  solis  radiis  homines  colore 
fieri  fusco,  igné  autem  minime.  Ignorabat  &:  illud, 
quod  qu;\.-  ex  terra  oriantur,  eoruni  niliil  nisi  à  sole 
foveatur,  queat  adolescere  :  igné  vero  concalefacta 
omnia  corrumpi.  Asserens  etiam  solem  lapidem 
ignitum  esse,  ignorabat   lapidem  quum   in   igné  sit. 


1.IVKE      II,      CHAPITRI-      XII. 


ncquc  collucerc,  ncquc  diu  durarc  :  Sol  aiitem  totis 
;innis    lucidior   cxt.u.  »    (IV,   vu,    -;   cd.   de  1545, 

P-  515-) 

P.  273, 1.  26.  Plalon).  Au  Tiiitce  :  «C:tterorum  vtro 
qui  da'inones  appellantur,  &  cognoscere  &  cnunciarc 
ortum,  majus  est  opus  quam  ferre  nostrum  valeat 
ingenium.  Priscis  itaque  viiis  hac  in  re  credendum 
CSC,  qui  diis  geniti  ut  ipsi  dicebant,  parentes  suos 
optime  noverant.  Impossibile  sane  deoioini  filiis  fidem 
non  liahere,  licet  nec  necessariis  nec  verisimilibus 
rationibus  eoruni  oratio  confirmetur.  Veruni  quia  de 
domesticis  rébus  loqui  se  affirmabant,  nos  legein  secuti 
fidem  prsstabimus.  »  (P.  40;  éd.  de  154e,  p.  710.) 

P.  274,  I.  II.  Ti'iiio).  «Le  timon  et  les  cercles  des 
roues  étaient  d"or,  et  les  rayons  d'argent.  »  (Ovide, 
Métamùiphoses,  II,  107.) 

P.  274,  1.  13.  l'ou<;  dirii":^).  On  trou\e  un  mou- 
vement analogue  chez  Jacques  Tahureau,  Dialogues  : 
«  Il  vint  à  me  taire  une  description  des  cieus,  mais 
sçais-tu  quelle,  par-Dieu,  comme  si  toute  sa  vie  il 
V  cust  esté  nourri,  et  qu'il  n'eût  tait  autre  chose 
qu'obsen-er,  compter,  compasser,  et  mesurer  tous  les 
aspects,  toutes  les  étoiles,  cercles  et  poincts  qu'il 
asseuroi:  y  estre.  Et  n'estoit  que  je  le  connaissois  de 
longue  main,  joint  qu'il  n'estoit  pas  des  plus  beaux 
de  ce  monde,  je  l'eusse  jugé  incontinent  pour  un 
Ganymede,  mignon  de  couchette  de  ce  grand  dieu 
haut-tonant,  qui  fut  expressément  descendu,  et  pris 
un  corps  fantastique  pour  en  rapporter  certaines 
nouvelles  à  cens  qui  seroïent  curieus  de  savoir  com- 
ment on  se  porte  lassus.  »  (Éd.  de  Paris,  1566, 
p.  180.)  Tahureau  se  souvient  du  passage  suivant  de 
Corneille  Agrippa  que  Montaigne  a  connu  également  : 
«Cujus  astronomie  magistri  audaces  profecto  homines, 
&  prodigiorum  autores,  impia  curiositate,  pro  eorum 
libito,  supra  humanam  sortem  (tanquam  Basilides 
hreretici  abraxas)  fabricant  orbes  cœlorum,  siderum 
mensuras,  motus,  figuras,  imagines,  numéros,  con- 
centusque  tanquam  nuper  è  cœlis  delapsi,  ac  in  illis 
aliquandiu  versati,  depingunt  :  quibus  omnia  stare  ac 
fieri  atque  sciri  posse  arbitrantur.  »  {De  iiicertitudinc 
et  vanitnle  scieiiliarnin,  xxx.) 

P.  274,  1.  16.  Selon  Platon).  Dans  la  République  : 
«Dicehat...  ex  apicibus  suspensum  Necessitatis  dea; 


pensum  :  per  quod  omnes  circuitus  peragantur.  » 
(X,  XII,  616;  éd.  de  1546,  p.  699.) 

P.  274,  1.  17.  Muncius).  "Le  monde  est  un  édifice 
immense,  entouré  de  cinq  zones  et  traversé  oblique- 
ment par  une  bordure  enrichie  de  douze  signes 
rayonnants  d'étoiles,  avec  le  char  de  la  lune  et  ses  deux 
coursiers.  »  (\'ers  de  ^'arron,  rapportés  par  ^'alérius 
Probus  dans  ses  notes  sur  la  sixième  églogue  de 
Virgile.) 

P.  275,  1.  3.  Ai  ie  pas  veu  eu  Plalon).  Dans  le 
Second  Alcihicuie  :  «  Est  enim  ipsa  natura  universa 
poesis  œnigmatum  plena.»  (X,  p.  147;  éd.  de  1546, 
p.  47.)  La  traduction  de  Marsile  Ficin,  qui  est  ici 
amphibologique,  a  induit  Montaigne  en  erreur  : 
natura  est  un  ablatif  qu'il  a  pris  pour  un  nominatif, 
et  le  sens  de  la  phrase,  incontestablement  établi  par 
le  contexte,  est  que  toute  poésie  est  de  sa  nature 
énigmatique. 

P.  275,  1.  6.  Latent).  «Toutes  ces  choses  sont 
cachées  et  enveloppées  des  plus  épaisses  ténèbres,  et 
il  n'y  a  point  d'esprit  assez  perçant  pour  pénétrer 
dans  le  ciel  ou  dans  les  profondeurs  de  la  terre.  » 
(Cicéron,  Académiques,  II,  xxxix.) 

P.  275,  1.  21.  Ces  epicycles).  On  trouve  chez 
Ramus  des  critiques  semblables  de  toutes  ces  chimères 
astronomiques,  qui,  dit-il,  ne  correspondent  à  rien 
dans  la  nature  et  qui  en  compliquent  l'étude.  Dans 
son  Oratio  de  pmfessionc  sua  (vers  la  fin)  il  déclare 
qu'en  dépit  de  son  respect  pour  les  savants  qui  ont 
été  ses  maîtres,  il  a  été  fort  tenté  de  rompre  avec 
toutes  ces  entraves  traditionnelles.  Cette  idée  d'ailleurs 
était  peut-être  courante  au  temps  de  Montaigne.  Je 
lis  en  effet  dans  l'ouvrage  du  Père  Paul  Sarpi,  Istoria 
del  concilia  Trident ino  :  «  Quelques  plaisants  dirent  qu'il 
n'était  pas  étonnant  qu'à  l'exemple  des  astrologues, 
qui,  pour  cacher  l'ignorance  où  ils  étaient  des  véri- 
tables causes  des  mouvements  célestes,  avaient  inventé 
les  epicycles  et  les  excentriques,  le  concile  eût  donné 
dans  l'excentricité  des  opinions  pour  sauver  les  appa- 
rences des  mouvements  surnaturels.  «  (Traduction 
française  de  P.  Fr.  Le  Couraj^er,  175 1,  t.  I,  p.  405; 
voir  l'édition  italienne  de  1835,  II,  lxxxii,  t.  II, 
p.  326.) 

P.  275,  1.  26.  Platon).  Dans  le  Tintée:  «  At  quod 


254 


ESSAIS      DE      MONTAIGXE. 


rêvera  ita  sit,  ut  diximus,  ita  denium  asseremus,  si 
divinum  confirinaret  oraculum  :  quod  vero  verisimile 
sit  ita  esse,  &  nunc  &  deinceps  diligentius  etiam 
investigando  asseverarc  non  dubitamus,  atque  in  pne- 
sentia  ita  sit  nobis  assertuni.  »  (P.  72;  éd.  de  1546, 
p.  724.) 

P.  276,  1.  10.  Le  petit  monde).  M-.y.pi/.ijv.;:.  L'ex- 
pression microcosme  se  rencontre  assez  fréquemment 
chez  les  écrivains  du  xvr  siècle.  Cf.  par  exemple 
Rabelais,  III,  iv.  D'après  la  Bibliothèque  française  de 
Du  Verdier,  il  a  été  publié  en  15S0  un  traité  de 
N.  de  Nancel  intitulé  :  Analogia  inicrocosini  ad  macro- 
cosmuin,  id  est  relatio  et  propositiù  universi  ad  hominein. 
Le  sens  qu'on  attachait  à  cette  expression  est  longue- 
ment expliqué  par  Corneille  Agrippa  dans  un  ouvrage 
que  Montaigne  a  lu,  le  De  philosophia  occulta.  (Cf.  III, 

XXXVI.) 

p.  276,  1.  24.  Aus  peintres).  Imité  de  Platon  dans 
le  Critias  :  «  Cum  terram  pingunt  &  montes,  flumina, 
sylvas,  crelumque  omne,  quaive  circa  cœlum  consis- 
tunt  &  quœ  vagantur,  primum  quidem  satis  putamus 
factura,  siquis  vel  exiguam  quandam  referre  possit 
carum  rerum  imaginem,  deinde  utpote  talium  prorsus 
ignari,  ne  examinamus  quidem  pictorum  opéra,  neque 
etiam  redarguimus,  sed  confusa  quadam  adumbratione 
fallacique  utimur.  Cum  vero  quis  tingere  aggreditur 
nostrorum  corporum  similitudinem,  tune  propter 
familiarem  ipsam  rerum  nostrarum  animadversionem 
acutius  errata  persentimus,  severique  &  acres  judices 
exactoresque  sumus  adversus  cum  qui  non  singula 
lineamenta  coloresque  expresserit.  Idem  quoque  in 
sermonibus  intueVi  licet.  »  (P.  107;  éd.  de  1546, 
p.  136.) 

P.  277,  1.  5.  Garce  Milesicnne).  Platon,  dans  le 
Théitéle,  xxiv,  p.  174  (éd.  de  1546,  p.  149),  et  Dio- 
gène  Laërce,  dans  la  Vie  de  Thaïes,  rapportent  le  fait 
un  peu  difi'éremment  :  la  servante  ne  met  rien  sur 
le  chemin  de  Thaïes,  elle  le  voit  tomber  dans  un 
fossé,  et  tire  .seulement  la  morale  de  l'aventure. 
Voir  aussi  Stobée,  sermo  80.  L'anecdote  est  très  vul- 
garisée au  XVI'  siècle.  Cf.  en  particulier  :  Le  Roy, 
Vicissitudes,  f"  5  2  v°  ;  Corneille  Agrippa,  De  incertitu- 
dine  et  vanitate  scient iar uni,  xxx;  Tahureau,  Dialogues, 
éd.  de  1 5<^6,  p.  184,  etc.  .Montaigne  cite  probablement 


de  mémoire,  car  nulle  part  je  n'ai  retrouvé  le  récit  tel 
qu'il  le  présente. 

P.  277,  I.  II.  Oiiod  est).  ((  Personne  ne  regarde  ce 
qu'il  a  devant  les  pieds;  on  scrute  les  voûtes  célestes.  » 
\'ers  extrait  d'une  tragédie  d'Iphigénie  et  cité  par 
Cicéron,  De  divinatione,  II,  xiii.  Montaigne  s'est  d'ail- 
leurs trompé  sur  le  sens  du  passage  :  ce  n'est  pas 
Démocrite  qui  parle  ainsi,  mais  Cicéron  qui  reproche 
à  Démocrite  de  s'occuper  de  questions  insolubles. 

P.  277,  1.  14.  Corne  dict  Sacrales).  Cf.  Platon, 
Thêétète  :  «  Idem  similiter  omnibus  qui  in  philosophia 
versantur  objici  potest.  Latet  enim  philosophum  non 
modo  quid  agat  ejus  proximus,  sed  ferè  homone  sit, 
an  brutum.  Quid  autem  homo  ipse  sit,  quaeve  actio 
aut  passio  ipsius  hominis  propria,  studiose  perquirit.» 
(xxiv,  p.  174;  éd.  de  1546,  p.  149.) 

P.  277,1.  21.  Ouxmare).  «Ce  qui  maîtrise  la  mer,  ce 
qui  règle  les  saisons;  si  les  astres  ont  leur  mouvement 
propre  ou  obéissent  à  une  force  étrangère  ;  pourquoi  le 
disque  de  la  lune  croît  et  décroît  régulièrement;  enfin 
comment  l'harmonie  générale  résulte  de  la  discorde 
de  toutes  choses.  »  (Horace,  Épitres,  I,  xii,  16.) 

P.  277,  1.  26.  Nous  voyons  bien).  Montaigne  avait 
inscrit  sur  les  travées  de  sa  librairie  la  sentence  sui- 
vante :  «Quare  ignoras  quomodo  anima  conjungitur 
corporis,  nescis  opéra  Dei.  »  {EccL,  11.)  Le  texte  de 
VEcclésiaste,  XI,  5,  auquel  Montaigne  nous  renvoie 
est  d'ailleurs  passablement  différent  du  sien  :  «  Quo- 
modo ignoras  qure  sit  via  spiritus,  et  qua  ratione 
compingantur  ossa  in  ventre  prsegnantis;  sic  nescis 
opéra  Dei  qui  fabricator  est  omnium.  » 

P.  278, 1.  Il .  Oniuia  incerta).  «Toutes  ces  choses  sont 
impénétrables  à  la  raison  humaine  et  restent  cachées 
dans  la  majesté  de  la  nature.  »  (Pline,  Histoire  natu- 
relle, II,  XXXVII.) 

P.  278,  1.  12.  Modus  quo).  «L'union  des  corps 
aux  âmes  est  tout  à  fait  men'eilleuse  et  dépasse 
l'intelligence  de  l'homme;  et  cette  union  est  l'homme 
même.  »  (Saint  Augustin,  Cite  de  Dieu,  XXI,  x.) 

P.  278,  1.  20.  CIjacun  il  qui  niieu.x  mieux).  Cette 
idée  reviendra  plus  longuement  développée  dans 
l'essai  III,  xi. 

P.  279,  I.  6.  C'est  Aristote).  On  trouve  chez  les 
contemporains   des   critiques   tout   à   fait   analogues 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


îSS 


des  principes  de  la  piiysique  d'Aristote.  On  peut  voir 
en  particulier  Ramus,  le  grand  adversaire  d'Aristote 
au  xvi""  siècle,  en  divers  endroits  de  ses  écrits,  et 
spécialement  dans  ses  Scbohr  physica-  :  «  At  Deus 
bone!  privatio  ista  quidnam  est  oninino,  aut  unde 
in  physicœ  inducta?  Fabulosuni  enim  somnium  est. 
...  Nam  cum  dicis  privationem  esse  principium,  esse 
causam,  ut  Aristoteles  hoc  ipso  in  capite  loquitur, 
quid  aliud  loqueris  quam  mortem  esse  vitam,  frigus 
calorem?  Causa  enim  status  est  rei  salusque  :  pri- 
vatio autem  pernicies  ac  ruina.  »  Et  encore  :  «  Quid 
igitur  de  Aiistotele  sentias  qui  privationem,  tanquam 
filiolam  carissimam  antea  sic  amplexatus  et  osculatus 
erat,  ut  e  sinu  deponere  non  posset,  et  tamen  hic 
jam  fastidire  ac  dedignari  incipit  :  neque  post  unquam, 
ut  rei  naturalis  principium  appellabit.  »  (vu;  éd. 
de  1569,  p.  799.)  Il  faut  encore  citer  le  jugement 
de  Guy  de  Brués  que  Montaigne  a  certainement  lu 
à  l'époque  où  il  écrivait  Y  Apologie  :  «  Aristote  a  gran- 
dement erré  en  ses  principes.  O  bon  Dieu,  où  a  il 
appris  que  la  privation,  qui  n'est  qu'une  négation, 
soit  cause  des  choses  naturelles?  Certes,  je  ne  puis 
assez  exprimer  l'imbécilité  de  ce  philosophe  :  car  en 
parlant  des  choses  naturelles  il  les  fait  tousjours  par 
imagination.  »  (Dialogues,  p.  61.) 

P.  279,  1.  9.  On  les  idées  de  Platon).  Les  énumé- 
rations  d'opinions  contradictoires,  comme  celle  que 
nous  trouvons  ici,  sont  de  tradition  dans  tous  les 
écrits  qui  cherchent  à  saper  les  conceptions  com- 
munes. En  particulier  on  trouve  des  listes  des  premiers 
principes  reconnus  par  les  principaux  philosophes  chez 
Sextus  Empiricus,  Hypofyposes,  III,  iv;  chez  Cicéron, 
Académiques,  II,  xxxvii;  et  à  leur  inritation  chez 
Corneille  Agrippa,  De  inccrtitudinc  et  vnuitate  scicn- 
tianiiii,  l;  dans  les  Dialogues  de  Guy  de  Brués, 
p.  51.  De  toutes  les  listes  semblables  que  j'ai  consul- 
tées c'est  celle  de  Guy  de  Brués  qui  ressemble  le 
plus  à  celle  de  Montaigne.  On  y  trouve  des  expres- 
sions tout  à  fait  semblables,  comme  celle-ci  :  «  Anaxa- 
gore  Clasomène  en  les  parties  similaires  »  ;  mais  il 
subsiste  des  divergences  qui  ne  permettent  pas  d'as- 
surer que  telle  est  bien  la  source  de  Montaigne  : 
ainsi  Montaigne  prête  à  Apollodorus  l'opinion  que 
Brués  donne  à  «  Archesilas  filz  d'ApoUodorc  ». 


P.  279,  1.  12.  De  Diogenes).  Il  s'agit  de  Diogène 
Apolloniate;  ici  Montaigne  corrige  l'erreur  singulière 
(peut-être  simple  erreur  de  graphie  d'ailleurs)  qu'il 
a  commise,  p.  245,  1.  25  (texte  du  manuscrit),  en 
donnant  1'  «  aage  »  comme  premier  principe  admis 
par  ce  philosophe;  erreur  d'autant  plus  singulière 
que  tout  le  contexte  était  emprunté  au  De  natura 
dcoritm,  de  Cicéron,  I,  x  et  suivants,  et  que  Cicéron 
dit  formellement  que  Diogène  Apolloniate  reconnais- 
sait l'air  comme  premier  principe. 

P.  279,  1.  22.  La  privation).  Ct.  la  note  ci-dessus, 
p.  279,  1.  6. 

P.  280,  1.  12.  l.e  mot  de  Pvthagoras).  Ceci  est  tra- 
duit du  De  iiicertitudiue  et  vanitate  scientiarum  de  Cor- 
neille Agrippa.  Toutefois  Montaigne  se  trompe  en 
attribuant  ce  principe  à  Pythagoras,  il  devait  dire 
aux  peripatéticiens;-  l'erreur  s'explique  par  la  présence 
du  mot  «  Pythagoras  »  deux  lignes  plus  haut  dans 
le  texte  d'Agrippa  :  «  III ud  vulgatum  proverbium, 
unicuique  perito  in  arte  sua  credendum  est.  Sic 
creditur  grammatico  de  verborum  significationibus... 
creditur  dialecticus  de  parte  orationis  a  grammatico 
accepta.  Assumit  a  dialectico  rhetor  argumentation is 
locos.  Poeta  mensuras  mutuatur  a  musico.  Geome- 
tra  proportiones  sumit  ab  arithmetico.  Astrologus 
utrisque  fidem  dat.  Deinde  transnaturales  conjecturis 
utuntur  naturalium,  et  quisque  artifex  recte  prœsumit 
de  statutis  alterius.  Habet  enim  quœvis  scientia  certa 
quitdam  principia,  quse  credere  oporteat,  nec  ullo 
modo  queant  demonstrari  :  quœ  si  quis  pertinacius 
negare  velit,  non  habent  philosophi  illi  quo  contra 
illum  disputent,  moxque  dicent  contra  negantem 
principia  non  esse  disputandum,  aut  ad  alla  quasdam 
extra  scientiœ  metas  relegabunt  :  ut  si  quis  (dicunt) 
neget  ignem  esse  calidum,  projiciatur  in  ignem...  » 
(m,  à  la  fin.) 

P.  281,  1.  2.  Philodoxes).  Cf.  à  leur  sujet  Platon, 
République,  W  Ce  sont,  selon  sa  définition,  des  gens 
entêtés  de  leurs  opinions,  quelle  qu'en  soit  la  valeur. 

P.  282,  1.  17.  Thaïes  attrihuoit).  Cf.  Diogène 
Laèrce,  J'ie  de  Thaïes  :  «  Inanimatis  etiam  illum 
animis  inesse  putasse  Aristoteles,  &  Hippias  autores 
.sunt,  conjicientem  id  ex  magnete  lapide,  &  succino.  » 
(xxiv,  p.  27.) 


256 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  282,  1.  21.  Ignorcitiir).  «On  ne  connaît  pas  la 
nature  de  lame  :  naît-elle  avec  le  corps,  ou  au 
contraire  v  est  elle  introduite  au  moment  de  la  nais- 
sance? Périt-elle  avec  lui,  ou  va-t-eile  visiter  les 
sombres  abîmes  ?  Enfin,  passe-t-elle,  par  l'ordre  des 
dieux,  dans  le  corps  des  animaux  ?  »  (Lucrèce,  I,  113.) 

P.  282,  1.  26.  A  Craies).  Ces  opinions  viennent 
pour  la  plupart  de  Sextus  Empiricus,  Hypotyposes; 
de  Cicéron,  Acadcinhjnes  et  surtout  Tiisciilaiics,  I,  x; 
de  Plutarque,  dans  les  Opinions  des  philosophes;  de 
Lactance,  etc.  Mais  certainement  Montaigne  en  a 
trouvé  des  listes  toutes  dressées  dans  des  ouvrages 
de  seconde  main,  comme  nous  l'avons  déjà  constaté 
ci-dessus  à  l'occasion  des  opinions  touchant  les  prin- 
cipes premiers  (p. -279,  1.  9).  On  peut  rapprocher  en 
particulier  les  listes  qu'on  trouve  dans  les  Dialogues 
de  Guy  de  Brués  (p.  75  et  suivantes)  sur  la  nature  de 
l'âme  et  son  emplacement  dans  le  corps.  Montaigne 
a  d'ailleurs  sans  doute  une  source  différente.  Rappro- 
cher encore  Bouaystuau  au  début  du  Bref  discours 
sur  l'excellence  de  l'homme;  Du  Verdier,  suite  des 
Diverses  leçons,  IV,  v;  etc.  Mais  surtout  il  finit  voir 
Corneille  Agrippa,  De  incertitudine  et  vanitate  scien- 
tiaruni.  Certainement  Montaigne  n'a  pas  puisé  uni- 
quement chez  Corneille  Agrippa  :  des  divergences 
nombreuses  le  prouvent,  mais  il  est  très  possible  qu'il 
ait  complété  sa  liste  avec  celle  de  cet  auteur.  En  tout 
cas  le  texte  d' Agrippa  nous  prouve  que,  quelle  que 
soit  sa  source,  il  en  a  traduit  des  phrases  entières. 
«  Varro  inquiens  :  anima  est  aer  conceptu5  ore, 
defervefactus  in  pulmone,  temperatus  in  corde, 
diffusus  in  corpus...  Alii  (dicunt  animum)  ex  terra 
&  igné,  ut  Parmenides.  Alii  sanguineum,  ut  Empe- 
docles...  Alii  spiritum  tenuem  et  corpus  difflisum, 
ut  Hippocrates  medicus...  Cleanthes,  Antipater,  Pos- 
sidonius  diccntes  illam  (animam)  esse  calorem  sive 
complexionem  calidam,  quibus  adha;ret  Galenus, 
Xenocrates,  vocans  eam  .sese  moventem  numerum, 
quem  sequuntur  yEgj-ptii  dicentes  animam  esse  vim 
quandam  in  omnia  corpora  transmeantem,  et  Chal- 
diti  inquientes  eam  esse  virtutem  absque  determi- 
nata  forma.  Aristoteles...  invento  novo  vocabulo 
animam  vocat  entelechiam,  sciiicct  perfectionem 
corporis  naturalis  organici,  potentia  vitam  habentis... 


hœc  est  receptissimi  philosophi  et  anima  futilis  deti- 
nitio,  quœ  non  essentiam,  naturam,  aut  ejus  originem 
déclarât,  sed  effectus...  Cicero,  Seneca,  Lactantius, 
quid  sit  anima  dicunt  penitus  ignorari...  »,  etc.  (ui.) 

P.  283,  1.  3.  Songuineam).  «Il  vomit  son  âme  de 
sang.  »  (\'irgile,  Enéide,  IV,  349.) 

P.  283,  1.  6.  Igneus).  «Elles  (les  âmes)  ont  la 
vigueur  du  feu,  et  leur  origine  est  céleste.  »  (Virgile, 
Enéide,  VI,  730.) 

P.  283,  1.  12.  Hahitnni  queindain).  «  Une  certaine 
manière  d'être  du  corps  vivant  que  les  Grecs  appel- 
lent harmonie.  »  (Lucrèce,  III,  100:) 

P.  283,  1.  20.  Harnni  sententiantni).  «  De.  toutes 
ces  opinions  quelle  est  la  vraie  :  un  dieu  seul  peut 
le  savoir.  »  (Cicéron,  Tusculanes,  I,  \i.) 

P.  283,  1.  21.  Dict  S.  Bernard).  «Ex  me  intelligo, 
quam  sit  incomprehensibilis  Deus,  quoniam  me 
ipsum  intelligere  non  possum,  quem  ipse  fecit.  » 
{Liber  de  anima,  seii  meditationes  dcvotissiv.iT,  i,  au 
début.) 

P.  283,  1.  23.  Heraàylus).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  d'Heraclite  :  «  (Visum  est  ei)  animarum  item 
&  dsmonum  plena  esse  omnia...  Dicitur  Cn:  id  de 
animre  sensisse  natura,  nunquam  illam  reperiri  posse, 
quantalibet  quis  vi.-E  conficiat  spatia,  adeo  profundam 
ejus  esse  rationem.  »  (IX,  vu,  p.  583.) 

P.  284,  1.  3.7/  n'y  a  pas  moins).  Parmi  les  réfé- 
rences indiquées  ci-dessus  (p.  2S2,  I.  23),  il  faut 
voir  surtout  Corneille  Agrippa,  De  incertitudine  cl 
vanitate  scientiarum,  qui  est  peut-être  en  partie  la 
source  de  Montaigne,  ou  qui  à  tout  le  moins  nous 
permet  de  supposer  ce  qu'était  cette  source  :  «  Nec 
minus  ridicukt  de  ejus  sede  inter  se  variant,  nam 
Hippocrates  &  Hierophilus  in  cerebri  ventriculis  illam 
ponunt.  Democritus  in  toto  corpore,  Erasistratus 
circa  membranam  epicranidem, Strato  in  supercilioruni 
interstitio,  Epicurus  in  toto  pectore,  Diogenes  in 
cordis  arteriato  ventriculo,  Stoici  cum  Chrysippo  in 
toto  corde  ac  spiritu  circa  cor  versante,  Empedocles 
in  sanguine,  cui  adstipulatur  Moyses,  idcirco  prohi- 
bens  vesci  sanguine,  quia  animalis  anima  sit  in  illo. 
Plato  &  Aristoteles  &  reliqui  nobiliores  philosophi 
in  toto  corpore.  Galenus  autem  in  quavis  corporis 
particula  suam  esse  animam  puiat.  >>  (i.n.) 


LIVRK      II,      CHAPITRE      MI. 


257 


P.  284,  I.  6.  Ut  hona  s;vpe).  «Comme  lorsqu'on 
dit  que  la  santé  appartient  au  corps,  sans  que  pour 
cela  elle  soit  une  partie  de  l'homme  en  santé.  » 
(Lucrèce,  III,  103.) 

P.  284,  1.  9.  Hic  exultât).  «Car  c'est  là  qu'on  se 
sent  palpiter  de  crainte  et  de  terreur,  c'est  dans  cette 
région  qu'on  éprouve  les  douces  émotions  de  la  joie.» 
(Lucrèce,  III,  142.) 

P.  284,  1.  15.  Oiia  Jhcie).  «Quelle  tigure  a  l'âme 
et  où  elle  loge,  voilà  ce  qu'il  ne  faut  pas  chercher 
à  connaître.  »  (Cicéron,  Tiisciilanes,  \,  xxviii.) 

P.  284,  1.  20.  Chrysippus).  Galien,  De  placilis 
Hippocraiis  et  Platonis,  II,  11.  Il  est  possible  que 
Montaigne  ait  pris  ceci  chez  Guy  de  Brués  qui  écrit 
dans  ses  Dialogues,  p.  78  :  «  Chrysippe  (met  l'âme) 
partout  le  cœur  et  par  les  esprits  qui  sont  alentour 
de  luy.  Il  a  dit  aussi  que  le  principal  lieu  de  l'âme 
estoit  au  cœur,  parce  que  quand  nous  voulons  parler 
de  nous,  ou  bien  dire  que  quelque  chose  nous 
appartient,  nous  mettons  la  main  à  nostre  cœur. 
Aussi  qu'en  profFerant  le  mot  ego,  c'est  à  dire  moy, 
à  la  première  sillabe  nous  baissons  la  basse  mâchoire 
vers  le  cœur.  »  C'est  chez  Guy  de  Brués  que  Pierre  de 
rOstal  a  pris  ceci,  pour  l'insérer  dans  ses  Discours 
philosophiques,  p.  94. 

P.  285,  1.  7.  Les  Stoiciens).  Cf.  Sénèque,  Epîtres  : 
«  Qui  existimant,  animam  hominis  magno  pondère 
extriti,  permeare  non  posse,  &  statim  spargi,  quia 
non  fuerit  illi  exitus  liber.  »  (lvii,  p.  140.) 

P.  285,  I.  II.  Aucuns  tienent).  C'est  l'opinion 
d'Origène  que  Montaigne  résume  ainsi  ;  il  l'a  trouvée 
dans  la  Cite  de  Dieu,  de  saint  Augustin,  XI,  xxiii, 
et  surtout  dans  le  Commentaire  de  Vives  dont  voici 
un  passage  caractéristique  :  «  Hœ  anima;  propter 
nimios  defcctus  mentis  crassioribus  et  solidioribus 
indiguere  corporibus,  propter  quas  etiam  mundus 
iste  visibilis  constitutus  est  tantus  ut  omnes  facile 
caperet  quas  in  eo  exerceri  statutum  erat.  Cumque 
non  omnes  a  bono  xque  recessissent,  semina  qua;- 
dam  et  causas  varietatis  et  diversitatis  ille  omnium 
conditor  cepit  ut  pro  diversitate  peccatorum  varium 
ac  diversum  mundum  efficeret.  »  Et  dans  le  texte 
de  saint  Augustin  on  lit  encore  :  «  Animas  dicunt 
peccasse  a  conditore  recedendo  et  diversis  progressibus 


pro  diversitate  peccatorum,  a  cœlis  usque  ad  terras, 
diver.sa  corpora  quasi  vincula  meruisse...  Quid  stul- 
tius  dici  potest  quam  istum  solem  ut  in  uno  mundo 
unus  esset  non  decori  pulchritudinis,  vel  etiam  saluti 
rerum  corpora  num  consuluisse  artificem  deum,  sed 
hoc  potius  evenisse  quia  una  anima  sic  pcccaverat,  ut 
tali  corpore  mereretur  includi.  » 

P.  285,  1.  18.  Corne  cîict  PJutarque).  Dans  la  Vie 
de  Thésée  :  «Ainsi  comme  les  Historiens  qui  descrivent 
la  terre  en  figure,  amy  Sossius  Senecion,  ont  accous- 
tumé  de  supprimer  aux  extremitez  de  leurs  Cartes, 
les  régions  dont  ilz  n'ont  point  de  cognoissance, 
&:  en  cotter  quelques  telles  raisons  pa'-  endroits  de 
la  marge  :  Oultre  ces  païs  ici  n'y  a  plus  que  pro- 
tondes sablonnieres  sans  caue,  pleines  de  bestes 
venimeuses,  ou  de  la  vase  que  Ion  ne  peult  naviger, 
ou  la  Scythie  déserte  pour  le  froid,  ou  bien  la  mer 
glacée.  Aussi  en  ceste  mienne  histoire...  »  (i,  f"'  i  r".) 

P.  285,  1.  25.  //  dejiiiit  l'homme).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Fie  de  Diogène  :  «  Plalone  item  definiente, 
Homo  est  animal  bipes  sine  pennis,  cùm  placeret 
ista  ejus  definitio,  nudatum  pennis  ac  pluma  gallum 
gallinaceum,  in  ejus  invexit  scholam  dicens.  Hic 
Platonis  homo  est.  »  (VI,  xl,  368.) 

P.  286,  1.  4.  Premièrement  imaginer).  Pour  toute 
cette  critique  de  la  physique  épicurienne,  cf.  le  De 
jinibus,  I,  et  le  Commentaire  de  Lucrèce  par  Lambin, 
passim. 

P.  286, 1.  13.  Ceus  qui  les  poursuivent).  Cf.  Cicéron, 
De  natura  dcorum,  II,  xxxvu. 

P.  28e,  1.  18.  Dict  Zeno).  Id.,  ibid.  :  «Quod  ratione 
utitur  id  melius  est  quàm  id  quod  ratione  non  utitur  : 
nihil  autem  mundo  melius.  Ratione  igitur  mundis 
utitur.  Hoc  si  placet,  jam  efficies  ut  mundus  optime 
librum  légère  videatur.  Zenonis  enim  vestigiis  hoc 
modo  rationem  poteris  concludere,  Quod  literatum 
est,  id  est  melius  quàm  quod  non  est  literatum  :  nihil 
autem  mundo  melius.  Literatus  igitur  est  mundus. 
Isto  modo  etiam  disertus,  &  quidem  mathematicus, 
musicus,  omni  denique  doctrina  eruditus,  postremo 
philosophus.  S.-epe  dixisti  nihil  fieri  sine  deo,  nec 
ullam  vim  esse  nature,  ut  sui  dissimilia  possit  effin- 
gere.  Concedam  non  modo  animantem  &  sapientem 
esse    mundum,    sed   fidicinem   etiam    i!s:    tibicinem. 


258 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


quoniam  eamm  quoque  artium  homines  ex  eo  pro- 
creantur.  »  (III,  ix;  t.  IV,  p.  229.)  Les  arguments  de 
Zenon  sont  exposés  dans  le  De  nattira  deorniii,  II, 

VIII. 

P.  287,  1.  12.  Dit  ailleurs).  Dans  le  Premier  Alci- 
biade,  p.  129;  éd.  de  1546,  p.  39. 

P.  288,  1.  10.  Nihil).  «  On  ne  peut  rien  dire  de 
si  absurde  qui  n'ait  déjà  été  dit  par  quelque  philo- 
sophe. »  (Cicéron,  De  divinatioiie,  II,  LViii.) 

P.-  288,  1.  24.  Ce  que  Platon).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  de  Platon,  III,  Lxvn,  224.  Mais  Montaigne  a 
sans  doute  pris  ceci  dans  les  Dialogues  de  Guy  de 
Brués  contre  les  nouveaux  académiciens  :  «  Ils  ont  encore 
fait  davantage,  et  divisé  l'ame  en  plusieurs  pièces, 
comme  si  l'ame  estoit  au  corps.  Platon  l'a  divisée 
en  trois  parties,  ou  facultés  :  en  la  raison,  en  l'ire  et 
en  la  cupidité  :  il  a  mis  la  raison  au  cerveau,  l'ire 
au  cœur,  et  la  cupidité  au  foie.  Par  mesme  mo\'en 
ont  plusieurs  autres  philosophes  parti  les  âmes  en 
trois  parties,  et  en  plusieurs  autres  facultés  ou  pars. 
Les  autres  ont  pensé  qu'il  n'y  avoit  qu'une  ame, 
laquelle  par  une  seule  faculté  ratiocine,  se  souvient, 
comprend,  juge,  désire,  et  exerce  toutes  ses  opérations 
par  divers  instrumens  du  corps  :  tout  ainsi  que  le 
nocher  gouverne  son  navire  selon  l'expérience  qu'il 
a,  ores  tendant  ou  laschant  une  corde,  ores  haussant 
l'entene,  et  ores  prenant  l'aviron,  sans  qu'il  ait  qu'une 
mesme  ame  par  laquelle  il  fait  tout  cela...  Je  ne 
doubte  point,  que  le  propre  lieu  de  l'ame  raisonnable, 
soit  au  cerveau,  ce  que  nous  voyons  par  eftect,  car 
lors  que  le  cerveau  est  en  quelque  endroit  offensé, 
lors  aussi  les  opérations  de  l'ame  sont  lézées  :  d'où 
viennent  l'oubly,  la  folie,  la  faute  de  jugement  et 
autres  semblables  imperfections  :  nonobstant  que  sa 
vertu  soit  difl'use  par  tout  le  corps  :  tout  ainsi  que 
nous  ^oions  que  quand  le  soleil  entre  par  quelque 
fente,  qu'il  est  en  un  endroit,  et  toutesfois  sa  clarté 
illumine  et  esclaire  tout  le  lieu,  sans  pourtant  qu'il 
occupe  matériellement  aucune  place.  »  (^Premier  dia- 
logue, p.  79  et  suivantes.)  Pierre  de  l'Ostal  a  reproduit 
tout  ce  morceau  dans  le  cinquième  de  ses  Discours 
philosophiques  (éd.  de  1579,  p.  94). 

P.  289,  1.  13.  Médium).  «Le  soleil  ne  s'écarte 
jamais  dans  sa  course  du  milieu  du  ciel;  cependant 


il  éclaire  tout  de  ses  rayons.  »  (Claudien,  De  sexto 
Consulatu  Honorii,  V,  411.)  Citation  prise  par  Mon- 
taigne dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse,  IV,  ix.  Juste 
Lipse  applique  cette  image  à  l'idée  d'un  monarque 
qui  se  fixe  dans  une  ville  d'où  il  gouverne  tous  ses 
États. 

P.  289,  1.  17.  Cillera).  «L'autre  partie  de  l'âme, 
répandue  par  tout  le  corps,  est  assujettie  et  obéit 
aux  ordres  suprêmes   de   l'intelligence.  »    (Lucrèce, 

III,  144.)  Il  faut  lire  nwinenque. 

P.  289,  1.  19.  Une  aine  générale).  Rapprocher  Guy 
de  Brués,  Dialogues  contre  les  nouveaux  académiciens  : 
«  Nous  pouvons  convaincre  la  malheureuse  opinion 
d'Aristote  que  nos  âmes  sont  mortelles,  et  que  nous 
avons  tant  seullement  une  partie  de  l'intelligence 
universelle,  laquelle  retourne  à  soy  incontinent  que 
nous  sommes  morts...  »  (P.  116.) 

P.  289,  1.  22.  Deuni  namque).  «Que  Dieu  en  effet 
pénètre  les  terres  et  les  mers  et  les  profondeurs  du 
ciel;  que  dans  sa  substance  les  animaux  petits  et 
grands,  les  hommes,  les  bêtes  sauvages  de  toute 
espèce  puisent  chacun  leur  vie  au  moment  de  la 
naissance,  pour  revenir  à  lui  dans  la  suite  et  se 
résoudre  en  lui,  sans  que  rien  soit  sujet  à  la  mort.  » 
(Virgile,  Géorgiques,  IV,  221.) 

P.  290,  1.  7.  Instillata).  «  La  vertu  de  ton  père 
t'a  été  transmise  avec  la  vie...  Les  enfants  courageux 
naissent  de  pères  courageux  et  probes.  »  J'ignore  la 
source  du  premier  de  ces  vers;  le  second  est  d'Horace, 

IV,  m,  29  ;  mais  la  plupart  des  éditions  du  xvi'^  siècle 
mettent  une  forte  ponctuation  après  le  mot  fortibus, 
et  rattachent  et  bonis  au  vers  suivant,  ce  qui  donne 
un  sens  de  beaucoup  préférable. 

P.  290,  1.  12.  Denique).  «Enfin,  pourquoi  le  lion 
transmet-il  à  sa  race  sa  férocité?  pourquoi  la  ruse 
est-elle  héréditaire  chez  les  renards,  et  chez  les  cerfs 
la  fuite  et  la  timidité  qui  rend  leurs  membres  agiles? 
Si  ce  n'est  que  l'âme  a  son  germe  propre  et  se 
développe  en  même  temps  que  le  corps.»  (Lucrèce, 
III,  741.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin, 
p.  241. 

P.  290,  1.  17.  La  justice  divine).  Cf.  Plutarque, 
Pourquoi  la  justice  divine  diffère  quelque  fois  la  punition 
des  maléfices,  xiv,  xvi  et  xix. 


LIVRE     II,      CHAPITRE     XII. 


259 


P.  290,  I.  25.  Si  in  corpus).  «Si  l'àme  s'insinue 
dans  le  corps  à  la  naissance,  pourquoi  ne  nous  sou- 
venons-nous pas  du  passé?  pourquoi  ne  conser\-ons- 
nous  aucune  trace  de  nos  actions  antérieures?  » 
(Lucrèce,  III,  671.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition 
Lambin,  p.  238. 

P.  291,  1.  7.  Comme  di soit  Platon).  Dans  le  Phàion, 
XVIII,  p.  73;  éd.  de  1546,  p.  498.  Dans  la  préface 
d'un  ouvrage  paru  à  Bordeaux  en  1578  et  connu  de 
Montaigne  qui  lui  a  fait  des  emprunts  dans  ï Apologie, 
on  trouve  une  courte  réfutation  de  la  doctrine  plato- 
nicienne de  la  connaissance,  et  dans  cette  réfutation 
se  rencontrent  les  arguments  mêmes  que  Montaigne 
indique  ici  :  «  Si  on  devenoit  savant  par  la  seule 
exercitation  du  corps,  il  s'ensu)^'roit  qu'on  n'auroit 
besoing  de  doctrine,  et  que  l'erreur  n'auroit  aucun 
lieu  en  l'âme  (pourveu  que  les  sens  extérieurs  fussent 
entiers  et  sains)  qui  sont  deux  conclusions  notoire- 
ment absurdes...  Quant  à  l'erreur  quel  lieu  peut  il 
avoir  en  l'âme  si  elle  sçait  tout,  pourveu  que  les 
sens  extérieurs  ne  l'abusent,  en  lui  représentant  une 
chose  pour  autre?  Elle  pourroit  bien  ignorer  ce 
qu'elle  n'auroit  encores  descouvert  ou  recogneu  : 
mais  ce  n'est  pas  errer,  car  au  moins,  ce  qu'elle 
sçauroit,  comme  tout  sçavoir  est  véritable,  seroit 
vray...  »  (Joubert,  Erreurs  populaires  au  faict  de  la 
médecine.^  Il  est  possible  aussi  que  Montaigne  se 
souvienne  des  Dialogues  de  Guy  de  Brués  où  Ron- 
sard défendait  la  théorie  platonicienne  attaquée  par 
Baïf,  le  porte-parole  des  académiciens  :  «  En  nostre 
ame  sont  divinement  ennées  les  notices  de  ce  que  nous 
pensons  aprendre,  lors  qu'elle  revient  tant  seullement 
à  soy  mesmes...  Puisque  l'ame  est  dans  le  corps 
comme  dans  une  obscure  prison,  et  qu'elle  est 
contraincte  d'y  demeurer,  à  raison  de  la  liaison  qu'il 
y  a  de  l'une  avec  l'autre,  elle  ne  peut  nullement 
revenir  à  soy  ny  apprendre  aucune  chose,  sans  l'ayde 
et  moyen  des  sens.»  (P.  104.)  Et  plus  loin  (p.  iio) 
Baïf  réplique  comme  Montaigne  :  «  Pourquoy  donq 
ne  sçavons-nous  sinon  ce  qu'on  nous  a  monstre,  et 
nous  avons  apris  par  nostre  diligence  ?  » 

P.  291,  1.  23.  Nam,  si  tantopere).  «  Car  si  le  chan- 
gement est  si  grand  que  l'âme  ne  conserve  aucun 
souvenir  de  ce  qu'elle  a  fait,  son  état,  à  mon  avis. 


ne  diffère  guère  de  la  mort.  »  (Lucrèce,  III,  674.) 
L'édition  Lambin,  p.  235,  écrit  longiter. 

P.  292,  1.  14.  Platon).  Dans  la  République  :  «  Quos- 
cumque  aliis  injurias  intulisse  constaret,  pœnas  sin^ 
gillatim  pro  quolibet  decies  reddidisse,  id  est  spatio 
annorum  centum  :  quasi  \ïxc  vitœ  humana;  sit  meta.» 
(X,  p.  615;  éd.  de  1546,  p.  699.) 

P.  292,  1.  25.  Gigni).  «Nous  sentons  qu'elle  naît 
avec  le  corps,  qu'elle  croît  et  vieillit  avec  lui.  » 
(Lucrèce,  III,  446.) 

P.  293,  1.  6.  Mentem  sanari).  «  Nous  voyons  que 
l'esprit  se  guérit  comme  le  corps  malade  et  qu'il  peut 
être  traité  par  la  médecine.  »  (Jd.,  III,  509.) 

P.  293,  1.  II.  Corpoream  naturani).  «Il  faut  bien 
que  l'âme  soit  corporelle,  puisqu'elle  est  sensible  aux 
impressions  du  corps.  »  (^Id.,  III,  176.) 

P.  293,  1.  21.  Vis  animai).  «L'âme  est  troublée, 
bouleversée,  brisée  par  la  force  de  ce  poison.  »  (/c/., 

m,  498.) 

p.  294,  1.  5.  Fis  inorl'i).  «Le  mal  en  se  répandant 
dans  les  membres,  trouble  l'âme  et  la  tourmente, 
comme  le  souffle  impétueux  des  vents  fait  bouillonner 
la  mer  écumante.  »  {Id.,  III,  491.)  Le  texte  est  celui 
de  l'édition  Lambin,  p.  223. 

P.  294,  1.  19.  Morbis  in  corporis).  «  Souvent  dans 
les  maladies  du  corps,  la  raison  s'égare,  ses  propos 
marquent  de  la  démence  et  du  délire;  quelquefois 
une  pesante  léthargie  plonge  l'âme  dans  un  assou- 
pissement profond  et  éternel;  les  yeux  se  ferment, 
la  tête  s'abat.  »  (Jd.,  III,  464.) 

P.  295, 1.  4.  Souvant  en  leurs  discours).  Par  exemple 
chez  Cicéron  dans  les  Tusculams,  I,  xi,  que  Mon- 
taigne a  lues  après  1588,  à  l'époque  où  il  écrivait 
ceci. 

P.  295,  1.  10.  Quippe  etenim).  «  Et  en  effet  c'est 
une  folie,  d'unir  le  mortel  à  l'immortel,  de  croire 
qu'ils  puissent  s'accorder  ensemble  et  se  prêter  de 
mutuels  offices.  Que  peut-on  en  effet  imaginer  de 
plus  dissemblable,  de  plus  opposé  et  de  plus  incom- 
patible que  ces  deux  .substances,  l'une  périssable, 
l'autre  indestructible,  que  vous  prétendez  réunir, 
pour  les  exposer  ensemble  aux  plus  terribles  orages! » 
(Lucrèce,  III,  801.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition 
Lambin,  p.  245.  Lambin  cite  dans  son  Commentaire 


2éO 


ESSAIS     DE      MOXTAIGXE. 


les  opinions  d'autres  philosophes  qui  ont  développé 
le  même  argument. 

P.  295,  I.  17.  Simili  a-vo).  «  Elle  saflaisse  avec  lui 
sous  le  poids  de  l'âge.  »  (Id.,  III,  459-) 

P.  295,  1.  18.  Si'loii  Zeno).  Cf.  Cicéron,  De  divi- 
natione,  IL  lviii. 

P.  295,  1.  20.  Contrabi  aniinnm).  «Il  voit  dans  le 
sommeil  une  contraction  et  comme  une  prostration 
et  un  affaissenient  de  l'àme.  »  {Id.,  ibid.) 

P.  295,  1.  27.  Non  alio  pacto).  «  De  la  même  oia- 
nière  que  les  pieds  peuvent  être  malades  sans  que 
la  tête  éprouve  aucune  douleur.  »  (Lucrèce,  III,  1 1 1 .) 
Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin,  p.  203. 

P.  296,  1.2.  Dit  Arislote).  Dans  la  Métaphysique, 
II,  i;  mais  peut-être  Montaigne  a  pris  ceci  chez 
Duplessis-Mornay,  Traite  de  la  vérité  de  ia  religion 
chrétienne,  xvi  :  «Quelques-uns  eslevent  l'œil  de  leur 
entendement  en  haut.  Mais  combien?  et  que  voyent- 
ils?  Certes,  comme  dit  Aristote,  ne  plus  ne  moins 
que  les  chahouans  au  soleil.  » 

P.  296,  1.  5.  Cicero  dici).  Dans  les  Ttiscnlanes,  I, 

XVI. 

P.  296, 1.  II.  Ce qu  'Aristote).  Cf.  Corneille  Agrippa, 
De  incertiludine  et  vanitate  scientiariim  :  «  Aristoteles... 
adeo  nihil  manifeste  dicit,  ut  ejus  interprètes  adluic 
de  ea  re  disputent,  Alexander  Aphrodiseus  ait  mani- 
festo,  eum  immortalem  posuisse  animam,  idem  sentit 
ex  nostris  Gregorius  Nax.ianzenus  contra  hos  Piéton, 
&  ex  nostris  Thomas  Aquinas  pro  Aristotele  digla- 
diantur,  illum  de  anima;  immortalitate  recte  sentirc. 
Porro  Averrois  eximius  ille  Aristotelis  commentator, 
hominem  quemque  propria  anima  pollere  putat,  sed 
mortali  :  mentem  vero  humananij  seu  intellectum 
dicamus  esse,  usquequaque  ab  omni  tam  anteriore 
quam  posteriore  parte  a;ternam,  sed  omnibus  heroi- 
bus,  seu  humanx-  speciei,  una  qui  tantum  m  vita 
uteremur,  etc.  »  (lu.)  Voir  pour  la  même  idée  ci- 
dessus,  p.  233,  1.  17. 

P.  296,  1.  13.  Rciii  gratissiinani).  «C'est  une  cho.se 
très  agréable  qu'ils  promettent  plus  qu'ils  ne  la 
prouvent.  »  (Sénêquc,  ép.  102.) 

P.  297,  1.  I.  Coine  dict  Platon).  Dans  les  Loix,  x, 
p.  907;  éd.  de  1546,  p.  878.  Mais  ce  n'est  pas  le 
texte  de  Platon  qui  a  dicté  ces  lignes  à  Montaigne. 


P.  297,  1.  5.  D'allonger  son  estre).  Ce  développe- 
ment semble  avoir  été  inspiré  par  la  lecture  des 
Tiiscitlanes,  I,  xiv-xv. 

P.  297,  1.  16.  Soninia  siinl).  «  Ce  sont  là  les  rêves 
d'un  homme  qui  dit  ses  désirs,  mais  qui  ne  démontre 
pas.  »  (Cicéron,  Académiques,  II,  xxxviii.) 

P.  298,  1.  8.  Perdain  sapienfiani).  «  Je  confondrai 
la  sagesse  des  sages,  et  je  réprouverai  la  prudence 
des  prudents.»  (Saint  Paul,  Cor.,  I,  i,  19.)  Montaigne 
a  sans  doute  pris  cette  citation  dans  la  Cité  de  Dieu 
de  saint  Augustin,  X,  xxviii. 

P.  298,  1.  15.  Ipsa  iitililatis).  «Les  ténèbres  dans 
lesquelles  s'enveloppe  la  connaissance  de  ce  qui  nous 
est  utile  sont  un  exercice  pour  l'humilité,  et  un  frein 
pour  l'orgueil.»  (Saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  XI,  xxii.) 

P.  299,  1.  2.  Ciini  de  animarnin).  «  Lorsque  nous 
traitons  de  l'immortalité  de  l'âme,  nous  cherchons 
surtout  un  appui  auprès  des  hommes  qui  craignent 
ou  qui  honorent  les  dieux  infernaux.  Je  tire  parti 
de  cette  conviction  générale.»  (Sénèque,  ép.  117.) 

P.  299,  1.  9.  Usiiram).  «Ils  nous  accordent  une 
longue  durée  comme  aux  corneilles  :  nos  âmes  doi- 
\ent  vivre  longtemps,  mais  pas  toujours.  »  (Cicéron, 
Tnsculanes,  I,  xxxi.) 

P.  299,  1.  12.  C'a  esté  celle).  Cf.  à  ce  sujet  la  fin 
de  l'essai  précédent,  II,  xi.  La  source  principale  de 
ce  passage  nous  a  paru  être  dans  le  De  incertitiidine  et 
■vanitate  scientiariim  de  Corneille  Agrippa,  lu,  à  la  fin  ; 
là  aussi  Corneille  Agrippa  donne  Pythagoras  comme 
inventeur  de  la  métempsychose,  et  il  dit  comme 
Montaigne  :  «  Ethnici  omnes  qui  animam  immonalem 
asseruerunt,  animarum  transmigrationem  communi 
consensu  astruunt,  et  rationales  animas  ad  rationis 
expertia  corpora,  et  ad  plantas  usquc  transmeare  per 
temporum  quosdam  periodos...  » 

P.  299,  1.  19.  Et  lu\  disait).  Cf.  Diogène  Lacrce, 
Vie  de  Pythagore  :  «  Ut  primum  .(Ethalides  fuerit,  postea 
Euphorhus,  deinde  Hermotimus,  ac  postremo  Pyrrhus 
effectus  sit,  ac  deinde  post  Pyrrhum  factum  esse 
Pythagoram,  omniumque  memorasse  quic  prsdixi- 
mus.  »  (Mil,  V,  526.)  Cf.  la  citation  d'Ovide  dans 
l'essai  II,  xi,  p.  1^7,  1.  2^ 

P.  299,  texte  88,  1.  iS.  La  nosire).  Cf.  César,  De 
hello  gallico,  W,  xmii. 


LIVRE      II,      CHAPITRK     XII. 


2él 


P.  300,  1.  I.  Adjoiitoint  aucuns).  Voir  à  ce  sujet 
Plutarque,  De  la  face  qui  se  void  an  rond  de  la  Lnuc, 
xxviii-xxx,  et  Platon  dont  Plutarque  résume  ici  la 
doctrine. 

P.  300,  1.  3.  O  pater).  «O  mon  père,  est-il  vrai 
que  des  âmes  retournent  d'ici  sur  la  terre  et  revêtent 
de  nouveau  un  corps  matériel  ?  Qui  peut  inspirer  à 
ces  malheureux  un  aussi  cruel  désir  de  la  vie.  « 
(Virgile,  Enéide,  VI,  719.)  Cette  citation  a  probable- 
ment été  prise  dans  la  Cité  de  Dieu  de  saint  Augustin, 
XIV,  V. 

P.  300,  1.  6.  Origene).  Cf.  saint  Augustin,  Cilé  de 
Dieu,  XXI,  xvi-xvii. 

P.  300,  1.  7.  L'opinion  que  Varrc).  Id.,  ibid.  : 
"  Genetliliaci  quidam  scripserunt  inquit  (Varro)  esse 
in  renascendis  hominibus,quam  appel  la  nt-aX'.vYsvîsîxv 
Graîci  :  hanc  scripserunt  confici  in  annis  numéro 
quadringentis  quadraginta,  ut  idem  corpus  &  eadem 
anima,  qua;  fuerant  conjuncta  in  homine  aliquando, 
eadem  rursus  redeant   in   conjunctionem.  »   (XXII, 

XXVIII.) 

p.  300,  1.  8.  Chrysippiis).  Id.,  ibid.  :  Dans  le  Coiii- 
ii/entaire  de  Vives  au  même  chapitre  :  «  Lactantius 
quoque  lib.  VII  verba  Chrysippi  stoici  ex  ejus  de 
Providentia  libris  refert,  quibus  ille  reditum  post 
mortem  nostrum  astruxit  :  Et  defunctos  jam  \ita 
certis  temporum  revolutionibus  exactis,  rursus  in 
eam,  quam  nunc  habemus  faciem  restitutum  iri.  » 
(XXII,  xxviii.) 

P.  300,  1.  9.  Platon,  qui  dict).  Dans  le  Ménon  : 
«  Tradit  pra;terea  Pindarus,  &  cceteris  quicunque 
Poetaruni  divini  sunt,  talia  quœdam  :  ...  Ferunt... 
hominis  animum  immortalem  esse,  eumque  tum 
decedere,  quod  quidem  mori  vocant,  tuoi  iterum 
redire,  interire  vero  nunquam...  Quicunque...  pa-nas 
antiqua;  oiisericX%  Proserpin^e  jam  dederunt,  ils  illa 
ad  supernum  solem  nono  anno  rursus  animam 
reddit...  Cum  ergo  animus  immortalis  sit,  ac  sa-pius 
in  hanc  vitam  redierit,  videritque  persœpe  &  qux  in 
hac,  &  quas  in  alla  vita  sunt,  omniaque  perceperit, 
nihil  utique  restât,  quin  ipse  didicerit.  Quamobrem 
nihil  mirum  est,  si  eorum  qua;  ad  virtutem  iSc  ad 
alla  pertinent,  reminisci  possit  ;  quippe  cum  olim 
illa  cognoverit.  »  (P.  82;  éd.  de  1546,  p.  19.) 


P.  300,  1.  15.  Qui  a  bien  vescu).  Cf.  Platon,  Timée  : 
((  Illum  qui  recte  curriculum  vivendi  a  natura  datum 
confecerit,  ad  illum  astrum  cui  accommodatus  fuerit, 
reversum  beatam  vitam  acturum.  Contra  vero  agen- 
tem  cogi  in  ortu  secundo  sexu  mutato  fieri  mulierem. 
Et  qui  ne  tum  quidem  finem  peccandi  fiiciet,  qua- 
tenus  depravatur,  eatenus  in  brutorum  naturam  suis 
moribus  similem  permutari  :  nec  prius  a  mutatio- 
nibus  laboribusque  cessare,  quam  illam  sibi  insitam 
ejusdem  ipsius  similisque  natura  conversionem  secu- 
rus  ipse,  eique  subjiciens  turbulentes  multiplicesque 
atfectus  postea  ex  igni,  aqua,  aère,  &  terra  contractos, 
ratione  sedaverit,  &  ad  primum  optimumque  sui 
habitum  jam  redierit.  »  (P.  42;  éd.  de  1546,  p.  710.) 
P.  301,  1.  9.  Denique).  «Il  est  ridicule  de  supposer 
que  les  âmes  se  trouvent  là  toutes  prêtes  au  moment 
précis  de  l'accouplement  des  bêtes  ou  de  leur  nais- 
sance, et  que,  substances  immortelles,  elles  s'empres- 
sent en  foule  autour  d'un  corps  mortel  et  se  disputent 
entre  elles  à  qui  y  sera  introduite  la  première.  » 
(Lucrèce,  III,  777.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition 
Lambin,  p.  244. 

P.  301,  1.  14.  D'autres  ont  arrcsté).  Allusion  à 
Lucrèce,  III,  718  et  suivants. 

P.  301,  1.  20.  Aucuns  des  nostrcs).  Cf.  Vives,  Com- 
mentaire de  la  Cité  de  Dieu,  IX,  xi. 

P.  301,  1.  25.  //  faut  estimer).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Romulus,  xiv,  vers  la  fin.  Ce  passage  est  textuel- 
lement copié, 

P.  302,  1.  22.  Arehelaus).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
d'Arebelaiis  :  «  Gigni  vero  animalia  ex  terraî  calore, 
qua  limum  lacti  simillimum  ad  escam  eliquaverit, 
sic  &  liomines  natos.  »  (II,  xvii,  107.) 

P.  303,  1.  2.  Pitbagoras).  Cf.  Corneille  Agrippa, 
De  incertitudine  et  vanitate  scienharnni  :  «  De  spermate 
quod  génitale  semel  est,  audire  quis  anilibus  ratiun- 
culis  certant  Pj'thagoras  illud  utilissimi  sanguinis 
.spumam,  sive  cibi  utilissimum  excrementum  dixit. 
Plato  autem  spinalis  meduUe  defluxum,  quia  nimium 
coeuntes  dorsum  (S:  renés  dolent.  Alcmeon  autem 
cerebri  partem  adseveravit,  ex  eo  quod  coeuntibus 
oculi  dolent,  qui  sunt  partes  cerebri.  Democritus 
autem  ipsum  ab  omnibus  corporis  partibus  derivatum 
ait,    6c   Epicurus   a   corpore    &   anima    convulsum. 


262 


ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


Aristoteles  alimenti  sanguinei  excremenram,  quod 
ultimum  in  menibra  digeritur.  Casteri  putant  sangui- 
nem  esse  testium  calore  decoctum  &  dealbatum,  ea 
duntaxat  moti  ratione  quod  ultra  vires  coeuntes  san- 
guinis  guttas  ejiciant.  Porro  Aristoteles  &:  Democritus 
nil  dicunt  mulieris  seinen  ad  generationem  conferre, 
neque  germen  illas,  sed  particularem  quendam  sudo- 
rem  emittere,  Galenus  illas  &  sperma  licet  imperfectum 
germen,  emittere  ait,  &  utrorumque  viri  &  mulieris 
semen  fœtum  constituere.  »  (lxxxii.)  Ces  faits  sont 
pris  pour  la  plupart  chez  Plutarque,  Opinions  des 
philosophes,  \ ,  m;  mais  il  est  manifeste  que  Montaigne 
ne  puise  pas  directement  chez  Plutarque. 

P.  303,  1.  22.  A  quels  tenues).  Question  très 
débattue  chez  les  polvgraphes  de  l'antiquité  et  souvent 
reprise  au  xvi*  siècle.  On  trouvera  une  longue  liste 
d'autorités  anciennes  sur  ce  sujet,  chez  Rabelais,  I, 
m;  cf.  encore  Breslay,  Anthologie,  II,  xiii. 

P.  304,  1.3.  Quasi  vero).  «  Comme  si  on  pouvait 
entreprendre  de  mesurer  quelque  autre  chose  quand 
on  ignore  sa  propre  mesure.  »  (Pline,  Histoire  natureUe, 
II,  I.) 

P.  304,  1.  5.  Vramani  Protagoras).  Ct.  Cicéron, 
Académiques,  II,  xtvi;  Platon,  dans  le  Cratyle,  éd.  de 
1546,  p.  308. 

P.  304,  1.  II.  Quand  Thaïes).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  de  Thaïes  :  «  Interrogatus  quidnam  esset  difficile, 
se,  inquit,  ipsum  noscere.  »  (I,  xxxvi,  35.) 

P.  304,  1.  13.  Votis,  pour  qui).  Cf.  ci-dessus, 
p.  189,  1.  2,  et.  la  note. 

P.  304,  1.  22.  Comme  ft  Gobrias).  Cf.  Plutarque, 
Comment  on  pourra  discerner  le  flatteur  d'avec  l'aniy  : 
«  Gobrias  s'estant  jette  dedans  une  petite  chambre 
obscure  après  l'un  des  tyrans  de  Perse  qui  s'appelloient 
Mages...  &  se  trouvant  aux  prises  bien  a  l'estroit 
avec  luy,  cria  à  Darius,  qui  y  survint  l'espee  nue  au 
poing  &  qui  doutoit  de  frapper  le  Mage,  de  peur 
qu'il  n'assenast  quant  &  quant  Gobrias,  qu'il  donnast 
hardiment,  quand  il  devroit  donner  à  travers  tous 
les  deux.  »  (iv,  f"  41  b.)  Rapprocher  Hérodote,  III, 
T.xxviii;  t.  I,  f'  213  r". 

P.  305,  1.  3.  Les  Porluguais).  Cf.  Goulard,  Histoire 
du  Portugal  :  «  Les  prisonniers  Turcs  aimans  mieux 
mourir  que  vivre  esclaves,  firent  tant  avec  de  doux 


de  fer  frottez  l'un  contre  l'autre,  que  les  estincelles 
en  volèrent  sur  certains  caques  de  pouldre,  laquelle 
brusla  vaisseau  Portugallois,  prisonniers  &  tout.  » 
(XII,  XXIII,  f"  366  r°.) 

P.  305,  1.  II.  Chi  troppo).  «  Qui  trop  se  subtilise 
s'égare.  »  (Pétrarque,  Can^cniierc.  XXII,  v,  48;  éd.  de 
1550,  p.  164.)  On  lit  chez  Plutarque  assotliglia.  Le 
Bulletin  du  bibliophile  du  7  septembre  1 860  m'enseigne 
qu'on  retrouve  ce  proverbe  dans  plusieurs  écrits  du 
XVI'  siècle  :  dans  un  conte  de  Pogge,  «  Priapus  in 
laqueo  »  (éd.  de  1598, 1,  p.  179);  dans  les  Cent  Nou- 
velles nouvelles  (éd.  Leroux  de  Lincy,  II,  p.  169);  etc. 
P.  305,  1.  22.  Epicurus  disoit).  Cf.  ci-dessus  p.  206, 
1.  21  et  la  note. 

P.  305,  1.  24.  Platon).  Dans  les  Lois  :  «Necesse  est 
leges  hominibus  ponere,  ut  secundum  leges  vivant. 
Nam  si  absque  his  viveretur,  nihilo  a  feris  atrocis- 
simis  discreparent.  »  (P.  874;  éd.  de  1546,  p.  862.) 
P.  306,  1.  16.  C'est  un  outrageus  glaive).  Montaigne 
a  déjà  employé  cette  image  en  parlant  de  la  science 
dans  l'essai  I,  xxv,  p.  181,  1.  15.  ^'oir  la  note. 

P.  307,  1.  4.  Qui  certis  quibnsdaw).  «Qui  enchaînés 
et  voués  a  certaines  opinions  fixes  et  déterminées, 
sont  réduits  à  défendre  les  choses  mêmes  qu'ils 
désapprouvent.  »  (Cicéron,  Tusculanes,  II,  n.)  La 
phrase  de  Cicéron  est  passablement  modifiée  :  notons 
seulement  comme  intéressante  la  suppression  de  quasi 
dans  l'expression  "quasi  addicti  et  consecrati  ». 

P.  307,  1.  9.  Monnoyes).  La  même  image  reviendra 
dans  l'essai  II,  xvi,  et  dans  l'essai  II,  xvii,  etc.;  elle 
est  quelquefois  chez  Amyot  avec  la  même  valeur  : 
cf.  par  exemple  Œuvres  morales,  f"  124  v°.  De  là 
elle  a  passé  chez  quelques  moralistes  du  xvi'  siècle  : 
elle  est  fréquente  dans  la  Cii'il  conversation,  de  Guazzo. 
Luigi  Guicciardini  écrit  dans  ses  Detti  effati  :  «  Dice 
M.  Giovanni  délia  Casa,...  non  essercosa  sconvcnevole 
di  accettarli,  non  solo  per  quello  ch'  essi  veramente 
vagliano,  ma  come  si  fa  délie  monete,  per  quello 
ancora  che  corrono.  »  (Éd.  de  161 3,  p.  124.) 

P.  307,  1.  lé.  //  lie  faut  que  sçaivir).  Cf.  Guy  de 
Brués,  Dialogues  contre  les  nouveaux  académiciens  : 
«  Aucuns  mettent  le  lieu  de  Mars  au  milieu  du 
triangle  de  la  main,  celuy^e  Venus  au  pouce,  celuy 
de  Mercure  au  petit  doigt.  Antioche  très  bien  fondé 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


263 


ce  luy  semble,  met  Venus  au  tubeicle  du  petit 
doigt.  Mercure  au  triangle,  et  Mars  au  tubercle  du 
pouce  et  moy  je  metz  tout  cela  en  risée...  Pourquoy, 
quand  la  mensale  couppe  le  tubercle  de  l'enseigneur, 
c'est  signe  de  cruauté,  plus  tost,  que  quand  elle 
n'arrive  que  jusques  au  commencement  du  mont  ? 
Et  pourquoy,  quand  elle  finit  soubs  le  mittoien  et 
que  la  naturelle  fait  un  angle  avec  la  vitalle,  soubs 
mesme  endroit,  cela  signifie  une  misérable  mort, 
combien  qu'il  fut  un  roy  qui  leur  a  aprins  que  quand 
la  naturelle  est  ouverte,  et  qu'elle  ne  ferme  point 
l'angle  avec  la  vitalle,  cela  dénote,  si  c'est  une  femme, 
qu'elle  sera  putain.  Quant  a  moy,  je  ne  voy  qu'il  y 
ait  en  tout  qu'opinion.  »  (Dialogue  I,  p.  94.) 

P.  308,  1.  3.  Tbeophrastus).  Cf.  Corneille  Agrippa, 
De  incertitudinc  et  vanitaie  scientiariim  :  «Tbeophrastus 
in  suis  transnaturalibus  sic  ait,  Usque  ad  aliquid 
quidem  possumus  per  causam  speculari,  principia  a 
sensibus  sumentes  :  quando  autem  ad  ipsa  extrema 
&  prima  transierimus,  non  amplius  possumus  scirc, 
sive  quia  non  habemus  causam,  sive  propter  intel- 
lectus  nostri  infirmitatem.  »  (i.) 

P.  308,  1.  16.  Ne  se  jettent  pas  en  vioule).  Cf.  II, 
XII,  p.  190,  1.  6  et  la  note  pour  l'expression  «jeter  en 
moule  ».  Pour  la  pensée,  Montaigne  semble  se  souvenir 
ici  de  Du  Bellay,  Deffeiiee  el  ilhislration,  II,  xii;  éd. 
Chamard,  1904,  p.  345,  1.  6. 

P.  308,  1.  18.  Comme  les  ours).  La  même  image  se 
trouve  chez  Aulu-Gelle,  XVII,  x,  qui  l'applique  aux 
vers  de  Virgile;  on  la  trouve  encore  chez  Rabelais, 
III,  xLii;  chez  Du  Bellay,  Deffence,  éd.  Chamard, 
p.  351,  1.  6;  chez  Estienne  Pasquier,  Correspondance 
(livre  VI,  à  Monsieur  Chopin),  qui  l'applique  aux 
lois  :  «  tout  ainsi  que  l'ours  donne  forme  à  ses  petits 
à  la  longue  en  les  léchant,  ainsi  les  loix  qui  sont 
quelquefois  brusquement  proposées  au  peuple  reçoi- 
vent avec  le  temps  polissurc  à  mesure  qu'elles  sont 
mises  en  œuvre.  » 

P.  308,  1.  24.  Ut  hy)iietlia).  «  Comme  la  cire  de 
l'Hymette  s'amollit  au  soleil,  et,  pétrie  sous  le  pouce, 
prend  mille  formes  et  devient  plus  souple  à  mesure 
qu'on  la  manie.  »  (Ovide,  Métamorphoses,  X,  284.)  Le 
texte  «  vertitur  »  qui  est  chez  Montaigne  est  donné 
par  la  plupart  des  éditions  du  xvi'  siècle. 


P.  309,  1.  6.  Non  potest).  «Une  chose  ne  peut  être 
plus  ou  moins  comprise  qu'une  autre,  parce  que  la 
compréhension  est  une  pour  toute  chose.»  (Cicéron, 
Académiques ,  II,  XLi). 

P.  309,  1.  13.  Miilciber).  «  Vulcain  était  contre 
Troie,  Troie  avait  pour  elle  Apollon.  »  (Ovide, 
Tristes,  I,  11,  5.)  Montaigne  a  rencontré  cette  citation 
avec  une  légère  modification  de  texte  dans  le  pam- 
phlet de  Blackwood,  Pro  regibus  apologia,  p.  298. 

P.  310,  1.  I.  La  vérité).  Mot  de  Démocrite  auquel 
Montaigne  fera  de  nouveau  allusion  dans  l'essai  III, 
^"^I,  et  que  Cicéron  adopte  pour  sien  dans  les  Aca- 
démiques, I,  xu,  et  II,  X. 

P.  310,  1.  27.  Inter  visa).  «Entre  les  apparences 
vraies  ou  fausses  il  n'y  a  pas  de  différences  qui  doi- 
vent déterminer  l'esprit.  »  (Cicéron,  Académiques,  H, 

XXVIII.) 

P.  312,  1.  24.  Posterior).  «La  dernière  nous  dé- 
goûte des  premières  et  nous  détourne  des  anciennes.» 
(Lucrèce,  V,  141 3.) 

P.  31^,  1.  23.  Ckomenes).  Cf.  Plutarque,  Les  dicts 
notables  des  Lacedemoniens  :  «  Estant  travaillé  d'une 
longue  maladie,  &  ne  sçachant  que  y  faire,  il  se 
meit  à  la  fin  entre  les  mains  des  devins,  charmeurs 
&  sacrificateurs,  auxquels  ils  ne  souloit  point  adjouster 
de  foy  au  paravant  :  dequoy  quelqu'un  de  ses  fami- 
liers s'esmerveillant,  il  luy  dit,  dequoy  t'esmer\'eille.s- 
tu,  car  je  ne  suis  plus  celuy  que  je  soulois  estre, 
&  n'estant  pas  le  mesme,  aussi  ne  trouve-je  pas 
maintenant  les  choses  bonnes  que  je  trouvois  alors.  » 
(F°  218  r°.) 

P.  314, 1.  6.  Ce  vénérable  sénat).  Montaigne  a  pu  lire 
ceci  entre  1582  et  1588  dans  les  Séries  de  Guillaume 
Bouchet,  I,  i.x,  f°  193  r°. 

P.  314,  1.  10.  Taies  sunt).  Déjà  cité  par  Montaigne 
sous  une  forme  un  peu  différente  dans  l'essai  II,  i, 
p.  3,  1.  28.  (Voir  la  note.) 

P.  315,  1.  lé.  Ouis  sub  Arcto).  «Et  qui  ne  me 
soucie  nullement  de  savoir  quel  roi  fait  tout  trembler 
sous  l'ourse  glacée,  ou  de  quoi  s'inquiète  le  roi 
Tiridate.  »  (Horace,  Odes,  I,  xxvi,  3.) 

P.  316,  1.  14.  Vehit  minuta).  «Comme  une  frêle 
barque  surprise  par  un  gros  temps  quand  le  vent 
fiiit  rage.  »  (Catulle,  xxv,  12.)  Citation  prise  sans 


264 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


doute  chez  Juste  Lipsc,  SainniaJium  scrnioiuini  libri, 
II,  II. 

P.  317,  1.  19.  Comme  un  navire).  Cf.  Plutarque, 
De  la  vertu  morale  :  «  Si  l'on  oste  de  tout  point  entiè- 
rement les  passions,  encore  qu'il  fust  possible  de  le 
faire,  on  trouvera  que  la  raison  en  plusieurs  choses 
demourera  trop  lasche  &  trop  molle,  sans  action,  ne 
plus  ne  moins  qu'un  vaisseau  branlant  en  mer,  quand 
le  vent  lui  default.  »  (xii,  f°  37  V.) 

P.  317,  1.  25.  Semper  Ajax  fortis).  «  Ajax  fut 
toujours  brave;  mais  il  ne  le  fut  jamais  tant  que 
dans  sa  folie.  »  (Cicéron,  Tusculaws,  IV,  xxiii.) 

P.  318,  1.  I.  Ky  ne  court).  Tout  ceci  est  très  direc- 
tement inspiré  par  Cicéron,  Tusculanes,  IV,  xix. 

P.  318,  1.  19.  Ut  maris  Iranqnillitas).  «De  même 
qu'on  juge  de  la  tranquillité  de  la  mer  quand  aucun 
souffle,  si  léger  soit-il,  n'agite  sa  surface,  ainsi  on 
peut  assurer  que  l'âme  est  calme  et  paisible  quand 
nulle  passion  ne  peut  l'émouvoir.»  (/(/.,  ibid.,  V,  vi.) 

P.  319,  I.  13.  Qu'ils  produisent  leurs  plus  grans 
effaicts).  Cf.  Cicéron,  De  divinatione,  I,  lvu,  et  II, 
XLVin;  Platon,  Phèdre,  p.  244,  et  surtout  Timée, 
p.  71,  où  se  trouve  un  texte  auquel  Montaigne  a 
déjà  fait  allusion  dans  l'essai  II,  11,  p.  22,  I.  i.  (\'oir 
la  note.) 

P.  321,  1.  n-  Qualis  ubi  iillerno).  «(Ainsi  la  mer, 
par  un  double  mouvement,  tantôt  se  précipite  vers 
la  côte,  couvre  les  rochers  d'écume  et  se  répand  au 
loin  sur  le  rivage;  tantôt,  retournant  sur  elle-même 
et  entraînant  dans  son  reflux  les  cailloux  qu'elle 
avait  apportés,  elle  fuit;  et,  abaissant  ses  eaux,  laisse 
la  plage  à  découvert.  »  (Virgile,  Enéide,  XI,  624.)  Le 
texte  est  celui  de  l'édition  de  Venise,  1539. 

P.  322,  1.  8.  Cleanthes  le  Samien).  Cf.  Plutarque, 
De  la  face  qui  apparoist  dedans  le  rond  de  la  Lune  : 
«  Je  le  veux  bien,  dit-il,  beau  sire,  pourvueu  seule- 
ment que  tu  ne  nous  accuses  point  d'impiété,  comme 
Aristarchus  estimoit  que  les  Grecs  ensemble  dévoient 
mettre  en  justice  Cleanthes  le  Samien,  &  le  condamner 
de  blasphème  encontre  les  Dieux,  comme  remuant 
le  foyer  du  monde,  d'autant  que  ccst  homme  taschant 
à  sauver  les  apparences,  supposoit  que  le  ciel  demou- 
roit  immobile,  &  que  c'estoit  la  terre  qui  se  mouvoit 
par  le  cercle  oblique  du  Zodiaque,  tournant  alentour 


de  son  aixieu.  »  (vi,  f"  615  v".)  La  leçon  ici  adoptée 
par  Amyot  est  en  général  rejetée  par  les  commenta- 
teurs, en  sorte  que  l'opinion  qu'il  attribue  à  Cléantlic 
appartient  probablement  à  Aristarque. 

P.  322,  I.  9.  Nicetas).  Cf.  Cicéron,  Académiques, 
II,  xxxix.  L'édition  de  Cicéron,  de  Paris  1538,  écrit 
Nicetas  et  non  Hicetas  comme  on  lit  dans  plusieurs 
éditions.  Cicéron  fait  de  cette  réflexion  la  même 
application  que  Montaigne  et  conclut  comme  Mon- 
taigne que  ces  questions  dépassent  notre  connaissance. 

P.  322,  1.  lé.  Sic  volvenda).  «  Ainsi  le  temps 
change  le  prix  des  choses  :  l'objet  qui  était  en  faveur 
tombe  dans  le  mépris,  tandis  que  celui  qui  était 
méprisé  revient  en  faveur  à  son  tour;  on  le  désire 
chaque  jour  davantage;  il  est  admiré,  vanté;  le  voilà 
hors  de  comparaison.  »  (Lucrèce.  \,  1275.)  Le  texte 
est  celui  de  l'édition  Lambin,  p.  455. 

P.  323,  1.  19.  Paracelsc).  Fameux  alchimiste,  né 
dans  le  canton  de  Schwitz  en  1493.  Appelé  en  1526 
à  une  chaire  de  l'Université  de  Bâle,  il  commença 
par  brûler  publiquement  les  ouvrages  d'Avicenne  et 
de  Galien,  disant  que  les  cordons  de  sa  chaussure 
en  savaient  autant  qu'eux.  Il  annonçait  la  pierre 
philosophale.  Il  mounit  à  l'hôpital  de  Salzbourg, 
en  1541.  Ses  œuvres  ont  été  publiées  en  dix  volumes 
à  Bàle  (1575 -1589),  et  souvent  réimprimées  depuis. 
On  y  remarque  un  livre  sur  les  Impostures  des  méde- 
cins, auquel  Montaigne  ne  semble  pas  avoir  fait 
d'emprunts  mais  qu'il  a  peut-être  en  vue  dans  ce 
passage.  On  peut  consulter  sur  Paracelse  tout  parti- 
culièrement Schleger,  Paracclsiclje  Sludien  (Dresde, 
1898). 

P.  324,  I.  II.  Jaques  Peletier).  Ci.  I,  xxi,  p.  126, 
1.  4. 

P.  324,  I.  II.  Deux  lignes).  «C'est  l'hyperbole,  et 
les  lignes  droites,  qui,  ne  pouvant  arriver  à  se  joindre 
à  elle,  ont  été,  pour  cela  même,  nommées  asymp- 
totes. Voyez  les  Coniques,  d'Apollonius,  liv.  II,  pro- 
pos. I,  et  la  propos,  xiv  où  cet  ancien  mathématicien 
a  démontré  que  les  asymptotes  et  l'hyperbole  ne 
peuvent  jamais  venir  à  se  toucher,  quoiqu'elles 
s'approchent  l'une  de  l'autre  .1  l'infini.  »  (Note  de 
Coste.) 

P.  32^,  1.  26.  Des  Antipodes).  Cf.  Cuy  de  Brués, 


CHAPITRE      Xn. 


265- 


Diûlo^^iies,  p.  69,  qui  rappelle  que  saint  Augustin  et 
Lactance  niaient  les  Antipodes.  Cicéron  use  des 
mêmes  arguments  dans  les  Acadciniqncs,  II,  xxxix. 
Saint  Augustin  s'explique  sur  ce  sujet  dans  la  Cite 
de  Dieu,  XVI,  ix.  Dans  le  commentaire  de  ce  cha- 
pitre, Vives  explique  que  ce  saint  docteur  a  voulu 
établir  l'unité  de  la  race  humaine  afin  de  donner  un 
fondement  solide  à  la  doctrine  du  péché  originel;  et 
comme  il  ne  suppose  pas  qu'il  y  ait  de  communica- 
tion possible  avec  les  Antipodes,  il  nie  leur  existence. 
L'erreur  de  saint  Augustin  et  de  Lactance  sur  ce  point 
est  souvent  mentionnée  par  les  écrivains  du  xvi'' siècle  : 
voir  en  particulier  le  Dialogue  de  Messie  sur  la  nature 
du  soleil,  Les  trois  mondes  de  La  Popelinière  (i  582),  etc. 

P.  525,  1.  4.  Nam  qtiod).  «Car  on  se  plait  dans 
ce  qu'on  a,  et  on  le  croit  préférable  à  tout  le  reste.  » 
(Lucrèce,  \',  141 1.) 

P.  ,25,  1.  6.  Sottise  de  me  fier).  Montaigne  a  ex- 
primé la  même  idée  au  début  de  l'essai  I,  xxxi. 

P.  325,  I.  9.  Platon  tient).  Dans  le  Politique  :  «De 
ortus  solis  occasusque,  &  aliarum  stellarum  mutatione 
(dico)...  Universum  hoc  aliàs  Deus  ipse  régit,  agi- 
tatque  atque  rotat  :  aliàs  vero  dimittit,  cum  mundi 
circuitus  competentia  sibi  curricula  temporis  exple- 
verunt.  Mundus  vero  ultro  ac  libero  tum  motu  contra 
reflectitur.  »  (P.  209;  éd.  de  1546,  p.  205.) 

P.  325,  1.  II.  Les prestres  Azgiptiens).  Cf.  Hérodote, 
II,  cxLii,  cxi.iii;  t.  I,  f"  157  v°  et  ij8  r°. 

P.  325,  1.  16.  Et  quelcnn  d'entre  nous).  C'est  d'Ori- 
gène  qu'il  s'agit.  Cf.  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu, 
XII,  XVII,  et  surtout  XII,  xiii.  C'est  dans  le  commen- 
taire de  Vives  au  chapitre  XII,  xiii,  que  Montaigne  a 
trouvé  les  textes  d'Isaïe  et  de  Salomon  sur  lesquels 
Origènc  appuyait  sa  doctrine. 

P.  325,  texte  de  1588.  Arislote).  Cf.  Varchi,  Erco- 
lano  :  «  Redite  ciie  queste  opinioni  cosi  astratte  abbi 
no  secondo  la  sentenza  di  Platone  a  ritornare  le 
medesine  in  capo  di  trenta  sei  mila  anni  ?  Non  so, 
so  bene  che  Aristotele  afferma  che  tutte  le  opinioni 
degli  uomini  sono  state  per  lo  passato  infinité  \olte 
e  infinité  volte  sarano  nel  avvenire.  » 

P.  326,  1.  I.  En  la  plus  fameuse).  Cf.  Platon, 
Timée,  passim. 

P.  326,  1.  8.  Heraclylus).  Cf.  Diogène  Laërce,  Fie 


d'Heraclite  :  «Mundum...  ex  igné  nasci,  &  rursus 
per  quosdam  ambitus  per  vices  hoc  omne  seculum 
ignescere.  »  (IX,  viii,  583.)  La  même  opinion  est 
rapportée  par  Vives,  Commentaire  de  la  Cité  de  Dieu, 
XII,  XI  :  «  Heraclitus,  Hippasus  et  Stoici  conflagra- 
tione  periturum  arbitrantur  mundum  :  qui  cum 
deflagrarit,  denuo  condetur.  > 

P.  326,  1.  10.  Sigillatini).  «  Comme  individus,  ils 
sont  mortels,  comme  espèce,  immortels.  »  (Apulée, 
De  deo  Socratis.^  Cette  citation  a  été  prise  dans  la 
Cité  de  Dieu  de  saint  Augustin,  XII,  x. 

P.  32e,  1.  II.  Ale.xandre.)  Cf.  saint  Augustin,  Cité 
de  Dieu,  VIII,  v,  et  XII,  x. 

P.  326,  1.  14.  Cicero  et  Diodorus).  Cf.  Vives,  Com- 
nwntaire  de  la  Cité  de  Dieu  de  saint  Augustin  :  «  Plin., 
lib.  II,  ex  Eudoxo,  Zoroastrem  tradit  sex  millibus 
annorum  ante  Platonis  mortem  fuisse  :  cui  Aristoteles 
fuit  assensus.  Hermippus  quinque  millibus  annorum 
ante  bellum  Trojanum  tradit  Zoroastrem  fuisse.  Chal- 
d;ïos  scribit  Cicero  I  De  divin.,  CCCCLXX.  M.  ann. 
ut  ipsi  dicunt,  monumentis  comprehensa  continere. 
Idem  ferè  Diodorus  lib.  III  refert,  Chaldreos,  ex  quo 
astra  observant,  usque  ad  Alexandrum  quadragint:' 
tria  annorum  millia  chronicis  numerare...  Plato  ex 
narratione  vEgvptii  sacerdotis  res  gestas  Sais  .Egyptiis 
octo  millia  annorum  literis  esse  mandatas  inquit  : 
Atticas  verô  Athenas  mille  annis  ante  /Eg}'ptias  illas 
Saias  esse  conditas.  »  (XII,  x.  Cf.  Platon,  Timée; 
p.  23;  éd.  de  1546,  p.  703.) 

P.  327,  1.  7.  Maintenues  par  des  femmes).  Cf.  Lopt;; 
de  Gomara,  Histoire  générale  des  Indes,  f°'  242  et 
264  r'. 

P.  327,  1.  9.  L'abstinence  des  femmes).  Id.,  Ihià., 
t'^  2^0,  et  en  divers  endroits. 

P.  327,  1.  10.  On  en  honoroii  les  sepiillures).  Id., 
ibid.,  î"  199  r". 

P.  327,  1.  12.  Contre  les  enchantements).  Id.,  ibid., 
f  258  r'. 

P.  327,  1.  14.  Pour  Dieu  de  la  phiye).  Id.,  ibid., 
f"  69  v^ 

P.  327,  1.  16.  L'usage  des  mitres).  Id.,  ibid., 
f'  323  r". 

P.  327,  1.  16.  Le  arlibat  des  prcsires).  Id.,  ibid., 
V  323  v'\ 


!(>(> 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  527,  1.  16.  L'art  de  divincr  par  les  e?ilrailles). 
là.,  ibid.,  î°  324  r". 

P.  327,  1.  18.  D'user  en  officiant  de  langue  particu- 
lière). Id.,  ibid.,  (°  323  r°. 

P.  327,  1.  20.  Le  premier  dieu).  Id.,  ihid.,i°  324  v". 

P.  327,  1.  22.  Pour  leur  péché).  Li.,  ibid.,  (°  324  v^. 

P.  327,  1.  23.  Suhnierge\J.  Id.,  ibid.  :  «  Ils  racomp- 
tent  en  outre  comme  en  un  certain  temps  il  cheut 
tant  d'eau  du  ciel  que  toutes  les  campagnes  furent 
submergées,  &  toutes  les  personnes  noïees,  exceptées 
celles  qui  se  sauvèrent  dedans  des  creux,  &  cavernes 
des  hautes  montagnes,  l'entrée  desquelles  ils  bouchè- 
rent si  bien  que  l'eau  ny  pouvoit  entrer,  s'estans 
premièrement  garnis  de  bonnes  provisions,  &  de 
grande  quantité  de  bestail  :  &  quand  ils  sentirent 
qu'ils  ne  plouvoit  plus,  ils  firent  sortir  dehors  deux 
chiens,  &  voians  qu'ils  estoient  retournez  nets 
&  mouillez,  congneurent  par  là  que  les  eaux  n'estoient 
point  abbaissées.  Mais  après  en  firent  encor'  sortir 
d'avantage,  &  lors  aucuns  revindrent  souillez  &  pleins 
de  fange,  par  là  ils  jugèrent  que  l'eau  estoit  abhaissée, 
&  à  lors  sortirent  de  leurs  creux  pour  repeupler  la 
terre.»  (y,  xv,  f°  325  r°.) 

P.  328,  1.  4.  Du  jour  du  jugement).  Id.,  ibid.  : 
«  Quand  les  Espagnols  ouvroient  ces  sepulchres, 
&  jettoient  les  ossements  deçà  delà,  les  Indiens  les 
prioient  de  ne  faire  pas  ainsi,  de  peur  qu'estant  ainsi 
escartez  ils  ne  peussent  ressusciter.  »  (V,  xvii, 
f"  327  v°.) 

P.  328,  1.  9.  Des  iieiiis).  Id.,  ibid.,  f"  92  r"  et 
passim. 

P.  328,  1.  10.  L'usage  de  la  fauconnerie).  Id.,  ibid., 
f"  9S  r". 

P.  328,  1.  II.  Délicatesses  de  jardinages).  Id.,  ibid., 
f"  98  r". 

P.  328,  1.  12.  Dances).  Id.,  ibid.,  f°  94. 

P.  328,  1.  12.  Musique).  Id.,  ibid.,  f°  94. 

P.  328,  1.  13.  Jeux  de  paume).  Id.,  ibid.,  f"  94. 

P.  328,  1.  13.  Jeu  de  dei).  Id.,  ibid.,  f°  441  r°. 

P.  328,  1.  14.  Médecine.)  Id.,  ibid.  En  beaucoup 
d'endroits,  particulièrement  f°'  253  v°-258. 

P.  328,  1.  15.  D'escrire  par  figures).  Id.,  ibid., 
f"i58r". 

P.  328,  1.  15.  Créance  d'un  seul).  Id.,  ibid.,  f°  158  v^ 


P.  328,  1.  16.  Adoration  d'un  dieu).  Id.,  ibid., 
f'  84  r°. 

P.  328,  1.  19.  L'opinion  des  géants).  Id.,  ibid., 
f"  158  r^ 

P.  328.  1.  19.  L'usage  de  s'enyvrer).  Id.,  ibid., 
f-  257  r°. 

P.  328.  1.  20.  Orneniens).  Id.,  ibid.,  f°  160  r°. 

P.  328,  1.  23.  Les  aisnei).  Id.,  ibid.,  f°  159  v°. 

P.  329,  1.  6.  La  créance  du  purgatoire).  Id.,  ibid., 
fos  j2  Y",  51  v",  et  surtout  f°  54. 

P.  329, 1.  17.  En  aucunes  régions).  Id.,  ibid.  :  «Ceux 
qui  avoient  quelque  affaire  à  communiquer  à  Mon- 
teczuma  entroient  piez  nuds,  &  pauvrement  vestus, 
selon  leur  cérémonie.  Car  encor  qu'ils  fussent  riches 
il  falloit  qu'ils  meissent  de  vieilles  couvertures  par 
dessus  leurs  bons  habillemens.  »  (II,  xxxiv,  f°  93  r".) 

P.  329,  1.  27.  La  jorme  de  nostre  estre).  Les  savants 
anciens  avaient  souvent  insisté  sur  cette  question  de 
l'influence  des  climats  :  il  faut  voir  surtout  Hippo- 
crate,  Galien,  Aristote,  dans  les  Politiques,  \\\, 
vu,  etc.  Au  xvi^  siècle  Montaigne  a  pu  l'avoir  indi- 
qué surtout  dans  le  livre  de  l'Espagnol  Huarte,  intitulé 
V Examen  des  esprits,  II;  dans  la  Méthode  de  l'histoire 
de  Jean  Bodin,  v,  et  dans  la  République  du  même 
auteur,  V,  i;  dans  le  commentaire  de  Le  Ro\-  sur 
les  Politiques  d'Aristote  (éd.  de  1576),  p.  407,  et  dans 
la  Vicissitude  du  même  Le  Roy  (éd.  de  1577),  i, 
fos  3  ^.o^  ^  ^,0^  ^Q  yo^  gjj.  ji  ^  trouvé  encore  des 
indications  dans  les  Diverses  leçons  de  Messie,  IV,  vu, 
dans  la  Civil  conversation  de  Guazzo  (traduction 
Chappuis,  1579),  p.  6~,  etc. 

P.  330,  1.  2.  Et  plaga  cœli).  «Le  climat  ne  con- 
tribue pas  seulement  à  la  vigueur  du  corps,  mais 
aussi  à  celle  de  l'esprit.  »  (Végèce,  I,  11.)  Citation 
prise  dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse,  Y,  x. 

P.  330,  1.  6.  Athenis  tenue  cœluni).  «  L'air  d'Athènes 
est  subtil  et  par  cette  raison  les  Athéniens  sont  réputés 
avoir  l'esprit  plus  délicat  :  celui  de  Thèbes  est  épais, 
c'est  pourquoi  les  Thébains  passent  pour  gens  gros- 
siers et  pleins  de  vigueur.»  (Cicéron,  Defato,  iv.) 

P.  330,  1.  15.  Cyrus  ne  voulut).  Cf.  Plutarque,  Les 
dicis  notables  des  anciens  Roys,  Princes  &  grands  Capi- 
taines :  «  Et  comme  les  Perses  voulussent  changer  de 
pais,  &  au  lieu  du  leur  qui  estoit  asprc  &  bossu,  en 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


267 


prendre  un  autre  qui  estoit  doulx  &  plain,  Cyrus  ne 
le  voulut  pas  permettre,  disant,  que  les  semences 
des  plantes,  &  les  meurs  des  hommes  deviennent  à 
la  fin  semblables  aux  lieux  &  contrées  où  ils  demeu- 
rent. »  (F°  188  v°.) 

P.  330,  1.  17.  Disant  que  Ifs  terres  grasses).  Mon- 
taigne complète  sa  citation  par  un  passage  d'Héro- 
dote :  «Cyrus  escoutant  ces  paroles...  commanda 
qu'elles  fussent  exécutées,  mais,  en  commandant 
avertit  les  Perses  de  s'apprester  non  à  dominer,  mais 
à  être  dominez.  Car  est-il  ainsi  que  de  régions  molles 
viennent  hommes  mol^,  pource  que  ce  n'est  le 
propre  d'une  mesme  terre  de  porter  fruict  admirable 
&  hommes  vaillans  pour  la  guerre.  Les  Perses  se 
repentirent,  &  désistèrent  comme  vaincus  de  l'opinion 
<ie  Cyrus...  »  (IX,  cxxii;  t.  I,  f°  236  v°.) 

P.  331, 1.  4.  Par  désir  mesiiies).  Rapprocher  l'essai  I, 
LUI,  p.  398,  I.  9. 

P.  331,  1.  10.  Qiiiii  eniiii).  «Est-ce  la  raison  qui 
règle  nos  craintes  et  nos  désirs?  Qui  jamais  conçut 
un  projet  sous  des  auspices  assez  favorables  pour  ne 
s'être  pas  repenti  de  l'entreprise  et  même  du  succès?  » 
(Juvénal,  Satires,  x,  4.) 

P.  331,  1.  13.  Sacrâtes  ne  requérait).  Cf  Xénophon, 
Mémorables  :  «  Orabat  deus  simpliciter  bona  prœstare 
quam  optime  dii  quasnam  sint  nobis  bona  scirent.» 
(I,  m,  2.) 

P.  331,  1.  14.  Et  la  prière  des  Lacedenwiiieus).  Cf. 
Platon,  Second  Alcibiade  :  «  Nonne  prudentior  nobis 
poeta...  qui  precabatur  mala  etiam  ab  orantibus 
abesse?  Lacedjemonii...  idem  votum  tam  privatim 
quam  publiée  servant,  orantes  deos,  pulchra  cum  bonis 
sibi  tribuere,  nec  plura  illos  precari  quis  audiret... 
In  diis  est,  ut  arbitrer,  quœ  precamur,  tribuere  vel 
contra.  »  (xi,  p.  148;  éd.  de  1546,  p.  47.) 

P.  331,  1.  17.  Conitigitini).  «Nous  demandons  une 
épouse  et  nous  en  voulons  des  enfants,  mais  il  n'y 
a  que  Dieu  qui  sache  quels  seront  ces  enfants  et 
quelle  sera  cette  épouse.»  (Juvénal,  Satires,  x,  352.) 
Montaigne  écrit  ////  notum  au  lieu  de  illis  notuni. 

P.  331,  1.  19.  Sa  volonté  soit  faite.)  Allusion  aux 
mots  de  l'Oraison  dominicale  :  Fiat  voluntas  tua. 

P.  332,  1.  4.  Attonitus).  «Étonné  d'un  mal  si 
nouveau,  riche  et  inditient  à  la  fois,  il  voudrait  fuir  ses 


richesses  et  il  prend  en  horreur  l'objet  de  ses  vœux.  » 
(Ovide,  Métamorphoses,  XI,  128.) 

P.  332,  1.  II.  Ravallé  et  rabaissé).  Cf.  à  ce  sujet 
l'essai  II,  vu,  à  la  fin. 

P.  332,  1.  12.  Cleobis  et  Bilan,  Trophonius  et  Aga- 
niedes).  Cf  Cicéron,  Tusciilanes,  I,  xlvii,  où  Montaigne 
a  sans  doute  pris  ces  deux  histoires.  Il  les  a  lues 
encore  dans  Stobée,  Anthologie,  cxix;  dans  Sigonius, 
Consolatio  ad  Tulliam;  la  première  dans  Hérodote,  I, 
xxxi;  t.  I,  f"  13  v°  et  suivants;  toutes  les  deux  dans 
Plutarque,  Consolation  à  Apollonius,  xiv,  etc.  Voici 
le  texte  de  Plutarque  :  «  Elle  (la  mère  de  Cleobis  et  de 
Biton)  estant  singulièrement  aise  de  veoir  si  grande 
pieté  en  ses  enfans,  feit  prières  à  la  Déesse,  de  leur 
donner  ce  qui  estoit  le  meilleur  aux  hommes  :  &  eulx 
s'estant  le  soir  allez  coucher,  ne  se  relevèrent  plus 
jamais,  leur  aïantla  Déesse  envoyé  la  mort,  pour 
récompense  de  leur  pieté...  Agamedes  &  Tropho- 
nius... luy  (à  Apollon)  demandèrent  payement  de 
leurs  vacations...  Ils  feirent  ce  qu'il  leur  avoit  ordonné, 
et  la  septième  nuict  s'estans  endormis,  le  lendemain 
matin  on  les  trouva  morts  en  leur  lict.  »  (xiv, 
f"  247  v.) 

P.  332,  1.  20.  l'^irga  tua).  «Ta  \'erge  et  ton  bâton 
m'ont  comblé.  >>  (Ps.  XXII,  5.) 

P.  332,  1.  24.  Si  consiliuni).  «Croyez-moi,  laissons 
faire  aux  dieux;  ils  savent  ce  qui  nous  convient, 
ce  qui  peut  nous  être  utile  :  l'homme  leur  est  plus 
cher  qu'il  ne  l'est  à  lui-même.  »  (Juvénal,  Satires, 

N,   346-) 

P.  333,  1.  I.  De  les  requérir).  Cf  Xénophon, 
Mémorables  :  «  Qui  vero  aurum,  aut  argentum,  aut 
tyrannidem,  aut  quippiam  hu^smodi  a  diis  orando 
petebant,  illos  simile  quid  opinabatur  orare,  ac  si 
ludum  taxillorum,  aut  praelium,  aut  aliquid  orassent 
cujus  incertus  exitus  esset.  »  (I,  m,  2.) 

P.  333,  1.  6.  Par  le  calcul  de  Varro).  Cf  saint 
Augustin,  Cité  de  Dieu,  XIX,  11. 

P-  333)  1-  7-  C"'  autem).  «Or,  dès  qu'on  ne 
s'accorde  pas  sur  le  souverain  bien,  on  diifère  d'opi- 
nion sur  toute  la  philosophie.  »  (Cicéron,  De  jinilnis, 

y,  V.) 

p.  ^^^,  1.  9.  Très  inihi).  «Il  me  semble  voir  trois 
convives  dont  les  goûts  sont  entièrement  différents 


268 


KSSAIS      DE     MONTAIGNE. 


et  qui  demandent  des  mets  tout  opposés.  Que  présen- 
terai-je?  Que  ne  présenterai-je  pas?  Vous  refusez  ce 
que  l'autre  demande;  et  ce  que  vous  souhaitez  déplait 
aux  deux  autres.  »  (Horace,  Epltres,  II,  ii,  6i.) 

P.  ^'i'i,\-  17.  P\thagoras).  Cf.  Plutarque,  Cvimuent 
il  faut  oiiir,  xii,  f°  28  \°. 

P.  333,  1.  18.  Nil  adiiiinvi).  «  Ke  rien  admirer, 
Numicius,  est  peut-être  le  seul  et  unique  moyen  de 
faire  et  d'assurer  son  bonheur.  »  (Horace,  Epiircs,  I, 
VI,  I.)  C'est  par  erreur  que  Montaigne  a  écrit  Kiiinaci 
au  lieu  de  Nitniici. 

P.  333, 1.  21.  Et  disait  Arcbesilas).  Cf.  Sextus  Empi- 
ricus,  Hypolxposes  :  «  Vult  (Arcesilaus)  esse  quidem 
bona  particulares  epochas,  mala  autem  particulares 
assentiones.  Nisi  dicat  aliquis  nos  ha;c  secundum  id 
quod  apparet  nobis,  dicere,  &  non  affirmantes  : 
illuui  autem,  tanquam  secundum  naturam  :  adeô  ut 
bonum  quidem  esse  ipsam  epochen,  malum  autem 
assentionem  dicat.  »  (I,  xxxiii.) 

P.  334,  1.  5.  Justiis  Lipsins).  Juste  Lipse,  qui  était 
en  relations  épistolaires  avec  c^uelques  Bordelais 
conrme  Pierre  de  Brach,  Florimond  de  Rœmond, 
avait  connu  et  admiré  les  Essais  et  avait  échangé 
plusieurs  lettres  avec  Montaigne  qui  lut  certainement 
les  principaux  ouvrages  de  Juste  Lipse.  Entre  1580 
et  1588  il  a  fait  des  einprunts  au  De  amphitheatro, 
au  SatiirnaUum  sermomim  libri,  au  De  constautia;  et 
après  1 588  aux  Politiques,  et  au  traité  intitulé  Advenus 
dialogislam  de  and  religione.  En  retour  on  sent  l'in- 
fluence des  Essais  dans  le  De  constautia  de  Juste  Lipse. 

P.  334,  1.  6.  A  luoii  Turnehiis).  Cf.  essai  I,  \x\', 
p.  180,  1.  9,  et  la  note. 

P.  334,  1.  17.  L'admis  de  Sociales).  Dans  les  Mniio- 
rnbles;  cf.  la  note  ci-dessous,  p.  335,  1.  11. 

P.  334,  1.  19.  La  vérité  doit  avoir).  Toute  cette 
dissertation  sur  la  relativité  de  la  morale  s'inspire 
peut-être  de  Corneille  Agrippa,  De  iucertiludiue  et 
vanitatc  scienliarnui,  liv  et  suivants,  et  surtout  elle 
doit  beaucoup  aux  Hypotyposes  de  Sextus  Empiricus, 
I,  XIV ;  III,  xxm-xxiv.  Cf.  aussi  Cuv  de  Brués, 
Dialogues,  passim. 

P.  335,  1.  II.  Ce  Dieu  antieu).  Ce  dieu  c'est 
Apollon.  Voyez  Xenophon,  Mémorables  :  «  Sicut 
Pythius  de  inunolationibus  julvi,  quod  recte  ageret 


si  quis  consuetudine  civitatis  utatur,  sic  ctiam  Socratcs 
et  ipse  taciebat,  caeterôsque  admonehat.  »  (I,  m,  i  ; 
éd.  de  1545,  p.  450.) 

P.  336,  1.  I.  Quelle  boulé  est-ce).  Cf.  Érasme,  Oue- 
rela  pacis  :  «  Ceu  rerum  \eritas  commutetur,  ita  quas- 
dam  scita  non  trajiciunt  mare,  quardam  non  superant 
Alpes,  quœdam  non  tranant  Rhenum.  »  (Éd.  de  Bâle, 
1522,  f'  6  r".) 

P.  337,  1.  4.  Thrasiiuaciis).  Cf.  Platon,  Répu- 
blique  :  «  Affirmo  equidem  justum  nihil  aliud  esse 
quam  quod  potentiori  utile.  »  (I,  p.  338;  éd.  de 
1546,  p.  535.)  Cf.  aussi  Quy  de  Brués,  Dialogues, 
p.  255. 

P.  337,  1.  II.  Gentcs  esse).  «  On  dit  qu'il  y  a  des 
nations  où  la  mère  s'unit  à  son  fils  et  le  père  à  sa  fille, 
et  où  l'affection  familiale  est  doublée  par  l'amour.  » 
(Ovide,  Métamorphoses,  X,  331.) 

P.  337,  1.  22.  Nihil  itaque  amplius).  «Il  ne  reste 
rien  qui  soit  véritablement  nôtre  :  ce  que  j'appelle 
nôtre  n'est  qu'une  production  de  l'art.  » 

P.  337,  1.  27.  D's  peuples  qui).  Montaigne  reprend 
ici  un  exemple  qu'il  a  développé  dans  l'essai  I,  xxiu, 
p.  148,  1.  I.  Voir  la  note. 

P.  338,  1.  9.  Licurgus  considéra).  Cf.  Plutarque, 
Fie  de  Lycurgue,  xiv,  f"  35  r".  Ce  fait  est  signalé 
chez  tous  les  moralistes  du  xvi"  siècle.  Voir  surtout 
ce  qu'en  disent  Guy  de  Brués  dans  ses  Dialogues,  p.  12  ; 
Crinitus  dans  le  De  honesta  disciplina,  III,  xiu.  Chez 
Guy  de  Brués  comme  chez  Montaigne  la  différence 
des  lois  est  expliquée  par  la  différence  des  points  de 
vue.  Tonc  ces  fiits  sont  également  chez  Sextus  Empi- 
ricus, III,  xxiii. 

P.  338,  1.  17.  Dionysius  le  tyran).  Cf.  Sextus  Empi- 
ricus, Hxpoixposcs  :  «Quum  hujusmodi  vestis  Platoni 
&  Aristippo  oblata  fuisset  (a  Dionysio  tyranno), 
Plato  quidem  lepudiavit,  dicens,  Gestare  amictum 
mullebrem  nunquam  queam,  quum  mas  creatus 
fuerim.  At  verô  Aristippus  accepit,  dicens,  Nulla 
Bacchanalia  contaminare  mulierem  castam  queant.  » 
(III,  wn.)  Cf.  aussi  Diogène  Laërce,  fie  d'Arislippe, 
II,  lAWiii,  144. 

P.  358,  1.  21.  Ses  amis  tansoini  sa  lacbetc).  Cf. 
Diogène  Laërce,  Fie  d'Arislippe  :  «  Consputus  a 
Dion\sio    ;equo    aninio    tulit.    Eam    injuriam    cùm 


LIVRE      H,      CHAPITRE      XII. 


269 


quiilani  œgrc  fcrrct,  piscatores,  inquit,  ut  gobiuin 
vcncntur,  mari  patiuiitur  se  aspergi,  &  ego  ut  bale- 
nam  accipiam,  non  patiar  excreationc  aspergi?  »  (II, 
Lxvii,  137.) 

P.  338,  1.  24.  Diogencs  htivil  ses  clmts).  Id.,  ihid.  : 
«  Pnttereunteui  quandoque  Diogenes  olera  abluens 
objurgavit  &  dixit,  Ista  tu  si  parare  tibi  didicisses 
tyrannorum  aulas  non  ambires.  Tu  verô,  ait  ille,  si 
quldem  conversari  cum  hominibus  scires,  olera  pro- 
fecto  non  lavasses.  »  (II,  Lxviii,  138.) 

P.  339, 1.  3.  Bclluiii,  â  Terra).  «O  terre  hospitalière! 
tu  portes  la  guerre;  tes  coursiers  sont  armés  pour  la 
guerre  et  c'est  la  guerre  qu'ils  appellent.  Cependant 
ces  fiers  animaux  étaient  attelés  d'abord  à  des  chars 
et  avaient  l'habitude  de  marcher  fraternellement  sous 
le  joug;  tout  espoir  de  paix  n'est  donc  pas  perdu.  -> 
(Virgile,  Enéide,  III,  539.) 

P.  339,  1.  8.  On  prêchait  Soloii).  Cf.  Diogènc 
Laërce,  Fie  de  Selon  :  «  Cùm  laciymaretur  ac  lugcrct 
defunctum  filium,  dicereturque  à  quodam,  At  nihil 
proficis,  respondisse,  ac  propter  hoc  ipsum  illacrymor, 
quia  nihil  prolicio.  »  (I,  lxiii,  53.) 

P.  339,  1.  10.  La  femme  de  Socrates).  LL,  J'ie  de 
Socrate  :  «  Dicente  ei  uxore,  injuste  morieris,  An  tu, 
inquit,  juste  malles.  »  (II,  xxxv,  118.) 

P-  339)  '•  ^^^  Nous  portons).  Cf.  Sextus  Empiricus, 
Hypotvposes  :  «  Itidem  &  inaures  gestari  a  viris,  apud 
nos  quidem  turpe  habetur,  apud  nonnullos  autem 
ex  Barbaris  (ut  apud  Syros)  nobilitatis  est  inducium.» 

(III,    XXIV.) 

P.  339,  1.  15.  Nous  nous  cachons).  Id.,  ibid.  : 
«  Indi  quidem  cum  uxoribus  in  propatulo  congre- 
diuntur,  alii  autem  plurimi  hoc  turpe  existimant... 
In  Tauris  Scythiit  lex  erat,  peregrinos  Artemidi 
immolari  :  apud  nos  autem  hominem  in  templo 
interiîci  vetitum  est.  »  (I,  xiv.)  Cf.  aussi  III,  xxiv. 

P.  339,  1.  18.  Inde furar).  «Chaque  pays  hait  les 
divinités  des  pays  voisins,  parce  que  chacun  tient  ses 
dieux  pour  les  seuls  véritables  :  d'où  les  fureurs 
aveugles  de  la  foule.  »  (Juvénal,  xv,  37.)  Montaigne 
remplace  tiierqiie  par  quisqne.  Il  a  rencontré  cette  cita- 
tion dans  un  ouvrage  de  Loj-sel  qu'il  a  lu  entre  1584 
et  1588,  Deux  remonslrances  faictes  es  villes  d'Agen  et 
Periguetix  (A  Paris,  chez  Robert  le  Manguier,  1584, 


p.  12).  Le  texte  de  Loysel  est  conforme  à  celui  des 
éditions  du  temps. 

P.  340,  1.  18.  Arcesilaus  disait).  Cf.  Plutarque, 
Les  règles  et  préceptes  de  santé  :  «  Le  philosophe  Arce- 
silaus souloit  dire  contre  les  paillards  &  luxurieux 
qu'il  ne  peult  chaloir  de  quel  costé  on  le  soit, 
pource  qu'il  y  a  autant  de  mal  à  l'un  qu'à  l'autre..» 
(v,  f"  295  r".) 

P.  340,  1.  19.  El  ol'sc<viias  volnptates).  «  Et  à  l'égard 
des  plaisirs  de  l'amour  si  la  nature  les  exige,  il  n'j^ 
fout  considérer  ni  la  race,  ni  le  lien,  ni  le  rang,  mais 
la  grâce,  l'âge  et  la  beauté,  à  ce  que  pense  Epicure.  » 
(Cicéron,  Tusculanes,  V,  xxxiii.)  Le  texte  est  exacte- 
ment celui  de  l'édition  de  Paris  1538,  avec  cette 
seule  différence  que  Montaigne  substitue  au  mot 
putant,  Epicurus  putat. 

P.  341,  1.  r.  Ne  aniores).  «Ils  (les  stoïciens)  ne 
pensent  pas  que  des  amours  saintement  réglées  soient 
interdites  au  sage.  »  {Id.,  De  finibus,  III,  xx.) 

P.  341,  1.  I.  Quxrainus).  «Voyons  (disent  les 
Stoïciens)  jusqu'à  quel  âge  on  doit  aimer  les  jeunes 
gens.  »  (Sénèque,  ép.  123.) 

P.  341, 1.  3.  Le  reproche  de  Diararchiis).  Cf.  Cicéron, 
Tusculanes,  l\',  xxxiv. 

P.  341,  1.  II.  Foye::^  les  anciennes  considérations). 
On  trouv'era  les  mêmes  idées  exposées  dans  toute  la 
dernière  partie  de  l'essai  I,  xxiii. 

P.  341,  1.  22.  Chrysippus).  Peut-être  souvenir 
inexact  de  ce  passage  de  Plutarque,  D-s  contredicts 
des  philosophes  stoïqiies  :  «  Il  (Chrysippe)  dit  qu'il  fera 
trois  fois  la  culebutte  pourveu  qu'on  luy  baille  un 
talent.  »  (xxvii,  f°  569  r°.) 

P.  342,  1.  I.  A  Clisthenes).  Cf.  Hérodote,  VI, 
cxxix,  t.  II,  f"  46  r".  L'expression  faire  l'arbre  fourché 
.se  retrouve  exactement  dans  la  traduction  de  Saliat. 
Cf.  aussi  Rabelais,  IV,  xix. 

P.  342,  1.  4.  Metroch'i).  Cf.  Diogène  Laërce,  Fie 
de  Mctroclès  :  «  Cùm  sa;pe  inter  disserendum  crepitum 
ventris  emitteret,  pne  dolore  animi  domi  inclusus 
morabatur.  Hoc  agnito,  Crates  ingressus  est  ad  eum 
consolaturus,  ac  lupinis  industria  voratis,  persuasif 
quidem  illi  primùm  vefbis,  nihil  mali  fecisse...  Tum 
verô  &  ipse  in  hujusmodi  crepitum  erumpens  illum 
similitudine   rei   servavit  ac   verbis  in   spem  erexit. 


270 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


Hinc  ipsius  auditor  fuit  evasitque  vir  in  pliilosophia 
eminens.  »  (IV,  xciv,  400.) 

P.  343, 1.  4.  Disent  aucuns).  Cf.  Corneille  Agrippa, 
De  incertitudine  et  vanitate  scientiarum,  lxiv,  à  la  fin. 
Inutile  de  dire  que  Corneille  Agrippa  ne  rapporte 
cette  opinion  que  pour  la  combattre. 

P.  543,  1.  8.  Mivchiis  es).  «Jadis  mari  d'Aufidie, 
Corvinus,  te  voilà  devenu  son  amant,  aujourd'hui 
qu'elle  est  la  femme  de  celui  qui  était  autrefois  ton 
rival.  Elle  te  déplaisait  quand  elle  était  à  toi,  pour- 
quoi te  plaît-elle  depuis  qu'elle  est  à  un  autre?  Es-tu 
donc  impuissant  dès  que  tu  n'as  plus  rien  à  craindre  ?  « 
(Martial,  III,  lxx.)  Les  éditions  du  xvi=  siècle  don- 
nent Cervinc. 

P.  343,  1.  13.  Nulliis).  «Il  n'est  personne  dans  la 
ville  entière,  Cécilianus,  qui  ait  voulu  toucher  ta 
femme  lorsque  ses  approches  étaient  libres;  mais, 
maintenant  que  tu  l'as  entourée  de  gardes,  une  foule 
de  galants  l'assiègent.  Tu  es  un  habile  homme.  » 
(^LL,  I,  Lxxiv.) 

P.  343,  1.  17.  On  deiuandoit).  D'après  Bayle  (article 
Hipparchia),  ce  conte  ne  serait  fondé  sur  l'autorité 
d'aucun  auteur  ancien. 

P.  543,  texte  de  88.  Solon  fut).  Montaigne  a  sup- 
primé cette  allégation  pour  la  reporter  dans  l'essai  III, 
V,  où  nous  la  retrouverons.  Il  le  doit  sans  doute  à 
Corneille  Agrippa,  De  incertitudine  et  vanitate  scien- 
tiarum, LXIII. 

P.  344,  1.  I.  Un  grant  et  relligieus  auteur).  Cf. 
saint  Augustin,  Cité  de  Dieu  :  «  lUum  (Diogenem) 
vel  illos  qui  hoç  fecisse  referuntur,  potius  arbitror 
concumhentium  motus  dédisse  oculis  hominum  ne- 
scientium  quid  sub  pallio  gereretur,  quàm  humano 
premente  con.spectu  potuisse  illam  peragi  voluptatem. 
Ibi  enim  philosophi  non  erubescebant  videri  se  velle 
concumbere,  ubi  libido  ipsa  erubesceret  surgere.  » 
(XIV,  XX,  90.) 

P.  344,  1.  7.  Car  Diogenes).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  de  Diogène  :  «  Cùm  ante  ora  omnium  obnixè 
operaretur,  utinam  liceret  aicbat,  perfricato  ventre  .1 
famé  conquiescere.  »  (VI,  LXix,  384.) 

P.  344,  \.  <).  A  cetis  qui  luy  deniandoint).  Id.,  ibid  : 
«  Cùm  illi  probro  daretur,  quôd  in  foro  manducaret. 
In  foro  enim,  ait,  esurio.  »  (\'\,  i.xiii,   ,78.) 


P.  344,  1.  13.  Hiparehia).  Id.,  Fie  d'Hipparchia  : 
«  Neque  enim  esse  nostri  consors  poteris,  nisi  eadem 
studia  attigeris.  Elegit  continue)  puella.  «  (VI,  xcvi, 
402.) 

P.  345,  1.  4.  Heraclitus  et  Protagoras).  Cf.  Sextus 
Empiricus,  Hypotvposes,  I,  xxix  et  xxxii.  Cf.  encore 
II,  VI  :  «  Nam  quôd  mel  aliis  amarum,  aliis  dulce 
videatur,  Democritus  dixit,  neque  dulce  neque  ama- 
rum ipsum  esse  :  at  Heraclitus  esse  utrunque.  » 

P.  345,  1.  15.  Aux  escrits  qu'il  entreprend).  Les 
mêmes  idées  seront  développées  longuement  dans  la 
première  partie  de  l'essai  III,  xiii. 

P.  34e,  1.  II.  Un  stile  nulnlcus).  La  même  idée  est 
dans  le  De  divinatione,  II,  liv.  Montaigne  l'a  encore 
exprimée  à  la  même  époque  dans  l'essai  I,  xi,  p.  51, 

1.  9. 

P.  346,  1.  23.  Homère  aye  vol  11  dire).  Rapprocher 
ce  que  dit  Rabelais  dans  le  prologue  de  Gargantua  : 
«  Croyez-vous  en  vostre  foy  qu'oncques  Homère 
i.'scrivant  VIliadc  et  Odyssée  pensast  es  allégories  les- 
quelles de  luy  ont  calfreté  Plutarche,  Heraclides 
Ponticq,  Eustatie,  Phornute  et  ce  que  d'iceux  Politian 
a  desrobé  ?  Si  le  croyez,  vous  n'approchez  ne  de  pieds 
ne  de  mains  à  mon  opinion  qui  décrète  icelles  aussi 
peu  avoir  esté  songees  d'Homère  que  d'Ovide,  en  ses 
Métamorphoses,  les  sacremens  de  VEi'angile,  lesquelz 
un  frère  Lubin,  vray  croquelardon,  s'est  efforcé  de 
monstrer,  si  d'adventure  il  rencontroit  gens  aussi  fols 
que  luy...  »  Cf.  aussi  Sénèquc,  ép.  88.  Montaigne 
critique  ici  l'opinion  qu'il  émet  lui-même  ailleurs  sur 
Homère.  Cf.  essai  II,  xxxvi. 

P.  347,  1.  21.  Democritus  en  tiroit).  Cf.  Sextus 
Empiricus,  Hypotyposes ■:  «  Ex  eo  quôd  mel  aliis  dulce, 
aliis  amarum  videatur,  Democritum  ratiocinari  di- 
cunt,  neque  dulce  ipsum  esse,  neque  amarum  : 
&  propterea  pronuntiare.  Non  magis,  qua;  sceptica 
est.  ^'erum  aliter  utuntur  iiac  voce  Sceptici  quàm 
Democritici  philosophi.  Illi  enim  vocem  hanc  usur- 
pant, signiticare  volentes  neulruni  esse  :  nos  autem, 
significantes  nos  ignonire  an  utrunque,  an  neutrum 
sit  eorum  qua;  apparent.  »  (I,  xxx.)  Cf.  aussi  la  note 
ci-dessus,  p.  345,  1.  4. 

P.  347,  1.  27.  Les  Cirena-iens).  Cf.  Cicéron,  Aca- 
démiques :   «Quid   Ciren.vi  ?  videntur   inihi    minime 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


271 


contempti  philosophi,  qui  negant  esse  quicquam 
quod  percipi  possit  extrinsecus  :  ea  se  sola  percipere, 
quœ  tactu  intimo  sentiant,  ut  dolorem,  ut  volupta- 
teni  :  neque  se  quo  quid  colore,  aut  quo  sono  sit 
scire,  sed  tantum  sentire  affici  se  quodammodo.  » 
(II,  XXIV ;  t.  IV,  p.  23.) 

P.  348,  1.  3.  Protagoms).  Id.,  ibid.  :  «  Aliud  judi- 
clum  Protagorse  est,  qui  putet,  id  cuique  verum  esse 
quod  cuique  videatur.  »  (II,  xlvi;  t.  \\\  p.  35.) 

P.  348,  1.  4.  Epicuriens).  Id.,  ibid.  :  «  Aliud  Epi- 
curi,  qui  omne  judicium  in  sensibus,  &  in  rerum 
notitiis,  &  in  voluptate  constituit.  Plato  autem  omne 
judicium  veritatis,  veritatémque  ipsam  ahductam  ab 
opinionibus,  &  à  sensibus  cogitationis  ipsius  &  mentis 
esse  voluit.  »  (II,  xlvi,  p.  35.)  L'opinion  de  Platon 
est  résumée  du  Phédou,  p.  65,  et  du  Théétètc,  p.  186. 

P.  348,  1.  17.  Via  qtia).  «C'est  le  chemin  par 
lequel  l'évidence  pénètre  dans  le  sanctuaire  de  l'esprit 
humain.  »  (Lucrèce,  \,  103.) 

P.  348,  1.  23.  Selon  aucuns).  Cf.  Platon,  Tbéctcte  : 
«Nihil  aliud  scientia  est  quam  sensus.  »  (viii,  p.  151  ; 
éd.  de  1546,  p.  139.) 

P.  349,  1.  3.  Invenies  primis).  «  \'ous  reconnaîtrez 
que  la  notion  du  vrai  nous  vient  primitivement 
des  sens;  et  le  témoignage  des  sens  est  irrécusable, 
car  quel  guide  plus  fidèle  que  les  sens  ?  »  (Lucrèce, 
r\',  479,  483.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin, 
p.  309. 

P.  349,  1.  9.  Cicero  dict  que  Clmsippus).  Dans  les 
Académiques,  II,  xxvir,  passage  qu'il  a  trouvé  repro- 
duit dans  l'édition  Lambin  de  Lucrèce,  au  vers  508 
du  livre  IV.  Il  complète  sans  doute  cette  allégation, 
par  le  passage  suivant  de  Plutarque,  Les  coiitredicts 
des  philosophes  stoïques  :  «  (Chiysippus)  non  en  peu  de 
lieux,  ains  souvent  &  en  plusieurs  endroicts,  ait 
confirmé  &  corroboré  les  resolutions  contraires  à  la 
sienne,  avec  sollicitude,  affection  &  diligence,  telle 
qu'il  n'est  pas  aisé  à  chascun  de  discerner  laquelle 
luy  plaist  le  plus  :  ceulx  mesmes  qui  admirent  la 
subtilité  &  vivacité  de  son  entendement  le  disent, 
&  tiennent  que  Carneades  n'a  rien  de  soy  mesme, 
ne  qui  soit  de  sa  propre  invention,  ains  que  des 
propres  moiens  &  arguments  dont  Chiysippus  cuidoit 
prouver  ses  assertions,  il  les  retournoit  au  contraire 


alencontre  de  lu)',  de  manière  que  bien  souvent  if 
luy  crioit  tout  hault  en  disputant  ce  vers  d'Homère, 

«  O  malheureux  ta  force  te  perdra  !  » 

pour  ce  que  luy  mesme  donnoit  de  si  grandes  prises 
&  de  si  grands  moiens  à  ceulx  qui  vouloient  renverser 
ou  calomnier  ces  opinions.  »  (x,  f°  562  v°.) 

P.  349,  1.  21.  De  tous  sens  naturels).  Tout  ceci  est 
inspiré  de  .Sextus  Empiricus,  Hypotyposes,  I,  xi\',  troi- 
sième moven  de  l'époque. 

P.  350,  1.  3.  Au  potcrunt).  «L'ouïe  pourra-t-elle 
rectifier  la  vue,  et  le  toucher  l'ouïe?  Le  goût  nous 
préser\era-t-il  des  surprises  du  tact?  L'odorat  et  la 
vue  pourront-ils  le  réformer  ?  »  (Lucrèce,  IV,  487.) 

P.  350,  1.  7.  Seorsuui  cuique).  «Chacun  d'eux  a  sa 
puissance  à  part  et  sa  force  particulière.  »  (^Id.,  IV, 
490.) 

P.  351,  1.  20.  Nous  saisissons  la  pomme).  Cf.  Sextus 
Empiricus,  Hypotyposes  :  «  Unumquodque  apparen- 
tium  nobis  sensibilium  varium  sub  sensus  cadere  : 
ut  malum,  lœve,  odoratum,  dulce,  flavum.  Incertum 
ergo  utrùm  bas  solas  qualitates,  an  potiùs  unicam 
tantùm  qualitatem  habeat,  sed  ob  sensuum  instru- 
menta, alio  atque  alio  modo  constituta,  diversas 
habere  videatur  :  an  contra,  plures  quidem  habeat 
qualitates  quàm  qu;ï  nobis  apparent,  sed  earum 
aliquîe  sub  sensus  nostros  non  cadant.  »  (I,  xiv.) 

P.  352,  1.  I.  Qui  aprant  ans  poules).  Cf.  Sénèque, 
Eplires  :  «  Quid  est  quare  pavonem,  quare  anserem 
gallina  non  réfugiât,  quum  tanto  minorem  &  ne 
notum  quidem  sibi  accipitrem?  Quare  pulli  felem 
timeant,  canem  non  timeant?»  (cxi,  p.  287.) 

P.  353,  1.  4.  Chaque  suhjet  a  en  soy).  Cf.  ci-dessus 
p.  345,  1.  4,  et  p.  347,  1.  21. 

P.  353,  1.  7.  Quicquid  id  est).  «Quoi  qu'il  en  soit, 
il  n'est  pas  plus  grand  que  notre  vue  ne  nous  le 
représente.  »  (Lucrèce,  V,  577.)  Lucrèce  parle  ici 
de  la  lune,  mais  Épicure  en  disait  autant  du  soleil, 
comme  on  le  voit  en  particulier  chez  Lucrèce,  \,  567, 
et  chez  Cicéron,  Académiques,  II,  xxxix,  dans  un 
passage  que  Montaigne  trouvait  reproduit  dans  le 
commentaire  de  Lambin. 

P.  353,  !.  12.  Nec  tamen  hic  ocnlis).  «Nous  ne 
convenons  pas  pour  cela  que  les  yeux  se  trompent... 


272 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


Ne  leur  imputons  donc  pas  les  erreurs  de  l'esprit.  « 
(Lucrèce,  IV,  380,  387.) 

P.  353,  I.  18.  Tiinagoras  jiiroit).  Cf.  Cicéron,  Aca- 
démiques :  «  Timagoras  Epicureus  negat  sibi  unquaui 
cùm  oculum  torsisset,  duas  ex  lucernâ  flammulas  esse 
visas  :  opinionis  enim  esse  mendacium  non  oculo- 
rum.  »  (II,  XXV.) 

P.  353,  1.  23.  Pioinde  quod  in  quoqtie).  «Les  sens 
ne  nous  trompent  jamais.  Si  la  raison  ne  peut  expli- 
quer pourquoi  ce  qui  est  carré  de  près  paraît  rond 
de  loin,  il  vaut  encore  mieux,  à  défaut  de  solution 
vraie,  en  donner  une  fausse  de  ce  double  phénomène 
plutôt  que  de  laisser  échapper  l'évidence  de  ses  mains, 
plutôt  que  de  mentir  à  sa  foi  première  et  de  ruiner 
tous  les  fondements  de  crédibilité  sur  lesquels  se 
reposent  notre  conservation  et  notre  vie  :  car  les 
intérêts  de  la  raison  ne  sont  pas  les  seuls  ici  en  jeu; 
la  vie  elle-même  ne  se  conserve  qu'avec  le  secours 
des  sens,  c'est  sur  leur  témoignage  que  nous  évitons 
les  précipices  et  les  autres  choses  nuisibles.  »  (Lucrèce, 
IV,  500.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin, 
p.  300. 

P.  354,  1.  16.  Ce  que  disent  les  Epicuriens).  Ci. 
Cicéron,  Académiques  :  «  Ita  nobis  tacentibus,  ex  uno 
Epicuri  capite,  altero  vestro,  perccptio  &  compre- 
hensio  tollitur.  Quod  est  caput  Epicuri  ?  Si  uUum 
sensibus  visum  falsum  est,  nihil  potest  percipi.  Quod 
vestrum?  Sunt  falsa  sen.sus  visa.  Quid  sequitur?  Ut 
taceam  :  conclusio  ipsa  loquitur  nihil  percipi  posse.  » 
(II,  xxxu;  t.  IV,  p.  27.) 

P.  355,  1.  I.  Exiantesque  proail).  «Des  montagnes 
qui  .s'élèvent  au-dessus  de  la  mer  nous  paraissent 
de  loin  une  même  masse,  quoique,  en  réalité,  elles 
soient  très  distantes  l'une  de  l'autre.  Les  collines  et 
les  champs  semblent  fuir  vers  la  poupe  du  vaisseau 
sur  lequel  nous  naviguons.  Si  votre  cheval  s'arrête 
au  milieu  d'un  fleuve,  son  corps  vous  paraît  remonter 
obliquement  le  courant.  »  (Lucrèce,  IV,  398,  390, 
■121.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin,  p.  300. 
Montaigne  substitue /))-o/)/cr  navim  à  pra'ter  navim. 

P.  355,  1.  24.  Vasiitê  sombre).  Pour  cette  expres- 
sion, d.  Du  Bellay,  Deffense  et  illustration,  éd.  Cha- 
mard,  1904,  p.  60.  Pour  la  pensée,  rapprocher  ce  qui 
a  été  dit  ci-dessus,  p.  243,  I.  19,  et  la  note. 


P.  356,  1.  6.  Et  Zenon  avait  raison).  Cf.  Diogènc 
Laërce,  Vie  de  Zenon  :  «  Pulchritudinem  dixit  vocis 
florem  esse,  alii  verô  pulchritudinis  vocem.  »  (\'II, 
XXIII,  422.) 

P.  356,  1.  II.  Sur  quoi  PIjiloxeniis).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Fie  d'Arcésilas  :  «  Ille  (Arcesilaus)...  cum 
hoc  carmen  ipsius  malè  cantantes  offendisset,  lateres 
illorum  conculcare  cœpit  ac  dicere,  Yos  mea  corrum- 
pitis,  ego  vestra  dissipabo.  »  (IV,  xxx\i,  270.) 

P.  356,  1.  15.  Cens  mesnies).  Ces  observations 
reviendront  dans  l'essai  III,  iv. 

P-  357;  '•  5-  Auferimur).  «Nous  sommes  séduits 
par  la  parure;  l'or  et  les  pierreries  cachent  des  défauts  : 
une  jeune  tille  est  la  moindre  partie  de  ce  qui  nous 
plaît  en  elle.  Souvent  on  a  peine  à  trouver  ce  qu'on 
aime  parmi  tant  d'ornements  :  c'est  sous  cette  égide 
opulente  que  l'amour  trompe  nos  yeux.  »  (Ovide, 
Remédia  anioris,  I,  343.) 

P.  357,  1.  II.  Cunctaque).  «Il  admire  tous  les 
attraits  qui  le  font  admirer;  à  son  insu  c'est  lui- 
même  qu'il  désire;  il  loue  et  il  est  loué;  il  convoite 
et  il  est  convoité,  il  brûle  des  feux  qu'il  allume.  >> 
{LL,  Métamorphoses,  III,  424.) 

P.  357,  1.  16.  Oscula  diil).  «Il  la  couvre  de  baisers 
et  s'imagine  qu'elle  y  répond;  il  la  saisit,  il  l'étreint,  il 
croit  sentir  sous  ses  doigts  le  frisson  de  la  chair,  et 
craint  en  la  pressant  d'y  laisser  une  empreinte  livide.  » 
{Id.,  ibid.,  X,  256.)  Les  éditions  du  xvi^  siècle  que 
j'ai  pu  consulter  donnent  «  loquiturque  tenetque  ». 

P.  358,  1.  15.  L'/  despici).  «De  telle  sorte  qu'on 
ne  peut  regarder  en  bas  sans  être  pris  de  vertige.  » 
(Tite-Live,  XLIV,  vi.)  Tite-Live  parle  ainsi  des 
défilés  de  la  vallée  de  Tempe  :  «  Rupes  utrinque  ita 
abscisœ  sunt,  ut  despici  vix  sine  vertigine  quadam 
simul  oculorum  animi  possit.  » 

P.  358,  1.  17.  Ce  beau  philosophe).  Démocrite.  Sur 
cette  légende,  cf.  l'es.sai  I,  xiv,  p.  7^,  1.  26,  et  la 
note;  et  aussi  I,  xxxix,  p.  316,  1.  15. 

P.  358,  1.  21.  Theophrastus  dici).  Cf.  Plutarque, 
Comment  il fault  ouïr  :  «Theophrastus  escrit  touchant 
l'ouve,  que  c'est  celuy  de  tous  les  cinq  sens  de  nature 
qui  donne  plus  &  de  plus  grandes  passions  à  l'ame  : 
car  il  n'y  a  rien  qui  se  voit,  ne  qui  se  gouste,  ne 
qui  se  touche,  qui  cause  de  si  grands  ravissements 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


273 


liors  de  soy,  si  grands  troubles,  ne  si  grandes  fraveurs, 
comme  il  en  entre  en  l'ame  par  le  moien  d'aucuns 
bruits,  sons  &  voix  qui  viennent  à  ferir  l'ouve.  » 
(II,  f"  24  v°.) 

P.  358,  1.  25.  Fil  ctiain).  «Il  arrive  même  souvent 
que  tel  aspect,  telle  voix  par  sa  gravité,  tel  chant 
trouble  profondément  l'esprit;  souvent  aussi  un  souci, 
une  frayeur  produisent  le  même  effet.  »  (Cicéron,  De 
divinatioiic,  I,  xxxvii.) 

P.  359,  1.  5.  Ce  flailnir).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Gracchiis,  i,  f"  569  r",  et  surtout  Conuuent  il  faut 
refréner  la  rclere  :  «  On  dit  que  Caïus  Gracchus  l'ora- 
teur, qui  estoit  de  nature  homme  aspre,  véhément 
&  violent  en  sa  façon  de  dire,  avoir  une  petite  fluste 
accommodée  avec  laquelle  les  musiciens  ont  accous- 
tumé  de  conduire  tout  doulcement  la  voix  de  hault 
en  bas,  &  de  bas  en  hault,  par  toutes  les  notes  pour 
enseigner  à  entonner,  &  ainsi  comme  il  harenguoit, 
il  y  avoit  l'un  de  ses  serviteurs  qui  estant  debout 
derrière  luy  comme  il  sortoit  un  petit  de  ton  en 
parlant,  luv  entonnoit  un  ton  plus  doulx  &  plus 
gracieux,  en  le  retirant  de  son  hault  crver  &  braire, 
&  luy  ostant  l'aspreté  &  l'accent  cholérique  de  sa 
voix.  »  (vi,  f"  57  v".) 

P.  359,  1.  16.  El  soient).  «  On  volt  deux  soleils 
et  deux  Thèbes.  »  (Virgile,  Éne'ide,  l\\  470.) 

P.  359,  1.  r8.  Mitltiiiiodis).  «Nous  voyons  souvent 
que  des  femmes  laides  et  contrefaites  inspirent  l'amour 
et  sont  en  grande  faveur.  »  (Lucrèce,  IV,  1152.)  Le 
texte  est  celui  de  l'édition  Lambin,  p.  355. 

P.  359,  1.  25.  In  rehus qiioqiie).  «Les  cho.ses  même 
les  plus  exposées  à  la  vue,  si  l'esprit  ne  s'applique 
pas  à  les  observer,  sont  pour  lui  comme  si  elles  en 
avaient  toujours  été  éloignées  et  tenues  à  grande 
distance.  »  (/</.,  W,  S09.)  Le  texte  est  celui  de  l'édi- 
tion Lambin,  p.   332. 

P.  360,  1.  4.  Cens  qui).  Cf.  Cicéron,  Acndéiniqiics, 
II,  XVII,  et  II,  XIX. 

P.  360,  1.  23.  Les  animaux).  Tout  ce  morceau 
s'inspire  de  Sextus  Empiricus,  Hxpotxposes,  I,  xiv. 
Premier  moven  de  l'époque. 

P.  360,  i.  26.  Democritus  disait).  Cf.  essai  I,  Li\-, 
p.  451,  1.  12. 

P.  361,  1.  3.  Taninqne).  «Il  v  a  dans  ceci  tant  de 


différence  et  de  diversité  que  ce  qui  est  nourriture 
aux  uns  est  à  d'autres  un  poison  violent.  Souvent  en 
effet  le  serpent,  au  contact  de  la  salive  humaine, 
dépérit  et  se  dévore  lui-même.  »  (Lucrèce,  IV,  6^^.) 
Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin,  p.  319,  avec 
cette  seule  exception  que  Montaigne  substitue  le  sin- 
gulier «saliva»  au  pluriel  «salivis». 

P.  361,  1.  9.  Pline  dit).  Histoire  naturelle,  XXXII,  i. 

P.  361,  1.  18.  Liirida).  «Tout  parait  jaune  à  ceux 
qui  ont  la  jaunisse.  »  (Lucrèce,  IV,  330.) 

P.  361,  1.  20.  Ceux  qui  ont).  Cf.  Sextus  Eijipiricus, 
Hypotyposes,  où  Montaigne  a  pris  également  ce  qu'il 
vient  de  dire  des  malades  atteints  de  jaunisse  :  «Icte- 
rici  pallida  esse  dicunt  quœ  nobis  alba  videntur  : 
&  qui  hyposphagma  habent,  sanguinea.  Quoniam 
igitur  animalia  etiam  alla  pallidos  habent  oculos,  alla 
sanguinis  colorem  referentes,  alla  albicantes,  alla  alium 
colorem  habentes  :  non  sine  causa  diverse  modo 
colores  percipiunt.  »  (I,  xiv.  Premier  moyen  de 
l'époque.)  Toutes  les  éditions  que  Montaigne  a  pu 
connaitre  écrivent  correctement  hyposphaf^ma  et  non 
hvposphragnia. 

P.  362,  !.  I.  Quand  nous  pressons  l'û'il).  Id.,iHd.  : 
«  Quinetiam,  quum  oculum  fricuerimus,  oblonga; 
&  angusta;  apparent  formée  &  figura;,  &  magnitudines 
eorum  qu;B  sub  oculos  cadunt.  Est  igitur  consenta- 
neum,  quaecunque  animalia  obliquam  habent  pupillam 
&  oblongam,  ut  caprae,  fêles,  &  hujusmodi,  diversam, 
de  subjectis  phantasiam  concipere,  &  non  eandem 
quam  ea  qu;v  rotundam  pupillam  habent.  »  (I,  xiv, 
Premier  moyen  de  l'époque.) 

P.  362,  1.  7.  Bina  hicernarnni).  «  Les  lampes  ont 
double  lumière,  les  hommes  double  corps  et  double 
visage.»  (Lucrèce,  IV,  451.)  La  phrase  précédente 
est  traduite  de  Lucrèce  qui  dit  : 

«  At  si  forte  oculo  manus  uni  subdita  subter 
1)  Pressit  eiim  :  quodani  sensu  fit,  uti  videantur 
n  Omnia,  qu.e  tuiniur,  fieri  tum  bina  tuendo.  « 

P.  362,  1.  9.  Si  nous  avons  les  oreilles).  Cf.  Sextus 
Empiricus,  Hypotyposes  :  «  Quomodo  (dicatur)  similia 
recipere  auditu,  animal  quod  habeat  angustissimum 
porum  auditorium,  &  quod  ipsum  habeat  latissimum? 
Aut  cui  pilosœ  sint  aures,  aut  cui  glabrœ  contra  ea; 


274 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


sint?  Quum  etiani  ipsi  aliter  afficiamur  auditu  quum 
semiohstrictas  aures  hahemus,  aliter  quum  ita  illis 
utimur  ut  à  natura  habemus.  »  (I,  xiv,  Premier 
moyen  de  l'époque.) 

P.  362,  1.  17.  Et  vitlgo  faciunt).  «Ainsi  font  ces 
voiles  jaunes,  rouges  et  bruns,  tendus  dans  nos  théâ- 
tres et  flottant  à  l'air  le  long  des  poteaux  qui  les 
soutiennent  :  leur  éclat  mobile  se  réfléchit  sur  les 
spectateurs  et  sur  la  scène  ;  les  sénateurs,  les  femmes, 
les  statues  des  dieux,  tout  se  teint  de  leur  lumière 
ciiangcante.  »  (Lucrèce,  W ,  73.)  Le  texte  est  celui 
de  l'édition  Lambin,  p.  278. 

P.  362,  1.  26.  //  fatidroit  donc).  Imité  de  Sextus 
Empiricus,  Hypotyposes,  I,  xi\',  début  du  Second 
moyen  de  l'époque.  Rapprocher  aussi  le  Quatrième 
moyen  de  l'époque. 

P.  363,  1.  9.  Si  on  nous  dict).  Id.,  ibid.,  I,  xiii. 

P.  363,  1.  13.  Nos  sens  inesines  s'entr'einpescheiit). 
Id.,  ibid.  :  «Diffère  autem  sensus  inter  se  manifestum 
est.  Verbi  gratia,  pict;t  tabulœ  visui  quidem  videntur 
aliquid  prominens  &  aliquid  retrusum  habere  :  at  non 
tactui  :  &  mel  lingua;  videtur  dulce  esse  in  aliquibus, 
at  verô  oculis  ingratum.  Itaque  dici  non  potest  utrùm 
suave  sit  pure  &  per  se,  an  insuave.  Idem  in  unguento 
usuvenit  :  olfactum  enim  exhilarat,  gustatui  autem 
injucundum  est.  Sic  &  euphorbium,  quum  oculis 
molestum  sit,  reliquis  autem  partibus  corporis  mi- 
nime :  pure  &  simpliciter  corporibus  molestum  sit 
nécne,  dicere  nequaquam  poterimus.  »  (I,  xiv, 
Troisième  moyen  de  l'époque.) 

P.  363,  1.  25.  Ces  personnes).  Cf  Sénèque,  Questions 
naturelles,  I,  x\i.' 

P,  364,  1.  10.  Ut  cibiis).  «  De  même,  la  nourriture, 
distribuée  par  tout  le  corps,  se  détruit  et  change  de 
nature.»  (Lucrèce,  III,  703.) 

P.  364,  1.  12.  L'humeur).  Cf.  Sextus  Empiricus, 
Hypotyposes  :  «  Quemadmodum  enim  idem  cibus 
concoctus,  aliquando  sit  vena  intcrdum  arterla,  inter- 
dum  os,  nonnunquam  nervus,  &  unumquodque 
aliorum  :  quippe  qui  pro  diversitate  partium  qu;v 
Ipsum  recipiunt,  diversam  facult^eui  proférât.  Et  ut 
aqua  una  &  unius  generis  in  arbores  infusa  &  quasi 
digesta,  aliquando  sit  cortex,  aliquando  ramus,  ali- 
quando fructus  :  jam  vero  &  ficus,  &  maluni  punicum. 


«!s;  quivis  alius  ex  citteris  fructibus.  Quemodmodum 
item  musicorum  flatus  unus  &  idem  in  tibiam  inspi- 
ratur,  modo  acutus  sit,  modo  gravis...  Ita  non  mirum 
est  ea  etiam  quœ  extrinsecus  subjecta  sunt,  in  diver- 
sam contemplationem  venire  pro  diversa  constitutione 
animalium  quibus  substantiœ  accidunt.  »  (I,  xiv. 
Premier  moyen  de  l'époque.) 

P.  364,  1.  17.  D'avantage).  Id.,  ibid.,  I,  xiv. 
Quatrième  moyen  de  l'époque. 

P.  365,  1.  10.  Deniqne).  «De  même  que,  dans  la 
construction  d'un  édifice,  si  la  première  règle  est 
fausse,  si  l'équerre  s'écaite  de  la  direction  perpendi- 
culaire, si  le  niveau  s'éloigne  par  quelque  endroit  de 
sa  juste  position,  il  faut  nécessairement  que  tout  le 
bâtiment  soit  vicieux,  penché,  affaissé,  sans  grâce, 
sans  aplomb,  sans  proportions,  et  qu'une  partie 
semble  prête  à  s'écrouler,  et  que  tout  s'écroule  en 
effet,  pour  avoir  été  d'abord  mal  conduit  :  de  même  si 
l'on  ne  peut  compter  sur  le  rapport  des  sens,  tous  les 
jugements  seront  trompeurs  et  illusoires.  »  (Lucrèce, 
IV,  514-) 

P.  365,  1.  25.  //  nous  faudroit).  Π Sextus  Empi- 
ricus, Hypotyposes  :  «  Indijudicabilis  enim  est  discre- 
pantia  :  quum  qui  eam  dijudicat,  aut  in  aliquo 
versetur  illorum  quos  diximus  habituum,  aut  in 
nullo  prorsus.  Sed  dicere  eum  in  nullo  esse  habitu, 
nimirum  eum  neque  valere  neque  œgrotare,  neque 
moveri,  neque  quiescere,  nec  in  ulla  esse  œtate,  &  à 
reliquis  etiam  habitibus  vacuum  esse  :  prorsus  absur- 
dum  est  :  quod  si  in  aliquo  habitu  constitutus  diju- 
dicabit  phantasias,  pars  ipse  erit  discordiœ.  Pneterea 
non  erit  sincerus  e.xternorum  subjectorum  judex, 
quod  inquinatus  sit  habitibus  in  quibus  versatur  : 
nam  neque  qui  vigilat  dormientium  phantasias  eum 
vigilantium  phantasiis  conferre  pote-st,  nec  sanus  a;gro- 
tantium  &  sanomm  phantasias  inter  se  comparare. 
Nam  praisentibus  &  moventibus  nos  ad  pn-esens 
assentimentur  potiùs  quàm  non  prœsentibus.  Alio 
etiam  modo  indijudicabilis  est  talium  phantasiarum 
discrepantia  :  nam  qui  phantasiam  phantasia;  pra;fert, 
&  liabitum  habitui,  aut  sine  dijudicatione  &  sine 
demonstratione  hoc  facit,  aut  dijudicans  &  demon- 
strans  :  sed  neque  sine  his  :  nam  fide  carebit  :  neque 
eum   his  :    nam    si   dijudicabit   phantasias,    omnino 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


275 


dijudicabit  criterio,  id  est,  judicandi  instrumcnto;  at 
hoc  critérium  aut  verum  esse  dicet,  aut  falsum  :  sed  si 
quidem  falsum,  ipsum  fide  carebit  :  sin  autem  verum 
esse  hoc  dicet,  aut  absque  demonstratione  dicet  verum 
esse  critérium,  aut  cum  demonstratione;  &  si  quidem 
absque  demonstratione,  fide  carebit  :  si  autem  cum 
demonstratione,  omnino  oportebit  ipsam  quoque 
demonstrationem  veram  esse,  alioqui  fidem  non  obti- 
nebit.  Veram  igitur  esse  dicet  demonstrationem  qux 
in  criterii  confirmationem  adhibebitur  :  utrum  ta  à 
se  dijudicata,  an  non  dijudicata?  nam  si  non  dijudi- 
caverit,  fide  carebit  :  sine  dijudicaverit,  nimirum 
criterio  se  dijudicasse  dicet.  »  (I,  xiv.  Quatrième 
moyen  de  l'époque.) 

P.  366,  1.  6.  Nostre  fantasic).  Id.,  ihid.  :  «  Deindc 
etiam  si  concedamus  comprehendi  fantasiam,  non 
pcssunt  tamen  per  eam  res  judicari.  Non  enim  pcr 
se  ipsam  applicat  se  ad  externa,  et  fantasias  concipit, 
ut  aiunt,  sed  per  sensus.  At  vero  sensus  externa 
quidem  subjecta  non  comprehendunt,  sed  solas  suas 
passiones.  Ergo  etiam  fantasia  erit  passionis  sensus  : 
quod  differt  ab  extero  subjecto.  Non  enim  ideo  est 
mel,  eo  quod  dulcedinem  ex  eo  percipiat  et  absin- 
thium,  ex  eo  quod  amarorem.  Sed  differt.  Si  autem 
differt  passio  ab  extero  subjecto,  fantasia  erit  non 
externi  subjecti,  sed  alicujus  alius  diversi  ab  ipso. 
Si  igitur  secundum  hanc  judicet  intellectus,  prave 
judicabit  et  non  secundum  subjectum.  Quocirca 
dicere  externa  judicari  secundum  fantasiam,  absurdum 
fuerit.  Sed  ne  hoc  quidem  dici  potest,  animum 
comprehendere  per  sensiles  passiones  externa  sub- 
jecta, propterea  quod  similes  sint  passiones  sensuum 
externis  subjectis.  Unde  enim  sciet  intellectus  an 
similes  sint  passiones  sensuum  iis  qu;ç  sensu  perci- 
piuntur,  quum  neque  ipse  cum  externis  quicquam 
commercii  haereat,  nec  sensus  suam  ipsorum  naturam 
illi  déclarent,  sed  suas  passiones?  Sicut  ex  modis 
epoches  ratiocinatus  sum.  Quemadmodum  enim  qui 
ignorât  quidem  Socratem,  sed  ejus  imaginem  con- 
spexit,  nescit  an  similis  sit  imago  Socrati  :  sic  et 
intellectus  passiones  quidem  sensuum  subaspectans, 
externa  autem  non  intuens,  ne  hoc  quidem  sciet  an 
passiones  sensuum  externis  subjectis  similes  sint. 
Ergo    ne    per   assimilationem    quidem    poterit    ha;c 


judicarc  secundum  fantasiam.  Sed  tamen  demus  per 
concessionem.  Non  solum  imaginari  nos  posse  fanta- 
siam et  comprehendere,  sed  etiam  capacem  ferendi 
de  rébus  judicii  esse...  consequetur,  ut  omni  fantasiœ 
fidem  hadendam  esse,  secundum  quam  omnes  fanta- 
sias fide  indignas  esse  dicebat,  et  eo  retorquebitur 
oratio  ut  dicat  non  omnes  fantasias  fidem  mereri, 
ita  ut  etiam  secundum  eas  judicari  res  possint.  At  si 
aliquibis  duntaxat  fantasiis  credendum  esse  dicamus, 
quomodo  dijudicabit  his  quidem  fantasiis  esse  fidem 
adhibendam,  illis  autem  minime?  Si  enim  absque 
fantasia  judicaverint,  fantasiam  ad  judicium  de  rébus 
ferendum  supervacaneam  esse  concèdent,  siquidenj 
sine  ea  posse  res  aliquas  judicari  dicent  :  sin  cum 
fantasia  judicare  res  oportebit,  quomodo  illam  fanta- 
siam sibi  sument  quam  ad  aliarum  fantasiarum  diju- 
dicationem  accipiunt?  Aut  rursum  ipsis  alia  fantasia 
ad  dijudicationem  aliarum  fantasiarum  opus  erit, 
&  ad  illius  dijudicationem,  alia  :  &  in  infinitum.  >> 
(II,  vn.) 

P.  jGG,  1.  29.  Nous  n'avons  aucune  conuiiiinication). 
Cf  Plutarque,  Que  signifiait  ce  mot  =•  :  «  A  le  bien 
prendre  nous  n'avons  aucune  participation  du  vray 
estre,  pource  que  toute  humaine  nature  est  tousjours 
au  milieu,  entre  le  naistre  &  le  mourir,  ne  baillant 
de  soy  qu'une  obscure  apparence  &  umbre,  &  une 
incertaine  &  débile  opinion,  &  si  d'adventure  vous 
fichez  vostre  pensée  à  vouloir  prendre  son  estre,  ce 
sera  ne  plus  ne  moins  que  qui  voudroit  empongner 
Teau,  car  tant  plus  il  serrera  &  pressera  ce  qui  de 
sa  nature  coule  par  tout,  tant  plus  il  perdra  ce  qu'il 
vouloit  retenir  &  empoigner  :  ainsi  estant  toutes 
choses  subjectes  à  passer  d'un  changement  en  un 
autre,  la  raison  y  cherchant  une  réelle  subsistance 
se  trouve  deceuë,  ne  pouvant  rien  appréhender  de 
subsistant  à  la  vérité  &  permanent,  parce  que  tout 
ou  vient  en  estre  &  n'est  pas  encore  du  tout,  ou 
commance  à  mourir  avant  qu'il  soit  né  :  car  comme 
souloit  dire  Heraclitus,  on  ne  peult  pas  entrer  deux 
fois  en  une  mesure  rivière,  ny  trouver  une  substance 
mortelle  deux  fois  en  un  mesme  estât  :  car  par 
soudaineté  &  légèreté  de  changement,  tantost  elle 
dissipe,  &  tantost  elle  ra.ssemble,  elle  vient,  &  puis 
s'en  va,  de  manière  que  ce  qui  commance  à  naistre. 


276 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


ne  parvient  jamais  jusques  à  perfection  d'estre,  pour 
autant  que  ce  naistre  n'achevé  jamais,  ne  jamais 
n'arreste  comme  estant  à  bout,  ains  depuis  la  semence 
va  toujours  se  changeant  &  muant  d'un  en  autre, 
comme  de  semence  liumaine  se  fait  premièrement 
dedans  le  ventre  de  la  mère  un  fruict  sans  forme, 
puis  un  enfant  formé,  puis  estant  hors  du  ventre, 
un  enfant  de  mamelle,  après  il  devient  garson,  puis 
consequemment  un  jouvenceau,  après  un  homme  fait, 
puis  un  homme  d'aage,  à  la  fin  décrépite  viellard  : 
de  manière  que  l'aage  &  génération  subséquente  va 
tousjours  défaisant  &  guastant  la  précédente,  &  puis 
nous  autres  sottement  craignons  une  sorte  de  mort, 
là  où  nous  en  avons  des-ja  passé,  &  en  passons  tant 
d'autres  :  car  non  seulement,  comme  disoit  Heraclitus, 
la  mort  du  feu  est  génération  de  l'air,  &:  la  mort  de 
l'air,  génération  de  l'eau  :  mais  encore  plus  manifes- 
tement le  pouvons  nous  veoir  en  nous  mesmes,  la 
fleur  d'aage  se  meurt,  &  passe  quand  la  viellesse 
survient,  &  la  jeunesse  se  termine  en  fleur  d'aage 
d'homme  faict,  l'enfance  en  la  jeunesse,  &  le  premier 
aage  meurt  en  l'enfonce,  &  le  jour  d'hier  meurt  en 
celuy  d'aujourd'huy,  &  le  jour  d'huy  mourra  en  celuy 
de  demain,  &  n'v  .a  rien  qui  demeure  ne  qui  soit 
toujours  un,  ains  renaissons  plusieurs  alentour  d'un 
fantasme  ou  d'une  umbre  &  moule  commun  a  toutes 
figures,  la  matière  se  laissant  aller,  tourner  &  virer 
alentour  :  car  qu'il  ne  soit  ainsi  si  nous  demeurons 
tousjours  mesmes  &  uns,  comment  est-ce  que  nous 
esjouissons  maintenant  d'une  chose,  &  puis  après 
d'une  autre?  comment  est-ce  que  nous  aimons  choses 
contraires,  ou  les  haïssons,  nous  les  louons  ou  nous 
les  blasmons?  comment  usons  nous  d'autres  et  diffe- 
rens  langages?  comment  avons  nous  différentes 
affections,  ne  retenant  plus  la  mesme  forme  et  figure 
de  visage,  ny  le  mesme  sentiment  en  la  mesme 
pensée?  car  il  n'est  pas  vravsemblable  que  sans 
mutation  nous  prenions  autres  passions.  Ce  qui 
souffre  mutation  ne  demeure  pas  un  mesme,  &  s'il  n'est 
pas  un  mesme,  il  n'est  doncques  pas  aussi,  ains  quant, 
&  l'estre  tout  un  change  aussi,  restre  simplement 
devenant  toujours  autre  d'un  autre,  &  par  conséquent 
se  trompent  &  mentent  les  .sens  de  nature,  prenans 
ce  qui  apparoist  pour  ce  qui  est  faulte  de  bien  sçavoir 


que  c'est  qui  est.  Mais  qu'est  ce  donc  qui  est  vérita- 
blement? ce  qui  est  éternel,  c'est  à  dire  qui  n'a 
jamais  eu  commencement  de  naissance,  ny  aura 
jamais  fin  de  corruption,  à  qui  le  temps  n'apporte 
jamais  aucune  mutation  :  car  c'est  chose  mobile  que 
le  temps,  &  qui  apparoist  comme  un  umbre  avec  la 
matière  coulante  et  fluente  toujours,  sans  jamais 
demourer  stable  ny  permanente,  comme  le  vaisseau 
percé,  auquel  sont  contenues  génération  &  corrup- 
tion, à  qui  appartiennent  ces  mots  devant  &  après, 
&  a  esté  ou  sera,  lesquels  tout  de  prime  tace  mons- 
trent  évidemment  que  ce  n'est  point  chose  qui  soit, 
car  ce  .seroit  grande  sottise,  &  fausseté  toute  appa- 
rente, de  dire  que  cela  soit  qui  n'est  pas  encore  en 
estre,  ou  qui  des-jà  a  cessé  d'estre  :  6c  quant  à  ces 
mots  de  présent,  instant,  maintenant,  par  lesquels  il 
semble  que  principalement  nous  soustenions  &  fon- 
dions l'intelligence  du  temps,  la  raison  le  descouvrant 
incontinent  le  destruict  tout  sur  le  champ,  car  il  se 
fend  et  s'escache  tout  aussitost  en  futur  et  en  passé 
comme  le  voulant  veoir  nécessairement  mespaity  en 
deux.  Autant  en  advient-il  à  la  nature,  qui  est 
mesurée,  comme  au  temps  qui  la  mesure  :  car  il  n'y 
a  non  plus  en  elle  rien  qui  demeure,  ne  qui  soit 
subsistant,  ains  y  sont  toutes  choses  ou  naissantes  ou 
mourantes,  meslées  avec  le  temps  :  au  moien  dequoy 
ce  seroit  péché  de  dire  de  ce  qui  est,  il  fut  ou  il 
sera,  car  ces  termes  là  sont  déclinaisons,  passages 
&  vicissitudes  de  ce  qui  ne  peult  durer  ny  demourer 
en  estre.  Parquoy  il  fault  conclure  que  Dieu  seul 
est,  &  est  non  point  selon  aucune  mesure  de  temps, 
ains  selon  une  éternité  immuable  et  immobile,  non 
mesurée  par  temps,  ni  subjecte  à  aucune  déclinaison, 
devant  lequel  rien  n'est,  ny  ne  .sera  après,  ny  plus 
nouveau  ou  plus  récent,  ains  un  realement  estant, 
qui  par  un  seul  maintenant  emplit  le  tousjours,  &  n'y 
a  rien  qui  véritablement  soit  que  luy  seul,  sans  qu'on 
puisse  dire,  il  a  esté,  ou  il  sera,  sans  commencement 
et  sans  fin.  »  (xii,  f"  356  v".) 

P.  367, 1.  10.  Platon  disoit).  Dans  le  Tl)ci'tètc,  passim; 
mais  Montaigne  a  sans  doute  pris  ceci  dans  un  ouvrage 
de  seconde  main  :  peut-être  chez  Diogène  Laërce,  Vie 
de  Platon  :  «  Sensibile  asserit  Plato,  quod  aut  in 
qualitate  aut   in   quantitate    nunqu.un    persistât,  sed 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XII. 


277 


iliHkiat  sempei"  atque  immutetur...  Pono  ista  sunt 
quomm  semper  generatio  est,  nunquam  vcrô  sub- 
stantia.  »  (II,  x,  190.) 

P.  367,  1.  II.  Estimant  que  Hoiiicre).  Ct".  Platon 
dans  le  Théétètc  :  «  Sententiam  siquidem  aliam  quan- 
dam  accepimus  a  priscis  poemate  vulgus  hominum 
celantibus,  quod  origo  aliorum  omnium  Oceanus 
scilicet  atque  Thetys  sit.  Quodque  fluxus  sint  omnia, 
nihilque  consistât...  Universi  videlicet  congruum 
nomen  esse  hoc  exlstens  immobile,  &  alia  quivcum- 
que  Melissei  Parmenideique  adversantes  his  omnibus 
asseverant,  quod  omnia  unum  sunt,  idque  unum 
ipsum  in  seipso  consistit,  locum  in  quo  moveatur 
nullum  penitus  habens.  »  (xxvii,  180;  éd.  de  1546, 
p.  152.) 

P.  567,  1.  lé.  Psthagoras).  Sextus  Empiricus  prête 
cette  opinion  à  Protagoras  {H\potyposes,  I,  xxxii);  il 
est  possible  que  Montaigne  fasse  ici  une  confusion 
entre  ces  deux  philosophes. 

P.  367,  1.  17.  Les  Stoïciens).  Cf.  Plutarque,  Coin- 
inunes  conceptions  contre  les  stoïqiies,  xli,  f"  586  r'\ 

P.  367,  1.  20.  Epichaiinus).  Ici.,  Pourquoi  la  justice 
divine  dijfère  quelquefois  la  punition  des  maléfices  :  «  Cela 
ressembleroit  proprement  aux  ruses  d'Epicarmus... 
Car  celuy  qui  a  pieça  emprunté  de  l'argent,  ne  le 
doit  pas  maintenant,  attendu  que  ce  n'est  luy  &  qu'il 
est  devenu  un  autre  :  &  celuy  qui  fut  hier  convié  à 
soupper  y  vient  au  jourd'hui  sans  mander,  attendu 
qu'il  est  devenu  un  autre.  »  (xv,  f"  264  v°.) 

P.  368,  1.  12.  Mutât  enim).  «Le  temps  change  la 
face  du  monde  :  à  un  état  succède  nécessairement 
un  autre  état;  rien  n'est  stable,  tout  se  transforme, 
et  la  nature  est  en  continuelle  métamorphose.  » 
(Lucrèce,  V,  826.) 

P.  370,  1.  10.  O  la  vile  chose).  Cf.  Sénèque,  Ques- 
tions naturelles  :  «  O  quam  contempla  res  est  homo 
nisi  supra  humana  se  erexerit!»  (Préface  du  livre  I.) 

Chronologie  :  Il  y  a  beaucoup  d'incertitude  dans 
les  hypothèses  qu'on  peut  présenter  pour  dater  cet 
essai.  On  peut  dire  cependant  :  i"  Que  certains  pas- 
sages sont  de  la  dernière  période.  En  effet  :  a)  Il  y 
a  de  grandes  chances  pour  que  ce  mot  «  ils  ont  la 
pierre  en  l'àme  avant  de  l'avoir  en  la  vessie»  (p.  211, 


1.  4),  ait  été  écrit  après  l'époque  où  Montaigne  est 
tombé  malade  de  la  pierre,  après  le  début  de  1578 
par  conséquent;  h)  Un  passage  est  pris  aux  Erreurs 
populaires  de  Laurent  Joubert  qui  parurent  seulement 
en  1578  (p.  164,  1.  13);  j'ai  montré  qu'une  phrase 
importante  est  inspirée  directement  de  V Académie 
française  de  La  Primaudaye,  et  ne  peut  par  consé- 
quent être  antérieure  à  1577,  date  de  la  publication 
de  cet  ouvrage  (p.  208,  1.  22).  2°  Cela  ne  veut  pas 
dire  que  l'Apologie  tout  entière  soit  de  peu  antérieure 
à  1580.  Là  se  ramasse  tout  le  scepticisme  de  Mon- 
taigne; il  y  a  des  chances  pour  qu'une  partie  au 
moins  de  cette  production  soit  de  l'époque  à  laquelle 
Montaigne  fait  frapper  une  médaille  en  l'honneur  de 
son  pyrrhonisme,  pour  qu'elle  soit  contemporaine 
de  la  crise  sceptique  qu'il  a  traversée.  Vers  1576,  il 
est  à  présumer  que  de  longs  passages  de  YApolooie 
étaient,  sinon  écrits,  au  moins  déjà  mûrs  dans  l'esprit 
de  Montaigne,  et,  à  tout  prendre,  l'époque  de  leur 
conception  est  plus  intéres.sante  pour  nous  à  déter- 
miner que  la  date  de  leur  composition.  La  médaille 
de  Montaigne  suppose  certainement  la  lecture  de 
Sextus  Empiricus.  Les  emprunts  à  Sextus  Empiricus, 
qui  abondent  dans  l'Apologie,  ont  donc  des  chances 
de  n'être  pas  postérieurs  à  1576.  3°  Il  ne  semble  pas 
qu'aucune  partie'  puisse  être  antérieure  à  la  fin  de 
l'année  1572  et  probablement  même  à  l'année  1573. 
Presque  partout,  en  effet,  et  spécialement  dans  les 
morceaux  qu'on  serait  tenté  de  regarder  comme  les 
plus  anciens,  on  rencontre  de  nombreux  et  incontes- 
tables emprunts  à  la  traduction  des  Œuvres  morales  de 
Plutarque  qu'Amyot  publia  à  la  fin  de  l'année  1572. 
4°  Au  reste,  un  fait  est  capital  :  c'est  que  cette  Apo- 
logie ne  constitue  pas  un  tout  dont  les  parties  soient 
intimement  unies  et  si  étroitement  dépendantes  les 
unes  des  autres  que  l'ensemble  ait  été  construit  en 
une  fois;  c'est  plutôt  un  vaste  cadre  où  Montaigne 
apporte  successivement,  à  mesure  qu'elles  se  présen- 
tent à  lui,  toutes  ses  idées  sur  la  faiblesse  de  la  raison 

•  Je  dois  signaler  toutefois  que  .M.  Henri  MonoJ  est  d'un  avis 
contr.iire.  II  objecte  la  phrase  «  Prenons  exemple  de  nous  :  les  arrêts 
font  le  point  extrême  du  parler  dogm.itiste,  etc.  ».  Il  estime  que  ce 
«  nous  »  semble  avoir  été  écrit  alors  que  Montaigne  était  encore 
conseiller  au  Parlement  de  Bordeaux,  c'est-.i-dire  avant  1570.  Je  ne 
crois  pas  pour  ma  part  qu'il  soit  nécessaire  de  l'entendre  dans  ce  sens. 


278 


ESSAIS      DE      MOXTAIGXE. 


humaine.  Chercher  une  date  unique  serait  très  vrai- 
semblablement s'égarer.  Voici  quelques  constatations 
qui  appuient  cette  présomption  :  a)  Quoiqu'on  puisse 
très  bien  trouver  un  ordre  des  idées  dans  Yylpologic 
et  y  mettre  un  plan,  il  ne  paraît  pas  que  l'auteur 
s'en  soit  proposé  un  auquel  la  marche  de  .sa  pensée 
soit  soumise  et  qui  dirige  l'exposition.  En  général, 
les  parties  ne  dépendent  pas  les  unes  des  autres,  elles 
n'annoncent  pas  et  ne  font  même  pas  pressentir  celles 
qui  les  suivent.  Elles  ne  supposent  pas  non  plus 
l'existence  de  celles  qui  les  précèdent.  Nulle  part  il 
n'y  a  un  seul  mot  qui  résume  l'ensemble,  qui  fasse 
embrasser  d'un  regard  ni  le  chemin  parcouru  ni  le 
chemin  à  parcourir.  Et  cela  ne  prouve  rien  pour 
nous,  parce  que  Montaigne  n'a  jamais  construit 
rigoureusement,  mais  cela  nous  permet  au  moins  de 
poser  la  question,  h)  Le  chapitre  est  considérablement 
plus  long  qu'aucun  des  autres  :  cette  bâtisse  mal 
jointe  s'étend  d'une  manière  tout  à  fait  insolite.  Si 
nous  comparons  YApoJogie  avec  les  divers  essais  de 
la  première  édition,  nous  verrons  qu'elle  est  près  de 
cinq  fois  plus  développée  que  le  plus  long  d'entre 
eux  (cent  .soixante-dix  pages  dans  la  réimpression 
de  MM.  Dezeimeris  et  Barckhausen,  alors  que  l'es.sai 
De  la  ressemblance  des  enfans  ans  pères  [II,  xxxvii], 
n'en  a  que  trente-six;  encore  n'y  a-t-il  que  fort  peu 
d'essais  dans  la  première  édition  qui  approchent  des 
dimensions  de  l'essai  II,  xxxvii,  le  plus  long  après 
YApologie^.  Quatre-vingts  essais  sont  plus  de  dix-sept 
fois  plus  courts  que  l'Apologie,  et  certains  n'ont  que 
deux  ou  trois  pages  ou  moins  encore,  c'est-à-dire  qu'ils 
sont  cinquante,  cent  et  cent  cinquante  fois  plus  courts. 
c)  La  manière  de  Montaigne  est  extrêmement  diffé- 
rente de  telle  partie  à  telle  autre.  Tandis  que  de  longs 
passages  du  début  sont  des  extraits  presque  textuels  de 
Plutarque,  ailleurs,  à  la  fin  surtout,  on  rencontre  de 
longs  morceaux  qui  semblent  être  d'une  allure  très 
personnelle.  C'est  une  impression  que  miss  Norton 
a  singulièrement  bien  mise  en  évidence,  et  que  la 
recherche  attentive  des  .sources  à  laquelle  je  me  suis 
livré  n'a  fait  que  confirmer,  d)  C'est  vers  le  milieu  de 
l'essai  que  Montaigne  adresse  la  parole  à  la  princesse 
qui  paraît  lui  avoir  demandé  de  composer  V Apologie. 
Cette  place,  au  moins  insolite  pour  une  dédicace, 


invite  à  .se  poser  la  question  de  savoir  si  autrefois  le 
chapitre  ne  se  terminait  pas  là,  et  si  le  très  long 
développement  qui  suit  et  qui  entame  un  sujet  assez 
différent  n'est  pas  une  addition,  e)  Dans  cette  adresse 
qui  interrompt  ainsi  l'Apologie,  Montaigne  déclare  ne 
s'être  servi  que  du  seul  Plutarque  «à  f;iire  son  amas». 
Or,  si  certaines  parties  effectivement  ne  doivent  guère 
qu'à  Plutarque,  il  en  est  d'autres  qui  ont  contracté 
des  dettes  importantes  envers  d'autres  auteurs,  en 
particulier  Corneille  Agrippa  et  Sextus  Empiricus. 
On  répondra  peut-être  que  Montaigne  a  pu  par 
vanité  chercher  à  cacher  ses  sources;  les  arguments 
que  je  pourrais  tirer  de  sa  sincérité  habituelle  contre 
cette  objection  seraient  peu  probants,  mais  voici  qui 
me  paraît  l'être  davantage  :  on  pouvait  espérer  dissi- 
muler les  dépouilles  d'un  auteur  moderne  comme 
Corneille  Agrippa,  mais  il  était  impossible  d'y  .songer 
pour  un  auteur  ancien  comme  Sextus  Empiricu.s, 
auteur  ancien  que  le  mot  de  pyrrhonisme  sans  cesse 
répété  par  Montaigne  et  que  des  emprunts  carac- 
téristiques désignaient  immédiatement  à  l'attention 
d'un  lecteur  instruit.  Il  est  plus  vraisemblable  qu'au 
moment  où  Montaigne  écrivait  ne  s'être  servi  que 
de  Plutarque,  son  assertion  était  exacte;  que  plus 
tard  il  a  ajouté  des  développements  inspirés  par 
d'autres  auteurs,  et  que,  selon  sa  coutume,  il  a  omis 
de  corriger  sa  première  affirmation,  f)  Enfin  on  trou- 
vera dans  l'Apologie  bon  nombre  de  répétitions, 
d'hésitations  &  même  de  légères  contradictions  qui 
semblent  bien  montrer  des  reprises  successives.  C'est 
surtout  dans  le  début  que  cela  est  frappant.  Dans  ces 
développements  sur  la  raison  animale  comparée  à  la 
raison  de  l'homme  qui  occupent  la  première  partie,  il 
semble  que  Montaigne  recommence  à  plusieurs  fois 
.sa  démonstration  et  qu'il  esquisse  comme  plusieurs 
dessins.  \'oici  d'abord  une  comparaison  entre  l'homme 
et  l'animal  au  point  de  vue  de  la  raison  et  des  avan- 
tages naturels;  puis  nous  nous  engageons  dans  une 
.série  bien  encliaînée  d'exemples  qui  veulent  prouver 
que  l'animal  est  doué  de  raison  ;  après  quoi  la  com- 
paraison reprend  au  point  de  vue  de  toutes  les  vertus 
que  nous  passons  en  revue  l'une  après  l'autre.  Plu- 
sieurs fois  Montaigne  revient  à  démoiitrer  que  les 
animaux   ont   1a   parole,   et   chaque   fois   il   apporte 


LIVRE     II,      CHAPITRE      XII. 


279 


quelques  exemples.  Plusieurs  lois  reparait  cette  idée 
que,  si  nous  avons  la  raison  en  propre,  c'est  un 
avantage  que  nous  avons  chèrement  payé,  et  chaque 
fois  Montaigne  donne  une  énumération  des  vices  et 
des  inconvénients  qui  en  sont  la  rançon.  Plusieurs 
fois,  et  dans  des  termes  assez  semblables,  il  développe 
cette  idée  que,  si  nous  accordons  aux  animaux  que, 
sans  art,  par  le  seul  instinct  naturel,  ils  agissent  aussi 
bien  que  nous,  c'est  un  grand  avantage  sur  nous 
que  nous  leur  concédons  parce  qu'il  vaut  beaucoup 
mieux  atteindre  le  but  sans  effort  et  avec  certitude 
qu'avec  peine  et  avec  risques.  Il  varie  d'ailleurs  sur 
la  question  de  savoir  si  le.s  animaux  ont  la  raison  ou 
non;  parfois  il  affirme  qu'ils  ont  la  faculté  de  juger, 
parfois  au  contraire  il  la  leur  refuse  mais  prétend 
que  par  des  moyens  différents  ils  produisent  les 
mêmes  effets.  Tous  ces  faits  nous  invitent  à  penser 
que  ['Apologie  a  subi  des  remaniements,  probablement 
même  qu'elle  a  été  composée  en  diverses  fois;  aucun 
d'entre  eux  pris  en  particulier,  ne  serait  suffisant 
pour  le  démontrer,  mais  leur  masse  constitue  de  très 
sérieuses  probabilités. 

En  résumé,  ce  que  nous  pouvons  dire  de  plus 
probable  touchant  Y  Apologie  de  Raiiuond  Schoiid,  c'est 
1°  qu'il  n'}-  faut  sans  doute  pas  voir  un  essai  cons- 
truit d'une  seule  venue;  2°  qu'aucun  fragment 
important  ne  doit  être  antérieur  à  1573;  3°  que 
vraisemblablement  une  partie  était  élaborée  aux  envi- 
rons de  1576;  4°  que  certainement  entre  1577  et 
1580  Montaigne  a  apporté  à  son  essai  de  notables 
additions. 

On  peut  essayer  de  dépasser  ces  résultats  et  de 
proposer  des  hypothèses.  Miss  Grâce  Norton  pense 
que  toute  la  première  partie  du  chapitre  est  fort  peu 
postérieure  à  1569,  date  à  laquelle  Montaigne  publiait 
sa  traduction  de  la  Théologie  naturelle  de  Raimond 
Sebond;  et  que  la  dernière  est  d'environ  1577  ou 
1578.  Les  deux  parties  seraient  séparées  par  l'adresse 
à  la  princesse  qui  avait  provoqué  la  composition  de 
l'essai.  Dans  cette  hypothèse,  cette  adresse  aurait  ou 
terminé  le  premier  des  deux  essais  ainsi  réunis,  ou 
seni  d'introduction  au  second.  On  peut  objecter  à 
miss  Grâce  Norton  :  1°  que  tous  les  passages  que 
nous  avons  datés  de  1378  se  trouvent  précisément 


dans  la  première  partie,  celle  dont  miss  Grâce  Norton 
place  la  composition  vers  1569;  2°  que  cette  date 
de  1569  n'est  pas  acceptable,  puisque,  précisément 
dans  cette  partie,  sont  pour  la  plupart  les  emprunts 
à  la  traduction  d'Amyot  qui  ne  peuvent  pas  être 
sensiblement  antérieurs  à  1573;  3°  qu'entre  le  début 
du  premier  essai  (comparaison  de  l'homme  et  des 
animaux)  et  la  fin  (critique  de  la  science),  il  y  a 
autant  de  différences  dans  la  manière  de  composer 
de  Montaigne  qu'entre  le  début  du  premier  essai  et 
le  second,  et  que,  par  conséquent,  la  division  de 
miss  Norton,  basée  avant  tout  sur  cette  méthode  de 
composition,  se  justifie  difficilement. 

Peut-être  une  autre  hypothèse  serait  mieux  d'ac- 
cord avec  les  faits.  U Apologie  se  diviserait  non  en 
deux,  mais  en  trois  fragments  principaux  :  le  premier 
comprendrait  surtout  la  comparaison  de  l'homme 
aux  animaux,  et  entamerait  très  légèrement  peut-être 
la  critique  de  la  science  (jusqu'aux  environs  de  la 
page  75  dans  l'édition  Dezeimeris  ou  un  peu  plus 
loin);  le  second  comprendrait  essentiellement  cette 
critique  de  la  science  et  irait  jusqu'à  l'adresse  à  la 
princesse  qui  en  marque  la  fin;  le  troisième  compren- 
drait la  critique  de  la  raison  humaine  qui  commence 
immédiatement  après  cette  adresse  et  qui  entame  un 
sujet  visiblement  différent  (de  la  page  13S  à  la  fin). 
Le  premier  serait  des  environs  de  1573  :  nous  y 
trouvons  en  effet  la  méthode  impersonnelle  qui 
nous  paraîtra,  au  cours  de  cette  étude,  marquer  les 
essais  de  la  première  période;  presque  tout  y  est 
construit  d'emprunts  à  Plutarque,  et  le  morceau  se 
terminerait  très  bien  par  cette  assertion  de  l'auteur 
que  Plutarque  .seul  lui  a  servi  à  «faire  son  amas». 
Ce  fragment  d'ailleurs  aurait  reçu  à  tout  le  moins 
une  addition  lors  de  la  révision  de  1 578-1 579;  l'em- 
prunt à  Joubert  qu"on  y  rencontre,  et  qui  ne  peut 
pas  être  antérieur  à  1578,  en  fait  foi  :  de  cette 
addition  ferait  partie  très  probablement  le  morceau 
(pp.  35-41)  où  Montaigne  proteste  contre  ceux  qui 
font  de  l'homme  le  plus  misérable  des  êtres.  Ce 
morceau  supprimé,  en  effet,  toutes  les  répétitions 
et  les  légères  incohérences  que  j'ai  relevées  ci-dessus 
disparaissent.  Le  troisième  fragment  aurait  été  com- 
posé en  second  lieu,  avant  le  deuxième  par  conséquent; 


280 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


il  aurait  été  provoqué  suaout  par  la  lecture  de  Sextus 
Empiricus,  auquel  il  fait  Je  nombreux  emprunts,  et 
se  placerait  sans  doute  aux  environs  de  1576,  date  à 
laquelle  Montaigne  frappe  sa  médaille  pyrrhonienne, 
probablement  sous  la  même  influence  de  Sextus 
Empiricus.  Le  morceau  aurait  d'ailleurs  pu  lui  aussi 
recevoir  des  additions  lors  de  la  révision  de  1578- 
1580.  En  troisième  lieu  viendrait,  précisément  vers 
1578  ou  1580,  la  composition  du  deuxième  fragment 
que  Montaigne  aurait  intercalé  entre  les  deux  mor- 
ceaux déjà  existants  parce  que  le  sujet  dont  il  traite, 
qui  est  la  critique  de  la  science,  avait  été  déjà,  par 
la  force  des  choses,  touché  dans  le  premier  fragment. 
Diverses  raisons  m'engagent  à  lui  assigner  cette  date 
de  composition  :  1°  deux  phrases  s'y  rencontrent  qui 


nous  ont  paru  tout  à  l'heure  ne  pas  pouvoir  v  être 
antérieures;  2"  à  Sextus  Empiricus,  qui  est  encore 
la  source  de  quelques  passages,  Montaigne  joint 
de  nombreux  emprunts  qui  viennent  de  Corneille 
Agrippa.  Corneille  Agrippa  n'avait  rien  fourni  dans 
les  autres  panies;  or  il  est  utilisé  par  Montaigne  et 
très  largement  mis  à  contribution  dans  l'essai  intitulé 
De  la  ressevihlancc  des  enfaits  ans  pires,  qui  n'est  cer- 
tainement pas  antérieur  à  1579.  Il  y  a  quelque 
vraisemblance  pour  que  ce  soit  également  vers  1578 
ou  1579  que  Montaigne  lui  fasse  des  emprunts  dans 
V  Apologie. 

Cette   hypothèse   me   semble   vraisemblable;    elle 
n'est  au  reste  que  vraisemblable. 


Chapitre  XIII. 


DK      IVGHR      Dli      LA       MORT      D  AVTRVY 


P.  371,  1.  16.  Pnrcehimtir).  «Nous  nous  éloignons 
du  port,  et  les  terres  et  les  villes  reculent.  »  (Virgile, 
Hnéidi,  III,  72.)  La  fin  de  ce  vers,  «terraeque  urbesque 
rccedunt»,  est  citée  chez  Sénèque,  épître  70,  dans 
un  passage  où  Sénèque  compare  la  vie  à  une  navi- 
gation. D'ailleurs  la  citation  n'est  que  de  1588,  et 
dès  1580  l'image  était  exprimée  en  français.  Elle  est 
peut-être  un  souvenir  de  Lucrèce,  IV,  390,  qui  la 
mentionne  parmi  ces  illusions  des  sens  auxquelles 
Montaigne  s'intéresse  dans  l'essai  II,  xii;  au  même 
titre  on  la  retrouve  chez  Cicéron,  Académiques ,  II, 
\xv,  dans  Sextus  Empiricus,  Hypotyposes,  I,  xiv 
(Quatrième  moyen  de  l'époque),  etc.  Cf.  encore 
Bodin,  Mcthodus  ad  facilem  hisiorianiin  cognitionein 
(vu,  à  la  fin),  qui  l'applique  non  pas  aux  illusions 
des  mourants  mais  à  celles  des  vieillards,  et  Le  Rov, 
Vicissitudes,  f"  m  V,  qui  semble  copier  Bodin  ;  tous 
deux  l'ont  trouvée  d'ailleurs  dans  le  Cortegiaiio  de 
Castiglione. 

P.  372,  1.  4.  Jamqiw).  «  Secouant  la  tête,  le  vieux 
laboureur  soupire;  il  compare  le  présent  avec  le 
passé,  vante  sans  cesse  le  bonheur  de  son  père  et 
n'a  autre  chose  à  la  bouche  que  la  piété  des  anciens 
temps.»  (Lucrèce,  II,  1165.)  Le  texte  est  celui  de 
l'édition  Lambin,  p.  187. 

P.  372,  1.  II.  Tôt  dira  iininii  capitl).  «Tant  de 
dieux  empressés  autour  d'un  seul  homme.»  (Sénèque, 
Siiasmiœ,  I,  iv.) 

P.  372,  1.  21.  Italiam  si).  «  Au  défaut  du  ciel,  qui 
te  refuse  le  rivage  de  l'Italie,  vogues-}'  sous  mes 
auspices.  Si  tu  as  peur,  c'est  que  tu  ignores  qui  tu 
conduis.  Lance-toi  sans  crainte  à  travers  les  tempêtes, 


aie  confiance  en  ma  protection.  »  (Lucain,  \',  579.) 
Toutes  les  éditions  du  xvi'^  siècle  que  j'ai  consultées 
portent  «  tutela  secure  mea»;  sur  les  autres  points 
elles  sont  d'accord  avec  la  leçon  de  Montaigne. 

P.  372,  1.  26.  Ci'cdit  jaiii).  «César  reconnaît  enfin 
des  périls  dignes  de  lui.  «Quoi!  dit-il,  les  immortels 
ont  besoin  de  tant  d'efforts  pour  perdre  César!  ils 
attaquent  de  toute  la  fureur  des  mers  le  frêle  esquif 
où  je  suis  assis.»  (/</.,  V,  653.)  Le  texte  est  celui 
des  éditions  du  wi'  siècle. 

P.  375,  1.  3.  IIlc  ctiaiii).  «Lui  aussi,  à  la  mort  de 
César,  ému  de  compassion  pour  Rome,  couvrit  son 
front  brillant  d'un  voile  de  deuil.  »  (Virgile,  Géor- 
giqitcs,  I,  466.) 

P.  573,  1.  7.  Xon  tank)  avlo).  «  Il  n'y  a  pas  une 
si  grande  alliance  entre  le  ciel  et  nous  qu'à  notre 
mort  les  astres  doivent  s'éteindre.  »  (Pline,  Histoire 
natiirdle,  II,  vin.) 

P.  373,  1.  17.  Ce  cruel  Empereur).  Comme  l'a 
remarqué  Coste,  il  y  a  ici  une  légère  confusion. 
C'est  Caligula  (Suétone,  Vie  de  CaViguJa,  xxx)  qui 
voulait  faire  sentir  la  mort  à  ses  condamnés;  et  c'est 
Tibère  (Suétone,  Vie  de  Tibère,  lxi),  quand  Carvilius  se 
fut  tué,  qui  s'écria  :  «  Carvilius  me  evasit.  »  Montaigne 
cite  sans  doute  de  mémoire,  car  ces  faits  sont  vulga- 
risés dans  toutes  les  dissertations  du  temps  sur  la 
cruauté  et  sur  la  clémence. 

P.  373,  1.  22.  Vidiiuus).  «  Xous  l'avons  vu  ce 
corps,  qui,  tout  couvert  de  plaies,  n'avait  pas  encore 
reçu  le  coup  mortel,  et  dont  on  ménageait  la  vie 
expirante,  par  un  excès  inouï  de  cruauté.  »  (Lucain, 
IV,  178.) 


282 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


P.  374,  1.  6.  Avoit  fait  bastir).  Cf.  Lampride,  Vie 
d'Héliogabale  :  «  Paraverat  funes  blatà  &  serico 
&  cocco  intortos,  quibus,  si  necesse  esset,  laqueo 
vitam  iînirct.  Paraverat  &  gladios  aureos  quibus  se 
occideret.  Paraverat  &  in  cerauneis  &  hj-acinthis 
&  in  smaragdis  venena  quibus  se  interimeret.  — 
Fecerat  &  altissimam  turrim  substratis  aureis  gem- 
matisque  antè  tabulis,  ex  quà  se  prscipitaret,  dicens, 
etiam  mortem  suam  pretiosum  esse  debere.  »  (xxxiii.) 

P.  374,  1.  13.  Impiger).  «Courageux  et  vaillant 
par  nécessité.  »  (Lucain,  IV,  798.) 

P.  374,  1.  22.  Aux  guerres  civiles  de  Cxsar).  Cf. 
Plutarque,  Vie  de  César  :  «Cssar...  alla  camper 
devant  la  ville  de  Corfinium,  dedans  laquelle  estoit 
Domitius  avec  trente  enseignes  :  lequel  se  voyant 
assiégé,  cuida  incontinent  estre  perdu,  &  désespérant 
de  son  faict,  demanda  à  un  sien  esclave,  que  estoit 
médecin,  de  poison.  Le  médecin  luy  bailla  un  breu- 
vage, qu'il  beut,  pensant  bien  en  mourir  :  mais 
tantost  après  ovant  racompter  comme  Cassar  usoit 
d'une  mer\-eilleuse  clémence  &;  humanité  envers  ceulx 
qu'il  prenoit,  il  se  repentit  d'avoir  beu  le  breuvage, 
&  commencea  à  se  lamenter,  &  à  regretter  le  trop 
téméraire  conseil. qu'il  avoit  pris.»  (x,  f°  504  r°.) 
Au  lieu  de  la  Prusse  il  faut  lire  l'Abruzze.  Montaigne 
écrit  Brusse,  dans  le  Journal  de  voyage,  p.  294. 

P.  374,  1.  28.  Urgnlania).  Cf.  Tacite,  Annales  : 
«  Urgulania  Silvani  avia  pugionem  nepoti  misit... 
Reus  frustra  tentato  ferro,  venas  prsbuit  exsolven- 
das.  »  (IV,  XXII,  123.) 

P.  374,  1.  30.  Alhicilla).  Id.,  ihid.,  VI,  XLVni. 

P.  375,  1.  i.  Le  Capitaine  Demosthenes).  Cf.  Plu- 
tarque, Vie  de  Nicias,  x,  f°  379  v°. 

P.  375,  1.  2.  C.  Fimhria).  Cf.  Appicn,  De  Ivllo 
Mithridafico,  p.  21,  édition  Estienne. 

P.  375,  1.  3.  Ostorius).  Cf.  Tacite,  Annales  :  «Hac- 
tenus  manu  servi  usus  ut  immotum  pugionem  extol- 
leret,  adpressit  dextram  ejus  jugulôque  occurrit.  » 
(XVI,  XV,  324.) 

P.  375,  1.  8.  L'Empereur  Adrianus).  Cf.  Xiphilin, 
Vie  d'Adrien,  vers  la  fin. 

P.  375,  1.  10.  Pourquoy  Cxsar).  Cf.  Suétone,  Vie 
de  César,  lxxxvii,  et  Plutarque,  Les  dicts  notables  des 
anciens  Rovs...,  f°  20S  V. 


P.  375, 1. 14.  Dit  Pline).  Dans  son  Histoire  naturelle  : 
«  Mortes  repentinœ,  hoc  est  summa  vit.-e  félicitas.  » 
(MI,  LUI.) 

P.  375,  1.  21.  Emori  nolo).  «  Je  ne  veux  pas  mou- 
rir, mais  être  mort  me  serait  indifférent.  »  (Cicéron, 
Tusculanes,  I,  viii.)  C'est  la  traduction  d'un  vers 
d'Epicharme. 

P.  375,  1.  22.  J'ay  expérimenté).  Cf.  l'essai  II,  vi. 

P.  375, 1.  25.  Il  n'y  a  rien).  Rapprocher  Xénophon, 
Mémorables,  IV,  viii. 

P.  376,  1.  3.  Ce  Pomponius  Atticus).  Cornélius 
Nepos,  dans  la  Vie  d' Atticus,  xxii. 

P.  37e,  1.  22.  Du  philosofe  Cleanthes).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Cleanthe  :  «  Tumuit  illi  ac  putruit  gin- 
giva,  medicis  autem  intercedentibus,  biduum  totum 
cibo  abstinuit,  atque  intantum  convaluit,  ut  medici 
illi  omnes  consueta  permitterent.  Ea  illum  licentia 
minime  usum  fuisse,  sed  &  contra  sine  cibo  perstitisse 
dicentem  iter  jam  sibi  confectum  esse,  atque  inedia 
consumptum  exhalasse  animam.  »  (VII,  CLxxvi,  50e.) 

P-  3773  1-  3-  Tullius  Marcelliniis).  Cf.  Sénèque, 
Épitres  :  «Tullius  Marcellinus...  adolescens  quietus 
&  cito  senex,  morbo,  &  non  insanabili  correptus, 
sed  longo  &  molesto  &  multa  imperante,  cœpit  deli- 
berare  de  morte  :  convocavit  plures  amicos  :  unus- 
quisque  aut  quia  timidus  erat,  id  illi  suadebat,  quod 
sibi  suasisset  :  aut  quia  adulator  &  blandus,  id  consi- 
lium  dabat,  quod  delibeianti  gratius  fore  suspicabatur. 
Amicus  noster  Stoicus...  videtur  mihi  optime  illum 
cohortatus,  sic  enim  cœpit.  Noli,  mi  Marcelline, 
torqueri,  tanquam  de  re  magna  délibères.  Non  est 
res  magna  vivere,  omnes  ser\i  tui  vivunt,  omnia  ani- 
malia.  Magnum  est  honeste  mori,  prudenter,  fortiter. 
Cogita  quàm  diu  jam  idem  facias.  Cibus,  somnus, 
libido.  Per  hune  circulum  curritur,  mori  velle  non 
tantum  prudens,  &  fortis  aut  miser,  sed  etiam  fasti- 
diosus  potest.  Non  opus  erat  suasore  illi,  sed  adjutore. 
Scr\i  parère  nolebant.  Primum  detra.xit  illis  metum, 
et  indicavit  tune  familiam  periculum  adiré,  cum 
incertum  esset,  an  mors  domini  voluntaria  fuisset 
alioquin  tam  mali  exemplo  esset  prohibere  dominum, 
quàm  occidere.  Deinde  ipsum  Marcellini  admonuit 
non  esse  inhumanum,  quemadmodum  cœna  peracta 
reliquicE  circumstantibus  dividuntur,  sic  peracta  vita 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XIII. 


283 


aliquid  porrigi  bis,  qui  totius  vit.e  ministri  fuissent. 
Erat  Marcellinus  facilis  animi  &  iiheralis,  etiam  cum 
de  suo  fieret.  Minutas  itaque  summulas  distribuit 
flentibus  servis,  &  illos  ultro  consolatus  est.  Non 
fuit  illi  opus  feiTO,  non  sanguine.  Triduo  abstinuit, 
&  in  ipso  cubiculo  poni  tabernaculum  jussit.  Solium 
deinde  illatum  est,  in  quo  diu  jacuit,  &  calida  subinde 
suffusa  paulatini  defecit,  ut  aiebat,  non  sine  quadam 
voluptate.  »  (Ép.  87,  p.  178.) 

P.  377,  1.  23.  Invitum).  «Sauver  un  homme  mal- 
gré lui,  c'est  le  tuer.  »   (Horace,  Art  poétique,  467.) 


La  même  citation  se  retrouve  chez  Henri  Estienne, 
Apologie  pour  Hérodote,  XVII,  i . 

P.  378,  1.  II.  Avoir  mal  en  la  main).  Montaigne 
prend  tous  ces  détails  chez  Plutarque,  fin  de  la  Vie 
de  Caton  d'U tique,  f"'  549  \°  et  550  r°.  On  peut 
rapprocher  le  commentaire  que  Sénèque  fait  de  cette 
mort  dans  le  De  provideutia,  11. 

Chronologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai. 


Chapitre   XIV. 


COMME      \OSTUU      ESPRIT      S  EMPESCHK      SOY-MESMES. 


P-   379>  '■    7-   -^"  Stoïciens).   Cf.   Plutarque,   Les 
contredkts  des  philosophes  stoïques,  xxn",  f"  567  r°. 
P.  380,  1.  6.  Z)f«.Y  lignes).  Cf.  l'essai  II,  11,  p.  324, 

I.  II,  et  la  note. 

P.  380,  1.  9.  Solum  certitm).  «  Il  n'y  a  rien  de 
certain  que  l'incertitude,  et  rien  de  plus  misérable 
et  plus  fier  que  l'homme.  »  (Pline,  Histoire  naturelle, 

II,  VII.)  Traduction  de  Montaigne  dans  les  éditions 
de  1580  et  de  1588.  Cette  sentence  figurait  sur  les 


travées  de  la  bibliothèque  de  Montaigne.  Il  semble 
s'en  être  souvenu  déjà  dans  l'essai  II,  .\u,  p.  158, 
1.  21. 

Chronologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai.  On  peut  noter  cependant  que  la 
tendance  sceptique  qui  l'a  inspiré  invite  à  supposer 
qu'il  a  pu  être  écrit  aux  environs  de  1576. 


Chapitre   XV. 


aVE      KOSTRE      DESIR      S  ACCROIT      PAR      LA      MALAISANCE. 


P.  381,  1.  I.  Dict  le  plus  sage  part\).  Le  parti  des 
pyrrlioniens.  Ct.  Sextus  Empiricus,  Hypotyposcs  : 
«  Principium...  id  Scepticîe,  quo  ea  nititur,  est  pne- 
cipuè  hoc,  Omni  orationi  orationeni  aequalis  ponderis 
&  momenti  adversari.  »  (I,  vi.)  Cf.  aussi  Id.,  ihid., 

I,   XXVII. 

P.  381,  1.  2.  Ce  beau  mot  qu'un  ancien).  Sénèque, 
Épitres  :  «  Xullum  bonum  juvat  habentem,  nisi  ad 
cujus  amissionem  prsparatus  est  animus.  »  (Ép.  4, 
p.  86.) 

P.  381,  1.  5.  In  a'qno).  «Le  chagrin  d'avoir  perdu 
une  chose  et  la  crainte  de  la  perdre  affectent  égale- 
ment l'esprit.  »  (Sénèque,  ép.  88.) 

P.  381,  1.  13.  Si  nunquam  Danaen).  «Si  Danaé 
n'avait  pas  été  enfermée  dans  une  tour  d'airain, 
jamais  elle  n'eût  donné  un  fils  à  Jupiter.  »  (Ovide, 
Ainores,  W,  xix,  27.) 

P.  381,  1.  16.  Rarelê  &  difficulté).  La  même  idée 
est  souvent  indiquée  chez  Montaigne.  Cf.  L  >^i\', 
p.  7),  1.  11;  H,  XII,  p.  343,  1.  7;  n,  XIX,  p.  463, 
1.  9,  etc. 

P.  382,  1.  I.  Omninin  reruin).  «En  toutes  choses, 
le  plaisir  croit  en  raison  du  péril  qui  devrait  nous 
en  éloigner.  «  (Sénèque,  De  beneficiis,  VII,  ix.) 

P.  382,  1.  3.  Galla,  nega).  «  Galla,  repousse-moi. 
La  satiété  vient  vite  en  amour  quand  les  joies  ne  sont 
pas  mêlées  de  tourments.  »  (Martial,  IV,  xxxvii.) 

P.  382,  1.  4.  Licurgite).  Cf.  Plutarque,  Fie  de 
Lycurgue,  xi,  f"  35  r°.  Cf.  aussi  un  ouvrage  que 
possédait  Montaigne,  Sansovino,  Del  governo  et  aninii- 
iiislralione  di  diversi  regni...,  1578,  f"  119  v". 


P.  382,  1.  9.  &  languor).  «  Et  la  langueur,  et  le 
silence,  et  les  soupirs  tirés  du  fond  de  la  poitrine.  « 
(Horace,  Épodes,  xi,  9.)  Le  texte  est  : 

«  anwntem  &:  languor  &:  silentium 
»  .\rgLiit,  &  latere  petitiis  inio  spiritus.  » 

P.  382,  1.  15.  La  Courtisane  Flora).  Cf.  Plutarque, 
l'ie  de  Pompée  :  «  On  dit  aussi  que  la  courtisane  Flora 
estant  devenue  vieille,  prenoit  grand  plaisir  à  compter 
ordinairement  de  la  fréquentation  qu'elle  avoit  eue 
en  ses  jeunes  ans  avec  Pompeius,  disant  qu'il  estoit 
impossible  quand  elle  couchoit  avec  luy,  qu'elle  s'en 
departist  sans  le  mordre.  »  (i,  f°  434  r°.) 

P.  382,  1.  17.  Ouod  petiere).  «Ils  pressent  étroite- 
ment l'objet  de  leur  amour  jusqu'à  le  faire  souffrir, 
et  souvent  ils  impriment  leurs  dents  dans  ses  lèvres. 
Un  secret  aiguillon  les  anime  contre  l'objet  qui 
allume  la  fureur  de  leurs  transports.  »  (Lucrèce,  l\, 
1076.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin,  p.  351. 

P.  382,  1.  22.  Ceux  de  la  marque  d'Ancone).  Rap- 
procher ce  passage  du  Journal  de  voyage  :  «  Essendo 
a  ragionare  cou  i  paesani,  et  avendo  io  addomandato 
a  uno  uomo  molto  attempato,  se  essi  usavano  i  nostri 
bagni,  mi  rispose,  che  lor  accadeva  quel  ch'interviene 
a  quelli  che  stanno  vicino  alla  Madonna  di  Loreto, 
che  rade  volte  ci  vanno  in  pellegrinaggio  :  e  che 
l'operazione  delli  bagni  non  si  vede  che  in  favore 
delli  forestieri,  e  lontani.  »  (P.  438.) 

P.  383,  1.  10.  Transvolat).  «Il  dédaigne  ce  qu'il  a 
sous  la  main  et  court  après  ce  qui  lui  échappe.  » 
(Horace,  Satires,  I,  11,  108.) 


286 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  385,  1.  12.  Nisi  tu  scrvare).  «  Si  tu  ne  fais  gar- 
der ta  maîtresse,  elle  cessera  bientôt  d'être  à  moi.  » 
(Ovide,  Amores,  H,  xix,  47.) 

P.  383,  1.  16.  Tibi  qtiod  supercst).  «Tu  te  plains 
de  ton  superflu,  et  moi  du  manque  du  nécessaire.  » 
(Térence,  Pljoniiion,  I,  m,  10.)  Montaigne  imite 
librement  le  texte  du  comique  latin  : 

K  Aliis  quia  desit  quod  amant  œgre  est, 
»  Tibi  quod  superest,  dolet.  » 

P.  383,  1.  23.  Si  qita  volet).  «Si  une  femme  veut 
régner  longtemps  sur  son  amant,  qu'elle  le  dédaigne.  » 
(Ovide,  Amores,  II,  xix,  33.) 

P.  383,  1.  24.  Contemnite) .  «Faites  les  dédaigneux, 
amants  :  par  ce  moyen  vous  verrez  venir  à  vous 
aujourd'hui  celle  qui  vous  a  repoussé  hier.  »  (Pro- 
perce, n,  XIV,  19.) 

P.  383,  1.  26.  Inventa  Poppœa).  Cf.  Tacite,  Annales, 

XIII,   XLV. 

P.  384, 1.  8.  Et  Jngit).  «Elle  s'enfuit  vers  les  saules, 
mais  auparavant  elle  désire  qu'on  l'ait  vue.  »  (Virgile, 
Bucoliques,  m,  65.) 

P.  384,  1.  9.  Interdum).  «Parfois  elle  a  fait  de  sa 
robe  un  rempart  contre  mes  entreprises.  »  (Properce, 
II,  XV,  é.) 

P.  385,  1.  10.  EsveiUer  par  ce  contraste).  Rapprocher 
ce  qui  est  dit  dans  l'essai  II,  xix,  p.  463,  1.  6.  Voir 
aussi  Journal  de  voyage,  p.  39. 

P.  385,  1.  23.  Il  se  passa  cinq  cens  ans).  Cf.  Valère 
Maxime,  II,  1,  4;  Aulu-Gelle,  IV,  m;  Bodin,  Répu- 
blique, I,  III. 

P.  385,  1.  25.  Onod  licet).  «  Ce  qui  est  permis  n'a 
pas  de  charme;  ce  qui  est  défendu  irrite  les  désirs.» 
(Ovide,  Amores,  II,  xix,  3.) 


P.  3S5,  1.  26.  L'opinion  d'un  ancien).  Cf.  Sénèque, 
De  clementia,  I,  xxiii. 

P.  386,  1.  3.  Latins).  «Le  mal  qu'on  croyait  avoir 
extirpé  s'étend  plus  loin.  »  (Rutilius,  Itinerarium,  I, 

597-) 

P.  386,  1.  7.  Les  histoires  grecques).  Cf  Hérodote  : 
«  Nul  homme  vivant  les  outrage,  car  ils  sont  estimez 
pour  sacrez  :  aussi  ne  tiennent-ils  chez  eux  aucunes 
armes  ne  basions  offensibles.  Ils  décident  &  appoinc- 
tent  tous  les  différens  de  leurs  voisins,  &  si  aucun 
se  retire  vers  eux  en  franchise,  nul  e.st  si  osé  de  luy 
toucher.  Leur  nom  est  Argippees.  »  (IV,  xxiii;  t.  I, 
f°  255  v.) 

p.  38e,  1.  13.  //  )'  a  nation).  Cf.  Lopez  de  Gomara, 
Histoire  générale  des  Indes  :  «Ils  enferment  leurs  jardins 
&  leurs  terres  d'un  fillet  de  cotton,  ou  de  bexuco  seule- 
ment, &:  est  grand  péché  d'entrer  en  telles  clostures, 
&  tiennent  pour  certain  que  celui  la  meurt  inconti- 
nent, qui  rompt  un  tel  fil.»  (III,  xxx,  f°  25  3  r".)  Voir  la 
même  allégation  dans  l'essai  I,  xxiii,  p.  144,  1.  29. 

P.  386,  1.  16.  Furent  signala).  «Les  larrons  sont 
attirés  par  les  serrures.  Celui  qui  vole  avec  effraction 
n'entre  pas  dans  les  maisons  ouvertes.  »  (Sénèque, 
ép.  68.) 

Chronologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai.  Remarquons  cependant  la  phrase  que 
voici  :  «  Il  n'y  a  nulle  raison  qui  n'en  aye  une  con- 
traire, dict  le  plus  sage  party  des  philosophes.  »  Ce 
mot,  Montaigne  l'a  rencontré  chez  Sextus  Empiricus, 
et  le  «  party  des  philosophes  »  qu'il  déclare  ainsi  «  le 
plus  sage  »  c'est  le  parti  des  pyrrhoniens.  Cette  allé- 
gation nous  invite  à  croire  que  cet  essai  a  des  chances 
d'avoir  été  composé  aux  environs  de  1576. 


Chapitre   XVI. 


DE    LA    GLOIRE. 


P.  389,  I.  I.  Le  nom,  c'est).  Rapprocher  Sebond, 
Théologie  naturelle  :  «  Tout  et  qui  se  peut  acquérir 
de  nouveau,  ou  c'est  quelque  chose,  ou  c'est  un 
nom.  Quant  à  la  chose.  Dieu  ne  la  peut  acquérir, 
veu  qu'il  n'y  en  a  nulle  qui  ne  soit  sienne...  D'avan- 
tage à  quoy  faire  l'acquerroit  il,  luy  qui  n'a  besoin 
de  rien,  luy  qui  est  infini,  &  qui  est  toute  plénitude? 
Parquov  tout  ce  qu'il  peut  acquérir  ce  n'est  certaine- 
ment qu'un  nom  &  un  tel  acquest  est  très-convenable 
à  sa  nature  :  car  acquérir  &  croistre  c'est  tout  un... 
Il  ne  peut  croistre  qu'extérieurement,  &  c'est  propre- 
ment croistre  hors  de  soy  que  d'acquérir  un  nom... 
Or  le  nom  croist  par  les  œuvres  qui  apparoissent  et 
qui  se  voyent  :  car  les  bonnes  actions  tirent  néces- 
sairement après  elles  la  louange,  l'honneur  et  la 
réputation  pour  celuy  qui  les  a  produites  :  et  lors  il 
acquiert  d'une  telle  œuvre  un  nouveau  nom...  Pour 
e.xemple  :  l'homme  est  premièrement,  et  puis  on  le 
marque  d'une  appellation  particulière.  Ce  nom  propre 
ne  se  donne  pas  en  contemplation  des  œuvres  bien 
ou  mal  faites,  car  il  est  imposé  à  l'homme  avant  qu'il 
ait  ouvré  :  mais  il  luy  sert  de  signal  et  de  distinction, 
et  signifie  simplement  la  chose  sans  les  œuvres... 
Plus  une  chose  œuvre,  plus  elle  a  de  nom,  car  le 
nom  s'estend  à  la  mesure  de  la  chose.  Le  nom  ne 
luy  est  non  plus  intérieur,  et  n'est  non  plus  de  sa 
nature  qu'est  la  gloire,  si  est-ce  luy  qui  reçoit  première- 
ment en  soy  la  gloire  et  qui  la  joinct,  communique 
et  attache  a  sa  chose  :  car,  attendu  que  l'honneur 
qui  suit  les  bonnes  œuvres  ne  peut  entrer  au-dedans 
de  la  chose  qui  les  a  produites,  &  qu'elle  n'a  rien 
hors  de  soy  qui  luy  soit  plus  prochain,  plus  familier 


et  plus  voisin  que  son  nom;  il  faut  que  ce  soit  son 
nom  qui  le  reçoive  pour  elle  et  qui  s'en  remplisse, 
comme  estant  apte  naturellement  à  s'en  accroistre  et 
augmenter...  »  (cxci.) 

P.  390,  1.  2.  Ghria  in  excelsis).  «  Gloire  à  Dieu 
dans  les  cieux,  et  paix  aux  hommes  sur  la  terre.  » 
(Saint  Luc,  Évangile,  II,  xiv.) 

P.  390,  1.  7.  Chrysippits  et  Diogenes).  Cf.  Cicéron, 
De  finihus,  III,  xvii. 

P.  390,  1.  18.  Deçà  vers  nous).  Vers  traduit  d'Ho- 
mère, Odyssée,  XII,  184. 

P.  390,  1.  20.  Ces  philosophes  là).  Cf.  Cicéron,  De 
finilms  :  «Ne  digitum  quidem  ejus  causa  porrigendum 
esse  dicebant.  »  (III,  xvn.) 

P.  390,  1.  23.  Gloria  quantalihet).  «  Supposez  une 
gloire  aussi  grande  que  vous  voudrez,  que  sera-ce  si 
ce  n'est  que  de  la  gloire?»  (Juvénal,  vu,  81.) 

P.  391,  1.  2.  Cache  ta  vie).  Cf.  le  traité  de  Plu- 
tarque  intitulé  :  Si  ce  nom  commun  est  bien  dit  :  «  Cache 
ta  vie.  »  (F°  291  v°.) 

P.  391,  1.  8.  Aussi  conseille  il  à  Idomeueus).  Cf. 
Sénèque,  épître  21. 

P.  391,  1.  21.  Epicurus  a  Hermachus).  Cf.  Cicéron, 
De  finilms  :  «  Quum  ageremus,  inquit  vitae  beatum 
et  eundem  supremum  diem,  scribebamus  \\xc.  Tanti 
autem  morbi  aderant  vesicae  et  terminum,  ut  nihil 
ad  eorum  magnitudinem  possit  accedere.  Ecce  mise- 
rum  hominem  !  Si  dolor  summam  malum  est,  dici 
aliter  non  potest.  Sedaudiamus  ipsum  compensabatur, 
inquit  :  tamen  cum  his  omnibus  animi  Ixtitia,  quam 
capiebam  memoria  rationem  inventorumque  nostro- 
rum.  Sed  tu,  ut  dignum  est  tua  erga  me  et  erga 


288 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


philosophiam  voluntate  ab  adolescentulo  suscepto, 
fac  ut  Metrodori  tuearc  liberos.  »  (II,  xxx;  t.  IV, 
p.  62.) 

P.  392,  1.  3.  L'ordonnance  de  son  testament).  Id., 
ibid  :  «  Quaero  quid  sit,  quôd...  sanciat  ut  Amyno- 
machus  et  Timocrates  hœredes  sui  Hermachi  sen- 
tentia  dent,  quod  satis  sit  ad  diem  agendum  natalem 
suum  quotannis  niense  Gamelione  :  itemque  omnibus 
mensibus  XX  die  luna:  dent  ad  eorum  epulos  qui  unà 
secum  philosophati  sint  ut  et  sui  et  Metrodori  me- 
moria  colatur.  »  (II,  xxxi;  t.  IV,  p.  63.) 

P.  392,  1.  10.  Carneades).  Id.,  ibid.  :  «  Qui  post 
eos  fuerunt,  quum  Carneadem  sustinere  non  possent, 
hanc  quam  dixi  bonani  famam,  ipsam  propter  se 
prïepositam  et  suniendam  esse  dixerunt  :  esseque 
hominis  ingenui  et  liberaliter  educati,  velle  bene 
audire  a  parentibus,  a  propinquis,  a  bonis  etiam  viris, 
idque  propter  rem  ipsam,  non  propter  usum,  dicunt- 
que  ut  liberis  consultum  velimus,  etiam  si  postliumi 
futuri  sint  propter  ipsos  :  sic  naturœ  post  mortem 
famaï,  tamen  esse  propter  rem  etiam  detracto  usa 
consulendum.  «  (III,  wii;  t.  R',  p.  75.) 

P.  392,  1.  15.  Aristote).  Dans  la  Morale  à  Nico- 
niaque,  II,  \ii.        -  , 

P.  392,  1.  18.  Conterait  de  belles).  Rapprocher  ce 
que  Montaigne  a  dit  dans  les  essais  I,  xxxix,  et  I, 

XL. 

P.  392,  1.  20.  Que  la  ver  In  mes  nie).  Cf.  Cicéron, 
De  Jinibus,  II,  xv. 

P.  392,  1.  23.  Pauhini  sepultiv).  «La  vertu  cachée 
diffère  peu  de  lobscurc  oisiveté.  »  (Horace,  Odes, 
IV,  IX,  29.) 

P-  393j  '■  7-  ^'  '"  seais).  Cf.  Cicéron,  De  finibits  : 
«  Si  scieris,  inquit  Carneades,  aspidem  occulte  latere 
uspiam  &  velle  imprudentem  super  eam  assidere, 
cujus  mors  tibi  emolumentum  futura  sit,  improbe 
feceris  nisi  monueris  ne  assideat.  »  (II,  wiii;  t.  I\', 
p.  56.) 

P.  393,  1.  13.  Peducens).  Id.,  ibid.,  II,  xvii. 

P.   393,  1.  17.  P.  Sextilins  Rnfus).  Id.,  ibid.,  II, 

XVII. 

P.  393,  I.  19.  M.  Crassus  et  Q.  Hortensias).  Id., 
De  officiis,  III,  xviii. 

P.    393,    1.    24.    Meniinerin!    Deuni).    «  Qu'ils    se 


souviennent  qu'ils  ont  Dieu  pour  témoin,  c'est-à-dire, 
comme  je  l'interprète,  leur  propre  conscience.  » 
(Cicéron,  De  officiis,  III,  x.)  Le  texte  est  celui  de 
l'édition  de  Paris  1538,  t.  IV,  p.  382. 

P.  394,  1.  I.  Profecto fortuna).  «Certes  la  fortune 
étend  sa  domination  sur  toutes  choses  :  elle  élève  les 
uns  et  rabaisse  les  autres,  moins  selon  leur  mérite  que 
selon  son  caprice.  »  (Salluste,  Bellum  Catilinarinm, 
VIII.)  Cette  citation  a  été  prise  dans  la  Cite  de  Dieu 
de  saint  Augustin,  VII,  m. 

P.  594,  1.  7.  Ressamblance  de  l'ombre).  Cf.  Cicéron, 
Tusculnnes  :   «  ^'irtutem  tanquam  umbra  sequitur.  » 

(I,    XLV.) 

P.  394,  1.  II.  Ceii.x  qui  apprennent).  Peut-être 
Montaigne  pense-t-il  à  l'ouvrage  de  Castiglione,  // 
Cortegiano,  II,  viii,  où  il  est  tout  particulièrement 
recommandé  au  gentilhomme  de  se  faire  voir  de  son 
prince  lorsqu'il  fait  quelque  bonne  action. 

P.  394,  1.  12.  Ouasi  non  sit).  «  Comme  si  une 
action  n'était  vertueuse  que  lorsqu'elle  est  célèbre.  « 
(Cicéron,  De  officiis,  I,  iv.) 

P.  394,  1.  18.  Quiconque  s'amuse).  Rapprocher  ce 
que  dit  Guillaume  du  Bella}'  dans  le  prologue  de  son 
histoire  (publiée  dans  X  Antiquité  des  Gaules,  f°  6  v")  : 
«  Un  homme  seul  ne  peut  estre  partout  ou  les  affaires 
sont  démenées,  et  y  estant  ne  peult  tout  ensemble 
faire  son  devoir,  et  s'amuser  à  voir  ce  qu'autruy 
foi  et.  » 

P.  394,  1.  21.  Fera  et  sapiens).  «Une  âme  sage  et 
véritablement  grande  place  l'honneur,  qui  est  le  prin- 
cipal but  de  notre  nature,  dans  les  actions  vertueuses, 
non  dans  la  gloire.  »  (Cicéron,  De  officiis,  I,  xix.) 
Le  texte  est  celui  de  l'édition  de  Paris  1538,  t.  IV, 
p.  350. 

P.  395,  1.  24.  Gloria  nostra).  «Notre  gloire  c'est 
le  témoignage  de  notre  conscience.  »  (Saint  Paul, 
Epitre  II  aux  Corinthiens,  i,  12.)  Citation  prise  chez 
saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  I,  xix.  Elle  se  retrouve 
avec  une  légère  modification  dans  le  même  ouvrage 
de  saint  Augustin,  \',  xii. 

P.  396,  1.  5.  Credo  che'l  resta).  «Je  crois  que  le 
reste  de  cet  hiver  Roland  fit  des  choses  dignes  de 
mémoire;  mais  elles  ont  été  si  secrètes  jusqu'ici  que 
ce  n'est  pas  ma  faute  si  je  ne  les  raconte  point  :  car 


LIVRE     II,      CHAPITRE      XVI.  289 

Roland  a  toujours  été  plus  prompt  à  faire  de  belles      ne  pas   mériter  le  naufrage.  Voir  encore  Sénèque, 


actions  qu'à  les  publier,  et  jamais  ses  exploits  n'ont 
été  divulgués  que  par  des  témoins.  »  (Arioste,  Roland 
furieux,  XI,  Lxxxi.) 

P.  396,  1.  20.  Vitiiis,  rcpiilsx).  «La  vertu  ignore 
les  refus  honteux;  elle  brille  d'un  éclat  sans  mélange; 
elle  ne  prend  ni  ne  dépouille  la  pourpre  consu- 
laire au  gré  d'un  peuple  volage.  »  (Horace,  Odes, 
m.  II,  17.) 

P.  397,  1.  I.  Non  cinohimcnto).  «Non  pour  un 
profit,  mais  pour  l'honneur  attaché  à  la  vertu.  » 
(Cicéron,  De  finihus,  I,  x.) 

P.  397,  1.  9.  Est  ce  raison  faire).  Cf.  Cicéron,  De 
finibns  :  «  Quid  turpius,  quàm  sapientis  vitam  ex 
insipientium    sermone   pendere?»    (II,    xv;    t.    IV, 

P-  55-) 

P.  397,  1.  II.  An  qnidqnain).  «Quoi  de  plus 
insensé,  quand  on  méprise  des  gens  chacun  à  part, 
que  d'en  faire  cas  lorsqu'ils  se  trouvent  réunis?  » 
(Cicéron,  Tusculanes,  V,  xxxvi.) 

P.  397,  1.  15.  Nihil  tam  ina'stiiuahile).  «Rien  de 
plus  méprisable  que  les  jugements  de  la  foule.  » 
(Tite-Live,  XXXI,  xxxiv.) 

P.  397,  1.  16.  Deinetrius).  Cf.  Sénèque,  Epitres  : 
«  Eleganter  Demetrius  noster  solet  dicere  eodem  loco 
sibi  esse  voces  imperitorum  quo  ventre  redditos  cre- 
pitus  :  quid  enim,  inquit,  mea  refert  sursum  isti,  an 
deorsum  sonent?»  (xci,  218.) 

P.  397,  1.  19.  Ego  hoc  judico).  «Moi  j'estime  qu'une 
chose,  lors  même  qu'elle  ne  serait  pas  honteuse, 
semble  l'être  quand  elle  est  louée  par  la  multitude.  » 
(Cicéron,  De  finibus,  II,  xv.) 

P.  398,  1.  6.  Dédit  hoc).  «  La  Providence  a  fait  aux 
hommes  cette  faveur  que  les  choses  honnêtes  sont 
aussi  les  plus  profitables.  »  (Quintilien,  Institution 
oratoire,  I,  xii,  vers  la  fin.) 

P.  398,  1.  7.  Le  marinier  antieu).  Peut-être  Mon- 
taigne paraphrase-t-il  ici  ces  paroles  de  Sénèque  : 
«Qui  hoc  potuit  dicere  :  «Neptune,  nunquam  hanc 
»  navem,  nisi  rectam!»,  arti  satisfecit.»  (Ep.  85.) 
Sénèque  fait  allusion  dans  ce  passage  à  un  pilote 
rhodien  qui  déclarait  que  son  navire  sans  doute 
était  à  la  merci  de  Neptune,  mais  qu'il  était  du  moins 
en  son  pouvoir  de  ne  commettre  aucune  faute  et  de 


Consolatio  ad  Marciam,  vi,  à  la  fin. 

P.  398,  1.  13.  Risi).  «J'ai  ri  de  voir  que  les  ruses 
pouvaient  échouer.  »  (Ovide,  Hcroïdes,  \,  18.)  Ovide 
écrit  au  contraire  :  «Flebam  successu  posse...  » 

P.  398,  1.  14.  Paul'a'uiile).  Cf.  Tite-Live,  LIV, 
XXII.  Au  même  passage  est  rappelé  le  souvenir  de 
Fabius  :  «Neque  enim  omnes  tam  firmi  et  constantis 
animi  contra  adversum  rumorem  esse  possunt  quam 
Fabius  tuit;  qui  suum  imperium  minui  per  vanitatem 
populi  maluit,  quam  seconda  fama  maie  rem  publi- 
cam  gerere.  » 

P.  398,  1.  23.  Laudari  haud  nietuam).  «Je  ne  hais 
pas  la  louange,  car  je  n'ai  pas  la  fibre  insensible  (de 
corne);  mais  je  me  refuse  à  voir  de  la  vertu  dans  un 
«  bravo!  très  bien!  »  (Perse, Satires,  i,  47.)  Toutes  les 
éditions  que  j'ai  pu.consulter  portent  laudari  inetiiam. 

P.  399,  1.  13.  L'anneau  Platonique).  Cf.  Platon, 
République  :  «  Accidit...  ut  cum  forte  gemmam  intror- 
sum  ad  manum  verteret  anuli...  subito  a  nullo 
conspiceretur.  »  (II,  m,  360;  éd.  de  1546,  p.  545.) 
^'oir  aussi  Cicéron,  De  officiis,  III,  ix  ;  Érasme,  Adages, 
chiliade  I,  cent.  I,  96;  etc. 

P.  399,  1.  17.  Falsus  honor).  «  Qui  est  sensible  à 
de  fausses  louanges  et  redoute  la  calomnie,  sinon  le 
malhonnête  homme  et  le  menteur?  »  (Horace,  Épîtres, 
I,  XVI,  39.)  Le  texte  est  celui  de  toutes  les  éditions 
du  XVI'  siècle. 

P.  400,  1.  I.  Non,  quicquid).  «  N'accepte  pas  toutes 
les  condamnations  de  la  turbulente  Rome  et  ne  te 
charge  pas  non  plus  de  réformer  sa  balance  qui  n'est 
pas  juste  :  ne  te  cherche  pas  en  dehors  de  toi-même.» 
(Perse,  i,  5.)  L'édition  de  Paris  1544  donne  «non 
si  quid...»  et  «examenrc».  Montaigne  a  rencontré 
cette  citation  dans  le  pamphlet  de  Blackwood,  Pro 
regibiis  apologia  (xxiii,  205.) 

P.  400,  1.  9.  TrogusPoiupeius).  Cf.  Bodin,  Melhodus 
adfacileni  historiarum  cognitionem  :  «Trogus  Pompeius 
de  Herostrato,  Titus  Livius  de  Manlio  Capitolino 
tradunt,  magnœ  quam  bonœ  famo;  fuisse  cupidiores.  » 
(Proœmium.)  Le  jugement  sur  Manlius  Capitolinus 
se  trouve  dans  les  Annales,  VI,  11;  celui  sur  Erostrate 
ne  se  rencontre  pas  chez  Trogue  Pompée,  mais  vient 
probablement  de  Valère  Maxime,  VIII,  v,  ext.  14. 


290 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


La  source  de  l'erreur  de  Bodin  est  certainement  chez 
Corneille  Agrippa,  De  incertiludine  &  vanitate  scien- 
tiarum,  v.  Dans  l'ouvrage  de  Droit  de  Gaillard, 
Méllnde  de  l'Histoire,  p.  549,  on  trouvera  ces  deux 
mêmes  jugements  reproduits  d'après  Bodin.  Des  pen- 
sées exprimées  ici  par  Montaigne  il  est  intéressant  de 
rapprocher  ce  que  dit  Bodin,  Melhodiis  (Proœmium). 

P.  400,  1.  19.  Quand  je  seray  mort).  Sur  cette  idée 
de  la  vanité  de  la  gloire  après  la  mort,  rapprocher 
Cicéron,  De  finilms,  II,  xxxi,  et  aussi  Tahureau, 
Dialogues  :  «  Cuidez-vous  que  la  louange  que  l'on 
donne  à  Demosthene  ou  à  Ciceron  leur  chatouille 
bien  maintenant  les  oreilles  aus  lieus  où  ils  sont 
allés...  »,  etc.  (Éd.  de  1566,  pp.  243-245.) 

P.  401,  1.  3.  Surnomtue:^  Eyquem).  On  sait  que  le 
nom  de  la  famille  de  Montaigne  est  Eyquem,  et  que 
Michel  semble  être  le  premier  qui  ait  complètement 
renoncé  à  le  porter.  Il  l'a  effacé  dans  ses  Ephémcrides 
et  sur  le  titre  d'un  Térence  qui  figurait  dans  sa 
bibliothèque.  Pourtant,  avant  de  condamner  cette 
phrase  comme  on  le  fait  généralement,  il  importe  de 
se  rappeler  qu'au  xvi"  siècle  le  mot  surnom  s'emploie 
au  sens  où  nous  disons  aujourd'hui  «  nom  ».  Meigret 
déclare  formellement  dans  son  Traité  touchant  le 
commun  usage  de  l'escriture  françoise  que  le  surnom 
est  «le  nom  commun  à  toute  la  race».  Tabourot, 
dans  ses  Bigarrures,  IV,  11,  dit  sans  cesse  surnom 
pour  désigner  le  nom  de  la  fitmille.  Nicot  écrit  : 
«  Surnom  est  l'appellation  qui  se  donne  à  aucun 
après  le  nom  de  la  parenté  et  maison...  C'est  aussi 
le  nom  de  la  maison  et  parenté.  » 

P.  401,  1.  9.  Nunc  leinor).  «La  pierre  de  mon 
tombeau  en  pèse-t-elle  moins  lourdement  sur  mes 
os?  La  postérité  me  loue  :  de  mes  mânes,  de  ma 
tombe,  de  ma  cendre  fortunée  les  roses  naissent-elles 
pour  cela?»  (Perse,  i,  37.)  L'édition  de  Paris  1544, 
comme  toutes  les  éditions  de  Perse  que  j'ai  pu  con- 
sulter, porte  au  second  vers  «  laudant  conviv;E». 

P.  401,  1.  13.  J'en  ay  parlé  ailleurs).  Dans  l'essai  I, 

XLVI,   358. 

p.  401,  I.  25.  Casus  muliis).  «C'est  un  accident 
arrivé  à  beaucoup  d'autres,  banal,  et  pris  dans  les 
mille  chances  de  la  fortune.  »  (Juvénal,  xiii,  9.) 

P.  402,  1.  12.  Ad  nos).  «  A  peine  un  léger  souffle 


porte  jusqu'à  nous  leur  renommée.  »  (Virgile,  Enéide, 
VII,  646.) 

P.  402,  1.  15.  Les  Lacedcmoniens).  Cf.  Plutarque, 
Les  dicts  notables  des  Lacedcmoniens  :  «  On  luy  (à  Eu- 
damidas)  demanda  pour  quelle  occasion  devant  que 
d'entrer  en  battaille  ils  avoient  accoustumé  de  sacrifier 
aux  Muses  :  à  fin,  dit-il,  que  nos  gestes  soient  bien 
&  dignement  escripts.  »  (F°  216  v".) 

P.  403,  1.  6.  Ouos  fama).  «Qui  sont  ensevelis 
dans  une  gloire  obscure.  »  (Virgile,  Enéide,  V,  302.) 

P.  403,  1.  20.  Rectc facti).  «La  récompense  d'une 
bonne  action  c'est  de  l'avoir  faite.»  (Sénèque,  ép.  81.) 

P.  403,  1.  21.  Officij  fructus).  «Le  fruit  d'un  ser- 
vice, c'est  le  service  même.  »  (Cicéron,  De  finilms, 

II,    XXII.) 

P.  403,  1.  28.  Si  toute-fois  cette  faute  opinion). 
Rapprocher  Bodin,  Methodus  ad  facilem  historiarum 
cognitionem  (Proœmium). 

P.  404,  1.  8.  El  Platon).  Dans  les  Lois  :  «Non 
oportet  autem  unquam  parvi  facere,  utrum  probus 
an  improbus  aliis  videaris.  Multi  enim  quamvis 
virtutis  expertes  sint,  qui  tamen  probi  sint,  qui 
improbi,  judicant.  Nam  pravis  quoque  hominibus 
divina  quicdam  conjiciendi  vis  inest,  per  quam  multi 
vel  pessimi  recte  tum  opinione,  tum,  verbis  a  melio- 
ribus  détériores  distinguant.  »  (xii,  950;  éd.  de  1546, 
p.  S99.) 

P.  404,  1.  14.  Ut  tragici).  «  A  l'exemple  des  poètes 
tragiques,  qui  ont  recours  à  un  dieu  quand  ils  ne 
savent  comment  trouver  le  dénouement  de  leur 
pièce.  »  (Cicéron,  De  Jiatura  deorum,  I,  xx.) 

P.  404,  1.  16.  Timon  l'injuriant).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Platon  : 

«  Timon  quoque  ita  illuiii  agit, 
)i  Ut  coiitict.i  Pliito  astutus  miracula  finxit.  » 

(III,  XXVI,  199.) 

p.  404,  1.  26.  Que  Numa).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 

Numa,  XIV,  f"  43  1°. 

P.  404,  1.  26.  &  Sertorius).  LL,  Vie  de  Sertorius, 

XV,  f"  402  v". 

P.  405,  1.  2.  Zoroastre).  J'ignore  où  Montaigne  a 

pris  cette  liste,  mais  certainement  il  l'a  trouvée  quelque 

part  toute  constituée  :  je  la  rencontre  avec  de  légères 


LIVRK      H,      CHAPITRE      XVI. 


291 


modihcations  chez  Corneille  Agrippa,  xci  ;  chez  Black- 
wood,  De  conjunctione  religionis  et  imperii  libri  duo 
{éd:  de  Paris  1575,  f°  30  v°);  chez  Coignet,  Instruction 
aux  princes  pour  garder  la  foi  promise,  iv  ;  etc. 

P.  405,  1.  9.  Le  sire  de  Joninvilk).  «Quant  aucun 
homme  se  faict  tuer,  pour  faire,  et  accomplir  le 
commandement  de  son  Seigneur,  l'ame  d'iceluy  qui 
ainsi  est  mort,  va  en  ung  autre  corps  qui  est  plus  aise, 
plus  beau  et  plus  fort  que  le  premier.  Au  moyen 
dequoy,  ne  tiennent  compte  les  Béduins  de  se  faire 
tuer,  pour  l'amour  de  leur  Seigneur...))  (lvi,  f"  145 
ro.) 

P.  405,  1.  14.  In  fernini).  «Ils  bravaient  le  fer, 
ils  embrassaient  la  mort,  regardant  comme  une 
lâcheté  de  ménager  une  vie  qui  devait  renaître.  » 
(Lucain,  I,  461.)  Le  texte  est  celui  des  éditions 
contemporaines. 

P.  405,  I.  20.  Ut  cnim  consuetudo).  «  De  même 
que  dans  le  langage  ordinaire  on  n'appelle  honnête 
que  ce  qui  est  glorieux  dans  l'opinion  du  peuple.  » 
(Cicéron,  De  finibus,  II,  xv.) 

P.  405,  1.  27.  Oiiœ,  quia  non  liccat).  «  Celle-là 
succombe  qui  refuse  parce  qu'il  ne  lui  est  pas  permis 
de  succomber.  »  (Ovide,  Amores,  III,  iv,  4.) 

Chroxologie.  —  Une  phrase,  prise  à  Bodin,  est 
certainement  de  la  dernière  période  (environ  1578). 
C'est  la  seule  indication  précise  que  nous  puissions 
alléguer  pour  dater  cet  essai.  J'ajoute  cependant  que 
je  le  crois  suggéré  à  Montaigne  par  la  prétiice  de 
l'ouvrage  de  Bodin,  ce  qui  invite  à  penser  qu'il  est 
tout  entier  de  la  dernière  période.  Dans  cette  préface, 
Bodin  traite  de  l'utilité  de  l'histoire;  cette  utilité  pour 
lui  est  surtout  d'inciter  aux  glorieuses  actions,  aux 


grands  faits  d'armes.  Voilà  pourquoi  Montaigne  vou- 
lant montrer  qu'il  est  insensé  d'accorder  à  la  réputa- 
tion la  moindre  valeur,  insiste  sans  cesse  sur  le 
devoir  militaire,  et  emplit  son  essai  de  cette  idée 
que,  parmi  les  actes  de  courage,  très  peu  sont  remar- 
qués, très  peu  sont  enregistrés  par  l'histoire,  de 
manière  à  passer  à  la  postérité.  Très  probablement, 
la  tirade  contre  ceux  qui  veulent  la  réputation  à  tout 
prix,  qu'elle  soit  bonne  ou  mauvaise,  vient  de  Bodin  : 
c'est  la  phrase  prise  à  Bodin  qui  lui  sert  de  thème. 
Enfin,  lorsque  Montaigne  conclut  que  si  le  désir  de 
la  gloire,  en  dépit  de  sa  vanité,  peut  conduire  les 
princes  et  les  peuples  aux  belles  actions,  il  faut  entre- 
tenir soigneusement  cette  illusion,  c'est  encore,  je 
crois,  à  Bodin  qu'il  pense  :  il  lui  fait  une  concession, 
et  reconnaît  qu'en  dépit  de  toute  raison,  et  grâce  à 
la  tolie  humaine,  l'histoire  a  bien  les  avantages  que 
Bodin  lui  attribue.  L'essai  me  semble  dire  :  pour  que 
l'histoire  ait  la  valeur  que  Bodin  lui  accorde,  il  faut 
que  les  hommes  soient  ridicules,  mais  enfin  puisqu'ils 
sont  ridicules,  profitons-en,  tirons  parti  de  leur  niai- 
serie, et  que  la  préoccupation  de  ce  que  penseront 
d'eux  leurs  arrière-neveux  les  conduise  à  bien  agir. 
Cette  opinion  me  parait  très  vraisemblable;  elle  n'est 
pourtant  pas  certaine.  En  tous  cas,  à  défaut  d'autres 
indications,  à  lui  seul,  l'emprunt  direct  d'une  phrase 
de  Bodin  nous  invite  à  regarder  l'essai  comme  de  la 
dernière  période.  Une  circonstance  encore  favorise 
cette  hypothèse  :  la  phrase  qui  ouvre  le  chapitre 
suivant,  II,  xvii,  invite  à  penser  qu'il  a  été  écrit 
aussitôt  après  celui-ci  :  or,  nous  verrons  que  très 
vraisemblablement  ce  chapitre  II,  xvn,  est  de  la 
dernière  période. 


Chapitre  XVII. 


DE      LA      PR/ESVMPTIOX, 


P.  408, 1.  12.  aie  veltit).  «Celui-là  confiait,  comme 
à  des  amis  fidèles,  tous  ses  secrets  à  ses  écrits.  Qu'il 
en  arrivât  bien  ou  mal,  jamais  il  n'eut  d'autre  confi- 
dent; aussi  toute  sa  vie  s'y  voit  dépeinte  comme 
dans  un  tableau  votif.  »  (Horace,  Satires,  II,  i,  30.) 

P.  408,  1.  18.  Ncc  id  Rutilio).  «Et  Rutilius  et 
Scaurus  n'en  ont  été  ni  moins  crus  ni  moins  estimés.» 
(Tacite,  Agrkola,  i.) 

P.  409,  \.  1.  La  teste  d' Alexandre).  Cf.  Plutarque, 
Coiitmeiit  on  pourra  discerner  le  flatteur  d'avec  l'ainy 
(vin,  f''  42  v°).  Le  fait  est  tout  à  fait  vulgarisé  au 
XVI'  siècle.  Je  le  retrouve  dans  le  Cortegiano  de  Cas- 
tiglione,  d'où  il  passe  dans  la  République  de  Bodin, 
IV,  VI ;  dans  L'Ostal,  Discours  philosophiques,  xn; 
dans  La  Primaudaye,  Académie  françoise,  I,  xiii;  etc. 

P.  409,  1.  2.  Alcibiades).  Cf.  Plutarque,  Vie  d'Al- 
cibiade  :  «  On  dit  davantage  qu'il  avoit  la  langue  un 
peu  grasse,  ce  qui  ne  luy  seoit  pas  mal,  ains  donnoit 
une  certaine  grâce  naifve  &  attrayante  à  son  parler.  » 
(i,  fMjO  v°.) 

P.  409,  1.  2.  Jiilius  Ca-sar).  Id.,  Vie  de  César,  i, 
f"  493  V. 

P.  409,  1.  16.  La  morgue  de  Constantius).  Cf. 
Ammien  Marcellin  :  «  Nec  extersisse  unquàm  nares 
in  publico,  nec  spuissc,  nec  transtulissc  in  partem 
alterutram  \Taltum  aliquando,  visus  est.  »  (XXI,  xvi.) 

P.  411,  1.  15.  Fous  pouvei  penser).  Cette  idée  que, 
du  moment  que  nous  ne  nous  connaissons  pas  nous- 
mêmes  nous  ne  pouvons  pas  connaître  ce  qui  est 
hors  de  nous,  revient  constamment  dans  l'essai  II, 

XII. 

P.  411,  1.  22.  La  curiosité).  «  Cognosccndi  studium 


homini  dédit  Deus  ejus  torquendi  gratia.  »  {EccL,  i.) 
Cette  sentence  figurait  sur  les  travées  de  la  biblio- 
thèque de  Montaigne.  Le  passage  de  l'Ecclésiaste 
auquel  Montaigne  fait  allusion  pourrait  bien  être  le 
suivant,  ainsi  que  l'a  obser\é  miss  Grâce  Norton 
dans  ses  Studies  in  Montaigne,  p.  167  :  «Et  proposui 
in  animo  meo  quserere  et  investigare  sapienter  de 
omnibus  quœ  fiunt  sub  sole.  Hanc  occupationem 
pessimam  dédit  Deus  filiis  hominum  ut  occuparen- 
tur  in  ea.  »  On  trouve  des  sentences  analogues  dans 
l'essai  I,  xxvii,  p.  237,  1.  7;  et  aussi  II,  xii,  p.  207, 
1.4. 

P.  412,  1.  9.  J'en  suis  arrosé).  Cette  opposition 
semble  être  inspirée  par  Sénéque,  ci.  l'essai  I,  xxv, 
p.  181,  1.  12  et  la  note. 

P.  412,  1.  21.  Mediocribus  esse poetis).  «Tout  défend 
la  médiocrité  aux  poètes,  et  les  dieux,  et  les  hommes, 
et  les  colonnes  où  l'on  affiche  leurs  ouvrages.  » 
(Horace,  Art  poétique,  372.) 

P.  415,  1.  3.  Verum).  «Mais  rien  de  si  confiant 
qu'un  mauvais  poète.  »  (Martial,  Epigrainincs,  XII, 
LXiii,  13.) 

P.  413,  1.  5.  Diosysius).  Cf.  Diodore  de  Sicile  : 
«  Il  y  envoya,  pour  courir  au  tournoy,  des  chariots 
plus  richement  estoffez  que  nul  autre,  et  des  tentes 
et  des  pavillons  dorez  et  magnifiquement  tapissez 
par  dedans  de  riche  tapisserie,  et  si  envoya  davantage 
des  poètes  et  musiciens.  »  (Amyot,  XIX,  xxviii, 
f°  172  r°.)  «Or  avoit  il  eu  par  le  passé  un  oracle 
par  lequel  les  Dieux  lui  avoient  prédit  qu'il  mourroit 
a  Ihors  qu'il  auroit  vaincu  ceulx  qui  vaudroient 
mieux  que  luy  :  et  luy  rapportoit  cest  oracle  aux 


LIVRE      II,      CHAPITRK      XVII. 


29J 


Carthaginois,  estimant  que  les  Dieux  entendissent 
d'eulx  à  cause  qu'ils  estoient  plus  forts  et  plus  puis- 
sants que  luy.  »  (Amyot,  XV,  xx,  {"  208  r°.)  Au 
reste  Leclerc  reproche  à  Montaigne  d'avoir  «  pris  les 
Lénéennes,  fête  de  Bacchus  célébrée  par  des  concours 
dramatiques,  pour  le  titre  de  la  tragédie,  qui  s'appe- 
lait Lu  Rançon  d' Hector  yy.  L'erreur  est  chez  Amyot 
auquel  Montaigne  a  tout  emprunté. 

P.  414,  1.  I.  Pour  l'excessive  joye).  Ce  n'est  pas 
tout  à  fait  ce  qui  ressort  du  texte  de  Diodore,  mais 
Montaigne  se  souvient  ici  de  ce  qu'il  a  dit  dans 
l'essai  I,  11,  p.  12,  1.  21. 

P.  414,  1.  15.  Ciiiii  relego).  «Quand  je  les  relis, 
j'en  ai  honte,  car  j'y  vois  beaucoup  de  choses  qui 
au  jugement  même  de  leur  auteur  sont  indignes 
d'être  conservées.  »  (Ovide,  Politiques,  I,  v,  15.) 

P.  415,  1.  3.  Comme  dict  Pliitarque).  Dans  les 
Préceptes  de  mariage,  xxvi,  f°  147  v°. 

P.  415,  1.  5.  Si  qijid).  «  Car  tout  ce  qui  plaît,  tout 
ce  qui  charme  les  sens  des  mortels,  c'est  aux  Grâces 
que  nous  en  sommes  redevables.  » 

P.  416,  1.  2.  D'Amafanius  &  de  Rabirius).  Cf. 
Cicéron,  Académiques,  où  on  lit  :  «  Didicisti  enim 
non  posse  nos  Amafmii  aut  Rabirii  similes  esse,  qui 
nuUa  arte  adhibita,  de  rébus  ante  oculos  positis, 
vulgari  sermone  disputant  :  nihil  definiunt,  nihil 
pariiuntur,  nihil  apta  interrogatione  concludunt  : 
nuUam  denique  artem  esse  nec  dicendi,  nec  disse- 
rendi  pu  tant.  »  (I,  11;  t.  IV,  p.  3.) 

P.  416,  1.  15.  Cicero  estime).  Dans  la  traduction  du 
Timce  :  «Difficillimum  autem  est  in  omni  conquisi- 
tione  rationis  exordium.  »  (11;  t.  IV,  p.  428.) 

P.  417,  1.  9.  Brevis  esse).  «Je  me  travaille  à  être 
bref,  je  deviens  obscur.  »  (Horace,  Art  poétique,  25.) 

P.  417,  1.  II.  Platon  dict).  A  ce  sujet  on  peut 
voir  le  Politique,  p.  283;  éd.  de  1546,  p.  211;  les 
Lois,  p.  887;  éd.  de  1546,  p.  870;  toute  la  dernière 
partie  du  Pbédon. 

P.  418,  1.  3.  Messala  se  pleiiit).  Cf.  Tacite,  Dialo- 
gue des  orateurs,  xxxix. 

P.  418,  1.  II.  En  mon  Perigordin).  Montaigne  cite 
une  expression  périgourdine  dans  l'essai  I,  xxv, 
p.  179,  1.  9.  Dans  les  annotations  de  Nicole  Gilles, 
publiées  par  M.  Dezeimeris,  on  lit  à  propos  d'un 


emploi  du  mot  mescbaut  :  «  Je  pansoës  que  ce  mot 
ne  senùt  en  st'usage  qu'aus  paisans  de  mon  pais  de 
Perigort,  qui  noument  ordinerement  meschante  une 
persoune  piteuse,  maigre,  &  mehaignee.  »  (Cf.  Revue 
d'histoire  littéraire  de  la  France,  janvier-mars  1912, 
p.  148.) 

P.  418,  1.  19.  Quant  au  Latin).  Cf.  Essais,  I, 
xx\i,  225. 

P.  419,  1.  lé.  La  secte  Pcripatetique).  Cf.  Cicéron, 
De  finibus,  IV,  xxiv. 

P.  419,  1.  26.  Agros  diviscre).  «Le  partage  des 
terres  et  leur  distribution  furent  réglés  à  la  propor- 
tion de  la  beauté,  de  la  force  et  de  l'esprit;  car  la 
beauté  et  la  force  étaient  les  premières  recomman- 
dations. »  (Lucrèce,  V,  1109.) 

P.  420,  1.  6.  C.  Marius).  Cf.  Végèce,  I,  v;  mais 
Montaigne  a  pris  ceci  dans  les  Politiques  de  Juste 
Lipse  où,  à  propos  des  qualités  requises  en  un  soldat, 
il  est  dit  :  «  Nota  tertia,  corpus.  Quod  grande  et 
pra^longum  placuisse  nornuUis  video  :  ut  C.  Mario, 
qui  tironem  exegit  ita  ut  senos  pedes,  vel  certe 
quinos,  et  denas  uncias  haberet.  »  (V,  xii.) 

P.  420,  1.  7.  Le  courtisan).  Il  Cortegiano,  le  célèbre 
ouvrage  de  Castiglione  :  «  Vegnendo  adunque  alla 
qualità  délia  persona  dico  bastar  ch'ella  non  sia 
estrema  in  piccoUezza  ne  in  grandezza  perché  e  l'una 
e  l'altra  di  queste  condizioni  porta  seco  una  certa 
dispettosa  maraviglia,  e  sono  gli  omini  di  tal  sorte 
mirati  quasi  di  quel  modo  che  si  dirano  le  cose 
mostruose...  »  (I,  xx.) 

P.  420,  1.  12.  Dict  Aristote).  Dans  la  Morale  à 
Niconiaque,  IV,  vu. 

P.  420, 1. 15.  Les  A:tljiopes).  Aristote,  Politiques,  IV, 
xLiv,  mais  il  semble  que  Montaigne  a  pris  ceci  dans 
le  commentaire  de  Le  Roy  dit  Regius  :  «  Aristote,  au 
quatrième  et  au  septième  livre  de  ceste  oeuvre  escrit, 
que  les  .iEthiopes  et  les  Indiens  souloient  en  élisant 
leurs  roys  et  magistrats,  avoir  égard  à  la  beauté  et 
procérité  des  personnes.»  (Éd.  1575,  f"  35  r°.)  Le 
même  fait  est  rapporté  chez  Corneille  Agrippa,  De 
occulta  philosophia,  II,  xxvii,  passage  où  est  men- 
tionnée en  outre  cette  idée  que  certains  philosophes 
admettent  une  relation  intime  entre  la  beauté  du 
corps  et  les  qualités  de  l'âme. 


294 

P.  420,  1.  20.  Ipse).  «Au  premier  rang  marche 
Turnus,  les  armes  à  la  main,  superbe  et  dépassant 
de  la  tète  tous  ceux  qui  l'entourent.  »  (Virgile, 
Enéide,  VII,  783.) 

P.  420,  1.  24.  Spcciosus).  «  Il  était  le  plus  beau 
d'entre  les  fils  des  hommes.  »  (Psaumes,  XLV,  m.) 

P.  421,  1.  I.  Et  Platon).  Dans  la  République  : 
«  Nam  &  gravissimos  homines  &  fortissimos  decet 
eligere,  &  quod  fieri  potest  speciosissimos.  «  (VII, 
p.  535;  éd.  de  1546,  p.  62e.) 

P.  421, 1.  6.  Au  pauvre  Philopœiiicn).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Philopémen  :  «  Quant  à  ce  qu'ilz  allèguent 
d'une  siene  hostesse  en  la  ville  de  Megare,  qui  le 
prit  pour  un  valet,  cela  advint  pour  sa  facilité,  en 
ce  qu'il  faisoit  peu  de  compte  de  soy  &  se  vestoit 
tousjours  fort  simplement  :  car  ceste  hostesse  siene 
aiant  esté  advertie,  que  le  capitaine  gênerai  des 
Acheiens  venoit  loger  en  son  logis,  se  travailloit 
&  se  tourmentoit  pour  luy  apprester  à  soupper,  à 
cause  que  d'adventure  son  maiy  ne  se  trouva  pas 
pour  lors  en  la  maison,  &  sur  ce  poinct  Philopœmen 
arriva,  vestu  d'un  pauvre  manteau.  Elle  le  volant  en 
ceste  habit,  pensa  que  ce  fust  quelqu'un  de  ses  seni- 
teurs  qui  vint  devant  pour  luy  apprester  son  logis  : 
si  luy  pria  de  la  vouloir  aider  à  faire  la  cuisine  : 
&  lu}'^  posant  incontinent  son  manteau,  se  meit  à 
fendre  du  bois.  Mais  en  ces  entrefaittes  le  mary  arriva, 
qui  le  trouvant  ainsi  embesongné,  luy  demanda. 
Ho  ho,  que  veult  dire  cela,  seigneur  Philopœmen? 
Non  autre  chose,  luy  respondit  il  en  sa  langue 
Dorique,  sinon,  que  je  porte  la  peine  de  ce  que  je 
ne  suis  pas  beau  filz  ny  homme  de  belle  apparence.  » 
(i,  f"  249  V.) 

P.  421, 1.  26.  Uiuie  rii^eut).  «  Aussi  ai-jc  les  jambes  et 
la  poitrine  hérissées  de  poils.  »  (Martial,  Epigrammes, 
II,  xxxvi,  5.)  Le  texte  de  Martial  est  : 

«  Nunc  tibi  crura  pilis  et  sunt  tibi  pcctora  setis 
»  Horrida...  » 

P.  422,  1.  I.  Bien  avant  en  mon  aage).  Jusqu'à 
quarante-cinq  ans.  Cf.  à  ce  sujet  l'essai  II,  xxxvn, 
et  mon  ouvrage  sur  Les  Sources  et  l 'Évolution  des  Essais, 
t.  I,  p.  29e. 

P.  422,  1.  5.  Minuiatiin).   «Peu  à  peu  les  forces 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


et  la  vigueur  de  la  maturité  sont  brisées  par  l'âge, 
et  le  déclin  commence.  »  (Lucrèce,  II,  1131.) 

P.  422,  1.  9.  Singula).  «  Un  à  un  tous  nos  biens 
nous  sont  dérobés  par  les  années  qui  passent.  » 
(Horace,  Épitres,  II,  11,  55.) 

P.  422,  1.  II.  D'un  père  très  dispost).  Cf.  essai  II, 
II,  p.  15,  sur  l'agilité  de  ce  père. 

P.  422,  1.  23.  Clorre  à  droit).  Cf.  essai  I,  xl, 
p.  239,  1.  15.  Mais  en  tout  ceci  Montaigne  passe 
peut-être  un  peu  la  mesure.  C'est  au  moins  ce  qu'il 
faut  penser  de  cette  affirmation  qu'il  ne  sait  «  pas 
écrire  »  :  le  manuscrit  de  Bordeaux  n'est  pas  indé- 
chiffrable. 

P.  423,  1.  7.  Molliter).  «  Le  plaisir  de  l'étude 
faisant  oublier  la  fatigue.  »  (Horace,  Satires,  II, 
II,  12.) 

P.  423,  1.  13.  Tanti  mihi).  «A  ce  prix  je  ne  vou- 
drais pas  tout  le  sable  du  Tage  avec  l'or  qu'il  roule 
à  la  mer.  »  (Juvénal,  m,  54.)  Montaigne  substitue 
«  mihi  »  à  «  tibi  ». 

P.  424,  1.  4.  Non  agininr).  «Le  vent  favorable  du 
nord  (l'aquilon)  n'enfle  pas  mes  voiles,  mais  aussi 
le  vent  contraire  du  sud  (l'auster)  ne  trouble  pas 
ma  course  paisible.  En  force,  en  talent,  en  figure, 
en  vertu,  en  naissance,  en  biens,  je  suis  des  derniers 
de  la  première  classe,  mais  des  premiers  de  la  der- 
nière. »  (Horace,  Épitres,  II,  11,  201.) 

P.  425,  1.  2.  /('  loge  ce  que  ma  nonchalance).  Mé- 
nage conte  que  Montaigne  écrivait  sur  son  livre  de 
dépenses:  «Item,  pour  mon  humeur  paresseuse,  mille 
livres.  »  Mais  il  se  pourrait  que  ce  passage  de  Mon- 
taigne fût  l'unique  source  à  laquelle  Ménage  se 
rapporte. 

P.  425,  1.  4.  Hax  ncinpe).  «  Le  voilà  ce  superflu 
qui  échappe  aux  yeux  du  maître  et  dont  les  voleurs 
s'accommodent.  »  (Horace,  Épitres,  I,  vi,  45.)  Le 
texte  d'Horace  est  passablement  modifié  : 

«  Exilis  doiiius  est,  ubi  non  et  multa  supersunt  : 
»  Et  dominum  fallunt,  et  prosunt  furibus.  » 

P.  425,  1.  19.  M'applique  à  eux).  Allusion  au  vers 
d'Horace  qui  est  cité  dans  l'essai  I,  xxxix,  p.  318, 
i.  3. 

P.  426,  1.  7.  Duhia).   «  Les  maux  incertains  sont 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XVII. 


295 


ceux  qui  nous  touroientent  le  plus.  »  (Sénèque, 
Agameinnon,  III,  i,  29.)  Citation  prise  dans  les  Poli- 
tiques de  Juste  Lipse,  V,  xviii. 

P.  426,  1.  15.  Cet  exemple  d'un  gentil'lmnme).  On 
trouve  un  récit  semblable  dans  les  Sérées  de  Bouchet, 
et  il  ne  semble  pas  que  le  récit  de  Bouchet  ait  été 
pris  aux  Essais.  Peut-être  s'agjt-il  du  même  person- 
nage puisque  Montaigne  dit  que  «  plusieurs  l'ont 
cogneu  » . 

P.  427,  1.  4.  Spcin  prclio).  «  Je  n'achète  pas  l'espé- 
rance à  ce  prix.  »  (Térence,  Adelphcs,  II,  11,  11.) 

P.  427,  1.  7.  Alter  renins).  «Qu'une  de  mes  rames 
batte  les  flots,  et  que  l'autre  suive  le  sable  du  rivage.» 
(Properce,  III,  m,  23.) 

P.  427,  1.  15.  Caplenda  reluis).  «Dans  le  malheur 
il  faut  prendre  les  résolutions  téméraires.  »  (Sénèque, 
AgaineiniKVi,  II,  i,  47.) 

P.  427,  1.  22.  Cni  sit).  «  Qui  jouit  d'une  condition 
douce  sans  affronter  la  poussière  de  la  victoire.  » 
(Horace,  Epltres,  I,  i,  51.) 

P.  428,  1.  7.  Tiupe  est).  «  Il  est  honteux  de  se 
charger  la  tête  d'un  poids  que  l'on  ne  saurait  porter, 
pour  fléchir  bientôt  des  genoux  et  se  soustraire  au 
fardeau.  »  (Properce,  III,  ix,  5.) 

P.  428,  1.  18.  Ninic,  si).  «  A  présent,  si  ton  ami 
ne  nie  pas  le  dépôt  que  tu  lui  as  confié,  s'il  te  rend 
ta  vieille  bourse  avec  sa  vieille  monnaie  intacte,  c'est 
un  prodige  de  bonne  toi  qui  mérite  d'être  inscrit 
dans  les  livres  toscans  et  qu'il  faut  expier  en  immo- 
lant une  jeune  brebis.  »  (Juvénal,  xiii,  60.) 

P.  429,  I..10.  Nihil  est  tant).  «Il  n'y  a  rien  de  si 
populaire  que  la  bonté.  »  (Cicéron,  Pro  Ligario,  x.) 

P.  429,  1.  17.  Rompre  le  col  aux  affaires).  Voir  en 
particulier  à  ce  sujet  l'essai  III,  i. 

P.  430,  1.  3.  Aristote  estime).  Dans  la  Morale  à 
Nicomaque,  IV,  viii. 

P.  430,  1.  6.  Apollonius  disait).  Cf.  les  Lettres 
d'Apollonius  (lxxxiii)  dont  une  traduction  avait  été 
donnée  à  Bâle  en  1554. 

P.  430, 1.  21.  Comme  ont  faict  aiuiins  de  nos  princes). 
Charles  \'III;  Cf.  Gilles  Corrozet,  Propos  mémorables, 
éd.  de  1557,  p.  56. 

P.  430,  1.  24.  Metellus  Macedonicus).  Cf.  Aurelius 
Victor,  De  viris  ilhistribus,  lxvi.  Ce  fait  se  trouve  chez 


tous  les  compilateurs  et  moralistes  du  xvi^  siècle  : 
Cf.  Messie,  Diverses  leçons,  I,  iv;  Du  Verdier,  Suite 
des  Diverses  leçons,  III,  xxxvi;  Droit  de  Gaillard, 
Méthode  de  l'histoire,  p.  535;  Crinitus,  De  honesta 
disciplina,  XIX,  vu;  Cousteau,  le  Pegme,  traduction 
française  de  1560,  p.  145;  Budé,  Institution  du  prince, 
XLiv;  Erasme,  Apophtegmes,  I,  v;  Brusonius,  Apoph- 
tegmes, VI,  x;  voir  aussi  Plutarque,  Du  trop  parler, 
f"  92  v°;  etc.  Notons  que  le  De  viris  ilhistribus, 
attribué  à  Pline  le  Jeune,  était  publié  à  la  suite  de 
ses  œuvres. 

P.  430,  1.  26.  Ouo  quis).  «  Plus  on  est  fin  et 
adroit,  plus  on  est  odieux  et  suspect,  si  l'on  perd  sa 
réputation  d'honnêteté.  »  (Cicéron,  De  officiis,  II,  ix.) 

P.  431,  1.  3.  Tibère),  ^'oir  entre  autres  Tacite, 
Annales,  I,  xi. 

P.  431,  1.  7.  Cens  qui,  de  nostre  temps).  Allusion 
à  Machiavel  dont  le  Prince  était  alors  l'objet  de 
nombreuses  controverses.  Montaigne  retrouve  cette 
opinion  de  Machiavel  discutée  dans  un  chapitre  du 
Thesoro  politico,  II,  \,  qui  est  intitulé  :  Trattato,  nel 
quale  si  oppugna,  e  confuta  l'ignominiosa  opinione  del 
Macchiavello,  il  quale  non  si  è  vergognato  di  dire,  esser 
lecito  ad  un  Principe  mancare  di  parola,  et  rompere  la 
fede,  quando  se  gli  mostra  occasione  di  un  bel  gioco  per 
beneficio  del  suo  Stato.  Et  si  mostra  che  quel  Prencipe, 
il  quale  si  mettesse  à  seguire  una  taie  opinione,  non  sola- 
mente  si  fnrebbe  perpeluamente  infâme,  et  abhominevole, 
ma  ancora  condurrebbe  ad  estrema  ruina  lo  Stato,  et  la 
vita. 

P.  431,  1.  13.  Lcguein  qui).  Cf.  le  Thesoro  politico  : 
«  Per  dire  verità  non  si  puô  sanamente  negare  che 
il  più  solido  fondamento  d'ogni  principato  non  sia 
la  fama,  et  buona  riputazione,  cosi  verso  i  suoi, 
come  verso  i  stranieri.  Quale  riputatione  puô  dunque 
havere  il  Prencipe  tra  il  suo  popolo,  o  verso  gli  altri, 
se  ha  nota  d'infedeltà,  di  mancadore  di  fede,  et  di 
abbominevole  spergiuro,  senza  osservatione  della 
parola.  Il  Macchiavello  per  coprire  l'errore  suo,  che 
non  fa  ignorantemente,  dice,  che  ciô  aviene  alcune 
volte  moto  a  proposito  per  il  bene  degli  affari  del 
Prencipe,  et  che  l'occasione  passata  non  si  ricupera 
mai  più.  Quai  maggiore  pazzia  poteva  egli  allegare 
à  sua  confusione,  che  concludendo  come  fà,  che  il 


296 

Prencipe  non  hà  d'haver  riguardo  all'obligatione  délia 
fede,  se  il  bene  dello  Stato  suo  présenta  occasione  per 
violarla  ?  niuna  certo.  Ne  secondo  Dio,  ne  seconde  la 
dispositione  de  gli  affari  humani  sarebbe  necessario 
che  i  Prencipi  fossero  tali.  Perché  sarebbe  la  vera 
strada  di  non  veder  mai  tra  noi,  che  fuoco,  et  san- 
gue...  Per  l'istessa  consideratione  si  pottrebe  anco 
dire,  che  alcune  volte  fosse  bene  saccheggiare  le 
Chiese,  rubare  gli  Altari,  opprimere  gli  innocenti, 
et  favorire  i  ribaldi  :  Perché  non  ci  è  vitio  tanto 
abominevole,  ô  misfatto  cosi  brutto,  che  per  un 
tempo  non  porti  seco  qualche  specie,  ô  colore  di 
bene,  et  in  sua  stagione  non  giovi  a  chi  lo  commette, 
quando  bene  non  fosse  questione  d'altro  che  d'haver 
effettuato  la  sua  corrotta  volonià.  Se  questo  non 
fosse,  havressimo  noi  tanti  homicidarij,  falsari,  sacri- 
legi,  et  genti  macchiate  di  tali  obbrobriosc  iniquità,  se 
non  ne  ricevessero  qualche  commodità  temporale  ? ...  » 
(II,  V.) 

P.  431,  1.  16.  Infinis  damages).  Ct.  le  Tbcsoro  poli- 
tico  :  «  Tutti  i  Prencipi  che  teniranno  queste  strade 
cadono  in  un'altra  penitenza,  cioè  che  quando  diranno 
verità,  alcuno  non  gli  crederà,  ne  si  fiderà.  »  (II,  v.) 

P.  431,  1.  18.  Sdiman,  de  la  race).  Cf.  Paul  Jove, 
Hisioriarum  sni  temporis  libri  :  «  In  hoc  decreto  erat 
barbarus  imperator  quum  ceitius  didicit  a  suis  nulla 
fiide  cum  Castrensibus  rem  gestam  fuisse,  qui  dedi- 
tione  facta  secus  ac  crediderant  pro  benefîcio,  summœ 
crudelitatis  atque  avaritiœ  contumelias  retufissent, 
direpti  scilicet  et  abducti  in  servitutem,  quum  inco- 
lumi  libertate  salvas  omnium  fortunas  fore  speravis- 
sent.  Quo  maleficio  suggillari  majestatis  nomen 
judicabat,  qui  semper  in  sponte  dcditos  fidei  atque 
justitias  observantissimus  esse  consuesset.  Captandos 
siquidem  Christianorum  animos  certa  spe  humani- 
tatis  atque  clementiae,  ut  in  exemplum  idem  reliquat 
gentes  adducerentur,  nec  esse  omni  bellica;  cladis 
acerbitate  divexandos,  qui  ultro  honesta  pactione 
a  veteribus  dominis  deficerent.  Itaque  expiandam 
omnino  esse  ejus  patrati  facinoris  infamiam  putavit, 
generosoque  animo  quos  ceperit  maleficii  authores 
fuisse,  supplicio  affecit,  et  Castrenses  captivos  omnes 
diligentissime  perquisitos  impositosque  navigiis"  ad 
pénates  suos  reduci   jussit.  »   (XXXVI,  f"  187  v°.) 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


Dans  le  même  temps  Montaigne  rencontrait  ce 
même  récit  dans  le  Thesoro  poUî'ico  et  il  est  manifeste 
que  c'est  le  texte  du  Thesoro  politico  qu'il  a  suivi  : 
«  Solimano  che  fù  stimato  Prencipe  più  savio  tra  tutti 
gli  Ottoman! . . .  havendo  inteso  quando  fece  descendere 
la  sua  armata  verso  Ottronto  l'anno  del  1537,  che 
Mercurino  de  Gatinari,  et  i  Cittadini  di  Castro,  erano 
stati  fatti  prigioni  alla  restitutione,  che  fecero  délia 
piazza,  contra  la  fede  promessagli,  commando  incon- 
tinente che  fossero  rilassati,  dicendo,  che  non  erano 
i  modi  che  bisognava  pratticare  per  guadagnare  il 
cuore,  et  la  volontà  délie  nazioni  straniere,  il  man- 
care  perfidiosamente  délia  parola  sua,  quando  una 
volta  é  stata  promessa.  »  (II,  v.)  Dans  le  même 
chapitre  du  Thesoro  politico  sont  rappelés  plusieurs 
exemples  de  la  délovauté  des  Ottomans  à  laquelle 
Montaigne  fiit  allusion. 

P.  432,  1.  13.  Ny  asse^  de  ineinoire).  Ces  idées  ont 
été  présentées  objectivement  dans  l'essai  I,  ix;  Mon- 
taigne les  analyse  maintenant  en  lui-même. 

P.  432, 1.  18.  Aristippns  disait).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  d'Aristippe  :  «  Interrogatus  quidnam  sibi  ex  Phi- 
losophie studiis  quœ.sisset,  posse,  inquit,  omnibus 
fidenter  loqui.  »  (II,  Lxvin,  p.  138.) 

P.  432,  1.  21.  Elle  me  manque  du  tant).  Ct.  les 
essais  I,  ix,  et  III,  ix,  où  après  1580  Montaigne 
reprendra  longuement  ces  plaintes  contre  sa  mémoire. 

P.  433,  1.  25.  Cet  cjfaict).  Cf.  à  ce  sujet  l'essai  I, 

XXI. 

P.  434,  1.  21.  Messala  Corviniis).  Cf.  Pline,  His- 
toire naturelle,  VII,  xxiv,  où  il  est  dit  ssulemcnt  que 
Messala  Corvinus  oublia  son  nom.  Il  en  est  de  même 
chez  Messie,  Diverses  leçons,  III,  viii,  où  l'allégation 
de  Pline  est  répétée.  Montaigne  a  lu  des  réflexions 
sur  des  exemples  semblables  chez  Laurent  Joubert, 
Questions  vulgaires  :  quel  langage  parlerait  un  enfant... 
(Éd.  de  1579,  p.  588),  où  l'autorité  Je  Rondelet 
est  alléguée. 

P.  434,  1.  22.  George  Trape^unce).  Le  fait  est  men- 
tionné dans  des  compilations  sur  la  mémoire.  Cf.  par 
exemple  Messie,  Diverses  leçons,  III,  viii. 

P.  434,  1.  26.  Mcmoria  ccrte).  «  Il  est  certain  que  la 
mémoire  est  le  réceptacle  unique  non  seulement  de 
la  philosophie,  mais  encore  de  tout  ce  qui  concerne 


LIVRE     II,      CHAPITRE      XVII. 


297 


la  pratique  de  la  vie  et  de  tous  les  arts.  »  (Cicéron, 
Académiques,  II,  vu.) 

P.  434,  1.  28.  Pîeiius  rimanim).  «  Je  suis  tout 
percé  de  trous;  je  perds  de  tous  les  côtés.  »  (Térence, 
Eunuque,  I,  11,  25.)  L'édition  de  Montaigne  (Bàle 
1538)  donne  la  leçon  «perfluo». 

P.  435,  1.  3.  Die  Cicero).  Dans  le  De  senectute  : 
«  Nec  vero  quemquam  senum  audivi  oblitum  quo 
loco  thesaurum  obruisset.  »  (vu.) 

P.  435,  1.  6.  Je  sçay).  Cf.  une  déclaration  toute 
semblable  au  début  de  l'essai  I,  xxvi. 

P.  436,  1.  8.  Le  jeune  Pline).  Coste  renvoie  à 
l'épître  III,  V.  Je  doute  que  Montaigne  fasse  allusion 
à  cette  épître,  mais  je  n'ai  pas  trouvé  de  meilleure 
source  à  indiquer. 

P.  437,  1.  10.  On  conjectura).  C'est  Démocrite  qui 
jugea  ainsi  des  heureuses  dispositions  de  Protagore; 
cf.  Aulu-Gelle,  V,  m.  Le  fait  doit  se  placer  à  Abdère, 
et  non  à  Athènes. 

P.  437,  1.  25.  Nasutus  sis).  «Soyez  fin,  assez  du 
nez,  mais  un  nez  comme  Atlas  n'en  voudrait  pas,  et 
confondez  par  vos  plaisanteries  Latinus  en  personne, 
vous  ne  parviendrez  pas  à  dire  pis  de  ces  bagatelles 
que  je  n'en  ai  dit  moi-même.  Pourquoi  mâcher  dans 
le  vide?  Il  faut  de  la  chair  pour  mordre  et  se  rassas- 
sier.  Ici,  vous  perdez  votre  peine;  répandez  ailleurs 
votre  venin  sur  ceux  qui  s'admirent  :  car,  pour  moi, 
je  sais  que  tout  ceci  n'est  rien.  »  (Martial,  Epigramiiies, 
XIII,  II,  I.) 

P.  438,  1.  13.  /(•  vis  un  jour).  Au  mois  de  sep- 
tembre 1559.  Le  roi  François  II  conduisait  alors  en 
Lorraine  Claude  de  France,  sa  sœur,  mariée  à 
Charles  III,  duc  de  Lorraine.  Passant  à  Bar  en  1580, 
Montaigne  a  mentionné  dans  son  Journal  de  voyage 
(p.  62),  qu'il  y  «  avoit  esté  autresfois». 

P.  438,  1.21.  Ne  si,  ne  no).  «  Le  cœur  ne  me  dit 
ni  oui  ni  non.»  (Pétrarque,  sonnet  cxxxv;  édition 
de  1550,  sonnet  cxxxvi,  p.  246.)  Montaigne  a  pris 
cette  citation  dans  la  Civil  conversation  de  Guazzo,  I. 

P.  438, 1.  24.  Le  philosophe  Chrysippus).  Cf.  Diogène 
Laérce,  Vie  de  Chrysippe  :  «  Nec  in  philosophia  me- 
diocris  fuit,  vir  ingeniosus  ac  acutissimus  in  omni 
génère  orationis,  adeô  ut  in  plerisque  dissentiret  à 
Zenone    atque   à    Cleanthe    ipso,    cui    sxpenumero 


dicebat,  solius  se  dogmatum  doctrina  indigere.  Nam 
probationes  se  reperturum.  »  (VII,  CLXxix,  509.) 

P.  439,  1.  9.  Diini  in  dubio).  «Lorsque  l'esprit  est 
dans  le  doute,  le  moindre  poids  le  détermine  à  pencher 
d'un  côté  ou  d'un  autre.  »  (Térence,  Andrienne,  I,  vi, 
32.)  Je  trouve  dans  l'édition  de  Montaigne  «  hue  illuc  ». 
P.  439,  1.  14.  Sors  cecidit).  «Le  sort  tomba  sur 
Mathias.  »  (^Aclcs  des  Apôtres,  I,  xxvi.) 

P.  439,  1.  16.  Gleve  double  et  dangereus).  Pour  la 
même  image,  cf.  les  essais  I,  xxv,  p.  181,  1.  15,  et 
II,  XII,  p.  306,  1.  16.  Voir  les  notes. 

P.  439,  1.  26.  Ipsa  consuetudo).  «L'habitude  même 
de  donner  son  assentiment  paraît  dangereuse  et  glis- 
sante. »  (Cicéron,  Académiques,  II,  xxi.) 

P.  440, 1.  l.Justa  pari).  «  Ainsi,  lorsque  ses  plateaux 
sont  chargés  d'un  poids  égal,  la  balance  ne  s'abaisse 
ni  ne  s'élève  d'aucun  côté.  »  (Tibulle,  IV,  i,  40.) 

P.  440,  1.  6.  Y  a-il  eu  grand  aisance).  Allusion  à 
l'ouvrage  de  Gentillet  intitulé  :  Discours  sur  les  moyens 
de  bien  gouverner...,  paru  pour  la  première  fois  au 
début  de  l'année  1576,  auquel  Montaigne  a  fait  plu- 
sieurs emprunts.  C'est  une  réplique  au  Prince  de 
Machiavel  et  à  ses  Discours  sur  la  première  décade  de 
Tite-Live;  on  désignait  cet  ouvrage  sous  le  nom  de 
«  r Anti-Machiavel  ». 

P.  440,  1.  12.  Ca'diinur).  «L'ennemi  nous  frappe, 
et  nous  lui  rendons  coup  pour  coup.  »  (Horace, 
Épitres,  II,  11,  97.) 

P.  441,  1.  9.  Nunquam  adeo).  «  Il  n'est  pas  d'exem- 
ples si  honteux  et  si  infâmes  qu'on  n'en  puisse  citer 
d'encore  pires.  »  (Juvénal,  viii,  183.) 

P.  442,  1.  22.  Si  vous  aves  pris).  Montaigne  avait 
commis  cette  confusion  dans  l'essai  III,  xiii. 

P.  443,  1.  20.  Mihi  nempe).  «Vivre  et  me  bien  por- 
ter, voilà  toute  ma  philosophie.  »  (Lucrèce,  V,  959.) 
Adapté  de  «  sibi  quisque  valere  et  vivere  doctus  ». 

P.  444,  1.  5.  Neuio  in  sese).  «Personne  ne  tente 
de  descendre  en  soi-même.  »  (Perse,  iv,  23.) 

P.  444, 1.  20.  Omnino,  si).  «S'il  est  quelque  chose  de 
louable,  c'est  assurément  l'uniformité  de  la  conduite 
qui  ne  se  dément  dans  aucune  action  particulière; 
et  le  moyen  d'observer  cette  uniformité,  si  l'on  aban- 
donne sa  manière  d'être  pour  copier  celle  d'autrui  ?  » 
(Cicéron,  De  ojjiciis,  I,  xxxi.) 


298 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  447,  1.   ).  Je  reloiiibe  ivlonliers).   Cf.  l'essai  I, 

XXVI. 

P.  44S,  1.  I.  Faciasnc  qiiod).  «  Ferez-vous  ce  que 
fît  autrefois  Polémon  converti?  Quitterez-vous  la 
livrée  de  la  débauche,  les  bandages,  les  coussins,  les 
vaines  parures,  comme  on  raconte  de  ce  jeune 
débauché  qui,  assistant  un  jour  par  hasard  à  une 
leçon  de  l'austère  Xénocrate,  arracha  de  son  front  et 
jeta  à  la  dérobée  les  fleurs  dont  il  était  couronné  à  la 
mode  des  buveurs?»  (Horace,  Satires,  II,  m,  253.) 

P.  448,  1.  10.  Plus  sapil  vtilgtis).  «  Le  vulgaire  est 
plus  sage  parce  qu'il  n'est  sage  qu'autant  qu'il  le 
faut.  »  (Lactance,  Institutions  divines,  III,  v.)  Citation 
prise  aux  Politiques  de  Juste  Lipse,  I,  x. 

P.  448,  1.  14.  Mareschal  Siroi^i).  Dans  le  Journal 
de  ivyage  (p.  56),  on  voit  Montaigne  s'enquérir  du 
tombeau  de  Strozzi.  Strozzi  est  mort  au  siège  de 
Thionville,  le  20  juin  1558.  Dans  l'essai  II,  xxxiv, 
Montaigne  le  louera  d'avoir  choisi  pour  livre  de 
chevet  les  Commentaires  de  César  (p.  545,  1.  6).  Il 
importe  de  se  rappeler,  quand  on  lit  le  jugement  de 
Montaigne,  que  Strozzi  était  athée  et  mourut  en 
athée. 

P.  448,  1.  18.  Aurai).  En  latin  Auratus,  en  fran- 
çais Daurat  ou  Dorât.  Poète  savant  qui  eut  une 
grande  influence  sur  la  Pléiade  dont  il  faisait  partie. 
Il  fut  au  collège  de  Coqueret  le  maître  de  Ronsard, 
de  Baïf  et  de  du  Bellay.  En  tète  de  volumes  de  tout 
genre  on  lit  des  pièces  liminaires  de  Daurat  qui 
attestent  la  faveur  dont  il  jouissait  de  son  temps. 
Du  Verdier  nous  dit  qu'il  a  composé  plus  de  cin- 
quante mille  vers,  grecs,  latins  et  français.  Beaucoup 
de  ces  vers  parurent  dans  des  recueils  et  il  est  impos- 
sible de  déterminer  ceux  que  Montaigne  a  connus. 
Ses  œuvres  furent  réunies  en  1586,  après  la  date  à 
laquelle  ce  jugement  à  été  inséré  dans  les  Essais. 

P.  448,  1.  18.  Be:^e).  Théodore  de  Bèze.  Nous 
a.vons  un  exemplaire  de  la  seconde  édition  de  ses 
poèmes  qui  porte  au  titre  la  signature  de  Montaigne  : 
Theodori  Be:^e  Ve^elii  poematum  editio  secunda,  ab  eo 
recognita.  Item,  ex  Georgio  Buchanano  aliisque  variis 
insignibus  poetis  excerpta  carmina,  prxsert inique  epigram- 
maia  (1569).  De  plus  il  possédait  une  édition  non 
expurgée  de  ces  mêmes  poèmes,  comme  le  prouve 


une  citation  des  Essais.  A  Rome  on  reprocha  à  Mon- 
taigne d'avoir  nommé  des  hérétiques  parmi  les  plus 
grands  poètes  {Journal  de  voyage,  p.  250)  :  il  s'agissait 
de  Bèze  et  de  Buchanan. 

P.  448,  1.  18.  Buchanan).  Outre  les  épigrammes 
contenues  dans  le  recueil  cité  à  la  note  précédente", 
Montaigne  a  connu  et  probablement  su  par  cœur, 
au  moins  en  bonne  panie,  les  tragédies  de  Buchanan 
qu'il  représenta  avec  ses  caniarades  au  collège  de 
Guyenne  :  Jephte,  Baptistes  sive  Cahimnia.  Il  est  vrai- 
semblable aussi  qu'il  lut  sa  paraphrase  des  Psaumes,  très 
célèbre  et  fréquemment  réimprimée  au  xvi^  siècle. 
Sur  Buchanan,  voir  l'essai  I,  xxvi,  p.  226,  1.  26,  et 
la  note. 

P.  448,  1.  18.  L'Hospital).  Ses  six  livres  de  Ser- 
niones  furent  publiés  seulement  en  1585.  Fort  peu  de 
ses  vers  avaient  paru  lorsque  Montaigne  l'inscrivait 
ainsi  parmi  les  meilleurs  poètes.  Sans  doute  il  avait 
lu  une  partie  de  ses  œuvres  en  manuscrit. 

P.  448,  1.  18.  Mont-doré).  En  latin  Montaureus. 
Maître  des  requêtes  et  bibliothécaire  du  roi,  mathé- 
maticien, chassé  d'Orléans  sa  patrie  pour  ses  attaches 
avec  la  Réforme,  mort  en  1581.  A  la  fin  de  .sa  tra- 
duction d'Euclide,  dans  son  commentaire  du  dixième 
livre  d'Euclide  (15  51),  on  trouve  une  pièce  de  vers 
importante;  on  lui  attribue  également  un  éloge  de 
Poltrot  de  Méré  en  vers  latins.  On  trouvera  une 
bonne  partie  de  ses  vers  dans  un  recueil  paru  au  début 
du  xvn'  siècle  :  Gherus,  Deliciee  poetaruni*galloruni 
Imjus  superiorisque  <Tci  illustrium. 

P.  448,  1.  19.  Turnebus).  Les  poèmes  de  Turnèbe 
avaient  paru  dans  des  recueils  séparés.  Sur  le  cas 
que  Montaigne  faisait  de  Turnèbe,  cf.  les  essais  I, 
XXV,  p.  180,  1.  9;  II,  XII,  p.  142,  1.  27. 

P.  449,  1.  4.  Monsieur  de  la  Noue).  On  trouvera 
un  éloge  de  la  modération  de  La  Noue  dans  la  lettre 
dédicatoire  au  roi  de  Navarre  placée  par  de  Fresne 
en  tète  des  Discours  politiques  et  militaires. 

P.  449,  1.  8.  Marie  de  Gournay).  Sur  ses  relations 
avec  iMontaigne,  cf.  Bonnefon,  Montaigne  et  ses  amis; 
Stapfer,  La  famille  et  les  amis  de  Montaigne. 

P.  449,  1.  16.  Par  les  cinquante  et  cinq  ans).  En 
1588,  lors  de  son  voyage  à  Paris,  Montaigne  fit  un 
séjour  en  Picardie  chez  Marie  de  Gournay. 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XVII. 


299 


Chronologie  :  On  a  pensé  que  cet  essai  est  de 
l'année  1573  ou  des  premiers  mois  de  1574.  Cela 
tient,  je  crois,  à  une  fausse  interprétation.  Montaigne 
écrit  :  «J'ay  la  taille  forte  et  ramassée...  la  santé 
forte  et  allègre  jnsques  bien  avant  en  mon  aage, 
rarement  troublée  par  les  maladies.  J'estois  tel,  car 
je  ne  me  considère  pas  à  cette  heure  que  je  suis 
engagé  dans  les  avenues  de  la  vieillesse  ayant  franchi 
les  quarante  ans.  » 

Si  l'on  infère  de  cette  phrase  que  Montaigne  n'a 
pas  quarante  et  un  ans  au  moment  oi!i  se  place  la 
composition  de  cet  essai,  c'est  bien  à  l'année  1573 
ou  aux  deux  premiers  mois  de  1574  qu'il  la  faut 
fixer;  mais  je  ne  crois  pas  que  ce  sens  soit  le  véri- 
table; il  a  passé  quarante  ans,  mais  rien  ne  dit  qu'il 
n'en  a  pas  quarante  et  un,  ou  quarante-deux,  ou 
davantage.  Montaigne  semble  lui-même  nous  inviter 
à  penser  que  là  est  la  juste  interprétation  lorsque, 
dans  une  édition  postérieure,  il  corrige,  non  en  chan- 
geant le  nombre  quarante,  mais  en  ajoutant  le  mot 
«  pieça  »  :  «  A^'ant  pieça  franchi  les  quarante  ans  »  ; 
quarante  ans  pourrait  bien  être  pour  lui  une  sorte 
de  seuil  de  la  vieillesse.  Nous  concluons  donc  que 
cette  phrase  est  postérieure  au  mois  de  février  1573, 
époque  à  laquelle  Montaigne  atteint  ses  quarante 
ans,  rien  de  plus.  Et  c'est  encore  la  même  conclusion 
que  nous  devons  tirer  de  la  restriction  que  Montaigne 
apporte  à  son  brevet  de  bonne  santé.  Il  déclare  nette- 
ment que  maintenant  sa  santé  est  altérée.  Rien  ne 
permet  de  dire  s'il  fait  allusion  à  la  crise  de  1573  ou 
aux  rudes  accès  de  1578,  ce  qui  me  paraît  plus  vrai- 
semblable. Une  seule  chose  est  certaine  d'après  cette 
affirmation,  c'est  que  l'essai  n'est  pas  antérieur  à  1 573. 
Mais  d'autres  renseignements  complètent  celui-ci. 
Il  est  certain  que  plusieurs  passages  ont  été  écrits  au 
plus  tôt  en  1578. 

1°  Dans  un  développement  sur  sa  propre  manière 
d'écrire,  Montaigne  exprime  son  admiration  pour  le 
style  de  César,  et  ce  jugement  est  certainement  pos- 
térieur à  la  lecture  des  Comiwntaires  (février-juillet 
1578)  :  «Encore  que  les  coupures  et  cadences  de 
Saluste  reviennent  plus  à  mon  humeur,  si  est-ce  que 
je  trouve  Cœsar  et  plus  admirable  et  moins  aysé  à 
imiter.  » 


2°  Il  semble  bien  que  ce  soit  aux  Discours  sur  les 
moyens  de  bien  gouverner,  de  Gentillet,  que  Montaigne 
fait  allusion  dans  ce  passage  :  «  Les  discours  de 
Machiavel  estoient  assez  solides  pour  le  suhjet,  si  y 
a-il  eu  grand  aisance  à  les  combattre;  &  ceux  qui 
les  ont  combattus  n'ont  pas  laissé  moins  de  facillité 
à  combattre  les  leurs  »  ;  or  nous  avons  vu  que  Mon- 
taigne n'a  pas  pu  lire  Gentillet  avant  1576,  et  que 
très  probablement  il  l'a  connu  seulement  vers  1578. 
3"  Montaigne  fait  allusion  au  Dialogue  des  orateurs, 
de  Tacite  :  «  Messala  se  plaint  en  Tacitus  de  quelques 
accoustrements  estroits  de  son  temps  et  de  la  ftçon 
des  bancs  où  les  orateurs  avoierrt  à  parler,  qui  affoi- 
blissoient  leur  éloquence.  »  Or,  en  dehors  de  ce 
passage,  le  Dialogue  des  orateurs  n'est  mentionné  que 
trois  fois  dans  les  essais  de  1580  :  une  fois  à  l'essai 
I,  XXVI,  et  deux  fois  à  l'essai  II,  x  ;  ces  deux  chapitres 
(nous  l'avons  vu)  sont  l'un  et  l'autre  au  plus  tôt 
de  1579.  Cette  remarque  a  d'autant  plus  de  poids 
que  Tacite  ne  semble  pas  être  à  cette  époque 
un  auteur  familier  pour  Montaigne;  ses  grands 
ouvrages  historiques  n'ont  déposé  aucune  trace  dans 
les  essais  de  1580. 

4°  La  remarque  semble  s'appliquer  également  à 
Ammien  Marcellin  :  Montaigne  lui  emprunte  ici  tout 
un  morceau  sur  l'empereur  «  Constantius  »;  or  j'ai 
montré  qu'Ammien  Marcellin  avait  été  lu  par  Mon- 
taigne dans  la  dernière  période  et  que  probablement 
entre  1570  et  1580  il  ne  l'avait  été  que  dans  cette 
dernière  période. 

5°  Certains  passages  semblent  avoir  été  écrits  après 
le  chapitre  De  l'institution  des  enfans  :  «  Je  retombe 
volontiers,  dit  Montaigne,  sur  ce  discours  de  l'ineptie 
de  nostre  institution.  »  Et  il  reprend  effectivement 
son  thème  de  prédilection,  que  nos  maîtres  garnis- 
sent la  mémoire  et  ne  forment  pas  le  jugement. 
Ailleurs,  il  jette  en  passant  cette  incidente  :  «  le  latin 
qui  m'a  esté  donné  pour  maternel.  »  N'est-il  pas 
probable  que  si  Montaigne  n'éprouve  pas  le  besoin 
d'expliquer  comment  la  langue  latine  se  trouve  être 
sa  langue  maternelle,  et  si  une  simple  allusion  lui 
suffit,  c'est  que  déjà  il  a  conté  à  son  lecteur  la 
manière   très  originale   dont   son   père   la   lui   a   tait 


enseii^ner  : 


300 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


6"  Notons  que  cet  essai  est  certainement  postérieur 
à  l'essai  De  la  gloire  :  la  première  plirase  nous  l'in- 
dique. Or,  par  un  emprunt  fait  à  Bodin,  l'essai  De  la 
gloire  nous  a  paru  avoir  beaucoup  de  chances  d'être 
de  la  dernière  période. 

7"  Faut-il  enfin  rappeler,  quoique  cet  argument 
soit  moins  solide,  avec  quelle  force  Montaigne  assure 
que  «  de  toutes  les  opinions  que  l'ancienneté  a  eues 
de  l'homme,  celles  qu'il  embrasse  le  plus  volontiers 
et  auxquelles  il  s'attache  le  plus,  ce  sont  celles  qui 
nous  mesprisent,  avilissent  et  anéantissent  le  plus. 
La  philosophie  ne  lui  semble  jamais  avoir  si  beau 


jeu  que  quand  elle  combat  nostre  présomption  et 
vanité...»?  Si  je  ne  me  trompe,  pour  que  Montaigne 
écrive  ces  lignes,  il  faut  qu'il  ait  été  déjà  séduit  par 
le  pyrrhonisme. 

Tous  ces  faits  réunis  nous  invitent  à  penser  que 
l'essai  De  la  pra'sumption  est  seulement  des  années 
1578  ou  1579.  Si  l'on  veut  à  tout  prix  maintenir 
qu'une  partie  en  a  été  composée  dès  1573  ou  1574, 
au  moins  faut-il  admettre  que  c'en  est  une  partie 
seulement,  et  que  l'essai  a  été  très  profondément 
remanié  par  la  suite. 


Chapitre    XVIII. 


DV      Dt.MEXTIR. 


P.  4)1,  I.  10.  Ca'sar  et  Xcnoplmi).  Rapprocher 
l'essai  I,  xl,  p.  323,  1.  18. 

P.  451,  1.  18.  Non  rccito).  «Je  ne  lis  ceci  qu'à 
mes  seuls  amis,  et  encore  sur  leur  prière;  je  ne  le 
fais  pas  en  tout  lieu  ni  devant  n'importe  quel  audi- 
toire. Il  est  beaucoup  d'auteurs,  au  contraire,  qui 
lisent  leurs  ouvrages  en  plein  forum  et  dans  les  bains 
publics.  »  (Horace,  Satires,  I,  iv,  73.)  Le  texte  est 
celui  des  éditions  du  xvi"  siècle,  mais  Montaigne,  à 
dessein  sans  doute,  substitue  «rogatus»  à  «coactus». 

P.  452,  1.  3.  Non  eqnidem).  «Mon  dessein  n'est 
pas  d'enfler  mon  livre  de  billevesées  :  c'est  un  tête- 
à-tête.  »  (Perse,  v,  19.)  Si  la  citation  a  été  coupée 
après  1588,  c'est  parce  que  le  fragment  de  vers  sup- 
primé se  retrouve,  avec  une  légère  modification, 
dans  l'essai  III,  11.  Plusieurs  autres  suppressions  ont 
été  faites  à  la  même  époque  dans  le  dessein  d'éviter 
des  répétitions. 

P.  453,  1.  I.  Paterna  vestis).  «L'habit  d'un  père, 
son  anneau,  sont  d'autant  plus  chers  à  ses  enfants 
qu'ils  avaient  plus  d'affection  pour  lui.  »  (vSaint  Au- 
gustin, Cité  de  Dieu,  I,  xiii.)  Toutes  les  éditions  de 
saint  Augustin  que  j'ai  rencontrées  portent  «carius» 
au  lieu  de  «  carior  »  qu'écrit  Montaigne. 

P.  453,  1.  9.  A''^  toga).  «  Que  les  thons  et  les  olives 
ne  manquent  d'enveloppes.  »  (Martial,  XIII,  i.) 

P.  453,  1.  10.  Et  laxas).  «Et  je  fournirai  souvent 
aux  maquereaux  des  habits  où  ils  seront  à  l'aise.  » 
(Catulle,  xciv,  8.) 

P.  454,  1.  17.  Zon  dessus).  Cf.  Marot  dans  son 
épître  intitulée  Fripelippes,  valet  de  Marot,  à  Sagon. 


P.  455,  1.  9.  Cûiiime  disait  Pindare).  Cf.  Plutarque, 
Fie  de  Marius  :  «Metellus...  reputoit...  que  l'estre 
véritable,  comme  disoit  Pindarus,  soit  le  comman- 
cement  &  le  fondement  d'une  grande  vertu...  » 
(li,  f*"  296  r".)  Cf.  aussi  Stobée,  sernio  xi. 

P.  455,  1.  10.  Platon  demande).  République,  III, 
p.  558. 

P.  455,  1.  12.  Nous  appelions  monnoye).  Sur  cette 
image,  cf.  l'essai  II,  xii,  p.  307,  1.  9,  et  la  note. 

P.  455,  1.  14.  Salvianns  Massiliensis).  Dans  le  De 
gubeniationc  Dei  :  «  Si  pejeret  Francus,  quid  novi 
faciet,  qui  perjurium  ipsum  sermonis  genus  putat 
esse,  non  criminis?  (I,  xiv.) 

P.  456,  1.  10.  Quand  il  dict).  Cf.  Plutai^ue,  Vie 
de  Lysandre  :  «  Celuy  qui  trompe  son  ennemy, 
moienant  la  foy  qu'il  luy  jure,  donne  à  cognoistre 
qu'il  le  craint,  mais  qu'il  ne  se  soucie  point  de.Dieu.» 
(iv,  f"  306  v°.) 

P.  45e,  1.  23.  La  désolation).  Montaigne  reviendra 
longuement  sur  ce  sujet  dans  l'essai  III,  vi. 

P.  456,  1.  25.  Du  sang  humain).  Cf.  Lopez  de 
Gomara,  Histoire  générale  des  Indes  :  «  Quezalconatl, 
Dieu  de  l'air...  leur  avoit  enseigné...  de  purger  ses 
foutes  en  tirant  du  sang  de  la  langue  et  des  oreilles.  » 
(II,  xxviii,  f°  84  r".) 

P.  456,  1.  28.  Ce  km  compaignon).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Lysandre  :  «  Androclidas  a  laissé  par  escript  un 
mot  que  souloit  dire  Lysander,  par  où  il  appert  qu'il 
taisoit  bien  peu  de  compte  de  se  parjurer  :  car  il  disoit 
qu'il  falloit  tromper  les  enfans  avec  le  jeu  des  osselets, 
&  les  hommes  avec  les  sermens.  »  (iv,  f°  306  r°.) 


302 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  457,  1.  2.  /('  remets).  On  peut  voir  sur  ce  sujet, 
que  Montaigne  n'a  pas  traité,  un  ouvrage  de  Muzio  : 
Duello  del  Mu:(io  con  le  riposte  cavaleresche  (Venezia, 
1558,  1560,  1564,  etc.).  Il  a  été  traduit  en  français 
par  Ant.  Chapuis  :  Le  combat  de  Miitio  (Lyon,  1561; 
Lyon,  1582). 

P.  457,  1.  10.   On  appelle  Cœsar).  Cf.   Plutarque, 


Vie  de  Pompée,  xvi;  Vie  de  Caton  d'Uliqiic,  \u.  Voir 
aussi  essai  II,  xxxiii,  p.  5^9. 

Chronologie  :  La  première  phrase  de  cet  essai 
fait  suite  à  l'essai  précédent,  et  prouve  qu'il  a  été 
écrit  après  lui.  L'hypothèse  la  plus  vraisemblable  est 
donc  qu'il  est  lui  aussi  de  la  dernière  période. 


Chapitre  XIX. 


DE     LA     LIBERTE     DE     CONSCIENCE. 


P.  459,  1.  I.  L'Empereur  Taciliis).  Cf.  Bodin, 
Methodns  ad  facilem  historianim  cognitionein  (éd.  de 
157e,  p.  63). 

P.  459,  1.  9.  JiiUan,  surnomme  l'Apostat).  Il  est 
probable  que  cette  idée  d'une  réhabilitation  de  Julien 
vient  à  Montaigne  de  la  lecture  de  Jean  Bodin,  Me- 
thodns ad  facilem  historiarum  cognitionem  (éd.  de  1576, 
p.  87),  où  il  est  parlé  avantageusement  de  cet  empe- 
reur, et  où  il  est  reproché  à  ses  adversaires  de  l'avoir 
calomnié.  Le  chapitre  ne  me  paraît  avoir  aucune 
relation  avec  la  publication  du  IIsp-.  Ka'.jaiwv  Acyî; 
faite  en  1577,  ni  avec  la  traduction  du  même  écrit 
que  donna  Grangier  au  mois  d'avril  1580. 

Signalons  qu'à  la  même  époque  Claude  Fauchet, 
dans  ses  Antiquité-  gauloises  et  françaises,  II,  iv,  a 
parlé  aussi  très  avantageusement  de  Julien  qu'il 
déclare  un  «grand  et  vaillant  prince».  Cet  essai  fut 
blâmé  à  Rome  (Journal  de  voyage,  p.  250). 

P.  459,  1.  13.  Aucune  sorte  de  vertu).  C'est  le  sujet 
d'un  chapitre  de  l'Histoire  d'Ammien  Marcellin,  le 
quatrième  du  livre  XXV. 

P.  459,  1.  15.  On  lit  de  luy).  Cf.  Ammien  Mar- 
cellin :  «  Ex  virginibus  qu;e  speciosœ  sunt  captit,  ut 
in  Perside,  ubi  fœminarum  pulchritudo  excellit,  nec 
contrectare  aliquam  voluit,  nec  videre,  etc.  »  (XXIV, 
IV.)  Ammien  Marcellin  rappelle  ici  à  Montaigne 
le  souvenir  d'Alexandre  et  de  Scipion.  Au  reste  les 
anecdotes  auxquelles  il  est  fait  allusion  ici  étaient  très 
vulgarisées  au  xvi'^  siècle.  La  continence  d'Alexandre 
(refusant  après  sa  victoire  même  de  voir  la  femme 
de  Darius),  a  été  louée  par  Plutarque,  dans  la  Vie 
d'Alexandre.  Aulu-Gelle  dans  les  Nuits  attiques,  VI,  | 


viii,  propose  comme  sujet  de  déclamation,  la  compa- 
raison de  la  chasteté  d'Alexandre  et  de  la  chasteté  de 
Scipion  ;  et  le  parallèle  a  été  repris  par  Messie,  Diverses 
leçons,  II,  XXIX  ;  L'Ostal,  Discours  philosophiques,  xvii; 
Droit  de  Gaillard,  Méthode  de  F  Histoire,  xxiii;  etc. 

P.  459,  1.  17.  Il  fut  tué).  Cf.  Ammien  Marcellin, 
Histoire  :  «  Vita  facilius  est  absolutus,  anno  œtatis 
altero  &  tricesimo.  »  (XXV,  m.) 

P.  459,  1.  19.  Encore  que).  Id.,  ibid.  :  «  Judicialibus 
causis  intentus,  non  minus  arduis  quàm  bellicis, 
distrahebatur  multiformibus  causis,  exquisita  docili- 
tate  librans,  quibus  modis  suum  cuique  tribueret  : 
justisque  sententiis  &  improbi  modicis  coercerentur 
suppliciis,  &  innocentes  fortunis  defenderentur  in- 
tactis.  Et  quanquam  in  disceptando  aliquoties  erat 
intempestivus,  quid  quisque  jurgantium  coleret  tem- 
pore  alieno  interrogans,  tamen  nulla  ejus  diffinitio 
litis  à  vero  dissonans  reperitur  :  nec  argui  unquam 
potuit  ob  religionem  vel  quodcunque  aliud  ab 
asquitatis  tramite  déviasse.  »  (XXII,  x.)  Voir  aussi 
XXV,  V. 

P.  459,  1.  22.  Il  ft  luy  mesmc).  Id.,  ibid.,  XXV,  iv. 

P.  459,  1.  27.  Cette  sienne  ordonnance).  Id.,  ibid  : 
«  Illud  autem  inclemens  obruendum  perenni  silentio, 
quôd  arcebat  docere  magistros  rhetoricos  &  gramma- 
ticos,  ritus  Christiani  cultores.  »  (XXII,  x.) 

P.  460,  1.  4.  Nos  gens  mesnies  recitent).  Cf.  Zonaras  : 
«  Se  pourmenant  une  fois  à  l'entour  de  Chalcedone 
l'evesque  de  la  ville  nommé  Maris,  n'eust  point-  de 
crainte  de  l'appeller  meschant  et  traistre  à  Christ  : 
Mais  Julian  faignant  que  par  une  patience  philoso- 
phique, il  endurcit  telles  paroles,  se  contenta  de  luy 


504 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


dire,  Retire-toy  misérable  et  pleure  la  perte  de  tes 
yeux,  car  il  estoit  chassieuz  et  ne  voyoit  que  bien 
peu.  Adonq  il  poursujn-it  :  je  rends  grâces  a  Christ 
mon  sauveur,  lequel  a  eu  si  grand  soucy  de  moy, 
que  pour  ne  veoir  ton  impudent  visage  il  m'a  osté 
la  veue.  »  (1560,  3'  partie,  f°  11  r°.)  Cf.  aussi  Sozo- 
mène.  Histoire  ecclésiastique,  V,  iv. 

P.  460,  1.  12.  Dit  Eutropiiis).  «  Religionis  Cliris- 
lianae  insectator,  période  tamen  ut  cruore  abstineret.  » 
(X,  VIII.) 

P.  460,  1.  16.  Les  rigueurs  dequoy  il  usa).  Cf.  Am- 
mien  Marcellin,  Histoire,  XXII,  m. 

P.  460,  1.  18.  Se  notirrissoit  en  pleine  paix).  Id., 
ibid.  :  «  Xamque  in  pace  ejus  mensarum  tenuitas  erat 
recte  nos  centibus  admiranda,  velut  ad  pallium  mox 
reversuri.  »  (XXV,  iv.)  Voir  aussi  XVI,  v. 

P.  460,  1.  20.  Il  départait).  Id.,  ibid.  :  «  Hinc 
contingebat  ut  noctes  ad  officia  divideret  tripartita, 
quietis,  &  publicas  rei  &  Musarum.  »  (XVI,  v.)  Voir 
aussi  XXV,  IV. 

P.  460,  1.  22.  Le  reste,  il  Vemployoit).  Id.,  ibid  : 
«  Explorabat  per  semetipsum  vigiliarum  vices  &  sta- 
tionum,  post  hiec  séria  ad  arces  confugiens  doctri- 
narum.  »  (XXV,  iv.)  Voir  aussi  XM,  v. 

P.  460,  1.  24.  En  toute  sorte).  Id.,  ibid.,  XVI,  v, 
passim. 

P.  460,  1.  25.  On  dict  d'Alexandre  le  grand).  Id., 
ibid.  :  «  Quod  factitasse  Alexandrum  legimus  ma- 
gnum; sed  multo  hic  fortius.  Ille  namque  œnea 
concha  supposita,  brachio  extra  cuhile  protento, 
pilam  tenebat  argenteam,  ut,  cum  nervorum  vigo- 
rem  sopor  laxasset  infusus,  gestaminis  lapsi  tinnitus 
abrumperet  somnum.  Julianus  vero  absque  instru- 
mento,  quoties  voluit,  evigilavit  :  et  nocte  dimidiata 
semper  exsurgens,  non  e  plumis  vel  stragulis  sericis 
ambiguo  fulgore  nitentibus,  ,sed  ex  tapete,  et  a-.ijpx, 
quam  vulgaris  simplicitas  sisurnam  adpellat,  occulte 
Mercurio  supplicabat...  »  (XVI,  v.) 

P.  461,  1.  9.  Sa  mort  a  quelque  cltose  de  pareil). 
Id.,  ibid.  :  «  Subita  equestris  hasta  cute  brachii  ejus 
praestricia  costis  perfossis  hassit  in  ima  jccoris  fibra. 
Quam  dum  avellere  dextera  manu  conatur,  acuto 
utrinque  ferro  digitorum  nervos  sensit  excisos.  Arma 
poscebat  &  equum  :  ut  reviso  prcclio  suorum  fiduciam 


repararet...  eo  vigore...  quo  Epaminundas.  »  (XXV, 
m.) 

P.  461,  1.  14.  Lesquels  contestèrent).  Id.,  ibid.  : 
«  Amisso  ductore  sine  parsimonia  ruebat  (miles)  in 
ferrum...  Quandiu  satietate  vulnerum  partibus  fessis, 
nox  diremit  certamina  jam  tenebrosa.  »  (XXV,  m.) 

P.  461,  1.  16.  Les  cljoses  humaines).  Id.,  ibid.  : 
«  Censor  moribus  regendis  acerrimus,  placidus,  opum 
contemptor,  mortalia  cuncta  despiciens  :  postremo 
id  pn'edicabat  :  «  Turpe  esse  sapienti,  cum  habeat 
»  animum.  captare  laudes  ex  corpore.  »  (XXV,  v.) 

P.  461,  1.  22.  Il  fut  si  superstitieux).  Id.,  ibid.  : 
«  Superstitiosus  magis  quàm  sacrorum  legitimus 
obser\'ator,  innumeras  sine  parsimonia  pecudes  mac- 
tans,  ut  œstimaretur,  si  revertisset  de  Parthis,  boves 
jam  defuturos.  »  (XXV,  iv.) 

P.  461,  1.  26.  Il  estoit  aussi  endmbouyué).  Id.,  ibid  : 
«  Prœsagiorum  sciscitaiioni  nimi;r  deditus.  »  (XXV, 
IV.) 

P.  461,  1.  28.  Qu'il  sçkvoil  bon  gré  aux  dieux).  Id., 
ibid.  :  «  Nec  fateri  pudebit,  interiturum  me  ferro 
dudum  didici,  fide  fatidica  pr^ecinente.  Ideoque  sem- 
piternum  veneror  numen,  quôd  non  clandestinis 
insidiis,  nec  longa  morborum  asperitate,  vel  delica- 
torum  fine  decedo,  sed  in  medio  cursu  florentium 
gloriarum  hune  merui  clarum  è  medio  digressum.  » 
(XXV,  III.) 

P.  462,  1.  4.  //  avoit  eu  une  pareille  vision).  Id., 
ibid.,  XX,  y. 

P.  462,  1.  5.  &  depuis  se  représenta).  Id.,  ibid.  : 
«  Vidit  squalidius,  ut  confessus  est  proximis,  speciem 
illam  Genii  publici,  quam  cum  ad  Augustum  surgeret 
culmen  conspexit  in  Galliis.  »  (XXV,  11,  452.) 

P.  462,  1.  7.  Tu  as  veincu).  Cf.  Théodorète,  III,  xx. 

P.  462,  1.  8.   Contante  toi).  Cf.  Zonaras,  f"  12  r". 

P.  462,  1.  12.  Il  coui'oit).  Cf.  Ammien  Marcellin, 
Histoire  :  «Utque  omnes  nuUo  impcdiente  ad  sui 
favorem  illiceret,  adhxrere  cultui  Christiano  fingebat, 
à  quo  jam  pridem  occulte  desciverat.  »  (XXI,  11.) 

P.  462,  1.  14.  En  fin  quand  il  se  vit).  Id.,  ibid.  : 
«  Ubi  verô  abolitis  quas  verebatur,  adesse  sibi  liberum 
tempus  faciundi  quœ  vellet  advertit,  sui  pectoris  pate- 
fecit  arcana  :  &  plané  absolutis  decretis,  aperiri 
templa,  arisque  hostias  admoveri  &  reparari  deorum 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XIX. 


30s 


statuit  cultum.  Utque  dispositorum  roboraret  effec- 
tum,  dissidentes  Cliristianorum  antistites  cuni  plèbe 
discissa  in  palatium  intromissos  monebat,  ut  civilibus 
discordiis  consopitis  quisque  nullo  vêtante  religion! 
suœ  sen-iret  intrepidus  :  quod  agebat  ideo  obstinate, 
ut  dissentiones  augente  licentia  non  timeret  unani- 
mantem  postea  plebeui,  nullas  infestas  hominibus 
bestias  ut  sunt  sibi  feralibus  plerisque  Cliristianorum 
expertus.  »  (XXII,  v.) 

P.  463,  1.  6.  On  diroil  aussi).  Rapprocher  essai  II, 
XV,  p.  385,  1.  10,  et  la  note. 

P.  463,  1.  II.  N'ayans  peu).  C'est  aussi  l'opinion 


de   Gentillet,   dans   Y Anti- Machiavel,  éd.   de  1579, 
p.  429. 

Chronologie  :  L'idée  de  ce  chapitre  vient  de  la 
Méthode  de  Bodin,  dont  la  lecture  est  des  environs 
de  i57'8;  presque  tous  les  détails  sont  pris  à  Ammien 
Marcellin,  qui  a  été  lu  par  Montaigne  vers  la  même 
époque.  La  dernière  phrase  fait  allusion  à  la  paix 
de  Monsieur,  et  est  par  conséquent  postérieure  au 
mois  de  mai  1576.  Cet  essai  est  donc  certainement 
de  la  dernière  période. 


Chapitre   XX. 


NOVS     NE     GOVSTONS     RIEN     DE     PVR. 


P.  464,  1.  9.  Des  plaisirs).  Rapprocher  une  pensée 
de  Sénèque  dans  l'épître  91  :  «In  ipsis  voluptatibus 
causœ  doloris  oriuntur.  » 

P.  464,  1.  1 1.  Medio  de  fonte).  «  De  la  source  même 
des  plaisirs  s'élève  une  amertume  qui  nous  angoisse 
au  milieu  des  fleurs.»  (Lucrèce,  R',  11 30.) 

P.  465,  1.  7.  Ipsa  jxUcitas).  «La  félicité  qui  ne 
se  modère  pas  se  détruit  soi-même.  »  (Sénèque, 
épître  74.)  Le  texte  est  conforme  à  celui  de  l'édition 
de  Bâle  1557. 

P.  465,  1.  9.  Un  verset  Grec).  Allusion  à  un  vers 
d'Epicharme  qui  a  été  conservé  dans  les  Mémorables 
de  Xénophon,  II,  .1,  20.  Il  est  probable  que  Mon- 
taigne, qui  ne  semble  pas  lire  les  Mémorables  avant 
1580,  a  trouvé  le  passage  des  Mémorables  dans  VAii- 
tMogie  de  Stobée  : 

«  z:v(i)v  r(.)/.:î;7'.v  T,;j.tv  -xt-.T.  ti-'aQi  O::'!.  » 

«  Laboribus  omnia  nobis  dii  vcndunt.  »  (P.  28.) 

P.  465,  1.  15.  Sacrâtes  dict).  Cf.  Platon,  Pbédon  : 
«  Deum  ipsum  ciim  ipsa  inter  se  pugnantia  conci- 
liare,  neque  id  facere  posset,  in  unum  saltem  eorum 
apices  conjunxisse.  »  (III,  p.  éo;  éd.  de  1546,  p.  491.) 
Cf.  aussi  Castiglione,  Il  Cortegiano,  II,  11.) 

P.  465,  1.  18.  Metrodorus).  Cf.  Sénèque,  épître  99. 
Sénèque  consacre  un  long  paragraphe  à  combattre 
cette  idée  qui  le  scandalise.  Montaigne  prend  parti 
contre  le  stoïcien  Sénèque,  dont  la  psychologie  lui 
paraît  trop  raide,  pour  l'épicurien  Métrodore  qui  lui 
paraît  plus  réaliste. 

P.  465,  1.  21.  Outre  l'ambition).  Un  paragraphe  de 
la  même  épître  de  Sénèque,  99,  invitait  Montaigne 
à  faire  cette  allusion. 


P.  465,  1.  25.  Est  qiiœdam).  «Il  y  a  quelque 
volupté  à  pleurer.  »  (Ovide,  Tristes,  IV,  m,  27.) 

P.  466,  1.  I.  Dict  un  Attalus).  Cf.  Sénèque,  Épîtres  : 
«  Sic  amicorum  defunctorum  memoria  jucunda  est, 
quomodo  in  vino  nimis  veteri  ipsa  nos  amaritudo 
delectat  :  quomodo  poma  quidam  sunt  suaviter 
aspera.  »  (Epître  63.) 

P.  466,  1.  3.  Minister  vetnli).  «Jeune  esclave  qui 
sers  le  vin  vieux  de  Falerne,  verse-m'en  du  plus 
amer.»  (Catulle,  xxv,  i.) 

P.  466,  1.  II.  Nnllum  sine).  «Il  n'y  a  pas  de  mal 
sans  compensation.  »  (Sénèque,  épître  69.) 

P.  467,  1.  2.  Dit  Platon).  Dans  la  République,  IV, 
p.  426.  Mais  Montaigne  a  certainement  pris  ceci  chez 
Jean  Bodin,  Methodus  ad  facilem  historiarum  cogni- 
tionem  :  «  Si  de  legibus  et  republica  sententiam  Taciti 
exquirimus,  quid  gravius  dici  potest  quam  omne 
magnum  exemplum  habere  aliquid  ex  iniquo,  quod 
contra  singulos  utilitate  publica  rependitur?  Plato 
paulo  aliter,  hydrœ  caput  eos  amputare,  qui  de  legi- 
bus omnia  incommoda  detrahi  posse  opinantur.  » 
(Éd.  de  1576,  p.  63.) 

P.  467,  1.  4.  Omnc  magnum).  «  Toute  punition 
exemplaire  comporte  quelque  iniquité  envers  les 
particuliers,  qui  est  compensée  par  un  profit  public.  » 
(Tacite,  Annales,  XIV,  xliv.)  Montaigne  a  pris  cette 
sentence  dans  la  Méthode  de  l'histoire  de  Bodin  (cf.  la 
note  précédente).  Rodin  l'a  reprise  dans  sa  République, 

III,    VI. 

P.  467,  1.  15.  Ineptes  à  l'exercice).  Voir  le  dévelop- 
pement que  Montaigne  donnera  à  cette  idée  après 
1588,  au  début  de  l'essai  I,  xxv. 

P.    467,    1.    21.    Vohitantibus   res).    «A    force   de 


LIVRE     II,      CHAPITRE     XX. 


307 


balancer  dans  leur  esprit  des  motifs  contradictoires,  ils 
étaient  devenus  stupides.  »  (Tite-Live,  XXXII,  xx.) 
P.  467,  1.  23.  Sivionides).  Cf.  Cicéron,  De  natura 
deorum:  «Simonidem  arbitror...  quia  multa  venirent 
in  mentem  acuta  atque  subtilia,  dubitantem  quid 
eoruni  esset  verissimum,  desperasse  omnem  verita- 
tem.»  (I,  xxii;  t.  IV,  p.  192.)  Hiéron  avait  prié  Simo- 
nide  de  lui  dire  ce  que  c'est  que  Dieu;  et  Simonide 
lui  ayant  répondu  qu'il  avait  besoin  d'un  jour  pour 


examiner  cette  question,  le  lendemain  il  demanda 
encore  deux  jours,  &  doubla  chaque  fois  le  nombre 
de  jours,  après  cela. 

Chronologie  :  La  sentence  de  Tacite  et  la  sen- 
tence de  Platon  que  Montaigne  cite  sont  prises  à  la 
Méthode  de  Bodin  (cf.  ci-dessus,  p.  467,  1.  2).  L'essai 
est  donc  des  environs  de  1578. 


Chapitre   XXI. 


CONTRE     LA      FAINEANTISE. 


P.  469,  1.  I.  L'Empereur  Vespasien).  Cf.  Suétone, 
Vie  de  Vespasien,  xxiv;  Zonaras,  etc.  Montaigne  cite 
sans  doute  de  mémoire,  car  je  ne  trouve  aucun 
texte  dont  ceci  soit  la  traduction.  Il  avait  déjà  men- 
tionné ce  mot  de  Vespasien  dans  l'essai  I,  xiv,  où 
il  l'effaça  après  1588  pour  éviter  une  répétition. 

P.  469,  1.  6.  Adrian,  l'Empereur).  Cf.  Spartien, 
^  Férus  :  «Sanum  principem  mon  debere,  non  debi- 
lem.  »  (vi.)  Voir  aussi  Dion,  i.xix.  Le  récit  de 
Zonaras  est  différent. 

P.  469,  1.  14.  Si  nonchalant  de  la  noslre).  M.  Armain- 
gaud  {Revue  politique,  mars  1906)  voit  dans  ce  passage 
une  critique  à  l'adresse  du  roi  Henri  III. 

P.  470,  1.  é.  J'en  sçai  un).  Allusion  très  probable 
à  Henri  R'. 

P.  470,  1.  15.  Les  princes  de  la  race  Hottomane). 
Montaigne  trouvait  de  nombreux  exemples  de  ceci 
dans  le  Thesoro  politico  de  1589,  II,  11.  Après  avoir 
montré  chez  Mahomet  second,  Selim  et  Soliman, 
l'union  du  courage  et  de  la  culture  de  l'esprit,  les 
deux  qualités  fondamentales  d'un  grand  capitaine, 
l'auteur  du  Trésor  politique  montre  que  d'autres  princes 
de  la  même  race,  s'ils  avaient  la  culture,  ont  manqué 
de  vaillance  :  «  Et  tra  gli  altri  Baiazet  Secondo,  et 
Corcas  suo  figliuolo  ne  fanno  fedc.  Questi  ebbero 
cognitione  délie  buone  lettere,  ma  non  effettuarono 
alcun  atto  valoroso,  percioche  non  haveano  cuore, 
ne  animo  nato  alla  guerra.  »  Le  point  de  vue  de 
Montaigne  est  pourtant  un  peu  différent  de  celui  du 
Thesoro  politico.  L'auteur  du  Thesoro  admet  qu'à  un 
prince,  les  lettres  sont  profitables  pour  faire  fructifier 


sa  vaillance  naturelle;  pour  les  soldats  seulement  il 
estime  qu'elles  sont  pernicieuses. 

P.  470,  1.  21.  Edoart  troisième).  Cf.  Froissart,  I, 
cxxiii;  mais  ce  mot  est  très  vulgarisé  au  xvi=  siècle. 
Je  le  retrouve  chez  Gentillet,  Discours  sur  les  moyens 
de  bien  gouverner  (éd.  de  1579,  pp.  20  et  38);  dans 
les  lettres  de  Pasquier,  II;  etc. 

P.  470,  1.  25.  Ceus  qui  veulent).  On  peut  voir  en 
particulier  à  ce  sujet  l'épitre  dédicatoire  qui  se  lit  en 
tête  de  l'édition  d'Osorio  que  Montaigne  possédait 
dans  sa  bibliothèque  :  l'auteur,  un  Espagnol,  ne  tarit 
pas  d'éloges,  pour  sa  nation  et  pour  ses  princes. 

P.  471,  1.  I.  L'empereur  Julian).  Cf.  Zonaras  à  la 
fin  de  la  Vie  de  Julien  :  «  Julien  se  demonstra  si  sobre, 
que  presque  il  ne  roultoit  ou  crachoit,  disant  ordi- 
nairement, que  s'il  estoit  possible,  le  Philosophe  se 
devoit  garder  de  respirer.  » 

P.  471,  1.  7.  &  Xenophon).  Dans  la  Cyropédie,  I, 
II,  lé.  Le  fait  est  rappelé  chez  Jean  Bodin,  Methodus 
ad  Jacilem  Instoriarum  cognitionem,  p.  124. 

P.  471,  1.  9.  Ce  que  dit  Seneqtie).  Dans  l'épitre  88  : 
«Juventutem  majores  nostri  rectam  exercuerunt... 
nihil  liberos  suos  docebant,  quod  discendum  esset 
jacentibus.  » 

P.  471,  1.  18.  Nostre  cognoissaïue).  \o\c\  les  indi- 
cations relatives  au  passage  qu'insère  ici  l'édition 
de  1595  (Cf.  appendice  III,  p.  659)  : 

Victor,  Marce  Fabi  :  «  Je  retournerai  vainqueur  du 
combat,  ô  Marcus  Fabius.  Si  j'y  manque,  j'invoque 
sur  moi  la  colère  de  Jupiter,  de  Mars,  et  des  autres 
dieux.  »  (Tite-Live,  II,  xlv.) 


LIVRE     II,     CHAPITRE     XXI. 


309 


Les  Portugais  :  Cf.  Goulard,  Histoire  du  Portugal  : 
«Baret...  voulant  prendre  terre  fut  assailly  de  trente 
Mores  qui  avoyent  la  teste  &  la  barbe  rase,  qui  estoit 
un  signe  de  certain  vœu,  par  lequel  ils  s'estoyent 
condamnez  avec  horribles  exécrations  à  mourir  plus- 
tost  que  de  quitter  la  place.  »  (V,  vu,  f°  154  v°.) 

Philistus,  chef  de  l'armée  :  Cf.  Diodore  de  Sicile  : 
«  Philistus,  qui  estoit  chef  de  l'armée  de  mer  du 
tyran,  feit  armer  et  equipper  soixante  galères  avec 
lesquelles  il  présenta  la  bataille  aux  Syracusains, 
lesquels  avoient  presque  semblable  nombre  de  vais- 
seaux :  le  combat  fut  fort  aspre  et  y  eut  Philistus 
du  meilleur  au  commencement,  tant  il  feit  d'armes 
de  sa  personne;  mais  puis  après  il  fut  enveloppé  par 
ses  ennemys  :  et  s'appercevant  que  les  Syracusains 
faisoient  tout  ce  qu'ilz  pouvoient  pour  l'enclorre 
entre  eulx,  à  fin  de  l'avoir  vif  entre  leurs  mains  :  il 
se  tua  luy-mesme  pour  ne  souffrir  les  tourmens  et 
ignominies,  qu'il  sçavoit  bien  qu'on  luy  eust  fait 
endurer,  s'il  eust  esté  pris  vif  prisonnier.  »  (XVI, 
VI,  f°  225  r°.) 

P.  471,  1.  18.  Molet  Molluc).  Cf.  leronimo  de 
Franchi  Conestaggio,  DclV  unione  del  regno  di  Porto- 
gallo  alla  avoua  di  Castiglia  dont  voici  les  principaux 
passages  à  ce  sujet  :  «  Fra  tanto  l'infermita  lo  andava 
aggravando  di  modo  che  a  poco  a  poco  si  sentiva 
morire,  e  benche  a  medici  fosse  aiutato  molto,  non 
di  meno  peggiorando  sempre  si  conosceva  non  haver 
vita  per  due  giorni.  Sentiva  egli  doppiamente  il 
morire  per  causa  del  tempo  in  che  ei  moriva  per 
non  potere  in  quella  guerra  essequire  cio  che  egli 
pensava,  diffidendo  poter  lasciar  chi  lo  essequisse, 
perche  se  bene  egli  si  era  ordinato  in  battaglia,  la 
principale  intention  sua  non  era  di  combattere  allora, 
giudicando  doppo  che  intese  i  Portoghesi  mettersi 
fra  terra  con  bagaglie,  che  se  egli  voleva  trattenersi 
senza  combattere,  sarieno  perduti,  e  che  senza  pur 
egli  perdere  un  huomo  de  suoi,  gli  harebbe  tutti 
prigioni,  per  la  nécessita  che  per  forza  harebbono  di 
moite  cose,  che  nell'  Africa  povera  non  trovereb- 
bono;  perc  questo  disegno  che  richiedeva  tempo  non 
poteva  essequirsi  in  fretta,  vedeva  non  poter  riuscirgli 
per  la  brève  vita  che  havea,  perciô  ne  era  grande 
mente  angustiato.   Non   giudicava   a   proposito   dir 


questa  intentione  al  fratello  suo  herede,  accio  che  la 
essequisse  se  egli  venisse  a  morire,  perche  oltre  che 
délia  prudenza  sua  non  confidava  totalmente,  teneva 
per  fermo,  che  morendo  prima  délia  vittoria  doves- 
sero  i  Mori,  ô  fuggire,  6  sollevarsi  contra  il  fratello, 
e  cedere  a  Portoghesi  massime  con  la  presenza  di 
Mulei  Mahamet,  e  che  a  questo  modo  dovesse  restar 
perduto  il  regno.  Onde  travagliato  da  questi  pensieri, 
vedendosi  con  tanta  gente  il  nemico  cosi  appresso, 
la  morte  si  vicina,  risoluè  non  fidar  dell'  herede, 
anzi  lasciar  il  primo  disegno,  e  piu  tosto  tentar  in 
sua  vita  contra  ragione  di  guerra  giornata  sanguinosa 
et  incerta  che  morir  con  quel  dubbio  délia  perdita 
del  regno,  che  era  certo  dover  seguir  doppo  la  morte 
sua.  (F°  36  r°.)  ...  Il  Moluco  mezzo  mono  vedendo 
comparir  questo  essercito  debole,  et  in  si  poco 
numéro  che  non  passava  di  dodici  mila  fanti,  volse 
assicurarsi  come  egli  havea  pensato  délia  fuga,  perche 
parendogli  haver  la  vittoria  certa  gli  scapessero  le 
meno  genti  che  fosse  possibile.  Perô  assotigliati  i 
corni  délia  luna  e  gli  squadroni  délia  cavalleria  li 
stesse  in  larghissimo  giro,  e  tanto  che  con  tener  tutto 
allô  intorno  le  genti  lontane  da  nemici  un  tiro  di 
canon  in  esso  rinchiuse  tutto  l'essercito  portoghese, 
e  venue  aile  spalle  délia  retroguardia  a  conjunger 
i  due  corni  insieme  chiudendo  in  circule  ovato. 
(F°  38  r°.)  ...  Molei  Moluco,  vedendo  fuggire  i  suoi, 
tutto  che  egli  fosse  ammalato  a  morte,  asceso  a 
cavallo  con  colera  voleva  andare  contra  coloro  che 
fuggivano,  fermandoli,  &  animandoli.  E  se  bene  la 
calca  cresceva,  e  l'archibuseria  de  cristiani  feriva  assai 
d'appresso,  mostrava  voler  egli  solo  andar  inanzi  per 
ritener  i  suoi  con  la  vergogna,  e  col  pericolo  suo. 
Ma  furongli  intorno  tutti  i  piu  favoriti,  chi  per  le 
staffe,  chi  per  le  vesti,  chi  per  le  redine  lo  tenevano, 
regendola  a  non  arrischiarsi,  e  persistendo  pur  egli 
in  voler  andare,  e  i  suoi  in  tenerlo,  crebbe  si  la 
colera  che  mise  mano  ail'  armi  per  farli  allargare. 
Nel  quai  tempo  assalito  da  un  fiero  accidente  délia 
sua  infermità,  suani  e  stette  per  cader  da  cavallo; 
ma  tolto  fra  le  braccia  de  suoi  fu  riposto  nella  lettica 
dove  mettendosi  il  dito  aile  labbia  in  segno  di 
silentio,  subito,  e  come  alcuni  vogliono,  prima  che 
arrivasse,  spiro.  Tennero  quel  rinegati  di  che  si  serviva. 


3IO 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


che  gli  erano  intorno,  con  grande  industria  la  morte 
sécréta,  cosi  liavendo  egli  prima  ordinato  che  si 
facesse,  se  egli  morisse.  Grande  argomento  délia 
magninimità  di  questo  barbaro,  che  regulô  i  consigli 
con  le  hore  délia  vita,  e  provide  che  la  morte  non 
gli  togliesse  la  vittoria.  »  (F°  40  r°.)  Cf.  mon  ouvrage  : 
Les  Livres  d'Histoire  moderne  utilisés  par  Montaigne, 
p.  151,  sqq.  Sur  cette  bataille  fameuse  où  mourut  le 
roi  Sébastien  et  sur  l'impression  qu'elle  fit  en  France  à 
cause  de  ses  grandes  conséquences  politiques  on  peut 
voir  un  ouvrage  curieux  :  Les  voyages  et  conqnestes  des 
roys  de  Portugal  es  Indes  d'Orient,  Ethiopie,  Mauritanie 


d'Afrique  et  Europe  :  avec  l'origine,  succession  et  descente 
de  leurs  maisons,  jusque  ati.  Sereniss.  Sébastian,  naguères 
atterré  en  la  bataille  qu'il  eiist  contre  le  roy  de  Fe^... 
Le  tout  recueilli  de  fidèles  teswoings  et  mémoires  du 
sieur  Johachiin  de  Centellas,  gentilhomme  Portugal:^ 
(Paris  1578). 

P.  472,  1.  16.  Coaccrvanturque).  «Ils  sont  entassés 
non  seulement  par  le  carnage  mais  aussi  par  la  fuite.  » 
(Tite-Live,  II,  iv.) 

Chronologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai. 


Chapitre    XXII. 


DES   POSTES. 


P.  474,  1.  4.  /('  lisais  à  celte).  Dans  Xénophon, 
Cyrope'die  :  «  Insuper  didicimus  aliud  Cyrum  excogi- 
tas5e  ad  imperii  magnitudinem,  ex  quo  celeriter 
sentiebat  quomodo  ea  haberent  qua;  permultum 
etiam  distarent.  Cum  enim  considerasset  quantum 
itineris  equus  faceret  die  equitans  quantum  sat  esset, 
fecit  equorum  stabula  tantundem  distantia^  in  quibus 
equos  constituit,  &  qui  equorum  diligentiam  haberent. 
Virumque  quolibet  in  loco  ordinavit,  qui  aptus  esset 
ad  accipiendas  literas  quée  ferebantur,  easque  traden- 
das  :  quique  reciperet  equos  defatigatos  atque  homines, 
recentisque    alios    mitteret.  »    (Ed.    de    1545,    VIII, 

VI,  9-) 

P.  474,  1.  II.  Cxsar  dit).  Dans  le  De  belle  avili, 
III,  II. 

P.  474,  1.  13.  A  ce  que  dit  Suétone).  Dans  la  Vie 
de  César  :  «  Longissimas  vias  incredibili  celeritate 
confecit,  expeditus,  meritoria  rheda,  centena  passuum 
millia  in  singulos  dies  :  si  flumina  morarentur,  nando 
trajiciens.  »  (lvii.) 

P.  474,  1.  17.  Tiherius  New).  Cf.  Pline,  Histoire 
naturelle  :  «  Nocte  ac  die  longissium  iter  vehiculis 
tribus  Triberium  Neronem  emensum,  festinantem 
ad  Drusum  fratrem  œgrotum  in  Germaniam  :  in  eo 
fuerunt  CC  millia  passuuui.  »  (VII,  xx.) 

P.  475,  1.  2.  Per  dispositos).  «Se  rendit  en  trois 
jours  d'Amphisse  à  Pella  sur  des  chevaux  de  relais 
avec  une  rapidité  presque  increvable.  »  (Tite-Live, 
XXXVII,  VII.) 

P.  475,  1.  5.  L'invention  de  Cecinna).  Les  trois  faits 
qui  suivent  sont  empruntés  à  Juste  Lipse,  Saturna- 
liutn  sermonum  libri  :  «  Nos  exemplum  esse  scimus 


ab  D.  Bruto,  obsidione  Mutinensi...  Imô  Victor, 
inquit  Berchemius,  in  re  ludicrâ  inque  his  ipsis 
spectaculis,  de  quibus  cùm  maxime  agimus,  usus 
olim  similis  columbarum.  Nam  patres  familias  qui 
in  Theatrum  aut  Çircum  ibant,  unde  non  pro  arbi- 
trio  reditus,  columbas  secum  sinu  ferebant;  easque 
emittebant  cum  tabellis,  nuntias  domum  quid  vellent. 
Varro  de  Re  rusticâ  :  Columbas  redire  solere  ad 
locum  licet  animadvertere,  quôd  multi  in  theatro  è 
sinu  missas  faciunt,  atque  ad  locum  redeunt  :  quae 
nisi  reverterentur,  non  emitterentur.  Atque  à  theatro, 
credo,  illud  Brutina-  militict  exemplum.  Plinius  fac- 
litatum  idem  in  hirundinibus  obsen-at  lih.  X.  Cscina 
inquit,  \'olaterranus  equestris  ordinis,  quadrigarum 
dominus,  comprehensas  hirundines  in  urbem  secum 
auferens,  victoriœ  nuntias  amicis  mittebat,  in  eundem 
nidum  remeantes  illito  victoria;  colore.  »  (II,  xxvi.) 
Pour  Cœcina  on  peut  voir  Pline,  X,  xxiv;  pour 
Brutus,  Pline,  X,  xxxvii.  * 

P.  475,  1.  15.  Au  Peru).  Ci.  Lopez  de  Goniara, 
Histoire  générale  des  Indes  :  «  Ils  se  faisoient  porter 
dedans  des  portoires,  &  alloient  comme  ont  accous- 
tumé  de  courir  les  courriers  :  parce  que  de  certains 
lieux  en  autre,  ils  changeoient  de  porteurs  par  telle 
subtilité  que  mesme  en  courant  la  portoire  se  bailloit 
à  ceux  du  lieu  qui  la  dévoient  porter  sur  leurs  espaules 
sans  s'arrester  un  pas.  »  (V,  vu,  f°  315  r°.) 

P.  475,  1.  19.  Les  Valachi).  Cf.  Chalcondyle  : 
«  Or  ont  les  courriers  du  Turc  qu'on  appelle  Vlachi, 
cette  coustume  quand  il  est  question  de  faire  dili- 
gence, de  n'espargner  point  leurs  montures,  car  le 
premier  passant  qu'ils  rencontrent,  il  faut  qu'il  mette 


312 


ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


pied  à  terre,  &  quitte  là  son  cheval,  prenant  en  lieu 
celuy  qui  est  recru  :  &  ainsi  relayent  de  main  en 
main,  comme  si  c'estoient  postes  assises.  Mais  de 
peur  que  le  bransle  et  agitation  ne  leur  froisse  l'es- 
tomac, à  cause  de  l'extrême  diligence  qu'ils  font,  ils 
se  serrent  à  travers  le  corps  fort  estroictement  avec 


une  bande  large  :  De  sorte  qu'en  peu  de  temps  ils 
font  un  mer\'eilleux  chemin.  »  (XIII,  xiv,  657.) 

Chronologie  :  Un  emprunt  à  César  prouve  que 
l'essai  est  bien,  comme  sa  place  nous  invitait  à  le 
croire,  de  la  dernière  période  (environ  1578). 


Chapitre  XXIII. 


DES     MAVVAIS    MOYENS    EMPLOYEZ    A     BONNE    FIN. 


P.  476,  1.  5.  Naissent,  fleurissent).  Cette  idée  rem- 
plit le  IV"^  livre  de  la  République  de  Jean  Bodin. 

P.  476, 1.  6.  Nous  sommes  subiects).  La  même  image 
est  chez  Jean  Bodin,  Methodiis  ad  facilein  historianim 
cognitionem  (\). 

P.  476,  1.  7.  Les  médecins  le  craignent).  Allusion  à 
itn  mot  d'Hippocrate  que  je  trouve  rappelé  chez 
Breslay  dans  les  termes  suivants  :  «  Hippocrate, 
duquel  les  sentances  font  foi  d'oracle  en  médecine, 
a  divinement...  opiné  l'embonpoint  souverain,  tel 
que  celui  des  athlètes  anciennement  trop  soigneux 
de  la  panse,  estre  fort  soupsonneux,  par  ce  que  nature 
ne  pouvant  monter  plus  haut,  ny  descendre,  empes- 
chez  de  ce  faire  par  ceux  qui  ne  s'y  cognoissent,  ny 
tenir  en  arrest  à  cause  de  la  foiblesse  et  fluidité  de 
la  matière,  se  précipite  ordinairement  en  de  très 
pernicieuses  maladies.  Autant  en  est-il  de  la  félicité 
mondaine.  »  (^Anthologie,  I,  Lix.)  On  trouve  la  même 
idée  dans  la  République  de  Jean  Bodin  :  «  Et  tout 
ainsi  que  les  plus  sçavans  médecins  aux  accez  les 
plus  violents,  si  les  symptômes  sont  bons,  ont  plus 
d'espérance  de  la  santé  que  si  l'accez  est  doux  et 
languide  :  et  au  contraire,  quand  ils  voient  l'homme 
au  plus  haut  degré  de  santé  qui  peut  estre,  alors  ils 
sont  en  plus  grande  crainte,  qu'il  ne  tombe  en  extrême 
maladie,  comme  disoit  Hippocrate  :  aussi  le  sage 
politique,  voyant  sa  republique...  »  (IV,  m.) 

P.  477,  1.  6.  Les  Romains  bâtissaient).  Cf.  Bodin, 
République,  VI,  11;  Gentillet,  Discours  sur  les  moyens 
de  bien  gouverner,  III,  m.  Machiavel  prétendait  que 
les  colonies  avaient  pour  objet  à  Rome  d'assurer  le 


vainqueur  des  pays  conquis;  Gentillet  réplique  que 
le  but  des  Romains  était  de  décharger  leur  ville  d'un 
excès  d'habitants. 

P.  477,  1.  10.  Ils  ont  à  escient).  Cf.  Jean  Bodin, 
République,  IV  et  V.  Au  chapitre  V,  v,  Bodin  écrit  : 
«  Cela  se  peut  voir  en  toutes  les  histoires  des 
Romains,  lesquels,  après  avoir  vaincu  les  ennemis, 
aussitôt  commençoient  à  se  mutiner  :  qui  fut  cause 
que  le  sénat  entretenoit  les  guerres,  et  forgeoit  des 
ennemis  s'il  n')'  en  avoit,  pour  se  garentir  des  guerres 
civiles,  et  continuèrent  jusques  à  ce  qu'ils  eurent 
étendu  leurs  frontières  aux  Orcades,  à  la  mer  Athlan- 
tique,  au  Danube,  à  l'Euphrate,  et  aux  déserts 
d'Afrique...  Encores  y  a-t-il  un  autre  poinct  bien 
considérable,  pour  monstrer  qu'il  faut  entretenir  la 
discipline  militaire,  et  faire  la  guerre,  c'est  qu'il  v  a 
tousjours  eu  et  n'y  aura  jamais  faute  de  larrons, 
meurtriers,  fait  néants,  vagabonds,  mutins,  voleurs 
en  toute  republique  qui  gastent  la  simplicité  des 
bons  subjects,  et  n'v  a  loix  ni  magistrats  qui  en  puis- 
sent avoir  la  raison...  Il  n'y  a  donc  moyen  de 
nettoyer  les  republiques  de  telle  ordure,  que  de  les 
envoyer  en  guerre,  qui  est  comme  une  médecine 
purgative,  et  fort  nécessaire  pour  chasser  les  humeurs 
corrumpus  du  corps  universel  de  la  republique.  » 
L'utilité  qu'à  ce  point  de  vue  les  Romains  tiraient 
de  Carthage  revient  au  moins  à  trois  reprises  dans 
la  République  (IV,  i;  IV,  vu;  V,  v)  :  «Le  seul 
moyen  d'entretenir  Testât  populaire,  dit  Bodin  dans 
le  premier  de  ces  passages,  est  de  frire  guerre,  et 
forïrer  des  ennemis  s'il  n'v  en  a.   Ce  fut  la  raison 


314 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


principale  qui  meut  Scipion  le  jeune  d'empescher 
tant  qu'il  peut  que  la  ville  de  Carthage  ne  fust  rasée  : 
prévoyant  sagement  que  si  le  peuple  romain  guerrier 
et  belliqueux  n'avoit  plus  d'ennemis,  il  estoit  force 
qu'il  fist  guerre  à  soy-mesme.  »  On  retrouve  encore 
la  même  idée  dans  les  Discours  de  Gentillet  sur  les 
moyens  de  bien  gouverner. 

P.  477,  1.  14.  Et  patimur).  «Nous  subissons  les 
maux  d'une  longue  paix;  plus  terrible  que  les  armes, 
le  luxe  nous  a  domptés.  »  (Juvénal,  vi,  291 .)  Le  texte 
de  Juvénal  porte  «  incubuit  »  au  lieu  de  «  incumbit  ». 

P.  477,  1.  20.  Au  traité  de  Bretigny).  Cf.  Froissait  : 
«  Car  ils  presumoyent  que  le  temps  advenir  toutes 
manières  de  Gens  d'armes,  de  leur  costé,  partiroyent 
et  vuideroyent  les  garnisons  et  forteresses  qu'ils 
tenoyent  à  présent...  et  se  retireroyent  quelque  part 
que  ce  fust  :  &  mieux  valoit,  &  plus  profitable  estoit, 
que  ces  guerroyeurs  et  pilleurs  se  retirassent  en  la 
Duché  de  Bretaigne...  que  qu'ils  viensissent  en  Angle- 
terre, car  leur  païs  en  pourroit  estre  perdu  et  robe.  » 
(I,  ccxiii,  251.) 

p.  477,  1.  25.  Nostre  Roy  Philippe).  Il  y  a  certai- 
nement ici  une  erreur,  comme  l'a  déjà  remarqué  le 
docteur  Payen.  Philippe  \'I  est  le  seul  de  nos  rois 
qui  ait  eu  un  fils  du  nom  de  Jean.  Mais  Jean  le 
Bon  n'a  conduit,  que  je  sache,  aucune  expédition 
«outre-mer».  Si  parmi  les  rois  du  nom  de  Philippe 
nous  en  cherchons  un  qui  ait  envoyé  son  fils  «  outre- 
mer», nous  ne  trouvons  guère  que  Philippe-Auguste 
auquel  Montaigne  ait  quelque  chance  de  penser.  On 
lit  en  effet  que  Philippe-Auguste  envoya  son  fils 
faire  une  expédition  en  Angleterre;  mais  ce  fils 
s'appelait  Louis,  et  non  Jean,  comme  le  nomme 
Montaigne.  Les  Annales  de  Nicole  Gilles,  que  nous 
lui  avons  vu  lire  avant  1580,  mentionnent  cette 
expédition  du  fils  de  Philippe-Auguste  en  Angleterre 
sous  la  date  de  121 5.  Il  est  possible  que  nous  ayons 
là  l'explication  de  l'erreur  de  Montaigne.  L'hypothèse 
reste  néanmoins  très  douteuse.  A  ma  connaissance," 
en  effet,  aucun  des  historiens  lus  par  Montaigne  n'a 
dit  que  cette  expédition  ait  eu  pour  but  de  débar- 
rasser la  France  des  bandes  qui  la  parcouraient. 
Nicole  Gilles  dit  que  Louis  emmena  avec  lui  de 
grandes  compagnies  de  gens  d'armes;  il  n'ajoute  pas 


autre  chose.  Là  n'est  donc  pas  la  source.  Peut-être 
néanmoins  est-ce  bien  cette  expédition  que  Montaigne 
a  dans  l'esprit,  et  peut-être  a-t-il  trouvé  ailleurs 
l'indication  complémentaire  qu'il  y  joint.  En  tous 
cas,  j'indique  ici  seulement  une  explication  possible 
de  son  erreur;  elle  n'est  que  possible,  et  la  source 
à  laquelle  Montaigne  se  réfère  reste  à  trouver. 

P.  478,  1.  I.  Il  y  en  a  plusieurs).  Voyez  en  parti- 
culier Gentillet,  Discours  sur  les  moyens  de  bien  gou- 
verner, éd.  de  1579,  p.  264.  Je  retrouve  cette  opinion, 
qui,  dit-on,  était  celle  de  Coligny,  dans  un  ouvrage 
paru  peu  de  temps  après  la  première  édition  des 
Essais  :  Les  Trois  Mondes  de  La  Popelinière.  La 
Popelinière  voudrait  qu'on  entreprît  des  conquêtes 
lointaines  pour  y  employer  les  mauvais  sujets  que 
les  guerres  de  Religion  ont  fait  pulluler  en  France. 
Puisque  l'Amérique  est  désormais  occupée,  il  con- 
vient de  songer  au  «  Continent  austral  »,  et  l'on 
pourra  grâce  à  lui  opérer  «la  purgation  du  royaume». 

(III,    L.) 

P.  478,  1.  10.  Nil  mihi).  «  O  Némésis,  fais  que  je 
ne  désire  jamais  rien  que  je  ne  puisse  avoir  qu'au 
détriment  de  son  légitime  possesseur.  »  (Catulle, 
Lxviii,  77.) 

P.  478,  1.  14.  Licurgus).  Cf.  Pluurque,  Vie  de 
Licurgue  :  «  Bien  est-il  certain  qu'en  autres  choses 
encore  les  traittoient  ilz  fort  durement  :  car  ilz  les 
faisoient  aucune  fois  boire  par  force  du  vin  sans  eau, 
oultre  mesure,  tant  qu'ilz  les  enyvroient,  puis  les 
amenoient  tous  yvres  es  salles  de  leurs  convives, 
pour  faire  veoir  à  leurs  enfans  quelle  villannie  c'est 
que  une  personne  yvre.  »  (xxi,  f°  39  v°.) 

P.  478,  1.  18.  Ceux  la  avoient  encore).  C'est  un  des 
griefs  de  Corneille  Agrippa  contre  la  médecine  et 
contre  les  médecins.  Cf.  De  incerlitudine  et  vanitate 
scientiarnm,  lxxxvi.  Voir  aussi  la  préface  de  Celse, 
De  arte  mcdica. 

P.  478,  1.  28.  Ouid  vesani).  «  Quel  autre  but 
peuvent  avoir  ces  jeux  impies  et  insensés,  ces  mas- 
sacres de  jeunes  gens,  cette  volupté  sanguinaire  !  » 
(Prudence,  Contre  Symmaque,  II,  672.)  Citation  prise, 
comme  tout  le  passage  suivant,  dans  l'ouvrage  de 
Juste  Lipse  intitulé  :  Saturnaliiini  scrnwnnin  libri  duo, 

I,    XIV. 


LIVRE     II,     CHAPITRE      XXIII. 


315 


P.  479,  1.  I.  Jiisques  à  Théodoshis).  Cf.  Juste  Lipse, 
Sûtunialiiim  sermomiin  lihri  duo,  I,  xii. 

P.  479,  1.  2.  Arripe  dilatam  tiin).  «  Saisissez,  grand 
prince,  une  gloire  résenée  à  votre  règne;  ajoutez  à 
l'héritage  de  gloire  de  votre  père  la  seule  louange 
qui  vous  reste  à  mériter...  Que  le  sang  humain  ne 
coule  plus  pour  le  plaisir  du  peuple...  que  l'arène 
se  contente  du  sang  des  bêtes,  et  que  des  jeux  homi- 
cides ne  souillent  plus  nos  yeux.  »  (Prudence,  Contre 
Symmaqui,  II,  643.)  Citation  prise  au  même  traité 
de  Juste  Lipse,  I,  xii. 

P.  479,  1.  22.  Consurgit  ad  icliis).  «  La  vierge 
modeste  se  lève  à  chaque  coup,  et  chaque  fois  que 
le  vainqueur  enfonce  le  fer  dans  la  gorge  de  son 
adversaire,  elle  se  déclare  ravie,  et,  quand  un  des 
combattants  est  couché  à  terre,  elle  renverse  le  pouce 
pour  ordonner  sa  mort.  »  (Prudence,  Contre  Sviii- 
maque,  II,  617.)  Citation  prise  dans  le  même  traité 
de  Juste  Lipse,  II,  xxn. 

P.  479,  1.  26.  Les  premiers  Romains).  Cf.  Juste 
Lipse,  Saturnalinm  sermoniim  libri  duo  :  «  Primoque 
de  conditione  gladiatorum,  quosdam  servos  esse  aut 
quasi  servos,  quosdam  initio  liberos,  imo  nobiles. 
Equités  senatoresque  passim  arena  se  polluisse  :  quod 
aliis  principibus  permissum,  aliis  vetitum...  Quin 
vulgo  jam  sub  principibus  équités  polluti  arena  et 
senatores.  Origo  prima  rei  a  C.  Cœsare  opinor  :  cujus 
munere  in  Foro  depugnavit  Furius  Leptinus  stirpe 
prœtoria,  et  L.  Calenus  senator  quondam  actorque 
caussarum,  ait  Suetonius  in  Julio  capite  XXXIX. 
Die  hoc  amplius,  permisisse  eum  equitibus  romanis 
uti  pugnarent,  lib.  XLIII.  Eoque  temeritas  hxc, 
sive  insani  fuit,  evasit,  ut  lege  cavere  Augustus 
debuerit,  nec  senatorem  gladiatorem  fieri,  nec  servum 
lictorem.  Equitibus  tamen  palam  id  permisit,  non  sine 
admiratione  mea  et  Dignis  lib.  LVI.  Neque  enim, 
Calpurnius  ait,  conditione  gladiatoria  quidquam  est 
humilius  in  vulgo.  » 

P.  480,  1.  2.  Des  femmes).  Id.,  ibid.  :   «  Feminas 


immo  ipsas  descendisse  in  hune  ludum  :  in  publico 
depugnasse  :  doncc  id  vetitum  a  Severo...  Vel  Taci- 
tum  tuum  audi  lihro  XV  :  feminarum  senatorumque 
illustrium  plures  per  arenam  fœdati  sunt.  »  (II,  iv.) 

P.  480,  1.  3.  Nunc  caput).  «  Maintenant  ils  vendent 
leur  tête  et  vont  mourir  dans  l'arène;  chacun  d'eux 
s'est  fait  d'abord  un  ennemi  en  pleine  paix.  »  (Mani- 
lius.  Astronomiques,  IV,  225.)  Citation  prise  à  Juste 
Lipse,  II,  m. 

P.  480,  1.  5.  Hos  inter).  «Au  milieu  de  ces  fré- 
missements et  de  ces  jeux  nouveaux,  des  femmes, 
sexe  inhabile  au  maniement  des  armes,  prennent 
place  dans  l'arène,  et  se  mêlent  avec  fureur  aux 
combats  des  hommes.»  (Stace,  Sylves,  I,  vi,  51.) 
Citation  prise  à  Juste  Lipse,  II,  iv. 

Chroxologie  :  La  plupart  des  idées  que  Montaigne 
exprime  ici  (similitude  des  maladies  des  Etats  avec 
les  maladies  des  individus,  vicissitudes  des  républi- 
ques, utilité  de  la  guerre  pour  délivrer  un  pays  des 
éléments  turbulents  qui  le  travaillent,  profit  que  les 
Romains  tiraient  de  leurs  colonies  pour  se  décharger 
de  l'excès  de  leur  population,  et  de  la  guerre  cartha- 
ginoise pour  maintenir  les  partis  en  repos)  avaient 
été  développées  par  Gentillet  dans  son  ouvrage  sur 
Les  moyens  de  bien  gouverner;  par  Bodin  dans  sa  Répu- 
blique; quelques-unes  même  étaient  dans  la  Méthode 
du  même  Bodin.  Gentillet  s'est  inspiré  visiblement 
de  la  Méthode  de  Bodin,  et  il  est  manifeste  que  la 
République  de  Bodin  en  retour  doit  beaucoup  aux 
Discours  de  Gentillet;  aussi  est-il  souvent  difficile  de 
décider  auquel  de  ces  trois  ouvrages  Montaigne  pense 
en  écrivant.  En  tous  cas,  nous  avons  vu  qu'il  a  lu 
la  Méthode  de  Bodin  aux  environs  de  1578,  et  quant 
aux  deux  autres  ouvrages,  il  n'a  pu  les  connaître 
avant  1576,  date  de  leur  publication.  Il  y  a  donc 
tout  lieu  de  croire  que  cet  essai  est  contemporain 
des  essais  II,  xxii,  et  II,  xxiv,  qui  l'entourent,  qu'il 
est  par  conséquent  des  environs  de  1578. 


Chapitre   XXIV. 


DE      LA      GRAXDEVR      ROMAINE. 


P.  481,  1.  7.  Ce  que  dit  Suétone  en  la  vie  de  Cœsar). 
(lvi.)  Montaigne  a  trouvé  ce  passage  au  début  de 
son  édition  de  César  (Anvers  1570)  :  «  Epistohis 
quoque  ejus  ad  Senatum  extant...  extant  &  ad  Cice- 
ronem;  item  ad  familiares  domesticis  de  rébus  in 
quibus  si  qua  occultiùs  perferenda  erant,  per  notas 
scripsit...  »    En    marge   :    «Ex    Suet.    in    Cœsare.  » 

(P.  )•)  ^ 

P.  481,  1.  9.  //  V  Cl  et  une  qui  s'adresse).  Ct.  le 
César  de  Montaigne  (Anvers  1 570)  dans  les  fragments 
de  lettres  de  César  :  «  Ex  Epist.  Cirsaris  ad  Cie. 
M.  Furium  quem  mihi  commendas,  vel  regem  Gallia; 
faciam,  vel  Leptie  legatum  :  si  vis  tu,  ad  me  alium 
mitte,  quem  ornem.  »  En  marge  :  «  Ex  libr.  7  epist. 
ad  Csesarem.  »  (P.  2.)  Voir  Cicéron,  hpitres,  VII,  \. 

P.  481,  1.  15.  //  osta  bien  au  Roy  Dejotarus).  Cf. 
De  bello  Ahxandrino,  à  la  fin.  Édition  de  César 
d'Anvers  1570,  p.  378  :  «Mithridatem  Pergamenum, 
a  quo  rem  féliciter,  celeriterque  gestam  in  /Eg3'pto 
supra  scripsimus,-  regio  génère  ortum,  disciplinis 
etiam  regiis  educatum  (nam  cum  Mithridates,  rex 
Asia;  totius,  propter  nobilitatem  Pergamo  parvulum 
secum  asportavcrat  in  castra,  multosquc  tenuerat 
annos)  regem  Bosphori  constituit.  »  Voir  aussi  Cicé- 
ron, De  divinatione,  II,  xxxvii.  â 

P.  481,  I.  18.  Suétone  dict).  Dans  la  Vie  de  César, 
Liv.  L'équivalent  «  trois  millions  six  cens  mill'  cscus  » 
est  donné  à  Montaigne  par  une  note  de  son  édition. 

P.  482,  1.  3.  Tôt  Galatx).  «A  tant  la  Galatie,  à 
tant  le  Pont,  à  tant  la  Lydie.  »  (Claudien,  In  Eutro- 
piuin,  I,  203.) 


P.  482,  1.  4.  Marais  Antonius).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Marc-Anloine  :  «  Et  toutefois  luy  qui  sçavoit  bien 
pallier  &  colorer  de  belles  paroles  ses  faicts  honteux 
&  reprochables,  disoit  que  la  grandeur  &  magnifi- 
cence de  l'empire  Romain  se  demonstroit,  non  par 
ce  que  les  Romains  prenoient,  mais  par  ce  qu'ilz 
donnoient.  »  (viii,  f°  641  v°.) 

P.  482,  1.  8.  Antioehus).  Cf.  Tite-Live  :  «  Quos 
cùm  advenientes  salutasset,  dextrâmque  Popilio  por- 
rigeret,  tabellas  ei  Popilius  scriptum  habentes  tradit, 
atque  omnium  primùm  id  légère  jubet.  Quibus  per- 
lectis,  cùm  se  consideraturum  adhibitis  amicis  quid 
faciendum  sibi  esset,  dixisset  :  Popilius  pro  caetera 
asperitate  animi  virga,  quàm  in  manu  gerebat,  cir- 
cumscripsit  regem  :  ac  prius  quàm  hoc  circulo 
excédas,  inquit,  redde  responsum  senatui  quod  refe- 
ram.  Obstupefactus  tam  violento  imperio,  panimper 
cùm  hresitasset  :  Faciam,  inquit,  quod  censet  senatus. 
Tum  demum  Popilius  dextram  régi  tanquam  socio 
atque  amico  porrexit . . .  Antiochi  legati  (venerunt)  refe- 
rentes  omni  victoria  potiorem  pacem  régi,  quœ  senatui 
placuisset,  visam  :  eûmque  haud  secus  quàm  deorum 
imperio  legatorum  Romanorum  jussis  paruisse.  » 
(XLV,  xii-xiii,  954.) 

P.  483,  1.  2.  Ut  haberet).  Montaigne  a  traduit  ce 
passage  avant  de  le  citer.  (Tacite,  Agricola,  xiv.) 

Chroxolggie  :  Plusieurs  des  faits  allégués  dans 
cet  essai  viennent  des  introductions  que  Montaigne 
trouvait  dans  son  exemplaire  de  César.  L'essai  est 
donc  au  plus  tôt  de  1578. 


Chapitre  XXV, 


DE     NE     CONTREFAIRE      LE      MALADE. 


P.  484,  1.  9.  Tantiun  cura).  «  Voyez  ce  que  c'est 
que  de  si  bien  faire  le  malade  !  La  goutte  de  Cœlius 
n'est  plus  une  feinte.  »  (Martial,  VII,  xxxix,  8.) 

P.  484,  1.  12.  D'un  qui,  voulant).  Cf.  Appien,  IV, 
VI ;  trad.  Seyssel,  éd.  de  1544,  p.  492.  Il  s'agit  de 
Géta.  Montaigne  ne  conserve  pas  les  mots  mêmes 
de  l'historien  comme  on  pouvait  le  supposer  d'ailleurs 
puisqu'il  déclare  avoir  lu  cette  anecdote  «  autre  fois  ». 
L'explication  n'est  pas  chez  Appien. 

P.  48 5,  1.  8.  Lisant  che:^  Froissard).  «Et  si  avoit 
entre  eux  plusieurs  jeunes  Bacheliers,  qui  avoyent 
chacun  un  œil  couvert  de  drap,  à  fin  qu'ils  n'en 
peussent  veoir  :  et  disoit  on  que  ceux  là  avoyent 
voué  entre  Dames  de  leur  pais,  que  jamais  ne  ver- 
royent  que  d'un  œil,  jusques  à  ce  qu'ils  auroyent 
fait  aucunes  prouesses  de  leur  corps  au  Royaume 
de  France.  »  (I,  xxix,  37.) 

P.  485,  1.  26.  Pline  dict).  Dans  son  Histoire  natu- 
relle, VII,  L. 

P.  486,  1.  I.  Comme  j'ay  dit).  Dans  l'essai  I,  xxi. 

P.  48e,  1.  7.  Tu  sçais,  dit-il).  Cf.  Sénèque,  Epîtres  : 
«  Harpasten  uxoris  mes  fatuam,  scis  hsreditarium 
onus  in  domo  mea  remansisse.  Ipse  enim  aversis- 
simus  ab  istis  prodigiis  sum,  si  quando  fatuo  delectari 
volo,  non  est  mihi  longe  qusrendus,  me  rideo.  Hœc 
fatua  subito  desiit   videre.    Incredlbilem   tibi    narro 


rem,  sed  veram,  nescit  esse  se  ccecam,  subinde  pœda- 
gogum  suum  rogat,  ut  migret,  ait  domum  tenebrosam 
esse.  Hoc  quod  in  illa  ridemus,  omnibus  nobis  acci- 
dere  liqueat  tibi.  Nemo  se  avarum  esse  intelligit, 
nemo  cupidum.  Creci  tamen  ducem  quœrunt,  nos 
sine  duce  erramus,  et  dicimus  non  ego  ambitiosus 
sum,  sed  nemo  aliter  Romae  potest  vivere.  Non  ego 
sumptuosus,  sed  urbs  ipsa  magnas  impensas  exigit. 
Non  est  meum  vitium  quod  iracundus  sum,  quod 
nondum  constitui  certum  genus  vitse,  adolescentia 
ha;c  facit.  Quid  nos  decipimus  ?  Non  est  extrinsecus 
malum  nostrum,  intra  nos  est  in  visceribus  ipsis 
sedet.  Et  ideo  difficulter  ad  sanitatem  per\-enimus, 
quia  nos  œgrotare  nescimus.  Si  scrutari  cœperimus, 
quando  tôt  morbos,  tantasve  œgritudines  discutiemus? 
...  Non  est  acerba  medicina  :  protinus  enim  delectat, 
dum  sanat.  Aliorum  remediorum  post  sanitatem 
voluptas  est,  philosophia  pariter  &  salutaris  &  dulcis 
est.  »  (Ép.  50,  p.  50.) 

Chroxologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai.  Une  allusion  prouve  qu'il  est  posté- 
rieur à  l'essai  I,  xxi;  la  place  qu'il  occupe  fournit  en 
outre  une  présomption,  et,  puisqu'il  est  entouré 
d'essais  datés  des  environs  de  1578,  on  est  tenté  de 
supposer  qu'il  est  de  la  même  époque. 


Chapitre    XXVI. 


DES    POVCES. 


p.  487,  1.  I.  Tacitiis  recite).  Dans  les  Atviales,  XII, 
XLVii.  Montaigne  a  pu  prendre  ce  fait  chez  Bodin, 
Melhodiis  ad  facihm  hisioriarnm  cogniiwnem,  p.  63, 
mais  très  vraisemblablement  il  le  doit  à  Béroald, 
commentaire  de  Suétone,  Vie  d'Auguste,  xxiv,  qui 
me  paraît  lui  avoir  fourni  la  plupart  des  éléments  de 
cet  essai.  Suétone  écrit  :  «Equitem  Romanum,  quod 
duobus  filiis  adolescentibus  causa  detrectandi  sacra- 
menti,  poUices  amputasset,  ipsum,  bonaque  ejus 
subjecit  hastae.  »  Et  voici  la  note  de  Béroald  en  cet 
endroit  :  «  Qui  militiœ  munus  ob  formidinem  subter- 
fugiebant,  soliti  erant  sibi  poUices  prscidere,  tanquam 
idonei  amplius  minime  forent  ad  arma  tractanda... 
Ipsi  verô  pollices  in  manibus  dominantur.  Namque, 
ut  eleganter  tradit  Macrobius  libro  Saturnalium 
novissimo,  pollex  nomen  accepit  ab  eo  quod  pollet  : 
qui  nec  in  sinistra  cessât,  nec  minus,  quam  tota 
manus,  semper  in  officio  est.  Unde  apud  Grscos 
à't-iyB'.p  vocatur,  quasi  manus  altéra.  Legimus  apud 
Valerium  in  capite  de  Crudelitate  &  apud  Ciceronem 
libro  III  Officiorum,  Athenienses  prscidisse  pollices 
.(Eginensium  juventuti,  ne  populus,  qui  classe  vale- 
bat,  secum  descendere  posset  in  certamen  virium 
maritimarum.  Idem  Valerius  in  capite  De  severitate, 
refert  severam  Senatus  animadversionem  in  C.  Voc- 
tienum,  qui  sinistré  manus  digitos,  ne  bello  Italico 
militaret,  absciderat...  Mos  fuit  regibus  barbarorum, 
quoties  in  societatem  coibant,  applicare  dextras,  polli- 
césque  inter  se  vincire,  nodôsque  perstringere  :  ubi 
mox  sanguis  in  artus  extremos  pervenerat,  levi  vul- 
nusculo  cruorem  eliciebant  atque  invicem  lambebant. 
In  fœdus,  ut  refert  Cornélius  Tacitus,  arcanum  liabc- 
batur,  quasi  mutuo  cruore  sacratum.  » 


P.  487,  1.  6.  Les  médecins  disent).  Tout  ceci  vient 
de  Macrobe,  Saturnales,  VII,  xui.  Montaigne  a  pris 
ce  passage  de  Macrobe  chez  Béroald,  commentaire 
de  Suétone.  Cf.  la  note  précédente. 

P.  487,  1.  10.  Sed  nec).  «  Elle  n'a  besoin  ni  de 
l'excitation  d'une  voix  charmeuse  ni  de  la  caresse  du 
pouce  pour  se  dresser.»  (Martial,  XII,  xcviii,  8.) 

P.  487,  1.  14.  Faiitor).  «Tes  partisans  applaudi- 
ront ton  jeu  des  deux  pouces.  »  (Horace,  Épîtres, 
I,  xvni,  èè.")  Dans  les  Miscellanea  d'Ange  Politien 
(centurie  i,  n°  42),  on  trouve  une  dissertation  inti- 
tulée «  Pollices  in  favendo  premi,  sicut  in  denegando 
favorem  veiti  clitos  »,  et  dans  cette  dissertation  les 
deux  vers  d'Horace  et  de  Juvénal  que  nous  trouvons 
ici  sont  rapprochés  à  titre  d'autorité.  Je  ne  crois  pas 
que  Politien  soit  ici  la  source  directe  de  Montaigne, 
d'autant  que  dans  l'édition  de  Politien  qu'il  possédait 
le  vers  de  Juvénal  se  présente  avec  une  légère  diffé- 
rence de  texte  :  mais  très  probablement  Montaigne 
a  trouvé  le  rapprochement  de  Politien  reproduit  dans 
son  édition  d'Horace  ou  de  Juvénal. 

P.  487,  1.  lé.  Conversa  poUice).  «  Dès  que  le  peuple 
a  tourné  le  pouce  en  haut,  il  faut,  pour  lui  plaire, 
qu'on  égorge  n'importe  qui.  »  (Juvénal,  m,  36.) 
Cf  la  note  précédente. 

P.  488,  1.  3.  Auguste  confisqua).  Cf.  Suétone,  Vie 
d'Auguste,  xxiv.  Voir  la  note  p.  487,  1.  i. 

P.  488,  1.  5.  Le  Sénat).  Cf.  Valère  Maxime,  V, 
III,  3.  Cette  allégation  a  été  prise  chez  Béroald,  com- 
mentaire de  Suétone.  Cf.  ci-dessus  la  note  p.  487, 1.  i . 

P.  488,  1.  9.  Ouelciin,  de  qui  il  ne  nie  souvient  point). 
Peut-être  souvenir  erroné  de  Plutarquc,  Vie  de  Ly- 
sandre  :    «  Or  estoit   lors   capitaine   des   Athéniens, 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XXVI. 


319 


entre  autfes  un  nommé  Philocles,  celuy  qui  meit  en 
avant  &  suada  au  peuple  d'Athènes  de  faire  coupper 
aux  prisonniers  de  guerre  le  poulce  de  la  main 
droitte,  à  fin  qu'ilz  ne  peussent  plus  manier  la  picque, 
mais  bien  ser\'ir  à  tirer  la  rame.  »  (v,  f°  306  v°.) 
Mais  il  se  pourrait  fort  bien  encore  que  Montaigne 
eût  dans  l'esprit  tout  simplement  le  traitement  infligé 
par  les  Athéniens  aux  Eginètes,  traitement  qu'il  va 
rapporter  après  1588. 

P.  488,  1.  12.  Les  Athéniens).  Cf.  Cicéron,  De 
officiis,  m,  XI  ;  voir  aussi  Valère  Maxime,  IX,  11, 
ext.  8.  Le  fait  ayant  été  inséré  après  1588  n'a  pas  dû 
être  pris  par  Montaigne  chez  Béroald.  Voir  ci-dessus 
la  note  p.  487,  1.  i. 

P.  488,  1.  14.  En  Laeedemone) .  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Lycurgne)  :  «  La  punition  de  celuy  [des  enfants] 


qui  respondoit  mal  à  propos  estoit,  que  le  maistre 
luy  mordoit  le  poulce,  &  le  faisoit  le  plus  souvent 
en  présence  des  vieillards  &  des  magistrats  de  la  ville, 
pour  veoir  s'il  les  punissoii  avec  raison  &  ainsi  qu'il 
appartenoit.  »  (xiv,  f°  35  V.) 

Chronologie  :  Aucune  allusion  ne  permet  de 
dater  cet  essai.  La  place  qu'il  occupe  invite  à  croire 
qu'il  a  été  composé  vers  1578.  Comme  aux  environs 
de  1578  (les  essais  II,  xxxiii,  et  II,  xxxiv,  en  font 
foi),  Montaigne  a  beaucoup  étudié  Suétone,  les 
nombreux  emprunts  à  Suétone  qu'on  y  rencontre 
semblent  appuyer  cette  hypothèse.  Mais  Suétone  est 
un  auteur  qui  paraît  avoir  été  lu  à  diverses  reprises 
entre  1570  et  1580.  Il  n'y  a  donc  là  aucune  preuve. 


Chaphre   XXVII. 


COVARDISE  MERE   DE  LA   CRVAVTH. 


P.  489,  1.  I.  J'ay  souvent  oiiy  dire).  En  particulier 
dans  les  Discours  sur  les  moyens  de  bien  gouverner,  de 
Gentillet  :  «  Je  monstreray  que  la  magnanimité  a 
tousjours  été  conjointe  avec  humanité,  douceur  et 
clémence,  et  pusillanimité  au  contraire  a  tousjours 
esté  accompagnée  de  cruauté,  orgueil  et  vengeance.  » 
Et  encore  :  «  Gens  cruels  sont  volontiers  couards. 
Ce  vice  de  cruauté  procédant  de  l'impuissance  de 
ceux  qui  ne  peuvent  commander  à  leurs  cholères  et 
passions  de  vengeance,  et  qui  se  laissent  vaincre  et 
dominer  par  icelles  ne  tombe  jamais  en  cœur  valeu- 
reux et  généreux,  bien  disposé  et  habitué,  ains 
seulement  en  cœurs  lâches,  couards,  peureux  et  mal 
habitués...  »  (III,  \'iu.)  Suivent  des  exemples  nom- 
breux parmi  lesquels  se  trouve  celui  de  l'empereur 
Maurice  que  Montaigne  citera  quelques  lignes  plus 
loin. 

P.  489,  1.  5.  Alexandre,  iyran  de  Phcres).  Cf.  Plu- 
tarque.  Fie  de  Pélopidas  :  «  Et  quelquefois  estant  en 
un  théâtre  où  Ion  jouit  la  Tragédie  des  Troades 
d'Euripides,  il  sortit  du  théâtre,  &  envoya  neant- 
moins  dire  aux  joueurs,  qu'ilz  ne  laissassent  pas  de 
jouer  tout  aussi  diligemment  que  s'il  y  fust  demouré, 
&  qu'il  n'estoit  point  sorty  pource  qu'il  .s'y  fachast, 
ou  qu'il  ne  trouvast  pas  leur  jeu  bon,  mais  pource 
qu'il  avoit  honte,  que  ses  citoiens  le  veissent  plorer 
pour  ouir  jouer  les  malheurs  de  Hecuba  et  de  Andro- 
mache,  veu  qu'il  n'avoit  jamais  eu  pitié  de  pas  un 
de  tant  d'hommes  qu'il  avoit  fait  tuer.  »  (xiv,  f"  203.) 

P.  489,  1.  13.  Mv  nisi).  «Et  qui  ne  se  plaît  à 
immoler  un  taureau  que  s'il  résiste.  »  (Claudien, 
Epist.  ad  Hadrian.,  30.) 

P.  490,  1.  4.  Et  lupus).  «  Le  loup,  l'ours  lâche  et 


les  animaux  les  moins  nobles  s'acharnent  contre  les 
mourants.»  (Ovides,  Tristes,  III,  v,  35.)  Le  texte  est 
celui  des  éditions  contemporaines. 

P.  490,  1.  6.  Comme  les  chiens  couards).  Cf.  Plu- 
tarque.  Comment  il  faut  oitir  :  «  Ceulx  là  doncques... 
font  ne  plus  ne  moins  que  les  couards  &  chetifs 
chiens,  qui  mordent  bien  les  peaux  des  bestes  sau- 
vages, quand  ils  sont  à  la  maison,  &  leur  arrachent 
bien  les  poils,  mais  ils  ne  touchent  point  à  elles  aux 
champs.  »  (xix,  f"  30  V.) 

P.  490,  1.  19.  Et  tout  ainsi  comme  Bias).  Id.,  Pour- 
qtioy  la  justice  divine  diffère  quelquefois  la  punition  des 
maléfices  :  «  Quant  à  moy,  le  dire  de  Bias,  après  que 
je  l'ay  repensé  plusieurs  fois,  me  fasche,  quand  il 
dit  à  un  certain  méchant  homme  :  Je  n'ay  pas  peur 
que  tu  ne  sois  puny  de  ta  meschanceté,  mais  j'ay 
peur  que  je  ne  le  voye  pas.  Car...  quel  reconfort 
apporta  aux  Orchomeniens  qui  avoient  perdu  leurs 
enfans,  leurs  parents,  &  amis,  par  la  trahison  de 
Lyciscus,  la  maladie  qui  long  temps  depuis  luy 
advint,  &  luy  mangea  tout  le  corps,  encore  que  luy 
mesme  trempant  &  baignant  ses  pieds  dedans  la 
rivière,  jurast  &  maugreast  qu'il  pourrissoit  pour  la 
trahison  qu'il  avoit  meschamment  et  malheureuse- 
ment commise?»  (11,  f°  258  v".) 

P.  491,  1.  15.  Au  Royaume  de  Narsingue).  Cf. 
Goulard,  Histoire  du  Portugal  :  «  Celuy  qui  desfie 
un  autre  combat  à  outrance,  demande  place  au  Roy, 
en  laquelle  il  puisse  seurement  combatre  son  adver- 
saire. Si  c'est  quelque  homme  de  marque,  le  Roy 
se  trouve  la  en  personne,  &  donne  une  petite  chaîne 
d'or  au  vainqueur,  qui  la  doit  garder  tout  le  temps 
de  sa  \ie,   autrement   il   perd   tout   l'honneur  qu'il 


LIVRE      II,      CHAPITRE     XXVII. 


avait  aquis.  Et  est  loisible  à  tout  homme  de  lever 
les  armes  contre  luy  seul  à  seul,  pour  essayer  qui 
emportera  la  chaîne,  laquelle  demeure  au  plus  fort, 
&  luy  est  ostee  s'il  se  laisse  vaincre  puis  après  par 
un  encores  plus  vaillant  que  luy.  Et  non  seulement 
les  gens  de  guerre,  mais  aussi  les  artisans  vuident 
à  coups  d'espee  les  débats  survenans  entr'eux  pour 
sçavoir  qui  est  le  plus  excellent  ouvrier.  »  (IV,  xii, 
f°  119  r'\) 

P.  491,  1.  2é.  Jsiniiis  Pollio).  Cf.  Pline,  Hisloirc 
natiireUe.  Préface  à  \"espasien,  vers  la  tin.  Montaigne 
a  sans  doute  pris  ceci  dans  le  Coininentairc  de  la  Cité 
de  Dieu  par  Vives  :  «  Plinius  in  prjefatione  Historia; 
mundi  scribit  Asinium  Pollionem  parasse  in  Plancum 
orationes,  quas  post  mortem  ejus  esset  œditurus,  ne 
respondere  posset.  Plancum  ubi  hoc  rescisset,  cum 
mortuis  non  nisi  lar\^as  luctari  dixisse  :  quo  dicto  ita 
esse  orationes  illas  repercussas,  ut  apud  eruditos  nihil 
impudentius  haberetur.  »  (V,  xxvii.) 

P.  492,  1.  8.  On  disait  à  Aristote).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  d' Aristote  :  «  Audierat  aliquando  se  à 
quodam  maledictis  esse  lacessitum.  Tum  ille,  absen- 
tem,  inquit,  etiam  verberet.  »  (V,  xviii,  302.) 

P.  492,  1.  18.  De  seconds).  Une  critique  analogue 
se  retrouvera  dans  les  Lettres  de  Pasquier,  X,  iv. 

P.  492,  1.  21.  Ciini  in  se).  «  Parce  que  cliacun  se 
défiait  de  soi-même.  » 

P.  493,  1.  22.  Nostre  Duc  d'Orléans).  Cf.  Mons- 
trelet,  I,  ix.  Montaigne  a  mis  une  note  manuscrite 
dans  son  exemplaire  de  Nicole  Gilles,  au  passage  où 
ce  foit  d'armes  est  rapporté.  (Voir  Revue  d'Histoire 
littéraire  de  la  France,  janvier-mars  1913,  p.  136, 
annotation  126.) 

P.  493, 1.  24.  Les  Argiens).  Cf.  Hérodote,  I,  Lxxxii; 
t.  I,  f°  39  r°. 

P.   493,   1.   25.   Les  Hùratieus).   Cf.  Tite-Live,  I, 

XXIV. 

p.  493,  1.  28.  Mon  frère,  sieur  de  Matecolom).  11 
accompagnait  Montaigne  dans  son  voyage  en  Italie. 
Le  Journal  de  voyage  ne  fait  aucune  mention  de  ce 
duel  qui,  très  probablement,  est  postérieur  au  retour 
de  Montaigne.  On  trouve  des  renseignements  sur 
cette  affaire  chez  Brantôme,  Mémoire  touchant  les  duels. 
«  Plusieurs,    dit-il,    prétendent    «  qu'il    est    fort    de 


besoin  d'avoir  des  seconds»  dans  un  duel;  «tout 
ainsi  qu'il  y  a  force  autres  qui  ne  veulent  point  de 
seconds,  desquels  arrive  force  inconvénients  que  je 
ne  veux  m'amuser  exprimer,  sinon  un,  arrivé  par 
exemple  faict  à  Rome,  du  temps  du  pape  Grégoire 
dernier,  entre  deux  autres  gentilshommes  françois 
qui  estoient  La  Villate,  le  baron  de  Saligny,  et 
Matecolom  et  Esparezat,  gascon  et  escuyer  de  la 
grande  escuyerie  du  roy.  Il  s'assignèrent  le  combat 
à  quatre  milles  de  Rome.  Esparezat,  auteur  de  la 
querelle,  se  battit  contre  La  Villate  son  adversaire; 
Matecolom  second  d'Esparezat,  se  battit  contre  le 
baron  de  Salligny;  et  chacun  s'estant  mis  à  part  assez 
loing  de  l'autre  de  quelque  trente  pas,  après  avoir 
faict  leur  devoir  advint  que  Matecolom  le  premier 
tua  son  ennemy,  et  voyant  que  son  second  Esparezat 
estoit  long  à  tuer  le  sien,  encore  qu'il  fust  fort  jeune 
garçon  (ainsi  que  dist  Francisco  tireur  d'armes  : 
Ou'erano  puti,  comme  estoit  aussi  Salligny)  s'en 
vint  ayder  à  Esparezat,  et  tous  deux  tuèrent  La  Vil- 
late, je  crois  non  pas  sans  grand'peine,  encores  que 
le  jeune  homme  crioit  qu'il  n'y  avoit  raison  de  se 
mettre  deux  sur  un.  Matecolom  réplicquoit  :  «Que 
»  sçay-je  aussi?  quand  tu  aurois  tué  Esparezat  tu  me 
»  viendrois  à  tuer  si  tu  pouvois,  et  me  viendrois 
»  donner  de  l'affaire  où  je  ne  m'y  veux  mettre  plus 
»  que  j'y  suis  et  en  puis  sortir.  »  Et  voylà  comment 
alla  ce  combat.  »  (VI,  p.  322.) 

P.  494,  1.  28.  Nous  allons  apprendre  en  Italie).  C'est 
précisément  pour  apprendre  l'escrime  que  Matecolom 
était  resté  à  Rome  après  le  départ  de  son  frère.  La 
Noue,  dans  les  Discours  politiques,  v,  parle  de  trois 
cents  à  quatre  cents  jeunes  gens  qui  chaque  année 
passaient  les  Alpes  à  cet  effet.  Dans  son  Journal  de 
voyage  nous  voyons  Montaigne  très  intéressé  par  tout 
ce  qui  concerne  l'escrime  :  il  va  voir  des  escrimeurs 
à  Augsbourg  (p.  121);  il  relate  des  opinions  de  Silvio 
Piccolomini  sur  l'escrime  (p.  384). 

P.  495,  1.  3.  Primitix.  «Malheureux  coups  d'essai 
de  la  jeunesse  !  dur  apprentissage  de  la  guerre  à  venir.» 
(Virgile,  Enéide,  XI,  156.)  Le  texte  de  l'édition  de 
Venise  1539  est  : 

«  Primitiic  juvciiis  miser.v,  belllquc  piopinqni 
»  Dura  rudimenta.  » 


ESSAIS      DE      MOKTAIGKE. 


P.  495,  1.  6.  Dict  Tile  Live).  Dans  les  Annales  : 
«  Major  usu  armorum  et  astu  facile  stolidas  vires  mino- 
ris  superavit.  »  (Les  deux  cousins  germains  dont  parle 
Montaigne  étaient  Corbis  et  Orsua.)  (XXVIII,  xxi.) 

P.  495,  1.  9.  Ce  n'est  pas  proprement  vertu).  La 
même  idée  se  retrouve  dans  le  Cléandre  de  François 
de  la  Chassaigne,  seigneur  de  Pressac,  beau-frère  de 
Montaigne,  qui  loue  les  Lacédémoniens  de  n'avoir 
pas  permis  à  des  maîtres  d'armes  d'enseigner  «  l'art 
de  luicter  à  leurs  jeunes  hommes,  pource,  disoient- 
ils,  qu'il  faut  que  ce  soit  une  jalousie  parmy  eux  de 
force  et  de  vertu,  et  non  d'artifice.  »  (Éd.  de  1586, 
f"  213  y.) 

P.  495,  1.  21.  Non  scbivar).  «Ils  ne  veulent  ni 
esquiver,  ni  parer,  ni  fuir;  l'adresse  n'a  point  de  part 
à  leur  combat;  leurs  coups  ne  sont  point  feints, 
tantôt  directs,  tantôt  obliques;  la  colère,  la  fureur 
leur  ôtent  tout  usage  de  l'art.  Ecoutez  le  choc  hor- 
rible de  ces  épées  qui  se  heurtent  en  plein  fer;  ils 
ne  rompraient  pas  d'une  semelle;  leurs  pieds  restent 
immobiles  et  leurs  mains  sont  toujours  en  mouve- 
ment; d'estoc  ou  de  taille  tous  leurs  coups  portent.» 
(Torquato  Tasso,  Jérusalem  délivrée,  XII,  lv.) 

P.  496,  1.  5.  Qu'une  fin  privée).  Rapprocher  ce  que 
dit  dans  son  Cléandre  François  de  la  Chassaigne, 
seigneur  de  Pressac  :  «  Encore  y  auroit-il  apparence 
de  tenir  en  quelque  respect  ceste  inclination,  lorsque 
le  public  en  reçoit  du  service,  comme  aux  sièges  des 
villes,  et  aux  batailles  où  les  princes  et  les  peuples 
s'arment  les  uns  contre  les  autres,  mais  de  vouloir, 
tout  au  rebours,  nuire  à  qui  vit  sous  mesme  police 
et  mesmes  lois  et  qui  fait  partie  du  mesme  corps  de 
Republique  sous  une  fau.sse  et  sotte  imagination 
d'utilité  particulière,  est  une  affection  qui  porte  mar- 
que d'une  nature  extrêmement  lasche  et  sordide.  » 
(Éd.  de  1586,  f°  219  v°.)  Pressac  .s'élève  d'ailleurs 
énergiquement  contre  l'usage  des  duels,  et  nombreux 
.sont  les  écrivains  qui  l'ont  critiqué  au  xvi'  siècle. 
Signalons,  -  parmi  les  écrits  qui  ont  eu  le  plus  de 
chances  de  tomber  entre  les  mains  de  Montaigne, 
Alciat,  De  singulari  certamine  (Lyon  1543,  traduction 
française  de  1550);  Messie,  Diverses  leçons,  IV,  ix; 
Dialogues  philosophiques  de  Gyraldi  (traduction  Cha- 
puis  1583,  p.  70);  Jacques  Tahureau,  Dialogues  (éd. 


de  1566,  p.  81);  Christophle  de  Clietfontaines,  Chres- 
tienne  confutation  du  point  d'honneur  (Paris  1571); 
Arnaud  Sorbin,  Exhortation  à  la  noblesse  pour  la  dis- 
suader et  détourner  des  duels  (Paris  1578);  Louis  Leca- 
ron,  Discours  philosophiques  ÇPtins  1579),  question  vi; 
La  Noue,  Discours  politiques  (1587),  xii;  etc. 

P.  496,  1.  10.  Puhlius  Rutilius).  Cf.  Valère-Maxime, 
II,  ni,  2. 

P.  496,  1.  15.  if/!  la  bataille  de  Pharsale).  Cf.  Plu- 
tarque,  l'ie  de  César  :  «  Les  six  cohortes,  que  Ci^sar 
avoit  mis  en  aguet  derrière  luy,  se  prirent  à  courir 
droit  à  eulx,  sans  lancer  de  loing  leurs  javelots 
comme  ilz  ont  accoustumé,  nj'  en  frapper  à  coups 
de  main  les  cuisses  ny  les  jambes  des  ennemis,  ains 
taschans  à  leur  donner  droit  dedans  les  yeux,  &  à 
les  en  assener  au  visage,  suyvant  ce  que  Cœsar  leur 
avoit  enseigné  :  pource  qu'il  esperoit  que  ces  jeunes 
gentilzhommes,  qui  n'avoient  gueres  hanté  les  armes 
ny  accoustumé  de  se  veoir  blecez,  &  qui  estoient  en 
la  fleur  de  leur  aage  &  de  leur  beaulté,  craindroient 
fort  ces  bleceures  là,  &  n'arresteroient  jamais,  tant 
pour  la  crainte  du  danger  présent  d'y  perdre  la  vie, 
que  pour  la  doubte  que  leurs  beaux  visages  n'en 
demourassent  diiîbrmes  à  l'advenir.  »  (xii,  f°  507  v°.) 

P.  496,  1.  18.  Tout  ainsi  que  Pbilopœmen).  Id.,  Vie 
de  Philopéuu'u  :  «  On  lu}'  feit  response  que  la  dispo- 
sition de  la  personne  &  la  manière  de  vivre  que 
suivoient  les  lucteurs,  &  ceulx  qui  se  preparoient 
aux  autres  telz  combats,  estoient  en  tout  &  par  tout 
contraire  à  celle  d'un  bon  homme  de  guerre,  mes- 
mement  quant  à  son  vivre  &  à  son  exercice  ordinaire, 
pour  autant  que  les  lucteurs  mettoient  peine  d'entre- 
tenir &  augmenter  soigneusement  leur  embonpoinct 
par  beaucoup  dormir,  boire  &  manger  continuelle- 
ment, se  travailler  &  reposer  à  certaines  heures  sans  y 
faillir  d'une  minute,  &  estoient  tousjours  en  danger 
de  perdre  la  force  &  roideur  de  corps  qu'ilz  en  acque- 
roient,  s'ilz  faisoient  le  moindre  excès  du  monde,  ou 
s'ilz  passoient  leur  ordinaire  d'un  seul  poinct  :  là  ou 
il  fault  que  gens  de  guerre  soient  faicts  &:  accous- 
tumez  à  toute  diversité  &  toute  inégalité  de  vie, 
&  mesme  qu'ilz  aient  appris  de  jeunesse  à  supporter 
facilement  la  disette  de  toutes  choses  nécessaires  à  la 
vie  de  l'homme,  &  à  endurer  aiseement  de  passer 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XXVII. 


323 


les  nuicts  sans  dormir.  Ce  que  Philopœmen  aiant 
entendu,  non  seulement  il  rejetta  pour  lors  tous  telz 
exercices  &  s'en  moqua,  mais  depuis  encore  quand 
il  fut  chef  d'armée,  il  s'estudia  par  tous  moyens 
d'infamie  &  d'opprobres  qu'il  leur  peut  faire,  d'en 
amortir  &  esteindre  du  tout  la  coustume,  comme 
celle  qui  rendoit  les  corps  des  hommes  inutiles  aux 
travaux  &  aux  combats  nécessaires  pour  la  défense 
de  leur  païs,  qui  autrement  y  seroient  très  idoines 
&  utiles.  »  (i,  f"  249  v°). 

P.  497,  1.  3.  Lacbei^  en  Platon).  Dans  le  Lâchés  : 
«  Quasi  enim  dedita  opéra  nuUus  unquam  in  bello 
illustris  evasit  eorum  qui  his  ludis  incuhuerunt.  >> 
(vu,  p.  183;  éd.  de  1546,  p.  292.) 

P.  497,  1.  8.  Platon  interdict).  Dans  les  Lois  : 
«  Luctationis  autem  gênera  illa  quœ  Anteus  &  Cercyo 
in  artificium  inutilis  contentionis  gratia  deduxerunt, 
vel  Epius  vel  Amycus  in  pugili  concertatione  :  quum 
nihil  ad  pnelium  conférant,  digna  mentione  non 
-sunt.  »  (P.  79e;  éd.  de  154e,  p.  827.) 

P.  497,  1.  13.  L'Empereur  Maurice).  Cf.  Zonaras, 
III,  f"  828,  et  aussi  Gentillet,  Discours  sur  les  moyens 
de  bien  gouverner,  III,  viii.  Montaigne  écrit  Philippe 
au  lieu  de  Philippique. 

P.  497,  1.  23.  Ciincta  ferit).  «  Craignant  tout  il 
frappe  tout.  »  (Claudien,  /;;  Eutropium,  I,  182.) 

P.  497,  1.  26.  Philippus).  Cf.  Tite-Live,  XL,  m. 

P.  499,  1.  18.  Tout  ce  qui  est  au  delà  de  la  mort 
simple).  Cf.  la  même  phrase  dans  l'essai  II,  xi,  p.  133, 
1.  9.  A  Rome  on  en  a  fait  un  grief  à  Montaigne. 
Cf.  Journal  de  voyage,  p.  250. 

P.  499,  1.  25.  Josepbe  recite).  Dans  son  autobiogra- 
phie, à  la  fin.  ri£7.ç6£';  Bà  j-i  Tircj  Kt.-x^zz  sùv 
KîpîxAÙo  y.T.  y.'/J.o'.^  ".--£j7'.v  t\z  -/.(o^L-çi  T'.vi  Bïy.oav 
X£Yî;j.£v/;v,  zpîç  y.aTav;r,j(i)v  v.  -.i~z:  è-'.tiqîî'.îç  izv.  yipx/.x 
SÉçaïGjc,  (jj^  Èy.îïÔEv  i-ss-îiÇtov  v.ii-i  7:3À7>sjî  x\yj.3.\MTSJ: 
àvî3Ta'jp(i);j.=v:'j;  y.al  TpEÏ;  -'viopi-aç  rxrrfii'.:  ;j,ît  YîVîJ.evîj;, 
r,Xfr,(jx  rr,v  ii\i'/r;'i,  y.a't  \).Z'x  îay.pjwv  Tp;c£/.9wv  T!-:(.>  cl-îv. 
"O  s'  £j6à;  kv.ihvjsvi  v.xfix'.pi^i'r.x:  xjtîj;  Qtpxizz'.x: 
l-::\[xc'KZ!j-XTr,^  Tuyîïv.  Kx:  z\  <^k-i  ojci)  tïXî'jtwt'.  Oîpx- 
::£-j;;j.£Vî'.,  h  5=  ts;-::;  ^'.,r^zvl.  (Ed.  Dindorf,  parag.  75, 
p.  38;  éd.  de  1544,  p.  655.) 

P.  500,  1.  2.  L'cmperur  Mechmet).  Ou  Mahomet  II. 
Cf.  Chalcondyle  :  «  Pour  leur  faire  mieux  sentir  la 


mort  et  qu'ils  languissent  d'avantage  on  les  coup- 
poit  en  deux  moitiez  par  le  faux  du  corps  à  l'endroit 
du  diaphragme,  d'un  seul  coup  de  cimeterre  bien 
tranchant  et  affilé  :  artifice  certes  trop  inhumain,  de 
faire  ainsi  soutfrir  à  un  uiesme  corps  le  cruel  senti- 
ment de  deux  morts  tout  ensemble  pour  l'avoir 
séparé  en  deux  parts  pleines  de  vie;  lesquelles  on 
pouvoit  veoir  horriblement  se  démener  par  quelque 
espace  de  temps,  avec  des  gestes  tres-espouvantables 
et  hideux  a  cause  des  angoisses  et  tourmens  qui  les 
pressoient.  »  (X,  11,  p.  687.) 

P.  500,  1.  10.  D'autres  historiens).  Cf.  Jacques  de 
Lavardin,  Histoire  de  Scanderberg  :  «Le  félon  enragé... 
après  toutes  espèces  d'ignominie  et  inhumanité  à 
l'endroit  d'eux,  y  adjousta,  pour  couronner  ses 
œuvfes,  ceste  nouvelle  et  inusitée  barbarie,  les  faisant 
escorcher  vifs  peu  à  peu  par  quinze  jours  continuels  : 
durant  lesquels  ils  rendirent  constamment  à  Dieu  les 
âmes  glorieuses.  »  (F°  446  r".) 

P.  500,1.  13.  Cresus  aiant  faict).  Cf.  Plutarque,  De 
la  malignité  d'Hérodote  :  «  Il  feit  prendre  l'un  des  plus 
grands  amis  de  son  frère  (Pantaléon),  homme  noble 
qui  luy  avoit  esté  adversaire,  et  le  tirant  en  la  boutique 
d'un  foulon,  le  feit  tant  carder  à  coups  de  carde  et  de 
peignes  de  cardeur,  qu'il  en  mourut.»  (x^■III,  f°  65 1  r°.) 
Cf.  aussi  Hérodote,  I,  xcii;  t.  I,  f"  45  v°. 

P.  500,  1.  17.  George  Sechel).  Cf.  Paul  Jove,  His- 
toriarum  siii  temporis  libri  :  «  Georgius  cum  Lucatio 
fratre,  quibus  ut  parceretur  Vayvoda  jusserat,  vivus 
capitur...  Vavvoda  ad  internitionem  cruciferi  nominis 
confecto  pra;lio,  Georgium  tortoribus  excruciandum 
tradit.  Illi  nudum  et  cathenis  vinctum  in  equuleo 
constituunt,  et  corona  candenti  ex  vomere  conflata, 
ut  regem  mos  est,  coronant  :  venisque  dissectis  pro- 
fluentem  sanguinem  potandum  Lucatio  pr^bent. 
Deinde  ad  viginti  agrestes,  qui  in  exercitu  ordines 
duxerant,  tridui  inedia  maceratos  ad  id  crudelitatis 
cogunt,  ut  dentibus  spirantis  ducis  artus  dilacerent, 
atque  deglutiant.  lUe  mira  constantia  neque  gemitum 
edere,  neque  in  miserabili  mortis  génère  quicquam 
horrescere,  unum  tantum  dcprecari,  ne  insontem 
Lucatium  quem  ipse  renitentem  ad  id  bellum  per- 
duxisset,  his  cruciatibus  dignum  existimarent.  Pos- 
tremo    laniatis    omnibus    membris,    quum    diutius 


324 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


gravissimos  dolores,  vel  immani  spiritu  sustinere  non 
posset,  extractis  visceribus  exenterant,  in  trusta  sécant 
atque  ahenis  et  verubus  coctum,  comedendum  mili- 
tibus  suis  apponunt.  »  (XIII,  f"  128  r".) 

Chronologie  :  Cet  essai  est  de  la  dernière  période 
(environ  1578).  En  effet,  l'exemple  de  l'empereur 
Maurice  doit  en  être  l'occasion  et  cet  exemple  me 
semble  venir  de  Gentillet.  L'anecdote  est  en.  effet 
dans  les  Discours  sur  les  moyens  de  bien  gouverner  de 
Gentillet  (III,  viii),  et  elle  figure  dans  le  passage 
qui  est  consacré  à  la  cruauté.  Pourtant,  le  récit  de 
Gentillet  ne  suffit  pas  à  expliquer  celui  de  Montaigne. 
Des  détails  prouvent  avec  évidence  que  l'auteur  des 
Essais  a  connu  un  récit  plus  complet,  celui  de 
Zonaras,  qui  est  également  la  source  de  Gentillet. 
Une  chose  néanmoins  est  frappante  :  l'exemple  est 
emploj-é  de  la  même  manière  à  la  fois  chez  Gentillet 
et  chez  Montaigne;  il  illustre  chez  l'un  et  chez  l'autre 
la  même  idée.  En  marge  Gentillet  écrit  :  «  Gens 
cruels  sont  volontiers  couards  »,  et  il  s'étend  longue- 
ment sur  cette  proposition  ;  il  la  démontre  avec  force 
exemples  de  tout  genre.  Il  déclare  «  que  la  magna- 
nimité a  tousjours  esté  conjointe  avec  humanité, 
douceur  et  clémence  :  et  pusillanimité  au  contraire 
a  tousjours  esté  accompagnée  de  cruauté,    orgueil 


ei  vengeance  ».  L'anecdote  de  l'empereur  Maurice 
est  peu  connue,  et  je  ne  l'ai  trouvée  nulle  part  citée 
dans  les  ouvrages  moraux  du  temps.  Croirons-nous 
que,  par  un  hasard  singulier,  elle  suscite  à  la  même 
époque  chez  deux  écrivains  des  réflexions  morales 
tout  à  fait  analogues?  C'est  possible  assurément,  mais 
c'est  très  peu  probable.  Et  puisque  par  ailleurs  nous 
avons  prouvé  que  Montaigne  avait  connu  l'œuvre 
de  Gentillet,  il  v  a  lieu  de  croire  à  une  influence. 
Un  souvenir  de  Gentillet  a  suscité  l'essai  de  Mon- 
taigne. A  son  tour,  l'exemple  de  Maurice  lui  a 
rappelé  ce  qu'il  avait  lu  de  cet  empereur  dans  son 
Zonaras.  La  lecture  de  Zonaras  était  peu  ancienne  : 
le  chapitre  De  la  liberté  de  conscience  (II,  xix),  où  se 
rencontrent  des  emprunts  à  cet  auteur,  en  fait  foi. 
Le  souvenir  était  encore  récent.  Montaigne  n'a  sans 
doute  pas  ouvert  à  nouveau  son  Zonaras  à  la  page 
correspondante;  il  a  probablement  cité  de  mémoire  : 
c'est  pour  cela  qu'il  appelle  le  gendre  de  Maurice, 
Philippe,  au  lieu  de  l'appeler  Philippique  (Philippi- 
cus),  qui  est  la  forme  véritable,  celle  qu'on  rencontre 
chez  Millet  de  Saint-Amour,  le  traducteur  de  Zonaras. 
Montaigne  a  lu  Zonaras  certainement  vers  1578; 
il  n'a  pas  pu  lire  Gentillet  avant  1576,  et  il  l'a  très 
probablement  lu  aux  environs  de  1578.  L'essai  II, 
XXVII,  est  donc  à  coup  sûr  de  la  dernière  période. 


Chapitre   XXVIII. 


TOVTES     CHOSES      ONT      LEVR     SAISON, 


P.   501,  1.   6.   Aiant  osé  choquer).   Cf.   Tite-Live, 

XXXVIII,    L-LIV. 

p.  501,  1.  9.  Il  se  mit  à  apprendre).  Cf.  entre  autres 
sources  Plutarque,  Fie  de  Calon  le  Censeur,  i,  f°  234  v°. 

P.  501,  1.  II.  Fort  honnorable).  Notons  que  pour 
la  plupart  les  moralistes  et  compilateurs  du  xvi'  siècle 
louent  au  contraire  Caton  le  Censeur  de  s'être  ainsi 
mis  tardivement  à  l'étude  du  grec,  et  voient  dans 
celte  rétractation  de  ses  principes  un  hommage  rendu 
à  l'excellence  des  sciences  et  des  lettres.  C'est  le  cas, 
par  exemple,  pour  Breslay  dans  son  Anthologie. 

P.  501,  1.  14.  Hors  de  propos).  Rapprocher  les  idées 
que  Montaigne  a  longuement  développées  à  ce  sujet 
dans  l'essai  I,  lvi,  et  qui  lui  ont  été  reprochées  à 
Rome. 

P.  501, 1. 14.  T.  Oiiintius Flaminins).  Cf.  Plutarque, 
Comparaison  de  T.  O.  Flaminins  avec  Philopœnien,  11. 

P.  501,  1.  17.  Imponit  finem).  «Le  sage  pose  des 
bornes  même  à  la  vertu.  »  (Juvénal,  vi,  444.)  La 
valeur  de  la  citation  chez  Juvénal  est  différente. 

P.  502,  1.  I.  Eiideniouidas).  Cf.  Plutarque,  Les  dicts 
notables  des  Lacedemoniens  :  «  Eudamidas  fils  d'Archi- 
damus,  aiant  veu  Xenocrates  qui  estoit  desja  fort 
avant  sur  son  aage  en  l'Académie  estudiant  en  la 
Philosophie  avec  ses  familiers,  demanda  qui  estoit 
ce  vieillard  la  :  quelqu'un  des  assistans  luy  respondit, 
que  c'estoit  un  sage  homme,  &  du  nombre  de  ceux 
qui  cherchoient  la  vertu  :  Et  quand  en  usera  il, 
dit  il,  s'il  la  cherche  encore?  »  (F°  216  v°.) 

P.  502,  1.  3.  Et  Philopœnien).  Id.,  Vie  de  Philo- 
pœnien  :  «  A  quoy  se  rapporte  une  parole  que  Philo- 
pœnien dit  un  jour  du  Roy  Ptolomeus  :  car  comme 


quelques  autres  le  haultlouassent,  disans  qu'il  exer- 
citoit  tresbien  son  armée,  &  que  luy-mesme  dressoit 
«Se  endurcissoit  fort  sa  personne  tous  les  jours  à 
l'exercice  des  armes  :  Ce  n'est,  dit  il,  pas  chose 
louable  à  un  Roy,  en  l'aage  ou  il  est,  de  se  dresser 
encore  à  l'exercice  des  armes  :  car  il  les  deust  hormais 
realement  &  de  faict  emploier.  »  (viii,  f°  254  r°.) 

P.  502,  1.  7.  Disent  les  sages).  Cf.  Sénèque,  Epîlres: 
«Juveni  parandum,  seni  utendum  est.»  (Ép.  36.) 

P.  502, 1.  9.  Nous  recommençons  tousjours).  On  trou- 
vera cette  idée  développée  chez  Sénèque,  épître  13, 
à  la  fin,  et  surtout  épître  23  :  «  Maie  vivunt  qui 
semper  vivere  incipiunt.  » 

P.  502,  1.  13.  Tu  secanda  marmora).  «Vous  faites 
tailler  des  marbres,  à  la  veille  de  mourir,  et,  au  lieu 
de  songer  à  votre  tombeau,  vous  faites  bâtir  des 
maisons.  »  (Horace,  Odes,  II,  xviii,  17.) 

P.  502,  1.  20.  Olim  jam  nec  périt).  «Depuis  long- 
temps je  ne  perds  ni  ne  gagne;  il  me  reste  plus  de 
provisions  que  de  chemin  à  faire.  »  (Sénèque,  ép.  77.) 

P.  502,  1.  22.  Vixi,  et  quem  dederat).  «J'ai  vécu, 
me  voilà  au  bout  de  la  carrière  que  m'avoit  assignée 
la  Fortune.  »  (Virgile,  Enéide,  IV,  653.)  Montaigne 
a  pris  cette  citation  chez  Sénèque,  ép.  12. 

P.  503,  1.  3.  On  peut  continuer).  Cf.  Sénèque, 
Épitres  :  «  Quemadmodum  omnibus  annis  studere 
honestum  est,  ita  non  omnibus  institui.  Turpis  et 
ridicula  res  est  elementarius  senex.»  (Ep.  36,  p.  121.) 

P.  503,  1.  5.  Diversos).  «Les  hommes  divers  ont 
des  goûts  divers  :  toute  chose  ne  convient  pas  à  tout 
âge.  »  (Pseudo-Gallus,  i,  104.) 

P.   503,  1.  8.   Comme  celuy  à  qui).   Cf.   Sénèque, 


326 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


Épîtres  :  «  Et  quando,  inquis,  tibi  proderit  istud, 
quod  in  exitu  discis,  aut  in  quam  rem  ?  ^ —  In  hanc  ut 
exeam  melior.  »  (Ép.  68,  p.  159.) 

P.  503,  1.  10.  Du  jeune  Caton).  Rapprocher  ce  que 
Montaigne  dit  de  la  mort  de  Caton  dans  l'essai  I, 
xxxvn,  et  au  début  de  l'essai  II,  xi. 

P.  503,  1.  13.  Pour  un  tel  deslogement).  La  même 
expression  se  retrouve  chez  Rabelais,  IV,  xxvii. 

P.  503,  1.  21.  La  nuict  qu'il  vint).  Cf.  Sénèque, 
Epîtres  :  «Tarn  magno  animo  feret  aliquid  sibi  ad 
victoriam,  quàm  ad   praîturam   obstitisse.    Quo  die 


repulsus  est,  lusit;  qua  nocte  periturus  luit,  legit. 
Eodem  loco  habuit  prœtura  et  vita  excedere.  » 
(Ép.  71,  p.  163.) 

Chronologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai.  Un  emprunt  aux  Œuvres  morales 
invite  seulement  à  dire  que  l'essai  n'est  pas  antérieur 
à  la  fin  de  1572.  Je  crois  que  l'hypothèse  la  plus 
vraisemblable  est  qu'il  a  été  composé  vers  le  même 
temps  que  ceux  qui  l'entourent,  mais  les  preuves 
font  défaut. 


Chapitre   XXIX. 


DK    LA     VERTV. 


P.  504,  1.  4.  Dit  quelqu'un).  Séncque,  dans  le  De 
prcrcidentia  :  «  Ferte  fortiter,  hoc  est,  quod  deum 
antecedatis.  Ille  extra  patientiam  malorum  est,  vos 
supra  patientiam.  »  (vi,  p.  300.)  Voir  surtout  l'é- 
pître  53,  p.  137,  et  le  passage  de  cette  épître  que 
Montaigne  traduit  dans  l'essai  II,  xii,  p.  208,  1.  26. 

P.  504,  1.  7.  Par  secousse).  On  trouvera  le  com- 
mentaire développé  de  cette  idée  dans  l'essai  II,  i. 

P.  504,  1.  II.  Teindre  &  abreuver).  Sur  ces  expres- 
sions prises  à  Sénèque,  cf.  l'essai  I,  xw,  p.  181,  1.  12. 

P.  504,  1.  16.  Hors  de  soy).  Ces  expressions  sont 
inspirées  de  Sénèque;  on  en  retrouve  de  tout  à  fait 
semblables  à  la  nn  de  l'essai  II,  11.  Voir  les  notes. 

P.  505,  1.  8.  Pyrrho).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie  de 
Pyrrhon  :  «  Nihil  declinans  nihilque  devitans,  susti- 
nebat  omnia  :  currus  si  forte  occurrissent,  &  prœ- 
rupta,  &  canes,  &  talia,  nihil  omnino  sensibus 
permittens.  Servatum  autem...  a  sequentibus  se  neces- 
sariis...  semperque  eodem  persévérasse  vultu  atque 
habitu,  &:  si  quispiam  illum  inter  dicendum  desereret, 
ipse  tamen  quod  cceperat  perageret...  aiunt  illum 
&  medicamenta  putria,  &  sectiones,  &  usiiones  sibi 
ulceri  cuipiam  adhibitas  tanta  tulisse  constantia,  ut 
supercilia  ne  contraxerit  quidem.  »  (IX,  lxii,  lxiii, 
Lxvi  et  Lxvii,  pp.  618,  619  et  621.)  On  sait  que 
Montaigne  trouvait  la  Vie  de  Pyrrhon  par  Diogène 
Laërce  en  tête  de  sa  traduction  de  Sextus  Empiricus. 

P.  505,  1.  27.  Luy,  estant  quelque  fois).  Id.,  ibid.  : 
«  Et  cum  sorori  quandoque  succensuisset...  argue- 
retque  illum  quispiam  ut  immemorem  institut!  sui, 
non  inquit  muliercula  documentum  erit  nostra;  in- 
difFerentiiv.  Rursum  cùm  se  invadentem  canem 
repulisset,   causantique   cuidam,  grave,   inquit,   est, 


&  perdiflicile  hominem  penitus  exuere.  Certandum 
verô  pro  viribus,  primum  quidem  operihus,  alioqui 
vel  ratione  adversus  res.  »  (IX,  lxvi,  621.) 

P.  506,  1.  13.  Il  se  dit).  On  trouve  cette  anecdote 
chez  Henri  Estienne,  Apologie  pour  Hérodote  :  «  Et 
comme  un  comte  attire  l'autre,  en  récitant  ce  second 
chastrement,  il  m'est  souvenu  d'un  troisième,  dont 
aussi  une  femme  fut  cause,  mais  une  occasion  toutes- 
fois  encore  différente  à  celle  des  deux  autres  que  nous 
venons  d'ouïr  :  lequel  (pour  estre  fort  estrange)  je 
ne  mettrois  par  escrit,  si  je  ne  le  tenois  d'un  homme 
de  bien,  et  nommeement  qui  est  ennemi  mortel  des 
mensonges.  Le  comte  est  tel  :  Le  bastard  de  la  maison 
de  Campois  près  de  Rommorantin,  après  avoir  sollicité 
une  damoiselle  l'espace  de  deux  ans,  et  l'avoir  en  la 
fin  gangnée,  estant  avenu  qu'à  l'heure  qu'elle  s'estoit 
présentée  et  abandonnée  à  luy,  il  ne  s'estoit  trouvé 
dispos  à  sa  vilenie,  se  retira  en  son  logis  à  Chabris,  si 
despité  contre  soy-mesme,  qu'ayant  pris  un  rasoir  chez 
un  barbier,  il  s'en  coupa  la  partie  l'indisposition  de 
laquelle  l'avoit  frustré  de  son  espérance,  et  du  fruict 
d'une  si  longue  attente.  Et  l'ayant  coupée,  l'enferma 
en  un  buffet.  Ce  que  j'enten  estre  avenu  depuis 
environ  vingt-cinq  ans.  »  (XV,  xxix.) 

P.  506,  1.  18.  Non  viriliter).  «  Chose  indigne  d'un 
homme,  son  membre  n'avait  dressé  qu'une  tête 
sénile.  »  (Tibulle,  De  inertia  inguinis.  Voir  les 
Priapea,  LXXXII,  4.)  Montaigne  a  pris  ceci  dans 
un  recueil  intitulé  :  Diversorum  poetarum  in  Priapum 
lusus  (LXXXIII,  iv),  ou  dans  son  édition  de  Tibulle. 
Je  ne  trouve  nulle  part  la  leçon  extuJerat  :  partout 
on  lit  extulit. 

P.   507,  1.   6.  Des  femmes  Indiennes).   Ce  tait  est 


328 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


rapporté  chez  beaucoup  d'auteurs  anciens,  en  parti- 
culier Cicéron,  Tusciilanes,  V,  xxvii;  Elien,  Histoires 
variées,  VII,  xviii,  et  on  le  retrouve  chez  tous  les 
voyageurs  et  cosmographes  du  xvi'  siècle  qui  ont 
parlé  des  Indes  Orientales. 

P.  507,  1.  12.  Ubi  mortifère).  «  Dès  que  la  torche 
est  enfin  jetée  sur  le  bûcher  funèbre,  la  foule  pieuse 
des  épouses,  les  cheveux  épars,  commence  le  combat 
de  la  mort,  luttant  à  qui,  vivante,  suivra  l'époux, 
car  c'est  une  honte  de  lui  survivre.  Celles  qui  sortent 
victorieuses  de  la  lutte  se  précipitent  dans  les  flammes 
et  \  attendent  la  mort,  leurs  lèvres  ardentes  collées 
sur  leurs  époux.  »  (Properce,  III,  xiii,  17.) 

P.  507,  1.  18.  Un  homme  escrit).  Je  n'ai  pas  ren- 
contré la  source  de  ce  récit  de  Montaigne,  mais  on 
trouvera  des  détails  analogues  dans  Balbi,  Viaggio, 
et  dans  l'Histoire  de  la  Chine,  de  Gonçalès  de  Men- 
doza,  pp.  293  et  315.  D'après  les  Voyages  de  Ramusio, 
des  coutumes  semblables  se  retrouvent  dans  nombre 
de  pa3's  orientaux  :  «Narsinga,  Decam,  Camhoia,  Goa, 
Battecala,  Coromandel,  Java,  Tarnassari,  Sumatra.  » 
Nulle  part  cependant  chez  Ramusio  on  ne  retrouve 
identiquement  les  mêmes  rites  que  dans  la  narration 
de  Montaigne. 

P.  509,  1.  i.  CaJanus).  Cf.  Plutarque,  Vie  d'A- 
lexandre :  «  Et  là  mesme  Calanus  ayant  esté  un  peu 
de  temps  indisposé  de  flux  de  ventre,  requit  qu'on 
luy  dressast  un  buscher  tel  que  Ion  fait  pour  brasier 
le  corps  d'un  trespassé,  là  où  il  alla  à  cheval,  &  après 
avoir  fait  sa  prière  aux  dieux,  espandit  sur  soy  mesme 
les  eff"usions  que  Ion  a  accoustumé  de  respandre 
aux  funérailles  des  trespassez,  &  ayant  couppé  un 
touffeau  de  ses  cheveux,  avant  que  monter  dessus  le 
bûcher,  il  prit  congé  de  tous  les  Macédoniens,  qui 
estoient  là  presens,  en  leur  touchant  en  la  main,  les 
priant  de  faire  ce  jour  là  bonne  chère  &  banqueter 
avec  le  Roy,  lequel  il  rcvcrroit  bien  tost  après  dedans 
la  ville  de  Babylone.  Aiant  dit  ces  paroles  il  se  coucha 
de  son  long  sur  le  bûcher,  &  se  couvrant  le  visage, 
ne  se  remua  onques,  quand  le  feu  s'approcha  &  l'alla 
saisir,  ains  se  maintenant  tousjours  en  la  mesme 
disposition  qu'il  s'estoit  couché,  sans  remuer  ne  pied 
ne  main,  se  sacrifia  luymesme,  selon  que  le  portoit 
la  coustume  des  sages  du  païs.  »  (xxi,  f"  489  v°.) 


Cicéron  rappelle  la  mon  de  Calanus  dans  les  Tuscii- 
lanes, II,  XXII,  et  la  patience  des  gymnosophistes 
dans  les  mêmes  Tusciilanes,  V,  xxvii.  Dans  ce  que 
dit  Montaigne  sur  ces  sages,  il  semble  qu'il  y  ait  un 
souvenir  de  Strabon,  mais  il  convient  de  remarquer 
que  chez  beaucoup  de  compilateurs  et  de  moralistes 
du  xvi'  siècle,  sur  le  sujet  de  la  patience  ou  de  la 
constance,  il  est  parlé  des  gymnosophistes. 

P.  510,  1.  3.  Z.r  sire  de  JoinviUe).  Dans  la  Vie  de 
saint  Louis  :  «  Hz  ne  sont  jamais  armez,  quand  ils 
vont  combattre  :  pource  qu'ilz  disent  et  cro3'ent  que 
nul  ne  peut  mourir  qu'un  certain  jour,  qui  luy 
est  ordonné  :  &  à  ceste  cause,  ilz  ont  une  façon 
entr'eulx,  que  quand  ilz  veulent  maudire  leurs  enfans, 
ilz  leur  disent  en  ceste  manière  :  tu  soys  mauldict, 
comme  celuv  qui  s'arme  de  paour  de  mort.  »  (xxx, 
fo78r°.) 

P.  510,  1.  14.  Ces  deux  religieux  de  Florence).  Cf. 
Commines,  VIII,  xix,  et  surtout  Gentillet,  Discours 
sur  les  moyens  de  bien  gouverner,  II,  ix.  Le  récit  de 
Gentillet  suffit  à  expliquer  celui  de  Montaigne,  et 
comme  dans  les  essais  de  1580  Montaigne  fait  plu- 
sieurs emprunts  à  Gentillet,  tandis  qu'il  semble  ne 
rien  devoir  à  Commines,  il  est  probable  que  c'est 
Gentillet  qui  lui  a  fourni  cette  anecdote. 

P.  510,  1.  21.  Un  jeune  seignur  Turc).  Cf.  Chal- 
condyle.  Histoire  de  la  décadence  de  l'Empire  grec...  : 
«  Comme  les  deux  armées  fussent  ainsi  rengées  d'une 
part  et  d'autre,  n'attendans  sinon  de  commencer 
l'escarmouche,  un  Houssait  de  la  cornette  de  Huniade 
la  lance  au  poing  se  jetta  hors  des  rengs,  demandant 
un  coup  de  lance  de  gayetté  de  cœur  (un  jeune 
Turc  se  présente  et  reste  victorieux)...  Amurat  fort 
content  du  devoir  qu'il  avoit  veu  en  ce  jeune  homme, 
le  fit  venir  en  sa  présence,  &  luy  dit  telles  paroles. 
O  mon  enfant  !  Quel  beau  commencement  as-tu 
monstre  icy  de  ce  que  l'on  peut  espérer  cy  après 
de  ta  vaillance?  veu  qu'on  sçait  assez  que  c'est  la 
première  guerre  où  tu  te  trouvas  onques,  &  les 
primices  de  ta  militie?  Neantmoins  tu  t'es  porté 
en  ce  coup  d'essay  contre  ton  ennemy,  tout  ainsi 
que  si  tu  eusses  desja  atteint  le  plus  haut  degré 
de  ce  mestier.  A  cela  le  jeune  homme  respondit 
d'une  naïveté  fort  grande  :   Certe.s,  seigneur,  pour 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XXIX. 


t'en  dire  la  vérité,  un  lièvre  a  esté  en  cecy  mon 
maistre  &  précepteur,  &  m'a  enseigné  de  faire  ce 
que  j'ai  fait.  Amurat  tout  esbay  d'une  si  estrange 
&  fantastique  responce,  luy  demanda;  &  comment 
est-ce  (je  te  prie)  que  le  plus  paoureux  &  imbécile 
animal  de  tous  autres,  peust  tenir  escole  de  proësse 
&  asseurance  ?  Il  répliqua  :  J'estois  en  Asie,  résident 
en  cette  province  dont  il  avoit  pieu  à  ta  grandeur 
donner  le  gouvernement  à  mon  père,  quand  une 
matinée  il  me  prit  envie  d'aller  à  la  chasse,  à  tout 
mon  arc  &  une  laisse  des  lévriers.  Et  voicy  que  je 
r'encontray  un  lièvre  en  forme  qui  se  laissa  appro- 
cher de  si  près  qu'il  me  sembla  que  ce  seroit  chose 
plus  seure  de  le  tuer  d'un  coup  de  traict  que  de 
m'adventurer  de  le  prendre  à  la  course.  Car  le  pays 
d'Attalie  (comme  tu  sais  Seigneur)  a  de  fort  bons 
lièvres,  combien  que  ceux  de  l'Europe  soient  encore 
beaucoup  meilleurs.  Et  ainsi  faisant  ce  discours  à 
part  moy,  je  commencay  à  descocher  sur  luy  la 
première  flesche,  puis  la  seconde  &  la  tierce  encore 
&  tout  le  reste  consequemment,  sans  que  je  peusse 
assener  non  pas  seulement  esveiller  le  lièvre,  ne  le 
faire  partir  de  son  giste,  que  je  n'eusse  achevé  de 
vuider  tout  mon  carquois  :  si  y  avoit  il  pour  le 
moins  quarante  flesches  dedans,  il  m'en  souvient 
fort  bien  :  Et  pour  ce  qu'il  se  vouloit  sauver,  je 
laschay  mes  lévriers  après,  qui  le  faillirent  aussi  bien 
que  moy.  Voyant  donques  par  une  si  clere  espreuve, 
que  sa  destinée  l'avoit  garanti  d'un  tel  péril,  je  m'im- 
primay  deslors  cette  opinion  qui  m'est  tousjours 
demeurée  en  la  fantaisie,  que  je  ne  devois  non  plus 
craindre  ny  lance,  ny  espée,  ny  coups  de  flesche, 
ou  d'harquebouse;  pource  que  tout  cela  ne  me 
sçauroit  abréger  une  minute  d'heure  de  la  vie  qui 
m'a  esté  premièrement  ordonnée  de  h  haut...  >> 
(VII,  VIII,  472-474-) 

P.  511,  1.  14.  Leurs  Historiens).  LL,  ibid.  :  «Les 
Turcs  à  la  vérité  &  tous  ceux  qui  suivent  leurs  super- 
stitions, défèrent  beaucoup  à  la  prédestination  &  n'es- 
timent pas  qu'il  soit  possible  d'en  rien  éviter  :  ce  qui 
les  rends  plus  courageux  &  hardis  a  entreprendre  des 
choses  hazardeuses.  »  (\'II,  viii,  475.) 

P.  511,  1.  20.  Ces  deux  qui  conspirèrent).  Jehan  de 
Jeaureguy,  qui  blessa  Guillaume  d'Orange  à  Anvers 


d'un  coup  de  pistolet  le  18  mars  1582,  et  Balthazar 
Gérard,  qui  le  tua  à  Delft,  le  10  juillet  1584.  Il  est 
probable  que  Montaigne  a  lu  quelques-uns  des  pam- 
phlets que  suscitèrent  l'attentat  de  Balthazar  Gérard 
et  les  supplices  auxquels  il  fut  condamné.  On  peut 
voir  en  particulier  :  Les  cruels  et  horribles  torviens  de 
BaUhaxar  Gérard,  bourgignan,  vrai  martyr,  soufferlz^ 
en  l'exécution  de  sa  glorieuse  &  mémorable  mort.  Pour 
avoir  tué  Guillaume  de  Nanssau,  Prince  d'Orenge, 
ennemy  de  son  Roy  &  de  l'Eglise  catholique.  (Mis  en 
françois  d'un  discours  latin  envoyé  de  la  ville  Delft 
au  Comté  de  Hollande.)  A  Paris,  chez  Jean  du  Carroy, 
Imprimeur,  au  mont  S.  Hylaire,  rue  d'Ecosse.  1584. 
(Bibliothèque  nationale.  Réserve,  p.  M.  65.)  —  Le 
glorieux  et  triomphant  martyre  de  Balthaxar  Gérard, 
advenu  en  la  ville  de  Delft.  Douai  1584. 

P.  512,  1.  6.  Un  poignard  est  plus  seur).  Rapprocher 
ce  que  dit  Montaigne  dans  l'essai  I,  xlviii,  p.  372, 
1.  27. 

P.  512,  1.  15.  L'exécution  quifutfaicte).  L'assassinat 
de  François  de  Guise  par  Poltrot  de  Méré,  le  18  fé- 
vrier 1563.  Guise  rentrait  le  soir  à  cheval  suivi  d'un 
seul  gentilhomme;  le  coup  partit  d'un  taillis  qu'il 
longeait.  La  mort  ne  survint  que  six  jours  plus  tard. 
On  peut  voir  à  ce  sujet  les  Mémoires  de  Brantôme, 
IV,  25e,  et  ['Histoire  de  de  Thou,  IV,  514. 

P.  513,  1.  I.  Les  Assassins).  Cf.  du  Maillant, 
Histoire  des  Rois  de  France  :  «Les  Assassins...  ne 
possedoient  que  dix  villes  dépendantes  de  Phenices. 
Les  Hessenes  ne  s'estoient  pas  tenuz  loing  de  leur 
pays,  lesquels  (selon  Pline)  fuyoient  tout  ce  qu'ils 
pensoient  leur  estre  nuisant,  et  vivoient  sans  femmes 
ni  argent,  estimans  que  c'estoient  deux  grandes  pestes 
du  genre  humain.  Mais  on  pense  que  les  Assassins 
sont  descenduz  des  Perses,  lesquels  après  avoir  receu 
la  Loy  de  Mahomet,  furent  estimez  les  plus  dévots  et 
religieux  de  tous  les  autres  Barbares,  pour  ce  qu'ils  ne 
faisoient  cas  ny  de  l'honneur  ny  des  autres  choses 
tant  désirées  des  mortels,  ainçois  vivoient  entre  eux 
sans  quelque  différent  ou  ambition...  Ils  avoient  tous 
ceste  opinion,  que  tuant  quelcun  d'autre  religion  que 
celle  qu'ils  suivoient,  ils  meritoient  tous  la  céleste 
éternité.  Tellement  que  si  aucun  d'eux  avoit  charge 
de  tuer  quelque  chrestien  il  ne  craignoit  point  d'aller 


ESSAIS     DE      MOXTAIGXE. 


seul  en  ville  ou  chasteau  pour  le  trouver  et  le  tuer 
au  milieu  des  siens,  quoy  qu'il  sceut  bien  qu'il  seroit 
incontinent  après  taillé  en  pièces,  et  de  la  les  Italiens 
puis  les  François  ont  appelle  assassins,  ou  assassina- 
teurs  ceux  qui  hardiment  et  de  guet  à  pans  tuent 
un  homme.  De  ceste  façon  fut  tué  le  comte  Ramond 
de  Tripoli.  Car  vo}'ans  ces  Assassins  qu'il  ne  se 
desistoit  point  de  les  guerroyer,  deux  d'entre  eux, 
qui  avoient  entreprins  de  ce  faire,  le  tuèrent  dedans 
sa  ville  de  Tripoli,  dont  cela  fut  cause  que  les  autres 
grands  Seigneurs  chrestiens  furent  plus  soigneux 
d'avoir  hommes  autour  d'eux,  pour  les  garder.  » 
I  Pp.  456-457.)  La  suite  du  texte  donnée  seulement  par 
l'édition  de  1595  a  sa  source  dans  le  passage  suivant 
de  du  Haillant  :  «  Deux  Assassins  tuèrent  Conrad 
marquis  de  Montferrat,  comme  il  se  pourmenoit  sans 
penser  à  rien  dedans  la  place  de  Tyr,  et  estans  prins 
et  condampnez  à  mort,  furent  menez  au  supplice  tout 
joyeux,  comme  s'ils  eussent  fait  quelque  acte  digne 
de  mémoire.  »  (P.  482.) 

Chronologie  :  Montaigne  parle  d'une  femme  qui 
se  suicida  à  Bergerac  «  depuis  peu  de  jours  »,  pour 
échapper  à  la  mauvaise  humeur  de  son  mari.  La  date 
de  ce  suicide  nous  fournirait,  si  elle  était  connue, 
la  date  de  la  composition  de  cet  essai.  Malheureuse- 
ment, les  registres  paroissiaux  de  Bergerac  n'existent 
plus  pour  le  xvî'=  siècle.  Les  autorités  judiciaires  ont 
dû  faire  une  enquête  sur  ce  suicide;  mais  les  Archives 
des  deux  juridictions  de  Bergerac  (le  bailliage  de  la 


ville  et  la  sénéchaussée  royale),  qui  sont  déposées 
au  fonds  départemental  de  la  Dordogne,  ne  remon- 
tent pas  au  delà  du  xviii'  siècle.  Nous  n'avons  donc 
aucun  renseignement  à  espérer  de  ce  côté. 

Un  exemple  me  semble  venir  de  Gentillet.  C'est 
l'exemple  des  deux  religieux  de  Florence,  p.  510, 
1.  14.  L'anecdote  se  trouve  chez  Commines,  VIII, 
XIX,  et  chez  Gentillet,  II,  ix,  qui  la  doit  à  Commines. 
Rien  ne  prouve  avec  certitude  que  Montaigne,  lui 
aussi,  n'a  pas  pris  l'aventure  directement  chez  Com- 
mines. Gentillet  la  conte  presque  aussi  longuement 
que  Commines  lui-même,  tandis  que  Montaigne  se 
contente  d'un  simple  résumé  qui  ne  trahit  pas  sa 
source,  et  qui  peut  venir  aussi  bien  de  l'un  que  de 
l'autre.  Nous  pouvons  constater  cependant  :  i'  qu'au- 
cun des  détails  mentionnés  par  Montaigne  ne  manque 
chez  Gentillet;  2°  que  tandis  qu'on  trouve  dans  les 
Essais  de  1 5  80  plusieurs  emprunts  certains  à  Gentillet, 
aucun  fait  ne  semble  venir  de  Commines.  Montaigne 
avait  lu  cet  auteur  avant  1572;  il  est  très  possible 
qu'il  ne  l'ait  pas  relu  entre  cette  date  et  1580.  Voilà 
qui  rend  vraisemblable  l'hypothèse  que  l'anecdote  des 
deux  religieux  de  Florence  a  été  inspirée  par  Gentillet. 
Sans  doute  elle  ne  joue  pas  un  rôle  assez  important 
pour  que,  par  elle,  nous  puissions  déterminer  avec 
certitude  la  date  de  composition  de  l'essai  tout  entier; 
elle  nous  fournit  cependant  une  présomption,  et, 
comme  la  place  occupée  par  cet  essai  nous  invitait 
déjà  à  le  croire  composé  vers  1578,  il  y  a  de  grandes 
chances  pour  qu'il  soit  de  la  dernière  période. 


Chapitre  XXX. 


D   VN      ENFANT     MONSTRVEVX. 


P.  514,  TITRE.  Cet  essai,  comme  une  bonne 
partie  de  l'essai  I,  xxi,  se  rattache  à  la  littérature 
des  cas  merveilleux  qui  été  très  féconde  au  xvi^  siècle. 
Je  n'ai  retrouvé  aucune  indication  sur  le  monstre  que 
Montaigne  décrit  ici,  mais  on  en  trouvera  d'autres 
de  même  genre  mentionnés  par  les  contemporains. 
En  particulier  on  peut  voir  dans  les  Histoires  prodi- 
gieuses de  Bouaj'stuau  :  vi,  Histoire  notable  de  deux 
filles  engendrées,  de  nostre  temps,  qui  estaient  collées  en- 
semble par  les  testes;  xxxv,  Prodige  de  deux  filles  jumelles 
jointes  et  collées  ensemble  par  les  parties  postérieures. 

P.  515,  1.  9.  Ce  double  corps).  Rhodigin,  Bouays- 
tuau,  Tesserand,  Belleforest,  etc.,  à  peu  près  tous 
les  écrivains  du  temps  qui  s'intéressent  aux  monstres, 
s'ingénient  à  voir  en  eux  des  marques  de  la  colère 
de  Dieu  ou  des  signes  sensibles  de  sa  volonté.  Rares 
sont  ceux  qui,  comme  Cardan,  apportent  quelque 
prudence  dans  ces  interprétations.  Montaigne  se 
sépare  ici  nettement  de  Bouaj-stuau  et  de  Marcou- 
ville. 

P.  515,  1.  14.  Ul  qiium  fada).  «Afin  que,  après 
l'événement,  on  leur  donne  quelque  interprétation  qui 
en  fasse  des  présages.  »  (Cf.  Cicéron,  De  divinalione, 
II,  XXXI.)  Chez  Cicéron  la  phrase  est  à  l'indicatif; 
Montaigne  la  fait  précéder  de  «ut»  afin  de  la  rattacher 
intimement  à  la  phrase  française. 


P.  515,  1.  15.  On  dict  d'Epimenides).  Cf.  Aristote, 
Rhétorique,  III,  xii. 

P.  515,  1.  20.  Ce  que  nous  apelons).  On  peut  com- 
parer un  passage  de  Cicéron  (De  divinatione,  II,  xxviii) 
et  un  passage  de  saint  Augustin  (^Cité  de  Dieu,  XXI, 
viii),  que  Montaigne  a  lus  certainement  après  1588. 
Rapprocher  ce  que  Montaigne  a  déjà  dit  à  ce  sujet, 
essai  I,  xxvii,  p.  234;  essai  II,  xii,  p.  260;  etc. 

P.  515,  1.  26.  Quod  crebro  videt).  «Ce  qu'il  voit 
fréquemment,  ne  l'étonné  pas  lors  même  qu'il  en 
ignore  la  cause.  Mais  s'il  se  produit  quelque  chose 
qu'il  n'a  jamais  vu,  il  en  fait  un  prodige.  »  (Cicéron, 
De  divinatione,  II,  xx\'ii.) 

Chronologie  :  Montaigne  déclare  qu'il  a  vu 
«avant-hier»  un  enfant  monstrueux  que  deux 
hommes  et  une  femme  promenoient  pour  tirer  quel- 
ques liards  de  la  commisération  publique.  Il  est 
possible  que  l'autorité  ait  accordé  une  permission  pour 
qu'on  pût  promener  cet  enfant  sans  être  inquiété;  si 
nous  en  pouvions  retrouver  la  trace,  nous  daterions 
cet  essai;  mais  les  archives  ne  semblent  rien  révéler 
à  ce  sujet.  (Cf.  ci-dessus,  II,  xxix,  chronologie.) 
En  conséquence,  nous  n'avons  aucune  indication 
pour  dater  cet  essai. 


Chapitre    XXXI. 


DE    LA    COLERE. 


P.  516,  1.  2.  //  dit).  Cf.  Plutarque,  Comparaison 
de  Lycurgiie  et  de  Niiiiia  :  «  Au  demourant,  quant  à 
ordonner  de  la  nourriture  des  enfans,  qu'ilz  fussent 
élevez,  instruits  et  enseignez  souhs  mesmes  maistres 
et  gouverneurs,  qui  eussent  l'œil  à  les  faire  boire, 
manger,  jouer  et  exerciter  honestement  et  regleement 
ensemble,  Numa  ny  prouveut,  ...  mesmement  à 
comparison  de  Lycurgus  :  car  il  laissa  à  la  discrétion 
des  pères  selon  leur  avarice,  ou  leur  besoing,  la 
liberté  de  faire  nourrir  et  élever  leurs  enfans  ainsi  que 
bon  leur  sembloit  :  ...  comme  si  Ion  ne  devoit  pas 
former  les  meurs  des  enfans  et  les  duire  et  addresser 
dès  et  depuis  leur  ftaissance  à  une  mesme  fin...  Mais 
un  sage  philosophe  ayant  receu  le  royaume  d'un 
peuple  nouvellement  amassé,  qui  ne  luy  contredisoit 
en  rien,  à  quoy  devoit  il  plus  tost  employer  son 
estude,  qu'à  faire  bien  nourrir  les  enfans,  et  à  faire 
exerciter  les  jeunes  gens,  à  celle  fin  qu'ilz  ne  fussent 
différents  de  meurs,  ny  turbulents  pour  la  diversité 
de  leur  nourriture,  ains  fussent  tous  accordans 
ensemble  pour  avoir  esté  dès  leur  enfance  acheminez 
à  une  mesme  trace,  et  moulez  sur  une  mesme  forme 
de  la  vertu?  Cela  oultre  les  autres  utilitez,  servit 
encores  à  maintenir  les  loix  de  Lycurgus  :  car  la 
crainte  du  serment  qu'ilz  avoient  juré  eust  eu  bien 
peu  d'efficace,  si  par  l'institution  et  la  nourriture  il 
n'eust,  par  manière  de  dire,  tainct  en  laine  les  meurs 
des  enfans,  et  ne  leur  eust  avec  le  laict  de  leurs 
nourrices  presque  fait  succer  l'amour  de  ses  loix  et 
de  sa  police  :  ce  qui  a  tant  eu  de  force,  que  l'espace 
de  plus  de  cinq  cents  ans  durant,  ses  principales 
institutions  et  ordonnances  sont  demourées  en  leur 


entier  :  ...  et  au  contraire,  ce  qui  estoit  le  but  et  la 
fin  principale  où  tendoit  Numa,  de  maintenir  la  yille 
de  Rome  en  paix  et  amitié,  faillit  incontinent  avec 
luy  :  ...  et  ne  dura  rien  ce  tant  beau,  tant  sainct  et 
tant  juste  gouvernement,  auquel  son  roj'aume  avoit 
esté  de  son  temps,  pour  autant  qu'il  n'avoit  pas  le 
lien  de  la  nourriture  et  de  la  discipline  des  enfans 
qui  le  mainteinst.  »  (F°  53  v°.) 

P.  516,  1.  5.  Dict  Aiistote).  Morale  à  Nicomaque, 
X,  IX. 

P.  517,  1.  I.  Rabie  jeciir).  «Le  cœur  enflammé  de 
rage,  ils  roulent  comme  le  rocher  abrupt  qui,  perdant 
son  point  d'appui,  se  précipite  tout  à  coup  du  haut 
de  la  montagne.  »  (Juvénal,  vi,  647.) 

P.  517,  1.  4.  Selon  Hippocrates).  Cf.  Plutarque, 
Comment  il  fault  refréner  la  cholere  :  «  Ainsi  comme 
Hippocrates  escrit,  que  celle  maladie  est  la  plus  mau- 
vaise et  la  plus  dangereuse  qui  défigure  le  visage  de 
l'âme  et  le  rend  dissemblable  à  sov-mesmes.  »  (vi, 
f'  57  v°.)  ■ 

P.  517,  1.  10.  Gratian  est).  «  On  t'est  reconnaissant 
de  ce  que  tu  as  donné  à  la  patrie  un  nouveau  citoyen, 
pourvu  toutefois  que  tu  le  rendes  propre  à  la  servir, 
soit  dans  la  culture  des  champs,  soit  dans  les  travaux 
de  la  guerre,  soit  dans  la  pratique  des  arts.  »  (Juvé- 
nal, XIV,  70.) 

P.  517,  1.  17.  Z^  chatiemeni).  La  même  image  est 
chez  Sénèque,  De  ira,  I,  v. 

P.  517,  1.  24.  C'est  la  passion).  Rapprocher  Sénè- 
que, De  ira  :  «  Sine  id  tempus  veniat  quo  ipsi 
jubeamus.  Xunc  ex  imperio  nx  loquimur.  »  (III, 
xxxii,  340.) 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XXXI. 


33Î 


P.  517,  1.  27.  Connue  les  corps).  Cf.  Plutarque, 
Comment  il  faiilt  refréna-  la  cholere  :  «  Ainsi  comme 
les  corps  à  travers  un  brouillas  apparoissent  plus 
grands,  aussi  font  les  faultes  à  travers  la  cholere.  » 
(xi,  f°  éo  v°.) 

P.  517,  1.  27.  Celitv  qui  a  faim).  Id.,  ihid.  :  «Na- 
turellement celuy  qui  a  faim  use  de  viande,  mais  de 
punition  ne  doit  user  sinon  celuy  qui  n'en  a  ne 
faim  ne  soif.  »  (xi,  f°  éo  v°.) 

P.  518,  1.  10.  Ora  titmenl).  «Sa  face  se  tumétîe 
de  colère,  ses  veines  deviennent  noires,  ses  yeux 
étincellent  d'un  feu  plus  ardent  que  ceux  de  la  Gor- 
gone. »  (Ovide,  De  arte  amandi,  III,  505.) 

P.  518,  1.  12.  Suétone  recite).  Dans  la  Vie  de  César  : 
«  (Cssar)  sorte  judex  in  reum  ductus,  tàm  cupide 
condemnavit,  ut  ad  populum  provocanti  nihil  œquè 
ac  judicis  acerbitas  profuerit.  »  (xii.) 

P.  518,  1.  25.  Comme  disait  Eudamidas).  Cf.  Plu- 
tarque, Les  dicts  notables  des  Lacedemoniens  :  «  Ayant 
ouy  un  philosophe  disputer  &  discourir  sur  ceste 
proposition,  qu'il  n'y  a  bon  capitaine  que  celuy  seul 
qui  est  sage  :  Ce  propos  la,  dit-il,  est  merveilleux, 
mais  celuy  qui  le  dit  n'en  est  pas  croyable,  car  il  n'a 
pas  les  aureilles  accoustumees  au  son  de  la  trom- 
pette. »  (F°  216  V.) 

P.  518,  1.  28.  Et  Cleomenes).  Id.,  ibid.  :  «  Il  y  avoir 
un  Retoricien  maistre  d'éloquence  qui  se  prit  à  dis- 
courir en  sa  présence  de  la  prouesse  &  vaillance, 
dequoy  il  se  prit  bien  fort  à  rire  :  l'autre  luy  demanda, 
Dea  Cleomenes,  pourquoy  te  ris  tu  quand  tu  oys 
parler  de  la  vaillance,  toy  mesmement  qui  es  Roy? 
Pour  ce,  dit  il,  estranger  mon  amy,  que  si  une  aron- 
delle  en  parloir  comme  toy,  je  ferois  le  mesme  que 
je  fais  :  mais  si  c'estoit  une  aigle,  je  me  tairois  tout 
coy.  »  (F°  218  r°.) 

P.  519,  1.  II.  Il  ne  vous  donne).  Souvenir  de  Sénè- 
que,  qui  dit  de  certains  philosophes,  en  les  opposant 
à  Sextius  :  «Non  faciunt  animum,  quia  non  habent.  » 
(Ép.  64.) 

P.  519,  1.  lé.  Les  Ephores).  Cf.  Plutarque,  Comment 
ilfault  ouir  :  «A  ce  propos  les  seigneurs  du  conseil  de 
Lacedaemone  trouvans  l'opinion  bonne  d'un  person- 
nage qui  avoit  très  mal  vescu,  la  feirent  proposer  par 
un  autre  de  bonne  vie  et  de  bonne  nature  :  faisans 


en  cela  sagement  &  prudemment,  d'accoustumer  leur 
peuple  à  se  mouvoir  plus  tost  par  les  meurs  que 
par  la  parole  du  proposant.  »  (vu,  f°  26  v°.)  Le 
même  fait  se  retrouve  un  peu  différemment  chez 
Plutarque,  Instruction  pour  ceux  qui  manient  affaires 
d'estat,  i°  163  r°,  et  chez  Aulu-Gelle,  X\1II,  m.  La 
suite  du  passage  que  nous  venons  de  citer  est  à  rap- 
procher de  ce  que  dit  Montaigne  :  «  Mais  en  philo- 
sophie il  faut  mettre  à  part  la  réputation  de  celuy 
qui  met  en  avant  un  propos,  et  examiner  le  propos 
à  part...  » 

P.  519,  1.  24.  Un  sien  esclave).  Cf.  Aulu-Gelle  : 
«  Plutarchus...  seno  suo  nequam  homini  &  contu- 
maci,  sed  libris  disputationibusque  philosophia;  aures 
imbutas  habenti,  tunicam  detrahi  ob  nescio  quod 
delictum,  cœdique  eum  loro  jussit.  Cœperat  verberari. 
Obloquebatur,  non  meruisse  ut  vapularet  :  nihil 
mali,  nihil  sceleris  admisisse.  Postremo  vociferari 
inter  vapulandum  incipit  :  neque  jam  querimonias 
aut  gemitus  ejulatùsque  facere,  sed  verba  séria  &  ob- 
jurgatoria.  Non  ita  esse  Plutarchum,  ut  diceret, 
philosophum  :  irasci  turpe  esse  :  saepe  eum  de  malo 
irce  dissertavisse  :  librum  quoque  -r.tp:  à:;-fi;3taç  pul- 
cherrimum  conscripsisse.  His  omnibus,  qus  in  eo 
libro  scripta  sunt,  nequaquam  convenire,  quôd  provo- 
lutus  effusùsque  in  iram,  plurimis  se  plagis  mulctaret. 
Tum  Plutarchus  lente  &  leniter  :  Quid  autem,  inquit, 
verbero,  nunc  ego  tibi  irasci  videor?  ex  vultùne  meo, 
an  ex  voce,  an  ex  colore,  an  etiam  ex  verbis  correp- 
tum  esse  me  ira  intelligis?  Mihi  quidem  neque  oculi 
(opinor)  traces  sunt,  neque  os  turbidum  :  neque 
immaniter  clamo  :  neque  in  spumam  raborémve 
effervesco  :  neque  pudenda  dico,  aut  pœnitenda  : 
neque  omnino  trepido  ira,  &gestio.  Ha;c  enim  omnia, 
si  ignoras,  signa  esse  irarum  soient.  Et  simul  ad  eum, 
qui  cœdebat,  conversus  :  intérim,  inquit,  dum  ego 
atque  hic  disputamus,  hoc  tu  âge.  »  (I,  xxvi,  40.) 

P.  520,  1.  16.  Architas).  Cf.  Plutarque,  Comment 
il  fault  nourrir  les  enfans  :  «  Archytas  le  Tarentin  et 
Platon  en  firent  tout  de  mesme  :  car  l'un  estant  de 
retour  d'une  guerre  où  il  avoit  esté  Capitaine  gênerai, 
trouva  ses  terres  toutes  en  friche,  et  feit  appeler 
son  receveur  auquel  il  dit.  Si  je  n'estois  en  cholere 
je  te  battrois  bien.  Et  Platon  aussi  s'estant  un  jour 


334 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


courroucé  à  l'enconire  d'un  sien  esclave  meschant 
&  gourmand  appela  le  fils  de  sa  sœur  Speusippus, 
&  lui  dit,  Pren  moy  ce  meschant  icy,  &  me  le  va 
fouetter,  car  quant  a  moy,  je  suis  courroucé.  »  (xiv, 
f°  6  v°.)  Le  premier  de  ces  deux  exemples  se  trouve 
encore  chez  Cicéron,  Tusculanes,  IV,  xxxvi;  tous 
deux  sont  réunis  dans  un  autre  passage  de  Plutarque, 
Potirqnoy  la  justice  divine  diffère  la  punition  des  maléfices  ; 
chez  Valère  Maxime,  IV,  i,  ext.  i,  etc. 

P.  520,  1.  23.  ChariUus).  Id.,  Dicts  notables  des 
anciens  Roys...  «Un  des  esclaves  qu'ils  appelloient 
Elotes  se  portoit  un  peu  trop  insolentement  &  auda- 
cieusement  envers  luy  :  Par  les  Dieux,  dit-il,  si  je 
n'estois  courroucé,  je  te  ferois  tout  à  ceste  heure 
mourir.  »  (F°  198  v".)  Voir  aussi  Id.,  Les  dicts  notables 
des  Lacedœmoniens  :  «  Un  des  Ilotes  se  portant  quel- 
quefois par  trop  audacieusement  envers  luy,  il  luy 
dit,  si  je  n'estois  courroucé  je  te  tuerois  toute  à  ceste 
heure.  »  (F°  223  r°.) 

P.  521,  1.  I.  Piso).  Cf.  Sénèque,  De  ira  :  «  Cn. 
Piso  fuit  memoria  nostra,  vir  à  multis  vitiis  integer, 
sed  pravus,  &  cui  placebat  pro  constantia  rigor.  Is 
cum  iratus  duci  jussisset  eum,  qui  ex  commeatu 
sine  commilitione  redierat,  quasi  interfecisset,  quem 
non  exhibebat,  roganti  tempus  aliquod  ad  conquiren- 
dum,  non  dédit  :  damnatus  extra  vallum  deductus 
est,  &  jam  cervicem  porrigebat,  cum  subito  apparuit 
ille  commilito,  qui  occisus  videbatur.  Tum  centurio 
supplicio  prîepositus,  condere  gladium  spiculatorem 
jubet,  damnatum  ad  Pisonem  reducit,  redditurus 
Pisoni  innocentiam.  Nam  militi  fortuna  reddiderat. 
Ingenti  concursu  deducuntur,  complexi  alter  alterum 
cum  magno  gaudio  castrorum  commilitones.  Con- 
scendit  tribunal  furens  Piso,  ac  jubet  duci  utrunque, 
&  eum  militem,  qui  non  occidit,  &  eum  qui  non 
perierat.  Quid  hoc  indignius?  Quia  unus  innocens 
apparuerat,  duo  peribant.  Piso  adjecit  &  tertium. 
Nam  illum  centurionem,  qui  damnatum  reduxit, 
duci  jussit.  Constituti  sunt  in  eodem  loco  perituri 
très,  ob  unius  innocentiam.  O  qunm  solers  est  ira- 
cundia  ad  fugiendas  causas  furoris.  Te,  inquit,  duci 
jubeo,  quia  damnatus  es,  te  quia  causa  damnationis 
commilitoni  fuisti,  te  quia  jussus  occidere,  impcratori 
non  paruisti.  »  (I,  xvi,  313.) 


P.  521, 1.  20.  L'orateur  Celiiis).  Id.,  ibid.  :  «Cœlium 
oratorem  fuisse  iracundissimum  constat,  Cum  quo, 
ut  aiunt,  caenabat  in  cubiculo  lecta;  patientis  cliens, 
sed  difficile  erat  illi  in  crapulam  conjecto  rixam  ejus 
cum  quo  edebat  effugere.  Optimum  judicavit  quic- 
quid  dixisset  sequi,  &  secundas  agere.  Non  tulit 
Cœlius  assentientem,  sed  exclamavit.  Die  aliquid 
contra,  ut  duo  simus.  »  (III,  viii,  332.) 

P.  521,  1.  27.  Plmcion).  Cf.  Plutarque,  Instruction 
pour  cenlx  qui  manient  affaires  d'estat  :  «  Phocion, 
cédant  à  un  qui  luy  disoit  injures,  le  laissa  dire, 
&  cessa  de  parler,  &  après  que  l'autre  en  fin  à  toute 
peine  se  fut  teu,  remontant  de  rechef  en  la  chaire, 
il  continua  son  propos  entrerompu,  disant  :  Je  vous 
ay  desjà  parlé  des  gens  de  cheval  &  des  gens  de  pied 
pesamment  armez,  oyez  maintenant  de  ceulx  qui 
sont  armez  à  la  légère.  »  (xiv,  f°  169  r°.) 

P.  522,  1.  5.  Ne  s'en  peuvent  passer).  C'est  une 
idée  que  Sénèque  discute  longuement  dans  le  pre- 
mier livre  du  De  ira,  et  comme  sa  conclusion  est 
exactement  contraire  à  celle  de  Montaigne,  il  est 
possible  que  Montaigne  ait  voulu  lui  répondre. 

P.  522,  1.  8.  Magno  veliiti).  «  Ainsi,  lorsqu'avec 
grand  bruit  un  feu  de  bois  s'allume  .sous  un  vase 
d'airain,  l'eau  bouillonne  sous  l'action  de  la  chaleur; 
furieuse  dans  sa  prison,  elle  exhale  de  la  fumée,  elle 
déhorde  en  flots  écumeux,  elle  ne  se  contient  plus; 
une  noire  vapeur  s'élève  dans  les  airs.  »  (\'irgile, 
Enéide,  VII,  462.) 

P.  522,  1.  26.  Comme  Diogenes  dict).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Diogène  :  «  Offendit  aliquando  Demo- 
sthenem  oratorem  in  diversorio  prandentem.  lUo 
autem  cedente,  tanto,  inquit,  magis  in  diversorio 
futurus  es.  »  (VI,  xxxiv,  365.) 

P.  522,  1.  29.  Une  buffe  a  la  joue).  Un  jour,  en 
Italie,  Montaigne  s'attire  quelques  désagréments  de 
voj-age  parce  qu'il  donne  un  soufflet  à  son  «  vctturin, 
qui  est  un  grand  excès  selon  l'usage  du  pais». 
(^Journal  de  voyage,  p.  283.) 

P.  523,  1.  5.  Omnia  vitia).  «Les  vices  apparents 
sont  les  plus  légers;  ils  sont  très  pernicieux  lorsqu'ils 
se  dérobent  sous  un  air  de  santé.  »  (Sénèque, 
épître  56.) 

P.  523, 1.  18.  &  secuin).  «L'insensé,  ne  se  possédant 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XXXI. 


335 


pas,  combat  contre  lui-mcnie.  »  (Claudien,  //;  Eiiliv- 
piiiiii,  I,  237.) 

P.  523,  1.  24.  Mugitus).  «Tel,  s'essayant  à  un  pre- 
mier combat,  un  taureau  pousse  des  mugissements 
terribles,  éprouve  sa  colère  et  ses  cornes,  heurte  de 
son  front  le  tronc  des  arbres,  fatigue  les  vents  de 
ses  coups  et  prélude  à  l'attaque  en  dispersant  la 
poussière.  »  (Virgile,  Enéide,  XII,  103.) 

P.  525,  1.  3.  Clorre  ce  pas).  Cf.  essai  I,  xlii, 
p.  344,  1.  27,  et  la  note. 

P.  525,  1.  3.  Arisiote  dit).  Cf.  Sénèque,  De  ira  : 
«  Aristoteles  ait,  affectus  quosdam,  si  quis  illis  bene 
utatur,  pro  armis  esse.  Quod  verum  foret,  si  velut 
bellica  instrumenta  sumi,  deponique  possent,  in- 
duentis  arbitrio.  Hœc  arma  qua;  Aristoteles  virtuti 
dat,  ipsa  per  se  pugnant,  non  expectant  manum. 
Habent  &  non  habentur.  »  (I,  xvi,  313.)  Le  passage 
auquel  Sénèque  fait  allusion  se  lit  dans  la  Morale 
à  Nicomaque,  III,  viii. 


Chronologie  :  Nous  pouvons  dire  de  cet  essai  : 
1°  Qu'il  est  antérieur  à  l'es-sai  Des  livres  (II,  x).  En 
effet,  Montaigne  écrit  :  «  Je  ne  voy  jamais  autheur, 
mesmes  de  ceux  qui  traictent  de  la  vertu  et  des 
actions,  que  je  ne  recherche  curieusement  de  sçavoir 
quel  il  a  esté.  »  C'est  certainement  à  cette  phrase 
qu'il  fait  allusion,  lorsque  dans  l'essai  II,  x,  revenant 
sur  le  même  sujet,  il  déclare  :  «  De  cecy  j'en  ay 
parlé  ailleurs  »  ;  2°  Qu'il  est  postérieur  à  la  fin 
de  1572  :  on  y  trouve  en  effet  cinq  emprunts  tout 
à  fait  fidèles  aux  Œuvres  morales  traduites  par  Amyot. 
Notons  encore  qu'un  emprunt  à  la  Vie  de  César, 
écrite  par  Suétone,  «Suétone  recite...  »,  pourrait  inviter 
à  penser  que  Montaigne  s'occupe  de  César  au  moment 
où  il  écrit  cet  essai,  et  favorise  l'hypothèse  qu'il  est 
des  environs  de  1578,  comme  les  essais  d'alentour. 
Cette  hypothèse  est  pourtant  incertaine,  car,  même 
vers  1572,  nous  avons  trouvé  des  emprunts  à  cette 
Vie  de  César  par  Suétone. 


Chapitrh     XXXII. 


DEFEXCE  DE  SE\EQ.VE  ET  DE  PLVTARQ.VE. 


P.  526,  1.  8.  La  similitude  qu'il  veut  trouver).  Je 
n'ai  pas  rencontré  le  pamphlet  dont  Montaigne  parle 
ici.  Il  ne  figure  pas  dans  les  Mémoires  de  l' Estât  de 
France  sous  Charles  IX,  publiés  en  1576.  Mais  si  je 
n'ai  pas  trouvé  de  parallèle  entre  Charles  de  Lorraine 
et  Sénèque,  en  revanche  constamment  dans  les  écrits 
protestants  de  l'époque  Charles  IX  est  comparé  avec 
Néron  comme  avec  Caligula,  Tibère,  Domitien,  et 
tous  les  tjTans  dont  l'histoire  nous  a  gardé  le  nom. 
Pour  ce  qui  concerne  Néron,  cf.  les  Mémoires  de 
l'Estat  de  France,  éd.  de  1578,  t.  II,  f°  49  r°;  f°  68  \°; 
t.  III,  f°  238  v°;  etc. 

P.  527,  1.  7.  De  Dion).  On  les  trouvera  chez  cet 
historien,  LXI,  x,  xu,  xx,  etc. 

P.  527,  1.  16.  Tacitus).  Dans  les  Annales,  XIII,  i; 
XIV,  LUI,  Liv,  LV;  XV,  LX,  Lxiv.  Il  faut  voir  égale- 
ment Suétone,  Vie  de  Néron.  En  tète  de  son  édition 
de  Sénèque,  Montaigne  trouvait  une  Fita  Lucii  Annœi 
Senecœ  ex  Tacito  et  Suetonio  decerptâ,  Xichone  Polentone 
antore  où  tout  naturellement  beaucoup  de  ces  juge- 
ments sont  rapportés. 

P.  527,  1.  21.  Qu'il  ose  soustenir).  Cf.  Bodin,  Mt/Ao- 
dus  ad  facilem  historiarum  cognilionem  :  «  Fuit  enim 
publici  consilii  diligens  indagator.  Videtur  tamen 
ubique  partes  Cssaris  adversus  Pompcium,  et  Antonii 
adversus  Ctceronem  data  opéra  tueri  voluisse.  » 
(iv,  p.  éo.) 

P.  527,  1.  27.  Où  il  accuse  Phitarque).  Id.,  ihid.  ■ 
«  Saspe  incrcdibilia  &  plane  fabulosa  narrât,  sed  utitur 
verbo  sar.,  ne  quis  temcrè  assentiatur.  »  (iv,  p.  58.) 

P.  528,  1.  8.  En  la  vie  de  Flaminins).  «  [Scipion 
&  Hannibal  —  «  quand  ilz  se  rencontrèrent  ensemble 


dedans  la  ville  d'Ephese  »],  en  devisant  de  plusieurs 
choses  ils  tumberent  en  propos  des  anciens  capitaines  : 
&  Hannibal  prononcea  &  donna  sa  sentence,  que 
Alexandre  le  grand  avoit  esté  le  plus  grand  &  le  plus 
excellent  de  tous  les  autres,  Pyrrus  le  second,  &  luy 
le  troisième,  &  adonc  Scipion  en  se  soubzriant  tout 
doulcement  luy  demanda  :  Et  que  dirois  tu  donc,  si 
je  ne  t'eusse  point  vaincu  ?  Je  me  mettrois,  respondit 
Hannibal,  non  point  au  troisième  lieu,  mais  au  pre- 
mier, par  dessus  tous  les  capitaines  qui  furent  on- 
ques.  »  (xii,  f°  267  r°.) 

P.  528,  1.  9.  En  celle  de  Pyrrhus).  «  Lon  dit  que 
le  roy  Antigonus  interrogué,  qui  luy  sembloit  le  plus 
grand  capitaine,  respondit,  Pyrrus,  pourveu  qu'il 
vieillisse,  parlant  des  capitaines  de  son  temps  seule- 
ment :  mais  Hannibal  le  prononcea  le  premier  de 
tous  universellement  en  expérience  &  suffisance  au 
mestier  de  la  guerre,  Scipion  le  second,  &  soymesme 
le  troisième,  ainsi  que  nous  avons  escrit  en  la  vie 
de  Scipion.  »  (F"  271  V.) 

P.  528,  1.  12.  Quand  il  récite).  Cf.  Bodin,  Mcthodus 
ad  facilem  historiarum  cognitionem  :  «In  Lycurgo  scribit 
puerum  LacedcTmonium  crudelissimam  lacerationem 
&  iliorum  distractionem  ad  necem  usque  pertulisse, 
ne  vulpis  furtum  detegeretur.  »  (iv,  p.  58.)  Le  fait 
est  pris  à  Plutarque,  Fie  de  Lycurgue,  xi\'. 

P.  528, 1.  21.  Tout  blessé  qu'il  estoit).  Cf.  Plutarque, 
Fie  de  Pyrrhus  :  «  Entre  Icsquelz  (ennemis)  y  en 
eut  un  plus  adventureux  que  les  autres,  homme  de 
haulte  taille,  &  tout  armé  en  blanc,  qui  se  jetta  bien 
loing  devant  sa  trouppe,  &  d'une  voix  audacieuse 
&  fiere  appella  le  Roy  &  le  desfia  au  combat  d'homme 


LIVRE      II,      CHAPITRE     XXXII. 


337 


à  homme,  s'il  estoit  encore  vivant.  Pyrrus  irrité  de 
cette  braverie,  malgré  ses  gens  tourna  visage,  tout 
blécé  qu'il  estoit,  avec  sa  garde  :  &  oultre  ce  qu'il 
estoit  enflammé  de  cholere,  aiant  la  face  toute  souillée 
de  sang  &;  hydeuse  à  veoir,  il  se  jetta  à  travers  ses 
gens,  &  feit  tant  qu'il  approcha  du  Barbare  qui  l'avoit 
desfié,  auquel  il  donna  de  toute  sa  puissance  un  si 
grand  coup  d'espée  sur  la  teste,  que  tant  pour  la 
force  du  bras,  que  pour  la  bonté  de  la  trempe  de 
l'acier,  le  coup  descendit  jusques  à  bas,  de  sorte 
qu'en  un  moment  les  parties  du  corps  divisé  en  deux 
tumberent,  l'une  deçà,  l'autre  delà.  Cela  arresta  tout 
court  les  Barbares,  &  les  garda  de  passer  oultre,  tant 
ilz  furent  estonnez  &  effroyez  de  veoir  un  si  grand 
coup  de  main,  qui  leur  feit  estimer  que  Pyrrus  estoit 
quelque  chose  d'advantage  qu'un  homme.  »  (xii, 
f°  279  v.) 

p.  528,  1.  25.  D'avoir  acJjoiisIe).  Cf.  le  passage  de 
Bodin  cité  ci-dessus,  p.  527,  1.  27. 

P.  529,  1.  4.  Que  Cicero).  Dans  les  TiisciiJanes  : 
«  Spartas  vero  pueri  ad  aram  sic  verberibus  acci- 
piuntur,  ut  multus  e  visceribus  sanguis  exeat  :  non 
nunquam  etiam,  ut  cùm  ibi  essem,  audiebam,  ad 
necem  :  quoram  non  modo  nemo  exclamavit  unquam, 
sed  ne  ingemuit  quidem.  »  (II,  xiv.)  Le  même 
exemple  est  chez  Plutarque,  Fie  de  Lycurgiie,  xiv. 

P.  529,  1.  21.  AtnrcelUiuis  récite).  Cf.  Ammien 
Marcellin,  Histoire  :  «Nulla  tormentorum  vis  inveniri 
adhuc  potuit,  quœ  obduratum  ullius  pectus  latrociniis 
invitum  elicere  potuit,  ut  nomen  proprium  dicat.  » 
(XXII,  xvi.) 

P.  529,  1.  25.  Un  paisan).  Cf.  Tacite,  Annales  : 
«  Voce  magna  sermone  patrio,  frustra  se  interrogari 
clamitavit.  Adsisterent  socii  ac  spectarent.  Nullam 
vim  tantam  doloris  fore,  ut  veritatem  eliceret.  Idém- 
que  cùm  postero  die  ad  quajsitionem  retraheretur, 
eo  nisu  proripuit  se  custodibus,  saxoque  caput 
adflixit,  ut  statim  exanimaretur.  »  (IV,  xlv,  135.) 

P.  530,  1.  5.  Epicharis).  Id.,  ihid.  :  «  Nero  recor- 
datus  Volusii  Proculi  indicio  F.picharim  attineri, 
ratusque  muliebre  corpus  impar  dolori,  tormentis 
dilacerari  jubet.  At  illam  non  verbera,  non  ignés, 
non  ira  eo  acriùs  torquentium  ne  a  femina  sperne- 
rentur,  pen,-icere  quin  objecta  denegaret.  Sic  primus 


qux'stionis  dies  contemtus.  Posterô  cùm  ad  eosdem 
cruciatus  retraheretur  gestamine  sellœ  (nam  dissolutis 
membris  insistere  nequibat)  vinclo  fascia  quam  pec- 
tori  detraxerat,  in  modum  laquei  ad  arcum  sellœ 
restricto,  indidit  cervicem,  &  corporis  pondère  con- 
nisa,  tenuem  jam  spiritum  expressit.  »  (XV,  lvii, 
308.) 

P.  530,  1.  14.  //  se  trouvera).  La  même  idée  est 
exprimée  à  la  lin  de  l'essai  II,  xvii. 

P.  531,  1.  10.  Le  conte  de  la  femme).  Il  est  dans  les 
Facétie  de  Pogge.  Castiglione,  dans  son  Cortegiano 
(III,  xxii),  y  fait  allusion  comme  à  un  conte  alors 
très  connu  en  Italie. 

P.  531,1.  19.  Comme  j'ay  dit  ailleurs).  Dans  l'essai 

I,    XXVII. 

p.  531,  1.  21.  Faire  difficulté  de  croire).  Idée  lon- 
guement développée  dans  l'essai  I,  xxxvii. 

P.  532,  1.  10.  Agesilaits  fut  mulcté).  Cf.  Bodin, 
Methodus  ad  facilein  historiarum  cognitionem  :  «[Scribit] 
Agesilaum  ab  Ephoris  mulctatum,  quôd  suoram 
civium  animos  &  voluntates  unus  sibi  conciliarat.  » 
(iv,  p.  58.) 

P.  532,  1.  18.  Où  il  dict  qu'il  a  bien  assarty).  Id., 
ibid.  :  «Illud  tamen  animadversione  dignum  est  quôd 
Graecos  principes  cum  Cra:cis,  &  Romanos  inter  se 
bona  fide  comparavit  :  Grœcos  vero  cum  Romanis 
non  item,  idque  facile  intelligi  potest  in  comparatione 
Demosthenis  ac  Ciceronis  :  Catonis  &  Aristidis  : 
Svllx  ac  Lvsandri  :  Marcelli  ac  Pelopidre,  quid  autem 
aliud  est  Agesilaum  Pompeio,  quàm  muscam  Ele- 
phanto  conferre?»  (iv,  p.  58.) 

P.  533,  1.  27.  Je  ne  croy  pas).  Dans  la  Comparaison 
de  Pompcius  et  d'Agesilaus,  f°  463  r". 

P.  534,  1.  I.  //  n'y  a,  dit-il).  F°  334  r°. 

Chronologie  :  Le  sujet  de  cet  essai  est  certaine- 
ment pris  dans  la  Méthode  de  Bodin.  Montaigne 
déclare  lui-même  qu'il  écrit  pour  contredire  Bodin 
et  défendre  Plutarque  contre  les  accusations  de  ce 
savant.  D'ailleurs,  un  jugement  sur  Dion  est  pris 
textuellement  dans  Bodin  (voir  ci-dessus,  p.  527, 
1.  21).  Cette  influence  de  la  Méthode  de  Bodin 
nous  invite  à  penser  que  cet  essai  est  des  environs 
de  1578.  En  outre,  Montaigne  parle  d'un  petit  livre 


338 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


parmi  cette  «  milliasse  »  de  pamphlets  que  les  protes- 
tants font  courir,  où  le  cardinal  de  Lorraine  était 
comparé  à  Sénèque,  et  Chartes  IX  à  Néron.  Je  ne 
suis  pas  encore  arrivé  à  retrouver  ce  pamphlet,  mais 
certainement  c'est  un  de  ceux  que  suscita  la  Saint- 
Barthélémy;  et  puisque  Montaigne  dit  qu'il  l'a  vu 


«  autres-fois  »,  il  y  a  lieu  de  penser  que  l'essai  II, 
xxxii,  est  de  quelques  années  postérieur  à  la  Saint- 
Barthélémy  (24  août  1572).  Notons  enfin  qu'une 
allusion  (p.  531,  1.  19)  prouve  qu'il  est  postérieur 
à  l'essai  I,  xxvii. 


Chapitre   XXXffl. 


L   HISTOIRE     DE     SPVRIXA. 


P.  536,  1.  8.  Xemcrates  y  procéda).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Xénocrale  :  «  Quidam  verô  discipulos 
Laidem  illi  injecisse  in  lectulum  tradunt,  illumque 
adeô  fuisse  continentem,  ut  cùm  se  ad  libidineni 
incitari  prsesensisset,  &  secare  &  urere  verenda  sœpe 
pateretur.  »  (IV,  vu,  249.)  Le  fait  est  un  peu  diffé- 
remment raconté  chez  Valère  Maxime,  IV,  m,  ext.  3. 
II  y  est  fait  allusion  dans  le  Cortegiano,  III,  xxxix. 

P.  53e,  1.  21.  Le  soin  curieux).  Cf.  Suétone,  Fie 
de  César  :  «  Circa  corporis  curam  morosior,  ut  non 
solum  tonderetur  diligenter  ac  raderetur,  sed  velle- 
retur  etiam,  ut  quidam  exprobraverunt.  »  (xlv.) 

P.  53e,  1.  24.  //  estait  beau  personnage).  Id.,  ibid.  : 
«  Fuisse  traditur  excelsa  statura,  colore  candido,  tere- 
tibus  membris,  ore  paulo  pleniore,  nigris  vegetisque 
oculis.  »  (xlv.) 

P.  337,  1.  I.  Avec  le  Roy  de  BitJwiie).  Id.,  ibid., 
XLix.  Montaigne  a  fait  allusion  à  ceci  dans  l'essai  I, 
XLix,  p.  385,  1.  6. 

p.  537, 1.  2.  Cleopatra).  Id.,  ibid.,  lu,  et  Plutarque, 
Vie  de  César,  xui. 

P-   537>  '•   3-  Eunoé).  Cf.  Suétone,  Vie  de  César, 

LU. 

P.  537,  1.  4.  A  Roinme).  Id.,  ibid.  :  «  Pronum  et 
sumtuosum  in  libidines  fuisse,  constans  opinio  est, 
plurimasque  et  illustres  feminas  corrupisse,  in  quibus 
Postumiam  Servii  Sulpicii,  Lolliam  Auli  Gabinii, 
Tertullam  M.  Crassi,  etiam  Cn.  Pompeii  Muciam. 
Nam  certe  Pompeio,  et  a  Curionibus  pâtre  et  filio,  et 
a  multis  exprobratum  est,  quod,  «  cujus  causa  post  très 
»  liberos  exegisset  uxorem,  et  quem  gemens  ^gisthum 
»  appelkre  consuesset,  ejus  postea   filiam   potentiae 


»  cupiditate  in  matrimonium  recepisset.  Sed  ante  alias 
»  dilexit  M.  Bruti  matrem,  serviliam.  »  (l.) 

P.  537,  1.  6.  Oui  fut  la  cause).  Ibid.,  Commentaire 
de  Philippe  Béroald  :  «  Verùm,  ut  author  est  Plutar- 
chus,  neque  posteà  cur  illam  repudiasset  confessus 
est.  Existimat  Tranquillus,  eam  repudiatam  fuisse 
Julii  Caisaris  causa,  cuiu  quo  exercebat  adulteria 
absente  marito.  »  (l.) 

P.  537,  1.  12.  Dont  chacun  tient).  Ibid.,  Commentaire 
de  Philippe  Béroald  :  «  Servilia  Catonis  Uticensis 
soror,  Marci  Bruti  fuit  mater,  quam  Csesar  adhuc 
adolescens  amavit  :  &  cùm  eo  tempore,  quo  hic 
amor  fervescebat,  Brutus  sit  natus,  quodammodo 
creditus  est  è  Cassare  genitus.  » 

P.  537,  1.  16.  Complexion  tres-amoureuse).  Lorsque 
César  entra  dans  Rome  sur  son  char  de  triomphe, 
les  soldats  criaient  :  «  Urbani,  servate  uxores  : 
uiœchum  calvum  adducimus.  >>  (Suétone,  Vie  de 
César,  li.) 

P.  537,  1.  19.  De  Mecbiiict).  Montaigne  a  lu  à  ce 
sujet  l'Histoire  de  Chalcondyle. 

P.  537, 1.  27.  LadisJaus).  Cette  anecdote  se  retrouve 
dans  beaucoup  d'ouvrages  historiques  du  temps. 
Montaigne  l'a  lue  dans  l'Histoire  de  Scanderberg,  de 
Lavardin,  dans  l'Histoire  de  Paul  Jove,  probablement 
aussi  dans  l'ouvrage  de  Bonfinius  qu'il  possédait  : 
Rerum  uugaricarum  décades  quattuor,  III,  u.  Mais  tous 
ces  récits,  qui  procèdent  de  l'histoire  de  Naples  écrite 
par  Colenucio,  présentent  des  détails  un  peu  différents 
de  ceux  que  nous  trouvons  chez  Montaigne.  Il  est 
probable  qu'il  s'inspire  de  Chalcondyle  dont  voici  le 
récit  :  «  Ce  jeune  prince  (Ladislaus)  addouci  de  leurs 


340 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


prières  &  humble  langage,  ne  demanda  autre  chose 
sinon  la  fille  d'un  bourgeois,  qui  estoit  estimée  la 
plus  belle  créature  de  la  ville  et  de  toute  l'Italie 
encore.  Car  Florence  a  d'ordinaire  les  plus  belles 
&.  gratieuscs  dames  qui  se  treuvent  point  autrepart  : 
ce  qui  venoit  bien  apropos  pour  un  Roy  de  com- 
plexion  amoureuse,  &  tant  desbordé  après  cette  sorte 
de  contentement,  que  plus  luy  estoit  la  jouyssance 
de  quelque  désirée  beauté,  que  la  conqueste  de  tous 
les  Empires  de  la  terre,  combien  qu'il  ne  laissast  pas 
pour  cela  d'estre  vaillant  de  sa  personne,  &  fort 
addonné  aux  armes.  Au  moyen  dequoy  les  Florentins 
voyans  l'humeur  de  l'homme  qui  leur  faisoit  si  bon 
marché  du  danger  où  il  les  avoit  réduits,  ordonnèrent 
incontinent  au  père  d'admener  sa  fille,  la  plus  pro- 
prement attiffee  qu'il  fut  possible.  Ce  père  icy  estoit 
un  médecin  (à  ce  que  l'on  dit)  le  plus  excellent 
&  fameux  de  son  temps,  lequel  eut  à  tel  regret 
&  contrecueur  qu'on  peut  estimer,  de  se  voir  un  tel 
blasme  &  deshonneur  à  toute  sa  maison,  si  bien 
qu'après  avoir  tenté  tous  les  moyens  de  s'en  exempter, 
&  voyant  à  la  fin  que  c'ettoit  un  faire  le  faut,  il  se 
résolut  à  une  chose  bien  estrange,  &  qui  ne  partoit 
pas  d'un  bas  &  petit  courage.  Car  avec  du  jus  de 
ciguë,  &  autres  mortelles  drogues,  il  empesa  un 
couvrechef  richement  ouvré  de  fil  d'or  &  de  soye 
cramoisie,  lequel  il  donna  à  sa  fille,  pour' s'en  accom- 
moder quand  le  Roy  seroit  avec  elle,  ce  qu'elle  fit  : 
Car  il  n'eut  pas  plus  tost  destourné  sa  veue  sur  cette 
beauté,  que  la  renommée  (disoit-il)  avoit  esté  trop 
chiche  de  luy  louer,  que  tout  bouillant  &  enflambé 
d'amour,  sans  rernettre  la  chose  à  de  plus  amples 
cerimonies,  il  voulut  venir  aux  prises.  Mais  il  n'eut  pas 
plus  tost  esté  touché  du  couvrechef,  ainsi  eschauffé 
qu'il  estoit  encore,  que  tout  soudain  le  poison  luy 
monta  au  cueur,  d'une  si  grande  promptitude  &  ac- 
tion, qu'après  avoir  jecté  quelques  petites  gouttes 
d'une  sueur  froide,  comme  pour  un  dernier  effort  de 
nature,  il  rendit  l'ame  entre  les  bras  mesmes  de  la 
Damoiselle,  laquelle  aussi  expira  bien  tost  après. 
Cest  accident  advenu  si  inopinément,  son  armée  se 
trouva  en  grand  trouble  &  confusion,  &  se  retira  à 
la  haste  :  Ainsi  fut  la  Cité  de  Florence  délivrée.  Il  y 
a  toutefois  des  Italiens  qui  ont  escript  que  ce  ne  fut 


pas  le  père  qui  brassa  ce  brouet,  mais  le  conseil  propre 
de  la  ville,  après  avoir  fort  mignardement  fiiit  accous- 
trcr  cette  fille;  afin  qu'elle  parust  encore  plus  belle 
à  l'ennemi,  &  que  par  ce  moyen  ce  qu'ils  avoient 
projeté  &  basty  sur  la  concupiscence  d'iceluy,  fust 
exécuté  plus  promptement.  Quoy  que  ce  soit,  la 
chose  advint  en  la  sorte  &  manière  que  nous  avons 
dit.»  (V,  XI,  353.) 

P.  539,  1.  3.  Oppius  recite).  Cf.  Suétone,  Fie  de 
César  :  «  Circa  victum  C.  Oppius  adèo  indifferentem 
docet,  ut  quondam  ab  hospite  conditum  oleum,  pro 
viridi  appositum,  aspernantibus  cœteris,  solum  etiam 
largius  dicat  appetisse,  ne  hospitem  aul  negligentiœ, 
aut  rusticitatis  videretur  arguere.  »  (un.) 

P.  539,  1.  6.  Il  fit  fouetter  son  holeiiger).  Li.,  ibid.  : 
((  Domesticam  disciplinam  in  par\às  ac  majoribus 
rébus  diligenter  adèo  severéque  rexit,  ut  pistorem, 
alium,  quàm  sibi,  panem  convivis  subjicientem, 
compedibus  vinxerit.  »  (xlviii.) 

P-  539;  '•  7-  Caton  mesme).  Id.,  ibid.  :  «  \'erbum 
M.  Catonis  est  :  Unum,  ex  omnibus,  Cœsarem  ad 
cvertendam  Rempubl.  sohrium  accessisse.  »  (lui.) 

P-  539)  '•  9-  Ce  mesme  Caton).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Caton  d'U tique  :  «  Et  pour  ne  rien  omettre  de  ce 
qui  peuh  servir  à  représenter  au  vif  l'image  de  son 
naturel,  jusques  aux  moindres  indices  :  on  dit  que 
ce  jour  là  y  aiant  grand  débat  &  fort  véhémente 
contention  de  luy  à  l'encontre  de  Cœsar,  tellement 
que  tout  le  Sénat  estoit  attentif  à  les  regarder  &  ouyr, 
on  apporta  de  dehors  un  petit  papier  à  Cœsar.  Ce 
que  Caton  tint  incontinent  en  suspicion,  &  l'en 
calumnia  tant,  que  plusieurs  des  Sénateurs  s'en 
emeurent,  &  commandèrent  que  ce  qui  estoit  escript 
en  ce  papier  fust  leu  tout  hault  &  clair  :  parquoy 
Cx'sar  tendit  la  lettre  à  Caton  qui  ne  seoit  pas  gueres 
loing  de  luy.  Caton  l'aiant  leuë  trouva  que  c'estoit 
une  lettre  d'amour  que  sa  sœur  Servilia  escrivoit  à 
Cœsar,  dont  elle  estoit  amoureuse,  aiant  esté  par  luy 
corrompue  :  si  la  rejetta  à  Cssar  en  luy  disant, 
Tien  yvrongne  :  &  cela  fait,  se  remeit  à  continuer 
le  propos,  qu'il  avoit  paravant  commencé.»  (vn, 
f°  534  V.)  Montaigne  a  trouvé  ce  récit  reproduit 
en  latin  dans  .son  édition  de  Suétone,  Commentaire 
de  la   Vie  de  César  par  Sabellicus,   i..   Montaigne  a 


LIVRK     II,      CHAPITRE      XXXIII. 


341 


déjà  fait  allusion   à  ce   récit  dans   l'essai   II,   xviii, 
p.  457,  1.  10. 

P.  559,  1.  23.  Feiiiis  et  Bacchus).  «Sine  Cerere  et 
Baccho  friget  Venus»;  proverbe  que  Montaigne  citera 
dans  l'essai  III,  v. 

P.  540,  1.  13.  Poiiipnus  declaroit).  Cf.  Suétone, 
Vie  de  César  :  «  Denuntiante  Pompeio  pro  hostibus 
se  habiturum,  qui  Reipublic;^  defuissent,  ipse  medios, 
&  neutrius  partis,  suomm  sibi  numéro  futures  pro- 
nuntiavit.  »  (lxxv.) 

P.  540,  1.  16.  A  ceux  de  ses  capitaines).  Plutarque 
le  dit  expressément  de  Labiénus  dans  la  Vie  de  César, 
x,  f"  504  r". 

P.  540,  1.  20.  //  deffendit).  Cf.  Suétone,  Vie  de 
César,  lxxv. 

P.  540,  1.  28.  Quand  je  considère).  Cette  phrase 
figure  presque  textuellement  sur  la  page  de  garde 
du  César  de  Montaigne.  «  Quand  je  considère  la 
grandur  incomparable  de  cete  ame,  j'excuse  la  victoire 
de  ne  s'estre  peu  défaire  de  lui  en  cete  tresinjuste 
&  tresinique  cause.  » 

P.  541,  1.  3.  Caitts  Meniiniiis).  Cf.  Suétone,  Vie  de 
César  :  «  Caii  Memmii,  cujus  asperrimis  orationibus 
non  minore  acerbitate  rescripserat,  etiam  suffragator 
mox  in  petitione  Consulatus  fuit.  Caio  Calvo  post 
famosa  epigrammata  de  reconciliatione  per  amicos 
agenti,  ultro  ac  prior  scripsit.  Valerium  Catullum, 
à  quo  sibi  versiculis  de  Mamurra  perpétua  stigmata 
imposita  non  dissimulaverat,  satisfacientem  eadem 
die  adhibuit  cœns,  hospitiôque  patris  ejus,  sicut 
consueverat,  uti  perseveravit.  »  (lxxiii.) 

P.  541,  1.  II.  Ayant  esté  adverty  d'aucuns).  Id., 
ibid.  :  «  Acerbe  loquentibus  satis  habuit  pro  concione 
denuntiare,  ne  perseverarent.  »  (lxxv.) 

P.  541,  1.  14.  Aucunes  coniurations).  Id.,  ibid.  : 
«  Détectas  conjurationes,  conventusque  nocturnos, 
non  ultra  arguit,  quam  ut  edicto  ostenderet  esse  sibi 
notas.  »  (lxxv.) 

P.  541,  1.  17.  Caius  Oppins).  Id.,  ibid.  :  «Amicos 
tanta  semper  facilitate,  indulgentiàque  tractavit,  ut 
C.  Oppio  comitanti  se  per  sylvestre  iter,  correptôque 


subita  valetudine,  &  in  diversorio  loco,  quod  unum 
erat,  cesserit,  &  ipse  humi,  ac  sub  dio  accubuerit.  » 
(lxxii.) 

P.  541,  1.  20.  //  fit  mourir).  Id.,  ibid.  :  «  Libertuni 
gratissimum  ob  adulteratam  equitis  Romani  uxorem 
(quanvis  nullo  qu.'erente)  capitali  pœna  afl'ecerit.  » 
(xlviii.) 

P.  542,  1.  I.  Si  les  plus  nu'sclians).  Id.,  ibid.  : 
«  Professus  est  palàm,  si  grassatorum  &  sicariorum 
ope  in  tuenda  sua  dignitate  usus  esset,  talibus  quoque 
se  parem  gratiam  relaturuni.  »  (lxxii.) 

P.  542,  1.  5.  D'avoir  rendu).  Id.,  ibid.  :  «  Nihil 
amplius  Rempublicam  esse,  appellationem  modo  sine 
corpore  ac  species...  debere  homines...  pro  legibus 
habere  qux  dicat.  »  (lxxvii.) 

P.  542,  1.  7.  Recevoir  assis).  Id.,  ibid.  :  «  Adeuntes 
se  cum  pluribus  hojiorificentissimisque  decretis,  uni- 
versos  patres  conscriptos  sedens  pro  cède  Veneris 
Genitricis  excepit.  »  (lxxviii.) 

P.  542,  1.  8.  Souffrir  qu'on  l'adorât).  Id.,  ibid.  : 
«  Ampliora  etiam  humano  fastigio  decerni  sibi  passus 
est  :  sedem  auream  in  curia,  &  pro  tribunali,  then- 
sam,  &  ferculum  Circensi  pompa,  templa,  aras, 
simulachra  juxta  deos,  pulvinar,  flaminem,  lupercos, 
appellationem  mensis  è  suo  nomine.  »  (lxxvi.) 

P.  542,  1.  30.  Spurina).  Cf.  Valère  Maxime,  IV, 
v,  ext.  i.  L'exemple  est  repris  chez  Boccace  :  De 
casibus  illustrium  virorum,  IV,  à  la  fin;  dans  VOfficina 
de  Ravisius  Textor,  f°  107  v°;  etc. 

P.  543, 1.  I.  Oualis gemma).  «Telle  brille  une  perle 
enchâssée  dans  l'or,  ornement  d'un  collier  ou  d'une 
couronne,  tel  l'ivoire  dont  la  blancheur  éclate,  serti 
de  buis  ou  de  térébinthe.  »  (Virgile,  Enéide,  X,  134.) 

Chronologie  :  Un  grand  nombre  d'emprunts  à 
César  et  aux  Vies  de  César,  écrites  par  Suétone  et 
par  Plutarque,  prouve  avec  évidence  que  cet  essai 
est  de  l'époque  à  laquelle  Montaigne  étudiait  César, 
de  1578  probablement.  Une  phrase  d'ailleurs  (p.  540, 
1.  28),  est  transcrite  du  jugement  qu'il  a  placé  en 
tête  de  son  volume. 


Chapitre    XXXIW 


OBSERVATIONS    SVR    LES    MOYENS    DE    FAIRE    LA    GVERRE    DE    IVLIVS    CESAR. 


P.  545,  TITRE.  Il  faut  rappeler  qu'avant  Montaigne 
Ramus  a  traité  ce  sujet  dans  un  petit  volume  intitulé  : 
De  militia  Cœsaris,  publié  en  latin  en  1558,  et  traduit 
en  français  dès  1559  par  Castelnaud.  On  trouvera 
beaucoup  d'idées  communes  au  traité  de  Ramus  et 
à  l'essai  de  Montaigne,  mais  je  n'ai  trouvé  aucune 
preuve  d'une  influence  directe  de  l'un  sur  l'autre. 
Ces  similitudes  semblent  toutes  s'expliquer  par  ce 
fait  que  tous  les  deux,  Ramus  et  Montaigne,  mettent 
largement  à  contribution  la  Vie  de  César  que  nous 
a  laissée  Suétone.  C'est  le  cas,  par  exemple,  pour 
cette  idée  rencontrée  de  part  et  d'autre  (Ramus,  II, 
v),  que,  bien  que"  parfumés  et  très  soignés  de  leur 
personne,  les  soldats  de  César  marchaient  courageu- 
sement à  l'ennemi.  Elle  vient  de  Suétone,  VU  de 
César,  lxvii. 

P.  545,  1.  2.  Le  grand  Alexandre).  Cf.  à  ce  sujet 
l'essai  II,  xxxvi. 

P.  545,  1.  3.  Scipiùn).  Cf.  Cicéron,  Tuscidanes,  II, 
XXVI,  dans  un  passage  que,  à  la  même  époque, 
Montaigne  traduit  dans  l'essai  III,  iv. 

P.  545,  1.  3.  Marais  Bnittis).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Brutus,  i. 

P.  545,  1.  4.  Charles  cinquiesme).  Cf.  Bodin,  Metho- 
diis  ad  facilem  historiariini  cognitionan,  proœmium. 

P.  545,  1.  5.  Le  feu  Mareschal).  Cf.  l'essai  II,  xvn, 
p.  448,  1.  14. 

P.  545,  1.  15.  Son  année).  Cf.  Suétone,  Vie  de 
César  :  «  Cum  exspectatio  adventus  Juba;  terribilis 
esset,  convocatis  ad  concionem  militibus,  Scitote, 
inquit,  paucissimis  his  diebus  regem  affuturum  cum 
decem  legionibus,  equitum  triginta,  levis  armaturae 


centum  millibus,  elephantisque  trecentis.  "Proinde 
desinant  quidam  qu^erere  ultra,  aut  opinari,  mihique, 
qui  compertum  habeo,  credant.  »  (lxvi.) 

P.  546,  1.  3.  Surpassant  de  heaucmip).  Id.,  ibid  : 
Une  note  de  Sabellicus  donne  le  dénombrement 
fourni  par  l'auteur  du  De  bello  afrieano,  et  termine 
par  ces  mots  :  «  Caesar  de  industria  copias  mentiendo 
auxit.  »  (lxvi.) 

P.  546, 1.  4.  Cyrns  en  Xcnophon).  Ibid.,  Comiuentaire 
de  Béroald  :  «  In  hoc  Cœsar  Cyrum  illum  magnum 
Persarum  regem  imitabatur  :  qui,  authore  Xeno- 
phonte,  res  hostium  minime  verbis  extenuandas  esse 
censebat.  Nam  melius  est,  inquit,  si  majora  arbitrari, 
minora  videamus  :  quàm  minora  audientes,  validiora 
inveniamus.  »  (lxvi.) 

P.  546,  1.  10.  Il  ne  leur  conimuniqitoil).  Cf.  Suétone, 
Vie  de  Càar  :  «  Tum  maxime  exactor  gravissimus 
disciplinïe,  ut  neque  itineris,  neque  prxlii  tempus 
denuntiaret,  sed  paratum,  &  intentum  momentis 
omnibus,  quo  vellet  subito  educeret.  Quod  etiam 
sine  causa  plerunque  faciebat,  prœcipuè  pluviis 
&  festis  diebus.  »  (lxv.) 

P.  546,  1.  27.  //  ne  requérait)  Cf.  Suétone,  Vie  de 
César  :  «  Delicta  neque  observabat  omnia  neque  pro 
modo  exsequebatur;  sed  desertorum  ac  seditiosorum 
&  inquisitor  &  punitor  acerrimus,  connivebat  in 
cetcris.  Ac  nonnunquam  post  magnam  pugnam 
atque  victoriam,  remisse  officiorum  munere,  licen- 
liam  omnes  passim  lascivicndi  permittebat,  jactare 
solitus,  milites  suos  etiam  unguentatos  bene  pugnare 
posse  :  ...  habcbatque  cam  cultos,  ut  argento  &  auro 
politis  armis  ornaret,  simul  &  ad  speciem,  &  quo 


LIVRE      H,      CHAPITRi;      XXXIV. 


343 


tenaciores  eorum  in  pntlio  essent  metu  damni.  « 
(lxvii.) 

P.  547,  1.  -.  Parlant  à  eux).  Ibid.,  ihid.  :  «  Nec 
milites  suos  pro  concione,  sed  blandiori  nomine 
commilitones  appellabat.  »  (lxvii.)  Voici  la  note  de 
Béroald  en  cet  endroit  :  «  A  Cœsare  in  hoc  dissen- 
tiebat  Augustus,  immo  ut  inquit  Eutropius,  ipsum 
coarguebat,  quod  milites  commilitones  novo  blando- 
que  more  appellaret.  Ita  enim  principis  authoritatem 
emolliri,  minuique  arbitrabatur.  »  Et  Sabellicus  dit  : 
«  QuiE  appellatio,  utpote  ambitiosa,  ab  Auguste  pos- 
tea  sublata  est  :  nam  Imperator,  qui  suos  commili- 
tones appellat,  se  in  ordinem  redigit,  fateturque  se 
non  Imperatorem,  sed  militem  esse  :  sic  condiscipuli, 
sic  conservi  dicuntur.  »  Cf.  aussi  Suétone,  Vie  d'Au- 
guste, XXV. 

P.  547,  1.  II.  Rhcni).  «Au  passage  du  Rhin, 
César  était  mon  général,  ici  (à  Rome)  il  est  mon 
compagnon  :  tous  les  complices  sont  égaux  dans  le 
crime.  »  (Lucain,  V,  289.)  Montaigne  a  peut-être 
pris  cette  citation  dans  le  De  jure  regni  de  Buchanan, 

P-  95- 

P.  547,  1.  17.  La  neufiesine  légion).  Cf.  Suétone, 
Vie  de  César  :  «  Nonam  quidem  legionem  apud  Pla- 
centiam,  quanquam  adhuc  in  armis  Pompeius  esset, 
totam  cum  ignominia  missam  fecit,  itgréque  post 
multas  &  supplices  preces,  nec  nisi  exacta  de  sontibus 
pœna,  restituit.  »  (lxix.) 

P.  547,  1.  20.  Il  les  rapaisoit).  Id.,  ibid.  :  «Nec 
tam  indulgentia  ducis,  quàm  authoritate  (ad  otficium 
redibant).  »  (lxix.) 

P.  547,  1.  23.  Il  dit  qu'estimant).  Cf.  César,  De 
bello  gallico  :  «  Navibus  transire,  neque  satis  tutum 
esse  arbitrabatur,  neque  su£e,  neque  populi  romani 
dignitatis  esse  statuebat.  »  (IV,  xvii.)  En  face  de 
cette  phrase  on  lit  en  marge  dans  le  César  de  Mon- 
taigne, p.  70  :  «  [II]  estime  indigne  [de]  sa  réputation 
de  [pas]ser  son  armée  [par]  navires.  »  ' 

P.  548,  1.  4.  Cœsar,  dit-il).  Id.,  ihid.  :  «  Cx-sar, 
necessariis  rébus  imperatis,  ad  cohortandos  milites 
quam  in  partem  sors  obtulit,  decucurrit  :  iSc  ad  legio- 
nem decimam  devenit.  Milites  non  longiore  oratione 

'  Les  lettres  mises  entre  crochets  sont  celles  que  le  ciseau  du 
relieur  a  supprimées  et  que  j'ai  dû  restituer. 


est  cohortatus  quàm  uti  sua;  pristin*  virtutis  memo- 
riam  retinerent,  neu  perturbarentur  animo,  hostium- 
que  impetum  fortiter  sustinerent,  quod  non  longius 
hostes  aberant,  quam  quo  telum  adjici  posset,  praelii 
committendi  signum  dédit.  Atque  in  alteram  partem 
item  cohortandi  caussa  profectus,  pugnantibus  oc- 
currit.  Temporis  tanta  fuit  exiguitas,  hostiumque 
tam  paratus  ad  dimicandum  animus,  ut  non  modo 
ad  insignia  accommodanda,  sed  etiam  ad  galeas 
induendas,  scutisque  tegmenta  detrahenda  tempus 
defuerit.  »  (II,  xxi.)  En  fece  de  ce  texte  on  lit  en 
marge  dans  le  César  de  Montaigne,  p.  42  :  «  [II]  faict 
grand  estât  [de]  lexortation  aus  [sol]datz.  » 

P.  548,  1.  20.  Il  arriva  en  huit  jours).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  César  :  «  Il  avoit  tousjours  au  près  de  luy 
dedans  son  chariot  un  secrétaire  assis,  lequel  estoit 
accoustumé  à  escrire  en  allant  par  pais,  &  un  soudard 
derrière  luy  qui  portoit  son  espee  combien  qu'il 
allast  en  si  grande  diligence  que  la  première  fois 
qu'il  sortit  de  Rome,  avec  charge  publique,  il  arriva 
en  huit  journées  à  la  rivière  du  Rosne...  En  la  guerre 
de  la  Gaule,  il  s'exercita  encore  davantage  à  dicter 
lettres  missives  en  chevauchant  par  les  champs,  &  à 
fournir  à  deux  secrétaires  ensemble.  »  (v,  f°  498  r°.) 

P.  549,  1.  6.  Ocior).  «  Plus  rapide  que  l'éclair  et 
que  la  tigresse  qui  a  des  petits  à  défendre.  »  (Lucain, 
V,  405.) 

P.  549,  1.  7.  Ac  veluti).  «  Pareil  à  un  rocher  qui 
roule  du  haut  de  la  montagne,  arraché  par  le  vent, 
ou  miné  par  les  pluies,  ou  détaché  par  l'action  des 
années  :  la  masse  énorme  se  précipite  dans  une  chute 
horrible  vers  l'abîme,  fait  retentir  le  sol,  entraînant 
avec  lui  les  forêts,  les  troupeaux  et  les  bergers.  » 
(Virgile,  Enéide,  XII,  684.) 

P.  549,  1.  13.  //  dit  que  c'estoit  sa  coustunie).  Cf. 
César,  De  bello  gallico,  VII,  xxiv.  En  face  des  mots  : 
«  Ca;sar  ad  opus  consuetudine  excubaret,  militesque 
cohortaretur  »,  on  lit  en  marge  dans  le  César  de 
Montaigne,  p.  144  :  «  [Vi]gilance  de  [C]  (César)». 

P.  549,  1.  16.  Ne  passa  jamais).  Cf.  Suétone,  Vie 
de  César  :  «  In  obeundis  expeditionibus,  dubium 
cautiôrne,  an  audacior.  Exercitum  neque  per  insidiosa 
itinera  duxit  unquam,  nisi  perspeculatus  locorum 
situs  :  neque  in  Britariniam  transuxit  nisi  antè  per 


344 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


se  portus,  &  navigationem,  &  accessum  ad  insulam 
explorasse:.  »  (lviii.) 

P.  549,  1.  22.  //  la  refusa).  Cf.  César,  De  bello 
cii'ili,  I,  Lxxn  :  «  Ca^sar  in  eam  spem  venerat,  se 
sine  pugna  et  sine  vulnere  suorum  rem  conficere 
posse,  quod  re  frumentaria  adversarios  interclusisset  • 
«  Cur  etiam  secundo  prœlio  aliquos  ex  suis  amit- 
»  teret  ?  cur  vulnerari  pateretur  optime  de  se  meritos 
»  milites?  cur  denique  fortunam  periclitaretur?  pras- 
»  sertim  quum  non  minus  esset  imperatoris,  consilio 
»  superare,  quam  gladio.  »  Dans  son  exemplaire 
Montaigne  a  souligné,  p.  241,  les  mots  :  «  non  minus 
esset  imperatoris  consilio  superare,  quam  gladio.  » 

P.  549,  1.  26.  Rapidtquc).  «  Le  soldat  prend,  pour 
aller  au  combat,  cette  route  par  laquelle  il  n'aurait 
pas  osé  fuir.  Tout  mouillé,  il  se  recouvre  de  ses  armes 
et  réchauffe  en  courant  ses  membres  engourdis  par 
le  froid.  »  (Lucain,  IV,  151.) 

P.  550,  1.  3.  Sic  taitri-fortnis).  «Ainsi  l'Autide, 
qui  arrose  le  royaume  de  Daunus  Apulien,  roule 
aux  époques  de  crues  ses  eaux  torrentielles  et  menace 
d'une  horrible  inondation  les  champs  cultivés.  » 
(Horace,  Odes,  IV,  xiv,  25.)  Le  texte  est  celui  de 
l'édition  de  Lyon  1545. 

P.  550,  1.  10.  Duquel  Casar  estait).  Cf.  Suétone, 
Vie  de  César  :  «  Vini  parcissimum  ne  inimici  quidem 
negaverunt.  »  (lui.)  Béroald  compare  à  ce  point  de 
vue  César  avec  Alexandre. 

P.  550,  1.  16.  //  courut  se  présenter).  Cf.  César,  A- 
bello  gallico,  II,  xx\-.  En  face  des  mots  :  «  Scuto  ab 
novissimis  uni  militi  detracto  (quod  ipse  eo  sine 
scuto  venerat)  »,.  on  lit  en  marge  dans  le  César 
de  Montaigne,  p.  44  :  «  [Exjploit  de  la  persone 
[de]  C.  ». 

P.  550,  1.  19.  Oyant  dire).  Ce  fait  et  le  suivant  sont 
pris  de  Suétone,  Vie  de  César,  lviii,  mais  Montaigne 
ici  ne  traduit  pas  l'historien  latin.  Pour  le  second 
fait,  cf.  aussi  Plutarque,  passim;  Appien,  Guerres 
civiles,  II;  Dion,  XLI,  xlvi;  Lucain,  V,  519;  etc. 

P.  551,  1.  4.  n  fallait  exécuter).  Cf.  Plutarque, 
Ijts  dicts  notables  des  anciens  princes  :  «  Les  haultes 
&  hasardeuses  entreprises,  il  (César)  disoit  qu'il 
les  falloit  exécuter,  ts:  non  pas  en  consulter.  » 
(F"  208  r».) 


P.  551,  1.  6.  Ayant  envoyé  son  année).  Cf.  Suétone, 
l'ic  de  César  :  «  Post  aciem  Pharsalicam  quum  prœ- 
missis  in  Asiam  copiis  per  angustias  Hellesponti  victor 
navicula  irajiceret,  L.  Cassium  partis  adversîe  cum 
decem  rostratis  navibus  obvium  sibi,  neque  refugit, 
&  cominus  tendens,  ultro  ad  deditionem  hoitatus, 
supplicem  ad  se  recepit.  »  (lxiii.) 

P.  551,  1.  13.  Cent  neuf  mille).  Cf.  César,  De  belle 
gallico,  VII,  Lxxvi.  Au  lieu  de  «  cent  neuf  mille  »  il 
faut  lire  «  huit  mille  ».  «  Coactis  equitum  IIX  mil- 
libus  &  peditum  circiter  CCXL.  »  On  a  expliqué 
l'erreur  de  Montaigne  en  supposant  qu'il  avait  écrit 
«  huit  ou  neuf  mille  »  et  que  son  texte  aurait  été 
déformé  par  un  copiste  ou  par  un  typographe.  On 
peut  admettre  avec  beaucoup  plus  de  vraisemblance 
qu'il  a  écrit  ce  nombre  en  chiffres  romains  comme 
il  le  trouvait  dans  son  exemplaire  de  César,  p.  171, 
et  qu'il  a  mal  formé  le  premier  des  signes,  si  bien 
qu'on  a  lu  dans  son  manuscrit  CIX  au  lieu  de  IIX.  En 
marge  on  lit  dans  son  exemplaire  :  «  Somme  de 
lar[mee]  Gauloise.  » 

P.  551,  1.  19.  Jutant  à  Luculhis).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Lucullns,  xiii,  f°  357  r°. 

P.  551,  1.  23.  Que  les  Gaulois).  Cf.  César,  De  bella 
gallico,  VII,  Lxxv.  En  face  des  mots  :  «  Tanta  mul- 
titudine  confusa»,  Montaigne  a  écrit  dans  son  César, 
p.  170,  en  marge  :  «[Ils]  creignent  en  leur  [ar]mee 
le  trop  de  [nom]bre.  » 

P.  552,  1.  4.  Le  dire  de  Cyrus).  Cf.  Xénophon, 
Cyrapédie  :  «  Hos  [malos  homines]  ego  arbitror  veluti 
fucos,  solum  impensa  sociis  esse  detrimento...  Nec 
est  enim  considerandum  vobis,  quomodo  ex  civibus 
ordines  suppleatis,  sed  quemadmodum  equos  qua;- 
ritis,  non  qui  patrii  sint,  sed  qui  optimi,  sic  etiam 
homines  quœritote.  »  (II,  11.) 

P.  552,  1.  7.  Paja:^et).  Cf.  Chalcondyle  :  «Dans 
le  conseil  tenu  par  Pajazet  avant  la  bataille,  Abraliim, 
fils  de  Haly,  expose  longuement  l'opinion  qu'il  ne 
fiiut  pas  en  venir  aux  mains  avec  les  ennemis  surtout 
parccque,  dit-il,  «  leurs  forces  surpassent  les  nostres 
de  beaucoup.  »  Telles  furent  les  remonstrances 
d'Abrahim,  lequel  après  qu'il  eut  mis  fin  à  son  pro- 
pos, il  n'y  eut  un  seul  de  toute  l'assistance  qui 
n'approuvast  &  loûast  grandement  ce  qu'il  avoit  dit. 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XXXIV. 


345 


Mais  Pajazet  répliqua  en  cette  sorte.  Le  nombre  des 
ennemis  vous  faict  doncques  peur  (à  ce  que  je  veoy) 
&  c'est  ce  qui  m'asseure  le  plus.  Car  vous  avez  tous- 
jours  assez  cogneu  par  expérience  que  la  grande 
multitude  du  peuple,  n'amène  que  confusion  &  de- 
sordre, quand  il  se  trouve  quelqu'un  qui  leur  résiste.» 

(III,   XI,   201.) 

P.  552,  1.  10.  Scandcrherc).  Cf.  Lavardin,  Histoire 
de  Scanderhcrg  :  «  Scanderberg  disoit  par  fois,  que  le 
Capitaine,  qui  avec  dix,  ou  au  plus  douze  mille 
hommes  ne  sçavoit  battre  son  adverse  partie  malai- 
sément avec  plus  grandes  forces  en  remportcroit  il 
l'honneur.  «  (F"  444  r".) 

P.  552,  1.  15.  Priiit  paity).  Cf.  César,  De  bcllo 
gallico,  VII,  Lxviii. 

P.  552,  1.  21.  Il  devint,  avec  le  temps).  Cf.  Suétone, 
Vie  de  César  :  «  Nec  nisi  tempore  extremo  ad  dimi- 
candum  cunctantior  factus  est,  quô  Sc^epius  vicisset, 
hoc  minus  experiendos  casus  opinans,  nihilque  se 
tantum  acquisiturum  victoria,  quantum  auferre  cala- 
mitas  posset.  »  (lx.)  Béroald  cite  en  note  un  passage 
du  De  hello  africano  qui  confirme  le  fait  allégué  par 
Suétone.  C'est  sans  doute  ce  qui  a  incité  Montaigne 
à  mentionner  l'autorité  d'Oppius. 

P.  553,  1.  15.  Tcutcsfois  il  ne  s'en  voulut).  Cf. 
César,  De  bello  gallico,  I,  xlvi.  On  lit  en  cet  endroit 
dans  le  César  de  Montaigne,  p.  28  :  «[Bojnne  foy 
de  C.  » 

P.  553,  1.  20.  //  tenait  la  bride).  Cf.  Suétone,  Vie 
de  César  :  «  Cum  hostis  in  proximo  esset  coercebat  : 
tum  maxime exactor gravissimus disciplina;...  »  (lxv.) 

P.  553,  1.  26.  Il  franchissait).  Id.,  ibid.,  lvii. 

P.  553,  1.  27.  //  aynioit).  Id.,  ibid.  :  «  Sxpius 
pedibus  anteibat.  »  Béroald  écrit  en  note  :  «  Hoc  ad 
Alexandri  imitationem,  qui  pedibus  plerunque  iter 
faciebat,  (S:  pedes  agmen  circuibat  :  ut  author  est 
Quintus  Curcius.  » 

P.  553,  1.  28.  En  Jzgypte).  Id.,  ibid.  :  «  Alexan- 
driœ  circa  oppugnationem  pontis  eruptione  hostium 
subita  compulsus  in  scapham,  pluribus  eodem  prœci- 
pitantibus,  cùm  desilisset  in  mare,  nando  per  ducentos 
passus  evasit  ad  proximam  navem,  elata  lasva  ne 
libelli,  quos  tenebat,  madefierent,  paludamentum 
mordicus  trahens,  ne  spolio  potiretur  hostis.»  (lxiv.) 


P.  554,  1.  6.  Les  centeniers  Itiy  offrirent).  Id.,ibid.  : 
«  Ingresso  civile  bellum,  centuriones  cujusque  legio- 
nis  singulos  équités  e  viatico  suo  obtulerunt,  et  uni- 
versi  milites  gratuitam  et  sine  frumento  stipendioque 
operam,  quum  tenuiorum  tutclam  locupletiores  in 
se  contulissent.  »  (lxviii.) 

P.  554,  1.  9.  Fen  vioiisieiir  l'Admirai).  Gaspard 
de  Coligny,  assassiné  à  la  Saint-Barthélémy,  le 
24  août  1572. 

P.  554,  1.  17.  En  la  guerre).  Cf.  Tite-Live,  XXI\', 

XVIII. 

P.  554,  1.  21.  Ayant  en  du  pire).  Cf.  Suétone,  Vie 
de  César  :  «  Quanta  fortitudine  dimicaverint,  testimo- 
nio  est,  quod  adverse  semel  apud  Dyrrhachium  prœlio, 
pcenam  in  se  ultro  depoposcerunt,  ut  consolandos 
eos  magis  imperator,  quàm  puniendos  habuerit. 
Denique  una  sextre  Jegionis  cohors  pra.'posita  castello, 
quatuor  Pompeii  legiones  per  aliquot  horas  sustinuit, 
penè  omnis  confixa  multitudine  hostilium  sagitta- 
rum,  quarum  centum  ac  triginta  millia  intra  vallum 
reperta  sunt.  Nec  mirum,  si  quis  singuloruni  facta 
respiciat,  vel  Cassii  Scavi^  centurionis,  vel  C.  Acilii 
militis,  ne  de  pluribus  referam,  Screva  excusso  oculo, 
transfixo  femore  et  humero,  centum  et  viginti  ictihus 
scuto  perforato,  custodiam  portée  commissi  castelli 
retinuit.  »  (lxviii.)  L'erreur  de  Montaigne  en  ce  qui 
concerne  le  nombre  des  blessures  de  Cassius  Scxva 
s'explique  peut-être  en  partie  par  ce  fait  que  dans 
la  phrase  précédente  de  Suétone  il  lisait  :  «...  sagit- 
tarum,  quarum  centum  ac  trigcnta  millia  intra  vallum 
reperta  sunt.  » 

P.  555,  1.  I.  Il  est  advenu  à  plusieurs).  Id.,  ibid.  : 
«  Plerique  capti  concessam  sibi  sub  conditione  vitam, 
si  militare  adversus  eum  vellent,  recusarunt.»  (lxviii.) 

P.  555,  1.  3.  Granius  Petronius).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  César  :  «  En  Afrique,  Scipion  ayant  surpris 
une  des  navires  de  Ccesar,  dedans  laquelle  estoit 
entré  Granius  Petronius,  de  nagueres  eleu  Quc-esteur, 
il  feit  saccager  &  mettre  en  pièces  tous  les  autres, 
&  quant  au  Questeur,  il  dit  qu'il  luy  donnoit  la 
vie.  Mais  Petronius  luy  respondit  :  Que  les  soudards 
de  CïEsar  n'avoient  point  accoustumé  de  recevoir  en 
don,  ains  de  donner  la  vie  aux  autres,  &  en  disant 
cela,  il  se  passa  son  espee  propre  à  travers  le  corps. 


Î4é 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


&  se  tua  luy  mesme.  »  (v,  f"  497  v°.)  Montaigne  a 
trouvé  ceci  traduit  en  latin  dans  les  notes  de  son 
Suétone,  Lxviii. 

P.  555,  1.  10.  Marciis  Octavius).  Cf.  César,  De  kilo 
civili  :  «  Cum  essent  infirmi  ad  resistendum,  propter 
paucitatem  hominum,  crebris  confecti  vulneribus,  ad 
extremum  auxilium  descenderunt  :  servosque  omnes 
pubères  liberavemnt  :  et  pn-esectis  omnium  mulie- 
rum  crinibus,  tormenta  effecerunt.  Quorum  cognita 
sententia,  Octavius  quinis  castris  opidum  circum- 
dedit...  cùm  diuturnitas  oppugnationis  negligentiores 
Octavianos  effecisset  nacti  occasionem  meridiani 
temporis,  discessu  eorum  pueris,  mulieribusque  in 
muro  dispositis,  ne  quid  quotidiane  consuetudinis 
desideraretur  ipsi,  manu  facta,  cùm  iis  quos  nuper 
manumissos  liberaverant,  in  proxima  Octavii  castra 
irruperunt.  His  expugnatis,  eodem  impetu  altéra  sunt 


adorti,  inde  tertia,  et  quarta,  et  deinceps  reliqua  : 
omnibusque  eos  castris  expulerunt;  et  magno  numéro 
interfecto,  reliquos  atque  ipsum  Octavium  in  naves 
confugere  coëgerunt.  »  (III,  ix.)  Au  début  de  ce 
texte,  en  marge,  on  lit  de  h  main  de  Montaigne  dans 
son  César,  p.  280  :  «  [Us]  n'emploioient  les  [serfs] 
qu'a  la  dernière  extrémité  »  ;  et  plus  loin  :  «  les 
[che]veux  des  famés  employés  à  faire  [engins].  » 

Chronologie  ;  Pour  les  mêmes  raisons  que  le 
précédent,  cet  essai  est  probablement  de  1578.  Beau- 
coup des  termes  que  Montaigne  emploie  pour  juger 
ici  César  sont  ceux  mêmes  que  nous  retrouvons, 
écrits  de  sa  main,  à  la  dernière  page  de  son  exem- 
plaire des  Commentaires;  la  date  n'est  donc  aucune- 
ment douteuse.  Un  emprunt  à  la  Méthode  de  Bodin 
la  confirme  d'ailleurs. 


Chapitre    XXXV. 


DE     TROIS      BONNES      FEMMES. 


P.  556,  1.  13.  Les  pères  cachent).  Rapprocher 
l'essai  II,  viii,  84. 

P.  556,  1.  19.  Jactantius  iiiœrmt).  «  Celles  qui  ont 
le  moins  de  chagrin  pleurent  avec  le  plus  d'ostenta- 
tion. »  (Tacite,  Annales,  II,  lxxvii.)  Le  texte  de 
Tacite  est  :  «  Nulli  jactantius  mœrent,  quam  qui 
maxime  lœtantur.  »  (P.  74.) 

P.  557,  1.  23.  Pline  le  jeune).  «  Navigabam  per 
Larium  nostrum,  cum  senior  amicus  ostendit  mihi 
villam,  atque  etiam  cubiculum  quod  in  lacu  pro- 
minet. Ex  hoc,  inquit,  aliquando  municeps  nostra 
cum  marito  se  prœcipitavit,  causam  requisivi.  Maritus 
ex  diulino  morbo  circa  velanda  corporis  ulceribus 
putrescebat.  Uxor  ut  inspiceret  exegit.  Neque  enim 
quenquam  fidelius  judicaturum,  possetne  sanari.  Vidit, 
sanari  desperavit,  hortata  est  ut  moreretur,  comésque 
ipsa  mortis,  dux  immo,  &  exemplum,  &  nécessitas 
fuit.  Nam  se  cum  marito  ligavit,  abjecitque  in  lacum. 
Quod  factum  ne  mihi  quidem,  qui  municeps,  nisi 
proximœ  auditum  est,  non  quia  minus  illo  clarissimo 
Arrice  facto,  sed  quia  minor  ipsa.  »  (Epîtres,  VI,  xxiv, 
229.) 

P.  558,  1.  22.  Extrenia).  «C'est  chez  eux  que  la 
Justice,  avant  de  quitter  la  terre,  a  laissé  la  trace  de 
ses  derniers  pas.  »  (Virgile,  Géorgiques,  II,  473.) 

P.  558,  1.  26.  Arria,  femme  de  Cecinna  Pxtns). 
Dans  le  commentaire  de  Cataneus  à  l'épître  III,  xvi 
(celle-là  même  dont  il  tire  l'anecdote  suivante), 
Montaigne  pouvait  lire  la  note  que  voici  :  «  Deci- 
piuntur  qui  existimant,  Arriam  istam  morte  sua, 
&    mariti    constantia    celeberrimam,    Paeti    Trasese 


uxorem  :  cum  non  hœc,  sed  ejus  filia  pari  nomine 
Arria  fuerit.  Illos  autem  fefellit,  quod  uterque, 
&  CîEcinna  &  Trasea,  cognominatus  est  Psetus,  opi- 
nantes unum  tantum  fuisse  PïEtum  »,  et  Cataneus 
signale  cette  erreur  en  particulier  chez  Dion.  Ailleurs, 
dans  l'épître  III,  xi,  il  donne  la  généalogie  des  Arria 
et  de  Fannia. 

P.  559,  1.  2.  Cette  première  Arria).  Cf.  Pline  le 
Jeune,  Epttres  :  «  Scribonianus  arma  in  Illyrico  contra 
Claudium  moverat  :  fuerat  Pœtus  in  partibus  :  occiso 
Scriboniano,  Romam  trahebatur.  Erat  ascensurus 
navem  :  Arria  milites  orabat,  ut  simul  imponere- 
tur  :  nempe  enim,  inquit,  daturi  estis  consulari 
viro  servulos  aliquos,  quorum  è  manu  cibum  capiat, 
à  quibus  vestiatur,  à  quibus  calcietur  :  omnia  sola 
prœstabo.  Non  impetravit.  Conduxit  piscatoriam 
naviculam,  ingénsque  navigium  minimo  secuta  est. 
Eadem  apud  Claudium  uxori  Scriboniani,  cum  illa 
profiteretur  indicium,  Ego,  inquit,  te  audiam,  cujus 
in  gremio  Scribonianus  occisus  est,  et  vivis  !  Ex  quo 
manifestum  est,  ei  consilium  pulcherrimje  mortis 
non  subitum  fuisse.  Quin  etiam,  cum  Trasea,  gêner 
ejus,  deprecaretur,  ne  mori  pergeret,  intérque  alia 
dixisset,  tu  vis  ergo  filiam  tuam,  si  mihi  pereundum 
fuerit,  mori  mecum  ?  respondit  :  si  tamdiu  tantàque 
concordia  vixerit  tecum,  quàm  ego  cum  Pasto,  volo. 
Auxerat  hoc  responso  curam  suorum.  Attentius  custo- 
diebatur.  Sensit  &  :  nihil  agitis,  inquit,  potestis  enim 
efficere,  ut  maie  moriar;  ne  moriar,  non  potestis. 
Dum  hsc  dicit,  exiluit  cathedra,  adversôque  parieti 
caput  ingenti  impetu  impegit,  &  corruit  :  Refocillata, 


348 


ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


dixeram,   inquit,   vobis,   inventuram   me  quamlibet 
duram  ad  mortem  viam,  si  vos  facilem  negassetis...  » 

(III,   XVI.) 

P.  560,  1.  9.  Elle  priiit  Je  poigiiarl).  Id.,  ihid.  : 
«  Prœclarum  quidem  illud  ejusdem,  ferrum  stringere, 
perfodere  pectus,  extrahere  pugionem,  porrigere 
marito,  addere  vocem  immortalem  ac  pa;ne  divinam, 
Pœte,  non  dolet.  »  (III,  xvi.) 

P.  560,  1.  17.  Casia  siio  gladiiiiii).  «Lorsque  la 
chaste  Arria  présenta  cà  son  cher  Pittus  le  fer  qu'elle 
venait  de  retirer  elle-même  de  ses  entrailles  1  «  Crois- 
»  moi,  Pœtus,  dit-elle,  le  coup  que  je  viens  de  me 
»  porter  ne  me  fait  point  de  mal;  c'est  celui  que  tu 
»  vas  te  donner  à  ton  tour  qui  me  fait  souffrir.  » 
(Martial,  I,  xiv.) 

P.  561,  1.  15.  Scneqtie  ùiiit  leur  charge).  Cf.  Tacite, 
Annales  :  «Ille  interritus  poscit  testamenti  tabulas  : 
ac  denegante  centurione,  conversus  ad  amicos, 
quando  meritis  eorum  referre  gratiam  prohiberetur, 
quod  unum  jam  tamen  &  pulcherrimum  habebat, 
imaginem  vitœ  suœ  relinquere  testatur.  Cujus  si 
memores  essent  bonarum  artium,  famam  tam  con- 
stantis  amicitia;  laturos.  Simul  lachr}'mas  eorum, 
modo  sermone,  modo  intentior  in  modum  coercentis, 
ad  tirmitatem  reVocat,  rogitans  :  Ubi  priecepta 
sapientice  ?  ubi  tôt  per  annos  meditata  ratio  adversum 
imminentia?  Cui  enim  ignaram  fuisse  srevitiam 
Neronis?  Neque  aliud  superesse  post  matrem  fra- 
tremque  interfectos,  qudm  ut  educatoris  prœcepto- 
risque  necem  adjiceret.  Ubi  hœc  atque  talia  velut  in 
commune  disseruit,  complectitur  uxorem.  Et  paulu- 
lum  adversus  prœsentem  formidinem  mollitus,  rogat 
ordtque  temperaret  dolori,  ne  sternum  suspiceret, 
sed  in  contemplatione  vita;  per  virtutem  actœ,  desi- 
derium  mariti  solatiis  honestis  toleraret.  Illa  contra 
sibi  quoque  destinatam  mortem  adseverat,  maniimque 
percussoris  exposcit.  Tum  Seneca  glori.t  cjus  non 
adversus,  simul  amore,  ne  sibi  unicè  dilectam  ad 
injurias  relinqueret  :  Vit»,  inquit,  delinimenta  mon- 
straveram  tibi,  tu  mortis  decus  mavis.  Non  insidebo 
exemplo.  Sit  hujus  tam  fortis  exitus  constantia  pênes 
utrosque  par,  claritudinis  plus  in  tuo  fine.  Post  qua?, 
eodem  ictu  brachia  ferro  exsolvunt.  Seneca,  quoniam 
senilc  corpus  &  parvo  victu  tenuatum,  lenta  effugia 


sanguini  pritbebat,  crurum  quoque  &  poplitum 
venas  abrumpit.  Ssevisque  cruciatibus  defessus,  ne 
dolore  suo  animum  uxoris  infringeret,  atque  ipse 
visendo  ejus  tormenta,  ad  impatientiam  delaberetur, 
suadet  in  aliud  cubiculum  abscederet.  Et  novissimo 
quoque  momento  suppeditante  eloquentia,  advocatis 
scriptoribus,  pleraque  tradidit  qu.-e  in  vulgus  édita 
ejus  verbis,  invertere  supersedeo.  At  Nero,  nullo  in 
Paulinam  proprio  odio,  ac  ne  glisceret  invidia  cru- 
delitatis,  inhiberi  mortem  imperat.  Hortantibus  mili- 
tibus,  ser\-i  libertique  obligant  brachia,  prernunt 
sanguinem,  incertum  an  ignarce.  Nam  ut  est  vulgus 
ad  détériora  promptum,  non  defuere  qui  crederent, 
donec  implacabilem  Neronem  timuerit,  famam 
sociata;  cum  marito  mortis  petivisse;  deinde  oblata 
mitiore  spe,  blandimentis  vits  evictam.  Cui  addidit 
paucos  postea  annos,  laudabili  in  maritum  memoria, 
&  ore  ac  membris  in  eum  pallorem  albentibus,  ut 
ostentui  esset,  multum  vitalis  spiritus  egestum. 
Seneca  intérim  durante  tractu,  &  lentitudine  mortis, 
Statium  Annïeum  diu  sibi  amiciti.-e  fide  &  arte 
medicina  probatum,  orat  provisum  pridem  venenum, 
quo  damnati  publico  Atheniensium  judicio  exstin- 
guerentur,  promeret  :  allatùmque  hausit  frustra, 
frigidis  jam  artibus  &  clauso  corpore  adversum  vim 
veneni.  Postremô  stagnum  calid^E  aquœ  introiit, 
respergens  proximos  servorum,  addita  voce,  Libare 
se  liquorem  illum  Jovi  liberatori.  Exin  balneo  illatus, 
&  vapore  ejus  exanimatus,  sine  ullo  funeris  sollenni 
crematur.  »  (XV,  lxii-lxiv.) 

P.  564,  1.  21.  Or,  vwy  qui  sçay).  Cf.  Sénèque, 
Epîtres  :  «  Nam  cum  scias  (en  note  :  sciam)  spiritum 
illius  in  meo  verti,  incipio  ut  illi  consulam  mihi 
consulere  :  Et  quum  me  fortiorem  senectus  ad  multa 
reddiderit,  hoc  beneficium  œtatis  amitto.  Venit  mihi 
in  mentem  in  hoc  sene  &  adulescentem  esse,  cui 
parcitur.  Itaque  quoniam  ego  ab  illa  non  impetro 
ut  me  fonius  amet,  impetrat  illa,  ut  me  diligentius 
amem.  Indulgendum  est  enim  honesiis  affectibus, 
&  interdum  etiam  si  premunt  causa;,  spiritus  in 
honorem  suorum  vel  cum  tormento  revocandus, 
&  in  ipso  ore  retinendus  est,  cum  bono  viro  viven- 
dum  sit,  non  quamdiu  juvat,  sed  quamdiu  oportet. 
Ille  qui  non  uxorem,  non  amicum  tanti  putat,  ut 


LIVRE     II,      CHAPITRE      XXXV. 


349 


(Jiutius  in  vita  commoretur,  qui  persévérât  mori, 
ilelicatus  est.  Hoc  quoque  imperet  sibi  animus,  ubi 
militas  suorum  exigit,  nec  tantum  sibi  velit  mori,  sed 
si  cœpit  in;ermittat,  &  suis  se  commodet.  Ingentis 
animi  est,  aliéna  causa  ad  vitaui  reverti,  quod  magni 
viri  sœpè  fecerunt.  Sed  hoc  quoque  summae  huma- 
nitatis  existimo,  senectutem  suam  cujus  maximus 
fructus  est,  securior  sui  tutela,  &  vitîe  usus  animo- 
sior,  attentius  conservare,  si  scias  alicui  tuorum  esse 


dulce,  utile,  optabile.  Habet  prsterea  in  se  non 
médiocre  ista  res  gaudium,  &  mercedem.  Quid 
enim  jucundius  quam  uxori  tam  charum  esse,  ut 
propter  hoc  tibi  charior  fias?  Potest  itaque  Paulina 
mea  non  tantum  suum  mihi  timorem  imputare, 
sed  etiam  meum.  »  (Ép.  104,  p.  253.) 

Chronologie  :  Aucune  indication  ne  permet  de 
dater  cet  essai. 


Chapitre    XXXVI. 


DES     PLVS     EXCELLENS      HOMMES. 


P.  566,  1.  4.  L'an,  Homère).  Il  faut  rapprocher 
de  ce  morceau  le  jugement  beaucoup  moins  favo- 
rable que  Montaigne  a  porté  sur  Homère  dans 
l'essai  II,  xii,  p.  34e,  1.  23.  La  plupart  des  idées  qui 
sont  ici  exprimées  se  retrouvent  chez  Ange  Politien, 
Preefatio  in  Homeritm.  Il  n'est  d'ailleurs  pas  établi 
du  tout  que  Montaigne  les  ait  puisées  dans  l'ouvrage 
d'Ange  Politien. 

P.  566,  1.  10.  Talc  facit  carmen).  «Il  chante  sur 
sa  docte  lyre  des  vers  comme  ceux  qu'Apollon  lui- 
même  module  sur  la  sienne.  »  (Properce,  II,  xxxiv, 

79-) 

P.  567,  1.  II.  Qui  qnid  sil  piilchniiii).  «Il  nous 
dit  mieux  et  plus  abondamment  que  Chrysippe  et 
Crantor  ce  qui  est  honnête  ou  ce  qui  ne  l'est  pas, 
ce  qu'il  faut  faire  ou  éviter.  »   (Horace,  Épîtres,  I, 

II,  3-) 

P.  567, 1.  14.  A  quo,  ceu fonte).  «Dans  ses  ouvrages, 
comme  à  une  source  intarissable,  les  poètes  viennent 
s'abreuver  tour  à  tour  des  eaux  du  Permesse.  »  (Ovide, 
Amor.,  III,  IX,  25.)  Les  éditions  du  xvi=  siècle  don- 
nent ara  que  Montaigne  remplace  par  lahra. 

P.  567,  1.  17.  Adde  Heliconiadum).  «  Ajoutez-y 
les  compagnons  des  Muses,  parmi  lesquels  Homère 
tient  le  sceptre.»  (Lucrèce,  III,  1050.) 

P.  567,  1.  20.  Cujûsque  ex  oie).  «Source  abon- 
dante, qui  a  coulé  avec  profusion  dans  les  chants 
des  poètes  qui  sont  venus  après  lui;  fleuve  immense 
divisé  en  mille  petits  ruisseaux;  héritage  d'un  seul 
profitable  à  tous.  »  (Manilius,  II,  8.)  Le  texte  est 
celui  des  éditions  du  xvi'  siècle. 

P.    568,  1.  4.   Que,  n'ayant  en  nul).   Cf.   Bodin, 


Methodns  ad  facilem  historiarum  cognitioneni  :  «  In  hoc 
génère,  Xenophontis  magna  laus  est,  eoque  major, 
quo  neminem  habuit  quem  imitaretur,  ut  Velleius 
scribit  de  Homero;  nec  postea  fuit  qui  illum  imitari 
posset.  »  (iv,  74.)  Ce  jugement  se  trouve  chez 
Velleius,  I,  v. 

P.  568,  1.  5.  Selon  Aristote).  Cf.  Plutarque,  Des 
oracles  de  la  prophetisse  Pythie  :  «  Aristote  souloit  dire 
qu'Homère  estoit  celuy  seul  qui  faisoit  des  noms  et 
des  termes  qui  avoient  mouvements  pour  la  vivacité 
de  leur  expression."  (viii,  f°  629  v°.)  Le  mot  d'Aris- 
tote  est  dans  sa  Poétique,  xxiv. 

P.  568,  1.  7.  Alexandre  le  grand).  Cf.  Plutarque, 
Fie  d'Alexandre,  11  ;  Pline,  Histoire  naturelle,  V,  xxix. 
Cette  anecdote  est  très  vulgarisée  au  xvi'  siècle  : 
on  la  retrouve  en  particulier  dans  la  plupart  des  com- 
pilations composées  à  l'honneur  des  lettres  et  des 
sciences.  Cf.  Ravisius  Textor,  Officina,  f°  98  v°; 
Bouaystuau,  Histoire  de  Chelidonius,  \i;  .Muzzio,  // 
Gentiluomo,  dialogue  m;  etc. 

P.  568,  1.  II.  Disait  Cleomenes).  Cf.  Plutarque, 
Les  dicis  notables  des  Lacedœmoniens  ?  «  Cleomenes 
souloit  dire  qu'Homère  estoit  le  poète  des  Lacedae- 
monicns,  pour  ce  qu'il  enseigne  comme  il  fault  faire 
la  guerre.  »  (F"   217  v°.) 

P.  568,  1.  14.  Au  jugement  de  Plutarque).  Id.,  Du 
trop  parler  :  «  Entre  les  choses  singulières  que  l'on 
dit  du  prince  des  poètes,  celle-là  est  tres-veritable, 
qu'Homère  est  seul  au  monde  qui  n'a  jamais  saoulé 
ny  desgousté  les  hommes,  se  montrant  aux  lecteurs 
toujours  tout  autre,  &  florissant  toujours  en  nouvelle 
grâce.  »  (v,  f"  91  r".) 


LIVRE      II,      CHAPITRE      XXXVI. 


3SI 


P.  568,  1.  17.  Ce  piastre  d' Akibiades) .  Id.,  Les 
dicts  notables  des  anciens  Roys,  Princes  &  grands  Capi- 
taines :  «  (Alcibiade)  entra  en  une  eschole,  où  il 
demanda  au  maistre  l'Iliade  d'Homère.  Le  maistre  luy 
dit,  qu'il  n'avoit  rien  des  œuvres  d'Homère  :  il  luy 
donna  un  soufflet,  &  passa  oultre.  »  (F°  196  V.) 
Cf.  aussi  Fie  d'Alcibiade,  m. 

P.  568, 1.  20.  Xenophanes).  Id.,  1m  dicts  notables  des 
anciens  Roys,  Princes  &  grands  Capitaines  :  «Xeno- 
phanes natif  de  Colophone  se  plaignoit  un  jour  à  luy, 
[Hieron,  tyran  de  Syracuse],  de  ce  qu'il  estoit  si 
pauvre  qu'il  n'avoit  pas  le  moien  d'entretenir  deux 
serviteurs,  &  il  luy  respondit  :  Et  comment,  Homère 
que  tu  reprens  &  que  tu  blasmes  ordinairement, 
tout  mort  qu'il  est,  en  nourrit  plus  de  dix  mille.  » 
(F°  189  v°.) 

P.  568,  1.  24.  A  Pana-tius).  Cf.  Cicéron,  Tiiscii- 
lattes  :  «  Homerum  philosophorum.  »  (I,  xxxii.) 
Pansetius  donne  à  Platon  les  noms  de  divin,  très  saint, 
très  sage,  et  c'est  pour  enchérir  sur  toutes  ces  appella- 
tions, qu'il  le  déclare  l'Homère  des  philosophes. 

P.  569,  1.  3.  Mahiimet,  second  de  ce  nom).  Cf 
Gentillet,  Discours  sur  les  moyens  de  bien  gouverner  : 
«  Le  Turc  disoit  que  c'estoyent  les  Juifs  qui  avoyent 
a  tort  crucifié  Jésus  Christ.  Et  quant  à  luy,  qu'il 
n'estoit  point  descendu  des  Juifs,  mais  du  sang  des 
Troyens,  duquel  les  Italiens  se  disent  aussi  estre 
descendus.  Et  que  leur  devoir  seroit  des  uns  &  des 
autres,  de  restaurer  plustost  Troye  la  grand'  &  venger 
la  mort  de  Hector  leur  ancestre  sur  les  Grecs,  que 
de  se  faire  la  guerre,  comme  de  sa  part  il  estoit 
après  à  le  faire...  »  (III,  i,  f"  62  r°.)  Le  récit  est 
tiré  de  Monstrelet  (III,  lxviii);  mais  il  est  tout  à 
fait  probable  que  Montaigne  le  doit  à  Gentillet. 

P.  569,  1.  13.  Smyrna).  Smyrne,  Rhodes,  Colo- 
phon,  Salamine,  Chio,  Argos,  Athènes.  C'est  la 
traduction  d'un  vers  grec  cité  par  Aulu-Gelle  {Nuits 
attiques,  III,  xi).  L'édition  d' Aulu-Gelle  de  Lyon  1565 
donne  comme  Montaigne  le  texte  X{ï;,  et  non  "Iî; 
qu'on  trouve  dans  la  plupart  des  éditions.  Voir  aussi 
Politien,  poème  intitulé  Manto  (éd.  de  Lyon  1545, 
t.  III,  p.  232). 

P.  569,  1.  14.  Alexandre  le  Grand).  Au  sujet  de 
cet  éloge  d'Alexandre  le  Grand,  cf.  surtout,  pour  la 


partie  écrite  en  1580,  Plutarque,  Vie  d 'Alexandre,  et 
les  deux  traités  intitulés  De  la  fortune  ou  vertu 
d'Alexandre;  pour  les  additions  de  1588,  outre  les 
mêmes  œuvres  de  Plutarque,  Arrien  de  Nicomédie 
et  Quinte-Curce. 

P.  569,  1.  21.  LnpcUens).  «Renversant  tout  ce 
qui  faisait  obstacle  à  son  ambition  sans  mesure  et  se 
plaisant  à  s'ouvrir  un  chemin  à  travers  les  ruines.  » 
(Lucain,  I,  149.) 

P.  570,  1.  10.  La  rnync  de  Tbebcs).  Cf.  Quinte- 
Curce,  I,  XI,  etc.;  Plut.irque,  Vie  d' Alexandre,  iv, 
f°  468  x". 

P.  570,  1.  II.  Le  meurtre  de  Menander).  Cf.  Plu- 
tarque, Vie  d'Alexandre,  xviii,  f°  485  v". 

P.  570,  1.  ir.  Du  Médecin).  Ll.,  ibid.,  xxii, 
f°  490  v^ 

P.  570,  1.  12.  Prisonniers  Persiens).  Ll.,  ibid.,  xii, 

f^  478  v^ 

P.  570,  1.  12.  Soldats  Indiens).  Id.,  ibid.,  xviii, 
f'^  486  v^ 

P.  570,  1.  13.  Des  Cosseïens).  Id.,  ibid.,  xxii, 
f''  491   r°. 

P.  570,  1.  17.  Et  a  este).  Cf.  Quinte-Curce  : 
«  Bona  naturœ  ejus  fuisse,  vitia  fortunaï.  »  (X,  v.) 
Montaigne,  qui  ne  semble  pas  lire  Quinte-Curce 
après  1588,  a  sans  doute  pris  ceci  dans  l'ouvrage  de 
Hieronimo  de  Franchi  Conestaggio,  Unione  del  regno 
di  Portogallo  alla  corona  di  Castiglia,  \\\.  II,  au  passage 
où  il  a  fait  de  larges  emprunts  pour  l'essai  II,  xxi. 

P.  570,  1.  20.  Quant  à  ses  mangeoires).  Cf.  Plu- 
tarque, Vie  d'Alexandre,  xix;  Diodore  de  Sicile, 
XVII,  xcv;  Quinte-Curce,  IX,  m;  etc. 

P.  570,  1.  21.  Toutes  ces  cimes).  Cf.  Arrien  : 
«  S'il  se  treuve  d'adventure  qu'il  ait  faict  quelque 
acte  hautain  ou  cruel,  il  me  semble  qu'on  n'y  doit 
pas  avoir  beaucoup  d'esgard,  si  nous  considérons  la 
fleur  de  jeunesse  en  laquelle  il  estoit  encores  :  le 
cours  si  heureusement  continué  de  ses  félicitez  :  et 
les  flatteurs  qui  se  donnent  tant  de  peine  à  des- 
tourner les  roys  et  princes  de  la  cognoissance  de  la 
vérité  des  choses,  et  de  l'équité.  »  (Fin  du  livre  VII, 
p.  309.)  Cf.  aussi  l'épître  dédicatoire  placée  en  tête 
de  l'édition  de  Quinte-Curce  que  possédait  Mon- 
taigne où  ce  passage  d'Arrien  est  traduit  en  latin. 


352 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  570,  1.  25.  L'authorité  d'Hannibal).  Cf.  Arrien, 
préface  de  la  traduction  de  Witard  :  «  Estant  prince 
si  accomply  &  si  preux  capitaine,  que  Hannibal 
mesme  luy  donnoit  la  première  place.  »  Allusion 
à  un  passage  de  Tite-*Live,  XXXV,  xiv,  et  à  un 
Dialogue  des  morts  de  Lucien. 

P.  571,  1.  I.  Qualis).  «Tel  brille  Lucifer,  l'astre 
que  chérit  Vénus  entre  tous  les  feux  célestes,  lorsque, 
sortant  des  flots,  il  vient  de  dresser  sa  face  auguste 
dans  le  ciel,  et  de  dissiper  les  ténèbres  de  la  nuit.  » 
(Virgile,  Etiéide,  VIII,  589.) 

P.  571,  1.  6.  Que  ses  médailles).  Cf.  Arrien,  pré- 
face de  la  traduction  de  Witard  :  «  Estant  prince . . . 
si  bien  renommé  que  anciennement  ceux  estoient 
plus  asseurez  contre  tous  périls  &  hazards  qui  por- 
toient  sur  eux  son  pourtraict  gravé  en  or  ou  en 
argent.  »  Le  fait  est  empranté  par  Witard  à  Trebel- 
lius  Pollio,  Trigiuta  tyranni,  xiv. 

P.  571,  1.  8.  Plus  de  Koys).  Id.,  ibid.  :  «Aussi  y 
a-t-il  eu  infinis  hommes  de  sçavoir,  tant  Princes, 
Capitaines,  Philosophes,  Poètes  que  autres,  qui  ont 
escrit  de  luy.  >> 

P.  571,  1.  10.  Les  Mahiniictans).  Cf.  Guillaume 
Postel,  Histoire  des  Turcs  (éd.  de  1575,  2'  partie, 
p.  131;  éd.  de  1560,  V  partie,  p.  36).  Montaigne 
fait  encore  allusion  au  même  passage  lorsque,  plus 
loin,  il  dit  à  la  gloire  d'Alexandre  que  les  Turcs,  qui 
méprisent  toutes  les  histoires,  ne  retiennent  que  la 
sienne.  Postel  disait  :  «  Ils  laissent  en  petite  estime  les 
histoires,  et  principalement  les  nostres  et  les  estranges 
pource  qu'ils  disent  qu'on  n'oseroit,  vivant  un  prince 
escrire  de  luy  la  vérité,  qui  ne  fut  tout  en  louange, 
et  après  sa  mort  la  mémoire  s'en  perdre  :  dont  ce 
qu'il  y  a  d'histoires,  ils  les  ont  quasi  pour  fausses, 
fors  qu'ils  en  ont  bien  quelqu'unes  traduittes  de 
Grec,  qu'ils  appellent  Scander  c'est  à  dire  Alexandre, 
et  Chederelles  ou  Suggia  c'est  à  dire  saint  Georges.  » 

P.  571,  1.  13.  Mettre  en  double).  Montaigne  a  déjà 
comparé  Caesar  et  Alexandre  dans  l'essai  II,  xxxiv, 

549- 

P.  571,  1.  19.  Et  velut).  «Tels  des  feux  allumés 
sur  divers  points  dans  une  forêt  pleine  de  brous- 
sailles et  de  lauriers,  ou  tels  des  torrents  qui  tombent 
avec  fracas  du  haut  des  montagnes  et  courent  en 


bouillonnant  à  la  mer,  après  avoir  tout  ravagé  sur 
leur  passage.»  (Virgile,  Enéide,  XII,  521.) 

P.  572,  1.  I.  C'est  Epaniinondas).  Montaigne  confir- 
mera ce  jugement  dans  l'édition  de  1588,  essai  III,  i. 
Bien  que  la  Vie  d' Epaniinondas  que  Plutarquc  avait 
écrite  soit  perdue,  c'est  surtout  par  Plutarque  que 
Montaigne  connaît  ce  personnage  :  voir  spécialement 
la  Vie  de  Pélopidas,  et  V Esprit  familier  de  Socrate.  Il  est 
probable  aussi  qu'il  a  étudié  la  Vie  d'Epaininondas 
écrite  par  Cornélius  Képos,  dans  l'édition  de  Corné- 
lius Népos  publiée  par  Lambin  (1569).  S'il  en  a  fait 
usage,  il  a  pu  trouver  de  riches  annotations  où  sont 
réunis  des  témoignages  très  abondants  de  divers 
historiens.  Après  1588,  Montaigne  fait  surtout  des 
emprunts  à  Diodore  de  Sicile. 

P.  572,  1.  3.  De  la  substance  de  la  chose).  Mon- 
taigne a  longuement  développé  cette  idée  au  début 
de  l'essai  II,  xvi. 

P.  572,  1.  12.  Les  Grecs  Inv  ont  faict).  Cf.  Diodore 
de  Sicile,  XV,  xxiv;  Pausanias,  VIII,  xi;  etc. 

P.  572,  1.  15.  Jamais  homme).  Cf.  Plutarque,  De 
}' esprit  familier  de  Socrate  :  «  Sphintharus  Tarentin 
ayant  demouré  assez  long  temps  par  deçà  avec  luy, 
disoit  qu'il  n'avoit  jamais  parlé  à  homme  qui  sceust 
tant,  ne  qui  parlast  moins  que  luy.»  (xxiii,  f°  645 
v°.)  Cf.  aussi  Comment  il  failli  oiiir,  m,  f°  25  v°,  oîi 
le  même  jugement  se  retrouve  à  peu  près  dans  les 
mêmes  termes  et  également  attribué  à  Sphintharus. 

P.  572,  1.  16.  //  estoit  Pythagoriqiie).  Cf.  Diodore 
de  Sicile,  XV,  x,  î°  192  r°;  aussi  Cicéron,  De  ojjiciis, 

I,   XLIV. 

P.  573,  1.  I.  L'antieneté  jugea).  Cf.  Diodore  de 
Sicile  :  «  Qui  voudra  comparer  les  vertus  de  tous 
ces  capitaines  (ils  viennent  d'être  longuement  énu- 
mérés)  avec  les  faits  et  la  gloire  d'Epaminondas,  il 
trouvera  sa  vertu  plus  claire,  plus  nette  et  plus 
excellente  que  de  nul  des  autres,  pource  qu'en  tous 
les  autres  on  trouvera  tousjours  quelque  vertu  parti- 
culière et  quelque  qualité  spéciale  plus  dominante 
que  les  autres,  qui  les  a  renduz  illustres  et  glorieux  : 
mais  en  cestuy  cy  estoient  joinctes  ensemble  toutes 
les  qualitez  et  vertus,  que  l'on  sçauroit  désirer  en 
un  grand  capitaine  pour  le  rendre  perfait  et  accomply 
de  tout  poinct...  »  (X\',  xxiv,  f"  214  v".) 


LIVRE      ir,      CHAPITRE     XXXVI. 


P.  573,  1.  8.  Oiie  son  obslination).  Cf.  Plutarque,  De 
l'esprit  faiJiilier  de  Sociate,  xvii,  f''  641,  r°.  Montaigne 
a  parlé  autrement  de  ce  fait  dans  l'essai  II,  xi, 
p.  121,  1.  23. 

P.  573,  1.  14.  La  couple  de  vies).  Rapprocher  ce  que, 
avant  1588,  Montaigne  avait  écrit  dans  l'essai  III, 
XIII,  216.  Il  effaça  sur  son  exemplaire  annoté  cette 
phrase  qui  supposait  par  erreur  un  parallèle  entre 
Scipion  et  Lélius,  et  écrivit  celle  que  nous  lisons 
dans  l'essai  II,  xxxvi,  sur  le  parallèle  perdu  de 
Scipion  et  d'Epaminondas.  Au  sujet  de  cette  perte, 
cf.  Amyot,  préface  de  la  traduction  des  Vies. 

P.  574,  1.  5.  Le  plus  doux  contentement).  Cf.  Plu- 
tarque, Que  l'on  ne  sçauroit  vivre  joyeusement  selon  la 
doctrine  d'Epicurus  :  «  Epaminondas...  asseuroit  que 
le  plus  doulx  contentement  qu'il  eust  eu  en  toute  sa 
vie,  estoit  que  son  père  &  sa  mère  vivans  voj'oient  le 
trophée  de  la  battaille  de  Leuctres,  qu'il  avoit  gagnée 
contre  les  Lacedemoniens.  »  (xiii,  f"  285.)  Voir 
encore  la  Fie  de  Coriolan  :  «  Lon  dit  que  Epaminondas 
advoua  &  confessa  semblablement  estre  en  luy, 
reputant  son  principal  &  plus  grand  heur  estre,  que 
son  père  &  sa  mère  vivans  avoient  veu  la  victoire  qu'il 
gaigna  en  la  plaine  de  Leuctres.  »  (m,  f°  148  r".) 

P.  574,  1.  9.  //  m  pensoit  pas).  Id.,  De  l'esprit 
familier  de  Socrale  :  «  Epaminondas  qui  a  esté  mieulx 
instruit  &  nourry  à  la  vertu  que  nul  autre  des 
Bœotiens...  fait  du  restif  quand  il  est  question 
d'exécuter  une  si  grande  entreprise  pour  la  délivrance 
de  son  païs...  Comment,  dit  Theocritus,  il  n'approu- 
voit  doncques  pas  la  conspiration?  Non  pas,  dis-je, 
de  faire  mourir  aucun  des  citoyens  qu'ils  ne  fussent 
premièrement  condamnez  par  la  Justice  :  Qu'ils  dient 
ce  qu'ils  voudront  (dit  Epaminondas)...  &  nous 
l'environnants  taschions  à  le  persuader  de  vouloir 
participer  à  l'entreprise.  Il  nous  respondit...  qu'il  ne 
feroit  pas  mourir  un  citoyen  qui  ne  fust  condamné 
par  la  justice,  si  ce  n'estoit  que  bien  urgente  nécessité 
le  pressast  à  ce  faire...  Nous  trouvasmes  bon  son 
advis.  »  (iv,  f"  ^37  r"  et  f''  64e  v°.) 


P.  574,  1.  12.  Il  tenoit  aussi).  Id.,  ibid.  :  «  Es  bat- 
tailles  il  se  fault  bien  destourner  de  devant  celuv 
des  ennemis  dont  on  a  receu  quelque  plaisir.  »  (xvii, 
F'  641  r°.) 

P.  572,  1.  15.  Son  humanité).  Cf.  Diodore  de 
Sicile  :  «  En  la  battaille  qui  fut  donnée  auprès  de 
Corinthe  aux  remparts  qu'avoient  faits  les  Lacedemo- 
niens, pour  cuider  en  garde  les  Béotiens  de  pénétrer 
au  dedans  de  la  Moree,  Epaminondas  ayant  forcé 
&  rompu  la  garde  des  Lacedemoniens  qui  defendoient 
ce  rempart  :  &  en  ayant  peu  mettre  à  l'espee  s'il 
eust  voulu  un  bien  grand  nombre,  se  contenta  seule- 
ment de  ceste  gloire  d'avoir  fait  malgré  eulx  ce  qu'il 
avoit  voulu,  &  ne  chercha  point  de  les  endommager 
d'avantage  :  ce  qui  fut  cause  que  l'on  eut  grand 
souspeçon  &  grande  défiance  de  luy,  comme  ayant 
voulontairement  espargné  les  ennemys,  à  celle  fin 
que  particulièrement  ilz  en  sceussent  gré  à  luy 
seul  :  au  moVen  de  quoy  ceulx  qui  portoient  envie 
à  sa  gloire,  ayans  ceste  occasion  de  le  calumnier 
avec  quelque  apparence,  le  chargèrent  et  accusèrent 
de  trahyson,  tellement  que  le  peuple  irrité  &  mutiné 
contre  luy,  le  déposa  de  la  charge  de  gouverneur 
&  capitaine  :  &  le  réduisant  à  Testât  d'homme  privé, 
voulut  qu'il  allast  comme  les  autres,  à  ce  voyage  de 
Thessalie  :  mais  quand  l'on  veit  que  par  ses  effets 
il  effaçoit  toutes  les  calumnies  que  ses  malveuillans 
avoient  mises  en  avant  à  l'encontre  de  luy,  le  peuple 
adonc  le  remit  en  sa  première  dignité.  »  (XV,  xix, 
f-  207  r°.) 

P.  574,  1.  23.  La  prospérité).  Id.,  ibid.  :  «Il  acquit 
de  son  temps  à  son  pays  par  force  d'armes  la  prin- 
cipaulté  de  la  Grèce,  et  depuis  sa  mort  ses  citoyens 
incontinent  la  perdirent,  et  allèrent  tousjours  decli- 
nans  de  mal  en  pis...  »  (XV,  xxiv,  f*-  214.)  Cf.  aussi 
Cornélius  Népos,  Vie  d'Epaminondas,  x. 

Chronologie  :  Un  emprunt  à  Bodin  (p.  568, 1.  4) 
et  un  emprunt  à  Gentillet  (p.  569,  1.  3)  prouvent 
que  cet  essai  est  des  environs  de  1578. 


Chapitre  XXX\'II. 


DE      LA      RESSEMBLANCE      DES      EXFANS      AUX      PERES. 


P.  575,  1.  10.  Un  valet).  Cf.  l'essai  II,  ix,  p.  98, 
1.  II  (texte  de  1588). 

P.  576,  1.  20.  Dcbikin).  «  Qu'on  me  rende  man- 
chot, goutteux,  cul-de-jatte,  qu'on  m'arrache  mes 
dents  branlantes,  pour\-u  que  la  vie  me  reste  je  suis 
satisfait.»  (Sénèque,  épître  loi.)  Le  texte  est  diffé- 
rent de  celui  qu'on  trouve  dans  l'édition  de  Sénèque 
dont  Montaigne  semble  faire  habituellement  usage. 
(Bâle  1557).  Il  est  conforme,  au  contraire,  à  celui 
des  éditions  de  Bâle  1529  et  de  Bâle  1539.  Peut-être 
en  faut-il  conclure  que  Montaigne  a  puisé  cette 
citation  chez  quelque  auteur  de  seconde  main. 

P.  576,  1.  24.  Coiivroit  Taiiibiirlan).  Cf.  Chalcon- 
dyle  :  «  Il  se  trouva  une  grande  multitude  de  Ladres 
là  auprès,  que  Temir  fit  tous  mettre  à  mort  :  Car 
tout  autant  qu'il  s'en  rencontroit  devant  luy,  ils  se 
pouvoient  bien  asseurer  de  faire  le  saut,  allegant 
n'estre  raisonnable,  de  laisser  plus  longuement  régner 
une  telle  peste,  qui  ne  servoient  que  d'infecter  les 
autres,  &  vivoient  avec  cela  en  tant  d'angoisse,  &  de 
martyre.  »  (III,  x,  192.) 

P.  577,  1.  I.  £■/  Antisthenes).  Cf.  Diogènc  Luërce, 
Vie  d'Antisthèm  :  «  Aliquando  item  intraverat  sicam 
habens,  ad  quem  ille  cùm  diceret,  quis  me  doloribus 
absolvet?  ille  ostensa  sica  hxc  ait  :  &  ille,  doloribus 
dixi,  non  vita.  »  (VI,  xviii,  556.) 

P.  577,  1.  17.  J'en  avais  plus  de  pair).  Pour  la 
même  idée,  voir  l'essai  II,  vi,  p.  52,  1.  i,  et  la  note. 

P.  578,  1.  9.  Suiniiiiim).  «  Ne  craignez  ni  ne  dési- 
rez la  mort.  »  (Martial,  X,  .\lvii,  13.)  Pour  la  pensée 
on  peut  rapprocher  Sénèque,  Épllres  :  «  In  utrumque 
monendi  ac  firmandi  sumus,  et  ne  nimis  amemus 
vitam  et  ne  nimis  oderimus.  »  (Ep.  24.) 


P.  578,  texte  de  1588.  La  peinture  de  la  Poésie). 
Pour  la  même  idée,  ci.  l'essai  II,  11,  p.  19,  1.  18. 

P.  578,  te.xte  de  1588.  &  se  n'aflige).  «Son  afflic- 
tion est  telle  qu'il  se  mord  les  mains,  qu'il  se  mord 
les  lèvres,  et  que  sa  joue  est  sans  cesse  inondée  de 
pleurs.  X 

P.  579,  1.  18.  Comme  aucuns  médecins).  Cf.  Laurent 
Joubert,  Erreurs  populaires  au  faict  de  la  médecine, 
IV,  IX. 

P.  579,  1.  22.  Epicur us  ne  permet  pas).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  d'Epicure  :  «  Cum  tamen  cruciatur  &  in- 
gemiscet  &  ejulabit.  »  (X,  cxviii,  716.) 

P.  580,  1.  I.  Pugiles  etiam).  «Les  lutteurs  aussi, 
en  frappant  du  ceste,  gémissent,  parce  que  sous 
l'effort  de  la  voix  tout  le  corps  se  raidit,  et  le  coup 
est  assené  avec  plus  de  vigueur.  »  (Cicéron,  Tuscu- 
lanes,  II,  xxni.)  Cicéron  écrit  :  ingemiscunt  :  non 
quôd  doleant,  aninuk'e  succumbant ,  sed  quia... 

P.  580,  1.  14.  Ejulatu).  «  Qui  crie,  qui  pleure,  qui 
gémit,  qui  frappe  l'air  de  voix  lamentables.  »  Vers 
du  Philoctcte  d'Attius,  cités  par  Cicéron,  Definibus,  II, 
XXIX  ;  Tusculanes,  II,  xiv.  Montaigne  a  pris  ce  texte 
dans  les  Tusculanes.  Voir  son  édition,  p.  133;  dans 
le  De  finibus,  il  est  un  peu  différent. 

P.  580,  1.  22.  Ce  songeur  de  Cicero).  De  divinatione, 

II,   LXIX. 

P.  581,  1.  6.  Laborum).  «Il  n'y  a  plus  pour  moi 
désormais  de  peines  nouvelles  et  inattendues  :  j'ai 
tout  prévu,  je  suis  préparé  à  tout.  »  (Virgile,  Enéide, 
VI,  103.)  Le  texte  de  l'édition  de  Montaigne  e.st  : 

«  Kon  ulla  laborum, 
»  O  virgo,  nova  mi  faciès  inopinàve  surgit.  » 


LIVRE      II,      CHAPITRE     XXXVII. 


35S 


P.  582,  1.  6.  One!  monstre).  Chez  Ainbroise  Paré 
l'idée  de  l'atavisme  est  très  nettement  formulée. 
Cf.  le  Traite  des  Monstres,  xiii.  Parmi  les  malades  qui 
transmettent  le  plus  fréquemment  leurs  maux  à  leurs 
enfants  Paré  cite  les  «  Lapidaires  »  qui  enj^endrent 
des  «enfans  subjects  à  la  pierre»,  et  il  poursuit  : 
«Il  y  a  une  infinité  d'autres  dispositions  des  pères 
et  mères  ausquelles  les  enfans  sont  subjects,  voire 
mesmes  qu'ils  retiennent  des  mœurs,  de  la  parole, 
des  mines  et  trongnes,  contenances  et  gestes,  jusques 
au  marcher  et  cracher  de  leurs  pères  et  mères.  »  Sur 
la  complexité  de  la  semence  humaine,  Montaigne  a 
eu  chance  de  lire  un  long  développement  dans  la 
traduction  d'Athénagore  publiée  par  son  compatriote 
Arnaud    du    Ferrier.    (Simon    Millanges,    Bordeaux 

1577O 

P.  582,  1.  13.  En  la  famille  de  Lepidus).  Cf.  Pline, 
Histoire  naturelle  :  «  In  Lepidorum  gente  très,  inter- 
misso  ordine,  obducto  membranâ  oculo,  genitos 
accepimus.  »  (VII,  xii.) 

P.  582,  1.  15.  A  Thebcs).  Cf.  Plut;irque,  Ponrquoy 
la  justice  divine  diffère  quelquefois  la  punition  des  malé- 
fices :  «Comme  ainsi  fust  que  Ion  tenoit  pour  certain, 
que  Python  le  Nisibien  estoit  extraict  de  la  race 
&  lignée  des  Semez,  qui  ont  esté  les  premiers  sei- 
gneurs &  fondateurs  de  Thebes  le  dernier  de  ses 
enfans  qui  mourut,  il  n'y  a  pas  long  temps,  avoit 
rapporté  la  figure  de  la  lance  en  son  corps,  qui 
estoit  la  marque  naturelle  de  celle  lignée  la  anciene- 
ment  estant  après  si  long  intervalle  de  temp  ressourse 
&  revenue,  comme  du  fond  au  dessus,  celle  simili- 
tude de  races.  »  (xix,  f°  267  r°.) 

P.  582,  1.  17.  Aristote  dict).  C'est  ce  que  raconte 
Hérodote  d'un  peuple  de  Libye,  IV,  clxxx.  Cf. 
l'essai  II,  viii,  p.  90,  1.  11. 

P.  585, 1.  4.  Suivant  Epicur us).  Cf.  Cicéron,  Tuscu- 
lanes  :  «  Itaque  hac  usurum  compensatione  sapientem, 
ut  voluptatem  fugiat,  si  ea  majorem  dolorem  effec- 
tura  sit,  &  dolorem  suscipiat  majorem  eflicicntem 
voluptatem.  »  (V,  xxxiii;  t.  IV,  p.  180);  voir  aussi 
Diogène  Laërce,  Vie  d'Epicure  :  «  Soïpe  plerasque 
(voluptates)  transgredimur,  quando  ex  his  major 
molestia  sequitur,  doloresque  nonnullos  volupta- 
tibus  prœstare  arbitramur,  quandoquidem  ex  diutina 


toleratione  dolorum  major  nos  voluptas  sequitur.  » 
(X,  cxxix,  722.) 

P.  585,  1.  26.  Disoit  Salon).  Cf.  Plutarque,  Le  banc- 
quet  des  sept  Sages  :  «  Lon  prent  la  nourriture  comme 
une  médecine  pour  guarir  la  faim.  »  (xix,  f°  158  r°.) 

P.  586,  1.  21.  Tirent  ils  pas  l'argument).  Pour  la 
même  idée,  cf.  l'essai  II,  xii,  p.  210,  1.  24. 

P.  587, 1.  I.  Eux  mesmes  nous  font  ils  voir).  La  même 
idée  se  retrouve  chez  Corneille  Agrippa,  De  incerti- 
tudine  &  vanitate  scientiarum  :  «  Multœ  gentes  olim 
fuerunt  &  adhuc  sunt  absque  medicis  degentes,  quas 
videmus  ultra  decrepitam  œtatem  robustas  &  supra 
centenarios  annos  vivere  :  contrario  istos  delicatiores 
populos,  qui  medicorum  promissis  &  opéra  vivunt, 
ut  plurimum  média  œtate  senescere  &  occumbere, 
quin  &  ipsosmet  medicos  plus  crtteris  hominibus 
&  quasi  semper  a;grotare,  ac  immutatiore  astate 
decedere.  »  (lxxxiii.) 

P.  587,  1.  9.  Les  Romains  avoyent  este).  Pline, 
XXIX,  I,  dit  que  les  Romains  furent  six  cents  ans 
sans  médecins;  et  Joubert  répète  les  affirmations  de 
Pline  dans  les  Erreurs  populaires,  I,  i  ;  mais  loin  de 
prétendre  que  lorsqu'ils  eurent  pénétré  dans  la  ville, 
ce  fut  Caton  qui  les  chassa,  Pline  déclare  que  leur 
expulsion  n'eut  lieu  que  bien  longtemps  après  la 
mort  de  Caton.  Cette  seconde  idée  vient  sans  doute 
de  Corneille  Agrippa,  De  incertitudine  &  vanitate  scien- 
tiarum :  V  Proinde  Romani  quondam  sub  Catone 
Censorio  medicos  omnes  &  urbe  Roma,  &  tota 
Italia  pepulerunt  eorum  funesta  mendacia,  crudeli- 
tatemque  aversati.  »  (lxxxiii.)  Et  Corneille  Agrippa 
donne  une  longue  épître  à  son  fils  sur  les  médecins. 

P.  587,  1.  16.  Ce  que  dict  Plutarque).  Vie  de  Caton 
le  Censeur  :  «  Il  avoit  fiiit  un  petit  traitté  de  médecine 
par  lequel  il  guerissoit  ceulx  de  sa  maison  quand 
ilz  estoient  malades,  &  les  entretenoit  quand  ilz 
estoient  en  santé.  Il  ne  leur  defendoit  jamais  le 
manger,  mais  il  les  nourrissoit  de  quelques  herbes, 
&  de  quelques  chairs  légères,  comme  de  Canes,  de 
Palumbes  &  de  Lièvres  :  car  telles  viandes,  disoit  il, 
sont  bonnes  pour  les  malades  &  faciles  à  digérer, 
excepté  qu'elles  font  songer  &  resver  ceulx  qui  en 
mangent  :  &  se  vantoit  qu'avec  ce  régime  là  &  ceste 
façon   de  mediciner,  il  s'estoit  tousjours  maintenu 


336 


ESSAIS      DE     MOXTAIGNE. 


sain  quant  à  luy,  &  avoir  aussi  gardé  ses  domestiques 
en  santé.  »  (xii,  f"  244  v°.) 

P.  587,  1.  17.  Connue  les  Arcades).  Cf.  Corneille 
Agrippa'  De  incertitndine  &  vanitate  scientianiin  : 
«  Olim...  Archades  non  medicaminibus  utebantur, 
sed  (quod  narrât  Plinius)  verno  lacté  utebantur, 
quoniam  tune  maxime  succis  herbaï  turgerent,  mede- 
renturque  uberiores  pascua  :  eligebant  autem  prœ 
csteris  lac  vaccinium,  quia  \\\x  omnivore  sunt  in 
herbis.  »  (lxxxiii.)  Agrippa  transcrit  textuellement 
Pline,  Histoire  naturelle,  XX\',  viii. 

P.  587,  I.  18.  Dict  Hérodote),  u  Quand  leurs  enfans 
(des  Libyens)  sont  parvenus  en  l'aage  de  quatre  ans, 
ils  leur  bruslent  les  veines  du  sommet  de  la  teste, 
aucuns  celles  des  temples  avec  laine  à  tout  le  suif,  afin 
que  les  caterres  ne  leur  nuisent  tant  qu'ils  vivront. 
Et  dit-on  que  par  ce  moyen  ils  se  trouvent  beaucoup 
plus  sains.  »  (IV,  clxxxvii;  t.  I,  f°  309  i°.) 

P.  588,  1.  5.  C'est  du  grand  Platon).  Dans  le 
Ti?née  :  «  Tertia  commotionis  species  tune  demum 
cum  summa  cogit  nécessitas,  utilis,  aliter  vero  nullo 
modo  sans  mentis  homini  suscipienda.  Medicorum 
illa  purgatio  est,  quœ  pharmacis...  fieri  solet.  Morbi 
enim  nisi  periculosi.ssimi  sint,  pharmacis  irritandi 
non  sunt.  »  (P.  89";  éd.  de  1546,  p.  732.) 

P.  588,  1.  16.  Bihore).  Terme  gascon,  de  «via 
foras».  Cotgrave  dit  que  c'est  un  terme  dont  se 
servent  les  charretiers  pour  hâter  leurs  chevaux. 

P.  588,  1.  21.  Il  vieine).  Cf.  Sénèque,  Épîtres  : 
«  Ducunt  volentem  fita,  nolentem  trahunt.  »  (Ép.  107, 
p.  258.)  Et  encore  :  «  Puta  te  nolle  sequi  duceris.  » 
(Ép.  77,  p.  179.) 

P.  588,  1.  24.  On  demandoit  à  un  Laccdemonien). 
Cf.  Corneille  Agrippa,  De  incertitndine  &  vanitate 
scientiarum  :  «  Hinc  ille  Lacon  cuidam  dicenti,  nihil 
mali  habes,  respondit,  quia  non  utor  medico,  illoque 
iterum  dicente,  senex  factus  es,  respondit,  quia 
nunquam  usus  sum  medico.  »  (lxxxiii.) 

P.  588,  1.  25.  Adrian  l'empereur).  Id.,  ibid.  :  (dllud 
etiam  moribundi  jam  Adriani  imperatoris  dictum  : 
Medicorum  turba  principem  perdit  (^/c).  »  Agrippa  a 
pris  ceci  chez  Xiphilin,  Vie  d'Adrien.  Rapprocher 
aussi  cette  épitaphe  qu'on  trouve  dans  Pline,  Histoire 
naturelle:  «Turhâse  Medicorum  peris.sc.»  (XXIX,  i.) 


P.  589,  1.  I.  Un  mauvais  luicteur).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Diogène  :  «  Cùm  vidisset  ignavum 
luctatorem  medicinam  profitentem,  quid  hoc,  inquit, 
num  &  eos  qui  te  aliquando  vicerunt,  nunc  ipse 
dejicies?»  (VI,  lxii,  380.) 

P.  589,  1.  4.  Selon  Nicocles).  Le  mot  de  Xicoclès 
se  trouve  dans  le  chapitre  cxlvi  de  la  Collection  des 
moines  Antonius  et  Maximus,  imprimée  à  la  suite  de 
Stobée.  On  ne  trouve  pas  cette  collection  dans  les 
éditions  de  Stobée  publiées  au  xvi=  siècle;  mais  elle 
a  été  imprimée  à  part  en  1546  (Tiguri).  Cf.  cette 
édition,  p.  62.  Peut-être  Montaigne  a-t-il  pris  cette 
allégation  dans  quelque  ouvrage  de  seconde  main. 

P.  589,  1.  5.  Us  ont  une  façon  bien  avantageuse). 
Corneille  Agrippa,  De  incertitudine  &  vanitate  scien- 
tiarum, a  de  longs  développements  sur  ce  thème  : 
«  Si  cegro  quid  maie  cesserit,  sive  illum  praeler  spem 
per  insignem  imperitiam  occident,  hic  se  aut  per 
catarri  prœfocativum  defluxum,  aut  aliquod  aliud 
simile  subitaneum  accidens,  immedicabilémque  casum 
apparenter  excusât,  &  œgri  inobedientiam,  aut  custo- 
dum  negligentiam  acriter  excusât,  aut  incusat  col- 
legas,  aut  in  pharmacopolam  culpam  protrudit  :  sic 
enim  efficit,  ut  nemo  i\;grotus  nisi  propria  culpa 
periisse,  nemo  nisi  medici  beneficio  restitutus  videa- 
tur.  »  (lxxxiii.) 

P.  589,  1.  18.  Rhedanim).  «Le  passage  des  chars 
au  détour  étroit  des  rues.  »  (Juvénal,  m,  236.) 

P.  590,  1.  7.  Platon  disoil).  Dans  la  République  : 
«  Mendacium  hominibus...  pro  medicamento  est 
utile,  quare  publicis  medicis  concedendum.  »  (III, 
p.  389;  éd.  de  1546,  p.  558.) 

P.  590,  1.  10.  Azsope).  Fable  XIII,  Le  Malade  et 
le  Médecin.  Sur  le  cas  que  Montaigne  faisait  des 
faibles  d'Esope,  cf.  l'essai  II,  x,  p.  104,  1.  20. 

P.  590,  1.  24.  Il  y  avait  en  .Egypte).  Cf.  Corneille 
Agrippa,  De  incertitndine  &  vanitate  scientiarum  :  «  Cui 
traudi  ut  obviaretur  apud  iïïg}-ptios  medici  ante  diem 
tertium  ;çgrotorum  corpora  eorum  periculo  curabant 
post  triduum  autem  suo.  »  (lxxxiii,  à  la  fin.) 

P.  390,  1.  27.  yizsculapins).  Cf.  Pline,  Histoire 
naturelle  :  «  Auxit  (medicina)  deinde  famam  etiam 
crimine,  ictum  fulmine  iïsculapium  fobulata,  quo- 
niam Tyndareum  revocavisset  ad  vitam.  »  (XXIX,  i.) 


LIVRE      II,      CHAPITRE      X  \  X  V  1 1 . 


357 


Ce  n'est  pas  Hélène,  comme  Montaigne  l'avait  écrit 
en  1580,  mais  bien  Hippolyte,  comme  il  l'a  mis 
après  1588,  qu'Esculape  ramena  des  enfers.  Corneille 
Agrippa  fait  allusion  au  même  fait  dans  le  cha- 
pitre Lxxxiii  du  De  incertitudine  &  vanilalc  scientiarum. 

P.  590,  1.  29.  Nam  pater).  «  Car  Jupiter,  indigné 
qu'un  mortel  ait  été  rappelé  de  la  nuit  infernale  à  la 
lumière  du  jour,  frappa  de  la  foudre  le  fils  d'Apollon, 
l'inventeur  de  cet  art  audacieux,  et  le  précipita  sur 
les  bords  du  Styx.  »  (\'irgile,  Énêide,  VII,  770.) 

P.  591,  1.  3.  J/h  médecin  vanloit).  Cf.  la  Collection 
des  moines  Anionitis  et  Maximus,  cxlvi;  dans  l'édition 
de  1546,  p.  202. 

P.  591,  1.  8.  C'estoit  un  bon  coiiiniencemenl).  Cf. 
Pline,  Histoire  naturelle,  XXIX,  i. 

P.  591,  1.  12.  Ut  si  qiiis).  «  Comme  si  un  médecin 
ordonnait  à  un  malade  de  prendre  un  enfant  de  la 
terre,  marchant  dans  l'herbe,  portant  sa  maison  sur 
son  dos  et  dépourvu  de  sang.  »  (Cicéron,  De  diviiia- 
tione,  II,  Lxiv.)  Cicéron  ajoute  :  «  Potius  quàm 
hominum  more  cochleam  dicere  »  (t.  IV,  p.  282); 
«  Au  lieu  de  dire  comme  tout  le  monde,  un  coli- 
maçon. » 

P.  591,  1.  15.  La  foy  du  patient).  Rapprocher 
Corneille  Agrippa,  De  incertitudine  &  vanitate  scien- 
tiarum :  «  Avicenna,  inquiens,  fidem  ac  spem  cTgri 
erga  medicum  &  medicinam  stepe  plus  efficere,  quam 
ipsam  cum  medico  medicinam.  »  (lxxxiii.) 

P.  591,  1.  26.  Le  nombre  imper).  Sur  les  propriétés 
du  nombre  impair  en  médecine  on  peut  comparer 
Guillaume  Bouchet,  I,  x,  f°  223  v°;  voir  aussi  Lau- 
rent Joubert,  Erreurs  populaires,  I,  xiv. 

P.  592,  1.  6.  //  advient  de  cette  faute).  Cf.  Pline, 
Histoire  naturelle  :  «  Hinc  \\\x  circa  a;gros  miser.-ç 
sententiarum  concertationes,  nullo  idem  censente, 
ne  videatur  accessio  alterius.  »  (XXIX,  i.)  On  trou- 
vera la  même  idée  dans  le  chapitre  lxxxiii  de  Cor- 
neille Agrippa.  Voir  aussi  une  réflexion  de  Montaigne 
dans  son  Journal  de  voyage  :  «  Questo  giorno  avendo 
certi  medici  a  fare  una  consulta  importante  per  un 
signor  giovane  Signor  Paulo  de  Cesis  (nipote  del 
Cardinal  de  Cesis)  ch'  era  in  questi  bagni;  da  parte 
sua  mi  vennero  a  pregare,  che  mi  piacesse  d'inten- 
dere  le  loro  opinioni  e  controversie,  perché  lui  era 


risoluto  di  stare  del  tutto  al  giudizio  mio.    Me   ne 
rideva  fni  me  stcsso.  »  (P.  362.) 

P.  592,  1.  II.  Oui  veid  jamais  médecin).  Cf.  Cor- 
neille Agrippa,  De  incertitudine  &  vanitate  scientiarum  : 
«Sic...  omnes  a  se  invicem  dissentiunt,  ut  nuUus 
reperiatur  medicus,  qui  citra  exceptionem,  additio- 
nem,  vel  permutationem  prxscriptum  ab  alio  phar- 
macum  comprobet  »,  etc.  (lxxxiii.)  Aux  bains  de 
la  Villa,  Montaigne  remarque  ;  «  Era  cosa  piacevole 
di  veder  le  diverse  ordinazioni  dei  medici  di  diverse 
parti  d'Italia  tanto  contrari,  e  particolamente  sul 
fatto  di  questi  bagni,  e  doccie  :  che  di  centi  consulte 
non  ci  erano  due  d'accordo,  anzi  accusavano,  e  dan- 
navano  l'una  l'allra  quasi  tutte  d'omicidio.  »  (Journal 
de  voyage,  p.  351.) 

P.  592,  1.  15.  Celuy  la  de  leurs  docteurs).  Cf.  Cor- 
neille Agrippa,  De  incertitudine  &  vanitate  scientiarum  : 
«  Hinc  Rasis  conscius  profecto,  cum  sgrotantium 
creduliE  stultitix,  tum  medicorum  contentiosa;  insci- 
tiae,  utrique  &  sgro  6c  medico  non  incaute  consulens, 
suadet  in  aphorismis  suis,  tantum  unum  medicum 
fore  eligendum  :  quia  unius  (inqult)  error,  magnam 
infamiam  non  inducit  :  &  unius  utilitas,  quam  in 
œgro  efficit,  collaudatur  :  qui  autem  quam  plures 
medicorum  adhibuerit,  is  in  errorem  incidit  pluri- 
mum.  »  (lxxxiii.) 

P.  592,  1.  28.  Hierophilus).  LL,  ibid.  :  «  De  causis 
...  morborum  originalibus  agentes,  Hippocrates  illas 
in  flatu  sine  spiritu  collocat,  Hierophilus  in  humo- 
ribus,  Erasistratus  in  arteriarum  sanguine,  Ascle- 
piades  ex  atomis  per  corporis  invisibiles  poros  illapsis 
illas  rimatur,  Alcmajon  ex  corporalium  potentiarum 
exuperantia  vel  inopia.  Diodes  ex  ina;qualitate  ele- 
mentorum  corporalium  aerisque  halitu,  Strato  ab 
alimenti  exuperantia  cruditateque  &  ejus  corruptione 
omnes  morbos  fieri  solummodo  putat.  »  (lxxxii.) 

P.  593,  1.  5.  L'un  de  leurs  amis).  Cf.  Pline,  Histoire 
naturelle  :  «  Mirum  &  indignum  protinùs  subit,  nullam 
Artium  Medicinâ  inconstantiorem  fuisse,  &  etiamnum 
sœpius  mutari  quum  sit  fructuosior  nulla.  »  (XXIX,  i.) 
Mais  Pline  entend  «  fructuosior  »  au  sens  de  lucratif. 

P.  593, 1.  13.  Avant  la  guerre  peloponesiaqiie) .  Toute 
cette  histoire  de  la  médecine  est  fidèlement  résumée 
de  Pline,  Histoire  naturelle,  XXIX,  i.) 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  594,  1.  9.  Nous  ne  nraviis  pas),  j'ignore  à  quel 
médecin  Montaigne  fait  ici  allusion,  mais  les  mêmes 
idées    sont    développées    chez    Corneille    Agrippa, 

LXXXIII-LXXXIV. 

p.  594,  1.  19.  Paracelse).  Cf.  l'essai  II,  xii,  p.  323, 
1.  19,  et  la  note. 

P.  594,  1.  19.  Fioravanli).  Léonard  Fioravanti,  né 
à  Bologne,  était  assez  célèbre  en  Italie.  Il  mourut 
en  1588.  Entre  autres  ouvrages  il  a  écrit  :  Le  trésor 
de  la  vie  humaine;  V Abrégé  des  secrets  rationnels  concer- 
nant la  Médecine,  la  Chirurgie  et  l'Alchimie;  le  Miroir 
de  la  science  universelle;  etc. 

P.  594,  I.  19.  Argenlerius).  Ou  Jean  Argentier, 
de  Quiers,  1513-1572. 

P.  595,  1.  5.  .'Esope  faict).  Fable  76,  l'Elhiopien. 

P.  595,  1.  17.  Leurs  autlmirs  tiennent).  Cf.  Corneille 
Agrippa,  De  incertitudine  &  vanitate  scientiariun  : 
tt  Galenus  (inquiens)  difficile  posse  reperiri  medi- 
camen,  quod  plurimum  prosit,  ac  non  simul  in 
aliquo  obsit.  »  (lxxxiii.) 

P.  59e,  1.  18.  L'interprétation  des  urines).  Id.,  ibid., 
Lxxxii;  et  aussi  Laurent  Joubert,  Erreurs  populaires 
au  faict  de  la  nUdeciue,  III,  m. 

P.  597,  1.  2.  La  chirurgie).  Cf.  Corneille  Agrippa, 
De  incertitudine  &  •  vanitate  scientiarum  :  «  Restât 
chirurgia...  cujus  opéra  manifesta  &  securiora  sunt 
remédia,  nam  reliquorum  medicorum  Cieca  consilia 
sunt.  »  (lxxxv.) 

P.  597,  1.  10.  Celtuy-cy).  On  trouve  chez  Corneille 
Agrippa  une  critique  analogue  des  médicaments 
composés  (lxxxiii  et  lxxxiv),  mais  la  critique  de 
Montaigne  sur  ce  point  est  plus  précise  que  celle  de 
son  devancier. 

P.  597, 1.  23.  Un  autre  officier).  L'apothicaire,  auquel 
Agrippa  consacre  tout  un  chapitre,  le  chapitre  lxxxv. 

P.  598,  1.  3.  Les  ^giptiens).  Cf.  Hérodote,  II, 
lxxxiv;  t.  I,  f"  130  r°. 

P.  598,  1.  9.  Ils  me  tunrent  un  aiiiy).  Certainement 
La  Boétie  qui  mourut  de  la  dysenterie  en  1563. 

P.  599,  1.  19.  Il  est  plus  salubre).  Souvenir  des 
contradictions  notées  par  Montaigne  dans  son  Journal 
de  voyage  entre  deux  médecins,  Donati  et  Franciotti, 
qui  ont  écrit  sur  les  eaux  de  la  Villa  :  «  Je  viens  de 
voir  un  médecin  imprimé,  parlant  de  ces  eaus,  nomé 


Donati,  qui  dit  qu'il  conseille  de  peu  disner,  et  mieus 
souper  :  je  croi  que  ma  conjecture  lui  sert  :  son 
compaignon  Franciotti  est  au  contrere  come  en 
plusieurs  autres  choses.  »  (P.  326.) 

P.  600,  1.  21.  J'aye  trouvé  mal  fonde:^).  C'est  sur 
le  même  ton  que  Montaigne  parle,  dans  son  Journal 
de  voyage,  des  prétendus  miracles  opérés  par  les  eaux  : 
«  Ils  diversifient  l'opération  de  ses  eaus  qui  refreche, 
qui  eschauffe,  qui  pour  telle  maladie,  qui  pour  telle 
autre,  et  là-dessus  mille  miracles;  mais  en  somme, 
il  n'y  a  nulle  sorte  de  mal  qui  n'y  treuve  sa  gue- 
rison.  »  (P.  319.) 

P.  éoi,  1.  10.  Délia  Villa).  On  voit  en  effet  par 
le  Journal  de  voyage  que  Montaigne  y  a  fait  deux 
saisons  lors  de  son  séjour  en  Italie,  et  il  s'attarde 
longuement  à  décrire  les  beautés  du  pays  et  les 
agréments  du  lieu  d'une  manière  qui  semble  confir- 
mer les  déclarations  que  nous  trouvons  ici  :  «  Bein 
délia  Villa,  seize  milles.  C'est  un  païs  tout  montueus. 
Audavant  du  bein,  le  long  de  la  rivière,  il  y  a  une 
pleine  de  trois  ou  quatre  çans  pas,  audessus  de 
laquele  le  bein  est  relevé  le  long  de  la  cote  d'une 
montaigne  médiocre,  et  relevé  environ  come  la 
fonteine  de  Banieres,  où  Ton  boit  près  de  la  ville. 
Le  site  où  est  le  bein  a  quelque  chose  de  plein,  où 
sont  trante  ou  quarante  maisons  très-bien  accom- 
modées pour  ce  service,  les  chambres  jolies,  toutes 
particulières,  et  libres  qui  veut,  à-tout  un  retret,  et 
ont  un'  entrée  pour  s'entreatacher,  et  un'  autre  pour 
se  particulariser.  Je  les  reconnus  quasi  toutes  avant 
que  de  faire  marché,  et  m'aretai  à  la  plus  belle, 
notammant  pour  le  prospect  qui  regarde  (au  moins 
la  chambre  que  je  choisis)  tout  ce  petit  fons,  et  la 
rivière  de  la  Lima,  et  les  montaignes  qui  couvrent 
ledict  fons,  toutes  bien  cultivées  et  vertes  jusques 
à  la  sime,  peuplées  de  châtaigniers  et  oliviers,  et 
ailleurs  de  vignes  qu'ils  plantent  autour  des  mon- 
taignes, et  les  encerclent  en  forme  de  cercles  et  de 
degrés.  Le  bon  du  degré  vers  le  dehors  un  peu 
relevé,  c'est  vigne;  l'enfonceure  de  ce  degré,  c'est 
bled.  De  ma  chambre  j'avois  toute  la  nuit  bien 
doucement  le  bruit  de  cete  rivière.  Entre  ces  mai- 
sons est  une  place  à  se  proumener,  ouverte  d'un 
costé  en  forme  de  terrasse,  par  laquelle  vous  regardés 


LIVKK      II,      CHAPITRE      XXXVII. 


3S9 


ce  petit  plein  sous  l'allée  d'une  treille  publique,  et 
voies  le  long  de  la  rivière  dans  ce  petit  plein,  à  deus 
cens  pas  sous  vous,  un  beau  petit  village  qui  sert 
aussi  à  ces  beins,  quand  il  y  a  presse.  La  pluspart 
des  maisons  neufves,  un  beau  chemin  pour  y  aler, 
et  une  belle  place  audict  village.  »  (P.  313.) 

P.  éoi,  1.  12.  Chaque  nation).  Dans  son  Journal 
de  voyage,  Montaigne  prend  plaisir  à  noter  ces  contra- 
dictions entre  les  usages  qu'il  remarque  dans  les  diffé- 
rentes villes  d'eaux  qu'il  traverse.  Voyez  en  particulier, 
p.  317,  ce  qu'il  dit  des  douches  aux  bains  de  la  Villa. 

P.  602,  1.  6.  Akoii).  «  Alcbn,  hier,  a  touché  la 
statue  de  Jupiter;  et,  quoique  de  marbre,  le  dieu  a 
éprouvé  la  vertu  du  médecin.  Voici  qu'aujourd'hui  on 
le  tire  de  son  vieux  temple,  et  on  l'enterre,  tout  dieu 
et  pierre  qu'il  est.  »  (Ausone,  Epigraniiues,  lxxiv, 
éd.  de  15 17,  f"  14;  éd.  de  1558,  p.  77.) 

P.  602, 1.  1 1.  Lotus).  «  Hier,  Andragoras  s'est  baigné 
avec  nous,  il  a  soupe  gaiement,  et  ce  matin  on  l'a 
trouvé  mort.  Voulez-vous  savoir,  Faustinus,  quelle 
est  la  cause  d'une  mort  si  soudaine?  Il  avait  vu  en 
songe  le  médecin  Hermocrate.  »  (Martial,  VI,  un.) 

P.  éo2,  1.  18.  Lahontan).  Sur  ce  passage  on  peut 
lire  un  article  de  Louis  Batcave  dans  la  Revue  lIcs  Études 
historiques,  année  1901,  p.  127  :  «  Commentaire 
historique  d'un  passage  de  Montaigne.  »  Lahontan 
est  un  village  situé  dans  le  canton  de  Salies,  arron- 
dissement d'Orthez.  A  l'occasion  de  leurs  droits  sur 
le  village  de  Lahontan,  Montaigne  et  le  baron  de 
Caupène  étaient  en  procès  vers  1570.  D'après  Lespy 
(^Dictons  du  pays  de  Béarn,  Pau,  1875,  p.  175),  «on 
disait  malicieusement  en  béarnais,  notaire  de  Lahon- 
tan, médecin  de  Lahontan,  pour  désigner  ces  notaires 
et  ces  médecins  dont  les  soins  ou  les  actes  sont  de 
nature  à  plus  agréablement  satisfaire  leurs  bourses 
que  leurs  clients  ».  A  Orthez  Jeanne  d'Albret  venait 
de  fonder  une  Université  florissante  où  la  médecine 
et  la  jurisprudence  étaient  enseignées;  telle  est  pro- 
bablement la  cause  de  l'introduction  de  ces  notaires 
et  médecins  à  Lahontan. 

P.  603,  1.  27.  Du  sang  de  boue).  Je  rencontre  la 
même  idée  chez  Laurent  Joubert,  Erreurs  populaires  au 
faict  de  la  nu'decine  :  «  Nous  usons  bien  heureusement 
du  sang  de  bouc  à  dissoudre  et  mettre  en  pièces  le 


calcul  de  l'homme.  C'est  quand  on  a  nourri  le  bouc 
âgé  de  trois  à  quatre  ans  durant  les  jours  caniculiers 
de  toutes  les  herbes  saxifrages  (c'est-à-dire  rompantes 
la  pierre)  qu'on  luy  peut  faire  manger,  l'abreuvant  de 
bon  vin  blanc,  et  le  faisant  tous  les  jours  fort  courir. 
Son  sang  emprunte,  acquiert  et  retient  la  vertu  des 
dites  herbes,  tout  ainsi  que  le  moust  vineux  qu'on 
prépare  à  mesme  effet.  »  (IP  partie.) 

P.  605,  1.  6.  Suyvant  le  précepte).  «Honora  medi- 
cum  propter  necessitatem.  »  {Eccles.,  xxxviii,  i.) 
Montaigne  a  trouvé  cette  sentence  dans  Laurent 
Joubert,  Erreurs  populaires  au  faict  de  la  médecine,  I,  i. 

P.  605,  1.  7.  Un  autre  du  prophète).  «Nec  in  infirmi- 
tate  sua  quœsivit  Dominum,  sed  magis  in  medicorum 
arte  confisus  est.»  {ParaJipoinènes,  II,  xvi,  12.)  Ceci 
est  également  rappelé  par  Laurent  Joubert,  I,  i,  et 
aussi  par  Corneille  Agrippa,  lxxxiii. 

P.  605,  1.  9.  Beaucoup  d'honnestes  houimes).  Peut- 
être  Montaigne  veut-il  donner  la  réplique  aux  criti- 
ques un  peu  indiscrètes  de  Corneille  Agrippa  qui 
reprochait  aux  médecins  tous  les  vices  imaginables. 

P.  605,  I.  28.  Combien  en  voyons  nous).  Cf.  essai  II, 
XXXVII,  p.  106,  1.  II,  et  aussi  Corneille  Agrippa,  De 
incertitudine  &  vanilatc  scientiaruni  :  «  Quas  aliis  escas 
vel  modeste  delibare,  prohibent,  ipsimet  tanquam 
porci  glandes  dévorant  :  &:  quas  aliis  vivendi  leges 
prirscribunt,  ipsi  omnium  primi  prœvaricantur,  non 
tam  negligenter  quam  consulte.  Nam  si  ipsi  juxta 
h;tc  sua  dietaria  décréta  vivere  deberent,  sanitatis 
non  modicam  jacturam  facerent.  »  (lxxxviii.) 

P.  éoé,  1.  17.  Les  Babiloniens).  Cf.  Hérodote  : 
«  Ils  portent  leurs  malades  au  milieu  de  la  place, 
&  pour  autant  qu'ils  ne  se  servent  point  de  médecins, 
chacun  les  vient  aborder  pour  leur  donner  conseil 
touchant  leur  maladie,  si  d'aventure  ils  ont  esté,  ou 
bien  ont  veu  autre  personne  attainte  de  semblable.  » 
(I,  cxcvii;  t.  I,  f°  90  v°.) 

P.  606,  1.  23.  J'accepterais  plus  volontiers).  Des 
idées  semblables  se  rencontrent  dans  l'ouvrage  de 
Corneille  Agrippa  qui  oppose  sans  cesse  les  herbes 
et  les  simples  des  paysans  et  des  bonnes  femmes 
aux  médecines  compliquées  des  prétendus  savants. 

P.  éoé,  1.  25.  Homère  et  Platon).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Fie  de  Platon  :  «  Quin  &  dixisse  (Platonem) 


360 


ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


juxta  Homerum  ^gj-ptios  omnes  medicos  esse.  » 
(III,  VII,  188.)  Pour  Homère  voir  Odyssée,  IV,  231. 
Plutarque,  One  les  kstes  brutes  usent  de  la  raison,  vi, 
exprime  la  même  idée  mais  sans  l'attribuer  à  Homère 
ni  à  Platon. 

P.  609,  1.  4.  Madame  de  Duras).  Marguerite  d'Aure 
de  Gramont,  veuve  de  Jean  de  Durfort,  seigneur  de 
Duras,  que  le  roi  de  Navarre  envoya  en  1573  vers 
le  pape  Grégoire  XIII,  et  qui  fut  tué  près  de  Libourne 
sans  laisser  de  postérité. 

P.  609,  1.  24.  L'humeur  de  Tibère).  Cf.  Tacite, 
Annales  :  «  Quippe  illi,  non  perinde  curx,  gratia 
pra^sentium,  quàm  in  posteros  ambitio.  »  (VI,  xlvi, 
176.)  Montaigne  a  parlé  de  la  vanité  de  la  gloire 
dans  l'essai  II,  xvi,  et  spécialement  à  la  fin  de  cet 
essai  de  la  vanité  de  la  gloire  après  la  mort. 

P.  611,  1.  II.  Pline  se  mocque).  Histoire  naturel  le, 
XXIX,  I. 

p.  611,  1.  25.  Periclés).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Périclès  :  «  Theophratus  en  ses  morales,  au  lieu  où 
il  dispute  si  les  meurs  des  hommes  se  changent  selon 
leurs  adventures,  &  si  les  passions  &  afflictions  du 
corps  les  peuvent  tant  altérer,  qu'elles  les  facent  issir 
hors  des  lices  &  des  bornes  de  la  vertu,  recite  que 
Pericles  en  ceste  maladie  monstra  un  jour  à  l'un  de  ses 
amis,  qui  l'estoit  allé  visiter,  ne  sçay  quel  charme 
préservatif,  que  les  femmes  luy  avoient  attaché 
comme  un  carcan  autour  du  col,  pour  luy  donner 
à  entendre  qu'il  estoit  fort  mal,  puis  qu'il  enduroit 
qu'on  luy  appliquas!  une  telle  folie.  »  (xxiv,  f°  1 18  r°.) 

p.  613,  1.  10.  Deux  opinions  pareilles).  Cf.  Cicéron, 
Académiques  :  «  Stoicum  est  quidem,  nec  admodum 
credibile,  Nullum  esse  pilum  omnibus  rébus  talem 
qualis  sit  pilus  alius,  nullum  granum.  »  (II,  xxvi; 
t.  IV,  p.  24.)  Sur  toutes  ces  idées,  cf.  le  début  de 
l'essai  III,  xiii. 


Chronologie  :  Trois  témoignages  prouvent  avec 
évidence  que  cet  essai  est  au  plus  tôt  de  l'année  1579. 
Montaigne  déclare:  1°  qu'il  a  quarante-six  ans,  «d'avoir 
vescu  quarante  six  ans  pour  ma  part,  n'est-ce  pas 
assez?»  (Cf.  ci-dessus  p.  584,  1.  4);  2°  qu'il  a  été 
atteint  de  la  maladie  de  la  pierre  à  quarante-cinq  ans 
(p.  583,  1.  4),  et  que  son  premier  accès  date  de 
dix-huit  mois  (p.  576,  1.  13);  3°  il  dit  encore  qu'il 
s'est  «envieilly  de  sept  ou  huict  ans  >>  (p.  575,  I.  14), 
depuis  qu'il  a  commencé  à  écrire.  De  ces  diverses 
déclarations,  et  surtout  de  la  première  d'entre  elles, 
on  peut  conclure  que  cet  essai  a  été  écrit  entre  le 
mois  de  mars  1579  et  le  mois  de  mars  1580.  Je  crois 
qu'on  peut  préciser  davantage.  D'après  l'emploi  que 
Montaigne  nous  donne  de  son  temps  (p.  599,  texte 
de  1580),  quatorze  à  quinze  mois  se  sont  écoulés 
depuis  sa  première  saison  aux  eaux,  jusqu'à  l'époque 
où  il  écrit  cet  essai.  Or,  nous  trouvons  Montaigne 
chez  lui  (son  exemplaire  de  César  en  fait  foi), 
depuis  février  1578  jusqu'au  21  juillet  de  la  même 
année.  Sa  première  saison  d'eaux  thermales  ne  peut 
donc  se  placer  que  pendant  l'automne  de  1577  ou  à 
la  fin  de  l'été  de  1578.  La  première  de  ces  deux  dates 
n'est  guère  recevable,  car  elle  fixerait  les  débuts  de 
la  maladie  de  Montaigne  à  l'été  de  1577,  ce  qui  ne 
lui  permettrait  pas  de  dire  qu'il  a  été  atteint  à  l'âge 
de  quarante-cinq  ans.  Donc,  c'est  au  plus  tôt  à  la  fin 
de  l'été  de  1578  que  Montaigne  est  allé  aux  Eaux- 
Chaudes  (Aigues-Caudes),  et  il  écrit  quinze  mois 
plus  tard  ou  environ,  c'est-à-dire  au  plus  tôt  au 
début  de  l'hiver  1579  à  1580.  La  première  saison  a 
pu  se  faire  un  peu  plus  tard  (jusqu'en  octobre  1578), 
et  le  délai  de  quinze  mois  peut  être  un  peu  étendu. 
En  tous  ca.s,  je  crois  qu'on  ne  se  tromperait  pas  en 
disant  que  l'essai  II,  xxxvii,  date  de  l'hiver  1579 
à  i 580. 


FIN  DU  SKCOXD  LIVRE. 


LIVRE   TROISIÈME. 


Chapitre   I. 


DE      l'vTILE      &     DE      l'hONNESTE. 


P.  I,  1.  3.  A'.T  iste).  «Bien  sur  cet  homme  va  se 
donner  une  grande  peine  pour  me  dire  de  grandes 
sottises.  »  (Térence,  Heaittonthiioroiimenos ,  III,  v,  8, 
ou  W,  I,  S.)  Le  texte  est  :  «Nit  ista  Hercle  magno 
jam  conatu  magnas  nugas  dixerit.  » 

P.  I,  L  10.  On  hi\  manda).  Cf.   Tacite,  Annales, 

II,    LXXXIII. 

P.  2,  1.  4.  Il  fit  responce).  Id.,  ibid.  :  «Non  fraude, 
neque  occultis,  sed  palam  et  armatum,  populum 
romanum  hostes  suos  ulcisci.  »  (II,  LXXXiii.) 

P.  2,  1.  21.  Suave,  mari  magno).  «Il  est  doux, 
pendant  la  tempête,  quand  les  vents  bouleversent  les 
flots,  d'assister  du  rivage  aux  rudes  épreuves  d'autrui.» 
(Lucrèce,  II,  i.) 

P.  3,  1.  17.  Que  j'ay  eu  à  négocier).  Peut-être 
Montaigne  fait-il  allusion  ici  à  des  négociations  entre 
le  duc  de  Guise  et  le  roi  de  Navarre  dont  il  fut 
chargé  vers  1572,  au  temps  où  Henri  de  Navarre 
était  à  la  cour  du  roi  de  France  (voir  ci-dessus  le 
passage  des  Mémoires  de  De  Thou,  cité  p.  214, 
col.  2,  note  de  la  page  14e,  1.  20);  mais  peut-être 
s'agit-il  aussi  de  négociations  plus  récentes  qui  lui 
auraient  été  confiées  vers  1584  ou  1585,  au  temps 
où  après  la  rupture  de  la  paix  de  Fleix,  les  hostilités 
venaient  de  reprendre  entre  la  Ligue  et  le  parti  pro- 
testant. Les  biographes  de  Montaigne,  A.  Gmn  et 


M.  Paul  Bonnefon  (^Montaigne,  Vhomnie  et  l'œuvre, 
p.  438),  donnent  la  préférence  à  cette  seconde  hypo- 
thèse. La  correspondance  que  Montaigne  entretenait 
en  1585  avec  le  maréchal  de  Matignon,  lieutenant 
général  du  roi  en  Guyenne,  est  en  effet  de  nature 
à  la  rendre  très  vraisemblable.  On  sait  que  dans  le 
même  temps  Montaigne  correspondait  avec  Duplessis- 
Mornay,  et  que  le  roi  de  Navarre  était  venu  le 
visiter  dans  son  château  à  la  fin  de  l'année  1584. 

P.  4,  1.  3.  La  responce  de  Hippcridcs).  Cf.  Plutarque, 
Comment  on  pourra  discerner  le  flatteur  d'avec  l'amy  : 
«  Car  ainsi  comme  Hyperides  l'orateur  disoit  aux 
Athéniens,  qui  se  plaignoient  de  luy  qu'il  estoit  trop 
aspre  &  trop  rude,  qu'ils  considérassent  non  seule- 
ment s'il  estoit  aspre,  mais  s'il  l'estoit  sans  rien 
prendre.  »  (xxvi,  f"  5 1  r°.) 

P.  4,  1.  26.  Jnsques  au  feu).  Cf.  Rabelais  qui  fut 
dire  à  Panurge  :  «Je  le  maintiens  jusques  au  feu 
exclusivement.  »  (III,  m.)  0n  trouvera  encore  le 
même  mot  chez  Rabelais,  III,  vu,  et  dans  les  Prolo- 
gues des  livres  II  et  IV.  Sur  sdn  interprétation,  voir 
un  article  de  G.-H.  Monod,  «  La  lâcheté  de  Mon- 
taigne» (Revue  de  la  Renaissance,  19 10,  p.  87). 

P.  5,  1.  4.  Atticus).  Cf.  Cornélius  Népos,  Vie 
d'Alticus,  VI. 

P.   5,  1.  13.  Ea  non  média).  «Cela,  ce  n'est  pas 


362 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


prendre  un  chemin  mitoyen,  c'est  n'en  prendre 
aucun;  c'est  attendre  l'événement  pour  passer  du 
côté  de  la  fortune.  »  (Tite-Llve,  XXXII,  xxi.)  Mon- 
taigne généralise  la  pensée  de  Tite-Live  et  transforme 
en  conséquence  la  phrase  que  voici  :  «  Ea  non 
média,  sed  nulla  via  est  :  etenim  prœterquam  quôd 
aut  accipienda,  aut  aspernanda  vobis  Romana  societas 
est  :  quid  aliud  quàm  nusquam  gratia  stabili,  velut 
qui  eventum  expectaverimus,  ut  fortuna;  applica- 
remus  nostra  consilia  ?  » 

P.  5.  1.  15.  Gehn).  Cf.  Hérodote,  VII,  clxiii;  t.  II, 
f"  107  v°. 

P.  é,  1.  I.  Sieitr  de  Morvilliers).  Jean  de  Morvii- 
liers,  évêque  d'Orléans,  garde  des  sceaux  en  1568, 
évêque  ambassadeur  à  Venise,  né  à  Blois  en  1506, 
mort  en  1577,  prit  part  au  traité  de  Cateau-Cam- 
braisis  et  au  concile  de  Trente.  Catholique,  il  semble 
avoir  montré  beaucoup  de  modération  envers  les 
protestants.  On  peut  voir  ce  que  de  Thou  dit  de 
son  caractère  indécis  (^Histoire  de  son  temps,  VI,  359). 

P.  G,  1.  8.  Querelle  particulière)  Rapprocher  ce  que 
Montaigne  dit  à  ce  sujet  dans  l'essai  I,  xxxix,  p.  314. 

P.  7,  1.  2.  //  vous  lient).  On  trouve  la  même  idée 
chez  Rabelais  :  «  Posez  que  de  la  trahison  les  enne- 
mis se  servent  à  leur  profit,  si  ont  ilz  tousjours  les 
meschants  et  traistres  en  abomination.  »  (I,  xlvii.) 
Elle  est  encore  chez  Plutarque,  Vie  de  Romiilus,  etc. 

P.  7,  1.  16.  Coiiie  faict  le  vin).  Cf.  l'essai  II,  11, 
p.  II,  1.  21,  où  Montaigne  a  insisté  sur  cet  effet  de 
l'ivresse. 

P.  7,  1.  18.  Philippidcs).  Cf.  Plutarque,  De  la 
curiosité  :  «  Philippides  le  joueur  de  Comœdies  res- 
pondit  un  jour  bien  sagement  au  Roy  Lysimachus 
qui  luy  disoit,  Que  veulx-tu  que  je  te  communique 
de  mes  biens,  Philippides  ?  Ce  qu'il  vous  plaira.  Sire, 
dit-il,  prouveu  que  ce  ne  soit  point  de  voz  secrets.  » 
(iv,  f"  64  v°.) 

P.  8,  1.  3.  De  la  raison).  Rapprocher  ce  que  Mon- 
taigne dit  dans  l'essai  I,  xxvi,  p.  201,  1.  15. 

P.  8,  1.  15.  Aucnnewent  de  mon  (;ibier).  Xo'w  une 
semblable  déclaration  dans  l'essai  III,  ix. 

P.  9,  1.  II.  Asne  d'Esope).  Cf.  Esope;  éd.  de 
Lyon  1554,  p.  87;  éd.  de  Florence  1809,  ftble  293; 
imitée  par  La  Fontaine,  IV,  v. 


P.  9,  1.  15.  /(/  maxime  qucnquc).  «  Ce  qui  nous  sied 
le  mieux  c'est  ce  qui  nous  est  le  plus  naturel.  » 
(Cicéron,  De  officiis,  I,  xxxi.)  Le  texte  est  celui  de 
l'édition  de  Paris  1538. 

P.  9,  1.  23.  Veri  juris geruianœquc).  «Nous  n'avons 
point  de  modèle  solide  et  positif  d'un  véritable  droit  et 
d'une  justice  parfaite;  nous  n'en  avons  qu'une  ombre, 
qu'une  image.  »  (Cicéron,  De  officiis,  III,  xvii.) 

P.  9,  1.  25.  Le  sage  Dandamys).  Cf.  Plutarque, 
Vie  d' Alexandre  :  «  Dandamis  luv  respondit  plus 
gracieusement  :  &  l'aïant  ouy  compter  quelz  hommes 
avoient  esté  Socrates,  Pythagoras  &  Diogenes,  il  dit 
que  ces  personnages  là  luy  sembloient  avoir  esté 
bien  nez  &  de  bon  entendement,  mais  qu'ilz  avoient 
trop  révéré  les  loix  en  leur  vie  :  toutefois  les  autres 
escrivent  que  Dandamis  ne  dit  autre  chose,  sinon 
qu'il  demanda  pour  quelle  cause  Alexandre  avoit 
fait  un  si  long  chemin,  que  d'estre  venu  jusques  aux 
Indes.  »  (xx,  î"  488  v°.) 

P.  10,  1.  2.  Ex  senatus-consultis).  «Il  est  des  crimes 
autorisés  par  les  sénatus-consultes  et  les  plébiscites.  » 
(Sénèque,  ép.  95.)  Toutes  les  éditions  que  j'ai  consul- 
tées portent  sœva  au  lieu  de  scelera. 

P.  10,  1.  7.  Deux  pretendans).  Rhescuporis  et 
Cotys  :  le  premier  frère  de  Rhaemétalcès,  roi  de 
Thrace,  l'autre  son  fils  (Tacite,  Annales,  II,  lxiv). 
Ce  fut  Tibère  qui  les  empêcha  d'en  venir  aux  armes 
(W-,  ihid.,  II,  LXV). 

P.  10, 1.  12.  Emprisonner).  Id.,  ibid.  :  «  Rhescuporis 
sanciendo,  ut  dictitabat,  fœderi  convivium  adjicit, 
tractaque  in  multam  noctem  Lïtitia  per  epulas  ac 
vinolentiam.  incautum  Cotyn  et,  postquam  dolum 
intellexerat,  sacra  regni,  ejusdem  familiœ  deos  et 
hospitales  mensas  obtestantem  catenis  onerat.  »  (II, 
LXV.)  La  mort  de  Cotys  est  rapportée  au  chapitre  lxvi, 
et  la  trahison  de  Pomponius  Flaccus  au  chapitre  lxvii. 

P.  10,  1.  16.  A  (]uo\  se  trouva  propre).  Id.,  ihid.,  II, 

LXVII. 

P.  10,  1.  21.  La  puisante  expérience).  J'ignore  à  quel 
événement  Montaigne  fait  allusion.  Quelques-uns 
des  correspondants  du  docteur  Payen  ont  proposé 
Je  voir  dans  ces  paroles  un  souvenir  de  la  mort 
d'Henri  de  Guise,  assassiné  à  Blois  par  l'ordre  du 
roi  de  France  (23  décembre  1588),  ou  encore  de  la 


LIVRE      m,      CHAPITRE      I. 


363 


mort  de  Marie  Stuart  (février  1587).  Mais,  outre 
qu'en  ce  qui  concerne  Henri  de  Guise  les  dates  font 
J-ificulté  —  car  il  est  probable  qu'en  décembre  1588, 
l'impression  des  Essais  était  terminée,  —  je  ne  vois 
pas  que  la  phrase  de  Montaigne  puisse  être  inter- 
prétée comme  faisant  allusion  à  aucun  de  ces  deux 
événements.  Il  parle  en  effet  manifestement  d'une 
tentative  de  trahison,  entreprise  contre  un  traître  et 
qui  a  échoué  au  grand  détriment  des  intérêts  publics. 

P.  II,  1.  2.  Les  Laccdcinoiiiens).  Cf.  Plutarque, 
Comment  on  pourra  discerner  h  flatteur  d'avec  l'aniy  : 
«  Tout  ainsi  doncques  comme  les  Laceda^moniens 
aians  esté  deffaicts  en  bataille  par  Antipater,  &  trait- 
tans  de  paix  avec  luy,  le  prioient  de  leur  commander 
tant  qu'il  voudroit  de  charges  dommageables,  mais 
de  honteuses  nulle.  »  (xxi,  f°  49  r°.) 

P.  II,  1.  6.  Chacun  doit  avoir).  Id.,  Les  dicts  nota- 
bles des  anciens  Roys  :  «Les  roys  d'./Egypte  suivant 
une  anciene  ordonnance  de  leur  païs,  faisoient  jurer 
les  juges,  quand  ils  les  installoient  en  leurs  offices, 
que  quand  bien  le  Roy  leur  commanderoit  de 
juger  injustement,  ils  ne  le  feroient  pas  pourtant.  » 
(F"  189  r°.) 

P.  II,  1.  20.  La  sentence  de  Fabritius).  Entre  autres, 
cf.  Plutarque,  Les  dicts  notables  des  anciens  Roys, 
f°  201  v°. 

P.  II,  1.  25.  Jaropcïc).  Cf.  Herburt  Fulslin,  Histoire 
des  roys  de  Pologne  :  «Jaropelc...  désirant  avoir  sa 
revanche  sollicita  un  certain  gentilhomme  Hongre, 
homme  caut  &  fin,  qui  faignant  s'enfuir  à  Boleslaus 
pour  avoir  soustenu  le  party  des  enfans  d'Estienne, 
devoir  adviser  l'occasion  ou  de  tuer  Boleslaus,  ou 
de  faire  quelque  notable  dommage  aux  Polonois. 
Cet  Hongre  feit  si  bien  en  peu  de  temps,  par  son 
industrie,  beau  parler  &  feincts  services,  &  gaigna 
tellement  l'amitié  du  duc  assez  facile  de  soy-mesme 
&  croyant  de  légier,  qu'il  estoit  appelé  aux  conseils 
des  affaires  d'Estat,  &  luy  fut  donné  le  gouverne- 
ment de  Vislicie.  Iceluy  voyant  Boleslaus  absent 
du  Royaume...  trouvant  cette  opportunité  propre 
pour  exécuter  sa  trahison  :  en  advertit  en  diligence 
Jaropelc  &  lui  mande  qu'il  ne  faille  de  se  trouver 
le  VIII  jour  de  Février  devant  Vislicie,  avec  gens 
bien    équipez.    L'Hongre    adverti   de   la   venue   des 


Russiens,  fait  retirer  dans  la  ville  tous  ceux  qui 
estoyent  aux  champs  es  environs  avec  leurs  femmes, 
enfants,  &  biens,  tant  la  noblesse  que  menu  peuple, 
ce  qu'ils  fièrent  volontiers  pour  estre  plus  a-ssurez. 
Les  Russiens  ne  faillirent  pas  de  s'y  trouver  au 
jour  assigné  :  ils  feurent  reçeus  de  nuict,  dans  la 
ville,  mirent  à  mon  tout  ce  qu'ils  trouvèrent  sans 
espargner  ni  aage  ni  sexe  &  ayant  mis  le  feu  à  la 
ville  s'en  retournèrent  avec  le  reste  du  butin,  en 
leurs  maisons,  emmenant  prisonniers  tous  les  plus 
riches.  Jaropelc  fit  coupner  la  langue  &  les  parties 
génitales,  &  crever  les  yeux  au  traistre  pour  toute 
sa  recompense  :  &  ainsi  fut  ce  traître  desloyal 
justement  puni  de  sa  trahison.  »  (F°  43  r°.) 

P.  12,  1.  14.  Antigonus  persuada).  Cf.  Plutarque, 
Vie  d'Eunienes  :  «  Antigonus  feit  responce,  que  non 
seulement  il  rendroit  les  biens  aux  Argyraspides, 
mais  que  encore  en  toute  autre  chose  il  les  traitteroit 
le  plus  gracieusement  qu'il  pourroit,  moiennant 
qu'ilz  luy  rendissent  Eumenes  entre  ses  mains  : 
&  alors  ces  Argj'raspides  prirent  une  très  malheu- 
reuse &  meschante  resolution  de  le  livrer  vif  entre 
les  mains  de  ses  mortelz  ennemis...  Quoy  entendant 
Antigonus,  y  envoya  Nicanor  pour  le  prendre  d'entre 
leurs  mains,  &  le  luy  amener...  Finablement  quand 
Antigonus  eut  arresté  de  le  faire  mourir,  il  ordonna 
que  Ion  ne  luy  baillast  plus  à  manger  :  &  fut  ainsi 
deux  ou  trois  jours  que  Ion  le  menoit  à  sa  fin,  en 
luy  ostant  le  boire  &  le  manger  :  mais  il  survint 
quelques  nouvelles  pour  lesquelles  il  fallut  que  le 
camp  deslogeast  soudainement,  à  l'occasion  dequoy 
avant  que  partir  on  envoya  un  homme  qui  l'acheva 
de  tuer...  Ayant  Eumenes  finy  ses  jours  en  ceste 
maniera,  les  Dieux  n'establirent  autres  commissaires 
pour  venger  la  desloyaullé  des  Argyraspides  &  de 
leurs  capitaines  qui  l'avoient  trahy,  que  Antigonus 
mesme,  lequel  les  abominant  comme  cruelz  meur- 
triers, desloyaux  &.  perjures  aux  hommes  &  aux 
Dieux,  les  consigna  à  Ibyrtius  gouverneur  de  la 
province  de  Arachosie,  luy  donnant  très  exprès 
mandement  de  les  perdre  &  mettre  tous  à  maie  fin 
en  quelque  manière  que  ce  fust,  tellement  que  nul 
d'eulx  ne  retournas!  jamais  en  la  Macédoine,  ny  ne 
veist  la  mer  de  la  Grèce.  »  (ix,  f°  416  v°.) 


3  H 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  12, 1.  24.  Ueschva).  Cf.  !"£/)// t)wr  du  XXVIMivre 
de  Tite-Live  par  Florus  {Epilonie  que  Montaigne 
trouvait  certainement  dans  son  édition  de  Tite-Live)  : 
«  P.  Sulpiciis  quum  in  quadam  villa  lateret,  indicio 
servi  sui  retractus,  &  occisus  est,  servus,  ut  prce- 
mium  promissi  indicii  haberet,  manumissus  est, 
&  obscelus  domini  proditi  de  saxo  dejectus  est.»  Le 
même  fait  est  relaté  chez  Valère  Ma.xime,  \I,  \,  7, 
mais  certainement  ce  n'est  pas  par  l'intermédiaire  de 
A'alère  Maxime  que  Montaigne  l'a  connu. 

P.  12,  1.  28.  Makmiet  second).  Cf.  Lavardin,  His- 
toire de  Scanderherg  :  «  Deux  enfans  se  trouvèrent, 
l'un  appelé  Tursines,  aagé  de  dix-huict  mois;  l'autre 
Calepin.  Le  premier  fut  par  le  Bassa  Moïse  suffoqué 
à  force  d'eau,  par  l'exprès  commandement  de  Maho- 
met :  lequel  sans  fléchir  des  yeux,  assista  à  si  exécrable 
spectacle.  Et  ainsi  que  la  mère  de  l'enfant,  détestant 
avec  urlemens  et  cris  horribles,  entremeslez  de  conti- 
nuelles pleurs,  cest  acte  inhumain,  donnoit  mille 
malédictions  à  l'autheur  là  présent  :  le  Tyran,  pour 
appaiser  sa  belle  mère,  luy  livra  entre  mains,  en 
expiation  du  parricide,  celuy  qui  l'avoit  commis  : 
auquel,  de  rage,  elle  transperça  d'un  couteau,  le 
cueur  devant  Mahomet,  et  luy  fouillant  dedans  le 
corps  ouvert,  le  luy  arracha,  et  le  jetta  aux  chiens.  » 
(F°  253  v°.)  Rapprocher  aussi  Chalcondyle  :  «Il  fit 
estouffer  son  frère  avec  de  l'eau  qu'on  luy  versa  tout 
à  coup  et  en  quantité  dans  la  gorge.  »  (VH,  xi,  495.) 

P.  13,  1.  7.  Nostre  Roy  Clms).  Cf.  Du  Raillant^ 
Histoire  des  rois  de  France  :  «  Ledit  Cannacare,  et  ses 
frères  et  enfiins  furent  livrez  entre  les  mains  de  Clovis, 
par  trois  de  leurs  scn-iteurs,  qui  luy  avoient  promis 
de  luy  livrer  Cannacare,  et  ses  frères  et  enfans,  à 
la  charge  que  Clovis  leur  donneroit  à  chacun  un 
corcellet  d'or  :  ce  que  Clovis  leur  promit,  mais  ayant 
receu  le  fruict  de  leur  trahison,  il  leur  envoya  des 
corcellets  de  cuivre  ou  d'airain  un  peu  dorez.  Eux  se 
plaignans  de  n'estre  recompensez  de  leur  juste  sallaire, 
Clovis  les  fit  pendre,  pour  donner  exemple  à  tous 
autres  de  ne  trahir  leurs  Princes...  »  (F"  42.) 

P.  i},\.  2^.  La  fiUe  à  Seyanus).  Cf.  Tacite, /^hha/m  : 
«Quia  triumvirali  supplicio  affici  virginem  inauditum 
habebatur,  a  carnifice,  laqueum  juxta,  compressam.» 
(V,  IX.) 


P.  14,  1.  I.  Onant  le  premier  Amnraî).  Cf.  Chal- 
condyle :  «  Il  commanda  aux  pères  des  Grecs  qui 
s'estoient  rebellez  contre  luy,  &  en  défaut  d'eux, 
aux  autres  parens  les  plus  proches,  de  les  massacrer 
en  sa  présence  de  leur  propre  main  :  à  quoy  ils 
obtempérèrent  tous,  hormis  deux  tant  seulement 
lesquels  abhominans  l'horreur  de  ce  parricide,  eurent 
plus  cher  mourir  eux-mesmes,  que  de  se  souiller  les 
mains  en  leur  propre  sang;  aussi  furent  ils  sur  le 
champ  mis  à  mort  avec  leurs  enfans.  »  (I,  x,  59.) 

P.  14,  1.  9.  On  dict  que  Viiitolde).  Coste  indique 
comme  source  de  ce  passage  :  Cromer,  de  Rebiis 
Polon.,  lib.  XVI;  mais  je  ne  crois  pas  que  l'allusion 
de  Montaigne  renvoie  à  cet  ouvrage. 

P.  14,  1.  20.  Sed  vident).  «Mais  qu'il  se  garde 
bien  de  chercher  des  prétextes  à  son  parjure.  » 
(Cicéron,  De  ojjiciis,  III,  xxix.) 

P.  15,  1.  17.  Tinioleon).  Cf.  une  allusion  au  même 
fait  dans  l'essai  I,  xxxviii,  p.  308,  1.  25. 

P.  15,  I.  26.  Il  y  députa).  Cf.  Diodore  de  Sicile  : 
«  Le  sénat  fut  d'advis  d'envoyer  Timoleon  à  Syracuse, 
et...  luy  proposèrent  de  bien  estranges  et  bien  nou- 
velles conditions  :  car  ilz  luv  déclarèrent,  que  s'il 
se  portoit  bien  au  gouvernement  des  S5Tacusains, 
ilz  prononceoient  des  Ihors  par  leur  arrest  qu'il 
avoit  tué  un  tyran  :  et  au  contraire  s'il  s'y  portoit 
avaricieusement,  ilz  le  jugeoient  et  condamnoient 
comme  parricide  ayant  occis  son  propre  frère.  » 
(XVI,  XXIX,  f"  245  r°.) 

P.  16,  1.  II.  Certeines  cites  s'estoint).  Cf.  Cicéron, 
De  officiis  :  «  Non  igitur  utilis  illa  L.  Philippi  Q.  F. 
sententia,  quas  civitates  L.  Sylla  pecunia  accepta 
S.  C.  liberavisset,  ut  ère  rursus  vectigales  essent  : 
neque  his  pecuniam,  quam  pro  libeilate  dederant, 
redderemus  ei  Senatus  est  assensus  turpe  imperio.  » 
(III,  xxii;  t.  IV,  p.  388.)     ■ 

P.  16,  1.  24.  On  a  tort).  C'est  probablement 
Cicéron  que  Montaigne  critique  ici.  Voir  deux  pas- 
sages du  De  officiis,  I,  x,  et  III,  xxix,  où  il  soutient 
l'opinion  contraire  à  celle  de  Montaigne.  Il  faut 
rappeler  en  outre  les  théories  de  Machiavel  sur  ce 
sujet  {Le  Prince,  xviii),  que  Montaigne  a  déjà  combat- 
tues longuement  dans  l'essai  II,  xvii.  Le  concile  de 
Constance  avait  proclamé  qu'on  n'était  pas  tenu  de 


LIVRE      III,      CHAPITRE      I. 


36s 


garder  sa  foi  aux  ennemis  de  la  foi.  La  question  est 
discutée  autour  de  Montaigne  chez  Gentillet,  Discours 
sur  les  tiloyens  de  bien  gouverner,  et  surtout  avec  beau- 
coup d'ampleur  dans  la  République  de  Bodin,  V,  vi. 

P.  17,  1.  8.  Quasi  vero).  «Comme  si  la  violence 
pouvait  rien  sur  un  homme  de  cœur.  »  (Cicéron, 
De  officiis,  III,  xxx.) 

P.  17,  1.  12.  J'ay  autrefois).  Cf.  l'essai  II,  xxxvi, 
à  la  fin.  Montaigne  répète  ici  quelques-unes  des 
idées  qu'il  a  déjà  exprimées  dans  cet  essai,  idées 
qu'il  devait  à  Plutarque,  De  l'esprit  fauiilier  de  Socrale. 

P.  18,  1.  6.  L'un  dict  aux  Mauunertins).  Cf.  Plu- 
tarque, Vie  de  Pompée  :  «  Les  Mamertins  voulurent 
décliner  son  tribunal  &  sa  jurisdiction,  alleguans 
qu'ilz  en  avoient  privilèges  exprès  &  anciene  ordon- 
nance du  peuple  Romain,  &  il  leur  respondit  en 
choiera  :  Nous  alléguerez  vous  meshuy  les  loix,  à 
nous  qui  avons  les  espees  au  costé  ?  »  (m,  f°  436  v°.) 

P.  18,  1.  7.  L'autre,  au  Tribun  du  peuple).  Li., 
Vie  de  César  :  «  Comme  l'un  des  Tribuns  du  peuple, 
Metellus,  le  voulust  empescher  de  prendre  de  l'argent 
es  coifres  du  trésor  &  espargne  publique,  &  luy 
alleguast  quelques  loix  qui  le  defendoient,  il  luy 
respondit.  Que  le  temps  des  armes  &  le  temps  des 
loix  estoient  deux.  »  (xi,  f°  504  v°.) 

P.  18,  1.  9.  Le  tiers,  que  le  bruit).  Id.,  Vie  de 
Marins  :  «  On  compte  que  quelquefois  comme  il 
eust  donné  droit  de  bourgeoisie  Romaine  à  mille 
hommes  Camerins  tout  à  un  coup,  pour  ce  qu'ilz 
s'estoient  fort  bien  &  vaillamment  portez  en  une 
guerre,  il  y  eut  quelques  uns  qui  l'en  accusèrent, 
disans  que  c'estoit  chose  faitte  contre  toutes  les  loix. 
Il  leur  respondit,  que  pour  le  bruit  des  armes  il 
n'avoit  pas  peu  ouir  les  loix.  »  (x,  f°  295  v".) 

P.  18,  1.  II.  De  ses  ennemis).  Des  Lacédémoniens. 
Cf.  Plutarque,  Les  dits  notables  des  Lacédémoniens 
(f°  216  v°  et  f°  226  v°.) 

P.  18,  1.  15.  Quelque  chose  illicite).  Souvenir  de 
Sénèque  qui  dit  de  Fabricius  dans  les  Épîtres  :  «  Admi- 
rati  sumus  ingentem  virum,  quem  non  régis,  non 
contra  regem  promissa  flexissent,  boni  exempli  tena- 
cem,  quod  difficillimum  est,  in  bello  innocentem, 
qui  aliquod  esse  crederet  etiam  in  iiostes  nefas.  » 
(Ép.  120.) 


P.  18,  1.  16.  Manente  nicmoria).  «Le  souvenir  du 
droit  privé  subsistant  même  au  milieu  des  dissensions 
publiques.  »  (Tite-Live,  XX\',  xviii.) 

P.  18,  1.  18.  &  nulla  potentia).  «Nulle  puissance 
ne  peut  autoriser  l'infraction  des  droits  de  l'amitié.  » 
(Ovide,  De  Ponto,  I,  vu,  37.) 

P.  18,  1.  21.  Non  enim  patria).  «Car  les  devoirs 
envers  la  patrie  n'étouffent  pas  les  autres  devoirs, 
et  à  elle-même  il  lui  importe  que  les  citoj^ens  se 
conduisent  bien  envers  leurs  parents.  »  (Cicéron, 
De  officiis,  III,  xxiii.)  Le  texte  de  Cicéron  dont 
Montaigne  change  sensiblement  la  portée  est  le  sui- 
vant :  «  Non  igitur  patria  prœstat  omnibus  officiis. 
Imo  vero  :  sed  ipsi  patriœ  conducit  pios  habere  cives 
in  parentes.  »  (IV,  p.  388.) 

P.  19,  1.  7.  De  celle  autre  ame).  De  Jules  César 
auquel  Lucain  prête  les  vers  suivants. 

P.  19,  1.  8.  Dum  tela  micant).  «Tant  que  l'épée 
brillera  à  vos  yeux,  chassez  toute  pitié  de  vos  cœurs; 
que  la  vue  même  de  vos  pères  dans  le  camp  opposé 
ne  vous  arrête  pas,  frappez  du  fer  ces  têtes  vénérables.  » 
(Lucain,  VII,  320.) 

P.  19,  1.  15.  Un  soldat  de  Ponipcius).  Cf.  Tacite, 
Histoires  :  «  Prcelio,  quo  apud  Janiculum  adversùm 
Cinnam  pugnatum  est,  Pompeianus  miles  fratrem 
suum,  dein,  cognito  facinore,  seipsum  interfecit.  » 
(III,  Li,  445.)  Les  moralistes  contemporains  rappel- 
lent volontiers  les  aventures  des  guerres  civiles  de 
Rome  pour  les  comparer  aux  cruautés  des  guerres 
civiles  du  xvi"  siècle.  La  Noue,  par  exemple,  raconte 
qu'un  gentilhomme  lui  a  rapporté  qu'à  Frezin,  «  il 
y  eut  un  soldat  walon  qui  s'estant  trouvé  dedans 
fut  fait  prisonnier,  et  comme  le  supérieur  eust 
commandé  qu'on  tuast  tout,  le  propre  frère  dudit 
soldat  qui  estoit  au  camp  espagnol  s'avança,  et 
monstrant  une  contenance  cruelle  dit,  Il  ne  faut 
point  que  ce  meschant  traistre  à  son  roy  meure 
d'autres  mains  que  les  miennes  :  et  son  ire  ne  fut 
point  assouvie,  qu'après  luy  avoir  passé  l'espée  dans 
les  entrailles,  encore  que  pitoyablement  il  se  pros- 
ternast  devant  luy...  On  lit  qu'aux  guerres  civiles  de 
Sylla  un  soldat  romain  ayant  tué  en  un  cofribat  son 
ennemy,  en  le  despouillant  recognut  que  c'estoit  son 
frère  qui  tenoit  le  parti  contraire.  Ce  que  voyant  il 


3  66 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


fut  saisi  de  telle  douleur,  et  eut  si  grand  despit  contre 
son  ignorance  infortunée,  que  luy-mesme  se  trans- 
perça de  son  espée  et  tomba  sur  le  corps  de  l'autre. 
Et  combien  que  le  siècle  d'alors  fust  fort  corrompu, 
toutes-fois  plusieurs  louèrent  la  furieuse  piété  de 
ce  pauvre  payen,  mais  l'acte  de  nostre  chrestien 
moderne,  que  j'ay  recité,  si  dissemblable  de  l'autre,  et 
qui  devroit  estre  mis  en  oubly,  n'eut  par  aventure  pas 
moins  d'approbateurs».  {Discours  politiques,  XIX.) 


P.  19,  1.  18.  Un  soldat,  pour  avoir  lue  sou  frère). 
Tacite,  Histoires  :  «  Celeberrimos  auctores  habeo, 
tantam  victoribus  adversus  fas  nefdsque  irreverentiam 
fuisse,  ut  gregarius  eques,  occisum  à  se  proxima  acie 
fratrem    professus,    pn-emium    à    ducibus    petierit.  » 

(III,   LI,   444.) 

P.  19,  1.  23.  Omnia).  «Toutes  choses  ne  convien- 
nent pas  également  à  tous.  »  (Properce,  III,  i.\,  7.) 


Chapitre    II. 


DV    REPENTIR. 


P.  21,  1.  3.  CoiHine  disoit  Démodes).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Demosthene  :  «  Demades,  lequel  se  voulant 
justifier  de  ce  qu'il  avoit  tourné  sa  robbe  en  matière 
de  gouvernement  de  la  chose  publique,  dit  qu'il 
s'estoit  bien  contredit  à  soymesme  assez  de  fois  selon 
les  occurences  des  affaires  mais  contre  le  bien  de  la 
chose  publique,  jamais.  «  (m,  f°  586.) 

P.  21,  1.  8.  Populaire  &  pi'ivàj.  On  retrouvera  de 
semblables  déclarations  dans  l'essai  III,  xiii. 

P.  23,  1.  2.  Adjonstant  tousjotirs).  Rapprocher  ce 
ique  dit  Montaigne  dans  les  essais  I,  lvi,  et  II,  m. 

P.  23, 1.  10.  Par  bestise  et  ignorance).  Dans  l'essai  II, 
XII,  Montaigne  dit  de  cette  idée  :  «  Si  cela  est  vray, 
cela  est  subject  à  une  longue  interprétation.»  (P.  140.) 

P.  2^,  1.  II.  La  malice).  Cf.  Sénèque,  Épitres  : 
'  «  Quemadmodum  Attalus  noster  dicere  solebat,  ma- 
litia  ipsa  maximam  partem  veneni  sui  bibit.»  (Ép.  81, 
p.  87.) 

P.  23,  1.  12.  Le  vice  laisse).  Cf.  Plutarque,  De  la 
tranquillité  de  l'âme  :  «Le  remords  de  la  conscience... 
laisse  comme  un  ulcère  en  la  chair,  une  repentance  en 
l'ame  qui  tousjours  s'egrattigne  &  s'ensanglante  elle 
mesme  :  car  la  raison  oste  eiface  les  autffes  tristesses 
angoisses  &  douleurs,  mais  elle  engendre  celle  de  la 
repentance,  laquelle  le  mord  avec  honte,  &  le  punit 
elle  mesme  :  car  ainsi  comme  ceulx  qui  tremblent  de 
froid  ou  bruslent  de  chauld  en  fièvre,  en  sont  plus 
afiîigez  &  plus  tourmentez  que  ceulx  qui  souffrent  les 
mesmes  passions  par  causes  extérieures  de  froideur 
d'hyver,  ou  de  chaleur  d'esté  :  aussi  les  mesadventures 
fortuites  &  casuelles  apportent  des  douleurs  plus 
légères,  comme  venans  du  dehors.  »  (ix,  f°  75  v°.) 

P.    24,    1.    15.     Oiix  fuerant   vitia).    «Les    vices 


d'autrefois  sont  devenus  les  mœurs  d'aujourd'hui.  » 
(Sénèque,  ép.  39.) 

P.  25,  1.  13.  Tiw  tibi).  «C'est  à  votre  jugement 
que  vous  devez  avoir  recours.  »  (Cicéron,  Tuscu- 
lanes,  I,  xxiii.) 

P.  25,  1.  14.  Firttitis  et  vitiorum).  «  Le  témoignage 
intérieur  que  se  rend  le  vice  ou  la  vertu  est  d'un 
grand  poids.  Otez  cette  conscience,  il  ne  reste  plus 
rien.  »  (Cicéron,  De  natura  deoriim,  III,  xxxv.) 

P.  25,  1.  25.  Onz  tnens  est  hodie).  «Que  ne  pen- 
sais-je  dans  mon  jeune  temps  ce  que  je  pense 
aujourd'hui  !  ou  pourquoi,  avec  mes  sentiments 
d'aujourd'hui,  mes  joues  ne  retrouvent-elles  le  duvet 
de  la  jeunesse  !  »  (Horace,  Odes,  IV,  x,  7.) 

P.  26,  1.  7.  Bias).  Cf.  Plutarque,  Le  bancqiiet  des 
sept  sages  :  «  Bias  après  :  en  laquelle  (maison),  dit-il, 
le  maistre  est  tel  au  dedans  par  luj-  mesme,  comme 
il   est  au   dehors  par  la  crainte   de  la  loy.  »    (xii, 

f"    155     VO.) 

P.  26,  1.  10.  Jiiliiis  Drnsiis).  Id.,  Instruction  pour 
ceux  qui  manient  affaires  d'estat  :  «  Pourtant  à  bon 
droict  fut  grandement  loué  Julius  Drusus,  Sénateur 
Romain,  de  ce  qu'il  respondit  à  quelques  ouvriers, 
qui  luy  promettoient  de  faire  en  sorte,  s'il  vouloit, 
que  ses  voisins  qui  decouvroient  &  voioient  en  plu- 
sieurs endroits  de  sa  maison,  n'auroiejit  plus  nulle- 
ment de  veuë  sur  luy,  &  ne  luy  cousteroit  que  trois 
mille  escus  seulement  :  Mais  je  vous  en  donneray 
six  mille,  dit-il,  &  fliittes  en  sorte  que  Ion  voye 
dedans  ma  maison  de  tous  costez,  à  fin  que  tous 
ceulx  de  la  ville  voyent  &  sçachent  comment  je  vis  : 
car  c'estoit  un  personnage  grave,  honeste  Se  sage.  » 
(iv,  f°  162  v".) 


368 


ESSAIS      DE      MOXTAIGXE. 


P.  26,  1.  14.  On  remarque  avec).  Id.,  Vie  d'A^c- 
silas  :  «  Quand  il  alloit  seul  avec  son  train  par  les 
champs,  il  logeoit  tousjours  dedans  les  plus  saincts 
temples  des  Dieux,  voulant  que  les  Dieux  mesmes 
fussent  tesmoings  de  ce  qu'il  faisoit  en  son  privé.  » 
(v,  {"  423  ro.) 

P.  26,  1.  18.  Peu  d'hommes).  Rapprocher  Plutarque, 
Vie  de  PéricUs  :  «  Il  est  vray  qu'en  une  vraye  vertu 
entière  cela  est  toujours  le  plus  beau  qui  est  le  plus 
apparent,  et  il  n'y  a  rien  es  gens  de  bien  et  d'hon- 
neur que  les  estrangers  trouvent  si  admirable  comme 
leurs  domestiques  qui  sont  tousjours  à  l'entour 
d'eulx  trouvent  leur  vie  ordinaire.  »  (vu.)  Cicéron 
dit  dans  le  De  pclitione  consolatns  :  «  \'erior  fama  e 
domesticis  émanât.  » 

P.  26,  1.  20.  Nul  a  este  projeté).  Souvenir  de 
saint  Luc  :  «  Amen,  dico  vobis,  quia  nemo  propheta 
acceptus  est  in  patria  sua.  »  (iv,  verset  24.) 

P.  27,  1.  17.  Dict  Arislole).  Morale  à  Nicomaque, 
X,  vu. 

P.  27,  1.  23.  Je  conçois  aisément).  \o\x  essai  III,  xii. 

P.  29,  1.  3.  Sic  nhi  desuetœ).  «Ainsi  lorsque  les 
bêtes  sauvages,  déshabituées  de  leurs  forêts,  se  sont 
adoucies  dans  leur  captivité,  et  que  quittant  leur  mine 
menaçante  elles  soilfFrent  enfin  l'empire  de  l'iiomme; 
si  une  goutte  de  sang  vient  à  toucher  leurs  lèvres 
ardentes,  leur  rage  et  leur  férocité  aussitôt  se  réveille; 
au  goût  du  sang  leur  gosier  se  gonfle,  elles  brûlent 
de  s'assouvir,  et  c'est  à  peine  si  dans  leur  rage,  elles 
se  retiennent  de  déchirer  leur  maître  épouvanté.  » 
(Lucain,  IV,  237.)  Toutes  les  éditions.que  j'ai  consul- 
tées présentent,  au  premier  vers,  la  leçon  «clauso^K 

P.  29,  1.  10.  Le  langage  latin  m'est  comme  naturel). 
Sur  la  manière  dont  Montaigne  a  appris  le  latin, 
voyez  la  fin  de  l'essai  I,  xxvi.  Pour  Ici  pensée,  on 
peut  rapprocher  la  scène  bien  connue  de  l'écolier 
limousin  chez  Rabelais,  II,  vi. 

P.  32,  1.  3.  Z.fl  secte  de  Pythagoras).  Cf.  Séncquc  : 
«Pythagoras  ait,  alium  animum  fieri  intrantibus  tem- 
plum,  deorûmque  simulacra  ex  vicino  cerncntibus, 
&  alicujus  oraculi  operientibus  vocem.  »  (Ép.  94, 
p.  226.)  Voir  aussi  Plutarque,  Des  oracles  qui  ont 
cessé,  v,  {'•  338  r". 


P.  34,  1.  7.  Phocion).  Cf.  Plutarque,  Les  dicts 
notables  des  anciens  Roys,  Princes  &  grands  Capitaines  : 
«  Phocion  accomparoit  ses  propos  (de  Leosthenes) 
aux  C5'prés  :  Car  ils  sont,  disoit  il,  beaux,  droicts 
&  haults,  mais  ils  ne  portent  point  de  fruict. 
Et  comme  neantmoins  les  premiers  rencontres  en 
eussent  esté  heureuses,  &  la  ville  en  feist  sacrifices 
aux  Dieux  pour  les  bonnes  nouvelles,  quelqu'un 
luy  demanda  :  Et  bien  Phocion,  es  tu  content  que 
cecy  ait  esté  faict  ?  Bien  suis-je  content,  dit  il,  que 
cecy  soit  ainsi  advenu,  mais  je  ne  me  repens  point 
d'avoir  conseillé  cela.  »  (F°  197  v°.) 

P.  35,  1.  13.  Dans  l'cncheineurc).  A  ce  sujet  voir 
entre  autres  Cicéron,  De  fato,  ix. 

P.  35,  1.  17.  Celuy  qui  disoit).  Cf.  Plutarque,  Que 
l'on  ne  scaiiroit  vivre  joyeusement  selon  la  doctrine 
d'Epicurus  :  «  (Epicurus  estoit)  en  cela  bien  loing 
de  la  sentence  du  sage  Sophocles,  lequel  disoit,  qu'il 
estoit  bien  aise  d'estre  eschappé  des  liens  de  l'amour 
&  de  la  volupté,  comme  du  joug  &  de  la  chaîne 
d'un  maistre  violent  &  furieux.  »  (ix,  f*"  2S3  r'\) 
et.  aussi  Cicéron,  De  senectute,  xiv,  où  la  même 
opinion  est  attribuée  à  Sophocle.  Sénèque  l'exprime 
aussi  quelquefois  pour  son  propre  compte.  Cf.  par 
exemple  l'épître  12.  Il  est  vrai  qu'en  d'autres  endroits 
(ép.  26  par  exemple),  il  déclare,  comme  Montaigne, 
qu'on  ne  doit  pas  compter  pour  progrès  moral  les 
amendements  que  nous  devons  seulement  à  l'âge. 

P.  55,  1.  20.  Kec  tam  aversa).  «Et  on  ne  verra 
jamais  la  Providence  si  ennemie  de  son  œuvre  que 
la  fiiblesse  soit  mise  au  rang  des  meilleures  choses.  » 
(Quintilien,  Institution  oratoire,  \,  xii.) 

P.  36,  1.  9.  Elle  s'est  affoiblie  et  empiréc).  Pour  la 
même  idée',  cf.  l'essai  II,  xvii,  pp.  77-78. 

P.  37,  1.  I.  La  santé  m'advertit).  Pour  la  même 
idée,  cf.  l'essai  III,  ix. 

P.  37,  1.  7.  Conic  disoit  Aniistbencs).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  d'Autisthcne  :  «  Rogatus  quidnam  apud 
homines  esset  beatissimum  :  Felicem,  inquit,  mori.» 
(VI,  V,  349.) 

P.  38,  1.  24.  J'oscrois  croire).  Xénophon  exprime 
le  même  avis  dans  son  Apologie  de  Socrale. 


Chapitre   III. 


DE     TROIS      COMMERCES. 


P.  40,  1.  6.  Huic  versatile).  «  Il  avait  l'esprit  si 
souple  à  se  plier  également  à  toutes  occupations  que, 
quelle  que  fût  celle  qu'il  entreprît,  on  eût  dit  qu'il 
était  uniquement  né  pour  celle-là.  »  (Tite-Live, 
XXXIX,  XL.) 

P.  41,  1.  4.  Vitin  otij).  «Il  faut  échapper  par  le 
travail  aux  vices  de  l'oisiveté.  »  (Sénèque,  ép.  56.) 
Voici  le  texte  de  Sénèque  :  «  Nihilque  tam  certum 
est,  quam  ocii  vitia  negocio  discuti.  »  (P.  139.) 

P.  41,  1.  16.  Onihns  vivere).  «Pour  elles,  vivre 
c'est  penser.  »  (Cicéron,  Tusculanes,  V,  xxxviii.) 
«  Loquor  de  docte  homine  cui  vivere  est  cogitare  », 
dit  Cicéron. 

P.  41,  I.  19.  Dict  Aristote).  Dans  la  Morale  à 
Nicomaxjue,  X,  wii.  Cf.  aussi  Cicéron,  De  fiuihiis,  V, 
IV,  où  il  est  dit  qu'Aristote  et  Théophraste  ont 
préféré  la  méditation  à  toute  autre  occupation,  la 
méditation  «  quiv:  quia  deorum  erat  vitae  simillima 
sapiente  visa  est  dignissima  ». 

P.  42,  1.  II.  Une  lourde  ignorance).  Sur  ce  sujet 
cf  surtout  l'essai  II,  xvii,  436. 

P.  42,  I.  21.  Est  loitte  sapiance  insipide).  Cette  idée 
est  fortement  exprimée  chez  Sénèque,  ép.  14,  et 
surtout  ép.  103. 

P.  43,  1.  I.  Selon  qu'on  peut).  Cf.  Xénophon, 
Mémorables  :  «  Quapropter  illud  quoque  carmen 
commendabat  :  secundum  quod  potes  immortalibus 
diis  sacrificia  offeras.  Erga  etiam  amicos  aut  hospites, 
casteramque  vitam,  optimam  hanc  admonitionem 
esse  aiebat  :  Secundum  quod  potes  agas.  »  Rappelons 
que  sur  plusieurs  de  ses  volumes  (Pétrarque,  Hebreo) 
Montaigne  a  écrit  sous  le  titre  :  «  Mentre  si  puo.  » 


P.  43, 1.  24.  Comme  disait  cet  antien).  Cf.  Plutarque, 
De  la  pluralité  d'amis:  «L'amitié  est  bien  par  manière 
de  dire  beste  de  comp.ignie,  mais  non  pas  de  trouppe.» 
(11,  f°  103  v°.) 

P.  43,  1.  25.  Scrvile  prudence).  Pour  le  développe- 
ment de  ces  idées,  voir  l'essai  De  l'amitié,  I,  xxviii. 

P.  44,  1.  12.  Le  conseil  de  Platon).  Dans  les  Lois  : 
«  Alloquutlo  omnis  ad  servos  quodam  modo  impe- 
rium  sit,  neque  jocus  ullus  cum  ipsis  seu  fteminis 
sive  masculis  habeatur.  »  (vi,  777-778;  éd.  de  1546, 
p.  818.) 

P.  44,  1.  20.  Narras).  «  Vous  me  contez  la  généa- 
logie d'Eacus,  et  les  combats  livrés  sous  les  murs  sacrés 
d'Ilion,  mais  vous  ne  me  dites  pas  à  quel  prix  sera  le 
vin  de  Chio,  quel  esclave  chauffera  mon  bain,  ni  chez 
quel  hôte  et  à  quelle  heure  je  me  mettrai  à  l'abri  du 
froid  des  Pélignes.  »  (Horace,  Odes,  III,  xix,  3.) 

P.  44,  1.  26.  Comme  la  vaillance  Lacedemonienne) . 
Cf.  Plutarque,  Comment  il  fault  refréner  la  cholere  : 
«  C'est  pourquoy  les  Lacedemoniens  ostent  avec  le 
son  des  flûste  la  cholere  à  leurs  gens,  quand  ils  vont 
combattre.  »  (x,  f"  59  v".) 

P.  45,  I.  8.  Favcllar  in  punta  di  forchella).  Parler 
sur  la  pointe  d'une  fourchette  (c'est-à-dire  parler 
d'une  manière  subtile  et  recherchée). 

P.  45,  1.  10.  D'y  reserver  l'ordre).  C'est  l'idée  que 
Montaigne  développera  longuement  au  début  de 
l'essai  III,  viii.  Il  y  expliquera  que  l'ordre  est  le 
secret  de  «  l'art  de  conférer  » . 

P.  45,  1.  12.  Les  sçavans).  Encore  la  critique  du 
pédantisme  que  Montaigne  fait  surtout  dans  les 
essais  I,  xxv;  I,  xxvi;  IH,  viii. 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


P.  45,  1.  i8.  Hoc  serwonc  pavent).  «C'est  dans  ce 
Style  qu'elles  expriment  leur  crainte,  leur  colère, 
leur  joie,  leur  chagrin,  et  jusqu'à  leurs  plus  secrètes 
pensées.  Que  dirai-je  encore  ?  elles  se  pâment  doc- 
tement. »  (Juvénal,  vi,  189.)  Le  texte  de  Juvénal 
est  au  dernier  vers  :  «  Concumhunt  grœce.  » 

P.  45,  1.  28.  De  capsula  totœ).  «  Elles  ont  l'air  de 
sortir  d'une  boîte.»  D'après  Sénèque,  épître  115, 
qui  avait  dit  des  petits  maîtres  du  temps  :  «  Nosti 
complures  juvenes  barba  et  coma  nitidos,  de  capsula 
totos.  » 

P.  47,  1.  16.  Trefve  de  cérémonie).  Rapprocher  la 
fin  de  l'essai  I,  xiii,  57. 

P.  48,  1.  5.  Hyppomachiis).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Dion  :  «  Un  certain  maistre  de  lucte  &  d'escrime, 
nommé  H3''ppomachus,  disoit  qu'il  cognoissoit  bien 
de  tout  loing  ceulx  qui  avoient  appris  ces  exercices 
du  corps  soubz  luy,  à  les  veoir  tant  seulement 
revenir  du  marché  apportans  de  la  chair  en  leurs 
mains.  »  (i,  f°  669  v°.) 

P.  48,  1.  19.  Nain  nos  qitoque  ocnlos).  «Car,  nous 
aussi  nous  avons  des  yeux  qui  s'y  connaissent.  » 
(Cicéron,  Paradoxes,  V,  11.) 

P.  48.  1.  28.  Oiiiciinqne  Argolica).  «  Quiconque 
de  la  flotte  grecque  s'est  sauvé  d'entre  les  rochers 
de  Capharée,  détourne  toujours  ses  voiles  des  eaux 
de  l'Eubée.  »  (Ovide,  Tristes,  I,  i,  83.) 

P.  49,  1.  27.  Neqiie  affectiii  siio).  «  Incapables  d'at- 
tachement, insensibles  à  celui  des  autres.  »  (Tacite, 
Annales,  XIII,  xlv.) 

P.  50,  1.  I.  Suivant  la  persuasion  de  Lysias).  Cf. 
Platon  au  commencement  du  Phèdre.  Socrate  réfute 
par  la  suite  ces  principes  posés  par  Lysias. 

P.  51,  1.  3.  Par  la  difficulté).  Cf.  à  ce  sujet 
l'essai  II,  xv,  et  spécialement  la  note  p.  388,  1.  16. 

P.  51,  1.  4.  La  façon  de  l'empereur  Tibère).  Cf. 
Tacite,  Annales  :  «  In  his  modestam  pueritiam,  in 
aliis  imagines  majorum,  incitanientum  cupidinis 
habebat.  »  (VI,  i,  154.) 

P.  51,  1.  6.  La  courtisane  Flora).  C'est  Antoine 
de  Guevara  qui  a  vulgarisé  cette  histoire  dans  une 
de  ses  Epttrcs  doras  où  il  parle  longuement  de  trois 
courtisanes  anciennes  :  Lamis,  Lais  et  Flora.  (Cf. 
éd.  de  1565,  f°  149  v°.)  Je  la  retrouve  dans  les  TfwtoVw 


prodigieuses  de  Bouaystuau  (éd.  de  1567,  f"  85  i-°), 
qui  copie  textuellement  Guevara;  dans  les  Dames 
galantes  de  Brantôme  (t.  IX,  p.  300);  etc..  D'après 
ces  auteurs,  Flora  avait  placé  à  sa  porte  un  écriteau 
qui  disait  :  «  Roy,  Prince,  Dictateur,  Consul,  Cen- 
seur, Pontife  et  Questeur,  pourront  heurter  et  entrer 
céans.  »  (^Épîtres  dorées,  f°  149  v°.) 

P.  51,  1.  20.  Ches  le  grand  seignur).  Cf.  Guillaume 
Postel,  Histoire  des  Turcs  :  «  Ces  jeunes  gens  icy, 
ne  sont  de  plus  haut  aage  que  de  vingt  ou  vingt  et 
deux  ans  pour  le  plus,  tous  beaux  jeunes  hommes 
esclaves...  »  (Ed.  de  1560,  3''  partie,  p.  3.) 

P.  51,  1.  23.  Les  offices  d'amitié).  Dans  l'essai  I, 
xxvin,  Montaigne  a  déclaré  qu'aucune  femme  ne 
s'estait  encore  élevée  à  la  vraie  amitié. 

P.  52,  1.  12.  //  a  beau  aller  à  pied).  Rapprocher 
Rabelais  :  «  Les  Philosophes  disent  soy  pour  mener 
près  la  mer,  et  naviguer  près  la  terre  estre  chose 
moult  seure  et  délectable  :  comme  aller  à  pied,  quand 
l'on  tient  son  cheval  par  la  bride.  »  (FV',  xxiii.) 

P.  52,  1.  13.  Nostre  Jacques).  Cf.  Olivier  de  la  Mar- 
che, Mémoires  :  «  Le  Roy  Jaques  de  Xaples,  se  tira,  des 
Italies,  au  pais  de  Bourgongne,  au  lieu  de  Besançon  : 
&  me  souvient  que  les  gens  d'église  de  la  vile  de 
Pontarli,  ensemble  les  nobles,  les  bourgeois,  &  mar- 
chans,  firent  une  congrégation  &  une  assemblée, 
par  procession,  pour  aler  au-devant  du  Roy  Jaques 
qui  venoit  en  ladicte  ville  :  &;  y  mena  le  maistre  de 
l'escole  ses  escoliers  :  duquel  nombre  j'estoye  :  &  ay 
bien  mémoire  que  le  Roy  se  faisoit  porter,  par 
hommes,  en  une  civière,  en  quoy  l'on  porte  les 
fiens  &  les  ordures  communément  :  &  estoit  le  Roy 
demy-couché,  demy-levé,  &  appuyé  à  l'encontre 
d'un  pauvre  méchant  derompu  oreillier  de  plume. 
Il  avoir  vestu,  pour  toute  parure,  une  longue  robe 
d'un  gris  de  trespetit  pris  :  &  estoit  ceint  d'une  corde 
nouée,  à  façon  de  Cordelier  :  &  en  son  chef  avoit 
un  gros  blanc  bonnet  (que  l'on  appelle  une  cale) 
nouée  par  dessous  le  menton  :  &:  de  sa  personne  il 
estoit  grand  Chevalier,  moult  beau,  &  moult  bien 
formé  de  tous  membres.  Il  avoit  le  visage  blond 
&  agréable  :  pouvoir  avoir  environ  quarante  ans 
d'aage  :  &  après  luy  venoyent  quatre  Cordeliers  de 
l'observance,   que   l'on   disoit   moult   grans   clercs, 


LIVRE      III,      CHAPITRE      III. 


371 


&  de  saincte  vie  :  &  iipres  iccux,  un  peu  sur  le  loing, 
venoit  son  estât  :  ou  il  pouvoit  avoir  deux  cens 
chevaux  :  dont  il  y  avoir  litière,  chariot  couvert, 
haquenees,  mules  &  mulets,  dorés  &;  enharnachés 
honnorablement.  Il  avoit  sommiers  couverts  de  ses 
armes,    &    nobles    hommes    &    serviteurs    trèshien 


vestus  &  en  bon  poinct  :  &  en  celle  pompe  humble 
&  dévote  ordonnance,  entra  le  Roi  Jaques  en  la 
vile  de  Pontarli.  »  (P.  78.) 

P.  54,  1.  5.  Magna  scrvitus  est).  «Une  grande 
fortune  est  une  grande  servitude,  d  (Sénèque,  Conso- 
latio  ad  Polybiiiiu,  xxvi.) 


Chapitre  IV. 


DE      LA      DIVERSION. 


P.  56,  TITRE.  On  remarquera  combien  la  méthode 
morale  exposée  dans  cet  essai  en  vue  de  purger  les 
passions  diffère  de  celle  que  Montaigne  semble  s'être 
d'abord  proposée.  Gf.  les  essais  I,  xiv,  I,  xx,  etc. 
En  lisant  les  Tiisculancs,  III,  xxxi,  et  III,  xxxii,  on 
verra  que  cette  méthode  est  très  voisine  de  celle 
d'Epicure,  et  que  Montaigne,  en  la  prêchant,  se 
sépare  non  seulement  de  la  méthode  des  stoïciens, 
mais  même  de  celle  des  péripatéticiens  que  préconise 
Cicéron. 

P.  56,  1.  3.  Uherihus  semper).  «Une  femme  tient 
toujours  en  réserve  des  larmes  abondantes  toujours 
prêtes  à  couler,  et  -qui  n'attendent  qu'un  signal  de 
sa  part.  »  (Juvénal,  vi,  272.) 

P.  57,  1.  8.  Corne  Cleanthcs).  Cf.  Cicéron,  Tiiscu- 
lancs :  «  Sunt  qui  unum  officium  consolantis  putent, 
malum  illud  omnino  non  esse,  ut  Cleanthi  placet. 
Sunt  qui  non  magnum  malum,  ut  Peripatetici. 
Sunt  qui  abducunt  à  malis  ad  bona,  ut  Epicurus. 
Sunt  qui  satis  putant  ostendere  nihil  inopinati  acci- 
disse,  nihil  mali.  Chr3'sippus  autem  caput  esse  censet 
in  consolando  detrahere  illam  opinionem  mœrenti, 
se  oflîcio  fungi  pulet  justo  atque  debito.  Sunt  etiam 
qui  haec  omnia  gênera  consolandi  colligunt  :  alius 
enim  alio  modo  movetur,  ut  ferè  nos  omnia  in 
consolationem  unam  conjecimus.  »  (III,  xxxi;  t.  W, 
p.  152.) 

P.  57,  1.  19.  AiUeurs).  Allusion  à  l'essai  II,  xxxiii. 
Voir  en  particulier  la  fin  de  cet  essai. 

P.  57,  1.  20.  L'usage  des  viiliteres).  Il  y  a  peut-être 
ici  chez  Montaigne,  qui  ne  semble  pas  lire  Plutarque 
entre  1588  et  1592,  une  réminiscence  imprécise  du 


passage  de  la  Vie  de  Pcn'clès  que  voici  :  «  Et  pourtant 
Pericles  relaschant  encore  plus  alors  la  bride  au 
peuple,  faisoit  toutes  choses  pour  luy  aggreer  &  com- 
plaire, donnant  ordre  qu'il  y  eust  tousjours  en  la 
ville  quelques  jeux,  quelques  festes,  banquets  &:  passe- 
temps  publiques,  pour  entretenir  la  commune  de 
telz  plaisirs  honnestes  :  &;  oultre  cela,  il  envoyoit 
tous  les  ans  à  la  guerre  une  armée  de  soixante  galè- 
res, sur  lesquelles  y  avoir  bon  nombre  de  pauvres 
citoiens,  qui  neuf  mois  de  l'an  durant  prenoient  soude 
du  public,  &  quand  &  quand  s'apprenoient  &  s'exer- 
citoient  à  l'expérience  de  la  marine.  D'avantage  il 
envoya  au  pais  de  la  Cherronese  mille  bourgeois 
pour  y  habiter,  &  departer  les  terres  entre  eulx, 
cinq  cents  en  l'isle  de  Naxe,  en  celle  d'Andros  deux 
cents  cinquante,  en  la  Thrace  mille,  pour  habiter 
avec  les  Bisaltes,  &  d'autres  en  Italie  quand  la  cité 
de  Sybaris  fut  rebastie,  qui  depuis  fut  surnommée 
la  ville  des  Thuriens  :  ce  qu'il  faisoit  pour  descharger 
la  ville  d'une  multitude  oisive,  qui  pour  son  oisiveté 
estoit  curieuse  &  désireuse  de  choses  nouvelles, 
&  aussi  pour  prouveoir  à  la  nécessité  des  pauvres 
bourgeois  qui  n'avoient  rien,  avec  ce  que  en  logeant 
ainsi  des  naturelz  citoiens  d'Athènes  auprès  de  leurs 
subjects  ou  alliez,  ce  leur  estoit  comme  une  garnison 
qui  les  tenoit  en  bride,  «Se  les  gardoit  d'attenter 
aucune  nouvelleté.  »  (xxii,  f"  108  r°.) 

P.  57,  1.  23.  Le  Sieur  de  Hiinbercourl).  Cf.  Com- 
mines.  Mémoires,  II,  m. 

P.  58,  1.  31.  Obstupuil  virgo).  «La  jeune  fille  est 
saisie  d'étonnement,  et,  séduite  par  le  fruit  brillant, 
elle  se  détourne  de   sa  course  et  ramasse  l'or  qui 


LIVRE     III,      CHAPITRE     IV 


roule  à  ses  pieds.  »  (Ovide,  Mctaiiwrpboses,  X,  666.') 
C'est  sans  doute  d'Ovide  que  Montaigne  a  pris  tout 
ce  conte. 

P.  59,  I.  7.  Ahdiicendus).  «Il  faut  même  parfois 
détourner  l'âme  vers  d'autres  goûts,  d'autres  préoccu- 
pations, d'autres  soins,  d'autres  travaux;  souvent 
même  on  doit  essayer  de  la  guérir  par  le  changement 
de  lieu,  comme  les  malades  qui  ne  sauraient  autre- 
ment recouvrer  la  santé.  »  (Cicéron,  Tusculanes,  IV, 
XXXV.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  de  Paris  1538. 

P.  59,  1.  18.  Les  disciples  de  Hegesias).  Cf.  Cicéron, 
Tusculanes  :  «  Hoc  quidem  à  Cyrenaico  Hegesia  sic 
copiose  disputatur,  ut  is  à  Rege  Ptolemœo  prohibitus 
esse  dicatur  illa  in  scholis  dicere,  quo  multi  his 
auditis  mortem  sibiipsi  consciscerent.  »  (I,  xxxiv; 
t.  I\',  p.  121.)  Cf.  aussi  Valère  Maxime,  VIII,  ix, 
ext.  3. 

P.  éo,  1.  7.  Siibrius  Flavius).  Cf.  Tacite,  Annales  : 
«  Is  proximo  in  agro  scrobem  eftbdi  jussit,  quem 
Flavius  ut  humilem  &  angustum  increpans,  circum- 
stantibus  militibus  :  Ne  hoc  quidem,  inquit,  ex 
disciplina;  admonitus  fortiter  protenderc  cervicem  : 
Utinam,  ait,  tu  tam  fortiter  ferias.  Et  ille  multuni 
tremens,  cùni  vix  duobus  ictihus  caput  amputa- 
visset...  »  (XV,  Lxvii,  313.) 

P.  éo,  1.  25.  Pour  L.  Syllanus).  Id.,  ibid.  :  «  A  cen- 
turione  ad  cxdem  misso  corripitur.  Suadentique 
venas  abrumpere,  animum  quidem  morti  destinatum 
ait,  sed  non  permittere  percussori  gloriam  ministerii. 
At  centurio  quanivis  inermem,  prievalidum  tamen 
&  ira;  quàm  timori  propiorem  cernens,  premi  à  mili- 
tibus jubet.  Nec  omisir  Silanus  obniti,  <Sc  intendere 
ictus  quantum  manibus  nudis  valebat,  donec  à  centu- 
rione  vulneribus  adversis  tanquam  in  pugna  caderet.» 
(XVI,  IX,  321.) 

P.  61,  1.  8.  Spcro).  «J'espère,  pour  moi,  que,  si 
les  dieux  justes  ont  quelque  pouvoir,  tu  trouveras 
ton  supplice  parmi  les  écueils  et  qu'en  expirant  tu 
invoqueras  le  nom  de  Didon...  Je  le  saurai  :  le  bruit 
en  viendra  jusqu'à  moi  dans  le  séjour  des  mânes.  » 
(Virgile,  Enéide,  IV,  382,  387.) 

P.  éi,  1.  12.  Xenophon).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  de  Xénoplion  :  «  Porrô  Grj-llus...  dimicans  (erat 
autem  ea  pugna  circa   Mantineam)   honesta  morte 


defungitur...  Fertur  Xenophon  tune  coronatus  sacri- 
ficasse,  &  cùm  filium  cormisse  didicisset  coronam 
deposuisse  :  ubi  verô  acriter  pugnantem  oppetisse 
comperit,  eam  rursus  capiti  imposuisse.  »  (II,  liv, 
129.)  Cf.  aussi  Valère  Maxime,  IV,  x,  ext.  2;  Stobée, 
sermo  7,  et  sermo  106. 

P.  61,  1.  16.  Epicurus).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
d'Epicurc,  X,  xxii,  et  Cicéron,  De  finibus,  II,  xxx. 
En  1580,  Montaigne  avait  cité  d'après  Cicéron  la 
lettre  à  Hermachus  à  laquelle  il  fait  ici  allusion. 
Cf  l'essai  II,  xvi. 

P.  éi,  1.  17.  Oniues  clari).  «Tous  les  travaux 
accompagnés  de  gloire  et  de  réputation  sont  faciles 
à  supporter.  »  (Cicéron,  Tusculanes,  II,  xxiv.) 

P.  61,  1.  17.  Et  la  inesme  plaie).  Id.,  ibid.  :  «  Sem- 
per  Aphricanus  Socraticum  Xenophontem  in  manibus 
habehat,  cujus  in  primis  laudabat  illud  quod  diceret, 
eosdem  labores  non  esse  ceque  graves  Imperatori 
&  militi,  quod  ipse  honos  laborem  leviorem  faceret 
imperatorium.  »  (II,  xxvi;  t.  IV,  p.  138.) 

P.  61,  1.  19.  Epaniinondas).  Id.,  ibid.  :  «Num  tum 
ingemuisse  Epaminondam  putas,  cum  una  cum 
sanguine  vitam  effluere  sentiret?  Imperantem  enim 
patriam  Laceda;moniis  relinquebat,  quam  acceperat 
servientem.  »  (II,  xxiv.) 

P.  éi,  1.  20.  Hœc  sunt  solatia).  «Voilà  les  consola- 
tions, voilà  les  calmants  des  plus  grandes  douleurs.  » 
(Id.  ibid.,  II,  XXIV.) 

P.  62,  1.  I.  Nul  mal).  Cf.  Sénèque,  Épîtres  : 
«Libet...  ridere  ineptias  Graecas.  Zeno  noster  hac 
collectione  utitur.  Nullum  malum  gloriosum  est, 
mors  autem  gloriosa  est,  mors  ergo  non  est  malum.» 
(Ép.  82,  p.  188.) 

P.  62,  1.  2.  Nul  ne  fie).  Id.,  ibid.  :  «  Vult  nos  ab 
ebrietate  deterrere  Zenon,  vir  maximus,  hujus  sectje 
fortissimo  ac  sanctissima:  conditor.  Audi  ergo  quem- 
admodum  coUigit,  virum  bonum  non  futurum 
ebrium.  Ebrio  secretum  sermonem  nemo  committit, 
viro  autem  bono  committit  :  ergo  vir  bonus  ebrius 
non  erit.  »  (Ép.  83,  p.  192.) 

P.  62,  1.  22.  Cum  niorosa).  «  Lorsque  vous  serez 
tourmenté  par  les  plus  violents  désirs.  »  (Perse, 
Satires,  vi,  73.) 

P.  62,  1.  23.  Ccnjicito).  «  Déchargez  votre  humeur 


374 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


sur  le  premier  objet  qui  se  rencontre.  »  (Lucrèce,  IV, 
1062.)  Le  texte  de  Lucrèce  est  : 

«  Et  jdcerc  humorem  conlectum  in  corpora  quœque.  » 

P.  62,  \.  26.  Si  non  prima).  «  Si  vous  ne  mêlez 
à  ses  premiers  coups  de  nouvelles  blessures,  et  que 
vous  n'effaciez  ses  premières  impressions,  en  laissant 
errer  vos  caprices.  »  (Lucrèce,  IV,  1063.) 

P.  63,  1.  20.  //  n'attrihnoit).  Cf.  Cicéron,  Tnscu- 
laïu's  :  «  Nam  neque  vetustate  minui  mala,  nec  fieri 
prœmeditata  leviora,  stultàmque  etiam  esse  medita- 
tionem  futuri  mali,  aut  fortasse  ne  futur!  quidem.  » 
(III,  xv;  t.  IV,  p.  144.) 

P.  63,  1.  23.  Alcibiadcs).  Cf.  Plutarque,  Vie  d'Alci- 
biade  :  «  Il  avoit  un  chien  beau  &  grand  à  merveilles, 
qui  luy  avoit  cousté  700  escus,  il  luy  couppa  la 
cueuë,  qui  estoit  la  plus  belle  partie  qu'il  eust  : 
dequoy  ses  familiers  le  tenserent  fort,  disans  qu'il 
avoit  donné  à  parler  à  tout  le  monde.  &  que  chascun 
le  blasmoit  fort  d'avoir  ainsi  diffamé  un  si  beau  chien. 
II  ne  s'en  feit  que  rire  &  leur  dit.  C'est  tout  ce  que 
je  demande  :  car  je  veux  que  les  Athéniens  aillent 
cacquetant  de  cela,  à  fin  qu'ilz  ne  dient  rien  pis  de 
moy.  »  (xiv,  f"  133  r°.) 

P.  64,  1.  12.  FoHicuJos).  «Comme  ces  enveloppes 
légères  dont  les  cigales  se  dépouillent  en  été.  >> 
(Lucrèce,  V,  801.) 

P.  64,  1.  14.  Plutarque  viesme).  Dans  la  Consolation 
envoyée  à  sa  femme  sur  la  mort  de  sa  fille  :  «  Oultre 
l'amour  paternelle  que  Ion  a  communément  envers 
ses  petits  enfans,  encore  y  avoit  il  en  elle  une  pointe 
particulière  qui  me  la  faisoit  plus  chèrement  aimer, 
c'est  qu'elle  me  donnoit  du  plaisir  sans  que  j'aper- 
ceusse  jamais  en  elle  aucune  cholere,  ny  aucune 
mignardise  :  car  elle  avoit  une  doulceur  &  bonté 
naturelle  merveilleuse  :  &  ce  qu'elle  s'efforçoit  de 
monstrer  qu'elle  aimoit  ceulx  qui  l'aimoient,  &  s'es- 
tudioit  de  leur  complaire,  me  donnoit  du  plaisir, 
&  ensemble  cognoissance  d'une  grande  debonnaireté 
que  nature  avoit  mise  en  elle  :  car  elle  prioit  sa 
nourrice  de  donner  la  mammelle  non  seulement  aux 
autres  petits  enfans  qui  jouoient  avec  elle,  mais  au.ssi 
aux  pouppees  &  autres  jouets  d'enfans,  dont  elle  se 
jouoit,  comme  faisant  part  de  sa  table  par  humanité, 


&  communiquant  ce  qu'elle  avoit  de  plus  agréable 
à  ceulx  qui  luy  donnoient  plaisir.  »  (i,  f°  256  r°.) 

P.  64,  1.  16.  La  robe  de  Ciesar).  Cf.  Plutarque, 
Vie  d'Antonins,  iv,  î"  634  v°. 

P.  64,  1.  27.  His  se  stimulis).  «  Par  ces  aiguillons 
la  douleur  s'excite  elle-même.  »  (Lucain,  II,  42.) 

P.  65,  1.  4.  Ce  bo}i  empereur).  Tibère.  Cf.  Suétone, 
Vie  de  Tibère,  lxii. 

P.  65,  1.  20.  Polenion).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
de  Polcmon  :  «  Quin  a  cane  rabioso  impeditus  dum 
suram  morsu  discerperet,  ne  expalluit  quidem...  In 
theatris  quoque  nulla  miseratione  movebatur.  Nico- 
strato  enim,  qui  cognominabatur  Clytemnestra,  poëta 
quiddam  sibi  Cratique  recitante,  illôque  in  afîectum 
commiserationis  translato,  hic  ita  perseveravit,  ac  si 
non  audivisset.  »  (IV,  xvii,  25e.) 

P.  66,  1.  14.  Monsieur  de  Gramoni).  Philibert, 
comte  de  Gramont  et  de  Guiche,  qui  avait  épousé 
en  1567  la  belle  Corisande  d'Andouins,  à  laquelle 
Montaigne  venait  de  dédier  dans  les  Essais  de  1580 
(I,  xxix)  vingt-neuf  sonnets  de  son  ami  La  Boétie. 
Le  comte  de  Gramont  blessé  le  2  août  d'une  mous- 
quetade  mourut  quatre  jours  plus  tard. 

P.  66,  1.  19.  Ouintilian  dict).  Dans  ['Institution 
oratoire  :  «  Yidi  ego  scepe  histriones  atque  comœdos, 
cùm  ex  aliquo  graviore  actu  personam  deposuissent, 
flentes  adhuc  egredi...  Quibus  ipse,  quantuscumque 
su  m,  aut  fui...  fréquenter  motus  sum,  ut  me  non 
lacrj'maï  solùm  deprehenderint,  sed  pallor,  &  vero 
similis  dolor.  »  (VI,  11,  à  la  fin.) 

P.  66,  1.  24.  Font  le  prestre  martin).  Expression 
proverbiale  fondée  sur  le  conte  d'un  prêtre,  nommé 
Martin,  qui  faisait  la  fonction  de  prêtre  et  de  clerc 
en  disant  la  messe.  On  lit  dans  Y  Apologie  pour  Héro- 
dote d'Henri  Estienne,  XXXIII,  i  :  «  Il  n'avoit  qu'a 
respondre  qu'alors  ils  estoyent  prebstre  Martin  chan- 
tans  et  respondans.  »  (Éd.  de  1566,  p.  477.)  Cf. 
encore  Tabourot,  Les  Touches,  1,  i""  pièce,  etc. 

P.  68,  1.  I.  Cambises).  Cf.  Hérodote,  III,  xxx,  et 
aussi  Plutarque,  De  l'amitié  fraternelle  :  «  Cambyses 
...  pour  un  songe  qu'il  avoit  songé,  craignant  que 
son  frère  ne  vint  a  estre  roy  de  l'Asie,  sans  autre 
raison  ne  preuve  aucune  le  feit  mourir.  »  (xviii, 
f°  88  V".) 


LIVRE      ni,      CHAPITRE      IV. 


375 


P.  68,  1.  3.  Aristodeinus).  Cf.  Plutarque,  De  la 
superstition  :  «  L'ancien  roy  Midas  estant  troublé 
&  fasché  pour  quelques  songes  qu'il  avoit  songez,  à  la 
tîn  se  désespéra,  tellement  qu'il  se  feit  volontairement 
mourir,  en  beuvant  du  sang  de  taureau  :  &  Aristo- 
demus,  Roy  des  Messeniens,  estant  advenu  que  les 
chiens  hurlèrent  comme  des  loups,  &  qualentour 
de  son  autel  domestique  il  estoit  creu  de  l'herbe  qui 
s'appelle  chiendent,  &  que  ses  devins  luy  dirent  qu'ils 


redoubtoient  fort  ces  signes  là,  il  en  conceut  en  son 
cœur  une  si  grande  tristesse,  &  en  entra  en  si  grand 
desespoir,  qu'il  se  desfeit  luy  mesme.»  (ix,  f°  122  r°.) 
P.  68,  1.  II.  0  prima).  «O  première  argile, 
façonnée  si  malheureusement  par  Prométhée  !  Qu'il 
a  apporté  peu  de  sagesse  à  la  confection  de  son 
œuvre  !  Il  n'a  vu  que  le  corps  dans  son  art,  sans  se 
préoccuper  de  l'esprit;  cependant  c'est  par  l'esprit 
qu'il  aurait  dû  commencer.  »  (Properce,  III,  v,  7.) 


Chapitre   V. 


SVR      DES      VERS      DE      VIRGILE. 


P.  70,  1.  II.  Mens  intenta  suis).  «De  peur  que 
mon  âme  ne  soit  toujours  occupée  de  ses  maux.  » 
(Ovide,  Tristes,  IV,  i,  ^.)  Il  y  a  dans  Ovide  «ne 
foret».  Montaigne  adapte  la  phrase  au  contexte  en 
changeant  le  temps  du  verbe. 

P.  70,  1.  lé.  Animns  quoi  perdidit).  «  Uàme  désire 
ce  qu'elle  a  perdu  et  se  rejette  tout  entière  en  ima- 
gination dans  le  passé.  »  (Pétrone,  Satyricon,  128.) 

P.  70,  1.  19.  Le  double  visage  de  Janiis).  Montaigne 
trouve  cette  explication  en  particulier  dans  l'ouvrage 
de  Du  Choul,  Sur  la  religion  des  anciens.  Janus  est 
un  symbole  de  la  prudence  qui  contemple  à  la  fois 
l'avenir  et  le  passé'.  Sur  les  diverses  interprétations 
de  ce  symbole,  cf.  saint  Augustin,  Cité  de  Dieu, 
VII,  VIII,  et  le  Commentaire  de  Vives. 

P.  70, 1.  24.  Hoc  est).  «  C'est  vivre  deux  fois  que  de 
pouvoir  jouir  de  la  vie  passée.  »  (Martial,  X,  xxiii,  7.) 

P.  71,  I.  I.  Platon  ordonne).  Dans  les  Lois  :  «Nos 
autem  qui  seniores  sumus  in  his  spectandis  decenter 
versari  putamus,  dum  illorum  ludis  &  celeritate 
gaudemus,  quandoquidem  nos  corporis  levitas  desti- 
tuit,  cujus  desiderio,  certamina  his  ponimus,  qui 
quam  maxime  queant  xtatem  illam  juvenilem  in 
memoriam  nobis  revocare...  Conveniens  esse  videtur, 
ut  eum  qui  quam  plurimos,  &  quam  maxime  ad 
gaudium  provocet,  pr^ecipue  honoremus,  &...  victo- 
rem  esse  dicamus.  »  (11,  657;  éd.  de  1546,  p.  760.) 

P.  71,  1.  15.  J'aime  mieux  esire).  Cf.  Cicéron,  De 
sencclute  :  «  Ego  vero  me  minus  diu  senem  esse 
mallem,  quam  esse  senem  antequam  essem.»  (xix.) 
Montaigne  a  cité  ce  passage  en  latin  pour  en  critiquer 
la  cadence  dans  l'essai  II,  x,  p.  113,  I.  8  (1580). 


P.  71,  1.  22.  A  natura  disccdimus).  «Nous  nous 
éloignons  de  la  nature  pour  suivre  le  peuple  qui  n'est 
en  aucune  chose  un  bon  guide.  »  (Sénèque,  ép.  99.) 

P.  71,  1.  25.  Non  ponebat  enirn).  «Il  ne  mettait 
pas  les  rumeurs  du  peuple  au  dessus  du  salut  de 
l'Etat.  »  (Ennius,  chez  Cicéron,  De  officiis,  I,  xxiv.) 

P.  72,  1.  8.  5/7'/  arma).  «  A  eux  les  armes,  à  eux 
les  chevaux,  à  eux  les  javelots,  à  eux  la  massue, 
à  eux  la  paume,  à  eux  la  nage  et  la  course;  à  nous 
vieillards,  parmi  tant  de  jeux,  qu'ils  nous  laissent  les 
dés  et  les  osselets.  »  (Cicéron,  De  senectutc,  xvi.) 

P.  72,  1.  10.  Les  loi.x  inesnie).  Rapprocher  Cicéron, 
De  seucctute,  xi. 

P,  72,  1.  16.  Misée  stultitiam).  «  Mêle  à  ta  sagesse 
un  grain  de  folie.  »  (Horace,  Odes,  IV,  xii,  27.) 

P.  72,  1.  19.  In  fragili  corpore).  «Dans  un  corps 
débile,  la  moindre  atteinte  est  insupportable.  »  (Cicé- 
ron, De  senectutc,  x\-iii.) 

P.  72,  1.  21.  Mciisque  pati).  «Un  esprit  malade 
ne  peut  rien  souffrir  de  pénible.  »  (Ovide,  De  Ponto, 
I,  v,  18.) 

P.  72,  1.  24,  Et  niininuv  vires).  «  Le  moindre  eifort 
suffit  à  briser  ce  qui  est  déjà  fêlé.  »  (Ovide,  Tristes, 
III,  XI,  22.) 

P.  73,  1.  22.  Nos  maistres).  Allusion  à  la  théorie 
des  quatre  espèces  de  fureurs  qui  est  longuement 
développée  chez  Platon,  dans  le  Phèdre,  pp.  244  et 
suivantes. 

P.  74,  1.  5.  Ad  nullam  consurgit).  «Il  ne  se  tend 
vers  aucun  but  et  languit  avec  le  corps.  »  (Pseudo- 
Gallus,  I,  125.) 

P.  74,  1.  10.  Duiu  licet).   «  Tant  qu'elle  le  peut 


LIVRE      m,      CHAPITRE     V. 


377 


encore,  que  la  vieillesse  se  déride.  »  (Horace,  Épodes, 
xiii,  7.)  «  Dum  licet  »  est  de  Montaigne;  le  texte 
d'Horace  est  «  Et  decet  » . 

I".  74,  1.  II.  Tetrica  stint).  «Il  est  bon  d'égayer  la 
tristesse  par  des  plaisanteries.  »  (Sidoine  Apollinaire, 
Épist.,  I,  IX.) 

P.  74,  1.  14.  Tristemqtie  viiltiis).  «Et  la  tristesse 
arrogante  d'un  visage  renfrogné.  »  (Vers  3 1  du  pro- 
logue du  Joannes  Baptista,  tragédie  de  Buchanan, 
éd.  de  1579,  f°  40  v°.) 

P.  74,  1.  i^.  Et  bahet  tristis).  «Cette  foule  de  gens 
au  maintien  sévère  a  elle  aussi  ses  débauchés.  >> 
(Martial,  VII,  lvii,  8.) 

P.  74,  1.  lé.  Je  crois  Platon).  Voir  les  Lois,  VII, 
p.  791'.  Cette  idée  est  en  outre  développée  longue- 
ment dans  le  Tintée,  vers  la  fin. 

P.  74,  1.  18.  Sacrâtes  eut).  Cf.  Cicéron,  Tusculanes  : 
«  Hinc  est  ille  vultus  semper  idem  quem  dicitur 
Xantippe  prsdicare  solita  in  viro  suo  fuisse  Socrate  : 
eodem  semper  se  vidisse  exeuntem  illum  domo, 
et  revertentem.  Nec  vero  ea  frons  erat  qux  M.  Marcus 
Crassi  illius  veteris  quem  semel  ait  in  omni  vita 
risisse  Lucilius.  »  (III,  xv.)  Pour  Crassus,  cf.  en 
outre  Pline,  Histoire  naturelle,  VII,  xix;  Crinitus, 
De  honesta  disciplina,  XXI,  i;  etc. 

P.  75, 1.  2.  Ses  negotiations  pretandues).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Platon,  passim,  et  spécialement  p.  201  et 
suivantes.  Stella  est  la  traduction  latine  du  grec  ajTr,î. 

P.  75,  1.  2.  Non  pndeat).  «  N'ayons  pas  honte  de 
dire  ce  que  nous  n'avons  pas  honte  de  penser.  » 

P.  75,  1.  5.  Comme  les  mouches).  Cf.  Plutarque, 
De  la  tranquillité  de  l'aine  et  repos  de  l'esprit  : 
«  Comme  les  mousches  ne  se  peuvent  tenir  contre 
les  endroicts  des  miroirs  qui  sont  bien  lissez,  ains 
glissent,  &  au  contraire  elles  s'attachent  bien  à  ceux 
qui  sont  rabotteux  &  scabreux,  &  où  il  y  a  des 
graveures,  aussi  les  hommes  glissans  dessus  les 
aventures  qu'ils  ont  eues  guayes,  joyeuses  &  pros- 
pères, s'attachent  à  la  rememorasion  des  adverses 
&  malplaisantes.  »  (xv,  f"  73  v°.) 

P.  75,  1.  7.  Comme  les  vantouses).  Id.,  ibid.  : 
«  Comme  les  ventôses  &  cornets  attirent  ce  qu'il  y  a 

'  Je  dois  cette  référence  à  l'obligeance  de  Miss  Grâce  Norton. 


de  pire  en  la  chair  :  aussi  amasses-tu  a  l'encontre 
de  toy  mesme  ce  qu'il  y  a  de  plus  mauvais  en  toy.  » 
(viii,  f°  71  r°.) 

P.  75,  1.  22.  Quare  intia).  «  D'où  vient  qu'aucun 
vicieux  n'avoue  ses  vices?  Parce  qu'il  en  est  encore 
esclave.  Il  faut  être  éveillé  pour  raconter  ses  songes.  » 
(Sénèque,  ép.  53.) 

P.  75,  1.  23.  Les  maus  du  cors).  Id.,  ibid.  :  «  Pedes 
dolent,  articuli  punctiunculas  sentiunt  :  adhuc  dissi- 
mulamus,  &  aut  talum  extorsisse  nos  dicimus,  aut 
in  exercitatione  aliqua  laborasse.  Duhio  &  incipiente 
morbo,  quœritur  nomen,  qui  ut  talaria  C£eperit  inten- 
dere,  &:  utrosque  dextros  pedes  fecerit,  necesse  est 
podagram  fateri.  Contra  evenit  in  iis  morbis,  quibus 
afficiuntur  animi,  quo  quis  pejus  se  habet,  minus 
sentit.  »  (Ep.  53,  p.  136.) 

P.  76,  1.  6.  Si  que  j'rcite).  Cf.  les  mêmes  idées 
dans  l'essai  III,  i,  3. 

P.  76,  1.  II.  Ccluy  qui  s'enquestoit).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Thaïes  :  «  Percontanti  adultero,  an 
juraret  non  commisisse  se  adulterium,  non  est,  ait, 
perjurium  adulterio  deterius.  »  (I,  xxxvi,  35.)  Mon- 
taigne a  mal  pris  le  sens  de  Diogène,  égaré  peut-être 
par  la  ponctuation  de  son  édition,  ou  bien  peut-être 
encore  par  quelque  auteur  de  seconde  main  auquel 
il  doit  ce  récit.  Chez  Diogène  en  effet  la  réponse  de 
Thaïes  est  interrogative  et  signifie  :  le  parjure  n'est-il 
pas  pire  encore  que  l'adultère?  Il  ne  faut  donc  pas 
se  parjurer  pour  dissimuler  un  adultère. 

P.  76,  1.  20.  Comme  on  fit  Origene).  Cf.  Nicéphore 
Calliste,  Histoire  ecclésiastique  :  «  Or  avoit-il  attiré 
près  de  luy  un  vilain  &  impudique  paillard  du  pays 
d'Ethiopie,  duquel  il  le  menaçoit,  s'il  ne  vouloit 
accorder  à  faire  sacrifices  à  leurs  dieux  :  Car  il  luy 
dit  que  ce  putier  détestable  le  congnoistroit  charnel- 
lement, &  souilleroit  son  corps  par  paillardise  autant 
abominable  &  exécrable  par  dessus  toutes  malédic- 
tions, comme  elle  est  contre  nature.  Telle  fut  la 
menée  que  le  juge  luy  brassa,  meslée  avec  menaces. 
Origenes  donc,  faisant  élection  de  la  chose  qui  estoit 
pire,  ayma  mieux  renoncer  à  la  foy  qu'au  paravant 
il  avoit  eu  en  Jesus-Christ,  &  souiller  par  ce  moyen 
son  ame  sans  aucun  profit,  que  de  souffrir  son  corps 
estre  aucunement  contaminé.  »  (V,  xxxii.) 


378 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  76,  1.  27.  Ariston  disait).  Cf.  Plutaïque,  De  la 
curiosité  :  «  Comme  disoit  Ariston,  les  vents  que  nous 
haïssons  le  plus,  ce  sont  ceulx  qui  nous  rebrassent 
noz  habillements.  »  (m,  f°  64  r°.) 

P.  77,  1.  23.  Archelaus).  Id.,  Les  dicts  notables  des 
anciens  Roys,  Princes  &  grands  Capitaines  :  «  Comme 
il  (Archelaus)  passoit  par  la  rue,  on  respandit  de  l'eau 
sur  luy,  à  raison  dequoy,  ceulx  qui  se  trouvèrent 
auprès,  Tirritans  alencontre  de  celuy  qui  avoit  versé 
l'eau,  disoient  qu'il  le  devoit  bien  faire  chastier:  voire 
mais,  dit-il,  il  n'a  pas  versé  ceste  eau  sur  moy,  mais 
sur  celuy  qu'il  pensoit  que  je  fusse.»  (F"  191  r°.) 

P.  77,  1.  26.  Sacrales).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
de  Socrate  :  «  Dicenti  cuidam,  nonne  tibi  ille  male- 
dicit?  Non,  inquit,  mihi  enim  ista  non  adsunt.  » 
(II,  xxxvi,  118.) 

p.  78,  1.  20.  Nous  prononçons  hardiment).  Pour  la 
pensée,  rapprocher  Cicéron,  ÉpUres,  IX,  xxii.  Voir 
aussi  dans  les  Erreurs  populaires  au  fait  de  la  médecine 
de  Laurent  Joubert  les  préfaces  de  la  seconde  édition 
qui  s'étendent  longuement  sur  ce  sujet. 

P.  79,  1.  6.  Aristote  qui  dict).  Dans  la  Morale  à 
Kicomaque,  l\,  ix. 

P.  79,  1.  II.  Ceux  qui).  Cf.  Plutarque,  Qu'il  fault 
qu'un  philosoplje  converse  avec  les  Princes  &  grands 
seigneurs,  v,  f°  134  r". 

P.  79,  1.  13.  Tu,  Dea).  «  Toi,  déesse,  toi  seule,  tu 
gouvernes  le  monde;  sans  toi,  rien  ne  s'élève  aux 
rivages  célestes  du  jour;  rien  n'est  gai,  ni  aimable.» 
(Lucrèce,  I,  xxii.)  Le  début  du  premier  vers  est 
imité  de  Lucrèce,  I,  vi  :  «Te,  dea,  te...  » 

P.  79,  1.  27.  Agnosco).  «Je  reconnais  les  traces  de 
mon  ancienne  flamme.  »  (Virgile,  Enéide,  IV,  xxiii.) 

P.  80,  1.2.  Nec  mihi).  «  Et  que  cette  chaleur  me 
reste  dans  l'hiver  de  ma  vie.  »  (Jean  Second,  Elégies, 
I,  III,  29.) 

P.  80,  1.  5.  Quai  l'alto).  «Ainsi  la  mer  Egée, 
battue  par  l'Aquilon  ou  le  Notus,  ne  s'apaise  pas 
subitement  après  la  tempête;  longtemps  tourmentée, 
elle  s'agite  et  gronde  encore.  »  (Torquaio  Tasso, 
Gerusalemme  liberata,  xii,  63.) 

P.  80,  I.  12.  Et  versus).  «  Et  le  vers  a  des  doigts  » 
(pour  chatouiller).  (Juvénal,  vi,  196.) 

P.  80,  1.   lé.  Dixerat).   «Elle  dit;  et,  comme  il 


hésite,  la  déesse  l'enlace  mollement  de  ses  bras  blancs 
comme  la  neige.  Soudainement  Vuicain  se  sent 
envahi  de  la  flamme  accoutumée;  une  ardeur  qu'il 
connaît  bien  le  pénètre  jusqu'à  la  moelle  et  court 
dans  ses  os  frissonnants.  Ainsi  brille  le  sillon  qui 
s'ouvre  avec  le  tonnerre  et  d'où  s'échappent  les  feux 
dont  les  nuages  sont  illuminés...  Ayant  dit  ces  mots, 
Vuicain  répondit  aux  embrassements  de  son  épouse, 
puis,  couché  sur  son  sein,  il  s'abandonna  tout  entier 
aux  charmes  d'un  doux  sommeil.  »  (Virgile,  Enéide, 

VIII,  387  et  404.)  Les  trois  derniers  de  ces  vers 
sont  commentés  dans  les  Nuits  attiques  d'Aulu-Gelle, 

IX,  x. 

P.  81,  1.  13.  Dict  ailleurs).  Cf.  l'essai  I,  xxx. 

P.  81,  1.  17.  Les  médecins).  Peut-être  souvenir  de 
ce  que  Plutarque  dit  de  Dioclès,  Opinions  des  philo- 
sophes, y,  IX. 

p.  81,  1.  22.  Quo  rapiat  sitiens).  «  Afin  qu'elle 
saisisse  avec  avidité  les  dons  de  Vénus  et  qu'elle  les 
recèle  profondément.»  (Virgile,  Géorgiques,  III,  137.) 

P.  82,  1.  19.  Antigonus).  Cf.  Plutarque,  De  la 
mauvaise  honte  :  «  Et  Antigonus  un  jeune  homme 
qui  estoit  fils  d'un  gentil  centenier,  mais  luy  estoit 
lasche  &  couard,  &  neantmoins  demandoit  à  estre 
avancé  en  la  place  de  son  feu  père  :  Jeune  fils,  dit-il, 
je  recompense  la  prouesse,  &  non  pas  la  noblesse 
de  mes  soudards.  »  (x,  f°  80  r°.) 

P.  82,  1.  23.  Des  officiers  des  Roys).  Cf.  Hérodote, 
«  Les  Lacedemoniens  conviennent  aussi  avec  les 
Eg}'ptiens  en  ce  que  les  enfants  des  trompettes, 
menestriers  &  cuisiniers  des  rois  succèdent  aux  états 
de  leurs  pères,  tellement  que  cuisinier  engendre 
cuisinier,  ménétrier  ménétrier,  et  trompette  trom- 
pette; ni  autres,  pour  excellents  qu'ils  soient  en  ces 
arts,  peuvent  envier  sur  eux,  mais  sont  entretenus 
&  continués  es  états  de  leurs  pères.»  (VI,  Lx;  t.  II, 
f°  20  v".) 

P.  82, 1.  26.  Cens  de  Calecul).  Cf.  Goulard,  Histoire 
du  Portugal  :  «  Il  est  défendu  aux  gentils-hommes  de 
se  marier,  afin  que  rien  ne  les  empesche  de  s'exercer 
continuellement  aux  armes.  Mais  un  chacun  a  plu- 
sieurs Damoiselles  à  son  commandement  :  &  estime- 
on  qu'ils  ayent  commis  un  crime  horrible  entre  les 
autres,  s'ils  ont  la  compagnie  d'une  femme  qui  ne 


LIVRE     III,      CHAPITRE     V 


379 


soit  point  Damoiselle.  Ces  Damoiselles  ont  aussi 
autant  de  rufiens  qu'il  leur  plait  pourveu  que  ce 
soyent  Naires,  c'est-à-dire  Gentils-hommes.  Les  uns 
ne  sont  point  jaloux  des  autres...  Si  un  Naire  pail- 
larde avec  une  roturière,  ses  compagnons  le  hachent 
en  pièces.  Les  femmes  nobles  aussi  qui  ont  affaire 
avec  autres  que  Naires,  sont  traittées  de  mesme.  Si 
quelque  roturier  les  touche,  ils  estiment  que  cela 
souille  leur  noblesse  :  &  ne  trouvent  meilleur  expé- 
dient de  venger  cette  grande  injure,  que  de  tuer  ces 
misérables  qui  se  sont  approchez  un  peu  trop  près 
d'eux.  Voilà  pourquo)'  quand  ceux  qui  ne  sont  pas 
nobles  marchent  çà  ou  là,  ils  sont  contraints  de  crier 
à  haute  voix,  comme  pour  dire  qu'ils  sont  en  chemin. 
Quand  les  Naires  entendent  à  ces  cris  que  les  autres 
s'approchent,  ils  leur  commandent  de  se  tirer  à 
quartier,  &  par  ce  moyen  les  ignobles  évitent  la 
mort,  &  les  nobles  l'ignominie  perpétuelle.  En  ce 
lieu  la  noblesse  ne  s'obscurcit  pour  méchanceté  que 
le  noble  commette,  &  ne  faut  pas  qu'un  roturier  pense 
jamais  estre  autre,  fut-il  le  plus  sage  &  vertueux  de 
tous  les  hommes  du  monde  :  il  faut  nécessairement 
que  chacun  demeure  en  la  condition  en  laquelle  ont 
esté  ses  prédécesseurs.  Les  mestiers  sont  tellement 
distinguez,  que  ceux  de  l'un  ne  peuvent  marier  leurs 
filles  à  ceux  de  l'autre.  Comme  par  exemple  les  fils 
d'un  cousturier  ne  peuvent  espouser  les  filles  d'un 
cordonnier,  n'y  apprendre  autre  mestier  que  celuy 
de  leur  père  :  &  font  de  mesme  es  autres  mestiers 
par  une  coustume  obser\'ée  entre  eux  de  tout  temps.» 
(II,  III,  f"  34  r".) 

P.  83,  1.  22.  Optato  quam).  «  Celle  qui  au  flam- 
beau de  l'hymen  a  été  unie  à  celui  qu'elle  aimait.  « 
(Catulle,  Lxiv,  79.) 

P.  84,  1.  10.  Sacrâtes,  eiiqitis).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  de  Socrate  :  «  Interrogatus  utrum  melius  esset, 
uxorem  ducere,  necne  :  utrumvis  horum,  inquit, 
egeris,  pœnitentia  duceris.  »  (II,  xxxiii,  116.) 

P.  84,  1.  13.  Homo  hoinini).  «  L'homme  est  à 
l'homme  ou  un  dieu,  ou  un  loup.  »  La  première 
sentence,  Homo  homini  deus,  est  du  poète  comique 
Cecilius,  qui  avait  dit  au  rapport  de  Symmaque,  Ep.  X, 
104  :  «  Homo  homini  deus,  si  suum  oflîcium  sciât.  » 
L'autre  proverbe,  Homo  homini  lupus,  se  trouve  dans 


Plaute,  Asinaria,  acte  II,  scène  iv,  vers  88  :  «  Lupus 
est  homo  homini,  non  homo  quum,  qualis  sit  non 
novit.  » 

P.  84,  1.  19.  Et  mihi  dttlce).  «A  moi  aussi  il  m'est 
plus  agréable  de  vivre  sans  cette  chaîne  au  cou.  » 
(Pseudo-Gallus,  I,  lxi.)  Le  texte  porte  Sed  mihi  au 
lieu  de  Et  mihi. 

P.  85,  1.  28.  Fatum  est).  «Il  y  a  une  fatalité  atta- 
chée à  ces  parties  que  cachent  nos  vêtements  :  car, 
si  les  astres  ne  te  protègent,  il  ne  te  ser\-ira  de  rien 
d'avoir  les  plus  belles  apparences  de  virilité.  »  (Juvé- 
nal,  IX,  32.)  Toutes  les  éditions  que  j'ai  consultées 
portent  cessant  (à  l'indicatif). 

P.  86,  1.  8.  Jiippiter  aveq  sa  famé).  Cf.  l'essai  I, 
XXX,  p.  260,  1.  8,  et  la  note. 

P.  86,  1.  14.  Isocrates  disoit).  Ce  mot  est  rapporté 
chez  Elien,  Histoires  diverses,  XII,  lu;  éd.  grecque- 
latine  de  1556,  p.  489;  Breslay,  Anthologie,  I, 
xxxix;  etc. 

P.  87,  1.  4.  Lyciirous).  Cf.  l'essai  II,  xv,  p.  382, 
1.  4. 

P.  87,  1.  5.  Les  femmes  n'ont  pas  tort).  On  peut 
voir  sur  cette  idée  un  morceau  intéressant  de  Gelli, 
Circé,  dialogue  V  (spécialement  p.  151  de  la  traduc- 
tion de  Denys  Sauvage,  1550).  Il  n'est  pas  impossible 
que  Montaigne  s'en  soit  souvenu. 

P.  87,  1.  15.  Venus  huic  erat).  «Il  connaissait  et 
l'un  et  l'autre  amour.  »  (^Ovide,  Metamorplwscs,  III, 
323.)  Il  s'agit  de  Tirésias  dont  la  métamorphose  est 
contée  par  Ovide. 

P.  87,  1.  18.  Luy  despiicela).  Proculus,  qui  s'en 
glorifie  lui-même  dans  une  lettre  à  Metianus,  en  ces 
termes  :  «  Centum  ex  Sarmatia  virgines  cepi.  Ex 
his  una  nocte  decem  inivi.  Omnes  tamen,  quod  in 
me  erat,  mulieres  intra  dies  quindecim  reddidi.  » 
Cf.  Flavius  Vopiscus,  Vie  de  Proculus.  Ce  fait  ainsi 
que  ceux  qui  suivent  se  retrouve  dans  plusieurs 
écrits  du  XVI'  siècle,  cf.  par  exemple  Crinitus,  De 
hoiusta  disciplina,  VIII,  vu;  du  Verdier,  Suite  des 
Diverses  leçons,  V,  xxxiv,  dans  un  chapitre  intitulé  : 
«  De  ceulx  qui  ont  esté  les  plus  fœconds  à  engendrer 
enfans,  et  de  la  lubricité  desmesurée  de  l'empereur 
Procul  qui  engrossa  cent  vierges  de  Sarmatie  en 
quinze  jours  »;  etc. 


38o 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


P.  87,  1.  22.  Adhiic  nrdeiis).  «  Brûlante  encore  de 
volupté,  elle  se  retire  épuisée,  mais  non  pas  assouvie.» 
(Juvénal,  Satires,  vi,  128.)  Ces  vers  sont  cités  exac- 
tement dans  le  passage  de  Nicolas  Bohier  auquel 
Montaigne  semble  emprunter  le  fait  suivant. 

P.  87,  1.  24.  Sur  le  différent  advenu).  Cf.  Nicolas 
Bohier,  Decisiones  Burdegalenses  :  «  Hieronymus  Pau- 
lus...  retulit  illum  vidisse  tempore  suo  honiinem 
quemdam  fuisse  Cathaloni;e,  tantum  in  re  venerea 
potentem,  quod  qualibet  die  uxorem  suam  X  vicibus 
cognoscebat,  qu£e  reginam  Aragonias  sécréta  conquesta 
fuit,  vocatoque  viro  confessus  est  ita  rem  se  habere. 
Quare  mandavit  ei  sub  pœna  capitis  ne  amplius 
quam  sexies  in  die  uxorem  suam  cognosceret,  ne 
(ut  ait)  mortis  periculum  mulier  incurreret.  Unde 
de  potentia  viri  non  tantum  mirari  oportet,  quantum 
de  querela  uxoris.  Licet  enim  minus  audeant  feminaa 
quam  mares...  tamen  in  turpibus  obscenisque  atque 
venereis  actibus  sunt  audaciuscuLx...  »  (Quxst.  316, 
•n.  9;  éd.  de  Lj'on  1567,  p.  632;  de  L5'on  1579, 
p.  563.)  Il  faut  ajouter  toutefois  que  ce  récit  avait 
été  déjà  vulgarisé  par  des  compilateurs  dans  des  listes 
d'exemples  tout  à  fait  analogues  à  celle  que  Mon- 
taigne présente  ici,  ainsi  par  du  Verdier  dans  sa 
Suite  aux  Diverses  leçons  de  Pierre  de  Messie,  V,  xxxiii, 
et  après  lui  par  Bouchet  dans  la  troisième  de  ses 
Scrées  (éd.  de  1585,  f"  57  r°),  dans  la  neuvième  des 
Matinées  de  Nicolas  de  Cholières  (1585).  Il  est 
probable  que  Montaigne  ne  .se  rencontre  pas  ici  for- 
tuitement avec  du  Verdier,  mais  que  c'est  du  Verdier 
qui  lui  suggère  cet  exemple.  Cette  hypothèse  est 
d'autant  plus  vraisemblable  que,  près  de  l'arrêt  de 
la  reine  d'Aragon  nous  retrouvons  à  la  fois  chez 
du  Verdier  et  chez  Montaigne  un  même  exemple  pris 
à  l'histoire  de  l'empereur  Procule,  et  que,  d'autre 
part,  le  livre  de  Nicolas  Bohier  ne  semble  fournir 
aucun  autre  fait  :iu\  Essais.  Toutefois  Montaigne  a  dû 
connaître  aussi  le  passage  correspondant  de  Nicolas 
Bohier  :  en  effet,  l'idée  dont  il  accompagne  son 
exemple  ressemble  beaucoup  plus  à  celle  qu'on  ren- 
contre chez  Bohier  qu'à  celle  de  du  Verdier,  et  de 
plus  il  insère  ici  une  citation  de  Juvénal  qui  est  en 
toutes  lettres  chez  Bohier  et  qui  n'est  que  vaguement 
indiquée  chez  du  Verdier.  Du  Verdier,  en   marge. 


donne  la  référence  à  Nicolas  Bohier.  Il  n'est  pas 
improbable  qu'en  lisant  la  Leçon  de  du  \'erdier, 
Montaigne  se  soit,  grâce  à  cette  indication  marginale, 
reporté  au  livre  de  Bohier  et  qu'il  ait  ainsi  complété 
l'allégation.  Bohier  avait  été  Président  du  Parlement 
de  Bordeaux  et  il  était  mort  dans  cette  charge  peu 
avant  que  Montaigne  fût  conseiller  au  même  Parle- 
ment, en  1553.  Le  récit  du  même  fait  qu'on  trouve 
chez  Brantôme  (  t.  IX,  p.  556  de  l'édition  Lalanne) 
présente  quelques  divergences. 

P.  88,  1.  15.  Solon).  Cf.  Plutarque,  De  l'amour  : 
«  Et  juge  Ion  aussi  que  Solon  a  esté  législateur  bien 
entendu  en  ce  qui  concerne  le  mariage,  ordonnant 
que  le  mar}-  aille  veoir  sa  femme  pour  le  moins 
trois  fois  le  mois,  non  pour  la  volupté  seullement  : 
mais  ainsi  comme  les  villes  renouvellent  par  inter- 
valles de  temps  les  alliances  qu'elles  ont  les  unes 
avec  les  autres,  aussi  vouloit  il  que  Ion  renouvellast 
l'alliance  des  nopces,  en  manière  de  dire,  par  les 
propos  que  l'on  s'entretient  en  telle  caresse  &  Visi- 
tation. »  (xxiii,  f°  612  r°.) 

P.  88, 1.  19.  A  laquelle  nous  voulons).  Pour  cette  idée 
on  peut  voir  Castiglione,  Il  Corlegiano,  III,  xxxviii. 

P.  89,  1.  10.  Sit  tandem  pudor).  «  Aie  enfin  de  la 
pudeur  ou  allons  en  justice  :  j'ai  acheté  fort  cher 
ton  membre  viril,  il  n'est  plus  à  toi,  Bassus  :  tu  me 
l'as  vendu.  »  (Martial,  XII,  xcix,  vers  10,  7  et  11.) 

P.  89,  I.  13.  Le  philosophe  Polenwn).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Polcnion  :  «  Fugisseque  judicium 
Polemonem  ab  uxore  nequitiœ  insimulatum,  quôd 
adolescentibus  congrederetur.  »  (IV,  xvii,  255.) 

P.  89,  1.  18.  Clodia  Lœta).  Montaigne  aurait  dû 
dire  :  «par  Caracalla».  Voir  la  Vie  de  Caracalla, 
par  Dion  Cassius,  ou  l'abrégé  de  la  même  vie,  par 
Xiphilin.  Clodia  Lieta  fut  enterrée  vive. 

P.  89,  1.  24.  Boleslaus  &  Kinge).  Cf.  Herburt 
Fulstin,  Histoire  des  rois  de  Pologne  :  «  Or  Boleslaus, 
prince  de  Poloigne  espousa  Kinge  ou  Cunégonde... 
Et  combien  qu'il  fût  bien  heureux  d'avoir  telle 
femme,  toutesfois  il  ne  la  toucha  point  les  premières 
nuicts  des  nopces  :  dont  ils  ferent  cnsemblement 
vœu  de  perpétuelle  continance  qu'ils  gardèrent  tous- 
jours  :  dequoy  Boleslaus  fut  sunioninié  le  Chaste.  » 
(F°7or°.) 


LIVRE      III,      CHAPITRK      V. 


38r 


P.  89,  I.  28.  Nl'iis  les  dressons).  Dans  l'Apologie  pour 
Hérodote,  Henri  Estienne  exprime  lui  aussi  cette  idée 
que  tout  incite  les  femmes  à  l'impudicité.  (XII,  11.) 
P.  90,  1.  19.  Motus  doceri  gaudet).  «La  vierge 
nubile  se  plaît  à  apprendre  des  danses  ioniennes 
jusqu'à  s'en  courbaturer  les  membres;  elle  rêve  dès 
l'enfance  à  des  amours  impudiques.  »  (Horace,  Odes, 
III,  VI,  21.) 

P.  90,  1.  27.  Ce  que  dict  Platon).  Dans  le  Timée, 
p.  42;  édition  de  1546,  p.  710.  Cf.  l'essai  II,  xii, 
p.  300,  1.  15  et  la  note. 

P.  91,  1.  8.  Et  menteni  Venus).  «Et  \'énus  elle- 
même  les  a  inspirées.»  (Virgile,  Géorgiques,  III,  267.) 
P.  91,  1.  12.  Nec  tanliim  tiiveo).  «Jamais  la  blanche 
colombe,  ou  tel  autre  oiseau  encore  plus  lascif  que 
vous  pourriez  nommer,  n'a  par  de  douces  mor- 
sures sollicité  plus  amoureusement  les  baisers  que  la 
femme  qui  s'abandonne  à  sa  passion.»  (Catulle,  lxvi, 
125.) 

P.  91,  1.  16.  Oui  n'eut  tenu).  Pour  cette  idée, 
cf.  Castiglione,  //  Cortegiano,  III,  xxxix;  Rabelais, 
III,  xxxn. 

P.  91,  1.  23.  Nec  non  libelli).  «Et  ils  sont  dus 
parfois  à  des  stoïciens,  ces  petits  livres  qui  traînent 
volontiers  sur  les  coussins  de  soie.»  (Horace,  Epodcs, 
viii,  15.)  Montaigne  écrit  nec  non  au  lieu  de  quid 
quod,  et  la  pensée  chez  lui  est  toute  différente  de  ce 
qu'elle  est  chez  Horace. 

P.  91,  1.  25.  Zenon).  Cf.  Plutarque,  Questions  de 
table,  III,  VI,  f"  584  r". 

P.  91,  1.  26.  Du  philosophe  Strato).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Strato  :  «  Feruntur  ejus  de  regno  libri 
très  :  ...  De  concubitu.  »  (V,  lix,  325.) 

P.  91,  1.  27.  Theophraste) .  Id.,  Vie  de  Théophraste  : 
«  Reliquit  autem  &  ipse  ingenii  sui  complura  monu- 
menta...  Sunt  autem  ista  :  ...  Amatorius  unum... 
De  amore  unum.  »  (V,  XLiii,  317.) 

P.  92,  1.  I.  Aristippus).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
d'Aristippe,  II,  lxxxiv. 

P.  92,  1.  4.  Deinetrius).  Id.,  Vie  de  Dcniétrius  : 
«  Sunt  autem  de  legibus  Atheniensium  libri  quinque 
...  Amatorius  unum.  »  (V,  lxxxi,  338.) 

P.  92,  1.  4.  Heraclides).  Id.,  Vie  d'Heradide  : 
«  Dialogi,  quorum  quœ  ad  mores  instîtuendos  faciunt. 


sunt  hsc  :  ...  Invitus  amatorius,  &  Clinias  unum.  » 
(V,  Lxxxvii,  341.) 

p.  92,  1.  5.  Antisiheucs).  Id.,  Vie  d'Anlisihcne  : 
«Feruntur  &  ipsius  scripta  tomi  X...  In  secundo 
tomo  :  ...  De  procreatione  filîorum,  sive  De  nuptiis 
amatorius  ...  In  X.  tomo  :  ...  Dominus,  sive  Amans.» 
(VI.  XV,  355-356.) 

p.  92,  1.  6.  Aristo).  Id.,  Vie  de  Zenon  :  «  Feruntur 
ejus  (Aristonis)  ista  volumina  :  ...  Amatori.-e  exerci- 
tationes.  »  (VII,  CLXiii,  499.) 

P.  92,  1.  7.  Cleanlhes).  Id.,  Vie  de  Cle'anthe  :  «  Reli- 
quit autem  pulcherrimos  libros  qui  sunt  :  ...  Ars 
amatoria...  De  amore.»  (VII,  clxxv,  506.) 

P.  92,  1.  8.  Sphœrus).  Id.,  Vie  de  CUanthe  :  «  Scrip- 
sit  autem  ista  volumina  :  ...  Dialogos  amatorios.  » 
(\1I,  CLX.X.VI11,  508.) 

P.  92,  1.  8.  Chrysippus).  Id.,  Vie  de  Chrysippe  : 
«  In  eo  opère,  quod  de  antiquis  physiologicis  scripsit, 
fœda  de  Junone  fingit  ac  Jove,  ea  dicens  sexcentis 
fere  versibus  quce  nemo  nisi  illoto  ore  dixisset.  » 
(VII,  CLXXXVii,  514.) 

P.  92, 1.  9.  Cinquante  epistres).  Cf.  Diogène  Laërce, 
X,  m.  Montaigne,  d'après  Diogène,  se  fait  ici  l'écho 
des  ennemis  de  Chrj'sippe. 

P.  92,  1.  12.  S'est  trouvé  nation).  J'ignore  où  Mon- 
taigne a  pris  ce  détail.  On  peut  voir  les  différentes 
références  indiquées  par  Leclerc  :  Babylone  (Hérodote, 

I,  199;  Strabon,  XM,  p.  108 1  ;  Jérémie,  apud  Baruch, 
VI,  42,  43).  —  Cypre  (Hérodote,  ihid.  ;  Athénée,  XII, 
p.  516).  —  Hélîopolis  en  Phénicie  (Eusèbe,  Vie  de 
Constantin,  III,  58;  Socrate,  Histoire  ecclésiastique,  I, 
18).  —  Sicca  Veneria  (\'alère  Maxime,  II,  vi,  1 5);  etc. 

P.  92,  1.  16.  Nimirnni  propler).  «  C'est  que  l'incon- 
tinence est  nécessaire  à  la  continence,  que  l'incendie 
s'est  éteint  par  le  feu.  » 

P.  93,  1.  10.  La  statue  de  leur  Dieu).  Cf.  Hérodote, 

II,  XLViii.  Hérodote  (traduction  Saliat,  f°  118)  dit 
seulement  :  «  Grandes  environ  d'une  coudée.  »  Mon- 
taigne a  sans  doute  puisé  ceci  ailleurs. 

P.  93,  1.  16.  Les  plus  sages  viatrones).  Allusion 
probable  à  un  passage  de  saint  Augustin,  Cité  de 
Dieu,  VII,  XXIV,  qui  est  reproduit  dans  un  ouvrage 
de  Giraldi  que  Montaigne  possédait.  De  diis  gentium, 
svntagma  VIII  :  «  Augustinus  in  VII,  ait  a  matrona 


382 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


honestissima  imponi  illi  coronam  ad  advertendum 
fascinum  frugibus...  » 

P.  93,  1.  17.  Sur  ses  parties).  Cf.  saint  Augustin, 
Cité  de  Dieu,  VI,  ix,  texte  reproduit  par  Giraldi,  De 
diis  gentium,  sVntagma  VIII  :  «Quid  hoc  dicam?  Cum 
ibi  sit  &  Priapus,  nimiuui  masculus,  super  cujus 
immanissimum  &  turpissimum  fasconum  sedere  nova 
nupta  jubebatur,  more  honestissimo  &  religiosissimo 
matronarum.  »  Il  est  probable  que  Montaigne  prend 
tous  ces  détails  dans  un  ouvrage  de  seconde  main 
qui  n'a  pas  encore  été  retrouvé. 

P.  93,  1.  19.  Pareille  dez'olion).  Rapprocher  ce  que 
dit  d'Aubigné  dans  la  Confession  du  sieur  de  Sancy, 
IP  partie,  chapitre  11. 

P.  94,  \.  i.  Ce  bon  homme).  On  a  proposé  de  voir 
ici  une  allusion  à  Calvin  ou  bien  au  pape  Paul  III 
qui  a  régné  de  1536  à  1549,  ou  encore  au  pape 
Paul  IV  qui  a  régné  de  1554  à  1559;  mais  les  témoi- 
gnages précis  font  défaut.  Remarquons  que  l'expres- 
sion bon  homme  n'a  pas  la  valeur  de  familiarité  que 
nous  y  attachons  aujourd'hui.  Henri  Estienne  dans 
V Apologie  pour  Hérodote,  III,  v,  commente  sa  double 
signification  :  homme  de  bien  et  vieillard. 

P.  94,  1.  4.  Flagitii  priucipium).  «C'est  une  cause 
de  dérèglement  que"  d'étaler  en  public  des  nudités.  >> 
(Ennius,  chez  Cicéron,  Tusculanes,  IV,  xxxui.) 

P.  94,  I.  5.  Aux  misleres).  Cf.  Sénèque,  ép.  97  ; 
Plutarque,  Vie  de  César,  i°  495  r";  etc.  Le  texte  de 
Sénèque  est  reproduit  par  Giraldi,  De  diis  gentium, 
syntagma  IV.  Peut-être  Montaigne  a-t-il  dans  l'esprit 
ces  mots  de  Sénèque  :  «  Sic  submotis  extra  conspectum 
omnibus  viris,  ut  pictura:  quoque  masculorum  ani- 
ma lium  contegerentur...  » 

P.  94,  1.  8.  Omne  adeo  genus).  «  Car  toutes  les 
espèces  vivantes  sur  la  terre,  les  hommes,  les  bêtes 
sauvages,  les  poissons  de  la  mer,  les  troupeaux,  les 
oiseaux  aux  mille  couleurs,  tout  est  sujet  aux  fureurs 
de  l'amour.  »  (Virgile,  Gêorgiques,  III,  242.) 

P.  94,  1.  II.  i>i  Dieux,  dit  Platon).  Dans  le  Timk: 
«  Pudendorum  naturje  in  viris  insita  vis,  inobediens 
atque  imperiosa,  &  quasi  animal  non  exaudiens 
rationem  furiosarum  libidinum  violentia  subjiccre  sibi 
cuncta  conatur.  Vulva  quoque  matrixque  in  fœminis 
eadem    ratione   animal    avidum   generandi,   quando 


procul  a  fœtu  per  xtatis  florem,  aut  ultra  diutius 
detinetur,  «egre  fert  moram  ac  plurimum  indignatur  : 
passimque  per  corpus  oberrans,  meatus  spiritus 
intercludit,  respirare  non  sinit,  extremis  vexât  angu- 
stiis,  morbis  denique  omnibus  premit,  quousque 
utrorumque  cupido  amorque  quasi  ex  arboribus 
fœtum  fructumve  producunt  :  ipsum  deinde  decer- 
punt  &  in  matricem  velut  agrum  inspargunt,  » 
(P.  91;  éd.  de  1546,  p.  733.) 

P.  95,  1.  3.  Que  sçait  on  si  Platon).  Id.,  République  : 
«  Quid  in  his  maxime  ridiculum  cernis  ?  An  quia 
nudas  fœminas  conspecturus  sis  in  paliestris  cum 
viris  certantes,  non  modo  juvenes,  sed  &  vetulas, 
quemadmodum  senes  vires  in  gymnasiis,  quando 
unâ  exercentur,  licet  jam  rugosi  veternosique  sint.  » 
(V,  p.  452;  éd.  de  1546,  p.  588.) 

P.  95,  1.  6.  Les  Indiennes).  Cette  idée  est  parfois 
exprimée  dans  les  récits  des  voyageurs  du  xvi'  siècle. 
Voici  par  exemple  ce  que  dit  Lérj'  à  ce  sujet  : 
«  Toutefois  avant  que  de  clorre  ce  chapitre,  ce  lieu  ci 
requiert  que  je  responde  tant  à  ceux  qui  ont  escrit 
qu'à  ceux  qui  pensent  que  la  fréquentation  entre 
ces  sauvages  tout  nuds  et  principalement  parmi  les 
femmes  incite  à  la  lubricité  et  paillardise.  Sur  quoy 
je  diray  en  un  mot  qu'encore  aultrement  qu'en 
apparence,  il  n'y  ait  que  trop  d'occasion  d'estimer 
qu'outre  la  deshonnesteté  de  voir  des  femmes  nues, 
cela  ne  semble  aussi  servir  comme  appât  ordinaire 
à  la  convoitise  :  toutes  fois  pour  en  parler  selon  ce 
qui  s'en  est  communément  aperceu  pour  lors,  cette 
nudité  aussi  grossière  en  telles  femmes  est  beaucoup 
moins  attrayante  qu'on  ne  cuyderoit.  Et  partant  je 
maintiens  que  les  attifets,  fards,  fausses  perruques, 
cheveux  tortillez,  grands  collets  fraisez,  vertugales, 
robbes  sur  robbes,  et  autres  infinies  bagatelles  dont 
les  femmes  et  filles  de  par  deçà  se  contrefont  et 
n'ont  jamais  assez,  sont  sans  comparaison  cause  de 
plus  de  maux  que  n'est  la  nudité  ordinaire  des 
femmes  sauvages  :  lesquelles  cependant,  quant  au 
naturel,  ne  doivent  rien  aux  autres  en  beauté.  » 
(Édition  Gaffarel,  1580,  t.  I,  p.  140.)' 

'  l'assage  cité  par  M.  ('.liiiuirj.  l.'cxollniie  amiiiraiu  iIivk  In  liltcia- 
liiir  Jnwfaise  au  XVI'  siècle,  p.  i;6. 


LIVRE     III,      CHAPITRE      V. 


383 


P.  95,  1.  8.  Oiioi  que  dient).  Cf.  Balbi,  l'iaggio  : 
«  Accio  l'huomo  sia  più  inclinato  alla  donna,  detta 
Regina  ordino  parimente,  chele  donne  andassero 
nude  ne'  bracci,  &  petti  con  una  coscia  coperta  da 
una  falda  come  un  fazzuolo,  ma  staccata  di  maniera, 
che  mentre  ella  camina,  si  sventola,  &  lascia  vcdere 
tutta  la  coscia  :  &  cosi  s'ossen-a  fine  al  présente.  » 
(F"  126  V.) 

P.  95,  1.  15.  Disait  Livia).  Cf.  Dion,  Fie  df  Tibère; 
Laurent  Joubert,  Erreurs  populaires  an  faict  de  la  méde- 
cine (préface  à  Marguerite  de  Navarre,  vers  la  tin)  :  «  La 
tresvertueuse  princesse  Livie,  femme  de  l'empereur 
Auguste,  sauva  la  vie  à  des  hommes  qu'on  alloit  mettre 
à  mort  par  ce  qu'ils  s'estoient  rencontrez  devant  elle 
tout  nuds,  disant  que  pour  le  regard  des  femmes  pudi- 
ques ceux-là  ne  ditferoient  en  rien  des  statues.  » 

P.  95,  1.  19.  Come  dicl  Platon).  Dans  la  République  : 
«  Nudandum  igitur  corpus  erit  mulieribus  custodum, 
quandoquidem  pro  vestibus  virtutem  induent.  »  (V, 
p.  457;  éd.  de  1546,  p.  590.)  Mais  Platon  ne  parle 
pas  des  Lacédémoniennes. 

P.  95,  1.  20.  Des  quels  tesiiiouigiie  S.  Augustin). 
Dans  la  Cité  de  Dieu,  XXII,  xvii. 

P.  96,  1.  15.  Naiu  tu,  qux).  «  Est-ce  que  toi,  pour 
toute  la  fortune  d'Achémènes  ou  pour  les  richesses 
de  M5'gdon,  roi  de  la  fertile  Phrygie,  ou  pour  les 
trésors  de  l'Arabie,  tu  voudrais  donner  un  cheveu 
de  Licymnie,  quand  elle  se  penche  vers  tes  baisers 
embaumés,  quand  par  une  douce  rigueur,  elle  les 
riefuse,  elle  qui  désire  plus  que  toi  se  les  laisser  ravir, 
quitte  à  te  prévenir  bientôt  elle-même  ?  »  (Horace, 
Odes,  \\,  XII,  21.)  J'ai  traduit  le  texte  :  ^iNum  tu, 
■quc-e  tenuit...  »  qui  est  le  texte  véritable.  Navi  est 
probablement  une  faute  d'impression. 

P.  97,  1.  8.  Diaboli  virtus).  «  La  vertu  du  diable 
est  aux  rognons.»  (Saint  Jérôme,  Contre  Jovinioi,  II; 
t.  II,  p.  72.  Édition  de  Bâle  1537.) 

P.  98,  1.  II.  La  difficulté).  Rapprocher  ce  que 
Montaigne  a  dit  dans  l'essai  II,  xv,  p.  381,  1.  16. 

P.  98,  1.  14.  L'obligation  du  bie;:-faict).  Cette  idée 
revient  fréquemment  dans  le  De  beneficiis  de  Sénèque, 
I,  v;  VI,  11;  etc. 

P.  98,  1.  28.  Quelqu'un  disait  à  Platon).  Cf.  Anto- 
nius  et  Maximus,  sermo  54. 


P.  99,  1.  17.  Quisvetat).  «  Empèche-t-on  d'allumer 
un  flambeau  à  la  lumière  d'un  autre  flambeau?  Elles 
ont  beau  donner  sans  cesse,  le  fonds  ne  diminue 
jamais.  »  (Ovide,  De  arte  amandi,  III,  93.)  Le  sens 
du  dernier  vers  est  dans  Ovide;  quant  aux  termes, 
Montaigne  les  a  pris  dans  les  Priapea  {Divcrsorum 
poetarum  in  Priapuni  hisus,  m,  2)  : 

«  Obscure  poterain  tibi  dicere  :  d.i  mihi,  quod  tu 
»  Des  licet  adsidue  :  nil  tamen  inde  périt.  » 

P.  99,  1.  23.  Le  pasteur  Crastis).  Cf.  Elien,  Histoire 
des  animau.x,  VI,  xui;  éd.  grecque-latine  de  1556, 
p.  133.  L'anecdote  a  été  reprise  par  divers  compila- 
teurs du  xvi=  siècle  :  Volaterran,  Rhodigin,  etc. 

P.  99,  1.  28.  Ense  maritali).  «  Aucun  adultère, 
percé  de  l'épée  d'un  mari,  n'a  rougi  de  son  sang  les 
eaux  du  Styx.  »  (Jean  Second,  Élégies,  I,  vu,  71.) 

P.  100,  1.  I.  Luaillus).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Lucullus,  xviii,  f'  363  r°. 

P.  100,  1.  I.  Cxsar).  Id.,  Vie  de  César,  m,  f"  495  r". 

P.  100,  1.  I.  Pompeius).  Id.,  Vie  de  Pompée  :  11, 
f"  436  r°;  mais  Plutarque  dit  seulement  qu'il  répudia 
sa  femme. 

P.  100,  1.  I.  Antonius).  Id.,  Vie  d'Antoine,  xii. 
Mais  d'après  Plutarque  Antoine  fit  preuve  envers 
Dolabella  d'une  vive  jalousie. 

P.  100,  1.  I.  Caton).  Id.,  Vie  de  Caton  d'Utique, 
VII,  f>  534  v°. 

P.  100,  1.  3.  Un  sot  de  Lepidus).  Id.,  Vie  de  Pompée  : 
«  Lepidus  donques  estant  contraint  d'abandonner 
l'Italie  s'enfouit  en  l'isle  de  Sardaigne,  là  ou  il  mourut 
de  maladie  qui  luy  vint,  non  tant  du  regret  de  la 
ruine  de  ses  aff'aires,  ainsi  que  Ion  dit,  comme  de  la 
douleur  qu'il  receut  d'une  lettre  qui  tumba  entre 
ses  mains,  par  laquelle  il  cogneut  que  sa  femme 
avoir  forfait  à  son  honneur.  »  (v,  f°  439  r".)  Dans 
la  liste  de  noms  qui  précède,  il  faut  sans  doute  voir 
des  réminiscences  de  Plutarque. 

P.  100,  1.  4.  Ah!  luin  le  niiserum).  «Malheureux! 
si  ton  mauvais  destin  veut  que  tu  sois  pris  sur  le 
fait,  on  te  traînera  à  la  porte  par  les  pieds,  et  tu 
iras  nourrir  les  muges  ou  faire  pousser  les  raves.  » 
(Catulle,  XV,  17.) 

P.  100,  1.  9.  Atque  aliquis).  «  Et  l'un  des  dieux, 


384 


ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


non  des  plus  austères,  exprime  le  désir  d"être  exposé 
à  un  pareil  déshonneur.  »  (Ovide,  Métamorphoses, 
IV,  187.) 

P.  100,  1.  14.  Qtiici  causas  petis).  «  Pourquoi  cher- 
cher des  raisons  de  si  loin  ?  Qu'est  devenue,  déesse, 
ta  confiance  en  moi?»  (Virgile,  Enéide,  MU,  395.) 

P.  100,  1.  17.  Arma  rogo  genitrix  iiato).  «  C'est  une 
mère  qui  demande  des  armes  pour  son  fils.  »  (W., 
ibid.,  383.) 

P.  100,  1.  20.  Arma  acri  facienda).  «  Il  s'agit  de 
fabriquer  des  armes  pour  un  homme  de  valeur.  » 
(/J.,  ibid.,  441.) 

P.  100,  1.  23.  Nec  divis).  «  Aussi  n'est-il  pas  juste 
de  comparer  les  hommes  aux  dieux.  »  (Catulle, 
Lxviii,  141.) 

P.  100,  1.  24.  Les  plus  graves  legislatiirs).  Je  crois 
bien  que  Montaigne  ne  pense  qu'à  Platon  et  que  ce 
pluriel  n'est  qu'un  artifice  de  style. 

P.  loi,  1.  4.  S<rpe  etiam  Juno).  «  Souvent  même, 
Junon,  la  reine  des  dieux,  s'est  emportée  à  l'occasion 
des  fautes  quotidiennes  de  son  mari.  »  (Catulle, 
Lxviii,  138.)  Le  texte  est  celui  de  la  plupart  des 
éditions  du  xvi'^  siècle. 

P.  loi,  1.  14.  Niilla'  siint  inimicitia-).  «Il  n'y  a  de 
haines  implacables  que  celles  de  l'amour.  »  (Properce, 
II,  VIII,   3.) 

P.  loi,  1.  19.  D'un  Octavius).  Cf.  Tacite,  Annales, 
XIII,  xLiv,  et  surtout  Histoires  :  «  Octavius,  Pon" 
tiam  Postumiam  stupro  cognitam  &  nuptias  suas 
abnuentem,  impotensamorisinterfecerat.»  (IV,  xliv.) 

P.  loi,  1.  26.  Notnmque).  «  Et  l'on  sait  ce  que  peut 
la  fureur  d'une  femme.  »  (\"irgile,  Enéide,  V,  vi.) 

P.  102,  1.  13.  Les  femmes  Scythes).  Montaigne  fait 
ici  une  confusion  qu'explique  le  texte  suivant  d'Hé- 
rodote :  «  A  cause  de  leur  longue  absence  leurs 
femmes  s'estoyent  adressées  à  leurs  esclaves,  ausquels 
ils  ont  coustume  de  crever  les  yeux  pour  mieux  s'en 
servir  au  recouvrement  de  laict,  qui  leur  est  boisson, 
&  lequel  ils  tirent  des  jumens,  en  ceste  manière. 
Ils  prennent  canons  d'os...  A  ceste  fin  ils  crèvent  les 
yeux  à  tous  leurs  prisonniers  de  guerre,  car  ils  ne  se 
meslent  d'aucun  labourage...  »  (IV,  11;  1. 1,  f"  248  r°.) 

P.  102,  1.  27.  Parle  Plutarqite).  Voir  son  traité 
De  la  mauvaise  honte. 


P.  102,  1.  29.  Discrepance).  \'oir  le  développement 
de  cette  idée  dans  l'essai  II,  1. 

P.  103,  1.  5.  Homère).  Cf.  Odyssée,  XVII,  347. 
Montaigne  a  pris  ceci  chez  Platon  qui  cite  cette 
pensée  d'Homère  en  deux  endroits  dans  le  Charmides, 
p.  161;  éd.  de  1546,  p.  281;  et  dans  \e  Lâchés,  p.  201; 
éd.  de  1546,  p.  300. 

P.  103,  1.  18.  Langiiidior).  Cf.  Catulle,  lxvii,  21. 
Le  sens  de  ces  deux  vers,  trop  libres  pour  être  traduits, 
est  que  le  gentilhomme  n'avait  jamais  donné  de 
marques  de  virilité. 

P.  103,  1.  24.  De  l'effort  au  contraire).  Rapprocher 
de  cette  idée  le  début  de  l'essai  II,  xi. 

P.  104,  1.  13.  Illiid  sœpe).  «  Elle  fait  .souvent  ce 
qu'elle  fait  sans  témoin.  »  (Martial,  VII,  lxi,  vers  6.) 

P.  104,  1.  16.  Offendor).  «Une  impudique  moins 
raffinée  me  scandalise  moins.  »  (Martial,  VI,  vu, 
vers  6.) 

P.  104,  1.  18.  Ohsteirix).  «  Parfois  une  sage-femme, 
en  inspectant  de  la  main  si  une  jeune  fille  est  vierge, 
soit  malice,  soit  maladresse,  soit  malheur,  l'a  dé- 
florée. »  (Saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  I,  xviii.)  Le 
texte  est  celui  de  l'édition  de  Lvon,  1570. 

P.  105,  1.  I.  C'est  Fatua).  Cf.  Lactance,  De  divina 
institutione,  I,  xxii,  où  il  est  dit  que  non  seulement 
aucun  homme  ne  la  vit,  mais  encore  qu'aucun 
homme  n'entendit  prononcer  son  nom.  Vives,  dans 
le  Commentaire  de  la  Cité  de  Dieu,  XVIII,  xv,  répète 
cette  allégation  de  Lictance  dont,  comme  Montaigne, 
il  reproduit  seulement  la  première  a.ssertion.  Voir 
aussi  Giraldi,  De  diis  gentium,  .syntagma  IV. 

P.  105,  1.  2.  La  femme  de  Hieron).  Cf.  Plutftrque, 
Comment  on  pourra  recevoir  utilité  de  ses  ennemis  :  «  Il 
'  y  eut  un  des  ennemis  de  Hieron,  qui  en  querellant 
luy  reprocha,  qu'il  avoit  l'halene  puante  :  parquoy  si 
tost  qu'il  fut  arrivé  en  son  logis,  il  en  tansa  sa 
femme,  luy  disant  :  Et  comment,  pourquoy  ne  m'en 
avez  vous  adverty?  Elle,  qui  estoit  simple  et  chaste, 
luy  respondit.  Je  pensois  que  tous  hommes  sentissent 
ainsi.  »  (vu,  f°  1 1 1  r°.) 

P.  105,  1.  7.  En  la  volonté).  Pour  cette  idée, 
cf.  saint  Augustin,  Cite  de  Dieu,  I,  xviii  ;  H.  Estiennc, 
Apologie  pour  Hérodote,  XV,  xxii;  cf.  aussi  Plutarque, 
I^s  dicts  notables  des  anciens  Roys,  f"  189  v°. 


LIVRE      III,      CHAPITRE      V. 


385 


P.  105,  1.  10.  Telle,  qui).  Par  exemple  la  femme 
de  Scosponius;  cf.  Appien,  Guerre  civile,  lY,  v. 

P.  105,  1.  18.  Ordonance).  Brantôme  fait  allusion 
à  des  faits  analogues,  t.  V,  p.  92. 

P.  10),  1.  18.  Phanlius  l'Argien).  Cf.  Plutarque, 
De  l'aiiioiir  :  «  (Phaulius)  la  conduisit  (sa  femme) 
luy  mesme  en  cest  habit  jusques  au  logis  du  roy, 
comme  si  c'eust  esté  un  page.  »  (xvi,  f"  606  v".) 

P.  105,  1.  19.  Ce  Galba).  Id.,  ibîd.  :  «Comme 
Ion  recite  d'un  certain  Galba  Romain,  lequel  donnoit 
à  soupper  à  Mecœnas,  &  volant  qu'il  commançoit 
à  escrimer  des  yeux  &  de  petits  regards  amoureux 
avec  sa  femme,  il  laissa  tout  doulcement  aller  sa 
teste  sur  le  coussin,  comme  faisant  semblant  de 
dormir,  ce  pendant  il  y  eut  quelqu'un  des  vallets 
qui  s'approcha  de  la  table  tout  bellement,  &  essaya  de 
desrober  du  vin,  ce  que  volant  Galba,  Malheureux, 
dit  il,  ne  vois  tu  pas  que  je  ne  dors  que  pour 
Mecœnas?  »  (xvi,  f°  606  v°.) 

P.  loé,  1.  2.  Alix  Indes  orientales).  Cf.  Arrien  : 
«  Il  n'y  a  présent,  si  précieux  soit-il,  par  lequel  on 
puisse  corrompre  la  pudicité  de  leurs  femmes  qui 
sont  chastes,  que  d'un  éléphant  :  ne  tenans  pour 
chose  deshonncste  si  une  femme  s'adonne  au  plaisir 
d'aucun  ayant  receu  de  luy  un  éléphant  en  don. 
Voire  s'en  glorifient  elles,  comme  estant  leur  beauté 
réputée  digne  d'un  tel  présent.»  (VII,  xvii,  331.) 

P.  106,  1.  6.  Phxdon  le  philosofe).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Phédon  :  «  Phc'edon  Eliensis  nobili 
familia,  unà  cùm  patria  captus  coactus  est  intra 
cellulam  infami  se  quasstui  addicere.  »  (II,  cv,  159.) 
Le  témoignage  d'Aulu-Gelle  n'est  pas  plus  conforme 
que  le  te.xte  de  Diogène  au  récit  de  Montaigne  : 
«  Phaidon  Elidensis  ex  cohorte  illa  socratica  fuit. 
Socratique  et  Platoni  perfuit  familiaris...  His  Phs- 
don  servus  fuit,  forma  atque  ingenio  liberali,  et  (ut 
quidam  scripserunt)  a  leone  domino  puer  ad  mceren- 
dum  coactus.  »  (^Niiits  attiques,  II,  xviii.) 

P.  106,  1.  8.  Solon  fut  le  premier).  Cf.  l'essai  II, 
XII,  343  (texte  de  1588).  Montaigne  qui  en  1580 
avait  inséré  ce  fait  dans  Y  Apologie  de  Sehond  l'a  effacé 
après  1588  pour  le  reporter  ici.  Il  est  fréquemment 
répété  par  les  auteurs  du  xvi"^  siècle.  Cf.  Corneille 
Agrippa,  De  incertitudine  et  vanitate  scientiaruin,  Lxiii, 


où  Montaigne  l'avait  sans  doute  pris  en  1580;  Jean 
des  Caurres,  Œuvres  morales,  II,  ix;  etc. 

P.  loé,  1.  10.  Hérodote  dict).  Hérodote  l'attribue 
aux  Lydiens,  I,  xciii;  t.  I,  f"  46  r";  aux  Babyloniens, 
I,  cxcvi;  t.  I,  f'^  90  V^;  etc. 

P.  106,  1.  15.  Pone  serani).  «Mets-la  sous  clef, 
donne-lui  des  gardiens.  Mais  qui  gardera  tes  gardiens? 
La  femme  est  rusée,  c'est  par  eux  qu'elle  commen- 
cera. »  (Juvénal,  vi,  247.)  Le  texte  cohibe  est  celui 
de  toutes  les  éditions  du  xvi=  siècle. 

P.  107,  1.  7.  Et  avoyent  les  Romains).  Cf.  Plutarque, 
Les  demandes  des  choses  romaines  :  «  Pourquoj-  est-ce, 
que  quand  ils  retournent  d'un  voyage  loingtain  au  pais, 
ou  seulement  des  champs  à  la  ville,  s'ils  ont  leurs 
femmes  à  la  maison  ils  envoient  devant,  pour  leur  faire 
sçavoir  leur  arrivée?  Est-ce  point  pour  leur  donner 
asseurance  qu'ils  ne  veulent  rien  faire  finement  ny 
malicieusement  envers  elles?  »  (Question  ix,  f°  462  r°.) 

P.  107,  1.  10.  A  introduit  certaine  nation).  Cf.  Go- 
mara.  Histoire  générale  des  Indes  :  «  Les  prestres  qu'ils 
appellent  Piates...  dorment  avec  les  femmes  légitimes, 
lesquelles  on  leur  baille  à  despuceller  suivant  la 
coustume,  laquelle  ils  estiment  honneste,  &  louable. 
...  L'espoux  par  ce  moien  oste  tout  le  soupçon  qu'il 
pourroit  avoir  de  sa  femme  s'il  ne  la  trouvoit  telle 
qu'il  penseroit.  »  (F°  252  r".) 

P.  107,  1.  20.  Tôt  qui  legionibus).  «Jusqu'au 
général,  qui  a  commandé  à  tant  de  légions  et  qui 
valait  mieux  que  toi,  misérable,  à  tant  d'égards.  » 
Le  second  vers  est  pris  de  Lucrèce,  III,  1039;  le 
premier  est  imité  de  Lucrèce,  III,  1041  : 

«  ...  inagiiis  qui  gentibus  imperitarunt.  » 

Lucrèce,  dans  ce  passage,  parle  de  la  mort. 

P.  108,  1.  2.  Fors  eliaiii).  «  Le  sort  nous  refuse 
même  des  oreilles  pour  faire  entendre  nos  plaintes.  » 
(Catulle,  LXiv,  170.) 

P.  108,  1.  21.  Piltacus  disait).  Cf.  Plutarque,  De  la 
tranquillité  de  l'aine  &  repos  de  l'esprit  :  «Luy  (Pit- 
tacus)  n'en  feit  autre  chose  que  dire,  I!  n'y  a  celuy 
de  nous  qui  n'ait  en  soy  quelque  default,  mais  quant 
à  mov,  je  n'ay  que  ce  seul  poinct  de  la  mauvaise 
teste  de  ma  femme,  qui  me  garde  d'estre  autrement 
en  tout  &  par  tout  très-heureux.  »  (xi,  f°  72  r°.) 


386 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  io8,  1.  26.  Le  sénat  de  Marseille).  Cf.  Casti- 
glione.  Il  Cortegiano,  III,  xxiv.  Sur  cette  coutume 
de  Marseille,  cf.  la  fin  de  l'essai  II,  m,  et  Valère 
Maxime,  H,  vi,  7. 

P.  109,  1.  4.  Celuy  la  s'y  entendait).  Le  roi 
Alphonse  V,  d'Aragon.  Ce  mot  lui  est  attribué  chez 
Domenichi,  Delti  e  faiti;  dans  les  Apophihegmes 
d'Érasme  :  «  Idem  dicere  solet  ita  demum  matrimo- 
nium  tranquille  citraque  querimonias  exigi  posse,  si 
maritus  surdus  fiât,  uxor  cœca  :  innuens,  opinor, 
femineum  genus  obnoxium  esse  zelotypi^,  atque 
hinc  oriri  rixas  et  querimonias...  »  (Ed.  de  1564, 
p.  600.)    - 

P.  109,  1.  14.  Coiiune  disait  l'hoste).  Cf.  Plutarque, 
Les  dicts  notables  des  anciens  Roys  :  «  Il  teint  un  tel 
propos  au  conseil  des  Acheïens  :  qu'estant  logé  chez 
un  sien  hoste  en  la  ville  de  Chalcide  qui  luy  donnoit 
à  soupper,  il  s'esmerveilla  dont  il  pouvoit  avoir 
recouvré  tant  de  diverses  sortes  de  venaison,  comme 
il  en  voioit  servir  sur  la  table  devant  luy  :  &  que 
son  hoste  luy  respondit,  que  c'estoit  toute  chair  de 
pourceau  qui  estoit  seulement  diversifiée  de  saulce 
&  de  façon  de  l'accoustrer.  »  (F"  203  r°.)  Voir  aussi 
Vie  de  Titus  Ouintius  Flaminius,  x,  f°  265  v°;  et 
aussi  Tite-Live,  XXXV,  xlix;  Vives,  Commentaire 
de-,  la  Cité  de  Dieu,  X,  xx. 

P.  109,  1.  18.  Materiam  ciilpx).  «Il  cherche  sans 
cesse  l'occasion  de  succomber.  »  (Ovide,  Tristes,  IV, 
I,  34.)  Le  texte  est  celui  des  éditions  du  xvi'=  siècle. 

P.  109,  1.  21.  La  deffence  les  incite).  Rapprocher 
l'argumentation  de  Rondibilis  chez  Rabelais,  III, 
XXXIV,  et  surtout  ce  que  dit  Castiglione  dans  le 
Cortegiano,  III,  XLii,  où  il  commente  le  vers  de 
Térence  qui  suit. 

P.  109,  1.  22.  Ubi  velis).  «  Voulez-vous,  elles 
refusent;  refusez-vous,  elles  veulent.  »  (Térence, 
Eunuque,  acte  IV,  scène  viii,  vers  43.)  Le  texte  de 
Térence  est  :  «  Nolunt  ubi  velis;  ubi  nolis  cupiunt 
ultro.  » 

P.  109,  1.  23.  Concessa  piidet  ire  via).  «C'est  une 
honte  pour  elles  que  de  suivre  la  route  permise.  » 
(Lucain,  II,  446.) 

P.  109,  1.  24.  Au  faict  de  Messalina).  Tout  ceci  est 
pris  de  Tacite;  voir  surtout  Annales,  XI,  xxvi,  xxvii. 


P.  iio,  1.  20.  Irarumque  aitincs).  «Et  lâche  com- 
plètement la  bride  à  sa  fureur.  >>  (Virgile,  Enéide, 
XII,  499.) 

P.  iio,  1.  21.  Jusqucs  à  tel).  Menester,  comédien, 
et  Traulus  Montanus,  chevalier.  (Tacite,  Annales, 
XI,  xxxvi.) 

P.  1 10, 1.  26.  Bcllifera  mœnera).  «  Souvent  le  redou- 
table dieu  des  combats,  Mars,  atteint  d'une  éternelle 
blessure  d'amour,  vient  se  réfugier  dans  ton  sein... 
Les  yeux  fixés  sur  toi,  déesse,  il  repaît  d'amour  ses 
regards  avides,  il  est  suspendu  à  tes  lèvres.  C'est  alors, 
ô  déesse!  que  le  tenant  enlacé  de  ton  corps  sacré,  tu 
dois  répandre  sur  lui  tes  douces  plaintes.  »  (Lucrèce, 
I,  33.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  Lambin. 

P.  III,  1.  6.  Rejicit).  Tous  ces  mots  que  Montaigne 
«  rumine  »  se  trouvent  dans  la  citation  de  Lucrèce 
qu'il  vient  de  faire  et  dans  la  citation  de  Virgile 
qu'on  a  trouvée  plus  haut,  p.  80,  1.  16. 

P.  III,  1.  13.  Contextus).  «Leur  discours  tout 
entier  est  d'une  contexture  virile,  ils  ne  s'attardent 
pas  à  des  fioritures.»  (Sénèque,  ép.  33.)  Le  texte 
de  Sénèque  est  :  «  Non  fuerunt  circa  flosculos  occu- 
pati;  totus  contextus  illorum  virilis  est.  » 

P.  III,  1.  20.  Pettus  est).  «C'est  le  cœur  (au 
sens  où  nous  dirions  aujourd'hui  c'est  le  cer\-eau, 
l'entendement)  qui  fait  l'éloquence.  »  (Quintilien, 
Institution  aratoire,  X,  vu,  15.) 

P.  III,  1.  29.  Plutarque  dit).  Dans  la  Fie  de  Dé. 
mosthène  :  «  Mais  moy  qui  suis  habitant  en  une  petite 
ville,  &  qui  m'y  tiens  vouluntiers,  de  peur  qu'elle 
ne  soit  encore  plus  petite,  pendant  que  j'estoie  en 
Italie,  &  dedans  Rome,  n'ay  pas  eu  le  loisir  d'estudier 
&  de  m'exerciter  en  la  langue  Latine,  tant  pour 
l'occupation  des  affaires  que  j'avoye  lors  en  main, 
que  pour  satisfaire  à  ceulx  qui  me  hantoient  pour 
apprendre  de  moy  la  Philosophie  :  tellement  que 
bien  tard,  estant  ja  fort  avant  au  decours  de  mon 
aage,  j'ai  commencé  à  prendre  en  main  les  livres 
Latins  :  en  quoy  il  m'est  advenu  une  chose  estrange, 
mais  véritable  neantmoins,  c'est  que  je  n'ay  pas 
tant  appris  ny  tant  entendu  les  choses  par  les  paroles, 
comme  par  quelque  usage  &  cognoissance  que 
j'avoye  des  choses  je  suis  venu  à  entendre  aucune- 
ment les  paroles.  »  (i,  f°  583  r'\) 


LIVRE      III,      CHAPITRE      V 


387 


P.  112,  I.  9.  Ils  n'y  aporicnt  point).  Rapprocher 
ces  idées  des  théories  de  h  Pléiade  qui  a  semblé 
croire  d'abord  que  l'essentiel  était  de  multiplier  les 
mots.  Ce  passage  de  Montaigne  écrit  probablement 
vers  1586  fait  peut-être  allusion  aux  oeuvres  de 
Du  Bartas  et  de  Du  Monin,  récemment  publiées,  où 
les  néologismes  déconcertants  sont  répandus  avec 
tant  de  profusion.  Dans  les  défauts  des  écrivains 
de  son  siècle  Montaigne  voit  la  condamnation  des 
théories  de  1550  et  réagit  contre  l'abus  qu'on  en  a 
fait. 

P.  112,  1.  22.  Du  jaif^on  de  nos  chasses).  On  peut 
voir  dans  Marty-Laveaux,  La  langue  de  la  Pléiade, 
combien  les  écrivains  de  l'école  de  Ronsard  avaient 
fait  d'emprunts  aux  vocabulaires  spéciaux  de  la 
vénerie,  de  la  fauconnerie  et  de  la  guerre.  Pour 
une  étude  semblable  sur  la  langue  de  Rabelais  voir 
J.  Plattard,  «  Le  vocabulaire  de  la  Fauconnerie  dans 
Rabelais»  {Revue  des  Etudes  Rabelaisiennes,  1912). 
Dans  la  préface  des  Hypomncses  et  dans  la  Precelknce 
dit  langage  françois  (édition  Huguet,  p.  117  et  sqq.), 
Henri  Estienne  nous  dit  avec  force  détails  tout  le 
prix  qu'il  attache  à  ces  éléments  du  langage.  Voir 
aussi  E.  Pasquier,  Lettres,  II,  xii.  En  1564,  le  diction- 
naire français-latin  de  Robert  Estienne  a  reparu  avec 
une  intéressante  addition  :  Dictionnaire  francoislatin, 
Auquel  les  mots  français,  avec  les  manières  duser  diceulx 
sont  tourne:^  en  latin,  corrige  et  augmente  par  Jehan 
Thierry.  Plus  y  a  à  la  fn  un  traicte  d'aulcuns  mots... 
de  la  vénerie  pris...  de  la  Philologie  de  M.  Budé.  Aussi 
y  a  Aucuns  mots  et  manières  de  parler  appartcnans  à  la 
fauconnerie  ou  volerie...  (Paris,  J.  Macé,  1564,  in-f°.) 

P.  113,  1.  10.  Léon  Hébreu).  Léon  Hébreo,  ou  de 
Juda,  Leone  a  Barbanel,  est  un  rabbin  portugais  qui 
vivait  sous  Ferdinand  le  Catholique,  et  qui  a  composé 
des  dialogues  d'amour  dans  le  goût  platonicien. 
Montaigne  possédait  un  exemplaire  italien  de  ces 
dialogues  (édition  de  Venise  1549)  et  sur  cet  exem- 
plaire il  a  écrit  :  «  Mentre  puoi.  »  La  première  édition 
de  ces  dialogues  parut  à  Rome  en  1535.  Deux  traduc- 
tions françaises  en  furent  données  :  l'une,  attribuée 
à  Ponthus  de  Thyard,  parut  à  L5'on  en  1 5  5 1  ;  l'autre, 
de  Denys  Sauvage,  fut  également  publiée  à  Lyon 
en  1551.  Ses  réimpressions  (Lj-on,  1559;  Paris,  1577; 


etc.),  attestent  la  ftveur  dont  l'ouvrage  d'Hebreo  a 
joui  dans  notre  pays. 

P.  113,  1.  10.  Fînwj.  Ficin(i433-i499),  philosophe 
platonicien,  président  de  l'Académie  platonicienne  de 
Florence,  a  traduit  et  commenté  les  œuvres  de  Platon 
et  de  Plotin.  C'est  dans  la  traduction  de  Marsile 
Ficin  que  Montaigne  étudiait  Platon.  Il  fait  ici  sans 
doute  allusion  surtout  au  Commentaire  du  Banquet 
où  il  est  traité  de  questions  d'amour  et  qui  était 
alors  tort  célèbre.  Ce  commentaire  avait  été  traduit 
en  français  par  Simon  Sylvius,  dit  J.  De  la  Haye 
(Poitiers,  1546),  puis  de  nouveau  par  Guy  le  Lèvre 
de  la  Boderie  (Paris,  1578). 

P.  113,  1.  16.  Benibo).  Le  cardinal  Pierre  Bembo 
(1470-1547),  auteur  de  nombreux  ouvrages  célèbres. 
Montaigne  foit  allusion  ici  à  des  dialogues  d'amour 
(G/î  Asolani)  qui  parurent  au  début  du  xvi'^  siècle 
(1505),  et  dont  là  traduction  de  J.  Martin  (Paris, 
1545),  fut  plusieurs  fois  réimprimée  (Paris,  1547; 
Lyon,  1552;  Paris,  1553;  Paris,  1572;  etc.).  Dans  le 
Journal  de  voyage,  p.  165,  Montaigne  remarque  à 
Padoue  une  statue  de  Bembo. 

P.  113,  1.  16.  Equicola).  Parmi  les  ouvrages  d'Equi- 
cola  (1460-1539),  Montaigne  fait  allusion  au  traité 
intitulé  :  Délia  natnra  d'amore,  le  plus  célèbre  de 
tous.  Il  venait  seulement  d'être  traduit  en  français 
en  1584,  par  Gabriel  Chapuis;  mais  l'ouvrage  paru 
en  1525  était  depuis  longtemps  fameux. 

P.  113,  1.  20.  Le  tour  de  ce  peintre).  Cf.  Plutarque, 
Comment  on  pourra  discerner  le  Jlatteur  d'avec  l'amy  : 
«  Il  tait  ne  plus  ne  moins  qu'un  mauvais  peintre, 
qui  avoir  fort  mal  peint  des  coqs,  car  il  commandoit 
à  son  valet  de  chasser  bien  loing  de  .sa  peinture  les 
coqs  naturelles.  «  (xxii,  î°  49  v".) 

P.  113,  1.  24.  Aniinonides).  La  forme  véritable  est 
Antigenides  ou  mieux  Antigenidas.  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Démdtrius,  i,  qui  dit  Antigenidas,  ainsi  que 
Aulu-Gelle,  XV,  xvii;  Valère  Maxime,  III,  vu, 
ext.  2.  Cf.  aussi  Paradin,  Suite  de  l'histoire  de  notre 
temps  (dans  la  préface).  Comme  Montaigne  a  lu 
l'ouvrage  de  Paradin  après  1588,  il  est  probable  que 
c'est  chez  Paradin  qu'il  a  pris  ce  fait. 

P.  113,  1.  27.  De  Plutarque).  Dans  l'édition  de 
1588  le  nombre  des  emprunts  à  Plutarque  n'est,  en 


ESSAIS      DE      MO\TAIG\E. 


effet,  guère  moins  considérable  que  dans  l'édition 
de  1580  (environ  cent  soixante-neuf,  plus  de  deux 
cents  en  1580).  C'est  seulement  après  1588  que 
Montaigne  cessera  semble-t-il  d'étudier  attentivement 
PI  marque. 

P.  114,  1.  4.  Cuisse  ou  aisle).  Rapprocher  Bouays- 
tuau,  préface  du  Théâtre  du  inonde  :  «  Je  n'ay  par- 
donné à  autheur  quelconque...  duquel  je  n'aye  tiré 
cuisse  ou  aesle.  » 

P.  114,  1.  27.  Aucuns  puent  un  peu  a  l'estratiger). 
Sur  l'impersonnalité  des  premiers  essais,  cf.  mon 
ouvrage  sur  Les  Sources  et  l'Évolution  des  Essais,  t.  II, 
3=  partie,  liv.  I. 

P.  115, 1.  4.  Celle  des  singes).  Cf.  Diodore  de  Sicile: 
«  Il  5'  a  plusieurs  espèces  de  singes  plus  grands  aussi 
qu'ilz  ne  sont  ailleurs,  &  les  prent  on  par  un  artifice 
que  eulx  mesmes  ont  enseigné  aux  hommes  :  car 
autrement  de  les  prendre  à  force  il  seroit  trop 
malaisé,  pource  qu'ilz  sont  robustes  de  corps,  fins 
&  malicieux  :  mais  pource  que  c'est  une  beste,  qui 
de  sa  nature  contrefait  tout  ce  qu'elle  veoit  faire,  les 
chasseurs  qui  les  prennent,  aucunefois  oignent  les 
paupières  de  leurs  yeux  avec  du  miel  à  la  veue  de 
ces  singes  :  les  autres  se  chaussent  des  souliers  :  les 
autres  se  mirent  dedans  des  mirouers  qu'ilz  appro- 
chent de  leurs  testes  :  &  puis  laissent  les  souliers 
qu'ilz  ont  chaussez,  et  y  attachent  des  liens  :  &  au 
lieu  de  miel  y  laissent  de  la  glus  :  &;  à  ces  mirouers 
attachent  des  lacs  courans  :  tellement  que  quand  ces 
bestes  cuydent  contrefaire  ce  qu'elles  ont  veu  faire, 
elles  se  treuvent  empestrees,  les  unes  ayans  les  pau- 
pières engluées,  les. autres  les  piedz  liez,  &  les  autres 
tout  le  corps  enferré.  »  (XVII,  xx,  f°  293  r°.)  Cf. 
aussi  Elien,  Histoire  des  animaux,  XVII,  xxv,  et 
Strabon,  XV. 

P.  115,  1.  17.  Sacrales  jurait).  Montaigne  s'en  assure 
par  les  dialogues  de  Platon  qu'il  lisait  après  158S. 
Marsile  Ficin  traduit  «  per  canem  ». 

P.  115,  1.  17.  Zenon).  Cf.  Diogènc  Lacrce,  Fie  de 
Zenon  :  «Per  Capparim...  jurabat.»  (\''II,  xxxii,  428.) 

P.  115,  1.  18.  Pythagoras).  Id.,  Fie  de  Pytbagorc  : 
«  Non  per  aërem  quem  spiro,  non  per  aquam  quam 
bibo,  non  admittam  liujus  sermonis  vituperationes.  » 
(VIII,  VI,  526.) 


P.  117,  1.  5.  Pour  Socrates).  Cf.  Platon,  Banquet, 
discours  de  Socrate,  en  particulier  p.  206  et  suivantes. 

P.  117,  1.  II.  La  suprême  volupté).  Cf.  l'essai  II, 
XX,  p.  464,  1.  15. 

P.  117,  1.  12.  Ce  que  dict  Platon).  Dans  les  Lois  : 
«  Hominem  vero...  dei  ludo  esse  fictum.  »  (VII, 
p.  803;  éd.  de  1546,  p.  830.) 

P.  117,  1.  14.  Ouœnani  ista).  «Cruelle  manière 
de  se  jouer.  »  (Claudien,  In  Eutropium,  I,  xxiv.) 

P.  117,  1.  21.  Les  pieds  du  paon).  Rapprocher 
Duplessis-Mornay,  De  la  vérité  de  la  religion  chrétienne  : 
«  Le  paon,  dit-on,  se  mire  en  ses  plumes  et  fait  la 
roue;  mais  quand  il  a  bien  estendu  ses  ailes,  il 
demeure  court;  et  quand  il  vient  à  regarder  ses  pieds, 
resserre  son  pennage  de  honte.  »  (xvi.) 

P.  117,  1.  22.  Ridentem).  «Qu'est-ce  qui  empêche 
de  dire  la  vérité  en  riant?»  (Horace,  Satires,  I,  i,  24.) 

P.  118,  1.  II.  Alexandre  disait).  Cf.  Plutarque, 
Comment  on  pourra  discerner  le  flatteur  d'avec  l'amy  : 
«  Le  roy  Alexandre  souloit  dire,  que  deux  choses 
principalement  le  destournoient  d'adjouster  foy  à  ceulx 
qui  le  saluoient  &  l'appelloient  Dieu  :  L'une  estoit 
le  dormir,  &;  l'autre  le  jouïr  d'une  femme,  comme 
se  sentant  plus  imparfait,  &  plus  défectueux  en  ces 
deux  points  là  qu'en  nuls  autres.»  (xxiii,  f°  50  r°.) 

P.  119,  1.  3.  De  quai  parle  Pline).  Dans  l'Histoire 
naturelle,  V,  xvii.  Ce  fait  a  été  rappelé  à  Montaigne 
par  une  allusion  de  Du  Haillant.  Cf.  la  note  à 
l'essai  II,  xxix,  p.  513,  1.  i. 

P.  119,  1.  7.  Ils  disent  que  Zenon).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Fie  de  Zenon  :  «  Pueris  semel  ferè  aut  bis 
usus  est,  &  ancillula  quadam,  ne  sexum  odisse  vide- 
retur.  »  (VII,  xiii,  415.) 

P.  119,  1.  14.  Aristote  dict).  Cf.  Plutarque,  Les 
demandes  des  choses  romaines  :  «  (Aristote)  dit  que 
ce  mot,  faire  bon,  signifie  tuer.  »  (Question  52, 
t^  469  r".) 

P.  119,  1.  16.  Les  Athéniens).  Cf.  Diodore  de 
Sicile  :  «  Suyvant  un  certain  oracle...  les  Athéniens 
purgèrent  et  mundifierent  l'isle  de  Delos,  sacrée  à 
Appollo...  ils  feirent  une  ordonnance,  que  de  là  en 
avant  il  ne  fust  loysible  ny  d'entanter  ny  d'enterrer 
homme  dedans  le  pourpris  de  l'isle  de  Delos.  »  (XII, 
XVII,  f°  59  v°.)  Voir  aussi  Thucydide,  III,  civ. 


LIVRi;      m,      CHAPITRE      V 


389 


P.  120,  1.  I.  Nostri  v.osinel).  «Nous  avons  honte 
de  nous-mêmes.  »  (Térence,  Phonnioii,  I,  m,  20.) 

P.  120,  1.  3.  //  V  (T  des  nations).  Cf.  Jean  Léon, 
Hisloriale  descriplioii  de  l'Afrique...  mise  en  françois 
par  Jean  Temporal  et  autres  (Lyon,  J.  Temporal, 
155  e).  «  Dans  les  Déserts  de  Libye,  les  Gentilshommes 
du  Païs  portent  en  tète  un  linge  noir  avec  partie 
duquel  ils  se  couvrent,  cachant  toutes  les  parties 
d'icelle  hormis  les  yeux;  &  vont  ainsi  acoutrez 
journellement.  Parquoi  leur  venant  envie  de  manger, 
toutes  les  fois  qu'ils  portent  le  morceau  en  la  bouche, 
ils  la  découvrent,  puis  soudainement  la  retournent 
couvrir  :  allegans  pour  leur  raison  touchant  cette 
étrange  nouveauté,  que  tout  ainsi  que  c'est  grand 
vitupère  à  l'homme  de  jetter  la  viande  hors  du  corps, 
le  semblable  est  de  le  mettre  dedans,  à  la  veuë  d'un 
chacun.  »  (P.  23.) 

P.  120,  1.  9.  En  l'empire  du  Turc).  Cf.  Guillaume 
Postel,  Des  histoires  orientales  et  principalement  des 
Tnrkes  :  «  Tous  ceux  icv  sont  tous  balaffrés  de  grands 
balaffres,  tout  à  travers  de  l'estomach,  tout  du  long 
du  bras,  souvent  en  trois  ou  quatre  lieux  :  et  dient 
faire  cesdites  balaffres  et  coupures  pour  l'amour  du 
Prophette...  Quelqu'un  jamais  ne  parle  à  honmie 
ny  à  femme  :  l'autre  ne  mange  qu'une  fois  la  sep- 
maine  :  les  autres  vous  ne  les  voies  jamais  manger...» 
(Éd.  de  1575,  pp.  228  et  229;  éd.  de  1560,  i'"  par- 
tie, pp.  108  et  109.) 

P.  120,  1.  18.  Exilioqne).  «Et  pour  l'exil  ils 
abandonnent  leur  demeure  et  un  doux  intérieur.  » 
Ç\"irgi\e,  GéorgiqVes,  II,  511.) 

P.  120,  1.  20.  6-  dommageables).  Rapprocher  ce 
que  Montaigne  a  dit  à  la  fin  de  l'essai  I,  xxx. 

P.  120,  1.  21.  Plusieurs  peuples).  Bouaystuau  dans 
l'Histoire  de  Cbelidoniiis,  viii,  cite  à  ce  propos  les 
Indiens,  les  Césiens,  les  Cossiens,  les  Gymnoso- 
phistes,  les  Brachmanes  et  les  Thraces,  et  allègue 
comme  autorités  Hérodote,  Valère  Maxime,  Pompo- 
nius  Mêla,  Solin.  Droit  de  Gaillard,  dans  sa  Méthode 
de  l'histoire,  xxix,  reproduit  le  passage  de  Bouaystuau. 
Au  reste  ce  fait  se  retrouve  chez  un  grand  nombre 
de  compilateurs  du  xvi=  siècle,  et  il  passe  parfois  de 
là  dans  les  œuvres  littéraires.  Voyez  par  exemple 
Marot  dans  la  pièce  qu'il  a  composée  à  l'occasion  de 


la  naissance  du  troisième  enfant  de  la  duchesse  de 
Ferrare. 

P.  120,  1.  22.  On  le  soleil  est  abominé).  On  voit 

bien  chez  Hérodote,  IV,  CLXXXiv;   chez  Pline,  V, 

vni,   des  peuples  qui  «  abominent  »  le  soleil,  mais 

.  je   ne   vois   point   à   quoi   Montaigne   fait   allusion 

lorsqu'il  parle  de  peuples  qui  adorent  les  ténèbres. 

P.  121,  1.  I.  O  miseri).  «Malheureux!  qui  s'im- 
putent  leurs   joies   à   crimes.  »    (Pseudo-Gallus,    I, 

CLXXX.) 

P.  121,  1.  lé.  Ces  deux  poètes).  Virgile  et  Lucrèce. 

P.  121,  1.  21.  L'égyptien).  Cf.  Plutarque,  De  la 
curiosité  :  «  La  response  de  r^ïg^r-ptien  fut  gentille  et 
bien  à  propos  à  celuy  qui  luy  demandoit,  que  c'estoit 
qu'il  portoit  enveloppé  :  c'est  à  fin  que  tu  ne  le 
saches  pas,  qu'il  est  enveloppé.  »  (m,  f°  64  r".) 

P.  121,  1.  26.  Et  nudam).  «Et  toute  nue  je  l'ai 
pressée  contre  mon  corps.  »  (Ovide,  Amotirs,  \, 
V,  24.) 

P.  122,  1.  7.  Je  ne  sçay  qui).  Il  s'agit  de  Philoxène. 
Cf.  Aristote,  Ethique,  III,  x;  Athénée,  I,  vi;  Jelly, 
La  Circé  (traduction  de  Denis  Sauvage,  éd.  de  1550, 
p.  207);  Jean  des  Caurres,  Œuvres  morales,  II,  xxii. 

P.  122.  1.  23.  La  chasse).  Rapprocher  l'essai  II, 
XII,  p.  238,  1.  4. 

P.  123,  1.  5.  Postquam  cupidiv).  «Dès  que  le 
caprice  de  notre  passion  est  satisfait,  les  promesses  ne 
comptent  plus,  on  ne  se  soucie  plus  des  serments.  » 
(Catulle,  LXiv,  147.) 

P.  123,  1.  7.  Thrasonidsx).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  de  Zenon  :  «  Nam  Thrasonidem,  &  quidem  cùm 
haberet  in  potestate  amatam,  abstinuisse  ab  ea,  ne 
in  odium  veniret.  »  (VII,  cxxx,  480.) 

P.  123,  1.  12.  Particulière  à  nosire  nation).  Dans  le 
discours  préliminaire  de  son  Apologie  pour  Hérodote, 
paragraphe  15,  Henri  Estienne  relève  la  même 
coutume  pour  montrer  l'opposition  qui  existe  entre 
les  coutumes  de  pays  voisins.  Il  est  à  noter  que 
Martial  y  fait  de  fréquentes  allusions  :  lire  en  parti- 
culier l'épigramme  XII,  lix,  «  De  importunis  basia- 
toribus  ». 

P.  123,  1.  13.  Socrates  dit).  Cf.  Xénophon,  Mémo- 
rables :  «  O  miserum  hominem  :  &  quid  effecturum 
te  arbitraris,  si  formosum  osculatus  fueris?  An  non 


390 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


Ut  statim  repuisa  libertate  in  servitutis  jugum  te 
tradas...  »  (I,  m,  ii.) 

P.  123,  1.  17.  Ctijtts  livida).  «A  tel  qui  a  un  nez 
de  chien,  d'où  pendent  des  glaçons  livides  et  la  barbe 
toute  raide,  j'aimerais  mieux  lui  baiser  le...»  (Mar- 
tial, VII,  xcv,  10.)  On  trouve  partout  la  forme 
cnnniliugis  et  non  ciililiiigis. 

P.  124,  1.  7.  Celle  de  ce  geirçon).  Cf.  Valèrc 
Maxime,  VIII,  xi,  ext.  4. 

P.  124,  1.  10.  La  loi,  qui  fut  faicte).  Cf  Hérodote  : 
«  Les  femmes  de  maison  allans  de  vie  à  trespas  ne 
sont  soudain  portées  aus  embaumeurs,  ne  celles  qui 
ont  eu  vogue  &  réputation  de  beauté,  mais  sont 
gardées  trois  ou  quatre  jours  avant  que  les  transporter 
de  la  maison,  &  le  font  afin  que  les  embaumeurs  ne 
prennent  la  compagnie  d'elles  :  car  autrefois  est  venu 
en  notice  qu'aucun  s'estoit  meslé  avec  le  corps  de 
femme  nouvellement  morte,  lequel  fut  décelé  par 
un  sien  compagnon.  »  (II,  lxxxix,  f°  131  v°.) 

P.  124,  1.  14.  Periaitder).  M.  :  «Il  avoit  pris 
la  compagnie  de  Mélisse  après  qu'elle  fut  morte.  » 
(V,  xcii,  f°  353  V.)  Le  fait  se  retrouve  chez  Ravisius 
Textor,  Offidna,  parmi  les  exemples  d'amour  conju- 
gal ;  chez  Corras,  Arrcst  uieniorable  du  Parleuieiit  de 
Tolose,  note  16. 

P.  124,  I.  18.  L'aller  enJoruiir).  Cf.  Cicéron,  Tus- 
culanes,  I,  xxxviii. 

P.  124,  1.  28.  Tanquam  thiira  merumque).  «  Aussi 
impassibles  que  si  elles  préparaient  le  vin  et  l'encens 
du  sacrifice...  Vous  diriez  qu'elle  est  absente,  ou  de 
marbre.»  (Martial,  XI,  cm  (ou  cv),  12,  et  XI,  lix 
(ou  i.xi),  8.) 

P.  125,  1.  I.  Oui  ne  se  communiquent  1.  Rapprocher 
une  épigramme  de  Martial  dont  la  pensée  est  analogue. 

P.  125,  1.  6.  Tihi  si  datur  uni).  «  Si  elle  se  donne 
à  vous  seul,  si  elle  marque  ce  jour-là  d'une  pierre 
blanche.  »  (Catulle,  lxviii,  147.)  Le  texte  est  celui 
des  éditions  du  xvi'  siècle,  avec  cette  seule  exception 
qu'au  début  on  y  lit  :  «  Si  nobis  id  datur  unis  », 
texte  que  Montaigne  a  volontairement  modifié. 

P.  125,  1.  10.  Tetenet,  absentes).  «C'est  toi  qu'elle 
presse  dans  ses  bras,  mais  ses  soupirs  sont  pour  un 
autre  qu'elle  aiiue  et  qui  n'est  pas  là.  »  (Tibulle,  I, 
^'h  35) 


P.  125,  1.  lé.  Ils  ont  plus  communément).  C'est  bien 
ce  que  dit  Montaigne  dans  son  Journal  de  voyage  : 
«  Quant  à  la  beauté  parfaite  et  rare,  il  n'en  est,  disoit-il, 
non  plus  qu'en  France,  et  sauf  en  trois  ou  quatre,  il 
n'}'  trouvoit  nulle  excellence  :  mais  communéemant 
elles  sont  plus  agréables,  et  ne  s'en  voit  pas  tant  de 
ledes  qu'en  France.  La  teste,  elles  l'ont  sans  compa- 
reson  plus  avantageusement  accommodée,  et  le  bas 
audessous  de  la  ceinture.  Le  cors  est  mieus  en  France  : 
car  icy  elles  ont  l'endret  de  la  ceinture  trop  lâche,  et 
le  portent  comme  nos  famés  enceintes;  leur  conte- 
nance a  plus  de  majesté,  de  mollesse  et  de  douceur.  » 
(P.  228.)  Au  premier  abord  le  jugement  de  Mon- 
taigne avait  été  moins  favorable  aux  Italiennes  : 
«  M.  de  Montaigne  disoit,  jusques  lors  n'avoir  jamais 
veu  nation  où  il  y  eut  si  peu  de  bêles  famés  que 
ritaliene.  »  (P.  190.) 

P.  125,  1.  19.  Des  espris).  Rapprocher  ce  que 
Montaigne  dit  dans  l'essai  I,  li,  p.  395,  1.  3. 

P.  126,  1.  4.  Luxuria  ipsis  vinculis).  «La  luxure 
qui,  à  la  manière  d'une  bête  féroce,  après  avoir  été 
irritée  par  ses  fers,  est  ensuite  lâchée.  »  (Tite-Live, 
XXIV,  IV.)  Voici  la  phrase  dij  Tite-Live  qui  se 
trouve  dans  le  discours  de  Caton  contre  le  luxe  : 
«  Et  luxuria  non  mota  tolerabilior  esset,  quam  erit 
nunc,  ipsis  vinculis,  sicut  ferœ  besti;i.-  irritata,  deinde 
emissa.  » 

P.  126,  1.  7.  Vidi  ego  nupcr).  «J'ai  vu  naguère  un 
cheval  rebelle  au  frein  lutter  de  la  bouche  et  s'élancer 
comme  la  foudre.  »  (Ovide,^;K0;<r.j,  III,  iv,  13.)  Le 
texte  est  celui  des  éditions  du  xvi'^  siècle. 

P.  126,  1.  25.  C'est  aus  Sauromates).  Cf.  Hérodote  : 
«  Il  n'est  loisible  à  fille  se  marier  avant  que  de  sa 
main  propre  elle  ait  fait  mourir  un  des  ennemis  du 
Royaume.  »  (IV,  cxvii;  t.  I,  f"  285  r".) 

P.  127,  1.  3.  Le  conte  d'Aristippns).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  d'Aristippe  :  «  Ingressus  aliquando  mere- 
tricis  cubiculum,  cùm  erubesceret  quidam  ex  his  qui 
cum  co  erant  adolescentibus,  non,  inquit,  ingredi  turpe 
est,  sed  egredi  non  posse  turpe  est.  »  (II,  LXix,  138.) 

P.  127,  1.  9.  Platon  montre).  Voir  en  particulier 
le  Banquet,  pp.  183,  184  et  suivantes. 

P.  127,  1.  16.  Comme  les  Scythes).  Cf.  l'essai  I,  xii, 
p.  52,  1.  II  et  suivantes. 


LIVRE      III,      CHAPITRE      V 


391 


P.  127,  1.  20.  Pâli  natx).  «Nées  pour  le  rôle 
passif.  »  (Sénèque,  ép.  95.) 

P.  128,  1.  3.  Alexandre).  Cf.  Diodore  de  Sicile  : 
«  En  s'en  retournant  par  le  pays  de  Hyrcanie,  la 
Royne  des  Amazones  qui  avoit  nom  Thalestris,  le 
vint  trouver.  Elle  estoit  belle  de  visage  et  de  taille, 
et  vigoureuse  de  sa  personne  à  merveilles.  Et  ayant 
laissé  le  fort  de  son  armée  es  montagnes  qui  sont 
sur  les  confins  de  l'Hyrcanie  :  s'en  vint  avec  trois 
cents  amazones  seulement,  armées  trouver  Alexandre, 
lequel  de  prime  face  s'esmer\eilla  de  veoir  la  façon 
de  faire  et  la  contenance  asseurée  de  ces  femmes. 
Si  demanda  à  la  royne  Thalestris  quelle  occasion  la 
menoit  là  :  elle  luy  respondit,  qu'elle  estoit  venue 
pour  se  faire  engrossir  par  luy.  Pourcc,  dit-elle, 
qu'à  ouyr  le  bruit  de  tes  faits,  tu  es  le  plus  vaillant 
homme  qui  soit  aujourd'huy  vivant  au  monde  :  et 
je  suis  la  plus  forte  et  la  plus  vaillante  femme.  Si 
est  vraysemblable  que  ce  qui  naistra  de  nous  deux 
devra  surmonter  en  vaillance  et  en  prouesse  tant 
d'hommes  qu'il  v  aura  en  tout  le  monde.  Alexandre 
fut  fort  joyeux  de  ceste  response,  et  accepta  l'offre 
de  sa  compagnie.  Et  après  avoir  fait  bonne  chère 
l'espace  de  treze  jours  avec  elle,  la  renvoya  en  son 
pays.  »  (XVII,  XVI,  f°  287  v°.)  \o\x  aussi  Quinte- 
Curce,  VI,  v. 

P.  129,  1.  2.  Si  on  ne  livnve  point).  Montaigne 
développera  cette  idée  dans  l'essai  III,  x. 

P.  129,  1.  9.  Qu'elles  achètent  chat).  Cf.  essai  I, 
XLii,  p.  334,  I.  10. 

P.  129,  1.  9.  Jane,  Roine  de  Naples).  Cf.  Lavardin, 
Histoire  de  Scanderberg  :  «  Ceste  jeune  Princesse . . . 
espousa  André  :  avec  lequel  un  jour  se  trouvant 
à  Averse,  elle  l'envoya  de  nuict  prier  de  venir  à 
elle  souz  couleur  de  choses  d'importance  :  lequel 
s'acheminant,  &  jà  à  l'endroit  d'une  grille  de  fer, 
fut  empoigné,  &  pendu  à  ladite  grille,  avec  un 
laz  d'or  &  de  soye,  tissu  de  la  main  de  la  Royne. 
Le  sujet  de  cest  assassinat  (comme  plusieurs  ont 
voulu  dire)  fut,  que  ce  Prince  (quoy  que  jeune 
&:  dispos)  ne  bastoit  aux  corvées  matrimoniales  selon 
l'appétit  effréné  d'elle  :  poulsée  aussi  de  la  conspira- 
tion de  ceux  de  son  sang,  aspirans  à  la  souveraineté.  » 
(P  383  v.) 


P.  129,  1.  16.  Platon,  a  cette  cause).  Dans  les  Lois  : 
«  Convenientiam  vero  a.'tatis  ad  nuptias  &  contra, 
judex  nudos  omnino  mares,  nudas  quoque  ad  puhcm 
usque  fœminas  conspiciens  judicet.  »  (XI,  p.  925; 
éd.  de  1546,  p.  887.) 

P.  129, 1.  21.  Experta  latus).  La  pensée  est  :  «Après 
avoir  emplové  vainement  toute  son  industrie  à  exciter 
son  époux,  elle  abandonne  enfin  une  couche  impuis- 
sante. »  (Martial,  VII,  lvii,  3.)  Montaigne  change 
la  personne  du  verbe  :  «deserit»  au  lieu  de  «deseris». 

P.  129,  1.  26.  Et  quœrendiwi  alinnde).  «Il  fallait 
chercher  ailleurs  un  époux  plus  capable  de  dénouer 
la  ceinture  virginale.  »  (Catulle,  Lxvii,  27.)  Le  texte 
est  celui  des  éditions  du  xvi""  siècle. 

P.  130,  1.  3.  Si  hlando  neqneat).  «  S'il  ne  peut  venir 
à  bout  de  son  doux  labeur.  »  (Virgile,  Géorgiqiies, 
III,  127.)  Le  texte  est  :  «  Xc  blando  nequeat...  » 

P.  130,  1.  8.  Ad  iinum).  «A  peine  capable  d'une 
seule  besogne.  »  (Horace,  Épodes,  xii,  15.) 

P.  130,  1.  II.  Fiige  snspicari).  «Ne  craignez  rien 
d'un  homme  qui  a,  hélas!  accompli  son  dixième 
lustre.  »  (Horace,  Odes,  II,  iv,  22.)  Le  texte  d'Horace 
est  octavnm. 

P.  131,  1.  3.  Indum).  «  Comme  un  ivoire  de  l'Inde 
teint  de  couleur  de  pourpre,  ou  comme  des  lis  blancs 
qui,  mêlés  à  des  roses,  en  reflètent  les  vives  cou- 
leurs. »  (Virgile,  Enéide,  XII,  67.) 

P.  131,  1.  8.  Et  taciti).  «Et  sans  un  mot,  ses 
regards  ont  accusé.  »  (Ovide,  Amours,  I,  vu,  21.) 

P.  131,  1.  i).  Si  non  longa).  L'idée  est  «si  elle 
m'a  mal  pourvu».  {Priapea,  LXXX,  i,  ou  Diverso- 
ruin  poetariun  in  Priapum  litsus.)  Le  texte  est  dans 
toutes  les  éditions  contemporaines  : 

«  .\t  non  longa  s.itis,  non  stat  bcnc  mentula  crassa.  » 

P.  131,  1.  16.  Kiniintm).  L'idée  est  :  «Les  matrones 
elles-mêmes  voient  sans  plaisir  de  maigres  appa- 
rences, et,  sans  doute,  elles  n'ont  pas  tort.  »  (Jbid., 
VIII,  4.)  Le  texte  est  : 

«  Kiminim  sapiunt  videntque  magnam 
»  Matron.-e  quoque  mentulani  libenter.  » 

P.  133,  1.  5.  Esse  iimiin).  «Qu'un  seul  homme 
s'accommode  à  cette  grande  variété  de  mœurs,  de 


392 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


discours  et  de  volontés.  »  (Cicéion,  De  petitioiic 
consulatiis,  xi\'.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  de 
Paris  1538. 

P.  133,  1.  II.  Ritiiiila).  «  Que  je  meure  si  ta  fente 
n'est  pas  légère.»  (Th.  de  Bèzc,fuve>iilia.  Epigramme 
Ad  quandam,  édition  de  1578,  p.  88.)  Cette  pièce 
ne  se  retrouve  pas  dans  l'édition  de  1569. 

P.  133,  1.  12.  Un  vit).  Saint-Gelais,  Œuvres,  édi- 
tion de  Lyon  1574,  p.  99.  Dans  son  Apologie  pour 
Hérodote,  Henri  Estienne  a  critiqué  vertement  les 
vers  licencieux  de  ce  prélat.  Voici  le  texte  du  ron- 
deau auquel  Montaigne  fait  allusion  : 

ROXDE.\U  SUR  L.\  DISPUTE  DES  ... 

PAK    aUATRE   DAMES. 

«  La  nuict  p.issée  une  Dame  discrette 
»  Ayant  couché  en  part  assez  secrette 
»  A  autre  trois  demanda  par  devis 
»  De  quelle  taille  estovent  les  meilleurs  ... 
«Tous  ...  sont  bons,  repond  une  maigrette. 

»  Les  longs,  dit  l'autre,  aynient  trop  la  retrailte, 
»  Un  ...  moyen  faict  bien  meilleure  traicte, 
»  Je  le  say  bien,  et  je  m'en  assouvis 
))  La  nuict. 

>>  La  tierce  dit,  ne  faites  point  l'estroicte, 
»  Le  grand  et  grps  a  l'atteinte  plus  droicte. 
»  Lors,  dit  la  Dame,  après  tous  vos  devis, 
»  Quand  la  femme  aime  et  n'a  les  sens  ravis, 
»  Un  ...  d'ami  la  contente  et  bien  traicte 
»  La  nuict.  >> 

(Edition  Blanchemain,  t.  I,  p.  88.) 

P.  133,  1.  20.  Si fiirtiva).  «Si,  furtivement,  dans 
l'obscurité  de  la  nuit,  elle  vous  a  accordé  quelque 
faveur.  »  (Catulle,  lxvhi,  145.)  Le  texte  est  celui  des 
éditions  du  xvi'  siècle;  Montaigne  change  seulement 
la  première  conjonction,  écrivant  si  au  lieu  de  sed. 

P.  134,  1.  24.  Faict  caler).  Rapprocher  ce  que 
Montaigne  a  dit  dans  l'essai  II,  xi,  p.  131,  1.  10. 

P.  135,  1.  12.  Me  tabula).  «Le  tableau  votif  que 
j'ai  appendu  au  mur  du  temple  de  Neptune  indique 
à  tous  que  j'ai  consacré  à  ce  dieu  mes  habits  encore 
mouillés  du  naufrage.»  (Horace,  Odes,  I,  v,  13.) 
Montaigne  veut  dire  qu'il  est  maintenant  hors  de  la 
tempête. 

P.    135,    1.    20.   Hœc  si  tu  postules).    «Prétendre 


l'assujettir  à  des  règles,  c'est  tout  simplement  s'efforcer 
de  déraisonner  avec  bon  sens.  »  (Térence,  Eunuque, 
I,  I,  16.) 

P.  136,  1.  7.  Xiiliiiin).  «Il  n'est  pas  de  vice  qui 
soit  renfermé  en  lui-même.»  (Sénèque,  ép.  95.)  Le 
texte  de  Sénèque  est  :  «  Nullum  intra  se  manet 
vitium.  » 

P.  136,  1.  16.  Un  jeune  boiinne).  Cf.  Sénèque, 
Epilres  :  «  Eleganter  mihi  videtur  Panastius  respon- 
disse  adulescentulo  cuidam  qua;i'enti  :  An  sapiens 
amaturus  esset.  De  saplente,  inquit,  videbimus;  mihi 
&  tibi,  qui  adhuc  à  sapiente  longe  absumus,  non  est 
committendum  ut  incidamus  in  rem  commotam  im- 
potentem,  alteri  cmancipatam  vilem  sihi.  »  (Ép.  iï6, 
p.  276.) 

P.  136,  1.  22.  La  parole  d' Agesilaus).  Cf.  Plutarque, 
Les  dicts  notables  des  Lacedœmoniens  :  «  Agesilas  en  se 
retournant  dit,  O  qu'il  est  malaisé  d'aimer  &  estre 
sage  tout  ensemble.  »  (F"  210  v^\) 

P.  137,  1.  I.  Duni  nova  canities).  «Alors  que  je 
n'en  suis  qu'aux  premiers  cheveux  blancs,  alors  que 
la  vieillesse  n'est  qu'à  ses  débuts  et  se  tient  encore 
droite,  alors  qu'il  reste  encore  à  la  Parque  Lachésis 
de  quoi  filer,  que  j'ai  encore  l'usage  de  mes  jambes 
et  que  je  n'ai  pas  besoin  de  bâton.  »  (Juvénal, 
Satires,  m,  26. 

P.  137,  1.  5.  Elle  a  rendu  de  jeunesse).  Montaigne 
fait  sans  doute  allusion  à  certaines  odes  d'Anacréon 
qu'il  avait  pu  lire  en  particulier  dans  la  traduction  de 
Belleau.  Voir  les  Œuvres  de  Belleau,  édition  Gouver- 
neur, t.  I,  p.  45,  la  pièce  intitulée  :  De  soymesme. 

P.  137,  1.  6.  Au  sage  Anacrcoii).  Peut-être  allusion 
à  l'ode  LU  d'Anacréon. 

P.  137,  1.  7.  M'estanI,  dict-il).  Cf.  Xénophon, 
Le  Banquet  :  «  Cum  in  codem  libro  conjunctis  capi- 
tibus  aliquid  ambo  quxrerctis,  &  humerum  nudum 
humerum  hxrentem.  Et  Socrates  :  Facesse,  inquit, 
hœc  igitur,  quasi  a  bestia  morsus  :  &  humerum 
amplius  quinque  diebus  fricuerunt,  &  in  corde  quasi 
pruritum  quendam  habere  videbar.  »  (Éd.  de  1545, 
IV,  XXVII.) 

P.  137,  1.  20.  Elle  diet  que  les  appétits).  LL,  Ménui- 
rablcs,  I,  m.  Pour  l'image,  cf.  aussi  Plutarque,  De  la 
curiosité   :    «  Ainsi    comme    Socrates    conseilloit    de 


LIVRE      III,      CHAPITRE      V 


39j 


s'abstenii"  des  viandes  qui  provoquent  les  hommes  à 
manger  quand  ils  n'ont  point  de  faim,  et  des  breu- 
vages qui  convient  à  boire  encore  que  l'on  n'ait  point 
de  soif  :  aussi  faut-il  que  nous  fuyons  &  nous  gar- 
dions de  voir  n\-  d'ouir  chose  quelle  qu'elle  soit  qui 
nous  arreste  ou  retiene  quand  il  n'en  est  point  de 
besoin.  »  (xii,  f°  67  r°.)  La  même  idée  revient  dans 
le  traité  Du  trop  parler,  xxii,  f"  96  v°;  Propos  de  table, 
IV,  I,  f°  369  r°;  etc. 

P.  138,  1.  9.  Piireiiient  uy  corporel).  Cette  idée  sera 
de  nouveau  longuement  développée  à  la  fin  de 
l'essai  III,  xiii. 

P.  139,  1.  26.  Cttjiis  in  indomito).  «  Dont  la  raideur 
est  plus  grande  que  celle  de  l'arbre  qui  se  dresse  sur 
la  colline.  »  (Horace,  Epodcs,  xii,  19.) 

P.  140,  I.  2.  Possiiit  ut).  «  Pour  que  cette  jeunesse 
ardente  rie  aux  éclats  en  voj-ant  notre  flambeau  réduit 
en  cendres.  »  (Id.,  Odes,  IV,  xiii,  26.) 

P.  140,  1.  8.  Ce  phiïosofe).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  de  Bion  :  «  Cum  sibi  probro  daretur,  quôd  ado- 
lescentem  non  sibi  vendicasset.  Non  enim,  inquit, 
possibile  est  mollem  caseum  hamo  attrahere.  »  (IV, 

XLVII,    278.) 

p.  140, 1.  23.  Fa  te  hen  per  z'oi).  (Faites-moi  quelque 
bien  pour  vous-même.)  Cf.  Journal  de  voyage  :  «  Le 
nazioni  libère  non  hanno  la  distinzione  delli  gradi 
délie  persone  come  le  altre  :  e  fino  alli  infimi  hanno 
non  so  che  di  signorile  à  lor  modi.  Domandando 
l'elemosina  mescolanci  sempre  qualche  parola  d'au- 
torità.  Datemi  l'elemosina,  voleté?  Datemi  l'elemo- 
sina, sapete.  Come  dice,  quest'  altro  in  Roma  :  Fate 
ben  per  vol.  »  (P.  373.) 

p.  140,  1.  23.  Cvriis  enhortoit).  Cf.  Xénophon, 
Cyropédie  :  «Qui...  seipsum  amat  mecum  pugnet.  » 
(VII,  i;  éd.  de  1545,  p.  119.) 

P.  141,  1.  I.  Nolo).  «Je  ne  veux  pas  arracher  la 
barbe  à  un  lion  mort.  »  (Martial,  X,  xc,  10.)  Le 
texte  porte  «  noli  >>  au  lieu  de  «  nolo  ». 

P.  141,  1.  3.  Xowphon  emploie).  Dans  VAnahase, 
II,  VI,  15. 

P.  141,  1.  8.  L'Empereur  Galba).  Cf.  Suétone,  Vie 
de  Galba,  xxii. 

P.  141,  1.  10.  O  ego).  «  Oh  !  fassent  les  dieux  que 
je  puisse  te  voir  telle  que,  dans  mon  exil,  je  me 


représente  ton  image!  que  je  puisse  baiser  tendre- 
ment tes  cheveux  blanchis  par  le  chagrin  et  presser 
dans  mes  bras  ton  corps  amaigri  !  »  (Ovide,  Ex  Ponlo, 
I,  IV,  49.) 

P.  141,  1.  14.  Enione:;^).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
d'Arcésilas  :  «Emone  quodam  Chio,  cùm  esset  defor- 
mis,  formosum  se  arbitrante,  ac  jugiter  chlamydem 
pretiosam  induente  ac  rogantc,  num  illi  sapiens 
amaturus  videretur,  Maxime,  ait,  nisi  ita  quispiam 
fuerit  pulcher  ut  tu,  &  ita  speciosè  induatur.  »  (I\', 
xxxiv,  268.) 

P.  141,  1.  23.  Quein  si).  «Un  jeune  homme  qui, 
introduit  dans  un  chœur  de  jeunes  filles,  avec  ses 
cheveux  flottants  et  ses  traits  indécis,  pourrait  trom- 
per sur  son  sexe  les  j-eux  les  plus  clair\-oyants  des 
personnes  qui  ne  le  connaissent  point.  »  (Horace, 
Odes,  II,  v,  21.) 

P.  142,  1.  2.  Platon  niesme).  Dans  le  Protagoras, 
p.  309;  éd.  de  1546,  p.  227. 

P.  142,  1.  3.  Le  sophiste  Dion).  Cf.  Plutarque,  De 
l'amour  :  «  Le  sophiste  Dion  disoit  encore  plus 
cruement  et  plus  brusquement,  car  il  appelloit  les 
premiers  poils  de  barbe  des  beaux  jeunes  fils  Armo- 
diens  et  Aristogitons,  par  ce  que  les  amoureux 
estoient  délivrez  de  tyrannie  par  eulx  incontinent 
qu'ils  commanceoient  à  poindre.»  (xxxiv,  f"'  613  r".) 

P.  142, 1.  6.  Importunus).  «  Car  il  n'arrête  pas  son  vol 
sur  des  chênes  dénudés.  »  (Horace,  Odes,  IV,  xui,  9.) 

P.  142,  1.  8.  Marguerite).  «  L'aage  de  trente  ans, 
où  les  femmes  ont  accoustumé  de  quitter  le  nom 
de  belles  pour  estre  nommées  sages.  »  (Quatrième 
journée,  nouvelle  35.) 

P.  142,  1.  15.  Amor  ordiuem).  «L'amour  ne  connaît 
point  l'ordre  (la  règle).  »  Ce  passage  est  de  saint 
Jérôme.  Vovez  la  fin  de  sa  lettre  à  Chromatius,  t.  I, 
p.  217;  édition  de  Bàle,  1537. 

P.  143,  1.  I.  Tout  y  sert).  \'oyez  les  mêmes  idées 
dans  l'essai  III,  m,  p.  51. 

P.  143,  1.  6.  Noble  barde  Socratique).  Cf.  à  ce  sujet 
le  Banquet  de  Platon  et  les  idées  que  Montaigne  en 
a  résumées  dans  l'essai  I,  xxviii,  p.  243,  1.  15. 

P.  143,  1.  9.  Platon  ordone).  Dans  la  République  : 
«  Lcgi  huic  addendum  existimo,  ut  quoad  in  ea  expe- 
ditione  fuerint,  nemini  renucre  liceat,  quemcunque 


394 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


osculari  ipse  desideraverit,  ut  si  quis  alicujus  amore 
captus  fuerit  vel  maris  vel  fœminœ,  acrior  sit  ad 
victoriam  consequendam.  »  (V,  p.  468;  éd.  de  154e, 

P-  595-) 

P.  143,  1.  16.  Nain  si  qiiando).  «  Car  si  parfois  on 
en  vient  au  combat,  vous  diriez  un  grand  feu  de 
paille,  sans  force,  dont  toute  la  fureur  reste  vaine.  » 
(Virgile,  Géorgùjnes,  III,  98.  » 

P.  143,  1.  22.  Ut  missiiin).  «  Ainsi  une  pomme, 
don  furtif  de  son  amant,  tombe  du  chaste  sein  d'une 
jeune  fille.  La  malheureuse  a  oublié  qu'elle  l'a  cachée 


sous  son  souple  vêtement,  et  quand,  à  l'arrivée  de 
sa  mère,  elle  se  lève,  la  pomme  tombe  et  roule  à 
ses  pieds.  La  rougeur  qui  couvre  subitement  son 
visage  troublé  révèle  sa  faute.  »  (Catulle,  lxv,  19.) 

P.  144,  1.  I.  Et!  marne  moule).  Cf.  l'essai  II,  xu, 
p.  190,  1.  6,  et  la  note. 

P.  144,  1.  3.  Platon  apelle).  En  particulier  dans  la 
RépiiMique,  V,  pp.  451-457. 

P.  144,  1.  5.  Le  philosofe  Aniisthene^).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  d'Antisthàie  :  «  Viri  ac  mulieris  virtus 
eadem.  »  (VI,  xii,  353.) 


Chapitre   VI. 


DES  COCHES. 


P.  145,  1.  8.  Nainqiie  iinam).  «  Ce  n'est  pas  assez 
de  nommer  une  seule  cause;  il  faut  en  dire  plusieurs, 
quoique  parmi  elles  une  seule  soit  la  bonne.  »  (Lu- 
crèce, VI,  704.) 

P.  145, 1.  10.  D'où  vient  cette  coustiiiiie).  Cf.  Aristote, 
ProbJemata,  section  xxxiii,  qusest.  9.  On  peut  voir  ce 
que  dit  du  Verdier  sur  l'origine  de  cette  coutume. 
Suite  des  Diverses  leçons,  II,  ix. 

P.  145,  1.  17.  //  me  semble  avoir  veii  en  Pliitarqiie). 
Dans  les  Causes  naturelles  :  «  Pourquo}'  est-ce  que 
ceulx  qui  naviguent  sur  la  mer,  ont  plus  de  mal  au 
cœur  que  ceulx  qui  naviguent  sur  les  rivières,  encore 
que  ce  soit  par  beau  &  doux  temps?  C'est  pource 
que  ce  qui  plus  cause  &:  excite  le  mal  de  cœur  entre 
les  sentimens,  c'est  l'odorement,  &:  entre  les  passions 
la  peur  :  car  si  tost  que  l'appréhension  du  péril  saisit 
les  hommes,  ils  tremblent  de  peur,  leur  poil  se 
hérisse  &  se  dresse,  &  le  ventre  leur  lasche,  là  où 
il  n'y  a  rien  de  tout  cela  qui  trouble  ny  travaille 
ceulx  qui  naviguent  dessus  une  rivière,  parce  que 
l'eau  douce  &  bonne  à  boire,  est  familière  &  accous- 
tumee  à  l'odorement,  &  la  navigation  est  sans  danger  : 
mais  en  la  mer  l'odeur  de  la  marine  estrange  &  non 
accoustumee  les  offense,  &  sont  toujours  en  peur, 
quelque  beau  temps  qu'il  face,  ne  se  fians  point  à  ce 
qu'ils  voyent  présent,  parce  qu'ils  ne  sçavent  pas  ce 
qui  leur  doit  advenir,  &  pourtant  peu  ou  rien  ne  leur 
sert  le  calme  du  dehors,  estant  leur  ame  en  tourmente 
au  dedans,  agitée  de  la  peur  &  défiance,  &  tire  le 
corps  en  semblable  perturbation.  »  (xi,  f°  636  v°.) 

P.  146,  1.  12.  Pejus  vexabar).  «J'étais  trop  malade 
pour  songer  au  péril.  »  (Sénèque,  ép.  53.)  La  leçon 


vexabar  est  donnée  en  note  de  l'édition  de  Bàle  1557; 
dans  le  texte  on  Vit  ferebar. 

P.  146,  1.  17.  Faut-il  du  courage).  Rapprocher 
Plutarque  au  début  de  la  comparaison  de  Thésée  et 
de  Romulus  :  «Hardy  de  peur»  (f"  25  v"). 

P.  146,  1.  23.  Celle  qu'Alcibiades  recite).  Cf.  Platon, 
Banquet  :  «Profligatis...  nostris,  ac  fuga  jam  omnium 
facta,  Socrates  unà  &  Lâches  pedem  referebant. 
Atque  ego  cum  in  hos  casu  incidissem,  bono  animo 
esse  jussi,  meque  nunquam  deserturum  eos  dixi. 
Hic  igitur  eo  melius  aspicere  potui  Socratem  quàm 
apud  Potidœam,  quo  ipse  confisus  equo,  minus  for- 
midabam.  Primam  igitur  intueri  licebat,  quanta 
cautione  ac  pntsenti  animo  Lachem  superaret.  Deinde 
mihi  visus  est...  ibi  non  aliter  quàm  hic  incedere, 
superbus,  «Se  oculis  quiète  omnia  circumlustrans,  cau- 
teque  examinans  singula.  Hostes  siquidem  civesque 
vicissim  respiciehat,  oculis  &  aspectu  prœferens, 
ostendensque  vel  remotioribus,  si  quis  eum  invadat, 
non  esse  id  impune  facturuni.  Itaque  tute  abibat 
&  ipse  &  aller.  Fermé  enim  qui  ita  incedunt,  nemo 
eos  invadit,  sed  eos  qui  effusa  fuga  deferuntur.  » 
(P.  221;  éd.  de  1546,  p.  439.) 

P.  147,  1.  9.  Ouo  timoris  minus  est).  «D'ordinaire, 
moins  on  a  peur,  moins  on  court  de  risques.  » 
(Tite-Live,  XXII,  x.) 

P.  147,  1.  26.  Epicurus  dict).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  d'Épicure  :  «Eum  verô  qui  semel  fuerit  sapiens 
in  contrarium  habitum  transire  non  posse.  »  (X, 
cxvii,  715.) 

P.  148,  1.  12.  Quand  la  voile).  Rapprocher  ce  que 
Montaigne  dit   dans  son  Journal  de  voyage  :   «  Le 


396 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


saniedy  dousiesme  de  Novembre,  nous  en  partîmes 
au  matin,  et  vinsmes  à  La  Chaffousine,  cinq  milles, 
où  nous  nous  mimes  homes  et  bagages,  dans  une 
barque  pour  deus  écus.  Il  a  accoutumé  creindre  l'eau, 
mais  avant  opinion  que  c'est  le  sul  mouvemant  qui 
offence  son  estomac,  voulant  essaïer  si  le  mouvemant 
de  cette  rivière,  qui  est  equable  et  uniforme,  attendu 
que  des  chevaus  tirent  ce  bateau,  l'offenseroit,  il 
l'essaïa  et  trouva  qu'il  n'y  avoit  eu  nul  mal.»  (P.  170.) 
Ailleurs  (p.  273)  Montaigne  s'étonne  d'avoir  pu  faire 
sans  en  souffrir  un  long  trajet  en  coche. 

P.  148,  1.  26.  En  chectin  y  aiani).  Cf.  Chalcondyle  : 
«  Sur  chacun  des  coches  y  avoit  un  rondelier  &:  mos- 
quettaire,  pour\-eu  de  plusieurs  grosses  harquebouses 
toutes  prestes  à  tirer  les  unes  après  les  autres,  sans 
perdre  de  temps  à  recharger,  &  estoient  couverts  là 
dedans  d'une  pavesade,  presque  semblable  à  celle 
d'une  fuste  ou  galliotte.  »  (Vil,  vu,  468.) 

P.  149,  1.  10.  Les  Roys).  Cf.  Du  Haillant,  Histoire 
des  rois  de  France  :  «...  Depuis  Dagobert  jusques  à 
Pépin,  les  Roys  .sont  seulement  Roys  de  nom... 
n'avant  de  Roy  rien  que  la  mine  &  l'accoustrement. 
Ils  se  faisoient  traîner  par  pays  dedans  un  chariot 
traîné  par  quatre  bœufz,  se  montrant  en  ce  beau 
triomphe  inutiles  au  gouvernement  d'une  grande 
Monarchie.  »  (II,  p.  105.) 

P.  149,  1.  12.  Mare  Aiiloine).  Cf.  Crinltus,  De 
honesin  disciplina  :  «  Marcus  Antonius  primus,  ut 
inquit  Plinins,  jugatos  leones  ad  currum  junxit  civili 
bello  post  pugnam  Pharsalicam  &  ab  illis  vectus  est 
cum  Mima  Cithrerœda.  De  Antonlno  autem  Helio- 
gabalo,  qui  orbis  terrarum...  imperator  fuit,  sic  a 
Lampridio  scriptum  est  :  quaternos,  inquit,  canes  ad 
currum  junxit,  eoque  modo  vectatus  est.  Idem  quo- 
que  junctis  quatuor  cervis  in  publlcum  processit  : 
sed  &  leones  conjunxit.  Cybelen  se  appellans,  junxit 
&  tygres  Liberum  patrem  se  vocans.  Habuit  gcm- 
mata  véhicula,  &  aurata  :  atque  ut  insaniam  libidini 
adliibcrct,  junxit  ctiam  quaternas  mulieres,  nudusque 
a  nudls  pervectus  e.st.  De  Firmo  Imperatorc,  qui 
robustlssimus  est  habitus,  &  illud  ab  Aurelio  llberto 
scriptum  est,  eum  fuisse  vectum  ingentibus  strutio- 
nibus,  adeo  ut  magis  volare,  quani  gestari  videretur  : 
Qua;    rcs  a    ^'opisco    etiam    refertur.  »    (XVI,    x.) 


Pour  Marc  Antoine,  voir  Pline,  VIII,  xvi,  et  aussi 
Plutarque,  Fie  d'Antoine,  m;  pour  Héliogabale,  cf. 
Lampride,  Héliogabale,  xxvm-xxix;  pour  Firmus, 
cf.  \'opiscus.  Fie  de  Firmus,  vi. 

P.  149,  1.  23.  Par  despences  excessives).  Pour  cette 
critique  de  la  libéralité  chez  les  princes  on  peut  voir  : 
Castiglione,  //  Cortegiano,  IV,  xxxix;  Bodin,  Répu- 
blique, V,  IV,  vers  la  fin;  Guichardin,  Piii  consigli, 
trad.  française  de  A.  Délavai  (1576),  7''  maxime. 

P.  150,  1.  I.  Le  conseil  qu'Isocrates).  Dans  le  Dis- 
cours à  Nicoclès  :  «  Ostenta  magnificentiam  nulla  re 
magni  sumptus,  statimque  peritura  :  sed  tum  ils 
rébus  quas  diximus,  tum  instrumenti  atque  supellec- 
tilis  ornatu,  tum  beneficentia  in  amicos.  »  (\'I,  xix; 
éd.  de  1570,  col.  26.) 

P.  150,  1.  9.  DeniosieniS  coiid'at).  Dans  la  IIP  olyn- 
thienne. 

P.  150,  1.  13.  D'accuser  Tbeophrastus).  Cf.  Cicéron, 
De  officiis  :  «  Miror,  quid  in  mentem  venerit  Theo- 
phrasto,  in  eo  libro,  quem  de  divitiis  scripsit  in  quo 
multa  pn-Eclare;  illud  absurde  est  enim  multus  in 
laudanda  magnificentia,  et  apparalione  popularium 
munerum  :  taliiimquesumptuum  facultatem,  tructum 
divitiarum  putat.  »  (II,  xvi;  t.  IV,  p.  371.) 

P.  150,  1.  15.  Dicl  Aristole).  Id.,  ibid.  :  «  Quanto 
Aristoteles  gravius  &:  verius  nos  reprehendit,  qui  bas 
pecuniarum  effusiones  non  admiremur  quîe  fiunt  ad 
multitudinem  deliniendam...  in  his  immanibus  jac- 
turis  infinitisque  sumptibus  nihil  nos  magnopere 
mirari,  quum  pra^sertim  necessitati  subveniatur, 
neque  dignitas  augeatur  :  ipsâque  illa  delectatio 
multitudinis  ad  brève  tempus  exiguûmque,  edque  à 
lessivimo  quoque,  in  quo  tamen  ipso  unà  cum 
satictate  memoria  quoque  moriatur  voluptatis.  »  (II, 
XV ;  t.  IV,  p.  571.) 

P.  150,  1.  20.  Le  pape  Grégoire  tresieiue).  Cf.  Journal 
de  voyage,  à  la  date  du  29  décembre  1580  :  «Le 
langage  du  Pape  est  italien,  santant  son  ramage 
Boulognois,  qui  est  le  pire  idiome  d'Italie;  et  puis  de 
sa  nature  il  a  la  parole  mal  aysée.  Au  demourant 
c'est  un  très  beau  vieillard,  d'une  moyenne  taille  et 
droite,  le  visage  plein  de  majesté,  une  longue  barbe 
blanche,  eagé  lors  de  plus  de  quatre-vins  ans,  le  plus 
sein  pour  cet  cage,  et  vigoureus  qu'il  est  possible  de 


LIVRE      m,      CHAPITRE     VI. 


397 


désirer,  sans  goûte,  sans  colloque,  sans  mal  d'esto- 
mach,  et  sans  aucune  subjection  :  d'une  nature  douce 
peu  se  passionant  des  affaires  du  monde,  grand 
batissur,  et  en  cela  il  lairra  à  Rome  et  ailleurs  un 
singulier  honneur  à  sa  mémoire.  »  (P.  212.) 

P.  151,  1.  5.  L'Empereur  Galba).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Galba  :  «  Comme  un  Canus  excellent  joueur 
de  flusles,  eust  joué  durant  son  souppcr,  pource  que 
c'estoit  une  musique  fort  plaisante  à  ouyr,  il  la  loua 
&  prisa  beaucoup,  puis  commanda  que  Ion  luy 
apportast  sa  bougette,  en  laquelle  il  prit  quelques 
escus,  &  les  luy  donna  de  sa  main,  disant  que  ce 
n'estoit  point  de  l'argent  public,  ains  du  sien  propre.» 
(v,  f°  724  v°.) 

P.  151,  I.  14.  La  jitrisdiction  ne  se  doue).  Tout  ceci 
est  imité  de  Platon,  République,  I,  p.  342. 

P.  151,  1.  17.  Nulla  ars  in  se).  «Nul  art  n'est 
renfermé  en  lui-même.»  (Cicéron,  Definibns,  V,  vi.) 
P.  152, 1. 1.  Disait  Je  tyran  Dionysius).  Cf.  Plutarque, 
Les  dicts  notables  des  anciens  Roys  :  «  (Dionysius)  leur 
dit  qu'ils  faisoient  mal  d'oster  le  seul  bien  qu'il  y  a 
es  tyrannies,  de  pouvoir  donner.  »  (F"  190  v".) 

P.  152,  1.  4.  T-ji  -/E'.pi  cv.rr.v.oi'.'i).  Vers  de  Corinne 
qu'on  retrouve  chez  Plutarque  dans  le  traité  intitulé  : 
Si  les  Atlkiiiens  ont  été  plus  excellents  en  arnws  qu'en 
lettres,  w;  mais  Amyot  ne  citant  pas  le  texte  grec, 
ce  n'est  pas  chez  Plutarque  que  Montaigne  l'a  pris. 
Il  a  pu  le  rencontrer  dans  un  recueil  d'élégiaques 
grecs  qu'il  possédait,  Carmina  novem  illustriuni  feuii- 
narum  (AntverpicX-,  1568,  p.  48);  mais  très  proba- 
blement il  le  doit  à  Juste  Lipse,  De  amphilbealro, 
vu,  à  la  fin. 

P.  152.  1.  17.  Qiio  in  plures).  «  Plus  on  l'a  déjà 
exercée,  moins  on  l'a  exercée.  Quelle  folie  de  se 
mettre  dans  l'impuissance  de  taire  longtemps  ce 
qu'on  fait  avec  plaisir!  »  (Cicéron,  De  officiis,  II,  xv.) 
P.  153,  1.  9.  Coulant  assouvirait  il).  Cf.  Sénèque, 
Epîlres  :  «  Quibus  nunquam  tam  plene  occurrere 
ulla  liberalitas  potest,  ut  cupiditates  illorum  qure 
crescunt  dum  implentur  exatiet.  Quisquis  autem  de 
accipiendo  cogitât,  oblitus  accepti  est.  Nec  uUum 
habet  malum  cupiditas  majus,  quàm  quod  ingrata 
est.»  (Ép.  73,  p.  167.) 

P.  133,  1.  17.  Crœsus  luy  reprocijoit).  Cf.  Xénophon, 


Cyropàiie  :  «  Pulchrum  etiam  documentum  Cyrus 
dicltur  Crœso  demonstrasse,  quando  ab  eo  admone- 
batur,  fore  ut  in  multa  largitione  pauper  fieret,  cum 
liceret  ei  uni  viro  quamplurimos  auri  thesauros  domi 
reponere.  Et  Cyrum  dicitur  percunctatum  :  Et  quot  jam 
mihi  pecunias  futuras  fuisse  arbitraris  si  aurum  colle- 
gissem...  Crœsumque  respondisse.  Magnum  quendam 
numerum.  Mitte  virum  unà  cum  hoc  Hystaspa... 
En  verô  Hystaspa  circumadiens  amicos,  die  eis  me 
auro  egere  ad  opus  quoddam  :  etenim  verô  egeo  : 
eisque  jubé,  mihi  pntbeant  pecunias  quascunque 
singuli  queant  :  scriptam  autem  obsignatamque 
epistolam  dent  ferendam  Cn-esi  fiimulo.  Cum  igitur 
amicos  circuisset  Hystaspas,  &  Crœsi  famulus  epi- 
stolas  tulisset...  Supputatis  Crxsus  pecuniis,  multô 
plures  invenit  quam  Cyro  dixerat  futuras  fuisse  jam 
in  thesauris,  si  eas  collegisset...  Ego  dum  amicos 
divites  reddo,  hos'  mihi  thesauros  esse  puto,  &  custo- 
des simul  tum  mei  ipsius,  tum  meorum  bonorum 
longe  fidelioris,  quam  si  priesidarios  stipendiarios 
prœfecissem...  Ego  enim  Crœse...  insatiabilis  sum 
pecuniarum  quemadmodum  alii.  \'erum  ego  hoc 
mihi  videor  multitudini  prœstare...  qui  parare  quam 
plurimas  potest  &  plurimis  honeste  uti,  hune  ego 
felicissimum  arbitror.  »  (Éd.  de  1545,  VIII,  11.) 

P.  154,  1.  13.  Pecuniarum  translatio).  «Enlever  de 
l'argent  aux  légitimes  propriétaires  pour  le  donner 
à  des  étrangers  ne  doit  pas  être  regardé  comme  une 
libéralité.  »  (Cicéron,  De  officiis,  I,  xiv.) 

P.  154,  1.  16.  Philippus).  Id.,  ibid.  :  «  Prxclare 
in  epistola  quadam  Alexandrum  filium  Philippus 
accusât,  quôd  largitione  benevolentiam  Macedonum 
consectetur.  Quod  te  malum,  inquit,  rationis  in  istam 
spem  induxit,  ut  eos  tibi  fidèles  putares  fore,  quos 
pecunia  corrupisses?  An  tu  id  agis  ut  Macedones 
non  te  regem  suum  sed  ministrum  &  prasbitorem 
putent?  Quo  quid  sordidius  régi?»   (II,  xv;  t.  IV, 

P-   37I-) 

P.  154,  1.  19.  Pratique  les).  Imité  de  Cicéron,  De 
officiis  :  «  Quanquam  enim  in  utroque  inest  gratifi- 
candi  liberalis  voluntas,  tamen  altéra  ex  arca,  altéra 
ex  virtute  depromitur.  »  (II,  xv.) 

P.  154,  1.  22.  De  gros  arbres,  tous  branchus).  Cf. 
Crinitus,    De   bonesta    disciplina    :    «  Probus    autem 


398 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


Imper,  cuui  de  Germanis,  Blemiis,  ac  Drungis,  triuni- 
phatums  esset,  venationem  amplissimam  Roma;  in 
eirco  exliibuit,  ita  ut  rom.  popu.  oninia  passim  diri- 
peret,  sed  ascribam  verba  Flavii  \'opisci,  quibus  hoc 
totum,  nec  ineleganter  prosequitur.  Genus  (inquit) 
spectaculi  ejusmodi  fuit  in  triumpho  Probi  Impera- 
toris.  Arbores  validœ  per  milites  cum  radicibus  vulsœ, 
Gonnexis  late  longeque  trabibus  affixae  sunt,  terra 
dein  superjecta,  totusque  circus  ad  silvK  speciem 
eonsitus  gratiam  nobis  viroris  obtulit.  Immissi  deinde 
per  omnes  aditus  structiones  mille,  mille  Cer\i,  mille 
Apri,  mille  Dama;,  libycs  omnes  ferœ,  &  estera 
herbatica  animalia,  quanta  vel  ali  potuerunt,  vel 
inveniri.  Immissi  deinde  populares,  rapuit  quisque 
quod  volebat.  Sequenti  die  adjecit  in  Amphitheatro 
una  missione  centum  jubatos  leones  qui  rugitibus 
suis  tonitrua  excitabant,  qui  omnes  contis  &  sibinis 
tnterempti  sunt  &  mox  occisi,  prsterea  multi  sunt, 
qui  dirigere  volebant  sagittas,  &  immissi  centum 
leopardi  libyci,  centum  deinde  syriace,  centum 
dam.'e,  &  ursi  simul  trecenti,  atque  item  sunt  édita 
gladiatorum  paria  CGC  blemiis  plaerisque  pugnan- 
tibus,  qui  per  triumplium  erant  ducti  cum  Germanis, 
Sarmatis,  ac  multis  latronibus  Sauris.  »  (XII,   vu.) 

P.  155,  1.  7.  Bâltheiis).  «Voici  la  ceinture  du 
théâtre  ornée  de  pierres  précieuses,  voici  le  portique 
tout  reluisant  d'or.  »  (Calpurnius,  Egh\^ues,  vu,  47.) 
Citation  prise  chez  Juste  Lipse,  De  amphilhcatro,  xiii. 

P.  155,  1.  ir.  Exeat,  inquit).  «Qu'il  s'en  aille, 
dit-il,  par  pudeur,  et  qu'il  quitte  les  sièges  destinés 
aux  chevaliers,  lui  qui  ne  paye  pas  le  cens  équestre 
fixé  par  la  loi.  »  (Juvénal,  Satires,  m,  153.)  Citation 
prise  chez  Juste  Lipse,  De  amphitheatro,  xiii. 

P.  155,  1.  14.  Cent  mille  hommes).  Rapprocher 
Juste  Lipse,  De  amphitheatro  :  «  Et  de  gradibus  tan- 
tùm  intelligit,  credo  :  in  quorum  polvillis  sedisse 
commode  vult  octoginta  septem  millia  hominum.  At 
in  ambitu  illo  superiore  &  circumjectis  porticuum 
Aulis,  non  minus  item  spectarunt  quam  dena  aut 
vicena  potiùs  millia  :  sive  stante.s,  sive  in  allatis  ca- 
thedris  sedentes.  »  (vu.) 

P.  153,  1.  16.  Représentant  lies  antres).  Cf.  Juste 
Lipse,  De  amphitlieatro  :  «  Nec  in  solo  solùm  hase 
variatio,  sed  in  Caveis  ipsis.  Quarum  loco  invenerunt 


antra  qu.-edam  coëuntia  &  dcëuntia,  qux  velut  è  terra 
emitterent  subito  feras...  Navim  œdificare  grandem 
aliquam  soient  in  ipsa  Arenâ,  quœ  solutilis  esset, 
&  subito  luxata  emitteret  omne  genus  ferarum  pro 
arbitrio  magistri  temperantis...  Nec  naves  solùm 
ejusmodi  induxère  in  Theatra,  sed,  quod  magis 
admirère,  quodammodo  mare  ipsum.  Reperii  enim 
qui  hoc  omne  rotundum,  per  occultos  quosdam 
ductus  &  meatus,  subito  aquâ  replerent  :  &  pro  ter- 
restribus  feris,  monstra  maris  ostenderent,  &  classes, 
& navalem  pugnam...  Aliquando,  inquit  (Dio),  belluis 
Interfectis  &  \'enatione  exhibità,  subito  aquam  in 
Amphitheatrum  induxit,  &  navale  certamen  ostendit. 
Rursûmque  eà  eductà,  Gladiatores  in  loco  praîbuit. 
Denique  inductà  iterùm,  magni  sumptus  publicum 
epulum...  »  (x.) 

P.  155,  1.  24.  Oiioties  nosj.  «Que  de  fois  avons- 
nous  vu  une  partie  de  l'arène  s'abaisser,  &  de  l'abîme 
entrouvert  surgir  des  bètes  féroces  et  toute  une  forêt 
d'arbres  d'or  à  Técorce  de  safran  !  Non  seulement  j'ai 
vu  dans  nos  amphithéâtres  les  monstres  des  forêts, 
mais  aussi  des  phoques  au  milieu  de  combats  d'ours 
et  le  hideux  troupeau  des  chevaux  marins.  »  (Calpur- 
nius, Eglogiies,  vu,  64.)  Montaigne  a  pris  cette 
citation  dans  Juste  Lipse,  De  amphitheatro  (x).  On 
remarquera  qu'il  n'adopte  pas  la  conjecture  de  Juste 
Lipse  relativement  au  premier  vers. 

P.  156,  1.  I.  Une  Imtite  moutaigne).  Cf.  Juste 
Lipse,  De  amphitheatro  :  «  Erat,  inquit  (Apuleius), 
mons  ligneus...  sublimi  instructus  tabula...  eonsitus 
viretis  &  vivis  arboribus,  summo  cacumine  aquas 
eliquans.  »  (x.) 

P.  156,  1.  4.  Un  grandi  navire  qui  s'ouvroitj.  Id., 
ibid.  :  «  Navim  quampiam  in  Amphitheatro  conspi- 
cientes  ita  factam  ut  sponte  solveretur,  &  belluis 
quibusdam  emissis,  rursus  compingeretur  &  rediret 
in  priorem  statum,  visum  iis  huic  similem  iedificare. 
Nec  minus  clarè  in  severo  :  Receptaculum  autem 
omnium  ferarum  in  Amphitheatro  exstructum  erat 
instar  navis,  quas  capere  simul  &  emittere  posset  ad 
feras  quadringentas.  Eâ  autem  de  subito  occulté 
soluta,  exsiliebant  ursi,  leœ,  panther:^...  ita  ut  sep- 
tingentas  feras  aut  pecudes  simul  &  currere  liceret 
cernere  &  occidi.  »  (x.) 


LIVRE      III,      CHAPITRE      VI. 


399 


P.  1)6,  1.  6.  Du  bas  de  cette  place).  LL,  ihid.  : 
«In  eo  génère  tubi  sunt  sive  fistuLx  :  quiï  in  inio 
&  summo  Amphitheatro  dispositn;,  eà  arte  &  fine, 
ut  odoratum  quemdam  humorem  ejacularentur  levi- 
ter,  &  inspergerent  in  sedentes.  »  (xv.) 

P.  156,  1.  9.  De  Vnijnre  du  temps).  Id.,  ibid.  : 
«  Colorata  varié  vêla  ista  fuisse,  ad  ornatum,  Lucre- 
tius  ostendit...  Neve  quid  spectantium  à  sole  infe- 
staretur,  vela  super  eos  Serica,  ut  quidam  tradunt, 
extendit  (Cœsar)...  Jam  Nero  purpurea  etiam  vela 
suspendit...  Ad  antennas  autem  subrectas,  funes 
transversim  ligati  &  extensi;  super  quos  ducta  vela... 
Suetonius  in  Caio  :  «  Gladiatorio  munere,  reductis 
»  interdum  flagrantissimo  Sole  velis,  emitti  quem- 
»  quam  vetabat.  »  (xvii.) 

P.  156,  I.  14.  Quaiiivis  non  niodico).  «Bien  qu'un 
soleil  brûlant  calcine  l'amphithéâtre,  on  retire  les 
voiles  dès  que  paraît  Hermogène.  »  (Martial,  XII, 
XXIX,  15.)  Cette  citation  est  prise  chez  Juste  Lipse, 
De  Amphilbealro,  xxu. 

P.  15e,  1.  16.  Les  rets).  Cf.  Juste  Lipse,  De  Amphi- 
theatro :  «  Tanta,  inquit  (Plinius),  copia  succini  in- 
vecta,  ut  retia  arcendis  feris  podium  protegentia 
succino  nodarentur.  Et  Calpurnius...  retia  illa... 
format  &  torquet  ex  auro.  » 

P.  156,  1.  18.  Anro  qiioqne).  «  Et  les  rets  aussi 
brillent  de  l'or  dont  ils  sont  tissus.  »  (Calpurnius, 
Églogues,  VII,  53.)  Cette  citation  est  prise  chez  Juste 
Lipse,  De  Amphithéâtre,  xii. 

P.  15e,  1.  22.  Combien  ces  siècles).  Rapprocher  ce 
que  Montaigne  a  dit  à  ce  sujet  dans  l'essai  I,  xlix, 
p.  384,  1.  7,  et  voir  la  note. 

P.  156,  1.  26.  Et  toiirnoions).  On  peut  rapprocher 
Erasme,  Adages,  un  développement  sur  ce  thème  : 
«  circulus  res  mortalium  »  (au  titre  :  Y'ita  hominis 
misera  et  brevis). 

P.  157,  1.  5.  Fi.xere  fortes).  «Il  y  a  eu  bien  des 
héros  avant  Agamemnon,  mais  nous  ne  les  pleurons 
pas  et  une  nuit  profonde  nous  les  cache.  »  (Horace, 
Odes,  IV,  IX,  25.) 

P.  157,  1.  9.  Et  supera).  «Avant  La  guerre  de 
Troie  et  la  ruine  de  cette  ville  beaucoup  d'autres 
poètes  ont  chanté  d'autres  exploits.  »  (Lucrèce,  Y, 
327.)  C'est  certainement  par  suite  d'un  lapsus  que 


l'édition   de  1588   porte   Trojauum  au  lieu  de  The- 
banum.  Le  texte  de  Lucrèce  est  : 

«  Pixterea  si  nulla  fuit  genitalis  oiigo 

»  Terrai,  &  coeli  :  .sempérquc  a;torna  fuere  : 

»  Cur  supara  bellum  Thebanuni.  &  funcra  Troj;»: 

»  Non  alias  alii  quoque  rcs  cecinere  poct.c  ?  » 

P.  157,  1.  II.  La  narration  de  Soloni.  Cf.  Platon, 
Timee,  p.  22  (éd.  de  1546,  p.  702). 

P.  157,  1.  14.  Si  interniinatam).  «S'il  nous  était 
donné  de  contempler  l'immensité  sans  bornes  de 
l'espace  et  du  temps,  où,  se  plongeant  et  s'étendant 
de  toutes  parts,  l'esprit  se  promène  en  tous  sens, 
sans  jamais  rencontrer  une  limite  qui  arrête  sa  course, 
dans  cet  infini  nous  découvririons  un  nombre  incom- 
mensurable de  formes.  »  (Cicéron,  De  nat.  deorum, 
I,  XX.)  Voici  le  texte  de  Cicéron  que  Montaigne  a 
modifié  d'une  fiiçon  originale  :  «  Confugitis  ad  deum 
cujus  operam  profecto  non  desj-deraretis,  si  immen- 
sam  &  interminatam  in  omneis  partes  magnitudinem 
regionum  videretis,  in  quam  se  injiciens  animus 
&  intendens,  ita  late  longéque  peregrinatur,  ut  nul- 
lam  tamen  oram  ultimi  videat,  in  qua  possit  insis- 
tere.  »  (IV,  p.  191.) 

P.  158,  1.  9.  Jamqne  adeo).  «Tant,  désormais, 
notre  âge  n'a  plus  la  même  vigueur,  ni  la  terre  la 
même  fertilité.»  (Lucrèce,  II,  1136.)  Le  texte  est 
celui  de  l'édition  Lambin,  p.  186. 

P.  158,  1.  13.  Venim,  nt  opinor.)  «A  mon  avis, 
l'univers  n'est  pas  ancien;  le  monde  est  d'origine 
récente,  et  il  n'y  a  pas  longtemps  qu'il  a  pris  nais- 
sance. C'est  pourquoi  certains  arts  se  développent 
encore  aujourd'hui  et  se  perfectionnent  encore,  c'est 
pourquoi  de  nos  jours  l'art  de  la  navigation  a  beau- 
coup progressé.»  (Lucrèce,  \,  331.)  Le  texte  est 
celui  de  l'édition  Lambin,  p.  395. 

P.  158,  1.  18.  Oui  nous  respond).  Le  même  doute 
a  déjà  été  exprimé  par  Montaigne  au  début  de  l'es- 
sai I,  XXXI,  p.  264,  1.15. 

P.  159,  1.  9.  Le  jardin  de  ce  Roy).  Cf.  Lopez  de 
Gomara,  Histoire  générah  des  Lndes  :  «  On  dit  en 
outre,  que  les  Rois  Yngas  avoient  un  jardin  en  une 
isle...  là  où  toutes  les  choses  qu'on  scauroit  mettre 
en  un  jardin  estoient  d'or  et  d'argent,  comme  herbes, 


400 


ESSAIS      DE     MON'TAIGXE. 


iîeurs,  et  arbres...  Il  avoir  en  sa  garderobbe  des 
statues  d'or  en  bosse  si  grandes  qu'elles  ressembloient 
à  des  geans,  et  les  figures  estoient  tirées  au  vif.  Il  avoit 
aussi  de  pareille  grandeur  toutes  sortes  d'animaux  de 
même  matière,  comme  bestes  terrestres,  &:  oiseaux. 
Il  avoit  aussi  les  arbres  &  herbes  que  produisoit  son 
pays,  &  tous  les  poissons  qui  se  procréoient,  tant 
en  la  mer  qu'es  eaux  douces  de  son  Roiaume.  »  (V, 
XIII,  p.  322  v°.) 

P.  159,  1.  23.  Le  juste  estoivieuicnt).  Tout  ceci  est 
inspiré  de  Lopez  de  Gomara  (passim).  Sur  la  frayeur 
que  les  chevaux  inspirent  aux  Indiens,  voir  ce  que 
Montaigne  a  dit  dans  l'essai  I,  xlviii,  p.  376,  1.  16. 

P.  160,  1.  19.  Aucuns  choisissans).  Id.,  ihid  :  «Les 
Indiens  moururent  en  peu  de  temps  de  mélancholie, 
&  de  faim,  parce  qu'ils  ne  vouloient  en  façon  aucune 
manger  de  ce  que  les  Espagnols  leur  présentoient, 
ains  mangeoient  plustost  des  chiens,  des  asnes, 
&  autres  bestes  mones  qu'ils  trouvoient  le  long  des 
murailles.  »  (II,  vu,  f''  52  v°.) 

P.  161,  1.  15.  Oui  mit  jamais  à  tel  pris).  Quelques 
auteurs  contemporains  s'indignent  comme  Montaigne 
des  atroces  cruautés  que  les  Espagnols  exercèrent 
en  Amérique.  On  peut  voir  entre  autres  Juste  Lipse, 
dans  le  De  constantia  (1584);  Coignet,  Instruction  aux 
princes  pour  garder  la  foy  promise,  i,  vu,  xi.  Jean  Bodin 
a  protesté  contre  l'esclavage.  Néanmoins,  comme 
l'a  bien  indiqué  M.  Gilbert' Chinard  (cf.  L'Exotisme 
américain  en  France  au  xri'  siècle,  p.  212),  dans 
notre  pays,  à  la  date  de  1588,  la  revendication  si 
vigoureuse  de  Montaigne  était  originale,  et  elle  fait 
grand  honneur  à  Ses  sentiments  d'humanité.  Nous 
savons  qu'il  connaissait  l'Histoire  des  Indes  de  Benzoni 
lue  par  lui  en  1579;  peut-être  avait-il  eu  l'occasion 
—  bien  que  nous  n'en  ayons  aucune  preuve  —  de 
voir  le  pamphlet  très  particulièrement  violent  de 
Barthélémy  de  Las  Casas  où  la  conduite  des  Espagnols 
était  stigmatisée,  et  dont  une  traduction  française 
avait  été  donnée  par  Migrode  à  Anvers  (1579).  Il  est 
intéressant  d'opposer  le  point  de  vue  de  Montaigne 
à  celui  de  Sepulvida,  l'adversaire  de  Barthélémy  de 
Las  Casas,  et  à  celui  du  dominicain  \'ictoria,  qui 
l'un  et  l'autre  avaient  pris  la  défense  des  Espagnols. 
11  n'est  pas  moins  curieux  de  constater  combien  son 


jugement  diffère  de  celui  de  son  informateur  Gomara 
qui  sans  doute  blâme  quelques  crimes,  mais  ne  con- 
teste pas  dans  l'ensemble  le  droit  dont  se  réclamaient 
les  conquérants. 

P.  161,  1.  21.  En  costoyant  la  mer).  Cf.  Lopez  de 
Gomara,  Histoire  générale  des  Indes  :  «En  l'an  1509 
le  docteur  Enciso...  meit  ses  gens  en  terre  tant  pour 
faire  quelques  eschanges  avecques  les  habitans,  que 
pour  recognoistre  leur  langage,  &  emporter  de  là 
quelque  montre  de  la  richesse  du  pays.  Aussi  il  se 
présenta  grand  nombre  d'Indiens  armez  avecques 
deux  Capitaines,  faisant  contenance  de  vouloir  com- 
battre, mais  le  docteur  Enciso  leur  feit  signe  de  paix, 
&  par  le  moien  d'un  truchement  que  François 
Pizarre  avoit  amené  d'Uraba,  leur  feit  remonstrer 
comme  lui,  &  ces  compagnons  estoient  chrétiens 
Espagnols,  gens  pacifiques,  comme  ils  avoient  lon- 
guement floté  sur  la  mer,  &  qu'ils  avoient  disette 
de  vivres,  &  d'or,  que  pour  cette  cause  il  les  prioit 
qu'ils  lui  en  feissent  part  par  eschange  d'autres  choses 
de  grands  prix  qu'ils  n'avoient  point  encore  veuz. 
Ils  respondirent  qu'il  pouvoit  bien  estre  qu'ils  estoient 
gens  de  paix,  mais  qu'ils  n'en  avoient  point  la  mine, 
que  ils  se  retirassent  incontinent  de  leurs  pays,  parce 
qu'ils  ne  pouvoient  endurer  d'estre  moquez  d'aucun, 
&  moins  supporter  les  prières,  &  requestes,  que 
les  estrangers  ont  accoustumé  de  faire  avecques  leurs 
armes  en  pavs  estrange.  Enciso  répliqua  derechef 
qu'il  ne  s'en  pouvoit  aller,  si  lui-mesme  ne  parloit 
a  eux.  Ce  que  lui  estant  accordé,  il  leur  feit  un 
long  narré,  lequel  en  somme  ne  tendoit  qu'à  leur 
conversion,  et  à  l'exaltation  de  nostre  foy,  &  pour 
leur  faire  recevoir  le  baptesme,  leur  donnant  cognois- 
sance,  comme  il  n'y  avoit  qu'un  Dieu  seul  créateur 
du  ciel,  &  de  la  terre,  &  des  hommes  :  en  fin  il 
leur  recita  comme  le  Pape,  vicaire  de  Jésus-Christ 
en  tout  le  monde,  à  qui  estoient  absoluëment  recom- 
mandées les  âmes  &  la  religion,  avoit  donné  ces 
pays  à  un  Puissant  Roy  d'Espagne  son  Seigneur, 
&  qu'il  en  estoit  venu  prendre  possession,  qu'il  ne 
les  chasseroit  point  toutefois  de  là  s'ils  vouloient  se 
fliire  chrestiens,  &  vassaux  d'un  Prince  si  puissant, 
en  paiant  seulement  quelque  tribut  d'or  tous  les  ans  : 
ils  feirent  response  en  riant,  qu'ils  trouvoient  bon 


LIVRE     III,      CHAPITRE      VI. 


401 


ce  qu'il  avoit  dit  toucliant  un  seul  Dieu,  mais  toute- 
fois qu'ils  ne  vouloient  point  laisser  leur  religion, 
ni  en  disputer  :  que  le  Pape  devoit  estre  moult 
libéral  de  ce  qui  appartenoit  a  autrui,  ou  que  c'estoit 
une  personne  rioteuse  qui  ne  demandoit  que  dissen- 
sion, puisqu'il  donnoit  ce  qui  n'estoit  pas  sien,  &  que 
le  Roy  estoit  quelque  pauvre  homme  puisqu'il 
demandoit  :  &  quant  à  lui  qu'il  estoit  bien  hardi, 
puis  qu'il  menaçoit  ceux  qu'il  ne  congnoissoit  point, 
&  que  si  lui  et  les  siens  s'approchoient  pour  envahir 
leur  pays,  qu'ils  mettroient  leurs  testes  à  un  bois  à 
la  semblance  de  plusieurs  autres  leurs  ennemis,  les- 
quelles ils  monstroient  avec  le  doigt  près  de  leur 
ville.  »  (III,  XIX,  f"  234  v°,  235  r°  &  v°.)  Le  discours 
de  l'Indien  est  enrichi  par  Montaigne  au  moyen  de 
réminiscences  de  quelques  idées  qui  se  retrouvent 
chez  tous  les  historiens  des  Indes  à  cette  époque. 

P.  162,  1.  28.  Celui  du  Pau).  Id.,  ibid.,  V,  vu. 
Cette  moit  d'Attahalipa  semble  avoir  frappé  les 
contemporains  :  cf.  Jean  Bodin,  République,  V,  vi. 

P.  163,  1.  18.  L'autre,  Roy  de  Mexico).  Id.,  Histoire 
de  Corte:^  :  «  Nessuno  Mexicano  non  diceva  niente, 
anchora  que  tutti  dicevano  come  era  grande  il  thesoro 
delli  Dei,  &  delli  Re,  per  questa  causa  resolvattero 
di  dare  tortura  a  Quahutimoc,  &  ad  une  altro  caval- 
liere,  suo  favorito.  Il  cavalliere  fu  tanto  constante, 
che  anchora  che  morse  nel  tormento  di  fuoco  non 
confessé  cosa  niuna  di  quante  gli  domandano  sopra 
tal  caso,  o  perché  non  lo  sapeva,  o  perché  guardando 
constantissimamente  il  secreto  che  il  suo  signore  gli 
confida,  quando  lo  abbruciavano,  guardava  molto  nel 
viso  il  Re  perché  havendo  compassione  di  lui,  gli 
desse  licentia,  secondo  dicono,  di  uianifestare  quello 
che  sapeva,  o  veramente  che  lo  dicesse  lui,  Quahu- 
timoc lo  guardô  con  grandissima  ira,  et  lo  trattô 
vilissimamente  come  huomo  mole  et  da  poco  : 
dicendo  se  vedeva  lui  in  qualche  dilettatione  overo 
in  qualche  bagno.  Cortes  leva  del  tormento  a  Qua- 
huttimoc  parendogli  cosa  brutta  et  crudeltà,  o  forse 
perché  disse  come  haveva  buttato  nello  lago,  dieci 
di  innanzi  délia  sua  prigionia,  la  pezze  dell'  artiglieria, 
l'oro,  &  argento,  le  piètre,  perle,  ricchegiore  che 
haveva,  per  havergli  detto  il  Diavolo  che  sarebbe 
vinto.  »  (Pp.  211  v",  212.)  A  propos  des  divergences 


qui  séparent  le  récit  de  Montaigne  de  celui  de 
Gomara,  cf.  mon  ouvrage  sur  les  Livres  d'Histoire 
inoderue  utilisés  par  Montaigne,  pp.  232  et  suivantes. 

P.  164,  1.  16.  A  une  autrefois).  Li.,  Histoire  géné- 
rale des  Indes  :  «  Les  Espagnols  prinrent  .soixante 
Seigneurs  qui  avoient  vassaux  soubs  eux,  &  quatre 
cens  autres  hommes  des  principaux  &  plus  riches  du 
pays...  les  quatre  cens  soixante  prisonniers  furent 
exécutez,  suivant  l'arrest.  »  (II,  Lxi,  f"  133  r".) 

P.  164,  1.  19.  Nous  tenons  d'eux-nicsuws).  En  effet, 
Gomara,  auquel  Montaigne  emprunte  ces  renseigne- 
ments, est  Espagnol. 

P.  165,  1.  2.  Plusieurs  des  chefs).  Notamment 
Gonzalès  Pizarre,  que  condamna  à  mort  Pedro  de 
La  Gasca,  envoyé  à  cet  effet  avec  des  pouvoirs  ex- 
ceptionnels par  Charles-Quint  (1548).  Les  deux 
Diego  Alniagro,  père  et  fils,  ont  été  de  même  mis 
à  mort  par  les  Pizarre,  représentants  de  l'autorité 
royale  au  Pérou,  à  Cuzco,  en  1538  et  en  1542. 

P.  165,  1.  10.  D'un  prince).  Philippe  II,  qui  régnait 
alors  sur  l'Espagne,  et  qui  a  mérité  d'être  appelé  el 
Discreto  ou  el  Prudente. 

P.  165,  1.  28.  Ils  croyoyent  que  l'estre.)  Cf.  Lopez 
de  Gomara,  Histoire  générale  des  Indes  :  «  Par  ces  ans 
ils  contoient  leurs  cinq  Soleils  que  nous  dirions  cinq 
aages  :  &  suivant  leur  calcul  ils  croient  que  depuis 
la  création  du  monde  il  y  ait  quatre  Soleils  passez 
sans  cestuy.  Ils  disent  que  le  premier  Soleil  se  perdit 
par  eau,  durant  lequel  les  hommes  &  toutes  choses 
créées  se  noïerent  :  que  le  second  périt  en  tombant 
le  ciel  sur  la  terre,  par  laquelle  cheute  tout  le 
peuple,  &  toute  chose  vivante  fut  assommée,  disans 
que  durant  cest  aage  vivoient  les  geans,  amenans 
pour  tesmoignage  de  grands  ossemens  que  nos  Espa- 
gnols trouvoient  en  terre la  mesure  et  proportion 

desquels  monstroit  évidemment  la  hauteur  de  ces 
geans  avoir  été  de  vingt  paulmes.  Quant  au  tiers 
Soleil,  ils  disent  icelui  avoir  esté  consommé  par  le 
feu,  ce  monde  bruslant  par  longues  années,  durant 
lesquelles  tout  le  genre  humain,  &  tous  les  animaux 
furent  enfîambez  :  &  que  le  quatriesme  print  fin  par 
l'air,  estant  le  vent  si  fort  et  si  violent,  que  tous  les 
édifices,  arbres  et  rochers  tombèrent  par  terre  :  mais 
que  les  hommes  ne  moururent  point,  &  qu'ils  furent 


4o: 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


seulement  convertis  en  cinges.  Quant  au  cinquicsme 
Soleil,  lequel  a  de  présent  son  cours,  ils  ne  comptent 
point  en  quelles  façons  il  doit  périr,  mais  ils  racomp- 
tent  que  lors  que  le  quatriesme  Soleil  print  fin,  tout 
le  monde  fut  obscurci,  &  demeura  en  telles  ténèbres, 
l'espace  de  vingt-cinq  ans  continuels,  &  qu'au  cin- 
quiesme  d'iceux  les  Dieux  formèrent  un  homme  et 
une  femme,  lesquels  incontinent  eurent  des  enfans, 
&  que  dix  ans  après  le  Soleil  apparut  freschement  créé 
et  formé  le  jour  qu'en  leur  langue  ils  surnomment 
du  Connil.  En  mémoire  dequoi  ils  commencent  le 
compte  de  leurs  ans  par  ce  jour.  .  Aussi  disent-ils  que 
trois  jours  après  que  ce  cinquiesme  Soleil  apparut,  les 
dieux  qui  estoient  auparavant  moururent,  &  que 
depuis  ceux  lesquels  présentement  ils  adoroient, 
estoient  nez.  »  (II,  lxxv,  f°  158  r°.) 

P.  166,  1.  25.  An  chemin  qui).  Id.,  ihid.  :  «11  y  a 
en  ce  païs  deux  grands  chemins  royaux,  depuis  la 
ville  de  Quito  jusques  à  celle  de  Cuzco,  qui  est  un 
œuvre  d'aussi  grand  coust  comme  il  est  remarquable. 
L'un  est  par  les  montagnes,  &  l'autre  par  les  plaines, 
tous  deux  durent  plus  de  200  mil.  Celuy  qui  est  en 
la  campagne  est  revestu  de  murailles  des  deux  costez, 
&  est  large  de  vingt-cinq  pieds  :  il  a  en  dedans  des 
fossez,  ou  petits  ruisseaux  pleins  d'eau  coulante  per- 
pétuellement et  dessus  iceux  ont  esté  plantez  force 
arbres,  qu'ils  appellent  Molli.  L'autre  qui  est  en  la 
montagne,  est  de  mesme  largeur,  entaillé  par  dedans 
les  rochers,  &  aux  endroits  où  il  y  avoit  des  vallons 
trop  creux,  pour  esgaller  le  chemin  on  les  remplissoit 
de  pierres  massonnees  avecques  de  la  chaux.  En 
somme,  c'est  un  œuvre,  qui  mesme  au  dire  de 
tous  ceux  qui  ont  veu  l'un  et  l'autre  surpasse  les 


Pyramides  d'Egypte,  &  les  grands  chemins  pavez  des 

anciens  Romains,  &  tous  les  édifices  anciens De 

journée  en  journée  on  void  de  beaux  grands  palais 
hastis,  qu'ils  appellent  Tambos,  où  se  logeoit  la 
cour,  «Se  les  armées  des  Roys  Yngas.  Ils  traînent 
leurs  pierres,  ou  les  roulent  à  force  de  bras  jusques 
au  lieu  où  ils  veulent  bastir  :  par  ce  qu'ils  n'ont 
point  de  bestes  pour  s'ayder  d'elles  à  tels  œuvres. 
Les  pierres  sont  de  dix  pieds  en  quarrés  &  encore 
d'avantage  :  ils  les  asseoient  avecques  de  la  chaux, 
(Se  autre  mortier.  Or  pour  monter  leurs  pierres,  ils 
apportent  de  la  terre  contre  le  mur,  &  autant  que 
croist  l'édifice,  autant  haussent-ils  leur  terre.  Car  ils 
n'ont  point  d'autres  engins  à  bastir,  &  ainsi  sont 
long  temps  devant  qu'achever  telles  entreprises, 
&  leur  faut  une  infinité  de  personnes.  »  (V,  i.xxxvi, 
f-  439  v°  et  440  v°.) 

P.  167,  1.  12.  Rcloinhons  à  iws  coches).  Rapprocher 
II,  II,  p.  lé,  I.  14,  et  voir  la  note. 

P.  167,  1.  13.  Ils  se  faisaient  porter).  Cf.  Lopez  de 
Gomara,  Histoire  générale  des  Indes  :  «  Attabalipa  se 
faisoit  porter  en  une  litière  d'or,  parée  par  dedans  de 
plumes  de  perroquets  de  diverses  couleurs,  &  estoit 
assis  dedans  une  basse  chaire  toute  d'or...  Mais  les 
Espagnols  ne  pouvoient  le  toucher,  parce  qu'il  estoit 
élevé  haut  en  sa  litière  et  pour  cette  cause  tuoient 
ceux,  qui  la  soustenoient  à  fin  de  le  faire  tomber. 
Mais  aussitost  qu'il  y  avoit  un  de  ces  porteurs  mort, 
un  autre  prenoit  sa  place  de  peur  que  leur  Seigneur 
ne  tombast  à  terre.  Pizarre  voyant  cela  le  tira  par  sa 
robe  et  le  feit  choir  en  terre,  &  par  ce  moyen  print 
fin  ceste  mesiée.  »  (V,  vi,  f"»  312-313.) 


Chapitre  VII. 


DE      L  INCOMMODITE     DE      LA     GRANDEUR. 


P.  léS,  1.  7.  Descendre  saris  tomber).  Rapprocher 
Sénèque,  De  tranqiiiUitate  animi  :  «  Multi  sunt  qui- 
bus  necessario  hcerendum  sit  in  fastigio  suo,  ex  quo 
non  possunt,  nisi  cadendo  descendere.  »  (x,  382.) 

P.  168,  1.  8.  La  resolution  de  ceux).  Allusion  à  de 
nombreux  moralistes  du  xvi'  siècle  :  on  trouvera 
chez  Ravisius,  Cornucopiœ  libellus,  une  liste  de  con- 
tempteurs de  la  grandeur.  Montaigne  pense  tout  par- 
ticulièrement à  Charles-Quint,  dont  l'abdication  en 
1556  avait  beaucoup  frappé  les  contemporains.  Il  pense 
peut-être  aussi  à  Dioclétien,  qui  abdiqua  en  305. 
Dans  son  Nicolle  Gilles,  au  folio  58,  à  propos  des 
refus  réitérés  qu'oppose  Charles  d'Albret,  comte  de 
Dreux,  à  l'offre  qui  lui  est  faite  de  la  charge  de 
connétable,  Montaigne  écrit  en  marge,  probablement 
vers  1564,  une  note  qui  nous  montre  sa  curiosité 
tournée  vers  la  question  qu'il  traite  ici  :  «  Ce  sont 
miracles  pour  nous;  mais  lors,  ils  se  voient  quelque 
foës.  Le  Conétable  de  Fienes  se  santant  sur  l'eage 
résigna  volonterement  sa  charge.  Bertrand  du  Gles- 
quin  la  print  après  lui,  mais  après  l'auoër  lontans 
refusée.  Le  Sire  de  Coucy  la  refusa  tout  a  plat,  lors 
que  celui  de  Clisson  fut  reculé;  &,  a  son  refus,  on 
la  donna  a  Philippe  d'Artoës.  Et  Froissart,  chap.  68, 
vol.  3,  dit  que  Gui  de  la  Trémouille  l'auoët  aussi 
refusée,  avant  le  sire  de  Coucy.  »  (Cf.  Rei'ue  d'Histoire 
littéraire  de  la  France,  année  19 13,  p.  137-) 

P.  169,  1.  9.  A  l 'opposite  de  l'autre  (de  Jules  César). 
Cf.  Plutarque,  Fie  de  César  :  «  Auquel  voiage  Ion 
dit,  qu'en  traversant  les  monts  des  Alpes,  il  passa 
par  une  petite  villette  de  Barbares  habitée  de  peu 


d'hommes,  pauvres  &  mal  en  poinct,  là  ou  ses  fami- 
liers qui  l'accompagnoient  se  prirent  à  demander, 
en  riant  entre  eulx,  s'il  y  avoit  point  de  brigues  pour 
les  estats  &  offices  de  la  chose  publique  en  ceste 
ville  là,  &  s'il  y  avoit  point  de  débats  &  d'envies  entre 
les  principaux  pour  les  honneurs  d'icelle,  &:  Cœsar 
parlant  à  certes,  respondit  :  Je  ne  sçay  pas  cela,  dit-il, 
mais  quant  à  moy  j'aimerois  mieux  estre  ici  le  pre- 
mier, que  le  second  à  Rome.  »  (m,  f"  426  r°.) 
Cf.  aussi  Les  dicts  notables  des  anciens  Roys,  f°  208  r°. 

P.  169,  1.  25.  La  vie  de  L.  Thorius  Balbus).  Cf. 
Cicéron  {De  finibus,  II,  xx),  qui  compare  Thorius 
Balbus  à  Régulus  et  qui  donne  hautement  l'avantage 
à  ce  dernier. 

P.  170,  1.  8.  Otane:;^,  l'un  des  sept).  Cf.  Hérodote, 
III,  Lxxxiir;  t.  I,  i"  216  \-'\ 

P.  171,  1.  4.  Deu.v  livres  escossois).  Le  dialogue  de 
Buchanan  intitulé  De  jure  regni  apud  Scotos  (1579) 
et  le  pamphlet  par  lequel  Blackwood  répondit  à  cet 
ouvrage,  Adversus  Georgii  Buchani  dialogum.  De  jure 
regni  apud  Scotos,  pro  regibus  apologia  (1581). 

P.  171,  1.  5.  Le  populaire  (celui  de  Buchanan).  Il 
subordonne  l'autorité  des  rois  à  celle  de  la  loi.  La 
théorie  est  que  la  loi  ne  doit  pas  émaner  du  roi, 
parce  qu'un  seul  homme  n'est  pas  capable  de  légi- 
férer; plus  que  tout  autre  le  roi  est  obligé  par  la  loi 
qui  le  dépasse,  il  doit  donner  l'exemple  de  l'obéis- 
sance. S'il  devient  tyran,  le  tuer  est  un  devoir 
rigoureux.  On  retrouve  ici  les  principales  idées  des 
pamphlets  protestants  que  la  Saint-Barthélémy  a 
suscités;    Buchanan    se   souvient   des   écrits   de   ses 


404 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


coreligionnaires.  Il  se  fait  dire  par  son  interlocuteur 
surpris  :  «  Nescio  quibus  angustis  concludis  reges, 
et  in  legum  prope  dicam  ergastula  conjectis  ne  libe- 
ram  quidem  orationem  permittis.  Me  autem  ex  magnâ 
spe  dejecisti.  Sperabam  enim  fore  ut  rem...  inter 
deos  nominesque  pulcherrimam  vel  tua  sponte,  vel 
a  me  admonitus  in  orationis  cursu,  in  suum  splen- 
dorem  restitueres  :  quam  lu  omnibus  ornamentis 
spoliatam  in  ordinem  redegisti  :  et  qui  primus  in 
orbe  terrarum  fuit  magistratus,  eum  angustis  cir- 
cumseptu  cancellis  prope  contemptibilem,  nulli 
certe  sano  reddidisti  optandum.  Quis  enim  sana; 
mentis  non  in  mediocri  fortunâ  subsistere  privatus 
malit,  quam  in  perpetuis  molestiis  aliorum  intentus 
negotiis,  su:e  rei  negligens  totum  \ixx  cursum  ad 
aliénas  rationes  componere...  Xon  miror  si  ad  hanc 
formulam  .spectentur  reges,  olim  e  pascuis,  et  ab 
aratro  petitos,  qui  pnçclarum  istum  lionorem  acci- 
perent.  »  (P.  20.) 

P.  171,1.  5.  Le  luoiiarchiqne  (celui  de  Blackwood). 
Cet  ouvrage  compare  sans  cesse  les  rois  avec  la  divi- 
nité; il  est  rempli  de  formules  comme  celles-ci  : 
«  Regnum  divina  res  est,  et  reges  divini...  Quxque 
agit  princeps  omnia,  numinis  instar  agere  censetur. 
Qiium  admodum  in  cœlis,  nullo  neque  modo  neque 
fine  conclusum  numinis  imperium  est,  idque  ccelestes 
animœ  sine  tergiversatione,  sine  mora  capessunt  : 
sic  in  terris  regnum  sui  eunda  sunt  imperia,  qua; 
sine  sacrilegio  detrectari  non  possunt,  nec  popula- 
rium  suorum  judicio,  voluntate,  lege  definiri.  » 

P.  171,  1.  26.  Biisson).  Cf.  Plutarque,  De  la  tran- 
quillité de  l'àiiie  et  repos  de  l'esprit  :  «Alexandre  le 
Grand...  estant  adverty  que  Brisson  le  coureur, 
auquel  il  couroit  en  carrière  à  qui  gaigneroit  le  pris 
de  vistesse,  .s'estoit  faint  en  sa  course,  il  s'en  cour- 
roucea  bien  asprement  à  luy.  »  (xii,  f"  72  v°.)  Le 
même  personnage  est  appelé  Crisson  dans  un  autre 
traité  de  Plutarque,  Comment  on  pourra  discerner  le 
flatteur  d'avec  l'amy,  \\. 

P.  171,  1.  28.  Carneades  disoil).  Ll.,  Comment  on 
pourra  discerner  le  flatteur  d'avec  l'amy  :  «  Carneades 
souloit  dire,  que  les  enfans  des  Roys  &  des  riches 
n'apprenoient  rien  adroit,  qu'à  piquer  &  manier  les 
chevaux,  &  rien  autre  chose,  pource  que  le  maistre 


les  flatte  aux  escholies  en  les  louant,  à  l'exercice  de 
la  lucte  celuy  qui  lucte  avec  eulx  se  laisse  volontai- 
rement tomber  dessoubs  eulx  :  mais  le  cheval  ne 
cognoissant  pas  qui  est  le  fils  d'un  homme  privé, 
ou  d'un  prince,  qui  est  pauvre  ou  riche,  jette  par 
terre  ceulx  qui  ne  sçavent  pas  bien  tenir.  »  (xv, 
f"  46  r".)  Rapprocher  La  Chassaigne,  seigneur  de 
Pressac  (beau-frère  de  Montaigne)  :  «  Quelqu'un 
des  anciens  disoit  que  les  Princes  et  grands  Seigneurs 
n'apprennent  jamais  à  faire  rien  bien  à  droict,  qu'à 
estre  à  cheval,  pour  ce  qu'en  tous  autres  exercices 
celuy  qui  les  apprend  les  exalte,  en  les  louant  et 
leur  applaudissant  mesme  en  ce  qu'ils  font  mal  à 
propos  et  de  mauvaise  grâce  :  mais  quand  au  cheval, 
luy  qui  n'entend  rien  au  mestier  de  flatterie,  et  qui 
ne  se  donne  pas  grande  peine  de  la  faveur,  met  aussi 
tost  le  prince  par  terre  qu'il  ouvre  les  genoux  et 
lasche  la  main,  que  le  moindre  de  ses  pages.  » 
(Éd.  de  158e,  f'-  210  v°.) 

P.  172,  1.  2.  Homère).  Dans  V Iliade,  chant  \'. 
Plutarque  a  parlé  de  cette  blessure  de  Vénus  dans 
les  Propos  de  table,  IX,  quest.  i\'. 

P.  173,  1.  2.  Le  Sénat  ordonna).  Cf.  Tacite,  Annales, 
II,  Lxxxiv.  Du  moins  je  pense  que  c'est  ce  texte  que 
Montaigne  a  dans  l'esprit,  mais  son  souvenir  est  très 
inexact. 

P.  173,  I.  8.  Chacun  des  snyvans  d 'Alexandre). 
Cf  Plutarque,  Comment  on  pourra  discerner  h  flatteur 
d'avec  l'amy  :  «Les  familiers...  du  Roy  Alexandre 
(contrefai-soient)  son  ply  du  col...  Les  flatteurs  de 
Dionysius  qui  ne  voioit  presque  goutte,  s'entreheur- 
toient  les  uns  les  autres,  &  foisoient  tomber  les  plats 
de  dessus  la  table,  pour  dire  qu'ils  avoient  mauvaise 
veuë.  »  (viii,  f°^  42  v>'  et  43  r".)  Pour  le  premier 
fiiit,  cf.  l'essai  II,  xii,  p.  409,  1.  i,  et  la  note. 

P.  173,  1.  14.  Plutarque  a  vcu).  Id.,  ihid.  :  «  J'en  ay 
cogneu  un  qui  répudia  sa  femme,  pource  que  celuy 
qu'il  flattoit  avoit  fait  divorce  avec  la  siene,  &  fut 
trouvé  qu'il  alloit  secrettcment  &  envoioit  devers 
elle.  ')  (viii,  f"  43  r".) 

P.  173,  1.  19.  Flateurs  de  Mithridales).  Id.,  ihid.  : 
«  Le  rov  Mithridates  aimoit  l'art  de  médecine,  au 
nioien  dcquoy,  il  y  eut  quelques  uns  de  ses  f;tmi- 
liers  qui  lui  baillèrent  de  leurs  membres  à  inciser. 


LIVRE      m,      CHAPITRE      VII. 


405 


&  brasier  avec  des  cautères,  qui  estoit  le  flatter  de 
faict,  <S:  non  pas  de  parole.  »  (xiii,  f*^  45  v°.) 

P.  173,  1.  23.  Adiian  V Empereur).  Cf.  Crinitus, 
De  honesta  disciplina  :  «  Cum  Aelius  Hadrianus  Im- 
perat.  cum  Favorino  (ut  fit)  de  litteris  ageret,  atque 
illum  in  vocabuli  usurpatione  liberius  reprelienderet, 
amicis  id  arguentibus,  quod  iniquius  Hadriano  de 
verbo  bujusmodi  concederet  :  quo  idonei  autores 
uterentur  :  subridens  Favorinus.  Et  maie,  inquit, 
mihi  suadetls  tamiliares  :  qui  non  illum  me  doc- 
tiorem  baberi  ab  omnibus  squo  anime  feratis,  qui 
tringinta  legionibus  imperet...  Pari  exemplo  et  Pollio 
Asinius  cum  Fescenninos  in  eum  Octavius  Augustus 
scriberet  :  at,  ego,  inquit,  taceo  :  non  enim  facile  est 
in  eum  scribere,  qui  potest  proscribere.  >>  (XII,  11.) 


Le  premier  fait  vient  de  Spartien,  Vie  d'Adrien,  xv; 
le  second  de  Macrobe,  Saturnales,  II,  iv. 

P.  173,  1.  30.  Car  Dionysius).  Cf.  Plutarque,  De 
la  tranquillité  de  l'âme  :  «  Dionysius  l'aisné  ne  se 
contentoit  pas  d'estre  le  plus  grand  et  le  plus  puis- 
sant tyran  qui  fust  de  son  temps,  mais  pour  autant 
qu'il  n'estoit  pas  meilleur  poëte  que  Pbiloxenus, 
&  qu'il  ne  savoit  pas  si  bien  discourir  comme  Platon, 
il  s'en  indigna  &  s'en  irrita  si  aigrement  qu'il  en 
jetta  l'un  dedans  les  carrières  oîi  l'on  mettoit  les 
criminels  &  serfs  de  peine,  &  en  envoya  l'autre 
comme  esclave  en  l'isle  d'iEgine.  »  (x,  f°  72  v°.)  Cf. 
aussi  Diodore  de  Sicile,  XV,  vi  et  vu,  et  Diogène 
Laërce,  III,  xviii  et  xix. 


Chapitre   VIII. 


DE      L   ART      DE     CONFERER. 


P.  174,  1.  3.  Coiiie  dict  Platon).  Dans  les  Lois  : 
«  Pœnis  vero  maligni  vexantur,  non  quia  peccave- 
runt,  nam  quod  factum  est,  infectum  esse  non  potest  : 
sed  ut  posthac  &  peccatores  ipsi,  &  hi  qui  puniri 
iniquitates  viderunt,  injustitiam  oderint,  aut  saltem 
minus  in  simili  vitio  peccent.  »  (XI,  p.  934;  éd.  de 
1546,  p.  891.)  L'idée  que  Montaigne  développe 
ici  se  retrouve  chez  beaucoup  d'auteurs.  Cf.  entre 
autres  Sénèque,  De  ira,  I,  vi;  Plutarque,  Que  la 
vertu  se  peult  eiiseii^ner;  Castiglione,  //  Cortegiaiio, 
IV,  XII  ;  etc. 

P.  174, 1.  10.  Nonne  vides).  «  Ne  vois-tu  pas  comme 
le  fils  d'Albius  vit  ùial  et  comme  Barrus  est  dans  la 
misère?  Excellent  exemple  pour  nous  détourner  de 
dissiper  notre  patrimoine.  »  (Horace,  Satires,  I,  i\', 
109.) 

P.  175,  1.  6.  /,(?  vieii.x  Catou).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Caton  le  Censeur  :  «  Il  disoit  aussi  que  les  sages 
apprenoient  Se  profitoient  plus  des  folz,  que  ne  fiti- 
soient  les  fols  des  sages.  »  (i\',  f°  237  v°.) 

P.  176,  1.  I.  Les  Italiens).  Dans  la  Civil  conversa- 
tion de  Stefano  Guazzo,  Montaigne  a  lu  un  long 
éloge  de  ces  Académies  italiennes. 

P.  17e,  1.  3.  C'est  un  mouvement  languissant).  Sur 
cette  comparaison  entre  le  plaisir  de  la  conversation 
et  celui  de  la  lecture,  cf.  l'e.ssai  III,  m. 

P.  176,  1.  20.  Une  autre  sorte  de  maladie).  Cette 
idée  se  trouve  longuement  développée  dans  la  Civil 
conversation  de  Guazzo,  ouvrage  dans  lequel  on  ren- 
contre beaucoup  des  idées  que  Montaigne  expose  dans 
cet  essai  :  critique  de  ceux  qui  ne  savent  .supporter 
la  contradiction  en  conversation  ;  subordination  de  la 


science  au  jugement,  et  surtout  à  la  souple  adapta- 
tion aux  usages  et  aux  opinions  du  temps,  etc. 

P.  176,  I.  32.  En  la  balance).  Cette  image  est 
suggérée  à  Montaigne  par  son  emblème  où  était 
figurée  une  balance  dont  les  deux  plateaux  étaient 
en  équilibre. 

P.  177,  1.  27.  Keqne  enini  disptilari).  «  Car  il  n'y 
a  pas  de  discussion  sans  contradiction.  >>  (Cicéron, 
De  finihus,  I,  viii.) 

P.  179,  1.  9.  Antisthenes).  Cf.  Plutarque,  De  la 
mauvaise  honte  :  «  Antisthenes  surnommé  Hercules... 
commanda  à  ses  enfans  de  ne  sçavoir  jamais  gré  ni 
grâce  à  personne  qui  les  louast.  »  (xii,  f°  81  r°.) 

P.  180,  1.  II.  Ainsi  Platon,  en  sa  republique). 
«Oportere...  moderatos  &  graves  esse  illos,  qui  ad 
disputationis  studium  asciscuntur,  neque  communi- 
candum  esse  id  ineptis  hominibus,  &,  ut  nunc  sit 
omnibus  quoscunque  sors  obtulerit.  »  (MI,  p.  539; 
éd.  de  1546,  p.  628.) 

P.  181,  1.  8.  Oui  n'entre  en  deffiance  des  sciences). 
Montaigne  reprend  ici  la  critique  du  pédantisme 
qu'il  a  déjà  présentée  dans  les  essais  I,  xxv  et  I,  xxvi, 
mais  il  se  place  plus  particulièrement  dans  cet  essai 
au  point  de  vue  de  ses  inconvénients  dans  la  conver- 
sation. Beaucoup  d'Italiens  les  ont  signalés  avant  lui  : 
cf.  en  particulier  Guazzo,  Civil  conversation  (j^^sûirî)', 
Giovanni  délia  Casa,  Il  Galaleo  (éd.  de  Lyon,  1575, 
f-  41  v°  et  44.) 

P.  181,  1.  10.  A7/;//  sanantihus).  «De  ces  lettres 
qui  ne  guérissent  de  rien.  »  (Sénèque,  ép.  59.) 

P.  181,  1.  II.  Nec  ad  melius).  «Ni  à  mieux  vivre 
ni  à  mieux  raisonner.  »  (Cicéron,  De  finibus,  I,  xix). 


LIVRE     III,      CHAPITRE      VIII. 


407 


P.  181,  1.  25.  Joueurs  de  passe-passe),  ^'oil•  une 
image  analogue  dans  l'épître  XLV  de  Sénèque. 

P.  182,  1.  7.  Sub  aliéna  umhra).  «Qui  se  ciichent 
dans  l'ombre  d'autrui.  »  (Sénèque,  ép.  33.) 

P.  182,  1.  24.  Eiiihydeiiius  et  Protagoras).  Dans  les 
Dialogues  qui  portent  les  noms  de  ces  deux  philo- 
sophes. 

P.  183,  1.  3.  Cciiiiiie  disait  Dcmccritns).  Cf.  Lac- 
tance.  Institution  divine  :  «  Democritus  quasi  in  puteo 
quodam...  veritatem  jacere  demersam  :  nimirum 
stulte  ut  cetera.  Non  enim  lanquam  in  puteo  demersa 
est  Veritas...  sed  tanquam  in  summo  montis  excelsi 
vertice,  vel  potius  in  cœlo;  quod  est  verissimum.  » 
(III,  xxviii.)  Cf.  aussi  Torquato  Tasso  dans  le 
dialogue  intitulé  «  L'honesto  piacere  »  :  «  La  verità, 
coma  diceva  Democrito,  è  sommersa  nel  profonde, 
o  piutosio  è  in  cielo  nascosta,  nel  grembo  d'Iddio 
ove  naque.  »  (^Rinie  e  prose,  éd.  de  1581,  p.  146.) 

P.  184,  1.  14.  Et  ce  plnlosophe  du  temps).  Heraclite. 
Cf.  l'essai  I,  l,  et  la  note. 

P.  184,  1.  16.  Myson).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie  de 
Myson  :  «  Cùm  ab  eo  rogaretur  qui  eum  de  impro- 
viso  deprehenderat,  cur  nemine  présente  rideret. 
At  ob  hoc  ipsum  rideo,  dixisse.  »  (I,  cviii,  85.) 

P.  184,  1.  27.  Ce  mot  de  Platon).  Cf.  Plutarque, 
Comment  il  faut  ouïr  :  «  Et  ne  fault  pas  en  tel  endroit 
oublier  l'advertissement  du  sage  Platon,  quand  on 
a  veu  quelqu'un  faillant,  de  descendre  tousjours  en 
soy  mesme,  et  dire  à  part  soy  :  Ne  suis-je  point  tel  1 
Car  tout  ainsi  que  nous  voyons  noz  yeux  reluysans 
dedans  les  prunelles  de  ceulx  de  noz  prochains,  aussi 
fault  il  que  en  la  manière  de  dire  des  autres  nous 
nous  représentions  la  nostre  à  fin  que  nous  ne  soions 
pas  légers  ny  téméraires  à  reprendre  les  autres...  » 
(vi,  f"  26  r°.)  —  Voir  aussi  Comment  on  pourra  recevoir 
utilité  de  ses  ennemis  :  «  Platon,  toutes  les  fois  qu'il 
s'estoit  trouvé  présent  à  veoir  faire  à  d'autres  hommes 
quelquechose  de  mal-honeste,  en  se  retirant  à  part, 
il  souloit  dire  en  soy  mesme,  ne  ressemhle-je  en 
quelquechose  à  cela  ?  Aussi  celuy  qui  a  injurié  et 
blasmé  la  vie  d'un  autre,  si  tout  aussi  tost  il  s'en  va 
regarder  et  examiner  la  sienne  propre,  et  la  reformer 
et  raccoustrer  en  se  redressant  et  retournant  en 
mieulx,   il   recevra  quelque  utilité  de  son  injurier. 


qui  autrement  semble  estre  et  est  véritablement  vain 
et  inutile.  »  (v,  f"  iio  v".) 

P.  185,  1.  8.  Stercus  cuique  suiim).  «  Chacun  aime 
Todeur  de  son  fumier.  »  Cf.  les  Adages  d'Erasme  où 
on  lit  :  «Suus  cuique  crepitus  bene  olet.  »  (III,  iv,  2.) 
Tabourot  des  Accords  a  mis  cet  adage  en  vers  dans 
le  premier  livre  de  ses  Touches. 

P.  185,  1.  13.  Encores  hier).  Au  sujet  de  la  vanité 
nobiliaire,  on  peut  voir  l'essai  I,  xlvi. 

P.  185,  1.  22.  Age!  si  bœc  non).  «  Courage!  si  elle 
n'est  pas  assez  folle  d'elle-même,  irrite  encore  sa 
folie.  »  (Térence,  Andrienne,  IV,  11,  9.) 

P.  186,  1.  9.  Sacrâtes  est  d'avis).  Cf.  Platon,  Gor- 
gias  :  «  Sive  per  nos,  sive  per  alium  quempiam  nobis 
charum  inferatur  injuria,  sponte  nostra  judici  nos 
puniendos...  offerre...  isi  quis  judicet  contra  oportere 
rhetorica  uti,  ad  acçusandum  videlicet  :  primo  quidem 
nosipsos,  deinde  domesticos  familiaresque  &  alios  : 
si  quis  eorum  qui  nobis  chari  sunt,  injurias  perpe- 
traverit  :  ne  lateant  eorum  crimina,  sed  producantur, 
unde  pcenas  illi  persolvant,  saniqùe  évadant...  Itaque 
si  verberihus  digna  commiserint,  verberandos  sese 
tradant  :  si  vinculis,  vinciendos  :  si  muleta,  mulc- 
tandos...  si  nece,  necandos.  »  (P.  480;  p.  351,  éd. 
de  154e.) 

P.  186,  1.  22.  Ceux  qui  nous  ont  voulu).  Rappro- 
cher l'essai  II,  xii,  p.  243,  1.  19,  et  voir  la  note. 

P.  188,  1.  4.  Rarus  enim  fermé).  «En  effet,  le  sens 
commun  est  rare  dans  cette  haute  fortune.  »  (Juvé- 
nal,  vin,  73.) 

P.  188,  1.  20.  DicI  Socrate.<;).  Ci.  Fhton,  République: 
«  Philosophiam  vero  tanquam  cognatis  orbatam,  alii 
quidam  ea  cette  indigni  aggredientes,  dedecorant 
ipsam  nimium,  eaque  afficiunt  infamia  qua  notari 
ipsam  a  detractatoribus  illis  commemorabas.  »  (VI, 
p.  495;  éd.  de  1546,  p.  607.) 

P.  188,  1.  23.  Huniani  qualis).  «Tel  ce  singe,  imi- 
tateur de  l'homme,  qu'un  enfant,  pour  se  divertir,  a 
habillé  d'une  précieuse  étoffe  de  soie,  en  lui  laissant  le 
derrière  à  découvert,  à  la  grande  joie  des  convives.  » 
(Claudien,  In  Eutrop.,  I,  303.) 

P.  189,  1.  5.  Megabysus).  Cf.  Plutarque,  Comment 
on  pourra  discerner  le  flatteur  d'avec  l'amy  :  «  Mega- 
byzus  un  des  plus  grands  seigneurs  de  la  court  du 


4o8 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


Roy  de  Perse  vint  un  jour  visiter  Apelles  jusques  en 
sa  bouttique,  &  s'estant  assis  auprès  de  \\iy  à  le 
regarder  besongner,  commencea  à  vouloir  discourir 
de  la  ligne  &  des  umbres.  Apelles  ne  se  peult  tenir 
de  luy  dire  :  «  Voys  tu,  ces  jeunes  garçons  qui 
»  brayent  l'ochre,  pendant  que  tu  ne  disois  mot  te 
»  regardoient  fort  attentifvement  &  s'esbahissoient  de 
»  voir  tes  beaux  habits  de  pourpre  &  tes  chesnes 
»  &  joyaux  d'or,  mais  depuis  que  tu  as  commancé 
»  à  parler,  ils  se  sont  pris  à  rire,  en  se  mocquant  de 
»  toy,  d'autant  que  tu  te  mets  à  discourir  des  choses 
»  que  tu  n'as  pas  apprises.  »  (xiv,  f°  45  v°.)  ^'oir 
aussi  De  la  tranquillité  de  l'espi'it  :  «  Megabysus  un 
grand  seigneur  de  Perse  alla  un  jour  en  la  boutique 
d' Apelles,  là  où  il  peignoit  :  &  comme  il  s'entremeist 
de  parler  de  l'art  de  la  peinture,  Apelles  luy  ferma 
la  bouche  dextrement  en  luy  disant  :  «  Tandis  que 
»  tu  as  gardé  silence,  tu  semblois  estre  quelque  chose 
»  de  grand,  à  cause  de  tes  chaisnes  &  carquans  d'or, 
»  &  de  ta  robbe  de  pourpre  :  mais  maintenant  il 
»  n'est  pas  ces  petits  garçons  là  qui  brayent  l'ochre 
»  qui  ne  se  mocquent  de  toy,  voyant  que  tu  ne  sçais 
»  ce  que  tu  dis.  »  (xii,  f°  72  v°.) 

P.  189, 1.  21.  Priiuipis  est  virliis).  «  Pour  un  prince, 
le  premier  mérite"  est  de  connaître  ses  sujets.  » 
(Martial,  VIII,  w.)  Cette  citation  a  été  prise  dans 
les  Politiques  de  Juste  Lipse,  IV^,  v. 

P.  189,  1.  23.  Pcrser  nos  poitrines).  Rapprocher  ce 
que  Montaigne  écrivait  en  1570  dans  son  épitre  dédi- 
catoire  à  Michel  de  THospital  où  il  insistait  sur  cette 
difficulté  de  donner  les  charges  au  mérite  :  «  Xy 
vos  yeulx  ne  se  peuvent  estendre  si  loing,  que  de 
choisir  et  trier  parmi  une  si  grande  multitude  et  si 
espandue,  ny  ne  peuvent  entrer  jusques  au  fond  des 
cœurs  pour  y  veoir  les  intentions  et  la  conscience...  » 

P.  190,  1.  5.  Qu'il  ne  faut  pas).  Rapprocher  Ovide, 
Héroi'des  :  «  Careat  successibus  opto,  quisquis  ab 
eventu  facta  notanda  putat.  »  Pour  la  pensée,  rappro- 
cher l'essai  I,  xxiv  tout  entier  et  la  tîn  de  I,  xlvii. 

P.  190,  1.  5.  Les  CartJiaginois).  Cf.  Tite-Live, 
XXXVIII,  XLViii.  Mais  Montaigne  a  pris  ceci  dans 
les  Politiques  de  Juste  Lipse  :  «  Carthaginienses  Duces 
bella  pravo  consilio  gercntes,  etiamsi  prospéra  fortuna 
subsccuta  esset,  cruci  tamen  suffigebant  quod  benè 


gesserant,  deorum  immortalium  adjutorio;  quod 
malè  commiserant,  ipsomm  culpœ  imputantes.  »  (V, 
XVI.)  Juste  Lipse  renvoie  à  Valère  Maxime,  II,  vu. 

P.  190,  1.  lé.  Siranne:^  le  Persicn).  Cf.  Plutarque, 
Les  dicts  notables  des  anciens  Roys  :  «  Sirannez  gentil- 
homme Persien  respondit  à  quelques  uns  qui  s'es- 
merveilloient  comme  ses  entreprises  ne  succedoient 
heureusement,  veu  que  ses  propos  estoient  si  sages  : 
«  c'est,  dit  il,  pource  que  je  suis  seul  maistre  de 
»  mes  propos,  mais  des  effects,  c'est  la  Fortune  et 
»  le  Roy.  »  (Prologue,  f"  188  r".)  Cf.  aussi  Amvot, 
préface  de  la  traduction  des  Fies  :  «  Siramnes  Persien 
respondit  a  ceulx  qui  s'esbahissoyent  dont  venoit  que 
ses  devis  estoyent  si  sages,  et  ses  effects  si  peu  heu- 
reux :  «  C'est  pourantant,  dit-il,  que  les  devis  sont 
))  en  ma  pleine  disposition,  et  les  effects  en  celle  de 
»  tortune  et  du  rov.  » 

P.  190,  1.  22.  Fata  viani).  «  Les  destins  se  frayent 
leur  voie.  »  (Virgile,  En.,  III,  395.)  Le  texte  de 
^'irgile  est  :  Fata  viam  invenient.  (F°  41  v°.) 

P.  191,  1.  12.  Pennitte).  «Abandonne  le  reste  aux 
dieux.  »  (Horace,  Odes,  I,  ix,  9.) 

P.  191,  1.  21.  Xostrc  sai^csse  mcsine).  Rapprocher 
l'essai  I,  xlvii. 

P.  191,  1.  26.  l'erlnntnr).  «Les  dispositions  de 
l'àme  sont  en  perpétuelle  mutation  :  maintenant  une 
passion  l'agite;  que  le  vent  vienne  à  balayer  les 
nuages,  c'est  une  autre  qui  l'entraine.  »  (\'irgile, 
Gàvg.,  I,  420.) 

P.  192,  1.  5.  Dict  ThucididexJ.  Dans  la  harangue 
de  Cléon,  m,  37.  Montaigne  a  pris  cette  allégation 
dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse.  Oî  oxSi.i-.i^z:  -m-i 
x/6pw-(ov  1:::^  Tc-jç  rivîTUTipî'j;,  lo:  à-'i  tî  tt/.e'.j'CV, 
a\j.v:K->  i':/.-yjz\  -'xz  r.ilv.z  :  Hebetiores,  quàm  acutiores, 
ul    plurimum,    melius    rempublicam    administrant. 

(IV,  3) 

P.  192,  1.  8.  Ul  quisque).  «C'est  seulement  à  la 
faveur  Je  la  fortune  qu'un  homme  .s'élève,  et  c'est 
la  pierre  de  touche  par  laquelle,  tous,  nous  jugeons 
de  son  habileté.  »  (Plante,  Pscndolns,  II,  m,  15.)  Cita- 
tion prise  dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse,  IV,  ix. 

P.  193,  1.  I.  Melanlbiiis).  Cf.  Plutarque,  Comment 
il  fault  ouïr  :  «  Melanthius  interrogué  qu'il  luy  sem- 
bloit  de  la  Tragédie  de  Dionysius  :  Je  ne  l'ay,  dit  il, 


LIVRE     ni,      CHAPITRE      VIII. 


409 


peu  voir,  tant  elle  estoit  offusquée  de  langage.  » 
(vu,  ê  26  v°). 

P.  193,  I.  6.  Antislhcnes).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  d'Autisthène  :  «  Atheniensihus  consulebat,  asinos 
ut  equos  diligerent.  Quod  cum  illi  ab  aratione 
alienum  dicerent,  at,  inquit,  apud  vos  duces  emnt 
qui  nihil  didicerunt,  solùmque  designati  sunt.  »  (^'I, 
VIII,  550.) 

P.  193,  1.  16.  Ceux  de  Mexico).  Cf.  Lopez  de  Go- 
mara.  Histoire  générale  des  Indes  :  «  Peu  regardoient 
le  Roy  au  visage  depuis  son  sacre...  Le  grand  prestre 
s'approchant  de  lui  le  conjuroit,  &  lui  faisoit  faire 
serment  qu'il  garderoit  la  religion  de  leurs  Dieux, 
qu'il  ohserveroit,  &  feroit  observer  les  loix  &  ordon- 
nances de  ses  prédécesseurs  :  qu'il  maintiendroit  par 
justice  qu'aucun  de  ses  vassaux  ou  amis  ne  fui 
outragé  :  qu'il  se  monstreroit  vaillant  à  la  guerre, 
qu'il  feroit  que  le  Soleil  tousjours  chemineroit  avec 
sa  clarté  et  lueur,  qu'il  feroit  que  les  nues  pleuve- 
roient  selon  la  nécessité,  &  qu'il  feroit  que  la  terre 
fmctifieroit  abondamment.  »  (II,  lxxvii,  f°  160  v°.) 

P.  194,  1.  29.  Ces  jiigemens  universels).  Cf.  PIu- 
tarque.  De  l'esprit  familier  de  Socrates  :  «  J'ay  souve- 
nance, d'avoir  ouy  un  propos  qui  n'est  pas  mauvais 
d'un  peintre  qui  faisoit  comparaison  de  ceulx  qui 
venoient  regarder  les  tableaux  qu'il  avoit  peint  :  car 
il  disoit  que  les  ignorants  spectateurs,  &  qui  n'en- 
tendent rien  en  l'art  de  la  peinture,  ressembloient 
à  ceulx  qui  saluent  en  trouppe  tout  un  peuple  : 
&  que  les  sçavans  &  bien  entendus  en  l'art,  ressem- 
bloient à  ceulx  qui  saluent  par  nom  &  par  surnom 
chascun  de  ceub:  qu'ils  rencontrent  :  par  ce  que 
ceulx  là  n'ont  pas  une  cognoissance  exquise,  ains 
superficielle  &  grossière  des  ouvrages,  &  au  contraire 
ceulx  cy  faisans  jugement  à  part  de  chascune  des 
parties  de  l'œuvre  l'une  après  l'autre,  ne  laissent  rien 
à  considérer,  à  remarquer  &  nommer,  de  ce  qui  y 
est  bien  ou  mal  fait.  »  (i,  f°  636  r°.) 

P.  195,  1.  12.  Videnduin).  «Il  ne  faut  pas  seule- 
ment examiner  les  propos  des  hommes,  mais  encore 
leurs  opinions  et  même  les  fondements  de  ces  opi- 
nions. »  (Cicéron,  De  officiis,  I,  XLi.) 

P.  19e,  1.  4.  Le  dogme  de  Hegesias).  Cf.  Diogène 
Laërce,    Vie  d'Aristippc  :    «  Eorum   peccata   veniam 


dicebant  promereri,  ...  non  odio  quenquam  habitu- 
rum,  sed  potius  eruditurum.  »  (II,  xcv,  153.) 

P.  196,  1.  II.  Ce  que  Cyriis  respont).  Cf.  Xénophon, 
Cyropédie  :  «  At  ignaris  omnino  virtutis  mirarer 
equideuT  Chr^'santa  si  quid  plus  apposita  oratio  prod- 
esset  ad  probitatem,  quàm  musicK  indoctis  pulclire 
cantatum  carmen  ad  musicam.  »  (III,  m,  éd.  de  1545, 
p.  58.) 

P.  197,  1.  17.  Corne  il  sambloit  a  Lycurgits).  Cf. 
Plutarque,  Vie  de  Lycurgue,  xv,  f°  36  r°. 

P.  198,  1.  6.  Deux  Princes).  Montaigne  fait  peut- 
être  allusion  à  la  mort  du  duc  d'Enghien,  tué  dans 
un  jeu  le  23  février  1546  à  Laroche-Guyon  (il  fut 
tué  par  un  coffre  lancé  d'une  fenêtre;  cf.  de  Thou, 
fin  du  livre  II,  traduction  française  de  173 1,  tome  I, 
p.  153),  et  à  la  mort  de  Henri  II  qui  fut  mortelle- 
ment blessé  dans  un  tournoi  (juillet  1559). 

P.  198,  1.  II.  Ablatum  mediis).  «Cet  ouvrage  a 
été  arraché,  encore  imparfait,  du  métier.  »  (Ovide, 
Tristes,  I,  vu,  29.)  Le  texte  d'Ovide  porte  illnd  au 
lieu  de  istiid. 

P.  199,  1.  9.  Qu'il  se  faut  bien  garder).  Cf.  Com- 
mines,  III,  xii.  Commines  ne  s'attribue  pas  ce  mot, 
car  il  déclare  «qu'il  le  tient  de  son  maistre  (Louis  XI) 
qui  lui  en  allégua  son  auteur,  et  de  qui  il  le  tenait». 

P.  199,  1.  12.  Bénéficia).  «Les  bienfaits  sont  agréa- 
bles tant  qu'on  sait  pouvoir  s'acquitter;  mais  s'ils 
dépassent  de  beaucoup  nos  moyens  de  reconnais- 
sance, ils  nous  deviennent  odieux.  »  (Tacite,  Annales, 
IV,  XVIII.) 

P.  199,  1.  14.  Kajn  qui  putal).  «Car  celui  qui 
trouve  honteux  de  ne  pas  rendre  voudrait  ne  trouver 
personne  à  qui  il  fût  obligé.  »  (Sénèque,  ép.  81.) 
Montaigne  généralise  le  sens  de  la  phrase  en  substi- 
tuant qui  à  quia. 

P.  199,  1.  16.  Oui  se  non  putat').  «Celui  qui  ne  se 
croit  pas  quitte  envers  vous  ne  saurait  être  votre 
ami.  »  (Q.  Cicéron,  De  petitione  consulatus,  ix.) 

P.  200,  1.  2.  Une  heure  de  suite).  Rapprocher  II, 
X,  p.  109,  1.  27. 

P.  200,  1.  8.  Qu'il  luy  semble  a  Iny).  Cf.  Tacite, 
Annales,  XVI,  xvi,  et  surtout  ce  passage  de  Jean 
Bodin,  Melhodus  ad  facilem  historiaruni  cognitioneni, 
auquel  Montaigne  pense  peut-être  :  «  Libro  quarto 


410 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


profitetur  (Tacitus)  se  nec  bella,  nec  urbiuiii  expu- 
gnationes,  nec  fusos  exercitus,  nec  certainina  plebis 
&  optimatum  narrare,  suumque  laborem  inglorium 
fore  non  tamen  inutilem  »,  etc.  (P.  62.) 

P.  200,  1.  20.  Si  plain  de  sentences).  Bodin  avait 
signalé  déjà  ce  caractère  des  ouvrages  de  Tacite  dans 
sa  Methodtis  ad  facilem  historiarum  cognitionem,  et 
il  avait  donné  comme  exemple  un  certain  nombre 
de  ces  sentences.  Montaigne  même  lui  en  avait  em- 
prunté une  dans  l'essai  II,  xx. 

P.  201,  1.  7.  L'advis  des  gens).  Montaigne  pense 
surtout  à  César.  Il  a  remarqué  déjà  la  modération 
avec  laquelle  cet  auteur  a  parlé  de  son  adversaire. 

P.  201,  1.  8.  L'avoir  estime).  Cf.  Tacite,  Histoires  : 
«  Post  quos  (Marium  et  Syllam)  Cn.  Pompeius 
occultior,  non  melior.  »  (II,  xxxvni.) 

P.  201,  1.  19.  //  n'a  pas  besoing  d'excuse).  Peut-être 
souvenir  de  Jean  Bodin  qui,  dans  sa  Methodus  ad 
facilem  historiarum  cognilionem,  écrivait  :  «  Budseus 
acerbe  Tacitum  scriptorem  omnium  sceleratissimum 
appellavit  :  quod  non  nihil  adversus  Christianos 
scripsit,  qua.  ratio  fecit,  opinor,  ut  cum  Tertullianus 
mendacissimum,  Orosius  adulatiorem  appellaret,  sed 
quemadmodum  Marcellus  I.  C.  meretricem  turpiter 
facere  respondit,  quôd  sit  meretrix;  non  tamen  tur- 
piter accipere  cùm  sit  meretrix  :  ita  quoque  impie 
fecit  Tacitus  quôd  non  fuerit  Christianus  :  sed  non 
impie  adversus  nos  scripsit,  cùm  gentili  superstitione 
obligaretur,  ego  verô  impium  judicarem  nisi  quam- 
cunque  religionem  veram  judicaret,  non  eam  quoque 
tueri  &  contrarias  evertere  conaretur.  »  (iv,  64.) 

P.  201,  1.  24.  Cies  mots  de  la  lettre).  Cf.  Tacite, 
Annales  :  «  Quid  scribam  vobis,  P.  C,  aut  quomodo 
scribam,  aut  quid  omnino  non  scribam  hoc  tempore, 
Dii  me  Dea;que  pejus  perdant  quam  pcrire  quotidie 
sentio,  si  scio.  Adeô  facinora  atque  flagitia  sua  ipsi 


quoque  in  supplicium  verterant  :  —  quippe  Tibe- 
rium  non  fortuna,  non  solitudines  protegebant,  quin 
tormenta  pectoris  suasque  ipse  pœnas  fateretur.  » 
(VI,  VI,  156.)  On  peut  consulter  sur  cette  lettre 
Suétone,  Vie  de  Tibère,  lxvii. 

P.  202,  1.  2.  //  s'aille  excusant).  Id.,  ibid.  :  «  (Do- 
mitianus)  edidit  ludos  Sccculares,  iisque  intentiùs 
atfui  sacerdotio  Quindecim,  virali  prreditus,  ac  tum. 
prretor,  quod  non  jactantia  refero  »,  etc.  (XI,  xi, 
184.) 

P.  202,  1.  20.  Un  soldat  portant).  Id.,  ibid.  :  «  An- 
notatùsque  miles,  qui  fascem  lignorum  gestabat,  ita 
prxriguisse  manus,  ut  oneri  adhœrentes,  truncis  bra- 
chiis  décidèrent.  »  (XIII,  xxxv,  241.) 

P.  202,  1.  24.  Que  Vespasian).  Id.  Histoires,  IV, 
Lxxxi.  Il  est  bon  de  se  rappeler  que,  dans  le  Contre- 
un,  La  Boétie  avait  contesté  l'autorité  de  Tacite, 
précisément  à  cause  des  miracles  qu'il  prête  à  l'em- 
pereur Vespasien  (p.  41).  Gentillet,  dans  les  Discours 
sur  les  moyens  de  bien  gouverner  (p.  189),  dit  que 
Tacite  et  Suétone  attribuent  à  Vespasien  les  miracles 
qui  ont  été  effectués  par  le  Christ  durant  sa  vie. 

P.  203,  1.  4.  Equidem  plura).  «  A  la  vérité,  j'en 
rapporte  plus  que  je  n'en  crois,  car  je  ne  puis  ni 
affirmer  ce  dont  je  doute,  ni  supprimer  ce  que  m'a 
transmis  la  tradition.  »  (Quinte-Curce,  IX,  i.) 

P.  203,  1.  5.  Hivc  nequc).  «  ^'oi!à  des  choses  qu'on 
ne  doit  se  mettre  en  peine  ni  d'affirmer  ni  de  réfu- 
ter... il  faut  s'en  tenir  à  la  renommée.  »  (Tite-Live, 
I,  Pra;fat.,  et  VIII,  vi.) 

P.  203,  1.  8.  //  dict  ne  vouloir).  «  Cœterùm  &  mihi 
vetustas  res  scribenti  nescio  quo  pacto  antiquus  fit 
animus  :  &  quxdam  religio  tenet,  quœ  illi  pruden- 
tissimi  viri  publiée  suscipienda  censuerint,  ea  pro 
dignis  habere  quK  in  meos  annales  referam.  » 
(XLIII,  xiii-xv,  920.) 


Chapitre    IX. 


DE    LA    VANITE. 


P.  204,  1.  2.  Si  divinaiient  exprimé).  Cf.  Ecclcsiaste  : 
«  Vanitas  vanitatum  et  omnia  vanitas.  »  (I,  11.) 

P.  204,  1.  16.  Diomedes  remplit).  Cf.  Jean  Bodin, 
Metbodits  ad  facikm  historiariim  cognitioium  :  «  Dio- 
medes de  re  grammatica  sex  millia  librorum  effudit.  » 
(Épître  dédicatoire.)  Il  y  a  sans  doute  ici  confusion 
avec  un  certain  Did3'me,  grammairien  dont  parle 
Sénèque  dans  l'épître  88,  auteur  non  de  six  mille 
mais  de  quatre  mille  volumes. 

P.  205,  1.  I.  Ou  acciisoit  un  Galba).  C'est  de  l'em- 
pereur Galba  qu'il  est  ici  question.  Cf.  Suétone,  /7c 
de  Galba,  ix. 

P.  205,  1.  25.  £"/  /c  médecin  Philofiniiis).  Cf.  Plu- 
tarque.  Comment  il  fatilt  ouïr  :  «  La  response  que 
feit  le  médecin  Philotimus  à  un,  qui  estant  phtisique 
&  pourn,'  dedans  le  corps,  luy  demandoit  quelque 
médecine  pour  guarir  un  petit  ulcère  qu'il  avoit  au 
bout  de  l'ongle  :  car  le  médecin  cognoissant  bien 
à  sa  couleur  &  à  son  haleine,  qu'il  estoit  gasté  au 
dedans,  luy  respondit,  mon  amy  tu  n'es  pas  en 
danger  pour  l'ulcère  de  ton  ongle,  il  n'est  pas  temps 
d'en  parler  maintenant.  »  (x,  f"  27  V.)  Cf.  aussi 
Comment  on  pourra  discerner  le  flatteur  d'avec  l'amy  : 
«  Le  médecin  Philotimus  dit  un  jour  .à  quelqu'un 
qui  estoit  suppuré  et  plein  d'apostumes  dedans  le 
corps,  &  luy  monstroit  un  panaris  qu'il  avoit  à  la 
racine  de  l'ongle  d'un  de  ses  doigts.  Mon  amy  ton 
mal  n'est  pas  au  bout  de  ton  ongle.  »  (xxxi,  f°  54  v°.) 

P.  206,  1.  7.  C'est  à  faire  aux  suis  Spartiates). 
Cf.  Hérodote  :  «  Leur  coustume  est  toutes  fois 
&  quantes  qu'ils  veulent  hasarder  leurs  vies  de  se 


peigner  &  testonncr  la  teste.»  (VII,  ccix;  t.  I, 
f°  123  V.) 

P.  206,  1.  23.  L'  précepte  de  Xeuophon).  Cf.  Plu- 
tarque,  De  la  tranquillité  de  l'âme  :  «Xenophon 
admoneste  que  l'on  se  souvienne  des  dieux,  et  que 
l'on  les  honore  principalement  lorsque  l'on  est  en 
prospérité,  afin  que,  quand  on  sera  en  nécessité,  on 
les  puisse  réclamer  avec  plus  d'asseurance,  comme 
estans  de  longue  main  propices  et  amis.  »  (i,  f"  68  v°.) 
Xenophon  exprime  cette  idée  dans  la  Cvropédie,  I, 
VI,   3. 

P.  2oé,  1.  28.  Corne  si  la  boue  fot'tuue.)  Cf.  Sénèque, 
Épîtres  :  «  Quasi  ista  inter  se  contraria  sint,  bona 
fortuna,  &  mens  bona,  ita  melius  in  malis  sapimus, 
secunda  rectum  auferunt.  »  (Ép.  94,  p.  229.) 

P.  207,  I.  7.  Ipsa  dies).  «  Le  jour  lui-même  ne 
nous  est  agréable  que  parce  que  chaque  heure  change 
de  coursiers.  »  (Fragment  de  Pétrone.) 

P.  207,  1.  15.  Le  désir  de  voyager).  Montaigne  a 
peut-être  présent  à  l'esprit  en  écrivant  toute  la  pre- 
mière partie  de  cet  essai  qui  traite  des  voyages  le 
De  constantia  de  Juste  Lipse.  Le  but  de  Juste  Lipse 
dans  cet  ouvrage  est  d'arrêter  son  ami  Langius  qui 
veut  quitter  son  pays  et  voj'ager  afin  d'échapper  aux 
misères  des  guerres  civiles.  Montaigne  semblera  à 
diverses  reprises  reprendre  et  discuter  certaines  des 
idées  qui  sont  exprimées  dans  le  De  constantia. 

P.  207,  1.  23.  Aut  verherata.').  «Ou  ce  sont  vos 
vignes  que  la  grêle  a  ravagées,  ou  c'est  votre  terre 
qui  trompe  vos  espérances  :  les  arbres  se  plaignent 
tantôt  de  pluies  excessives,  tantôt  de  sécheresses  qui 


412 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


brûlent  tout,  tantôt  des  rigueurs  de  l'hiver.  »  (Ho- 
race, Odes,  III,  I,  29.) 

P.  208,  1.  3.  Aiit  niiniis).  «  Ou  les  ardeurs  exces- 
sives du  soleil  brûlent  les  moissons,  ou  des  pluies 
soudaines  et  des  gelées  les  détruisent,  ou  des  tour- 
billons de  vent  les  ravagent.  »  (Lucrèce,  V,  216.)  Le 
texte  est  celui  de  l'édition  Lambin,  p.  387. 

P.  208,  1.  6.  Le  soulier  neuf).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Paul  Emile  :  «  Un  Romain  ayant  répudié  sa 
femme,  ses  amis  l'en  tenserent,  en  luy  demandant, 
Que  trouves-tu  à  redire  en  elle  ?  n'est  elle  pas  femme 
de  bien  de  son  corps  ?  n'est  elle  pas  belle  ?  ne  porte 
elle  pas  de  beaux  enfons  ?  Et  luy  estendant  son  pied, 
leur  monstra  son  soulier,  &  leur  respondit  :  Ce  sou- 
lier n'est  il  pas  beau  ?  n'est  il  pas  bien  fait  ?  n'est  il 
pas  tout  neuf?  toutefois  il  n'y  a  personne  de  vous 
qui  sache  ou  il  nie  blece  le  pied.  »  (m,  f°  164  r°.) 
Cette  anecdote  est  rapportée  dans  la  République  de 
Bodin,  I,  m;  chez  Droit  de  Gaillard,  Méllxâe  de 
l'histoire,  xxiv.  Leclerc  estime,  non  sans  quelque 
vraisemblance,  que,  par  cette  allusion  discrète,  Mon- 
taigne se  plaint  de  sa  femme;  pourtant  il  n'est  pas 
certain  qu'il  faille  lui  donner  une  interprétation  aussi 
précise. 

P.  209,  1.  I.  Non  astiinnlione).  «Ce  n'est  point 
par  les  revenus  de  chacun,  mais  par  ses  besoins,  qu'il 
faut  estimer  sa  fortune.  »  (Cicéron,  Paradoxa,  VI,  m.) 

P.  209,  1.  21.  Selon  l'cxaiiiple  de  Pbocion).  Mon- 
taigne fait  allusion  à  la  réponse  que  Phocion  fit  aux 
envoyés  de  Philippe,  qui,  pour  l'engager  à  accepter 
les  présents  de  ce  roi,  lui  représentaient  que  ses 
enfants  étant  pauvres  ne  pourraient  pas  soutenir 
la  gloire  de  leur  père.  «  S'ils  me  ressemblent,  dit-il, 
mon  petit  bien  de  campagne  doit  suffire  à  leur  for- 
tune, comme  il  a  suffi  à  la  mienne;  sinon  je  ne 
veux  pas,  à  mes  dépens,  nourrir  et  augmenter  leur 
dissolution.  »  (Cornélius  Népos,  Phociou,  i.)  Cf.  aussi 
Plutarque,  Vie  de  Phocion  :  «  Comme  Menyllus  lui 
repliquast,  que  s'il  n'en  avoit  besoin  (d'argent)  pour 
soy,  à  tout  le  moins  'qu'il  le  prist  pour  son  filz 
Phocus,  il  respondit,  Si  mon  filz  Phocus  changeant 
de  façon  de  vivre  veult  estre  homme  de  bien,  il 
aura  a.ssez  pour  vivre  de  ce  que  je  luy  laisseray  : 
mais  s'il  se  veult  tousjours  gouverner  comme  il  fait 


de  présent,  il  n"v  a  richesse  qui  luy  peust  suffire.  » 
(P  524  v°.) 

P.  209,  1.  23.  Craies).  Cf.  Diogène  Lacrce,  Vie  de 
Craies  :  «  Demetrius  Magnesius  ait  deposuisse  illum 
pecuniam  apud  trapezitam  ea  conditione,  ut  si 
quidem  filii  idiotce  essent,  eam  illis  redderet  :  sin 
autem  philosophi,  plehi  distrihueret.  »  (VI,  lxxxviii, 
3970 

P.  210,  1.  14.  Comme  les  petites  lettres).  Cf.  Plu- 
tarque, Comment  il  fault  refréner  la  cholcre  :  «  Tout 
ainsi  comme  les  petites  lettres  offensent  &  peignent 
plus  les  yeux,  d'autant  qu'elles  les  tendent  plus, 
aussi  les  petites  affaires  troublent  plus  la  cholere.  » 
(xvi,  f°  63  r°.) 

P.  210,  texte  de  1588.  Or  nous  monstre  asse:^ 
Homère).  Cf.  Plutarque,  De  la  tranquillité  de  l'dme  : 
«  Le  poète  mesme  Homère  nous  donne  bien  à  en- 
tendre quel  est  ce  qui  arrive  contre  toute  attente 
&  espérance,  quand  il  fait  qu'Ulysses  pleure  pour  la 
mort  de  son  chien  &  neantmoins  estant  assis  auprès 
de  sa  femme  qui  ploroit,  il  ne  pleure  point,  d'autant 
qu'il  estoit  là  venu,  aiant  de  longue  main  anticipé 
&  domté  par  le  jugement  de  la  raison  son  affection  : 
&  au  contraire  il  estoit  tombé  à  l'improuveu  soudai- 
nement contre  son  attente  en  l'autre  accident.  » 
(xvii,  f'=  74  v°.) 

P.  2X0,  1.  24.  Kcmo  eniin).  «  En  effet  on  ne  résiste 
plus  quand  on  a  cédé  à  la  première  impulsion.  » 
(Sénèque,  ép.  13.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  de 
Bàle  1557. 

P.  211,  1.  4.  StiUicidi  casus).  «L'eau  qui  tombe 
goutte  à  goutte  perce  le  rocher,  n  (Lucrèce,  I,  314.) 

P.  211,  1.  15.  Tum  vero  in  curas).  «Alors  mon 
âme  se  partage  entre  mille  soucis.  »  (Virgile,  Enéide, 

y,  120.) 

p.  211,  1.  21.  Diogcues  respondit).  Cf.  Diogène 
Laèrce,  Vie  de  Diogène  :  «  Rogatus  cujusmodi  vinum 
libentius  biberet,  alienum,  inquit.  »  (VI,  Liv,  376.) 

P.  213,  1.  3.  Ouin  tu  aliquid).  «Pourquoi  ne  pas 
s'occuper  plutôt  à  quelque  chose  d'utile  ?  à  foire  des 
paniers  d'osier  ou  des  corbeilles  de  jonc.  »  (Virgile, 
Églog.,  II,  71.) 

P.  213,  1.  10.  Sit  mex  sedes).  «  Puissé-je  y  passer 
ma  vieillesse  1  Fatigué  de  tant  de  voyages  par  mer  et 


LIVRE     m,      CHAPITRE      IX. 


413 


par  terre,  de  tant  de  combats,  puissé-je  y  trouver  le 
repos.  »  (Horace,  Odes,  II,  vi,  6.) 

P.  213,  1.  20.  Frticliis  eniiii  ingenii).  «Nous  ne 
jouissons  jamais  mieux  des  fruits  du  génie,  de  la 
vertu  et  de  toute  supériorité  qu'en  les  partageant 
avec  ceux  qui  nous  touchent  de  plus  près.  »  (Cicéron, 
De  ainicilia,  xix.) 

P.  213,  1.  22.  Je  m'en  despars).  Rapprocher  dans  les 
essais  III,  i,  p.  8,  1.  15  :  «Aussi  ne  sont  aucunement 
de  mon  gibier  les  occupations  publiques...  etc.  » 

P.  213,  1.  24.  Platon,  maistre  ouvrier).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Platon  :  «  Ad  Remp.  accedere  quidem 
noluit,  quamvis  maxime  civilis  esset,  ut  ex  his  constat 
qu^e  scribit.  »  (III,  xxiii,  196.) 

P.  214,  1.  15.  MiiJti fallere).  «Beaucoup  de  gens 
ont  enseigné  à  les  tromper  par  leur  crainte  d'être 
trompés,  et  ont  par  leur  défiance  autorisé  des  infi- 
délités. »  (Sénèque,  ép.  3.)  Le  texte  porte  quidam 
au  lieu  de  initlti,  et  ////  que  Montaigne  remplace  par 
aliis  afin  de  généraliser  la  pensée. 

P.  214,  1.  20.  Foi  plus  volontiers).  Rapprocher 
essai  II,  xvii,  p.  425,  1.  2,  et  la  note. 

P.  215,  I.  22.  Sernitns  obedientia).  «L'esclavage 
est  la  sujétion  d'un  esprit  lâche  et  faible,  qui  n'est 
point  maître  de  sa  propre  volonté.  >>  (Cicéron,  Pa- 
ra do.xa,  V,  I.) 

P.  215,  1.  23.  Craies  fit  pis).  Cf.  essai  I,  xiv,  p.  75, 
1.  13.  et  la  note. 

P.  2  lé,  1.  8.  SensHs).  «  Les  sens  !  ô  dieux  !  les  sens  !  >> 

P.  21 6,  1.  23.  Et  cantharlis).  «Les  plats  et  les 
verres  me  renvoient  ma  propre  image.  »  (Horace, 
Epitres,  I,  v,  23.)  Le  texte  d'Horace  est  :  «Et  can- 
tharus  et  lanx  ostendat  tibi  te.  » 

P.  217,  1.  9.  Platon,  qui  estinw).  Dans  la  lettre  9 
à  Archytas  :  «Quod...  dulcissimum  vita;  genus  sit 
agere  sua,  prœsertiui  si  quis  talia  elegerit  facienda, 
qualia  tu,  omnibus  fermé  est  manifestum.  »  (P.  357; 
éd.  de  1546,  p.  948.) 

P.  218,  1.  9.  La  disconvenance  aux  meurs).  C'est 
précisément  la  cause  sur  laquelle  dans  le  De  constantia 
de  Juste  Lipse  Langius  insistait,  celle  aussi  dont 
l'auteur  .s'attachait  tout  particulièrement  à  montrer 
l'inanité.  Il  n'a  pas  convaincu  Montaigne. 

P.  218,  1.  12.  Peioraqtie).   «  Ces  temps,  pires  que 


le  siècle  de  fer,  dans  lesquels  les  noms  manquent 
aux  crimes  et  que  la  nature  ne  peut  plus  désigner 
par  aucun  métal.  »  (Juvénal,  XIII,  28.) 

P.  218,  1.  18.  Qnippe  ubi.)  «Où  le  juste  et  l'in- 
juste sont  confondus.  »  (Virgile,  Georg.,  I,  505.) 

P.  218,  1.  20.  Arviati).  «  On  laboure  la  terre  tout 
armé,  et  sans  cesse  on  ne  pense  qu'à  faire  de  nou- 
veaux brigandages  et  à  vivre  de  rapines.  »  (/</.,  En., 
VII,  748.) 

P.  218,  1.  27.  Le  roy  Philippiis).  Cf.  Plutarque, 
De  la  curiosité  :  «  On  lit  que  Philippus  feit  un  amas 
des  plus  meschans  &  plus  incorrigibles  hommes  qui 
fussent  de  son  temps,  lesquels  il  logea  ensemble 
dans  une  ville  qu'il  feist  bastir,  &  l'appella  Ponero- 
polis,  c'est  à  dire,  la  ville  des  meschans.  »  (x,  f"  66  r".) 
On  peut  voir  aussi  Pline,  Hist.  nat.,  IV,  xi. 

P.  219,  1.  22.  Telle  peinture).  Sur  ces  idées  con- 
servatrices, voir  en  particulier  essais  I,  xxiii  en  entier, 
II,  xii,  p.  440  et  suivantes.  On  peut  rapprocher  avec 
profit  les  idées  exprimées  par  Jean  Bodin  dans  sa 
République.  (Voir  surtout  liv.  IV,  m  et  iv.)  «  Je 
n'enten  pas  aussi  mettre  ceste  question  en  avant  pour 
donner  pied  à  ceux  qui  voudroient  changer  les  loix, 
jà  receues,  que  les  subjects  doivent  trouver  belles 
en  chacune  republique,  ni  pour  désir  d'altérer  Testât 
des  républiques  jà  establies  qui  ont  pris  leur  ply  par 
longue  succession  d'années.  » 

P.  219,  1.  28.  On  demandoit  à  Solon).  Cf  Plutarque, 
Vie  de  Solon  :  «  Solon  respondit  à  un  qui  luy  de- 
manda, s'il  avoit  estably  les  meilleures  loix  qu'il 
avoit  peu  aux  Athéniens  :  Ouy  bien,  dit  il,  de  telles 
qu'ilz  eussent  receues.  »  (ix,  f"  59  v°.) 

P.  220,  1.  I.  Varro).  Cf.  saint  Augustin,  Cité  de 
Dieu  :  «  Quod  apertius  alibi  posuit...  ex  nature  for- 
mula se  scripturum  fuisse,  si  novam  ipse  conderet 
civitatem  :  quia  verô  jam  veterem  invenerat,  non  se 
potuisse  nisi  ejus  consuetudinem  sequi.  »  (VI,  iv, 
p.  346.) 

P.  220,  1.  II.  Aime  l'eslat).  Cf.  Pibrac.  Les  qua- 
trains du  Seigneur  de  Pibrac  (contenant  préceptes  d 
enseignements  utiles  pour  la  vie  de  l'homme,  composeï  à 
l'imitation  de  Phocylides,  d'Epicharmus,  et  autres  anciens 
poètes  grecs.  Ces  vers  ont  été  cités  par  Charondas  le 
Caron  dans  son  traité  De  la  tranquillité  de  l'esprit 


414 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


(p.  103  de  l'éd.  de  1588).  Charondas  le  Caron  déve- 
loppe des  idées  analogues  à  celles  de  Montaigne. 

P.  220,  1.  15.  Le  bon  monsieur  de  Pibrac).  Gui  du 
Faur,  seigneur  de  Pihrac,  est  mort  le  27  mai  1584 
à  l'âge  de  cinquante-cinq  ans. 

P.  220,  I.  17.  Monsieur  de  Foix).  Paul  de  Foix 
(i  528-1 584)  auquel  Montaigne  avait  dédié,  le  i"  sep- 
tembre 1 570,  les  vers  français  de  La  Boétie.  Conseiller 
du  roj'  en  son  conseil  privé,  malgré  sa  tolérance 
envers  les  protestants  qui  lui  valut  d'être  enfermé 
quelque  temps  à  la  Bastille,  il  fut  envoyé  comme 
ambassadeur  en  Ecosse,  en  Angleterre,  à  \'enise, 
enfin  à  Rome  (mai  1581).  Muret  a  composé  son 
oraison  funèbre.  Les  lettres  de  Paul  de  Foix  à 
Henri  III  ont  été  publiées  en  1628. 

Une  lettre  d'Etienne  Pasquier  (IX,  xiv),  où  sont 
énumérées  les  morts  de  grands  personnages  surve- 
nues pendant  l'année  1584,  mentionne  avec  grand 
éloge  Pibrac  et  Paul  de  Foix. 

P.  221,  1.  5.  Xon  tant  commutandarnm).  «  Désireux 
moins  de  changer  le  gouvernement  que  de  le 
détruire.  »  (Cicéron,  De  officiis,  II,  i.) 

P.  221,  1.  21.  Pacuvius  Calavius).  Cf.  Tite-Live  : 
«  Citari  singulos  senatores  jubebo,  de  quorum  capite 
vos  consulam,  quod  de  quoque  censueritis,  fiel.  Sed 
prius  in  ejus  locum  virum  fortem  ac  strenuum  no- 
vum  senatorem  cooptabitis,  quàm  de  noxio  suppli- 
cium  sumatur.  Inde  consedit,  &  nominibus  in  urnam 
conjectis,  citari  quod  primum  forte  nomen  excidit, 
ipsûmque  è  curia  produci  jussit.  Ubi  auditum  est 
nomen,  malum  &  improbum  pro  se  quisque  clamare, 
&  .supplicio  dignulii.  Tune  Pacuvius  :  ^'ideo  quîe 
sententia  de  hoc  sit  data,  ejicitur  pro  malo  atque 
improbo.  Bonum  senatorem  &  justum  eligite.  Primo 
silentium  erat,  inopia  potioris  subjiciundi.  Deinde 
cîim  aiiquis  omissa  verecundia  quempiam  nomi- 
nasset,  multô  major  extemplo  clamor  oriebatur, 
cîim  alii  negarent  nosse,  alii  nunc  probra,  nunc  hu- 
militatem  sordidàmque  inopiam,  &  pudendœ  artis 
aut  qusstus  genus  objicerent.  Hoc  multo  magis  in 
secundo  ac  tertio  senatore  factum  est,  ut  ipsius 
pœnitere  homines  appareret...  Ita  dilabi  homines, 
notissimum  quodque  malum  maxime  tollerabile  di- 
centes  esse.  »  (XXIII,  m,  386.) 


P.  222,  1.  19.  Eheu !  cicalricum).  «Hélas!  nos 
cicatrices,  nos  crimes,  nos  guerres  fratricides,  nous 
couvrent  de  honte!  Enfants  d'un  siècle  barbare,  de- 
vant quelle  atrocité  avons-nous  reculé?  oîi  n'avons- 
nous  point  porté  nos  attentats?  Est-il  une  chose 
sainte  qu'ait  respectée  notre  jeunesse,  un  autel  qu'elle 
n'ait  point  profané?»  (Horace,  Odes,  I,  xxxv,  33.) 
P.  222,  1.  26.  Ipsa  si  velit).  «  La  déesse  Salus  elle- 
même  le  voulût-elle,  elle  serait  impuissante  à  sauver 
cette  famille.  »  (Térence,  Adelphcs,  acte  IV,  se.  vu,  43.) 
Le  texte  porte  cupiat  au  lieu  de  velit. 

P.  223,  1.  I.  Corne  dict  Platon).  Dans  la  Républiijue  : 
«  Difficile  quidem  est  ita  constitutam  civitatem  è  suo 
statu  moveri.  »  (VIII,  p.  546;  éd.  de  1546,  p.  631.) 
P.  223, 1.  9.  C'est  noslre  vice).  Cf.  Sénèque,  Epîlres  : 
«Adjice...  quod  nemo  eorum  qui  in  Republica  ver- 
santur,  quos  vincat,  sed  à  quibus  vincatur,  aspicit  : 
et  illis  non  tàm  jucundum  est  multos  post  se  videre, 
quàm  grave  aliquem  ante  se.  »  (Ep.  73,  p.  167.) 
Pour  le  conseil  que  donne  ici  Montaigne,  voir  encore 
l'épître  15  de  Sénèque. 

P.  223,  1.  II.  Oui  dresseroit).  Cf.  Plutarque,  Con- 
solation  à  Apollonius  :  «  Le  propos  de  Socrates  qui 
vouloit  dire,  qu'il  falloit  que  chascun  apportast  ses 
malheurs  &  adversitez  en  commun,  &  que  Ion  les 
departist  tellement  que  chascun  en  eust  son  égale 
portion,  car  alors  il  se  verroit  que  la  plus  part  de 
ceux  qui  se  plaignent  seroient  bien  aises  de  se  con- 
tenter des  leurs  &  s'en  aller  à  tout.  »  (ix,  f°  245.) 
Après  1588  Montaigne  a  effacé  le  nom  de  Socrate 
et  l'a  remplacé  par  celui  de  Solon,  peut-être  sur  le 
témoignage  de  Valère  Maxime.  (MI,  11,  ext.  2.) 

P.  223,  1.  15.  Les  dieux).  On  peut  rapprocher  une 
phrase  analogue  de  Calvin,  Institution  chrétienne  : 
«  Comme  si  Dieu  se  jouait  des  hommes  en  les 
démenant  çà  et  là  comme  des  pelotes.  » 

P.  223, 1.  17.  Eniwuero  Dij).  «  Les  dieux  se  servent 
des  hommes  comme  de  balles.  »  (Plante,  prologue 
des  Captifs,  v.  22.)  Citation  prise  chez  Juste  Lipse, 
Salunialium  sermonum  lihri,  I,  i. 

P.  223,  1.  24.  Je  ne  suis).  On  peut  noter  que 
vers  l'époque  où  il  compose  ce  chapitre,  Montaigne 
souligne  dans  son  Quinte-Curce  (IV,  xi,  8)  la 
phrase    que    voici    :    «  Periculosum    est    pra;grave 


LIVRE     III,      CHAPITRE      IX. 


4IS 


imperium.  »  (Cf.  les  annotations  du  Quinte-Curce 
de  Montaigne  dans  la  Ra'ue  d'Histoire  Htlcraire  de  la 
France,  année  1916,  p.  427.) 

P.  223, 1.  24.  Isocrates).  Dans  le  discours  à  Nicoclès  : 
«  iEmulare  non  eos  qui  latissimè  imperium  propaga- 
runt,  sed  qui  id  quod  habent  rectissimè  administra- 
runt.  »  (VIT,  xxvi,  éd.  de  1570,  col.  27.) 

P.  224,  1.  9.  Nec  gentibus  ullis).  «  Et  la  fortune 
ne  confie  à  aucune  nation  le  soin  de  la  venger  d'un 
peuple  maître  de  la  terre  et  de  la  mer.  »  (Lucain, 
I,  82.) 

P.  224,  1.  16.  Ncc  jaiii  validis).  «Il  ne  tient  plus 
à  la  terre  que  par  de  faibles  racines;  son  poids  seul 
l'y  attache  encore.»  (Lucain,  I,  138.)  Le  texte  de 
toutes  les  éditions. que  j'ai  consultées  donne /.va  au 
lieu  de  liita. 

P.  224,  1.  25.  Et  sua  siini  illis).  «Ils  ont  aussi 
leurs  infirmités,  et  une  pareille  tempête  les  menace 
tous.  »  (Adaptation  d'après  Virgile,  Enéide,  XI,  422  : 
«  sunt  illis  sua  funera,  parque  per  omnes  tempestas.  ») 

P.  225,  1.  II.  Deus  hœc  fartasse).  «Peut-être  un 
Dieu  par  un  retour  favorable  nous  rendra-t-il  notre 
premier  état.  »  (Horace,  Epodes,  xiii,  7.) 

P.  225,  1.  26.  Enregistrer  une  chose).  De  fait,  nous 
constatons  qu'après  1588,  à  plusieurs  reprises  Mon- 
taigne a  supprimé  telle  allégation  ou  telle  citation 
pour  éviter  une  redite.  Au  verso  du  titre  de  l'Exem- 
plaire de  Bordeaux,  parmi  les  instructions  qu'il  donne 
à  son  imprimeur,  il  écrit  :  «  S'il  (rimprimeur)  treuue 
une  mesme  chose  en  mesme  sens  deus  fois,  qu'il  en 
oste  l'une  ou  il  uerra  qu'elle  sert  le  moins.  »  Voir 
la  présente  édition,  t.  I,  p.  428. 

P.  226,  Lu.  Pocula  Lethœos).  «  Comme  si,  la  gorge 
ardente,  j'eusse  bu  à  longs  traits  les  eaux  narcotiques 
du  Léthé.  »  (Horace,  Épodes,  xiv,  3.) 

P.  226,  1.  20.  Lynceste:^,  accusé).  Cf.  Quintc- 
Curce  :  «Jussûsque  dicere,  quamquam  toto,  triennio 
meditatus  erat  defensionem,  tamen  hassitans  &  tre- 
pidus,  pauca  ex  iis  qus  composuerat,  protulit  :  ad 
ulîimum  non  memoria  solum,  sed  etiam  mens  eum 
destituit.  Nulli  erat  dubium,  quin  trepidatio  con- 
scientiie  indicium  esset,  non  memorix  vicium.  Itaque 
ex  iis  qui  proxime  astiterant,  obluctantcm  adhuc 
oblivioni,  lanceis  confoderunt.  »  (MI,  i,  94.) 


P.  227,  1.  lé.  On  se  met  souvent).  Cf.  Castiglione, 
Il  cortegiano  :  «  Je  ne  veulx  faire  comme  celluy 
lequel  despouillé  en  pourpoinct  saulte  moins  qu'il 
n'avoit  faict  avecques  la  saye.  »  (I,  xiii.  Trad.  Colin, 
p.  15.) 

P.  227,  1.  18.  Nihil  est  bis).  «Rien  n'est  plus 
défavorable  à  qui  veut  plaire  que  de  laisser  beaucoup 
attendre  de  soi.  »  (Cicéron,  Académ.,  II,  iv.) 

P.  227,  1.  19.  Ils  ont  laissé  par  escrit).  Cf.  Cicéron, 
Brtilus,  Lx. 

P.  227, 1.  26.  Simpliciora).  «  Il  faut  moins  d'apprêts 
à  des  soldats.  »  (Quintilien,  Inst.  orat.,  XI,  i.) 

P.  228,  1.  6.  Je  ne  corrige  pas).  Voir  la  même 
déclaration,  accompagnée  d'un  utile  commentaire,  au 
début  de  l'essai  II,  xxvu. 

P.  229, 1.  8.  Antiochus  avait).  Cf.  Cicéron,  Académ., 

II,   XXII. 

P.  230,  1.  5.  Je  .ne  nie  niesle).  On  trouvera  cepen- 
dant quelques  indications  au  sujet  de  l'orthographe 
au  verso  du  titre  de  l'Exemplaire  de  Bordeaux.  (Cf. 
la  présente  édition,  t.  I,  p.  427.) 

P.  230,  1.  6.  Suiuent  l'ancienne).  «  Suives  l'ortho- 
grafe  antiene  »,  lit-on  au  verso  du  titre  de  l'Exem- 
plaire de  Bordeaux. 

P.  230,  1.  25.  Et  en  guain  cessant).  «  Lucro  ces- 
sante, émergente  damno.  » 

P.  250,  1.  29.  Un  outil  de  guerre).  Après  1588 
Montaigne  expliquera  longuement  les  raisons  de  sa 
conduite  à  ce  point  de  vue  :  cf.  la  fin  de  l'essai  III,  m. 

P.  231,  1.  26.  Licurgus  Athénien).  Cf.  Plutarque, 
Les  vies  des  dix  orateurs  (Lycurgue)  :  «  Et  estoit  sa 
foy  &  conscience,  tenue  si  bonne,  que  pour  une 
fois  il  s'est  trouvé  avoir  entre  ses  mains  jusques  à  la 
somme  de  deux  cents  cinquante  talents,  de  l'argent 
des  particuliers  qui  luy  bailloient  à  garder.  »  (i, 
fo  497  v°.) 

P.  233,  1.  I.  Hoc  ipsuni  ita).  «L'action  la  plus 
juste  n'est  telle  qu'autant  qu'elle  est  volontaire.  » 
(Cicéron,  De  off.,  I,  ix.) 

P.  233,  1.  4.  Quod  me  lus).  «Je  ne  fais  guère 
volontairement  les  choses  auxquelles  m'oblige  le 
devoir.  »  (Térence,  Adelphes,  III,  v,  44.)  Il  y  a  dans 
Térence  :  «  Quod  vos  jus  cogit,  vix  voluntate  im- 
petret.  » 


4i6 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


P.  253,  1.  5.  Quia  qnicqnid).  «Parce  que  dans  les 
choses  imposées,  .on  sait  plus  de  gré  à  celui  qui 
commande  qu'à  celui  qui  obéit.  »  (Valère  Maxime, 

II,  II,  6.) 

P.  233,  1.  14.  Prenant  cette  occasion).  L'épître  61 
de  Sénèque  traite  la  question  de  savoir  dans  quelle 
mesure  on  est  dispensé  de  la  reconnaissance  par  une 
offense  ultérieure  au  bienfait. 

P.  233,  1.  18.  Est  prudenlis).  «Il  est  prudent  de 
retenir,  comme  dans  une  course  on  retient  un  cheval, 
les  élans  trop  fougueux  de  l'amitié.  »  (Cicéron,  De 
aniicilia,  xvii.) 

P.  234,  1.  10.  Nec  snnt).  «  Les  présents  des  grands 
me  sont  inconnus.»  (Imité  de  Virgile,  En.,  XII,  519  : 


»  Munera...  » 


«  Nec  nota  potentum 


(F»  192  v°.) 


P.  234,  1.  12.  Me  font  asse:^  de  bien).  Pour  l'expres- 
sion, rapprocher  Guicciardini  dans  les  Heures  de 
recréation  :  «  Alcuni  essere  di  tanto  tyrannica  natura 
che  par  loro  fare  benefizio  a  cui  essi  non  fanno  maie.  » 
(Éd.  de  1613,  p.  44.)  Il  est  intéressant  de  rapprocher 
de  cette  déclaration  ce  que  Montaigne  écrira  à 
Henri  IV  le  2  septembre  1590  :  «...  le  nay  jamais 
receu  bien  quelconque  de  la  libéralité  des  Rois  non 
plus  que  demandé  ny  mérité  et  nay  receu  nul  paye- 
ment des  pas  que  j'ay  employés  a  leur  seruice 
desquels  vostre  majesté  a  heu  en  partie  cognoissance 
ce  que  j'ay  faict  pour  ses  predesseseurs  je  le  feray 
encores  beaucoup  plus  volontiers  pour  elle  je  suis 
Sire  aussy  riche  q\,ie  je  me  souhaite.  Quand  j'auray 
espuise  ma  bourse  auprès  de  vostre  majesté  a  paris 
je  prendray  la  hardiesse  de  le  luy  dire  et  lors  sy  elle 
mestime  digne  de  me  tenir  plus  long  temps  a  sa 
suitte  elle  en  aura  meilleur  marche  que  du  moindre 
de  ses  officiers.  »  (Montaigne,  éd.  Courbet  et  Royer, 
tome  IV,  p.  363.) 

P.  234, 1.  22.  In  me).  «  C'est  en  moi  que  sont  toutes 
mes  espérances.  »  (Imité  de  Tércnce,  Adelphes,  III, 
v,  9  :  «  In  te  spes  omnis,  Hegio,  nohis  sita  est.  » 

P.  235,  1.  6.  Elens  Hippias).  Cf.  Platon,  Hippias 
wiiior,  p.  368;  édit.  de  1546,  p.  271.  Voir  aussi 
Cicéron,  De  oralore,  III,  xxxii. 


P.  235,  1.  21.  Refus  que  Paiaiel).  Cf.  Chalcondyle  : 
«  Pajazet  oyt  as.sez  patiemment  tout  le  reste  hormis 
l'article  de  la  robbe  que  Themir  lui  envoyoit,  dont 
il  entra  bien  fort  en  collere,  tellement  qu'il  leur 
respondit  tout  sur  le  champ...  Or  quant  à  l'habille- 
ment qu'il  m'envoye,  vous  luy  direz  de  ma  part, 
que  désormais  il  ne  se  mette  plus  ces  folies  en  la 
teste,  de  vouloir  faire  de  tels  présents  à  celuy  qui 
est  d'autre  étoffe  &  calibre  qu'il  n'est,  &  qui  le  pré- 
cède de  tout  poincts  en  noblesse,  &  ancienneté  de 
race,  &  en  richesses  &  puissance  avec.  »  (II,  xii, 
pp.  136-137.) 

P.  235,  1.  23.  De  la  part  de  l'empereur  Soliman). 
Cf.  Goulard,  Histoire  du  Portugal  :  «  L'Ambassadeur 
dit  au  Roy  sans  autre  préface,  Sire,  le  Bassa  Solei- 
man...  vous  salue  affectueusement...  je  vous  apporte 
une  longue  robbe  des  chausses  et  un  bonnet  de  drap 
d'or.  Alors  le  Roy  changeant  de  contenance,  &:  d'un 
regard  félon  luy  respondit.  Les  Empereurs  de  Calecut 
n'ont  jamais  reçeu  ny  ne  recevront  encore  aucun 
présent  ains  en  donnent  :  &  ne  s'aident  de  forces 
estrangeres  pour  accoustumé  de  restablir  les  autres 
Roys  en  leurs  Royaumes,  Pourtant  (dit-il  aux  Naires 
qui  Tenvironnoyent)  empoignez-moi  cet  outrecuidé 
cy...  qu'on  le  serre  en  basse  fosse.  »  (XIX,  vi,  f°  548.) 
P.  236,  1.  5.  Dict  Aristok).  Dans  la  Morale  à 
Nicomaque,  l\',  m.  Le  discours  de  Thétis  auquel 
Aristote  fait  allusion  est  dans  Homère,  Iliade,  I,  503. 
P.  237,  1.  3.  Selon  Aristote).  Ihid.,  IX,  7. 
P.  237,  1.  6.  Ambitieux  de  me  faire  aymer).  Rap- 
procher l'essai  II,  viii,  p.  80,  1.  12,  et  voir  la  note. 
P.  2,7,  I.  9.  D'un  très  bon  capitaine).  De  Xéno- 
phon,  dans  la  Cvropcdie  :  «  Per  Jovem,  inquit  Cyrus, 
multo  profecto  mihi  jucundius  est  humnnitatis  opéra 
demonstrare,  quàm  rei  militaris.  »  (MU,  iv,  4.) 

P.  237,  1.  II.  Le  premier  Scipion).  Cf.  Tite-Live  : 
«  Multas  gentes  populôsque  in  Hispania  prius,  deinde 
in  Africa  in  Hdem  suam  venisse  (commemoravit)  :  in 
omnibus  se  majora  clementiœ  benignitati.sque,  quam 
virtutis  bellicre  monimenta  reliquisse.  »  (XXXVII, 
VI,  752.) 

P.  237,  1.  14.  Qu'il  a  laissé  aus  eiiemis).  LL,  ibid  : 
u  Lquidem  pulsis  Hispania  Carthaginiensibus,  nullum 
locum  in  tota  provincia,  nullos  homines  credebam 


LIVRE      III,      CHAPITRE     IX. 


417 


esse,  ubi  vita  invisa  esset  mea.  Sic  me  non  solum 
adversus  socios  gesseram,  sed  etiam  adversus  hostes.  » 
(XXVIII,  XXVII,  552.)  Voir  aussi  XXXVII,  xxv. 
Montaigne  a  fait  allusion  au  même  fait  dans  sa  lettre 
à  Henri  IV  datée  du  18  janvier  1590  :  «Un  grand 
conquerur  du  temps  passé  se  vante  d'avoir  doué 
autant  d'occasion  à  ses  enemis  subjuguez  de  l'aimer 
qu'à  ses  amis.  » 

P.  237,  1.  22.  Iiiipins).  «Un  barbare  soldat  s'em- 
parera donc  de  ces  terres  si  bien  cultivées.  »  (^'irgile, 
Ei^log.,  I,  71.) 

P.  238,  1.  7.  Oiuiin  iiiiscniiii).  «  Qu'il  est  triste 
d'avoir  besoin  d'une  porte  et  d'une  muraille  pour 
protéger  sa  vie,  et  d'être  à  peine  en  sûreté  dans  sa 
propre  maison!  »  (0\ide,  Tristes,  IV,  i,  69.)  Le  texte 
est  : 

«  Quam  miserr.m  est,  porta  vitani  muroque  tueii, 
1)  \'ixque  sui  tiituni  viribus  esse  loci.  » 

P.  23S,  1.  13.  Tiiin  qnoque  ciiiii).  «Même  en  temps 
de  paix,  nous  sommes  troublés  par  la  peur  de  la 
guerre.  »  (/i/.,  ih'ui.,  III,  x,  67.)  Le  texte  est  celui 
des  éditions  du  xvi=  siècle. 

P.  238,  1.  14.  Otiotics  pacciu).  «  Chaque  fois  que 
la  fortune  a  rompu  la  paix,  c'est  ici  le  chemin  de  la 
guerre.  Fortune,  tu  aurais  mieux  fait  de  me  fixer 
en  Orient  ou  de  me  donner  des  demeures  errantes 
sous  l'Ourse  glacée.  »  (Lucain,  I,  256,  57;  251.)  Au 
premier  vers  Montaigne  substitue  paccni  à  Roi/iam. 

P.  239,  1.  9.  S'il  aduemit).  Cf.  Plutarque,  Comiiiciit 
on  pourra  recevoir  utilité  de  ses  eiiiieinis  :  «  Comme  les 
bons  jardiniers  ont  opinion  qu'ils  rendent  les  roses 
&  les  violettes  meilleures  en  semant  auprès  des  aulx 
&  des  oignons  pour  ce  que  tout  ce  qu'il  y  peult 
avoir  de  forte  &  puante  odeur  au  suc  dont  elles  sont 
nourries  se  purge  en  ceulx  là,  aussi  l'ennemy  rece- 
vant &  tirant  à  soy  toute  l'envie  &  la  malignité, 
nous  rendra  plus  traictables  &  plus  gracieux  envers 
noz  amis  en  leurs  prosperitez.  »  (x,  f'^  112  v°.) 

P.  240,  1.  3.  Tain  multx).  «Tant  le  crime  a  pris 
de  formes  (parmi  nous)!  »  (Virgile,  Géorg.,  I,  506.) 

P.  240,  1.  24.  Sacrâtes  l'a  dict).  Cf.  essai  I,  xxvi, 
p.  204,  1.  I. 

P.   241,  1.  6.  Nature  nous  a  mis  au  monde).   Cf. 


Plutarque,  Du  haunissenient  en  de  l'exil  :  «Car  la 
nature  nous  laisse  aller  par  le  monde  tous  libres 
&  desliez,  mais  nous  mesmes  nous  lions,  nous  em- 
prisonnons &  emmurons,  en  nous  estaignans  &  rc- 
duisans  à  peu  de  petite  &  estroicte  place.  Et  puis 
nous  nous  mocquons  des  Roys  de  Perse,  de  ce  qu'ils 
ne  boivent  jamais  autre  eau  que  de  celle  de  la  rivière 
de  Choaspes,  &  par  ceste  manière  de  faire  se  rendent 
toute  la  terre  habitable  au  demeurant  stérile  d'eau 
pour  eulx.  »  (v,  f"  125  v°.)  Cf.  aussi  Pline,  XXXI,  ni. 
P.  241,  1.  II.  D'estimer  une  santance).  Cf.  Platon, 
Apologie,  xxviii,  pp.  37  et  38;  éd.  de  1546,  p.  47S. 
P.  241,  1.  18.  N'aiioit  gneres  mis).  Id.,  Crilou  : 
«  Nec  spectaculi  gratia,  urbe  unquam  egressus  es, 
nisi  semel  in  Isthmum,  nec  alio  usquam  nisi  in 
militia,  neque  aliam  fecisti  peregrinationem  unquam, 
quemadmodum  cœteri  soient,  neque  alterius  civitatis 
te  cepit  cupiditas  aliariimve  legum.  »  (xiv,  p.  52; 
éd.  de  1546,  p.  485.)  Cf.  aussi  Phèdre,  v,  p.  230; 
éd.  de  1546,  p.  443;  et  encore  Diogène  Laërce,  Fie 
de  Socrate. 

P.   241,   1.   19.  //  pkignoit  l'argent).   Cf.   Platon, 

dans  V Apologie,  xxviii,  p.  38;  éd.  de  1546,  p.  478. 

P.  241,  1.  20.  Qu'il  refusa).  Id.,  Critou,  au  début. 

P.    241,    1.    24.   Surpassent  la  force).   Rapprocher 

l'essai  I,  xxx\n,  tout  entier. 

P.  242,  1.  I.  Connue  i'av  dict  souueni).  \'oir  en 
particulier  le  plan  d'éducation  tracé  par  Montaigne 
dans  l'Essai  I,  xxvi. 

P.  242,  1.  6.  Je  me  lien  à  chenal).  Rapprocher  I, 
XLViii,  p.  371,  1.  7.  Dans  le  Journal  de  voyage  (éd. 
Lautrey,  p.  41),  on  constate  que  Montaigne,  malgré 
une  crise  de  sa  colique,  fait  une  traite  de  dix  heures. 
P.  242,  1.  8.  Vires  ultra).  «  Plus  que  ne  le  com- 
portent les  forces  et  la  santé  de  la  vieillesse.  »  (Vir- 
gile, Enéide,  \\,  114.) 

P.  242,  1.  10.  Car  les  ombrelles).  Rapprocher  ce 
que  Montaigne  dit  dans  le  Journal  de  voyage  :  «  A  lui 
vidi  il  primo  di  questi  cappelli  grandi  fatti  di  piume 
di  pavone,  coperti  di  tafetaso  leggiero,  il  buso  del 
capo  alto  d'un  gran  palmo,  e  grosso  :  e  là  dentro 
una  scuffia  di  ermesino  seconde  la  grandezza  délia 
testa  accioch'  il  sole  non  penetri;  e  le  aie  intorno 
d'un   piede  e   mezzo  di   larghezza,   in   iscambio  de 


4i8 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


nostri  parasoli  che  a  la  verità  danno  fastidio  a  por- 
tarli  a  cavallo.  »  (P.  352.) 

P.  242,  1.  13.  Coiiie  dicl  Xenofon).  Montaigne  fait 
peut-être  allusion  à  un  passage  de  la  Cyropêdic  : 
«  iEstate  quideni  non  his  satis  sunt,  neque  arborum, 
neque  saxorum  umhrie,  sed  in  iiis  umbras  alias 
homines  molientes  eis  adstant.  ')  (Mil,  viii;  éd. 
de  1545,  p.  165.) 

P.  242,  1.  28.  La  paresse  à  me  h'uer).  Cf.  le  Journal 
de  voyage  :  «  Il  disoit  que  c'estoit  un  bon  pais  pour 
les  paresseux,  car  on  s'y  levé  fort  tard.  »  (P.  204.) 

P.  244,  1.  16.  Oui  estend  seulement  son  doigt).  Cf. 
Plutarque,  Des  communes  conceptions  contre  les  Slonjues  : 
«  Si  un  sage  disent  ils  (les  Stoïciens)  estend  son  doigt 
sagement,  tous  les  sages  qui  sont  sur  la  terre  habi- 
table en  sentent  aide.  »  (xviii,  {"  579  v°.) 

P.  244,  1.  18.  La  iouyssance  &  la  possession).  Rap- 
procher Sénèque,  ép.  55,  à  la  fin  :  «  amicus  animo 
possidendus  est  :  Hic  autem  nunquam  abest.  »  L'ad- 
dition du  manuscrit  semble  elle  aussi  inspirée  par  la 
même  épître  de  Sénèque. 

P.  245,  1.  2.  .dnte  oculos  errât).  «  Devant  les  yeux 
j'ai  sans  cesse  ma  maison,  j'ai  sans  cesse  l'image  des 
lieux  que  j'ai  quittés.  »  (Ovide,  Tristes,  III,  iv,  57.) 
Le  texte  des  éditions  contemporaines  que  j'ai  con- 
sultées porte  «ante  oculos  errât  domus,  urbs  et  forma 
locorum  ». 

P.  245,  1.  10.  E.xcludat  iurgia).  «Dites  un  chiffre 
pour  éviter  toute  contestation,  sinon  j'use  de  la 
latitude  que  vous  me  laissez,  et,  de  même  que  j'ar- 
rache crin  à  crin  la  queue  d'un  cheval,  je  retranche 
une  lieue,  puis  une  autre,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  vous 
en  reste  plus  et  que  vous  soyez  vaincu  par  la  force 
de  mon  sorite.  »  (Horace,  Épodes,  II,  i,  38  et  45.) 

P.  245,  1.  19.  Rerum  natura).  «  La  nature  ne  nous 
a  pas  permis  de  connaître  les  bornes  des  choses.  » 
(Cicéron,  Académiques,  II,  xxix.) 

P.  245,  1.  25.  Les  ensorcelez,  de  Kareuli).  Cf.  Saxon 
le  grammairien,  Danorum  regum  herounujue  historiae  : 
«  Siquidem  mares  in  ea  urbe  cum  feminis  in  concubi- 
tum  adscitis,  canum  exemplo,  cohaerere  solebant,  nec 
ab  ipsis  morando  divelli  poterant.  Interdum  utrique, 
perticis  e  diverso  appensi,  inusitato  nexu  ridiculuni 
populo  spectaculum  pra^buere.  »  (Liv.  XIV.)  Je  n'ai 


remarqué  aucun  autre  emprunt  fait  par  Montaigne 
à  l'ouvrage  de  Saxon  le  grammairien  ;  peut-être  a-t-il 
trouvé  ce  fait  dans  quelque  ouvrage  de  seconde  main. 

P.  246,  1.  3.  Vxor).  «Tardez-vous  à  rentrer,  votre 
épouse  s'imagine  que  vous  aimez  une  autre  femme, 
ou  que  vous  êtes  aimé  d'une  autre  femme,  ou  que 
vous  êtes  en  train  de  boire  et  de  vous  donner  du 
bon  temps,  enfin  que  vous  êtes  seul  à  vous  amuser, 
tandis  qu'elle  se  donne  beaucoup  de  peine.  »  (Térence, 
Adelphes,  I,  i,  7.) 

P.  246,  I.  17.  Il  viuoit).  De  ce  passage  où  Mon- 
taigne parle  de  La  Boétie  sans  le  nommer,  il  faut 
rapprocher  l'essai  De  l'amitié,  I,  xxviii. 

P.  246,  1.  30.  Si  prohibent  les  loi.x  platoniques). 
«  Ei  primum  qui  pauciores  annos  quàm  quadraginta 
natus  est,  nullo  modo  peregrinari  liceat...  Primo 
spectator  hujusmodi  annos  plures  quam  quinquaginta 
natus  sit...  Is  ultra  sexagesimum  annum  non  amplius 
vagetur.  »  (XII,  pp.  950  et  951  ;  éd.  de  1546,  p.  900.) 

P.  247,  1.  12.  Si  Cbrysippus).  Cf.  Plutarque,  I^s 
contredicts  des  philosophes  stotques  :  «Mais  qui  est  celuy 
qui  soit  plus  envieilly  en  telle  vie  oyseuse  que  Cbry- 
sippus, que  Cleanthes,  que  Diogenes,  que  Zenon 
&  Antipater?  lesquels  ont  abandonné  leur  pais,  encore 
qu'ils  n'eussent  occasion  quelconque  de  s'en  plaindre, 
ains  seulement,  à  fin  qu'ils  passassent  leur  vie  plus 
doucement  en  repos,  &  sur  le  baudrier,  comme 
Ion  dit,  c'est  à  dire  en  plein  loisir,  à  disputer  &  à 
estudier.  »  (F°  561  r".)  Voir  aussi.  De  l'exil,  xii, 
f'^  128  r°. 

P.  248,  1.  28.  Au  rebours  de  la  superstition).  Rap- 
procher Crinitus,  De  honesta  disciplina  :  <i  Quo  no- 
mine  infœlices  inquit  Plutarchus  eos  vulgo  solemus 
vocitare  :  quorum  oculos  propter  absentiam  non 
potuerint  parentes  obtegere.  »  (XVIII,  xii.)  Tout  le 
chapitre  de  Crinitus  roule  sur  la  coutume  de  fermer 
les  yeux  aux  morts  chez  les  Romains;  voilà  sans 
doute  pourquoi  Montaigne  parle  de  superstitions 
romaines.  C'est  peut-être  d'après  Crinitus  que  cette 
allégation  se  retrouve  chez  divers  écrivains  du 
xvi=  siècle,  en  particulier  chez  Giraldi,  De  varia  sepe- 
liendi  rilu  (XII,  Opéra,  de  Bàle,  1580;  t.  I,  p.  648.) 

P.  249,  1.  19.  //  faut  estendrc).  Voir  Plutarque, 
Consolation   à  Apollonius   :    «  Une  ancienne   &   sage 


LIVRE      III,      CHAPITRE      IX. 


419 


sentence  qui  nous  admoneste  d'estendre  le  plus  que 
nous  pourrons  les  choses  bonnes  &  restreindre  les 
mauvaises.  »  (xvi,  f°  249  v°.) 

P.  251.  1.  4.  A!!lii;o)i  le  voiiloil).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Fie  de  Bioii  :  «  Cùni  enim  ille  sciscitaretur, 
ede  tuum  nomen  patriam,  genus,  atque  parentes 
sentiens  se  vituperatum  esse  apud  regem,  atque  ideo 
sic  locutum  ad  illum  ait,  Pater  quidem  meus  libertus 
fuit,  cubito  se  tergens  (significabat  autem  iliuni  suc- 
cidam  &  lardum  vendere)  Borysthenites  génère,  non 
habens  faciem,  sed  in  facie  scripturam  acerbissimi 
domini,  mater  autem  ex  lupanari,  nimirum  quam 
hujusmodi  ducere  potuit.  Deinde  pater  nescio  quid 
in  rem  publicanorum  committens,  cum  tota  domo 
venundatus  est  :  Me  adolescentulum  haud  ingratum 
orator  quidam  émit.  Is  moriens,  mihi  omnia  reliquit. 
Ego  tabulas  ipsius  exurens,  cunctasque  conscindens, 
Athenas  concessi,  ibique  philosophatus  sum.  Hujus 
me  esse  patris  generis  me  glorior  hujus.  Ista  habui 
quœ  d«  me  dicerem.  Desinant  igitur  Persœus  ac 
Philonides  ea  historia;  tradere,  me  autem  ex  me 
ipso  intuere.  »  (IV,  xlvi-xlvii,  pp.  277  et  278.) 

P.  252,  I.  4.  Excuticnda  daimts).  «Nous  livrons 
à  leur  examen  les  plus  secrets  replis  de  notre  âme.  » 
(Perse,  v,  22.)  La  même  citation  se  trouve  dans 
l'essai  II,  x,  p.  100,  où  Montaigne  l'a  effacée  après 
1588  pour  supprimer  la  répétition. 

P.  252,  1.  8.  Sentence,  que  l'vsage).  Cf.  Plutarque, 
Comment  on  pourra  discerner  le  flatteur  d'avec  l'aniy  : 
«  Grâce  &  utilité  accompaignent  tousjours  l'amitié, 
suyvant  l'ancien  proverbe  qui  dit,  que  l'amy  est  plus 
nécessaire  que  ne  sont  les  éléments  de  l'eau  &  du 
feu.  »  (v,  f°  41  r°.)  Voir  aussi  Cicéron,  De  amicitia,\i. 

P.  252,  1.  15.  Les  Indois).  Cf.  Hérodote,  III,  xcix. 
Rapprocher  essai  I,  xxiii,  p.  145,  1.  13. 

P.  252,  1.  lé.  En  une  autre)  Id.,  III,  c.  Les  mêmes 
faits  se  retrouvent  chez  les  historiens  du  xvi'  siècle 
qui  parlent  de  l'Inde,  mais  l'imparfait  employé  par 
Montaigne  indique  qu'il  se  réfère  à  un  historien  ancien. 

P.  255,  1.  4.  Celuy  qui  faisoit  csgorger).  Le  docteur 
Payen  incline  à  penser  qu'il  s'agit  ici  de  Louis  XI. 
On  lit  dans  Gaguin  (Rernm  Gallicariini  Annales,  X, 
xxxiii)  :  «  Humano  sanguine,  quem  ex  aliquot  infan- 
tibus  sumptum  hausit,  salutem  comparare  vehementer 


sperabat.  »  (Texte  cité  par  Michelet,  t.  VI,  p.  492.) 
Michelet  ajoute  qu'on  rapporte  le  même  fait  du  pape 
Innocent  \'III,  et  il  renvoie  à  ce  sujet  au  Diario  di 
infessura. 

P.  253,  1.  5.  Ou  cet  autre).  Allusion  probable 
à  David  (cf.  le  livre  des  Rois,  chapitre  I,  au  début). 

P.  253,  1.  28.  Je  u'oserois  h  deslaier).  Cf.  essai  I, 
XX,  p.  108,  1.  24. 

P.  254,  1.  8.  D'ici  à  cinquante  ans).  Beaucoup 
d'écrivains  du  xvi=  siècle  sentent  l'instabilité  de  notre 
langue.  Rapprocher  Geoffroy  Tory,  Le  champ  flcury  : 
«  S'il  n'y  est  mis  et  ordonné  on  trouvera  que  de 
cinquante  ans  en  cinquante  ans  la  langue  françoise, 
pour  la  plus  grande  part,  sera  changée  et  per\ertie. 
Le  langage  daujourdhuy  est  changé  en  mille  façons  du 
langage  qui  estoit  il  v  a  cinquante  ans  ou  environ.  » 
(Préface.)  Voir  aussi  Des  autels  :  «  Tu  donnes  licence 
à  nostre  langue  de  changer  de  jour  en  jour  sa  pro- 
nonciation avec  son  escriture  :  et  ce  temps  me  semble 
oportun,  pour  obvier  à  cette  peste,  laquelle  infecte 
les  plus  saines  parties  de  nostre  parole  :  car  pource 
que  nous  laissons  sans  reigle,  ...  a  bride  avalée  courir 
nostre  usage  de  parler  :  les  plus  ignorans  ont  l'au- 
thorité  de  la  gaster.  —  Voulons  nous  endurer  ceste 
tant  démesurée  licence,  et  ensemble  espérer  non  pas 
immortalité,  mais  seulement  longue  durée  de  noz 
œuvres,  tant  soient  elles  bonnes?  hastons  nous, 
hastons  nous  d'y  mettre  ordre.  »  (Rép.  à  Meigret, 
pp.  20-21.)  Voir  Bmnot,  Histoire  de  la  langue  fran- 
çaise, t.  II,  p.  129. 

P.  254,  1.  25.  Fertiin  animo).  «Mais  ces  brèves 
indications  suffisent  à  un  esprit  pénétrant,  et  tu 
pourras  découvrir  le  reste  par  toi-même.  »  (Lucrèce, 

I,  403.) 

P.  255,  1.  4.  On  me  l'eust  deschire).  Montaigne 
fait  allusion  à  la  publication  du  Contre  un,  et  à  la 
protestation  qu'il  a  fait  entendre  à  la  fin  de  l'essai  I, 
xxviii. 

P.  256, 1.  7.  Comme  les  commourans).  Cf.  Plutarque, 
Fie  d'Antoine  :  «Il  est  vray  qu'ilz  abolirent  celle 
première  bande,  qu'ilz  avoient  nommée  la  bande  de 
la  vie  non  imitable  :  mais  ilz  en  remeirent  sus  une 
autre  qu'ilz  appellerent  Synapothanumenon,  c'est-à-dire 
la   bande  de  ceulx   qui  veulent   mourir  ensemble. 


420 


ESSAIS    DE    moxtaignm: 


laquelle  en  suuiptuosité,  despense  &;  délices,  ne  cedoit 
de  rien  à  la  première  :  car  leurs  amis  se  faisoient 
enroller  en  cette  bande  des  Commourants,  &:  par 
ainsi  ilz  estoient  tousjours  à  fiiire  grand  chère,  pource 
que  chascun  à  son  tour  festoyoit  la  compagnie.  » 
(XV,  f"  653  r^) 

P.  256,  1.  10.  Connue  un  Pelnmiiis).  Cf.  Tacite, 
Annales.  :  v  Xeque  tamen  (Petronius)  prsceps  vitam 
expulit,  sed  incisas  venas,  ut  libitum  obligatas,  aperire 
rursum,  &  alloqtii  amicos,  non  per  séria,  aut  quibus 
constantice  gloriam  peteret.  Audiebdtque  referentes, 
niliil  de  immortalitate  anima,  &  sapientium  placitis, 
sed  levia  carmina  &  faciles  versus...  Ne  codicillis 
quidem  (quod  plerique  pereuntium)  Neronem  aut 
Tigellinum,aut  quem  alium  potentium  adulatus  est.  » 
(XVI,  XIX,  325.) 

P.    256,   1.   10.   Et  un   TigiHinus).   /</.,   Hisl.,   I, 

LXXU. 

P.  256,  1.  25.  Vitam  régit  fort una).  «Notre  vie 
dépend  de  la  fortune,  non  de  notre  sagesse.  »  (Cicéron, 
Tu  se,  \,  IX.) 

P.  257,  1.  12.  En  cette  avnniodilii  de  logis).  Rappro- 
cher le  Journal  de  voyage  :  «  Nous  en  pusmes  avoir 
un  à  mesme  pris  que  du  nostre,  au  Vase  d'or,  assez 
près  de  là,  mublé  de"  drap  d'or  et  de  soie,  corne  celui 
des  rois;  mais  outre  ce  que  les  chambres  y  estoint 
sujettes,  M.  de  Montaigne  estima  que  cette  magni- 
ficence estoit  non  sulement  inutile,  mais  encore 
pénible  pour  la  consers-ation  de  ces  meubles,  chaque 
lict  étant  du  pris  de  quatre  ou  cinq  çans  escus.  » 
(P.  205.) 

P.  257,  1.  15.  Non  aiuplittr).  «  Un  repas  où  règne 
non  l'abondance,  mais  la  propreté,  où  se  trouve  plus 
d'entrain  que  de  luxe.  »  La  première  partie  se  re- 
trouve chez  Juste  Lipse,  Saturnaliuni  sermonuni  libri 
(I,  vi),  où  Montaigne  l'a  probablement  prise;  elle 
est  citée  par  Nonius  (XI,  xix).  La  seconde  partie  est 
de  Cornélius  Xépos,  Vie  d'Atlicus  (xiii). 

P.  257,  1.  26.  Je  ne  trace  aucune  ligne).  Rapprocher 
le  Journal  de  voyage  :  «  Quand  on  se  pleingnoit  à  luy 
de  ce  que  il  conduisoit  souvent  la  troupe  par  che- 
mins divers  et  contrées,  revenant  souvent  bien  près 
d'où  il  étoit  party  (ce  qu'il  faisoit,  ou  recevant  l'ad- 
vertissemant  de  quelque  chose  digne  de  voir,   ou 


chanjant  d'avis  selon  les  occasions),  il  respondoit, 
qu'il  n'aloit,  quant  à  luy,  en  nul  lieu  que  là  où  il  se 
trouvoit,  et  qu'il  ne  pouvoit  faillir  ny  tordre  sa  voie, 
n'aïant  nul  project  que  de  se  promener  par  des  lieus 
inconnus;  et,  pourveu  qu'on  ne  le  vit  pas  retumber 
sur  mesme  voie,  et  revoir  deus  fois  mesme  lieu, 
qu'il  ne  fai.soit  nulle  faute  à  son  dessein.  »  (P.  154.) 

P.  258,  1.  6.  Cha<]ue  usage).  Rapprocher  ce  que 
Montaigne  a  dit  vers  la  fin  de  l'essai  II,  xii,  pp.  337 
et  suivantes. 

P.  258,  1.  7.  Soyent  des  assietes).  Rapprocher  le 
Journal  de  voyage  :  «  M.  de  Montaigne,  pour  essayer 
tout  à  faict  la  diversité  des  meurs  et  façons,  se  laissoit 
partout  servir  à  la  mode  de  chaque  païs,  quelque 
difiiculté  qu'il  y  trouvât.  Toutefois  en  Souisse  il 
disoit  qu'il  n'en  soutTroit  nulle,  que  de  n'avoir  à  table 
qu'un  petit  drapeau  d'un  demy  pied  pour  serviette, 
et  le  mesme  drapeau  les  Souisses  ne  le  déplient  pas 
sulemant  en  leur  disner,  et  si  ont  force  sauces  et 
plusieurs  diversités  de  potages;  mais  ils  servent  tou- 
jours autant  de  cueillieres  de  bois,  manchées  d'argent, 
come  il  y  a  d'homes.  Et  jamais  Souisse  n'est  .sans 
Cousteau,  duquel  ils  prennent  toutes  choses  et  ne 
mettent  guiere  la  main  au  plat.  »  (P.  90.)  Voir  aussi 
ibid.,  p.  123  :  «  Il  encourut  le  vice  qu'il  fuioit  le  plu.s, 
de  se  rendre  remercable  par  quelque  façon  ennemie 
du  goust  de  ceus  qui  le  voioient;  car  entant  qu'en 
lui  est,  il  se  conforme  et  range  aus  modes  du  lieu 
où  il  se  treuve,  et  portoit  à  Auguste  un  bonnet 
fourré  par  la  ville.  »  Le  conseil  de  s'accommoder  des 
mœurs  et  coutumes  des  pays  où  l'on  est  se  retrouve 
en  particulier  dans  le  Galateo  de  Giov.  délia  Casa,  dans 
le  Cortegiano  de  Castiglione  (II,  xxii  et  passim),  etc. 

P.  258,  1.  9.  Vieillissant,  j'accuse).  Au  contraire 
dans  l'essai  III,  xiii,  Montaigne  se  plaindra  que  l'âge 
l'ait  assujetti  à  certaines  règles. 

P.  258,  1.  19.  Retrouuent  ils  un  compatriote).  Rap- 
procher le  Journal  de  voyage  :  «  Nous  y  fusmes  tout 
le  lendemein,  et  vismes  les  escoles  d'escrime,  du  bal, 
de  monter  à  cheval,  où  il  y  avoit  plus  de  çant  Jan- 
tilshomes  François,  ce  que  M.  de  Montaigne  contoit 
à  grand  incommodité  pour  les  jeunes  homes  de 
nostre  pais  qui  y  vont,  d'autant  que  cete  .société  les 
acoustume  aus  mœurs  et  langage  de  leur  nation,  et 


LIVRE      m,      CHAPITRE      IX. 


421 


leur  otc  le  moïen  d'acqucrir  des  connoissances  étran- 
gieres  (p.  164)...  M.  de  Montaigne  se  fiischoit  d'y 
trouver  (à  Rome)  si  grand  nombre  de  François, 
qu'il  ne  trouvoit  en  la  rue  quasi  personne  qui  ne  le 
saluoit  en  sa  langue  (p.  206).  » 

P.  258,  1.  21.  Potirqnoy  non  barbares).  Rapprociier 
le  début  de  l'essai  I,  xxxi. 

P.  259,  1.  23.  Si  ciiiii  I.uic).  «  Si  l'on  me  donnait 
la  sagesse,  à  condition  de  la  tenir  renfermée,  sans  la 
communiquer  à  personne,  je  la  refuserais.  »  (Sénèque, 
ép.  6.) 

P.  259,  1.  25.  Si  conligcrlt  ca  nila).  «Supposez  le 
sage  dans  l'abondance  de  toutes  choses,  libre  de  con- 
templer et  d'étudier  à  loisir  tout  ce  qui  est  digne 
d'être  connu,  même  dans  ces  conditions,  s'il  était 
condamné  à  une  solitude  telle  qu'il  ne  pût  voir 
personne,  il  quitterait  la  vie.  »  (Cicéron,  De  officiis, 
I,  XLiii.)  Le  texte  est  celui  de  l'édition  de  Paris  1538. 

P.  260,  1.  3.  L'opinion  d'Architas).  Ct.  Cicéron, 
De  amicitia  :  «  Signis  in  cœlum  ascendisset,  natu- 
r.imque  mundi  &  pulchritudinem  syderum  per- 
spexisset,  insuavem  illam  admirationem  ei  fore  :  qu.-E 
jucundissima  fuisset,  nisi  aliquem  cui  narraret,  ha- 
buisset.  »  (xxiii;  t.  IV,  405.)  Voir  aussi  Guazzo, 
Civil  conversation,  liv.  I.  Guazzo  insiste  sur  cette  idée 
qu'il  n'y  a  pas  de  plaisir  possible  sans  compagnie. 

P.  260,  1.  7.  Aristippns).  Cf.  Xénophon,  Mémo- 
rables, II,  I. 

P.  260,  !.  8.  Me  si fata  nieis).  «Quant  à  moi,  si 
le  destin  me  permettait  de  passer  ma  vie  à  ma  guise.  » 
(Virgile,  Enéide,  IV,  340.)  Montaigne  a  rencontré 
cette  citation  très  légèrement  modifiée  dans  le  pam- 
phlet de  Blackwood,  Apologia  pro  regibus  (épître 
dédicatoire  à  la  reine  d'Ecosse),  mais  il  se  réfère 
directement  au  texte  de  Virgile. 

P.  260,  1.  II.  Visere gestiens).  «  Heureux  de  visiter 
les  régions  où  les  feux  du  soleil  font  rage,  et  celles 
des  nuages  et  des  frimas.  »  (Horace,  Od.,  III,  m,  54). 

P.  260,  1.  16.  Pins  d'une  fois).  Exactement  deux 
fois.  On  lit  dans  les  éphémerides  de  Montaigne,  sous 
la  date  du  19  décembre  1584  :  «Le  roi  de  Navarre 
me  vint  voir  à  Montaigne,  où  il  n'avait  jamais  été, 
et  y  fut  deux  jours  servi  de  mes  gens,  sans  aucun 
de  ses  officiers.  Il  n'y  souffrit  ni  essai  ni  couvert,  et 


dormit  dans  mon  lit.  Il  avait  avec  lui  MM.  le  prince 
de  Condé,  de  Rohan,  de  Turenne,  de  Rieux,  de 
Bethune  et  son  frère,  de  La  Boulaie,  d'Esternay,  de 
Haraucourt,  de  Montmartin,  de  Montataire,  de  Le.s- 
diguière,  de  Pouet,  de  Blacons,  de  Lusignan,  de 
Clervan,  de  Savignac,  du  Ruât,  de  Saliebceuf,  de  la 
Rocque  (Bénac),  de  la  Roche,  de  Rous,  d'Aucourt, 
de  Luns  (de  Lons),  de  Frontenac,  de.  Fabas,  de  Vi- 
vans  et  son  fils,  La  Burte,  Forget,  Bissouze  (de 
Viçoise),  de  Saint-Seurin,  d'Auberville,  le  lieutenant 
de  la  compagnie  de  Monsieur  le  Prince,  son  écuyer 
et  environ  dix  autres  seigneurs  couchèrent  céans, 
outre  les  valets  de  chambre,  pages  et  soldats  de  sa 
garde.  Environ  autant  allèrent  coucher  aux  villages. 
Au  partir  de  céans,  je  lui  fis  élancer  un  cerf  en  ma 
forêt,  qui  le  promena  deux  jours.  »  Henri  de  Navarre 
visita  de  nouveau. Montaigne  chez  lui  en  1587. 

P.  260,  1.  20.  Oiiœ  te  nunc  coqual).  «  Qui  attaché 
à  votre  cœur  vous  consume  et  vous  ronge.  »  (Ennius, 
chez  Cicéron,  De  senectute,  i).  Citation  prise  sans 
doute  chez  Juste  Lipse,  De  constantia,  I,  \iii.  Mon- 
taigne modifie  d'ailleurs  le  texte  qui  est  :  «  Qu;e 
nunc  te  coquit  et  versât  sub  pectore  fixa.  » 

P.  260,  1.  22.  Nunquam  simpUciter).  «  Les  faveurs 
de  la  fortune  ne  sont  jamais  sans  mélange.  »  (Quinte- 
Curce,  IV,  xiv.)  L'ordre  des  mots  chez  Quinte- 
Curce  est  un  peu  différent  :  «  Fortuna  numquam 
simpliciter  indulget   » 

P.  261,  1.  3.  Nnlla  placida).  «Il  n'y  a  de  véritable 
tranquillité  que  celle  que  nous  devons  à  la  raison.  » 
(Sénèque,  ép.  56.) 

P.  262,  1.  3.  Aller  reniiis).  «  Qu'une  de  mes  rames 
batte  les  flots,  et  l'autre  le  .sable  du  rivage.  «  (Pro- 
perce, III,  m,  23.)  Montaigne  substitue  ;;(//;/  à  libi. 
Voir  la  même  citation  dans  l'essai  I,  xvii,  p.  427, 

'■  "■ 

P.  262,  1.  6.  Donrinus  iiouit).  «Le  Seigneur  connaît 

que    les   pensées   des   sages   ne   sont   que   vanité.  » 

(Ps.  93,  11;  et  Corinth.,  I,  m,  20.) 

P.  262,  1.  12.  Ouisqiie  stios).  «Chacun  de  nous 
subit  sa  peine.  »  (Virgile,  En.,  VI,  743.) 

P.  262,  1.  13.  Sic  est  faciendum).  «Nous  devons 
agir  de  manière  à  ne  jamais  contrevenir  aux  lois 
universelles  de  la  nature;  mais,  ces  lois  sauvegardées, 


422 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


nous  devons  nous  conformer  à  notre  nature  indivi- 
duelle. »  (Cicéron,  De  offîciis,  I,  xxxi.)  Le  texte  est 
celui  de  l'édition  de  Paris  1538. 

P.  262,  1.  24.  Porcie.  Fille  de  Caton  d'Utique,  qui 
se  donna  la  mort  quand  elle  eut  appris  celle  de 
Brutus  son  mari,  après  la  bataille  de  Philippes.  Voir 
Plutarque,  Vie  de  Brutus  (xiv,  f°  702  v°). 

P.  262,  1.  26.  Uu  galant  homme).  Probablement 
Muret,  qui  (comme  l'a  remarqué  M.  Paul  Bonnefon), 
prononçait  le  5  février  1552  un  Discours  sur  l'excel- 
lence de  la  théologie,  et,  à  la  fin  de  la  même  année, 
publiait  des  Juvenilia  passablement  légères,  puis, 
en  1553,  commentait  les  Amours  de  Ronsard.  On  a 
pensé  aussi  qu'il  s'agissait  de  Théodore  de  Bèze  qui 
publia  à  peu  de  distance  ses  Juvenilia  et  son  apologie 
du  supplice  de  Ser\-et. 

P.  265,  1.  II.  Ariston).  Cf.  Plutarque,  Comment  il 
fauli  ouïr  :  «Et...  faut-il  faire  jugement  &  examen 
de  la  lecture  &  harengue  par  soy-mesme  &  par  la 
disposition  en  laquelle  on  se  treuve,  en  considérant 
s'il  y  aura  aucune  des  passions  de  l'âme  qui  en  soit 
devenue  plus  molle,  ou  si  elle  nous  aura  rendu 
quelque  ennuv  plus  léger,  si  le  courage  &  l'asseu- 
rance  en  est  plus  ferme,  si  Ion  se  sent  plus  enflammé 
envers  l'honnesteté  &  la  vertu...  Car  comme  dit 
Ariston,  N}'  une  estuve,  ny  un  sermon  ne  sert  de 
rien,  s'il  ne  nettoyé.  »  (viii,  f°  27  r°.) 

P.  263,  1.  14.  Apres  auoir  aualé).  M.,  ihid.  :  «  La 
grâce  du  stile...  c'est...  ce  dequoj'  le  jeune  homme 
qui  escoute  se  doit  soucier  le  moins,  au  moins  du 
commencement  :  je  ne  dis  pas  que  puis  après  il  ne 
s'y  puisse  bien  arrester,  ne  plus  ne  moins  que  ceulx 
qui  boivent  après  qu'ils  ont  estanché  leur  soif,  alors 
ils  tournent  les  couppes  tout  à  l'entour,  pour  consi- 
dérer &  regarder  l'ouvrage  qui  est  dessus.  »  (ix, 
fo27v».) 

P.  263,  1.  18.  Xenophon).  Diogène  Laërce  dans  la 
Vie  de  Xenophon,  II,  XL\ni,  126,  parle  de  l'amour  de 
Xenophon  pour  Clinias. 

P.  263,  1.  25.  Curenlur).  «Que  les  malades  en 
danger  fa.ssent  appel  aux  plus  grands  médecins.  » 
(Juvénal,  xiii,  12^.) 

P.  263,  1.  26.  Antisthenes).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
d'Antisthènc  :  «  Sapientem  non  secundum  constitutas 


leges  victurum,  sed  juxta  virtutis  normam.  »  (VI, 
XI,  352.) 

P.  26-I,  1.  i.  Diogenes).  Id.,  Vie  de  Diogène:  «Aiebat 
se  objicere  fortun.-e  quidem  confidentiam,  naturam 
legi,  perturbationi  rationem.  »  (\\,  xxxvni,  367.) 

P.  264,  1.  8.  La  courtisane  Lays).  Cf.  Antoine  de 
Guevara,  Épîtres  dorées,  l,  263,  Histoire  notable  de 
trois  Dames  amoureuses  :  «  Un  autre  jour  en  présence 
de  Laj's  Ion  louoit  les  Philosophes  d'Athènes,  disant 
qu'ils  estoient  fort  honnestes  &  de  grand  sçavoir  : 
A  quov  Lays  respondit,  je  ne  sçaj^  quel  grand  sçavoir 
ils  ont,  ne  la  science  en  laquelle  ils  estudient,  ne  quels 
livres  lisent  voz  Philosophes,  pour  ce  que  moy  estant 
femme,  &  sans  avoir  esté  à  Athènes,  je  les  vois  venir 
icy,  &  de  Philosophes  deviennent  amoureux.  » 
(F°  148  v°.)  \'oir  aussi  Du  Verdier,  Suite  des  Diverses 
leçons  (II,  vi),  qui  transcrit  textuellement  Guevara. 

P.  264, 1.  13.  Nemo  satis).  «  Tout  le  monde  se  croit 
en  deçà  des  limites  permises.»  (Juvénal,  xiv,  233.) 

P.  264,  1.  21.  Olle,  quid  ad  te).  «Que  t'importe, 
Ollus,  comment  tel  ou  telle  dispose  de  sa  personne?» 
(Martial,  VII,  ix,  i.) 

P.  265,  1.  19.  Hors  de  saison).  Cicéron  lui  reproche 
aussi  quelquefois  de  parler  comme  .s'il  opinait  dans  la 
Rèptd'lique  de  Platon,  et  non  dans  la  lie  de  Romulus  : 
«  Dicit  enim  tanquam  in  Platonis  zo/.'.-reia,  non  tan- 
quam  in  Romuli  fvece,  sententiam.  »  (Epîtrc  à  Atticus, 
II,  i.) 

P.  266,  1.  I.  .^  quelqu'un  de  nos  Roys).  Peut-être 
s'agit-il  de  Charles  Mil  qui  restitua  le  Roussillon 
à  Ferdinand  de  Castille  sur  les  représentations  de 
son  confesseur  Maillard.  Cette  hypothèse  est  de 
AL  Lapeyre,  l'un  des  correspondants  du  docteur 
Payen.  D'autres  ont  pensé  que  Montaigne  fait  allu- 
sion à  Henri  II  qui  aurait  cédé  aux  instances  du 
cardinal  de  Lorraine  lorsqu'il  persécuta  les  protes- 
tants. Dans  l'essai  I,  xxvii,  Montaigne  a  employé 
l'expression  «nos  annales»  (p.  23.^,  1.  27)  pour 
désigner  les  Annales  de  Nicole  Gilles.  Je  ne  pense 
pas  qu'ici  il  fasse  allusion  au  même  ouvrage. 

P.  266,  1.  4.  Exeat  aula).  «  Il  faut  quitter  la  cour 
si  l'on  veut  rester  juste.  »  (Lucain,  \'III,  493.) 

P.  266,  1.  6.  J'ay  antresfois).  Rapprocher  e.s.sai  III,  1, 
pp.  1 5 1  et  suivantes. 


LIVRE      III,      CHAPITRE      IX. 


423 


P.  266,  1.  17.  Platon  dici).  Dans  la  Rcpiibliquc  : 
«  Certo  enim  id  scito,  quisquis  immaculatus  &  intea;er 
ex  hac  constitutione  rerum  publicarum  evaserit, 
talem  divino  auxilio  evasisse.  »  (M,  p.  492;  éd. 
de  1546,  p.  éo6.) 

P.  266,  I.  18.  Et  dict  aussi).  Id.,  ibid.  :  «  SeJ 
earam  quœ  nunc  extant  rerum  publicarum  quam 
potissimuQî  philosophis  convenire  putas  ?  Nullaui 
prorsus,  atque  idcirco  conqueror,  quia  nullam  video 
ex  his  quc-E  nunc  extant  rerum  publicarum  institu- 
tionem  ingenio  pliilosophi  dignum.  Qiiamobrem 
mutari  hanc  naturam  ac  verti  necesse  est.  Utque 
peregrinum  semen  in  alienum  solum  jactum  debili- 
tatur,  ac  degenerans  ad  indigenam  vertitur  loci  semi- 
nisque  naturam  :  ita  &  hoc  genus  propria  nunc 
amissa  virtute,  in  alienam  speciem  permutatur.  » 
(VI,  p.  497;  éd.  de  1546,  p.  608.) 

P.  267,  1.  4.  At  tu,  Catulkd).  «  Mais  toi,  Catulle, 
persévère  dans  ton  obstination.  »  (Catulle,  viii,  19.) 
On  lit  habituellement  : 

c<  .\t  tQ,  Catulle,  destinatus  obdura.  » 

La  leçon  que  Montaigne  adopte  a  été  proposée  par 
Turnèbe  dans  ses  Adversaria  (XX,  xxi).  Je  pense 
que  c'est  là  que  Montaigne  l'a  prise,  car  elle  n'a  été, 
à  ma  connaissance,  adoptée  dans  aucune  des  éditions 
de  Catulle. 

P.  267,  1.  19.  One  Sacrales  ait).  Cf.  Platon,  Gor- 
gias  :  «Cum...  oporteret  me  computare  suffragia, 
&  ad  consilium  referre,  concitavi  risum,  quia  facere 
id  nescivi.  »  (xxix,  p.  474;  éd.  de  1546,  p.  348.) 

P.  267,  1.  26.  Saturninits).  Cf.  Crebellius  Pollion, 
Triginta  tyranni  :  «  Commilitones,  bonum  ducem 
perdidistis,  et  malum  principem  fecistis.  »  (xxiii.) 

P.  268,  1.  24.  J'ayiiierois  bien  à  voir).  Montaigne 
aurait  pu  l'y  voir  :  car  il  est  probable  que  l'auteur, 
peut-être  moderne,  d'où  il  avait  tiré  ceci,  voulait 
parler  de  Cotys,  roi  de  Paphlagonie,  lequel  n'ayant 
pas  voulu  se  fier  au  roi  de  Perse  qui  lui  offrait  son 
amitié,  alla,  sans  rien  craindre,  dans  le  camp  d'Agé- 
silas,  sur  sa  parole.  (Voir  Xénophon,  Agesilas,  m 
et  IV.) 

P.    269,   1.   9.   Egregium).    «  Vois-je  un    homme 


intègre  et  vertueux,  c'est  un  monstre  pour  moi, 
comme  serait  un  enfant  à  deux  tètes,  des  poissons 
qu'un  laboureur  ébahi  trouveroit  sous  le  soc  de  la 
charrue  ou  bien  une  mule  féconde.  »  (Juvénal,  xiii, 
64.)  Le  texte  est  conforme  à  celui  des  éditions  du 
XVI'  siècle. 

P.  269, 1.25.  Oitù  diuersus).  «  Où  vas-tu  t'égarer?  » 
(Virgile,  Enéide,  V,  léé.) 

P.  270,  1.  I.  Tel  dialogue  de  Platon).  Le  Phèdre. 

P.  270,  1.  6.  L'Aiidrie.  Traduction  du  titre  que 
Térence  donne  à  une  de  ses  comédies  Andria.  Nous 
disons  aujourd'hui  VAndrienne.  —  L'Ennitche  (Eimn- 
clms),  est  le  titre  d'une  autre  comédie  de  Térence. 

P.  270,  1.  7.  Sylla).  Cf.  Plutarque,  Fie  de  Sylla  : 
«  Il  (le  visage  de  Sylla)  estoit  fort  coupperosé  &  semé 
de  taches  blanches  par  endroits,  dont  on  dit  que  le 
nom  de  Sylla  luy  fut  imposé  à  raison  de  sa  couleur.  » 
(i,  f°  316  V.)  En  note  dans  la  marge  Amyot  ajoute  : 
«  C'est  pource  que  syl  en  latin  signifie  l'ochre  qui 
devient  rouge  quand  elle  est  mise  au  feu  :  &  pour- 
tant, Syllaceus  color,  en  ^'ictruve,  signifie  couleur 
de  pourpre.  » 

P.  270,  1.  7.  Cicero).  Id.,  Vie  de  Ciccron  :  «  Bien 
me  semble  il  que  le  premier  de  celle  race  qui  fut 
surnommé  Cicéron  fut  quelque  personnage  notable, 
&  que,  pour  l'amour  de  luy,  ses  descendans  ne 
rejetterent  point  ce  surnom,  ains  furent  bien  aises 
de  le  retenir,  encore  que  plusieurs  s'en  mocquassent, 
pource  que  Cicer  en  langage  latin  signifie  un  poy 
chiche,  &  celuy  là  avoit  au  bout  du  nez,  comme  un 
poireau,  ou  une  verrue,  qui  sembloit  proprement  un 
pov  chiche,  dont  il  fut  pour  cela  surnommé  Cicéron.  » 

(■/f"  592  v^) 

P.  270,  1.  7.  Torquatiis).  Surnom  de  Manlius  qui 
vient  du  mot  latin  torquis  (collier).  Ce  surnom  lui 
fut  donné  en  souvenir  d'un  collier  que  dans  un 
combat  singulier  il  enleva  à  un  Gaulois.  Cf.  Tite- 
Live,  VII,  x;  Aulu-Gelle,  IX,  xiii. 

P.  270,  1.  8.  C'est  un'art).  Cf.  Platon,  VIon. 

P.  270,  1.  II.  Dœmon  de  Sacrâtes).  Titre  d'un  traité 
des  Œuvres  morales. 

P.  271,  1.  5.  Dict  Platon).  Dans  les  Lois  :  «  Poetani 
quando  in  Mus;ç  tripode  sedet,  non  esse  mentis 
compotem,  sed  quasi  fontem  fluere,  &  qua:cumque 


424 


ESSAIS      DE     MOKTAIGNE. 


influunt,  prorsus  effundere.  Ciimque  ars  ejus  imitatio 
quaidam  sit,  &  contrarios  affectus  hominum  exprimat, 
saepe  cogi  poetam  sibi  ipsi  contraria  dicere,  neque 
scire  utrum  hxc  an  illa  vera  sint.  »  (IV,  p.  719; 
p.  793,  éd.  de  1546.) 

P.  271,  1.  9.  Disent  les  sçaiians).  Montaigne  tait 
sans  doute  allusion  à  ce  que  dit  \'arron  d'après  la  Cite 
de  Dieu  de  saint  Augustin,  VI,  iv  et  suivants. 

P.  271,  1.  16.  Nihil  est).  «  Il  n'y  a  rien  de  si  utile 
qui  puisse  être  utile  en  pa.ssant.  »  (Sénèque,  ép.  2.) 
Le  texte  est  :  «  Niliil  tam  utile  est  quod...  » 

P.  271,  1.  22.  Maiico  malc).  «Pas  si  mai!  c'est 
toujours  autant  de  gagné.  » 

P.  272,  1.  I.  Ariitolc  se  vante).  Cf.  Aulu-Gelle, 
XX,  IV  ;  Plutarque,  Vie  d'Ah.xamire,  11,  f°  466  v''. 
Voir  aussi  essai  II,  xii,  p.  296,  1.  11. 

P.  272,  1.  20.  Le  tombeau  de  cette  ville).  Rapprocher 
le  Journal  de  voyage  :  «  Il  disoit  qu'on  ne  voïoit  rien 
de  Rome  que  le  Ciel  sous  lequel  elle  avoir  esté 
assise  et  le  plant  de  son  gite;  que  cete  science  qu'il 
en  avoit  estoit  une  science  abstraite  et  contemplation, 
de  laquelle  il  n'y  avoit  rien  qui  tumbat  sous  les 
sens;  que  ceus  qui  disoint  qu'on  y  voyoit  les  ruines 
de  Rome,  en  disoint  trop  :  car  les  ruines  d'une  si 
espouvantable  machine  rapporteroint  plus  d'honneur 
et  de  révérence  a  sa  mémoire;  ce  n'estoit  rien  que 
son  sépulcre.  Le  monde  ennemi  de  sa  longue  domi- 
nation, avoit  premièrement  brisé  et  fracassé  toutes 
les  pièces  de  ce  corps  admirable,  et  parce  qu'encore 
tout  mort,  ranversé,  et  desfiguré,  il  lui  faisoit  hor- 
reur, il  en  avoit  enseveli  la  ruine  mesme.  Que  ces 
petites  montres  de  sa  mine  qui  paressent  encores  au 
dessus  de  la  bière,  c'étoit  la  fortune  qui  les  avoit 
conser\-ées  pour  le  tesmoingnage  de  cete  grandur 
infinie  que  tant  de  siècles,  tant  de  fus,  la  conjuration 
du  monde  réitérée  à  tant  de  fois  à  sa  ruine,  n'avoint 
peu  universelemant  esteindre.  Mais  qu'il  estoit  vrai- 
semblable que  ces  mambres  dcsvisagés  qui  en  restoint, 
c'estoint  les  moins  dignes,  et  que  la  furie  des  ennemis 
de  cete  gloire  immortelle,  les  avoit  portés,  prcmic- 
rcmant,  à  ruiner  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  beau  et  de 
plus  digne;  que  les  bastimans  de  cete  Rome  bastarde 
qu'on  aloit  asteure  atachant  à  ces  masures  antiques, 
quoi  qu'ils  eussent  de  quoi  ravir  en  admiration  nos 


siècles  prcsans,  lui  faisoint  resouvenir  propremant 
des  nids  que  les  moineaus  et  les  corneilles  vont  sus- 
pendant en  France  aus  voûtes  et  parois  des  églises 
que  les  Huguenots  viennent  d'y  démolir.  Encore 
creignoit-il  à  voir  l'espace  qu'occupe  ce  tumbeau, 
qu'on  ne  le  reconnut  pas  tout,  et  que  la  sépulture  ne 
fut  elle-mesme  pour  la  pluspart  ensevelie.  »  (P.  220.) 
P.  273,  1.  9.  Arccsilaus).  Cf.  Plutarque,  Comment 
on  pourra  discerner  Je  flatteur  d'avec  l'amy  :  «Tel  a  esté 
le  philosophe  Arccsilaus,  tant  en  autres  offices  qu'en 
cestuy  cy  qu'il  feit  à  l'endroict  d'un  sien  amy  nommé 
Appelles,  natif  de  l'isle  de  Chio  :  un  jour  qu'il  estoit 
malade  l'estant  allé  veoir,  &  ayant  cogneu  qu'il  estoit 
pauvre,  il  y  retourna  un  peu  après  portant  en  sa 
main  vingt  drachmes  d'argent,  qui  sont  environ 
trois  francs  &  demy,  6c  se  séant  auprès  de  luy  qui 
estoit  en  son  lict  :  Il  n'y  a  rien  icv,  luv  dit-il,  sinon 
les  éléments  d'EmpedocIes, 

L'eau,  &  le  feu.  I.i  terre  &:  l'air  mobile, 

&  si  tu  n'es  pas  bien  couché  à  ton  aise  :  &:  quant 
&  quant  en  luv  remuant  son  aureiller,  secrettement 
il  luv  meit  ce  peu  d'argent  dessoubs.  »  (xx,  f"  48  v°.) 
Après  1588,  Montaigne  corrige  d'après  le  texte  de 
Diogène,  Vie  d'Arcesilas  :  «  Ingressus  aliquando  ad 
Ctesibium  œgrotum,  vidensque  eum  inopia  rerum 
angustari,  plénum  nummis  sacculum  ciàm  ejus  pul- 
vino  subjecit.  »  (IV,  xvii,  271.) 

P.  273,  1.  25.  Esi  ce  par  nature).  Cf.  Cicéron, 
De  finilms  :  «  Xaturdne  nobis  hoc...  datum  dicam, 
an  errore  quodam  ut  quum  ea  loca  videamus,  in 
quibus  memoria  dignos  viros  acceperimus  multum 
esse  versatos,  magis  moveamur,  quàm  si  aut  eorum 
ipsorum  aut  facta  audiamus,  aut  scriptum  aliquod 
legamus.  »  (\',  i;  t.  IV,  91.) 

P.  274,  1.  I.  Tanla  uis).  «  Tant  est  grande  la  puis- 
sance d'évocation  des  lieux!...  Et  cette  ville  la  pos- 
sède à  un  degré  éminent,  car  partout  où  l'on  marche 
on  met  le  pied  sur  de  l'iiistoire.  »  (/</.,  ibid.,  V,  i  et  11.) 
La  seconde  phrase  est,  dans  le  texte  de  Cicéron  : 
«  Quanquam  id  quidem  infinitum  est  in  hac  urbe  : 
quacumque  enim  ingredimur,  in  aliquam  historiam 
vestigium  ponimus.  «  (IV,  p.  91.) 


LIVRE      m,      CHAPITIU-      [X. 


H25 


P.  274,  1.  5.  Ego  illos  iicnci'or).  «Je  vénère  ces 
grands  hommes  et  toujours  je  m'incline  devant  de 
tels  noms.  »  (Sénèque,  ép.  64.) 

P.  274,  1.  15.  C'est  la  ville  mctropoUlctine).  Rappro- 
cher le  Journal  de  voyage  :  «  Il  se  voit  autant  ou  plus 
d'étrangiers  à  Venise  (car  l'affluance  d'étrangiers  qui 
se  voit  en  France,  ne  vient  pouint  à  cete  compareson), 
mais  de  resseans  et  domiciliés  beaucoup  moins.  Le 
menu  peuple  ne  s'eftarouche  non  plus  de  notre  foçon 
de  vetemans,  ou  Espaignole  ou  Tudesque,  que  de 
la  leur  propre,  et  ne  voit  on  guiere  de  belitre  qui 
ne  nous  demande  Taumosne  en  nostre  langue.  » 
(P.  266.) 

P.  274,  1.  21.  Liuidandis).  «Plus  précieuse  par 
ses  ruines  superbes.»  (Sidoine  Apollinaire,  Canii., 
xxiii,  62.) 

P.  274,  1.  22.  Ul  palam).  «  En  sorte  qu'il  appert 
manifestement  qu'ici,  d'une  manière  très  particulière 
la  nature  s'est  plu  dans  son  ouvrage.  »  (Pline,  Hist. 
uat.,  III,  V.) 

P.  275,  1.  3.  Oiuvilo  qiiisqiii').  «  Plus  nous  nous 
privons,  plus  les  dieux  nous  accordent.  Pauvre,  je 
ne  m'en  range  pas  moins  au  parti  de  ceux  qui  ne 
désirent  rien...  A  qui  demande  beaucoup,  il  manque 
toujours  beaucoup.  »  (Horace,  Odes,  III,  xvt,  2 1 
et  42.) 

P.  275,  I.  9.  Kihil  supra).  «Je  ne  demande  rien 
de  plus  aux  dieux.  »  Qd.,  ibid.,  II,  xviii,  11.) 

P.  275,  1.  14.  Fortuiia').  «J'abandonne  le  reste  à  la 
fortune.  »  (Ovide,  Mctain.,  II,  140.) 

P.  275,  1.  25.  Bona  iaui).  «Il  ne  peut  rien  naitre 
de  bon,  tant  les  germes  sont  corrompus.  »  (Tertul- 
lien.  Apologétique.') 

P.  276,  I.  9.  Non  pas  aixordccs,  mais  offertes).  Ce 
n'est  pas  précisément  ce  qui  apparaît  par  la  lecture 
du  Journal  de  voyage  où  il  est  parlé  de  la  bulle  de 
bourgeoisie  octroyée  à  Montaigne  le  13  mars  1581  : 
«  Je  recherchai  pourtant,  et  amploiai  tous  mes  cinq 
sans  de  nature  pour  obtenir  le  titre  de  Citoyen 
Romein,  ne  fut-ce  que  pour  l'antien  honur,  et  reli- 
gieuse mémoire  de  son  authorité.  J'y  trouvai  de  la 
difficulté;  toutefois  je  la  surmontai,  n'y  ayant  amploïé 
nulle  faveur,  voire  ny  la  sciance  sulemant  d'aucun 
François.  L'authorité  du  Pape  y  fut  amploïée,  par 


le  moïen  de  Philippo  Musotti,  son  Maggior-domo, 
qui  m'avoit  pris  en  singulière  amitié,  et  s'y  pena 
fort;  et  m'en  fut  dépêché  lettres  3"  Id.  Martii  1581, 
qui  me  furent  randues  le  5  d'Avril  très  autantiques, 
en  la  mesme  forme  et  faveur  de  paroles  que  les 
avoir  eues  le  Seigneur  Jacomo  Buon-Compagno, 
duc  de  Sora,  fils  du  Pape.  C'est  un  titre  vein;  tant 
y  a  que  j'ai  receu  beaucoup  de  plesir  de  l'avoir 
obtenu.  »  (P.  266.) 

P.  276,  1.  24.  Ouod  Horatius  Maxiuius).  «  Sur  le 
rapport  fait  au  Sénat  par  Orazio  Massimi,  Marzo 
Cecio,  Alessandro  Muti,  Conservateurs  de  la  ville  de 
Rome,  touchant  le  droit  de  cité  romaine  à  accorder 
à  l'illustrissime  Michel  de  Montaigne,  chevalier  de 
l'ordre  de  Saint-Michel  et  gentilhomme  ordinaire 
du  Roi  Très  chrétien,  le  Sénat  et  le  Peuple  Romain 
a  décrété  : 

«  Considérant  que  par  un  antique  usage,  ceux-là 
»  ont  toujours  été  adoptés  parmi  nous  avec  ardeur  et 
»  empressement  qui,  distingués  en  vertu  et  en  no- 
»  blesse,  avaient  servi  et  honoré  grandement  notre 
»  République  ou  pouvaient  le  faire  un  jour;  Nous, 
»  pleins  de  respect  pour  l'exemple  et  l'autorité  de  nos 
»  ancêtres,  nous  croj'ons  devoir  imiter  et  conserver 
»  cette  belle  coutume.  A  ces  causes,  l'illustrissime 
»  Michel  de  Montaigne,  chevalier  de  l'ordre  de  Saint- 
»  Michel  et  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre 
)'  du  Roi  Très  chrétien,  fort  zélé  pour  le  nom  Romain, 
»  étant,  par  le  rang,  par  l'éclat  de  sa  famille  et  par  ses 
»  qualités  per.sonnelles,  très  digne  d'être  admis  au 
»  droit  de  cité  romaine  par  le  suprême  jugement  et 
»  les  suffrages  du  Sénat  et  du  Peuple  Romain,  il  a  plu 
»  au  Sénat  et  au  Peuple  Romain  que  l'illustrissime 
»  Michel  de  Montaigne,  orné  de  tous  les  genres  de 
»  mérite  et  très  cher  à  ce  noble  peuple,  fût  inscrit 
»  comme  citoyen  Romain,  tant  pour  lui  que  pour 
»  sa  postérité,  et  appelé  à  jouir  de  tous  les  honneurs 
»  et  avantages  réservés  à  ceux  qui  sont  nés  citoyens 
»  et  patriciens  de  Rome  ou  le  sont  devenus  au  meil- 
»  leur  titre.  En  quoi  le  Sénat  et  le  Peuple  Romain 
»  pense  qu'il  accorde  moins  un  droit  qu'il  ne  paie 
»  une  dette,  et  que  c'est  moins  un  service  qu'il  rend 
»  qu'un  service  qu'il  reçoit  de  celui  qui,  en  acceptant 
»  ce  droit  de  cité,  honore  et  illustre  la  cité  même. 


42é 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


»  Les  Conservateurs  ont  fait  transcrire  ce  sénatus- 
»  consulte  par  les  secrétaires  du  Sénat  et  du  Peuple 
»  Romain,  pour  être  déposé  dans  les  archives  du 
»  Capitole,  et  en  ont  fait  dresser  cet  acte  muni  du 
»  sceau  ordinaire  de  la  ville.  L'an  de  la  fondation  de 
»  Rome  233 1  et  de  la  naissance  de  Jésus-Christ  1 581, 
»  le  13  de  mars.  » 

»  Orazio  Fosco, 

»  Secrétaire  du  Sacré  Sénat  et  du  Peuple  Romain. 

»  Vincente  Martoli, 

»  Secrétaire  du  Sacré  Sénat  et  du  Peuple  Romain.  » 


P.  278,  1.  4.  Un  coinmandemenl  paradoxe).  On  peut 
rapprocher  ce  qu'écrit  Plutarque  à  la  fin  du  traité 
intitulé  :  «  Que  signifioit  ce  mot  Ei.  »  «  Au  demeu- 
rant il  semble  que  ce  mot  Eî  est  aucunement 
contraire  à  ce  précepte,  Cognoy  toy  toy  mesme, 
&  en  quelque  chose  aussi  accordant  &  convenable  : 
car  l'un  est  parole  d'admiration  et  d'adoration  envers 
Dieu,  comme  estant  éternel,  &  tousjours  en  estre, 
&  l'autre  est  un  advertissement  &  un  records  à 
l'homme  mortel  de  l'imbécillité  &  débilité  de  sa 
nature.  »  (xiii,  f°  358  r°.) 


Chapitre    X. 


DE     MESNAGER      SA      VOLONTE. 


P.  279,  1.  9.  le  hriderois).  Rapprocher  III,  ix, 
p.  235. 

P.  279,  1.  16.  Et  ordone  Platon).  Dans  les  Lois  : 
«  Ego  enim  assentior  mertC  voluptatis  merique  doloris 
vitam  fugiendam  omnibus  esse,  et  mediam  quandam 
semper tenendam. »  (VII,  p.  793  ;  édit.  de  1 5 46,  p.  826.) 

P.  280, 1.  2.  Ilsefautprester).  Rapprocher  Sénèque, 
Épîtres  :  «  Rébus  non  me  trado  sed  commode.  » 
(Ep.  62,  p.  147).  L'épitre  62  de  Sénèque  tout  entière 
mérite  d'être  rapprochée  des  sentiments  égoïstes  dont 
Montaigne  fait  ici  profession. 

P.  280,  1.  4.  Je  suis  trop  l-endre).  Rapprocher  III, 
VI,  toute  la  fin  du  chapitre. 

P.  280,  1.  5.  Ftigax  rcrnm).  «Ennemi  des  affaires 
et  né  pour  la  sécurité  du  loisir.  »  (Ovide,  Tristes, 
III,  II,  9.) 

P.  280,  1.  26.  Chex,  eux).  Pour  la  même  image,  rap- 
procher la  Théologie  naturelle  de  Raymond  Sebond, 
traduction  Montaigne  :  «  Qu'il  commence  donc  à  se 
cognoistre  S03— mesme  &  sa  nature,  s'il  veut  vérifier 
quelque  chose  de  soy.  Mais  il  est  hors  de  soy, 
eslogne  de  soy  d'une  extrême  distance,  absent  de  sa 
maison  propre  qu'il  ne  vid  onques,  ignorant  sa  valeur, 
mescognoissant  soy-mesme,  s'eschangeant  pour  chose 
de  néant,  pour  une  courte  joye,  pour  un  léger 
plaisir,  pour  un  péché...  Qu'il  revienne  à  soy 
&  r'entre  chez  soy  :  &  pour  ce  faire,  veu  qu'il  a 
oublié  son  domicile,  il  est  nécessaire  que  par  le 
moyen  d'autres  choses  on  le  ramené  &  reconduise 
chez  luy.  »  (I,  p.  3.) 

P.  281,  1.  3.  In  negotiis  sunt).  Montaigne  traduit 


ces  mots  après  les  avoir  cités.  (Sénèque,  épitre  22.) 
Le  texte  est  dans  les  éditions  du  temps  :  «  Nec  in 
negotiis  erit,  negotii  causa.  » 

P.  281,  1.  5.  Ce  n'est  pas).  Rapprocher  Sénèque, 
Épîtres  :  «  Non  ille  ire  vult,  sed  non  potest  stare» 
non  aliter,  quam  in  prœceps  dejecta  pondéra,  quibus 
eundi  finis  est  jacuisse.  »  (Ep.  94,  p.  228.) 

P.  281,  1.  10.  Personne  ne  distribue).  Toute  cette 
période  est  empruntée  de  Sénèque,  De  Brevitate  : 
«  Nemo  invenitur  qui  pecuniam  suam  dividere  velit, 
vitam  unusquisque  quàm  multis  distribuit.  Astricti 
sunt  in  continendo  patrimonio,  simul  ad  temporis 
jacturam  ventum  est,  profusissimi  in  eo,  cujus  unius 
honesta  avaricia  est.  »  (m,  p.  397.) 

P.  281,  1.  22.  hicedis  per  ignés).  «Tu  marches  sur 
un  feu  couvert  d'une  cendre  perfide.  »  (Horace, 
Odes,  II,  I,  7-) 

P.  281,  1.  24.  Estant  esbignê).  Il  était  aux  bains 
della  Villa  près  de  Lucques.  Son  élection  eut  lieu 
le  I"  août  1581.  Voici  comment  il  en  parle  dans  le 
Journal  de  voyage  :  «  Quella  istessa  mattina  mi  diedero 
nelle  mani  per  la  via  di  Roma  lettere  del  signor  du 
Tausin  scritte  a  Bordea  al  2  d'Agosto,  per  le  quali 
m'avvisa  ch'il  giorno  innanzi,  d'un  publico  consen- 
timento  io  era  suto  creato  Governatore  di  quella 
città  :  e  mi  confortava  d'accettare  questo  carico  per 
l'amor  di  quella  Patria.  »  (P.  437-) 

P.  281,  1.  26.  Le  commandement  du  Roy).  Nous 
avons  encore  la  lettre  de  Henri  III  à  ce  sujet.  Publiée 
par  le  docteur  Payen,  elle  a  pris  place  dans  les 
éditions  de  Montaigne. 


428 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  282,  1.  10.  Uterquc  kmiis).  «  L'un  et  l'autre 
également  bons  administrateurs  et  braves  guerriers.  » 
(Virgile,  Èih'ide,  XI,  658.)  Le  texte  de  \'irgile  est  : 

«   ...  quas... 
»    ...  pacisque  bonas  belliqiie  ministras.  » 

P.  282,  1.  12.  Alexandre  dcsdcignaj.Y  o\r  Plutarque, 
Les  trois  formes  de  gouvernement  (au  début,  f"  504  r°); 
Sénèque,  De  beneficiis,  I,  xiii;  Dudé,  Préface  de  l'Ins- 
titution du  prince,  etc.  Mais  aucun  de  ces  textes  ne 
mentionne  Bacchus,  et  Plutarque  substitue  les  Méga- 
riens aux  Corinthiens.  J'ignore  la  source  de  Mon- 
taigne. 

P.  282, 1.  27.  //  me  soiiiienoit).  C'est  le  i"  août  1554 
que  le  père  de  Montaigne,  Pierre  Eyquem,  fut  élu 
pour  deux  ans  maire  de  Bordeaux.  Au  sujet  de  cette 
mairie,  voir  Paul  Bonnefon,  Montaigne,  i'imnme  et 
l'nuvre,  p.  23.  \oir  aussi  Pierre  Harlé,  Registre  du  clerc 
de  ville  de  Bordeaux  (Bordeaux,  Gounouilhou,  19 12). 

P.  283,  1.  19.  hnperiti  enim).  «Ce  sont  des  igno- 
rants qui  jugent,  et  il  faut  souvent  les  tromper, 
pour  les  empêcher  de  tomber  dans  l'erreur.  »  (Quin- 
tilien,  Inst.  orat.,  II,  xvii.) 

P.  283,  1.  24.  Pour  dresser  un  bois).  Cf.  Plutarque, 
Comment  on  pourra  discerner  h  flatteur  d'avec  l'aniy  : 
«  Il  y  en  a  qui  pour  se  justifier  de  n'estre  point 
superstitieux  deviennent  atheistes,  &  pour  ne  sembler 
&  estre  tenus  pour  lourdaults,  se  rendent  fins  &  ma- 
licieux, faisant  des  meurs  comme  d'un  bois  courbé 
d'un  costé,  à  faulte  de  le  sçavoir  bien  redresser,  ils 
le  courbent  de  l'autre.  »  (xxiii,  f°  50  v°.)  La  même 
image  se  retrouve  '  dans  l'ouvrage  de  Castiglione, 
//  Cortegiano  (IV,  xl). 

P.  284,  1.  16.  Qui  sihi  amiciis  est).  «  Sachez  que 
quand  on  est  ami  de  soi-même  on  est  ami  de  tout 
le  monde.  »  (Sénèque,  ép.  6.)  Le  texte  de  Sénèque 
est,  dans  l'édition  de  Baie  1557,  ainsi  que  dans  les 
autres  éditions  du  XYi"^  siècle  :  «  Quaeris  inquit,  quid 
profecerim  ?  Amicus  esse  mihi  coepi.  Multum  profecit 
qui  nunquam  erit  .solus.  Scito  liunc  amicus  omnibus 
esse. » 

P.  284,  1.  26.  No)i  ipse).  «  Tout  prêt  moi-même 
à  mourir  pour  mes  chers  amis  et  pour  ma  patrie.  » 
(Horace,  Odes,  IV,  ix,  51.) 


P.  285,  1.  4.  Car  le  corps).  Rapprocher  Plutarque, 
Du  hannisseiiient  :  «  Car  le  corps  est  aggravé  seulement 
par  la  pesanteur  du  fardeau  qu'on  luy  charge,  mais 
l'âme  bien  souvent  d'elle  mesme  adjouste  la  pesanteur 
aux  affaires.  »  (i,  f"  124  v°.) 

P.  285,  1.  15.  De  la  largeur  d'une  ongle).  Expres- 
sion latine  «non  latum  unguem».  La  même  expres- 
sion se  retrouve  dans  la  traduction  de  la  Cité  de  Dieu, 
revue  par  Jentian  Hervé  (éd.  de  1570,  XI,  xi,  322), 
où  elle  traduit  les  mots  latins  ci-dessus  indiqués. 

P.  285,  1.  16.  Me  doncr  a  autruy).  Rapprocher 
Sénèque,  Epitres  :  «  Cum  me  amicis  dedi,  non  tamen 
mihi  abduco.  »  (Ep.  62,  1.  147.) 

P.  285,  1.  17.  Cette  aspreté).  Id.,  De  ira  :  «  Omnis 
fere  cupiditas  ipsa  sibi  in  id,  in  quod  propcrat,  op- 
ponitur.  »  (I,  xii,  311.) 

P.  285,  1.  22.  Maie  cuncta  uiinistrat).  «  La  passion 
est  toujours  un  mauvais  guide.  »  (Stace,  Thébaïde, 
X,  704).  Citation  prise  dans  les  Politiques  de  Juste 
Lipse,  III,  VI. 

P.  286,  1.  3.  La  philosophie  veut).  Cf.  Sénèque, 
De  ira,  I,  xv,  xvi.  Voir  aussi  le  début  de  l'essai  II, 

XXXI. 

P.  28e,  1.  10.  Festinalio  tarda  est).  «La  précipi- 
tation est  une  cause  de  retard.  »  (Quinte-Curce.  IX, 
IX,  12.)  Le  texte  de  Quinte-Curce  est  :  «  Sed  in 
tumultu  festinatio  quoque  tarda  est.  » 

P.  286,  I.  II.  Ipsa  se  uclocitas).  «La  précipitation 
s'entrave  elle-même.  »  (Sénèque,  ép.  44.)  Le  texte 
est  :  «Ipsa  illos  velocitas  implicat.  »  (P.  126.) 

P.  28e,  1.  18.  Lequel  inaistre).  Probablement  le  roi 
de  Navarre,  depuis  Henri  W. 

P.  287,  1.  14.  Apres  que  les  sages).  Cf.  Sénèque, 
Épi  très  :  «  Si  ad  naturam  vives  nunquam  eris  pauper; 
si  ad  opinionem,  nunquam  dives.  Exiguum  natura 
desiderat,  opinio  immensum  »  etc.  (Ep.  lé,  p.  99.) 

P.  287,  1.  18.  Ceux  desquels).  Id.,  ibid.  :  «  Natu- 
ralia  desideria  finira  sunt  :  ex  falsa  opinione  nascentia, 
ubi  dcsinant,  non  habent...  Cum  voles  scire  quod 
petes  utrum  naturalem  habeat  an  caecam  cupiditatem, 
considéra,  num  possit  alicubi  consistere  :  si  longe 
progresse  semper  aliquid  longius  restât,  scito  id 
naturale  non  esse.»  (Ep.  16,  p.  99.) 

P.  287,  1.  19.  La  pauureté  des  biens).  Ces  termes 


LIVRE      111,      CHAPITRE      X. 


429 


de  pauvreté  d'ànie  et  pauvreté  des  biens  que  Mon- 
taigne oppose  ici,  se  trouvent  chez  Plutarque,  Œuvres 
morales,  f"  97  r". 

P.  287,  1.  21.  Kaiii  si,  qiiùd).  «  Car  si  rhomme  se 
contentait  de  ce  qui  lui  suffit,  je  serais  assez  riche; 
mais  puisqu'il  n'en  est  pas  ainsi,  comment  supposer 
que  des  richesses,  quelque  grandes  qu'elles  soient, 
puissent  jamais  me  satisfaire  ?  »  (Lucilius,  lib.  Y, 
apud  Nonium  Marcellum,  v,  98.)  J'ignore  où  Mon- 
taigne a  pris  cette  citation. 

P.  287,  1.  24.  Sacrales,  voïant).  Cf.  Cicéron,  Tiis- 
ciilancs  :  «  Quam  multa  non  desidero.  »  (V,  xxxii.) 

P.  287,  1.  26.  Metrodonts).  Cf.  Sénèque,  ÉpiSres  : 
«  Et  quidem  gloriatur  (Epicurus)  non  toto  asse  se 
pasci  :  Metrodorum,  qui  nondum  tantum  profecerit, 
toto.  »  (Ép.  18.) 

P.  287,  1.  27.  Metroclex^).  Cf.  Plutarque,  One  k 
vice  seul  est  suffisant  pcnir  rendre  l'homme  malheureux  : 
«  Metrocles...  l'hyver  dormoit  parmy  les  moutons, 
&  l'esté  dedans  les  cloistres  &  portiques  des  temples.  » 
(IV,  f"  137  v°.) 

P.  287,  1.  28.  Siifficit  ad  id  natiira).  «  La  nature 
pourvoit  à  ses  exigences.  »  (Sénèque,  ép.  90.) 

P.  287, 1.  29.  Cleaiithes  uiuoit).  Cf.  Diogène  Laérce  : 
Vie  de  Cleanthe  :  «  Num  solum  haurio  ?  Nunquid 
non  fodio  &  rigo...  Zeno  enim  illum  ad  id  exercebat, 
jubebatque  obolum  sibi  ex  labore  afferre...  dicens 
Cleanthes  quidem  Cleanthum  alium  posset  nutrire, 
si  vellet.  »  (\'\\,  169  et  170,  pp.  502  et  503.) 

P.  288,  1.  5.  Qu'il  eschappe  la  prise).  Rapprocher 
Sénèque,  Épîtres  :  «  Ad  id  se  deduxisse  quod  eripere 
nuUa  fortun:t  iniquitas  possit.  »  (Ep.  18.) 

P.  288,  1.  19.  Ouo  mihi foriuna).  «A  quoi  bon  la 
fortune  s'il  ne  m'est  pas  possible  den  jouir?»  (Ho- 
race, Epîtres,  I,  v,  12.) 

P.  289,  1.  12.  Des  dix  iours  du  pape).  Grégoire  XIII 
qui,  en  1582,  fit  réformer  le  calendrier  par  Louis 
Lilio,  Pierre  Chacon,  et  surtout  Christophe  Clavius. 
En  France,  on  passa  subitement  du  9  au  20  de  dé- 
cembre 1582.  Montaigne  avait  déjà  parlé  de  cette 
réforme  avant  1588.  (Cf.  III,  xi,  p.  308,  1.  i.) 

P.  290,  1.  8.  La  carrière  de  nos  désirs).  Rapprocher 
Sénèque,  De  tranquilUtate  animi  :  «Non  sunt...  cupi- 
ditates  in   longinquum   mittendse,    sed   in   vicinum 


illis  egredi  pcrmiltamus,  quoniam  includi  ex  toto 
non  patiuntur.  »  (x,  p.  282.) 

P.  290, 1.  17.  Mmtdus  vniuersus).  «Le  monde  entier 
joue  la  comédie.  »  C'est  un  fragment  de  Pétrone, 
conservé  par  Jean  de  Salisbur}-,  Policratic,  III,  viii, 
où  on  lit  :  Totus  mundus  exercer  histrionem,  ou 
histrioniam.  Montaigne  a  pris  cette  citation  dans  le 
De  ccnstanlia  de  Juste  Lipse,  I,  vni,  où  elle  présente 
le  même  texte  que  dans  les  Essais.  Peut-être  le  De 
constaiitia  a-t-il  eu  quelque  influence  sur  cet  essai. 
L'idée  principale  de  Juste  Lipse  est  qu'il  faut  être 
touché  des  maux  publics,  mais  avec  modération,  en 
évitant  l'excès.  On  a  tort  de  voir  dans  une  extrême 
sensibilité  aux  malheurs  de  la  patrie  une  grande 
vertu.  (Cf.  surtout  I,  viii,  et  I,  xi.)  C'est  le  point 
de  vue  de  Montaigne. 

P.  290,  1.  28.  Tantum  se  fortunœ).  «  Ils  s'aban- 
donnent à  leur  haute  fortune  au  point  d'en  oublier 
la  nature.  »  (Quinte-Curce,  III,  11,  18.)  Le  texte  de 
Quinte-Curce  est  :  «Documentum  eris  posteris, 
homines,  cum  se  permisere  foitunœ,  etiam  naturam 
dediscere.  » 

P.  291,  1.  20.  Keque  e.xira).  «Et,  hors  les  néces- 
sités de  la  guerre,  je  ne  nourris  aucune  haine  capitale.» 

P.  291,  1.  22.  Utatur  t)wtu).  «  Que  celui-là  s'aban- 
donne à  la  passion  qui  ne  peut  suivre  la  raison.  » 
(Cicéron,  Tusc,  IV,  xxv.)  Dans  l'édition  de  1595 
et  dans  la  vulgate,  cette  citation  ne  figure  point  à 
cette  place,  mais  dans  l'essai  III,  i,  après  les  mots 
«  leur  debuoir  par  la  raison  simple  »  (p.  4,  1.  20 
de  notre  édition).  Les  idées  exprimées  dans  l'essai 
III,  I,  pp.  4  à  6,  sont  à  rapprocher  de  celles  que 
nous  trouvons  ici. 

P.  292,  1.  2.  No}i  tain  omnia).  «  Ils  ne  s'accordaient 
pas  tous  à  blâmer  l'ensemble,  mais  chacun  critiquait 
les  détails  qui  l'intéressaient  personnellement.  » 
(Tite-Live.  XXXIV,  xxxvi.) 

P.  292,  1.  8.  Il  admire  la  grâce).  Du  Vair  également 
unissait  à  la  fidélité  au  roi  une  certaine  admiration 
pour  le  duc  de  Guise.  Cf.  Radouant  {Du  Vair,  1908, 
p.  186);  on  retrouve  les  mêmes  sentiments  chez 
Pasquier  {Lettres,  II,  p.  807). 

P.  292,  1.  12.  Un  hérétique).  Théodore  de  Bèze. 
(Cf.  II,  XVII,  p.  448,  1. 18.)  Dans  le  Journal  de  voyage 


430 


ESSAIS      DE      MOXTAIGXE. 


on  constate  qu'il  lui  fut  reproché  à  Rome  «  d'avoir 
nommé  des  Poètes  hœretiques  ».  (P.  250.)  Mon- 
taigne répondit  que  «  c'eioit  son  opinion,  et  que 
c'etoit  choses  qu'il  avoit  mises,  n'estimant  que  ce 
fussent  erreurs  ».  (P.  250.)  Il  n'effaça  pas  le  nom  de 
de  Bèze  dans  les  éditions  suivantes. 

P.  292,  1.  19.  //  affecta  depuis  la  Roxaiité).  Cf.  Tite- 
Live,  VI,  XVIII,  p.  191. 

P.  294,  1.  12.  Se  moqua  quelqu'vn).  Cf.  Plutarque, 
Les  dicts  notables  des  Laeeda-iiumieiis  :  «  Un  autre  Laco- 
nien  regardant  Diogenes  le  philosophe  Cynique  au 
cœur  d'hiver  qu'il  geloit  à  pierres  fendant,  embrassant 
tout  nud  une  statue  de  bronze,  luy  demanda  s'il 
avoit  pas  grand  froid,  l'autre  luy  dit  que  non  :  quelle 
grande  merveille  fais  tu  donc?  »  (F°  223  v".) 

P.  294,  1.  23.  Le  Roy  Cotys).  Cf.  Plutarque,  Les 
dicts  notables  des  anciens  Roys  :  «  Et  pourautant  qu'il 
estoit  prompt  à  se  courroucer,  &  aspre  à  punir  ses 
serviteurs  domestiques,  quand  ils  avoient  faillv  en 
leurs  services  :  comme  un  sien  amy  chez  lequel  il 
estoit  logé,  lui  eust  fait  présent  de  plusieurs  vases 
&  vaisselles  de  terre  fort  tenues  &  aisez  à  rompre, 
mais  au  demourant  singulièrement  bien  ouvrez  &  la- 
bourez, il  donna  bien  de  riches  dons  à  celuy  qui  les 
luy  avoit  présentez, -mais  il  les  rompit  &  cassa  tous 
entièrement,  de  peur  que  par  une  soudaine  cholere 
il  ne  chastiast  trop  aigrement  ses  serviteurs  qui 
viendroient  à  les  rompre.  »  (F"  189  r°.) 

P.  295,  I.  12.  Melius  non  incipient).  «Ils  auront 
moins  de  peine  à  ne  pas  commencer  qu'à  s'arrêter.  » 
(Sénèque,  ép.  72.) 

P.  295,  1.  19.  Veliit  riipes).  «Tel  un  rocher  qui 
s'avance  dans  la  haute  mer;  exposé  à  la  fureur  des 
vents  et  des  flots,  il  brave  les  menaces  et  les  efforts 
conjurés  du  ciel  et  de  la  terre,  et  reste  lui-même 
inébranlable.»  (Virgile,  En.,  X,  693.) 

P.  296,  1.  I.  Zenon).  Cf.  Diogène  Laërce,  V-ie  de 
Zenon  :  «  Cùm  esset  autem  in  amasium  Chremo- 
nidem  affectus,  ipso  &  Cleanthe  assistentibus  surrexit, 
cùmque  admiraretur  Cleanthes,  ait,  &  medicos  audio 
dicentes,  praeclarum  esse  ad  tumores  quosque  reme- 
dium  quietem.  »  (VII,  xvii,  418.) 

P.  296,  1.  4.  Sociates  ne  dit  point).  Cf.  Xénophon, 
Mémorables  :   «  O  stulte...    non  existimas  formosos 


osculando  quiddam  inhgere...  !  an  nescis  id  animal 
quod  appellant  pulchnim  ac  formosum...  hoc  verô 
ne  quidem  tangens,  si  modo  spectetur,  infigat  etiam 
longo  ex  intervallo  aliquid  ejusmodi  quod  insanire 
faciat?...  Quamobrem...  tibi  consulo  ut  uhi  formo- 
sum videris,  averso  vultu  fugias.  »  (  I,  m,  13.) 

P.  296,  1.  8.  Son  ban  disciple).  Xénophon,  dans  la 
Cyropédie  :  «  Hanc  (Abradate  uxorem)...  Cyrus 
tuendam  jubebat  Arasps,  donec  ipse  eam  reciperet... 
Quoniam,  ait  (Cyrus),  si  nunc  dum  abste  audio  eam 
esse  pulchram,  sententiam  tuam  sequens  eam  visurus 
iero,  cum  neque  satis  mihi  ocii  sit,  vereor  ne  longé 
celerius  illa  persuadeat  mihi  item,  ut  se  rursus  spec- 
taiurus  accedam,  &  exhinc  fortassis  his  neglectis  quas 
gerere    me    oportet,    sedeam    illam    spectans.  »    (V, 

I.  P-  79-) 

P.  296,  1.  12.  Nenos  indncas).  «Ne  nous  induisez 
pas  en  tentation.  »  (Saint  Mathieu,  VI,  xiii.)  Cette 
phrase  fait  partie  de  l'Oraison  dominicale. 

P.  297,  1.  3.  In  tam  diuersa).  Montaigne  a  traduit 
ces  vers  avant  de  les  citer.  On  rapproche  dans  le 
Franciscanus  de  Buchanan  : 

<-  Quam  venîi  violensque  .vstus  canusque  magister 
»  In  diversa  trahunt.  » 

(Vers  13  et  14).  Édition  des  Epigrannnes  de  Théodore 
de  Bèze,  Buchanan,  etc.,  1569,  p.  3. 

P.  297,  1.  12.  Un  quart  d'once).  Rapprocher  Rabe- 
lais, Prologue  du  quart  livre,  à  la  fin  :  «  Attendez 
encores  un  peu  avec  demie  once  de  patience.  » 

P.  297,  1.  17.  Qui  n'arrête  le  partir).  Rapprocher 
Sénèque,  Épîtres  :  «  Facilius  est  initia  illorum  prohi- 
bere,  quam  impetum  regere.  »  (Ep.  85,  p.  195.) 

P.  297,  1.  i8.  Qui  ne  sçait  leur  jernier).  Cf.  Sénèque, 
Épitres  :  «  Excluditur  facilius  quam  expellitur  (vi- 
tium)...  Intrantihus  resistamus,  quia  facilius,  ut 
dixi,  non  recipiuntur  quàm  exeunt...  Non  obtinebis 
ut  desinat,  si  incipere  permiseris.  »  (Ep.  116,  p.  27e.) 
Rapprocher  encore  l'épître  85  :  «  Cum  facilius  sit 
excludere,  quam  admissa  comprimere.  »  (P.  196.) 

P.  297,  1.  19.  Qui  ne  peut  uenir).  Id.,  ibid.  :  «Cujus 
démentis  est  credere^  quarum  rerum  extra  nostrum 
arbitrium  posita  principia  sunt,  earum  nostri  esse 
arbitrii  terminos  ?  Quomodo  ad  id  finiendum  satis 


LIVRE     m,      CHAPITRE     X. 


431 


valeo,  ad  quod  prohibeiiduni  parum  valui  ?  «  (Ép.  85, 
p.  196.) 

P.  297,  1.  21.  Etcnim  ipsx).  «Car  d'elles-mêmes 
les  passions  se  poussent  quand  une  fois  on  s'est 
écarté  de  la  raison;  la  faiblesse  humaine  se  fie  en 
elle-même,  elle  s'avance  en  pleine  mer  sans  y  penser, 
et  ne  trouve  plus  de  refuge  où  s'arrêter.  »  (Cicéron, 
Tusctilanes,  IV,  xvm.) 

P.  297,  1.  25.  Animus).  «  L'àme,  bien  avant  d'être 
vaincue,  sent  venir  l'attaque.  » 

P.  297, 1.  26.  Ceii  flamina).  «Ainsi  lorsque  le  vent, 
faible  encore,  s'agite  dans  la  forêt;  il  frémit,  et  ses 
sourds  mugissements  annoncent  au  nautonier  la 
tempête  prochaine.  »  (Virgile,  En.,  X,  97.) 

P.  298,  1.  4.  Conuenit).  «  On  doit,  pour  éviter  les 
procès,  faire  tout  ce  que  l'on  peut,  et  peut-être  même 
un  peu  davantage;  car  il  est  non  seulement  louable, 
mais  aussi  quelquefois  avantageux  de  se  relâcher  un 
peu  de  ses  droits.  »  (Cicéron,  De  officiis,  II,  xviii.) 
Le  texte  est  celui  de  l'édition  de  Paris  1538;  Mon- 
taigne change  seulement  le  temps  et  le  mode  des 
verbes. 

P.  298,  1.  23.  D'une  charretée  de  peaux).  Cf.  Co- 
mines,  V,  i.  Peut-être  Montaigne  se  souvient-il  sur- 
tout de  la  République  de  Bodin  oii  l'idée  qu'il  exprime 
ici  est  longuement  développée  :  «  Quelquesfois  de 
la  moindre  occasion,  coaime  d'une  estincelle,  s'em- 
brase un  grand  feu  de  guerres  civiles  :  comme  il 
advint  à  Florence,  pour  le  refus  que  fit  un  gentil- 
homme de  la  maison  de  Bondelmonti  d'espouser  une 
damoiselle,  ayant  donné  la  promesse...  La  guerre 
entre  le  duc  de  Bourgogne  &  les  Suisses  print  origine 
pour  un  chariot  de  peaux  de  moutons  qu'on  print 
à  un  Suisse.  »  (I\',  i);  pour  la  même  idée,  voir 
encore  IV,  vu. 

P.  298,  1.  23.  L'engraueure  d'vn  cachet.  Il  s'agit 
d'un  cachet  que  Sylla  fit  graver  à  la  mémoire  des 
succès  qu'il  avait  remportés  sur  Jugurtha,  cachet  qui 
excita  la  jalousie  de  Marius,  et  qui  fut  cause  de  leur 
rivalité  :  «  Luy  mesme  (Sylla)  feit  faire  un  anneau 
qu'il  portoit  ordinairement,  sur  la  pierre  duquel  il 
avoit  fait  engraver,  comme  Bocchus  luy  delivroit 
Jugurtha  entre  ses  mains  :  &  depuis  il  en  feit  tous- 
jours   son   cachet   pour  faire  despit  à  Marius,   qui 


estoit  homme  ambitieux,  opiniastre,  &  qui  ne  pou- 
voir endurer  qu'on  luy  baillast  un  compagnon  à  la 
gloire  de  ses  faicts,  &  le  faisoit  Sylla  principalement 
à  la  suscitation  des  ennemis  &  malveillans  de  Marius, 
lesquelz  attribuoient  le  commencement  &  les  prin- 
cipaux exploits  de  ceste  guerre  à  Metellus,  &  les 
derniers  avec  la  consummation  finale  à  Sylla.  » 
(Plutarque,  Vie  de  Marius,  m,  f°  288  r°.) 

P.  299,  K  12.  Au  rebours  du  roseau).  Cf.  Plutarque, 
Comment  on  pourra  aparcevoir  si  l'on  amende  et  profite 
en  l'exercice  de  la  vertu  :  «Tout  ainsi  comme  la  pre- 
mière bouttee  que  fait  le  germe  du  rouseau  aiant 
force  de  poulser  grande,  produit  une  longue  tige 
droicte,  égale  &  unie  du  commancement...  et  puis 
après  comme  si  elle  se  lassoit  en  hault  par  une 
défaillance  de  courte  haleine,  elle  est  souvent  retenue 
par  plusieurs  noeuds,  non  gueres  distans  l'un  de 
l'autre,  comme  si  l'esprit  qui  poulse  contremont 
trouvoit  quelque  empêchement  qui  le  rabbatist  &  le 
fist  trembler.  »  (iv,  f°  114  r°.) 

P.  300,  1.  5.  Comme  Plutarque  dict).  De  la  mau- 
vaise honte  :  «  Aians  eu  honte  de  contredire  à  un 
amy,  qui  leur  demandoit  de  l'argent,  bien  tost  après 
ils  sont  contraincts  de  rougir  à  bon  escient  pour 
estre  convaincus  de  n'en  avoir  point...  Et  y  en  a 
plusieurs  que  ceste  honte  aiant  forcez  de  faire  quelque 
promesse  desavantageuse  du  mariage  ou  de  leur  fille 
ou  de  leur  sœur,  sont  contraincts  puis  après  de  faillir 
de  promesse  pour  avoir  changé  d'advis.  »  (viii, 
f''79r°.) 

P.  300,  1.  12.  Disoit  Bias).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  de  Bias  :  «  Si  quid  agere  instituis,  lente  id  aggre- 
dere  :  cjeterum  in  eo  quod  elegeris,  firmiter  persiste.» 
(I,  Lxxxvn,  70.) 

P.  301,  1.  12.  Abscinduntur  j'acilius).  «Il  est  plus 
fitcilc  de  les  arracher  de  l'àme  que  de  les  tenir  en 
règle.  » 

P.  301,  1.  15.  La  moyenne  région).  Rapprocher 
essai  I,  Liv,  403. 

P.  301,  1.  19.  Fxlix  qui  potuit).  «Heureux  qui 
peut  pénétrer  les  causes  des  choses,  fouler  aux  pieds 
toutes  les  craintes,  la  croj'ance  à  l'inexorable  destin 
et  tout  le  bruit  qu'on  fixit  autour  de  l'avare  Achéron; 
heureux  aussi  celui  qui  connaît  les  dieux  champêtres. 


432 


ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


et  Pan,  et  le  vieillard  Sylvain,  et  les  nymphes  sœurs.  » 
(Virgile,  Géorg.,  II,  490.) 

P.  301,  1.  24.  Les  naissances  sont  foihks).  Rappro- 
cher U,  .x.xxvi,  p.  78,  1.  13.) 

P.  302,  1.  3.  Jure  perlmmii).  «C'est  avec  raison 
que  j'ai  eu  en  horreur  d'élever  la  tête  et  d'attirer  de 
loin  les  regards.  »  (Horace,  Odes,  III,  xvi,  18.) 

P.  302,  1.  12.  Ciim  setnper  nattira).  «  De  tout 
temps  calme  par  nature,  et  plus  encore  à  présent, 
par  l'effet  de  l'âge.  »  (Q.  Cicéron,  De  petitione  consit- 
latûs,  chap.  11,  à  la  fin.) 

P.  303,  1.  22.  Neqne  siimmissaiu).  «  .\ussi  éloigné 
de  la  bassesse  et  de  l'abjection  que  de  l'orgueil.  » 
(Cicéron,  De  officiis,  I,  xxxiv.)  Xo'ici  le  texte  de 
Cicéron  :  «  Privatum  oportet  îequo  et  pari  cum 
civibus  jure  vivere,  neque  submissum  et  abjectum, 
neque  se  efferentem.  » 

P.  303,  1.  30.  Qui  nous  oigneni).  Pour  l'opposition 
des  mots  oignez  et  poignez,  Montaigne  se  souvient 
sans  doute  du  dicton  populaire  : 

«  Oignez  vilain,  il  vous  poindra; 
»  Peignez  vilain,  il  vous  oindra.  » 

P.  304,  1.  5.  Ainsi  faisoyent).  Cf.  Plutarque, 
Comment  on  pourra  discerner  Je  flatteur  d'avec  l'ami  : 
«  Cela  n'est  pas  fait  en  amy,  mais  en  Sophiste,  qui 
ne  quien  que  l'apparence,  &  veult  chercher  sa  gloire 
es  faultes  d'autruy,  pour  en  faire  ses  monstres  devant 
les  assistans  :  comme  les  chirurgiens  qui  font  les 
opérations  de  leur  art  en  plein  théâtre,  pour  avoir 
plus  de  prattique.  »  (xxxii,  f°  53  r".) 

P.  304,  1.  II.  On  disait  à  Alexandre).  Id.,  Vie 
d'Alexandre  :  «  Toutes  les  fois  qu'il  venoit  nouvelles 
que  son  père  avoit  pris  aucune  ville  de  renom,  ou 
gaigné  quelque  grosse  battaille,  il  n'estoit  point  fort 
joyeux  de  l'entendre,  ains  disoit  à  ses  egaulx  en 
aage  :  Mon  père  prendra  tout,  enfans,  &  ne  me  lais- 
sera rien  de  beau  ny  de  magnifique  à  faire  &  à  con- 
quérir avec  vous.  Car  n'aimant  point  la  volupté,  ny 
l'argent,  ains  la  vertu  &  la  gloire,  il  estimoit  que 
tant  plus  son  père  luy  laisseroit  de  grandes  &  glo- 
rieuses conquestcs,  tant  moins  il  luy  demoureroit  de 
bien  faire  par  luy  mesmc,  &  pourtant  voiant  que 
Testât  de  son  père  &  son  empire  alloit  croissant  tous 


les  jours  de  plus  en  plus,  il  cuidoit  que  tout  ce  qu'il 
avoit  de  beau  à  faire  au  monde  se  deust  entièrement 
consumer  en  luy,  &  aimoit  mieulx  recueuillir  de  luy 
une  seigneurie,  ou  il  y  eust  occasions  de  grosses 
guerres,  de  grandes  battailles,  &  force  matière  de  se 
faire  honneur,  que  non  pas  de  grands  trésors,  des 
délices,  ny  de  grands  moiens  de  vivre  à  son  plaisir.  » 
(II,  f°  465  v°.) 

P.  304,  1.  15.  Alcihiades,  en  Platon).  Voir  le  Pre- 
mier Alcihiade  vers  le  début,  où  cette  idée  est  longue- 
ment développée  par  Socrate. 

P.  304,  1.  24.  Comme  cet  antien).  Cf.  Plutarque, 
Comment  on  pourra  aparcevoir  si  l'on  amende  et  profite 
en  l'exercice  de  la  vertu  :  «  Comme  celuy  qui  appelloit 
sa  chambrière  en  sa  maison,  &  crioit  tout  hault, 
Dyonysia,  regarde  comment  je  ne  suis  plus  glorieux 
ne  superbe  :  aussi  celuy  qui  a  fait  quelque  chose 
honeste  &  vertueuse,  &  puis  la  va  conter  &  la  porte 
monstrer  par  tout,  il  est  tout  évident  que  celuy  là 
regarde  encore  dehors,  &  est  tiré  de  la  convoitise  de 
vaine  gloire  &  n'a  point  encore  veu  à  nud  &  au 
vray  la  vertu.  »  (x,  f"  116  r°.) 

P.  305,  1.  3.  Non  nohis,  Domine),  a  Ce  n'est  pas 
à  nous.  Seigneur,  ce  n'est  pas  à  nous,  mais  à  ton 
nom  qu'il  en  faut  rapporter  la  gloire.  »  (Psaume  113, 

V.    I.) 

P.  305,  1.  8.  Le  marbre  esleiiera).  Montaigne  re- 
marque qu'à  Vérone  «  ils  n'ont  pas  faute  d'inscrip- 
tions; car  il  n'v  a  rabillage  de  petite  goutiere,  où  ils 
ne  facent  mettre,  et  en  la  ville  et  sur  les  chemins, 
le  nom  du  Podesta  et  de  l'Artisan.  »  (P.  léi.) 

P.  305,  1.  1^.  Selon  les  Stoïciens).  Cf.  Plutarque, 
Des  communes  coiurptions  contre  les  Stoïijues  :  «  Si  dit 
encore  Chn,-sippus  au  traitté  qu'il  a  fait  de  Jupiter, 
que  c'est  chose  froide,  maigre  &  impertinente  de 
louer  de  tels  actes,  encore  qu'ils  procèdent  de  la 
vertu,  comme  de  porter  vaillamment  la  picqueure 
d'une  mousche  guespe  &  s'abstenir  chastement  d'une 
vieille  tirant  à  la  mort.  »  (F°  575  r°.) 

P.  505,  1.  16.  Que  Pana'tius  luy).  Cf  Cicéron, 
De  officiis  :  «  Laudat  .\phricanum  Pananius,  quôd 
fuerit  ab.stinens.  Quidni  laudet?  Sed  in  illo  alia  majora, 
laus  enim  abstinentiit  non  hominis  est  solum,  sed 
etiam  temporum  illorum.  »  (II,  xxii;  t.  IV,  p.  374.) 


LIVRE      III,      CHAPITRE      X. 


433 


P.  305,  1.  24.  (2iur  est  ista).  Ici.,  De  finibiis  : 
«  Quelle  est  cette  i^loire  qu'on  peut  trouver  au 
marché  ?  »  (II,  xv.) 

P.  306, 1.  6.  Mihi  qnidciu).  M.,  Titscidanes  :  «  Pour 
moi  je  trouve  bien  plus  louable  ce  qui  se  fait  sans 
ostentation  et  loin  des  yeux  du  peuple.  »  (II,  xxvi.) 


P.  307,  1.  6.  Mme  huic  confidere).  «  Moi  !  que  je 
me  fie  à  ce  monstre  !  Moi  !  que  je  me  fie  à  l'appa- 
rence de  la  mer  tranquille  et  des  flots  apaisés  !  » 
(\'irgile,  Enéide,  V,  849.)  Montaigne  intervertit 
l'ordre  des  deux  membres  de  phrase  et  supprime  jubés 
après  ignorare. 


Chapitre    XL 


DES     BOYTEVX. 


P.  308,  1.  I.  Qu'on  acoiirsil  l'an).  C'est  la  réforme 
du  calendrier  ordonnée  par  le  pape  Grégoire  XIII, 
eni  5  82,  réforme  qui  en  Italie  fit  succéder  le  1 5  octobre 
au  4  octobre,  en  France  le  20  décembre  au  9  dé- 
cembre. (Cf.  essai  III,  x,  p.  289,  1.  12  et  la  note.) 

P.  309,  1.  é.  Ce  que  dict  Phttarque).  Dans  les 
Demandes  des  choses  Romaines  :  «  Maintenant  mesme 
que  la  science  des  astres  que  Ion  nomme  Astrologie, 
a  pris  si  grand  accroissement,  l'inégalité  du  cours  de 
la  Lune  surpasse  encore  l'expérience  des  Mathéma- 
ticiens, &  ne  la  peuvent  régler  à  certaine  raison.  » 
(xxiv,  f°  464  r°.) 

P.  309,  1.  16.  En  auons  l'nsagfj.  Rapprocher 
essai  II,  xii,  p.  230,  1.  14. 

P.  310,  1.  3.  Dare  pondus  idonea).  «Capable  de 
donner  du  corps  à  de  la  fumée.  »  (Perse,  v,  20.) 
Le  texte  est  :  «  Dare  pondus  idonea  fumo.  » 

P.  310,  1.  15.  Ita  finitima.)  «Le  faux  et  le  vrai 
sont  si  voisins  l'un-  de  l'autre  que  le  sage  ne  doit  pas 
se  risquer  dans  un  défilé  aussi  périlleux.  »  (Cicéron, 
Acad.,  II,  xxi.)  Le  texte  est  celui  de  l'Ed.  Paris  1538. 

P.  310,  1.  23.  l'ay  veu  la  naissance).  «  Des  mons- 
tres marins  (écrit  un  membre  du  parlement)  furent 
vus  sur  l'eau  et  plusieurs  voix  ouïes  en  l'air.  »  Une 
autre  année  il  y  eut  en  un  seul  jour  «  par  deux  fois, 
montant  en  la  rivière,  sans  qu'on  eût  pu  reconnaître 
aucun  descendant  au  milieu  de  ces  deux  marées  ». 
Le  4  juillet  1589,  de  midi  à  trois  heures,  «une 
couronne  céleste  fut  vue  environnant  le  soleil,  pro- 
nostic de  nouvel  empire».  En  1577,  trois  soleils 
furent  vus  à  Bordeaux  «  par  grand  nombre  de  gens 


de  qualité  ».  (JuUian,  Histoire  de  Bordeaux,  éd.  1895, 
p.  383.)  Les  chroniques  du  temps  sont  remplies 
de  prodiges  analogues  à  ceux  que  mentionne  ici 
M.  Jullian.  Voir  aussi  le  Journal  de  voyage  de  Mon- 
taigne, pp.  124  et  128,  et  aussi  ce  qu'il  dit  de  son 
séjour  à  Lorette. 

P.  311,  1.  3.  Insita  hominibus).  «Par  la  tendance 
innée  qui  porte  les  hommes  à  donner  cours  à  des 
bruits  incertains.  »  (Tite-Live,  XXMII,  xxiv.)  Le 
texte  est  conforme  à  celui  de  l'éd.  de  1568. 

P.  311,  1.  5.  L'errnr  particulière).  Cf.  Sénèque, 
Epitres  :  «  Et  quum  singulorum  error  publicum 
fecerit,  singulorum  errorem  facit  publicus.  »  (Ép.  8r, 
p.  187.) 

P.  311,  1.  7.  Ainsi  va  tout  ce).  RapprQcher  II,  xii, 
p.  278,  1.  20. 

P.  312,  1.  2.  Quasi  uero).  «Comme  s'il  y  avait 
rien  de  si  commun  que  le  manque  de  jugement.  » 
(Cicéron,  De  divinatione,  II,  xxxix.) 

P.  312,  1.  4.  Sanitatis).  «Belle  autorité  pour  la 
sagesse  qu'une  multitude  de  fous  !  »  (Saint  Augustin, 
De  civit.  Dei,  Yl,  x.) 

P.  312,  1.  23.  Miraniur  ex  interuallo).  «Nous 
admirons  les  choses  qui  trompent  par  leur  éloigne- 
ment.  »  (Sénèque,  ép.  118.)  Le  texte  de  Sénèque 
est  :  «  Major  pars  miratur  ex  intervalle  fallentia.  » 

P.  312,  1.  25.  Nunquam  ad  liquidum).  «Jamais  la 
renommée  ne  s'en  tient  à  la  vérité.  »  (Quinte-Curce, 
IX,  II.)  Le  texte  est  celui  de  l'éd.  de  Montaigne. 

P.  314,  1.  5.  Le  stile  à  Romme).  Cf.  Cicéron, 
Académ.,  II,   xlvii  :    «  Quam   rationem,   majorum 


LIVRE      ni,      CHAPITRE      XI. 


43$ 


etiam  comprobat  diligentia,  qui  primuui  jurare  ex 
sui  animi  sententia  quenque  voluerunt.  Deinde  ita 
teneri,  si  sciens  falleret  :  quôd  inscientia  multa  ver- 
saretur  in  vita.  Tijm  qui  testimonium  diceret,  ut 
arbitrari  se  diceret,  etiam  quod  ipse  vidisset  :  qu;cque 
jurati  judices  cognovissent,  ut  ea  non  ut  esse  facta, 
sed  ut  videri  pronuntiarentur.  »  (IV,  p.  35.) 

P.  314,  1.  17.  Iris  est  fille).  Cf.  Platon,  Thcctèk  : 
«  Maxime  philosophi  hxc  affectio  est,  qua;  admiratio 
dicitur.  Neque  enim  aliud  prœter  hoc  est  philosophie' 
principium.  Et  qui  Irim  Thaumantis,  id  est  admira- 
tionis  filiam  esse  tradidit  non  absurde  originem  ejus 
explicuit.  »  (xi,  p.  155;  éd.  1546,  p.  141.) 

P.  314,  1.  22.  Corras,  conseiller  de  Toulouse).  Ou 
plutôt  Coras,  savant  jurisconsulte,  né  à  Toulouse 
en  15 13.  (Voir  Fleun,'  Vindiy,  Les  Parlementaires 
français  au  xri^  siècle,  Tome  II,  p.  203.)  Calviniste, 
il  fut  assassiné  à  la  conciergerie  de  Toulouse  avec 
trois  cents  autres  prisonniers,  le  4  octobre  1572,  peu 
de  temps  après  la  Saint-Barthélémy  :  on  le  revêtit 
ensuite  de  sa  robe  de  conseiller,  avec  deux  de  ses 
collègues  massacrés  comme  lui,  et  on  les  pendit  à 
l'orme  du  palais.  Les  œuvres  de  Jean  Coras  ont  été 
recueillies  en  deux  vol.  in-fol.,  Lyon,  1556  et  1558; 
Wittenberg,  1603;  et  sa  vie  a  été  écrite  en  latin  par 
Jacques  Coras  le  poète,  qui  était  de  la  même  famille. 
La  cause  célèbre  dont  Montaigne  parle  ici  est  celle 
de  Duthil  ou  du  faux  Martin  Guerre,  sur  laquelle 
le  jurisconsulte  de  Toulouse  avait  publié  un  commen- 
taire imprimé  à  Paris  en  1561  et  1565.  En  voici  le 
titre  :  «  Arrest  mémorable  du  Parlement  de  Tolose, 
contenant  une  histoire  prodigieuse,  de  nostre  temps, 
avec  cent  belles  &  doctes  annotations  de  Monsieur 
Jean  de  Coras,  Conseiller  en  ladicte  Cour,  &  Rap- 
porteur du  procès  prononcé  es  Arrestz  Generaulx 
le  XII  septembre  M  D  L  X.  »  Coras  explique  par 
la  magie  un  certain  nombre  de  sin^larités  fort 
étranges  :  c'est  sans  doute  à  ces  explications  que 
Montaigne  fait  allusion. 

P.  315,  1.  3.  Les  Areopagites).  Cf.  Valère  Maxime, 
VIII,  i;  Aulu-Gelle,  xîl,'  vu;  Rabelais,  III,  xliv; 
Du  Verdier,  Suite  des  Diverses  Leçons,  V,  xix,  etc. 

P.  315,  1.  6.  Les  sorcières  de  mou  voisinage).  Sur  le 
sujet  de  la  sorcellerie,  que  Montaigne  aborde  ici,  il 


convient  de  rappeler  que  beaucoup  d'écrits  avaient 
déjà  paru  au  xvi*^  siècle.  C'était  une  question  tout 
à  tait  à  l'ordre  du  jour,  les  malheurs  des  temps  ayant 
multiplié  les  procès  de  sorcellerie  durant  la  seconde 
moitié  du  siècle.  Dans  la  littérature  très  abondante 
qui  en  sortit,  il  convient  de  distinguer  tout  particu- 
lièrement :  l'ouvrage  latin  de  Wier  qui  va  presque 
jusqu'à  nier  la  sorcellerie  comme  Montaigne  et  qui 
hit  traduit  en  français  par  Jacques  Grévin  sous  ce 
titre  :  «  Cinq  livres  d'histoires,  discours  et  disputes 
des  illusions  et  impostures  des  diables  :  des  enchan- 
tements et  sorcelleries  :  pris  du  latin  de  Jean  Wier, 
médecin  du  duc  de  Clèves,  et  faits  françois  par 
Jacques  Grévin,  de  Clermont  en  Reauvoisis,  médecin 
à  Paris  (Paris  1567).  »  (Rééd.  en  1569,  et  avec  un 
sixième  livre  en  1579.)  En  regard  de  l'ouvrage  de 
Wier  se  place  celui  de  Bodin,  qui  a  été  écrit  pour  le 
réfuter  :  «  La  dcmouomanie  des  sorciers...,  par  J.  Bodin, 
angevin,  Paris  1580»  (ouvrage  réimprimé  à  Paris 
en  1582,  1587;  à  Anvers  en  1586;  en  latin  à  Bàle 
en  1581;  en  italien  en  1587).  Bodin  croit  fermement 
aux  sorciers  et  anathématise  violemment  ceux  qui 
refusent  de  se  rendre  à  .ses  raisons.  Il  3'  a  de  grandes 
chances  pour  que  Montaigne  ait  lu  ces  deux  ouvrages 
essentiels.  Il  a  dû  connaître  encore  un  chapitre  de 
Tabourot  des  Accords  publié  en  1585  dans  le  qua- 
trième livre  de  ses  Bigarrures.  Pour  plus  de  détails 
sur  cette  question,  cf  mon  livre  sur  Les  Sources  et 
l'Évolution  des  Essais,  t.  II,  p.  344. 

P.  315,  1.  II.  Il  y  faut  autre  engin).  «C'est  par 
ces  exemples  que  la  divine  parole  nous  donne  »  et 
par  l'autorité  des  saintes  Écritures  que  Bodin,  dans 
sa  Démonomanie,  prétend  confondre  les  incrédules. 

P.  315,  1.  18.  le  suis  lourd).  Dans  le  fournal  de 
voyage,  Montaigne  se  montre  à  la  fois  curieux  des 
événements  merveilleux  qu'on  lui  signale,  et  assez 
peu  crédule  à  leur  endroit  :  «  Le  1 6  Février,  revenant 
de  la  station,  je  rancontray,  en  une  petite  Chapele, 
un  Prêtre  revêtu,  ambesouigné  à  guérir  un  spiritato  : 
c'etoit  un  home  melancholique  et  come  transi. 
On  le  tenoit  à  genous  devant  l'Autel,  aïant  au  col 
je  ne  sçai  quel  drap  par  où  on  le  tenoit  ataché.  Le 
Prêtre  lisoit  en  sa  presance  force  oresons  et  exor- 
cismes,  comandant  au  Diable  de  laisser  ce  cors,  et 


436 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


les  lisoit  dans  son  bréviaire.  Apres  cela  il  detournoit 
son  propos  au  parlant,  tantost  parlant  à  lui,  tantost 
parlant  au  Diable  en  sa  personne,  et  lors  l'injuriant, 
le  battant  à  grans  coups  de  pouin,  lui  crachant  au 
visage.  Le  patiant  repondoit  .à  ses  demandes  quelques 
réponses  ineptes  :  tantost  pour  soi,  disant  come  il 
santoit  les  mouvemans  de  son  mal;  tantost  pour  le 
Diable,  combien  il  creignoit  Dieu,  et  combien  ces 
exorcismes  agissoint  contre  lui.  Apres  cela  qui  dura 
longtams,  le  Prêtre,  pour  son  dernier  effort,  se  retira 
à  l'Autel  et  print  la  Custode  de  la  mein  gauche,  où 
etoit  le  Corpus  Domini;  en  l'autre  mein  tenant  une 
bougie  alumée,  la  teste  ranversée  contre  bas,  si  qu'il 
la  faisoit  fondre  et  consomer,  prononçant  cependant 
des  oresons,  et  au  bout  des  paroles  de  menasse  et 
de  rigur  contre  le  Diable,  d'une  vois  la  plus  haute 
et  magistrale  qu'il  pouvoit.  Come  la  première  chan- 
dele  vint  à  défaillir  près  de  ses  doits,  il  en  print 
un'  autre,  et  puis  une  seconde,  et  puis  la  tierce. 
Cela  fait,  il  remit  sa  Custode,  c'est  à  dire  le  vesseau 
transparant  où  etoit  le  Corpus  Domini,  et  vint 
retrouver  le  patiant,  parlant  lors  à  lui  come  à  un 
home,  le  fil  détacher  et  le  randit  aus  siens  pour  le 
ramener  au  logis.  Il  nous  dict  que  ce  Diable  là  etoit 
de  la  pire  forme,  opiniâtre,  et  qui  couteroit  bien 
à  chasser;  et  à  dix  ou  douze  Jantil'homes  qui  étions 
là,  fit  plusieurs  contes  de  cete  sciance,  et  des  expe- 
riances  ordineres  qu'il  en  avoir,  et  notammant  que 
le  jour  avant  il  avoit  deschargé  une  famé  d'un  gros 
Diable,  qui,  en  sortant,  poussa  hors  cette  famé  par 
la  bouche,  des  clous,  des  épingles  et  une  touffe  de 
son  poil.  Et  parce  qu'on  lui  respondit,  qu'elle  n'estoit 
pas  encores  du  tout  rassise,  il  dit  que  c'etoit  une 
autre  sorte  d'esperit  plus  léger  et  moins  malfaisant, 
qui  s'y  eroir  remis  ce  marin-là  :  mais  que  ce  janre 
(car  il  en  sçair  les  noms,  les  divisions,  er  plus  par- 
ticulières distinctions)  etoit  aisé  à  csconjurer.  Je  n'en 
vis  que  cela.  Mon  home  ne  faisoit  autre  mine  que 
de  grinser  les  dans  et  tordre  la  bouche,  quand  on 
lui  presantoit  le  Corpus  Domini,  et  remachoit  par  fois 
ce  mot,  Si Jala  volent;  car  il  eroit  Notere,  et  sçavoit 
un  peu  de  latin.»  (P.  231.)  «Je  fus  averty  d'une 
sottise  que  j'avois  faite,  ayant  oblié  à  voir  à  dix 
milles  deçà  Loïan,  à  deus  milles  du  chemin,  le  haut 


d'une  monraigne,  d'où  en  ramps  pluvieus  er  orageus 
er  de  nuir,  on  voir  sonir  de  la  flame  d'une  exrreme 
hauteur;  et  disoit  le  rapporteur  qu'à  grandes  secousses 
il  s'en  regorge  par  fois  des  petites  pièces  de  monnoie, 
qui  a  quelque  figure.  Il  eut  fallu  voir  que  c'étoit 
que  tout  cela.  »  (P.  i8é.) 

P.  315,  1.  19.  Maioran  fidem).  «Les  hommes 
ajoutent  plus  de  foi  à  ce  qu'ils  n'entendent  point.  » 

P.  315,  1.  20.  Cupidinc  hiimani).  «Une  tendance 
naturelle  porte  l'esprit  humain  à  ajouter  foi  de  pré- 
férence aux  choses  obscures.»  (Tacite,  Hisl.,  I,  xxn.) 
Montaigne  substitue  «  creduntur  »  à  «  credendi  ». 

P.  315,  1.  21.  &  me  deffend  on).  Montaigne  fait 
peut-être  allusion  dans  ce  passage  au  ton  rrès  dog- 
marique  er  menaçant  de  Jean  Bodin.  Les  textes  sacrés 
sont  absolument  formels,  et  Bodin  n'a  pas  de  peine 
à  accumuler  une  masse  de  citations  qui,  déclare-r-il, 
ne  permerrenr  pas  à  un  chrérien  de  dourer  :  «  La 
loy  de  Dieu  qui  ne  peur  menrir  a  déclaré  er  spécifié 
par  le  menu  les  secrers  des  sorciers,  er  menacé  d'ex- 
rerminer  les  peuples  qui  ne  feroienr  punirion  des 
sorciers.  Il  faur  donc  s'arresrer  là,  er  ne  faur  pas 
dispurer  contre  Dieu  des  choses  que  nous  ignorons.  » 
(DémoHomanie,  préface.)  Et  ailleurs  encore  :  «  Il  n'y 
a  gueres  moins  d'impiété  de  révoquer  en  doute  s'il 
est  possible  qu'il  y  ait  des  sorciers  que  révoquer  en 
doute  s'il  y  a  un  dieu,  celuy  qui  par  sa  loy  a  certifié 
l'un  a  aussi  certifié  l'autre.  »  {Démonomanie,  vers  la 
fin.)  Et  puisque  nier  la  sorcellerie  esr  un  crime  aussi 
grave  que  de  nier  l'exisrence  de  Dieu,  rour  naturel- 
lemenr  Bodin  l'éclame  les  chàrimenrs  les  plus  rigou- 
reux pour  ceux  qui  ne  croient  pas  aux  sorciers,  il 
veut  leur  réserver  le  même  supplice  qu'aux  sorciers 
eux-mêmes.  Naudé  n'est  pas  moins  violent,  il  déclare 
que  c'est  «  être  hérétique  »  que  de  se  montrer  incré- 
dule sur  ce  point. 

P.  315,  1.  26.  Fideanlur  sanej.  «Qu'on  propose 
ces  choses  comme  vraisemblables,  mais  qu'on  ne  les 
affirme  pas.  »  (Cicéron,  Acad.,  II,  xxvii.)  L'édition 
de  Paris  de  1538  porte  ne  au  lieu  de  non. 

P.  316,  1.  I.  Il  faut  vue  clarté).  Rapprocher  Wier, 
Cin(]  livres  des  démons  :  «  Il  faut  que  les  preuves 
soyent  plus  cleres  que  le  jour,  principalement  es 
procès  que  l'on  nomme  criminels.  »  (\',  vu,  f"  400  v".) 


LIVRE      III,      CHAPITRE      XI. 


437 


P.  316,  1.  5.  //  ne  faut  pas  toiisioiirs  s'avresicr). 
Sur  la  fausseté  de  la  plupart  des  confessions  des 
sorciers  on  peut  voir  :  Wier,  le  livre  V  presque  tout 
entier.  Il  écrit  en  particulier  :  «  Le  poinct  gist  en 
cecy  :  a  sçavoir  si  toute  ceste  confession  est  vraye. 
J'espère  avec  l'aide  de  Dieu  monstrer  manifestement 
que  les  principaux  poincts  d'icelle  contrarient  clere- 
ment  à  la  vérité  :  et  que  pour  ceste  cause  elle  est 
non  seulement  erronée,  mais  aussi  du  tout  fausse, 
et  qu'en  icelle  sont  seulement  déduictes  les  images 
des  choses  songees  et  proposées  par  impostures  au 
lieu  de  la  vérité  d'icelles.  Ainsi  je  confesse  librement 
qu'elle  ne  doit  estre  aucunement  receue  en  un  sain 
conseil,  mais  plus  tost  jettee  comme  une  fable  d'un 
endormi  et  cataleptique.  »  (V,  xi.)  Bodin  au  con- 
traire s'appuie  sans  cesse  sur  les  confessions  des 
sorciers  et  insiste  sur  cette  idée  que  puisqu'ils  con- 
fessent leur  crime,  il  faut  être  de  mauvaise  foi  pour 
ne  pas  y  croire. 

P.  31e,  1.  20.  D'orient  en  occident).  Bodin  consacre 
tout  un  chapitre  de  sa  Déinononianie  (II,  iv)  à  nous 
parler  de  sorciers  ainsi  transportés  en  un  instant 
à  des  distances  considérables.  Le  titre  de  son  chapitre 
est  :  «  De  ceux  qui  renoncent  à  Dieu  et  à  leur  reli- 
gion par  convention  expresse  et  s'ils  sont  transportez 
en  corps  par  les  dxmons.  »  On  y  trouve  beaucoup 
d'exemples  et  d'autorités  :  «  Nous  lisons  pareillement 
en  Philostrate,  autheur  grec,  que  Apollonius  Thia- 
naeus  fut  transporté  en  peu  d'heures  d'Ethiopie  prez 
la  source  du  Nil  jusques  à  Rome,  qui  ne  sont  pas 
moins  de  deux  mil  cinq  cens  lieues  à  droicte  ligne  : 
une  autre  fois  de  Rome  en  Corinthe,  une  autre  fois 
de  Smyrne  en  Ephese.  Et  l'an  MCCLXXI,  lan  Teu- 
tonic  prestre  d'Halberstad,  des  plus  fameus  sorciers 
de  son  aage,  chanta  trois  messes  à  minuict,  l'une 
à  Halberstad,  l'autre  à  Mogonce,  la  troisiesme  à 
Coulongne.  Ce  qu'on  recite  aussi  de  Pythagoras, 
qui  fut  transporté  de  Thurie  en  Metapont.  ...  Et  si 
le  vraj'  transport  en  corps  ne  se  faisoit  aux  exemples 
que  nous  avons  dict,  comment  se  pourroit  il  faire, 
que  celuy  de  Loches  se  fust  trouvé  de  son  lit  aux 
landes  de  Bordeaux,  et  celuy  de  Lion  en  Lorraine, 
celuy  de  Plutarque  de  Grèce  en  Crotone  près  de 
Naples,  où  il  faut  par  nécessité  passer  plus  de  cent 


lieues  de  Mer,  et  infinis  autres  en  cas  semblables?» 
(F°*  89  r°,  90  r°.) 

P.  3 1 6, 1. 23 .  Eniwlésiir  vu  halay).  C'est  un  détail  qui 
se  retrouve  souvent  dans  les  cas  de  sorcellerie.  On  le 
retrouve  en  particulier  dans  un  procès  jugé  par  Nicolas 
Quatre-folz  et  dont  Bodin  inséra  le  récit  dans  sa  Dénio- 
nonianie  (Ed.  de  1 582).  Deux  hommes  sont  transportés 
sur  un  balai  le  long  du  tuyau  de  la  cheminée. 

P.  316,  1.  29.  L'adiiis  de  saiuct  Augustin).  «De 
qulbusdam  rébus  quas  neque  sensu,  neque  ratione 
percipimus,  neque  nobis  per  scripturam  canonicam 
claruerunt,  nec  per  testes,  quibus  non  crcdere  absur- 
dum  est,  in  nostram  notitiam  pervenerunt,  sine  justa 
reprehensione  dubitamus.  »  {Cité de  Dieu,  XIX,  xviii.) 
Montaigne  avait  rencontré  cette  idée  en  1579  dans 
l'Histoire  générale  des  Indes  de  Benzoni  :  «  De  ma  part 
je  le  tiens  pour  faux  :  et,  comme  dit  saint  Augustin, 
il  vaut  mieux  douter  de  ce  que  nous  ne  sçavons  que 
d'affermer  obstinéement  une  chose  que  Ion  ne  peut 
pas  vérifier,  et  d'ont  Ion  n'est  pas  asseuré.  »  (P.  40, 
note  du  traducteur  Chauveton.) 

P.  317,  1.  3.  Par  les  terres  d'vn  prince).  Dans  les 
mémoires  de  l'Académie  de  Nancy  (année  1916-1917) 
M.  E.  Duvernoy  a  tenté  d'établir  qu'il  s'agit  du  prince 
Charles  III  de  Lorraine  dont  Montaigne  avait  traversé 
les  états,  lors  de  son  voyage  de  1580.  Ce  n'est  là 
qu'une  hypothèse  qu'aucun  fait  précis  ne  confirme  : 
le  Journal  de  voyage  ne  fait  aucune  mention  ni  d'une 
semblable  visite  de  sorciers  en  Lorraine,  ni  même 
d'une  rencontre  de  Montaigne  avec  le  duc  Charles; 
et  si  les  sorciers  étaient  nombreux  en  Lorraine  à 
cette  époque  ils  ne  l'étaient  guère  moins  dans  beau- 
coup d'autres  régions. 

P.  317,  1.  13.  Ordonné  de  l'ellébore).  Rapprocher 
Wier,  Citiq  livres  des  dénions  :  «  Monsieur  André 
Alciat  escrit  que  l'inquisiteur  de  la  foy  feit  une  telle 
inquisition  es  vallées  des  Alpes  contre  des  femmes 
hérétiques  que  nous  appelions  sorcières  qu'il  en  feit 
brusler  plus  de  cent...  La  plus  part  desquelles  de- 
voyent  estre  plus  tost  purgées  par  Helleborre  que 
par  le  feu.  »  (V,  xvi.) 

P.  317,  1.  13.  Captisquc  res  inagis).  «  Leur  cas  me 
sembla  plus  voisin  de  la  folie  que  du  crime.  >>  (Tite- 
Live,  VIIL  xviii.) 


43Î 


ESSAIS      DE     MOXTAIGXE. 


P.  517,  1.  24.  &  Prcstaniiiis).  Cf.  saint  Augustin, 
Cité  de  Dieu  :  «  Quidam  nomine  Prœstantius  patri  suo 
contigisse  indicabat,  ut  venenum  illud  per  caseum 
in  domo  sua  sumeret,  &  jaceret  in  lecto  suo  quasi 
dormiens,  qui  tamen  nullo  modo  poterat  excitari. 
Post  aliquot  autem  dies,  eum  velut  evigilasse  dicebat, 
&:  quasi  somnia  enarrasse  qu;ç  passus  est,  caballum 
se  scilicet  tactum,  annonam  inter  jumenta  bajulasse 
militibus,  quœ  dicitur  retica,  quoniam  ad  retia  depor- 
tatur.  Quod  ita  ut  narravit  factum  fuisse  compertum 
est  :  quit  tamen  ei  sua  somnia  videbantur.  «  (XMII, 

XVIII.) 

P.  317,  1.  29.  Ce  que  ie  dis.)  De  semblables  ré- 
serves étaient  nécessaires  au  xvi=  siècle  dans  un 
pareil  sujet.  Wier  ne  s'exprime  pas  avec  moins  de 
précautions  :  «  J'aj'  adjousté  ce  qu'il  me  sembloit 
que  Ion  devoit  observer  en  la  punition  des  sorcières 
séduites  par  le  Diable,  comme  estans  tourmentées 
de  la  maladie  nommée  melancholique,  et  non  héré- 
tiques, lesquelles  n'ont  pas  l'esprit  troublé  mais  opi- 
niastre...  Que  les  magistrats  et  les  jurisconsultes  ne 
pensent  que  je  leur  vueille  imposer  la  loi  en  cecy  : 
car  je  proteste  devant  Dieu  que  ce  n'a  point  esté 
mon  intention.  Mais  au  contraire  je  m'offre  et  sub- 
mets que  par  charité  cette  mienne  entreprise  soit 
seulement  esplûchee  et  considérée  d'un  œil  pur  et 
ouvert  de  l'esprit  par  les  plus  prudens  et  gens  de 
bien,  plustost  que  par  ceux  qui  seront  studieux  de 
dépendre  par  affection  et  sans  aucune  considération 
une  opinion  enracinée  depuis  longtemps.  »  Il  est 
peut-être  juste  d'ajouter  que  chez  Montaigne  au 
moins  il  n'y  a  pas  simplement  là  une  question  de 
précautions  à  prendre,  mais  encore  une  prudence 
intellectuelle  et  un  sentiment  de  la  réserve  que  doit 
s'imposer  un  sujet  du  roi  de  France  qui  sont  tout 
à  fait  conformes  à  son  caractère. 

P.  318, 1.  3.  le  ne  pleuuie).  Rapprocher  essai  II,  x, 
p.  100,  1.  14. 

P.  318,  1.  6.  Nec  vie  pudet).  «  Et  je  n'ai  pas  honte 
comme  ces  gens-là  d'avouer  que  j'ignore  ce  que 
j'ignore.  »  (Cicéron,  Tusc,  I,  xxv.) 

P.  318,  1.  25.  ap'.î-a  -/cas;  cioîl).  Cf.  Érasme, 
Adages  :  «  Sive  ut  alias  legitur  h/n,  id  est,  Optimè 
claudus  virum  agit.  Dici  solitum  ubi  quispiam  suam 


sortem,  vel  parum  egregiam,  anteponit  alienœ  tametsi 
prsstantiori.  Ab  Amazonum  apophthegmate  natrim 
aiunt,  tradunt  morem  Amazonibus  fuisse  quondam, 
ut  pueros  masculos  detorta  tibia  coxdve  claudos 
efficerent.  Porro  quum  bellum  esset  illis  adversus 
Scythas,  atque  illi  eas  conarentur  illicere  ut  ad  sese 
desciscerent,  dicentes  futurum  ut  posthac  non  cum 
claudis  ac  mutilis,  sed  cum  integris  viris  rem  habe- 
rent,  Antianira  Amazonum  dux  respondit  ad  hune 
modum,  à'pwTa  /w/.iç  cîiîï.  (C/;/7.,  II,  cent.  9, 
adag.  49.)  \o\ï  aussi  le  scholiaste  de  Théocrite  sur 
ridylle  IV,  V,  62. 

P.  319,  1.  5.  La  philosophie  ancienne).  Cf.  Aristote, 
Problèmes,  section  X,  prob.  26. 

P.  319,  1.  28.  En  la  comparaison).  Paragon  dell' 
Italia  alla  Francia  :  «  I  nobili  Francesi  in  universal, 
hanno  le  garbe  assai  sottili  rispetto  al  rimanente  del 
corpo  :  ma  di  cio  per  avventura  la  cagione  non  si 
deve  riferire  alla  qualità  del  cielo,  nia  alla  maniera 
del  esercizio;  per  cio  che  cavalcando  quasi  continua- 
mente,  esercitano  poco  le  parti  inferiori,  si  che  la 
natura  non  vi  trasmette  molto  di  nodrimento... 
{Rime  e  Prose  del  sig.  Torquato  Tasso,  éd.  de  Fer- 
rare  1585,  p.  II.) 

P.  320,  1.  4.  Suétone  tire).  Dans  la  Vie  de  Caligiila  : 
«  Forma;  (Germanici)  minus  congruebat  gracilitas 
crurum,  sed  ea  quoque  paulatim  repleta  assiduâ  equi 
vectatlone  post  cibum.  »  (m.) 

P.  320,  1.  7.  Le  soulier  de  Theramenei).  Cf.  Plu- 
tarque,  Lustrnction  pour  ceulx  qui  manient  affaires 
d'estat  :  «  C'est  là  principalement,  où  il  fault  chausser 
le  brodequin  de  Theramenes  qui  servoit  à  l'un  &  à 
l'autre  pied,  &  parler  à  toutes  les  deux  parties  sans 
se  joindre  ny  aux  uns  ny  aux  autres.  »  (xxviii, 
f"  177  v°.)  ^'oir  aussi  Érasme,  Adages  : 

«  Cothurno  veisatilior.  » 

Eùjj.=Ta5:À(L>-:îç:;  -/.cOipvcj,  id  e.st,  Versatilior  co- 
thurno, dictum  est  in  hominem  parum  constantem, 
lubricàque  fide,  quive  incerta;  &  ancipitis  esset  fac- 
tionis  :  slmilitudine  ducta  a  calciamento  quod  Grasci 
y.îOîpvsv,  Latini  mutata  literula  cothurnum  vocant  : 
quo  mos  erat  uti  tragœdiarum  actoribus.  Erat  autem 


LIVRE      III,      CHAPITRE     XI. 


459 


T£TpàYO)vcv  ■/.%:  à;j,i3T£p;2i;tov,  hoc  est  quadrangulum, 
&:  utrilibet  conveniens  pedi,  quodque  vex  dextro  vel 
sinistro  pedi  poterat  accommodari.  Suidas  addit  ejus- 
modi  fuisse,  ut  viris  pariter  ac  mulierihus  congrueret. 
Quod  ideni  testatur  illud  Maronis, 

«...  alte  suras  vincire  cothurno.  » 

Proverbium  autem  duobus  effertur  modis,  per  com- 
parationem,  £j[j.cT3i63/,ÛT£ps;  /.sOîivîj  :  &  per  denotni- 
nationem,  ut  hominem  ipsum  qui  se  diversis  applicat 
partibus,  •/.îQspvcv  appellemus.  Sic  enim  vocatus  est 
Theramenes  rhetor  Atheniensis,  Prodici  Chii  disci- 
pulus  :  propterea  quôd  quasi  duabus  sederet  sellis, 
idem  &  populi  &  triginta  virùm  partibus  sludens  : 
&  nunc  hujus,  nunc  illius  factionis  esse  videretur, 
vel  potius  utriusque.  »  {Chil.,  I,  cent,  i,  adag.  94.) 
P.  320, 1.  8.  Donne  moy  vue  dragnie).  Cf.  Plutarque, 
De  la  mauvaise  honte  :  «  Comme  un  belistre  philo- 
sophe Cjmique  lui  demandast  une  drachme...  Ce 
n'est,  dit-il,  pas  un  don  de  Roy  :  &  comme  l'autre 
luy  repliquast,  donne  moy  doncques  un  talent...  il 
luy  respondit,  Ce  n'est  pas  un  présent  de  Cynique.  » 


(vi,  f°  78  V".)  Voir  aussi  Sénèque,  De  Benef.,  II, 

XVII. 

P.  320,  1.  12.  Seii  pluies  caloi).  «  Soit  que  cette 
chaleur  ouvre  des  chemins  nouveaux  et  des  pores 
secrets  par  où  monte  le  suc  dans  les  herbes  nou- 
velles, soit  qu'elle  rende  la  terre  plus  rude  et  resserre 
ses  veines,  et  la  protège  ainsi  contre  les  pluies  fines, 
contre  les  rudes  ardeurs  du  soleil  ou  contre  le  froid 
pénétrant  de  Borée.  »  (Virgile,  Géorg.,  I,  89.) 

P.  320,  1.  17.  Ogni  medaglia).  «Toute  médaille 
a  son  revers.  »  (Proverbe  italien.) 

P.  320,  1.  17.  Clitomachus  disait).  Cf.  Cicéron, 
Académiques  :  «  Credo  Clitomacho  ita  scribenti  :  Her- 
culi  quemdam  laborem  exant  latum  Carneade,  quod 
ut  feram,  &  immanem  beluam,  sic  ex  animis  nostris 
assensionem,  id  est,  opinationem  &  temeritatem  ex- 
traxisset.  »  (H,  xxxiv;  t.  IV,  p.  29.) 

P.  320,  1.  23.  On  mit  ^sope).  Cf.  Vie  d'Esope, 
par  Planude. 

P.  321,  1.  5.  Les  vus  tiennent).  On  peut  opposer 
ce  passage  aux  déclarations  pirrhoniennes  faites  par 
Montaigne  avant  1580.  Voir  par  exemple  II,  xii, 
p.  231,  1.  22;  II,  XV,  p.  381,  1.  I. 


Chapitre  XII. 


DE      LA      PHISION'OMIE. 


P.  322,  1.  15.  //  n'a  jamais  en  la  bouche).  Cf. 
Platon,  Banquet  :  «  Asinos...  fabrosque  x-rarios,  &  su- 
tores  calceorum,  coriariôsque  semper  habet  in  ore, 
eadémque  semper  dicere  de  eisdem  videtur,  ut  omnes 
ferè  qui  minus  experti  peritive  sint,  verba  iilius  irri- 
deant.  »  (XXXVII,  p.  221;  éd.  de  1546,  p.  439.) 

P.  323,  1.  7.  Seruare  vwditm).  «Régler  ses  actions, 
observer  le  devoir,  suivre  la  nature.»  (Lucain,  II,  381, 
parlant  de  Caton.)  Le  texte  est  celui  de  toutes  les 
éditions  contemporaines. 

P.  323,  1.  9.  Toiiioiirs  vn  &  pareil).  Yo'iT  un  juge- 
ment analogue  chez  Cicéron,  De  officiis.  (I,  xxvi.) 
Outre  les  sources  ordinaires  où  Montaigne  puise  sa 
connaissance  de  Socrate,  peut-être  y  a-t-il  lieu  de 
mentionner  ici  quelques  vagues  réminiscences  du 
De  Irauqiiillilate  de  Sénèque  (V,  11,  m). 

P.  323,  1.  16.  Ccltiiy-cx  ralle  à  terre).  Rapprocher 
essai  II,  xi,  p.  125,  1.  14. 

P.  324,  1.  5.  C'est  hiy  gui  ramena).  Cicéron  déve- 
loppe la  même  idée  dans  les  Académiques  (I,  iv). 

P.  324,  1.  8.  Plaider  deiiant  ses  juges).  Plutarque, 
dans  la  Consolation  à  Apollonius,  commente  les  opi- 
nions de  Socrate  sur  la  mort  et  cite  une  partie  de 
son  Apologie  comme  Montaigne  va  le  faire  ici. 

P.  324,  1.  15.  On  nous  dresse  à  l'emprunt!.  Rap- 
procher essai  I,  xxv,  177. 

P.  324,  1.  23.  Vt  omnium  rcrum).  «  Xous  ne  met- 
tons pas  plus  de  modération  dans  l'étude  des  lettres 
que  dans  tout  le  reste.  »  (Sénèque,  ép.  106.)  Citation 
prise  dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse.  I,  x.  Toutes 
les  éditions  du  xvr  siècle  écrivent  quemadmodum  au 


lieu  de  ut  qui  est  le  texte  à  la  fois  de  Montaigne  et 
de  Juste  Lipse. 

P.  324,  1.  24.  Et  Tacitus).  Dans  la  Vie  d'Agricola  : 
«  Ni  prudentia  matris  incensum  ac  flagrantem  animum 
coercuisset.  »  (iv.)  Ce  souvenir  est  sans  doute  sug- 
géré à  Montaigne  par  les  Politiques  de  Juste  Lipse 
où  on  lit,  dans  le  chapitre  même  qui  a  fourni  la  cita- 
tion précédente  :  «  Imitare  igitur  Agricolam  :  qui 
studio  scientix  flagrantem  animum  coërcuit,  tenuit- 
que,  quod  est  diflîcillimum,  ex  sapientiâ  modum.  » 
(I,  X.) 

P.  525,  1.  19.  Paiicis  opus  est).  «  Il  ne  faut  guère  de 
lettres  à  former  une  àme  saine.  »  (Sénèque,  ép.  106.) 
Le  texte  de  Sénèque  est  :  «  Paucis  opus  est  ad  men- 
tem  bonam  uti  litteris.  » 

P.  325,  1.  25.  Auant  qu'auoir  ueu  les  Tusculaues). 
Il  faut  se  rappeler  qu'à  l'époque  où  Montaigne  écri- 
vait ceci  après  1588,  il  a  étudié  de  très  près  les  Tus- 
culaues et  leur  a  fait  de  nombreux  emprunts.  Il  en  a 
fait  beaucoup  en  particulier  à  la  première  Tusculane 
qui  traite  de  la  peur  de  la  mort. 

P.  326,  1.  15.  Oux  magis  gustata).  «Ce  qui  plaît 
au  goût  plus  qu'à  l'estomac.  »  (Cicéron,  Tusc,  V,  v.) 

P.  326,  1.  16.  Vhi  non  ingcnii).  «Lorsqu'il  s'agit 
de  l'âme  et  non  de  l'esprit.  »  (Sénèque,  ép.  75.)  Le 
texte  de  Sénèque  est  :  «  alix'  artes  ad  ingenium  tota; 
pertinent.  Hic  animi  negotium  agitur.  » 

P.  327, 1. 1.  Maguusauimus).  «Une  grande  àme  s'ex- 
prime avec  plus  de  calme  et  de  sérénité.  »  (Sénèque, 
ép.  115.)  Montaigne  substitue  non  est  à  non  potcst 
esse. 


LIVRE      III,      CHAPITRE      XII. 


441 


P.  327,  1.  I.  Non  est  aliiis).  «L'esprit  n'a  pas  une 
teinte  et  l'âme  une  autre.  »  (Jd.,  ép.  114.) 

P.  328,  1.  4.  Siinplex  illa).  «Cette  vertu  simple  et 
à  la  portée  de  tous  a  été  changée  en  science  obscure 
et  subtile.»  (Id.,  ép.  95.) 

P.  328,  1.  6.  Cecy  cnuiron  le  lenips).  Probablement 
en  1585.  Sur  les  événements  auxquels  Montaigne  fait 
ici  allusion,  on  lira  avec  profit  A.  de  Roumejoux, 
«  Essais  sur  les  guerres  de  religion  en  Perigord  », 
dans  le  Bulletin  de  la  Société-  du  Perigord,  1902. 

P.  328,  1.  9.  Non  armis  sed).  «Ce  n'est  pas  par 
les  armes  que  l'on  combat,  mais  par  les  crimes.  » 

P.  328,  1.  II.  Hostis  adest).  «J'ai  à  droite  et  à 
gauche  un  ennemi  redoutable,  et  un  danger  immi- 
nent me  menace  de  chaque  côté.  »  (Ovide,  De  Ponto, 
I,  III,  57.)  Les  éditions  du  xvi=  siècle  que  j'ai  con- 
sultées présentent  au  second  vers  la  leçon  «  vicinoque 
metu  » . 

P.  328,  1.  23.  Nostrc  niai).  J'ignore  où  Montaigne 
a  pris  ces  vers;  on  les  retrouve  dans  une  Sérée  de 
Guillaume  Bouchet,  mais  suivant  toute  vraisemblance 
c'est  chez  Montaigne  que  Bouchet  l'a  prise. 

P.  329,  1.  I.  Exiiperat  inagis).  «Le  mal  s'empire 
et  s'aigrit  par  le  remède.  »  (Virgile,  Enéide,  XII,  46.) 

P.  329,  1.  2.  Oninia fanda,  nefanda).  «Le  juste  et 
l'injuste  confondus  par  nos  coupables  fureurs,  ont  dé- 
tourné de  nous  la  juste  volonté  des  dieux.  »  (Catulle, 
Epithalanie  de  Thélis  et  de  Pelée,  406.) 

P.  329,  1.  25.  Hnnc  saltcnt  euerso).  «Du  moins 
n'empêchez  pas  ce  jeune  héros  de  venir  au  secours 
d'une  génération  qui  menace  mine.  »  (Virgile,  Gc'or- 
giques,  I,  500.)  Virgile  désignait  Octave  Auguste;  il 
est  vraisemblable  que  Montaigne  a  entendu  appliquer 
le  passage  de  Virgile  au  roi  de  Navarre,  qui  plus 
tard,  en  effet,  par  son  avènement  au  trône  de  France, 
releva  l'Etat  de  l'abîme  où  il  se  débattait  depuis  près 
d'un  demi-siècle. 

P.  329,  1.  27.  Cet  antien  prœcepte).  Cf.  Juste  Lipse, 
Politiques  :  «  Clearchi  vox  fuit  :  A  militibus  Impera- 
torem  potiùs,  quàm  hostem  metui  debere.  »  (V,  xiii.) 
Tiré  de  Valère  Maxime,  II,  vu.  Montaigne  à  la 
même  époque  a  trouvé  la  même  allégation  rapportée 
dans  le  Tbesoro  politico.  (Cf.  l'édition  de  1 61 1,  p.  628.) 

P.  330,  1.  I.    Un  pomier  s'estant  trouué).  Cf.  Juste 


Lipse,  Politiques  :  «  Apud  veteres  tam  stricte  hxc  in 
usu  :  ut  mémorial  tradiderit  Scaurus,  pomiferum 
arborem,  quam  in  pede  castrorum  fuerat  complexa 
metatio,  postero  die  abeunte  exercitu,  intactis  fruc- 
tibus  relictam.  »  (V,  xiii.)  Tiré  de  Frontin,  Stratag., 
IV,  III.) 

P.  330,  1.  10.  Les  ojfàces  ou  larrecins).  Cf.  Guil- 
laume Postel,  Hist.  des  Turques  :  «  Il  seroit  odieux 
à  nos  insolents  de  deçà  à  ouir,  qu'un  euf  prins  sans 
paier,  fist  donner  cinquante  coups  de  baston,  s'il  est 
cogneu  du  Capitaine  :  le  couple  cent  :  avoir  desrobé 
chose  qui  ne  sert  à  vivre,  comme  nos  gens  de  deçà, 
qui  desrobent  le  cheval  au  bon  homme,  pour  em- 
porter ses  mesmes  biens,  meubles,  lits,  robes,  beson- 
gnes,  draps  de  lict,  et  autres  choses  icy  acoustumées, 
pour  le  moindre  acte  de  tous  on  est  pendu,  empallé 
ou  décollé,  sinon  que  vous  les  prenés  sur  les  enne- 
mis. »  (P.  316.) 

P.  330,  1.  15.  Sid'iiigua  l'jEgipte).  Cf.  Paul  Jove, 
Hislorix  sui  lemporis).  «  Ea  erat  in  castris  disciplina 
severissimis  acerrimi  imperatoris  legibus  constituta, 
ut  quum  milites  nihil  sibi  ex  ea  victoria  licere  intel- 
ligerent,  in  fertilissimo  autumno  horti  sine  custo- 
dibis  tuto  relinquerentur.  »  (XLVI,  f°  253  v°.) 

P.  330,  1.  20.  Disait  Faonins).  Cf.  Plutarque,  Vie 
de  Bnilus  :  «  Faonius  respondit  qu'une  guerre  civile 
estoit  pire  qu'une  principaulté  de  monarchie  usurpée 
contre  les  loix.  »  (m,  f°  689  r°.) 

P.  330,  1.  21.  Platon  de  niesnie).  Dans  l'épître  7, 
Propinquis  Dionis  :  «  Hac  eadem  mente  circa  patriam 
vir  prudens  esse  débet  :  ut  ita  reprehendat  civitates 
errores,  si  neque  frustra  sit  reprehensurus,  neque 
ob  reprehensionis  studium  periturus,  vim  autem 
patrie  per  reipub.  mutationem  afferet  nunquam  : 
quando  absque  expulsione  &  cxde  civium  emendari 
non  possit.  Sed  quietem  aget,  votoque  precabitur 
optima  &  sibi  &  patriie.  Hoc  igitur  pacto  ego  vobis 
consulerem.  Consulebam  similiter  Dionysio  unâ  cum 
Dione  :  ea  videlicet  ratione  quotidie  vivere,  qua 
suiipsius  compos  maxime  redderetur  :  amicôsque 
&  familiares  fidos  haberet  :  ne  idem  sibi  quod 
&  patri  accideret.  »  (P.  331;  éd.  de  1546,  p.  936.) 

P.  330,  1.  24.  Suleniant  de  prier  Dieu).  Rapprocher 
III,  I,  p.  15,  1.  8. 


442 


ESSAIS      DE      MONTAIGXE. 


P.  331,  1.  21.  Nihil  in  specia»).  «Rien  de  plus 
trompeur  que  la  superstition,  qui  couvre  ses  crimes 
de  l'intérêt  des  dieux.  »  (Tite-Live,  XXXIX,  xvi.) 

P.  331,  1.  22.  L' extrême  espèce  d'iiiiiislice,  selon 
Platon).  Dans  la  République.  «Extrema...  injustitia 
est,  justum  videri  eum  qui  non  sit  justus.  »  (II, 
p.  361;  éd.  de  1546,  p.  546.) 

P.  331,  1.  26.  Vndique  totis).  «Tant  de  toutes 
pans  les  campagnes  sont  bouleversées.  «  (Virgile, 
Bucol.,  I,  II.) 

P.  332,  1.  3.  Qua-  nequeuiit).  «  Ce  qu'ils  ne  peuvent 
emporter  ou  emmener,  ils  le  détruisent,  et  leur 
bande  criminelle  incendie  d'innocentes  chaumières.  » 
(Ovide,  Trist.,  III,  x,  65.)  Les  éditions  du  xvi=  siècle 
que  j'ai  consultées  portent  au  second  vers  : 

«  Et  creniat  insontcs  hostica  turba  casas.  " 

P.  332,  1.  5.  Mûris  riiilla  Jides).  «Nulle  sécurité 
derrière  les  murs  des  villes,  et  les  campagnes  sont 
désolées  par  les  pillages.  »  (Claudien,  /;/  Etilrop., 
I,  244.) 

P.  332, 1.  19.  Perspicuitas).  «  Car  la  discussion  affai- 
blit l'évidence.  »  (Cicéron,  De  imlura  dconini,  III,  iv.) 

P.  333,  1.  5.  Sit  mihi).  «Que  je  conserve  seule- 
ment ce  qui  m'appartient  actuellement,  même  moins, 
s'il  le  faut,  et  que  je  puisse  vivre  pour  moi  ce  qui 
me  reste  de  jours,  si  les  dieux  veulent  m'en  accorder 
encore.  »  (Horace,  Épîtres,  I,  xviii,  107.) 

P.  334,  1.  14.  Potenlissimus  est).  «La  véritable 
puissance  consiste  à  être  maître  de  soi-même.  » 
(Sénèque,  ép.  90.) 

P.  335,  1.  lé.  Tantuni  ex  puhlicis).  «Nous  sentons 
les  maux  publics  seulement  dans  la  mesure  où  ils 
lèsent  nos  intérêts  privés.  »  (Tite-Live,  XXX,  xi.iv.) 

P.  336,  1.  12.  le  lui  tends  les  mains).  «Credo  et 
manus  tollo.  »  (Cicéron,  fragment  de  la  Consolation, 
conservé  par  Lactance,  III,  28.) 

P.  33e,  1.  22.  Vue  peste  véhémente).  Dans  sa  Chro- 
nique bourdeloise,  de  Lurbes  écrit  :  «  1 585.  Puis  !c  moys 
de  Juing  la  contagion  est  si  grande  à  BourJeaus  iusqucs 
au  moys  de  Décembre,  que  14000  &  quelques  per- 
sonnes de  compte  fait  en  meurent.  »  (Éd.  de  1594, 
f»  49  v°.) 

P.  336,  1.  28.  Mista  senuw).  «Vieillards  et  jeunes 


gens,  pêle-mêle,  s'entassent  dans  le  tombeau;  nulle 
tête  n'échappe  à  la  cruelle  Proserpine.  »  (Horace, 
Odes,  I,  xxviii,  19.)  Les  éditions  du  xvi'  siècle,  en 
particulier  celle  de  Lyon  1545,  présentent  le  même 
texte  que  Montaigne,  mais  on  v  lit  ac  iuvenum  au 
lieu  de  et  iuvenum. 

P.  337, 1.  24.  Vidcas).  «Vous  eussiez  vu  les  domai- 
nes des  bergers  déserts  et  les  pâturages  devenus  une 
vaste  solitude.  »  (Virgile,  Géorg.,  III,  47e.)  Montaigne 
substitue  videas  à  videat. 

P.  338,  1.  15.  Les  Keoritcs).  Cf.  Diodore  de  Sicile, 
XVII,  XXIII,  f°  299  r°. 

P.  338,  1.  18.  Vu  nianeuure  des  miens).  On  trouve 
une  anecdote  analogue  chez  Bouaystuau,  Théâtre  du 
monde.  Un  médecin,  dit-il,  raconte  que  pendant  la 
peste  de  1546  en  Provence,  celui  qui  était  surpris  de 
la  peste  «  n'avoit  autre  espérance  d'en  guarir  que  par 
l'assault  de  la  mort,  et  estoient  si  résoluz  en  cela, 
que  soudain  qu'ils  se  sentoient  saisiz,  eulx-mesmes 
prenoient  un  linceul  et  se  cousoient  tout  vifs  dedans, 
n'attendans  autre  chose,  que  le  violent  départ  que 
l'ame  avoit  à  faire  d'avec  le  corps,  son  mortel  habi- 
tacle. Ce  qu'il  dépose  luy-mesme  avoir  veu  et  expé- 
rimenté en  plusieurs,  et  spécialement  en  une  femme, 
laquelle  il  appella  par  la  fenestre,  pour  luy  ordonner 
quelque  remède  pour  son  mal,  laquelle  il  aperceut 
par  ladicte  fenestre  où  elle  se  cousoit  elle-mesme 
en  son  linceul.  De  sorte  que  ceulx  qui  enterroient 
les  pestiferez,  estans  entrez  en  sa  maison  quelque 
heure  après,  la  trouvèrent  morte  et  couchée  au  milieu 
de  sa  maison  avec  son  suaire  à  demy  cousu  ».  (Ed. 
de  1559,  f"  70  r".)  Ce  même  récit  est  repris  dans 
les  mêmes  termes  par  Jean  de  Marcouville,  Récit 
d'aucuns  cas  merveilleux  (vi).  On  trouve  la  même 
histoire  et  d'autres  analogues  dans  le  Traité  de  la  Peste 
d'Ambroise  Paré  (ch.  lv  de  l'édition  de  1 568,  ch.  lu  de 
l'édition  des  œuvres  de  Paré  de  1841,  t.  III,  p.  460). 
Tout  ce  chapitre  de  Paré  qui  traite  «  des  incommo- 
dités que  la  peste  apporte  entre  les  hommes...  »  est 
à  rapprocher  de  la  description  que  nous  lisons  dans 
cet  Essai  de  Montaigne. 

P.  338,  1.  21.  Celle  des  soldais  romans).  Cf.  Tite- 
Live  :  «  Inventi  sunt  quidam  mersis  in  effossam  terram 
capitibus,  quos  sibi  ipsos  fecisse  foveas,  obruentésque 


LIVRE      III,      CHAl'ITRU      \11. 


ora  subjecta  super  humo  injecta  interclusisse  spiritum 
apparebai.  »  (XXII,  li,  p.  378.) 

P.  339,  1.  15.  En  ont  faict  les  honiincs).  Cf.  Plu- 
tarque,  De  l'amour  &  charité  des  pères  &  iiieres  envers 
leurs  enjans  :  «  La  nature  retient  &  garde  mieulx  en 
icelles  bestes  brustes  ce  qui  luy  est  propre,  simple 
et  entier  sans  le  corrompre  ny  altérer  d'aucune  mcs- 
lange  estrangere  :  là  où  au  contraire,  il  semble  que 
les  hommes  en  ont  fait  comme  les  parfumiers  font 
de  l'huile,  par  accoustumance  &  par  le  discours  de 
leur  raison  ils  }•  ont  meslé  tant  d'opinions  &  tant 
d'avis  adjoustez  du  dehors  quelle  en  est  devenue 
variable  &  particulière  a  chascun  &  n'a  point  retenu 
ce  qui  luy  estoit  propre  &  peculier.  »  (1,  f°  100  v°). 

P.  359,  1.  27.  Exilia,  tornienla).  Cf.  Séncque, 
Èpitres  :  «  Méditez  l'exil,  les  tourments,  la  guerre,  les 
maladies,  les  naufrages.»  (Ep.  91.) 

P.  339,  1.  28.  Ut  millo  sis).  Id.,  ibid.  :  «  Afin  que- 
nul  malheur  ne  vous  trouve  novice.  »  (Ep.  107.)  Le 
texte  est  conforme  à  celui  de  l'édition  de  Bàle,  1557. 

P.  340,  1.  2.  Parein  passis).  Id.,  ibid.  :  «  L'appré- 
hension de  la  douleur  fait  souftVir  autant  que  la 
douleur  même.  »  (Ep.  74.) 

P.  340,  1.  2.  No7i  siilciiiniit  le  coup).  Id.,  ibid.  : 
«  Non  ad  ictum  tantum  exagitamur,  sed  ad  crepitum.  » 
(Ép.  74,  p.  168.) 

P.  340,  1.  9.  An  rebours).  On  peut  opposer  les 
idées  que  Montaigne  exprime  ici  à  celles  qu'on 
trouve  dans  quelques-uns  des  premiers  essais;  voir 
en  particulier  I,  xiv,  et  I,  xx. 

P.  340,  1.  14.  Dit  un  des  inaistres).  Sénèque  dans 
ses  bpltres  :  «  Etiamsi  futurum  est,  quid  juvat  dolori 
suo  occurrere?  Satis  scito  dolebit  cum  venerit,  intérim 
tibi  meliora  promitte...  Et  quoties  incerta  erunt 
omnia,  tibi  fave,  crede  quod  mavis...  »  (Ep.  13, 
p.  96.)  Il  faut  remarquer  que  Sénèque  dans  cette 
épître  déclare  ne  pas  parler  la  «  lingua  stoica  »  et 
dit  qu'il  a  honte  des  arguments  qu'il  emploie.  Il 
reprendra  cependant  les  mêmes  idées  dans  les  épî- 
tres  24  et  98. 

P.  340,  1.  16.  Que  te  sert  il).  Id.,  ibid.  :  «Quid 
enim  necesse  est  mala  accersere,  ac  satis  cito  patienda 
cum  venerint,  prœsumere,  ac  prœsens  tempus  futuri 
metu  perdere  ?  Est  sine  dubio  stultum,  quia  quan- 


doque  sis  futurus  miser,  esse  jam  miserum.  » 
(Ép.  24,  p.  108.) 

P.  340,  1.  21.  Curis  acuens).  «Aiguisant  par  des 
soucis  l'esprit  des  mortels.  »  (Virgile,  Géorgiques, 
I,  123.) 

P.  341,  1.  5.  Minus  nfficil).  «Nos  sens  sont  moins 
affectés  par  la  souffrance  physique  que  par  l'imagi- 
nation. »  (Quintilien,  Inst.  orat.,  I,  xii.) 

P.  341,  1.  7.  /.r  sentiniant  de  la  nwrt).  Cf.  Sénèque, 
Epitres  :  «  Mors...  admota,  etiam  imperitis  animum 
dédit,  non  vitandi  inevitabilia.  Sic  gladiator  tota 
pugna  timidissimus  jugulum  adversario  pra.\stat, 
&  errantem  gladium  sibi  attemperat.  At  illa  c\\ix  in 
propinquo  est,  utique  ventura,  desiderat  lentam 
animi  firmitatem,  quie  est  rarior,  nec  potest  nisi  a 
sapiente  pnrstari.  »  (Ep.  30,  p.  116.)  On  remarquera 
que  Montaigne,  pour  mettre  la  phrase  de  Sénèque 
d'accord  avec  sa  propre  pensée,  efface  les  mots 
a  sapiente. 

P.  341,  1.  16.  Incertain  frustra).  «En  vain,  mortels, 
vous  cherchez  à  connaître  l'heure  incertaine  de  votre 
mort  et  le  chemin  par  où  elle  doit  venir.  »  (Pro- 
perce, II,  xxvii,  i.)  Le  mot  frustra  est  une  addition 
de  Montaigne.  Le  texte  porte  «  At  vos  incertam...  ». 

P.  341,  1.  18.  P,rna  minor).  «Il  est  moins  pénible 
de  supporter  un  malheur  soudain  et  sans  incertitude, 
que  de  souffrir  longuement  le  supplice  de  la  crainte.  » 
(Maximianus  ou  Pseudo-Gallus,  Élégies,  i,  277.) 

P.  342,  1.  7.  Tola  pbilosoforû) .  «  La  vie  des  philo- 
sophes tout  entière  est  une  étude  de  la  mort.  » 
(Cicéron,  Tusc,  I,  xxx.)  On  peut  voir  au  début  de 
l'essai  I,  xx,  p.  100,  le  commentaire  tout  différent 
que  Montaigne  donnait  de  cette  pensée  vers  1572. 

P.  342,  1.  18.  Ouo  me  cuuque).  «Sur  quelque 
rivage  que  la  tempête  me  jette,  j'y  aborde  en  hôte.  » 
(Horace,  Épîlres,  I,  i,  15.) 

P.  342,  1.  24.  L'opinion  de  drsari.  \'oir  essai  II, 
xiii,  p.  375,  1.  10,  et  la  note. 

P.  342,  1.  25.  Plus  dolet).  «C'est  .s'affliger  plus 
qu'il  n'est  nécessaire,  que  de  s'affliger  avant  que  ce 
soit  nécessaire.  »  (Sénèque,  ép.  98.)  L'édition  de 
Bâle  1557  écrit  :  «...  qui  ante  dolet  quam  nece.sse 
sil.  » 

P.  343,  1.  14.  Fax  peur).  Tout  ceci  est  emprunté 


444 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


de  Platon,  Apologie  de  Socrate,  mais  très  généralement 
Montaigne  résume  le  texte  de  Platon;  surtout  en  1588 
il  le  paraphrase  avec  beaucoup  de  liberté. 

P.  343,  1.  23.  //  est  a  croire  pourtant).  Cf.  Platon, 
Apologie  :  «  Duorum  enim  alterum  mors  est.  Nam 
aut  tanquam  nihil  omnino  sit,  scnsum  nullum  ullius 
rei  retinet  is  qui  decessit  è  vita  :  aut  quemadmodum 
dicitur,  permutatio  qutedam  &  transmigratio  animœ 
ab  hoc  in  alium  locum.  Sive  ergo  nullus  remanet 
sensus,  sed  tanquam  somnus  quidam  est,  in  quo 
quis  somnium  cernit  nullum,  admirabile  lucrum 
erit  in  morte.  Reor  equidem,  siquem  oporteat  ad 
eam  noctem  quam  tanta  transigit  quicte,  ut  ne  in- 
somnium  quidem  uUum  videret,  alias  noctes  diesque 
vitœ  totius  conferre,  atque  dicere  quot  ipse  noctes 
atque  dies  in  vita  nielius  dulciusque  peregerit  :  reor, 
inquam,  nedum  privatum  aliquem,  sed  nec  magnum 
quidem  regem,  aliquas  numerare  posse.  Si  ergo  taie 
quiddam  est  mors,  lucrum  esse  equidem  dico.  Etenim 
nihil  plus  hoc  pacto  totum  tempus  quam  nox  una 
esse  videtur.  Sin  autem  mors  est  tanquam  transmi- 
gratio quaîdam  hinc  in  alium  locum,  ac  vera  sunt 
qu£e  dicuntur,  videlicet  in  alio  seorsum  a  nobis  loco 
omnes  defunctos  esse,  quidnam  melius  quam  hoc 
esse  potest...  Siquis  ■enim  illuc  profectus  liber  ab  iis 
qui  se  profitentur  judices  esse,  veros  reperit  judices 
qui  judicare  illic  perhibentur,  Minoem,  Radaman- 
thum,  ^acum,  Triptolemum,  aliosque  quotcunque 
semidei  juste  vixerunt.  »  (xxxii,  p.  40;  éd.  de  1546, 

P-  479-)  , 

P.  344,  1.  3.  Les  choses  que  ie  sça\).  LL,  ihid.  :, 
«  Injurias  autem  inferre  superiorique  non  obedire 
vel  deo  vel  homini,  malum  turpeque  esse  scio.  Hœc 
igitur  qu;c  nescio,  utrum  bona  sint,  nunquam  magis 
timebo,  atque  fugiani  quam  illa  qu.-e  mala  esse 
cognosco.  »  (xvii,  p.  29;  éd.  de  1546,  p.  474.) 

P.  344,  1.  6.  Si  ie  m'en  iiois  mourir).  LL,  ihid.  : 
«  Sed  jam  hora  est  hinc  abire,  me  quidem  ut  moriar, 
vos  autem  ut  vitam  agatis.  Utri  vero  nostrum  in 
melius  eant,  omnibus  prsterquam  deo  est  incertum.  » 
(xxxiii,  p.  42;  éd.  de  1546,  p.  480.) 

P.  344,  1.  14.  Vous  ne  pouués  dubemanl).  LL,  ihid.  : 
«  Quid  igitur  cum  sim  talis,  à  vobis  reportare  dignus 
sum  ?  Bonum  certe...  si  modo  pro  dignitate  rêvera  | 


existimetis,  ac  taie  quidem  bonum  quale  mihi  conve- 
niat.  Quid  igitur  convenit  viro  egeno  beneficoque?... 
Nullum  certe  est  aliud  prasmium...  quod  magis 
virum  talem  deceat,  quàm  in  Prj^taneo  publico 
sumptu  nutriri,  &  multo  quidem  magis  quàm  siquis 
vestmm  equo  aut  bigis,  aut  quadrigis  Olympia 
vicerit.  Nam  ille  quidem  fecit  ut  felices  videamini, 
ego  vero  ut  sitis.  Prœterea  ille  nutritione  non  in- 
diget,  ego  indigeo.  »  (xxvi,  p.  36;  éd.  de  1546, 
p.  478.) 

P.  344,  1.  17.  Ne  prends  pas  a  ohstination).  Id., 
ihid.  :  «  Forsan  vestrum  aliquis...  graviter  ferat, 
quôd  cum  levioribus  etiam  in  causis  reus  multis  cum 
lachrymis  soleat  deprecari,  atque  supplicare,  ac  filios 
in  judicium  producere,  ut  commiserationem  com- 
moveant,  &  alios  domesticorum  amicorumque  per- 
multos  :  ego  nihil  horum  faciam,  quamvis  in  ex- 
tremo,  ut  videtur,  discrimine  constitutus.  His  ergo 
offensus  aliquis  contra  me  peninacius  irritetur,  atque 
ipsa  in  ira  sententiam  contra  me  ferat.  Siquis  ergo 
inter  vos  ejus  mentis  est,  ego  tamen  non  censeo 
obsecrandum,  .sed  hac  ratione  potius  œque  me  hune 
allocuturum.  Sunt  &  mihi...  cognati  quidam.  Neque 
enim,  ut  inquit  Homerus,  ex  quercu  vel  petra,  sed 
ex  hominibus  natus  sum.  Itaque  &  cognatos  habeo... 
&  filios  très,  quorum  unus  jam  adolescit,  duo  autem 
sunt  parvuli.  Nullum  tamen  eorum  hue  adducam, 
supplicaturus  eo  pacto  a  vobis  absolvi.  Curnam  igitur 
nihil  horum  faciam  ?  Non  pertinacia  ulla,  neque 
contemptui...  »  (xxiii,  p.  34;  éd.  de  1546,  p.  475.) 

P.  345,  1.  7.  Ans  guerres  de  mou  pais).  Idem.,  ihid., 

XVII. 

P.  345,  1.  10.  Ce  n'est  pas  a  nus  prières).  Id.,  ihid.  : 
«  Ad  existimationem...  &  mei  &  vestri  &  civitatis 
totius  non  arbitror  pertinere,  ut  ha.-c  faciam  hac  a^tate, 
&  hoc  nomine  quod  nactus  sum,  sive  id  verum  sit, 
sive  f;ilsum...  Non...  ad  hoc  sedet  judex,  ut  per 
gratiam  concédât,  sed  ut  judicet  secundum  leges. 
Atque  id  jurejurando  promisit,  non  per  gratiam 
cuicunque  libuerit  condonare,  sed  judicare  secundum 
leges.  Non  igitur  licet  vel  nobis  assuefacere  vos  deje- 
rarc,  vel  vobis  assuefieri.  Neutri  enim  nostrum  reli- 
gionem  servarent.  Nolite  ergo...  exigere  talia  me 
apud  vos  agere,  quœ  neque  honesta,   neque  justa. 


LIVRE     III,      CHAPITRE      XII. 


445 


neque  sancta  esse  puto...  Protecto  si  pcrgerem  per- 
suadere  vobis,  precandoque  flectere  cum  juraveritis, 
docerem  utique  vos  non  putare  deos  esse,  ac  rêvera 
dum  pro  me  defensionem  paro,  meipsum  intérim 
accusarem  quasi  deos  nequaquam  existimantem.  Sed 
multum  abest  ut  ita  se  ras  habeat  :  existimo  namque 
esse  deos...  magis  quam  quisquam  meorum  accusa- 
torum,  ac  vobis  deôque  permitto  de  me  judicare,  ut 
&  mihi  &  vobis  sit  conducturum...  »  (xxiii  et  xxiv, 
pp.  34,  -y6;  éd.  de  154e,  p.  477.) 

P.  345,  1.  17.  Lt's  gens  de  bien).  Id.,  ihid.  :  «  Vos 
quoque...  bene  de  morte  sperare  debetis,  idque 
unum  cogitare  verum  esse,  viro  videlicet  bono  nihil 
mali  accidere  posse  neque  viventi  neque  defuncto, 
neque  res  illius  a  diis  negligi...  »  (xxxiii,  p.  41;  éd. 
de  1546,  p.  480.) 

P.  345,  1.  22.  Ce  grand  orateur  Lysias).  Cf.  Diogène 
Laërce  :  «  Pbilosophus...  cum  illi  Lysias  quani  pro 
eo  scripserat,  apologiam  recitasset  :  Bona,  inquit, 
&  prieclara  est  oratio  Lysire,  mihi  tamen  minus 
congruit.  Erat  eiiim  illa  judiciali  instituto  vicinior, 
quàm  ut  philosopho  convenire  videretur.  Percontanti 
Lysia;,  cur  si  bona  esset,  non  sibi  congrueret  oratio  : 
Nonne  inquit,  &  indumenta  &  calciamenta  spe- 
ciosa  esse  possent,  neque  tamen  mihi  convenire? 
(II,  XL  et  XLi,  p.  121.)  Voir  aussi  Cicéron,  De  oral., 
I,   LIV.) 

P.  546,  1.  I.  Une  tenur).  Cf.  Sénèque,  Epllres  : 
«Ténor  vits  per  omnia  consonans.  »  (Ep.  31.) 

P.  346,  1.  8.  Les  Athéniens).  Cf.  Plutarque,  De 
l'envie  &  de  la  haine  :  «  Les  Athéniens  eurent  en 
telle  haine  &  abomination  les  malheureux,  qui  par 
calomnie  feirent  mourir  Socrates,  qu'ils  ne  leur  dai- 
gnoient  pas  allumer  du  feu,  nj'  leur  respondre  quand 
ils  leur  demandoient  quelque  chose,  ny  se  laver  aux 
estuves  quand  &  eulx,  ains  commandoient  aux  ser- 
viteurs qui  versoient  l'eau  de  jetter  toute  celle  où 
ils  s'estoient  lavez,  comme  estans  pollue  &  conta- 
minée, de  peur  d'avoir  rien  commun  avec  eulx, 
jusques  à  tant  que  ne  pouvans  plus  supporter  celle 
grande  haine  publique  qu'on  leur  portoit,  ils  se  pen- 
dirent et  estranglerent  eulx-mesmes.  »  (m,  1.  108  v".) 

P.  347,  1.  3.  Sic  rertim  suinma).  «Ainsi  se  renou- 
velle l'universalité  des  choses.  »  (Lucrèce,  II,  74.) 


P.  347,  1.  4).  Mille  animas  tina).  «  Mille  vies 
naissent  d'une  mort.  »  (Ovide,  Fastes,  I,  380.) 

P.  347,  1.  lé.  Il  est  Inen  plus  aisé).  Voir  la  même 
pensée  dans  l'e.ssai  III,  11,  p.  187,  1.  29. 

P.  548,  \.  i.  le  m'en  charge  de  plus  fort).  En  etfet 
après  1588  Montaigne  a  multiplié  démesurément  les 
citations  et  les  emprunts.  Au  sujet  des  emprunts  de 
Montaigne,  rapprocher  ce  qu'il  en  dit  encore  au 
début  de  l'essai  I,  xxvi,  dans  l'essai  II,  x,  p.  loi, 
1.  3,  et  dans  l'essai  III,  ix,  p.  228. 

P.  348,  1.  17.  Que  Socrates  exagite).  Dans  YEuthy- 
demiis. 

P.  348,  1.  25.  r«  président  se  vantait).  Sur  l'abus 
des  citations  anciennes,  dan.s  l'éloquence  judiciaire  de 
la  fin  du  wi'  siècle,  on  peut  voir  Estienne  Pasquier, 
lettre  à  Monsieur  Loisel  (au  MI'  tome  de  sa  corres- 
pondance). 

P.  350,  1.  6.  l'eus  parlé  plus  tost).  Montaigne 
semble  avoir  commencé  à  écrire  vers  l'âge  de  trente- 
neuf  ans. 

P.  350,  1.  9.  Telle  faneur  gratieuse).  Montaigne 
fait  sans  doute  allusion  aux  sentiments  que  la  lecture 
des  Essais  inspira  à  Mademoiselle  de  Gournay. 

P.  351,  1.  8.  Jpsi  aninii).  «Il  importe  beaucoup  à 
l'âme  d'être  dans  un  corps  disposé  de  telle  ou  telle 
façon;  car  plusieurs  qualités  corporelles  contribuent 
à  aiguiser  l'esprit,  et  plusieurs  autres  à  l'émousser.  » 
(Cicéron,  Tusc.  Ouaest.,  I,  xxxiii.) 

P.  352,  1.  3.  Disait  de  la  siene).  Cf.  Cicéron,  Tusc. 
Quacst.,  IV,  xxxvii;  Defato,  v. 

P.  352,  1.  8.  fe  ne  puis).  Montaigne  a  souligné 
dans  son  Quinte  Curce  divers  passages  qui  ont  trait 
à  la  beauté  corporelle  et  à  son  importance  dans  le 
commerce  des  hommes  :  voir  en  particulier  Quinte 
Curce,  VII,  ix,  19.  (Cf.  Revue  d'histoire  littéraire  de  la 
France  1918,  p.  603,  annotation  92;  voir  aussi  l'anno- 
tation 89.) 

P.  352,  1.  8.  //  l'appelloit).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  d'Aristote  :  «  Plerique  Diogenem  ita  statuisse 
assenant  (pulchritudinem),  ipsum  autem  donum 
formae  dixisse  :  Socratem  verô  modici  temporis  tyran- 
nidem.  »  (V,  p.  302.) 

P.  352,  1.  8.  Et  Platon).  Id.,  ibid.  :  «  ...  Plalonem 
naturas  privilegium.  »  (V,  p.  302.) 


44é 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


P.  352,  1.  12.  Phrym'  perdcit).  Cf.  Quintilien,  Ins- 
titution oratoire,  II,  xv,  qui  est  probablement  la  source 
de  Montaigne;  —  Sextus  Empiricus  adversus  Mathe- 
maticos,  II,  lxv;  —  Athénée,  au  contraire  (XIII), 
fait  honneur  de  ce  stratagème  à  l'avocat  lui-même, 
l'orateur  Hypéride. 

P.  352,  1.  18.   Vn  niesme  mot).  Kx'i.zz  v.x';x<i::. 

P.  352,  I.  21.  Oiif  Platon  dict).  Dans  le  Gorgias  : 
«  Arbitror  equidem  te  cantilenam  illam  qu.'e  circum 
in  conviviis  canitur  audivisse,  in  qua  cantores  ita 
connumerant  :  Optimam  rem  esse  omnium  prospe- 
ram  esse  valetudinem.  Secundo  egregiam  formam. 
Tertio  divitias.  »  (vu,  p.  452;  éd.  de  1346,  p.  339.) 

P.  352,  1.  23.  Aristote  dict).  Dans  les  Politiques, 
I,  III. 

P.  353,  1.  I.  A  celiiy  qui  lii\  deniandoil).  Cf.  Dio- 
gène  Laëfce,  Vie  d'Arislole  :  «  Percontanti  cur  honesta 
forma  pn-estantibus  diutius  congredimur,  cceci,  inqult, 
hujusce  interrogatio  est.  »  (V,  xx,  p.  303.) 

P.  355,  1.  2.  Oiiiddixi).  «  Qu'ai- je  dit,  j'ai?  C'est 
j'ai  eu  que  je  devais  dire,  Chrêmes!  »  (Térence, 
Heaut.,  I,  I,  42.) 

P.  355,  1.  3.  Hi-ii  tantiiiii).  «  Hélas!  vous  ne  vovez 
plus  en  moi  qu'un  squelette  décharné.  »  (Pseudo- 
Gallus  ou  Maximiarius,  I,  238.) 

P.  357,  1.  10.  Vnc  autrefois).  Une  lettre  de  Mon- 
taigne, datée  du  16  février  1588,  nous  fait  connaître 
une  mésaventure  analogue  qui  lui  advint  lors  d'un 
voyage  à  Paris.  Il  écrit  au  maréchal  de  Matignon 
que  des  ligueurs  l'ont  surpris  dans  la  forêt  de  Ville- 
bois  et  qu'ils  ont  pillé  son  bagage.  «  La  tempête  est 
tombée  sur  moi,  qui  avois  mon  argent  en  ma  boîte; 
je  n'en  ai  rien  recouvert,  et  la  plupart  de  mes  papiers 
et  hardes  leur  sont  demeurés.  »  On  a  pensé  que 
c'est  à  cette  aventure  de  février  1588  que  Montaigne 
fait  ici  allusion  (Cf.  Paul  Bonnefon,  Montaigne, 
l'homme  et  l'œuvre,   p.    428);   mais   les  divergences 


qui  séparent  ces  deux  récits  rendent  une  pareille 
hypothèse  tout  à  fait  incertaine. 

P.  357,  1.  23.  Tiinc  animis  opus).  «C'est  alors 
qu'il  te  fallut  du  courage,  Enée,  alors  qu'il  te  fallut 
un  cœur  ferme.  »  (Mrgile,  bn.,  \\,  261.)  Montaigne 
substitue  tune  à  niiuc. 

P.  358,  1.  4.  lain  prece  Pollucis).  «Ayant  déjà  im- 
ploré Castor  et  Pollux.  »  (Catulle,  lxvi,  65.) 

P.  359,  1.  II.  Ft  magis  peccari).  «Je  voudrais 
qu'on  n'eût  pas  commis  de  fautes;  mais  je  n'ai  pas 
le  courage  de  punir  celles  qui  sont  commises.  » 
(Tite-Live,  XXIX,  xxi.)  Tite-Live  écrit  :  «  Natura 
quibusdam  insitum  esse  ut  magis  peccari  nolint 
quam...  » 

P.  359,  1.  12.  On  reprocliûit).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  d' Aristote  :  «  Cùm  sibi  probro  daretur,  quôd  fla- 
gitioso  hom.ini  misericorditer  tulisset  opem,  non, 
inquit,  mores  miscratus  sum,  sed  hominem.  »  (V, 
xvii,  p.  301.) 

P.  359,  1.  19.  //  ne  scanroit  estre  bon).  Cf.  Plu- 
tarque.  De  l'emne  et  de  la  haine  :  «  On  recite  que 
Charillus...  Roy  de  Lacedsmone,  estoit  homme  fort 
doux  &  débonnaire  :  dequoy  quelques  uns  le  louans, 
son  compagnon  en  la  royauté  leur  respondit.  Et 
comment  seroit  il  bon,  quand  il  n'est  pas  mauvais 
aux  meschants?  »  (m,  f°  io8  r°.) 

P.  359,  1.  21.  Diuersement  &  contrairement),  ^'oir 
essai  II,  xxxii,  p.  528,  1.  6. 

P.  359,  1.  22.  Il  faut  bien).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Lxcurgue  :  «  [Charillus]  estoit  homme  de  bonne 
&  doulce  nature,  comme  tesmoigne  ce  que  Archelaus, 
qui  estoit  au  mesme  temps  l'autre  Roy  de  Lacedaï- 
mone,  respondit  à  quelques  uns  qui  en  sa  présence 
le  louoient,  disans  que  c'estoit  une  bonne  personne  : 
Et  comment  ne  seroit  il  bon,  dit  il,  quand  il  ne  sçau- 
roit  estre  mauvais  non  pas  aus  meschans  mesmes  ?  » 
(iv,  f°  29  r°.) 


Chapitre   XIII. 


DE      L   EXl'KRIENCE. 


P.  360,  1.  4.  Per  iiarios  iisiis).  «  C'est  par  diffé- 
rentes épreuves  que  l'expérience  a  produit  l'art,  en 
s'instruisant  de  l'exemple.  »  (Manilius,  I,  Lix.)  Cette 
citation  a  été  prise  dans  les  Politiques  de  Juste  Lipse 

(I,   VIII). 

P.  360,  1.  12.  Diiiersilé  &  variété).  A  propos  de 
cette  idée,  voir  la  fin  de  l'essai  II,  xxxvii,  et  aussi 
les  essais  I,  i,  et  II,  1. 

P.  360,  I.  14.  //  s'est  troiiiii'  des  baiiniies).  Cicéron 
dit  qu'il  s'est  trouvé  à  Delos  plusieurs  personnes 
qui,  nourrissant  un  grand  nombre  de  poules  pour 
le  profit,  avaient  accoutumé  de  dire,  en  voyant  un 
œuf,  laquelle  de  ces  poules  l'avait  pondu.  {Acadéiii., 
II,  XVIII.) 

P.  361,  1.  6.  La  ressemblance).  Cf.  Plutarque,  De 
l'envie  et  de  la  haine  :  «  Les  similitudes  ne  font  pas 
tant  un,  comme  les  différences  font  autre  el  diffé- 
rent. »  (i,  f"  107  v°.) 

P.  361,  1.  7.  Nature  s'est  obligée).  Cf.  Sénèque, 
Épîtres  :  «  Exegit  [natura]  à  se  ut  qux  alla  crant, 
&  dissimilia  essent  &  imparia.  »  (Ép.  115,  p.  269.) 

P.  361,  1.  18.  Nous  allons  en  France).  On  se  plaint 
beaucoup  à  la  fin  du  xvi^  siècle  de  la  confusion  de 
la  législation  en  France  et  spécialement  du  trop  grand 
nombre  de  lois.  Bodin  dans  sa  République  (VI,  vi) 
rappelle  que  Solon  fit  peu  de  lois,  que  Lycurgue  en 
fit  moins  encore  et  défendit  de  les  écrire,  il  ordonna 
qu'on  s'en  remît  toujours  à  l'équité  naturelle  des 
juges;  et  il  ajoute  :  «  Comme  faisoit  aussi  Thomas 
le  More,  chancelier  d'Angleterre;  laissant  toutes  les 


peines  à  la  discrétion  des  magistrats,  hormis  l'adul- 
tère... qui  est  le  moyen  que  plusieurs  pensent  le  plus 
seur  pourveu  que  les  offices  de  judicature  ne  soient 
mis  en  vente  :  car  il  se  cognoist  à  vue  d'œil  que  plus 
il  y  a  de  loix  plus  il  y  a  de  procès  sur  l'interprétation 
d'icelles  :  cela  se  peut  voir  en  ce  royaume  qui  a  plus 
de  loix  et  de  coustumes  que  tous  les  peuples  voisins, 
et  plus  de  procès  que  tout  le  reste  de  l'Europe,  qui 
sont  provignés  de  plus  en  plus  depuis  que  le  roy 
Charles  VII  et  ses  successeurs  ont  commencé  à  peu- 
pler ce  royaume  de  loix  faictes  à  la  mode  de  Justi- 
nian  avec  une  traisnée  de  raisons,  contre  la  forme 
des  anciennes  ordonnances  des  rois  et  sages  légis- 
lateurs. » 

P.  361,  1.  20.  Ut  olim  jlagitijs).  «Autrefois  c'était 
des  crimes  que  l'on  souffrait,  aujourd'hui  c'est  des 
lois.  »  (Tacite,  Annules,  III,  xxv.)  Le  texte  de  Tacite 
est  :  «  Utque  antehac  flagitiis,  ita  tune  legibus  labo- 
rabatur.  »  Montaigne  a  rencontré  cette  citation  dans 
les  Politiques  de  Juste  Lipse  (II,  xi).  Le  chapitre 
II,  XI,  des  Politiques  est  d'ailleurs  à  rapprocher  de  ce 
passage  de  Montaigne,  car  on  y  trouve  longuement 
développée  cette  idée  que  le  grand  nombre  des  lois 
engendre  les  procès  et  beaucoup  d'inconvénients. 

P.  362,  1.  ^.Envoylaqui).  Cf  Guillaume  Bouchet, 
Sérées  :  «  Nous  lisons  que  Ferdinand,  roy  d'Espagne, 
envoyant  Perdrarias  gouverneur  es  Isles  occidentales 
nouvellement  descouvertes,  luy  défendit  de  mener 
ny  jurisconsulte  ny  advocat,  afin  de  ne  porter  la 
semence  de  procès,  où  il  n'en  y  avoit  point.  Car  on 


448 


ESSAIS      DE     MOXTAIGXE. 


dit  qu'en  ce  monde  nouveau  où  ils  vivent  sans  lettres, 
magistrats  ne  loy,  qu'ils  vivent  plus  légitimement  et 
droictement  que  nous.  Encores  en  tout  l'Orient  y  a 
si  peu  de  procès  qu'en  la  province  de  Guzala  la 
populace  crée,  seulement  aux  jours  de  foire,  un  jus- 
ticier pour  asseurer  le  cours  de  la  traffique  :  et  aux 
lisières  du  Royaume  de  Fez  les  habitants  de  la  mon- 
tagne Magnan  arrestent  les  passans  pour  recevoir 
iustice  d'eux.  »  (Sérée  ix.)  Guillaume  Bouchet  a 
copié  la  première  phrase  dans  ht  Rcpiihlique  de  Bodin 
(y,  i),  la  seconde  dans  les  Discours  philosophiques  de 
Pierre  l'Hostal  (Discours  xv),  édition  de  1579,  p.  263. 

P.  362,  1.  19.  lugeanl  auec  Plalou).  Dans  la  Répu- 
blique :  «  Malas  &  turpis  disciplina;  in  civitate  nullam 
majorem  potes  conjecturam  capere,  quàm  summis 
judicibus  ac  medicis  indigere,  non  modo  abjectos 
homines  &  mechanicos,  sed  eos  etiam  qui  liberali 
disciplina  educatos  esse  se  gloriantur.  »  (III,  p.  405; 
éd.  de  1546,  p.  566.) 

P.  363,  1.  I.  Coufusiiin  est).  «Tout  ce  qui  est 
divisé  jusqu'à  n'être  que  poussière  devient  confus.  » 
(Sénèque,  ép.  89.)  Sénèque  ne  dit  pas  «  confusum 
est»  mais  bien  «  simile  confuso  est». 

P.  363,  1.  II.  DifficuUatem  facit).  «  C'est  la  science 
qui  crée  les  difficultés.  »  (Quintilien,  Jnst.  orat., 
X,  m. 

P.  363,  1.  22.  Deux  opinions  semblables).  Rappro- 
cher la  fin  de  l'essai  II,  xxxvii. 

P.  363,  1.  28.  Que  les  glosses).  Depuis  Budé,  Rabe- 
lais, Tiraqueau,  Alciat  (voir  le  De  verborum  siguifi- 
catione),  etc.,  la  critique  des  glossateurs  est  devenue 
un  lieu  commun  dans  notre  littérature. 

P.  364,  1.  14.  Mus  in  pice).  «  Une  souris  dans  de  la 
poix  »  (prov.  latin).  Cf.  Érasme,  Adages,  II,  m,  68. 

P.  364,  1.  19.  Au.\  chiens  d'Esope).  Cf.  Plutarque, 
Des  communes  conceptions  contre  les  Stoïques  :  «  Nous 
ressemblons  proprement  à  ces  chiens  la  qu'Esope  dit 
qu'ils  brilloient  après  certains  cuyrs  qu'ils  voyoient 
flotter  sur  l'eau,  &  pour  les  cuyder  avoir,  ils  se 
prirent  à  vouloir  boire  &  avaller  toute  la  mer,  mais 
crevèrent  plus  tost  que  de  toucher  à  ces  cuyrs  la.  » 
(xix,  fo  579  r°.) 

P.  364, 1.  22.  Ce  qu  'un  Crûtes).  Cf.  Diogène  Laërce  : 
«  Seleucus...  grammaticus  ait  Crotoniatem  quendam 


in  eo,  quem  Catacolymbitem  inscripsit  lihro,  tra- 
dere  Cratem  quendam  hune  librum  primo  Gn-ecis 
invexisse,  ac  dixisse,  librum  ipsum  Delio  aliquo  indi- 
gere natatore,  qui  in  illo  non  suffocaretur.  »  (IX,  ix, 
p.  585.) Diogène  Laërce  prête  le  même  mot  à  Socrate. 
Cf.  Vie  de  Socrate,  II,  xxii,  p.  iio. 

P.  365,  1.  6.  Ce  que  decJaroit  asse:;^  A(\)Uo).  Rappro- 
cher Plutarque,  Pourquoi  la  prophctisse  Pythie  ne  rend 
plus  ses  oracles  en  vers,  (xxvi,  f°  63  5  r".) 

P.  365,  1.  II.  Ainsi  voit  l'on).  Cf.  La  Boëtie,  pièce 
à  Marguerite  de  Carie.  (P.  255.)  On  remarquera  que 
le  texte  donné  ici  par  Montaigne  diffère  en  quelques 
points  de  celui  de  l'édition  princeps  que  reproduit 
l'édition  Bonnefon.  Montaigne  cite  de  mémoire  le 
texte  de  son  ami.  Pourtant,  au  deuxième  vers,  le  texte 
qu'il  donne,  «  roulant  »,  est  probablement  le  bon. 

P.  366,  1.  II.  Suiuant  Aristote).  Dans  la  Morale 
à  Nicomaque,  IV,  xiii. 

P.  366,  1.  16.  l'ax  vcu  en  Aîemagne).  Cf.  Journal 
de  voyage  :  «  On  tient  qu'à  la  vérité  il  est  peu  de 
villes  qui  n'ayent  quelque  chose  de  particulier  en 
leur  créance  ;  et  sous  l'autorité  de  Martin  qu'ils 
reçoivent  pour  chef,  ils  dressent  plusieurs  disputes 
sur  l'interprétation  du  sens  ez  escrits  de  Martin.  » 
(P.  104.) 

P.  366,  1.  18.  Est  verbale).  Rapprocher  l'essai  II, 
XII,  p.  261.  1.  22. 

P.  366,  1.  24.  le  sçay  mieu.x  que  c'est).  On  trouve 
la  même  idée  dans  le  Ouod  nihil  scitnr  de  Sanchez 
(au  début).  Voir  aussi  Corneille  Agrippa,  De  inccr- 
titudine  et  vanitate  scientiaruvi,  vu. 

P.  367,  1.  I.  La  teste  de  Hydra).  Cette  image  se 
retrouve  chez  divers  auteurs  contemporains  :  cf. 
H.  Estienne,  Apologie  pour  Hérodote  :  «  Pour  une  teste 
qu'on  aura  couppée  à  un  procès,  on  luy  en  fait  res- 
sortir autant  pour  le  moins  qu'anciennement  au  ser- 
pent nommé  hydra.  »  (XVII,  vu.)  Bodin,  République  : 
«  Ceux-là  qui  ont  tant  faict  de  loix...  ont  faict  comme 
Hercule,  lequel  couppant  l'une  des  testes  de  Thydre, 
il  en  voyoit  renaistre  sept.  »  (VI,  vi.)  ^'oir  encore 
Sanchez,  Quod  nihil  scitnr,  p.  52;  De  Belloy,  Examen 
du  discours  contre  la  loi  salique  (éd.  de  1587  possédée 
par  Montaigne,  p.  223);  Montaigne,  essai  II,  xx, 
p.  467,  1.  2,  et  la  note. 


LIVRE      III,      CHAPITRE      XIII. 


4-19 


P.  367,  1.  I.  Socyaics  deiiiandoit).  Cf.  Plutarque, 
De  la  pliiyahtc  d'ninis  :  «  Socrates  demanda  un  jour 
à  Memnon...  que  c'estoit  que  vertu.  L'autre  lu\- 
respondit  audacieusement  &  promptement  qu'il  y 
avoit  vertu  d'enfant  &  de  vieillard,  d'homme  &  de 
femme,  de  magistrat  &  de  privé  &  de  maistre  &  de 
valet.  Voila  qui  va  bien,  répliqua  Socrates,  nous  ne 
te  demandions  qu'une  vertu  et  tu  nous  en  remues 
tout  un  exaim  comme  d'abeilles.  «  (i,  f"  103  v°.) 
Voir  aussi  pour  l'expression  De  la  vertu  morale  : 
«  Chr)'sippus...  introduit  en  la  philosophie  un  exaim 
comme  disoit  Platon  et  toute  une  ruchée  par  manière 
de  dire,  de  vertus.»  (i,  f°  31  r°.)  Dans  le  premier 
de  ces  deux  passages,  Plutarque  se  souvient  du  Menon 
de  Platon,  m,  pp.  71-72  (éd.  de  1546,  p.  15.). 

P.  367,  1.  8,  Si  nos  faces).  Cf.  saint  Augustin, 
Cite  de  Dieu  :  «  Quis...  consulta  ratione  non  videat 
in  hominum  innumerabili  numerositate,  &;  tanta 
naturas  similitudine  valde  mirabiliter  sic  habere  sin- 
gulos  singulas  faciès,  ut  nisi  inter  se  similes  essent, 
non  discernerentur  species  eorum  ab  animalibus 
cïeteris  :  &  rursus  nisi  inter  se  dissimiles  essent, 
non  discernerentur  singuli  ab  hominibus  creteris.  » 
(XXI,  viii,  p.  626.) 

P.  368,  !.  18.  Philippus).  Cf.  Plutarque,  Les  dicts 
notables  des  anciens  Roys...  :  «  Machetas  quelquefois 
plaidoit  une  cause  devant  lu}'  qui  sommeilloit,  de 
manière  qu'à  faulte  d'avoir  bien  compris  &  entendu 
le  faict,  il  le  condemna  à  tort  :  parquoy  Machetas 
se  prit  à  crier  tout  hault,  qu'il  en  appelloit.  Philippus 
indigné  de  cela,  luy  demanda  incontinent,  devant 
qui  il  appelloit  de  luy  :  Devant  toymesme.  Sire, 
respondit  il,  quand  tu  seras  bien  esveillé,  &  que  tu 
voudras  plus  attentivement  comprendre  mon  faict. 
Philippus  picqué  de  ces  paroles,  se  leva  en  pieds, 
&  pensant  mieux  à  soy,  cognent  qu'il  avoit  fait  tort 
à  Machetas  par  sa  sentence,  &  neantmoins  ne  voulut 
point  révoquer  ne  casser  son  jugement,  mais  luy 
mesme  paya  de  son  argent,  autant  comme  pouvoit 
valoir  la  chose  dont  il  estoit  question  au  procès.  » 
(F"  192  r".) 

P.  368,  1.  29.  Qu'il  est  forcé  de  faire  tort).  Cf. 
Plutarque,  Instruction  pour  ceulx  qui  manient  affaires 
d 'estât  :   «  On  recite  &  remarque  une  sentence  de 


Jason,  celuy  qui  jadis  fut  tyran  de  la  Thessalie, 
laquelle  il  disoit  &  repetoit  souvent,  toutes  &  quantes 
fois  qu'il  forceoit  ou  outrageoit  quelques  uns  des 
paiticuliers  hahitans  du  païs.  Qu'il  est  force  de  faire 
injustice  en  petites  choses,  qui  veult  venir  à  chef  de 
faire  justice  es  grandes  :  &  qu'il  est  neces.saire  de 
faire  tort  en  destail,  qui  veult  faire  droict  en  gros. 
Mais  quant  à  ceste  sentence  là,  il  est  aisé  à  veoir  de 
prime  face,  que  c'est  une  instruction  propre  pour  un 
qui  se  veult  faire  seigneur,  &  usurper  la  tyrannie.  » 
(xxi,  f"  173  V".) 

P.  369,  1.  2.  Que  l'huincine  itislice).  Id.,  Poiirquoy 
la  justice  divine  diffère  souvent  la  punition  des  maléfices  : 
«  Comme  en  la  médecine,  tout  ce  qui  est  utile  est 
aussi  juste  &  honeste...  autant  meriteroit  d'estre 
inocqué  &  repris,  celuy  qui  estimeroit  qu'il  y  eust 
es  punitions  autre  chose  de  juste  que  ce  qui  pcult 
guarir  &  curer  le' vice.  »  (xvi,  f°  265  r".) 

P.  369,  1.  5.  Les  Cyrenaiques).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  d'Aristippc  :  «  Nihilque  natura  justum  esse,  aut 
honestum  vcl  turpe,  sed  consuctudine  ac  Icge.  » 
(II,  xciii,  p.  151.) 

P.  369, 1.  6.  Et  des  Theodoriens).  Id.,  ihid.  :  «  Furto 
quoque  &  adulterio,  &  sacrilegio,  cùm  tempestivum 
erit  daturum  operam  sapientem.  »  (II,  xcix,  p.  155.) 

P.  369,  1.  9.  Comme  Alcihiades).  Cf.  Plutarque, 
Vie  d'Alcibiade  :  «  Il  y  eut  quelcun  qui  le  recogneut 
&  luy  dit.  Comment,  Alcibiades,  ne  te  fies  tu  pas 
à  la  justice  de  ton  païs  ?  Ouy  bien,  dit  il,  s'il  estoit 
question  de  toute  autre  chose,  mais  de  ma  vie  je  ne 
m'en  fierois  pas  à  ma  propre  mère,  doubtant  que 
par  mesgarde  elle  ne  meist  la  febve  noire  en  cuidant 
mettre  la  blanche.  »  (xiii,  f°  138  v".) 

P.  369,  I.  18.  En  la  Chine).  Cf.  Gonçalès  de  Men- 
doza,  Histoire  de  la  Chine  :  «  Le  prince  despeche 
secrettement  d'an  en  an  à  chasquc  Province  des  autres 
juges  et  Visiteurs,  nommez  Leuchis,  qui  sont  per- 
sonnages de  luise  et  ausquels  il  se  fie  beaucoup  pour 
la  grande  expérience  qu'il  a  de  leurs  services,  en- 
semble de  leur  vie  et  mœurs,  et  bonne  administration 
de  la  justice.  Ces  Visiteurs  vont  s'enquestant  de  lieu  en 
lieu,  et  de  ville  à  autre,  sans  se  donner  à  cognoistre, 
et  s'informant  secrettement  des  torts  et  griefs  que 
font  les  justiciers  de  la  Province  :  obtenant  du  roy 


450 


ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


pour  cest  effet  tant  de  pouvoir  et  d'autorité  par  les 
lettres  de  provision  et  commission  à  eux  adressantes, 
que  sans  recourir  à  luy,  ils  peuvent  et  leur  loist,  en 
trouvant  les  juges  en  faute,  les  appréhender  et  punir, 
ou  les  suspendre  pour  un  temps,  ou  bien  les  priver 
entièrement,  et  en  somme  faire  tout  ce  que  bon  leur 
.semblera,  conformément  à  leur  pouvoir  et  com- 
mission... 

»  A  celuy  qui  mérite  d'estre  puny  ou  repris,  ia  luy 
fait  oster  premièrement  les  marques  de  juges...  puis 
fait  exécuter  incontinent  la  sentence  qu'il  a  donnée 
contre  icelu)'.  Et  s'il  y  a  suspension  portée  par  icelle, 
il  prouvoit  aussi  tost  d'autres  juges  au  lieu  et  place 
de  ceux  qui  sont  suspendus,  admonestant  les  nou- 
veaux promeus  par  la  peine  exemplaire  des  autres 
de  bien  verser  en  l'Office  où  il  les  commet  au  nom 
du  roy.  Ces  Visiteurs  ont  pouvoir  et  puissance  au- 
cunefois  de  récompenser  ceux  qu'ils  trouvent  avoir 
bien  et  deûement  exercé  leur  charge  voire  jusques 
à  les  pouvoir  instîller  aux  places  et  charges  plus 
honorables.  De  manière  qu'estant  ainsi  apparente  et 
manifeste  la  recompense  qu'il  y  a  pour  les  bons,  et 
la  punition  rigoureuse  qui  est  asseurée  pour  les 
mauvais  :  cela  est  cause  que  ce  Royaume  de  la 
Chine  est  l'un  des  mieux  gouvernez  qui  soyent  au 
monde.  »  (Pp.  70  et  72.) 

P.  370,  1.  19.  Elles  sont  soiiiiàt  fautes).  Rapprocher 
Platon,  Gorgias,  xliv,  p.  489. 

P.  371,  1.  13.  Oiia  Deiis  bave).  «  Par  quel  art  Dieu 
gouverne  le  monde;  par  où  s'élève  la  lune  et  par 
où  elle  se  retire,  et  comment  réunissant  son  double 
croissant,  elle  se  retrouve  chaque  mois  dans  son 
plein;  d'où  viennent  les  vents  qui  commandent  la 
mer  et  quelle  est  l'influence  du  vent  du  midi;  par 
quelles  eaux  sont  formés  incessamment  les  nuages; 
s'il  doit  venir  un  jour  qui  détruise  le  monde...  Clier- 
chez,  vous  que  tourmente  le  besoin  d'approfondir  ces 
mystères.  »  (Properce,  III,  v,  26,  pour  les  six  pre- 
miers vers,  et  Lucain,  I,  417,  pour  le  dernier.) 

P.  372,  1.  23.  C'est  toiisiotirs).  Rapprocher  l'essai 
III,  II,  p.  21,  1.  7. 

P.  573,  1.  27.  Fliieliis  Jiti  primo).  «  De  même, 
sous  le  premier  souffle  du  vent,  la  mer  blanchit,  puis, 
peu  à  peu,  s'enfle,  soulève  ses  ondes  et  bientôt  se 


dresse  du  fond  de  l'abime  jusqu'aux  astres.  >>  (\'ir- 
gile,  Enéide,  VU,  528.) 

P.  374,  1.  8.  Ce  Dieu  de  science).  (Apollon).  Cf. 
Plutarque,  Que  siguijioit  ce  mot  E:. 

P.  374,  1.  xo.  Platon  dict).  Voir  essai  I,  m,  p.  14, 
1.  14,  et  la  note.  Voir  aussi  le  Clmrmide  :  «  Fermé 
namque  hoc  ipsum  temperantiam  esse  arbitrer, 
seipsum  cognoscere,  illique  assentior  qui  prœceptum 
hoc  templo  Apollinis  ipsius  inscripsit...  "(xii,  p.  164; 
éd.  de  1546,  p.  283.) 

P.  374,  1.  II.  Socmtes).  Cf.  Xénophon,  Méinc- 
rables,  W ,  11. 

P.  374,  1.  15.  Cette  platonique  subtilité).  Cf.  Platon, 
Menon  :  «  Nam  si  noscit,  nulla  inquisitione  opus  est, 
sed  neque  quod  nescit  investigabit  :  non  enim  novit 
quid  querat.  »  (xiv,  p.  80;  éd.  de  1546,  p.  18.) 

P.  374,  1.  21.  Corne  Sacrâtes).  Cf.  Xénophon, 
Mémorables,  W,  11,  24  et  29. 

P.  375,  1.  2.  AV/  hoc  est  turpius).  «  Rien  n'est  plus 
honteux  que  de  faire  marcher  l'assertion  et  la  déci- 
sion avant  la  perception  et  la  connaissance.  »  (Cicéron, 
Acad.,  I,  XII.)  Cicéron  écrit  :  «Neque  hoc  quidquam 
esse  turpius...  » 

P-  375»  1-  5-  Aristarclms).  Cf.  Plutarque,  De  l'a- 
mitié fraternelle  :  «  Aristarchus  se  mocquant  du  grand 
nombre  des  Sophistes  contrefaisans  les  Sages  qui 
estoient  de  son  teuips,  disoit,  que  anciennement 
à  peine  y  avoit  eu  sept  Sages  par  le  monde,  mais 
de  nostre  temps,  disoit  il,  à  peine  pourroit  on  trouver 
autant  d'hommes  ignorans  comme  nous  avons  de 
Sophistes.  »  (i,  f"  81  v°.) 

P.  375,  1.  13.  Cm;,  cuni  tetigere).  «  Q.ui,  lorsqu'il 
avait  touché  sa  mère,  sentait  une  nouvelle  vigueur 
dans  ses  membres.  »  (Lucain,  I\',  599.)  Il  s'agit 
d'Antée. 

P.  37),  1.  20.  Antisthenes).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  d'Antistbène  :  «  Postremô  Socrati  sese  addixit, 
tantûmque  cum  illo  profecit,  ut  moneret  discipulos, 
ut  sui  sub  Socrate  e.ssent  condiscipuli.  »  (VI,  11, 
p.  34S.) 

P.  375,  1.  22.  Ce  dogme  de  sa  secte  stoique).  Id., 
ibid.  :  «  Sufficere  virtutem  ad  beatam  vitam  nullo 
indigentem,  nisi  Socratis  viribus.  »  (VI,  xi,  p.  352.) 
Cf.  I,  XXXIX,  p.  314,  1.  5. 


LIVRE      III,      CHAPITRE      XIII. 


451 


P.  376,  1.  10.  Ce  qu'il  me  faut  Jiixr).  Rapprocher 
l'essai  III,  vin,  p.  175,  1.  5. 

P.  376,  1.  15.  Sed  neqite).  «Mais  il  serait  impos- 
sible d'en  énumérer  toutes  les  espèces  et  d'en  dire 
tous  les  noms.  »  (Virgile,  Géorg.,  II,  103.) 

P.  376,  1.  24.  Sola  sapienlia).  «Il  n'v  a  que  la 
sagesse  qui  soit  tout  entière  enfermée  en  elle-mcmc.  > 
fCicéron,  De  fin.,  III,  vu.) 

P.  377,  I.  r.  le  troiiiie  mal-aisé).  Rapprocher 
l'essai  II,  i,  tout  entier.  Voir  spécialement  p.  2. 

P-  377)  1-  S-  ^"  '"J  ''''  Macédoine  Perseus).  Cf. 
Tite-Live  :  «  NuUi  fortun<-c  adhœretat  animus  per 
omnia  gênera  vit;e  errans,  uti  nec  sihi,  nec  aliis, 
quinam  homo  esset  satis  constaret.  «  (XLI,  xx,  877.) 

P.  377,  1.  21.  Platon  ordone).  Dans  le  Gorgias  : 
«  Censeo...  in  eo  qui  alicujus  probaturus  sit  animam, 
utrum  illa  quidem  recte  instituta  sit,  nécne  tria  po- 
tissimum  requiri,  quas  in  te  sunt  omnia  :  scientiam 
primo  :  deinde  opinionem,  prudentis  scilicet  atque 
benevoli  :  tertio  audaciam.  »  (xlii,  p.  487;  éd.  de  1546, 

P-  354-) 

P.  377,  1.  26.  Diitn  iiielior).  «  Quand  un  sang 
meilleur  me  donnait  des  forces  et  quand  la  vieillesse 
n'avait  pas  encore  blanchi  mes  deux  tempes.  »  (Vir- 
gile, En.,  V,  415.) 

P.  378,  1.  12.  Ce  serait  vn  office).  L'idée  de  cet 
office  vient  de  l'antiquité.  L'empereur  Titus  demande 
à  Apollonius  des  enseignements  politiques;  celui-ci 
propose  un  de  ses  disciples  qui  se  tiendra  toujours 
auprès  de  l'empereur  et  lui  parlera  avec  une  entière 
franchise;  Titus  accepte.  L'anecdote  a  été  reprise 
au  XVI'  siècle  par  Bouaystuau  dans  l'Histoire  de  Chc- 
lidonius  (prologue  du  translateur).  —  Machiavel, 
dans  le  chapitre  xxni  du  Prince,  propose  que  le  prince 
fasse  choix  de  quelques  hommes  sages  et  leur  donne 
la  liberté  entière  de  lui  dire  toute  la  vérité  lorsqu'il 
les  interrogera.  Il  doit  du  reste  les  consulter  sur 
toute  question,  écouter  leurs  avis,  leur  témoigner 
par  sa  conduite  qu'ils  lui  agréent  d'autant  plus  qu'ils 
parlent  avec  plus  de  franchise. 

P.  378,  1.  23.  Qtwd  sit).  «  Qui  voulût  être  ce 
qu'il  est,  et  qui  ne  désirât  rien  de  plus.  »  (Martial, 
X,  XLVii,  12.)  Montaigne  change  la  personne  des 
verbes. 


P.  379,  1.  18.  Rude  &  perilletis  essay).  Rapprocher 
Tacite,  Histoires  :  «  Nam  suadere  principi  quod  opor- 
teat,  multi  labores.  »  (I,  xv,  p.  340.) 

P.  379,  1.  27.  Tiherc  disait).  Id.,  Annales  :  «  Soli- 
tûsque  eludere  medicorum  artes,  atque  eos  qui  post 
tricesimum  c-etatis  annum  ad  internoscenda  corpori 
suo  utilia  vel  noxia,  alieni  consilii  indigerent.  »  (V'I, 
XLVi,  p.  176.)  Voir  aussi  Suétone,  Fie  de  Tibère,  xxviii, 
et  Plutarque,  Préceptes  de  santé,  xxiii. 

P.  380,  1.  I.  Apris  de  Sacrâtes).  Cf.  Xénophon, 
Mémorables  :  «  Monebat  item  suos  auditores,  ut  mag- 
nam  haberent  valetudinis  curam...  Qui  enim  ipsum 
se  ita  observaret,  difficile  medicum  quempiam  reper- 
tunmi,  cui  ea  sint  magis  cognita.  »  (IV,  vu,  9.) 

P.  380,  1.  7.  Platon  auoit  raison).  Dans  la  Répu- 
blique :  «  Medici  quidem  suflîcientissimi  évadèrent, 
si  ab  ineunte  œtatc  ultra  discendœ  artis  studium 
inter  plurimos  corpore  maie  affectos  conversarentur, 
ipsique  omni  morborum  génère  laborarent,  naturaque 
imbecilla   essent.  »    (UI,    p.    408;   édition   de   1546, 

p.  567-) 

P.  380,  1.  2  1.  Tandem  efficaci).  «  Entin,  je  salue  une 
science  qui  se  traduit  par  des  résultats.  »  (Horace, 
Épcd.,  XVII,  I.)  Horace  écrit  jam  jaiii,  que  Montaigne 
remplace  par  tandem. 

P.  381,  1.  I.  Qu'ils  vendent  des  drogues).  Rapprocher 
Plutarque,  Connnent  on  pourra  apparcevoir  que  l'on 
amende  en  l'exercice  de  la  vertu  :  «  Il  ne  faut  non  plus 
estimer  que  ces  manières  de  gens  là  facent  actes  de 
philosophes,  que  ceulx  qui  vendent  les  drogues 
médicinales  &  les  simples,  facent  actes  de  médecins.  » 
(viii,  f"  115  v°.) 

P.  381,  1.  22.  Fous  faites  malade  vn  Aleman). 
Dans  le  Journal  de  voyage  on  lit  cette  phrase  écrite 
pendant  le  séjour  de  Montaigne  en  Allemagne  : 
«  On  n'a  à  son  avis  (selon  l'avis  de  Montaigne  :  c'est 
son  valet  qui  écrit)  à  se  plaindre  que  du  coucher 
pour  les  homes  délicats;  mais  qui  porteroit  un  mate- 
ras qu'ils  ne  connoissent  pas  là,  et  un  pavillon  dans 
ses  coffres,  il  n'y  trouveroit  rien  à  dire.  «  (P.  105.) 

P.  381,  1.  27.  A  Auguste).  A  Augsbourg  (Augusta 
^'indelicol■um)•  Montaigne  passa  par  cette  \ille  en 
allant  en  Italie  dans  le  mois  d'octobre  1580  {Journal 
de  voyage,  p.  118).  Il  ne  parle  point  dans  son  Journal 


4Î2 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


de  cet  entretien  avec  un  Allemand  sur  les  poêles  et 
les  cheminées. 

P.  381,  1.  2^.  A  condamner  leurs  poyks).  Qi.  Journal 
de  voyage  :  «  Nous  nous  applicames  incontinant  à  la 
chaleur  de  leurs  poiles,  et  est  nul  des  nostres  qui 
s'en  offençat.  Car  depuis  qu'on  a  avalé  une  certene 
odeur  d'air  qui  vous  frappe  en  entrant,  le  demurant 
c'est  une  chaleur  douce  et  eguale.  M.  de  Montaigne, 
qui  couchoit  dans  un  poile,  s'en  louoit  fort,  &  de 
santir  toute  la  nuict  une  tiédeur  d'air  plaisante  et 
modérée.  Au  moins  on  ne  s'y  brusle  ny  le  visage 
ny  les  botes,  et  est  on  quitte  des  fumées  de  France. 
Aussi  là  où  nous  prenons  nos  robes  de  chambre 
chaudes  et  fourrées  entrant  au  logis,  eus  au  rebours 
se  mettent  en  pourpoint,  et  se  tiennent  la  teste  des- 
couverte au  poile;  et  s'habillent  chaudement  pour 
se  remettre  à  l'air.  »  (P.  92.) 

P.  382,  1.  II.  En  Seneqiie).  Dans  ses  Epiires  : 
«  Quœdam  nostra  demum  prodisse  memoria  scimus 
ut...  impressos  parietibus  tubos,  per  quos  circum- 
funderetur  calor,  qui  ima  simul  &  summa  foveret 
aequaliter.  »  (Ep.  90,  p.  214.) 

P.  382,  1.  18.  Si  disait  Encuus).  Cf.  Plutarque, 
Questions  platoniques  :  «  Evenus  souloit  dire  que  le 
feu  estoit  la  meillei!ne  saulce  du  monde.  »  (VIII, 
{"  54e  r".) 

P.  383,  1.  19.  Ce  que  dict  Aris'ote).  Cf.  Diogènc 
Laërce,  Vie  de  Pyrrhon  :  «  Andron  item  Argivus,  ut 
ait  Aristoteles,  per  arida  Liby;e  loca  absque  potu, 
iter  agebat.  »  (IX,  lxxxi,  p.  631.) 

P.  383,  1.  20.  Vu  gentil-homme).  Il  s'agit  du  mar- 
quis de  Pisany,  Jean  de  Vivonne,  qui  a  été  ambas- 
sadeur en  Espagne,  de  1572  à  1583,  puis  à  Rome. 
(D'après  une  note  d'Antoine  de  Laval,  citée  par 
Courbet  dans  la  notice  biographique  de  son  édition 
de  Montaigne,  p.  153.)  Sur  ce  personnage  on  peut 
consulter  Guy  de  Brémond  d'Ars,  Jean  de  Vivonne, 
sa  vie  et  ses  ambassades,  Paris,  1884. 

P.  384, 1.  3.  JE/  Seneque).  Dans  l'épître  56,  Sénèque 
énumère  tous  les  bruits  qui  l'assaillent  dans  .son 
cabinet  d'étude  placé  à  proximité  d'un  établissement 
de  bains,  et  il  déclare  n'être  pas  incommodé  :  «  Jam 
me  sic  ad  omnia  ista  duravi,  ut  audire  vel  pausarium 
possim,  voce  acerbissima  remigibus  modos  dantem. 


Animum  enim  cogo  sibi  intentum  esse,  nec  avocari 
ad  externa.  Omnia  licet  foris  resonent,  dum  intus 
nihil  tumultus  sit,  dum  inter  se  non  rixentur  cupi- 
ditas  &  timor,  dum  avaritia  luxuriaque  non  dissi- 
deant,  nec  altéra  alteram  vexet.  »  (P.  139.) 

P.  384,  1.  9.  Socrates  respondoit).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Socrate  :  «  Dicenti  Alcibiadi  non  esse 
tolerabilem  Xanthippen  adeô  morosam,  Atqui  ait,  ego 
ita  hisce  jampridem  assuetus  sum,  ac  si  jugiler 
sonum  trochlearum  audiani.  »  (II,  xxxvi,  p.  119.) 

P.  384,  1.  15.  Seneque  en  sa  iunesse).  «  Abstinere 
animalibus  cx'pi  &  anno  peracto  non  tantum  facilis 
erat  mihi  consuetudo,  sed  dulcis...  Quasris  quomodo 
desierim  ?  In  Tiberii  Cœsaris  principatum  juventae 
tempus  inciderat,  alienigenarum  sacra  movebantur. 
Sed  inter  argumenta  superstitionis  ponebatur,  quo- 
rundam  animalium  abstinentia.  Pâtre  itaque  mec 
rogante...,  ad  pristinam  consuetudinem  rediit.  » 
(Ep.  108,  p.  261.) 

P.  384,  1.  18.  Il  print  qiiàd  et  quand).  Id.,  ilnd.  : 
«  Laudare  solebat  Attalus  culcitram  quœ  resisteret 
corpori.  Tali  utor  etiam  senex  in  qua  vestigium 
apparere  non  possit.  »  (Ep.  108,  p.  262.) 

P.  385,  1.  8.  Disent  les  sages).  Cf.  Plutarque,  Dif 
bannissement  ou  de  l'exil).  «  Ce  beau  précepte  des 
Pythagoriens  seroit  bien  sage  &  bien  utile  à  pratti- 
quer  en  cest  endroict,  Choisy  la  voye  qui  est  la 
meilleure,  Faccoustumance  te  la  rendra  aggreable 
&  plaisante.  »  (vu,  f"  126  r°.) 

P.  385,  1.  18.  Ad  prinium  lapidem).  «Veut-il  faire 
une  promenade  jusqu'à  la  première  borne  milliaire, 
l'heure  du  départ  est  prise  dans  son  livre  d'astro- 
logie; si  pour  se  l'être  frotté,  il  sent  de  la  déman- 
geaison au  coin  de  l'œil,  point  de  remède  avant 
d'avoir  consulté  son  horoscope.  »  (Juvénal,  vi,  57e.) 
Dans  les  éditions  du  xvi=  siècle  que  j'ai  consultées, 
on  lit  possit  au  lieu  de  qnaerit. 

P.  385,  1.  21.  Il  se  reiettera).  Montaigne  avait  déjà 
exposé  ces  idées  dans  l'essai  I,  xxvi,  et,  en  1580, 
lors  de  son  voyage,  elles  avaient  été  censurées  à 
Rome.  (Cf.  Journal  de  voyage,  p.  250.) 

P.  385,  1.  29.  Comme  disoit  Philopa-men).  Cf.  Plu- 
tarque, Vie  de  Philopœmen  :  «  Là  où  il  fault  que 
gens  de  guerre  soient  faicts  et  accoustumés  à  toute 


LIVRE      III,      CHAPITRE      XIH. 


45? 


diversité  et  à  toute  inégalité  de  vie.  »  (i,  f"  250  r°.) 
Ce  n'est  point  Philopœmen  qui  parle  ainsi;  ce  sont 
des  personnages  qu'interroge  Philopœmen. 

P.  38e,  1.  14.  Sans  napc).  Dans  \q  Journal  de  voyage 
on  voit  Montaigne  très  préoccupé  de  remarquer 
partout  où  il  passe  les  usages  variés  qui  concernent 
la  table,  et  en  particulier  l'emploi  des  nappes,  des 
serviettes,  des  assiettes  qui  tantôt  sont  de  bois,  tantôt 
d'étain  et  tantôt  de  terre,  etc.  On  peut  voir  entre 
autres,  pp.  81,  ici,  136,  169,  191,  214,  etc.  Pour 
ce  qui  est  de  l'usage  des  nappes,  voir  en  particulier 
p.  3 1 5 .  Montaigne  remarque  curieusement  aussi  qu'en 
certains  endroits  on  ne  met  pas  la  main  aux  plats  : 
«  De  tout  ce  qui  se  sert  à  table,  le  Tranchant  en 
donne  sur  des  assietes  à  cens  qui  sont  assis  en  ce 
rang-là,  qui  ne  metent  point  la  mein  au  plat,  et  ne 
met-on  guiere  la  main  au  plat  du  mestre.  »  (P.  215.) 
En  Suisse,  il  se  plaint  de  l'insuffisance  du  nombre 
des  serviettes  qu'on  met  à  sa  disposition.  «  Toutefois 
en  Souisse  il  disoit  qu'il  n'en  souffroit  nulle,  que  de 
n'avoir  à  table  qu'un  petit  drapeau  d'un  demy  pied 
pour  serviette,  et  le  mesme  drapeau,  les  Souisses  ne 
le  déplient  pas  sulemant  en  leur  disner,  et  si  ont 
force  sauces  et  plusieurs  diversités  de  potages;  mais  ils 
servent  tousjours  autant  de  cueillieres  de  bois,  man- 
chées  d'argent,  come  il  y  a  d'homes.  Et  jamais  Souisse 
n'est  sans  cousteau,  duquel  ils  prennent  toutes  choses 
et  ne  mettent  guiere  la  main  au  plat.  »  (P.  90.)  En 
Italie,  même  remarque  :  «  Perché  quel  ch'  aveva  pro- 
messo  per  il  servigio  di  tavola  di  toaillie,  e  serviette, 
era  troppo  scarso  (atteso  ch'  in  Italia  s'  usa  pochis- 
simo  di  mutar  serviette  che  quando  si  muta  la  toaillia; 
e  la  toaillia,  due  volte  la  settimana),  lasciavamo  gli 
ser\-itori  far  per  loro  le  spese  :  noi  ail'  osteria  a 
4  julli  ogni  giorno.  »  (P.  393.) 

P.  386,  1.  lé.  Foîirchcte).  On  sait  qu'au  xvi'  siècle 
l'usage  de  la  fourchette  est  tout  à  fait  exceptionnel 
en  France,  et  qu'il  est  une  innovation  toute  récente  ; 
mais  en  Italie  Montaigne  l'avait  trouvé  très  répandu 
dans  la  bonne  société.  En  iéo8  le  voyageur  anglais 
Thomas  Coryate  déclare  que  la  fourchette  est  incon- 
nue cà  Paris  ;  c'est  en  Italie  qu'il  la  découvre  et  il  dit 
qu'elle  y  est  tout  à  fait  usuelle.  En  France  on  en  fait 
usage  à  la  cour  d'Henri  IV,  mais  c'est  seulement  dans 


la  seconde  moitié  du  xvir  siècle  que  les  grands  sei- 
gneurs cesseront  de  prendre  les  mets  dans  le  plat  et 
de  les  manger  avec  leurs  doigts. 

P.  386,  1.  19.  De  ce  laborieux  soldat  Marins).  Cf. 
Plutarque,  Coiiiiiieiit  il  faiilt  refréner  la  cbolere  :  «  Et 
se  fault  semblablement  accoustumer  à  se  servir  de 
tous  vases  &  vaisselles  indifféremment,  &  non  pas 
s'astraindre  à  user  de  cestuy-cy  ou  cestuy  là  sans 
autre,  comme  font  aucuns,  encore  qu'il  y  ait  grande 
compagnie,  qui  ont  en  particulière  recommandation 
un  ctrtain  gobelet  ou  une  couppe  ainsi  que  Ion  escrit 
du  vieil  Marins,  &  ne  bevroient  jamais  en  d'autre.» 
(xiii,  f-^  éi  v°.) 

P.  387,  1.  3.  D'un  long  serain).  Dans  le  Journal 
de  voyage  nous  voyons  effectivement  que  le  «  serain  » 
incommode  Montaigne  :  «  Nous  en  partîmes  len- 
demein  trois  heures  avant  le  jour,  tant  il  avoit  envie 
de  voir  le  pavé  de  Rome.  Il  trouva  que  le  serein 
donnoit  autant  de  peine  à  son  estomac  le  matin  que 
le  soir,  ou  bien  peu  moins,  et  s'en  trouva  mal  jus- 
qu'au jour,  quoyque  la  nuit  fut  sereine.  »  (P.  204.) 

P.  387,  1.  24.  Comme  fit  Cxsar).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  César  :  «  Et  si  tumboit  quelque  fois  du  mal 
caduc,  lequel  luv  prit  la  première  fois,  comme  Ion 
dit,  à  Cordube  ville  d'Hespagne  :  mais  il  ne  se  servit 
pas  de  la  foiblesse  de  son  corps  pour  une  couver- 
ture de  se  traitter  mollement  &  délicatement,  ains 
au  contraire  il  prit  les  labeurs  de  la  guerre  comme 
une  médecine  pour  guarir  l'indisposition  de  sa  per- 
sonne, combattant  à  l'encontre  de  sa  maladie  en 
estant  continuellement  par  chemin,  en  vivant  sobre- 
ment, &  en  couchant  à  l'air  ordinairement  :  car  la 
plus  part  des  nuicts,  il  dormoit  dedans  un  chariot, 
ou  dedans  une  littiere,  employant  par  ce  moien 
son  repos  à  faire  tousjours  quelque  chose,  &  de 
jour  en  allant  par  païs  visitant  les  villes,  les  places 
fortes,  ou  les  camps  fortifiez.  »  (v,  f°  497  v°.) 

P.  388,  1.  9.  Natura  bonio).  «  Par  nature  l'homme 
est  un  animal  propre  et  délicat.  »  (Sénèque,  ép.  92.) 

P.  388,  1.  25.  j4n  viuere).  «La  vie  est-elle  d'un 
si  grand  prix  ?  » 

P.  388,  1.  26.  Cogimnr  a  snelis).  «  On  nous  force 
à  renoncer  à  nos  habitudes  et  nous  cessons  de  vivre 
pour  prolonger  notre  existence...  Je  ne  pense  pas 


454 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


qu'il  faille  mettre  au  nombre  des  vivants  ceux  à  qui 
on  rend  incommodes  l'air  qu'ils  respirent  et  la  lumière 
qui  les  éclaire.  »  (Maximianus,  I,  155,  247.) 

P.  389,  1.  II.  Ne  pense  rien  vlik).  Rapprocher  la 
fin  de  l'essai  I,  xxx. 

P.  389,  1.  22.  Oiieui  ciicumcursans).  «  Alors  que 
voltigeait  sans  cesse  autour  de  moi  le  brillant  Cupidon 
tout  resplendissant  dans  sa  robe  de  pourpre.  »  (Ca- 
tulle, Lxvi,  135.)  Les  éditions  du  xvi^  siècle  que  j'ai 
consultées  écrivent  : 

Ouaiii  circumcursans  hue  illtic  i-.-ïpe  Cupido, 
Fulgcb.1t  crocino  camlidus  in  tuiiica. 

P.  389,  1.  26.  Et  inilitani).  c  Et  j'ai  combattu  non 
sans  gloire.  »  (Horace,  Od.,  III,  xxvi,  2.) 

P.  389,  1.  28.  Sex  vie  vix).  «  A  peine  si  je  me 
souviens  d'y  être  allé  jusqu'à  six.  »  (Ovide,  Amours, 
III,  vu,  26.)  Le  texte  d'Ovide,  que  Montaigne 
s'amuse  à  transformer, est  dans  les  éditions  du  temps: 

Et  niemini  numéros  sustinuisse  iioveni. 

P.  390,  1.  4.  Quartilla),  qui  dit  dans  Pétrone,  xxv  : 
«  Junonem  mcam  iratam  habeam,  si  unquam  me 
meminerim  virginem  fuisse.  » 

P.  390,  1.  5.  Inde  iragiis).  «  Aussi  eus-je  de  bonne 
heure  du  poil  sous  l'aisselle,  et  ma  barbe  précoce 
étonna  ma  mère.  »  (Martial,  XI,  xxii,  7.)  Meœ  est 
ajouté  par  Montaigne. 

P.  390,  1.  14.  Defienda).  «  Que  Dieu  me  défende 
de  moi-même.  » 

P.  390, 1.  21.  Fiirncl).  Médecin  de  Henri  II,  célèbre 
praticien  né  en  1497,  mort  en  1558.  Voir  De  Thou, 

III,  CCLXXXXVIU. 

p.  390,  1.  21.  L'Escale),  ou  le  célèbre  J.-C.  Sca- 
liger,  de  Padoue  (1484-15 58),  qui  prétendait  des- 
cendre de  la  famille  délia  Scala. 

P.  391,  1.  5.  QueJqu'vn,  en  certaine  eschole).  Cf. 
Plutarque,  Du  trop  parler  :  «  Carneades  n'aiant  pas 
encore  grand  nom,  disputoit  un  jour  au  lieu  député 
aux  exercices,  &  pource  qu'il  ciyoit  à  pleine  teste, 
le  maistre  ou  concierge  du  lieu  luy  envoya  dire 
qu'il  moderast  un  peu  sa  voix,  car  il  l'avoit  haultaine 
&  forte.  Carneades  luy  répliqua.  Donne  moy  donc 
le  ton  &  la  mesure  que  je  doy  tenir  :  &  l'autre  ne 


rencontra  pas  mal  luy  respondant,  le  ton  &  la 
mesure  est  l'ouye  de  celuy  qui  dispute  avec  toy.  » 
(xxi,  f°  96  v°.)  Voir  aussi  Diogène  Laërce,  Vie  de 
Caruéadc,  IV,  LXIll,  287. 

P.  391,  1.  19.  Est  qitœdam).  «Il  y  a  une  sorte  de 
voix  adaptée  à  l'ouïe,  non  tant  par  son  volume  que 
par  sa  propriété.  »  (Quintiiien,  Inst.  orat.,  XI,  m.) 

P.  391,  1.  22.  Comme  entre  ceux  qui  iouent).  Cf. 
Plutarque,  Comment  il  fault  ouïr  :  «  Tout  ainsi 
comme  en  jouant  à  la  paulme,  il  fault  que  celuy 
qui  reçoit  la  balle  se  remue  dextrement,  au  pris 
qu'il  voit  remuer  celuy  qui  luy  renvoyé  :  Aussi  au 
parler  y  a  il  quelque  convenance  de  mouvement 
entre  l'escoutant  &  le  disant,  si  l'un  &  l'autre  veult 
observer  ce  qu'il  doit.  »  (xiv,  f°  29  r°.)  La  même 
image  se  retrouve  chez  Sénèque,  De  beneftciis  (II,  xvii, 
et  II,  xxxii);  mais  Sénèque  l'applique  aux  rapports 
non  de  deux  personnes  qui  conversent,  mais  d'un 
obligé  vi.s-à-vis  de  son  bienfaiteur.  Voir  encore 
Guazzo,  Civil  conversation  (trad.  Chappuis,  1579, 
p.  171). 

P.  392,  1.  I.  Lfl  constitution  des  maladies).  Rappro- 
cher Platon,  Tiniée  :  «  Omnis  nanque  morborum 
constitutio  animalium  natura.-  quodammodo  similis 
est.  Sanè  animalium  compositio  ab  ipso  generationis 
exordio  certis  temporum  curriculis  terminatur  :  idque 
&  genus  universum  patitur,  &  animal  unumquodque 
ab  ortu  fatale  vivendi  spatium  in  seipso  exceptis 
necessariis  passionibus,  continet.  Etenim  trianguli,  ab 
ipso  initio  singulorum  vim  possidentes  usque  ad 
certum  tempus  sufficienter  ad  usum  vitas  cohaerent, 
ultra  id  vita  nemini  prorogatur.  Idem  quoque  consti- 
tutionis  modus  languoribus  convenir.  Quos  siquis 
citra  fatalem  temporis  cursum  pharmacis  amputare 
contenderit,  ex  parvis  ingentes,  ex  paucis  multi  eva- 
dere  consuevenint.  »  (P.  89;  éd.  de  1546,  p.  732.) 

P.  392,  1.  4.  le  suis  de  l'auis  de  Cfantor).  Rap- 
procher Cicéron,  Tusc,  III,  vi. 

P.  392,  1.  20.  Micraines).  Rapprocher  Journal  de 
voyage  :  «  Cete  matinée  j'eus  une  pesantur  de  teste  et 
trouble  de  veue  come  de  mes  antienes  migrenes,  que 
je  n'avois  santi  il  y  avoit  dix  ans.  »  (P.  307.) 

P.  393,  1.  2.  Indignare,  si  quid).  «  Plains-toi,  si 
l'on  t'impose  à  toi  .seul  une  injuste  loi.  »  (Sénèque, 


LIVRE      III,      CHAPITRE     XIII. 


455 


ép.  91.)  Le  texte  est  celui  des  éditions  contempo- 
raines. 

P.  393,  1.  6.  Stiilte,  qtiid  bar).  «Insensé!  à  quoi 
bon  ces  souhaits  vains  &  ces  vœux  puérils  ?  »  (Ovide, 
Trist.,  III,  VIII,  II.) 

P-  393>  1-  9-  Pldioii  lie  croit  pas).  Dans  sa  Répu- 
blique :  «  Corpora  vero  penitus  interiori  corruptione 
morbosa  nequaquam  aggressum  fuisse  [^ïscuiapium], 
diligentia  victus  6c  diuturna  observantia  in  vita  pro- 
ducere,  ita  ut  &  œgre  viverent  homines,  &  valetu- 
dinarios,  quod  inde  sequitur,  filios  generarent.  Neque 
vero  censuit  curandum,  qui  non  posset  in  constituto 
&  solito  victu  ac  régula  vivere,  tanquani  neque  illi 
ipsi,  neque  civitati  conferret.  »  (III,  p.  407;  éd. 
de  1546,  p.  567.) 

P.  393,  1.  16.  Non  seciis  inslantcm).  «Ainsi  celui 
qui  veut  soutenir  un  bâtiment,  l'étaie  dans  les  en- 
droits où  il  menace  ruine;  mais  enfin  vient  le  jour 
fatal  où  toute  la  charpente  se  désunit,  et  les  étais 
tombent  avec  l'édifice.  »  (Maximianus,  i,  171.) 

P.  393,  1.  21.  Connue  l'aniionie  du  monde).  Cf. 
Plutarque,  De  la  traiiquillilé  de  l'âme  et  repos  de  l'es- 
prit :  «  L'armonie  du  monde  est  composée  de  choses 
contraires,  ne  plus  ne  moins  que  d'une  lyre  &  d'un 
arc  :  &;  n'y  a  rien  du  tout  es  choses  humaines  qui 
soit  tout  pur  &  net,  ains  comme  en  la  Musique  il  y 
a  des  voix  &  des  sons  agus,  &  d'autres  graves 
&  n'est  pas...  musicien  qui  hait  &  fuit  les  unes, 
&  aime  les  autres  :  mais  celuy  qui  se  sçalt  servir  de 
toutes,  &  les  mesler  ensemble  selon  son  art  :  aussi 
les  affaires  6c  occurrences  humaines,  aiants  des  con- 
trequarres  les  unes  avec  les  autres,  d'autant  que 
comme  dit  Euripides,  Jamais  le  bien  n'est  séparé  du 
mal,  ains  y  a  ne  sçay  quelle  meslange  pour  faire 
que  tout  aille  bien,  il  ne  fault  pas  se  descourager, 
ny  se  laisser  aller  par  les  unes,  quand  elles  advien- 
nent,  ains  fault  fitire  comme  les  Harmoniques  &  mu- 
siciens en  rebouchant  tousjouis  la  pointe  des  adverses 
par  la  recordation  des  prospères.  Se  embrassant  tous- 
jours  les  bonnes  avec  les  mauvaises  fortunes,  faire 
une  composition  de  vie  bien  accordante  &  propre  à 
un  chascun.  »  (xiv,  f°  74  r°.) 

P.  394,  1.  2.  Ctesiphon).  Cf.  Plutarque,  Coiniiieiit 
il  fault  refréner  la  cbolere  :   «  Xous  voions  que  les 


petits  enfans,  quand  ils  sont  courroucez  deschirent 
tout,  &  s'aigrissent  à  l'encontre  des  femmes,  &  veu- 
lent que  Ion  batte  &  chastie  les  chien.s,  les  chevaux 
&  les  mulets,  comme  Ctesiphon  l'escrimeur  vouloic 
faire  à  coups  de  pied,  6c  regibber  à  l'encontre  de  sa 
mule.  »  (viii,  f°  58  v".) 

P.  394,  1.  18.  Vous  en  plaict-il).  Les  consolations 
que  son  imagination  prodigue  ici  à  Montaigne  rap- 
pellent un  peu  celles  que  Sénèque  donne  à  Lucilius 
malade  dans  l'épître  78.  Certains  arguments  se  re- 
trouvent de  part  et  d'autre.  Toutefois  Sénèque  pro- 
pose surtout  à  son  ami  de  laisser  par  sa  patience  un 
grand  exemple  de  vertu;  Montaigne  vise  surtout 
à  vivre  plus  heureux. 

P.  395,  1.  10.  La  crainte  de  ce  mal).  Rapprocher 
l'essai  II,  xxxvii,  p.  576. 

P-  395.  '•15-  Quxvenit  indigné).  «C'est  seulement 
quand  nous  n'avons  pas  mérité  le  mal  que  nous  avons 
le  droit  de  nous  en  plaindre.  »  (Ovide,  Héroïd.,  V,  8.) 

P.  396,  1.  12.  Mais  tu  ne  meurs  pas).  Cf.  Sénèque, 
Epitres  :  «  Multorum  mortem  distulit  morbus,  et 
saluti  illis  fuit,  videri  perire.  Morieris  non  quia 
a;grotas,  sed  quia  vivis.  »  (Ep.  78.) 

P.  397,  1.  18.  A  faute  de  mémoire).  Cf.  l'essai  I,  ix. 

P.  397,  1.  19.  lel'escris).  Effectivement  \e  Journal 
de  voyage  est  rempli  de  notes  sur  la  santé  de  Mon- 
taigne. 

P.  398,  1.  II.  La  chaleur  de  mes  reins).  On  trouvera 
des  explications  physiologiques  analogues  dans  Paré, 
Traité  des  pierres. 

P.  398,  1.  25.  Les  Sloycieiis  disent).  Cf.  Plutarque, 
Des  communes  conceptions  des  philosophes  Stoiques  :  «  Le 
vice,  dit  il  (Chrysippus),  a  son  limite  au  regard  des 
autres  accidents,  car  il  est  aussi  luy  aucunement 
selon  nature,  &.  à  fin  que  je  die  ainsi,  il  n'est  pas 
du  tout  inutile,  eu  égard  à  l'univers,  car  autrement 
le  bien  ne  seroit  pas.  »  (x,  f"  577  v°.) 

P.  398,  1.  29.  Lors  que  Sacrâtes).  Cf.  Platon, 
Phédon  :  «  Socratem  invenimus  compedibus  paulo 
ante  solutum...  Socrates  autem...  contraxit  ad  se 
crus,  manuque  perfricuit,  atque  inter  fricandum  sic 
inquit  :  Quam  mira  videtur...  hiEC  res  esse,  quanft 
nominant  homines  voluptatem,  quamque  miro  natu- 
raliter  se  habet  modo  ad  dolorem  ipsum,  qui  ejus 


45é 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


contrarius  videtur...  Si  quis  prosequitur  capitque 
alterum,  semper  ferme  alterum  quoque  accipere 
cogitur.  quasi  ex  eodem  vertice  sint  ambo  connexa. 
Arbitrer  equidem  ^Esopum,  si  hîec  animadvertisset, 
fabulam  fuisse  facturuni.  »  (m,  p.  60;  éd.  de  1546, 
p.  491.)  Cf.  essai  H,  xx,  p.  465, 1.  15,  et  voir  la  note. 

P.  400,  1.  2.  Il  faict  son  ieti  à  part).  Rapprocher 
Journal  de  i-oyage  :  «Il  sabbato  21  d'  Ottobre  alla 
mattina  mi  si  spinse  fuora  un'  altra  pietra,  la  quale 
si  fermo  un  pezzo  nel  canale,  ma  n'  usci  pure  senza 
dolore,  e  difficultà.  Questa  era  più  tosto  tonda  che 
altramente,  dura,  e  massiccia,  aspera  pure,  e  rozza, 
bianca  dentro,  e  rossa  di  sopra,  assai  più  grande 
ch'  un  grano.  In  quel  mentre  buttai  tuttavia  arenella. 
Di  qui  si  vede,  che  di  se  stessa  la  natura  si  scarica 
alcune  délie  volte;  e  si  sente  corne  un  flusso  di 
questa  roba.  Ringraziato  sia  Iddio,  ch'  esce  fuora 
senza  dolore  d'  importanza,  e  non  disturba  la  mie 
azioni.  »  (P.  470.) 

P.  400,  1.  3.  Dix  heures  à  chenal).  Rapprocher  le 
Journal  de  voyage  :  «  Des  le  chemin  il  se  pleignoit  de 
ses  reins,  qui  fut  cause,  dict-il,  qu'il  alongea  cete 
trete,  estimant  estre  plus  soulagé  à  cheval,  qu'il 
n'eust  esté  ailleurs.»  (P.  143.) 

«  Di  là  lasciando  a  man  dritta  Cremona  a  mede- 
sima  distanza  che  Piacenza,  seguitando  una  bellis- 
sima  strada...  mutando  di  posta  in  posta  cavalli,  i 
quale  due  poste  io  menai  al  galoppo  per  sentir  le 
forze  de  i  lombi  :  e  non  ci  trovai  né  mal,  né  strac- 
chezza  :  l'orina  naturale.  »  (P.  481.)  Rapprocher 
aussi  essai  III,  ix,  p.  242,  I.  6,  et  p.  260,  1.  10. 

P.  400,  1.  27.  Connue  Cicero).  Dans  le  De  senectute, 
ouvrage  que  Montaigne  semble  avoir  lu  à  toutes 
les  époques. 

P.  401,  1.  9.  A  sentir  le  mal).  Rapprocher  essai  III, 
XII,  p.  340. 

P.  402,  I.  4.  A  mes  repas).  Rapprocher  Journal  de 
voyage:  «  M.  de  Montaigne  se  louoit  de  leur  cous- 
tume  de  disner  et  de  souper  tard,  selon  son  humeur, 
car  on  n'y  disne,  aus  bonnes  maisons,  qu'à  deus 
heures  après  midy,  et  soupe  à  neuf  heures.  »  (P.  203.) 

P.  402,  1.  9.  Platon  ueut).  Cf.  Diogène  Laërce, 
Vie  de  Platon,  III,  xxxix,  et  Platon  lui-même.  Lois, 
VII,  XIII,  p.  808;  éd.  de  1546,  p.  832.) 


P.  402,  1.  13.  On  Irouuoit  à  redire  au  grand  Scipion). 
Cf.  Plutarque,  Instruction  pour  ceiilx  qui  manient 
affaires  d'estat  :  «  Les  Romains  ne  trouvans  autre 
chose  à  redire  en  Scipion,  le  blasmoyent  de  trop 
dormir.  »  (iv.)  La  phrase  manque  dans  Tédition 
de  1572.  \'oir  aussi  Qu'il  est  requis  qu'un  prince  soit 
sçavaiit  :  «On  reprochoit...  à  Scipion  qu'il  aimoit 
à  dormir.  »  (vi,  f°  137  r°.) 

P.  403,  1.  15.  Que  Platon  estime).  Voir  essai  III, 
v,  p.  144,  1.  3. 

P.  403,  1.  20.  Pulchrumque).  «  Il  vous  vient  à  l'es- 
prit qu'il  est  beau  de  mourir  en  combattant.  »  (Vir- 
gile, En.,  II,  317.) 

P.  404,  1.  6.  Filière,  mi  Liicili).  «  Mvre,  mon 
Lucilius,  c'est  combattre.  »  (Sénèque,  ép.  96.)  Le 
texte  est  celui  des  éditions  contemporaines. 

P.  404,  1.  21.  Non  hxc  ampliiis).  «  Désormais  mes 
forces  ne  me  permettent  plus  de  braver  les  intem- 
péries du  ciel  sur  le  seuil  d'une  maîtresse.  »  (Horace, 
ode  III,  X,  19.) 

P.  405,  1.  10.  Necviliant  artus).  «  Mon  corps  n'est 
pas  atteint  par  les  troubles  de  mon  esprit.  »  (Ovide, 
Trist.,  III,  VIII,  25.) 

P.  405, 1.  22.  Quis  tuiuiduni  guttur).  «  Qui  s'étonne 
de  trouver  des  goitres  dans  les  Alpes  ?  »  (Juvénal, 
XIII,  162.) 

P.  405,  1.  23.  Non  plus  que  ie  ne  regrette).  Rap- 
procher essai  III,  11,  p.  195. 

P.  406,  1.  2.  Les  songes  sont).  On  trouvera  une 
grande  confiance  dans  la  divination  par  les  songes 
chez  Corneille  Agrippa,  De  occulta  philosophia,  I,  Lix. 

P.  406,  1.  4.  Res  qux  in  vita...).  «  Si  les  hommes 
retrouvent  en  songe  les  choses  qui  les  occupent  dans 
la  vie,  et  qu'ils  méditent,  qu'ils  voient,  qu'ils  font 
lorsqu'ils  sont  éveillés,  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'en  éton- 
ner. »  (Cicéron,  De  divinatione,l,  xxii,  vers  tirés  d'une 
tragédie  d'Attius,  intitulée  «  Brutus  ».  Le  texte  est 
celui  de  l'édition  de  Paris  1538.) 

P.  40e,  1.  7.  Platon  dict).  Dans  le  Time'e  :  «  Pru- 
dentis  vero  duntaxat  officium  est,  quœ  à  fatidico 
furentéque  ingenio  dormiendo  vel  vigilando  pronun- 
ciata  sunt,  intelligere  :  &  qurecumque  visa  illuxerint, 
ratiocinatione  ita  discernere,  ut  qua  quidque  ratione, 
&  cui  futurum  aliquid,  vcl  pr.xteritum,  pntsénsve 


LIVRE     III,      CHAPITRE      XIII. 


-157 


bonum  vel  maluui  portendere  videatur  explanct.  » 
(P.  71;  éd.  de  1546,  p.  724.) 

P.  40e,  1.  9.  Sinon  les  wenidUeities  cxperiances). 
Cf.  Cicéron,  De  diviiialuvie  :  «  Est  apud  Platoiiem 
Socrates,  quum  esset  in  custodia  publica,  dicens 
Critoni  suo  familiari,  sibi  post  tertium  diem  esse 
moriendum,  vidisse  se  in  souiniis  pulcliritudine 
eximia  fleminam,  qus  se  nomine  appcllans,  diceret 
Homericum  quendam  ejusmodi  versum, 

Tertium  te  Plitliix'  tempestas  Ixta  locabit. 

Quod  Ut  est  dictum,  sic  scribitur  contigisse.  Xeno- 
phon  Socraticus  (qui  vir  &  quantus  in  ea  militia 
qua  cum  C3T0  minore  peifunctus  est  !)  sua  scribit 
somnia,  quorum  eventus  mirabiles  extiterunt...  Quid 
singulari  vir  ingenio  Aristoteles  &  penè  divino, 
ipséne  errât,  an  alios  vult  errore  ?  quum  scribit 
Eudemum  Cyprium.  »  (I,  xxv;  t.  IV,  249.) 

P.  406,  1.  10.  I^s  histoires  disent).  Cf.  Hérodote  : 
«  Et  dit-on  qu'ils  [les  Atlantes]  ne  mangent  jamais 
cbose  qui  reçoyve  mort,  &  ne  songent  jamais.  » 
(IV,  184;  t.  I,  f  308  v°.) 

P.  406,  1.  13.  Car  Pylhagoras).  Cf.  Cicéron,  De 
divinatione  :  «  Pytliagoras,  6\'  Plato  locupletissimi 
authores,  quo  in  somnis  certiora  videamus,  prœpa- 
ratos  quodam  cuitu  atque  victu  proficisci  ad  dor- 
miendum  jubent.  »  (II,  lviii;  t.  IV,  280.) 

P.  40e,  1.  17.  Theon  Je  philosophe).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Pyrrhon  :  «  Theon  autem  Titiioreus 
Stoicus  dormiens  in  somnis  ambulabat,  Periclisque 
servus  in  summo  tecto.  »  (IX,  lxxxii,  632.) 

P.  406,  1.  22.  L'opinion  de  Faiiorinus).  Cf.  Aulu- 
Gelle,  Nuits  attiqiies,  XV,  viii.  Montaigne  prête  à 
Favorinus  l'opinion  que,  cliez  Auiu-Gellc,  ce  philo- 
sophe critique  :  «Verba...  Pliavorini...  hxc  sunt  : 
Praefecti  popin;e,  atque  luxuriœ  negant  cœnam  lau- 
tam  esse,  nisi  cùm  libentissimè  edis,  tum  auferatur, 
&  alia  esca  melior  atque  amplior  succenturietur.  Is 
nunc  flos  cœnœ  habeatur  inter  istos,  quibus  sumptus 
&  fastidium  pro  facetiis  procedit  :  Qui  negant  uliam 
avem,  prêter  ficedulam,  totam  comesse  oportcre  : 
CiEterarum  avium  atque  altitium,  nisi  tantum  appo- 
natur,  ut  à  cluniculis  inferiori  parte  saturi  fiant, 
convivium  putant  inopia  sordere.  » 


P.  407,  1.  17.  Per  qiur  hixiiria).  «Par  lesquelles 
le  luxe  voudrait  échapper  à  l'ennui  des  richesses.  » 
(Sénèque,  ép.  18.)  Le  texte  de  Sénèque  porte  :  «per 
quod  luxuria...  » 

P.  407,  1.  20.  Si  niodica  cœnare).  «  Si  tu  ne  sais 
pas  te  contenter  d'un  légume  servi  dans  un  modeste 
plat  pour  ton  dîner.  »  (Horace,  Épitres,  I,  v,  2.) 

P.  407,  1.  22.  C'est  tousioiirs  vice).  Rapprocher  ce 
que  Montaigne  a  dit  ci-dessus,  p.  385  et  suivantes. 

P.  408,  1.  I.  F«  pauvre  village).  D'après  une  tra- 
dition qu'aucun  texte  n'autorise,  c'est  au  village  de 
Papessus  que  Montaigne  aurait  été  mis  en  nourrice. 

P.  408,  1.  3.  Magna  pars).  «C'est  une  grande 
partie  de  la  liberté  qu'un  ventre  bien  réglé.  »  (Sé- 
nèque, ép.  123.) 

P.  408,  1.  20.  La  l'clle  humeur  de  Cijehnis).  Cf. 
Plutarque,  Fie -d' Agis  et  de  Clconiènes  (x,  f°  535  1° 
et  suivants). 

P.  408,  1.  29.  Apres  l'exemple  de  Flaminiiis).  Id., 
Fie  de  Flaminius  :  «  Et  pource  qu'il  estoit  convoiteux 
de  gloire  &  d'honneur  sur  tout  choses,  quand  il  se 
presentoit  quelque  bel  &  grand  exploit  à  faire,  il  le 
vouloit  luymesme  faire  sans  qu'autre  v  meist  !a 
main  :  &  se  trouvoit  plus  vouluntiers  avec  ceulx  qui 
avoient  besoin  de  son  aide  que  avec  ceulx,  qui  luy 
pouvoient  aider  &  bien  faire  :  pourautant  qu'il  esti- 
moit  les  uns  matière  d'exercer  sa  vertu,  &  les  autres 
ses  compétiteurs  au  prochas  d'honneur  &  de  gloire.  » 
(I,  fo  258  ro.) 

P.  409, 1.  2.  A  celity  de  Pyrrhus).  Id.,  Fiede  Pyrrhus  : 
«  Il  estoit  homme  qui  scavoit  fort  bien  s'humilier 
envers  les  grands,  dont  il  pouvoir  tirer  du  profit, 
&  s'insinuer  en  leur  bonne  grâce,  comme  aussi  estoit  il 
grand  mcspriseur  de  ceulx  qui  estoient  au  dessoubs 
de  luy.  »  (i,  f"  270  r°.) 

P.  409,  1.  4.  Les  longues  tables).  En  passant  à  Baie, 
Montaigne  écrit  dans  son  Journal  de  voyage  :  «  Les 
moindres  repas  sont  de  trois  ou  quatre  heures  pour 
la  longueur  de  ces  services;  et  à  la  vérité  ils  mangent 
aussi  beaucoup  moins  hâtivement  que  nous  et  plus 
seinement.  »  (P.  83.) 

P.  409,  1.  7.  Sur  la  forme  d'Auguste).  Cf.  Suétone, 
Fie  d'Auguste  :  «  Convivia  nonnunquam  et  serius 
inibat,    et    maturius    relinquebat    cum    conviv^e    et 


4)8 


ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


cœnare  inciperent  priusquam  ille  di.scumberet,  et 
permanerent  digresso  eo.  »  (lxxi.) 

P.  410,  \.  1.  le  les  ayiuc  peu  mites).  A  Bâle,  Mon- 
taigne trouve  qu'ails  assechissent  un  peu  trop  leur 
\4ande  ».  (^Journal  de  voyage,  p.  83.) 

P.  410,  1.  7.  Bonnes  iiisqiies  à  l'excelliiicc).  Dans  le 
Journal  de  voyage,  Montaigne  se  plaint  d'une  violente 
rage  de  dents  qui  le  surprit  aux  bains  de  Lucques. 
Il  est  probable  qu'il  n'y  était  pas  sujet.  «  La  notte, 
e  la  mattina  del  Lunedi  4,  fui  crudelmente  travagliato 
di  dolor  di  denti  :  e  continuai  a  dubitare  non  fusse 
qualche  dente  guasto.  Masticava  mastice  la  niattina 
senza  pro  veruno.  Della  alterazione  che  mi  menava 
questo  cocentissimo  niale,  ne  seguiva  ancora  la  sti- 
tichezza  del  corpo.  Per  la  quale  non  ardi\a  ripigliare 
il  beveraggio  del  bagno  :  et  in  questo  modo  faceva 
pochissima  cura.  In  su  l'ora  di  desinare,  c  tre,  o 
quattro  ore  dopo  desinare,  mi  diede  pace.  Sulle  venti 
mi  si  attaccô  con  tanta  furia  alla  testa,  et  ambedue 
le  guancie,  ch'  io  non  mi  poteva  reggere  in  piedi. 
Per  la  acutezza  del  dolore  mi  veniva  voglia  di  vomi- 
tare.  Era  quando  tutto  in  sudore,  quando  raffredato. 
Questo  sentire,  che  m'assalisse  d'ogni  lato,  mi  dava 
a  credere,  che  non  fosse  il  maie  causato  del  vizio 
d' un  dente.  Perché  in  questo  ch'  il  lato  manco  fusse 
assai  più  tormentato,  nondimeno  ambedue  le  tempie, 
e  il  mémo,  e  fino  aile  spalle,  et  alla  gola,  d'  ogni 
verso  sentiva  aile  volte  grandissimo  dolore  :  si  che 
trapassai  la  più  crudele  notte  ch'  io  mi  ricorda  avère  mai 
passata.  Era  veramente  rabbia,  e  furoie.  »  (P.  434.) 

P.  410,  1.  24.  Solon).  Cf.  Hérodote  :  «  De  sa  part 
j'assigne  à  l'homme-  des  ans  soixante  &  dix,  pour 
l'accomplissement  de  sa  vie.  »  (I,  xxxii,  f"  14  v°.) 

P.  410, 1.  26.  xpiz-i-/  [).i-zz-i).  Voir  Diogène  Laërce  : 
«Cette  excellente  médiocrité,  si  recommandée  autrefois, 
et  en  particulier  par  Cléobule,  un  des  sept  sages  de 
la  Grèce.  »  (I,  xciii.) 

P.  411,  1.  3.  Omuia  qiiiv  secundiini).  a 'i'out  ce  qui 
arrive  conformément  à  la  nature  doit  être  compté 
au  nombre  des  biens.  »  (Cicéron,  De  SenecUilc,  xix.) 

P.  -III,  1.  4.  Dicl  Platon).  «Mors  quam  morbi 
li^  vuhiera  intulerunt,  violenta  est  atque  molesta  : 
qua;  vero  senio  paulatim  ad  finem  deducente  natu- 
ralitcr  surrepit,  inter  omnia  mortis  gênera  levissima 


est  &  cum  voluptate  potius  quàm  dolore  contingit.  » 
(P.  81;  éd.  de  1546,  p.  728.) 

P.  411,  1.  7.  Vilain  adolescent ihiis).  «La  vie  est 
arrachée  violemment  aux  jeunes  gens.  C'est  la  matu- 
rité qui  termine  celle  des  vieillards.  »  (Cicéron,  De 
Senectiite,  xix.) 

P.  4t2,  1.  3.  Mesler  le  poisson  à  la  chair).  Dans  le 
Journal  de  voyage,  Montaigne  remarque  à  Insprug 
(Imisbruck)  :  «  Partout  où  nous  avons  esté  ils  ont 
cete  coutume  de  servir  du  poisson  parmi  la  cher, 
mais  non  pourtant  au  contrere,  aus  jours  de  poisson, 
mesler  de  la  cher,  au  moins  à  nous.  »  (P.  137.) 

P.  412,  1.  6.  Epicnrns  iensnoit).  Cf.  Sénèque, 
ép.   18. 

P.  412,  1.  16.  Ce  inanic  Epicnrns).  Id.,  ibid.  : 
«  Ante,  inquit  (Epicurus),  circumspiciendum  est,  cum 
quibus  edos  et  bibos,  quam  quid  edas  et  bibas.  » 
(Ép.  19.) 

P.  412,  1.  17.  Chilon).  Cf.  Plutarque,  Le  banquet 
des  sept  sages  :  «  Il  me  semble  que  Chilon  feit  tres- 
sagement,  lequel  estant  hier  convié  à  ce  festin  ne 
voulut  jamais  promettre  d'y  venir  que  premièrement 
il  ne  sceust  qui  estoient  les  conviez,  l'un  après 
l'autre.  «  (m,  i'"  151  r°.) 

P.  413, 1.  7.  Mes  maux).  Rapprocher  essai  I,  xxxvi. 

P.  413,  1.  30.  Les  limites  d'Auguste).  Cf.  Suétone, 
fie  d'Auguste,  lxxvii. 

P.  414,  1.  I.  La  reigle  de  Democritus).  Cf.  Érasme, 
Adages  :  «  Idem  (Plinius)  scribit  ad  hune  modum, 
Numerum  quoque  Quaternarium  Democritus  con- 
dito  volumine,  &  quare  quaterni  cyathi,  sextariive 
non  essent  potandi.  Hue  nimirum  allusii  Horatius 
libro  Odarum  tertio.  »  (II,  m,  i.) 

P.  414, 1.  3.  Les  pet i s  verres).  A  Florence,  Montaigne 
remarque  dans  son  Journal  de  voyage  :  «  Le  vice  des 
AUemans  de  se  servir  de  verres  grans  outre  mesure, 
est  icv  au  rebours  de  les  avoir  extraordinairemant 
petits.  »  (P.  194.) 

P.  414,  1.  8.  On  mesie  cehiy).  Rapprocher  Guil- 
laume Bouchet,  Sérées  :  «  Vinum  lymphatum,  cito 
potatum,  gignit  lepram.  Alors  se  trouva  un  de  nostre 
serée,  qui  accorda  bien  qu'il  estoit  bon  à  ceux  qui 
mcttoyent  de  l'eau  en  leur  vin,  de  l'avoir  meslée 
long  temps  avant  que  de  boire.  »  (I,  i,  18.) 


LIVRE      III,      CHAPITRK      XIII. 


439 


P.  414, 1.  9.  Ils  ih'seitl  que  Cranaus).  Selon  Atliéiiée, 
II,  II,  ce  n'est  pas  Cranaus,  mais  Aniphictyon,  son 
successeur,  qui  fut  l'inventeur  de  cet  usage. 

P.  414,  1.  II.  l'estime  plus  deceni).  Rapprocher 
l'essai  II,  11,  p.  17,  1.  11,  et  la  note. 

P.  414,  1.  14.  Fn  (ikinaii  qui  mil  de  l'eau).  Rap- 
procher Journal  de  voyage  :  «  Leur  service  de  table 
est  fort  différent  du  nostre.  Ils  ne  se  servent  jamais 
d'eau  à  leur  vin,  et  ont  quasi  raison  :  car  leurs  vins 
sont  si  petits,  que  nos  gentilshommes  les  trouvoint 
encore  plus  foihles  que  ceu.\  de  Guascongne  fon 
baptisés,  et  si  ne  laissent  pas  d'cstre  bien  délicats.  » 
(P.  81.) 

P.  415,  1.  5.  Sentir  du  trouble).  Rapprocher /u//;;/rt/ 
de  voyage  :  «  Sentivami  ancora  tal  volta  abbagliar  gli 
occhi  quando  mi  affaticava  o  a  leggerc,  o  a  fissarli 
incontra  a  qualche  objetto  splendente  e  chiaro  :  e 
n'  era  in  gran  travaglio  d' animo  sentendo  conti- 
nuarmi  questo  difetto  dal  giorno  che  mi  pigliô  la 
migrena  ultimamente  presso  a  Firenze  :  cioè  una 
gravezza  di  testa  sur  la  fronte  senza  dolore,  un  certo 
annuvolar  degli  occhi  che  non  mi  curtava  la  vista, 
ma  non  so  come  me  la  turbava  aile  volte.  »  (P.  364). 

P.  415,  1.  21.  La  châbericre  du  philosofc).  Cf.  Dio- 
gène  Laërce,  VII,  clxxxiii. 

P.  416,  1.  5.  Par  fois  iiws  doits).  \o\v  ci-dessus, 
même  essai,  p.  386,  1.  16,  et  la  note. 

P.  416,  1.  5.  Diogenes).  Cf.  Plutarque,  One  la  Fertii 
se  peult  enseigner  &  apprendre  :  «  Diogenes  voyant  un 
jeune  garçon  qui  mangeoit  gouluëment,  donna  un 
soufflet  à  son  paîdagogue.  »  (11,  f°  39  r°.) 

P.  416,  1.  6.  //  V  auoit  a  Rome  des  gens).  Cf.  Sé- 
nèque,  Épîtres  :  «  Quod  si  velis  dein,  quemadmodum 
amhules,  discere,  admittte  istos,  quos  nova  artificia 
docuit  famés:  erit  qui  gradus  tuos  temperet,  et  buccas 
et  dentés  obsen-et.  »  (Ép.  15.) 

P.  416,  1.  13.  Par  la  raison  que  Platon).  Dans  le 
Protagoras  :  «  Videtur  mihi  disputatio  de  rébus  poe- 
ticis  persimilis  esse  conviviis  imperitorum  plebeio- 
riimque  hominum.  Qui  cum  propter  inscitiam  ne- 
queant  invicem  propria  voce  suisque  sermonibus  ipsi 
coUoqui,  mercede  exhibita,  tihicinas  introducunt, 
&  aliéna  voce,  hoc  est  tibiarum  flatu,  convivium 
transigunt.  Ubi  autem   boni  ptc-eclarique  &  eruditi 


viri  conveniunt,  neque  tibicinas  ibi,  neque  saltatrices, 
neque  cantatrices  ullas  videas,  sed  voce  propria 
remotis  iis  nugis  jocisque  convivium  celebrare,  &  al- 
ternis  interrogationibus  responsionibûsque  modeste 
disserere,  etiam  si  vinuni  abunde  bibant.  »  (XXXII, 
p.  347;  éd.  de  154e,  p.  243.) 

P.  416,  1.  16.  Varro  demande).  Cf.  Aulu-Gelle  : 
«  Ipsum  deinde  convivium  constat,  inquit,  ex  rébus 
quatuor,  et  tum  denique  omnibus  suis  numeris 
absolutum  est  :  si  belli  homunculi  collecii  sunt  :  si 
lectus  locus  :  si  tempus  lectum  :  si  apparatus  non 
neglectus.  »  (XIII,  xi.) 

P.  417,  1.  2.  Xerxes  estoit  un  fat).  Cf.  Cicéron, 
Tiisc.  :  «  Xerxes  —  refertus  omnibus  pra:miis,  do- 
nisque  fortune  —  pnïmium  proposuit,  qui  invenisset 
novani  voluptatem.  »  (\',  vu;  t.  IV,  p.  170.) 

P.  417,  1.  I2-.  Sincenim  est  nisi  lias).  «  Si  le  vase 
n'est  pas  net,  tout  ce  que  vous  y  versez  .s'aigrit.  » 
(Horace,  Épitres,  I,  n,  54.) 

P.  417,  1.  19.  La  balance  de  Crilolaiis).  Cf.  Cicéron, 
Tiisc.  :  «  Quo  loco  quicro  quam  vim  habeat  libra 
illa  Critolai;  qui  quum  in  alteram  lancem  animi 
bona  imponat,  in  alteram  corporis  &  externa  tantum 
propendere  illam  boni  lancem  putet,  ut  terram  et 
maria  déprimât.  »  (V,  xvii;  t.  IV,  p.  174.) 

P.  418,  1.  3.  Les  philosophes  cyrenaiqties).  Cf.  Dio- 
gène  Laërce,  Vie  d'Aristippe  :  «  Longe  tamen  esse 
pnrstnntiores  corporum  quam  animorum  voluptates, 
deteriorésque  corporis  quàm  animi  affectationcs,  quo- 
circa  &  his  peccantes  magis  cruciari.  »  (II,  xc,  150.) 

P.  418,  1.  5.  Come  dict  Aristote).  Dans  la  Morale 
il  Xiivmaqiie,  II,  \'ii,  et  III,  xi. 

P.  418,  1.  7.  Ne  refusent  la  lumière).  Rapprocher 
Sénèque,  Épitres  :  «  Concupiscenti  aut  contemnenti 
omnia  prout  magno  aut  parvo  empta  sunt,  fastidio 
est  lumen  gratuitum.  »  (Ep.  122.) 

P.  418,  1.  14.  Aristippus).  Cf.  Cicéron,  Académi- 
ques :  «  Aristippus,  quasi  animum  nullum  haheamus, 
corpus  solum  tuetur  :  Zeno  quasi  corporis  simus 
expertes,  animum  solum  complectitur.  »  (II,  xlv; 
t.  IV,  p.  34.)  Cicéron  critique  l'attitude  de  ces  deux 
philosophes;  il  préfère  suivre  l'opinion  moyenne  de 
Calliphon  et  de  Carnéade. 

P.   418,   1.   16.   Pythagoras,  disent  ils).   Cf.   saint 


4^0 


ESSAIS      DE      MOXTAIGKE. 


Augustin,  Cité  de  Dieu  :  «Cùm  stuJiuui  sapientiœ 
in  actione  &  contemplatione  versetur,  unde  una  pars 
ejus  activa,  altéra  contemplativa  dici  potest.  Quarum 
activa  ad  agendam  vitam,  id  est,  ad  mores  consti- 
tuendos  pertinet,  contemplativa  auteai  ad  conspi- 
ciendas  naturaf  causas,  &  syncerissimam  veritatem. 
Socrates  in  activa  excelluisse  memoratur  :  Pythagoras 
verô  magis  contemplativ.'c  quibus  potuit  intelligentas 
viribus  institisse.  Proinde  Plate  utrunque  jungendo 
pliilosophiam  perfecisse  laudatur,  quam  in  très  partes 
distribuit.  »  (VIII,  iv.)  Cf.  aussi  Marsile  Ficin,  dans 
son  Coiiiineiitaire  des  Lois  de  Platon  :  «  Compertum... 
habemus  sapientiam  quidem  Pythagor.e  magis  in 
contemplando,  Socratis  vero  in  agendo  magis,  Pla- 
tonis  denique  in  contemplando  pariter  atque  agendo 
consistere.  »  (I;  éd.  de  1546,  p.  743.) 

P.  420,  1.  2.  Et  Bniliis).  Cf.  Plutarque,  Vie  de 
Bnttiis  :  «  En  ce  camp  là  tout  le  long  du  jour,  ex- 
cepté le  temps  qu'il  estoit  avec  Pompeius,  il  vacquoit 
aux  livres  &  à  l'estude,  non  seulement  tous  les  jours 
précédents,  mais  aussi  celuy  mesme  de  devant  la 
grande  battaille  de  Pliarsale.  Il  estoit  au  cueur  d'esté 
&:  faisoit  un  fort  grand  cliault,  avecques  ce  que  Ion 
avoit  logé  le  camp  près  de  lieux  marescageux,  &  ceulx 
qui  portoient  sa  tente  avoient  beaucoup  demouré  à 
venir  :  au  moien  dequoy  tout  las  &  travaillé  qu'il 
estoit,  à  peine  se  meit  il  sur  le  midy  à  manger  un 
morceau  :  puis  au  lieu  que  les  autres  dormoient,  ou 
bien  pensoient  &  se  soucioient  de  ce  qui  adviendroit 
le  lendemain,  il  estudia  &  escrivit  tout  le  long  du 
jour  jusques  au  soir,  composant  un  sommaire  de 
Polybius.  »  (i,  {"  687  r°.) 

P.  420,  1.  7.  O fortes).  «Courageux  guerriers,  qui 
avez  souvent  partagé  avec  moi  de  plus  rudes  épreuves, 
aujourd'hui  noyez  vos  soucis  dans  le  vin;  demain 
nous  nous  embarquerons  sur  la  vaste  mer.  »  (Horace, 
Odes,  I,  VII,  30.) 

P.  420,  I.  10.  Fin  théologal).  Rapprocher  Erasme, 
Adages  :  Hac  tempestate  apud  Parisios  vujgari  joco 
vinum  theologicum  vocant  quod  sit  validissimum.  » 
Voir  aussi  Henri  Esiienne,  Apologie  pour  Hérodote, 
XXII.  L'expression  «  vinum  théologale  »  se  rencontre 
déjà  dans  les  sermons  d'Olivier  Maillard. 

P.  420,  1.  21.  Ciii  cor  sapiat).  «Avec  un  jugement 


délicat  qu'il  ait  encore  un  palais  délicat.  »  (Cicéron, 
De  fin.,  II,  ^■I1I.)  Montaigne  conserve  en  gros  l'idée 
de  Cicéron  qui  dit  :  «  Nec  enim  sequitur,  ut  cui  cor 
sapiat,  ei  non  sapiat  palatus.  »  (II,  viii;  t.  IV,  p.  51.) 
Mais  les  contextes  de  part  et  d'autre  diffèrent  passa- 
blement, car  Cicéron  stipule  que  le  sage  doit  faire 
peu  de  cas  («  parvi  ducere»)  des  plaisirs  que  procurent 
les  sens. 

P.  420,  1.  22.  Le  relâchement).  Dans  sa  lettre  à 
Henri  IV  datée  du  18  janvier  1590,  Montaigne  loue 
tout  particulièrement  ce  prince  de  savoir  se  démettre 
aux  petites  affaires.  «  C'est  estre  audessus  du  pois 
&  de  la  foule  de  vos  grans  &  importans  affaires  que 
de  vous  sçavoir  prester  &  desmettre  aus  petits  à  leur 
tour  suivant  le  devoir  de  vostre  authorité  royale  qui 
vous  expose  à  toute  heure  à  toute  sorte  &  degré 
d'homes  &  d'occupations...  » 

P.  420,  1.  23.  Epaminondas).  Cf.  Cornélius  Képos, 
Vie  d' Epaminondas  :  «  Citharizare  &  cantare  ad  chor- 
danmi  sonum  doctus  est  a  Dionysio...  Carmina 
cantare  tibiis  ab  Olympiodoro,  saltare  a  Calliphrone.» 
(11,  p.  22.)  Xépos  insiste  longuement  sur  ces  parti- 
cularités du  caractère  d'Epaminondas  qui  lui  semblent 
choquer  l'idée  que  le  Romain  se  fxit  du  héros.  »  Voir 
aussi  Cicéron,  Tusc,  I,  11. 

P.  421,  1.  3.  D'un'  origine  céleste).  Cf.  Tite-Live, 
XXVI,  XIX,  481.  Voir  aussi  Aulu-Gelle,  VII,  i; 
\'alère  Maxime,  I,  m,  dont  les  témoignages  sont 
rappelés  dans  les  Annotationes  ex  variis  doctorinn  Iticii- 
brationilms  collecta:  que  Montaigne  trouvait  très  pro- 
bablement dans  son  édition  de  Tite-Live. 

P.  421,  1.  5.  Baguenaudant).  C'est  de  Scipion 
Emilien  qu'il  est  ici  question,  comme  Montaigne 
l'avait  fort  bien  indiqué  en  1588,  non  du  premier 
Africain,  auquel  se  rapporte  toute  l'addition  de 
l'exemplaire  annoté.  Montaigne  a  confondu  les  deux 
personnages.  Pour  ces  faits,  cf.  Cicéron,  De  oratore, 

II,    VI. 

P.  421,  1.  7.  Représenter  par  cscript).  Rapprocher 
l'essai  I,  xi.,  p.  324,  1.  6. 

P.  421,  1.  10.  Visitant  les  escMes).  Montaigne 
continue  à  confondre  les  deux  Scipions  :  cette  tois, 
de  nouveau,  c'est  du  premier  Africain  qu'il  s'agit. 
Cf.  Tite-Live,  XIX,  xix. 


LIVRE     III,      CHAPITRE     XIII. 


461 


P.  421.  Texte  de  1588  :  Le  plus  beau  couple).  Plu- 
tarque  avait  composé  une  vie  de  Scipion  qu'il  mettait 
en  parallèle  avec  Epaminondas.  C'est  ce  qu'Amyot, 
dans  la  préface  de  sa  traduction  des  Fies,  apprenait  à 
Montaigne.  Rapprocher  ce  qu'il  a  écrit  dans  l'essai  II, 
XXXVI,  p.  87,  1.  lé. 

P.  421,  1.  15.  S'esl  ven  eu  écluse).  Cf.  Platon, 
Banquet  :  a  Cum  aliquando  cogitatio  quœdam  inci- 
disset,  stetit  cogitans  eodem  vestigio  matutino  tem- 
pore  :  cumque  explicare  id  quod  cogitabat  non  dare- 
tur,  perstabat  cogitans  nec  dimittebat...  Socrates  stetit 
usque  ad  auroram  sequentem,  ac  solis  exortum.  » 
(xxxvi,  p.  220;  éd.  de  1546,  p.  458.) 

P.  421,  1.  18.  Au  secours  d'Alcihittdcs).  Ici.,  ihid.  : 
«  Nemo  alius  me  servavit  (dit  Alcibiade  dans  le  Ban- 
quet) quam  Socrates.  Videns  enim  me  graviter  vul- 
neratum,  nequaquam  deseruit,  sed  ante  me  prosiliens, 
me  ipsum  atque  arma  mea  protexit,  ab  hostibusque 
servavit.  »  (xxxvi,  p.  220;  éd.  de  1546,  p.  439.) 

P.  422,  I.  2.  Recherché  par  une  beauté).  Cf.  Platon, 
Banquet,  xxxii,  p.  215;  éd.  de  1546,  p.  42e. 

P.  422,  1.  3.  En  la  bataille  Deliene).  Cf.  Diogène 
Laërce,  Vie  de  Socrate  :-  «  Praslio  commisso  circa 
Delium,  lapsum  equo  Xenophontem  apprendit,  atque 
servavit.  »  (II,  xxii,  p.  110.) 

P.  422,  1.  5.  Marcher  à  la  guerre).  Cf.  Platon, 
Banquet  :  «  Primum...  laborum  patientia  non  me 
solum,  sed  alios  omnes  longe  superabat  :  &  siquo 
in  loco,  ut  accidere  solet  in  bello,  commeatus  defi- 
ceret,  nuUi  pares  huic  reperiebantur  ad  famem  sitim- 
que  perferendam.  Rursus  vero  in  abundantia  reiiim 
&  comessatione  mensaque  militari,  solus  hic  frui 
posse  videbatur.  Et  quamvis  bibere  nollet,  tamen  si 
cogebatur,  omnes  protinus  bibendo  longe  vincebat  : 
&  quod  mirabile  est,  ebrium  quisquam  eum  nun- 
quam  conspexit.  Sed  hoc  mihi  adhuc  in  posterum 
redargui  posse  videtur.  Adversus  autem  hyemes 
&  frigora,  quae  illis  in  locis  asperrima  sunt,  mirabilia 
faciehat.  Quandoque  enim  gelu  maximo  intolerabili- 
que  facto,  ita  ut  nulli  exire  de  tabernaculis  auderent, 
&  siqui  exibant,  non  nisi  suiîarcinati  admodum, 
pedésque  et  crura  pellibus  pannisque  laneis  diligenter 
circumvoluti  :  Socrates  per  hoc  ipsum  tempus  ita 
exibat  cum  cccteris  militibus,  ut  nihil  ad  eam  vestem 


adjungeret,  quam  primo  ferre  solitus  erat.  Nudis  vero 
pedibus  per  glacicm  facilius  incedebat,  quam  cum 
calceis  alii.  »  (xxxv,  p.  219;  éd.  de  1546,  p.  438.) 

P.  422,  1.  II.  Estoit-il  conuié).  Cf.  ci-dessus  le  texte 
cité  pour  la  p.  422,  I.  5.  A'oir  aussi  le  Banquet,  pp.  213 
et  223. 

P.  422,  1.  27.  Elle  tient  pour  grand).  Ct.  Sénèque, 
Epltres  :  «  Magni  animi  est  magna  contemnere,  ac 
mediocria  malle  quam  nimia.  »  (Ép.  39.) 

P.  423,  1.  II.  Eudoxus).  Cf.  Diogène  Laërce,  Vie 
d'Eudoxiis  :  «  Enim  vero  Nicomachus  Aristotelis 
filius  illum  ait  voluptatem  bonum  dicere.  »  (VIII, 
Lxxxviii,  p.  576.) 

P.  423,  1.  15.  Eodeni  enim  uitio).  «La  dilatation 
de  l'âme  dans  la  joie  n'est  pas  moins  blâmable  que 
sa  contraction  dans  la  douleur.  »  (Cicéron,  Tnsc, 
IV,  XXXI.) 

P.  423,1.  18.  D'estendre  l'autre).  Rapprocher  l'essai 
III,  IX,  p.  249,  1.  19.) 

P.  423,  1.  21.  Platon  les  accouple).  Voir  essai  II, 
XX,  p.  465,  1.  15  et  la  note.  Outre  le  passage  du 
Phédou  qui  est  cité  en  cet  endroit,  on  peut  voir 
Platon,  Philèbe,  xiii,  p.  27  ;  République,  v,  p.  462;  etc. 

P.  423,  1.  22.  L'office  de  la  fortitude).  Cf.  Platon, 
Lois  :  «  Utrum  ad  timorés  solum  atque  dolores  forti- 
tudini  pugna  est  duntaxat?  An  etiam  ad  cupiditates 
voluptatesque,  ac  véhémentes  quasdam  blanditias, 
qucE  eorum  etiam  qui  honesti  videntur,  aninios 
flectunt,  &  quasi  caereos  faciunt  ?  —  Adversus  hxc 
omnia.  »  (I,  p.  633;  éd.  de  1546,  p.  750.) 

P.  423,  1.  24.  Ce  sont  deus  font eines).  Cf  Platon, 
Lois  :  «  Duo  namque  hi  fontes  natura  scaturiunt  : 
à  quibus  qui  haurit,  unde,  quando,  quantumque 
oportet  felix  est,  privatus  scilicet  &  civitas  omneque 
animal.  »  (I,  p.  6^6;  éd.  de  1546,  p.  751.) 

P.  424,  1.  I.  Ladolur).  Cf.  Platon,  Lois  :  «Pri- 
mum profecto  puerorum  sensum  esse  dico  voluptatis 
atque  doloris...  :  Disciplinam  appello  virtutem  qu3e 
primo  pueris  advenit.  Si  voluptas  &  amor  dolorque 
&  odium  recte  in  animos  influant  antequam  ratione 
moveantur,  &  ratione  deinde  présente,  rationi  con- 
sentiant  propter  superiorem  bonorum  morum  con- 
suetudinem,  h.^c  ipsa  consentio  universa  quidem 
virtus  est.  »  (II,  p.  653;  éd.  de  154e,  p.  758.) 


46: 


ESSAIS      DE      MON'TAIGNE. 


P.  424,  1.  15.  Stiiiti  tiita...).  «La  vie  de  l'insensé 
est  ingrate,  elle  est  trouble;  elle  se  porte  tout  entière 
dans  l'avenir.»  (Sénèque,  ép.  15.)  Le  texte  est  celui 
des  éditions  contemporaines. 

P.  42e,  1.  3.  Morte  obita  qiiaks).  «  Semblables  à 
ces  fantômes  qui  voltigent  dit-on  après  la  mort,  ou 
à  ces  songes  qui  trompent  nos  sens  endormis.  » 
(Virgile,  Enéide,  X,  641.) 

P.  426,  1.  6.  Alexandre  disoit).  Cf.  Arrien  de  Nico- 
médie  :  «  Quant  à  moy,  je  n'estime  point  qu'un 
homme  généreux  et  de  bon  cueur  se  propose  d'autre 
but  de  ses  travaux  mesmes,  qui  luy  causent  tout 
honneur  et  réputation.  »  (V,  xxvi,  220.) 

P.  426,  1.  8.  A7/  aclitni  credens).  «  Crovant  n'avoir 
rien  fait  tant  que  quelque  chose  restait  à  faire.  » 
(Lucain,  II,  637.) 

P.  426,  1.  12.  Sapiens diuiliarnni).  «Le  sage  recher- 
che avec  avidité  les  richesses  naturelles.  »  (Sénèque, 
ép.  119.)  Le  texte  «quœsitor»  est  indiqué  en  marge 
dans  l'édition  de  Bàle  1557. 

P.  42e,  1.  14.  Par  laquelle  Epimenides).  Cf.  Plu- 
tarque,  Banquet  des  sept  sages,  xi\-,  f°  156  v°,  où  il  est 
longuement  parlé  de  cette  drogue  d'Epiménide.  Voir 
aussi  Diogène  Laërce,  Vie  d'Epiménide,  l,  cxiv,  89. 

P.  426,  1.  22.  Om'nia  qtiœ  secitndiim).  «Tout  ce 
qui  est  selon  la  nature  est  digne  d'estime.  »  (Cicéron, 
De  finibiis,  III,  vi.)  Le  texte  est  tiré  de  deux  phrases  : 
«  .Estimabile  esse  dicitur...  id  quod  aut  ipsum  secun- 
dum  naturam  sit,  aut  taie  quid  cfficiat,  ut  selectione 
dignum  propterea  sit,  quod  aliquod  pondus  habeat 
dignum  Kstimatione . . .  Initiis  igitur  ita  constitutis, 
ut  ea  qu^  secundum  naturam  sunt,  ipsa  propter  se 
sumenda  sint...  »  (III,  vi;  t.  IV,  p.  69.) 

P.  427,  1.  6.  Le  raisonable  aueq).  Cf.  Sénèque, 
Épîlres  :  «  Adjicimus  raiionali  irrationale,  honesto 
in  honestum...  Fortissim;e  rei  inertissima  adstruitur; 
severissim*  parum  séria.  »  (Ép.  92.) 

P.  427,  1.  13.  //  prœfere  celle  de  l'esprit).  \o\r  par 
exemple  la  République,  IX,  p.  585. 

P.  427,  1.  19.  hitrandmn  est).  «Il  faut  pénétrer  la 
nature  des  choses  et  voir  exactement  ce  qu'elle 
exige.  »  (Cicéron,  V,  xvi.) 

P.  427,  1.  20.  Nous  l'auons  confondue).  Rapprocher 
l'essai  III,  xii. 


P.  428,  1.  5.  Atuq  laquelle).  Cf.  Platon,  Lois  : 
«  Immo  vero  ad  hoc  ipsum  respexisse  videtur,  qui 
proverbio  primus  ita  de  deo  est  locutus,  quod 
nec  deus  unquam  cum  necessitate  pugnabit.  »  (MI, 
p.  818;  éd.  de  1546,  p.  836.) 

P.  428,  1.  9.  Qui  iielut).  «  Quiconque  exalte  l'àme 
comme  le  souverain  bien  et  condamne  la  chair 
comme  chose  mauvaise,  embrasse  et  chérit  l'âme 
charnellement  et  charnellement  fuit  la  chair,  parce 
qu'il  en  juge  par  vanité  humaine,  non  d'après  la 
vérité  divine.  »  (Saint  Augustin,  Cité  de  Dieu,  XIV, 
V.)  Notons  que  saint  Augustin  parle  ainsi  pour 
combattre  la  doctrine  des  Manichéens. 

P.  428,  1.  15.  Conduire  l'homme).  Rapprocher 
l'essai  III,  11. 

P.  428,  1.  18.  Stullitix  propriuni).  «  Peut-on  nier 
que  ce  soit  le  propre  de  la  sottise  de  faire  lâchement 
et  en  maugréant  ce  qu'on  est  forcé  de  faire,  de  pousser 
le  corps  d'un  côté  et  l'âme  de  l'autre,  de  se  partager 
entre  des  mouvements  si  contraires?»  (Sénèque. 
ép.  74.)  Montaigne  écrit  quiv  facienda  sunt  au  lieu 
de  quw  facit,  texte  des  éditions  contemporaines. 

P.  429, 1.  8.  Archimedes).  Allusion  à  l'enthousiasme 
d'Archimède  qui,  sollicité  par  Hiéron  de  Syracuse 
de  vérifier  si  une  couronne  d'or  était  pure  de  tout 
mélange  d'argent,  et  ayant  à  cette  occasion  décou- 
vert dans  son  bain  un  grand  principe  d'hydrostatique, 
sortit  tout  nu  dans  la  rue  en  s'écriant  :  «Eurêka! 
Eurêka  !  » 

P.  429,  1.  21.  Esope).  Cf.  Planude,  Vie  d'Esope. 

P.  430,  1.  9.  Ses  fantasiesj.  Voir  Quinte  Curce, 
IV,  VII,  29  et  30;  et  rapprocher  Rnuie  d'Histoire  lit- 
téraire de  la  France,  année  1916,  p.  419.  ^'oir  encore 
dans  Quinte  Curce,  VIII,  v,  13  et  22.  En  marge  de  son 
exemplaire,  Montaigne  écrit  «  déification  d'Alexan- 
dre »  ;  et  plus  loin,  quand  Quinte  Curce  raconte 
que  les  Perses  se  prosternent  devant  lui,  Montaigne 
note:  «  adoration  ».  Rrcue  d'Histoire  littéraire  de  la 
France,  19 18,  p.  617. 

P.  430,  1.  10.  Philotas  le  mordit).  Id.,  ibid.  :  «  Hic, 
cum  scripsissem  ei  pro  jure  tam  familiaris  usus  atque 
amicitia;,  qualis  sors  édita  esset  Jovis  Hammonis 
oraculo  :  sustinuit  scribere  mihi,  se  quidem  gratu- 
lari,   quôd   in   numerum  deorum  receptus  essem  : 


LI  VRE     III,      I 

casterum  misereri  eoruin,  quitus  vivendum  esset  sub 
eo,  qui  modum  hominis  excederet.  »  (VI,  ix,  i8.) 

P.  430,  1.  15.  Diis  te  niinoretn).  «C'est  en  te  sou- 
mettant aux  dieux  que  tu  règnes  sur  le  monde.  » 
(Horace,  Odes,  III,  vi,  5.)  Cette  citation  se  trouve 
cliez  Juste  Lipse,  Adversiis  dialogisliiiii,  i. 

P.  430,  1.  16.  La  gentille  inscription).  Cf.  Plutarque, 
Vie  de  Pompée  :  «  En  sortant  de  la  ville  d'Athènes, 
il  leut  deux  escripteaux  qui  avoient  e.sté  faits  en  sa 
louange,  l'un  au  dedans  de  la  porte,  qui  disoit, 

«  D'autant  es  tu  dieu,  comnii 
»  Tu  te  rtcognois  homme.  » 


H.^PITRE      XIII.  465 

Et  l'autre  au  dehors  de  la  mesme  porte,  qui  disoit, 

«  Nous  t'attendions,  nous  te  voions, 
»  Nous  t'adorons,  et  convoj'ons.  » 

(vu,  f-  443  r".) 

P.  431,  1.  6.  Fini  paratis...).  «Accorde-moi,  fils 
de  Latone,  de  jouir  des  biens  que  j'ai  acquis,  avec  une 
santé  robu.ste,  et,  je  t'en  prie,  avec  toutes  mes  facul- 
tés intellectuelles;  fais  que  ma  vieillesse  ne  soit  pas 
abjecte  et  puisse  encore  toucher  la  lyre.  »  (Horace, 
,  Odes,  I,  XXXI,  17.) 


FIN    DU    LIVRE    •IKOISIE.VIE. 


ADDITIONS    ET    CORRECTIONSO. 


LIVRE     PREMIER. 


P.  4,  I.  30.  Lire  :  Passion  vitieiisc).  De  cJcuientia, 
II,  V. 

P.  6,  1.  24.  Alexandre).  L'expression  semble  em- 
pruntée d'Amyot,  à  la  fin  du  premier  traité  sur  la 
fortune  d'Alexandre  :  «Qui  fut  oncques  plus  ennemy 
de  ceulx  qui  font  injustice,  ne  plus  gracieux  aux 
affligez?  »  (II,  f°  311,  r".)  Voir  Revue  d'histoire  litté- 
raire de  la  France,  année  1916,  p.  415. 

P.  12,  1.  20.  Otiltre  la  feiiiine).  Les  trois  premiers 
de  ces  exemples  sont  chez  Corneille  Agrippa,  De 
philosophia  occulta,  I,  lxiii,  ouvrage  que  Montaigne  a 
certainement  utilisé  avant  1580. 

P.  15,  1.  6.  Celle  icy  me  semble).  Peut-être  y  a-t-il 
là  un  souvenir  \'ague  d'un  passage  de  Diodore  de 
Sicile,  I,  Lxxii. 

P.  18,  1.  3.  lean  Vischa).  Cf.  Histoire  des  Rovs  et 
Princes  de  Poloigue...,  par  noble  et  magnifique  sieur 
Jean  Herburt  de  Fulstin  :  «  Ils  suivovent  en  cela  la 
cruauté  de  leur  capitaine  Zisca,  lequel  non  contant 
d'avoir  faict  assez  du  fol  en  sa  vie,  ordonna  par  son 
testament  qu'il  fut  escorché  et  qu'on  feit  de  sa  peau 
un  tabourin,  asseurant  que  au  son  d'iceluy  leurs 
ennemis  s'enfuyroient  tous  effrayez.»  (F"  150  v). 

P.  41,  1.  13.  Zm  Pythagoriens).  Cf.  Aristote,  Morale 
à  Nicomaque,  II,  vi,  14. 

P.  56,  TITRE.  Une  préoccupation  du  même  genre 
se    fait    jour    dans    une    annotation    manuscrite    de 


Montaigne  en  marge  de  son  Nicole  Gilles.  (Voir 
annotation  103,  Revue  d'histoire  littéraire  de  la  France, 
année  1912,  p.  137.) 

P.  59,  1.  19.  Receple  à  tous  maux).  Cf.  l'essai  II, 
m,  p.  24,  1.  2o.et  la  note. 

P.  62,  1.  10.  Le  premier  article).  Lire  :  Diodore 
de  Sicile,  XI,  xxix. 

P.  66,  1.  8.  Lire  :  Cité  de  Dieu,  I,  xi. 

P.  68,  1.  2.  Memineris).  Lire  :  ...  de  la  vie  qui 
nous  déplaît  comme  d'un  théâtre. 

P.  70,  1.  15.  Un  garçonnet).  Le  même  exemple 
reparaît  dans  l'essai  II,  xxxii. 

P.  76,  1.  28.  Tôt  per).  «  A  travers  tant  de  mers 
déchaînées.  »  (Catulle,  iv,  18.) 

P.  93,  1.  13.  Pareille  peur).  A  l'époque  où  il  écrit 
ceci,  Montaigne  souligne' dans  son  Quinte-Curce(IC, 
XIII,  5,  p.  48)  la  phrase  suivante  :  «  Vanis  et  inanibus 
militem  magis  quam  justis  formidinis  causis  moveri.  » 
(Cf  Revue  d'histoire  littéraire  de  la  France,  année  1916, 

P-  43  5-) 

P.  93, 1.  14.  DeGermauicus).  Lire  :  Tacite,  Annales, 

II,  WII. 

P.   93,  1.   21.  Adeo  pauor).  Lire  :   Quinte-Curce, 

m,  XI. 
p.  9 

''épître  91 


15.  £■/  semble  qiw  la  fortune).  Voir  surtout 
«  Quidquid  longa  séries  multis  laboribus 


struxit,  id  unus  dics  spargit  ac  dissipât.  » 


(I)  Quelques-unes  des  annotations  qui  vont  suivre  sont  dues  à  .Miss  Gr.ice  Norton,  dont  on  coiin.nit  les  crudités  publications  sur 
Montaigne.  C'est  b.  sa  suggestion,  eu  particulier,  que  je  me  suis  décide  à  multiplier  les  renvois  d'essai  à  essai,  qui  apportent  un  notable  secours 
pour  le  commentaire.  I.e  commerce  quotidien  qu'elle  entretient  depuis  plus  de  cinquante  ans  avec  les  Essais,  le  culte  de  cette  .\mcncaiuc  pour 
notre  Montaigne,  sa  rare  compétence,  sont  des  faits  bien  dignes  de  remarque.  Je  saisis  avec  plaisir  celte  occasion  qiu  m'est  ofleite  de  remercier 
Miss  Grâce  Norton  de  sa  collaboration. 


466 


LIVRE     I,      CHAPITRES      XX 


P.  100,  1.  I.  Ciccio).  Il  est  à  propos  de  rappeler 
que  cette  opinion  platonicienne  est  développée  dans 
VÉlogi-  de  la  Folie,  vers  la  fin  :  «  Proinde  philosophiam 
définit  (Plato)  esse  mortis  meditationem  quod  ea 
uientem  a  rébus  visibilibus,  ac  corporels  abducat, 
quod  idem  utique  mors  facit.  » 

P.  loi,  1.  23.  Sa  qiiesie  est  scuhrciise).  Rapprocher 
l'essai  I,  xxvi,  p.  209,  1.  6. 

P.  102,  1.  17.  Omiies  eodem).  Lire  :  «  ...  par  la 
barque  de  Caron  dans  la  mort  éternelle.»  Le  mot 
aier-nuiii  est  coupé,  comme  chez  Montaigne,  dans  les 
éditions  de  Lambin,  dont  la  première  date  de  1561; 
la  leçon  exitium,  au  lieu  de  cxiliiiiii  ou  exiiliiim,  est 
indiquée  comme  autorisée  par  plusieurs  manuscrits 
dans  les  éditions  de  Lambin  et  de  Pulmannus. 

P.  105,  1.  9.  Aiiiiiliiis  Lepidiis).  Lire  :  Pline,  Hisl. 
liât.,  VII,  Liv. 

P.  III,  1.  23.  Ce  que  dit  César).  Dans  son  exem- 
plaire de  César  (p.  176)  Montaigne  a  souligné  ce 
texte  :  «  Omnia  enim  plerumque,  qux  absunt,  vehe- 
mentius  liominum  mentes  perturbant.  » 

P.  116,  1.  24.  Licet).  Le  texte  «quod  vis»  est  bien 
celui  de  l'édition  Lambin,  1563;  mais  Montaigne 
remplace  «  condere  seçla  »  par  «  vincere  secla  »  qu'il 
trouve  ailleurs  dans  Lucrèce. 

P.  117,  1.  21.  7>/ <7  uescit).  Cette  idée  est  longue- 
ment développée  dans  l'épître  93  de  Sénèque. 

P.  118,  1.  17.  Chiron).  Cf.  Lucien,  Dialogues  des 
Morts,  XXVI.  Ce  trait  a  été  vulgarisé  au  xvr  siècle 
en  particulier  par  YÉloge  de  la  Folie  d'Erasme  (xxxi, 
édition  Frober  1522,  p.  181). 

P.  121,  TITRE.  Montaigne  a  utilisé  pour  ce  chapitre 
l'ouvrage  de  Corneille  Agrippa,  De  occulta  philosophia. 
(Voir  surtout  les  chapitres  lxiii,  lxiv  et  lxv  du 
livre  I.  Cf.  à  ce  sujet,  dans  la  Revue  d'histoire  litté- 
raire de  la  France  de  1912,  notre  article  intitulé  : 
('  Une  source  inconnue  d'un  essai  de  Montaigne.  ») 

Qiiomodo  passioiies  aiiiiiii  mutant  corpus  proprium 
pennutiimlo  acàdeiitia,  et  iiun'eiido  spiritnni. 

Passionum  anim;v  quando  sensualcni  apprehen- 
sionem  sequuntur,  vim  regitivam  habet  phantasia, 
seu  virtus  imaginativa.  Hxc  enim  de  sua  potentia 


juxta  passionum  diversitatem  primo  diverso  modo 
altérât  et  transmutât  corpus  proprium  transmutatione 
sensibili,  mutando  accidentia  in  corpore,  et  movendo 
spiritum  sursum  vel  deorsum,  ad  extra  vel  ad  intra, 
et  diversas  qualitates  producendo  in  membris... 
Anxietas  inducit  siccitatem,  et  nigredinem,  quantos 
etiam  colores  cupido  amoris  concitet,  in  hepate  et 
in  pulsus  noscunl  medici,  eo  judicio  nonien  amat* 
in  passione  heroica  deprehendentes.  Sic  Naustratus 
cognovit  Antiochum  amore  Stratonicse  captum... 
Quid  etiam  tristitia  possit,  omnibus  notum  est. 
Scimus  etiam  canes  nimia  tristitia  de  morte  domi- 
norum  suorum  sxpe  mortuos  fuisse...  Sic  singultus, 
febres,  morbi  comitiales  quandoque  sequuntur,  quan- 
doque  vero  recedunt,  quandoque  mirabiles  quidam 
efiectus  proveniunt,  ut  in  Crœsi  filio,  quem  genitrix 
mutum  ediderat  metus  vehemens  aviditasque  vocem 
excussit,  quam  natura  diu  negaverat.  (Liber  I, 
caput  Lxiii.) 

Oiioiiiodo  piissioin-i  animi  immutaiit  corpus  per  iihnhini  iiinto- 
tiouis  a  siniililiidinc.  Item  de  transformât  loue  ac  transla- 
tioiw  homiuum,  et  quas  vires  vis  imaginativa  non  sohini  in 
corpus,  sed  etiam  in  auimoiii  ohliiieal. 

Passiones  supradictx'  quandoque  altérant  corpus 
per  modum  imit^tionis,  propter  virtutem  quam  habet 
similitudo  rei  ad  transmutandum,  quam  vehemens 
movet  imaginatio,  sicut  in  stupore  et  congelatione 
dentium  ex  visu  vel  auditu  aliquo,  vel  quia  videmus 
vel  imaginamur  alium  comedere  res  acres.  Sic  videns 
alium  oscitare  etiam  oscitai,  et  aliqui  cum  audiunt 
acida  nominare,  lingua  acescit.  Molestia  etiam  tetri 
alicujus  spectaculi  gustum  inficit,  et  provocat  nau- 
seam.  Qiiidam  sanguinis  humani  aspectusyncopantur. 
Nonnulli  cum  aliqui  amarum  cibum  afFerri  vident, 
sentiunt  in  ore  salivam  amaram.  Et  narrai  Giilielnuis 
Parisiensis  se  vidisse  Jmninem  qui  solo  aspeclii  medicinx 
uiovebalirr  qnoties  opus  erat  moin  expnrgationis,  cum 
tameu  ncc  suhstanlia  medicina-,  uec  sapor  nec  odor  ipsius 
ad  ipsuin  penenis.'^el,  sed  sola  similitudo  apprehensa  Hac 
ratione  sommantes  se  ardere,  vel  esse  in  igné,  quandoque 
cruciantur  intolerabiliter,  lanquam  si  vere  ardeaui,  cum 
tamen  veritas  et  suhstantia  ignis  apud  eos  non  est,  sed 


LIVRE     I,      CHAPITRK      XXI. 


■167 


sola  simililudo  per  iinagiiialiotnin  appiebeiisa.  Nonnun- 
quam  etiam  ipsa  liumana  corpora  transformantur 
transfiguranturque  et  traiisporlauliir,  sivpe  qiiidciit  in 
soiiuiiis,  iwuniitKjiiain  ctiaiii  in  vigilia.  Sic  Cvppiis  qui 
poska  ekctits  est  rex  Italix  duiti  taurontin  piigimiii  Vic- 
tor iamque  veheiiwntiiis  adiiiirans  incditatiir,  in  illa  cura 
obdonniens  noctein,  nianc  corniger  repertns  est  non  aliiiiide 
quant  virtnte  vegetativa  vehenicnli  iniaginalione  stininlata, 
corniferos  huniores  in  capiit  devante,  et  corniia  prodn- 
cente.  Vehemens  enim  cogitatio,  dum  species  vehe- 
nienter  movet,  in  illis  rei  cogitat.t  figuraoi  depingit, 
quam  illi  in  sanguine  effingunt,  ille  nutritis  a  se 
iniprimit  niembris,  cum  propriis,  tum  aliquando 
etiam  alienis;  sicut  imaginatio  pragnantis  in  fœtum 
imprimit  rei  desiderat;E  notam,  et  imaginatio  morsi  a 
cane  rahido  in  urinam  imprimit  imaginationescanum. 
Sic  multi  subito  canescunt;  alius  e  puero,  unius  noctis 
somnio,  in  virum  perfectum  excrevit.  Hnc  niulti  etiam 
Dagoherti  régis  cicatrices,  et  Francise!  stigniata  referre  vo- 
htnt,  diini  ille  corruptionein  vehenienter  tiniet,  alter  Christi 
vulnera  vehementitis  conleniplatnr.  Sic  nuilli  etiam  trans- 
portantnr  de  loco  ad  locnni  transennies  flumina,  et  ignés, 
et  loca  innaccessa,  qitando  videlicct  vchementis  alicnjus 
concupiscentix,  ont  tinwris,  vel  audacia'  species  spiritihus 
iinpressx,  vaporibns  perviixla-  nioimt  organnni  tactiis  in 
sua  origine,  una  cnni  phantasia,  qnœ  motus  localis  prin- 
cipium  est.  Unde  concitantur  membra  et  organa  motus 
ad  motuni,  moventurque  sine  errore  ad  locum  ima- 
ginatum,  non  quidem  ex  visu,  sed  ex  phantasia 
interiore.  Tanta  est  vis  anim;c  in  corpus,  ut  quor- 
sum  ipsa  imaginatur  et  somniat,  ipsum  corpus  simul 
attollat  atque  traducat.  Legimus  alia  pleraque  exempla 
quibus  vis  animœ  in  corpus  cum  admiratione  expli- 
catur,  quale  illud  scribit  Avicenna  de  quodam,  qui 
cum  vellet,  corpus  suum  paralysi  ohlœdebat.  Narratur 
<ie  Gallo  Vibio,  eut  hoc  accidit  uni,  ut  in  insaniain  non 
casn  incideret,  sed  judicio  pervenirel  :  tiaiit  duin  insaitos 
iinitatur,  diiin  ingeitii  lenociniuin  ftirorein  pittat,  quant 
adsiinulahat  insaniam,  ad  veram  redegit.  Et  Augustinus 
refert  quosdam  qui  aures  pro  arbitrio  moverent,  et 
qui  immoto  capite  verticem  totam  deponerent  ad 
frontem,  revocarentque  cum  vellent  :  et  alium  quen- 
dam  solitum  sudare  ubi  vellet.  Notum  quoque  est 
aliquos  flere  cum  volunt,  et  ubertim  laclirymas  pro- 


fundere  :  quosdam  etiam  repertos,  qui  eorum  qu;v 
déglutissent,  varia  paulatim  tanquam  de  sacculo, 
quod  placuisset,  proferrent.  Et  liodic  adhuc  videmus 
plures,  qui  avium,  pecorum,  canum  hominumque 
quorunque  voces  sic  imitantur  exprimuntque,  ut 
disccrni  omnino  non  possint.  Jant  vero  et  fœniinas  in 
mares  mutatas  fuisse,  ntultis  exeiuplis  narrât  Plinius; 
similia  et  stto  tenipore  accidisse  testatiir  Pontaitus,  de 
qnadain  muliercula  Caietana,  et  altéra  qtiadain  Alinilia, 
qux  ctiin  iitraque  nupta,  post  plures  aitnos  in  viros  inii- 
tatx  sitnt.  Quantum  autem  ipsa  imaginatio  possit  in 
animam,  ncmo  ignorât  :  est  enim  substantif  animx' 
vicinior  quam  sensus,  quare  etiam  plus  agit  in  ani- 
mam quam  sensus.  Sic  mulieres  per  introductas 
certis  magicis  artificiis  fortes  imaginationes,  somnia, 
suggestiones,  sœpissime  ligantur  in  amorem  alicujus 
arctissimum.  Sic  perhibent  Medeam  ex  solo  somnio 
exarsisse  in  amorem  Jasonis.  Sic  anima  nonnunqtiain 
per  vebeinentein  itnaginatioitctn  vel  speculationeni  a  cor  porc 
omnino  ahstrahitiir,  qiiemadiitodum  Celsus  narrât  de 
quodam  preshytero,  qui  quotics  coUihuisset  atiferebat  se  a 
sensibtts,  et  jacebat  sintilis  mortiio,  ut  cum  pungeretur 
et  ureretur,  non  sentiret  iilliiin  doloreni,  jecebatque  iin- 
titotiis  et  sine  anhelitu;  hominuin  tanten  voces,  si  altius 
inclamassent,  tanquam  ex  longinqtw  se  audisse  postea 
referehat.  \'erum  de  his  abstractionibus  latius  in  pos- 
terioribus  disseremus.  (Liber  I,  caput  i.xiv.) 

Quoinodo  pnssioiics  auinii  etiam  opcraiitur  extra 
se  iii  corpus  alieiiiiin. 

Passioncs  aniinx  qux  phantasiam  scqitunlnr,  qiiando 
vebementissiinx  sunt,  non  solunt  possunt  imniutare  corpus 
proprium,  verutnetiam  possunt  transcendere  ad  operandmn 
iit  corpus  alientiin,  ita,  qnod  adinirabiks  qiixdain  ini- 
pressiones  inde  producantur  in  elententis  et  rébus  extrin- 
secis,  atque  etiam  ntorbos  quosdam  aniini  sive  corporls, 
sic  possent  atiferre  vel  inferre  :  nam  passiones  anima.- 
.sunt  potissima  causa  temperamenti  corporis  proprii. 
Sic  anima  forliter  elevata  et  vehementi  imagiitatioite  ac- 
ceitsa,  imniittit  sanitatent  vel  xgritiidinem,  non  soluin  in 
corpore  proprio,  sed  etiam  in  corporibits  alienis.  Sic  putat 
Avicenna,  quod  ad  imaginationem  alicujus  cadat 
camelus.  Sic  qui  morsus  a  cane  rabido  in   rabiem 


468 


LIVRE      I,      CHAPITRE      XXI. 


incidit,  apparent  in  urina  ejus  figunu  canum.  Sic 
praïgnantis  mulieris  cupiditas  in  corpus  alienum  agit, 
quando  inficit  fœtum  in  alvo,  rei  desideratîe  nota. 
Sic  iiiiilla'  iiionstroscc  générât ioties  prodeiml  ex  iiionslrosis 
praguaniitim  iiiiaginilms,  ceii  qiiakin  refert  Marais 
Damasrenus  aptid  Petram  sanctam,  vppidum  in  Pisanis 
conpnibiis  sitiini,  Carolo  Boëmia:  régi  et  Imperalori 
oblatam  puellam,  tolo  corpore  ferœ  instar  birsutam  et 
villosam,  quant  mater  religioso  qnodam  horrore,  in  inia- 
ginem  divi  Joannis  Baptista',  qiur  ad  iectiilnni  erat,  dnni 
aviciperet  affecta,  talent  postea  progeneravit .  Atqiie  id 
non  soliitn  in  hotninilms,  sed  etiani  in  brutis  anintan- 
libtis  Jieri  spectamiis.  Sic  legimns  Jacobnin  patriarchatn , 
lirgis  in  aqtiain  projectis,  discolorasse  oi'es  Laban.  Sic 
pavonum  aliarumque  volucrum  cubantium  imagi- 
nariie  vires,  pennis  colorem  imprimunt  :  unde  albos 
producimus  pavones,  cubantium  habitacula  albis  lin- 
teis  circumpendentes.  Jamque  iiis  exemplis  patet, 
quomodo  phantasiœ  alfectus,  ubi  vehementius  se 
intenderint,  non  modo  corpus  proprium,  sed  et 
alienum  afficiunt.  Sic  etiaiit  nialejiconiin  iioccndi  ciipi- 
diias,  fixis  obttitibiis  quant  perniciosissinie  honiines  fasci- 
nât. Assentiuntur  istis  Avicenna,  Aristoteles,  Algazel 
et  Galenus.  Manifestum  enim  est  corpus  a  vapore 
alterius  corporis  morbidi  facillime  infici,  quod  in 
peste  et  lepra  palam  videmus.  Rursus  in  vaporibus 
oculorum  tanta  vis  est,  quod  possunt  proximum 
fascinare  atque  inficere,  sicut  regulus  et  catablepa 
aspectu  suo  homines  interimunt  :  et  jœniina:  qu.rdain 
in  Scythia,  apiid  Illyricos  et  Triballos,  qiiein  iratœ 
aspexerant,  interiniebant.  Xemo  ergo  miretur,  corpus 
atque  animam  uniusj  ab  animo  alterius  posse  simi- 
liter  affici,  cum  sit  animus  longe  potentior,  fortior, 
ferventior,  motuque  valentior,  quam  vapores  ex  cor- 
poribus  exhalantes,  nec  etiam  desunt  média,  per  qus 
operetur  :  neque  praîterea  minus  subjicitur  corpus 
alieno  animo,  quam  alieno  corpori.  Hoc  modo  ferunt 
hominem  solo  atfectu  atque  habitu  agere  in  alterum  : 
ideoque  prxcipiunt  pliilosophi,  consortium  malorum 
atque  infelicium  hominum  procul  fugiendum,  horum 
siquidem  anima  noxiorum  plena  radiorum,  calamitosa 
contagione  propinquos  inficit  :  contra,  bonorum  ac  i'eli- 
cium  consortia  prîecipiunt  appetenda,  quoniam  sua  pro- 
pinquitate  multum  nobis  prosunt.  (Lib.  I,  cap.  lxv.) 


P.  121,  1.  12.  Simon  Thomas).  On  trouvera  une 
idée  semblable  à  celle  de  Simon  Thomas  chez  Cor- 
neille Agrippa,  De  occulta  philosophia  :  «  Dicunt  phi- 
losophi,  quod  individuum  aliquod  quod  nunquam 
passum  sit  xgritudinem,  confert  omni  aegritudini  : 
ideo  dicunt  quod  os  hominis  mortui  qui  nunquam 
habuerit  febres,  suspensum  supra  patientem,  libérât 
a  quartana  ».  (I,  xix.) 

P.  122,  1.  13.  Itisq lies  à  en  expirer).  L'idée  est  chez 
Corneille  Agrippa,  De  occulta  philosophia  :  «  Mani- 
festum pneterea  est  passiones  ejusmodi  quando  vehe- 
mentissima;  sunt,  posso  mortem  inferro  et  hoc  apud 
vulgus  palam  est,  nimia  hetitia,  tristitia,  amore,  odio 
interdum  mori  homines,  sœpe  etiam  morbo  levari.  » 

(I,   LXIII.) 

P.  125,  1.  II.  Fn  compte).  On  trouve  un  récit 
analogue  chez  Jean  Wier  qui  a  pu  suggérer  à  Mon- 
taigne ce  remède.  Il  serait  très  hasardeux  toutefois 
de  l'assurer  :  tous  deux  ont  fon  bien  pu  imaginer 
séparément  le  même  procédé.  «  J'ay  souvenance, 
dit-il,  d'avoir  ouï  jurer  à  un  gentilhomme  qu'il  estoit 
lié  et  ensorcelé  tellement  qu'il  ne  pouvoit  avoir  com- 
pagnie de  femme  :  en  quoy  je  lui  voulus  aider, 
taschant,  par  divers  arguments,  de  lui  arracher  cette 
imagination.  Or,  vovant  que  je  ne  gagnais  rien,  je 
fis  semblant  d'estre  de  son  avis,  et  le  confirmai  en 
montrant  le  livre  de  Cleopatra,  De  la  beauté  des  fem- 
mes, et  y  lisois  une  recette  contenant  que  l'homme 
lié  serait  guéri  s'il  faisait  un  unguent  d'œuf  de  cor- 
beau meslé  avec  de  l'huile  de  navette,  et  qu'il  s'en 
frottât  tout  le  corps.  Lui,  ayant  entendu  cela,  se 
confiant  aux  paroles  du  livre,  fit  l'expérience  de  l'un- 
guent  et  recouvra  l'envie  d'habiter  avec  les  femmes.  » 
Texte  cité  par  M.  H.  Gelin,  dans  un  article  sur  les 
noueries  d'aiguillettes  en  Poitou.  (Rn-iie  des  Etudes 
rabelaisiennes.^ 

P.  127,  1.  ^  le  suis  eneiiii).  Rapprocher  l'essai  I, 
XXIII,  p.  139,  1.  25. 

P.  130,  1.  8.  Les  escnielles).  La  scrofule  passait 
pour  être  surtout  fréquente  en  Espagne.  On  sait 
d'autre  part  que  d'après  une  croyance  populaire  le 
Roi  de  France  avait  le  pouvoir  de  guérir  cette  ma- 
ladie; en  1609,  Dulaurens,  médecin  d'Henri  IV,  écrira 
son  De  inirabili  strutnas  sanandi  vi,  salis  Gallix  regibns 


LIVRE      I,      CHAPITRES     XXI      A      XXV 


469 


christianis  diviiiiius  concessa;  et  Louis  XIV  touchera 
près  de  deux  mille  malades. 

P.  135,  TITRE.  Peut-être  y  a-t-il  dans  cet  essai 
une  réminiscence  très  v.igue  d'un  passage  de  ï  Utopie 
de  Thomas  Morus.  «  Quin,  dum  unius  partis  cunie 
studes,  aliarum  vulnus  exasperaveris,  ita  mutuo  nas- 
citur  ex  alterius  medela  alterius  morhus,  quando 
uihil  sic  adjici  cuiquam  potest,  ut  non  idem  adimatur 
alii.  »  (Livre  I,  vers  la  fin;  éd.  de  1555,  p.  78.) 

P.  137,  1.  r6.  La  fille  qu'Albert  récite).  Voir  aussi 
Corneille  Agrippa,  De  occulta  pbilosophia  :  «  Refert 
Albertus  se  in  Agrippina  Colonia  vidisse  puellam, 
qux  araneas  in  escam  venabatur,  eoque  cibi  génère 
oblectata,  insigniter  aleretur.  »  (I,  xix.) 

P.  143,  1.  II.  Où  la  plus  désirable  sépulture).  Dans 
la  citation  de  Plutarque  rapportée  ci-dessus  (p.  57), 
il  faut  lire  «  Bactrianiens»,  au  lieu  de  «Satraniens». 

P.  144,  1.  13.  Ou  les  femmes).  Au  lieu  de  Id.,  ibid., 
lire  :  Cf.  Hérodote. 

P.  145,  1.  10.  On  peut  homiestemeiit  jiiirc  des  cnfans). 
Voir  encore  Quinte-Curce,  VIII,  11,  19.  A  ce  passage 
Montaigne  a  écrit  en  marge  de  son  exemplaire  (p.  118): 
«  Inceste  avec  les  mères.  » 

P.  146,  1.  12.  Celuy  qu'on  rencontra).  Cf.  Aristote, 
Morale  à  Nicomaque,  VIT,  vi,  4. 

P.  146,  1.  24.  Chacun  aïant  en  ueneration).  Rap- 
procher l'essai  I,  xlix,  p.  380. 

P.  147,  1.  I.  Ceux  de  Crète).  Lire  :  VII,  11,  ext.  18. 

P.  150,  1.  28.  Nos  bonnets  carre:^).  D'après  un  texte 
curieux  de  Florimont  de  Raymond  (erreur  populaire 
de  la  papesse  Jeanne,  éd.  de  1595,  p.  124),  ces  bon- 
nets carrez  représentent  «  la  croix  laquelle  nous 
mettons  sur  nos  testes  pour  monstrer  et  tesmoigner 
notre  submission  »,  et  leur  institution  remonte  au 
Concile  général  de  Lvon. 

P.  150,  1.  29.  Vain  nuMÎelh').  Rapprocher  l'essai  I, 
XLiii,  p.  347. 

P.  162,  1.  13.  Quand  ie  snij>  malade).  Rapprocher 
l'essai  II,  xxxvii,  p.  605,  1.  14. 

P.  163,  1.  13.  Oaant  aux  entreprinses  militaires). 
Dans  son  exemplaire  de  César  (p.  i  24)  Montaigne 
souligne  les  mots  :  «  multum  cum  in  omnibus  rébus 
tum  in  re  militari  fortuna  potest.  » 

P.  165,  1.  8.  Ce  prince  est  le  souucrain).  Au  sujet  de 


l'influence  de  la  lecture  de  Quinte-Curce  sur  l'opinion 
que  Montaigne  avait  d'Alexandre,  on  peut  voir  la 
Revue  d'histoire  littéraire  de  la  France,  année  191 6, 
p.  422. 

P.  166,  1.  9.  Le  plus  deffiant).  M.  Dezeimeris  estime 
que  Coste  a  fait  erreur  en  voyant  ici  une  allusion 
à  l'affaire  de  Péronne  (Comincs,  II,  v);  qu'il  s'agit 
plutôt  de  l'aftaire  de  Conflans  (Comines,  I,  xii-xiii). 

P.  168,  1.  I.  Vue  montre).  Il  s'agit  d'une  revue 
générale  des  habitants  de  Bordeaux  en  armes  qui 
avait  lieu  au  mois  de  mai  de  chaque  année.  En  1585 
on  redoutait  à  Bordeaux  une  insurrection  des  li- 
gueurs, et  dans  ces  conditions  une  revue  en  armes 
n'allait  pas  sans  quelque  péril. 

P.  171,  1.  2.  Pédante).  Pour  le  pédant  italien  on 
peut  voir  en  particulier  //  pédante  de  Francesco 
Belo  (1529);  voir  aussi  le  théâtre  de  Bibbiena, 
Aretino,  Bruno,  Boccalini,  Parabosco,  Dolce,  Secchi, 
Camillo  Scrofa. 

P.  175,  1.  8.  Ce  qu'Aristole  recite).  Cf.  Morale  à 
Nicomaque,  VI,  v,  8. 

P.  175,  1.  26.  Mieux  sçanant).  Rapprocher  aussi 
cette  sentence  traduite  d'Eschyle  que  Montaigne 
trouvait  dans  son  Stobée  :  «  Qui  utilia  novit,  non  qui 
multa  novit  sapiens.  »  (Sermo  III.) 

P.  176,  1.  24.  Bouha).  Lire  dans  la  note  ci-dessus  : 
qui  n'est  plus  le  verbe  souffler,  mais  qui  signifie  «  est 
facile».  En  outre  des  références  indiquées,  voir  le  Bul- 
letin de  la  Société  des  amis  de  Montaigne,  année  1913, 
pp.  46  et  54. 

P.  179,  1.  II.  Comme  on  dict).  A  la  même  époque 
on  retrouve  ce  proverbe  dans  des  vers,  que,  nous 
dit  Binet,  Ronsard  lui  a  dictés  : 

«  Tels  farouches  esprits  ont  un  coup  de  marteau 
»  Engravé  de  naissance  au  milieu  du  cerveau,  n 

(Binet,  Discours  de  la  vie  de  Pierre  de  Ronsard,  édition 
Laumonier,  1909,  p-  40. 

P.  179,  1.  23.  Galimathias).  Au  sujet  de  ce  mot 
béarnais,  que  Montaigne  a  fait  connaître,  cf.  Sénéan, 
dans  la  Revue  du  xvi''  siècle,  année  1914,  p.  363. 

P.  180.,  1.  15.  Regardent  à  sa  reuerence).  Dans  la 
note  ci-dessus,  lire  :  dans  Guazzo,  la  Civil  conver- 
sât ione,  que  Montaigne  avait  lu... 


470 


LIVKK      1,      CHAPITRE      XXV 


P.  iSi,  1.  I).  Glaiiie).  Voir  aussi  l'essai  II,  xvii, 
p.  439,  1.  I. 

P.  i86,  1.  8.  Les  exainples).  Pour  tout  ce  passage, 
cf.  Thesûro  polilico,  in  cui  si  contengono  trattati, 
discorsi,  relationi,  ragguagli,  instruttioni,  di  molta 
importanza...  1589.  «Et  nondimeno  e  1' huomo  di 
cosi  brève  durata,  che  non  puô  riuscire  perfetto  in 
diverse  scienze,  ne  rendersi  habile  alla  cura  di  tante 
cose  diverse  per  rapportarne  il  frutto  che  ricerca, 
et  nondimeno  si  occupa  ciascuno  dietro  à  questa 
scienza,  et  si  vuole  intromettere  in  ogni  sorte  d'arti, 
et  pratiche,  non  accorgendosi  che  in  luogo  d'andare 
innanzi  s"  allontana  dalla  perfefta  cognitione,  che 
sarebbe  necessaria,  restando  poco  fondato  in  una 
sola  professione.  In  contrario  di  ciô  i  Turchi  impie- 
gano  tutti  i  loro  dissegni  nel  fatto  délia  guerra,  et 
ogni  loro  pensiero,  et  studio  nell'  esercitio  dell'armi, 
non  volendosi  dare  ad  alcun  altro  mestiere,  et  com- 
piacendosi  solamente  di  quanto  puô  loro  servire  per 
la  guerra.  Non  è  cosa  più  certa  (et  cosi  lo  vediamo 
noi  per  l'Historié)  che  i  Romani  furono  eccellentis- 
simi  guerrier!,  ma  principalmente  prima  che  havessero 
aperta  la  porta  ail'  arti  et  scienze  che  i  Greci  gli 
apportarono,  et  si  fossero  dati  aile  delicatezze  dell' 
Oriente.  La  loro  gra'ndezza  martiale  fù  nel  tempo 
che  i  Consoli  loro  non  si  sdegnavano  di  condurre 
l'aratro;  che  i  Medici,  i  Cirurgici,  et  genti  di  simile 
professione  non  haveano  credito  alcuno  tra  loro.  Et 
in  etfetto  troviamo,  che  se  dipoi  terminarono  qualche 
brava  impresa,  non  fù  per  valore  che  fosse  restato 
tra  loro,  anzi  par  la  riputatione,  et  gran  possanza, 
che  per  inanzi  s'  erano  acquistata,  che  sia  vero,  con 
occhi  si  vede,  che  cosi  tosto  ch'  hebbero  dato  luogo 
aile  scienze  forestière  conseguentemente  per  la  deli- 
catezza  dello  studio  ricevettero  rotte  notabili,  et  igno- 
miniose  perdite  si  per  le  mani  di  lugurta,  di  Mitri- 
date,  delli  Cinebri,  de'  Xumantini,  di  Spartaco,  de' 
Parti,  corne  d'altri,  per  confermationc  della  quale 
opinione,  noi  troviamo  per  le  historié  antiche  che 
i  più  bellicosi  popoli,  quali  corne  tali  lianno  termi- 
nate  le  più  memorabili  imprese,  sono  stati  i  più 
grossolani,  rudi,  et  assuefatti  alla  fatica,  et  à  gli  in- 
comniodi,  et  lontani  anche  da  ogni  civiltà,  esenti  da 
delicatezza  vitiosamente  introdotta  tra  noi,   et  che 


tra  l'aitre  cose  non  liaveano  dottrina  alcuna  ne  co- 
.gnitione  di  scienza,  o  attione  che  potesse  ammollirc, 
ô  in  modo  alcuno  divertire  le  coraggiose  delibera- 
tioni,  et  martiali  dissegni.  Cosi  composti  furono  già 
et  sono  anche  hoggidi  gli  Scithi,  quali  altre  volte 
hanno  fatto  sentire  la  bravura  dei  loro  eserciti  fin 
nelle  più  lontane  parti  dell' Oriente,  verso  il  Danubio, 
et  fin  aile  ripe  del  Xilo.  Non  è  anche  molto  tempo 
che  questi  condotti  da  Quingus  loro  Re  trascorsero 
tutto  il  Levante,  saccheggiarono  il  paese,  lasciandolo 
pieno  di  miseria,  et  desolaiione.  Tutta  fresca  è  anciie 
la  memoria  de'  fotti  notabili  del  gran  Tamburlano, 
il  quale  fin  à  quest'  hora  si  puô  solo  vantare  d'  haver 
disfatte  in  battaglia  ordinata  l'armi  Turchesche,  et 
condotto  il  loro  Signore  prigione,  del  quale  si  ser\-iva 
di  scabello  sotto  i  piedi.  Nel  nostro  tempo  i  Mogari 
popoli  grossolani,  et  inesperti  usciti  della  Scithia, 
ô  (per  dir  meglio)  di  Tartaria  hanno  fatti  grandi 
acquisti  dalla  banda  dell'  Indie.  Ciascuno  sa  anche 
che  il  gran  Cane  non  meno  rustico,  et  inesperto  di 
loro,  è  non  di  meno  uno  dei  più  potenti  Rè  del 
Mondo,  dominando  sopra  un  popolo  cosi  poco  civile 
quanto  se  ne  possa  trovare. 

»  Xcl  tempo  che  i  Goti  scorsero  saciieggiando  con 
gran  spavento  et  impeto  la  Grecia,  et  corne  impe- 
tuoso  torrente  si  dilatarono  per  le  fertili  campagne 
mettendo  à  sacco  tante  Città,  et  Terre  opulenti.  Tra 
le  moite  prede  cadete  nelle  mani  loro  gran  numéro  di 
libri  d 'ogni  sorte  di  profession!.  Quali  non  sapendo 
che  famé,  voleano  come  cosa  inutile  abbrusciare, 
s' uno  tra  loro  non  s'opponeva,  il  quale  levandosi  in 
alto  grido,  che  bisognava  diligentemente  conservarli, 
et  lasciare  (diceva  egli)  questa  peste  tra  i  Greci,  per- 
cioche  à  poco  à  poco  li  privera  del  vigore  martiale, 
com'  c  solito  fare  a  quelli  che  troppo  si  trattengono 
nello  studio  di  simili  discipline,  et  scienze,  ren- 
dendogli  totalmente  molli,  effeminati,  et  inetti  al 
mestiere  dell'  armi,  in  modo  che  inviliti  di  cuore 
caderanno  più  facilmente  in  preda  della  nostra  for- 
tuna,  et  acquisto. 

»  Quando  Carlo  VIII  Re  di  Francia  traversô  con 
un  essercito  cosi  picciolo  1"  Italia,  et  senza  sfodrare  la 
spada  ô  abbassare  la  lancia  s' impatroni  del  Regno  di 


LIVRE     I,      CHAPITRES     XXV      A      XXVI. 


471 


Xapoli,  et  délia  maggior  parte  délia  Toscana;  dis- 
correndo  i  Signori  Francesi  tra  loio  da  che  poteva 
procédera  una  dapocagine  cosi  grande,  che  havevano 
ritrovata  tra  i  Priiicipi  Italiani,  tutti  n'incolparono 
lo  studio  délie  buone  lettere,  che  rendono  i  cuori 
molli,  et  che  in  efîetto  non  essendo  appropriaie  che 
alla  pace  rendono  1'  huomo  timido,  et  poco  atto  et 
risoluto  alla  guerra.  In  ogni  tempo,  et  anche  hog- 
gidi  i  Turchi  hanno  reputati,  et  stimano  i  Christiani 
di  poco  valore  nell'  imprese  martiali,  per  causa  délia 
diversità  dell'arti,  à  quali  ordinariamente  sono  incli- 
nati,  et  attendono.  » 

(IV  partie,  chapitre  11.) 

P.  186,  1.  12.  le  In-iiiic).  Rapprocher  l'essai  II,  xii, 
p.  206,  1.  8. 

P.  187.  TiïRK.  Pour  ce  chapitre,  voir  un  article  de 
J.  Dedieu,  dans  le  Bulletin  de  littérature  ecclésiastique, 
janvier  1909,  où  l'auteur  cherche  à  établir  que  Mon- 
taigne a  fait  de  très  nombreux  emprunts  au  De  liheris 
recte  institueudis  de  Sadolet.  Voir  aussi  la  réponse 
que  nous  avons  faite  à  cet  article  dans  le  Bulletin 
du  Bibliophile,  1909.  Pour  se  rendre  compte  des  idées 
qui  avaient  cours  en  Italie  sur  la  matière,  on  con- 
sultera avec  grand  profit  l'ouvrage  de  Gerini,  Gli 
scrittori  pedagogici  italiani  del  secolo  decimosesto  (1897). 
On  constatera  que  les  auteurs  italiens  dont  parle 
Gerini,  traitent  en  général  comme  Montaigne  de 
l'éducation  d'un  gentilhomme;  qu'ils  reprennent  les 
enseignements  de  l'antiquité,  et  le  souci  de  faire 
passer  l'enseignement  moral  avant  l'instruction,  se 
prononcent  contre  la  violence,  font  une  grande  place 
aux  jeux  dans  l'éducation,  etc.  Voir  en  particulier 
ce  qui  est  dit  contre  l'emploi  de  la  violence  a  propos 
de  Lucio  Vitruvio  Roscio  (p.  168)  et  à  propos  de 
Silvio  Antoniano  (p.  457).  On  remarquera  aussi 
comme  Silvio  Antoniano  critique  l'enseignement  de 
la  grammaire,  qu'il  voudrait  enseigner  les  langues 
anciennes  à  la  manière  de  langues  vivantes  par  une 
méthode  qui  rappelle  celle  du  père  de  Montaigne, 
qu'il  condamne  l'éducation  des  collèges  parce  qu'on 
ne  saurait  y  tenir  compte  des  tempéraments  indivi- 
duels, qu'il  attache  un  grand  prix  au  choix  du  gou- 
verneur. 

P.  187,  1.  II.  Rongé  les  ongles).   Voir  encore  du 


Bellay,    Ls   Regrets,   .sonnet   u.    L'expression    \ient 
d'Horace,  Satires,  I,  x,  71  : 

«  \'iv05  et  roderet  ungues  »  ; 

et  de  Perse,  i,  106. 

P.  188,  1.  9.  L'Histoire).  Rapprocher  l'essai  II,  x, 
p.  113. 

P.  188,  1.  14.  Quant  aux  faculté:^).  Rapprocher 
l'essai  II,  x,  p.  100,  1.  3. 

P.  191,  1.  21.  Ce  sont  icy).  Rapprocher  l'.lvis  au 
Lecteur. 

P.  194,  1.  18,  Socrates  et  depuis  Archesilas).  \o\x 
surtout  Cicéron,  De  natura  dcorum,  I,  y. 

P.  19e,  1.  16.  Qu'il  oublie  hardiment).  Dans  la  note 
ci-dessus,  après  la  citation  latine,  lire  :  (Sénèque, 
épître  12.) 

P.  196,  1.  20.  Les  abeilles).  On  trouvera  d'autres 
rapprochements  encore  dans  Claude  Binet,  Discours 
sur  la  vie  de  Pierre  de  Ronsard,  édition  Laumonier, 
1909,  p.  231. 

P.  197,  1.  5.  Epicharmus).  ^'oir  surtout  De  la  for- 
tune ou  vertu  d' Alexandre,  traité  second.  «  Car  ainsi, 
comme  dit  Epicharmus,  l'entendement  voit,  l'enten- 
dement oit,  tout  le  reste  est  aveugle  et  sourd,  aiant 
faulte  de  la  raison.  Les  sentiments  ont  bien  leurs 
propres  et  particulières  functions,  mais  qu'il  soit  vray 
que  ce  soit  l'entendement  qui  approfitte  tout,  et  qui 
dispose  tout  en  bon  ordre,  que  ce  soit  l'entendement 
qui  surmonte,  qui  domine  et  qui  règne,  et  que  toutes 
autres  choses  aveugles,  sourdes,  et  sans  ame,  aggra- 
vent et  deshonorent  ceulx  qui  les  possèdent,  si  la 
vertu  n'y  est  joincte  quant  et  quant,  on  le  peult 
clairement  apparcevoir  et  vérifier  par  les  exemples.  » 
(Chap.  III,  f°  313  v°.)  Le  passage  cité  dans  la  note 
ci-dessus  est  au  chapitre  m  du  traité  intitulé  :  Quels 
animaux  sont  les  plus  advisc:;^.  » 

P.  197,  1.  20.  Le  Palucl  ou  Pompée).  Pompco 
Diobono,  fameux  maître  de  danse  milanais,  passa 
les  Alpes  à  la  suite  de  Brissac  en  1554;  il  fut  comblé 
d'honneurs  à  la  cour  de  France  où  il  occupa  une 
haute  situation  sous  Henri  II,  François  II,  Charles  IX 
et  Henri  III.  Ludovico  Palvallo  est  également  un 
maître  de  dan.se  de  Milan  qui,  de  même  encore  que 


472 


LIVRE     I,      CHAPITRES     XXVI      A      XXXI. 


Virgillio  Bracesco  vint  de  Milan  à  la  cour  de  Henri  II. 
(\'oir  Cesare  Negri,  Gratie  d'Ainor;  et  Prunières, 
Le  Ballet  de  cour  en  France.  19 13,  p.  52.) 

P.  198,  1.  4.  Visite  des  pays  esirangers).  Rapprocher 
l'apologie  des  voyages  dans  l'essai  III,  ix. 

P.  2X1,  1.  21.  Vn  enfant  en  est  capable).  Cette  idée, 
développée  avec  tant  d'insistance  par  Montaigne,  se 
retrouve  chez  Erasme,  dans  la  préface  des  Colloques. 

P.  214,  1.  16.  Et  cruauté).  Dans  la  note  ci-dessus 
(p.  81),  lire  :  Cf.  les  mêmes  idées  dans  l'essai  II, 
VIII,  p.  75,  1.  i. 

P.  221, 1.  25.  Le  jand'on).  On  retrouve  ce  sophisme 
plaisant  chez  Noël  Du  Fail  :  «  Bœuf  salé  fait  bien 
boire;  bien  boire  passe  la  soif;  ergo  bœuf  salé  passe 
la  soif.  »  (^Œuvres,  tome  II,  p.  20.) 

P.  226,  1.  4.  C'est  à  la  fin  de  1554  que,  succédant 
à  Peletier,  Buchanan  devint  précepteur  de  Cossé- 
Brissac.  Il  semble  être  resté  en  fonction  jusqu'en  1560. 

P.  228,  I.  13.  Quasi  toute  nostre  noblesse).  Sur  le 
mépris  que,  à  la  fin  du  xvi'  siècle,  la  noblesse 
avait  souvent  encore  pour  les  livres,  cf.  une  lettre 
d'Agrippa  d'Aubigné  dans  les  œuvres  de  cet  auteur, 
éd.  Réaume,  t.  I,  p.  480. 

P.  233,  1.  II.  La  volonté  de  Dieu).  Rapprocher 
l'essai  II,  xxxii,  p.  283,  I.  12. 

P.  234,  1.  24.  Que  le  conte  de  Foix).  Evidemment, 
en  marge  de  son  Froissart,  Montaigne  avait  à  ce 
passage  mis  une  annotation,  car  en  marge  de  son 
Nicole  Gilles  (f°  107  v°),  à  l'occasion  du  fait  allégué 
dans  le  même  essai  un  peu  plus  bas  (p.  234,  1.  27),  il 
écrit  :  «Voyez  à  propos  de  tels  contes  mon  Froissart, 
volume  III,  chapitre  xvii.  »  (Cf.  annotation  25,  Rnuie 
d'histoire  littéraire  de  la  France,  année  1909,  p.  241.) 
Il  est  à  remarquer  d'ailleurs  que  dans  d'autres  anno- 
tations du  Nicole  Gilles,  Montaigne  manifeste  moins 
de  dédain  qu'ici  pour  Froissart.  Il  renvoie  souvent 
à  cet  auteur.  Au  tome  II,  f"  36,  au  sujet  d'un  récit 
de  Nicole  Gilles,  il  écrit  :  «  Je  ne  sai  d'où  il  prant 
st'  histoëre,  mais  Froissart  qui  non  seulement  est 
meilleur  et  plus  diliiant  chroniqueur  et  étoët  de  ce 
tans  la,  mais  ancore  qui  fut  élevé  et  nourri  aveq  ste 
princesse  de  Galles,  n'an  dit  rien...»  (Annotationioi; 
cf.  Rei'ue  d'histoire  littéraire  de  la  France,  année  1912, 
P-  I33-) 


P.  238,  1.  9.  Desinit  in  pisceni).  Lire  :  Horace,  Art 
poétique,  4. 

P.  239,  1.  II.  Les  mémoires  de  La  Boëtie  sur 
l'édit  de  janvier  ont  été  récemment  retrouvés  à  la 
bibliothèque  d'Aix  par  M.  Paul  Bonnefon  qui  les 
a  publiés  dans  la  Rame  d'histoire  littéraire  de  la  France 
(année  1917). 

P.  241,  1.  26.  Keque  eniin  est  dea).  Lire  :  Citulle, 
Epigr.,  Lxviii,  17. 

P.  252,  1.  17.  Quent  sempcr  accrhnm).  Dans  la  note 
ci-d€ssus  (p.  91),  lire  :  Virgile,  Enéide,  V,  49. 

P.  260,  1.  3.  Auec  celles  qui  ont).  Il  est  curieux  de 
retrouver  la  même  interdiction  chez  Paré  (début  du 
Traité  des  monstres')  appuyée  sur  l'autorité  de  «  Esdras 
le  prophète  »,  sur  celle  de  «  Moïse  lévitique  »  et  sur 
l'expérience  des  anciens. 

P.  260,  1.  3.  Zenobia).  \ow  en  outre,  de  Cholières, 
Les  Matinées,  ouvrage  qui  venait  de  paraître.  «  Soyez 
au  moins  aussi  sobre  que  ceste  royne  des  Palmv- 
réens,  Zenobie,  laquelle  (au  rapport  de  Jules  Capi- 
tolin)  n'eût  permis  à  son  mary  qu'il  luy  donna 
double  recharge,  car,  aiant  receu  les  distillations  de 
l'alambic  marital,  pour  laisser  rasseoir  la  matière, 
elle  prenoit  temps  jusques  au  passage  des  rougets  de 
sa  lune...  ».  (IX"  matinée.) 

P.  264,  TITRE.  Pour  l'originalité  de  cette  idéalisa- 
tion de  la  vie  des  sauvages  et  de  l'état  de  nature, 
voir  Gilbert  Chinard,  L'Exotisme  américain  dans  la 
littérature  française  au  xn'  siècle,  chap.  v.  On  verra 
qu'en  face  d'une  tradition  qui  ravale  les  sauvages 
jusqu'à  en  faire  des  animaux  à  peine  supérieurs,  une 
autre  tradition,  qui  vient  du  moyen  âge  et  qui  a 
influencé  certaines  relations  écrites  au  xvi"=  siècle  sur 
le  Nouveau  Monde,  se  plaît  à  projeter  dans  les  paj's 
lointains  les  rêves  d'innocence  et  de  vertu  qui  s'épa- 
nouissent à  la  faveur  de  la  satire  sociale.  Le  thème 
est  indiqué  autour  de  Montaigne  chez  Jodelle  et 
chez  Ronsard.  L'exemple  de  Tacite  dans  ses  Mœurs 
des  Germains  a  eu,  je  crois,  plus  d'influence  sur 
Montaigne. 

P.  265,  1.  3.  Platon  introduit  Solon).  Ainsi  que  l'a 
montré  M.  Gilbert  Chinard,  Montaigne  suit  ici  non 
Gomara  ni  Thevct,  mais  Benzoni,  dans  la  traduction 
de  Chauveton.  Benzoni  s'inspire  d'ailleurs  de  Gomara  : 


LIVRE      I,      CHAPITRE     XXXI. 


473 


«  C'est  Solon,  l'un  des  sept  sages  de  la  Grèce,  qui 
raconte  cela  dans  les  Dialogues  du  Tiiiure  et  du  Critias 
où  le  philosophe  Platon  le  fait  parler;  comme  l'ayant 
ouy  dire  aux  Prestres  de  la  ville  de  Sais  en  Egypte... 
»  C'est  que  jadis  il  y  avoit  une  grande  isle  nom- 
mée Atlantide,  droict  a  la  bouche  de  l'Estroit  de 
Gibraltar,  qui  tenoit  plus  de  pays  que  la  Libj^e  et 
l'Asie  ne  sont  toutes  deux  ensemble.  Et  que  la  dedans 
il  y  avoit  de  grands  Royaumes  et  de  fort  puissans 
Rois  qui  pour  lors  non  seulement  tenoyent  toute 
l'isle,  mais  mesme  ayant  ancré  bien  avant  dans  la 
terre  ferme,  possedoyent  de  la  largeur  de  l'Afrique 
jusqu'en  Egypte,  et  de  la  largeur  de  l'Europe  jusqu'en 
la  Toscane.  Si  un  jour  prist  envie  a  ces  Rois...  d'en- 
jamber jusques  sur  l'Asie  et  mettre  sous  leur  main 
toutes  les  nations  qui  bordent  la  mer  Méditerranée 
jusqu'au  Golfe  de  la  mer  Euxine  ou  Majour  qu'on 
appelle...  Ils  traversèrent  les  Hespagnes,  les  Gaules, 
l'Italie  sans  trouver  aucune  résistance,  passant  presque 
toujours  sur  leurs  terres  jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  en 
Grèce.  Encore  n'y  eut-il  la  personne  qui  osast  leur 
faire  teste  :  exceptez  ceux  d'Athènes  (qui  estoit  desja 
des  lors  une  puissante  Republique  et  la  première 
ville  de  la  Grèce)  sous  les  ailes  desquels  les  aultres 
Grecs  s'allèrent  jetter.  Car  les  Athéniens  soustindrenl 
eux  tous  seuls  ce  gros  orage  de  guerre  et  desfirent 
en  bataille  rangée  tous  ces  Rois  d'outre  mer...  Mais 
de  malheur  quelque  tems  après  il  survint  subit 
comme  personne  n'y  pensoit  de  grans  changemens 
au  monde  et  n'ait  donné  aux  uns  ce  qu'il  ostoit  aux 
aultres  (comme  quelques  anciens  auteurs  l'ont  laissé 
par  escrit),  que  la  mer  ha  retranché  la  Sicile  d'avec 
l'Italie,  Chippre  d'avec  la  Sulie,  l'isle  de  Négrepont 
de  la  terre  ferme  de  la  Bœoce,  et  quelques  autres; 
et  au  contraire  qu'elle  a  joint  ailleurs  quelques  isles 
a  la  terre  ferme  et  comble  le  fosse  d'entre  deux, 
toutes  fois  si  n'y  ha-il  pas  grande  apparence,  quoique 
Gomara  die  qu'il  n'en  faille  plus  douter  ny  disputer, 
qu'une  isle  qui  touchait  presque  l'Hespagne,  s'en 
soit  reculée  douze  cens  lieues  au  loing,  que  l'on 
conte  depuis  l'Espagne  jusqu'en  ce  paj's  la.  Outre 
ce  que  les  navigations  des  modernes  ont  desja  presque 
descouvert  que  ce  n'est  point  une  isle  :  ains  une 
terre  ferme  et  continente  avec  l'Indie  Orientale  d'un 


coste  :  et  avec  les  terres  qui  sont  sous  les  deux  Pôles 
d'autre  part;  ou  si  elle  en  est  séparée  c'est  de  si 
petit  Estroit  et  intervalle,  qu'elle  ne  mérite  pas  d'en 
estre  nommée  isle  pour  cela. 

»  11  se  trouve  encore  aujourd'huy  un  petit  livre 
(entre  les  œuvres  d'Aristote  combien  qu'aucuns  pen- 
sent que  ce  soit  plustost  quelqu'un  des  disciples 
d'Aristote,  que  luy  mesme  qui  en  soit  l'auteur)  inti- 
tulé Des  Nouvelles  merveilleuses,  ou  des  choses  est  ranges 
que  l'on  ha  ouy  dire.  Quiconque  en  soit  l'auteur  il 
raconte  que  certains  Carthaginois  s'estans  jettez  au 
travers  de  la  mer  Atlantique,  hors  des  Colones 
d'Hercules  (c'est  l'Estroit  de  Gibraltar  qu'on  l'appelle) 
et  navigué  longtemps,  avoyent  descouvert  enfin  une 
grande  isle  fertile  toute  revestue  de  bois  et  arrousee 
de  grandes  et  profondes  rivières,  fort  esloignee  de 
toutes  terres  fermes,  et  qu'eux  et  d'autres,  depuis 
attirez  par  la  bonté  et  fertilité  du  terroir,  s'y  en 
allèrent  avec  leurs  femmes  et  enfans  et  commencèrent 
a  y  peupler  et  s'y  habituer.  Les  seigneurs  de  Carthage 
voyans  que  leurs  paj'-s  se  despeuploit  peu  a  peu 
firent  défense  sur  peine  de  mort,  que  nul  n'eust 
plus  a  aller  là  et  en  chassèrent  ces  nouveaux  habitans, 
craignans  (a  ce  qu'on  dit)  que  par  succession  de  tems 
ils  ne  vinssent  a  multiplier  tellement  qu'ils  ne  les 
supplantassent  eux-mesmes  et  ruinassent  leur  Estât.  » 

P.  267,  1.  29.  Sans  m'enquerir  de  ce  que  tes  cosmo- 
graphes). Au  contraire  de  ce  que  j'ai  écrit  dans  la 
note  ci-dessus  (p.  99)  M.  Gilbert  Chinard  a  pensé 
établir  que  Montaigne  nous  a  trompés,  et  qu'il  a 
puisé  des  informations  à  tout  le  moins  dans  la  rela- 
tion de  Jean  de  Léry.  Voir  à  ce  sujet  Chinard, 
L'Exotisme  américain  dans  la  littérature  française  au 
xvi"  siècle,  pp.  195  et  suivantes.  Il  me  semble  que 
M.  Chinard  accuse  Montaigne  à  tort.  Voir  mon 
compte  rendu  de  son  ouvrage  dans  la  Revue  d'histoire 
littéraire  de  la  France,  année  19 12,  p.  207. 

P.  270, 1.  lé.  Hos  natura).  Lire  :  Géorgiques,  II,  20. 

P.  274,  1.  II.  De  freschc  mémoire).  Miss  Grâce 
Norton  me  propose  de  voir  ici  un  souvenir  d'un 
massacre  de  huguenots  qui  eut  Heu  près  de  Tou- 
louse en  1561,  et  au  sujet  duquel  Montluc,  dans  ses 
Commentaires  (à  la  date  du  15  novembre),  rapporte 


474 


LIVRE      I,      CHAPITRES     XXXII      A      XLIX. 


qu'après  avoir  été  inhumainement  massacrés,  les 
réformés  furent  «  fliicts  cruellement  dévorer  aux 
pourceaux  ». 

P.  2J9,  1.  ij.  fin  a\  vif).  Montaigne  manifeste 
le  même  goût  pour  ce  genre  de  poésie  dans  l'essai  I, 
uv,  p.  403,  1.  24. 

P.  281, 1.  8.  De  haut  de  chausses).  Pour  la  genèse  de 
l'expression,  rapprocher  l'essai  I,  xui,  p.  336,  1.  9. 

Dans  la  chronologie  de  l'essai  Des  cannibales  (ci- 
dessus  p.  102)  ajouter  :  «Le  début  de  l'essai,  étant  pris 
à  la  traduction  de  Benzoni  par  Chauveton,  laquelle 
date  de  1579,  est  au  plus  tôt  de  1579.  Si  nous  rap- 
prochons cet  argument  de  ceux  qui  ont  été  donnés 
ci-dessus,  il  }•  a  tout  lieu  de  supposer  que  l'essai 
tout  entier  est  de  1579. 

P.  283,  1.  25.  Deux  viûuldurcs).  On  retrouve  la 
même  expression  chez  Rabelais,  I,  xi.  Voir  Leroux 
de  Lincy,  Le  livre  des  proverbes  fiançais,  11,  264. 

P.  295,  1.  28.  De  l'emperur  Seneiiis).  Rapprocher 
Hérodien,  III,  vi. 

P.  304,  1.  10.  Victrix  causa).  Lire  :  cxvui. 

P.  305,  1.  7.  Le  Comte  de  Montfori).  Dans  la  marge 
de  son  Nicole  Gilles,  t.  II,  f°  30  r°,  Montaigne  écrit  : 
«  A  ce  que  le  lecteur  jie  si  trompe,  ce  jan  n'est 
pas  celui  qui  premier  querela  le  duché  de  Bretaigne 
contre  Charles  de  Blois,  eins  son  fils,  de  mêmes  nom, 
qui  espousa  l'une  des  filles  d'Edouard,  roë  d'Angle- 
terre, et  qui  etoët  encore  fort  ieune  lors  de  ste 
défaite  de  son  adversaire.  »  M.  Dezeimeris  remarque 
{Revue  d'histoire  littéraire  de  la  France,  année  1912, 
p.  128)  que  la  jeunesse  de  Jean  de  Montfort,  présente 
à  l'esprit  de  Montaigne,  a  pu  le  rendre  sensible  à  la 
fin  d'un  prince  vaillant.  Pour  Froissart,  voir  l'édi- 
tion de  Tournes,  I,  ccxxviii;  éd.  Buchon,  I,  11,  191. 

P.  30e,  1.  3.  Tutumque).  Lire  :  Lucain,  IX,  1037. 

P.  309,  1.  3.  Nous  ne  sommes  pas  ne:^).  Pour  l'ex- 
pression, rapprocher  Cicéron,  De  fmibus,  I,  xii. 

P.  309,  1.  13.  De  mille).  Lire  :  Ecch'siaste,  au  lieu 
de  :  Ecclésiastique. 

P.  309,  1.  14.  Rari).  Lire  :  Juvénal,  xiii,  26.  Cette 
citation  a  peut-être  été  suggérée  à  Montaigne  par 
un  ouvrage  de  Buchanan. 

P.  310,  1.  9.  Albuquerque) .  Lire  :  Cf.  Osorius, 
Histoire  du  Porliii^al... 


P.  314,  1.  17.  Il  apprendra).  Rapprocher  des  idées 
analogues  dans  V Eloge  de  la  Folie,  d'Erasme,  ch.  xlix, 
et  ch.  IV. 

P.  315,  1.  25.  Sociales  dict).  Lire  :  ...  qui  est  rap- 
porté dans  YAiitlxilogie  de  Stobée... 

P.  316,  1.  22.  Tuta  et  parvula).  Lire  :  «Je  loue 
un  tout  petit  avoir  et  sa  sécurité,  quand  la  fortune... 

P.  318,  1.  6.  Que  Xeiiophon  attribue  à  Cyrus).  Lire  : 
Economiques,  IV,  xx. 

P.  321. 1.  20.  L'vn).  Il  s'agit  d'Épicure;  ci.  l'épître  21 
de  Sénèque. 

P.  326,  1.  î).  Non  est  oruamentunij.  Lire  :  ép.  115. 

P.  329,  1.  5.  L'escris  mes  lettres).  Au  sujet  de  ce 
que  Montaigne  dit  ici  de  lui-même,  on  peut  voir 
l'article  de  M.  Labande,  «Correspondance  de  Mon- 
taigne avec  le  maréchal  de  Matignon  »  (Revue  du 
xri'  siècle,  t.  lY,  année  1916,  p.  9). 

P.  333,  1.  II.   C'est  merveille  que).  Lire  :  (Ép.  76, 

P-  I73-) 

P.  339,  1.  4.  Tolus  lT"  argeiito).  Lire  :  (Tibulle,  I, 
II,  71.) 

P.  344,  1.  28.  Lire  :  Vie  d'Atticus,  11. 

P.  347,  1.  II.  Nous  nous  tenons  descounerts).  «La 
coutume  de  se  tenir  teste  nue  devant  les  roys  ne  s'est 
introduite  que  depuis  Henri  II,  du  temps  duquel  en 
sa  propre  chambre  nul  ne  se  tenoit  descouuert,  et 
s'il  eust  un  quelqu'un  descouuert,  il  lui  eust  enuoyé 
demander  ce  qu'il  vouloit,  ainsi  que  ie  l'ai  appris  de 
feu  Monsieur  le  connestable  de  Montmorency,  mais 
à  présent  la  coutume  est  autre...  anciennement,  nos 
rois  estoient  à  table  par  les  gentilshommes  estant 
couuerts  et  ne  permettoient  pas  qu'en  leur  chambre 
les  princes,  seigneurs  ni  gentishommes  demeurassent 
nue  teste  s'ils  ne  parloient  au  roy;  mais  quand  le 
feu  Henri  III  revint  de  Pologne,  il  permit  que  ceste 
liberté  fust  changée  en  l'imitation  des  princes  estran- 
gers  qu'il  avoit  visités  en  son  voyage.  »  {Recueil  des 
ordonnances  et  règlent,  des  conseils  du  roi  (manuscrit), 
Monteil,  xvr  siècle,  station  66,  note  88.)  Texte  cité 
par  Grùn,  La  vie  publique  de  Michel  de  Montaigne, 
page  152. 

P.  351,  1.  4.  /://  ceruelle).  Cette  expression,  qui 
est  de  1595,  est  celle-là  même  que  Montaigne  em- 
ploie dans  la  marge  de  son  Quinte-Curce  à  propos 


LIVRE      1,      CHAPITRES      I.     A      LI. 


475 


de  ce  même  fait.  Cf.  IV,  xiii,  15,  16;  éd.  de  1545, 
p.  49.  Cf.  aussi  les  annotations  du  Nicole  Gilles 
publiées  par  M.  Dezeimeris,  Revue  d'hisloirc  Vitléraiic 
de  la  France,  année  1916,  p.  438. 

P.  351,  1.  22.  Pline  en  alhoue).  Parmi  beaucoup 
d'autres  du  même  genre,  une  allégation  de  Pline  est 
rapportée  dans  la  Philosophie  occulte  d'Agrippa  (I, 
Lviii),  que  Montaigne  lisait  sans  doute  vers  l'époque 
où  il  a  écrit  cet  essai. 

P.  357,  1.  16.  Chacun,  clierchant).  On  trouve  un 
mouvement  analogue  au  chap.  xlii  de  YÉlogc  de  la 
Folie  d'Erasme. 

P.  361,  1.  2.  Eri(.)v).  Rapprocher  l'essai  II,  \n, 
p.  229,  1.  20. 

P.  361,  1.  16.  Ourir  espérance).  Pour  la  pensée, 
rapprocher  Plutarque,  Les  dicts  notables  des  Lacedenio- 
niens,  i"  214  r°. 

P.  376,  1.  10.  Les  armées  Turquesques).  Cf.  l'ou- 
vrage intitulé  Tesoro  politico,  in  cni  si  eonteiii^ono 
traitât i,  discorsi,  relationi,  ragguagli,  instrultioni,  di 
vwlta  iniportan:^a  per  gli  nianeggi,  intcrressi,  pren- 
tensioni,  dipendcn^e  e  disegni  de  principi.  «  In  oltre 
la  sobrietà,  et  parcimonia  (familiari  ai  suoi  soldati) 
non  fanno  languire  1'  acceleratione  délie  sue  imprese, 
contentandosi  (come  fanno)  di  bere  acqua  pura, 
mangiare  riso,  et  carne  salata  che  riducono  in  polvere 
et  délia  quale  ne  porta  ciascuno  la  sua  provisione 
quasi  per  un  mese  :  et  quando  il  riso  et  carne  salata 
gli  mancano,  essi  sanno  vivere  dei  loro  cavalli  stessi, 
quali  salano,  come  fanno  anche  i  Moscoviti,  et  i 
Tartari.  »  (II,  iv.) 

P.  383,  1.  7.  At  tihi).  Martial,  XI,  lviii,  ii. 


P.  3 83,   1.  19.   Has  vohis  epulas).  Lire  :  (Martial, 

VII,   XLVIII,   4.) 

P.  388,  1.  22.  Ingérai  ie  d'Alexandre).  Rapprocher 
Plutarque,  Vie  d'Alexandre  :  «  Les  plus  grants  et  les 
plus  glorieux  exploits  ne  sont  pas  toujours  ceux  qui 
montrent  mieulx  le  vice  ou  la  vertu  de  l'honune; 
ains  bien  souvent  une  légère  chose,  une  parole  ou 
un  jeu  mettent  plus  clairement  en  évidence  la  nature 
des  personnes.  >> 

P.  396,  1.  I.  Attilius  Regulns).  Lire  :  Sénèque,  De 
coiisolatioiie  ad  Helviain... 

P.  399,  I.  17.  Coniiiiuni).  Cette  sentence  est  sou- 
lignée par  Montaigne  dans  son  exemplaire  de  César, 
p.  251. 

P.  401,  1.  17.  Sancho).  On  peut  voir  à  ce  sujet 
VHisloire  de  Navarre  de  Favyn  qui  renvoie  notam- 
ment au  livre  V  de  Rodericus  de  Tolède. 

P.  402,  1.  15.  7/  y  rt  ignorance  ahecedere).  Rappro- 
cher l'essai  II,  xii,  p.  285,  1.  23. 

P.  403,  1.  17.  Le  cul  entre  deus  selles).  Dans  les 
Adages  d'Érasme  (I,  vu,  2)  on  trouve  le  proverbe 
«  duabus  sedere  sellis».  C'est  un  proverbe  ancien 
en  français  :  dans  les  Proverbes  du  vilain,  «  entre 
deux  arçouns  chet  cul  à  terre  »  ;  dans  les  Proverbes  de 
France,  «  entre  deux  selles  chet  dos  à  terre  »  (Leroux 
de  Lincv,  n,  389).  L'expression  se  retrouve  chez 
Rabelais.  Cf.  la  Revue  des  Études  rabelaisiennes  (N'II, 
382),  à  laquelle  nous  empruntons  ces  indications. 

P.  404, 1.  7.  Esprits  communs).  Rapprocher  l'essai  II, 
xvii,  p.  442,  1.  20. 

P.  418,  I.  14.  Clare  cuni  di.xit).  Lire  :  (Horace, 
Ép.,  I,  XVI,  59. 


LIVRE     SECOND. 


P.  3,  1.  28.  Tiih's  siiiit).  La  milnie  citation  se 
retrouve  dans  l'essai  II,  xii,  p.  314,  L  10. 

P.  8,  1.  5.  Foltiplatein  lonlciuiimit).  Cf.  Cicéron, 
De  officiis,  I,  .\xi. 

P.  8,  L  19.  A  qui  n'a  dressé).  Lire  :  Ep.  94. 

P.  16,  L  4.  Faire  le  tour).  Pour  le  sens  de  cette 
expression,  voir  le  Bulletin  îles  Amis  de  Montaigne, 
III,  p.  28  et  p.  42. 

P.  17,  1.  II.  Platon  defant).  Lire  :  Lois,  11,  (,66. 

P.  17,  1.  16.  Qiii  redone).  Id.,  ihid.  :  Cette  phrase 
est  encore  empruntée  de  Platon.  Voir  aussi  pour  la 
phrase  suivante  la  fin  du  livre  I  des  Lois. 

P.  18,  1.  3.  Qiu-  le  vin).  Id.,  ibid.,  11,  672. 

P.  18,  1.  4.  Ces  restriuctions).  Id.,  ihid.,  11,  674. 

P.  18,  1.  20.  Mettre  en  doubte).  Rapprocher  l'essai  I, 
XII,  p.  34,  1.  20. 

P.  18,  1.  23.  Lucrèce).  Rapprocher  l'essai  II,  xii, 
p.  293. 

P.  21,  1.  22.  Folie).  Des  idées  analogues  sont  dé- 
veloppées dans  l'Eloge  de  la  Folie,  où  la  Folie  déclare 
en  particulier  que  la  vérité  est  le  lot  exclusivement 
de  l'ivresse,  de  l'enfance  et  de  la  folie.  Elle  allègue 
également  que  Platon  a  compté  parmi  les  plus  grands 
biens  de  la  vie  les  transports  des  poètes.  (Voir  en 
particulier  chap.  xxxvi  et  xx.wiii.) 

P.  33,  1.  9.  Suy liant  h  reigle  du  bon  Marot).  Voir 
Marot,  éd.  Jannet,  t.  III,  p.  29,  épigr.  lxviii. 

P.  33,  1.  12.  Liiciiis  Arunlius).  Lire  :  Annales,  V, 

XLVIII. 

P.  76,  1.  2.  Eslre  d'Aristote).  Cette  opinion  est 
prêtée  à  Aristote  dans  les  Apophîhegnies  d'Erasme 
(éd.  1533,  p.  158). 

P.  76,  1.  9.  Les  anciens  Gaulois).  En  face  du  texte 


cité  dans  la  note  ci-dessus  (p.  198),  dans  son 
exemplaire  de  César  Montaigne  écrit  en  marge  : 
«  [Ils]  ne  se  dépucellent  [qu']  après  vingt  ans.  » 

P.  77,  1.  26.  Solve  senescentem).  Lire  :  «...  dételer 
à  temps  ton  cheval...  au  bout  de  la  carrière...  » 

P.  85,  1.  2. -A  ce  que  dit  Cœsar).  Dans  son  exem- 
plaire de  César,  en  face  du  passage  cité  dans  la  note 
ci-dessus  (p.  199),  Montaigne  écrit  en  marge  :  «Les 
enfans  ne  [se]  treuvent  dev[ant]  leurs  pères  que 
[prêts]  à  porter  [armes].  » 

P.  103,  1.  24.  Le  Decaineron).  \'oir  aussi  à  ce  sujet 
le  Journal  de  voyage  de  Montaigne,  éd.  Lautrey, 
pp.  389  et  444. 

P.  105,  1.  22.  Ceu.x  qui  luy  comparent).  On  trouve 
un  écho  de  leur  opinion  dans  les  vers  de  Daurat 
que  voici  : 

«  Pctrarca  haud  cedct,  culte  Bibulle,  tibi. 
»  Nec  tu  Virgilio  concesseris  ause  furorein 
»  Orlandi  Etrusca,  Arioste,  tuba.  » 

P.  106,  1.  2.  Le  premier  itige  des  poètes  Romeins). 
Lire  :  Art  poétique,  270. 

P.  113,  1.  II.  Quant  &  quant  l'home).  Rapprocher 
l'essai  I,  xxvi,  p.  202,  1.  21. 

P.  113,  Texte  de  1588.  Je  recherche).  Rapprocher 
l'essai  II,  xxxi,  p.  519,  1.  13. 

P.  114,  1.  6.  Les  humains  ouurages).  Cette  expres- 
sion lui  est  suggérée  peut-être  par  un  mot  d'une 
épître  de  Fulvio  Orsini  qu'il  mit  au  début  de  son 
exemplaire  de  César  (Anvers  1570)  :  «  Contigit  enim 
divinis  Cïesaris  scriptis...  » 

P.  114,  1.  9.  Comme  dit  Cicero).  Compléter  ainsi 
la  note  :  Il  trouvait  dans  cette  édition  non  seulement 


LIVRE      II,      CHAPITRES     X      A      XII. 


les  jugements  du  Briitiu  (p.  21),  mais  ceux  du  De 
oratore  (lib.  III)  et  du  De  offuiis  (lib.  I);  celui-ci 
aussi,  qui  est  rapporté  par  Suétone  :  <i  Quid  ora- 
torum  ?  Quem  huic  antepones  eorum  qui  niiiil  aliud 
egerunt  ?  Quis  sententiis  aut  acutior,  aut  crebrior  ? 
quis  verbis  aut  ornatior,  aut  elegantior  ?  »  (p.  22). 

P.  116,  1.  2.  Les  seules  hones  histoires).  Rapprocher 
un  passage  d'une  épître  (Manucii  epistula)  que  Mon- 
taigne trouvait  dans  son  César,  à  la  page  23  :  «Rébus 
gerendis  non  interiuit  modo,  verum  etiam  prœfuit  : 
quo  factum  ut  usum  quoque,  qui  valet  in  scribenda 
historia  multum,  cum  doctrina  conjunxerit.  » 

P.  116,  1.  13.  Asinius  Pollio).  Compléter  ainsi  la 
note  :  ...  dans  son  édition  de  César  (Anvers  1570, 
p.  23). 

P.  119,  1.  7.  La  dctiiiction).  Rapprocher  I,  xvii, 
p.  81,  1.  24. 

P.  131,  1.  10.  le  sçay).  Rapprocher  l'essai  III,  v, 
p.  134,  1.  24. 

P.  151,  1.  16.  Abus).  Cette  idée  est  exprimée  dans 
y  Éloge  de  la  Folie  d'Érasme  :  «  Animadvertile  pueros, 
senes,  mulieres,  ac  fatuos  sacris  ac  religiosis  rébus 
prœter  ceteros  gaudere,  eoque  semper  altaribus  esse 
proximos.  »  (lxvi,  éd.. de  1522,  p.  354.) 

P.  154,  1.  17.  Oj  yâîj.  Cette  sentence  figurait  sur 
les  travées  de  la  bibliothèque  de  Montaigne. 

P.  157,  1.  20.  Finit  aller  amores).  Lire  :  ...  Mani- 
lius,  IV,  79  et  118. 

P.  158,  1.  22.  Calamileiise  et  frai  le).  Rapprocher 
l'essai  II,  xii,  p.  207,  1.  22. 

P.  158,  Texte  de  1588.  Dict  Pline).  Rapprocher 
l'essai  II,  xiv,  p.  380,'  1.  9  et  la  note. 

P.  160,  1.  3.  Les  cosiiwgraphes).  Lire  :  Histoire  natu- 
relle, VI,  XXXV. 

P.  léi,  1.  7.  Qnoi  des  mains?).  Tout  ceci  e.st  pris 
de  très  près  de  Quintilien,  Institut,  orat.,  livre  XI, 

LXXXVI. 

P.  léi,  1.  15.  De  la  teste).  Id.,  ihid.,  XI,  lxxii. 

P.  162,  1.  19.  Les  arondelles).  Vague  réminiscence 
d'un  passage  de  Plutarque,  Quels  sont  les  animaux 
les  plus  advise^  :  «  Nous  voions  tous  les  jours  les 
provisions  que  font  les  hirondelles  avant  que  faire 
leurs  petits,  comment  elles  mettent  dessoubs,  pre- 
mièrement les  plus  gros  &   plus  durs   festus   pour 


taire  le  fondement,  &  puis  y  entre-lassent  d'autres 
plus  déliez  :  &  s'ils  voient  que  leur  nid  ait  besoing 
de  limons  gluant  &  collant,  elles  volent  à  fleur  d'eau 
sur  les  eaux  des  rivières  ou  de  la  mer,  mouillant 
un  petit  leurs  aeles,  tant  qu'elles  en  soient  seulement 
un  peu  moittes,  &  non  pas  chargées  d'humidité, 
&  puis  prenants  de  la  poulciere,  elles  en  plastrent 
&  lient  ce  qui  lasche  en  leurs  nids,  ou  qui  menasse 
de  mine  :  &  quant  à  la  forme  &  figure,  elles  ne  les 
font  point  à  plusieurs  faces  ny  à  plusieurs  encon- 
gneures,  ains  également  unys  par  tout,  approchant 
le  plus  qu'elles  peuvent  de  la  forme  ronde,  comme 
est  une  boule,  pour  ce  qu'est  la  plus  propre  pour 
faire  tenir  fermement,  &  la  plus  capable  au  dedans, 
&  qui  donne  moins  de  prises  aux  autres  bestes  qui 
leur  voudroient  courir  sus  du  dehors. 

»  Et  les  ouvrages  de  l'aragnée,  dont  les  femmes 
ont  pris  le  patron  pour  ourdir  leurs  toiles,  &  les 
chasseurs  pour  brocher  leurs  pans  de  rets,  sont  gran- 
dement a  esmerveiller  pour  plusieurs  raisons  :  pre- 
mièrement pour  la  subtilité  des  filets,  qui  ne  sont 
point  distincts  l'un  de  l'autre,  ny  rangez  tout  du 
long,  comme  a  l'essaim  a  la  tissure  d'une  toile,  ains 
l'entretienent,  comme  une  taj'e  toute  unie,  collée 
avec  je  ne  sça}'  qu'elle  humidité  gluante,  qui  est 
imperceptiblement  meslée  parmy  &  puis  le  taint 
&  la  couleur  qui  fait  paroir  de  loing  que  ce  ne  soit 
qu'un  air  espais  &  obscur,  a  fin  que  moins  on  s'en 
apparçoive.  »  (F°  512  r''.) 

P.  163,  1.  26.  Ces  plaintes  vulgaires).  Rapprocher 
l'essai  I,  xxxvi,  p.  294,  1.  12. 

P.  165, 1.  5.  L'estomac).  Rapprocher  l'essai  I,  xxxvi, 
p.  295,  1.  8. 

P.  172,  1.  16.  Les  pons).  Vers  1564,  en  lisant  dans 
son  Nicole  Gilles  le  récit  de  la  mort  du  roi  Henri  V, 
qui  fut  as.sailli  par  une  armée  de  pous,  Montaigne 
avait  inscrit  dans  la  marge  :  «  Plutarque,  en  la  Vie 
de  Sylla,  remerque  quelques  examples  de  mort 
pareille.  »  (V'oir  Rnnie  d'histoire  littéraire  de  la  France, 
année  191 1,  p.  142.) 

P.  176,  1.  I.  Les  plus  ieunes).  Il  semble  bien  que 
Montaigne  se  rappelle  ici  un  passage  de  Pline,  His- 
toire naturelle,  X,  xliii. 

P.  181,  1.  20.  Le  poulpe).  Montaigne  lisait  quelque 


LIVRE     II,      CHAPITRE     XII. 


479 


chose  d'analogue  au  sujet  du  «  larande  »  chez  Rabe-  j 
lais,  IV,  II.  Évidemment,  d'ailleurs,  c'est  le  texte  de 
Plutarque  qu'il  a  présent  à  l'esprit  en  écrivant. 

19S,  1.  13.  Qii'ppe  videhis).  Lire  :  «  ..  et  tendre 
tous  leurs  muscles...  » 

P.  203,  1.  6.  La  Philosophie).  Cette  idée  avait  été 
rencontrée  par  Montaigne  en  outre  dans  VÉIoge  de 
la  Folie  d'Érasme.  «  Rursum  inter  homines  idiotas 
multis  partibus  anteponit  doctis  ac  magnis,  et  Gryllus 
ille  non  paulo  plus  sapuit,  quam  -z\j\j:r-.:z  Oîjsiî'j; 
qui  maluerit  in  ara  grunire,  quam  cum  illo  tôt  mi- 
seris  objici  casibus.  »  (xxxv,  éd.  de  Froben,  1522, 
p.  195.)  Il  faut  noter  que  dans  tout  ce  passage 
Erasme  insiste  sur  cette  idée,  chère  à  Montaigne, 
que  quand  on  est  sage  et  instruit  on  ne  s'abandonne 
pas  assez  à  la  nature;  que  pour  le  bonheur  il  faut 
faire  à  l'art  le  moins  de  place  possible. 

P.  210,  1.  24,  A  la  santé  iiiesme).  Rapprocher 
Plutarque,  Que  l'on  ne  saurait  vivre  joyeusement  selon 
Epicurus  :  «  De  laquelle  (la  chair)  les  médecins 
mesmes  nous  admonestent  de  craindre,  voire  de 
réprimer  et  diminuer  le  suprême  en-bon-point  :  car 
c'est  chose  périlleuse,  ce  dit  Hippocrates,  que  la 
bonne  disposition  quand  elle  est  arrivée  a  son  der- 
nier poinct.  »  (v,  f"  280,  v°.) 

P.  213,  1.  4.  Fouleivous  vn  homme  sain).  On  trouve 
ces  mêmes  idées  développées  chez  Érasme,  Eloge  de 
la  Folie,  xxxiii  et  seq. 

P.  217,  1.  4.  Aux  théâtres).  Dans  YÉloge  de  la 
Folie,  Érasme  avait  déjà  emplo}^é  cet  exemple  aux 
mêmes  fins  que  Montaigne  l'allègue  ici  :  «  Neque 
perperam  sensit  Argivus  ille,  qui  hactenus  insaniebat, 
ut  totos  dies  solus  desideret  in  theatro,  ridens,  plau- 
dens,  gaudens,  quod  crederet  illic  miras  agi  tra- 
gœdias,  cum  nihil  omnino  ageretur,  cum  in  cx-teris 
vitaî  officiis  probe  sese  gereret,  jucundus  amicis, 
comis  in  uxorem,  posset  qui  ignoscere  servis,  et  signo 
lœsic  non  insanité  lagenœ.  Ilunc  ubi  cognatorum 
opéra  datis  pharmacis  morbo  levasset,  sibique  jam 
totus  esset  redditus,  hune  in  modum  cum  amicis 
expostulans,  Pol,  me  occidistis  amici,  non  servastis, 
ait,  qui  sic  extorta  voluptas,  et  demptus  per  vim 
mentis  gratissimus  error.  »  (xxxvn,  éd.  Froben,  1522, 
p.  205.) 


P.  222,  1.  22.  Par  les  tesmoins).  Voir  aussi  Y  Éloge 
de  la  Folie  (lxv,  éd.  Froben,  1522,  p.  351.) 

P.  223,  1.  8.  le  destniiray).  Ce  texte  est  cité  par 
Érasme  dans  VÉloge  de  la  Folie,  au  passage  même 
qui  est  signalé  à  la  note  précédente. 

P.  223,  1.  29.  Ce  que  Vclleius).  Lire  :  De  natura 
deoruni,  I,  vu;  t.  IV,  p.  186. 

P.  245,  1.  26.  Xenophanes).  Cf.  Diogène  Laërce, 
IX,  XIX. 

P.  246,  1.  10.  Epicurus).  \oiT  :mssi  De  divinatione, 
II,  XVII. 

P.  246,  1.  13.  Ego  dcûm).  Supprimer  «  j'ai  toujours 
cru  ». 

P.  253,  \.  II.  La  nostre).  Cf.  César,  De  hello  gal- 
lico  (\'I,  xvi),  passage  à  propos  duquel  Montaigne 
écrit  dans  la  marge  de  son  exemplaire  (p.  118)  : 
«  [sac]rifices  d'homes.  » 

P.  262,  1.  29.  Faire  cjue  son  corpsj.  Les  mêmes 
idées  sont  développées  poétiquement  par  Ronsard 
au  début  de  la  Remonstrance  au  peuple  de  France.  On 
y  retrouve  aussi  la  dispute  «  grammairienne  »  sur  le 
«  Hoc  est  corpus  nieuni  » .  (Ronsard,  Œuvres,  édition 
Blanchemain,  t.  VII,  pp.  57-58.) 

P.  265,  1.  26.  Comme  les  enfans).  Cf.  Sénèque, 
ép.  24. 

P.  269, 1.-20.  Ilaest).  Lire  :  «C'est une  habitude...  » 

P.  272,  1.  .21.  Cum  veritatcm).  On  a  justement 
remarqué  que  Montaigne  semble  attribuer  à  Varron 
une  réflexion  ironique  de  saint  Augustin  :  «  Pr^e- 
clara  religio  que  confugiat  liberandus  iniîrmus,  et 
cum  veritatem  qua  liberetur  inquirat,  credatur  ei 
expedire  quod  fallitur.  » 

P.  275,  1.  13.  Timon).  Voir  l'essai  II,  xvi,  p.  404, 
1.  16,  et  la  note. 

P.  283,  1.  3.  Sanguineain).  Lire  :  Enéide,  IX,  349. 

P.  290,  1.  7.  Instillata).  Lire  :  Horace,  Odes,  IV, 
IV,  29. 

P.  307,  1.  9.  Monnoyes).  Ajouter  à  la  note  ci- 
dessus  (p.  262)  :  voir  aussi  le  Galateo  de  Giovanni 
délia  Casa,  édition  de  Lyon,  1573,  f°  18  v°. 

P.  324, 1.  II.  laques  Peletier).  Peletier  du  Mans,  qui, 
arrivé  à  Bordeaux  en  1572,  semble  y  être  resté  jus- 
qu'en 1579,  s'est  occupé  à  cette  époque  de  la  philo- 
sophie pyrrhonienne  et  en  a  composé  une  réfutation. 


480 


LIVRE      II,      CHAPITRES      XII      A      XX. 


Voir  Jacobi  Peletarii  tnedici  et  inalhaiiatici  oratio  Pictavli 
habita  in  prxdectioms  mathcmaticas  (Pictavii  1579). 
«  Scripsi  contra  Pirrhoniorum  opinionem,  qui  nihil 
sciri  neque  sentiri,  denique  niliil  esse  in  natura, 
quod  verani  dici  possit,  contendebant.  Quorum 
sententiam  quamvis  Cicero  scribat  jampridem  esse 
explosam,  eam  tamen  video  hac  nostra  aetate  a 
quibusdam  renovatam  :  adeo  nihil  est  in  omni  gé- 
nère disputationis  tam  absurdum,  tam  alienum,  tam 
falsum  cui  non  reperiantur  assertatores.  Atque  eadem 
opéra  scripsimus  contra  academicos  qui  pirrhoniis 
proxinii  verum  quidem  in  natura  esse  non  negant, 
sed  illud  verum  perpétue  inquirunt.  »  {Rcinie  de  la 
Renaissance,  1904,  p.  286,  texte  édité  par  M.  Lau- 
monier.) 

P.  326,  1.  I.  En  la  pins  fameuse).  Compléter  ainsi 
la  note  ci-dessus  (p.  265)  :  On  peut  citer  en  parti- 
culier :  «  Cum  \\xc  igitur  deus  ille  qui  semper  est,  de 
aliquando  futuro  deo  cogiiaret,  lenem  eum  effecit... 
corpusque  ex  corporibus  totis  et  perfectis  totum 
atque  perfectum.  Animam  autem  in  ejus  medio  col- 
locavit,  perque  totum  tetendit,  atque  ea  corpus 
ipsum  etiam  extrinsecus  circuntexit,  mundumque 
huncunum  &  solum  solitariumque  &  circularem 
volvi  in  circulum  siatuit,  qui  propter  virtutem  secum 
ipse  facile  coercere  possit,  nullius  alterius  indigens, 
satisque  ipse  sibi  notus  atque  amicus.  Itaque  omnibus 
his  de  causis  mundum  opifex  ejus  beatum  deum 
effecit...  Postquam  igitur  secundum  creatoris  illius 
mentem  tota  animœ  constitutio  absoluta  fuit,  mox 
omne  corporeum  intra  ipsam  effinxit,  mediumque 
média;  accommodans  apto  modulamine  copulavit... 
Et  corpus  quidem  cœli  spectabile  factum  est...  ipsa 
quoque  opiima  omnium  qu£e  genita  sunt  effecta... 
Has  ob  causas  nata  sunt  ea  astra  quœ  pcr  cœlum 
meantia  conversiones  habent,  ut  hoc  omne  animal 
quod  videmus  esset  perfectissimo  animali  illi  quod 
mente  percipitur,  harmoniœ  imitatione  simillimum... 
Horum  vero  deorum  choreas,  &  inter  ipsos  concur- 
siones,  circulorumque  ipsorum  revolutioncs  varias 
&  accessus,  quales  prœterea  fiant  conjuncti  sibi  invi- 
cem  vel  oppositi,  .sive  ante  inter  se,  sive  rétro... 
quidve  ex  illorum  série  nobis  proveniat...  haie... 
absque  diligent!  simulachrorum,  ipsorum  inspectione 


explicare  velle,  inanis  est  labor...  Terras  cœlique  filii 
Oceanus  et  Tethys  fuisse  traduntur.  »  (Pp.  34-40; 
éd.  de  1546,  pp.  707-710.) 

P.  332,  1.  20.  Virga  tua).  Lire  :  «...  consolé.  » 

P.  333,  I.  20.  Arislotc).  Cf.  Morale  à  Nicomaqiie, 
IV,  III. 

P.  334,  1.  25.  Trois  et  quatre  fois).  En  1534,  date 
à  laquelle  Henri  Mil  est  proclamé  chef  de  l'Église 
d'Angleterre;  à  l'avènement  de  Marie  Tudor  (1553); 
à  l'avènement  d'Elisabeth  (1558). 

P.  337,  I.  22.  Nihil  itaque  ainpliiis).  Ce  texte  est 
une  déformation  d'un  passage  du  De  finibus  (V ,  xxi) 
que  voici  :  «  Sed  virtutem  ipsam  inchoavit  :  nihil 
amplius.  Itaque  nostrum  est  (quod  nostrum  dico, 
artis  est)  ad  ea  principia,  qu£e  accepimus,  conse- 
quentia  exquirere,  quoat  sit  id,  quod  volumus, 
effectuin.  »  (Texte  de  l'édition  de  Paris,  1538.) 

P.  361,  1.  I.  Nostre  saline).  Cette  idée  se  retrouve 
chez  Pline,  VII,  11,  7. 

P.  367,  1.  15.  Sauf  le  sul  Parmenides).  Cf.  Platon, 
Théêtète  :  «  Et  in  hoc  omnes  per  ordinem  sapientes 
excepte  Parmenide  consenserunt...  Homerus  in  tra- 
gœdia.  Nam  cum  Oceano  diceret  deorum  genera- 
tionem  et  matrem  Thetym,  omnia  ex  fluxu  motiique 
genita  predicavit.  »  (xxvii,  180;  éi  de  1546,  p.  152.) 

P.  394,  1.  7.  Ressamblance  de  l'ombre).  \'oir  aussi 
Sénèque,  épître  79. 

P.  423,  1.  7.  Molliterj.  Lire  :  «  Le  plaisir  trompant 
l'austérité  du  labeur.  » 

P.  423,  1.  21.  Ce  naturel  puisant,  paresseu.x  &  fay 
néant).  Rapprocher  l'essai  I,  .\xvi,  p.  228,  1.  19. 

P.  426,  1.  4.  l'ayme  les  malheurs).  Montaigne  avait 
rencontré  une  idée  analogue  dans  son  Quinte-Curce 
(IV,  X,  263;  éd.  Froben,  1545,  p.  44)  :  «  Sa?pe  cala- 
mitatis  solatium  esse,  nosse  sortem  suam.  »  {Reinie 
d'histoire  littéraire  de  la  France,  année  19 16,  p.  426.) 

P.  427,  1.  4.  Spem  pretio).  Lire  :  III,  11,  11. 

P.  435,  1.  2^.  l'ay  l'esprit  tardif).  Rapprocher 
l'essai  I,  xxvi,  p.  227,  1.  2. 

P.  453,  1.  13.  //  m'a  falu).  Rapprocher  l'essai  II, 
VI,  p.  59,  1.  20. 

P.  459,  1.  9.  Iulian).  Parmi  les  critiques  que  l'au- 
torité religieuse  adressa  aux  Essais,  figure  le  reproche 
d'avoir  «excusé  Julian  ».  ÇJournal  de  iv\age,  p.  250.) 


LIVRE     II,      CHAPITRES     XXI     A      XXXVII. 


481 


P.    46^,    1.    5.    Ministcr  vctiili).    Lire   :    (Catulle, 

XXVII,    I.) 

P.  469,  1.  I.  L'Empereur  Vespasieii).  Lire  :  I,  xx. 

P.  470,  1.  6.  l'en  sçai  un).  Sur  la  vaillance  de 
Henri  IV,  on  peut  voir  en  particulier  d'Aubi^né, 
Histoire  universelle,  t.  H,  p.  225. 

P.  473,  1.  6.  ContiiiiiiVit  libre).  Rapprocher  l'essai  L 
XX,  p.  1 10,  1.  6. 

P.  477,  l.  19.  Contre  les  Cartaginois).  On  retrouve 
des  idées  analogues  chez  du  Bellay,  sonnet  xxiii 
des  Antiquités  de  Rome. 

P.  478,  1.  I.  //  _v  en  a  plusieurs).  L'idée  que  la 
guerre  extérieure  est  un  bon  moyen  pout  assurer  la 
paix  intérieure  apparaît  dans  un  document  officiel, 
la  déclaration  adressée  aux  parlements  de  France 
en  1581  par  François  d'Anjou,  le  chef  des  politiques, 
pour  justifier  l'expédition  militaire  qu'il  entreprenait 
contre  les  Pays-Bas  :  «De  tous  les  moyens  qui  peu- 
vent être  pratiqués  pour  pacifier  ce  royaume,  cettuy- 
cy  seul  est  resté,  tous  les  autres  a\'ans  esté  inutiles  et 
sans  aucun  effect,  tellement  qu'il  nous  faut  résoudre 
à  une  guerre  civile  perpétuellement  ou  la  divertir 
sur  ceux  qui,  pour  assouvir  leurs  ambitions,  nous 
ont  jusqu'à  présent  entretenus  en  nos  divisions,  et 
pestes  publiques.  »  (^Mémoires  de  Nevers,  Paris  1665, 
p.  145.)  Texte  cité  par  M.  Radouant,  dans  la  Rei'ue 
d'histoire  littéraire  de  la  France,  année  1919,  p.  25, 
pour  illustrer  une  idée  qui  était  commune  à  tout  le 
parti  des  politiques. 

P.  479,  i.  12.  laniais  tourner).  Miss  Grâce  Norton 
me  signale  que  ce  passage  paraît  inspiré  des  Tuscu- 
lanes,  II,  xvii.  Voir  la  citation  que,  après  1588, 
Montaigne  insérera  dans  l'essai  I,  xiv,  p.  71,  1.  lé. 

P.  479,  1.  14.  //  est  aduenu).  Rapprocher  Cicéron, 
Tusculanes,  II,  xvii. 

P.  480,  1.  3.  Nunc  caput).  Lire  :  «...  se  fait  un 
ennemi  en  pleine  paix.  » 

P.  519,  1.  14.  Que  ie  ne  lecherche  curieusement). 
Rapprocher  l'essai  II,  xx,  p.  113. 

P.  529,  1.  10.  Cent  autres  tesnioins).  Valère  Maxime 
(III,  m,  ext.  I.)  rapporte  cela  d'un  jeune  Macé- 
donien. 


P.  545,  1.  15.  Son  arnii'e).  Le  passage  de  Suétone 
que  Montaigne  a  dans  l'esprit  en  écrivant  ces  lignes, 
et  qui  est  cité  dans  la  note  ci-des,sus  (p.  342)  est 
rappelé  dans  son  exemplaire  de  César  (Anvers  1 570). 

P.  547,  I.  26.  Il  Jie  s'arrcsie).  Rapprocher  l'essai  I, 
XVII,  p.  88,  1.  13. 

P.  553,  1.  22.  Quand  les  anciens).  On  trouve  ce 
proverbe  notamment  chez  Platon  dans  les  Lois, 
p.  689. 

P.  567,  1.  17.  Adde  Heliconiadum).  Lire  :  «  ...  Ho- 
mère s'est  élevé  jusqu'aux  astres.  » 

P.  570,  1.  14.  Clytus).  Cf.  Quinte-Curcc,  VIII,  i. 

P.  582,  I.  17.  Aristote  dict).  Voir  les  Politiques, 
II,  II,  dans  la  traduction  de  Louis  Le  Roy  :  «  Par  la 
ressemblance  des  enfans  à  leurs  géniteurs,  néces.sai- 
rement  Ion  prend  foy  des  uns  aux  autres.  Come 
quelqu'uns  affirment  advenir  en  certaines  contrées 
de  la  haulte  Afrique,  où  les  femmes  .sont  communes, 
et  que  l'on  y  discerne  les  enfans  par  la  ressemblance.» 

P.  586,  1.  19.  Ils  rendent  la  santé  malade).  Rappro- 
cher l'essai  II,  xii,  p.  210,  I.  19. 

P.  595,  1.  13.  L'un  des  plus  jameux  médecins).  Je 
n'ai  pas  retrouvé  quel  est  ce  médecin,  mais,  dans  le 
Traité  de  la  peste  (1568),  Paré  écrit  au  chapitre  xxvi 
intitulé  :  A  sçavoir  si  la  saignée  et  purgalion  sont  néces- 
saires au  commencement  de  la  maladie  pestilente  :  «  Je  te 
veux  bien  advertir  de  ce  que  j'ai  observé  au  voyage 
de  Bayonne  que  j'ay  faict  avec  mon  roy  en  l'an  1565. 
C'est  que  je  me  suis  enquis  des  médecins,  chirur- 
giens et  barbiers  de  toutes  les  villes  où  nous  avons 
passé  esquelles  la  peste  avoit  e.sté,  comme  il  leur  estoit 
advenu  d'avoir  saigné  les  pestiférés  :  lesquels  m'ont 
attesté,  que  presque  tous  ceux  qu'on  avoit  saignés 
et  grandement  purgés  estoicnt  morts,  et  que  ceux 
qui  n'avoient  esté  saignés  ny  purgés,  eschappoient 
presque  tous  à  la  mort.  »  Paré  conclut  que  selon 
les  cas  il  convient  d'user  de  la  saignée  ou  de  s'en 
abstenir.  » 

P.  éo2,  !.  II.  Lotus).  Lire  :  «  Andragoras  s'est 
baigné  hier  gaiement  et  a  .soupe  avec  nous...  » 

P.  605,  1.  14.  /('  les  appelle).  Rapprocher  l'essai  I, 
XXIV,  p.  162,  1.  13. 


LIVRE    TROISIÈME. 


P.  4,  1.  26.  Le  dessein  de  la  vieille).  On  lit  chez 
Agrippa  d'Aubigné,  Barmi  de  Faeneste  :  «  La  bonne 
femme  qui,  présentant  une  chandelle  à  sainct  Michel 
pour  lui  faire  du  bien,  en  présenta  une  autre  au 
diable  pour  ne  lui  point  faire  de  mal.  »  (IV,  xn.) 

P.  27,  1.  21.  La  vertu  d'Alexandre).  Il  est  à  noter 
qu'après  1588  -^  après  avoir  lu  Quinte-Curce  — 
Montaigne  parle  moins  favorablement  d'Alexandre 
que  dans  les  essais  de  1580.  On  peut  voir  à  ce  sujet 
ce  que  dit  Dezeimeris  dans  la  Rrciic  d'histoire  littéraire 
de  la  France,  année  1918,  p.  607. 

P.  34,  1.  18.  le  me  sers  rarement).  Dans  son  exem- 
plaire de  Quinte-Curce  (IV,  xiii,  25),  Montaigne 
a  souligné  la  phrase  suivante  :  «  Raro  admodum 
admonitu  amicorum  quum  metus  discriminis  aderat 
uti  solebat.  »  Il  s'agit  là  d'Alexandre.  (Cf.  Revue  d'his- 
toire littéraire  de  la  France,  année  1916,  p.  439.) 

P.  185,  1.  22.  Age!  si  bœc  non).  Le  texte  est  con- 
forme à  celui  de  1538  avec  cette  unique  différence 
que  Montaigne  remplace  hic  par  bar. 

P.  279,  1.  5.  Vespouse).  Rapprocher  Fessai  I,  xxxix, 
p.  315,  1.  II. 

P.  310,  1.  3.  Dare  pondus  idonea).  «Capable  de 
donner  du  poids  à  la  fumée.  »  (Perse,  V,  20.) 

P.  325,  1.  15.  //  ne  nous  faut  gitiere  de  doctrine). 
Certe  idée  se  retrouve  à  diverses  reprises  dans  Vhlogc 
de  la  Folie  d'Erasme;  par  exemple  :  «  Longe  felicissimi 
sunt  hi,  quibusprorsuslicuitab  omnium  disciplinarum 
commercio  abstinere,  solamque  naturam  ducem  sequi, 
qu«e  nulla  sui  parte  manca  est,  nisi  forte  mortalis 
sortis  pomeria  transilire  volimus...  » 

P.    336,    1.    22.    Fne  peste  véhémente).   GautlVeteau 


écrit  dans  sa  Chronique,  à  l'année  1585  :  «  En  cette 
année,  la  contagion  fut  si  grande  et  maligne  dans 
la  ville  de  Bourdeaus,  ayant  commencé  environ  les 
festes  de  la  Pentecoste  jusques  sur  la  fin  du  mois 
de  décembre  que  plus  de  quatorze  mille  personnes 
moururent  pendant  ce  peu  de  temps;  ce  qui  faict 
voir  que  cette  contagion  de  cette  année  a  esté 
grande  et  malicieuse,  consiste  au  nom  qu'on  luy  a 
donné,  parce  que  le  peuple  l'a  appelée  la  grande 
contagion.  » 

P.  359,  1.  28.  Ul  nulh  sis).  Lire  :  L'édition  de 
Bàle,  1558,  présente  la  leçon  correcte  :  nnlli. 

P.  383,  1.  20.  Vn  gentil-homme').  Cette  particula- 
rité paraît  avoir  frappé  les  contemporains.  Dans  son 
Journal  (Archives  historiques  de  la  Gironde,  t.  XIII, 
p.  354)  François  de  Syrueilh  écrit  de  Pi,sani  :  «  On 
m'a  dict  que  ce  gentilhomme  est  fort  sage  et  bien 
advisé  et  entre  aultres  de  ses  complexions  et  façons 
de  vivre,  il  demeure  les  deux  ou  troys  moys  sans 
boire  auculnement  et  ne  boit  que  de  l'eaue.  « 

P.  41e,  1.  5.  Mes  doits).  En  passant  à  Baie,  Mon- 
taigne remarque  dans  son  Journal  de  voyage  :  «  Ils 
mangent  aussi  beaucoup  moins  hâtivement  que  nous 
et  plus  seinement.  »  (P.  83.) 

P.  414,  1.  19.  Ces  espaisses  poussières).  Rapprocher 
dans  le  Journal  de  voyage  :  «  M.  de  Montaigne  disoit 
s'agréer  fort  en  ce  détroit,  pour  la  diversité  des 
objects  qui  se  presantoint,  et  n'y  trouvions  incom- 
modité que  de  la  plus  espes.se  et  in.supportable  pous- 
sière que  nous  eussions  jamais  santy,  qui  nous 
accompaigna  en  tout  cet  entredeus  des  montaignes.  » 
(Pp.  141-142.) 


484 


LIVRE      III,      CHAPITRE     XIII. 


P.  421,  1.  10.  Fisilaiit  les  eschoJes).  Lire  :  Cf.  Tite- 
Live,  XXIX,  xi.K. 

P.  421,  1.  12.  Tout  vieil).  Cf.  Xénophon,  le  Baii- 
quct,  11. 

P.  421,  1.  21.  A  recourir  Theraiiieiics).  Cf.  Diodore 
de  Sicile  :  «  ...  le  .commun  populaire  auoit  grande 
douleur  et  grande  compassion  de  le  ueoir  en  telle 
oppression,  toutefois  il  n'y  eut  homme  qui  fust  si 
hardy  qui  de  se  mettre  en  devoir  de  le  secourir, 
excepté  le  philosophe  Socrates  &  deux  autres  de  ses 
amj-s,  qui  accoururent  &  s'efforcèrent  de  le  recourir 
d'entre  les  mains  des  satellites  qui  l'emmenoient; 
mais  Theramenes  luy  mesme  les  pria  de  s'en  déporter, 
disant  qu'il  louoit  grandement  la  bonne  amytié  qu'ilz 
luy  monstroient  en  son   besoing,   &  la  gentillesse 


de  leur  cueur  :  mais  qu'il  reputeroit  le  plus  grand 
malheur  qu'il  luy  peust  aduenir,  s'il  escheoit  qu'il 
fust  cause  de  la  mort  d'aucun  de  ceulx  qu'il  cognois- 
soit  si  bien  affectionnez  en  son  endroict.  Parquoy 
Socrates  &  les  deux  autres  qui  estoient  accouruz 
pour  le  secourir,  voyans  qu'il  n'y  auoit  nulz  autres 
qui  s'entremeissent  de  les  aider  :  &  qu'au  contraire, 
l'émeute  &  le  nombre  des  soudards  alloit  tousiours 
croissant  de  plus  en  plus,  se  retirèrent  :  &  ainsi  les 
satellites  qui  auoient  commandement  de  ce  faire, 
menèrent  à  trauers  la  place  Theramenes,  tué  par 
force  hors  de  la  franchise  des  autelz,  au  lieu  où  ils 
le  feirent  mourir.  »  (XIV,  i,  édition  de  1554,  p.  125») 
P.  427,  1.  19.  Intranduin  est).  Lire  :  Cicéron,  De 
fmihus,  V,  XVI. 


TABLE    DES    MATIÈRES 


DU    aCATRIEME    VOLUME 


Avant-propos v 

Table  des  Auteurs  cités  : 

Indications  générales  et  explication  des  signes ix 

Auteurs  cités XI 

Sources  et  Annotations  : 

Livre      I i 

Livre    II iji 

Livre  III ^éi 

Additions  et  Corrections  : 

Livre      I ^65 

Livre    II ^-j-j 

Livre  III 483 


Bordeaux.  —  Imprimerie  Nouvelle  F.  Pech  et  C'',  7,  rue  de  la  Merci 


ce 


a  380  0  3  002  3^'90  3  3b 


CE  PQ   1641 

•Al  1906  V4 

COO   MONTAIGNE,  S 

ACC#  1387343 


LES  ESSAIS