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http://www.archive.org/details/lesessaisdemi04mont
LES ESSAIS
DE
MICHEL DE MONTAIGNE
LES SOURCES DES ESSAIS
ANNOTATIONS El ÉCLAIRCISSEMENTS
LES ESSAIS
DE
MICHEL DE MONTAIGNE
PUBLIÉS PAH MM. FoRTUNAT SIKOWSKI, Kkançois CiEBI-LlN ET Pierre VU.LKY
d'après l'exemplaiue de bordeaux,
avec les variantes manuscrites c~v les leçons des plus anciennes impressions,
des notes, des notices et un lexique
SOUS LES AUSPICES DE LA COMMISSION DES ARCHIVES MUNICIPALES DE BORDEAUX
TOME QUATRIÈME
LES SOURCES DES ESSAIS
ANNOTATIONS ET ÉCLAIRCISSEMENTS
PAR
Pierre VILLEY
Professeur ;'i l'Université de Caen
BORDEAUX
IMPRIMERIE NOUVELLE F. PECH & C'
MCMXX
PQ
.AI
AVANT-PROPOS
On ne cherchera pas ici tout le commentaire historique et moral
que comportent les Essais. Il est relativement aisé à chacun de
suppléer aux lacunes laissées à dessein, car la plupart des noms et
des taits historiques évoqués par Montaigne sont généralement bien
connus et les idées morales sur lesquelles s'exerce sa méditation
ont tait l'objet des réflexions de bien des moralistes.
Si, pour la commodité du lecteur, j'ai donné çà et là quelques
éclaircissements et informations jugés indispensables, et si j'ai repris
les traductions des citations en langues étrangères, l'objet propre de
mon enquête était un peu différent; j'avais avant tout à rechercher
les sources des Essais.
Les sources d'une oeuvre aussi vivante devaient être cherchées
d'abord dans la vie, et spécialement dans la vie intime de Fauteur.
Il fallait donc éclaircir les allusions aux faits contemporains qui
avaient stimulé sa pensée, aux choses locales; il fallait établir des
rapprochements d'essai à essai qui constituent comme un commen-
taire de Montaigne par lui-même, et des rapprochements entre les
essais et les autres témoins de la pensée de Montaigne : Journal de
voyage, lettres, éphémérides, inscriptions de sa librairie, notes
marginales jetées sur ses volumes.
AVANT-PROPOS.
Mais cette oeuvre vivante est en même temps l'œuvre d'un liseur
infatigable dont la pensée reste tout imprégnée de ses lectures, dont
la phrase roule souvent les mots mêmes de la page qui a fécondé
sa réflexion. Il fallait donc surtout examiner tous ses livres, qui
étaient pour iMontaigne le prolongement de son expérience.
Déjà l'origine de la plupart des citations en langues étrangères
et de beaucoup de faits historiques avait été indiquée par des com-
mentateurs : M"'^ de Gournay, Coste, Leclére, le docteur Payen.
Mais un nombre considérable d'emprunts n'avaient pas été reconnus,
naturellement ceux-là surtout qu'aucun nom propre ne signalait
à l'attention, et qui portent sur des idées plutôt que sur des faits.
Surtout il fallait reprendre l'enquête dans un esprit nouveau : il
s'agissait non pas de fournir au lecteur une référence qui lui
permît de s'informer au sujet d'un fait rapporté par Montaigne,
mais de retrouver le texte même dont Montaigne s'était inspiré.
Il fallait, entre plusieurs sources possibles, choisir laquelle est
la vrai.e; savoir si Montaigne l'a connue chez son auteur ou dans
un ouvrage de seconde main; s'il a fait usage d'une traduction qui
peut altérer le récit, et de laquelle; autant que possible de quelle
édition il s'est servi et les ressources d'information qu'il y trouvait.
Enfin il fallait par des citations mettre sous les yeux du lecteur
les textes mêmes qui avaient passé sous les yeux de Montaigne.
Car alors seulement l'étude des sources devient féconde lorsque,
à un chiffre stérile qui propose un rapprochement hvpothétique,
se substitue un texte concret, celui-là même au contact duquel
a jailli la pensée de l'auteur.
Pour cette enquête nous devions nous installer avec Montaigne
dans sa tour, reconstituer sa librairie, reprendre un à un sur les
rayons tous les livres que son inlassable curiosité y accumulait,
et les relire avec lui, par-dessus son épaule.
AVANT-PROPOS. VII
C'est dans ce même esprit que Miss Grâce Norton, dans
son excellent petit livre Le Plutarque de Montaigne, et,
sous la direction de M. Strowski, MM. Joseph de Zangroniz
et Jean de la Ville de Mirmont, ont apporté à cette enquête
des contributions partielles et limitées que je suis heureux de
rappeler ici.
Au cours de ces longues lectures j'ai vu les Essais peu à peu
s'éclairer d'une lumière nouvelle. Si elles ne m'avaient pas cons-
tamment fait mieux comprendre le travail de la conception chez
Montaigne, et fait pénétrer plus avant dans l'intimité de sa pensée,
je n'aurais pas poursuivi mon travail.
Certaines compilations du temps, celles de Messie, de Guevara,
de La Primaudaye, de Jean des Caurres, etc., des collections d'adages
et d'apophtegmes, présentent en abondance des faits et des idées
qui se retrouvent dans les Essais, et elles pouvaient prêter à de
beaucoup plus nombreux rapprochements. Il suffit de le rappeler
ici, afin qu'on ne perde pas de vue que, par leurs racines, les Essais
plongent dans un courant littéraire très à la mode, abondant autant
qu'impersonnel. Mais je n'ai retenu à dessein que ceux de ces
rapprochements qui étaient instructifs : il importait de ne pas
étouffer le texte source, quand il est connu, sous un amas de
citations oiseuses.
J'ai à m'excuser du nombre important des « addenda » qu'on
trouvera sur la fin du volume. On voudra bien penser que l'im-
pression a été commencée voici dix ans. Si je n'avais rien appris
durant ces dix années, ce serait le signe qu'un jour venu je me suis
désintéressé de mon enquête.
J'exprime aussi au lecteur mon regret des irrégularités que son
œil pourra rencontrer dans le jeu des références et pour lesquelles
j'invoque la même excuse du temps et des circonstances.
VIII AVANT-PROPOS.
je voudrais pouvoir dire que je n'ai point d'autres regrets; mais
personne mieux que l'auteur ne connaît dans le détail les imper-
fections de son œuvre.
L'aide que m'a donnée notre compositeur M. Elies est une
véritable collaboration éclairée et dévouée autant que discrète.
Je le prie de trouver ici l'expression de ma vive gratitude.
P. ViLLEY.
20 novembre 19 19.
TABLE DES AUTEURS CITES
INDICATIONS GÉNÉRALES ET EXPLICATION DES SIGNES
Il y a ici deux catégories d'ouvrages que, pour la clarté, j'aurais rangés en
deux tables dift'érentes si la commodité du lecteur ne m'avait invité à les
réunir. La première est celle des volumes qui paraissent avoir appartenu
à Montaigne; elle représente la partie de sa «librairie» que mes recherches et
celles de mes devanciers ont permis de reconstituer. Ceux-là sont les livres qu'il
convient d'interroger d'abord quand on veut connaître les sources des Essais,
puisque très vraisemblablement Montaigne les possédait. La seconde catégorie
est formée d'ouvrages qui ont été cités au cours de ces annotations, soit pour
l'indication de sources possibles, soit en vue de rapprochements instructifs.
Beaucoup d'entre eux étaient des livres appréciés en ce temps-là, et ont des
chances, bien que les preuves fltssent défaut, d'avoir figuré parmi les mille
volumes que possédait l'auteur des Essais. Il importait d'ailleurs, pour ces
derniers aussi, d'indiquer les éditions que j'ai consultées et de compléter les
titres trop sommairement désignés au cours des annotations.
Un astérisque (*) distingue les ouvrages de la première catégorie, ceux pour
lesquels nous avons des preuves qu'ils ont appartenu à Montaigne, soit dans
ses déclarations, soit dans les emprunts qu'il leur a f^tits. Il a semblé utile de
citer tout au long certains titres, lorsqu'ils permettent au lecteur de se faire
une idée du contenu des volumes.
Un second astérisque (**) fiiit connaître ceux dont l'exemplaire même de
Montaigne nous a été conservé muni de sa signature. On a pensé rendre
service au lecteur en rappelant les titres même de ceux qui ne nous ont
fourni aucune source.
Un point d'interrogation est joint à l'astérisque (*?) devant les titres des
ouvrages pour lesquels, à défaut de preuves, nous avons quelques raisons de
croire que Montaigne ne les a pas ignorés, soit à cause de l'estime dans
laquelle il tenait leurs auteurs, soit parce que le genre littéraire auxquels ils
appartiennent les recommandait particulièrement à son attention, soit parce
que des idées significatives ou des allégations se retrouvent à la fois dans ces
ouvrages et dans les Essais.
X TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
Enfin les titres marqués de deux points d'interrogation (??) sont ceux des
ouvnti;es qui ont fourni des contributions à Montaigne, si bien qu'on a pu
supposer qu'il les a possédés, mais dont les contributions, vérification faite,
paraissent lui être venues par des intermédiaires, en sorte que nous n'avons
aucune preuve qu'il les ait étudiés.
La mention « d'après l'édition de... « placée à la suite d'un titre précédé d'un
astérisque indique que, bien que l'édition dont Montaigne faisait usage n'ait
pas pu être déterminée avec certitude ou avec vraisemblance, il a paru à propos
de mentionner une édition à laquelle les références des annotations repor-
teront le lecteur.
Dans quelques cas, d'ailleurs rares, il est malaisé de déterminer d'après un
emprunt la partie de l'œuvre d'un auteur que possédait Montaigne. Les hypo-
thèses auxquelles nous nous sommes arrêtés, basées toujours sur des raisons
de vraisemblance, et sur les habitudes de la librairie au xvi' siècle, ne sont
pas toujours hors de contestation.
Les trois chiffres qui con.stituent chaque référence désignent, le premier
(chiffres romains) le volume, le second (chiffres arabes) la page, le troisième
(chiffres italiques) la ligne oià figure le texte à propos duquel une source est
indiquée, — chiffres qui .sont reproduits en tête des annotations du pré.sent
volume. Ces références permettent donc de se reporter directement soit au texte
dans les trois premiers volumes, soit aux notes dans le quatrième. Une croix (i)
renvoie aux additions et corrections. Elle suit la référence quand il y a lieu
de se reporter à la fois aux annotations et aux additions; elle la précède quand
il suffit de con.sulter les additions.
Il a paru superflu de rappeler dans cette table les renvois aux ouvrages
allégués seulement pour les rapprochements instructifs et les éclaircissements
qu'ils ont fournis. Nous nous sommes borné aux ouvrages que Montaigne
a possédés (un astéri.sque ou deux a.stérisques) et à ceux auxquels il a fait des
emprunts indirects (deux points d'interrogation). Pour ceux-là d'ailleurs les
réminiscences et les simples rapprochements ont été relevés aussi bien que
les emprunts.
Au moven de ces références il sera aisé de mesurer la dette actuellement
reconnue de Montaigne envers chacun des auteurs cités, celle du moins qui
consiste en emprunts exactement di.scernables, et l'on pourra contrôler les
raisons qui nous ont fait classer chaque ouvrage dans telle ou telle des caté-
gories sus-mentionnées. Eaut-il rappeler que cette dette ne se mesure pas
d'une manière mécanique, en faisant le compte des références, mais qu'il faut
toujours se reporter aux textes que chaque référence met en parallèle, et dont
la signification varie d'une manière considérable. On devra d'ailleurs avoir
grand soin de compléter ces informations au moyen de l'index des noms
propres qui permettra de retrouver les jugements portés par Montaigne sur
les écrivains et les ouvrages dont il a eu l'occasion de parler.
Bien que, sur des points particuliers, la présente enquête modifie les résultats
ET DKS AUTEURS CITHS. XI
provisoires que j'avais communiqués précédemment, on pourra souvent avec
profit se reporter, en les corrigeant, aux notices qu'il eût été trop long de repro-
duire ici, et qu'on trouvera dans mon ouvrage sur Les Sources et l'Evoliitioii des
Essais (1908), et dans deux ce suppléments à la Bibliotiièque de Montaigne»
publiés dans la Ra'iie d'Hisloirt litîernirc de la France (1910 et 1916).
Pour les écrivains de l'antiquité classique, les éditions et les traductions
consultées ont toujours été celles du xvi' siècle; mais, sauf le cas d'information
contraire, les divisions des œuvres indiquées par les références renvoient aux
éditions de la collection Teubner.
Afin de ne pas allonger démesurément cette table, je n'y ai pas tait figurer
les nombreux ouvrages ou articles publiés depuis un demi-siècle que j'ai eu
occasion de mentionner. Il a paru qu'avec les indications données dans les
références le lecteur les retrouverait sans peine.
Dans la préparation de cet index, j'ai été secondé par M. Marcel Brunnin
auquel j'exprime ici mes affectueux remerciements.
AUTEURS CITES
.EMILIUS (Paulus) ÉiMILK (Paul). 'De n/'m Fniuronim iiscjiie r,d aniiiiiii 14.SS
lihri deceiii.
I. — 75> ; — 149, 26.
.ÏNEAS SILVIUS-PICCOLOMIXI. De ediicafwuc liheronnii.
AGRIPPA (Hekri-Corxeille). 'De iiicerlilndine cl vanitale sciciilianim et aithiui alijiic
exeelleiitia vcrbi dei deelaiiuilio. (Cite d'après réditioii de 1357.)
I. — 157 (titre) — 145, là'.
H. — 157, j, 2j — 205, <f — 207, I — 219, S, 10 — 220, 12 —
222, 22 — 224, 6, ij — 261, I — 262, 4 — 268, // — 274, 75 —
277, j — 279, 9 — 280, 12 — 282, 26 — 284, j — 296, II —
505, 2 — 508, ; — 334, 19 — 345, 4 — 545 (texte de 1588) —
400, 9 405, 2 478, iS 587, J, (J, 17 588, 24, 2) —
589, ; — •)9^, 24, 27 — 591, /; — 392, ^> iiy 'S, 2S — 594. 9
— 39), ly, 18 — 397, 2, 10, 2; — 605, 7, 9, 2.9 — fo6, 2).
III. — 106, S — 366, 24.
— ' De ociiilia philosophia, libri très.
I. — 12, 20 — 121 (titre) — 137, j6 — 331, 22.
II. — 157, I — 212, 18 — 258, ;/ — 276, 10 — 420, //.
m. —406, 2.
Xn TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
ALCIAT. De fiiigiiliiri a-iliimiih\ Lyon, 1545.
L'Alcoraii des Ccrileliers (d'aprts la traduction française de Badius, deuxième
édition, I 578).
ALLEGRE (Antoine). *' Décade eotilenaiit les vies des empereurs Trajaiiiis, Adrianus,
AiiloiiiiisPius, Comniodiis, Perlbmx,JuUanus, Sn'eriis, Anioninus Bass'uvius ,
Helhigabaliis, Alexar.der, exlraictes de plusieurs aulheurs Grecs, Latins et
Espagnols, et mises eu Frauçois par Antoine Allègre... A Paris, par Vascosan,
impiimeur du Roy, 1567, avec privilège.
A.\L\IIANUS MARCELLINUS. ' Rcrum geslarum lihri XXXI.
I. — 87, 6, 10 — 34;, 21.
IL — 98, II, ij — 409, 26 — 459, I), is, ly, /<?, 22 — 459, 27 —
460, if>, iS, 20, 22, 24, 2) — 461, 9, 7-;, j6, 22, 26, 2S —
462, 4, )-, 12, 14 — 529, 21.
AMYOT. ^'oir Plutarque, Diodore de Sicile et Héliodoie.
ANACRÉON. \on Gambara.
I. — 207, j.
HL-137, ;, ^.
ANTONIUS MELISSA et MAXIMUS. }} Sententiarum... ex sacris et profanis libris.
tomi ires, per Antonium et Maximum immachos olim collecti... (d'après
l'édition grecque de 1546.)
II. — 589, 4 — 591, ;.
■ III. — 98, a.V.
APOLLINAIRE. **'Az;/.'.vap::u ;;£Tiiiaî'.; -yj ■l^.'ir.f.y.t, V.x j-r'ywv f.iwï/tôj. Apoli-
ni.rii interprelatio Psalmorum, versihus heroicis. Ex bibliotheca. Regia.
Parisiis, 1552, apud Adr. Turnebum, typographium reglum.
APOLLONIUS THYANEUS. 'tEpislohr, traduction latine. Baie, 1534.
II, — \(o, 2 — 430, f.
APPIEN. ' Appieu ahxandrin, historien grec, des guerres des Romains, livres XI... le tout
ircdnict en Françoys par feu M. Claude de Scyssel... A Lyon, pour Antoine
Constantin, 1544 (ou à Paris, 1552, Lyon, 1537, ou à Paris, 1559 et
15(0, cité d'après l'édition de 1544).
I. — 169, /j — 291, S.
IL — 4<'>, 2; — 484. 12 — 550, 19.
III. — 103, ;<).
APULÉE. }}De Deo Soeratis.
II. — 526, 10.
ARCULANUS. " Praclica Johannis Arcuhini J'ironensis parlieularium mcrhorum om-
nium... \'enetiis, ex ofiicina X'algrisiana, 1560.
ET DES AUTEURS CITES. XIII
ARETIXO (LiONAiîDo). "La historia univcrsale d( suoi tcwpi iVt M. Lioiianh Arelino...
Rivcdiila, nnipliiiln el cornila pcr Fraiiccsco Siuisoviiio. In ^'enetia, 1561.
ARIÛSTE. ' L'Orlaudc furiouK
I. — 52, 14 — 209, 24 — 242, 7.
II. 97, 11 108, 4 219, 2] 596, ).
ARISTOTE. *Le> PcUlhjucs... Iradiiittei... pur Lcys Le Roy... A Paris, par Michel de
\'ascosan... Paris, 1568 ou 1576.
I. — 14S, / — 150, ^ — 151, / — 151, 20.
n. — 75. 2; — 76, 2 — 329, 2j — 420, /; —
♦582, 17.
I1I.-552, /;.
' Morale ù Niavnaqiie. I. — 16, 14 — 41, /;t — 146, 12+, 19 —
ti75, S — 259, 27.
II. — 61, 9 — 71, /o — 74, /^' — 93, 26 —
222, ij — 553, 20 et t _ 392, ij —
430, i — 516, s-
III. — 27, /; — 41, /9 _ 79, ^ _ 122, 7 —
236, ; — 237, j — 366, II — 418, ;.
' Prohlemalum Arisloielis. II. — 21, 20.
III. — 145, S.
— 247, 27.
Opéra.
Rhétorique.
I.
— 254,
2]
II.
— 515,
!)■•
Poé/icjiie.
II.
— 568,
s-
Métaphysique.
II.
— 296,
2.
Histoire natiirelle.
II.
-léy,
24.
Divers.
I.
— t265
. ;
401, 21^.
ARRIEN (de Nicomédie). 'Les faicts el eoiiqiiesles d'Alexamire le Grand... traduicts
nouvellemeut de Grec en Fratiçoys par Cl. Viiilart... A Paris, De l'Impri-
merie de Federic Morel... M. D. LXXXI.
I. — 165, 2 — 217, j — 376, 24.
II. — 8, 7 — 176, ; — 196, .^ — 253, 7 — 569, 14 — 570, 21, 2f —
571, ^, S.
III. — loé, 2 — 426, 6.
ATHENEE. ? ? Deipiiosophisles.
II. — 217, 12.
III. — 92, 72 — 122, 7 — 3.J2, 12 — 414, 9.
AUBIGNÉ (Agripp.a. u'). Œuvres complètes publiées par Réaume, de Caussade et
Lcgouez, 1875-1892.
XIV TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAUiXE
Histoire AUGVSTU. " Cacmrum vitac posi Sueloniuin Tninquilluiu conscriplae... Joaii.
Baplislae Egiiaiii vcueli in ccsdem anuotal'wiics. Apud Scb. Grypliium.
Lugduni, i55i(').
• I. — 260, ) — 261, / — 284, ; — 344, j — 5)4, 21.
II. — 374, (> — 430. ^4 — 469, (>■
III. — 87, j8 — 149, 12, — 173. 2^ — 267, 26.
AUGUSTIN (Saint). 'De civilale Dei (cité d'après l'édition de 1370 qui contitnt le
commentaire de \'ives).
I. — 9, 6 — 20, 2: — 41, ly, iS — 54, 20 — 55, 4, ) — 66, i't —
69, 2^ — m, 7 — ii5> -f? — 116, / — 122, 2) — 123, 2^ —
127, 14 — 129, S, 10 — 132, 20 — 174, ) — 205, 21 —
217, 21 — 255, 22, 2), 2j, 28 — 279, 6 — 2S4, 12 — 302. 20
— 313, II — 350, /; — 396, I — 415, 2).
II. — 3, 25 — 6, s — 26, 7, ly, 21 — 32, 77, 20 — 38, / —
44 (titre) — 47. 2''»' — 48. 1,8 — 154, 19. 28 — 158, /y —
207, 6 — 232. I) — 238, ) — 242, w — 247. /;, 18, 24 —
248, 7 — 250, 14 — 2)5, 24 — 2)6, 6. 7, /y — 258, 18, 18 —
264, 22 — 266, 2, i^ — 268, /, 14 — 272, 2, _?, 4, ), 8, 10,
18, 21 — 278, 12 — 2S3, II — 298, 8, ij — 500, j, (>, 7, .V —
301, 20 — 324, 26 — 325, 16 — 326, 8, 10. II. 14 — 333. 6 —
344, I ■— 394, I — 595. 24 — 45 5- ^ — 491, 26 — 515, 20.
III. — 70, J9 — 95, 16, ly — 95, 20 — 104, 7-V — 10), 7,7 —
109, 14 — 220, 7 — 271, 9 — 28). I) — 312, 4 — 316, 29 —
517, 24 — 367, S — 418, 16 — 428, 9.
— }} De ordine.
II. — 221, 79.
— Divers.
II. — 93, 72.
AULU- CELLE. ' Xocluim atticanim lihri iindez'igiiili.
I. — 12, 20 — 39, 7<V — 54, 20 — 71, ;; — 74. 2^ — 91, .^, ; —
122, 2), 2j — 152, 6 — 137, 14 — 247i 27 — 363' ^<^ —
370, 27 — 421, 2J.
II. 2, <? 20, 2; 29, ^ 4), 79 — 46, 2; — 47, 2 — 121, 26 —
191, 79 — 193, /)• — 259, 6 — 262, <V — 308, ;<V — 585, 2} —
437. 10 — 4)9. '; — )i9. "^. 24 — 569, ;;.
III. — 80, 7<î — 106, rt — \\i, 24 — 270, 7 — 272, 7 — 515. 7; —
406, 22 — 416, 16 — 421, '.
(i) Dczeimeris csiinLiit que les annotations m.irginales qui tigurent sur l'exciiiplaire Je .Montaigne
n'étaient point de la main de Montaigne. Il suggérait l'IiypotliCse qu'elles pouvaient ctre Je la Hostie,
sans d'ailleurs appuyer cette hypothèse de solides rais.ins.
ET DES AUTKIKS CITES. XV
AURATL'S. \'oir Dorât.
AUREI.IUS (\'ictor). ??\'oir Hisloiie Aiigiislc.
AUSONH. " Aiisciiiiiis'. AUhis. Vciidiis in a-iVthii! AUli el Aiidrex soccri meiise noi'cmhri
M. D. XVII.
II. — 402, 6.
— " D. Mcigiii Ansonii Biirdigalciisis poêlx, Augusloriim prxceploris, virique
Civisiilaris opnit... Lugduni, apud Joan. Tornaesiuni, 1558.
AVL\NL-S. '}Fiibu]œ.
I. — 283, 26 (Suppléer : fable .\xi\). ,
BACCI. " Dil Tcvercdi M. Andréa Bncci Medico c Fi losofo... lu \'cnetia, 1576.
BAIF (Jax- An loixE de). '* Eiivres en rime de Jnii Aiilcine de Bdïf. A Paris, pour
Lucas Brever, marchant libraire...
B.\LBI (Gaspard). * I'i(ii;giû de! l'Iudie Oiienlale, iiel quah si conlieiie qiuinlo egli in detlo
viiiggio ha vedulo, dal 7/79 fiiio al i^(iS. \'enet, 1590.
I. — 296, /;.
II. — 507, i.V.
III. —95, 8.
B.\RBARO (Francesco). De re 11x01 ia Uhelli duo. (Paris, 1513, plusieurs fois réim-
primé.)
BHLI.EAU (Remy). Œuvres (édition A. Gouverneur, 1867).
BELLEFOREST (François de). Les grandes Annales el Histoire générale de France dès
la venue des Francs en Gaule jusqu'au règne du roy Henri III. Paris, 1 579.
BELLOY (Pierre de). " Examen du discours publié contre la maison ro\alle de France
et particulièrement contre la branche de Bourbon seule reste d'icelle, sur la
Lo\i salique, et succession du royaume par un Catholique, Apostolique,
Romain, mais bon François et très fidèle subjet de la couronne de France...
Imprimé nouvellement, 1587.
I. — 158, 2.
H. — 88, 27.
m. — 567, /.
BE.MBO (Pierre). *?(7// Asolani (La première édition est de \'enise, 1 505 ; traduction
française de J. Martin, Paris, 1545).
XVI TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
BENZONI (GiROi.AMo). ' Hisiciic nouvelle du 'Ncuvcau-Momie... extraite de l'italien de
M. Hiercsiiic Beii-:j3ui... par M. Urbain Chauveton, ensemble une petite
histoire d'un massacre commis par les Hespagnols sur quelques François en
la Floride. Lyon, E. \'ignon, 1579.
1.-265,,'.
III. — 161, jj • — 316, 29.
BERNARD (Saint), r Liber de Anima (cité d'après l'édition de 156S).
II. — 283, 27.
BÉROALD. \'oir Suétone.
BEUTERUS. " Michaelis Beutheri Carolopolitœ Franci Ephemeris historien; ejusdem de
annornm muudi concinna dispositione libcllus. Parisiis, ex officinn Michaelis
Fezandat et Roberti Grandion... 1531.
BÈZE (Théodore de). '' Theodori Be-^x Vexslù pcematum, eiiitio secunda, ab eo rccognita.
Item, ex Georgio Buchanano aliisque variis insignibus poetis excerpla carmina,
pra.'serlimque epigrammata. Anno M. D. LXIX, excudebat Henricus Stc-
phanus, ex ciijus ctiam epigrammalis grœcis et latinis aliqiioi cœteris adjccta
Sun t.
III. — 133, ir.
Bible. **Tf,; Weia; v-a^fj;, Ta/.aiâç lr,'/.3.lf, va\ véaç ctaSïjy.T;-: y.-ri-x. Divinx scrip-
tura% veteris ac novi testanienti, omnia innumcris locis nunc demum et opti-
niorum librorum collalione et doctorum virorum opéra, mullo quant unquani
antea enicndatiorn in hicem édita. BasiUe, per Joan. Hervagium, 1545,
niense Martio.
I. — 70, ) — 92, 12 — 132, 20 — 257, Il — 2S4, iS — 294, 7 —
309, Jh
II. — 31, 29 — 37, 37 — 38, : — 134, cV — 146, ) — 149, II —
152, 14 154, 19 155, 12, I), 7/ 156, 16 158, 79
207, 1 , 4, (y — 221, 9, 10 — 223, S — 232, 70, 1} — 238, / —
243, 4 — 249, 2; — 256, 79 — 257, 79 — 262, 4 — 265, 13 —
277, 26 298, iV 332, 20t 390, 2 395, 24 4I!, 22
420, 24 — 439, 14 — 605, 6, 7.
III. — 4, 26 — 92, 72 — 204, 2 — 253, rt — 262, 6 — 296, 72
503, j,'.
BLACKWOOD. ' Adversus Georgii Buchanani dialogtim, de jure regni apud Scotcs, pro
rcgibus apologia . ( 1 5 8 1 . )
1. — 151, 2;.
II. — 309, I) — 400, 1 — 405, 2.
III. — 171, 4, ) — 260, <V.
ET DES AUTELKS CITES. XVII
BLACKW'OOD. De coiijuuciionc rcligkvih cl iwpciii Jihii duo. Paris, 1575.
BOCCACE. ' Dn-aniirom-.
II. 105, 24 145, 23.
— De casibiis virontm et fcminaniin iUusIrluni (d'après la traduction de \\'itard,
1578).
I. — 596, /.
II. — 542, 50.
BODIX (Jean) */. Bodini niftbcilus ml fcicUcm hisicriaruin cognitioiicin. Parisiis, apud
Martiiium juvcnem, 1566. (Ou 1572 ou 1576.)
I. —4,16.
II. — 113, 7/, 7./ — 115, <;, 24 — 116, 10, 2) — 529, 2y — 571, 16 —
400, 9 — 403, 2<? — 459. 7, 9 — 4(''7. 2, 4 — 471. 7 — 476, é
4<S7, I 527, 27, 2/ 528, S, 9, 72, 2) 552, 10, 7cV
34), 4 — 568, 4.
III. — 200, S, 20 201, 79 — 204, 16.
— *Lm six livres de la République de Jeiiii Bodiii, Augevin... .\ Paris (cité
d'après la première édition, 1576).
I- — 157 Oitri;) — I42> J — 145. 1) — 150, j — 1)1, 7, 20, 2; —
164, 27 181, J) 362, 77 366, 5.
II. — 63 (titre) — 88, 27 — 135, ; — 38), 2^' — 409, -f — 47^, Jw —
477, 6, 10.
III. — 16, 24 — 149, 7; — 161, 7; — 208, 6 — 219, 22 — 298, 2; —
361, 7<? — 562, 9 — 367, 7.
— . *Lii Démoucmaiiie des scnieis,... A Paris, chez Jacques du Puvs, 1580,
1582, 1587 ou Anvers, 1586, ou encore en latin, Bàle. 1581.
I. — 124, <?.
III. 315, 77, 27 316, 20, 2).
BOHIER (Nicolas). ' } Deeisiones Biirdegaleiises. Nieol. Boeiii Siniiiiia diligeiilin cl eni-
dilioiie coUeclœ cl cxplicalœ : quibiis iitiiic demum acccsscrc ejiisdeni Bocrii
Consilia, Traclatiis de Sediliosis, de custodia clavium portaniiu civitalis,
item Additiones in tractalum Joait. Monlatii de aiithorilale magiii cotisilii.
CoUalis veluslissiinis exeiiiplaribiis oiniiia rccogiiila. Accessit reruni verbc-
runiqitc lociiplctissimus index. Lugduni, apud A. Vincentium .M. D. LXMI.
ou encore l'édition de 1579.
III. — 87, 24.
XVIII TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAK MONTAIGNE
BONFINIUS. " Aiitoiiii Boiifiiiii rennii uiigtiricanim décades quatuor, ciiiii diiiiidia.
Qunrum Ins priorcs, aille iifiiws XX, Marlliii Bicmieri Bistricieiisis iiiduslria
edila', jawque divcrsorum nliqiiol codicum iiiaiiiiscriploruni coUai'wne muUis
in htls emeiidaliores ; quarta vero Decas, cuiii quiiiia dimidia, nuiiquam
aiilea excrissx, Joan, Samhiici Tmiaviencis, Cxs. Mnjesl. hisloiici, etc.,
opcra ac studio, viiiic démuni in luccm prcferuntur ; uiia cuiii rerum ad
uostra usquc tcmpora gcstarum appciidicihus nliqiiol, quorum seriem versa
pagina, indicahit. Accessit ctiam locnples rerum et ivrhorum loto opère mcnio-
rabiliinn iiutcx. Basil;v, fx officina Oporiniana, 1568.
11.-3 37, -V.
BORRO (Girolamo-Aretino). 'Del flusso, et reflusso del Mare, et deW Inondationc
del Nilo, Alla Sereuissima Donna Gioï'anna d' Austria Reina nata, cl
Grau Duchessa di Toscana. In Fiorcnza, apprcsso Giorgio Marescotti.
M. D. LXXVII.
1. — 195. 22.
BOUAYSTUAU (Pierre). " Bref discours de l'excellence et dignité de l'homme, faict en
latin par Pierre Boiiaxstuau surnommé Lauiiay, natif de Bretaigne, puis
traduit par hi\ niesme en François, dédié à Messieurs Jacques et Alexandre
de Bctonn, gentil\hommes Escossois, frères. A Paris, pour Jean Longis et
Robert le Mangnier tenant leur boutique en la gallerie par ou on va
à la Chancellerie. 1558.
l. — 157, /-/.
II. — 282, 26.
— Le théâtre du monde, oii il est fiiicl un ample discours des misères humaines,
composé en latin par Pierre Boaystuaii, surnoiniiié Laiinay, natif de Bretaigne,
puis traduict par luy mcswe en Françoys...
III. — ii.|, 4 — 558, iS.
— L'histoire de Chelidonius TIgiirinus sur l'institution des princes chrestiens
et origine des ro\aiiincs, traduite de latin en français par Pierre Boaistuau,
surnommé Launay...
I. — 145, 2/ — I jo, j — 58e (titre).
II. — ?8, / — 163, 26 — 172, 16 — 568, 7.
m. — 120, 2/ — 378, 12.
— '} Histoires prodigieuses les plus mémorables qui ayeul este observées depuis ta
nativité de Jésus-Christ jusques à noslre siècle, extraictes de plusieurs fameux
aulheurs Grcc;^ et latins, sacre^ et profanes mises en tiostre langue par
P. Boaistuau surnommé Lauiuiw natif de Bretaigne avec les pourlraict-^ et
ET DES AUTEURS CITES. XIX
BOUAYSTUAU (Pierre).
figures. (Nombreuses éditions, constamment augmentées par divers
collaborateurs, depuis la première qui date de 1 560.)
I. — 131, >) - 132, 16 — 5H, 21 — 556, ij.
II. — 191, 79 — 514 (titre).
III. — 51, 6.
BOUCHARD (Alain). ' Les grandes cnviiques de Bniaigiic.
BOUCHET (Guillaume, sieur de Brocourt). ' Scnrs de Giiillaiiine Bouchcl, Juge et
Consul des Mnrehaiids, à Poicliers, livre premier. El migx séria dncunt.
A Poictiers, paries Bouciietz, 1584. (Ou Paris, 1585, ou Poictiers, 1 585.)
I. — 122, 2) — 124, 8 — 129 (note) — 1)0, j — 279, 8.
II. — 10 (titre) — 14, z — 148, 9 — 178, 21 — 514, 6 — 426, /; —
591, 26.
III. — 87, 24 — 328, 2j — 562, 9 — 414, S.
BOUCHET (Jeax). 'Les annales d'Aquilaine, faicts et gestes en- sommaire des Roys de
France et d'Angleterre, & des pals de Naples et de Milan. Reveuës et corrigées
par l'Anthenr niesme : jnsques en l'an mil cinq cens cinquante et sept.
Poictiers, par Enguilbert dt Marnef. (Cité d'après l'édition de 1557.)
I. — 17, / — 61, 2 — 75, ^ — i'^)» ', 4 ^ 255, 18 — 283, ^2 —
28e, 12 — 289, 16, 18 — 354, 10, 1} — 555, ij — 3)6, ij —
358, 18 - 363, j.
II. — I, 6.
BO\'ELLE (Charles). Geonu'Irie pratique composée par le noble philosophe M. Charles
de Boi'elles, nouvellement par lui revue augmcutée et grandement enrichie.
Paris, 1547.
BR.\CH (Pierre de). Les poèmes de Pierre de Brach, hourdelois, divisés tu trois livres.
Bourdeaux, Millanges, 1576.
BRANTOME. Œuvres (d'après l'édition Lalanne 1864-1882).
BRESL.W (Pierre). L'anthologie ou recueil de plusieurs discours notables, tire::;^ de divers
bons niitheurs Grecs et Latins, par Pierre Breslav, Angevin. .\ Paris, chez
Jean Poupv, rue Saint Jaques à l'image Saint .Martin. M. D. L.XXH'.
BRUÉS (Guy de) * Les dialogues de Guy de Brués, contre les nouveaux Académiciens, que
tout ne consiste point en opinio)i. Dedie^ à tresillustre et reverevdissinic
cardinal, Charles de Lorraine. A Paris, chez Guillaume Cavellat, à l'en-
seigne de la poulie grasse, devant le collège de Cambray. M. D. LX'It.
I. — 65, 6 — 137 (titre) — 145, 7j.
II. — 240, 6 — 279, 6, 9, 22 — 282, 26 — 284, 20 — 288, 24 —
289, 79 — 291, 7 — 307, 16 — 324, 26 — 334, 79 — 337, 4 —
338,9-
XX TABLE DES OLVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
BRUSOXIUS. RcTiim immorabiliiini, iiisigiiiiim ieiilastiarum, historianiin, iiiiraculoruiii,
npophtegiimliim , exeiiipJaniiii, fm'i'liiiriiniijiie... lihri FIL Francfort, 1600.
BRUYERIX-CHAMPIER. De rc ciharUt. (1560.)
BUCHAXAN (George). ' Jepbthes, sire voliiin, lia^ra-iila.
— ' Bnptiitcs sivc Calumuia, Iragadia.
1. - 250, 2.
III. -74, 14.
— Frauàscaiiiis (à la suite des Pcemata Je TJi. de Bèze).
111.- 297, i-
— ' De jure fi'giii apiid Scotcs dialoçrui, niiibore Gcorgio Buchaiiaiic scolo. Edin-
burgi, apud johannem Rosseum, pro Henrico Chartreris. Anno 1579
(ou 1 580).
I. — 309, 14.
II. — 547, //.
III. -171W. j.
BUDE. L'Insliliilioii du prince, livre eoiileiuinl plusieurs histoires, euseigiienteuts e! seiiges
dits des anciens, tant grecs que latins, faict et composé par niaistre Guillaume
Budc... Revu, enrichi d'arguments, divisé par chapitres, et augmenté de
scholies et annotations par hault et puissant seigneur niessire Jean de Liixem-
hourg abhé d'Ivry. Paris, 1547.
BUGNOX (Philibert). " Chroiiicon urhis Matissin:r Phil. Burgnonius J. C. concin-
navil. Lugduni, J. Tonuvsius, 1559.
CESAR. " C. Juin Cxsaris commentarii novis emendalionihus ilhtstrati. Ejnsdeui
lihrorum qui desiderantur fragmenta ex Inhliothecà Fulvii Ursini Romani.
Antverpi;e, ex officina Christoph. Plantini. M. D. LXX (0.
I. — 88, I) — tiii, 2J — +163, 7; — 235, cV — 274, iS — 342, II —
572, I — 374, 21 — 581, j;, 16 — t399, /;.
II. — 76,9* — 85, 2t — 114, 2, té — 116, +2, t/; — 157) i —
253, Ui — 299, /<¥ — 474, // — 481, 2, i — 540, 2S —
54), O" — 547. 2i — 548,.^ — )49, i;, 22, — 550, /6 —
551, /;, 2^ — 552, i) — 5)3, /; — 555, 10.
CALPL'RXIUS. ??Cité d'après Juste Lipse.
111- — 155, 7, 24 — 1)6, /<V.
O) Dans les ciuiions ^u'on lir.i au cours de ce volume des notes marginales relevées J.111S l'exem-
plaire de Montaigne, les mots ou lettres mis entre parenthèses ont été rognés par le relieur et
hypothètiquemeni restitués par moi. J'avertis au reste que j'ai transcrit seulement quelques-unes
de ces notes, celles qui paraissaient intéressantes pour le commentaire, mais que le dépouillement complet
reste à faire.
hT DES AUTEURS CITES. XXI
CAPILUPUS. ": Li-Jio ctipiliipi cciito i:\ l'irgilio di' viia moinuvniiii. (1541.)
I. — 191, ij-
CARIOX. ? ? Carioiiis chrouiam ah exordio iiiuiidi ad Caroluni V impcraion'm coutiiiiialum
a Phil. MdanchloiH cl Casp. Pcuccrc.
CARO (Han'XIB.vi.). 'Le Icllcre fainiVuiri dcl ioiiimciidalorc Annihal Caro col Privilegio
di Noalro Sigiuv Papa Pio V & dcW Illuslriss. Signera di Vcnctia. J'ohniie
primo (siroiido). In W'nctin, H. Giuntile fratolli. M. D. LXXXI.
I. - 328, 2J.
II. — 161, 2.
CASA (GiovAN'Si dei.la). Tratiato iicl quak... si ragiona de' iiiodi che si debbono
0 tciierc 0 scliifarc iiella coiiitaïc coiii'er>a:;^ioiic, ccgiioniiiiato Galateo, overo
de' cosliinii. (D'après la traduction française de Lyon 1573.)
CASTANEDA (Lophz de). " Historia dcl dcsciibrimienio v coiiqiiista de la Iiidia por los
Porlugueses, coniptiesia por Hcriian Lope^ de Caslancda en laiigiiaje Por-
iiigucs, y tradu^ida tiiievatiieiile en Romance Castellano. Dirigida al miiy
iliislre sefior don Liiys de Avila Çirùiga, comcndador mayor de Alcantara, etc.
En Anvers. En casa de Martin Nucio. .M. D. LIIII. — Voir Goulard.
C.\STIGLIONE (Bai.dassare). '// libro dcl Cortcggiano. (Cité d'après l'édition Cian,
Florence, 1894) ou bien la traduction française de cet ouvrage par Colin :
Le Courtisan nouvellement traduict de langue vtalicquc en Françovs, avec
privilège. On les vend au palais en la gallerie près la chancellerie en la
boutique de Jehan Longis et de \'incent Sertenas. (Paris, 1557 ou
Lyon, 1538.)
I. — 44, / — 88, ^ — 91, j — 137 (titre) — 151, / — 186, 16' —
196, 20 — 217, ; — 219, 2; — 309, I — 341, 2 — 375, iS —
384, 7 — 400, 10.
n. — 39, ^ — 68, ) — 75, 2} — 120, I — 371, 7/> — 394, ri —
409, I — 420, 7 — 465, ly — 331, 10 — 55e, <S'.
III. — 88, 79 — 91, 16 — 108, 26 — 109, 27 — 149, 2; — 174, i —
227, iC, — 2)8, 7 — 283, 24.
C.\TULLE. ' Calullus, Tihullus, Properlius. His accessernnt Corn. Galli fragmenta.
(Peut-être l'édition de Lyon, Grvphius, 1548 ou 1573.)
I. — II, 7^ — tyé, 2S — 107, 29 — 241, 26^ — 253, 14 —
289, 7 — 307, j.
II. — 105, 24 316, 14 — 453, 70 — 466, jt 478, 10.
III. 83, 22 91, 72 100, 4, 2) loi, 4 105, 7<? 108, 2
123, J 126, 6 129, 26 133, 20 145, 22 267, 4
— 329, 2 — 3)8, 4 — 389, 22.
XXII TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MOKTAIGKE
CELSE (Cornélius). "rDe iiialidim, libri VIII.
II. —478, 18.
Cent Nouvelles koitelles. (Edition Leroux de Lincy. Paris, 1841.)
CHALCONDYLAS ou CHALCOCONDYLAS. ' L'hisloire de h di-cmUncc de l'Ewpire
grec et cslahlissemeut de celuy des Turcs, comprise en dix livres, par Slcolas
Chalcouds'U . . . de la traduction de Biaise de Figenere. Paris, N. Chesneau,i 577
(ou 1585).
I. 51, / 52, 14 262, 20 276, 10 340, 2) ■ — 577, 2j.
II. — 5, jy — 47), 19 — 500, 2 — 510, 2/ — 511, 14 — 537, 19, 2y
— 5)2, 7 — 576, 24.
III. — 12, 28 — 14, I — 148, 26 — 235, 21.
CHAUMEAU (Jean). 'Histoire de Berry contenant l'origine, antiquité, gestes, prouesses,
privilèges et libertés des Berruvers : Avec particulière description du dit pais.
Le tout recueilly par Jean Chaunieau, seigneur de Lassay advocat au siège
prciidial de Bourges. Lvon, .\ntoine Grvphius, 1566(0.
CHEFFONTAINES (Christophle de). Cbreslienne ccnfulation du poinct d'honneur sur
lequel la noblesse fonde aujourd'huy ses querelles et nwnomachies. Paris, 1 568.
CHOLIÈRES (Nicolas de). Les neuf matinées du seigneur de ChoUèrcs. Paris, 1585.
CICERON. 'M. Tullii Ciceronis opéra, omnium qux hactenus excusa sunt, casiigalissima,
mine primum in lucem édita. \'enitiis, in orticina L\cx .\ntonii Junta;.
-M. D. XXXVII (5 tomes in-folio).
ou encore :
.\/. T. Ciceronis opéra ex Pétri Victorii codicihus niaxinia ex parte descripta,
viri docti ex in recensendis authoris hujus scriptis cauti et perdiligentis : quent
nos industria, quanta poiiumus, consequuti, quasdam orationes redintegratas,
1res libres de legibus multo quam antea mcliores, et reliquias de commentariis
qui de republica inscripii erant, magno labore collectas undique, descriptasque
libris, vobis cxhibenius. Ejusdem Victorii explicationes suarum in Crceronem
castigationum , Index rem m et verborum. Parisiis ex officina Roberti Ste-
phaiii, M. D. XXXVIII et M. D. XXXIX (4 volumes in-folio). (Cité
d'aprt^s cette dernière édition.)
Bruius.
il.
•— 114, 9.
m.
— 227, 79.
Orator.
I.
— 10, I ) —
318, 17.
II.
— tii4, 9-
III.
-255,^-
345- 22
421, ;.
(l) Voir Rmie d'Hisloiic Lillirairr il,- la France, .iniicc 19J0, p. 70.
CICERON.
Plaidoyers.
liT DES AUTEURS CITÉS.
Paradox». I. — 80, /;, ij.
II. — 8, 14-
III. — 48, 79 — 209, / — 215,2.'.
Pro Arch'hU I. — 532, /.
) Pic Ligiirio. I. — 39, ^^•
) II. — 429, 10.
Pro Rûscio. II. — 139, /[).
Acadhiiiqiies. I. — 177, 21 — 201, i — 222, / — 232, 6.
II. — 140, 4 — 208, 20 — 224, I) — 226, 20 —
227, 29 — 228, j, 9, 2} — 229, 12 — 231,
/, //, 1 ) — 254, 6 — 236, 16 — 257, 26 —
239, 9 — 260, II, 12 — 262, S — 264, 24 —
275, 12 — 275, 6 — 279, 9 — 282, 26 —
297, 16 504, J 309, 6 — 310, I, 2/ —
322, 9 — 324, 26 — 347, 27 — 348, ),4 —
349,9 — 553,7, ^<y — 554, 16^ 360, 4 —
571, i(> — 41e, 2 — 454, 26 — 439, 26 —
557, / — 613, 10.
III. — 227, iS — 229, 8 — 245, i^ — 510, I) —
314, ; — 315, 2<? — 320, // — 324, ; —
360. 14 — 575, 2 — 418, 14.
De Fùiihus. I. — 67, ;<S', 26 — 68, 20'' — 74, 26 — 96, ./ —
100, 6 — 102, 24 — 178, S — 194, iS —
220, I — 1 309, }.
II. — 25, 14 — 93, / — 140, 4 — 207, 2 —
208, 21 — 209, I<), 24 213, 2J 215,
I, 20 — 2ié, J, /, S — 254, 9 — 286, 4 —
333, 7 — *537, 22 — 541, / — 390,7, 20 —
391, 21 — 392, j, 10, 20 — 393, 7, ij, 17 —
397. ^ 9, '9 — 400, 19 — 403, 21 —
405, 20 — 419, 16 — 580, 14.
III. — 41, 19 — 61, 16 — 1)1, // — 169, 2) —
177, 27 — 181, U — 275, 2) — 274, / —
305, 24 — 376, 24 — 420, 21 — 426, 22 —
427, '9-
Tuscuhincs. I. — 15, 2, j — 20, //, /9, 22 — 22, 12 —
24, iS — 59, 27 — 65, 2j — 6), 4 —
69, 17 70, 2J, 2J 71, 16 75, />', 26
— 74, 26 — 82, 21 — 94, 9, // — 97, ; —
100, I, 2 — loi, 9 — 114, /o — 117, /; —
138,./ 176, I S 181, 76 I99,77,/2
204, / 205, 72 217, 77, 27 218, 72
XXrV TABLE DES OUVRAGES POSSEDAS PAR MONTAIGNE
CICÉRON.
TtlSCulailCS {Suite]. 236, 7 — 243, 14 — 245, / — 503, ), icV —
522, i<V — 351, 7 — 359, 20, 22 — 590, 2,
II. — 7, jS, 19 — 20, 7 — 24, ; — 38, 2 —
51,70 ^-,1/^22 123,2/ 150,76
154, 7 7 207, 2} 208, ; 209, 7(S', 24
214, 72, 18 215, 7, ; 218, 7, ;
233, 2 248, 7 282, 26 — 283, 2(1
284, 7; — 295, ^ — 296. / — 297. ; —
299, ) — 307. ^ — 3i7> 2) — 318, 7, 79 —
332, 72 — 340, I<) — 341,^^ — 375, 27 —
394, 7 — 397, '^ — +-179, ■'2, 14— 507, 6 —
509, 7 — 520, 16 — 529, 4 — 545. ; —
568, 24 — 580, 7, 14 — 585, 4.
III. — 25, 1} — 41, j6 — 56 (titre) — 57, ■? —
59, 7, iS — 61, 77, 79, 20 — 63, 20 —
74, iS — 94, 4 — 124, iS — 256, 2; —
287, 24 291, 22 297, 27 306, 6
318, 6 — 325, 2) — 326, 7; — 342, 7 —
392, 4 — 417, 2, 9 — 420, 2} — 423, I).
De Natura Dt'oniiii. I. — 47, 9 • — 48, 9 — 50, 14 — 141, 2 —
155, 7^ — 183, 6, 9 ■ — 194, iS, 20^ —
234, 9 — 289, 2y.
II. — 138, 6 — 156, 77, 27 — 158, 2, S, 72 —
199, 72 200, 77, 72 201, S, 1}
204, 79 208, 2) 222, S, 18 223, S^t
— 224, 6 — 233, 27 — 244, 77 — 246,
9, 70 — 247, 7j, 7<s' — 24S, 7 — 255, «y —
264, 7j, 14 265, 4, j 266, 18, 21
267, 9 269, 70, 16, 20 270, 72 — •
273,; — 279, /; — 286, ij. 18 — 404. 14 —
4(^7, -';•
111. — 25, 14 — 157, 14 — 532, 79.
De Divinalioiie. 1. — 47, 4, 1 1 — 49, 12, ij, 18 — 50, <S', 20 —
51, 9 — 1)4, 14 — 175, ^•
II. 224, 20 250, 14 246, 70, 7_;t —
265, 8 — 271, I) — 277. 77 — 288, 70 —
295, iS, 20 — 319, 1} — 346, 77 — 558, 2;
— 481, I )- — 515, 7./, 20, 26 — 580, 22 —
591, 72.
III. — 312, 2 — 406, 4, 9, 7/.
De FaU). 11. — 130, 79 — 330, 6.
111.-35,7;.
ET DES AUTEURS CITES.
CICERON.
République et Songe de Scipion.
De Officih.
1. — 158,5.
II. — 26, 7.
I. — 27, 10 — 31, iS — 52, <^ — III, 7 —
178, 4 182, 6 — 200, 72 243, S
260, 24 541, 2-
II. — tS, ; — tii4, y — 121, 2) — 124, 14, iS —
234, 1) — 395, 19. 24 — 394, 12, 21 —
599. n — 45t>, 2^ — 444, 20 — 488, 12 —
572, 16.
III. — 9, /;, 2^ — 14, 2(1 — 16, II, 24— 17. S —
18, 2/ — 71, 2) — 150, I), I) — 152. ly
— 154, /;, 16, 79 — 195, 12 — 221. ) —
233, / — 239, 2; — 262, 1} — 298, 4 —
305, 22 — 505, /6 — 315. î' — 351. <? —
352. h
De Seiieitute. I. — 293, 26 — 518, 6.
II. — 8, 2,? — 115, <? — 435. }■
III. — 33, 17 — 71, 7j — 72, cV, /o, 79 — 260. 20
— 400, 27 — 411, i, 7.
Z)t' Ainieilii). I. — 243, ), 8 — 246, 77 — 247, ^, 27 — 248. S.
III. — 213, 2(1 — 255, /.y — 252, S — 260, ;.
II. — 221, 24 — 233, ) — 416, I).
m. — 26, 7<V — 135, ; — 199. i^> — 302, 72.
I. — 523, 7, ;- — 327, 6.
II. — 121, 1} — 481, 9.
III. — 78, 20 — 263, 79.
I. — 131,7 — 530, 70.
H. - 3, 2S.
III. — 35e, 72.
Traduction du Tintée.
De Pelitioiie Consnlatm.
Epistol. ad familiarei.
Divers.
CLAUDIANUS (Ci.audius). 'Opéra.
I. — 103, 10 — 273, 8.
II. — 99. ^ — 137. '2 — 289, I) — 482, i — 489, ij — 497, 2; —
323, 7^.
m. 117, 14 188, 2j 332, ;-.
COIGNET. Instruction aux priiurs pour garder la foy promise coiilciiant un sommaire de
la philosophie ehreslieiuic et morale el devoir d'un hoiiune de bien. Paris,
J. du Puys, 1584.
COMMINES (Philippe de, sieur d'ARCEKTox). * Les Mémoires de Messire Philippe de
Commines, Chevalier, Seigneur d' Argentan, sur les principaux faicis el gestes
de Louis onzième el de Charles huielièmc son pis, roys de France. Rcvcus el
XXVI TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
COMMIXES (Phiuppi: i>k, sieur (.I'Akgkstos).
lorrii^i'i par Dtins Sativngc de Foiitciuiillci en Brie, sur iiir exemplaire pris
à Voriolnal (Je l'Aiileiir el snwaiil les bons hisloriogrnpbes et Croniqueurs,
avee liisliiietiou de livres, selon les matières, estons aussi les ebapitres autrement
distingue:^ ijue par c\ devant, et, hrief, le tout mieux ordonné : ainsi que les
Lecteurs pourront voir par l'averlisscnieiit à eux luldrccé, après VEpislre
nu Roy. (Cité d';iprcs l'éiiition de Lyon. i))9-)
I. — 166, 9 — 370, S.
11. — S 10, 14.
III. — 57, 2} — 199, 9 — 29S, 2}.
CONSTANTIN, Angevin. Vers cités ibns \ Anthologie de Breslay. — Voir Breslay.
CORAS (Ji;an de). ' Arresl mémorable du parlement de Tolose, contenant nue histoire
prodigieuse de iiostre temps, avec cent belles et doctes annotations de Monsieur
Jean de Coras, Conseiller eu la dicte Cour et Rapporteur du procès prononce
es Arrest:igeneraul.\ le XII Septemi're M. D. LA'. Paris, 1561, 1565, etc.
111. — 124, 14 — 314, 22.
— Altercation en forme de dialogue de l 'empereur Adrian et du philosophe Epictete,
soixante et Iri^e questions el autant de responses, rendues de latin eu français
par Monsieur nuiislre Jean de Coras. Toulouse, 1558.
CORDIKR (Mathi'kis). De corrupti sermouis emeudatione. Paris, 1550, Lyon, 1535.
CORNELIUS NEPOS. * De virorum cxcellentium vita.
I. — 258, 3 — 344, 28.
II. — 94, / — 376, ; — 572, / — 574, 2;.
III. — 5, ^ — 209, 2/ — 2)7, ')■ — -42», 2;-
CORROZET (Gu.iKs). *?/.« divers propos mémorables des nobles el illustres hommes de
la chreslienté. (D'après l'édition de 1557)
I. — 181, iS.
M. — 430, 2/.
COUST.\U (Pikrkk). Le Pegme de Pierre Coustau avee les narrations philosophiques,
mis de latin eu françovs par Lauteaume de Romieti, gentil homme d'Arles.
Lyon, 1560 (l'édition latine est de 1563).
CRINITL'S. ' C.ommeutarium de houcsta disciplina libri .VA'/'. (D'après l'édition de
Lyon, Grypliius, 1554.)
I. — 12, 20 — 102, /; — 344, ; — 3)4, 21 — 400, 10 — .|o8 (titre).
11. — 3, /; — 18, 2; — 92, i,V — 338. y — 430, 24.
III. — 74. iS 87, /cV 149, 72 — 154, 22 — 175, 2; 248, 2tS'.
i:t des Aurr.UKS cites. xxvii
CRISPIN. Tî -G;::y.jvï IV.v ra/a'.-^Tiov ll:..r,TÙ.v lElîPIlKA ISOVKOAIKA v.xi
l"NL'M!K\. Vi'tuitissimoruin Authcntin Gcorgini, Biicclica, et Giioiiiica
pcenuitd qiia: siipersiiul. Quorum Piiiiiiiiiii calalo^iiiii & qiiid sigillatini ail
coritin expl'uiliim hoc '}L-;-/}^:Vm ilcliir. scqiiciilfs piigiii.r iiiiiicaiii. Ilati
Kptî-ivw., a. I. r.
I. — 1)1, 14 — 285, 6 — 290, 77.
CROMER (Martin). }} Poîoii'ui, sivc de origine et reluis geslis Poloucntm lihri XXX.
Hi. ->4, y-
CURSIUS (Qitnte-Curce). " Q. Ciirlii bisloriographi liieiileiilissiiiii de reluis geslis
Alexaiidri Magiii régis Macedouinii opiis, ila demum emciidaliim alqiie illtis-
triiliiin ut posthac vix quieqiiam iu co desidernri possit... Basileie, 1545.
I. — 6, 24 — 32, 16 — 95, 2/t — 145, 10 — i^j, 2 — 298, f, —
578, //.
II. — 36, iS — 48, ; — 96, / — 426, 4 — 570, /(), U4, ly, 20, 21.
III. — 128, ) — 203, 4 — 226, 20 — 260, 22 — 286, /() — 290, 2<y —
312, 2) — 450, 9, /().
CUS-\ (N'icoi-AS de). 'De Cusii Curdiinilis, ulriiisque Juris Doeloris, iu oiiiiiique Philo-
sophin iucomparahilis viri (Opéra). lu quibus Theologix luysleria pluriuiu.
siue spirilii Dei iiiacessa, inui aliquol seculis vclala et uegleeta rri'eltvilur.
Pnvterea uuUus locorum couiiuuuium Theologix non truetutur. Item lu
Philosophia, prœserlim iu mathcmulicis, dijjienltntes luuitiV, qr.as aute biiiic
autoreni (ceu humaine mentir eaptuiii cxcedeutes) uemo promis aggredi Juit
ausus, cxpUeaulur et deuwtislraiitiir. Poslreiuo ex iilroqiie jure de luaxiiuis
CiviUhiis & Ecclesiasticis reluis eousiUa & rcsponsu dniilur : Ex iuextrieahiles
causa: decidiiutur. Basihu, 1566.
DANTE, i'ila Diviua Coiuedia.
I. — 196, 10.
II. - 167, 9.
— " Sextiis liber decretaliiiiii. Liber sextus decretciliiiiii luui vctustis iuin uovis
exeuipltiribus collatis exacte recoguilus : iiitegrilatique pristiiie restitutus
exit iu luceiu cum scholiis, casibusque pateiitissiuiis et cuni iiotabilibus seii-
teutiis ac glossis haiid iudeceuter distiuctis quibus intcrserinitiir iioiiiiulle
adiiointiones ex utilissiina Johnuuis Andrée luwella decerple. Adduiitiir nj
hune libruin cousanguinitatis et affiuitatis arbores... (1528).
D.\RX.\L. Chronique bourdeloise, par Gabriel de Liirbe, aduocal en la Cour, Procureur
et S\ndie de la ville de Bouideaux. continuée et augmentée par Jean Damai.
esciiver aduocat aiidict Parlement. Bourdcaux, M. DC. XH'.
DELA\'AL. — \'oir Guichardin.
XXVIII TABLK DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
DÉMOSTHÈNE. ? ? Onilioiies.
II. — 3, 6.
III. — 150, 9.
DENYS D'HALIC.\RXASSE. " y.z^zzizj --.j A/.v/.apvarrr-u; jwy.a-y.f,; x:y3:olzra;
,3;c/.ia i-'/a. Dio)i\si Jlicnnrnssei niitiijiiltniiiiii Roijiniwniiii libri X.
Luteti;v... 1546.
DES CAURRES (Jkan). Œinns iiiûnilcs et (Hvrmjiées (1377).
DES PÉRIERS (BoxAVKNTURi:). *Z.« iwinrlks rtxrciilioiis cl joyeux ihi'is de feu Boiia-
vautiire Des Péiiers, vnlet de chamhie de la Roxiie de Navarre. A Lj'on, de
l'Imprimerie de Robert Granjon, 1558. (Montaigne a eu cette édition
ou l'une dos suivantes qui la répètent exactement.)
I. — 61, 12 — 295, 2f.
II. — 131, 16 — 249, 12.
DIODORE DE SICI LE. * Sept livres des histoires de Diodore sieilien iwiiveUement Iradiiyls
de grec en fraiiçoxs. A Paris, de l'Imprimerie de Michel de \'ascosan.
Avec privilège du Rov. M. D. LIIIl. (C'est la traduction d'Amyot.
Montaigne a eu cette édition ou la réimpression de 1559.)
I. — S, 24 — 8, 12 — 12, 2/ — ti), li — 21, /; — 22, 2, 4 —
62, /ot — 86, uj _ 89, 7 — 95, 4 — 1)1, 20 — 238, }, 4 —
277, 14 — 298, 6 — 510, 79 — 346, I) — 562, jo — 374, 12.
II.— 12,/^ — 36, ;.y — 94, ; — 159, /; — 233, 7 — 415,; —
471, ;cV — 370, 20.
m. — 13, 2/i — II). -^ — 119. /6 — 128, ; — 170, jn — 338, /;- —
t42!, 21.
DIOGÈNE LAERCE. * Diogeiiis Laerlii chiriss. historié! de vitis ne iiwribiis prisccniin
philosopher iim libri deeeiii. (Cité dans l'édition de Lyon, 1336.)
I. — 20, // — 64, iS — 73, I, i;' — 9", -/ — 113, 2; — 119, '> —
127, /; — 139, 7 — 149, cV — 174, //, nj, 20, 24 — 173, / —
178, 9 — 189, iS, 21 — 206, iS — 207, 9, 22 — 213, 14 —
216, j — 218, /, j — 222, /, 2 — 223, 20 — 234, 2} —
240, 79 — 247, 2J — 248, 4, 77, 2<V — 274, 20 — 309, 12 —
310, 6, 2} — 313, i, 7 — 514, ; — 315. 2 — 317, 4 — 351, 2^
— 3 59, f' - 582, // — 386 (titre) — 590, 7<?, 79 — 407, ;.
II. — 4, 7 — 17, tÇ — 18, 70, 7 2 — 20, <V, 2; — 23,2; — 26, 7 —
28, 26 76, ) 93, 7 121, 7 123. 26 128, 14, 2-J
129, }, (f 130, 14 140, 4 148, 24, 2tV I 30, 1(1 —
138, 14 171, 9 218, 20 224. 7 226, 7 230, 77
254, 7<V, 79 — 236, j- 240, rf, 16 ^243. 26 236, 27, 22, 2)
2(0, 70 262, l) 268, 24, 2(y 277, } 282, 1/
ET DES AUTEURS CITKS. XXIX
DIOGÈXE LAERCE.
285, 2; 285, 2J 288, 24 299, 79 302, 22 304, //
326, <? — 338, ly, 21, 24 — 539, 8, 10 — 342, 4 — 344, 7, 9, f;
— 35e, j, 6, Il — 567, 10 — 376, 22 — 404, 16 — 452, 18 —
438, 24 — 492, 8 — 505, 8, 27 — 522, 26 — 536,»? — 572, 12, 16
— 573- I — 574, i)^ 2j — 577, / — 579, 22 — 585, 4 —
589, / 6oé, 2).
III. — 57! 7 — 61, 12, i(> — 6), 20 — 75, 2 — 76, II ■ — 77, 26 —
84, 10 — 89, I) — 91, 26, 2-/ — 92, 7, 4, 4, }, 6, 7, 8, g —
106, 6 — 115, 77, 18 — 119, 7 — 123,7 — 127, j — 140, <¥ —
141, 14 — 144, ; — 147, 26 — 173, jo — 184, 16 — 193, a —
196, 4 — 209, 2; — 211, 27 — 215, 24 — 241, 18 — 251, 4
263, 18, 26 — 264, I 273, 9 287, 29 — 296, 7 — 300, 72
345,22— 352, ,?,,?— 353,7 — 559,72 — 364, 72 — 369, ;, 6 —
375, 20, 22 — 385, 79 — 384, 9 — 391, ; — 402, 9 — 406, 77 —
410, 26 — 415, 27 — 418, ; — 422, ; — 423, 77 — 426, 14.
DION CASSIUS. * }Dioiils hhloriaruiu roiiiauarmn libri... (Lu probablement dans la
traduction de Mcrula) publiée pour la première fois à Bàle, en 1558.
II. — 469, 6 — 527, 7 — 550, 79.
III. — 89, 7* — 95, 7;.
DOMENICHI (LoD.). Facette, molli t- hurle di diversi sigiwri, raccoltc da L. Doiiwiiichi
(Nombreuses éditions depuis 1 548 sous des titres divers notamment :
Dt'tli et falti... traduction française sous le titre : Facéties et mol-^ snblil^
d'aucuns excelleiis esprili et très nobles seif;iieiirs). Lyon, 1574.
DONATI. ' Jo. Baplistiv Doiialii de aquis hieeusib. quir vulgo J'illeuses appellanliir liber
primiis, il! quo iwstrœ de hanim aquaruiu natura ratioiies prorsiis alio modo
se habent, ac quœ aUatœ suut a ceteris, qui hactemis de bisce scripserunt.
Luciv, ex biblioteca Octaviani Gindoboni (1580).
DORAT*. Nous ignorons quelles œuvres possédait Montaigne. Peut-être Johaiitiis
Aurati, Lemoi'icis, poêla et iiilcrprelis regii, poemata. Lutetiit Parisiorum,
158e.
II. — +105, 22.
DROIT DE GAILLARD (Pierre). Méthode qu'où doit tenir en lu lecture de Vhisloire,
vray miroir et excmphnre de nostre vie, où les principaux points des sciences
morales et politiques rapporte:^ à la loi de Dieu et accomode\ aux meurs de ce
temps, sont contenus et 'illustre\ des plus beaux exemples //V(\ des histoires,
tant sacrées que profanes. Paris, 1579.
DU BELLAY (Guillaume). \'oir l'ourquevauy.
XXX TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
DU BELLAY (Joachim). 'Œuvres. (Cité d'aprts l'édition de 1 569 ; pour la Ay?i'W?
et Uhislration d'après l'édition Chamard, 1904.)
I. — 172, 12 — +187, II — 218, 22 — 224, 22 — 344, 2j — 556, jj —
338,2-^.
H. — 107, // — 508, 16, iS — 555, 24 — ^477, 19-
DU BELLAY (Martin et Guillaume). 'Les mémoires de mess. Martin du Bellay,
seigneur de Laiigey, conlenans le discours de plusieurs choses advenues au
royaume de France, depuis l'an M. D. XIII jusijues au trespas du Roy
Françoys I, ausquels l'autheur a inséré trois livres et quelques fragmens des
O^doadi'S de mess. Guillaume du Bellay, seigneur de Langey, son frère.
Œuvre mis nouvellement en lumière et présenté au Roy par mess. René
du Bellay, chevalier de l'Ordre de sa Majesté, baron de la Lande, héritier
d'iceluy mess. Martin du Bellay. Paris, 1569, avec privilège du Roy.
L — 18, /; — 28, 8, 12 — 32, ;, 10 — 33, 2 — 41, 21 — 44, ij —
48, II — 33, 24 — 84, 9, I), 18 — 86, j — 87, //, 24 —
90, -; — 92, I) — 95, j, 9 — 177, 2/ — 288, 16 — 289, 72 —
297> <5 — 33'. ^2 — 366, ;.
IL — 43, f — 594, 18.
DU CHOUL (Guillaume). "Discours de la religion des anciens Romains. Escript par
NobleSeigneur Guillaume du Chonl, Conseiller du Roy et Bailly des Montaignes
du Dauphinc et illustre d'un grand nombre de médailles et de plusieurs belles
figures retirées des marbres antiques, qui se trouvent à Rome et par nostrc
Gaule. .\ Lvon, de l'Iniprinierie de Guillaume Rouille, M. D. L\'L
Avec privilège pour dix ans.
11. —265, iC.
111. — 70, /9
DU FAIL. Contes et discours d'EutrapHe. (D'après l'édition de 1585.)
DU HAILL.\N 'L'histoire de France eu l'histoire géiu'rale des roys de France. (Cité
d'après l'édition de 1576.)
I. — 63, 27 — 73, ;.
Il--5i3,7.
m. — 13.7 — II9W — '49i '<>■
— Histoire des seigneurs contes et ducs d'Anjou. Paris, i 372.
DU MONIN. Nouvelles œuvres (en vers latins et en vers français) de Jean Edouard
du Mouin, poète philosophe. Paris, 1382.
DU PLESSIS-MORNAY. 'De la vérité de la religion chrestiennc, contre les Athées.
Epicuriens, l'ayens, Juifs, Mahomelans et autres infidèles. (Anvers, 1381 ou
ET DES AUTEURS CITES. XXXI
DU PLESSIS-MORNAY.
Paris, 1582, Leyde, 158), ou en latin, Anvers. 1581, 1585, Genève,
1585.)
I. — 511, 1}
II. — 269, 22 — 296, 2.
III. — 117, 21.
— Exiellriil discours de hi vte cl de la inori (Duriint, à Lausanne, 1576).
DU TILLET (Jean, l'évèque). Chronique des Rois de France depuis Pharamond... (Une
des éditions latines parues depuis 1557, ou bien une des traductions
françaises parues depuis 1549.)
DU TILLET (Jean, le greffier). 'Mémoires et recherches de Jean du Tillet, greffier de
la cour de Parlement à Paris. Contenant plusieurs choses mémorables pour
l'intelligence de l'estal des affaires de France, (i 577 ou 1 578.)
ou encore :
Recueil des roys de France, leur couronne et inaison ; ensemble le rang des
grands de France, par Jean du Tillet. sieur de la Bnssion... (1580 ou 1586.)
(Cité d'après l'édition de 1618.)
I. — 332, 14, 16.
— ■ }} .Sommaire de l'histoire de la guerre faite contre les hérétiques albigeois. (1590.)
I. - 63, 27.
DU \'ERDIER. '} Suite des diverses leçons de Pierre de Messie (publié à la suite des
Diverses leçons de Messie depuis 1577).
I. — 122, 2; — 305, 7 — 316, 16 — 344, ; — 554, 2/ — 3)8, 24.
IL — 268, // — 276, m — 282, 26 — 430, 24.
III. — 87, iS, 24 — 145, lu — 264, S — 315. ;.
EGINHARD. 'La vie de Charlemagne. (Peut-être traduction d'Élie Vinet (1546 ou
1548;).
EGN.\T1US. " Joannis Baplistœ Egnalii, viri doctissimi, de cxemplis illuslrium viroruni
Vcnete civitatis atque aliarum gentium. Cuni indice rerum notabiliuni.
Parisiis, in otlicina AudocMii Parvi, via Jacobea, ad Floris Lilii insigne,
1)54-
— " Cœsarum vita- post Suetonium Tranquillum conscriplcr. Qiiarum autores
sunt hi : Tonius I Dion Cassius Nicirus : .Eli us Sparlianus; Jtilius Capi-
ioUnus; jEUus Lainpridius ; Vulcatius Gallicanus ; — [Tomus II] Trebellius
Pollio; Flavius J'opiscus; Sexins Aurelius l'iclor: Pomponius La-tus. Joan.
Baptistx Egnalii Feneti in eosdeni annotationcs. Apud Seb. Grv'phium,
Lugduni, 155 1.
XXXII TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
ELIEN. }}Opt'ia (D'après rédition Je Tigurium, 1558).
. I. — 295, 77.
II. — 217, 12 — 507, 6.
III. — 86, J4 — 99, 2) — 115, ./.
ENNIUS. ?? Citations empruntées à Cicéron.
EPICTÈTE. * Manuel.
I. — 58, I.
II. — 207, 16.
EPIPHANE. }}Co)itra o.logiiila Iwicus. Bàle, 1544.
I. — 283, ^2.
EQ.UlCOL.\. ' Dflla miliira d'aiiiore. (Voir la traduction de Chappuis, 1364).
ÉRASME. * Adagiorum chiUadcs.
I- — î37> J — 344, 2i' — t405, 77.
II. — 82, 79 — 216, 24 — 217, 12, 20, 21 — 599, I).
m. — 156, 26 — 183, s — 518, 2) — 520, 7 — 364, 14 — 41-4, 1 —
420, w.
— ' Apophthegmala (cites d'aprcs l'édition d'Anvers de 1564).
I. — 96, 4.
II. — t7é, 2 — 430, 24.
III. — 109, 4.
— Colloquia.
I. — +211, 2i — 373, 16.
— ??D(' liiigiia.
— ' Moriœ Hnconiiiini (cité d'après l'édition de Bâle, 1522).
1. — 20, ^ — tioo, 7 — 118, 77 1 — 177, 2 — 283, 2^ — 1 5 14, 77 —
*357i '^ "' 392, 10 — 408 (titre).
II. — +21, 22 — 29, é — tl5I, 16 — t203, ^ — +213, 4 — t2i7, 4 —
222, 22+ — 225, SK
111. -+525,^;-
— " Dca. F.rasmi Rot. in cf>islolas aposlolicas paraphrasis. (Lugduni, apud Scb.
GPi'phium, 1544.)
— '} Quercla pdcis. (Cité d'après l'édition de B."ilc, 1322.)
II. - 356, 7.
— Divers.
1- — 43> ■/ — 420, 6.
ET DES ACTEURS CITES. XXXIII
ÉSOPE. ' FabiiLr. (Avec la vie d'Esope, par PlanuJe, cité d'aprùs l'édition de Lyon,
I554-)
II. — 390, 70 — 59), j.
III. — ^,11 — 320, 2^ — 429, 21.
ESTIENNE (Hekri). * hilroâticluvi au traite de la coiiprmitc des merveilles aiieieiiucs
avec les modernes, ou traité préparatifà l'apologie pour Hérodote. L'argument
est pris de l'apologie pour Hérodote, composée eu latiu par Henri Estiemte,
et est ici continué par lui mesme. (Cité d'après l'édition de 1566 reproduite
par Ristel Hubert 1697; références à l'édition Leduchat, 1755.)
I. — 27, j — 34, 10 — 43, -/ — 60, II — 113, 10 — 157 (titre) —
150, j — 194, 7 — 198, 4 — 204, 14 — 311, 7; — 586 (titre).
II. — 52, 77, 2S — 48, 16 — 141, 7 — 14S, y — 249, 12 — 377, 2^ —
506, /;.
III. 6é. 24 89, 2<y 94, / 105, 7 — 112, 23 123, J2
133, 12 367, / 420, 10.
— Project du livre intitulé : De la Précellcnce du langage frauçois. Paris, 1572.
(Cité d'après la réédition de Feugère, 1850.)
EURIPIDE. }'! Tragœdiis. (Citations prises à Stobée, Diogène Lacrce, Sextus Empi-
ricus, Cicéron.)
I. -i78,i.
II. — 260, 16.
EUSÈBE. **F,iTî5(;u tsO ili\i.z'ù,yj tjx';yih'.v.f,^ zpizapïîZEJÏiç pi6. ■sévts xa'i îi/.a.
Eusebii Pamphili Evangelica- praparationis lib.Xr. Lutetiœ... M.D.XLIIII.
(I544-)
II. — 269, 22.
— }? Eusel'ii Pamphili ecclesiasticx histori.r, lib. X; ejusdeni de vita Constautini,
lib. V. Paris, 1544.
I. —261, ;.
— Divers.
III. — 92, 12.
EUTROPE. ' EiUropii decem libri historiarum.
II. — 460, 12.
F.\UCHET (Claude). Antiquités gauloises et jrançoises (i 579-1 599).
PERRON. 'De rébus gesiis gallorum (d'après l'édition de Paris, \'ascosan, 1555;
ouvrage qui fait suite à l'histoire de Paul Emile. — \'oir -Emilius).
XXXIV lABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
FICIN (Marsii.e). ' Comiiieiilaiirs da ouvrages âe Platon el en particulier du Banquet.
(Ce dernier commentaire traduit en français par Symon Silvius, 1 546,
et en 1578 par Guy Le Fèvre de la Boderie sous ce titre : Discours de
l'honneste amour sur le Banquet de Platon, par Marsile Ficin, traduicts du
toscan par Guy La Fèvre de la Boderie, avec un traité de J. Picus Miraiidu-
laniis sur le mesnie sujet.) Paris, 1 578. — \'oir Platon.
FWRILEGWM. " Diversorum epigranimatuiu in seplem lil>ros. solerli nuper repnrgatuni
cura. M. D. XXI. 'AvOsXîvix s'.aiipwv iT.:yt7.[j.[j.x-t,v/ àp-/a;ît; tjv-eO:'.-
ixïvhjv 5SIÎÎ;, £-i si3tj;p:'.; C)7:;0î7;r'.v, £p;jLT,v={a^ ÈyivTojv ènsî'.^tv, •/.%:
TzpOL'^'^.i-iWi f, Yîv;;j.iv(jjv i5T,Yr,Jiv. AuifâtTa'. 3'î;^ Éz-rà ■:\>.r,[i.ci-:a t:
S:ê'/.'.i'i , y.al Taj-i ;!; xîii/.ata y.x-'x :t;'.-/î;;v î!=/.Ti6-':a'.. A'//Hr ca// frt.v//-
gatius quant alias unqiiani pristiuis elustratuni errorihus, multisque adauctuin
adjectis epigrannnatihus. i))i. Veuundatur Badio (et à la fin) Suh prelo
Ascensiano, niense Maio, ly^i.
FLORUS. }?F.pithoniata.
I. - 27, 7-
FOURQUEX'AUX (Raymond de) '} Instruction sur le fait de la guerre, exiraicte des
livres de Polibe, Frontin, Végcce, Cornaian, Machiavelle el plusieurs bous
autheurs. (D'après l'édition de 1555.) Ouvrage attribué à Guillaume
du Bellay.
I. — 362, ly — 565, 6 — 566, j.
FRANCHI (De). "Dell, uuione del régna di Portogallo alla coruna di Casllglia, istoria
del .Sig. leroninio de Franchi conestaggio, gentilbuonio genovese. In Genova,
appresso Girolanio Bartoli. 1585.
II. — 471, iS — 570, 77.
FR.WCIOTTI (G.). * Franciolti nicdici lucensis traclatus de Balneo Villensi in agro
Encensi positû. Luca;, apud Busdracuni. M. D. LI.
FR.WCO (Veronica, courtisane de Venise). * Lettere famigliare a diversi. 1580.
FREGOSO (.\ni.-Phii.eremo). Riso di Deniocrito e pianto di Heraclilo.
FR01SS.\RT (Jean). 'Le premier volume de l'histoire et cronique de Messire Jehan
Froissard. Reveu et corrigé sus divers Exemplaires, et suvvant les bons Auteurs,
par Denis Sauvage, de Fonlcnailles en Brie. A Lyon, par Jan de Tournes,
M. D. LIX. 4 tomes (ou la réimpression de 1574).
I. — 5, ^ — 29, / — 234, 24 — 290, (> — 305, 7 — 331, 2;.
II. — 48, 16 — 470, 2/ — 477, 20 — 485, 8.
1 RONTIN. }}Stratagenuila. Voir \'égèce.
III. - 53'>. '■
ET DES AUTEURS CITES, XXXV
FULGOSIUS (Baptista). '}Dc dictis faclhquc niemcrahiUluis (lllis exaplis qii.r Valcrius
Maxlmui ciVidit collcclmicn). (D'après l'cdition de 1518.)
I. — 18, j — lO), 4 — II-', ; — 260, ;' — 505, /.
II. — 52. 20.
FUMEE (Martin). \'oir Goiiiarn.
GAGUIN, * Raum Gallicaruin Annales.
111.-255,^.
GALIEN. }} Opéra.
II. 284, 20 329, 2y.
GALLUS (Cornélius). ' Elegiœ.
I. — 1 12, 9.
II. — 15, //.
III. — 74, / — 84, i>) — 121, / — 341, 18 — 355, j — 388, 26 —
393, ^6-
GAMBARA. " Carmina novem illusiriiimjcminariim, Sapphiis, Erbniœ, Myrus, .\I\rl!(hs.
Corhiuœ, TelesilLr, Praxtllœ, Nessidis, An\tx... latiuo versn a Lnurentio
Gaïuhara expressa... Antverpin-, ex ofHcina Christopliori Plnntiiii, 1568.
I. — 207, ^
111.-152,.^.
GARZONI. Opère. (16 17.)
GAUFI-RETEAU (Jean de). Chronùiiies. Bordeaux, 1877.
GAULTERON. Voir Giovio.
GELLI. / tiipricci dcl hollaio (cité d'après la traduction française de i j66).
— La Circe (citée d'après la traduction de Sauvage).
GÉMISTE (Georges). \'oir Hérodote.
I. — 290, 79.
GENTILLET (Innocent). 'Discours sur les moyens de bien gouverner ci maintenir en
bonne paix un Royaume, ou autre Principauté. Divise^ en trois parties, assa-
voir, du Conseil, de la Religion et de la Police que doit tenir un prince, (uvilre
Nicolas .Machiavel, Florentin. (Cité d'après l'édition de 1579.)
I. — 26, / — 27, 2.^ — 150, j — 151, / — 194, 7 — 519, 14 —
324, -fi-
II. — 5, /;' — 80, 12 — 148, 9 — 241, 21 — 440, 6 — 465, // —
470, 21 — 477, 6, 10 — 478, I — 489, I — 497, I) — 510, 14 —
569, 3-
111. — 16, 24 — 202, 24.
XXXVI TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
^* GERMA.XIC.iRl'M rcriiin quatuor cdchr'wres vetusiioresquc chronographi , earuin descrip-
Ikmem ah orbe coiidito usquc ad tcmpora Heiirici IV. Francfort, 1 566.
GHERUS (Jano-Grutero). Delitiœ C poetarum gallorum. Francfort, 1609.
GILLES (Nicole). "Annales et crcniqucs de France, depuis ta destruction de Troxes
jusques au temps du ro\ Louis on^Jesme, jadis composées par feu maistre
yUcoUe Gilles, en son vivant secrettaire iudiciaire du Rox et contrerolleur de
son trésor. Imprimées nouvellement sur la correction de M. Denis Sauvage
de Fontenailles en Brie et additionnées selon les modernes historiens, iusques
à cesl an mil cinq cens soixante et deus... Paris, 1562.
L — 105, 2, 4 — 234, 27.
IL -493. -^2.
GIO\'IO (Paoi.o). Pnuli Jovii Xovocomensis, episcopi Xucerini, historiarum sui temporis
lomus primus, XXIII lihros complectcns... Paris, \'ascosan, 1555. Le
second tome est relié à la suite du premier.
I. — II, 6 — 289, 12 — 370, 8, Il -^ 375, J(? — 57e, 10 — 407, 16.
IL — 76, 2/ — 431, IS — 500, ly — 537, 2y.
III. — 530, /;-.
— }}Ordo ac disciplina Turcic:r mililia'.
I. — 376, ;o.
— *? Commentarii dellc cose dei Turchi di Paolo Giovio, cou gli fatti e la vila di
Scainlerherg. 1541. (Traduction de Gaulteron de 1544.)
GIRALDI CINTHIO (Joan.-Bapt.). Dialogues philosophiques... traduits des trois
excellens dialogues de Giraldi Cynthien, par Gabr. Chappuis. Paris, 1583.
GIUSTINIANO. Voir Justinianus.
GOMAR.\ (Lopkz de). 'Histoire générale des Indes occidentales et terres neuves, qui
jusqii 'à présent ont esté descouvertes. Augmentée en ceste cinquiesme édition
de la description de la nouvelle Espagne et de la grande ville de Mexique,
autrement nommée Temictilan. Composée en Espagnol par François Lope:^ de
Gomara, et traduite eu François par le s. de Gcnillé Mart. Fumée. Paris,
M. D. LXXXIV (ou peut-être la réimpression de 1587).
I. — 18, 77 — 137, 77 — 138, 7, 5 — 141, 7, cj, 10 — 142, ;, j, S,
II, 77, i^, 21, 2}, 24, 25; — 143, 7, 2, 4, 6, ,y, (?, 72, 7^, 16, 18,
20, 21, 2), 24, 2/ — 144, 18, 20, 2/, 29 — 145, 1, 6, y — 260, / —
264 (titre) t — 265, _; — 266, i — 283, 4 — 298, 8.
IL — 76, 24 — 178, 21 — 199, 16, 20, 2) — 200, 2 — 327, 7, % 10,
72, 14, 16, 16, 16, 18, 20, 22, 2) — 328, 4, 9, 70, 77, 72, 72, 1},
I), 14, IJ, IJ, 16, l<), J<), 20, 2j 529, 6, 1/ — 386, 1)
456, 2; — 475, /;.
m. — 107, 70 — 159, 9 — lél, 27 — 162, 2A' — 164, 16 16), 28 —
166, 2/ 167, 7j 195, 16.
ET DES AUTEURS ClTiiS. XXXVII
GOMARA (Loi'EZ di;).
— * Hisloria di don Ferdinando Cartes, marclme délia l'allé, capitaiio valoivsissinw,
cou le sue viaravtgliose prodene, tiel lempo che discopri e acqiiislo la uuova
Spagiia. Parle ler^a. Composla da Fraiicesco Lopei di Gomara in litigua
spagmiola, tradotta iiella ilaliana per Agostiuo di Cravalix. Venise, Fran-
ceschini, 1 57e.
I. — 263, 2, j, //, 14, 16 — 376, 16.
111. — 163, iS.
GONÇALEZ DK MEN'DOZA. ' Hisloire du grand ro\aiime de la Chine, situé aux Indes
orientales, divisée eu deux parties. Contenant en la Première, la situation,
antiquité, religion, fertilité, cérémonies, sacrifices, rois, magistrats, mœurs,
us, loix, et autres choses mémorables dudit royaume. Et en la Seconde, trois
voyages faits vers iceluy en l'an ij//, 7/79 eti)8i, avec les singularitei
plus reumrquables y veucs et entendues : ensemble un itinéraire du nouveau
monde et le descouvremeut du nouveau Mexique en l'an ij8). Faite en
espagnol par R. C. Juan Gonçales de Meudoce, de l'ordre de S. Augustin :
et mise eu François avec des additions en marge cl deux Indices par Luc de
la Porte, parisien... Paris, 1588.
II. — 38, 1) — 307, 7<V.
III. — 369, 7<S'.
GOULARD (Simon). ' Histoire de Portugal, contenant les entreprises, navigations et gestes
mémorables des Portugallois, tant en la conqueste des Indes orientales par eux
descouvertes qu'es guerre d'Afrique et autres exploits, depuis l'an mil quatre
cent nouante six jusques à l'an mil cinq cens septante huit... Comprinse en
vingt livres, dont les dou^e premiers sont traduits du latin de Jérosme
Osorius, évesque de Sylves en Algarve, les huit suivans prins de Lope\
de Castagnede et d'autres historiens... De l'iniprimerie de François Estienne
pour Antoine Cliuppin. M. D. LXXXl (ou In réimpression de 1587.)
I. — 27, 72 — éi, / — 62, 16 — 63, 2 — 85, 16 — 143, 28 —
144, ;, 9, 9^ "> 12, 7;, 77 — 270, ; — 310, 5» — 319, 14.
II. — 34, 7 — 189, 2J — 211, 20 — 505, } — 471, 18 — 491, I).
III. —82, 26 — 235, 2).
GRÉVIN (J.^CQUEs). VoirWier.
GRIMAUDET. Opuscules polil'uiues. (1580.)
GROUCHY (NicoL.\s). * Di' i-i);;;//n.'î i?o»;(/;n'n;;;/ (ouvrage publié pour la première fois
en 1535).
I. — 295, 24.
XXXVIII TABLE DES Ol'VRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
GUAZZO (Stephano). 'La Civil coiiveruilioiie del S. Stiphaiio Giia-^^o. Gentil' hiicmo
di Casak di Moiiferraîo. Divisa in III I libri. Ne qunVi dolcemeiiie si rnggioim
di liilti h maiiiere del amversare, cou più (biaro nella scguente facciaia si
diincstra. (Cité d'après l'édition de 1 581 et d'après la traduction française
de Chappuis, Lyon, 1579.)
I. — 88, j — 137 (titre) — 151, i — 180, /;+ — 196, 10 —
333, J^-
II. — 5, /; — 72, 26 — 75, 20 — 77, iS — 307, y — 329, 2y —
438, 27.
111. — 176, ), 20 — 181, S — 260, 5 — 391, 22.
GUÉROULT. Un sonnet cité dans l'histoire de Zonaras. — \'oir Zonaras.
GUE\'ARA (Antonio). * Episires dorées, morales, jamilières, et discours salutaires, du
sieur don Jutoiue de Guevare Espagnol, cvesquc de Mondognet... (Cite
d'après la traduction de Guterry, édition 1565.)
I. — 260, ,' — 5O), / — 375, 72.
II. — 191, 79.
111. — 51, é — 264, ,f.
— * Libro aureo de Marco Aurelio imperador.
1. — 261, 7.
II. — 15, 7*.
— * ? Lihro llamado mevosprecio de la corte. '
GUICHARDIN (Louis). L'hore di ricrealione {depxih 1^6^).
ou encore :
Detti e fatti piacevoli e gravi di diversi principi, filosofi e corligiani : raccolti
dal Guicciardino e ridolti a lupralità. Traduction française de Belleforest :
Les heures de récréation et après dinés de Louxs Giiicciardin, tnui. de l'italien
par ». de Belleforest. (i 571.)
GUICHARDIN (François). 'Dell. Historia d'Ilalia di .\I. Fraw Guicciardini Gentil'
huonio Fiorentino Gli ultinii Quattro libri non pin slampati. (Cité d'après
l'édition de \'enise 1568.)
1. — 12, 24 — 17, V — 28, 1) — 31, 24 — 32, ; — 54, )- — 57, ) —
97, 4 — 1 50, ; — 196, 20 — 288, ).
IL — 507, 9.
III. — 149, 2} — 234, J2.
— Plusieurs advis et conseils de François Guicciardiu tant pour les affaires d' Estât
que privées. Traduits d'italien en français par A. de Laval, avec 42 articles
concernant ce mesme snhject. Paris, 1 576.
ET DES AUTEURS CITES. XXXIX
GYRALDI (Lilio-Gregorio). * * De deis geut'utin varia et mulliplcx histcria, iii qtia siintil
de eortim imaghiihui et cog/ioniiiiihiis agiliir, iibi phirinia ctiam hacteims
imiltii igiiota expliqiuvitur, et pleraiiiie clariiis Iractiuiliir... Basiht, 1548.
I. — 292, /;.
m. — 93. 16, i-j — 94, / — 105, 7.
— ?L///( Gregorn Gvraldi Ferrarieiisis progymimsiita adi'ersiis lileras el literatos.
(D'après les Opéra de 1580.)
I. — 186, 10.
II. — 208, y.
• — De varia sepelieiidi ritii. (D'après les Opéra de Bàle, 1580.)
III. — 248, 2S.
HEBREO (Leone). — " Diahgbi di amore, composli per Leone inedico Hehreo. In
Vinegia, 1 549.
I. -245,*.
HELIODORE 'Histoire ethiopique traitant des loyales et pudiques amours de Theagènes et
de Chariclea. (Cité dans la traduction d'Aniyot, édition de 1559.)
II. — 91, 6.
HERBURT-FULSTIN (Je.w). "Histoire des roys et princes de Poloigite, contenant
l'origine, progrès et accroissement de ce royaume, depuis Lech, premier
fondateur d'iceluy jusqnes au Roy Sigisniond Auguste dernier décédé, avec les
illustres et excellens faicts desdits Roys et Princes... traduite de latin en
français et dédiée an Roy de Pcloigne, par François Balduin. A Paris, 1575.
I. — tiS, j — 577, jj, 20.
III. — II, 2j — 89, 24.
HÉRODIEN. ??Voir Politien.
I. — +295, 2.? — 385, 16.
II. — 265, 16.
HERODOTE. 'Les neuf livres des histoires de Hérodote prince et premier des histo-
riographes grec-^... plus un recueil de George Gemiste dict Plelhon, des choses
avenues depuis la journée de Mantinée, le tout traduit du grec en français
par Pierre Salial... (Cité d'après l'édition de 1575.)
I- — 9, 7 — 16, p — 25, 7* — 34, 10 — 39, 77 — 55, 7<? — 96, 4 —
110,2^ — 122,2^ — 127, 6, 7 j — 14}, 26 — U44, i^ —
145, 7j, iS, 18 — 146, 10 — 148, 7 — 153, II) — 272, 26 —
290, 7^ 296, 7 — 301, 70 — 308, } 336, 70 — 351, 24
Î70. i — 578, J — 406, 14.
XL TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
HÉRODOTE.
II. i>, J-f 14, 1 35j 17, 2i 90, II — 155, 10 159, 2/
154, 1/ — 166, 26 170, i), 24 — 249, 12 — 255, 16 —
254, 4 — 2)3, 14 — 259, 10, 12, /y — 271, j — 304, 22 —
325, ir — 550, 17 — 332, 12 — 342, / — 386, 7 — 493, 24 —
500, J) 582, ly 587, iS 598, j 606, ly.
III. — 5, I) — 68, / — 82, 2} — 92, 12 — 93, 20 — 103, I] —
lOé, 10 — 120, 22 — 124, 10, 14 — 126, 2) — 170, S —
206, 7 — 252, 7/, 16 — 406, 10 — 410, 24.
HOMÈRE. " Odyssca grâce. Anno 1525.
Iliade. I. — 260, 7 — 561, 2.
III. — 172, 2 — 236, ).
Odyssée. II. — 3, 2(S — 207, 2 — 591», 18 — 606, 2/.
III. — 103, ;.
HOR.\CE. (i) ' Horatiiis Flaccus, ex Jide, atqiie auctorilate decem îihrorum manu scrip-
torum, opéra Dionys-Lamhim MoiistroUensis cmendatiis ah eidemq. commen-
tariis copiosissimis illusiralus, nitnc primuin liiceni ediliis. Lyon, 1561 (ou
la rcimpression de Venise, 1566).
Epodes. I. — 40e, 10.
II. — 132, 9 — 205, I) — 382, y.
III. ^ 74, 10 91, 2) 130, S — 139, 2rî 225, //
236, II • 245, 10 380, 21.
Odes. I. —49, I, 10 — 102, /yt — 103, ; — 104, 2j —
106, 79 — 109, () • — 113, i — 196, 20 — 198, 26 —
241, 21 — 253, ;, 72 — 304, 72 — 311, 14, 21 —
337> '*>' — 340, iS — 385, 9 — 419, 79.
II. — II, 2) 13, 14 18, I) 27, 7, Ij 124, 7
128, 9 — 263, I) — 270, 20 — 290, 7 et t — 515, 16
— 392, 2> — 39e, 20 — 502, 2j — 550, ;.
m. 2), 2) — 44, 20 72, 16 70, 79 96, 7;
130, 77 155, 72 140, 2 141, 2) 142, 6
137, ) — 191, 72 207, 2^ 213, 70 222, 79
260, II 275, j, 9 281, 22 284, 26 — 302, )
33e, 27 389, 26 404, 21 420, 7 — 450, I)
431, 6.
Carmen sarulare. I. — 325, j.
Satires. I. — 7;, i) — +187, 77 — 221, 4, y — 252, / — 282, 77 —
333> " — 334. J'*»' — 355, " — 385, 4-
(i) J'indiquerai procli.iiiicmcm les raisons qui me font croire que Montaigne taisait usage de cette
édition. Comme je n'ai reconnu que trop tard ces emprunts, elle n'a été qu'accidentellement collntionnce
au cours de ce travail. Le lecteur s'y reportera avec fruit en plusieurs occasions.
ET DES AUTEURS CITES.
HORACE.
Satires (Suiu). II. — h ^9 — io> ^j ^'^ — 1^8, i — 185, m — 267, 2^ —
3S5, 10— 408, 12 — 423, /-t — 44S, 7 — 451, 7<y. ^
III. 117, 22 174, 10.
EpHres. I. — 89, 10 — 106, 4 — 107, 14 — 113, 72 — 206, 20 —
21 3> 2i — 217, 70, 72 — 233, } — 257, 7 — 300, 16
— 311,70 — 512, 22 — 31e, 22+ • — 518, ;, 70 —
320, 2; — 338, 14 — 539, 9 — 41S, 77, 14,
II. — 3, ^o — 5, 14, 16 — 77, 26t — 106, 26 — 153, 77 —
188, 72 — 207, 77 2lé, 22 2I7, 9 — 2l8, 6
277, 27— 333, 5>, iS— 399, 77 — 422, 9 — 424, 4 —
425, 4 — 427, 22 — 440, 72 — 487, 14 — 367, 77.
III. 216, 27 288, 79 333, / 342, 18 407, 20
417, 22.
Art poétique. I. — • 35, 76 — 219, 26 — 238, 9+ — 265, 2/.
II- — 59> 2; — 106, 2t — 577, 2j —'412, 27 — 417, 9.
HOTM.\N (Fr.wçois). ' : Fraiiiognlliii. (Cité d'aprcs l'édition de 1573.)
I. — 150, i.
HUARTE (Ju.\n). Aimchrise ou parfait jii';eiiiciit des esprits. (Traduction par Chappuis,
Lyon, 1580.)
HYGIN. *' L. Juin Hygiui, Avgustiliherti , fahuUvum liber ad omnium poetarum lectionein
mire neeessarius et uune denuo exeusus. Ejusdeiu poetieon Astrouomieou lihri
quatuor : quibus accesserunt similis argumenti Palœphati de fabulosis iiarra-
tionibus liber I; S. Fulgeiitii Placiadis episcopi Carthagiueiisis mythologiarum
libri III ; ejusdem de vocum anliquarum interpretaiioue liber I; Phuruuti,
de natura Deorum, sive poeticaruui fahularum allegoriis, speculatio; Alhrici
philosophi de Deorum imaginibus liber; Arati <faivî;j.£'vo)v fragmeutum,
Germanico Cœsare interprète; ejusdem Phxnomeiia grœcè, cum interpreta-
iioue latina; Procli (je spJ.urra libellus, grarè et latine. Basilas, 1549.
ISOCR.\TE. * Oraliones. (Cité dans la traduction latine, édition de 1570.)
I. — 149, 22 — 154, 16.
III. — 150, 7 — 223, 24.
JEAN CHRYSOSTOME (Saint). ??
I. —415, 20.
JÉRÔME (Saint). }} Hieronymi S. Opéra. Bàle, 1537.
I. — 132, 16.
m. -97, <? - 142,;.
XLII TABLE DES OUVRAGES POSSEDES l'AR MONTAIGNE
J01N\'1LLE. ' L'bislohed chrcniqnc du 1res chralicn ro\ S. Lcys, IX. du nom el XLIIII.
de France. Escriptc par feu meisire Jehan sire, seigneur de Joiurille el seiies-
chal de Champagne, amy cl contemporain dudict roy S. Lovs. Et maintenant
mise en lumière par Anthoine-Pierrc de Ricnx. Poicticrs, M. D. XL^'II
(ou la réimpression de 1561).
I. — 72, 21.
II. — 38, 7 — 145, 17 — 510, i.
JOSÈPHE. 'Opéra. (Cité d'après le texte grec de 1544 et l.i traduction latine de 1559.
Rien n'indique d'ailleurs que Montaigne ait fait usage de celle-là plutôt
que de toute autre traduction latine, ou même d'une traduction fran-
çaise. Références à l'édition Dindorf, 1845.)
II. — 1 1, 2^ — 20, ;.; — 30, / — 31, ^^ — 268, II — 499, 2)
JOUBHRT (Lalrknt). 'Erreurs populaires au fait de la médecine et régime de santé
corrige^ par M. Laur. Jouberl, conseiller et médecin ordinaire du 7-oy, et du
n'v de Navarre... Bordeaux, Millanges, 1578 ou 1579. (Cité d'après
l'édition de 1579.)
II. — 166, 26 — 167, /;. 24 — 291, 7 — 434, 21 — 579, uS' —
587» 9 — 591» 26 — 396, iS — 603, 2/ — 605, 6, 77.
III. — 78, 20 — 93, })-
JON'E. \'oir (liovio.
JUSTIN. }rjnstini et Trogi Ponipeii hisioriis exiernis lihri... (Cité d'après l'édition
de Paris, 1578.)
I. — 371, 1).
JUSTIXI.WUS. "Pétri Jnsliuiani, Patritii Veneli, Aloysii F., rernm Vcuctaniv! uh
nrbe condita historia. \'enetiis, 1560.
JU\'HNAL. •Salinr.
I.— 178, 6 — 180, 22 — 208, 2/ — 274, 2; — 309, 14^ —
334. } — 360, 6 — 386 (litre) — 389, j6 — 393, 26 — 410, 11.
II. — 12, II — 45, 17 — 46, II — 129, 22 — 138, 7 — 171, 79 —
178, S — 187, iS — 205, /; — 531, 10, 17 — 332, 24 —
339, 18 — 390, 2) — 401, 29 — 423, 1} — 42S, /<V — 441, 9 --'
477, 14 — 487, 16 -■- 517, I, 10 — 589, iS.
m. — 45, 18 — jé, i — 80, 12 — 85, 28 — 87, 22 — 106, 2; —
157, 7 — 153,77^ 188, 4 — 218, 72 — 263, 2j 264, 7? —
269, 9 — 385, 7.V — 403, 22.
ET DES AUTEURS CITES. XLIII
LA BOÉTIE (EsTiENNE de). 'Discours de la Servitude voloiilnire en manuscrit^
(cité d'après l'édition des Œuvres ci-dessous).
— 'Les Mémoires sur l'Edit de Jauvier en m.iniiscrit (d'après l'édition de
P. Bonnefon dans h Revue d'Histoire Lilléraire de la Frauce, année 1917).
— * La mesuagerie de Xéuophoii. Les règles de mariage de Pliilarque. Lettre de
cousolatiou de Plutarque à sa femme. Le tout tradiiict de grec en françois par
feu M. Estieniie de La Boétie, Conseiller du Roy en sa court de Parlement
à Bordeaux. Ensemble quelques vers Latins & François, de son invention.
Item, un discours sur la mort dudil Seigneur de La Boétie. par M. de Mon-
taigne. .\ Paris, de l'imprimerie de Federic Morel, M. D. LXXI (i)7i).
I. — 35, ; — 44> ' — 66, ; — 137 (titre), 14 — 147, 2/ — 187, u —
Essai xxviii en entier (cf. surtout +239, //, 16 — 245, 2;, 2S —
253, 2; — 234, y) — 255, 14 — 260, 14 — 304, 14 — 566, ^ —
420, 6.
II. 190, 6 — 213, /;.
III. 202, 24 — 365, II.
— Œuvres complètes, par P. Bonnefon, 1892.
L.\ CHASSAIGNE (de, Seigneur de Pressac). Voir Pressac.
LACROIX DU MAINE. Bibliothèque frnuçoise (d'après la réédition de Rigoley
de Juvign}', Paris, 1772).
LACTANCE. '} Opéra.
II. • — 282, 26 — 448, 10.
III. — 105, / — 183, j — 336, 12.
LA .MARCHE (Olivier de). \'oir Sauvage.
LAMBIN. Voir Lucrèce.
LAMPRIDIUS. \'oir à Auguste : Histoire Augusic.
L.\NDI ou LANDO (Hortexsio). Paradossi, cioè senlentie fuori del comuu parère,
uovellamente yenute iu hice, opéra non men dotta, che piacevole, in due
parti separala. Lione, per Gioanni Pullon da Trino, 1543.
L.\ noue (François de). '} Discours politiques et militaires du Seigneur de La Noue,
nouvellement recueillis et mis en lumière. Genève, Fr. Forest, 1587 (ou
Bàle 1587 ou 1588, ou La Rochelle 1590).
I. — 150, j — 182, 10 — 198, 4 — 212, I) — 228, j — 319, 14 —
372> 24.
II. — 494, 28 — 496, ;.
III. — 19, ir.
XLIV TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
LA PERRIÈRE (Guill-^ume de). Les annales de Foix, joiucli_ à ycelles les cas et faieli
dignes de perpétuelle rccordation , aducnus tant aulx pays de Beani, Com-
niynge, Bigorre, Armygnac, Navarre, que les lieux circuinuoisyns, depuis le
premier comte de Foix Bernard jusques a Henr\, a présent comte de Foix et
roy de Navarre, composées et mises en champ de publication (ce qui par cv
devant na este faici) par Maistre Guill. de la Perrière. Toulouse 1539.
LA POPELINIERE. Les trois mondes, par (Lancelot \'oisin) de la Popelinicre. Paris,
P. L'Huillier, 1582.
LA PRIMAUDAYE (Pierre de). 'Académie Françoise : en laquelle est traitté de
l'institution des mœurs, et de ce qui concerne le bien et heureusement vivre
et tous estas et conditions, par les Préceptes de la doctrine, et les exemples de
la vie des anciens sages et hommes illustres. Par pierre de la Primaudaye,
Escuycr, Seigneur dudict lieu, et de la Barrée, gentilhomme ordinaire de la
Chambre du Roy. Paris, 1579 (0.
L — 198, 4 — 204, 26 — 284, 14 — 315, ) — 319, 14 — 386 (litre).
IL — 46, 2) — 208, 22 — 409, I.
LAS C.\SAS (Barthélémy de). Histoire admirable des horribles insolences, cruautei, et
tyrannies exercées par les Espagnols es Indes occidentales. Brih'emenl descrites
en langue castillane par Don. F. Barthélémy de Las Casas, moine et evesque
espagnol : fidèlement traduictes par Jacques de Miggrode. 1 582. (La première
édition de cette traduction est de 1579.)
LA\'.\RDIN (Jacques). 'Histoire de Georges Castriot surnomme Scanderberg, Roy d'Al-
banie, recueillie par Jac. de Lavardin. Paris, Guillaume Chaudière, 1576.
I. —289, 72.
IL 163, 26 — 500, 10 — 337, 2J — 5)2, 10.
III. — 13, 28 — 129, 9.
LEBELSKI (George). ' Brieve histoire de la guerre de Perse, faite l'an mil cinq cens
septante huit et autres suyvans, entre Amurath, troisième de ce nom, empereur
des Turcs, et Mahumed Hodabende roy de Perse. Avec la description des jeux
et magnifiques spectacles représente:^ à Constantinople en la solennité de ta
circoncision du fils d' Amurath, l'an mil cinq cens huilante deus, es mois de
May et de Juin . Le tout nouvellement traduit du latin enfrançois, à Paris, i jS) .
(Le premier de ces écrits avait été composé en latin par Porsius.)
I. - 378, 24.
(i) Le titre reproduit ici est celui de l'cdiiion de i)8i. Je n'ai p.is rencontré l'édition de IS77, i^elle
que possédait sans doute Montnigne.
ET DES AUTEURS CITES. XLV
LE CAROX (CharonJas). Discours sur la tranquillité tic l'esprit.
LEO AFRICANUS. "t Historiale descripticii de l'Afrique... cscrite par Jean Léon , africain,
premièrement en langue arabesque, puis en toscane, et à présent mise eu
français (par Jean Temporal et autres). Lyon, J. Temporal, 1556.
L — 145, 10.
IIL — 120, ;.
LERICHE (Guillaume et Michel). Journal de Guilhiuinc et Michel Leriche, avocats dit
roi à Saint-Maixent. 1846.
LE ROY (Louis, dit Regius). De la Vicissitude ou variété des choses en l'univers, et
concurrence des arnws et des lettres par les premières et plus illustres nations
du monde, depuis le temps où a commencé la civilité, de mémoire humaine
jusqu'à présent. Paris, Pierre L'Huillier, 1377. (Voir Aristote, les
Politiques.)
LERY (Jean de) Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil dite Amérique contenant
la navigation et choses remarquables, veûes sur mer par l'aucteur, le compor-
tement de Villegagnon en ce pays-là, les mœurs et façons de vivre estranges
des sauvages amcriquains, avec un colloque de leur langage, ensemble la des-
cription de plusieurs animaux, herbes et autres choses singulières, et du tout
inconnus par deçà... La Rochelle, imprimé pour Ant. Chuppin, 1578.
L'ESTOILE. Mémoires-Journaux de Pierre de L'Estoilc (i 574-1610). Paris, édition
Brunet, 1875-1884.
L'HOSPITAL (Michel de). * De Sacrafrancisci IL Galliarum Régis Imitationc Regniqiu-
Ipsius administrandi Proi'identia Mich. Hosp. Sermo. Parisiis, apud Fede-
ricum Morcllum, in vico Bellonaco ad Urbanam Morum. M. D. LX.
— De mcti tirbe capta et ab Hostiuni Ingenti obsidione liberata, Ampliss. viri
M. H. Carmen. Parisiis, apud Fedcricum Morellum, in dico Bellonaco,
ad Urbanam Morum 1560. Cum privilegio Régis.
— In Francisa lUustriss. Franciœ Delphini, et Mariœ Sereniss. Scotorum Reginx
Nuptias, Ampliss. Viri M. H. Carmen. Parisiis, apud Federicum Mo-
rellum, in vico Bellonaco ad Urbanam Morum 1560. Cum privilegio
Régis CO.
LIÇ.\RR.\GUE (Jean- de). *}Iesus Christ gure javnaren Testament n Perria. Rochellan,
P. Hautin, 1571. (Traduction en basque du Nouveau Testament.)
L —413. -f/"-
(i) Je dois commu]iication de ces poèmes, ^luxquels -Montaigne a emprunté une des inscriptions de
sa librairie, i l'oblioeance de .\I. Parguex.
XLVI TABLE DKS OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
LIPSE (Juste-). ' Jiisli Lipsi de amphilheatro lihcr. In q no forma ipsa loci cxpressa, et
ratio spectaiidi, citiii œiieis figiiris. Lus^duni, Batavorum (ou Anlvcrpia;),
ex officina Christophori Plantini. CIC. IC. LXXXH'.
III. — 152, 4 — 155, 7, II, 14, 16, 24 — 156, /. 4, 6, 9, 14, 16, iS.
— ' Jiisti Lipsi (le imiphithealris qiur extra Romani libelliis. In qiio J'oniiœ
ivrtim aliquoi et typi. Lugduni, Batavorum (ou .\ntverpiie), ex officina
Christopliori Plantini. CIC. IC. LXXXIV.
— * 7. Lipii Saliirnalium sernioiium lihri duo. qui de gladiaioribtis. Antverpia:,
ex officina Christophori Phintini. .\1. D. LXXXII.
I. — 1 10, /j».
II. — 29, 27 — 170, 16, 20 — 316, 14 — 475, ; — 478, 2,y — 479, I,
2, 22, 26. — 480, 2, ), ).
III. — 223, 17 — 257, j;.
— ' Justi Lipsi de coiislaiitia lihri duo, qui alloquium prœcipue continent in publias
inalis. Lugduni, Batavorum (ou Antverpia:), ex officina Christophori
Plantini. CIC. IC. LXXXIV.
1. — 284, 14 — 311, 1} — 344, i-
II. -135,;-
III. 161, j; — 207, /;- 218, 9 — 260, 30 — 290, //.
i— 'Justi Lipsi Pûliticornni sivc civilis docirinx lihri sex. Qui ad priucipalum
maxime speclant. Lugduni, Batavorum, ex officina Plantiniana, apud
Franciscum Raphelengiuni. CIC. IC. LXXXIV.
I. — 27, ;, 6, 7, 2_/ -77,9 — i37> ^-' — i^é, ; — 174, ^ —
178, 8 — 181, II — 191, 77 — 196, 20 — 276, <S' — 355, 20 —
346, 2y — 362, 77, 28.
II. 221, /£>, 20 255, // 289, 7J 530, 2 420, 6
426, 7 448, 10.
III. 189,21 190,)- 192, /, (? 285,22 324,2^,2^
329, 2J — 330, / — 560, 4 — 361, 20.
— 'Justi Lipsi adversus dialogistam liber de una religione. In quo tria capita lihri
quarii Politicorum expUcautur. Lugduni, Batavorum ex officina Plan-
tiniana, apud Franciscum Raphelengium. CIC. IC. XC. (Ou peut-être
les réimpressions de Leyde 1391 et de Francfort i )9i.)
I. — 87, ./ — 413, 20.
II. 254, 70.
III. — 530, 7;.
LOISEL (Antoine). '}Deux remonstrances jaictes es villes d'.-lgeu el Perigueux, à l'ou-
verture des deux séances de la Cour de Justice, envoyée eu Guyenne pour
ET DES AUTEURS CITES. XLVII
l.OISEL (Antoine).
l'eslahlissemeiit de la pacification. A Paris, chez Robert le Mangnier, rue
neufve Nostre Dame, à l'image de S. Jean-Baptiste. 1584.
— *?ût' rumversitè de Parti : el qu'elle est plus ecclésiastique que séculière.
A Paris, chez Abel L'Angelier, libraire juré, au premier pilier de la
grand' salle du Palais. M. D. LXXX\'I. Avec privilège du Roy (à la
fin : extraict d'un plaidoyé faict en Parlement par M. A. L. le vendr.
six et treiziesme juing, et niard. vingt Juill. et douziesme Aoust
M. D. LXXXVI).
II. - 339, 18.
L'OSTAL (Pierre de). Discours philosophiques de Pierre de l'Hostal, esqucis csl Imité de
l'essence de l'âme et de la vertu morale. Paris, Borel, 1579.
LUCAIN (M. Annceus). ' Pharsalia. (Peut-être l'édition d'Anvers 1564, publiée par
Pulmannus.)
I. — 23, 12 — 24, 7 — 36, II — 48, ^ — 59, 2) — 67, 2) —
166, 1/ — 222, 2/ — 304, 7ot — 30e, jt — 309, _; — 362, ; —
363, 29 — 372, 2c9 — 375, 7 — 418, /;.
II. — 27,22 — 50,27 — 265,2/ — 2(1(1,16 — 372, 2r, 26 —
373, 22 — 374, i; — 405, 14 — 547, // — 549, 6, 26 — 550, 79.
III. — 19, 18 — 29, ) — 64, 27 — 109, 2] — 224, 9, 16 — 238, 14
266, 4 — 323, 7 — 371, o' — 375, i; — 426, fi.
LUCIEN. 'Opéra (ou peut-être seulement Dialogi).
I. — 118, 77+ — 122, 24 — 249, 4 — 358, 79 — 586 (titre) —
408 (titre).
II. 189, 7() 570, 2).
LUCRÈCE. * Titi Lucrctii Cari de rcriiin nalura lihri sex. A. Dionysio Lamhino Moiis-
troUensi Utterarum Grxcnruni in urhe Lutctia doctore Regio, locis innumera-
hilibus et auctoritatc quinquc codicum manu scriptornm emendati atque in
antiquum ac nalivum statum feré rcstituti, & prxterea hrevihus, & perquam
utilibus cominenlariis ilhisirali. Parisiis. Et Lugduni habentur. In Gulielmi
Rouillii. Et Philippi G. Rouillii Nep. a:dibus, via Jacobœa sub Concordia,
Cum privilegio Régis, Temporum et rcrum rcsurrcctio, 1563.
I. — 16, 22 — 65, 22 - 97, 72 — 98, 9 — 103, 77 — 108, 6 —
109, S, 20 — 110, Il — 114, 7tS', 2; — 115, 7J-, 77, 18, 20 —
116, 12 — 116, 16, 20, 21, 24^ — 117, ;, 7, II, iS —
118, j, 7 — 122, 16 — 131, 24 — 136, j — 148, 10 —
233, 20, 24 — 234, j — 294, 18 — 307, 26 — 308, 20 —
312, 14 — 333, 77 — 535, 22 - 336, 27 — 337, 8, 79 —
338, 14 — 559, 22 — 344, 2; — 383, S, 10 — 398, 7; —
599, 4 — 418, 14 — 423, >'•
XLVni TABLE DES OUVRAGES POSSEUES PAR MONTAIGNE
LUCRÈCE.
II. — 3,2) — II, ij — i<), 6 — 27, 26 — 28, 77 — 46, ; — 50, 10 —
54, 2) — 56, 20 — 151, (5 — 141, 2) — 149, S — 156, 2S —
160, 14, 22 — 164, 70 — • 165, 16 — 166, 7 — 167, 77 —
168, 7, 70 — 183, 79 — 184, 7 — 188, 4 — 198, ij et t, 20 —
^99i i " — 202, 14 — 208, 72 — 216, 70 — 218, 7j — 222, j —
224, 26 226, 70 234, 9, 72 247, IJ 250, 9, 2)
251, 7, 7;, iS — 254, 70 — 255, j — 256, 77 — 257, 7; —
258, ), S, s, 14 — 282, 27 — 283, 72 — 284, é, 9 — 286, 4 —
289, 77 290, 72, 2) 291, 2] 292, 2/ 293, 6, 11, 21
294, ;, 19 — 295^ 10, ^7, 27 — 501, 9, 14 — 312, 24 — 322, 16
— 325, 4 — 348, 7 — 349, J. 9 — 350, ;, 7 — 353. 7, 12, 2; —
355, -f — 359, ^<^', 2) — 361, ), -"S — 3(^2, 7, 77 — 364, 70 —
365, 70 368, 72 371, 16 372, 4 3S2, 77 ■ — 419, 26
— 443, 20 — 464, 77 — 567, 77t.
III. 2, 27 62, 2;, 26 64, 72 79, 1} 107. 20 I 10, 26
III, é 121, 16 145, S 157, 9 — 1)8, 9, 1} 208, }
211, 4 — 254, 2).
LURBES (Gabriel de). Chronique Bourdeloik'. 1594.
LUSIGNAN (EsïiENXE de). ** Descriplion de loiiie l'hle ck Cyprc, et des Roys, Princes
el Seigneurs, tant Payens que Cbrcsticns, qui ont commandé en icelle : conte-
nant l'entière Histoire de tout ce qui s'y est passé depiiis h Déluge universel,
Van 142 et du monde 17^8, jusques en Van de l'incarnation et nativité de
Jésus Christ mil cinq cens soixante et dou^e. Par R. Père F. Esticnne de
Lusignan de la Royale maison de Cypre, Lecteur en Théologie, aux Frères
Prescheurs, de présent à Paris : composée premièrement en Italien et imprimée
à Bologne la Grasse el maintenant augmentée et traduite en François.
A Paris, chez Guillaume Chaudiùre, rue S. Jacques, à l'enseigne du
Temps et de l'Homme sauvage, 15S0. .\vec privilège du Roy.
LYCOSTHÈNES. Apophtegmata.
MACHIAVEL, m Principe.
I. — 27, 24 — 164, 24.
II. 80, 7 2 431, 7.
III. 16, 24 — 378, 72.
— "rDiscorsi sopra la prima deçà di Tito Livio.
I. — 164, 77 — 366, ; — 367, 14, 79.
— * L'Arle de la gucrra.
I. — 572, 70, 24 — 375, 7.
ET DES AUTEURS CITES. XLIX
MACHIAVEL.
— Hislorie Jîorciiliiie.
I. — 27. IÇ) — 169, 9.
.MACROBE. }}Snliiriinli,i.
I. -97, 'S.
II. —427, 6.
m. - 173, 2i-
M.WILIUS. 'Afrtrci MaiiiUi poêla' Claris. Aslroiwmkon ad Cxsaiciii Aiigiistiini. Lug-
ciuni, apud Tornœsium tvpogniphum Regium 1566 (ou 1551).
I. — 115, 7 — 116, ; — 304, 7 — 567, 26.
II. — 152, 16 — 157, ;, 7, 14, 2ot — 480, j+ — 567, 20.
111.-360,^.
.MARCOWILLE (ou MARCOUVILLE (Jean de). Tiallc aiscigiiaiil d'où procède la
divcrsilè des opinions de Vhomiiie. 1563.
— Recueil niéniorahlc d'aucuns cas niervcillcux advenus de no\ ans et d'aucunes
choses estranges et monstrueuses advenues es siècles passei. Paris, J. Dallicr,
1563.
.MARGUERITE de VALOIS, reine de Navarre. ' L'Heplauiéron des nouvelles de très
illustre et très excellente princesse Marguerite de Valois, royne de Navarre.
I. - 56, ;.
IL — 4, 2S.
III. — 142, S.
.MAROT. 'Les œuvres de Clément Marol. (D'après rédition Jannet, 1868-1872.)
I- — 145, 2).
II. — 55, 9+ — 454, /•
III. — 120, 21.
MARTIAL. • Epigrammata.
I- — 56, i — 504, )" — 576, 6 — 5S2, i, ; — 383, 7t, /yt, —
384, 2; — 406, ;, r,.
IL — 27, y, 20 — 65, _/ — 107, 10 — 179, 2j — 188, 2) — 343, i', 1) —
382, i — 413, ; — 421, 26 — 437, 2; — 453, 9 — 484, 9 —
487, 10 — 560, 27 — 578, 9 — 602, //t.
III. 70, 24 74, 7/ 89, 10 104, i^', 16 123, 72 77
124, 28 125, 1 129, 27 141, 1 156, 14 189, 27 —
264, " — 378, 2; — 390, ;■
L TABLIi DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
MASSARIUS. " Fidiicisii Mussarii Vciicli tu tioviini Pliiiii De iniliimli hisloria lihniiii
cnsti^^at'wiies cl atmolalioiics. Qiiisqiiis de nalttra aqualiVnnn ac reiiioliorc
pisciiiin cogiiitipiic edoceri ciipis, buiic Massaru commcntaritim emc et lege.
Adiniraberis hhorem ac vigcninin homiiiis caiididissiiiti, qui longe maximain
operam in hiis indagandis, ni sliid!o>:i jnvdieninr, insinnpsil. Froben, Basilea;,
anno 1 537.
MAS\'HRIUS. * ' Masverii jnrisconsuUi galli prndiùi foiensii casiigalius qnani anlehnc cdiUi
cl in novis addilionihns swnnariisqne aacla et locnplelala, ac indice copiosis-
iinio iUiisIrala. Hiiic adjectus est lihellus De Exccplionihus in ulroque foro.
M. Nepotis a Moule Alhauo, qucm Uhrum fugilivnm vocaul. Parisiis, apud
Hieronymuni et Dionvsiam de Marnef, fratres, sub Pelicano in Monte
D. Hilarii, 1555.
MAURO. "Le nnlicl.'ila Jelhi cilla di Roma hnvissinuvncvie raccolle da chinnqne lia
scrilto, ô aulic(^, moderno, per Liicio Manro, che ha volnlo parlicolarnieute
liilli questi luoghi vedere : onde ha corrctti di molli errori, che ne gli altii
scriltori di qnesie antichilà si leggono. Et insiemc anco di tuile le statue
antiche, che per lutta Roma in diversi luoghi, e case parlicolari si veggono,
raccolle e descriltc, per M. Ulisse Aldroandi ; opéra non fallu piu mai da
scrillor alcuvo. In \'enetia. apprcsso Giordano Ziletti, ail' insegna délia
Stella, 1558.
MAXIMIANUS. VoiiGallns.
MÉXANDRE. 'i'îEx comœdiis Menaudri quce supersuul (acceduul c coniicis gr:rcis XLI
dcpcrdilis scntciili:r). i > 5 5 .
I. — 290, 17.
MHXIA (Pldro di). ": Les diverses Icccu^ Je P. Messie. (Traduction Claude Gruget.)
1. — 12, 20 — 35, i — i9, '^ — 122, nj, 2;, 24 — 130,77 —
151, 2S — 132, 70, 16 — 137 (titre), 14, 16 - 196, 20 —
235, Il — 2S9, 72, 27 — 296,7 — 386 (titre).
11. — lo(titie) — 166, 2û — 191, 79 — 324, 26 — 329, 27 —- 430, 24 —
434, 27, 22 — 4S9, 7; — 496, ;.
.MILLE T i>i; S. AMOUR. Voir Zonaras.
.MONLUC. Œuvres (édition de Ruble).
.MON'STRELHT. 'Chroniques d'Euguerran de Monsirclel, GeuUrhomme jadis demeurant
à Cambras, en Canibraisis. Coulenans les cruelles guerres civilles entre les
maisons d'Orléans et de Bourgongnc, l'occupation de Paris et Normandie par
les Anglais, l'expulsion d'iceux, et autres choses mémorables advenues de son
temps en ce Royaume, & pays esiranges. Histoire de bel exemple cl de grand
fruicl aux I-'raiiçois, commeuceaul eu l'an M. CCCC. ofi finis! celle de Jean
ET DES AUTELIÎS CITES.
MONSTRELET.
Froissai!, et Jiiiissniil eu l'an M. CCCC. LXFIf, peu outre le commeuccmeiil
de celle de Mess. Philipes de Connues. Reî'cue et corrigée sur Vexemplnirc de
la librairie du Rpy, et enrichie d'abbregei pour l'introduction d'icelle, & de
tables fort copieuses. A Paris, chez Guillaume Chaudière, rue Sainct
Jaques, à l'enseigne du Temps et de l'Homme sauvage. M. D. LXXH.
Avec privilège du Roy.
I. - 374, ;, iS.
II. —495, 22 — 569, ,'.
MONTAIGNE (Michi-i. de). •' Les Essais (cdhion dci-)'S.S).
Pour les Ephéiuirides annotées par Montaigne, voir Beuterus.
— "Journal de voyage en manuscrit (cité d'après l'édition Lautrey,
Hachette, 1906).
I. — 75, ,V — 123, ,- — 191, 19 — 238 (titre) — 53S, / — 372, 24 —
378, /9 — 395, ; — 407, /(), 24 — 408, 1 — 410, 2 — 413, 2;
— 420, 6.
II. — it, 9 — 41, ' — 84, i — +105, 24 — 131, i; — 200, 7 —
243, i<; — 249, 12 — 374, 22 — 382, 22 — 38), /<) — 438, /;
— 448, 14. iS -- 459, 9+ — 494, 26' — 499, /.V — 522. 29 —
592, 6, II — 599, 19 — 600, 21 — 601, 70, 12.
III. 113, 16 125, 16 140, 2; 148, 12 — I)0, 20 —
242, 6, 10, 2S — 257, jcV, 26 — 238, 7, II) — 272, 20 — 274, I ) —
276, 9 — 281, 2^ — 292, 12 — 303, .y — 310, /j — 315, is —
317, J — 566, 16 — 381, 22, 2J, 2<) — 5S5, 21 — 586, 14 —
387, J ~ 592, 20 — 597, n) — 400, 2, ? — 402, 4 — +405, ; —
409, 4 — -jio, /, 7 — 412, ; — 414, ;, ;-/, t/o — 415, ;.
.MONT.\NUS. ** joannis Ferrarii Montani, de Republica bcnc instituenda, Par.rnesis, in
qua tant privati, quant qui aliis prœsunl, ojficii siii non sine pietalis studio
prœslandi, secus atque a philosophis tradituin sit, nwnentiir. Accessit reruin et
verboriun meinorabiliinn copiosissimiis index. Basile;v, per Joan. Oporinum.
1556.
.VIONTDORÉ (MONTAURHUS). Pièces diverses, peut-être en manuscrit.
MORUS. Utopie.
.MUNSTER. "La Cosmographie universelle, contenant la situation de toutes les parties du
monde, avec toutes leurs propriété^ et apartenances ; la description des pays et
régions d'icelux ; la grande variété et diverse nature de la terre ; le vray pour-
Iraicl d'aucuns animaulx cstrangcs, avec le naturel d^iceulx; les figures et
TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
MUNSTER.
pomiraicts des villes cl cile\ les plus notables; les coiistumcs, loix et religions
de toutes vatioiis, avec l'origine, accroissement et transport des Royaumes et
Seigneuries, et les généalogies et faicti des Roys, Duc:^ et autres Princes de
tonte la terre, continuant jusques à uoslre temps, par Sehast. Monslere.
(C'est l'édition de 1565.)
I. — 264 (titre).
.MURET (Marc-.\ntoi\e). * Ouvrages divers.
1.-225,27.
.MUZIO. // Gcntihuomo.
— Duello del Mu-^io ccn le riposte cavalleresche . 1550.
XICÉPHORE (Cam-Isii;). 'Histoire ecclhiaslnjne (cité d'après la traduction française
de 1586).
I. ~ 261, ;.
II. — 37, 2} — 91, 6, 7.
III. — 76, 20.
XICÉTAS. ??Cité d'après Juste Lipse.
I. —415- 20.
XIZOLIUS. " Marii }\i-^oHi Brixelkvsis in M. T. Ciccroncm ohservationcs utilissinur :
omnia illius verha, universamque dictioncm alphabeti ordine compleetentes,
totiusque Latinœ lingnx usuni methodo tant commoda demonstrantes, ut ex
sohv omnium grammaticorum, omnium hoc in génère commentariorum vice
esse possint. Doctissimorum denuô viroruni opéra non parva vocum accessione
locupletala postremaque hac editioiie innnmeris propeinodum ad mendis
siimina cura judicioque repurgatœ. Ejusdeni Marii Niiolii libcUus, in quo
vulgaria quxdam verba et parum latina, ad purissimam Ciceronis consuelu-
dinem emendaninr, ab iisdem et accuratius limatus et locis non paucis locu-
pletatus. His accessit diversorum Ciceronis excmplarium coUatio, qtia ccu
Tl)csei jilo in singulis locis, qui hic citantur invesligandis, uti commodissimc
ac citra negolium licchil. Lugduni, apud lia."redes Seb. Gryphii, 1562.
OCHIXO (BiîRNAiiDiKo). ■ * 11 catechismo, 0 vero institniicne chrisliana di M. Bernardino
Ochino da Siena, in forma di Diahgo, Intcrlocutori. il Ministre et Illumi-
nalo. In lîasilea, i 561.
— 'Disputa di M. Bernardino Ochino da Sieini inlorno alla prescn-^a del corpo di
Giesii (Ihristo ncl sacranicnio dclla ccna. In Basilea, 1561.
ET DES AUTEURS CITES. LUI
OPPIEN. ' Oppiaiii de vcimlioiic lihri IF. Joan. Bodiiio Andegavensi interprète. Ad D.
Gahrielc Boverium Aiidiiiin episcoptim. His accessit cotiimenlariîis, varias,
et multiplex, ejttsdem iiilerpretis. Lutcti;e, apud Michaelem \'ascosanum.
\'ia Jacobcea sub insigni fontis. M. D. L\'. Cuni Privilégie.
II. — 18), 22 — 186, 9.
OSORIO. ^' Hieroiiyiiii Osorii Lusiiaiii, Silveiisis in Algarhiis cpiscopi, de rébus, Einina-
iiiielis régis Liisitaiiiae iiivictissiini virtiite et aiispicio, aiiiiis sex ac viginti,
domi forisque gestis, lihri duodecim ; quihus polissimum ea qiix in Africa et
India hclla coiifecit, explicantiir. Adjectus est renim ac verbonim index.
Coloniit .\grippiiiae, apud ha^redes .\rnoidi Birckmanni. 1574. (Pour
la traduction française, voir Goulard.)
I. — 264 (titre) — 270, ;, II) — 271, // — 273, I) — 275, } —
310, 9 — 414, /(?.
II. — 470> 2).
OSSAT (Cardinal de). Lettres du Cardinal d'Ossnt, édition d'.\msterdara, 1708.
OVIDE. 'Opéra.
I. — 10, 24 — 66, 4 — 96, / — iio, 4 — 123, 4 — 132, j —
152, 9 — 297» " — 540, ; — 382, i^'-
II. —46, // — 55> ^ — 58- '^ — 94, '9 — i5<', '^ — 137, ;, 2; —
186, 1} — 200, 24 — 202, 6 — 250, 6 — 271, I), 16, 2^ —
272,5,// — 274,// — 308,2^ — 309,1; — 322,^ —
3Î7, " — 357, ;, //, /6 — 381, 1) — 382, 72 — 383, 2; —
385, 2; — 598, i) — 405, 2j — 414, /; — 465, 2; — 490, 4 —
518, 10 — 567, 14.
III. — 18, iS — 48, 2<y — 58, ;/ — 70, II — 72, 27, 24 — 87, 7; —
99, 77 — 100, 9 — 109, 18 — 121, 26 — 126, 7 — 131, '^' —
141, 10 — 190, j — 198, 77 — 238, 7, 7; — 245, 2 — 275, 14 —
280, j — 328, 77 — 332, ; — 347, 4 — 389, 2,9 — 393, ^ —
595, 15 — 405, 10.
P.\C.\RD. Théologie naturelle.
PACU\'IUS. ??Cité d'aprcs Cicéron et Juste Lipsc.
I. — 174, ;.
PAN\'INIUS. " Oniiphrii Panvinii, Veronensis, fralris erewila:, augustiniani, Roma-
noruni principum et eorum quorum maxima in Jtalia iniperia fueninl
libri IIII ; cjusdem de coniiliis inipcratoriis liber in qiio universa Iniperatorum
eligendorum ratio, ab Auguste Crsarc, usque ad Imperatcrem Carolum V
Augustuni SiVpius inimutata explicalur. Item iniperii romani divisio in Occi-
dentale et Orientale, cum altcrius excidio, cjusque pcr Carolum Magnum et
LIV TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
PAXVINIUS.
Oihonem Aiigusios rcsliiulio rcferunlur. Basilea.-, per Henricuni Petrum,
anno 1 558.
— ' ' Omiphiii Paiiviiiii, Veroiiciisis fratris cremitx Augustiiiiani, Reipuhlica:
RomaihT commenlariorum libri Ires ci aVta qtixdam quorum sérient scijuciis
pagella indicabit. Venetiis, ex officina Erasrniana, apud Vincentium
\'algrisiuiTi, i 558.
PAPYRE MASSON. " Papirii Massoui aunaUuin libri quatuor, quibus rcs gcsix Fran-
corum cxpUcautnr. Ad Hcnricum lertium rcgem Fraiidx el Polcuia'.
Lutcti.T, apud Nicolaum Cliesneau, via Jacoba^a, sub quercu viridi,
1577-
I.-552, i^.
PARACELSE. Opcra. (Genève, 1658.)
PARADIN' (Guillaume). ' Coiitiiiuntiou de Vhisloirc de uosirc temps. Lyon, 1556 ou
Paris, 1375,
ou peut-être même :
L'Histoire de nostre temps (1558 ou 1 56S).
II. — 51,^.
III.- 115,2^.
P.\RE (A.mbroise). Œuvres complètes d'Ambroise Paré revues et collatiounces sur toutes
les éditions, avec les variantes, par J.-F. Malgaignc. P.iris, J.-B. BailICre,
1840.
PAUL É.MILE. ^•oir Emilius Paulus.
PASQ.UIER (EsTiEKNi;). Œz/î'/cv (^édition d'Amsterdam, 1723).
PERSE. * Persil salira:
I. 180, ) 187, // 205, 21 21 1, cV 212, 7 yl2, S
518,20 — 321,7,/; — 338,; - 385,; — 417,//,/./ —
418, <;.
II. — 247, 22 — 389, 2; — 400, I — 401, 9 — 444, ; — 452, ;.
III. — 62, 22 — 252, ./ — 310, }*.
PI"rR,\RQ.UE. *'// Petrarca, cou uuove et brevi dichiarationi, iusieme una tavola di
tutti i vocaboU, detli. et proi'erhi difficili diligenlemente diehiarali. In Lyonc,
appresso Gulielnio Rovillio. (1550.)
I. — II, />■ — 305, 12 — 561, 4.
H. — 305, // — 438, 21.
KT DES AUTEURS CITES. LV
PÉTRONE. 'Salyriav!.
I. — 137, I.
III. — 290, // • — 390, 4.
PHILON. **<l'iA(ov;; 'I:jîaî;u £t; Ta t;D MÛteio;, v.scii.o-o'.r^-'.Y.x, Iz-zpv/.x, v;;;.oO£Tixà.
Philoiiis ]udœi in libros Mosis de inundi opificio, bisioriros, (/<■ legibiiî.
Ejusdcm libri siiignlarcs. Ex bibliotheca regia, Parisiis, ex officina
Adriani Tuniebi tyographi regiis typis. M. D. LU. 1552.
PHILOSTR.\TH. }} Vie d'Apollonius Thyanciis.
II. — ]6o, 2.
PIBR.\C. 'Les (]iiatraiiis du Seigneur de Pibrac (conlenanl prèeeples et euscigneiueuls utiles
pour la vie de l'homme, composeià l'imitation de Phoeylides, d'Epieharmus
et autres anciens poètes grecs).
III. — 220, II.
PICHOTUS. "De aniinoruni natura, morbis, viiiis, noxis, horumqiie curatione, ae medela,
ratione niediea ac philosophiea . Auctore Petro Pichoto Andegavo, Medico
Burdigaleiisi. Burdigahv, ex officina Simonis Millangii, Burdigalensium,
typographi, via Jacobea. 1574.
II. — 215, 16.
PL.\NUDE. Voir Esope.
PLATON. 0^?/rt (traduction latine de Ficin, cité dans l'édition de 1546).
Aleibiade. I. — 185, 12 — 418, i6\
IL — 275, ) — 287, 12 — 351, 14.
III. 304, /;.
Apologie de Soerate. IL — 220, 2;.
III. — 241, //, i.j — 345, 14, 2; — 344, ;, 6, 14, i-j —
545, 7, 70, 77.
Banquet. I. — 130, 6 — 243, // — 244, 16, 20.
III- — 117, ) — 127, 9 — 146, ï} — 322, 7/ — 421, 7/, 7<V
— 422, 2, ;, 77.
Cratyle. IL — 304, j.
Critias. 1. — 37, ,y — 282, 4.
IL -- 276, 24.
Criton. I. — 152, 10.
m. — 241, ift, 20.
Euthydème. I. — 206, iS.
III. — 182, 24 — 348, 77.
LVI TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
PLATON.
Gt'igias. I. — 258, 10 — 341, <S' — 392, 7.
II. — 248, 14 — 260, 16.
III. — 186, 5> — 267, 19 — 352, 21 — 370, icj — 377, 24.
Hippias. I. — 185, 27 — i8é, 4 — 202, 21.
Ion. I. — 303, iS.
II. — 21, 79.
III. — 270,5.
Lâchés. I. — 52, 7; — 53, i-
II. —497, i-
III. — 103, j.
Lettres. III. — 217, 9 — 330, 27.
De Legihiis. I. — 79, 7; — 148, 79 — 151,7 — 214, 77 — 215, 77 —
224, / — 259, 24 — 269, 8 — 296, 16 — 347, 7, 79
— 371, 9 — 409, 2) — 414, 14 — -119, '<■
II. — 17, 77t, +7é — 18, tj,+^ _ 28, 7 — 76,77 —
88, 7 149, 27 185, 22 — 221, 22 297, 7
305, 24 — 404, S — 417, 77 — 497, 8 — 5)3, t22.
III. — 44, 72 71, 7 74, 16 117, 72 129, 16
174, i — 246, )0 — 271, ; — 279, 18 — 402, 9 —
418, 16 — 423, 22, 24 — 424, 7 — 428, ;.
Mcnon. I. — 178, 22.
II. — 300, 9.
III. — 367, 7 — 374, ;.
Panneiiide. II. — 261, 72.
Phcâou. I. — 20, 22 — 69, 70 — loi, 7, 2.
II. — 2é, 7 — 125, 70 — 291, 7 — 348, 4 — 417, 77 —
465, ij.
III. — 398, 29 — 423, 27.
Phèdre. II. — 91,7 — 319, i).
III. — 50, 7 — 73, 22 — 241, 18 — 270, i.
Politique. II. 159, 70 224, 72 325, 9 417, 77".
Prolagpras. I. — 179, 4.
III. — 142, 2 — 182, 24 — 416, I}.
République. I. — 49, 2<S' — 137, is — 182, C>, 22 — 193, j — 211, j —
260, 7
II. — 76, 2 — 150, <S', I ; — 240, 22 — 241, 2 — 248, 7./ —
274, 7<; — 281, 2 — 292, 14 — 337, 4 — 399, I] —
421, 4 — 455, 10 — 467, 2 — 590, 7.
III. — 95, ;, 79 — 143, 9 — 144,; — 151, 14 — 180, 77 —
188, 26 223, I — 266, 77, 18 352, 22
380, 7 — 393, 9 — 423, 27 — 427, 7;.
ET DES AUTEURS CITES.
PLATON.
Théagvs.
Théélèle.
Tiiiu'c
Divers.
I. — 192, 72.
1- — 175. i-
II. 236,7 261,2 277,;,/-/ 348, .,(, 3J
367, 10, rr, +r/.
m. -5i-I.^/--
I. — M, 14 — 47. 7 — 265, ; — 36S, 4.
II. — 21, / — 154, /y — 159, j6 — 200, II — 201, (S' —
221,2^ — 232,22 — 233,; — 258, ;<Ç— 273, 26 —
275, 26 — 300, I) — 519, ij — 326, j, ^14 —
41e, I ) ■ — 588, /.
II. — II,/ — 300, I.
ill. — 103, j — 115, 1/
74, l'i — 411, -/ — 42
PL.\UTE. * Ccmœdiac.
I- — 535, 20 — 405, 9.
III. — 84, 1} — 192, <y — 223, ij.
PLINE (l'Ancien). * C. PVtnii Scciiiidi, hisloricv ualuraVn libri Irigiiiln sepleiii.
I. — 10, I) — 12, 20, 21, 21 — 15, 2 — 41, ;<Y — 102, ij —
105, 5? t, jo, 12, i/, // — III, / — 122, i^), 2) — 132, 6, S —
137, 12 — 234, 2} — 235, II — 289, 2y — 290, I — 296, 24 —
351, 22 — 371, 9.
II. — 25, (? — 30, r^ — 40, 7 — 159, II) — 160, jt — 162, 4 —
163, 26 — 171, 24^ — 176, / — 180, 2 — 181, 2, 9 — 200, I —
250, 79 259, 6, 12, 72, 7/, 20, 22 263, 7, 2<S' 278, II
504,; — 361, /+, 9 — 373> 7 — 375^14 — 380.9 —
434. 27 — 474, 17 — 475, ; — 485, 26 — 491, 26 — 568, 7 —
582, ij — 587, 9, 77 — 388, 2; — 590, 2y — 591, <? — 592, 6 —
593, S, n — 611, 77.
III. — 74, 18 — 119, ; — 120, 22 — 149, 72 — 218, 2j — 241, 6 —
274, 22.
PLINE (le Jeune). ' Qui Plinii Sccmidi episicliiniiu libri X (iwec le comment.iire de
Castancs. Peut-être l'édition de 1552 ou celle de 1533).
1. — 518, 7; — 323, 7, ;.
II. — 436, A' — 557, 2; — 559, 2, — 560, 9.
PLOTIN. " Ploiiin Diviiii illiiis è Platonica fninilia philoiophi de rchiis Phihiophicis
libri LIIII, in Eiincades scx distributi, a Marsilio Ficino Florentiuo c grxca
Uiigiia in laiinam versi et ah codent doclissimis commentariis ilhistrali,
omnibus mm grœco exemplari collatis cl diVigenter cas'.igaiis. Basile»;, per
Thom.im Guerinuni, anno 1559.
LVIII TABLE DUS OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
PLUTARQUE. '" ir/.:J-a;'/.:j \x:^by/iii): -a,îi/,/.r,/,a âv |i{:iç 'E/./,r,vcôv-ri, y.x:
'Pii);j.3iti)v.
Plnlairhi Chxrouci qiur vocaiiliir Parallela : hoc esl l'ila: illustriuin vironiii:
Gnrci nominis tic Latiiii, proiit qiiaquc altcri convcnhc videhaiur, acciinilins
quam antchac unqiiam digcsiœ et castigalx. Froben, Basileœ, 1560.
— 'La J'its des hommes ilhislres. Paris, \'ascosan, 1563, ou l'une des édiiions
suivantes :
Préface d'Anixol. I. — 177, 21.
H. — 115, 14 — 575, 14.
III. — 19a, iC> — ■ 421 (texte 15S8).
Theseiis cl Romulus. II. — 285, 7tV.
II. — 26S, 14 — 301, 2j.
m. — 7, 2 — 146, /;.
Lxcurgus et Niiiiia PompUius. I. — 70, /j, 18 — iio, /; — 151, 2) — 184, 2.
II. — 165, 9 • — 338, 9 — 582, 4 — 478, 14 —
488, 14 — 528, 12 — )29,4.
111. — 197, 17 — 359, 22.
II. — 243, 6 — 404, 26 — 516, 2.
Soloii et Pnhlicold. III. — 219, iS.
II. — 19, 22.
Pciiclès et Maximiis. I. — 24, 16 — 157, -/ — 324, 1} — 323, y, 24 —
391, é.
II. — 611, 2^.
III. — 26, 18 — 57, 20.
Alcihiade et Coriohni. I. — • 217, j.
II. — 409, 2 — 568, //.
III. — 63, 2; — 369, 9.
II. — 574, )-.
Paul Emile et Timolcon. I. — 96, 77 — 107, 27 — 233, ; — 331, 21 —
594, S.
III. — 208, 6.
I. — 290, 79 — 308, 2/.
Pclopidiis et Miircelhis. II. — 3, ; — 4S9, j.
I. - 174, 6.
Arislides et Maictis Calo. 1. — 396, 77, ij, 16.
II. — 139, 72, 2), 26 — 501, 9 — 587, 16.
III. — 173, ^..
Pbilopwmeii et Flaiiiiiiius. 1. — 157, 9 — 352, ^i-
II. — 421, 6 — 496, 18 — 302, ^.
IH. — 585, 29.
1. — 264, ; — 384, 79.
II. — 501, 14 — 528, 8.
111. — 109, 14 — 408, 29.
ET DES AUTKURS CITES. LIX
PLUTARQ.UE.
Pyiriis et Giius Marins. I. — 264, / — 505, i — 344, ij — 564, 2S.
II. — 528, p, 21.
m. — 409, 2.
I. — 156, 16 — 531, 7.
II. — I, ; — 121, 2S — 455, ij.
III. — 18, 9 — 29S, 2;.
Lysandcr et SxUa. I. — 27, 24 — 156, 27.
II. — 456, /(), 2iS' — 4S8, 9.
I. — 163, iS — 551, 12.
II. — 172, 16 — 534, 7.
111.-270,7.
CillWll L-t LlhllIhlS. II. — 96, /; — 531, /(;.
III. — 100, /.
Xicias et Marciis Crnssiis. I. — 17, /,' — 378, <?.
II. - 575, I.
II. — 189, 22.
Sciioriiis et Ftimeiws. I. — 365, 9.
II. — 189, 2; — 404, 2(î.
I. — 28, ji.
H. — 189, 22.
III. — 12, 14.
Jgi-silaiis et Pompàus. I. — 305, /; — 362, cV, /,) — 565, 6— 570, />-.
II. — 382, /; — 457, /,) _ 553, 27.
III. — 18, 6 — 100, 7, ; — 450, 16.
I. — 17, 7<S' — 156, 24 — 18), 2; — 251, 16 —
?5 5, 7-
m. — 26, 14.
Alcxamlrc et JiiUus Cœsar. I. — 1 56, 26 — 167, 2 — 216, 20 — 357, 22 —
349. '} — 56)1 2 — 390, 2 — 405, I —
t388, 22.
II- — 235, ; — 4)9. i) — 309, 1 — 568, 7 —
369, 7^ 570, 70, 77, 77, 72, 72, 7,% 20.
III. 9, 2; 272, 7 ■ 304, II.
I. — 76, 2^ — 305, I) — 562, (9, 70 — 370, 77.
II- — 45. 4 — 374, 22 — 409, 2 — 49e, 7; —
557. 2 — 540, 16 — 548, 20 — 535, ;.
III. — 18, 7 — 94, ;- — 100, 7 — 169, 9 —
587. 24.
Phocioii et Caloii iVUliqnc. III. — 209, 27.
I- — 220, 24 — 3)0, 6, ij — 3S2, II — 420, ?.
H. — 378, 77 — 457, 70 — 539, 9.
III. — 100, 7.
LX TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
PLUTARQUE.
Jgis et Clcomniei. I. — 365, 4.
III. — 408, 20.
l.-3i,j.
II. 29, 7(7.
Tibaiiis et Gains Gnicci. I. — 246, 11 — 597, j.
1I.-Î590-.
Dt'iiiosl belles et Cieero. I. — 324, 2/.
Hl. — 21, j — I II, 2<;.
I. — 103, 2; — 171, /;.
m. — 270, 7.
Deiiielfliis et Aiilcuius. II. — 99, Je?.
111.-113,2^.
IL- 482,^.
III. — 64, 16 100, / — 149, 72 256, 7.
Artaxerses. II. — 13, 16.
Dion et Marais Bniliis. III. — 48, /.
I. — 62, ^ ■ — 365, 70 — 390, 14.
n. -54). ;•
III. — 262, 24 — 330, 20 — 420, 2.
Galba. 111. — 131, /.
Olboii. I. — 549, iS — 364, )-.
— * Les Œuvres morales et iiieslées de Plnlanjiic, Iraiislalécs du Grée en François
par Messire Jacques Amyol, à pirsenl Ei'esijiie d'Aiixcrre, conseiller du Roy
eu son privé Conseil et grand Auinosnier de France, revene et corrigée en
infinis passages,... à l'aide de plusieurs exemplaires vieux, escripts à la main,
et aussi du jugement de quelques personnages excellens en sçavoir. A Paris,
lie riniprimeiie de Michel de \'ascosan, M. D. LXXII. Avec Privilcge
du Rov.
Episirc au roy.
1- — 539, 24.
Comment il fiiiill nourrir les enfans.
II. — 520, 16.
Comment il faull ouïr.
I. — 177, ;/ — 196, 20.
"• — 335. '7 — 5)8, 21 — 490, 6 — 519, 16 — 572, ij.
ni. — 184, 27 — 193, 7 — 205, 2; — 263, ;;, 14 — 391, 22.
ET DES AUTEURS CITES. LXI
PLUTARQ.UE.
De la Vertu morale.
I. — 41, 14.
II. — 60, ) — 120, / — 317, ly.
111.-567,7.
Du vice cl de la vertu.
I. — 82,2.
Que la vertu se peult enseigner.
III. — 174, j — 41e, ;.
Comment ou pourra distinguer le Jlatteiir d'avec l'amy.
I. — 153, / — 525, j;.
II. — 3, I) — 170, 4 — 304, 22 — 409, I.
III. — 4, ; — 11,2 — 113,2^ — 118, jj — 171, 2^, 2<s' — 175, <y,
14, U) — 189, ; — 205, 2; — 258, 8 — 273, 51 — 283, 24 —
304, )■
Comment il fault refréner la colère.
I. — 24, 22 — 25, 20.
II- — 359, ; — 517, 4> 27, 27.
III. — 44, 26 — 210, 14 — 38e, ly — 394, 2.
De la Curiosité.
I. — 74, 26 — 2S4, 14.
11.-42,4.
III. 7, iS — 76, 2/ — 121, 2/ 137, 20.
De la Tranquillité de l'àmc.
I. — 290, 17 — 313, j.
IL — 152, 9.
III. — 23, 12 — 75, /, 7 — 108, 21 — 171, 26 — 173, }o — 189, / —
206, 2J 210 (texte 1588) 391, 27.
De la mauvaise honte.
I. — 203, 77.
III. — 82, 29 — 102, 2j ■ — 179, 9 — 300. ) — 520, iV.
De l 'amitié fraternelle.
I. — 240, 22 — 252, 6.
III. -68, 7 - 375, ;.
LXn TABLH DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGXE
PLUTARQUE.
Du trop parler.
II. — 34, 29 — 430, 24 — 568, 14.
III. — 137, 20 — 287, 19 — 591, )-.
De l'avarice.
II. —75, 20.
De l'amour & charité ualurellc des pcrcs envers les eufniis.
II. — 71, > — 90> 9-
III. — 339, ;;.
De la pluralité d'amis.
11. - 3, ')■
III. —43, 24 — 367, 7.
De l'envie et de la haine.
I. — 216, 7.
III. — 346, S — 359, 71? — 361, 6.
Comment on pourra recevoir utilité de ses ennemis.
II. — 121, 26.
m. — 105, 2 — 184, 2/ — 239, 9.
Comment on pourra s'apercevoir si l'on amende et profite en l 'exercice de la vertu.
1. — 176, 2, iS — 197, 26.
II. — 218, 22 — 223, 20.
III. — 299, 12 — 304, 24 — 381, I.
De la superstition.
II. — 254, 4, II.
III. — 68, ^.
Du bannissement ou de l'exil.
I. — 204, I.
II. — 307, 9.
m. — 241, f> — 247, 12 — 285, 4 — 585, s.
Qu'il faut qu'un philosophe converse avec les princes.
m, — 79, ;/.
Que le vice est suffisant pour rendre l'homme malheureux.
I.— 143, 7/1.
III. - 287, 27.
ET DES AUTEURS CITES. LXIII
PLUTARdUE.
Cotmueiil ou se petill louer sov mcsme.
I. — 5, /-/ — 163, iS.
II. —46, 21.
Les Prëeepies de mariage.
I- — 35, ; — 127, J> — 260, 14 — 566, ).
II-.- 415,;-
Banquet des sept sages.
I. — 107, 10 — 290, ly — 344, 10.
II. — 585, 2(>.
\\\. — 26, 7 — 412, ij — 426, 14.
luslnicl'wu pour eeuh qui mauicni affaires d 'Estai.
I. — 6, 17 — 220, /^ — 260, 21 — 352, 7, 10 — 541, 2, I).
II. — 319, 16 — 521, 27.
III. — 26, 10 — 520, 7 — 368, 29 — 402, I].
Si l'homme d'aage se doit niesler d'affaires publiques.
I. — 332, 7 — 339, 11.
II. — 8, 2,?.
Les dicts notables des aueiens Roys, Priuees et grands Capitaines.
I. — 74, / — 79, jS — 98, 20 — 164, 2S — 168, 27 — 325, /;-, 19 —
327, I) — 537, 22, 26.
II. — 96, 24 — 97, 6 — 98, i) — 135, ; — 550, 'i — 575, 10 —
520, 2 j — 551,7 — 568, ly, 20.
III. — II, 6, 20 — 34, 7 — 77, 2; — 105, 7 — 109, 14 — 152, I —
169, <J 190, 16 218, 27 — 294, 2j — 368, iS.
Les diels notables des Laccdenwnicns.
I. — 88,1/ — 96, /^ — 151,2; — 184,2 - 185, (), 20, 2j —
205, 21 — 21S, 1) — 220, 12 — 296, 6 — 531,9 — 352, 10 —
+ 361, 16 — 363, 24 — 391, I.
II- — 23, 7, ^^ I) — 24, 2 — 162, ; — 254, /; — 26e, ; — 313, 2; —
402, ly 502, I 518, 2), 2<V 520, 2J 568, II.
III. 18, // 156, 22 294, 12.
Les vertueux faiets des femmes.
I. — 146, 7 — 279, S.
II. — 29, 6.
Consolation envoyée !i Apollonius sur h mort de son fils.
II. - 532, ^2.
III. — 64, 14 — 223, II — 249, 79 — 324, 8.
LXIV TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
PLUTARQUE.
Pmirijiwv la justice iliviite diffère quelquefois In punition des maléfices.
I. — 192, 21, 22.
II. 45, <?, l) 46, (5 252, 77 290, !■/ 367, 20 490, I)
520, 16 582, //.
III. — 569, 2.
Q_ut les hesles brutes usent de la raison.
I- — 353> ^■
II. — 171, 12 184, ;2 207, 22 606, 2).
Que l'on ne sçauroit vivre joyeusemeut selon Epicurus.
II. — +210, 24 — 259, 17 — 574, ;.
111.-35,^7-
Les Règles et préceptes de santé.
II. — 540, iS.
III. - 372, 27.
De la fortune ou vertu d'Alexandre.
I. — H, 24 — ti5»7, J — 211,2^ — 212,2.
II. — 569, 14.
D'Isis et d'Osiris.
II. — 138, j, jj, 16, 16 — 247, ].
Des Oracles qui ont cesse.
I. 208, 70.
H. — 237, j}.
III. -32,;.
Que signifie ce mot d.
II. — 566, 29.
111.-278,^ — 374, i'.
Les Propos de table.
1. — 189, 2 — 213, 9, 79 — 214, S — 325, ij — 400, S — 405, I.
II. — 13, 16 — i.i, 7 — 43, 20 — 76, ; — 136, 9 — 233, 16 —
238, 10.
III. 91, 2) 137, 20 — 172, 2.
Les opinions des philosophes.
I. — 401, 72.
II. —258, 77 — 282, 26 — 303, 2.
III. — 81, 77.
ET DES AUTEURS CITES. tXV
PLUTARaUE.
Les demandes des choses roiimiiies.
I. — 385, 16.
II. 139, 70.
III. — 107, 7 — 119, 14 — 309, 6.
Les Vies des Dix oraleiirs.
III. - 251, 26.
De irais sortes de Gciiveriicineiit.
III. —282, 12.
Oncis aniiiiaitx sont les plus advise^.
I- — 197. ;t.
II. — 150, 12 — +162, !<■) — i66, I) — 169, 77 — 172, o, 26 —
173, 7, 70 174, 22 175, 6, 16, IJ, 21 ^— l-jG, 9, 16, )I
177, 70, 20 179, 22 180, 2, 70 181, I4, 20 182, 72
184, 14 185, 24 186, 77 187, 7 190, 76' 194, ),
ih 24 — 195, 4, ih 2) — 196, 7. i6-
Si les Atitènicns oui iiè plus cxccUens eu anues qu 'en leilrcs.
I. — 221, 77.
III. — 152, 4.
Les causes naturelles.
III. -145, //.
Les qucslious plillouiqiies.
III. — 3S2, iS.
Les contredicts des PInlosophes Stoiques.
II. — 10, ^^ — 150, 7 — 255, I — 341, 22 — 349, Ç) — 379 7.
III. — 247, 72.
Des connuiiues conceptions contre les Stoïques.
II. — 160, j — 203, 6 — 207, iS — 208, 22 — 218, 16 — 272, !4 —
567, '7-
III. — 244, 16 — 305, ij — 364, 79 — 398, 2J.
Contre r Epicurien Colotes.
II. — 206, 27.
De l'Amour.
I. — 70, ij — 415, j.
. i-ii. — 88, 7; — 105, 7<y, 7(? — 142, ;-.
LXVI TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAU MONTAIGNE
PLUTARaUE.
De la face qui apparoist au rond de la lune.
II. — 1)8, 14 — 248, 14 — 250, ; — 251, ^ — 259, 22 — 300, I —
Pourquoy la prophcthse P\thie ne rend plus les crades en vers.
111.-365,^.
De l'Esprit familier d: Sacrales.
II. —41 (titre) — 43, 7 — 121. 27, 2^ — 572, i; — 573, ,9 —
574, 9, '2.
I!I. — 17, 12 — 194, 2<J.
De la malignité d'Hérodote.
I. — 302, 77.
II. — 300, i^.
ANGE POLITIEN. " Angcli Poliliani openim tomns primus, epislolariim libres XJI ac
Miscellaneorum centuriam I compleclens. Indicem rerum memorahiliiim calci
operis adjecimus. Apud Seh. Gr}-phium, Lugduni, 1550.
— * 'Jngeli Politiani iomiis sccundus, coniinens ea qum Grseco in Latinum convertit,
Quorum catalogum sequenti pagcUa reperies. Apud Seb. Gryphium, 1545.
— ■ * Opertim Angeli Politiani tertius tennis, ejusdcm Prœlectioues, orationes et
epigrammata complectens. Lugduni. Seb. Gn'phius, 1546.
II. — 487, 24 — 566, 4 — 569, i;.
POLYBE. r: Historiarum libri.
I. — 27, 6.
PONTUS DE THYARD. ':Deu.\ discours de la nature du Monde et de ses parties:
asçavoir, le premier Curieux traillant des choses matérielles : & le second
Curieux des intellectuelles. Par Poutus de T\ard, .'ieigneur de Bissy. .\ Paris,
par Mamert Pâtisson, Imprimeur du Rov, au logis de Rob. Estienne.
M. D. LXXVIII. Avec Privilège du Roy.
Ou peut-être même :
— Les discours philosophiques de Ponlus de Tyard, Seigneur de Bissy et depuis
evesque de Chalon. A Paris, chez Abel Langelier, 1587, avec privilège
du Roy.
II. — 266, /<y.
PORCIUS LATRO ??. Citù d'aprcs Juste Lipse.
I. — 52- '4-
F.T DES AUTEURS CITES. LXVII
PORSIUS (Hexri). * Brievc histoire de hi guêtre de Pêne, faile l 'du mil cinq cens seplaiile
huit et autres suvvaiis, entre Amiirath, troisième de ce nom, empereur des
Turcs, et Mahumed Hodahende, Rov de Perse.
I. - 378, 2V.
POSl'EL (Guillaume). * Des histoires orientales et principalement des Turkes ou Tur-
chikes et Schitiqiies ou Tartaresqucs et attitrés qui en sont descendues. Œuvre
pour la tierce fois augmenté et divisé en trois parties, arec l'indice des choses
les pltts mémorables v contenues. Par Guillaume Pastel, cosmopolite, deux
fois de la retourne et vcritableineitt injormé. Paris, de l'imprimerie de
Hiérosme de Marnef, et Guillaume Cavellat, au mont St-Hilaire, 1575
(ou peut-être édition de 1560).
I. — 72, 12 — 260, i — 293, 16 — 340, 2) — 392, ;.
II. 269, 6 571, 7().
III. — 51, 20 — 120, <; — 550, 10.
PRESSAC. "i Epistres de L. Aniicee Seiieqtte, philosophe très excellent, traduictes en fran-
çois. Avec le Cleandre ou de l'Honneur et de la Vaillance, seconde édition.
A Paris, chez Guillaume Chaudière, M. D. LXXWI (ou première
édition de 15S2).
II. — 84, j — 459, y — 496, ;.
III. — 171, 28.
PRI.\PE.A. ' Diversortim poetarum in Priapum Itisus.
III. — 99, 77 — 151, //, 16.
PROPERCE. 'Elegiarunt UhrilV.
I. ■ — 88, ; — 106, 2j — 202, 12 — 206, 2) — 261, 14 — 269, ; —
320, //.
II. — 103, 7 — 199, 14 — 383, 24 — 384, 9 — 427, 7 — 428, 7 —
507, 12 — 566, /().
III. — 19, 2) — 68, II — loi, 14 — 262, ; — 541, j/) — 571, /;.
PRUDENCE. }': Opéra.
II. — 20, 12 — 478, 28 — 479, 2, 22.
QUINTILIEX. ' Institntianitm oratoriariim lihri XII.
I. — 10, !)- — 137, / — 215, (? — 222, I — 223, ;; — 224, 2/ —
5!), 2i — 346, 27 — 391, ly — 392, r, ; — 4(;o, m.
II. — 146, 7 — +161, 7 — ti6i, I) — 398, 6.
III. — 35, 20 — 66, l'j — III, 20 — 227, 26 — 285, Hj — 3 |i, ) —
352, 12 — 563, II — 391, lij.
LXVIII TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
RABELAIS. '^ Les Œuvres de Maistre François Rabelais.
I. III, / — 171, //— 267, 77 +283, 2_)- 293, 21 338, 2
359, ') — 547, O' — 562, // — 386 (litre).
II. — 16, 14 — 109, 4 — 148, 9 — +181, 20 — 27e, jo — 503, 22 —
308, ;<S' — 542, I — 546, 2i — 303, ij.
111. 4, 2rî 7, 2 29, 10 52, 12 91, 16 109, 21
112, 22 — 297, 13 — 315, ; — 563, 2c?.
RABUTIN. ':Cotiiiiieiitaires des dernières guerres en la Gaule Belgiijue...
RA.MUS. *?P. Ranii regii eloqiieiiiix el philosophia' projessoris, liber de morihus velentm
Gallorutu, ad Carohim Lothniugnm cardinalcm. (Paris, 1359, ou Paris,
1362; Bâle, 1572.)
1- — 574, 21 — 3S1, 16.
— Imtilulionum dialeelicarnni libri Ires. (D'aprùs l'édition de 1553.)
1.-289,27.
— Oratio de projessicne sua.
11. — 275, 21.
— SehoLr physicx. (Edition de 1569.)
II. — 279, é, 22.
— Liber de viililia C. Jul. Cxsaris.
II. — 543 (titre).
RAMUSIO. Le navigationi e l'iaggi raecolli già da Gio. Bal. Raniusio.
R.WISIUS TEXTOR. ' Joannis Ravisii Te.xloris Nivenieusis officiua, nune deinuni post
lot cdiliones diligenter emendala, ancta & in longe commodiorem ordinem
rcdacla per Conradum Lycosihenem Rubeaqiienseni. Ciii hae editione acces-
serunl Ejusdan Ravisii Cornueopix lihelliis, quo contiuenlur loca diversis
rébus per orbcm ahundanlia. Item ejusdem auloris non vulgaris eruditionis
epislolœ, mine recens aecnralius castigalœ cl propris initumeris omnium
copiosissimi. (Cité d'aprùs l'édition de 1552.)
I. — 12, 20 — 105, 2, ), 4, ), 9, 12 — III, J — 122, 4, 24 —
260, ) — 283, ^2 — 284, ; — 315, J — 554, f^.
II. 139, 2} 172, 16 219, 10 342, _J0 368, 7.
111. — 124, 14 — 168, <?.
RESKKE. ' Oralio funehris in e.xsequiis domini Slanislai hosii. Roma, 1572.
RHODIGINUS (LiiDOViCL's-C.i;i.ius). Leclicnum autiquaniin libri Iriginta. (D'après
l'édition de 13 16.)
ET DES AUTEURS CITES. LXIX
RIXGHIERI. "Centogiiiochi libérait, et ii'iiigegiio,novellaiiiniteda M. IniiocenlioRilighieri,
geiililhuomo Bologiicse, rilroi'ali, et in âicci Lihri ikfcrilti. In Bologna, per
Anselnio Giaccarelli, 1551.
RONSARD. 'Œuvres. (D'après l'cdition de 1572.)
I. — 196, 20 — 209, 7.
II. — 144, 26 — 245, /J — t262, 2<>.
RUTILIUS. ': Iliiierariiiiu. Pcut-iJtre dans De prisca c! nom Roiiia auctores varii.
SABELLICUS. ^■oir Suétone.
S.\INT-GELAIS (.Meklik de). ' Œuvres poétiques de Melliii de S. Gelais. A Lyon.
Par .\ntoine de Harsy. 1574.
III. -135, 72.
SALIAT. Voir Hérodote.
SALLUSTE. ' De coiijuratiotie Calilitia', de belle Jugurihiiio, etc.
\.-l-.i) - t3i8w-
II. — 255, II — 394, '•
SAL\'IEX. ' } De guliernalione Dei.
Ou peut-être :
S. Salvieii, evesque de Marseille, du vrai jugement et providence de Dieu,
a S. Salouie, evesque de Vienne : nouvellement traduit de latin en François
par B. B. D. S. A Lyon, par Guillaume Rouillé, à l'escu de \'enise,
M. D. LXXV, Avec privilège du Roy.
n. — 455, 14-
SAXCHEZ (François). '}Franciscus Sanchei, Philosophis et medicis doctor. Quod nihil
scilur. Lugduni, apud Ant. Griphium. M. D. LXXXI.
III. — 366, 24 — 367, I.
S.\X PEDRO (Diego). *' Carcer d'amore tradotto dal magnifico Messer Lelio de Manfredi
Ferrarese de idioma spagnolo in lingtia materna, hystoriato et nuovamente con
diligentia corrctto. A la fin : Stampato in Vinegia per Francesco Bindoni
et Mapheo Pasini Compagni, Nel anno del Signore, 154e.
SAXSOMXO. '* Del governo aniministratione di diversi regni et repuhliche, eosi antiche
came moderne di M. Francesco Sansovino. Libri XXI; ne' qiiali si contengono
diversi ordini, magistrati, leggi, costumi, historié, et altrc cose notabili, chc
sono utili et nccessarie ad ogni buomo civile et di slato con niiova aggiunta
LXX TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MOKTAIGXE
SANSOVIXO.
di pin Repuhliche et Regiii iu diverse parti dcl moiido. In V'enetia, 15 78,
per ordine di Jacomo Sansovino. A la fin : Appresso Giovanni Antonio
Bertano.
II. -382,-,.
SARPI (Fra Paoi.o). Isloriii del loncilio Tridentiiw. 1619.
SAUVAGE (Dekis). *' CrDiiique de Flandres aucicvement coiitposce par auteur incertain,
et nouvellement mise en lumière par Denis Sauvage, de Fontenailles en Brie, ■
Historiographe du Ires chreslien Roy Henry, second de ce nom. A Lyon, par
Guillaume Rouille, à l'Escu de\"enise, 1562.
I- — 519, '4-
m. -52,;,'.
— Les mémoires de Messire Olivier de la Marche, premier maisire d'hoslel de
l'archeduc Philippe d'AusIriche, comte de Flandres, nouvellement mis en
lumière par Denis Sawvage, de Fontenailles en Bric, historiographe du très
chrestien Roy Hcnrv, second du nom. Lyon, Guillaume Rouillé, 1562.
SAXON (le Grammairien). '} Danorum reguni herounupic historia-.
111.-243,2;.
SEBOND. * Theclcgia naturalis, sive liber creaturarum, specialiter de hominc et de naliira
cjus. (Cité d'après la traduction de Montaigne, édition de 1569.)
I. — 307, 2).
II. — 140 (titre) — 141, 4 — 152, ; — 263, 2j — 389, ;.
III. — 280, 26.
SECOND (Jkan). 'Opéra,
m. — 80, 2 — 99, 28.
SÉNÈQUE le Rhéteur (.M. .\nna?us). Édité à la suite de Sénèque le Philosophe,
édition de Bàle, 1 557.
I. — 45, 16 — 122, 4 — 219, 27.
II. — 91,1/ — 112, J/ — 240, ) — 342, 11.
SÉNÈQUE le Philosophe (L. Annaîus). ' L. Annxi Senecx plnlosophi stoicorum
omnium aculissimi opéra qux extant omnia. Ca'lii Secondi Curionis vigilan-
lissima cura castigata et in noi<am prorsus faciem, nimirum propriam et
suani mulata : cjuorum leclio non modo ad bene dicendum, verumetiam ad
bene bealeque vivendum prodesse plurimum potest. Totius porro emendalionis
ratio, quidque superiori editioni accesserit, ex sequentihiis slalim cognesces.
KT DES AUTEURS CITES.
SENHQ.UE le Philosophe (L. AniicXHis).
Index reruiii cl verboruiii copiosis. Cum gratia et privilegio Civsarex-
Majestatis ad decennium. Basilea?, M. D. L\'I1.
De ira.
Cpiisolalioiics.
De Provideniia.
De hcnefuns.
111
De consiantia. 1
De bm'ilale vilac. 1 1 1
De irauquiUilate. 1
De elemeiitia.
Oiieslioii naturelle.
Epi Ire à Luc.
■ 209, 7 — 5S6 (titre).
517, 17, 24 — 321, /, 20 — 522, ;
— 24, 2^
— i)f^. !}
525, ).
— 17-4. i — 2«5, U — 286, }.
— 396, ?t _ 39-, ^.
— 598, 7-
— 54, )"•
— 67, // — 277, I.
— 378, " — 504, 4-
— 155, / — 289, 2J.
— 109, /; — 3S2, 7.
— 98, 14 — 282, 12 — 520, <? — 391, 22.
— 277, ; — 5 '3- i-
— 281, 10.
— 78,24 — 311,7^ — 312,2," — 38e (titie).
— 10 (titre) — 13, 9, I) — 21, 10, 11), 20 — 50, 12, 2j.
— 290, S — 325, 9.
— 4, i"t — 159, 2].
— i,S — 385, 26.
54, !0. 189, 10, 12 363, 2j 570, 10.
14, 12 59, 77 éo, 4 64, 22 67, 26 —
68, 6 — 69, i^ — 71, 7, 70, 77 — 7), 7; — 77, 77
Si, 2j —82, 6 — 83, 7, ,- —97, 7;t _ 98, <y, 77, iS —
100, 7j 102, 9, 22 106, 7 107, ), 16, I/, 7cV, Zy
108, 77, 22 109, S III, 10 112, 70
113, 10 114, 2 115, 22 116, iS 117, 7J,
20, ^21 , 22, 24, 2) I 18, 7, 4, ), 10, I ) I 19, y,
70, 2S 175, 20, 26 — 176, 20, 2cS' 177, 2, <S, 18
181, 77, 72 182, J — 188, 70 1,94, 4 195,
14, 21 196, 7j, 14, Ij, 16^, 20, 26 197, I^
200, j, 7 206, Ç) 208, 2cV 211, 72 216, 2)
218, 22 221, 18, 24 222, 8, Il — 223, ^2, I4
270, 7J 286, 2, Ç) 300, 4 309, l() 310, 14
311, 7;, 79, 24, 2; — 512, 2) — 513, } — 314, 7; —
515, 72 — 316, 7.?, 27 — 317, j, 4, 14 — 319, 27 —
321, +20, 27, 24, 26 522, 7, }, 6, S, 9, II, 14
526, I) '!20 327, 9 333, 77+ 334, 2, 8, II, 22,
2), 2;, 27 — 335, 1,4, 6 — 336, 9, 16, 2; — 537, 77
342, 26 349, 7 381, 20, 26 382, 6
583, 2, 16 — 408 (titre).
LXXII TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR .MONTAIGNE
SÉNÈQUE le Philosophe (L. Ann:-eus).
Ep. à Luc (Suite). II. — 2, 27 — 5, 9, 14, 16, 20 — 4, 7, //, // — 8, ij, ij,
/c^t, 27, 22, 2], 24 — 9, 9, 77 — 10 (titre), 7 —
II, 79, 2<î 12, 6 18, 7 J 21, 2, 7 24, 7, 8,
'J, 10, IT, 14, I), 20, 27, 22, 24, 2), 26, 2J, 2S 2),
1,^1^ — 29, 7 — 50, 7, 2, 7;, 27 — 51,2; —
45, 17 — 46, 5 — 49 (titre) — 51. 77 — 34, 70 —
82, 79 — 121, 22 — 1 5), 2j — 165, 24 — 200, iS —
208, 22, 26 — 217, 2; — 218, 22 — 256, ^ — 238, S —
239, 4 — 261, 6, 14 — 264, 7 — +265, 26 — 285, 7 —
296, 13 — 299, 2 — 341, 7 — 346, 2; — 5)2, 7 —
371, 16 — 377, ^ — 381, 2, ■) — 386, 1(1 — ^:,^\,8 —
■^394> 7 — 397, i(> — 398, 7 — 405, 20 — 464, 9 —
465, 7, 7^, 27 466, 7, 77 471, 9 486, 7
502, 7, 5», 20, 22 — 503, ;, 8, 21 — 519, 77 — 523, ;
— 564, 27 — 576, 20 — 378, 9 — 388, 27.
111. — 10, 2 18, >J 25, 77 24, Ij 32, )
35, 17 — 41, -/ — 42, 27 — 43, 28 — 62, 7, 2 —
71,22 — 73, 22, 2i — 94,; — III, 7i, 77, 20 —
136, 7, ifl 146, 72 — 133, 9 168, 7 181, 70, 2J
182, 7 199, 14 206, 18 210, 27 214, 7;
223, 9 — 233, 14 — 244, 28 — 2)9, 2,' — 261, i —
271, lù 274, / 280, 2 281, / 284, 7(5
285, 16 — 286, 77, 14, 18 — 287, 2^, 28 — 288, ; —
295,72 — 2')T, IJ, 18, !<) — 311,; — 312, 2J —
324, 2; — 325, 79 — 326, 16 — 327, 7, 7 — 328. 4 —
534, 14— 539, 2j, 28^ — 340, 2, 2, 7.^, 16— 541, 7 —
542, 2/ — 346, 7 — 361, 7 — 365, 7 — 382, 77 —
384, 3, IJ, 18 — 388, 9 — 393, 2 — 394, 18 —
396, 72 — 404, 6 — 407, 77 — 408, 9 — 412, 6, 16 —
416, 6 — 418, 7 — 422, 2y — 424, 77 — 426, 72 —
427, 6 — 428, 7^.
SENEQUE le Tragique (L. Ann.-eus). * TragtViUa' ihceiii.
I. — 12, 14 — 22, 9 — 113, 6 — 136, 9 — 265, ; — 343, 4.
II. — 24, 16 — 27, (5 — 216, IJ — 426, 7 — .{27, 77.
SEXTUS EMPIRICUS. ' Stxli philosifhi Pyrrhoiiianim Infohfoscon lihri III, Ouibus
in ires philosopbiœ parles scvertssinie iiiqtiiritiir. Libri magiio ingeiiii acumivc
scripli, variaquc doctrhia rcfcrli : Graxe umiqiiam, Latine iiunc primiiiii
editi. Interprète Henrico Stephano. Anno M. D. LXH. ExcuJebat idem
Henricus Stephanus, illustris viri Hulderici l'uggcri tvpographus.
I. — 149, ''i — 274, J)-
ET DES AUTEURS CITES. LXXIH
SEXTUS F.MPIRICUS.
II. — 20, J) — 175, 70 — 225, iS — 226, 27 — 227, 14 — 229, iS —
250, I, II 255, 16 260, 16 261, I 262, I) 279, 9
282, 26 — 535, 21 — 554, ic/ — 358, 9, 77 — 359, 14, j; —
345, 4 — 347. 21 — 349, 21 — 351, 20 — 560, 2j — 561, 20 —
362, I, 9, 26 — 363, 9, /,- — 364, 72, 77 — 365, 2; — 366. 6
567, 16 — 371, 16 381, 7 505, <S'.
III. - 352, /2.
SIDONIUS APOLLINARIS. *Openi. (D'aprcs l'cdition de Vinet 1 552.)
I. - 384, 7,S\
IH. 74, 77 274, 27.
SIGONIUS. Consolat'w ad Tulliam. (Ouvrage attribué à Cicéron au xvi' siècle.)
SILIUS ITALICUS. ??D« hdh Punico secundo XJ'II libri.
I. — lio, 79 — 296, 77.
SIL\'ES DE i.A SELVA. ** Don Sihrs de la Selva. Comiêça la do;;_nia parle dcl iiiven-
cihle Cavallero Aniadis de Gaula que tracta de los grandes bcchos eu Arums
del esforçado Cavallero don Silves de la Selva cou el fin de las guerras
Rurianas. Junt'o con el nacimicto de los leniidos Cavalleros Eseramûdi y
Amadis de Astra y assi niismo de los dos esforçados principes Fortunian y
Astrapolû. Dirigido al Illustrissimo seiior Don Luvs Ponce de Léon, Duque
de Arcos, Marque- de Zahara, Coude de Casares, Sci'ior de la leal zillc de
Marchcua, etc. Auno dcl uacimiento d'nro Salvador d'M D. y. .\lix.
SIMLER (JosiAs). *Lrt République des Suisses, mise eu François. Paris, Jacques du Puys,
1577 (ou Anvers, 1577, ou Paris, 1579).
SLEIDAN (Jean). ' De statu religionis et rcipiihUcœ, Carolo quinto cœsarc, coniuwutarii.
SOPHOCLE. ??(Cité d'après Érasme et Stobée).
II. — 217, 20.
SORBIK (.\ktoin-e). Exhortation à la Noblesse pour les dissuader et dcstouruer des duels
el autres combats, contre le coniniaudemenl de Dieu, deuoir el honneur dcus
au Prince. A Paris, chez Guillaume Chaudière, 1578.
SOZOMÈNE. ??VoirThèodoret.
II. — 460, 4.
LXXIV TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
SPARTIEX. \'oir Auguste (Hifloire Auguste).
STACE. ??(Cité d'api Ci Juste Lipse).
II. — 271, I) — 4R0, ).
111.-285,22.
STOBÉE. 'KEl'Ai AMA.VHEIAZ. lOAN-NOV TOV ITOlîAlOV EK.VOIA! AUD'î-eEI-
MATtiN KAI VI'OHIIKO.N.
Johatiiiis Slobœl scnknlix ex thesauris Grxcoruin délecta;, quaniin aulbores
circiter ducentos et qiihiqttaginta cetat : et tu sermoties sive locos communes
digestœ, a Conrado Gesucro doctore medko Tigiiriiio in latiuum sermoiiem
tradtictœ, sic ut Latina Graxis è regione respoudcmit, Tiguri (i 543, ou 1 545,
ou 1559). Cité d'après l'édition de 1559.
iSi. 7 -
I.
— 58, /. — 135, 12 — 137, I — ti75, 26 — 178, j
224, 8 — 258, ^, — 315, 2;+ — 333, //.
II.
— 154, i-j — 207, 16 — 220, 24 — 260, 16 — 277, /
45 5, 9 — 465, 9.
III.
— 6[. 12.
STRABON.
}':Dc situ orhis.
I.
— 297, !)■
111.
— 92, 12 — 115, 4.
STREINN lus. * * Gentium et familiarum Roinanorum stem mata, Richardo Streinuio Banmc
Schwnrienavio auclorc. Ad illustiissimum principem Carclum Arcliiducem
Aiistrinc. Anne 1559, e.\cudebat Henricus Stephainis, illustris viri
Huldrici Fuggeri typographus.
SUETONE. ' Siielonii XII Ca-siires. (Avec les commentaires de Béroald et de Sabel-
licus.) Peut-être dans l'édition de Lvon, 1548.
I. — 25, S, 12 — 129 (note) — 168, 16 — 222, 14 — 279, S —
295, 26 — 296, 7, II — 351, ; — 358, 2j — 363, /<) — 369, 4 —
370, 17 — 571, ;, 9, ^2, -ri, '9 — 585, 7 — 421, 3), 2j.
II. — 25, ^ — 63, I — 80, 12 — *ii4, 9 — 116, 1) — 132, 20 —
373, /; — 375, 10 — 469, I — 474, 1} — 481, 7, 18 —
487, 1,6 — 488, ), ) — 518, 12 — 527, 16 — 536, 21, 24 —
ii7y ', 2, j, 4, 6, 12, 16 — 539, i, 6, 7, 9 — 540, /;, 20 —
541, i, II, 14, 17, 2u — 542, /, ;, 7, S — 545, 16 — 546, ;, 4,
10, 2-j — 347, 7, i-j, 20 — 549, 7^ — 550, 70, /? — 551, rt —
552, 2J — 553, 20, 26, 27, 28 — 554, 6, 21 — 555, /, i.
ET DhS AUTEURS CITES. LXXV
SUÉTONE.
III. — 65, 4 — 141, s — 201, 24 — 205, 1 — 520, 4 — 579, 27 —
409, /•
SYNESIUS. ** Z'jvïJiî'j i-\.z7.zr.yj KjîTiVv;; tcî,îI paîtAeia?, ïtç tïv ajTr/.îi-spa 'Apy.aî'iv.
Aiîov, Yj -spi -fjÇ xalJ'aiTbv S'.aYtoY'i;;" oaXâv.pa; ï';y.w^<.^ù^^^ -spi -pov;;a;,
r, aiyù-Tio;" îy.iAia èv ■ûavYiyjpïi" "îp't évy^rviwv -/.a'; z'.i ajT"; NixvjsipîJ t;j
rpTJYspâ îpjAïjvzia' tsO aj-sî SuV'^'-"' £~'-tî''''-i''-
Sytiesii episcopi Cyrenes de regiio ad Arcaditim iiiiperalorem ; Dion, skv de
siix vit.v ratione; calvilii laudalio; de provideiilia, seii a'gyptius; coiicio
quxdam pmiegyrka , de iiisomiiiis, ciiiii Nicephcri Gregora' expUcatione ;
ejiisdem S\iiesii epislola. Parisiis, 1355. Ex officin.i .\driani Turnebi.
tvpographi Rcgii, Rcgiis tvpis.
SYRUEILH (François de). Joiinml de François de Svnieilh. (Dans les Archives histo-
riques de la Gironde, tome XIII.)
SYRUS PUBLIL'S. }} Fragmenta podarum vetenini iaiincrnm quorum opéra non exslant.
I- — 77, 9 — 30e, .V.
11.-2,9 - 47,2s.
T.\BOUROT DES ACCORDS. '} Les Bigarrures et Touches du Seiçneur des Accords.
Le premier livre depuis 1582, le quatrième depuis 1585.
I. — 124, S — 547, I) — 356, 26 — 358, 24.
II. — 15, T^ — 401, i.
III. — 66, 24 — 185, S.
T.\CITE. 'Opcra. Cite d'après l'édition de Juste Lipse. (.\nvers 15S1.)
Histoires cl Annales.
I. — 16, I, ) — 95, /-/t — 262, 2 — 307, 20 — 530, 70.
11. — 24, II — 33, /2t, /; — 34, jy, 24 — 57, 22 - 92, /;, iS —
96, 13 — 574, 28, }0 — 375, ^ — 383, 26 — 411, } — 467, 4 —
487, I — 527, 16 — 529, 2) — 530, / — 561, i) — 609, 24.
III. I, JO 2, 4 10, 7, 12, 16 — 15, 2) 19, l), 18 49, 2J
51, ^ 60, 7, 2/ lOI, 79 — 109, 24 IIO, 21 175, 2
199, 12 200, 8 201, cV, 24 222, 2, 20, 24 2)6, 10 —
515, 20 — 361, 20 — 379, 18, 2J.
LXXVI TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
TACITE.
Agrkoln.
II. —468, iS — 483, 2.
m. - 524, 24.
Dialogue des Orateurs.
I. — 220, //.
II. — 115, I. 4 — 418, ^.
Des imrtirs des Germains.
I. — +264 (titre).
II. — 221,20.
TAHUREAU (Jacques). Les Dialogues non moins profilahles que facelieus... (Cité
d'après l'édition de 1566).
— Oraison de Jacques Tahureau au Roy, de la grandeur de son règne, et de l'excel-
lence de la langue francoyse; plus quelques vers du mesme autheur dedie^
a Madame Marguerite. Paris, 1555.
TASSP (ToRQUATo). ' Gcrnsahmme lihcrata. (La première édition est de 1580.)
I. — 330, 6.
II- — 55j 2;' — 54, i — 76, 14 — 495, 21.
III. —80, ;.
— * Rime (e prose) del Signor Torqtmlo Tasso. Parte Prima. Insicme con altri
compouimenti del mcdesimo. In ^'enegia, M. D. XXXI.
I. — 32, J4 — 309, I — 407, 24.
IL— 161, ;.
III. — 185, ; — 319, 28.
TEREXCE. "P. Terentii Cotnedia; sex, ium ex Donati commeutariis tum ex opiimorum,
prxserlim vcierum, e.xemplaritim coUatioue, diligentius quant unquam antchac ,
emendaliT. .Elii Douait antiquissiini et celeherriini grainmalici alioruniquc
veterum in easdein, qnicuntque e.\taut cominentarii, ex vcteri codicc manu
dcscripto. Grœcis etiain repositis, accurale castigali. Calphurnii in tertiam
coniœdiam doctissinta interprclatio, etc. Parisiis, ex officina Roberti Ste-
phani. 1 541.
1- — 1550' — 251, 12 — 252, 2; — 514, 26 — 324, 6, 8 — 353,"!>' —
338, 9 — 394,;-
ET DES AUTEURS CITES. LXXVli
TÉREXCE.
II. _ 19, ij _ -4, 2j — Si, 8 - 383, 16 — 427, 4^ - 434, <*>' -
439, 9-
III. I, ;' 109, 22 120, I 155, 20 185, 22t 222, 2^
233, 4 — 234, 12 — 24e, 5 — 270, I — 355, 2.
— "Htibes hic ainice leclor P. Tciciitii lOiiur ilias, inin ciim siboliis ex Doiiali
Asperi cl Coniiiti comnicnlariis decerpiis. . . iiidicaia mut diligentins carmhuim
gciicra... studio et opéra des Erasmi Rvierodcimi. .It hsec accepil index accu-
nrliis. Froben, Basilcx' in officina frœbeniana. Anno M. D. XXX\'III.
TERTULLIEN. Î^Opem.
I. — 87, -/ — 105, 12.
11.-264,7.
111.-275,2;-.
TESSERAND. Siiiti des Histoires prodigieuses de Bonaysiuau. (\'oir Bouaystuau.)
THEODORET. *} L'histoire ecclésiastique nommée Tripartite, divisée en dou:^e livres :
contenant les nobles et illustres Jaicts tant des hommes que des femmes de la
primitive Eglise, fidèles en Jésus-Christ, depuis le temps de Constantin le
Grand, jusques au temps de Théodose le jeune, Nouvellemeut Iraduicte de
Latin en François, par Loys Cyaneus. A Paris, chez Gilles Gorbin, rue
Sainct Jean de Latran, à l'enseigne de l'Espérance, devant le collège de
Cambray. 1568. Avec privilège du Roy. (Ou peut-être une traduction
latine.)
11.-462,7.
THEOPHRASTE. * * Thcophrasti lihellus de odoribus, ah Adriano Turneho latinitate danatus
et scholiis atqiie annotationihus illustratus. Lutetias, Vascosanus, 1556.
I. — 405 (titre).
* Thesoro POLiriCO, in cui si conlengono trailati, discorsi, relationl, ragguagli, ins-
truttioni, di molla imporianxfl per li maneggi, interessi, pretensioni,
dipendcn\e e disegni de Principi.
I. — ti86, S — +376, 10.
II- —431, 7, O', -f^, ''"^ — 470, !)-■
111.-329,27.
THEVET (AxDiil;). Les Singularité^ de la France Antarcliquc, autrement nommée Amé-
rique, cl de plusieurs terres et isles découvertes de nosire temps, i )5S.
LXXVill TABLE DES OUVRAGES POSSEDES PAR MONTAIGNE
THE^■ET (André).
— Cosmographie Uiiivci selle. Paris, 1575.
THOMAS (Saint). ' Opeia.
I. —258, 27.
THOU (Auguste de). Histoire Universelle de J.-A. de Thou, de i)4) à i6oj.
(Londres, Paris, 1734).
THUCYDIDE. :} Hisloriariuiu lih. J'IIl.
1- — 153, ' — 258, ;.
UI. — 119, 16 — 192, /.
TIBULLE. 'Opéra, (^■oir Catulle.)
1- — 71, 2j — 514, 14 — 339, .^t.
11. — 9, 2/ — 170, 20 — 440, j — 506, ;<S'.
111. — 125, 70.
TITE-LH'E. ' Roiiiaïur historix lihri... (D'après l'édition de Francfort, 1568.)
I. ^ 15, 2() — 20, iV — 24, 77 — 26, 7 — 30, 7; — 31, ^7 —
71, 7 — 74, é — 87, 77 — 94, 7 — 155, 6, ij ~ 165, 24 —
166, ; — 230, 77 — 258, 4 — 264, 7 — 297, 77 — 331, ; —
361,./ — 363,79 — 369, 7i — 371,2^ — 372, -f? — 375.
22, 26 — 574, 2 — 375, 70 — 377, 4, II — 392, 20.
II. — 30, 24 — 31, j — 35, 70, 77, 22 — 36, 4, 7, 72, 24 — 57, .;.
5>, 77, Ij 47, II 66, 10 75, 27 95, 7J 139, 70
215,7; — 255, V, 6 — 271,9,7; — 358,7; — 397,7; —
398, 14 — 400, 9 — 467, 27 — 471, iS — 472, 16 — 475, 2 —
481, S — 493, 2; — 495, 6 — 497, 26 — 501, 6 — 554, 77 ~
570, 2;.
III. — 5, 7; — 12, 24 — 18, 16 — 40, 6 — 109, 14 — 126, 4 —
i-n, 9 — 190,; — 205, ;, cV — 221,27 — 237,77,7^ —
270, 7 — 292, 2, 79 — 311, ; — 317, 7; — 331,27 — 335, 16 —
338, 27 — 359, 77 — 577, ; — 421, ;, 70t.
TocilS iLll) contre les Massacreurs et auteurs des confusions en France, par lequel la source
et origine de tous les maux qui de longtemps travaillent la France, est décou-
verte, afin d 'inciter et esmouvoir tous les princes fidelles de s 'employer pour
le retranchement d'icelle. Reims (1577, 1579?).
ET DES AUTEURS CITES. LXXIX
TREBELLIUS POLLIO. Voir /7/5/oiV.' Aiigiisle.
TROGUE- POMPÉE. ?? Voir Justin.
TURNÈBE. ": Advcrsurloniiii lihri trighila. (D'après l'édition de Bàle, 15S1.)
III. — 267,^.
ULLO.\ (Alphonse de). Commentaire du Seigneur Alphonse d'Ulloë, conlenant le voyage
du duc d'Alhe en Flandre. (Traduit de l'italien par Belleforest. Paris,
1570.)
V.\LÈRE MAXIME. * Vtûcrii Masimi factorum ac dictorum menwrahilium lihri novem.
I. — 10, I) — 12, 21, 22 — 70, /<? — 96, 4 — 102, jj — 105, ). 7 —
III, ; — 122, 19, 24 — 145, 2) — 147, jt — 152, I — 246, II —
2)8, 4 — 289, 27 — 308, ; — 376, 4 — 596, I — 597, /.
II. — 39, 2,S — 46, 2) — 96, 24 — 224. I) — 385, 2; — 400, 9 —
488, ), 72 496, 10 520, 16 +529, Kl 556, ,V
542, JO.
III. — 32, 24 — 59, iS — 61, 12 — 92, 12 — 108, 26 — 115, 24 —
124, 7 — 190, ; — 223, Il — 233, ; — 315, ; — 329, 27 —
421, j.
VARCHI (Bekedetto). *' Le seconda parte délie le-^{ioiie di M. Benedelto Varchi, nella
qnale si contengono cinqiie le:^:;joni d'Amure, Jette da Ini puhUcamenle nelV
Accademia di Fioren^a et di Padova. Nnovamenle stampate. In Eioreniia
appresso I Giunti, 1561.
II. — i6o, 2 — 167. 9, 12 — 325 (texte de 1588).
— ' L'Ereolano, dinlogo iiel ijuale si raggiona délie lingue cd in particolare délia
Toscana et dclla Fiorenliua. Firenzc c \'inegia, 1570. X'inegia, 1580.
VÉGECE. " Flave Vegece René, homme noble et illustre, du fait de guerre et fleur de che-
valerie, quatre livres. Sexie Jute Frontin, homme consulaire des Stratagèmes,
espèces et subtilité^ de guerre, quatre livres. Aîlian, de l'ordre et instruction
des batailles, ung livre. Modeste, des vocables du fait de guerre, ung livre.
Pareillement CXX histoires concernans le faicl de guerre, joinctes A Vegece.
Traduictj Jidellement de latin en français et collationnei par le polygraphe,
humble secrétaire et historien du parc d'honneur (Nicolas Vo1c)t, de Serou-
ville) aux livres anciens, tant a ceul.x de Bude que Beroalde et Bade. Imprime
à Paris, par Chrestian Wechel, à l'enseigne de l'escu de Basle, en la
rue Sainct Jacques, l'an du salut des Chrestiens. M. D. XXXVI (1536).
II. — 330, 2 — 420, a.
LXXX TABLE DES OUVR.\GES POSSEDES PAR .NiOXTAIGNE
VELLEIUS PATERCULUS. :} Historix Roimiiur.
II. — 568, 4.
^"lCTOR (AuRELiLs). Histoiix romaitx hreviarum miiiqiiam aiitea ediliim, de viris
iUustr. de Cacsaiihus, de vita ei^uoribtis imperatorum epitome, ciini casliga-
t'wnihus. Anvers, 1579.
^'ICTORIUS (Petrus). ** Pclri Viciorii coniim-nlarii longe dcctissimi ht 1res libros Aris-
totelis de Arte diceiidi, niiiic primiim in Gerniauia edili ; cum hcupletc
rcriim et verhoriim in iisdem nieiiwrahiliiini indice. Basilere (à la fin), ex
olîicina Joannis Oporini, anno salutis human.v. M. D. LIX. Mense
Martio.
MGUIER (Nicolas). Sommaire de rhisioire des François, 1579.
\'1LLANI (Giovanni). "La prima parle délie Inslorix universali de snoi tcmpi di Giovan
Villani citladino Fiorentino; niim'amente ristanipala con tavole necessarie
e Postule in margine délie cose nolahili, faite par M. Reanigio Fiorentino.
In ^'enetia, ad instantia de Giunti di Fiorenza. 1559.
1- — 27, 19 — 169, 9.
\'IXET (Elie). L'Antiquité de Saintes (et de Barbeiieus). Bourdeaux, 1371011584.
— L'Antiquité de Bourdeaus et de Bourg sur Mer, reueue et augmentée, et a ccstc
autre impression enrichie de plusieurs figures par son aucteur. Bourdeaus,
Millanges. 1574.
MRET (Pierre). Le monde à l'empire, le monde demoniacle. Genève, 1550.
VIRGILE. "P. Virg'ilii Maronis Bucolica, Georgica et .Eneis, uunc démuni Xicolai
Erxthrxi L C. opéra in pristinam lectionem restituta, et ad rationem ejus
indicis digesta. Additis ejusdem Erythrxi schoUis, ad ea, qux aïwruni antchac
circumferebantur apprimè utilibus, qux, cujusmodi sint, sequens epistola indi-
cabit. His accedit diligens observatio cum licentiœ omnis, tuo diligentix Maro-
nianx in meiris. Quarum rcrum capita aversa pagina conunonstrabit. Xonsine
privilegiis omnium Principum Christianonini. \'enetiis. M. D. XXXIX.
Bucoliques. I. — 132, 12 — 229, 22.
II. — 12, ; — 384, S.
111.-213,^ — 237,22 — 331,25.
Géorgiques. I. — lié, Jj — +170, 14 — 270, 16.
II. — 45, 22 — 108, 10 — 162, 16 — 187, 24 — 1S9. 24 —
289, 22 — 373, ) — 558, 2<V.
III. — 81, 22 — $1,8 — 94, <V — 120, 7tS' — 1)^^ i — '-I3- '^' —
196, 26 — 218, iS — 240, j — 501, nj — 320, 12 —
529, 2; — 337, 24 — 340, 21 — 376, ij.
ET DES AUTEURS CITES. LXXXI
VIRGILE.
Eiicide. I. — II, J — 12, // — 27, j — 52, 26 — 35, // — 55, 4 —
92, / — 109, 2j — 206, 4 — 252, lyi — 265, 79 —
504, 16 — 311, iS — 325, 6 — 358, 20 — 359, ij —
372, 16 — 373, 16 — 375, 9 — 382, /().
II. 19, 2() 21,7 26, // 30, 16 55, 2(^ 56, 16 —
95, 17 — 127, 9 — 136, ; — 189, 4, 12 — 193, 2; —
248, /<V — 253, i^ — 270, 26 — 271, i^ — 283, jt, 6 — •
300, ;o — 321, 7j — 339, i — 359, 16 — 371, i^ —
402, 12 — 403, 6 — 420, 20 — 49), j — 502, 22 —
522, <S' — 528, 24 -^ 545, / — 549, 7 — 571, /, 79 —
590, 29.
III. — 61, S — 79, 27 — 80, j6 — 100, 14, ly, 20 — loi, 26 —
110,20 — 1X1,6 — 151, i — 190,22 — 211,1) —
218, 20 — 224, 2) — 234, 10 — 242, S — 260, S —
262, 72 — 269, 2) — 282, 70 — 295, 79 — 297, 26 —
307, é — 329,7 — 357,2^' — 373,27 — 377, 2^5 —
403, 20 — 426, ).
Divers. II. — 274, 77.
III. — 121, 16.
VI\'ÈS. Commentaire de lu Cilé de Dieu. (Cf. saint Augustin.)
VOPISCUS. Cf. Histoire Auguste.
\MER (Jean). Histoires, disputes et discours des illusions et impostures des diables, etc.; le
tout compriiis en si.x livres par IVier (trad. du latin par Jac. Grévin) avec
deux dialogues de Tli. Crastus. touchant le pouvoir des sorcières. Genève, 1 579.
WITARD. Voir Arrien.
XÉNOPHON. " Xenophonlis philosoplii et historici clarissimi opéra, quœ qiiidem grxcè
extant, omnia, partini jam olini, partim nunc primum, bominum doctissi-
morum diligenlia, in latinam linguam conversa, atque nunc postremum per
Sel). Castalionem de intégra magno studiosorum compendio, recognita. Quorum
elenchum versa pagella reperies. Basileœ, apuj Insigrinium, anno 15 51.
(Cité d'après l'édition de 1545.)
Anahase. I. — 297, 24 — 365, 2; — 574, 8.
III. — 141, ).
Cyropédie. l. - 19,1} — 51,^9 — 80,22 — 146,4 — 183,70 —
184, 9, 7J — 250, 9 — 563, I) — 371, 72 — 372, 70 —
375, 21 — 37e, 7.
H- — 471, 7 — 474, 4 — 552, 4-
III. — 140, 2} — 153, 77 — 196, 77 — 206, 2,' — 237, 9 —
242, I ) — 296, S.
TABLE DES OUVRAGES POSSÉDÉS PAR MONTAIGNE
XÉNOPHOX.
Economique. I. — 318, 6 + .
Mémorables. 1. — 353, n-
II. — 204, /; — 273, 4, II, 16 — 351, n — 333, ' — 534, V -
355- II — 575. 2; — 465, 9-
III. — 45,/ — 125,^^ — 137,20 — 260,7 — 296,4 —
374, //, 2/ — 380, I.
Divers. 1. — 540, i, //, 12 — 541, 21.
II. — 14, /.
III. — 58, 24 — 137, 7 — 268, 24 — +421, 72.
— "La mesnagerie de Xàiophou. Les règles de mariage de Plittarqiie. Lettre de
consolation de Pliitarqiie a sa jemme. Le tout traduict de grec en français par
M. Estienne de La Boélie, Conseiller du Roy en sa court de Parlement
à Bardeaux. Ensemble quelques vers Latins et François de son invention.
Item, un discours sur la mort dudit Seigneur de La Boètie, par M. de Mon-
taigne. A Paris, de l'imprimerie de Federic Morel, rue S. Jan de Beauvais,
au Franc Meurier. M. D. LXXI (1571).
— "Le mesnaaier de Xcnophon, plus un Discours de l 'excellence du mesme autheur,
à mon seigneur Paul de Termes, maréchal de France. A Paris, pour Jan
Dalier, libraire demeurant sur le pont Saint Michel, à l'enseigne de la
Rose Blanche. 1562.
XIPHILIN. '?Dionis Nicxi, rcriini Ramauarum a Pompeio Magno, ad Alexandrum
Mamœœ filium Epitome, Jaannc Xiphilino authore & Gnilielmo Alanco
Adbiensi interprète... 1551 ou 1559; ou avec le texte des livres conservés
de Dion, Bàle 1558, ou Lyon, 1559. (Cité d'après l'édition grecque-
latine de 1578.)
11.-97,17 - 375, <? - )88, 2;.
III. — 89, 18.
ZOXARAS. * Chroniques au Annales de Jean Zonare. Jadis & quatre cens ans y ha, grand
Drungaire du Guet, & Premier Secrétaire de Constantinople, esquelles sont
discourues toutes Histoires mémorables advenues en ce monde, en la révolution
de six mille six cens ans, & plus; disposées en trais parties, la première
disquelles traitte l' estât des choses passées en Judée, Perse, Egypte & Grèce,
depuis la création du Monde, jusques à la sulrversion et misérable conflagration
de Hierusalcm. La seconde contient l'Histoire Romaine prinscà l'édification
de la Fille, jusques à l'Empire du Grand Constantin. La tierce raconte les
faicts & gestes des Empereurs depuis le susdict Constantin, jusques au trespas
d'Alexis Comnene : lequel mourut environ l'an de salut un^e cens. Œuvre
recommandable et longuement désiré. Traduit par 1. Millet de S. Amour.
ET DES AUTEURS CITES. LXXXIII
ZONORAS.
au comte de Bourgongne . La fin de chascune partie donne son Indice a part.
A Lyon, par Macé Bonhome, à la Masse d'Or. M. D. LX. Avec privi-
lège du Roy.
I. — 93, 19 — 19e, 20.
II. — 460, 4 — 462, S — 469, 1,6 — 471, I — 497, jj.
ZWINGGERIUS. *? Theatrum vitx humanœ : hoc est, Eorum omnium jerè qux in hominem
cadere possunt Bonortim alque Maloritm exempta historica, Eihicsephilosophix
prœceptis accommodata, et in XIX lihros digesta, comprehendens : Ut non
' immerito historix Promptiiariiim, vitxque humana; spéculum nuncupari
possit : Primùm à Conrado Lycosihene Rubeaqiiense inchoatmn : deinde
Theodori Zvinggeri Philosophi et Medici Basiliensis studio et lahore eousque
deductum, ut omnium ordinum hominihus ad vitam praxlare instituendam
utile et jucundum sil futurum : Hac verù editione pernuiltis lacis et exemplis
auctuni et locuplelatum : a multis eliam hxresibus et erroribus, quœ pio
lectori et vero catholico nauseam movere potuissent, consulta vindicatum et
repurgatum. Adiecto prœterea indice locupletissimo, cùm rerum, tum nominum
propriorum, eo studio arteque concinnato, ut omnia hoc opère contenta,
tanquam per compendium, ordine alphabetico digesta Lectori exhibeat. Parisiis.
Apud Nicolaum Chesneau, via Jacobea, sub scuto Frobeniano, et Quercu
viridi. M. D. LXXI. Cum privilégie Régis.
I. — 18, j — 105, 2, _;, 4, 12 — III, / — 122, 2j, 24, 2/.
PosT ScRiPTOM. — Gr.ice à l'obligeance de MM. Joseph Barrère, avocat près la Cour d'appel de
Bordeaux, et Mounastre Picamilh, je suis en mesure d'ajouter à cette table le titre d'un ouvrage dont
un exemplaire muni de la signature de Montaigne est actuellement en la possession de M. Jacques
Vieillard :
VALENTINI FORSTERI, iureconsulti. De Historia luris Ciuilis Romani Libri très.
In quibus traditur ortus Romani Imperii : suhiiciuntur mutationes insignes
magistratuum in Repub. Rom. et caussce : initia et progressus luris Ciuilis :
nec non secundum seriem annorum Catalogus legum, tam ad publicum quant
privatum statiim pertinentium : deniq^ Vitx veterum lureconsullorum , à
Papyrio inde usq^ ad lustinianum : item recentiorum lureconsullorum, qui
à restituta per Lotharium Saxonem luris projessione, celebritalem scribendo,
consulendo et docendo, ad xtatem nostram consequuli sunt. Cum gratia et
priuilegio, ad annos sex. Basileœ, per loannem Oporinum, et hasredes
loannis Hernagii. 1565.
LIVRE PREMIER.
Chapitre I.
PAR DIVERS MOYENS ON ARRIVE A PAREILLE FIN.
P. 3, 1. 6. Edouard). Il s'agit du Prince Noir (the
Black Prince), le fils d'Edouard EU, et le père de
Richard II. Le siège de Limoges dont il est ici ques-
tion est le siège de 1370. L'anecdote que Montaigne
rapporte se trouve longuement développée chez
Froissart : « Là eussiez veu très grand' pitié, car
hommes, femmes et enfans, se gettoyent à deux
genoux devant le Prince, en criant merci, mais il
estoit enflammé de si grand' ardeur, que point n'y
entendoit : ne nul, ne nulle, n'estoit ouy, mais tout
mis à l'espee, quant qu'on trouvoit et rencontroit,
& mesmes ceux & celles, qui point n'en estoyent
coupables... Quand ils (Messire Jehan de Villemur,
Messire Hugues de la Roche, & Roger de Beaufort,
fils au Comte de Beaufort, Capitaines de la Cité)
veirent la tribulation & la pestilence qui ainsi couroit
sur eux & sur leurs gens ils dirent, Nous tous serons
morts, si nous ne nous défendons. Or nous vendons
chèrement, ainsi que tous Chevaliers doivent faire...
Et firent ces trois François plusieurs appertises d'ar-
mes : & les laissèrent tous les autres convenir : &: mal
pour ceux, qui se fussent tirés avant. Le Prince en
son chariot vint celle part : & les regarda moult
voulontiers : & se rappaisa & adoucit, en eux regar-
dant, moult fort... Si donna le Prince congé à toutes
ses Gens-d'armes : & n'en fit pour celle saison plus-
avant. Car il ne se sentoit bien à son aise : ains
tousjours aggravoit sa maladie : dont ses frères & ses
gens estoyent tous ébahis.» (Éd. de 1559, i, 289.)
Il faut noter d'ailleurs que, d'après Froissart et
contrairement à l'allégation de Montaigne, si le
Prince de Galles fit grâce aux trois gentilshommes,
il n'épargna pas les habitants.
P. 4, 1. 9. Scandcrberg). Souvenir probable d'un
ouvrage de Paul Jove intitulé : Commentarii délie cose
de' Tiirchi con gli fatti e la vita di Scanderberg (^1541),
ouvrage qui avait été traduit en français par Gaul-
teron (Paris, 1544), sous ce titre : Commentaires
d'aucunes choses des Turcs et du seigneur George Scan-
derberg, prince d'Épire et d'Albanie, contenant sa vie et
les victoires par lui obtenues. On lit dans la traduction
de Gaulteron : « Parlant ung jour Scanderberg avec
ses soldatz de faire quelque entreprise d'importance,
le soldat desprouevement respondit, & avec tant
d'insolence, quïl le feit entrer en coUere, de sorte,
que meit la main à l'espee & courut subitement
pour le frapper. Mais le soldat tourna légèrement le
cheval & se meit à fouyr, toutesfois Scanderberg le
suyvit jusques a une rivière, laquelle ne pouvant le
soldat passer tourna bride, & mettant la main à
l'espee, avec bonnes & humbles parolles deit, que
pour leaue, ne pouvoit plus oultre courir, & qu'il
estoit contrainct deffendre sa vie. Ce voyant Scan-
derberg qui auroit voluntiers recouvert ung homme.
ESSAIS DE MONTAIGNE.
d'ung tel vouloir & courage, pour autant d'argent
qu'il pesoit plus tost que de le perdre, considère
mesmes la grant révérence qu'il luy portoit, tout
commeu de pitié luy deit, vien avec moy & ne te
soucie sinon de faire bonne chère, car je ne te
nuyray aucunement. » fxLii fin, éd. italienne de 1541,
f" 49 V. )
P. 4, 1. lé. L'Empereur Conrad). Cf. Bodin, Me-
thodus adfacilem historiaruni cognitionein : « Laurentius
Medices a morbo convaluisse dicitur ex ejus historié
narratione quit fertur de Conrado tertio imperatore
qui cum Guelphum Bavariœ ducem obsidione diu-
turna fregisset, nec ullis conditionibus a proposita
susceptaque urbis eversione deduceretur, ad extremum
victus nobilium feminarum precibus, permisit ut
inviolats abirent, ea lege ut nihil ex urbe, nisi quod
humeris possent, exportarent. tum illae confidentia
majore dicam an pietate, ducem ipsum, maritos,
liberos, parentes ab humeris suspensos gestare cœpe-
runt : ex quo imperator tantam voluptatem cœpit,
ut effusis pra; gaudio lachrymis, non modo feritatem
& iracundiam ex anime penitus deposuerit, verum-
etiam urbi pepercerit, & amicitiam cum hoste omnium
acerrimo traxerit. » (Proœmium.) Il s'agit de Weins-
berg, ville de la Haute-Bavière, assiégée en 1 140.
L'anecdote vulgarisée par Bodin a été répétée par
Droit de Gaillard dans sa Méthode de l'histoire (1579).
On la retrouve encore chez Coignet : Instruction
aux princes pour garder la foy promise (1584, p. 104);
Coignet a pu la prendre aussi bien chez Montaigne
que chez Bodin ou chez Ciroit de Gaillard.
P. 4, I. 30. Passion vitieuse). Voir entre autres
Sénèque, De clément iâ, v.
P. 5, 1. 14. Le peuple thebain). Cf. Plutarque,
Comment on se peult louer soy mesinc. « Estans leurs
capitaines accusez de ce que le temps de leur office
expiré, ils ne s'en estoient pas incontinent retournez,
selon les loix du pais, ains estoient entrez en armes
dedans la Laconie, avoient repeuplé la ville de
Messene, à peine absolurent Pelopidas, qui plioit
à telles objections, & les supplioit : Et au contraire,
Epaminondas qui vint à raconter magnifiquement
les braves choses qu'il a voit faittes en ce voiage...
ils n'eurent pas le cœur de prendre seulement les
ballotes en mains pour donner sentence contre luy,
ains se départirent de l'assemblée, en louant gran-
dement sa haultesse de courage, & s'esjouissant
& riant d'avoir ainsi ouy parler ce personnage. »
(v, f° 139 r°.) Cf. encore Les dicts notables des anciens
Roys, Princes, et grands capitaines. (F° 201 v°.)
P. 5, 1. 24. Dionysiiis). Cf. Diodore de Sicile,
trad. Amyot : « Entre les prisonniers fut pris aussi
le capitaine Phyton, & son filz, que Dionysius feit
noyer. Et le lendemain feit premièrement attacher
& lier le père sur la plus grande & la plus haulte
machine de batterie qu'il eust, comme voulant faire
un exemple notable de vengeance tragique, & luy
envoya dire par un serviteur, comme le jour de
devant il avoit feit noyer son filz dedans la mer :
Phyton respondit, qu'il en avoit esté plus heureux
que son père d'un jour : puis le feit le tyran trainner
par toute la ville, en le fessant & fouettant le plus
ignominieusement qu'il luy estoit possible : suyvant
derrière luy un sergent, lequel alloit criant à haulte
voix, que Dionysius le faisoit ainsi chastier & punir
estrangement, pource que c'estoit luy qui avoit mis
en teste à ses citoyens de soustenir la guerre contre
luy. Mais Phjnon s'estant porté en homme de bien
& bon capitaine durant le siège : & ayant vescu
toute sa vie en honneur, endura aussi constamment
& vertueusement la peine que le tyran luy feit
souffrir à sa mort; car il eut le courage tousjours
constant & ferme, sans jamais fleschir, & sans se
perdre : criant à haulte voix qu'il enduroit la mort
pour n'avoir voulu trahir son pays, & le livrer entre
les mains du tyran, & que dedans peu de jours les
Dieux feroient la vengeance de sa mort : & fut sa
constance telle qu'elle feit pitié & compassion aux
soudards mesme de Dionj'sius : de sorte qu'il y en
avoit qui commençoient ja à murmurer contre luy.
Parquoy Dionysius craignant que quelques uns à la
fin ne prissent la hardiesse de l'aller oster par force
aux bourreaux, cessa de le faire plus martyriser, & le
feit noyer dedans la mer, avec tous ceulx de sa
parenté. » (XIV, xxix, éd. de 1554, f" 173 r°.)
P. 6, 1. 17. Pompeius). Cf. Plutarque, Instruction
pour ceulx qui manient affaires d'estat : « Comme feit
aussi Pompeius envers Sthenon , son hoste ; car
LIVRE I, CHAPITRE I.
3
aiant proposé de punir aigrement les Mamertins de
ce qu'ils s'estoient rebellez contre luy, Sthenon luy
dit... Ces paroles touchèrent tellement au cœur de
Pompeius, qu'il pardonna à la ville, & se porta
humainement envers Sthenon : & l'hoste de Sylla,
ayant usé de semblable vertu... car Sylla aiant pris
la ville de Péruse, condamna tous les habitans à
mourir, excepté son hoste, auquel il pardonna pour
l'ancienne alliance d'hospitalité qu'il avoir avec luy :
mais son hoste luy respondit qu'il ne vouloit point
estre tenu de sa vie au meurtrier de son pais, & se
jetta parmy la trouppe de ses citoiens que Ion mas-
sacroit, où il fut meurtry quant & eulx. » (xvii,
f° 172 r°.)
Par erreur Montaigne dit Zenon au lieu de Sthe-
non ; ailleurs Amyot appelle encore ce même per-
sonnage Stennius ou Sthenis.
P. 6, 1. 24. Alexandre). Cf. Quinte-Curce : « In-
nixus telo, nondum prioris vulneris obducta cica-
trice, inter primores dimicat, ira quoque accensus,
quod duo in obsidione urbis ejus acceperat vulnera.
Betim, egregia édita pugna, multisque vulneribus
confectum deseruerant sui : nec tamen segnius prœ-
lium capessebat, lubricis armis suo pariter atque
hostium sanguine. Sed cum undique telis est cir-
cumductus, insolenti gaudio juvenis elatus, aliàs
virtutem etiam in hoste miratus, tune inquit, Non,
ut voluisti, morieris, Beti : sed quicquid tormentorum
in captivum inveniri potest, passurum esse te cogita.
Ille non interrito modo, sed contumaci quoque
vultu intuens regem, nullam ad minas ejus reddidit
vocem. Tum Alexander, Videtisne obstinatum ad
tacendum? inquit. Nom genu posuit? Num suppli-
cem vocem misit? Vincam tamen silentium, & si
nihil aliud, certè gemitu interpellabo. Ira deinde
vertit in rabiem, jam tum peregrinos ritus nova sub-
eunte fortuna. Per talos enim spirantis lora trajecta
sunt, religatûmque ad currum traxere circa urbem
equi... » (IV, VI, éd. de 1545, p. 38.)
P. 8, 1. 2. Nil! nefeiit veu). Cf. Diodore de Sicile :
« Les Thebains retenans jusques au dernier souspir
l'amour de la liberté, tant s'en falloit qu'ilz cher-
chassent de sauver leurs vies, que en quelque lieu
qu'ilz rencontrassent les ennemys par la ville, ilz
s'attachoient à eulx, & les prouvoquoient voulussent
ou non à les ferir & tuer : car encore après que la
ville fut prise, iamais n'y en eut pas un qui requist
qu'on lui sauvast la vie, ne qui se meist lasche-
ment à genoux pour demander mercy : mais aussi
l'affliction de leur vertu ne trouva aucune pitié vers
les ennemys, & ne suffit pas la longueur du jour
pour assouvir la cruaulté de leur vengeance... Si fut
tué ce jour là plus de six mille Thebains, & y en
eut plus de trente mille de prisonniers. » (XXVII,
IV, f° 262 r°.)
Chronologie : A cause de la place qu'il occupe
on pourrait être tenté de penser que cet essai est le
plus ancien de tous. Je crois qu'il n'en est rien. En
effet : 1° s'il ouvre le volume c'est très probable-
ment parce qu'il conclut que l'homme est «ondoyant
& divers», et parce que Montaigne tient très parti-
culièrement à insister sur l'inconstance humaine.
Cette idée conclut l'édition de 1580 (Cf. II, xxxvii,
fin); elle ouvre également le second livre (c'est l'idée
maîtresse de l'essai II, i). La place occupée par
l'essai I, i ne nous renseigne donc aucunement sur sa
date de composition. 2° Deux exemples pris à la
traduction des Œuvres morales de Plutarque (le peuple
thebain, p. 5, 1. 14, et Pompeius, p. 6, 1. 17) ne
peuvent être antérieurs à la fin de 1572, date de
publication de cette traduction. Or certains essais
(I, XX, par exemple) sont du début de 1572.
3° L'exemple de Conrad III, pris à l'ouvrage de Bodin
intitulé : Meîhodus ad facilein historiarum cognitionem ,
ne semble pas être sensiblement antérieur à 1578.
L'examen de ces faits suggère diverses suppositions
entre lesquelles il est difficile de choisir. On peut
penser qu'un premier essai, très rudimentaire, com-
posé surtout des exemples d'Edouard et de Scander-
berg, a été écrit au début de 1572; que plus tard,
vers 1573, par exemple, les emprunts à Plutarque
sont venus se joindre à ce noyau primitif et ont
donné au chapitre sa véritable signification; qu'enfin
vers 1578 Montaigne a ajouté l'exemple pris à Bodin.
C'est l'hypothèse que préfère M. Lanson (Cf. Revue
d'histoire littéraire de la France, oct. 1908, p. 75e,
note 2). Elle suppose que l'essai a été composé en
ESSAIS DE MOKTAIGKE.
trois fois. Peut-être encore a-t-il été écrit en deux
fois : l'ensemble daterait des environs de 1573;
l'anecdote de Conrad serait venue plus tard. Cette
hypothèse, plus simple que la précédente, aurait
l'avantage de supposer cet essai contemporain de
l'essai II, i, De l'inconstance de nos actions, qui pré-
sente une morale analogue. Enfin on peut se deman-
der si l'essai tout entier n'a pas été composé vers 1 578,
à l'époque où Montaigne connaissait l'exemple de
Conrad III par la lecture de Bodin. J'incline, pour
ma part, à préférer ces deux dernières hypothèses
qui me paraissent plus simples que la première, mais
toutes deux me semblent à peu près aussi probables
l'une que l'autre.
Chapitke II.
DE LA TRISTESSE.
P. 9, 1. 5. Malignité). Le mot italien «tristezza», en
même temps que le chagrin, désigne la méchanceté.
On le trouve dans les deux sens.
P. 9, 1. 6. Les stoïciens). Dans les lectures qu'il
fait après 1588, Montaigne trouve ceci, notamment
chez saint Augustin, Cité de Dieu, XIV, viii.
P. 9, 1. 7. Psammenitus). Souvenir d'Hérodote
(in, xiv). Montaigne ne reprend pas du tout ici les
mots du traducteur Saliat.
P. 9, 1. 15. Un prince des nostres). Sur l'expression
«prince des nostres», cf. ci-dessous (I, xxiv, t. I,
p. 158, 1. 2). Il s'agit de Charles de Guise, le fameux
cardinal de Lorraine qui assista au Concile de Trente
depuis le milieu de l'année 1562 jusqu'à la fin de
1563. Son frère le duc François de Guise, le chef de
la famille, mourut assassiné devant Orléans le 24 fé-
vrier 1563; le 6 mars 1563 un autre de ses frères,
un bâtard puîné, abbé de Cluny, mourut des suites
d'une fluxion de poitrine contractée à la bataille de
Dreux.
P. 10, 1. 15. Ancien peintre). Il s'agit d'un tableau
de Timanthe, peintre du iv' siècle avant J.-C. Beau-
coup d'auteurs anciens ont mentionné la particularité
à laquelle Montaigne fait allusion : Cicéron, Oralor,
XXII ; Pline, Hist. nat. XXXV, x; Valère Maxime,
Vni, II, ext. 6; Quintilien, Inst. orat., II, xui. Mon-
taigne ne reproduit les mots d'aucun de ces auteurs.
Il trouvait d'ailleurs le même fait souvent rappelé
chez les vulgarisateurs contemporains.
P. 10, 1. 24. Dirignisse). «Avoir été pétrifiée par la
douleur.» (Ovide, Métam.,W, 304.) Les éditions du
XVI' siècle comme les éditions modernes donnent le
texte : « diriguitque malis » ; Montaigne change la
forme du verbe pour fondre plus intimement la cita-
tion latine dans la phrase française.
P. 11,1. 5. Et via). « Enfin à grand 'peine la dou-
leur a ouvert un passage à sa voix. » (Virg., En., XI,
151.)
P. II, 1. 6. En la guerre). Cf. Paul Jove, Historix
sui temporis : «Erat inter Germanos duces insignis
Raisciacus Suevus : hujus filius impiger adolescens,
quum ignaro pâtre in aciem prodiisset, strenueque
decertans spectante ante alios atque admirante virtu-
tem pâtre, a cunctis vel ignotus eôuse laudaretur,
priusquam se explicaret a circumfusis hostibus est
interfectus. Tum vero Raisciacus casu equitis vehe-
menter commotus, ignarusque suaj sortis, conversus
ad alios duces : omni, inquit, laude perornandus
videtur hic quisquis sit equitum longe lortissimus,
ac omnino publici funeris honore tumulandus. Id
quum ab omnibus pari pietate probaretur, infœlicis
filii ad longe miserrimum patrem cadaver est relatum,
verioresque tum omnibus obortse sunt lachrymje
sed in pâtre repentinus dolor profundius ad vitalia
pervasit, atque ita ille paulo post, quum rigentibus
oculis stetisset, nihil eff"atus interiit. » (XXXIX,
f" 252 c.)
P. II, 1. 15. Chi pno dir). «Qui peut dire à quel
point il brûle, est dans un petit feu. » (Pétrarque,
sonnet 137.)
P. II, 1. 18. Misera qitod oinnes). « Misérable que je
suis! l'amour m'arrache le sentiment. A ta vue,
Lesbie, je perds la parole, je suis hors de moi; ma
langue s'embarrasse, une flamme subtile court dans
ESSAIS DE MONTAIGKE.
mes membres; mes oreilles bourdonnent, et la nuit
couvre mes yeux. » (Catulle, li, 5.)
Ce texte se lit dans diverses éditions du xvi" siècle,
en particulier Anvers 1569, Lyon 1573, etc.
P. 12, 1. 14. Ctirœ). « Les légers soucis sont bavards,
les grandes passions sont silencieuses. >> (Sén., Hipp.,
n, III, 607.)
p. 12, 1. 17. Ut me). «Dès qu'elle me vit approcher,
dès qu'elle aperçut de tous côtés les armes troyennes,
affolée, frappée comme d'une vision prodigieuse, elle
se pétrifia soudain: la chaleur abandonna ses os : elle
tombe, et ce n'est que longtemps après qu'elle peut
enfin parler. » (Virg., En., III, 306.)
P. 12, 1. 20. OuUre la femme). Montaigne réunit
ici plusieurs exemples de morts causées par la joie.
D'autres avant lui avaient fait de pareilles collections.
Cf. Aulu-Gelle, III, xv ; Crinitus, De honesta disci-
plina, II, VI ; Messie. Diverses levons, I, xvii; Ravisius
Textor, Officina, etc.. Les mêmes exemples se retrou-
vent souvent chez ces divers auteurs. La liste de
Ravisius Textor présente tous les noms allégués par
Montaigne à l'exception de celui de Léon X. Mon-
taigne a dû connaître celle-là ou quelque autre
analogue. En tous cas il n'a pas eu à prendre chacun
des exemples suivants à sa source.
P. 12, 1. 20. Femme romaine). Cf. Pline, Hist.
nat., VII, Liv.
P. 12, 1, 21. Sophocle). Id., ibiJ., et Valère Maxime,
IX, XII, ext. ).
P. 12, 1. 21. Denys). Cf. Pline, Hisl. nat., VIL
Liv. Le récit de Diodore de Sicile est différent de
celui de Pline; c'est sur la foi de Diodore que Mon-
taigne atténuera son affirmation lorsque, après 1588,
il parlera à nouveau de la mort de Denys. (II, xvii,
t. II, p. 414, 1. I.)
P. 12, 1. 22. Talva). Cf. Valère Maxime, IX, xii.
P. 12, 1. 24. Léon dixiesme). Cf. Guichardin,
Hisl. d'Italie, XIV; mais cet auteur ajoute que
Léon X fut peut-être empoisonné, supposition que
Montaigne ne mentionne pas. «Mori di morte inas-
pettata il primo di di Dicembre il Pontefice Lione,
il quale havendo havuto... la nuova dello acquisto
di Milano, & ricevutone incredibile piacere, sopra-
preso la notte medesima da piccola febre, & fattosi
il di seguente portare a Roma... mori fra pochissimi
di, non senza sospetto grande di veleno datogli. »
(F° 695 A.)
P. 13, 1. 2. Diodorns). Cf. Pline, VII, liv.
Chronologie : Cet essai est probablement l'un des
plus anciens. Un emprunt à Guichardin le rattache
au groupe de 1572; de plus Montaigne, pour re-
cueillir des exemples de morts causées par la joie, se
sert probablement de la compilation que nous verrons
de nouveau entre ses mains quand nous étudierons
l'essai I, xx : or l'essai I, xx, est de mars 1 572. Il est vrai
que Montaigne emploie l'expression « dernièrement »
à l'occasion d'un fait qui date de 1563, et cela
pourrait nous inciter à placer la composition de cet
essai bien avant 1572 : ce serait oublier, je crois, que
le mot « dernièrement » a souvent, au xvi= siècle, un
sens très élastique.
Chapitre III.
NOS AFFECTIONS S EMPORTENT AV DELA DE NOVS.
P. 14, 1. 12. Calamitosus). «Tout esprit soucieux
de l'avenir est malheureux. » (Sén., Ép. 98.)
P. 14, 1. 14. Ce grand précepte). Cf. Platon, Timée.
«Scitum... priscum id dictum : Agere sua, séque
ipsum cognoscere, solius prudentis est opus. » (P. 72 ;
éd. de 1546, p. 724.)
P. 1 5, 1. 2. Utstultitia). « Comme la folie, quand on
luy octroyera ce qu'elle désire ne sera pas contente,
aussi est la sagesse contente de ce qui est présent, ne
se desplaist jamais de soy. » (Cic, Tiisc, V, xviii.)
Cette traduction est fournie par l'édition des Essais
de 1595 qui la substitue au texte latin donné par le
manuscrit.
P. 151-5. Epiciirns). Cf. à ce sujet Cicéron, Tusc,
m, XVI.
p. 15, 1. 26. Tite-Live). Peut-être allusion à un
passage des Annales, XXXV, 48.
P. 16, 1. 1. L'un). Cf. Tacite, Annales. «Interrogatus
a Nerone quibus causis ad oblivionem sacramenti
processisset : oderam te, inquit : nec quisquam tibi
fidelior militum fuit, dum amari meruisti. Odisse
cœpi, postquam parricida matris & uxoris, auriga,
& histrio & incendiarius exstitisti. » (XV, lxvii.)
P. 16,1. 3. L'autre). Id.,ihid. «Breviter respondens,
non aliter tôt flagitiis ejus subveni posse. » (XV,
LXVIII.)
P. lé, 1. 9. Mort des roys). Cf. Hérodote. « Aussi les
Lacedemoniens observent mesme coustume que les
barbares de l'Asie, & plusieurs autres nations en la
mort de leurs Roys. Car il faut que tous les amis
du Lacedemon, qui sont reputez pour voisins des
Spartiates, se trouvent à ces funérailles. Quand plu-
sieurs milliers de ces voisins, des Hilotes, & des Spar-
tiates mesme se sont assemblez tant hommes que
femmes tous pesle mesle, ils se taillent & decouppent
le front, & avec cris & lamentations infinies regretent
leur Roy : disans tousjours que le dernier est le meil-
leur qu'ilz eurent onque. » (VI, lxviii; t. II, f° 20 r°.)
P. lé, 1. 14. Aristote). Cf. Morale à Nicomaque,
I, 10. Cette allusion est de 1595; déjà en 1580
Montaigne avait disserté sur la même pensée dans
l'essai I, xix.
P. 16, 1. 22. Quisquam vix). « Il est bien difficile
que nous nous déracinions, pour ainsi dire, & que
nous nous arrachions à la vie : l'homme s'imagine
dans son ignorance de l'avenir, qu'une partie de
lui-même lui survit; & il ne peut se détacher
& s'affranchir entièrement de son corps terrassé par
la mort. » (Lucr., III, 890, 891 et 895.)
Montaigne a modifié assez sensiblement son texte,
et l'édition Lambin n'explique pas ces modifications.
«Nec radicitus è vita se tollit, & ejicit : sed-facit
esse sui quiddam super inscius ipse... Nec removet
satis à projecto corpore : & illud se fingit. »
P. 17, 1. I. Bertrand du Glesquin). Cf. Jean Bouchet,
Annales d'Aquitaine. « Bertrand du Guesquin, connes-
table de France, mourut de maladie, au siège qu'il
tenoit devant le chasteau de Rançon, a quatre lieues
près le Puy en Aulvergne; & le jour de son trépas,
ceulx du dict chasteau, apportèrent les clefs sur le
corps du dict Guesquin. » (F° 127 r°.)
P. 17, 1. 4. Barthélémy d'Alviane). Cf. Guichardin,
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Histoire d'Italie. « Il quale (Bartolomeo Alviano)
ammalato a Ghedi in Bresciano... passô ail' altra
vita... et volendo condurlo a Vinegia, non comporté
Teodoro Trivulzio che per poter passar perVeronese,
si dimandasse, corne molti ricordavano, salvocondotto
a Marcantonio Colonna, dicendo non essere conve-
niente che chi vivo non haveva mai havnato paura
de nimici, morto facesse segno di temergli. » (XII,
607, c.)
P. 17, 1. 13. Celity qui deiiiandoit). Cf. Plutarque,
Vie de Nicias. «... Faisant descente sur le pais des
Corinthiens, il (Nicias) desfeit ceux qui se présen-
tèrent en battaille devant luy, & en occit un bon
nombre... Mais en ceste rencontre il luy advint
d'oublier à inhumer deux de ses gens qui y estoient
morts, dont on n'avoit peu trouver les corps en
recueillant les autres : mais si tost qu'il en fut adverty,
il feit arrester toute la flotte, & envoya devers les
ennemis un herault demander congé d'enlever ces
deux corps : combien que par l'usance de la guerre
ceulx qui envoyoient demander congé d'enlever les
morts, quittassent la victoire, de sorte qu'il ne leur
estoit pas puis après loisible de dresser un trophée,
pour marque de victoire, pource qu'il sembloit que
ceulx qui les avoient en leur puissance fussent vic-
torieux, & ne se pouvoir dire que ceulx qui les
demandoient de grâce, les eussent en leur puissance,
autrement ilz ne les eussent pas requis. » (11, f° 169 v°.)
P. 17, I. 18. Agesilaus). Id., Vie d'Agésilas.
«... Ayans ses ennemis envoyé demander licence
d'enlever leurs morts, il (Agesilaus) leur ottroya
trefves pour ce faire, enquoy faisant il confirma sa
victoire. » (vi, f° 425 r".)
P. 17, 1. 25. Edouard premier). Mort en juillet 1307.
J'ignore où Montaigne a pris ce fait : les ouvrages
du XVI' siècle où je l'ai trouvé mentionné le pré-
sentent autrement que Montaigne.
P. 18, 1. I. Jean Vischa). Il s'agit de Jean Zischa,
le chef des Hussites (i 360-1424). Le fait semble être
souvent allégué dans les compilations d'exemples
du XVI' siècle : dans Fulgose (III, vu), dans le Thea-
trumvitx humanx de Zwinger (éd. de 1571, col. 852).
Les compilateurs le prennent chez Eneas Silvius
Piccolomini.
P. 18, 1. 7. Certains Indiens.) Dans la vallée des
Alcazares. Cf. Lopez de Gomara, Hist. générale des
Indes. « Ils portent à la guerre les hommes morts,
qui ont esté vaillans, pour rendre les soldats plus
courageux, & pour leur donner exemple... Ces corps
sont sans chair, ils ont seulement les oz joints
ensemble par les jointures. » (III, xxii, f° 241 v°.)
P. 18, 1. 15. Capitaine Bayard). Cf. les Mémoires des
frères du Bellay. « Le capitaine Bayar fut blessé d'une
harquebouzade au travers du corps, lequel persuadé
de ses gens de se retirer ne le voulut consentir,
disant n'avoir jamais tourné le derrière à l'ennemy.
Et après les avoir repoussez, se feit descendre par un
sien maistre d'hostel, lequel jamais ne l'abandonna,
& se feit coucher au pied d'un arbre le visage devers
l'ennemy. » (II, 59.)
P. 18, 1. 24. L'Empereur Maximilian). Peut-être
Montaigne rapporte-il ce fait d'après une tradition
orale : je ne l'ai trouvé mentionné dans aucun ou-
vrage du temps.
P. 19, 1. 13. L'ordonance que Cyrus). Cf. Xéno-
phon, Cyropédie. « Si quis vestrûm aut dextram meam
tangere, aut oculum meum dum adhuc vivo intueri
velit, me adeat propius. Verùm ubi ego oculos
clausero, peto à vobis filii, nemo amplius corpus
meum intueatur, neque vos etiam ipsi. » (VIII,
VII, 297.)
P. 20, 1. 3. Vanité si persévérante). Pour une critique
analogue de gens qui se préparent de pompeuses
funérailles, cf. Érasme, Eloge de la folie, édit. de 1544,
p. 100.
P. 20, 1. 8. L'ordonnance de Marcus ./Emilius Lepidus).
Cf. Tite-Live. « Marcus .^mihus Lepidus, antequam
exspiraret, prœcepit filiis, lecto se strato sine linteis,
sine purpura, efferrent. » (Epitome, XLVIII.)
P. 20, 1. 15. Le philosophe Lycon). Cf. Diogène
Laerce, Vie de Lycon. « Cœterum funus & crematio
curœ erit Buloni & Callino & amicis cœteris, uti ne
illiberalis, neu superflua sit... De sepultura vero
videbit Lycon, sive me hic, sive domi sepelire ma-
luerit. » (V, lxxiv, 304-306.)
P. 20, 1. 17. /(' lairrai). On peut rapprocher du
sentiment de Montaigne celui que Cicéron a ex-
primé dans les Tusculanes : « Quantum consuetudini
LIVRE I, CHAPITRE III.
famaèque dandum sit, id curent vivi : sed ita ut
intelligant nihil id ad mortuos pertinerc. » (I, xi.\';
t. IV, 125.)
P. 20, 1. 19. Toliis hic locus). « C'est un soin qu'il
faut entièrement mépriser pour soi-même et ne pas
négliger pour les siens. » (Cic, Tusc, I, xlv.)
P. 20, 1. 21. Cnratio fnneris). «Le soin des funé-
railles, le choix de la sépulture, la pompe des obsè-
ques regardent plutôt la consolation des vivants que
le profit des morts. » (Saint Augustin, Cité de Dieu,
\, XII.)
P. 20, 1. 22. Sacrâtes). Cf. Platon, Phédon. « Opor-
tet... dicere corpus sepeliri meum atque ita sepeliri,
ut tibi placebit, maximéque justum esse censebis. »
(lxiv, p. 1 1 5 ; éd. de 1 546, p. 5 19 ; et encore Cicéron,
Tusc, I, XLIII.)
P. 21, 1. 15. Diomedon). Cf. Diodore de Sicile.
« Adonc Diomedon l'un d'entre eulx, homme de
bien de sa personne en la guerre, & au demeurant
droitturier & vertueux en la paix, se tira en avant
pour parler, & luy estant faict silence parla en ceste
manière ; « Seigneurs Athéniens, je prie aux Dieux
» que la sentence que vous avez donnée alencontre
» de nous, tourne au bien & à l'honneur de la chose
» publique. Mais puis qu'aii^i est que la fortune
» nous garde de pouvoir nous mesmes acquitter les
» veusz que nous avions faicts & vouez aux Dieux
» pour la victoire, il est raisonnable que vous ayez
» le soing de les payer : car nous avions promis
» & voué de sacrifier à Jupiter sauveur, à ApoUo,
» & aux vénérables Déesses, si par leur grâce nous
» obtenions la victoire. » Ayans dit ces paroles, il
fut mené avec les autres à la mort. » (XIII, xxxi-
xxxii, f° 118.)
P. 22, 1. 2. Car Chabrias). Id., XV, rx, i° 190 r°.
P. 22, 1. 4. L'islc de Naxe). Naxos, île de la mer
Egée, la plus grande des Cyclades. La forme Naxe
est dans la traduction de Diodore par Amyot.
P. 22, 1. 9. Quœris...). « Veux-tu savoir où tu
seras après la mort? Où sont les choses à naître. »
(Sénèque, Troad.^ chor., act. II, v. 30.)
P. 22, 1. 12. Neque sepidchrum...). «Qu'il n'ait pas
de tombeau pour le recevoir, de port où, déchargé
du poids de la vie humaine, son corps repose en
paix. » (Ennius, chez Cicéron, Tusc, I, xliv.)
Chronologie : Les emprunts à Jean Bouchet
(p. 17, 1. i), à Guichardin (p. 17, 1. 4), aux frères
du Bellay (p. 18, 1. 15), prouvent que cet essai est
des environs de 1572.
Chapitre 1\.
COMME LAME DESCHARGE SES PASSIONS SVR DES OBIECTS FAVX, Q.VA\D LES VRAIS LVY DEFAILLENT.
P. 25, 1. 12. Fcntiis). « De même que le vent, si
d'épaisses forêts ne viennent pas lui faire obstacle,
perd ses forces et se dissipe dans l'espace vide... »
(Lucain, III, 362.) Le texte est celui des éditions
contemporaines.
P. 24, 1. i6.) Plutarque dans la Fie de Pcriclès.
« Cïesar voiant un jour à Rome quelque estrangers
hommes riches & opulents, qui avoient tousjours
entre leurs bras de petits chiens & de petites guenons,
& les cherissoient mer\'eilleusement, leur demanda
si les femmes en leur pais ne faisoient pas des en-
fans : reprenant très sagement ceulx qui emploient
envers les bestes l'inclination à aimer, & l'affection
de charité que la nature a mise en nous, pour en
user envers les hommes & non pas envers les bestes. »
(i, 104.)
P. 24, 1. 7. Pannonis). « Ainsi l'ourse de Pannonie
devient plus féroce après avoir été atteinte du javelot
que retient la mince courroie de Libye. Elle se roule
sur sa plaie, et, furieuse, elle cherche à mordre le
dard dont elle est percée, et poursuit le fer qui tourne
avec elle. » (Lucain, VI, 220.) Le texte est celui des
éditions contemporaines.
P. 24, 1. 17. Fhrc omîtes). « Tous de pleurer aus-
sitôt et de se frapper la tète. » (Tite-Live, XXV,
xxxvii.) Les deux frères dont il est ici question sont
Publias et Cnéus Scipion.
P. 24, 1. 18. Le philosophe Bion). Cf. Cicéron, Tusc.
« In quo facetum illud Bionis, perinde stultissimum
Regem in luctu capillum sibi evellere, quasi calvitio
mœror levaretur. » (III, xxvi, t. FV, 149.)
P. 24, 1. 22. Xerxes). Peut-être Plutarque, Comment
il jault refréner la cholere. «Xerxes... donna des poin-
sonnades & des coups de fouet à la mer, & escrivit des
lettres missives à la montagne Athos... » (v, 57 v°).
L'addition du manuscrit s'explique par le texte d'Hé-
rodote que Montaigne lut précisément après 1588.
« Xerxes... commanda que trois cents coups de fouet
fussent donnés à l'Hellespont & qu'on jetât dedans
deux paires de fers pour mettre aux pieds. Et j'ai
davantage entendu qu'il envoya marques pour le
flétrir et stigmatiser. A la vérité il commanda qu'il
fust souffleté avec ces paroles barbares et présomp-
tueuses... » (VII, XXXV.)
P. 24, 1. 23. Cyrus). Peut-être Sénèque, De ira,
III, XXI. Le fait est d'ailleurs souvent allégué par les
vulgarisateurs du xvi= siècle.
P. 24, 1. 25. Caligiila). Id., ibid., III, xxii. Mais je
crois avec Coste qu'il faut lire « desplaisir » au lieu
de «plaisir». Voici en effet le texte de Sénèque :
« Cassar villam in Herculanensi pulcherrimam, quia
sua mater aliquando in illa custodita erat, dirait. »
P. 25, 1. i. Un roy de nos voisins). Le texte invite
à penser qu'il s'agit probablement d'un roi de Castille.
Mais je n'ai pu retrouver aucune indication précise
à ce sujet. Victor Leclerc suppose que Montaigne
fait allusion à Alphonse XI, mais le texte de Charles
Bovelle qu'il allègue à ce propos {Géométrie pratique,
édition de 1547, f° 62), ne fournit pas même un
commencement de présomption en faveur de cette
hypothèse.
P. 25, 1. 8. Augustus César). Cf. Suétone, Vie
d'Auguste, xvi. Montaigne ne traduit pas Suétone,
mais son allégation est exacte.
LIVRK I, CHAPITRE IV
P. 2), 1. 12. Ayant perdu une bataille). Id., ibid.
« Ut caput interdum foribus illideret vociferans :
Quinctili, Vare, legiones redde. » (xxiii.)
P. 25, 1. 18. Tljraces). Cf. Hérodote. «CesThraces
tirent contre le ciel traicts &; flesches, lors qu'il tonne
ou esclaire, menaçans leur dieu & estimans que point
n'en est d'autre. » (IV, xciv, t. I, f° 278 r°.)
P. 25, 1. 20. Che:^ Plutarque). Dans le Traité
intitulé : Comment il fault refréner la cholere (iv,
î° 69 v).
Chronologie : Aucune allusion et aucun emprunt
ne me semblent révéler la date de composition de
cet essai. Peut-être est-il de 1572 comme les essais
voisins. Sans doute les vers qui terminent sont pris
aux Œuvres morales de Plutarque traduites par Amyot
et n'ont pas pu être insérés avant la fin de 1572,
mais la place même qu'ils occupent permet de sup-
poser qu'ils ont été insérés après coup. L'hypothèse
reste donc possible, toutefois aucun fait ne permet
de l'appuyer.
Chapitre V.
SI LE CHEF D VNE PLACE ASSIEGEE DOIT SORTIR POVR PARLEMENTER.
P. 26, 1. I. Luciiis Marcius). Le fait est assez
fréquemment mentionné par les vulgarisateurs du
xvi'' siècle. Cf. par exemple Gentillet, Discours sur les
moyens de bien gouverner, III, xii; éd. de 1579, p. 385;
Droit de Gaillard, Méthode de l'histoire, xv; éd. de 1579,
p. 254, qui l'allèguent précisément dans le même but
que Montaigne, pour disserter sur l'opposition entre
la ruse et la force. L'allusion de 1580 ne suppose
donc pas nécessairement un souvenir direct de Tite-
Live qui nous a rapporté cette histoire; en tout cas
le texte de Tite-Live n'y est pas traduit. Dans l'addi-
tion de 1595, au contraire, on retrouve les mots
mêmes de cet auteur : « Haec, ut summa ratione
acta, magna pars senatus adprobabat : veteres & moris
antiqui memores, negabant se in ea legatione Ro-
manas agnoscere artes. Non per insidias & nocturna
pra^lia, nec simulatam fugam improvisosque ad
incautum hostem reditus, nec ut astu magis quàm
vera virtute, gloriarentur, bella majores gessisse. in-
dicere prius, quàm gerere solitos bella, denuntiare
etiam, interdum locum finire, in quo dimicaturi
essent. Eadem fide indicatum Pyrrho régi medicum,
vitae ejus insidiantem : eadem Faliscis vinctum tra-
ditum proditorem liberorum régis. Hase Romana
esse, non versutiarum Punicarum, neque calliditatis
Grscas, apud quos fallere hostem quàm vi superare,
gloriosius fuerit. Interdum in prajsens tempus plus
profici dolo, quàm virtute : sed ejus demum animum
in perpetuum vinci, cui confessio expressa sit, se
neque arte, neque casu, sed conlatis comminus viri-
bus justo ac pio bello esse superatum. » (XLII, xlvii,
p. 904.)
P. 27, 1. 5. Dolus). «Ruse ou valeur, qu'importe
entre ennemis?» (Virg., ^«.,11, 390.) Cette sentence
de Virgile est citée par Henri Estienne dans son
Apologie pour Hérodote, XVIII, m, ouvrage que Mon-
taigne a lu certainement vers 1572, à l'époque où
il a composé cet essai par conséquent. On la retrouve
dans d'autres écrits du temps. Cf. Grimaudet,
Opuscules politiques, iv; Juste Lipse, Politiques, V,
XVII, etc. ; ouvrages postérieurs à la publication
des Essais.
P. 27, 1. 6. Les Achœiens , dict Polybe). Montaigne n'a
pas pris ce fait chez Polybe, mais dans les Politiques
de Juste Lipse : « Tmv y.x-x -;/vî;xsv ïp'^-wi iXàTTui zx
TZps^r^Moç Y.T. \xt-:x ^'.xç ir.'.-i'Kiyxz^oi, twv [/.--'x îîaij
y.ai 3Ùv ■/.x(p<o xpaTTîv.Évwv. Facinorum militarium ea
esse minoris laudis ac momenti, qxxx propalàm & per
vim patrantur, bis qu£e ex occasione & per dolum. »
(V, xvii.)
P. 27, 1. 7. Eam vir). « Un homme sage et ver-
tueux doit savoir que la seule vraie victoire est celle
qu'on gagne sans blesser l'honneur et la dignité. »
(Florus, I, xii.) Montaigne a pris cette citation chez
Juste Lipse, Politiques, V, xvii.
P. 27, 1. 10. Vosne velit). « Eprouvons par le cou-
rage si c'est à vous ou à moi que In fortune maîtresse
des événements destine l'empire. » (Ennius, chez
Cicéron, De off., i, xii.)
P. 27, 1. 12. Au royaume de Ternate.) Cf. Goulard,
Hist. du Portugal, traduite d'Osorio, de Castaneda
et de quelques autres historiens : « La coustume du
pays porte, que quand les Insulaires veulent faire la
guerre à quelques autres, afin que les assaillis ne se
LIVRE I, CHAPITRE V
13
plaignent d'avoir esté surprins, il les envoyent desfier
premièrement, & les avertissent des gens qu'ils mei-
nent, descrivant les armes défensives & offensives
qu'ils portent : si les autres se rendent on ne leur
fait aucun desplaisir : mais s'ils font les asseurez,
disans n'avoir peur & estre prests à se défendre, de
là en avant ils peuvent s'entrecourir sus, & se faire la
guerre par tous les moyens de finesse & de trahison
dont ils se peuvent aviser, sans en encourir blasme. »
(XIV, XVI.)
P. 27, 1. 19. Les anciens Florentins). Ce fait est
allégué chez Machiavel, Historié florentine, II, et aussi
chez Giovanni Villani, Chronica, VI, lxxv. Mon-
taigne ne reproduit les mots d'aucun de ces deux
auteurs. Comme l'ouvrage de Villani figurait certai-
nement dans sa bibliothèque, on peut supposer qu'il
a puisé chez Villani.
P. 27, 1. 24. Lysander). Cf. Plutarque, Vie de
Lysandre. « Quand la peau du lion n'y peult fournir,
disoit-il, il 3' faut coudre aussi celle du regnard. »
(iv, f° 306 r°.) C'est une image tout à fait courante.
Elle est déjà chez Pindare. Au xvi' siècle elle a été
reprise et vulgarisée par Machiavel dans le Prince
(passim et en particulier chap. xviii). On la trouve
dès lors partout : chez Gentillet (^Discours sur les
moyens de bien gouverner , III, xii), qui combat l'opinion
de Machiavel; chez Droit de Gaillard (^Méthode de
l'histoire, éd. de 1579, p. 209), dans les Politiques de
Juste Lipse (IV, xiii), etc.
P. 28, 1. 8. Aux seigneurs de Montmord & de VAs-
signi). Il s'agit du siège de Mousson qui eut lieu en
1521. Cf. Les Mémoires des frères du Bellay qui
fournissent visiblement l'idée mère de cet essai :
« Parquoy le seigneur de Montmort & celuy de
Lassigny y allèrent en personne & y feirent compo-
sition telle... chose qui fut trouvée mauvaise par le
roi, attendu que... & aussi que les deux lieutenans
du roi estoient ensemble sortis au camp de l'ennemy
pour parlamenter : chose non usitée parmv les
hommes qui font profession des armes. » (I, 22.)
P. 28, !. 12. Regge). Cf. les Mémoires des frères
du Bellay : « Estant donc arrivé audit lieu de Rege
ledit seigneur de l'Escut, demanda de parier au gou-
verneur (Guy de Rangon), lequel sortit hors la porte
plus avant que la barrière, & ledit seigneur de l'Escut
descendit à pied. Pendant leur parlement l'alarme se
donna dedans la ville, & fut crié de dessus la mu-
raille audit gouverneur, que l'assault se donnoit à la
porte de Modene, laquelle chose entendue, le Comte
Guy dit à mondit seigneur le mareschal, monsei-
gneur, entrez dedans.... Mais entrant dedans quel-
qu'un de la ville estant sur la muraille, tira un coup
d'arquebouze, duquel fut frappé à travers du corps
le seigneur Alexandre Trevoulce, & cinq ou six jours
après il mourut dedans Parme... » (I, 29.)
P. 28, 1. 13. Car Guicciardin). Cf. Guichardin,
Histoire d'Italie, p. 670.
P. 28, 1. 21. Eumcnes). Cf. Plutarque, Vie d'Eumène.
« Peu de jours après Antigonus arriva devant la place,
& premier que l'assiéger, luy manda qu'il veint parler
à luy, en fiance... Et comme derechef Antigonus
insistast, en disant qu'il estoit raisonnable, qu'il veint
devers luy, attendu qu'il estoit le plus grand & le
plus fort, Eumenes fit responce. Je n'estimeray jamais
homme plus grand que moy, tant que j'auray mon
espee en ma puissance. Antigonus à la fin y envoya
dedans la place son propre nepveu Ptolomieus, ainsi
comme Eumenes le demandoit. » (v, î° 413 r°.)
P. 29, 1. I. Henry de Vaux). Cf. Froissan, I, ccix;
éd. Lettenhove, t. VI, 247. Montaigne ne répète pas
les mots de Froissart, mais son récit est fidèle.
Chronologie : Des emprunts avoués aux Mémoires
des frères du Bellay (p. 28, 1. 8, et p. 28, 1. 12) et
à Guichardin (p. 28, 1. 13), prouvent, que cet essai
est de 1572 environ.
Chapitre VI.
L HEVRE DES PARLEMENS DANGEREVSE.
P. 30, 1. I . Mussidan). Petit village du Périgord, dans
le voisinage du château de Montaigne. Le siège auquel
Montaigne fait allusion date du mois d'avril 1569.
A son sujet on peut voir de Thou, V. Cf. aussi
A. de Roumejoux, Essai sur les guerres de religion
au Périgord, dans le Bulletin de la Société du Périgord,
année 1902.
P. 30, 1. 13. ^mylius Regillus). Cf. Tite-Live,
Annales, XXXVII, xxxii.
P. 31, 1. 5. Cleomenes). Cf. Plutarque, Les Dicts
notables des Lacedœnwniens. « Il avoit fait trefves pour
sept jours avec les Argiens : la troisiesme nuict après,
aiant observé que les Argiens s'estoient très bien
endormis sous la fiance de ces trefves, il les alla
charger, & en tua les uns, & en prit les autres pri-
sonniers : & comme on luy reprochast, qu'il avoit
faulsé la foy jurée, il respondit, qu'il n'avoit pas juré
de garder les trefves la nuict : au demeurant, que
quelque mal que Ton peust faire à ses ennemis, en
quelque sorte que ce fust, cela estoit par dessus la
justice, & non subject à icelle, tant envers les Dieux
qu'envers les hommes. » (F° 217 V.)
P. 31, 1. 13. Casilinum). Cf. Tite-Live, Annales.
« Casilinum inter colloquia, cunctationémque peten-
tium fidcm, per occasionem captum est. » (XXIV,
XIX, p. 424.)
P. 31, 1. 18. Neminem). «Que personne ne doit
chercher à faire son profit de la sottise d'autrui. »
(Cic, De off., III, XVII.)
P. 31, I. 19. Xenophon). Dans la Cyropédie.
P. 31, 1. 24. Monsieur d'Aulngny). Cf. Guichardin.
«... Avendo... cominciato a parlare da un bastione
sopra le conditioni dell'arrendersi Fabritio Colonna col
Conte di Gaiazzo, la mala guardia di quelli di dentro . . .
dette occasione a nemici d'entrarvi; i quali... la sac-
cheggiarono tutta. » (V, 11, 226.)
P. 32, 1. 2. A Yvoy). Petite ville des Ardennes,
aujourd'hui Carignan. Cette aventure ne se rapporte
certainement à aucun des sièges d'Yvoy (1543 et
1552). Montaigne fait manifestement une confusion
avec le siège de Dinan au sujet duquel les historiens
contemporains nous font un récit tout semblable.
Le voici dans la Continuation de l'histoire de notre temps
de Guillaume Paradin, ouvrage auquel Montaigne
fera certainement un emprunt après 1588; le fait
se passe en 1554. Paradin nous présente Rommero
en train de parlementer avec le « Connestable » qui
assiège la place. « Et, dit-il, ce temps pendant, que
l'autre estoit longuement a estriver & opiniastrer,
plaidant tousjours pour ses armes : mon dict seigneur,
voulant sans eff'usion de sang, ny perte des siens,
avoir la place, usa de bonne invention. Car il fit
secrettement advertir les autres Espaignols estant dans
le chasteau, que Romero, lequel ils avoient envoyé
pour parler pour eux, ne plaidoit plus, que pour
emporter ses armes, & de douze des siens, laissans
les autres en crouppe, a la merci de l'espee. Ce
qu'entendans les Espaignols sortirent tous du chasteau,
soubs mesme capitulation que les Allemans : qui fut
bonne & profitable ruse. » (Éd. de 1568, f"* 228 v°,
234 r°.)
Montaigne a pu encore connaître ce récit dans les
Mémoires de Rabutin où Paradin l'a très exactement
pris. (Cf. éd. de 1574, p. 146.)
LIVRE I, CHAPITRE VI.
15
P. 32, \. '). Le marquis de Pesqttaire). Cf. les Mé-
moires des frères du Bellay. « Estant ledit Vital en la
tente du Marquis, les citadins s'asseurans sur le par-
lement, & à la promesse dudit Marquis qui estoit de
rien innover durant ledit parlement, faisoient mauvais
guet : les Espagnols ayant la cognoissance d'une
ruine qui estoit à un pan de mur sans aucune
deffence, entrèrent dedans la ville, & mirent au fil
de l'espee tout ce qu'ils trouvèrent devant eux. »
(n, 43.) Cf. aussi Guichardin, Histoire d'Italie. «Il
Marchese di Pescara si ritorno con maggiore efficacia a
ragionamenti del convenire & gia rimasi in concordia,
non appariva piu alcuna difficulta, quando i fanti
spagnuoli,... sendo negligenti quelli di dentro alla
guardia... l'occuparono... » (XW, v, 712 h.)
P. 32, 1. 10. Ligny en Barrais). Cf. les Mémoires
des frères du Bellay. « La brèche faicte, les assiégez
furent conseillez de parlamenter, & durant leur par-
lement les ennemis entrèrent dedans par la porte du
secours, & prindrent par derrière ceux qui estoient
sur la brèche pour attendre l'assault, & les firent
prisonniers sans faire grand meurtre. Je ne sçay qui
en fut le moyen, sinon que Bertheville lieutenant
du Comte de Brienne sortit le premier pour parla-
menter. » (IX, 328.)
P. 32, 1. 14. Fu il vincer). « La victoire est toujours
louable, qu'elle soit due au hasard ou à l'habileté. »
(Arioste, Orlando fiirioso, XV, i.) Cette citation se
retrouve dans un dialogue du Tasse intitulé : // Romeo.
P. 32, 1. 16. Chrisippiis). Cf. Cic, De off. « Scite
Chrysippus, ut multa : qui stadium, inquit, currit,
eniti, & contendere débet, quammaxime possit, ut
vincat : supplantare eum quicum certet, aut manu
depellere, nullo modo débet. » (III, x, t. IV, p. 382.)
P. 32, 1. 21. Ce grand Alexandre). Cf. Quinte-
Curce, rV', xiii.
P. 32, 1. 24. Malo me). « J'aime mieux avoir à me
plaindre de la fortune qu'à rougir de ma victoire. »
(W., ibid.^
P. 32, 1. 26. Atquc idem). « Il (Mézence) dédaigne
de frapper Orode dans sa fuite, de lui décocher un
trait qu'il ne verrait pas et qui le blesserait par der-
rière; il court à lui, et c'est de front, d'homme à
homme, qu'il l'attaque : il veut vaincre non par
surprise, mais par la seule force des armes. » (A'irg.,
En., X, 752.)
Chronologie : Les emprunts à Guichardin (p. 31,
1. 24) et aux frères du Bellay (p. 32, 1. 5 et 10),
permettent de dater cet essai des environs de 1572.
Chapitre VII.
QVE L INTENTION" IVGE NOS ACTIONS.
P. 33, 1. 2. Henry sepliesuie). Cf. les Mémoires des
frères du Bellay. « Quelque temps après le Roy Dom
Philippe allant par mer de Flandres en Espagne, la
tourmente le contraignit de descendre en Angleterre,
OÙ il fut recueilly du Roy Henr}' septiesme hono-
rablement : si est-ce que ledit Roy d'Angleterre ne
voulut permettre audit Roy Dom Philippe de sortir
hors de son royaume, que premièrement il n'eust
remis entre ses mains le Duc de Suffolc cy dessus
mentionné qui estoit en sa puissance dedans ses païs
bas : vrav est qu'il_ promist audit Roy Dom Philippe
de ne le faire mourir, ce qu'il ne feit : mais à son
trespas & dernière volonté ordonna à .son lils le Roy
Henrj' huictiesme qu'incontinent luy decedé, il luy
fist trencher la teste, chose qui fut exécutée. » (I, 7.)
P. 33, 1. 6. En cette tragédie). Philippe II de Mont-
morency-Nivelles, comte de Horn, et Lamoral, comte
d'Egmont, décapités le 4 juin 1568. Je n'ai retrouvé
dans aucun ouvrage du temps les détails que Mon-
taigne mentionne ici. Les ouvrages de Wesenbeke
(1569) et celui de Ulloa qui fut traduit en français
par Belleforest en 1570 ne signalent rien de pareil.
Juste, dans son livre intitulé Le comte d'Egmont et le
comte de Horn d'après des documents authentiques et inédits
(Bruxelles, 1862), n'apporte à l'appui de ces détails
aucun autre témoignage que celui de Montaigne.
(Cf. p. 348.)
P. 34, 1. 10. Le masson de Hérodote). Cf. Hérodote,
II, 121, f° 55 r". On trouve une allusion à la même
anecdote chez Henri Estienne, dans V Apologie pour
Hérodote (XV, xvi), que Montaigne lisait à l'époque
où il a composé cet essai.
Chronologie : Un emprunt aux Mi'/«o;Vc5 des frères
du Bellay (p. 33, 1. 2) permet de fixer la compo-
sition de cet essai à l'année 1572 environ. D'ailleurs
Montaigne parle de la mort des comtes d'Egmont et
de Horn (1568) comme d'un événement qui s'est
passé « dernièrement ».
Chapitre VIII.
DE L OISIVETE.
P. 35, 1. I. Des terres oysives). On trouve la même
image dans une leçon de Pierre Messie qui porte le
même titre que cet essai. (Cf. Les diverses leçons de
Pierre Messie, trad. Gruget, I, xxix.)
P. 35, 1. 5. Les femmes). Image empruntée à Plu-
tarque. Préceptes de mariage. « Il n'y eut jamais
femme qui feist enfant toute seule sans avoir la com-
pagnie de l'homme, mais bien y en a il qui font des
amas sans forme de créature raisonnable, ressemblans
à une pièce de chair qui prennent consistance de
corruption. » (xlv, f" 149 v".) Aussi bien que dans
la traduction d'Amyot, Montaigne a pu puiser ceci
dans la traduction des Préceptes de mariage écrite
par La Boétie et publiée par lui-même en 1571.
(Cf. édit. Bonnefon, 1892, p. 182.)
P. 35, 1. II. Sictit). «Ainsi lorsque dans un vase
d'airain une onde agitée réfléchit les raj^ons du soleil
ou l'image de la lune, les reflets de lumière voltigent
de tous côtés et s'élèvent dans les airs, et vont frapper
les plus hauts lambris. » (Virg., En., VIII, 22.)
P. 35, 1. 16. Velut xgri somnia). «Ils se forgent
des chimères, vrais songes de malade. » (Hor., Art
poétique, 7.)
P. 36, 1. 3. Qitisquis.) Martial, VII, Lxxin. Vers
que Montaigne traduit avant de le citer.
P. 36, 1. II. Variani). «L'oisiveté dissipe toujours
l'esprit en tous sens. » (Lucain, IV, 704.)
Chronologie : Cet essai a de grandes chances
d'être des environs de 1572. 1° Montaigne déclare
qu'il s'est retiré « dernièrement chez luy deUberé
autant qu'il pourroit ne se mesler d'autre chose que
de passer en repos & à part » ce qui lui reste de
vie. Bien que le mot « dernièrement » ait chez Mon-
taigne un sens assez vague, il y a là une raison de
croire que nous ne sommes pas éloignés de l'époque
de la retraite (début de 1571). 2° Tous les essais
avoisinants sont datés de 1572. L'emprunt à Plutarque
lui-même peut être de 1572, car (nous l'avons vu)
Montaigne peut le devoir à la traduction de La Boétie
aussi bien qu'à celle d'Amyot (fin de 1572). 3° Il
semble que Montaigne ait lu Messie vers 1572 : si
l'image des terres grasses vient de Messie, comme
il est possible, cet emprunt appuie encore notre
hypothèse.
Chapitre IX.
DES MEXTEVRS.
P. 37, 1. 8. Platon). Dans le Critias : « Prœter deos,
quos tu memorabas, alios insuper invocare decet,
prascipuéque Mnemosyncn, id est memoriam : in qua
dea priEcipua orationis nostrae motnenta sunt sita. »
(P. io8; éd. de 1546, p. 737.)
P. 39, 1. II. Cet ancien). Peut-être est-ce une allu-
sion au Pro Ligurio de Cicéron : « Oblivisci nihil soles,
nisi injurias. » (xii.)
P. 39, 1. II. Darius). Cf. Hérodote : «Apres il
commanda à un page, que toutes les fois qu'il (Darius)
se mettroit à table, il luy dist par trois fois, Sire,
souvenez-vous des Athéniens. » (V, cv, f° 134 v°.)
P. 39, 1. 18. Les grammairiens). Il s'agit de Nigidius
dont il est parlé chez Aulu-Gelle, XI, 11, et chez
Nonius, ^', Lxxx. Montaigne a pu encore prendre
ceci chez Pierre de Messie qui répète le passage
d'Aulu-Gelle et le commente dans une de ses Diverses
Leçons, V, xviii, intitulée : «Comme on peut dire men-
songe sans mentir. »■
P. 41, 1. 14. Mille routes). Peut-être souvenir de
Plutarque, De la vertu morale : « Comme Ion ne peult
assener au but que par une sorte, mais bien le peult
on faillir en plusieurs, en donnans ou plus hault ou
plus bas qu'il ne fault. » (iv, f° 33 r°.) Mais l'appli-
cation chez Plutarque est un peu différente : « Noz
actions ne peuvent estre bonnes qu'en une sorte seu-
lement, & mauvaises en plusieurs. »
P. 41,1. 17. Un antien père). C'e.st saint Augustin
qui dit, dans la Cité de Dieu : « ... Ita ut libentius
homo sit cum cane suo, quàm cum homine alieno. »
(XIX, VII.)
P. 41, 1. 18. Ut e.xternus). « De .sorte que deux
hommes de différentes nations ne sont point hommes
l'un à l'égard de l'autre. » (Pline, Hist. nat., VII, i.)
Montaigne n'a pas pris cette citation directement chez
Pline; il l'a trouvée dans le commentaire de la Cité
de Dieu, par Vives (XIX, vu), au chapitre qui lui a
fourni l'allusion précédente. Le texte de Pline est un
peu différent. Il dit « pêne non sit ». Avant Mon-
taigne, \'ivès avait supprimé «pêne».
P. 41, 1. 21. Le Roy François premier). Cf. les
Mémoires des frères du Bellay. Montaigne résume un
long récit dont voici le passage essentiel : « Le Roy
se plaint que Merveilles ait esté exécuté de nuict
sans forme n}' figure de justice, & le tout en trois
jours... L'excuse & remonstrance qu'il proposa fut
que le Duc son maistre ne pensa jamais que ledit
Seigneur Roy deust prendre ceste mort en la sorte
qu'il la prenoit, par les lettres pleines d'expostulation
que sa majesté luy en avoit escrites, d'autant que
ledit Merveilles n'estoit ambassadeur, & n'en avoit
ordre ne lieu, ny estoit estimé ne tenu tel en la cour
du Duc sondit maistre, mais qu'il y estoit comme
son subject & vassal, & pour ses propres affaires
& négoces, ainsi que les autres vassaux & suhjects
de sondit maistre...
» Si n'estoit-il excusable ny soustenahle en droict
& justice, veue la précipitation de la procédure faicte
contre luy, lequel fut seulement par souspeçon
& comme presumptieusement consentant de l'homi-
cide faict par ses gens, emprisonné le vcndredy, & le
Dimenche jugé & exécuté clandestinement & de
nuict...
» Mais à ceste objection le sens luy faillit au
LIVRE I, CHAPITRE IX.
19
besoing, ou sang qui ne peut mentir le feit respondre
si mal à propos, & contredisant à tout ce qu'il avoit
dit au-paravant, que pour excuser ceste exécution
nocturne & clandestine, il allégua que le Duc son
maistre Tavoit ainsi voulu, non pour la peur& craincte
des susdites, mais pour autant que ledict Merv^eilles
estoit au ser\-ice d'un si grand Ro)^ il luy avoit porté
ce respect de ne luy faire ceste honte que de l'exé-
cuter publiquement. A ceste cause on luy rompit
alors la broche.» (IV, pp. 113-117.)
P. 43, 1. 4. Le pape Jiile second). L'anecdote a été
rapportée par Erasme, De Lingiia; mais je crois que
Montaigne l'a empruntée à Henri Estienne, Apologie
poiir Hérodote (X\', xxxiv) qui l'a traduite d'Erasme.
« Voici donc le conte tel qu'il est là (chez Erasme)
en changeant seulement les mots latins en François.
Pendant que j'estois en Angleterre, vint au Roy un
Italien ambassadeur du pape Jule deuxième de ce
nom envoyé pour animer ce roy à faire la guerre aux
françois. Or, après avoir exposé sa légation au conseil
privé, dudict prince, luy ayant esté respondu que sa
majesté estoit en bonne délibération d'embrasser son
parti : mais qu'il luy seroit difficile d'assembler si
soudain forces suffisantes pour combattre un roy si
puissant, d'autant que le royaume d'Angleterre sous
une longue paix avoit discontinué l'exercice des
armes : un mot luy eschapa duquel il se pouvoir
bien passer : car il vint à dire que desja il avoit
remonstré cela audict pape. Lequel propos fit entrer
en souspeçon les seigneurs qui estoient là que com-
bien que ce personnage fust ambassadeur du pape,
il portoit toutefois quelque faveur au roy de France.
Dont il fut mis en prison et perdit tous ses biens :
comme il eust perdu la vie s'il fust tombé entre les
mains de son pape. »
La morale qu'Estienne tire de cette histoire est
différente de celle de Montaigne. « Or ay-je bien
voulu reciter cette histoire comme en passant seule-
ment, pour ce qu'elle me sembloit contenir un
exemple assez rare, touchant les traistres ausquels
on rogne ou plutôt on arrache les dens avant qu'ils
puissent mordre. )i
Chronologie : L'occasion du chapitre est presque
certainement l'histoire de Francisque Taverna (p. 41,
1. 21); elle vient des frères du Bella}', et fixe par
conséquent la composition aux environs de 1572.
D'ailleurs un emprunt important à V Apologie pour
Hérodote (l'anecdote de l'ambassadeur du pape Jules II,
p. 43, 1. 4) est probablement aussi des environs de 1 572.
Chapitre X.
DV PARLER PROMPT OV TARDIF.
P. 44, 1. I. Onc ne furent à tous). Cf. La Boétie,
Vers français, édition de 1572 (sonnet XIV); réédition
de 1892, p. 277.
P. 44, 1. 5. Comme on donne des règles). Peut-être
est-ce un souvenir du Cortegiano de Castiglione où
nous lisons : « Perché aile donne è licito e debito
aver più cura délia bellezza che agli uomini, e diverse
sorti sono di bellezza; deve questa donna aver giu-
dicio di conoscer quai sono quegli abiti che le
accrescon grazia, e più accommodati a quegli eser-
cizii ch'ella intende di fare in quel punto, e di quelli
servirsi : e conosc&ndo in se una bellezza vaga ed
allegra, deve aiutarla coi movimenti, con le parole
e con gli abiti, che tutti tendano allô allegro... »
(Éd. Cian., III, viii.)
P. 44, 1. 17. A l'entreveue du Pape Clément). Cf. les
Mémoires des frères du Bellay : « Or avoit il esté
ordonné de longtemps que maistre Guillaume Poyet
feroit l'oraison au pape... & estoit ledit Poyet le plus
éloquent advocat de son temps & mieux parlant la
langue Françoise... Et pour ceste raison avoit faict
forger son oraison de longue main par les plus doctes
hommes de ce royaume & l'avoit bien estudiée...
Le maistre des cerimonies vint devers .sa majesté luy
faire entendre la substance sur laquelle sa saincteté
prioit ledict seigneur qu'on fist laditte oraison, afin
de n'offencer les autres Princes & potentats : laquelle
instruction estoit toute contraire à ce qu'avoit projeté
ledit Poyet, parquoy se voyant surpris, suplia le Roy
de donner ceste charge à un autre... Mais à bien
dire, c'estoit qu'il n'avoit le temps de pouvoir changer
le language ne la substance de laditte oraison, par-
quoy en fut baillée la charge à Jean du Bellay. »
(IV, f° 118 r".)
P. 45, 1. 16. Onrecite de Severiis Cassius). Cf. Sénèque
le rhéteur : « Vir enim praesentis animi & majoris
ingenii quam studii, magis placebat in his quae inve-
niebat, quam in his quœ attulerat. Jam vero iratus
commodius dicebat. Ideo diligentissime cavebant ho-
mines, ne dicentem interpellarent. Uni ulli prodebat
excuti, melius semper fortuna quam cura, de illo
merebatur. » (Controverses, ITI, p. 579.)
Chronologie : Il est manifeste que l'exemple de
Poyet (p. 44, 1. 17) fournit le thème de cet essai;
or il est pris à du Bellay; l'essai est donc très pro-
bablement de l'époque à laquelle Montaigne a lu
du Bellay, des environs de 1572.
Chapitre XI.
DES PROGXOSTICATIONS.
P. 47, 1. 4. Cur isto modo). « D"où vient qu'il ne se
rend plus de pareils oracles à Delphes, non seulement
à présent, mais depuis fort longtemps, en sorte
que rien n'est si méprisé?» (Cicéron, De divinat.,
n, Lvii.)
p. 47, 1. 7. Aus quels Platon). Dans le Timée, p. 72;
éd. de 1546, p. 724.
P. 47, 1. 9. Aves quasdam). «Nous croyons que
l'existence de certains oiseaux n'a pas d'autre raison
que de servir à l'art des augures. » (Cicéron, De nat.
deorum, II, lxiv.) Le texte est celui de l'édition de
Paris de 1538.
P. 47, 1. II. Multa cermint). « Les aruspices voient
beaucoup de choses; les augures en prévoient beau-
coup; beaucoup d'événements sont annoncés par les
oracles, beaucoup par les devins, beaucoup par les
songes, beaucoup par les prodiges. » (Jd., ibid., U, lxv.)
P. 48, 1. 4. Cur hanc). « Pourquoi as-tu voulu,
maître de l'Olympe, ajouter aux maux des mortels
cette nouvelle angoisse de leur faire connaître par
de cruels présages leurs malheurs futurs? Que tes
desseins nous frappent à l'improviste, que l'avenir
soit caché aux hommes, que l'espoir leur soit permis
au milieu de leurs craintes. » (Lucain, II, vers 4, 5,
6, 14, 15.)
P. 48, 1. 9. Ne utile). « Il n'y a aucune utilité à
connaître l'avenir. C'est une misère de se tourmenter
sans profit. » (Cicéron, De nul. deorum, III, vi.)
P. 48, 1. II. L'exemple de François marquis de Sal-
lusse). Cf. les Mémoires des frères du Bellay, VI, 185.
Le récit de de Thou (I, xxxvii) est conforme à celui
de du Bellay.
P. 49, 1. I. Prudcns futuri). «Un dieu sage nous
a caché d'une nuit épaisse les événements de l'avenir,
et se rit du mortel qui porte ses inquiétudes plus
loin qu'il ne doit. Celui-là est maître de lui-même
et passe heureusement la vie qui peut dire chaque
jour : «J'ai vécu; qu'importe que demain Jupiter
» voile le ciel de nuages sombres ou nous ménage
» la clarté d'un beau jour? » (Horace, Odes, III, xxix,
vers 29-32 et 41-44.)
P. 49, 1. 10. Leetus in preesens). « Satisfaits du
présent, n'ayons pas la folie de nous embarrasser de
l'avenir. » (Jd., ibid., II, xvi, 25.)
P. 49, 1. 12. Ista sic reciprocantur). «Ils argumen-
tent ainsi : s'il y a une divination, il y a des dieux;
et, s'il y a des dieux, il y a une divination. » (Cicéron,
De divin., I, vi.)
P. 49, 1. 15. Nam islis). « Quant à ceux qui com-
prennent le langage des oiseaux, et qui s'en rapportent
au foie d'un animal plutôt qu'à leur propre raison,
j'estime qu'il vaut mieux les écouter que les croire. »
(Pacuvius apud Ciceronem, De divin., I, lvii.)
P. 49, 1. 18. Un laboureur). «Tages quidam dicitur
in agro Tarquiniensi quum terra araretur, & sulcus
altius esset impressus, exstitisse repente, & eum affa-
tus esse qui ara bat. Is autem Tages, \A in libris est
Etruscorum, puerili specie dicitur visus, sed senili
fuisse prudentia. Ejus aspectu quum obstupuisset
bubulcus, clamoremque majorem cum admiratione
edidisset, concursum esse factum, totamque brevi
tempore in eum locum Etruriam convenisse : tum
illum plura locutum multis audientibus, qui omnia
verba ejus excepermt, liteiisque mandaverint. Omnem
ESSAIS DE MONTAIGNE.
autem orationem fuisse eaui qua aruspicina disci-
plina contineretur. ,)) (W., ibid., II, xxiii; t. IV, 269.)
P. 49, 1. 28. Les mariages). Cf. Platon, République,
V, p. 460; éd. de 1546, p. 591.
P. 50, 1. 8. Ouis est enim). Quand on tire toute
la journée, il faut bien que l'on atteigne quelquefois
le but. » (Cicéron, De divin., II, Lix.)
P. 50, 1. 14. Diagùras). Id., De nalura deorum :
« At Diagoras quum Samothraciam venisset, Atheos
ille qui dicitur, atque ei quidam amicus « tu qui
» deos putas humana negligere, nonne animadvertis
» ex tôt tabulis fictis quam multi votis vim tempes-
» tatis efFugerint, in portumque salvi pervenerint ?
» Ita sit, inquit. Illi enim nusquam picti sunt qui
» naufragium fecerunt, in manque perierunt. » (III,
xxxvii; t. IV, 239.)
P. 50, 1. 20. Xenopbanes Cohphoniits). Id. De divi-
natione : « Ex quibus (philosophis), ut de antiquissimis
loquar, Colopbonius Xenopbanes, unus qui deos esse
diceret, divinationem funditus sustulit. » (I, m;
t. IV, 241.)
P. 50, 1. 26. JoacJiiin). Joachim de Flore, cister-
cien et théologien mystique, né à Celico (Calabre),
vers II 30, moit en 1201 ou en 1202. Ses ouvrages
ont été publiés au début du xvi^ siècle, et, outre
les prédictions qu'ils renferment, la légende en a
prêté beaucoup à Joachim qui fut surnommé le
prophète.
P. 51, 1. I. I.eon l'empereur). Cf. Chalcondyle :
« C'est chose bien estrange que pas un de tous les
Grecs ne se prit garde, ou bien n'y adjousta point
de foy, aux prédictions qu'ils avoient devant les yeux ;
veu que le catalogue des empereurs de Constanti-
nople autres fois descrit par l'empereur Léon, prince
très sçavant, venoit à se terminer en Constantin, qui
de vray fut le dernier, & au Patriarche qui mourut
à Florence : car cette table ou liste de Léon ne faisoit
mention ny de Constantin mis à mort par les Turcs,
ne qu'il fut decedé au palais Impérial. Ne aussi peu
de Grégoire s'en allant en Italie (ainsi s'appeloit
le dernier Patriarche) là où tous les autres, peu ou
plusieurs qui soient parvenuz à ces deux dignitez,
chacun en son ordre, & au propre temps qu'ils dé-
voient estre selon qu'il se vérifia depuis, se trouvoient
marquez en ladicte table, jusques à cest Empereur
& Patriarche qui furent les derniers. » (Trad. ^'igenère,
I, VIII, 535.)
P. 51, 1. 9. Le parler obscur). Sur l'obscurité cal-
culée des devins, cf. Cicéron, De divinatione, II, liv,
et II, Lvi.
Chronologie : L'histoire du marquis de Salluce
est assurément l'occasion du chapitre; elle est prise
de Martin du Bellay, qui a entendu lui-même de la
bouche du marquis les inquiétudes que lui causaient
les présages funestes qui ont déterminé sa conduite.
L'essai est donc très probablement des environs
de 1572.
Chapitre XII.
DE LA CONSTANCE.
P. 52, 1. 14. Les Turcs). Montaigne pouvait remar-
quer cela dans ses divers ouvrages sur les Turcs, en
particulier chez Chalcondyle qu'il a lu précisément
après 1588. Cf. encore Porsius, Guerre de Perse, tra-
duction française de 1583, p. 11, qui en dit autant
des Perses.
P. 52, 1. 15. Socrates en Platon). Résumé d'un
passage du Lâchés, p. 190; éd. de 1546, p. 295.
P. 53, 1. 3. Les gens de pied Lacedemoniens). Id., ibid.
« Nempe Lacedaemonios aiunt in Platseis, cum in
scutiferos incidissent, non sustinuisse primum illo-
rum impetum, neque perstitisse, sed fugisse potius.
Postquam vero Persarum solutœ sunt acies, equitiim
more convertisse, atque ea pugna victores evasisse. »
P. 53, 1. 8. Touchant les Scithes). Cf. Hérodote :
« Daire cognoissant que la fuitte continuoit, il depes-
cha un héraut vers Indathyrse, Roy des Scythes, avec
ces parolles. Heureux entre les hommes, que te sert
de fuir incessamment, attendu que tu peus faire l'un
de ces deux. Si tu te trouves suffisant pour résister,
demeure & viens au combat : autrement en arrestant
le cours de ta fuitte, viens parler à ton seigneur,
& luy apporte pour don terre & eaiie. Indath3Tse
respondit. Sache, Roy Perse, que ma coustume est
telle, que je ne fuy onque pour crainte d'homme,
& par cy-devant ne de présent je n'ay faict acte de
fuitte; t'avisant que aujourd'hui je ne fay chose qui
ne me soit coustumiere en temps de paix. Et je te
veux bien déclarer pourquoy je ne viens à te com-
battre. Nous n'avons villes aucunes, & noz terres ne
sont plantées ne labourées pour nous faire craindre
que prises soient ou gastées, si soudain n'entrons en
bataille contre vous : mais si voulez nécessairement
nous faire venir à ce point, nous avons les sépul-
tures de noz ancestres, marchez, & les allez trouver,
puis essaiez de les gaster : lors vous verrez si nous
combatrons ou non, pour icelles sépultures. » (IV,
cxxvii, f° 108 r°.)
P. 53, 1. 24. Le Marquis de Guast). Cf. les Mémoires
des frères du Bellay : «Toutes ces fortifications veoit
le Seigneur Marquis du Guast du dict hault lieu où
il s'estoit embusché derrière les moulins à vent...
car il fut descouvert des nostres, & fut incontinent
par ledict seneschal Dagenois, lequel se pourmenoit
avecques ledict seigneur de Bonneval, monstre au
seigneur de Villiers commissaire très diligent & très
expérimenté au faict de l'artillerie, lequel prompte-
ment addressa si à propos devers le lieu où estoit
ledict Marquis les deux pièces estans sur le théâtre
des Arennes, que si le Marquis voyant mettre le feu
ne se fust tiré à costé, il n'eust failly d'arriver à la
fin de sa vie. » (Vil, 129.)
P. 54, 1. 5. Laitrens de Médicis). Cf. Guichardin,
Histoire d'Italie : «Lorenzo... vedde dar' fuoco a un'
archibuso, il colpo del quale per schifare gittandosi in
terra bocconi, innanzi che arrivasse a terra, il colpo,
che altrimenti gli harebbe dato nel corpo, gli percosse
nella sommita del capo, toccando l'osso, & riuscendo
lungo la cote'nna verso la nuca. » (XIII, 11, 635.)
P. 54, 1. 20. Les Stoïciens). Tout ce passage, jusqu'à la
fin du chapitre, est très directement imité d'Aulu-Gelle,
Nuits attiques, XIX, i. Certaines phrases semblent
supposer que Montaigne a eu le texte d'Aulu-Gelle
devant les yeux en écrivant; pourtant, dans la majeure
24
ESSAIS DE MONTAIGNE.
partie de cet emprunt, il suit nianifestement non Aulu-
Gelle, mais le résumé que saint Augustin a donné du
chapitre d'Aulu-Gelle dans la Cité de Dieu (IX, iv).
Saint Augustin rapproche le vers de Virgile qui suit.
P. 55, 1. 4. Mens imtnota). «Ses pleurs ont beau
couler, son âme est inflexible. » (Virg., En., FV, 449.)
Pris dans saint Augustin, Cité de Dieu, IX, iv.
P. 55, 1. 5. Le sage peripateiicien). Cette opposition
est encore suggérée par le même passage de saint
Augustin.
Chronologie : Les deux exemples qui ont suggéré
cet essai viennent, l'un des frères du Bellay (le
marquis de Guast, p. 53, 1. 24), l'autre de Guichardin
(Laurent de Médicis, p. 54, 1. 5). Il est donc très
vraisemblablement des environs de 1572.
Chapitre XIII.
CHREMOXIE DE L KNTREVF.VE DES ROYS.
P. 56, 1. 5. La Royne de Ndvene). Pcut-ctre Mon-
taigne rapporte-t-il ici un propos oral de Marguerite
de Navarre. Je ne l'ai pas retrouvé dans VHeptamcmn.
P. 56, 1. 20. A l'entreveitë). Il s'agit de l'entrevue
de Clément VII et de François I" à Marseille, en 1533.
Les détails que Montaigne donne ne se rencontrent
ni dans le récit de Guichardin, ni dans celui de
du Bellay.
P. 57, 1. 3. A Boiiloigne). Il s'agit de l'entrevue de
Clément Vil et de Cliarles-Quint. Guichardin pré-
sente ces réflexions à propos de la première entrevue
de Bologne, celle de 1529 (XIX, vi), mais il déclare
que tout se passa de même dans la seconde entrevue
qui eut lieu en 1532. « Nel quale tempo essendo
giunto il Pontefice a Bologna, Cesare, secondo l'uso
de Principi grandi vi venue dopo lui : perché è cos-
tume che quando due Principi hanno a convenirsi,
quello di piu degnita si présenta prima al luogo depu-
tato, giudicandosi segno di riverenza che quello che
è inferiore vadi a trovarlo... » (XIX, vi, 15^.)
Chronologu-; : Cet essai est certainement inspiré
par la lecture de Guichardin (Cf. p. 57, 1. 3); il est
donc probablement des environs de 1572.
Chapitre XI\'.
QVE LE GOVST DES BIENS ET DES .\1A\ X DEPEND EN BONNE PARTIE DE L OPINION QVE NOVS EN AVONS.
P. 58, 1. I. Les hommes). Cf. Épictète, Manuel, X;
mais très probablement Montaigne a pris cette sen-
tence chez Stobée. Elle était inscrite en grec sur les
parois de sa bibliothèque. « 'Xxzi.zzv. ■:: jç avôpoi-ïj,,
z'j -ri ::px-;;j.ïTX. a/./.i -ri r.iy. twv zpa-'iii-rwv «--uâta.
Perturbant homines non res ipsie, sed rerum opi-
niones. » (Stobée, sermo 117, p. 598.)
P. 59, 1. 17. L'unique port). Cette expression et
les suivantes sont directement inspirées des Épitres
de Sénèque, bien qu'elles ne soient pas exactement
traduites.
P. 59, 1. 23. Mors uliihim). « O mon, plût à Dieu
que tu dédaignasses d'enlever les lâches à la vie, et que
la vertu seule te pût donner! » (Lucain, IV, 580.)
P. 59, 1. 25. Tlieodorus). Cf. Cicéron, Tusc. : « Ma-
gnum vero, inquit, efficisti, si cantaridis vim conse-
cutus es. » (V, XL; t. IV, 183.)
P. 60, 1. 4. Personnes populaires). Sans cesse Sénèque
appuie sa démonstration sur des exemples pris aux gens
du commun. On peut voir un mouvement tout sem-
blable dans l'épitre 70, et la conclusion que Sénèque
tire de ces exemples est tout à fait analogue à celle
qu'on trouve chez Montaigne. « Quod animi periti
noxiosique habent, non habebunt illi quos adversus
hos casus instruxit longa meditatio, & magistra rerum
omnium ratio. »
P. 60, 1. II. Un qu'on menait au gibet). Cf. Henri
Estienne, Apologie pour Hérodote : (c De combien
ovons-nous parler tous les jours ausquels le bourreau
a donné le saut pendant qu'ils gossoient encores...
L'autre, à messire Jean, qui luy dit. Mon ami je vous
as.seure que vous irez souper aujourd'hui avec Dieu,
rcspond, Allez-y vous mesmes : car quant a moy je
jeusne : ou, Allez-y souper pour moy, & je payeray
vostre escot. Un autre estant à l'eschelle, demande
à boire, & puis le bourreau ayant beu le premier, il
dit qu'il ne bevra ja après luy : pour ce qu'il ha peur
de prendre la vérole. Un autre allant au lieu du
supplice dit qu'il se gardera bien de passer par telle
ou telle rue : pource qu'il a peur de prendre la peste.
Un autre dit, Je ne passeray point par ceste rue-là :
car j'y doy de l'argent, & pourtant je crain qu'on ne
m'arreste au corps. Un autre dit au bourreau estant
prest à le jetter, Regarde bien que tu feras, car si tu
me chatouilles en me touchant, tu me feras tressaillir.
Mais entr'autres contes qui se font sur ce propos,
cestuy-ci est fort commun, du Picard, auquel ja
estant à l'eschelle, on amena une povre tille qui
s'estoit mal gouvernée, en luy promettant qu'on luy
sauveroit la vie s'il vouloit promettre sur sa foy &; sur
la damnation de son ame qu'il la prendroit à femme :
mais entr'autres choses l'aj-ant voulu voir aller, quand
il apperceut qu'elle estoit boiteuse se tourna vers le
bourreau, & lui dict. Attaque attaque, elle cloque.
Or me souvient-il qu'un jour en la ville d'Ausbourg,
soupant en la table du feu evesque de Vienne, Charles
Marillac, alors ambassadeur pour le Roy, ce conte
avant esté faict, un gentilhomme Alemand qui estoit
en la compagnie, nous en conta un fort semblable
d'une chose advenue au pays de Dannemarc, asçavoir
d'un qui avoit esté condamné d'avoir la teste tranchée,
& ja estoit sur l'eschafaut : auquel ayant esté amenée
pareillement une fille qui avoit esté de mauvais
gouvernement, & luy ayant esté proposé la mesme
LIVRE I, CHAPITRE XIV.
27
condition, aprcs l'avoir bien regardée, appercevant
qu'elle avoit le ne/, pointu Se les joues plates, dict qu'il
n'en vouloit point, & prononça un certain proverbe en
rhythme de son language, la substance duquel est que
sous un nez pointu & joues plates il n'v a rien de
bon. » (Éd. de 1566, p. 175; éd. de 1735, XV, xx.)
P. 61, I. 2. Ceux de la ville ii' Arias). Cf. Bouchet,
Annales d'Aquitaine : « Le roy print par force la cité
d'Arras... & les principaux habitants d'icelle furent
punis &: décapités : à partie desquelz le Roy eust
pardonné s'ils eussent voulu dire, vive le rov : mais ils
aimoient mieulx mourir que s'humilier. » (F° 160 v".)
P. 61, 1. 5. Au Royaume de Narsinque). Cf. Goulard,
Histoire du Portugal : « Après leur mort (des Banlanes
ou religieux du pays) on enterre les vefves toutes
vifves auprès d'eux. Les autres femmes après le deces
de leurs maris sont portées en grande compagnie de
leurs parents & amis avec chansons de resjouissance
& de louange près d'un feu ardent dedans lequel on
les jette vives... Quand le Roy meurt, on alume
un feu de bois odoriferans, & met on le corps sur
le bûcher. Lors on luy baille pour compaignie toutes
.ses concubines, tous ses mignons, ses domestiques
& serviteurs qui sont bruslez avec ce corps.
» Or ils accourent si alaigrement à ce feu, qu'on
void manifestement qu'ils estiment que le plus grand
honneur qu'ils pourroyent jamais acquérir consiste
à estre compagnons de leur Rov en sa mort. » (IV,
II, f" 118 V".)'
P. 61, 1. 12. De ces viles aines de bouffons). Cf Bonav.
Despériers, Nouvelles récréations : « Je loiierois beau-
coup plus celuy de nostre temps, qui a esté si plaisant
en .sa vie, que par une Antonomasie, on l'a appelle
le Plaisantin : Cho.se qui luy estoit si naturelle & si
propre, qu'a l'heure mesme de la mort, combien que
tous ceux qui y estoient le regretassent : si ne purent
ilz jamais se fascher, tant il mourut plaisamment.
On luy avoit mis son lict au long du feu, sus le
piastre du fover pour estre plus chaudement. Et
quand on luy demandoit, Or ça mon amy, ou vous
tient il? Il respondoit tout foiblement, n'ayant plus
que le cœur & la langue, Il me tient, dist-il, entre
le Banc & le Feu, qui estoit à dire qu'il se portoit
mal de toute la personne. Quand ce fut à luv bailler
l'extrême Onction, il avoit retiré ses piedz a cartier
tous en un monceau. Et le prestre disoit : Je ne sçay
où .sont ses piedz. Et regardez (dist-il) au bout de
mes jambes, vous les trouverez. Et mon amy ne vous
amusez point à railler, luy disoit-on. Recommandez
vous a Dieu : Et qui y va? dit-il. Mon amy, vous irez
au-jourd'huy, si Dieu plaist. Je voudrois bien estre
a.s,seuré, disoit-il, d'y pouvoir estre demain pour tout
le jour. Recommandez vous à luy, & vous y serez
en huy. Et bien disoit il, mais que j'y sois, je ferai
mes recommandations moy mesmes. Que voulez vous
de plus naïf que cela? Quelle plus grande félicité?»
(P 7 r".)
P. 62, I. 4. Fille des Kantiens). Cf. Plutarque, Vie
de Bruius : Le récit de Plutarque très développé, se
termine ainsi : « Brutus feit à son de trompe crier
par un herault qu'il donneroit certain pris d'argent
à tout soudard qui pourroit sauver un Xanthien :
& ne s'en trouva, à ce que l'on dit, que cinquante
seulement, qui furent sauvez mal gré eulx. )) (viii,
f" 695 V".)
P. 62, 1. 10. /.(' premier article). C'est le début
du serment prononcé par les Grecs avant Platée.
Cf. Diodore de Sicile, V, xxix; Lycurgue, Contre Léo-
crate, p. 158; Théon, Progymnasm., n, etc. J'ignore
quelle est la source de Montaigne.
P. 62, 1. 16. Les Roys de Castille). Tout ce récit
est résumé d'Osorio, Histoire du roi Eniinanuel, qui a
conté ces événements très longuement. (Cf. éd. latine
de 1574, î°^ 6 r° et 13 r"; trad. Goulard, p. 6 et 15.)
Montaigne s'est certainement ser\i pour ce morceau
de l'édition latine.
P. 62, 1. 16. lan de Portugal). Jean II, qui régna
de 1481 à 1495.
P. 63, 1. 2. Emanuel). Successeur de [ean II, roi
de 1495 à 1521.
P. 63, 1. 27. En la ville de Castclnau Darr\). (Pas-
sage ajouté dans l'édition de 1595 ; ci. p. 464 du t. I.)
Cf. du Haillant, Hist. de France : « La ville de Cas-
telnau d'Arri fut longuement assiégée, en laquelle
furent pris 50 hommes, qui aimèrent mieux estre
bruslez tous vifs que de revenir.» (Éd. de 1576,
p. 512.)
On peut voir le même fait encore dans du Tillet,
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Sommaire de l'Histoire de la Guerre faicte contre les here-
tiqties Albigeois, extraicte du Thresor des Chartes du Roy.
Paris, 1590, p. Il; mais on constatera que le texte est
très différent et que là n'est pas la source de Montaigne.
P. 63, 1. 27. Ouoties). « Combien de fois n'a-t-on
pas vu non seulement nos généraux, mais nos armées
entières, courir à une mort certaine? » (Cicéron, Tusc,
I, XXXVII.)
p. 64, 1. 18. Pyrrho le Philosophe). CLDïogènelj\eTce,
Vie de Pyrrhon, IX, lxviii. D'ailleurs cet exemple
est courant dans les recueils d'apophtegmes du temps.
(Cf. les Apophtegmes de Lycosthenes, éd. de 1574,
P- 979)
P. 64, 1. 22. Oserons nous donc dire). Même pensée
chez Sénèque. « Est turpissimum si eani securitatem
nobis ratio non prœstat, ad quam stultitia perducit. »
(Ep. ^d, vers la fin.) Sénèque vient de déclarer que
les enfants et les fous ne redoutent pas la mort.
P. 65, 1. 4. Aristippus, Hicronimus). Cf. Cicéron,
Tusc., II, M.
p. 65, I. G. Possidonius). Id., ibid. « Solebat narrare
Pompeius se, quum Rhodum venisset decedens ex
Syria, audire voluisse Possidonium; sed quum audiis-
set, eum graviter esse .-egrum, quum vehementer ejus
artus laborarent, voluis.se tamen nobilissimum philo-
sophum visere; quem ut vidisset, & salutavisset,
honorificisque verbis prosecutus esset, molesteque
se dixisset ferre, quod eum non posset audire; at
ille : «Tu vero, inquit, potes : nec committam, ut
» dolor corporis efficiat, ut frustra tantus \ir ad me
» venerit. » Itaque narra bat, eum graviter & copiose
de hoc ipso, nihil esse bonum nisi quod honestum
e.sset, cubantem disputavisse, quumque quasi faces ei
doloris admoverentur, s;vpe dixisse, Nihil agis dolor,
quamvis sis molestus : nunquam te es.se confitebor
nialum. » (II, xxv; t. IV, p. 137.) Cette anecdote
figure souvent dans les recueils d'apophtegmes du
temps : cf. ceux de Brusonius et de Lvcosthenes.
Dans Guy de Bruès, Dialogues contre les nouveaux aca-
démiciens (p. 15), on trouve une critique de l'attitude
de Possidonius qui a quelque rapport avec celle de
Montaigne, mais rien n'indique que Montaigne ait
puisé ceci chez Guy de Bruès.
P. 65, I. 22. Qui nisi). «Et si les sens ne sont
pas véridiques, la raison nous trompe également. »
(Lucrèce, W, 485.)
P. (>(>, 1. 3. Aut fuit). «Ou elle est passée, ou elle
va venir : il n'y a rien de présent en elle. » (La Boétie,
satire adressée à Montaigne, p. 233.)
P. G6, 1. 4. Môrsque). « Et la mort cause moins
de mal que l'attente de la mort.» (Ovide, Ép. d'Ariane
à Thésée, vers 82.)
P. 66, 1. 8. Malain mortem). « La mort n'est un
mal que par ce qui vient après elle. » (Saint Augustin,
Cité de Diai, I, 11.) Le texte de l'édition de 1 570 est :
« Neque enim facit malam mortem, nisi quod sequitur
mortem. »
P. 67, I. II. Avida est). « La vertu est a\ide de
danger. » (Sénèque, De providentia, iv.)
P. 67, 1. 18. Non enim). «Ce n'est pas, en effet,
dans la joie et les plaisirs, dans les rires et les jeux,
compagnons de la légèreté, qu'on est heureux; on
l'est bien plutôt dans la tristesse par la fermeté et la
con.stance. » (Cicéron, De fin., II, xx.)
P. 67, 1. 23. Lœtius est). « La vertu est d'autant
plus douce qu'elle nous coûte davantage. » (Lucain,
IX, 404.)
P. 67, 1. 26. Si gravis). «Si elle est violente, elle
est courte; si elle est longue, elle est légère. » (Cicé-
ron, De fin., II, xxix.) Cette idée revient souvent dans
les Epitres de Sénèque; d. en particulier épîtres 34
et 78.
P. 67, 1. 26. Tu ne la sentiras). Cf. Sénèque, Epi-
Ires : « Brevis morbus ac pnv?ceps alterutrum fiiciet,
aut exstinguetur aut exstinguet. Quid autem interest
non sit an non sim? In utroque finis dolendi est. »
(Ép. 78.) Remarquer l'effort fait par Montaigne pour
faire passer le jeu de mots en français.
P. 68, 1. 2. Memineris). « Souvien.s-toi que la mort
met fin aux grandes douleurs, que les petites ont
beaucoup dintermittences, et que nous sommes maî-
tres des douleurs moyennes. Ainsi légères, nous
pouvons les supporter patiemment; intolérables, nous
pouvons nous y dérober en sortant de la vie comme
d'un théâtre qui nous déplaît.» (Cicéron, De fin.,
I, XV.)
P. 68, I. 6. Ce qui nous fait souffrir). Cf. Sénèque,
Epitres : « Illud autem est quod imperitos in vexatione
LI\RF. I, CHAPITRE X H'
29
corporis uialc liabet : non assutverunt animo esse
intenti; uiultiim illis cum corpore fuit. Ideo vir
magnus ac prudens animum deducit a corpore & mul-
tum cum meliore & divina parte versatur; cum hac
querula ac tVagili quantum necesse est. » (Ép. 78,
p. iSi.) Voir le texte de 1580.
P. 69, 1. 10. Platon craint). Cf. en particulier dans
le Pbédon, p. 83; éd. de 1546, p. 494.
P. 69, 1. 13. Tout ainsi c] ne l'ennemy). Cf. Sénèque,
Épîtres : « Toto contra illum pugnet animo. ^'incetur :
si cesserit; vincet : si se contra dolorem suum inten-
derit. Nunc hoc plerique faciunt, attrahunt in se
ruinam cui obstandum est. Istud quod premit, quod
impendet, quod urget, si subducere te cœperis, seque-
tur & gravius incumbet; si contra steteris & obniti
volueris repelletur. Quemadmodum perniciosior est
hostis fugientibus, sic omne fortuitum incommodum
magis instat cedenti & averso. » (Ep. 78, p. 181.)
P. 69, 1. 17. Comme le corps). Image prise de
Cicéron qui a écrit dans les Tusculanes : « Ut onera
contentis corporibus facilius feruntur, remissis oppri-
munt : simile animus intentione sua depellit pressum
omnem ponderum, remissione autem sic urgetur ut
se nequeat extollere. » (II, xxui.)
P. 69, 1. 23. Tantuni dohierunt). «Ils ont souffert
dans la mesure où ils se sont livrés à la douleur. «
(Saint Augustin, Cité de Dieu, I, x.) Notons d'ailleurs
que l'esprit de cette sentence est très différent chez
saint Augustin qui affirme que les seuls biens véri-
tables sont ceux qui nous conduisent à l'éternité, et
que plus on s'attache aux biens de la terre, plus on
s'expose à la douleur. Montaigne intervertit l'ordre
des mots qui est chez saint Augustin : « .. Quantum
se doloribus. »
P. 70, 1. 3. Par Dieu mesnie). Allusion probable aux
mots fameux de la Genèse : «In dolore paries filios»,
tu enfanteras dans la douleur.
P. 70, 1. 13. Feme de Sabinns). Cf. Plutarque, De
l'amour, xxxiv, f° 613 r".
P. 70, 1. 15. f/n simple garçonnet). Cf. Plutarque,
Vie de Lycurgue, xiv. Cet exemple était déjà très vul-
garisé au XVI'-" siècle.
P. 70, 1. 18. Et un autre). Id., ihid., Valère Maxime,
III, III, etc. C'est un fait très vulgarisé au temps
de Montaigne qui le mentionnera à nouveau dans
l'essai II, xxxii. Il déclarera alors le tenir de «Plu-
tarque» et de «cent autres tesmoins». Valère Maxime
attribue le foit à un jeune Macédonien.
P. 70, 1. 21. Et s'en est veii un grand nombre). Encore
un fait qui est cité partout autour de Montaigne et
qu'il mentionnera de nouveau dans l'essai I, xxiir.
P. 70, 1. 23. Et Cicero). Dans les Tusculanes :
« Adolescentium grèges Lacedaemone vidimus ipsi
incredibili contentione certantes pugnis, calcibus, un-
guibus, morsu, denique ut exanimarentur, priusquam
se victos faterentur. » (V, xxvii.)
P. 70, 1. 25. Nnnquam naturam). «Jamais l'usage
n'aurait vaincu la nature, car elle est invincible; c'est
nous-mêmes qui, par la mollesse, les délices, l'oisiveté,
l'indolence, la nonchalance, avons altéré notre âme,
qui par les préjugés et les mauvaises habitudes l'avons
corrompue. » {Id., ibid.)
P. 71, 1. I. Scevola). Cf. Tite-Live, II, xii, 47.
Sénèque fait allusion à ce récit dans l'épître 24.
P. 71, 1. 10. Celuy qui ne daigna). Cf. Sénèque,
Epitres : « Ille qui dum varices exsecandas prœberet,
légère librum perseveravit? » (Ep. 78.)
P. 71, 1. 1 1. £/ celuy qui s'obstina). Id., ibid. « Ille qui
non desiit ridere, cum ob hoc ipsum tortures omnia
instrumenta crudelitatis experirentur? » (Ep. 78.)
Peut-être est-il question d'Anaxarque.
P. 71, 1. 15. Un gladiateur de Cœsar). Cf. Aulu-
Gelle : « Qualem fuisse accepimus ferum quendam
in ludo Caîsaris gladiatorem, qui, cùm vulnera ejus
à medicis exsecabantur, ridere solitus fuit. » (XII, v,
288, dans un chapitre sur l'idée que les stoïciens se
font de la douleur.)
P. 71, 1. lé. Ouis mediocris). «Quand jamais les
moindres gladiateurs ont-ils gémi ou changé de visage?
Quand jamais en a-t-on vu montrer de la lâcheté,
je ne dis pas seulement dans leur maintien, mais
dans leur chute? Renversés, condamnés à recevoir
la mort, quand en a-t-on vu détourner la tête ? »
(Cicéron, Tusc, II, xvii.)
P. 71, 1. 27. Vellere quels). « Elles qui ont soin de
s'arracher les cheveux blancs, de s'enlever la peau pour
se refaire un visage nouveau. » (Tibulle, I, viii, 45.)
Le texte est : « ToUere tune cura est. »
30
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 72, 1. 6. Xoslir Rov). Henri III qui régna en
Pologne de 1573 à 1574. De Thou cite expressément
à ce sujet l'exemple du Grand Cliambellan de Pologne
qui, au départ d'Henri III, se donna un coup de
poignard dans le bras pour lui témoigner son dévoue-
ment. La phrase de .Montaigne a dû être écrite entre
novembre ou décembre 1588 (date de son retour de
voyage), et le 2 août 1 589, date de la mort d'Henri III.
P. 72, 1. 12. Les turcs). Cf. Guillaume Postel, Des
histoires orientales : « De braves & gens de court, qui
aiment & poursuivent une dame, feront de telles
taillades, pour approuver l'amour, & souvent se pic-
queront de quelque fer jusque au sang, faisant une
figure à la devise de la dame, sur un bras ou autre
part cachée d'habit, puis v bouteront le feu long temps
avec une chandelle : qui est une extrême douleur
& seulement pour faire que le seing dure à jamais...
Ny a celuy de ces ballaffrés à qui ne faces fendre un
bras, une joue, ce que voudrés luy donnant quelque
sept, ou huit, ou dix aspres. » (Ed. de 1575, p. 228;
éd. de 1560, V^ partie, p. 108.)
P. 72, I. 21. Tesinoiiig tres-digiie de foy). Cf. Join-
ville : « Il se confessoit tous les \'endredis à son
Prestre : & après sa confession, il despouilloit ses
espaules, & se faisoit battre par sondict Prestre, a
tout cinq petites chesnettes de fer, qu'il portoit dans
une boete. Il porta .souventes fois la haire, jusques
en sa vieillesse, qu'il la laissa par l'admonestement
& conseil de son Confesseur : ^ au lieu d'icelle... »
(Éd. Rieux, xciv, f" 211 r".)
P. 73, 1. I. GuiUattme nostre dernier Dite de Gusenne).
Cf. Jean Bouchet, Annales d'Jcjnilnine : « Ledict duc
Guillaume... par le conseil d'un ermite, en lieu de
haire print une cuyrasse sur son corps, & sur sa
teste un aubergeon, qu'il porta tousjours jusques à
sa mort, par pénitence, soubs un habit d'hermite. »
(P75r".)
P. 73, 1. 5. l-'oiiliiiies Comte d'Anjou). Cf. Paul-Emile,
De rel'ns gestis Francornm : Il s'agit de Foulques III qui
mourut en 1040.
On trouve encore le même récit chez \'inet. Anti-
quités de Saintes, pp. 41-43. Vinet .suppose que ce
seigneur voulait expier le meurtre commis par lui sur
la personne du comte du Maine. Du Haillant a repris
les termes mêmes de Paul-Emile dans son Histoire des
Rois de France, 1 576, et dans sa sommaire Histoire des
Seigneurs comtes et ducs d'Anjou (Paris, 1572).
P. 75, 1. 8. Un grand nombre d'hommes & femmes
se battre). On peut rapprocher de ceci ce que dit
Montaigne dans son Journal de Voyage : « Au milieu
des rancs (il passa devant moy) une file des Pœni-
tanciers qui se foitent à-tout des cordes; de quoy il
y en avoit cinq çans, pour le moins, l'eschine toute
escorchée &; ensanglantée d'une piteuse façon. C'est
un œnigme que je n'entans pas bien encores; mais
ils sont tous meurtris & cruelemant blessés & se
tourmantent & hâtent incessammant. Si est-ce qu'à
voir leur contenance, l'assurance de leur pas, la fer-
meté de leurs paroles (car j'en ouis parler plusieurs),
& leur visage (car plusieurs estoint descouverts par
la rue), il ne paroissoit pas sulemant qu'ils fussent
en action pénible, voire ny sérieuse... » (P. 259.)
Le passage des Essais ne s'inspire pas de cette expé-
rience, car il est antérieur au voyage de Montaigne
et a paru en 1580.
P. 73, 1. I). Maxiinus. . Calo... Paulus). Ct. Cicé-
ron, r«5r., III, xxviii. Les mêmes exemples se retrou-
vent ailleurs, notamment dans le De consolalione de
Sigonius, par supercherie attribué à Cicéron.
P. 73, 1. 17. Je disais). Montaigne fait sans doute
allusion aux morts de Frédéric de Foix, comte de
Gurson, et de ses deux frères, sur\-enues le même
jour. Il a écrit dans ses Ephcmérides : « Iulius 29, 1 587,
le comte de Gurson, le comte de Fleix & le Chevalier,
trois frères mes bons S" & amis, de la Maison de
Foix, furent tués à Moncrabeau en Agenois en un
combat fort aspre pour le ser\-ice du roy de Navarre. »
{Éphém. de Beutère, p. 238.)
P. 73, 1. 26. Ex quo intelligitur). « D'où l'on peut
voir que l'affliction n'est pas un effet de la nature
mais de l'opinion. » (Cicéron, Tusc, III, xxvni.)
P. 74, 1. I. Tcre^. Cf. Plutarque, Dicts notables
des anciens Ro\s... : «Teres, le père de .Sitalces, sou-
loit dire, que quand il estoit de loysir, & qu'il ne
faisoit point la guerre, il luy estoit advis qu'il n'y
avoit point de différence entre luv & son parefrenier. »
(F° 189 r".)
P. 74, 1. 6. Eerox gens). «Nation téroce qui ne
LIVRE 1, CHAPITIU: XI\.
pensait pas qu'on put vivre sans combattre. » (Tite-
Live, XXXIV, x\ii.) Le texte est conforme à celui
de l'édition de 1568.
P. 74, 1. 10. Le cardinal Borrmié). Saint Charles
Borromée (1538-1584), archevêque de Milan. On
peut consulter à son sujet : Giussani, Vie de Saint
Charles Borromée, traduite par le Père de Soultbur
(Paris, 161 5); Sala, Docimwnti circa la vita e la gesîa
di Boiroineo (Milan, 1857).
P. 74, 1. 26. Celtiy qui se les creva). Il s'agit de
Démocrite. Cf. Dejiiiilms, V, x.xix; Plutarque, De la
curiosité, xi, qui mentionne le fait pour en contester
l'exactitude; Aulu-Gelle, X, xvii, qui directement ou
indirectement est la source de Montaigne. D'après
Cicéron, Tusc, V, xxxix, et d'après Diogène, la cécité
de Démocrite n'était pas volontaire. Montaigne reprend
la même allégation dans l'essai I, xxxix, p. 316, 1. 15,
et dans l'essai II, xii, p. 358, 1. 17.
P. 75, 1. I. Thaïes). Cf. Diogène Laerce, Vie de
Thaïes : « Et cùm rogaretur, cur liberis non daret
operam, quôd filiorum amore non teneretur respon-
disse. » (I, XXVI, 28.)
P. 75, 1. 13. Tel pour arriver à la pauvreté). Il s'agit
d'Aristippe. Cf. entre autres : Diogène Laerce, II,
Lxxvii; Horace, Satires, II, ni, 100. (Rapprocher
essai II, xi, p. 129, 1. 3.) On en dit autant de Cratès.
Cf. essai III, ix. Montaigne cite ici de mémoire un
exemple très vulgarisé; il n'y a pas lieu de chercher
une source précise.
P. 75, 1. 15. Epicuriis dict). Cf. Sénèque, Épitres.
« Ab Epicuro mutuum sumam. Multis parasse divitias
non finis miseriarum fuit, sed mutatio. » (Ep. 17.)
P. 76, 1. 24. Cœsar). Cf. Plutarque, Vie de Jules
César, f° 494 r". Amj'ot dit « treize cents talents »
et met en note « sept cents quatre vingt mille escus ».
P. 77, 1. 9. Fortuna vitrea). « La fortune est de
verre; plus elle brille, plus elle est fragile. » (Publius
Syxns, e.xMimis.') Montaigne a pris cette citation dans
les Politiques de Juste Lipse, V, xviii.
P. 77, 1. 15. Faber est). «Chacun est l'artisan de
sa fortune. » (Salluste, De rep. ordin., I, i.)
P. 77, 1. 17. In divitiis). «L'indigence au sein des
richesses est la plus lourde des pauvretés. » (Sénèque,
ép- 74-)
P. 78, 1. 24. Bioii). Cf. Sénèque, De tranquill. ûiiiiiii).
« Bion eleganterait, non minus niolestuni esse comatis
quam calvis pilo velli. » (via.)
P. 79, 1. 15. Platon range ainsi). Dans les Lois:
« Minorum primum est sanitas, forma Secundum,
Tertium vires ad cursum ca;terosque corporis motus,
Quartum diviti;t, qua; ciçca; non sunt, sed acutœ cer-
nunt, si prudentiam sequuntur. » (L i, p. 631;
éd. de 1546, p. 749.)
P. 79, 1. 18. Dionisius le fils). Cf. Plutarque, Les
dicts notables des anciens Roys : « Estant ad\erty, que
l'un des habitans de Syracuse avoit caché un trésor
dedans la terre en sa maison, il luv feit comman-
dement de le luy apporter : ce qu'il feit. Non pas
tout pourtant, car il en reteint une partie, avec
laquelle il s'en alla demourer en une autre ville, là
où il en achetta quelque héritage : quov entendant,
il le renvoya quérir & luy rendit son or & argent :
puisque tu sçays, dit il, maintenant user de la
richesse, et non pas rendre inutile ce qui est fait
pour l'usage de l'homme. » (F° 190 \".) Montaigne
commet une erreur : il s'agit de Denys le père, et
non de Denys le fils.
P. 80, 1. 15. Non esse cupidum). «C'est une richesse
que de n'avoir pas la passion d'acquérir, c'est un
revenu que de n'être pas avide d'acheter. » (Cicéron,
Parad., VI, m.)
P. 80, 1. 17. Divitiarniii). « Le fruit des richesses
est l'abondance et le critérium de l'abondance, c'est
la satisfaction. » {Id., ibid., VI, 11.)
P. 80, 1. 22. Feraiile:^). Cf. Xénophon, Cvropédie :
« An ignoras me & comedere & bibere & dormire
nullo modo nunc jucundius, quàm tune cùm eram
pauper. Quod autem h:ïc sunt mihi permulta, tantum
mihi est lucri, quod plura me oportet custodire,
plura aliis tribuere, & quo plura euro, eo mihi plura
esse négocia... Itaque mihi videor magis tristari quôd
nunc plura possideam, quam antea quod pauca ha-
berem... Accipe enim hsc omnia, ac posside, iisque
utere pro voluntate tua, méque aliud nihil quàm ut
hospitem aie, & tenuius quoque quàm hospitem... Sic
igitur & Pheraulas afliciebatur maxima voluptate...
& Sacas plurimuni kvtabatur... Et hi quidem ita dege-
bant. » (VIII, m, pp. 272, 273, 274.)
32
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 8i, 1. 23. La fortune). Cf. Sénèque, Épitres :
« Errant eiiim, mi Lucili, qui aut boni aliquid nobis,
aut mali judicant tribuere fortunam. Materiam dat
bonorum ac malorum, & initia rerum apud nos in
maluin bonumve exiturarum. Valentior enim omni
fortuna animus est, in utranque paitem ipse res suas
ducit, beatreque ac misera; vit;t sibi causa est. » (Ep. 98,
p. 242.)
P. 82, 1. 2. Les Mcoitstremens). Cf. Plutarque, Du
vice et de la vertu : « II semble que ce soient les habil-
lements qui eschauffent l'homme, & toutefois ce ne
sont ils pas qui l'eschauffent, ne qui luy donnent la
chaleur, par ce que chascun d'iceux vestements à part
soy est froid... l'habillement enveloppant le corps,
& le tenant joinct & serré, arreste & contient la
chaleur au dedans, que l'homme rend de soy-mesme,
& empesche qu'elle ne se respande parmy l'air. Cela
mesme estant es choses humaines trompe beaucoup
de gens, lesquels pensent s'ils ont logez en belles
& grandes maisons, s'ils possèdent grand nombre
d'esclaves, & qu'ils amassent grosse somme d'or
& d'argent, qu'ils en vivront joyeusement : là où le
vivre doulcement & joyeusement ne procède point
du dehors de l'homme, ains au contraire l'homme
despart & donne à toutes choses qui sont autour de
luy joye & plaisir, quand son naturel & ses meurs
au dedans sont bien composez par ce que c'est la
fonteine & source vive, dont tout ce contentement
procède. » (i, f" 58 r".)
P. 82, 1. 6. Certes). Cf. Sénèque, Epitres : « Luxu-
rioso frugalitas pœna est; pigro .supplicii loco labor
est; delicatus mi.seretur industrii; desidioso .studere
torqueri est; eodem modo Invc ad qua; omnes imhe-
cilli sumus, dura atque intoleranda credimus... Non
isia difficilia sunt natura, sed nos fluidi & énerves.
Magno animo de rébus magnis judicandum est;
alioqui videbitur illarum vitium esse, quod nostrum
est. Sic quœdam rectissima, cum in aquam demissa
sunt, speciem cur\-i prœfractique visentibus reddunt.
Non tantum quid \ideas, sed quemadmodum refert. »
(Ép. 71, p. 164.)
P. 82, 1. 21. Opiiiio est). «Un certain préjugé fri-
vole, efféminé, nous domine dans la douleur comme
dans le plaisir. Nos âmes en .sont amollies, liquéfiées
pour ainsi dire; une piqûre d'abeille suffit pour nous
arracher des cris... Tout .se réduit à savoir se com-
mander. » (Cicéron, Tiisc., Il, xxii.)
P. 83, 1. I. S'il est mauvais de vivre en nécessité).
Cf. Sénèque, Epîtres : « Malum est in necessitate
vivere : sed in necessitate vivere nécessitas nulla est. »
(Ép. 12, p. 93.)
P. 83, I. 5. Oui n'a le ceiir). Cette idée revient
souvent chez Sénèque, ci. pages 74, 78, 114, etc.
Chronologie : Deux faits sont empruntés aux
Annales d'Aquitaine de Jean Bouchet : l'entêtement
des habitants d'Arras qui se laissent pendre plutôt que
de crier vive le Roi (p. 61, 1. 2), et les pénitences
que s'impose Guillaume, dernier duc d'Aquitaine
(p. 73, 1. i). L'essai est donc de la première période
(environ 1 572). J'ajoute qu'une liste de faits e.st prise
à VApoloi;ie pour Hérodote d'Henri Estienne (p. 60,
1. Il); or V Apologie est la source d'une anecdote qui
est insérée dans l'essai I, ix, essai qui est de 1572.
Nouveau motif pour accepter cette date. Enfin cet
essai est antérieur à l'es.sai II, m.
Chapitre XV,
0\ EST PVXY POVR S OPINIASTRER A VXE PLACE SAXS RAISON.
P. 84, 1. 9. Monsieur le ConucstahJc de Moiiiiiioreiicy).
Cf. les Mémoires des frères du Bellay : « Puis en\oya
(le Rov) le mareschal de Montmorency avecques...
pour passer le Tessin, & se loger au faubourg Sainct
Antoine, dedans une isle. Pour gaigner ledict fau-
bourg, ledict seigneur de Montmorency fut contrainct
de battre une tour qui estoit sur le. pont, l'ayant
gaignée, la fait remparer & garder, faisant pendre ceux
qu'il trouva dedans, pour avoir esté si outrageux
d'avoir voulu garder un tel pouUier à l'encontre dune
armée Françoise.» (H, éi.)
P. 8-1, 1. i^. Encoix depuis). Id., ibid. : «... les
gens de pied François... montèrent contremont le
rocher, & avec eschelles entrèrent dedans, & taillèrent
en pièces ce qui se trouva, hors mis le capitaine & l'en-
seigne, qui furent prins en vie, lesquels monsieur le
grand Maistre fist pendre & estrangler, pour donner
exemple aux autres, de n'estre si téméraires d'attendre
dedans une meschante place une armée Françoise
descendant en sa première fureur. » (VIII, 267.)
P. 84, 1. 18. Le capitaine Martin du Bellay). Id., ibid. :
« Estans arrivez devant Saint Bony, fut plantée l'artil-
lerie, de laquelle en peu d'heures fut faict un trou...
& furent tous ceux de dedans tuez, hors mis le
capitaine, qui fut pendu pour avoir esté si oultrageux,
de vouloir tenir une si meschante place devant le
canon. » (IX, 295.)
P. 85, 1. 16. Et au quartier par ou les Portugahis).
Cf. Goulard, Histoire du Portugal : « Cachil disoit la
coustume inviolable estre qu'en toutes les batailles
esquelles les Roys ou leurs lieutenans se trouvoyent,
on faisoit mourir sans aucune remission tous les
ennemis qui avoyent attendu le combat ou l'assaut. »
(XIV, XV, f° 416.)
Chroxologie : Tous les exemples dont cet essai
était bâti dans sa première forme sont empruntés aux
Mémoires des frères du Bellay. Il est donc très vrai-
semblablement des environs de 1572.
Chapitre X\'I.
DK LA P\NITIOX DK LA CONARDISE.
P. 86, 1. 5. Sei^^ih'iir tic l'civiiis). On peut rappro-
clier un passage des Mâiioircs des frères du Bellay
que Montaigne lisait au moment où il a écrit cet
essai : « ... Jamais l'opinion du seigneur de Ver\in
ne changea, & ne peut estre persuadé qu'il ne remist
la place... mais il taillit bien de sa foy à son... Prince,
dont du depuis il eut la teste tranchée à Paris. » (X, 336.)
P. 86, 1. 19). Le h\i;islateiir Chanvidas). Cf. Diodore
de Sicile : « Il ordonna qu'ilz demoureroient l'espace
de trois jours assis au milieu de la place, vestuz de
robbes de femmes. » (XII, iv, f° 43 V.)
P. 87, 1. 4. Siiffimdere). « Songez plutôt à faire mon-
ter le sang au visage tl'un homme qu'à le répandre. »
(Tertullien, Apologétique). Tertullien parle dune loi
contre les débiteurs que Sévère annula en substituant
à la peine de mort la vente des biens : « Sin pudoris
notam, dit-il, capitis pœna conver.sa, bonorum adhibita
proscriptione : suffundere maluit hominis sanguinem
quàm etfundere. » L'application chez Montaigne est
un peu différente. Elle est inspirée par Juste Lipse
qui avait cité cette' phrase dans son Advcrsns dialo-
i^istaiii (ui, édit. de 1637, f" 165 v"). C'est là que
Montaigne l'a prise. On v trouve la forme \erbale
« malis » pour 0 maluit >>.
P. 87, 1. 6. Aniiuiaiiiis MiiireUiiins). « Decem milites
ex his qui fugerant exautoratos capital! addixit sup-
plicio, secutus veteres leges. » (XXIV, iv.)
P. 87, 1. 10. Pour nue pareille faute). Cf. Auimien
Marceiiin : c Omncs eos qui fugisse arguebantur,
intcr impedimenta & sarcinas & captivos agcrc iter
imposuit. » (XX\', i, 449.)
P. 87, I. II. L'aspre coudauiuatiou). Cf. Tite-Live,
XW, vu; XXVI, II et m.)
P. 87, 1. 17. LcSeigiienrde Fraugct). Cf. IcsMcmoircs
des frères du Bellaj' : « Vous avez bien entendu cy
dessus comme... le mareschal de Chabannes avoit
secouru Fontarabie & avoit tiré dehors le seigneur
du Lude... & en son lieu avoit par le commandement
du Roy mis pour gouverneur le capitaine Frauget,
lequel estoit lieutenant du mareschal de Chastillon car
le capitaine Frauget après avoir tenu peu de jours...
rendit la place qui n'estoit forçable. Toutesfois ledit
Franget fut à Lion sur un eschaffault dégradé de
noblesse, & déclaré roturier luy & ses descendents
pour avoir esté négligent & failly de cueur à pour-
veoir à la conspiration dudit Dom Petre... » (H, 52.)
P. 87, 1. 24. Dans Gn\se). LL, ibid. : « Les autres...
rendirent la place à la volonté de l'ennemy. La puni-
tion dont on a depuis usé contre les moins delinqueurs,
a esté telle, que tous ceux qui s'y sont trouvez ex-
traicts de noble race, ont esté privez & dégradez eux
& leurs descendans de tous tiltres & privilèges de
noblesse, & faicts subjets aux subsides & impositions
comme non nobles 6c roturiers.» (^"^, 217.)
Cmkonologie : Les deux derniers exemples (p. 87,
1. 17, et p. 87, 1. 24) sont empruntés aux Mémoires
des frères du Bellav : l'essai est donc très probable-
ment des environs de 1572. L'emprunt à Diodore
de Sicile (p. 86, 1. 19) d'ailleurs a de grandes chances
d'être de la même époque, car il semble que Montaigne
ait lu Diodore vers 1572. On peut se demander si
la citation d'Ammien Marceiiin n'est pas postérieure,
car c'est surtout vers 1578 que Montaigne semble
l'avoir étudié. Peut-être a-t-il fait une addition à cet
essai plusieurs années après l'avoir composé.
Chapitre XVII.
VN TRAICT D1-; QVKLaVKS A MB A SS A DE V R S .
P. 88, 1. 3. De ramener taiisjoiirs). Sur cette idée
cf. en particulier // Cortegiano, de Balthasar Casti-
glione (éd. Cian, I, xxvi).
P. 88, 1. 5. Basti al nocchicro). « Que le nocher se
borne à parler des vents, le laboureur des taureaux, le
guerrier de ses blessures, le berger des troupeaux. »
Ces vers italiens sont traduits de Properce (II, i, 43).
Montaigne les a trouvés dans un ouvrage de Stetano
Guazzo, La Civil conversation (II, \"ers le début).
P. 88, 1. 1 1 . Arcbidamus).Ci. Plutarque, 7_)/f/.s- notables
des Laeedœnwniens : « Il luy dit un jour : Je ni'esbahis
de tov Periander, comment tu aimes mieulx estre
appelle mauvais poëte, que bon médecin. » (F" 2 1 5 v".)
P. 88, 1. 13. César). \'oyez en particulier la des-
cription du pont jeté sur le Rhin ÇDe hello gallico,
IV, xvii).
P. 89, 1. 7. Le vieil Dioiiisins). Cf. Diodore de
Sicile, XV, 11, f" 179 r°.
P. 89, 1. 10. Optât ephippia). « Le bœuf pesant aspire
à la selle, le cheval aspire à labourer. » (Horace, Epitres,
I, XIV, 43.)
P. 90, 1. 4. L'Empereur Charles cinqniesme). Cf. les
Mémoires des frères du Bellay : « Et quand ores il
seroit plus difficile, si estoit ce qu'il s'y pouvoit trouver
moyen, comme de combattre en une Isle, ou sur un
pont ou batteau en quelque rivière. Et quant aux
armes eux deux se pourroient aisément accorder à les
prendre qu'elles fussent esgalles, & que luy de sa
part les trouveroit toutes bonnes : fust-ce de Tespee
ou du poingnard en chemise...
» Duquel (le Roi de France) les subjects capitaines
& soldats estoient tels & de telle sorte que si les siens
de luy estoient semblables, i! se voudroit lier les
mains, mettre la corde au col, & aller vers le Roy
de France en cest estât luy demander miséricorde.
Iceux ambassadeurs toutestois... ne voulurent escrire
au Rov leur maistre tous les propos qu'ils avoient
entendus, ains lui en dissimulèrent grande partie :
comme du combat avecques Tespee ou le poingnard
en chemise, la façon & terme dont avoir l'Empereur
usé, magnifiant la force & vertu de ses subjects
& vilipendant ceux du Rov, 6c que si les siens fussent
tels que ceux du Roy... « (P. i)2-ij6.)
P. 91, I. 4. On corrompt). Cf. Aulu-Gelle : « Cor-
rumpi atque dissolvi officium omne imperantis ratus,
si quis ad id, quod facere ju.ssus est, non obsequio
debito, sed consilio non considerato respondeat. »
(I, xiii, 24.)
P. 9 1 , 1. 5 . Crassiis). Id., ihid. : « Is (Crassus) cùm . . .
circunsedere, oppugnaréque Leucas oppidum pararet,
opusque esset firma ac procera trabe, qua arietem
faceret, quo muros ejus oppidi quateret, scripsit ad
magistrum àpy.'.TÉy.Tojva molis Atheniensium sociorum,
amicorûmque populi Romani, ut ex malis duobus,
quos apud eos vidisset, uter major esset, eum mit-
tendum curaret. Tum magister if/.'.Ti-/.Twv comperto
quamobrem malum desideraret, non uti jussus erat,
majorem , sed quem esse idoneum , aptiorémque
faciendo arieti, taciliorémque ponatu existimabat,
minorem misit. Crassus eum vocari jussit, & cùm inter-
rogasset, cur non quem jusserat, misisset, causis, ratio-
nibû.sque, quas dictitabat spretis vestimenta detrahi
imperavit, virgisque multum cecidit. » (I, xiii, 24.)
Aulu-Gelle présente tout au long ce récit et institue
56
ESSAIS DE MONTAIGNE.
à son sujet la même discussion que Montaigne. Il ne
prend pas parti; au contraire, Montaigne, après avoir
fortement posé le devoir d'obéissance, établit des
distinctions et réclame des libertés d'action pour les
ambassadeurs. Il faut noter encore que l'anecdote de
Crassus et la discussion qu'elle suscite se trouvent
dans un ouvrage que Montaigne a lu dans le temps
où il a fait cette addition, après 1588 : c'est dans le
Corlcgiaiio de Castiglione (II, xxiv). Castiglione,
comme Montaigne, accorde que quelquefois il faut
s'en remettre à son propre avis et le préférer à celui qui
vous a été donné par votre prince; il veut toutefois
qu'on se montre très prudent, très réservé sur ce
point.
Chronologie : Cet essai, comme ceux qui l'en-
tourent, est bâti sur un exemple des frères du Bellay
(p. 90, 1. 4). Il est donc très vraisemblablement des
environs de 1572. Il est possible que le mot d'Archi-
damus (p. 88, 1. 11), qui vient de Plutarque, ait été
inséré postérieurement à la composition primitive,
s'il vient de la traduction d'Amyot qui parut seule-
ment à la fin de 1572.
Chapitri: XVIII.
DK LA l'KVR.
P. 92, 1. I. Ohstitpiii). « Jf demeurai stupidc, mes
cheveux se dressèrent, ma voix s'arrêta dans ma
gorge. » (Virgile, En., II, 774.)
P. 92, 1. 15. Monsieur lic Bourbon). Cf. les Mémoires
des frères du Bellay : « Un porteur d'enseigne aj-ant
la garde d'une ruine qui estoit à la muraille au bourg
S. Pierre voyant monsieur de Bourbon venir avecques
quelques soldats à travers les vignes pour recognoistre
la place, entra en tel effrov que cuidant fuir devers
la ville, passa (l'enseigne au poing) par ladite ruine,
& .s'en alla droict aux ennemis. Monsieur de Bourbon
voyant ceste enseigne venir droict à luv, estima
qu'elle fut suivie d'autres gens, & que ce fust une
saillie faicte sur luy : parquoy il s'arresta pour
recueillir les hommes qui venoient à son secours
& faire teste... Ledit enseigne ayant marché environ
trois cens pas hors la ville... se recogneut... & par
la mesme ruine dont il estoit sorti rentra dedans. »
(III, 75.)
P. 93, 1. 5. L'enseigne dn Capitaine Jnille). Li.,
ilvii. : « L'enseigne du capitaine Juille... son enseigne
au poing, voyant l'ennemy marcher à l'assault entra
en tel effroy, que pensant... fouir dans la ville, sortit
par une canonnière, & fouit droict aux ennemis, son
enseigne au poing, où il fut massacré. » (VIII, 255.)
P. 93, 1. 9. An mesme siège). Id., ihid. : « Aussi un
gentilhomme... entra en telle frayeur, qu'il tomba
mort, sans estre frappé. » (VIII, 255.)
P. 93, 1. 14. De Germaniciis). Cf. Tacite, Hist.,
I, LXIIt.
P. 93, 1. 19. L'Empereur Tbeopinle). Cf. Zonaras :
« Ainsi que derechef l'Empereur se fut acheminé
contre les Agarenes, l'issue de la bataille fut malen-
contreuse pour les Romains : car peu s'en faillit que
l'empereur ne fut emmené prisonnier par les ennemis.
Manuel en estant acertené, après avoir rallié des gens,
il se fourra en la plus grosse presse des Sarazins,
commandant à l'Empereur qu'il le suivist, car il estoit
tout estonné, & disoit pour couvrir son peu de
courage, qu'il ne s'en vouloit fuir abandonné le
peuple. Et après que souventes-fois on luv eust
remonstré qu'il sortit hors de la bataille, sans en
vouloir rien faire, estant retenu de crainte comme
s'il eust esté détenu es ceps. Manuel luj' dit, si vous
ne me suyvez, je vous tueray : car il vaut mieux
que vous perdez la vie, que si estant prisonnier vous
procurez un si grand deshonneur à la Republique de
Romme. » (Ed. de 1560, 3^ partie, f" 58 V''; éd. de 1583,
f 879 r°.)
P. 93, 1. 21. Adeo pai'or). «Tant la peur s'effraie
même des secours. » (Quinte-Curce, III, 11.)
P. 94, 1. I. En la première juste bataille). Cf. Tite-
Live, Annales : « Cùm jam in orbem utrinque pugna-
rent, decem millia fermé hominum cùm alià evadere
nequivissent, média Afrorum acie, qu« Gallicis auxiliis
firmata erat, cum ingenti caede hostium perrupere. »
(XXI, Lvi, 347.)
P. 94, 1. 9. Amis de Pompeins). Cf. Cicéron, Tiis-
culanes : « Constabat eos qui concidentem vulneribus
Cn. Pompeium vidissent, cum in illo ipso acerbissimo
miserrimoque spectaculo sibi timerent, quod se classe
hostium circumfusos vidèrent, nihil tum aliud egisse.
38
ESSAIS DE MONTAIGNE.
nisi ul rémiges liortarentur, et ut salutem adipisce-
rentur fuga : posteaquam Tyrum venissent, tuin
adflictari lamentarique cœpisse. » (III, xxvii.)
P. 94, 1. 17. Tumpavor). «Alors la peur m'arrache
du cœur tout mon courage. » (Ennius, apud Cice-
ronem, Tiisc, IV, viii.)
P. 95, 1. \. Les Grecs). Cf. Diodore de Sicile :
« Ce fui une calamité publique qui survint lors à la
cité de Cartilage par permission divine : car ordinai-
rement on oyoit des bruits par la ville & des frayeurs
& espouventemens sans propos ny raison apparente,
que l'on appelle tremeurs paniques : de sorte que
plusieurs sortoient de leurs maisons en sursault, avec
les armes aux poings, comme si l'on eusl crié alarme,
& comme si les ennemis eussent esté dedans la ville :
& s'entrebattoient les uns les autres comme s'ils
eussent esté ennemis, y cstans les aucuns blecez,
& les .autres antierernent tuez, jusques à ce qu'ils
eussent appaisé par oraisons & sacrifices l'ire des
Dieux. 0 (XV, VII, f" 185 v°.)
Chronologie : L'essai semble être suggéré par trois
exemples empruntés aux Mémoires des frères du
Bellay (p. 92, 1. 15, et p. 93, 1. 5 et 9). Il est donc
très vraisemblablement des environs de 1572.
CliAPiTRi; XIX.
Q\ IL NE 1 A\T 1VGF.R DK NOSTRK HUNR, a\- APRES LA MORT.
P. 96. TITRE. Ce sujet est touché dans beaucoup
de dissertations morales du temps. Cf. en particulier
Estienne Pasquier, Le poitrparler du Priiicc, édition
de 1581, f" 204 V".
P. 96, 1. I . SciliiCt). « Il fiiut toujours attendre le
dernier jour de l'homme, et personne ne peut être
déclaré heureux avant sa mort et son heure suprême. »
(Ovide, Métaiii., III, 135.) Le texte est celui des
éditions contemporaines.
P. 96, 1. 4. Du Roy Crœsits). Cf. Hérodote, 1, lxxwi.
L'anecdote est tout à fait courante chez les auteurs
anciens et modernes : Cf. Diogène Laerce, Vie de Selon ;
Cicéron, De fin., II, xxvii; ^'alère Maxime, VII, xi.ii;
Erasme, Apopht., VII. Lycosthenes qui intitule un
de ses chapitres : Aiite morteiii iieiiio beatus jiidicaiidiis;
Le Roy, Vicissitudes, éd. de 1577, p. 52; Budé, Insti-
tution du Prince, Lin, etc.
P. 96, 1. i^.Agesilaus). Cf. Plutarque, Diets notables
des Lcuedxinoniens : « Quelqu'un reputoit heureux le
Roy de Perse de ce qu'il estoit venu fort jeune à un
si puissant estât; voire mais, dit-il, Priam en tel aage
ne fut pas malheureux. » (F" 211 r°.)
P. ^6, 1. 17. // s'en faict des menuisiers et grejjicrs
à Rome). Allusion au fils de Persée, nommé Philippe.
Cf. Plutarque, Vie de Paul-Éniile, xix.
P. 96, 1. 18. Des pédantes à Corinthc). Allusion à la
fameuse légende de Denys l'ancien ou le tyran, chassé
de ses États par Timoléon. Elle est partout. Cf. en
particulier Pasquier, Le pourparler du Prince, au début.
P. 97, 1. 3. Ce grand Pompeius). Son exemple est
souvent cité avec la valeur que Montaigne lui donne
ici. Cf. en particulier Cicéron, Tusc, I, xxxv.
P. 97, 1. 4. Ce Ludofic Sforce). Cf. Guichardin,
Hisl. d'Italie : « Dopo due di fu menato nella Torre
di Loces, nella quale stette circa dicci anni, & insino
alla fine délia vita prigione; rinchiudendosi in una
angusta carcere i pensieri e l'ambitione di colui, che
prima appena capevano i tormini di tutta Italia. »
(P. 212.)
P. 97, 1. 7. La plus belle roiiie). Marie Stuart, veuve
de François II, décapitée par l'ordre d'Elisabeth le
18 février 1 587.
P. 97, 1. 12. Usqiie adeo). «Tant il est vrai qu'une
torce cachée renverse les puissances humaines, et
semble se foire un jeu de fouler aux pieds l'orgueil
des f;iisceaux et des haches consulaires. » (Lucr., \',
I233-)
P. 97, 1. 15. El semble que la fortune). Cette idée
revient souvent chez Sénèque. Cl. en particulier
l'épitre 98 qui, à propos de l'incendie de Lyon, s'étend
longuement sur ce sujet : « Incrementa lente exeunt,
festinatur in damnum. »
P. 97, 1. 18. Nimirum). « Certes, j'ai trop vécu
d'un jour, n (Macrobe, Satura., II, vu.)
P. 98, 1. 8. De bon et de net dans le fond du pot).
L'épitre 26 de Sénèque est intitulée : «... Qualiter
boni viri meritum mors excutiat, & quod egregium
sit mortem discere. »
P. 98, 1. 9. Nam vera- wces). « Alors seulement
des paroles sincères nous sortent du fond du cœur,
le masque tombe, l'homme reste. » (Lucr., III, 57.)
Le texte de Montaigne est conforme à celui de
Lambin (p. 195).
P. 98, 1. II. Vovla pourcjuoy se doivent). Pour cette
idée, cf. Sénèque, Épitres, jiassim, en particulier
épitre 82. Mais Montaigne suit ici surtout l'épitre 26
40
ESSAIS DE MONTAIGXE.
à laquelle une phrase est textuellement prise : « Ego
certe velut appropinquet experimentum, & ille laturus
sententiam de omnibus annis meis dies venerit, ita
me obser\-o... Quod profecerim, morti crediturus
sum. Non timide itaque componor ad illum diem,
quo remotis strophis ac fucis de me pronuntiaturus
sum, utrum loquar fortia an sentiam, nunquid simu-
latiofierit & mimus, quicquid contra fortunam jactavi
verborum contumacium, etc. » (P. 112.)
P. 98, 1. 18. Scipion). Cf. Sénèque, épître 24.
P. 98, 1. 20. Epaminondas). Cf. Plutarque, Les dicis
notables des anciens Roy s... : « On luy demanda quel-
quefois lequel il estimoit plus grand capitaine de luy,
de Chabrias ou d'Ipliicrates : il respondit, il seroit
bien mal aisé d'en juger, tant que nous sommes en
vie. » (F" 201 r*^.)
Chronologie : Un exemple semble venir de Gui-
chardin (Ludovic Sforce, p. 97, 1. 4). C'est une raison
de croire que l'essai est des environs de 1572. Il n'y
a là toutefois qu'une présomption parce que l'emprunt
se réduit à une simple allusion. D'autres présomp-
tions se joignent à celle-là : i"' tous les essais avoi-
sinants sont de la première période; 2° ce chapitre
présente le même stoïcisme qui caractérise les essais I,
xi\ , et I, XX, tous deux datés avec certitude de 1 572.
On pourrait être tenté de reculer la composition à la
fin de 1572 parce que l'apophtegme d'Agésilas est
pris textuellement à Amvot et parce que la traduction
d'Amyot parut seulement à la tin de 1572; mais cette
conclusion elle-même n'est pas nécessaire : il a pu
être ajouté là sous forme d'addition.
Chapitre XX.
QVE PHILOSOPHER C EST APPRENDRE A MOVRUl.
P. loo, 1. I. C'uxro). Cf. Tusc. : « Tota philoso-
phorum vita, ut ait ideoi (Socrates), commentatio
mortis est. » (I, xxx.) Après 1 588, dans l'essai III, xu,
Montaigne reprendra cette pensée de Cicéron, mais
pour la contester. Cicéron l'a traduite du Phàion.
P. 100, 1. 2. C'est d'autant que J'estiide et la contem-
pJatiûii). Id., ilnd., I, xix, et surtout I, xxxi, où cette
pensée est développée : « Nam quid aliud agimus,
quum a voluptate, id est, a corpore, quum a re
lamiliari, qu;e est ministra & tamula corporis, quum a
republica, quum a negotio omni sevocamus animum?
Quid inquam, tum agimus, nisi animum ad se ipsum
advocamus, secum esse cogimus, maximeque a
corpore abducimus? Secernere autem a corpore ani-
mum, nec quidquam aliud est quam emori discere?»
(I, XXXI.) En tout ce passage, Cicéron imite de très
près le Phi'doH de Platon.
P. 100, 1. 6. De vra\ ou la raison). Comparer la
même idée chez Cicéron, dans le De fiuibns, II, xxvii,
etV, XXIX. Cicéron l'exprime dans une attaque contre
l'épicuréisme. On comprendra par là combien il est
peu à propos de citer ce passage pour prouver que
dès 1572 Montaigne était franchement épicurien.
P. 100, 1. 9. La saincte escritiire). Cf. Ecries., III,
verset 12. «Et cognovi, quod non esset melius, nisi
liftari, & facere bene in vita sua. »
P. 100, 1. 13. Traiisc/irraiiiiis). «Laissons ces sub-
tilités. » (Sénèque, ép. 117.)
P. loi, 1. 9. Non celii\ de la vii[nr). Cicéron dans les
Tnscnlanes, II, xviii, dit que le mot « virtus » vient de
« vis » qui signifie force, courage. La même étj'mologie
est rapportée dans l'essai II, vu, p. 67, 1. 15.
P. ICI, 1. 19. Ce n'est pas d'un pareil soiug). Cf. la
même idée et le même mouvement dans Sénèque,
ép. 70.
P. 102, 1. n. Xenophilus). Cf. Valère Maxime, VIII,
XIII, ext. 5. Mais Valère Maxime dit 105 ans et non
106. L'exemple de Xenophilus est d'ailleurs repris
dans les collections d'exemples de morts que nous
trouverons tout à l'heure entre les mains de Montaigne.
Cf. en outre Pline, Hist. uat.,'Wl\, li; Crinitus, De
honesta disciplina, VII, x, etc.
P. 102, 1. 17. Oinnes eodein). «Tous nous sommes
poussés au même terme; tous, de l'urne qui s'agite,
plus tôt ou plus tard, nous verrons sortir notre billet
qui nous enverra par la barque de Caron dans l'éter-
nel exil. » (Horace, Odes, II, m, 25.)
P. 102, 1. 22. Il n'est lien). Cf. Sénèque : « Nihil
est unde non subeat. Itaque, ut in hostili regione
versantibus hue & illuc circumspiciendum est, & ad
omnem strepitum circumagenda cervix. » (Ep. 74,
p. 268.)
P. 102, 1. 24. Oua- quasi sa.xiiiu). « C'est le rocher
qui pend sans cesse sur la tête de Tantale. » (Cicéron,
De fin., I, XVIII.)
P. 103, 1. 3. Kon sicuhr). «Les mets les plus
exquis lui seront sans saveur, les chants des oiseaux
et les accords de la lyre ne lui rendront pas le som-
meil. » (Horace, Odes, III, i, 18.)
P. 103, 1. 10. Audit iter). « Il s'enquiert du che-
min, il compte les jours, il mesure sa vie sur la
longueur de la route, tourmenté sans cesse par l'idée
du supplice qui l'attend. » (Claudien, In Ru/., II, 137.)
P. 103, 1. 17. Oui capile ipse). «Puisqu'il s'est mis
dans la tête d'avancer à reculons. » (Lucrèce, IV, 472.)
Le texte est conforme à l'édition Lambin, p. 308.
42
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 103, 1. 25. Les Romaim). Cf. Plutarque, Vie de
Cicéroji). «Il se tourna vers eulx & leur cria tout
hault. Ils ont vescu. Ce qui est une façon de parler
dont usent quelquefois les Romains quand ilz veu-
lent éviter la dureté de ceste rude parole de dire. Il
est mort. » (xxii, f" 559 r".)
P. 104, 1. 5. J cette heure). C'est en 1565 que
Charles IX rendit une ordonnance pour iixer le com-
mencement de l'année au premier janvier au lieu de
Pâques. Le Parlement ne se conforma à cette ordon-
nance que deux ans plus tard, et ne commença
l'année au premier janvier qu'en 1567.
P. 104, 1. 25. Oiiid giiispe vitct). « L'homme ne
peut jamais bien prévoir les dangers de chaque heure. »
(Horace, Odes, II, xiii, 13.)
P. 105, 1. 2. Duc de Bretaii;iie). Il s'agit de Jean II,
mort en 1305. Pour tous ces exemples il faut se
reporter aux recueils d'exemples du temps, au Thea-
Iriiin vita' biimaua- de Zwinger, surtout à YOfficiiia de
Ravisius Textor qui, réunissant tous les exemples
que nous retrouvons ici chez Montaigne, me semble
avoir été mis à contribution par lui (Cf. Ravisius,
f° 31 r°). Volatéran avait déjà recueilli cet exemple.
Montaigne le trouvait encore dans les histoires de
Gilles, de Bouchet (f" 102 r") qu'il lisait à la même
époque.
P. 105, 1. 3. Pape Cknicnl). Il .s'agit de Bertrand
de Got, archevêque de Bordeaux, pape sous le nom
de Clément V, de 1305 à 13 14.
P. 105, 1. 4. Un de nos roys). Henri II, blessé à
mort dans un tournoi le 29 juin 1559 par le comte
de Montgommery. Jean de Marcouville, dans son
Recueil d'aucuns cas werveilkiix (1563) commence
par l'exemple d'Henri II son chapitre vu intitulé :
Jjts eslran_^es morts d'aucuns roys et grands seigneurs.
Déjà on faisait de la mort d'Henri II un sujet de
méditation. Zwinger la mentionne dans son Tbcalnini,
col. 538.
P. 105, 1. 4. Un de ses ancestres). Philippe, fils de
Louis le Gros, qui n'a pas régné, mais qui a été
couronné du vivant de son père. L'exemple est dans
toutes les compilations du temps, depuis la compi-
lation de Fulgose qui l'a recueilli (IX, xii). Montaigne
a dii le prendre chez Ravisius Textor comme presque
tous les exemples de ce chapitre, mais Ravisius parle
d'une chute de cheval sans mentionner le pourceau
(f° 25 r^). Montaigne a complété sans doute par
quelqu'un des historiens qu'il lisait alors, peut-être
Nicolle Gilles, peut-être plutôt Jean Bouchet qui
dit : ft L'année prochaine précédente, Philippes filz
aisné du dict roy Loj-s le Gros, auquel il avoit baillé
la couronne de France, estoit mort d'une cheute de
cheval, en la rue Sainct Antoine à Paris, par la fortune
d'un pourceau, qui s'estoit mis entre les jambes
d'un fol cheval, que le dict Philippes chevauchoit. »
(P 72 r».)
P. 105, 1. 5. ^izschihis). Valùre Maxime, IX, xii,
ext. 2, raconte le û\k un peu autrement; voir Ravi-
sius, f° 33 v°, etc.
P. 105, 1. 7. L'antre). Anacréon. Cf. \'aière Maxime,
IX, xii, ext. 8, etc.
P. 105, 1. 9. Aziniliiis Lepidiis). Cf. Pline, Hist.
nal., \'n, LUI. « Q.. vEmilius Lepidus, jam egrediens
incusso pollice limini cubiculi. » Le texte de Pline
est répété par Ravisius.
P. 105, 1. 10. Anfidiiis). Id., ibid. : « Cum in sena-
tum iret offenso pede in comitio. »
P. 105, 1. 12. Cornélius Gallus... Tigellinns... Lu-
dovic... Speusippus... L'un de nos papes... Ces cinq
exemples sont réunis dans le recueil de Ravi.sius
Textor sous le titre » Morlui in actii veuereo ». Dans
le Tbeatruiu 'cita- l'exemple de Ludovic fait défaut;
les quatre autres y sont. Ces auteurs ont trouvé
l'exemple de Cornélius chez Pline, H/.T/. nal.,\ïl, lui.
Celui de Speusippus vient de V Apologétique de Tertul-
lien; d'ailleurs Diogène Laerce prétend au contraire
que ce philosophe se tua lui-même à un âge avancé,
et Plutarque le fait mourir de maladie pédiculaire.
Quant au pape auquel Montaigne tait ici allusion,
il s'agit de Jean XXII, d'après Platine : « Cujus mors
eo turpior est quo sanctiorem eum esse oportet, qui
dignitate ceteros antecellit. » C'est .sans raison qu'on
a voulu reconnaître ici Jules IL
P. 105, 1. 15. Le pauvre Bcbius). Cf. Pline, Hist.
nal. : « Bebius judex, cum vadimonium diH'erri juhet... »
(VII, LUI.)
L'antithèse que contient la phrase est propre à
Montaigne.
LIVRE I, CHAPITRE XX.
-13
P. 10), 1. 17. Caiiis Jiiliiis). Id., ihid. : « C. Julius
medicusdum inungit, specillum per oculum trahens . . . »
(VII, LUI.) Ici encore l'antithèse appartient en propre
à Montaigne.
P. loé, 1. 4. Praiiilcrini). « J'aimerais mieux passer
pour un fou, pour un imbécile, si ma folie me plaît
ou si elle est inconsciente, que d'être sage et d'en
souftrir. » (Horace, Épltres, II, 11, 12e.) Le texte
d'Horace est : « Pn-etulerim scriplor delirus. »
P. 106, 1. 7. Ils vont). Imitation d'un passage de
Sénèque, Épiircs : « Emam, a;dificabo, credam, exigam,
honores geram. » (Ép. loi, au début.)
P. 106, 1. 19. Neiiipe et fiigaccm). « Certes, il pour-
suit l'homme mûr dans sa fuite, il ne fait pas grâce
à la Lâche jeunesse qui cherche à lui échapper. »
(Horace, Odes, III, 11, 14.)
P. 106, 1. 23. lUe liai). «Vous avez beau vous
couvrir de fer & d'airain, la mort vous frappera sous
votre armure. >> (Properce, IV, xviii, 25.)
P. 107, I. 5. Efforçons-nous de). Rapprocher des
expressions de Sénèque, Epitres : « Adversus omnia
quaï incidere possunt etiam potentissimis, adhortare
te & indura. » (Ep. 4.)
P. 107, 1. 10. Egyptiens). Cf. Plutarque, Banquet des
sept Sages. « Quand à la façon de faire d'^Egypte où ils
ont accoustumé d'apporter ordinairement au milieu
d'un festin l'anatomie sèche d'un corps d'homme
mort, & le monstrer à tous les conviez, en les admo-
nestant de se souvenir qu'en peu de temps ils seront
tels, encore que ce soit un fort mal plaisant & impor-
tun entremets, toutefois si a-il quelle comodité. »
(m, f"" 151 r''.)
P. 107, 1. 14. Oninein crede dieiii). «Imagine-toi
que chaque jour est pour toi le jour suprême; tu
recevras avec reconnaissance l'heure que tu n'espérais
plus.» (Horace, Épitres, I, iv, 13.)
P. 107, 1. 16. // est incertain). Cf. Sénèque, Epîtres :
V Incertum est quo loco te mors exspectet : itaque tu
illam omni loco exspecta. » (Ep. 26.)
P. 107, I. 16. La préméditation). Id., ihid. : « Medi-
tare mortem : qui hoc discit meditari libertatem
jubet. » (Ep. 26, p. 112.)
P. 107, 1. 17. Oni a apris à mourir). Id., ihid : «Qui
mori didicit, servire dedidicit. »
P. 107, 1. 18. Le sçavoir mourir). Id., ihid. : « Supra
omnein potentiam est, certe extra omnem. »
P. 107, 1. 19. // n'y a rien de mal). Id., ibid. :
« Contemne mortem : nihil triste est, cum hujus
metum effugimus. » (Ep. 78.)
P. 107, 1. 21. Paulns ^Emiliiis). Cf. Plutarque,
Vie de Paiil-Émile : « Lon dit bien que Perses envoya
devers .(Emilius le requérir & supplier qu'il ne fust
point ainsi mené par la ville, en la monstre du
triumphe, mais .lElmylius se moquant, comme il
meritoit, de sa lascheté & foiblesse de cueur, respondit,
Cela paravant estoit, & encore est en sa puissance,
s'il veult, luy donnant assez à entendre, qu'il devoit
plus tost choisir la mort que de souffrir luy vivant
une telle ignominie. » (xvii, f° 175 v'\)
P. 107, 1. 29. Jiicundnm cuni ;rtas). « Quand mon
âge dans sa fleur jouissait de son printemps. » (Catulle,
LXVIII, 16.)
P. 108, 1. 6. Jam fuerit). « Bientôt le présent sera
passé, & jamais plus nous ne pourrons le rappeler. »
(Lucrèce, III, 915.)
P. 108, 1. 17. De vray, les ha:^ards). Cf. des idées
tout à fait analogues chez Sénèque, ép. 49.
P. 108, 1. 22. Nemo). «Aucun homme n'est plus
fragile que son voisin, aucun n'est plus assuré du
lendemain. » (Sénèque, ép. 91.)
P. 109, 1. 6. Ouid hrevi). « Pourquoi dans une vie
si courte former tant de projets. » (Horace, Odes, li,
XVI, 17.)
P. 109, 1. 8. L'un se pleint). On trouve le même
mouvement et les mêmes idées parfois chez Sénèque.
Cf. aussi Lucrèce, III, 898, et suivants, je n'ai
retrouvé nulle part les mots de Montaigne.
P. 109, 1. 20. Miser). « Malheureux, oh! malheu-
reux que je suis! disent-ils, un seul jour néfaste
m'enlève tous mes biens, tant de charmes de la vie. »
(Lucrèce, III, 898.) Montaigne suit ici le texte de
Lambin, p. 252; on lit ordinairement «misero misère,
aiunt... »
P. 109, 1. 23. Maneni). «Je n'achèverai donc pas
mon œuvre; je laisserai imparfaites ces superbes
murailles. » (Virgile, En., W, 88.) Toutes les éditions
du xvi= siècle que j'ai consultées écrivent pendent au
lieu de manent.
44
KSSAIS DE MOXTAIGXE.
P. iio, 1. 4. Ciiin moriar). «Je veux que la mort
me surprenne au milieu de mon travail. » (Ovide,
Amor., II, X, 36.)
P. iio, 1. II. Illiid in his rchiis). «Ils n'ajoutent
pas que la mort nous ôte le regret de ces choses. »
(Lucrèce, III, 900.)
P. iio, 1. 15. Disoit Lyciirgiis). Cf. Plutarque, Vie
de Lyciirgitc : « Au demeurant, quant aux sépultures
Lvcurgus en ordonna aussi tressagement : car en pre-
mier lieu, pour oster toute superstition, il voulut
que les morts s'enterrassent dedans la ville, & que
les .sépultures fussent à l'entour des églises, pour
accoustumer les jeunes gens à les avoir tousjours
devant les veux, sans s'efProver de veoir un trespassé.»
(xx, f" 39 r^)
P. iio, 1. 19. Oiiiii etiam). «Bien plus, c'était la
coutume jadis d'égayer les festins par des meurtres,
de mêler aux banquets le cruel spectacle de combats
de gladiateurs, qui souvent tombaient jusque sur les
coupes et inondaient les tables de .sang. » (Silius
Italicus, XI, i-i.) Citation prise chez Juste Lipse,
Sattirnaliiiin seniioiinni lihri duo, I, m.
P. no, 1. 23. Coiiiiiie les égyptiens). Cf. Hérodote :
« Rs maisons des riches, après le repas, un certain
homme porte une image de mort dans un estuv tirée
le plus au naturel que possible est, & grande d'une
coudée ou deux, laquelle il monstre à chacun des
assistants, & en la regardant il dit : Bov et t'esjouv,
car mort tu seras tel. » (II, Lxxviii, f" 129 r".)
P. III, 1. 3. Un registre coniniante). Pline, Hist.
liât., Vil, Valère Maxime, IX, xii, Ravisius Textor
dans son Officina, Fulgose dans son De dictis factisqiic,
Zwinger dans son Tbeatntm vitœ, etc., lui ont fourni
de semblables collections qu'il a consultées une ving-
taine d'années plus tôt. Rabelais, IV, x\ii, présente
des listes de morts tout à fait analogues où figurent
en particulier les morts d'Eschyle et d'Anacréon, et
il nous renvoie pour en trouver de semblables à
Verrius, Valère, Pline, Fulgose, Bacaberv.
P. III, I. 7. Dicœarchiis). Cf. Cicéron, De Ojf. :
« Est Dicœarchi liber De interitu hominum, Peripate-
tici magni & copiosi : qui collectis ca;teris causis
eluvionis, pestilentiaï, vastitatis, helluarum etiam re-
pentina; multitudinis, quarum impetu docet qua.-dam
hominum gênera esse consumpta : deinde computat
quando plures deleti sint homines hominum impetu,
id est bellis aut seditionibus, quam omni reliqua
calamitate. » (II, v, 364.) Cf. aussi le De amsoJalioiie de
Sigonius, faussement attribué à Cicéron (éd. de 1583,
f° 12 r°), et encore ^'ivès, Conwientairc de la Cité de
Dieu de saint Augustin, XII, xxu.
P. III, 1. 10. Le préméditer). C'est l'idée chère à
Sénèque qui revient sans cesse dans les Epltres.
(Cf. 26, 8; 30, 18; 69, 6; loi, 7; 114, 27, et
surtout 70, 18.)
P. III, 1. 14. /(• iii'apper<,vis). Argument que Mon-
taigne reprendra souvent : cf. II, \'I, et début de
II, xxxvii.
P. III, 23. Ce que dit César). De bello galiico, \U,
LXXXIV.
P. 112, 1. 9. Heu seiiihiis). «Hélas! quelle part
reste-t-il aux vieillards dans la vie? » (Maximianus
ou Pseudo-Gallus, I, 16.)
P. 112, 1. 10. César). Cf. Sénèque, Epîtres. « Cssar
cum illum transeuntem per latinam viam unus ex
custodiarum agmine, demissa usque ad pectus vetere
barba, rogaret moitem : nunc enim, inquit, vivis? »
(Ép. 77, p. 180.)
P. 113, 1. 3. Non viiltns). «Xi le regard menaçant
d'un tyran, ni l'auster furieux qui bouleverse l'Adria-
tique, rien ne peut ébranler sa fermeté, non pas même
la main puissante de Jupiter lançant ses foudres. »
(Horace, Odes, III, m, 3.)
P. 113, 1. 10. Faire la figue à ia force). Rapprocher
Sénèque, Epîtres : « Supra omnem potentiam est,
certe extra omnem. Quid ad illum carcer, & custo-
dia, & claustra? Liberum ostium habet. » (Ép. 26, fin.)
L'expression « faire la figue » est encore une expres-
sion empruntée au style des conteurs. Henri Estienne,
dans son Apologie pour Hérodote, I, x\", déclare formel-
lement que c'est un mot comique, un mot de gueux,
et il reprend sévèrement Castalion de l'avoir inséré
dans sa traduction de la Bible. Cf. essai II, xii, 209, 1. 1 3.
P. 113, 1. 12. /« inaiiicis). « Pieds & poings liés je
te tiendrai dans la geôle la plus horrible. — Un
dieu, quand je le voudrai, me délivrera. — Ce dieu,
sans doute, c'est la mort. La mort est le dernier terme
des choses. » (Horace, Épitres, I, xvi, 76.)
LIVRE I, CHAIMTKH XX.
45
P. 113, 1. 19. Puis que nous soiiiiih'S menasse^).
Cf. saint Augustin, Cité de Dieu : « Cum autem uni-
cuique mortalium sub quotidianis vitœ hujus ca.sibus,
innumerabiles mortes quodam modo comminentur,
quamdiu incertum est, quœnam earum ventura sit,
qu.vi'o utrum satius sit, unam perpeti moriendo, an
omnes timere vivendo? » (I, u, 54.)
P. 115, 1. 2^. ^ Socrûtes). Cf. Diogène Laerce, Fie
de Socrate : « Indignanti cuidam quôd despiceretur,
cùm summam rerum triginta tyranni sibi vendicas-
sent, Ergône, inquit, pœnitet te? Referenti quôd
illum Athenienses mori decrevissent. Et natura illos,
inquit. » (II, xxxv, 117.)
P. 1 14, 1. 2. C'esl pareille folie). Rapprocher Sénèque,
Épîtrcs : « Nonne tibi videbitur stultissimus omnium
qui fleverit quod ante annos mille non vixerat? .£que
.stultus est qui flct quod post annos mille non vivet !
Hœc paria sunt : non eris, nec fuisti, utrumque
tempus alienum e.st. » (Ép. 77.)
P. 114, 1. 10. Ayistote dit). Cf. Cicéron, Ttisculanes :
« Apud Hypanim fluvium, qui ab Europœ parte in
Pontum influit, Aristoteles ait bestiolas quasdam nasci,
qua; unum diem vivant. Ex his igitur hora VIII qu;t
mortua est, provecta Ktate mortua est : quœ vero
occidente sole, decrepita, eo magis si etiam solstitiali
die. Confer nostram longissimam œtatem cum a;ter-
nitate, in eadem propemodum brevitate qua \\\x
bestioLf reperiemur... » (I, xxxix, t. IV, p. 123.)
P. 114, 1. 18. Sortes, dit-elle). Tout ce long mor-
ceau est imité du ftmeux discours de la nature qu'on
trouve au III'^ livre de Lucrèce. On verra que Mon-
taigne y fait de très nombreux emprunts. En 1580,
le morceau est bâti d'emprunts à Lucrèce illustrés et
étoffés de quelques traductions de Sénèque. Les addi-
tions de 1588 sont en majeure partie de Lucrèce.
En 1595 elles viennent presque toutes de Sénèque.
On remarquera que bien souvent les sentences en
français qui séparent les citations latines ne sont
guère que des commentaires de ces citations.
P. 114, 1. 23. /;;/(';• se). «Les mortels se prêtent
mutuellement la vie; c'est le flambeau qu'on se passe
de main en main comme aux courses sacrées. »
(Lucrèce, II, 76, 79.)
P. 115, 1. 6. Prima qiix vitaiii). «Notre première
heure en nous donnant la vie nous l'a enlevée. »
(Sénèque, Hercule furieux, III, chœur, vers 874.)
P. 115, 1. 7. Nasceiites moriiniir). «Dès notre nais-
sance nous mourons; la fin de notre vie est la consé-
quence de son origine. » (Manilius, Astron., IV, xvi.)
P. 115, 1. 15. Si vous ave:^ faicl). Rapprocher
Lucrèce :
« Nam si grata fuit titii vita ante nota priorque... »
(III, 9350
P. 115, 1. 17. Cnr non). «Pourquoi ne pas sortir
de la vie en convive rassasié? » (/(/., ihid., III, 938.)
P. 115, 1. 18. Si vous n'en ave^^sçen). Cf. Lucrèce :
n Sin ea qu;f fVuctus cumque es, periere profusa;
0 Vitaque in ofl'ensu est... »
(111,940.)
Le texte est celui de l'édition Lambin, p. 258.
P. 115, 1. 20. Cur aniplius). «Pourquoi vouloir
multiplier des jours que vous laisseriez perdre misé-
rablement de même sans en mieux profiter? » (^Id.,
ihid., III, 941.)
P. 115, 1. 22. La vie). Cf. Sénèque, Épitres : « Vita
nec bonum nec malum est; boni ac mali locus est. »
(Ép. 99.)
P. 116, 1. 5. Non aliuin vidcre). «Vos neveux ne
\erront rien de plus que ce qu'ont vu vos pères. »
(Manilius, I, 522.) Montaigne qui ne semble plus lire
Manilius après 1588 prend ceci chez Vives, Commen-
taire de la Cité de Dieu de saint Augustin (XI, iv).
P. 116, 1. 12. Versamur ibidem). «Nous tournons
dans le même cercle, nous n'en sortons jamais. »
(Lucrèce, III, 1080.)
P. 116, 1. 13. Alque in se). « L'année roule sur elle-
même et recommence sans cesse sa route. » (\'irgile,
Géorg., II, 402.)
P. 116, 1. 16. Naiii tibi). «Car je ne puis rien
imaginer, rien inventer de nouveau pour vous plaire;
c'est toujours la répétition des mêmes plaisirs. >>
(Lucrèce, III, 944.) Le texte est celui de l'édition
Lambin, p. 258.
P. né, 1. 18. L'equalite). Cf. Sénèque, Épitres:
« Quis queri potest in ea conditione se esse, in qua
nemo non est? Prima autem pars est aequitatis,
aiqualitas. » (Ép. 30.)
4é
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. lié, 1. 20. Vous n'eu rehattn'i). Rapprocher
Lucrèce :
« Xec prorsum vitam ducendo, deniimus liilum
» Tempore de mortis, nec delibare valenius
» Quo minus esse diu possimus forte perempti. »
(in, 1087.)
p. 116, 1. 21. Aussi h)io temps screi vous). Rappro-
cher Lucrèce :
« Xcc minus ille diu jam non erit, ex hodicnio
» Lumine qui finem vitai fecit, & ille
» Mensibus atque annis qui multis occidit ante. »
(III, 1092.)
P. 116, 1. 24. Licel). « Vivez autant de siècles que
vous voudrez, la mort n'en restera pas moins éter-
nelle. » (/(/., III, 1090.)
P. 117, 1. 3. lu vent). « Ignorez-vous que la mort
ne laissera pas sur\-ivre un autre vous-même qui,
vivant, puisse vous pleurer mort et gémir debout
.sur votre cadavre. » (/rf., III, 885.)
Chez Lucrèce ce passage ne fait pas partie du
discours de la nature. Il est à la troisième personne :
« Xec videt in vera nullum fore morte alium se
» Qui possit vivos sibi se lugere peremptum... »
On voit comment dans cette citation et dans quel-
ques autres Montaigne met la phrase à la seconde
personne et adapte les vers de manière à les taire
entrer dans son discours.
P. 117, 1. 7. Nec sibi). « Alors, en effet, personne ne
s'inquiète ni de sa vie ni de .soi-même; il ne nous reste
aucun regret de noils-mèmes. » (/J., III, 919, 922.)
P. 117, 1. II. Mullo uioitem). Vers que Montaigne
vient de traduire. (Jd., III, 92e.) Le texte est celui
de l'édition Lambin, p. 256.
P. 117, 1. 13. Elle ne vous coueeme). Rapprocher
Cicéron, Tuscuîaues : « In quo quid potest esse mali,
cuni mors nec ad vivos pertineat nec ad mortuos?»
(I, XXXVIII.)
P. 117, 1. 15. Nul ne meurt). Cf. Sénèque, Epilres :
V Nemo nisi suc die moritur. Nihil perdis ex tuo
tempore : nam t)uod relinquis, alienum est. »
(Ép. 69, fin.)
P. 117, I. 18. Respiee eiiim). «Considérez en effet
combien les temps écoulés, des siècles sans nombre
sont pour nous comme s'ils n'avaient jamais été. »
(Lucrèce, III, 972.)
P. 117, 1. 20. Ou que vostre vie). Cf. Sénèque,
Epilres : « Ubicumque desines, si bene disinis, tota
est vita. » (Ep. 77.)
P. 117, 1. 20. L'utilité du vivre). Id., ibid. : « Doce
non esse positum bonum vitaî in spatio ejus sed in
usu; posse fieri, immo sa;pissime tieri, ut qui diu
vixit parum vixerit. » (Ep. 49.)
P. 117, 1. 22. n gist). Id., ibid. : «Ut satis vixe-
rimus, nec anni nec dies facient, sed animus. »
(Ép. 61.)
P. 117, 1. 24. Peiisie:i-vous). Id., ibid. : «Tu autem
non putabas, te aliquando ad id pervcnturuni, ad
quod semper ihas. » (Ep. 77.)
P. 117, 1. 25. Encore n'y a il ciiemin). Id., ibid. :
«Nullum sine exitu iter est. » (Ép. 77.)
P. 118, 1. i. Le monde ne va-il). Id., ibid. : «Eo ibis
quo omnia ibunt. »
P. 118, 1. 3. Oniuiu te). «Toutes clioses vous
suivront dans la mort. » (Lucrèce, III, 968.)
P. 118, 1. 4. Tout ne branle-il pas). Cf. Sénèque,
Épttres : « Séries invicta, &; nulla mutabilis ope, illigat
ac trahit cuncta. » (Ép. 76.) Tout le passage de
Sénèque est à rapprocher de celui de Montaigne.
P. 118, 1. 5. Mille hommes). Id., ibid. : « Fortior,
ut opinor, esses, si multa millia tibi commorerentur.
Atqui multa millia hominum & animalium hoc
momento ipso, quo tu mori dubitas, animant variis
generibus emittunt. » (Ép. 77.)
P. 118, 1. 7. Xam nox nulla). «Il n'est pas de
jour, pas de nuit, qui n'ait entendu, mêlés aux vagis-
sements de l'enfant, les cris de douleur qui accom-
pagnent la mort et le cercueil. » (Lucrèce, II, 578.)
P. 118, 1. 10. Vous en ave^ asses veu). Imité de
Sénèque, Épitres : « Nemo eorum qui illam accusant,
expertusest. Intérim temeritas, damnare quod nescias.
At illud scis quam multis utilis sit, quam multos
liberet tormentis, egestatis querelis, suppliciis, txdio. »
(Ép. 91.)
P. 118, 1. 15. Est-ce a toi.) Id., ibid. : « Utrum,
obsecro te, Kquius judicas, te natunv an tibi naturam
parère? » (Ép. 93.)
LIVRK 1, CHAPITRE XX.
47
P. I iS, 1. 15. Encore que ton cage). Id., ibid. : « Licet
ejus retas imperfecta sit, vira perfecta est... Quemad-
modum in minore corporis habitu, potest homo esse
perfectus, sic & in minore temporis modo potest vita
esse perfecta. » (Ép. 93.)
P. 1 19, 1. 6. J'apriiis a Thaïes). Cf. Diogène L.ierce :
« Tu vero, aiebat quispiam, quare non moreris? Quia
niliil, inquit, dift'ert. » (F/c de Thaïes, I, xxxv, 34.)
P. 119, 1. 9. L'eau, la terre). Cf. Sénèque, Épitres :
« Hœc nempe sunt & elementa quibus hic mundus
administratur, aqua, terra, spiritus : omnia ista tam
causœ vivendi sunt, quam viœ mortis. » (Ép. 117.)
P. 119, 1. 10. Pourquoi crains tu). Id., ibid. : « Erra-
mus qui ultimum timemus diem, cum tantumdem
in mortem singuli conférant. Non ille gradus lassitu-
dinem facit, in quo deficimus, sed ille profitetur. Ad
mortem dies extremus per\-enit, accedit omnis. »
(Ép. 120.)
P. 119, 1. 28. Les enfans ont peur). Id., ibid. « Quod
vides aecidere pueris, hoc nobis quoque majusculis
pueris evenit : illi quos amant, quibus assueverunt,
cum quibus ludunt, si personatos vident, expaves-
cunt : non hominibus tantum, sed rébus persona
demenda est & reddenda faciès sua. Quid mihi gladios
& ignés ostendis & turbam carnificum circa te fre-
mentem ? Toile istam pompam sub qua lates & stultos
territas : mors est, quam nuper servus meus, quam
ancilla contempsit. » (Ép. 24.)
Chronologie : Incontestablement une bonne partie
de cet essai a été écrite vers 1572. En effet, 1" Mon-
taigne déclare (p. 104, 1. 4) : « Je nasquis entre unze
heures & midi, le dernier jour de Febvrier mil cinq
cens trente trois, comme nous contons à cette heure,
commençant l'an en Janvier. Il n'y a justement que
quinze jours que j'ay franchi 39 ans. » Cette phrase
est donc environ du 15 mars 1572. 2" Un peu plus
loin (p. 108, 1. 12), il écrit encore : « La santé, que
j'ay jouy jusques à présent tresvigoureuse & peu-
souvent interrompue... ne m'allonge pas l'espérance
de la vie. » Il est assez vraisemblable que cette phrase
est antérieure à 1573, date à laquelle sa santé semble
avoir été assez sérieusement éprouvée. Une très
grande partie de l'essai qui semble être de la même
venue que ces phrases, doit être du début de 1572.
Pourtant, avant 1580, des additions sont venues s'y
joindre. 1° Un emprunt presque textuel aux œuvres
morales de Plutarque traduites par Amyot (p. iio,
1. 23, les Egiptiens), ne doit pas être antérieur à la
fin de 1572, date de la publication de cette traduction.
2" Il semble qu'en un passage on trouve une trace
de la lecture de César (p. m, 1. 23); il est assez
vraisemblable (bien qu'on ne puisse aucunement être
affirmatif sur ce point) que le passage où il se ren-
contre date de l'époque où Montaigne étudiait César
(début de 1578), ou même qu'il est postérieur à cette
époque. Je crois donc, en résumé, qu'une grande
partie de cet essai est de 1572, mais que dans la
suite Montaigne y a fait des additions, surtout dans
la dernière partie.
Chapitre XXI.
DE LA lORCE DE L IMAGINATION'.
P. 121, 1. I. Fortis iinail'umtio). «Une imagination
forte produit l'événement. »
P. 122, 1. 4. GaUits Vibiiis). Cf. Sénèque le rhéteur,
controv. 9, II. Co-ste a remarqué que Sénèque ne
dit pas que Gallus Vibius perdit la raison en tâchant
de comprendre l'essence de la folie, mais en s'appli-
quant avec trop de contention d'esprit à en imiter
les mouvements. Rhétoricien de profession, il imagina
que les emportements de la folie représentés vive-
ment par le discours charmeraient ses auditeurs, et
par le soin qu'il prit de bien contrefaire le fou il
devint effectivement fou. « Huic accidisse uni scio,
dit-il, ut in insaniam non casu incideret, sed judicio
perveniret. » Les recueils d'exemples du xv!"" siècle
font parfois mention de Gallus Vibius. Son cas est
cité chez Ravisius Textor, parmi les Fiiriosi cl iiianiaci
(Éd. de 1552, p. 507), et Ravisius dit le devoir au
recueil de Cœlius Rhodiginus (VI, xxxv.)
P. 122, 1. 16. Ut, quasi transaclis). «En sorte que
souvent ils répandent des flots abondants et ensan-
glantent leurs vêteinents. » (Lucrèce, IV, 1035.)
P. 122, 1. 19. L'aviiciiieiit de Cyppiis). Cf. Pline,
Hist. liai., XI, XLV, qui fait une simple allusion à ce
récit; Valère Maxime, V, vi, 3, qui ne parle pas de
combats de taureaux, et qui l'appelle simplement
préteur; il ajoute qu'à la suite de cet événement les
devins lui prédirent qu'il deviendrait roi d'Italie :
Cyppus s'exila volontairement pour empêcher la réali-
sation de cette prédiction. Cf. encore Messie, Diverses
leçons, II, VII, qui est peut-être la source de Montaigne.
P. 122, 1. 23. An fiJs de Cra'siis). Cf. Hérodote, I,
Lxxxv. Mais il faut ajouter que ce fait a été répété
par beaucoup de vulgarisateurs : Aulu-Gelle, V, ix;
Valère Maxime, \, iv, ext. 6; Messie, Diverses leçons,
I, xxxiii; Marcouville, chapitre XLiii, qui répète
exactement Messie; Zwinger, Tliealniiii vitœ hiimancv,
col. 142^; Rhodigin, Aiitiqiianiiii Icctioniiiii libri,
XX, XV.
P. 122, 1. 24. Autiocbiis). Cf. Lucien, Truite de la
déesse de Syrie, t. I, 205. Mais là encore nous avons
afî'aire à un fait très vulgarisé et souvent répété par les
contemporains de Montaigne : le texte de Lucien
n'est certainement pas la source directe. Cf. Valère
Maxime, V, vu, ext. i; Messie, Diverses leçons, III, xiv ;
Ravisius, Officina (parmi les Incestiiosi), qui déclare
emprunter le fait à ^'olatéran ; Zwinger, Theatnun vita;
col. 888; Rhodigin, Antiquaruiu lectioniini libri, XX,
XV, etc. Il faut remarquer que Montaigne avait d'abord
écrit Antigonus au lieu de Antiochus; c'est seulement
après 1588 que cette erreur a été corrigée. Elle ne se
retrouve dans aucun des textes que je viens de citer.
P. 122, 1. 25. Pline dict). Hist. ual., N'II, iv : « Ipse
in Africa vidi mutatum in marem nuptiarum die
L. Cossitium.» Ce fait est répété dans les mêmes
termes chez des vulgarisateurs du xvi'^ siècle : ainsi
Zwinger, Thcatrnm vitx, col. 282. Grâce à Pline
(VII, iv) et à Aulu-Gelle (IX, iv), cette question des
changements de sexe semble avoir été à l'ordre du
jour. On la trouve non seulement chez un médecin
comme Paré (cf. ci-dessous), mais chez Vives, Commen-
taire de la Cité de Dieu, III, xxxi ; chez du Verdier, Suite
des diverses leçons, IV, xxv; dans les Sàies de Bouchet,
I, V, qui imite Montaigne, et qui après 1 588 lui emprun-
tera l'exemple de Marie Germain, etc. C'est sans doute
dans quelque dissertation de cette sorte que Montaigne
a vu rappeler les exemples allégués par Pontanus.
LIVRK I, CHAPITRE XXI.
49
P. 123, 1. 4. Vota pncr). « Iphis acquitta garçon les
vœux qu'il avait faits étant fille. » (Ovide, Métaiii.,
IX, 793.) Le texte est celui des éditions du xvi' siècle.
P. 123, 1. 5. Passant à Ficirx le Françoys (lors de
son voyage, en septembre 1580). Voici comment
dans son Journal Montaigne présente cette anecdote :
«... L'autre histoire, c'est d'un homme encore vivant
nommé Germain, de basse condition, sans nul mestier
ni office, qui a esté fille jusques en l'aage de vingt
deux ans, veuë & connue par tous les habitans de
la ville, & remarquée d'autant qu'elle avoir un peu
plus de poil autour du menton que les autres filles;
& l'appeloit-on Marie la barbue. Un jour faisant un
effort à un sault, ses utils virils se produisirent
& le Cardinal de Lenoncourt, evesque pour lors de
Chalons, lui donna nom Germain. Il ne s'est pas
marié pourtant; il a une grand'barbe fort espoisse.
Nous ne le sceumes voir, parce qu'il estoit au vilage.
Il y a encore en cette ville une chanson ordinaire
en la bouche des filles, ou elles s'entr'avertissent de
ne faire plus de grandes enjambées, de peur de
devenir masles, comme Marie Germain. Ils disent
qu'Ambroise Paré a mis ce conte dans son livre de
chirurgie, qui est très certin, & ainsi tesmoingné
à M. de Montaigne par les plus apparens officiers de
la ville. » Qounial de voyage, p. 60.)
Le récit d'Ambroise Paré est un peu différent :
« Estant à la suite du roy, à \'nry le François, en
Campagne, j'y veis un certain personnage nommé
Germain Garnier, aucuns le nommoient Germain
Marie, parce qu'estant fille on l'appeloit Marie, jeune
homme de taille moyenne, trappe & bien amassé,
portant barbe rousse, assez espesse, lequel jusqu'au
quinziesme an de son aage avoir esté tenu pour fille,
attendu qu'en luv ne se monstroit aucune marque
de virilité, & mesmes qu'il se tenoit a\ec les filles
en habit de femme. Or ayant atteint l'aage susdit,
comme il estoit aux champs, (S: poursuivoit assez
vivement ses pourceaux, qui alloient dedans un bled,
trouvant un fossé le voulut franchir : & l'ayant sauté,
à l'instant ses genitoires vindrent à se développer,
& la verge virile... Et ayant assemblé des médecins
& chirurgiens, pour la dessus avoir advis on trouva
qu'elle estoit homme & non plus fille : & tantost
après en avoir faict le rapport à l'evesque... par son
authorité & assemblée du peuple, il receut le nom
d'homme : & au lieu de Marie (car il estoit ainsi
nommé auparavant) il feut appelé Germain, & luy fut
baillé habit d'homme, & croy que luy & sa mère sont
encore vivans. » (Paré, Œuvres, édit. de 1607, p. 1017.)
P. 123, 1. 20. Sainct François). On peut voir à ce
sujet le tameux Alcoran des cordelicrs, ouvrage qui
fut très répandu au xvi= siècle. On y lit : « Es mains
& pieds de Sainct François furent faits des doux,
soit de nerf, soit de chair, lesquels estoyent gros
& massifs : ils estoyent aussi longs, & passoyent
outre les pieds & mains ayans la poincte recourbée
en façon d'anneau, tellement qu'on y eust peu passer
le doigt... Cela donc ne s'est point fait par la vertu
de nature, ou d'imagination : aussi ne ce fust-il peu
garder si long temps sans se pourrir, par vertu de
nature comme il a fait en ce S. père. Car par l'espace
de deux ans le sang descouloit des playes, & on n'y
appliquoit point d'oignement, mais des drapeaux
pour estancher le sang. Or si la véhémente contem-
plation du Seigneur Jésus eust eu naturellement la
vertu d'imprimer les playes d'iceluy en quelqu'un,
cela se fut tait en la benoiste Vierge Marie sa mère,
laquelle l'a aimé par dessus tous, & a esté dolente
de sa passion... » (L' Alcoran des cordelicrs tant en Latin
qu'en François... tiré du grand livre des Conformite:i,
jadis composé par frère Barthelemi de Pise, Cordelier
en son vivant... Genève, éd. de 1578, p. 6.) C'est
la traduction de Badius qui avait déjà paru en partie
en 1556, et complète en 1560.
P. 123, 1. 23. Sainct Augustin). Cf. Cité de Dieu :
« Presbyter fuit quidam nomine Restitutus in parœcia
Calamensis ecclesiœ : qui quando ei placebat (roga-
batur autem ut hoc faceret ab eis qui rem mirabilem
coràm scire cupiebant), ad imitatas quasi lamentantis
cujuslibet hominis voces, ita se auferebat a sensibus,
& jacebat simillimus mortuo, ut non solum velli-
cantes atque pungentes minime sentiret, sed aliquando
etiam igné ureretur admoto, sine ullo doloris sensu,
nisi postmodum ex vulnere : non autem obtinendo,
sed non sentiendo non movere corpus, eo probabatur,
quôd tanquam in defuncto nullus inveniehatur anhe-
litus : hominum tamen voces, si clarius loquerentur.
ESSAIS DK MONTAIGNE.
tanquani de longinquo se aiulissi.- postea referebat. »
(XIV. XXIV, p. 97.)
P. 124, 1. 8. Ces pJaisaulcs liaisons). Il s'agit des
nouements d'aiguillettes. Pour comprendre combien
les contemporains voyaient dans ces aventures l'in-
ter\'ention des sorciers, il faut lire la Dciiwiwmaiiie de
Bodin (1580), aussi Coignet, Inslnictiou aux princes
pour garder h foi promise (1584, ch. xlix), etc. Après
Montaigne, Guillaume Bouchet reprend la question
dans le premier livre de ses Sérées (1584, ch. v); il
oppose à l'opinion de Montaigne celle de Bodin et
la majorité dans l'assemblée se prononce pour Bodin.
L'influence de Montaigne est peut-être plus sensible
chez Tabourot des Accords (^Bigarrures, IV, iv), qui
s'élève aussi énergiquement que Montaigne contre
cette croyance.
P. 126, 1. 4. Pelelier (du Mans, médecin et mathé-
maticien, auteur de poésies qui furent imprimées
à Paris en 1547). Il visita Montaigne chez lui comme
nous l'apprenons dans V Apologie de Scboud. (Cf. t. II,
p. 324, 1. II.)
P. 127, 1. 6. Auiasis). Cf. Hérodote : « Il espousa la
tille... laquelle sienne fille avoit nom Ladice. Amasis
couché avec elle n.e peut prendre sa compagnie,
& toutefois il se trouvoit assez gentil compagnon
avec les autres femmes, parquoy luy continuant ce
défaut, il parla à elle en ceste manière. Madame, je
cognoy que vous usez de quelque sorcerie en mon
endroit, mais je vous avise qu'il n'v a artifice ne
enchantement qui vous puisse sau\ er, que je ne \ eus
fasse mourir le plus malheureusement, que mourut
jamais femme. Ladice emploia toutes ses forces de
bien dire à luy persuader le contraire & nier que fust
vray ce qu'il luy imposoit, mais il ne s'appaisa aucu-
nement : & parce elle feit sa prière à \'enus, &en son
ceur luy voiia, car autre enchantement ne savoit-
elle, que si celle nuict Amasis pouvoit prendre sa
compagnie, elle luy envoiroit, une image en Cyrene.
Ce vœu ne fust plustost fait qu'Amasis feit devoir
de mary, & jamais depuis ne se trouva rétif, toutesfois
& quantes qu'il s'approcha de Ladice. » (II, CLXWi,
t. I, f 173 V.)
p. 127, I. 13. Iai brti de Pylhagoras). Cf. Diogène
Laerce : «Ei vero qux- ad virum ingrederetur, monebat
uti cum veste & verecundiam poneret, exurgensque
denuo cum ipsis illam unà resumeret. » (\'III, xliii,
546.) Il s'agit non de la bru de Pythagore, mais
de sa femme Teano. Montaigne trouvait encore des
allusions à ce mot dans Hérodote, I, \iii, et dans
Plutarque, Préceptes de mariage, viii, f" 146 r".
P. 128, 1. 14. Mettrais ie en soupçon). Montaigne
s'inspire ici d'un chapitre de la Cité de Dieu (XIV,
xxiv) et V répond. Le chapitre de saint Augustin
est intitulé : « Quod insontes homines 6c merito
obedientiœ in Paradiso permanentes, ita genitalibus
membris fuissent usuri ad generationem prolis, sicut
caeteris ad arbitrium voluntatis. » La thèse est que
c'est par suite du péché originel que la volonté n'est
plus obéie de ce membre comme des autres.
P. 129, I. 8. Sainct Augustin). Id., ibid. : « Non-
nulli ab inio sine pudore ullo ita numerosos pro
arhitrio sonitus edunt, ut ex illa etiam parte cantare
videantur. » (XIV, xxiv, t. II, p. 97.)
P. 129, 1. 10. Vives). Dans le Connucntaire de la
Cité de Dieu : « Talis fuit memoria nostra in hac
terra Germanus quidam in comitatu Maximiliani
Caîsaris & Philippi ejus filii, nec ullum erat carmen,
quod non ille crepitibus podicis redderet. « (XIV,
XXIV, t. II, p. 99.)
p. 1 29, NOTE. L'empereur (Claude, empereur romain).
Suétone (xxxii) dit seulement que Claude avait eu
dessein d'autoriser cette liberté par un édit. Mon-
taigne avait encore lu ce fait, qu'il cite de mémoire,
dans le premier livre des Sérées de Bouchet.
P. 130, 1. 6. Pourtant est à Socrates). Cf. \t Banquet,
p. 202-206-207 (éd. de 1546, p. 430 et p. 432.)
p. 1 50, 1. 17. Sur le conte que me faisoil). Rappro-
cher cette phrase qu'on trouve dans la leçon de Messie,
sur l'imagination (II, vu) : « Guillaume de Maris dit
avoir cogneu un homme, lequel en voyant seulement
une médecine, sans la goûter ou fleurer, prenant
sans plus, la similitude d'icelle, par son imagination
s'en purgeoit, tout ainsi qu'un autre qui l'eust prin.se.»
P. 131, 1. 9. Une femme). Montaigne rapporte ici
un exemple qu'il n'a pas connu par les livres, comme
le contexte l'indique; il fixut remarquer que dans les
dissertations sur l'imagination qu'il pouvait lire il
rencontrait mentionnés des faits analogues : celui
1,1 VRK I, CHAPITRE XXI.
51
notamment d'une femme qui pensait avoir avalé
une couleuvre et qu'il fallut tromper pour la guérir.
Cet exemple est dans les Histoires pnitii,!;;ieuscs de
Bouaystuau (xxvi), dans le Recueil d'aucuns cas
nierveilletix de Marcouville (xxxi), etc.
P. 131, 1. 24. Nous les voyons). Montaigne trouve
ces faits signalés par Lucrèce, III, 493 et passim.
P. 131, 1. 28. One I'iiiiai;iiialion agisse). Rapprocher
Messie, Diverses leçons : « La forte imagination peut
avec telle force, esmouvoir les espèces ou genres,
qu'elle imprime en soy la figure des choses imaginées,
puis elles la mettent en œuvre en leur sang; & est
ceste chose de telle force que mesme elle s'estend aux
membres des tierces personnes. » (II, vu.)
P. 132, I. 3. Duni speclant). «En regardant des
yeux malades les yeux deviennent malades eux aussi
et beaucoup de maux se transmettent ainsi d'un
corps à un autre. » (Ovide, De reniedio auioris, 615.)
P. 132, 1. 6. L'ancienneté). Cf. Pline, Histoire natu-
relle : « Esse ejusdem generis in Trihallis & Illyriis,
adjicit Isigonus, qui visu quoque effascinent, interi-
mantque quos diutius intueantur, iratis prœcipue
oculis... Huius generis & feminas in Scythia, qu£e
vocantur Bithy:ï, prodit ApoUonides. » (VII, 11.) La
même allégation se trouve dans Aulu-Gelle (IX, iv).
Mais Aulu-Gelle parle seulement des Illyriens, non
des femmes scythes.
P. 132, I. 8. Les tortues). Cf. Pline, Histoire natu-
relle (IX, x); mais si Pline parle des tortues, il ne
dit rien des autruches.
P. 132, 1. 10. Quant aux sorciers). Rapprocher
Messie, Diverses leçons : « Encore dit Avicenne que
l'ensorcellement qui se fait par les yeux, traverse
une personne en autre, par l'imagination de celuy
qui fait le sort. » (II, vu.)
P. 132, 1. 12. Nescio quis). «Je ne sais quel œil
fascine mes tendres agneaux. » (Virgile, E^los^ues,
m, 103.)
p. 132, 1. 16. Celle qui engendra le more). Il s'agit
d'une anecdote rapportée par saint Jérôme et que
Bouaystuau a vulgarisée en ces termes : « Par sem-
blable considération Hippocrates sauva une princesse
accusée d'adultère parce qu'elle avoit enfanté un
entant noir comme un éthiopien, son marj' ayant la
couleur blanche, laquelle à la suasion d'Hippocrates
fut absoute, pour le pourtraict d'un more semblable
à l'enfant lequel coustumierement estoit attaché à son
lict. » ^Histoires prodigieuses, v.) Les termes de Mon-
taigne qui se contente d'une allusion, montrent
assez combien cette anecdote était connue alors. On
la retrouve dans toutes les dissertations sur la force
de l'imagination, presque toujours en compagnie des
deux faits qui suivent (la fille d'auprès de Pise, les
brebis de Jacob). Cf. Cœlius Rhodiginus, Antiquaruin
kctionuin libriÇKX, xv), Messie, Diverses leçons (II, vu),
Bouaystuau, Histoires prodigieuses (v), Tesserand,
suite des Histoires prodigieuses (xlv), Marcouville,
Recueil d'aucuns cas nwrveilleux (p. 75), Ambroise
Paré, Des monstres (ix), etc.
P. 132, 1. 16. // fut présenté à Charles). Cf. toutes
les références ci-dessus mentionnées. \'oici les termes
de Bouaj'stuau : « Damascène autheur grave asseure
avoir esté présenté à Charles quatriesme empereur,
& roi de Bohême, une vierge velue, entièrement
comme un ours, laquelle mère avoir entante ainsi
de forme, & hideuse, pour avoir trop ententivement
regardé l'effigie d'un saint Jean vestu de peau, laquelle
estoit attachée au pied du lict pendant qu'elle conce-
voit. » {Histoires prodigieuses, v.) Dans aucune des
éditions de Bouaystuau que j'ai pu consulter je ne
trouve l'indication de lieu (près de Pise). Elle est
chez Messie, mais, inversement, dans aucune des
éditions de Messie je n'ai trouvé mentionné le nom
de Charles IV qui est chez Montaigne. Il est probable
que Montaigne cite de mémoire une anecdote alors
très connue.
P. 132, 1. 20. Les brebis de Jacob). Cf. les références
ci-dessus indiquées. L'anecdote à laquelle il est f^tit
allusion ici vient de la Genèse et a été reprise par saint
Augustin dans la Cité de Dieu (XII, xxv). Jacob, pour
tromper son beau-frère Laban et s'enrichir de son
bétail, fait peler des verges de diverses couleurs et les
place auprès de l'abreuvoir, afin que les chèvres et les
brebis, quand elles viennent boire, voient ces couleurs
variées, et qu'en conséquence les petits qu'elles con-
çoivent aient le poil tacheté. De cet exemple Paré
conclut, et tout le monde avec lui, que l'autorité de
Moïse prouve l'influence de l'imagination sur la
52
ESSAIS DE MONTAIGNE.
conception. Il faut noter que tous les contemporains
semblent accepter ces faits sans aucun esprit critique.
Ambroise Paré termine l'énumération de ces exemples
en disant : « Il faut que les femmes, à l'heure de la
conception, et lorsque l'enfant n'est encore formé,
qui est de trente ou trente-cinq jours aux masles,
et de quarante ou quarante-deux, comme dict Hippo-
crates, aux femelles, n'ayent à regarder ny imaginer
choses monstrueuses. » {Des monstres, ix.)
P. 132, 1. 20. Les perdris et les lièvres). Paré dit de
même dans son traité des Monstres : « D'avantage on
veoid que les connins et paons qui sont enfermez en
des lieux blancs par vertu Imaginative engendrent
leurs petits blancs. » (ix.)
Chronologie : Nous n'avons d'autre indice pour
dater cet essai que la place qu'il occupe. Les essais
avoisinants sont tous de la première période (envi-
ron 1572). On peut encore remarquer qu'on y
retrouve des accumulations d'exemples très courts, tout
à fait analogues à celles qui caractérisent les essais xiv,
XIX et XX du même livre; or les essais xiv, xix et xx
sont tous de la première période. L'hypothèse la
plus vraisemblable est donc, à mon avis, que l'essai
De la force de l'imagination est lui aussi de la première
période. Pourtant on a fait une autre hypothèse;
on a supposé qu'il est de fort peu antérieur à celui de
\' Institution des en/ans' (I, xxvi); que, par conséquent,
il a été écrit fort peu avant 1 580. L'argument qu'on en
donne est tiré d'une phrase de VInstitntion des enfans :
Montaigne y déclare qu'il « vient de rencontrer chez
» Plutarque tout piresentement son discours de la
» force de l'imagination », et qu'à comparer le traité
de Plutarque avec le sien il se fait « pitié ou desdain »
à lui-même. = L'argument ne me semble aucunement
probant. Montaigne dit ici qu'il a lu tout récemment
« le discours de Plutarque », et que cette lecture
lui a remis en mémoire l'essai que lui-même avait
préalablement composé sur la même matière. Par là,
il ne nous enseigne rien sur la date à laquelle il avait
composé cet essai. Peut-être était-il écrit depuis
' Strowski, Montaigne, 1906, p. 218.
' I, XXVT, X. I, p. 189.
plusieurs années déjà. Il n'y a donc rien à tirer de
la phrase de Montaigne. Rien surtout en elle ne
contredit notre hypothèse.
RÉsu.MÉ : L'occasion du chapitre semble avoir été
une anecdote rapportée à Montaigne : « Tout ce
caprice, dit-il, m'est tombé présentement en main
sur le conte que me foisoit un domestique apotiquaire
de feu mon père... d'avoir cogneu long temps un
marchand à Toulouse maladif & subject à la pierre,
qui avoit souvent besoing de clisteres ; & se les faisoit
diversement ordonner aux médecins... », etc. (p. 130,
1. 17). Cette anecdote conduisait Montaigne à un
sujet traditionnel, le sujet de la force de l'imagination,
traité par beaucoup d'auteurs qui s'étaient illustrés
dans le genre des Leçons : Cœlius Rhodiginus,
Messie, Marcouville, Bouaystuau, etc. Les faits qu'ils
avaient vulgarisés par leurs dissertations se retrouvent
partout autour de Montaigne; même des médecins
comme Paré, comme Huarte (Examen des esprits,
X\, iv), en font leur profit. Certains, comme Messie,
mentionnaient des cas où la médecine avait agi sim-
plement par imagination. C'était tout à fait ce que
Montaigne trouvait dans son exemple. Pour enrichir
sa dissertation il s'est contenté, en 1580, de puiser
largement dans le bric-à-brac des exemples tradi-
tionnels : Cyppus (p. 122, 1. 19), le fils de Crésus
(p. 122, 1. 23), Antiochus (p. 122, 1. 24), les chan-
gements de sexe (p. 122, 1. 25), les enfantements
monstrueux, etc. Il y a joint de lui-même quelques
anecdotes dont il avait été le témoin : la femme qui
croit avoir avalé une épingle (p. 131, 1. 9), celle qui
croit avoir mangé du chat (p. 131, 1. 20), etc.), et
quelques souvenirs antiques : l'exemple de Gallus
Vibius (p. 122, 1. 4), une citation de Lucrèce (p. 122,
1. 16), etc. La seule partie intéressante, un peu nou-
velle, était une courte dissertation sur les nouements
d'aiguillettes. En 1580, elle se réduisait à peu de
chose. En 1595, elle a été sensiblement développée
et a donné une grande importance à cet essai. Des
emprunts à saint Augustin (Cité de Dieu, XIV, xxiv)
et des développements très originaux sur la vérité
historique dans les essais l'ont encore considérable-
ment enrichi à la même époque.
Chapitre XXII.
LE PROFIT DE L VX EST DOMMAGE DE L AVTRE.
P. 135, 1. I. Demades). Cet exemple, et presque
toute la dissertation qui constitue ce chapitre, viennent
de Sénèque, De beneficiis : « Demades certe Atlienis
eum qui necessaria funeribus venditabat, damnavit,
cum probasset magnum lucrum optasse, quod contin-
gere illi sine multorum morte non poterat. Qua;ri
tamen solet, an merito damnatus sit?... Prœterea
omnes licet, qui in ista negociatione sunt, damnes,
omnes enim idem volunt, idem intra se optant.
Magnam hominum partem damnabis. Cui enim non
ex alieno incommodo lucrum? Miles bellum optât,
in gloriam. Agricolam annona; caritas erigit. Eloquen-
tiae exceptât precium litium numerus... Institores
delicatarum mercium juventus corrupta locupletat...
Denique se quisque consulat, & in secretum pectoris
sui recédât, & inspiciat quid tacitus optaverit. Quam
multa sunt vota, (\\xx etiam sibi fateri pudet. » (VI,
xxxviii, 69.)
P. 135, 1. 12. Nul médecin). Sentence de Philémon,
Cf. Stobée :
O'jtî vàp "taT^iç iJSi V.:, avïu rxsTr^r,
Tî'jç à'jT;; aû-:;3 pîûXîO' ÛYtaîvîiv çi'Xsuç.
(' Namque neque medicus ullus, si diligenter circunispicias,
» Amicos suos bene valere cupit :
» Neque miles civitatem sine malo aliquo videra. »
(Sermo c, p. 551.)
P. 136, 1. 5. Nam quodcimque). «Car quand quel-
que chose se transforme et change de nature, aussitôt
il y a mort de l'objet qui existait antérieurement. »
(Lucrèce, II, 753; III, 519.)
Chronologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai. Très maigre, dépourvu de toute origi-
nalité, presque entièrement tiré de Sénèque, il a de
grandes chances d'être des environs de 1572 comme
tous les essais avoisinants.
Chapitre XXIII.
DE I.A COVSTVME & DE NE CHANGER AISEMENT \NE LOY RECEVE.
P. 1 57, TITRE. Les compilateurs du xvi^ siècle se
plaisent manifestement à recueillir des coutumes
étranges, comme Montaigne le fait ici lui-même.
On peut voir entre autres : Marcouville, Traicte ensei-
gnant d'au procède la diversité des opinions humaines
(p. 25 et suivantes), ouvrage où se rencontrent sur-
tout des coutumes empruntées à Hérodote et qui
présente à peu près toutes celles dont Montaigne
fait mention dans l'essai de 1580; Corneille Agrippa,
De incerlitudine et vanitate saentianun (lxiv); Guj' de
Brués, Dialogues contre les nouveaux académiciens i p. 250);
Messie, Diverses leçons (I, xxvi); Breslay, Anthologie :
(I, xxx\i : De plusieurs eslranges façons de vivre dont
usaient jadis quelques nations; I, xi. : Coustunie remar-
quable des Egyptiens sur le larcin, etc.); H. Estienne,
Apologie pour Hérodote; etc., etc. Montaigne lui-même
reviendra souvent sur cette question de la diversité des
coutumes. Cf. les essais I, xxxi, I, xxxvi, I, xi.ix.
Comme lui-même, beaucoup d'auteurs contemporains
insistent sur la force de la coutume : voir en
particulier La Boétie, Contr'un (p. 23 et suivantes).
Beaucoup, comme Montaigne encore, concluent à la
nécessité de se tenir très exactement aux usages du
pays où l'on est né. Chez Castiglione, Giovanni délia
Casa, Stefano Cua/.zo (voir traduction Cliappuis, 1 579,
p. 306), c'est surtout une règle de politesse. Chez
d'autres, en particulier chez des écrivains politiques
comme Le Roy, Bodin, etc., c'est une règle de prudence
intellectuelle et de conservatisme politique. Les deux
points de vue se retrouvent dans cet essai.
P. 137, 1. I. Cehiy me semble). Ce conte était déjà
très vulgarisé dans l'antiquité; il n'est pas étonnant
que Montaigne en ignore l'inventeur. Cf. Stobée,
sermo xxix; Quintilien, I, ix; Pétrone en a fait un
proverbe :
« ... tollere taurum
I) Q.UX tulerit vitulum, illa potest. »
Erasme, Adages, chil. I, cent. 11, ad. 51. Stobée dit
prendre le récit à Favorinus.
P. 137, I. 12. Usiis). «L'usage est le plus puissant
maître en toutes choses.» (Pline, Hist. nat., XXVI, 11.)
Montaigne a pris cette citation dans les Politiques de
Juste Lipse (I, viii).
P. 137, 1. 13. L'antre de Platon). Cf. République,
MI, I, p. 514 (éd. de 1546, p. 617).
P. 137, 1. 14. Et ce Roy). Mithridate. Il avait
habitué son corps au poison pour déjouer les tenta-
tives d'empoisonnement. Le fait était très vulgarisé :
Cf. Aulu-Gelle, XVII, xvi; Bouaystuaù dans son
Discours de l'excellence de l'homme; Messie, dans ses
Diverses leçons (I, xxvi). La Boétie, dans son Contr'un
(p. 23), mentionne le fait avec la même valeur que
Montaigne lui donne ici, etc.
P. 137, 1. 16. Im fille qu'Albert récite). Il .s'agit
d'Albert le Grand; mais Montaigne prend le fait chez
Messie, Diverses leçons, dans un chapitre intitulé :
<< Des variables natures des hommes outre les naturelles
inclinations et d'où procède la cause.» (I, xxvi.) «Albert
le Grand asseure avoir veu à Cologne en Allemaigne
une jeune fille, qui s'accoustuma de tirer les areignees
des murailles, & les manger, tellement que le reste
de sa vie elle en vescut. ^)
P. 137, 1. i". On trouva des grands peuples). Ci. Lopcz
LIVRE I, CHAPITRK XXIir.
55
de Gomara, Histoire géncralc des Indes : « Ils mangent
force oiseaux, & mesme des chauve-souris pelées en
eau chaude. » (II, ix, f° 55 r°.)
« La viande de ces habitants sont areignes, fourmis,
vers, petites lézardes, serpens, petits coppeaux de
bois, de la terre... » (II, xii, f' 60 %■*.)
« Le païs au reste est si stérile que les hahitans sont
contraints nourrir des fourmis pour leur manger. »
(III, XXII, f° 241 r".)
« Ils mangent poux, areignes & vers cruds, ainsi
qu'ils les trouvent. » (VI, xxii, f" 474 v°.)
P. 138, 1. I. Et fut un napanlt). Id., ihid. (III, vi,
f° 206 r°.)
P. 138, 1. ^. Mortelles & venimeuses). Id., ihid.
(fMSro.)
P. 138, 1. 4. Consuetndinis). «Grande est la force
de l'habitude : les chasseurs passent les nuits dans la
neige ou se brûlent au soleil de la montagne. Les
athlètes meurtris du ceste ne poussent pas même un
gémissement. » (Cic, Tusc, II, xvn.)
Si Montaigne a pris ce texte dans son édition de
Paris 1538, il a supprimé le mot « inde » devant
«pugiles». Mais comme l'édition Lambin de Paris 1565
supprime «inde», je suis porté à croire que Montaigne
a trouvé cette citation dans quelque ouvrage de
seconde main qui la devait à l'édition Lambin.
P. 138, 1. 8. Des voisins des ca tarâtes du Nil).
Cf. Cic, Songe de Scipion : « Quis hic, inquam, quis
est qui complet aures meas tantus & tam dulcis
sonus? Hic est, inquit ille, qui intervallis conjunctus
imparibus, sed tamen pro rata portione distinctis,
impulsu & motu ipsorum orbium efficitur, qui acuta
cum gravibus temperans ;equabiliter concentus efficit.
Nec enim silentio tanti motus incitari possunt :
& natura fert ut extrema ex altéra parte graviter, ex
altéra autem acute .sonent...
» Nec est ullus hebetior sensus in vobis, sicut, ubi
Nilus ad illa quœ Catadupa nominantur, pntcipitat
ex altissimis montibus, ea gens quas illum locum
accolit, propter magnitudinem sonitus sensu audiendi
caret. » (VI, xix, t. IV, p. 305.)
P. 139, 1. I. Platon tansa). Cf. Diogène Laerce,
Vie de Platon. « Platonem tradunt cùm vidisset quen-
dam aleis ludentem increpasse, & cùm ille, quàm me
in panis reprehendis diceret, respondisse. At est
consuetudo non parva res. » (III, xxxviii, 207.)
Le texte de Montaigne présente quelques diffé-
rences : il est possible qu'il ait connu une source
autre que Diogène.
P. 140, 1. 8. /[• viens de voir). Il est parlé de ce
personnage dans plusieurs journaux de cette époque.
Cf. le Journal de Guillaume et de Michel Le Riche,
avocats du Roi à Saint-Mai.xent (de 1534 à 1586),
publié pour la première fois et annoté par A.-D. de
la Fontenelle de Vaudoré (Saint-Maixent, 1846).
On lit sous la date du 17 mars 1579 :
« Le samedi 17, arriva en cette ville un petit
homme, se disant de Nantes, lequel n'avoit de bras,
au lieu desquels il usoit de ses pieds. Il tiroit de
l'arquebuse qu'il chargeoit, bandoit & abattoit le
chien ; il jouoit aux dez, se lavoit & s'essuyoit. Il se
coupoit du pain, lavoit des verres, y mettoit vin
&: eau, jouoit aux cartes, ôtoit son chapeau, en saluant
les personnes, enfiloit les aiguilles, faisoit le nœud,
cousoit & escrivoit fort bien, le tout de ses pieds,
ce que je vis au Cigne, où il estoit logé. Il v avoit
avec lui six personnes, dont deux femmes, qui
jouoient des forces. » (P. 308.)
Dans son Journal mémorial, L'Estoile signale le pas-
sage du même phénomène sept ans plus tard, sous la
date du 10 février 1586 : « Le 10 de ce mois je vis un
homme sans bras, qui escrivoit, lavoit un verre, ostoit
son chapeau, jouoit aux quilles, aux cartes & aux
dés, tiroit de Tare, desmontoit, chargeoit, bandoit
& laschoit un pistolet. Il se disoit natif de Nantes en
Bretagne & estoit aagé de 40 ans ou environ. » Je
dois communication de ces deux textes à l'obligeante
érudition de M. Henri Clouzot, qui a cité le premier
dans son Histoire du théâtre en Poitou (p. 27e).
P. 140, 1. 16. J'en v\ un autre). Peut-être s'agit-il
du même personnage dans ce passage d'Ambroise
Paré : « On a veu depuis quelque temps en ça à
Paris un homme sans bras aagé de quarante ans ou
environ, fort & robuste, lequel faisoit presque toutes
les actions qu'un autre pouvoit faire de ses mains :
a sçavoir avec son moignon d'espaule, & la teste,
ruoit une coignee contre une pièce de bois, aussi
ferme qu'un autre homme eust sceu foire avec ses
ESSAIS DE MONTAIGNE.
bras. Pareillement faisoit cliquetter un fouet de char-
tier, & faisoit plusieurs autres actions : & avec ses
pieds mangcoit, beuvoit, & jouoit aux cartes & aux
dez. » {Des monstres, viii.)
P. 141, I. 2. Non ptidet physicum). «Quelle honte
pour un physicien, dont le rôle est d'observer et de
scruter la nature, d'alléguer la coutume comme
preuve de la vérité. » (Cic, De nat. dem-itni, I, xxx.)
P. 141, 1. 7. // est des peuples). Toutes ces coutumes
sont empruntées à l'Histoire générale des Indes de
Lopez de Gomara. « Bogota estoit fort révéré : il
failloit, quand on parloit à lu)', tourner les espaules
de peur de le voir en la face .» (III, xxii, f° 240 V.)
P. 141, 1. 9. Quand le Roy crache). Id., ibid. :
« Attabalipa ne crachoit point en terre, mais une de
ses plus favorites recevoit en sa main la salive. »
(V, XII, f° 326 V.)
P. 141, 1. 10. En autre nation). Id., ibid. : « Quand
Bogota crachoit, les principaux de sa court, qui
estoient à l'entour de luy, se jetoient à genoux pour
recueillir sa salive en une toûaille de coton blanche,
à fin qu'elle ne cheust point en terre, qui est une
cérémonie de grand Prince. » (III, xxii, f° 240 r".)
P. 141, 1. 23. Les miracles). Cf. la même idée
exprimée à l'occasion des monstres dans l'essai II,
xxx, p. 515, 1. 20.
P. 142, 1. 3. Aucun ne parle au Roy). Cf. Lopez
de Gomara, Hist. générale des Indes : « Personne ne
parle au Roy de Borney, si ce n'est par Sarbatane,
excepté sa femme & ses enfans. » (IV, v, f° 282 v°.)
Cf. encore à ce sujet Bodin : Les six livres de la
République (I\', vr.)
P. 142, 1. 5. En une mesme nation). Id., ibid. : « Les
femmes mariées (aux îles Lucayes), & celles qui se sont
esbattues avec les hommes, se couvrent les parties
honteuses depuis la ceinture jusques au genoûil avec
certains petits manteaux : mais les vierges ne portent
qu'un petit rets de cotton, lequel a dedans la maille
des feuilles d'herbe, encor ne portent-elles ce rets
que quand elles ont leurs mois, autrement elles vont
toutes nues. » (II, vi, f' 50 v".)
P. 142, 1. 8. Im chasteté). Id., ibid. : «Les tilles
qui font folie de leur corps (chez les Dariens), & en
deviennent grosses, se deschargent de leur fardeau
avec une herbe qu'elles mangent, sans autre chas-
tiement & sans honte aucune. » (III, xviii, f° 233 r°.)
P. 142, 1. II. Si c'est un marchant). Id., ibid. :
« Aux nopces un autre est l'espoux, & parainsi si
l'espoux est Cacique, tous les Caciques, qui sont
invitez à la feste^ couchent avecques l'espousée devant
l'espoux ; s'il est marchand, les marchands }• couchent ;
s'il est citadin, bourgeois ou laboureur, le Seigneur
couche le premier, ou quelque prestre & après que
tous y ont couché, l'espousée est réputée vaillante
& courageuse. » (III, i, f" 197 V.)
P. 142, 1. 17. // en est). Id., ibid. : «Ils ont des
bordeaux publics de femmes, & mesme d'hommes. »
(III, xviii, f" 233 r°.) «Ils marient un homme avec
un autre quand ils sont impuissants ou eunuques. »
(II, XI, f- 61 V.)
P. 142, 1. 19. Où les femmes). Id., ibid. : «Les
femmes vont souvent avec leurs maris à la guerre,
& s'y employent à tirer de l'arc, aussi bien qu'eux. »
(III, xviii, f° 233 v°.) «On dit que il y a en ce
quartier une contrée, où les femmes régnent & com-
mandent. » (III, xxii, f° 242 v°.)
P. 142, 1. 21. Les bagues). Id., ibid. : « Ils se per-
cent une mamelle & aucuns se les percent toutes
deux, & traversent par les troux certaines petites
cannes de la longueur d'une paulme & demie. Ils se
persent aussi les fesses, & y pendent de semblables
cannes qu'à leurs mamelles. » (II, xi, f" 59 v°.)
(Pour ce qui est des bagues au nez, aux lèvres, aux
joues et aux orteils, on les trouve partout. Cf. en
particulier f"' 73 f & 233 r°.)
P. 142, 1. 23. ();'/ en mangeant). Id., ibid. : «Ils
ne s'aident point de tables, ni de nappes, ou serviettes
pour manger & s'essuier, excepté le Roi, tous les
autres s'essuient les doigts à la plaïue de leurs pieds,
ou à leurs cuisses, voire aux bources de leurs tes-
moings. » (III, xv, f° 227 r°.)
P. 142, 1. 24. Où les enfants). Id., ibid. : «Les
nepveux succèdent à leurs oncles, ic non les enfans,
excepté entre les Roys Yngas, & les Seigneurs. »
(\\ i.xxwii, f' 441 v".) \'oir aussi la même idée
f" 327 V.
p. 142, 1. 29. Où l'on pleure la mort). Id., ibid. :
« Quant à leurs enlans, ils les nourrissent avecques
LIVRE I, CHAPITRE XXIII.
S7
grandes mignotises, tk si d'aventure ils viennent à
mourir, ils entrent en grande cliolere & fascherie,
& les enterrent avec grandes plaintes. Ils ne pleu-
rent point les vieillards quand ils meurent. » (II, xi,
f" 60 r°.)
P. 143, 1. I. Où ils couchent). Id., ihid. : « Ils cou-
chent en leurs Hamacques (ainsi appellent-ils leurs
lits) cinq à cinq, & niesme dix à dix, avec leurs
femmes. » (I\', 11, f° 272 v°.)
P. 143, 1. 2. Où les femmes qui perdent). Id., ihid. :
« Une veuve ne se peut remarier, si son mari est
mort naturellement : mais elle peut se remarier s'il
est défait par justice. » (II, viii, f° 54 v°.)
P. 143, 1. 4. Où l'on estime). Id., ibid. : « Ils achè-
tent de leurs ennemis des femmes pour un arc
& deux flesches, ou pour un rets a pescher, & tuent
les filles qu'ils font à fin de ne les donner à leurs
parents, ni à leurs ennemis. » (II, i, f° 60 v°.)
P. 143, 1. 6. Où les maris). Id., ibid. : «Ils répudient
leurs femmes pour cause bien légère, & elles pour
cause aucune ne peuvent abandonner leurs mariz. »
(III, I, f=> 197 v°.)
P. 143, 1. 8. Où les maris). Id., ibid. : «Ils laissent,
& changent, & mesme vendent leurs femmes si elles
ne peuvent concevoir. » (III, xviii, f" 233 r°.)
P. 143, 1. 8. Où ils font cuire). Id., ibid. : « Si un
de leurs seigneurs meurt. ... ils rôtissent le corps,
le mettent en pièces, le pilent en telle façon qu'ils
le font devenir comme en bouillie, & le jettent
dedans un grand vase plein de vin, où ils le détrem-
pent, & puis le boivent. » (III, xxiii, f° 243 v°.)
P. 143, 1. II. Où la plus désirable sépulture). Cf.
Plutarque : Que le vice seul est suffisant pour rendre
l'homme malheureux : « Ce sont les plus heureu.ses
sépultures des Tartares & des Hyrcaniens, l'estre
mangé des chiens : & entre les Satraniens, par les
loix du pais ceux-là sont estimez avoir plus heureuse
fin, quand les oiseaux les mangent après qu'ils sont
morts. » (v, f" 138 r°.)
P. 143, 1. 12. Où l'on croit que les âmes). Cf. Lopez
de Gomara : « Ils croient que l'ame soit immortelle
& qu'elle se retire en une campagne, où elle mange
& boit, & que c'est l'Echo, lequel respond à celui
qui parle, & crie. » (III, xxxiii, f° 260 r".)
P. 143, 1. 14. Où ils combatcnt en l'eau). Id., ibid. :
« Ils se jettoient dans l'eau jusques à la ceinture,
poursuivans les nostres, & plusieurs en nageant des-
chargeoient leurs trousses à force de tirer, tant estoit
grand leur courage. » (III, xxi, f" 237 v°.)
P. 143, 1. 16. Pour signe de subjeciion). Id., ibid. :
« Mais il folloit que quelque personne que ce fust qui
vint à la Cour, qu'il se deschaussast avant qu'entrer
dedans le Palais, & s'il vouloit parler à Guainocapa
il haussoit les espaules, & baissoit la teste, qui est
une cérémonie entr'eux, pour montrer qu'ils sont
ses vassaux. » (V, xiii, f" 322 r°.)
P. 143, 1. 18. On les Eunuques). Id., ibid. : «Les
hommes qui sont commis pour les garder sont chas-
trez, & mesme on leur coupe le nez, & les lèvres
pour en oster tout appétit aux femmes. » (V, xiv,
f° 324 r".)
P. 143, 1. 20. Où les prestres). Id., ibid. : « Quand
ils veulent parler au diable... aucuns de leurs prêtres
se crèvent les yeux, ce que je croi qu'ils font de
peur : car tous se bouchent la veûe quand ils veulent
parler à lui. » (V, xiv, f° 323 V.)
P. 143, 1. 21. Où chacun faict un Dieu). Id., ibid. :
« Un chacun adore ce qu'il lui plaist : mais c'est
l'ordinaire à un pescheur d'adorer une flammette, ou
quelqu'autre poisson : à un chasseur de révérer un
lion, ou bien un ours, ou un regnard, & semblables
autres animaux, comme oiseaux, & autres choses. »
(V, xiv, f" 323 r°.)
P. 143, 1. 23. Le soleil, la lune). Id., ibid. : « Il est
bien vrai que tous généralement adorent pour leurs
Dieux principaux le Soleil, la Lune, & la Terre. »
(V, XIV, f" 323 r°.)
P. 143, 1. 24. La forme de jurer). Id., ibid. : «Aussi
quand ils jurent ils touchent la terre, & regardent
le soleil. » (V, xiv, f° 323 r°.)
P. 143, 1. 25. Y mange l'on la chair). Id., ibid. :
«Ils mangent leur chair & le poisson crud. » (V, xvii,
fo p- r°.) Cf. encore f° 436 v°.
P. 143, 1. 26. Où le grand sermant). Cf. Hérodote :
« En leurs sermens, ils jurent par les hommes d'entre
eux, que l'on estime avoir esté les plus justes & plus
vertueux, en posant la main sur leurs tumbes. »
(IV, 172, f° 305 r°.)
ESSAIS DE MONTAIGNE.
58
P. 143, 1. 28. Où les estrenes annuelles). Cf. Goulard,
Histoire dit Portugal : « Tous les ans (au royaume de
Benemopata) le Roy envoyé de ses domestiques
& familiers porter de sa part aux Roys & Princes
ses vassaux du feu nouveau, auquel les autres sujets
vont pour en avoir leur part : ce qui fait comme
s'ensuit. Quand l'ambassadeur arrive à la maison de
l'un de ces Princes, qui qu'il soit, on estaint le feu.
Puis l'ambassadeur en r'allume de nouveau, & lors
tous viennent en prendre là pour l'emporter en leurs
maisons. Qui refuse cela est estimé traistre ou rebelle,
& le fait on mourir comme criminel de lèse majesté :
& s'il est besoin, on levé une armée contre luy pour
rattrapper& exterminer cruellement comme un perfide
& déserteur. » (IV, xix, f" 124 v".)
P. 144, 1. 3. Oii quand le Roy). Id., ibid. : «Il y
avoit une loy portant que si le Roy par dévotion
quittoit la couronne pour employer le demeurant de
ses jours à vivre solitairement en quelque lieu à
l'escart & vacquer aux affaires de sa superstition,
incontinent après sa mort, son successeur seroit
contraint laisser le gouvernement du Royaume, & se
retirer en la mesme solitude, afin... & lors celuy a
qui les loix adjugeoyent la couronne s'emparoit du
Royaume. » (VII, xii, f" 207 V.)
P. 144, 1.9. Où hommes et femmes). Id., ibid. : « Les
masles sont circoncis au huitiesme jour, & couppe
l'on mesmes quelque chose aux femmes, afin quelles
semblent aucunement circoncis... Les masles sont
baptisez quarante jours après la circoncision, les
femmes au bout de trois mois. » (IX, xxiv, f° 276 v".)
P. 144, 1. 9. Où le soldat). Id., ibid. : « Correa sçeut
que quiconque en ces isles peut porter à son Roy à
diverses fois sept te.stes d'ennemis tuez en guerre,
il est fait chevalier & gentil homme qu'ils appellent
Mandarin. » (XI^', xv, f" 416.)
P. 144, 1. II. Sonbs cette opinion). Id., ibid. : « Il y
a un grand nombre d'hommes, qui estiment que nous
n'avons rien que naistre, & mourir, aussi ne se sou-
cient ils de se faire enterrer avec du pain, & du vin,
& moins encore avec des femmes & serviteurs. Mais
ceux, qui croient l'immortalité de l'ame, s'ils sont
seigneurs, ils seront enterrez avec leur or, argent,
plumes & pennaches : & si ce sont autres, on mettra
en leur sépulture avec leurs corps du maiz, du vin,
& des couvertures... (VI, i, f" 445 r".) Si ce sont
Cacicques, on fait seicher leurs corps au feu, qui est
leur fliçon d'embaumer, & puis on les met dedans
leurs tombeaux faits en voûte, où on met ^vecques
eux quelques uns de leurs ser\-iteurs, pour les ser\-ir
en enfer, & celle de leurs femmes laquelle ils auront
mieux aimée. » (VI, i, f° 445 r°.)
P. 144, 1. 12. Où les femmes). Id., ibid. : «Quand
elles accouchent elles ne se tourmentent ni ne se
passionnent tant que les autres. » (III, xxix, f" 252 v°.)
P. 144, 1. 13. Où les femmes). Id. ibid. : «Leurs
femmes portent en l'une & l'autre jambe des gregues
de cuïvre, laissans croistre leurs cheveux, & toutes-
fois prenans sur elles un poûil elles le remordent
ainsi qu'il les a morses, & sont seules des Lybiennes
qui usent de ceste honnesteté. Les filles de ce peuple
sont présentées le jour de leurs nopces à leur Roy
pour les despuceller, si bon luy semble. » (IV, 168,
t. I, f" 304 r".)
P. 144, 1. 17. Où les hommes). Id., ibid. : «Les
hommes portent leurs fardeaux sur leurs testes & les
femmes sur leurs espaules. Elles se tiennent debout
quand elles urinent, mais les hommes s'acroupissent.»
(Il, 35-)
P. 144, 1. 18. Elles pissent debout). Outre le texte
qui vient d'être indiqué, cf. Lopez de Gomara, His-
toire générale des Indes : « Les hommes pissent accrou-
pis comme font noz femmes par deçà, & les femmes
de ce pais pissent tout debout. » (VI, x, f° 455 r°.).
P. 144, 1. 20. & encensent). Id., ibid. : « De ces
encensoirs ils encensoient aussi leurs seigneurs, comme
ils feirent Cortes, & autres Espagnols, quand il entra
au temple. » (II, lxxxix, f" 176 v°.)
P. 144, 1. 27. Où l'on mange). Id., ibid. : «Ils
mangent toutes sortes d'herbes, lesquelles n'ont point
mauvaise odeur. » (II, Lxxxv, f" 172 r".)
P. 144, 1. 29. Où tout est ouvert). Id., ibid. : « Leurs
logis n'ont portes, ni fenestres fermantes, tout est
ouvert : &: pour ceste cause on chastie fort sévère-
ment les adultères, & larrons. » (II, lxxxv, {" 171 v°.)
Voir essai II, xv, p. 38e, 1. 13.
P. 145, 1. I. Où ils tuent les pouils). Id., ibid. :
« Ils mangent neantmoins fort bien toutes autres
LIVRE I, CHAPITRE XXIII.
59
bestes vivantes, jusqu'à leurs propres poulx, alleguans
quelques uns d'entre eux qu'ils les mangent pour
leur santé, disans d'avantage, qu'il est plus honneste
de les manger, que de les tuer entre les ongles. »
(II, Lxxxv, f° 172 r".)
P. 145, 1. é. Où ils nourrissent). Cf. Hérodote :
« Les Auses & les Libyens laboureurs laissent croistre
les cheveux du costé droit de la teste & rasent ceux
•du gauche. » (IV, 191; t. I, f" 310 r°.)
P. 145, 1. 7. Et en voisines provinces) . Id., ihid. : « Les
Machlyes sont attenans les Auses, qui uns & autres
habitent les environs du palus Tritonis.. . Les Machlyes
laissent croistre leurs cheveux de derrière & les Auses
■ceux de devant. » (IV, 180; t. I, f° 306 v°.)
P. 145, 1. 10. On peut honnestement faire des enf ans).
J'ignore la source de Montaigne pour ce passage;
mais on trouve beaucoup d'indications semblables
chez les voyageurs de l'époque. « Les hommes pren-
nent tant de femmes que bon leur semble, ne s'ar-
restant à la parenté ny à la lignée, de sorte que le
père prend la fîlle, & le frère la sœur, & le fîls sa
mère, n'ayans mesme honte se joindre & associer en
public comme les betes brutes... » (Voyage d'Anieric
Vespuce, à la suite de l'ouvrage de Léon Africain.
Lyon, 1556, p. 470.)
P. 145, 1. 13. Ic\ on vit de chair humaine). Les
coutumes qui suivent, et qui, à la différence des
précédentes, figuraient déjà dans l'édition de 1580,
ne viennent plus de Lopez de Gomara lu par Mon-
taigne après 1580; elles viennent presque toutes des
auteurs anciens : Hérodote, Pline, Aulu-Gelle; Mon-
taigne ne les y a peut-être pas prises directement, car
■elles étaient très vulgarisées, et on les retrouve dans
beaucoup d'écrits du temps dont les auteurs se font
un jeu de collectionner des usages qui déroutent
l'imagination. (Voir la note p. 137, titre.)
P. 145, 1. 13. Tuer son père). Chez les Nomades,
<hez les Sidoniens, les Scythes, les Thraces, chez les
Massagètes (Hérodote, III, xxxviii; Marcouville,
Traicté enseignant d'où procède la diversité des opinions
humaines; Brués, Dialogues, p. 256; Bodin, Répu-
blique, I, v; etc.).
P. 145, 1. 18. Elles sont communes). Cf. Hérodote
{IV, CLXXii), etc.
P. 145, 1. 18. Portent pour marque d'honneur). Cf.
Hérodote, IV, clxxvi; Corneille Agrippa, Marcou-
ville, etc.
P. 145, 1. 21. Vue chose publique). Allusion à la
république des Amazones.
P. 145, 1. 25. Des nations entières). Surtout les
Thraces; voir en particulier Valère Maxime, II, vi,
12; le fait se retrouve dans toutes les dissertations
sur la mort et sur la misère humaine. De là il passe
dans des œuvres de tout genre : ainsi d. Marot, pièce
pour la naissance du troisième enfant de la duchesse
de Ferrare. Bouaystuau, dans l'Histoire de Chelidonius
(viii), cite comme références à ce sujet Hérodote,
Valère le Grand, Pomponius Mêla, Solin ; et il ajoute :
« Nous lisons de mesme des Indiens, Césiens, Cau-
tiens, Gymnosophistes, Brachmanes », liste qui sera
reproduite intégralement par d'autres .auteurs, comme
Droit de Gaillard dans sa Méthode de l'histoire, xxix.
P. 145, 1. 26. Où les enfans (à Lacédémone). Fait
très vulgarisé que Montaigne répète au moins trois
fois dans les Essais.
P. 146, 1. 4. Des régions (en Perse). Cf. Xénophon,
Cyropédie : « Ferunt domo pro cibo panem, pro obso-
nio nasturtium, ad potum vero capedinem ut ex
flumine aquam hauriant. » (I, 11.)
P. 146, 1. 7. En Cio). Cf. Plutarque, Des vertueux
faicts des femmes: «L'honnesteté de ces femmes se peult
cognoistre à cela, que en l'espace de sept cents ans,
il n'est point de mémoire que jamais il y ait eu
femme mariée qui ait commis adultère, ne fille qui
hors mariage ait été despucellee. » {Des Cienes,
f° 233 v°.)
P. 146, 1. 10. Pindarus). Cf. ci-dessous la note,
p. 148, 1. I, Darius.
P. 14e, 1. 19. Dit Aristote). Cf. Morale à Nicomaque
(VII, vi).
P. 147, 1. I. Ceux de Crète). Cf. Valère Maxime :
« Cretenses cum acerbissima execratione adversus eos
quos vehementer oderunt uti volunt, ut mala con-
suetudine delectentur, optant. » (XII, 11, ext. 18.)
P. 147, 1. 21. Les peuples). Cf. cette idée dans le
Contr'un de La Boétie, p. 23 et suivantes.
P. 148, 1. I. Darius (et p. 146, 1. 10, Pind.irus).
Cf. Hérodote : « Au temps que Daire regnoit, il
6o
ESSAIS DE MONTAIGNE.
demanda aux Grecz qui estoient à la suitte de sa
court, pour quelle somme d'argent ilz voudroient
manger les corps de leurs pères trespassez, et ilz
respondircnt que pour rien ne voudroient ce faire.
Apres il feit appeler certains Indiens nommez Calla-
ties lesquelz avoient coustume de manger leurs pères,
il demanda presens les Grecz, pour combien ils vou-
droient consentir à brusler leurs pères dans un feu.
Hz s'escrierent & dirent : Sire, Dieu vous doint
bonne vie, mais faictes nous chanter chanson de
meilleur présage. Ainsi cènes sont estimées les cous-
tumes receues & suis d'opinion que Pindare a très
bien faict quand il a dit que : Coustume est comme roy
dominant sur tous. » (III, xii.) Ce texte est reproduit
intégralement dans le commentaire de Le Ro)- sur la
Politique d'Aristote, II, vi. Je crois que c'est dans
ce commentaire que Montaigne l'a pris, parce qu'a-
vant 1580 il ne semble pas faire usage de la traduction
d'Hérodote par Saliat, tandis qu'il fait d'autres emprunts
à ce commentaire de Le Roy ; de plus dans le même
passage Le Roy rapproche de cette citation l'exemple
des Thuriens que nous trouverons plus loin.
Le même exemple se retrouve encore avec la
même application dans une lettre de Pasquier (M,
à M. Chopin).
P. 148, 1. 10. Nil adeoinagniiw). « Il n'est rien de
si grand, rien de si admirable au premier abord, que
peu à peu l'on ne regarde avec moins d'étonnement. »
(Lucr., II, 1023). Le texte de Montaigne, très diffé-
rent de celui que nous lisons aujourd'hui, est conforme
à l'édition Lambin (p. 177).
P. 148,1. \-]. j'y trouvai le fondement). Rapprocher
II, XII, p. 341, 1. 6.
P. 148, 1. 19. De quoi Platon). Cf. Platon,
Lois : « Constat nunc quoque plurimos hominum
quamvis iniqui sint, bene, & diligenter, & sponte
à pulchrorum conjunctione sese abstinere... Quando
frater aut soror eximia pulchritudine alicui sit a filio
quoque filiaque lex eadem, quamvis scripta non sit,
sufficienter repellit, prohibetque & manifestum & fur-
tivum istorum concubitum... Unum ergo verbum
atque brevissimuui omnes hujusmodi voluptates
extinxit... Quod fas nihil horum esse dicitur, sed
apud deuni odio haberi, & turpium omnium esse
turpissima. Causa autem nonne hœc est? Quia nemo
aliter prédicat, sed statim ab ineunte Ktate & joco
simul & serio dicta, & sitpius in tragœdiis hœc eadem
audiunt, quando vel Thyestem, vel Œdipum, vel
Macareum mortem sibi debitam sceleris pœnam
conscivisse propter hujusceniodi venerem narrant...
Miram enim famce potentiam novimus, quando nemo
aliter quani jubeat lex ne respirare quidem audeat. »
(VIII, VI, p. S38; éd. de 1546, p. 845.)
P. 149, 1. 8. Chrysippus). Cf. Sextus Empiricus,
Hypotyposes, I, xiv; surtout Diogène, Vie de Chrysippe,
que Montaigne lisait à l'époque où il a écrit ceci.
P. 149, 1. 22. L'ingénieuse opinion d'Isocrates). Cf.
Isocrate, Discours à Nicoclès : « Effice negotiationes
eis lucrosas, lites detrimentosas : ut has fugiant, illas
appelant. » (VI, xviii, éd. de 1570, col. 26.)
P. 149, 1. 26. Comme disent nos historiens). Cf. Paul-
Émile. Voici le passage dans la traduction Regnard :
« Il taschoit que les François receussent les premiers
les loix impériales, qu'il vouloit luy-mesme faire
toutes neufves, &: toujours par icelles se gouvernas-
sent à l'advenir. Dont les grands seigneurs de France,
craignans vivre en perpétuelle senùtude commen-
cèrent à se mutiner : tant qu'un d'entre eux appelle
Gascon & de Gascongne mesme... osa bien tenir ces
propos à l'empereur. » Suit un long discours du
Gascon, & la conclusion en est que Charles «se
désista de son entreprise & ne fut rien changé des
anciennes coustumes des François».
P. 150, 1. 3. ifl charo;e de juger). Depuis le chan-
celier Duprat sous François I'", les abus de l'organi-
sation judiciaire en France sont signalés par tous les
écrivains du temps. Les critiques de Montaigne ne
sont pas originales. Sans revenir sur les plaintes
éloquentes et bien connues de Budé qui ont inspiré
plusieurs de ces auteurs que nous allons nommer,
citons autour de Montaigne : ^'iret, h- monde à l'em-
pire (1550, dans les dialogues II et III); Cousteau,
dans le Pegme (1553; éd. française de 1560, pp. 54,
188, 329, etc.); Bouaystuau, Histoire de Cbelidonius
(1557, x); Tahureau, Dialogues (1565; éd. de 156e,
pp. 109-122); Henri Esù^innc, Apologie pour Hérodote,
(1565, XM, xvi); Le Roy, h-s Politiqiws d'Aristote
(1568; éd. de 1576, p. 266); Hotman, b'rancogallia
LIVRE I, CHAPITRE XXIII.
6l
(1573, xx); Gentillet, Discours sur les moyens de bien
gouverner (1576; éd. de 1579, III, xxxv, pp. 33,
598, 606, etc.); Bodin, Les six livres de la République
(1576, passim); A. Délavai, traduction annotée des
Piu consigli de Guichardin (1576, n"' 187 et suivants),
Pierre L'Ostal, Discours piiUosophiqucs (1579, xv);
Droit de Gaillard, Méthode de l'histoire (1579, x);
Guillaume Bouchet, Sérées (1584, I, ix); Coignet,
Instruction aux Princes pour garder la foy promise
(1584, xx); du Fail, Les contes et discours d'Eutrapel
(1585, dise. I); La Noue, Discours politiques (1587,
dise. IV); etc., etc.
P. 151, 1. I. De suivre le stille commun). Cette con-
clusion est encore celle qu'on trouve chez beaucoup
de contemporains. Elle s'inspire des anciens, de
Cicéron, d'Aristote (Politiques, II, vi), de Platon
(Z.0/5, VII), etc. Le Roy, dans son Commentaire des
Politiques d'Aristote, II, \'i, avait réuni un petit
faisceau de faits dont il tirait la même leçon (1568).
Et nous retrouverons les mêmes idées, souvent avec
les mêmes faits, dans la République de Bodin, IV, m,
dans les Discours de Gentillet sur les moyens de bien
gouverner, III, xxii, dans le Discours de Charondas
le Caron sur la tranquillité de l'esprit, etc. Peut-être
Montaigne s'est-il inspiré du chapitre de Le Roy. Au
point de vue des usages de la vie, des vêtements,
des manières, les auteurs italiens comme Castiglione,
comme Giovanni délia Casa, et plus tard Gua^zo,
lui prêchent la même leçon.
P. 151, 1. 10. Socrates refusa). Cf. Platon dans le
Cri ton.
P. 151, 1. 14. Ns;j.î'.;). On doit obéir aux lois de
son pays (sentence prise des tragiques grecs). Elle ne
se rencontre pas dans Stobée. Je crois que Montaigne
l'a trouvée dans le recueil de sentences grecques de
Crispin (i 569-1 570).
P. 151, 1. 20. Le législateur des Thuriens). Cf.
Diodore de Sicile : « Il ordonna que celuy qui entre-
prendroit de faire révoquer ou corriger une de ses
loix, pendant qu'il deduyroit & remonstreroit au
peuple ses raisons, pour lesquelles il pretendroit la
loy devoir estre corrigée, se meist un las courant au
col, lequel y demourast jusques a ce que le peuple
eust donné son jugement sur la correction de celle
loy, & si le peuple approuvoit les raisons pour les-
quelles il la vouloit faire corriger, qu'il fust délivré;
mais, s'il les reprouvoit, qu'il fust tout sur le champ
estranglé du las qu'il avoit au col. » (XII, iv, f° 43 v°.)
Il s'agit de Zaleucus le législateur des Locriens. Le fait
se retrouve avec la même valeur chez Le Roy, chez
Bodin, chez Pasquier (I^//rfj', III, lettre à Ramus), etc.
P. 151, 1. 23. Et celuy de Lacedemone). Lycurgue.
Cf. Plutarque, Vie de Lycurgue, xxii. Le fait est
mentionné avec la même valeur dans la République de
Bodin, IV, IV ; mais il est ailleurs encore, et il n'en
faut pas conclure que Montaigne l'a pris chez Bodin.
P. 151, 1. 25. L'ephore). Cf. Plutarque, Les dicts
notables des Laceda'moniens : « Emerepes estant Ephore
couppa avec une hachette deux chordes des neuf que
le musicien Phrynis avoit en sa lyre, disant, Ne
viole point la musique. » (F° 216 v°.)
Je retrouve le même fait dans une collection toute
semblable, auprès de la disposition législative de
Zaleucus, dans YApologia pro regibus de Blackwood
(1581). Peut-être faut-il conclure de là que ce fait
était déjà joint aux précédents dans les exemples
traditionnels sur cette question, et que Montaigne et
Blackwood s'inspirent d'une source encore inconnue.
P. 152, 1. I. C'est ce que signifioit). Cf. Valère
Maxime, II, vi, ext. 7, qui indique cette signification
symbolique. On retrouve la même allusion avec la
même valeur dans une lettre de Pasquier (III, lettre
à Ramus sur l'orthographe). Coignet la reprendra
encore dans l'Instruction aux princes pour garder la foy
promise (1584). Il ajoute que Cicéron et Tite-Live
louent les Marseillais de leur conservatisme.
P. 152, 1. ^. Heu patior). «Ah! ce sont mes propres
flèches qui ont causé mes blessures. » (Ovide, épître
de Phyllis à Démophon, vers 48.)
P. 153, 1. I. Ce que Thucidides (III, ui). Mais
Montaigne prend ceci chez Plutarque, Comment on
pourra discerner le flatteur d'avec l'amy : « Thucydides
escrit qu'es séditions & guerres civiles, l'on transferoit
la signification accoustumee des mots, aux actes que
l'on faisoit, pour les justifier : car une témérité déses-
pérée estoit réputée vaillance aimant ses amis : une
dilation providente, honneste couardise : une tem-
pérance, couverture de lascheté : une prudence
62
ESSAIS DE MONTAIGNE.
circonspecte, générale paresse : aussi tault il bien
prendre garde es flatteurs là où Ion verra qu'ils
appelleront prodigalité, libéralité... » (F° 44 E.)
P. 1)3, 1. 5. Honesta). "Le prétexte est honnête.»
(Térence, Andiinine, I, i, 114-)
P. 153, 1. 6. Adeonihil). «Tant il est vrai qu'aucun
changement apporté aux instinnions anciennes ne
mérite approbation. » (Tite-Live, XXXIV, liv.)
P. 153, 1. 17. Ad deos). « Que cela concernait les
dieux plus qu'eux-mêmes, que ces dieux empêche-
raient la profanation de leur culte.» (Jd., X, vi.)
P. 153, 1. 19. A ceux de Delphes). Cf. Hérodote :
« Les Delphes... demandèrent à l'oracle qu'ilz avoient
à faire des thresors sacrez, si les dévoient cacher en
terre, ou les transporter ailleurs. Le dieu défendit
qu'on ne le bougeast point, disant qu'il estoit suffi-
sant pour garder son bien. » (VIU, xxxvi, t. II,
f^'MSv^)'
P. 154, 1. 14. Qiiis est eiiiiii). «Qui pourrait en
ert'et ne pas respecter une antiquité qui nous a été
conservée et transmise par les plus éclatants témoi-
gnages?» (Cic, De divin. ^ I, xl.)
P. 154, 1. lé. La défectuosité). Cf. Isocrate, Discours
à Nicoclès : « Optimum certè quidem est, servare
modum, sed quoniam is non facile cognoscitur : malis
citrà resistere, quàm ultra progredi. » (IX, xxxiii,
éd. de 1570, col. 30.)
P. 155, 1. 14. Quniii de reJigiom agitur). « En ma-
tière de religion, mes modèles sont T. Coruncanius,
P. Scipion, P. Scevola, souverains pontifes, non
Zenon, Cléanthe ou Chrj'sippe. » (Cic, Deiial. deonnn,
III, II.) Le texte est celui de l'édition de Paris 1538.
P. 15e, 1. 9. Aditum nocendi). « Se fier à un perfide,
c'est lui donner le moyen de nuire. » (Sénèque,
Œdipe, III, 686.)
P. 156, 1. 15. On sçail). On trouve un passage
assez semblable à celui-ci dans les Opuscules politiques
de Grimaudet (1580) : « Plutarque dans la Vie de
Marins reprend Octavius de pareille faute, qui par
superstition d'enfreindre les loix en temps où la
republique estoit en péril, refusa faire ce qu'estoit
nécessaire, et de prompt expédient, pour la défense
de la ville : et par telle fainéantise et peu d'avis il
laissa Rome à la boucherie de Marius et de Svlla. »
Grimaudet adresse des critiques semblables à Lentulus
et à Scipion pour leur attitude dans la guerre civile
de César. Il insiste sur cette idée que dans les temps
de guerre civile, comme ceux que traverse la France,
il ne faut pas se montrer trop superstitieux sur ce
point. Je ne crois pas qu'il y ait eu influence de
Grimaudet sur Montaigne. L'assimilation de nos
guerres civiles à celles des Romains est partout alors;
sans cesse on détermine sa propre ligne de conduite en
examinant et en critiquant la conduite des Romains
qui ont été mêlés aux guerres civiles.
P. 156, 1. 16. Octavius). Cf. Plutarque, Vie de
Marius : « Marius se saisit premièrement du mont
que Ion appelle Janiculum, par la faulte d'Octavius,
lequel ruina ses afl"aires non tant par faulte d'entendre
ce que le besoing de la guerre requeroit, comme
par une importune bonté & justice de vouloir trop
exactement obsen-er les droits contre l'utilité : car
coumie plusieurs l'admonestassent de proposer liberté
aux esclaves pour leur faire prendre les armes à la
défense de la chose publique, il respondit qu'il ne
donneroit jamais loy nj- privilège de bourgeoisie
Romaine aux esclaves, de laquelle il debouttoit
Caius Marius pour m.iintenir l'authorité des loix. »
(xv, f° 301 v".)
P. 156, 1. 24. Celui qui ordonna). Agésilas. /</., Vie
d 'Ai^csilas : « Toutefois son authorité estoit si grande
pour sa vertu et sa réputation si bonne, que non
seuleuient ilz se ser\"oient de luy à la guerre, comme
de leur Roy et de leur souverain capitaine : mais
au.ssi usoient de son conseil et de son advis quand
il estoit question de trouver expédient en quelques
difficultez civiles : comme ilz feirent lorsqu'ilz estoient
en douhte, s'ilz dévoient imposer à ceulx qui s'en
estoient fouiz de la battaille,... les notes d'infamie
auxquelles les loix les condemnent, pource qu'ils
estoient en grand nombre, et tous des plus nobles
et plus puissantes maisons de la ville, de peur qu'ilz
ne leur suscitassent quelque nouvelleté... Et luy,
sans oster ny adjouxter ou changer rien aux loix, en
publique assemblée de tout le peuple Laced;vmonien,
dit, que pour ce jour là il falloit laisser dormir les loix,
pourveu que de lors en avant elles reprissent leur
authorité. Par ce moien il mainteint les loix sans y
LIVRE I, CHAPITRE XXIII.
63
rien corriger, et si sauva l'honneur à ces pauvres
gens. » (vi, f" 429 v^*.)
P. 156, 1. 26. Et cet antre). Alexandre. Id., Fie
d'Alexandre : «... y en avoir qui disoient qu'il falloir
prendre garde à roh.ser\-ance anciene des mois, pource
que les Roys de Macédoine n'avoient jamais accous-
tumé de mettre leur armée aux champs le mois de
Juin : à quoy Alexandre leur respondit qu'il y reme-
dieroit bien, commandant que l'on l'appelast le
second May. » (v, f*^ 469 v".)
P. 156, 1. 27. Les Lacedemoiiieiis). Id., Vie de
Lysaiider : « Mais pour autant qu'il y avoit une loy
qui defendoit, qu'un mesme personnage ne fust deux
fois admirai, & que neantmoins ilz vouloient gratiiier
à la requeste de leurs alliez, ils donnèrent le nom
& le tiltre d'admiral à un nommé Aracus, & à luy
de superintendant de la marine : mais en effect ilz
luy baillèrent la souveraine authorité de toutes
choses. » (iv, f° 30e r".)
P. 157, 1. 4. Et de mesme subtilité). Id., Fie de
Pe'riclès : « Les Lacedœmoniens envoyèrent des ambas-
sadeurs à Arhenes sur ce poinct là : & comme Pericles
alleguast une loy qui defendoit d'oster le tableau,
sur lequel un edict public auroit une fois esté
escrit, il y eut l'un des ambassadeurs de Lacedcemone
nommé Polyarces, qui luy dit : Et bien ne l'oste pas,
mais rourne le seulement, car vous n'avez point de
loy qui défende cela. Ce mot fut trouvé plaisant,
mais non pour cela Pericles n'en fleschit jamais. «
(xviii, f' 115 r°.)
P. 157, 1. 9. Phttarqiie loue Philopœmen). Id., Compa-
raison de Titus Q. Flainininus avec Phihpœweii : « Par
ainsi estant né pour commander, il ne sçavoit pas
seulement commander selon les loix, ains aux loix
mesmes quand il en estoit besoing, & que le bien
public le requeroit. » (f° 268 v°.)
Chronologie : Aucune allusion ne permet de
dater cet essai avec certitude. Pourtant, outre la
place occupée par lui, plusieurs faits tendent à mar-
quer que la majeure partie en a été composée dans
la première période (environ 1572) : 1° l'exemple de
la fille « qu'Albert recite s'estre acoustumée à vivre
d'araignées », vient très probablement des Diverses
leçons, de Pierre de Messie, ouvrage qui semble avoir
été mis à contribution par Montaigne, dans les
essais viii et ix du premier livre, tous deux datés
de 1572; 2° l'exemple des Thuriens est pris directe-
ment à la traduction qu'Amyot avait donnée de
Diodore de Sicile en 1554; or, les seules traces
certaines de cette traduction avant 1580 se rencon-
trent dans des essais qui semblent être de la première
période (I, xvi; I, XLiii); 3° il est probable que la
citation grecque, qui n'est pas dans Stobée, a été
prise dans le même florilegium que les citations des
chapitres I, xxxiii, et I, xxxiv, très probablement
dans le recueil des sentences de Crispin; or, les
essais I, xxxiii, et I, xxxiv, sont datés avec certitude
de 1572. L'hypothèse est donc ici tout à fait vrai-
semblable. Notons toutefois que l'unité de cet essai
n'est pas suffisante pour qu'on ne puisse pas supposer
des additions postérieures à la rédaction primitive.
L'occasion du chapitre semble avoir été le spectacle
d'un « petit homme natif de Nantes », qui, privé de
bras, avait appris à les remplacer par ses pieds
(p. 140, 1. 8). La date à laquelle ce personnage s'est foit
voir dans le voisinage de Montaigne nous fournirait
sans doute une indication utile. Mais jusqu'à présent
je n'ai rencontré aucune trace de son passage dans
le Périgord. Nous l'avons trouvé en mars 1579 dans
le Poitou, à Saint-Maixent : on pourrait être tenté
de croire qu'à cette date il venait du Périgord ou s'y
rendait. Mais rien n'appuie cette hypothèse. Sept ans
plus tard l'homme de Nantes passe sous les yeux de
L'Estoile : il a donc longtemps poursuivi ses tournées.
Il a, d'ailleurs, à cette époque, nous dit L'Estoile,
environ quarante ans. Comme son infirmité était
congénitale, il est peu probable qu'il ait attendu la
trentaine pour en tirer profit. Sans doute il voyagea
bien avant 1 579. Nous ne pouvons donc rien conclure
de ce fait touchant la date à laquelle l'essai De la
constnme a été composé.
Résume : Cet essai se divise en deux parties :
1° puissance de la coutume et étrangère de ses effets;
2° en dépit de la vanité de nos usages, nécessité de
les obser\-er et de fuir toute « nouvelleté ». D'un
côté comme de l'autre Montaigne exprime des idées
64
qui sont familières à ses contemporains, et, en 1580,
il le fait au moyen d'exemples qui se rencontrent
fréquemment dans les écrits du temps. Il y joint
seulement quelques faits empruntés aux Vies de
Plutarque dont il fait alors sa lecture habituelle. On
le voit ainsi se pénétrer du sentiment de la relativité,
et il commence à formuler son conser^-atisme poli-
tique et religieux. En 1588 les deux parties seront
considérablement développées, la première par un
amas de coutumes empruntées surtout à Lopez de
Gomara, la seconde par des développements très
personnels inspirés, semble-t-il, par les troubles civils.
ESSAIS DE MONTAIGNE.
En 1595 toutes deux reçoivent encore de nombreuses
et très importantes additions qui prouvent combien
l'intérêt de Montaigne est resté attaché aux questions
qu'il y avait traitées. Hérodote et des ouvrages sur
les expéditions des Portugais aux Indes fournissent
de nouvelles coutumes, mais surtout Montaigne
ajoute quelques développements très riches, dont
plusieurs sont suscités directement par des expé-
riences personnelles, d'autres par d'abondantes lectures
d'auteurs anciens, de Platon, de Tite-Live, etc., mais
principalement de Cicéron dont le conservatisme
séduit singulièrement Montai<?ne.
Chapitri-: XXIV.
DIVERS EVENEMENS DE MESME CONSEIL.
P. 158, 1. 2. Un Prince des nosires). François de
Guise, de la maison de Lorraine, au siège de Rouen
en 1562. L'expression « un prince des nostres »
(cf. ci-dessus ch. 11, p. 9, !. 15) se distingue de
l'expression «un de nos princes». Celle-ci désigne
les membres des familles françaises, maisons de
France et de Bourbon; celle-là s'applique à la maison
de Lorraine qui était étrangère d'origine. Au moment
de la Ligue on reprochera beaucoup aux Guises d'être
des étrangers. Cf. à ce sujet en particulier De Belloy,
Examen du discours publié contre la maison royale de
France... (1587). Voilà ce qui explique l'insistance
de Montaigne.
P. 159, 1. 23. L'Empereur Auguste). Cf. Sénèque,
De clementid : « Cum in Gallia moraretur, delatum est
ad eum indicium, L. Cinnam stolidi ingenii virum
insidias ei struere. Dictum est & ubi & quando,
& quemadmodum aggredi vellet. Unus ex consociis
deferebat. Constituit se ab eo vindicare. Consilium
amicorum advocari jussit. Nox illi inquiéta erat, cum
cogitaret adolescentem nobilem, hoc detracto inte-
grum, Cn. Pompei nepotem damnandum. Jam unum
hominem occidere non poterat, cum M. Antonio
proscriptionis edictum inter cœnam dictarat. Gemens
subinde voces emittebat varias, & inter se contrarias.
Quid ergo? ego percussorem meum securum ambu-
lare patiar, me solicito? Ergo non dabit pœnas, qui
tôt civilibus bellis frustra petitum caput, tôt navalibus,
tôt pedestribus prjeliis incolume, postquam terra
marique pax parta est, non occidere constituât, sed
immolare ? Nam sacrificantem placuerat adoriri.
Rursus silentio interposito, majore multo voce sibi,
quàm Cinnœ irascebatur. Quid vivis, si perire te
tam multorum interest. Quis lînis erit suppliciorum?
Quis sanguinis? Ego sum nobilibus adolescentulis
expositum caput, in quod mucrones acuant. Non
est tanti vita, si, ut ego non peream, tam multa
perdenda sunt. Interpellavit tandem illum Livia uxor.
Et admittis, inquit, muliebre consilium? Fac quod
medici soient, qui ubi usitata remédia non procedunt,
tentant contraria. Severitate nihil adhuc profecisti,
Salviddienum Lepidus secutus est, Lepidum Murena,
Murenam Cœpio, Cœpionem Egnatius, ut alios
taceam, quos tantum ausos pudet : nunc tenta
quomodo tibi cedat clementia. Ignosce L. Cinnx,
deprehensus est. Jam nocere tibi non potest, prodesse
famœ tua; potest. Gavisus sibi, quod advocatum
invenerat, uxori quidem gratias egit : renunciari
autem extemplô amicis, quos in consilium rogaverat,
imperavit, & Cinnam unum ad se accersit, dimis-
sisque omnibus è cubiculo : cùm alteram Cinna;
poni cathedram jussisset. Hoc, inquit, primum a te
peto, ne me loquentem interpelles, ne meo sermone
medio proclames, dabitur tibi loquendi liberum
tempus. Ego te Cinna cum in hostium castris inve-
nissem, non factum tantum mihi inimicum, sed
natum ser\'avi, patrimonium tibi omne concessi.
Hodie tam felix es, & tam dives, ut victo victores
individeant. Sacerdotium tibi petenti, pr.-eteritis com-
pluribus, quorum parentes mecum militaverant, dedi.
Cum sic de te meruerim, occidere me constituisti.
Cum ad hanc vocem exclamasset, procul hanc ab se
abesse dementiam : Non pn-estas, inquit, tidem Cinna,
convenerat, ne interloquereris. Occidere, inquam, me
paras : adjecit locum, socios, diem, ordinem insi-
diarum, cui commissum esset ferrum. Et cum defixum
66
ESSAIS DE MONTAIGNE.
videret, nec ex conventionc jam, sed ex conscientia
tacentem : Quo, inquit, hoc animo facis? Ut ipse sis
princeps? Maie mehercule cum Repub. agitur, si
tibi ad imperandum nihil pn-eter me obstat. Domum
tueri tuam non potes. Kuper libertin! hominis gratia,
in privato judicio, superatus es. Adeô nihil facilius
potes, quàm contra Cœsarem advocare? Cedô si spes
tuas solus impedio, Paulusne te, & Fabius Maximus,
& Cossi, & Ser,-ilii ferent, tantumque agmen nobi-
lium non inania nomina prxferentium, sed eorum,
qui imaginibus suis decori sint? Ne totam ejus
orationeni repetendo, magnam partem voluminis
occupem : diutius enim quàm duabus horis locutum
e.sse constat, cum hanc pœnam, qua sola erat con-
tentus futurus, extenderet : Vitam tibi, inquit, Cinna
iterum do, prius hosti, nunc insidiatori ac parricide.
Ex hodierno die inter nos amicitia incipiat. Conten-
damus utram ego meliore fide vitam tibi dederim,
an tu debeas? Post hœc detulit ultro consulatum,
questus, quôd non auderet petere. Amicissimum
fidelissimumque habuit, hœres solus fuit illi. Nullis
amplius insidiis ab ullo petitus est. »
P. 162, 1. 2. De pareille trahison). François de
Guise fut assassiné -au siège d'Orléans par Poltrot
de Méré, gentilhomme protestant de l'Angoumois,
le 18 février 1563.
P. 162, 1. 4. La fortune maintient). Rapprocher la
formule toute semblable que nous avons trouvée au
chapitre précédent (p. 156, 1. i) : «Si est-ce que la
fortune, resen-ant son authorité au dessus de nos
discours... »
P. 163, 1. 18. Je suis de Vadvis de Sylla). Cf. Plu-
tarque : Comment on se peut louer soi-niesnie, ix, et
surtout Vie de Sylla. Mais la phrase de Montaigne
ne doit rien à celle de Plutarque : elle est de 1580;
l'allusion à Sylla est ajoutée en 1582.
P. 164, 1. 17. Tesmoing tant d'Empereurs Romains).
Machiavel a compté que sur 26 empereurs romains
qui régnèrent depuis César jusqu'à Maximin, 16 furent
assassinés, 10 seulement moururent de mort natu-
relle. (^Discours sur Tite-Live, I, x). Rien ne prouve
d'ailleurs que Montaigne ait eu le souvenir de cette
statistique à la pensée.
P. 164, 1. 24. Quiconque aura sa vie). On trouve
la même idée chez Machiavel (Le Prince, ch. xix) :
« Queste simili morti, le quali seguono per delibe-
razione di un animo deliberato e ostinato, non si
possono dai principi evitare, perché ciascuno che non
si curi di morire lo puô offendere. » Elle est encore
dans la République de Bodin : « Il est malaisé que le
prince, pour fin et msé qu'il soit, puisse garder sa
vie d'un homme résolu qui a juré sa mon, car le
secret et l'exécution est contre un homme seul qui
sacrifiera toujours sa vie à quelque prix que ce soit,
pour avoir celle d'autrui, fût-il environné d'une armée,
comme estoit le roy Porsenna de la sienne lorsqu'un
soldat romain s'efforça de le tuer. » (lY, vu.) Bodin
et Machiavel se .souviennent de Sénèque.
P. 164, 1. 28. Dion). Cf. Plutarque, Dicts notables
des anciens Roys... : « Dion... estant adverty que
Callipus... espioit les moiens de le faire mourir,
n'eut jamais le cœur d'en informer... disant qu'il
aimoit mieulx mourir que vivre en ceste peine,
d'avoir à se garder non de ses ennemis seulement,,
mais aussi de ses amis. » (F° 190 v°.)
P. 165, 1. 2. Ce qu'Alexandre). Cf. Quinte-Curce :
« Quo viso, Alexander, levato corpore in cubitum,
epistolam à Parmenione missam, sinistra manu
tenens, accipit poculum, & hausit interritus : tum
epistolam Philippum légère jubet. » (III, vi, p. 16.)
Montaigne semble plutôt se souvenir d'Arrien de
Xicomédie : « Philippe pour guérir le roy luy com-
posa un bruvage, et comme il le luy vouloit présenter,
Alexandre eut advertissement de la part de Parmenion
par une lettre qu'il luy envoya de ne se fier que bien
à point de sa santé à Philippe : par ce qu'il avoit
esté gaigné par argent et corrompu par Daire, et que
si tost qu'il eut leu les lettres, il prit la couppe en
la main et bailla les missives a lire à Philippe, et
pendant qu'il lisoit, Alexandre hardiment, et sans
monstrer aucun signe de peur, avalla la médecine
et que incontinent on jugea bien qu'il n'y avoit
point de malice de la part de Philippe, par ce qu'il
ne s'cstonna jamais... » Cf. aussi Plutarque, Fie
d'Alexandre le Grand.
P. 165, 1. 13. J'en sçay un..., et l. 19, J'en sçai un
autre...) Montaigne fait peut-être allusion à Henri III
et à Henri IV.
LIVRE I, CHAPITRE XXIV.
67
P. 165, 1. 24. Scipion sccitt). Cf. Tite-Live, XXVIII,
XVII.
P. 166, 1. 5. Habita fides). «La confiance que nous
témoignons bien souvent appelle la bonne foi » (il est
impossible de rendre en français le jeu de mots que
permet en latin le double sens du latin «fides», qui
signifie à la fois confiance et bonne foi). (Jd., XXII,
XXII.) Montaigne a sans doute pris cette phrase dans
les Politiques de Juste Lipse (IV, xiv).
P. 166, 1. 9. Le plus dejjiant). Louis XI, à Péronne
(1468). Commines (II, v; II, vu) blâme Louis XI
■de son imprudence.
P. 166, 1. 17. Stctit aggere^. «Il parut sur un
tertre de gazon, debout, le visage intrépide ; ne crai-
gnant rien, il mérita d'être craint. » (Lucain, V, 316.)
P. 166, 1. 29. Je vis en mon enfance). Je crois qu'il
s'agit du sire de Moneins, lieutenant du roi en
Guyenne au nom d'Henri d'Albret en 1548, au
moment de la fameuse sédition de Bordeaux. Il fut
tué le 21 août. «Le peuple... hurlait et campait
autour de la mairie... Moneins eut la hardiesse de
vouloir sortir : il n'avait que trois amis près de lui;
•quant à La Chassaigne, un remous l'avait écarté.
Mais alors on se mit à crier : Guyenne! Guyenne! Ce
•qui fit comprendre à Moneins qu'il était perdu; il
rentra dans la mairie; la foule l'y suivit, s'amusa de
lui comme d'un jouet, puis l'égorgea comme une
victime. » (Jullian, Histoire de Bordeaux, éd. de 1895,
p. 341.) Nous avons bien là les alternatives d'audace
et d'hésitation auxquelles Montaigne fait allusion.
P. 168, 1. 16. La vove qu'y tint.) Cf. entre autres
Suétone (César, lxxv).
P. 168, 1. 24. Un estranger). Cf. Plutarque, Dicts
notables des anciens roys... : « Il y eut une fois un
estranger qui luy promit tout hault de luy enseigner
à part en secret, à quoy il pourroit cognoistre ceulx
qui conspiroient & machinoient contre luy : Diony-
sius le pria bien fort de luy dire, & l'autre allant devers
luy, Donne moy, dit il, un talent (six cens escus)
à fin qu'il semble à ceulx de Syracuse que tu aies
appris de moy les signes ausquels tu pourras descou-
vrir ceulx qui conjureront alencontre de toy : il le
luy donna, & feit semblant d'avoir appris & entendu
de lu}' ces moiens, louant grandement la subtile façon
de tirer argent que cest homme avoit inventée. »
(F° 190 r°.)
P. 169, 1. 9. Le duc d'Athènes). Cf. Machiavel,
Istorie Florentine, et surtout Villani, Historié universali
di suoi tenipi : « Fece pigliare uno Matteo di Morozzo
e in su uno carro attanagliare e poi tranare senz'
asse e impiccare perche aveva rivelato uno trattato
dei Medici ed altri che dovevano offendere il Duca
e non voile credere a suo pericolo e danno di quello
che gli avvenne. » (11^ partie, I, xii; éd. de Venise
1559, p. 127.)
P. 169, 1. 15. L'histoire de quelque Romain). Cf.
Appien qui raconte des aventures analogues à celle-ci :
«Varus, dit Appien au sujet d'un des proscrits,...
s'eschappa et s'enfuyt par les montagnes tant qu'il
vint au marest qui est près Minturne, où il se alla
musser pour soy reposer : mais il advint que ceulx
de la ville alloyent cherchant des larrons, et, voyans
remuer les cannes et roseaux du marest...' », ils le
prennent pour leur larron; Varus, menacé de la
torture, se dénonce et se livre par là même aux
exécuteurs des triumvirs. Ici nous n'avons pas du
tout la conclusion de Montaigne; nous ne retrouvons
que son cadre. La conclusion nous est offerte, à peu
de chose près, par l'histoire d'un autre proscrit :
« Aponius estant en seureté dedans quelque lieu bien
secret, abomina de vivre ainsi povrement et mes-
chamment, et, sortant dehors, se alla présenter aux
meurdriers". » Il me semble que Montaigne a mêlé
ensemble dans son souvenir ces deux anecdotes, et
peut-être d'autres encore, car le passage est riche de
faits semblables, et de cet amalgame est sortie l'his-
toire un peu inexacte qu'il nous rapporte.
Chronologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai.
RÉSUMÉ : L'occasion du chapitre est le contraste
entre les exemples d'Auguste (p. 159, 1. 23) et de
François de Guise (p. 158, 1. 2) qui, avec une con-
duite identique, eurent un sort si différent. Sénèque,
1 ÉJ. de 1544, p.
- Id., p. 486.
68
ESSAIS DE MONTAIGNE.
dans le De ckmcntiâ, où Montaigne prend tout au
long l'exemple d'Auguste, assure que la clémence et
que les bienfaits sont la sauvegarde des princes; il
affirme même à plusieurs reprises (I, 3, et I, 198)
que la clémence est un rempart suffisant. De pareils
jugements ont réveillé dans la pensée de Montaigne
l'aventure de François de Guise qui en prouve l'inexac-
titude. Beaucoup des vulgarisateurs du temps, dans
des chapitres sur la clémence, rappelaient brièvement
l'exemple d'Auguste et de Cinna (ainsi Droit de
Gaillard, xxvii); Montaigne diffère de la plupart de
ses devanciers en ce qu'il fait effort pour le critiquer.
De là une longue dissertation sur la toute-puissance
de la fortune sur nos délibérations, l'incertitude de
nos jugements et la conduite qu'elle nous impose,
dissertation qui s'augmentera, en 1588 et en 1595,
d'exemples variés, d'expériences personnelles et de
réflexions. Les exemples qu'il avait choisis et le De
cleiiientid dont il s'inspirait l'engageaient à émettre cette
idée qu'un prince ne doit pas être défiant, se laisser
effrayer par les dangers qui l'entourent. C'est celle-là
qui, à partir de 1588, deviendra l'idée principale.
Chapitre XXV.
DV PEDAXTISME.
P. 171, 1. 12. Mais jehay). Cf. Regrets, sonnet 68,
dans l'éd. des œuvres de 1569, p. 21.
P. 171, 1. 13. Phitarqiiedit). Dans la Vie de Cicéron :
« On l'appelloit communément le Grec & l'escholier,
qui sont deux parolles que les artisans, & telle
manière de gens mechaniques à Rome, ont assez
accoustumé d'avoir en la bouche. » (11, f° 394 r°.)
P. 171, 1. 17. Magis magnos). «Les plus grands
savants ne sont pas les plus grands sages. » Proverbe
populaire qu'on retrouve chez Rabelais (I, xxxix),
et que Régnier a traduit ainsi :
« Parbleu ! les plus grands clercs ne sont pas les plus fins. »
P. 172, 1. 6. La première de nos Princesses). On
suppose généralement qu'il s'agit de Marguerite de
France qui devint reine de Navarre en 1572, et qui,
depuis le mariage de sa sœur Claude, était la pre-
mière princesse de France. Pourtant la phrase de
Montaigne est écrite après 1580. S'il s'agit de Mar-
guerite, il faut comprendre « me disoit une princesse,
qui estoit alors une tille, la première de nos prin-
cesses » au moment où elle me tenait ce propos.
Quand Marguerite fut devenue reine de Navarre, la
« première de nos princesses » fut Catherine de
Bourbon, la sœur d'Henri de Navarre. Je crois plutôt
que c'est d'elle qu'il est question. Montaigne qui eut
de fréquentes relations avec la cour de Navarre, qui
était gentilhomme ordinaire de la chambre d'Henri
de Navarre, la rencontra certainement et elle ne se
maria que bien plus tard en l'an 1600.
P. 172, 1. 9. Comme les plantes). On trouve une
image semblable dans .^Eneas Silvius Piccolomini,
De ediicatione liheroruin : « Plant.t namque modicis
aluntur aquis, multis suffocantur. » L'auteur parle
contre l'abus des études et en faveur des exercices
physiques. Toutes ses œuvres étaient fort lues au
XVI' siècle. Peut-être Montaigne a-t-il connu ses
idées sur l'éducation.
P. 173, 1. 3. Oyent ils louer). Tout ceci est traduit
du Théététe de Platon : « Quum tyrannum aut regem
laudari sentit, unum quendam subulcum aut pasto-
rem ovium, vel bubulcum extolli existimat, quod
abunde mulgeat, id tamen interesse censet, quod
reges & tyranni infensius & insidiosius animal curent
& mulgeant. Agrestes vero &: rudes non minus
propter otium, quàm pastores, illos esse necesse
est... Cum vero agrorum decem millia jugera, aut
plura etiam prœdicari audit, quasi magnum quippiam
ab illo qui habet, possideatur, exigua quœdam audire
se putat, quippe qui universum terr^ orbem spectare
sit solitus. Quoties prceterea quis generis nobilitatem
refert, quod septem avos divites omnes enumerare
valeat, hebetis nihilque magnum propter ignorantiam
cogitantis animi laudes hujusmodi censet, quasi ad
totius mundi naturam respicere nequeat, & videre quod
innumeri unumquenque nostrum avi atque proavi
antecesserunt, quorum in numéro divites & inopes,
reges & ser\-i, Barbarique & Grœci innumerabiles
prœcessere. Quinetiam quando quis stirpem quinque
& viginti majorum dinumerat, & in Amphitryonidem
Herculem originem refert, indigna memoratu res illi
videtur. » (xxiv, pp. 126-127; éd. 1546, PP- I49-I50-)
P. 174, 1. 3. Odi homines). «Je hais les hommes
dont la philosophie n'est qu'en paroles. » (Pacuvius,
ESSAIS DE MONTAIGNE.
apud A. Gellium, XIII, viii.) Montaigne a pris cette
sentence dans les Politiques de Juste Lipse (I, x). Il
l'a rencontrée en outre dans Vives {Commentaire de la
Cité de Dieu, VIII, i).
P. 174,1. 6. Ce Geometrien de Syracuse). Archimède.
Cf. Plutarque, Vie de Marcellus, vi.
P. 174, 1. 17. Celiiy qui demanda a Crates). Ct.
Diogène Laerce, Vie de Craies : « Dicebat autem
tandiu philosophandum esse, donec videantur duces
exercitus esse asinarii. » (VI, xcii, 399.)
P. 174, 1. 19. Heraclytus). Id., Vie d'Heraclite :
« Ejus aiti aniuii signum Antisthenes in successio-
nibus id asserit, quod fratri concesserit regnum. »
(IX, VI, 582.)
P. 174, 1. 20. Jus Ephesiciis). Id., ihid. : « Succe-
dens vero ad fanum Diana; cum filiis ludebat. Cir-
cumstantibus autem Ephesiis, quid, inquit, niiramini,
o perditi, nonne prœstat isthuc facere, quam vobis-
cum Rempub. administrare ? » (IX, m, 580.)
P. 174, 1. 24. Et refusa). Id., Vie d'Empédocle :
« Regnum cùm sibi offerretur constanter renuit. »
(VIII, LXIII, 560.)
P. 175, 1. I. Thaïes). Cf. Cicéron, De divinationc,
I, XLix; Diogène Lae'rce, Vie de Thaïes, I, xxvi. Mais
partout les circonstances sont un peu différentes de
celles qu'on trouve chez Montaigne. L'exemple se
rencontre fréquemment dans les éloges de la science
qui sont fréquents au xvi= siècle. Par exemple cf.
Cousteau, le Pegme (trad. de 1560, p. 110), Le Roy,
Vicissitude (éd. 1577, f° 52 v°), etc. Nulle part je n'ai
retrouvé le texte de. Montaigne qui cite de mémoire,
assez inexactement. Voici le récit qu'il lisait dans
son Diogène, Vie de Thaïes : «Cùm vellet ostendere
quàm sit facile ditari, prœcognita futura ubertate,
conduxisse olearia, pecuniasque innumeras sibi com-
parasse. » (I, xxvi, 28.)
P. 175, !. 20. Criez^ d'un passant). Imité librement
de Sénèque, ép. 88. : « Magna alienarum aurium
molestia laudatio h^ec constat : o hominem littera-
tum ! simus hoc titulo simpliciore contenti : o virum
bonum! » On voit avec quelle originalité Montaigne
tire profit de l'exemple de Sénèque. La troisième
réplique lui appartient en propre.
P. 175, 1. 26. Mieux sçavaut). Souvenir de
Sénèque : « Stude, ut non plus aliquid scias, sed ut
melius. » (Ep. 89, à la fin.)
P. 176, 1. 2. Tout ainsi que les oyseaux). Cf. Plu-
tarque, Comment Ion pourra appercevoir si Ion amende
& profite en l 'exercice de la vertu : « Ceulx qui ... ne
font qu'espier s'ils pourront derobber quelque chose
de la philosophie pour l'aller incontinent prescher
comme charlatans, ou au milieu d'une place... ce
contrefaiseur là de philosophe ressemble proprement
à l'oyseau que descrit Homère, qui porte incontinent
en sa bouche tout ce qu'il peult prendre, à ses dis-
ciples, comme à des petits qui sont encore dedans
le nid sans plumes. Et cependant il meurt de faim
luy mesme : ne prenant rien de ce qu'il apporte pour
s'en valoir & nourrir, ou ne digérant rien de ce qu'il
prent. » (ix, f° 11 5 v°.)
P. 176, I. 18. Compter &jetter).Id., ihid. : «Comme
Anacharsis disoit qu'il ne voioit point que les Grecs
usassent de leurs deniers monnoyez à autre usage
qu'à jetter &: compter : aussi ne font ceulx là autre
chose que compter & mesurer leurs beaux propos, sans
en tirer autre commodité ne profit. » (vu, f° 1 1 5 r°.)
P. 176, 1. 18. Jpud alios). « Ils ont appris à parler
aux autres et non pas à eux-mêmes. » (Cic, Tusc,
V, xxxvi.)
P. 176, 1. 20. Non est loquendum). «Il ne s'agit
pas de parler, mais de veiller au gouvernail. » (Sén.,
ép. 108.)
P. 176, 1. 24. Bouha). Pour ce dicton, d. i" au
sujet de l'établissement du texte : J. Ducamin, An-
nales du Midi, XIV, p. 206 (année 1902); Arnaudin,
ibid., p. 539; 2° pour l'interprétation : Léonce Cou-
ture dans le Bulletin de la Faculté catholique de Toulouse
(année 1890-91, p. 120); l'abbé Mulac, Un dicton
gascon dans Montaigne (Tarbes 1891); L. Couture,
Revue de Gascogne (avril 1894). MM. Ducamin et
Arnaudin estiment qu'il faut lire « bouha prou bou
ha », écrivant en deux mots le second « bouha » qui
n'est plus le verbe faire mais qui signifie « est facile ».
Dès lors il faut entendre : « souffler, cela est assez
facile, mais nous en sommes à remuer les doigts » ;
pour jouer du chalumeau, la difficulté n'est pas de
souffler, mais de bien placer les doigts. Nous ne
devons pas être étonnés que Montaigne se .soit
LIVRE I, CHAPITRE XXV
71
mépris ici; il a laissé entendre qu'il était fort peu
versé dans la connaissance des patois de son pa^-s.
P. 17e, 1. 28. Mais nous). Cf. Sénèque, Epîtres :
« Hoc Zenon dixit : tu quid ? hoc Cleanthes : tu
quid? quousque sub alio moveris? » (Ep. 33.) L'épitre
tout entière est à rapprocher de cet essai de Montaigne.
Elle critique l'ahus des citations et l'exercice continuel
de la mémoire au détriment du jugement personnel.
P. 177, 1. 2. Riche romain). Calvisius Sabinus.
Cf. Sénèque, ép. 27. Sénèque fait de cet exemple le
même usage que Montaigne. Il veut qu'on n'imite
pas Calvisius, qu'on se pénètre intimement des leçons
de la philosophie. Le même personnage est encore
tourné en dérision par Erasme dans V Éloge de la folie.
P. 177, 1. 8. Pensait ce sçavoir). Sénèque (ép. 27)
dit : « In ea opinione erat ut putaret se scire, quod
quisquam in domo sua sciret. »
P. 177, 1. 15. Nous seinbloiis proprement). Cf. Plu-
tarque, Comment il faut ouïr : « Tout ainsi doncques
comme si quelqu'un aiant aifaire de feu en alloit
chercher chez ses voisins, & là y en trouvant un
beau & grand, il s'y arrestoit pour tousjours à se
chauffer, sans plus se soucier d'en porter chez soy. »
(xix, f'^ 30 v°.)
P. 177, 1. 18. La panse pleine). Même image dans
Sénèque, Épîtres. « Alimenta, quœ accepimus, quamdiu
in sua qualitate perdurant et solida innatant stomacho,
onera sunt ; at quum ex eo quod erant, mutata sunt,
tune demum in vires et in sanguinem transeunt.
Idem in his, quibus aluntur ingénia, prœstemus, ut,
qucecumque hausimus non patiamur intégra esse nec
aliéna. » (Ep. 84.)
P. 177, 1. 21. LucuUus). Cf. Cicéron, Acad., II, i.
Mais le fait revient souvent dans les dissertations du
temps sur l'utilité des lettres et de l'étude. Cf. par
exemple Guillaume du Bellay dans le prologue à son
histoire, publié dans V Antiquité des Gaules (1556);
Il gentiluomo, de Muzio (1575), p. 238. Montaigne
l'a rencontré en particulier dans la préface qu'Amyot
a mise en tète de sa traduction des Vies. « Combien
que Cicéron escrive de Lucius Lucullus que quand
il partit de Rome capitaine gênerai & lieutenant du
peuple Romain, pour aller faire la guerre au roy
Mithridates, il n'avoit expérience quelconque de la
guerre, mais que depuis il feit si grande diligence de
lire les histoires, & d'interroguer sur chaque poinct
les vieux capitaines & gens de longue expérience,
qu'il menoit avec luy, que quand il fut arrivé en
Asie, ou il fallut mettre à bon escient la main à la
besogne, il se trouva un tressuffisant capitaine, ainsi
que le tesmoignerent ses effects. »
P. 178, 1. 3. Montaigne avait traduit en 1580 :
«Je hai le sage qui n'est pas sage pour soy-mesme. »
Vers d'Euripide que Montaigne a pris chez Stobée
(sermo m, p. 37).
P. 178, 1. 4. Ex quo Ennins). «Aussi Ennius dit-il :
Vaine est la sagesse du sage si elle ne lui profite pas
à lui-même. » (Cic, De offic, III, xv.)
P. 178, 1. 6. Si cupidus). «S'il est avare, s'il est
vantard, efféminé, plus vil qu'un agneau. » (Juvénal,
VIII, XIV.) Les textes du xvi"" siècle que j'ai consultés
portent tous « mollior », non «vilior».
P. 178, 1. 8. Non cniin). « Car il ne suffit pas
d'acquérir la sagesse, il faut en profiter. » (Cicéron,
De finibus, I, i.) Juste Lipse a cité cette sentence
dans ses Politiques (I, x) en modifiant légèrement
le texte de Cicéron sans en changer le sens; c'est là
certainement que Montaigne l'a prise. Il a seulement
ajouté « enim » pour la relier au contexte.
P. 178, 1. 9. Dionisius). Cf. Diogène Laerce, Vie
de Diogène : « Grammaticos admirabatur, quod cum
Ulyssis mala requirerent, sua ignorarent. Musicos
itidem in jus vocabat, quod cum lyra; chordas con-
grue aptarent, animi mores inconcinnos haberent...
Oratores item, quôd studerent, quôd studerent justa
dicere, non autem & facere. » (VI, 27 et 28,
p. 361.)
P. 178, 1. 22. Coiiie Platon dict). Dans le Ménon :
« Num ii soli ex omni hominum génère cum prodesse
hominibus profiteantur, adeô cœteris détériores sunt,
ut non modo non juvent, quemadmodum alii, quod
ipsis traditum sit, verum contra corrumpant, atque
hujus gratia vulgô mercedem exigant?» (XXVIII,
p. 91, éd. de 1546, p. 23.) Plus loin, Platon oppose
ces sophistes à des cordonniers et des tailleurs.
P. 179, 1. 4. Protagoras proposait). Cf. Platon :
« Exactionis mcx hœc est conditio : postquam aliquis
à me didicit, si vult ille quidem retrihuit quantum
72
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
exigo argentum. Sin minus, ingressus teniplum,
jurejurando prœstito xstimat quanta mercede digna
sibi mea documenta videantur, tantdmque exponit. »
(Protagoras, XVI, p. 328; éd. de 1546, p. 235.)
P. 180, 1. 3. Vos, 0 patrititis sanguis). « O vous,
nobles patriciens, qui n'avez pas le don de voir ce
qui se passe derrière vous, prenez garde que ceux
à qui vous tournez le dos ne rient à vos dépens. »
(Perse, I, lxi.) A remarquer que toutes les éditions
du temps que j'ai consultées donnent « fas est », et
non « par est ».
P. 180, 1. 15. Regardent à sa rrcerence). On trouve
une idée semblable dans Guazzo que Montaigne
avait lu après 1580 : «Cette sottise est seulement
considérée par le vulgaire, lequel voyant qu'ils ne
savent pas faire la révérence à la moderne, ni s'agen-
cer le bonnet de travers, ni baller de mesure pour
venir à la cadence, ni piquer subtilement autrui, s'en
rit et en fait peu de compte. » Guazzo présente pour
tous les lettrés la défense que Montaigne applique
au seul Turnèbe.
P. 180, 1. 22. Oueis arte henigna). « Que, par grâce
particulière, Prométhée a formé d'un meilleur limon. »
(Juvénal, XIV, xxxiv.)
P. 181, 1. 7. Vers traduit par Montaigne. Ct.
Stobée, sermo m : « Quam nihil est disciplina sine
mente. » (P. 37.)
P. 181, 1. II. Non vitiv'). «On nous instruit non
pour la vie, mais pour l'école. » (Sénèque, ép. 106.)
Montaigne a trouvé cette sentence dans les Politiques
de Juste Lipse. (I, x.)
P. 181, 1. 12. Attacher le sçavoir). Cf. Sénèque, Epî-
Ires : « Animum non colorare .sed inficerc.» (Ep. 71,
vers la tin), et encore : « Si illa se non perfuderit,
sed infecerit. » (Ép. 110.)
P. 181,1. 12. // ne l'enfant pas arrottscr). M., ibid. :
« Perbibere liberalia studia, non illa, quibus perfundi
satis est, sed ha;c, quibus tingendus est animus. »
(Ep. 36, au début.) Rapprocher essai II, xvii, p. 412,
1. 9, où se trouve une expression analogue.
P. 181, 1. 15. Glaive). Cette image se retrouve
chez quelques écrivains du temps. Cf. Cousteau, le
Pegme (trad. de 1560, p. no); Bodin, RcpuHiqne :
«Aussi est-il cenain que le sçavoir d'un prince, s'il
n'est accompli d'une bien rare et singulière vertu,
est comme un dangereux cousteau en la main d'un
furieux : et n'y a rien plus à craindre qu'un sçavoir
accompagné d'injustice et armé de puissance. » (III, i.)
Id., ibid. (IV, vu.) Cf. encore une image analogue
chez Pacard, Thàilogie naturelle, préface. Montaigne
l'appliquera de nouveau à la liberté d'esprit dans
l'Apologie (t. II, p. 306, 1. 16).
P. 181, 1. lé. Ut fiierit melius). « De sorte qu'il aurait
mieux valu n'avoir rien appris. » (Cic, Titsc, II, iv.)
P. 181, 1. 18. François duc de Bretaigne). Exemple
que Corrozet a vulgarisé dans ses Propos mémorables :
« Jean, duc de Bretagne, cinquiesme du nom, voulant
faire le mariage de Monsieur François, son fils, avec
Isabeau, fille du Roy d'Escosse, le jeune prince
François s'enquit, quelle estoit ceste dame Isabel.
Auquel on respondit que c'estoit une belle dame
et sage, bien disposée de son corps pour avoir
lignée, mais inélégante à parler. Elle est telle que je
demande (dist le petit Duc :) car je tien une femme
assez sage, quand elle sçait mettre différence entre le
pourpoint et la chemise de son marw » (Ed. de 1557,
p. 85.) Molière a repris le mot de Montaigne dans
les Femmes savantes, act. Il, se. vn.
P. 182, 1. 5. Postquam docti prodierunt). «Depuis
que les doctes ont paru, on ne voit plus de gens
de bien. » (Sén., ép. 95.)
P. 182, 1. 6. Toute autre sciance). Ceci est peut-
être imité d'une idée de Platon qu'on rencontre à la
fois dans le Ménexène, et dans la République (IV), et
que Cicéron a reprise dans le De officiis (I, xix).
« PrcEclarum illud Platonis : non, inquit, solum
scientia, quœ est remota ab justitia, calliditas potius
quam sapientia appellanda est... »
P. 182, 1. 10. Retires). La Noue formule les mêmes
plaintes dans ses Discours politiques ct militaires. Il
constate que la noblesse s'est décidée à envoyer ses
enfants au collège; mais, ajoute-t-il, elle les retire
trop tôt, à l'époque où vient le jugement et où l'on
pourrait commencer à profiter.
P. 182, 1. 22. La principale ordonnance de Platon).
Cf. République, III, p. 415; IV, p. 423, etc.
P. 183, 1. 6. Aristo Chius). Cf. Cic, De nat. deor. :
« Etsi verum est quod Aristo Chius dicere solebat.
LIVRK I, CHAPITRE XXV.
Nocere audientibus philosophos, iis qui bene dicta,
maie interpretarentur . « (III, xxxi; t. IV, p. 237.)
Cliius signifie natif de l'île de Cliios.
P. 183, 1. 9. Asolos). «Il sortait, disait-il, des débau-
chés de l'école d'Aristippe, des sauvages de celle de
Zenon. » (/(/., ibid.) Dans son édition, Montaigne
trouve la forme latine « asotos » qu'il a conservée
au lieu de la forme grecque «asôtous», mais le texte
dit seulement « posse etenim asotos ex Aristippi... »
P. 183, 1. 10. Que Xemphon). Cf. Cyropcdie, lib. I
et passim.
P. 183, 1. 12. Platon dict). Dans \e Preiiiicr Alci-
hiade : « Deinceps nutritur puer, non a muliere
nutrice parum honorihca, verum ab eunuchis, qui
reliquorum circa regem optimi videantur, quibus
& alla, qu;\.' spectant ad curam pueri, demandantur,
ac pr;\;cipue, ut natum quam pulcherrimum reddant,
componentes membra ejus atque dirigentes. Atque
hïec faciente's magno in honore habentur. Cum
autem pueri septimum œtatis annum impleverunt, ad
equestrisartis magistros proficiscuntur, deinde in vena-
tionem tendunt. Anno vero quartodecimo puerum
suscipiunt hi, quos regios pœdagogos appellant. Sunt
ii profecto ex omnibus Persis ea a;tate electi prasci-
puique quatuor, sapientissimus, justissimus, tempe-
ratissimus, atque fortissimus aliquis vir. Quorum
primus magicam Zoroastri Oromansii filii docet :
est autem illa deorum cultus : atque idem tradit
instituta regia. Secundus admonet, ut in omni vita
sit verax. Tertius ne uUa cupiditate superetur, ut
liber vivere consuescat, ac reveraret, imperans iis
ante omnia, quae in ipso sunt, nec ulli servkns.
Quartus denique impavidum illum, & intrepidum
reddit, ne quando quippiam metuens servus fiât. »
(P. 121; éd. de 1546, p. 36.)
P. 184, 1. 2. Police de Lycnrgiis). Parmi les nom-
breux textes où Montaigne a appris à la connaître,
cf. Plutarque, les Dicts notables des Lacedœtnoniens,
f° 226 r", et aussi Vie de Lyciirgue, xi, f° 33 r".
P. 184, 1. 9. Leur discipline). La discipline des
Perses. Le passage s'inspire manifestement de la
Cyropédie. J'imagine que la phrase sur les Lacédémo-
niens a été insérée après coup, de là le mot «leur».
Après avoir fait une addition, Montaigne aura négligé
de remplacer le pronom personnel par le nom qu'il
avait cessé de rappeler.
P. 184, 1. 13. Asiiages en Xenophon). Dans la Cyro-
pédie : « Atqui olim in quadam lite verberibus cksus
sum, utpote qui minus rectè judicarim. Erat autem
causa hujusmodi. Puer magnus corpore cui parva
esset tunica, alterum parvum puerum qui tunicam
haberet magnam exuerat, suaque illum tunica in-
duerat, illius tunica se induto. Ego igitur horum
causa audita, judicavi esse melius ambobus, ut aptam
uterque haberet tunicam. Itaque hac in re magister
me percussit inquiens : si de convenientia essem
judex, ita judicare oportere : cum verô judicandum
fuerit, utrius sit tunica, hoc ita considerandum esse :
quK possessio est justa? utrum habere is débet, qui
vi tunicam abstulit, an hic possidere, qui vel fecit,
vel émit? quoniam id est, ait, justum, quod legiti-
mum sit : quod verô sit contra legem, id est violen-
tum. » (I, m, 15.) C'est à Mandane que Cyrus fait
ce récit, non à Astvage.
P. 185, 1. 6. Agcsilans). Cf. Plutarque, Dicts nota-
bles des Lacedainoniens : « Quelque autre demandoit
que doivent apprendre les enfans en leur jeunesse?
il respondit, ce qu'ils doivent faire quand ils sont
devenus grands. » (F" 2 1 2 v".)
P. 185, 1. 20. Si, Aniipater). Id., Dicts notables
des Lacedainoniens : « Apres la deflaicte du Roy Agis,
Antipater leur demandoit pour ostages cinquante
enfans. Eteocles qui lors estoit l'un des Ephores luy
respondit, qu'il ne luy bailleroit point denfans, de
peur qu'ils ,ne devinssent mal conditionnez, pour
n'avoir pas esté nourris en la discipline de leur païs,
sans laquelle ils ne seroient pas mesme citoïens, mais
qu'il luy bailleroit des femmes ou des vieillards s'il
vouloir deux fois autant. » (F° 225 r°.)
P. 185, 1. 23. Quand AgesilausJ.Id., Vie d'Agesilas :
« Aiant autour de luy le philosophe Xenophon qu'il
aimoit, & duquel il fixi.soit grand compte, il luy
suada d'envoyer quérir ses enfons pour les taire
nourrir en Lacedemone, là où ib. apprendroient la plus
belle science que les hommes scauroient apprendre,
c'est à sçavoir, obéir & commander. » (vu, f° 425 v");
ou encore Dicts notables des Lacedamoniens : « Il avoit
autour de luy Xenophon le philosophe qu'il aimoit
74
ESSAIS DE MONTAIGNE.
et estimoit beaucoup, il le pria d'envoyer quérir ses
enfiins pour les faire nourrir en LaceAvmone, et y
apprendre la plus belle discipline du monde, de
sçavoir obéir et commander. » (F'' 212 r\)
P. 1S5, 1. 27. Sacrâtes). Cf. Platon, Hippias major,
p. 285; éd. de 1546, p. iio.
P. 186, 1. 4. La suite des Roys). M., ibid. : «Stirpem
heroum atque omnium, & habitationes, ut urbes
quondam exstructa; sint, ac summatim omnem anti-
quitatis historiam attente audiunt. » (P. iio.)
P. 186, 1. 10. Le plus fort estât). Tous les para-
doxes du temps contre la science ne manquent pas
de tirer argument de la puissance des Turcs et d'en
parler comme fait Montaigne lui-même. Cf. par
exemple Gyraldi, Progymnasina adversiis Hteras {Opéra,
Bàle 1580, t. II, p. 439). Cette théorie du danger
que l'étude des lettres foit courir à la puissance mili-
taire d'un pays est celle que présente le courtisan
dans le Pourparkr du Prince d'Estienne Pasquier.
P. 186, 1. 15. Quand les Gots). Exemple qu'on
alléguait alors volontiers sans doute dans les para-
doxes contre les sciences puisque Coignet, Instruction
aux princes pour garder la foy promise, chap. xii, le
cite comme tel dans un chapitre où il veut montrer
l'utilité des études.
P. i8é, 1. 18. Quand nosire Roy). Je trouve un
jugement analogue dans le Corlei^iano : « Non vorrei
già que qualche avversario mi adducesse gli effetti
contrarii, per rifiutar la mia opinione, allegandomi,
gli Italiani col lor saper lettere aver mostrato poco
valor neir arme da un tempo in qua il che pur
troppo è piu che vero; ma certo ben si poria dir,
la colpa d'alcuni pochi aver dato, oltre al grave
danno perpetuo biasmo a tutti gli altri.» (I, éd. Cian,
paragr. 43.)
Chronologie. - Aucune indication ne permet
de fixer avec précision la date de cet essai. Disons
seulement que la présence de six emprunts aux
Œuvres morales traduites par Amyot rend tout à fait
vraisemblable qu'il n'est pas antérieur à la fin de
1572, au moins en bonne partie. Trois de ces em-
prunts sans doute sont rejetés à la fin et pourraient
avoir été introduits là sous forme d'additions; mais
trois autres sont intimement mêlés au développement
des idées. J'ajoute que la place importante qu'occu-
pent les souvenirs de Sénèque rend peu probable
que Fessai soit des environs de 1578, car nous verrons
qu'en 1578 les emprunts à Sénèque sont peu nom-
breux. On trouve en outre deux citations grecques
prises à Stobée, et, d'une façon générale, les emprunts
à Stobée semblent être antérieurs à la période de 1578.
J'incline à croire, pour ces diverses raisons, que cet
essai a été écrit entre 1572 et 1576; mais nous
n'avons guère que des présomptions.
Résumé. — Quoi qu'il en soit, il importe de noter
que, en 1595, l'opinion de Montaigne semble un peu
différente de ce qu'elle était dans le texte de 1580.
En 1580 Montaigne, qui s'inspire surtout de Sénèque
et de Plutarque, comme Sénèque et Plutarque cri-
tique seulement la fausse science; son but est de
combattre le pédantisme de son époque comme le
titre l'indique, et il exprime hautement son admiration
pour les vrais .savants, pour les grands philosophes
de l'antiquité. En 1595 il atténue ces éloges, sans
doute avec discrétion, parce que son dessein était
de ne pas se corriger, d'une manière significative
cependant; il emprunte à Platon de nombreux sar-
casmes contre les philosophes, qui lui semblent
manquer complètement de sens pratique; surtout
par les additions qui terminent le chapitre il affirme
fortement cette idée que la science n'est profitable
qu'à une minorité d'esprits bien nés, que répandue
dans les masses elle est funeste pour la morale et
pour le courage militaire.
Chapitre XXM.
DK I. INSTITVTION DES ENFANS.
P. 187, TITRE. Madame Diane de Foix). Pierre de
Brach lui avait dédié un volume de vers en 1576, et
en tète de ce même volume Florimont de Raymond
avait écrit une pièce en son honneur. Montaigne
était certainement lié avec la fomille de Foix : au
contrat de mariage de Diane de Foix, le 8 mars 1579,
Montaigne était présent comme procureur des père
et mère de Louis de Foix. Dans ses Épbeiiicrides, au
mois de juillet 1587, il a noté la mort de Louis de
Foix, comte de Gurson, et de ses deux frères, sur-
venue le même jour au combat de Moncrabeau.
(Cf. ci-dessus la note de la page 73, 1. 17.) Etant
donnée la nature des renseignements contenus dans
les Épheiiierides, je crois que de cette note on peut
conclure que Montaigne avait des relations d'amitié
assez intime avec ces personnages.
P. 187, 1. II. Ronge les ongles). Rapprocher La
Boétie, p. 252, vers 20 :
« Que mainte nuict dessus le livre il songe
» Et dépité les ongles il s'en ronge. »
P. 188, 1. 10. Connue disait Cleantes). Cf. Sénèque,
Éphres : « Ut dicebat Cleanthes, quemadmodum
spiritus noster clariorem sonum reddit, cum illum
tuba per longi canalis angustias tractum patentiore
novissime exitu efFudit, sic sensus nostros clariores
carminis arta nécessitas efficit. Eadem neglegentius
audiuntur uniusque percutiunt, quamdiu soluta ora-
tione dicuntur : ubi accessere numeri et egregium
sensum adstrinxere certi pedes, eadem illa sententia
velut lacerto excus.sa torquetur. » (Ep. 108.)
P. 189, 1. 2. Che:^ Plutarque). Je pense que
Montaigne tait allusion à un chapitre des Propos
de table (\', vu, f" 400 r") intitulé : « De ceulx que
Ion dit qu'ils charment. »
P. 189, 1. 18. Le philosofe Cbrysippus). Cf. Diogène
Laerce, Vie de Chrysippe: «Ut... omne quod incideret
mandaret literis, ac sœpe emendaret, magnaque testi-
moniorum nube uteretur. Adeô verô id consuetudine
habuit, ut cùm in quibusdam opusculis Euripidis
Medeam totam inseruisset... Apollodorus... dixit.
Nam si quis tollat de Chrysippi libris qua; aliéna sunt,
vacua illi charta relinquetur. » (VII, 181, 509.)
P. 189, 1. 21. Epieartis). Id., Vied'Epieure). «Nam-
que cvlindri ad trecentos sunt, in quibus nullum
extrinsecus qu;esitum testimonium est. » (X, xxvi,
P. 191, 1. 15. Capihipns). Il s'agit de Lelio Capi-
lupus. \'oici le titre de l'ouvrage auquel Montaigne
fait allusion : Lelio Cfipilnpi cento ex Virgilio de vita
nwnaconini. Il parut pour la première fois à Venise
en 1543, et semble avoir joui d'un grand succès.
La Bibliothèque nationale en possède sept éditions
publiées entre 1543 et i6oi. C'est une satire comique
qui mérite assez bien l'épithète d'« ingénieuse», que
Montaigne lui attribue. Le comique en consiste dans
l'application à ces moines de vers héroïques et de
vers imprégnés de sentiments païens, qui sont pris
à Virgile. Lelio Capilupus est également l'auteur
d'une satire du même genre contre les femmes.
Plusieurs membres de sa famille, et particulièrement
son neveu Giulio Capilupus, se sont distingués dans
le même genre littéraire. (Cf. Capiliiporiini Hippolyti,
^lii, Camilli, Alphonsi, Jnlii carmina, Rome 1590.)
76
ESSAIS DE MONTAIGXE.
P. 191, 1. 17. Politiques). Polilica, sivc civilis doctrinœ
libri sex, ijiii ad principatuin maxime spectant. Cet
ouvrage de Juste Lipse, qui parut pour la première
fois à Levde en 1589, eut un succès considérable.
Il a eu environ quatre-vingts éditions. Cinq ou six
d'entre elles avaient déjà paru à la mort de Montaigne.
Au reste, Juste Lipse, qui était en correspondance
avec lui, le lui envoya, et Montaigne y a fait plus
de trente emprunts dans les Essais.
P. 191, 1. 19. Potniraici). Même comparaison des
Essais avec un portrait de Montaigne dans l'essai II, xvii.
P. 191, 1. 19. Poiirtraiet chauve et grisonnant). Un
ou deux ans plus tard, dans le Journal de voyage,
Montaigne écrira : « Quant à me fiiire tondre comme
ils font tous, et puis on met à cet endroit une petite
pièce de satin avec certains réseaux qui la tiennent
sur la tête, ma tète polie n'en avait pas besoin. »
(P. 354)
P. 191, 1. 27. L'article précédant). L'essai Du pcdan-
tisme.
P. 192, 1. 4. Axant en tant de part). Rappelons
qu'à la signature du contrat de mariage, d'après une
copie conservée aux archives de la Dordogne, Mon-
taigne était procureur des parents du marié.
P. 192, 1. 12. Tout ainsi qu'en l'agriculture). Cf.
Platon, Thcagès : « Ut in plantis focillimum hoc
nobis est qui terram colimus, pra;parare quidem
omnia antequam plantemus, & ipsa eiiam plantatio :
postquam vero quod plantatum est, vivit : tune
cultus i^sius varius est & difHcilis : sic & in homi-
nibus videtur. » (P. 121; éd. de 1546, p. 9.)
P. 192, 1. 21. Voye:^ Cimon). Cf. Plutarque : « Pour-
quoi la justice divine diffère quelquefois la punition des
maléfices » (vi, f° 260 r").
P. 192, 1. 22. Les petits des ours). Id., ihid. : «Les
petits des ours, des loups, des singes, & de semblables
animaux, monstrent incontinent leur inclination
naturelle des leur jeunesse, d'autant qu'il n'y a rien
qui les desguise, ne qui les masque. Mais la nature
de l'homme venant à se jetter en des accoustumances,
en des opinions, et en des loix, couvre bien souvent
ce qu'elle a de mauvais. » (F" 267 v".)
P. 193, 1. 5. Platon). Cf. en particulier /^./'/(W/i/^c-,
III, p. 415; IV, p. 423, etc.
P. 193, 1. 18. François, monsieur de Caudale).
François de Foix de Candale, évéque d'Aire, est
l'auteur d'une traduction de Mercure Trismégiste
enrichie d'un commentaire abondant : uLe Pimandre,
cognoissance du verbe divin et de l'excellence des œuires
de Dieu» (Bordeaux 1579). C'est sans doute à cet
ouvrage que Montaigne fait sunout allusion. Déjà
en 1574 il avait donné une édition et une traduc-
tion du même ouvrage, et en 1587 il avait traduit les
éléments d'Euclide en latin (Lutetice 1578).
P. 194, 1. 4. Pour s'en enrichir et parer au dedans).
Sénèquedit de même : «Intus instruamur». (Ép. 74.)
P. 194, 1. 7. Tête bien faite). Expression qui se
rencontre assez fréquemment alors. Cf. Gentillet,
Discours sur les moyens de bien gouvermr (éd. de 1579,
p. 1 1 1 ) ; Henri Estienne, Apologie pour Hérodote (III, vi ;
X\'I, x); Vinet, Antiquités de Bonrdeaus (paragr. 32);
du Fail, Les contes d'Eutrapel (éd. de 1875, p. 32).
Les commentateurs ont donc eu tort de croire que
c'était là une expression neuve chez Montaigne; il faut
remarquer cependant qu'il lui donne une vigueur
particulière en l'opposant à « tête bien pleine ».
P. 194, 1. 18. Socrates, et despuis, Archesilas). Cf.
Cicéron, De finibus, II, 1.
P. 194, 1. 20. Obest plerumque). «L'autorité de
ceux qui enseignent nuit souvent à ceux qui veulent
apprendre. » (Cic, De nat. deoruni, I, v.)
P. 195, 1. 14. Tesmoignage de crudité). On trouve
des images analogues dans les Epltres de Sénèque :
« Non prodest cibus nec corpori accedit qui statim
sumptus emittitur. » Voir aussi ép. 84.
P. 195, 1. 21. Nunquam). «Ils sont toujours en
tutelle. » (Sén., ép. 33.)
P. 195, 1. 22. Je vy privéement). Il s'agit de Giro-
lamo Borro au sujet duquel il s'exprime ainsi dans
son Journal de vo\age : « Plusieurs fois vint me visiter
chez moi Girolamo Borro, médecin, docteur de la
sapienza. Et ayant été le visiter le 14 de juillet, il
me fit présent de son livre du flux et reflux de la
mer, en langue vulgaire : et me fit voir un autre latin
qu'il avait fait des maladies des corps.» (P. 405.)
Dans son traité Del fiusso e del riflusso del mare
(1561, 1567, 1577), qu'il avait oflert lui-même à Mon-
taigne, il parle de la « divina philosophia » d'Aristote
LIVRE I, CHAPITRE XXVI.
77
(Cf. éd. de 1)77, p. 96). Sans cesse il se réfère à l'auto-
rité d'Aristote. Girolamo Borro, d'Arezzo, professeur
de philosophie à l'Université de Rome, avait été jeté
dans les prisons de l'Inquisition, d'où le pape l'avait
tiré; ses collègues le forcèrent à quitter sa chaire
en 1586. Il mourut à Pérouse en 1592 (A. d'Ancona).
P. 196, 1. 10. Cbc non men). «Aussi bien que
savoir douter m'est agréable. » (Dante, Enfer, XI,
xciii.) Montaigne a pris ce vers dans la Civil conver-
sation de Guazzo (liv. I).
P. 196, 1. 13. Oui suit un autre). Cf. Sénèque,
Epîtres : « Qui aliud sequitur, nihil sequitur, nihil
invenit, imo ncc qux-rit. » (Ép. 33, p. 179.)
P. 196, I. 14. Non sninus). «Nous ne vivons pas
sous un roi, que chacun dispose librement de soi-
même. » (Id., il'id.)
P. 196, 1. 15. // faut qu'il eu l'oive). Cette idée est
amplement développée par Sénèque dans l'épître 84;
Montaigne a certainement cette épître présente à
l'esprit en i )So.
P. 196, 1. 16. Qu'il oublie imrdiuu'nt). Rapprocher :
« Isti qui in verha jurant, nec quid dicatur sed a quo,
sciant qua; optima sunt esse communia. » (Sén.,
ép. 84.)
P. 196, 1. 20. Les abeilles). Même image chez
Sénèque, ép. 84; aussi Plutarque, Ct);(/w;<'H/ il faut
ouir, ï° 27 r"; Horace, Odes, \\, 11. Elle est par-
tout autour de Montaigne, cf. Balthasar Castiglione,
Il Cortegiano, I, xxvi; un sonnet en tète de la tra-
duction des Diverses leçons de Messie; un sonnet de
Guéroult en l'honneur de Zonaras, en tête de la traduc-
tion de cet auteur, par Millet de Saint-Amour (1560);
une ode de Délavai, en tête de sa traduction des Avis
et conseils de Guichardin (1576); quelques vers de
Constantin, Angevin, en tête de l'Anthologie de Rreslay
(1574); un .sonnet de Ronsard en tête des Œuvres
morales et diversifiées de J. des Caurres (1577); les
Politiques de Juste Lipse, I, i, note i; etc., etc. Les
applications varient naturellement, mais le fond reste
à peu près le même.
P. 196, 1. 26. Qu'il celé). Cf. Sénèque, Epîtres :
« Hoc faciat animus no.ster : omnia quibus est adjutus,
abscondat; ipsum tantum ostendat, quod etfecit. »
(Ép. 84.)
P. 197, 1. 5. Epicharnius). Cf. Plutarque (Quels
aniuiau.x sont les plus advise::^). «Il n'a pas anciennement
esté mal dit, l'Entendement voit, l'Entendement oyt,
tout le reste est sourd et aveugle. » (F" 508 v".)
P. 1 97, 1.13. Sçavoir par cœur). Rapprocher Sénèque,
Epîtres : «Aliud est meminisse, aliud scire : meminisse
est rem commissam memoriit custodire. At contra
scire est sua fxcere quœque, nec ad exemplar pendere
et totiens respicere ad magistrum.» (Ép. 33.)
P. 197, 1. 26. Tout ce qui se présente). Même
conception chez Plutarque : « Comment on pourra
apercevoir si Ion amende et profite en l'exercice de la
vertu» (surtout f° 115); ^^ Comment il faut lire les
poètes», etc.
P. 198, 1. 4. Visite des pays estrangers). Il semble qu'il
était déjà assez habituel à la noblesse de voyager
pour s'instruire;, c'est seulement sur la manière de
voyager que Montaigne veut insister. La Noue, en
1587, écrit dans ses Discours politiques et militaires :
« Il n'est année qu'il ne sorte de France trois ou
quatre cens gentilshommes, et la pluspart de bonne
maison, qui vont es pays estranges, pour y voir et
apprendre, ce qui procède de gentillesse de cœur et
d'un désir véhément de sçavoir. » (Z)ùr.,V.) La Noue
critique ces voyages comme Montaigne, mais pour
des motifs différents : « Tout bien compté, il revient
autant d'inconvénients que de profit de tels voyages :
car ils emportent l'argent de France, et y rapportent
souvent de mauvaises coustumes. D'avantage il ne
retourne pas la moitié de ceux qui y vont : la plus
part mourans de maladie ou estans tuez. » (Ibid.')
C'est surtout sur les inconx'énients moraux que
La Noue insiste, et on retrouve le même point de
vue chez d'autres protestants; cf. Henri Estienne,
Apologie pour Hérodote; La Primaudaye, Académie
françoise, I, xw
P. 198, 1. 6. Santa Rotouda). C'est l'ancien Pan-
théon qu'Agrippa fit bâtir sous le règne d'Auguste.
P. 198, 1. 26. Vitamque). «Qu'il vive en plein
air et au milieu des alarmes. » (Horace, Odes, III,
n, 5.)
P. 199, 1. II. L'acostumance a porter le travail). Ct.
Cicéron, Tuscnlanes : « Consuetudo laborum perpes-
sionem dolorum eflîcit faciliorem. » (II, xv.)
78
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 199, 1. 12. Lalm). «Le travail endurcit à la
douleur. » (Cic, Titsc, II, xv.)
P. 200, 1. 5. Qu'il se contmlc). Cf. Sénèque. Épîlres :
«Sibi vitia detraliat, non aliis exprohret; non ablior-
reat a publicis moribus nec hoc agat ut quidquid non
facit, damnare videatur. » (Ep. 103.)
P. 200, 1. 7. Liccl sapcre). « On peut être sage
sans ostentation, sans arrogance. » (Ep. 103, fin.)
P. 200, 1. 12. Si qiiid Socraies). «Parce qu'un
Socrate et un Aristippe se sont écartés de la coutume
et des usages, il ne faut pas qu'il se croie permis
d'en faire autant : chez eux des mérites éminents et
divins autorisaient cette licence. » (Cic, De Off.,
I, XLI.)
P. 201, 1. I. Xeqiii, ut oiiinia). «Aucune nécessité
ne le contraint à défendre des idées qu'on lui aurait
impérieusement prescrites. » (Cic, Acad., II, m.)
P. 202, 1. 2. // sondera la portée). Cf. des préceptes
analogues ci-dessus, dans l'essai I, xvii.
P. 202, 1. 4. La sottise inesiiie). Cf. le développe-
ment de cette pensée au début de l'essai III, viii.
P. 202, 1. 12. Oiix tclliis). «Quelle terre est en-
gourdie par la glace, quelle autre est rendue poudreuse
par la chaleur; quel- vent est favorable pour pousser
'es voiles en Italie.» (Properce, IV, m, 39.)
P. 202, 1. 21. Coiiic dict Platon). Dans VHippias
major, début.
P. 203, 1. II. Comme ce sien mot). Cf. Plutarque,
De la mauvaise honte : « Celuy qui dit anciennement
que tous les hahitans de l'Asie scn-oient à un seul
homme pour ne scavoir prononcer une seule syllabe
qui est, Non. » (vu, f° 79 r".)
P. 203, 1. 21. Alexandridas). Cf. Plutarque, Les
dicis notables des Laceda'moniens : « A un autre qui
disoit aux Ephores de bons propos, mais plus qu'il
n'en fiilloit : Estranger mon amy, dit il, tu dis ce
qu'il fault autrement qu'il ne tault. » (F" 214 v".)
P. 204, 1. I. On demandait à Socrates). Cf. Plutarque,
De l'exil : «Mais Socrates disoit encore mieulx qu'il
ne pensoit estre ny d'Athènes, ny de la Grèce, mais
du monde. » (iv, f" 125 r°.) Voir aussi Cic, Tiisc.,
V, XXXVII, etc. Le mot est répété par beaucoup de
vulgarisateurs du xvi" siècle.
P. 204, 1. 14. Et disoit le Saiviart). Rapprocher
Henri Estienne, Apolof[ie pour Hérodote, discours pré-
liminaire : « C'est demander (comme l'autre) si la
mer est plus grande que le lac de Xeufchastel, c'est
parler avec aussi bon jugement que celuy qui disoit
(ainsi qu'on raconte) « se le reé de Franse se fusse
bin gouverna, é fusse maistre d'hosta de nostrou
seignou. » Pour la pensée aussi tout ce discours pré-
liminaire est à rapprocher de ce passage de Montaigne.
P. 204, 1. 19. Nostre mère nature). Expression qui
revient à diverses reprises chez Montaigne : cf. I,
xxvii, p. 233, 1. 12; III, VI, etc.
P. 204, 1. 26. Livre de mon escholier). Cf. la même
image dans La Primaudaye, Académie française, II,
Avant-propos. Elle sera reprise par Rousseau dans
Y Emile.
P. 205, 1. 12. Disoit Pythagoras). Cf. Cicéron,
Tnscnlancs : « Pythagoram autem respondisse, similem
sibi videri vitam hominum, & mercatum eum qui
haberetur maximo ludorum apparatu totius Grœciïe
celebritate. Nam ut illic alii corporibus exercitatis
gloriam & nobilitatem coron:ï peterent, alii emendi
aut vendendi quKstu & lucro ducerentur : esset autem
quoddam genus eorum, idque vel maxime ingenuum,
qui nec plausum nec lucrum quœrerent, sed visendi
causa venirent, studioséque perspicerent quid age-
retur, & quomodo : Item nos quasi in mercatus
quadam celebritate ex urbe aliqua, sic in hanc vitam
ex alia vita & natura profectos, alios gloria; servira,
alios pecuni;e, raros esse quosdam qui ca;teris omni-
bus, pro nihilo habitis, rerum naturam studiose
intuerentur : hos se appellare sapientia; studiosos, id
est enim philo.sophos. » (V, m, t. IV, p. 168.)
P. 205, 1. 21. Ouid fas optare). «Ce qu'il est per-
mis de désirer; à quoi sert l'argent si dur à gagner;
dans quelle mesure on doit se dévouer à la patrie et
à la fimille; ce que Dieu a voulu que tu fusses; le
rôle qu'il t'a assigné dans la .société; ce que nous
sommes et le de.ssein dans lequel nous avons reçu
l'être. » (Perse, m, 69.) Je n'ai trouvé dans aucune
édition du xvi= siècle la leçon « locaverit » que Mon-
taigne avait d'abord adoptée, sans doute par une
erreur de mémoire, et qu'il a corrigée en 1595. La
même citation se trouve dans saint Augustin, Cité de
Dieu, II, VI. Comme Montaigne après 1 588 ne semble
LIVRE I, CHAPITRE XXVI.
79
plus étudier Perse, et comme, au contraire, il a cer-
tainement lu la Cite de Dieu à la même époque, c'est
peut-être cette lecture qui a été pour lui l'occasion
de corriger « locaverit » en « locatus es ».
P. 206, 1. 4. Et qtio). « Et comment éviter ou
supporter les peines. » (Virg., En., III, 459.)
P. 206, 1. 9. Entre les ars lihraiis). Tout ceci est
imité de Sénèque, ép. 88.
P. 206, 1. 18. L'institution de Socrates). Cf. Diogène
Laerce, II, xxi; Platon, Euthydème, etc.
P. 206, 1. 20. Sapere ande). « Ose être sage, com-
mence : différer de régler sa vie, c'est ressembler à ce
voyageur naïf qui attend, pour passer le fleuve, que
l'eau soit écoulée; cependant le fleuve coule toujours,
et il coulera éternellement. » (Hor., Épitres,!, 11, 40.)
P. 206, 1. 25. Oiiid nioi'cant). «Quelle est l'in-
fluence des Poissons, des signes enflammés du Lion,
de ceux du Capricorne qui se baigne dans la mer
d'Hespérie. » (Properce, IV, i, 85.)
P. 207, 1. 3. T{ -'/.v.iinz:). «Que m'importent à
moi les Pléiades, que m'importe la constellation du
Bouvier? » (Anacréon, Odes, XVII, x.) Montaigne
a pu prendre ceci dans son recueil de Gambara,
Carmina navein illiistrinni feniinanini, p. 131.
P. 207, 1. 5. Anaxin'.encs). Cf. Diogène Laerce,
Vie d'Anaximène : « Medorum item rex nobis acriter
imminet, nisi velimus esse tributarii... Quonam
igitur animo possit Anaximenes cœli sécréta rimari,
cujus jugis aut mortis aut servitutis incumbit metus? »
(II, V, 98.)
P. 207, 1. 17. La moelle). Rapprocher la fameuse
expression de Rabelais, la « substantificque mouelle »
qui se cache dans son ouvrage tout frivole en appa-
rence (prologue du premier livre).
P. 207, 1. 22. Ga:{a). Philosophe péripatéticien
du xV siècle, qui, réfugié de Grèce en Italie, enseigna
avec éclat à Sienne, puis à Ferrare. Sa grammaire
grecque, imprimée à Venise en 1495, a été au
XVI' siècle la grammaire la plus généralement em-
ployée pour l'étude du grec. Ses réimpressions sont
très nombreuses.
P. 208, 1. 10. DeinetrinsJ. Cf. Plutarque, Des oracles
qui ont cesse : « Si se prit Demetrius en se riant à leur
dire, Diray-je vray, ou si je mentiray? Il me semble
a vous veoir, que vous n avez pas entre vous propos
qui soit de gueres grandes conséquence, car je vous
voy assis fort à votre aise, & semble bien à xo/
visages rians, que vous n'avez pas grands pensements.
Il est vray, répliqua lors Heracleon le Megarien, que
nous ne disputons pas a sçavoir .si ce verbe Ballo en
son futur perd l'une de .ses 11, ny de quel mot positif
ou primitif sont formez et dérivez ces deux compa-
ratifs, Chiron et Beltion, et ces deux superlatifs,
Chiri.ston et Beltiston : car ces questions là et autres
semblables sont celles qui font rider et froncer les
visages : mais au reste on peut bien disputer de
toutes autres questions de philosophie, .sans se froncer
le sourcil, et en discourir tout doulcement, sans avoir
un regard furieux, nv se courroucer aux assistans. »
(v, fo 338 r".)
P. 208, 1. 21. Deprendas aniiiii toniieiila). «On
peut reconnaître dans les aflections du corps et les
tourments secrets de l'âme et ses joies intimes : le
visage réfléchit ses divers états.» (Juvénal, ix, 18.)
P. 208, 1. 28. La plus expresse). Cf. Sénèque,
Epitres : « Hoc ergo cogita, hune esse sapientia; effec-
tum, gaudii ajqualitatem. Talis est sapientis animus,
qualis mundus super lunam; semper illic serenum
est. » (Ep. 59.)
P. 209, 1. 2. Barroco & Baralipton). Deux termes
de l'ancienne logique scolastique. Pour retenir plus
commodément les dix-neuf formes du syllogisme on
avait imaginé quatre vers faits de mots factices :
« Barh.ira, celarein, darii, ferio, baralipton.
» Celantes, dabitis, fapesmo, frisesomorura,
» Cesare, camestres, festino, baroco, darapti,
» Felapton, disamis, datisi, bocardo, ferison. »
P. 209, 1. 3. Crote::^). Le mot « marmiteux », que
Montaigne avait d'abord écrit, tendait peut-être à
vieillir à la fln du xvi'= siècle; pourtant ce n'est pro-
bablement pas pour ce motif que Montaigne l'a
supprimé. En effet, 1° on le trouve chez plusieurs
auteurs du temps; il est à diverses reprises chez
Brantôme (Cf. le dict. de Godefroy); le voici dans
les Contes et disconrs d'Entrapel, par Noël du Fail
(1585) : «faire le marmiteux» (réimpr. de 1875,
p. 5); 2° Montaigne l'a maintenu dans les différents
8o
ESSAIS DE MONTAIGNE.
passages où il l'avait d'abord écrit; ainsi et. t. I,
p. 182, 1. 3.
P. 209, 1. 7. A la teste). Cf. Sénèque, De ira :
« Nec ut quibusdam visum est arduum in virtutes
et asperum iter est, piano adeuntur, non vana; vobis
autor rei venio. Facilis est ad beatam vitam via... «
(II, XIII, 320.) Peut-être Montaigne se souvient-il
encore d'un passage de Ronsard :
« Apres avoir d'un jugement divers
» En tous endroits pratique l'univers
» Et clairement aux hommes fait entendre
» Ce qu'ils pouvoient, sans estre Dieux, comprendre,
» Pour mieux se faire avec peine chercher
» S'alla loger sur le haut d'un rocher.
» Dans une plaine est une haute roche
» D'où nul vivant sans grand travail n'approche ;
» Car le sentier en est fascheux et droit,
» Dur, rabotteux, espiiieux et estroit.
» Tout a l'entour s'y asproye l'ortie
» Et le chardon, et la ronce sortie
» D'entre les rocs, et les halliers mordans
» Qui font saigner les mains des ahordans.
» Au bas du roc est un creux précipice,
» Qui fait horreur à l'homme plein de vice
» Qui veut monter avant qu'estre purgé
» De son péché dont il estoit chargé.
» Tout au plus haut ceste roche déserte
» Est d'amaranthe et de roses couverte,
» D'oeillets, de Ivs, et tousjours les ruisseaux,
» Herbes et lleurs animent de leurs eaux.
» Jamais l'orage et la fiere tempeste
» En s'esclatant ne luy noircist la teste;
» Mais le soleil gracieux en tout temps
» Y fait germer les boutons du printemps.
» Là sur le roc ceste Philosophie
» Pour tout jamais son palais edilîe
» A mur d'airain, loing des ennuis mondains
» Et des soucis dont les hommes sont pleins
» Qui, comme porcs, vivent dedans la fange
» Peu curieux d'immortelle louange. »
{Hymnes, liv. I, hymne i, De la philosophie. A très
illustre et Reverendissime Odet de Colligni, Cardinal
de Chastillon. Éd. Blancliemain, p. 163.)
P. 209, 1. 24. Bradainanl ou Angélique). Deux
héro'i'nes du Roland furieu.x de l'Arioste.
P. 210, 1. 15. Elle lii\ eschape ou elle s'en passe).
« C'est-à-dire : elle échappe aux coups de la fortune,
ou elle se passe de ses faveurs, elle se sépare donc
tout à fait de la fortune et .s'en forge une toute
sienne. »
P. 211, 1. 5. Le prarepte de Platon). Cf. République.
III, p. 415; IV, p. 423, etc.
P. 211, 1. 8. Udum & molle). «L'argile est molle
et humide; vite, vite, hâton.s-nous, et sans perdre un
instant façonnon.s-la sur la roue. » (Perse, m, 23.)
P. 211, 1. 12. Cicero disait). Cf. Sénèque, Épîtres.
« Negat Cicero, si duplicetur sibi xv,\s, habiturum se
tempus quo légat Lyricos, eodem modo Dialecticos.
Tristius inepti sont. » (Ep. 49.)
P. 211, 1. 24. De l'adi-is de Philarque). Dans le
traité De la fortune d'Ale.\andre : « Mais toutefois si
l'on disoit... que sa vraye munition et son entretien
pour la guerre estoient les discours qu'il avoit appris
de la philosophie, et les recors et préceptes touchant
l'as.seurance de ne rien craindre, la prouesse et vail-
lance, et la magnanimité et teiiiperance, nous nous
en mocquerions, pour autant qu'il n'a rien escrit de
Tartilice de composer syllogismes, ou des elemens et
principes de la géométrie. » (11, f" 308 r".)
P. 212, 1. 2. A tout }0 000 hommes). M., ihid. :
« Un jeune adolescent, qui ne faisoit que sortir de
l'enfance, oza bien... mettre en son entendement la
conqueste de l'Empire de tout le monde, avec trente
mille hommes de pied et quatre mille de chevaux.
Car il n'avoit pas plus de gens de guerre, ce dit
Aristobulus : ou comme dit le Roy Ptolomeus, qua-
rante & cinq mille hommes de pied et cinq mille
cinq cens de cheval : & tout le grand & plantureux
moien d'entretenir ceste puis.sance la, que la fortune
luy avoit préparé, c'estoient quarante deux mille
escus comptant, ainsi que dit Aristobulus... »
P. 212, 1. 7. Petite Une). «Prenez là, jeunes et
vieux, une règle ferme pour votre conduite, des pro-
visions pour les rigueurs de l'hiver. » (Perse, v, 64.)
P. 212, 1. 9. Ce que disoit Epicurus). Cf. Diogène
Laerce, Vie d'kpicure : « Xeque juvenis quispiam
dum est, philo.sophari negligat, neque .senex cum sit,
philosopliando fixtigetur. Qui autem dicit aut nondum
philosophandi tempus esse, aut tempus prœterissc,
ei similis est qui dicit ad beatam vitam non ades.se
tempus, aut non amplius esse. » (X, cxxii, 718.)
LIVRE I, CHAPITRE XXVI.
8i
P. 212, 1. 13. Emprisonne ce garçon). A cette cri-
tique des collèges on peut opposer le grand éloge
qu'en tait Jean des Caurres dans ses Œuvres morales
et diversifiées : « Brief discours des louanges d'un
collège.» (VIII, Liv.) «Il est fort requis pour plusieurs
raisons que tous les escholiers demeurent en un
collège, response à tous ohjects contraires. » (VII,
Lv.) N'ayant pas rencontré l'édition de 1377, j'ignore
si ces chapitres y figuraient ou s'ils paraissent pour
la première fois dans l'édition de 1584; il ne m'a pas
semblé que des Caurres ait eu pour objet de répondre
à Montaigne. La Noue (^Discours pol. et mil., V) est
d'un avis intermédiaire entre celui de des Caurres et
celui de Montaigne : tout en reconnaissant les défauts
des collèges il en prend la défense parce qu'il trouve
qu'on n'a rien de mieux à leur opposer; ils lui sem-
blent toutefois si peu adaptés aux besoins de la
noblesse que pour les gentilshommes il demande la
création d'académies spéciales. Peut-être a-t-il voulu
répondre à Montaigne (1587).
P. 212, 1. 22. Carneades). Cf. Diogène Laerce, Vie
de Carnéadc : «Et cœsariem et ungues nutriebat, tanta
erat in literas intentione. » (IV, lxii, 286.)
P. 212, 1. 24. La sagesse Françoise). Rapprocher le
passage suivant de Ilhodigin, Antiquarnm leclioninn
lihri : « Qua in parte commonendi amplius sumus,
quod a doctissimis proditum est, Gallorum pueros
initio sapientes videri, mox auctiores factos desipere.
Quod educandi curœ aliqui adscribunt... Unde scitis-
simum profluit Adagium ut Gallicam appelantes
Sapientiam, prematuram intelligamus et qux' mox
deficiens obrutescat quodammodo. » (Ed. de 15 16,
p. 839.) Rhodigin écrivant au début du xvi^ siècle
ne met naturellement pas les collèges en cause, mais
le rapprochement n'en est pas moins frappant, et
nous retrouvons là le proverbe cité par Montaigne.
Je dois ce rapprochement à l'obligeante érudition de
M. Plattard.
P. 213, 1. 9. Isocrates). Cf. Plutarque, Propos de
table : « Non plus que l'orateur Isocrates ne voulut
oncques respondre à ceux qui le pressoient de leur
dire quelque chose de beau en banquetant, lesquels ne
peurent jamais tirer de luy autre chose sinon. Il n'est
pas maintenant le temps de ce que je sçay faire : et
ce dequo)- il est maintenant le temps, je ne le sçay
pas faire. » (I, i, f° 359 v°.) Tout le passage est à
rapprocher; Montaigne s'en inspire très directement.
P. 213, 1. 19. Et Platon). Id., ibid., f° 360 v°.
P. 213, 1. 23. ^Eque paiiperibiis). «Elle est utile
aux pauvres, elle est utile aux riches; ni les enfants
ni les vieillards ne la négligeront impunément. »
(Horace, Èpitres, I, i, 25.)
P. 214, 1. 8. Comme dict Platon). Cf. Plutarque,
Les règles et préceptes de santé : « Parquoy Platon nous
admonestoit sagement, de ne remuer et n'exercer
point le corps sans l'ame, ny l'ame aussi sans le
corps, ains les conduire également tous deux, comme
une couple de chevaux attelez à un mesme timon
ensemble. » (F" 301 r".)
P. 214, 1. II. El, à l'ouir). Voir en particulier
Platon, Les Lois, liv. \\\.
P. 214, 1. 16. Et cruauté'). Cf. les mêmes idées
dans l'essai I, vin, p. 75, 1. i.
P. 215, 1. 9. Ouinlilicn). Dans YLislitution oratoire
(I, III, à la fin).
P. 215, 1. 14. Speusippns). Cf. Diogène Laerce,
Vie de Speusippe : « Gratiarum signa in schola collo-
cavit. » (IV, I, 245.)
P. 215, 1. 17. Cond'ien Platon). Cf. Les Lois,
liv. VII en entier, particulièrement éd. 1546, f" 828
et 837.
P. 216, 1. 3. La complexion de Deinophon). Cf.
Diogène Laerce : « Demophon mensis pra;fectus
Alexandri ad umbram calefiebat, soleque rigebat. »
(F/f de Pvrrhon, IX, lxxx, 631.) Antérieurement
Montaigne avait lu le même fait chez Sextus Empi-
ricos, Hypotvp., I, xiv; chez Bruès, p. 15, etc. Ceux
qui se plaisaient à recueillir des étrangetés sur la
nature humaine notaient volontiers ce fait.
P. 21 6, 1. ^. J'en ay veu fuir la senteur des pounnes).
Peut-être s'agit-il du même personnage dont Bruye-
rin Champier parle en ces termes dans son De re
cibaria : « Novimus prœterea Joannem à Querceto,
Parisiensem, regium secretarium in aula maximi
regum atque clarissimi Francisci ejus nominis I, qui
solo malorum odore atque aspectu adeo turbaretur
ut statim illi abeundum esset e convivio si apposita
cerneret. Quod si propius naribus admoverentur.
82
ESSAIS DE MONTAIGNE.
repente illi e naribus sanguis profundebatur... ideo-
que turundis ex pane confectis utramque narem
obturabat. Hujusmodi vero malorum odium innatum
et peculiare fuisse in nobilissima Aquitaniœ familia
Flustatum (quos nunc Foësios appellant) accepimus.
Gcrmanicus gallum gallinaceum aspicere non poterat.
Persarum magi mures intolerabili prosequebantur
odio : quare eos interficiebant. » (Éd. de Lyon 1560,
I, XXIV, 80.) On trouve encore beaucoup de faits
analogues dans le même chapitre qui est intitulé :
Odium erga quosdaiii cibos quibiisdam honiinilnis con-
tingit.
P. 216, 1. 7. Geriiiaiiiciis). Cf. Plutarque, De l'cinic
et de la haine : « Geruianicus ne pouvoit souffrir ny
le chant ny la veuë d'un coq. » (11, f° 108 r°.)
P. 216, 1. 17. Au desregkiiicnt et ans excès). Cf. les
mêmes idées exprimées par Montaigne quelques
années plus tard dans l'essai III, xiii.
P. 21 6, 1. 20. Calisthenes). Cf. Plutarque, Fie
d'Alexandre, et aussi De la colère, m, etc.
P. 216, 1. 25. Multiiiii iiiterest). «Il y a grande
différence entre ne vouloir pas et ne savoir pas faire
le mal. » (Sén., ép. 90.)
P. 217, 1. 3. J'en sçay qui). Quelques années plus
tard, dans la préface de sa traduction d'Arrien, Witard
écrivait : « Si Alexandre buvoit d'autant, c'estoit
(comme escrit mesme Arrian) pour entretenir les
capitaines de diverses nations qu'il avoit avec luy, non
que de son naturel il y fust addonné. Et estoit au
jugement des gens de guerre et de tous autres de
bon entendement une grande discrétion à luy de se
pouvoir ainsi accommoder pour quelques fois avec les
personnes dont il avoit affaire. Et de nostre temps
se sont veuz de braves chefs de grosses et puissantes
armées pratiquer le mesme : dequoj' ils ont esté
plustost louez que blasmez. »
P. 217, 1. 5. Merveilleuse nature d'Alcibiades).
Cf. Plutarque, Vie d'Alcibiade : « Il n'y avoit meurs,
coustumes, ny (;içons de faire de quelque nation que
ce fust, qu'Alcibiades ne sceust imiter, exercer et
contrefaire quand il vouloit, autant les mauvaises
que les bonnes. Car à Sparte il estoit laborieux, en
continuel exercice, vivant de peu, austère & severe :
en lonie, au contraire, délicat, superflu, joyeux.
& voluptueux : en Thrace il beuvoit tousjours, ou
estoit à cheval : s'il s'approchoit de Tissaphernes
lieutenant du grand Roy de Perse, il surmontoit en
pompe & sumptuosité la magnificence Persienne. »
(xiv, f" 139 r°.) Alcibiade est déjà présenté comme
modèle de l'homme de bonne compagnie, tout à fait
à la manière de Montaigne, dans le Cortegiano de
Castiglione (liv. I, éd. Cian, paragr. 43). Montaigne
reviendra sur la même idée après 1588, dans l'essai
II, XXXVI.
p. 217, 1. 10. Omnis Aristippuin). « Aristippe s'ac-
commoda de toute condition, de toute fortune. »
(Horace, Épîtres, I, xvii, 23.)
p. 217, 1. 12. Oueni duplici). «J'admirerai celui
qui ne rougit pas de ses haillons ni ne s'étonne de
la bonne fortune, et qui joue les deux rôles avec
grâce. » (Horace, Épîtres, I, xvii, 25, 26, 29.)
P. 217, 1. 17. Dict quelcun en Platon). Dans les
Rivaux : « Absit igitur, ô vir optime, ut philosophari
sit plurima discere, artesque tractare. » (P. 139; éd.
de 1546, p. 8.)
P. 217, 1. 19. Hanc aniplissiiiuini). « C'est par leurs
mœurs plutôt que par leurs études qu'ils se sont
voués au plus grand de tous les arts, à l'art de bien
vivre. » (Cic, Tusc, IV, m.)
P. 217, 1. 21. Léon). Id., ibid. : « Pythagoram,
ut scribit auditor Platonis Ponticus Heraclides, vir
doctus, in primis Phliuntem ferunt venisse, eumque
cum Leonte principe Phliasiorum docte & copiose
disseruisse quaedam. Cujus ingenium & eloquentiam
quum admiratus esset Léon, quœsivisse ex eo qua
maxime arte confideret. At illum artem quidem se
scire nullam sed es.se philosophum. « (\ , m.) Cf. aussi
saint Augustin, Cité de Dieu. VIII, i.
P. 218, 1. I. On reprochait a Diogenes). Cf. Diogène
Laerce, Vie de Diogène : « Dicente quodam, cur nihil
sciens philosopharetur, & si, inquit, philosophiam
simulo, hoc ipsum philosophari est. » (\'\, lxiv,
381.)
P. 218, 1. 3. Hegesias). Id., ibid. : « Hegesia se
deprecante, ut sibi libronjm aliquid exponeret, stul-
tus, inquit, es, Hegesia, qui caricas quidem non
scriptas eligis, sed veras : vera autem exercitatione
ncglecta te ad scriptam confers. » (M, XLViii, 373.)
LIVRE I, CHAPITRE XXVI.
83
P. 218, 1. 12. Oui disciplina ni). «Qui fait de sa
science non un sujet d'ostentation, mais la règle de
sa vie; qui .sait s'obéir à soi-même, se soumettre à
ses décrets. » (Cic, Tiisc, II, iv.)
P. 218, 1. 15. ZcHxidamits). Cf. Plutarque, Dicts
notables des Lacedœmonicns : « Zeuxidamus respondit
aussi a un qui luy demandoit, pourquoy ils ne redi-
geoyent par escript les status et ordonnances de la
prouesse, et qu'il ne les bailloient escripts à lire à
leurs jeunes gens : pour ce, dit il, que nous voulons
qu'ils s'accoustument aux faits, & non pas aux
escriptures. » (F° 217 r°.)
P. 218, 1. 22. La inoictie de nostre aage). Rappro-
cher des plaintes semblables qu'on rencontre dans
les Epîtres de Sénèque : « ^tatem in syllabis conte-
ram. » (Ép. 88.) Au xvi*^ siècle beaucoup d'hommes
se plaignent du temps que l'on perd à l'étude des
langues anciennes. Cf. en particulier du Bellay,
Deffeitce et illustration : « A grand' peine avez vous
appris leurs mots, et voilà le meilleur de vostre âge
passé. » (I, III.) Cf. aussi Le Roy, Deux oraisons...
(•pos ^ ^.o gj j ^o-j. Lg j:^Qy^ Vicissitude (éd. 1577,
f 23 V).
P. 219, 1. 25. En bergamasque). Souvent mentionné
<ians les écrits italiens du xvi= siècle (comédies et
nouvelles), et tourné en ridicule comme l'un des
dialectes les plus grossiers de la péninsule. Cf. en
particulier une phrase du Cortegiano de Castiglione,
I, XXX, où il est cité avec ironie, et qui donne
à penser que de l'avis unanime il était plaisant de
songer à faire usage d'un pareil patois pour écrire
ou pour parler. (Voir dans l'éd. Cian du Cortegiano,
p. 64, une note instructive à ce sujet.)
P. 219, 1. 26. Verbàqne). « A'oit-il son sujet : les
mots ne feront aucune difficulté à suivre. » (Hor.,
Art poétique, 311.)
P. 219, 1. 27. Cum res). «Quand les choses ont
saisi l'esprit, les mots se présentent d'eux-mêmes. »
(Sén., Controverses, m, proème.)
P. 220, 1. I. Ipsx res). «Les choses entraînent les
paroles.» (Cic, De finibus, III, v.)
P. 220, 1. 3. Petit Pont). Le Petit-Pont ou pont du
Petit-Chàtelet, un des trois premiers ponts de Paris, par
opposition au Grand-Pont devenu Pont-au-Change.
P. 220, 1. 6. Maistre es arts). Celui qui avait reçu
les titres universitaires qui lui permettaient d'enseigner
les arts libéraux.
P. 220, 1. 7. Du candide lecleur). Allusion aux
préfiices adressées « candido lectori » qu'on rencontre
en tête d'un grand nombre d'ouvrages de l'époque.
P. 220, 1. II. Afer montre). Dans le Dialogue des
orateurs de Tacite, xix. Il faut lire « Aper » et 'non
« Afer » .
P. 220, 1. 12. Les Ambassadeurs de Sanios). Cf. Plu-
tarque, Dicts notables des Laccdœmoniens : « Et aux
ambassadeurs de Samos qui estoient venus devers
luv, pour luy persuader d'entreprendre la guerre
contre le t)-ran Polycrates, & pour ce faire usoient
de longues persuasions, il respondit. Quant à ce que
vous avez dit au commencement, il ne m'en souvient
plus, & pour ceste cause je n'ay point entendu le
milieu : & quant à ce que vous avez dit à la fin, je
ne le trouve pas bon. » (F° 218 r\)
P. 220, 1. 19. Les Athéniens esloyent). Id., Lnstruc-
tion pour ceux qui manient affaires d'estat : « Comme
Ion escrit de deux architectes & maçons, que Ion
vouloit esprouver à Athènes, pour sçavoir lequel des
deux seroit mieulx à propos pour entreprendre une
grande fabrique & édifice publique : l'un, qui estoit
aifetté & sçavoit bien dire sa raison, recita une
harengue qu'il avoit préméditée touchant cette fa-
brique, si bien qu'il émeut toute l'assistance du
peuple : & l'autre qui entendoit bien mieulx l'ar-
chitecture, & ne sçavoit pas si bien harenguer, se
présentant au peuple ne feit que dire, Seigneurs
Athéniens, ce que cestuv cy a dit, je le ferai. » (IV,
f^ 163 v^)
P. 220, 1. 24. Au fort de l'éloquence). Id., Vie de
Caton d'Utiqne : « Ciceron qui estoit ceste année là
Consul, en défendant Murena se mocqua si plaisam-
ment des philosophes Stoïques, & de leurs estranges
et extraordinaires opinions, qu'il en feit rire les juges,
de sorte que Caton mesme se soubriant, dit à ceulx
qui estoient autour de luy : \o\fi que nous avons
un plaisant Consul qui fait ainsi rire les gens. » (vi,
fo 534 r°.)
P. 221, 1. 4. Emunctir naris). «Il a bon goût, si
ses vers sont négligés. » (Hor., Sat., I, iv, 8.)
84
P. 221, 1. y. Tevipora ccrta). « Otez-en le mhme
et la mesure, inten-ertissez l'ordre des mots, faisant
des premiers les derniers et des derniers les premiers;
vous retrouverez le poète dans ses membres dis-
persés. » {Id., Sal., I, IV, s8.)
P. 221, I. II. C'est ce que respoiidil Menandcr). Cf.
Plutarque, Si les JtiKiiieiis ont esté plus exceUens en
armes qu'en lettres : « Menander luy respondit, si ay...
je l'ai composée : car la disposition & ordonnance
en est toute taillée & projettee, il ne reste plus qu'à
y adjouster des vers. » (F° 525 r°.)
P. 221, 1. 18. Pins sonat). « Plus de bruit que de
sens. » (Sén., ép. 40.)
P. 221, 1. 24. Il est plus subtil). Cf. Sénèque, Épîtres :
« Subtilius est contempsisse quam solvere. » (Ép. 49.)
P. 222, 1. I. Qu'il emprunte d'Aristippus). Cf.
Diogène Laerce, Vie d'Aristippe : « Quid, inquit...
vis ut solvam, quôd etiam ligatum nobis exhibet
negotium?» (II, lxx, 139.)
P. 222, 1. 2. Quelcun proposait) . Id., Vie de Chry-
sippe : « Ad dialecticum Cleantlii imminentem, eique
callidas conclusiunculas tendentem, Desine, inquit,
grandem natu a gravibus rébus abducere. Nobis
autcm junioribus pro"pone. » (VII, CLXXXii, 511.)
P. 222, 1. 5. Contorta). « Ces sophismes entortillés
et épineux. » (Cic, Acad., II, xxiv.)
P. 222, 1. 8. Qui se destournent). Rapprocher ce
que dit Sénèque lorsqu'il compare Salluste à son
imitateur Arruntius : « Ille in \vxc incidebat, at hic
illa qux-rebat. » (Ép. 114.)
P. 222, 1. 10. Aut qui non verha). « Ou qui, au
lieu de choisir les mots pour les choses, vont cher-
cher hors du sujet des choses auxquelles les mots
puissent convenir. » (Quintilien, lust. or., VIII, m.)
P. 222, 1. II. Qui alicujus). « Qui, pour placer un
mot qui leur plaît, se détournent de leur sujet. »
(Sén., ép. 59.)
P. 222, 1. 21. Har demiim sapiet). «La seule
expression bonne est celle qui frappe. » {hpitaphe de
Lucain. On la trouve dans beaucoup d'éditions de
Lucain publiées au xvi'^ siècle, en particulier dans
celle d'Anvers, 1564.)
P. 222, 1. 24. Comme Suétone appelle). Dans la Vie
de César : « Eloquentia militari qua re aut a.-quavit. »
ESSAIS DE MONTAIGNE.
On lit aujourd'iiui : «Eloquentia militarique re... »
L'expression, qui d'abord avait séduit Montaigne, et
qui après 1588 lui parut difficile à expliquer, est donc
due à une f^iute de transcription.
P. 225, 1. II. Tout ainsi qu'en un beau corps).
Rapprocher une expression de Quintilien : « Ossa
detegunt : quiv, ut esse, et astringi neiTis suis,
debent, sic corpore operienJa sunt. » (Inlro.iiiction
de l'Inst. or.)
P. 223, 1. 12. QiuT l'critati). «Le langage de la
vérité doit être simple et sans art. » (Sén., ép. 40.)
P. 223, 1. 14. Quis accurate). «Quiconque parle
avec trop de soin tombe dans la recherche et l'affec-
tation. » {Id., ibid., 75.)
P. 223, 1. 20. Arislophanes le grammerien). Cf.
Diogène Laerce, Vie d'Epicurc : « Utitur autem in
rehus vocabulis propriis, quit quoniam simplicissima
sunt, ea Aristophanes grammaticus taxât. « (X, xiii,
659-)
P. 224, 1. 5. Dict Platon). Dans les Lois : « Gra;ci
omnes civitatem & eloquenti^e studiosam judicant
& verbosam. Laceda;monem vero atque Cretam,
alteram breviloquam, alteram intelligentiœ magis
quam verbis studentem. » (I, p. 741; éd. de 1546,
P- 753-)
P. 224, 1. 8. Zenon disoit). Cf. Stobée : «Zenon
è discipulis suis aliquos aiebat esse ç:'/S/.i'fzj;, id
est, variœ rerum cognitionis studiosos : alios verô
'/.zyzci'hzjç, id est, loquendi tantum studiosos. »
(xxxvi, 218.)
P. 224, 1. 22. Cette longueur). Cf. pour cette idée
du Bellay, Deffence et Illustration, I, x. Du Bellay
copie ici Sperone Speroni, Dialogo de la lingiia.
P. 224, 1. 27. Il me donna). Peut-être cette méthode
dont bénéficia Montaigne fut-elle en partie inspirée
par Quintilien qui, dans l'Institution oratoire, I, i,
recommande qu'on apprenne le grec comme sa langue
naturelle, et que tout enseignement dans l'enfance
soit donné sous la forme d'un jeu.
P. 225, 1. 24. Nicolas Groticchi). Nicolas Grouchy, de
Rouen (i 5 lo-i 572), professa au Collège de Guyenne
de 1 534 à 1 547; Montaigne dut l'avoir comme maître
de dialectique, et l'on peut se donner une idée de son
enseignement en lisant ses Prxceptiones dialecticcc.
LIVRE I, CHAPITRE XXVI.
8S
P. 225, 1. 25. Giiillaimie Gtiemite). Né à Rouen,
comme Grouchy et ami intime de Grouchy; il pro-
fessa au Collège de Guyenne de 1534 à i547- H ^
peut-être travaillé à la traduction de la Logique
d'Aristote que Grouchy publia chez Vascosan, car
daus cet ouvrage on trouve un avis au lecteur et une
pièce de vers qui sont de Guérente.
P. 225, 1. 26. Bncanan). Né en Ecosse en 1506,
professa au Collège de Guyenne de 1539 à 1542, par
conséquent les trois premières années que Montaigne
y passa. Quand il dut prendre la fuite à cause de
ses opinions religieuses, il se réfugia quelque temps
au château de Montaigne.
P. 225, 1. 27. Muret). Né en 1526, semble n'être
arrivé au Collège de Guyenne que vers l'époque où
Montaigne le quitta (1546). Peut-être fut-il «pré-
cepteur domestique » de Montaigne avant de professer
au Collège.
P. 226, 1.4. Ce Comte de Brissac).Tn\\o\io\\à<:(lossé,
comte de Brissac, né vers 1543, mourut tout près
de Montaigne, au siège de Mussidan (printemps
de 1569). D'après de Thou, c'est l'exaspération causée
par sa mort qui provoqua, après la prise de cette
ville, les violences relevées par Montaigne dans
l'essai I, vi. Brantôme parle souvent de ce personnage,
et avec grand éloge : « Feu M. le comte de Brissac
se fit en un rien plus grand capitaine que tant de
vieillardz qu'il avoit aux armées, seullement parce
qu'il ne fut jamais en repos tant qu'il y fut, ains à
toute heure et à tous momans et occasions ne faisoit
que rechercher la guerre, les combatz et les rencon-
tres et à toutes sortes d'hasardz; aussi se façonnant
ainsi en un rien tout de mesmes façonna tant ses
capitaines et ses soldatz que combien qu'ils y fussent
jeunes d'ans ilz estoient vieux et d'expériance et de
playes. » (Éd. Lalanne, t. VII, 31.) Brantôme déclare
que Buchanan fut précepteur de Brissac (t. V, 126).
P. 227, 1. 12. Au collège de Giiienne). Cf. l'Histoire
du Collège de Guyenne, par E. Gaullieur, Paris, 1874.
P. 227, 1. 18. Mon Latin s'abastardit). Comme le
latin était la seule langue autorisée au collège, aussi
bien au réfectoire et dans les récréations que dans
les classes, les écoliers parlaient entre eux un jargon
épouvantable. Cf. à ce sujet l'ouvrage que Mathurin
Cordier composa dans le dessein de corriger cet
abus, De cornipti sernionis emendatione (Paris, 1530;
Lyon, 1535, etc.); et ce que Gaullieur en dit dans
son Histoire du Collège de Guyenne, p. 129.
P. 228, 1. 2. Des Lancelots). De fait, dans l'œuvre
de Montaigne, on ne trouve point de traces de ces
romans; je relève seulement dans l'essai I, li, une
allusion aux Ainadis, qui d'ailleurs ne suppose pas
même une lecture directe. La jeunesse de Montaigne,
et plus spécialement le règne de Henri II, est une
époque de grand succès pour les romans, et spéciale-
ment pour les Amadis. Un volume des Ainadis en
espagnol figurait dans la « librairie » de Montaigne.
P. 228, 1. 3. A quoy l'enfance s'amuse). Sur le
succès des romans au wi" siècle, voir l'ouvrage de
Bourciez, les Mœurs polies et la littérature de cour sous
Henri H, liv. I,- ch. i et m; liv. III, ch. iv et v;
et aussi Plattard, V Œuvre de Rabelais, i (19 10).
Aux témoignages qu'on trouvera mentionnés dans
ces deux ouvrages on en peut joindre un fort impor-
tant de La Noue, Discours politiques (éd. de 1587,
P- I34-)
P. 229, 1. 22. Alter). «A peine avais-je atteint ma
douzième année. » (Virg., BiicoL, viii, 39.) Le texte
de Virgile que possédait Montaigne donne ce Tum
me jam ceperat annus » ; intentionnellement sans
doute il substitue « vix » à « jam ».
P. 230, 1. 1. Es tragédies latines). Sans doute le
Jules César que Muret composa à Auch, la Jephté et
le Baptiste de Buchanan. Buchanan avait en outre
traduit du grec Médée et Alceste. Quant à Guérente,
ses tragédies ne sont pas venues jusqu'à nous. Ce
n'est pas Gouvéa qui a introduit les représentations
théâtrales au Collège de Guyenne, elles sont anté-
rieures à son principalat. Cf. à ce sujet Gaullieur,
Hist. du Collège de Guyenne, p. 25e.
P. 230, 1. 3. Goi'canus). André Gouvéa, né en
Portugal en 1497, réorganisa en 1534 le Collège de
Guyenne dont il fut principal jusqu'en 1547; il
mourut en 1548 à l'Université de Coïmbre. Son
frère Antoine Gouvéa (1505-1555), qui défendit
Aristote contre Ramus et qui professa lui aussi au
Collège de Guyenne, est connu comme jurisconsulte.
P. 230, 1. II. Arisloni). «Il découvre son projet
86
ESSAIS DE MONTAIGNE.
à l'acteur tragique Ariston. C'était un homme dis-
tingué par sa naissance et par sa fortune; et sa pro-
fession ne lui ôtait rien de sa considération, car elle
n'a rien de honteux chez les Grecs. » (Tite-Live,
XXIV, XXIV.)
Chronologie : Cet essai est dédié à Madame Diane
de Foix, comtesse de Gurson. Montaigne s'adresse à elle
en ces termes : « Si j'avoy quelque suffisance en ce
suhject (de l'institution des enfants), je ne pourroy la
mieux employer que d'en faire un présent à ce petit
homme qui vous menasse de faire tantost une belle
sortie de ches vous. » (P. 191, 1. 29.) Nous avons
vu que Diane de Foix épousa Louis de Foix, comte
de Gurson, au mois de mars 1579. La phrase que
nous venons de citer ne peut donc être antérieure au
mois de juin ou au mois de juillet 1579; rien ne
prouve qu'elle n'est pas seulement des premiers mois
de 1580. C'est entre ces deux dates que se place la
composition de l'introduction où elle est insérée. J'ai
montré ailleurs (Lm sources et l'évolution des Essais,
t. I, p. 290) que, suivant toute vraisemblance, le
chapitre entier est de la même époque.
Chapitre XXMI.
CEST FOLIE DE RAPPORTER LE VRAY ET LE FAVX A NOSTRE SVFFISANCE.
P. 232, 1. 6. Ut necesse est). « Comme le poids
fait nécessairement pencher le plateau de la balance,
ainsi l'évidence entraîne l'esprit. » (Cicéron, Acad.,
II, 12.)
P. 233, 1. 3. Soiiiiiia). «Songes, terreurs magi-
ques, prodiges, sorcières, apparitions nocturnes et
autres merveilles de Thessalie... » (Horace, Epitres,
II, II, 208.)
P. 233, 1. 20. Jaiii ncmo). «Las et rassasiés que nous
sommes du spectacle des cieux, personne ne daigne
plus lever la tète vers ces temples de lumière. »
(Lucrèce, II, 1037.) Montaigne suit ici exactement
le texte de l'édition Lambin. Cf. p. 177.
P. 233, 1. 24. Si Hunc primnm... «Supposez que
maintenant pour la première fois elles se manifes-
tassent soudainement aux mortels et tout à coup se
présentassent à leurs yeux, rien ne pourrait nous
sembler digne de leur être comparé, et nous n'aurions
rien su imaginer de semblable avant de les avoir
vues. » (Lucrèce, II, 1032.) Montaigne adapte les
vers de Lucrèce, édition Lambin :
« Quic nunc si primum...
» Quis magis his rébus...?»
Cf. p. 177.
p. 234, 1. 5. Scilicct). «Un fleuve moyen paraît
très grand à qui n'en a pas vu de plus grand, il en
est de même d'un arbre, d'un homme, il en est de
même de toutes choses quand nous n'avons rien vu
de plus grand dans la même espèce. » (Lucrèce, M,
674.) Le texte de Montaigne est conforme à celui
de Lambin. Cf. p. 508.
P. 234, 1. 9. Consuetudinc). « L'habitude d'avoir
les objets sous les yeux familiarise nos esprits avec
eux; ils ne s'étonnent plus des choses qu'ils voient
sans cesse, et n'en recherchent pas les causes. » (Cicé-
ron, De natura deoniiii, II, xxxviii.)
P. 234. 1. 23. Comandee par Chilon). Ce mot est
attribué à divers sages, en particulier Diogène Laerce
l'attribue à Solon. C'est pourtant à Chilon qu'il est
le plus fréquemment attribué : cf. le même Diogène,
Vie de Thaïes, I, xli; Aristote, Rhétorique, II, xii;
Pline, Hist. nat., VII, xxxii.
P. 234, 1. 24. Que Je conte de Foix). Cf. Froissart,
III, XVII ; le fait date de 1385.
P. 234, 1. 27. Nos annales disent). Il s'agit des
Annales de Nicole Gilles, ouvrage que Montaigne
a annoté. On y lit, en effet : « Lon dit que le Pape
Honorius, qui lors présidoit, fut miraculeusement
adverty du trespas du dict Roy Philippe et le dict
jour qu'il trespassa, luy et ses cardinaux... feirent le
senàce de ses obsèques et funérailles à grand solen-
nité, et manda ledict Pape les faire dans toutes les
églises dudict pays d'Italie. » (Sous la date de 1223.)
P. 235, 1. 3. Si Plutarque). «Un autre pareil cas
advenu de nostre temps rend toutes telles nouvelles
croyables, car quand Antonius se rebella contre
l'Empereur Domitian, la ville de Rome en fut en
grand trouble, pource que lon y attendoit une
grosse guerre du costé de l'Allemagne : mais en cest
etfroy, il se leva soudainement de soymesme un
bruit de victoire parmi le peuple, et courut la nou-
velle par toute Rome qu'Antonius luy mesme avoit
esté tué, & son armée tellement desfaitte qu'il n'en
ESSAIS DE MONTAIGNE.
estoit du tout rien demouré. Si en fut le bruit si
grand que plusieurs des principaux de la ville y
adjouxterent foy, & en sacrifièrent aux Dieux, en
leur rendant grâces de la victoire : mais quand on
vint à enquérir qui en avoit esté le premier autheur,
il ne s'en trouva point, pource que l'un l'alloit tou-
jours rejettant à l'autre, tant qu'à la fin elle s'alloit
perdre en la multitude infinie du peuple, comme en
une mer vaste ou il n'y a ne fond ne rive, & n'y
trouva Ion jatr.ais commencement ny fondement
asseuré : parquoy le bruit s'en escoulla aussi tost
hors de Rome, comme incertainement il y estoit
entré : mais toutes fois s'estant Domitian mis en
chemin pour aller à ceste guerre, il rencontra lettres
& messagers qui lui apportoient nouvelles cenaines
de la victoire, & trouva Ion qu'elle avoit esté gaignée
le mesme jour que le bruit s'en estoit levé à Rome,
combien que les lieux soient distans l'un de l'autre
de plus de douze cents cinquante lieues. » (F/> de
Paiil-Émik, i° \~2 r°.)
P. 235, 1. 8. Et si Cœsar tient). Je n'ai pas trouvé
cène affirmation chez César; le texte que Coste
allègue ici {De bello civili, III, xxxvi) n'a pas ce
sens.
P. 235, 1. II. Que le jugement de Pline). Chez les
compilateurs et les auteurs de leçons, Pline, comme
il est naturel, jouit d'un grand crédit. On peut voir,
par exemple, le grand éloge que Messie fait de lui
dans ses Diverses leçcns, fin de la vingt-sixième leçon
du premier livre.
P. 235, 1. 18. Quand nous lisons , dans Bouchet). Dans
les Annales d'Aquitaine; d. éd. de Poitiers 1567,
f" 21-30.
P. 235, 1. 22. A Milan). Cf. saint Augustin, Cité
de Dieu, XXU, viii.
P. 235, 1. 23. Une femme, à Carthage). Id., ibid. :
« Admonetur in somnis ut in parte feminarum
observanti ad baptisterium, qucecumque illi baptisata
primitus occurrisset, eumdem locum signo Christi
signaret : fecit, et confestim sanitas secuta est. » (XII,
VIII.)
P. 235, 1. 25. Hcsperins). Id., ibid. Saint Augustin
attribue cette expulsion aux prières d'un prêtre qui
vint dire la messe dans la maison d'Hespérius, non
à la terre sainte. Toutefois l'erreur de Montaigne est
fort légère, car saint Augustin ajoute qu'Hespérius
conser\-a de la terre sainte dans sa chambre pour se
préser\'er lui-même du malin esprit.
P. 235, 1. 28. Une femme). Id., ibid. : « Ibi caeca
mulier, ut ad Episcopum portantem (reliquias mar-
tyris Stephani) duceretur, oravit : flores quos ferebat
dédit : recepit, oculis admovit, protinus vidit. »
P. 236, 1. 7. Oui, ut rationem). « Quand même
ils n'apporteraient aucune raison, ils me persuade-
raient par leur autorité seule. » (Cic, Tnsc, I, xxi.)
Chronologie : Une allusion très directe à Bouchet
indique qu'une partie au moins de cet essai est de
la première période (environ 1572). D'ailleurs rien
ne prouve qu'il soit entièrement de cette époque.
Un long paragraphe où l'on trouve des emprunts à
Froissart, à Nicole Gilles, à Plutarque, à César, pour-
rait fort bien avoir été ajouté après coup. Montaigne
V dit en effet : « Cœsar tient qu'il est souvent advenu
que la nouvelle a devancé l'accident. » Je n'ai pas
trouvé le passage de César auquel il est fait allusion.
Si cependant Montaigne a réellement pris ou cru
prendre chez César cette idée, il est possible que le
passage soit postérieur à la lecture de César, c'est-à-
dire à 1578, mais cette hypothèse est fort incertaine.
Chapitre XXVIII.
DE L AMITIE.
P. 238, TITRE. Pour juger de la sincérilé du sen-
timent que Montaigne exprime ici il e.st bon de relire
une phrase du Journal de voyage, écrite dix-sept ans
après la mort de son frère d'alliance, Estienne de
La Boétie : « Ce mesme matin escrivant à M. Ossat,
je tumbé en un pensement si pénible de M. de La
Boetie, et y fus si longtamps, sans me raviser, que
cela me fit grand mal. » (P. 32e.)
P. 238, 1. 9. Desinit in piscem). « C'est le corps
d'une belle femme avec une queue de poisson. »
(Horace, Art poétique, 46.)
P. 239, 1. II. Quelques iiieinoircs sur cet edict de
Janvier). Il s'agit de l'édit de janvier 1562, qui accor-
dait aux protestants l'exercice de leur religion. Les
Mémoires composés par La Boétie à son sujet n'ont
pas été retrouvés.
P. 239, 1. lé. Outre le livret). «La mesnagerie de
Xénophon. Les règles de mariage, de Plutarque.
Lettre de consolation de Plutarque à sa femme. Le
tout traduict de grec en françois par feu M. Estienne
de La Boétie, Conseiller du Roy en sa court de Par-
lement à Bordeaux. Ensemble quelques vers Latins
& François, de son invention. Item, un discours sur
la mort dudit Seigneur de La Boetie, par M. de
Montaigne. A Paris, de l'imprimerie de Fédéric
Morel, rue S. lan de Beauvais, au Franc Meurier,
M. D. LXXI (1571). » Voir la réédition des Œuvres
de La Boétie, par P. Bonnefon (1892).
P. 239, 1. 27. Et dict Aristote). Dans la Morale à
Nicomaque, VIII, i.
P. 240, 1. 14. // s'est trouvé des nations). Cf. les
mêmes faits dans l'essai I, xxiii, p. 145, 1. 13.
P. 240, 1. 19. Tesiiioi)!^ Aristippus). Cf. Diogène
Laerce. En 1580 Montaigne n'avait qu'une vague
réminiscence, il a précisé son souvenir dans les
éditions suivantes; en particulier c'est seulement
après 1588, à l'époque où il a étudié Diogène, qu'il
a inscrit le nom d'Aristippus. « Causante quodam
quod filium quasi non tx se natum projiceret, An
vero, inquit, ignoramus et pituitam et pediculos ex
nobis gigni? Tamen velut inutilia quam longissime
projicimus. » (II, lxxxi, éd. 1556, p. 145.)
P. 240, 1. 22. Et cet autre, que Plutarque). Cf. De
l 'amitié fraternelle, iv.
P. 241, 1. 21. Et ipse iiotus). «Connu moi-même
pour mon affection paternelle envers mes frères. »
(Horace, Odes, II, 11, 6.)
P. 241, 1. 26. Nequeeniniest dea). «Car je ne suis pas
inconnu à la déesse qui mêle une douce amertume
aux soucis de l'amour. » (Catulle, Epif;r., Lxvi, 17.)
P. 242, 1.7. Corne segue la lèpre). « Tel le chasseur
poursuit le lièvre par le froid, par le chaud, dans la
montagne et dans la vallée; i! le dédaigne quand il
l'a pris, et ne le désire que tant qu'il tuit. » (Arioste,
Roland furieux, x, stance 7.)
P. 242, 1. 18. De luy). De La Boétie.
P. 243, 1. 14. Ouis est enini). «Qu'est-ce en effet
que cet amour d'amitié? D'où vient qu'il ne s'attache
ni à un jeune homme laid, ni à un beau vieillard?»
(Cicéron, Tusc, IV, xxxiii.) Le texte que Montaigne
suit ici est conforme exactement à l'édition de
Paris 1538.
P. 243, 1. 15. La peinture uiesines). Cf. le Banquet,
discours de Pausanias, passim.
90
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 244, 1. 16. Et ta lisent grandement le poète Azs-
chiliis). Cf. Platon, Banquet : «jEschilus plane délirât,
cùm Patroclum ab Achille dicit amatum, qui non
Patroclo tantùm, verumetiam cunctis heroibus forma
prœstabat, eràtque adhuc imberbis, multôque natu
minor, ut inquit Homerus. » (Ed. de 1546, p. 420.)
P. 244, 1. 20. Ils disent qu'il en provenait). Id., ibid. :
« Nam inter barbares quidem propter t^-rannides turpe
istud habetur, & sapientice prœterea atque g}-mnasticœ
studium. Xeque enim tyrannis conducunt ea studia
quœ subditorum mentes acutas generosasque reddunt,
quœve amicitias inter eos indissolubiles, societatesque
fréquentes pariunt : quœ cûm ab aliis, tum vel
maxime ab amore gigni consueverunt. Hoc autem
ex re ipsa tv'ranni nostri didicerunt. Xam Aristogi-
tonis amor & Harmodii amicitia confirmata, illorum
tj'rannidem dissipavit. Atque ita ubicunque Amoris
indulgentia funditus sublata est, pravitate illorum
qui leges condiderunt, est vetita, principium quidem
avaritia, augendique imperii studio subditorum igna-
via. » (Ed. de 1546, p. 421.)
P. 245, 1. I. Ainorem conatum esse). «L'amour est
le désir d'obtenir l'amitié d'une personne qui nous
attire par sa beauté. » (Cicéron, Tusc, IV, xxxiv.)
P. 245, 1. 3. Omnino amicitix). «L'amitié n'est
vraiment entière que dans la maturité de l'esprit et
de l'âge. » (Cicéron, De amicitia, xx.)
P. 245, 1. 8. En l'amitié dequov je parle.) Sur la
conception de l'amitié que Montaigne expose ici je
crois que le De amicitia a exercé une influence pré-
pondérante. On y lit, en effet : « Homo et se ipse
diligit et alterum anquirit, cujus animum ita cum
suo misceat ut effîciat pœne unum ex duobus. »
(xxi.) « Cum amicitiie vis sit in eo ut unus quasi
animus fiât ex duobus. » (/</., xxv.) Et dans le
De officiis Cicéron dit encore : « Efiîciturque id quod
Pytliagoras vult in amicitia ut unus fiât ex pluribus.»
Peut-être aussi sur ce point Montaigne a-t-il subi
l'action des platoniciens du xvi' siècle qui parlent avec
enthousiasme de l'amour platonique et de l'amitié.
Voici, par exemple, comment s'exprime Leone
Hcbreo à ce sujet : « Le philosophe dit que le vray
Amy est un autre soy-mesme, pour dénoter que,
qui est en la vraye amitié a double vie, constituée
en deux personnes ; c'est assavoir en la sienne, & en
celle de l'Am)- : tellement que son amy est un autre
soy-mesme : & chacun d'eux embrasse en soy deux
vies ensemble : dont la sienne propre est l'une & celle
de l'amy l'autre : & par un amour esgal, ayme toutes
les deux personnes : et pareillement conser\-e toutes
les deux vies. Et, pour ceste cause, la sainte-Escri-
ture commande l'honneste Amitié, disant : tu aimeras
ton prochain, comme toi mesme : voulant que l'a-
mitié soit de sorte que les amis se fassent unis
esgalement, & qu'un mesme amour soit en l'esprit
de chacun de ces amis. Et la cause de telle union,
& assemblement, est la réciproque ^'ertu, ou sapience
de tous les deux amis; laquelle, par la spiritualité
& aliénation de matières, & par l'astraction des
conditions corporelles, oste la diversité des personnes,
jusques à ne leur laisser de divers que l'individuation
corporelle : & engendre ez amis une propre Essence
de pensée, conser\-ee par un sçavoir & par un amour
& volonté commune à tous deux, autant séparée de
différence et de diversité, comme si vrayment le
subject de l'amour estoit une seule ame, & essence,
conser\-ee en deux personnes, & non multipliée en
icelles. Et, pour conclusion je dy que l'amitié hon-
neste, fait d'une personne deux : & de deux, une. »
(Traduction française de 1555, p. 65.) Et Bembo dit
dans les Asolani : « Alcuni (degli amanti) dall' amo-
rose fiamme piu riscaldati, ogni disvolere levando
de' loro amori, niuna cosa si niegano giammai, ma
quello che vuole l'uno vuole l'altro subitamente con
quello medesimo affetto, che esso facea; e in questa
guisa due anime governando con un solo filo ad
ogni possibile diletto fortunosamente si fanno via. »
Toutefois je n'ai retrouvé nulle part la forme très
originale par laquelle Montaigne exprime cette même
idée : « Elles se meslent et confondent l'une en
l'autre, d'un meslange si universel, qu'elles efl^acent
& ne retrouvent plus la cousture qui les a jointes. »
P. 245, 1. 22. B escrivit une Satyre Latine). (Publiée
par Montaigne lui-même en 1571 dans le recueil
dont le titre a été donné ci-dessus, p. 239, 1. 16.)
P. 245, 1. 26. De quelqu' ainiee). La Boétie est né
en 1530, Montaigne en 1533.
P. 24e, 1. II. Quand Lvlius). Cf. Plutarque, Fie
LIVRE I, CHAPITRE XXVIII.
91
■de Tiberiiis; cf. aussi Valère Maxime, IV, vu, i. Mais
la source principale de Montaigne est le De amicitia,
de Cicéron, chap. xi, où Lélius s'exprime ainsi :
«AtC. BlossiusCumanus... quum ad me, qui aderam
Lœnati et Rupilio consulibus in consilio, deprecatum
venisset, banc, ut sihi ignoscerem, causam afferebat,
quod tanti Tib. Graccbum fecisset ut, quidquid ille
vellet, sibi faciendum putaret. Tum ego : Etiamne,
inquam, si te in Capitolium faces ferre vellet? —
Nunquam, inquit, voluisset id quidem. — Sed, si
voluisset? — Paruissem. » Il faut noter d'ailleurs
•que le commentaire de Montaigne est très diiférent
de celui de Cicéron.
P. 247, 1. 4. Est il du tout impossible). C'est l'opi-
nion que Cicéron exprime très nettement dans le
De cimicitia, xi et passim.
P. 247, 1. 27. Disait Chilon). C'est en général à
Bias que ce mot est attribué : cf. Diogène Laerce,
I, Lxxxvii; Aristote, Rhétorique, II, xiii; Cicéron, De
amicitia, xvi. Aulu-Gelle cependant le donne à Cbilon
(I, m). En cet endroit Aulu-Gelle traite la question de
savoir si l'on doit faire le mal pour plaire à un ami, et
il critique comme superficiel le morceau de Cicéron
où est rapporté l'exemple de Blossius, et dont Mon-
taigne s'était inspiré.
P. 248, 1. 4. O mes amis). Cf. Diogène Laerce,
Vie d' Aristote : « O amici, amicus nemo. » (V, xxi,
303-)
P. 248, 1. 8. L' amitié que je me porte). Rapprocher
Cicéron, De amicitia : « Ipse se quisque diligit, non
ut aliquam a se ipse mercedem exigat caritatis suœ,
sed quod per se sibi quisque carus est. Quod nisi
idem in amicitiam transferatur, verus amicus nun-
quam reperietur : est enim is quidem tanquam aller
idem. » (xxi.)
P. 248, 1. 17. Selon la trespropre définition d' Aristote).
Cf. Diogène Laerce, Vie d' Aristote : « Rogatus quid
sit amicus, Una, inquit, anima in duobus corporibus
habitans. » (V, xx, 303.)
P. 248, 1. 28. Quand le philosofe Diogenes). Cf.
Diogène Laerce, Vie de Diogène : Cùm pecuniis egeret,
eas se ab amicis repetere, non petere, dicebat. » (VI,
XLVI, 371.)
P. 249, 1. 4. Eudamidas). Cf. Lucien, Toxaris, xxii.
P. 250, 1. 19. La responce de ce ieiine soldat). Cf.
Xénophon, Cyropédie (VIII, m, 270).
P. 251, 1. 12. Mihi sic usas est.) « Pour moi, c'est
ainsi que j'en use; vous, faites comme vous l'enten-
drez. » (Térence, Heautontimoroumenos, act. I, se. i,
vers 28.) Les éditions de Bâle, 1538, Paris, 1541, et
toutes celles que j'ai consultées portent « est usus »
au lieu de «usus est».
P. 251, 1. 16. Tout ainsi que cil). Cf. Plutarque,
Vie d'Agésilas : «Il aimoit fort tendrement ses petits
enfans, de sorte qu'il jouoit avec eulx parm}' la
maison, se mettant une canne entre les jambes
comme un cheval : et comme quelqu'un de ses amis
l'eust veu et trouvé en cet estât, il le pria de n'en
dire jamais rien à personne jusques à ce que luv-
mesme eust des enfans aussi. » (ix, f" 212 v°.)
P. 252, 1. 5. Nil ego contulerim). «Tant que j'aurai
mon bon sens, il n'est rien que je puisse comparer
à un tendre ami. » (Horace, Sat., I, v, 44.)
P. 252, 1. 6. L'ancien Menander). Cf Plutarque,
De l'amitié fraternelle :
« &: n'est pas celuv fier
» Pensant avoir trouvé du bien sans nombre
» Qui d'un amv a peu recouvrer l'ombre. »
(F° 82 r^)
P. 252, 1. 17. Ouem semper accrhum). «Jour que
je ne cesserai jamais de pleurer et d'honorer, puis-
que telle a été votre volonté, ô Dieux ! » (Virgile,
En., 49.)
P. 252, 1. 23. Necfas esse). «Et j'ai décidé que je
ne devais plus prendre aucun plaisir, maintenant que
je n'ai plus celui qui partageait ma vie. » (Térence,
Heauton., act. I, se. i, vers 97.) Montaigne a adapté
à son usage personnel le texte de Térence que voici :
« Nec fas esse, uUa me voluptate hic frui,
» Nisi ubi ille hue salvus redierit meus particeps. »
P. 253, 1. 3. Illam mtœ). «Puisqu'un sort cruel
m'a ravi trop tôt cette douce moitié de mon âme,
qu'ai-je à faire de l'autre moitié, séparée de celle qui
m'était plus chère? Le même jour nous a perdus
tous deux. » (Horace, Odes, II, xvii, 5.)
P. 253, 1. 12. Ouis desiderio). « Puis-je rougir ou
92
ESSAIS DE MONTAIGNE.
cesser de pleurer une tcte si chère ? » (Horace, Odes,
I, XXIV, I.)
P. 253, 1. 14. 0 misera). «O mon frère! que je
suis malheureux de t avoir perdu! Avec toi ont péri
d'un coup toutes nos joies et ce charme que ta douce
amitié répandait sur la vie. En mourant, frère, tu as
brisé tout mon bonheur, mon âme est descendue au
tombeau avec la tienne; depuis que tu n'es plus, j'ai
dit adieu à l'étude et à tous les plaisirs de l'esprit.
Ne pourrai-je donc plus te parler ni t'entendre?
Jamais donc plus je ne te verrai, ô frère qui m'étais
plus cher que la vie? Ah! du moins, je t'aimerai
toujours! » (Catulle, lxviii, 20, et lxv, 9.) Pour les
trois derniers vers Montaigne a modifié l'ordre des
vers et, au cinquième a substitué le mot «anima»
à « domus ».
P. 253, 1. 25. Mis en lumière). Un fragment de
la Servitude ivloiitaire avait paru dans le Rcvcille-matin
des François (1574), et elle avait été publiée en entier
dans les Mémoires de l' Estât de France sous Charles IX
(1576). Dans ces deux recueils \^ Servitude volontaire
était jointe à des pamphlets protestants contre la
monarchie des ^'alois, qui lui donnaient un sens
séditieux. Sur la signification véritable du Contr'un
on peut voir les articles de M. Armaingaud et les
différentes réponses qui y ont été faites : Montaigne
pamphlétaire; l'Enigme du Contr'un (Hachette 1910).
P. 254, 1. 9. Estre na\ à Venise). Voir à ce sujet
dans la Senntude volontaire la longue comparaison
que La Boétie institue entre le gouvernement de
\'enise et celui des Turcs {Œuvres de La Boétie, éd.
Bonnefon, p. 24).
Chronologie : La première partie de l'essai, celle
où Montaigne annonce la publication du Contr'un
de I-a Boétie, doit ne pas être postérieure à 1576,
date à laquelle le Contr'un parut dans les Mémoires
de l'Estat de France. La .seconde partie, celle où il
déclare qu'il a renoncé à son projet parce que le
discours de son ami a été publié « à mauvaise fin »,
ne peut pas être antérieure à cette même année 1576.
C'est en effet l'apparition des Mémoires de l'Estat de
France sous Charles IX qui dut amener ce revirement
dans les intentions de Montaigne, parce que dans
cet ouvrage le morceau de La Boétie était inséré au
milieu de libelles séditieux et était assimilé à ces
libelles. Il est vrai que deux ans auparavant, en 1574,
les protestants avaient déjà mêlé un fragment du
Contr'un à un de leurs pamphlets les plus violents,
le Réveille-matin des François; toutefois le fragment
qui en avait paru à cette occasion était fort court;
il est probable que cette publication n'aurait pas suffi
à détourner Montaigne de son projet. C'est donc
bien, suivant toute vraisemblance, la première édi-
tion des Mémoires de l'Estat de France qui détermina
ce changement. On a supposé, sur la foi de L'Es-
toile,' que cette première édition avait paru en
octobre 1574. Mais les indications chronologiques
de L'Estoile sont parfois erronées; aucune trace ne
semble subsister d'une édition de 1574; enfin j'ai
actuellement entre les mains deux éditions, l'une
de 1576, l'autre de 1578 : or l'édition de 1578 porte
au titre la mention « deuxième édition » . Nous pou-
vons donc conclure que la première édition est celle
de 1576, et que l'année 1576 est bien la limite qui
sépare les deux parties de l'essai De l'amitié. On
a proposé une date plus précise pour la première
partie de cet essai. Montaigne y fait allusion à un
peintre qui travaille chez lui : « Considérant la
conduicte de la besoingne d'un peintre que j'ay, il
m'a pris envie de l'ensuivre. » M. Bonnefon estime
que la phrase a été écrite à une époque où Mon-
taigne a fait peindre sa bibliothèque. D'autre part,
il pense pouvoir déterminer cette époque par la
tameuse inscription qui nous apprend la résolution
de Montaigne de vivre dans la retraite. Elle était
peinte sur la muraille de sa bibliothèque, et elle por-
tait la date du i" mars 1571 : c'est, pense M. Bonne-
fon, que le peintre auquel Montaigne fait allusion
ici a exécuté son travail au début de l'année 1571
et, par conséquent, que le chapitre De l'amitié date
du début de 1571. Mais cette argumentation ne
me semble aucunement probante. Rien ne prouve
qu'au moment où Montaigne écrivait .son peintre fût
occupé dans sa « librairie » plutôt que dans toute
' Cl'. r.inicle Je M. P. Bouiiefon dans h Revut [vUlitjue et parle-
inlaire (janvier 1907).
LIVRE I, CHAPITRE XXVIII.
93
autre partie de son château. Même si cette démons-
tration était faite, la date nous resterait inconnue :
l'inscription de Montaigne pouvait très bien exister
antérieurement; le peintre aurait évité de la recouvrir,
ou mieux encore il l'aurait refaite à neuf. La date
de 1571 ne me semble donc pas probable. Si, pour
la première partie du traité De l'aiiiilic, on voulait
hasarder une hypothèse, on pourrait rappeler qu'il
s'y rencontre deux allusions à un opuscule de Plu-
tarque. Peut-être Montaigne a pris ces allusions dans
la traduction d'Amyot; auquel cas elles ne seraient
pas antérieures à la fin de 1572. Mais c'est là une
indication tout à fait incertaine.
Chapitre XXIX.
VIXGT ET XEVF SONNETS D ESTIENNE DE LA BOETIE.
P. 2)5, TITRE. Madame de Graininoiil). Diane,
vicomtesse de Louvigni, dite la belle Corisande
d'Andouins, mariée en 1567 à Philibert, comte de
Grammont et de Guiche, qui mourut au siège de
La Fère en 1580. Montaigne a noté cette mort dans
ses Éphémérides sous la date du 6 août 1580, et il y
déclare que M. de Grammont lui «estoit fort amy».
Dans l'essai III, iv, il nous apprend en outre qu'il est
allé lui-même conduire à Soissons le cœur de M. de
Grammont.
P. 255, 1. 14. Pieç'a j'en ay faict imprimer). Allu-
sion aux vers frartçais de La Boétie publiés par
Montaigne chez Fédéric Morel en 1572 et dédiés par
lui au comte de Foix. Voir ci-dessus, p. 239, 1. 16.
Chronologie : A la fin du chapitre précédent
Montaigne a écrit : « En cschange de cet ouvrage
sérieux (c'est du Contr'nn qu'il s'agit) j'en substi-
tueray un autre, produit en céte mesme saison de
son aage... ce sont vint et neuf sonnets que le sieur
de Poiferré... a retrouvé par fortune ches luy. »
Montaigne avait donc renoncé au projet de publier
le Contr'un quand il a inséré ces vingt-neuf sonnets,
et probablement même quand il les a reçus de M. de
Poiferré. Il est donc vraisemblable qu'il les a insérés
dans les Essais au plus tôt en 1576. De plus, quand
il parle des vers de La Boétie édités en 1572, il dit
qu'ils ont été imprimés « piéç'a » : i! n'est pas témé-
raire de penser que cette phrase est de quelques
années postérieure à 1572. Pourtant nous ne pouvons
pas avoir sur ce point une absolue certitude. Le mot
« piéç'a » a pu être inséré au moment de l'impression
et la dernière phrase du chapitre xxviii a pu être
modifiée en 1576 : peut-être elle existait auparavant
sous une forme différente, et annonçait la publication
des vingt-neuf sonnets à la suite du Contr'mi, non
pas à sa place.
Chapitre XXX.
DE LA MODERATION.
P. 257, 1. 7. Insani sapiens). «Le sage mérite le nom
d'insensé, le juste celui d'injuste, s'ils outrepassent
les bornes de la vertu. » (Horace, Epîtres, I, vi, 15.)
P. 257, 1. II. Ne soye:^ pas plus sages). Cf. saint
Paul aux Romains : « Ne plus sapite quam oporteat,
sed sapite ad sobrietatem. » (xii, 3.) Cette sentence
figurait sur les travées de la bibliothèque de Montaigne.
P. 257, 1. 13. J'a\ veu tel grand). On a supposé
que Montaigne fait ici allusion à Henri III, mais la
chose est tout à fait incertaine. Voici comment Coste
s'explique à ce sujet : « Il y a apparence, dit le tra-
ducteur anglais, que Montaigne veut parler ici de
Henri III, roi de France. » Je crois qu'il a raison. Le
bon cardinal d'Ossat écrivant à la reine Louise, veuve
de Henri III, lui dit franchement à sa manière « que
ce Prince avoir vécu une vie autant ou plus religieuse
que royale ». (Lettre xxiii.) Et un jour Sixte V, par-
lant de ce Prince au cardinal de Joyeuse, Protecteur
des affaires de France, lui dit plaisamment : « Il n'y
a rien que votre Roi n'ait fait, & ne fasse pour être
moine, ni que je n'aye fait moy pour ne l'être point. »
Tiré d'une note d'Amelot de la Houssaye sur les
paroles du cardinal d'Ossat qu'on vient de voir, p. 74,
tome I, des Lettres du Cardinal d'Ossat, publiées à
Paris, 1697, et p. 164 de l'éd. d'Amsterdam 1708,
enrichie de nouvelles notes d'Amelot de la Houssaye,
qui ne sont point dans l'éd. de Paris 1697.
P. 258, 1. 3. Ny la mère de Patisanias). Cf. Dio-
dore de Sicile, xi, 45 ; le scholiaste de Thucydide,
I, 134; Cornélius Népos, Pausanias, v; Stobée,
serm. 38; Tzetzès, Chiiiad., xii, 477; etc. Voici le
texte de Diodore de Sicile que Montaigne a lu après
1588 : « Lon dit que sa mère propre vint elle mesme
au temple, là où elle... posa sur le seuil de la porte du
temple une pièce de bricque qu'elle avoit apportée. »
(XI, X, f° 20 V.)
P. 258, 1. 4. Ny le dictatur Posthumius). Cf. Dio-
dore de Sicile, XII, xix, f° 62 r°; Valère Maxime,
II, VII, 6. Tite-Live, W, xxix, et VIII, vu, conteste
ce fait.
P. 258, 1. 10. Callicki, eu Platon). Cf. Platon,
Gùrgias : « Nam philosophia quidem, ô Socrates,
gratiosa res est, & venusta .• si quis illam moderatè
in adolescentiaque attingat. Sin autem supra modum
tempus in ea contriverit, hominum est corruptela.
Quamlibet enim quis bono à natura sit ingenio prœ-
ditus, tamen si diutius per œtatem jam provectam
philosophetur, necessario omnium rerum imperitus
evadet, quarum omnino clarum, bonum, excellentem
virum habere peritiam oportet, nam & legum civi-
lium, & verborum quibus in consuetudine cœtuque
hominum tam publiée quàm privatim uti decet,
voluptatum prœterea cupiditatumque humanarum,
(Se, ut breviter comprehendam, morum prorsus fiunt
ignari. Quocirca quoties ad aliquam rem gerendam,
vel publicam vel privatam sese conférant, habentur
ridiculi, quemadmodum & civiles viri, si in vestras
exercitationes disputationesque descendant... Jam
vero quomodo id ad sapientiam spectat, ô Socrates :
si qua ars ingenuœ mentis nacta virum reddit dete-
riorem : adeô ut nec ipse sibi opem ferre valeat,
nec ex gravissimis periculis se, aut alium quenquam
servare, sed inimicorum raptorumque exponat injuriis
inglorium in civitate degentem? Jam vero ejusmodi
virum etsi dictu sit agrestius, licet super genam
impune pulsare. » (Éd. de 1546, pp. 353 et 354.)
96
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 258, 1. 21. Cheisainct Thomas). Dans la Secnnda
Secundz, quaest. 154, art. 9.
P. 259, 1. 16. Je ne m'y suis servi). Le docteur
Payen a lu en cet endroit, dans un exemplaire des
Essais qui a appartenu à Florimont de Rémond, la
note suivante : « J'ai ouï dire souvent à l'auteur
qu'encore que plein d'amour, d'ardeur et de jeunesse,
il eust espousé la femme très belle et bien aimable,
si est-ce qu'il ne s'estoit jamais joué avec elle qu'avec
le respect et l'honneur que la couche maritale requiert,
sans avoir onques veu à descouvert que la main et
le visage, non pas mesmes son sein, quoique parmi
les autres femmes, il fût extrêmement folastre et
desbauché. Je renvoie la vérité de ce que j'en dis sur
la conscience. »
P. 259, I. 24. C'est lin homicide). Cf. Platon, Lois :
« Abstinendum... a maribus jubeo... Nam qui istis
utuntur, genus hominum dedita opéra interticiunt. »
(Vin, p. 838; éd. de 1546, p. 845.)
P. 260, 1. ï. La Mahiimetane). Cf. Guillaume Pos-
tel, Histoire des Tiirhes : « Il est défendu... de toucher
à femme qui est grosse, depuis qu'on s'en aperçoit,
jusques à tant qu'elle soit délivrée. » (Ed. de 1375,
p. 90.) « Quand sa femme est grosse, le mary selon la
loy en est privé jusqu'à la délivrance.» (Ed. de 1575,
p. 120.) Le texte de 1588, qui ne fait point mention
des Mahométans, s'explique par une phrase de Lopez
de Gomara dans YHistoirc générale des Indes : « Ils
(les Indiens de Darien) s'en abstiennent quand elles
ont leurs mois et quand elles sont grosses. '> (III,
xviii, f° 233 r°.)
P. 260, 1. 5. Zenohia). Cf. Trebellius PoUio :
« Zenobia ea castitatis fuisse dicitur, ut ne virum
suum quidem sciret nisi tentatis conceptionibus.
Nam quum semel concubuisset, exspectatis menstruis
continebat se, si prsgnans esset : sin minus, iterùm
potcstatem qua;rendis liheris dabat. » (xxx.) Il faut
ajouter que, chez les compilateurs et les moralistes du
XVI' siècle, Zénobie est sans cesse mentionnée et louée
pour sa chasteté : Cf. Fulgose, IV, m; Sahellicus, V;
Ravisius dans son Officina, ï° 124 v°; Droit de Gaillard
dans sa Méthode de l'Histoire, xxiii. Droit de Gaillard
me paraît avoir puisé le fait dans les Epîtres dorées
de Guevara, où je l'ai rencontré également.
P. 260, 1. 7. C'est de quelque poëte). Cf. Homère.
Iliade, XIV, 294.
P. 260, 1. 7. Que Platon emprunta). Cf. République:
« Sive cum dicitur, Jovem caeteris tum diis, tum
hominibus dormientibus omnium qux vigilando
tractaverat coitus cupiditate oblitum, & usqueadeo
libidine & amore Junonis perculsum esse ut nec
cubile ipsum ascendere sustinuerit, sed ibidem humi
congredi statim voluerit, dicens vehementiori se cupi-
dine inflammari quam olim cum primum clam paren-
tihus invicem congressi fuerunt. » (III, p. 390;
éd. de 1546, p. 559.)
P. 260, 1. 14. Les Roys de Perse). Cf. Plutarque,
Préceptes de mariage : « Les Roys de Perse quand ils
souppent ou mangent à leur ordinaire ont leurs
femmes espoiises assises auprès d'eulx à la table; mais
quand ils veulent jouer et boire d'autant jusques à
s'enivrer, ils renvoyent leurs femmes en leurs cham-
bres, et font venir leurs concubines et leurs chante-
resses et baladines. Ils font bien en cela, qu'ils ne
veulent point que leurs femmes légitimes voient ne
participent en rien de leurs yvrongncries et de leurs
dissolutions. » (Traduction Amyot, xiv, f" 146 v".)
Voici la traduction de La Boétie : « Les femmes esponses
des Rovs de Perse se sient à table au dîner, et pren-
nent avec eux leurs repas; mais lorsqu'ils veulent
folâtrer et boire d'autant, ils les en envoyent, et font
venir les chanteresses et femmes dissolues. Et certes
c'est bien fait à eux, dequoy ils ne font part à leurs
femmes de la dissolution de î'yirongnerie. » {Œinres
complètes d'Estienne de La Boétie, publiées par Paul
Bonnefon, Règles de mariage, p. 167.)
P. 260, 1. 21. Epaminondas). Cf. Plutarque, Instruc-
tion pour ceux qui manient les affaires d'est at : «Comme
feit Epaminondas mieulx que tous les hommes du
monde, quand il refu.sa à Pelopidas de mettre hors
de prison un tavernier, et peu d'heures après, à la
requeste d'une sienne amie, il le laissa aller, en luy
disant, .seigneur Pelopidas ce sont de telles grâces
et faveurs qu'il faut concéder à des concubines, et
non pas à de grands capitaines. » (ix, f° 167 v".)
P. 260, 1. 24. Sophocles). Cf. Cicéron, De officiis :
« Bene Pericles, cum haberet collegam in prastura
Sophoclem iique de communi officio convcnissent,
LIVRE I, CHAPITRE XXX.
97
et casu formosus puer prsteriret, duxissetque
Sophocles, « O puerum pulchrum, Pericle ! — At enim
prsetorem, Sophocle, decet non solum manus sed
etiam oculos abstinentes habere. » (I, xl.)
P. 261, 1. I. ^lins Férus). Cf. Spartien, Vents, v :
Le fait est rapporté chez certains compilateurs du xvi=
siècle, en particulier chez Volaterran (éd. de 1552,
p. 689) ; dans Y Horlogedes Princes de Guevara, au début.
P. 261, 1. 5. Nos antiens aulheurs ecclésiastiques).
Cf. Eusèbe, Histoire ecclésiastique , IV, et Nicéphore
Calliste, Histoire ecclésiastique.
P. 261, 1. II. Entier & pur). Rapprocher l'essai II,
XX, Nous ne goustons rien de pur.
P. 261, 1. 14. Fortunœ miseras). «Nous avons
employé notre art à augmenter la misère de notre
sort. » (Properce, III, vu, 32.)
P. 262, 1. 2. Comme a un Gallio). (Junius Gallio
est un sénateur romain qui fut exilé pour avoir
déplu à Tibère.) Cf. Tacite, Annales : « Quia incusa-
batur facile toleraturus exsilium, dilecta Lesbo, insula
nobili et amœna, retrahitur in Urbem, custoditurque
domibus magistratuum. » (VI, m.)
P. 262, 1. 18. Gratifier au Ciel). Voir le dévelop-
pement de cette idée, t. II, p. 254.
P. 262, 1. 20. Amurat). Cf. Chalcondyle : «Amu-
rat achepta de ses deniers jusques au nombre de
six cens, des plus beaux jeunes hommes qui se peu-
rent recouvrer parmy tous les prisonniers Grecs,
dont il fit un solennel sacrifice à lame de feu son
père; comme si l'effusion du sang de tant de pauvres
misérables, luy deust servir de propitiation pour ses
péchez. » (VII, iv, 457.)
P. 263, 1. 2. Ces pauvres gens sacrifiahles). Cf Lopez
de Gomara, Histoire générale des Indes : « Plusieurs
d'iceux allans à la mort joyeusement, vont au lieu
de leur sacrifice dansans, & demandant l'aumosne par
les rues pour leur sacrifice : & ce qu'ils obtenoient
estoit pour des prestres. » (II, vu, f° 180.)
P. 263, 1. 5. Les ambassadeurs du Roy de Mexico).
Cf. Lopez de Gomara, Istoria di Don Fernando
Cartes... «Olintlec rispose che Moteczuma era signore
del mondo, che haveva trenta vassali ciascuno con
cento milla huomini di guerra, che sacrificavano
vinti milla persone ogn' anno, che era in la piu bella
e fortissima città di tutto il mondo, che la casa e
corte sua era grandissima, nohile, e generosa, la sua
richezza incredibile, ed il pasto suo eccesivo, e per
certo che lui disse il vero in tutto eccetto che si
allargo un poco in quel del sacrificio, ancor che in
verità era grandissima beccaria di huomini la sua,
sacrificandogli in ogni tempio, & alcuni spagnuoli
dicono, che era tal anno che sacrificava cinquanta
milla. » (F° 66 V.)
P. 263, 1. II. Devray, ils disent). Id., ihid. : «Le
ragioni erano perche li gioveni Mexicani, et di Cul-
hua essercitassero le loro persone ivi appresso nella
guerra, senza andare lontano à Panuco, et Tecoan-
tepec, che erano frontière molto lontano ed ancora
per tenere sempre ivi gente che sacrificare alli lor
dei, pigliata in guerra, e cosi per fare festa è sacri-
ficio. » (F° 85 r°.)
P. 263, 1. 14. Ailleurs, en certain bourg). Id., ibid :
« Olintlec ricevette Certes molto bene, &: allegio e
provedette a tutta la gente copiosamente, perche cosi
haveva commandamento di Moteczuma che lo hono-
rasse, seconde che poi lo disse lui medesimo,
& commandamento a favore, sacrificio cinquanta
huomini per allegrezza, il quale sangue viddero
fresco & netto. » (F° 66 r".)
P. 26^, 1. 16. Aucuns de ces peuples). Id., ibid. :
« L'altro giorno mandorno subito quelli signori
& capitani tre sorti di cose in présente a Cortes, e
quelli che le portarono gli dicevano : signore vedete
qui cinque schiavi, se sete Dio bravo che mangiate
carne & sangue, mangiatevi questi & ve ne portaremo
più, se sete Dio buono vedete qua incenso & penne,
se sete huomo, pigliate delli uccelli, pane & cerase. »
(P 73 v^)
Chroxologie : Nous n'avons aucune Indication un
peu précise sur la date de composition de cet essai.
L'emprunt fait par Montaigne aux Préceptes de mariage
de Plutarque a pu être pris par lui aussi bien dans
la traduction de La Boétie que dans celle d'Amyot.
Donc nous ne pouvons même pas affirmer que le
chapitre est postérieur à la fin de 1 572, date à laquelle
Montaigne a pu recevoir les Œuvres morales traduites
par Amyot.
Chapitre XXXI.
DES CAXXIBALES.
P. 264, TITRE. Des Cannibales). On a beaucoup
écrit sur les cannibales au xvi' siècle. Il est intéres-
sant de contrôler les allégations de Montaigne par
celles de ses contemporains. Outre les grandes cos-
mographies de Thevet, de Belleforest et de Munster
(on sait que cette dernière figurait dans la « librairie »
de Montaigne) et les grandes histoires des Indes comme
celle de Lopez de Gomara, il est tout particulièrement
instructif de lire les récits faits par les compagnons
de \'illegagnon : André Thevet, Les Singiilariîe:^ de la
Fiance antarctique (1563); la relation de Jean de
Léry parue à La Rachelle en 1578 pour la première
fois : Histoire d'un voyage fait en la terre de Brésil
autrement dit Amérique. Autour de Villegagnon des
compétitions éclatèrent entre protestants et catho-
liques. Aussi sur les questions religieuses Thevet est
suspect de favoriser les catholiques, Lérj' de favoriser
les protestants; mais tous deux parlent de choses
qu'ils ont vues. Cf. encore une lettre de Pasquier à
M. de Querquisineiii {Correspondance, III). L'ouvrage
d'Osorio, De reluis régis Eminanuelis, que Montaigne
possédait dans sa bibliothèque, et qui traite surtout
des expéditions dans les Indes orientales, parle lon-
guement du Brésil au début du second livre.
P. 264, 1. I. Quand le Roy Pyrrhus). Cf. Plutarque,
Fie de Pyrrhus : « Pyrrhus... ayant bien considéré
la forme, l'assiette & l'ordonnance, la manière d'as-
seoir leur guet, & toutes leurs façons de faire, s'er;
esmerveilla fort, & addressant sa parole à l'un de ses
familiers qui se trouva lors près de luy : Ceste ordon-
nance, dit il, Megaclcs, encore qu'elle soit d'hommes
Barbares, n'est point barbare pourtant, "(vin,^ 27 5 v°.)
P. 264, 1. 5. Autant en dirent les Grecs). Id., Vie
de Flaminius : « Lon dit que le Roy Pyrrhus, la pre-
mière fois qu'il apperceut de dessus une haulte escho-
guette l'armée des Romains rengee & ordonnée en
bataille, dit que l'ordonnance de ces Barbares ne luy
sembloit point barbaresque. Mais aussi ceulx qui
n'avoient jamais veu Titus, & qui venoient à parler
la première fois avec luy, estoient contraints d'en dire
presque autant : car ilz avoient ouy dire aux Macé-
doniens, qu'il venoit un capitaine de Barbares, qui à
force d'armes ruinbit tout par ou il passoit & mettoit
tout en ser\-itude : & au contraire ils venoient à
trouver un personnage, qui premièrement estoit jeune
d'aage, doux & humain de visage, parlant bon grec
& amateur de vraye gloire. » (m, f" 260 r".) On voit
que Montaigne commet une légère erreur : il s'agit
dans Plutarque non de l'armée de Flaminius, mais de
sa personne. La source n'est cependant guère douteuse.
P. 264, 1. 7. Philippus). Cf. Tite-Live : «Ac sub-
jecta cemens Romana castra, admiratus esse dicitur,
& universam speciem castrorum, & descripta suis
qua;que partibus, tum tendentium ordine, tum iti-
nerum inter\allis : negasse barbarorum ea castra uUi
videre posse. » (XXXI, xxxiv.)
P. 264, 1. 13. En l'endroit où Vilegaignon). Au
Brésil où il arriva en 1557.
P. 265, 1. 3. Platon introduit Solon). Cf. Timée :
«In quibus maxima civitas est, quam Saim vocant...
Tune ex sacerdotibus quendam grandem natu dixisse :
... Tune enim erat fretum illud navigabile habens
in ore & quasi vestibulo ejus insulam, quas Herculis
Columnas cognominatis : ferturque insula illa Libya
LIVRE I, CHAPITRE XXXI.
99
simul 6c Asia major fuisse... In hac Atlantide insula
maxima & admirabilis potentia exstitit regum qui toti
insulœ illi, multisque aliis & maxime terras continentis
parti, prœterea & his qui pênes nos sunt, domina-
bantur. Siquidem tertiœ mundi parti quœ Lybia
dicitur, u.sque ad iEgyptum imperaverunt, Europce
vero usque ad Tyrrhenum mare. Horum vis omnis
unà collecta nostram... vestramque regionem, & quid-
quid intra Columnas Herculis continebatur, invasit.
Tune vestraî civitatis virtus in omnes gentes enituit.
Qux\.. extrema discrimina subiit, hostesque expu-
gnavit... Posthaîc ingenti terrae motu jugique diei
unius & noctis illuvione factum est, ut terra dehis-
cens vestros illos unà omnes bellicosos homines
absorberet, & Atlantis insula sub vasto gurgite mer-
geretur. » (xxii, xxiv et xxv; éd. de 1546, pp. 702,
703 et 704.) Il convient de noter d'ailleurs que
Montaigne n'est pas le premier à chercher un rapport
entre ces souvenirs de l'antiquité et la découverte de
l'Amérique; Lopez de Gomara en fait autant à la fin
de son Histoire générale des Indes; et après avoir
mentionné un passage de la Médée de Sénèque, qui
lui semble être une véritable prophétie, il consacre
un chapitre presque entier aux deux témoignages
de Platon et d'Aristote que nous trouvons chez
Montaigne. (Cf. trad. de Fumée, éd. de 1569, c. 220,
et mes Livres d'histoire moderne utilisés par Montaigne,
p. 224, où j'ai reproduit en bonne partie le texte de
Lopez de Gomara.) On retrouve encore les deux
mêmes souvenirs dans les Singularité:^ de la France
antarctique d'André Thevet, xii. Au reste, je ne
pense pas que Montaigne ait pris directement ces
rapprochements à Thevet ou à Lopez de Gomara.
Thevet et Lopez de Gomara nous apprennent seu-
lement qu'on les faisait sans doute assez habituelle-
ment au xvi"" siècle.
P. 265, 1. 19. Hœc loca). « On dit que ces terres,
qui ne formaient qu'un seul continent, ont été jadis
séparées dans une violente convulsion.» (Virg., En.,
m, 414-)
p. 265, 1. 25. Sterilisque). «Et un marais, long-
temps stérile et battu des rames, nourrit aujourd'hui
les villes voisines et supporte le poids de la lourde
charrue. » (Horace, Art poétique, 65.)
P. 266, I. I. Il n'y a pas grande apparence). Lopez
de Gomara, dans le chapitre que nous mentionnions
ci-dessus, est d'un avis tout contraire.
P. 266, 1. 24. Les hahitans disent). Un compatriote
de Montaigne, Damai, dans son Supplément des Chro-
niques de Bordeaux (1620), écrit : «Les montagnes
de sable s'advancent plus d'une lieue et demye dans
la terre, et la mer les multiplie en telle façon, qu'il
y a un village qui a esté contrainct se reculer environ
d'une lieue, et remuer leur clocher que le sable
commençoit à couvrir fort avant. Encores les dits
sables s'approchent tant d'eux depuis soixante ans
que le dit remuement fut faict, qu'ils songent à se
reculer encore plus avant. Ce village s'appelle le Liège
qui appartient à la maison de Caudale. » Arsac est à
cinq lieues de Bordeaux, dans le canton de Castelnau
de Médoc. Il paraît que les traditions locales prou-
vent l'existence d'anciennes villes de l'époque romaine
qui ont disparu, englouties par les sables.
P. 267, 1. 2. Dans Aristote). Cf. à ce sujet la note
ci-dessus, p. 265, 1. 3.
P. 267, 1. 29. Sans m 'enquérir de ce que les cosmo-
graphes). En effet, bien que les récits de Montaigne
soient en général parfaitement d'accord avec ceux de
Munster, de Thevet, de Jean de Léiy, il ne me
semble pas qu'il leur ait rien emprunté dans ce cha-
pitre; aucune expression caractéristique ne passe de
leurs livres dans les Essais.
P. 269, 1. 3. £"< veniunt). «Le lierre vient mieux
sans culture, et l'arbousier ne croît jamais plus beau
que dans les antres solitaires, et le chant des oiseaux,
pour être sans 3rt, n'en est que plus doux.» (Properce,
I, II, vers 10.) Montaigne remplace les subjonctifs
par des indicatifs; — j'ai trouvé le texte «formosior»
dans l'édition de Paris 1543; dans presque toutes les
autres éditions on lit « formosius » .
P. 269, 1. 8. Toutes choses, dict Platon). Dans les
Lois : « Res omnes, nonnulli aiunt, quœ fiunt, qu^e
futurœ, quasque facta; sunt, vel natura, vel fortuna,
vel arte fieri... Maxima dicunt atque pulcherrima
natura fortundque fieri : Arte vero minora. » (X,
p. 888; éd. de 1546, p. 871.)
P. 270, 1. 5. C'est une nation). On peut rappro-
cher ce que dit Osorio à ce sujet. Je cite la traduction
ESSAIS DE MONTAIGNE.
de Goulard, que Montaigne lira seulement plusieurs
années après l'époque où il écrivait ces lignes : «Ils
n'ont connoissance de lettres quelconques, vivent
sans religion, sans loix, ne s'aydent de poids n)-
mesures, et ne sont subjects à roy quelconque.
Toutesfois s'il survient guerre, ils élisent pour chef
celuy qu'ils tiennent pour le plus vaillant et adroit
à conduire les autres. Ils cheminent nus, excepté
quelques-uns des plus apparents qui couvrent une
partie de leur corps de certain parement faict de
plumes de perroquets et d'autres oiseaux, où l'on
voit plusieurs diverses et belles couleurs... Au reste,
ils ne travaillent point de leurs mains, et ne deman-
dent qu'à se donner du passe-temps. S'ils n'ont point
de guerre, ils ne font autre chose que banqueter,
chanter, danser, sans fin ny mesure... etc. » (II, xv.)
P. 270, 1. 15. Viri a diis). «Des hommes qui
sortent tout fraîchement de la main des dieux. »
(Sénèque, ép. 90.)
P. 270, 1. 16. Hosnatiira). « Voilà les premières lois
qu'ait données la nature.» (Virgile, Géorgiqncs, II, 208. )
P. 270, 1. 19. // est rare). Plus tard, dans l'essai II,
XII (t. II, p. 211), Montaigne nous dira sur la foi
d'Osorio qu'ils ne meurent que de vieillesse.
P, 271, 1. II. Leur hreiivage). On peut rapprocher
ce qu'en dit Osorio : « Ils ne sèment point de blé,
ains font leur pain de la racine d'une herbe grande
comme le pourpié. Cette racine est si venimeuse que
celuy qui la mange crue meurt incontinent. Eux la
pilent et en tirent le jus, tellement qu'il n'y reste
aucun suc venimeux. Puis ils la font sécher au soleil,
la broient et en font de la farine. Les tourteaux de
cette farine sont bons, fort savoureux et appétissants.
Avec icelle et avec graine de millet ils brassent une
.sorte de breuvage telle que cervoise, dont ils s'eni-
vrent, ce qui leur avient souvent, et en faisant leur
buvette tous conspirent et machinent la ruine de
leurs ennemis plus que de coutume. »
P. 272, 1. 8. Ilscroyent lésâmes). Cf. à ce sujet Jean de
Léry, Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, xvi.
P. 272, 1. 26. Entre les Scythes). Cf. Hérodote :
« Ils emplissent une chariote pleine de brieres, à
laquelle .sont bœufs attelez, & les couchent au travers
avec fers aux pieds, mains liées derrière le doz, & la
bouche bâillonnée, après ils mettent le feu en la
chariote. » (IV, lxix; t. I, f" 269 r".)
P. 273, 1. 13. Bien traité leurs prisonniers). Pour
tous ces détails sur le traitement des prisonniers et
leur exécution finale on peut voir Jean de Lén,', xv,
et Thevet, Singularité::^, xl. On y constatera que
les récits de ces deux auteurs sont parfaitement
conformes à celui de Montaigne. Voici celui d'Osorio :
« Ils nourrissent grassement les prisonniers, et leur
donnent des femmes qui couchent avec eux. S'ils
veulent faire quelque jour de feste, ils lient de cordes
le plus gras de leurs prisonniers. Premièrement, son
amie pour reconnoissance de faveur luy jette une
corde au col, et tire son amy au supplice. Puis les
hommes l'environnent, luy serrent le ventre, les
bras et les jambes, le lient à un pieu, peignent son
corps de couleurs, et l'ornent de divers plumages.
Et pour n'estre estimés trop inhumains, ils le laschent
parfois, le font manger et boire joyeusement et à
suffisance. Eux cependant banquettent et avalent
quantité de breuvage susmentionné. Puis ils sautent,
chantent, dansent, et font durer ce jeu tragique
l'espace de trois jours, en fin desquels ils le deslient
et le font entrer en une logette ou fosse. Les femmes
et les enfants le tirent avec une corde dont il est
ceint par le ventre. Mais les hommes et quelques
autres femmes luv jettent des citrons et divers fruits.
Luv, recueille ce qu'il peut, et en frappe ceux qui
se trouvent au-devant. Cependant il boit joyeusement,
ce semble, car on ne luy refuse à boire ny à manger;
au reste, il se montre fort allègre; eux, d'autre côté
se plaisantent de luy et luy disent force outrages :
« Tu seras châtié, garnement que tu es, disent-ils;
» nous épandrons ton sang pour venger la mort de
» ceux qui ont été tués en la guerre. Car nous te
» massacrerons, dépècerons, rostirons et mangerons. »
— « Il ne m'en chaut pas, répond-il, car je ne
» mourrai point en vilain et couard. Toujours je me
» suis monstre vaillant. Et bien vous me tuerez,
» mais j'en ai tué plusieurs d'entre vous en divers
» lieux. Si vous me mangez, aussi me suis-je souvent
» saoulé de la chair de plusieurs des vôtres. Davan-
» tage, j'ay des frères et cousins qui vengeront ma
» mort. » Disant cela il est enclos en la logette, et
LIVRE I, CHAPITRE XXXI.
lors entre avec luy celuy qui l'a gardé prisonnier,
lequel a le corps peinturé, et la teste parée de belles
plumes, portant es mains une grande espée de bois.
Il saute, siffle, et fait quelques tours de son baston,
que le prisonnier tasche luy arracher des poings,
mais en se voulant lancer d'un costé, les femmes et
enfants le tirent à eux par la corde qu'ils tiennent,
à laquelle il est attaché. S'il veut tourner de l'autre
costé, il est empesché et retenu par les mains des
femmes; bref, il est arresté de telle sorte qu'il ne
peut bouger d'une place. Or, ce vaillant escrimeur,
après l'avoir estonné de son espée, finablement lui
casse la teste et fait tomber la cervelle par terre;
puis il luy coupe les mains. Alors les femmes appro-
chent et jettent le corps mort dans un feu, afin qu'il
ne luy reste aucun poil, et qu'elles le puissent laver
plus aisément. Cela fait, elles lui fendent le ventre
et en tirent les tripes et boyaux; les autres mettent
le corps par pièces; et, pour n'allonger davantage ce
propos, tous mangent cette chair humaine avec grand
plaisir. Il y a d'autres sauvages demeurant es mon-
tagnes qui font tousjours la guerre à ceux qui
demeurent es loges, et ne sont pas moins cruels
et méchants. » (II, xv.)
P. 273, I. 22. Pour s'ti! nourrir). Jean de Lérv,
au contraire (xv), les déclare très avides de chair
humaine, surtout les vieilles femmes dont il peint
l'empressement glouton à recueillir les graisses chaudes
qui coulent des corps pendant la cuisson. C'est le
seul point sur lequel Lén^- soit en contradiction for-
melle avec Montaigne.
P. 274, 1. 15. Chrysippus & Zenon). Cf. Diogène
Laerce, Vie de Chrysippe, \l\, 188, et surtout Se.xtus
Empiricus, III, xxiv.
P. 274, 1. 18. En la ville de Alexia). Cf. César,
De belle gallico, VII, Lvii et lviii.
P. 274, 1. 21. Vascones). «Les Gascons, dit-on,
prolongèrent leur vie en faisant usage de pareils
aliments. » (Juvénal, xv, 93.)
P. 275, 1. 3. Que la seule jalousie de la vertu). Jean
de Lér}' (éd. de 1578, p. 219) explique par les mêmes
motifs les guerres des cannibales, et affirme qu'ils
n'ont aucun souci de conquêtes. Même affirmation
dans Osorio, II, xv.
P. 276, 1. S. Victoria nulla est). «Il n'y a de véri-
table victoire que celle qui force l'ennemi à s'avouer
vaincu. » (Claudien, De sexto consiilatii Honmi, 248.)
Montaigne, qui ne semble pas lire Claudien après
1588, a pris cette citation dans les Politiques de Juste
Lipse, V, XVII. Les Politiques d'ailleurs, comme les
diverses éditions de Claudien publiées au xvi^ siècle,
présentent un texte différent : « Nulla est victoria
major quam quœ... » C'est peut-être volontairement
que Montaigne a renforcé la pensée.
P. 276, 1. 10. Les Hongres). Cf. Chalcondyle :
« Mais si on leur quitte la place, & qu'on fuye devant
eux, alors les Hongres ne s'opiniastrent pas beaucoup
à chasser, ny à respandre le sang : & donnent fina-
blement fort volontiers la vie si on la leur demande,
& qu'on advoûe d'estre vaincu; renvoyans ceux qui
se soubs-mettent à leur mercy quittes et exempts de
toute rançon, à la charge de là en avant de ne porter
plus les armes contr' eux. » (V, ix, 343.)
P. 277, 1. I. Si succiderit). « Est-il tombé, il combat
à genoux. » (A' provùdentia, IL) Le texte suivi
par Montaigne est conforme à l'édition de 1557,
p. 295.
P. 277, 1. 5. // est battu). On peut rapprocher
Sénèque, De Constantin : « Non est quod me victum,
victorem te credas. \'icit fortuna tua fortunam meam.»
(vi, 39 1-)
P. 277, 1. 14. Le capiteine Ischolas). Cf. Diodore
de Sicile, XV, xvi, f° 203 x°. Il faut noter que Diodore
de Sicile rapproche de l'exploit d'Ischolas la victoire
de Léonidas que Montaigne vient de rappeler.
P. 278, 1. 9. J'ay une chanson). On trouvera une
chanson tout à fait analogue chez André Thevet,
Singularité^^ de la France antarctique, XL.
P. 279, 1. 6. Lia, Rachel, Sara et les faines de Jacop).
Montaigne a trouvé ces faits dans la Cité de Dieu de
saint Augustin, pour Sarah (XVI, xv), pour Lia et
Rachel (XVI, xxxviii). Toutefois la phrase présente
quelque confusion : les femmes de Jacob sont Lia et
Rachel, ce qu'elle ne fait pas comprendre.
P. 279, 1. 8. Livia seconda). Cf. Suétone, Auguste,
Lxxi. Montaigne avait sans doute lu le même fait
ailleurs, et particulièrement dans la huitième des
Seras de Bouchet (éd. de 1585, p. 183), qui avait
ESSAIS DE MONTAIGNE.
d'ailleurs fait des emprunts à ce trente-unième essai
de Montaigne.
P. 279, 1. 8. La famé du Roy Dejotariis). Cf. Plu-
tarque, Des vertueux faits des femmes : « Stratonice
sçachant que le Roy son man,^ desiroit singulièrement
avoir des enfans légitimes, pour les laisser successeurs
de sa couronne, et n'en pouvant avoir d'elle, elle
luy pria et persuada, qu'il en feist a une autre
femme, et lui permeist qu'elle se les supposast.
Dejotarus s'esmerveilla fort de cette sienne resolu-
tion, et luy permeit d'en faire a sa guise, ainsi
comme elle voudroit : par quoy elle choisit entre les
captives prises à la guerre une belle jeune fille qui
avait nom Electra, qu'elle enferma avec Dejotarus
dedans une chambre : et nourrit et éleva les enfans
qui en vindrent avec autant d'affection, et en aussi
grande magnificence comme s'ils eussent esté siens. »
(F° 239 v°.)
P. 279, 1. 26. Retirant aux terminaisons Grecques).
Jean de hér\ signale lui aussi une certaine ressem-
blance entre la langue des cannibales et la langue
grecque. (Cf. éd. de La Rochelle, 1578, p. 340.)
P. 280, 1. 6. Du temps que). En 1562.
Chroxologie : Trois allusions fournissent de
vagues indications : 1° Montaigne parle dans cet
essai du « feu roy Charles neufiesme », ce qui semble
indiquer qu'il est postérieur au mois de mai 1574,
époque de la mort de Charles IX. Cette indication
toutefois est incertaine, parce que Montaigne a pu
ajouter le mot «feu» au moment de l'impression.
2° Un passage semble inviter à penser que Montaigne
vient de lire César : « Nos ancestres, estans assiégez
par Cœsar, en la ville de Alexia se résolurent de sous-
tenir la faim de ce siège par les corps des vieillardz,
des femmes et de toutes autres personnes inutiles
au combat. » Ceci nous reporterait à l'année 1578 au
plus tôt ; mais l'argument est faible parce que le siège
d'Alésia est bien connu et que Montaigne peut penser
aux événements tragiques qui l'ont marqué sans
qu'une lecture récente de César les lui remette en
mémoire. 3° Notons encore un souvenir de Sextus
Empiricus qui semble indiquer que cet essai n'est pas
antérieur à V Apologie de Sehond puisque tous les
emprunts à Sextus Empiricus se rencontrent dans
V Apologie de Sehond : « Chr\'sippus et Zenon, chefs
de la secte stoicque, ont bien pensé qu'il n'y avoit
nul mal de se servir de nostre charoigne a quo}'
que ce fust pour nostre besoing. » Mais là encore
nous n'avons qu'une allusion très vague. L'essai
est si différent de tous ceux que nous pouvons dater
avec certitude de 1572 que je le crois très postérieur
à cette date; toutefois les preuves décisives font
défaut.
Chapitre XXXII.
QV IL FA\'T SOBREMENT SE MESLER DE IVGER DES ORDONNANCES DIVINES.
P. 282, 1. 4. A cette cause, dict Platon). Dans le
Critias : « Quandoquidem facilius apparet, ut qui de
diis dissent, satisfacere hominibus videatur, quani
qui de mortalibus. Imperitia namque & ignoratio
audientium magnam copiam ad ea quse ignota sunt,
effingenda, prœstare dicentihus consuevit. » (P. 107;
éd. de 1546, p. 736.)
P. 282, 1. II. Id geniis oiiine). «Tous les gens de
cette espèce. » (Horace, Satires, I, 11, 2.)
P. 283, 1. 4. En une nation Indienne). Cf. Lopez de
Gomara, Histoire générale des Indes : « S'ils sont vain-
cus, ils pleurent & lamentent, demandans pardon au
Soleil pour l'injuste guerre, qu'ils ont encommencée. »
(III, XXII, {" 242.)
P. 283, 1. 20. La Rochelabeille (ou La Roche-Abeille
près de Saint-Yrieix), le 25 juin 1569, escarmouche
entre les troupes de l'amiral de Coligny et celles du
duc d'Anjou, où l'avantage resta aux protestants qui
surprirent deux régiments de gens de pied dans un
vallon, et firent Strozzi prisonnier.
P. 283, 1. 22. De Mont-contour et de Jarnac). Deux
victoires des catholiques commandés par le duc
d'Anjou et par Tavannes : Jarnac, près de la Cha-
rente, le 13 mars 1569, et Moncontour le 3 octobre
de la même année.
P. 283, 1. 26. De mesme bouche). Allusion à un
apologue d'Anianus. Un satyre par un temps très
froid voit un paysan souffler dans ses doigts; inter-
rogé, le paysan répond qu'il souffle pour se réchauffer.
Quelques instants plus tard, à table, il souffle sur
ses aliments. Interrogé de nouveau, il répond cette
fois qu'il souffle pour refroidir ses aliments. « Qu'en-
tends-je! » réplique l'autre, «de la même bouche tu
souffles le chaud et le froid! » De là peut-être une
expression proverbiale que je retrouve chez Erasme^
dans l'Éloge de la folie, où, en parlant des flatteurs, il
déclare : « Horum est nigrum in candida vertere, et
eodem ex ore frigidum pariter et calidum efflare. »
(Éd. de 1544, p. 81.)
P. 283, 1. 27. C'est une belle bataille navale). Bataille
de Lépante, remportée sur les Turcs par don Juan
d'Autriche à la tète des armées d'Espagne, de Venise
et du pape, le 5 octobre 1571.
P. 283, 1. 32. Arrius et Léon). Cf. Jean Bouchet,
Annales d'Aquitaine, ï°^ 14 v° et 19 v°. Montaigne
combat ici la leçon que Bouchet tirait de ces événe-
ments. La mort d'Arrius est encore racontée chez
Athanase, Epist. ad Serapionem ; Epiphane, De morte
Arii, I, II; aussi chez Ravisius Textor, f° 34 r°.
Tous voient dans les circonstances de cette mort une
punition divine.
P. 284, 1. 5. Lfl mort de Heliogabalus). Cf. Lampride,
Héliogabale, xvii; mais Montaigne a pris probablement
ce fait ainsi que le suivant (la mort d'Irénée) dans
les compilations du temps, peut-être dans celle de
Ravisius Textor, f'' 3 1 V.
P. 284, 1. 12. S. Augustin). Pour toutes ces idées,
cf. Cité de Dieu, I, viii.
P. 284, 1. 14. Il se faut contenter de la lumière).
Cf. Plutarque, De la curiosité : « Ceulx qui ne se
contentent pas de la lumière abondante des rayons
du soleil, qui s'espandent si clairement sur toutes
choses, ains veulent à plein fond regarder le cercle
mesme de son corps, en osant se promettre qu'ils
104
ESSAIS DE MONTAIGNE.
pénétreront sa clarté, et entreront des yeux à force
au beau milieu, ils s'aveuglent. » (F° 64 v°.) Cette
image est reprise dans La Primaudaye, Académie
française, I, xv; dans Juste Lipse, De constantia,
m, XVII.
P. 284, 1. 18. Qiiis hominum). « Quel homme peut
connaître les desseins de Dieu, ou imaginer ce que
veut le Seigneur? » {Sagesse, IX, xiii.)
Chronologie : Cet essai est certainement des pre-
miers mois de 1572. 1° Montaigne écrit : « Une belle
bataille navale s'est gaignée ces mois passez contre
les Turcs, sous la conduite de Don Joan d'Austria » :
il s'agit de la bataille de Lépante, qui date du 5 oc-
tobre 1571; 2° l'allusion aux morts d'Arrius et du
pape Léon vient des Annales d'Aquitaine de Bouchet,
que Montaigne lit en 1572.
CllAPITRl- XXXIII.
DK FVIR I.HS VOLVPTHZ AV PRIS D1-: LA VI1-:
P. 285, 1. 6. H ijr,v a/.j-wç). « Ou une vie tran-
quille, ou une mon lieureuse. Il est bien de mourir
quand la vie est à charge. Mieux vaut ne pas vivre que
de vivre dans le malheur. » Je crois que Montaigne
a pris ces trois sentences grecques dans le recueil
publié par Crispin en 1569 et réimprimé en 1570;
des recueils du temps que j'ai pu consulter c'est le
seul qui présente ces trois vers ainsi réunis.
P. 286, 1. 2. Je suis d'advi^, dict-il). Cf. Sénèque,
Epîtres : « Censeo aut ex vita ista tibi, aut c \ita
exeundum. Sed illud idem existimo, Icni eundum
via, ut quod maie implicuisti, solvas potius quam
abrumpas, dummodo si alia solvendi ratio non erit,
vel abrumpas. Nemo tam timidus est ut malit sempcr
penderc quam semel cadere. » (Kp. 22.)
P. 286, 1. 9. Eiiiprunlc d'Epicnnis). Id., ilnd. :
« Epicuri epistolam ad hanc rem pertinentem levi,
Idomeneo quK scribitur, queni rogat, ut quantum
potest fugiat et properet, antequam aliqua vis major
interveniat, et auterat libertatem recedendi. »
P. 286, 1. 12. S. Hilairc). Cf. Jean Bouchet,
Annales d'Aquitaine, qui conte longuement cette
histoire (F"- 16 r° et 21 r").
Chronologie : Il est manifeste que la source de
cet essai est l'histoire de l'évèque saint Hilaire. Or
cette histoire vient certainement des Annales d'Aqui-
taine de Bouchet, ouvrage que Montaigne lit vers 1 572.
L'essai est donc selon toute vraisemblance de 1572.
Chapitre XXXI\'.
LA FORTVNE SE RENCONTRE AV TRAIX DE LA RAISON'.
P. 288, TITRE. On peut rapprocher ce que Mon-
taigne écrivait peu auparavant dans la dédicace des
Poemata de La Boétie adressée à Michel de L'Hôpital :
« Nous le devons sans doute à la fortune, qui par
l'inconstance de son bransle divers, s'est pour ce
coup rencontrée au train de la raison. »
P. 288, 1. I. L'inconstance du bransle divers). Cf. la
citation reproduite à la note précédente.
P. 288, 1. ^.LeDucde Valentinois). Cf. Guichardin,
Histoire d'Italie : « Che havendo il Valentino, desti-
nato alla medesima cena, deliberato d'avvelenare
Adriano Cardinale ili Corneto, nella vigna del quale
dovevano cenare... Narrasi adunque, che havendo
il Valentino mandati innanzi certi fiaschi di vino
infetti di veleno, & havendoli fatti consegnare ad un
ministro non consapevole délia cosa, non commes-
sionc che non gli desse ad alcuno, sopravvenne per
forte il Pontefice innanzi ail' hora délia cena, & vinto
dalla scte & da caldi smisurati, che erano, dimandô
gli fusse dato da bere... gli fu da quel ministro, che
credeva riservarsi corne vino piu pretioso, dato da
bere del vino, che haveva mandato innanzi Valentino,
il quale mentre il padre beeva sopragiugnendo si
messe similmente a bere del medesimo vino. » (VI,
p. 267.)
P. 288, 1. 16. Le Seigneur d'EsIrce). Cf. \i:s Mémoires
des frères du Bellay : « A ladite charge le seigneur
de Licques lieutenant du Duc d'Arscoi, lequel ce
jour là avoit espousé la sœur du seigneur de Fon-
querolles : de laquelle le .seigneur d'Estrée, guidon
de Monseigneur de Vendosme, avoit esté serviteur,
estant demouré sur la queue pour soustenir ses
hommes, fut charge par ledit seigneur d'Estrée, et
par le seigneur de Rum, et fut pris prisonnier, telle-
ment que ce jour là il ne coucha point avecques
son espousée. Le seigneur d'Estrée requis par la dame
dont il avoit esté seniteur luy renvoya le seigneur
de Licques son mary. » (II, p. 64.)
P. 289, 1, 7. Conjiigis). « Contrainte de s'arracher
des bras de son nouvel époux, avant que les longues
nuits d'un ou de deux hivers eussent rassasié l'avidité
de leur amour. » (Catulle, lxviii, 81.)
P. 289, 1. 12. Constantin, filx). Cf. Lavardin, His-
toire de Georges Castriot : « Tout ainsi que Constantin
fils d'Helene fut le premier qui la fonda, orna, et
enrichit : en pareil cestui cy nonrmé Constantin, fils
aussi d'Helene, fut le dernier, après onze cens vingt
et un an de cest Empire. « (F° 331 r".) Il faut men-
tionner d'ailleurs que le même fait est souvent
rappelé et dans des termes tout à fait semblables
chez divers écrivains du temps. Le voici, par exemple,
dans la Fie de Mahomet écrite par Paul Jove : «Illud
notatu dignum ac fatale fere habetur quod quemad-
modum Constantius Helena; filius primus Constan-
tinopolitanus imperator fuerat : sic et is qui post
annos ab illo primo 112 1 ultimus cxstitit, Constan-
tinus Helena; filius fuit. » \'oir encore Messie, Diverses
leçons, I, xxxvii, où l'on trouve toute une liste de
coïncidences singulières comme celle-ci.
P. 289, 1. 16.' /_(• Roy Clovis). Cf. Jean Bouchet,
Annales d'Aquitaine : « Récitent Grégorius et Anno-
nius que luy (Clovis) tenant le siège devant la cité
d'Engoulesme, les murailles de la ville tombèrent
par terre, divinement. » (F" 36 r".)
LIVRK I, CHAPITRE XXXIV
107
P. 289, 1. 18. L-RoyRohrt). Id.,ihid. : <> Bernardus
Cuidonis récite en sa cronique, que comme il (le roi
Robert) eust faict mettre le siège devant quelque
ville près d'Orléans, laissa le siège pour aller célébrer
la feste sainct Aignan en ladicte ville d'Orléans,
& tinst chappe avec un des chanoines : & comme
il conimençoit le tiers agnus de la grand Messe, à
genoux, les murailles de la ville assiégée tombèrent
par terre sans œuvre d'homme. » (F° 69 r°.)
P. 289, 1. 22. Le Capitaine Rense). Cf. les Mémoires
des frères du Bellay : « Le seigneur Rence estant
arrivé devant ladite ville d'Eronne,... mais après
avoir miné un grand pan de mur,... la muraille
estant enlevée en l'air... retomba dedans ses fonde-
mens, & demoura debout, à raison dequoy se voyant
frustré de son intention et avoir perdu tant de temps
feit sa retraite en nostre camp. » (F" 56 v°.)
P. 289, 1. 27. Jason Pbeiriis). Jason de Phères
(Phères en Thessalie). Montaigne suit ici le récit
de Pline, Hist. nat. : « Phereus Jason, deploratus
a medicis vomico morbo, cum mortem in acie quje-
reret, vulnerato pectore medicinam invenit ex hoste. »
(VII, L.) La version de ^'alère-Maxime (I, viii, 6)
et de Sénèque (^Dc heneficiis, II, xix) est un peu
différente : chez ces auteurs c'est un assassin, non un
ennemi, qui rend ce service au tyran. Cf. en outre
Cicéron, De rialiira deoriim, III. Rien ne prouve
d'ailleurs que Montaigne se soit reporté directement
au texte de Pline. L'aventure de Jason aussi bien
que le fait suivant est souvent reprise chez les compi-
lateurs du xv!"" siècle : cf. entre beaucoup d'autres.
Messie, Diverses leçons, III, 1 5 ; Ramus, Dialectique,
édition de 1555, p. 15, etc.
P. 290, 1. I. Le peintre Protogenes). Cf. Pline, His-
toire naturelle, XXXV, 10.
P. 290, 1. 9. Isahel). Cf. Froissart : « Ils se mirent
à chemin en costoyant Zelande, et avoyent intention
de prendre terre à un port, qu'ils avoyent avisé :
mais ils ne peurent car un grand tourment les print
en mer : qui les mit loing de leur chemin, qu'ils ne
sceurent par deux jours ou ils estoyent. Dequo}' Dieu
leur fit grand'grâce. Car, s'ils se fussent embatus en
iceluy port qu'ils avoyent avisé, ils eussent esté
perdus, et cheus es mains de leurs ennemis : qui
bien savoyent leur venue, et les attendo3"ent là
endroit, pour les mettre tous à mort. » (I, x, 8.)
P. 290, 1. 17. 'V xj-i\}.x-.z-i). Vers de Mén^ndre que
Montaigne traduit après l'avoir cité. Il l'a trouvé
dans le recueil de Crispin dont nous l'avons vu
faire usage au chapitre précédent. Plutarque dans
ses Œuvres morales fait plusieurs fois allusion à cette
aventure : cf. De la tranquillité d'esprit, f° 70 x° ; le
Bancquet des sept sages, (° 150 v°.
P. 290, 1. 19. Icetes). Cf. George Gémiste, dict
Plethon, Recueil des choses avenues depuis la journée de
Mantinee, traduction Saliat : « Il avoit apposté deux
estrangers qu'il envoya vers Timoleon pour le tuer,
& le vindrent trouver séjournant à Adrane, où ils
entendirent qu'il devoir faire quelque sacrifice, & parce
délibérèrent de faire leur coup quand il sacrifieroit.
Se faisant le sacrifice, ils se fourrèrent parmy la
multitude qui estoit à l'entour, mais comme ils
s'avertissoyent l'un l'autre qu'il estoit heure de
besongner, quelqu'un de l'assemblée donna un coup
d'espee sur la teste à l'un des deux, lequel tomba
par terre. Celuy qui avoit frappé se sauva soudain
en Testât qu'il estoit tenant son espee desgaingnee,
sus un haut rocher. L'autre complice voyant que
son compagnon estoit tombé recourut à l'autel,
& requit franchise promettant de dire vérité. Sa
demande fut accordée, & parce déclara tout ce qu'il
estoit de luy & du trespassé, & comment Icetes les
avoit subornez pour tuer Timoleon en trahison. En
cest instant mesme un autre estoit poussé & saboulé,
parce qu'il avoit fait mourir quelqu'un, & crioit
qu'il n'avoit point offensé, à raison qu'il avoit ce
fait pour venger la mort de son père qui avoit esté
tué par l'autre en la ville des Leontins, & produisoit
pour tesmoings aucuns de la compagnie. Cecy feit
esmerveiller les assistens des rencontres de fortune,
comme elle appreste une chose par une autre,
&: assemble faicts semblables. Les Corinthiens ordon-
nèrent que ce personnage auroit pour salaire d'avoir
fait telle vengeance dix mines attiques, pource que
d'un costé il avoit fait justement, & d'autre il avoit
sauvé Timoleon. » (Ed. de 1575, f° 263 v°.) Tout
ce morceau est pris par Gémiste à la Vie de Timoleon
écrite par Plutarque, vu. Si l'on se reporte à la
io8
ESSAIS DE MONTAIGNE.
traduction d'Amyot (f" 183 r"), on constatera que
Montaigne a puisé chez Saliat et non chez Am3-ot.
P. 291, 1. 8. Igiwtiiis perc et fils). Cf. Appien,
Guerres civiles : « Ignatius aussi le père et le filz de
mesme nom, coururent les espees nues l'un contre
l'autre, tellement qu'ilz se occirent, et en mourant
s'embrassèrent si estroict, que après qu'on leur eut
couppé les testes demeurèrent les corps encores
embrassez, blessez chascun d'un seul coup. » (Ed.
de 1544, p. 448; éd. de 1559, f" 33e r°.) On remar-
quera combien Montaigne développe cet exemple,
et avec quelle complaisance il en détaille les particu-
larités. Cf. à ce sujet mes Livres d' histoire uioilenie
utilisés par Moulaigiie, p. 164.
Chronologie : i" L'anecdote de la mort du pape
Alexandre M est prise à l'Histoire d'Italie de Guichar-
din; 2° celle du seigneur d'Estrées vient des Mémoires
de du Bellay : il en est de même de l'aventure
d'Éronne; 3° les anecdotes de Clovis à Angoulème
et de Robert le Pieux à Orléans viennent des Annales
d'Aquitaine de Bouchet. Montaigne ayant lu ces trois
ouvrages vers 1572, l'essai date certainement des
environs de 1572.
Chapitre XXX\'.
D VN DKFAVT DK KOS l'OLICKS.
P. 292, I. 15. Lilius Gregoriits Giraldiis). Lilio Gre-
gorio Giraldi, poète et archéologue, d'une érudition
qui lui valut une grande réputation dans l'Italie
du xV siècle, naquit à Ferrare en 1479, et mourut
également à Ferrare en 1552. Il fut pauvre durant
toute sa vie, mais surtout pendant les quinze der-
nières années. Montaigne possédait certainement
dans sa bibliothèque la principale œuvre de Giraldi,
VHistoria de diis gentiuin, ouvrage d'une grande
érudition. Ses œuvres ont été réunies à Bàle en 1580,
et plus complètement à Leyde, en 1696.
P. 292, 1. 16. Sebasiianus Castalio). Castellio :
Sébastien Châteillion, né à Châtillon-les-Dombes
en 15 15, et mort à Bàle en 1563. Régent à Genève,
ses tendances libérales lui valurent des difficultés avec
Calvin qui l'obligèrent à renoncer à son emploi et à
quitter la ville. Il est principalement connu par ses
traductions de la Bible, traduction latine qui fut
terminée en 155 1, traduction française surtout
en 1555. Sur Castellion, cf. F. Buisson, Sebastien
Castalion.
P. 293, 1. 21. Chacun m sa chaciinieir). L'expres-
sion semble venir des conteurs. Cf. Rabelais, II, xiv,
III, xxxvii, etc.; Bonaventure Despériers, Nouvelles
Récréalions, I, xui.
P. 293, 1. 22. D'y avoir failli). En effet, les Éphé-
iih'rides que nous avons de Montaigne ne relatent
que fort peu de renseignements.
Chronologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai, qui a chance d'être des environs
de 1572 comme ceux qui l'entourent.
Chapitre XXXVI.
DE L VSAGE DE SE VESTIR.
P. 294, 1. 7. Toiil ce qui est souhs le ciel). «Omnium
quœ sub sole sunt fortuna et lex par est. » (Ecck-
siaste, ix.) Cette sentence figurait sur les travées de
la librairie de Montaigne et a été reproduite par lui
dans l'essai II, xii; t. Il, p. 168, 1. 5.
P. 294, 1. 13. 0/(1' )wiis soyons seuls). Rapprocher
ce que Montaigne dira dans le même sens dans
l'essai H, xii, 163.
P. 294, 1. 18. Proptereaque). «Et que pour cette
raison, presque tous les êtres sont couverts ou de
cuir, ou de poil, ou de coquilles, ou de callosités,
ou d'écorce. » (Lusrèce, IV, 93e.)
P. 295, 1. lé. Et en Turquie sur tout). Cf. Guil-
laume Postel, Hist. des Turcs : «Ils sont appelés
dervis, ou saints : et les autres, fols. Les habits et
modes de faire sont si diverses qu'il m'est quasi
impossible les reciter : les plus fols sont que à jamais
vont tous nuds, soit chaud ou froid... » (Ed. de 1575,
p. 227; éd. de 1560, I" partie, p. 108.)
P. 295, 1. 17. je ne sçay). On trouve une histoire
toute semblable dans Elien, Histoires variées, VII, vi.
Mais .Montaigne ne pense pas à Elien. En effet, dans
un exemplaire des Essais possédé par Florimont de
Raimond, et auquel nous avons déjà ci-dessus
emprunté une note manuscrite (p. 259, 1. lé), le
docteur Payen a lu l'indication suivante : « Ce fut
moi qui fis caste demande à un jeune garçon que je
trouvai; la réponse qu'il me fist eust bien meilleure
grâce en nostre gascon disant « nou soi tout care. »
P. 295, 1. 26. Le Roy Massinissa). Cf. Cicéron,
De seneclute, x. Mais Montaigne a sans doute pris
ceci chez Béroald, Cannicntaire de Suétone, qui écrit.
Vie de César, lvii : « Laudat Marc. Cicero Massinis-
sam ab hac firmitudine, quod nonaginta annos natus
nullo imbre, nullo frigore adduci poterat, ut capite
operto esset. Consimiliter Silius in primo Punicorum,
extoUit Annibalis tolerantiam, cum ait :
« Tum venice nudo
» Excipere insanos inibres, ccelique ruinam. »
La note de Béroald s'accroche à l'allégation de
Suétone que Montaigne va citer un peu plus bas,
p. 29e, I. 7.
P. 29e, 1. I. Hérodote dict). «Vous trouverez les
testes des Perses si molles & si tendres, que les
touchant seulement d'un jecton, vous les fausez de
part en autre. Au contraire le tais des Egyptiens est
si dur & si ferme qu'à peine est il rompu en le
frappant contre un caillou. Ils me dirent la cause
de ceste différence,^ laquelle ils me persuadèrent
aisément, c'est que dés l'enfance on fait raire la teste
aux Eg\'ptiens, qui est une cause que l'os s'endurcit,
et qu'ils deviennent moins chauves que tous autres
peuples. Mais la raison pourquoy les Perses ont la
teste si tendre est parce que depuis leur naissance
on les tient en l'ombre la teste couverte de béguins
& bonnetz, & tantost après avec tiares & turbans. »
(III, XII ; t. I, f" 179 v°.)
P. 29e, 1. 6. Et le roy Agesilaus). Cf. Plutarque,
Apophtegmes des Laceda'inoniens : « Il estoit tellement
disposé contre le chaud et contre le froid, que par
toute saison de l'année il n'avoit jamais qu'une sorte
d'habillement. » (F" 210 v".)
P. 29e, 1. 7. Cxsar). Cf. Suétone, Vie de César : « In
LIVRE I, CHAPITRK XXXVI.
agmine nonnunquam equo, sœpius pedibus anteibat,
capite Jetecto, seu sol, seu Imber esset. » (lviii.)
Messie dans les Diverses leçons, I, \\i, rapporte cet
exemple pris à la Vie de César et y joint l'exemple
d'Annibal et l'allégation de Varron que nous allons
retrouver également chez Montaigne.
P. 296, 1. II. Timi vertice nudo). « Sur sa tète nue
il recevait les pluies les plus fortes et les torrents
du ciel. » (Silius Italiens, I, 250.) Citation prise par
Montaigne dans son édition de Suétone, commen-
taire de Béroald à la Vie de César, LVii. Cf. ci-dessus,
p. 295, 1. 26.
P. 296, 1. 13. Un vénitien). Cf. Balbi, Viaggio :
« Gli huomini del Pegù vanno discalzi, e le donne
nel caminar mostrano le gambe. « (F° 107 r".)
P. 296, 1. lé. Et Platon conseille). Cf. Platon,
Lois, xii : « In primis capitis pedumque virtutem
alienis tegmentis non corrumpere. » (XII, p. 942;
éd. de 1546, p. 896.)
P. 296, 1. 19. Pour leur Roy). Etienne Bathory.
P. 296, 1. 24. Varro tient). Cf. Pline, Histoire
naturelle : « Capita aperiri aspectu Magistratuum,
non venerationis causa jussere, sed (ut Varro auctor
est) valetudinis, quoniam firmiora consuetudine ea
fièrent. » (xxvm, 6.)
P. 297, \. 6. Le Capitaine Martin du Bellay). Cf.
Mémoires des frères du Bellay : « Les gelées furent si
fortes tout le voiage, qu'on departoit le vin de muni-
tion à coups de congnée, & se debitoit au poix, puis
les soldats le portoient dedans de penniers. » (X,
p. 317, v°.)
P. 297, 1. II. Nndaque). «Le vin est solide, il
conserve la forme du vase qui le contenait: on ne
le boit pas liquide, la distribution en est faite par
morceaux. » (Ovide, Trist., III, x, 23.)
P. 297, 1. 13. L'embouchure des Palus Mœotides).
Cf. Strabon, VIL
P. 297, 1. 17. Les Romains). Cf. Tite-Live, XXI, liv.
P. 297, 1. 24. La retraite des Grecs). Cf. Xénophon,
Anahasc : « Nix vero nihilo duobus passibus minus
alta erat : quare & jumentorum & captivorum magnus
numerus periit... Quibus certe in locis ignés fecis-
sent, in iis soluta nive scrobes aperiebantur deorsum
usque ad imum solum, ex quibus facile erat nivis
altitudinem metiri. Postero die per nives perpétuas
iter fecerunt... Reliqui in ipsa via pernoctarunt, et
hi quidem sine cibo et igné : multi itaque frigore ac
famé confecti sunt... Relicti de nostris multi sunt,
qui oculos ex perpetuo nivium aspectu amiserunt.
Multi item quibus gelu pedum digiti obstupuerant. »
(IV, v; éd. de 1545, p. 225.)
P. 29S, 1. 6. Alexandre). Cf. Diodore de Sicile :
« L'hyver ilz couvrent de terre leurs vignes & autres
arbres portant fruict, puis quand vient la saison
du printemps, ik les descouvrent. » (XVII, xmii,
f° 289 v°.) On trouve le même fait chez Quinte-
Curce, VII, m, mais certainement Montaigne l'a
pris chez Diodore de Sicile.
P. 298, 1. 8. Le Roy de la Mexique). Cf. Lopez de
Gomara, Histoire générale des Indes : « Aussi ordinai-
rement changeoit-il quatre fois le jour de vestemens
& ne revestoit jamais celui qu'il avait laissé. Tels
habillemens toutefois se mettoient en réserve pour
donner en récompense... Les plats, les escuelles, les
tasses, coupes, boccals et pots, & tout ce qui despen-
doit du service... chaque pièce ne servoit qu'une fois
à un disner. » (II, xxxiii, f" 91 v° et 92 v°.)
Chronologie : Un emprunt à Martin du Bellay,
qui est nommé par Montaigne, indique que l'essai
doit être de la première période (environ 1572).
Il a dû être écrit en hiver, « en cette saison frileuse »,
dit Montaigne, mais rien ne permet de décider,
semble-t-il, s'il s'agit de l'hiver 1571-1572 ou de
l'hiver 1 572-1 573.
Chapitre XXXVII.
DV IE\-SE CATOX.
P. 300, I. _|. Ma Joil'lessf). Pour Tidée comparer
Sénèque, Epitres : « Xon putant fieri quidquid facere
non possunt, ex iniîrmitate sua de virtute ferunt
sententiam. »
P. 300, 1. 5. Sunt qui nihiJ). « Il y a des gens qui
ne louent que ce qu'ils croient pouvoir imiter. »
(Cf. Gcéron, Titscitlanes, II, i, où le temps des verbes
diffère seul : « Reperiebantur nonnulli, qui nihil
laudarent nisi quod se imitari posse confiderent. »)
P. 300, 1. 16. Virtntem verba putant). «Ils croient
que la vertu n'est qu'un mot, et que le bois sacré
n'est que du bois. » (Horace, Epitres, I, vi, 31.)
P. 300, 1. 18. Oitam vereri deherent). « Qu'ils de-
vraient honorer quand même ils seraient incapables
de la comprendre. » (Cicéron, Titsc, V, 11; t. W,
p. 167.) Le te.xte de Cicéron est : « Qiiam vere
deberet, etiamsi minus percipere potuisset. » Cicéron
applique cette phrase à la philosophie, Montaigne à
la vertu.
P. 301, 1. 10. En ccte i^iamic bataille de Polidee).
Il s'agit de Platée, non de Potidée comme Montaigne
a écrit par erreur. Cf. Hérodote : « Se tenant propos
qui d'entre eux estoit le plus vaillant, les Spartiates
dirent qu'Aristodeme avoit laissé son reng & exécuté
grandes prouesses : mais il vouloit ainsi mourir en
la présence des gens de bien, à cause d'une note
qu'il avoit encouriie. Et quant à Posidone, qu'il
n'avoit nul désir de mort, neantmoins il s'estoit
monstre preudhommc. » (JX, Lxx; t. Il, f" 217 r'.)
P. 302, 1. 17. Pliitarqttc dict). Dans le traité de la
Malignité d'Hérodote : « Ceux qui disent que Caton
d'Utique se tua soy-mesme craignant que César ne
le feist mourir honteusement, ceulx sont envieux et
malings en toute extrémité. » (F° 650 r°.)
P. 302, 1. 20. Ceux qui Vont attribuée à l'ambition).
Je ne sais si Montaigne pense ici à saint Augustin,
mais saint Augustin a porté sur le suicide de Caton
un jugement analogue dans la Cité de Dieu, I, xxiii,
et XIX, IV.
P. 303, 1. 18. Come l'aimant). Cf. Platon : «Ut
bene de Homero loquaris ars tibi non prsstat, ut
modo dicebam, sed divina vis est qua; te movet,
sicut in lapide quem Magnetem Euripides nominavit,
nonnulli Heraclium vocant. Qui lapis non solum
ferreos annules trahit, sed vim eiiam annulis ipsis
infundit, qua hoc idem efiîcere possint, ac perinde
ut lapis, alios annulos trahere. Unde longa plerumque
concatenatio ferri, & annulorum invicem pendet,
6«: omnibus his ex illo lapide vis attrahitur. Ita ipsa
.Musa poetas divino instinctu concitat, poetœ conciti
alios furore corripiunt. Quare ex his omnibus séries
ipsa contexitur. » (Jon, p. 533; éd. de 1546, p. 170.)
P. ^04, 1. 5. Sit Cato). «Que Caton soit de son
vivant plus grand même que César. » (Maniai, VI,
XXXII.) Il faut noter que cette citation de Martial
n'est que le premier de deux vers qui sont tout à
l'honneur d'Othon, vu que le second place Otlion
au-dessus de Caton.
P. 304, 1. 7. El iinictnm). «Et Caton invaincu
ayant vaincu la mort. » (Manilius, IV, Lxxxvii.)
P. 304, 1. 10. Victrix causa). «Les dieux choisirent
la cause des vainqueurs, mais Caton celle des vaincus.»
(Lucain, I, cxxviii.)
P. ^o_|, 1. 12. Et euncta). «L'univers tout entier
LIVRE I, CHAPITRE XXXVII.
à ses pieds, hormis le fier Caton. » (Horace, Odes,
II, I, 23.)
P. 304, 1. 14. Le maistre du chœur). Rapprociier
dans les œuvres de La Boétie, éd. Bonnefon, p. 213 :
« Die, o Calliope, chori magistra. »
P. 304, I. 16. His dantem). « Caton qui leur dicte
des lois. » (Virgile, Enéide, Mil, 670.)
Chroxologie : Aucune indication ne permet de
dater avec certitude cet essai. Un emprunt aux Œuvres
morales de Plutarque ne doit pas être antérieur à la
fin de 1572. Mais l'essai, qui consiste essentiellement
dans le rapprochement de cinq citations, ne le sup-
pose pas nécessairement; il se peut qu'il ait été ajouté
après coup, et par conséquent nous ne pouvons rien
conclure de sa présence. Je suis tenté de croire tou-
tefois que dans sa majeure partie cet essai a été écrit
dans la première période, vers 1572 ou peu après
cette date. Non seulement la place qu'il occupe invite
à faire cette hypothèse, mais les sentiments très stoï-
ciens qui l'emplissent le rapprochent naturellement
des essais l, xiv, l, xix, I, xx, qui, tous trois, sont
datés de 1572.
Chapitrf. XXXVIII.
COMME XO\S PLE\ROXS & RIONS d'vNE MESME CHOSE.
P. 305, 1. I. Antii;oniis scciil tres-inmtvais s^rc). Cf.
Plutarque, F/c de Pyrrhus : « Alcyoneus courut devers
son frère qu'il trouva devisant avec quelques siens
familiers, & luy jetta devant luy la teste. Antigonus
l'aiant regardée et recogneue, chassa son filz à coups
de baston en l'appellant cruel meurtrier & barbare
inhumain, & se couvrant les yeux du bout de son
manteau, se prit à plorer par compassion. » (xvi,
f" 284 v°.) Il faut noter que chez plusieurs compi-
lateurs du xvi"-' siècle on retrouve des listes de faits
qui rappellent celle que nous avons ici. Dans des
chapitres sur la clémence ou encore sur la prudence,
Guevara dans ses Épîtres dorées. Du Verdier dans sa
Suite des Diverses leçons (III, xxx\"i, éd. de 1580,
p. 230), Droit de Gaillard dans sa Méthode de l'Histoire
(éd. de 1579, p. 534), recueillent des exemples de
vainqueurs qui ont pleuré la mort de leurs ennemis
vaincus. Ces auteurs se répètent d'ailleurs textuelle-
ment les uns les autres. Chez Droit de Gaillard nous
rencontrons : Alexandre, Marcellus, Scipion, César,
Philibert-Emmanuel. L'exemple de César seul, on le
voit, est commun à Montaigne et à ces compilateurs.
Montaigne n'a donc pas sciemment puisé chez eux,
mais peut-être s'est-il souvenu de leurs ouvrages.
Il est intéressant de comparer la richesse de son
développement à la pauvreté de celui qu'on trouve
chez les Du Verdier et les Droit de Gaillard.
P. 305, 1. 5. René de Lorraine). René II de Lorraine
défit Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, devant
Nancy (1477), dans une bataille où Charles le Témé-
raire trouva la mort. Le fait que Montaigne relate
ici est relevé chez Fulgose, IV, v, à la fin.
P. 305, 1. 7. En la bataille d'Auroy). Ou d'Auray,
près de \'annes. Cette bataille fut livrée sous Charles V,
le 29 septembre 1364. (Cf. Froissart.)
P. 305, 1. 12. Et cosi). «Et c'est ainsi que l'àme
couvre ses passions sous une apparence contraire, sous
un visage tantôt joj'eux et tantôt sombre. » (Pétrarque,
sonnet 81; édition de 1550, sonnet 82, p. 162.)
P. 305, 1. 15. Quand on présenta à Casar). Cf.
Plutarque, Vie de César : « Pompeius avoit desja esté
mis à mort : si eut en horreur Theodotus, qui luy
en présenta la teste, tournant le visage d'un autre
côté pour ne la point veoir... & en le regardant se
prit à plorer. » (xni, f" 508 r".) Et aussi Fie de
Pompée : « Il ne passa gueres de temps après que
C;vsar n'arrivast en iî!gypte ainsi troublée & estonnée,
là ou luy fut la teste de Pompeius présentée, mais
il tourna la face arrière pour ne la point veoir... & se
prit à plorer. » (xxi, f" 462 v".)
P. 306, I. 3. Tutumque). «Il crut dès lors qu'il
pouvait sans péril manifester des sentiments de beau-
père; il versa des larmes forcées et tira des gémisse-
ments d'un cœur joyeux. » (Lucain, 1037.)
P. 306, 1. 8. Hœredis fletus). « Les pleurs d'un
héritier sont des ris sous le masque. » (Publius Syrus,
apud A. Gellium, XVII, xiv.) Traduction de Made-
moiselle de Gournay.
P. 307, 1. 3. £"5/ ne novis). «Vénus est-elle odieuse
aux nouvelles mariées, ou celles-ci se moquent-elles
de la joie de leurs parents par toutes les larmes fausses
qu'elles versent en abondance au seuil de la chambre
nuptiale? Que je meure si ces larmes sont vraies. »
(Catulle, De coma Bérénices, LX\'I, xv.)
LIVRE 1, CHAPITRE XXXVIIl.
IIS
p. 307, 1. 20. Ncron). Cf. Tacite, Annales : « Nero...
prosequitur abeuntem, arctius oculis et pectori hiïrens,
sive explenda simulatione, seu peritura matris supre-
mus adspectus quamvis feruoi animum retinebat. »
(XIV, IV.) On voit que Tacite doute de la sincérité
des sentiments de Néron.
P. 307, i. 23. On dict que la lumière). Cf. Sebonde,
Théologie naturelle, trad. Montaigne : «Dieu... bâtit
et engendre continuellement ce monde, tout ainsi
que le .soleil ses rayons il fait et refait si dru, qu'il
en continue la lumière. »
P. 307, 1. 26. Largiis enini). « Car le soleil, source
féconde de lumière, inonde le ciel d'une clarté sans
cesse renaissante, et projette continuellement rayon
sur rayon. » (Lucrèce, V, 282.)
P. 308, 1. 3. Artabanus). Cf. Hérodote : «Quant
il (Xerxès) regarda que tout l'Hellesponte estoit cou-
vert de vaisseaux, & que tous les rivages, ensemble
les champs des Abydenois estoyent remplis d'honmies,
adonq' il se reputa heureux, toutesfois il changea sou-
dain & se print à larmover. Ce vovant Artabanus
son oncle... luy dit ainsi : « Comment, Sire, en peu
» de temps vous faictes deux choses qui sont tort
» eslongnees l'une de l'autre : car après que vous
» estes estimé heureux, maintenant vous pleurez. »
Xerxes luy respondit : « Considérant que la vie des
» hommes est si courte, j'ay pris pitié de ce grand
» nombre d'hommes, dont nul sera vivant d'ici à
» cent ans. » (VII, xlv, xlvi, t. II, f" 69 V.) Cf.
aussi Valère Maxime, IX, xiii, ext. i.
P. 308, 1. 20. Nil adeo). « Rien n'est si prompt
que la pensée et que l'action de l'esprit. L'âme est
donc plus mobile que tout ce qui tombe sous nos
regards.» (Lucrèce, III, 183.)
P. 308, !. 25. Quand Timoleon). Cf. Plutarque, Vie
de Timoleon : « Timoleon se retira un peu à l'escart, et
se couvrant le visage se prit à plorer, et ce pendant
les deux autres desguainnans leurs espees occirent
Timophanes en la place. » (F" 179 r".)
Chronologie : Aucune allusion ne permet de dater
d'une façon certaine. Il est assez vraisemblable cepen-
dant que cet essai est de la première période (envi-
ron 1572). En effet : 1° la place qu'il occupe invite
à le croire; 2" il est inspiré manifestement par trois
exemples empruntés aux Fies de Plutarque (Fies de
Pyrrhus, de Pompée et de Timoleon). Ceci invite à
penser qu'il fait partie d'un groupe d'essais (I, xli,
I, XLiv, I, XLV, I, xLVii) qui sont tous inspirés direc-
tement des Fies de Plutarque et qui présentent de
notables analogies dans la méthode de composition.
Or ce groupe d'essais doit appartenir à la première
période : 1° parce qu'il est encadré d'essais qui appar-
tiennent à cette première période; 2° parce que les
essais I, XLi, et I, xlvii, qui en font partie sont certaine-
ment de l'année 1572 ou lui sont de peu postérieurs.
Chapitre XXXIX.
DE I.A SOLlT\DE.
P. 309, 1. I. Celle longue comparaison). Question
sans cesse débattue par les philosophes anciens (sur-
tout Aristote, Platon, Cicéron), et qui devint un lieu
commun au xvi'= siècle. Cf. Balthazar Castiglione,
Il Corlegiaiio, IV, xxvi; un dialogue de Sperone
Speroni, le dialogue de Torquato Tasso intitulé :
Il padre di famiglia, etc., etc. Comme Torquato
Tasso, la plupart des compilateurs qui reprennent
la question ne manquent pas de combler d'éloges
Charles-Quint qui en 1556 renonça au pouvoir.
P. 309, 1. 3. Nous ne somwcs pas ne:^) . C'est l'éloge
que Lucain (II, 385) tait de Caton d'Utique :
<' Xec sibi, scd toti genitum se credere mundo. >
P. 309, 1. 12. Si le viol de Bios). Cf. Diogène
Laerce, Vie de Bios : «Plures mali sunt. 0 (I, Lxxxviii,
P. 3t)9, 1. 13. De mille). « Virum de mille unum
reperi, mulierem ex onniibus non inveni. » ÇEcele-
siastiqne, vn, 28.)
P. 309, 1. 14. Rari). « Les gens de bien sont rares,
à peine en pourrait-on compter autant que Thèbes
a de portes, ou le Nil d'embouchures. » (Juvénal,
XIII, XXVI.) Montaigne a peut-être pris cette citation
dans un ouvrage de Buchanan, \c De jure regni, 1579,
p. 82, qu'il a lu précisément entre 1580 et 1588. Il est
vrai que chez Buchanan le premier vers présente une
leçon légèrement différente de celle que nous trouvons
chez Montaigne.
P. 309, 1. 16. // faut on imiter). Cf. Sénèque,
Epllres : « Ncccsse est aut imiteris aut oderis. Utrum-
que autem dcvitandum est, ne vel similis malis fias.
quia multi sunt, neve inimicus multis, quia dissimiles
sunt. » (Ep. 7, p. 88.)
P. 310, 1. 6. Parquai Bias). Cf. Diogène Laerce,
Vie de Bias : « Xavigabat cum impiis aliquando,
& cùm tota tempestate navis quateretur fluctibus,
illique deos invocarent, Silete, inquit, ne vos hic illi
navigare senliant. » (I, lxxxvi, 70.)
P. 310, 1. 9. Alhuqiierque). Qi. Histoire du Portugal,
trad. Goulard : « Albuquerque voyant un fort jeune
garçon prest d'estre noyé par les vagues qui entroyent
à randon dans sa navire, le chargea & tint sur ses
espaules, jusques à ce qu'on fust venu au secours
d'un autre navire, & dit, L'innocence de cest enfant
m'asseure que par la grâce de Dieu j'eschapperay ce
danger. » (VIII, ix, f" 234 r°.)
P. 310, 1. 14. Ce n'est pas que le sage). Cf. Sénèque,
Epllres : « Ibi quoque (dans le monde) licet quiète
vivere, si necesse sit. Sed si liceat disponere se,
conspectum quoque et viciniam fori procul fugiam...
Sapiens feret ista, non eliget... Non multum prodest
vitia sua projecisse, si cum alienis rixandum est. »
(Ép. 28, p. 113.)
P. 310, 1. 19. Charondas). Cf. Diodore de Sicile,
XII, IV, f" 42 r'\
P. 310, 1. 23. Antislhenes). Cf. Diogène Laerce,
Vie d' Antislhène : «Probro illi dabatur aliquando quôd
congrederetur malis : At medici, inquit, inter a;grotos
versantur. » (VI, vi, 350.)
P. 311, 1. 10. Ratio). «C'est la raison et la pm-
dence qui dissipent les chagrins, ce n'est pas une
plage d'où l'on découvre une vaste étendue de mer. »
(Horace, Epllres, I, 11, 25.)
LIVRK r, CHAPITRE XXX(\.
117
P. 311, 1. 13. Pour changer de contrée). Ce thùme
de l'inutilité des voyages pour guérir l'àiiie est un
de ceux auxquels Sénèque revient le plus \olontiers;
cf. surtout à ce sujet les épîtres 28, 69 et 104. C'est
tout spécialement de l'épitre 28, semble-t-il, que
Montaigne s'est souvenu. Cf. aussi le De tranqnilHlate
ril;r, 11. Les moralistes du xvi'-' siècle ont parfois
emprunté ces développements à Sénèque. Cf. en
particulier H. Estienne, Apologie pour Hérodole, xi et
x\ ; Duplessis-Mornay, Excellent discours de la vie et
de la mort (éd. de 1576, p. 45); Juste Lipse, De
constantia, I, 11. D'ailleurs Juste Lipse se souvient, si
je ne me trompe, de l'essai de Montaigne.
P. 3 1 1 , 1. 14. £"/ post). « Le sombre chagrin monte en
croupe derrière le cavalier. » (Horace, Odes, III, i, 40. )
P. 311, 1. 18. Hxrct). «La flèche mortelle reste
attachée à son flanc. » (Virgile, En., IV, 73.)
P. 311, 1. 19. On disoit il Sacrales). Cf. Sénèque,
Epîtres : « Socratem qu;vrenti cuidam, quod nihil
sibi peregrinationes profuissent, respondisse ferunt :
non immerito hoc tibi evenit : tecum enim peregri-
nabaris. » (Ep. 104. Cf. aussi ép. 28, p. 253.)
P. 311, 1. 21. Oiiid terras). «Pourquoi aller cher-
cher des paj's chauffés d'un autre soleil ? Qui donc
en fuvant sa patrie arrive à se tuir soi-même?»
(Horace, Odes, II, xvi, 18.)
P. 311, 1. 24. Si on ne se descharge). Rapprocher
Sénèque, Epîtres : « Te igitur emenda, onera tibi
detrahe. » (Ep. loé, p. 255.)
P. 3 1 1, 1. 25. Le remuement). Cf. Sénèque, Epîtres :
« \'adis hue & illuc, ut excutias insidens pondus,
quod ipsa jactatione incommodius fit, sicut in navi
onera immota minus urgent, ina;qualiter convoluta
citius eam partem, in quam incubuere, demergunt.
Quicquid facis contra te facis et motu ipso noces
tibi. ^igrum enim concutis. » (Ep. 28, p. 113.)
P. 312, 1. 8. Riipi jam). «J'ai rompu mes fers,
direz-vous. Oui, comme le chien après de longs
efforts a brisé sa chaine : dans sa fuite, il en traîne
un long bout à son cou. » (Perse, V, 158.) Montaigne
suit ici le texte de toutes les éditions du début
du XVI' siècle.
P. 312, 1. 14. Nisi purgatum). «Si l'âme n'est pas
libérée de ses passions, que de combats à soutenir.
que de périls à vaincre ! Quels acres soucis angoissent
et déchirent l'homme en proie à ses passions 1 Que
de craintes aussi ! Combien traînent de désastres à
leur suite, l'orgueil, la luxure, la colère ! Combien
la dissipation et la paresse!» (Lucrèce, V, xliv.)
Montaigne suit le texte de Lambin, p. 376.
P. 312, 1. 22. In culpa est). «Le mal est en l'âme,
et l'âme ne s'échappe jamais à elle-même. » (Horace,
Epîtres, I, XIV, 15.) Montaigne a traduit cette phrase
avant de la citer.
P. 312, 1. 23. Rcnnener et retirer en so\). Rapprocher
une expression de Sénèque : « Animus est revocandus
in se. » (De tranqnillitate vitiv, 14.) Ou encore :
« Recède in te ipsum quantum potes. » (Ép. 7.)
P. 313, 1. 3. Stilpon). Cf. Sénèque, Épîtres : «Hic
capta patria, amissis liberis, amissa uxore, cum ex
incendio publico solus, et tamen beatus exiret, inter-
roganti Demetrio cui cognomen Poliorcetes fuit,
nunquid perdidisset : omnia inquit, bona mea mecum
sunt. » (Ep. 9.) Cet exemple est d'ailleurs fréquem-
ment répété par les moralistes anciens et modernes.
Cf. entre autres Sénèque, De constantia sapientis, v;
Plutarque, De la tranquillité d'esprit, xvii; Diogène
Laerce, Vie de Stilpon; Pontanus, De fortitudine donies-
tica ; Ra\isius, Officina (dans les Constantes et Patientes^;
La Primaudaye, Académie françoise (éd. de 1598,
f° 27 V); Muzio, Il gentiluonw, p. 7, etc.
P. 313, 1. 7. Le philosofe Antisthenes). Cf. Diogène
Laerce, Vie d'Antisthène : « Ea dicebat paranda viatica,
quie cum naufragio simul enatarent. » (Ed. de 1556,
VI, M, 350.)
P. 313, 1. II. La ville de Noie). Cf saint Augustin,
Cité de Dieu, I, x.
P. 314, 1. 4. /h solis). «Dans la solitude soyez-vous
un monde à vous-même. » (Tibulle, IV, xiii, 12.)
Adaptation d'après :
« In solis tu milii turba locis. »
P. 314, 1. 5. La vertu, dict Antisthenes). Cf. Diogène
Laerce, Vie d'Antisthène : « Sufiîcere virtutem ad bea-
tam vitam nuUo indigentem, nisi Socratis viribus.
\'irtutem quoque operum esse, neque verbis multis,
neque disciplinis indigentem sapientemque sibi ipsi
sufficere. » (VI, xi, 352.)
ii8
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 314, 1. 15. Penses tu i] Il 'il cherche). Cf. des idées
analogues chez Sénèque, passim, et spécialement dans
le De hrantate intse, xiii.
P. 314, 1. 26. Vah! quemquamm). «Comment!
Qu'un homme aille se mettre en tète d'aimer quelque
chose plus que soi-même ! » (Térence, Adelphes, I,
P. 315, 1. 2. Thaïes). Cf. Diogène Laerce, Vie de
Thaïes, au début : « Post reipublicK negotia sese ad
contemplandam reram naturam transtulit. » (I, xxin,
26.)
P. 315, 1. 12. Le reste soit à nous). Cf. Sénèqucj
Épîtres : « Omnia ista nobis accédant, non hrereant,
si abducantur, sine ulla nostri laceratione discedant. »
(Ép. 74, p. 169.)
P. 315, 1. 23. Rarum). « Il est rare en effet, qu'on
se respecte soi-même. » (Quintilien, x, 7.)
P. 315, 1. 25. Socrates dici). Barbeyrac, et après
lui Coste et Victor Leclerc, ont cru trouver la source
de ce passage dans un Apophtegme des Pythagoriciens
qui est rapporté dans V Apologie de Stobée (sermo 41).
L'erreur d'attribution commise par Montaigne s'expli-
querait par ce fait qu'un mot de Socrate est cité
quelques lignes plus haut. Bien que je n'aie aucune
hypothèse à proposer, je ne crois pas que cette source
soit exacte. En effet, 1° le passage auquel il est fait
allusion a un sens différent de celui que nous trou-
vons chez Montaigne; 2° après 1588 Montaigne n'a
fait, que je sache, aucun emprant à Stobée.
P. 316, 1. 15. Se crroer les yeux). Allusion à Démo-
crite qui, dit la légende, se creva les yeux pour
philosopher plus librement. Cf. la note p. 74, 1. 25.
P. 316, 1. 16. Jetter ses richesses). Allusion à Cratès.
Ce fait que Montaigne reprendra dans l'essai III, ix,
est reproduit dans toutes les compilations sur la pau-
vreté. Cf. Lando, Paradoxes, I; Du \'erdier, Suite
des Diverses leçons, II, xxv; V, vu, etc.
P. 316, 1. 18. Se mettre en seurtc). Rapprocher
Sénèque, Épîtres : « Rédige te ad parva, ex quibus
cadere non possis. » (Ép. 20, p. 105.)
P. 316, 1. 22. Tuta et parvula). «Je loue les petits
revenus assurés quand la fortune m'est contraire, et
je sais me contenter de peu ; vient-elle à me favoriser,
je proclame qu'il n'y a de sages et d'heureux que ceux
dont les revenus sont fondés sur de belles terres. »
(Horace, Epîtres, I, xv, 42.)
P. 316, 1. 27. Il y a pour mo\). Sénèque en général
a plus d'arrogance à défier les maux; il lui arrive
pourtant de parler comme Montaigne : « Dissentio
ah his qui in fluctus medios eunt et tumultuosam
probantes vitam, cotidie cum difficultatibus rerum
magno animo colluctantur. » Cette phrase est prise
dans une épître dont Montaigne s'est souvent inspiré
au cours de cet essai. (Ep. 28, p. 113.)
P. 317, 1. 3. Contrefaisons la guerre). Rapprocher
Sénèque (^Epîtres), qui revient souvent sur cette image :
« Miles in média pace decurrit sine ullo hoste, vallum
jacit, et super\-acuo labore lassatur ut sufficere neces-
sario possit. » (Ep. 181, p. ici.)
P. 317, 1. 4. Arcesilaus le philosophe). Cf. Diogène
Laerce, Vie d'Arcésilas : « Aurea quoque vasa in studio
habuit... argentea vasa... » (IV, xxxviii, 271.) Pour
la pensée rapprocher Sénèque, Epîtres : « Magnus ille
est, qui fictilibus sic utitur, quemadmodum argento.
Nec ille minor est qui sic argento utitur, quemad-
modum fictilibus. Infirmi animi est pati non posse
divitias. » (Ep. 5.)
P. 317, 1. 14. Et ne puis croire). Cette confiance
en la raison se retrouve sans cesse chez Sénèque.
Cf. en particulier les épîtres 36 et 70.
P. 318, 1. 3. Conentur). «Qu'ils tâchent de se
subordonner les choses, non de se subordonner eux-
mêmes aux choses. » (Horace, Epîtres, I, i, 19.)
Montaigne adapte le texte d'Horace : « Et mihi res,
non me rébus submittere conor. »
P. 318, 1. 4. Comme le nomme Sahistc). Dans le
Catilina, IV : « Neque agrum colendo, aut venando,
servilibus officiis intentum... «
P. 318, 1. 6. Que Xenophon attribue à Cyrus). Cf.
Economiques , I, xx, et surtout Cicéron, De senectute,
XVII, où le passage de Xenophon est cité tout au long.
P. 318, 1. 10. Democriti pecus). «Les troupeaux
ravagent les champs de Démocrite et ses moissons,
tandis que son esprit, loin de son corps, voyage avec
rapidité dans l'espace. » (Horace, Épîtres, I, xii, 12).
P. 318, 1. 13. Je te conseille). Cf. Pline le jeune,
Epîtres : « Quin tu (tempus est enim) humiles et
sordidas curas aliis mandas : et ipse te in alto isto
LIVRE I, CHAPITRr, \XXIX.
119
pinguique secessu studiis adseris? Effingc aliquid et
excude quod sit perpétue tuum. » (I, i, ép. 3.) Elle
est adressée non à Cornélius Rufus, mais à Caninius
Rufus.
P. 318, 1. 17. Cicero qui dict). Dans VOrator, 43,
et ailleurs.
P. 318, 1. 20. Usqiie adeone). «Quoi donc! ton
savoir n'est-il rien si l'on ne sait pas que tu as du
savoir?» (Perse, I, xxiu.)
P. 319, 1. 14. De fièvre en chaud mal). Expression
très fréquente au xvi= siècle. Cf. entre autres : Tahu-
reau, Dialogues : « Ce seroit encore faire pis que
devant, et comme l'on dit au vieil proverbe, voulant
éviter Carybde, s'engouffrer en Scylla, ou bien autre-
ment tomber de fièvre en chaut mal» (Éd. de 1562,
p. 79); Gentillet, Discours sur les moyens de bien gou-
verner : « Ils croyoient que ... ils estoient tombés de
fièvre en mal chaud» (Ed. de 1579, p. 116); La
Primaudaye, Académie françoise, I, m ; Goulard, His-
toire du Portugal, XVIII, viii; Denis Sauvage, trad.
de la Circé de Gelli (Ed. de 1550, p. 79); Lanoue,
Discours politiques, VIII (Éd. de 1587, p. 172); etc.
P. 319, 1. 14. Cette occupai ion). Voir cette même idée
qui est chère à Montaigne dans l'essai I, xxvi, 24 2.
P. 319, 1. 21. Car la pi uspart des plaisirs, disent ils).
Cf. Sénèque, Epitres : «Latronum more quos Philistas
iEgyptii vocant. In hoc nos amplectuntur (voluptates),
ut strangulent. » (Ép. 51, p. 135.) Comme on le voit,
Montaigne trouve dans son édition le texte Philistas,
fautif, pour Philetas.
P. 320, 1. II. Unusquisque). «Que chacun choisisse
la route qui lui convient. » (Properce, II, xxv, 38.)
Montaigne a traduit ce vers avant de le citer.
P. 320, 1. 23. Tacitum sylvas). «Me promenant
silencieusement dans les bois, et m'occupant des
questions qui sont dignes d'intéresser un sage et un
honnête homme. » (Horace, Epitres, I, iv, 4.)
P. 321, 1. 7. Carpaiiius). «Cueillons les plaisirs
de l'existence, nous n'avons à nous que le temps de
nostre vie : tu ne seras que cendre, ombre, un jour. »
(Perse, V, 151.)
P. 321, 1. 15. Tun', veiule). «Vieux radoteur, ne
travailles-tu donc que pour amuser l'oisiveté du
peuple? » (Perse, I, xix.)
P. 321, 1. 22. Vous avei (disent-ils). Cette lettre
est composée en bonne partie de phrases empruntées
à diverses épîtres de Sénèque, spécialement aux epi-
tres 7, 19, 21, 22, 25, 68. Le début est inspiré d'un
mot de 1 epitre 19 : « In freto viximus, moriamur in
portu. »
P. 321, 1. 24. // est impossible). Id., ép. 22 : «Fa-
cile est... occupationes evadere, si occupationum
pretia contempseris. Illa sunt qua; nos morantur et
detinent. »
P. 321, 1. 26. Ilest dangier). Id., ép. 19 : «Sequetur
quocumque fugeris multum pristinœ lucis. »
P. 322, 1. I. Quant à vostre science). Id., ép. 7 :
« Cui ergo, inquis, ista didici? Non est quod tinieas
ne operam perdideris, tibi didicisti. » (P. 88.)
P. 322, 1. 3. Souvienne vous). Id., ibid. : « Bene et
ille quisquis fuit, (ambigitur enim de autore) cum
qua;reretur ab illo, quô tanta diligentia artis spectaret
ad paucissimos pen-entura;, satis sunt, inquit, mihi
pauci, satis est unus, satis est nullus. » (P. 88.)
P. 322, 1. 6. Vous et un compagnon). Id., ibid. :
« Satis magnum alter alteri theatrum sumus. »
P. 322, 1. 8. Que le peuple). Id., ibid. : «Unus
mihi pro populo est, 6c populus pro uno. « (Sénèque
prête ce mot à Démocrite.)
P. 322, 1. 9. C'est nue lascbe ambition). Id., ép. 68 :
« Gloriari ocio, iners ambitio est. Animalia quœdam,
ne inveniri possint, vestigia sua circa cubile ipsum
confundunt. Idem tibi faciendum est. »
P. 322, 1. II. Ce n'est plus). Id., ibid. : «Cum
secesseris, non est agendum hoc, ut de te homines
loquantur, sed ut ipse tecum loquaris. » (P. 158.)
P. 322, 1. 14. Ce seroit folie). Id., ép. 25 : « Pro-
dest sine dubio, custodem sibi imposuisse, & habere
quem respicias, quem interesse cogitationibus tuis
judices. Omnia nobis mala solitudo persuadet. Cum
jam profeceris tantum, ut sit tibi etiam tui reverentia,
licebit dimittas pœdagogum. Intérim te aliquorum
autoritate custodi. Aut Cato ille sit, aut Scipio, aut
Lœlius, aut cujus interventu perditi quoque homines
vitia supprimèrent dum te efficis eum cum quo pec-
care non audeas. » (P. m.)
P. 322, 1. 18. Observentur species). «Remplissez-
vous l'esprit d'images vertueuses. » (Cicéron, Tusc,
ESSAIS DE .MONTAIGNE.
II, XXII.) L'édition de Paris 1538 écrit « obverscntur»
au lieu de « obser^-entur».
Chronologie : Aucune date certaine. Notons
cependant, 1° qu'une partie de l'essai est composée de
sentences ajustées à la manière d'une mosaïque et
spécialement de sentences empruntées à Sénèque;
c'est là une méthode de composition qui caractérise
les essais I, xiv, et I, xx, tous deux datés de 1572, et
qu'on ne retrouve plus dans les essais datés de 1578;
2° que la place occupée par cet essai invite à le
croire des environs de 1572. En conséquence, il v a
grandes probabilités pour qu'en partie au moins il ait
été écrit dans la première période. Rien ne prouve
d'ailleurs qu'il n'ait pas subi dans la suite de notables
additions.
Chapitre XL.
CONSIDKRATIOX SVU CICKROX.
P. 323, 1. I. Ces couples). Cicéron tt Pline d'une
part, et d'autre part Epicure et Sénèque, person-
nages dont il a été longuement question dans l'essai
précédent.
P. 323, 1. 5. Les historiens de leur temps). Cf. la
lettre de Cicéron à Luxeius, \ , xii, et celle de Pline
le Jeune à Tacite, VII, xxxiii. Notons que Pline le
Jeune demande à Tacite de respecter la vérité, que
Cicéron prie Luxeius de la fausser à son avantage.
P. 323, 1. 18. Si les gestes de Xeiiophon et lie Crsar).
Montaigne fera un emploi analogue de l'autorité de
ces deux personnages dans l'essai II, xviii.
P. 324, 1. 6. Que cet ouvrage). Dans son édition de
Térence (Bâle 1438), Montaigne trouve une « Terentii
vita... ex .-Elio Donato» où il est parlé assez longue-
ment de cette question. « Non obscura tama est
adjutum Terentium in scriptis a LkHo & Scipione,
quibuscum familiariter vixit. Eamdem ipse auxit :
nunquam enim nisi leviter se ^utari conatur, ut in
prologo Adelphorum. » Suit la citation des Adeip])es
à laquelle Montaigne fait allusion dans la phrase
suivante : « Q. Memmius in oratione pro se ait :
P. Africanus, qui aTerentio personam niutuatus, quiv;
domi luserat ipse, nomine illius in scenam detulit.
Nepos autore certo comperisse se ait, C. L;vlium
quondam in Puteolano Cal. Martiis admonituni ab
uxore, temporius ut discumberet, petiisse ab ea ne
interpcUaretur : serius tandem ingressum triclinium
dixisse, non sa.'pe in scribendo magis successisse sibi :
deinde rogatum ut scripta illa proferret, pronun-
liasse versus qui sunt in Heautontimorumeno. » \'oir
essai III, xiii.
P. 324, 1. 8. Terence l'advùue). Dans la préfiice des
Adelpiies il ne l'avoue pas à proprement parler, mais
il ne s'en défend que faiblement.
P. 324, 1. 13. Comme qui loueroil un Rov). Cette
idée est souvent chez Plutarque, en particulier dans la
rie de Pcriclès. Je la retrouve chez Gentillet, dans les
Discours sur les moyens de bien gonveruer. Il l'exprime
à l'occasion des éloges que les poètes contemporains
décernaient à Charles IX pour avoir été habile menui-
sier. Avec quelques exemples sur ce sujet. Gentillet
cite les vers de Virgile que nous trouvons ici chez
Montaigne. I, n (éd. latine de 1577, p. 77). Je crois
que c'est simple coïncidence. D'ailleurs Montaigne
n'insérera la citation de Virgile qu'après 1580, et il
adoptera une leçon légèrement différente de celle
que nous trouvons chez Gentillet.
P. 324, 1. 18. A Cvrus). Cf. l'essai précédent,
p. 318, 1. 6.
P. ^24, 1. 25. Les compûignons de Demoslljeues). Cf.
Plutarque, Vie de Démostijène : « Philippus monstra
bien plus de privaultez à .î-schines & à Philocrates
qu'à luy : à l'occasion de quoy, comme eulx le hault-
louassent, disans que c'estoit un prince qui parloit très
bien, qui estoit fort beau de visage, & qui vravement
beuvoit fort bien, 6c estoit plaisant en compagnie, il ne
se peust tenir de s'en mocquer, & de le destourner en la
pire part, disant que toutes ces qualitez là n'estoient
point louanges dignes ni propres a un roy, pource
que la première estoit plus tost qualité d'advocat, la
seconde d'une femme, & la troisième d'une éponge. »
(iv, f" 587 v".)
P. 325, 1. 3. Lnperet Ivllanle). " Qu'il connnande.
ESSAIS DK MONTAIGNE.
vainqueur au combat, clément à l'adversaire terrassé. »
(Horace, Carmen sœcularc, 51.)
P. 325, 1. 6. Orabunt causas alij). « D'autres s'oc-
cuperont de plaider, d'autres à l'aide du compas
décriront les mouvements du ciel et prédiront le cours
des astres brillants; pour lui, qu'il sache commander
les peuples. » (Virgile, Enéide, VI, 849.) Montaigne
modifie le texte de ^'irgile que voici tel qu'on le lit
dans son édition (F" 97 r") :
« Orabunt caussas melius, cœlique meatus
» Describent radio et surgentia svdera dict'iu :
rt Tu regere imperio populos. Romane, mémento. »
P. 325, 1. 9. Phiiarqiie dict). Cf. Plutarque, dans b
Vie de Pcriclès : « Philippus Roy de Macédoine dit une
fois à son filz Alexandre le Grand, qui avoit chanté en
un festin fort plaisamment, & en homme qui enten-
doit bien l'art de Musique, N'as tu point de honte
de chanter si bien? Pource qu'il suffit bien qu'un
Roy emploie quelquefois son loisir à ouir chanter
les chantres, & fait beaucoup d'honneur aux Muses.
de vouloir estre quelquefois auditeur des ouvriers de
tel art quand ilz font à l'envy les uns des autres à
qui chantera le mieux. Mais qui actuellement exerce
quelque art basse & ville, il produit en tesmoignage
contre soymcsme le labeur qu'il a emploie en choses
inutiles, pour prouver qu'il a esté paresseux à appren-
dre les honnestes & utiles. » (i, f° 104 r".)
P. 325, 1. 15. .^ ce mesmc Philippus). Cf. Plutarque,
Propos de table, II, i\'. Comment on pourra discerner le
flatteur d'avec l'amy, xxv, et surtout Les dicls notables
des grands Capitaines, où on lit la version que voici :
« Un musicien joueur d'instruments avoit sonné devant
luy durant son soupper, Philippus le voulut reprendre
de quelque passage et commencea à entrer en dispute
coiure luy de la Musique des instruments, «Ja Dieu ne
plaise, Sire, luy dit adonc le .Musicien, qu'il t'adviene
jamais tant de mal, que tu entendes ces choses là
mieulx que moy. » (F" 192 v".)
P. 325, 1. 19. Comme Ipbicrates). Cf. Pkitarque, Ixs
dicts notables des anciens Roys, Princes et grands Capi-
taines : « Un orateur harenguant devant le peuple en
pleine assemblée de \ille demanda a Iphicratcs, qu'es
tu, à fin que Ion sçache dequoy tu te glorifies tant : Fs
tu homme d'armes, ou archer, ou homme de pied
6»; picquier? Je ne suis, respondit-il, rien de tout
cela, mais je suis celuy qui sçait commander à tous
ceulx-là. » (F" 197 r°.) Cf. aussi le traité De la fortune,
f" 107 v'\
P. 325, 1. 24. Et Anlistheim). Cf. Plutarque, Vie
de Pcriclès : « Pourtant respondit tresbien Antisthenes
à un qui lui disoit que Ismenias estoit excellent joueur
de flustes, C'est-mon, dit-il, mais au demeurant
homme qui ne vault rien : car autrement il ne seroit
point si excellent joueur de flustes. >> (Préambule,
f^' 104 r".)
P. 326, 1. 13. Non est ornanientnni). «Ce n'est
pas une parure d'homme que l'arrangement svmé-
trique. » (Sénèque, ép. 95.)
P. 326, 1. 20. Ils promettent aussi). Cf, Sénèque,
Epîlres : « Cum Idomeneo scriberet (Epicurus), et
ullum a vita speciosa ad fîdelem stabilemque gloriam
revocaret, rigidas tune potentia; ministrum, et magna
tractantem, si gloria, inquit, tangeris, notiorem te
epistola; mex facient, quam omnia ista qux' colis et
propter quœ coleris... Quod Epicurus amico suo
potuit promittere, hoc tibi promitto, Lucili. Habeo
apud posteros gratiam, possum mecum duratura
nomina educere. » (Ep. 21, pp. 105 et 106.)
P. 327, 1. 6. A une juste cadence). Il ne faut pas
oublier que dans l'essai II, x, Montaigne a parlé tout
autrement et avec beaucoup plus de justice des
Épîlrcs familières de Cicéron.
P. 327, 1. 9.Fv de l'éloquence). Cf. Sénèque, Epitres :
t( Nocet illis eloquentia, si non rerum cupiditatem
facit sed sui. « (Ép. 52.)
P. 327, 1. 13. // avoit à orer). Cf. Plutarque, Les
dicls notables des anciens Roys, Princes & grands Capi-
taines : « Il estimoit tant l'honneur de bien dire, & y
prenoit si grand'peine, avec si grande ardeur d'afîec-
tion, que aiant .\ plaider une cause devant les cent
juges seulement, estant escheut le jour de l'assigna-
tion, l'un de ses serfs, Eros, luy vint apporter la
nouvelle que la cause estoit remise au lendemain :
il en fut si aise, qu'il lu\' en donna Hberté pour ceste
bomie nouvelle. « (F" 208 r".)
P. 3 28, 1. 4. De ces longues offres). Rapprocher
de ces plaintes celles d'un contemporain, Estienne
I.IVRI-: I, CHAPITRE XL.
Pasquici", qui, dans la lettre qui sert d'introduction à
sa correspondance, écrit à Loisel : « Mettant la main
à ceste œuvre, je me délibère de luy ostcr ht teste
et les pieds : je veux dire ces mots de Monseigneur,
Monsieur et autres, dont nous faisons les premiers
frontespices de nos lettres : et plus encore ceste clos-
ture des quatre ou cinq lingues de recommandations
aux bonnes grâces qui ne servent que de perte de
temps et retiiplissage de papier. »
P. 328, 1. 24. Que les Italiens). A Venise, le 7 no-
vembre 1580, Vcronica Franco offre à Montaigne un
recueil de lettres familières qu'elle venait de publier.
P. 328, 1. 25. Annihale Caro). Annibal Caro
(1507-1566) est connu par sa traduction de Virgile,
et surtout par ses lettres familières qui sont regardées
comme des modèles du genre et comme des spéci-
mens de la meilleure prose italienne. Elles ont paru
en 1572 et 1574. Montaigne a pu posséder l'édition
de 1581 : leLetterefaniigUari del coinmeudatore AiiuibaJc
Caro col privilégia di Nostro Signor papa Pie V c dell '
illustriss. Signora di Vemtia (In Venetia, B. Gimitilc
fralclli, i)Si). Ces épitrcs de Caro nous montrent très
bien ce que Montaigne demandait au genre épistolaire.
Ce n'est pas par le fond sans doute qu'elles l'ont
séduit : elles traitent surtout de questions d'art et
d'archéologie, de vieilles médailles, c'est-à-dire de
sujets qui ne semblent pas occuper particulièrement
Montaigne; elles font une place importante aux
querelles littéraires et particulièrement à la querelle
de Caro avec Castel-\'etro : Montaigne aurait
dédaigné sans doute ces minuties grammaticales
et ces questions de spécialistes. Une lettre présente
une attaq,ue violente contre l'écriture et l'éloge
des illettrés : celle-là certainement aura intéressé
l'auteur de VApologic de Scbonde. Mais ce qui l'a séduit
surtout c'est la forme. Bien souvent les lettres de Caro
n'ont pas de sujet. Elles sont pleines de compliments
gracieux et joliment tournés, de riens délicatement
dits, d'excuses spirituelles, de remerciements habile-
ment variés, de recommandations insinuantes, des
bagatelles de la vie de société. Montaigne a goûté
cette agréable aisance et cette souplesse à exprimer
les banalités mondaines, cette légèreté de style où
vraiment, toute matière faisant bien souvent défout.
le premier trait produit le second. Cette absence
complète de recherche a aidé Montaigne a dégager son
idéal en matière épistolaire comme il le foit en 1588
dans son quarantième essai du premier livre. Aucun
«projet», c'est-à-dire aucun sujet qui transforme
la lettre en un cotirs; aucune recherche de forme;
aucune affectation dans les formules de politesse et
dans les offres de service; beaucoup d'aisance et de
bonne grâce, tels sont sans doute les caractères des
lettres de Caro qui ont séduit Montaigne.
P. 329, 1. 26. D'en charger le front). Effectivement,
en tête de l'édition de 1 588 Montaigne a supprimé ses
titres qui figuraient dans les éditions précédentes.
Chronologie : Les allusions contenues dans cet
essai ne me semblent suggérer aucune hypothèse
solide touchant sa date de composition : i" l'essai
précédent critiquait la vanité de Cicéron et de Pline
le Jeune : celui-ci reprend le même sujet. Cela peut
inviter à penser que tous deux ont été composés
dans le même temps; mais on en pourrait tirer une
conclusion toute contraire et je crains que cette
similitude n'ôte toute force à l'argument que nous
pourrions invoquer de la place occupée par cet e.ssai
pour fixer sa composition à la première période : en
effet, le vingt-sixième essai du premier livre. De l'ins-
titution des enfants, qui est au plus tôt de 1579, a été
placé à la suite de l'essai Du pedanlisnie (I, xxv), de
beaucoup antérieur probablement, pour ce seul motif
que tous deux traitent le même sujet. Qui sait si les
mêmes considérations n'auraient pas déterminé le
classement des essais I, xxxix, et I, XL? Qui sait si le
second n'est pas de beaucoup postérieur au premier et
si Montaigne n'a pas voulu rapprocher deux morceaux
d'époques très différentes, mais de sujet identique;
2" deux passages importants sont pris aux Œnvres
morales, traduites par Amyot, et ne peuvent par
conséquent pas être antérieurs à la fin de 1572.
D'ailleurs, ils ne commandent pas du tout le dévelop-
pement : ils ont pu être insérés sous forme d'additions,
et l'essai peut être antérieur à cette date. En résumé,
il n'est pas invraisemblable que cet essai soit postérieur
à la date que sa place semble lui assigner, mais rien
ne le prouve.
Chapitre XLT.
DE NK CO.MMVXiaVEIv SA GLOIRE.
P. 330, 1. 6. La fauta). «La renommée qui
enchante par sa douce voix les superbes mortels et
qui paraît si belle, n'est qu'un écho, un songe, que
dis-je! l'ombre d'un songe qui, au moindre souffle,
se dissipe et s'évanouit. » (Torquato Tasse, Jcriisalcin
dclivrà, chant xiv, stance 63.)
P. 330, 1. 10. Que les philosophes). Rapprocher ce
mot de Tacite auquel Montaigne n'a probablement
pas songé : « Etiam .sapientibus cupido glori;v; novis-
sima exuitur. » {Hist., l\, vi.) Cette idée est en effet
fréquemment reprise par les moralistes, notamment
par Cicéron.
P. 330, 1. 13. Quia etiam). « Parce qu'elle ne cesse
de tenter ceux mêmes qui ont fait des progrès dans
le chemin de la vertu. » (Saint Augustin, Cite de
Dieu, V, XIV.)
P. 331, 1. I. Connue dit Cicero). « Ipsi illi philoso-
phi, etiam illis libellis quo de contemnenda gloria
scribunt, nomen suum inscribunt : in eo ipso in quo
prasdicationem nobilitatemque despiciunt, pn-edicari
de se ac nominari volunt. » {Pro Archia, xi.) Cicéron
a repris cette idée dans les Tiisculanes, I, xv. Cf. aussi
j. Tahureau, Oraison au roi de la i^raiideur de sou règne
(éd. de 1555, f" 7 r").
P. 331, 1. 7. Catulus Luetatiiis). Cf. Plutarque,
Vie de Marins : « Il commanda luy mesme à celuy
qui portoit l'enseigne qu'il marchast, & s'en courut
devers les premiers qui s'en alloient, se mettant a
marcher devant, à ffn que la honte de ceste retraite
tumbast toute sur luy, non pas sur son pais, ii: qu'il
semblast que les Romains .suivissent leur capitaine,
& qu'ilz ne fouissent pas. » (viii, f'' 273 v".)
P. 331,1. 12. Quand l'Empereur CJjarles cinquiesnie).
Cf. les Mémoires des frères du Bellay : « Antoine de
Levé... le supplioit de se laisser persuader... Aucuns
toutesfois estoient d'opinion, que secrètement ledit
de Levé estoit d'advis que l'Empereur passast deçà,
mais du vouloir et sceu dudit seigneur il monstroit
devant le monde et publiquement le contraire, afin
que venant l'Empereur au-dessus de son entreprise
(ainsi qu'il en avoit bonne espérance, voire s'en tenoit
pour asseuré) toute la gloire et honneur en fust
attribué audit seigneur Empereur, et dit par le monde
que son cueur avoit esté si grand, sa prévoyance et
conduitte si bonne, que contre l'opinion de tous il
eust osé entrer, et eust eu la prudence de conduire
à heureuse fin une entreprise désespérée. » (VI,
194.) Brantôme assure positivement tout le contraire.
« Antoine de Levé, dit-il, se persuada si bien et
beau ce voyage de Provence, et à l'Empereur, &: s'y
opiniastra si fort, que l'Empereur le creut contre l'advis
d'aucuns de ses grandz Capitaines, — disant tousjours
qu'il esperoit le mener à Paris, ne demandant que
d'estre enterré à Sainct Denys pour toute recompanse. »
{Fies des Hommes illustres étrangers, à l'article Antoine
de Lève, I, p. 17e; voir aussi 110-228, et ^'II, lxi.) De
Thou dit de même : «... Antoine de Lève qui avait
été le principal auteur de cette entrepri.se, et qui
avait garanti à son maitre une victoire certaine s'il
attaquait les Français dans leur pays. » (I, 379.)
P. 331, 1. 19. Les Ambassadeurs Thraciens). Cf.
Plutarque, Dicts notables des LaceJa-moniens : « Et après
qu'il (Brasida.s) fut mort en délivrant de servitude
les Grecs habitans au pais de Thrace, les ambassa-
deurs qui furent envoyez de la part du pais, pour
rendre grâces aux Laccdxnuonicns, allèrent visiter sa
LIVRE I, CHAPITRK XLI.
125
merc Archileonidc ; laquelle leur demanda premiè-
rement, si son fils Brasidas estoit mort vaillamment :
et comme ces Ambassadeurs Thraciens le louassent
si haultement, qu'ils disoient qu'il n'avoit point laisse-
son pareil : Vous vous abusez, dit-elle, mes amis,
car Brasidas estoit bien homme de bien, mais il y en
a plusieurs en Sparte qui sont encore meilleurs que
luy. » (F° 2ié r".)
P. 331, 1. 25. En la bataille de Crccy). Cf. Froissart :
« ... &, pour le péril ou ceux de la première bataille
se veirent, ils envoyèrent hastivement un Chevalier
de leur conroy au Roy d'Angleterre... et dit le
Chevalier quand il fut venu jusques au Rov, Sire,
le Comte de Warwich, le Comte d'Estanfort... sont
combattus aigrement des François, parquoy ils vous
prient que vous et vostre bataille leur venez aider,
car si tel eifort se multiplie ainsi, ils doutent que
vostre fils n'ayt affaire. Si dît le Roy, mon fils est-il
mort, ou à terre ou s'il est blecé, qu'il ne se puisse
aider? Le Chevalier respondit, Nenny, Sire, si Dieu
plaist mais il est en dur party d'armes... Le Roy...
dît... je leur mande qu'ils laissent gaigner à l'enfant
ses espérons, mais je vueil (se Dieu l'a ordonné) que
la journée soit sienne, & que l'honneur luv en
demoure. » (I, 130, p. I5^)
P. 332, 1. 5. Sempcr eiiiiii). «Toujours en effet le
dernier renfoit semble avoir seul décidé la victoire. »
(Tite-Live, \X\ll, xl\-.)
P. 332, 1. 7. Plusieurs cstiinoyent). Cf. Plutarque,
Instruction pour ceux qui manient ajf aires d' Estât :
« Les mesdisans qui portoient envie à la gloire de
Scipion, disoient qu'il n'estoit que le joueur des
beaux faicts d'armes qu'il executoit, mais que l'au-
theur en estoit L^lius son familier : toutesfois Lselius
ne s'en éleva ny altéra jamais pour tous ces langages
là, ains continua tousjours à seconder & promouvoir
la gloire & la vertu de Scipion. » (vu, f" 166 r".)
Cf. aussi le traité intitulé : Si l'homme d'aage se doit
encore entremettre des affaires, f° 187 r".
P. 332, 1. 10. TheopompHs). Plutarque, Instruction
pour ceulx qui manient affaires d' Estât : « Theopompus
roy des Lacedœmoniens, à un qui luy disoit, que
Sparte demouroit sur ses pieds, pour autant que les
Roys y sçavoient bien commander, « mais plus tost.
» dit-il, pource que le peuple y sçait bien obeïr. »
(F° 172 \".) Les dicts notables des Lacedxmoniens :
« Quelqu'un disoit devant luy (Theopompus), que
la ville de Sparte se maintenoit en son entier, pource
que les Roys y sçavoient bien commander : « non pas
» tant, dit-il, que pource que les citoiens y sçavent
)) bien obéir. » (F" 217 r°.)
P. 332, 1. 14. Conte les famés). Cf. du Tillet, Recueil
des Rois de France : « Les femmes sont capables de
tenir pairries, ont séance et opinion es jugemens,
y doivent estre appelées et adjournees comme les
autres Pairs, qui est conforme à la loy civile, pource
qu'elles tiennent dignité avant exercice de justice. »
(Éd. de 1618, p. 259.)
P. 332, 1. 16. Z,« pairs ecclésiastiques). Id., ibid. :
« Encores que les saincts Canons défendent les armes
à tout le Clergé, Jes Prélats pairs de France estoient
pour raison de leur pairrie (chose temporelle) obligez
à servir et suyvre, accompaignez de leurs chevaliers
et soldats, les Roys, quand ils alloient à la guerre
en personne, lequel service estoit deu par aucuns
evesques non pairs, tant la France en tous estats
honoroit lors les armes. Floard en son histoire parle
de Huicmard et Hernieu Archevesques de Rheims,
ayant souvent conduit en personne de leurs gens de
guerre, pour le service des Roj^s Charles le Chauve,
et Charles le Simple. Guillaume le Breton, en celle
du Roy Philippe Auguste, faict mention de l'Evesque
de Beauvais, Prince du sang, frère du Comte de
Dreux, Pair de France, estant avec le dit Auguste,
en la bataille du pont de Bouvines, qui d'un coup
de masse jetta de cheval à terre, Guillaume comte
de Salsbery, surnommé Longue-Espee, frère bastard
du Roy d'Angleterre, et commanda à messire Jehan
de Nesle chevalier, le prendre son prisonnier. Le
semblable il feit de plusieurs autres qu'il versa,
donnant, pource qu'il estoit d'Eglise, le los de ses
faicts d'armes à autruy, et ne voulant combattre que
de masse, pour ruer sans tuer. » (P. 257. Cf. aussi
Papyre Masson, Annales, 1577, p. 301.)
Chkoxologie : Un emprunt aux Mémoires des
frères du Bellay (Antoine de Lève) permet de dater
cet essai de la première période (environ 1572).
Chapitre XLII.
DE L !Xi;aVALITE QV I KST ENTRE XOVS
P. 335, I. I. Philarqnc dit). Cf. Pluturquc, Que
les bestes iiseiil de la Raison : « Je ne pense pas qu'il
y ait si grande distance de beste à beste, comme il y
a de grand intervalle d'homme à homme en matière
de prudence, de discours, de raison, et de mémoire. >>
(F» 274 r°.)
P. 333, 1. 6. Plus de distance). Montaigne reprendra
cette même idée dans l'essai II, xii, p. 177, 1. 19.
P. 333, 1. 8. Hem vir). «Ah! qu'un homme peut
être supérieur à un autre homme. » Montaigne trans-
forme le texte de Térence qui est : « Di immortales,
homini homo quid prœstat. » (Eunuque, II, m, i.)
P. 333, 1. II. A propos de l'estimation des hommes).
Cette idée de la vanité des motifs sur lesquels nous
fondons la supériorité, et la comparaison entre les
animaux et les hommes à ce point de vue, sont des
thèmes courants chez les moralistes de l'antiquité et
du xv!*^ siècle. Cf. Lucrèce, II (le début du livre);
Horace, Satires I, 11, II, vu; Stobéc, Sermones, xxi,
p. 177; Stcfano Guazzo, La civil conversation (trad.
Chappuys, p. 448); Muzio, Il gentilnomo (p. 7 de
l'éd. de 1575). Voici le texte de Stobée; il cite tout
un long passage des Mémorables de Xénophon :
« Quemadmodum illi qui equos emunt, non antea
putant se cognosccrc equum, quem nosse cupiunt,
quàm animadvertant utrum bene domitus an effrenis,
fortis an debilis, citus an tardus sit, ac in aliis quo-
nam modo se habeat, in quibus equum valerc oponet.
Qui, quantum valcat, nesciat, .seipsum ignorât. »
P. 333, 1. II. C'est merveille que). Cf. Sénèque,
Hpîlres : « Eo quidque laudatur... quod illi proprium
est. Ergo in homine... » (Ép. ï6. p. 173.)
P. 334, 1. 2. Nous louons un cheval). L'expression
est de Montaigne; mais il en imite plusieurs de
Sénèque, particulièrement : « Non faciunt meliorem
equum aurei freni... ^■item laudamus, si fructu pal-
mites onerat. Num quis huic illam pn\;ferret vitem,
cui aureae uva;, aurea folia dépendent?... In homine
quoque id laudandum est, quod ipsius est. » (Ép. 41,
p. 125.)
P. 334, 1. 3. Volucrem). «Ainsi nous louons un
cheval pour sa vitesse, pour les palmes nombreuses
qu'il a remportées dans les cirques aux applaudisse-
ments des foules bruyantes. » (Juvénal, VIII, lvh.)
P. 334, 1. 8. // a un ora)id train). Cf. Sénèque,
Epîtrcs : « Familiam pulchram habet et domum pul-
chram, multum serit, multum fxnerat, nihil horuni
in ipso est, sed circa ipsum. » (Ep. 41, p. 125.)
P. 3 34, 1. 1 1 . Si vous marchande:^). Id. , ibid. : « Equum
empturus, solvi jubés stratum... » (Ep. 80, p. 185.)
P. 334, 1. 18. Rcgibns). «Les rois ont cette coutume,
lorsqu'ils achètent des chevaux, de les examiner
couverts, de peur que, si, comme il arrive souvent,
le cheval a la tète belle et le pied mou, l'acheteur
ne se laisse séduire par l'aspect d'une belle croupe,
d'une tète fine ou d'une belle encolure. » (Horace,
Satires, I, 11, 86.)
P. 334, 1. 22. L'estime^-vous tout enveloppé). Cf.
Sénèque, Épîtres : « Homineni involutum xstimas. »
(Ép. 80, p. 185.)
P. 334, 1. 23. // ne nous faicl montre). Id., ibid.
Imité de : « sic nobis imponitur, quod neminem
.vstiniamus eo quod est, sed adjicimus illi & ea qui-
bus adornatus est. » (Ep. 76, p. 175.)
I.IVRi: I. CHAPITRF. XLII.
P. 334, 1. 25. C'est h- ivis de l'espcc). Id., ihid. :
« ... Nec booum nec maluui vagina gladiuni facit. »
(Ép. 92, p. 219.)
P. 334, 1. 27. // le finit ju^cr pur lii\ iiwsinc). Id.,
ibid. Imité de : « neminem œstimalis suo » (ép. 87,
p. 201), et aussi de : « si perpendere te voles sepone
pecuniam, domimi, dignitatem, intus te ipsc consi-
déra. )) (Ép. 80, p. 185.)
P. 335, 1. I. Etcûininedit Ircs-plaisniiiiiieiil iiii ancien).
Id., ibid. : « Quare magnus videtur? Cum basi illum
sua metiris. » (Ép. 76, p. 175.) Montaigne reprend
sous trois formes différentes le mot « très plaisant >>
de Sénèque (patins, base, échasses).
P. 335, 1. 4. Qu'il mette à part ses rieljesses). Id.,
ibid. : « Ponat patrimonium, ponat honores... corpus
ipsurn exuat. » (Ép. 76, p. 175.)
P. 335, 1. 6. OiieIleamcail?).Id.,ibid. : «Animuui
intuere qualis sit... alieno an suo magnus. .Si crcctis
oculis gladios micantes videt, &; si scit nulla sua
interesse, utrum anima per os an per jugum cxeat :
beatum voca. » (Ép. 76, p. 175.)
P. 335, 1. 12. Sapiens, sibiqne iinperiosns). «Sage
et maître de lui? Tel que ni la pauvreté, ni la mort,
ni les fers ne le fa.ssent trembler? A-t-il le courage
de tenir tête à .ses passions, de mépriser les honneurs?
Renfermé tout entier en lui-même, rond et poli
comme la boule que rien n'empêche de rouler, ne
laisse-t-il aucune prise à la fortune? ) (Horace, Satires,
II, VII, 83.)
P. 335, 1. 20. Sapiens pùl). «Le sage est lartisan
de son propre bonheur. » (Plaute, Trinumntns , II,
M, 84.) Montaigne a très probablement pris cette
sentence dans les Politiques de Juste Lipse, I, \ii.
P. 335, 1. 22. Nonne videniiis). «Ne voyon.s-nous
pas que la nature n'exige en nous rien de plus qu'un
corps sans douleur, et une âme sereine exempte de
soucis et de craintes? » (Lucrèce, II, 16.)
P. 336, 1. 9. On'eii leurs chausses). Cf. Sénèque,
Epitres : «Togis inter se isti, non judiciis distant. »
(Ép. 114, p. 272.) Rapprocher I, xxxi, p. 281, 1. 8.
P. 336, 1. 10. En Thrace). Cf. Hérodote: «Quant aux
dieux, ils adorent seulement Mars, Bacchus et Diane.
Combien que leurs Roys adorent seulement Mercure,
ce que ne font les subjects. » (V, vu; t. I, f° 317 r".)
P. 336, 1. 16. Comme les joueurs de comédie). Rap-
procher Sénèque, Epitres : « Nemo ex istis quos
purpuratos vides felix est, non magis quam ex
illis quibus sceptrum & chlamydem in scena fabulce
assignant : cum présente populo elati incesserunt,
& cothurnati, simul exierunt, e.xcalceantur, & ad
staturam suam redeunt. » (Ép. 76, p. 175.)
« Ille qui in scena latins inccdit, et hxc resupinus,
dicit :
« Impero Argis, régna milii liquit Pelops, qua ponto
» \h Helles atque ab lonio mari urgetur Isthmos. ><
.servus est, quinque modios accepit", & quinque dena-
rios. Ille qui superbus atque impotens & fiducia
virium tumidus ait :
« Quod nisi quieris Meiiel.v h.ic dcxtra occides, »
diurnum accipit, in c:tnaculo dormit. Idem de istis
licet omnibus dicas, quos supra capita hominum
supraque turbam delicatos lectica suspendit. Omnium
istorum personata félicitas est. » (Ép. 80, p. 185.)
P. 336, 1. 21. Scilicet). «C'est que sur lui brillent,
enchâssées dans l'or, de grosses émeraudes de la plus
belle eau, et qu'il use de helles étoffes couleur vert de
mer, et les souille de la sueur de \'énus. » (Lucrèce,
IV, 1123.)
P. 336, 1. 25. Ille beat us introrsnni). «Celui-là
jouit d'un bonheur intérieur, l'autre n'a qu'un bon-
heur de surface. » Le début de cette citation vient
de l'épitre 119 de Sénèque : «Ille... beatus introrsum
est » (p. 282); la seconde partie est inspirée de
l'épitre 115 : « Omnium istorum... bracteata félicitas
est » (p. 274).
P. 337, 1. 3. Non eniui iia:^ii'). «En effet, ni les
trésors ni les faisceaux consulaires ne dissipent les
troubles du cœur et les soucis qui voltigent autour
des lambris dorés. » (Horace, Odes, II, xvi, 9.)
P. 337, 1. 8. Re veraquc). « A la vérité, les craintes
et les soucis, inséparables de l'homme, ne s'effrayent
pas du fracas des armes; hardiment ils fréquentent
les rois et les puissants, et l'éclat de l'or ne les trouble
pas. » (Lucrèce, II, 47.)
P. 337, 1. 17. Ce ciel de lict). Rapprocher Sénèque,
Epitres : « Nihil differt utrum ivgrum in ligneo lecto
128
ESSAIS DE MONTAIGNE.
an in aureo colloces : quocumque illum transtuleris
morbum suum secum transférer : sic nihil refert
utrum animus xgev in divitiis an in paupertate
ponatur. » (Ép. 17.)
P. 337, 1. 19. AVr calida' cititis). «Et la chaleur
de la fièvre ne tombera pas plus vite si vous êtes
étendu dans les broderies et dans la pourpre que
s'il vous faut vous contenter d'un drap plébéien. »
(Lucrèce, II, 34.) Le texte est conforme à celui de
l'édition Lambin, p. loi.
P. 337, 1. 22. Les flateiirs). Cf. Plutarque, Les
dicts notables des anciens Ross, Princes & grands Capi-
taines : « Il fut en quelque rencontre blecé d'un coup
de flesche à la cuisse, si accoururent soudain à luy
plusieurs de ceulx qui par flatterie avoient accoutumé
de l'appeller Dieu : et lors avec un visage riant il
leur dit, en leur monstrant sa playe. C'est du vrav
sang, comme vous pouvez veoir,
u Et non de l'humeur telle
» QjLii coule aux dieux de nature immortelle. »
(Fo 193 vo.)
Cf. aussi Fie d'Alexandre : «Aiant esté blecé d'un
coup de traict, & en sentant griefve douleur, il se
retourna vers ses amis & leur dit : cela qui coule de
ma playe est vray sang, (5\: non point comme dit
Homère :
« Une liqueur de rien, semblable à celle
» Qui flue aux Dieux de nature immortelle. «
(IX, f- 474 v°.)
P. 337, I. 26. Herniodonis). Id., Ij:s dicts notables
des anciens Ro\s, Princes & grands Capitaines : « Her-
modotus (sic) poëte en quelques compositions sienes
poétiques l'appeloit fils du soleil : & luy alencontre
disoit, Celu}' qui vuide ma selle percée sçait bien
avec moy qu'il n'en est rien. » (F° 194 r°.)
P. 338, 1. 2. Pour tons potages). Expression de la
langue des conteurs (cf. Rabelais, II, vi); Montaigne
la reprendra un peu plus loin dans l'essai I, XLvi,
p. 358, 1. 15.
P. 338, 1. 5. Piielhr). «Que les jeunes filles .se
l'arrachent; que partout les roses naissent sous ses
pas. » (Perse, II, 38.)
P. 338, 1. 9. Hcsc perinde sitnt). «Les choses valent
ce que vaut le possesseur : à qui en sait user elles
sont bonnes; à qui ne sait pas, elles sont mauvaises. »
(Térence, Hcantontimoroinnenos, I, m, 21.)
P. 338, 1. 14. Non domtis). «Ce n'est pas une
maison, ce ne sont pas des propriétés ni des tas d'or
qui guérissent la fièvre du corps et les soucis du
cœur : il faut que leur possesseur soit sain pour qu'il
en puisse bien jouir. S'il est tourmenté de cupidité
ou de crainte, sa maison et ses biens lui sont autant
que des tableaux à un chassieux ou des unguents à
un podagre. » (Horace, Épîtres, I, 11, 47.) Dans les
éditions de 1580 et 1588 la citation comporte un
vers de plus qui signifie : « Quand le vase est impur
tout ce qu'on y verse s'aigrit. » Montaigne l'a rayé
ici pour le reporter dans l'essai III, xiii. Notons
encore que cette citation d'Horace se trouve en note
de l'édition Lambin de Lucrèce, au \ers 34 du livre II,
que .Montaigne vient de citer, et que réciproquement
dans l'édition d'Horace donnée par Lambin on trouve
en note à propos de ces vers la citation de Lucrèce.
P. 338, 1. 22. Conte Platon dict). Dans les Lois :
« Aiunt nempe optimum esse .sanitatem, ei proximum
bonum formam, vires tertium, quartum vero divi-
tias... Ego enim assero quœ vulgo mala dicuntur,
injustis bona esse, justis autem mala. Quœ vero
dicuntur bona, bonis quidem vere bona, malis autem
mala. » (H, pp. 661-662; éd. de 1546, p. 762.)
P. 339, 1. 4. Totiis & argenio). «Tout en argent et
tout en or. » (Tibulle, I, i, 71.) Le texte est : «Totus
et argento contextiis, et auro. »
P. 339, 1. 9. Si vcntri). «Si vous avez l'estomac,
les poumons et les pieds en bon état, toutes les
richesses des rois ne pourront rien ajouter à votre
bonheur. » (Horace, Epitres, I, xii, 5.)
P. 339, 1. II. De l'advis du Roy Selenctis). Cf.
Plutarque, Si l'homme d'aage se doit niesler des affaires
publiques : « Car la royauté, qui est la plus grande
et plus parfaitte espèce de gouvernement qui soit au
monde, a de très grands soucis, travaux et rompe-
ments de teste et en grande quantité : tellement
que Ion escript que Seleucus disoit souvent, Si les
hommes sçavoient combien il est laborieux .seulement
de recevoir et escrire tant de lettres, connne il en
LIVRE I, CHAPITRE XLII.
129
fault recevoir et escrire aux roys, ils ne daigneroient
pas seulement amasser un diadesme, quand ils le
trouverqient en leur chemin. » (F^ 183 r".)
P. 339, 1. 15. Puis qu'à tripler nous nicsnics). Rap-
procher Rabelais : « Comment, disoit le moine,
pourrois je gouverner aultruy, qui moy mesmes
gouverner ne sçaurois? » (I, 52.)
P. 339, 1. 22. Ut satins). «En sorte qu'il vaut
beaucoup mieux obéir tranquillement que de vouloir
se charger du gouvernement de l'État. » (Lucrèce,
V, II 26.)
P. 339, 1. 24. Joint que CvnisJ. Cf. Amyot, Epistrc
au Roy, en tète de sa traduction des Œuvres morales
de Plutarque : « Le grand Cyrus... souloit dire qu'il
n'appartenoit à nul de commander s'il n'estoit meilleur
que ceulx auxquels il commandoit. »
P. 340, 1. I. Le Roy Hicrori). Dans le traité de
Xénophon intitulé Hiéron, ou De la condition des rois.
Montaigne d'ailleurs ne copie pas les mots, mais
il résume les idées principales du traité.
P. 340, 1. 5. Pinguis ainor). «L'amour bien traité
et trop absolu nous dégoûte bientôt, comme l'excès
d'un mets agréable fatigue l'estomac. « (Ovide, Amores,
II, XIX, 25.)
P. 340, 1. II. Ny les dames). Cf. Xénophon,
Hiéron : « At amor nuUi minus insinuât sese quàm
tyranno. Neque enim amor appetere gaudet ea quœ
in promptu sunt, sed ea qua; sperantur. » (I, éd.
de 154s, p. 57e.)
P. 340, 1. 12. Oui ne se donne loisir). Id., ihid. :
« Proinde non aliter quàm si qui nunquam expertus est
sitim, potum nanciscatur, itidem qui est expers amoris,
expers est jucundissimœ \'eneris. » (Édit. de 1545,
p. 576.)
P. 340, 1. 18. Plerunujue gratœ). «Souvent le chan-
gement plaît aux grands : un repas frugal et propre
sous le toit du pauvre, sans tapis, sans pourpre, a
déridé leur front soucieux. » (Horace, Odes, III,
XXIX, 12.)
P. 340,1.23. Couw les Ija le i^rand seigneur). Cf. Guil-
laume Postel, Histoire des Turcs : « Le Prince Turc
a en divers Parcs ou Serrails grandes multitudes de
femmes et principalement en un Serrail de Constan-
tinople, qui est au melieu de la ville, là où à mon
partir y en avoit plus de trois cens. » (Éd. de 1575,
p. 92; éd. de 1560, i"^' partie, p. 6.)
P. ^40, 1. 25. Celuy de ses ancestres). Cf. Chalcon-
dylc : « On dit que Pajazet entretenoit d'ordinaire
bien sept mille fauconniers. » (III, xiii, 209.)
P. 341, 1. 2. Ils sont trop esclairei). On retrouvera
la même idée chez Cicéron, De officiis, II, xiii; Plu-
tarque, Instruction pour ceux qui manient affaires d 'Estât,
f" 162 v°; Castiglione, // Cortegiano, IV, viii, etc.
P. 341, 1. 8. Platon, en son Gorgias). « ... Ego...
id esse dico tyrannidem, quod paulo ante, videlicet
licentiam in civitate habere quicquid videatur perpe-
trandi, sive interficere quempiam, slve cxpellere
libeat, cœterdque omnia pro libidine tacere. » (xxiv,
p. 469; éd. de 1546, p. 346.)
P. 341, 1. 15. Un seing & une verrue). Cf. Plutarque,
Instruction pour -ceux qui manient affaires d'Estat :
« Tout ainsi qu'une lentille, un seing, une verrue
en la face de l'homme font plus d'ennuy que ne
feroient une balafre, ou une cicatrice, ou une muti-
lation en tout le reste du corps : aussi les fliultes
petites et légères de soy, apparoissent grandes es vies
des Princes. » (F° 162 V.)
P. 341, 1. 21. // recite aussi). Cf. Xénophon,
Hiéron, IL
P. 342, 1. II. Cœsar appelle Roytelets). Comme
César ne dit rien de semblable des Gaulois, Coste
a supposé, d'après Barbeyrac, que Montaigne, par une
inadvertance qu'il a commise encore ailleurs, II, viii,
avait rapporté ici aux Gaulois ce que César a dit des
Germains {De bell. galL, VI, xxiii) : « In pace nullus
communis est magistratus; sed principes regionum
atque pagorum inter suos jus dicunt, controversiasque
minuunt. » Cette hypothèse est d'autant plus vrai-
semblable que Montaigne ne semble pas avoir relu
César après 1580. Une nouvelle lecture lui eût peut-
être fourni l'occasion de corriger son erreur.
P. 342, 1. 26. Pancûs servitus). « Peu d'hommes
sont enchaînés à la servitude; beaucoup s'y enchaî-
nent. » (Sénèque, ép. 22.)
P. 343, 1. 4. Ma.ximuni hoc). « Le plus grand
avantage de la royauté, c'est que le peuple est obligé
non seulement de souffrir, mais encore de louer les
actions de son maître. » (Sénèque, Thyeste, II, i, 30.)
130
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 343, 1. 14. Ma haulciii). Rapprocher l'essai III,
VII.
P. 34;, 1. 21. Ses courtisans). Cf. Ammien Mar-
cellin; ce sont des avocats qui louent ainsi Julien :
« Fertur id di.xis.se permotus : gaudebam plane pr;ï
meque ferebat si ab his laudarer quos et vituperare
posse adverterem, si quid aut tactum sit secus aut
dictum. » (XXII, X.)
P. 344, 1. 3. Diochiian). Cf. Aurelius \'ictor, et
surtout Crinitus, De boiiesta disciplina, que Montaigne
a lu certainement entre 1580 et 1588 et qui reprend
à peu près les mots d'Aurelius Victor : « Utinam,
Romani, possetis olera visere nostris manihus Salonis
instituta, profecto enim nunquam istud tentandum
judicaretis. » (De Jmiesta disciplina, XIII, viii.) Cet
exemple est d'ailleurs très fréquemment repris par
les compilateurs et les moralistes du temps. A la
même époque Montaigne a eu chance de le lire
encore dans la Suite des diverses leçons, par Du Verdier
(III, 1), et dans le De constautia de Juste Lipse (I, 11).
P. 344, 1. 10. Al'advisd'Anacharsis). Cf. Plutarque,
Banquet des sept sages : « Thaïes opina disant que
celle chose publique luy sembloit la mieulx ordonnée,
où il n'y avoit pohit d'hommes ny trop riches ny
trop pauvres. Suivant celuy-là Anacharsis dit, que
c'estoit à son advis celle en laquelle toutes autres
choses estant égales entre les habitans, la precedence
se mesuroit à la vertu, & le rebut au vice. » (xiii,
f° 155 r".)
P. 344, 1. 13. Quand le Roy Pyrrijus). Cf. Plutarque,
f^ie de Pyrrhus : « Içeluy (Cinéas) donques voiant que
Pyrrus estoit fort affectionné à ceste guerre d'Italie,
le trouvant un jour de loisir, le meit en telz propos :
Lon dit sire, que les Romains sont fort bons hommes
de guerre, & qu'ilz commandent à plusieurs vail-
lantes et belliqueuses nations : Si donques les Dieux
nous font la grâce d'en venir au dessus, à quoy nous
ser\-ira cette victoire ? Pyrrhus luy respondit. Tu me
demandes une chose qui est de soy-mesme toute
évidente : car quand nous aurons dompté les Romains,
il n'y aura plus en tout le païs cité Grecque ny
barbare qui nous puisse résister, ains conquerrons
incontinent sans difficulté tout le reste de l'Italie, la
grandeur, bonté, richesse & puissance de laquelle
personne ne doibt mieulx sçavoir nv cognoistre que
toy mesme. Cineas faisant un peu de pause, luv
répliqua : Et quand nous aurons pris l'Italie, que
ferons nous puis après? Pyrrus ne s'appercevant pas
encore ou il vouloit venir, luy dit : La Sicile, comme
tu sçais, est tout joignant, qui nous tend les mains,
par manière de dire, & est une isle riche, puissante,
& abondante de peuple, laquelle nous sera tresfocile
à prendre... Il y a grande apparence en ce que tu
dis, respondit Cineas : mais quand nous aurons
gaigné la Sicile, sera ce la fin de nostre guerre? Dieu
nous face la grâce, respondit Pyrrus, que nous puis-
sions attaindre a ceste victoire, & venir à bout de
ceste entreprise : pource, ce nous sera une entrée
pour parvenir à bien plus grandes choses. Car qui
se tiendroit de passer puis après en Afrique & à
Carthage, qui seront conséquemment en si belle
prise, veu que Agathocles s'en estant secrettement
fouy de Syracuse, & aiant traversé la mer avee bien
peu de vaisseaux, fut bien près de la prendre :
& quand nous aurons conquis & gaigné tout cela,
il est bien certain qu'il n'y aura plus pas un des
ennemis, qui nous fâchent & qui nous harcellent
maintenant, qui oze lever la tête contre nous. Non
certes, respondit Cineas : car il est tout manifeste,
qu'avec si grosse puissance, nous pourrons facilement
recouvrer le royaume de la Macédoine, & commander
sans contradiction à toute la Grèce : mais quand nous
aurons tout en nostre puissance, que ferons nous
à la fin ? Pyrrus adonc se prenant à rire, Nous nous
reposerons, dit il, à nostre aise, mon amj', & ne
ferons plus autre chose que bancqueter tous les jours,
& nous entretenir de plaisans devis les uns avec les
autres, le plus joyeusement, & en la meilleure chère
qui nous sera possible. Cineas adonc l'aiant amené
à ce poinct, luy dit, Et qui nous empesche, Sire, de
nous reposer des maintenant, & de faire bonne chère
ensemble, puis que nous avons tout présentement,
sans plus nous travailler, ce que nous voulons aller
chercher, avec tant d'efilision de sang humain, & tant
de dangers? encore ne sçavons nous si nous y par-
viendrons jamais, après que nous aurons soufiert,
& fait souffrir à d'autres des maulx & travaux infinis. »
(vu, f" 275 r".)
LIVRE I, CHAPITRE XLII.
P. ^44, 1. 25. Niniinim). « C'est apparemment parce
qu'il ne connaissait pas bien les bornes qu'on doit
mettre à ses désirs et jusqu'où va le plaisir véritable. «
(Lucrèce, V, 143 1.) Le texte de Lucrèce est :
« Ximiruni, quia non cognovit, qux- sit habendi. »
Lucrèce ne parle pas de Pvrrhus.
P. 344, 1. 27. Clorre ce pas). Cf. pour la même
expression, du Bellay, Dejfcncc et illustration, I, xii,
éd. Cliamard, p. 161, note 5. C'est une locution
empruntée aux jeux militaires appelés pas d'armes;
on disait : ouvrir le pas, clore le pas.
P. 344, 1. 28. Mores cuiqiie). «C'est notre caractère
qui fait à chacun de nous sa destinée. » (Cornélius
Nepos, Vie d'Atticns, 11.) J'ignore dans quelle édition
Montaigne lisait Cornélius Nepos; il n'est pas inutile
cependant de remarquer que dans certaines éditions
(celle de 1569 par exemple) les sentences du genre
de celle-ci sont détachées dans le texte au moyen
de caractères particuliers qui attirent sur elles l'atten-
tion. Dans le texte de Nepos l'ordre des mots est
un peu différent : « Sui cuique mores... » Cette sen-
tence est commentée longuement dans les Adages
d'Erasme, II, iv, 30.
Chronologie : Cet essai est .sans doute de la
première période : En effet, 1° il est entouré d'essais
qui datent de 1572; 2" on y trouve la composition
en forme de mosaïque, avec nombreux emprunts
à Sénèque, qui caractérise plusieurs essais de la pre-
mière période (cf. I, xxxix); 3° l'occasion du chapitre
est peut-être le fameux entretien de Cinéas et de
Pyrrhus qui le termine, c'est-à-dire que l'inspiration
vient peut-être des Vies de Plutarque (^Vic de Pyrrhus'),
ce qui invite à rapprocher le chapitre du groupe
d'essais inspirés par les F/V.f de Plutarque vers 1572
(I, xxxviii, I, XLi, I, XLiv, I, XLV, I, xLvii). Il y a
donc des probabilités assez grandes pour que l'essai
De l'iiiequalite qui est entre nous soit de la première
période au moins dans sa majeure partie. Par sa
composition fragmentaire il était tout préparé à rece-
voir des additions, et sans doute il en a reçu. Trois
emprunts tout à fait textuels aux Œuvres morales,
traduites par Amyot (distance de beste à besle, Her-
modorus, le roy Seleucus...), n'ont pu y prendre
place qu'à la fin de 1 572. Peut-être une grande partie
du chapitre leur est antérieure.
Chapitre XLIII.
Di;S LOIX SOMPTVAIRES.
p. 345, 1. i.-Nos loix). Pour comprendre l'oppor-
tunité de cet essai il faut se rappeler qu'au xvr siècle,
sous l'influence de l'Italie, le luxe se développa avec
une extrême rapidité, les modes se transformant avec
une promptitude exceptionnelle, et que sans cesse les
rois inter\-inrent par des lois et des édits pour empê-
cher les conséquences funestes de ces excès. On
estimait qu'il était de grande importance de distinguer
les rangs par les costumes et de ne pas permettre au
vulgaire de s'habiller comme les grands. Les fortunes
sombraient souvent dans ces courses effrénées au
luxe où chacun cherchait à surpasser ses voisins. Les
finances publiques en souffraient également, car,
au début du siècle tout au moins, et en grande
partie même pendant tout le siècle, les soieries et
les objets de parure venaient d'Italie et drainaient
ainsi chaque année des sommes importantes hors du
pays. Enfin il semblait que la moralité de la nation
fut intéressée dans cette question. Dans l'impossibi-
lité d'apporter les textes du temps qui illustreraient
la pensée de Montaigne, je me contente de renvoyer
à l'une quelconque des nombreuses histoires du
costume en France qui ont été publiées depuis une
quarantaine d'années. Quicherat écrit, par exemple :
« Ce même monarque (François I'-'') qui faisait de
sa maison le temple de la parure se vit bientôt obligé
de mettre en interdit les choses dont la parure tirait
son principal éclat. Les financiers chargés de l'admi-
nistration des deniers de la couronne, calculant avec
douleur les sommes portées à l'étranger par l'acqui-
sition de tant d'articles coûteux, érigèrent en principe
la nécessité des lois somptuaires, si bien que ces lois.
renouvelées à plusieurs reprises, sous le règne de
François P", devinrent l'une des pratiques habituelles
du gouvernement. Tous les rois, jusques et y compris
Louis XIV, en ont usé à leur tour. En 1518 parut
un édit contre l'importation, la vente et la mise en
œuvre de toutes les soieries de luxe. Ce que nous
appelons soieries de luxe comprenait les draps d'or
et d'argent, le velours, le satin, le damas, le camelot,
le taffetas broché ou brodé d'or, même le taffetas uni
de couleur cramoisie. Les marchands qui avaient de
ces étoffes en magasin, devaient s'en défaire dans le
délai de six mois, soit en les réexpédiant au dehors,
soit en les vendant pour l'usage exclusif des princes
du sang ou de l'Eglise... Une autre ordonnance,
rendue en 1532, ne concerna que les financiers et
gens d'affaires. Il fut intimé aux personnes de cette
classe de s'abstenir de draps de soie, de fourrures,
des chaînes d'or d'un trop grand poids, et de ne pas
faire leurs filles trop belles et trop riches lorsqu'ils
les mariaient... Le chancelier Olivier, imbu de la
foi aux lois somptuaires, mit en jeu tous les ressorts
du gouvernement pour les rendre plus efficaces
qu'elles n'avaient été jusque-là. C'est lui qui, au risque
d'ameuter tout le beau sexe du royaume, étendit
aux femmes le dernier édit rendu par François 1"
contre l'emploi de l'or et de l'argent dans le vêtement
des hommes (édit de 1543). Cette mesure était le
prélude d'une ordonnance plus complète à laquelle
il fit consentir le" roi en 1549. Il ne s'agissait plus
seulement de mettre un frein à l'exportation du
numéraire : les considérants alléguaient le devoir
imposé à l'autorité de maintenir la décence publique
LIVRE I, CHAPITRE XLIII.
133
en même temps que la distinction des rangs. A l'in-
terdiction de trop riches ornements s'ajoutait la
gradation de ceux qui seraient tolérés. La loi descendit
jusqu'à régler à quelle place du vêtement les choses
de luxe s'appliqueraient. Les couleurs et qualités des
étoffes furent appropriées à la condition de chacun...
A l'avènement de Charles IX... des députés aux
Etats généraux d'Orléans déplorèrent les désordres
domestiques occasionnés par le luxe des habits. On
signala la tendance de tout le monde à y dépenser
même l'argent qu'on n'a pas... On rétablit les prohi-
bitions décrétées par Henri IL On augmenta le chiffre
des amendes. On introduisit même des peines corpo-
relles. Tout domestique récalcitrant devenait passible
de la prison, et les tailleurs, surpris en récidive à
mettre aux habits des ornements défendus, devaient
recevoir le fouet de la main du bourreau. Quant aux
marchands d'étoffes, ils étaient privés de tout recours
en justice à raison des fournitures qu'ils auraient faites
à crédit. L'ordonnance fut rendue le 22 avril 1561,
affichée, criée, trompettée comme loi fondamentale
du royaume; et cependant il fallut la renouveler dès
le mois de janvier 1563, en faisant l'aveu qu'elle
n'avait pu être exécutée à cause des troubles, et que,
bien qu'elle eût dû servir d'avertissement, le luxe
avait fait de nouveaux progrès ; car à la folie des étoffes
somptueuses s'était jointe celle des façons si compli-
quées que la main-d'œuvre surpassait la matière du
double et du triple. On prit texte là-dessus pour
proscrire toute façon qui s'élèverait à plus de éo sous ;
et les affaires des tailleurs et merciers n'en allèrent
pas plus mal, puisque le gouvernement revint encore
à la charge le 23 avril 1573, en gémissant de la
manière la plus pitoyable sur son impuissance...
Tel est le sort des lois quand elles ne sont pas les
mêmes pour tout le monde. Les édits de Charles IX
ne différaient pas en ce point de ceux de ses prédé-
cesseurs. Il donnait carte blanche aux princes pour
user de ce que bon leur semblerait, et la plupart des
choses défendues aux personnes du commun, il les
autorisait en faveur de quiconque suivait la cour.
Que pouvaient produire de pareilles exceptions chez
un peuple où tout hobereau entendait trancher du
prince, où tout le monde aspirait à paraître de la
cour?... Il reste de Henri lU deux édits somptuaires,
l'un rendu en 1577, l'autre en 1583. Le premier était
un rappel aux règlements des règnes antérieurs; mais
on en fit si peu de cas que, lorsque les ordonnances
de Henri II et de Charles IX défendaient aux gentils-
hommes d'habiller les domestiques d'étoffes précieuses,
Bussy d'Am boise affecta de se présenter au Louvre
avec six pages couverts de drap d'or depuis la tête
jusqu'aux pieds... L'édit de 1583 fut au contraire
exécuté avec une rigueur qui n'était pas dans les
habitudes de Henri III. Il alla jusqu'à autoriser l'incar-
cération de plus de trente dames de Paris, tant nobles
que bourgeoises, quoique le texte de l'ordonnance
ne portât pas d'autre punition que des amendes. »
(Pp- 353> 379j 397j 399>422.) Comme on le voit par
ce dernier texte, la manie des ordonnances somptuaires
continua après la. publication des Essais. Henri IV
à son tour rendra trois édits contre les soieries et
clinquants. On peut supposer que l'essai de Mon-
taigne a été suggéré par l'édit de 1573 ou par celui
de 1577; mais cette hypothèse n'est pas nécessaire,
et il suffit de constater que les préoccupations aux-
quelles il répond étaient dans l'air.
P. 346, 1. 15. Corrigea Zeleiiciis). Cf. Diodore de
Sicile : « Que la femme de condition libre ne puisse
mener après elle plus d'une chamberiere si elle n'est
}'\-re : ny ne puisse sortir hors de la ville la nuict si
elle n'est putain. Pareillement qu'à l'homme ne loise
porter en son doigt anneau d'or, ny robhe délicate
comme sont celles des draps tj'ssus en la ville de
Milet, s'il n'est sodomite ou putier. Et ainsi par ces
exceptions si honteuses et si villaines, il divertissoit
ingénieusement les personnes des superfluitez et
délices pernicieuses. » (XII, v, f'' 45 r°.)
P. 346, 1. 27. Oiiidqiiid principes). « Tout ce que
font les princes, il semble qu'ils le commandent. »
(Quintilien, Declaiiiationes , III.) Montaigne a pris
cette citation non pas directement chez Quintilien,
mais dans les Politiques de Juste Lipse.
P. 347, 1. I. Le reste de la France). Beaucoup de
moralistes ont insisté sur cette idée que l'exemple
des gouvernants est tout-puissant auprès des sujets.
Cf. en particulier Platon, Lois, I, iv.
P. 347, 1. 13. Tiercelets & quartekts de Roys). Image
134
ESSAIS DE MONTAIGNE.
empruntée de la fauconnerie : le tiercelet est le mâle
du faucon, de l'épervier, etc., d'un tiers plus petit
que la femelle. Cette image se rencontre chez les
conteurs. Rabelais (III, ix) a parlé de « tiercelets de
Job». Tabourot écrit dans les Bigamircs, IV, ii :
« Ils ronflent sur le pavé, ils tranchent des tiercelets
de prince, et deviennent si arrogans que les rues ne
sont pas capables de les tenir. » Régnier parle de
« tiercelets de poètes ». Montaigne enchérit plaisam-
ment par le terme de « quartelets » qu'il semble
imaginer pour la circonstance. Je ne crois pas qu'il
fût en usage au xvi'= siècle. Le dictionnaire de Gode-
froy n'en cite qu'un exemple du xV siècle, exemple
dans lequel le mot a une acception très différente.
P. 347, 1. 19. Platon en ses loix). « Nusquam
cognosci assero, quàm magnam ludorum genus ad
legum conditarum stabilitatem & mutationem habeat
potestatem . . . Sin autem mutetur id genus, novique
ludi quotidie inducantur, semperque novis delectetur
juventus, tum figuris gestibusve corporis, tum reliquo
apparatu & suppellectili : ac decens & indecens in
his rébus aliter in dics & aliter judicent, atque inven-
tores novarum rerum, colorum scilicet & figurarum
cœterorumque hujusmodi semper honorent : pestem
hac nullam civitati majorem fore censemus, recte
admodum judicantes. Mutât enim juventutis mores
occulte facitque ut prisca quidem vilia, nova vero
digna honore videantur... nihil... assero perniciosius
civitaiibus esse... Mutationem aio omnibus in rébus
pnx'terquam malis esse periculosissimam in tem-
porihus omnibus inventis, in dia;ta corporum, in
moribus animorum, In omnibus simpliciter pnvter-
quam in malis... Omnes enim eas leges colunt,... in
quibus educati sunt : si illœ di^•ina quadam fortuna
longis temporibus stabilité fuerint : adeo ut nullus
aut recordetur, aut audiverit eas unquam se aliter
habuisse. » (VII, pp. 797-798; éd. de 1546, p. S28.)
Chronologie : La source de cet essai est un pas-
sage de Diodore de Sicile que Montaigne lit dans la
traduction d'Amyot. Or Montaigne a certainement
lu cette traduction vers 1572, puisqu'on trouve des
traces de cette lecture dans les essais I, xvi, et I, xxiii.
Rien ne prouve qu'il l'ait étudié à nouveau entre
cette date et 1580. Voilà qui fortifie la présomption
que nous pouvons tirer à première vue de la place
occupée par cet essai : il e.st tout entouré de chapitres
qui appartiennent à la première période. Il y a donc des
chances sérieuses pour que lui aussi soit de la première
période.
Chapitre XLW
DV DORMIR.
P. 349, 1. I. Mesnic chemin). Cf. Sénèque, ÉpUrcs :
« Nec hoc dico sapientem uno semper iturum gradu,
sed una via. » (Ép. 20.)
P. 349, 1. 13. Alcxandn- le grand). Cf. Plutarque,
Vie d'Alexandre le Grand : « Apres que ses capitaines
se furent retirez en leurs logis, il se jetta dessus un
lict en sa tente, là ou il s'endormit tout le reste
de la nuict, plus serré qu'il n'avoit accoustumé, de
manière que les seigneurs qui vindrent à son lever
le matin, s'esbahirent bien fort, comme il dormait
encore, & d'eulx mesmes feirent commandement au.\
.soudards qu'ilz mangeassent : puis voians que le temps
les pressoir, Parmenion entra dedans sa chambre,
& s'approchant de son lict Tappella deux ou trois fois
par .son nom, tant qu'il l'esveilla, & lui demanda
comment il dormoit ainsi si haulte heure, en homme
qui a desja vaincu, & non pas qui est prest a donner
la plus grande & la plus hasardeu.se battaille qu'il
eut onques : à quoy Alexandre luy respondit en
riant. Comment, &: ne te semble il pas que nous
ayons desja vaincu. » (11, f" 476 v".)
P. 349, 1. 18. L'Empereur Othon). Id., Vied'Othon :
« (Othon) commencea à reconforter ses serviteurs,
& leur distribuer libéralement son argent, aux uns
plus, aux autres moins : ne le jettant point prodigale-
ment sans considération, comme deniers appartenans
desjà à autruy, ains y gardant diligemment propor-
tion, & mesure selon le mérite de chascun : puis
après les avoir envoyez, alors il se reposa et s'endormit
tout le reste de la nuict : tellement que ses valets de
chambre l'entendoient ronfler, tant il dormoit profon-
dement. » (viii, f' 733 v*".)
P. 350, 1. 6. Car Caton). Id., Vie de Caton d'Utique :
« s'endormit d'un fort profond sommeil, tellement que
ceulx qui estoient hors de la chambre l'entendoient
bien ronfler. Environ la minuict il appella... Butas
celuy duquel il se servoit le plus es affaires d'estat,
& l'envoya sur lé port veoir si tous ceulx qui s'es-
toient embarquez, avoient fait voile... Peu après
retourna Butas qui luy rapporta que tous les autres
avoient foit voile, excepté Crassus qui estoit encore
demouré pour quelque affaire, et qu'il s'en alloit
embarquer, mais qu'il faisoit un grand vent, et y
avoit une grosse tourmente en la mer... (Caton)
renvoya Butas derechef sur le port pour veoir si
aucuns auroient point relasche, qui eussent affaire
de quelque chose pour le luy venir dire. Les petits
ovseaux commençoient desja à chanter, & luy prit
derechef un petit de sommeil, mais sur ce poinct
retourna Butas qui luy dit qu'il n'y avoit bruit quel-
conque sur le port. Caton luy dit, qu'il s'en allast
doncques, & qu'il fermast la porte après luy, se ravalla
dedans son lict, comme pour dormir ce qui restoit
encore de la nuict : mais aussitost que Butas eut le
dos tourné il desguainna son espee, et s'en donna un
coup au dessoubz de l'estomach. » (xix, f° 549 v°.)
P. 350, 1. 15. En ce grand et dangereux orage). Id.,
ihid. : « Metellus entrant en son Tribunat, faisoit des
assemblées & harengues séditieuses, esquelles il meit
en avant au peuple un décret, par lequel estoit porté
que Pompeius fust au premier jour r'appellé avec
son armée en Italie... Le Sénat fut assemblé la dessus,
auquel Caton ne parla pas d'entrée aigrement, ny de
trop grande véhémence contre Metellus... mais cela
136
ESSAIS DE MONTAIGNE.
éleva encore plus en audace & en gloire Metellus,
& feit qu'il commencea à avoir Caton en mespris...
Adonc Caton changeant de visage, de voix, & de
parole, après luy avoir parlé fort asprement, en fin
protesta roidement, que tant comme il auroit vie
au corps il ne souffriroit que Pompeius entras! avec
armes en la ville de Rome... Quand le jour fut
escheut auquel on devoit faire passer cest edict par
les voix du peuple, Metellus ne faillit pas d'avoir ses
gens en ordonnance sur la place, force estrangers,
force esclaves, & force escrimeurs à oultrance tous
en armes, avec ce qu'il y avoit une bonne partie de
la commune qui desiroit le retour de Pompeius
pour l'espérance de quelque mutation, & si estoit
leur affaire grandement favorisé & fortifié de la part
de Cœsar, qui lors estoit Prêteur. Et a l'opposite,
de l'autre costé les plus gens de bien de la ville se
courrouceoient bien avec Caton, &; disoient comme
luy, que c'estoit une grande méchanceté, mais ilz
ne luy aidoient point pourtant : à l'occasion dequov
ses parents & domestiques en estoient en grand soucy
& en grande peine, de sorte qu'il y en eut qui
passèrent la nuict ensemble sans vouloir reposer
& sans boire ny manger, pour le danger auquel ilz
voyoient sa vie, & mesmement sa femme & ses
sœurs ne faisoient autre chose que plorer & se tour-
menter en sa maison, là ou luy tout au contraire
parloit asseureement, et reconfortoit tout le monde :
& après avoir souppé comme de coustume, il s'en alla
coucher, & dormit de fort profond sommeil jusquej
au matin, que Munatius Thermus l'un de ses compa-
gnons au Tribunat le vint csveiller. » (mu, f° 535 V.)
P. 351, 1. 5. En la bataille navale). Cf. Suétone,
Vie d'Auguste : « Sub horam pugnx- tam arcto repente
somno devinctus, ut ad dandum signum ab amicis
excitarctur. Unde prajbitam Antonio materiam putem
exprobrandi, ne rectis quidem oculis eum adspiccrc
potuisse instruciam aciem. » (xvi.)
P. 351, 1. 12. Quant au jeune Marins). Cf. Plu-
tarque. Vie de Sylla : «... toutefois les autres...
disent que Marins ne veit pas seulement la hattaille,
pource qu'estant aggravé de travail et de faulte de
dormir, il se coucha dessoubz quelque arbre à l'umbre,
pour se reposer un petit, après avoir desja baillé le
signe et le mot de la battaille, et s'endormit si serré,
qu'à peine se peut il esveiller pour le bruit de la
roupte et fuitte de ses gens. » (xiii, f" 529 v".)
P. 351, 1. 21. Le Roy Perseus). Cf. Plutarque, Vie
de Paul-Emile : « Toutesfois, il v en a quelques uns,
qui escrivent une nouvelle et bien estrange sorte de
sa mort : car ilz disent que les soudards qui le gar-
doient, aians conceu quelque despit & quelque haine
à rencontre de luv, & vovans qu'ilz ne luy pouvoient
faire autre mal ny autre desplaisir, l'empescherent
de dormir, prenans songneusement garde quand le
sommeil lu}' venoit, & le gardans de pouvoir clorre
l'œil, en le contraignant par toute voye & tout
moien de veiller & demourer sans dormir, jusques
à ce que ne pouvant plus durer en tel estât, il y
mourut. » (F" 176 v°.)
P. 3 5 1, 1. 22. Pli}ie en allègue). Cf. Histoire naturelle :
« MïEcenati triennio supremo nullo hon\; momento
contigit somnus. » (VII, lu.)
P. 351, 1. 24. // r a des nations). Cf. Hérodote,
IV, xxv; t. I, f' 25e r".
P. 351, 1. 26. Cens qui escrivent). Cf. Diogène
Laerce, Vie d'Épiménide : « Epimenides lvii annos
perpétues obdormivit. » (I, eix; éd. de 1556, p. 86.)
Chronologie : Cet essai est bâti de cinq passages
empruntés aux Vies de Plutarque. Il mérite donc
d'être rapproché du groupe d'essais inspirés des Vies
de Plutarque vers 1572, et comme la place qu'il
occupe dans le volume le lai.ssait prévoir, il est très
probablement de la première période.
Chapitre XLV.
DK LA BATAILLE DE DKKVX.
P. 552, 1. I. Bataille de Dreux). Bataille gagnée par
les catholiques sur les protestants le 19 décembre 1 562,
pendant la première guerre de religion. On peut voir
le récit de cet incident chez de Thou (iv, 480).
P. 352, 1. 13. Philopa'inen). Cf. Plutarque, Vie de
Philopa-men : « Quand ce vint à chocquer, Machanidas
avec ses estrangers chargea si rudement quelques gens
de traict et quelques archers que Philopœmen avoit
mis au devant de la battaille des Achitiens, pour
commencer & attacher l'escarmouche, que d'arrivée
il les tourna tous en fuitte : mais au lieu d'aller tout
d'une tire droit à l'encontre des Acheiens qui estoient
en battaille, pour essayer de les rompre, il s'amusa
à chasser ces premiers fuyans, & passa tout au long
des Acheiens qui teindrent bien leurs rencs. Geste
roupie si grande estant advenue tout au commence-
ment de la battaille, il sembloit bien à beaucoup de
gens, que tout fust perdu & ruiné pour les Acheiens :
mais Philopœmen feit semblant que ce n'estoit rien,
& qu'il n'en faisoit point de compte : & voiant la
grande faulte que faisoient les ennemis de poursuyvre
ainsi à toute bride ces avant coureurs qu'ils avoient
rompus, & d'esloigner la bataille de leurs gens de
pied, qu'ilz laissoient tous nuds, & abandonnoient
la place vuide, il ne leur alla point au devant pour
les arrester, ny ne s'efforcea point de les garder
qu'ilz ne chassassent ceulx qui fuyoient, ains les
laissa passer oultre : & quand il veit qu'ilz estoient
assez esloignez de leurs gens de pied, adonc il feit
marcher les siens contre les Laceda;moniens qui
avoient les flancs desnuez de gens de cheval, &; les
chargeant à costé en se hastant de gaigner à la course
l'un des flancs, il les meit en roupie avec un bien
grand meurtre... Apres ceste desconfiture, il revint
au devant de Machanidas qui retournoit de la chasse
avec ses estrangers. » (vi, f'' 252 v".)
P. 3)3, 1. 7. En cette aspre bataille d'Ai;esilaiisj. Id.,
Vie d'Agesilas : « Xenophon qui se trouva en ceste
battaille du costé d'Agesilaus, a\ec lequel il estoit
revenu de l'Asie, escrit qu'il n en tut jamais une
telle... Agesilaus pouvant avoir la victoire entière
sans aucun danger, s'il eust seulement voulu laisser
passer le battaillon des Thebains, et puis les charger
sur la cueuë après qu'ilz eussent esté passez, par une
opiniastreté de vouloir monstrer sa prouesse, & par
une ardeur de courage aima mieux leur donner en
teste, et les alla chocquer de front, ne les voulant
vaincre sinon à vive force. Les Thebains de l'autre
costé le receurent non moins courageusement, & y
eut là une meslee tort aspre par tous les endroits
de la battaille, mais principalement au lieu ou il
estoit, entre les cinquante jeunes hommes qui luy
avoient esté envoyez pour la garde de sa personne,
la vaillance desquelz luy vint adonc fort à propos...
ilz ne le peurent neantmoins sauver d'estre bien
blecé... jusques à ce que finablement voians qu'il
estoit trop mal aisé de forcer les Thebains de tront,
ilz furent contraints de faire ce qu'ilz n'avoient pas
voulu du commencement : car ilz s'ouvrirent pour
les laisser passer, puis quand ilz furent passez, pre-
nans garde qu'ilz marchoient en desordre, comme
ceulx qui cuidoient bien estre hors de tout danger,
ilz les suivirent, et courans au long d'eulx les rechar-
gèrent de nouveau par les flancs : mais pour cela
138
encore ne les peurent ilz tourner eu fuitte à val
de roupie, ains se retirèrent les Thebains au petit
pas à la montagne de Helicon, se sentans tort
fiers de l'événement de ceste battaille, en laquelle
ilz s'estoient quand à eulx maintenus invincibles.»
(vi, f° 424 r".)
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Chronologie : Cet essai semble inspiré par un
exemple pris aux Fies de Plutarque (T/c de Pbilopœiiini)
qui évoque le souvenir d'une aventure analogue
survenue à la bataille de Dreux. Il fait donc partie du
groupe des essais inspirés par les Fies de Plutarque
vers 1572.
Chapitre XLVI.
DES NOMS.
p. 354, 1. 3. Galimafree). Les pots-pourris de cette
sorte ne sont pas rares dans le genre des leçons dont
Montaigne semble s'être inspiré au début de sa carrière
d'écrivain. A titre d'exemple on peut voir, dans les
Œuvres morales et diversifiées de Jean des Caurres, le
chapitre (vu, 53) intitulé : a Enseignemens divers de
nature et recueil non impertinent de choses diverses à
cause de brieR^eté, assemblées comme en un vaisseau. »
P. 354, 1. 6. Certains noms fatalement affecte:;^). Je
trouve dans YOfficina de Ravisius Textor une liste
de noms ainsi affectionnés par les monarques de
différents pays; les Ptolémées d'Egypte y figurent
avec beaucoup d'autres.
P. 354, 1. 10. Le nom Je Giiienne). Cf. Bouchet,
Annales d'Aquitaine : « L'Aquitaine... fut nommée
Guienne comme il e.st vrai semblable a cause des ducs
qui ponerent le nom de Guillaume. Lesquelz par long
temps possédèrent toute Aquitaine. » (F° 98 v°.)
P. 554, 1. 13. Henry, Duc de Normandie). Id.,
ihid. : « L'année après et en l'an mil cent soixante
et treze, Henri le jeune retourna en Normandie où
il assigna un festin, qui fut faict magnifiquement et
en grand sumptuosité. Et afin que croiez qu'il y eut
beaucoup de Chevaliers, celui qui a fait la prosecution
de la Cronique de Sigibert, récite qu'il se trouva
en une salle où estoient Guillaume de Sainct Jehan,
Seneschal de Normandie & Guillaume, filz de Hai-
mon, Seneschal de Bretaigne, & frère dudit Heurj- :
lesquelz deux Seneschaux, par singularité, & afin
qu'il en fust mémoire, entreprindrent que tous ceux
qui avoient le nom de Guillaume, dîneroient ensemble
€n la dicte Salle, et non autres : ce qu'on fi.st scavoir
au Roy Henry le jeune qui le voulut (^ fist faire
commandement a tous les Chevaliers, nommez
Guillaume, de se trouver au dict disner en la dicte
Salle : & défense à tous autres de non y entrer, fors
ceux qui les seryiroient. Et ilz se trouvèrent cent
& dix Chevaliers du dict nom : sans les simples
Escuiers ou Seniteurs. » (F" 84 v".)
P. ^54, 1. 21. L'Empereur Geta). Cf. .Elius Spar-
tien, Histoire Auguste, Antoninus Geta : « Habebat
(Geta) istam consuetudinem ut convivia, & maxime
prandia per singulas litteras juberet scientibus servis,
velut in quo erat anser, aprugna, anas &c. » (v.)
Le fait est rapporté chez beaucoup de compilateurs
et moralistes du temps. Cf. Bouaystuau, Histoires
prodigieuses, éd. de 1567, p. 107; Du 'Verdier, Suite
des Diverses leçons, III, xxiii ; Droit de Gaillard, Méthode
de l'histoire, p. 524; Crinitus, De honesta disciplina,
XIV, II. Je crois que Montaigne a pris le fait chez
ce dernier auteur qui répète à peu près textuellement
les mots de Spartien.
P. 355, 1. 5. Un nom beau). On peut rapprocher
de ceci ce qu'écrit Gi raidi dans ses Dialogues philo-
sophiques : « Le premier don que le père faict à son
fils est le nom, qu'il doit avoir toute sa vie. Et pour
ceste cause il le lui doit donner honorable à fin que
de là commance, avec un bon présage, la \ie de
l'enfant qui se doit accoustumer et duire aux ensei-
gnemens pour estre orné de vertu. Car il semble que
le nom soit quasi comme un augure de la qualité
de l'esprit, que l'entant doit avoir. Et de là vient que
je n'aye jamais loué ceux qui imposent à leurs enfans
le nom de vautours, lions, léopards, ours, chiens et
140
ESSAIS DE -MONTAIGNE.
mastins comme si les enfans dévoient ressembler à
telles bestes. » (Trad. Chappuis, 1583.) On voit que
les raisons de Montaigne sont moins superstitieuses.
Il ne saurait d'ailleurs être question ici d'un souvenir
de Giraldi.
P. 355, 1. 17. La fondation de nosire Dame la grand).
Cf. Bouchet, Annales d'Aquitaine, f° 13 v°. Le récit de
Bouchet est un peu différent de celui de Montaigne,
pourtant il est vraisemblable que Montaigne n'a pas
eu d'autre source. Cf. à ce sujet mes Livres d'histoire
moderne utilisés par Montaigne, p. 53 et p. 223.
P. 356, 1. 17. Les noms Latins). En effet, dans les
traductions d'Amvot la forme latine domine de beau-
coup dans les noms propres, aussi bien pour les noms
grecs que pour les noms latins. Certains aussi sont
francisés, mais en petit nombre, et seulement les
plus connus, ceux pour lesquels la tradition impose
un nom français. Montaigne semble avoir tenu beau-
coup à cette idée : on a pu remarquer que dans
l'essai I, xxxui, il a désigné la fille de saint Hilaire
par la forme latine de son nom « Abra », bien qu'il
ait trouvé dans les Annales d'Aquitaine de Bouchet
la forme francisée « Abre». Cette question était fort
débattue autour de Montaigne, et le fut longuement
au siècle suivant. (Cf. Ménage, la Grammaire de Port-
Roxal, etc.) Au temps de Montaigne, on peut consul-
ter du Bellay, Deffence et illustration, II, vi, qui est
d'un avis contraire au sien; Pelletier du Mans est
du sentiment de Montaigne, et il en est de même de
Bouaystuau qui s'explique très nettement à ce sujet
dans les préfaces du Théâtre du Monde et des Histoires
prodigieuses : « Au reste (lecteur), je te veux advertir
que j'ay laissé exprès grand nombre de noms propres
grecs et latins en leur langue (contre la coustume
de ceux qui cscrivent aujourd'liui) afin que ceux
qui voudront conférer le latin avec le françois de
quelques autheurs rares que je cite en mon œuvre,
puissent avec moindre labeur les recouvrer chez les
imprimeurs et libraires. »
P. 356, 1. 26. De tresmauvaise consexjtience) . \'oyez
des critiques semblables dans Tabourot des Accords,
Bigarrures, W, 11.
P. 358, 1. I. ]e parte). Dans le Journal de l'oyage
on constate que Montaigne laisse ses armoiries en de
nombreux endroits : à Plooibières, à Augsbourg, etc.
A Pise il les iît blasonner « dorate, e di bei colori,
per un scudo e mezzo di Francia; e poi al bagno
impastarle... su una tavola e questa ta vola la feci
chiodare molto soUecitamente al muro délia caméra
dove io stava, con quel patto, che si tenessino date
alla caméra, non al capitan Paulino padrone d'essa
e che in ogni modo non ne fussino spiccate cheche
dovesse accadere délia casa per di qui innanzi. E cosi
mi fu promesso, e giurato da lui. » (P. 433.)
P. 358, 1. 9. Cette gloire & réputation). Cf. pour
les mêmes idées plus loin l'essai II, xvi, 401.
P. 358, 1. 15. Pour Ions potages). Cf. ci-dessus
I, XLii, p. 338, 1. 2.
P. 358, 1. 18. A Guesquin). Les formes Guesquin
et Gueaquin sont communément chez Bouchet, An-
nales d'Aquitaine, f° 120 v"; Glesquin se rencontre
chez Froissart. Sur le véritable nom du connétable,
cf. Froissart, m, 75, passage qui très certainement
n'est pas la source de Montaigne. Ménage comptait
quatorze manières de désigner ce personnage.
P. 358, 1. 19. En Lucien). Allusion au Jugement
des Voyelles par Lucien.
P. 358, 1. 20. Non levia). «Il ne s'agit pas ici d'un
prix frivole et de peu de valeur. » (Virgile, Enéide,
XII, 764.)
P. 358, 1. 24. Nicolas Denisot). Peintre et poète, né
au Mans en 1515, se fit appeler «Conte d'Alsinois»
anagramme de son nom. Voir à son sujet Du V'erdier,
Bibliothèque françoise, p. 904, et La Croix du Maine,
p. 140, Sur le goût des anagrammes au xvi" siè-cle; cf.
du Bellay, Deffence, 11, 9 ; Tabourot, Bigarrures, i, 9, etc.
P. 358, 1. 27. L'Historien Suétone). On rencontre le
nom de son père Lenis dans la Vie d'Otlxm, x. Mais
Montaigne se souvient probablement d'une Vie de
Suétone qu'il trouvait sans doute en tête de son édition :
« Pat rem habuit Suetonium, cognomento Lenem...
A pâtre filius Tranquilli cognomen accepisse creditur :
Nam cum ille Lenis sit cognominatus, hic eodem
significato, non eodem verbo dictus est Tranquillus. »
P. 359, 1. 4. Antoine Escalin). R. Escalin, baron
de la Garde, dit le capitaine Poulin ou Polin, est un
officier de fortune qui se distingua dans la carrière
militaire et dans celle des ambassades sous les règnes
LIVRE I, CHAPITRE XLVI.
141
de François I'"' et de ses successeurs. Il était de bas
lieu et s'en faisait gloire. Nommé lieutenant-général
des galères en 1544, il fut plusieurs fois destitué puis
réintégré dans ses fonctions. Il mourut en mai 1578.
De Tliou parle fréquemment de lui. Cf. I, 75,
I, 420, II, 126, VI, 17, VI, 22, VI, 52; mais c'est
surtout Brantôme qui nous renseigne sur le baron
de la Garde; cf. I\^, 139. Bien que Montaigne
l'appelle Antoine Escalin et le père Anselme Antoine
Paulin, M. Lalanne a remarqué qu'il signe toujours
R. Escalin.
P. 359, 1. 9. L'histoire a coniij. Cf. Diogènc Laerce
à la fin des Fies de Socrate, Platon, Aristote, Xéno-
phon, Démétrius et Théodore.
P. 359, 1. 17. Id ciiierem). « Croyez-vous que cela
touche la cendre et les mânes des morts dans leurs
tombeaux?» (Virgile, Enéide, IV, 34.)
P. 359, 1. 20. Consiliis). «Mes hauts taits ont
anéanti la gloire de Lacédémone. » Ce vers traduit
du grec par Cicéron, Tusculanes, V, xvii, est le pre-
mier des quatre vers élégiaques qui furent gravés au
bas de la statue d'Epaminondas. (Pausanias, IX, xv.)
P. 359, 1. 22. A sole exoriente). «Depuis le soleil
levant jusqu'au delà des palus Méotides il n'est
personne dont les hauts faits puissent s'égaler aux
miens. » (Cicéron, Tiiscidams, V, xvii.)
P. 360, 1. 6. Ad hax se). «Voilà l'espérance qui
a mis en mouvement les généraux romains, grecs et
barbares, voilà ce qui leur fit affronter mille dangers et
mille travaux : tant il est vrai que l'homme est plus
altéré de gloire que de vertu. » (Juvénal, X, 137.)
Chronologie : Cet essai fait quatre emprunts aux
Annales d'Aquitaine de Jean Bouchet (étymologie du
mot Guj'enne; le banquet des cent dix Guillaume, la
fondation de nostre Dame la grand; les formes
diverses du nom de Du Guesclin). Montaigne lit les
Annales d'Aquitaine aux environs de 1572; l'essai
Des noms est donc suivant toute vraisemblance de la
première période, au moins dans sa majeure partie.
Notons encore qu'il est antérieur à l'essai De la gloire
(II, xvi) : en effet, au chapitre De la gloire, revenant
sur un sujet déjà traité ici, Montaigne écrit : «De cecy
j'en ai parlé ailleurs. » On peut remarquer enfin que
la phrase sur le baron de la Garde (p. 359, 1. 4)
semble avoir été écrite avant la mort de ce person-
nage survenue en mai 1578.
Chapitre XI.VII.
DK L IXCERTITVDE DU NOSTRH IVGEMEXT
P. 561, 1. 2. E-£wv). H'uiilc, XX, 249. Montaigne
traduit ce vers après l'avoir cité.
P. 361,1. 4. Vinse). « Annibal vainquit les Romains,
mais il ne .sut pas profiter de sa victoire. » (Pétrarque,
sonnet 82; éd. de 1550, sonnet 83, p. 162.) C'est la
traduction d'un mot fameux de Tite-Live, XXII, u.
P. 361, 1. 7. Moutconiour). Victoire des catholi-
ques le 5 octobre 1569. Tavannes voulait poursuivre
les vaincus, mais les courtisans du duc d'Anjou
firent décider qu'on assiégerait Niort, Saint-Jean-
d'Angély, etc., et compromirent ainsi les résultats
de la victoire.
P. 361, 1. 9. A Saiiict Otu'iitin). Le u) août 1357,
le connétable de Montmorency, venu pour débloquer
Saint-Quentin, où Coligny était assiégé par cinquante-
six mille Espagnols commandés par Philibert-Emma-
nuel, duc de Savoie, subit une terrible défaite. Les
Espagnols .semblaient pouvoir espérer beaucoup de
cette victoire. En l'apprenant Charles-Quint demanda
si .son fils était à Paris. Mais l'armée espagnole resta
-SOUS les murs de la villle de Saint-Quentin, qui fut
prise et brûlée le 27 août.
P. 362, 1. 3. Ditin forinnn). «Lorsque la fortune
entraine tout, lorsque tout cède à la terreur. ■> (Lu-
cain, VII, 734.)
P. 362, 1. 8. Cœsar). Cf. Plutarque, Vie de César :
« Et fut Cîesar ce jour là en si grand desespoir de
ses affaires, que quand Pompeius, pour quelque
crainte ou par quelque envie de fortune eut faillv de
mettre fin à ceste grande besoigne & se fut retiré en
son camp, .se contentant d'avoir r'embarré & chassé
ses ennemis jusques dedans le leur, Civsar retournant
au sien avec ses amis, dii hauh & clair, La victoire
esioit aujourd'huy à nos ennemis, s'ilz eussent eu
un chef qui eust sceu vaincre. » (\i, f" 505 v°.)
Cf. en outre Vie de Pompée, xvin, f° 457 r".
P. 362, 1. 10. Liiy chaussa bien aiitreiiienl les espérons).
A PharsaJe. Cf. la .suite du récit de Plutarque.
P. 362, 1. 17. Au desespoir). Cf. la même idée dans
la République de Bodin, \ , v : « C'est chose dange-
reuse que de combattre gents désespérés... Quant aux
exemples des anciens les histoires en sont pleines :
mais il n'y en a point de plus illustre que de l'armée
de César qui estoit au dernier désespoir quand Pompée
donna la bataille en Pharsalie... » Je ne crois point que
Montaigne ait emprunté ceci à la République de Bodin :
il est plus probable qu'il y a eu rencontre entre ces
deux auteurs; la question était classique. Je la retrouve
chez Rabelais, I, xLiii; elle revient chez Guillaume
du Bellay, Tiistrucfiofts sur le faicl de la i^uene, II, 11,
et toujours avec les mêmes exemples traditionnels :
« Si l'on gaigne, on doit suyvir la victoire à toute
diligence, et imiter César en ce cas, et non pas Annibal
lequel perdit de venir au-de,ssus des Romains après ce
qu'il les eut vaincuz à Cannes. « l'"lle est encore dans
les Politiques de Juste Lipse, \', x\ 111, etc.
P. 362, 1. 21. Monsieur de Voix). A Ravenne,
le II avril 15 12, le jour de Pâques, Gaston de Poix,
.s'étant jeté sur une bande d'Espagnols qui se refor-
maient, .se trouva presque seul, accompagné seulement
de quelques gentilshommes qui furent \ite entourés
et massacrés.
P. 362, 1. 25. Serisoles). \"ictoiie remportée le
14 avril 1544, après un combat acharné, par le comte
d'Enghien sur le marquis del Guasto.
P. 362, 1. 28. Gravissiiui suul). <« Kien de plus
C IIAPITKK XLVII.
143
violent que les morsures de la nécessité aux abois. »
(Juste Lipse, Politiques, \, xviii, d'après Ponius Latro. i
P. 362, 1. 29. Vincitiir). « On vend cher la victoire
à son adversaire quand on défie la mort. » (Lucain,
IV, 275.)
P. 362, 1. 30. Pl.kuiLX). Cf. Diodore de Sicile,
XII, XXIV, f" 68 r\
P. 363, 1. 3. Clodoiiiire). Cf. Bouchet, Annales
d'Aquitaine : «Mais Clodomires... gaigna la bataille
et mist en fuyte les Bourgongnons & leur Roy
Gondemar, lequel fut suivy par Clodomires par si
grand rudesse et colère, qu'il s'esloigna trop de ses
gens. Car, comme il fust assez loing, le Roy Gon-
demar retournant sur luy, par grand' fureur et indi-
gnation coucha sa lance et abattit Clodomires, qui
demeura mort en place. « (F" 38 r".)
P. 363, 1. 9- Sertorius). Cf. Plutarque, Fie de
Sertorius, \.
P. 363, 1. 10. Bnitns). Id., Ile de Bnitiis, ix.
P. 363, 1. 10. Civsar). Cf. Suétone, Vie de César :
« Milites habehat tam cultos, ut argento & auro politis
armis ornaret : simul & ad speciem, &: quo tenaciores
eorum, in pr;ïlio, essent, metu damni. » (lxvii.)
P. 363, 1. 13. Raison), dict Xenophon. Cf. Xéno-
phon, Cyropédie : « Alii adigebant rhedas quas ceperant,
refertas mulieribus pulcherrimis, partim uxoribus,
partim pellicibus... Asiatici enim exercitus... secum
habent res omnis preciosissimas, inquientes pugna-
cioris se esse, ubi adsint quœ habent charissima :
cogi enim his ferre auxilium. » (IV, m, p. 124.)
P. 363, 1. 19. A l'on remarque). Cf. Tite-Live,
IX, XL.
P. 363, 1. 20. Aiitioe/.'us). Cf. Aulu-Gelle, Xiiits
attiques : « Rex contemplatione tanti, ac tam ornati
exercitus gloriabundus, Annibalem aspisit : et, putasne
inquit, conferri posse, ac satis esse credis Romanis
hitc omnia? tum Pœnus eludens ignaviam, imbel-
liamque militum ejus pretiose armatorum : satis
plane, inquit, satis esse credo Romanis hxc omnia,
etiamsi avarissimi sunt. « (V, v.)
P. 363, 1.24. Licurgus). Cf. Plutarque, Diets nota-
bles des Lacedœmoniens : « Quelqu'un luy demandoit
pour quelle cause il leur avoit défendu de despouiller
les corps de leurs ennemis morts : de peur, dit-il.
que samusans la te.ste basse à recueillir ces despouilles,
ils ne se souciassent point de combattre ce pendant,
ains qu'ils entendissent seulement à garder leur pau-
vreté & leur reng. » (F° 221 r".)
P. 364, 1. 5. ViteUius). Id., Vie d'Otbon : «Les
Prétoriens qui \'enoient de Rome estoient delicatz,
mois & efleminez, pour le long séjour qu'ilz avoient
eu sans guerre, en repos & en oysiveté dedans
Rome... ceulx de \'itellius approchans des murailles
de la ville, se moquèrent de ceulx d'Othon qui
estoient aux créneaux les appellans beaux dan.seurs,
& beaux joueurs de farces qui n'avoient jamais rien
vu que des jeux & des festes : mais de guerre ny de
faicts d'armes & de battailles ne sçavoit que c'estoit,
& que leur plus grande prouesse estoit d'avoir trenché
la teste à un pauvre vieillard tout nud, entendans
de Galba; mais de se présenter en pleine campagne en
battaille devant des hommes, qu'ilz n'en avoient pas
le courage. Ces paroles injurieuses les picquerent, irri-
tèrent & enflammèrent si bien, qu'ilz vindrent d'eulx
mesmes supplier Spurina, qu'il leur commandast ce
qu'il luy plairoit, 6c que désormais ilz ne refuseroient
travail ne péril quelconque. » (m, f° 730 r°.)
P. 364, 1. 28. L'accident de Pyrrhus). Id., Vie de
Pyrrhus : « Baillant ses armes & son manteau à l'un
de ses familiers qui se nommoit Megacles, & s'estant,
par manière de dire, caché dedans celles de Megacles,
il retourna en la meslee contre les Romains, qui le
receurent et le sousteindrent vaillamment, de sorte
que la battaille dura fort longuement en doubte. Car
Ion dit, que les uns & les autres fouyrent & chas.se-
rent par sept fois, pource que l'eschange d'armes que
feit le Roy, fut bien à propos pour la seureté de sa
personne, mais il s'en fallut bien peu qu'il ne luy
gastast tout, et ne luy feist perdre la battaille, à
cause que plusieurs des ennemis se ruèrent ensemble
sur ce Megacles qui portoit les armes du Roy : et le
premier qui l'assena au vif, & le porta par terre mort,
aiant nom Dexter, luy osta soudainement l'armet de
la teste, 6c prit son manteau, & s'en courut à tout
vers Albinus, criant tout hault qu'il avoit occis
Pyrms, en monstrant les despouilles qu'il luy pensoit
avoir ostees. Lesquelles estans portées au long des
bendes, & monstrees de main en main par tout.
144
ESSAIS DE MONTAIGNE.
apportèrent aux Romains une resjouissance grande :
& au contraire un estonnement et tristesse grande
aux Grecs, jusques à ce que Pyrrus en estant adverty
s'en alla passer la teste nue & le visage descouvert
au long de toutes ses trouppes, tendant la main aux
soudards, & leur donnant à entendre à vive voix
que c'estoit luy. » (viii, f° 276 r".) Je n'ai trouvé
dans aucune édition le nom « Démogaclès » que
Montaigne écrit par erreur au lieu de «Mégaclès».
« Levinus » est la leçon de 1565 et des éditions posté-
rieures; l'édition princeps de 1559 portait « Albinus».
P. 365, 1. 2. Alexandre). Id., Vie d'Alexandre, v.
P. 365, 1. 4. Agis). Id., Vie d' Agis et ClAvnène, iv.
P. 365, 1. 6. A la bataille de Pharsak). Id., Vie
de Pompa : « Pompeius estant à cheval alloit considé-
rant l'ordonnance & la contenance des uns & des
autres, & obser\-a que ses ennemis attendoient tous
de pied quoy sans bouger de leurs rengs, le temps
& le signe de charger : & au contraire, que la plus-
part de ses gens n'avoient pas la patience d'attendre
ferme en un lieu, ains branloit & flottoit à faulte
d'expérience & de bien sçavoir le métier de la guerre :
à l'occasion dequoy il eut peur qu'ilz ne se desben-
dassent, avant mesmeque la battaille fust commencée :
si enjoignit expressément à ceulx des premiers rengs,
qu'ilz demourassent fermes sur leurs marches en
defence, & que soy tenants bien serrez ensemble ilz
attendissent sans bouger le choc de i'ennemv. Qesar
depuis blasma ce commandement là, pour autant
(disoit il) que cela affoiblit la violence que le courir
donne aux premiers coups, & quand & quand oste
l'eslancement des combattans les uns contre les autres,
qui a accoustumé de les remplir d'impétuosité & de
fureur plus que nulle autre chose, quand ilz viennent
à s'entre-chocquer de roideur, leur augmentant le
courage par le en,- & la course, & rend la chaleur
des soudards en manière de dire, refroidie & figée. »
(xix, f° 458 V.) Dans ses Instructions sur le faict de
la guerre, 1, xiii, Guillaume du Bellay po.se la double
question de savoir s'il faut rester coi au début du
combat ou courir attaquer l'ennemi, et s'il faut
l'assaillir en silence ou avec grand bruit.
P. 365, 1. 25. En celte vileine bataille). Hntre .^r-
taxerxès et Cyrus. Cf. Xénophon, Anabasc, \, viii.
P. 366, 1. 3. Si les ennemis). Cf. Plutarque, Pré-
ceptes de mariage : « Les capitaines de Cyrus comman-
dèrent à leurs soudards, si les ennemis leur venoient
courir sus avec grands cris, qu'ils les receussent sans
mot dire : et au contraire, s'ils venoient les assaillir
en silence, qu'eulx leur couru.ssent avec grands cris à
rencontre. » (xxxiv, f° 148 V.) Voici la traduction du
même passage par La Boétie : « Aux Grecs qui estoient
avec Cyre, l'advertissement que leur donnèrent leurs
capitaines, ce fut : Si les ennemis les chargeoient en
criant, qu'ils les receussent sans mot dire, & s'ils les
assailloient sans crier, qu'en criant ils les repous-
sassent. » (P. 176.)
P. 36e, 1. 5. Au passage que rEuiperenr). Cf. les
Mémoires des frères du Bellay, \\, 184, et surtout
Guillaume du Bellay, Instructions sur le faict de la
guerre, II, m, où les arguments pour et contre sont
longuement déduits, et où la question est généralisée
comme elle l'est chez Montaigne. Il faut voir encore
la même question dans la République de Bodin, V, v,
et surtout dans les Discours de Machiavel sur la pre-
mière décade de Tite-Live, II, xii, où de nombreux
arguments et de nombreux exemples de l'antiquité
sont allégués dans les deux sens, exemples et argu-
ments dont plusieurs se retrouvent chez Montaigne.
Au reste, contrairement à Montaigne qui ne conclut
pas, du Bellay se décide nettement en faveur de
l'offensive; Machiavel conseille aux peuples bien
armés d'attendre l'ennemi chez eux, aux peuples
mal armés de porter la guerre chez leurs voisins.
P. 367, 1. 14. Scipion). Dans la seconde guerre
punique. C'est un des exemples qui est allégué à ce
sujet dans les Discours de .\laciiia\cl sur la première
décade de Tite-Live.
P. 367, 1. 1*9. Les Athéniens). .•Kutre exemple éga-
lement allégué par Machiavel au même endroit.
P. 367, 1. 23. Les evenemens & issues). Rapprocher
ce que Montaigne dit ailleurs dans l'essai I, xxiv,
p. 163, 1. 13, et dans l'essai III, vin.
P. 367, 1. 26. Et mak consul tis). « .Souvent les
mesures mal prises réussissent, et la prudence nous
trompe; la fortune n'est pas toujours avec ceux qui
le méritent, elle va sans choix errant des uns aux
autres. C'est qu'il v a une puissance supérieure qui
LIVRE I, CHAPITRE XLVII.
145
nous domine, qui nous gouverne, et qui tient sous
ses lois toutes les choses mortelles. » (Manilius, IV,
xcv.) La leçon «fortuna fallax» que Montaigne suit
ici se trouve dans diverses éditions du xvi'= siècle et
particulièrement dans celle de Lyon (1566) dont il
me semble avoir fait usage.
P. 368, ]. 4. Tîviœiis). « Sed nos multa utpote
fortunée participes inconsiderate et temere loquimur. »
(P. 35; éd. de 154e, p. 707.)
Chronologie : Un exemple est pris aux Annales
d'Aquitaine de Bouchet (Clodomire), ce qui fixe la
composition de cet essai à la première période (envi-
ron 1572). Remarquons d'ailleurs que presque tous
les exemples qui l'emplissent viennent des Vies de
Plutarque, ce qui invite à penser que l'essai est tout
à fait contemporain de la plupart de ceux qui précè-
dent et qu'il occupe bien la place que la chronologie
devait lui assigner.
Chapitre XLVIII.
DES DESTRIES.
P. 369, 1. 3. Et tVahlatif). Rapprocher I, xxvi,
p. 220, 1. 2.
P. 369, 1. 4. Funalcs on Dextraiios). Montaigne a
pris cela chez Suétone, Vie de Tibère, vi : « Actiaco
triumpho curnim Augusti comitatus est, sinisteriore
funah equo, quum Marcellus Octavi^e filius dexteriore
veheretur. » Béroald met en note : « Taies dici viden-
tur funales a Tranquillo, qui erant duo, aher dexter,
alter sinister, juncti currui triumphantis Augusti.
Itidem Statius in sexto Thebaidos, in ludis Archemori
equuni nomine Tiiben dixisse videtur funalem, qui
jugalis crat, & in cursu equestri Admeto inserviebat. »
Dextrarius est un barbarisme qui s'expHque peut-être
par le mot dexterior.
P. 369, 1. 7. Adcstii'i). Le mot est tout à tait
courant dans la langue du moyen âge; on lit par
exemple dans la Chanson de Roland :
u Esp.inelis fors le vait adcstram. »
(\ ers 2648; cité dans le dictionnaire général
d'Hatzfeld, Darmesteter et Thomas.)
P. 369, !. 13. Oiiibns, desnltomni). «Comme nos
cavaliers qui sautent d'un clieval sur un autre, ils
avaient coutume de mener deux chevaux à la guerre,
et souvent, au fort du combat, ils se jetaient tout
armés d'un cheval fatigué sur un cheval frais, tant
leur agilité était grande, et tant leurs chevaux étaient
dociles. » (Tite-Live, XXIII, xxix.)
P. 370, I. 3. A Ailihie). Cf. Hérodote : « Fortune
voulut qu'Artybie avec son cheval rencontra Onesilc,
lequel, selon qu'il a\oit esté dit, fut secouru par son
coustiller, qui ne faillit datteinte. Le cheval leva les
deux pieds sur l'escu de Onesile, mais le coustiller
les luy sépara d'une faux d'avec le corps, tellement
qu'Artybie & son cheval, tombèrent en la place sans
aller plus loin. » (V, cxii et cxui, t. I, f° 361 r°.)
P. 370, 1. 8. Ce ijne les Italiens disent). Cf. Paul
Jo\e, Histoire de son temps : « Nec ipse (Carolus)
levé admodum vita; discrimen subiisse fertur, quum
perrumpcnte aciem Mantuano, perturbatoque toto
agmine, paene desertus obvertendo frontem, et gla-
dium strigendo propulsantis equi invicto robore se
procul dubio servatum fuisse foteretur. » (II, f" 42 r°.)
On peut comparer ce que dit Comines à ce sujet,
VIII, VI.
P. 370, 1. II. Les Manuneins). Id., ihid. : «Equi
Mamaluchorum validi atque acres... quodque supra
nostrorum hominum opinionem esse videtur, tanta
ingenii docilitate in primis prcestant, ut ad nutus, et
ad certas sessorum voces, hastam sagittamque mor-
dicus terra sublevatam porrigere, hostem agnoscere,
atque appetere dentibus, calcibus cuncta circumster-
nere, natura consuetudineque didicerunt. » (XVII,
fo 202 r".)
P. S70, 1. I). Dn i^'raïul Poinpeins). Cf. Plutavque,
Fie de Pompée, x\ii.
P. 370, 1. 17. El de (^a-S(ir). Id., Fie de César :
« Or d'estre bien à cheval & y avoir ferme tenue,
ce luy estoit chose fort aisée, pource qu'il l'avoit
apprise des .son enfance, s'estant accoustumé à donner
carrière à un cheval courant à toute bride, en tenant ses
mains entrelassees derrière son dos. » (v, f' 49S r".)
LIVRK I, CHAPITRi; XLVIII.
147
Je crois que Montaigne a pris ce fait et plusieurs de
ceux qui suivent dans le commentaire de Suétone,
par Béroald, Fie de César. « Plutar. equitandi usus
Cc-esari a pueritia facilis adeo exstitit, ut reilexis in ter-
gum manibus, equum velocissimis concitare cursibus
sœpe consueverit... Lex fertur a Cyro, et cavetur,
turpe esse habenti equum, si pedibus visus fuerit
proficisci. Trogus et Justinus memorant, Parthos
equis omni tempore vexari, equis bella, equis publica,
et privata officia obire, super equos consistere, mer-
cari, colloqui. Apud quos inter servos ac liberos hoc
est discrimen, quod servi pedibus, libcri equis ince-
dunt. Equitatio, ut ait Plinius, stomacho et coxis
utilissima. » (lvii.)
P. 370, 1. 21. Du cheval iV Alexandre). Cf. Aulu-
Gelle, V, II.
P. 371, 1. 3. Civsar en avait). Cf. Suétone, Vie de
César: « Utebatur autem equo insigni, pedibus prope
humanis, et in modum digitorum ungulis fissis...
nec patientem sessoris alterius, primus ascendit : cujus
etiani instar pro xde Veneris Genetricis postea dedi-
cavit. » (lxi.) Béroald cite en note des témoignages
de Pline et de Solin sur ce cheval de César.
P. 371, 1. 7. Je ne démonte). Rapprocher ce que
Montaigne dit à ce sujet dans l'essai III, ix.
P. 371," 1. 9. Platon la recoinaude). Dans les Lois,
p. 789; éd. de 1546, p. 825.
P. 371, 1. 9. Aussi dict Pline). Hist. nat., XX\"III,
XIV. Pris chez Béroald. Cf. ci-dessus note, p. 370,
1. 17.
P. 371, 1. 12. On lict en Xeuophon). Dans la C\ro-
pédie: « Legem ferimus nobisipsis, qua caveatur esse
iis turpe, quihus equum ipse dedero, si quis nostrûm
visus fuerit proficisci pedes. » (IV, m, p. 128.) Pris
chez Béroald. Cf. ci-dessus note, p. 370, 1. 17.
P. 371, 1. 13. Trogus et Jiistiniis). Cf. ]ustin, Hist.,
XLI, éd. de Paris 1578, p. 294. Pris chez Béroald.
Cf. ci-dessus note, p. 370, 1. 17.
P. 371, 1. 19. & Suétone). Cf. Suétone, Vie de
César : « Ancipiti prœlio equos diniittcbat, et in primis
suum, quo major permanendi nécessitas imponeretur,
auxilio fugag erepto. » (lx.)
P. 371, 1. 24. Quo haitd diéie). « Où sans nul
doute les Romains excellent. » (Tite-Live, IX, xxii.)
P. 372, 1. I. Arma projerri). « Il commande qu'on
livre les armes, qu'on amène les chevaux, qu'on
donne des otages. » (César, De bello gallico, VII, xi,
et passim.)
P. 372, 1. 10. Cbrysanthe^ en Xenophon). Dans la
Cvropédie, W, m, où Chn,-santhès fait un long éloge
de la cavalerie.
P. 372, 1. 10. A celle de vostre cheval). On peut
rapprocher une idée toute semblable chez Machiavel,
De l'art de la guerre, II, v. Voir aussi un dévelop-
pement analogue chez Brantôme, IV, CLXxiv. Peut-
être le passage de Brantôme a-t-il été inspiré par
Montaigne.
P. 372, 1. 16. Cedehant pariter). «Ils reculaient en
même temps, puis en même temps se ruaient au
combat, vainqueurs comme vaincus, et ni les uns
ni les autres ne s'avaient fuir. » (Virgile, Enéide, X,
756.) Le texte de Montaigne est parfaitement con-
forme à celui qu'on trouve dans son édition, f° lét r°.
P. 372, 1. 19. Primus clamor). «Les premiers cris
et la première charge décident du combat. » (Tite-
Live, XXV, XLi.)
P. 372, 1. 24. Du boulet qui eschappc). Machiavel
n'est guère plus favorable aux armes à feu dans son
traité de VArt militaire, mais il faut remarquer que
Machiavel écrit beaucoup plus tôt que Montaigne,
vers 15 15. Plus près de Montaigne et après lui,
La Xoue est d'un avis tout différent : « C'est une
lignée que les harquebuses ont enfantée, et (pour
en dire ce qui en est) ces instruments-là sont diabo-
liques, inventez en quelque meschante boutique pour
dépeupler les roj-aumes et republiques de vivans, et
remplir les sepulchres de morts. » {Disc, politiques,
xviii.) Dans le Journal de voyage Montaigne parle ainsi
de Silvio Piccolomini qu'il rencontra à Florence :
« Cuanto al fatto di guerra spregia assai l'artiglieria :
e in questo mi piacque molio. Loda il libro della
guerra di Machiavelli, e segue le sue opinioni. »
(P. 3S5.)
P. 372, 1. 28. Et quo ferre). « Lorsqu'on abandonne
au vent le soin de diriger ses coups. L'épée est la
force du soldat ; et toutes les nations guerrières com-
battent avec l'épée. « (Lucain, VIII, 384.)
I P. 373, 1. I. J'en parkrav). L'essai que Montaigne
148
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
annonce ici, et qu'il a écrit effectivement, ne nous
est pas parvenu; il lui a été dérobé par un secrétaire;
d. plus loin II, IX, et II, xxxvii, au début. Il convient
de remarquer que le sujet qu'il y traitait l'avait été
auparavant par Machiavel, De l'art de la guerre, début
du livre II.
P. 373, 1. 16. Magnum stridens). «Avec un brait
strident la phalarique, décochée avec force, tomba
comme la foudre. » (Virgile, Enéide, IX, 704.)
P. 373, 1. 22. Saxis globosis). « Exercés à lancer
sur la mer av-ec leur fronde des cailloux ronds, et à
traverser à de grandes distances des cercles de petite
dimension, non seulement ils atteignaient leurs enne-
mis à la tête, mais ils frappaient l'endroit du visage
qu'ils voulaient. » (Tite-Live, XXXVIII, xxix.)
Montaigne abrège très sensiblement le texte de Tite-
Live.
P. 373, 1. 26. Àd ictus). « Au bruit terrible dont
retentissaient les murailles sous les coups, l'effroi et la
panique s'emparèrent des assiégés.» (/;/., XXXVIII, v.)
P. 374, 1. 2. Non tain patentibus). « La largeur
des plaies ne les effraye pas, lorsque la blessure est
plus large que profonde ils s'en font gloire; mais si la
pointe d'une flèche ou une balle de fronde s'enfonce
dans leur chair en ne laissant qu'une trace légère à
la surface, alors l'idée de mourir pour une atteinte
si insignifiante les transporte de rage et de honte, et
ils se roulent à terre. » {Id., XXX\'III, xxi.)
P. 374, 1. 8. Les dix mille). Cf. Xénophon, Anahase :
« Arcubus utebantur (barbari) ternûm cubitûm,
sagittis nihilo binùm cubitùm brevioribus... sagitt;e
scuta & loricas penetrabant. Eas nostri, si nacti essent,
amentabant, ac pro jaculis utebantur. » (IV, n ;
éd. de 1545, p. 221.)
P. 374, 1. 12. Les engins que Dionysins). Cf. Diodore
de Sicile : « Et feut alhors trouvé à Syracuse l'engin
à tirer gros traits massifz, et grosses pierres au loing. »
(XIV, XII, f" 144 r°.)
P. 374, 1. 15. Z^ plaisante assiette). Cf. Monstrelet :
« Lequel maistre Pierre Paoul, docteur en théologie,
clievauclioit très souvent en habit de docteur avecques
ledit cardinal parmy Paris, tout d'un costé comme
chevauchent les nobles femmes. » (Éd. de 1572, XLvi,
f» 61 r°.)
P. 374, 1. 18. Les Gascons). Id., ihid. : «En outre
estoient avenus au mandement du Duc d'Orléans en
ceste armée grand quantité de Lombars et Gascons,
lesquels avoient leurs chevaux terribles et accous-
tumez de virer en courant, que ce point n'avoient
accoustumé les François, Picards, Flamens et Bra-
bansons de veoir, et pource leur sembloit estre grans
merveilles. » (I, lxvi.)
P. 374, 1. 21. Cwsar). De bello gallico, IV, i. 11 est
très possible que Montaigne ait pris ceci chez Ramus
{De moribus GaJlorum) qui répète à peu près les termes
mêmes de César : « Ca^sar scribit... libro quarto de
Suevis : « Equestribus prœliis sœpe ex equis desiliunt
ac pedibus pneliantur. Equosque eodem remanere
vestigio assuefaciunt ad quos se celeriter cum usus
poscit recipiunt, neque eoram moribus turpius quic-
quam aut inertius habeiur quam ephippiis uti : itaque
ad quemvis numeram ephippiatorum equitum quam-
vis pauci adiré audent. » (Ed. de 1559, f" 19 v°.)
P- 37 5 1 '• 7- Ei g^'i^)- « Les Massiliens montent
leurs chevaux à nu, ils ne connaissent pas le frein
et les dirigent avec une petite baguette. >> (Lucain,
IV, 682.)
P. 37), I. 9. Et Nuiuida'). « Et les Numides
montent leurs chevaux sans frein. » (Virgile, Enéide,
IV, 41.)
P. 375, 1. 10. E(]ui sine jrenis). «Leurs chevaux
sans frein ont une allure déplaisante, le cou raide et
la tête portée en avant. » (Tite-Live, XXXV, xi.)
P. 375, 1. 12. Le Roy Alphonce). Il s'agit d'Al-
phonse XI, roi de Léon et de Castille. Cf. Antoine
de Guevara, Épiires dorées; Lettres au Conte de Bena-
vanle Don Alphonse Pimentel, par laquelle est narré
l'ordre qu avoient les anciens Chevaliers de la Bande :
« Commandoit l'ordre que nully des Chevaliers de la
bande osast aller à cheval sur mule, mais sur un bon
cheval, si n'y osast aller sans bande en public, ny
entrer au Palais du Roy sans espée, ny manger sans
bonne compagnie à sa maison : à peine que si en
aucune de ces dictes choses ledict chevalier faillist, il
payast un marc d'argent pour la lice de la jouste. »
(Trad. Guterrj', éd. de 1565, f° 93 r°.)
P. 375, 1. lé. Dorées). Au xvi' siècle cette épithète
s'emploie au sens de «sage, plein de sagesse». C'est
LIVRE I, CHAPITRE XLVIII.
149
en ce sens qu'on dit : « Les mots dorés de Caton »
par exemple. Dans les Colloques d'Erasme on lit :
« Ce petit livre en parchemin renferme les proverbes
de Salomon; il enseigne la sagesse, et il est doré
parce qije l'or est le symbole de la sagesse. » (Trad.
Develay, p. 137.)
P. 375, 1. 18. Le cortisaii). Il s'agit du Coiiegiaiio
de B. Castiglione qui eut un succès considérable
au xvi^ siècle. » Dicono non convenirsi ai giovani
passeggiar per la città a cavallo, massimamente nelle
mule. » (II, III.) Le traducteur Colin comprend
comme Montaigne : Le nonobstant les vieillards
(oultre ce que dict est) blasment en nous plusieurs
choses qui en eulx ne sont ne bonnes ne mau-
vaises seulement pource qu'ilz ne les faisoient point.
Et dient quil n'est convenable aux jeunes gens se
pourmener par la ville a cheval principallement sur
mulles. )) (Éd. de Paris, 1537, p. 73; éd. de Lyon,
1338, i° 70 v°.)
P. 375, 1. 19. Les Abyssins). On trouve des indica-
tions sur les mules des Abyssins dans Paul Jove,
Histoire de son temps, XVIII, mais je n'ai pas rencontré
de source qui explique complètement le texte de
Montaigne.
P. 375, 1. 21. Xenofon). Dans la Cyropédie: « Norunt
enim équestre agmen noctu facile turbari, esséque
usu difficile, prœsertim barbarum. Habent enim in
prœsepio equos ligatis pedibus, ad quos si quis eat
eos et solvere noctu et frasnare laboriosum sit. Ope-
rosum est etiam eosdem ephippiis sternere atque
loricis induere : et cùm equum ascenseris, eum agere
per castra nullo pacto poteris. Itaque ob hœc omnia
cùm alii barbari, tum illi fossa munitiones circun-
dant : simulque existimant cum in loco sunt munito,
potestatem priiestare pugnandi cùm velint. » (III, m;
éd. de 1551, p. ICI.)
P. 376, 1. I. Son Cinis). Id., Ibid. : « Nec equis
priusquam essent exercitati, pabulum injiciebat. »
(VIII, I.) Et surtout un peu plus loin dans une série
d'instructions que donne Cyrus : « Neque equis sine
exercitatione pabulum injicite. » (VIII, vin.)
P. 376, 1. 6. Venit). « Vient aussi le Sarmate qui
se nourrit du sang de ses chevaux. » (Martial, Spec-
taciil. Ub., III, 4.)
P. 376, 1. 7. Ceux de Crotte). Cf. Valère Maxime:
« Cretenses obsidione Metelli ad ultimam usque penu-
riam compulsi, suâ, jumentorumque suorum urinâ
sitim torserunt, justius dixerim quam sustentarunt. »
(VII, VI, ext. I.)
P. 376, 1. 10. Les armées Turquesques). Cf. Paul
Jove, Ordo ac discipliiui turcieœ militix : « Tertia causa
est, quia absque pane et absque vino diu vivere
possunt, oriza et aqua contenti. Sœpe numéro etiam
cequo animo carent carnibus. Quod si contingat
eos orizam quoque minime habere, salitis carnibus
minutatim contritis, ac velut in pulverem redactis
utuntur. Nam ejusmodi pulveres in quibusdam sac-
culis secum ferunt cumque opus est, immixta calida
aqua, dissolutis ebibunt atque inde nutriuntur. Prce-
terea soliti sunt, prxsertim cum nimia famé laboratur,
equos phlebotomare atque illorum sanguine vitam
propriam alere. »
P. 37e, 1. 16. Ces nouveaux peuples des Indes). Cf.
Lopez de Gomara, Histoire de Fernand Corte^ : « Venue
a Cortez il signor di quella terra, & altri quattro o
cinque suoi circonvicini, con buona compagnia di
Indiani, & gli portarono galline, & galli, frutte,
& altre cose di provisione per l'essercito suo, & fino
a quattrocento pesi d'oro in gioielli, & certe piètre
turchine di poco valore... Domandorono perdonanza
de tutto il passato, pregerono che li ricevessero per
amici, & si rimessero nelle sue mani... Annitrivano
li cavalli & cavalle che tenevano ligati nel cortiglio
del tempio di dove passavano, a certi arbori che vi
eran, domandavano li Indiani che diceano, alli quali
risposero i Spagnoli, che si sdegnavano perché non
li castigano per havere combattuto, & per questo
loro, gli davano délie rosse, & galli perché mangias-
sero, pregandogli li perdonassero. » (F° 32 r°.)
P. 376, 1. 24. Aux Indes de deçà). Cf. Arrien : « Les
grands chevauchent des Eléphants. Car ils estiment
estre estât magnifique et Royal d'aller monté sur un
éléphant : et le premier honneur d'après, d'aller en
coche ou autre char traisné par quatre chevaux : puis
après d'aller sur un chameau : et n'estiment pas
honorable à une personne d'estre porté ou charrié
par un cheval seul. » (P. 330.)
P. 377, 1. 4. Quintns Fabius Maxinuis Rulilianus).
ISO
ESSAIS DE MONTAIGXE.
Ou plutôt Rullianus. Cf. Tite-Live : « Hqucs autlicre
L. Cominio Tribuno militum, qui aliquoties impctu
capto perrumpere non poterat hostium agmen, de-
traxit fr£tnos equis : atque ira concitatos calcaribus
permisit, ut sustinere eos nulla vis posset, per arma,
per viros late stragem dedère. » (VIII, xxx, p. 253.)
La leçon « Rutilianus », corrigée par Sigonius en
« Rullianus » dans les éditions qui furent publiées
à Venise dans la seconde moitié du xvi' siècle, est
la leçon de presque toutes les éditions du temps, et
en particulier celle de l'édition de Francfort de 1568.
P. 377, 1. II. Id cnm maiore). « \'ous rendrez leur
choc plus impétueux si vous débridez vos chevaux
pour les lancer contre les ennemis; c'est une ma-
nœuvre qui a souvent réussi à la cavalerie romaine et
lui a fait honneur... Ils débridèrent leurs chevaux,
percèrent les rangs ennemis, et, retournant sur leurs
pas, les traversèrent encore en brisant toutes les lances
et en faisant le plus grand carnage. » (Jd., XL, xl.)
P. 377, 1. 15. Le Duc de Moscm'ie). Cf. Herburt
de Fulstin, Histoire des Rois de Pologne : « Le duc de
Moscovie... recognoissoit & payoit tribut aux Tar-
tares d'oultre le fleuve de Rha ou Volga, & leur
avoit été si subject' que quand leurs ambassadeurs
ou courriers venoient demander le tribut, ou pour
quelque autre occasion, eux estans à cheval, il falloit
qu'il allast au devant tout à pié leur faire la révérence,
& leur présenter un goubcau de laict de jument,
breuvage qu'ils ont fort agréable, et si en beuvant
quelque goutte en tomboit sur le crin du cheval, il
estoit tenu de la leicher avec la langue. » (¥° 204 r".)
P. 377, 1. 20. L'armée que l'Empereur). /</., ihid. :
«... Dieu envoya tout soudainement un froid si
extrême, une glace et tant de neige, que les Turcs
en furent tous enclos, tellement qu'ils ne pouvoicnt
aller ni avant ni arrière, dont presque tous leurs
chevaux moururent de faim et de froid, & plus de
quarante mille hommes. On en trouva puis après
aucuns qui avoient tué & éventré leurs chevaux,
& s'estoient mis dedans pendant qu'ils estoient encore
tous chaults. » (F" 212 v°.)
P. 377, 1. 25. Pajaiel). Cf. Chalcondyle : « Pajazet
mcsme voyant à quel party ses affaires estoient
réduits, monta abillement sur une jument Arabesque;
&: se mit à fuyr à toute bride... Cependant Pajazet
fu3-oit tousjours tant qu'il pouvoir, taschant de se
sauver de vitesse, & les Pzacataides le poursuivoient
de prés, désirans sur tout l'avoir vif en leurs mains...
Mais il s'estoit desja fort eslongné d'eux et avoit fait
un grand chemin estant monté à l'advantage; quant
de fortune il se trouva sur le bord d'une eau, où sa
jument pressée de la soif, s'arresta pour boire, et ne
luy fut possible de l'en destourner, ne la faire passer
outre, estant fort malmené des gouttes aux pieds et
aux mains : De sorte que sa monture, ayant beu
tout à son aise, elle se vint soudainement à refroidir
& lascher; ce qui donna moyen à ceux qui alloient
après de le r'atteinddre. » (III, xii, pp. 206 et 207.)
P. 378, 1. 3. Crœsus). Cf. Hérodote : «Il arriva
en un fauxbourg de Sardis lequel il trouva tout plein
de serpens, que les chevaux passans par les pastis,
ne feirent difficulté de manger, ou ils les rencon-
trèrent. Quoy voyant Crœsus, il pensa bien que
c'estoit quelque présage, comme il estoit à la vérité. »
(I, Lxxviii, t. I, f" 37 r°.)
P. 378, 1. 8. Les Laccdcmcnicns). Cf. Plutarque,
Vie de Nicias : « Au demourant, aians assemblé en
une trouppc ceulx qui publiquement furent pris, ilz
les despouillerent de leurs armes, desquelles ilz accous-
trerent en guise de trophées les plus beaux arbres qui
fussent au long de la rivière. Puis se mettans des
chappeaux de triumphe sur leurs testes, et aians paré
leurs chevaux triumphamment, & au contraire tondu
ceulx de leurs ennemis, s'en retournèrent victorieux
en la ville de Syracuse. » (x, f° 379 v°.)
P. 378, 1. II. Alexandre). Cf. Quinte-Curce : « Ibi
Dahas condidit. Equi binos armatos vehunt, quorum
invicem singuli repente desiliunt, equestris pugnœ
ordinem turbant. » (VII, vu, p. 108.)
P. 378, 1. 18. L^ sieur de Carna'akt). François de
Kernovenoy ou Carnavalet, premier écuyer de Henri II
et gouverneur de Henri III, né en Bretagne vers 1520,
mort en 1571. Brantôme nous parle de lui à diverses
reprises. Il nous dit en particulier (ix, 348) que
Carnavalet avait dressé un cheval qu'il refusa de céder
pour trois mille livres de rente.
P. 378, 1. 19. J'ai veu). Dans \c Journal de voyage,
p. 462, on voit Montaigne s'intéresser à des tours
M\Ri: I, ClIAPlTUr, XLVIIl.
151
de force du mèoie j^enrc. « L;i Domcnica alli
8 d'Ottobrc 1581 andai a vcdcrc ne i termi di Dio-
cleziano in sul Monte Cavallo un Italiano il quale
essendo suto molto tempo schiavo de i Turchi aveva
imparato mille rare cose nel cavalcarc : come, che
correndo a tutta briglia si stava dritto in piè sulla
sella, e gittava con ogni forza un darde, e poi d'un
tratto si calava nella sella. Correndo in furia, e
tenendo d'una mano allarcione, scendeva dcl cavallo,
tocando del piè dritto a terra, il mancino tenendo
nella staffa : e più volte scendeva, e saliva sulla sella
a questo modo. Faceva parecchi giri del corpo sulla
sella correndo sempre. Tirava d'un arco Turchesco
dinanzi, e di dietro con grande agevolezza. Appo-
giando la testa, e la spalla sul collo del cavallo, c
stando i piè in su dritto, dava carriera al cavallo.
Avendo una mazza in mano, la gittawn in l'aria, e
ripigliava correndo. Essendo in piede sulla sella, una
lancia in mano dritto dava in un guanto, e l'infilava,
come si corre all'anello. A piedi girava una piqua
intorno al collo dinanzi, e dietro, avendola prima
spinta forte con la mano. »
P. 378, 1. 24. On a vcn). Cf. Georges Lebelski, La
description des Jeux represante:^ à Coiislanliuople eu In
solennité' de la circoncision du fils d'Aninrath : «Sans
m'arrester a toutes les particularitez, je toucheray un
fait des plus remarquables, et que Ion tiendra, peut
estre, pour chose controuvée : mais je l'ay veuc. Du
nombre de ces cinquante se tirèrent a part deux jeunes
hommes, beaux et braves entre les autres. L'un se
mit en pieds sur la selle de son cheval, et receut sur
.ses bras son compagnon tout debout sur ses pieds.
Estans en cest estât ils donnent carrière au cheval,
et se tiennent fermes, mesmes le plus haut monté
tiroir des coups de flesches contre une pelle de bois
que tenoit en la main droite celui qui le portoit.
Outre plus ces deux mesmes ayans rangé et attaché
deus chevaux par les brides, l'un monta, mit un
des pieds sur une des selles, et l'autre pied sur
l'autre selle, ou il se tenoit comme collé, portant sur
ses bras son compagnon tout debout, et tenant en
main ceste paisle de bois, contre laquelle l'autre ainsi
haut monté descochoit habilement et sans faillir,
tandis que les chevaux couroyent de grande vistesse.
Y en eut d'autres, qui ayans six cimeterres desgainez
et attachez les pointes contremont aux selles de leurs
chevaux, se mirent la teste sur les selles et les pieds
contre mont, faisans en cest estât courir leurs chevaux
de telle vitesse qu'on eust dit qu'ils voloyent. D'un
autre costé, il y en avoit qui se mirent deux en une
seule selle, et comme le cheval couroit a toute bride,
sautoyent en terre, puis remontoyent promptement
et sans delay l'un après l'autre. » (Traduction fran-
çaise de 15S5, p. 70.)
... Le mesme avec ses dents seulement sella, brida
et liarnacha un cheval, et fit plusieurs autres mer-
veilles. )) (Jlnd. , p. 76.)
P- 379) 1- 5- Le Prince de Sutuione). Je pense qu'il
s'agit de Philippe de Lannoy, prince de Sulmone,
dont parle de Thou (I, 124) et auquel Brantôme
reproche sa lâcheté à Cérisoles. Il mourut en 1597.
CiiRoxoLcx;!!-; : Cet essai est certainement antérieur
à l'essai II, i\, et probablement il lui est de beaucoup
antérieur. Montaigne écrit en effet dans l'essai Des
destries, qu'il « fera comparaison des armes anciennes
aus nostres » ; il se dispose donc à écrire un essai sur
cette matière. Or, dans l'essai II, ix, on voit qu'il a
été écrit, et qu'un secrétaire l'a dérobé avec d'autres
papiers. Cela nous invite à penser que l'es.sai Des
dcsiries doit se rattacher à la première période comme
tous ceux qui le précèdent. Un emprunt textuel fiiit aux
Fies de Plutarque ÇFie de César) nous invite encore
à faire cette assimilation puisque les essais précédents
doivent beaucoup aux Vies de Plutarque. (Cf. I,
xxxviii.) On pourrait objecter que Montaigne cite
ici un passage de César : « Cassar, parlant de ceux de
Suéde... »; mais vraisemblablement il le prend dans
^ou^a■age de Ramus sur Les mœurs des anciens Gaulois.
L'hypothèse reste donc vraisemblable; ce n'est pour-
tant qu'une hypothèse.
Chapitkh XLIX.
Di;S COVSTVMES ANCIENNES.
P. 380, 1. 6. Barbare). Rapprocher le début de
l'essai i, xxxi, et aussi les derniers mots du même
essai.
P. 381, !. 15. Sinisiris). «Ils s'enveloppent la
main gauche de leurs saies, et tirent l'épée. » (César,
De bello civili, I, Lxxv.)
P. 381, 1. 16. Et rcmerque). César, De bello gallico,
IV, V, et peut-être aussi Ramus, De moribiis Gallonim,
f° 71 v", qui répète à peu de chose près les termes
mêmes de César : « Est hoc Gallics; consuetudinis,
ut & viatores invitos consistere cogant; & quod
quisque eorum de cfuâque re audierit, aut cognoverit,
qua:rant. »
P. 381, 1. 20. Alix bains). Cf. Sénèque, EpUres :
« Nam ut aiunt qui priscos mores urbis tradiderunt,
brachia & crura quotidie abluehant, qua; scilicct
sordes opère coUegerant. » (Ép. 86, p. 200.)
P. 381, 1. 26. Les plus ajfete^. Id., ibid. : « Parum
est sumerc unguentum, ni bis die terque renovetur,
ne evanescat in corpore. » (P. 200.)
P. 382, 1. 3. Quod pectiis). «Tu t'épiles la poitrine,
les jambes et les bras. » (.Martial, II, i.xii, i.)
P. 382, 1. 5. Psilotro niiel). «Nitet» est la leçon de
la plupart des éditions du xvi' .siècle : « Elle oint sa
peau de vigne blanche (employée comme dépilatoire)
ou l'enduit de craie détrempée dans du vinaigre. »
(Id., VI, xcm, 9.)
P. 382, 1. 6. El al lèguent). Cf. Sénèque, Épitrcs :
« Laudare solebat Attalus pulcitram, qu.-i; resisteret
corpori. Tali utor etiam senex, in qua vestigium
apparere non possit. » (Ep. 108, p. 262.)
P. 382, 1. 10. Inde thoro). «Alors, du haut de son
lit, Enée commença en ces termes. » (\"irgile, Enéide,
II, II.)
P. 382, 1. II. Du jeune Caton). Cf. Plutarque. Fie
de Caton d'Ulique : «Après s'estre lavé, il s'asseit à
table comme il avoit accoustumé depuis la journée de
Pharsale, car il ne se coucha onques puis, que ce ne
fust pour dormir... » « Depuis le jour qu'il entendit la
pêne de la battaille de Pharsale, il ne souppa onques
sinon assis, & adjousta cela au reste de son deuil,
qu'il ne se coucha jamais que ce ne fust pour dormir. »
(xv, fo 545 v°.)
P. 382, 1. 16. Gratati'isque). «Et, en te félicitant,
je te donnerais des baùsers avec de douces paroles. »
(Ovide, De Ponto, IV, ix, 13.)
P. 382, 1. 17. Pasieles). Cf. Diogène Laerce, Vie
de Cratès : « Apud gymnasii principem, ejus coxas
tetigit. Illo indignante, quid enim, ait ille, nonne
& ista tua sont sicut & geniia? » (VI, i.xxxix, éd.
de 1556, p. 397.)
P. 383, 1. 2. L'bisloire de eeliiy). Cf. .Sénèque,
Epîlies : « Niiper in ludo bestiariorum unus e Ger-
manis cum ad matutina spectacula pararetur, secessit
ad exonerandum corpus, nullum aliud illi dabatur
sine custode secretum. Ibi lignum id quod ad emun-
dcnda obscœna adha;rente spongia positum est, totum
in gulam farsit, et pra;clusis faucibus spiritum elisit. »
(Ép. 70, p. 162.)
P. 383, 1. 7. At tibi). « Quant à toi, je ne te ferai
rien, mais, après t'avoir nettoyé le pénis avec de la
laine... » La leçon « lana » est la leçon des éditions
du XVI' siècle.
P. 383, 1. 8. // V avoit). Cf. le Commentaire de
LIVRE I, CHAPITRE XLIX.
Lambin dans son édition de Lucrèce : « Fuisse
RomK, cùm aliis in urbis locis, tum in angiportis
dolia quïedam brevia, & amphoras, & similia vasa
mejendi causa comparata, ac disposita, déclarant illa
verba ex oratione. » (C. Titii apud Macrob., IH,
XVII.) « Dum eunt nulla est in angiporto amphora,
quam non impleant : quippe qui vesicam plenam
vini habeant. » (P. 348.)
P. 383, 1. 10. Piisi Sivpe). «Souvent les enfonts
pendant leur sommeil croient lever leur robe pour
uriner dans les réservoirs et demi-cuves destinés à
cet effet. » (Lucrèce, IV, 1020.)
P. 383, 1. 16. Snrdesfoiiyers). Cf. Sénèque, Epîtres :
« Quia non circa cœnationem ejus tumultus cocorum
est, ipsos cum obsoniis focos transferentium, hoc enim
jam luxuria commenta est. » (Ep. 78, p. 162.)
P. 383, 1. 19. Has vobis epnlas). «Gardez ces mets
pour vous, riches voluptueux, nous ne voulons pas
de cuisine ambulante. » (Martial, VII, xii, 48.) Le
texte est celui des éditions du xvi'= siècle.
P. 384, 1. 7. Sans comparaison plus grande). Mon-
taigne exprimera un a\is différent plus tard dans
l'essai III, vi; il estimera alors que le monde ne va
pas en empirant et que nous ne devons pas être
inférieurs aux anciens en nature. Autour de lui des
partisans des anciens sont disposés à leur accorder
une supériorité sur les modernes. Cf la même idée
chez B. Castiglione, B corlegiano, II, m; chez Le Rov,
Vicissitude, éd. de 1577, f" 57.
P. 384, 1. 19. Face quelque pois). Cf. Plutarque,
Vie de Flaininiiis : « Et ne fut que la ftulte des ^to-
liens, que Philippus se sauva de vistesse, pource qu'ilz
s'amusèrent à piller et saccager son camp, pendant
que les Romains chassoient et poursuyvoient les
fuyans, de sorte qu'à leur retour ilz ne trouvèrent
plus rien à piller. A l'occasion dequoy il commencea
•à avoir quelques querelles entre eulx, et s'entredirent
des paroles injurieuses les uns aux autres : mais
depuis encore fascherent ilz bien d'avantage Titus,
parce qu'ilz s'attribuèrent l'honneur de ceste victoire, et
feirent courir le bruit parmy la Grèce, que cestoient
eulx qui avoient desfaict en battaille le Roy Philippus,
de manière que es chansons que les Poètes en feirent,
et que le menu peuple chantoit par les villes à la
louange de ce foict d'armes, on mettoit tousjours les
/Etoliens devant les Romains. » (v, f° 261 v°.)
P. 384, 1. 25. Inguina). «Un esclave ceint d'un
tablier noir au-dessus des aines, se tient à tes ordres,
lorsque, nue, tu prends un bain chaud. » (Martial,
VII, xxxv, 2.) Je n'ai trouvé la forme « nuda » dans
aucune des éditions du xvi' siècle que j'ai consultées.
P. 384, 1. 28. Les anciens Gaulois). Cf. Sidoine
Apollinaire :
« Hic quoque nionstra domat, rutili quibus arce cerebri
» .^d frontem coma tracta jacet, nudataque cervix
» Setarum per damna nitet. »
(V, 239.)
P. 385, 1. 4. Dinn as e.xigitnr). «A faire payer les
passagers, à atteler la mule, une heure entière se
passe.» (UoTzce,. Satires, I, v, 13.)
P. 385, 1. 7. Spondain). «La ruelle du roi Nico-
mède. » (Suétone, Vie de César, xlix.) Voici le texte
de Suétone : « Tum Dolabella (dicit) pellicem regire,
spondam interiorem regia; lecticK. » Béroald écrit en
note : « Consuevit concubinus & concubina in parte
interiore ipsius lecti, atque lectica; cubare; in parte
vero exteriore ipse vir. »
P. 385, 1. 9. Oiiis puer). «Vite, esclave, qu'on
tempère l'ardeur de ce vin de Falerne avec l'eau de
cette source qui coule auprès de nous. » (Horace,
Odes, II, XI, 18.)
P. 385, 1. 13. O Jane). «O Janus, toi à qui on
ne fait pas les cornes par derrière ni les oreilles d'âne,
à qui l'on ne tire pas une langue longue comme
celle d'un chien d'Apulie qui a soif. » (Perse, 1, 58.)
Janus, comme l'explique le contexte, a deux faces, et
voit par derrière comme par devant.
P. 385, 1. 16. Les Dames Argienes). Cf. Plutarque,
Demandes des choses romaines, demande xxvi, intitulée :
« Pourquoy est-ce que les femmes en deuil portent
des robes blanches, & la coiffure blanche aussi?», et
qui s'achève par ces mots : « En la ville d'Argos
semblablement, quand ils portent le deuil ils vestent
robbes blanches, comme dit Socrates, lavées en eau
claire. » (F° 464 v°.) On trouve le même renseigne-
ment, mais en partie seulement, chez Hérodien, IV,
i, 6.
154
DE MOXTAICNE.
Chronologie : Aucune indication ne permet de
dater. Une considération pourrait nous engager à
croire que cet essai et les trois qui le suivent (I, l;
I, Li; I, lu), sont d'assez peu postérieurs aux essais
précédents (I, xxxviii-I, XLViii). Dans chacun des
quatre, en effet, bien qu'ils soient courts en général,
nous trouvons un ou plusieurs emprunts aux Vies
de Plutarque. Mais tandis que dans les essais précé-
dents les exemples de Plutarque fournissaient le plus
souvent le thème de la composition, dans ceux-ci
ils ne jouent plus qu'un rôle secondaire. En compo-
sant les précédents, on sentait que Montaigne était
en train d'étudier les Fies de Plutarque et d'en faire
son sujet habituel de méditation; dans ceux-ci il
prend son inspiration de côté et d'autre; des Vies il
ne tire plus que des réminiscences nombreuses sans
doute et qui enrichissent son développement, mais
accessoires. En tout temps, entre 1572 et 1580,
Montaigne pratiquera suffisamment les Vies pour en
tirer de semblables réminiscences, et par conséquent
leur présence ne nous permet de conclure aucune date
de composition bien certaine pour les quatre essais
qui nous occupent. Notons cependant : i" qu'elles
sont relativement -nombreuses dans ces quelques
pages; 2° que, par la place qu'il leur a assignée,
Montaigne semble nous inviter à considérer ces
quatre essais comme peu postérieurs au groupe qui
s'inspirait directement des Vies. On est dès lors tenté
de croire que Montaigne, quand il les écrivait, était
encore tout près du temps où il étudiait spécialement
les Vies, et que c'est pour ce motif que les réminis-
cences des Vies se pressent sous sa plume. C'est, je
crois, l'hypothèse la plus vraisemblable qu'on puisse
présenter pour ces quatre essais; elle reste très fragile
néanmoins. Je crois que rien ne la contredit, en
particulier dans l'essai Des consluines anciennes qui
nous intéresse en ce moment. On trouve deux em-
prunts à César qui invitent à reporter sa composition
à l'année 1578 au plus tôt. Il faut noter toutefois
que ce chapitre n'est qu'un amas de coutumes, que,
par conséquent, il appelait pour ainsi dire les addi-
tions, parce que toujours il était facile d'ajouter
quelque nouvelle coutume à la liste. 11 se pourrait
encore que Montaigne ait pris ces passages de César
dans quelque livre de seconde main, car on trouvait
partout relevées les coutumes de l'antiquité, et par-
tout on les comparait aux coutumes modernes. «Il
y a, dit Montaigne, des livres entiers faicts sur cet
argument. » Effectivement j'ai retrouvé l'un de ces
deux passages dans l'ouvrage de Ramus sur les Mœurs
des anciens Gaulois. Je crois donc qu'il serait téméraire
de rien conclure de ces emprunts à César.
CHAPITl^E L.
DE DKMOCRITVS i;T HERACLITVS.
P. 386, TITRE. DeDciiiocritiis et Heinclitiis). Le sujet
■que Montaigne traite ici se rencontre partout cliez
les moralistes et compilateurs du xvr' siècle. Cf. à ce
sujet mon ouvrage sur Les sources el l'evoliilioii des
Essais, t. II, p. 35. La question avait été touchée
par plusieurs auteurs anciens : Ju vénal, Satires, X;
Sénèque, De ira, II, x; De traiiquillitate animi, xv;
Lucien, Dialogues, xiv; Diogènc Laerce, etc. L'Italien
Pliileremo Fregoso la vulgarisa au début du xm*^ siècle
par deux poèmes intitulés // riso di Deiiwcrito e piaiito
di Heraclito, qui furent souvent réimprimés. Il con-
tribua sans doute à mettre ce thème à la mode.
En tout cas il est partout autour de Montaigne.
Cf. Messie, Diverses leçons, I, xxx\"i; Bouaystuau
dans VHistoire de Chelidoniiis, Mil, dans le Tlk'àtre
du monde (au début); Marcouville, dans son Traicte'
de la diversité des opinions humaines (au début); Budé,
dans son Institution du prince (éd. de 1548, f° 7 v°);
La Primaudaye, dans son Académie françoise, I, i ;
Droit de Gaillard, dans sa Méthode de l'histoire, p. 5 ;
Le Roy, dans sa Vicissitude (éd. de 1577, f" 52 v"); etc.
Dans tous les genres littéraires les allusions à ce
contraste entre les deux philosophes abondent par-
tout : voyez en paniculier Rabelais, I, xx. Tout le
monde est si bien averti qu'Henri Estienne, dans son
Apologie pour Hérodote , dit sans expliquer son expres-
sion « être héraclitique » au sens de « avoir l'humeur
noire » ; et Jacques Tahureau, dans ses Dialogues,
appelle son principal interlocuteur «le Democritic»,
pour faire entendre que la sagesse de son philosophe
est mêlée de gaieté et de mépris pour l'humanité.
Chacun se pique de choisir entre les attitudes des
deux pliilosophes. L'originalité de Montaigne est
donc nulle dans le choix du sujet. Il ne fait que
suivre l'exemple de ses devanciers. En revanche, dans
aucun des textes auxquels je viens de renvoyer, on
ne retrouve les idées qui remplissent la première
moitié de l'essai de Montaigne. Il renouvelle par là
un sujet rebattu.
P. 38e, I. 13. De la fortune). Montaigne reprendra
la même idée, mais la commentera d'une manière
différente dans l'essai III, \'.
P. 38S, 1. II. Elle les leur taille). Cette idée est
longuement développée dans l'essai I, xiv.
P. 389, 1. 16. Aller). «Dès qu'ils avaient mis le
pied hors de la maison l'un riait, l'autre pleurait au
contraire. » (Juvénal, X, xxviii.) Le texte qu'on lit
ici chez Montaigne est celui de toutes les éditions
du xvi'= siècle.
P. 390, 1. 2. Hochant du ne^). Allusion à l'anec-
dote bien connue de la visite d'Alexandre à Diogène,
où celui-ci demande au monarque de s'écarter de
son soleil. Cette anecdote est partout, en particulier
chez Plutarquc, Fie d'Alexandre, f" 469 v"'; chez
Cicéron, Tusculanes, V, x, 32, etc.
P. 390, 1. 14. La responce de Statilius) . Cf. Plutarquc,
Vie de Marcus Brutus : « Brutus laissa mesme de ses
autres amis, Stallius l'Epicurien, & Faonius, celuy qui
faisoit profession d'imiter, & ensuivre Marcus Caton, à
cause que leur en aiant jette de loing quelques paroles
couvertes en devisant & disputant ensemble de la
philosophie, pour sonder leur voulunté... & Stallius
avoit dit, que ce n'estoit point le faict d'un homme
prudent et sage, que de se mettre en danger & en
156
peine de sa vie pour des folz et des ignorans. » (m,
f" 689 r°.)
P. 390, 1. 18. Hegesias). Cf. Diogène Laerce, Vie
d'Aristippe : « Sapientem sui ipsius gratia cuncta fac-
turam. Aliuni quippe neminem sque ac se dignum
arbitrari. Quamlibet enim ingentia videatur ab eo
consecutus, non tamen eomm quce ipse prastiterit
mérita .-equare. » (II, xcv, 153.)
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 390, 1. 19. Theodoriis). Id., ibid. : « Probabile
dicebat prudentem virum non seipsum pro patria
periculis exponere, neque enim pro insipientium com-
modis amittendam esse prudentiam. « (II, xcviii, 155.)
Chronologie : Aucune allusion ne permet de
dater cet essai. Pour une hypothèse très incertaine,
cf. la chronologie de l'essai précédent, I, XLix.
Chapitre LI.
DE LA VANITU DES PAROLES.
P. 391, 1. I. Un Rbetoricien) . Cf. Plutarque, Dicts
notables des Lacedannoniens : « On louoit en sa présence
(d'Agesilaus) un maistre de Retorique, de ce qu'il
pouvoir par son éloquence amplifier et rendre grandes
les choses petites : et au contraire appetisser les
grandes : Je ne trouverois pas bon, dit-il, un cor-
douannier, qui à un petit pied chausseroit un grand
soulier. » (F° 209 v°.)
P. 391, 1. é. La responce de Tbiicididt'i). Id., Vie
de Périclès : « Comme donques Archidamus rov de
Lacedasmone luy demandast un jour, lequel luctoit
le mieulx de luy ou de Pericles, il luy respondit,
Quand je l'ay jette par terre en luctant, il sçait si
bien dire en le niant, qu'il fait croire aux assistans
qu'il n'est point tumbé, & leur persuade le contraire
de ce qu'ilz ont veu. « (v, f° 106 v°).
P. 391, 1. 17. Ariston). Cf. Quintilien, Instit. orat. :
« Cujus (Aristonis) hic finis est scientia videndi et
agendi in qusstionibus civilibus per orationem popu-
laris persuasionis. » (II, xv.)
P. 392, 1. I. Sacrâtes, Platon). Cf. Platon dans le
Gorgias (p. 287 et passim). Dans Quintilien, II, xvi,
tout près de l'endroit où Montaigne vient de prendre
la définition d'Ariston, on trouve, dans des termes
un peu différents, il est vrai, une allusion à ce juge-
ment de Socrate et de Platon.
P. 392, 1. 3. Les mahunietans). Cf. Guillaume
Postel, Histoire des Turcs : « Aiant ainsi instruit l'en-
fant premièrement en la I03', le maine après aux
autres disciplines humaines, lesquelles ils ont autant
que nous, fors les Histoires, et rhétorique... De
rhétorique qu'ils nomment « mantic », ils dient n'en
estre besoin que bien peu, pour ce que nature simple-
ment, et en peu de parolles dit, et monstre ce qu'elle
entend. » (Éd. de-1575, pp. 131 et 132; éd. de 1560,
P- 36.)
P. 392, I. 5. Les Athéniens). Cf. Quintilien, Insti-
tution oratoire : « Athenis ubi actor movere affectus
vetabatur, velut recisam orandi potestatem... » (II,
XV,.)
P. 392, I. 10. Connue la médecine). Rapprocher la
comparaison suivante que je rencontre dans une note
de VEIoge de la plie, d'Érasme (éd. de 1544, p. 73) :
« Cum medicina non esset, si nulli fuissent morbi,
ita leges non fuissent, nisi flagitia coegissent. »
P. 392, I. 20. Ce sont gens). «Esse viros natos
militiœ, factis magnos, ad verborum lingu^que cer-
tamina rudes, ea ingénia consularia esse : callidos
solertesque, juris atque eloquentiœ consultes, Urbi
ac Foro prcesides habendos, prœtoresque ad reddenda
jura creandos esse. » (Tite-Live, X, xxii.)
P. 393, 1. 13. Cardinal Caraffe). Il s'agit sans doute
du fameux cardinal Carlo Caraffa, neveu du pape
Paul TV, célèbre pour les scandales qu'il provoqua
en compagnie de ses deux frères sous le pontificat
de son oncle et qui finirent par le faire condamner
par le conclave en février 1559. Rentré à Rome après
la mort de Paul I\', il fut jugé, dégradé et étranglé.
P. 393, 1. 26. Nec niinimo). «Et il expose qu'il
n'est pas d'une mince importance de distinguer entre
le découpage du lièvre et celui du poulet. » (Juvénal,
V, 123.) ^
nS
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 394, I. 3. Hoc salsum csl). « Ceci est trop salé,
ceci est brûlé, ceci est fade; voilà qui est bien! Sou-
venez-vous de faire de même une autre fois. Je les
instruis soigneusement, autant que me le permettent
mes faibles lumières. Enfin, Déméa, je les exhorte à
se mirer dans leur vaisselle comme dans un miroir,
et les avertis de tout ce qu'ils ont à faire. » (Térence,
Adelphs, III, III, 71.)
P. 394, 1. 8. Les Grecs iiiesnies). Cf. Plutarque, Vie
de Paul-Émile : « Les Grecs s'esbabissoicnt comment
es choses de plaisirs & de jeu, il emploioit encore
la sollicitude, & comment en maniant & ordonnant
de si grandes choses, encore vouloit il avoir soing
& prendre luymesme la peine que les petites allassent
aussi comme elles dévoient. « (xv, f" 173 r°.)
P. 394, 1. 16. Palais d'ApoUdou). Palais merveil-
leux. Cf. VAiiiadis, II, 1, et IV, 11.
P. 394, 1. 22. C'est une pipeiie). Rapprocher Gelli,
Capn:^:^i del Bottaio : « Ils font comme ce beau médecin,
qui m'a autresfois pansé en mes maladies, lequel
pour paroistre fort suffisant et des premiers en son
art, m'ordonnoit des receptes, avec certains mots si
estranges et sauvages que le seul son me faisoit tres-
saillir, et entre les autres, il me souvient qu'à un
matin il m'en dressa une pour ceste aposthume que
j'eus. . . Entre autres herbes et gommes qui y entroyent,
il en avoit une qu'on appeloit rob, une autre tartaro,
et une autre altea, et pensois bien qu'il me fallut
envoyer jusques aux terres neufves, voire par delà
où le soleil se le\e, comme l'on dit, pour recouvrer
de ses drogues, quand j'entendis de mon apothicaire,
auquel j'en faisois mes plaintes, que ce n'estoient que
choses communes qu'il avoit ainsi desguisées et sur-
nommées à plaisir, dont le premier estoit un vin
cuit, la seconde de la mousse de muy, et la troisième
de la mauve. » (Discours, Y, trad. française de 1566,
p. 171.)
P. 395, 1. 3. Et avecqiies raison). Montaigne écrira
le contraire dans son Journal de voyage : « Fin adesso
a dire la verità, di quella poca pratica, e domestichezza
ch'io aveva con questa gente, non scorgeva questi
miracoli d'ingegni e discorsi che gliele dà la fama.
Xon ci vedeva veruna focultà straordinaria anzi mara-
vigliarsi e far troppo conto di queste piccole forze
nostre... » (P. 362.) Mais ce n'est là qu'une impression
passagère. Plus tard, après son voyage, il affirmera
à nouveau la supériorité des Italiens, et l'expliquera
en partie par leurs académies qui leur sont un conti-
nuel exercice. (III, viii.) Il donnera un jugement
plus précis dans l'essai III, v : « (Des esprits) de la
commune façon ils en ont beaucoup plus (que nous),
et évidemment. La brutalité y est sans comparaison
plus rare : d'âmes singulières et du plus haut estage,
nous ne leur en devons rien. »
Chronologie : Aucune allusion ne permet de dater
cet essai. Pour une hypothèse très incertaine, cf. la
chronologie de l'essai I, xlix.
Chapitre LU.
DE [.A I'ARSIMO\[|-. DUS AXCUA'S.
P. 39e, 1. I. JUiliiis Reguhis). Cf. Valèrc Maxime,
IV, IV, que Montaigne ne traduit pas exactement.
Le récit a d'ailleurs été reproduit bien souvent : cf.
Boccace, De casibns vironim el feminaniin, \, au début
(trad. Witard, p. 300); Vives, Commentaire de la Cité
de Dieu, I, xxiv; etc. Notons encore que l'anecdote
est rapportée, d'une manière très incomplète^ il est
vrai, chez Sénèque, De consolatione ad Alhiuam, xn,
440, auprès de trois autres exemples de frugalité que
nous allons retrouver dans cet essai de Montaigne.
P. i^G, 1. II. Le. vieux Caton). Cf. Plutarque, Vie
de Caton le Censeur : « Caton au contraire faisant
gloire, dit, qu'il laissa en Hespagne le cheval duquel
il s'estoit servv à la guerre, durant son Consulat,
pour espargner à la chose publique l'argent qu'il
eust cousté à le ramener par mer en Italie. Or si
cela se doibt attribuer à une magnanimité, ou bien
à une chicheté, on en pourroit alléguer des raisons
apparentes d'une part et d'autre. » (m, f° 236 r°.)
P. 39e, 1. 13. Ah gouvernement de Sardaigne). Id.,
ibid. : « Il alloit faisant sa Visitation par les villes à
pied sans monture quelconque, & le suyvoit seule-
ment un officier de la chose publique, qui luy portoit
une robbe & un vase à ofirir du vin aux Dieux es
sacrifices. » (m, f° 236 v°.)
P. 39e, 1. 16. // se vantoit). Ib., ibid. : « Car il
escrit luy mesme qu'il ne porta onques robbe qui
eust cousté plus de cent drachmes d'argent (En face de
cent drachmes Amvot met en marge «dix escus»)...
Et que pour son soupper jamais on n'avoit achepté
au marché de la viande pour plus de trente asses de
monno3'e Romaine (En face de trente asses Amyot
écrit en marge «environ dix sols tournois»)... Et
que de toutes les. maisons qu'il avoit aux champs,
il n'y en avoit pas une dont les murailles fussent
crespies ny enduittes. » (m, f" 235 v".)
P. 397, I. I. Scipion Azmilianns). Cf. ^'alère
Maxime, IV, m, i ^
P. 397, 1. 3. On tient qii'Honiere). Cf. Sénèque,
De cousolatioiw ad Albiiiain : « Unum fuisse Homero
servum, très Platoni, nullum Zenoni, a quo cœpit
Stoicorum rigida ac virilis sapientia, satis constat. »
(xii, 440.)
P. 397, 1. 5. // ne fut taxé). Cf. Plutarque, Vie de
Tibérius Graccims : « Tiberius demanda qu'on luy
baillast une tente aux despens du public, quand il
iroit par les champs pour procéder au département
des terres, comme Ion faisoit aux autres qui alloient
bien souvent en de beaucoup moindres commissions.
Hz la luy refuzerent tout à plat, et pour sa despense
ordinaire luy taxèrent par jour neuf oboles. » (En
face de neuf oboles, Amyot écrit dans la marge : Ce
sont environ cinq sols et demy.) (iv, f° 572 v".)
Chroxologii; : Aucune allusion ne permet de
dater cet essai. Pour une hypothèse très incertaine,
cf. la chronologie de l'essai I, xlix.
Chapitre LUI.
D V\ MOT DE CESAR.
P. 398, 1. 9. Celte grande dispute). Rapprocher II,
XII, p. 331, 1. 3.
P. 398, 1. 13. Diiiii ahest). «L'objet de notre désir,
tant qu'il nous échappe, nous paraît toujours préfé-
rable à toutes choses; venons-nous à en jouir, un
autre désir nous naît, et notre soif est toujours égale. »
(Lucrèce, III, 1095.)
P. 399, 1. 4. Nam ctiin vidit). « Car il vit que les
Biortels ont a peu près tout ce qui est nécessaire à
la vie; il vit des hommes gorgés de richesses, d'hon-
neurs et de réputation, fiers de la bonne renommée
de leurs enfants;" et pourtant il n'en était pas un
qui dans son for intérieur ne fût bourrelé d'angoisses,
et dont le cœur ne fût oppressé de plaintes doulou-
reuses : il comprit alors que le défaut venait du vase
lui-même, et que par son défaut se corrompait à
l'intérieur tout ce qu'on y versait et tous les biens
qu'on y introduisait. » (/(/., VI, 9.) Le texte est
différent de celui de l'édition Lambin (p. 468). Peut-
être Montaigne l'a-t-il pris dans quelque ouvrage de
seconde main.
P. 399, 1. 17. Comiiiiiui). César, De bello civili, II,
IV. Montaigne a traduit ce passage après l'avoir cité.
Cf. texte de 1588.
Chronologie : Il est probable que cet essai est de
l'époque à laquelle Montaigne lisait César (1578);
toutefois il serait téméraire de l'affirmer : c'est une
sentence de César qui sert de thème à cet essai, il est
vrai; mais peut-être Montaigne a-t-il pu la trouver
dans quelque ouvrage de seconde main que je n'ai
pas rencontré.
Chapitre LIV.
DES VAIXES SVBTILITEZ.
P. 400, 1. 8. Ccliiy qui s'tiiiiusa). Cf. Plutarque,
Les propos de table : « Xenocrates a asseuré que le
nombre des syllabes que font des lettres joinctes et
meslees ensemble, monte à la somme de cent millions
et deux cents mille. » (VIII, ix, f° 430 r°.) Voir
aussi Rabelais, III, m.
P. 400, 1. 10. L'opinion de reliiy). Souvenir d'un
passage de Quintilien, Institution oratoire, II, xx, que
Montaigne rapporte assez inexactement. «Ma-:a'.:T£-/v'.a
est quasdam, id est super\-acua artis imitatio, qu;v
nihil sane nec boni nec mali habeat, sed vanum
laborem qualis illius fuit qui grana ciceris ex spatio
distante missa, in acum continué & sine frustratione
inserebat : quem cùm spectasset Alexander, douasse
dicitur ejusdem leguminis modio. Quod quidem
prœmium fuit illo opère dignissimum. » D'ailleurs
Montaigne a pu prendre ce fait de seconde main.
Cf. Crinitus, De honesta disciplina, X\\ 11; // Corte-
giano de Castiglione, II, xxxr.
P. 400, 1. 18. Rareté on nouvellcte). Rapprocher II,
XV, 581-382.
P. 401, 1. 12. Democritits disoit). Cf. Plutarque,
LjCS opinions des Philosophes : « Democritus dit, qu'il
y a plus de sentiments es bestes brutes, et es dieux,
et es sages. » (IV, x, f" 454 r".)
P. 401, 1. 17. Sancho). C'est Garcia que Montaigne
devait dire. Très certainement il fait allusion à
Garcia V, dit le Trembleur, douzième roi de Navarre,
fils de Sancho Garcia. Il a régné à la fin du x'= siècle.
Les historiens disent qu'au moment d'aller au combat
il tremblait si fort qu'on l'entendait grelotter et que
ses os semblaient craquer. Ils ajoutent qu'il était très
hardi dans l'action.
P. 401, 1. 26. Aristote dict). Coste a remarqué que
Montaigne ne rend pas exactement la pensée d' Aris-
tote, qui, après avoir dit que l'étain des Celtes se
fond plus tôt que le plomb, puisqu'il se fond même
dans l'eau, ajoute : « L'étain se fond aussi par le
froid quand il gèle. »
P. 403, 1. 24. Ans chançons). Rapprocher I, xxxi,
p. 279, 1. 17 : J'en ay un' autre.
Chroxologie : Aucune indication ne permet de
dater. Deux emprunts aux Œuvres morales tendraient à
faire croire que l'essai est au plus tôt de la fin de 1572;
mais la composition de ce chapitre le disposait à
recevoir des additions; peut-être les emprunts faits
à Plutarque sont des additions, et il serait téméraire
d'en rien conclure.
Chapitre LV
DES SEN'TEVKS.
P. 405, TITRE. Montaignt possédait l'ouvrage de
Théophraste sur les parfums dans la traduction latine
de Turnèbe. Il ne semble pas qu'il en ait fait aucun
usage dans cet essai.
P. 405, 1. I. Coininc d'Alexandre). Cf. Plutarque,
Vie d'Alexandre : « Et me souvient d'avoir leu es com-
mentaires d'Aristoxenus, que sa charneure sentoit
bon, & qu'il avoit l'aleine tres-doulce, & issoit de
toute sa personne une odeur très souefve, tellement
que les habillemens qui touchoient à sa chair en
estoient comme tous perfumez, dont la cause simple
estoit la température & complexion de son corps
fort chaulde & tenant du feu pource que la doulce
senteur s'engendre par le moien de la chaleur qui
cuit & digère l'humidité, ainsi comme Theophrastus
estime. » (i, f° 465 r°.) Voir un texte très semblable
dans les Propos de table, I, vi, f" 56e r".
P. 405, 1. 9. Millier). Il y a dans Plante, MostclL,
act. I, se. m, V. 117 :
i< lîcastor ! millier recte olet, cuni nihil olct. »
Montaigne traduit ce vers après l'avoir cité.
P. 405, 1. 12. Les bonnes senteurs estrangieres). Le
Galaleo, de Gio\anni délia Casa, qui fait alors auto-
rité en matière d'usages, écrit à ce sujet en critiquant
l'excès des parfums et des parures : « Il ne faut
doncques que le gentilhomme sente autre chose que
la senteur de l'homme, toutefois s'il a quelque défaut
de nature faut le corriger avec des eaux et senteurs
non trop violentes. » (Trad. française de Lvon, 1571,
f"73v".)
P. 406, 1. 3. Rides nos). « Tu ris de nous, Coracinus,
parce que nous ne sentons rien; j aime mieux ne rien
sentir que sentir bon. » (Martial, VI, LV, 4.)
P. 406, 1. 6. Posthume). «Qui sent toujours bon
sent mauvais. Posthumus. » (Martial, II, xii, 4.)
P. 406, 1. 10. Namque sagacins). «Je sens plus
subtilement les mauvaises odeurs qu'un chien de
chasse ne subodore le sanglier dans sa bauge. »
(Horace, Épodes, XII, i\ .)
P. 40e, 1. 14. Les faines Scithes). Peut-être rémi-
niscence assez inexacte d'un passage d'Hérodote,
IV, LXXV.
P. 407, 1. 5. On lit de Soi rates). Cf. Diogène Laërce,
Fie de Socrate : « Adeo autem parce ac temperatè
vixit, ut cum Athenas pestis siepenumero vastaret,
soins ipsc nunquam œgrotaverit. » (II, xxv, m.)
P. 407, 1. 10. L'invention des encens). Rapprocher
ce qu'avait écrit Montaigne dans le Journal de vovage :
« Outre cela, un tiers prant un instrument d'arjant,
rond comme un esteuf, qui se tient à une longue queue,
lequel instrument est percé de petits trous come nos
cassolettes, et le porte au nés premieremant du
ministre, et puis de l'enfmt, et puis du parein : ils
présupposent que ce sont des odeurs pour fortifier
et éclaircir les esprits à la dévotion. » (P. 226.)
P. 407, 1. 16. Roy de Thunes). Cf. Paul Jove, His-
toire de son temps : «Neapolitani novum gentis cultum,
vescendique morem, et odoramenti omnis generis
exquisitam luxuriam admirabantur. Cunctis namque
dapibus insani sumptus unguenta infarciebant con-
stabatque pavonem cum duobus phasianis a structure
ex regia.' culin:v disciplina conditum, centum aureo-
rum impensani cxccssisse. Quippe non cimaculuni
LIVRE 1, CHAPITRK LV.
163
modo quum in mensa concideretur, sed domum
universam, novo suavissimoque nidore complevisse
ferebant, tanta inhalatione, ut a tota vicinia hujus
inusitata;, et non cito evanescentis voluptatis odor
sentiretur. » (XLIV, f" :;22 r".)
P. 407, 1. 24. Venise). Dans le Journal Je voyni^'c
(p. léS), on voit que Montaigne trouva Venise «autre
qu'il ne l'avoit imaginée, et un peu moins admirable».
Une comparaison entre Venise et Paris que Montaigne
a pu lire dans une lettre du Tasse, « Comparaison
entre la France et l'Italie », semble indiquer qu'il
était alors habitue! d'établir un parallèle entre ces
deux \illcs.
Chroxoi.ogik : Aucune indication ne permet de
dater.
Chapitre L\"I.
DES PRIERES.
P. 408, TITRE. Le sujet principal de cet essai, que
nous devons 'veiller à ce que les vœux que nous
adressons au ciel soient honnêtes, avait été touché
par d'autres auteurs avant Montaigne. Sans parler
des poètes qu'il cite, on peut rapprocher la fin de la
dixième épître de Sénèque ; un passage de Ylcaroinénippc
de Lucien (^Dialogues, XLVI, xxv); un chapitre de
Crinitus dans le De honesta disciplina : « Qua; sint
a diis maxime roganda, et quomodo ex Platone : tum
versiculi persiani de votis peragendis » (X, iv); un
« pegtne » de Cousteau « à la statue de Jupiter et de
Thémis » qui est suivi d'une narration intitulée :
« Prier Dieu en choses licites » ; cf. encore une
note dans VÉloge de la folie d'Erasme (éd. de 1344,
p. 96); etc.
P. 408, 1. I. Je propose). Pour des déclarations
analogues de soumission à l'autorité de l'Église, cf.
le début de l'essai II, m, et la note t. II, p. 23, 1. 4.
Cette déclaration,- qui a paru pour la première fois
dans l'édition de 1582, a sans doute été provoquée
par r«animadversion» du maestro de! sacro palazzo
dont Montaigne parle dans son Journal de voyage,
p. 250. On avait reproché à Montaigne d'avoir dit
que « celui qui prioit devoir eslre exampt de vitieuse
inclination pour ce temps», et Montaigne avait avoué
son opinion, « n'estimant que ce fussent erreurs».
P. 409, 1. 23. Platon, en ses loix). « Faciunt autem,
aut dicunt impium aliquid in deos, vel quia deos
esse negant, vel quia & si putant esse deos, de rébus
tamcn humanis curare ipsos minime arbitrantur : vel
tertio quamvis & sint, & de hominibus curam
habcant, facile tanien placari eos votis &: sacrificiis
opinantur... NuUus eorum ab adolescentia usque ad
senectam in hac opinione quod dii non sint perse-
veravit. Reliqui autem duo morbi quamvis non
multis, nonnullis tamen permanserunt : quod dii
sint quidem, sed de rébus humanis nihil curent. »
(x, p. 885; éd. de 1546, pp. 870-871.)
P. 410, 1. 2. Il faut avoir l'ame nette). Au sujet de
la critique qui fut faite à Rome de cette opinion de
Montaigne, voir Journal de voyage, p. 250, et la note
ci-dessus p. 408, 1. i.
P. 410, 1. II. Si nocturnus aditlter). «Si, pour
commettre la nuit des adultères, tu te couvres la
tête d'une cape gauloise. » (Juvénal, VIII, 144.)
P. 411, 1. II. Celuy qui, se confessant). On a conjecturé
avec beaucoup de vraisemblance qu'il s'agit d'Arnaud
du Ferrier, mort à l'époque où Montaigne écrivait
ces lignes, et dont M. Lautrey résume ainsi la vie :
« Arnaud du Ferrier, né à Toulouse vers l'année 1 505,
mort en octobre 1585. Reçu docteur en droit à
Padoue, il professa à Bourges, puis à Toulouse, où
il eut peut-être Montaigne pour élève. Président aux
enquêtes du Parlement de Paris, bien que s'étant
compromis en 1559 avec le conseiller Anne du
Bourg comme «fituteur des hérétiques», il fut envoyé
ambassadeur du roi près le Concile de Trente (1562),
où il se montra si hostile à la Cour de Rome qu'il
dut se retirer à Venise; il y fut à deux reprises
nommé ambassadeur. « Le président du Ferrier,
raconte Brantôme (III, 102), si longtemps arresté
ambassadeur à Venise... s'en alloit quelquefois faire
des leçons publiques aux escolles à Padoue; ce qui
desrogeoit fort à sa charge et authorité de son roi.
CHAPITRE LVI.
i6s
qui ne le trouva bon, et ne lui ht bonne chère à son
retour... » Lorsqu'il revint d'ambassade (1582), du
Plessis-Mornai l'engagea à se convertir au protestan-
tisme, disant : « Et donc est-il point désormais temps
de penser à sa conscience? à ces bons propos que
vous m'avés autrefois tenus à ^■enize? à ceste reso-
lution tant de fois répétée et de bouche et par lettres, de
faire ouverte profession de la vérité, de si long-temps
connue, si long-temps recelée? — Et si vivement
l'en pressa qu'il tira parole de luy, qu'il se declareroit :
ne taisant pas toutefois qu'il eust bien voulu estre
pavé auparavant de quatorze mil escus qui luy estoient
deubs de son Ambassade. » Çl^ie de du Plessis-Mornai,
citée par Bayle.) Bientôt il abjura le catholicisme, et
Henri de Navarre le nomma son chancelier. «M. de
Montagne certes ne se pouvoit saouler de dire à
M. du Plessis : \'ous avés gaigné une bataille sur
nous, par l'appel de cest homme, honorant en luy
une vertu que nous avons mesprisée. » (Jbid.') Mon-
taigne, comme intermédiaire entre le roi de Navarre
et le maréchal de Matignon, eut souvent affaire avec
« le bon home présidant Ferrier », il en parle dans
ses lettres au maréchal; ainsi le 12 février 1585 :
«J'ai veu... M"" Ferrier malade à Sainte-Foi, qui se
résout de me venir voir un jour de cete semmeine.
Je ne m'atan pas qu'il y vieigne et me samble atandu
son eage l'avoir laissé en mauvais estât. »
P. 412, 1. 12. // ne faut mesler Dieu). La concep-
tion que Montaigne expose ici longuement est essen-
tiellement la conception catholique par opposition
à la théorie protestante. Elle n'est pas originale, et
on la retrouve souvent autour de lui. On peut
rapprocher par exemple un morceau du «pegme» de
Cousteau intitulé : « N'appartenir à un tas d'artisans
d'interpréter ou parler des lettres sainctes à leur
poste. » Un dizain rappelle l'anecdote du satyre qui,
attiré par la beauté du feu nouvellement découvert par
Prométhée, veut le baiser et se brûle à son contact;
c'est là pour Cousteau l'image de celui qui « sans
art ne science » veut gloser les livres saints. Et la
narration philosophique qui suit présente beaucoup
d'idées chères à Montaigne : la critique des faux
savants, « ceux qui estans un peu outre les premiers
élémens conçoivent grande opinion de soy », les plus
«importuns» de tous les hommes; la critique de
l'outrecuidance du vulgaire qui prétend décider sans
compétence de questions si compliquées : « ceux
qui mènent en public une vie mécanique, ne faut
permettre qu'en parlant de lettres sainctes, ils donnent
plus à leur sens qu'au jugement des doctes ». Avec
une pareille méthode on ne peut jamais parvenir à
l'unité, et l'unité est un des caractères essentiels de
la vérité, et. encore les mêmes idées chez Cousteau,
p. 110.
P. 415, 1. 14. En Basque). Une traduction du
Nouveau testament en basque faite par Jean de Liçarague,
ministre protestant, et dédiée à Jeanne d'Albret, a
paru à La Rochelle en 1571.
P. 413, 1. 20. L'uji de no:^ historiens Grecs). C'est
Kicétas, II, IV. Mais Montaigne a pris ceci dans un
ou\-rage de Juste Lipse intitulé : Adversns dialogistam
liber de una religione : « Viri, fœminte, senes, pueri,
qua^stiunculis ludunt et lasciviunt; eoque ventum, ut
pro parum sano sit, qui non sic insanit. Mysterium
theologia erat, facta est populare oblectamentum.
Vis imaginem claram horum temporum ? Nicephori
Gregorœ ista lege. Apud nos etiam opificibus effusa
sunt arcana theologiae, atque ita omnes inhiant
ratiocinatiunculis et sermonibus syllogisticis... Quo-
modo autem non sit absurdissimum, olim quidem
cum florerent Gentilium dogmata, ordinem aliquem
fuisse, et arcana quœ Delphorum theologis commissa
erant, nulli alii vel edicere, vel indagare licuisse,
sive is Plato, sive Socrates aut alius sapientia celebris
fuisset : apud nos vero, qui purum pietatis m}'SLe-
rium profitemur, ita protanari res divinas, et omnibus,
qui de theologia disserere volunt, id licère suopte
arbitrio et suffragio?... Factionum verô Principes
inter se digladiabantur, et linguas contra sese niutuô
armabant, non zelo divino, sed iracundiîe impetu
ducti. Nam qui secundum Deum est zelus, a supernâ
potentlâ dependet, et divina quadam ac moderatâ
concinnaque ratione gubernatur. Qui verô mentis
suœ fores ambitioni aperiunt, ii non vident zelum
suum in œmulationem et odium converti, et pro
frumento, uvâ, ceterisque bonis fructibus, spinas et
tribulos in hoc agro produci. Hitc autem sunt lites, ab
animo non satis instituto profectK, & adversariarum
i66
ESSAIS DE MOXTAIGNH.
orationum certamina. Hx'C in Gnecià olim fuère. i
Quando? Cùm paullo post ruit. Nos quid aliud
exspecteuius, nisi malis errationibus finem facimus...
In publico et in populo Disputationes omnes valde
improbem. Primùm, quia per eas excitantur ad novi-
tates multi, & pruriunt... Deinde, quia Sisinnii
consilium (in re quidem istâ religionis) mihi probum,
viri diserti, rerum usu periti, in litteris sacris eruditi,
& summi item philosophi. Nam hœc elogia illi dant
scriptores. Is igitur Theodosio aiebat : disceptationes
non soluni non reconciliare schismata, sed h;v:reticos
prœterea ad contentionem accendere. Idcirco concer-
tationes Dialecticas vitandas, testésque adhibendas
tantùm Formulas Hdei a veteribus éditas. Antiqua
enim & antiquos si rejiciunt, qux ratio aut argutia
oos vincet?... Andronicus igitur Imp. sapiens, qui
tantum abfuit ut morem tune et nunc receptum de
divinis dogmatibus disserendi probaret, aut de Deo
novum aliquid vel dicere vel audire vellet (etsi ipse
rerum divinarum peritissimus), ut Novarum patrarum
Episcopum Euthymum virum eruditione clarum
& Joannem Cinamum, in tabernaculo suo contra
Lopadium disserentes super isto, pater major me est,
non solùm objurgarit, sed etiam abjecturum se in
pnïfluentem amnem Rhyndacum seriô minatus sit,
nisi désistèrent talia loqui. » (m.) La traduction de
Juste Lipse a induit Montaigne en erreur. Il a pris
Lopadius (qu'il écrit d'ailleurs fautivement Lapodius)
pour le nom d'un personnage alors que c'est le nom
d'un lac.
P. 414, 1. 14. La première de celles de Platon). Cf.
Platon, Ijois : « Vobis quidem recte necne constitutœ
sint leges, una certc lex est optima, qua: jubet ne
quis juvenum quajrere audeat, rectène an contra se
leges habeant, sed uno omnium ore, unaque voce
recte tanquam a diis positas concedi pni?cipit, nec
ullo modo aliter pati quicquam a juvenibus cogitari :
Senem autem si quid excogitarit, principibus 6c a;qua-
libus, nemine juvenum audiente, referre. » (P. 634;
éd. de 1546, p. 750.)
P. 414, 1. 19. Un cvesijne). Cf. Osorius, Histoire
du roi Emmanuel de Portugal : « Il (Tristan de Cugne)
print la route de Zacotora, en laquelle la flotte vint
surgir sans aucun empeschement, et en peu de jours.
Plusieurs estiment que ceste isle est celle que les
anciens appelloyent Dioscoride, laquelle regarde le
Promontoire de Mozambique. Elle est montagneuse,
abondante en herbes, et fruits de diverses sortes. Les
hahitans sont bigarrez et se disent Chrestiens. Ils ont
des temples et des autels, comme Ion void en Europe.
Les autels ne sont parez que de croix, & n'ont point
d'autres images. Es jours de jusnes qu'ils observent
fort estroittement, ils s'abstiennent fort sévèrement
de manger chose aucune. Ils n'espousent qu'une
femme. Ils ont les mesmes festes, et en mesmes jours
que les Europeans, mesmes celles des saincts : payent
entièrement à leurs prestres les dismes des grains et
des fruits : ne savent que c'est de navires, et sont si
ignorans, encores qu'ils facent profession de Chres-
tienté, qu'ils n'entendent un seul mot de religion
chrestienne. » (V, vi, 191.)
P. 415, 1. 3. L'antien commencement). Cf. Plutarque,
De l'Amour : «Tu peux bien avoir ouy dire commeiat
Euripides fut sifflé et rabroué pour le commancement
de sa Tragédie Menalippe qu'il avoit ainsi commancée.
Cl O Jupiter, car de toy rien sinon
» Je ne cognois seulement que le nom. »
P. 415, 1. 25. Verbis indisciplinatis). «En termes non
approuvés. » Saint Augustin, Cité de Dieu, X, xxix.
P. 415, 1. 25. Fortune). Mot dont l'emploi était
censuré à Rome. Cf. Journal de voyage, p. 250.
P. 417, 1. 3. OuiV, nisi seductis). « En demandant
des choses que vous ne pouvez confier aux dieux
qu'en les prenant à part. » (Perse, sat. 11, 4.)
P. 417, 1. II. Hoc ipsum). «Dis à Staius ce que
tu veux confier à l'oreille de Jupiter. « Grand Jupiter,
» ô bon Jupiter! » s'écriera Staius. Et tu crois que
Jupiter ne dira pas comme Staius! » {Id., sat. 11, 21.)
P. 417, 1. 14. La Roy ne de Navarre). Cf. Hepta-
niéron, journée m, nouvelle 25.
P. 418, 1. 5. Tacito inala). «Nous murmurons à
voix basse des prières criminelles. » (Lucain, V, 104.)
P. 418, 1. 9. Haud cuivis). «Il est peu d'hommes
qui n'aient pas besoin de prier à voix basse dans
les temples, et qui puissent exprimer tout haut les
vœux qu'ils adressent aux dieux. » (Perse, sat. 11, 6.)
Cf. ci-dessous la note p. 418, I. 14.
LIVK1-; I, CHAPITRE LVI.
167
P. 418, 1. 1 1. Les Pythagon'nis). Cf. la note suivante.
P. 418, 1. 14. Clare ciiin dixit). « A haute voix il
invoque Apollon, puis il ajoute du bout de.s lèvres,
avec grand'peur d'être entendu : « Belle Laverne,
» accorde-moi les moyens de tromper, de paraître
» ju.ste et homme de bien :- couvre mes fautes de la
» nuit et mes larcins d'un nuage. » (Horace, Ep. , III,
I, lé.) Dans l'édition de Lambin, à propos de ce
vers on lit la note suivante : Hune locum Kmulatus
est Persius Saty. II. « Haud cuivis promtum est,
murmurque, humilesque susurros Tollere de templis,
& aperto vivere voto. » Volebant autem Pythagorei,
clara voce diis immortalibus supplicari : e jusque rei
rationem affert Clemens Alexandr. Strom. d. non
quod (inquit) existimarent, eos à Deo non exaudiri,
qui summissè loquerentur, sed quôd preces justas
esse volebant : quales certè neminem pudeat multis
audientibus, & conseils nuncupare... H;v;c notavit
P. \'ictorius Flor. » C'est certainement dans son
édition d'Horace que Montaigne a pris la citation
de Perse qu'on vient de lire, car c'est la seule citation
de Perse qu'on trouve dans les Essais de 1 580.
P. 418, 1. 18. Fa-us d'Œdippns). Cf. Platon,
Second Alcihiade : « Qiiemadmodum Œdipum ferunt
obsecrasse deum, de regno paterno ut filii ferro décer-
nèrent... Unde ad eum eventum ista venerunt, atque
ex lis alla multa & gravia. » (P. 1^8; éd. de 1546,
P- 43-)
P. 419, 1. 17. Dict Plakm). Dans les Lois: « Ab
impuro autem capere munera neque bonum virum,
neque deum decet. » (P. 716; éd. de 1546, p. 791.)
P. 419, 1. 19. Immunis). «Que des mains inno-
centes touchent l'autel; elles apaisent aussi sûrement
les dieux pénates avec un gâteau de fleur de farine
et quelques grains de sel, qu'en immolant de riches
victimes. « (Horace, Odes, III, xxiii, 17.)
Chroxologih : Aucune allusion ne permet de dater
cet essai.
Chapitre LVII.
DE LAAGE.
P. 420, 1. 3. DicI le jeune Caton). Cf. Plutarque,
Vie de Caton d'Utiqne : «Ne demoura que Demetiius
et Apollonides avec auxquels parlant ja plus doul-
cement, il dit : Estes vous point aussi vous autres
d'advis de retenir en vie par force un homme de
l'aage que je suis? & n'estes vous point demeurez
icv pour vous tenir assis sans rien dire ne faire que
me garder?... pourtant allez vous en hardyment,
& dites à mon filz, qu'il ne veuille point forcer son
père à ce qu'il ne luy sçauroit prouver par raison
qu'il deust faire. « (xx, f" 549 r".)
P. 420, 1. 6. Onarante & hiiict ans). A trente-neuf
ans Montaigne se disait déjà âgé, il estimait vivre
« pieça par faveur extraordinaire », et avoir « passé
les termes accoustumez de vivre. » (I, xx, p. 104,
1. 15.) Dans \c Journal de voyage, à l'âge de quarante-
huit ans, il écrit : « Tra questo godeva in animo
quieto seconde che comportano le mie infermità, e
la vecchiaia... » L'iige de trente-trois ans lui parait
être le terme normal de l'existence. « Il est plein de
raison et de pieté de prendre exeniple de l'humanité
mesme de Jesus-Christ : or il finit sa vie a trente
et trois ans. Le plus grand homme, simplement
homme, Alexandre, mourut aussi à ce terme. » (I,
XX, 104). Mourant à trente-trois ans, La Boétie
semble se croire à la porte de la vieillesse, et, par la
pensée qu'il échappe, il se console de quitter les
siens. « N'est ce pas assez vescu jusques à l'aage
auquel je suis ? J'estois prest à entrer à mon trente
troisième an... Il estoit meshuy temps de se mettre
aux afaires et de veoir mille choses mal-plaisantes,
comme l'incommodité de la vieillesse, de laquelle
je suis quitte par ce moien. » A quarante-six ans
Erasme écrivait sur sa vieillesse. Il dit encore dans
un poème intitulé De senectulis incommodis :
« At floridam juventani
» Usque adeo raale prxcipiti decurrere filo,
» Ut illius priusquara
» Cognita sat bona sint, jam nos fugitiva relinquant.
» Et citius atque nosmet
» Plane vivere senserimus, jam vivere fracti
» Repente desinamus.
» At cervi volucres, et comix garrula vivunt
» Tôt seculis, vigentque.
» Uni porro homini post septima protinus, idque
» Vixdum peracta lustra,
M Corporeum robur cariosa senecta fatigat.
« \eque id satis, sed ante
» Quam decimum lustrum volitans absolverit .ttas,
» Tentare non veretur
» Ininiortalcm hominis, ductanique ex a;there partem.
(Opéra 1703; t. IV, col. 755.)
Je crois qu'il faut voir là une sorte d'attitude philo-
sophique procédant surtout des doctrines stoïciennes,
dont le premier et principal précepte consiste dans
le mépris de la vie.
P. 421, 1. 25. Auguste retrancha). Cf. Suétone,
Fie d'Auguste : « Judices à tricesimo œtatis anno
allegit, id est, quinquennio maturius quàm solebant.»
(xxxn.) Toutes les éditions du xvi'= siècle écrivent
« tricesimo. »
P. 421, 1. 27. Servius TiiUius). Cf. Aulu-Gelle,
I, xxviii. Mais Aulu-Gelle dit quarante-six ans et
non quarante-sept; Montaigne a trouvé l'ordonnance
de Servius Tullius, ainsi que celle d'Auguste, rappelées
LIVRE 1, CHAPITRE LVII.
169
dans son Suétone, Vie d'Auguste : « Mox reddendi
equi gratiam fecit (Augustus) eis qui majores annorum
quinque & triginta retinere eum noilent. » (xxwiu.)
En marge, en regard du mot triginta, on lit : alias
quadraginta. Et Béroald, dont Montaigne a suivi l'opi-
nion, écrit en note : « Videtur legendum esse quinque
& quadraginta : quoniam ex censu instituto a Sen-io
Tullio usque ad annum quadragesimum quintum
juniores appellati sunt, supra eum seniores... » Et
voici la note de Sabellicus que Montaigne a également
mise à contribution : « Ex antiquo Servii Tullii
instituto, qui supra septimum & quadragesimum
annum, ut parum rei militaris idoneum militcm
non allegit. »
P. 422, 1. 12. 5/ l'espine). «Si l'épine ne pique
pas en naissant, à peine piquera-t-elle jamais. »
P. 422, 1. 20. & de Scipimi). «Bellicis... quam
pacis, artibus memorabilior prima pars vitœ, quam
postrema, fuit : quia in juventa bella assidue gesta;
eum senecta res quoque defloruere, nec pritbita est
materia ingenio. »
P. 423, 1. 2. Se fanisseiit). Montaigne parlera de
même de la vieillesse à la fin de l'essai III, 11.
P. 423, 1. 3. Ubi jam). «Quand les rudes secousses
du temps ont ruiné le corps, et que les membres
ont perdu leurs forces, le jugement cloche aussi, et
la langue et l'esprit se détraquent. » (Lucrèce, III,
452.) Le texte de Montaigne est exactement conforme
à celui de Lambin (p. 221).
Chron'glogie : Aucune allusion ne permet de
dater cet essai.
FIN DU LIVRE PREMIER.
LIVRE SECOND.
Chapitre ].
DE L INCONSTANCE DE NOS ACTIONS.
P. I, 1. 5. h' jeune Marins). Cf. Plutarquc, Fie de
Marins : « On le teint du commencement pour
homme adventureux & hardy, à l'occasion dequoy
on le surnomma filz de Mars : mais bien tost après
ses effects monstrerent bien le contraire : & à ceste
cause fut surnommé fîlz de Venus. » (.\vi, f" 303 v°.)
P. I, 1. 6. Le Pape Boniface). Cf. Bouchet, Annales
d' Aquitaine : « Et de luy (Bonitace VIII) a esté ûtict
l'Epitaphe qui s'ensuit : « Intravit ut Vulpes, regnavit
» ut Léo, mortuus est ut Canis. » (F" 102 r".)
P. I, 1. 8. Que ce fust Néron). Cf. Sénèque, De
clementia : « Invitus (Burrhus) cum charta protulisset
traderetque, exclamasti, vellem nescire literas. » (II,
', 35(^0
P. 2, 1. 9. Malnin consilinni). « C'est une mau-
vaise résolution que celle sur laquelle on ne peut
pas revenir. » (Publius Syrus d'après Aulu-Gelle,
XVII, 14.)
P. 2, 1. 27. Dict un ancien). Cf. Sénèque, Epitres :
« Quid est sapientia ? Semper idem velle atque idem
nolle. Licet illam exceptiunculam non adjicias, ut
rectum sit quod velis, non potest cuique semper idem
placere, nisi rectum. » (Ep. 20, p. 104.)
P. 3, 1. 6. De Demosthenes). Discours funèbre sur
les guerriers morts à Chéronée attribué à Démosthène.
P. 3, 1. 9. Nul n'y a pensé). Cf. Sénèque, Épîtres :
« In totum nulli velle aut nolle decretum est. »
(Ép. 20, p. 104.)
P. 3, 1. 10. Ouod peliil). « Il méprise ce qu'il a
demandé, il redemande ce qu'il a quitté; toujours
flottant, il se contredit sans cesse.» (Horace, Ep., I,
I, 98.)
P. 3, 1. 14. Nous ne pensons). Cf. Sénèque, Epitres :
« Nesciunt homines quid velint, nisi illo momento,
quo volunt. » (Ep. 20, p. 104.)
P. 3, 1. 15. Comme cet animal). Il s'agit du camé-
léon ou du poulpe; c'est une image qu'on retrouve
fréquemment dans les Œuvres morales de Plutarque,
Comnwnt on pourra discerner le flatteur d'avec l'amy :
« Le flatteur véritablement est tres-diflîcile à descou-
vrir & surprendre, ne plus ne moins que les animaux
qui de nature ont ceste propriété de muer de couleur,
et de ressembler en tainture à tous lieux et tous
corps où ils touchent. » Ç\, i'° 41 \°.) Cf. encore
id., ibid. (viii, f° 42 \-"), et encore De la pluralité
d'amis (viii, f° 105 v"). La même image est reprise
par beaucoup d'auteurs du xvr' siècle. Crinitus, après
avoir décrit la propriété du poulpe de changer de
couleur, ajoute : «Hinc vêtus proverbium traditur de
iis hominibus qui ad omnia commode atque aptissime
se habent : quod in Atheniensem Alcibiadem relatum
est. » (JDe honesta disciplina, xviii, 14.) Cf. encore
172
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
Jean de Coras, traduction de l'altercation d'Epictète
avec Adrian (éd. de 1558, p. 109); Gentillet, Discours
sur la manière de bien gouverner (éd. de 1576, p. 505);
Guazzo, Civile conversation ; etc.
P. 3, 1. 16. Ce que mus avons). Rapprocher Sénèque,
Èpîtres : « Variatur quotidie judicium & in contra-
rium vertitur. » (Ép. 20, p. 104.)
P. 3, 1. 19. Dncimur.) «Nous nous laissons mener
comme des marionnettes articulées par des fils qui
nous dirigent. » (Horace, Sat., II, vu, 82.)
P. 3, 1. 20. Nous n'allons pas). Cf. Sénèque,
Épitres : « Ceteri eorum more, quœ fluminibus inna-
tant, non eunt, sed feruntur. Ex quibus alla levior
unda detinuit ac mollius vexit, alia vehementior
rapuit. » (Ép. 23, p; 108.)
P. 3, 1. 23. Nonne videmus). «Ne voyons-nous
pas que l'homme cherche toujours sans savoir ce
qu'il veut, et qu'il change continuellement de place,
comme s'il pouvait ainsi se délivrer de son fardeau? »
(Lucrèce, III, 1070.)
P. 3, 1. 28. Taies sunt). « Les pensées des hommes
changent avec chaque jour que Jupiter leur envoie. »
(Vers traduit de l'Odyssée, xviii, 135, par Cicéron,
et conser\-é par samt Augustin dans la Cilé de Dieu
(V, xxviii). Toutes les éditions de saint Augustin
du XVI' siècle que j'ai consultées donnent « auctiferas »,
tandis que Montaigne écrit « auctifero » .
P. 4, 1. I. Nous flotons). Cf. Sénèque, Epitres :
« Fluctuamus inter varia consilia. Nihil libère volumus,
nihil absolute^ nihil semper. » (Ep. 52, p. 135.)
P. 4, 1. 7. Empedocks). Cf. Diogène Laërce, Fie
d'Einpédocle : « Agrigentini deliciis quidem ita quo-
tidie se dedunt, ac si postridie morituri : domos
verô ita aedificant, quasi perpétué victuri. » (VIII,
LXiii, 560.)
P. 4, 1. II. C'est une harmonie). Rapprocher une
expression de Sénèque, Epîtres : « .^qualitas, ac
ténor vitx- per omnia consonans sibi. » (Ep. 31,
p. 118.)
P. 4, 1. 28. Comme dict le conte). Je crois que
Montaigne fait allusion à un conte de Marguerite
de Navarre (Heptaméron, II, xx).
P. 5, 1. 2. Le muletier). Le personnage du mule-
tier reparaît sans cesse dans les contes d'amour.
Cf. Boccace et La Fontaine. On lit dans un ancien
Règlement d'amour :
« Pour un seul coup, sans y faire retour,
)> c'est proprement d'un malade le tour ;
» Deux bonnes fois à son aise le faire,
» c'est d'homme sain suffisant ordinaire ;
» L'homme galant donne jusqu'à trois fois,
» le moine quatre ou cinq d'aucunes fois ;
» Six et sept fois ce n'est le mestier
» d'homme d'honneur : c'est pour un muletier. »
Montaigne qui a lu beaucoup de contes nous
reparlera encore du muletier dans l'essai II, xii, t. II,
p. 212.
P. 5, 1. 3. Antigonus). Cf. Plutarque, Vie de Pélo-
pidas : « On racompte, que le Roy Antigonus avoit
à son ser\-ice un soudard, entre autres, fort aven-
tureux : mais au demourant mal sain de sa personne,
& gasté dedans le corps. Le Roy luy demanda un
jour, d'où procedoit qu'il estoit ainsi pasle, & avoit
si mauvaise couleur. Le soudard lui confessa, que
c'estoit pour une maladie secrette, qu'il ne luy ozoil
bonnement déclarer. Quoy entendu, le Roy com-
manda expressément à ses médecins & chirurgiens
qu'ilz advisassent que c'estoit, & s'il y avoit aucun
moien de le guarir qu'ilz y emploiassent toute la
diligence qui leur seroit possible à le bien penser :
comme ilz feirent : tellement que le soudard recouvra
la santé : mais guar\- qu'il fut, il ne se monstra plus
si gentil compagnon, ne si avantureux aux dangers
de la guerre, comme il faisoit au paravant : de
manière que Antigonus mesme, s'en estant apperceu,
l'en reprit un jour, en luy disant, qu'il s'esmer\-eilloit
fort de veoir un si grand changement en luy : dont
le soudard ne luy cela point l'occasion, ains luy dit.
Vous m'avez. Sire, vous mesme rendu moins hardy
que je n'estois, en me faisant penser & guarir des
maulx pour lesquelz je ne tenoie compte de ma
vie. » (i, f" 191 v°.)
P. 5,1. 14. Ferbis). « En termes à donner du cœur
aux plus timides. » (Horace, Ép., II, 11, 36.)
P. 5, 1. 16. Quantumvis). «Tout grossier qu'il
était, il répondit : « Ira là qui aura perdu sa bourse. »
(/(/., ibid., II, 39.)
P. 5, 1. 19, Mecbiiiti). Cf. Chalcondylc : «Mechmet
LIVRE II, CHAPITRE I.
173
eust un extrême desplaisir de l'esloignement de ses
Gennisseres, la plus grand' partie desquels s'estoient
desbandez de costé & d'autre pour aller au fourrage,
il fit venir à soy Chasan leur Aga, auquel d'une
extrême collere il parla en cette sorte. Et où sont à
cette heure (liomme mal-heureux, le plus mal-
heureux de tous autres) où sont ceux dont je t'avois
donné la charge... A quoy il ne répliqua autre chose,
sinon tant seulement : Certes, Seigneur, quand à
ceux que de vrav tu m'avois laissé en charge, la plus
part sont morts ou blessez; que s'il y en a encore
quelques uns qui soient sains, ils ne me veuUent
plus obeyr. Parquoy ce que je puis pour cette heure,
est de m'aller tout de ce pas présenter la teste baissée
aux ennemis, & là coQîbattant vaillamment pour ton
service, perdre la vie selon la fidélité & obéissance
que je te dois. Ce disant s'en va souldain ruer tout
au plus fort de la meslée, où il fut incontinent mis
en pièces, à la veuë mesme de Mechmet. » (\'III,
xiii, 556-557-)
P. 6. 1. 8. Aucuns nous songent). Il s'agit des
Manichéens dont il est souvent parlé dans la Cite de
Dieu de saint Augustin.
P. 6, 1. 26. Distingo). Je distingue.
P. 7, 1. 15. Quand, estant lâche). Rapprocher
Sénèque, Épîtres : « Sed semel hune vidimus in bello
fortem, in foro timidum, animose paupertatem
ferentem, humiliter infamiam : factum laudavimus,
contempsimus virum. » (Ép. 120, p. 284.)
P. 8, 1. I. La superstition). Arrien revient souvent
sur ce défaut d'Alexandre. Voir en particulier tra-
duction Witard, pp. 20, 21, 30, 33, 44, 56, 91,
97, 146, etc.
P. 7, 1. 18. Dict Cicero). Dans les Tusculanes :
«Gréeci hostem adspicere non possunt, eidem morbos
toleranter atque humane ferunt. At Cimbri et Celti-
beri in pr^eliis exsultant, lamentantur in morbo. »
(II, XXVII.)
P. 7, 1. 19. Nihil enim polest). «Rien ne peut être
stable qui ne procède d'un principe ferme.» Qd., ibid.)
P. 8, 1. 5. Vohiptatem contemnunt). «Ils méprisent
la volupté, mais la douleur les trouve lâches; ils
dédaignent la gloire, mais une mauvaise réputation
abat tout leur courage. »
P. 8, 1. 14. Cui vivendi). «Qui a, après examen,
choisi la route qu'il veut suivre dans la vie. »
(Cicéron, Parado.xes, Y, i.)
P. 8, 1. 15. /(' dy de voye). Rapprocher Sénèque,
Épîtres : «Nec hoc dico, sapientem uno semper iturum
gradu, sed una via. » (Ep. 20, p. 104.) Montaigne
a déjà fait usage de la même image au début de
l'essai I, \li\'.
P. 8, 1. 18. Dict un ancien). Sénèque, dans les
Epîtres : « Necesse est multum in vita nostra casus
possit quia vivimus casu. » (Ep. 71.)
P. 8, 1. 19. ^ qui n'a dresse). Jd., ihid. : «Tanquam
quis possit de parte suadere, nisi qui summum prius
totius x'ixx complexus est. » (Ep. 93.)
P. 8. 1. 21. // est impossible). Id.. ibid. : «Non
disponet singula, nisi cui jam vitce sua; summa pro-
posita est. » (Ep. 71.)
P. 8, 1. 22. A quoy faire). Id., ibid. : «Nemo,
quamvis paratos habeat colores, similitudinem reddet,
nisi jam constet quid velit pingere. » (Ep. 71.)
P. 8, 1. 23. Aucun ne fait). Id., ibid. : « Ideo pec-
camus, quia de paitibus vitœ omnes deliheramus,
de tota nemo délibérât. » (Ep. 71.)
P. 8, 1. 24. L'archier doit). Id., ibid. : « Scire débet
quid petat ille, qui sagittam vult mittere; et tune
dirigere ac moderari manu telum : errant consilia
nostra quia non habent quo dirigantur. » (Ep. 71.)
P. 8, 1. 28. Pour Sophocles). Cf. Cicéron, De senec-
tute, VII ; Plutarque, Si l'homme d'âge se doit entremettre
des affaires d'état, i° 80 r".
P. 9, 1. I. Zrt conjecture des Par iens). Cf. Hérodote:
« Quand certains preud'hommes des leurs furent
arrivez leans, voyans les maisons fort en décadence,
dirent que ils vouloyent voyager par toute l'isle :
auquel voyage quand ils apperceurent aucun héritage
bien entretenu, cultivé & labouré : Ils prindrent par
escrit le nom de celuy à qui il appartenoit. Apres
toute l'isle chevauchée & visitée ayans trouvé peu
de terres ainsi bien accoustrees, retournèrent subite-
ment en la ville, & feirent convoquer tous & chacuns
les habitans, en la présence desquelz ils ordonnèrent
pour le gouvernement ôz police d'icelle ceux, dont
ils avoyent trouvé les terres bien labourées : disans
qu'ainsi sauroyent-ils bien administrer les affaires
174
ESSAIS DE MONTAIGNE.
publiques, comme ils faisovent les leurs. » (V, xxix,
t. I, fo 324 V°.)
P. 9, 1. 9. Diverse). Rapprocher Sénèque, Epitrcs :
« Multiformes sumus. » (Ep. 120.)
P. 9, 1. II. Magnam rem). Cf. Sénèque, Épîtrcs :
«Sois persuadé qu'il est très difficile d'être toujours
le même homme. » (Ep. 120.)
P. 9, 1. 21. Hacduce). « Sous la conduite de Vénus
la jeune fille passe furtivement parmi ses gardiens
endormis, et seule, dans les ténèbres, va trouver son
amant. » (Tibulle, II, i, 75.)
Chronologie : Un trait emprunté, suivant toute
vraisemblance, à Bouchet (Boniface huitiesme...),
indique que nous sommes encore dans la première
période (environ 1572). Une phrase invite même à
croire que cet essai est antérieur à la reprise des
hostilités qui marquèrent l'année 1573. En effet,
Montaigne date une de ses anecdotes par les mots
suivants : « Pendant les desbauches de nostre pauvre
estât, on me rapporta...» La formule semble laisser
entendre que les troubles ont cessé à l'époque où
Montaigne parle, et que « nostre pauvre estât » n'est
plus en « desbauche ». Notons d'ailleurs que dans cet
essai : i" nous sentons encore très directe l'influence
des Vies de Plutarque qui inspirent une bonne partie
des essais de 1572 (cf. I, xxxviii, I, xlvii); 2" nous
ne trouvons pas encore l'influence des Œuvres morales
qui deviendra prépondérante dans la suite; 3° une
bonne partie de l'essai présente la composition en
forme de mosaïque, avec de nombreux emprunts
aux Sentences de Sénèque, qui nous a paru caracté-
riser certains essais de 1572, et qui semble absente
des essais de 1578 (cf. I, xiv, xx, xxxix, xui).
Chapitre II.
DE L YVRONGXERIE.
P. lo, TITRE. La source principale de cet essai doit
être cherchée dans les œuvres de Sénèque, spécia-
lement dans l'épître 83 et dans le De tranqtiillitate
vitx, XV. Il est utile de rappeler cependant que le
sujet de l'ivrognerie est traité dans trois leçons de
Messie (III, xvi, xvii, xviii), et que dans l'une d'elles
(III, xvii). Messie insiste tout particulièrement sur
deux idées que nous allons retrouver chez Montaigne :
1° que le vin arrache les secrets; 2" que certains
médecins (Rasis, Avicenne) conseillent pour la santé
de s'enivrer quelquefois. Je ne crois pas que Mon-
taigne ait sur ce point rien emprunté consciemment
à Messie, mais Messie nous montre que ce sujet
était dans la tradition du genre des leçons. Il repa-
raîtra dans une des Sérées de Bouchet (I, v), qui,
publiées en 1584, semblent faire quelques emprunts
aux essais de 1580, et auxquelles les essais de 1588 en
retour feront peut-être quelques emprunts.
P. 10, 1. 1. Le monde n'est que variété). Cette idée
est très fortement exprimée dans l'épître 113 de
Sénèque, et précisément pour combattre l'opinion
des stoïciens qui font toutes les vertus égales.
P. 10, 1. 3. Les Stoïciens). Cf. Plutarque, Contredits
des philosophes stoïqnes, xiii.
P. 10, 1. 6. Ouos ultra) « En dehors desquelles il
ne saurait y avoir de droit chemin ni au delà ni en
deçà. » (Horace, Sat., I, i, 107.)
P. 10, 1. 10. Nec vincet ratio). « On ne prouvera
jamais par de bonnes raisons que voler des choux dans
le jardin d'autrui soit un aussi grand crime que de piller
un temple pendant la nuit. » (Jd., ibid., I, m, 115.)
P. II, 1. I. Socrates disait). Rapprocher Platon,
Charmide, xxii, p. 174, etc.
P. II, 1. 9. La plus grossière nation). L'Allemagne,
dont Montaigne reparlera plusieurs fois dans ce cha-
pitre. Dans le Journal de voyage il écrit : « Leur vin
se sert dans des vaisseaus come grandes cruches, et
est un crime de voir un gobelet vuide qu'ils ne
remplissent soudein, et jamais de l'eau, non pas à
ceus mesmes qui en demandent, s'ils ne sont bien
respectés. » (P. 108.) Voir encore I, xxvi, 217.
P. II, 1. 13. Ctim vini). «Sous l'action du vin
les membres s'appesantissent, les jambes hésitent et
\acillent, là langue s'embarrasse, l'esprit s'égare, les
yeux deviennent hagards, puis ce sont des cris, des
hoquets, des injures. » (Lucrèce, m, 475.)
P. II, 1. 19. Comme le moust). Cf. Sénèque, Epîtres :
« Quemadmodum mustum dolia ipsa rumpuntur,
& omne quod in imo jacet in summam partem vis
caloris éjectât : sic vino exœstum ante, quidquid in
imo jacet abditum, effertur & prodit in médium. »
(Ép. 83, p. 192.)
P. II, 1. 23. Tu sapientiuni). «C'est toi qui, dans
les délires de Bacchus, arraches aux sages leurs soucis
et leurs plus secrètes pensées. » (Horace, Odes, III,
XXI, 14.) Horace s'adresse à son amphore.
P. II, 1. 26. Josephe). Cf. De vita sua. « Ei j'j[j.-;ïïv
r,;j.Tv, £Çï;v, 6ïAr|7£'.aç, 'i.r^iht: -/.x-zx y.ûaOsv Spa/;;Aï;v ;j.îav. »
() 2 'aî-jJ-Évioi; 6— ^/.suasv, v.x: tîA'jv tèv slvsv zpijsîpîji.svîç
•j-îp -z~j xXôTïv Aasïïv àpyûp'.sv, y.al ixêO-jaSel; o-r/.iv. ■z'x
xr.ispr,-x jtéyeiv sSJva'ïî, iW sçpocÇsv c'y/. Èp(j)TW[A£Vîç
ty;v -î cjv£iy.£'ja^i;.îvr,v £7:'.6:jAïiv y.al (ô; y.3T£'Vf|Ç'.j;AiVîr
176
ESSAIS DE MONTAIGNE.
£"v ôivaTîv T.xz' ajTiTç. » (Éd. Dindorf, parng. 44;
éd. de 1544, p. 641.)
P. II, 1. 28. Auguste, s'estant). Cf. Sénèque, Épî-
tres : « L. Piso urbis custos ebrius ex quo semel
factus est fuit, majorem partem noctis in convivio
exigebat, usque in horam sextam fere dormiebat, hoc
erat ejus matutinum. Officium tamen suum (quo
tutela urbis continebatur) diligentissimè adminis-
travit. Huic & divus Augustus dédit sécréta mandata,
cum illum prjeponeret Thraciœ, quam perdomuit :
& Tj'berius proficiscens in Campaniam, cum multa
in urbe & .suspecta relinqueret & invisa, puto quia
illi bene cesserat Pisonis ebrietas, postea Cossum
fecit urbis prsefectum, virum gravem, moderatum
sed mersum vino & madentem adeô, ut ex senatu
aliquando (in quem è convivio venerat) oppressus
inexcitabili somno tolleretur. Huic tamen Tyberius
multa sua manu scripsit, qua; committenda ne minis-
tris quidem suis judicabat : nullum Cosso aut privatum
secretum, aut publicum elapsum est. » (Ép. 83, p. 192.)
P. 12, 1. 5. Exlt'ino). «Les veines enflées, comme
de coutume, du vin qu'il avait absorbé. » (Virgile,
Bucoliques, vi, 15.) Le vers est un peu différent chez
Virgile. Le voici tel qu'on le lit dans l'édition possédée
par Montaigne :
(I Inflatum hesterno (de la veille) venas, ut semper, laccho. »
(F" 10 y-.)
Je n'ai trouvé le texte de Montaigne dans aucune
édition du xvr siècle.
P. 12, 1. 6. Et commit on aussi). Cf. Sénèque,
Épttres : « De illa Caii Cssaris cœde, illius dico qui
superato Pompeio rempublicam tenuit, tam creditum
est Tullio Cymbro quam C. Cassio. Cassius tota
vira aquam bibit. Tullius Cymber & nimius erat in
vino & .scordalus in hanc rem locutus est ipse. Ego
inquit, quenquam feram, qui vinum ferre non pos-
sum! » (Ép. 83, p. 192.)
P. 12, 1. II. Nec facilis). «Il n'est pas facile de
les vaincre tout ivres, tout bégayants, tout titubants
qu'ils sont. » (Juvénal, Satires, XV, 47.)
P. 12, 1. 14. Attalus). Cf. Diodore de Sicile :
« Attalus feit convier de .soupper avec luy le premier
Pausanias et l'ayant enyvré abandonna son corps à tous
les palefreniers et mulatiers à en abuser charnellement,
comme d'une putain. » (XVI, xxvi, î° 256 r°.)
P. 13, 1. 9. Jusques aux Stoyciens). Cf. Sénèque,
De tranquiUitate vitx : « Cato vino laxabat animum
curis publicis fatigatum. » (xv, 186.)
P. 13, 1. II. Hoc quoque). «On dit même que,
dans cet assaut de vigueur, le grand Socrate remporta
autrefois la palme. » (Pseudo-Gallus, I, xlvii.)
P. 13, 1. 13. Caton). Cf. Sénèque, De trauquillitate
viîœ : « Catoni ebrietas objecta est. » (xv, 386.)
Montaigne a corrigé une erreur qu'il avait commise
en 1580 et conservée en 1588 : « La vraye image de
la vertu stoïque, Caton... », disait-il; l'expression
venait encore du même passage de Sénèque : « Cato
ille virtutum viva imago... >' Mais naturellement ces
paroles s'appliquent à Caton d'Utique. Il y avait
donc une confusion entre les deux personnages que
Montaigne a supprimée après 1588 seulement.
P. 13, 1. 14. Nanatur). «On raconte aussi du
vieux Caton qu'il réchauffait sa vertu dans le vin. »
(Horace, Odes, III, xxi, 11.)
P. 13, 1. lé. Cyrus). Cf. Plutarque, Fie d'Ar-
Inxer.xès : « (Cyrus) parlant de soymesme avantageu-
sement, il disoit qu'il avoit le cueur plus grand que
son frère (Artaxerxes), qu'il enduroit mieulx toutes
nécessitez que luy, qu'il entendoit mieulx la Magie,
qu'il beuvoit plus de vin et le portoit mieulx. « (11,
f° 660 r°.) Cf. aussi les Propos de table, I, 4.
P. 1 3, 1. 19. A Silvius). Jacques Dubois dit Sylvius,
né à Amiens en 1478, mort à Paris en 1555; mathé-
maticien et médecin de grande réputation; il eut un
immense succès comme régent au collège de Tréguier,
ensuite et surtout comme lecteur en médecine au
collège ro}^al. Ses œuvres ont été réunies en 1630.
On lit une pièce sur lui dans le deuxième livre des
Touches de Tabourot des Accords.
P. 14, 1. I. Escript-on que les Perses). Cf. Guillaume
Bouchet, les Sérées : « Ruffus dit que les Perses vou-
lans traicter de la Republique s'y mettoyent après
boire : parce que le vin .sert a aiguiser l'esprit et la
raison, et surtout a trouver la vérité. >> (Discours
préliminaire.) Outre Ruffus, Bouchet indique comme
source Xénophon; cf. encore Plutarque, Propos de
table, VII, 10; Hérodote, I, 133, etc.
LIVRE II, CHAPITRE II.
177
P. 15, 1. 18. Marc Jure! le). Marc-Aiircle ou YHor-
/oft' des Princes, ouvrage composé en espagnol par
l'évèque Antoine de Guevara (1529) et qui eut un
très vif succès en Italie, en France et en Angleterre
aussi bien qu'en Espagne. En France l'ouvrage a été
connu surtout par la traduction de René Bertaut,
seigneur de la Grise, qui parut en 1531, à Paris,
chez Galliot du Pré et qui fut à diverses reprises
revisé et sans cesse réimprimé jusqu'après 1550, puis
par celle d'Herheray des Essars, qui, publiée en 1555,
eut de nombreuses éditions dans la seconde moitié
du xvi'^ siècle.
P. lé, 1. 14. Rnvnojis à nos bouteilles). Rapprocher
dans l'essai III, vi : «Enfin retombons à nos coches. »
C'est un tour imité du style des conteurs. Cf. Rabe-
lais (I, I, III, 34) : « Retournons à nos moutons. »
P. 17, 1. 8. Anacharsis). Cf. Diogène Laërce, Vie
d' Anacharsis : « Mirari se dixit cur Graeci initio con-
vivii parvis poculis uterentur, ubi verô saturati essent,
majoribus. » (Éd. de 1556, I, civ, 82.)
P. 17, 1. II. Platon défont). Lois : « Principio lege
sanciemus, ut pueri usque ad duodevigesimum annuni
vini usum prorsus ignorent... Sed cum ad quadra-
gesimum pervenerint, tune in conviviis liberius
discumbentes, cum alios deos tum Dionysium ad sacra
senum & ludos invocent. » (Ed. de 1546, p. 764.)
P. 18, 1. 10. Le philosofe Stilpo). Cf. Diogène
Laërce, Vie de S t il pan : « Senem verô defecisse...
hausto prius mero ut citius moreretur. » (II, cxx,
169.)
P. 18, 1. 12. Du philosofe Arcesilaus). Li., Vie
d'Arcésilas : «Obiit... cùm merum immodicè hau-
sisset ac offendisset, septuagesimo & quinto anatis
anno. » (IV, xliv, 276.)
P. 18, 1. 13. Vieille & plaisante question). C'est
Sénèque qui la suggère à Montaigne. Elle est abordée
dans l'épître 83, dont nous avons vu Montaigne
s'inspirer à diverses reprises dans cet essai.
P. 18, 1. 15. Si niunita'). «Si le vin peut terrasser la
sagesse la plus ferme. » (Horace, Odes, III, xxviii, 4.)
Montaigne arrange le texte d'Horace qui est :
Il Munitajque adhibe vim sapienti.t. »
P. 18, 1. 23. Lucrèce). Montaigne a pu trouver ce
détail dans la Vie de Lucrèce écrite par Crinitus; il
l'alléguera de nouveau dans l'essai II, xii.
P. 19, 1. 6. Sudores). « Sous le coup de la terreur,
le corps pâlit et se couvre de sueur, la langue s'em-
barrasse, la voix s'éteint, la vue se trouble, les oreilles
tintent, les membres fléchissent, toute la machine
s'effondre.» (Lucrèce, III, 155.) Montaigne suit ici
exactement le texte de Lambin (p. 200).
P. 19, 1. 17. Hunmni). «Qu'il ne s'imagine pas
être à l'abri d'aucun accident humain. » (Térence,
Heaiit., I, I, 25.) Montaigne détourne de .son sens
le vers de Térence.
P. 19, 1. 20. Sic fatur). «Ainsi parle Énée tout
en larmes, et sa flotte vogue à pleine voile. » (Vir-
gile, Enéide, M, i.)
P. 19, 1. 22. Nostre Plutarque). Dans la Vie de
Publicola : « Cela fut un acte, que Ion ne sçauroit
ny suffisamment louer, ny assez blasmer : car ou
c'estoit une excellence de vertu, qui rendoit ainsi
son cueur impassible, ou une violence de passion
qui le rendoit insensible, dont ne l'un ne l'autre n'est
chose petite, ains surpassant l'ordinaire d'humaine
nature, et tenant ou de la divinité, ou de la bestialité.
Mais il est plus raisonnable, que le jugement des
hommes s'accorde à sa gloire, que la foiblesse des
jugeans face descroire sa vertu : car les Romains
estiment, que ce ne fut pas si grand exploit à
Romulus, d'avoir premièrement fondé Rome, qu'à
Brutus d'avoir recouvré la liberté, & estably le gou-
vernement de la chose publique; mais pour lors,
quand il se fut retiré, tout le monde demoura sur
la place, comme transy d'horreur & de frayeur, par
un long temps, sans mot dire, pour avoir veu ce
qui avoit esté fait. » (m, f° 68 V.)
P. 20, 1. 7. Occupavi). «Je t'ai matée, ô fortune ! je t'ai
réduite à l'impuissance, j'ai bouché toutes les avenues
par où tu pouvais arriver jusqu'à moi. » (Cicéron,
Tusc, V, IX.) Métrodore est épicurien; «l'autre secte
faisant expresse profession de fierté » dont Montaigne
ne veut pas parler est la secte des stoïciens.
P. 20, 1. 8. Quand Anaxarchus). Cf. Diogène
Laërce : « Hoc ille regrè ferens, memor injuria; post
nionem régis, cùm navi ferretur Anaxarchus, invi-
tusque applicuisset Cyprum, comprehensum eum in
178
ESSAIS DE MONTAIGNE.
saxum concavum rnjecit, jussitque ferreis malleis
casdi, illum pœnx suœ negligentem, célèbre id dictum
ingeminasse aiunt, Tunde, tunde Anaxarchi vasculum,
nam Anaxarchum nihil teris. » (IX, lix, 6i6.)
P. 20, 1. 12. C'est assL'i rôti). C'est ce que fait dire
Prudence à saint Laurent, livre Des couronnes, hymn. II,
V. 401.
P. 20, 1. 14. (Jiianl nous oyons en losephe). « Dans
le traité des Macchabées, chap. viii. Montaigne para-
phrase ici très librement le texte de Josèphe. Il faut
rappeler que dans certaines éditions du xv!"^ siècle le
traité des Macchabàs porte comme sous-titre : « De
la domination de la raison sur les sens corporels. »
P. 20, 1. 25. J'aime mieux). Cf. Diogène Laërce,
Vie d'Antisthène, VI,. m; Aulu-Gelle, IX, v; Sextus
Empiricus, Hypotyposes, III, xx; etc.
P. 21, 1. 2. Epicurus). Cf. Sénèque, Épitrcs (66,
67, 92). Montaigne ne traduit aucun passage de
Sénèque, il s'en inspire cependant. Ces épîtres sont
remplies de défis jetés à la fortune tels que ceux
que Montaigne relève ici.
P. 21, 1. 7. Spumantémque). «Dédaignant ces
animaux timides, il appelle de ses vœux quelque
sanglier écumant, ou un lion à la fauve crinière qui
descende de la montagne. » (Virgile, En., IV, 158.)
Montaigne a pris ces vers probablement dans l'épître 64
de Sénèque, où ils sont cités avec la même valeur.
Mais Sénèque les prononce pour son propre compte ;
Montaigne les critiquerait plutôt, il y sent quelque
exagération.
P. 21, 1. 10. Nostre ame ne sçauroit). Cf. Sénèque,
De tranquillitaie vita.' : « Non potest (mens) sublime
quidquam & in arduo positum contingere, quamdiu
apuJ se est. Décidât oportet a solito, & eiferatur,
& mordeat frenos, & rectorem rapiat suum, eoque
ferat, quô per se timuisset. » (xv, 386.)
P. 21, 1. 19. Platon dict). Id., ibid. : «Sive Platoni
(credimus), frustra poeticas fores compos sui per-
pulit. » (P. 386.) L'opinion de Platon est rapportée
par Sénèque d'après VIon.
P. 21, 1. 20. Dit Aristote). «Sive Aristoteli (cre-
dimus) nullum magnum ingenium sine mixtura
dementia; fuit. » (P. 386.) L'opinion d'Aristote est
rapportée par Sénèque d'après les Problèmes, sect. xxx.
P. 22, 1. I. Platon). Cf. Platon, Timée : «Nemo
dum saniL- mentis est, divinum & verum vaticinium
ullum assequitur, sed cum vel somno prudentiae vis
pra;pedita est, vel oppressa morbo, vel divino aliquo
raptu è suo statu dimota, fieri divinatio solet. »
(P. 71; éd. de 1546, p. 724.)
Chronologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai. Je crois cependant qu'il est à peu près
contemporain du suivant, Cotistume de l'isle de Cea.
En effet : 1° ils sont placés l'un près de l'autre, ce
qui constitue une présomption; 2° tous deux font
des emprunts au traité de Josèphe sur la mort des
Macchabées, et ce traité n'est mis à contribution par
Montaigne que dans ces deux essais.
Chapitre III.
COVSTVME DE L ISLE DE CEA .
P. 23, 1. 4. Mon cathedrant). Pour des déclarations
analogues, cf. le début de l'essai I, lvi. Les essais
I, LVI, et II, m, sont tous les deux parmi les plus
hardis que Montaigne ait écrits; voilà ce qui explique
ces précautions oratoires.
P. 23, 1. 7. Philippus estant entré). Cf. Plutarque,
Dicts notables des Lacedemoniens : « Damindas comme
Philippus fust entré à main armée dedans le Pelopo-
nese, & que quelqu'un luy dist, les Lacedemoniens
sont en danger de souffrir beaucoup de maulx, s'ils
ne treuvent moyen d'appointer avec luy : « O Demy-
» femme mon amy, que nous sçauroit il faire soulfrir
» de mal, veu que nous ne faisons compte de la
» mort? » (F° 216 r°.) Il faut noter que, par erreur,
Montaigne écrit « Damindas » au lieu de « Damidas ».
P. 23, 1. II. Jgis). Id., ibid. : «Quelqu'un luy
demanda, comment il pourroit demourer franc & libre
pour toute sa vie : En mesprisant la mort, dit-il. »
(F" 214 r°).
P. 23, 1. 15. Cet enfant). Id., ibid. : «Un jeune
enfant Spartiate ayant esté pris prisonnier par le roy
Antigonus, et vendu parmy les autres, obéissant à
celuy qui l'avoit achetté en toutes choses qu'il esti-
moit estre convenables à un homme libre : mais
quand il luy commanda de luy apporter le pot à
pisser, il ne le peut endurer, ains dist. Je ne te
serviray point de cela : & comme son maistre l'en
pressas!, il s'en alla monter sur la couverture du
logis, en disant. Tu sentiras ce que tu avois achetté :
& se jettant du hault en bas, il se tua. » (F" 224 r°.)
P. 24, 1. 2. Antipater). Id., ibid. : «Comme il les
menassast (les Lacedemoniens) qu'il luy feroit du pis
qu'il pourroit, ils respondirent tous unanimement, Si
tu nous commandes choses plus griefves que la mort,
nous en mourrons tant plus facilement. » (F° 225 r°.)
Ces quatre apophtegmes se retrouvent partout chez
les moralistes et les compilateurs du xvi' siècle, en
particulier dans les recueils d'apophtegmes, mais
Montaigne les reprend directement chez Plutarque.
P. 24, 1. 5. Et a Philippus). Cf. Cicéron, Ttiscii-
lanes : «An Lacedemonii Philippo minitati per litteras
se omnia qus conarentur, prohibiturum, quaesierunt
num se esset etiam mori prohibiturus ? » (V, xiv;
t. IV, p. 173.)^^
P. 24, 1. 7. C'est ce qu'on dit). Cf. Sénèque, Épîtirs :
« Sapiens vivit, quantum débet; non quantum
potest. » (Ép. 70, p. léo.)
P. 24, 1. 8. Le présent). Id., ibid. : « Nihil melius
aïterna lex fecit. » (Ép. 70, p. 161.)
P. 24, 1. 9. Nous oste tout moyen). Id., ibid. : « Hoc
est unum cur de vita non possimus queri. » (Ép. 70,
p. 161.)
P. 24, 1. 10. La clej des champs). Id., ibid. : «In
aperto nos natura custodit. » (Ép. 70, p. 162.)
P. 24. 1. II. N'a ordonné qu'une entrée). Id., ibid. :
« Unum introitum nobis ad vitam dédit, exitus
multos. » (Ép. 70, p. 161.)
P. 24, 1. II. Nous pouvons). Cf. Tacite, Annales :
« Déesse nobis terra, in qua vivamus, potest; in qua
moriamur, non potest. » (XIII, lvi.)
P. 24, 1. 14. // ne te tient pas). Sénèque, Épîtres :
«Neminem tenet (vita).» (Ép. 70, p. 161.)
P. 24, 1. 15. Ta lâcheté). Id., ibid. : « Nemo nisi
vitio suo miser est. » (Ép. 70, p. 161.)
i8o
ESSAIS DE MONTAIGKE.
P. 24, 1. 15. ^ mourir). LL, ihid. : « Ad moriendum
nihil aliud in moni esse, quàm velle.» (Ep. 70, p. 162.)
P. 24, 1. lé. Ul'iqiie). Id., Thôbaîde : «La mort est
partout : par une faveur insigne de la divinité, tout le
monde peut enlever la vie à l'homme, mais personne
ne peut lui enlever la mort; mille chemins vers elle
nous sont ouverts. » (I, i, 151.)
P. 24, 1. 20. Ce n'esl pas la receple). Cf. Sénèque,
Épiires : « Non tantum hujus morbi, sed totius vitx'
remedium est. » (Ep. 78, p. 180.)
P. 2_|, 1. 21. C'est un port). Li., ihid. : «Portas
est, aliquando petendus, nunquam recusaiidus. »
(Ép. 70, p. 160.)
P. 24, 1. 22. Tout revient ii un). Id., ihid. : « Xihii
e.xistimat sua referre, faciat finem, an accipint, tardius
fiât an citius. » (Ep. 70, p. 160.)
P. 2_|, 1. 2_|. D'où qu'il vienne). Id., ihid. : « Xemo
nisi suo die moritur. » (Ep. 69, p. 160.)
P. 24, ]. 24. En quelque lien). Id., ihid. : « Ubi-
cunque desines, si bcne desinis, tota est (vita). »
(Ép. 77, p. 178.)
P. 24, 1. 25. La plus volontaire). Id., ihid. : « Bclla
res est mori sua morte. » (Ép. 69, p. 160.)
P. 24, 1. 26. Lq vie despend). Id., ihid. : « Vitam
& aliis approbare quisque débet, mortem sibi. »
(Ép. 70, p. 161.)
P. 24, 1. 27. En aucune chose). Id., ihid. : « In nulla
re magis quam in morte morcm animo gerere
debemus. » (Ép. 70, p. 161.)
P. 24, 1. 28. La réputation). Id., ihid. : « Ad id
consilium fama non pertinet. » (Ép. 70, p. tél.)
P. 25, 1. i. Le vivre). Id., ihid. : « Vita si moriendi
virtus abest, servitus est. » (Ép. 77, p. T79.)
P. 25. 1. 3. On nous incise). Rapprocher ce passage
de Sénèque, Épîtres : « Ut dolorem capitis levarcs,
sanguinem s;Epe cmisisti, ad extenuandum corpus
vena percutitur. Non opus est vasto vulnere dividere
pr;çcordia, scalpello aperitur ad iliani magnam iiber-
tatem via, iS; puncto securitas constat. » (Ép. 70,
p. 161.)
P. 25, 1. 8. Servius le Grammairien). Servius Clau-
dius, chevalier romain : Pline, Histoire naturelle,
XXV, VI, et Suétone, De illustribus grammaticis, II et
in, dont voici les propres termes : « Servius in
podagra morbum incidit, cujus impatiens, veneno
sibi perunxit pcdes, & enecuit, ita ut eâ parte cor-
poris quasi pra;moi"tuâ vixerit. »
P. 25, 1. 13. C'est foihlesse). Cf. Sénèque, Épiires:
« Imbecillus est et ignavus qui propter dolorem
moritur; stultus qui doloris causa vivit. » (Ép. 58.)
P. 25, 1. 14. Les Stoïciens). Cf. Cicéron, De finihus :
« In quo plura sunt, qure secundum naturam sunt,
liujus officium est in vita manere : in quo autem
aut sunt plura contraria aut fore videntur, hujus
officium est, e vita cxcederc. E quo apparet et sapien-
tis esse aliquando officium, excedere e vita,. quum
beatus sit : et stuiti manere in \it.i, quum sit miser. »
(III, xvni, t. I\'.) \ow aussi un peu plus loin :
« Sa^pe officium est sapientis... »
P. 25, 1. 23. Hegesias disoil). Cf. Diogène Laèrce,
dans la Fie d'Aristippe : « Mtam pra;terea ac mortem
eligendam (dicebat). » (II, xciv, 152.)
P. 26. 1, I. Et Diogenes). Id., Fie de Speusippe :
« Aiunt illum cum vehiculo ferretur in Academiam
obvium habuisse Diogenem, et cum illi salve dixisset,
iioc ab eo responsum accepisse, at tu nequaquam
salve qui ejusmodi cum sis, vivere sustines. Demum
vero mœrore impulsum, cum jam senio confectus
esset, mortem sibi sponte conscivisse.» (IV, m, 246.)
P. 26, i. 7. Pluiieurs tiennent). En particulier
Platon dans le Phàlon, et d'après lui Cicéron dans
la République, qui fait exprimer cette idée par Scipion.
Montaigne a trouvé leur avis rapporté par saint
Augustin, Cité de Dieu, I, xxii, et surtout par \'ivès,
dans le Commentaire qu'il a joint à ce passage.
«Sumus enim hic omnes velut in acie loco unicuique
suo ab imperatoie deo assignato : majorique sup-
plicio afficiendum desertorem vita;, quam desertoreui
militiic. » Il faut encore rappeler que cette idée et
plusieurs de celles que nous allons retrouver dans la
suite, sont réunies dans un chapitre de Y Anthologie
de Breslay, parue en 1574 (I, 11). Breslay s'est inspiré
manifestement de saint Augustin et de \'ivès. Il est
possible que l'essai de Montaigne, qui certainement
fait des emprunts à saint Augustin et à Vives, soit
indépendant de celui de Breslay, mais la chose n'est
pas certaine.
P. 26, 1. 17. Pro.xima deinde). « Puis, tout près de
LIVRE II, CHAPITRE III.
i8i
là on voit, accablés de tristesse, ceux qui ont mené
une vie innocente, mais qui se sont donné la mort
de leur propre main, et qui, détestant la lumière,
ont précipité leurs âmes aux enfers. » (Virgile, Éti.,
IV, 434.) Le début de cette citation de Virgile se
trouve dans le passage de saint Augustin auquel
Montaigne a fait beaucoup d'emprunts dans cet essai.
(Cité de Dieu, I, xix.)
P. 26, 1. 21. En Ri'gnliis qu'en Colon). Cette idée
avec l'opposition de Régulus et de Caton se retrouve
chez saint Augustin, Cilé de Dieu, I, xxii; I, xxiv.
P. 27, 1. I. Diiris ut). «Tel le chêne que les dures
haches élaguent dans la sombre forêt du fertile
Algide; ses pertes, ses blessures, le fer même qui le
frappe, lui donnent une vigueur nouvelle. » (Horace,
Odei, IV, IV, 57.)
P. 27, 1. 6. Non est). « Non, la vertu ne consiste
pas, mon père, comme tu le penses, à craindre la
vie, mais à faire face à l'adversité, à ne jamais tourner
le dos. » (Sénèque, Tbéhaïde, I, 190.)
P. 27, 1. 9. Rebtis in adversis). « Dans l'adversité
il est facile de mépriser la mort; il faut plus de cou-
rage pour savoir supporter le malheur. « (Martial,
XI, Lvi, 15.) Toutes les éditions du xvi'^ siècle que
j'ai consultées donnent un texte différent de celui de
Montaigne : « Rébus in angnslis facile est contemnere
vilain. Fort i 1er ille... »
p. 27, 1. 15. Si fractiis). «Que l'univers brisé
s'écroule, ses ruines la frapperont sans l'effrayer. »
(Horace, Odes, III, m, 7.) Montaigne écrit « impa-
vidam » au lieu de « impavidum », rapportant à la
vertu ce qu'Horace dit du sage.
p. 27, 1. 20. Hic, rogo). «Je le demande, mourir
de peur de mourir, n'est-ce pas folie ? » (Martial,
Épigrammes, II, lxxx, 2.)
p. 27, 1. 22. Multos in snviuia). « La seule crainte
du malheur a précipité bien des gens dans les plus
grands périls : l'homme vraiment courageux est celui
qui, prêt à braver les dangers quand ils sont inévi-
tables, sait aussi les éviter quand cela est possible. »
(Lucain, VII, 104.)
P. 27, 1. 26. Vsque adeo). « La crainte de la mort
va jusqu'à inspirer aux humains un tel dégoût de la
vie et de la lumière qu'ils se donnent la mort à eux-
mêmes dans un accès de désespoir, oubliant que la
source de leurs peines est précisément la peur de
mourir. » (Lucrèce, III, 79.)
P. 28, 1. I. Platon, en ces loix). « Quid de illo
judicandum, qui proximum atque amicissimum cœde
perdiderit ? qui dico seipsum vita et sorte fatorum,
vi scelerata privaverit : non judicio civitatis, nec tristi
et incvitabili fortunx casu coactus, neque pudore
aliquo extrenmm compulsus : sed ignavia et formi-
dolosi animi imbecillitate, injuste sibi mortem consci-
verit ? Sepultura isti solitaria fiât, ubi alius nemo
condatur. » (IX, p. 873; éd. de 1546, p. 861.)
P. 28, 1. 17. Dehet eniuî). «Pour qu'un malheur
puisse nous arriver, il faut que nous soyons encore
en personne au temps où ce malheur pourra se pro-
duire. » (Lucrèce, III, 874.) Montaigne suit le texte
de Lambin (p. 251).
P. 28, 1. 26. 'E JAcvî'' ï;2V'''TV')- Sortie raisonnable.
Expression des stoïciens; cf. Diogène Laërce, Vie de
Zenon, Wl, 130. Ces deux mots figurent dans le chapitre
de Breslay que nous avons signalé plus haut (^Anthologie,
I, xx) et dont Montaigne s'est peut-être inspiré en
écrivant ce chapitre; peut-être est-ce là qu'il les a pris.
P. 29, 1. I. Il faut souvent mourir). Cf. Sénèque,
Épîlres : « Sxpe & fortiter desinendum est, & non ex
maximis causis. Nam nec ha; maximœ sunt, qux
nos tenent. » (Ép. 77, p. 178.)
P. 29, 1. 5. J'en'ay allègue). Dans l'essai I, xiv,
t. I, p. 61, 1. 26.
P. 29, 1. 6. Vierges Milesienes). Cf. Plutarque, Des
vertueux faicts des femmes, art. Des Milesienes, i" 235 v°;
aussi Aulu-Gelle, Nuits attiques, XV, xi; Érasme,
Eloge de la folie; etc.
P. 29, 1. 10. Threicion). Cf. Plutarque, Vie de
Cléotnéne : « Therycion prenant à part Cleomenes,
luy conimencea à dire : Nous avons, sire Roy, fouy
la mort qui nous estoit la plus honorable, de mourir
en la battaille,... mais aumoins nous en reste il
encore une autre, qui, sans point de doubte, est en
vertu 6c en gloire seconde à la première... Cleomenes
luy respondit. Tu penses donques que ce soit à toy
magnanimité que de chercher la mort, qui est l'une
des plus faciles & plus aisées choses qui puisse aduenir
à l'homme,... & ce pendant, meschant que tu es.
l82
ESSAIS DE MONTAIGNE.
tu fuis d'une fuitte plus lasche & plus honteuse que
la première... car il ne fault pas que la mort que
Ion se donne vouluntairement soit pour fouir à faire
des actes laborieux, ains fault que celle mort mesme
soit un acte louable, pource que c'est honte de vou-
loir vivre ou mourir pour l'amour de soy mesme...
Je suis d'advis que toy ne moy ne devons jamais
abandonner l'espérance de ser\'ir encore quelque jour
à nostre pais : car là où toute espérance nous defaudra,
alors nous sera il toujours assez aisé de mourir toutes
& quantes fois que nous vouldrons. A cela Then,'cion
ne répliqua rien, mais à la première occasion qu'il
eut de se pouvoir un peu escarter de Cleomenes
sur le rivage en se destournant le long de la marine,
il se tua luy mesme. » (xiv, f" 565 v°.)
P. 29, 1. 27. Sf>crat). « Etendu sur l'arène, le gla-
diateur vaincu espère encore la vie, quoique la foule
menaçante fasse le geste de mort en renversant le
pouce. » Montaigne a trouvé ces vers qu'on attribue
à Pentadius, chez Juste Lipse, Saturnaliiivi sermonuiii
libri (éd. des Œuvres de 1637, t. III, p. 541).
P. 30, 1. I. Toutes choses). Cf. Sénèque, Ép'itres :
« Omnia homini dum vivit speranda sunt. » Sénèque
relève ce mot pour le critiquer pour sa lâcheté.
(Ep. 70, p. 161.)
P. 30, 1. 2. Pourquoy auray je). Id., ibid. : « Ego
cogitem in eo qui vivit omnia posse fortunam, potius
quam cogitem in eo qui scit mori nihil posse for-
tunam. » (P. lél.)
P. 30, 1. 5. Joseph). Dans son autobiographie :
« S{(i.uy 5' é TSJ !T(i);j.aTc; [aîu 'rï;v ç'j/.ay.ir,v -îxtaT£UiJ.£v:;,
h ■/.«': [lôvsç rapaueîva;, lîwv ttjv £r'.îp(jj|ji.r,v tûv r.z'i.'.-.Zyi ,
îi£Y=''p-' f-s ■'•'• ■Tî'' È5ïr:ô)Tâ \i.i'. y.ivî'jvsv à^aYY^/>''£'-' i^t'-S'-*
TE Y£vva{(i)î M,zf.v.-i (i)ç <r:pxrf,-;h■^ Jz ajTîO, zp'v îuÀOsT-;
■tsj; iyOft'j; àvaY/.âîsvTaç f, y.TEviOvTaç. 'O ;xîv -xj-zx
r^f^e.-!, iyi) oï, -m 0£(7) xi y.x-' ï'^x-j->z'i t-r.piiixç, ûz xô
■n'/.ffiz^ (i')î;jLr,Oï;v Tpîe/.ôsïv. Msxsvîùç cjv [i.éXxiix-t isfff,-x,
xal 10 Hîçsç àxxzTr,zx\is.\z: èy. -sii xj);évsç, y.aO' bzz-i
i-zipxi, r, ^EÎiva |xst tùv ro/.eiJi'!o)v ù-xv.xsih îi>\i.r,'i, e\ç tcv
IrKsîpsuïv, i'svw te çx/elç y.x: Tpr,-ir,z zeîiov v.xx Tf,v vf"'
îâxpuai «ypuv èXeeivcç ïiz^x zâijiv. » (Ed. Dindorf,
parag. 28; éd. de 1544, p. 635.)
P. 30, 1. 15. AUquis carnifici). «Tel a survécu
à son bourreau. » (Sénèque, ép. 13, p. 96.)
P. 30, 1. 16. Milita dies). «Souvent le temps et
les effets variables du cours inconstant des choses
ont rétabli des situations ruinées; souvent la fortune
s'est fait un jeu de revenir à ceux qu'elle avait
abattus et de les remettre en lieu sur. » (Virgile,
Enéide, XI, 425.)
P. 30, 1. 19. Pline dit). Dans ['Histoire naturelle :
« De hoc tamen judicavere avi experimento, asper-
rimos cruciatus esse calculorum à stillicidio vesicas :
proximum stomachi, tertium eorum quas in capite
doleant, non ob alios fermé morte conscita. » (XXV,
III.) Le texte de 1588 est plus exact que celui du
manuscrit de Bordeaux. Pline parle d'expériences, de
coutumes, non de droit.
P. 30, 1. 21. Sénèque). Epîtres : c Morbum morte
non fugiam duntaxat sanabilem, nec oiiîcientem
animo, non afferam mihi manus propter dolorem,
sic mori, vinci est. Hune tamen si sciero perpetuo
mihi esse patiendum, exibo, non propter ipsum, sed
quia impedimento mihi futurus est ad omne propter
quod vivitur. » (Ep. 58, p. 144.)
P. 30, 1. 24. Daiiiocrittis). Cf. Tite-Live : « Damo-
critus .(ïtolorum dux paucos ante dies, quam e
carcere nocte effugisset, in ripa Tiheris consecutis
custodibus, priusquam comprehenderetur, gladio se
transfixit. » (XXXMI, XLVi.)
P. 30, NOTE. A la journée de SerisoUes). 14 avril 1544.
Montaigne a peut-être pris ceci dans les Commentaires
de Montluc qu'il a pu connaître en manuscrit et
qui ont paru l'année même de sa mort, en r592.
« Monsieur de Pignan, de Monpellier, qu'estoict à
luy, me dict par deux fois il se donna de la pointe de
l'espée dens le gorgerin, se volant thuer soy-mesmes
et me dict au retour qu'il s'estoict veu en tel estât
lors qu'il eust voulu qu'on luy eust donné de l'espée
dans la gorge. » (Éd. de Ruble, t. I, p. 275.)
P. 31, 1. 3. Antinous). Cf. Tite-Live, XLV, xxvi.
P. 31, 1. 6. L'isk de Go:^*"). Petite île à l'ouest de
Malte. Cf. Guillaume Paradin, Hist. de son temps :
«Il advint que un Sicilien, qui dés long temps s'estoit
liabitué en ce lieu (dans l'isle de Goze), et s'y estoit
marié, et avoit deux belles et honnestes filles prestes
à marier : lequel se voyant en ceste calamité, pour
ne voir ses filles tomber entre les mains de ces chiens.
LIVRK II, CHAPITUr. III.
183
et en hiiiv les insolences dont ils sont coustumiers
ce que bon cueur ne pourrait souffrir, s'en alhi en
sa maison : où les ayant appelées les tua toutes deux
de sa main propre : autant en fit à la mère accourant
à la mort de ses filles. Ce fait, chargea une harque-
buze, et banda une arbaleste, et s'en vint au devant
des ennemis, qui ja estoient près de son hostel, dont
il en tua deux : puis mettant la main à l'espée com-
battit vaillamment, jusqu'à ce qu'il fut enfermé et
enveloppé de toutes pars d'ennemis, lesquels le mirent
en pièces. Ainsi se sauva le Sicilien de servage, en
aj'ant délivre les siens.» (Éd. de 1375, f" 99 x".)
Sur les différents textes où Montaigne pouvait con-
naître cette anecdote, cf. mes Livres d'hisloirc iiwderuc
utilises par Mtvilaigiic, pp. n9 et suivantes.
P. 31, 1. 14. Les feiiunes Jiiifves). Cf. Josèphe,
Traité des Macchabées : « Ita ut mulieres, circoncisis
(ut mos nostrai religionis erat) parxulis suis, in
prœceps se demitterent, quippe qua; vitantes longiora
tormenta, celerem halitum ingestse mortis optarent. »
Montaigne suit ici la traduction latine d'Erasme, que
je viens de citer, ou une traduction française faite
d'après la traduction latine d'Erasme. Voici le texte
grec qui se lit dans les diverses éditions du xvi^ siècle
que j'ai consultées : « "Qy-i v.x: 'yj-tx'/.x:, Ïtv ■7:ip:i-i\viz-i
r.Xilix, ;j.E-:z -ôt-t izzçùet y.x-x/.pr,\i.'i:z^)r,-)x<., -fîS'.Ojîaç :•:■.
tcjt: t.v.^zt.x:. » (Éd. Dindorf, iv, 503; éd. de 1544,
p. 958.)
P. 31, 1. 23. Scrihonia). Cf. Sénèque, Epllres :
« Jam non reum, sed funus, habere cœpit (Libo)
consilium, utrum conscisceret sibi mortem, an expec-
taret. Cui Scribonia, qùid te, inquit, delectat alienum
negocium agere? Non persuasit illi. Manus sibi attulit,
nec sine causa. Nam post diem tertium aut quartum
inimici moriturus arbitrio, si vivit, alienum nego-
cium agit. » (Ép. 70, p. 161.)
P. 31, 1. 29. Dans la Bible). Cf. Macchabées, II,
XIV, 37-46.
P. 32, 1. 17. Celle qnisefaict). Cette idée est déve-
loppée dans saint Augustin, Cité de Dieu, I, xxv et
passim. Comme Montaigne, nous l'avons vu, s'inspire
certainement du premier livre de saint Augustin, il
est probable que c'est la lecture de la Cité de Dieu qui
l'a engagé dans ce développement. D'ailleurs, d'après
.saint Augustin, le même sujet avait été traité par
Henri Estienne, dans X Apologie pour Hérodote que
Montaigne a lue vers 1572, et par Breshu- dans
y Anthologie , I, xx.
P. ^2, 1. 20. Pelagia & Sophronia). Cf. le Coininen-
taire de \'ivès à la Cité de Dieu, I, xx\'i : « Pelagiam
scribit Ambrosius libro III De virginibus, cum matre
et sororibus prœcipitem se dédisse in flumen ne a
persequenti milite violaretur : eam tamen, ut idem
inquit, martyrum numéro ecclesia ascripsit. Item
Sophroniam, qux- se occidit, ne vim a Maxentio
C;esare pateretur ut Eusebius in Ecclesiastica historia
perhibet. » Ces deux exemples ont été répétés, presque
traduits par Breslay (Anthologie, l, xx). L'exemple de
Sophronie revient en outre dans plusieurs compila-
tions de l'époque à partir de Fulgose qui l'a recueilli
(VI, i). Cf. Droit de Gaillard dans son chapitre De
la continence, etc.
P. 32, 1. 23. L'histoire ecclésiastique). Je crois que
Montaigne fait allusion à l'Histoire ecclésiastique de
Nicéphore Calliste qui cite des exemples de cette
sorte (MI, xxi).
P. 32, 1. 28. Sçavant autheur). Je crois qu'il s'agit
d'Henri Estienne qui émet cette idée dans l'Apologie
pour Hérodote, XV, xxii.
P. 53, 1. 4. Dieu .uv't loiié). On trouve une anecdote
tout à tait analogue dans Gelli, Discours fantastiques,
II, traduction française de 1566, p. 55 : «Les épicu-
riens pourroient à bon droict dire, comme cette
preude femme, laquelle estant prise par les soldats
au sac de Gènes, sans en faire autrement pire chère,
ains monstrant au visage un teint de gaye pensée,
commença à dire, loué soit Dieu ! puisqu'il m'est
permis une fois en ma vie assouvir mon désir à
souhait sans scandale, et contenter ce corps un bon
coup sans aucun danger de mon àme. » J'ignore si
Montaigne a eu connaissance de ce texte.
P. 33, 1. 9. Suyvant la rcigle du bon Marot). Dans
l'épigramine intitulée : De ouy et nenny.
P. ^}, 1. 12. Lucius Aruntius). Cf. Tacite, Annales :
« Eoque fugere simul acta et instantia. Hxc vatis in
modum dictitans, venas resolvit. » (M, xliii.)
P. 33, 1. 13. Granius Silvauus). Id., ibid. : « E tri-
bunis Granius Silvanus quamvis absolutus, sua manu
ESSAIS DE MONTAIGXE.
cecidit. Statius Proximus veniam quam ab impera-
tore acceperat, vanitate exitus corrupit. » (XV, lxxi.)
P. 33, 1. 17. Spargapises). Cf. Hérodote, I, 213;
t. I, f° 96 \°.
P. 33, 1. 21. Bogc:^). Id., ibid. : «De tous ces gouver-
neurs ainsi defaicts nul fut estimé homme de bien par
Xerxes, excepté Boges qui estoit à Eïone... car, à la
vérité il avoir mérité grand honneur quand estant
assiégé par les Athéniens, & Cimon filz de Miltiades,
bien qu'il peust sortir par composition & retourner
en Asie n'en voulut rien faire, afin qu'il ne semblast
au Roy que par faute de cœur il se fut sauvé. Et
parce il tint jusque à l'extrémité : mais vovant que
vivres luy falloyent, feit allumer un grand bûcher,
& après avoir fait premièrement mourir femme et
enfans, concubines & ser\-iteurs, les mit dans le feu,
puis feit jeter tout l'or & l'argent qui estoit en la ville
dans la rivière Strymon, & ce faict se jecta luy
mesme dans le feu. » (VII, 107; t. II, f" 86 v°.)
P. 34, 1. I. NinachelHcn). Cf. Go\i\-;x\-à, Histoire du
Portugal : « Quand Ninachetuen entendit que le Rov
de Campar estoit appelle pour lui succéder en sa
charge, il conclud en soi-mesme de ne souffrir
nulement d'estre dégradé. Pourtant il fit dresser un
eschaffaut eslevé et longuet appuyé sur quelques
colonnes, tapissé, orné de fleurs & parfums en abon-
dance. Cela fait il se vestit d'une robe de drap d'or,
& tout couvert de pierres précieuses sortit en rue
ainsi équipé, & monta par des degrez sur l'eschaffaut.
Il y avoit en dessus un bûcher de bois odoriférant
bien agencé & allumé. Cette pompe extraordinaire
de Ninachetuen fit lever les yeux & les oreilles de
tout le peuple, ne sçachant que vouloit dire cest
appareil. Ninachetuen commença lors a faire une
piteuse harangue et en premier lieu rameuter les
ser\*ices que les Portugallois avoyent receus de luy
avant la prinsc de la ville, & ce qu'il avoit fait depuis
en faveur du Roy Emmanuel : combien il s'estoit
monstre ferme & fidèle en son devoir : avec quelle
magnanimité en plusieurs endroits il avoit hazardé
sa vie pour preuve de loyauté. Que pour recompense
de tant de bons devoirs, la nation Portugalioise vou-
loit diffamer de telle sorte sa vieillesse qu'il estoit
impossible de trouver homme avant son honneur en
quelque recommandation qui voulust ni peust digérer
cela en aucune sorte : car ils le despouilloyent de la
charge qu'eux mesmes luv avoyent commise, le
dégradoj'ent de ses honneurs le reputans digne d'a-
chever ses jours ignominieusement, & ser\-ir de fable
& de risée à tout le monde. Quant à luy, qu'il avoit
tousjours moins estimé sa vie que son honneur & f;tit
mesme sa resolution de mourir pour conserver •=■■!
réputation, & pourtant qu'à l'heure présente il chan-
geoit volontiers sa vie à la mort plustost que de
recevoir la honte qu'on luy vouloit faire. Disant ces
choses il se jetta dedans le feu. » (IX, xxvii, f° 278 r°.)
P. 34, 1. 19. Sextilia). Cf. Tacite, Annales, VI,
xxix.
P. 34, 1. 24. Cocceius Nerva). Id., ibid. : « Haud
multo post Cocceius Nerva continuus principis,
omnis divini humanique juris sciens, integro statu,
corpore allœso, moriendi consilium cepit... Ferebant
gnari cogitationum ejus, quanto propius mala Reip.
viseret, ira, & metu, dum integer, dum intentatus,
honestum finem voluisse.^) (VI, xxvi; t. II, p. 165.)
P. 34, 1. 29. La femme de Fiilviiis). Cf. Plutarque,
Du trop parler : « Fulvius, l'un des familiers de Cresar
Auguste, estant ja sur l'aage, après avoir ouy les
regrets et complaintes de l'Empereur lamentant la
solitude de sa maison, et qu'après le trespas des deux
fils de sa fille, et la relegation de Posthumius qui
luy restoit seul, et pour quelque imputation avoit
esté confiné, il estoit contrainct de laisser le fils de
sa femme son successeur à l'Empire : combien qu'il
eust compassion, et qu'il fust entre-deux de révoquer
le fils de sa fille de son confinement. Fulvius ayant
entendu ces propos, les alla rapporter à sa femme,
et elle à Livia, femme d'Auguste, laquelle s'en attacha
bien asprement à Caîsar, s'il estoit ainsi qu'il eust de
long temps proposé de rappeller son arrière fils, pour-
quo}^ il ne le faisoit, ains la mettoit en inimitié et
en guerre avec celuy qui luy dcvroit succéder à
l'empire. Le lendemain matin, comme Fulvius luy
fust venu donner le bon jour, ainsi qu'il avoit de
coustume, et qu'il luy eust dit. Dieu te gard, Ciïsar :
il ne luy feit que rcspondre, Dieu te face .sage,
Fulvius. Fulvius entendant incontinent que cela
vouloit dire, se retira tout aussi tost en sa maison.
LIVRK II, CHAPITRE III.
185
et là faisant appeller sa femme : Gïsar, dit-il, a bien
sceu que ie n'ay pas tenu son secret, et pour ceste
cause j'ai résolu de me faire mourir mov-mesme.
Tu feras justice, dit elle, veu qu'ayant si longuement
Vescu avec moy, et devant aiant assez cogneu l'incon-
tinence de ma langue, tu ne t'en es pas donné garde :
mais laisse que je me tue la première : et prenant
une espee, elle mesme s'en tua devant son mary. »
(ix, f" 93 r°.)
P. 35, 1. 10. Fibins J'iritts). Ct. Tite-Live, Annales,
XXVI, XIII, XIV, XV.
P. 35, I. 17. Breuvage). Id., ibid. : « Ea potio cor-
pus ab cruciatu, animum ab contumeliis, oculos,
aures à videndis audiendisque omnibus acerbis indi-
gnisque, quîe manent vinctos, vindicabit. » (xiii.)
P. 35, 1. 22. Vint et sept senatiirs). Id., ibid. :
« Vibium Virium septem & viginti fermé senatores
domum secuti sunt, epulatique cum eo, & quantum
facere potuerant, alienatis mentibus vino ab immi-
nentis sensu mali, venenum omnes sumpserunt, inde
misso convivio, dextris inter se datis, ultimôque
complexu, collacnymianies suum, patriiéque casum,
alii ut eodem rogo cremarentur, manserunt, alii
domos digressi sunt. Impletœ cibis vinôque ven^-e
minus efficacem in maturanda morte vim veneni
fecerunt. Itaque noctem totam plerique eorum, & diei
insequentis partem cum animam egissent, omnes
tamen priusquàm aperirentur hostibus porta;, expi-
ra runt. »
P. 36, 1. 4. Taureajnbelliiis). Id., il'id., XXVI, xv.
P. 36, 1. 7. Commande). Id., ibid. : «Me quoque,
inquit, jubé occidi, ut gloriari possis multo fortiorem
quam ipse es, virum abs te occisum esse. »
P. 36, 1. 12. Puis que mon puis prins). Id., ibid. :
« Tum Jubellius : Quandoquidem, inquit, capta
patriâ, propinquis amicisque amissis, quum ipse manu
meâconjugem liberosque interfecerim, ne quid indigni
paterentur, mihi ne mortis quidem copia eadem est,
quse his civibus meis; petaturque à virtute invisse
hujus vitœ vindicta. Atque ita gladio quem veste
texerat, per adversum pectus transtîxus, ante pedes
Imperatoris moribundus procubuit. »
P. 36, 1. 18. Ale.xandre). Cf. Quinte-Curce : «Cum
in obsidione persévérasse!, oppidani desperata salute
ignem subjecere tectis seque ac liberos conjugesque
incendio cremant. Quod cum ipsi augerent, hostes
extinguerent, nova forma pugna; erat. Delebant in-
colœ urbem, hostes defendebant. » (IX, iv.) Rappro-
cher Diodore de Sicile, XVII, xviii, et cf. mes Livres
d'Histoire moderne utilisés par Montaigne, p. 174.
P. 36, 1. 24. Asiapa). Cf. Tite-Live, Annales :
« Locum in foro destinant, quo pretiosissima rerum
suarum congererent. Super eum cumulum conjuges
ac liberos considère quum jussissent, ligna circa
exstruunt, fascesque virgultorum conjiciunt. Quin-
quaginta deinde armatis juvenibus projcipiunt ut... »
(XXVIII, XXII, XXIII.)
P. 37, 1. 4. S'\ lancearent). Id., ibid. : « Postremô
ipsi Civde miserandà suorum fatigati, cum armis
medio se incendio injecerunt. » (XXVIII, xxni.)
P. 37, 1. 9. La lueur de l'or). Id., ibid : « Dein
quùm aurum argentumque cumulo rerum aliarum
interfulgens, aviditate ingenii humani, rapere ex igné
vellent, correpti alii flammâ sunt, alii ambusti afflatu
vaporis : quùm receptus primls, urgente ingenti
turbà, non esset. » (XX\^II, xxiii.)
P. 37, 1. II. Les Abideens). Id., ibid., XXXI, xvii,
XVIII.
P. 37, 1. 15. Leur eoneeda trois jours). Id., ibid. :
« Triduum se ad moriendum Abydenis dare dixit.
Q.UO spatio plura facinora in se victi ediderunt, quàm
infesti edidissent victores : nec nisi quem vincula,
aut alia nécessitas mori prohibuit, quisquam vivus
in potestatem hostium venit. » (XXXI, xvii, xviii.)
P. 37, 1. 22. Lescondamnex^). CL Tacite, Annales :
« Damnati publicatis bonis, sepultura prohibebantur :
eorum qui de se statuebant, humabantur corpora,
manebant testamenta, pretium festinandi.» (VI, xxix;
t. II, p. 167.)
P. 37, 1. 27. Je désire). Ci. saint Paul, Épître au.x
Philipp. : « Desiderium habens dissolvi, & esse cum
Christo. » (i, 23.)
P. 38, 1. I. Qui me desprendra). Id., Épître aux
Rom. : «Infelix ego homo, quis me liberabit de cor-
pore mortis hujus. » (vu, 24.)
P. 38, 1. I. Ckombrotus Anéraciota). Cf. Cicéron,
Tusculanes : « Callimachi quidem epigramma in
Ambraciotam Cleombrotum est : quem ait, cum
iS6
ESSAIS DE MONTAIGNE.
niliil ei accidisset adversi, è muro se in mare abje-
cisse, lecto Platonis libro. » (I, xxxiv.) Ce fait se
lisait partout au xvi' siècle et Montaigne a pu le
prendre bien ailleurs que chez Cicéron. Il l'a trouvé
dans saint Augustin, Cité de Dieu, I, xxni; cf. encore
Bouavstuau, Hisl. de Cbelidoniiis, f° 117 r°.
P. 38, 1. 7. Jacques du Chastel). Cf. Joinville : «Il
y avoit... en nostre ost, un moût vaillant homme,
qui avoit nom messire Jacques du Chastel, Evesque
de Soysson; lequel voiant que nous estions en che-
min, pour nous en aller à Damiette, et que chacun
avoit désir de retourner en France, il aima mieus
demourer avecq Dieu, que s'en retourner au lieu
dont il estoit né; et de fait, lui seul s'alla jetter
parmi les Turcs comme s'il les eust voulu tous mettre
à mort : mais tantost il tut tué par les Sarrazins. »
(li, f" 90 v°.)
P. 38, 1. 13. Eu ccrtcin Royonme). Cf. Gonçalez de
Mendoza : Histoire du Royaume de la Chiue : « Ils me
mènent le char en procession une bonne traite de
chemin, et entre maintes cérémonies dont ils usent
lors, ils en font une la plus bestiale qui se puisse
point imaginer, comme pourra juger le lecteur :
pource que plusieurs d'iceux se coupent des mor-
ceaux de chair dessus leur corps, et les jettent à
l'idole : puis les autres non contens de ce, se plaquent
là amy la terre, afin que le char passe dessus eux,
demeurant là tous escrasez. Ceux qui meurent de
cesie sorte sont canonisez comme grans saints, et
tenus entre eux en singulière vénération. » (Trad.
De La Porte, 1589, p. 319.)
P. 39, 1. 2. En nostre Marseille). Cf. \'alère Maxime,
II, VI, ext. 7.
P. 39, 1. S. Scxtus Pompeius). Id., II, vi, ext. 8.
Cet exemple et la coutume des Marseillais sont rap-
portés tout au long d'après \'alère Maxime dans le
Cortegiano de Castiglionc, III, xxiv.
P. 40, 1. 7. Pline recite). Histoire naturelle : «... mors
non nisi .satietate vitœ, epulatis delibutisque .senibus
luxu, ex quadam rupe in mare salientibus.» (IV, xii.)
CuKOxoLOGiK : i" Cet essai est postérieur à
l'essai I, xiv, que nous avons daté de 1572. En effet,
parlant de folies de suicide qui saisissent parfois des
peuples entiers et qui les poussent à se détruire
eux-mêmes, « J'en ay allégué par cy devant des
exemples», dit Montaigne. (Voir p. 29, 1. 5.) Or,
ces exemples, c'est au quatorzième chapitre du pre-
mier livre que nous les trouvons : « Pendant nos
dernières guerres de Milan... le peuple impatient de
si divers changemens de fortune, print telle resolution
à la mort, que j'ay ouy dire a mon père qu'il y veist
venir conte de bien vingt et cinq maistres de maison
qui s'estoient deffaits eux mesmes en une sepmaine :
accident approchant à celui de la ville des Xanthiens,
lesquels assiégez par Brutus, se précipitèrent pesle
mesle, hommes, femmes et enfans, à un si furieux
appétit de mourir qu'on ne fait rien pour fuir la mort
que ceu.x-cy ne fissent pour fuir la vie. »
2° Bien que postérieur à l'essai I, xiv, l'essai II, m,
me parait se rattacher assez intimement aux essais
de la première période. En effet : A) parlant des
femmes qui se tuent pour éviter les violences qu'on
veut faire à leur chasteté, Montaigne écrit : « Il nous
sera, a l'adventure, honorable aux siècles advenir,
qu'un bien sçavant auteur de ce temps, et notamment
Parisien, se met en peine de persuader aux dames
de nostre siècle de prendre plustost tout autre part}'
que d'entrer en l'horrible conseil d'un tel desespoir. »
Or, je trouve dans Y Apologie pour Hérodote d'Henri
Estienne, un long développement qui rappelle tout
à fait ce pa.ssage de Montaigne. C'est donc très vrai-
semblablement à Henri Estienne que Montaigne fait
allusion ici : Henri Estienne est bien un «bien sçavant
auteur», il est bien né à Paris; et le terme de «contes»
que Montaigne applique plus loin à .son ouvrage
convient parfaitement à Y Apologie pour Hérodote; mais
nous avons vu que Montaigne a très probablement lu
Y Apologie pour Hérodote vers 1572 (cf. I, ix, et I, xiv).
— B) Un argument semblable, quoique beaucoup
moins probant, se lire de ce que (je l'ai montré) dans
le même passage Montaigne imite de très près un
morceau de la Cité de Dieu, de saint Augustin. Sans
doute pour établir la chronologie des Essais il est
prudent de s'appuyer fort peu sur les emprunts faits
aux auteurs anciens, parce que Montaigne pouvait être
sans cesse tenté de recourir à eux. Notons cependant
que saint Augustin, qui .sera très largement mis à
LIVRE II, CHAPITRI-: III.
187
coiurihution aprcs 1588, ne fournit rien à ma connais-
sance dans les essais écrits entre 1580 et 1588, rien
non plus dans tous les essais de 1578 et de 1579.
On trouve, au contraire, des emprunts faits à cet
auteur dans les essais I, xi\', I, xx et I, xx\n, qui
tous sont datés de 1572. Et en dehors de ces trois
essais, l'édition de 1580 ne présente plus, à ma
connaissance, d'emprunts directs à saint Augustin que
dans l'essai II, m, qui nous occupe en ce moment.
Il y a bien là une probabilité pour que l'essai II, m,
soit contemporain des trois autres, et par conséquent,
lui aussi, des environs de 1572. — C) Enfin il faut
noter que cet essai n'est pas éloigné du cliapitre II, 1,
que nous avons daté de la première période; que
nous y retrouvons la composition par mosaïque,
l'abondance des sentences de Sénèque, la raideur
stoïcienne, qui nous ont paru caractériser certains
essais de 1572 (cf. I, xxxix). Tous ces motifs nous
invitent à rattacher assez étroitement l'essai II, m,
aux essais de la première période.
3" Pourtant il est possible que, par la date, nous
nous éloignions assez sensibleiiient du début de cette
période. Dans cet essai, pour la première fois appa-
raissent en abondance les emprunts aux Œuvres
morales traduites par Anwot. Il n'y en a pas moins
de cinq, presque textuels. Ils ne peuvent pas être
antérieurs à la fin de 1572, et probablement ils sont
postérieurs à cette date. Sans doute la composition
fragmentaire de cet essai permettait des additions, et
l'on peut considérer ces cinq emprunts comme ayant
été insérés après coup dans ce chapitre; toutefois,
comme les essais qui vont sui\ re vont devoir beaucoup
aux Œuvres morales, il est assez naturel de supposer que
Montaigne avait déjà son Amyot quand il écrivait
celui-ci, et que nous n'avons pas affaire à des additions.
Voilà qui invite à reculer la composition de cet essai II,
III, peut-être à l'année 1573. Et il est possible qu'il
faille aller plus loin encore et parler de l'année 1574.
J'ai démontré, en effet, que suivant toute vraisem-
blance, un long développement est inspiré très direc-
tement de YAntholoi^ie de Pierre Bresla}'; or, cette
anthologie date de 1574. Il faut donc admettre, ou
que l'essai de Montaigne est au plus tôt de 1574, ou
tout au moins qu'il a reçu de notables développe-
ments qui ne sont pas antérieurs à 1574. La première
de ces deux hypothèses me paraît la plus vraisem-
blable.
En résumé, l'essai II, m, est postérieur à l'essai I,
XIV ; il se rattache nettement aux essais de la première
période et ne doit pas leur être très sensiblement
postérieur; pourtant il n'est probablement que de la
fin de 1572 ou de l'année 1573, peut-être même
n'est-il dans son entier que de l'année 1574, comme
les emprunts à l'Antholoi^ie de Breslay tendent à le
faire croire.
Chapitre IV.
A DEMAIN LES AFFAIRES.
P. 41, TITRE. Le litre est emprunté de Plutarquc,
Du démon familier de Socrates, où il iigure dans un
exemple que nous- retrouverons plus loin. (Voir
ci-dessous, p. 43, 1. 7.)
P. 41, 1. I. La pahiw à Jacques Amiot). A Rome
on voit Montaigne défendre les traductions d'Amyot
contre ses détracteurs : « Disnant un jour à Rome
avecq nostre Ambassadeur, où estoit Muret et autres
sçavants, je me mis sur le propos de la traduction
Françoise de Plutarche, et contre ceux qui l'estimoint
beaucoup moins que je ne fais, je meintenois au
moins cela : Que -où le Traducteur a failli le vrai
sens de Plutarche, il y en a substitué un autre \rai-
samblable, et s'entretenant bien aux choses suivantes
et précédentes. Pour me montrer qu'en cela mesme
je lui donnois trop, il fut produit deus passages,
l'un duquel ils attribuent l'animadversation au fils
de M. Mangot, Avocat de Paris, qui venoit de partir
de Rome, en la vie de Solon environ sur le milieu,
où il dict que Solon se vantoit d'avoir affranchi
l'Attique, et d'avoir osté les bornes qui fiiisoint les
séparations des héritages. Il a failli, car le mot grec
signifie certenes marques qui se metoint sur les terres
qui etoint engagées et obligées, affin que les acheturs
fussent advertis de cete hypothèque. Ce qu'il a subs-
titué des «limites» n'a point de sens accommodable;
car ce seroit faire les terres non libres, mais com-
munes. Le latin d'Estiene s'est aproché plus près
du vrai. Le secont, tout .sur la fin du treté de la
nourriture des enfans, d'ob.server, dict il, ces règles,
cela se peut plustost souhaiter que conseiller. Le grec,
disent-ils, sone, cela est plus désirable qu'esperable,
et est une forme de proverbe qui se treuve ailleurs.
Au lieu de ce sans cler et aisé, celuy que le traducteur
y a substitué est mol et étrange; parquoi recevant
leurs pnïsuppositions du sans propre de la langue,
j'avouai de bonne foi leur conclusion. » (Jotinial de
voyage, p. 239.)
P. 41, 1. 17. Xenopimi). Il n'existait pas encore de
traduction complète des œuvres de Xénophon en
français, on avait seulement des traductions de quel-
ques ouvrages, comme celle de V Économique par La
Boétie, de la Cyropédie par Jacques de \'entimille, etc.
Montaigne faisait usage d'une traduction latine.
P. 42, 1. 4. Plutarque dict). Dans le traité De la
curiosité : « Un jour que je declamois à Rome, Rus-
ticus, celuy que Domitian depuis feit mourir, pour
l'envie qu'il portoit à sa gloire, y estoit, qui m'escou-
toit : au milieu de la leçon y entra un soudard qui
luy bailla une lettre missive de l'Empereur : il se
feit là un silence, & moi mesme feis une pause à
mon dire, jusques à ce qu'il l'eust leuë : mais luy
ne voulut pas, n'y n'ouvrit point sa lettre devant que
j'eusse achevé mon discours, & que l'assemblée de
l'auditoire fust départie : dont toute la compagnie
prisa & estima beaucoup la gravité du personnage. »
(xiv, p. 67 V'.)
P. 42, 1. 15. Civilité & courtoisie). Le Galaleo de
Giovanni délia Casa critique âprement ceux qui,
pendant que les autres .sont en conversation, ouvrent
des lettres et se permettent de les lire tout comme
s'il s'agissait d'affaires d'Etat.
P. 43, 1. I. Monsieur de Boutieres). Cf. les Mémoires
des frères du Bellay, IX, f" 299. Du Bellay déclare
LIVRE II, CHAPITRE IV
que si Monsieur de Boutières n'ouvrit point la lettre
qui lui fut remise ce fut « par oubliance ou par avoir
trop d'affaires». Montaigne qui en parle autrement
a peut-être connu quelque autre source.
P. 43, 1. 4. Cf mesme Plutarque). Dans la Fie de
César : « Ariemidorus natif de l'Isle de Gnidos,
maistre de Rhétorique en langue Grecque, qui pour
ceste siene profession avoit quelque familiarité avec
aucuns des adherens de Brutus, au moien dequoy il
sçavoit la plus part de ce qui se machinoit contre
Cœsar, luy vint apporter en un petit mémoire escript
de sa main, tout ce qu'il luy vouloit descouvrir : et
voiant qu'il recevoit bien toutes les requestes qu'on
luy presentoit, mais qu'il les bailloit incontinent à
ses gens qu'il avoit autour de luy, il s'en approcha
le plus près qu'il peut, & luy dit : « Ctesar lis ce
» mémoire cy que je te présente, seul & prompte-
» ment, car tu trouveras de grandes choses dedans
» & qui te touchent de bien près. » Cœsar le prit,
mais il ne le peult oncques lire, pour la multitude
grande des gens qui parloient à luy, combien que
par plusieurs fois il essayast de le faire : toutefois
tenant tousjours le mémoire en sa main, & le gar-
dant seul, il entra dedans le sénat. » (xvii, f" 5 13 r°.)
P. 43, 1. 7. Le comte d'Archias). Cf. Plutarque,
Du démon familier de Socrates : «Comme Charon...
nous disposast en ordre pour aller exécuter nostre
entreprise, il arriva une missive... escripte par Archias
le souverain presbtre, à Archias son hoste et ancien
amy, laquelle luy declaroit comme il est vraysem-
blable, le retour des bannis, & la surprise qu'ils
dévoient exécuter, la maison où ils s'estoient assem-
blez et ceulx qui estoient de leur ligue et intelligence.
Mais Archias estant desja tout estourdi de vin,...
encore que le messager luy dist que c'estoit pour
affaires de conséquence qu'elles estoient escriltes, il
prit bien les lettres, mais il respondit, A demain les
affaires : et meit les lettres dessoubs son oreillier, et
demandant sa couppe commanda qu'on luv versast
à boire. » (xxvii, f" 647 v°. »
P. 43, l. 20. Et anciennement). Id., Propos de table :
« Mais nous fusmes principalement en doubte tou-
chant le lieu que Ion appelle consulaire : car c'estoit
de nostre temps celuy que Ion tenoit pour le plus
honorable : ce qui n'estoit ny pour estre le premier,
ny pour estre le milieu, comme les autres. Et davan-
tage des qualitez que Ion remarquoit en iceluy, les
unes ou ne sont pas propres à luy seul, ou ne me
sembloient pas estre d'aucune importance, toutefois
il y avoit trois raisons, entre celles que Ion alleguoit,
ausquelles nous nous arrestions le plus... La troi-
sième raison & propriété que sembloit avoir ce lieu là
est, que Ion le trouvoit bien à propos et commode
pour ceulx qui ont des affaires : car le consul des
Romains ne fait pas comme feit jadis Archias le
Capitaine des Thebains, si on luy apporte ou lettres
ou nouvelles, & advertissiment d importance, fust-ce
au milieu du soupper, il ne crie pas tout haut, à
demain matin les affaires : & ne rejette pas le pacquet
de lettres pour prendre la couppe de vin. Car non
seulement ce que Ion dit en commun proverbe,
« La nuict apporte à tout pilote sage
» Toujours la peur de tourmente & orage : »
mais aussi tout plaisir de festin &: d'autres passe-temps
à un sage Capitaine & homme de gouvernement
requiert qu'il ait tousjours l'œil au guet. A celle fin
doncques qu'il puisse tousjours entendre ce qu'il faut
commander «Se signer, ou soubscrire, s'il est besoing,
on luy a attribué ce lieu la, auquel estant le second
lict joint d'un tenant au premier, l'encoigneure lais-
sant une espace ouverte en tournant, donne moien
& à un secrétaire, & à un sergent, & à un garde-corps,
& à un messager venant du camp, de s'approcher
pour parler à luy, & pour l'interroguer sans que
personne l'empesche, ne que luy aussi empesche
personne des conviez, ains a & la voix & la main
fort libre à son commandement.» (I, m, f" 363 v°.)
Chronologie : Cet essai est le premier qui em-
prunte son sujet aux Œuvres morales traduites par
Amyot. L'idée en vient du traité De la curiosité,
et plus spécialement de l'exemple de Rusticus que
Plutarque rapporte dans ce traité. Outre le thème
du chapitre, il doit aux mêmes Œuvres morales deux
autres faits : le conte d'Archias (p. 43, 1. 7), et les
explications relatives à la place consulaire (p. 43, 1. 20).
C'est dire qu'il est presque entièrement bâti d'emprunts
190
ESSAIS DE MONTAIGNE.
faits aux Œuvres morales. De plus l'essai s'ouvre
par un éloge enthousiaste d'Amyot, traducteur. Ces
faits nous invitent à supposer que, quand il a écrit
ce court chapitre, Montaigne avait reçu depuis peu
le volume d'Amyot. Certainement il ne l'a pas reçu
avant les derniers mois de 1572. On peut croire qu'il
ne l'a pas attendu bien longtemps après cette date :
1° parce qu'il devait désirer impatiemment ce volume
qui traitait de sujets si intéressants pour lui; 2° parce
que c'était l'œuvre de Jacques Amyot, avec lequel
Montaigne était en relations personnelles et dont il
estimait et pratiquait les traductions; 3° parce que
(je l'ai démontré) il lisait la première édition; s'il
avait attendu plusieurs années, il aurait eu des chances
d'avoir l'une des éditions postérieures (1574 et 1575).
La date de 1573 ou de 1574 est assez vraisemblable,
comme pour l'essai précédent qui semble peu antérieur
à celui-ci, à cause des nombreux emprunts qu'il fait
lui aussi aux Œuvres morales.
Chapitre \'
DE LA CONSCIENCE.
P. 44, TITRE. On peut rapprocher un chapitre de
Jean des Caurres, dans ses Œuvres meslécs et diversi-
fiées, qui est intitulé : Que l'homme qui se sent la cons-
cience chargée de quelque mesfait n'est jamais en repos
(\'II, xxxv). Je suis convaincu d'ailleurs que Mon-
taigne n"v a rien emprunté. Il s'est peut-être souvenu
d'un chapitre de la Cité de Dieu de saint Augustin
(XXI, ix) et surtout du Commentaire que Vives y a
joint. Toutefois il ne s'agit là que de réminiscences
lointaines; je ne crois à aucun emprunt direct.
P. 45, 1. 7. Occnltum). «Nous frappant d'un fouet
invisible, et nous servant elle-même de bourreau. »
(Juvénal, xiii, 195.) Le texte de Juvénal, aussi bien
dans les éditions du xvi^ siècle que dans les éditions
modernes, porte «Occultuni quatiente animo». Mon-
taigne écrit «quatiens» qu'il rapporte au mot français
« conscience » afin de rattacher plus intimement la
citation à sa phrase. C'est un procédé qui lui est
habituel. Pacard, Théologie naturelle (III, xvii), cite
ce même vers dans un chapitre où il traite à peu
près le même sujet que Montaigne.
P. 45, 1. 8. BessHS, Pœonien). Cf. Plutarque, Pour-
qtioy la justice divine diffère la punition des maléfices :
« Bessus aiant tué son père fut un bien long temps
sans que personne en sceust rien, jusques à ce que
un jour estant allé soupper chez quelques siens
hostes, il percea du fer de sa picque et abbattit le
nid d'une arondelle, & tua les petits qui estoient
dedans : et comme les assistans luy dissent : Dea
capitaine comment vous amusez vous à faire un tel
acte, où il y a si peu de propos? Si peu de propos,
dit-il : et comment, ne cr)-ent elles pas ordinairement
à rencontre de moy, et tesmoignent faulsement que
j'ai tué mon père? Ceste parole ne tomba pas en terre,
ains fut bien recueillie des assistans, qui en estans fort
esbahis l'allerent incontinent déceler au roy, lequel
en feit si bonne inquisition, que le faicl fut avéré,
et Bessus puny de son parricide. » (viii, f" 261 v'\)
P. 45, 1. 15. Hésiode corrige). Id., ibid. : «Il fault
bien prester l'aureille au poète Hésiode qui dit, non
pas comme Platon, que la peine suit le péché & la
meschanceté, ains qu'elle luy est égale d'aage & de
temps, comme celle qui naist ensemble en une
mesme terre et d'une mesme radne... Lon dit que
la mouche Cantharidc a en soy mesme quelque
partie qui sert contre sa poison de contrepoison, par
une contrariété de nature : mais la meschanceté
engendrant elle mesme ne sçay quelle desplaisance
& punition, non point après que le delict est commis,
mais des l'instant mesme qu'elle le commet, com-
mance à souftrir la peine de son maléfice... la
meschanceté d'elle mesme fabrique ses tourments
contre elle mesme, estant merveilleuse ouvrière d'une
vie misérable, qui avec honte et vergongne a de grandes
frayeurs, des perturbations d'esprit terribles, & des
regrets et inquiétudes continuelles. » (ix, f° 261 V.)
P. 45, 1. 17. Quiconque attent). Cf. Sénèque, Épttres :
« Dat pœnas quisquis exspectat, quisquis autem me-
ruit, exspectat. » (Ép. 105.)
P. 45, 1. 18. La meschanceté). Cf. la note ci-dessus,
p. 45, 1. 15.
P. 45, 1. 19. Maliim consiliitm). «Le mal pèse
surtout à celui qui l'a fait. » (Proverbe cité par Aulu-
Gelle, IV, v.)
192
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
P. 45, 1. 22. Vitasquc). « Elles laissent la vie dans
la blessure qu'elles font. » (Virgile, Géorg., iv, 238.)
P. 45, 1. 23. Les Canlarides). Cf. la note ci-dessus,
p. 45, 1. 15.
P. 46, 1. 3. Qtiippe uhi). «Car il est beaucoup de
coupables qui en parlant dans leur sommeil ou dans
le délire de la maladie se sont accusés eux-mêmes
et ont révélé des fautes qui longtemps étaient restées
cachées. » (Liicrèce, V, 1 157.) Le texte est exactement
conforme à celui de l'édition Lambin.
P. 46, 1. 6. Apollodorus). Cf. Plutarque, Pourquoi
la justice divine diffère la punition des maléfices : « Comme
Ion dit qu'Appollodorus en dormant songea quelque-
fois qu'il se voj-oit escorcher par les Scythes, et puis
bouillir dedans une marmitte, & luy estoit advis que
son cœur du dedans de la marmitte murmuroit en
disant. Je te suis cause de tous ces maulx. » (ix,
f" 262 r°.)
P. 46, 1. 8. Aucune cachette). Cf. Sénèque, Epîtres :
« Eleganter ab Epicuro dictum puto, Potest nocenti
contingere ut lateat, latendi fides non potest. » (Ep. 97,
p. 241.)
P. 46, 1. II. Prima est). «La première punition
du coupable, c'est- de ne jamais pouvoir s'absoudre à
ses propres yeux. » (Juvénal, xiii, 2.)
P. 46, 1. 17. Conscia viens). « Selon le témoignage
que la conscience se rend à elle-même, on a le cœur
rempli de crainte ou d'espérance. » (Ovide, Fastes,
I, 485.)
P. 46, 1. 21. Scipion). Cf. Plutarque, Comment on
se peut louer soy-mesme : « Quand Scipion leur dit en
publique assemblée, qu'il ne leur estoit pas bien
séant vouloir juger de Scipion, veu que par son
moien ils estoient par\'enus à ceste grandeur de juger
de tout le monde, ils meirent des chappeaux de fleurs
sur leurs testes... » (v, f° 139 v°.)
P. 46, 1. 25. Un' autrefois). Cf. Aulu-Gelle, Nuits
attiques : « Cum M. Nevius trib. pleb. accusaret eum
ad populum, diccrctque accepisse a Rege Antiocho
pecuniam, ut conditionibus gratio.sis & mollibus pax
cum eo pop. rom. nomine fieret, & quœdam item
alia crimini daret, indigna tali viro : tum Scipio
pauca prîefatus, quae dignitas vitœ suœ, atque gloria
postulabat : memoria, inquit, quirites, repeto diem
esse hodiernum, quo Annibalem Pœnum imperio
nostro inimicissimum magno prjelio vici in terra
Africa, pacemque & victoriam nobis peperi, inspera-
bilem. Non igitur simus adversum deos ingrat! : sed
censeo relinquamus nebulonem hune, eamusque
nunc protinus Jovi optimo maximo gratulatu. Id
cum dixisset, avertit, & ire in Capitolium cœpit.
Tum concio universa, quœ ad sententiam de Scipione
ferendam convenerat, relicto tribuno, Scipionem in
Capitolium comitata, atque inde ad œdes ejus cum
laititia & gratulatione solemne prosecuta est. » (IV,
xviii.) Cf. encore ^'alère Maxime, III, vu, i; Appien,
Guerre syriaque, \; etc. Cet exemple et le suivant
sont assez fréquemment repris au xvi' siècle, ainsi
dans La Primaudaye, Académie françoise, i" 54 r°;
Lottini, Avis civils, traduction de 1584, n'' 54; etc.
Toutefois je n'ai trouvé aucun texte qui explique
ces mots de Montaigne : «Et son accusateur mesme»,
qui sont en contradiction avec le récit d'Aulu-Gelle.
P. 47, 1. 2. Petilius). Id., il'id. : « Petilii quidam
Trib. pleb. à Marco, ut aiunt, Catone, inimico
Scipionis, comparati in eum atque immissi desiderabat
in senatu instantissimè, ut pecuniœ Antiochena;,
prœdœque quîe in eo bello capta erat, rationem
redderet. Fuerat enim L. Scipioni Asiatico fratri suo
Imperatori in ea provincia Legatus. Ibi Scipio exurgit :
& prolato è sinu togse libro, rationes in eo scriptas
esse dixit omnis pecuniœ, omnisque prsdœ : Iliatum,
ut palàm recitaretur, & ad Krarium deferretur. Sed
enim id jam non faciam, inquit, nec me ipse afhciam
contumelia. Eûmque librum statim discidit suis
manibus, & concerpsit : œgrè passus, quôd cui salus
Imperii ac Reipublicœ accepta ferri deberet, ab eo
ratio pecunis pra;datiti;e posceretur. » (IV, xviii.)
P. 47, 1. II. Dict Tite-Live). Dans les Annales,
XXXVIII, LU. Certainement en 1580 Montaigne ne
s'est inspiré que du récit d'Aulu-Gelle, mais après 1 588
il a retrouvé le même fait dans les Annales de Tite-Live
qui lui ont suggéré cette addition : « Major animus
et natura erat, ac majori fortunœ assuetus, quam ut
reus esse sciret, et summitterc se in humilitatem
causam dicentium. »
P. 47, I. 28. Etiam innocentes). « Li douleur force
à mentir même les innocents. » (Publius Syrus.)
LIVRE II, CHAPITRE V.
193
Montaigne a pris cette sentence Jans le Coimncnlairc
de la Cité de Dieu, par Vives, XIX, vi.
P. 48, 1. i. Ceiliiy que h' juge). Cf. saint Augustin,
Cité de Dieu : « Cùm proptereà judex torqueat accu-
satum, ne occidat nesciens innocentem, sit per igno-
rantiœ miseriam, ut & tortum, & innocentem occidat,
quem ne innocentem occideret, torserat. » (XIX, vi.)
P. 48, 1. 3. Philotas). Cf. Quinte-Curce, VI, vu,
et les chapitres suivants.
P. 48, 1. 6. Dict ou). Remarquer ici la gradation
des formules d'édition en édition : 1580, «C'est le
mieux que l'humaine toihlesse aye peu inventer»;
1588, «C'est le moins mal que l'humaine foiblesse
aye peu in\-enter»; 1595, «C'est, dict on, le moins
mal que l'humaine foiblesse ave peu inventer. »
P. 48, 1. 8. Plusieurs nations). Cf. Vives, Commen-
taire de la Cite de Dieu : « Quomodo vivunt tam
multiE gentes, & quidem barbarœ, ut Grœci &: latini
putant, quœ ferum & immane arbitrantur torqueri
hominem, de cujus facinore dubitatur? Nos homines
omni videlicet humanitate prœditi, sic torquemus
homines, ne insontes moriantur, ut magis eorum
nos misereat, quàm si morerentur... An non fré-
quentes quotidie videmus, qui mortem perpeti malint,
quàm tormenta? & fixteantur fictum crimen de sup-
plicio certi, ne torqueantur. « (XIX, vi.)
P. 48, 1. 16. Je ne sçai d'où). De l'Histoire de Frois-
sarl, IV, Lxxxvii; aussi chez Henri Estienne, Apologie
pour Hérodote, XVII, ix.
Chronologie : Cet essai doit sou sujet aux Œuvres
morales traduites par Amyot. Il leur fait cinq ou peut-
être six emprunts qui viennent presque tous du traité
intitulé : Pourquoy la justice divine diffère la punition
des maléfices. Il y a donc lieu de croire qu'il est
contemporain de l'essai intitulé : A demain les affaires,
qui le précède immédiatement et qui prend son sujet,
lui aussi, dans les Œuvres morales.
Chapitri- VI.
DE L EXERCITATIOX.
P. 49, TITRE. Il faut rapprocher l'épitre 30 de
Sénèque, où l'on trouve longuement développée cette
idée de l'expérimentinion de la mort. «L'expérimen-
tation de la mon, dit Sénèque, n'est pas possible,
mais nous pouvons connaître des états voisins de la
mort»; celui de Bassus par exemple, qui est rapporté
tout au long : « Plus, ut puto, fidei haberet apud te,
plus ponderis, si quis revixisset; et in morte nihil
mali esse narraret expeitus. Accessus moitis quam
perturbationem afferat optime hi tibi dicent, qui
secundum illam steterunt, qui venientem et viderunt
et receperunt. »
P. 49, 1. 1 1. Les uns en ont ahandonnc les richesses).
Allusion à Crates, déjà cité ci-dessus dans les essais I,
XIV, p. 75, 1. 13, et I, XXXIX, p. 316, 1. 16.
P. 49, 1. 14. D'autres se sont prive^). Cf. I, xi\ ,
p. 74, 1. 25, et I, XXXIX, p. 316, 1. 15.
P. 50, 1. 10. Nenio expergilus). « Nul ne se réveille
quand une fois il a senti le froid sommeil de la mort. «
(Lucrèce, III, 942.)
P. 50, 1. 12. Canius Juliiis). Cf. Sénèque, De traii-
qiiilUtatc l'ita- : « Prosequebatur illum philosophus
suus, nec jam procul erat tumulus... Quid, inquit
Cani, nunc cogitas? Aul qu;i; tibi mens est? Observare,
inquit Canius, proposuis illo velocissimo momento,
an sensurus sit animus exire se, promisitque si quid
explorasset circumiturum amicos, & indicaturum
quis esset animarum status. » (xiv, 384.)
P. 50, 1. 23. Celtuy-ry). Ici., ibid. : « Ecce animus
itternitate dignus, qui fiitum suum in argumentum
veri vocat, qui in ultimo illo gradu positus, exeun-
tem animuni percunctatur, nec usque ad mortem.
sed etiam aliquid in ipsa morte discit. Xemo diutius
philosophatur. »
P. 50, 1. 27. Jus hoc). « Il avait encore cet empire
sur son ànie, à l'heure de la mort. » (Lucain, ^'tII,
636.)
P. 51, 1. 10. Combien jaeiJeniani). Cf. Cicéron,
Tusciilanes, I, xxxviii, pour une comparaison sem-
blable entre le sommeil et la moit.
P. 51, 1. 17. En défaillance de cœur). La compa-
raison de la mort avec une défaillance est chez
Sénèque, dans l'épitre 77, et c'est là que Montaigne
la prendra lorsqu'il l'insérera dans l'essai II, xii, à
la tin.
P. 52, 1. i. Quand je suis venu). Montaigne a fait
la même observation en deux autres endroits, I, xx,
p. m, et II, xxxvii, au début.
P. 53, 1. 23. Perche). «Car, encore incertaine de son
retour, l'âme étonnée ne peut s'affermir. » (Torquato
Tasso, Jérusalem délivrée, chant xii, stance 74.)
P. 54, 1. 3. Corne quel). «Comme un homme qui
tantôt ouvre les yeux et tantôt les ferme, moitié
endormi et moitié éveillé.» {Id., ilnd., chant viii,
stance 26.)
P. 54, 1. 10. Au l'Ont des lèvres). Cf. Sénèque,
Epîtres : « Cui senilis animus in primis labris esset. »
(Ép. 30.) On retrouvera la même image dans la
préface du troisième livre des Questions naturelles :
<' animam in primis labris habere. »
P. 54, 1. 13. Nager superficiellement). Ailleurs Mon-
taigne a parlé d'un « sçavoir qui nage en la superficie
de la cervelle». (Essai I, xxv, p. 179, 1. 15.)
P. 54, 1. 25. Vi inorhi). « Sous la violence du mal
LIVRE II, CHAPITRE VI.
195
souvent un malheureux tombe devant nos veux
comme frappé de la foudre; il écume, il gémit et
ses membres palpitent; il est hors de lui-même, il
se roidit, il se débat, il respire à peine et s'épuise
en mouvements désordonnés. » (Lucrèce, III, 485.)
Le texte est exactement celui de l'édition Lambin,
P- 223.
P. 55, 1. 6. J'ivilJ. «Il vit, mais il n'a pas cons-
cience qu'il vit. » (Ovide, Tristes, I, m, 12.)
P. 55, 1. 26. Hiinc ego). «Conformément aux
ordres que j'ai reçus, j'enlève ce (cheveu) consacré
au dieu des enfers, et je t'affranchis de ton corps. »
(Virgile, Émide, IV, 702.)
P. 56, 1. lé. Seinianhtièsqiie). « A demi morts les
doigts s'agitent et ressaisissent le fer. » (\'irgile, Enéide,
X,^396.)
P. 56, 1. 20. Fûlciferos). « On dit que les chars
armés de foux coupent les membres si rapidement
qu'on en voit les tronçons s'agiter à terre avant que
la douleur ait pu aller jusqu'à l'àme. » (Lucrèce,
in, 642.)
P. 58, 1. 6. Ut tandem). « Lorsqu'enfin mes sens
reprirent quelque vigueur. » (Ovide, Tristes, I, m,
M-)
P. 59, 1. 5. Deiis ou trois antiens). Dans ce nombre
Montaigne compte probablement Lucilius, comme on
peut l'induire par le début de l'essai II, xviii; peut-
être aussi Archiloque et Alcée, comme l'a conjecturé
Coste.
P. 59, 1. 25. In vitiuin). «La peur d'une faute
nous conduit à un crime. » (Horace, Art poétique,
V, 3I-)
P. 60, 1. 5. Condamner le vin). Souvenir de Plu-
tarque qui souvent rappelle que Lycurgue défendit
la culture de la vigne parce que certains s'enivraient.
Le plus souvent il emploie cette image pour critiquer
l'opinion des stoïciens qui veulent étouffer complè-
tement les passions à cause des crimes qu'elles sus-
citent (De la vertu morale, f" 37 v); ailleurs il s'en sert
contre ceux qui veulent interdire complètement aux
enfints la lecture des poètes à cause des dangers
qu'elle présente (f" 9 v").
P. 60, 1. 28. Les effaicts diroint plus de la fortune).
C'est une idée qui revient souvent chez Montaigne;
cf. essais I, xxiv, p. 163, \. 13; I, xlvii, p. 367,
1. 23; III, VIII.
P. 61, 1. 9. Selon Arislote). Dans la Morale à Xico-
niaque, W , \ii.
Chkoxologie : .Montaigne écrit que « Pendant noz
troisiesmes troubles, ou deusiesmes (il ne lui souvient
pas bien de cela), .s'estant aie un jour promener...», il
fut renversé de che.val et faillit mourir de cet accident.
Et vers la fin du même e.ssai il ajoute : « je me sens
encore, quatre ans après, de la secousse de céte frois-
sure. » L'aventure que Montaigne conte ici, puisqu'elle
date des « deusiesmes ou troisiesmes troubles », a dû
se produire entre le mois d'octobre 1567 et le mois
d'août 1570. Montaigne écrit donc entre le mois
d'octobre 1571 et le mois d'août 1574, si ce nombre
de « quatre années » est exact. Voilà tout ce que
nous pouvons savoir de solide sur la date de compo-
sition de cet essai. Notons toutefois : 1" que la place
occupée par lui dans le volume invite à croire de
préférence qu'il est des années 1573 ou 1574, puis-
qu'il est rejeté après des essais que nous avons datés
de 1573 ou de 1574; 2° que les termes mêmes
employés par Montaigne favorisent cette hypothèse :
il semble, en effet, incliner à croire que son accident
lui est arrivé pendant les troisièmes troubles (sep-
tembre 1568 à août 1570), plutôt que pendant les
deuxièmes.
Chapitre \ll.
DES RECOMPENSES D HOXXKVR.
P. 6^, TITRE. C'est, je crois, la lecture de la Répu-
blique de Bodin qui a inspiré cet essai à Montaigne.
En effet, les idées qu'il exprime sur la décadence de
l'ordre de Saint-Michel et sur les causes de cette
décadence se retrouvent au cinquième livre de la
République, ch. n".
P. 63, 1. I. Ceux qui escrivent). Cf. Suétone, T/c
d'Auguste : « Dona uiilitaria aliquanto f;icilius, pha-
leras et torques quidquid auro argentoque constaret,
quam vallares ac murales coronas, quas honore pra;cel-
lerent, dahat : ad quam parcissime & sine ambitione. »
(XXV.)
p. 64, 1. 10. L'ordre Sainct Michel). Institué par
une ordonnance de Louis XI, le i'' août 1469.
Brantôme parle de son avilissement comme Montaigne
et cite de nombreux abus qui lui ont ôté toute sa
valeur sous Charles IX et Henri III (V, 91). On
trouve chez lui une dissertation qui rappelle tout à
fait cet essai et qui peut-être s'en inspire (VI, 466).
De Thou (Mil, Lxxiii) constate, lui aussi, la dépré-
ciation complète de l'Ordre. Sous Henri II, il avait
encore, semble-t-il, toute sa valeur. Montluc écrit,
en effet : « Monsieur de Guyse me dit que le roy
s'estoit résolu de me bailler le lendemain l'Ordre,
qui estoit en ce temps-là (1555) chose si digne et
si recherchée, que le plus grand prince de France ne
se feust tenu pour content s'il ne l'eust eu, et eust
mieux aymé que le roy ne luy fist jamais aucun
bien, parce que c'estoit une marque d'honneur qui
n'estoit pas profanée comme il est à présent. » (III.)
p. 65, 1. 4. Cui niahis). v Pour qui ne voit pas de
méchants comment des bons pourraient-ils exister? »
(Martial, XII, Lxxxii.)
P. 66, 1. 10. Ncque enini). « Car les talents du
soldat et ceux du général ne sont pas les mêmes. »
(Tite-Live, XX\', xix, qui écrit « tanquam eaidem
militares et imperatoriit artes essent ».)
P. 66, 1. 27. De ce nouvel ordre). L'Ordre du Saint-
Esprit, institué par Henri III à la fin de l'année 1578.
Les inquiétudes de Montaigne au sujet de cet ordre
nouveau étaient très fondées. Cf. Brantôme, Y, 90;
\l, 466.
P. 67, 1. 15. Etyiuologie de la force). Cf. I, xx,
p. ICI, 1. 9 et la note.
P. 68, 1. 3. Nous mettions à nonchaloir). La même
idée se retrouve dans le Cortegiano de Castiglione,
III, xxxvii.
Chroxologie : Tout l'essai semble suggéré par la
création de l'ordre du Saint-Esprit, destiné à remplacer
l'ordre de Saint-Michel qui était tombé dans un grand
discrédit. Les cérémonies instituant les chevaliers de
l'ordre nouveau sont du 31 décembre 1578 et des
i'^' et 2 janvier 1579. Cela semble indiquer que l'essai
n'est pas antérieur à 1579. D'ailleurs, plusieurs des
idées que Montaigne exprime ici avaient été émises par
Bodin dans sa Republique, et certainement Montaigne
se souvient de cet ouvrage qui avait paru en 1576.
Ce fait .suffirait à démontrer que l'essai est de la
dernière période, ainsi que les suivants.
Chapitre VIII.
DE L AFl-ECTIOX DES PERES A \' \ ENFAXS.
P. 69. Madame d'Estissac). Louise de la Bérau-
dière avait été la maîtresse de Bourbon et lui avait
donné un fils; elle avait épousé Louis de Madaiilan,
seigneur de Lesparre, baron d'Estissac, gouverneur
du pays d'Aunis et de La Rochelle, qui la laissa veuve
en 1565 ; au mois de janvier 1580, peu avant la publi-
cation des Essais, elle se remaria avec Robert de
Combaut, premier maître d'hôtel d'Henri III. Le fils
de Madame d'Estissac, Charles d'Estissac, accompagna
Montaigne en Italie.
P. 69, 1. II. C'est le seul livre). Cf. ce que Mon-
taigne dit ailleurs à ce sujet, dans l'essai II, vi, p. 59,
I. 5, également après 1588.
P. 71, 1. I. Ij)y vrayement naturcUc). Montaigne
niera l'existence de toute loi naturelle dans l'essai
II, XII, 336.
P. 71, 1. 5. L'affection que l'engendrant porte à son
engeance). Rapprocher des discussions à ce sujet dans
le traité de Plutarque intitulé : De l'amour et charité
naturelle des pères envers les enfans. (F° 100 v°.)
P. 71, 1. 10. Considération Aristotélique). Dans la
Morale à Nicomaque, IX, vu. Tout ce passage suit de
très près le texte d'Aristote; peut-être Montaigne
l'a-t-il connu par la traduction de Felicianus Ber-
nardus, mais cela est incertain.
P. 71, 1. 22. Connue les bestes). Remarquer que
Montaigne contredit la théorie qu'il développe lon-
guement sur l'intelligence animale dans tout le début
de l'essai II, xii.
P. 72, 1. 26. Quant à nioy, je treuve). Les mêmes
critiques sur l'avarice des pères, et les mêmes recom-
mandations d'admettre les enfants au partage des biens
paternels se retrouvent chez Gelli, Capri^i del Bottaio
(Discours \'II, à la fin), et surtout dans la Civil conver-
sation de Stefano Guazzo. Il est vrai que Gelli appuie
ces conseils sur des considérations d'ordre religieux
qui ne se retrouvent pas chez Montaigne : Gelli
estime que, s'ils se montrent généreux, les parents
se détacheront peu- à peu des biens terrestres et se
disposeront ainsi à se présenter devant leur juge
céleste.
P. 74, 1. 13. Sekvi Aristotc). Dans la Morale à
Nicomaque, l\ , m.
P. 74, 1. 27. El errât). « C'est se tromper fort,
à mon avis, que de croire que l'autorité s'établit
mieux par la violence que par l'affection. » (Térence,
Adelphcs, I, 1, 40.) Montaigne écrit «esse gravlus»;
son édition porte « gravius esse».
P. 75, 1. I. J'accuse toute violence). Voir les mêmes
idées dans Fessai I, xxvi, p. 214, 1. 16.
P. 75, 1. 20. Souhaiter nostre mort). Plutarque,
dans le traité De l'avarice, VII, f° 100 r", avait déve-
loppé cette idée que l'avarice des pères les fait détester
par leurs enfants. Guazzo, dans la Civil Conversation,
parle, lui aussi, des enfants qui souhaitent la mort de
leurs parents pour le même motif.
P. 75, 1. 21. Nulhtni scelus). «Nul crime n'est
fondé en raison. » (Tite-Live, XXVIII, xxviii.)
P. 75, 1. 23. Pas marier si jeunes). Sur l'âge auquel
on doit se marier, on lisait au temps de Montaigne
le célèbre De re uxoria de Francesco Barbaro; Aristote
avait longuement traité la question dans les Politiques,
IV, xiv et XV, et V. Dans le Cortegiano, IV, xxx,
Castigiione ne détermine aucun âge, mais il recom-
mande que les enfants ne soient pas « troppo vicini
ne troppo loniani alla eta paterna ».
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 76, 1, 1. Trenlf trois). Le 23 septembre 1565.
Le contrat de mariage de Montaigne, daté du 22 sep-
tembre 1565, a été publié dans les Archives historiques
de la Gironde, t. X, pp. 163, 167 et 171.
P. 76, L 2. Esired'Aristolc). Aristote, Polilie., MI,
\vi, dit trente-sept et non trente-cinq.
P. 76, 1. 2. Platon). Dans la République : « Vir
postquam acutissimum sui cursus vigorem transierit,
annos scilicet triginta, inde usque ad annos quinque
& quinquaginta procreet. Si igitur senior istis, sive
junior, generationem in communi attigerit, propha-
num & iniquum scelus hoc esse censebimus, quasi
fœtus is in civitate feratur, qui si latuerit, orietur
non sub sacrificiis quidem & votis, qua; singulis in
nuptiis peragent sacerdotes onuies tam viri quam
mulieres, & civitas universa, precantes ut ex bonis
meliores, ex utilibus utiliores, nascantur : imô vero
sub tenebris ex acri quadam incontinentia. » (W
pp. 460 et 461; éd. de 1546, p. 591.)
P. 76, I. 5. Thaïes). Cf. Diogène Laerce, J"ie de
Tlmlès : «Urgenti matri, ut se matrimonii vinculis
astringeret, adhuc intempestivum esse dixit. Ingra-
vescente jam a.-tate cùm sibi acrius insisteret, jam,
inquit, intempestivum est. » (I, xwi, 28.) Cf. aussi
Plutarque, Propos de table : « Le sage Thaïes estant
importuné par sa mère, qui le pressoit de se marier,
.s'en deffit dextrement, et la trompa, en luy disant
à sa première semonce, Il n'est pas encore temps,
ma merc : puis quand il eut passé la fleur de son
aage, comme elle luy en feist encore instance, Il n'est
plus temps, dit-il, ma mère. » (III, vi, f° 384 v".)
P. 76, 1. 9. Les anciens Gaulois). Cf. César, De hello
i^allico : « Qui diutissime impubères permanserunt,
maximam inter suos ferunt laudem : hoc ali statu-
rani, ali lioc vires, nervosque confirmari putant : intra
annuni vero vigesimum femina; notitiam habuisse, in
turpissimis habent rébus. » (VI, xxi.) Toutefois Cé.sar
parle ainsi non des Gaulois, mais des Germains.
P. 76, 1. 14. Ma hm-). «Mais alors, uni à une
jeune épouse, joyeux d'avoir des enfants, il avait
amolli son courage dans les affections de père et de
mari. » (Torquato Tasso, Jérusalem délivrée, x, 39.)
P. 76, 1. 17. L'histoire (grecque). Cf. Platon, Lois :
« Num igitur de Tarentino Icco non audivimus : qui
propter olympica aliaque certamina, aniflcioso circa
ha;c studio temperantiam simul & fortitudinem
animi consecutus, nullam unquam in toto exercita-
tionis sua; tempore venerem cognovit? Idem quoque
de Chrysone, Astylo, ik. Diopompo aliisque quam
plurimis fertur. » (viu, p. 840; éd. de 1546, p. 846.)
P. 76, 1. 21. Mnleasses). Cf. Paul Jove, Histoire
de son temps : « In Mahometem patrem palam inve-
hebatur, tanquam muliebrosum ac effœminatum, qui
exhausto a;rario ingentes fecisset sumptus, ut ducent:t
simul ad libidinem fœminœ regiis in hortis alerentur,
e quibus tôt suscepisset liberos... » (XXXIII, f" 140.)
P. 76, L 24. En certaine contrée). Cf. Lopez de
Gomara : Histoire t^énérale des Indes : « Ils ne se
marient point qu'ils n'aient quarante ans, encore que
les filles des l'aage de dix ou douze ans soient ja
faites femmes. » (II, xii, f° 63 r".)
P. 77, 1. 18. Charles cinquiesnie). Les moralistes
du xvf-' siècle ont beaucoup loué la retraite de
Charles V. Guazzo (C/î'/Z conversation) la rappelle dans
une dissertation sur le même sujet que Montaigne.
Lui aussi estime que c'est une des plus glorieuses
actions de cet empereur. Il rapproche l'exemple de
Ptolémée auquel Montaigne fait peut-être allusion,
ainsi qu'à Diocléticn, dans l'addition de 1595.
P. 77, 1. 26. Solve senescentem). « .\ie la sagesse de
lâcher à temps la bride à ton cheval vieilli, si tu ne
veux pas que, objet de risée, il culbute autour de la
carrière et devienne poussif.» (Horace, Épîtres, 1, 1, 8.)
P. 77, 1. 30. Si l'anie). Rapprocher essai I, i.vu,
p. 423, 1. 2, et la note.
P. 79, I. 14. Un Doyen de S. Hihiire). Il s'agit de
Jean d'Estissac, qui fut doyen de Saint-Hilaire du
27 juin 1542 au 15 décembre 1576, date de sa mort.
P. 80, 1. 12. (Jnand je ponrroy). Allusion à un
mot célèbre qui se trouve chez Suétone : « Oderint
dum metuant. » Machiawl l'avait rendu fameux au
xv!"^ siècle par son Prince (cf. chap. x^ 11), et Gentillet
dans ses Discours sur les moyens de bien gouverner, avait
répliqué à Machiavel protestant contre sa maxime
«Mieux vaut être craint qu'aimé». ( III, ix.)
P. 81, I. 8. nie soins). «Lui seul ignore tout. «
(Térence, Adelphes, IV, ri, 9.) Le texte est : « is
soins... »
I.IVRK II, ClIAPITRK VIII.
199
P. 82, 1. 19. Le viens Caton). Cf. Séncque, Épilies :
« Proverbium jactatur : totidem esse hostes, quot
serves. » (Ép. 47.) Erasme, Adages, II, m, 31; mais
le nom de Caton ne se trouve ni chez Érasme ni
chez Sénèque.
P. 84, 1. 3. Monsieur le Mareschal de Moulue). Ce
passage nous enseigne que Montaigne a été en rela-
tion avec Montluc. Il retrouvera plus tard en Italie
son petit-fils, précisément le fils de « celuy de ses
enfans qui niourut en l'isle de Madères», Pierre
Bertrand surnommé le capitaine Perot, mort en 1566.
(Cf. Journal de voyage, p. 182.) Un beau-frère de
Montaigne, M. de la Chassaigne, seigneur de Pressac,
écrit dans son Cleaiidre : « Il me souvient d'avoir
ouv dire à feu Monsieur le mareschal de Monluc... »
(Éd. de 1586, f" 215 V".)
P. 85, 1. 2. A ce que dit drsar). Dans le De hello
gallico : « Liberos, nisi quum adoleverint, ut munus
militix' sustinere possint, palam ad se adiré non
patiuntur; filiumque puerili xtate in publico, in
conspectu patris, assistere, turpe ducunt. » (\ I,
XVIII.)
P. 87, 1. 10. Veines eoujecinres). Déjà au début de
l'essai I, xxvi, Montaigne a déclaré qu'il attache peu
de prix aux présages qu'on peut tirer des actions des
enfants, que « la montre de leurs inclinations est si
tendre en ce bas aage et si obscure, les promesses si
incertaines & fauces qu'il est mal-aisé d'y establir
aucun solide iugement». (P. 192, 1. 18.)
P. 87, 1. 12. Le pins lonrd). Montaigne a longue-
ment insisté sur la paresse de son esprit à la fin de
l'essai I, xxvi.
P. 87, 1. 20. Grands eslinuitnrs de la béante).
Xow à ce sujet II, x\ii, pp. 418 et suivantes.
P. 88, 1. I. Le plesant dialogue). Cf. Platon, Lois :
« Grave est nimium, ô dii, si mea mihi non licebit
cuicunque volo relinquere : & aliis plura, aliis pau-
ciora, prout erga me boni malive liquido inventi sunt,
tum in morbo, tum in senio, lum in, aliis fortunis
meis sufficienter comprobati... O amici, dicemus, ac
brevi proculdubio morituri, difficile vobis est res
vestras atque etiam vosipsos secundum Delphicum
epigramma cognoscere. Ego qui leges condo, nec
vos vestros esse arbitror : nec rem familiarem hanc
omnem esse vestram : sed totius vestri generis pnt-
terite atque futuri : multôque magis universx' civitatis
& genus omne & divitias esse. Hxc cum ita sint, si
quis assentatiunculis in morbo & senio vos aggressus,
pneter honestum, testamentum condere persuaserit,
nunquam id fieri sponte concedam : sed quod civitati
universx- générique conférât considerans, ita leges
conscribam, ut singulorum commoda minoris quam
cunctorum, ut par est, œstimem. ^'os igitur mites
atque benevoli nobis ite modo, quô natura; humanœ
vos nécessitas vocat. Nobis autem reliqua vestra cura?
erunt, qui non aliis magis quam aliis rébus .stude-
mus : sed omnium a;que pro viribus curam gerimus.»
(Pp. 922 et 923; éd. de 1546, p. 886.)
P. 88, 1. 27. Cette loy que nul ne vcit ouqiies). L;i
loi salique. On trouvera un éloquent commentaire
de ces idées chez -Jean Bodin, Répnhliquej W, v.
Bodin appuie surtout son apologie de la loi salique
sur des raisons de fiiit, sur les désastreuses consé-
quences de la « gvnécocratie » comme il dit, mais il
ne manque pas aussi de la justifier par l'incapacité
des femmes à gouverner; il déclare qu'il est contraire
à la loi de nature de leur confier l'autorité, que la
nature leur refuse tous les offices. Il passe en revue
les malheurs qu'ont eu à subir tous les royaumes
qui sont « tombés en quenouille », et conclut que
si la lignée mâle vient à manquer il vaut mieux
encore recourir à l'élection, quels que soient ses
inconvénients, que d'admettre la succession par les
femmes. Rappelons que, à l'époque où cet essai
semble avoir été écrit, il n'était pas indifférent de se
prononcer pour ou contre la loi salique. Il était
désormais connu que, suivant toute vraisemblance,
Henri III n'aurait point d'enfants. Proclamer la loi
salique intangible, c'était accepter en principe la suc-
cession du protestant Henri de Navarre; la combattre,
c'était se déclarer en faveur de la famille de Lorraine.
Quelques années plus tard un grand débat juridique
devait éclater au sujet de la loi salique, juridique en
apparence, tout politique et de circonstance en réalité.
Si Montaigne prend parti pour la loi salique, il a au
moins la sagesse de reconnaitre que ce n'est pas parce
que historiquement c'est une loi incontestable, mais
simplement parce qu'elle lui paraît raisonnable. Des
ESSAIS DE MONTAIGXE.
auteurs comme Nicolas \'ignier (1579) ou Pierre
du Belloy dans son Examen du discours contre la loi
salique (151S7), prétendront prouver que c'est une loi
juridiquement inattaquable.
P. 90, 1. 9. Les hestes). Montaigne pourniit bien
avoir présent à l'esprit un traité de Plutarque intitulé :
De l'amour et charité naturelle des pères & mères envers
leurs enfans. Plutarque y combat l'opinion commune
que chez les animaux l'affection paternelle et mater-
nelle est plus développée que chez les hommes.
P. 90, 1. 1 1. Ce que recite Hérodote). « Hz se meslent
indifféremment avec les femmes comme bestes brutes :
& quand l'enfant a acquis quelque force de marcher,
ilz s'assemblent tous, ce qui leur est coustumier de
trois en trois mois, & celuy auquel s'adresse l'enfant,
est estimé son père. » (IV, 180; t. I, f° 307 r''.)
P. 91, 1. I. Platon). Dans le Phèdre : « Quid vero si
orator quispiam, aut rex eam nactus sit tacultatem,
ut quemadmodum Lycurgus, aut solo, aut Darius
immortalis in civitate scriptor haberi possit, equalem
se deo adhuc viventem existimat? & posteri moni-
menta ejus considérantes, de illo similiter judicant ? »
(P. 258; éd. de 1546, p. 456.) Je n'ai trouvé aucune
édition du XYi"" siècle qui comme le texte de Mon-
taigne présente «Minos», au lieu de «Darius».
P. 91, 1. 6. Heliodoriis). Cf. Nicéphore Calliste,
Histoire ecclésiastique, XII, xxxn; et aussi Amyot,
Épitre dédicatoire, en tête de la troisième édition de
sa traduction de Y Histoire éthiopique (i ^^^'). Montaigne
dit qu'Héliodorc était évèque de Tricea. Si la lecture
« Tricea » est exacte (et elle nous est garantie à la fois
par les premiers éditeurs, par Naigeon, par M. Courbet
et par M. Strowski), la .source de Montaigne ne doit
pas être Amyot, car Amyot dit « Tricea » ; le fait
vient plus probablement de la traduction française
de Nicéphore Calli.ste qui dit « evesque de Trice »
ou plutôt encore de la traduction latine du même
auteur, dans laquelle on lit « Tricensis episcopus».
P. 91, 1. 7. Sa fille). Son Histoire cthiopique. Un
synode le condamna, dit la tradition rapportée par
Nicéphore Calliste, à brûler son roman ou à renoncer
à son évêché. Il choisit le second parti.
P. 91, 1. II. 11 V eut un Labienus). Cf. Scnèque le
rhéteur, Conlroirr.H'S.
P. 92, 1. 13, Greuntius Cordus). C{.Ta.dte, Annales,
IV, XXXIV. Il faut lire « Cremutius Cordus».
P. 92, 1. 18. Le bon Lucanus). Id., ibid., XV, lxx;
mais Montaigne qui ne semble pas avoir étudié les
Annales avant 1580, a probablement pris ce fait dans
la Vie de Lucain écrite par Petrus Crinitus, vie qui
se trouvait sans doute en tête de son édition de la
Pharsale.
P. 93, 1. I. Ou'Epicurus). Cf. Cicéron, De finibus,
II, XXXV, et aussi Diogène Laërce, X, xxii. Montaigne
fait allusion à la mort d'Epicure dans l'essai II, xvi.
P. 93, 1. 12. Au cas qu'il en eut). Saint Augustin,
comme on le \'oit dans ses Confessions, a eu des
enfants; mais on ne voit pas que Montaigne ait
étudié les Confessions auxquelles il ne fiiit aucun
emprunt.
P. 93, 1. 2é. Selon Aristote). Dans la Morale à
Nicomaque, IX, vu, passage auquel Montaigne a déjà
fait un emprunt ci-dessus, p. 71, 1. 10.
P. 94, 1. I. Epaminondas). Il s'agit des deux victoires
de Leuctres et de Mantinée. Ce mot d'Epaminondas
est rapporté par Diodore de Sicile, XV, xxiii, f° 214 r°.
Cornélius Nepos, Vie d'Epaminondas, ne parle que
d'une fille.
P. 94, 1. 19. Tentatum nioUescit). «Il touche l'ivoire
qui, oubliant sa dureté, cède et s'amollit .sous ses
doigts. » (Ovide, Métam., X, 283.)
Chronologie : Cet essai est certainement de la
dernière période (15 78-1 580). En effet : 1° Dans la
lettre à Madame d'Estissac qui sert d'introduction,
Montaigne déclare qu'il y a « quelques années » qu'il
s'est jeté «dans la solitude». Il fait certainement allu-
sion à sa retraite de 1571; 2° Montaigne écrit : «Je vy,
il y a quelques années, un Doyen de saint Hylaire de
Poitiers, rendu à une telle solitude, par l'inconunodité
de sa santé, que lorsque j'entray en sa chambre, il y
avoit vint deus ans qu'il n'en estoit sorty un seul pas,
et si avoit toutes ses actions libres et ay.sees, sauf un
reume qui luy tomboit sur l'estomac. A peine une
fois la sepmaine vouloit il permettre que nul entrât
pour le voir;... obstiné au dcmourant de mourir en
cette démarche, ce qu'il fit bien tost après. » J'e.stime
que, sans hésitation, il faut reconnaître dans le doyen
LIVRK II, CHAPITRE VIIl.
de Saint-Hilaire, dont parle ici Montaigne, Jean
d'Estissac, reçu doyen le 27 juin 1542, qui mourut
le 16 décembre 1576. Montaigne le vit peut-être
lorsque vers le mois d'avril 1574, il se rendit en
Poitou, près du duc de Montpensier, peut-être ulté-
rieurement à cette date. En tout cas, au moment où
il écrit, ce singulier personnage est mort; c'est dire
qu'il écrit après le lé décembre 1576; 3" Il écrit
même après le mois de juillet 1577, car il parle de
«feu» monsieur le mareschal de Monluc. Or, Montluc
mourut en juillet 1577; 4° On trouve dans cet essai
deux emprunts à César, qui prouvent que Montaigne
a lu les Commentaires de la guerre des Gaules : A) « Les
anciens Gaulois estimoint a extrême reproche d'avoir
eu acointance de femme avant l'aage de vint ans...»
(p. 76, 1. 9). B) « Entre autres coustumes particulières
qu'avoient nos anciens Gaulois, à ce que dit Cxsar,
cète-c}' en estoit, que les enfans ne se presentoint aus
pères, ny s'osoint trouver en public en leur compagnie,
que lorsqu'ils commençoint à porter les armes... »
(p. 85, 1. 2). On pourrait adresser des objections à
quelques-uns de ces arguments, celle-ci par exemple :
que la préface a pu être écrite très postérieurement
au reste de l'essai, et que, par conséquent, le témoi-
gnage de Montaigne que nous y prenons n'est pas
péremptoire. Mais l'ensemble de ces cinq faits me
paraît décisif. J'en conclus que l'essai a été composé
au plus tôt en 1578 (date de la lecture de César par
Montaigne).
Chapitre IX.
DES ARMES DKS PARTHES.
P. 95, I. 12. Leurs armes). Il est constant qu'au
x\"i' .siècle les armures étaient extrêmement pesantes,
et toutes les histoires du vêtement en France four-
nissent d'abondantes informations à ce sujet. « Les
gentilshommes, dit Quicherat, étaient chevau-légers
ou gendarmes, de sorte que c'étaient ceux que leur
éducation avait le plus disposés à la mollesse qui
avaient à porter les armures les plus lourdes. Ils en
étaient accablés, d'autant plus que le poids des morions
et des cuirasses avait dépassé toute mesure. Il fallait
les faire à l'épreuve, non plus .seulement de l'arque-
buse, mais du mousquet. Deux ou trois épaisseurs
de métal suffisaient à peine. Un harnais du duc de
Guise le Balafré, qu'on voit au Musée d'artillerie, se
compose seulement d'un morion et d'une cuirasse à
demi-brassards et tassettes : il pèse trente-deux kilo-
grammes. Les plus aguerris ne se mettaient là-dessous
qu'à leur corps défendant. » (Quicherat, Histoire du
CostiiDic en France, 1875, p. 428.)
P. 95, 1. 13. Intokrantissiina). «Incapables de
souffrir la fatigue, ils avaient peine à porter leurs
armes. » (Tite-Live, XXVII, xlviii.) Le texte est
conforme à celui de l'édition de 1568. La première
partie de la citation se retrouve dans le même Tite-
Live, X, xxviii.
P. 95, 1. 17. Tegmina). « Qui ont, pour se couvrir
la tête, des casques de liège. ■> (\'irgile, Enéide, VII,
742-)
F. 96, 1. I. Alexandre). Cf. Quinte-Curcc, IX, vi,
et IV, Xlll.
P. 96,1. 13. Taciliis pcint).Dans\es Annales : «Quibus
more gentico continuum ferri tegimen (cruppellarios
\ocant) inferendis ictibus inhabiles, accipiendis impe-
netrabiles... Jacentes nullo ad resurgendum nlsu,
quasi exanimes linquebantur. » (III, xliii et xl\ i,
pp. 98 et 99.)
P. 96, 1. 15. Lnciilhis). Cf. Plutarque, Fie de
LncuIIus : « Il y envoya quelque nombre de gens de
cheval... & leur commanda qu'ilz les allassent charger
par les flancs pour les troubler, &: qu'ilz essayassent
à trencher leurs lances avec leurs espees, pource que
tout l'effort de ces hommes d'armes consiste en leur
lance, & ne peuvent faire autre chose, ny pour eulx,
ny contre leurs ennemis, tant ilz sont pesamment
& malaiseement armez, de sorte qu'il semble qu'ilz
soient emmurez dedans leur harnois, comme dedans
une prison de fer. » (xiii, f° 358 r''.)
P. 96, 1. 24. Du /une Scipion). Id., Les dicts notables
des anciens Roys, Princes & grands Capitaines : « Poly-
bius luy con.seilloit de faire jetter dedans la mer qui
est entre deux, laquelle n'est pas fort creuse, des
chausses-trappes, ou bien des aix percez de pointes
de doux, de peur que les ennemis passans ce bras
de mer ne vinssent en sursault assaillir leurs remparts.
Il luy respondit que c'estoit une mocquerie, veu
qu'ils avoient desia guaigné les murailles, & qu'ils
estoient dedans la ville de leurs ennemis, chercher
les moiens de ne combattre point contre eulx. »
(F" 204 \ '.) Le souvenir de Montaigne n'est pas très
fidèle. Cf aussi Valère Maxime, III, vu, 2 : « Non
esse ejusdeni & capere aliquos & tiniere. »
P. 97, 1. 6. // dict aussi). Id., ibid. : «Un autre
luy mon.stroit sa rondelle fort bien et richement
ornée, auquel il respondit, Voylà une belle rondelle.
LIVRE II, CHAPITRE IX.
mon amy, mais il faut que un soudard Romain
mette plus son espérance en sa main droitte, que
non pas en sa gauche. » (F° 205 v°.)
P. 97, 1. II. L'hiishergo). «Deux des guerriers que
je chante ici avaient la cuirasse sur le dos et le casque
en tête; ni jour, ni nuit, depuis qu'ils étaient entrés
dans ce château, ils n'avaient quitté cette armure
qu'ils portaient aussi aisément que leurs habits tant
ils en avaient l'habitude. » (Arioste, Orlnndo fnrioso,
XII, 30.)
P. 97, 1. 17. L\'iiipcnir CaracaJla). Ct. Xiphilin,
Vie de Caracalla.
P. 97, 1. 19. Les piétons Roiiiains). Cf. Cicéron,
Tusculaiics : « Qui labor, quantus agminis ferre plus
dimidiati mensis cibaria, ferre si quid ad usum velint,
ferre vallum : nam scutum, gladium, galeam in onere
nostri milites non plus numerant, quam humeros,
lacertos, manus. Arma enim membra militis esse
dicunt. » (II, XVI, t. IV, p. 133.) Montaigne prend
sans doute ce pa.ssage dans quelque auteur de seconde
main qui lui dicte les derniers mots « jusques à
soixante livres de poix».
P. 97, 1. 22. Anna). Id., ibid. : «Car ils disent
que les armes du soldat sont ses membres. »
P. 98, 1. 5. Le jeune Scipion). Cf. Plutarque, Les
dicts notables des anciens Ro\s, Princes & grands Capi-
taines : « Il ordonna aussi que Ion disnast tout debout
sans manger viande chaulde, mais que pour soupper,
on s'asseist qui voudroit, sans y manger autre chose
que du pain avec quelque potage lié, &: un simple
mets de chair boulie ou rostie. » (F° 205 r°.)
P. 98, 1. II. Ils avaient). Cf. Ammien Marcellin :
« Undique laminis ferreis, in modum tenuis plumœ,
contecti, tidentesque quod tela rigentis ferri lapsibus
impacta resiliebant. » (XXIV, vu.)
P. 98, 1. 15. Ils avaient, dict-il). Id. : « Etant omnes
Catervae ferratïe, ita per singula membra densis laminis
tecta;, ut junctura; rigentes compagibus artuum conve-
nirent : humanorumque vultuum simulacra ita capi-
tibus diligenter aptata, ut imbracteatis corporibus
solidis ibi tantùm incidentia tela possint ha^rere quà
per cavernas minutas & orbibus oculorum affixas
parciùs visitur, vel per supremitates narium angusti
spiritus emittuntur. » (XXV, i.)
P. 99, 1. I. Flexilis). «Le métal flexible semble
recevoir la vie des membres qu'il recouvre. Spectacle
efi'royable : on dirait des statues de fer qui marchent,
le métal semble incorporé avec le guerrier qui le
porte. Les chevaux sont vêtus de même : leur front
menaçant est bardé de fer; sous le fer, leurs flancs
sont à l'abri des blessures.» (Claudien, /;/ Ruffinum, II,
358.) Les éditions de Claudien publiées au xvi^ siècle
présentent en général exactement le texte que nous
trouvons ici chez Montaigne; seulement on y lit
habituellement « hamatur » au lieu de «animatur».
La leçon « animatur » est présentée par plusieurs
dans la marge comme une variante : cf. Bàle, 1534;
Anvers, 1571.
P. 99, 1. 8. Plutarque dit). Dans la Vie de Deinetrius :
« En cestt* guerre lui furent apportées deux cuyrasses
de fer du poids de quarante livres chascune... Deme-
trius porta celle là, & Alcimus l'autre, homme natif
du païs d'Albanie, le plus robuste & le meilleur
combattant qu'il eust en son ost, & qui seul portoit
son harnois complet du poids de six vingts livres, là
où tous les autres ne le portoient que de soixante
seulement. » (vi, f" 617 v'\)
Chroxologie : Cet essai est postérieur à l'essai I,
XLViii. Montaigne écrit en effet dans le texte de 1580 :
«J'ay voulu retirer ce passage de son autheur, ayant
pris autrefois la peine de dire bien amplement ce que
je savo5^s sur la comparaison de nos armes aux armes
Romaines. » Nous avons vu qu'au moment où il écri-
vait l'essai I, xlviii, Montaigne se disposait seulement
à foire cette comparaison; il l'a écrite depuis et elle
lui a été dérobée. Si l'essai perdu a probablement
été composé peu de temps après l'essai I, xlviii, en
revanche le mot « autrefois » nous invite à croire
qu'il l'a été passablement avant l'essai II, ix. Il me
semble probable, en conséquence, que cet essai est
contemporain de ceux qui l'entourent, c'est-à-dire
qu'il appartient au groupe de 1578, et que, peut-être
même, il est parmi les derniers essais composés. Une
autre considération vient appuyer cette hypothèse.
Le chapitre est certainement suggéré par un passage
d'Ammien Marcellin : « ^L^rcellinus... remerque
curieusement la façon que les Parthes avoint de
204
ESSAIS DE MOXTAIGKE.
s'armer, et la remarque d'autant qu'elle estoit esloignée
de la Romaine. Or parce qu'elle me semble fort bien
aprochante de la nostre, j'ay voulu retirer ce passage
de son autheur... » Et Montaigne cite le morceau
d'Ammien qui sans doute vient de lui inspirer des
réflexions sur l'armement des Français du xvi' siècle.
Or, Ammien Marcellin fournit toute la substance
de l'essai De la liberté de conscience (II, xix), et des
emprunts à cet auteur se rencontrent dans les essais
II, XVII, et II, XXXII. Ces trois essais II, xvii, II, xix.
et II, xxxu, semblent être des environs de 1578.
Certainement donc une lecture d'Ammien Marcellin
par Montaigne se place aux environs de 1578. Même
si l'on admet, ce qui est très douteux, que Montaigne
a étudié cet auteur à d'autres époques entre 1570
et 1580, les arguments précédents rendent légitime
la supposition que c'est lors de sa lecture de 1578
qu'il a transcrit le morceau sur les armes des Parthes,
et composé l'essai II„ ix.
Chapitre X.
DES LIVKHS.
P. 100, texte de 1588 : Excutieiuia). Cette citation
se retrouve dans l'essai III, ix.
P. 100, 1. 10. Mais moy). On trouvera des décla-
rations analogues, qui datent probablement de la
même époque, au début de l'essai I, xxvi.
P. loi, 1. 3. En ce giie j'emprunte). Sur les emprunts
de Montaigne, voir les déclarations qu'il a faites au
début de l'essai I, xxvi, et dans l'essai III, xii.
P. 102, 1. 16. Tesnioignages de jugement). Rappro-
cher I, L, p. 386, 1. 5.
P. 102, 1. 17. Sergent de bande). Image peut-être
prise à du Bellay, Deffence et illustration, II, 11, édi-
tion Chamard, p. 186.
P. 103, 1. 7. Has meus). «Voilà le but vers lequel
mon cheval doit courir à toute bride. » (Properce,
IV, I, 70.)
P. 103, 1. 8. Mes ongles). Rapprocher pour l'idée
et pour l'expression, I, xxvi, p. 187, 1. 12.
P. 103, 1. 24. Le Decameron). Sur l'usage que
Montaigne semble en avoir fait, cf. mon ouvrage
sur Les sources et l'â'olution des Essais, t. I, p. 80.
En 1580, il déclare qu'il reconnaît des sujets de
contes de Boccace dans les comédies italiennes qu'il
lit (t. II, p. loé, 1. 7). En 1588 il fait une allusion
directe à un conte du Décanuron, II, xii, p. 145.
P. 103, 1. 24. Rabelays). Sur l'usage que Montaigne
en a fait dans les Essais, cf. le même ouvrage, t. I,
p. 204. A toutes les époques il semble emprunter
quelques tours de style à Rabelais.
P. 103, 1. 24. Jean second). De son véritable nom
Everaerts, de La Haye (1511-1536). Il fut élève
d'Alciat, à Bourges. En 1535 il suivit Charles-Quint
dans l'expédition de Tunis, où sa santé s'altéra pro-
fondément. Il est surtout célèbre pour ses dix-neuf
Basia dans le goût de Catulle, mais il a laissé en
outre trois livres d'élégies, des épigrammes, des odes,
des épîtres, etc. Ses œuvres ont été publiées pour
la première fois en 1541. On peut consulter la réim-
pression qu'en a donnée Boscha en 1821.
P. 103, l. 25. Sous ce filtre). Sous le titre de
«modernes», puisqu'ils sont écrits en latin, et n'ont
pas été traduits. Je ne pense pas qu'il faille entendre :
sous le titre de «plaisants».
P. 103, 1. 25. Aux Amadis). Montaigne l'a déjà
dit dans l'essai I, xxvi, p. 228, l. 2.
P. 104, 1. 10. De l'Axioche). Il faut remarquer que
dans la traduction de Platon publiée par Henri
Hstienne en 1578, l'Axioche est placé parmi les
dialogues apocryphes.
P. 104, 1. 20. Fables d'Esope). Rapprocher II,
xxxvii, p. 590.
P. 105, 1. 3. En la poésie). Il faut rapprocher de
ces jugements ce que Montaigne écrira après 1588
à la fin de l'essai I, xxxvii. Pour Horace et Lucrèce,
voir aussi l'essai III, v.
P. 105, 1. 12. Quant au bon Terence). Rapprocher
ce qui a été dit de Térence dans l'essai I, xl.
P. 105, 1. 24. O secluni). «O siècle grossier et
sans goût! » (Catulle, XLIII, viii.)
P. 106, 1. I. Terence). Rapprocher de ce jugement
ce que Montaigne a déjà dit de lui dans l'essai I, xl.
P. loé, 1. I. Le père de l'eloquance). Cicéron fait en
effet de nombreuses citations de Térence dans ses
œuvres.
2o6
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. io6, I. 2. Le premier juge des ptvtes Roineins).
HoiMce dans VArt poétique :
» At vestri projvi Plautinos et numéros, et
I) Laudavere sales, niinium patienter utrumque,
» \e dicani stulte, mirati. »
Coste remarque justement que Térence tombe
dans une ceitaine mesure sous le coup de l'accusa-
tion que Montaigne va porter contre les comiques
italiens : lui aussi a parfois besoin de plusieurs pièces
grecques pour en bâtir une.
P. io6, 1. i6. Ligiiidiis). « Son style coule comme
une rivière limpide et pure. » (Horace, Épitrcs, II,
II, 120.)
P. 107, 1. 10. Minus illi). « Il n'avait pas de grands
efforts à faire; le sujet lui tenait lieu d'esprit.»
(Martial, préface du livre MIL)
P. 108, i. 4. Du Furieux). VOrlando furioso, de
l'Arioste.
P. 108, 1. 10. Excursusqtie). «Les courses qu'il
tente sont courtes. » (Virgile, Géorg., IV, 194.)
P. 108, 1. 15. Plutarque... & Sencque). Sur l'usage
que Montaigne a fait de leurs œuvres dans les Essais,
cf. mon livre swi' Les sources et l'évolution des Essais,
t. II, pp. 198 et 214. On }• constatera qu'avant 1580
il a fait plus de deux cents emprunts à Plutarque,
et que plusieurs des chapitres du début sont en partie
tissus de sentences traduites de Sénèque et inspirés
des Épitrcs à Lucilius. Montaigne ajoute qu'il se sert
de Plutarque « depuis qu'il est françois ». C'est une
allusion aux traductions d'Amyot dont il a fliit un
si grand éloge au début de l'essai II, iv. La traduction
des Fies a paru en 1559, celle des Œuvres morales en
1572. Pour Sénèque et Plutarque, voir en particulier
l'essai I, xxvi, pp. 188 et 203, et surtout l'essai II,
XXXII.
p. 108, i. 20. La plus belle partie). C'est en effet
aux Épîtres que Montaigne a emprunté à peu près
tout ce qu'il doit à Sénèque.
P. 109, 1. 4. Cresmc de la philosophie) . Souvenir de
Rabelais qui avait intitulé un opuscule « La chresme
philosophak des que.<:tions encyclopédiques de Pantagruel ».
P. 109, 1. 15. // condamne la cause). Par exemple
dans le De hencficiis, II, xx.
P. 109, 1. 27. Une heure à le lire). Rapprocher
ce que .Montaigne dit à la fin de l'essai III, viii.
P. iio, 1. i. Beaucoup pour nioy). Plus tard, après
1380, dans l'édition de 1588 Montaigne nous dira
qu'il }' a plus dé vingt ans qu'il n'a mis en livres
une heure de suite (III, viii). Il est probable qu'après
1 588 il lira davantage : au moins le grand nombre des
emprunts qu'il fera alors nous invite à le supposer.
P. 110, 1. 28. Treinans les dialogismes de Platon).
Il faut remarquer que c'est surtout à l'époque où il
écrit cette phrase, après 1588, que Montaigne a étudié
Platon et lui a fait de nombreux emprunts.
P. III, 1. 7. Lxs deux premiers, & Pline). Les deux
premiers sont Plutarque et Sénèque. Quant à Pline,
pour savoir tout le cas que Montaigne fait de lui, il
faut relire l'essai I, xxvii.
P. m, 1. II. Les Epitres). Montaigne les a jugées
sévèrement dans l'essai I, xxxix, et dans l'essai I, xl.
P. m, 1. 14. J'ay dit ailleurs). C'est dans l'essai
II, XXXI, que Montaigne a exprimé nettement et lon-
guement cette idée.
P. 112, 1. II. Le jeune Ciccro). Cf. Sénèque, Sua-
soriie : « Erat... Cœstius nullius quidem ingenii,
Ciceroni etiam infestus, quod illi non iuipune cessit :
nam cum M. Tull. filius Ciceronis Asiam obtineret,
homo qui nihil ex paterno ingenio liahuit praster
urbanitatem cœnabat apud eum Cœstius. M. Tullio
& natura memoriam dempserat & ebrietas, si quid
ex ea supererat, subducebat, subinde interrogabat, quis
ille vocaretur qui in imo recumberet : & cum srepe
.subjectum nomen Cœstii excidisset, novissime servus
ut aliqua nota memoriaui ejus faceret certiorem,
interroganti domino quis ille esset qui in imo recum-
beret, ait : Hic est Cœstius, qui patrem tuum negabat
literas scisse. Afferri protinus flagra jussit, & Ciceroni
ut oportuit de corio Cœstii satisfecit. » (viii, p. 706.)
P. 1 1 3, 1. I . Fractam). Cf. Tacite, Dialogue des ora-
teurs, XVIII. Montaigne a traduit ces mots avant de
les citer.
P. 113, 1. 4. Esse videatur). Id., ihid., xxiii.
P. 113, 1. 8. Ego...). «Pour moi, j'aimerais mieux
être vieux moins longtemps que d'être vieux avant
que de l'être. » (Cicéron, De senectute, x.)
P. 113, 1. II. Quant & quant l'home). Bodin dans
LIVRI-, II, CHATITRK X.
207
sa Méthode de l'hisloire, insiste très particulièrement
sur l'utilité morale qu'on retire de la lecture des
histoires. On peut voir spécialement son Pioœmium.
P. 113, 1. 14. Ceux qui cscrivent les vies). Cf Amyot,
Avis an lecteur, en tête de sa traduction des Fies de
Plutarqm : « L'une (l'histoire) regarde plus les choses,
l'autre (la biographie) les personnes; l'une est plus
publique, l'autre plus domestique; l'une concerne
plus ce qui est au dehors de l'homme, l'autre ce qui
procède du dedans; l'une les événements et l'autre les
conseils. » Jean Bodin insiste, lui aussi, sur l'utilité
toute particulière des biographies ÇMelhodiis ad faci-
leiii historianim cognitionem, 11).
P. 113, 1. 18. Pliitarqtic). Rapprocher I, xxvi, 203.
P. 113, 1. 19. Laertiiis). Dès 1580 Montaigne a
exprimé son goût très marqué pour l'ouvrage de
Diogène Laérce, les Vies des philosophes; pourtant
c'est surtout après 1588 qu'il semble l'avoir étudié de
près, et qu'il lui a fait de très nombreux emprunts.
P. 114, 1. 2. Ca-sar singtiliereinent). On peut rap-
procher le jugement que Montaigne a écrit sur la
page de garde de son exemplaire des Commentaires :
« Somme, c'est César un des plus grands miracles
de Nature. Si elle eût voulu ménager ses faveurs,
elle en eût bien fait deux pièces admirables : — le
plus disert, le plus net et le plus sincère historien
qui fut jamais, car en cette partie il n'en est nul
romain qui lui soit comparable, et suis très aise que
Cicero le juge de même; — et le chef de guerre
en toutes considérations des plus grands qu'elle fît
jamais. Quand je considère la grandeur incomparable
de cette âme, j'excuse la victoire de ne s'être pu
défaire de lui, voire en cette très injuste et très inique
cause. Il me semble qu'il ne juge de Pompeïus que deux
fois (208, 324). Ses autres exploits et ses conseils, il
les narre naïvement, ne leur dérobant rien de leur
mérite; voire parfois il lui prête des- recommandations
de quoi il se fût bien passé, comme lorsqu'il dit que
ses conseils tardifs et considérés étaient tirés en
mauvaise part par ceux de son armée; car par là il
semble le vouloir décharger d'avoir donné cette misé-
rable bataille, tenant César combattu et assiégé de la
faim (319). Il me semble bien qu'il passe un peu
légèrement ce grand accident de la mort de Pompeïus.
De tous les autres du parti contraire, il en parle indif-
féremment, — tantôt nous proposant fidèlement leurs
actions vertueuses, tantôt vicieuses, — qu'il n'est pas
possible d'y marcher plus consciencieu.sement. S'il
dérobe rien à la vérité, j'estime que ce soit parlant de
soi; car si grandes choses ne peuvent être faites par
lui qu'il n'y ait plus du sien qu'il n'y en met. C'est
ce livre qu'un général d'armée devrait continuellement
avoir devant les yeux pour patron, comme faisait le
maréchal Strozzi qui le savait quasi par cœur et l'a
traduit; non pas je ne sais quel Philippe de Commines
que Charles cinquième avait en pareille recomman-
dation que le grand Alexandre avait les œuvres
d'Homère et Marcus Brutus Polybius l'historien. »
P. 114, 1. 9. Comme dit Cicero). Dans le Brutns,
Lxxv. Mais Montaigne n'a pas eu besoin d'aller cher-
cher ce jugement chez Cicéron lui-même, il l'a trouvé
dans son édition de César (Anvers, 1570).
P. 115, 1. 9. Us se donnent loy de juger). Bodin
discute longuement la question de savoir si l'historien
doit juger; il donne les raisons pour et contre, et il
incline à croire qu'il vaut mieux laisser juger le
lecteur et lui apporter seulement des matériaux.
« Magna dubitatio me angit utrum historici laudare,
vituperare, ac de re proposità sententiam ferre; an verô
legentibus judicium integrum relinquere debeant,
quod cùm pra;cipuè ad historicorum delectum perti-
neat, rationes utrinque probabiles afteram, & cuique
judicium relinquam. » {Methodiis ad facilem histo-
riarnin cognitio)ieii', w, 45.)
P. 114, 1. 22. Lcbon Froissard). Sur le jugement que
Montaigne porte sur Froissart, voir l'essai I, xxvii.
P. 115, 1. 24. De sçavoir hien parler). Chez Bodin
on trouve des critiques analogues contre les historiens
qui se préoccupent de l'éloquence plus que de la
vérité, et contre ceux qui bâtissent leur œuvre avec
des on-dit recueillis n'importe sur quelles lèvres
{Methodns ad facilem historiarum cognitionem, i\). Il
reproche en particulier à Bembo son purisme qui lui
fait donner à l'empereur turc le titre de « rex Thracia; »
et au duc de Milan le titre de « rex».
P. 116, 1. 10. Que peut-an espérer). Rapprocher
Bodin, Methodus ad facilem historiarum cognitionem :
I « Quid tam ineptum quàm si Phormio aliquis, qui
208
ESSAIS DE MONTAIGNE.
castra nunquam vident, de talibus viris quasi arbiter
datus sententiam ferat ? vel homo de schola Lycurgi ac
Solonis, sapientissimorum Reipublicœ moderatorum,
leges emendare velit? » (iv, 47.)
P. 116, 1. 13. Asiniits PoUio). Cf. Suétone, Vie de
César : « . . . Cum Cîesar pleraque & quœ per alios erant
^esta, temerè crediderit; & quœ per se, vel consulta
vel etiam memorià lapsus, perperam ediderit. » (lvi.)
Montaigne trouve cette critique reproduite dans son
édition de César (Anvers, 1570).
P. 1 16, 1. 25. Par Bodiii). Jean Bodin dans l'ouvrage
latin que nous avons mentionné ci-dessus, Methodus
adfacikm historianim cognitionem , qui parut en 1566 et
qui fut réédité en 1572, 1576, 1579, etc. Sur le rapport
entre les idées de Bodin et celles que Montaigne a
exprimées dans cet essai II, x, cf. mon ouvrage sur Les
sources et l'civltitioii des Essais, t. I, p. 81, et t. II, p. 24.
P. 118, 1. 16. Sur les mémoires). Ces mémoires
publiés par messire Martin du Bellay, et moins
connus que les ouvrages précédents, contiennent dix
livres, dont les quatre premiers et les trois derniers
sont de Martin du Bellay, et les autres de son frère
Guillaume de Langey, et ont été tirés de sa cin-
quième Ogdoade, depuis l'an 1536 jusqu'en 1560.
Ils sont intitulés : Mémoires de messire Martin du
Bellay, contenant le Discours de plusieurs choses advenues
au Royaume de France, depuis l'an ijij jusqu'au trespas
de François I" , arrivé en 1)47- De tout cela il est
aisé de juger pourquoi Montaigne parle de deux
seigneurs du Bellay, après a\oir dit les Mémoires de
Monsieur du Bellay. J'ai démontré que Montaigne
fait usage de la première édition de cet ouvrage qui
fut publiée en 1569.
P. 118, 1. 29. Montmorency). Sur ces faits voir
de Thou, 1, XL; Brantôme, III, 209, 546.
P. 118, 1. 29. Brion). Philippe Chabot, comte de
Charny et de Busançois, seigneur de Brion, amiral de
France et gouverneur de Bourgogne, mort en 1543.
\'oir Brantôme, I, 196 et suivantes.
P. 119, 1. I. Madame d'Estampes). Anne de Pis-
seleu, duchesse d'Étampes. Voir Brantôme, III, 244;
VI, 270; IX, 512; etc.
Chronologie : Cet essai est certainement de la
dernière période (1578-1580) : 1° En efl'et, au mo-
ment de transcrire la note qu'il avait placée en tête
de son Guichardin, Montaigne nous dit : «Voicy
ce que je mis, il y a environ dix ans, en mon Guic-
ciardin » (p. 117, 1. 11). Il dit encore qu'il ne met
de semblables notes qu'en tête des livres dont il ne
«veut se servir qu'une fois» (p. 117, 1. 6). La
lecture de l'Histoire d'Italie de Guichardin, qui est
contemporaine des lectures de du Bellay et de Jean
Bouchet, est des environs de 1572. Évidemment
Montaigne parle sans aucune précision quand il dit
« il y a environ dix ans » ; nous pouvons néanmoins
conclure de ce témoignage que cet essai est de 1580
ou qu'il est de peu antérieur à cette date; 2° on y
trouve une allusion à la Méthode de Bodin : « Cecy
a esté suffisamment traicté par Bodin, et selon ma
conception» (p. 116, 1. 25). Or, la lecture de Bodin
se place aux environs de l'année 1 578; 3° on y trouve
encore un jugement enthousiaste sur César qui ne
peut pas être antérieur au mois de février 1578.
«Je lis cet autheur, dit Montaigne, avec un peu plus
de révérence et de respect qu'on ne lit les humains
ouvrages» (p. 114, 1. 5). Nous savons en ellet que
c'est en 1578, de février à juillet, que Montaigne
a lu César; 4° enfin l'essai Des livres est certainement
postérieur à l'essai II, xxxi, qui, il est vrai, n'est pas
daté avec certitude, mais qui a chance d'être des envi-
rons de 1578. «J'ay, écrit Montaigne, une singulière
curiosité, comme j'ay dit ailleurs, de connoistre l'ame
et les internes jugemens de; mes autheurs» (p. m,
1. 14). C'est au chapitre xxxi qu'il a exprimé cette
curiosité, et il en a accompagné l'expression de déve-
loppements sur la sincérité qui rappellent tout à fait
ceux que nous trouvons ici. Tout cela nous oblige
à admettre que l'essai Des liires n'est pas antérieur
à 1578. J'incline même à croire qu'il est de 1579
ou peut-être même du début de 1580. Ce 'n'est, bien
entendu, qu'une fragile hypothèse, mais les mots « il
y a environ dix ans » la suggèrent; il faut remarquer
en outre que, pour Bodin et César, nous avons,
non des emprunts qui supposent une lecture récente,
mais des allusions et des jugements qui permettent
de penser qu'un peu de temps s'est écoulé depuis
que Montaigne a étudié leurs ouvrages.
Chapitre XI.
DE LA CUVAVTH.
P. I20, TiTRK. Le sujet de la cruauté que Mon-
taigne aborde ici et le sujet de la clémence se
retrouvent constamment traités chez les moralistes
du XVI' siècle. Sur le contraste entre la manière de
Montaigne et celle de ses contemporains, cf. mon
ouvrage sur Les sources et l'évolution des Essais, t. II,
p. 130. Contrairement à ce que l'on pourrait .supposer
a priori, je ne trouve dans cet essai aucune influence
précise du De cleineiitia de Sénèque. Pour Sénèque la
compassion est un vice; pour Montaigne c'est l'essence
de la bonté naturelle, qui n'est pas vertu, mais qui,
au-dessous de la vertu, mérite encore quelque éloge.
P. 120, 1. I. Il me semble que la vertu). Pour cet
essai de classification des genres de vertu, on peut
voir : Plutarque', De la vertu morale; Castiglione,
Il cortegiano, III, xvii; etc.
P. 121, 1. I. Ce subtil rencontre d'Arcesilaus). Cf.
Diogène Laërce : « Pcrcontanti cur ex discipulis aliis
plerique ad sectam Hpicuream transirent, ex Epicu-
reis verô nullus se ad c;vteras conferret, ait : quia
ex viris quidem galli fiunt, ex gallis viri nunquam. «
(IV, XLIII, 274.)
p. 121, 1. 13. Et ii). «Car ceux qu'on appelle
amoureux de la volupté sont en réalité amoureux
de l'honneur et de la justice, et ils possèdent et pra-
tiquent toutes les vertus. » (Cicéron, Epttrcs familières,
XV, 19.)
P. 121, 1. 22. Miiltum). «La vertu grandit beau-
coup dans la lutte. » (Sénèque, épître 13.)
P. 121, 1. 23. Epantinoudas, qui estoit encore d'une
tierce secte). Cf. Cicéron, De officiis, I, xliv, et aussi
Plutarque, De l'esprit familier de Socrates, passim.
P. 121, I. 23. Refuse des richesses). Cf. Plutarque,
De l'esprit familier de Socrates, î° 641 r".
P. 121, 1. 26. Socrates). Cf. Plutarque, Comment
on pourra recevoir utilité de .us enncnds : « Socrates
s'accoustumoit à supporter en sa maison sa femme
Xanthippe, qui estoit cholere, & avoit mauvaise teste,
à fin que plus aiseement & patiemment il conversast
avec les autres.» (viii, f" 1 1 1 v°.) Cf. aussi Aulu-Gelle,
Nuits attiqnes : « Cùm illam domi talem perpetior,
insuesco, & exerceor, ut cœterorum quoque foris
petulanîiam & injuriam facilius feram. » (I, xvii.)
P. 121, 1. 28. Meiellus). Cf. Plutarque, Vie de
Marins : « Si jurèrent tous les autres Sénateurs les
uns après les autres, malgré eulx, pour la crainte
qu'ilz avoient du peuple, jusques à Metellus, lequel
jiour prières, ne pour remonstrances que ses parents
oc amis luv sceussent mire pour l'induire à vouloir
jurer, à fin de n'encourir point les peines capitales
que Saturninus imposoit à ceulx qui retuseroient à
jurer, ne fléchit point, ny ne feit onques le serment,
ains demoura ferme en son -naturel, estant prest
& appareillé de souffrir toutes les peines du monde
plustost que de commettre chose aucune indigne de
luy : & à tant s'en alla de l'assemblée devisant avec
ceulx qui l'accompagnoient. Que c'estoit chose trop
fitcile et trop lasche, que de mal faire : &: que de
faire bien là où il n'y eust point de danger, c'estoit
chose commune : mais que faire bien là où il eust
danger, c'estoit le propre oflice d'un homme d'hon-
neur et de vertu. » (x, f° 296 r°.)
P. 122, 1. 14. Elle demande un chemin aspre et cspi-
na/.x). Rapprocher la conception très difterente de la
ESSAIS DE MONTAIGNE.
vertu que Montaigne exprimera après 1588, I, xxvi,
p. 209, 1. 7.
P. 123, 1. 25. Sic abiit). «Il sortit de la vie heu-
reux d'avoir trouvé un motif de se donner la mon. »
(Cicéron, Tusc, I, xxx.)
P. 124, 1. 7. Ddiheraia). «Plus tière parce qu'elle
avait résolu de mourir. » (Horace, Odes, I, xxxvii, 29.)
P. 124, 1. 8. Comme les jiigcmens populaires). Mon-
taigne a déjà critiqué ces jugements populaires dans
l'essai I, xxxvii.
P. 124, 1. 14. La philosophie). Montaigne tait allu-
sion à ce que Cicéron a dit à ce sujet dans le De
officiis, I, XXXI.
P. 124, 1. 18. Caloiii). « Caton, qui avait reçu de
la nature une gravité incroyable et qui par une per-
pétuelle constance avait encore affermi son caractère,
qui était toujours demeuré ferme dans ses principes,
Caton devait mourir plutôt que de soutenir la vue
d'un t}-ran. » (Cicéron, De officiis, I, xxxi.)
P. 124, I. 22. J'interprète iousjoiirs). Rapprocher
le début de l'essai II, xiii. Inversement Montaigne
déclare à la fin de l'essai I, xix, qu'il juge habituel-
lement la vie d'un homme par sa mort.
P. 125, 1. 10. Axe tressaillir, du plaisir). Allusion
au Phédon de Platon.
P. 125, 1. 14. Cette-cy). Montaigne reviendra sur
cette comparaison entre les morts de Socrate et de
Caton, dans l'essai III, xii, où il donnera plus nette-
ment encore la préférence à Socrate.
P. 125, 1. 16. Arisiippus). Cf. Diogène Laërce, Vie
d'Aristippe : « Interrogatus quomodo Socrates obiisset
. diem, utinam, inquit, sic ego. » (II, lxxvi, 142.)
P. 127, I. 9. Haud ignarus). «On n'ignore pas ce
que peuvent dans un premier combat la soif d'une
gloire encore inconnue et l'espoir caressé d'un pre-
mier triomphe. » (Virgile, En., XI, 154.)
P. 127, 1. II. H faut considérer). Cette idée a été
longuement traitée dans l'essai II, i.
P. 128, 1. I. Sivitiis). «Si ma nature est bonne dans
l'ensemble et si je n'ai que des défauts peu considé-
rables et en petit nombre, comme un beau visage peut
avoir des taches légères.» (Horace, Sat., I, vi, 65.)
P. 128, 1. 9. Seu libra). «Soit que je sois né sous
le signe de la Balance, ou sous celui du Scorpion
dont le regard est si terrible au moment de la nais-
sance, ou sous celui du Capricorne qui règne en tvran
sur la mer d'Hespérie. » (Horace, Odes, II, xvii, 17.)
P. 128, 1. 14. La response d' AntislJ)enes). Cf. Diogène
Laërce, Vie d'Antisthèue : «Interrogatus quasnam esset
disciplina magis necessaria, mala, inquit, dediscere. »
(VI, vu, 350.)
P. 128, 1. 27. Le tirau Dionisius). Id., Vie d'Aris-
tippe : « Très formosas meretrices ei in conspectum
dari aliquando Dionysius jussit, eumque quam ex
illis vellet eligere. Tum ille très simul abduxit, dicens
neque Paridi tutum fuisse quôd unam prjetulerit
csteris. Eas igitur ad vestibulum usque deduxit, ac
dimisit. » (II, Lxvii, 137.)
P. 129, 1. 3. Son valet). Id., ibid. : « Gestabat ejus
famulus in itinere pecuniam, & cùm premeretur
onere, effunde, ait, quod nimis est, et fer ea qu£e
potes.» (II, Lxxvu, 142.) Cf. essai I, xiv, p. 75, 1. 13.
P. 129, 1. 6. Et Epicurus). Id., Vie d'Épicurc :
« Ipse quoque in epistolis aqua tantum & cibario
pane se contentum esse testatur & mitte, inquit,
mihi casei cj'thridi paululum, ut cum epulari pre-
tiosius voluero, possim. » (X, xi, 657.)
P. 129, 1. 22. Nec ultra). «Et je ne chéris pas
mon vice davantage. » (Juvénal, Sat., viii, 164.)
P. 130, 1. I. Oui disent). Cf. Plutarque, Contredits
des philosophes stoïqiies : « Qui œuvre selon l'une
œuvre quant & quant selon toutes les autres. »
(xxvii, f» 568 v».)
P. 130, 1. 14. Et tient Aristote). Cf. Diogène Laërce,
Vie d' Aristote : « Fieri enim posse, ut prudens quis-
piam ac justus, idémque intemperans atque inconti-
nens sit. » (Y, xxxi, 309.)
P. 130, 1. 16. Socrates advoiioit). C. Cicéron, Tusc,
IV, .xxxvii; De fato, V. Montaigne insistera de nou-
veau sur cette idée dans l'essai III, xii, pour l'accepter
en 1588, et pour la déclarer incroyable après 1588.
P. 130, 1. 19. Les familiers). Cf. Cicéron, De fato :
« Scribunt ipsius familiares & ebriosum, & muUero-
sum fuisse. Neque hxc scribunt vitupérantes, sed
potius ad laudem : vitiosam enim naturam ab eo
sic edomitam, & compressam esse doctrina, ut nemo
unquam vinolentum illum, nemo in eo libidinis
vcstigium viderit. » (\', 286.)
LIVRE II, CHAPITRE XI.
P. 131, I. 6. Ciiin jain). «A l'approche du plaisir, I
quand Vénus va féconder son domaine. » (Lucrèce,
IV, 1099.)
P. 131, 1. 16. En l'iiii des contes de son Heptnnicnm).
« Et quand ils ont niatté leur chair jusques là que
pour parler ne pour baiser ils n'ont point d'émotion,
ils viennent essayer la forte tentation qui est de
coucher ensemble et s'embrasser sans aucune concu-
piscence. Mais pour un qui en est eschappé, sont
venuz tant d'inconveniens que l'Archevesque de
jMilan, où ceste religion s'exerçoit, fut d'avis de les
séparer, et mettre les femmes au couvent des hommes,
et les hommes en celuy des femmes. » (III, 30.)
P. 132, 1. 9. Ouis non nialanini). «Est-il quelqu'un
qui n'oublie pas au milieu de telles distractions les
cruels soucis de l'amour. » (Horace, Epod., 11, 37.)
P. 132, 1. 16. Les sauvages). La même idée se
retrouve dans l'essai I, xxxi, p. 274, 1. 7.
P. 132, 1. 20. Ouclcun ayant à tesnioigner). C'est
Suétone dans la Vie de César : « In ulciscendo natura
lenissimus. Piratas, à quibus captus est, quum in
deditionem redegisset (quoniam suffixurum se cruci
antè juraverat) jugulari prius jussit, deinde suffigi...
Philemonem à manu servum, qui necem suani per
venenum inimicis promiserat, non gravius quàm
simplici morte puniit. » (lxxiv, f° ^o V^.)
P. 133, 1. 9. En la justice uwsnie). Rapprocher la
critique de la torture à la fin de l'essai II, v.
P. 133, 1. 9. Tout ce qui est au delà de la mort simple).
Cf. la même phrase dans l'essai II, xxvii, p. 499,
1. 18; voir la note.
P. 134, 1. 8. Oui corpus). «Ils tuent le corps et
nprès, ils ne peuvent rien faire de plus. » (S. Luc,
XII, 4.)
P. 134, 1. II. Heu! relliquias). «Eh quoi! ils traî-
neraient ignominieusement sur la terre les restes d'un
malheureux roi à demi rôti, décharné jusqu'aux os et
dégouttant d'un sang noir.» (Ennius, d'après Cicéron,
TUSC, I, XLIV.)
P. 134, 1. 13. Je me rencontray un jour à Rome). On
trouve en effet ce récit dans le Journal de voyage.
« L'onsieme de janvier, au matin, come M. de Mon-
taigne sortoit du logis à cheval pour aller in Banchi,
il rancontra qu'on sortoit de prison Catena, un
fameus voleur, et capitaine des banis, qui avoit tenu
en creinte toute l'Italie, et duquel il se contoit des
murtres énormes, et notamment de deus Capucins
ausquels il avoit fait renier Dieu, prometant sur cete
condition leur sauver la vie, et les avoit massacrés
après cela, sans aucune occasion, ny de commodité,
ny de vanjance. Il s'arresta pour voir le supplice...
Apres qu'il fut estranglé, on le detrancha en quattre
cartiers. Ils ne font guiere mourir les homes que
d'une mort simple, et exercent leur rudesse après la
mort. M. de Montaigne y remerqua ce qu'il a dict
ailleurs, combien le peuple s'effraïe des rigurs qui
s'exercent sur les corps mors; car le peuple qui
n'avoit pas santi de le voir estrangler, à chaque coup
qu'on donnoit pour le hacher, s'écrioit d'une voix
piteuse. Soudein qu'ils sont morts, un ou plusieurs
jesiiistes ou autres- se mettent sur quelque lieu hault,
et crient au peuple, qui deçà, qui delà, et le preschent
pour lui faire gouster cet exemple. » (P. 21e.)
P. 135, 1. 5. Artoxerses). Cf. Plutarque, Les dicts
notables des anciens Roys, Princes & grands Capitaines :
« Aussi fust-ce lu}' (Artaxerxès) qui ordonna le pre-
mier, que les seigneurs qui auroient failly en leur
estât (au lieu qu'on les souloit fouetter eulx mesmes)
fussent despouillez, & leurs vestemens fouettez pour
eulx : & au lieu qu'on leur souloit arracher les che-
veux de la teste, qu'on leur ostat leur hault chappeau
seulement. » (F° 188 v°.) La forme « Artoxerxes » se
trouve au xvi^ siècle ainsi que la forme « Artaxerxès » .
Cf. par exemple la traduction des Vies de Plutarque
par Amyot, éd. de 1559, f° 658 v°. Le même fait est
rapporté à deux reprises dans la République de Bodin,
édition de 1593, pp. 286 et 1034. Juste-Lipse le
reprendra à son tour dans le De constantia, II, ix.
P. 135, 1. 10. Les égyptiens). Cf. Hérodote, II,
xLVii, t. I, f" 118 v°. Hérodote dit que c'étaient les
pauvres qui agissaient ainsi.
P. 135, 1. 22. Jouir du plaisant spectacle). M. Henri
Monod, Bulletin du Bibliophile (septembre 1908), voit
ici une allusion aux morts de Briquemault et de
Cavagnes, et estime que Montaigne se souvient du
Tocsin des massacreurs, qui parle en ces termes de
leur exécution : «Le sieur de Briquemault... Le sieur
de Cavagnes fut pendu avec lui une heure de nuict,
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
en présence mesnie du Roy qui fit allumer des flam-
beaux pour être spectateur de ces cruauté;^, non sans
iaire des risées de la contenance de l'un et de l'autre.»
(F° 93 r°.) Il est possible que Montaigne ait pensé
à ce fait; mais commc.il nous apprend lui-même
que son siècle « foisonne en exemples incroyables »
de cruauté, on ne saurait aucunement être aiîirmatif.
P. 135, 1. 25. Ut hoino). «Que l'homme tue un
homme sans y être poussé par la colère ou par la
crainte, mais par le seul plaisir de le voir expirer... »
(Sénèque, ép. 90.)
P. 136, 1. 5. Ouivstnqm). «Et, tout ensanglanté,
par ses plaintes, il semble implorer sa grâce. » (Vir-
gile, Enéide, VII, 501.)
P. 136, 1. 9. Pylhagoras). Cf. Plutarque, Propos de
table, VIII, VIII, f' 428 r^
P. 136, 1. II. Priiiioque). «C'est, je crois, du sang
des animaux que le fer a été teint pour la première
fois. » (Ovide, Métamorphoses, XV, 106.) Le texte
de Montaigne est conforme à celui de l'édition de
Bàle 1549, avec cette seule différence que l'édition
de Bâle écrit : « primôque e crede ».
P. 137, 1. 3. Morte caieni). «Les âmes ne meurent
point; mais, toujours, après avoir quitté un domi-
cile, elles vont habiter et vivre dans de nouvelles
demeures.» (Jd., ibid., XV, 158.) Cette citation a
peut-être été prise dans le De inccrlitndine et vanitale
scientiarnin de C. Agrippa, 1.11.
P. 137, 1. 5. La Relif^ion). On peut voir à ce sujet
César, De belle gallico, VI, 14.
P. 137, 1. 12. Muta ferarum). «Il emprisonne les
âmes dans des corps d'animaux : il enferme les cruels
dans des ours, les voleurs dans des loups, il cache
les fourbes dans des renards; et, après leur avoir tait
subir pendant de longues années, mille métamor-
phoses, il les purifie enfin dans le fleuve de l'Oubli
et les rend à leur forme première. » (Claudien, In
Ruffiiuim, II, 482.)
P. 137, 1. 23. Ipse ego). « Moi-même (il m'en sou-
vient encore), au temps de la guerre de Troie, j'étais
Euphorbe, fils de Panthée. » C'est Pythagore qui
parle ain.si de lui-même dans Ovide, Métamorphoses,
XV, léo. Cette citation a peut-être été prise dans le De
jitcertilitdiiie et vanitale scientiarnin de C. Agrippa, lu.
P. 138,1. 5. & d'autres ne reconnaissant). Pour tout
ceci, cf. Plutarque, De Isis et Osiris.
P. 138, 1. 6. Belluœ). «Les barbares ont divinisé les
bêtes à cause du profit qu'ils en retirent. » (Cicéron,
De natura deorum, I, xxxvi.)
P. 138, 1. 7. Crocodilon). «Les uns adorent le cro-
codile; d'autres regardent avec une sainte terreur
l'ibis engraissé de serpents; ici brille sur l'autel la
statue d'or d'un singe à grande queue; là on vénère
un poisson; ailleurs, c'est un chien qui est l'objet de
l'adoration de villes entières. » (Juvénal, xv, 2-7.)
P. 138, 1. 13. Il dit). Cf. Plutarque, De Isis et
Osiris, XXXIX, f'' 334 r°.
P. 138, 1. 16. Eu cette-cy). Le bœuf.
P. 138, 1. 16. En cette la). Le chat.
P. 138, 1. 20. Les discours qui essayent). Tout le
début de l'essai II, xii, est le développement de cette
pensée.
P. 139, 1. 10. Les Romains). Cf. Plutarque, Les
demandes des choses romaines, xc\'iii, f' 475 v°; cf.
encore Cicéron, Pro Roscio, xx; Tite-Live, \', XLVii;
Pline, X, XXII.
P. 139, 1. 12. Les AtJh'uiens). Cf. Plutarque, Vie
de Calon le Censeur : « Comme le peuple d'Athènes
voulut &: ordonna du temps que Ion bastissoit le
temple appelle Hecatompedon, qu'on laissast aller
francs &: libres les mules & mulets, qui avoient
longuement travaillé à l'achèvement de cette fibrique,
& qu'on les souft'rist paistre, sans leur fiùre empesche-
ment, là où ilz pourroient. » (m, ï° 236 r°.) Cf. aussi
Quels animaux sont les plus advisex^ : « Car lors que
Pericles faisoit bastir le temple de Minerve, appelle
Hecatompedon,... on y conduisoit tous les jours les
pierres et matières avec force chariots, & charrettes
qui estoient tirées par des mules & mulets, comme
il est ordinaire : & y en avoit qui autrefois avoient
bien servy, mais pource que lors ils estoient vieux
1^ caduques, on les laissoit aller paistre là où ils
pouvoient. » (xiii, f' 514 v".)
P. 139, 1. 15. Les Agrigentius). Cf. Diodore de
Sicile, XIII, XX VII, f' 108 v'\
P. 139, 1. 21. Les Aîgipliens). Cf. Hérodote, II,
I.WI-I.XIX.
P. 1^9, 1. 23. Ciuion). Cf. Plutarque, Vie'de Calou
LIVRE II, CHAPITRE XI.
le Censeur : « Voit on encore les sépultures des juments
de Cimon, avec lesquelles il gaigna par trois fois le
pris de la course es jeux Olympiques, & sont lesdittes
sépultures tout joignant celle de Cimon. Aussi treuve
Ion plusieurs qui ont inhumé des chiens qui avoient
esté nourris avec eulx, ou qui leur avoient tousjours
fait compagnie, comme entre les autres, l'ancien
Xantippus enterra son chien .sur un chef en la coste
de la mer, que Ion appelle encore aujourd'huy le
chef de la sépulture du chien, pource que quand le
peuple d'Athènes à la venue des Perses abandonna la
ville, ce chien suivit tousjours son maistre, nageant en
mer coste à coste de sa galère, depuis la coste de terre
ferme, jusques en l'isle de Salamine.» (m, f° 23e r".)
La plupart de ces exemples qui sont empruntés à la
Vie de Caton le Censeur se retrouvent réunis dans
YOfficina de Ravisius Textor, ouvrage que Montaigne
connaissait; mais Montaigne les prend directement
à Plutarque.
P. 139, 1. 26. Plutarque faisùit). Id., ibid. : «Et
quant à moy, je n'aurois jamais le cueur de vendre
le bœut qui auroit longuement labouré ma terre,
pource qu'il ne pourroit plus travailler à cause de sa
vieillesse.» (m, f" 236 r".)
Chkoxologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai. Quelques allusions aux Œuvres mo-
rales de Plutarque prouvent qu'il n'est pas antérieur à
la fin de 1572, c'est tout ce que nous en pouvons
dire avec certitude. M. Henri Monod estime qu'une
partie au moins de l'essai ne peut pas être antérieure
'•^ ^577) Et je le crois avec lui, mais les raisons qu'il
en donne ne sont aucuijement probantes. Il pense
y découvrir une allusion au Tocsin des massacreurs,
pamphlet qui fut publié seulement à cette date
(et. p. 135, 1. 22 .et la note), mais rien ne donne
à penser que Montaigne l'ait jamais lu.
Chapitre XII.
APOLOGIE DE RAIMOXD SEBOXD.
P.. 140, TITRE. Raiiiiond Si'hoiid). Appelé aussi
Sebon, Sebeyde, Sabonde, ou de Sebonde; né à
Barcelone, dans le xiv-' siècle; mort en 1432 à Tou-
louse, où il professait la médecine et la théologie.
Montaigne avait publié en 1569 une traduction fran-
çaise de la Théologie naturelle de Sebond, entreprise,
nous dit-il, sur la prière de son père. Cette traduction
fut rééditée en 1581.
P. 140, 1. I. Trcs-utik & grande partie). Au début
de l'essai I, xxvi, on lit de semblables déclarations.
Montaigne éprouve le besoin de protester de son
respect pour la science au moment de limiter son
rôle aussi bien dans la pratique de la vie (II, xu),
que dans l'éducation des enfants (I, xxvi).
P. 140, 1. 4. Herilliis). Cf. Diogène Laërce, MI,
CLXv; Cicéron, Académiques, II, xlii; De finibits, II,
XIII ; etc., etc. L'opinion d'Hérillus est reproduite dans
beaucoup des livres que Montaigne a pu connaître.
P. 141, 1. 1. P/crrcjSHw/j. Toulousain (1499-1 546),
un des plus habiles cicéroniens du xvi'^ siècle, au juge-
ment d'Henri Estienne (Dedicat. Epist. P. Bunelli, etc.,
1581). Il fut précepteur de Pibrac. Sur Bunel, cf.
Léonce Couture, Œuvres, t. I (1911).
P. 141, 1. 4. Theohgia). La Théologie naturelle ou
le Livre des créatures de maître Raimond de Sebonde.
Publiée pour la première fois à Deventer en 1487,
cette théologie a été réimprimée plusieurs fois en
France au xvi'= siècle.
P. 141, 1. 14. Le vulgaire). Pour cette idée com-
parer I, XXVII, 23e, et I, LVi, 413.
P. 141, 1. 25. Nam cupide). « Car on foule aux
pieds passionnément ce qu'on a révéré avec excès. »
(Lucrèce, V, 11 39.)
P. 142, 1. 27. Tourncbu). Adrien Turnèbe ou
Turnebus dont Montaigne a fait grand éloge dans
l'essai I, xxv, p. 180, 1. 9, et qu'il louera encore dans
l'essai II, xvii, p. 448, 1. 22.
P. 144, 1. 26. Illisos fluctns). « Tel un vaste rocher
oppose sa masse aux flots qui le heurtent, les refoule
et les disperse en tous sens quand ils font rage autour
de lui. » Début d'une pièce /;; laudeni Ronsardi, qui
comme me l'apprend M. Laumonier, a été insérée à
la fin de la Réponse de Ronsard aux injures et calomnies
(1563) et reproduite dans les Œuvres de 1567, 1571
et 1573. Blanchemain (t. VII, p. 135) attribue à Dorât
cette pièce qui ne se retrouve pas dans ses Pocmatia
(1586).
P. 145, 1. 17. Xostrebon S. Loys). Ci". Joinville, xix.
Il faut cependant remarquer que le récit de Mon-
taigne s'écarte par quelques détails de celui de
Joinville. Cf. à ce sujet mon ouvrage sur les Livres
d'histoire moderne' utilisés par Montaigne, pp. 67-68.
P. 145, 1. 22. A cet autre). Allusion à un conte du
Décaméron de Boccace (première journée, deuxième
nouvelle), dans lequel un juif se convertit au chris-
tianisme pour le motif que Montaigne indique ici.
P. 146, 1. 3. Si nous avions). Évangile selon saint
Mathieu, xvii, 19.
P. 146, 1. 7. Brevis est). « Si tu crois, tu connaîtras
bientôt la route de la vertu et du bonheur. » (Qiiin-
tilien, XII, xi.) Il n'est pas besoin de dire que
Montaigne détourne à un autre sens le texte de
Quintilien.
P. 146, 1. 20. Servent de la religion). Rapprocher
ce passage des Mémoires de J. de Thou : « Montaigne
lui dit qu'autrefois il avait servi de médiateur entre
LIVRE II, CHAPITRK XII.
215
le roi de Navarre et le duc de Guise, lorsque ces
deux princes étaient à la cour; que ce dernier avait
fait toutes les avances par ses soins, ses services, et
par ses assiduités pour gagner l'amitié du roi de
Navarre; mais qu'ayant reconnu qu'il le jouoit, et
qu'après toutes ses démarches, au lieu de son amitié,
il n'avait rencontré qu'une haine implacable, il avait
eu recours à la guerre, comme à la dernière ressource
qui put défendre l'honneur de sa maison contre un
ennemi qu'il n'avait pu gagner; que l'aigreur de ces
deux esprits était le principe d'une guerre qu'on
voyait aujourd'hui si allumée : que la mort seule de
l'un ou de l'autre pouvait la faire finir; que le duc
ni ceux de sa maison ne se croiroient jamais en sûreté
tant que le roi de Navarre vivrait; que celui-ci, de
son côté, était persuadé qu'il ne pourrait faire valoir
ses droits à la succession de la couronne pendant la
vie du duc. Pour la religion, ajouta-t-il, dont tous
les deux font parade, c'est un beau prétexte pour se
faire suivre par ceux de leur parti, mais son intérêt
ne les touche ni l'un ni l'autre; la crainte d'être
abandonné des protestants empêche seule le roi de
Navarre de rentrer dans la religion de ses pères, et
le duc ne s'éloignerait point de la confession d'Augs-
bourg, que son oncle Charles, cardinal de Lorraine,
lui a fait goûter, s'il pouvait la suivre sans préjudi-
cier à ses intérêts; que c'étaient là des sentiments
qu'il avait reconnus dans ces princes, lorsqu'il se
mêlait de leurs affaires. » (^Mémoires de la vie de Jacques-
Auguste di- Thon, première édition traduite du latin
en français. Rotterdam, 171 1, p. 136.)
P. 147, 1. 7. Celé proposition). Cette phrase a sans
doute été écrite dans la seconde moitié de 1589 ou
dans l'année 1590. Du vivant du roi cathohque
Henri III, qui fut assassiné le 31 mai 1589, c'étaient
les protestants qui affirmaient le droit de s'armer
contre le monarque, et les catholiques combattaient
cette théorie. Depuis qu'Henri III est mort, et qu'un
protestant, Henri IV, lui a succédé sur le trône, ce
sont les catholiques qui s'arment contre le souverain
légitime et qui affirment leur droit de le renverser du
trône alors que les protestants le leur contestent.
P. 148, 1. 9. Faire barbe de foarre). Encore une
expression prise par Montaigne à la langue des
conteurs ou qui tout au moins lui est commune avec
eux. Cf. Rabelais, I, xi, qui dit «gerbe de foarre»;
Guillaume Bouchet, Séries, III, xi (édition de 1598,
p. 461); cf. aussi Gentillet, Discours sur les moyens de
bien gouverner (édition de 1579, p. 171). Sur cette
expression on peut voir La precellence de la langue
françoise, d'Henri Estienne (édition Feugère, p. 263).
P. 148, 1. 24. Le pbilosofc Antisthenes). Cf. Diogène
Laërce, Fie d'Antisthènc : « Cùm aliquando Orphicis
mysteriis initiaretur, diceretque sacerdos ejusmodi
initiâtes bonis plurimis apud inferos perfrui, cur
igitur, ait, ipse non moreris?» (VI, iv, 348.)
P. 148, 1. 28. Diogenes). Id., Fie de Diogène :
« Rogantibus Atheniensibus ut initiaretur, atque
dicentibus quod apud inferos hi qui initiati sunt
président, Perridiculum est, inquit, si quidem Age-
silaus & Epaminundas in cœno degent, viles autem
quique initiati in beatorum insulis erunt. » (VI, xxxix,
368.)
P. 149, 1. 8. Non jani se nioriens). «Alors le mou-
rant ne se plaindrait plus de sa dissolution; mais
plutôt il se réjouirait de partir, de laisser sa dépouille
comme le serpent change de peau et comme le cerf
devenu vieux perd ses cornes trop longues. » (Lucrèce,
III, 6x2.) Texte conforme à celui de l'édition
Lambin.
P. 149, 1. II. /(• vcuil). Saint Paul dans son Épitre
aux Philipp., i, 23.
P. 149, 1. 12. La force du discours). Allusion à
Cléombrote qui se tua après avoir lu le Phédon de
Platon. Montaigne a déjà mentionné cet exemple
dans l'essai II, m, p. 38, 1. i.
P. 149, 1. 27. Ce que dit Plato). Dans le dixième
livre des Lois, je trouve seulement cette idée que
personne ne reste athée jusqu'à la vieillesse (passage
traduit par Montaigne dans l'essai I, lvi, t. I, p. 409,
1. 23). Cf. aussi et surtout le passage ci-dessous
(République, I, p. 330; éd. de 1546, p. 532). Rappe-
lons qu'avant 1588 Montaigne ne semble pas avoir
étudié beaucoup Platon : il y a donc des chances pour
que nous n'ayons ici qu'une allusion assez imprécise.
P. 150, 1. 8. Dict il). Cf. Platon, République :
« Postquam eô devenit aliquis, ut brevi jam moritu-
rum se opinetur incidit in eum timor & cura eorum
2l6
ESSAIS DE MONTAIGNE.
quK in superiori vita neglexit. Etenim fabulîe qux
de inferis dicuntur, quemadmodum eos qui injuste
egerant, pœnas illic dare oporteat, irrisœ hactenus
movent tune animum, ne forte verœ sint suspican-
tem : atque ipse sive propter senectutis debilitatem,
seu quod alteri vitœ propinquior illa acutius inspicit,
solicitudinis & timons plenus redditur... » (I, p. 330;
éd. de 1546, p. 532.)
P. 150, 1. 13. // d(ffant). Cf. Platon, RcpnhJiquc :
« Veruin poetas ipsos cogamus, vel negare horum
hsec esse opéra, vel non affirmare filios deorum esse :
ambo vero hxc simul nequaquam asserere, neque
operam dare, ut nostris juvenibus persuadeant, quod
ex diis mala aliqua oriantur quôdve heroes hominibus
nihilo meliores sint. Quoniam jam dictum est, nequc
sancta hœc sunt, neque vera. Ostendimus enim ex
diis mala aliqua provenire non posse. » (III, p. 391 ;
éd. de 1546, p. 559. Voir aussi République, II, p. 379.)
P. 150, 1. 16. Ils récitent de Bion). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Bion : « Uxc autem ex impii Théo-
dori disciplina hauserat. Postremô incidens in malam
valetudinem, ligaturas suspiccrc inductus est, & pœni-
tentiam agere super his qua; pcccanu in deum.
Eorum verô inop^a quibus infirmorum cura erat,
dire cruciatus est. » (IV, liv, 282.)
P. 152, 1. 3. Sebond). «Tout ainsi que par ce peu de
lumière que nous avons la nuit, nous imaginons h.
lumière du soleil qui est esloingné de nous; de mesmt
par l'estre du monde que nous cognoissons, nous
argumentons l'estre de Dieu qui nous est caché, etc. »
(Théologie naturelle, xxiv, trad. de Montaigne.)
P. 152, 1. 9. Ce monde est un temple). Cf. Plutarque,
De la tranquillité de l'âme : «Ce monde est un temple
tre.s-sainct, & tres-devot, dedans lequel l'homme est
introduit à sa nativité, pour y contempler des statues
non ouvrées et taillées de mains d'hommes, & qui
n'ont aucun mouvement, mais celles que la divine
pensée a faitte sensibles, pour nous représenter les
intelligibles, comme dit Platon, aïans en elles les
principes empraints de vie et de mouvement, c'est
à sçavoir, le soleil, la lune, les estoillcs, & les
rivières... » (xix, f° 76 r".)
P. 152, 1. 14. Dit saint Paul). Épitrc aux Romains,
I, XX.
P. 152, 1. 16. Atque adeo). «Dieu n'envie pas à la
terre l'aspect du ciel : en le faisant sans cesse rouler
sur nos têtes, il se dévoile sous tous ses aspects, il
s'offre lui-même à nous, et s'inculque en nous; il
veut être clairement connu, il nous montre qui il
est par son œuvre et nous enseigne à méditer ses
lois. » (Manilius, IV, 907.)
P. 153, 1. 17. Si melius). «Si vous avez de meil-
leurs arguments, produisez-les, sinon soumettez-
vous. » (Horace, Epitres, I, v, 6.)
P. I5_|, 1. 17. O'j -.'i?). «Car Dieu ne veut pas
qu'un autre que lui s'enorgueillisse. » (Hérodote,
VII, 10.) Montaigne a pris cette sentence dans VAn-
tboloi;ie de Stobée (sermo 22) où elle est accompagnée
de la traduction suivante : « Non sinit enim Deus
alium pneter se altum sapere. » (P. 190.)
P. 154, 1. 19. Deus superbis). «Dieu résiste aux
superbes et fait grâce aux humbles. » (Saint Pierre,
ép. I, v, 5.) Montaigne a .sans doute pris ce texte
dans la Cité de Dieu de saint Augustin, XVII, iv.
P. 154, 1. 19. L'intelligence est en tous les dirus,
dici Platon). Dans le Tiiiicc : « Intelligentia.' vero dii
quidem omnes, homines vero pauci adniodum par-
ticipes sunt.» (^Timéc, p. 51; éd. de 1546, p. 715.)
P. 154, 1. 28. Sainct Augustin). Dans la Cité de
Dieu, XXI, \.
P. 155, 1. 12. (2'"' uous prcsche). Saint Paul, lipitre
au.x Colossiens, 11, 8.
P. 155, 1. 13- Que nostre sagesse). Id., Hpître I au.x
Corinthiens, ni, 19.
P. 155, 1. 15. L'homme qui présume). Li., Epitre 1
aux Corinthiens, viii, 2 : « Si quis existimat se aliquid
scire, nondum cognovit quomodo oportet illud scire. »
(Sentence qui figurait sur les travées de la bibliothèque
de Montaigne.)
P. 156, 1. 1 6. L'homme qui n'est rien). Ll., Épitrc aux
Galatcs, \] : « Si quis existimat se aliquid esse, cùm
nihil sit, ipse se seducit. » (Sentence qui figurait sur
les travées de la bibliothèque de Montaigne.)
P. 156, 1. 17. Ont elles este otiroïces). Cf. Cicéron,
De natura deorum, I, ix : « An h:i:c ferè, ut dicitis,
hominum causa a deo constituta suntPSapientumne?
propter paucos ergo est tanta facta rerum molitio.
.\\\ stultorum? .\i primum causa non luit cur de
LIVRE II, CHAPITRE XII.
217
improbis bene mereretur. Deinde quid est assecutus,
quum omnes stulti sint sine dubio miserrimi, maxime
quôd stulti sunt? (I, ix, t. IV, p. 187.)
P. 156, 1. 21. Oiionim igitnr). «Pour qui donc
dirons-nous que le monde a été fait? Sans doute
pour les êtres animés qui ont l'usage de la raison;
ce sont les dieux et les hommes, certainement les
plus parfaits de tous les êtres. » (Cicéron, De nat.
deor., II, Liv.)
P. 156, 1. 28. Ctim siispiciiims). «Quant nous
contemplons les voûtes célestes du vaste univers au
dessus de nos tètes, et les astres brillants qui les
constellent, et quand on vient à réfléchir sur les
révolutions de la lune et du soleil... » (Lucrèce, V,
1203.) Le texte de Lambin porte « solis lunajque »
(p. 451).
P. 157, 1. I. La doiiiinalion & puissance). Sur cette
idée, très commune alors, de l'influence des astres
sur les destinées humaines, on peut lire, entre autres
écrits, le De philosopbia occulta, de Corneille Agrippa,
que Montaigne a certainement connu. Voir surtout
I, XXII : « Comment les choses inférieures sont sou-
mises aux supérieures et célestes, et comment le
corps humain et les occupations des hommes et leurs
mœurs proviennent de la distribution des étoiles et
des signes. » Les chapitres suivants traitent également
le même sujet.
P. 157, 1. 3. Fada eteuiiii). « Car toutes les actions
et la vie des hommes dépendent des astres. » (Mani-
lius, III, Lviii.) Les diverses éditions du xvi= siècle
que j'ai consultées portent fata au lieu de facta qui
est chez Montaigne.
P. 157, 1. 7. Specidatàqnc longé). «Elle reconnaît
que ces astres si éloignés ont sur les hommes une
influence secrète, que des lois fixes règlent les
mouvements périodiques de l'univers, et que le cours
des destinées est déterminé par des signes certains. »
(Manilius, I, lx.) Le texte de Montaigne est conforme
à l'édition de Lyon 1566, et à toutes les éditions
antérieures à la révision de Scaliger 1579.
P. 157, 1. 14. Ouantàquc qtiani). «Combien sont
grands les effets de mouvements insensibles... tant
est puissant cet empire qui commande aux rois
eux-mêmes. » (Jd., I, lv, et IV, xciii.) Les deux
vers que Montaigne modifie en les adaptant se lisent
ainsi dans l'édition de Lyon 1566 :
« Quantaque quam parvi lacèrent discrimina motus :
» Quantum est hoc regnum... quod regibus imperat ipsisi »
P. 157, 1. 20. Furit aller ainore). «L'un, furieux
d'amour, traverse la mer et va renverser Troie;
l'autre est destiné par le sort à donner des lois; ici,
des enfonts tuent leurs pères; là, des parents leurs
entants, ou ce sont des frères qui s'arment contre leurs
frères et s'égorgent entre eux. La faute n'en est pas aux
hommes : le destin les force à tout bouleverser ainsi,
à se déchirer et à se punir de leurs propres mains...
Et si je parle ainsi du destin, c'est que le destin l'a
voulu. » (/(/., IV, Lxxix, 118.)
P. 158, 1. 2. Oiix vwUtio). «Quels instruments,
quels leviers, quelles machines, quels ouvriers ont
élevé un si vaste édifice?» (Cicéron, De nat. deor.,
I, viii.)
P. 158, 1. 8. Avons nous veu). Cf. Cicéron, De
nattira dcornni : « Xunquam vidi, inquit, animam
rationis consiliique participem, in ulla alia nisi
humana figura. Quid solis, numquidquam aut luna;,
aut quinque errantium syderum simile vidisti?...
Numquid taie, Epicure, vidisti? Ne sit igitur sol,
ne luna, ne stelLt : quoniani nihil esse potest, nisi
quod attigimus aut vidimus. » (I, xxxi; t. IV,
P- 195 •)
P. 158, 1. 12. Quœ sunt tanfœ). «Tant sont étroites
les boriTes de notre esprit. » {Jd., ihid., I, xxxi.)
P. 1 5 8, 1. 1 4. Corne Anaxagoras). En 1 5 80 Montaigne
faisait simplement allusion au traité de Plutarque
intitulé «De la face qui apparoist au rond de la lune»,
où le témoignage de Platon est rapporté. Après 1588
il précise au moj-en d'un texte de Diogène Laërce,
Vied'Anaxagore : «Dicebat... lunam habitacuk in se
habere & colles & valles. » (II, viii, 100.)
P. 158, 1. 17. Intercœtera). «Entre autres infirmités
de la nature humaine est cet aveuglement de l'âme
qui non seulement force l'homme à errer mais qui
lui fait chérir son erreur. » (Sénèque, De ira, II, ix.)
P. 158, 1. 19. Corruptibilc corpus). «Le corps cor-
ruptible appesantit l'âme et sous son enveloppe
grossière la déprime dans l'exercice même de la
2l8
ESSAIS DE MONTAIGNE.
pensée.» (Livre de la Sagesse, ix, 15, cité par saint
Augustin, Cite de Dieu, XII, xv.)
P. 158, 1. 21. La plus calamiteiise). Traduction
d'une sentence de Pline que Montaigne a citée à la
fin de l'essai II, xiv, p. 380, 1. 9, et qu'il avait
inscrite sur les parois de sa librairie.
P. 159, 1. 2. S'égale à Dieu). Rapprocher ci-dessus
p. 156, 1. 23; et aussi ci-dessous p. 208 et passim.
P. 159, 1. 10. Platon en sa peinture). Dans le Poli-
tique : « Si Saturni quondam alumni in tanto ocio
& libertate vitœ potentiaque non solum inter se, sed
etiam cum bestiis colloquendi, hisce omnibus ad
philosophiam utebantur, inter se, & cum bestiis
viventes, sciscitantesque ab omni natura qucecumque
propriam sentiendi vim aliquam differentem ab aliis
habet, ad prudentiam acquirendam, facile judicari
potest illos longo quodam intervallo nos ad béate
vivendum exuperasse. » (xvi, p. 272; édit. de 1546,
p. 206.)
P. 159, 1. lé. Ce grand autheur). Platon dans le
Timc'e (p. 72; éd. de 1546, p. 724), passage auquel
il est déjà fait allusion au début de l'essai I, xi,
p. 47, 1. 7.
P. 160, 1. 2. De les entendre). Cf. \'archi, Ercolano :
« Gli auguri antichi e Apollonio Tianeo non inten-
devano le voci degli ucelli?... Credo di si, perche
tutti quelli che sordi non sono le entendono, ma le
significazioni credo di no. » Ce passage de Varchi
explique le texte de 1582 où Apollonius de Tyane
était seul nommé par Montaigne. Il a été complété
après cette date et antérieurement à 1588 par le
morceau suivant qui est tiré de Rhodigin, Antiquaruni
lectionum libri : « Si credendum sit antiquis atque illis
qui patrum nostrorum et nostro tempore extiterunt
addit esse qui dicant se audire sermonem animalium
atque intelligere : sicuti apud veteres Melampus et
Tiresias ac Thaïes : nuper vero Apollonius Tyaneus
quem dicunt in amicoram cœtu, cum audiret hirun-
dinem, aliis nuntiare asinum prope urbem onustum
cecidisse. » (XVII, xiii.J On voit que dans la phrase
de Montaigne le pronom les (les entendre) représente
non les Troglodytes mais les bêtes. Il convient de
remarquer que Rhodigin n'ajoute aucunement foi au
récit d'Apollonius, qui, dit-il, n'était qu'un magicien.
« Summa \\xc omnia esse nil aliud quam vanitates
et immundorum spirituum fallacissimas pra;stigias. »
Rhodigin a pu prendre l'allégation d'Apollonius dans
la Vie de ce philosophe, par Philostrate, I, .xx, 25 ;
celle de Melampus, chez Apollodore, I, ix, 11; celle
de Tiresias, également chez Apollodore, III, vi, 7;
il est plus probable toutefois qu'il se réfère à un
texte de Porphyre (De abstinentia, III), qui parle à la
fois de Melampus, de Tiresias et d'Apollonius.
P. 160, 1. 3. Les cosmographes). Pline, Histoire natu-
relle : « Ex Africa parte Ptoembari, Ptoemphanœ qui
canem pro rege habent, motu ejus imperia augu-
rantes. » (VI, XXX.) Cf. aussi Plutarque, Des communes
conceptions contre les stoïques, xi, f" 577 r°.
P. 160, 1. 14. Et muta'). «Et les animaux privés de
la parole et même les bêtes sauvages font entendre
des cris différents et variés, selon que la crainte, la
douleur ou la joie les agite. » (Lucrèce, V, 1058.)
P. 160, 1. 22. Non alla). «C'est à peu près de la
même manière que l'on voit les enfants conduits au
langage des gestes par l'impuissance de leur langue. »
(Jd., V, 1029.)
P. 161, 1. 2. Les amoureux). Rapprocher une phrase
d'Annibal Caro dans une lettre à Marco Antonio
Piccolomini sur l'inutilité de l'écriture : « Mi pare
che gli innamorati si parliano con le mani, con gli
occhi, s'intendano in ispirito, si ritrovino in sogno...»
Toutefois je ne crois pas que Montaigne ait lu
Annibal Caro avant 1580.
P. léi, 1. 5. E'I silentio). «Le silence même sait
prier et se faire entendre. » (Torquato Tasso, Aminte,
acte II, chœur, 34.)
P. 162, 1. 4. Les nations que Pline dit). Dans VHis-
toire naturelle : « Quibusdam pro sermone nutus
motusque membrorum est. » (VI, xxx.)
P. 162, 1. 5. Un Ambassadeur). Cf. Plutarque, Dicts
notables des Lacedemoniens : « Un Ambassadeur de la
ville d'Abdere estoit venu à Sparte, qui avoit fort
longuement parlé, & après qu'il se fut teu, à la fin
il luy demanda, Sire, quelle response veux tu que
je rapporte à noz citoiens? Tu leur diras, dit il, que
je t'ai laissé dire tout ce que tu as voulu, et que
je t'ay tousjours escouté sans jamais dire mot. »
(F» 214 r".)
LIVRE II, CHAPITRE XII.
219
P. 162, 1. 16. His quidam). « A ces signes et d'après
de tels exemples, certains ont prétendu que les abeilles
avaient reçu une parcelle de l'àme divine et des éma-
nations de i'éther. » (Virgile, Géorgiques, IV, 219.)
P. 163, 1. 24. Nature a embrassé). De tout ce
morceau il faut rapprocher l'épître 90 de Sénèque
qui fait à la civilisation son procès. Cf. en particulier :
« Non fuit tam inimica natura ut, quum omnibus
aliis animalibus facilem actum x'itx daret, Homo
solus non posset sine tôt artibus vivere. »
P. 163, 1. 26. Ces plaintes vulgaires). Allusion aux
plaintes de Pline, Histoire naturelle, VII, au début,
sur les misères de la condition humaine, qui ont été
reprises chez beaucoup d'auteurs du xvi= siècle :
Bouaystuau dans le Théâtre du monde tout entier;
dans VHistoire de Chelidmiius, viii; Droit de Gaillard,
dans sa Méthode de l'histoire, i et xxix; L'Ostal, dans
ses Discours philosophiques; Gelli, dans les Discours
fantastiques, 11; Lavardin, dans la préface de son
Histoire de Scanderberg; etc. (Cf. à ce sujet mon
ouvrage sur Les Sources et l'Évolution des Essais, t. II,
p. 34.) La plupart de ces auteurs se plaisent à opposer
la majesté de la raison qui élève l'homme incompa-
rablement au-dessus des animaux, à la misère de sa
condition physique, qui, disent-ils, le ravale beaucoup
au-dessous d'eux. Montaigne critiquera à la fois ces
deux points de vue.
P. 164, 1. 10. Tum porro). « Semblable au pilote
que la tempête a jeté sur le rivage, l'enfant gît à
terre, nu, sans parole, privé de tous les secours de
la vie, au moment où la nature vient de l'arracher
avec effort du sein maternel pour le produire à la
lumière. Il remplit de ses cris plaintifs le lieu de sa
naissance; et n'a-t-il pas raison de pleurer, l'infortuné
à qui il reste tant de maux à souffrir? Au contraire,
les animaux de toutes les espèces, domestiques et
sauvages, croissent sans peine; ils n'ont pas besoin
de hochets, ni des caresses et du langage enfantin
d'une nourrice; ils n'ont pas besoin de vêtements
qui changent avec les saisons; il ne leur faut enfin ni
armes ni hautes murailles pour mettre leurs biens à
couvert, puisqu'à tous le sol et la nature industrieuse
fournissent en abondance tout ce dont ils ont
besoin. » (Lucrèce, V, 223.) A l'occasion de ces
vers. Lambin cite en partie le passage de Pline que
Montaigne critique.
P. 164, 1. 26. Tesmoing tant de nations). Sur ces
idées, cf. l'essai I, xxxvi.
P. 165, 1. 9. Les mères Lacedemoniennes). Cf. Plu-
tarque, Vie de Lycurgue : « Les nourrices aussi usoient
de certaine diligence avec artifice à nourrir leurs
enfans, sans les emmailloter, ny lier de bandes, ny
de langes, de sorte qu'elles les rendoient plus délivres
de leurs membres, mieulx formez, & de plus belle
et gentille corpulence. » (xiii, f° 34 v^\)
P. 165, 1. 16. Sentit enini). «Car chaque animal
sent ce qu'il est capable de faire. » (Lucrèce, V,
10*32.)
P. 165, 1. 22. Ces nations). Montaigne pense sans
doute aux Brésiliens, dont il a parlé longuement
dans l'essai I, xxxi.
P. 166, 1. I. Et tellus). «Et la terre d'elle-même,
au début, produisit d'abondantes moissons et des
vignes fécondes pour les mortels; d'elle-même elle
leur offrit des fruits sucrés et de gras pâturages; et
tout cela maintenant c'est à peine si nous pouvons
le produire par notre travail, et nous y épuisons nos
bœufs et les forces des laboureurs. » (Lucrèce, II,
II57-)
P. 166, 1. 15. L éléphant). Cf. Plutarque, Oiicls ani-
maux sont les plus advise:^ : « Voyons les prémisses
& préparatifs, que font les Taureaux avant que d'entrer
au combat, comme ils jettent et respandent la poul-
ciere alentour d'eulx; et les Sangliers, quand ils
aguisent leurs défenses; et les Eléphants, pource que
l'une de leurs dents, avec laquelle ils fouillent,
arrachent & tondent les herbes, plantes & racines
dont ils se nourrissent, en est ordinairement mousse,
usée & espointée, ils contregardent tousjours l'autre
pointue et affilée, pour s'en servir aux combats...
Vous avez assez ouy dire de l'Ichneumon ou rat de
Pharaon, comment il s'arme, ne plus ne moins que
feroit un champion qui iroit pour combattre en
champ clos, tant il munit son corps, l'enduit et le
crouste tout alentour d'un fort halecret ou cuyrasse
de limon, quand il veult combattre le crocodile. »
(x, f-^ 512 r».)
P. 166, 1. 26. Qu'un enfant qu'on anroit nourry).
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Allusion à la fameuse expérience rapportée par Héro-
dote. Elle a été souvent reprise au xvi' siècle : men-
tionnons spécialement Messie dans les Diverses leçons ;
Laurent Joubert dans un petit opuscule intitulé :
Question vulgaire : Quel langage parlerait un enfant qui
n'auroit jamais OUI parler, et qui fut publié en 1578
à la suite de ses Erreurs populaires au fait de la iiiàic-
ciue. C'est de ce dernier ouvrage que Montaigne
s'inspire dans le passage qui va suivre.
P. 167, 1. 9. Cosi per entra). « Ainsi dans le noir
essaim des fourmis, on en voit qui semblent s'aborder
et se parler entre elles, peut-être pour épier les
desseins et la fortune l'une de l'autre. » (Dante,
Purg., XXVI, 34.) Montaigne a pris cette citation
dans VErcolano de Varchi, mais pour 'N'archi il n'v
a là qu'une image poétique.
P. 167, 1. 12. // me semble que Laclance). Allégation
empruntée à YErcalano de A^archi, mais Montaigne
ne tient pas suffisamment compte du correctif qui
la suit immédiatement chez Varchi : « Egli non dice,
.se ben mi ramento, che gli animali ne favellino ne
ridano, ma che pare che ridano e favellino. »
P. 167, 1. 13. £■/ /fl différence). Cf. Laurent Joubert,
Quel langage parlerait un enfant qui n'auroit jamais ouï
parler : « La vois dépliée, dit Aristote... est différente
antre les animaus, voire antre ceus de mesme espèce
an divers lieus. Example : les perdris an divers pavs,
ont le chant divers... » (Éd. de 1579, p. 580.)
P. 167, 1. 17. Variœque volucres). «Divers oiseaux
ont des voix très différentes selon les divers temps, et
il en est qui avec .les saùsons modifient leurs ramages
aux sons rauques. » (Lucrèce, V, 1077, 1080, 1082,
1083.)
P. 167, 1. 24. /(■ respons). Joubert insiste sur la
question d'une relation po.ssible entre les organes de
l'ouïe et les organes de la parole qui expliquerait
le mutisme des sourds de naissance; mais c'est, au
contraire de Montaigne, pour nier cette relation. Sur
tout ceci, cf. Aristote, Hist. des animaux, IV, ix,
qui est la source de Joubert.
P. 168, 1. 6. Dit le sage). Sentence de YHcclcsiasIe
qui figurait sur les travées de la librairie de Montaigne
et à laquelle il a déjà fait allusion au début de l'essai I,
XXXVI, p. 294, 1. 7.
P. 168, I. 7. Indiipcdila suis). «Tout porte les
chaines de la fatalité. » (Lucrèce, V, 874.)
P. 168, 1. 10. Res quœque). «Chaque chose se
développe suivant .son organisation propre, et toutes
conservent les traits distinctifs que la nature leur a
donnés. » (Lucrèce, \, 921.)
P. 169, 1. 17. Les habitans de la Tbrace). Cf. Plu-
tarque. Quels animaux sont les plus advise:^ : « Les
Thraciens encore jusques au jourd'huv, quand ils
veulent entreprendre de passer quelque rivière gelée
par dessus la glace, ils prennent un regnard pour
leur guide à sonder .si la glace est assez forte et
puissante pour les porter : ce regnard s'approchant
de la rivière, apporte l'oreille tout contre la glace,
& si par le bruit de l'eau courante dessoubs la glace
bien près de son oreille il conjecture qu'elle ne soit
pas a.ssez espesse & assez profondement gelée, il
s'arreste ou s'en retourne, si on luv permet : au
contraire, s'il n'entend point bruire l'eau courante
dessoubs, il passe outre hardiment. Or ne sçaurions
nous dire que cela soit seulement une vivacité du
sentiment de Touye, sans aucun discours de raison :
car c'est une ratiocination & conséquence tirée du
sens naturel en ceste sorte : Ce qui fait bruit se
remue, ce qui se remue n'est pas gelé, ce qui n'est
pas gelé est liquide, ce qui est liquide plie soubs le
faix, & ne tient pas ferme.» (xiii, f'' 513 v".)
P. 170, I. 4. Les Climacides). Li., Comment on
pourra discerner le flatteur d'avec l'amy : « Telles
femmes qu'estoient jadis en Cypre celles que Ion
surnommoit les Colacides, c'est à dire les flatteresses,
qui depuis, après qu'elles furent passées en la terre
ferme de la Syrie, furent appelées Climacides, comme
qui diroit eschellieres, pour autant qu'elles se cour-
boient à quatre pieds, & faisoient eschelles de leur
dos aux femmes des princes 6c des Roys, quand
elles vouloient monter dedans leurs coches. » (iii,
f-> 41 r".)
P. 170, 1. 9. Les femnu's & concubines). Cf. Héro-
dote : « Chascun d'eux a plusieurs femmes, qui est
cause que quand aucun d'eux va de vie à trespas,
grand procès .se meut entre elles, et leurs amis sont
fort embesongnez à juger, quelle d'entre elles a esté la
mieux aimée. Celle qui emporte cet honneur... est
LIVRE II, CHAPITRE XII.
assommée... sur la tombe du trespassé et ensevelie
avec luy. » (V, f" iiS v"\)
P. 170, 1. 16. Nous jurons). Cf. Juste Lipse, Satur-
naJiuin sermomtm libri : «Formula adeo ipsa juramenti
in Petronii Arbitri fragmentis : in verba Eumolpi,
inquit, sacramentuni juravimus, uri, venciri, verbe-
rari, ferroque necari : et quidquid aliud Eumolpus
jussisset tanquam legitimi gladiatores domino, cor-
pora animosque religiosissime addicimus. » (II, v.)
P. 170, 1. 20. Ure nu'iim). «Brûle-moi, j'y consens,
brûle-moi la tête, perce-moi le corps d'un glaive, et
déchire-moi le dos à coups de fouet. » (Tibulle, I,
IX, 21.) Montaigne a encore pris cette citation dans
les SaturimUiun scrmonum libri, de Juste Lipse.
P. 170, 1. 24. Quand les Scythes). Cf. Hérodote :
« En ce qui reste vuide, ils logent une des concu-
bines du 1103% qu'ils ont estranglée, ensemble son
eschanson, cuisinier, escuver d'escuirie, chambellan,
& huissier de chambre... L'an révolu ilz font de
rechef cecy. Ils prennent cinquante pages du Rov
les plus idoines... Quand donque ils ont estranglé
cinquante de ces pages, & autant de chevaux, ils
mettent les pages dessus empalez par l'espine du
doz jusque au gosier. Ces chevaliers ainsi equippez
& rengez entour la tumbe, ilz se retirent. » (IV,
Lxxi et Lxxii, t. I, f" 270 r°.)
P. 171, 1. 9. Diogenes). Cf. Diogène Laërce, Fie de
Diogène : « Necessarios suos illum redimere voluisse,
illum vero eos fatuos dixisse neque enim leones
serves esse nutrientium, sed e converso illos servire
leonibus. » (VI, lxxv, 388.)
P. 171, 1. 12. Jamais Lyon). Cf. Plutarque, One
les hestes usent de la raison : « Ny ne vit on jamais
que un Lion s'asservist à un autre Lion, ny un che-
val à un autre cheval à faulte de cœur, comnie fait
un homme à un autre homme. » (iv, f° 271 r°.)
P. 171, 1. 19. Serpente siconia). « La cigogne nourrit
ses petits de serpents et de lézards trouvés dans les
lieux sauvages, et l'aigle, ministre de Jupiter, chasse
dans les forêts le lièvre et le chevreuil. » (Juvénal,
XIV, 74, 81.)
P. 171, 1. 24. Au dessus d'Amphipolis). Pline, Hist.
nul. : «In Thraciœ parte super Amphipolim homines
atque accipitres societate quadam aucupantur. Hi ex
silvis et arundinetis excitant aves : illi supervolantes
deprimunt. Rursus captas aucupes dividunt cum iis...
Simile quiddam lupi ad M.-eotin paludem faciunr.
Nam nisi partem a piscantibus suam accepere, expansa
eorum retia lacérant. » (X, viii.)
P. 172, 1. 6. Arislotc dit). Cf. Plutarque, Quels
aniinau.x sont les plus advise:^ : « Celuy que l'on appelle
la grenouille pescheresse est assez cogneu de plusieurs,
& luy a Ion donné ce surnom pour sa façon de faire,
de laquelle finesse Aristote niesme escrit que la Sèche
use, car elle jette de son col un boyau long comme
une ligne, qu'elle estend au loing en !e laschant,
& le retire à soy tout entièrement quand elle veult.
Quand doncques elle apperçoit auprès d'elle quelque
petit poisson, elle luy laisse mordre le bout de ce
petit boyau, estant elle cachée dedans le sable, ou
dedans la vase, ef petit à petit elle le retire jus-
ques à ce que le petit poisson soit si près d'elle
qu'en saultant elle le puisse engloutir. » (xxviii,
f' 519 v°.)
P. 172, 1. 16. Les pous). Id., Vie deSylla, xvi. C'est
un foit qui est souvent mentionné chez les moralistes
du temps : Cf. Ravisius Textor, Officina, f" 30 r°;
Bouaystuau, Histoire de Cbelidonius, éd. de 1572,
f° 132 v"; etc.
P. 172, 1. 26. La tortue). Cf. Plutarque, Quels ani-
maux sont les plus advise::^ : « Les tortues prennent de
l'origane... quand elles ont mangé du serpent... & le
Dragon . . . esclarcit & fourbit ses yeulx avec du fenouil,
quand il les a un peu ternis & éblouis... Aussi dit
on que les ^Egyptiens ont observé que l'oiseau qu'ils
appelleui Ibis, qui est une Cicogne noire, se donne
a elle mesme un clystere avec de l'eau de la mer...
Qui plus est les Elephans semblent user de l'art de
chirurgie, car ils tirent les tronçons de lances, & les
traicts & javelots des corps des hommes blecez, sans les
tourmenter, & si dextrement qu'ils ne leur font mal
nv douleur quelconque : et les chèvres de Candie
quand elles sont frappées d'un coup de traict, elles
vont manger de l'herbe appellée Dictame, dont elles
font tomber fiicilement les traicts.» (xx, f° 516 v°.)
On remarquera qu'en 15S0 Montaigne affirmait avec
Plutarque que les éléphants arrachent les dards sans
«douleur quelconque»; après 1580, n'ayant plus le
ESSAIS DE MONTAIGNE.
texte SOUS les yeux il adoucit son affirmation : « nous
ne le sçaurions faire avec si peu de douleur. »
P. 173, 1. I. Tesnioing celiiy du Roy Parus). Id., ibid..:
« Le R03' Porus aiant esté griefvement blecé en la
bataille que luy donna Alexandre le Grand, l'Eléphant
sur lequel il conibattoit luy tiroit tout doulcement,
de peur de luy faire mal, avec sa trompe, les dards
& tronçons de javelots, dont il estoit navré. » (xiii,
f°5i4v°.)
P. 173, 1. 10. Chrysippiis). Id., ibid., et aussi
Sextus Empiricus, Hypotvposes, I, xiv; mais le récit
de Montaigne n'est absolument conforme ni à celui
de Sextus ni à celui de Plutarque.
P. 174, 1. 22. Ce que Plutarque dit). Cf. Plutarque,
Quels animaux sont les plus advi.ux : (c Ce chien ser-
voit à un basteleur qui jouoit une fiction à plusieurs
mines & plusieurs personnages, et y representoit le
chien plusieurs choses convenables à la matière sub-
jette, mesmement l'espreuve que Ion faisoit sur luy
d'une drogue ou d'une médecine qui avoit force de
faire dormir, mais que Ion supposoit avoir force de
faire mourir, il prit le pain ou la drogue estoit
meslee, & peu d'espace après l'avoir avallé il com-
mancea, ce sembloit, à trembler & branler comme
s'il eust esté tout estourdy, finablement s'estendant
& se roidissant comme s'il eust esté mort, il se laissa
tirer & trainner d'un lieu à l'autre, ainsi que portoit
le subject de la farce : puis quand il cognent à ce qui
se faisoit & disoit, qu'il estoit temps, alors il^ com-
mancea premièrement à se remuer tout bellement,
comme s'il se fust revenu d'un profond sommeil,
& levant la teste il regarda ça & là : dont chascun
des assistans fut fort esbahy : & puis se levant du
tout, s'en alla devers celuy qu'il falloit qui le receust,
& le carressa : de sorte que tous les assistans, & l'Em-
pereur mesme (car Vespasien le père y estoit en
personne dedans le Théâtre de Marcellus) en demeu-
rèrent tous resjouis. » (xix, f° 516 v°.)
P. 175, 1. é. Les bœufs). Id., ibid. : «Les Bœufs
de Suse... sont ordonnez à tirer l'eau pour arroser les
jardins du Roy avec ces grandes roues & ces petits
bacquets tournans, ils ont leur compte combien ils
doivent tourner de tours : car ils en doivent tirer tous
les jours jusques à cent chascun, & n'est possible de
leur en faire tourner d'avantage, ny de gré, ny de
force, pour ce que depuis qu'ils ont fait leur tasche
ils s'arrestent tout court, & n'est pas possible de les
faire passer oultre : ce que Ion a bien voulu essayer,
mais il n'y a ordre, tant ils sçavent bien exactement
compter & retenir leur compte, ainsi comme Ctesias
le Gnidien a laissé par escript. » (xx, f" 517 r".)
P. 175, 1. 16. Plus de discours). Id., ibid. : « Pour
ce que l'enseigner monstre encore plus grand usage
de la raison que ne fait l'apprendre, il est bien force
de croire que les bestes en ont. » (xix, f' 51e r".)
P. 175, 1. 17. Ce que Democritus). Id., ibid. : « De-
mocritus monstre & preuve que nous avons nous
mesmes esté leurs apprentifs & disciples es choses
principales dont nous avons affaire, comme de l'arai-
gnée en la tissure & cousture, de l'arondelle en l'archi-
tecture, du cygne & du rossignol en la musique,
l'ayans apprise à les imiter. Quant est de trois parties
de la médecine, nous en voions la plus grande partie,
& ce qu'il y a de plus généreux & de plus noble, en
la nature des animaux. » (xx, f° 516 v".)
P. 175, 1. 21. Aristote). Id., ibid. : «Aristote mesme
tesmoigne qu'elles monstrent & enseignent les unes
aux autres : car il escrit que Ion a souvent veu des
rossignols qui monstroient à chanter à leurs petits, à
quoy luy pourroit bien servir de tesmoignage ce que
Ion a souvent veu par expérience, que les rossignols qui
ont esté pris jeunes dedans les nids avant qu'ils fussent
achevez de nourrir par leurs mères, n'en chantent pas si
bien, par ce que ceulx qui sont nourris par les mères
sont quant & quant enseignez, & y apprennent non
pour pris d'argent, ny pour la gloire, mais pour ce
qu'elles prennent plaisir à bien chanter, & qu'elles
aiment mieulx la beauté que non pas l'utilité de la
voix. » (xix, f" 516 r°.)
P. 176, 1. 5. J'av veu (dicl Arrins). (Arrius est une
erreur pour Arrianus.) C'est en effet d'Arrien de Nico-
médie que la phrase suivante est extraite : «J'ay veu
autrefois un éléphant aiant à chascune cuisse un
cymbale pendu, et un autre attaché à sa trompe, au
son desquels tous les autres elephans dansoient en
rond proprement et à certaines cadences, tantost
s'eslevans en l'air, ores s'inclinans, .selon que le son
et la cadence du premier le rcqueroicnt : et y avoit
LIVRK II, CHAPITRE XII.
225
plaisir à ouyr l'armonie de ces cymbales. » (Histoire
indienne, xiv, traduction Witard, p. 327.)
P. 176, 1. 9. Aux spectacles de Rome). Cf. Plutarque,
Quels animaux sont les plus advisex^ : «Or y en aura il
qui s'esbahiront de ce que Ion monstre à l'Eléphant,
& de ce qu'il apprend, ainsi que Ion apperçoit par les
preuves qu'il en fait veoir es Théâtres, comme les
cadences d'un bal, les divers compartiments des danses,
qui ne sont pas aux hommes mesmes bien faciles à
retenir pour leur subtilité &: grande diversité. Il n'y
a pas long temps qu'à Rome on en exercitoit un bon
nombre à se remuer, aller, venir & arrester, de mou-
vements & arrests fort difficiles, estranges & mal aisez
à demesler : mais entre les autres il y en avoit un plus
grossier & plus tardif à comprendre, & à retenir, que
les autres, à raison dequoy il en estoit à tout propos
injurié, tensé & battu ordinairement, il fut quelque-
fois trouvé la nuict à part, répétant sa leçon à la
lune, & recordant ce qu'on luy avoit enseigné. »
(xii, f° 513 r".)
P. 176, 1. 16. Cett'autre histoire). M., ibid. :
« En la ville de Rome au devant du temple que Ion
appelle Grecostasis ou la place des Grecs, un barbier
qui lenoit sa bouttique vis à vis, nourrissoit une pie
qui fliisoit merveille de chanter & de parler, contre-
faisant la parole des hommes, la voix des bestes, et
les sons des instrumens, sans que personne la contrai-
gnist à ce faire, ains s'y estant accoustumée d'elle
mesme, & faisant gloire de ne laisser rien à dire ny
à contrefaire. Or advint il que Ion feit les funérailles
de l'un des plus gros & plus riches personnages de
la ville, & emporta Ion le corps par la devant, avec
force trompettes et clairons, qui marchoient devant :
advint que le convoy feit une pause en cest endroit
la, & s'y arresterent les trompettes faisans grand
devoir de sonner & bien longuement. Depuis cela
tout le lendemain la pie demoura muette, sans siffler
ny parler, ny jetter seulement sa voix naturelle, ny
son ramage accoustumé en ses ordinaires & néces-
saires passions, tellement que ceulx qui auparavant
s'esbahissoient de sa voix et de son parler s'esmer-
veilloient encore plus alors de son silence, trouvans
estrange de passer par la sans luy ouir rien dire, de
sorte que Ion eut quelque souspeçon alencontre des
autres maistres du mestier que Ion ne l'eust empoi-
sonnée : toutefois la plus part des personnes estimoient
que ce fust la violence du son des trompettes qui
luy eust estourdy l'ouye, & qu'avec l'ouye la voix
ne fust aussi quant et quant demourée estainte :
mais ce n'estoit ny l'un ny l'autre, ains estoit, ainsi
qu'il apparut depuis, une estude profonde, & une
retraitte en soy mesme, son esprit s'exercitant & pré-
parant sa voix comme un instrument de musique :
car à la fin la voix luy revint, & se resveilla tout
soudain, ne disant rien de tout ce qu'elle avoit
accoustumé au paravant de dire ou de contrefaire,
sinon le son des trompettes, avec les mesmes reprises,
les mesmes pauses, les mesmes nuances, & les mesmes
cadences : choses qui confirme de plus en plus ce que
j'ay dit auparavant, que les animaux monstrent plus
d'usage de raison à s'enseigner soy mesme, que non
pas à apprendre d'autruy. » (xix, f° 51e r°.)
P. 176, 1. ^i . Je neveux pas obmettre) . Id., ibid. : « On
estimeroit que ce fust une fable, aussi bien que celle des
corbeaux de la barbarie, lesquels quand ils ont soif,
(Se que l'eau où ils veulent boire est trop basse, ils
jettent des pierres dedans pour la faire monter jusques
à telle hauteur qu'ils y puissent attaindre : aussi me
suis je quelquefois grandement esmer\-eillé, volant
un chien dedans une navire, pendant que les mari-
niers n'y estoient pas, jetter des petits cailloux dedans
une cruche qui n'estoit pas du tout pleine d'huyle,
m'esbahissant comme il pouvoit faire ce discours en
son entendement, que l'huyle monteroit par force,
quand les cailloux qui estoient plus pesants seroient
dévaliez au fond de la cruche, & que l'huyle qui
estoit plus légère leur auroit cédé la place. » (xii,
f°5I2V".)
p. 177, 1. 10. Ce que recitoit). Id., ibid. : «Quant à
la foj' & l'amour sociale, les Elephans (ainsi comme
le Roy Juba escrit) en monstrent un grand exemple,
pour ce que ceulx qui les chassent ont accoustumé
de leur creuser de profondes fosses, lesquelles ils
couvrent par dessus, avec quelques menues brossailles,
& quelques pailles bien légères. Quand doncques il
y a quelqu'un qui tombe dedans, ainsi comme ils
marchent tousjours plusieurs ensemble par les champs,
les autres apportent force pierres & force bois qu'ils
224
jettent dedans la fosse taschant à la remplir, à fin
que leur compagnon ait moien d'en sortir. » (xvii,
P. 177, 1. 18. Ce que je maintiens ordinairement).
Cf. le début de l'essai I. xLii, et la note.
P. 177, 1. 20. Le gouverneur d'un éléphant). Cf.
Plutarque, Quels animaux sont les plus advise:^ :
«Agnon recite qu'il y a quelque temps qu'en la
Syrie on en nourrissoit un (un éléphant) en une
maison privée : son gouverneur avoit par chascun
jour certaine mesure d'orge du maistre de la maison
pour le nourrir, mais il luy en soubtrayoit & dero-
boit tous les jours la moitié : advint que un jour le
maistre de la maison le voulut voir penser, & le
gouverneur adonc luy versa devant la mesure toute
entière : et l'Eléphant le regardant de mauvais œil,
sépara avec sa trompe, & meit à part la moitié de
l'orge, déclarant le mieulx qu'il pouvoit à son maistre
le ton que luy faisoit son gouverneur. Il raconte
aussi qu'un autre, voiant que son gouverneur luy
mesloit de la terre et des pierres parmy son orge,
pour faire croistre la mesure, s'approcha du pot où
il faisoit au fouyer cuire sa chair pour son disner,
& le luy emplit dfe cendres. » (xii, f° 513 v°.)
P. 178, 1. 8. Siquidem). «Leurs ancêtres (des élé-
phants) avaient servi le Carthaginois Annibal, nos
généraux et le roi Molosse, et ils portaient sur leur
dos des cohortes ou ser\aient de cavalerie. » (Juvénal,
XII, 107.) Le texte de Montaigne est de tous points
conforme à celui de la plupart des éditions du
XVI' siècle, en particulier à celui de l'édition de
Paris 1544.
P. 178, 1. 21. Les Espaignols). Cf. Lopez de
Gomara, Histoire générale des Indes : « Les Indiens
avoient aussi grand peur d'un chien surnommé
Vezerrillo... lequel gagnoii la soulde autant qu'un
arbalestrier & demi. Ce ciiien assailloit les Indiens
fièrement & avec discrétion : Il cognoissoit les amis,
& ne leur faisoit aucun mal, encor' qu'on le te- chast.
Il cognoissoit si tel estoit Caribe, ou non : poursui-
voit vivement celui qui fuioit iusques au milieu du
camp de l'ennemi ou le mettoit en pièces si seule-
ment on luy eust dit, or sus viste, va le chercher : il
ne s'arrestoit jusques à ce qu'il eust fait tourner
ESSAIS DE MONTAIGNE.
visage a celui qui s'enfuyoit. Ce chien asseuroit tant
nos gens qu'ils osoient affronter les Indiens aussi
hardiment que s'ils eussent eu trois hommes de
cheval avec eux. » (II, ix, f° 56 v°.) Ces faits étaient
alors très connus. Voyez Guillaume Bouchet, Sérées,
I, vu; Des chiens (éd. de 1585, p. 160). Montaigne
a pu lire ce passage de Bouchet avant de parler des
chiens des Espagnols dans les Essais.
P. 179, 1. 7. Des hommes amene:^.)- Montaigne fait
allusion à ces sauvages à la fin de l'essai I, xxxi,
p. 280, 1. 1.
P. 179, 1. 22. Si faisoit bien encore). Cf. Plutarque,
Quels aninuiux sont les plus advise:^ : «La nature...
nous exhibe & met en avant plusieurs anguilles que
Ion appelle sacrées, toutes privées & familières à
l'homme, comme entre autres, celles qui sont en la
fontaine Arethuse, & en plusieurs autres lieux des
poissons qui obéissent quand on les appelle par leurs
noms, ainsi que Ion dit de la Murène de Crassus... »
(xxiii, f" 518 r°.)
P. 179, 1. 27. Xomen hahent). « Ils ont un nom, et
chacun d'eux vient à la voix du maître qui l'appelle.»
(Martial, IV, xxix, 6.)
P. 180, 1. 2. Quelque participation de religion). Cf.
Plutarque, Quels animaux sont les plus advise:^ : « Il
raconte aussi qu'ils usent de prières envers les dieux,
en se purifiant avec de l'eau de la mer, &: adorant le
soleil levant, en haulsant contremont leur trompe,
comme si c'estoit leur main, le tout sans que personne
leur ait enseigné à ce faire, aussi est-ce le plus devost
& le plus religieux de tous les animaux. » (xvii,
f° 5 1 5 v°.) On peut rapprocher Pline, Hist. n<7/., VIII, i.
P. 180, 1. 10. Le philosoplx Cleanthes). Id., ibid. :
« Le philosophe Cleanthes encore qu'il maintiene
que les bestes n'ont point d'usage de raison, raconte
neantmoins qu'il s'est trouvé présent à veoir un tel
spectacle : il dit qu'il y avoit un nombre de fourmis
qui alloient à une autre formilliere que la leur por-
tans le corps d'un fourmi mort : Quelques uns de la
formilliere sortirent au devant d'eulx, comme pour
parler à eulx, lesquels un peu après redescendirent
dedans, & puis remontèrent, & firent cela par deux
ou trois fois jusques à ce que finablement ils appor-
tèrent d'abas un verm, comme pour la rançon du
LIVRE II, CHAPITRE XII.
225
mort, que les autres chargèrent dessus leurs espaules,
après avoir rendu le mort, & s'en retournèrent chez
eulx. » (xi, f° 513 r".)
P. 181, 1. 2. En dite grande). Cf. Pline, Histoire
naturelle : « Fertur Actiaco Marte tenuisse pnvtoriam
navim Antonii properantis circumire et exhortari
suos donec transiret in aliam. » (XXXII, i.)
P. 181, 1. 9. Tout despit dcquoy). Id., ibid. : Osten-
demnt... Caio indignanti hoc fuisse quod se revocaret
quadringentorumque remigum ohsequio contra se
intercederet. Constabat peculiariter miratum quomodo
adhaerens tenuisset, nec idem polleret in navigium
receptus. » (XXXII, i.)
P. 181, 1. 14. Un citoyen de Cy:^iquc). Cf. Plutarque,
Quels animaux sont les plus advise:;^ : « Sa tasniere (du
hérisson) a deux pertuis, l'un tourné devers le Midy,
l'autre devers le Septentrion : et quand il cognoist
qu'il y doit avoir mutation d'air & changement de
temps, ne plus ne moins que les maistres des navires
changent la voile selon le temps, aussi bouche il le
trou de sa tasniere qui regarde contre le vent, & ouvre
celuy qui est à l'opposite : ce que quelqu'un de la
ville de C^'zique ayant jadis apperceu, acquit la répu-
tation de sçavoir bien prédire de luy mesme de quel
costé devoit souffler le vent. » (xvi, f° 515 v°.)
P. 181, 1. 20. Le caiiieh'ou). Id., ibid. : «Il est vrai
que le chameleon change bien aussi de couleur,
mais c'est sans desseing d'aucune ruze, & non point
pour se cacher, mais de peur tant seulement, estant
de sa nature couard & timide : mais quant au poulpe,
c'est une action & non pas un changement de
passion : car il change de couleur avec certaine
science, & de propos délibéré, pour se cacher de ce
qu'il craint, & pour attrapper ce dont il se nourrit. »
(xxviii, f" 519 v°.)
P. 182, 1. 12. La torpille). LL, ibid. : «Quant à la
Tromble, autrement dite torpille, vous sçavez tous
assez sa puissance, qui est, que non seulement elle
endort & rend sans sentiment les membres qui la
touchent, mais aussi atravers des filets de la seinne
elle transmet une pesanteur endormie & amortie aux
mains de ceulx qui la remuent & manient : si pendant
qu'elle est \ive on respand de l'eau dessus, Ion sent
ceste passion qui gaigne contre-mont jusques à la
main, de laquelle elle amortit et endort l'attouche-
ment atravers l'eau, qui est déjà tournée & altérée,
comme il est vraysemblable : aiant doncques une
cognoissance de ceste vertu née avec elle, elle ne
combat ny ne se hazarde jamais de front contre un
autre poi.sson, mais environnant celuy qu'elle veult
avoir & prendre, elle jette atravers l'eau son influence,
comme si c'estoient flesches, charmant l'eau premiè-
rement, & puis après le poisson par le moien de
l'eau, tellement qu'il ne peut ny se défendre ny s'en
fuir, ains est arresté & fiché, comme s'il estoit attaché
avec des liens. » (xxvii, f= 519 v°.)
P. 183, 1. 13. Tenei chants). Ce proverbe est cité
par Leroux de Lincy (^Anciens prcri'erbes français, 1859,
t. I, p. 147), sous la forme un peu différente que
voici : « Le pied sec, chaut la teste, au reste vivez en
beste.» Leroux de Lincy renvoie au recueil de Gruter :
Fhrilegium ethico-politicuin (Francfort, 16 10).
P. 183, 1. 19. More feranim). «On croit commu-
nément que, pour être féconde, l'union des époux
doit se fiiire à la mode des quadrupèdes parce qu'alors
la situation horizontale de la poitrine et l'élévation
des reins favorisent la direction du fluide générateur.»
(Lucrèce, IV, 1261.)
P. 184, 1. I. Nani ntulier). «Les mouvements
lascifs par lesquels la femme excite l'ardeur de son
époux sont un obstacle à la fécondation : ils ôtent
le soc du sillon et détournent les germes de leur
but. )) (/(/., ibid., 1266.) Le texte est conforme à
celui de l'édition Lambin.
P. 184, 1. 12. Hircanns). Cf. Plutarque, Quels
animaux sont les plus advise^^ : « Mais qui voudroit
appliquer ce propos là aux bestes de la terre, il seroit
luy mesme sauvage et cruel, s'il vouloir nier qu'il
n'y ait eu quelque reciprocation d'amitié & de justice
entre le roy Lysimachus et son chien Hyrcanus,
lequel demoura tousjours seul auprès de son corps
après qu'il fut mort, &: quand on en brusla le corps,
il prit sa course de luy mesme & se jetta dedans le
feu, oii il fut bruslé avec luy : autant en feit un
autre, comme Ion dit, que Pyrrhus avoit nourry,
non pas le Roy, mais un homme privé : car quand
son maistre fut mort, il ne bougea jamais de dessus
son lict, et quand on le porta il se laissa enlever quand
226
ESSAIS DE MONTAIGNE.
et luy, & finalement luy inesme se lancea dedans le
feu, & se feist brusler avec luy.» (xiii, f° 514 v°.)
P. 184, 1. 32. Les cupidité:^). Id., Que les besies brûles
usent de la raison : « Entre les cupiditez vous voiez
beaucoup de différences, comme celle du boire, oultre
ce qu'elle est naturelle il est certain qu'elle est aussi
nécessaire : ib\: celle de l'amour, encore que nature
en donne le commancement, si est-ce que l'on peut
bien commodément vivre en s'en passant, & pour
ce doit elle estre appelée naturelle, mais non pas
nécessaire. Il y a un autre genre de cupiditez, qui
ne sont ny naturelles ny nécessaires, ains coulées
de dehors par une ignorance du bien, par une
vaine opinion : & celles la sont en si grand nombre
qu'elles chassent presque toutes les naturelles, ne
plus ne moins que si en une cité il y avoit si grand
nombre d'estrangers, qu'ils forceassent les habitants. »
(vi, f° 272 r°.)
P. 185, 1. 10. Neque illa). k Elle n'a pas besoin de
la fille d'un puissant consul. » (Horace, Satires, I, 11,
69.) Le texte d'Horace est :
Numquid ego a te
» Magno prognatum deposco consule cunniim ?- »
P. 185, 1. 22. Elles se trouvent aussi). Jean Bodin,
dans son Commentaire du De venutione d'Oppien
auquel Montaigne fera un emprunt tout à l'heure,
accuse Plutarque d'affirmer que les animaux ne
s'unissent jamais d'espèce à espèce, et il prétend
réfuter cette opinion par des faits. (Cf. f° 80 v".)
Platon dans les Lois, VIII, soutient la thèse que Bodin
prête ici à Plutarque.
P. 185, 1. 24. L'elephant corrival). Cf. Plutarque,
Quels animaux sont les plus advise:^ : « Quant à leurs
amours plusieurs y ont esté farouches & furieux,
les autres y sont plus doulx & plus gracieux, comme
fut celuy qui fut corrival du grammairien Aristo-
phanes en l'amour d'une jeune boucquettiere en la
ville d'Alexandrie, & ne monstra pas l'Eléphant moins
son affection que l'homme, car se promenant par le
marché où Ion vendoit des fruicts, il en prenoit avec
sa trompe, & les luy portoit, & puis se tenoit long
temps devant elle, & luy mettoit quelquefois sa
trompe dedans le sein par dessoubs son collet,
comme si c'eust esté une main, & luy tastoit le tetin
& ce qu'elle avoit de beau sur l'estomach. Il y eut
aussi un Dragon qui fut amoureux d'une jeune fille
d".iEtolie, et la venoit veoir la nuict, se coulant tout
doulcement au long d'elle & l'entortilloit sans luv
faire mal ny desplaisir aucun, ny volontairement,
ny autrement, & puis se departoit d'avec elle tout
bellement environ l'aube du jour. Je ne vous parlerav
point de l'Oye qui fut amoureux d'un jeune enfant, en
la ville d'Asope, ny du Bellier aussi qui feit l'amour
à une jeune menestriere nommée Glaucia, pour ce
que ce sont choses toutes notoires.» (xviii, f" 516 r°.)
P. i8é, 1. 7. Des magots). Bouaystuau dans une
de ses Histoires prodigieuses (xxi), aussitôt après avoir
rapporté d'après Plutarque l'exemple de l'éléphant
amoureux d'une bouquetière, parle lui aussi de singes
amoureux de femmes. Il n'est pas impossible que
cette association de faits soit due à une réminiscence
de Bouaystuau.
P. 186, 1. 9. Oppiauus). Dans le De venatione, i,
236, que Montaigne a sans doute lu dans la traduc-
tion latine de Bodin, 1555.
P. 186, 1. 13. Nec habetur). «La génisse se livre
sans honte à son père et la cavale au cheval dont
elle est née; le bouc s'unit aux chèvres qu'il a engen-
drées, et l'oiseau féconde l'oiseau à qui il a donné
l'être.» (Ovide, Métamorphoses, X, 325.)
P. 186, 1. 17. Celle du mulet). Cf. Plutarque,
Quels animaux sont les plus advise:^ : « Le sage Thaïes . . .
fut fort aise d'avoir descouvert & afiîné la ruse d'un
mulet : car il y avoit une trouppe de mulets qui
portoient du sel de lieu à autre, entre lesquels un
en passant une rivière tomba par cas fonuit dedans
l'eau : le sel aiant esté trempé dedans l'eau se fondit
pour la plus part, de manière que le mulet se rele-
vant se trouva fort allégé de sa charge, & en comprit
aussi tost la cause, qu'il imprima bien en sa mémoire,
tellement que toutes & quantes fois qu'il passoit la
rivière il se baissoit expressément, &: trempoit les
vaisseaux ou estoit contenu le sel qu'il portoit, en
se couchant tout de son long sur un costé & puis
sur l'autre. Thaïes ayant entendu sa malice, com-
manda au muletier qu'au lieu de sel on luy emplist
ses vaisseaux d'autant pesant de laine & d'esponges.
LIVRE II, CHAPITRE XII.
<!s: qu'on les luy chargeas! sur le dos, & qu'on le
chassast quant & les autres : il ne faillit pas à faire
comme il avoit accoustumé, & aiant rempli ses vais-
seaux & sa charge d'eau, il cogneut que sa ruse luy
estoit dommageable, de manière que de là en avant
il se teint debout, & se donna bien garde qu'en
passant la rivière ses vaisseaux ne touchassent pas
seulement au dessus de l'eau, non pas mesme mal-gré
luy. » (xvi, f" 515 r".)
P. 187, 1. I. Les foiinnis). Id., ibid. : «Ils (les
fourmis) estandent au dehors à l'air leurs grains
& semences pour les esventer, refreschir & sécher...
quand ils voient qu'ils commancent à se moj^sir,
& à sentir le rance, & qu'ils craignent qu'ils ne se
corrompent & pourrissent, mais la caution & préven-
tion dont ils usent à ronger le grain du froument,
surpasse toute imagination de prudence humaine,
par ce que le froument ne demeure pas toujours sec,
ny sain, ains s'amollit, & se resoult & destrempe
comme en laict, se tournant à germer & produire :
parquoy de peur qu'il ne devienne semence, & perde
sa nature & propriété de monition pour leur nour-
riture, ils rongent le bout par où le germe a accou.s-
tumé de sortir. » (xi, f° 513 r°.)
P. 187, 1. 18. Oiiando Iconi). «Quand un lion a-t-il
arraché la vie à un lion moins vaillant? Dans quel
bois jamais un sanglier a-t-il expiré sous les défenses
d'un autre sanglier plus fort?» (Juvénal, xv, léo.)
P. 187, 1. 24. Sœpe duobtis). « Souvent entre deux
rois (nous dirions reines aujourd'hui) s'élève une
grande querelle; nous laissons à penser dès lors la
fureur guerrière dont le peuple est animé. » (Virgile,
Géorgiqties, iv, 67.)
P. 188, 1. 4. Fulgiir ihi). « L'acier renvoie ses
éclairs au ciel, et toute la campagne à l'entour brille
de l'éclat de l'airain ; sous le pas des soldats, la terre
tremble, et les monts voisins renvoient jusqu'aux
astres les clameurs dont ils sont frappés. » (Lucrèce,
II, 325.) Fitlgur est donné par le texte de l'édition
Lambin.
P. 188, I. 12. Paridis). «On raconte que l'amour
de Paris causa une guerre terrible entre les Grecs et
les Barbares. » (Horace, Épîtres, I, 11, 6.)
P. 188, 1. 25. Qnod fiililit). « Parce qu'Antoine fait
l'amour à Glaphyre, Fulvie m'impose comme un
devoir de lui faire aussi l'amour. Que je le fasse à
Fulvie! Faudra-t-il le faire également à Manius, s'il
le demande? Non pas, que je sache. — Ou l'amour,
ou la guerre, dit-elle. — Comment donc? Si la vie
m'est moins chère que mon... Sonnez, trompettes. »
Vers attribués à Augu.ste et conservés par Martial
{Epigraiiniiis , XI, xxi, 3.) On peut voir l'imitation
discrète qu'en a faite Fontenelle dans ses Dialogua
des morts. Au cinquième vers les éditions que j'ai
consultées écrivent toutes : quid quod mihi vita...
P. 189, 1. 2. Fous m'en ave:^ donné). Fous repré-
sente la princesse à laquelle l'Apologie de Sehond était
dédiée. Montaigne .s'adressera à elle de nouveau plus
loin, p. 304, 1. 13. Sur la foi d'une note de Jamet
on pense généralement que c'est Marguerite de
Navarre, femme de Henri de Navarre. Miss Grâce
Norton estime que c'est Catherine de Bourbon, sœur
du même prince. (Cf. Studics in Montaigne, p. 51.)
Les preuves font défaut pour décider la question.
A l'hypothèse de miss Norton on objectera sans
doute que Catherine de Bourbon était protestante,
et que l'essai semble adressé à une catholique. Pour
ce qui concerne cette phrase le sens en est obscur.
Je crois qu'il faut y voir une excuse de Montaigne
pour la liberté de la citation de Martial qu'il vient
de faire. Dans une œuvre dédiée à une princesse on
devrait se montrer plus retenu, semble dire Mon-
taigne. Mais quoi! cette phrase licencieuse est en
latin, et en latin vous m'avez tout permis. D'autres
comprennent que Montaigne s'excuse de parler latin
à une princesse qui n'entend pas cette langue; mais
pourquoi cette excuse vient-elle après la citation de
Martial plutôt qu'à la suite de tant d'autres citations
qui ont précédé celle-ci ? Et puis l'expression « liberté
de conscience » est beaucoup plus favorable à la pre-
mière explication qu'à la seconde.
P. 189, I. 4. Oiiam miilti). «Comme les Hots
innombrables qui roulent sur la mer de Libye, quand
le fougueux Orion, au retour de l'hiver, se plonge
dans les eaux, ou comme les épis pressés que dore
le soleil d'été, soit dans les champs de l'Hermus,
soit dans la féconde Lycie, les boucliers résonnent et
la terre tremble sous le pas des guerriers. » (Virgile,
228
ESSAIS DE MONTAIGNE.
En., VII, 718.) Le texte de Montaigne est conforme
à celui de son édition de Venise, 1539, f° 112 v°.
P. 189, 1. 10. Unefoniiillieic). La même image se
retrouve dans Lucien, Dialogues, xlvi, 19, et surtout
chez Sénèque, dans la préface des Questions naturelles
qui va fournir à Montaigne la citation qui suit.
P. 189, 1. 12. It iiignim). «Le noir bataillon
s'avance dans la plaine. » (\'irgile. En., IV, 404.)
Citation prise à la préface des Questions naturelles de
Sénèque où elle a la même application morale que
chez Montaigne.
P. 189, 1. 21. Sertorius). Cf. Plutarque, Fie de
Sertorius, vi, f° 404 r°. Montaigne se trompe : ce
n'est pas Pompée que Sertorius battit ainsi, mais un
peuple appelé les Characitaniens.
P. 189, 1. 22. Euwenes). Id., Vie d'Eumems ,i" ^\6 \°.
P. 189, 1. 22. Sureiia). Id., Vie de Marcus Crassus,
{" 389 v°.
P. 189, 1. 24. Hi motus). « Ces grandes colères
et ces terribles combats, une poignée de poussière
les calmera. » (Virgile, Georg., iv, 86.) Le texte est
celui de l'édition de Venise, 1539, f" 35 r°.
P. 189, 1. 27. Les Port liguais). Cf. Goulard, Histoire
du Portugal : « Barrigue fit une autre course jusques
aux portes d'une ville du territoire de Xiatime nom-
mée Tanly. Les habitants qui se voyoyent en extrême
danger apportèrent sur les murailles & mirent le feu
en une infinité d'exaims d'abeilles dont le pals est
riche : tellement que les Portugallois bruslez du feu
& picquez vivement de ces mouches furent contrains
.se retirer, & y en eut qui receurent des coups de
main, afin qu'ils ne se plaignissent pas d'avoir esté
chassez par les mouches seulement. Barrigue fut du
nombre. » (VIII, .\ix, f'^ 244 v°.)
P. 190, 1. 6. Les aines des Empereurs). Rapprocher
La Boétie, Contr'nn : « S'il y a rien de clair ni d'ap-
parent en la nature et où ne soit pas permis de taire
l'aveugle, c'est cela que la nature, la ministre de Dieu,
en la gouvernance des hommes, nous a tous faits
de même forme, et, comme il semble, en mesme
moule. » {Œuvres de La Boétie, 1892, p. 15.)
P. 190, 1. 18. Le Roy Pyrrhus). Cf. Plutarque,
Quels animaux sont les plus advise:^ : « Pyrrhus allant
par pais rencontra un chien qui gardoit le corps de
son maistre que Ion avoit tué, & entendant des habi-
tans qu'il y avoit desja trois jours qu'il estoit au près
sans en bouger, & sans boire ny manger, commanda
que Ion enterrast le mort, & amenast le chien quant
& luy, &: qu'on le traittast bien. Quelques jours
après on vint à faire la monstre & reveuë des gents
de guerre, passants par devant le Roy qui estoit assis
en sa chaire, & avoit le chien au près de luy, lequel
ne bougea aucunement jusques à ce qu'il apperçeut
les meurtriers qui avoient tué son maistre, ausquels
il courut sus incontinent avec grands abbois & grande
aspreté de courroux, en se retournant souvent devers
Pyrrhus, de manière que non seulement le Roy, mais
aussi tous les assistans entrèrent en suspicion grande,
que ce dévoient estre ceulx qui avoient tué son
maistre : si furent arrestez prisonniers, & leur procès
fait là-dessus, joinct quelques autres indices & pre-
sumptions que Ion eut d'ailleurs alencontre d'eulx,
tellement qu'à la fin ils advouërent le meurtre, & en
furent punis : autant en feit le chien du sage Hésiode,
à ce que Ion dit, ayant convaincu les enfans de
Ganystor Naupactien d'homicide commis en la per-
sonne de son maistre. Mais ce que noz pères ont veu
estants aux estudes à Athènes, est encore plus évident
que tout ce que nous avons dit. C'est, qu'un .sacrilège
s'estant coulé dedans le temple d'^Esculapius y
derobba les plus beaux & les plus riches joyaux d'or
& d'argent qui y fussent, & pensant n'avoir esté
descouvert ny apperçeu de personne, trouva moien
de s'en sortir : le chien qui estoit pour la garde du
temple que Ion appeloit Capparos feit bien son devoir
d'abbayer, mais voyant que personne des marguilliers
ne venoit, il se meit à poursuivre & aller après le
sacrilège qui .s'en fuyoit : & combien qu'il luy jettast
des pierres, non pour cela il ne laissoit pas de le
poursuivre tousjours : quand le jour fut venu, il ne
s'approcha pas près de luy, ains le suyvit tousjours
de l'œil, ne le perdant jamais de veuë : s'il luy jettoit
du pain à manger il n'en vouloit point : s'il se cou-
choit la nuict pour dormir, il demouroit toute la
nuict auprès de luy, puis quand il se levoit le matin
pour cheminer, il se remettoit à le suyvre : aussi s'il
rencontroit des passants, il les caressoit, è\: leur foi-
soit feste à tous de la cucuc : & au contraire il
LIVRF, II, CHAPITRE XH.
229
abbayoit fort asprement au larron, & luy couroit
sus : quoy entendu, ceulx qui eurent la charge d'aller
après pour chercher le sacrilège, s'informans de ceulx
qu'ils rencontroient par le chemin, de quelle grandeur
& de quel poil estoit le chien, continuèrent leur
poursuite de tant plus chaudement, tant qu'ils attrap-
perent le larron en la ville de Crommyon, de la où
ils le ramenèrent à Athènes, le chien marchant devant
eulx, faisant la plus grande feste, & démenant la
plus grand' joye du nionde, comme s'il se fust glo-
rifié d'avoir esté cause de faire prendre le larron.
Les Athéniens ayants entendu toute la vérité du faict,
ordonnèrent qu'il auroit du public certaine mesure
de bled poitr le nourrir, & enjoignirent aux presbtres
du temple d'en avoir le soing. » (xin, f° 514 r".)
P. 191, 1. 19. Apion recite). Cf. Aulu-Gelle, Nuits
atiiqiies : « Hoc autem quod in lib. .£g}-ptiacoruai V
scripsit, neque audisse, neque legisse, sed ipsum sese
in urbe Roma vidisse oculis suis confirmât : In circo
maximo, inquit, venationis amplissimœ pugna populo
dabatur. Ejus rei (Romœ cùm forte essem) spectator,
inquit fui. Multit ibi sœvientes fera;, magnitudine
bestiarum excellentes, oumiùmque inusitata aut forma
erat, aut ferocia. Sed pra^ter alia omnia leonum,
inquit immanitas admirationi fuit : prœtérque omnes
Cîeteros, unius. Is unus leo corporis impetu, vasti-
tudine, terrificôque fremitu & sonoro, toris, comisque
cervicum fluctuantibus, animos oculôsque omnium
in sese converterat. Introductus erat inter complureis
cœteros ad pugnam bestiarum Dacus ser\us viri
consularis. Ei servo Androdus nomen fuit. Hune ille
leo ubi vidit procul, repente, inquit, quasi admirans
stetit : ac deinde sensim atque placide, tanquam
noscitabundus ad hominem accedit. Tum caudam,
more atque ritu adulantium canum, clementer,
& blandè movet : hominisque sese corpori adjungit :
cruràque ejus, & manus propè jam exanimati metu,
lingua leniter demulcet. Homo Androdus inter illa tam
atrocis fera; blandimenta amissum animum récupérât :
paulatimque oculos ad contuendum leonem refert.
Tum quasi mutua recognitione facta, la:tor, inquit,
& gratulabundos videres hominem, & leonem. Ea re
prorsus tam admirabili, maximos populi clamores
excitatos dicit, arcessitumque à Cssare Androdum,
quaisitàmque causam, cur ille atrocissimus leonum
uni parsisset. Androdus rem mirificam narrât, atque
admirandam : Cùm provinciam, inquit, Proconsulari
imperio meus dominus obtineret, ego ibi iniquis
ejus, 6c quotidianis verberibus ad fugam sum coactus :
& ut mihi à domino terra; illius prœside tutiores
latebne forent, in campomm, & arenamm solitudines
concessi : ac si defuisset cibus, consilium fuit mortem
aliquo pacto qucerere. Tum sole, inquit, medio rapido,
& fiagranti, specum quandam nactus remotam late-
brosdmque, in eam me penetro, & recondo : neque
multô post ad eamdem specum venit hic leo debili
uno & cruento pede, gemitus edens, & murmura,
dolorem, cruciatumque vulneriscommiserantia. Atque
illic primo quidem conspectu advenientis leonis terri-
tum sibi, & parefictum animum dixit, sed postquam
introgressus, inquit, leo (uti re ipsa apparuit) in
habitaculum illud suum, videt me procul delitescen-
tem, mitis & mansuetus accessit, & sublatum pedem
ostendere mihi, & porrigere, quasi opis petenda;
gratia, visus est. Ibi, inquit, ego stirpem ingentem
vestigio pedis ejus ha;rentem revulsi, conceptamque
saniem vulnere intimo expressi : accuratiiisque, sine
magna jam formidine, siccavi penitus, atque detersi
cruorem. Ille tune mea opéra, & medela levatus,
pede in manibus meis posito recubuit, & requievit :
atque ex eo die triennium totum ego & leo in eadem
specu eodémque victu viximus. Nam quas venabatur
feras, membra opimiora ad specum mihi suggerebat :
qua; ego, ignis copiam non habens, sole meridiano
torrens, edebam. Sed ubi me, inquit, vitîe illius
ferinae jam pertassum est, leone in venatum profecto,
reliqui specum : & viam fermé tridui permensus, à
militibus visus, apprœhensusque sum, & ad dominum
ex Africa Romam deductus. Is me statim rei capitalis
damnandum, dandùmque ad bestias curavit. Intelligo
autem, inquit, hune quoque leonem me tune separato
captum, gratiam nunc mihi beneficii & medicince
referre. » (V, xiv, p. 144.) Le même fait se retrouve
dans les Épîlres dorées de Guevara, dans les Diverses
leçons de Âlessie, dans les Histoires prodigieuses de
Bouaystuau, xxix; mais Montaigne suit exactement
le texte d'Aulu-Gelle.
P. 193, 1. 15. Nous voyons). LL, ibid. : « Postea,.
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
inquit, videbamus Androdum & leonem loro tenui
revinctum, urbe tota circum tabernas ire : donari xre
Androdum, floribus spargi leonem, omnésque ferè
ubique obvies dicere : Hic est leo, hospes iiominis :
hic est homo, medicus leonis. » (P. 146.)
P. 193, 1. 23. Post, beUator). «Ensuite vient Ethon,
son cheval de bataille, dépouillé de ses ornements, et
qui pleure à grosses larmes.» (Virgile, Eu., XI, 89.)
P. 194, 1. 3. L'escare). Cf. Plutarque, Quels animaux
sont les plus advise:^ : « Comme font les Barbiers et les
Scares, car quand un Scare a avallé l'hameçon, les
autres ses compagnons saultent alentour et rongent
la ligne, et si d'adventure il y en a un qui ait donné
dedans la nasse, ses compagnons lui baillent la cueuë
par dehors, & luy la serre tant qu'il peult à belles
dents, les autres tirent tant qu'ils l'entrainent dehors :
mais les Barbiers secourent leurs compagnons encore
plus magnanimement, car mettans la ligne contre
leur dos, ils dressent une espine qu'ils y ont dentelée
comme une sie, & s'efforcent de la sier et coupper
avec icelle. » (xxv, f° 518 v°.)
P. 194, 1. 13. La baleine). IiL, ihid. : «Et celuy
qui s'appelle la guide, qui est un petit poisson de
grandeur & de facen presque semblable au goujon de
mer... il est tousjours avec quelque grande Baleine
nageant devant pour la diriger & conduire, comme
un pilote, de peur qu'elle ne s'aggrave en quelque
platis où la mer soit basse, ou en quelque vase, ou
qu'elle ne donne en quelque destroit, dont elle ne
puisse sortir puis après. La haleine le suit, se laissant
mener & tourner à luy, aussi facilement que le timon
fait tourner la navire, Toute autre chose qui entre
dedans le chaos de la bouche de ce monstre marin,
soit beste, ou vaisseau, ou pierre, est incontinent
englouty et perdu au fond de ceste abysme, mais
cognoissant ce petit poisson, elle le reçoit en sa
bouche, comme si c'estoit une ancre, car il dort là
dedans, & le monstre s'arreste ce pendant qu'il repose,
puis quand il sort, il se remet à le suivre sans jamais
l'abandonner, ny jour ny nuict, autrement il s'esgare
& va errant ça et là sans conduitte, & y en a eu
plusieurs qui se sont ainsi perdues, ayants donné
à travers la coste, comme un vaisseau qui n'a point
de gouvernail, car nous mesmes en avons veu en |
l'isle d'Anticyre, il n'y a pas long temps. » (xxxi,
fo 521 r".)
P. 194, 1. 24. Pareille société). Id., ibid. : « Le plus
ferouche animal, & le plus cruel qui vive en toutes
les rivières, en tous les lacs & estangs, & en toutes
les mers, le crocodile, se monstre merveilleusement
social & compagnable en ce qu'il a à demesler avec
le petit roytelet, qui est un petit oyselet, hantant
ordinairement au long des marets et des rivières. Il
fait le guet, & sert de garde au crocodile, non pas
à ses despens, mais aux despens du crocodile, car il
vit de son dessert, & quand il voit que l'ichneumon
s'arme & se piastre le corps de limon, comme un
champion de lucte qui se pouldre les mains à hn
d'avoir meilleure prise sur son compagnon, pour
assaillir d'aguet en surprise le crocodile dormant, il
l'esveille de son chant, & de son bec dont il le va
piccotant, et le Crocodile est si doulx & si privé
envers luy, qu'il luy ouvre la gueule grande, et le laisse
entrer dedans, estant bien aise qu'il aille recueillant
les petits morceaux de chair qui luy sont demourez
entre les dents, & qu'il les arrache tout doulcement
avec son bec : puis quand c'est assez à son gré,
& qu'il veult refermer sa bouche & la clorre, il
baisse un petit sa machouere de dessus, luy monstrant
par signe qu'il sorte, & ne la rabat jamais du tout,
qu'il ne sente que le petit oyselet s'en soit envolé. »
(xxxi, f" 521 r".)
P. 195, 1. 4. Cette coquille). Id., ibid. : « Ce Pinno-
there doncques est un petit animal de la sorte d'un
cancre, à ce que Ion dit, lequel vit et se tient tousjours
avec la Pinne, qui est ceste espèce de grande coquille
que nous appelions Nacre, & demeure tousjours
comme un portier assis à l'ouverture de ceste coquille,
laquelle il tient continuellement entre-baillée & ou-
verte, jusques à ce qu'il y voye entrer quelques petits
poissons de ceulx qu'ils peuvent bien prendre : car
alors il entre au dedans de la Nacre & luy mord la
chair, elle incontinent ferme sa coquille, & lors eulx
deux ensemble mangent leur proye enfermée dedans
leur fort. » (xxx, f" 520 v°.)
P. 195, 1. 13. Quant à l'Astrologie). Id., ibid. : « Le
Thun scait 6c sent si bien les solstices & les a;qui-
nocces, que mesme il les enseigne à l'homme, sans que
LIVRE II, CHAPITRE Xll.
231
pour cela il ait besoing de règles d'Astrologie : car
il demeure au lieu où le solstice d'hyver le surprent,
& n'en bouge jusques à l'equinocce ensuivant... Mais
pource que nous avons desja exposé la Mathématique
et Astrologique prescience & cognoissance qu'ont les
poissons de la conversion du Soleil, laquelle est confir-
mée par le tesmoignage mesme d'Aristote, escoutez
maintenant comment ils sçavent bien aussi la science
d'Arithmétique, ou bien certes premièrement la pers-
pective... Ils... font tousjours leur bande de figure
cubique, c'est à dire quarree en tout sens, & en
dressent un corps de battaillon solide, clos & envi-
ronné tout alentour de six faces toutes égales, puis
nagent en ceste ordonnance quarree, autant large
derrière que devant... de sorte que celuy qui est au
guet pour espier leur venue, s'il peult seulement
nombrer certainement combien ils sont en la face
qui luy apparoist, peult incontinent dire combien ils
sont en tout le corps de la trouppe, estant asseuré
que le nombre de la profondeur est égal à la largeur,
& la largeur à la longueur. » (xxix, f° 520 r°.)
P. 195, 1. 25. Ce faicl du grand chien). Id., ibid. :
« On raconte d'un chien Indique, des plus excellents
qui fussent en tout le pai's, que Ion envoya par
singularité, pour le faire combattre devant le Roy
Alexandre, que quand on lu}' lascha un cerf premiè-
rement, & puis un sanglier, & puis un ours, il n'en
feit compte, & ne s'en daigna pas remuer de sa place,
mais quant il veit un Lion qu'on luy présenta, alors
il se dressa incontinent sur ses pieds, & se prépara
pour le combattre, déclarant manifestement qu'il
estimoit celuy là seul digne de combattre contre luy,
& qu'il mesprisoit tous les autres. » (xv, f° 515 r°.)
P. 196, 1. 4. D'un éléphant). Cf. Arrien : «Us dient
qu'il s'en est trouvé un, qui après avoir tué estant
en furie son gouverneur, entra en tel regret, qu'il
ne voulut manger oncques puis, et se laissa mourir. »
(P. 327.)
P. 19e, 1. 7. On recite d'un tygre). Cf. Plutarque,
Quels animaux sont les plus advise:^^ : « On conte aussi
d'un Tigre à qui Ion avoit baillé un petit chevreau,
qu'il jeûna deux jours devant que de luy toucher,
& qu'encore au troisième jour ayant faim il demanda
autre pasture, en déchirant la cage où il estoit
enfermé, ne se voulant point prendre au chevreau,
comme estant ja son domestique & familier compa-
gnon. » (xx, f'' 517 r°.)
P. 196, 1. lé. Des halcyons). Id., ibid. : « De quelle
espèce d'animaux ont jamais les Dieux tant honoré
les couches (des alcyons) la naissance & les enfan-
temens? car on dit qu'il n'y eut que une seule Isle
de Delos qui receust l'enfantement de Latone, laquelle
Isle estant au paravant vagante en a depuis esté
affermie, la où Dieu a voulu que toute la mer fust
arrestée, affermie & aplanie sans vagues, sans vents,
et sans pluye, ce pendant que l'Halcyone fait ses
petits, qui est justement environ le Solstice, le plus
court jour de l'an : au moien dequoy il n'y a point
animal que les hommes aiment tant que cest oiseau,
par lequel ils ont sept jours et sept nuicts au fin
cœur d'hyver qu'ils peuvent sans crainte naviguer
seurement, leur estant lors le chemin par la mer
plus asseuré que celuy de la terre, & s'il fault dire
un peu de chascune des vertus qu'elle a, la femelle
aime si foit son mar}-, qu'elle demeure avec luy,
non pour une saison seulement, mais tout au long
de l'année, & reçoit la compagnie de son masle, non
pour ce qu'elle soit honteusement subjecte à ceste
volupté, car elle ne se mesle jamais avec autre masle,
ains seulement pour l'amour & affection qu'elle luy
porte, ne plus ne moins que feroit une honeste
dame mariée à son mar^- : car quand son masle
vient à estre débile pour l'aage, & pesant, de sorte
qu'il ne la peult plus suivre, alors elle le soustient
et le nourrit en sa vieillesse, ny jamais ne le laisse,
ny ne l'abandonne seul en façon que ce soit, ains le
chargeant sur ses espaules, le porte par tout, a soing
de le ser\-ir, demeure avec luy jusques à la mort.
Mais pour l'affection qu'elle porte & le soing qu'elle
a du salut de ses petits, quand elle se sent pleine
incontinent elle se met à bastir & construire son
nid... Il seroit bien mal-aisé à croire, qui ne l'auroit
veu à l'œil, ce qu'elle compose, ou pour mieulx dire
qu'elle fabrique, comme un niaistre charpentier bas-
tissant une navire d'une forme, qui seule entre toutes
ne se sçauroit renverser ny enfondrer en la mer : car
elle va premièrement recueillir les espines & arestes
d'un poisson qui se nomme aiguille, qu'elle conjoint
232
ESSAIS DE MONTAIGNE.
& lie ensemble, les entrelassant les unes de long,
les autres de travers, ne plus ne moins que sur
l'estaim on jette la trame, y adjoustant des courbes
& arrondissemens l'une dedans l'autre, tellement
qu'elle en forme à la fin un vaisseau rond, prest à
vaguer à rames, qui pour la haulteur ressemble pro-
prement à un ver\-eu de pescheur, puis quand elle
a parachevé de le construire, elle le porte au batte-
ment du flot marin, là où la mer la battant tout
doulcement lui enseigne à radoubber ce qui n'est pas
bien lié, & à le mieulx fortifier es endroicts où elle
voit que sa structure se dément & se lasche pour les
coups de mer : & au contraire ce qui est bien joint,
le battement de la mer le vous estraint & le vous
serre de sorte qu'à peine le sçauroit on rompre,
dissouldre, ny endommager à coup de fer ny de
pierre, & ce qui plus encore fait à admirer, c'est la
proportion & la figure de la concavité du dedans du
vaisseau : car elle est composée & proportionnée, de
manière qu'elle ne peult recevoir ny admettre autre
chose que l'oiseau qui l'a bastie : car à toute autre
chose elle est impénétrable, close & fermée, tellement
qu'il n'y peult rien entrer, non pas l'eau de la mer
seulement... Quant à moy (i')ay veu, manié & tenu
plusieurs fois (ce nid). » (xxxv, f° 522 r''.)
P. 198, 1. 13. Qiiippe videhis), «En effet, vous
verrez de vigoureux coursiers, quoique profondément
endormis, suer, haleter, étendre tous leurs muscles
comme pour disputer le prix de la course. » (Lucrèce,
IV, 988.) Le texte est celui de l'édition Lambin,
P- 345-
P. 198, 1. 20. Venaiitimique canes). « Souvent au
milieu du sommeil, les chiens de chasse agitent tout
à coup les pieds, aboient, et aspirent l'air à plusieurs
reprises, comme s'ils étaient sur la trace de la proie;
souvent même, en se réveillant, ils continuent de
poursuivre les vains simulacres d'un cerf qu'ils s'ima-
ginent voir fuir devant eux, jusqu'à ce que, revenus
à eux, ils reconnaissent leur erreur. » (Lucrèce, IV,
992.) Le te.xte est celui de Lambin, p. 345.
P. 199, 1. 3. Consiteta dotni). «Souvent, l'Iiôtc
fidèle & caressant de nos maisons, le chien se dresse
en sursaut au milieu du léger sommeil qui alour-
dissait ses paupières, parce qu'il a cru voir une forme
étrangère et des traits inconnus. » (Lucrèce, IV, 999.)
Le texte est celui de l'édition Lambin, p. 345.
P. 199, 1. 12. Nous en fantasions). Sur cette idée
de la relativité de la beauté, Montaigne avait lu, à
l'époque où il ajoute ces lignes, ce que dit Cicéron
dans le De nafitra deoruni, I, xxvii-xxvm.
P. 199, 1. 14. Turpis Romauo). «Un teint belge
serait laid dans un visage romain. » (Properce, II,
xviii'', 26.)
P. 199, 1. 16. Chargent de gros anneaux). Cf. Lopez
de Gotnara, Histoire générale des Indes : « Ces gens
ici... estoient au reste forts laids aians ceste partie
du nez, qui divise les deux narines, si longue qu'elle
pendoit jusques à la bouche, & avoient en icelle
certains anneaux pendans, qui estoient faits d'ambre
taillé, ou d'autre chose semblable. Ils avoient aussi
la lèvre de dessoubs percée, & en cliaque trou des
anneaux d'or et des turquoises qui n'estoient gueres
fines, mais pesoient tant qu'elles faisoient pendre
contre bas la lèvre de telle façon que leurs dents
demeuroient toutes à découvert. » (II, xx, f" 73 v°.)
P. 199, 1. 20. Au Péru). Id., ibid., IV, m, f° 276 r-'.
P. 199, 1. 21. Et un home d'au jourd'hui). Cf.
Raibi, Viaggio : « Le donne poi hanno per bellezza
lavere l'orechie forate in una strana maniera, perche
a punto neir estremita, dove usano di forarle anchora
le riostre, fanno loro, fin quando sono picciole, e
tenere un' apertura molto grande, alla quale appen-
dono un piombo, perche col peso suo renda il foro
tuttavia maggiore, onde quella carne tenera facile ad
arrendersi, viene col tempo ad allargarsi si tanto,
che dentro a quel foro potrebbe entrare un braccio.
Et quella estremita dell' orechia trece aile volte tanto,
che scende sino su le spalle, il che si mette in conto
di maggior bellezza, prevalendo questa cosi strana
usanza non meno ne gli huomini, ciie nelle donne. »
(P. 76.)
P. 199, 1. 25. Des nations). Cf. Lopez de Gomara,
Histoire générale des Indes, IV, m, f° 276 r".
P. 200, 1. I. Corne dict Pline). Hist. nat., VI, xm.
P. 200, 1. 2. Les Mexicanes). Cf. Lopez de Gomara,
Histoire générale des Indes : « Les femmes mexicaines
se pèlent et oignent toutes, afin de n'avoir aucun
poil ailleurs que sur la teste, et aux sourcils. Et pour
LIVRE II, CHAPITRE Xll.
233
cette cause elles estiment une chose belle d'avoir
le front petit et plein de poil... Elles ont les mam-
melles grandes et si longues que par dessus leurs
espaules elles donnent a teter à leurs enfants. » (II,
Lxxxiv, f°' 170 v°, 171 r° et v°.)
P. 200, 1. 7. Les Italien!:). On peut voir dans le
Joiirual de Voyage (p. 193) le portrait d'une femme
que Montaigne trouve belle dans le goût italien.
P. 200, 1. II. Oite Platon attribue). Cf. Cicéron,
De natnra deoniin, I, x. Cicéron foit allusion à un
passage du Tiiiiee, p. 33. (Ed. de 1546, p. 706.)
P. 200, 1. 12. Les Epicuriens). Li., ilnd.
P. 200, 1. 18. ^ multis). « Plusieurs animaux nous
surpassent en beauté.» (Sénèque, ép. 124.)
P. 200, 1. 24. Prouaque). « Et, tandis que les autres
animaux, la face courbée, regardent la terre. Dieu
éleva le front de l'homme, lui ordonna de contem-
pler les cieux et de fixer ses regards sur les astres. « .
(Ovide, Metaiii., I, 84.)
P. 201, 1. 8. En Platon). Dans le Tintée, passini.
P. 201, 1. 8. En Cicero). Dans le De nat. deonun,
II, Liv et suivants.
P. 201, I. 13. Simia). «Combien le singe, le plus
laid des animaux, nous ressemble. » (Ennius apud
Ciceronem, De natiira deoruni, I, xxxv.)
P. 202, 1. 6. Ille quod obscœnas). « Tel pour avoir vu
à découvert les parties secrètes du corps de l'objet aimé,
a senti, au milieu des plus vifs transports, s'éteindre
sa passion. >> (Ovide, De remédia amoris, 429.)
P. 202, 1. 14. Nec vénères). «Et nos femmes ne
l'ignorent pas; aussi ont-elles grand soin de cacher
toutes ces arrière-scènes de la vie à ceux qu'elles
veulent retenir et enchaîner dans leur amour. »
(Lucrèce, IV, 11 82.)
P. 203, 1. 6. La Philosophie). Cf. Plutarque, Des
communes conceptions contre les Stoiques : « La belle
forme & disposition du corps & la santé, selon les
Stoïques, n'apporte aucun profit ny accroissement à la
félicité. Et neantmoins ceulx-cy permutent & eschan-
gent la sagesse à la santé : car ils tiennent qu'il eust
esté convenable à Heraclitus & à Pherecydes, s'ils
eussent peu quitter la vertu & la sagesse, si par là
ils eussent peu faire cesser leurs maladies, l'un la
pediculaire, l'autre l'hj'cfropisie. Et si Cyrcé versoit
deux breuvages, l'un qui feist devenir les hommes
fols de sages, & l'autre sages de fols, Ulysses eust
deu boire plus tost celuy de la folie, que de changer
sa figure humaine en forme de beste, aiant en soy la
sagesse, &; par conséquent la félicité aussi : & disent
que c'est la sagesse & prudence mesme qui monstre
& enseigne cela, & les admoneste ainsi, Quitte moy
là & me laisse périr, s'il fault que je sois portée ça
& là en forme & figure d'asne. » (xi, f° 577 r°.)
P. 204, 1. 15. Sacrâtes). Cf. Xénophon, Mémorables :
« Voluptates quoque venereas cum caïteris animalibus
determinasset in aliqua parte anni, nobis continue
ad senectutem usque prcestitisse. » (I, iv, X2.)
P. 204, 1. 19. Ut vinuni). «Le vin est rarement
bon aux malades, et très souvent il leur est nuisible,
aussi vaut-il mieux ne pas leur en donner du tout,
que de les exposer à un dommage manifeste, dans
l'espoir d'un profit douteux. De même peut-être,
serait-il préférable pour l'espèce humaine que la
nature lui eût refusé cette activité de pensée, cette
pénétration, cette industrie, que nous appelons raison
et qu'elle nous a si libéralement accordée, puisque
cette ficulté n'est salutaire qu'à un petit nombre et
fual à tous les autres. » (Cicéron, De natnra deoruni,
III, xxvii; t. IV, p. 235.)
P. 205, 1. 9. Foire le Grec). Cf. Corneille Agrippa :
De incertitudine et vanitate scientiarum, liv.
P. 205, 1. 13. Illiterati). «Pour être illettré est-on
moins vigoureux aux combats de l'amour?» (Horace,
Épodes, VIII, 17.)
P. 205, 1. 15. Scilicet). «Sans doute vous échap-
perez ainsi à la maladie et à la décrépitude, vous ne
connaîtrez ni le chagrin, ni les soucis, vous aurez
une vie plus longue et un sort meilleur. » (Juvénal,
XIV, 156.)
P. 206, 1. 8. La vieille Rome). Rapprocher Mon-
taigne, I, XXV, p. 186, 1. 12.
P. 206, 1. 21. Comme dit Epicurus). Coste voit ici
une allusion à une phrase du traité de Plutarque,
Contre l'épicurien Colotcs : « Il (Colotès) dit, que
ceulx qui ont estably les loix & ordonnances, qui
ont institué les Royautez & les gouvernements des
Villes et Citez, ont oiis la vie humaine en grand
repos & grande seureté, & l'ont délivrée de grands
234
ESSAIS DE MONTAIGNE.
troubles, & que si Ion ostoit cela, nous vivrions une
vie de bestes sauvages, & que l'un mangeroit l'autre,
le premier qu'il rencontreroit. » (xxvii, f" 597 v°.)
Si vraiment Montaigne a eu ce passage en vue, sa
mémoire l'a trahi, car le sens de Plutarque est diffé-
rent, et de plus il attribue à Épicure ce qui appartient
à l'épicurien Colotès.
P. 207, 1. I. Eritis). «Vous serez comme des dieux
sachant le bien et le mal. » (Genèse, III, v.) La
citation se trouve chez Corneille Agrippa : De inccr-
titiidine et vanitate scientiaruin, i.
P. 207, 1. 2. Les Sirènes). Cf. Cicéron, De finibiis :
« Mihi quidem Homerus hujusmodi quiddam vidisse
videtur in iis quœ de Sirenum cantibus finxerit.
Neque enim vocum suavitate videntur, aut novitate
quadam & varietate cantandi revocare eos solitœ, qui
prœtervehebantur : sed quia multa se scire profite-
bantur, ut homines ad earum saxa discendi cupiditate
adhsrescerent. » (V, xviii; t. IV, p. 99.) Le passage
d'Homère auquel il est fait allusion se trouve dans
y Odyssée, XII, 188.
P. 207, 1. 4. La peste de l'boinDie). Rapprocher
cette sentence qui figurait sur les travées de la biblio-
thèque de Montaigne : « Cognoscendi studium homini
dédit Deus ejus torquendi gratia»; et cette autre
encore : « Vidisti hominem sapientem sibi videri ?
magis illo spem habebit insipiens. » (^Pmv., xxvi, 12.)
P. 207, I. 6. Cavete ne quis). « Prenez garde qu'on
ne vous trompe sous le masque de la philosophie
et par de fausses apparences, selon la doctrine du
monde. » (Saint Paul, Épître aux Cohssiens, 11, 8.)
Pris chez saint Augustin, Cité de Dieu, VIII, x.
P. 207, 1. II. Ad stimmnni). «Pour conclure :
le sage ne voit au-dessus de lui que Jupiter; il est
riche, libre, honoré, beau, enfin le roi des rois, d'une
santé florissante surtout, à moins toutefois qu'il n'ait
la pituite. » (Horace, Éptlres, I, i, 106.) Toutes les
éditions du xvi" siècle que j'ai pu consulter portent :
ad siimmam.
P. 207, 1. 16. Ce que dit Epidele). Cf Stobée,
AntMogie : « Tuum auteni quid est ? Nempe solus
opinionum usus. » (Sermo xxi, p. 177.) Le passage
d'Épictète auquel il est fait allusion est dans VEncbi-
ridion, xi.
P. 207, 1. 18. Les dieux). Cf. Plutarque, Des com-
munes conceptions contre les Stoiqiies : « Qui empesche-
roit de dire, que le mal fust en intelligence, & le
bien en essence? comme la santé est, à mon advis,
entre les Dieux en essence, & la fiebvre & la pleu-
résie en intelligence, attendu que, comme ils disent
eulx mesmes, nous avons tous affluence de tous
maux, & rien de bien : mais pour cela nous ne
laissons pas d'entendre que c'est que prudence, que
c'est que le bien, & que c'est que la félicité. » (xvui,
f° 578 v°.)
P. 207, 1. 22. Calamiteux). Rapprocher Amyot
dans la traduction des Œuires morales : « Homme,
c'est-à-dire le plus misérable et le plus calamiteux
animal qui soit au monde. » (11, f° 270 v".) Voir aussi
le passage ci-dessus, p. 158, 1. 22.
P. 207, 1. 23. Dict Cicero). Dans les Tusculanes :
„«Quid est enim dulcius ocio literato? iis dico literis
quihus infinitatem rerum atque naturœ, & in hoc
ipso mundo cœlum, terras, maria agnoscimus. >> (\ ,
XXXVI ; t. IV, p. 181.)
P. 208, 1. 3. Ce sont elles). LL, ibid. : «Philosophia
omnium mater artium • — nos primum ad deorum
cultum, deinde ad jus hominum quod situm est in
generis humani societate, tum ad modestiam magni-
tudinemque animi erudivit : eademque ab animo
tanquam ab oculis, caliginem dispulit, ut omnia
supera, infera, prima, ultima, média viderimus. »
(I, XXVI ; t. IV, p. 117.)
P. 208, 1. 9. De la condition de Dieu). Rapprocher
Gyraldi dans son Progymnasma adversns litteras et litte-
ralos : « Deos putes ex verbis, non homines loqui. »
(^Opera, 1580; t. II, p. 428.)
P. 208, 1. 12. Deus ille fuit). «Ce fut un Dieu,
illustre Memmius, oui, un Dieu, celui qui le premier
imagina cette méthode de vivre à laquelle on donne
aujourd'hui le nom de sagesse, celui qui par art
arracha notre vie à de si grandes tempêtes et à de si
profondes ténèbres pour lui assurer un calme si par-
fait et une lumière si éclatante. » (Lucrèce, V, 8.)
Montaigne, sans doute par une erreur de mémoire,
écrit au dernier vers « In tam tranquilla » au lieu de
«In tam tranquillo ■>■> . (Cf. éd. Lambin, p. 373.)
P. 20S, 1. 18. L'entcnd^menl de ccituy-cy). De
LIVRE II, CHAPITRE XII.
235
Lucrèce, qui est le disciple d'Épicure. Montaigne a
déjà fait allusion à la folie de Lucrèce dans l'essai II,
II, p. 18, 1. 23.
P. 208, 1. 20. Celte promesse ii II- livre). Cf. Cicéron,
académiques : « Qui ita sit ausus ordiri, H;ec loquor
de universis. « (II, xxiii; t. IV, p. 22.)
P. 208, 1. 21. Ce sot tilfrc qii'Aristole). Id., De
finibus, II, xxin; t. IV, p. 53.
P. 208, 1. 22. Ce jugement de Chrisippiis). Cf. La
Primaudaye, Académie françoise : « Et disoit Chry-
sippe, que Dion, le premier homme en sçavoir de
Syracuse, n'estoit moindre en vertu, que son dieu
Juppiter, auquel ils attribuoient divinité parfaite.
Sénèque aussi se vantoit, d'avoir la vie par le béné-
fice de Dieu, mais de soy-mesme le « bien vivre ».
(Éd. de Bâle 1587, f° 8 r°; éd. 1581, p. 5.) La pre-
mière de ces allégations est prise de Plutarque : Des
communes conceptions contre les Stoiqv.es, et la seconde
des É pitres de Sénèque.
P. 208, 1. 25. In virtiiie). Cf. Cicéron, De natura
deorum : « C'est avec raison que nous nous glorifions
de notre vertu : ce qui n'arriverait pas si nous la
tenions d'un dieu, et non pas de nous-mêmes. »
(III, XXXVI.)
p. 208, 1. 26. Que le sage a). Cf. Sénèque, Epitres :
« Est aliquid quo sapiens antecedat deum. lUe naturx
beneficio non timet, suo sapiens. Ecce res magna,
habere imbecillitatem hominis, securitatem dei. »
(Ép. 53, p. 137.)
P. 209, 1. 12. Possidonins). Cf. l'essai I, xiv; t. I,
p. 65, 1. 6.
P. 209, 1. 13. Faire la figue). Cf. l'essai I, xx;
t. I, p. 113, 1. 10, et la note.
P. 209, 1. 18. Re succumbere). «Il ne fallait pas
faire le brave en parole pour succomber en eflet. »
(Cicéron, TuscuL, II, xiii.)
P. 209, 1. 19. ArchesUas). Cf. Cicéron, De finibus :
« Is (Archesilas) cùm arderet podagraï doloribus, visi-
tassetque hominem Carneades, Epicuri perfamiliaris,
et tristis exiret : Mane, qujeso, inquit, Carneade
noster : Nihil illinc hùc pervenit. Ostendit pedes et
pectus. » (V, xxxi; t. IV, p. 107.)
P. 209, 1. 24. Dionisius Heracleoies). Id., ibid. :
« Nobis Heracleotes ille Dionj'sius flagitiose descivisse
videtur à Stoïcis, propter oculorum dolorem. » (V,
xxxi; t. IV, p. 107.) Cicéron rapporte le fait un peu
diiféremment dans les Tusculanes, II, xxv.
P. 210, 1. 6. Le philosophe Pyrrho). Cf. l'essai I, xiv;
1. 1, p. 64, 1. 18. Remarquer la différence entre la leçon
morale que Montaigne tirait de cet exemple dans
l'essai I, xiv, et celle qu'il en tire dans l'essai II, xii.
P. 211, 1. 20. Ce qu'on nous dicf). Cf. Goulard,
Histoire du Portugal : « La terre est fertile, plaisante,
& si salubre qu'il n'est gueres besoin d'y (au Brésil)
user de médecine : car ceux qui meurent sont em-
portez plustost de vieillesse que de maladie... ils
n'ont connoissance de lettres quelconques, vivent sans
religion, sans loy, ne s'aident de poids ni mesures,
ne sont sujets à Roy quelconque. » (II, xv, f" 46 v°.)
P. 212, 1. 3. L'amour d'un muletier). Rapprocher
essai II, i, p. 5, 1. 2, et la note.
P. 2X2, 1. 18. Platon dict). J'ignore où Montaigne
a trouvé cette idée. Il l'avait rencontrée, peut-être,
avant 1580, dans le De philosophia occulta, de Cor-
neille Agrippa, I, lx.
P. 212, 1. 22. L'un des plus judicieux). Torquato
Tasso, enfermé à l'hôpital Sainte-Anne, à Ferrare, de
mars 1579 à juillet 1586. Montaigne n'a pas men-
tionné dans son Journal la visite qu'il lui a faite.
C'est dans les Essais de 1588 que paraissent les pre-
mières citations du Tasse.
P. 213. 1. 13. Segnius homines). «Les hommes sont
moins sensibles au plaisir qu'à la douleur. » (Tite-
Live, XXX, XXI.)
P. 213, 1. 15. Pungit in cute). «Nous sommes
sensibles au moindre coup qui nous effleure à peine
la peau et néanmoins la plénitude de la santé nous
laisse indiff"érents. Nous nous réjouissons de n'être
ni pleurétiques ni podagres, et à peine mettons-nous
en compte d'être sains et vigoureux. » (La Boétie,
p. 234.) On lit chez La Boétie urit au lieu de pungit.
P. 213, 1. 25. Nimiiim boni est). « C'est avoir beau-
coup de bonheur que de n'avoir pas de malheur. »
(Ennius apud Ciceronem, De finibus, II, xiii.)
P. 214, 1. 12. Crantor auoit bien raison). Cf. Cicé-
ron, Tusc. : « Minime, inquit, assentior his qui istam
nescio quam indolentiam magnopere laudant, quœ
nec potest ulla esse, nec débet. Ne œgrotus sim,
23é
ESSAIS DE MONTAIGNE.
inquit, sed si fuerim, sensus adsit, sive secetur quid,
si%-e avcllatur à corpore. » (III, vi; t. î\', p. 141.)
P. 214, 1. 18. Istitd nihil dolcrc). «Cette indolence
ne se peut acquérir qu'il n'en coûte cher : il faut que
l'esprit devienne féroce, et le corps létliargique. »
(/^., UHd., III, VI.)
P. 215, 1. I. Z)d retirer nostre pensée). C'est la théorie
d'Epicure que Montaigne a souvent vu critiquer chez
Cicéron, en particulier dans les Tuscitlams, III, xvi,
et dans le De fiuihus, II, xxx et xxxii.
P. 215, 1. 5. Levationes xgritiidiiium). «Pour sou-
lager les chagrins, la méthode à suivre, selon Épicure,
consiste à détourner sa pensée de toute idée fâcheuse,
et à se rappeler les idées riantes. « (Cicéron, Titsc,
III, XV.)
P. 215, 1. 14. Che ricordarsi). «Le souvenir du
bien passé double le mal présent. »
P. 215, 1. 16. De maintenir en la mémoire). C'est
encore la doctrine d'Epicure. Elle est exposée en
particulier dans un ouvrage du médecin bordelais
Pichotus que Montaigne possédait : De aniinonim
natiira... p. 47.
P. 215, 1. 20. Snavis). «Doux est le souvenir des
maux passés. » (Euripide apud Ciceronem, De finibiis,
JI, XXXII.)
p. 216, 1. 5. Est silniii). « Il dépend de nous
d'ensevelir comme dans un oubli perpétuel nos mal-
heurs et de conser\-er l'agréable et doux souvenir de
nos prospérités. » (Cicéron, De Jinibiis, I, xvii.)
Cette phrase est dans l'exposé de la doctrine épicu-
rienne que Cicéron doit combattre dans le livre
suivant.
P. 21 6, 1. 7. Mcmini etiani). «Je me souviens même
des choses que je ne veux pas retenir, je ne parviens
pas à oublier celles dont je veux perdre le souvenir. »
\ld., ilrid., II, XXXII.)
P. 216, 1. 8. Oui se unus). «Qui seul entre tous
a osé se proclamer sage. » (//»., ihid., II, m.)
P. 2ié, 1. 10. Qui gentis). « Qui, supérieur au
genre humain par son génie, a éclipsé tous les
hommes, comme le soleil en se levant éclipse les
étoiles. » (Lucrèce, III, 1056.)
P. 21 6, 1. 13. Iners vialorum). «L'ignorance n'est
à nos maux qu'un remède bien faible. » (Sénèque,
Œdipe, III, VII.) Cette citation a été prise dans les
Politiques de Juste Lipse, V, xviii.
P. 216, 1. 22. Potare). «Je commencerai par boire
et par répandre des fleurs, quitte à passer pour fou.»
(Horace, Épîtres, I, v, 14.)
P. 216, 1. 24. Cettiiy-cy). Cf. Erasme, Adages, où
l'on trouve réunis les exemples de Lj'cas, de Thra-
silaus, le vers grec et les deux citations de VEcclé-
siaste qui suivent. Je les rencontre dans l'édition de
15 17, sous le titre « Fortunata stultitia ». Pourtant
le nom de Lycas n'est pas là, et le personnage chez
Erasme reste anonyme.
P. 217, l. 9. PoU). «Ah! mes amis, qu'avez-vous
fait? Au lieu de me guérir, vous m'avez tué, vous
m'avez enlevé mon bonheur, vous m'avez arraché
l'illusion qui faisait toute ma joie. » (Horace, Epîtres,
II, II, 138.) Ces vers sont cités dans le passage
d'Erasme indiqué p. 216, 1. 24.
P. 217, 1. 12. Celle de Thrasilans). Cf. Athénée,
XII; Elien, Histoires varias, IV, xx\'. Le nom est un
peu différent, mais certainement Montaigne prend
ce récit dans un ouvrage de seconde main; peut-être
dans une édition d'Horace dans le commentaire de
répitre II, II, ou chez Erasme. (Cf. la note p. 216,
1. 24).
P. 217, 1. 20. Ev Tw ip:vîT-/). Sophocle, Aja.\, 552.
Montaigne a traduit ce vers avant de le citer. Il l'a
pris chez Erasme. (Cf. ci-dessus note p. 216, 1. 24.)
P. 217, 1. 21. Et l'Eccksiaste). Cf. I, xviii. Mon-
taigne a encore pris ces citations chez Erasme.
P. 217, 1. 25. Placet). «Te plaît-elle? Soumets-
toi. Ne te plait-elle pas ? Sors-en par où tu voudras. »
(Imité de Sénèque, ép. 70, p. 161, où on lit : «Placet,
vive; .si non placet, licet eo reverti unde venisti. »)
P. 218, 1. I. Pungit dolorl). « La douleur te pique?
Mettons même qu'elle te déchire. Si tu es sans
défense, tends la gorge; mais si tu es couvert des
armes de Vulcain, c'est-à-dire de courage, résiste. »
(Cicéron, Tusc., II, xiv.)
P. 218, 1. 3. Aut bibat). «Qu'il boive ou qu'il
sorte. » (Jd, ihid., \', xli.) \'o\ci le pas.sage de
Cicéron : « Mihi quidem in vita servanda videtur
illa lex, quoï in Crscorum conviviis obtinetur, aut
bibat, inquit, aut abeat. »
LIVRE II, CHAPITRE XII.
237
P. 218, 1. 6. Vivcrc). « Si tu ne sais pas faire bon
usage de la vie, cède la place à de plus sages. Tu as
assez folâtré, assez mangé et assez bu; il est temps
pour toi de te retirer, sans quoi tu risquerais de trop
boire et de devenir la risée de la jeunesse à qui cette
débauche convient mieux qu'à toi. » (Horace, Epîlres,
II, II, 213.)
P. 218, 1. 13. Deiihxritum). « Démocrite, voyant
que la vieillesse avait affaibli ses facultés, de son
propre mouvement se donna la mort. » (Lucrèce,
III, 1052.) Le texte est d'Iui de l'édition Lambin,
p. 265.
P. 218, 1. 16. Disait Antisthencs). Cf. Plutarque,
Cùinmnncs conceptions contre les Stoiqiics : « Chry-
sippus... ameine ce mot d'Antisthenes... qu'il fault
faire provision de sens pour entendre, ou d'un licol
pour se pendre. & cest autre du poëte Tyrt;çus,
« De l.i vertu ou de mort approcher. »
(xiv, f" 564 v°.)
p. 218, 1. 20. Et Crûtes). Cf. Diogène Laërcc, Viede
Crûtes : « Amorem sedat lames, sin minus tempus, eis
verô si uti non vales, laqueus. » (VI, Lxxxvi, 396.)
P. 218, 1. 22. Ccliiy Sextius). Cf. Plutarque, Coin-
vient on pourra appercevoir si Ion profite en l'exercice de la
vertu : « On dit que Sextius gentilhomme Romain,
aiant abandonné les honneurs, offices, iic magistrats
de la ville de Rome, pour l'amour de la philosophie,
& puis se trouvant en l'esprit tourmenté, & ne pou-
vant mordre en ses discours & raisons du comman-
cement, fut près de se jetter d'une fuste dedans la
mer. » (xiv, f" 114 v"'.)
P. 218, 1. 22. Duquel Senecqne). Dans les épîtrcs
59, 62, 64, 98, 108, etc.
P. 219, 1. 8. Les simples). Cf. Corneille Agrippa,
De incertitudine et vanitate scieutiaruni : « Vidit ha;c
Augustinus & timuit, exclamans illud Pauli surgunt
indocti & rapiunt cœlos, & nos cum scientia nostra
mergimur in infernum. » (i.)
P. 219, 1. 10. Ny à Valentian). Id., ibid. : « Quare
jam non vituperandi mihi videtur Valentianus ille
Imperator (quem acerrimum literarum hostem exti-
tisse aiunt) atque Licinius Imperator, qui literas virus
ac pestem publicam dictitabat. » (i.) Ces exemples
sont souvent répétés dans les paradoxes contre les
sciences et dans les compilations du temps. Cf. Ravi-
sius Textor, Officina, à l'article : Indocti et qui litteras
oderunt; Lando, Paradossi; Garzoni, Teatro dei cervelli
uniani, xxxviii. L'exemple de Licinius est deux fois
répété dans les Leçons de Rhodigin. Montaigne, à
l'instigation d'Agrippa, commet une erreur dans le
nom de Valentian : il n'existe pas d'empereur ainsi
nommé. Ravisius Textor l'appelle Valentinianus;
mais des trois Valentinfen que l'on connaît, aucun
n'a été adversaire des lettres. Il le dit en outre fils
de Gratien, « Gratiani filius»; or Gratien a eu un
Valentinien pour père, non pour fils. Il est probable
qu'il s'agit de Valens, empereur du iv= siècle et qui
effectivement était peu fiivorable aux lettres. Dans
les éditions du De incertitiuiine que j'ai pu consulter
(1530, 1531, 1537, 1544, 1564), on trouve toujours
Valentianus; au contraire les éditions des Opéra
d'Agrippa écrivent ^'alentinianus. Il est donc très
probable que dans l'exemplaire dont il faisait usage
Montaigne ne pouvait lire que le De incertitudine.
P. 219, 1. 15. Police Laccdenionieune). Rapprocher
la fin de l'essai I, xxv.
P. 219, 1. 18. Ce monde nouveau). Rapprocher,
entre autres passages où Montaigne reprend cette
même idée, l'essai I, xxxi, le début de l'essai III,
xui, et ci-dessus II, xii, 212.
P. 219, 1. 23. Di cittatorie). «D'ajournements, de
requêtes, d'informations et de lettres de procuration,
ils en ont les poches et les mains pleines, et aussi
de liasses de gloses, de consultations et de procédure.
Avec de telles gens, les malheureux ne sont jamais
en sûreté dans une ville, ils sont assiégés par derrière,
par devant, de tous côtés, par des notaires, des pro-
cureurs et des avocats. » (Ariosto, Orlando furioso,
XIV, 84.)
P. 220, 1. i . Un sénateur Romain). Cette allégation
est peut-être une déformation d'un mot de Varron
qui a été rapporté par Nonius au mot cèpe. Je n'ai
pas retrouvé la source de Montaigne.
P. 220, 1. 12. Les Chrestiens). Cette idée revient
à diverses reprises chez Corneille Agrippa, De incer-
titudine et vanitate scientiarum, en particulier au cha-
pitre I.
238
p. 220, 1. 24. r, :::;'.sr.;j.:v:a). Cf. Stobée, Antho-
logie, sermo 22, qui attribue cette parole à Socrate,
p. 189, 1. 26 : «Superstitio superbio; tanquam parenti
est morigera. »
P. 220, 1. 25. Sacrales fut averti). Cf. Platon,
Apologie, VI, p. 21; éd. de 1546, p. 470.
P. 221, 1. 9. Bourbe). « Quid superbit terra et
cinis?» {Ecclesiastic, x, 9.) Cette sentence figurait sur
les travées de la bibliothèque de Montaigne et on y
lisait « superbis » au lieu de « superbit » .
P. 221, 1. 10. Dieu a faict). «Fecit Deus hominem
similem umbrœ de qua post solis occasum quis judi-
cavit ? » Cette sentence était inscrite sur les travées
de la bibliothèque de Montaigne avec cette référence
EccL, va; mais on ne la trouve point dans VEccJé-
siaste, et suivant toute apparence, Montaigne l'a
composée lui-même en s'inspirant de YEcdésiaste, ou
bien il l'a empruntée de quelque auteur qui l'a trompé
sur son origine.
P. 221, 1. 19. Melius scitur). « On connaît mieux-
Dieu en ne s'en formant pas une idée. » (Saint Au-
gustin, De ordine, II, xvi.) Montaigne a pris cette
citation dans les Politiques de Juste Lipse, I, 11.
P. 221, 1. 20. Sqnctius). «Il est plus sain et plus
respectueux de croire que d'approfondir ce que font
les dieux. » (Tacite, De mor. Geruian., xxxiv.) Sen-
tence prise dans les Politiques de Juste Lipse, I, 11.
P. 221, 1. 22. Platon estime). Dans les Loix :
« Maximum deum, totûmque mundum dicimus in-
quirendum non esse, nec rerum causas multo studio
indagandas, nec pium id ducimus. » (^'II, p. 821;
éd. de 1546, p. 837.)
P. 221, 1. 24. Atquc illuin). « Il est difficile de
connaître le père de cet univers, et, si on parvient à
le connaître, il est impossible de le faire comprendre
au vulgaire. » (Cicéron, d'après le Tiniée, 11.)
P. 222, 1. 3. Immorlalia). «Exprimant des choses
immortelles en termes mortels.» (Lucrèce, V, 122.)
P. 222, 1. 8. La prudancc). Cf. Cicéron, Dénatura
deoriiin : « Prudentiamnc dco tribuemus, qua: constat
ex scientia rerum bonarum & malarum, & nec bona-
rum nec malarum, cui mali nihil est nec esse pote-st?
Quid huic opus est delectu bonorum & malorum?
Quid autem ratione? quid intelligentia? quibus
ESS.MS DE MONTAIGNE.
utimur ad eam rem, ut apertis obscura assequamur.
At obscumm deo nihil potest esse. Nam justicia qu;e
suum cuique distribuit, quid pertinet ad deos ? homi-
num enim societas & communitas, ut vos dicitis,
justitiam procreavit. Temperantia autem constat ex
prKtermittendis voluptatibus corporis : cui si locus
in cœlo est, est etiam voluptatibus. Nam fortis deus
intelligi qui potest? in dolore, an in labore, an in
periculo? quorum Jcum nihil attingit. » (III, w;
t. IV, p. 231.)
P. 222, 1. 17. Aristûtc le tient). Dans la Morale à
Kicoinaqiie, VII, 1.
P. 222, 1. 18. Neque gratia). «Il n'est susceptible ni
de haine ni d'amour, parce que ces passions décèlent
des êtres faibles. » (Cicéron, De iiat. deorum, I, xvii.)
P. 222, 1. 22. Par les tesmoius). Rapprocher
Agrippa, De incertitudine et vanitate scientiarum, ci :
« Christus ipse apostolos suos non rabinos, non
scribas, non magistros, nec sacerdotes elegit, sed e
rudi vulgo idiotas omnis literaturœ pêne expertes,
inscios, & asinos. » La même idée se retrouve dans
le Paradoxe de Lando contre les sciences.
P. 223, 1. 8. Je destruiray). Saint Paul, Épitrc aux
Corinthiens, I, i, 19.
P. 223, 1. 20. // est advenu). Cf. Plutarque,
Comment Ion pourra appercevoir si Ion amende et profite
en l 'exercice de la vertu : « Ainsi comme les laboureurs
voient plus volontiers les espics qui panchent et se
courbent contre la terre, que ceux qui pour leur
légèreté sont haulcs et droits, d'autant qu'ils les esti-
ment vuide de grain et qu'il n'y a presque rien
dedans. Ainsi entre les jeunes gens qui se donnent à
la Philosophie, ceulx qui sont les plus vuides et qui
ont moins de pois ceulx-là ont du commancement
lasseurance, la contenance... et puis quand ils se
commencent à remplir et a amasser du fruict des
discours de la raison, ils otent alors cette mine
superbe. » (x, f° 116 v°.)
P. 223, 1. 29. Ce que Velleius). Cf. Cicéron, De
natura deorum : « Ambo, inquit, ab eodem Philone
nihil scrire didicistis. » (I, xvii; t. IV, p. i8é.)
P. 224, 1. I. Pherecides). Cf. Diogène Laërce, Vie
de Phérccidc : « Mandavi itaque quibusdam ex fami-
liaribus, ut cùm me sepclierint, ad te pcrferant quœ
LIVRE H, CHAPITRE XII.
239
scripsi. Tu autem siquideoi ea probaveiis cum sapien-
tibus reliquis, ita legenda demum trades : sin autem
impi'obaveris, nolito edere. Mihi certè necdum satis
placebant. Est ibi quidem non certa remm fides.
Neque enim id recepi, neque quid sit verum me
scire professus sum... Omnia quippe indico potius,
quàm aperio. » (I, cxxii, 95.)
P. 224, 1. 6. Le plus sage hoiiunc). Socratc. Cf.
Cicéron, De natura deoriim, l, iv; Corneille Agrippa,
De inccrtitiidine et vanitate scientiaritm, i; etc.
P. 224, 1. 12. Dict Platon). Dans le Polit iciis :
«Videturunusquisque nostrum tanquam persomnium
nosse omnia, rêvera autem rursus omnia ignorare. »
(xix, p. 277; éd. de 1546, p. 208.)
P. 224, 1. 13. Oinnes). «Presque tous les anciens
ont dit qu'on ne pouvait rien connaître, rien com-
prendre, rien savoir; que nos sens étaient bornés,
notre intelligence imbécile et la vie trop courte. »
(Cicéron, Académiques , I, xii.)
P. 224, 1. 15. Cicero). Cf. Corneille Agrippa, De
incertitndine et vanitate scientiaruni, i : « Ciceronem
Ipsum fontem literarum abundantissimum, refen
Valerius, tandem literas contempsisse. » Le même fait
est rapporté dans le Paradoxe de Lando contre les
sciences. On ne trouve rien de pareil chez Valère
Maxime, mais la source de l'erreur d'Agrippa est
certainement chez Valère, II, 11, 2.
P. 224, 1. 20. Dicenduiii). « Il faut parler, mais
sans rien affirmer; je chercherai toutes choses, dou-
tant le plus souvent et me défiant de moi-même. »
(Cicéron, De divinatione , II, m.)
P. 224, 1. 26. Qui vigilans). «. Qui dort en veillant,
qui est presque mort quoique vivant et les yeux
ouverts. » (Lucrèce, III, 1061, 1059.)
P. 225, 1. 18. Quiconque cherche). Cf. Sextus Empi-
ricus, Hypûtyposes : « Quicunque rem aliquam quce-
runt, eos hue tandem devenire consentaneum est,
ut aut eam inveniant, aut a se inventam negent :
& vel à se comprehendi non posse fateantur, vel in
ejus investigatione persévèrent. Quamobrem fortasse
in iis etiam quœ circa Philosophiam quxruntur, alii
quidem verum se invenisse dixerunt, alii autem
id esse ejusniodi quod comprehendi non posset,
pronuntiarunt, alii verô quœrere pergunt. Invenisse
sibi videntur ii qui peculiari nomine Dogmatici appel-
lantur, ut Aristoteles, Epicurus, & Stoici, &: alii
quidam. Negarunt autem comprehendi posse Clito-
machus, Carneades, & ca;teri Academici. At Sceptici
etiamnum quœmnt. Unde meritô très esse généra-
lissime philosophandi rationes existimantur, Dogma-
tica, Academica, Sceptica. » (I, i, i.)
P. 226, 1. I. Plusieurs anliens). Résumé de Diogène
Laërce, Vie de Pyrrhon, IX, lxxii, 624.
P. 226, 1. 10. Nil sciri). « Quiconque pense qu'on
ne peut rien savoir, ne sait pas même si l'on sait
quelque chose qui permette d'affirmer qu'on ne sait
rien. » (Lucrèce, I\', 470.) Le texte est celui de
l'édition Lambin, p. 30.
P. 226, 1. 20. Zenon). Cf. Cicéron, Académiques :
« Cum extensis digiti adversum manum ostenderat,
visum, inquiebat Zeno, hujusmodi est : deinde, cum
paulum digitos constrinxerat, assensus hujusmodi :
tum, cum plane compresserat, pugnumque fecerat,
comprehensionem illum esse dicebat : cum autem
lœvam manum admoverat, et illum pugnum arcte
vehementerque compresserat, scientiam talem esse
dicebat. » (IV, xlvii.)
P. 226, 1. 27. Ataraxie). Cf. Sextus Empiricus, I, xii.
P. 227, 1. 14. Que la nege soit noire). Id., ibid., l,
XIII. On trouve là les raisonnements par lesquels
Anaxagore démontrait que la neige est noire.
P. 227, I. 29. On les autres sont porte:^). Imité de
Cicéron, Académiques, II, m.
P. 228, 1. 5. Ad quanicunque). «Ils s'attachent à
n'importe quelle secte comme à un rocher sur lequel
la tempête les aurait jetés. » Qd., ibid.')
P. 228, 1. 9. Hoc liberiores). « D'autant plus libres
et plus indépendants qu'ils ont une pleine puissance
de juger. » (Jd., ibid.)
P. 228, 1. 23. S'il est loisible). «Cum Pana;tius
princeps prope, meo quidem judicio, stoicorum,
ea de re dubitare se dicat, quam omnes prœter
eum stoici certissimam putant, vera esse haruspicum
auspicia, oracula, somnia, vaticinationes, seque ab
assensu sustineat : quod is potest facere de iis rébus
quas illi a quibus ipse didiclt, certas habuerat, cur
id sapiens de reliquis rébus facere non possit ? »
(/(/., ibid., II, xxxiii.)
240
ESSAIS DE MOXTAIGKE.
P. 229, 1. 12. Ut quiim). « Afin que, trouvant sur
un même sujet des raisons égales pour et contre, il
soit plus facile, sur un point ou sur l'autre, de sus-
pendre son jugement. » Qd., ibid., I, xii.)
P. 229, 1. 18. Je n'establis rien). La plupart de ces
aphorismes sceptiques figuraient en grec sur les
travées de la bibliothèque de Montaigne. La première
vient de Sextus Empiricus, I, xxii; la seconde de
Sextus, I, xix; la troisième de Sextus, I, xxiii.
P. 229, 1. 20. La loy de parler). Déjà cité par
Montaigne au début de l'essai I, XLVii, dans le texte
grec qui figurait sur les travées de sa bibliothèque.
P. 230, 1. I. 'Ez£/;<i)). «Je suspens mon jugement.»
Mot pris à Sextus Empiricus et qui figurait sur les
travées de la bibliothèque de Montaigne.
P. 230, 1. II. Ottant aux actions). Cf. Sextus
Empiricus, Hypotrposes : « Ea quœ ad vitam commu-
nem pertinent, obser\-ando, opinatione omni liberi
vivimus : quia omnis actionis prorsus expertes esse
non possumus. Videtur autem h^ec obser\atio eorum
quîe ad vitam communem spectant, triplex esse :
& partim, in naturali instructione versari, partim,
in impuisu & coactu passionum, partim, in constitu-
tione legum & coiisuetudinum, partim, in traditione
artium. » (I, 11.)
P. 230, 1. 14. Xon eniin). « Car Dieu nous a donné
non pas la connaissance mais seulement l'usage de
ces choses. » (Cicéron, De divinatione, I, xviii.)
P. 230, I. 17. On dirt). Les premières éditions
portaient « Laertius » au lieu de « on ». En tète de
sa traduction de Sextiis par Estienne, Montaigne
trouvait une Vie de Pynhon par Diogène Laërce. Il
reviendra sur cette question plus longuement dans
l'essai II, xxix. -
P. 231, 1. I. Si n'esl il point). Cf. Cicéron, Acadé-
miques : « Sic quicquid acciderit spccie probabile, si
nihil se offeret quod sit probabilitati illi contrarium :
utetur eo sapiens : ac sic omnis ratio vitx guberna-
bitur. Etenim is quoque qui à vobis sapiens inducitur,
multa sequitur probabilia, non comprehensa, neque
percepta, neque assensa, sed similia vcri : qux- nisi
probet, omnis vita tollatur. Quid enim, conscendens
navcm sapiens, num comprehensum animo habct
atque perceptum, se ex sententia navigaturum ? qui
potest?... Hujusmodi igitur visis consilia capiet
& agendi & non agendi... Et quœcumque res eum
sic attinget, ut sit visum illud probabile, neque ulla
re impeditum, movebitur... Habet corpus, habet
animum, movetur mente, movetur sensibus, ut ei
vera multa videantur. Neque tamen habere insignem
illam & propriam percipiendi notam : eôque sapien-
tem non assenliri, quia possit ejusdemmodi existere
filsum aliquod cujusmodi hoc verum. » (II, xxxi;
t. lY, p. 27.)
P. 231, 1. II. Combien y et il). Id., ibid. : «Quid
fiet artibus? quibus? hisne qua; ipsa; fatentur conjec-
tura se plus uti quàm scientia in his, quœ tantum
id quod videtur sequuntur, nec habent istam artem
vestram quœ vera et falsa dijudicent. » (II, xxxiii;
t. IV, p. 28.)
P. 231, 1. 13. Il y a, disent ils). Id., ibid. : «Tam
vera quam falsa cernimus. Sed probandi species est :
percipiendi signum nuUum habemus. » (II, xxxiv;
t. IV, p. 29.)
P. 232, 1. 10. Accepte, dit l'Eccksiaste). « Fruere
jucunde presentibus, cetera extra te. » Cette sentence
figurait sur les travées de la bibliothèque de Mon-
taigne. Les commentateurs ont rapproché ce texte
d'un passage de VEcclésiaste, III, xxii, qui en est très
différent.
P. 232, 1. 13. Dominus). « Le Seigneur connaît les
pensées des hommes, et il sait qu'elles sont vaines. »
(Psaume XCIII, 11.) Pris sans doute par Montaigne
cliez saint Augustin, Cite de Dieu, XIX, iv; XXII, iv.
P. 232, 1. 21. Ouani dùcti). «Que les savants
supposent, plutôt qu'ils ne la connaissent. »
P. 232, 1. 22. Tiniœus). Cf. Platon, Timée : « Ra-
tionem vero originis naturaliter explicare difficillimum
est... Verisimiles rationes sufficiunt... ne mireris
obsecro, si rationes de iis probatissimas exactissi-
masque affere non possini. Satis enim factum putare
debebis, si non minus probabiles quam quivis alius
rationes attulerim. .^quum est meminisse, & me
qui disseram, & vos qui judicabitis, homines esse. »
(P. 29; éd. de 1546, p. 705.)
P. 233, 1. 2. Ut potero). «Je m'expliquerai de mon
mieux : cependant n'allez pas prendre mes paroles
pour des oracles certains et incontestables rendus
LIVRE II, CHAPITRE XII.
241
par Apollon Pythien; foiblc mortel, je cherche, par
des conjectures, à découvrir la vraisemblance. »
(Cicéron, Tusailaiies, I, i.\.) Montaigne écrit ul
Pythius au lieu de quasi Pythius, et, après « homun-
culus », il supprime les trois mots mius e miiltis.
P. 233, 1. 5. Si forte). « S'il arrive que, discourant
de la nature des Dieux et de l'origine du monde, je
ne puis atteindre le but que je me propose, il ne
faudra pas vous en étonner, car vous devez vous
souvenir que moi qui parle et vous qui jugez, nous
ne sommes que des hommes, et si je vous donne des
probabilités, ne demandez rien de plus. » (Cicéron,
traduction du Tiiiice de Platon, m.) Montaigne
abrège la phrase de Cicéron. L'édition de Paris 1538
écrit : ne quid ultra requiratis.
P. 233, 1. 15. Epicuriis). Cf. essai I, xxvi, p. 1S9,
1. 21 et la note.
P. 233, 1. 16. Le beaucoup sçavoir). Cf. Plutarque,
Propos de table : «Florus... se remplit luy mesmes
de plusieurs doutes, & en remplit encore les autres,
comme font ordinairement les hommes studieux,
rendants en cela tesmoignage à Aristote qui dit que
le beaucoup sçavoir apporte beaucoup d'occasion de
douter. » (VIII, X, f" 431 r".)
P. 233, 1. 21. Oui requirnitî). «Ceux qui vou-
draient savoir ce que nous pensons sur chaque
matière poussent trop loin la curiosité. Ce principe
en philosophie de disputer de tout sans décider sur
rien, établi par Socrate, repris par Arcésilas, affermi
par Carnéade, fleurit encore à notre époque. Nous
sommes de l'école qui dit que le faux est partout
mêlé au vrai et lui ressemble si fort qu'il est impos-
sible de les di.scerner d'une manière certaine. »
(Cicéron, De natma deoruni, I, v.) Montaigne abrège
beaucoup le texte de Cicéron et modifie quelques
mots.
P. 234, 1. 6. Cliloiiiachiis). Cf. Cicéron, Académi-
ques : « Quanquam Clitomachus affirmabat, nunquam
.se intelligere potuisse, quid Carneadi probaretur. »
(II, XLv.) Montaigne commet ici une inexactitude :
c'est sur une question particulière que d'après Cicéron,
Clitomaque n'a jamais pu déterminer l'opinion de
Carnéade.
P. 234, 1. 9. Z-/.:tî'.v;ç). Ténébreux. Montaigne a
pris cette allégation dans une note de son Lucrèce,
édition Lambin, note du vers I, 640, qui va être cité
ci-après. Lambin donne comme autorités Vitruve,
II, II, et Cicéron, De jinibus, II, v. C'est dans la
même note de Lambin que Montaigne a pris encore
ce qu'il vient de dire de l'obscurité d'Épicure. En
effet, s'il se fût reporté au texte de Cicéron, II, v,
il aurait vu que cette obscurité d'Épicure n'était pas
volontaire; la citation tronquée de Lambin au con-
traire prêtait à confusion.
P. 234, 1. 12. Clarus). «C'est par l'obscurité de
son langage qu'Heraclite s'est acquis sa réputation
auprès des ignorants. Les sots, en effet, n'estiment
et n'admirent que les opinions cachées sous un amas
de paroles embarrassées. » (Lucrèce, I, 640.) Cf. la
note ci-dessus, p. 234, 1. 9.
P. 234, 1. 15. Cicero). De officiis, I, vi.
P. 234, 1. 18. Ij:s phylosophes Cyrenaiques). Cf.
Diogène Laërce, Vie d'Aristippe) : « Eos et physicam
& dialecticam :uquè aspernari. » (II, xcii, p. 151.)
P. 234, 1. 19. Zenon). Id., Vie de Zenon : « Quod
disciplinas libérales inutiles denuntiet, in principio
suiï reipublica;. » (VII, xxxii, p. 429.)
P. 235, 1. I. Chrysippus). Il est probable que
Montaigne fait allusion à un passage de Plutarque :
Les contredicts des philosophes sloïques, xw, f° 568 r°;
mais son souvenir est erroné.
P. 235, 1. 3. Plutarque le dict). Dans la Vie d'A-
lexandre : « h. la vérité, tout le traitté qu'il appelle
Métaphysique, c'est-à-dire, oultre la science naturelle,
ne contient rien qui soit utile ha' à enseigner, ny à
apprendre, & n'est qu'une monstre & ostentation de
profond entendement, pour ceulx qui sont desja
sçavans. » (11, f" 466 v".)
P. 235, 1. II. Par II ni inihi). «Je ne saurais faire
grand cas de ces lettres qui n'ont aucunement servi
à rendre vertueux ceux qui en sont instraits. » (Sal-
luste, Bell. Jug., lxxxv.) Cette sentence qui ne se
retrouve pas textuellement chez Salluste a été prise
par Montaigne dans les Politiques de Juste Lipse,
I, 10.
P. 235, 1. lé. Les uns ont estinu). Cf. Sextus Em-
piricus, Hypotyposes : « Platonem alii dogmaticum esse
dixerunt, alii aporematicum sive dubitatorem ; alii verô
242
ESSAIS DE MONTAIGNE.
in quibusdam dogmaticuni, in quibusdam aporema-
ticum. » (I, XXXIII, début.)
P. 236, 1. 3. Homère, leur autheur). Cf. Sénèque,
ép. 88.
P. 236, 1. 5. D^ Plate). Cf. Diogène Laërce, Vie
de Socrate, à la fin.
P. 236, 1. 7. Sacrâtes disait). Cf. Platon, Théétète,
VII, pp. 150, 151; éd. de 1546, pp. 138, 139.
P. 23e, 1. 1 6. Les anciens ont remarqué). Cf. Cicéron,
Académiques : « Empedoclem, Anaxagoram, Demo-
critum, Parmenidem & Xenophanem, Platonem
etiam & Socratem profenis. » (II, v; t. IV, p. 12.)
P. 237, 1. 23. Comme dit Euripides). Cf Plutarque,
Des oracles qui ont cessé :
a Les œu\Tes des Dieux en diverses
» Façons, nous donnent des traverses, »
comme dit Euripide, quand nous présumons & osons
prononcer de si haultes & grandes choses, comme si
nous le sçavions bien certainement. » (xxv, f° 348 r°.)
P. 237, 1. 26. Celuy qu'Empedacles). Cf. Cicéron,
Académiques : « Raro admodum, quum hœrent, aliquo
loco exclamant, quasi mente incitati : Empedocles
quidem, ut interdlim mihi furere videatur, abstrusa
esse omnia, nihil eos sentire, nihil cernere, nihil
omnino quale sit, posse reperire. » (H, v; t. IV, p. 12.)
P. 238, 1. 3. Cogitationes). «Les pensées des mor-
tels sont timides; leur prévoyance et leur invention
sont incertaines. » {Sagesse, IX, xiv.) Pris sans doute
chez saint Augustin, Cité de Dieu, XII, xv.
P. 238, 1. 8. .£"/ treuvent de l'intempérance). Cf
Sénèque : « Plus scire velle quam sit satis intempe-
rantiœ genus est. » (Ep. 88.)
P. 238, 1. 10. Demacritus). Cf Plutarque, Propos
de table : « Comme il feit au sage Democritus, lequel
un jour mangeant d'une figue, trouva qu'elle avoit
le goust du miel. Si demanda à sa ser%-ante, où elle
l'avoit achettée. Elle luy nomma un certain verger.
Et luy se levant, luy commanda de le mener tout
de ce pas sur le lieu. Dequoy la servante s'esbahis-
sant, luy demanda pourquoy il y vouloir ainsi
chaudement aller. Il fault, dit il, que je trouve la
cause de ceste douceur : & je la trouveray, quand
j'auray veu & bien considéré le lieu. Dequoy la
servante se prenant à rire, Rasseiez vous, dit elle,
hardiment quant à cela, car n'y pensant pas, j'avois
mis ces figues en un vaisseau où il y avoit eu du
miel. Et luy comme en estant marr}-. Tu me fasches,
dit il, de me dire cela : Car nonobstant je suivray ma
délibération, & chercheray la cause, comme si ceste
doulceur venoit de la figue mesme. » (I, x, f° 368 V.)
P. 238, 1. 20. D'un effaict). Rapprocher du début
de l'essai III, xi.
P. 239, 1. 4. Satius est). «Mieux vaut apprendre
des choses inutiles que de ne rien apprendre. »
(Sénèque, ép. 88.)
P. 239, 1. 9. La considération). Cf Cicéron, Acadé-
miques : « Est enim animorum ingeniorumquc naturale
quoddam quasi pabulum consyderatio contemplatio-
que natura;. Erigimur, latiores fieri videmur, humana
despicimus : cogitantesque supera atque cqglestia, hxc
nostra ut exigua & minima contemnimus. Indagatio
ipsa rerum cum maximarum, tum etiam occultissi-
marum habet oblectationem. » (II, xli; t. TV, p. 32.)
P. 239, 1. 17. Eudaxus souhetoit). Cf. Plutarque :
Que Ion ne sçauroit vivre joyeusement selon la doctrine
d'Epicurus : « Eudoxus souhaitoit & faisoit prières,
qu'il peust veoir de près le Soleil, comprendre sa
forme, sa grandeur & sa beauté & puis en estre
bruslé, comme fut Phaëton. » (^'I1I, f° 282 v°.)
P. 240, 1. 5. Uniquique ista). «Ces systèmes sont
les fictions du génie de chaque philosophe, et non le
résultat de leurs découvertes. » (Sénèque, Suasor., iv.)
P. 240, 1. 6. Un ancien). Montaigne fait peut-être
allusion à Diogène le cynique auquel Diogène Laërce
prête un mot analogue : « Dicente quodam, cur nihil
sciens philosopharetur : etsi, inquit, philosophiam
simulo, hoc ipsum philosophari est. » Montaigne a
pu trouver ceci en particulier dans les Dialogues de
Guy de Brués, p. 46.
P. 240, 1. lé. Ou il escrit selon soy). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Platon, III, lxxx.
P. 240, 1. 22. // a grand souin). Cf. Platon, Répu-
blique, fin du livre II et début du livre III.
P. 241, 1. 2. // dict). Id., ibid. : « Nempe, neces-
sarium fore videtur, ut frequenti mendacio & decep-
tione utantur principes ad subditorum utilitatem. »
(V, p. 459; éd. de 1546, p. 591.)
LIVRE II, CHAPITRE XII.
243
P. 241, 1. 15. Non tain id sensisse). «On dirait
qu'ils ont écrit moins par conviction que pour
exercer leur esprit par la difficulté du sujet. »
P. 241, I. 21. Deiiner Dieu). De l'agnosticisme
de Montaigne, on peut rapprocher ce que dit Gen-
tillet dans ses Discours sur les moyens de bien gouverner :
« Comment est l'homme si insensé et présomptueux
de penser que son cen,'eau (qui n'est pas large de
demy pied), puisse comprendre une chose si grande
et infinie ? C'est une aussi grande lourderie comme
qui voudroit dans la palme de la main comprendre
toutes les eaux de la mer. Le christianisme donc a
ceste modestie et simplicité de vouloir connoistre
Dieu par les moyens et selon qu'il veut estre connu
des hommes; croire que de vouloir passer plus avant,
c'est entrer en ténèbres, non en connoissance. »
(Ed. de 1579, p. 144.) GeUi dit de même dans ses
Discours fantastiques (trad. de 1566, p. 207): «Prends
garde un peu au faict de la religion : ne vois-tu pas
que ces messieurs les reverens pour ne vouloir recon-
noistre selon la vérité qu'ils ne peuvent comprendre
les choses concernantes la foy chrestienne par leur
lumière naturelle et pmdence humaine, se sont
tellement laissez abuser par icelle qu'ils ont entrepris
de vouloir prouver les principaux chefs et articles de
nostre foy, par des propositions et argumens de
philosophie, laquelle est neantmoins du tout contraire
à la foy, d'autant qu'elle procède par un certain ordre
et par les principes naturels, au lieu que la foy
excède et surmonte en tout la nature. »
P. 241, 1. 25. Ne pouvons estendre). Pour l'expres-
sion, rapprocher un souvenir de Cicéron que Mon-
taigne mentionnera un peu plus bas, p. 248, 1. 7.
P. 242, 1. 10. Jupiter oninipotens). «Jupiter tout-
puissant, père et mère du monde, des rois et des
<lieux.» (Vers de Valerius Soranus qui ont été conser-
vés par saint Augustin dans la Cité de Dieu, VII, xi.)
Montaigne a interverti l'ordre des mots « rerum » et
« regum ».
P. 242, 1. 14. Les evencinans sortables). Il semble
bien que Montaigne exprimait des idées toutes
contraires dans l'essai I, xxxii.
P. 243, I. 4. Celle qu'ils avoyent). Actes des apôtres,
xvii, 23.
P. 243, 1. 6. Pythagoras adombra). Cf. Plutarque,
Vie de Numa : «... que ce qu'il ordonna touchant
les images & représentations des Dieux, se conforme
du tout à la doctrine de Pj'thagoras, lequel estimoit,
que la première cause n'estoit ny sensible ny pas-
sible, ains invisible & incorruptible, & seulement
intelligible. Et Numa semblablement défendit aux
Romains de croire que Dieu eust forme de beste
ou d'homme : de sorte qu'en ces premiers temps la
il n'y eut à Rome image de Dieu ny peinte ny
moulée, & furent l'espace de cent soixante & dix
premiers ans, qu'ilz édifièrent bien des temples & des
chappelles aux Dieux : mais il n'y avoit dedans statue
ne figure quelconque de Dieu, estimans que ce fust
un sacrilège de vouloir représenter les choses divines
par les terrestres, attendu qu'il n'est pas possible
d'atteindre aucunement à la cognoissance de la divi-
nité, sinon par le moien de l'entendement. Les sacri-
fices mesmes que Numa institua, s'accordoient & se
rapportoient fort à la manière de servir les Dieux,
dont usoient les Pythagoriens : car on n'y espandoit
point de sang, ains se faisoient pour la plus part avec
un peu de farine, & un peu d'effusion de vin & de
laict, & avec autres telles choses légères.» (xi, f" 45 r°.)
P. 243, 1. 19. La venë de no^ crucifix). On peut
rapprocher de tout ce développement ce qui est dit
plus bas, p. 355, 1. 25; voir aussi la description que
fait Montaigne dans son Journal de voyage, p. 119,
d'un temple luthérien : il est très frappé par la nudité
de l'édifice. Visiblement dans toute cette page il fait
la critique du protestantisme.
P. 243, 1. 27. La Imniere couunune). Cf. Ronsard,
Remontrances au peuple de France. Au sixième vers le
texte de Ronsard est : <■<■ je dy ce grand soleil... »'
P. 244, 1. 17. Thaïes). Cf. Cicéron, De natura
deorum : Thaïes Milesius primus de talibus rébus
qussivit, aquam dixit esse initium rerum... Anaxi-
mandri autem opinio est nativos esse deos, longis
intervallis orientes occidentésque, eôsque innumera-
biles esse mundos... Anaximenes aéra deum statuit,
eùmque gigni, esséque immensum & infinitum,
& semper in motu... Anaxagoras... primus omnium
rerum descriptionem & modum, mentis infinités vi ac
ratione designari & confici voluit... Alcnic-eo... soli
244
ESSAIS DE MONTAIGNE.
& luiiK, reliquisque syderibus, animôque prœterea
divinitatem dédit... Pythagoras censuit animuni esse
par naturam rerum omnem intentum & commean-
tem, ex quo no.stri aniini carperentur... Xenophanes
qui mente adjuncta, ouine pn-eterea quod esset,
infinitum deiim voluit esse, de ipsa mente item
reprehenditur ut creteri : de infinitate autem veliemen-
tius, in qua niiiil neque sentiens, neque conjunctum
potest esse... Parmenides... commentitium quiddam
coron^e similitudine effecit, Stephanem appellat,
continentem ardore lucis orbem, quem appellat
deum... Empedocles... quatuor... naturas ex quibus
omnia constare censet, divinas esse vult... Prota-
goras... sese negat omnino de diis habere quod
liqueat, sint non sinî, qualésve sint... Dcmocritus...
tum imagines earùmque circuitus in deorum numéro
refert, tum illam naturam qux' imagines fundat ac
mittat, tum scientiam intelligentiamque nostram...
Quid aer quo Diogenes Apolloniatcs utitur deo, quem
sensum habere potest, an quam formam dei?... De
Platonis inconstantia longum est dicerc, qui in
Timaso, patrem hujus mundi nominari neget posse :
in legum autem libris, quid sit omnino deus inquiri
oportere non censeat... Idem & in Tima;o dicit i^ in
Legibus, & mundum deum esse, & cœlum, 6>: astra,
& terram, & animos, &; eos quos majorum institutis
accepimus... Xenophon... eadem ferè peccat : facit
enim in iis qua; à Socrate dicta retulit, Socratem dispu-
tantem, formam dei quivri non oportere, eundémque
& solem & animum deum dicere, & modo unum,
tum autem plures deos... Nec multo secus Speusippus
Platonem avunculum subsequens, &. vim quandam
(dicit) qua omnia regantur, eàmque animalem... Aris-
toteles... modo... menti tribuit omnem divinitatem,
modo mundum ipsum deum dicit esse, modo alium
quemdam pra;ficit mundo... tum cœli ardorem deum
dicit esse... Zenocrates... deos octo... esse dicit,
quinque cos qui in stellis vagis nominantur, unum
qui ex omnibus .syderibus qua; infixa cœlo sunt, ex
di.spersis quasi membris, simplex sit putandus deus,
septimum solem adjungit, octavam lunam... Ponticus
Heraclides puerilibus fabulis refersit libros, ... sen-
suque deum privât & cjus formam mutabilem es.se
vult : eodemque in libro rursus lerram ts; cœlum
refert in deos. Nec vero Theophrasti inconstantia
ferenda est modo enim menti divinum tribuit prin-
cipatum, modo cœlo, tum autem signis syderibùsque
cœlestibus... Strato... omnem vim divinam in natura
sitam esse censet, qure causas gignendi, augendi,
minuendi habeat, sed careat omni sensu &: figura.
Zeno autem... naturalem legem divinam esse censet,
eàmque vim obtinere recta imperantem, prohiben-
témque contraria. Quam legem quomodo efficiat
animantem, intelligere non possumus... Tollit om-
nino usitatas perceptasque cognitiones deorum :
neque enim Jovem, neque Junonem, neque \'estam,
neque quenquam qui ita appelletur, in deorum habet
numéro... Aristonis non minus magno in errore
sententia est, qui neque ibrmam dei intelligi posse
censeat, neque in diis sensum esse dicat, dubitetque
omnino deus animans nécne sit. Cleantlies... tum
ipsum mundum, deum dicit esse, tum totius natura;
menti atque animo tribuit hoc nomen, tum ultimum
& altissimum atque undique circumfusum & extre-
mum omnia cingentem, atque complexum ardorem
qui a;ther nominetur, certissimum deum judicat...
Perseus ejusdem Zenonis auditor, eos dicit esse
habitos deos, à quibus magna utilitas ad vita; cultum
esset inventa... Chrysippus qui Stoïcorum somniorum
vaferrimus habetur interpres, magnam turbam con-
gregat ignotorum deorum... dicit esse (deos) ctiam
homines qui immortalitatem essent consecuti. » (I,
X et suivants; t. IV, pp. 187-189.) Cicéron accom-
pagne l'énoncé de chaque opinion d'une appréciation
que Montaigne supprime. On remarquera que les
opinions de Xénophane et de Diogène Apolloniate
sont déplacées et rapportées d'une manière tout à
fait inexacte.
P. 246, 1. 9. Diai;oras). Id., ibid: «Diagoras Atheos
qui dictus est, posteaque Theodorus, nonne aperte
deorum naturam sustulerunt.» (I, xxm; t. IV, p. 192.)
P. 246, 1. 10. Épiciire). Id., ibid. (I, xviii et sui-
vants; t. I\', pp. 190, 191, 192.)
P. 246, 1. 13. Ego deûm). «Quant à moi, j'ai
toujours cru, j'ai toujours pensé qu'il existe des dieux
et je le proclamerai sans ces.se, mais ma conviction est
qu'ils n'ont nul .souci de ce que font les hommes. »
(Hnnius apud Cicéron, De divinatione, II, l.)
LIVRE II, CHAPITRE XII.
245
P. 247, 1. 3. Ceux qui adoroiait). Les Ég}'ptiens.
Cf. Plutarque, De Lis & Osiris.
P. 247, 1. 13. Onœ prccid nsqne). «Toutes choses
qui sont très éloignées de la nature divine et qui sont
indignes des dieux. » (Lucrèce, V, 123, 124.)
P. 247, 1. 15. Formœ). «On connaît leur phy-
sique, leur âge, leurs vêtements, leurs parures, leur
généalogie, leur mariage, leurs alliances, et on les
représente à tous égards, sur le modèle de l'infirmité
humaine, car on les fait sujets aux mêmes passions :
on nous parle de leurs amours, de leurs chagrins,
de leurs colères. » (Cicéron, De natiira dconiin, II,
xxviu.) Cette citation un peu abrégée est empruntée
de saint Augustin, Cité de Dieu, IV, xxx.
P. 247, 1. 18. A la foi). Rapprocher pour tous ces
dieux, Cicéron, De natiira deonim, II, xxiii, et saint
Augustin, Cité de Dieu, I\', xx, avec le Commentaire
de Vives.
P. 247, 1. 22. Oiiid jnvat). «A quoi bon introduire
nos mœurs dans les temples? O âmes courbées vers
la terre et vides de tout sentiment divin. » (Perse,
II, 62 et 61.) Les éditions du xvi" siècle portent
immittere au lieu de indncere qu'écrit Montaigne,
mais elles présentent comme Montaigne la leçon
« quid juvat hoc^K
P. 247, 1. 24. Les Aîgyptiens). Cf. saint Augustin,
Cité de Dieu : « Constitutum est etiam de illo, ut quis-
quis eum hominem dixisset fuisse, capitalem penderet
pœnam. Et quoniam fere in omnibus templis, ubi
colebantur Isis & Serapis : erat simulachrum, quod
digito labiis impresso admonere videretur, ut silen-
tium fieret : hoc significare idem Varro existimat ut
homines eos fuisse taceretur. » (XVIII, v, 314.)
P. 248, 1. 7. Dict Cicero). Dans le De natitra
deorum : « Nec intelligo cur maluerit Epicurus deos
hominum similes dicere quam homines deorum. » (I,
xxxii; t. IV, p. 196.) Et surtout dans les Tusculanes :
« Fingebat hœc Homerus, & humana ad deos trans-
ferebat : divina mallem ad nos. » (I, xxvi.) Texte
reproduit par saint Augustin, Cité de Dieu, IV, xxvi.
Rapprocher une expression semblable dans le même
essai de Montaigne, p. 241, 1. 25.
P. 248, 1. 14. Le vergier de Pluton). Dans le Gor-
gias à la fin et dans la République, x, Montaigne se
souvient surtout de Plutarque, De la face qui apparoist
dedans le rond de la Lune, xxxii, f" 626 r°, où se
trouve l'expression verger de Pluton.
P. 248, 1. 18. Secreti). «Ils se dissimulent dans
des sentiers écartés, dans une forêt de myrte qui les
enveloppe; même dans la mort les soucis ne les
abandonnent point. » (Virgile, En., VI, 443.)
P. 249, 1. 12. Cinq sens de nature). L'expression
se retrouve chez Bonaventure Despériers, Nouvelles
récréations, I, et dans Henri Estienne, Apologie pour
Hérodote, XX, 11 ; elle semble appartenir au stjie des
conteurs. \ow aussi le fournal de voyage de Montaigne,
p. 186.
P. 249, 1. 25. Œuil ne sçauroit voir). Saint Paul,
Épitre aux Corinthiens, I, 11, 9, d'après Lsaïe, LXiv, 4.
P. 250, 1. 3. Comme tu dis, Platon). Cf. Plutarque,
De la face qui se voit dedans le rond de la Lune, xxxii,
f° 626 r°.
P. 250, 1. 6. Hector erat). «C'était Hector qui
combattait les armes à la main; mais le corps qui
fut traîné par les chevaux d'Achille, ce n'était plus
Hector. » (Ovide, Tristes, III, 11, 27.) Les éditions
du xvi"^ siècle portent et idem, au lieu de at ille.
P. 250, 1. 9. Ouod niutatur). « Ce qui change est
dissous, donc périt : les parties désagrégées, il n'y a
plus de corps. » (Lucrèce, III, 756.)
P. 250, 1. II. En la Metempsicose). Cf. ci-dessus.
Essai II, XI, p. 136, 1. 25.
P. 250, 1. 14. Ceus la auroint raison). Il s'agit de
Porphyre. Cf. saint Augustin, Cité de Dieu : « Puduit
scilicet, illud credere, ne mater fortasse filium in
mulam revoluta vectaret : & non puduit hoc credere,
ne revoluta mater in puellam filio forsitan nuberet. »
(X, xxx, 621.)
P. 250, 1. 19. Des caidrcs). Cf. Pline, Histoire natu-
relle : « Ex ossibus & medullis (Phœnicis mortui)
nasci primo ceu vermiculum : inde fieri pullum. »
(X, II.)
P. 250, 1. 25. Nec si materiani). «Supposez que,
après la mort, le temps rassemble la matière de notre
corps et qu'il le reconstitue tel qu'il est aujourd'hui,
supposez alors que la vie nous soit à nouveau donnée,
même dans ces conditions, cette nouvelle existence
ne serait rien pour nous, puisque le cours de notre
246
ESSAIS DE MONTAIGNE.
vie aurait été une fois interrompu. » (Lucrèce, III,
859.) Le texte est celui de l'édition Lambin, p. 248.
P. 251, 1. 4. Quand tu dis). Voir en particulier
Plutarque, De la face qui se voit au rond de la Lune,
XXVIII.
P. 251, 1. 7. Scilicet). « Ainsi, l'œil arraché de son
orbite et séparé du reste du corps ne peut voir
aucun objet. » (Lucrèce, III, 562.) Le texte est celui
de l'édition Lambin, p. 227.
P. 251, 1. 13. Inter enim). «Dès que la vie est
interrompue, tout mouvement abandonne les sens. »
{Id., ilrid., 872.)
P. 251, 1. 18. Et nihil). «Et cela ne nous est
de rien, puisque nous sommes un tout formé de
l'union et du mariage de l'âme et du corps.» {Id.,
ibid., 857.)
P. 252, 1. 17. C'est plus grande présomption). Ct.
Plutarque, Pourquoy la justice divine diffère quelquefois
la punition des maléfices : « C'est plus grande presump-
tion à ceulx qui ne sont qu'hommes d'entreprendre
de parler et discourir des Dieux & des demy-dieux,
que ce n'est pas à un homme ignorant de chanter,
& de vouloir disputer de la musique, ou à un homme
qui ne fut jamais en camp, vouloir disputer des armes
& de la guerre, en présumant de pouvoir bien
comprendre, nous qui sommes ignorans de l'art, la
fantaisie du sçavant ouvrier, par quelque légère
conjecture seulement.» (iv, f° 259 r°.)
P. 253, 1. 4. Come Tiherius Sempronius). Tite-Live,
XLI, XVI.
P. 253, 1. 6. Et Paul'emisle). Id., XLV, xxxiii.
P. 253, 1. 7. Et Alexandre). Cf. Diodore de Sicile,
XVII, civ; Arrien, VI, xix; mais ni l'un ni l'autre
ne mentionnent les sacrifices humains dont parle
Montaigne.
P. 253, 1. 13. Suhnone). « Énée saisit quatre jeunes
guerriers, fils de Sulmone, et quatre autres nourris
aux bords de l'Ufens, pour les immoler aux mânes
de Pallas. » (Virgile, En., X, 517.)
P. 253, 1. 16. Les Gettes). Cf. Hérodote : «Ils (les
Gètes) se cuident immortels. Ils ont opinion qu'ils
ne meurent point, mais prennent chemin vers Za-
molxis... De cinq en cinq ans ils envoyent pour
messager vers lui l'un de entre eux, tiré aux ballotes,
& luy donnent charge de ce qui leur fait communé-
ment besoing. Les aucuns d'eux sont ordonnez pour
tenir trois javelines droictes, autres prennent iceluy
messager aux pieds & aux mains, & le jectent en
l'air sur les javelines, s'il meurt en cest état, ils ont
opinion que le dieu leur est miséricordieux, mais,
si ne meurt point, ils luy disent injures & le blas-
ment comme meschant. En fin après qu'ils l'ont bien
injurié, ils y envoyent un autre, & luy donnent
ceste charge, nonobstant qu'il soit encore plein de
vie. » (IV, xciv; t. I, f° 277 v°.)
P. 254, 1. 4. Amestris). Cf. Plutarque, De la supers-
tition : « Amestris la mère du Roy Xerxes enfouit en
terre douze hommes vivans, dont elle faisoit offrande
à Pluton, pour cuider allonger sa vie. » (xiii,
f" 124 r°.) Et surtout Hérodote : « Amestris femme de
Xeraes devenue fort vieille feit enterrer vifs quatorze
jeunes enfans des plus nobles maisons des Perses pour
gratifier au dieu que l'on dit estre soubs terre. » (VII,
cxiv; t. II, f" 88 V.)
P. 254, 1. 10. Tantum relligio). « Tant la religion
a pu persuader de crimes. » (Lucrèce, I, 102.) Ce
vers est cité dans un ouvrage de Juste Lipse que
Montaigne a lu après 1588 : Adversus dialogistam, i.
P. 254, 1. II. Les Carthaginois). Cf. Plutarque, De
la superstition : « (Les Carthaginois) eulx mesmes
immoloient (à Saturne) leurs propres enfans, & ceulx
qui n'en avoient point en achettoient des pauvres,
et falloit que la mère propre qui les avoit vendus
assistast au sacrifice, sans monstrer apparence quel-
conque de s'esmouvoir à pitié, & sans plorer ne
souspirer. » (xiii, f" 123 v°.)
P. 254, 1. 15. Comme les Lacedemoniens). Cf. Plu-
tarque, Les dits notables des Lacedemoniens : « Les
enfans enduroient d'estre deschirez a coups de fouet
tout au long d'un jour, jusques à la mort bien
souvent, sur l'autel de Diane. » (F° 227 v°.)
P. 255, 1. 3. £■/ casta inceste). « Et que cette chaste
et malheureuse victime, au moment même de son
hymen, fût immolée par la main criminelle d'un
père. » (Lucrèce, I, 99.) Le texte est celui de l'édition
Lambin, p. 13.
P. 255, 1. 8. Quœfuit). «Quelle était cette grande
iniquité des dieux de ne consentir à être favorables au
LIVRE II, CHAPITRE XII,
247
peuple romain qu'au prix du sang de tels hommes ! »
(Cicéron, De uatura deorum, III, \ i.)
P. 255, 1. 14. L'huimur de Policrates). Hérodote,
III, XLi, XLii; t. I, f°' 194 v°, 195 r° et 195 V.
P. 255, I. 24. Tanins est perturhatœ). «Telle est la
fureur de leur esprit en délire et sorti de son siège
qu'ils pensent apaiser les dieux en surpassant toutes
les cruautés des hommes. » (Saint Augustin, Cité de
Dieu, VI, 10.)
P. 256, 1. 7. Ubi iratos). «De quoi pensent-ils que
les dieux s'irritent, ceux qui croient les apaiser ainsi ?
... Des hommes ont été châtrés pour ser\'ir aux
plaisirs des rois; mais jamais esclave ne s'est châtré
lui-même, lorsque son maître lui commandait de ne
plus être homme. » (Jd., ibid., d'après Sénèque.)
P. 256, 1. II. Sœpitts oliiii). «Bien souvent dans
le passé la religion a inspiré des actions impies et
détestables. » (Lucrèce, I, 83.) Le texte est celui de
l'édition Lambin, p. 12.
P. 256, 1. 19. Infinniim dei fortins). «La faiblesse
de Dieu est plus forte que la force des hommes; sa
folie est plus sage que leur sagesse. » (Saint Paul,
Aux Corinthiens, I, i, 25.) Sentence prise à saint
Augustin, Cité de Dieu, X, xxviii, ou XVI, 11.
P. 256, 1. 21. Stilpon). Cf. Diogène Laërce, Vie
de Stilpon : « Cùm rogasset illum Crates an dii pre-
cationibus ac divinis honoribus gaudeant, Xoli me,
inquit, fatue in via de hisce rogare, sed solum ac
seorsum. » (II, cxvii, 167.)
P. 257, 1. 13. Omnia cum cœloj. «Le ciel, la terre
et la mer, pris ensemble, ne sont rien, en compa-
raison de l'immensité du grand tout. » (Lucrèce, VI,
679.) Le texte est celui de l'édition Lambin, p. 508.
Cette sentence figurait sur les travées de la biblio-
thèque de Montaigne.
P. 257, 1. 19. Le corps humain). Chacune des
phrases qui suivent contient une allusion transparente
à quelque récit des Ecritures.
P. 258, 1. 3. Terranique, & soient). «Que la terre,
le soleil, la lune, la mer et tout ce qui existe, ne sont
point uniques, mais en nombre infini. » (Lucrèce,
II, 1085.)
P. 258, 1. 5 . Les plus fanwnx). Cf. une note à ce sujet
dans l'édition de Lucrèce par Lambin, au vers 1023.
P. 258, 1. 8. Cum in suninia). « Qu'il n'3' a point
dans la nature d'être qui soit seul de son espèce,
qui naisse et qui croisse isolé. » (^Id., II, 1077.)
P. 258, 1. 14. Quarc etiam). « On est donc forcé
de convenir qu'il s'est fait encore et encore ailleurs des
agglomérations de matières semblables à celles que
l'éther embrasse dans sa vaste sphère.» (Jd., II, 1064.)
P. 258, 1. 17. Un animant). Cf. à ce sujet Plu-
tarque, Des opinions des philosophes, II, m, f° 446 r".
Montaigne a vu encore cette idée longuement déve-
loppée dans le De philosophia occulta de Corneille
Agrippa, II, Lv.
P. 258, 1. 18. Platon l'assure). Dans son Timée,
p. 30 (éd. de 1546, p. 705); mais Montaigne prend
ceci sans doute dans la Cité de Dieu de saint Augustin
qui lui fournit aussi l'allégation suivante.
P. 258, 1. 18. Plusieurs des nostres). Il s'agit surtout
d'Origène. Cf. saint Augustin, Cité de Dieu, X, xxix,
et XIII, XVI.
P. 258, 1. 22. Democritus). Cf. Diogène Laërce,
Vie de Déinocrite, IX, xli\'.
P. 258, 1. 25. Epicurus les inmgine). Cf. Diogène
Laërce, X, lxxxv.
P. 259, 1. 6. Oui en voudra croire Pline). C'est en
effet de Pline, Histoire naturelle, que le plus grand
nombre de ces faits sont empruntés; mais Pline les
déclare faux pour la plupart et il n'est pas improbable
que Montaigne les ait trouvés dans quelque ouvrage
de seconde main. Certains d'entre eux sont cités
par Aulu-Gelle, Nuits attiques, IX, iv, mais ce n'est
certainement pas par Aulu-Gelle que Montaigne les
a connus.
P. 259, 1. 10. Des contrées où les hommes). Hérodote,
IV, cxci, et surtout Pline, \'ÎI, 11. La traduction
Saliat passe sous silence les hommes sans tête.
P. 259, 1. 12. Androgynes). VWns, Histoire naturelle,
VII, II.
P. 259, 1. 12. Ils marchent). Li., ibid.
P. 259, 1. 12. Qu'un œil). Li., ibid., et Hérodote,
III, cxvi, et IV, xxvii.
P. 259, 1. 15. Les femmes s'accouchent). Wmt,\'l\,ii.
P. 259, 1. 19. Randent le sperme). Hérodote, III, ci.
P. 259, 1. 20. Ceux qui naturellement). Pline, Hist.
naturelle, Mil, xxii.
248
ESSAIS DE MONTAIGXE.
P. 259, I. 22. En quelque endroit des Indes). Cf.
Plutarque, De la face qui apparoist dedans le rond de
la Lune : «Celle racine Indienne que dit Megasthenes,
que certain peuple des Indiens qui n'ont point de
bouche, et ne mangent ny ne boivent point, font
brusler & fumer, & en vivent de l'odeur du parfum. »
(xxx, f" 623.) Voir aussi Pline, \1I, 11.
P. 260, 1. 5. Aller selon nature). Pour cette idée
qui revient souvent chez Montaigne, rapprocher I,
XXVII, t. I, p. 234; II, XXX, t. II, p. 515, etc.
P. 260, 1. II. Et Anaxagoi'as). Cf. Cicéron, Aca-
démiques, II, XXIII et XXXI.
P. 260, 1. 12. Metrodorus Chius). Id., ibid. : «Xego,
inquit, scire nos sciamusne aliquid, an nihil sciamus :
ne idipsum quidem nescire aut scire, scire nos : nec
omninô, sitne aliquid, an nihil sit. »
P. 260, 1. 16. T\: s'ïi'sEv). Vers d'Euripide. Cf.
Stobée, Anthologie, sermo 119, p. 602. Ils figuraient
sur les travées de la bibliothèque de Montaigne. Il les
a trouvés sous une forme un peu différente mais avec
un sens identique chez Sextus Empiricus, III, xxiv;
chez Diogène Laërce, Fie de Pyrrhon, IX, lxxiii;
chez Platon, dans le Gorgias, p. 492; chez Stobée,
sermo 120, qui cite le passage de Platon.
P. 261, 1. I. D'autres jurent). Le texte de 1588
est une simple allusion à des opinions qu'on trouve
fréquemment répétées en particulier chez Corneille
Agrippa, De incertitudine et vanitate scientiarum, lu;
chez Sextus Empiricus, Hypot\poses, III, viii; III,
XIV ; etc.
P. 261, 1. 2. Les suivons de Métissas). Cf. Platon,
Thèi'lhète, 180, 199.
P. 261, 1. 6. Prot agoras dict). Cf. Sénèque, Épltres :
« Si Protagont credo; nihil in rerum natura est, nisi
dubium. Si Nausiphani, hoc unum certum est, nihil
esse certi. Si Parmenidi, nihil est prœter unum. Si
Zenoni, ne unum quidem. Quid ergo nos sumus?
Quid ista quœ nos circumstant, alunt, sustinent ?
Tota rerum natura umbra est, aut inanis, aut fallax. »
(Ép. 88. p. 208.)
P. 261, I. 12. Si un estoil). Cl". Platon, Parmcnidcs,
p. 138.
P. 261, 1. 14. Nature des choses). \'on ci-dessus le
passage de Sénèque cité p. 261, 1. 6.
P. 261, 1. 22. Nostre parler). Rapprocher le début
de l'essai III, xiii.
P. 262, 1. 4. De cette syllabe. Hoc). Première parole
de la consécration dans le sacrement de l'Eucharistie :
« Hoc est corpus meum. » (Saint Mathieu, xxvi,
26.) Montaigne fait allusion à la fameuse querelle
de la transsubstantiation. Il imite d'ailleurs de très
près Corneille Agrippa, qui, dans son De incertitudine
et vanitate scientiarum, avait écrit : « Quantas rursus
tragœdias movit dictio illa, nisi, in consilio Basiliensi?
Bohemis utriusque speciei communionem necessariam
adfîrmantibus, quia scriptum sit : nisi manducaveritis
carnem filii hominis, & biberitis ejus sanguinem, non
habebitis vitam in vobis. Unde nam illa \'aldensium
& sequacium, recentiorumque circa Eucharistiani
hœresis ? nisi ex illa dictione, est quam illi symbolice
ac significative duntaxat diclam volunt, tropumque
subesse verbis, Romana ecclesia illam essentialiter
exponente. » (m.)
P. 262, 1. 8. Si vous dictes). Cf. Cicéron, Acadé-
miques : « Si dicis, te mentiri verumque dicis, mentiri
verum dicis.» (II, xxix; t. l\, p. 26.) C'est le
sophisme connu sous le nom de ùijtzy.viz: ; cf. encore
Aulu-Gelle, XVIII, 11.
P. 262, 1. 15. Quand ils disent). Cf. Diogène
Laërce, Fie de Pyrrhon : « Verùm & ipsam \-ocem
nihil magis sceptici toUunt... quœ & ipsa cum sustu-
lerit reliquas a semetipsa sublata peribii, non secus
atque medicamenta, qua; ubi epota prius materiam
exhauserint, & ipsa egeruntur ac pereunt. » (IX,
Lxx\i, 628.) Cf. au.ssi Sextus Empiricus, Hypotyposes.
P. 262, \. 2y. A la dci'ise d'une balance). On trouve
cette devise en tête de l'édition de 1635 publiée par
M"' de Gournay. En 1576 (janvier ou février),
Montaigne fit frapper une médaille où se voit cette
balance et ce « Que scay-je » dont il parle ici.
P. 263, 1. I. Ce moqueur antien). Cf. Pline, Hist.
nal. : « Imperfectas vero in homine naturic pnecipua
solatia, ne Deum quidem posse omnia. Namque nec
sibi potest mortem conscicere, si velit : quod homini
dédit optimum in tantis vitœ pœnis : mortales a;terni-
tate donare, aut revocare defunctos : nec facere, ut qui
vixit, non vixerit : qui honores gessit, non gesserit.
Xullumquc habere in prxterita jus, proîterquam
LIVRE H, CHAPITKK XII.
249
oblivionis : atque (ut facetis quoque argumentis
societas hxc cum Deo copuletur) ut bis dena viginti
non sint. » (II, vu.)
P. 263, 1. 15. Crûs). «Que demain Jupiter couvre
le ciel de nuages ou fasse resplendir le soleil dans
un ciel pur, il ne pourra faire que ce qui a été n'ait
point été, ni détruire ce que l'heure a une fois
emponé dans sa fuite. » (Horace, Oilcs, III, xxix, 43.)
P. 26^, 1. 27. Chose si esloignée de sou poix). L'esprit
de tout ce passage est en contradiction avec ce que
dit Sebond : « L'homme, dit Sebond, est par sa
nature, en tant qu'il est homme, la vraye et \-\ve
image de Dieu. Tout ainsi que le cachet engrave sa
rigure dans la cire, ainsi Dieu empreint en l'homme
sa semblance, etc. « (^Théologie naturelle, cxxi, traduc-
tion de Montaigne.)
P. 263, 1. 28. Miniiii). «Il est étonnant jusqu'où
.se porte l'arrogance du cœur de l'homme, lorsqu'elle
est encouragée par le moindre succès. » (Pline, Hist.
nai., II, xxiii.)
P. 264, 1. I. Rehrouent Epicitriis). Cf. Sénèque,
Ép'ttres : « Diis, inquit (Epicurus), immortalibus solis,
& virtus & beata vita contingit. Nobis umbra qua;dam
illorum bonorum & similitudo... » (Ép. 92, p. 221.)
P. 264, 1. 7. Qu'un grand personnage). Il s'agit de
Tertullien qui a dit : « Quis negat Deum esse corpus,
etsi Deus spiritus sit ? »
P. 264, 1. 13. Magna dij curant). «Les dieux
s'occupent des grandes choses et négligent les petites. »
(Cicéron, De nat. deoruiu, II, lxvi.)
P. 264, 1. 14. Nec in regnis). « Les rois non plus
ne descendent pas dans les détails infimes du gouver-
nement. » (/i/.j ihid., III, XXXV.)
P. 264, 1. 22. Deus ila arlife.x). « Dieu, si grand
ouvrier dans les grandes choses, ne l'est pas moins
dans les petites. » (Saint Augustin, Cité de Dieu, XI,
XXII.)
P. 264, 1. 24. Par re que nos occupations). Cf. Cicé-
ron, Académiques : « Xegas sine deo posse quicquam.
Ecce tibi è transverso Lampsacenus Strato, qui det
isti deo immunitatem magni quidem muneris : sed
quum sacerdotes deorum vacationem habeant; quanto
est œquius habere ipsos deos ? Negat opéra deorum se
uti ad fabricandum mundum. Quitcumque sint.
docet, omnia effecta e.s.se natura : nec, ut ille, qui
asperi 6c levibus & hamatis uncinatisque corporibus
concreta hxc esse dicat, interjecto inani, somnia
censet ha;c esse Democriti, non docentis, sed optantis.
Ipse autem singulas mundi partes persequens, quic-
quid aut sit, aut fiât, naturalibus fieri, aut factum
esse, docet ponderibus & motibus. Sic ille & dum
opère magno libérât, & me timoré.» (II, xxxviii;
t. IV, p. 31.)
P. 265, 1. 4. Ouod beatuNi). « Un être heureux et
éternel n'a point de peine et n'en fait à personne. »
(Cicéron, De natura deorum, I, xvii.)
P. 265, 1. 5. Nature veut). Cf. Cicéron, De nat.
deorum : « Intelligi necesse est, eam esse naturam
ut omnia omnibus, paribus paria respondeant... Ex
hac igitur illud efficitur, si mortalium tanta multitudo
sit, esse immortalium non minorem; & si quœ inte-
rimant, innumerabilia sunt, etiam ea qu;ï conservent,
infinita esse debere. » (I, xix; t. IV, p. 191.)
P. 265, 1. 8. Corne les âmes des dieus). Id., De divi-
natione : « Ut enini deorum animi sine oculis, sine
auribus, sine iingua sentiunt inter se quid quisque
sentiat, ex quo fit ut homines etiam quum taciti
optent quid, aut voveant, non dubitent quiii di
illud exaudiant : sic animi hominum, quum aut
somno soluti vacant corpore, aut mente permoti per
se ipsi liberi incitati moventur, cernunt ea, qua; per-
mixti cum corpore animi videre non possunt. ) (I,
Lvii; t. IV, p. 261.)
P. 265, 1. I ^ Dict saint Paul). Ehilre aux Romains,
I, 22-23.
P. 265, 1. 16. Torq un peu ce hastelagc). Tous ces
détails, qui viennent d'Hérodien, ont peut-être été
pris par Montaigite dans l'ouvrage de Du Choul
intitulé De la religion des anciens Romains (p. 75 et
passini). Un exemplaire de cet ouvrage nous a en
effet été conservé muni de sa signature. Il y trouvait
reproduites beaucoup de ces médailles auxquelles il
fait ici allusion.
P. 265, 1. 25. Ouod fin. \cre). «Ils s'effraient de
leurs propres fictions.» (Lucain, I, 486.) Les éditions
du xvi' siècle portent quai au lieu de quod.
P. 266, 1. I. Quasi quicquam). «Quoi de plus
malheureux que l'homme esclave de ses chimères!»
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 266, 1. 2. C'est bien loin). Cette opposition a
été inspirée :i Montaigne par la lecture de la Cité de
Dieu de saint Augustin, VIII, xxiii-xxin-.
P. 266, 1. 5. Les Thasiens). Cf. Plutarque, les
dicts notables des Lacedemoniens : « Da\antage les Tlia-
siens aj'ant receu beaucoup de bientaicts, & pour ce
se sentans grandement tenus à luy, luy dédièrent
des temples, & luy décernèrent les honneurs divins,
comme s'il eust esté un dieu, & luy envoyèrent des
ambassadeurs pour luy faire entendre leur resolution :
aiant leu leurs lettres, & entendu les honneurs qu'ils
luy faisoient, il leur demanda si leur pais & leur
communaulté pouvoit déifier les hommes : ils luy
respondirent, que ouy. Or sus doncques, dit-il,
commancez à vous mesmes, & si vous vous pouvez
faire Dieux vous mesmes, alors je vous croiray que
vous le me puissiez faire aussi. » (F" 210 V.)
P. 266, 1. 13. Oyes trisviegiste). Cf. saint Augustin,
Cité de Dieu : « Omnium enim mirabilium vicit
admirationem, quod homo divinam potuit invenin.-
naturam, eamque efficere. » (VIII, xxn .)
P. 266, 1. 16. Nosse cui Divos). « A qui seule il
est donné de connaître les dieux et les puissances
célestes, ou de savoir qu'il est impossible de les
connaître. » (Lucain, I, 452.) On lit chez Lucain :
« Solis nosse deos et cœli numina vobis aut solis
nescire datum. » Montaigne adapte cette citation.
P. 266, 1. 18. Si Dieu est). Ces idées, qui sont
résumées de Cicéron, De nat. deonim, III, xui-xiv,
ont peut-être été prises par Montaigne chez Pontus
de Thyard qui les présente sous une forme très
analogue : « L'opinion niant Dieu, avouoit pour soii
appuy quelques argumens, et disoyent ceux qui la
soustenoyent : ce qui est animal est meilleur que ce
qui ne l'est pas : et si Dieu est, il n'y a rien de
meilleur que luy : donc si Dieu e.st, il est animal :
et s'il est animal, il sent : car l'animal n'est entendu
animal, que par participation des sens. Et .s'il .sent,
il sent l'amertume et la douceur par le sens du gou.st,
comme les autres choses sensibles par les sens pro-
pres à les sentir... Donc si Dieu est, il est animal :
et s'il est animal, il est doué des sens : car ce qui
est animal n'est différent de ce qui ne l'e.st pas que par
les sens, et s'il est doué des sens il peut périr : mais la
condition de perissement est contraire à la divinité :
donc il n'y a point de Dieu. » (^Second curien.x, édition
de 15 78, p. 107; dans les Discours philosophiques.
édition de 1587, p. 310.)
P. 266, 1. 21. Xous sonics incapables). Montaigne
résume quelques-uns des arguments que Chn'sippe
et Zenon faisaient valoir pour établir l'existence de
Dieu. Cf. Cicéron, De nainra deorum : «Res cœlestes,
omnésque hœ, quarum est ordo sempiternus, ab
homine confici non possunt. Est igitur id quo illa
conticiuntur, homine melius... Esse autem hominem
(fui nihil in omni niundo melius esse, quàm se
putet, desipientis arrogantia; est. Ergo est aliquid
melius. Est igitur profecto deus. An vero, si domuni
magnam pulchrdmque videris, non possis adduci,
ut, etiamsi dominum non videas, muribus illam
i!:!»; mustelis œdificatam putes. Tantum vero ornatum
mundi, tantam varietatem, pulchritudinémque rerum
ccelestium, tantam vim, et magnitudinem maris atque
terrarum, si tuuni, ac non deorum immoitalium
domicilium putes, nonne plane desipere videare ? An
ne hoc quidem intelligimus, omnia supera esse
meliora ? terram autem esse infimam, quam crassis-
simus circumfundat aerr... Nihil... quod animi,
quôdque rationis est expers, id generare ex se potest
animantem, compotemque rationis : mundus autem
générât animantes compotesque rationis : animans est
igitur mundus composque rationis... Cur... mundus
non animans sapiénsque judicetur, cum ex se pro-
creet animantes atque sapientes? » (II, vi, viii; t. l\,
p. 203.)
P. 267, 1. 9. Nous avons besoing). Id., ibid., II, \\ 1.
P. 267, 1. 23. Non, si te rupcris). «Quand tu t'enfle-
rais à en crever, dit-il. » (Horace, Sat., II, m, 518.)
P. 268, 1. I. Profecto). «Certes les hommes croyant
penser à Dieu, dont ils ne peuvent avoir une idée,
pensent à eux-mêmes, ils ne voient qu'eux, et non
pas lui; c'est à eux, non pas à lui, qu'ils le compa-
rent. » (Saint Augustin, Cité de Dieu, XII, xvii.)
P. 268, 1. II. Paulina). Cf. Josèphc, Antiquités
j'nd., X\'III, IV. Cette histoire est souvent racontée
chez les compilateurs et moralistes du xvi'^ siècle :
cf. Corneille Agrippa, De incertitndine et vanitate scien-
tioniin, LXi\-; Du ^'erdier, Suite des diirrses leçons^
LIVRE II, CHAPITRE XII.
251
IV, VIII ; Jean des Caurres, Œuvres morales, V, xl\i.
Mais dans tous ces récits, comme chez Josèphc, il
s'agit d'Anubis, et non de Sérapis. Montaigne qui
cite sans doute de mémoire un conte très vulgarisé,
a. fait une confusion.
P. 268, 1. 14. Varro). Cf. saint Augustin, Cilc de
Dieu, VI, vu. Cette histoire est contée d'une manière
un peu différente par Plutarque, Fie de Roimdiis, m.
P. 268, 1. 24. Corne s'il ne siiffisoil pas). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Platon, III, i, 185.
P. 268, 1. 26. // estoit tenu). Id., ibid. : « Enimvero
Speusippus in libro qui de cœna Platonis funebri
inscribitur, et Clearchus in laudatione Platonis et
Anaxilides secundo de Philosophis libro asserunt
Athenis famam esse Aristonem Perictionje cùm esset
speciosissima, vim inferre conatum esse, verùm fuisse
illius conatus irrites, vidisseque in soumis Apollinem
atque ab eo mundam a jugali copula quoad pareret,
uxorem servasse. » (III, 11, 185.)
P. 269, 1. 6. En la relligion de Mahumet). Cl'.
•Guillaume Postel, Histoire des Turcs : « Ils sont aussi
beaucoup de merlins, asçavoir d'enfants sans percs,
et nais de pucelles : et dises que cela leur est
commun, et fréquent : ils les nomment nephis ogli,
enfans de l'âme ou de l'esprit...» (Éd. de 1575,
p. 230; éd. de 1560, I'' partie, p. 109.) On trouve
la même expres.sion avec .son explication dans la
Cosmographie d'André Thevet : (( Vous diriez que cest
enfant estoit plus parfait que ce prophète anglois
Merlin, lequel on faint avoir esté fils d'un démon
succube, d'autant que cestuy parloit, et avoit raison,
estant au ventre de sa mère, et Merlin estant entie
les bras de sa mère encor alaictant. » (Éd. de 1575,
("919 r".) La légende de Merlin jouissait alors d'une
grande popularité.
P. 269, 1. 10. Le lion). Cf. Cicéron, De iiatnra
deornni : «An tu aquilam, autjeonem, aut delphinum
ullam anteferrc censés figuram suas?» (I, xxvii;
t. IV, p. 194.)
P. 269, I. 16. De tontes les formes). Id., ibid. :
« Quod si omnium animantium formani vincit ho-
minis figura deus autem animans est : ea figura
protecto est, qua; pultherrima sit omnium quoniam-
que deus beatissimos esse constat : beatus autem
esse sme virtute nemo potest, nec virtus sine ratione
constare, nec ratio usquam inesse nisi in hominis
figura : hominis esse specie deos confitendum est. »
(I, xviii; t. IV, p. 190.)
P. 26(), ]. 20. Ita est). «Tant c'est une habitude
et un préjugé de notre esprit que, quand il pense à
Dieu, aussitôt la forme liumaine se présente à lui. »
(Id., ibid., I, xxvii.)
P. 269, 1. 22. Xenophanes). Eusèbe, Préparation
cvangélique , XIII, xiii ; mais Montaigne a probablement
pris ceci chez Duplessis-Mornay, Vérité de la religion
chresticnne, i .\ la fin, et surtout iv xm début. Tout
le chapitre iv de Duplessis-Mornay, intitulé «(2m
c'est que non': ponvons comprendre de Dieu », mérite
d'être rapproché de ce morceau de Montaigne et
présente des idées tout à tait analogues. « L'homme
ne voit et ne sent pas Dieu en soy mais en ses effects
seulement, en la nature, parce qu'elle est un effect
de Dieu, et que nul effect quelque grand qu'il .soit,
ne peut parfaictement représenter sa cause... C'est
ce qui a abusé les ignorants qui ont figuré Dieu
semblable à eux : ce que les animaux aussi, dit Xeno-
phanes, eussent fait s'ils eussent esté peintres, ne
pouvant ordinairement chaque chose comprendre
qu'elle-mesme », etc.
P. 270, 1. 12. Tant Manda). «Tant la nature adroite
& indulgente, porte tous les êtres à s'aimer eux-
mêmes. » (Cicéron, De natura deorum, I, xxvii.)
P. 270, ]. 20. Domitosque). « Ils sont domptés par
le bras d'Hercule, les Titans fils de la Terre qui firent
trembler les palais brillants du vieux Saturne. »
(Horace, Odes, II, \ii, 6.)
P. 270, 1. 26. Neptnniis). «Neptune, de son trident
redoutable, ébranle les murs de Troie, et renverse
de fond en comble cette cité; plus loin l'impitoyable
Junon occupe les portes Scées.» (Virgile, En., Il, 610.)
P. 271, 1. 5. Les Canniens). Cf. Hérodote : «Ils
mettent armes en doz pour batre l'air, lequel ils
poursuyvent jusque à la banlieu de la ville Celydna,
disans qu'ils chassent les dieux estrangers. » (I, 172;
t. I, f° 79 v\)
P. 271, 1. 9. Jdeo niininiis). «Tant la superstition
introduit les dieux mêmes dans les plus petites choses.»
(Tite-Live, XXVII, xxiii.)
2)2
ESSAIS DE MOXTAIGXK.
P. 271, 1. 13. Hic iUiiis). « Là (à Carthagc) sont les
arnus de Jiinoii, là est son char.» (Virgile, Eu., I, lé.)
P. 271, 1. 15. O sanctc ApoUo). «O saint Apollon,
toi qui habites le centre du monde ! » (Cicéron, De
divinatione, II, lvi.) Delphes, consacré à Apollon,
passait pour l'ombilic de la terre. \'oir Tite-Livc,
XXXVIII, XLVin; XLI, xxiii; Ovide, Métamorphoses,
X, 168; X^^ 630; Stace, Thchaïdc, 1, 118; etc.
P. 271, 1. 16. Pallada). «Athènes honore Pnllas,
l'ile de Crète Diane, Lemnos Vulcain, Sparte et
Mycènes Junon; Pan est le dieu du Ménale et Mars
celui du Latium. » (Ovide, Fastes, III, 81.)
P. 271, 1. 23. Jitncla que). « Ht le temple du petit-
fils est réuni à celui de son grand aïeul. » (Zf., ibid.,
p. 272, 1. 2. Cinq OH. six). Souvenir imprécis de
sain; Augustin, Cité de Dieu, IV, viu.
P. 272, 1. 3. Trois à une porte). Cf. saint Augustin,
Cité de Dieu : « Unusquisque domui suœ ponit ostia-
rium et quia homo est omnino sufficit. Très deos
isti, posuerunt, forculum foribus, cardeam cardini,
limentinum limini.» (l\', viii.) Cf. encore Id., ibid.,
VI, VII.
P. 272, 1. 4. Om//V a un enfant). Id., ibid. : Ils
sont énumérés à diverses reprises dans le li\re I\'.
P. 272, 1. 5. Aucuns cerleius). Id., ibid. : « \'arro
dicit certos atque inceitos in omnibusque generibus
sicut in animalibus mares et fœminas. » (III, xii.)
P. 272, 1. 8. Ouos quoniam). « Puisque nous ne
les jugeons pas encore dignes de l'honneur du ciel,
permettons-leur d'habiter les terres que nous leur
avons accordées. » (Ovide, Métamorphoses, 1, 194.) Ces
vers ont probablement été pris par Montaigne dans
le Commentaire de la Cité de Dieu par Vives, III, xii.
P. 272, 1. 10. 7/ eu est de plnsicicns). Cf. saint
Augustin, Cite de Dieu, \'I, \, dont voici le titre :
«■ De tribus generibus thcologix secnndum Varronem, scilicel
uno fabuloso, altero naturaJi, tertio civili. »
P. 272, 1. 14. Chrysippus). Cf. Plutarque, Des
communes conceptions contre h's Sloiques : « Chrysippus
& Cleanthes... de tant de Dieux ils n'en font pas un
éternel, ny pas un immortel, sinon Jupiter seul, en
qui ils despendent & consument tous les autres. »
(xxvii, f'^ 583 r".)
P. 272, 1. 1-. Jûvis). «Crète, berceau de Jupiter.»
(Ovide, Métamorphoses, Mil, 99.)
P. 272, 1. 18. Scevola). Cf. saint Augustin, Cité de
Dieu, l\ , XXXI : « Multa esse vera, qu;e non modo
vulgo scire non sit utile, sed etlam tametsi folsa sint,
aliter cxistimare populum expédiât. » (IV, xxxi.)
C'est ici l'opinion de Varron, celle de Scevola est
rapportée un peu auparavant. » (I\', xxvii.)
P. 272, 1. 21. Cum veritateui). « Comme il ne
cherche la vérité que pour s'affranchir, sovons certain
qu'il est de son intérêt détre trompé. » (/c/., ibid.,
IV, XXXI.)
P. 273, 1. 4. De pierre). Xénophon, Mémorables :
« Asserebat Anaxagoras... .solein lapidem ignitum
esse. » (IV, VII, 7; éd. de 1545, p. 515.)
P. 273, 1. 5. S'enquiert on a Zenon). Cf. Cicéron,
De uatura deoruni : « Zeno ita naturam définit, ut eam
dicat, ignem esse artificiosum ad gignendum progre-
dientem via. » (II, xxii.)
P. 273, 1. 1 1. Soerates). Cf. Xénophon, Mémorables :
« Geometriam didicisse eousque oportere (aiebat)
quoad recte dividendo agro aut ;edihcio dcscribendo
conférât.» (\\, \u, 2; éd. de 1545, p. 514.)
P. 273, 1. 12. Polia'uus). Cf. Cicéron, Académiques,
II, XXXIII ; Bodin, préface de la Déiuononiauie; Brués,
Dialogues, p. 90.
P. 273, I. 16. Soerates). Cf. Xénophon, Mémo-
rables : « Ut una omnia complectar, cœlestia omnia,
& qua; dii machinentur, scrutari dehortabatur. Neque
enim hominibus facile est ea adinvenire : neque diis
eos facere grata arbitrabatur, qui ca quadrant, qvxx
ipsi dii in promptu & manifesta esse noluerunt.
Quod .si quis esset qui ea studiosius sectaretur, hune
non minus quàm Anaxagoram fore in periculo insa-
niendi, qui quidem quod nimium efterretur in orbis
machiniv dispositione explicanda, insanivit. Ille enim
asserens idem esse ignem atque solem, ignorabat
quàm ignem homines facile spectent, solem vcro non
facile queant intueri : & solis radiis homines colore
fieri fusco, igné autem minime. Ignorabat &: illud,
quod qu;\.- ex terra oriantur, eoruni niliil nisi à sole
foveatur, queat adolescere : igné vero concalefacta
omnia corrumpi. Asserens etiam solem lapidem
ignitum esse, ignorabat lapidem quum in igné sit.
1.IVKE II, CHAPITRI- XII.
ncquc collucerc, ncquc diu durarc : Sol aiitem totis
;innis lucidior cxt.u. » (IV, vu, -; cd. de 1545,
P- 515-)
P. 273, 1. 26. Plalon). Au Tiiitce : «C:tterorum vtro
qui da'inones appellantur, & cognoscere & cnunciarc
ortum, majus est opus quam ferre nostrum valeat
ingenium. Priscis itaque viiis hac in re credendum
CSC, qui diis geniti ut ipsi dicebant, parentes suos
optime noverant. Impossibile sane deoioini filiis fidem
non liahere, licet nec necessariis nec verisimilibus
rationibus eoruni oratio confirmetur. Veruni quia de
domesticis rébus loqui se affirmabant, nos legein secuti
fidem prsstabimus. » (P. 40; éd. de 154e, p. 710.)
P. 274, I. II. Ti'iiio). «Le timon et les cercles des
roues étaient d"or, et les rayons d'argent. » (Ovide,
Métamùiphoses, II, 107.)
P. 274, 1. 13. l'ou<; dirii":^). On trou\e un mou-
vement analogue chez Jacques Tahureau, Dialogues :
« Il vint à me taire une description des cieus, mais
sçais-tu quelle, par-Dieu, comme si toute sa vie il
V cust esté nourri, et qu'il n'eût tait autre chose
qu'obsen-er, compter, compasser, et mesurer tous les
aspects, toutes les étoiles, cercles et poincts qu'il
asseuroi: y estre. Et n'estoit que je le connaissois de
longue main, joint qu'il n'estoit pas des plus beaux
de ce monde, je l'eusse jugé incontinent pour un
Ganymede, mignon de couchette de ce grand dieu
haut-tonant, qui fut expressément descendu, et pris
un corps fantastique pour en rapporter certaines
nouvelles à cens qui seroïent curieus de savoir com-
ment on se porte lassus. » (Éd. de Paris, 1566,
p. 180.) Tahureau se souvient du passage suivant de
Corneille Agrippa que Montaigne a connu également :
«Cujus astronomie magistri audaces profecto homines,
& prodigiorum autores, impia curiositate, pro eorum
libito, supra humanam sortem (tanquam Basilides
hreretici abraxas) fabricant orbes cœlorum, siderum
mensuras, motus, figuras, imagines, numéros, con-
centusque tanquam nuper è cœlis delapsi, ac in illis
aliquandiu versati, depingunt : quibus omnia stare ac
fieri atque sciri posse arbitrantur. » {De iiicertitudinc
et vanitnle scieiiliarnin, xxx.)
P. 274, 1. 16. Selon Platon). Dans la République :
«Dicehat... ex apicibus suspensum Necessitatis dea;
pensum : per quod omnes circuitus peragantur. »
(X, XII, 616; éd. de 1546, p. 699.)
P. 274, 1. 17. Muncius). "Le monde est un édifice
immense, entouré de cinq zones et traversé oblique-
ment par une bordure enrichie de douze signes
rayonnants d'étoiles, avec le char de la lune et ses deux
coursiers. » (\'ers de ^'arron, rapportés par ^'alérius
Probus dans ses notes sur la sixième églogue de
Virgile.)
P. 275, 1. 3. Ai ie pas veu eu Plalon). Dans le
Second Alcihicuie : « Est enim ipsa natura universa
poesis œnigmatum plena.» (X, p. 147; éd. de 1546,
p. 47.) La traduction de Marsile Ficin, qui est ici
amphibologique, a induit Montaigne en erreur :
natura est un ablatif qu'il a pris pour un nominatif,
et le sens de la phrase, incontestablement établi par
le contexte, est que toute poésie est de sa nature
énigmatique.
P. 275, 1. 6. Latent). «Toutes ces choses sont
cachées et enveloppées des plus épaisses ténèbres, et
il n'y a point d'esprit assez perçant pour pénétrer
dans le ciel ou dans les profondeurs de la terre. »
(Cicéron, Académiques, II, xxxix.)
P. 275, 1. 21. Ces epicycles). On trouve chez
Ramus des critiques semblables de toutes ces chimères
astronomiques, qui, dit-il, ne correspondent à rien
dans la nature et qui en compliquent l'étude. Dans
son Oratio de pmfessionc sua (vers la fin) il déclare
qu'en dépit de son respect pour les savants qui ont
été ses maîtres, il a été fort tenté de rompre avec
toutes ces entraves traditionnelles. Cette idée d'ailleurs
était peut-être courante au temps de Montaigne. Je
lis en effet dans l'ouvrage du Père Paul Sarpi, Istoria
del concilia Trident ino : « Quelques plaisants dirent qu'il
n'était pas étonnant qu'à l'exemple des astrologues,
qui, pour cacher l'ignorance où ils étaient des véri-
tables causes des mouvements célestes, avaient inventé
les epicycles et les excentriques, le concile eût donné
dans l'excentricité des opinions pour sauver les appa-
rences des mouvements surnaturels. « (Traduction
française de P. Fr. Le Couraj^er, 175 1, t. I, p. 405;
voir l'édition italienne de 1835, II, lxxxii, t. II,
p. 326.)
P. 275, 1. 26. Platon). Dans le Tintée: « At quod
254
ESSAIS DE MONTAIGXE.
rêvera ita sit, ut diximus, ita denium asseremus, si
divinum confirinaret oraculum : quod vero verisimile
sit ita esse, & nunc & deinceps diligentius etiam
investigando asseverarc non dubitamus, atque in pne-
sentia ita sit nobis assertuni. » (P. 72; éd. de 1546,
p. 724.)
P. 276, 1. 10. Le petit monde). M-.y.pi/.ijv.;:. L'ex-
pression microcosme se rencontre assez fréquemment
chez les écrivains du xvr siècle. Cf. par exemple
Rabelais, III, iv. D'après la Bibliothèque française de
Du Verdier, il a été publié en 15S0 un traité de
N. de Nancel intitulé : Analogia inicrocosini ad macro-
cosmuin, id est relatio et propositiù universi ad hominein.
Le sens qu'on attachait à cette expression est longue-
ment expliqué par Corneille Agrippa dans un ouvrage
que Montaigne a lu, le De philosophia occulta. (Cf. III,
XXXVI.)
p. 276, 1. 24. Aus peintres). Imité de Platon dans
le Critias : « Cum terram pingunt & montes, flumina,
sylvas, crelumque omne, quaive circa cœlum consis-
tunt & quœ vagantur, primum quidem satis putamus
factura, siquis vel exiguam quandam referre possit
carum rerum imaginem, deinde utpote talium prorsus
ignari, ne examinamus quidem pictorum opéra, neque
etiam redarguimus, sed confusa quadam adumbratione
fallacique utimur. Cum vero quis tingere aggreditur
nostrorum corporum similitudinem, tune propter
familiarem ipsam rerum nostrarum animadversionem
acutius errata persentimus, severique & acres judices
exactoresque sumus adversus cum qui non singula
lineamenta coloresque expresserit. Idem quoque in
sermonibus intueVi licet. » (P. 107; éd. de 1546,
p. 136.)
P. 277, 1. 5. Garce Milesicnne). Platon, dans le
Théitéle, xxiv, p. 174 (éd. de 1546, p. 149), et Dio-
gène Laërce, dans la Vie de Thaïes, rapportent le fait
un peu difi'éremment : la servante ne met rien sur
le chemin de Thaïes, elle le voit tomber dans un
fossé, et tire .seulement la morale de l'aventure.
Voir aussi Stobée, sermo 80. L'anecdote est très vul-
garisée au XVI' siècle. Cf. en particulier : Le Roy,
Vicissitudes, f" 5 2 v° ; Corneille Agrippa, De incertitu-
dine et vanitate scient iar uni, xxx; Tahureau, Dialogues,
éd. de 1 5<^6, p. 184, etc. .Montaigne cite probablement
de mémoire, car nulle part je n'ai retrouvé le récit tel
qu'il le présente.
P. 277, I. II. Oiiod est). (( Personne ne regarde ce
qu'il a devant les pieds; on scrute les voûtes célestes. »
\'ers extrait d'une tragédie d'Iphigénie et cité par
Cicéron, De divinatione, II, xiii. Montaigne s'est d'ail-
leurs trompé sur le sens du passage : ce n'est pas
Démocrite qui parle ainsi, mais Cicéron qui reproche
à Démocrite de s'occuper de questions insolubles.
P. 277, 1. 14. Corne dict Sacrales). Cf. Platon,
Thêétète : « Idem similiter omnibus qui in philosophia
versantur objici potest. Latet enim philosophum non
modo quid agat ejus proximus, sed ferè homone sit,
an brutum. Quid autem homo ipse sit, quaeve actio
aut passio ipsius hominis propria, studiose perquirit.»
(xxiv, p. 174; éd. de 1546, p. 149.)
P. 277,1. 21. Ouxmare). «Ce qui maîtrise la mer, ce
qui règle les saisons; si les astres ont leur mouvement
propre ou obéissent à une force étrangère ; pourquoi le
disque de la lune croît et décroît régulièrement; enfin
comment l'harmonie générale résulte de la discorde
de toutes choses. » (Horace, Épitres, I, xii, 16.)
P. 277, 1. 26. Nous voyons bien). Montaigne avait
inscrit sur les travées de sa librairie la sentence sui-
vante : «Quare ignoras quomodo anima conjungitur
corporis, nescis opéra Dei. » {EccL, 11.) Le texte de
VEcclésiaste, XI, 5, auquel Montaigne nous renvoie
est d'ailleurs passablement différent du sien : « Quo-
modo ignoras qure sit via spiritus, et qua ratione
compingantur ossa in ventre prsegnantis; sic nescis
opéra Dei qui fabricator est omnium. »
P. 278, 1. Il . Oniuia incerta). «Toutes ces choses sont
impénétrables à la raison humaine et restent cachées
dans la majesté de la nature. » (Pline, Histoire natu-
relle, II, XXXVII.)
P. 278, 1. 12. Modus quo). «L'union des corps
aux âmes est tout à fait men'eilleuse et dépasse
l'intelligence de l'homme; et cette union est l'homme
même. » (Saint Augustin, Cite de Dieu, XXI, x.)
P. 278, 1. 20. CIjacun il qui niieu.x mieux). Cette
idée reviendra plus longuement développée dans
l'essai III, xi.
P. 279, I. 6. C'est Aristote). On trouve chez les
contemporains des critiques tout à fait analogues
LIVRE II, CHAPITRE XII.
îSS
des principes de la piiysique d'Aristote. On peut voir
en particulier Ramus, le grand adversaire d'Aristote
au xvi"" siècle, en divers endroits de ses écrits, et
spécialement dans ses Scbohr physica- : « At Deus
bone! privatio ista quidnam est oninino, aut unde
in physicœ inducta? Fabulosuni enim somnium est.
... Nam cum dicis privationem esse principium, esse
causam, ut Aristoteles hoc ipso in capite loquitur,
quid aliud loqueris quam mortem esse vitam, frigus
calorem? Causa enim status est rei salusque : pri-
vatio autem pernicies ac ruina. » Et encore : « Quid
igitur de Aiistotele sentias qui privationem, tanquam
filiolam carissimam antea sic amplexatus et osculatus
erat, ut e sinu deponere non posset, et tamen hic
jam fastidire ac dedignari incipit : neque post unquam,
ut rei naturalis principium appellabit. » (vu; éd.
de 1569, p. 799.) Il faut encore citer le jugement
de Guy de Brués que Montaigne a certainement lu
à l'époque où il écrivait Y Apologie : « Aristote a gran-
dement erré en ses principes. O bon Dieu, où a il
appris que la privation, qui n'est qu'une négation,
soit cause des choses naturelles? Certes, je ne puis
assez exprimer l'imbécilité de ce philosophe : car en
parlant des choses naturelles il les fait tousjours par
imagination. » (Dialogues, p. 61.)
P. 279, 1. 9. On les idées de Platon). Les énumé-
rations d'opinions contradictoires, comme celle que
nous trouvons ici, sont de tradition dans tous les
écrits qui cherchent à saper les conceptions com-
munes. En particulier on trouve des listes des premiers
principes reconnus par les principaux philosophes chez
Sextus Empiricus, Hypofyposes, III, iv; chez Cicéron,
Académiques, II, xxxvii; et à leur inritation chez
Corneille Agrippa, De inccrtitudinc et vnuitate scicn-
tianiiii, l; dans les Dialogues de Guy de Brués,
p. 51. De toutes les listes semblables que j'ai consul-
tées c'est celle de Guy de Brués qui ressemble le
plus à celle de Montaigne. On y trouve des expres-
sions tout à fait semblables, comme celle-ci : « Anaxa-
gore Clasomène en les parties similaires » ; mais il
subsiste des divergences qui ne permettent pas d'as-
surer que telle est bien la source de Montaigne :
ainsi Montaigne prête à Apollodorus l'opinion que
Brués donne à « Archesilas filz d'ApoUodorc ».
P. 279, 1. 12. De Diogenes). Il s'agit de Diogène
Apolloniate; ici Montaigne corrige l'erreur singulière
(peut-être simple erreur de graphie d'ailleurs) qu'il
a commise, p. 245, 1. 25 (texte du manuscrit), en
donnant 1' « aage » comme premier principe admis
par ce philosophe; erreur d'autant plus singulière
que tout le contexte était emprunté au De natura
dcoritm, de Cicéron, I, x et suivants, et que Cicéron
dit formellement que Diogène Apolloniate reconnais-
sait l'air comme premier principe.
P. 279, 1. 22. La privation). Ct. la note ci-dessus,
p. 279, 1. 6.
P. 280, 1. 12. l.e mot de Pvthagoras). Ceci est tra-
duit du De iiicertitudiue et vanitate scientiarum de Cor-
neille Agrippa. Toutefois Montaigne se trompe en
attribuant ce principe à Pythagoras, il devait dire
aux peripatéticiens;- l'erreur s'explique par la présence
du mot « Pythagoras » deux lignes plus haut dans
le texte d'Agrippa : « III ud vulgatum proverbium,
unicuique perito in arte sua credendum est. Sic
creditur grammatico de verborum significationibus...
creditur dialecticus de parte orationis a grammatico
accepta. Assumit a dialectico rhetor argumentation is
locos. Poeta mensuras mutuatur a musico. Geome-
tra proportiones sumit ab arithmetico. Astrologus
utrisque fidem dat. Deinde transnaturales conjecturis
utuntur naturalium, et quisque artifex recte prœsumit
de statutis alterius. Habet enim quœvis scientia certa
quitdam principia, quse credere oporteat, nec ullo
modo queant demonstrari : quœ si quis pertinacius
negare velit, non habent philosophi illi quo contra
illum disputent, moxque dicent contra negantem
principia non esse disputandum, aut ad alla quasdam
extra scientiœ metas relegabunt : ut si quis (dicunt)
neget ignem esse calidum, projiciatur in ignem... »
(m, à la fin.)
P. 281, 1. 2. Philodoxes). Cf. à leur sujet Platon,
République, W Ce sont, selon sa définition, des gens
entêtés de leurs opinions, quelle qu'en soit la valeur.
P. 282, 1. 17. Thaïes attrihuoit). Cf. Diogène
Laèrce, J'ie de Thaïes : « Inanimatis etiam illum
animis inesse putasse Aristoteles, & Hippias autores
.sunt, conjicientem id ex magnete lapide, & succino. »
(xxiv, p. 27.)
256
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 282, 1. 21. Ignorcitiir). «On ne connaît pas la
nature de lame : naît-elle avec le corps, ou au
contraire v est elle introduite au moment de la nais-
sance? Périt-elle avec lui, ou va-t-eile visiter les
sombres abîmes ? Enfin, passe-t-elle, par l'ordre des
dieux, dans le corps des animaux ? » (Lucrèce, I, 113.)
P. 282, 1. 26. A Craies). Ces opinions viennent
pour la plupart de Sextus Empiricus, Hypotyposes;
de Cicéron, Acadcinhjnes et surtout Tiisciilaiics, I, x;
de Plutarque, dans les Opinions des philosophes; de
Lactance, etc. Mais certainement Montaigne en a
trouvé des listes toutes dressées dans des ouvrages
de seconde main, comme nous l'avons déjà constaté
ci-dessus à l'occasion des opinions touchant les prin-
cipes premiers (p. -279, 1. 9). On peut rapprocher en
particulier les listes qu'on trouve dans les Dialogues
de Guy de Brués (p. 75 et suivantes) sur la nature de
l'âme et son emplacement dans le corps. Montaigne
a d'ailleurs sans doute une source différente. Rappro-
cher encore Bouaystuau au début du Bref discours
sur l'excellence de l'homme; Du Verdier, suite des
Diverses leçons, IV, v; etc. Mais surtout il finit voir
Corneille Agrippa, De incertitudine et vanitate scien-
tiaruni. Certainement Montaigne n'a pas puisé uni-
quement chez Corneille Agrippa : des divergences
nombreuses le prouvent, mais il est très possible qu'il
ait complété sa liste avec celle de cet auteur. En tout
cas le texte d' Agrippa nous prouve que, quelle que
soit sa source, il en a traduit des phrases entières.
« Varro inquiens : anima est aer conceptu5 ore,
defervefactus in pulmone, temperatus in corde,
diffusus in corpus... Alii (dicunt animum) ex terra
& igné, ut Parmenides. Alii sanguineum, ut Empe-
docles... Alii spiritum tenuem et corpus difflisum,
ut Hippocrates medicus... Cleanthes, Antipater, Pos-
sidonius diccntes illam (animam) esse calorem sive
complexionem calidam, quibus adha;ret Galenus,
Xenocrates, vocans eam .sese moventem numerum,
quem sequuntur yEgj-ptii dicentes animam esse vim
quandam in omnia corpora transmeantem, et Chal-
diti inquientes eam esse virtutem absque determi-
nata forma. Aristoteles... invento novo vocabulo
animam vocat entelechiam, sciiicct perfectionem
corporis naturalis organici, potentia vitam habentis...
hœc est receptissimi philosophi et anima futilis deti-
nitio, quœ non essentiam, naturam, aut ejus originem
déclarât, sed effectus... Cicero, Seneca, Lactantius,
quid sit anima dicunt penitus ignorari... », etc. (ui.)
P. 283, 1. 3. Songuineam). «Il vomit son âme de
sang. » (\'irgile, Enéide, IV, 349.)
P. 283, 1. 6. Igneus). «Elles (les âmes) ont la
vigueur du feu, et leur origine est céleste. » (Virgile,
Enéide, VI, 730.)
P. 283, 1. 12. Hahitnni queindain). « Une certaine
manière d'être du corps vivant que les Grecs appel-
lent harmonie. » (Lucrèce, III, 100:)
P. 283, 1. 20. Harnni sententiantni). « De. toutes
ces opinions quelle est la vraie : un dieu seul peut
le savoir. » (Cicéron, Tusculanes, I, \i.)
P. 283, 1. 21. Dict S. Bernard). «Ex me intelligo,
quam sit incomprehensibilis Deus, quoniam me
ipsum intelligere non possum, quem ipse fecit. »
{Liber de anima, seii meditationes dcvotissiv.iT, i, au
début.)
P. 283, 1. 23. Heraàylus). Cf. Diogène Laërce,
Vie d'Heraclite : « (Visum est ei) animarum item
& dsmonum plena esse omnia... Dicitur Cn: id de
animre sensisse natura, nunquam illam reperiri posse,
quantalibet quis vi.-E conficiat spatia, adeo profundam
ejus esse rationem. » (IX, vu, p. 583.)
P. 284, 1. 3.7/ n'y a pas moins). Parmi les réfé-
rences indiquées ci-dessus (p. 2S2, I. 23), il faut
voir surtout Corneille Agrippa, De incertitudine cl
vanitate scientiarum, qui est peut-être en partie la
source de Montaigne, ou qui à tout le moins nous
permet de supposer ce qu'était cette source : « Nec
minus ridicukt de ejus sede inter se variant, nam
Hippocrates & Hierophilus in cerebri ventriculis illam
ponunt. Democritus in toto corpore, Erasistratus
circa membranam epicranidem, Strato in supercilioruni
interstitio, Epicurus in toto pectore, Diogenes in
cordis arteriato ventriculo, Stoici cum Chrysippo in
toto corde ac spiritu circa cor versante, Empedocles
in sanguine, cui adstipulatur Moyses, idcirco prohi-
bens vesci sanguine, quia animalis anima sit in illo.
Plato & Aristoteles & reliqui nobiliores philosophi
in toto corpore. Galenus autem in quavis corporis
particula suam esse animam puiat. >> (i.n.)
LIVRK II, CHAPITRE MI.
257
P. 284, I. 6. Ut hona s;vpe). «Comme lorsqu'on
dit que la santé appartient au corps, sans que pour
cela elle soit une partie de l'homme en santé. »
(Lucrèce, III, 103.)
P. 284, 1. 9. Hic exultât). «Car c'est là qu'on se
sent palpiter de crainte et de terreur, c'est dans cette
région qu'on éprouve les douces émotions de la joie.»
(Lucrèce, III, 142.)
P. 284, 1. 15. Oiia Jhcie). «Quelle tigure a l'âme
et où elle loge, voilà ce qu'il ne faut pas chercher
à connaître. » (Cicéron, Tiisciilanes, \, xxviii.)
P. 284, 1. 20. Chrysippus). Galien, De placilis
Hippocraiis et Platonis, II, 11. Il est possible que
Montaigne ait pris ceci chez Guy de Brués qui écrit
dans ses Dialogues, p. 78 : « Chrysippe (met l'âme)
partout le cœur et par les esprits qui sont alentour
de luy. Il a dit aussi que le principal lieu de l'âme
estoit au cœur, parce que quand nous voulons parler
de nous, ou bien dire que quelque chose nous
appartient, nous mettons la main à nostre cœur.
Aussi qu'en profFerant le mot ego, c'est à dire moy,
à la première sillabe nous baissons la basse mâchoire
vers le cœur. » C'est chez Guy de Brués que Pierre de
rOstal a pris ceci, pour l'insérer dans ses Discours
philosophiques, p. 94.
P. 285, 1. 7. Les Stoiciens). Cf. Sénèque, Epîtres :
« Qui existimant, animam hominis magno pondère
extriti, permeare non posse, & statim spargi, quia
non fuerit illi exitus liber. » (lvii, p. 140.)
P. 285, I. II. Aucuns tienent). C'est l'opinion
d'Origène que Montaigne résume ainsi ; il l'a trouvée
dans la Cite de Dieu, de saint Augustin, XI, xxiii,
et surtout dans le Commentaire de Vives dont voici
un passage caractéristique : « Hœ anima; propter
nimios defcctus mentis crassioribus et solidioribus
indiguere corporibus, propter quas etiam mundus
iste visibilis constitutus est tantus ut omnes facile
caperet quas in eo exerceri statutum erat. Cumque
non omnes a bono xque recessissent, semina qua;-
dam et causas varietatis et diversitatis ille omnium
conditor cepit ut pro diversitate peccatorum varium
ac diversum mundum efficeret. » Et dans le texte
de saint Augustin on lit encore : « Animas dicunt
peccasse a conditore recedendo et diversis progressibus
pro diversitate peccatorum, a cœlis usque ad terras,
diver.sa corpora quasi vincula meruisse... Quid stul-
tius dici potest quam istum solem ut in uno mundo
unus esset non decori pulchritudinis, vel etiam saluti
rerum corpora num consuluisse artificem deum, sed
hoc potius evenisse quia una anima sic pcccaverat, ut
tali corpore mereretur includi. »
P. 285, 1. 18. Corne cîict PJutarque). Dans la Vie
de Thésée : «Ainsi comme les Historiens qui descrivent
la terre en figure, amy Sossius Senecion, ont accous-
tumé de supprimer aux extremitez de leurs Cartes,
les régions dont ilz n'ont point de cognoissance,
&: en cotter quelques telles raisons pa'- endroits de
la marge : Oultre ces païs ici n'y a plus que pro-
tondes sablonnieres sans caue, pleines de bestes
venimeuses, ou de la vase que Ion ne peult naviger,
ou la Scythie déserte pour le froid, ou bien la mer
glacée. Aussi en ceste mienne histoire... » (i, f"' i r".)
P. 285, 1. 25. // dejiiiit l'homme). Cf. Diogène
Laërce, Fie de Diogène : « Plalone item definiente,
Homo est animal bipes sine pennis, cùm placeret
ista ejus definitio, nudatum pennis ac pluma gallum
gallinaceum, in ejus invexit scholam dicens. Hic
Platonis homo est. » (VI, xl, 368.)
P. 286, 1. 4. Premièrement imaginer). Pour toute
cette critique de la physique épicurienne, cf. le De
jinibus, I, et le Commentaire de Lucrèce par Lambin,
passim.
P. 286, 1. 13. Ceus qui les poursuivent). Cf. Cicéron,
De natura dcorum, II, xxxvu.
P. 28e, 1. 18. Dict Zeno). Id., ibid. : «Quod ratione
utitur id melius est quàm id quod ratione non utitur :
nihil autem mundo melius. Ratione igitur mundis
utitur. Hoc si placet, jam efficies ut mundus optime
librum légère videatur. Zenonis enim vestigiis hoc
modo rationem poteris concludere, Quod literatum
est, id est melius quàm quod non est literatum : nihil
autem mundo melius. Literatus igitur est mundus.
Isto modo etiam disertus, & quidem mathematicus,
musicus, omni denique doctrina eruditus, postremo
philosophus. S.-epe dixisti nihil fieri sine deo, nec
ullam vim esse nature, ut sui dissimilia possit effin-
gere. Concedam non modo animantem & sapientem
esse mundum, sed fidicinem etiam i!s: tibicinem.
258
ESSAIS DE MONTAIGNE.
quoniam eamm quoque artium homines ex eo pro-
creantur. » (III, ix; t. IV, p. 229.) Les arguments de
Zenon sont exposés dans le De nattira deorniii, II,
VIII.
P. 287, 1. 12. Dit ailleurs). Dans le Premier Alci-
biade, p. 129; éd. de 1546, p. 39.
P. 288, 1. 10. Nihil). « On ne peut rien dire de
si absurde qui n'ait déjà été dit par quelque philo-
sophe. » (Cicéron, De divinatioiie, II, LViii.)
P.- 288, 1. 24. Ce que Platon). Cf. Diogène Laërce,
Vie de Platon, III, Lxvn, 224. Mais Montaigne a
sans doute pris ceci dans les Dialogues de Guy de
Brués contre les nouveaux académiciens : « Ils ont encore
fait davantage, et divisé l'ame en plusieurs pièces,
comme si l'ame estoit au corps. Platon l'a divisée
en trois parties, ou facultés : en la raison, en l'ire et
en la cupidité : il a mis la raison au cerveau, l'ire
au cœur, et la cupidité au foie. Par mesme mo\'en
ont plusieurs autres philosophes parti les âmes en
trois parties, et en plusieurs autres facultés ou pars.
Les autres ont pensé qu'il n'y avoit qu'une ame,
laquelle par une seule faculté ratiocine, se souvient,
comprend, juge, désire, et exerce toutes ses opérations
par divers instrumens du corps : tout ainsi que le
nocher gouverne son navire selon l'expérience qu'il
a, ores tendant ou laschant une corde, ores haussant
l'entene, et ores prenant l'aviron, sans qu'il ait qu'une
mesme ame par laquelle il fait tout cela... Je ne
doubte point, que le propre lieu de l'ame raisonnable,
soit au cerveau, ce que nous voyons par eftect, car
lors que le cerveau est en quelque endroit offensé,
lors aussi les opérations de l'ame sont lézées : d'où
viennent l'oubly, la folie, la faute de jugement et
autres semblables imperfections : nonobstant que sa
vertu soit difl'use par tout le corps : tout ainsi que
nous ^oions que quand le soleil entre par quelque
fente, qu'il est en un endroit, et toutesfois sa clarté
illumine et esclaire tout le lieu, sans pourtant qu'il
occupe matériellement aucune place. » (^Premier dia-
logue, p. 79 et suivantes.) Pierre de l'Ostal a reproduit
tout ce morceau dans le cinquième de ses Discours
philosophiques (éd. de 1579, p. 94).
P. 289, 1. 13. Médium). «Le soleil ne s'écarte
jamais dans sa course du milieu du ciel; cependant
il éclaire tout de ses rayons. » (Claudien, De sexto
Consulatu Honorii, V, 411.) Citation prise par Mon-
taigne dans les Politiques de Juste Lipse, IV, ix. Juste
Lipse applique cette image à l'idée d'un monarque
qui se fixe dans une ville d'où il gouverne tous ses
États.
P. 289, 1. 17. Cillera). «L'autre partie de l'âme,
répandue par tout le corps, est assujettie et obéit
aux ordres suprêmes de l'intelligence. » (Lucrèce,
III, 144.) Il faut lire nwinenque.
P. 289, 1. 19. Une aine générale). Rapprocher Guy
de Brués, Dialogues contre les nouveaux académiciens :
« Nous pouvons convaincre la malheureuse opinion
d'Aristote que nos âmes sont mortelles, et que nous
avons tant seullement une partie de l'intelligence
universelle, laquelle retourne à soy incontinent que
nous sommes morts... » (P. 116.)
P. 289, 1. 22. Deuni namque). «Que Dieu en effet
pénètre les terres et les mers et les profondeurs du
ciel; que dans sa substance les animaux petits et
grands, les hommes, les bêtes sauvages de toute
espèce puisent chacun leur vie au moment de la
naissance, pour revenir à lui dans la suite et se
résoudre en lui, sans que rien soit sujet à la mort. »
(Virgile, Géorgiques, IV, 221.)
P. 290, 1. 7. Instillata). « La vertu de ton père
t'a été transmise avec la vie... Les enfants courageux
naissent de pères courageux et probes. » J'ignore la
source du premier de ces vers; le second est d'Horace,
IV, m, 29 ; mais la plupart des éditions du xvi'^ siècle
mettent une forte ponctuation après le mot fortibus,
et rattachent et bonis au vers suivant, ce qui donne
un sens de beaucoup préférable.
P. 290, 1. 12. Denique). «Enfin, pourquoi le lion
transmet-il à sa race sa férocité? pourquoi la ruse
est-elle héréditaire chez les renards, et chez les cerfs
la fuite et la timidité qui rend leurs membres agiles?
Si ce n'est que l'âme a son germe propre et se
développe en même temps que le corps.» (Lucrèce,
III, 741.) Le texte est celui de l'édition Lambin,
p. 241.
P. 290, 1. 17. La justice divine). Cf. Plutarque,
Pourquoi la justice divine diffère quelque fois la punition
des maléfices, xiv, xvi et xix.
LIVRE II, CHAPITRE XII.
259
P. 290, I. 25. Si in corpus). «Si l'àme s'insinue
dans le corps à la naissance, pourquoi ne nous sou-
venons-nous pas du passé? pourquoi ne conser\-ons-
nous aucune trace de nos actions antérieures? »
(Lucrèce, III, 671.) Le texte est celui de l'édition
Lambin, p. 238.
P. 291, 1. 7. Comme di soit Platon). Dans le Phàion,
XVIII, p. 73; éd. de 1546, p. 498. Dans la préface
d'un ouvrage paru à Bordeaux en 1578 et connu de
Montaigne qui lui a fait des emprunts dans ï Apologie,
on trouve une courte réfutation de la doctrine plato-
nicienne de la connaissance, et dans cette réfutation
se rencontrent les arguments mêmes que Montaigne
indique ici : « Si on devenoit savant par la seule
exercitation du corps, il s'ensu)^'roit qu'on n'auroit
besoing de doctrine, et que l'erreur n'auroit aucun
lieu en l'âme (pourveu que les sens extérieurs fussent
entiers et sains) qui sont deux conclusions notoire-
ment absurdes... Quant à l'erreur quel lieu peut il
avoir en l'âme si elle sçait tout, pourveu que les
sens extérieurs ne l'abusent, en lui représentant une
chose pour autre? Elle pourroit bien ignorer ce
qu'elle n'auroit encores descouvert ou recogneu :
mais ce n'est pas errer, car au moins, ce qu'elle
sçauroit, comme tout sçavoir est véritable, seroit
vray... » (Joubert, Erreurs populaires au faict de la
médecine.^ Il est possible aussi que Montaigne se
souvienne des Dialogues de Guy de Brués où Ron-
sard défendait la théorie platonicienne attaquée par
Baïf, le porte-parole des académiciens : « En nostre
ame sont divinement ennées les notices de ce que nous
pensons aprendre, lors qu'elle revient tant seullement
à soy mesmes... Puisque l'ame est dans le corps
comme dans une obscure prison, et qu'elle est
contraincte d'y demeurer, à raison de la liaison qu'il
y a de l'une avec l'autre, elle ne peut nullement
revenir à soy ny apprendre aucune chose, sans l'ayde
et moyen des sens.» (P. 104.) Et plus loin (p. iio)
Baïf réplique comme Montaigne : « Pourquoy donq
ne sçavons-nous sinon ce qu'on nous a monstre, et
nous avons apris par nostre diligence ? »
P. 291, 1. 23. Nam, si tantopere). « Car si le chan-
gement est si grand que l'âme ne conserve aucun
souvenir de ce qu'elle a fait, son état, à mon avis.
ne diffère guère de la mort. » (Lucrèce, III, 674.)
L'édition Lambin, p. 235, écrit longiter.
P. 292, 1. 14. Platon). Dans la République : « Quos-
cumque aliis injurias intulisse constaret, pœnas sin^
gillatim pro quolibet decies reddidisse, id est spatio
annorum centum : quasi \ïxc vitœ humana; sit meta.»
(X, p. 615; éd. de 1546, p. 699.)
P. 292, 1. 25. Gigni). «Nous sentons qu'elle naît
avec le corps, qu'elle croît et vieillit avec lui. »
(Lucrèce, III, 446.)
P. 293, 1. 6. Mentem sanari). « Nous voyons que
l'esprit se guérit comme le corps malade et qu'il peut
être traité par la médecine. » (Jd., III, 509.)
P. 293, 1. II. Corpoream naturani). «Il faut bien
que l'âme soit corporelle, puisqu'elle est sensible aux
impressions du corps. » (^Id., III, 176.)
P. 293, 1. 21. Vis animai). «L'âme est troublée,
bouleversée, brisée par la force de ce poison. » (/c/.,
m, 498.)
p. 294, 1. 5. Fis inorl'i). «Le mal en se répandant
dans les membres, trouble l'âme et la tourmente,
comme le souffle impétueux des vents fait bouillonner
la mer écumante. » {Id., III, 491.) Le texte est celui
de l'édition Lambin, p. 223.
P. 294, 1. 19. Morbis in corporis). « Souvent dans
les maladies du corps, la raison s'égare, ses propos
marquent de la démence et du délire; quelquefois
une pesante léthargie plonge l'âme dans un assou-
pissement profond et éternel; les yeux se ferment,
la tête s'abat. » (Jd., III, 464.)
P. 295, 1. 4. Souvant en leurs discours). Par exemple
chez Cicéron dans les Tusculams, I, xi, que Mon-
taigne a lues après 1588, à l'époque où il écrivait
ceci.
P. 295, 1. 10. Quippe etenim). « Et en effet c'est
une folie, d'unir le mortel à l'immortel, de croire
qu'ils puissent s'accorder ensemble et se prêter de
mutuels offices. Que peut-on en effet imaginer de
plus dissemblable, de plus opposé et de plus incom-
patible que ces deux .substances, l'une périssable,
l'autre indestructible, que vous prétendez réunir,
pour les exposer ensemble aux plus terribles orages! »
(Lucrèce, III, 801.) Le texte est celui de l'édition
Lambin, p. 245. Lambin cite dans son Commentaire
2éO
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
les opinions d'autres philosophes qui ont développé
le même argument.
P. 295, I. 17. Simili a-vo). « Elle saflaisse avec lui
sous le poids de l'âge. » (Id., III, 459-)
P. 295, 1. 18. Si'loii Zeno). Cf. Cicéron, De divi-
natione, IL lviii.
P. 295, 1. 20. Contrabi aniinnm). «Il voit dans le
sommeil une contraction et comme une prostration
et un affaissenient de l'àme. » {Id., ibid.)
P. 295, 1. 27. Non alio pacto). « De la même oia-
nière que les pieds peuvent être malades sans que
la tête éprouve aucune douleur. » (Lucrèce, III, 1 1 1 .)
Le texte est celui de l'édition Lambin, p. 203.
P. 296, 1.2. Dit Arislote). Dans la Métaphysique,
II, i; mais peut-être Montaigne a pris ceci chez
Duplessis-Mornay, Traite de la vérité de ia religion
chrétienne, xvi : «Quelques-uns eslevent l'œil de leur
entendement en haut. Mais combien? et que voyent-
ils? Certes, comme dit Aristote, ne plus ne moins
que les chahouans au soleil. »
P. 296, 1. 5. Cicero dici). Dans les Ttiscnlanes, I,
XVI.
P. 296, 1. II. Ce qu 'Aristote). Cf. Corneille Agrippa,
De incertiludine et vanitate scientiariim : « Aristoteles...
adeo nihil manifeste dicit, ut ejus interprètes adluic
de ea re disputent, Alexander Aphrodiseus ait mani-
festo, eum immortalem posuisse animam, idem sentit
ex nostris Gregorius Nax.ianzenus contra hos Piéton,
& ex nostris Thomas Aquinas pro Aristotele digla-
diantur, illum de anima; immortalitate recte sentirc.
Porro Averrois eximius ille Aristotelis commentator,
hominem quemque propria anima pollere putat, sed
mortali : mentem vero humananij seu intellectum
dicamus esse, usquequaque ab omni tam anteriore
quam posteriore parte a;ternam, sed omnibus heroi-
bus, seu humanx- speciei, una qui tantum m vita
uteremur, etc. » (lu.) Voir pour la même idée ci-
dessus, p. 233, 1. 17.
P. 296, 1. 13. Rciii gratissiinani). «C'est une cho.se
très agréable qu'ils promettent plus qu'ils ne la
prouvent. » (Sénêquc, ép. 102.)
P. 297, 1. I. Coine dict Platon). Dans les Loix, x,
p. 907; éd. de 1546, p. 878. Mais ce n'est pas le
texte de Platon qui a dicté ces lignes à Montaigne.
P. 297, 1. 5. D'allonger son estre). Ce développe-
ment semble avoir été inspiré par la lecture des
Tiiscitlanes, I, xiv-xv.
P. 297, 1. 16. Soninia siinl). « Ce sont là les rêves
d'un homme qui dit ses désirs, mais qui ne démontre
pas. » (Cicéron, Académiques, II, xxxviii.)
P. 298, 1. 8. Perdain sapienfiani). « Je confondrai
la sagesse des sages, et je réprouverai la prudence
des prudents.» (Saint Paul, Cor., I, i, 19.) Montaigne
a sans doute pris cette citation dans la Cité de Dieu
de saint Augustin, X, xxviii.
P. 298, 1. 15. Ipsa iitililatis). «Les ténèbres dans
lesquelles s'enveloppe la connaissance de ce qui nous
est utile sont un exercice pour l'humilité, et un frein
pour l'orgueil.» (Saint Augustin, Cité de Dieu, XI, xxii.)
P. 299, 1. 2. Ciini de animarnin). « Lorsque nous
traitons de l'immortalité de l'âme, nous cherchons
surtout un appui auprès des hommes qui craignent
ou qui honorent les dieux infernaux. Je tire parti
de cette conviction générale.» (Sénèque, ép. 117.)
P. 299, 1. 9. Usiiram). «Ils nous accordent une
longue durée comme aux corneilles : nos âmes doi-
\ent vivre longtemps, mais pas toujours. » (Cicéron,
Tnsculanes, I, xxxi.)
P. 299, 1. 12. C'a esté celle). Cf. à ce sujet la fin
de l'essai précédent, II, xi. La source principale de
ce passage nous a paru être dans le De incertitiidine et
■vanitate scientiariim de Corneille Agrippa, lu, à la fin ;
là aussi Corneille Agrippa donne Pythagoras comme
inventeur de la métempsychose, et il dit comme
Montaigne : « Ethnici omnes qui animam immonalem
asseruerunt, animarum transmigrationem communi
consensu astruunt, et rationales animas ad rationis
expertia corpora, et ad plantas usquc transmeare per
temporum quosdam periodos... »
P. 299, 1. 19. Et lu\ disait). Cf. Diogène Lacrce,
Vie de Pythagore : « Ut primum .(Ethalides fuerit, postea
Euphorhus, deinde Hermotimus, ac postremo Pyrrhus
effectus sit, ac deinde post Pyrrhum factum esse
Pythagoram, omniumque memorasse quic prsdixi-
mus. » (Mil, V, 526.) Cf. la citation d'Ovide dans
l'essai II, xi, p. 1^7, 1. 2^
P. 299, texte 88, 1. iS. La nosire). Cf. César, De
hello gallico, W, xmii.
LIVRE II, CHAPITRK XII.
2él
P. 300, 1. I. Adjoiitoint aucuns). Voir à ce sujet
Plutarque, De la face qui se void an rond de la Lnuc,
xxviii-xxx, et Platon dont Plutarque résume ici la
doctrine.
P. 300, 1. 3. O pater). «O mon père, est-il vrai
que des âmes retournent d'ici sur la terre et revêtent
de nouveau un corps matériel ? Qui peut inspirer à
ces malheureux un aussi cruel désir de la vie. «
(Virgile, Enéide, VI, 719.) Cette citation a probable-
ment été prise dans la Cité de Dieu de saint Augustin,
XIV, V.
P. 300, 1. 6. Origene). Cf. saint Augustin, Cilé de
Dieu, XXI, xvi-xvii.
P. 300, 1. 7. L'opinion que Varrc). Id., ibid. :
" Genetliliaci quidam scripserunt inquit (Varro) esse
in renascendis hominibus,quam appel la nt-aX'.vYsvîsîxv
Graîci : hanc scripserunt confici in annis numéro
quadringentis quadraginta, ut idem corpus & eadem
anima, qua; fuerant conjuncta in homine aliquando,
eadem rursus redeant in conjunctionem. » (XXII,
XXVIII.)
p. 300, 1. 8. Chrysippiis). Id., ibid. : Dans le Coiii-
ii/entaire de Vives au même chapitre : « Lactantius
quoque lib. VII verba Chrysippi stoici ex ejus de
Providentia libris refert, quibus ille reditum post
mortem nostrum astruxit : Et defunctos jam \ita
certis temporum revolutionibus exactis, rursus in
eam, quam nunc habemus faciem restitutum iri. »
(XXII, xxviii.)
P. 300, 1. 9. Platon, qui dict). Dans le Ménon :
« Tradit pra;terea Pindarus, & cceteris quicunque
Poetaruni divini sunt, talia quœdam : ... Ferunt...
hominis animum immortalem esse, eumque tum
decedere, quod quidem mori vocant, tuoi iterum
redire, interire vero nunquam... Quicunque... pa-nas
antiqua; oiisericX% Proserpin^e jam dederunt, ils illa
ad supernum solem nono anno rursus animam
reddit... Cum ergo animus immortalis sit, ac sa-pius
in hanc vitam redierit, videritque persœpe & qux in
hac, & quas in alla vita sunt, omniaque perceperit,
nihil utique restât, quin ipse didicerit. Quamobrem
nihil mirum est, si eorum qua; ad virtutem iSc ad
alla pertinent, reminisci possit ; quippe cum olim
illa cognoverit. » (P. 82; éd. de 1546, p. 19.)
P. 300, 1. 15. Qui a bien vescu). Cf. Platon, Timée :
(( Illum qui recte curriculum vivendi a natura datum
confecerit, ad illum astrum cui accommodatus fuerit,
reversum beatam vitam acturum. Contra vero agen-
tem cogi in ortu secundo sexu mutato fieri mulierem.
Et qui ne tum quidem finem peccandi fiiciet, qua-
tenus depravatur, eatenus in brutorum naturam suis
moribus similem permutari : nec prius a mutatio-
nibus laboribusque cessare, quam illam sibi insitam
ejusdem ipsius similisque natura conversionem secu-
rus ipse, eique subjiciens turbulentes multiplicesque
atfectus postea ex igni, aqua, aère, & terra contractos,
ratione sedaverit, & ad primum optimumque sui
habitum jam redierit. » (P. 42; éd. de 1546, p. 710.)
P. 301, 1. 9. Denique). «Il est ridicule de supposer
que les âmes se trouvent là toutes prêtes au moment
précis de l'accouplement des bêtes ou de leur nais-
sance, et que, substances immortelles, elles s'empres-
sent en foule autour d'un corps mortel et se disputent
entre elles à qui y sera introduite la première. »
(Lucrèce, III, 777.) Le texte est celui de l'édition
Lambin, p. 244.
P. 301, 1. 14. D'autres ont arrcsté). Allusion à
Lucrèce, III, 718 et suivants.
P. 301, 1. 20. Aucuns des nostrcs). Cf. Vives, Com-
mentaire de la Cité de Dieu, IX, xi.
P. 301, 1. 25. // faut estimer). Cf. Plutarque, Vie
de Romulus, xiv, vers la fin. Ce passage est textuel-
lement copié,
P. 302, 1. 22. Arehelaus). Cf. Diogène Laërce, Vie
d'Arebelaiis : « Gigni vero animalia ex terraî calore,
qua limum lacti simillimum ad escam eliquaverit,
sic & liomines natos. » (II, xvii, 107.)
P. 303, 1. 2. Pitbagoras). Cf. Corneille Agrippa,
De incertitudine et vanitate scienharnni : « De spermate
quod génitale semel est, audire quis anilibus ratiun-
culis certant Pj'thagoras illud utilissimi sanguinis
.spumam, sive cibi utilissimum excrementum dixit.
Plato autem spinalis meduUe defluxum, quia nimium
coeuntes dorsum (S: renés dolent. Alcmeon autem
cerebri partem adseveravit, ex eo quod coeuntibus
oculi dolent, qui sunt partes cerebri. Democritus
autem ipsum ab omnibus corporis partibus derivatum
ait, 6c Epicurus a corpore & anima convulsum.
262
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Aristoteles alimenti sanguinei excremenram, quod
ultimum in menibra digeritur. Casteri putant sangui-
nem esse testium calore decoctum & dealbatum, ea
duntaxat moti ratione quod ultra vires coeuntes san-
guinis guttas ejiciant. Porro Aristoteles &: Democritus
nil dicunt mulieris seinen ad generationem conferre,
neque germen illas, sed particularem quendam sudo-
rem emittere, Galenus illas & sperma licet imperfectum
germen, emittere ait, & utrorumque viri & mulieris
semen fœtum constituere. » (lxxxii.) Ces faits sont
pris pour la plupart chez Plutarque, Opinions des
philosophes, \ , m; mais il est manifeste que Montaigne
ne puise pas directement chez Plutarque.
P. 303, 1. 22. A quels tenues). Question très
débattue chez les polvgraphes de l'antiquité et souvent
reprise au xvi* siècle. On trouvera une longue liste
d'autorités anciennes sur ce sujet, chez Rabelais, I,
m; cf. encore Breslay, Anthologie, II, xiii.
P. 304, 1.3. Quasi vero). « Comme si on pouvait
entreprendre de mesurer quelque autre chose quand
on ignore sa propre mesure. » (Pline, Histoire natureUe,
II, I.)
P. 304, 1. 5. Vramani Protagoras). Ct. Cicéron,
Académiques, II, xtvi; Platon, dans le Cratyle, éd. de
1546, p. 308.
P. 304, 1. II. Quand Thaïes). Cf. Diogène Laërce,
Vie de Thaïes : « Interrogatus quidnam esset difficile,
se, inquit, ipsum noscere. » (I, xxxvi, 35.)
P. 304, 1. 13. Votis, pour qui). Cf. ci-dessus,
p. 189, 1. 2, et. la note.
P. 304, 1. 22. Comme ft Gobrias). Cf. Plutarque,
Comment on pourra discerner le flatteur d'avec l'aniy :
« Gobrias s'estant jette dedans une petite chambre
obscure après l'un des tyrans de Perse qui s'appelloient
Mages... & se trouvant aux prises bien a l'estroit
avec luy, cria à Darius, qui y survint l'espee nue au
poing & qui doutoit de frapper le Mage, de peur
qu'il n'assenast quant & quant Gobrias, qu'il donnast
hardiment, quand il devroit donner à travers tous
les deux. » (iv, f" 41 b.) Rapprocher Hérodote, III,
T.xxviii; t. I, f' 213 r".
P. 305, 1. 3. Les Porluguais). Cf. Goulard, Histoire
du Portugal : « Les prisonniers Turcs aimans mieux
mourir que vivre esclaves, firent tant avec de doux
de fer frottez l'un contre l'autre, que les estincelles
en volèrent sur certains caques de pouldre, laquelle
brusla vaisseau Portugallois, prisonniers & tout. »
(XII, XXIII, f" 366 r°.)
P. 305, 1. II. Chi troppo). « Qui trop se subtilise
s'égare. » (Pétrarque, Can^cniierc. XXII, v, 48; éd. de
1550, p. 164.) On lit chez Plutarque assotliglia. Le
Bulletin du bibliophile du 7 septembre 1 860 m'enseigne
qu'on retrouve ce proverbe dans plusieurs écrits du
XVI' siècle : dans un conte de Pogge, « Priapus in
laqueo » (éd. de 1598, 1, p. 179); dans les Cent Nou-
velles nouvelles (éd. Leroux de Lincy, II, p. 169); etc.
P. 305, 1. 22. Epicurus disoit). Cf. ci-dessus p. 206,
1. 21 et la note.
P. 305, 1. 24. Platon). Dans les Lois : «Necesse est
leges hominibus ponere, ut secundum leges vivant.
Nam si absque his viveretur, nihilo a feris atrocis-
simis discreparent. » (P. 874; éd. de 1546, p. 862.)
P. 306, 1. 16. C'est un outrageus glaive). Montaigne
a déjà employé cette image en parlant de la science
dans l'essai I, xxv, p. 181, 1. 15. ^'oir la note.
P. 307, 1. 4. Qui certis quibnsdaw). «Qui enchaînés
et voués a certaines opinions fixes et déterminées,
sont réduits à défendre les choses mêmes qu'ils
désapprouvent. » (Cicéron, Tusculanes, II, n.) La
phrase de Cicéron est passablement modifiée : notons
seulement comme intéressante la suppression de quasi
dans l'expression "quasi addicti et consecrati ».
P. 307, 1. 9. Monnoyes). La même image reviendra
dans l'essai II, xvi, et dans l'essai II, xvii, etc.; elle
est quelquefois chez Amyot avec la même valeur :
cf. par exemple Œuvres morales, f" 124 v°. De là
elle a passé chez quelques moralistes du xvi' siècle :
elle est fréquente dans la Cii'il conversation, de Guazzo.
Luigi Guicciardini écrit dans ses Detti effati : « Dice
M. Giovanni délia Casa,... non essercosa sconvcnevole
di accettarli, non solo per quello ch' essi veramente
vagliano, ma come si fa délie monete, per quello
ancora che corrono. » (Éd. de 161 3, p. 124.)
P. 307, 1. lé. // lie faut que sçaivir). Cf. Guy de
Brués, Dialogues contre les nouveaux académiciens :
« Aucuns mettent le lieu de Mars au milieu du
triangle de la main, celuy^e Venus au pouce, celuy
de Mercure au petit doigt. Antioche très bien fondé
LIVRE II, CHAPITRE XII.
263
ce luy semble, met Venus au tubeicle du petit
doigt. Mercure au triangle, et Mars au tubercle du
pouce et moy je metz tout cela en risée... Pourquoy,
quand la mensale couppe le tubercle de l'enseigneur,
c'est signe de cruauté, plus tost, que quand elle
n'arrive que jusques au commencement du mont ?
Et pourquoy, quand elle finit soubs le mittoien et
que la naturelle fait un angle avec la vitalle, soubs
mesme endroit, cela signifie une misérable mort,
combien qu'il fut un roy qui leur a aprins que quand
la naturelle est ouverte, et qu'elle ne ferme point
l'angle avec la vitalle, cela dénote, si c'est une femme,
qu'elle sera putain. Quant a moy, je ne voy qu'il y
ait en tout qu'opinion. » (Dialogue I, p. 94.)
P. 308, 1. 3. Tbeophrastus). Cf. Corneille Agrippa,
De incertitudinc et vanitaie scientiariim : «Tbeophrastus
in suis transnaturalibus sic ait, Usque ad aliquid
quidem possumus per causam speculari, principia a
sensibus sumentes : quando autem ad ipsa extrema
& prima transierimus, non amplius possumus scirc,
sive quia non habemus causam, sive propter intel-
lectus nostri infirmitatem. » (i.)
P. 308, 1. 16. Ne se jettent pas en vioule). Cf. II,
XII, p. 190, 1. 6 et la note pour l'expression «jeter en
moule ». Pour la pensée, Montaigne semble se souvenir
ici de Du Bellay, Deffeiiee el ilhislration, II, xii; éd.
Chamard, 1904, p. 345, 1. 6.
P. 308, 1. 18. Comme les ours). La même image se
trouve chez Aulu-Gelle, XVII, x, qui l'applique aux
vers de Virgile; on la trouve encore chez Rabelais,
III, xLii; chez Du Bellay, Deffence, éd. Chamard,
p. 351, 1. 6; chez Estienne Pasquier, Correspondance
(livre VI, à Monsieur Chopin), qui l'applique aux
lois : « tout ainsi que l'ours donne forme à ses petits
à la longue en les léchant, ainsi les loix qui sont
quelquefois brusquement proposées au peuple reçoi-
vent avec le temps polissurc à mesure qu'elles sont
mises en œuvre. »
P. 308, 1. 24. Ut hy)iietlia). « Comme la cire de
l'Hymette s'amollit au soleil, et, pétrie sous le pouce,
prend mille formes et devient plus souple à mesure
qu'on la manie. » (Ovide, Métamorphoses, X, 284.) Le
texte « vertitur » qui est chez Montaigne est donné
par la plupart des éditions du xvi' siècle.
P. 309, 1. 6. Non potest). «Une chose ne peut être
plus ou moins comprise qu'une autre, parce que la
compréhension est une pour toute chose.» (Cicéron,
Académiques , II, XLi).
P. 309, 1. 13. Miilciber). « Vulcain était contre
Troie, Troie avait pour elle Apollon. » (Ovide,
Tristes, I, 11, 5.) Montaigne a rencontré cette citation
avec une légère modification de texte dans le pam-
phlet de Blackwood, Pro regibus apologia, p. 298.
P. 310, 1. I. La vérité). Mot de Démocrite auquel
Montaigne fera de nouveau allusion dans l'essai III,
^"^I, et que Cicéron adopte pour sien dans les Aca-
démiques, I, xu, et II, X.
P. 310, 1. 27. Inter visa). «Entre les apparences
vraies ou fausses il n'y a pas de différences qui doi-
vent déterminer l'esprit. » (Cicéron, Académiques, H,
XXVIII.)
P. 312, 1. 24. Posterior). «La dernière nous dé-
goûte des premières et nous détourne des anciennes.»
(Lucrèce, V, 141 3.)
P. 31^, 1. 23. Ckomenes). Cf. Plutarque, Les dicts
notables des Lacedemoniens : « Estant travaillé d'une
longue maladie, & ne sçachant que y faire, il se
meit à la fin entre les mains des devins, charmeurs
& sacrificateurs, auxquels ils ne souloit point adjouster
de foy au paravant : dequoy quelqu'un de ses fami-
liers s'esmerveillant, il luy dit, dequoy t'esmer\'eille.s-
tu, car je ne suis plus celuy que je soulois estre,
& n'estant pas le mesme, aussi ne trouve-je pas
maintenant les choses bonnes que je trouvois alors. »
(F° 218 r°.)
P. 314, 1. 6. Ce vénérable sénat). Montaigne a pu lire
ceci entre 1582 et 1588 dans les Séries de Guillaume
Bouchet, I, i.x, f° 193 r°.
P. 314, 1. 10. Taies sunt). Déjà cité par Montaigne
sous une forme un peu différente dans l'essai II, i,
p. 3, 1. 28. (Voir la note.)
P. 315, 1. lé. Ouis sub Arcto). «Et qui ne me
soucie nullement de savoir quel roi fait tout trembler
sous l'ourse glacée, ou de quoi s'inquiète le roi
Tiridate. » (Horace, Odes, I, xxvi, 3.)
P. 316, 1. 14. Vehit minuta). «Comme une frêle
barque surprise par un gros temps quand le vent
fiiit rage. » (Catulle, xxv, 12.) Citation prise sans
264
ESSAIS DE MONTAIGNE.
doute chez Juste Lipsc, SainniaJium scrnioiuini libri,
II, II.
P. 317, 1. 19. Comme un navire). Cf. Plutarque,
De la vertu morale : « Si l'on oste de tout point entiè-
rement les passions, encore qu'il fust possible de le
faire, on trouvera que la raison en plusieurs choses
demourera trop lasche & trop molle, sans action, ne
plus ne moins qu'un vaisseau branlant en mer, quand
le vent lui default. » (xii, f° 37 V.)
P. 317, 1. 25. Semper Ajax fortis). « Ajax fut
toujours brave; mais il ne le fut jamais tant que
dans sa folie. » (Cicéron, Tusculaws, IV, xxiii.)
P. 318, 1. I. Ky ne court). Tout ceci est très direc-
tement inspiré par Cicéron, Tusculanes, IV, xix.
P. 318, 1. 19. Ut maris Iranqnillitas). «De même
qu'on juge de la tranquillité de la mer quand aucun
souffle, si léger soit-il, n'agite sa surface, ainsi on
peut assurer que l'âme est calme et paisible quand
nulle passion ne peut l'émouvoir.» (/(/., ibid., V, vi.)
P. 319, I. 13. Qu'ils produisent leurs plus grans
effaicts). Cf. Cicéron, De divinatione, I, lvu, et II,
XLVin; Platon, Phèdre, p. 244, et surtout Timée,
p. 71, où se trouve un texte auquel Montaigne a
déjà fait allusion dans l'essai II, 11, p. 22, I. i. (\'oir
la note.)
P. 321, 1. n- Qualis ubi iillerno). «(Ainsi la mer,
par un double mouvement, tantôt se précipite vers
la côte, couvre les rochers d'écume et se répand au
loin sur le rivage; tantôt, retournant sur elle-même
et entraînant dans son reflux les cailloux qu'elle
avait apportés, elle fuit; et, abaissant ses eaux, laisse
la plage à découvert. » (Virgile, Enéide, XI, 624.) Le
texte est celui de l'édition de Venise, 1539.
P. 322, 1. 8. Cleanthes le Samien). Cf. Plutarque,
De la face qui apparoist dedans le rond de la Lune :
« Je le veux bien, dit-il, beau sire, pourvueu seule-
ment que tu ne nous accuses point d'impiété, comme
Aristarchus estimoit que les Grecs ensemble dévoient
mettre en justice Cleanthes le Samien, & le condamner
de blasphème encontre les Dieux, comme remuant
le foyer du monde, d'autant que ccst homme taschant
à sauver les apparences, supposoit que le ciel demou-
roit immobile, & que c'estoit la terre qui se mouvoit
par le cercle oblique du Zodiaque, tournant alentour
de son aixieu. » (vi, f" 615 v".) La leçon ici adoptée
par Amyot est en général rejetée par les commenta-
teurs, en sorte que l'opinion qu'il attribue à Cléantlic
appartient probablement à Aristarque.
P. 322, I. 9. Nicetas). Cf. Cicéron, Académiques,
II, xxxix. L'édition de Cicéron, de Paris 1538, écrit
Nicetas et non Hicetas comme on lit dans plusieurs
éditions. Cicéron fait de cette réflexion la même
application que Montaigne et conclut comme Mon-
taigne que ces questions dépassent notre connaissance.
P. 322, 1. lé. Sic volvenda). « Ainsi le temps
change le prix des choses : l'objet qui était en faveur
tombe dans le mépris, tandis que celui qui était
méprisé revient en faveur à son tour; on le désire
chaque jour davantage; il est admiré, vanté; le voilà
hors de comparaison. » (Lucrèce. \, 1275.) Le texte
est celui de l'édition Lambin, p. 455.
P. 323, 1. 19. Paracelsc). Fameux alchimiste, né
dans le canton de Schwitz en 1493. Appelé en 1526
à une chaire de l'Université de Bâle, il commença
par brûler publiquement les ouvrages d'Avicenne et
de Galien, disant que les cordons de sa chaussure
en savaient autant qu'eux. Il annonçait la pierre
philosophale. Il mounit à l'hôpital de Salzbourg,
en 1541. Ses œuvres ont été publiées en dix volumes
à Bàle (1575 -1589), et souvent réimprimées depuis.
On y remarque un livre sur les Impostures des méde-
cins, auquel Montaigne ne semble pas avoir fait
d'emprunts mais qu'il a peut-être en vue dans ce
passage. On peut consulter sur Paracelse tout parti-
culièrement Schleger, Paracclsiclje Sludien (Dresde,
1898).
P. 324, I. II. Jaques Peletier). Ci. I, xxi, p. 126,
1. 4.
P. 324, I. II. Deux lignes). «C'est l'hyperbole, et
les lignes droites, qui, ne pouvant arriver à se joindre
à elle, ont été, pour cela même, nommées asymp-
totes. Voyez les Coniques, d'Apollonius, liv. II, pro-
pos. I, et la propos, xiv où cet ancien mathématicien
a démontré que les asymptotes et l'hyperbole ne
peuvent jamais venir à se toucher, quoiqu'elles
s'approchent l'une de l'autre .1 l'infini. » (Note de
Coste.)
P. 32^, 1. 26. Des Antipodes). Cf. Cuy de Brués,
CHAPITRE Xn.
265-
Diûlo^^iies, p. 69, qui rappelle que saint Augustin et
Lactance niaient les Antipodes. Cicéron use des
mêmes arguments dans les Acadciniqncs, II, xxxix.
Saint Augustin s'explique sur ce sujet dans la Cite
de Dieu, XVI, ix. Dans le commentaire de ce cha-
pitre, Vives explique que ce saint docteur a voulu
établir l'unité de la race humaine afin de donner un
fondement solide à la doctrine du péché originel; et
comme il ne suppose pas qu'il y ait de communica-
tion possible avec les Antipodes, il nie leur existence.
L'erreur de saint Augustin et de Lactance sur ce point
est souvent mentionnée par les écrivains du xvi'' siècle :
voir en particulier le Dialogue de Messie sur la nature
du soleil, Les trois mondes de La Popelinière (i 582), etc.
P. 525, 1. 4. Nam qtiod). «Car on se plait dans
ce qu'on a, et on le croit préférable à tout le reste. »
(Lucrèce, \', 141 1.)
P. ,25, 1. 6. Sottise de me fier). Montaigne a ex-
primé la même idée au début de l'essai I, xxxi.
P. 325, I. 9. Platon tient). Dans le Politique : «De
ortus solis occasusque, & aliarum stellarum mutatione
(dico)... Universum hoc aliàs Deus ipse régit, agi-
tatque atque rotat : aliàs vero dimittit, cum mundi
circuitus competentia sibi curricula temporis exple-
verunt. Mundus vero ultro ac libero tum motu contra
reflectitur. » (P. 209; éd. de 1546, p. 205.)
P. 325, 1. II. Les prestres Azgiptiens). Cf. Hérodote,
II, cxLii, cxi.iii; t. I, f" 157 v° et ij8 r°.
P. 325, 1. 16. Et quelcnn d'entre nous). C'est d'Ori-
gène qu'il s'agit. Cf. saint Augustin, Cité de Dieu,
XII, XVII, et surtout XII, xiii. C'est dans le commen-
taire de Vives au chapitre XII, xiii, que Montaigne a
trouvé les textes d'Isaïe et de Salomon sur lesquels
Origènc appuyait sa doctrine.
P. 325, texte de 1588. Arislote). Cf. Varchi, Erco-
lano : « Redite ciie queste opinioni cosi astratte abbi
no secondo la sentenza di Platone a ritornare le
medesine in capo di trenta sei mila anni ? Non so,
so bene che Aristotele afferma che tutte le opinioni
degli uomini sono state per lo passato infinité \olte
e infinité volte sarano nel avvenire. »
P. 326, 1. I. En la plus fameuse). Cf. Platon,
Timée, passim.
P. 326, 1. 8. Heraclylus). Cf. Diogène Laërce, Fie
d'Heraclite : «Mundum... ex igné nasci, & rursus
per quosdam ambitus per vices hoc omne seculum
ignescere. » (IX, viii, 583.) La même opinion est
rapportée par Vives, Commentaire de la Cité de Dieu,
XII, XI : « Heraclitus, Hippasus et Stoici conflagra-
tione periturum arbitrantur mundum : qui cum
deflagrarit, denuo condetur. >
P. 326, 1. 10. Sigillatini). « Comme individus, ils
sont mortels, comme espèce, immortels. » (Apulée,
De deo Socratis.^ Cette citation a été prise dans la
Cité de Dieu de saint Augustin, XII, x.
P. 32e, 1. II. Ale.xandre.) Cf. saint Augustin, Cité
de Dieu, VIII, v, et XII, x.
P. 326, 1. 14. Cicero et Diodorus). Cf. Vives, Com-
nwntaire de la Cité de Dieu de saint Augustin : « Plin.,
lib. II, ex Eudoxo, Zoroastrem tradit sex millibus
annorum ante Platonis mortem fuisse : cui Aristoteles
fuit assensus. Hermippus quinque millibus annorum
ante bellum Trojanum tradit Zoroastrem fuisse. Chal-
d;ïos scribit Cicero I De divin., CCCCLXX. M. ann.
ut ipsi dicunt, monumentis comprehensa continere.
Idem ferè Diodorus lib. III refert, Chaldreos, ex quo
astra observant, usque ad Alexandrum quadragint:'
tria annorum millia chronicis numerare... Plato ex
narratione vEgvptii sacerdotis res gestas Sais .Egyptiis
octo millia annorum literis esse mandatas inquit :
Atticas verô Athenas mille annis ante /Eg}'ptias illas
Saias esse conditas. » (XII, x. Cf. Platon, Timée;
p. 23; éd. de 1546, p. 703.)
P. 327, 1. 7. Maintenues par des femmes). Cf. Lopt;;
de Gomara, Histoire générale des Indes, f°' 242 et
264 r'.
P. 327, 1. 9. L'abstinence des femmes). Id., Ihià.,
t'^ 2^0, et en divers endroits.
P. 327, 1. 10. On en honoroii les sepiillures). Id.,
ibid., î" 199 r".
P. 327, 1. 12. Contre les enchantements). Id., ibid.,
f 258 r'.
P. 327, 1. 14. Pour Dieu de la phiye). Id., ibid.,
f" 69 v^
P. 327, 1. 16. L'usage des mitres). Id., ibid.,
f' 323 r".
P. 327, 1. 16. Le arlibat des prcsires). Id., ibid.,
V 323 v'\
!(>(>
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 527, 1. 16. L'art de divincr par les e?ilrailles).
là., ibid., î° 324 r".
P. 327, 1. 18. D'user en officiant de langue particu-
lière). Id., ibid., (° 323 r°.
P. 327, 1. 20. Le premier dieu). Id., ihid.,i° 324 v".
P. 327, 1. 22. Pour leur péché). Li., ibid., (° 324 v^.
P. 327, 1. 23. Suhnierge\J. Id., ibid. : « Ils racomp-
tent en outre comme en un certain temps il cheut
tant d'eau du ciel que toutes les campagnes furent
submergées, & toutes les personnes noïees, exceptées
celles qui se sauvèrent dedans des creux, & cavernes
des hautes montagnes, l'entrée desquelles ils bouchè-
rent si bien que l'eau ny pouvoit entrer, s'estans
premièrement garnis de bonnes provisions, & de
grande quantité de bestail : & quand ils sentirent
qu'ils ne plouvoit plus, ils firent sortir dehors deux
chiens, & voians qu'ils estoient retournez nets
& mouillez, congneurent par là que les eaux n'estoient
point abbaissées. Mais après en firent encor' sortir
d'avantage, & lors aucuns revindrent souillez & pleins
de fange, par là ils jugèrent que l'eau estoit abhaissée,
& à lors sortirent de leurs creux pour repeupler la
terre.» (y, xv, f° 325 r°.)
P. 328, 1. 4. Du jour du jugement). Id., ibid. :
« Quand les Espagnols ouvroient ces sepulchres,
& jettoient les ossements deçà delà, les Indiens les
prioient de ne faire pas ainsi, de peur qu'estant ainsi
escartez ils ne peussent ressusciter. » (V, xvii,
f" 327 v°.)
P. 328, 1. 9. Des iieiiis). Id., ibid., f" 92 r" et
passim.
P. 328, 1. 10. L'usage de la fauconnerie). Id., ibid.,
f" 9S r".
P. 328, 1. II. Délicatesses de jardinages). Id., ibid.,
f" 98 r".
P. 328, 1. 12. Dances). Id., ibid., f° 94.
P. 328, 1. 12. Musique). Id., ibid., f° 94.
P. 328, 1. 13. Jeux de paume). Id., ibid., f" 94.
P. 328, 1. 13. Jeu de dei). Id., ibid., f° 441 r°.
P. 328, 1. 14. Médecine.) Id., ibid. En beaucoup
d'endroits, particulièrement f°' 253 v°-258.
P. 328, 1. 15. D'escrire par figures). Id., ibid.,
f"i58r".
P. 328, 1. 15. Créance d'un seul). Id., ibid., f° 158 v^
P. 328, 1. 16. Adoration d'un dieu). Id., ibid.,
f' 84 r°.
P. 328, 1. 19. L'opinion des géants). Id., ibid.,
f" 158 r^
P. 328. 1. 19. L'usage de s'enyvrer). Id., ibid.,
f- 257 r°.
P. 328. 1. 20. Orneniens). Id., ibid., f° 160 r°.
P. 328, 1. 23. Les aisnei). Id., ibid., f° 159 v°.
P. 329, 1. 6. La créance du purgatoire). Id., ibid.,
fos j2 Y", 51 v", et surtout f° 54.
P. 329, 1. 17. En aucunes régions). Id., ibid. : «Ceux
qui avoient quelque affaire à communiquer à Mon-
teczuma entroient piez nuds, & pauvrement vestus,
selon leur cérémonie. Car encor qu'ils fussent riches
il falloit qu'ils meissent de vieilles couvertures par
dessus leurs bons habillemens. » (II, xxxiv, f° 93 r".)
P. 329, 1. 27. La jorme de nostre estre). Les savants
anciens avaient souvent insisté sur cette question de
l'influence des climats : il faut voir surtout Hippo-
crate, Galien, Aristote, dans les Politiques, \\\,
vu, etc. Au xvi^ siècle Montaigne a pu l'avoir indi-
qué surtout dans le livre de l'Espagnol Huarte, intitulé
V Examen des esprits, II; dans la Méthode de l'histoire
de Jean Bodin, v, et dans la République du même
auteur, V, i; dans le commentaire de Le Ro\- sur
les Politiques d'Aristote (éd. de 1576), p. 407, et dans
la Vicissitude du même Le Roy (éd. de 1577), i,
fos 3 ^.o^ ^ ^,0^ ^Q yo^ gjj. ji ^ trouvé encore des
indications dans les Diverses leçons de Messie, IV, vu,
dans la Civil conversation de Guazzo (traduction
Chappuis, 1579), p. 6~, etc.
P. 330, 1. 2. Et plaga cœli). «Le climat ne con-
tribue pas seulement à la vigueur du corps, mais
aussi à celle de l'esprit. » (Végèce, I, 11.) Citation
prise dans les Politiques de Juste Lipse, Y, x.
P. 330, 1. 6. Athenis tenue cœluni). « L'air d'Athènes
est subtil et par cette raison les Athéniens sont réputés
avoir l'esprit plus délicat : celui de Thèbes est épais,
c'est pourquoi les Thébains passent pour gens gros-
siers et pleins de vigueur.» (Cicéron, Defato, iv.)
P. 330, 1. 15. Cyrus ne voulut). Cf. Plutarque, Les
dicis notables des anciens Roys, Princes & grands Capi-
taines : « Et comme les Perses voulussent changer de
pais, & au lieu du leur qui estoit asprc & bossu, en
LIVRE II, CHAPITRE XII.
267
prendre un autre qui estoit doulx & plain, Cyrus ne
le voulut pas permettre, disant, que les semences
des plantes, & les meurs des hommes deviennent à
la fin semblables aux lieux & contrées où ils demeu-
rent. » (F° 188 v°.)
P. 330, 1. 17. Disant que Ifs terres grasses). Mon-
taigne complète sa citation par un passage d'Héro-
dote : «Cyrus escoutant ces paroles... commanda
qu'elles fussent exécutées, mais, en commandant
avertit les Perses de s'apprester non à dominer, mais
à être dominez. Car est-il ainsi que de régions molles
viennent hommes mol^, pource que ce n'est le
propre d'une mesme terre de porter fruict admirable
& hommes vaillans pour la guerre. Les Perses se
repentirent, & désistèrent comme vaincus de l'opinion
<ie Cyrus... » (IX, cxxii; t. I, f° 236 v°.)
P. 331, 1. 4. Par désir mesiiies). Rapprocher l'essai I,
LUI, p. 398, I. 9.
P. 331, 1. 10. Qiiiii eniiii). «Est-ce la raison qui
règle nos craintes et nos désirs? Qui jamais conçut
un projet sous des auspices assez favorables pour ne
s'être pas repenti de l'entreprise et même du succès? »
(Juvénal, Satires, x, 4.)
P. 331, 1. 13. Sacrâtes ne requérait). Cf Xénophon,
Mémorables : « Orabat deus simpliciter bona prœstare
quam optime dii quasnam sint nobis bona scirent.»
(I, m, 2.)
P. 331, 1. 14. Et la prière des Lacedenwiiieus). Cf.
Platon, Second Alcibiade : « Nonne prudentior nobis
poeta... qui precabatur mala etiam ab orantibus
abesse? Lacedjemonii... idem votum tam privatim
quam publiée servant, orantes deos, pulchra cum bonis
sibi tribuere, nec plura illos precari quis audiret...
In diis est, ut arbitrer, quœ precamur, tribuere vel
contra. » (xi, p. 148; éd. de 1546, p. 47.)
P. 331, 1. 17. Conitigitini). «Nous demandons une
épouse et nous en voulons des enfants, mais il n'y
a que Dieu qui sache quels seront ces enfants et
quelle sera cette épouse.» (Juvénal, Satires, x, 352.)
Montaigne écrit //// notum au lieu de illis notuni.
P. 331, 1. 19. Sa volonté soit faite.) Allusion aux
mots de l'Oraison dominicale : Fiat voluntas tua.
P. 332, 1. 4. Attonitus). «Étonné d'un mal si
nouveau, riche et inditient à la fois, il voudrait fuir ses
richesses et il prend en horreur l'objet de ses vœux. »
(Ovide, Métamorphoses, XI, 128.)
P. 332, 1. II. Ravallé et rabaissé). Cf. à ce sujet
l'essai II, vu, à la fin.
P. 332, 1. 12. Cleobis et Bilan, Trophonius et Aga-
niedes). Cf Cicéron, Tusciilanes, I, xlvii, où Montaigne
a sans doute pris ces deux histoires. Il les a lues
encore dans Stobée, Anthologie, cxix; dans Sigonius,
Consolatio ad Tulliam; la première dans Hérodote, I,
xxxi; t. I, f" 13 v° et suivants; toutes les deux dans
Plutarque, Consolation à Apollonius, xiv, etc. Voici
le texte de Plutarque : « Elle (la mère de Cleobis et de
Biton) estant singulièrement aise de veoir si grande
pieté en ses enfans, feit prières à la Déesse, de leur
donner ce qui estoit le meilleur aux hommes : & eulx
s'estant le soir allez coucher, ne se relevèrent plus
jamais, leur aïantla Déesse envoyé la mort, pour
récompense de leur pieté... Agamedes & Tropho-
nius... luy (à Apollon) demandèrent payement de
leurs vacations... Ils feirent ce qu'il leur avoit ordonné,
et la septième nuict s'estans endormis, le lendemain
matin on les trouva morts en leur lict. » (xiv,
f" 247 v.)
P. 332, 1. 20. l'^irga tua). «Ta \'erge et ton bâton
m'ont comblé. >> (Ps. XXII, 5.)
P. 332, 1. 24. Si consiliuni). «Croyez-moi, laissons
faire aux dieux; ils savent ce qui nous convient,
ce qui peut nous être utile : l'homme leur est plus
cher qu'il ne l'est à lui-même. » (Juvénal, Satires,
N, 346-)
P. 333, 1. I. De les requérir). Cf Xénophon,
Mémorables : « Qui vero aurum, aut argentum, aut
tyrannidem, aut quippiam hu^smodi a diis orando
petebant, illos simile quid opinabatur orare, ac si
ludum taxillorum, aut praelium, aut aliquid orassent
cujus incertus exitus esset. » (I, m, 2.)
P. 333, 1. 6. Par le calcul de Varro). Cf saint
Augustin, Cité de Dieu, XIX, 11.
P- 333) 1- 7- C"' autem). «Or, dès qu'on ne
s'accorde pas sur le souverain bien, on diifère d'opi-
nion sur toute la philosophie. » (Cicéron, De jinilnis,
y, V.)
p. ^^^, 1. 9. Très inihi). «Il me semble voir trois
convives dont les goûts sont entièrement différents
268
KSSAIS DE MONTAIGNE.
et qui demandent des mets tout opposés. Que présen-
terai-je? Que ne présenterai-je pas? Vous refusez ce
que l'autre demande; et ce que vous souhaitez déplait
aux deux autres. » (Horace, Epltres, II, ii, 6i.)
P. ^'i'i,\- 17. P\thagoras). Cf. Plutarque, Cvimuent
il faut oiiir, xii, f° 28 \°.
P. 333, 1. 18. Nil adiiiinvi). « Ke rien admirer,
Numicius, est peut-être le seul et unique moyen de
faire et d'assurer son bonheur. » (Horace, Epiircs, I,
VI, I.) C'est par erreur que Montaigne a écrit Kiiinaci
au lieu de Nitniici.
P. 333, 1. 21. Et disait Arcbesilas). Cf. Sextus Empi-
ricus, Hypolxposes : « Vult (Arcesilaus) esse quidem
bona particulares epochas, mala autem particulares
assentiones. Nisi dicat aliquis nos ha;c secundum id
quod apparet nobis, dicere, & non affirmantes :
illuui autem, tanquam secundum naturam : adeô ut
bonum quidem esse ipsam epochen, malum autem
assentionem dicat. » (I, xxxiii.)
P. 334, 1. 5. Justiis Lipsins). Juste Lipse, qui était
en relations épistolaires avec c^uelques Bordelais
conrme Pierre de Brach, Florimond de Rœmond,
avait connu et admiré les Essais et avait échangé
plusieurs lettres avec Montaigne qui lut certainement
les principaux ouvrages de Juste Lipse. Entre 1580
et 1588 il a fait des einprunts au De amphitheatro,
au SatiirnaUum sermomim libri, au De constautia; et
après 1 588 aux Politiques, et au traité intitulé Advenus
dialogislam de and religione. En retour on sent l'in-
fluence des Essais dans le De constautia de Juste Lipse.
P. 334, 1. 6. A luoii Turnehiis). Cf. essai I, \x\',
p. 180, 1. 9, et la note.
P. 334, 1. 17. L'admis de Sociales). Dans les Mniio-
rnbles; cf. la note ci-dessous, p. 335, 1. 11.
P. 334, 1. 19. La vérité doit avoir). Toute cette
dissertation sur la relativité de la morale s'inspire
peut-être de Corneille Agrippa, De iucertiludiue et
vanitatc scienliarnui, liv et suivants, et surtout elle
doit beaucoup aux Hypotyposes de Sextus Empiricus,
I, XIV ; III, xxm-xxiv. Cf. aussi Cuv de Brués,
Dialogues, passim.
P. 335, 1. II. Ce Dieu antieu). Ce dieu c'est
Apollon. Voyez Xenophon, Mémorables : « Sicut
Pythius de inunolationibus julvi, quod recte ageret
si quis consuetudine civitatis utatur, sic ctiam Socratcs
et ipse taciebat, caeterôsque admonehat. » (I, m, i ;
éd. de 1545, p. 450.)
P. 336, 1. I. Quelle boulé est-ce). Cf. Érasme, Oue-
rela pacis : « Ceu rerum \eritas commutetur, ita quas-
dam scita non trajiciunt mare, quardam non superant
Alpes, quœdam non tranant Rhenum. » (Éd. de Bâle,
1522, f' 6 r".)
P. 337, 1. 4. Thrasiiuaciis). Cf. Platon, Répu-
blique : « Affirmo equidem justum nihil aliud esse
quam quod potentiori utile. » (I, p. 338; éd. de
1546, p. 535.) Cf. aussi Quy de Brués, Dialogues,
p. 255.
P. 337, 1. II. Gentcs esse). « On dit qu'il y a des
nations où la mère s'unit à son fils et le père à sa fille,
et où l'affection familiale est doublée par l'amour. »
(Ovide, Métamorphoses, X, 331.)
P. 337, 1. 22. Nihil itaque amplius). «Il ne reste
rien qui soit véritablement nôtre : ce que j'appelle
nôtre n'est qu'une production de l'art. »
P. 337, 1. 27. D's peuples qui). Montaigne reprend
ici un exemple qu'il a développé dans l'essai I, xxiu,
p. 148, 1. I. Voir la note.
P. 338, 1. 9. Licurgus considéra). Cf. Plutarque,
Fie de Lycurgue, xiv, f" 35 r". Ce fait est signalé
chez tous les moralistes du xvi" siècle. Voir surtout
ce qu'en disent Guy de Brués dans ses Dialogues, p. 12 ;
Crinitus dans le De honesta disciplina, III, xiu. Chez
Guy de Brués comme chez Montaigne la différence
des lois est expliquée par la différence des points de
vue. Tonc ces fiits sont également chez Sextus Empi-
ricus, III, xxiii.
P. 338, 1. 17. Dionysius le tyran). Cf. Sextus Empi-
ricus, Hxpoixposcs : «Quum hujusmodi vestis Platoni
& Aristippo oblata fuisset (a Dionysio tyranno),
Plato quidem lepudiavit, dicens, Gestare amictum
mullebrem nunquam queam, quum mas creatus
fuerim. At verô Aristippus accepit, dicens, Nulla
Bacchanalia contaminare mulierem castam queant. »
(III, wn.) Cf. aussi Diogène Laërce, fie d'Arislippe,
II, lAWiii, 144.
P. 358, 1. 21. Ses amis tansoini sa lacbetc). Cf.
Diogène Laërce, Fie d'Arislippe : « Consputus a
Dion\sio ;equo aninio tulit. Eam injuriam cùm
LIVRE H, CHAPITRE XII.
269
quiilani œgrc fcrrct, piscatores, inquit, ut gobiuin
vcncntur, mari patiuiitur se aspergi, & ego ut bale-
nam accipiam, non patiar excreationc aspergi? » (II,
Lxvii, 137.)
P. 338, 1. 24. Diogencs htivil ses clmts). Id., ihid. :
« Pnttereunteui quandoque Diogenes olera abluens
objurgavit & dixit, Ista tu si parare tibi didicisses
tyrannorum aulas non ambires. Tu verô, ait ille, si
quldem conversari cum hominibus scires, olera pro-
fecto non lavasses. » (II, Lxviii, 138.)
P. 339, 1. 3. Bclluiii, â Terra). «O terre hospitalière!
tu portes la guerre; tes coursiers sont armés pour la
guerre et c'est la guerre qu'ils appellent. Cependant
ces fiers animaux étaient attelés d'abord à des chars
et avaient l'habitude de marcher fraternellement sous
le joug; tout espoir de paix n'est donc pas perdu. ->
(Virgile, Enéide, III, 539.)
P. 339, 1. 8. On prêchait Soloii). Cf. Diogènc
Laërce, Fie de Selon : « Cùm laciymaretur ac lugcrct
defunctum filium, dicereturque à quodam, At nihil
proficis, respondisse, ac propter hoc ipsum illacrymor,
quia nihil prolicio. » (I, lxiii, 53.)
P. 339, 1. 10. La femme de Socrates). LL, J'ie de
Socrate : « Dicente ei uxore, injuste morieris, An tu,
inquit, juste malles. » (II, xxxv, 118.)
P- 339) '• ^^^ Nous portons). Cf. Sextus Empiricus,
Hypotvposes : « Itidem & inaures gestari a viris, apud
nos quidem turpe habetur, apud nonnullos autem
ex Barbaris (ut apud Syros) nobilitatis est inducium.»
(III, XXIV.)
P. 339, 1. 15. Nous nous cachons). Id., ibid. :
« Indi quidem cum uxoribus in propatulo congre-
diuntur, alii autem plurimi hoc turpe existimant...
In Tauris Scythiit lex erat, peregrinos Artemidi
immolari : apud nos autem hominem in templo
interiîci vetitum est. » (I, xiv.) Cf. aussi III, xxiv.
P. 339, 1. 18. Inde furar). «Chaque pays hait les
divinités des pays voisins, parce que chacun tient ses
dieux pour les seuls véritables : d'où les fureurs
aveugles de la foule. » (Juvénal, xv, 37.) Montaigne
remplace tiierqiie par quisqne. Il a rencontré cette cita-
tion dans un ouvrage de Loj-sel qu'il a lu entre 1584
et 1588, Deux remonslrances faictes es villes d'Agen et
Periguetix (A Paris, chez Robert le Manguier, 1584,
p. 12). Le texte de Loysel est conforme à celui des
éditions du temps.
P. 340, 1. 18. Arcesilaus disait). Cf. Plutarque,
Les règles et préceptes de santé : « Le philosophe Arce-
silaus souloit dire contre les paillards & luxurieux
qu'il ne peult chaloir de quel costé on le soit,
pource qu'il y a autant de mal à l'un qu'à l'autre..»
(v, f" 295 r".)
P. 340, 1. 19. El ol'sc<viias volnptates). « Et à l'égard
des plaisirs de l'amour si la nature les exige, il n'j^
fout considérer ni la race, ni le lien, ni le rang, mais
la grâce, l'âge et la beauté, à ce que pense Epicure. »
(Cicéron, Tusculanes, V, xxxiii.) Le texte est exacte-
ment celui de l'édition de Paris 1538, avec cette
seule différence que Montaigne substitue au mot
putant, Epicurus putat.
P. 341, 1. r. Ne aniores). «Ils (les stoïciens) ne
pensent pas que des amours saintement réglées soient
interdites au sage. » {Id., De finibus, III, xx.)
P. 341, 1. I. Quxrainus). «Voyons (disent les
Stoïciens) jusqu'à quel âge on doit aimer les jeunes
gens. » (Sénèque, ép. 123.)
P. 341, 1. 3. Le reproche de Diararchiis). Cf. Cicéron,
Tusculanes, l\', xxxiv.
P. 341, 1. II. Foye::^ les anciennes considérations).
On trouv'era les mêmes idées exposées dans toute la
dernière partie de l'essai I, xxiii.
P. 341, 1. 22. Chrysippus). Peut-être souvenir
inexact de ce passage de Plutarque, D-s contredicts
des philosophes stoïqiies : « Il (Chrysippe) dit qu'il fera
trois fois la culebutte pourveu qu'on luy baille un
talent. » (xxvii, f° 569 r°.)
P. 342, 1. I. A Clisthenes). Cf. Hérodote, VI,
cxxix, t. II, f" 46 r". L'expression faire l'arbre fourché
.se retrouve exactement dans la traduction de Saliat.
Cf. aussi Rabelais, IV, xix.
P. 342, 1. 4. Metroch'i). Cf. Diogène Laërce, Fie
de Mctroclès : « Cùm sa;pe inter disserendum crepitum
ventris emitteret, pne dolore animi domi inclusus
morabatur. Hoc agnito, Crates ingressus est ad eum
consolaturus, ac lupinis industria voratis, persuasif
quidem illi primùm vefbis, nihil mali fecisse... Tum
verô & ipse in hujusmodi crepitum erumpens illum
similitudine rei servavit ac verbis in spem erexit.
270
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Hinc ipsius auditor fuit evasitque vir in pliilosophia
eminens. » (IV, xciv, 400.)
P. 343, 1. 4. Disent aucuns). Cf. Corneille Agrippa,
De incertitudine et vanitate scientiarum, lxiv, à la fin.
Inutile de dire que Corneille Agrippa ne rapporte
cette opinion que pour la combattre.
P. 543, 1. 8. Mivchiis es). «Jadis mari d'Aufidie,
Corvinus, te voilà devenu son amant, aujourd'hui
qu'elle est la femme de celui qui était autrefois ton
rival. Elle te déplaisait quand elle était à toi, pour-
quoi te plaît-elle depuis qu'elle est à un autre? Es-tu
donc impuissant dès que tu n'as plus rien à craindre ? «
(Martial, III, lxx.) Les éditions du xvi= siècle don-
nent Cervinc.
P. 343, 1. 13. Nulliis). «Il n'est personne dans la
ville entière, Cécilianus, qui ait voulu toucher ta
femme lorsque ses approches étaient libres; mais,
maintenant que tu l'as entourée de gardes, une foule
de galants l'assiègent. Tu es un habile homme. »
(^LL, I, Lxxiv.)
P. 343, 1. 17. On deiuandoit). D'après Bayle (article
Hipparchia), ce conte ne serait fondé sur l'autorité
d'aucun auteur ancien.
P. 543, texte de 88. Solon fut). Montaigne a sup-
primé cette allégation pour la reporter dans l'essai III,
V, où nous la retrouverons. Il le doit sans doute à
Corneille Agrippa, De incertitudine et vanitate scien-
tiarum, LXIII.
P. 344, 1. I. Un grant et relligieus auteur). Cf.
saint Augustin, Cité de Dieu : « lUum (Diogenem)
vel illos qui hoç fecisse referuntur, potius arbitror
concumhentium motus dédisse oculis hominum ne-
scientium quid sub pallio gereretur, quàm humano
premente con.spectu potuisse illam peragi voluptatem.
Ibi enim philosophi non erubescebant videri se velle
concumbere, ubi libido ipsa erubesceret surgere. »
(XIV, XX, 90.)
P. 344, 1. 7. Car Diogenes). Cf. Diogène Laërce,
Vie de Diogène : « Cùm ante ora omnium obnixè
operaretur, utinam liceret aicbat, perfricato ventre .1
famé conquiescere. » (VI, LXix, 384.)
P. 344, \. <). A cetis qui luy deniandoint). Id., ibid :
« Cùm illi probro daretur, quôd in foro manducaret.
In foro enim, ait, esurio. » (\'\, i.xiii, ,78.)
P. 344, 1. 13. Hiparehia). Id., Fie d'Hipparchia :
« Neque enim esse nostri consors poteris, nisi eadem
studia attigeris. Elegit continue) puella. « (VI, xcvi,
402.)
P. 345, 1. 4. Heraclitus et Protagoras). Cf. Sextus
Empiricus, Hypotvposes, I, xxix et xxxii. Cf. encore
II, VI : « Nam quôd mel aliis amarum, aliis dulce
videatur, Democritus dixit, neque dulce neque ama-
rum ipsum esse : at Heraclitus esse utrunque. »
P. 345, 1. 15. Aux escrits qu'il entreprend). Les
mêmes idées seront développées longuement dans la
première partie de l'essai III, xiii.
P. 34e, 1. II. Un stile nulnlcus). La même idée est
dans le De divinatione, II, liv. Montaigne l'a encore
exprimée à la même époque dans l'essai I, xi, p. 51,
1. 9.
P. 346, 1. 23. Homère aye vol 11 dire). Rapprocher
ce que dit Rabelais dans le prologue de Gargantua :
« Croyez-vous en vostre foy qu'oncques Homère
i.'scrivant VIliadc et Odyssée pensast es allégories les-
quelles de luy ont calfreté Plutarche, Heraclides
Ponticq, Eustatie, Phornute et ce que d'iceux Politian
a desrobé ? Si le croyez, vous n'approchez ne de pieds
ne de mains à mon opinion qui décrète icelles aussi
peu avoir esté songees d'Homère que d'Ovide, en ses
Métamorphoses, les sacremens de VEi'angile, lesquelz
un frère Lubin, vray croquelardon, s'est efforcé de
monstrer, si d'adventure il rencontroit gens aussi fols
que luy... » Cf. aussi Sénèquc, ép. 88. Montaigne
critique ici l'opinion qu'il émet lui-même ailleurs sur
Homère. Cf. essai II, xxxvi.
P. 347, 1. 21. Democritus en tiroit). Cf. Sextus
Empiricus, Hypotyposes ■: « Ex eo quôd mel aliis dulce,
aliis amarum videatur, Democritum ratiocinari di-
cunt, neque dulce ipsum esse, neque amarum :
& propterea pronuntiare. Non magis, qua; sceptica
est. ^'erum aliter utuntur iiac voce Sceptici quàm
Democritici philosophi. Illi enim vocem hanc usur-
pant, signiticare volentes neulruni esse : nos autem,
significantes nos ignonire an utrunque, an neutrum
sit eorum qua; apparent. » (I, xxx.) Cf. aussi la note
ci-dessus, p. 345, 1. 4.
P. 347, 1. 27. Les Cirena-iens). Cf. Cicéron, Aca-
démiques : «Quid Ciren.vi ? videntur inihi minime
LIVRE II, CHAPITRE XII.
271
contempti philosophi, qui negant esse quicquam
quod percipi possit extrinsecus : ea se sola percipere,
quœ tactu intimo sentiant, ut dolorem, ut volupta-
teni : neque se quo quid colore, aut quo sono sit
scire, sed tantum sentire affici se quodammodo. »
(II, XXIV ; t. IV, p. 23.)
P. 348, 1. 3. Protagoms). Id., ibid. : « Aliud judi-
clum Protagorse est, qui putet, id cuique verum esse
quod cuique videatur. » (II, xlvi; t. \\\ p. 35.)
P. 348, 1. 4. Epicuriens). Id., ibid. : « Aliud Epi-
curi, qui omne judicium in sensibus, & in rerum
notitiis, & in voluptate constituit. Plato autem omne
judicium veritatis, veritatémque ipsam ahductam ab
opinionibus, & à sensibus cogitationis ipsius & mentis
esse voluit. » (II, xlvi, p. 35.) L'opinion de Platon
est résumée du Phédou, p. 65, et du Théétètc, p. 186.
P. 348, 1. 17. Via qtia). «C'est le chemin par
lequel l'évidence pénètre dans le sanctuaire de l'esprit
humain. » (Lucrèce, \, 103.)
P. 348, 1. 23. Selon aucuns). Cf. Platon, Tbéctcte :
«Nihil aliud scientia est quam sensus. » (viii, p. 151 ;
éd. de 1546, p. 139.)
P. 349, 1. 3. Invenies primis). « \'ous reconnaîtrez
que la notion du vrai nous vient primitivement
des sens; et le témoignage des sens est irrécusable,
car quel guide plus fidèle que les sens ? » (Lucrèce,
r\', 479, 483.) Le texte est celui de l'édition Lambin,
p. 309.
P. 349, 1. 9. Cicero dict que Clmsippus). Dans les
Académiques, II, xxvir, passage qu'il a trouvé repro-
duit dans l'édition Lambin de Lucrèce, au vers 508
du livre IV. Il complète sans doute cette allégation,
par le passage suivant de Plutarque, Les coiitredicts
des philosophes stoïques : « (Chiysippus) non en peu de
lieux, ains souvent & en plusieurs endroicts, ait
confirmé & corroboré les resolutions contraires à la
sienne, avec sollicitude, affection & diligence, telle
qu'il n'est pas aisé à chascun de discerner laquelle
luy plaist le plus : ceulx mesmes qui admirent la
subtilité & vivacité de son entendement le disent,
& tiennent que Carneades n'a rien de soy mesme,
ne qui soit de sa propre invention, ains que des
propres moiens & arguments dont Chiysippus cuidoit
prouver ses assertions, il les retournoit au contraire
alencontre de lu)', de manière que bien souvent if
luy crioit tout hault en disputant ce vers d'Homère,
« O malheureux ta force te perdra ! »
pour ce que luy mesme donnoit de si grandes prises
& de si grands moiens à ceulx qui vouloient renverser
ou calomnier ces opinions. » (x, f° 562 v°.)
P. 349, 1. 21. De tous sens naturels). Tout ceci est
inspiré de .Sextus Empiricus, Hypotyposes, I, xi\', troi-
sième moven de l'époque.
P. 350, 1. 3. Au potcrunt). «L'ouïe pourra-t-elle
rectifier la vue, et le toucher l'ouïe? Le goût nous
préser\era-t-il des surprises du tact? L'odorat et la
vue pourront-ils le réformer ? » (Lucrèce, IV, 487.)
P. 350, 1. 7. Seorsuui cuique). «Chacun d'eux a sa
puissance à part et sa force particulière. » (^Id., IV,
490.)
P. 351, 1. 20. Nous saisissons la pomme). Cf. Sextus
Empiricus, Hypotyposes : « Unumquodque apparen-
tium nobis sensibilium varium sub sensus cadere :
ut malum, lœve, odoratum, dulce, flavum. Incertum
ergo utrùm bas solas qualitates, an potiùs unicam
tantùm qualitatem habeat, sed ob sensuum instru-
menta, alio atque alio modo constituta, diversas
habere videatur : an contra, plures quidem habeat
qualitates quàm qu;ï nobis apparent, sed earum
aliquîe sub sensus nostros non cadant. » (I, xiv.)
P. 352, 1. I. Qui aprant ans poules). Cf. Sénèque,
Eplires : « Quid est quare pavonem, quare anserem
gallina non réfugiât, quum tanto minorem & ne
notum quidem sibi accipitrem? Quare pulli felem
timeant, canem non timeant?» (cxi, p. 287.)
P. 353, 1. 4. Chaque suhjet a en soy). Cf. ci-dessus
p. 345, 1. 4, et p. 347, 1. 21.
P. 353, 1. 7. Quicquid id est). «Quoi qu'il en soit,
il n'est pas plus grand que notre vue ne nous le
représente. » (Lucrèce, V, 577.) Lucrèce parle ici
de la lune, mais Épicure en disait autant du soleil,
comme on le voit en particulier chez Lucrèce, \, 567,
et chez Cicéron, Académiques, II, xxxix, dans un
passage que Montaigne trouvait reproduit dans le
commentaire de Lambin.
P. 353, !. 12. Nec tamen hic ocnlis). «Nous ne
convenons pas pour cela que les yeux se trompent...
272
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Ne leur imputons donc pas les erreurs de l'esprit. «
(Lucrèce, IV, 380, 387.)
P. 353, I. 18. Tiinagoras jiiroit). Cf. Cicéron, Aca-
démiques : « Timagoras Epicureus negat sibi unquaui
cùm oculum torsisset, duas ex lucernâ flammulas esse
visas : opinionis enim esse mendacium non oculo-
rum. » (II, XXV.)
P. 353, 1. 23. Pioinde quod in quoqtie). «Les sens
ne nous trompent jamais. Si la raison ne peut expli-
quer pourquoi ce qui est carré de près paraît rond
de loin, il vaut encore mieux, à défaut de solution
vraie, en donner une fausse de ce double phénomène
plutôt que de laisser échapper l'évidence de ses mains,
plutôt que de mentir à sa foi première et de ruiner
tous les fondements de crédibilité sur lesquels se
reposent notre conservation et notre vie : car les
intérêts de la raison ne sont pas les seuls ici en jeu;
la vie elle-même ne se conserve qu'avec le secours
des sens, c'est sur leur témoignage que nous évitons
les précipices et les autres choses nuisibles. » (Lucrèce,
IV, 500.) Le texte est celui de l'édition Lambin,
p. 300.
P. 354, 1. 16. Ce que disent les Epicuriens). Ci.
Cicéron, Académiques : « Ita nobis tacentibus, ex uno
Epicuri capite, altero vestro, perccptio & compre-
hensio tollitur. Quod est caput Epicuri ? Si uUum
sensibus visum falsum est, nihil potest percipi. Quod
vestrum? Sunt falsa sen.sus visa. Quid sequitur? Ut
taceam : conclusio ipsa loquitur nihil percipi posse. »
(II, xxxu; t. IV, p. 27.)
P. 355, 1. I. Exiantesque proail). «Des montagnes
qui .s'élèvent au-dessus de la mer nous paraissent
de loin une même masse, quoique, en réalité, elles
soient très distantes l'une de l'autre. Les collines et
les champs semblent fuir vers la poupe du vaisseau
sur lequel nous naviguons. Si votre cheval s'arrête
au milieu d'un fleuve, son corps vous paraît remonter
obliquement le courant. » (Lucrèce, IV, 398, 390,
■121.) Le texte est celui de l'édition Lambin, p. 300.
Montaigne substitue /))-o/)/cr navim à pra'ter navim.
P. 355, 1. 24. Vasiitê sombre). Pour cette expres-
sion, d. Du Bellay, Deffense et illustration, éd. Cha-
mard, 1904, p. 60. Pour la pensée, rapprocher ce qui
a été dit ci-dessus, p. 243, I. 19, et la note.
P. 356, 1. 6. Et Zenon avait raison). Cf. Diogènc
Laërce, Vie de Zenon : « Pulchritudinem dixit vocis
florem esse, alii verô pulchritudinis vocem. » (\'II,
XXIII, 422.)
P. 356, 1. II. Sur quoi PIjiloxeniis). Cf. Diogène
Laërce, Fie d'Arcésilas : « Ille (Arcesilaus)... cum
hoc carmen ipsius malè cantantes offendisset, lateres
illorum conculcare cœpit ac dicere, Yos mea corrum-
pitis, ego vestra dissipabo. » (IV, xxx\i, 270.)
P. 356, 1. 15. Cens mesnies). Ces observations
reviendront dans l'essai III, iv.
P- 357; '• 5- Auferimur). «Nous sommes séduits
par la parure; l'or et les pierreries cachent des défauts :
une jeune tille est la moindre partie de ce qui nous
plaît en elle. Souvent on a peine à trouver ce qu'on
aime parmi tant d'ornements : c'est sous cette égide
opulente que l'amour trompe nos yeux. » (Ovide,
Remédia anioris, I, 343.)
P. 357, 1. II. Cunctaque). «Il admire tous les
attraits qui le font admirer; à son insu c'est lui-
même qu'il désire; il loue et il est loué; il convoite
et il est convoité, il brûle des feux qu'il allume. >>
{LL, Métamorphoses, III, 424.)
P. 357, 1. 16. Oscula diil). «Il la couvre de baisers
et s'imagine qu'elle y répond; il la saisit, il l'étreint, il
croit sentir sous ses doigts le frisson de la chair, et
craint en la pressant d'y laisser une empreinte livide. »
{Id., ibid., X, 256.) Les éditions du xvi^ siècle que
j'ai pu consulter donnent « loquiturque tenetque ».
P. 358, 1. 15. L'/ despici). «De telle sorte qu'on
ne peut regarder en bas sans être pris de vertige. »
(Tite-Live, XLIV, vi.) Tite-Live parle ainsi des
défilés de la vallée de Tempe : « Rupes utrinque ita
abscisœ sunt, ut despici vix sine vertigine quadam
simul oculorum animi possit. »
P. 358, 1. 17. Ce beau philosophe). Démocrite. Sur
cette légende, cf. l'es.sai I, xiv, p. 7^, 1. 26, et la
note; et aussi I, xxxix, p. 316, 1. 15.
P. 358, 1. 21. Theophrastus dici). Cf. Plutarque,
Comment il fault ouïr : «Theophrastus escrit touchant
l'ouve, que c'est celuy de tous les cinq sens de nature
qui donne plus & de plus grandes passions à l'ame :
car il n'y a rien qui se voit, ne qui se gouste, ne
qui se touche, qui cause de si grands ravissements
LIVRE II, CHAPITRE XII.
273
liors de soy, si grands troubles, ne si grandes fraveurs,
comme il en entre en l'ame par le moien d'aucuns
bruits, sons & voix qui viennent à ferir l'ouve. »
(II, f" 24 v°.)
P. 358, 1. 25. Fil ctiain). «Il arrive même souvent
que tel aspect, telle voix par sa gravité, tel chant
trouble profondément l'esprit; souvent aussi un souci,
une frayeur produisent le même effet. » (Cicéron, De
divinatioiic, I, xxxvii.)
P. 359, 1. 5. Ce flailnir). Cf. Plutarque, Vie de
Gracchiis, i, f" 569 r", et surtout Conuuent il faut
refréner la rclere : « On dit que Caïus Gracchus l'ora-
teur, qui estoit de nature homme aspre, véhément
& violent en sa façon de dire, avoir une petite fluste
accommodée avec laquelle les musiciens ont accous-
tumé de conduire tout doulcement la voix de hault
en bas, & de bas en hault, par toutes les notes pour
enseigner à entonner, & ainsi comme il harenguoit,
il y avoit l'un de ses serviteurs qui estant debout
derrière luy comme il sortoit un petit de ton en
parlant, luv entonnoit un ton plus doulx & plus
gracieux, en le retirant de son hault crver & braire,
& luy ostant l'aspreté & l'accent cholérique de sa
voix. » (vi, f" 57 v".)
P. 359, 1. 16. El soient). « On volt deux soleils
et deux Thèbes. » (Virgile, Éne'ide, l\\ 470.)
P. 359, 1. r8. Mitltiiiiodis). «Nous voyons souvent
que des femmes laides et contrefaites inspirent l'amour
et sont en grande faveur. » (Lucrèce, IV, 1152.) Le
texte est celui de l'édition Lambin, p. 355.
P. 359, 1. 25. In rehus qiioqiie). «Les cho.ses même
les plus exposées à la vue, si l'esprit ne s'applique
pas à les observer, sont pour lui comme si elles en
avaient toujours été éloignées et tenues à grande
distance. » (/</., W, S09.) Le texte est celui de l'édi-
tion Lambin, p. 332.
P. 360, 1. 4. Cens qui). Cf. Cicéron, Acndéiniqiics,
II, XVII, et II, XIX.
P. 360, 1. 23. Les animaux). Tout ce morceau
s'inspire de Sextus Empiricus, Hxpotxposes, I, xiv.
Premier moven de l'époque.
P. 360, i. 26. Democritus disait). Cf. essai I, Li\-,
p. 451, 1. 12.
P. 361, 1. 3. Taninqne). «Il v a dans ceci tant de
différence et de diversité que ce qui est nourriture
aux uns est à d'autres un poison violent. Souvent en
effet le serpent, au contact de la salive humaine,
dépérit et se dévore lui-même. » (Lucrèce, IV, 6^^.)
Le texte est celui de l'édition Lambin, p. 319, avec
cette seule exception que Montaigne substitue le sin-
gulier «saliva» au pluriel «salivis».
P. 361, 1. 9. Pline dit). Histoire naturelle, XXXII, i.
P. 361, 1. 18. Liirida). «Tout parait jaune à ceux
qui ont la jaunisse. » (Lucrèce, IV, 330.)
P. 361, 1. 20. Ceux qui ont). Cf. Sextus Eijipiricus,
Hypotyposes, où Montaigne a pris également ce qu'il
vient de dire des malades atteints de jaunisse : «Icte-
rici pallida esse dicunt quœ nobis alba videntur :
& qui hyposphagma habent, sanguinea. Quoniam
igitur animalia etiam alla pallidos habent oculos, alla
sanguinis colorem referentes, alla albicantes, alla alium
colorem habentes : non sine causa diverse modo
colores percipiunt. » (I, xiv. Premier moyen de
l'époque.) Toutes les éditions que Montaigne a pu
connaitre écrivent correctement hyposphaf^ma et non
hvposphragnia.
P. 362, !. I. Quand nous pressons l'û'il). Id.,iHd. :
« Quinetiam, quum oculum fricuerimus, oblonga;
& angusta; apparent formée & figura;, & magnitudines
eorum qu;B sub oculos cadunt. Est igitur consenta-
neum, quaecunque animalia obliquam habent pupillam
& oblongam, ut caprae, fêles, & hujusmodi, diversam,
de subjectis phantasiam concipere, & non eandem
quam ea qu;v rotundam pupillam habent. » (I, xiv,
Premier moyen de l'époque.)
P. 362, 1. 7. Bina hicernarnni). « Les lampes ont
double lumière, les hommes double corps et double
visage.» (Lucrèce, IV, 451.) La phrase précédente
est traduite de Lucrèce qui dit :
« At si forte oculo manus uni subdita subter
1) Pressit eiim : quodani sensu fit, uti videantur
n Omnia, qu.e tuiniur, fieri tum bina tuendo. «
P. 362, 1. 9. Si nous avons les oreilles). Cf. Sextus
Empiricus, Hypotyposes : « Quomodo (dicatur) similia
recipere auditu, animal quod habeat angustissimum
porum auditorium, & quod ipsum habeat latissimum?
Aut cui pilosœ sint aures, aut cui glabrœ contra ea;
274
ESSAIS DE MONTAIGNE.
sint? Quum etiani ipsi aliter afficiamur auditu quum
semiohstrictas aures hahemus, aliter quum ita illis
utimur ut à natura habemus. » (I, xiv, Premier
moyen de l'époque.)
P. 362, 1. 17. Et vitlgo faciunt). «Ainsi font ces
voiles jaunes, rouges et bruns, tendus dans nos théâ-
tres et flottant à l'air le long des poteaux qui les
soutiennent : leur éclat mobile se réfléchit sur les
spectateurs et sur la scène ; les sénateurs, les femmes,
les statues des dieux, tout se teint de leur lumière
ciiangcante. » (Lucrèce, W , 73.) Le texte est celui
de l'édition Lambin, p. 278.
P. 362, 1. 26. // fatidroit donc). Imité de Sextus
Empiricus, Hypotyposes, I, xi\', début du Second
moyen de l'époque. Rapprocher aussi le Quatrième
moyen de l'époque.
P. 363, 1. 9. Si on nous dict). Id., ibid., I, xiii.
P. 363, 1. 13. Nos sens inesines s'entr'einpescheiit).
Id., ibid. : «Diffère autem sensus inter se manifestum
est. Verbi gratia, pict;t tabulœ visui quidem videntur
aliquid prominens & aliquid retrusum habere : at non
tactui : & mel lingua; videtur dulce esse in aliquibus,
at verô oculis ingratum. Itaque dici non potest utrùm
suave sit pure & per se, an insuave. Idem in unguento
usuvenit : olfactum enim exhilarat, gustatui autem
injucundum est. Sic & euphorbium, quum oculis
molestum sit, reliquis autem partibus corporis mi-
nime : pure & simpliciter corporibus molestum sit
nécne, dicere nequaquam poterimus. » (I, xiv,
Troisième moyen de l'époque.)
P. 363, 1. 25. Ces personnes). Cf Sénèque, Questions
naturelles, I, x\i.'
P, 364, 1. 10. Ut cibiis). « De même, la nourriture,
distribuée par tout le corps, se détruit et change de
nature.» (Lucrèce, III, 703.)
P. 364, 1. 12. L'humeur). Cf. Sextus Empiricus,
Hypotyposes : « Quemadmodum enim idem cibus
concoctus, aliquando sit vena intcrdum arterla, inter-
dum os, nonnunquam nervus, & unumquodque
aliorum : quippe qui pro diversitate partium qu;v
Ipsum recipiunt, diversam facult^eui proférât. Et ut
aqua una & unius generis in arbores infusa & quasi
digesta, aliquando sit cortex, aliquando ramus, ali-
quando fructus : jam vero & ficus, & maluni punicum.
«!s; quivis alius ex citteris fructibus. Quemodmodum
item musicorum flatus unus & idem in tibiam inspi-
ratur, modo acutus sit, modo gravis... Ita non mirum
est ea etiam quœ extrinsecus subjecta sunt, in diver-
sam contemplationem venire pro diversa constitutione
animalium quibus substantiœ accidunt. » (I, xiv.
Premier moyen de l'époque.)
P. 364, 1. 17. D'avantage). Id., ibid., I, xiv.
Quatrième moyen de l'époque.
P. 365, 1. 10. Deniqne). «De même que, dans la
construction d'un édifice, si la première règle est
fausse, si l'équerre s'écaite de la direction perpendi-
culaire, si le niveau s'éloigne par quelque endroit de
sa juste position, il faut nécessairement que tout le
bâtiment soit vicieux, penché, affaissé, sans grâce,
sans aplomb, sans proportions, et qu'une partie
semble prête à s'écrouler, et que tout s'écroule en
effet, pour avoir été d'abord mal conduit : de même si
l'on ne peut compter sur le rapport des sens, tous les
jugements seront trompeurs et illusoires. » (Lucrèce,
IV, 514-)
P. 365, 1. 25. // nous faudroit). Œ Sextus Empi-
ricus, Hypotyposes : « Indijudicabilis enim est discre-
pantia : quum qui eam dijudicat, aut in aliquo
versetur illorum quos diximus habituum, aut in
nullo prorsus. Sed dicere eum in nullo esse habitu,
nimirum eum neque valere neque œgrotare, neque
moveri, neque quiescere, nec in ulla esse œtate, & à
reliquis etiam habitibus vacuum esse : prorsus absur-
dum est : quod si in aliquo habitu constitutus diju-
dicabit phantasias, pars ipse erit discordiœ. Pneterea
non erit sincerus e.xternorum subjectorum judex,
quod inquinatus sit habitibus in quibus versatur :
nam neque qui vigilat dormientium phantasias eum
vigilantium phantasiis conferre pote-st, nec sanus a;gro-
tantium & sanomm phantasias inter se comparare.
Nam praisentibus & moventibus nos ad pn-esens
assentimentur potiùs quàm non prœsentibus. Alio
etiam modo indijudicabilis est talium phantasiarum
discrepantia : nam qui phantasiam phantasia; pra;fert,
& liabitum habitui, aut sine dijudicatione & sine
demonstratione hoc facit, aut dijudicans & demon-
strans : sed neque sine his : nam fide carebit : neque
eum his : nam si dijudicabit phantasias, omnino
LIVRE II, CHAPITRE XII.
275
dijudicabit criterio, id est, judicandi instrumcnto; at
hoc critérium aut verum esse dicet, aut falsum : sed si
quidem falsum, ipsum fide carebit : sin autem verum
esse hoc dicet, aut absque demonstratione dicet verum
esse critérium, aut cum demonstratione; & si quidem
absque demonstratione, fide carebit : si autem cum
demonstratione, omnino oportebit ipsam quoque
demonstrationem veram esse, alioqui fidem non obti-
nebit. Veram igitur esse dicet demonstrationem qux
in criterii confirmationem adhibebitur : utrum ta à
se dijudicata, an non dijudicata? nam si non dijudi-
caverit, fide carebit : sine dijudicaverit, nimirum
criterio se dijudicasse dicet. » (I, xiv. Quatrième
moyen de l'époque.)
P. 366, 1. 6. Nostre fantasic). Id., ihid. : « Deindc
etiam si concedamus comprehendi fantasiam, non
pcssunt tamen per eam res judicari. Non enim pcr
se ipsam applicat se ad externa, et fantasias concipit,
ut aiunt, sed per sensus. At vero sensus externa
quidem subjecta non comprehendunt, sed solas suas
passiones. Ergo etiam fantasia erit passionis sensus :
quod differt ab extero subjecto. Non enim ideo est
mel, eo quod dulcedinem ex eo percipiat et absin-
thium, ex eo quod amarorem. Sed differt. Si autem
differt passio ab extero subjecto, fantasia erit non
externi subjecti, sed alicujus alius diversi ab ipso.
Si igitur secundum hanc judicet intellectus, prave
judicabit et non secundum subjectum. Quocirca
dicere externa judicari secundum fantasiam, absurdum
fuerit. Sed ne hoc quidem dici potest, animum
comprehendere per sensiles passiones externa sub-
jecta, propterea quod similes sint passiones sensuum
externis subjectis. Unde enim sciet intellectus an
similes sint passiones sensuum iis qu;ç sensu perci-
piuntur, quum neque ipse cum externis quicquam
commercii haereat, nec sensus suam ipsorum naturam
illi déclarent, sed suas passiones? Sicut ex modis
epoches ratiocinatus sum. Quemadmodum enim qui
ignorât quidem Socratem, sed ejus imaginem con-
spexit, nescit an similis sit imago Socrati : sic et
intellectus passiones quidem sensuum subaspectans,
externa autem non intuens, ne hoc quidem sciet an
passiones sensuum externis subjectis similes sint.
Ergo ne per assimilationem quidem poterit ha;c
judicarc secundum fantasiam. Sed tamen demus per
concessionem. Non solum imaginari nos posse fanta-
siam et comprehendere, sed etiam capacem ferendi
de rébus judicii esse... consequetur, ut omni fantasiœ
fidem hadendam esse, secundum quam omnes fanta-
sias fide indignas esse dicebat, et eo retorquebitur
oratio ut dicat non omnes fantasias fidem mereri,
ita ut etiam secundum eas judicari res possint. At si
aliquibis duntaxat fantasiis credendum esse dicamus,
quomodo dijudicabit his quidem fantasiis esse fidem
adhibendam, illis autem minime? Si enim absque
fantasia judicaverint, fantasiam ad judicium de rébus
ferendum supervacaneam esse concèdent, siquidenj
sine ea posse res aliquas judicari dicent : sin cum
fantasia judicare res oportebit, quomodo illam fanta-
siam sibi sument quam ad aliarum fantasiarum diju-
dicationem accipiunt? Aut rursum ipsis alia fantasia
ad dijudicationem aliarum fantasiarum opus erit,
& ad illius dijudicationem, alia : & in infinitum. >>
(II, vn.)
P. jGG, 1. 29. Nous n'avons aucune conuiiiinication).
Cf Plutarque, Que signifiait ce mot =• : « A le bien
prendre nous n'avons aucune participation du vray
estre, pource que toute humaine nature est tousjours
au milieu, entre le naistre & le mourir, ne baillant
de soy qu'une obscure apparence & umbre, & une
incertaine & débile opinion, & si d'adventure vous
fichez vostre pensée à vouloir prendre son estre, ce
sera ne plus ne moins que qui voudroit empongner
Teau, car tant plus il serrera & pressera ce qui de
sa nature coule par tout, tant plus il perdra ce qu'il
vouloit retenir & empoigner : ainsi estant toutes
choses subjectes à passer d'un changement en un
autre, la raison y cherchant une réelle subsistance
se trouve deceuë, ne pouvant rien appréhender de
subsistant à la vérité & permanent, parce que tout
ou vient en estre & n'est pas encore du tout, ou
commance à mourir avant qu'il soit né : car comme
souloit dire Heraclitus, on ne peult pas entrer deux
fois en une mesure rivière, ny trouver une substance
mortelle deux fois en un mesme estât : car par
soudaineté & légèreté de changement, tantost elle
dissipe, & tantost elle ra.ssemble, elle vient, & puis
s'en va, de manière que ce qui commance à naistre.
276
ESSAIS DE MONTAIGNE.
ne parvient jamais jusques à perfection d'estre, pour
autant que ce naistre n'achevé jamais, ne jamais
n'arreste comme estant à bout, ains depuis la semence
va toujours se changeant & muant d'un en autre,
comme de semence liumaine se fait premièrement
dedans le ventre de la mère un fruict sans forme,
puis un enfant formé, puis estant hors du ventre,
un enfant de mamelle, après il devient garson, puis
consequemment un jouvenceau, après un homme fait,
puis un homme d'aage, à la fin décrépite viellard :
de manière que l'aage & génération subséquente va
tousjours défaisant & guastant la précédente, & puis
nous autres sottement craignons une sorte de mort,
là où nous en avons des-ja passé, & en passons tant
d'autres : car non seulement, comme disoit Heraclitus,
la mort du feu est génération de l'air, &: la mort de
l'air, génération de l'eau : mais encore plus manifes-
tement le pouvons nous veoir en nous mesmes, la
fleur d'aage se meurt, & passe quand la viellesse
survient, & la jeunesse se termine en fleur d'aage
d'homme faict, l'enfance en la jeunesse, & le premier
aage meurt en l'enfonce, & le jour d'hier meurt en
celuy d'aujourd'huy, & le jour d'huy mourra en celuy
de demain, & n'v .a rien qui demeure ne qui soit
toujours un, ains renaissons plusieurs alentour d'un
fantasme ou d'une umbre & moule commun a toutes
figures, la matière se laissant aller, tourner & virer
alentour : car qu'il ne soit ainsi si nous demeurons
tousjours mesmes & uns, comment est-ce que nous
esjouissons maintenant d'une chose, & puis après
d'une autre? comment est-ce que nous aimons choses
contraires, ou les haïssons, nous les louons ou nous
les blasmons? comment usons nous d'autres et diffe-
rens langages? comment avons nous différentes
affections, ne retenant plus la mesme forme et figure
de visage, ny le mesme sentiment en la mesme
pensée? car il n'est pas vravsemblable que sans
mutation nous prenions autres passions. Ce qui
souffre mutation ne demeure pas un mesme, & s'il n'est
pas un mesme, il n'est doncques pas aussi, ains quant,
& l'estre tout un change aussi, restre simplement
devenant toujours autre d'un autre, & par conséquent
se trompent & mentent les .sens de nature, prenans
ce qui apparoist pour ce qui est faulte de bien sçavoir
que c'est qui est. Mais qu'est ce donc qui est vérita-
blement? ce qui est éternel, c'est à dire qui n'a
jamais eu commencement de naissance, ny aura
jamais fin de corruption, à qui le temps n'apporte
jamais aucune mutation : car c'est chose mobile que
le temps, & qui apparoist comme un umbre avec la
matière coulante et fluente toujours, sans jamais
demourer stable ny permanente, comme le vaisseau
percé, auquel sont contenues génération & corrup-
tion, à qui appartiennent ces mots devant & après,
& a esté ou sera, lesquels tout de prime tace mons-
trent évidemment que ce n'est point chose qui soit,
car ce .seroit grande sottise, & fausseté toute appa-
rente, de dire que cela soit qui n'est pas encore en
estre, ou qui des-jà a cessé d'estre : 6c quant à ces
mots de présent, instant, maintenant, par lesquels il
semble que principalement nous soustenions & fon-
dions l'intelligence du temps, la raison le descouvrant
incontinent le destruict tout sur le champ, car il se
fend et s'escache tout aussitost en futur et en passé
comme le voulant veoir nécessairement mespaity en
deux. Autant en advient-il à la nature, qui est
mesurée, comme au temps qui la mesure : car il n'y
a non plus en elle rien qui demeure, ne qui soit
subsistant, ains y sont toutes choses ou naissantes ou
mourantes, meslées avec le temps : au moien dequoy
ce seroit péché de dire de ce qui est, il fut ou il
sera, car ces termes là sont déclinaisons, passages
& vicissitudes de ce qui ne peult durer ny demourer
en estre. Parquoy il fault conclure que Dieu seul
est, & est non point selon aucune mesure de temps,
ains selon une éternité immuable et immobile, non
mesurée par temps, ni subjecte à aucune déclinaison,
devant lequel rien n'est, ny ne .sera après, ny plus
nouveau ou plus récent, ains un realement estant,
qui par un seul maintenant emplit le tousjours, & n'y
a rien qui véritablement soit que luy seul, sans qu'on
puisse dire, il a esté, ou il sera, sans commencement
et sans fin. » (xii, f" 356 v".)
P. 367, 1. 10. Platon disoit). Dans le Tl)ci'tètc, passim;
mais Montaigne a sans doute pris ceci dans un ouvrage
de seconde main : peut-être chez Diogène Laërce, Vie
de Platon : « Sensibile asserit Plato, quod aut in
qualitate aut in quantitate nunqu.un persistât, sed
LIVRE II, CHAPITRE XII.
277
iliHkiat sempei" atque immutetur... Pono ista sunt
quomm semper generatio est, nunquam vcrô sub-
stantia. » (II, x, 190.)
P. 367, 1. II. Estimant que Hoiiicre). Ct". Platon
dans le Théétètc : « Sententiam siquidem aliam quan-
dam accepimus a priscis poemate vulgus hominum
celantibus, quod origo aliorum omnium Oceanus
scilicet atque Thetys sit. Quodque fluxus sint omnia,
nihilque consistât... Universi videlicet congruum
nomen esse hoc exlstens immobile, & alia quivcum-
que Melissei Parmenideique adversantes his omnibus
asseverant, quod omnia unum sunt, idque unum
ipsum in seipso consistit, locum in quo moveatur
nullum penitus habens. » (xxvii, 180; éd. de 1546,
p. 152.)
P. 567, 1. lé. Psthagoras). Sextus Empiricus prête
cette opinion à Protagoras {H\potyposes, I, xxxii); il
est possible que Montaigne fasse ici une confusion
entre ces deux philosophes.
P. 367, 1. 17. Les Stoïciens). Cf. Plutarque, Coin-
inunes conceptions contre les stoïqiies, xli, f" 586 r'\
P. 367, 1. 20. Epichaiinus). Ici., Pourquoi la justice
divine dijfère quelquefois la punition des maléfices : « Cela
ressembleroit proprement aux ruses d'Epicarmus...
Car celuy qui a pieça emprunté de l'argent, ne le
doit pas maintenant, attendu que ce n'est luy & qu'il
est devenu un autre : & celuy qui fut hier convié à
soupper y vient au jourd'hui sans mander, attendu
qu'il est devenu un autre. » (xv, f" 264 v°.)
P. 368, 1. 12. Mutât enim). «Le temps change la
face du monde : à un état succède nécessairement
un autre état; rien n'est stable, tout se transforme,
et la nature est en continuelle métamorphose. »
(Lucrèce, V, 826.)
P. 370, 1. 10. O la vile chose). Cf. Sénèque, Ques-
tions naturelles : « O quam contempla res est homo
nisi supra humana se erexerit!» (Préface du livre I.)
Chronologie : Il y a beaucoup d'incertitude dans
les hypothèses qu'on peut présenter pour dater cet
essai. On peut dire cependant : i" Que certains pas-
sages sont de la dernière période. En effet : a) Il y
a de grandes chances pour que ce mot « ils ont la
pierre en l'àme avant de l'avoir en la vessie» (p. 211,
1. 4), ait été écrit après l'époque où Montaigne est
tombé malade de la pierre, après le début de 1578
par conséquent; h) Un passage est pris aux Erreurs
populaires de Laurent Joubert qui parurent seulement
en 1578 (p. 164, 1. 13); j'ai montré qu'une phrase
importante est inspirée directement de V Académie
française de La Primaudaye, et ne peut par consé-
quent être antérieure à 1577, date de la publication
de cet ouvrage (p. 208, 1. 22). 2° Cela ne veut pas
dire que l'Apologie tout entière soit de peu antérieure
à 1580. Là se ramasse tout le scepticisme de Mon-
taigne; il y a des chances pour qu'une partie au
moins de cette production soit de l'époque à laquelle
Montaigne fait frapper une médaille en l'honneur de
son pyrrhonisme, pour qu'elle soit contemporaine
de la crise sceptique qu'il a traversée. Vers 1576, il
est à présumer que de longs passages de YApolooie
étaient, sinon écrits, au moins déjà mûrs dans l'esprit
de Montaigne, et, à tout prendre, l'époque de leur
conception est plus intéres.sante pour nous à déter-
miner que la date de leur composition. La médaille
de Montaigne suppose certainement la lecture de
Sextus Empiricus. Les emprunts à Sextus Empiricus,
qui abondent dans l'Apologie, ont donc des chances
de n'être pas postérieurs à 1576. 3° Il ne semble pas
qu'aucune partie' puisse être antérieure à la fin de
l'année 1572 et probablement même à l'année 1573.
Presque partout, en effet, et spécialement dans les
morceaux qu'on serait tenté de regarder comme les
plus anciens, on rencontre de nombreux et incontes-
tables emprunts à la traduction des Œuvres morales de
Plutarque qu'Amyot publia à la fin de l'année 1572.
4° Au reste, un fait est capital : c'est que cette Apo-
logie ne constitue pas un tout dont les parties soient
intimement unies et si étroitement dépendantes les
unes des autres que l'ensemble ait été construit en
une fois; c'est plutôt un vaste cadre où Montaigne
apporte successivement, à mesure qu'elles se présen-
tent à lui, toutes ses idées sur la faiblesse de la raison
• Je dois signaler toutefois que .M. Henri MonoJ est d'un avis
contr.iire. II objecte la phrase « Prenons exemple de nous : les arrêts
font le point extrême du parler dogm.itiste, etc. ». Il estime que ce
« nous » semble avoir été écrit alors que Montaigne était encore
conseiller au Parlement de Bordeaux, c'est-.i-dire avant 1570. Je ne
crois pas pour ma part qu'il soit nécessaire de l'entendre dans ce sens.
278
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
humaine. Chercher une date unique serait très vrai-
semblablement s'égarer. Voici quelques constatations
qui appuient cette présomption : a) Quoiqu'on puisse
très bien trouver un ordre des idées dans Yylpologic
et y mettre un plan, il ne paraît pas que l'auteur
s'en soit proposé un auquel la marche de .sa pensée
soit soumise et qui dirige l'exposition. En général,
les parties ne dépendent pas les unes des autres, elles
n'annoncent pas et ne font même pas pressentir celles
qui les suivent. Elles ne supposent pas non plus
l'existence de celles qui les précèdent. Nulle part il
n'y a un seul mot qui résume l'ensemble, qui fasse
embrasser d'un regard ni le chemin parcouru ni le
chemin à parcourir. Et cela ne prouve rien pour
nous, parce que Montaigne n'a jamais construit
rigoureusement, mais cela nous permet au moins de
poser la question, h) Le chapitre est considérablement
plus long qu'aucun des autres : cette bâtisse mal
jointe s'étend d'une manière tout à fait insolite. Si
nous comparons YApoJogie avec les divers essais de
la première édition, nous verrons qu'elle est près de
cinq fois plus développée que le plus long d'entre
eux (cent .soixante-dix pages dans la réimpression
de MM. Dezeimeris et Barckhausen, alors que l'es.sai
De la ressemblance des enfans ans pères [II, xxxvii],
n'en a que trente-six; encore n'y a-t-il que fort peu
d'essais dans la première édition qui approchent des
dimensions de l'essai II, xxxvii, le plus long après
YApologie^. Quatre-vingts essais sont plus de dix-sept
fois plus courts que l'Apologie, et certains n'ont que
deux ou trois pages ou moins encore, c'est-à-dire qu'ils
sont cinquante, cent et cent cinquante fois plus courts.
c) La manière de Montaigne est extrêmement diffé-
rente de telle partie à telle autre. Tandis que de longs
passages du début sont des extraits presque textuels de
Plutarque, ailleurs, à la fin surtout, on rencontre de
longs morceaux qui semblent être d'une allure très
personnelle. C'est une impression que miss Norton
a singulièrement bien mise en évidence, et que la
recherche attentive des .sources à laquelle je me suis
livré n'a fait que confirmer, d) C'est vers le milieu de
l'essai que Montaigne adresse la parole à la princesse
qui paraît lui avoir demandé de composer V Apologie.
Cette place, au moins insolite pour une dédicace,
invite à .se poser la question de savoir si autrefois le
chapitre ne se terminait pas là, et si le très long
développement qui suit et qui entame un sujet assez
différent n'est pas une addition, e) Dans cette adresse
qui interrompt ainsi l'Apologie, Montaigne déclare ne
s'être servi que du seul Plutarque «à f;iire son amas».
Or, si certaines parties effectivement ne doivent guère
qu'à Plutarque, il en est d'autres qui ont contracté
des dettes importantes envers d'autres auteurs, en
particulier Corneille Agrippa et Sextus Empiricus.
On répondra peut-être que Montaigne a pu par
vanité chercher à cacher ses sources; les arguments
que je pourrais tirer de sa sincérité habituelle contre
cette objection seraient peu probants, mais voici qui
me paraît l'être davantage : on pouvait espérer dissi-
muler les dépouilles d'un auteur moderne comme
Corneille Agrippa, mais il était impossible d'y .songer
pour un auteur ancien comme Sextus Empiricu.s,
auteur ancien que le mot de pyrrhonisme sans cesse
répété par Montaigne et que des emprunts carac-
téristiques désignaient immédiatement à l'attention
d'un lecteur instruit. Il est plus vraisemblable qu'au
moment où Montaigne écrivait ne s'être servi que
de Plutarque, son assertion était exacte; que plus
tard il a ajouté des développements inspirés par
d'autres auteurs, et que, selon sa coutume, il a omis
de corriger sa première affirmation, f) Enfin on trou-
vera dans l'Apologie bon nombre de répétitions,
d'hésitations & même de légères contradictions qui
semblent bien montrer des reprises successives. C'est
surtout dans le début que cela est frappant. Dans ces
développements sur la raison animale comparée à la
raison de l'homme qui occupent la première partie, il
semble que Montaigne recommence à plusieurs fois
.sa démonstration et qu'il esquisse comme plusieurs
dessins. \'oici d'abord une comparaison entre l'homme
et l'animal au point de vue de la raison et des avan-
tages naturels; puis nous nous engageons dans une
.série bien encliaînée d'exemples qui veulent prouver
que l'animal est doué de raison ; après quoi la com-
paraison reprend au point de vue de toutes les vertus
que nous passons en revue l'une après l'autre. Plu-
sieurs fois Montaigne revient à démoiitrer que les
animaux ont 1a parole, et chaque fois il apporte
LIVRE II, CHAPITRE XII.
279
quelques exemples. Plusieurs lois reparait cette idée
que, si nous avons la raison en propre, c'est un
avantage que nous avons chèrement payé, et chaque
fois Montaigne donne une énumération des vices et
des inconvénients qui en sont la rançon. Plusieurs
fois, et dans des termes assez semblables, il développe
cette idée que, si nous accordons aux animaux que,
sans art, par le seul instinct naturel, ils agissent aussi
bien que nous, c'est un grand avantage sur nous
que nous leur concédons parce qu'il vaut beaucoup
mieux atteindre le but sans effort et avec certitude
qu'avec peine et avec risques. Il varie d'ailleurs sur
la question de savoir si le.s animaux ont la raison ou
non; parfois il affirme qu'ils ont la faculté de juger,
parfois au contraire il la leur refuse mais prétend
que par des moyens différents ils produisent les
mêmes effets. Tous ces faits nous invitent à penser
que ['Apologie a subi des remaniements, probablement
même qu'elle a été composée en diverses fois; aucun
d'entre eux pris en particulier, ne serait suffisant
pour le démontrer, mais leur masse constitue de très
sérieuses probabilités.
En résumé, ce que nous pouvons dire de plus
probable touchant Y Apologie de Raiiuond Schoiid, c'est
1° qu'il n'}- faut sans doute pas voir un essai cons-
truit d'une seule venue; 2° qu'aucun fragment
important ne doit être antérieur à 1573; 3° que
vraisemblablement une partie était élaborée aux envi-
rons de 1576; 4° que certainement entre 1577 et
1580 Montaigne a apporté à son essai de notables
additions.
On peut essayer de dépasser ces résultats et de
proposer des hypothèses. Miss Grâce Norton pense
que toute la première partie du chapitre est fort peu
postérieure à 1569, date à laquelle Montaigne publiait
sa traduction de la Théologie naturelle de Raimond
Sebond; et que la dernière est d'environ 1577 ou
1578. Les deux parties seraient séparées par l'adresse
à la princesse qui avait provoqué la composition de
l'essai. Dans cette hypothèse, cette adresse aurait ou
terminé le premier des deux essais ainsi réunis, ou
seni d'introduction au second. On peut objecter à
miss Grâce Norton : 1° que tous les passages que
nous avons datés de 1378 se trouvent précisément
dans la première partie, celle dont miss Grâce Norton
place la composition vers 1569; 2° que cette date
de 1569 n'est pas acceptable, puisque, précisément
dans cette partie, sont pour la plupart les emprunts
à la traduction d'Amyot qui ne peuvent pas être
sensiblement antérieurs à 1573; 3° qu'entre le début
du premier essai (comparaison de l'homme et des
animaux) et la fin (critique de la science), il y a
autant de différences dans la manière de composer
de Montaigne qu'entre le début du premier essai et
le second, et que, par conséquent, la division de
miss Norton, basée avant tout sur cette méthode de
composition, se justifie difficilement.
Peut-être une autre hypothèse serait mieux d'ac-
cord avec les faits. U Apologie se diviserait non en
deux, mais en trois fragments principaux : le premier
comprendrait surtout la comparaison de l'homme
aux animaux, et entamerait très légèrement peut-être
la critique de la science (jusqu'aux environs de la
page 75 dans l'édition Dezeimeris ou un peu plus
loin); le second comprendrait essentiellement cette
critique de la science et irait jusqu'à l'adresse à la
princesse qui en marque la fin; le troisième compren-
drait la critique de la raison humaine qui commence
immédiatement après cette adresse et qui entame un
sujet visiblement différent (de la page 13S à la fin).
Le premier serait des environs de 1573 : nous y
trouvons en effet la méthode impersonnelle qui
nous paraîtra, au cours de cette étude, marquer les
essais de la première période; presque tout y est
construit d'emprunts à Plutarque, et le morceau se
terminerait très bien par cette assertion de l'auteur
que Plutarque .seul lui a servi à «faire son amas».
Ce fragment d'ailleurs aurait reçu à tout le moins
une addition lors de la révision de 1 578-1 579; l'em-
prunt à Joubert qu"on y rencontre, et qui ne peut
pas être antérieur à 1578, en fait foi : de cette
addition ferait partie très probablement le morceau
(pp. 35-41) où Montaigne proteste contre ceux qui
font de l'homme le plus misérable des êtres. Ce
morceau supprimé, en effet, toutes les répétitions
et les légères incohérences que j'ai relevées ci-dessus
disparaissent. Le troisième fragment aurait été com-
posé en second lieu, avant le deuxième par conséquent;
280
ESSAIS DE MONTAIGNE.
il aurait été provoqué suaout par la lecture de Sextus
Empiricus, auquel il fait Je nombreux emprunts, et
se placerait sans doute aux environs de 1576, date à
laquelle Montaigne frappe sa médaille pyrrhonienne,
probablement sous la même influence de Sextus
Empiricus. Le morceau aurait d'ailleurs pu lui aussi
recevoir des additions lors de la révision de 1578-
1580. En troisième lieu viendrait, précisément vers
1578 ou 1580, la composition du deuxième fragment
que Montaigne aurait intercalé entre les deux mor-
ceaux déjà existants parce que le sujet dont il traite,
qui est la critique de la science, avait été déjà, par
la force des choses, touché dans le premier fragment.
Diverses raisons m'engagent à lui assigner cette date
de composition : 1° deux phrases s'y rencontrent qui
nous ont paru tout à l'heure ne pas pouvoir v être
antérieures; 2" à Sextus Empiricus, qui est encore
la source de quelques passages, Montaigne joint
de nombreux emprunts qui viennent de Corneille
Agrippa. Corneille Agrippa n'avait rien fourni dans
les autres panies; or il est utilisé par Montaigne et
très largement mis à contribution dans l'essai intitulé
De la ressevihlancc des enfaits ans pires, qui n'est cer-
tainement pas antérieur à 1579. Il y a quelque
vraisemblance pour que ce soit également vers 1578
ou 1579 que Montaigne lui fasse des emprunts dans
V Apologie.
Cette hypothèse me semble vraisemblable; elle
n'est au reste que vraisemblable.
Chapitre XIII.
DK IVGHR Dli LA MORT D AVTRVY
P. 371, 1. 16. Pnrcehimtir). «Nous nous éloignons
du port, et les terres et les villes reculent. » (Virgile,
Hnéidi, III, 72.) La fin de ce vers, «terraeque urbesque
rccedunt», est citée chez Sénèque, épître 70, dans
un passage où Sénèque compare la vie à une navi-
gation. D'ailleurs la citation n'est que de 1588, et
dès 1580 l'image était exprimée en français. Elle est
peut-être un souvenir de Lucrèce, IV, 390, qui la
mentionne parmi ces illusions des sens auxquelles
Montaigne s'intéresse dans l'essai II, xii; au même
titre on la retrouve chez Cicéron, Académiques , II,
\xv, dans Sextus Empiricus, Hypotyposes, I, xiv
(Quatrième moyen de l'époque), etc. Cf. encore
Bodin, Mcthodus ad facilem hisiorianiin cognitionein
(vu, à la fin), qui l'applique non pas aux illusions
des mourants mais à celles des vieillards, et Le Rov,
Vicissitudes, f" m V, qui semble copier Bodin ; tous
deux l'ont trouvée d'ailleurs dans le Cortegiaiio de
Castiglione.
P. 372, 1. 4. Jamqiw). « Secouant la tête, le vieux
laboureur soupire; il compare le présent avec le
passé, vante sans cesse le bonheur de son père et
n'a autre chose à la bouche que la piété des anciens
temps.» (Lucrèce, II, 1165.) Le texte est celui de
l'édition Lambin, p. 187.
P. 372, 1. II. Tôt dira iininii capitl). «Tant de
dieux empressés autour d'un seul homme.» (Sénèque,
Siiasmiœ, I, iv.)
P. 372, 1. 21. Italiam si). « Au défaut du ciel, qui
te refuse le rivage de l'Italie, vogues-}' sous mes
auspices. Si tu as peur, c'est que tu ignores qui tu
conduis. Lance-toi sans crainte à travers les tempêtes,
aie confiance en ma protection. » (Lucain, \', 579.)
Toutes les éditions du xvi'^ siècle que j'ai consultées
portent « tutela secure mea»; sur les autres points
elles sont d'accord avec la leçon de Montaigne.
P. 372, 1. 26. Ci'cdit jaiii). «César reconnaît enfin
des périls dignes de lui. «Quoi! dit-il, les immortels
ont besoin de tant d'efforts pour perdre César! ils
attaquent de toute la fureur des mers le frêle esquif
où je suis assis.» (/</., V, 653.) Le texte est celui
des éditions du wi' siècle.
P. 375, 1. 3. IIlc ctiaiii). «Lui aussi, à la mort de
César, ému de compassion pour Rome, couvrit son
front brillant d'un voile de deuil. » (Virgile, Géor-
giqitcs, I, 466.)
P. 573, 1. 7. Xon tank) avlo). « Il n'y a pas une
si grande alliance entre le ciel et nous qu'à notre
mort les astres doivent s'éteindre. » (Pline, Histoire
natiirdle, II, vin.)
P. 373, 1. 17. Ce cruel Empereur). Comme l'a
remarqué Coste, il y a ici une légère confusion.
C'est Caligula (Suétone, Vie de CaViguJa, xxx) qui
voulait faire sentir la mort à ses condamnés; et c'est
Tibère (Suétone, Vie de Tibère, lxi), quand Carvilius se
fut tué, qui s'écria : « Carvilius me evasit. » Montaigne
cite sans doute de mémoire, car ces faits sont vulga-
risés dans toutes les dissertations du temps sur la
cruauté et sur la clémence.
P. 373, 1. 22. Vidiiuus). « Xous l'avons vu ce
corps, qui, tout couvert de plaies, n'avait pas encore
reçu le coup mortel, et dont on ménageait la vie
expirante, par un excès inouï de cruauté. » (Lucain,
IV, 178.)
282
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 374, 1. 6. Avoit fait bastir). Cf. Lampride, Vie
d'Héliogabale : « Paraverat funes blatà & serico
& cocco intortos, quibus, si necesse esset, laqueo
vitam iînirct. Paraverat & gladios aureos quibus se
occideret. Paraverat & in cerauneis & hj-acinthis
& in smaragdis venena quibus se interimeret. —
Fecerat & altissimam turrim substratis aureis gem-
matisque antè tabulis, ex quà se prscipitaret, dicens,
etiam mortem suam pretiosum esse debere. » (xxxiii.)
P. 374, 1. 13. Impiger). «Courageux et vaillant
par nécessité. » (Lucain, IV, 798.)
P. 374, 1. 22. Aux guerres civiles de Cxsar). Cf.
Plutarque, Vie de César : «Cssar... alla camper
devant la ville de Corfinium, dedans laquelle estoit
Domitius avec trente enseignes : lequel se voyant
assiégé, cuida incontinent estre perdu, & désespérant
de son faict, demanda à un sien esclave, que estoit
médecin, de poison. Le médecin luy bailla un breu-
vage, qu'il beut, pensant bien en mourir : mais
tantost après ovant racompter comme Cassar usoit
d'une mer\-eilleuse clémence &; humanité envers ceulx
qu'il prenoit, il se repentit d'avoir beu le breuvage,
& commencea à se lamenter, & à regretter le trop
téméraire conseil. qu'il avoit pris.» (x, f° 504 r°.)
Au lieu de la Prusse il faut lire l'Abruzze. Montaigne
écrit Brusse, dans le Journal de voyage, p. 294.
P. 374, 1. 28. Urgnlania). Cf. Tacite, Annales :
« Urgulania Silvani avia pugionem nepoti misit...
Reus frustra tentato ferro, venas prsbuit exsolven-
das. » (IV, XXII, 123.)
P. 374, 1. 30. Alhicilla). Id., ihid., VI, XLVni.
P. 375, 1. i. Le Capitaine Demosthenes). Cf. Plu-
tarque, Vie de Nicias, x, f° 379 v°.
P. 375, 1. 2. C. Fimhria). Cf. Appicn, De Ivllo
Mithridafico, p. 21, édition Estienne.
P. 375, 1. 3. Ostorius). Cf. Tacite, Annales : «Hac-
tenus manu servi usus ut immotum pugionem extol-
leret, adpressit dextram ejus jugulôque occurrit. »
(XVI, XV, 324.)
P. 375, 1. 8. L'Empereur Adrianus). Cf. Xiphilin,
Vie d'Adrien, vers la fin.
P. 375, 1. 10. Pourquoy Cxsar). Cf. Suétone, Vie
de César, lxxxvii, et Plutarque, Les dicts notables des
anciens Rovs..., f° 20S V.
P. 375, 1. 14. Dit Pline). Dans son Histoire naturelle :
« Mortes repentinœ, hoc est summa vit.-e félicitas. »
(MI, LUI.)
P. 375, 1. 21. Emori nolo). « Je ne veux pas mou-
rir, mais être mort me serait indifférent. » (Cicéron,
Tusculanes, I, viii.) C'est la traduction d'un vers
d'Epicharme.
P. 375, 1. 22. J'ay expérimenté). Cf. l'essai II, vi.
P. 375, 1. 25. Il n'y a rien). Rapprocher Xénophon,
Mémorables, IV, viii.
P. 376, 1. 3. Ce Pomponius Atticus). Cornélius
Nepos, dans la Vie d' Atticus, xxii.
P. 37e, 1. 22. Du philosofe Cleanthes). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Cleanthe : « Tumuit illi ac putruit gin-
giva, medicis autem intercedentibus, biduum totum
cibo abstinuit, atque intantum convaluit, ut medici
illi omnes consueta permitterent. Ea illum licentia
minime usum fuisse, sed & contra sine cibo perstitisse
dicentem iter jam sibi confectum esse, atque inedia
consumptum exhalasse animam. » (VII, CLxxvi, 50e.)
P- 3773 1- 3- Tullius Marcelliniis). Cf. Sénèque,
Épitres : «Tullius Marcellinus... adolescens quietus
& cito senex, morbo, & non insanabili correptus,
sed longo & molesto & multa imperante, cœpit deli-
berare de morte : convocavit plures amicos : unus-
quisque aut quia timidus erat, id illi suadebat, quod
sibi suasisset : aut quia adulator & blandus, id consi-
lium dabat, quod delibeianti gratius fore suspicabatur.
Amicus noster Stoicus... videtur mihi optime illum
cohortatus, sic enim cœpit. Noli, mi Marcelline,
torqueri, tanquam de re magna délibères. Non est
res magna vivere, omnes ser\i tui vivunt, omnia ani-
malia. Magnum est honeste mori, prudenter, fortiter.
Cogita quàm diu jam idem facias. Cibus, somnus,
libido. Per hune circulum curritur, mori velle non
tantum prudens, & fortis aut miser, sed etiam fasti-
diosus potest. Non opus erat suasore illi, sed adjutore.
Scr\i parère nolebant. Primum detra.xit illis metum,
et indicavit tune familiam periculum adiré, cum
incertum esset, an mors domini voluntaria fuisset
alioquin tam mali exemplo esset prohibere dominum,
quàm occidere. Deinde ipsum Marcellini admonuit
non esse inhumanum, quemadmodum cœna peracta
reliquicE circumstantibus dividuntur, sic peracta vita
LIVRE II, CHAPITRE XIII.
283
aliquid porrigi bis, qui totius vit.e ministri fuissent.
Erat Marcellinus facilis animi & iiheralis, etiam cum
de suo fieret. Minutas itaque summulas distribuit
flentibus servis, & illos ultro consolatus est. Non
fuit illi opus feiTO, non sanguine. Triduo abstinuit,
& in ipso cubiculo poni tabernaculum jussit. Solium
deinde illatum est, in quo diu jacuit, & calida subinde
suffusa paulatini defecit, ut aiebat, non sine quadam
voluptate. » (Ép. 87, p. 178.)
P. 377, 1. 23. Invitum). «Sauver un homme mal-
gré lui, c'est le tuer. » (Horace, Art poétique, 467.)
La même citation se retrouve chez Henri Estienne,
Apologie pour Hérodote, XVII, i .
P. 378, 1. II. Avoir mal en la main). Montaigne
prend tous ces détails chez Plutarque, fin de la Vie
de Caton d'U tique, f"' 549 \° et 550 r°. On peut
rapprocher le commentaire que Sénèque fait de cette
mort dans le De provideutia, 11.
Chronologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai.
Chapitre XIV.
COMME \OSTUU ESPRIT S EMPESCHK SOY-MESMES.
P- 379> '■ 7- -^" Stoïciens). Cf. Plutarque, Les
contredkts des philosophes stoïques, xxn", f" 567 r°.
P. 380, 1. 6. Z)f«.Y lignes). Cf. l'essai II, 11, p. 324,
I. II, et la note.
P. 380, 1. 9. Solum certitm). « Il n'y a rien de
certain que l'incertitude, et rien de plus misérable
et plus fier que l'homme. » (Pline, Histoire naturelle,
II, VII.) Traduction de Montaigne dans les éditions
de 1580 et de 1588. Cette sentence figurait sur les
travées de la bibliothèque de Montaigne. Il semble
s'en être souvenu déjà dans l'essai II, .\u, p. 158,
1. 21.
Chronologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai. On peut noter cependant que la
tendance sceptique qui l'a inspiré invite à supposer
qu'il a pu être écrit aux environs de 1576.
Chapitre XV.
aVE KOSTRE DESIR S ACCROIT PAR LA MALAISANCE.
P. 381, 1. I. Dict le plus sage part\). Le parti des
pyrrlioniens. Ct. Sextus Empiricus, Hypotyposcs :
« Principium... id Scepticîe, quo ea nititur, est pne-
cipuè hoc, Omni orationi orationeni aequalis ponderis
& momenti adversari. » (I, vi.) Cf. aussi Id., ihid.,
I, XXVII.
P. 381, 1. 2. Ce beau mot qu'un ancien). Sénèque,
Épitres : « Xullum bonum juvat habentem, nisi ad
cujus amissionem prsparatus est animus. » (Ép. 4,
p. 86.)
P. 381, 1. 5. In a'qno). «Le chagrin d'avoir perdu
une chose et la crainte de la perdre affectent égale-
ment l'esprit. » (Sénèque, ép. 88.)
P. 381, 1. 13. Si nunquam Danaen). «Si Danaé
n'avait pas été enfermée dans une tour d'airain,
jamais elle n'eût donné un fils à Jupiter. » (Ovide,
Ainores, W, xix, 27.)
P. 381, 1. 16. Rarelê & difficulté). La même idée
est souvent indiquée chez Montaigne. Cf. L >^i\',
p. 7), 1. 11; H, XII, p. 343, 1. 7; n, XIX, p. 463,
1. 9, etc.
P. 382, 1. I. Omninin reruin). «En toutes choses,
le plaisir croit en raison du péril qui devrait nous
en éloigner. « (Sénèque, De beneficiis, VII, ix.)
P. 382, 1. 3. Galla, nega). « Galla, repousse-moi.
La satiété vient vite en amour quand les joies ne sont
pas mêlées de tourments. » (Martial, IV, xxxvii.)
P. 382, 1. 4. Licurgite). Cf. Plutarque, Fie de
Lycurgue, xi, f" 35 r°. Cf. aussi un ouvrage que
possédait Montaigne, Sansovino, Del governo et aninii-
iiislralione di diversi regni..., 1578, f" 119 v".
P. 382, 1. 9. & languor). « Et la langueur, et le
silence, et les soupirs tirés du fond de la poitrine. «
(Horace, Épodes, xi, 9.) Le texte est :
« anwntem &: languor &: silentium
» .\rgLiit, & latere petitiis inio spiritus. »
P. 382, 1. 15. La Courtisane Flora). Cf. Plutarque,
l'ie de Pompée : « On dit aussi que la courtisane Flora
estant devenue vieille, prenoit grand plaisir à compter
ordinairement de la fréquentation qu'elle avoit eue
en ses jeunes ans avec Pompeius, disant qu'il estoit
impossible quand elle couchoit avec luy, qu'elle s'en
departist sans le mordre. » (i, f° 434 r°.)
P. 382, 1. 17. Ouod petiere). «Ils pressent étroite-
ment l'objet de leur amour jusqu'à le faire souffrir,
et souvent ils impriment leurs dents dans ses lèvres.
Un secret aiguillon les anime contre l'objet qui
allume la fureur de leurs transports. » (Lucrèce, l\,
1076.) Le texte est celui de l'édition Lambin, p. 351.
P. 382, 1. 22. Ceux de la marque d'Ancone). Rap-
procher ce passage du Journal de voyage : « Essendo
a ragionare cou i paesani, et avendo io addomandato
a uno uomo molto attempato, se essi usavano i nostri
bagni, mi rispose, che lor accadeva quel ch'interviene
a quelli che stanno vicino alla Madonna di Loreto,
che rade volte ci vanno in pellegrinaggio : e che
l'operazione delli bagni non si vede che in favore
delli forestieri, e lontani. » (P. 438.)
P. 383, 1. 10. Transvolat). «Il dédaigne ce qu'il a
sous la main et court après ce qui lui échappe. »
(Horace, Satires, I, 11, 108.)
286
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 385, 1. 12. Nisi tu scrvare). « Si tu ne fais gar-
der ta maîtresse, elle cessera bientôt d'être à moi. »
(Ovide, Amores, H, xix, 47.)
P. 383, 1. 16. Tibi qtiod supercst). «Tu te plains
de ton superflu, et moi du manque du nécessaire. »
(Térence, Pljoniiion, I, m, 10.) Montaigne imite
librement le texte du comique latin :
K Aliis quia desit quod amant œgre est,
» Tibi quod superest, dolet. »
P. 383, 1. 23. Si qita volet). «Si une femme veut
régner longtemps sur son amant, qu'elle le dédaigne. »
(Ovide, Amores, II, xix, 33.)
P. 383, 1. 24. Contemnite) . «Faites les dédaigneux,
amants : par ce moyen vous verrez venir à vous
aujourd'hui celle qui vous a repoussé hier. » (Pro-
perce, n, XIV, 19.)
P. 383, 1. 26. Inventa Poppœa). Cf. Tacite, Annales,
XIII, XLV.
P. 384, 1. 8. Et Jngit). «Elle s'enfuit vers les saules,
mais auparavant elle désire qu'on l'ait vue. » (Virgile,
Bucoliques, m, 65.)
P. 384, 1. 9. Interdum). «Parfois elle a fait de sa
robe un rempart contre mes entreprises. » (Properce,
II, XV, é.)
P. 385, 1. 10. EsveiUer par ce contraste). Rapprocher
ce qui est dit dans l'essai II, xix, p. 463, 1. 6. Voir
aussi Journal de voyage, p. 39.
P. 385, 1. 23. Il se passa cinq cens ans). Cf. Valère
Maxime, II, 1, 4; Aulu-Gelle, IV, m; Bodin, Répu-
blique, I, III.
P. 385, 1. 25. Onod licet). « Ce qui est permis n'a
pas de charme; ce qui est défendu irrite les désirs.»
(Ovide, Amores, II, xix, 3.)
P. 3S5, 1. 26. L'opinion d'un ancien). Cf. Sénèque,
De clementia, I, xxiii.
P. 386, 1. 3. Latins). «Le mal qu'on croyait avoir
extirpé s'étend plus loin. » (Rutilius, Itinerarium, I,
597-)
P. 386, 1. 7. Les histoires grecques). Cf Hérodote :
« Nul homme vivant les outrage, car ils sont estimez
pour sacrez : aussi ne tiennent-ils chez eux aucunes
armes ne basions offensibles. Ils décident & appoinc-
tent tous les différens de leurs voisins, & si aucun
se retire vers eux en franchise, nul e.st si osé de luy
toucher. Leur nom est Argippees. » (IV, xxiii; t. I,
f° 255 v.)
p. 38e, 1. 13. // )' a nation). Cf. Lopez de Gomara,
Histoire générale des Indes : «Ils enferment leurs jardins
& leurs terres d'un fillet de cotton, ou de bexuco seule-
ment, &: est grand péché d'entrer en telles clostures,
& tiennent pour certain que celui la meurt inconti-
nent, qui rompt un tel fil.» (III, xxx, f° 25 3 r".) Voir la
même allégation dans l'essai I, xxiii, p. 144, 1. 29.
P. 386, 1. 16. Furent signala). «Les larrons sont
attirés par les serrures. Celui qui vole avec effraction
n'entre pas dans les maisons ouvertes. » (Sénèque,
ép. 68.)
Chronologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai. Remarquons cependant la phrase que
voici : « Il n'y a nulle raison qui n'en aye une con-
traire, dict le plus sage party des philosophes. » Ce
mot, Montaigne l'a rencontré chez Sextus Empiricus,
et le « party des philosophes » qu'il déclare ainsi « le
plus sage » c'est le parti des pyrrhoniens. Cette allé-
gation nous invite à croire que cet essai a des chances
d'avoir été composé aux environs de 1576.
Chapitre XVI.
DE LA GLOIRE.
P. 389, I. I. Le nom, c'est). Rapprocher Sebond,
Théologie naturelle : « Tout et qui se peut acquérir
de nouveau, ou c'est quelque chose, ou c'est un
nom. Quant à la chose. Dieu ne la peut acquérir,
veu qu'il n'y en a nulle qui ne soit sienne... D'avan-
tage à quoy faire l'acquerroit il, luy qui n'a besoin
de rien, luy qui est infini, & qui est toute plénitude?
Parquov tout ce qu'il peut acquérir ce n'est certaine-
ment qu'un nom & un tel acquest est très-convenable
à sa nature : car acquérir & croistre c'est tout un...
Il ne peut croistre qu'extérieurement, & c'est propre-
ment croistre hors de soy que d'acquérir un nom...
Or le nom croist par les œuvres qui apparoissent et
qui se voyent : car les bonnes actions tirent néces-
sairement après elles la louange, l'honneur et la
réputation pour celuy qui les a produites : et lors il
acquiert d'une telle œuvre un nouveau nom... Pour
e.xemple : l'homme est premièrement, et puis on le
marque d'une appellation particulière. Ce nom propre
ne se donne pas en contemplation des œuvres bien
ou mal faites, car il est imposé à l'homme avant qu'il
ait ouvré : mais il luy sert de signal et de distinction,
et signifie simplement la chose sans les œuvres...
Plus une chose œuvre, plus elle a de nom, car le
nom s'estend à la mesure de la chose. Le nom ne
luy est non plus intérieur, et n'est non plus de sa
nature qu'est la gloire, si est-ce luy qui reçoit première-
ment en soy la gloire et qui la joinct, communique
et attache a sa chose : car, attendu que l'honneur
qui suit les bonnes œuvres ne peut entrer au-dedans
de la chose qui les a produites, & qu'elle n'a rien
hors de soy qui luy soit plus prochain, plus familier
et plus voisin que son nom; il faut que ce soit son
nom qui le reçoive pour elle et qui s'en remplisse,
comme estant apte naturellement à s'en accroistre et
augmenter... » (cxci.)
P. 390, 1. 2. Ghria in excelsis). « Gloire à Dieu
dans les cieux, et paix aux hommes sur la terre. »
(Saint Luc, Évangile, II, xiv.)
P. 390, 1. 7. Chrysippits et Diogenes). Cf. Cicéron,
De finihus, III, xvii.
P. 390, 1. 18. Deçà vers nous). Vers traduit d'Ho-
mère, Odyssée, XII, 184.
P. 390, 1. 20. Ces philosophes là). Cf. Cicéron, De
finilms : «Ne digitum quidem ejus causa porrigendum
esse dicebant. » (III, xvn.)
P. 390, 1. 23. Gloria quantalihet). « Supposez une
gloire aussi grande que vous voudrez, que sera-ce si
ce n'est que de la gloire?» (Juvénal, vu, 81.)
P. 391, 1. 2. Cache ta vie). Cf. le traité de Plu-
tarque intitulé : Si ce nom commun est bien dit : « Cache
ta vie. » (F° 291 v°.)
P. 391, 1. 8. Aussi conseille il à Idomeueus). Cf.
Sénèque, épître 21.
P. 391, 1. 21. Epicurus a Hermachus). Cf. Cicéron,
De finilms : « Quum ageremus, inquit vitae beatum
et eundem supremum diem, scribebamus \\xc. Tanti
autem morbi aderant vesicae et terminum, ut nihil
ad eorum magnitudinem possit accedere. Ecce mise-
rum hominem ! Si dolor summam malum est, dici
aliter non potest. Sedaudiamus ipsum compensabatur,
inquit : tamen cum his omnibus animi Ixtitia, quam
capiebam memoria rationem inventorumque nostro-
rum. Sed tu, ut dignum est tua erga me et erga
288
ESSAIS DE MONTAIGNE.
philosophiam voluntate ab adolescentulo suscepto,
fac ut Metrodori tuearc liberos. » (II, xxx; t. IV,
p. 62.)
P. 392, 1. 3. L'ordonnance de son testament). Id.,
ibid : « Quaero quid sit, quôd... sanciat ut Amyno-
machus et Timocrates hœredes sui Hermachi sen-
tentia dent, quod satis sit ad diem agendum natalem
suum quotannis niense Gamelione : itemque omnibus
mensibus XX die luna: dent ad eorum epulos qui unà
secum philosophati sint ut et sui et Metrodori me-
moria colatur. » (II, xxxi; t. IV, p. 63.)
P. 392, 1. 10. Carneades). Id., ibid. : « Qui post
eos fuerunt, quum Carneadem sustinere non possent,
hanc quam dixi bonani famam, ipsam propter se
prïepositam et suniendam esse dixerunt : esseque
hominis ingenui et liberaliter educati, velle bene
audire a parentibus, a propinquis, a bonis etiam viris,
idque propter rem ipsam, non propter usum, dicunt-
que ut liberis consultum velimus, etiam si postliumi
futuri sint propter ipsos : sic naturœ post mortem
famaï, tamen esse propter rem etiam detracto usa
consulendum. « (III, wii; t. R', p. 75.)
P. 392, 1. 15. Aristote). Dans la Morale à Nico-
niaque, II, \ii. - ,
P. 392, 1. 18. Conterait de belles). Rapprocher ce
que Montaigne a dit dans les essais I, xxxix, et I,
XL.
P. 392, 1. 20. Que la ver In mes nie). Cf. Cicéron,
De Jinibus, II, xv.
P. 392, 1. 23. Pauhini sepultiv). «La vertu cachée
diffère peu de lobscurc oisiveté. » (Horace, Odes,
IV, IX, 29.)
P- 393j '■ 7- ^' '" seais). Cf. Cicéron, De finibits :
« Si scieris, inquit Carneades, aspidem occulte latere
uspiam & velle imprudentem super eam assidere,
cujus mors tibi emolumentum futura sit, improbe
feceris nisi monueris ne assideat. » (II, wiii; t. I\',
p. 56.)
P. 393, 1. 13. Peducens). Id., ibid., II, xvii.
P. 393, 1. 17. P. Sextilins Rnfus). Id., ibid., II,
XVII.
P. 393, I. 19. M. Crassus et Q. Hortensias). Id.,
De officiis, III, xviii.
P. 393, 1. 24. Meniinerin! Deuni). « Qu'ils se
souviennent qu'ils ont Dieu pour témoin, c'est-à-dire,
comme je l'interprète, leur propre conscience. »
(Cicéron, De officiis, III, x.) Le texte est celui de
l'édition de Paris 1538, t. IV, p. 382.
P. 394, 1. I. Profecto fortuna). «Certes la fortune
étend sa domination sur toutes choses : elle élève les
uns et rabaisse les autres, moins selon leur mérite que
selon son caprice. » (Salluste, Bellum Catilinarinm,
VIII.) Cette citation a été prise dans la Cite de Dieu
de saint Augustin, VII, m.
P. 594, 1. 7. Ressamblance de l'ombre). Cf. Cicéron,
Tusculnnes : « ^'irtutem tanquam umbra sequitur. »
(I, XLV.)
P. 394, 1. II. Ceii.x qui apprennent). Peut-être
Montaigne pense-t-il à l'ouvrage de Castiglione, //
Cortegiano, II, viii, où il est tout particulièrement
recommandé au gentilhomme de se faire voir de son
prince lorsqu'il fait quelque bonne action.
P. 394, 1. 12. Ouasi non sit). « Comme si une
action n'était vertueuse que lorsqu'elle est célèbre. «
(Cicéron, De officiis, I, iv.)
P. 394, 1. 18. Quiconque s'amuse). Rapprocher ce
que dit Guillaume du Bella}' dans le prologue de son
histoire (publiée dans X Antiquité des Gaules, f° 6 v") :
« Un homme seul ne peut estre partout ou les affaires
sont démenées, et y estant ne peult tout ensemble
faire son devoir, et s'amuser à voir ce qu'autruy
foi et. »
P. 394, 1. 21. Fera et sapiens). «Une âme sage et
véritablement grande place l'honneur, qui est le prin-
cipal but de notre nature, dans les actions vertueuses,
non dans la gloire. » (Cicéron, De officiis, I, xix.)
Le texte est celui de l'édition de Paris 1538, t. IV,
p. 350.
P. 395, 1. 24. Gloria nostra). «Notre gloire c'est
le témoignage de notre conscience. » (Saint Paul,
Epitre II aux Corinthiens, i, 12.) Citation prise chez
saint Augustin, Cité de Dieu, I, xix. Elle se retrouve
avec une légère modification dans le même ouvrage
de saint Augustin, \', xii.
P. 396, 1. 5. Credo che'l resta). «Je crois que le
reste de cet hiver Roland fit des choses dignes de
mémoire; mais elles ont été si secrètes jusqu'ici que
ce n'est pas ma faute si je ne les raconte point : car
LIVRE II, CHAPITRE XVI. 289
Roland a toujours été plus prompt à faire de belles ne pas mériter le naufrage. Voir encore Sénèque,
actions qu'à les publier, et jamais ses exploits n'ont
été divulgués que par des témoins. » (Arioste, Roland
furieux, XI, Lxxxi.)
P. 396, 1. 20. Vitiiis, rcpiilsx). «La vertu ignore
les refus honteux; elle brille d'un éclat sans mélange;
elle ne prend ni ne dépouille la pourpre consu-
laire au gré d'un peuple volage. » (Horace, Odes,
m. II, 17.)
P. 397, 1. I. Non cinohimcnto). «Non pour un
profit, mais pour l'honneur attaché à la vertu. »
(Cicéron, De finihus, I, x.)
P. 397, 1. 9. Est ce raison faire). Cf. Cicéron, De
finibns : « Quid turpius, quàm sapientis vitam ex
insipientium sermone pendere?» (II, xv; t. IV,
P- 55-)
P. 397, 1. II. An qnidqnain). «Quoi de plus
insensé, quand on méprise des gens chacun à part,
que d'en faire cas lorsqu'ils se trouvent réunis? »
(Cicéron, Tusculanes, V, xxxvi.)
P. 397, 1. 15. Nihil tam ina'stiiuahile). «Rien de
plus méprisable que les jugements de la foule. »
(Tite-Live, XXXI, xxxiv.)
P. 397, 1. 16. Deinetrius). Cf. Sénèque, Epitres :
« Eleganter Demetrius noster solet dicere eodem loco
sibi esse voces imperitorum quo ventre redditos cre-
pitus : quid enim, inquit, mea refert sursum isti, an
deorsum sonent?» (xci, 218.)
P. 397, 1. 19. Ego hoc judico). «Moi j'estime qu'une
chose, lors même qu'elle ne serait pas honteuse,
semble l'être quand elle est louée par la multitude. »
(Cicéron, De finibus, II, xv.)
P. 398, 1. 6. Dédit hoc). « La Providence a fait aux
hommes cette faveur que les choses honnêtes sont
aussi les plus profitables. » (Quintilien, Institution
oratoire, I, xii, vers la fin.)
P. 398, 1. 7. Le marinier antieu). Peut-être Mon-
taigne paraphrase-t-il ici ces paroles de Sénèque :
«Qui hoc potuit dicere : «Neptune, nunquam hanc
» navem, nisi rectam!», arti satisfecit.» (Ep. 85.)
Sénèque fait allusion dans ce passage à un pilote
rhodien qui déclarait que son navire sans doute
était à la merci de Neptune, mais qu'il était du moins
en son pouvoir de ne commettre aucune faute et de
Consolatio ad Marciam, vi, à la fin.
P. 398, 1. 13. Risi). «J'ai ri de voir que les ruses
pouvaient échouer. » (Ovide, Hcroïdes, \, 18.) Ovide
écrit au contraire : «Flebam successu posse... »
P. 398, 1. 14. Paul'a'uiile). Cf. Tite-Live, LIV,
XXII. Au même passage est rappelé le souvenir de
Fabius : «Neque enim omnes tam firmi et constantis
animi contra adversum rumorem esse possunt quam
Fabius tuit; qui suum imperium minui per vanitatem
populi maluit, quam seconda fama maie rem publi-
cam gerere. »
P. 398, 1. 23. Laudari haud nietuam). «Je ne hais
pas la louange, car je n'ai pas la fibre insensible (de
corne); mais je me refuse à voir de la vertu dans un
« bravo! très bien! » (Perse, Satires, i, 47.) Toutes les
éditions que j'ai pu.consulter portent laudari inetiiam.
P. 399, 1. 13. L'anneau Platonique). Cf. Platon,
République : « Accidit... ut cum forte gemmam intror-
sum ad manum verteret anuli... subito a nullo
conspiceretur. » (II, m, 360; éd. de 1546, p. 545.)
^'oir aussi Cicéron, De officiis, III, ix ; Érasme, Adages,
chiliade I, cent. I, 96; etc.
P. 399, 1. 17. Falsus honor). « Qui est sensible à
de fausses louanges et redoute la calomnie, sinon le
malhonnête homme et le menteur? » (Horace, Épîtres,
I, XVI, 39.) Le texte est celui de toutes les éditions
du XVI' siècle.
P. 400, 1. I. Non, quicquid). « N'accepte pas toutes
les condamnations de la turbulente Rome et ne te
charge pas non plus de réformer sa balance qui n'est
pas juste : ne te cherche pas en dehors de toi-même.»
(Perse, i, 5.) L'édition de Paris 1544 donne «non
si quid...» et «examenrc». Montaigne a rencontré
cette citation dans le pamphlet de Blackwood, Pro
regibiis apologia (xxiii, 205.)
P. 400, 1. 9. TrogusPoiupeius). Cf. Bodin, Melhodus
adfacileni historiarum cognitionem : «Trogus Pompeius
de Herostrato, Titus Livius de Manlio Capitolino
tradunt, magnœ quam bonœ famo; fuisse cupidiores. »
(Proœmium.) Le jugement sur Manlius Capitolinus
se trouve dans les Annales, VI, 11; celui sur Erostrate
ne se rencontre pas chez Trogue Pompée, mais vient
probablement de Valère Maxime, VIII, v, ext. 14.
290
ESSAIS DE MONTAIGNE.
La source de l'erreur de Bodin est certainement chez
Corneille Agrippa, De incertiludine & vanitate scien-
tiarum, v. Dans l'ouvrage de Droit de Gaillard,
Méllnde de l'Histoire, p. 549, on trouvera ces deux
mêmes jugements reproduits d'après Bodin. Des pen-
sées exprimées ici par Montaigne il est intéressant de
rapprocher ce que dit Bodin, Melhodiis (Proœmium).
P. 400, 1. 19. Quand je seray mort). Sur cette idée
de la vanité de la gloire après la mort, rapprocher
Cicéron, De finilms, II, xxxi, et aussi Tahureau,
Dialogues : « Cuidez-vous que la louange que l'on
donne à Demosthene ou à Ciceron leur chatouille
bien maintenant les oreilles aus lieus où ils sont
allés... », etc. (Éd. de 1566, pp. 243-245.)
P. 401, 1. 3. Surnomtue:^ Eyquem). On sait que le
nom de la famille de Montaigne est Eyquem, et que
Michel semble être le premier qui ait complètement
renoncé à le porter. Il l'a effacé dans ses Ephémcrides
et sur le titre d'un Térence qui figurait dans sa
bibliothèque. Pourtant, avant de condamner cette
phrase comme on le fait généralement, il importe de
se rappeler qu'au xvi" siècle le mot surnom s'emploie
au sens où nous disons aujourd'hui « nom ». Meigret
déclare formellement dans son Traité touchant le
commun usage de l'escriture françoise que le surnom
est «le nom commun à toute la race». Tabourot,
dans ses Bigarrures, IV, 11, dit sans cesse surnom
pour désigner le nom de la fitmille. Nicot écrit :
« Surnom est l'appellation qui se donne à aucun
après le nom de la parenté et maison... C'est aussi
le nom de la maison et parenté. »
P. 401, 1. 9. Nunc leinor). «La pierre de mon
tombeau en pèse-t-elle moins lourdement sur mes
os? La postérité me loue : de mes mânes, de ma
tombe, de ma cendre fortunée les roses naissent-elles
pour cela?» (Perse, i, 37.) L'édition de Paris 1544,
comme toutes les éditions de Perse que j'ai pu con-
sulter, porte au second vers « laudant conviv;E».
P. 401, 1. 13. J'en ay parlé ailleurs). Dans l'essai I,
XLVI, 358.
p. 401, I. 25. Casus muliis). «C'est un accident
arrivé à beaucoup d'autres, banal, et pris dans les
mille chances de la fortune. » (Juvénal, xiii, 9.)
P. 402, 1. 12. Ad nos). « A peine un léger souffle
porte jusqu'à nous leur renommée. » (Virgile, Enéide,
VII, 646.)
P. 402, 1. 15. Les Lacedcmoniens). Cf. Plutarque,
Les dicts notables des Lacedcmoniens : « On luy (à Eu-
damidas) demanda pour quelle occasion devant que
d'entrer en battaille ils avoient accoustumé de sacrifier
aux Muses : à fin, dit-il, que nos gestes soient bien
& dignement escripts. » (F° 216 v".)
P. 403, 1. 6. Ouos fama). «Qui sont ensevelis
dans une gloire obscure. » (Virgile, Enéide, V, 302.)
P. 403, 1. 20. Rectc facti). «La récompense d'une
bonne action c'est de l'avoir faite.» (Sénèque, ép. 81.)
P. 403, 1. 21. Officij fructus). «Le fruit d'un ser-
vice, c'est le service même. » (Cicéron, De finilms,
II, XXII.)
P. 403, 1. 28. Si toute-fois cette faute opinion).
Rapprocher Bodin, Methodus ad facilem historiarum
cognitionem (Proœmium).
P. 404, 1. 8. El Platon). Dans les Lois : «Non
oportet autem unquam parvi facere, utrum probus
an improbus aliis videaris. Multi enim quamvis
virtutis expertes sint, qui tamen probi sint, qui
improbi, judicant. Nam pravis quoque hominibus
divina quicdam conjiciendi vis inest, per quam multi
vel pessimi recte tum opinione, tum, verbis a melio-
ribus détériores distinguant. » (xii, 950; éd. de 1546,
p. S99.)
P. 404, 1. 14. Ut tragici). « A l'exemple des poètes
tragiques, qui ont recours à un dieu quand ils ne
savent comment trouver le dénouement de leur
pièce. » (Cicéron, De Jiatura deorum, I, xx.)
P. 404, 1. 16. Timon l'injuriant). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Platon :
« Timon quoque ita illuiii agit,
)i Ut coiitict.i Pliito astutus miracula finxit. »
(III, XXVI, 199.)
p. 404, 1. 26. Que Numa). Cf. Plutarque, Vie de
Numa, XIV, f" 43 1°.
P. 404, 1. 26. & Sertorius). LL, Vie de Sertorius,
XV, f" 402 v".
P. 405, 1. 2. Zoroastre). J'ignore où Montaigne a
pris cette liste, mais certainement il l'a trouvée quelque
part toute constituée : je la rencontre avec de légères
LIVRK H, CHAPITRE XVI.
291
modihcations chez Corneille Agrippa, xci ; chez Black-
wood, De conjunctione religionis et imperii libri duo
{éd: de Paris 1575, f° 30 v°); chez Coignet, Instruction
aux princes pour garder la foi promise, iv ; etc.
P. 405, 1. 9. Le sire de Joninvilk). «Quant aucun
homme se faict tuer, pour faire, et accomplir le
commandement de son Seigneur, l'ame d'iceluy qui
ainsi est mort, va en ung autre corps qui est plus aise,
plus beau et plus fort que le premier. Au moyen
dequoy, ne tiennent compte les Béduins de se faire
tuer, pour l'amour de leur Seigneur...)) (lvi, f" 145
ro.)
P. 405, 1. 14. In fernini). «Ils bravaient le fer,
ils embrassaient la mort, regardant comme une
lâcheté de ménager une vie qui devait renaître. »
(Lucain, I, 461.) Le texte est celui des éditions
contemporaines.
P. 405, I. 20. Ut cnim consuetudo). « De même
que dans le langage ordinaire on n'appelle honnête
que ce qui est glorieux dans l'opinion du peuple. »
(Cicéron, De finibus, II, xv.)
P. 405, 1. 27. Oiiœ, quia non liccat). « Celle-là
succombe qui refuse parce qu'il ne lui est pas permis
de succomber. » (Ovide, Amores, III, iv, 4.)
Chroxologie. — Une phrase, prise à Bodin, est
certainement de la dernière période (environ 1578).
C'est la seule indication précise que nous puissions
alléguer pour dater cet essai. J'ajoute cependant que
je le crois suggéré à Montaigne par la prétiice de
l'ouvrage de Bodin, ce qui invite à penser qu'il est
tout entier de la dernière période. Dans cette préface,
Bodin traite de l'utilité de l'histoire; cette utilité pour
lui est surtout d'inciter aux glorieuses actions, aux
grands faits d'armes. Voilà pourquoi Montaigne vou-
lant montrer qu'il est insensé d'accorder à la réputa-
tion la moindre valeur, insiste sans cesse sur le
devoir militaire, et emplit son essai de cette idée
que, parmi les actes de courage, très peu sont remar-
qués, très peu sont enregistrés par l'histoire, de
manière à passer à la postérité. Très probablement,
la tirade contre ceux qui veulent la réputation à tout
prix, qu'elle soit bonne ou mauvaise, vient de Bodin :
c'est la phrase prise à Bodin qui lui sert de thème.
Enfin, lorsque Montaigne conclut que si le désir de
la gloire, en dépit de sa vanité, peut conduire les
princes et les peuples aux belles actions, il faut entre-
tenir soigneusement cette illusion, c'est encore, je
crois, à Bodin qu'il pense : il lui fait une concession,
et reconnaît qu'en dépit de toute raison, et grâce à
la tolie humaine, l'histoire a bien les avantages que
Bodin lui attribue. L'essai me semble dire : pour que
l'histoire ait la valeur que Bodin lui accorde, il faut
que les hommes soient ridicules, mais enfin puisqu'ils
sont ridicules, profitons-en, tirons parti de leur niai-
serie, et que la préoccupation de ce que penseront
d'eux leurs arrière-neveux les conduise à bien agir.
Cette opinion me parait très vraisemblable; elle n'est
pourtant pas certaine. En tous cas, à défaut d'autres
indications, à lui seul, l'emprunt direct d'une phrase
de Bodin nous invite à regarder l'essai comme de la
dernière période. Une circonstance encore favorise
cette hypothèse : la phrase qui ouvre le chapitre
suivant, II, xvii, invite à penser qu'il a été écrit
aussitôt après celui-ci : or, nous verrons que très
vraisemblablement ce chapitre II, xvn, est de la
dernière période.
Chapitre XVII.
DE LA PR/ESVMPTIOX,
P. 408, 1. 12. aie veltit). «Celui-là confiait, comme
à des amis fidèles, tous ses secrets à ses écrits. Qu'il
en arrivât bien ou mal, jamais il n'eut d'autre confi-
dent; aussi toute sa vie s'y voit dépeinte comme
dans un tableau votif. » (Horace, Satires, II, i, 30.)
P. 408, 1. 18. Ncc id Rutilio). «Et Rutilius et
Scaurus n'en ont été ni moins crus ni moins estimés.»
(Tacite, Agrkola, i.)
P. 409, \. 1. La teste d' Alexandre). Cf. Plutarque,
Coiitmeiit on pourra discerner le flatteur d'avec l'ainy
(vin, f'' 42 v°). Le fait est tout à fait vulgarisé au
XVI' siècle. Je le retrouve dans le Cortegiano de Cas-
tiglione, d'où il passe dans la République de Bodin,
IV, VI ; dans L'Ostal, Discours philosophiques, xn;
dans La Primaudaye, Académie françoise, I, xiii; etc.
P. 409, 1. 2. Alcibiades). Cf. Plutarque, Vie d'Al-
cibiade : « On dit davantage qu'il avoit la langue un
peu grasse, ce qui ne luy seoit pas mal, ains donnoit
une certaine grâce naifve & attrayante à son parler. »
(i, fMjO v°.)
P. 409, 1. 2. Jiilius Ca-sar). Id., Vie de César, i,
f" 493 V.
P. 409, 1. 16. La morgue de Constantius). Cf.
Ammien Marcellin : « Nec extersisse unquàm nares
in publico, nec spuissc, nec transtulissc in partem
alterutram \Taltum aliquando, visus est. » (XXI, xvi.)
P. 411, 1. 15. Fous pouvei penser). Cette idée que,
du moment que nous ne nous connaissons pas nous-
mêmes nous ne pouvons pas connaître ce qui est
hors de nous, revient constamment dans l'essai II,
XII.
P. 411, 1. 22. La curiosité). « Cognosccndi studium
homini dédit Deus ejus torquendi gratia. » {EccL, i.)
Cette sentence figurait sur les travées de la biblio-
thèque de Montaigne. Le passage de l'Ecclésiaste
auquel Montaigne fait allusion pourrait bien être le
suivant, ainsi que l'a obser\é miss Grâce Norton
dans ses Studies in Montaigne, p. 167 : «Et proposui
in animo meo quserere et investigare sapienter de
omnibus quœ fiunt sub sole. Hanc occupationem
pessimam dédit Deus filiis hominum ut occuparen-
tur in ea. » On trouve des sentences analogues dans
l'essai I, xxvii, p. 237, 1. 7; et aussi II, xii, p. 207,
1.4.
P. 412, 1. 9. J'en suis arrosé). Cette opposition
semble être inspirée par Sénéque, ci. l'essai I, xxv,
p. 181, 1. 12 et la note.
P. 412, 1. 21. Mediocribus esse poetis). «Tout défend
la médiocrité aux poètes, et les dieux, et les hommes,
et les colonnes où l'on affiche leurs ouvrages. »
(Horace, Art poétique, 372.)
P. 415, 1. 3. Verum). «Mais rien de si confiant
qu'un mauvais poète. » (Martial, Epigrainincs, XII,
LXiii, 13.)
P. 413, 1. 5. Diosysius). Cf. Diodore de Sicile :
« Il y envoya, pour courir au tournoy, des chariots
plus richement estoffez que nul autre, et des tentes
et des pavillons dorez et magnifiquement tapissez
par dedans de riche tapisserie, et si envoya davantage
des poètes et musiciens. » (Amyot, XIX, xxviii,
f° 172 r°.) «Or avoit il eu par le passé un oracle
par lequel les Dieux lui avoient prédit qu'il mourroit
a Ihors qu'il auroit vaincu ceulx qui vaudroient
mieux que luy : et luy rapportoit cest oracle aux
LIVRE II, CHAPITRK XVII.
29J
Carthaginois, estimant que les Dieux entendissent
d'eulx à cause qu'ils estoient plus forts et plus puis-
sants que luy. » (Amyot, XV, xx, {" 208 r°.) Au
reste Leclerc reproche à Montaigne d'avoir « pris les
Lénéennes, fête de Bacchus célébrée par des concours
dramatiques, pour le titre de la tragédie, qui s'appe-
lait Lu Rançon d' Hector yy. L'erreur est chez Amyot
auquel Montaigne a tout emprunté.
P. 414, 1. I. Pour l'excessive joye). Ce n'est pas
tout à fait ce qui ressort du texte de Diodore, mais
Montaigne se souvient ici de ce qu'il a dit dans
l'essai I, 11, p. 12, 1. 21.
P. 414, 1. 15. Ciiiii relego). «Quand je les relis,
j'en ai honte, car j'y vois beaucoup de choses qui
au jugement même de leur auteur sont indignes
d'être conservées. » (Ovide, Politiques, I, v, 15.)
P. 415, 1. 3. Comme dict Pliitarque). Dans les
Préceptes de mariage, xxvi, f° 147 v°.
P. 415, 1. 5. Si qijid). « Car tout ce qui plaît, tout
ce qui charme les sens des mortels, c'est aux Grâces
que nous en sommes redevables. »
P. 416, 1. 2. D'Amafanius & de Rabirius). Cf.
Cicéron, Académiques, où on lit : « Didicisti enim
non posse nos Amafmii aut Rabirii similes esse, qui
nuUa arte adhibita, de rébus ante oculos positis,
vulgari sermone disputant : nihil definiunt, nihil
pariiuntur, nihil apta interrogatione concludunt :
nuUam denique artem esse nec dicendi, nec disse-
rendi pu tant. » (I, 11; t. IV, p. 3.)
P. 416, 1. 15. Cicero estime). Dans la traduction du
Timce : «Difficillimum autem est in omni conquisi-
tione rationis exordium. » (11; t. IV, p. 428.)
P. 417, 1. 9. Brevis esse). «Je me travaille à être
bref, je deviens obscur. » (Horace, Art poétique, 25.)
P. 417, 1. II. Platon dict). A ce sujet on peut
voir le Politique, p. 283; éd. de 1546, p. 211; les
Lois, p. 887; éd. de 1546, p. 870; toute la dernière
partie du Pbédon.
P. 418, 1. 3. Messala se pleiiit). Cf. Tacite, Dialo-
gue des orateurs, xxxix.
P. 418, 1. II. En mon Perigordin). Montaigne cite
une expression périgourdine dans l'essai I, xxv,
p. 179, 1. 9. Dans les annotations de Nicole Gilles,
publiées par M. Dezeimeris, on lit à propos d'un
emploi du mot mescbaut : « Je pansoës que ce mot
ne senùt en st'usage qu'aus paisans de mon pais de
Perigort, qui noument ordinerement meschante une
persoune piteuse, maigre, & mehaignee. » (Cf. Revue
d'histoire littéraire de la France, janvier-mars 1912,
p. 148.)
P. 418, 1. 19. Quant au Latin). Cf. Essais, I,
xx\i, 225.
P. 419, 1. lé. La secte Pcripatetique). Cf. Cicéron,
De finibus, IV, xxiv.
P. 419, 1. 26. Agros diviscre). «Le partage des
terres et leur distribution furent réglés à la propor-
tion de la beauté, de la force et de l'esprit; car la
beauté et la force étaient les premières recomman-
dations. » (Lucrèce, V, 1109.)
P. 420, 1. 6. C. Marius). Cf. Végèce, I, v; mais
Montaigne a pris ceci dans les Politiques de Juste
Lipse où, à propos des qualités requises en un soldat,
il est dit : « Nota tertia, corpus. Quod grande et
pra^longum placuisse nornuUis video : ut C. Mario,
qui tironem exegit ita ut senos pedes, vel certe
quinos, et denas uncias haberet. » (V, xii.)
P. 420, 1. 7. Le courtisan). Il Cortegiano, le célèbre
ouvrage de Castiglione : « Vegnendo adunque alla
qualità délia persona dico bastar ch'ella non sia
estrema in piccoUezza ne in grandezza perché e l'una
e l'altra di queste condizioni porta seco una certa
dispettosa maraviglia, e sono gli omini di tal sorte
mirati quasi di quel modo che si dirano le cose
mostruose... » (I, xx.)
P. 420, 1. 12. Dict Aristote). Dans la Morale à
Niconiaque, IV, vu.
P. 420, 1. 15. Les A:tljiopes). Aristote, Politiques, IV,
xLiv, mais il semble que Montaigne a pris ceci dans
le commentaire de Le Roy dit Regius : « Aristote, au
quatrième et au septième livre de ceste oeuvre escrit,
que les .iEthiopes et les Indiens souloient en élisant
leurs roys et magistrats, avoir égard à la beauté et
procérité des personnes.» (Éd. 1575, f" 35 r°.) Le
même fait est rapporté chez Corneille Agrippa, De
occulta philosophia, II, xxvii, passage où est men-
tionnée en outre cette idée que certains philosophes
admettent une relation intime entre la beauté du
corps et les qualités de l'âme.
294
P. 420, 1. 20. Ipse). «Au premier rang marche
Turnus, les armes à la main, superbe et dépassant
de la tète tous ceux qui l'entourent. » (Virgile,
Enéide, VII, 783.)
P. 420, 1. 24. Spcciosus). « Il était le plus beau
d'entre les fils des hommes. » (Psaumes, XLV, m.)
P. 421, 1. I. Et Platon). Dans la République :
« Nam & gravissimos homines & fortissimos decet
eligere, & quod fieri potest speciosissimos. « (VII,
p. 535; éd. de 1546, p. 62e.)
P. 421, 1. 6. Au pauvre Philopœiiicn). Cf. Plutarque,
Vie de Philopémen : « Quant à ce qu'ilz allèguent
d'une siene hostesse en la ville de Megare, qui le
prit pour un valet, cela advint pour sa facilité, en
ce qu'il faisoit peu de compte de soy & se vestoit
tousjours fort simplement : car ceste hostesse siene
aiant esté advertie, que le capitaine gênerai des
Acheiens venoit loger en son logis, se travailloit
& se tourmentoit pour luy apprester à soupper, à
cause que d'adventure son maiy ne se trouva pas
pour lors en la maison, & sur ce poinct Philopœmen
arriva, vestu d'un pauvre manteau. Elle le volant en
ceste habit, pensa que ce fust quelqu'un de ses seni-
teurs qui vint devant pour luy apprester son logis :
si luy pria de la vouloir aider à faire la cuisine :
& lu}'^ posant incontinent son manteau, se meit à
fendre du bois. Mais en ces entrefaittes le mary arriva,
qui le trouvant ainsi embesongné, luy demanda.
Ho ho, que veult dire cela, seigneur Philopœmen?
Non autre chose, luy respondit il en sa langue
Dorique, sinon, que je porte la peine de ce que je
ne suis pas beau filz ny homme de belle apparence. »
(i, f" 249 V.)
P. 421, 1. 26. Uiuie rii^eut). « Aussi ai-jc les jambes et
la poitrine hérissées de poils. » (Martial, Epigrammes,
II, xxxvi, 5.) Le texte de Martial est :
« Nunc tibi crura pilis et sunt tibi pcctora setis
» Horrida... »
P. 422, 1. I. Bien avant en mon aage). Jusqu'à
quarante-cinq ans. Cf. à ce sujet l'essai II, xxxvn,
et mon ouvrage sur Les Sources et l 'Évolution des Essais,
t. I, p. 29e.
P. 422, 1. 5. Minuiatiin). «Peu à peu les forces
ESSAIS DE MONTAIGNE.
et la vigueur de la maturité sont brisées par l'âge,
et le déclin commence. » (Lucrèce, II, 1131.)
P. 422, 1. 9. Singula). « Un à un tous nos biens
nous sont dérobés par les années qui passent. »
(Horace, Épitres, II, 11, 55.)
P. 422, 1. II. D'un père très dispost). Cf. essai II,
II, p. 15, sur l'agilité de ce père.
P. 422, 1. 23. Clorre à droit). Cf. essai I, xl,
p. 239, 1. 15. Mais en tout ceci Montaigne passe
peut-être un peu la mesure. C'est au moins ce qu'il
faut penser de cette affirmation qu'il ne sait « pas
écrire » : le manuscrit de Bordeaux n'est pas indé-
chiffrable.
P. 423, 1. 7. Molliter). « Le plaisir de l'étude
faisant oublier la fatigue. » (Horace, Satires, II,
II, 12.)
P. 423, 1. 13. Tanti mihi). «A ce prix je ne vou-
drais pas tout le sable du Tage avec l'or qu'il roule
à la mer. » (Juvénal, m, 54.) Montaigne substitue
« mihi » à « tibi ».
P. 424, 1. 4. Non agininr). «Le vent favorable du
nord (l'aquilon) n'enfle pas mes voiles, mais aussi
le vent contraire du sud (l'auster) ne trouble pas
ma course paisible. En force, en talent, en figure,
en vertu, en naissance, en biens, je suis des derniers
de la première classe, mais des premiers de la der-
nière. » (Horace, Épitres, II, 11, 201.)
P. 425, 1. 2. /(' loge ce que ma nonchalance). Mé-
nage conte que Montaigne écrivait sur son livre de
dépenses: «Item, pour mon humeur paresseuse, mille
livres. » Mais il se pourrait que ce passage de Mon-
taigne fût l'unique source à laquelle Ménage se
rapporte.
P. 425, 1. 4. Hax ncinpe). « Le voilà ce superflu
qui échappe aux yeux du maître et dont les voleurs
s'accommodent. » (Horace, Épitres, I, vi, 45.) Le
texte d'Horace est passablement modifié :
« Exilis doiiius est, ubi non et multa supersunt :
» Et dominum fallunt, et prosunt furibus. »
P. 425, 1. 19. M'applique à eux). Allusion au vers
d'Horace qui est cité dans l'essai I, xxxix, p. 318,
i. 3.
P. 426, 1. 7. Duhia). « Les maux incertains sont
LIVRE II, CHAPITRE XVII.
295
ceux qui nous touroientent le plus. » (Sénèque,
Agameinnon, III, i, 29.) Citation prise dans les Poli-
tiques de Juste Lipse, V, xviii.
P. 426, 1. 15. Cet exemple d'un gentil'lmnme). On
trouve un récit semblable dans les Sérées de Bouchet,
et il ne semble pas que le récit de Bouchet ait été
pris aux Essais. Peut-être s'agjt-il du même person-
nage puisque Montaigne dit que « plusieurs l'ont
cogneu » .
P. 427, 1. 4. Spcin prclio). « Je n'achète pas l'espé-
rance à ce prix. » (Térence, Adelphcs, II, 11, 11.)
P. 427, 1. 7. Alter renins). «Qu'une de mes rames
batte les flots, et que l'autre suive le sable du rivage.»
(Properce, III, m, 23.)
P. 427, 1. 15. Caplenda reluis). «Dans le malheur
il faut prendre les résolutions téméraires. » (Sénèque,
AgaineiniKVi, II, i, 47.)
P. 427, 1. 22. Cni sit). « Qui jouit d'une condition
douce sans affronter la poussière de la victoire. »
(Horace, Epltres, I, i, 51.)
P. 428, 1. 7. Tiupe est). « Il est honteux de se
charger la tête d'un poids que l'on ne saurait porter,
pour fléchir bientôt des genoux et se soustraire au
fardeau. » (Properce, III, ix, 5.)
P. 428, 1. 18. Ninic, si). « A présent, si ton ami
ne nie pas le dépôt que tu lui as confié, s'il te rend
ta vieille bourse avec sa vieille monnaie intacte, c'est
un prodige de bonne toi qui mérite d'être inscrit
dans les livres toscans et qu'il faut expier en immo-
lant une jeune brebis. » (Juvénal, xiii, 60.)
P. 429, I..10. Nihil est tant). «Il n'y a rien de si
populaire que la bonté. » (Cicéron, Pro Ligario, x.)
P. 429, 1. 17. Rompre le col aux affaires). Voir en
particulier à ce sujet l'essai III, i.
P. 430, 1. 3. Aristote estime). Dans la Morale à
Nicomaque, IV, viii.
P. 430, 1. 6. Apollonius disait). Cf. les Lettres
d'Apollonius (lxxxiii) dont une traduction avait été
donnée à Bâle en 1554.
P. 430, 1. 21. Comme ont faict aiuiins de nos princes).
Charles \'III; Cf. Gilles Corrozet, Propos mémorables,
éd. de 1557, p. 56.
P. 430, 1. 24. Metellus Macedonicus). Cf. Aurelius
Victor, De viris ilhistribus, lxvi. Ce fait se trouve chez
tous les compilateurs et moralistes du xvi^ siècle :
Cf. Messie, Diverses leçons, I, iv; Du Verdier, Suite
des Diverses leçons, III, xxxvi; Droit de Gaillard,
Méthode de l'histoire, p. 535; Crinitus, De honesta
disciplina, XIX, vu; Cousteau, le Pegme, traduction
française de 1560, p. 145; Budé, Institution du prince,
XLiv; Erasme, Apophtegmes, I, v; Brusonius, Apoph-
tegmes, VI, x; voir aussi Plutarque, Du trop parler,
f" 92 v°; etc. Notons que le De viris ilhistribus,
attribué à Pline le Jeune, était publié à la suite de
ses œuvres.
P. 430, 1. 26. Ouo quis). « Plus on est fin et
adroit, plus on est odieux et suspect, si l'on perd sa
réputation d'honnêteté. » (Cicéron, De officiis, II, ix.)
P. 431, 1. 3. Tibère), ^'oir entre autres Tacite,
Annales, I, xi.
P. 431, 1. 7. Cens qui, de nostre temps). Allusion
à Machiavel dont le Prince était alors l'objet de
nombreuses controverses. Montaigne retrouve cette
opinion de Machiavel discutée dans un chapitre du
Thesoro politico, II, \, qui est intitulé : Trattato, nel
quale si oppugna, e confuta l'ignominiosa opinione del
Macchiavello, il quale non si è vergognato di dire, esser
lecito ad un Principe mancare di parola, et rompere la
fede, quando se gli mostra occasione di un bel gioco per
beneficio del suo Stato. Et si mostra che quel Prencipe,
il quale si mettesse à seguire una taie opinione, non sola-
mente si fnrebbe perpeluamente infâme, et abhominevole,
ma ancora condurrebbe ad estrema ruina lo Stato, et la
vita.
P. 431, 1. 13. Lcguein qui). Cf. le Thesoro politico :
« Per dire verità non si puô sanamente negare che
il più solido fondamento d'ogni principato non sia
la fama, et buona riputazione, cosi verso i suoi,
come verso i stranieri. Quale riputatione puô dunque
havere il Prencipe tra il suo popolo, o verso gli altri,
se ha nota d'infedeltà, di mancadore di fede, et di
abbominevole spergiuro, senza osservatione della
parola. Il Macchiavello per coprire l'errore suo, che
non fa ignorantemente, dice, che ciô aviene alcune
volte moto a proposito per il bene degli affari del
Prencipe, et che l'occasione passata non si ricupera
mai più. Quai maggiore pazzia poteva egli allegare
à sua confusione, che concludendo come fà, che il
296
Prencipe non hà d'haver riguardo all'obligatione délia
fede, se il bene dello Stato suo présenta occasione per
violarla ? niuna certo. Ne secondo Dio, ne seconde la
dispositione de gli affari humani sarebbe necessario
che i Prencipi fossero tali. Perché sarebbe la vera
strada di non veder mai tra noi, che fuoco, et san-
gue... Per l'istessa consideratione si pottrebe anco
dire, che alcune volte fosse bene saccheggiare le
Chiese, rubare gli Altari, opprimere gli innocenti,
et favorire i ribaldi : Perché non ci è vitio tanto
abominevole, ô misfatto cosi brutto, che per un
tempo non porti seco qualche specie, ô colore di
bene, et in sua stagione non giovi a chi lo commette,
quando bene non fosse questione d'altro che d'haver
effettuato la sua corrotta volonià. Se questo non
fosse, havressimo noi tanti homicidarij, falsari, sacri-
legi, et genti macchiate di tali obbrobriosc iniquità, se
non ne ricevessero qualche commodità temporale ? ... »
(II, V.)
P. 431, 1. 16. Infinis damages). Ct. le Tbcsoro poli-
tico : « Tutti i Prencipi che teniranno queste strade
cadono in un'altra penitenza, cioè che quando diranno
verità, alcuno non gli crederà, ne si fiderà. » (II, v.)
P. 431, 1. 18. Sdiman, de la race). Cf. Paul Jove,
Hisioriarum sni temporis libri : « In hoc decreto erat
barbarus imperator quum ceitius didicit a suis nulla
fiide cum Castrensibus rem gestam fuisse, qui dedi-
tione facta secus ac crediderant pro benefîcio, summœ
crudelitatis atque avaritiœ contumelias retufissent,
direpti scilicet et abducti in servitutem, quum inco-
lumi libertate salvas omnium fortunas fore speravis-
sent. Quo maleficio suggillari majestatis nomen
judicabat, qui semper in sponte dcditos fidei atque
justitias observantissimus esse consuesset. Captandos
siquidem Christianorum animos certa spe humani-
tatis atque clementiae, ut in exemplum idem reliquat
gentes adducerentur, nec esse omni bellica; cladis
acerbitate divexandos, qui ultro honesta pactione
a veteribus dominis deficerent. Itaque expiandam
omnino esse ejus patrati facinoris infamiam putavit,
generosoque animo quos ceperit maleficii authores
fuisse, supplicio affecit, et Castrenses captivos omnes
diligentissime perquisitos impositosque navigiis" ad
pénates suos reduci jussit. » (XXXVI, f" 187 v°.)
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Dans le même temps Montaigne rencontrait ce
même récit dans le Thesoro poUî'ico et il est manifeste
que c'est le texte du Thesoro politico qu'il a suivi :
« Solimano che fù stimato Prencipe più savio tra tutti
gli Ottoman! . . . havendo inteso quando fece descendere
la sua armata verso Ottronto l'anno del 1537, che
Mercurino de Gatinari, et i Cittadini di Castro, erano
stati fatti prigioni alla restitutione, che fecero délia
piazza, contra la fede promessagli, commando incon-
tinente che fossero rilassati, dicendo, che non erano
i modi che bisognava pratticare per guadagnare il
cuore, et la volontà délie nazioni straniere, il man-
care perfidiosamente délia parola sua, quando una
volta é stata promessa. » (II, v.) Dans le même
chapitre du Thesoro politico sont rappelés plusieurs
exemples de la délovauté des Ottomans à laquelle
Montaigne fiit allusion.
P. 432, 1. 13. Ny asse^ de ineinoire). Ces idées ont
été présentées objectivement dans l'essai I, ix; Mon-
taigne les analyse maintenant en lui-même.
P. 432, 1. 18. Aristippns disait). Cf. Diogène Laërce,
Vie d'Aristippe : « Interrogatus quidnam sibi ex Phi-
losophie studiis quœ.sisset, posse, inquit, omnibus
fidenter loqui. » (II, Lxvin, p. 138.)
P. 432, 1. 21. Elle me manque du tant). Ct. les
essais I, ix, et III, ix, où après 1580 Montaigne
reprendra longuement ces plaintes contre sa mémoire.
P. 433, 1. 25. Cet cjfaict). Cf. à ce sujet l'essai I,
XXI.
P. 434, 1. 21. Messala Corviniis). Cf. Pline, His-
toire naturelle, VII, xxiv, où il est dit ssulemcnt que
Messala Corvinus oublia son nom. Il en est de même
chez Messie, Diverses leçons, III, viii, où l'allégation
de Pline est répétée. Montaigne a lu des réflexions
sur des exemples semblables chez Laurent Joubert,
Questions vulgaires : quel langage parlerait un enfant...
(Éd. de 1579, p. 588), où l'autorité Je Rondelet
est alléguée.
P. 434, 1. 22. George Trape^unce). Le fait est men-
tionné dans des compilations sur la mémoire. Cf. par
exemple Messie, Diverses leçons, III, viii.
P. 434, 1. 26. Mcmoria ccrte). « Il est certain que la
mémoire est le réceptacle unique non seulement de
la philosophie, mais encore de tout ce qui concerne
LIVRE II, CHAPITRE XVII.
297
la pratique de la vie et de tous les arts. » (Cicéron,
Académiques, II, vu.)
P. 434, 1. 28. Pîeiius rimanim). « Je suis tout
percé de trous; je perds de tous les côtés. » (Térence,
Eunuque, I, 11, 25.) L'édition de Montaigne (Bàle
1538) donne la leçon «perfluo».
P. 435, 1. 3. Die Cicero). Dans le De senectute :
« Nec vero quemquam senum audivi oblitum quo
loco thesaurum obruisset. » (vu.)
P. 435, 1. 6. Je sçay). Cf. une déclaration toute
semblable au début de l'essai I, xxvi.
P. 436, 1. 8. Le jeune Pline). Coste renvoie à
l'épître III, V. Je doute que Montaigne fasse allusion
à cette épître, mais je n'ai pas trouvé de meilleure
source à indiquer.
P. 437, 1. 10. On conjectura). C'est Démocrite qui
jugea ainsi des heureuses dispositions de Protagore;
cf. Aulu-Gelle, V, m. Le fait doit se placer à Abdère,
et non à Athènes.
P. 437, 1. 25. Nasutus sis). «Soyez fin, assez du
nez, mais un nez comme Atlas n'en voudrait pas, et
confondez par vos plaisanteries Latinus en personne,
vous ne parviendrez pas à dire pis de ces bagatelles
que je n'en ai dit moi-même. Pourquoi mâcher dans
le vide? Il faut de la chair pour mordre et se rassas-
sier. Ici, vous perdez votre peine; répandez ailleurs
votre venin sur ceux qui s'admirent : car, pour moi,
je sais que tout ceci n'est rien. » (Martial, Epigramiiies,
XIII, II, I.)
P. 438, 1. 13. /(• vis un jour). Au mois de sep-
tembre 1559. Le roi François II conduisait alors en
Lorraine Claude de France, sa sœur, mariée à
Charles III, duc de Lorraine. Passant à Bar en 1580,
Montaigne a mentionné dans son Journal de voyage
(p. 62), qu'il y « avoit esté autresfois».
P. 438, 1.21. Ne si, ne no). « Le cœur ne me dit
ni oui ni non.» (Pétrarque, sonnet cxxxv; édition
de 1550, sonnet cxxxvi, p. 246.) Montaigne a pris
cette citation dans la Civil conversation de Guazzo, I.
P. 438, 1. 24. Le philosophe Chrysippus). Cf. Diogène
Laérce, Vie de Chrysippe : « Nec in philosophia me-
diocris fuit, vir ingeniosus ac acutissimus in omni
génère orationis, adeô ut in plerisque dissentiret à
Zenone atque à Cleanthe ipso, cui sxpenumero
dicebat, solius se dogmatum doctrina indigere. Nam
probationes se reperturum. » (VII, CLXxix, 509.)
P. 439, 1. 9. Diini in dubio). «Lorsque l'esprit est
dans le doute, le moindre poids le détermine à pencher
d'un côté ou d'un autre. » (Térence, Andrienne, I, vi,
32.) Je trouve dans l'édition de Montaigne « hue illuc ».
P. 439, 1. 14. Sors cecidit). «Le sort tomba sur
Mathias. » (^Aclcs des Apôtres, I, xxvi.)
P. 439, 1. 16. Gleve double et dangereus). Pour la
même image, cf. les essais I, xxv, p. 181, 1. 15, et
II, XII, p. 306, 1. 16. Voir les notes.
P. 439, 1. 26. Ipsa consuetudo). «L'habitude même
de donner son assentiment paraît dangereuse et glis-
sante. » (Cicéron, Académiques, II, xxi.)
P. 440, 1. l.Justa pari). « Ainsi, lorsque ses plateaux
sont chargés d'un poids égal, la balance ne s'abaisse
ni ne s'élève d'aucun côté. » (Tibulle, IV, i, 40.)
P. 440, 1. 6. Y a-il eu grand aisance). Allusion à
l'ouvrage de Gentillet intitulé : Discours sur les moyens
de bien gouverner..., paru pour la première fois au
début de l'année 1576, auquel Montaigne a fait plu-
sieurs emprunts. C'est une réplique au Prince de
Machiavel et à ses Discours sur la première décade de
Tite-Live; on désignait cet ouvrage sous le nom de
« r Anti-Machiavel ».
P. 440, 1. 12. Ca'diinur). «L'ennemi nous frappe,
et nous lui rendons coup pour coup. » (Horace,
Épitres, II, 11, 97.)
P. 441, 1. 9. Nunquam adeo). « Il n'est pas d'exem-
ples si honteux et si infâmes qu'on n'en puisse citer
d'encore pires. » (Juvénal, viii, 183.)
P. 442, 1. 22. Si vous aves pris). Montaigne avait
commis cette confusion dans l'essai III, xiii.
P. 443, 1. 20. Mihi nempe). «Vivre et me bien por-
ter, voilà toute ma philosophie. » (Lucrèce, V, 959.)
Adapté de « sibi quisque valere et vivere doctus ».
P. 444, 1. 5. Neuio in sese). «Personne ne tente
de descendre en soi-même. » (Perse, iv, 23.)
P. 444, 1. 20. Omnino, si). «S'il est quelque chose de
louable, c'est assurément l'uniformité de la conduite
qui ne se dément dans aucune action particulière;
et le moyen d'observer cette uniformité, si l'on aban-
donne sa manière d'être pour copier celle d'autrui ? »
(Cicéron, De ojjiciis, I, xxxi.)
298
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 447, 1. ). Je reloiiibe ivlonliers). Cf. l'essai I,
XXVI.
P. 44S, 1. I. Faciasnc qiiod). « Ferez-vous ce que
fît autrefois Polémon converti? Quitterez-vous la
livrée de la débauche, les bandages, les coussins, les
vaines parures, comme on raconte de ce jeune
débauché qui, assistant un jour par hasard à une
leçon de l'austère Xénocrate, arracha de son front et
jeta à la dérobée les fleurs dont il était couronné à la
mode des buveurs?» (Horace, Satires, II, m, 253.)
P. 448, 1. 10. Plus sapil vtilgtis). « Le vulgaire est
plus sage parce qu'il n'est sage qu'autant qu'il le
faut. » (Lactance, Institutions divines, III, v.) Citation
prise aux Politiques de Juste Lipse, I, x.
P. 448, 1. 14. Mareschal Siroi^i). Dans le Journal
de ivyage (p. 56), on voit Montaigne s'enquérir du
tombeau de Strozzi. Strozzi est mort au siège de
Thionville, le 20 juin 1558. Dans l'essai II, xxxiv,
Montaigne le louera d'avoir choisi pour livre de
chevet les Commentaires de César (p. 545, 1. 6). Il
importe de se rappeler, quand on lit le jugement de
Montaigne, que Strozzi était athée et mourut en
athée.
P. 448, 1. 18. Aurai). En latin Auratus, en fran-
çais Daurat ou Dorât. Poète savant qui eut une
grande influence sur la Pléiade dont il faisait partie.
Il fut au collège de Coqueret le maître de Ronsard,
de Baïf et de du Bellay. En tète de volumes de tout
genre on lit des pièces liminaires de Daurat qui
attestent la faveur dont il jouissait de son temps.
Du Verdier nous dit qu'il a composé plus de cin-
quante mille vers, grecs, latins et français. Beaucoup
de ces vers parurent dans des recueils et il est impos-
sible de déterminer ceux que Montaigne a connus.
Ses œuvres furent réunies en 1586, après la date à
laquelle ce jugement à été inséré dans les Essais.
P. 448, 1. 18. Be:^e). Théodore de Bèze. Nous
a.vons un exemplaire de la seconde édition de ses
poèmes qui porte au titre la signature de Montaigne :
Theodori Be:^e Ve^elii poematum editio secunda, ab eo
recognita. Item, ex Georgio Buchanano aliisque variis
insignibus poetis excerpta carmina, prxsert inique epigram-
maia (1569). De plus il possédait une édition non
expurgée de ces mêmes poèmes, comme le prouve
une citation des Essais. A Rome on reprocha à Mon-
taigne d'avoir nommé des hérétiques parmi les plus
grands poètes {Journal de voyage, p. 250) : il s'agissait
de Bèze et de Buchanan.
P. 448, 1. 18. Buchanan). Outre les épigrammes
contenues dans le recueil cité à la note précédente",
Montaigne a connu et probablement su par cœur,
au moins en bonne panie, les tragédies de Buchanan
qu'il représenta avec ses caniarades au collège de
Guyenne : Jephte, Baptistes sive Cahimnia. Il est vrai-
semblable aussi qu'il lut sa paraphrase des Psaumes, très
célèbre et fréquemment réimprimée au xvi^ siècle.
Sur Buchanan, voir l'essai I, xxvi, p. 226, 1. 26, et
la note.
P. 448, 1. 18. L'Hospital). Ses six livres de Ser-
niones furent publiés seulement en 1585. Fort peu de
ses vers avaient paru lorsque Montaigne l'inscrivait
ainsi parmi les meilleurs poètes. Sans doute il avait
lu une partie de ses œuvres en manuscrit.
P. 448, 1. 18. Mont-doré). En latin Montaureus.
Maître des requêtes et bibliothécaire du roi, mathé-
maticien, chassé d'Orléans sa patrie pour ses attaches
avec la Réforme, mort en 1581. A la fin de .sa tra-
duction d'Euclide, dans son commentaire du dixième
livre d'Euclide (15 51), on trouve une pièce de vers
importante; on lui attribue également un éloge de
Poltrot de Méré en vers latins. On trouvera une
bonne partie de ses vers dans un recueil paru au début
du xvn' siècle : Gherus, Deliciee poetaruni*galloruni
Imjus superiorisque <Tci illustrium.
P. 448, 1. 19. Turnebus). Les poèmes de Turnèbe
avaient paru dans des recueils séparés. Sur le cas
que Montaigne faisait de Turnèbe, cf. les essais I,
XXV, p. 180, 1. 9; II, XII, p. 142, 1. 27.
P. 449, 1. 4. Monsieur de la Noue). On trouvera
un éloge de la modération de La Noue dans la lettre
dédicatoire au roi de Navarre placée par de Fresne
en tète des Discours politiques et militaires.
P. 449, 1. 8. Marie de Gournay). Sur ses relations
avec iMontaigne, cf. Bonnefon, Montaigne et ses amis;
Stapfer, La famille et les amis de Montaigne.
P. 449, 1. 16. Par les cinquante et cinq ans). En
1588, lors de son voyage à Paris, Montaigne fit un
séjour en Picardie chez Marie de Gournay.
LIVRE II, CHAPITRE XVII.
299
Chronologie : On a pensé que cet essai est de
l'année 1573 ou des premiers mois de 1574. Cela
tient, je crois, à une fausse interprétation. Montaigne
écrit : «J'ay la taille forte et ramassée... la santé
forte et allègre jnsques bien avant en mon aage,
rarement troublée par les maladies. J'estois tel, car
je ne me considère pas à cette heure que je suis
engagé dans les avenues de la vieillesse ayant franchi
les quarante ans. »
Si l'on infère de cette phrase que Montaigne n'a
pas quarante et un ans au moment oi!i se place la
composition de cet essai, c'est bien à l'année 1573
ou aux deux premiers mois de 1574 qu'il la faut
fixer; mais je ne crois pas que ce sens soit le véri-
table; il a passé quarante ans, mais rien ne dit qu'il
n'en a pas quarante et un, ou quarante-deux, ou
davantage. Montaigne semble lui-même nous inviter
à penser que là est la juste interprétation lorsque,
dans une édition postérieure, il corrige, non en chan-
geant le nombre quarante, mais en ajoutant le mot
« pieça » : « A^'ant pieça franchi les quarante ans » ;
quarante ans pourrait bien être pour lui une sorte
de seuil de la vieillesse. Nous concluons donc que
cette phrase est postérieure au mois de février 1573,
époque à laquelle Montaigne atteint ses quarante
ans, rien de plus. Et c'est encore la même conclusion
que nous devons tirer de la restriction que Montaigne
apporte à son brevet de bonne santé. Il déclare nette-
ment que maintenant sa santé est altérée. Rien ne
permet de dire s'il fait allusion à la crise de 1573 ou
aux rudes accès de 1578, ce qui me paraît plus vrai-
semblable. Une seule chose est certaine d'après cette
affirmation, c'est que l'essai n'est pas antérieur à 1 573.
Mais d'autres renseignements complètent celui-ci.
Il est certain que plusieurs passages ont été écrits au
plus tôt en 1578.
1° Dans un développement sur sa propre manière
d'écrire, Montaigne exprime son admiration pour le
style de César, et ce jugement est certainement pos-
térieur à la lecture des Comiwntaires (février-juillet
1578) : «Encore que les coupures et cadences de
Saluste reviennent plus à mon humeur, si est-ce que
je trouve Cœsar et plus admirable et moins aysé à
imiter. »
2° Il semble bien que ce soit aux Discours sur les
moyens de bien gouverner, de Gentillet, que Montaigne
fait allusion dans ce passage : « Les discours de
Machiavel estoient assez solides pour le suhjet, si y
a-il eu grand aisance à les combattre; & ceux qui
les ont combattus n'ont pas laissé moins de facillité
à combattre les leurs » ; or nous avons vu que Mon-
taigne n'a pas pu lire Gentillet avant 1576, et que
très probablement il l'a connu seulement vers 1578.
3" Montaigne fait allusion au Dialogue des orateurs,
de Tacite : « Messala se plaint en Tacitus de quelques
accoustrements estroits de son temps et de la ftçon
des bancs où les orateurs avoierrt à parler, qui affoi-
blissoient leur éloquence. » Or, en dehors de ce
passage, le Dialogue des orateurs n'est mentionné que
trois fois dans les essais de 1580 : une fois à l'essai
I, XXVI, et deux fois à l'essai II, x ; ces deux chapitres
(nous l'avons vu) sont l'un et l'autre au plus tôt
de 1579. Cette remarque a d'autant plus de poids
que Tacite ne semble pas être à cette époque
un auteur familier pour Montaigne; ses grands
ouvrages historiques n'ont déposé aucune trace dans
les essais de 1580.
4° La remarque semble s'appliquer également à
Ammien Marcellin : Montaigne lui emprunte ici tout
un morceau sur l'empereur « Constantius »; or j'ai
montré qu'Ammien Marcellin avait été lu par Mon-
taigne dans la dernière période et que probablement
entre 1570 et 1580 il ne l'avait été que dans cette
dernière période.
5° Certains passages semblent avoir été écrits après
le chapitre De l'institution des enfans : « Je retombe
volontiers, dit Montaigne, sur ce discours de l'ineptie
de nostre institution. » Et il reprend effectivement
son thème de prédilection, que nos maîtres garnis-
sent la mémoire et ne forment pas le jugement.
Ailleurs, il jette en passant cette incidente : « le latin
qui m'a esté donné pour maternel. » N'est-il pas
probable que si Montaigne n'éprouve pas le besoin
d'expliquer comment la langue latine se trouve être
sa langue maternelle, et si une simple allusion lui
suffit, c'est que déjà il a conté à son lecteur la
manière très originale dont son père la lui a tait
enseii^ner :
300
ESSAIS DE MONTAIGNE.
6" Notons que cet essai est certainement postérieur
à l'essai De la gloire : la première plirase nous l'in-
dique. Or, par un emprunt fait à Bodin, l'essai De la
gloire nous a paru avoir beaucoup de chances d'être
de la dernière période.
7" Faut-il enfin rappeler, quoique cet argument
soit moins solide, avec quelle force Montaigne assure
que « de toutes les opinions que l'ancienneté a eues
de l'homme, celles qu'il embrasse le plus volontiers
et auxquelles il s'attache le plus, ce sont celles qui
nous mesprisent, avilissent et anéantissent le plus.
La philosophie ne lui semble jamais avoir si beau
jeu que quand elle combat nostre présomption et
vanité...»? Si je ne me trompe, pour que Montaigne
écrive ces lignes, il faut qu'il ait été déjà séduit par
le pyrrhonisme.
Tous ces faits réunis nous invitent à penser que
l'essai De la pra'sumption est seulement des années
1578 ou 1579. Si l'on veut à tout prix maintenir
qu'une partie en a été composée dès 1573 ou 1574,
au moins faut-il admettre que c'en est une partie
seulement, et que l'essai a été très profondément
remanié par la suite.
Chapitre XVIII.
DV Dt.MEXTIR.
P. 4)1, I. 10. Ca'sar et Xcnoplmi). Rapprocher
l'essai I, xl, p. 323, 1. 18.
P. 451, 1. 18. Non rccito). «Je ne lis ceci qu'à
mes seuls amis, et encore sur leur prière; je ne le
fais pas en tout lieu ni devant n'importe quel audi-
toire. Il est beaucoup d'auteurs, au contraire, qui
lisent leurs ouvrages en plein forum et dans les bains
publics. » (Horace, Satires, I, iv, 73.) Le texte est
celui des éditions du xvi" siècle, mais Montaigne, à
dessein sans doute, substitue «rogatus» à «coactus».
P. 452, 1. 3. Non eqnidem). «Mon dessein n'est
pas d'enfler mon livre de billevesées : c'est un tête-
à-tête. » (Perse, v, 19.) Si la citation a été coupée
après 1588, c'est parce que le fragment de vers sup-
primé se retrouve, avec une légère modification,
dans l'essai III, 11. Plusieurs autres suppressions ont
été faites à la même époque dans le dessein d'éviter
des répétitions.
P. 453, 1. I. Paterna vestis). «L'habit d'un père,
son anneau, sont d'autant plus chers à ses enfants
qu'ils avaient plus d'affection pour lui. » (vSaint Au-
gustin, Cité de Dieu, I, xiii.) Toutes les éditions de
saint Augustin que j'ai rencontrées portent «carius»
au lieu de « carior » qu'écrit Montaigne.
P. 453, 1. 9. A''^ toga). « Que les thons et les olives
ne manquent d'enveloppes. » (Martial, XIII, i.)
P. 453, 1. 10. Et laxas). «Et je fournirai souvent
aux maquereaux des habits où ils seront à l'aise. »
(Catulle, xciv, 8.)
P. 454, 1. 17. Zon dessus). Cf. Marot dans son
épître intitulée Fripelippes, valet de Marot, à Sagon.
P. 455, 1. 9. Cûiiime disait Pindare). Cf. Plutarque,
Fie de Marius : «Metellus... reputoit... que l'estre
véritable, comme disoit Pindarus, soit le comman-
cement & le fondement d'une grande vertu... »
(li, f*" 296 r".) Cf. aussi Stobée, sernio xi.
P. 455, 1. 10. Platon demande). République, III,
p. 558.
P. 455, 1. 12. Nous appelions monnoye). Sur cette
image, cf. l'essai II, xii, p. 307, 1. 9, et la note.
P. 455, 1. 14. Salvianns Massiliensis). Dans le De
gubeniationc Dei : « Si pejeret Francus, quid novi
faciet, qui perjurium ipsum sermonis genus putat
esse, non criminis? (I, xiv.)
P. 456, 1. 10. Quand il dict). Cf. Plutai^ue, Vie
de Lysandre : « Celuy qui trompe son ennemy,
moienant la foy qu'il luy jure, donne à cognoistre
qu'il le craint, mais qu'il ne se soucie point de.Dieu.»
(iv, f" 306 v°.)
P. 45e, 1. 23. La désolation). Montaigne reviendra
longuement sur ce sujet dans l'essai III, vi.
P. 456, 1. 25. Du sang humain). Cf. Lopez de
Gomara, Histoire générale des Indes : « Quezalconatl,
Dieu de l'air... leur avoit enseigné... de purger ses
foutes en tirant du sang de la langue et des oreilles. »
(II, xxviii, f° 84 r".)
P. 456, 1. 28. Ce km compaignon). Cf. Plutarque,
Vie de Lysandre : « Androclidas a laissé par escript un
mot que souloit dire Lysander, par où il appert qu'il
taisoit bien peu de compte de se parjurer : car il disoit
qu'il falloit tromper les enfans avec le jeu des osselets,
& les hommes avec les sermens. » (iv, f° 306 r°.)
302
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 457, 1. 2. /(' remets). On peut voir sur ce sujet,
que Montaigne n'a pas traité, un ouvrage de Muzio :
Duello del Mu:(io con le riposte cavaleresche (Venezia,
1558, 1560, 1564, etc.). Il a été traduit en français
par Ant. Chapuis : Le combat de Miitio (Lyon, 1561;
Lyon, 1582).
P. 457, 1. 10. On appelle Cœsar). Cf. Plutarque,
Vie de Pompée, xvi; Vie de Caton d'Uliqiic, \u. Voir
aussi essai II, xxxiii, p. 5^9.
Chronologie : La première phrase de cet essai
fait suite à l'essai précédent, et prouve qu'il a été
écrit après lui. L'hypothèse la plus vraisemblable est
donc qu'il est lui aussi de la dernière période.
Chapitre XIX.
DE LA LIBERTE DE CONSCIENCE.
P. 459, 1. I. L'Empereur Taciliis). Cf. Bodin,
Methodns ad facilem historianim cognitionein (éd. de
157e, p. 63).
P. 459, 1. 9. JiiUan, surnomme l'Apostat). Il est
probable que cette idée d'une réhabilitation de Julien
vient à Montaigne de la lecture de Jean Bodin, Me-
thodns ad facilem historiarum cognitionem (éd. de 1576,
p. 87), où il est parlé avantageusement de cet empe-
reur, et où il est reproché à ses adversaires de l'avoir
calomnié. Le chapitre ne me paraît avoir aucune
relation avec la publication du IIsp-. Ka'.jaiwv Acyî;
faite en 1577, ni avec la traduction du même écrit
que donna Grangier au mois d'avril 1580.
Signalons qu'à la même époque Claude Fauchet,
dans ses Antiquité- gauloises et françaises, II, iv, a
parlé aussi très avantageusement de Julien qu'il
déclare un «grand et vaillant prince». Cet essai fut
blâmé à Rome (Journal de voyage, p. 250).
P. 459, 1. 13. Aucune sorte de vertu). C'est le sujet
d'un chapitre de l'Histoire d'Ammien Marcellin, le
quatrième du livre XXV.
P. 459, 1. 15. On lit de luy). Cf. Ammien Mar-
cellin : « Ex virginibus qu;e speciosœ sunt captit, ut
in Perside, ubi fœminarum pulchritudo excellit, nec
contrectare aliquam voluit, nec videre, etc. » (XXIV,
IV.) Ammien Marcellin rappelle ici à Montaigne
le souvenir d'Alexandre et de Scipion. Au reste les
anecdotes auxquelles il est fait allusion ici étaient très
vulgarisées au xvi'^ siècle. La continence d'Alexandre
(refusant après sa victoire même de voir la femme
de Darius), a été louée par Plutarque, dans la Vie
d'Alexandre. Aulu-Gelle dans les Nuits attiques, VI, |
viii, propose comme sujet de déclamation, la compa-
raison de la chasteté d'Alexandre et de la chasteté de
Scipion ; et le parallèle a été repris par Messie, Diverses
leçons, II, XXIX ; L'Ostal, Discours philosophiques, xvii;
Droit de Gaillard, Méthode de F Histoire, xxiii; etc.
P. 459, 1. 17. Il fut tué). Cf. Ammien Marcellin,
Histoire : « Vita facilius est absolutus, anno œtatis
altero & tricesimo. » (XXV, m.)
P. 459, 1. 19. Encore que). Id., ibid. : « Judicialibus
causis intentus, non minus arduis quàm bellicis,
distrahebatur multiformibus causis, exquisita docili-
tate librans, quibus modis suum cuique tribueret :
justisque sententiis & improbi modicis coercerentur
suppliciis, & innocentes fortunis defenderentur in-
tactis. Et quanquam in disceptando aliquoties erat
intempestivus, quid quisque jurgantium coleret tem-
pore alieno interrogans, tamen nulla ejus diffinitio
litis à vero dissonans reperitur : nec argui unquam
potuit ob religionem vel quodcunque aliud ab
asquitatis tramite déviasse. » (XXII, x.) Voir aussi
XXV, V.
P. 459, 1. 22. Il ft luy mesmc). Id., ibid., XXV, iv.
P. 459, 1. 27. Cette sienne ordonnance). Id., ibid :
« Illud autem inclemens obruendum perenni silentio,
quôd arcebat docere magistros rhetoricos & gramma-
ticos, ritus Christiani cultores. » (XXII, x.)
P. 460, 1. 4. Nos gens mesnies recitent). Cf. Zonaras :
« Se pourmenant une fois à l'entour de Chalcedone
l'evesque de la ville nommé Maris, n'eust point- de
crainte de l'appeller meschant et traistre à Christ :
Mais Julian faignant que par une patience philoso-
phique, il endurcit telles paroles, se contenta de luy
504
ESSAIS DE MONTAIGNE.
dire, Retire-toy misérable et pleure la perte de tes
yeux, car il estoit chassieuz et ne voyoit que bien
peu. Adonq il poursujn-it : je rends grâces a Christ
mon sauveur, lequel a eu si grand soucy de moy,
que pour ne veoir ton impudent visage il m'a osté
la veue. » (1560, 3' partie, f° 11 r°.) Cf. aussi Sozo-
mène. Histoire ecclésiastique, V, iv.
P. 460, 1. 12. Dit Eutropiiis). « Religionis Cliris-
lianae insectator, période tamen ut cruore abstineret. »
(X, VIII.)
P. 460, 1. 16. Les rigueurs dequoy il usa). Cf. Am-
mien Marcellin, Histoire, XXII, m.
P. 460, 1. 18. Se notirrissoit en pleine paix). Id.,
ibid. : « Xamque in pace ejus mensarum tenuitas erat
recte nos centibus admiranda, velut ad pallium mox
reversuri. » (XXV, iv.) Voir aussi XVI, v.
P. 460, 1. 20. Il départait). Id., ibid. : « Hinc
contingebat ut noctes ad officia divideret tripartita,
quietis, & publicas rei & Musarum. » (XVI, v.) Voir
aussi XXV, IV.
P. 460, 1. 22. Le reste, il Vemployoit). Id., ibid :
« Explorabat per semetipsum vigiliarum vices & sta-
tionum, post hiec séria ad arces confugiens doctri-
narum. » (XXV, iv.) Voir aussi XM, v.
P. 460, 1. 24. En toute sorte). Id., ibid., XVI, v,
passim.
P. 460, 1. 25. On dict d'Alexandre le grand). Id.,
ibid. : « Quod factitasse Alexandrum legimus ma-
gnum; sed multo hic fortius. Ille namque œnea
concha supposita, brachio extra cuhile protento,
pilam tenebat argenteam, ut, cum nervorum vigo-
rem sopor laxasset infusus, gestaminis lapsi tinnitus
abrumperet somnum. Julianus vero absque instru-
mento, quoties voluit, evigilavit : et nocte dimidiata
semper exsurgens, non e plumis vel stragulis sericis
ambiguo fulgore nitentibus, ,sed ex tapete, et a-.ijpx,
quam vulgaris simplicitas sisurnam adpellat, occulte
Mercurio supplicabat... » (XVI, v.)
P. 461, 1. 9. Sa mort a quelque cltose de pareil).
Id., ibid. : « Subita equestris hasta cute brachii ejus
praestricia costis perfossis hassit in ima jccoris fibra.
Quam dum avellere dextera manu conatur, acuto
utrinque ferro digitorum nervos sensit excisos. Arma
poscebat & equum : ut reviso prcclio suorum fiduciam
repararet... eo vigore... quo Epaminundas. » (XXV,
m.)
P. 461, 1. 14. Lesquels contestèrent). Id., ibid. :
« Amisso ductore sine parsimonia ruebat (miles) in
ferrum... Quandiu satietate vulnerum partibus fessis,
nox diremit certamina jam tenebrosa. » (XXV, m.)
P. 461, 1. 16. Les cljoses humaines). Id., ibid. :
« Censor moribus regendis acerrimus, placidus, opum
contemptor, mortalia cuncta despiciens : postremo
id pn'edicabat : « Turpe esse sapienti, cum habeat
» animum. captare laudes ex corpore. » (XXV, v.)
P. 461, 1. 22. Il fut si superstitieux). Id., ibid. :
« Superstitiosus magis quàm sacrorum legitimus
obser\'ator, innumeras sine parsimonia pecudes mac-
tans, ut œstimaretur, si revertisset de Parthis, boves
jam defuturos. » (XXV, iv.)
P. 461, 1. 26. Il estoit aussi endmbouyué). Id., ibid :
« Prœsagiorum sciscitaiioni nimi;r deditus. » (XXV,
IV.)
P. 461, 1. 28. Qu'il sçkvoil bon gré aux dieux). Id.,
ibid. : « Nec fateri pudebit, interiturum me ferro
dudum didici, fide fatidica pr^ecinente. Ideoque sem-
piternum veneror numen, quôd non clandestinis
insidiis, nec longa morborum asperitate, vel delica-
torum fine decedo, sed in medio cursu florentium
gloriarum hune merui clarum è medio digressum. »
(XXV, III.)
P. 462, 1. 4. // avoit eu une pareille vision). Id.,
ibid., XX, y.
P. 462, 1. 5. & depuis se représenta). Id., ibid. :
« Vidit squalidius, ut confessus est proximis, speciem
illam Genii publici, quam cum ad Augustum surgeret
culmen conspexit in Galliis. » (XXV, 11, 452.)
P. 462, 1. 7. Tu as veincu). Cf. Théodorète, III, xx.
P. 462, 1. 8. Contante toi). Cf. Zonaras, f" 12 r".
P. 462, 1. 12. Il coui'oit). Cf. Ammien Marcellin,
Histoire : «Utque omnes nuUo impcdiente ad sui
favorem illiceret, adhxrere cultui Christiano fingebat,
à quo jam pridem occulte desciverat. » (XXI, 11.)
P. 462, 1. 14. En fin quand il se vit). Id., ibid. :
« Ubi verô abolitis quas verebatur, adesse sibi liberum
tempus faciundi quœ vellet advertit, sui pectoris pate-
fecit arcana : & plané absolutis decretis, aperiri
templa, arisque hostias admoveri & reparari deorum
LIVRE II, CHAPITRE XIX.
30s
statuit cultum. Utque dispositorum roboraret effec-
tum, dissidentes Cliristianorum antistites cuni plèbe
discissa in palatium intromissos monebat, ut civilibus
discordiis consopitis quisque nullo vêtante religion!
suœ sen-iret intrepidus : quod agebat ideo obstinate,
ut dissentiones augente licentia non timeret unani-
mantem postea plebeui, nullas infestas hominibus
bestias ut sunt sibi feralibus plerisque Cliristianorum
expertus. » (XXII, v.)
P. 463, 1. 6. On diroil aussi). Rapprocher essai II,
XV, p. 385, 1. 10, et la note.
P. 463, 1. II. N'ayans peu). C'est aussi l'opinion
de Gentillet, dans Y Anti- Machiavel, éd. de 1579,
p. 429.
Chronologie : L'idée de ce chapitre vient de la
Méthode de Bodin, dont la lecture est des environs
de i57'8; presque tous les détails sont pris à Ammien
Marcellin, qui a été lu par Montaigne vers la même
époque. La dernière phrase fait allusion à la paix
de Monsieur, et est par conséquent postérieure au
mois de mai 1576. Cet essai est donc certainement
de la dernière période.
Chapitre XX.
NOVS NE GOVSTONS RIEN DE PVR.
P. 464, 1. 9. Des plaisirs). Rapprocher une pensée
de Sénèque dans l'épître 91 : «In ipsis voluptatibus
causœ doloris oriuntur. »
P. 464, 1. 1 1. Medio de fonte). « De la source même
des plaisirs s'élève une amertume qui nous angoisse
au milieu des fleurs.» (Lucrèce, R', 11 30.)
P. 465, 1. 7. Ipsa jxUcitas). «La félicité qui ne
se modère pas se détruit soi-même. » (Sénèque,
épître 74.) Le texte est conforme à celui de l'édition
de Bâle 1557.
P. 465, 1. 9. Un verset Grec). Allusion à un vers
d'Epicharme qui a été conservé dans les Mémorables
de Xénophon, II, .1, 20. Il est probable que Mon-
taigne, qui ne semble pas lire les Mémorables avant
1580, a trouvé le passage des Mémorables dans VAii-
tMogie de Stobée :
« z:v(i)v r(.)/.:î;7'.v T,;j.tv -xt-.T. ti-'aQi O::'!. »
« Laboribus omnia nobis dii vcndunt. » (P. 28.)
P. 465, 1. 15. Sacrâtes dict). Cf. Platon, Pbédon :
« Deum ipsum ciim ipsa inter se pugnantia conci-
liare, neque id facere posset, in unum saltem eorum
apices conjunxisse. » (III, p. éo; éd. de 1546, p. 491.)
Cf. aussi Castiglione, Il Cortegiano, II, 11.)
P. 465, 1. 18. Metrodorus). Cf. Sénèque, épître 99.
Sénèque consacre un long paragraphe à combattre
cette idée qui le scandalise. Montaigne prend parti
contre le stoïcien Sénèque, dont la psychologie lui
paraît trop raide, pour l'épicurien Métrodore qui lui
paraît plus réaliste.
P. 465, 1. 21. Outre l'ambition). Un paragraphe de
la même épître de Sénèque, 99, invitait Montaigne
à faire cette allusion.
P. 465, 1. 25. Est qiiœdam). «Il y a quelque
volupté à pleurer. » (Ovide, Tristes, IV, m, 27.)
P. 466, 1. I. Dict un Attalus). Cf. Sénèque, Épîtres :
« Sic amicorum defunctorum memoria jucunda est,
quomodo in vino nimis veteri ipsa nos amaritudo
delectat : quomodo poma quidam sunt suaviter
aspera. » (Epître 63.)
P. 466, 1. 3. Minister vetnli). «Jeune esclave qui
sers le vin vieux de Falerne, verse-m'en du plus
amer.» (Catulle, xxv, i.)
P. 466, 1. II. Nnllum sine). «Il n'y a pas de mal
sans compensation. » (Sénèque, épître 69.)
P. 467, 1. 2. Dit Platon). Dans la République, IV,
p. 426. Mais Montaigne a certainement pris ceci chez
Jean Bodin, Methodus ad facilem historiarum cogni-
tionem : « Si de legibus et republica sententiam Taciti
exquirimus, quid gravius dici potest quam omne
magnum exemplum habere aliquid ex iniquo, quod
contra singulos utilitate publica rependitur? Plato
paulo aliter, hydrœ caput eos amputare, qui de legi-
bus omnia incommoda detrahi posse opinantur. »
(Éd. de 1576, p. 63.)
P. 467, 1. 4. Omnc magnum). « Toute punition
exemplaire comporte quelque iniquité envers les
particuliers, qui est compensée par un profit public. »
(Tacite, Annales, XIV, xliv.) Montaigne a pris cette
sentence dans la Méthode de l'histoire de Bodin (cf. la
note précédente). Rodin l'a reprise dans sa République,
III, VI.
P. 467, 1. 15. Ineptes à l'exercice). Voir le dévelop-
pement que Montaigne donnera à cette idée après
1588, au début de l'essai I, xxv.
P. 467, 1. 21. Vohitantibus res). «A force de
LIVRE II, CHAPITRE XX.
307
balancer dans leur esprit des motifs contradictoires, ils
étaient devenus stupides. » (Tite-Live, XXXII, xx.)
P. 467, 1. 23. Sivionides). Cf. Cicéron, De natura
deorum: «Simonidem arbitror... quia multa venirent
in mentem acuta atque subtilia, dubitantem quid
eoruni esset verissimum, desperasse omnem verita-
tem.» (I, xxii; t. IV, p. 192.) Hiéron avait prié Simo-
nide de lui dire ce que c'est que Dieu; et Simonide
lui ayant répondu qu'il avait besoin d'un jour pour
examiner cette question, le lendemain il demanda
encore deux jours, & doubla chaque fois le nombre
de jours, après cela.
Chronologie : La sentence de Tacite et la sen-
tence de Platon que Montaigne cite sont prises à la
Méthode de Bodin (cf. ci-dessus, p. 467, 1. 2). L'essai
est donc des environs de 1578.
Chapitre XXI.
CONTRE LA FAINEANTISE.
P. 469, 1. I. L'Empereur Vespasien). Cf. Suétone,
Vie de Vespasien, xxiv; Zonaras, etc. Montaigne cite
sans doute de mémoire, car je ne trouve aucun
texte dont ceci soit la traduction. Il avait déjà men-
tionné ce mot de Vespasien dans l'essai I, xiv, où
il l'effaça après 1588 pour éviter une répétition.
P. 469, 1. 6. Adrian, l'Empereur). Cf. Spartien,
^ Férus : «Sanum principem mon debere, non debi-
lem. » (vi.) Voir aussi Dion, i.xix. Le récit de
Zonaras est différent.
P. 469, 1. 14. Si nonchalant de la noslre). M. Armain-
gaud {Revue politique, mars 1906) voit dans ce passage
une critique à l'adresse du roi Henri III.
P. 470, 1. é. J'en sçai un). Allusion très probable
à Henri R'.
P. 470, 1. 15. Les princes de la race Hottomane).
Montaigne trouvait de nombreux exemples de ceci
dans le Thesoro politico de 1589, II, 11. Après avoir
montré chez Mahomet second, Selim et Soliman,
l'union du courage et de la culture de l'esprit, les
deux qualités fondamentales d'un grand capitaine,
l'auteur du Trésor politique montre que d'autres princes
de la même race, s'ils avaient la culture, ont manqué
de vaillance : « Et tra gli altri Baiazet Secondo, et
Corcas suo figliuolo ne fanno fedc. Questi ebbero
cognitione délie buone lettere, ma non effettuarono
alcun atto valoroso, percioche non haveano cuore,
ne animo nato alla guerra. » Le point de vue de
Montaigne est pourtant un peu différent de celui du
Thesoro politico. L'auteur du Thesoro admet qu'à un
prince, les lettres sont profitables pour faire fructifier
sa vaillance naturelle; pour les soldats seulement il
estime qu'elles sont pernicieuses.
P. 470, 1. 21. Edoart troisième). Cf. Froissart, I,
cxxiii; mais ce mot est très vulgarisé au xvi= siècle.
Je le retrouve chez Gentillet, Discours sur les moyens
de bien gouverner (éd. de 1579, pp. 20 et 38); dans
les lettres de Pasquier, II; etc.
P. 470, 1. 25. Ceus qui veulent). On peut voir en
particulier à ce sujet l'épitre dédicatoire qui se lit en
tête de l'édition d'Osorio que Montaigne possédait
dans sa bibliothèque : l'auteur, un Espagnol, ne tarit
pas d'éloges, pour sa nation et pour ses princes.
P. 471, 1. I. L'empereur Julian). Cf. Zonaras à la
fin de la Vie de Julien : « Julien se demonstra si sobre,
que presque il ne roultoit ou crachoit, disant ordi-
nairement, que s'il estoit possible, le Philosophe se
devoit garder de respirer. »
P. 471, 1. 7. & Xenophon). Dans la Cyropédie, I,
II, lé. Le fait est rappelé chez Jean Bodin, Methodus
ad Jacilem Instoriarum cognitionem, p. 124.
P. 471, 1. 9. Ce que dit Seneqtie). Dans l'épitre 88 :
«Juventutem majores nostri rectam exercuerunt...
nihil liberos suos docebant, quod discendum esset
jacentibus. »
P. 471, 1. 18. Nostre cognoissaïue). \o\c\ les indi-
cations relatives au passage qu'insère ici l'édition
de 1595 (Cf. appendice III, p. 659) :
Victor, Marce Fabi : « Je retournerai vainqueur du
combat, ô Marcus Fabius. Si j'y manque, j'invoque
sur moi la colère de Jupiter, de Mars, et des autres
dieux. » (Tite-Live, II, xlv.)
LIVRE II, CHAPITRE XXI.
309
Les Portugais : Cf. Goulard, Histoire du Portugal :
«Baret... voulant prendre terre fut assailly de trente
Mores qui avoyent la teste & la barbe rase, qui estoit
un signe de certain vœu, par lequel ils s'estoyent
condamnez avec horribles exécrations à mourir plus-
tost que de quitter la place. » (V, vu, f° 154 v°.)
Philistus, chef de l'armée : Cf. Diodore de Sicile :
« Philistus, qui estoit chef de l'armée de mer du
tyran, feit armer et equipper soixante galères avec
lesquelles il présenta la bataille aux Syracusains,
lesquels avoient presque semblable nombre de vais-
seaux : le combat fut fort aspre et y eut Philistus
du meilleur au commencement, tant il feit d'armes
de sa personne; mais puis après il fut enveloppé par
ses ennemys : et s'appercevant que les Syracusains
faisoient tout ce qu'ilz pouvoient pour l'enclorre
entre eulx, à fin de l'avoir vif entre leurs mains : il
se tua luy-mesme pour ne souffrir les tourmens et
ignominies, qu'il sçavoit bien qu'on luy eust fait
endurer, s'il eust esté pris vif prisonnier. » (XVI,
VI, f° 225 r°.)
P. 471, 1. 18. Molet Molluc). Cf. leronimo de
Franchi Conestaggio, DclV unione del regno di Porto-
gallo alla avoua di Castiglia dont voici les principaux
passages à ce sujet : « Fra tanto l'infermita lo andava
aggravando di modo che a poco a poco si sentiva
morire, e benche a medici fosse aiutato molto, non
di meno peggiorando sempre si conosceva non haver
vita per due giorni. Sentiva egli doppiamente il
morire per causa del tempo in che ei moriva per
non potere in quella guerra essequire cio che egli
pensava, diffidendo poter lasciar chi lo essequisse,
perche se bene egli si era ordinato in battaglia, la
principale intention sua non era di combattere allora,
giudicando doppo che intese i Portoghesi mettersi
fra terra con bagaglie, che se egli voleva trattenersi
senza combattere, sarieno perduti, e che senza pur
egli perdere un huomo de suoi, gli harebbe tutti
prigioni, per la nécessita che per forza harebbono di
moite cose, che nell' Africa povera non trovereb-
bono; perc questo disegno che richiedeva tempo non
poteva essequirsi in fretta, vedeva non poter riuscirgli
per la brève vita che havea, perciô ne era grande
mente angustiato. Non giudicava a proposito dir
questa intentione al fratello suo herede, accio che la
essequisse se egli venisse a morire, perche oltre che
délia prudenza sua non confidava totalmente, teneva
per fermo, che morendo prima délia vittoria doves-
sero i Mori, ô fuggire, 6 sollevarsi contra il fratello,
e cedere a Portoghesi massime con la presenza di
Mulei Mahamet, e che a questo modo dovesse restar
perduto il regno. Onde travagliato da questi pensieri,
vedendosi con tanta gente il nemico cosi appresso,
la morte si vicina, risoluè non fidar dell' herede,
anzi lasciar il primo disegno, e piu tosto tentar in
sua vita contra ragione di guerra giornata sanguinosa
et incerta che morir con quel dubbio délia perdita
del regno, che era certo dover seguir doppo la morte
sua. (F° 36 r°.) ... Il Moluco mezzo mono vedendo
comparir questo essercito debole, et in si poco
numéro che non passava di dodici mila fanti, volse
assicurarsi come egli havea pensato délia fuga, perche
parendogli haver la vittoria certa gli scapessero le
meno genti che fosse possibile. Perô assotigliati i
corni délia luna e gli squadroni délia cavalleria li
stesse in larghissimo giro, e tanto che con tener tutto
allô intorno le genti lontane da nemici un tiro di
canon in esso rinchiuse tutto l'essercito portoghese,
e venue aile spalle délia retroguardia a conjunger
i due corni insieme chiudendo in circule ovato.
(F° 38 r°.) ... Molei Moluco, vedendo fuggire i suoi,
tutto che egli fosse ammalato a morte, asceso a
cavallo con colera voleva andare contra coloro che
fuggivano, fermandoli, & animandoli. E se bene la
calca cresceva, e l'archibuseria de cristiani feriva assai
d'appresso, mostrava voler egli solo andar inanzi per
ritener i suoi con la vergogna, e col pericolo suo.
Ma furongli intorno tutti i piu favoriti, chi per le
staffe, chi per le vesti, chi per le redine lo tenevano,
regendola a non arrischiarsi, e persistendo pur egli
in voler andare, e i suoi in tenerlo, crebbe si la
colera che mise mano ail' armi per farli allargare.
Nel quai tempo assalito da un fiero accidente délia
sua infermità, suani e stette per cader da cavallo;
ma tolto fra le braccia de suoi fu riposto nella lettica
dove mettendosi il dito aile labbia in segno di
silentio, subito, e come alcuni vogliono, prima che
arrivasse, spiro. Tennero quel rinegati di che si serviva.
3IO
ESSAIS DE MONTAIGNE.
che gli erano intorno, con grande industria la morte
sécréta, cosi liavendo egli prima ordinato che si
facesse, se egli morisse. Grande argomento délia
magninimità di questo barbaro, che regulô i consigli
con le hore délia vita, e provide che la morte non
gli togliesse la vittoria. » (F° 40 r°.) Cf. mon ouvrage :
Les Livres d'Histoire moderne utilisés par Montaigne,
p. 151, sqq. Sur cette bataille fameuse où mourut le
roi Sébastien et sur l'impression qu'elle fit en France à
cause de ses grandes conséquences politiques on peut
voir un ouvrage curieux : Les voyages et conqnestes des
roys de Portugal es Indes d'Orient, Ethiopie, Mauritanie
d'Afrique et Europe : avec l'origine, succession et descente
de leurs maisons, jusque ati. Sereniss. Sébastian, naguères
atterré en la bataille qu'il eiist contre le roy de Fe^...
Le tout recueilli de fidèles teswoings et mémoires du
sieur Johachiin de Centellas, gentilhomme Portugal:^
(Paris 1578).
P. 472, 1. 16. Coaccrvanturque). «Ils sont entassés
non seulement par le carnage mais aussi par la fuite. »
(Tite-Live, II, iv.)
Chronologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai.
Chapitre XXII.
DES POSTES.
P. 474, 1. 4. /(' lisais à celte). Dans Xénophon,
Cyrope'die : « Insuper didicimus aliud Cyrum excogi-
tas5e ad imperii magnitudinem, ex quo celeriter
sentiebat quomodo ea haberent qua; permultum
etiam distarent. Cum enim considerasset quantum
itineris equus faceret die equitans quantum sat esset,
fecit equorum stabula tantundem distantia^ in quibus
equos constituit, & qui equorum diligentiam haberent.
Virumque quolibet in loco ordinavit, qui aptus esset
ad accipiendas literas quée ferebantur, easque traden-
das : quique reciperet equos defatigatos atque homines,
recentisque alios mitteret. » (Ed. de 1545, VIII,
VI, 9-)
P. 474, 1. II. Cxsar dit). Dans le De belle avili,
III, II.
P. 474, 1. 13. A ce que dit Suétone). Dans la Vie
de César : « Longissimas vias incredibili celeritate
confecit, expeditus, meritoria rheda, centena passuum
millia in singulos dies : si flumina morarentur, nando
trajiciens. » (lvii.)
P. 474, 1. 17. Tiherius New). Cf. Pline, Histoire
naturelle : « Nocte ac die longissium iter vehiculis
tribus Triberium Neronem emensum, festinantem
ad Drusum fratrem œgrotum in Germaniam : in eo
fuerunt CC millia passuuui. » (VII, xx.)
P. 475, 1. 2. Per dispositos). «Se rendit en trois
jours d'Amphisse à Pella sur des chevaux de relais
avec une rapidité presque increvable. » (Tite-Live,
XXXVII, VII.)
P. 475, 1. 5. L'invention de Cecinna). Les trois faits
qui suivent sont empruntés à Juste Lipse, Saturna-
liutn sermonum libri : « Nos exemplum esse scimus
ab D. Bruto, obsidione Mutinensi... Imô Victor,
inquit Berchemius, in re ludicrâ inque his ipsis
spectaculis, de quibus cùm maxime agimus, usus
olim similis columbarum. Nam patres familias qui
in Theatrum aut Çircum ibant, unde non pro arbi-
trio reditus, columbas secum sinu ferebant; easque
emittebant cum tabellis, nuntias domum quid vellent.
Varro de Re rusticâ : Columbas redire solere ad
locum licet animadvertere, quôd multi in theatro è
sinu missas faciunt, atque ad locum redeunt : quae
nisi reverterentur, non emitterentur. Atque à theatro,
credo, illud Brutina- militict exemplum. Plinius fac-
litatum idem in hirundinibus obsen-at lih. X. Cscina
inquit, \'olaterranus equestris ordinis, quadrigarum
dominus, comprehensas hirundines in urbem secum
auferens, victoriœ nuntias amicis mittebat, in eundem
nidum remeantes illito victoria; colore. » (II, xxvi.)
Pour Cœcina on peut voir Pline, X, xxiv; pour
Brutus, Pline, X, xxxvii. *
P. 475, 1. 15. Au Peru). Ci. Lopez de Goniara,
Histoire générale des Indes : « Ils se faisoient porter
dedans des portoires, & alloient comme ont accous-
tumé de courir les courriers : parce que de certains
lieux en autre, ils changeoient de porteurs par telle
subtilité que mesme en courant la portoire se bailloit
à ceux du lieu qui la dévoient porter sur leurs espaules
sans s'arrester un pas. » (V, vu, f° 315 r°.)
P. 475, 1. 19. Les Valachi). Cf. Chalcondyle :
« Or ont les courriers du Turc qu'on appelle Vlachi,
cette coustume quand il est question de faire dili-
gence, de n'espargner point leurs montures, car le
premier passant qu'ils rencontrent, il faut qu'il mette
312
ESSAIS DE MONTAIGNE.
pied à terre, & quitte là son cheval, prenant en lieu
celuy qui est recru : & ainsi relayent de main en
main, comme si c'estoient postes assises. Mais de
peur que le bransle et agitation ne leur froisse l'es-
tomac, à cause de l'extrême diligence qu'ils font, ils
se serrent à travers le corps fort estroictement avec
une bande large : De sorte qu'en peu de temps ils
font un mer\'eilleux chemin. » (XIII, xiv, 657.)
Chronologie : Un emprunt à César prouve que
l'essai est bien, comme sa place nous invitait à le
croire, de la dernière période (environ 1578).
Chapitre XXIII.
DES MAVVAIS MOYENS EMPLOYEZ A BONNE FIN.
P. 476, 1. 5. Naissent, fleurissent). Cette idée rem-
plit le IV"^ livre de la République de Jean Bodin.
P. 476, 1. 6. Nous sommes subiects). La même image
est chez Jean Bodin, Methodiis ad facilein historianim
cognitionem (\).
P. 476, 1. 7. Les médecins le craignent). Allusion à
itn mot d'Hippocrate que je trouve rappelé chez
Breslay dans les termes suivants : « Hippocrate,
duquel les sentances font foi d'oracle en médecine,
a divinement... opiné l'embonpoint souverain, tel
que celui des athlètes anciennement trop soigneux
de la panse, estre fort soupsonneux, par ce que nature
ne pouvant monter plus haut, ny descendre, empes-
chez de ce faire par ceux qui ne s'y cognoissent, ny
tenir en arrest à cause de la foiblesse et fluidité de
la matière, se précipite ordinairement en de très
pernicieuses maladies. Autant en est-il de la félicité
mondaine. » (^Anthologie, I, Lix.) On trouve la même
idée dans la République de Jean Bodin : « Et tout
ainsi que les plus sçavans médecins aux accez les
plus violents, si les symptômes sont bons, ont plus
d'espérance de la santé que si l'accez est doux et
languide : et au contraire, quand ils voient l'homme
au plus haut degré de santé qui peut estre, alors ils
sont en plus grande crainte, qu'il ne tombe en extrême
maladie, comme disoit Hippocrate : aussi le sage
politique, voyant sa republique... » (IV, m.)
P. 477, 1. 6. Les Romains bâtissaient). Cf. Bodin,
République, VI, 11; Gentillet, Discours sur les moyens
de bien gouverner, III, m. Machiavel prétendait que
les colonies avaient pour objet à Rome d'assurer le
vainqueur des pays conquis; Gentillet réplique que
le but des Romains était de décharger leur ville d'un
excès d'habitants.
P. 477, 1. 10. Ils ont à escient). Cf. Jean Bodin,
République, IV et V. Au chapitre V, v, Bodin écrit :
« Cela se peut voir en toutes les histoires des
Romains, lesquels, après avoir vaincu les ennemis,
aussitôt commençoient à se mutiner : qui fut cause
que le sénat entretenoit les guerres, et forgeoit des
ennemis s'il n')' en avoit, pour se garentir des guerres
civiles, et continuèrent jusques à ce qu'ils eurent
étendu leurs frontières aux Orcades, à la mer Athlan-
tique, au Danube, à l'Euphrate, et aux déserts
d'Afrique... Encores y a-t-il un autre poinct bien
considérable, pour monstrer qu'il faut entretenir la
discipline militaire, et faire la guerre, c'est qu'il v a
tousjours eu et n'y aura jamais faute de larrons,
meurtriers, fait néants, vagabonds, mutins, voleurs
en toute republique qui gastent la simplicité des
bons subjects, et n'v a loix ni magistrats qui en puis-
sent avoir la raison... Il n'y a donc moyen de
nettoyer les republiques de telle ordure, que de les
envoyer en guerre, qui est comme une médecine
purgative, et fort nécessaire pour chasser les humeurs
corrumpus du corps universel de la republique. »
L'utilité qu'à ce point de vue les Romains tiraient
de Carthage revient au moins à trois reprises dans
la République (IV, i; IV, vu; V, v) : «Le seul
moyen d'entretenir Testât populaire, dit Bodin dans
le premier de ces passages, est de frire guerre, et
forïrer des ennemis s'il n'v en a. Ce fut la raison
314
ESSAIS DE MONTAIGNE.
principale qui meut Scipion le jeune d'empescher
tant qu'il peut que la ville de Carthage ne fust rasée :
prévoyant sagement que si le peuple romain guerrier
et belliqueux n'avoit plus d'ennemis, il estoit force
qu'il fist guerre à soy-mesme. » On retrouve encore
la même idée dans les Discours de Gentillet sur les
moyens de bien gouverner.
P. 477, 1. 14. Et patimur). «Nous subissons les
maux d'une longue paix; plus terrible que les armes,
le luxe nous a domptés. » (Juvénal, vi, 291 .) Le texte
de Juvénal porte « incubuit » au lieu de « incumbit ».
P. 477, 1. 20. Au traité de Bretigny). Cf. Froissait :
« Car ils presumoyent que le temps advenir toutes
manières de Gens d'armes, de leur costé, partiroyent
et vuideroyent les garnisons et forteresses qu'ils
tenoyent à présent... et se retireroyent quelque part
que ce fust : & mieux valoit, & plus profitable estoit,
que ces guerroyeurs et pilleurs se retirassent en la
Duché de Bretaigne... que qu'ils viensissent en Angle-
terre, car leur païs en pourroit estre perdu et robe. »
(I, ccxiii, 251.)
p. 477, 1. 25. Nostre Roy Philippe). Il y a certai-
nement ici une erreur, comme l'a déjà remarqué le
docteur Payen. Philippe \'I est le seul de nos rois
qui ait eu un fils du nom de Jean. Mais Jean le
Bon n'a conduit, que je sache, aucune expédition
«outre-mer». Si parmi les rois du nom de Philippe
nous en cherchons un qui ait envoyé son fils « outre-
mer», nous ne trouvons guère que Philippe-Auguste
auquel Montaigne ait quelque chance de penser. On
lit en effet que Philippe-Auguste envoya son fils
faire une expédition en Angleterre; mais ce fils
s'appelait Louis, et non Jean, comme le nomme
Montaigne. Les Annales de Nicole Gilles, que nous
lui avons vu lire avant 1580, mentionnent cette
expédition du fils de Philippe-Auguste en Angleterre
sous la date de 121 5. Il est possible que nous ayons
là l'explication de l'erreur de Montaigne. L'hypothèse
reste néanmoins très douteuse. A ma connaissance,"
en effet, aucun des historiens lus par Montaigne n'a
dit que cette expédition ait eu pour but de débar-
rasser la France des bandes qui la parcouraient.
Nicole Gilles dit que Louis emmena avec lui de
grandes compagnies de gens d'armes; il n'ajoute pas
autre chose. Là n'est donc pas la source. Peut-être
néanmoins est-ce bien cette expédition que Montaigne
a dans l'esprit, et peut-être a-t-il trouvé ailleurs
l'indication complémentaire qu'il y joint. En tous
cas, j'indique ici seulement une explication possible
de son erreur; elle n'est que possible, et la source
à laquelle Montaigne se réfère reste à trouver.
P. 478, 1. I. Il y en a plusieurs). Voyez en parti-
culier Gentillet, Discours sur les moyens de bien gou-
verner, éd. de 1579, p. 264. Je retrouve cette opinion,
qui, dit-on, était celle de Coligny, dans un ouvrage
paru peu de temps après la première édition des
Essais : Les Trois Mondes de La Popelinière. La
Popelinière voudrait qu'on entreprît des conquêtes
lointaines pour y employer les mauvais sujets que
les guerres de Religion ont fait pulluler en France.
Puisque l'Amérique est désormais occupée, il con-
vient de songer au « Continent austral », et l'on
pourra grâce à lui opérer «la purgation du royaume».
(III, L.)
P. 478, 1. 10. Nil mihi). « O Némésis, fais que je
ne désire jamais rien que je ne puisse avoir qu'au
détriment de son légitime possesseur. » (Catulle,
Lxviii, 77.)
P. 478, 1. 14. Licurgus). Cf. Pluurque, Vie de
Licurgue : « Bien est-il certain qu'en autres choses
encore les traittoient ilz fort durement : car ilz les
faisoient aucune fois boire par force du vin sans eau,
oultre mesure, tant qu'ilz les enyvroient, puis les
amenoient tous yvres es salles de leurs convives,
pour faire veoir à leurs enfans quelle villannie c'est
que une personne yvre. » (xxi, f° 39 v°.)
P. 478, 1. 18. Ceux la avoient encore). C'est un des
griefs de Corneille Agrippa contre la médecine et
contre les médecins. Cf. De incerlitudine et vanitate
scientiarnm, lxxxvi. Voir aussi la préface de Celse,
De arte mcdica.
P. 478, 1. 28. Ouid vesani). « Quel autre but
peuvent avoir ces jeux impies et insensés, ces mas-
sacres de jeunes gens, cette volupté sanguinaire ! »
(Prudence, Contre Symmaque, II, 672.) Citation prise,
comme tout le passage suivant, dans l'ouvrage de
Juste Lipse intitulé : Saturnaliiini scrnwnnin libri duo,
I, XIV.
LIVRE II, CHAPITRE XXIII.
315
P. 479, 1. I. Jiisques à Théodoshis). Cf. Juste Lipse,
Sûtunialiiim sermomiin lihri duo, I, xii.
P. 479, 1. 2. Arripe dilatam tiin). « Saisissez, grand
prince, une gloire résenée à votre règne; ajoutez à
l'héritage de gloire de votre père la seule louange
qui vous reste à mériter... Que le sang humain ne
coule plus pour le plaisir du peuple... que l'arène
se contente du sang des bêtes, et que des jeux homi-
cides ne souillent plus nos yeux. » (Prudence, Contre
Symmaqui, II, 643.) Citation prise au même traité
de Juste Lipse, I, xii.
P. 479, 1. 22. Consurgit ad icliis). « La vierge
modeste se lève à chaque coup, et chaque fois que
le vainqueur enfonce le fer dans la gorge de son
adversaire, elle se déclare ravie, et, quand un des
combattants est couché à terre, elle renverse le pouce
pour ordonner sa mort. » (Prudence, Contre Sviii-
maque, II, 617.) Citation prise dans le même traité
de Juste Lipse, II, xxn.
P. 479, 1. 26. Les premiers Romains). Cf. Juste
Lipse, Saturnalinm sermoniim libri duo : « Primoque
de conditione gladiatorum, quosdam servos esse aut
quasi servos, quosdam initio liberos, imo nobiles.
Equités senatoresque passim arena se polluisse : quod
aliis principibus permissum, aliis vetitum... Quin
vulgo jam sub principibus équités polluti arena et
senatores. Origo prima rei a C. Cœsare opinor : cujus
munere in Foro depugnavit Furius Leptinus stirpe
prœtoria, et L. Calenus senator quondam actorque
caussarum, ait Suetonius in Julio capite XXXIX.
Die hoc amplius, permisisse eum equitibus romanis
uti pugnarent, lib. XLIII. Eoque temeritas hxc,
sive insani fuit, evasit, ut lege cavere Augustus
debuerit, nec senatorem gladiatorem fieri, nec servum
lictorem. Equitibus tamen palam id permisit, non sine
admiratione mea et Dignis lib. LVI. Neque enim,
Calpurnius ait, conditione gladiatoria quidquam est
humilius in vulgo. »
P. 480, 1. 2. Des femmes). Id., ibid. : « Feminas
immo ipsas descendisse in hune ludum : in publico
depugnasse : doncc id vetitum a Severo... Vel Taci-
tum tuum audi lihro XV : feminarum senatorumque
illustrium plures per arenam fœdati sunt. » (II, iv.)
P. 480, 1. 3. Nunc caput). « Maintenant ils vendent
leur tête et vont mourir dans l'arène; chacun d'eux
s'est fait d'abord un ennemi en pleine paix. » (Mani-
lius. Astronomiques, IV, 225.) Citation prise à Juste
Lipse, II, m.
P. 480, 1. 5. Hos inter). «Au milieu de ces fré-
missements et de ces jeux nouveaux, des femmes,
sexe inhabile au maniement des armes, prennent
place dans l'arène, et se mêlent avec fureur aux
combats des hommes.» (Stace, Sylves, I, vi, 51.)
Citation prise à Juste Lipse, II, iv.
Chroxologie : La plupart des idées que Montaigne
exprime ici (similitude des maladies des Etats avec
les maladies des individus, vicissitudes des républi-
ques, utilité de la guerre pour délivrer un pays des
éléments turbulents qui le travaillent, profit que les
Romains tiraient de leurs colonies pour se décharger
de l'excès de leur population, et de la guerre cartha-
ginoise pour maintenir les partis en repos) avaient
été développées par Gentillet dans son ouvrage sur
Les moyens de bien gouverner; par Bodin dans sa Répu-
blique; quelques-unes même étaient dans la Méthode
du même Bodin. Gentillet s'est inspiré visiblement
de la Méthode de Bodin, et il est manifeste que la
République de Bodin en retour doit beaucoup aux
Discours de Gentillet; aussi est-il souvent difficile de
décider auquel de ces trois ouvrages Montaigne pense
en écrivant. En tous cas, nous avons vu qu'il a lu
la Méthode de Bodin aux environs de 1578, et quant
aux deux autres ouvrages, il n'a pu les connaître
avant 1576, date de leur publication. Il y a donc
tout lieu de croire que cet essai est contemporain
des essais II, xxii, et II, xxiv, qui l'entourent, qu'il
est par conséquent des environs de 1578.
Chapitre XXIV.
DE LA GRAXDEVR ROMAINE.
P. 481, 1. 7. Ce que dit Suétone en la vie de Cœsar).
(lvi.) Montaigne a trouvé ce passage au début de
son édition de César (Anvers 1570) : « Epistohis
quoque ejus ad Senatum extant... extant & ad Cice-
ronem; item ad familiares domesticis de rébus in
quibus si qua occultiùs perferenda erant, per notas
scripsit... » En marge : «Ex Suet. in Cœsare. »
(P. )•) ^
P. 481, 1. 9. // V Cl et une qui s'adresse). Ct. le
César de Montaigne (Anvers 1 570) dans les fragments
de lettres de César : « Ex Epist. Cirsaris ad Cie.
M. Furium quem mihi commendas, vel regem Gallia;
faciam, vel Leptie legatum : si vis tu, ad me alium
mitte, quem ornem. » En marge : « Ex libr. 7 epist.
ad Csesarem. » (P. 2.) Voir Cicéron, hpitres, VII, \.
P. 481, 1. 15. // osta bien au Roy Dejotarus). Cf.
De bello Ahxandrino, à la fin. Édition de César
d'Anvers 1570, p. 378 : «Mithridatem Pergamenum,
a quo rem féliciter, celeriterque gestam in /Eg3'pto
supra scripsimus,- regio génère ortum, disciplinis
etiam regiis educatum (nam cum Mithridates, rex
Asia; totius, propter nobilitatem Pergamo parvulum
secum asportavcrat in castra, multosquc tenuerat
annos) regem Bosphori constituit. » Voir aussi Cicé-
ron, De divinatione, II, xxxvii. â
P. 481, I. 18. Suétone dict). Dans la Vie de César,
Liv. L'équivalent « trois millions six cens mill' cscus »
est donné à Montaigne par une note de son édition.
P. 482, 1. 3. Tôt Galatx). «A tant la Galatie, à
tant le Pont, à tant la Lydie. » (Claudien, In Eutro-
piuin, I, 203.)
P. 482, 1. 4. Marais Antonius). Cf. Plutarque, Vie
de Marc-Anloine : « Et toutefois luy qui sçavoit bien
pallier & colorer de belles paroles ses faicts honteux
& reprochables, disoit que la grandeur & magnifi-
cence de l'empire Romain se demonstroit, non par
ce que les Romains prenoient, mais par ce qu'ilz
donnoient. » (viii, f° 641 v°.)
P. 482, 1. 8. Antioehus). Cf. Tite-Live : « Quos
cùm advenientes salutasset, dextrâmque Popilio por-
rigeret, tabellas ei Popilius scriptum habentes tradit,
atque omnium primùm id légère jubet. Quibus per-
lectis, cùm se consideraturum adhibitis amicis quid
faciendum sibi esset, dixisset : Popilius pro caetera
asperitate animi virga, quàm in manu gerebat, cir-
cumscripsit regem : ac prius quàm hoc circulo
excédas, inquit, redde responsum senatui quod refe-
ram. Obstupefactus tam violento imperio, panimper
cùm hresitasset : Faciam, inquit, quod censet senatus.
Tum demum Popilius dextram régi tanquam socio
atque amico porrexit . . . Antiochi legati (venerunt) refe-
rentes omni victoria potiorem pacem régi, quœ senatui
placuisset, visam : eûmque haud secus quàm deorum
imperio legatorum Romanorum jussis paruisse. »
(XLV, xii-xiii, 954.)
P. 483, 1. 2. Ut haberet). Montaigne a traduit ce
passage avant de le citer. (Tacite, Agricola, xiv.)
Chroxolggie : Plusieurs des faits allégués dans
cet essai viennent des introductions que Montaigne
trouvait dans son exemplaire de César. L'essai est
donc au plus tôt de 1578.
Chapitre XXV,
DE NE CONTREFAIRE LE MALADE.
P. 484, 1. 9. Tantiun cura). « Voyez ce que c'est
que de si bien faire le malade ! La goutte de Cœlius
n'est plus une feinte. » (Martial, VII, xxxix, 8.)
P. 484, 1. 12. D'un qui, voulant). Cf. Appien, IV,
VI ; trad. Seyssel, éd. de 1544, p. 492. Il s'agit de
Géta. Montaigne ne conserve pas les mots mêmes
de l'historien comme on pouvait le supposer d'ailleurs
puisqu'il déclare avoir lu cette anecdote « autre fois ».
L'explication n'est pas chez Appien.
P. 48 5, 1. 8. Lisant che:^ Froissard). «Et si avoit
entre eux plusieurs jeunes Bacheliers, qui avoyent
chacun un œil couvert de drap, à fin qu'ils n'en
peussent veoir : et disoit on que ceux là avoyent
voué entre Dames de leur pais, que jamais ne ver-
royent que d'un œil, jusques à ce qu'ils auroyent
fait aucunes prouesses de leur corps au Royaume
de France. » (I, xxix, 37.)
P. 485, 1. 26. Pline dict). Dans son Histoire natu-
relle, VII, L.
P. 486, 1. I. Comme j'ay dit). Dans l'essai I, xxi.
P. 48e, 1. 7. Tu sçais, dit-il). Cf. Sénèque, Epîtres :
« Harpasten uxoris mes fatuam, scis hsreditarium
onus in domo mea remansisse. Ipse enim aversis-
simus ab istis prodigiis sum, si quando fatuo delectari
volo, non est mihi longe qusrendus, me rideo. Hœc
fatua subito desiit videre. Incredlbilem tibi narro
rem, sed veram, nescit esse se ccecam, subinde pœda-
gogum suum rogat, ut migret, ait domum tenebrosam
esse. Hoc quod in illa ridemus, omnibus nobis acci-
dere liqueat tibi. Nemo se avarum esse intelligit,
nemo cupidum. Creci tamen ducem quœrunt, nos
sine duce erramus, et dicimus non ego ambitiosus
sum, sed nemo aliter Romae potest vivere. Non ego
sumptuosus, sed urbs ipsa magnas impensas exigit.
Non est meum vitium quod iracundus sum, quod
nondum constitui certum genus vitse, adolescentia
ha;c facit. Quid nos decipimus ? Non est extrinsecus
malum nostrum, intra nos est in visceribus ipsis
sedet. Et ideo difficulter ad sanitatem per\-enimus,
quia nos œgrotare nescimus. Si scrutari cœperimus,
quando tôt morbos, tantasve œgritudines discutiemus?
... Non est acerba medicina : protinus enim delectat,
dum sanat. Aliorum remediorum post sanitatem
voluptas est, philosophia pariter & salutaris & dulcis
est. » (Ép. 50, p. 50.)
Chroxologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai. Une allusion prouve qu'il est posté-
rieur à l'essai I, xxi; la place qu'il occupe fournit en
outre une présomption, et, puisqu'il est entouré
d'essais datés des environs de 1578, on est tenté de
supposer qu'il est de la même époque.
Chapitre XXVI.
DES POVCES.
p. 487, 1. I. Tacitiis recite). Dans les Atviales, XII,
XLVii. Montaigne a pu prendre ce fait chez Bodin,
Melhodiis ad facihm hisioriarnm cogniiwnem, p. 63,
mais très vraisemblablement il le doit à Béroald,
commentaire de Suétone, Vie d'Auguste, xxiv, qui
me paraît lui avoir fourni la plupart des éléments de
cet essai. Suétone écrit : «Equitem Romanum, quod
duobus filiis adolescentibus causa detrectandi sacra-
menti, poUices amputasset, ipsum, bonaque ejus
subjecit hastae. » Et voici la note de Béroald en cet
endroit : « Qui militiœ munus ob formidinem subter-
fugiebant, soliti erant sibi poUices prscidere, tanquam
idonei amplius minime forent ad arma tractanda...
Ipsi verô pollices in manibus dominantur. Namque,
ut eleganter tradit Macrobius libro Saturnalium
novissimo, pollex nomen accepit ab eo quod pollet :
qui nec in sinistra cessât, nec minus, quam tota
manus, semper in officio est. Unde apud Grscos
à't-iyB'.p vocatur, quasi manus altéra. Legimus apud
Valerium in capite de Crudelitate & apud Ciceronem
libro III Officiorum, Athenienses prscidisse pollices
.(Eginensium juventuti, ne populus, qui classe vale-
bat, secum descendere posset in certamen virium
maritimarum. Idem Valerius in capite De severitate,
refert severam Senatus animadversionem in C. Voc-
tienum, qui sinistré manus digitos, ne bello Italico
militaret, absciderat... Mos fuit regibus barbarorum,
quoties in societatem coibant, applicare dextras, polli-
césque inter se vincire, nodôsque perstringere : ubi
mox sanguis in artus extremos pervenerat, levi vul-
nusculo cruorem eliciebant atque invicem lambebant.
In fœdus, ut refert Cornélius Tacitus, arcanum liabc-
batur, quasi mutuo cruore sacratum. »
P. 487, 1. 6. Les médecins disent). Tout ceci vient
de Macrobe, Saturnales, VII, xui. Montaigne a pris
ce passage de Macrobe chez Béroald, commentaire
de Suétone. Cf. la note précédente.
P. 487, 1. 10. Sed nec). « Elle n'a besoin ni de
l'excitation d'une voix charmeuse ni de la caresse du
pouce pour se dresser.» (Martial, XII, xcviii, 8.)
P. 487, 1. 14. Faiitor). «Tes partisans applaudi-
ront ton jeu des deux pouces. » (Horace, Épîtres,
I, xvni, èè.") Dans les Miscellanea d'Ange Politien
(centurie i, n° 42), on trouve une dissertation inti-
tulée « Pollices in favendo premi, sicut in denegando
favorem veiti clitos », et dans cette dissertation les
deux vers d'Horace et de Juvénal que nous trouvons
ici sont rapprochés à titre d'autorité. Je ne crois pas
que Politien soit ici la source directe de Montaigne,
d'autant que dans l'édition de Politien qu'il possédait
le vers de Juvénal se présente avec une légère diffé-
rence de texte : mais très probablement Montaigne
a trouvé le rapprochement de Politien reproduit dans
son édition d'Horace ou de Juvénal.
P. 487, 1. lé. Conversa poUice). « Dès que le peuple
a tourné le pouce en haut, il faut, pour lui plaire,
qu'on égorge n'importe qui. » (Juvénal, m, 36.)
Cf la note précédente.
P. 488, 1. 3. Auguste confisqua). Cf. Suétone, Vie
d'Auguste, xxiv. Voir la note p. 487, 1. i.
P. 488, 1. 5. Le Sénat). Cf. Valère Maxime, V,
III, 3. Cette allégation a été prise chez Béroald, com-
mentaire de Suétone. Cf. ci-dessus la note p. 487, 1. i .
P. 488, 1. 9. Ouelciin, de qui il ne nie souvient point).
Peut-être souvenir erroné de Plutarquc, Vie de Ly-
sandre : « Or estoit lors capitaine des Athéniens,
LIVRE II, CHAPITRE XXVI.
319
entre autfes un nommé Philocles, celuy qui meit en
avant & suada au peuple d'Athènes de faire coupper
aux prisonniers de guerre le poulce de la main
droitte, à fin qu'ilz ne peussent plus manier la picque,
mais bien ser\'ir à tirer la rame. » (v, f° 306 v°.)
Mais il se pourrait fort bien encore que Montaigne
eût dans l'esprit tout simplement le traitement infligé
par les Athéniens aux Eginètes, traitement qu'il va
rapporter après 1588.
P. 488, 1. 12. Les Athéniens). Cf. Cicéron, De
officiis, m, XI ; voir aussi Valère Maxime, IX, 11,
ext. 8. Le fait ayant été inséré après 1588 n'a pas dû
être pris par Montaigne chez Béroald. Voir ci-dessus
la note p. 487, 1. i.
P. 488, 1. 14. En Laeedemone) . Cf. Plutarque, Vie
de Lycurgne) : « La punition de celuy [des enfants]
qui respondoit mal à propos estoit, que le maistre
luy mordoit le poulce, & le faisoit le plus souvent
en présence des vieillards & des magistrats de la ville,
pour veoir s'il les punissoii avec raison & ainsi qu'il
appartenoit. » (xiv, f° 35 V.)
Chronologie : Aucune allusion ne permet de
dater cet essai. La place qu'il occupe invite à croire
qu'il a été composé vers 1578. Comme aux environs
de 1578 (les essais II, xxxiii, et II, xxxiv, en font
foi), Montaigne a beaucoup étudié Suétone, les
nombreux emprunts à Suétone qu'on y rencontre
semblent appuyer cette hypothèse. Mais Suétone est
un auteur qui paraît avoir été lu à diverses reprises
entre 1570 et 1580. Il n'y a donc là aucune preuve.
Chaphre XXVII.
COVARDISE MERE DE LA CRVAVTH.
P. 489, 1. I. J'ay souvent oiiy dire). En particulier
dans les Discours sur les moyens de bien gouverner, de
Gentillet : « Je monstreray que la magnanimité a
tousjours été conjointe avec humanité, douceur et
clémence, et pusillanimité au contraire a tousjours
esté accompagnée de cruauté, orgueil et vengeance. »
Et encore : « Gens cruels sont volontiers couards.
Ce vice de cruauté procédant de l'impuissance de
ceux qui ne peuvent commander à leurs cholères et
passions de vengeance, et qui se laissent vaincre et
dominer par icelles ne tombe jamais en cœur valeu-
reux et généreux, bien disposé et habitué, ains
seulement en cœurs lâches, couards, peureux et mal
habitués... » (III, \'iu.) Suivent des exemples nom-
breux parmi lesquels se trouve celui de l'empereur
Maurice que Montaigne citera quelques lignes plus
loin.
P. 489, 1. 5. Alexandre, iyran de Phcres). Cf. Plu-
tarque. Fie de Pélopidas : « Et quelquefois estant en
un théâtre où Ion jouit la Tragédie des Troades
d'Euripides, il sortit du théâtre, & envoya neant-
moins dire aux joueurs, qu'ilz ne laissassent pas de
jouer tout aussi diligemment que s'il y fust demouré,
& qu'il n'estoit point sorty pource qu'il .s'y fachast,
ou qu'il ne trouvast pas leur jeu bon, mais pource
qu'il avoit honte, que ses citoiens le veissent plorer
pour ouir jouer les malheurs de Hecuba et de Andro-
mache, veu qu'il n'avoit jamais eu pitié de pas un
de tant d'hommes qu'il avoit fait tuer. » (xiv, f" 203.)
P. 489, 1. 13. Mv nisi). «Et qui ne se plaît à
immoler un taureau que s'il résiste. » (Claudien,
Epist. ad Hadrian., 30.)
P. 490, 1. 4. Et lupus). « Le loup, l'ours lâche et
les animaux les moins nobles s'acharnent contre les
mourants.» (Ovides, Tristes, III, v, 35.) Le texte est
celui des éditions contemporaines.
P. 490, 1. 6. Comme les chiens couards). Cf. Plu-
tarque. Comment il faut oitir : « Ceulx là doncques...
font ne plus ne moins que les couards & chetifs
chiens, qui mordent bien les peaux des bestes sau-
vages, quand ils sont à la maison, & leur arrachent
bien les poils, mais ils ne touchent point à elles aux
champs. » (xix, f" 30 V.)
P. 490, 1. 19. Et tout ainsi comme Bias). Id., Pour-
qtioy la justice divine diffère quelquefois la punition des
maléfices : « Quant à moy, le dire de Bias, après que
je l'ay repensé plusieurs fois, me fasche, quand il
dit à un certain méchant homme : Je n'ay pas peur
que tu ne sois puny de ta meschanceté, mais j'ay
peur que je ne le voye pas. Car... quel reconfort
apporta aux Orchomeniens qui avoient perdu leurs
enfans, leurs parents, & amis, par la trahison de
Lyciscus, la maladie qui long temps depuis luy
advint, & luy mangea tout le corps, encore que luy
mesme trempant & baignant ses pieds dedans la
rivière, jurast & maugreast qu'il pourrissoit pour la
trahison qu'il avoit meschamment et malheureuse-
ment commise?» (11, f° 258 v".)
P. 491, 1. 15. Au Royaume de Narsingue). Cf.
Goulard, Histoire du Portugal : « Celuy qui desfie
un autre combat à outrance, demande place au Roy,
en laquelle il puisse seurement combatre son adver-
saire. Si c'est quelque homme de marque, le Roy
se trouve la en personne, & donne une petite chaîne
d'or au vainqueur, qui la doit garder tout le temps
de sa \ie, autrement il perd tout l'honneur qu'il
LIVRE II, CHAPITRE XXVII.
avait aquis. Et est loisible à tout homme de lever
les armes contre luy seul à seul, pour essayer qui
emportera la chaîne, laquelle demeure au plus fort,
& luy est ostee s'il se laisse vaincre puis après par
un encores plus vaillant que luy. Et non seulement
les gens de guerre, mais aussi les artisans vuident
à coups d'espee les débats survenans entr'eux pour
sçavoir qui est le plus excellent ouvrier. » (IV, xii,
f° 119 r'\)
P. 491, 1. 2é. Jsiniiis Pollio). Cf. Pline, Hisloirc
natiireUe. Préface à \"espasien, vers la tin. Montaigne
a sans doute pris ceci dans le Coininentairc de la Cité
de Dieu par Vives : « Plinius in prjefatione Historia;
mundi scribit Asinium Pollionem parasse in Plancum
orationes, quas post mortem ejus esset œditurus, ne
respondere posset. Plancum ubi hoc rescisset, cum
mortuis non nisi lar\^as luctari dixisse : quo dicto ita
esse orationes illas repercussas, ut apud eruditos nihil
impudentius haberetur. » (V, xxvii.)
P. 492, 1. 8. On disait à Aristote). Cf. Diogène
Laërce, Vie d' Aristote : « Audierat aliquando se à
quodam maledictis esse lacessitum. Tum ille, absen-
tem, inquit, etiam verberet. » (V, xviii, 302.)
P. 492, 1. 18. De seconds). Une critique analogue
se retrouvera dans les Lettres de Pasquier, X, iv.
P. 492, 1. 21. Ciini in se). « Parce que cliacun se
défiait de soi-même. »
P. 493, 1. 22. Nostre Duc d'Orléans). Cf. Mons-
trelet, I, ix. Montaigne a mis une note manuscrite
dans son exemplaire de Nicole Gilles, au passage où
ce foit d'armes est rapporté. (Voir Revue d'Histoire
littéraire de la France, janvier-mars 1913, p. 136,
annotation 126.)
P. 493, 1. 24. Les Argiens). Cf. Hérodote, I, Lxxxii;
t. I, f° 39 r°.
P. 493, 1. 25. Les Hùratieus). Cf. Tite-Live, I,
XXIV.
p. 493, 1. 28. Mon frère, sieur de Matecolom). 11
accompagnait Montaigne dans son voyage en Italie.
Le Journal de voyage ne fait aucune mention de ce
duel qui, très probablement, est postérieur au retour
de Montaigne. On trouve des renseignements sur
cette affaire chez Brantôme, Mémoire touchant les duels.
« Plusieurs, dit-il, prétendent « qu'il est fort de
besoin d'avoir des seconds» dans un duel; «tout
ainsi qu'il y a force autres qui ne veulent point de
seconds, desquels arrive force inconvénients que je
ne veux m'amuser exprimer, sinon un, arrivé par
exemple faict à Rome, du temps du pape Grégoire
dernier, entre deux autres gentilshommes françois
qui estoient La Villate, le baron de Saligny, et
Matecolom et Esparezat, gascon et escuyer de la
grande escuyerie du roy. Il s'assignèrent le combat
à quatre milles de Rome. Esparezat, auteur de la
querelle, se battit contre La Villate son adversaire;
Matecolom second d'Esparezat, se battit contre le
baron de Salligny; et chacun s'estant mis à part assez
loing de l'autre de quelque trente pas, après avoir
faict leur devoir advint que Matecolom le premier
tua son ennemy, et voyant que son second Esparezat
estoit long à tuer le sien, encore qu'il fust fort jeune
garçon (ainsi que dist Francisco tireur d'armes :
Ou'erano puti, comme estoit aussi Salligny) s'en
vint ayder à Esparezat, et tous deux tuèrent La Vil-
late, je crois non pas sans grand'peine, encores que
le jeune homme crioit qu'il n'y avoit raison de se
mettre deux sur un. Matecolom réplicquoit : «Que
» sçay-je aussi? quand tu aurois tué Esparezat tu me
» viendrois à tuer si tu pouvois, et me viendrois
» donner de l'affaire où je ne m'y veux mettre plus
» que j'y suis et en puis sortir. » Et voylà comment
alla ce combat. » (VI, p. 322.)
P. 494, 1. 28. Nous allons apprendre en Italie). C'est
précisément pour apprendre l'escrime que Matecolom
était resté à Rome après le départ de son frère. La
Noue, dans les Discours politiques, v, parle de trois
cents à quatre cents jeunes gens qui chaque année
passaient les Alpes à cet effet. Dans son Journal de
voyage nous voyons Montaigne très intéressé par tout
ce qui concerne l'escrime : il va voir des escrimeurs
à Augsbourg (p. 121); il relate des opinions de Silvio
Piccolomini sur l'escrime (p. 384).
P. 495, 1. 3. Primitix. «Malheureux coups d'essai
de la jeunesse ! dur apprentissage de la guerre à venir.»
(Virgile, Enéide, XI, 156.) Le texte de l'édition de
Venise 1539 est :
« Primitiic juvciiis miser.v, belllquc piopinqni
» Dura rudimenta. »
ESSAIS DE MOKTAIGKE.
P. 495, 1. 6. Dict Tile Live). Dans les Annales :
« Major usu armorum et astu facile stolidas vires mino-
ris superavit. » (Les deux cousins germains dont parle
Montaigne étaient Corbis et Orsua.) (XXVIII, xxi.)
P. 495, 1. 9. Ce n'est pas proprement vertu). La
même idée se retrouve dans le Cléandre de François
de la Chassaigne, seigneur de Pressac, beau-frère de
Montaigne, qui loue les Lacédémoniens de n'avoir
pas permis à des maîtres d'armes d'enseigner « l'art
de luicter à leurs jeunes hommes, pource, disoient-
ils, qu'il faut que ce soit une jalousie parmy eux de
force et de vertu, et non d'artifice. » (Éd. de 1586,
f" 213 y.)
P. 495, 1. 21. Non scbivar). «Ils ne veulent ni
esquiver, ni parer, ni fuir; l'adresse n'a point de part
à leur combat; leurs coups ne sont point feints,
tantôt directs, tantôt obliques; la colère, la fureur
leur ôtent tout usage de l'art. Ecoutez le choc hor-
rible de ces épées qui se heurtent en plein fer; ils
ne rompraient pas d'une semelle; leurs pieds restent
immobiles et leurs mains sont toujours en mouve-
ment; d'estoc ou de taille tous leurs coups portent.»
(Torquato Tasso, Jérusalem délivrée, XII, lv.)
P. 496, 1. 5. Qu'une fin privée). Rapprocher ce que
dit dans son Cléandre François de la Chassaigne,
seigneur de Pressac : « Encore y auroit-il apparence
de tenir en quelque respect ceste inclination, lorsque
le public en reçoit du service, comme aux sièges des
villes, et aux batailles où les princes et les peuples
s'arment les uns contre les autres, mais de vouloir,
tout au rebours, nuire à qui vit sous mesme police
et mesmes lois et qui fait partie du mesme corps de
Republique sous une fau.sse et sotte imagination
d'utilité particulière, est une affection qui porte mar-
que d'une nature extrêmement lasche et sordide. »
(Éd. de 1586, f° 219 v°.) Pressac .s'élève d'ailleurs
énergiquement contre l'usage des duels, et nombreux
.sont les écrivains qui l'ont critiqué au xvi' siècle.
Signalons, - parmi les écrits qui ont eu le plus de
chances de tomber entre les mains de Montaigne,
Alciat, De singulari certamine (Lyon 1543, traduction
française de 1550); Messie, Diverses leçons, IV, ix;
Dialogues philosophiques de Gyraldi (traduction Cha-
puis 1583, p. 70); Jacques Tahureau, Dialogues (éd.
de 1566, p. 81); Christophle de Clietfontaines, Chres-
tienne confutation du point d'honneur (Paris 1571);
Arnaud Sorbin, Exhortation à la noblesse pour la dis-
suader et détourner des duels (Paris 1578); Louis Leca-
ron, Discours philosophiques ÇPtins 1579), question vi;
La Noue, Discours politiques (1587), xii; etc.
P. 496, 1. 10. Puhlius Rutilius). Cf. Valère-Maxime,
II, ni, 2.
P. 496, 1. 15. if/! la bataille de Pharsale). Cf. Plu-
tarque, l'ie de César : « Les six cohortes, que Ci^sar
avoit mis en aguet derrière luy, se prirent à courir
droit à eulx, sans lancer de loing leurs javelots
comme ilz ont accoustumé, nj' en frapper à coups
de main les cuisses ny les jambes des ennemis, ains
taschans à leur donner droit dedans les yeux, & à
les en assener au visage, suyvant ce que Cœsar leur
avoit enseigné : pource qu'il esperoit que ces jeunes
gentilzhommes, qui n'avoient gueres hanté les armes
ny accoustumé de se veoir blecez, & qui estoient en
la fleur de leur aage & de leur beaulté, craindroient
fort ces bleceures là, & n'arresteroient jamais, tant
pour la crainte du danger présent d'y perdre la vie,
que pour la doubte que leurs beaux visages n'en
demourassent diiîbrmes à l'advenir. » (xii, f° 507 v°.)
P. 496, 1. 18. Tout ainsi que Pbilopœmen). Id., Vie
de Philopéuu'u : « On lu}' feit response que la dispo-
sition de la personne & la manière de vivre que
suivoient les lucteurs, & ceulx qui se preparoient
aux autres telz combats, estoient en tout & par tout
contraire à celle d'un bon homme de guerre, mes-
mement quant à son vivre & à son exercice ordinaire,
pour autant que les lucteurs mettoient peine d'entre-
tenir & augmenter soigneusement leur embonpoinct
par beaucoup dormir, boire & manger continuelle-
ment, se travailler & reposer à certaines heures sans y
faillir d'une minute, & estoient tousjours en danger
de perdre la force & roideur de corps qu'ilz en acque-
roient, s'ilz faisoient le moindre excès du monde, ou
s'ilz passoient leur ordinaire d'un seul poinct : là ou
il fault que gens de guerre soient faicts &: accous-
tumez à toute diversité & toute inégalité de vie,
& mesme qu'ilz aient appris de jeunesse à supporter
facilement la disette de toutes choses nécessaires à la
vie de l'homme, & à endurer aiseement de passer
LIVRE II, CHAPITRE XXVII.
323
les nuicts sans dormir. Ce que Philopœmen aiant
entendu, non seulement il rejetta pour lors tous telz
exercices & s'en moqua, mais depuis encore quand
il fut chef d'armée, il s'estudia par tous moyens
d'infamie & d'opprobres qu'il leur peut faire, d'en
amortir & esteindre du tout la coustume, comme
celle qui rendoit les corps des hommes inutiles aux
travaux & aux combats nécessaires pour la défense
de leur païs, qui autrement y seroient très idoines
& utiles. » (i, f" 249 v°).
P. 497, 1. 3. Lacbei^ en Platon). Dans le Lâchés :
« Quasi enim dedita opéra nuUus unquam in bello
illustris evasit eorum qui his ludis incuhuerunt. >>
(vu, p. 183; éd. de 1546, p. 292.)
P. 497, 1. 8. Platon interdict). Dans les Lois :
« Luctationis autem gênera illa quœ Anteus & Cercyo
in artificium inutilis contentionis gratia deduxerunt,
vel Epius vel Amycus in pugili concertatione : quum
nihil ad pnelium conférant, digna mentione non
-sunt. » (P. 79e; éd. de 154e, p. 827.)
P. 497, 1. 13. L'Empereur Maurice). Cf. Zonaras,
III, f" 828, et aussi Gentillet, Discours sur les moyens
de bien gouverner, III, viii. Montaigne écrit Philippe
au lieu de Philippique.
P. 497, 1. 23. Ciincta ferit). « Craignant tout il
frappe tout. » (Claudien, /;; Eutropium, I, 182.)
P. 497, 1. 26. Philippus). Cf. Tite-Live, XL, m.
P. 499, 1. 18. Tout ce qui est au delà de la mort
simple). Cf. la même phrase dans l'essai II, xi, p. 133,
1. 9. A Rome on en a fait un grief à Montaigne.
Cf. Journal de voyage, p. 250.
P. 499, 1. 25. Josepbe recite). Dans son autobiogra-
phie, à la fin. ri£7.ç6£'; Bà j-i Tircj Kt.-x^zz sùv
KîpîxAÙo y.T. y.'/J.o'.^ ".--£j7'.v t\z -/.(o^L-çi T'.vi Bïy.oav
X£Yî;j.£v/;v, zpîç y.aTav;r,j(i)v v. -.i~z: è-'.tiqîî'.îç izv. yipx/.x
SÉçaïGjc, (jj^ Èy.îïÔEv i-ss-îiÇtov v.ii-i 7:3À7>sjî x\yj.3.\MTSJ:
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"O s' £j6à; kv.ihvjsvi v.xfix'.pi^i'r.x: xjtîj; Qtpxizz'.x:
l-::\[xc'KZ!j-XTr,^ Tuyîïv. Kx: z\ <^k-i ojci) tïXî'jtwt'. Oîpx-
::£-j;;j.£Vî'., h 5= ts;-::; ^'.,r^zvl. (Ed. Dindorf, parag. 75,
p. 38; éd. de 1544, p. 655.)
P. 500, 1. 2. L'cmperur Mechmet). Ou Mahomet II.
Cf. Chalcondyle : « Pour leur faire mieux sentir la
mort et qu'ils languissent d'avantage on les coup-
poit en deux moitiez par le faux du corps à l'endroit
du diaphragme, d'un seul coup de cimeterre bien
tranchant et affilé : artifice certes trop inhumain, de
faire ainsi soutfrir à un uiesme corps le cruel senti-
ment de deux morts tout ensemble pour l'avoir
séparé en deux parts pleines de vie; lesquelles on
pouvoit veoir horriblement se démener par quelque
espace de temps, avec des gestes tres-espouvantables
et hideux a cause des angoisses et tourmens qui les
pressoient. » (X, 11, p. 687.)
P. 500, 1. 10. D'autres historiens). Cf. Jacques de
Lavardin, Histoire de Scanderberg : «Le félon enragé...
après toutes espèces d'ignominie et inhumanité à
l'endroit d'eux, y adjousta, pour couronner ses
œuvfes, ceste nouvelle et inusitée barbarie, les faisant
escorcher vifs peu à peu par quinze jours continuels :
durant lesquels ils rendirent constamment à Dieu les
âmes glorieuses. » (F° 446 r".)
P. 500,1. 13. Cresus aiant faict). Cf. Plutarque, De
la malignité d'Hérodote : « Il feit prendre l'un des plus
grands amis de son frère (Pantaléon), homme noble
qui luy avoit esté adversaire, et le tirant en la boutique
d'un foulon, le feit tant carder à coups de carde et de
peignes de cardeur, qu'il en mourut.» (x^■III, f° 65 1 r°.)
Cf. aussi Hérodote, I, xcii; t. I, f" 45 v°.
P. 500, 1. 17. George Sechel). Cf. Paul Jove, His-
toriarum siii temporis libri : « Georgius cum Lucatio
fratre, quibus ut parceretur Vayvoda jusserat, vivus
capitur... Vavvoda ad internitionem cruciferi nominis
confecto pra;lio, Georgium tortoribus excruciandum
tradit. Illi nudum et cathenis vinctum in equuleo
constituunt, et corona candenti ex vomere conflata,
ut regem mos est, coronant : venisque dissectis pro-
fluentem sanguinem potandum Lucatio pr^bent.
Deinde ad viginti agrestes, qui in exercitu ordines
duxerant, tridui inedia maceratos ad id crudelitatis
cogunt, ut dentibus spirantis ducis artus dilacerent,
atque deglutiant. lUe mira constantia neque gemitum
edere, neque in miserabili mortis génère quicquam
horrescere, unum tantum dcprecari, ne insontem
Lucatium quem ipse renitentem ad id bellum per-
duxisset, his cruciatibus dignum existimarent. Pos-
tremo laniatis omnibus membris, quum diutius
324
ESSAIS DE MONTAIGNE.
gravissimos dolores, vel immani spiritu sustinere non
posset, extractis visceribus exenterant, in trusta sécant
atque ahenis et verubus coctum, comedendum mili-
tibus suis apponunt. » (XIII, f" 128 r".)
Chronologie : Cet essai est de la dernière période
(environ 1578). En effet, l'exemple de l'empereur
Maurice doit en être l'occasion et cet exemple me
semble venir de Gentillet. L'anecdote est en. effet
dans les Discours sur les moyens de bien gouverner de
Gentillet (III, viii), et elle figure dans le passage
qui est consacré à la cruauté. Pourtant, le récit de
Gentillet ne suffit pas à expliquer celui de Montaigne.
Des détails prouvent avec évidence que l'auteur des
Essais a connu un récit plus complet, celui de
Zonaras, qui est également la source de Gentillet.
Une chose néanmoins est frappante : l'exemple est
emploj-é de la même manière à la fois chez Gentillet
et chez Montaigne; il illustre chez l'un et chez l'autre
la même idée. En marge Gentillet écrit : « Gens
cruels sont volontiers couards », et il s'étend longue-
ment sur cette proposition ; il la démontre avec force
exemples de tout genre. Il déclare « que la magna-
nimité a tousjours esté conjointe avec humanité,
douceur et clémence : et pusillanimité au contraire
a tousjours esté accompagnée de cruauté, orgueil
ei vengeance ». L'anecdote de l'empereur Maurice
est peu connue, et je ne l'ai trouvée nulle part citée
dans les ouvrages moraux du temps. Croirons-nous
que, par un hasard singulier, elle suscite à la même
époque chez deux écrivains des réflexions morales
tout à fait analogues? C'est possible assurément, mais
c'est très peu probable. Et puisque par ailleurs nous
avons prouvé que Montaigne avait connu l'œuvre
de Gentillet, il v a lieu de croire à une influence.
Un souvenir de Gentillet a suscité l'essai de Mon-
taigne. A son tour, l'exemple de Maurice lui a
rappelé ce qu'il avait lu de cet empereur dans son
Zonaras. La lecture de Zonaras était peu ancienne :
le chapitre De la liberté de conscience (II, xix), où se
rencontrent des emprunts à cet auteur, en fait foi.
Le souvenir était encore récent. Montaigne n'a sans
doute pas ouvert à nouveau son Zonaras à la page
correspondante; il a probablement cité de mémoire :
c'est pour cela qu'il appelle le gendre de Maurice,
Philippe, au lieu de l'appeler Philippique (Philippi-
cus), qui est la forme véritable, celle qu'on rencontre
chez Millet de Saint-Amour, le traducteur de Zonaras.
Montaigne a lu Zonaras certainement vers 1578;
il n'a pas pu lire Gentillet avant 1576, et il l'a très
probablement lu aux environs de 1578. L'essai II,
XXVII, est donc à coup sûr de la dernière période.
Chapitre XXVIII.
TOVTES CHOSES ONT LEVR SAISON,
P. 501, 1. 6. Aiant osé choquer). Cf. Tite-Live,
XXXVIII, L-LIV.
p. 501, 1. 9. Il se mit à apprendre). Cf. entre autres
sources Plutarque, Fie de Calon le Censeur, i, f° 234 v°.
P. 501, 1. II. Fort honnorable). Notons que pour
la plupart les moralistes et compilateurs du xvi' siècle
louent au contraire Caton le Censeur de s'être ainsi
mis tardivement à l'étude du grec, et voient dans
celte rétractation de ses principes un hommage rendu
à l'excellence des sciences et des lettres. C'est le cas,
par exemple, pour Breslay dans son Anthologie.
P. 501, 1. 14. Hors de propos). Rapprocher les idées
que Montaigne a longuement développées à ce sujet
dans l'essai I, lvi, et qui lui ont été reprochées à
Rome.
P. 501, 1. 14. T. Oiiintius Flaminins). Cf. Plutarque,
Comparaison de T. O. Flaminins avec Philopœnien, 11.
P. 501, 1. 17. Imponit finem). «Le sage pose des
bornes même à la vertu. » (Juvénal, vi, 444.) La
valeur de la citation chez Juvénal est différente.
P. 502, 1. I. Eiideniouidas). Cf. Plutarque, Les dicts
notables des Lacedemoniens : « Eudamidas fils d'Archi-
damus, aiant veu Xenocrates qui estoit desja fort
avant sur son aage en l'Académie estudiant en la
Philosophie avec ses familiers, demanda qui estoit
ce vieillard la : quelqu'un des assistans luy respondit,
que c'estoit un sage homme, & du nombre de ceux
qui cherchoient la vertu : Et quand en usera il,
dit il, s'il la cherche encore? » (F° 216 v°.)
P. 502, 1. 3. Et Philopœnien). Id., Vie de Philo-
pœnien : « A quoy se rapporte une parole que Philo-
pœnien dit un jour du Roy Ptolomeus : car comme
quelques autres le haultlouassent, disans qu'il exer-
citoit tresbien son armée, & que luy-mesme dressoit
«Se endurcissoit fort sa personne tous les jours à
l'exercice des armes : Ce n'est, dit il, pas chose
louable à un Roy, en l'aage ou il est, de se dresser
encore à l'exercice des armes : car il les deust hormais
realement & de faict emploier. » (viii, f° 254 r°.)
P. 502, 1. 7. Disent les sages). Cf. Sénèque, Epîlres:
«Juveni parandum, seni utendum est.» (Ép. 36.)
P. 502, 1. 9. Nous recommençons tousjours). On trou-
vera cette idée développée chez Sénèque, épître 13,
à la fin, et surtout épître 23 : « Maie vivunt qui
semper vivere incipiunt. »
P. 502, 1. 13. Tu secanda marmora). «Vous faites
tailler des marbres, à la veille de mourir, et, au lieu
de songer à votre tombeau, vous faites bâtir des
maisons. » (Horace, Odes, II, xviii, 17.)
P. 502, 1. 20. Olim jam nec périt). «Depuis long-
temps je ne perds ni ne gagne; il me reste plus de
provisions que de chemin à faire. » (Sénèque, ép. 77.)
P. 502, 1. 22. Vixi, et quem dederat). «J'ai vécu,
me voilà au bout de la carrière que m'avoit assignée
la Fortune. » (Virgile, Enéide, IV, 653.) Montaigne
a pris cette citation chez Sénèque, ép. 12.
P. 503, 1. 3. On peut continuer). Cf. Sénèque,
Épitres : « Quemadmodum omnibus annis studere
honestum est, ita non omnibus institui. Turpis et
ridicula res est elementarius senex.» (Ep. 36, p. 121.)
P. 503, 1. 5. Diversos). «Les hommes divers ont
des goûts divers : toute chose ne convient pas à tout
âge. » (Pseudo-Gallus, i, 104.)
P. 503, 1. 8. Comme celuy à qui). Cf. Sénèque,
326
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Épîtres : « Et quando, inquis, tibi proderit istud,
quod in exitu discis, aut in quam rem ? ^ — In hanc ut
exeam melior. » (Ép. 68, p. 159.)
P. 503, 1. 10. Du jeune Caton). Rapprocher ce que
Montaigne dit de la mort de Caton dans l'essai I,
xxxvn, et au début de l'essai II, xi.
P. 503, 1. 13. Pour un tel deslogement). La même
expression se retrouve chez Rabelais, IV, xxvii.
P. 503, 1. 21. La nuict qu'il vint). Cf. Sénèque,
Epîtres : «Tarn magno animo feret aliquid sibi ad
victoriam, quàm ad praîturam obstitisse. Quo die
repulsus est, lusit; qua nocte periturus luit, legit.
Eodem loco habuit prœtura et vita excedere. »
(Ép. 71, p. 163.)
Chronologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai. Un emprunt aux Œuvres morales
invite seulement à dire que l'essai n'est pas antérieur
à la fin de 1572. Je crois que l'hypothèse la plus
vraisemblable est qu'il a été composé vers le même
temps que ceux qui l'entourent, mais les preuves
font défaut.
Chapitre XXIX.
DK LA VERTV.
P. 504, 1. 4. Dit quelqu'un). Séncque, dans le De
prcrcidentia : « Ferte fortiter, hoc est, quod deum
antecedatis. Ille extra patientiam malorum est, vos
supra patientiam. » (vi, p. 300.) Voir surtout l'é-
pître 53, p. 137, et le passage de cette épître que
Montaigne traduit dans l'essai II, xii, p. 208, 1. 26.
P. 504, 1. 7. Par secousse). On trouvera le com-
mentaire développé de cette idée dans l'essai II, i.
P. 504, 1. II. Teindre & abreuver). Sur ces expres-
sions prises à Sénèque, cf. l'essai I, xw, p. 181, 1. 12.
P. 504, 1. 16. Hors de soy). Ces expressions sont
inspirées de Sénèque; on en retrouve de tout à fait
semblables à la nn de l'essai II, 11. Voir les notes.
P. 505, 1. 8. Pyrrho). Cf. Diogène Laërce, Vie de
Pyrrhon : « Nihil declinans nihilque devitans, susti-
nebat omnia : currus si forte occurrissent, & prœ-
rupta, & canes, & talia, nihil omnino sensibus
permittens. Servatum autem... a sequentibus se neces-
sariis... semperque eodem persévérasse vultu atque
habitu, &: si quispiam illum inter dicendum desereret,
ipse tamen quod cceperat perageret... aiunt illum
& medicamenta putria, & sectiones, & usiiones sibi
ulceri cuipiam adhibitas tanta tulisse constantia, ut
supercilia ne contraxerit quidem. » (IX, lxii, lxiii,
Lxvi et Lxvii, pp. 618, 619 et 621.) On sait que
Montaigne trouvait la Vie de Pyrrhon par Diogène
Laërce en tête de sa traduction de Sextus Empiricus.
P. 505, 1. 27. Luy, estant quelque fois). Id., ibid. :
« Et cum sorori quandoque succensuisset... argue-
retque illum quispiam ut immemorem institut! sui,
non inquit muliercula documentum erit nostra; in-
difFerentiiv. Rursum cùm se invadentem canem
repulisset, causantique cuidam, grave, inquit, est,
& perdiflicile hominem penitus exuere. Certandum
verô pro viribus, primum quidem operihus, alioqui
vel ratione adversus res. » (IX, lxvi, 621.)
P. 506, 1. 13. Il se dit). On trouve cette anecdote
chez Henri Estienne, Apologie pour Hérodote : « Et
comme un comte attire l'autre, en récitant ce second
chastrement, il m'est souvenu d'un troisième, dont
aussi une femme fut cause, mais une occasion toutes-
fois encore différente à celle des deux autres que nous
venons d'ouïr : lequel (pour estre fort estrange) je
ne mettrois par escrit, si je ne le tenois d'un homme
de bien, et nommeement qui est ennemi mortel des
mensonges. Le comte est tel : Le bastard de la maison
de Campois près de Rommorantin, après avoir sollicité
une damoiselle l'espace de deux ans, et l'avoir en la
fin gangnée, estant avenu qu'à l'heure qu'elle s'estoit
présentée et abandonnée à luy, il ne s'estoit trouvé
dispos à sa vilenie, se retira en son logis à Chabris, si
despité contre soy-mesme, qu'ayant pris un rasoir chez
un barbier, il s'en coupa la partie l'indisposition de
laquelle l'avoit frustré de son espérance, et du fruict
d'une si longue attente. Et l'ayant coupée, l'enferma
en un buffet. Ce que j'enten estre avenu depuis
environ vingt-cinq ans. » (XV, xxix.)
P. 506, 1. 18. Non viriliter). « Chose indigne d'un
homme, son membre n'avait dressé qu'une tête
sénile. » (Tibulle, De inertia inguinis. Voir les
Priapea, LXXXII, 4.) Montaigne a pris ceci dans
un recueil intitulé : Diversorum poetarum in Priapum
lusus (LXXXIII, iv), ou dans son édition de Tibulle.
Je ne trouve nulle part la leçon extuJerat : partout
on lit extulit.
P. 507, 1. 6. Des femmes Indiennes). Ce tait est
328
ESSAIS DE MONTAIGNE.
rapporté chez beaucoup d'auteurs anciens, en parti-
culier Cicéron, Tusciilanes, V, xxvii; Elien, Histoires
variées, VII, xviii, et on le retrouve chez tous les
voyageurs et cosmographes du xvi' siècle qui ont
parlé des Indes Orientales.
P. 507, 1. 12. Ubi mortifère). « Dès que la torche
est enfin jetée sur le bûcher funèbre, la foule pieuse
des épouses, les cheveux épars, commence le combat
de la mort, luttant à qui, vivante, suivra l'époux,
car c'est une honte de lui survivre. Celles qui sortent
victorieuses de la lutte se précipitent dans les flammes
et \ attendent la mort, leurs lèvres ardentes collées
sur leurs époux. » (Properce, III, xiii, 17.)
P. 507, 1. 18. Un homme escrit). Je n'ai pas ren-
contré la source de ce récit de Montaigne, mais on
trouvera des détails analogues dans Balbi, Viaggio,
et dans l'Histoire de la Chine, de Gonçalès de Men-
doza, pp. 293 et 315. D'après les Voyages de Ramusio,
des coutumes semblables se retrouvent dans nombre
de pa3's orientaux : «Narsinga, Decam, Camhoia, Goa,
Battecala, Coromandel, Java, Tarnassari, Sumatra. »
Nulle part cependant chez Ramusio on ne retrouve
identiquement les mêmes rites que dans la narration
de Montaigne.
P. 509, 1. i. CaJanus). Cf. Plutarque, Vie d'A-
lexandre : « Et là mesme Calanus ayant esté un peu
de temps indisposé de flux de ventre, requit qu'on
luy dressast un buscher tel que Ion fait pour brasier
le corps d'un trespassé, là où il alla à cheval, & après
avoir fait sa prière aux dieux, espandit sur soy mesme
les eff"usions que Ion a accoustumé de respandre
aux funérailles des trespassez, & ayant couppé un
touffeau de ses cheveux, avant que monter dessus le
bûcher, il prit congé de tous les Macédoniens, qui
estoient là presens, en leur touchant en la main, les
priant de faire ce jour là bonne chère & banqueter
avec le Roy, lequel il rcvcrroit bien tost après dedans
la ville de Babylone. Aiant dit ces paroles il se coucha
de son long sur le bûcher, & se couvrant le visage,
ne se remua onques, quand le feu s'approcha & l'alla
saisir, ains se maintenant tousjours en la mesme
disposition qu'il s'estoit couché, sans remuer ne pied
ne main, se sacrifia luymesme, selon que le portoit
la coustume des sages du païs. » (xxi, f" 489 v°.)
Cicéron rappelle la mon de Calanus dans les Tuscii-
lanes, II, XXII, et la patience des gymnosophistes
dans les mêmes Tusciilanes, V, xxvii. Dans ce que
dit Montaigne sur ces sages, il semble qu'il y ait un
souvenir de Strabon, mais il convient de remarquer
que chez beaucoup de compilateurs et de moralistes
du xvi' siècle, sur le sujet de la patience ou de la
constance, il est parlé des gymnosophistes.
P. 510, 1. 3. Z.r sire de JoinviUe). Dans la Vie de
saint Louis : « Hz ne sont jamais armez, quand ils
vont combattre : pource qu'ilz disent et cro3'ent que
nul ne peut mourir qu'un certain jour, qui luy
est ordonné : & à ceste cause, ilz ont une façon
entr'eulx, que quand ilz veulent maudire leurs enfans,
ilz leur disent en ceste manière : tu soys mauldict,
comme celuv qui s'arme de paour de mort. » (xxx,
fo78r°.)
P. 510, 1. 14. Ces deux religieux de Florence). Cf.
Commines, VIII, xix, et surtout Gentillet, Discours
sur les moyens de bien gouverner, II, ix. Le récit de
Gentillet suffit à expliquer celui de Montaigne, et
comme dans les essais de 1580 Montaigne fait plu-
sieurs emprunts à Gentillet, tandis qu'il semble ne
rien devoir à Commines, il est probable que c'est
Gentillet qui lui a fourni cette anecdote.
P. 510, 1. 21. Un jeune seignur Turc). Cf. Chal-
condyle. Histoire de la décadence de l'Empire grec... :
« Comme les deux armées fussent ainsi rengées d'une
part et d'autre, n'attendans sinon de commencer
l'escarmouche, un Houssait de la cornette de Huniade
la lance au poing se jetta hors des rengs, demandant
un coup de lance de gayetté de cœur (un jeune
Turc se présente et reste victorieux)... Amurat fort
content du devoir qu'il avoit veu en ce jeune homme,
le fit venir en sa présence, & luy dit telles paroles.
O mon enfant ! Quel beau commencement as-tu
monstre icy de ce que l'on peut espérer cy après
de ta vaillance? veu qu'on sçait assez que c'est la
première guerre où tu te trouvas onques, & les
primices de ta militie? Neantmoins tu t'es porté
en ce coup d'essay contre ton ennemy, tout ainsi
que si tu eusses desja atteint le plus haut degré
de ce mestier. A cela le jeune homme respondit
d'une naïveté fort grande : Certe.s, seigneur, pour
LIVRE II, CHAPITRE XXIX.
t'en dire la vérité, un lièvre a esté en cecy mon
maistre & précepteur, & m'a enseigné de faire ce
que j'ai fait. Amurat tout esbay d'une si estrange
& fantastique responce, luy demanda; & comment
est-ce (je te prie) que le plus paoureux & imbécile
animal de tous autres, peust tenir escole de proësse
& asseurance ? Il répliqua : J'estois en Asie, résident
en cette province dont il avoit pieu à ta grandeur
donner le gouvernement à mon père, quand une
matinée il me prit envie d'aller à la chasse, à tout
mon arc & une laisse des lévriers. Et voicy que je
r'encontray un lièvre en forme qui se laissa appro-
cher de si près qu'il me sembla que ce seroit chose
plus seure de le tuer d'un coup de traict que de
m'adventurer de le prendre à la course. Car le pays
d'Attalie (comme tu sais Seigneur) a de fort bons
lièvres, combien que ceux de l'Europe soient encore
beaucoup meilleurs. Et ainsi faisant ce discours à
part moy, je commencay à descocher sur luy la
première flesche, puis la seconde & la tierce encore
& tout le reste consequemment, sans que je peusse
assener non pas seulement esveiller le lièvre, ne le
faire partir de son giste, que je n'eusse achevé de
vuider tout mon carquois : si y avoit il pour le
moins quarante flesches dedans, il m'en souvient
fort bien : Et pour ce qu'il se vouloit sauver, je
laschay mes lévriers après, qui le faillirent aussi bien
que moy. Voyant donques par une si clere espreuve,
que sa destinée l'avoit garanti d'un tel péril, je m'im-
primay deslors cette opinion qui m'est tousjours
demeurée en la fantaisie, que je ne devois non plus
craindre ny lance, ny espée, ny coups de flesche,
ou d'harquebouse; pource que tout cela ne me
sçauroit abréger une minute d'heure de la vie qui
m'a esté premièrement ordonnée de h haut... >>
(VII, VIII, 472-474-)
P. 511, 1. 14. Leurs Historiens). LL, ibid. : «Les
Turcs à la vérité & tous ceux qui suivent leurs super-
stitions, défèrent beaucoup à la prédestination & n'es-
timent pas qu'il soit possible d'en rien éviter : ce qui
les rends plus courageux & hardis a entreprendre des
choses hazardeuses. » (\'II, viii, 475.)
P. 511, 1. 20. Ces deux qui conspirèrent). Jehan de
Jeaureguy, qui blessa Guillaume d'Orange à Anvers
d'un coup de pistolet le 18 mars 1582, et Balthazar
Gérard, qui le tua à Delft, le 10 juillet 1584. Il est
probable que Montaigne a lu quelques-uns des pam-
phlets que suscitèrent l'attentat de Balthazar Gérard
et les supplices auxquels il fut condamné. On peut
voir en particulier : Les cruels et horribles torviens de
BaUhaxar Gérard, bourgignan, vrai martyr, soufferlz^
en l'exécution de sa glorieuse & mémorable mort. Pour
avoir tué Guillaume de Nanssau, Prince d'Orenge,
ennemy de son Roy & de l'Eglise catholique. (Mis en
françois d'un discours latin envoyé de la ville Delft
au Comté de Hollande.) A Paris, chez Jean du Carroy,
Imprimeur, au mont S. Hylaire, rue d'Ecosse. 1584.
(Bibliothèque nationale. Réserve, p. M. 65.) — Le
glorieux et triomphant martyre de Balthaxar Gérard,
advenu en la ville de Delft. Douai 1584.
P. 512, 1. 6. Un poignard est plus seur). Rapprocher
ce que dit Montaigne dans l'essai I, xlviii, p. 372,
1. 27.
P. 512, 1. 15. L'exécution quifutfaicte). L'assassinat
de François de Guise par Poltrot de Méré, le 18 fé-
vrier 1563. Guise rentrait le soir à cheval suivi d'un
seul gentilhomme; le coup partit d'un taillis qu'il
longeait. La mort ne survint que six jours plus tard.
On peut voir à ce sujet les Mémoires de Brantôme,
IV, 25e, et ['Histoire de de Thou, IV, 514.
P. 513, 1. I. Les Assassins). Cf. du Maillant,
Histoire des Rois de France : «Les Assassins... ne
possedoient que dix villes dépendantes de Phenices.
Les Hessenes ne s'estoient pas tenuz loing de leur
pays, lesquels (selon Pline) fuyoient tout ce qu'ils
pensoient leur estre nuisant, et vivoient sans femmes
ni argent, estimans que c'estoient deux grandes pestes
du genre humain. Mais on pense que les Assassins
sont descenduz des Perses, lesquels après avoir receu
la Loy de Mahomet, furent estimez les plus dévots et
religieux de tous les autres Barbares, pour ce qu'ils ne
faisoient cas ny de l'honneur ny des autres choses
tant désirées des mortels, ainçois vivoient entre eux
sans quelque différent ou ambition... Ils avoient tous
ceste opinion, que tuant quelcun d'autre religion que
celle qu'ils suivoient, ils meritoient tous la céleste
éternité. Tellement que si aucun d'eux avoit charge
de tuer quelque chrestien il ne craignoit point d'aller
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
seul en ville ou chasteau pour le trouver et le tuer
au milieu des siens, quoy qu'il sceut bien qu'il seroit
incontinent après taillé en pièces, et de la les Italiens
puis les François ont appelle assassins, ou assassina-
teurs ceux qui hardiment et de guet à pans tuent
un homme. De ceste façon fut tué le comte Ramond
de Tripoli. Car vo}'ans ces Assassins qu'il ne se
desistoit point de les guerroyer, deux d'entre eux,
qui avoient entreprins de ce faire, le tuèrent dedans
sa ville de Tripoli, dont cela fut cause que les autres
grands Seigneurs chrestiens furent plus soigneux
d'avoir hommes autour d'eux, pour les garder. »
I Pp. 456-457.) La suite du texte donnée seulement par
l'édition de 1595 a sa source dans le passage suivant
de du Haillant : « Deux Assassins tuèrent Conrad
marquis de Montferrat, comme il se pourmenoit sans
penser à rien dedans la place de Tyr, et estans prins
et condampnez à mort, furent menez au supplice tout
joyeux, comme s'ils eussent fait quelque acte digne
de mémoire. » (P. 482.)
Chronologie : Montaigne parle d'une femme qui
se suicida à Bergerac « depuis peu de jours », pour
échapper à la mauvaise humeur de son mari. La date
de ce suicide nous fournirait, si elle était connue,
la date de la composition de cet essai. Malheureuse-
ment, les registres paroissiaux de Bergerac n'existent
plus pour le xvî'= siècle. Les autorités judiciaires ont
dû faire une enquête sur ce suicide; mais les Archives
des deux juridictions de Bergerac (le bailliage de la
ville et la sénéchaussée royale), qui sont déposées
au fonds départemental de la Dordogne, ne remon-
tent pas au delà du xviii' siècle. Nous n'avons donc
aucun renseignement à espérer de ce côté.
Un exemple me semble venir de Gentillet. C'est
l'exemple des deux religieux de Florence, p. 510,
1. 14. L'anecdote se trouve chez Commines, VIII,
XIX, et chez Gentillet, II, ix, qui la doit à Commines.
Rien ne prouve avec certitude que Montaigne, lui
aussi, n'a pas pris l'aventure directement chez Com-
mines. Gentillet la conte presque aussi longuement
que Commines lui-même, tandis que Montaigne se
contente d'un simple résumé qui ne trahit pas sa
source, et qui peut venir aussi bien de l'un que de
l'autre. Nous pouvons constater cependant : i' qu'au-
cun des détails mentionnés par Montaigne ne manque
chez Gentillet; 2° que tandis qu'on trouve dans les
Essais de 1 5 80 plusieurs emprunts certains à Gentillet,
aucun fait ne semble venir de Commines. Montaigne
avait lu cet auteur avant 1572; il est très possible
qu'il ne l'ait pas relu entre cette date et 1580. Voilà
qui rend vraisemblable l'hypothèse que l'anecdote des
deux religieux de Florence a été inspirée par Gentillet.
Sans doute elle ne joue pas un rôle assez important
pour que, par elle, nous puissions déterminer avec
certitude la date de composition de l'essai tout entier;
elle nous fournit cependant une présomption, et,
comme la place occupée par cet essai nous invitait
déjà à le croire composé vers 1578, il y a de grandes
chances pour qu'il soit de la dernière période.
Chapitre XXX.
D VN ENFANT MONSTRVEVX.
P. 514, TITRE. Cet essai, comme une bonne
partie de l'essai I, xxi, se rattache à la littérature
des cas merveilleux qui été très féconde au xvi^ siècle.
Je n'ai retrouvé aucune indication sur le monstre que
Montaigne décrit ici, mais on en trouvera d'autres
de même genre mentionnés par les contemporains.
En particulier on peut voir dans les Histoires prodi-
gieuses de Bouaj'stuau : vi, Histoire notable de deux
filles engendrées, de nostre temps, qui estaient collées en-
semble par les testes; xxxv, Prodige de deux filles jumelles
jointes et collées ensemble par les parties postérieures.
P. 515, 1. 9. Ce double corps). Rhodigin, Bouays-
tuau, Tesserand, Belleforest, etc., à peu près tous
les écrivains du temps qui s'intéressent aux monstres,
s'ingénient à voir en eux des marques de la colère
de Dieu ou des signes sensibles de sa volonté. Rares
sont ceux qui, comme Cardan, apportent quelque
prudence dans ces interprétations. Montaigne se
sépare ici nettement de Bouaj-stuau et de Marcou-
ville.
P. 515, 1. 14. Ul qiium fada). «Afin que, après
l'événement, on leur donne quelque interprétation qui
en fasse des présages. » (Cf. Cicéron, De divinalione,
II, XXXI.) Chez Cicéron la phrase est à l'indicatif;
Montaigne la fait précéder de «ut» afin de la rattacher
intimement à la phrase française.
P. 515, 1. 15. On dict d'Epimenides). Cf. Aristote,
Rhétorique, III, xii.
P. 515, 1. 20. Ce que nous apelons). On peut com-
parer un passage de Cicéron (De divinatione, II, xxviii)
et un passage de saint Augustin (^Cité de Dieu, XXI,
viii), que Montaigne a lus certainement après 1588.
Rapprocher ce que Montaigne a déjà dit à ce sujet,
essai I, xxvii, p. 234; essai II, xii, p. 260; etc.
P. 515, 1. 26. Quod crebro videt). «Ce qu'il voit
fréquemment, ne l'étonné pas lors même qu'il en
ignore la cause. Mais s'il se produit quelque chose
qu'il n'a jamais vu, il en fait un prodige. » (Cicéron,
De divinatione, II, xx\'ii.)
Chronologie : Montaigne déclare qu'il a vu
«avant-hier» un enfant monstrueux que deux
hommes et une femme promenoient pour tirer quel-
ques liards de la commisération publique. Il est
possible que l'autorité ait accordé une permission pour
qu'on pût promener cet enfant sans être inquiété; si
nous en pouvions retrouver la trace, nous daterions
cet essai; mais les archives ne semblent rien révéler
à ce sujet. (Cf. ci-dessus, II, xxix, chronologie.)
En conséquence, nous n'avons aucune indication
pour dater cet essai.
Chapitre XXXI.
DE LA COLERE.
P. 516, 1. 2. // dit). Cf. Plutarque, Comparaison
de Lycurgiie et de Niiiiia : « Au demourant, quant à
ordonner de la nourriture des enfans, qu'ilz fussent
élevez, instruits et enseignez souhs mesmes maistres
et gouverneurs, qui eussent l'œil à les faire boire,
manger, jouer et exerciter honestement et regleement
ensemble, Numa ny prouveut, ... mesmement à
comparison de Lycurgus : car il laissa à la discrétion
des pères selon leur avarice, ou leur besoing, la
liberté de faire nourrir et élever leurs enfans ainsi que
bon leur sembloit : ... comme si Ion ne devoit pas
former les meurs des enfans et les duire et addresser
dès et depuis leur ftaissance à une mesme fin... Mais
un sage philosophe ayant receu le royaume d'un
peuple nouvellement amassé, qui ne luy contredisoit
en rien, à quoy devoit il plus tost employer son
estude, qu'à faire bien nourrir les enfans, et à faire
exerciter les jeunes gens, à celle fin qu'ilz ne fussent
différents de meurs, ny turbulents pour la diversité
de leur nourriture, ains fussent tous accordans
ensemble pour avoir esté dès leur enfance acheminez
à une mesme trace, et moulez sur une mesme forme
de la vertu? Cela oultre les autres utilitez, servit
encores à maintenir les loix de Lycurgus : car la
crainte du serment qu'ilz avoient juré eust eu bien
peu d'efficace, si par l'institution et la nourriture il
n'eust, par manière de dire, tainct en laine les meurs
des enfans, et ne leur eust avec le laict de leurs
nourrices presque fait succer l'amour de ses loix et
de sa police : ce qui a tant eu de force, que l'espace
de plus de cinq cents ans durant, ses principales
institutions et ordonnances sont demourées en leur
entier : ... et au contraire, ce qui estoit le but et la
fin principale où tendoit Numa, de maintenir la yille
de Rome en paix et amitié, faillit incontinent avec
luy : ... et ne dura rien ce tant beau, tant sainct et
tant juste gouvernement, auquel son roj'aume avoit
esté de son temps, pour autant qu'il n'avoit pas le
lien de la nourriture et de la discipline des enfans
qui le mainteinst. » (F° 53 v°.)
P. 516, 1. 5. Dict Aiistote). Morale à Nicomaque,
X, IX.
P. 517, 1. I. Rabie jeciir). «Le cœur enflammé de
rage, ils roulent comme le rocher abrupt qui, perdant
son point d'appui, se précipite tout à coup du haut
de la montagne. » (Juvénal, vi, 647.)
P. 517, 1. 4. Selon Hippocrates). Cf. Plutarque,
Comment il fault refréner la cholere : « Ainsi comme
Hippocrates escrit, que celle maladie est la plus mau-
vaise et la plus dangereuse qui défigure le visage de
l'âme et le rend dissemblable à sov-mesmes. » (vi,
f' 57 v°.) ■
P. 517, 1. 10. Gratian est). « On t'est reconnaissant
de ce que tu as donné à la patrie un nouveau citoyen,
pourvu toutefois que tu le rendes propre à la servir,
soit dans la culture des champs, soit dans les travaux
de la guerre, soit dans la pratique des arts. » (Juvé-
nal, XIV, 70.)
P. 517, 1. 17. Z^ chatiemeni). La même image est
chez Sénèque, De ira, I, v.
P. 517, 1. 24. C'est la passion). Rapprocher Sénè-
que, De ira : « Sine id tempus veniat quo ipsi
jubeamus. Xunc ex imperio nx loquimur. » (III,
xxxii, 340.)
LIVRE II, CHAPITRE XXXI.
33Î
P. 517, 1. 27. Connue les corps). Cf. Plutarque,
Comment il faiilt refréna- la cholere : « Ainsi comme
les corps à travers un brouillas apparoissent plus
grands, aussi font les faultes à travers la cholere. »
(xi, f° éo v°.)
P. 517, 1. 27. Celitv qui a faim). Id., ihid. : «Na-
turellement celuy qui a faim use de viande, mais de
punition ne doit user sinon celuy qui n'en a ne
faim ne soif. » (xi, f° éo v°.)
P. 518, 1. 10. Ora titmenl). «Sa face se tumétîe
de colère, ses veines deviennent noires, ses yeux
étincellent d'un feu plus ardent que ceux de la Gor-
gone. » (Ovide, De arte amandi, III, 505.)
P. 518, 1. 12. Suétone recite). Dans la Vie de César :
« (Cssar) sorte judex in reum ductus, tàm cupide
condemnavit, ut ad populum provocanti nihil œquè
ac judicis acerbitas profuerit. » (xii.)
P. 518, 1. 25. Comme disait Eudamidas). Cf. Plu-
tarque, Les dicts notables des Lacedemoniens : « Ayant
ouy un philosophe disputer & discourir sur ceste
proposition, qu'il n'y a bon capitaine que celuy seul
qui est sage : Ce propos la, dit-il, est merveilleux,
mais celuy qui le dit n'en est pas croyable, car il n'a
pas les aureilles accoustumees au son de la trom-
pette. » (F° 216 V.)
P. 518, 1. 28. Et Cleomenes). Id., ibid. : « Il y avoir
un Retoricien maistre d'éloquence qui se prit à dis-
courir en sa présence de la prouesse & vaillance,
dequoy il se prit bien fort à rire : l'autre luy demanda,
Dea Cleomenes, pourquoy te ris tu quand tu oys
parler de la vaillance, toy mesmement qui es Roy?
Pour ce, dit il, estranger mon amy, que si une aron-
delle en parloir comme toy, je ferois le mesme que
je fais : mais si c'estoit une aigle, je me tairois tout
coy. » (F° 218 r°.)
P. 519, 1. II. Il ne vous donne). Souvenir de Sénè-
que, qui dit de certains philosophes, en les opposant
à Sextius : «Non faciunt animum, quia non habent. »
(Ép. 64.)
P. 519, 1. lé. Les Ephores). Cf. Plutarque, Comment
ilfault ouir : «A ce propos les seigneurs du conseil de
Lacedaemone trouvans l'opinion bonne d'un person-
nage qui avoit très mal vescu, la feirent proposer par
un autre de bonne vie et de bonne nature : faisans
en cela sagement & prudemment, d'accoustumer leur
peuple à se mouvoir plus tost par les meurs que
par la parole du proposant. » (vu, f° 26 v°.) Le
même fait se retrouve un peu différemment chez
Plutarque, Instruction pour ceux qui manient affaires
d'estat, i° 163 r°, et chez Aulu-Gelle, X\1II, m. La
suite du passage que nous venons de citer est à rap-
procher de ce que dit Montaigne : « Mais en philo-
sophie il faut mettre à part la réputation de celuy
qui met en avant un propos, et examiner le propos
à part... »
P. 519, 1. 24. Un sien esclave). Cf. Aulu-Gelle :
« Plutarchus... seno suo nequam homini & contu-
maci, sed libris disputationibusque philosophia; aures
imbutas habenti, tunicam detrahi ob nescio quod
delictum, cœdique eum loro jussit. Cœperat verberari.
Obloquebatur, non meruisse ut vapularet : nihil
mali, nihil sceleris admisisse. Postremo vociferari
inter vapulandum incipit : neque jam querimonias
aut gemitus ejulatùsque facere, sed verba séria & ob-
jurgatoria. Non ita esse Plutarchum, ut diceret,
philosophum : irasci turpe esse : saepe eum de malo
irce dissertavisse : librum quoque -r.tp: à:;-fi;3taç pul-
cherrimum conscripsisse. His omnibus, qus in eo
libro scripta sunt, nequaquam convenire, quôd provo-
lutus effusùsque in iram, plurimis se plagis mulctaret.
Tum Plutarchus lente & leniter : Quid autem, inquit,
verbero, nunc ego tibi irasci videor? ex vultùne meo,
an ex voce, an ex colore, an etiam ex verbis correp-
tum esse me ira intelligis? Mihi quidem neque oculi
(opinor) traces sunt, neque os turbidum : neque
immaniter clamo : neque in spumam raborémve
effervesco : neque pudenda dico, aut pœnitenda :
neque omnino trepido ira, &gestio. Ha;c enim omnia,
si ignoras, signa esse irarum soient. Et simul ad eum,
qui cœdebat, conversus : intérim, inquit, dum ego
atque hic disputamus, hoc tu âge. » (I, xxvi, 40.)
P. 520, 1. 16. Architas). Cf. Plutarque, Comment
il fault nourrir les enfans : « Archytas le Tarentin et
Platon en firent tout de mesme : car l'un estant de
retour d'une guerre où il avoit esté Capitaine gênerai,
trouva ses terres toutes en friche, et feit appeler
son receveur auquel il dit. Si je n'estois en cholere
je te battrois bien. Et Platon aussi s'estant un jour
334
ESSAIS DE MONTAIGNE.
courroucé à l'enconire d'un sien esclave meschant
& gourmand appela le fils de sa sœur Speusippus,
& lui dit, Pren moy ce meschant icy, & me le va
fouetter, car quant a moy, je suis courroucé. » (xiv,
f° 6 v°.) Le premier de ces deux exemples se trouve
encore chez Cicéron, Tusculanes, IV, xxxvi; tous
deux sont réunis dans un autre passage de Plutarque,
Potirqnoy la justice divine diffère la punition des maléfices ;
chez Valère Maxime, IV, i, ext. i, etc.
P. 520, 1. 23. ChariUus). Id., Dicts notables des
anciens Roys... «Un des esclaves qu'ils appelloient
Elotes se portoit un peu trop insolentement & auda-
cieusement envers luy : Par les Dieux, dit-il, si je
n'estois courroucé, je te ferois tout à ceste heure
mourir. » (F° 198 v".) Voir aussi Id., Les dicts notables
des Lacedœmoniens : « Un des Ilotes se portant quel-
quefois par trop audacieusement envers luy, il luy
dit, si je n'estois courroucé je te tuerois toute à ceste
heure. » (F° 223 r°.)
P. 521, 1. I. Piso). Cf. Sénèque, De ira : « Cn.
Piso fuit memoria nostra, vir à multis vitiis integer,
sed pravus, & cui placebat pro constantia rigor. Is
cum iratus duci jussisset eum, qui ex commeatu
sine commilitione redierat, quasi interfecisset, quem
non exhibebat, roganti tempus aliquod ad conquiren-
dum, non dédit : damnatus extra vallum deductus
est, & jam cervicem porrigebat, cum subito apparuit
ille commilito, qui occisus videbatur. Tum centurio
supplicio prîepositus, condere gladium spiculatorem
jubet, damnatum ad Pisonem reducit, redditurus
Pisoni innocentiam. Nam militi fortuna reddiderat.
Ingenti concursu deducuntur, complexi alter alterum
cum magno gaudio castrorum commilitones. Con-
scendit tribunal furens Piso, ac jubet duci utrunque,
& eum militem, qui non occidit, & eum qui non
perierat. Quid hoc indignius? Quia unus innocens
apparuerat, duo peribant. Piso adjecit & tertium.
Nam illum centurionem, qui damnatum reduxit,
duci jussit. Constituti sunt in eodem loco perituri
très, ob unius innocentiam. O qunm solers est ira-
cundia ad fugiendas causas furoris. Te, inquit, duci
jubeo, quia damnatus es, te quia causa damnationis
commilitoni fuisti, te quia jussus occidere, impcratori
non paruisti. » (I, xvi, 313.)
P. 521, 1. 20. L'orateur Celiiis). Id., ibid. : «Cœlium
oratorem fuisse iracundissimum constat, Cum quo,
ut aiunt, caenabat in cubiculo lecta; patientis cliens,
sed difficile erat illi in crapulam conjecto rixam ejus
cum quo edebat effugere. Optimum judicavit quic-
quid dixisset sequi, & secundas agere. Non tulit
Cœlius assentientem, sed exclamavit. Die aliquid
contra, ut duo simus. » (III, viii, 332.)
P. 521, 1. 27. Plmcion). Cf. Plutarque, Instruction
pour cenlx qui manient affaires d'estat : « Phocion,
cédant à un qui luy disoit injures, le laissa dire,
& cessa de parler, & après que l'autre en fin à toute
peine se fut teu, remontant de rechef en la chaire,
il continua son propos entrerompu, disant : Je vous
ay desjà parlé des gens de cheval & des gens de pied
pesamment armez, oyez maintenant de ceulx qui
sont armez à la légère. » (xiv, f° 169 r°.)
P. 522, 1. 5. Ne s'en peuvent passer). C'est une
idée que Sénèque discute longuement dans le pre-
mier livre du De ira, et comme sa conclusion est
exactement contraire à celle de Montaigne, il est
possible que Montaigne ait voulu lui répondre.
P. 522, 1. 8. Magno veliiti). « Ainsi, lorsqu'avec
grand bruit un feu de bois s'allume .sous un vase
d'airain, l'eau bouillonne sous l'action de la chaleur;
furieuse dans sa prison, elle exhale de la fumée, elle
déhorde en flots écumeux, elle ne se contient plus;
une noire vapeur s'élève dans les airs. » (\'irgile,
Enéide, VII, 462.)
P. 522, 1. 26. Comme Diogenes dict). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Diogène : « Offendit aliquando Demo-
sthenem oratorem in diversorio prandentem. lUo
autem cedente, tanto, inquit, magis in diversorio
futurus es. » (VI, xxxiv, 365.)
P. 522, 1. 29. Une buffe a la joue). Un jour, en
Italie, Montaigne s'attire quelques désagréments de
voj-age parce qu'il donne un soufflet à son « vctturin,
qui est un grand excès selon l'usage du pais».
(^Journal de voyage, p. 283.)
P. 523, 1. 5. Omnia vitia). «Les vices apparents
sont les plus légers; ils sont très pernicieux lorsqu'ils
se dérobent sous un air de santé. » (Sénèque,
épître 56.)
P. 523, 1. 18. & secuin). «L'insensé, ne se possédant
LIVRE II, CHAPITRE XXXI.
335
pas, combat contre lui-mcnie. » (Claudien, //; Eiiliv-
piiiiii, I, 237.)
P. 523, 1. 24. Mugitus). «Tel, s'essayant à un pre-
mier combat, un taureau pousse des mugissements
terribles, éprouve sa colère et ses cornes, heurte de
son front le tronc des arbres, fatigue les vents de
ses coups et prélude à l'attaque en dispersant la
poussière. » (Virgile, Enéide, XII, 103.)
P. 525, 1. 3. Clorre ce pas). Cf. essai I, xlii,
p. 344, 1. 27, et la note.
P. 525, 1. 3. Arisiote dit). Cf. Sénèque, De ira :
« Aristoteles ait, affectus quosdam, si quis illis bene
utatur, pro armis esse. Quod verum foret, si velut
bellica instrumenta sumi, deponique possent, in-
duentis arbitrio. Hœc arma qua; Aristoteles virtuti
dat, ipsa per se pugnant, non expectant manum.
Habent & non habentur. » (I, xvi, 313.) Le passage
auquel Sénèque fait allusion se lit dans la Morale
à Nicomaque, III, viii.
Chronologie : Nous pouvons dire de cet essai :
1° Qu'il est antérieur à l'es-sai Des livres (II, x). En
effet, Montaigne écrit : « Je ne voy jamais autheur,
mesmes de ceux qui traictent de la vertu et des
actions, que je ne recherche curieusement de sçavoir
quel il a esté. » C'est certainement à cette phrase
qu'il fait allusion, lorsque dans l'essai II, x, revenant
sur le même sujet, il déclare : « De cecy j'en ay
parlé ailleurs » ; 2° Qu'il est postérieur à la fin
de 1572 : on y trouve en effet cinq emprunts tout
à fait fidèles aux Œuvres morales traduites par Amyot.
Notons encore qu'un emprunt à la Vie de César,
écrite par Suétone, «Suétone recite... », pourrait inviter
à penser que Montaigne s'occupe de César au moment
où il écrit cet essai, et favorise l'hypothèse qu'il est
des environs de 1578, comme les essais d'alentour.
Cette hypothèse est pourtant incertaine, car, même
vers 1572, nous avons trouvé des emprunts à cette
Vie de César par Suétone.
Chapitrh XXXII.
DEFEXCE DE SE\EQ.VE ET DE PLVTARQ.VE.
P. 526, 1. 8. La similitude qu'il veut trouver). Je
n'ai pas rencontré le pamphlet dont Montaigne parle
ici. Il ne figure pas dans les Mémoires de l' Estât de
France sous Charles IX, publiés en 1576. Mais si je
n'ai pas trouvé de parallèle entre Charles de Lorraine
et Sénèque, en revanche constamment dans les écrits
protestants de l'époque Charles IX est comparé avec
Néron comme avec Caligula, Tibère, Domitien, et
tous les tjTans dont l'histoire nous a gardé le nom.
Pour ce qui concerne Néron, cf. les Mémoires de
l'Estat de France, éd. de 1578, t. II, f° 49 r°; f° 68 \°;
t. III, f° 238 v°; etc.
P. 527, 1. 7. De Dion). On les trouvera chez cet
historien, LXI, x, xu, xx, etc.
P. 527, 1. 16. Tacitus). Dans les Annales, XIII, i;
XIV, LUI, Liv, LV; XV, LX, Lxiv. Il faut voir égale-
ment Suétone, Vie de Néron. En tète de son édition
de Sénèque, Montaigne trouvait une Fita Lucii Annœi
Senecœ ex Tacito et Suetonio decerptâ, Xichone Polentone
antore où tout naturellement beaucoup de ces juge-
ments sont rapportés.
P. 527, 1. 21. Qu'il ose soustenir). Cf. Bodin, Mt/Ao-
dus ad facilem historiarum cognilionem : « Fuit enim
publici consilii diligens indagator. Videtur tamen
ubique partes Cssaris adversus Pompcium, et Antonii
adversus Ctceronem data opéra tueri voluisse. »
(iv, p. éo.)
P. 527, 1. 27. Où il accuse Phitarque). Id., ihid. ■
« Saspe incrcdibilia & plane fabulosa narrât, sed utitur
verbo sar., ne quis temcrè assentiatur. » (iv, p. 58.)
P. 528, 1. 8. En la vie de Flaminins). « [Scipion
& Hannibal — « quand ilz se rencontrèrent ensemble
dedans la ville d'Ephese »], en devisant de plusieurs
choses ils tumberent en propos des anciens capitaines :
& Hannibal prononcea & donna sa sentence, que
Alexandre le grand avoit esté le plus grand & le plus
excellent de tous les autres, Pyrrus le second, & luy
le troisième, & adonc Scipion en se soubzriant tout
doulcement luy demanda : Et que dirois tu donc, si
je ne t'eusse point vaincu ? Je me mettrois, respondit
Hannibal, non point au troisième lieu, mais au pre-
mier, par dessus tous les capitaines qui furent on-
ques. » (xii, f° 267 r°.)
P. 528, 1. 9. En celle de Pyrrhus). « Lon dit que
le roy Antigonus interrogué, qui luy sembloit le plus
grand capitaine, respondit, Pyrrus, pourveu qu'il
vieillisse, parlant des capitaines de son temps seule-
ment : mais Hannibal le prononcea le premier de
tous universellement en expérience & suffisance au
mestier de la guerre, Scipion le second, & soymesme
le troisième, ainsi que nous avons escrit en la vie
de Scipion. » (F" 271 V.)
P. 528, 1. 12. Quand il récite). Cf. Bodin, Mcthodus
ad facilem historiarum cognitionem : «In Lycurgo scribit
puerum LacedcTmonium crudelissimam lacerationem
& iliorum distractionem ad necem usque pertulisse,
ne vulpis furtum detegeretur. » (iv, p. 58.) Le fait
est pris à Plutarque, Fie de Lycurgue, xi\'.
P. 528, 1. 21. Tout blessé qu'il estoit). Cf. Plutarque,
Fie de Pyrrhus : « Entre Icsquelz (ennemis) y en
eut un plus adventureux que les autres, homme de
haulte taille, & tout armé en blanc, qui se jetta bien
loing devant sa trouppe, & d'une voix audacieuse
& fiere appella le Roy & le desfia au combat d'homme
LIVRE II, CHAPITRE XXXII.
337
à homme, s'il estoit encore vivant. Pyrrus irrité de
cette braverie, malgré ses gens tourna visage, tout
blécé qu'il estoit, avec sa garde : & oultre ce qu'il
estoit enflammé de cholere, aiant la face toute souillée
de sang &; hydeuse à veoir, il se jetta à travers ses
gens, & feit tant qu'il approcha du Barbare qui l'avoit
desfié, auquel il donna de toute sa puissance un si
grand coup d'espée sur la teste, que tant pour la
force du bras, que pour la bonté de la trempe de
l'acier, le coup descendit jusques à bas, de sorte
qu'en un moment les parties du corps divisé en deux
tumberent, l'une deçà, l'autre delà. Cela arresta tout
court les Barbares, & les garda de passer oultre, tant
ilz furent estonnez & effroyez de veoir un si grand
coup de main, qui leur feit estimer que Pyrrus estoit
quelque chose d'advantage qu'un homme. » (xii,
f° 279 v.)
p. 528, 1. 25. D'avoir acJjoiisIe). Cf. le passage de
Bodin cité ci-dessus, p. 527, 1. 27.
P. 529, 1. 4. Que Cicero). Dans les TiisciiJanes :
« Spartas vero pueri ad aram sic verberibus acci-
piuntur, ut multus e visceribus sanguis exeat : non
nunquam etiam, ut cùm ibi essem, audiebam, ad
necem : quoram non modo nemo exclamavit unquam,
sed ne ingemuit quidem. » (II, xiv.) Le même
exemple est chez Plutarque, Fie de Lycurgiie, xiv.
P. 529, 1. 21. AtnrcelUiuis récite). Cf. Ammien
Marcellin, Histoire : «Nulla tormentorum vis inveniri
adhuc potuit, quœ obduratum ullius pectus latrociniis
invitum elicere potuit, ut nomen proprium dicat. »
(XXII, xvi.)
P. 529, 1. 25. Un paisan). Cf. Tacite, Annales :
« Voce magna sermone patrio, frustra se interrogari
clamitavit. Adsisterent socii ac spectarent. Nullam
vim tantam doloris fore, ut veritatem eliceret. Idém-
que cùm postero die ad quajsitionem retraheretur,
eo nisu proripuit se custodibus, saxoque caput
adflixit, ut statim exanimaretur. » (IV, xlv, 135.)
P. 530, 1. 5. Epicharis). Id., ihid. : « Nero recor-
datus Volusii Proculi indicio F.picharim attineri,
ratusque muliebre corpus impar dolori, tormentis
dilacerari jubet. At illam non verbera, non ignés,
non ira eo acriùs torquentium ne a femina sperne-
rentur, pen,-icere quin objecta denegaret. Sic primus
qux'stionis dies contemtus. Posterô cùm ad eosdem
cruciatus retraheretur gestamine sellœ (nam dissolutis
membris insistere nequibat) vinclo fascia quam pec-
tori detraxerat, in modum laquei ad arcum sellœ
restricto, indidit cervicem, & corporis pondère con-
nisa, tenuem jam spiritum expressit. » (XV, lvii,
308.)
P. 530, 1. 14. // se trouvera). La même idée est
exprimée à la lin de l'essai II, xvii.
P. 531, 1. 10. Le conte de la femme). Il est dans les
Facétie de Pogge. Castiglione, dans son Cortegiano
(III, xxii), y fait allusion comme à un conte alors
très connu en Italie.
P. 531,1. 19. Comme j'ay dit ailleurs). Dans l'essai
I, XXVII.
p. 531, 1. 21. Faire difficulté de croire). Idée lon-
guement développée dans l'essai I, xxxvii.
P. 532, 1. 10. Agesilaits fut mulcté). Cf. Bodin,
Methodus ad facilein historiarum cognitionem : «[Scribit]
Agesilaum ab Ephoris mulctatum, quôd suoram
civium animos & voluntates unus sibi conciliarat. »
(iv, p. 58.)
P. 532, 1. 18. Où il dict qu'il a bien assarty). Id.,
ibid. : «Illud tamen animadversione dignum est quôd
Graecos principes cum Cra:cis, & Romanos inter se
bona fide comparavit : Grœcos vero cum Romanis
non item, idque facile intelligi potest in comparatione
Demosthenis ac Ciceronis : Catonis & Aristidis :
Svllx ac Lvsandri : Marcelli ac Pelopidre, quid autem
aliud est Agesilaum Pompeio, quàm muscam Ele-
phanto conferre?» (iv, p. 58.)
P. 533, 1. 27. Je ne croy pas). Dans la Comparaison
de Pompcius et d'Agesilaus, f° 463 r".
P. 534, 1. I. // n'y a, dit-il). F° 334 r°.
Chronologie : Le sujet de cet essai est certaine-
ment pris dans la Méthode de Bodin. Montaigne
déclare lui-même qu'il écrit pour contredire Bodin
et défendre Plutarque contre les accusations de ce
savant. D'ailleurs, un jugement sur Dion est pris
textuellement dans Bodin (voir ci-dessus, p. 527,
1. 21). Cette influence de la Méthode de Bodin
nous invite à penser que cet essai est des environs
de 1578. En outre, Montaigne parle d'un petit livre
338
ESSAIS DE MONTAIGNE.
parmi cette « milliasse » de pamphlets que les protes-
tants font courir, où le cardinal de Lorraine était
comparé à Sénèque, et Chartes IX à Néron. Je ne
suis pas encore arrivé à retrouver ce pamphlet, mais
certainement c'est un de ceux que suscita la Saint-
Barthélémy; et puisque Montaigne dit qu'il l'a vu
« autres-fois », il y a lieu de penser que l'essai II,
xxxii, est de quelques années postérieur à la Saint-
Barthélémy (24 août 1572). Notons enfin qu'une
allusion (p. 531, 1. 19) prouve qu'il est postérieur
à l'essai I, xxvii.
Chapitre XXXffl.
L HISTOIRE DE SPVRIXA.
P. 536, 1. 8. Xemcrates y procéda). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Xénocrale : « Quidam verô discipulos
Laidem illi injecisse in lectulum tradunt, illumque
adeô fuisse continentem, ut cùm se ad libidineni
incitari prsesensisset, & secare & urere verenda sœpe
pateretur. » (IV, vu, 249.) Le fait est un peu diffé-
remment raconté chez Valère Maxime, IV, m, ext. 3.
II y est fait allusion dans le Cortegiano, III, xxxix.
P. 53e, 1. 21. Le soin curieux). Cf. Suétone, Fie
de César : « Circa corporis curam morosior, ut non
solum tonderetur diligenter ac raderetur, sed velle-
retur etiam, ut quidam exprobraverunt. » (xlv.)
P. 53e, 1. 24. // estait beau personnage). Id., ibid. :
« Fuisse traditur excelsa statura, colore candido, tere-
tibus membris, ore paulo pleniore, nigris vegetisque
oculis. » (xlv.)
P. 337, 1. I. Avec le Roy de BitJwiie). Id., ibid.,
XLix. Montaigne a fait allusion à ceci dans l'essai I,
XLix, p. 385, 1. 6.
p. 537, 1. 2. Cleopatra). Id., ibid., lu, et Plutarque,
Vie de César, xui.
P- 537> '• 3- Eunoé). Cf. Suétone, Vie de César,
LU.
P. 537, 1. 4. A Roinme). Id., ibid. : « Pronum et
sumtuosum in libidines fuisse, constans opinio est,
plurimasque et illustres feminas corrupisse, in quibus
Postumiam Servii Sulpicii, Lolliam Auli Gabinii,
Tertullam M. Crassi, etiam Cn. Pompeii Muciam.
Nam certe Pompeio, et a Curionibus pâtre et filio, et
a multis exprobratum est, quod, « cujus causa post très
» liberos exegisset uxorem, et quem gemens ^gisthum
» appelkre consuesset, ejus postea filiam potentiae
» cupiditate in matrimonium recepisset. Sed ante alias
» dilexit M. Bruti matrem, serviliam. » (l.)
P. 537, 1. 6. Oui fut la cause). Ibid., Commentaire
de Philippe Béroald : « Verùm, ut author est Plutar-
chus, neque posteà cur illam repudiasset confessus
est. Existimat Tranquillus, eam repudiatam fuisse
Julii Caisaris causa, cuiu quo exercebat adulteria
absente marito. » (l.)
P. 537, 1. 12. Dont chacun tient). Ibid., Commentaire
de Philippe Béroald : « Servilia Catonis Uticensis
soror, Marci Bruti fuit mater, quam Csesar adhuc
adolescens amavit : & cùm eo tempore, quo hic
amor fervescebat, Brutus sit natus, quodammodo
creditus est è Cassare genitus. »
P. 537, 1. 16. Complexion tres-amoureuse). Lorsque
César entra dans Rome sur son char de triomphe,
les soldats criaient : « Urbani, servate uxores :
uiœchum calvum adducimus. >> (Suétone, Vie de
César, li.)
P. 537, 1. 19. De Mecbiiict). Montaigne a lu à ce
sujet l'Histoire de Chalcondyle.
P. 537, 1. 27. LadisJaus). Cette anecdote se retrouve
dans beaucoup d'ouvrages historiques du temps.
Montaigne l'a lue dans l'Histoire de Scanderberg, de
Lavardin, dans l'Histoire de Paul Jove, probablement
aussi dans l'ouvrage de Bonfinius qu'il possédait :
Rerum uugaricarum décades quattuor, III, u. Mais tous
ces récits, qui procèdent de l'histoire de Naples écrite
par Colenucio, présentent des détails un peu différents
de ceux que nous trouvons chez Montaigne. Il est
probable qu'il s'inspire de Chalcondyle dont voici le
récit : « Ce jeune prince (Ladislaus) addouci de leurs
340
ESSAIS DE MONTAIGNE.
prières & humble langage, ne demanda autre chose
sinon la fille d'un bourgeois, qui estoit estimée la
plus belle créature de la ville et de toute l'Italie
encore. Car Florence a d'ordinaire les plus belles
&. gratieuscs dames qui se treuvent point autrepart :
ce qui venoit bien apropos pour un Roy de com-
plexion amoureuse, & tant desbordé après cette sorte
de contentement, que plus luy estoit la jouyssance
de quelque désirée beauté, que la conqueste de tous
les Empires de la terre, combien qu'il ne laissast pas
pour cela d'estre vaillant de sa personne, & fort
addonné aux armes. Au moyen dequoy les Florentins
voyans l'humeur de l'homme qui leur faisoit si bon
marché du danger où il les avoit réduits, ordonnèrent
incontinent au père d'admener sa fille, la plus pro-
prement attiffee qu'il fut possible. Ce père icy estoit
un médecin (à ce que l'on dit) le plus excellent
& fameux de son temps, lequel eut à tel regret
& contrecueur qu'on peut estimer, de se voir un tel
blasme & deshonneur à toute sa maison, si bien
qu'après avoir tenté tous les moyens de s'en exempter,
& voyant à la fin que c'ettoit un faire le faut, il se
résolut à une chose bien estrange, & qui ne partoit
pas d'un bas & petit courage. Car avec du jus de
ciguë, & autres mortelles drogues, il empesa un
couvrechef richement ouvré de fil d'or & de soye
cramoisie, lequel il donna à sa fille, pour' s'en accom-
moder quand le Roy seroit avec elle, ce qu'elle fit :
Car il n'eut pas plus tost destourné sa veue sur cette
beauté, que la renommée (disoit-il) avoit esté trop
chiche de luy louer, que tout bouillant & enflambé
d'amour, sans rernettre la chose à de plus amples
cerimonies, il voulut venir aux prises. Mais il n'eut pas
plus tost esté touché du couvrechef, ainsi eschauffé
qu'il estoit encore, que tout soudain le poison luy
monta au cueur, d'une si grande promptitude & ac-
tion, qu'après avoir jecté quelques petites gouttes
d'une sueur froide, comme pour un dernier effort de
nature, il rendit l'ame entre les bras mesmes de la
Damoiselle, laquelle aussi expira bien tost après.
Cest accident advenu si inopinément, son armée se
trouva en grand trouble & confusion, & se retira à
la haste : Ainsi fut la Cité de Florence délivrée. Il y
a toutefois des Italiens qui ont escript que ce ne fut
pas le père qui brassa ce brouet, mais le conseil propre
de la ville, après avoir fort mignardement fiiit accous-
trcr cette fille; afin qu'elle parust encore plus belle
à l'ennemi, & que par ce moyen ce qu'ils avoient
projeté & basty sur la concupiscence d'iceluy, fust
exécuté plus promptement. Quoy que ce soit, la
chose advint en la sorte & manière que nous avons
dit.» (V, XI, 353.)
P. 539, 1. 3. Oppius recite). Cf. Suétone, Fie de
César : « Circa victum C. Oppius adèo indifferentem
docet, ut quondam ab hospite conditum oleum, pro
viridi appositum, aspernantibus cœteris, solum etiam
largius dicat appetisse, ne hospitem aul negligentiœ,
aut rusticitatis videretur arguere. » (un.)
P. 539, 1. 6. Il fit fouetter son holeiiger). Li., ibid. :
(( Domesticam disciplinam in par\às ac majoribus
rébus diligenter adèo severéque rexit, ut pistorem,
alium, quàm sibi, panem convivis subjicientem,
compedibus vinxerit. » (xlviii.)
P- 539; '• 7- Caton mesme). Id., ibid. : « \'erbum
M. Catonis est : Unum, ex omnibus, Cœsarem ad
cvertendam Rempubl. sohrium accessisse. » (lui.)
P- 539) '• 9- Ce mesme Caton). Cf. Plutarque, Vie
de Caton d'U tique : « Et pour ne rien omettre de ce
qui peuh servir à représenter au vif l'image de son
naturel, jusques aux moindres indices : on dit que
ce jour là y aiant grand débat & fort véhémente
contention de luy à l'encontre de Cœsar, tellement
que tout le Sénat estoit attentif à les regarder & ouyr,
on apporta de dehors un petit papier à Cœsar. Ce
que Caton tint incontinent en suspicion, & l'en
calumnia tant, que plusieurs des Sénateurs s'en
emeurent, & commandèrent que ce qui estoit escript
en ce papier fust leu tout hault & clair : parquoy
Cx'sar tendit la lettre à Caton qui ne seoit pas gueres
loing de luy. Caton l'aiant leuë trouva que c'estoit
une lettre d'amour que sa sœur Servilia escrivoit à
Cœsar, dont elle estoit amoureuse, aiant esté par luy
corrompue : si la rejetta à Cssar en luy disant,
Tien yvrongne : & cela fait, se remeit à continuer
le propos, qu'il avoit paravant commencé.» (vn,
f° 534 V.) Montaigne a trouvé ce récit reproduit
en latin dans .son édition de Suétone, Commentaire
de la Vie de César par Sabellicus, i.. Montaigne a
LIVRK II, CHAPITRE XXXIII.
341
déjà fait allusion à ce récit dans l'essai II, xviii,
p. 457, 1. 10.
P. 559, 1. 23. Feiiiis et Bacchus). «Sine Cerere et
Baccho friget Venus»; proverbe que Montaigne citera
dans l'essai III, v.
P. 540, 1. 13. Poiiipnus declaroit). Cf. Suétone,
Vie de César : « Denuntiante Pompeio pro hostibus
se habiturum, qui Reipublic;^ defuissent, ipse medios,
& neutrius partis, suomm sibi numéro futures pro-
nuntiavit. » (lxxv.)
P. 540, 1. 16. A ceux de ses capitaines). Plutarque
le dit expressément de Labiénus dans la Vie de César,
x, f" 504 r".
P. 540, 1. 20. // deffendit). Cf. Suétone, Vie de
César, lxxv.
P. 540, 1. 28. Quand je considère). Cette phrase
figure presque textuellement sur la page de garde
du César de Montaigne. « Quand je considère la
grandur incomparable de cete ame, j'excuse la victoire
de ne s'estre peu défaire de lui en cete tresinjuste
& tresinique cause. »
P. 541, 1. 3. Caitts Meniiniiis). Cf. Suétone, Vie de
César : « Caii Memmii, cujus asperrimis orationibus
non minore acerbitate rescripserat, etiam suffragator
mox in petitione Consulatus fuit. Caio Calvo post
famosa epigrammata de reconciliatione per amicos
agenti, ultro ac prior scripsit. Valerium Catullum,
à quo sibi versiculis de Mamurra perpétua stigmata
imposita non dissimulaverat, satisfacientem eadem
die adhibuit cœns, hospitiôque patris ejus, sicut
consueverat, uti perseveravit. » (lxxiii.)
P. 541, 1. II. Ayant esté adverty d'aucuns). Id.,
ibid. : « Acerbe loquentibus satis habuit pro concione
denuntiare, ne perseverarent. » (lxxv.)
P. 541, 1. 14. Aucunes coniurations). Id., ibid. :
« Détectas conjurationes, conventusque nocturnos,
non ultra arguit, quam ut edicto ostenderet esse sibi
notas. » (lxxv.)
P. 541, 1. 17. Caius Oppins). Id., ibid. : «Amicos
tanta semper facilitate, indulgentiàque tractavit, ut
C. Oppio comitanti se per sylvestre iter, correptôque
subita valetudine, & in diversorio loco, quod unum
erat, cesserit, & ipse humi, ac sub dio accubuerit. »
(lxxii.)
P. 541, 1. 20. // fit mourir). Id., ibid. : « Libertuni
gratissimum ob adulteratam equitis Romani uxorem
(quanvis nullo qu.'erente) capitali pœna afl'ecerit. »
(xlviii.)
P. 542, 1. I. Si les plus nu'sclians). Id., ibid. :
« Professus est palàm, si grassatorum & sicariorum
ope in tuenda sua dignitate usus esset, talibus quoque
se parem gratiam relaturuni. » (lxxii.)
P. 542, 1. 5. D'avoir rendu). Id., ibid. : « Nihil
amplius Rempublicam esse, appellationem modo sine
corpore ac species... debere homines... pro legibus
habere qux dicat. » (lxxvii.)
P. 542, 1. 7. Recevoir assis). Id., ibid. : « Adeuntes
se cum pluribus hojiorificentissimisque decretis, uni-
versos patres conscriptos sedens pro cède Veneris
Genitricis excepit. » (lxxviii.)
P. 542, 1. 8. Souffrir qu'on l'adorât). Id., ibid. :
« Ampliora etiam humano fastigio decerni sibi passus
est : sedem auream in curia, & pro tribunali, then-
sam, & ferculum Circensi pompa, templa, aras,
simulachra juxta deos, pulvinar, flaminem, lupercos,
appellationem mensis è suo nomine. » (lxxvi.)
P. 542, 1. 30. Spurina). Cf. Valère Maxime, IV,
v, ext. i. L'exemple est repris chez Boccace : De
casibus illustrium virorum, IV, à la fin; dans VOfficina
de Ravisius Textor, f° 107 v°; etc.
P. 543, 1. I. Oualis gemma). «Telle brille une perle
enchâssée dans l'or, ornement d'un collier ou d'une
couronne, tel l'ivoire dont la blancheur éclate, serti
de buis ou de térébinthe. » (Virgile, Enéide, X, 134.)
Chronologie : Un grand nombre d'emprunts à
César et aux Vies de César, écrites par Suétone et
par Plutarque, prouve avec évidence que cet essai
est de l'époque à laquelle Montaigne étudiait César,
de 1578 probablement. Une phrase d'ailleurs (p. 540,
1. 28), est transcrite du jugement qu'il a placé en
tête de son volume.
Chapitre XXXIW
OBSERVATIONS SVR LES MOYENS DE FAIRE LA GVERRE DE IVLIVS CESAR.
P. 545, TITRE. Il faut rappeler qu'avant Montaigne
Ramus a traité ce sujet dans un petit volume intitulé :
De militia Cœsaris, publié en latin en 1558, et traduit
en français dès 1559 par Castelnaud. On trouvera
beaucoup d'idées communes au traité de Ramus et
à l'essai de Montaigne, mais je n'ai trouvé aucune
preuve d'une influence directe de l'un sur l'autre.
Ces similitudes semblent toutes s'expliquer par ce
fait que tous les deux, Ramus et Montaigne, mettent
largement à contribution la Vie de César que nous
a laissée Suétone. C'est le cas, par exemple, pour
cette idée rencontrée de part et d'autre (Ramus, II,
v), que, bien que" parfumés et très soignés de leur
personne, les soldats de César marchaient courageu-
sement à l'ennemi. Elle vient de Suétone, VU de
César, lxvii.
P. 545, 1. 2. Le grand Alexandre). Cf. à ce sujet
l'essai II, xxxvi.
P. 545, 1. 3. Scipiùn). Cf. Cicéron, Tuscidanes, II,
XXVI, dans un passage que, à la même époque,
Montaigne traduit dans l'essai III, iv.
P. 545, 1. 3. Marais Bnittis). Cf. Plutarque, Vie
de Brutus, i.
P. 545, 1. 4. Charles cinquiesme). Cf. Bodin, Metho-
diis ad facilem historiariini cognitionan, proœmium.
P. 545, 1. 5. Le feu Mareschal). Cf. l'essai II, xvn,
p. 448, 1. 14.
P. 545, 1. 15. Son année). Cf. Suétone, Vie de
César : « Cum exspectatio adventus Juba; terribilis
esset, convocatis ad concionem militibus, Scitote,
inquit, paucissimis his diebus regem affuturum cum
decem legionibus, equitum triginta, levis armaturae
centum millibus, elephantisque trecentis. "Proinde
desinant quidam qu^erere ultra, aut opinari, mihique,
qui compertum habeo, credant. » (lxvi.)
P. 546, 1. 3. Surpassant de heaucmip). Id., ibid :
Une note de Sabellicus donne le dénombrement
fourni par l'auteur du De bello afrieano, et termine
par ces mots : « Caesar de industria copias mentiendo
auxit. » (lxvi.)
P. 546, 1. 4. Cyrns en Xcnophon). Ibid., Comiuentaire
de Béroald : « In hoc Cœsar Cyrum illum magnum
Persarum regem imitabatur : qui, authore Xeno-
phonte, res hostium minime verbis extenuandas esse
censebat. Nam melius est, inquit, si majora arbitrari,
minora videamus : quàm minora audientes, validiora
inveniamus. » (lxvi.)
P. 546, 1. 10. Il ne leur conimuniqitoil). Cf. Suétone,
Vie de Càar : « Tum maxime exactor gravissimus
disciplinïe, ut neque itineris, neque prxlii tempus
denuntiaret, sed paratum, & intentum momentis
omnibus, quo vellet subito educeret. Quod etiam
sine causa plerunque faciebat, prœcipuè pluviis
& festis diebus. » (lxv.)
P. 546, 1. 27. // ne requérait) Cf. Suétone, Vie de
César : « Delicta neque observabat omnia neque pro
modo exsequebatur; sed desertorum ac seditiosorum
& inquisitor & punitor acerrimus, connivebat in
cetcris. Ac nonnunquam post magnam pugnam
atque victoriam, remisse officiorum munere, licen-
liam omnes passim lascivicndi permittebat, jactare
solitus, milites suos etiam unguentatos bene pugnare
posse : ... habcbatque cam cultos, ut argento & auro
politis armis ornaret, simul & ad speciem, & quo
LIVRE H, CHAPITRi; XXXIV.
343
tenaciores eorum in pntlio essent metu damni. «
(lxvii.)
P. 547, 1. -. Parlant à eux). Ibid., ihid. : « Nec
milites suos pro concione, sed blandiori nomine
commilitones appellabat. » (lxvii.) Voici la note de
Béroald en cet endroit : « A Cœsare in hoc dissen-
tiebat Augustus, immo ut inquit Eutropius, ipsum
coarguebat, quod milites commilitones novo blando-
que more appellaret. Ita enim principis authoritatem
emolliri, minuique arbitrabatur. » Et Sabellicus dit :
« QuiE appellatio, utpote ambitiosa, ab Auguste pos-
tea sublata est : nam Imperator, qui suos commili-
tones appellat, se in ordinem redigit, fateturque se
non Imperatorem, sed militem esse : sic condiscipuli,
sic conservi dicuntur. » Cf. aussi Suétone, Vie d'Au-
guste, XXV.
P. 547, 1. II. Rhcni). «Au passage du Rhin,
César était mon général, ici (à Rome) il est mon
compagnon : tous les complices sont égaux dans le
crime. » (Lucain, V, 289.) Montaigne a peut-être
pris cette citation dans le De jure regni de Buchanan,
P- 95-
P. 547, 1. 17. La neufiesine légion). Cf. Suétone,
Vie de César : « Nonam quidem legionem apud Pla-
centiam, quanquam adhuc in armis Pompeius esset,
totam cum ignominia missam fecit, itgréque post
multas & supplices preces, nec nisi exacta de sontibus
pœna, restituit. » (lxix.)
P. 547, 1. 20. Il les rapaisoit). Id., ibid. : «Nec
tam indulgentia ducis, quàm authoritate (ad otficium
redibant). » (lxix.)
P. 547, 1. 23. Il dit qu'estimant). Cf. César, De
bello gallico : « Navibus transire, neque satis tutum
esse arbitrabatur, neque su£e, neque populi romani
dignitatis esse statuebat. » (IV, xvii.) En face de
cette phrase on lit en marge dans le César de Mon-
taigne, p. 70 : « [II] estime indigne [de] sa réputation
de [pas]ser son armée [par] navires. » '
P. 548, 1. 4. Cœsar, dit-il). Id., ihid. : « Cx-sar,
necessariis rébus imperatis, ad cohortandos milites
quam in partem sors obtulit, decucurrit : iSc ad legio-
nem decimam devenit. Milites non longiore oratione
' Les lettres mises entre crochets sont celles que le ciseau du
relieur a supprimées et que j'ai dû restituer.
est cohortatus quàm uti sua; pristin* virtutis memo-
riam retinerent, neu perturbarentur animo, hostium-
que impetum fortiter sustinerent, quod non longius
hostes aberant, quam quo telum adjici posset, praelii
committendi signum dédit. Atque in alteram partem
item cohortandi caussa profectus, pugnantibus oc-
currit. Temporis tanta fuit exiguitas, hostiumque
tam paratus ad dimicandum animus, ut non modo
ad insignia accommodanda, sed etiam ad galeas
induendas, scutisque tegmenta detrahenda tempus
defuerit. » (II, xxi.) En fece de ce texte on lit en
marge dans le César de Montaigne, p. 42 : « [II] faict
grand estât [de] lexortation aus [sol]datz. »
P. 548, 1. 20. Il arriva en huit jours). Cf. Plutarque,
Vie de César : « Il avoit tousjours au près de luy
dedans son chariot un secrétaire assis, lequel estoit
accoustumé à escrire en allant par pais, & un soudard
derrière luy qui portoit son espee combien qu'il
allast en si grande diligence que la première fois
qu'il sortit de Rome, avec charge publique, il arriva
en huit journées à la rivière du Rosne... En la guerre
de la Gaule, il s'exercita encore davantage à dicter
lettres missives en chevauchant par les champs, & à
fournir à deux secrétaires ensemble. » (v, f° 498 r°.)
P. 549, 1. 6. Ocior). « Plus rapide que l'éclair et
que la tigresse qui a des petits à défendre. » (Lucain,
V, 405.)
P. 549, 1. 7. Ac veluti). « Pareil à un rocher qui
roule du haut de la montagne, arraché par le vent,
ou miné par les pluies, ou détaché par l'action des
années : la masse énorme se précipite dans une chute
horrible vers l'abîme, fait retentir le sol, entraînant
avec lui les forêts, les troupeaux et les bergers. »
(Virgile, Enéide, XII, 684.)
P. 549, 1. 13. // dit que c'estoit sa coustunie). Cf.
César, De bello gallico, VII, xxiv. En face des mots :
« Ca;sar ad opus consuetudine excubaret, militesque
cohortaretur », on lit en marge dans le César de
Montaigne, p. 144 : « [Vi]gilance de [C] (César)».
P. 549, 1. 16. Ne passa jamais). Cf. Suétone, Vie
de César : « In obeundis expeditionibus, dubium
cautiôrne, an audacior. Exercitum neque per insidiosa
itinera duxit unquam, nisi perspeculatus locorum
situs : neque in Britariniam transuxit nisi antè per
344
ESSAIS DE MONTAIGNE.
se portus, & navigationem, & accessum ad insulam
explorasse:. » (lviii.)
P. 549, 1. 22. // la refusa). Cf. César, De bello
cii'ili, I, Lxxn : « Ca^sar in eam spem venerat, se
sine pugna et sine vulnere suorum rem conficere
posse, quod re frumentaria adversarios interclusisset •
« Cur etiam secundo prœlio aliquos ex suis amit-
» teret ? cur vulnerari pateretur optime de se meritos
» milites? cur denique fortunam periclitaretur? pras-
» sertim quum non minus esset imperatoris, consilio
» superare, quam gladio. » Dans son exemplaire
Montaigne a souligné, p. 241, les mots : « non minus
esset imperatoris consilio superare, quam gladio. »
P. 549, 1. 26. Rapidtquc). « Le soldat prend, pour
aller au combat, cette route par laquelle il n'aurait
pas osé fuir. Tout mouillé, il se recouvre de ses armes
et réchauffe en courant ses membres engourdis par
le froid. » (Lucain, IV, 151.)
P. 550, 1. 3. Sic taitri-fortnis). «Ainsi l'Autide,
qui arrose le royaume de Daunus Apulien, roule
aux époques de crues ses eaux torrentielles et menace
d'une horrible inondation les champs cultivés. »
(Horace, Odes, IV, xiv, 25.) Le texte est celui de
l'édition de Lyon 1545.
P. 550, 1. 10. Duquel Casar estait). Cf. Suétone,
Vie de César : « Vini parcissimum ne inimici quidem
negaverunt. » (lui.) Béroald compare à ce point de
vue César avec Alexandre.
P. 550, 1. 16. // courut se présenter). Cf. César, A-
bello gallico, II, xx\-. En face des mots : « Scuto ab
novissimis uni militi detracto (quod ipse eo sine
scuto venerat) »,. on lit en marge dans le César
de Montaigne, p. 44 : « [Exjploit de la persone
[de] C. ».
P. 550, 1. 19. Oyant dire). Ce fait et le suivant sont
pris de Suétone, Vie de César, lviii, mais Montaigne
ici ne traduit pas l'historien latin. Pour le second
fait, cf. aussi Plutarque, passim; Appien, Guerres
civiles, II; Dion, XLI, xlvi; Lucain, V, 519; etc.
P. 551, 1. 4. n fallait exécuter). Cf. Plutarque,
Ijts dicts notables des anciens princes : « Les haultes
& hasardeuses entreprises, il (César) disoit qu'il
les falloit exécuter, ts: non pas en consulter. »
(F" 208 r».)
P. 551, 1. 6. Ayant envoyé son année). Cf. Suétone,
l'ic de César : « Post aciem Pharsalicam quum prœ-
missis in Asiam copiis per angustias Hellesponti victor
navicula irajiceret, L. Cassium partis adversîe cum
decem rostratis navibus obvium sibi, neque refugit,
& cominus tendens, ultro ad deditionem hoitatus,
supplicem ad se recepit. » (lxiii.)
P. 551, 1. 13. Cent neuf mille). Cf. César, De belle
gallico, VII, Lxxvi. Au lieu de « cent neuf mille » il
faut lire « huit mille ». « Coactis equitum IIX mil-
libus & peditum circiter CCXL. » On a expliqué
l'erreur de Montaigne en supposant qu'il avait écrit
« huit ou neuf mille » et que son texte aurait été
déformé par un copiste ou par un typographe. On
peut admettre avec beaucoup plus de vraisemblance
qu'il a écrit ce nombre en chiffres romains comme
il le trouvait dans son exemplaire de César, p. 171,
et qu'il a mal formé le premier des signes, si bien
qu'on a lu dans son manuscrit CIX au lieu de IIX. En
marge on lit dans son exemplaire : « Somme de
lar[mee] Gauloise. »
P. 551, 1. 19. Jutant à Luculhis). Cf. Plutarque,
Vie de Lucullns, xiii, f° 357 r°.
P. 551, 1. 23. Que les Gaulois). Cf. César, De bella
gallico, VII, Lxxv. En face des mots : « Tanta mul-
titudine confusa», Montaigne a écrit dans son César,
p. 170, en marge : «[Ils] creignent en leur [ar]mee
le trop de [nom]bre. »
P. 552, 1. 4. Le dire de Cyrus). Cf. Xénophon,
Cyrapédie : « Hos [malos homines] ego arbitror veluti
fucos, solum impensa sociis esse detrimento... Nec
est enim considerandum vobis, quomodo ex civibus
ordines suppleatis, sed quemadmodum equos qua;-
ritis, non qui patrii sint, sed qui optimi, sic etiam
homines quœritote. » (II, 11.)
P. 552, 1. 7. Paja:^et). Cf. Chalcondyle : «Dans
le conseil tenu par Pajazet avant la bataille, Abraliim,
fils de Haly, expose longuement l'opinion qu'il ne
fiiut pas en venir aux mains avec les ennemis surtout
parccque, dit-il, « leurs forces surpassent les nostres
de beaucoup. » Telles furent les remonstrances
d'Abrahim, lequel après qu'il eut mis fin à son pro-
pos, il n'y eut un seul de toute l'assistance qui
n'approuvast & loûast grandement ce qu'il avoit dit.
LIVRE II, CHAPITRE XXXIV.
345
Mais Pajazet répliqua en cette sorte. Le nombre des
ennemis vous faict doncques peur (à ce que je veoy)
& c'est ce qui m'asseure le plus. Car vous avez tous-
jours assez cogneu par expérience que la grande
multitude du peuple, n'amène que confusion & de-
sordre, quand il se trouve quelqu'un qui leur résiste.»
(III, XI, 201.)
P. 552, 1. 10. Scandcrherc). Cf. Lavardin, Histoire
de Scanderhcrg : « Scanderberg disoit par fois, que le
Capitaine, qui avec dix, ou au plus douze mille
hommes ne sçavoit battre son adverse partie malai-
sément avec plus grandes forces en remportcroit il
l'honneur. « (F" 444 r".)
P. 552, 1. 15. Priiit paity). Cf. César, De bcllo
gallico, VII, Lxviii.
P. 552, 1. 21. Il devint, avec le temps). Cf. Suétone,
Vie de César : « Nec nisi tempore extremo ad dimi-
candum cunctantior factus est, quô Sc^epius vicisset,
hoc minus experiendos casus opinans, nihilque se
tantum acquisiturum victoria, quantum auferre cala-
mitas posset. » (lx.) Béroald cite en note un passage
du De hello africano qui confirme le fait allégué par
Suétone. C'est sans doute ce qui a incité Montaigne
à mentionner l'autorité d'Oppius.
P. 553, 1. 15. Tcutcsfois il ne s'en voulut). Cf.
César, De bello gallico, I, xlvi. On lit en cet endroit
dans le César de Montaigne, p. 28 : «[Bojnne foy
de C. »
P. 553, 1. 20. // tenait la bride). Cf. Suétone, Vie
de César : « Cum hostis in proximo esset coercebat :
tum maxime exactor gravissimus disciplina;... » (lxv.)
P. 553, 1. 26. Il franchissait). Id., ibid., lvii.
P. 553, 1. 27. // aynioit). Id., ibid. : « Sxpius
pedibus anteibat. » Béroald écrit en note : « Hoc ad
Alexandri imitationem, qui pedibus plerunque iter
faciebat, (S: pedes agmen circuibat : ut author est
Quintus Curcius. »
P. 553, 1. 28. En Jzgypte). Id., ibid. : « Alexan-
driœ circa oppugnationem pontis eruptione hostium
subita compulsus in scapham, pluribus eodem prœci-
pitantibus, cùm desilisset in mare, nando per ducentos
passus evasit ad proximam navem, elata lasva ne
libelli, quos tenebat, madefierent, paludamentum
mordicus trahens, ne spolio potiretur hostis.» (lxiv.)
P. 554, 1. 6. Les centeniers Itiy offrirent). Id.,ibid. :
« Ingresso civile bellum, centuriones cujusque legio-
nis singulos équités e viatico suo obtulerunt, et uni-
versi milites gratuitam et sine frumento stipendioque
operam, quum tenuiorum tutclam locupletiores in
se contulissent. » (lxviii.)
P. 554, 1. 9. Fen vioiisieiir l'Admirai). Gaspard
de Coligny, assassiné à la Saint-Barthélémy, le
24 août 1572.
P. 554, 1. 17. En la guerre). Cf. Tite-Live, XXI\',
XVIII.
P. 554, 1. 21. Ayant en du pire). Cf. Suétone, Vie
de César : « Quanta fortitudine dimicaverint, testimo-
nio est, quod adverse semel apud Dyrrhachium prœlio,
pcenam in se ultro depoposcerunt, ut consolandos
eos magis imperator, quàm puniendos habuerit.
Denique una sextre Jegionis cohors pra.'posita castello,
quatuor Pompeii legiones per aliquot horas sustinuit,
penè omnis confixa multitudine hostilium sagitta-
rum, quarum centum ac triginta millia intra vallum
reperta sunt. Nec mirum, si quis singuloruni facta
respiciat, vel Cassii Scavi^ centurionis, vel C. Acilii
militis, ne de pluribus referam, Screva excusso oculo,
transfixo femore et humero, centum et viginti ictihus
scuto perforato, custodiam portée commissi castelli
retinuit. » (lxviii.) L'erreur de Montaigne en ce qui
concerne le nombre des blessures de Cassius Scxva
s'explique peut-être en partie par ce fait que dans
la phrase précédente de Suétone il lisait : «... sagit-
tarum, quarum centum ac trigcnta millia intra vallum
reperta sunt. »
P. 555, 1. I. Il est advenu à plusieurs). Id., ibid. :
« Plerique capti concessam sibi sub conditione vitam,
si militare adversus eum vellent, recusarunt.» (lxviii.)
P. 555, 1. 3. Granius Petronius). Cf. Plutarque,
Vie de César : « En Afrique, Scipion ayant surpris
une des navires de Ccesar, dedans laquelle estoit
entré Granius Petronius, de nagueres eleu Quc-esteur,
il feit saccager & mettre en pièces tous les autres,
& quant au Questeur, il dit qu'il luy donnoit la
vie. Mais Petronius luy respondit : Que les soudards
de CïEsar n'avoient point accoustumé de recevoir en
don, ains de donner la vie aux autres, & en disant
cela, il se passa son espee propre à travers le corps.
Î4é
ESSAIS DE MONTAIGNE.
& se tua luy mesme. » (v, f" 497 v°.) Montaigne a
trouvé ceci traduit en latin dans les notes de son
Suétone, Lxviii.
P. 555, 1. 10. Marciis Octavius). Cf. César, De kilo
civili : « Cum essent infirmi ad resistendum, propter
paucitatem hominum, crebris confecti vulneribus, ad
extremum auxilium descenderunt : servosque omnes
pubères liberavemnt : et pn-esectis omnium mulie-
rum crinibus, tormenta effecerunt. Quorum cognita
sententia, Octavius quinis castris opidum circum-
dedit... cùm diuturnitas oppugnationis negligentiores
Octavianos effecisset nacti occasionem meridiani
temporis, discessu eorum pueris, mulieribusque in
muro dispositis, ne quid quotidiane consuetudinis
desideraretur ipsi, manu facta, cùm iis quos nuper
manumissos liberaverant, in proxima Octavii castra
irruperunt. His expugnatis, eodem impetu altéra sunt
adorti, inde tertia, et quarta, et deinceps reliqua :
omnibusque eos castris expulerunt; et magno numéro
interfecto, reliquos atque ipsum Octavium in naves
confugere coëgerunt. » (III, ix.) Au début de ce
texte, en marge, on lit de h main de Montaigne dans
son César, p. 280 : « [Us] n'emploioient les [serfs]
qu'a la dernière extrémité » ; et plus loin : « les
[che]veux des famés employés à faire [engins]. »
Chronologie ; Pour les mêmes raisons que le
précédent, cet essai est probablement de 1578. Beau-
coup des termes que Montaigne emploie pour juger
ici César sont ceux mêmes que nous retrouvons,
écrits de sa main, à la dernière page de son exem-
plaire des Commentaires; la date n'est donc aucune-
ment douteuse. Un emprunt à la Méthode de Bodin
la confirme d'ailleurs.
Chapitre XXXV.
DE TROIS BONNES FEMMES.
P. 556, 1. 13. Les pères cachent). Rapprocher
l'essai II, viii, 84.
P. 556, 1. 19. Jactantius iiiœrmt). « Celles qui ont
le moins de chagrin pleurent avec le plus d'ostenta-
tion. » (Tacite, Annales, II, lxxvii.) Le texte de
Tacite est : « Nulli jactantius mœrent, quam qui
maxime lœtantur. » (P. 74.)
P. 557, 1. 23. Pline le jeune). « Navigabam per
Larium nostrum, cum senior amicus ostendit mihi
villam, atque etiam cubiculum quod in lacu pro-
minet. Ex hoc, inquit, aliquando municeps nostra
cum marito se prœcipitavit, causam requisivi. Maritus
ex diulino morbo circa velanda corporis ulceribus
putrescebat. Uxor ut inspiceret exegit. Neque enim
quenquam fidelius judicaturum, possetne sanari. Vidit,
sanari desperavit, hortata est ut moreretur, comésque
ipsa mortis, dux immo, & exemplum, & nécessitas
fuit. Nam se cum marito ligavit, abjecitque in lacum.
Quod factum ne mihi quidem, qui municeps, nisi
proximœ auditum est, non quia minus illo clarissimo
Arrice facto, sed quia minor ipsa. » (Epîtres, VI, xxiv,
229.)
P. 558, 1. 22. Extrenia). «C'est chez eux que la
Justice, avant de quitter la terre, a laissé la trace de
ses derniers pas. » (Virgile, Géorgiques, II, 473.)
P. 558, 1. 26. Arria, femme de Cecinna Pxtns).
Dans le commentaire de Cataneus à l'épître III, xvi
(celle-là même dont il tire l'anecdote suivante),
Montaigne pouvait lire la note que voici : « Deci-
piuntur qui existimant, Arriam istam morte sua,
& mariti constantia celeberrimam, Paeti Trasese
uxorem : cum non hœc, sed ejus filia pari nomine
Arria fuerit. Illos autem fefellit, quod uterque,
& CîEcinna & Trasea, cognominatus est Psetus, opi-
nantes unum tantum fuisse PïEtum », et Cataneus
signale cette erreur en particulier chez Dion. Ailleurs,
dans l'épître III, xi, il donne la généalogie des Arria
et de Fannia.
P. 559, 1. 2. Cette première Arria). Cf. Pline le
Jeune, Epttres : « Scribonianus arma in Illyrico contra
Claudium moverat : fuerat Pœtus in partibus : occiso
Scriboniano, Romam trahebatur. Erat ascensurus
navem : Arria milites orabat, ut simul imponere-
tur : nempe enim, inquit, daturi estis consulari
viro servulos aliquos, quorum è manu cibum capiat,
à quibus vestiatur, à quibus calcietur : omnia sola
prœstabo. Non impetravit. Conduxit piscatoriam
naviculam, ingénsque navigium minimo secuta est.
Eadem apud Claudium uxori Scriboniani, cum illa
profiteretur indicium, Ego, inquit, te audiam, cujus
in gremio Scribonianus occisus est, et vivis ! Ex quo
manifestum est, ei consilium pulcherrimje mortis
non subitum fuisse. Quin etiam, cum Trasea, gêner
ejus, deprecaretur, ne mori pergeret, intérque alia
dixisset, tu vis ergo filiam tuam, si mihi pereundum
fuerit, mori mecum ? respondit : si tamdiu tantàque
concordia vixerit tecum, quàm ego cum Pasto, volo.
Auxerat hoc responso curam suorum. Attentius custo-
diebatur. Sensit & : nihil agitis, inquit, potestis enim
efficere, ut maie moriar; ne moriar, non potestis.
Dum hsc dicit, exiluit cathedra, adversôque parieti
caput ingenti impetu impegit, & corruit : Refocillata,
348
ESSAIS DE MONTAIGNE.
dixeram, inquit, vobis, inventuram me quamlibet
duram ad mortem viam, si vos facilem negassetis... »
(III, XVI.)
P. 560, 1. 9. Elle priiit Je poigiiarl). Id., ihid. :
« Prœclarum quidem illud ejusdem, ferrum stringere,
perfodere pectus, extrahere pugionem, porrigere
marito, addere vocem immortalem ac pa;ne divinam,
Pœte, non dolet. » (III, xvi.)
P. 560, 1. 17. Casia siio gladiiiiii). «Lorsque la
chaste Arria présenta cà son cher Pittus le fer qu'elle
venait de retirer elle-même de ses entrailles 1 « Crois-
» moi, Pœtus, dit-elle, le coup que je viens de me
» porter ne me fait point de mal; c'est celui que tu
» vas te donner à ton tour qui me fait souffrir. »
(Martial, I, xiv.)
P. 561, 1. 15. Scneqtie ùiiit leur charge). Cf. Tacite,
Annales : «Ille interritus poscit testamenti tabulas :
ac denegante centurione, conversus ad amicos,
quando meritis eorum referre gratiam prohiberetur,
quod unum jam tamen & pulcherrimum habebat,
imaginem vitœ suœ relinquere testatur. Cujus si
memores essent bonarum artium, famam tam con-
stantis amicitia; laturos. Simul lachr}'mas eorum,
modo sermone, modo intentior in modum coercentis,
ad tirmitatem reVocat, rogitans : Ubi priecepta
sapientice ? ubi tôt per annos meditata ratio adversum
imminentia? Cui enim ignaram fuisse srevitiam
Neronis? Neque aliud superesse post matrem fra-
tremque interfectos, qudm ut educatoris prœcepto-
risque necem adjiceret. Ubi hœc atque talia velut in
commune disseruit, complectitur uxorem. Et paulu-
lum adversus prœsentem formidinem mollitus, rogat
ordtque temperaret dolori, ne sternum suspiceret,
sed in contemplatione vita; per virtutem actœ, desi-
derium mariti solatiis honestis toleraret. Illa contra
sibi quoque destinatam mortem adseverat, maniimque
percussoris exposcit. Tum Seneca glori.t cjus non
adversus, simul amore, ne sibi unicè dilectam ad
injurias relinqueret : Vit», inquit, delinimenta mon-
straveram tibi, tu mortis decus mavis. Non insidebo
exemplo. Sit hujus tam fortis exitus constantia pênes
utrosque par, claritudinis plus in tuo fine. Post qua?,
eodem ictu brachia ferro exsolvunt. Seneca, quoniam
senilc corpus & parvo victu tenuatum, lenta effugia
sanguini pritbebat, crurum quoque & poplitum
venas abrumpit. Ssevisque cruciatibus defessus, ne
dolore suo animum uxoris infringeret, atque ipse
visendo ejus tormenta, ad impatientiam delaberetur,
suadet in aliud cubiculum abscederet. Et novissimo
quoque momento suppeditante eloquentia, advocatis
scriptoribus, pleraque tradidit qu.-e in vulgus édita
ejus verbis, invertere supersedeo. At Nero, nullo in
Paulinam proprio odio, ac ne glisceret invidia cru-
delitatis, inhiberi mortem imperat. Hortantibus mili-
tibus, ser\-i libertique obligant brachia, prernunt
sanguinem, incertum an ignarce. Nam ut est vulgus
ad détériora promptum, non defuere qui crederent,
donec implacabilem Neronem timuerit, famam
sociata; cum marito mortis petivisse; deinde oblata
mitiore spe, blandimentis vits evictam. Cui addidit
paucos postea annos, laudabili in maritum memoria,
& ore ac membris in eum pallorem albentibus, ut
ostentui esset, multum vitalis spiritus egestum.
Seneca intérim durante tractu, & lentitudine mortis,
Statium Annïeum diu sibi amiciti.-e fide & arte
medicina probatum, orat provisum pridem venenum,
quo damnati publico Atheniensium judicio exstin-
guerentur, promeret : allatùmque hausit frustra,
frigidis jam artibus & clauso corpore adversum vim
veneni. Postremô stagnum calid^E aquœ introiit,
respergens proximos servorum, addita voce, Libare
se liquorem illum Jovi liberatori. Exin balneo illatus,
& vapore ejus exanimatus, sine ullo funeris sollenni
crematur. » (XV, lxii-lxiv.)
P. 564, 1. 21. Or, vwy qui sçay). Cf. Sénèque,
Epîtres : « Nam cum scias (en note : sciam) spiritum
illius in meo verti, incipio ut illi consulam mihi
consulere : Et quum me fortiorem senectus ad multa
reddiderit, hoc beneficium œtatis amitto. Venit mihi
in mentem in hoc sene & adulescentem esse, cui
parcitur. Itaque quoniam ego ab illa non impetro
ut me fonius amet, impetrat illa, ut me diligentius
amem. Indulgendum est enim honesiis affectibus,
& interdum etiam si premunt causa;, spiritus in
honorem suorum vel cum tormento revocandus,
& in ipso ore retinendus est, cum bono viro viven-
dum sit, non quamdiu juvat, sed quamdiu oportet.
Ille qui non uxorem, non amicum tanti putat, ut
LIVRE II, CHAPITRE XXXV.
349
(Jiutius in vita commoretur, qui persévérât mori,
ilelicatus est. Hoc quoque imperet sibi animus, ubi
militas suorum exigit, nec tantum sibi velit mori, sed
si cœpit in;ermittat, & suis se commodet. Ingentis
animi est, aliéna causa ad vitaui reverti, quod magni
viri sœpè fecerunt. Sed hoc quoque summae huma-
nitatis existimo, senectutem suam cujus maximus
fructus est, securior sui tutela, & vitîe usus animo-
sior, attentius conservare, si scias alicui tuorum esse
dulce, utile, optabile. Habet prsterea in se non
médiocre ista res gaudium, & mercedem. Quid
enim jucundius quam uxori tam charum esse, ut
propter hoc tibi charior fias? Potest itaque Paulina
mea non tantum suum mihi timorem imputare,
sed etiam meum. » (Ép. 104, p. 253.)
Chronologie : Aucune indication ne permet de
dater cet essai.
Chapitre XXXVI.
DES PLVS EXCELLENS HOMMES.
P. 566, 1. 4. L'an, Homère). Il faut rapprocher
de ce morceau le jugement beaucoup moins favo-
rable que Montaigne a porté sur Homère dans
l'essai II, xii, p. 34e, 1. 23. La plupart des idées qui
sont ici exprimées se retrouvent chez Ange Politien,
Preefatio in Homeritm. Il n'est d'ailleurs pas établi
du tout que Montaigne les ait puisées dans l'ouvrage
d'Ange Politien.
P. 566, 1. 10. Talc facit carmen). «Il chante sur
sa docte lyre des vers comme ceux qu'Apollon lui-
même module sur la sienne. » (Properce, II, xxxiv,
79-)
P. 567, 1. II. Qui qnid sil piilchniiii). «Il nous
dit mieux et plus abondamment que Chrysippe et
Crantor ce qui est honnête ou ce qui ne l'est pas,
ce qu'il faut faire ou éviter. » (Horace, Épîtres, I,
II, 3-)
P. 567, 1. 14. A quo, ceu fonte). «Dans ses ouvrages,
comme à une source intarissable, les poètes viennent
s'abreuver tour à tour des eaux du Permesse. » (Ovide,
Amor., III, IX, 25.) Les éditions du xvi= siècle don-
nent ara que Montaigne remplace par lahra.
P. 567, 1. 17. Adde Heliconiadum). « Ajoutez-y
les compagnons des Muses, parmi lesquels Homère
tient le sceptre.» (Lucrèce, III, 1050.)
P. 567, 1. 20. Cujûsque ex oie). «Source abon-
dante, qui a coulé avec profusion dans les chants
des poètes qui sont venus après lui; fleuve immense
divisé en mille petits ruisseaux; héritage d'un seul
profitable à tous. » (Manilius, II, 8.) Le texte est
celui des éditions du xvi' siècle.
P. 568, 1. 4. Que, n'ayant en nul). Cf. Bodin,
Methodns ad facilem historiarum cognitioneni : « In hoc
génère, Xenophontis magna laus est, eoque major,
quo neminem habuit quem imitaretur, ut Velleius
scribit de Homero; nec postea fuit qui illum imitari
posset. » (iv, 74.) Ce jugement se trouve chez
Velleius, I, v.
P. 568, 1. 5. Selon Aristote). Cf. Plutarque, Des
oracles de la prophetisse Pythie : « Aristote souloit dire
qu'Homère estoit celuy seul qui faisoit des noms et
des termes qui avoient mouvements pour la vivacité
de leur expression." (viii, f° 629 v°.) Le mot d'Aris-
tote est dans sa Poétique, xxiv.
P. 568, 1. 7. Alexandre le grand). Cf. Plutarque,
Fie d'Alexandre, 11 ; Pline, Histoire naturelle, V, xxix.
Cette anecdote est très vulgarisée au xvi' siècle :
on la retrouve en particulier dans la plupart des com-
pilations composées à l'honneur des lettres et des
sciences. Cf. Ravisius Textor, Officina, f° 98 v°;
Bouaystuau, Histoire de Chelidonius, \i; .Muzzio, //
Gentiluomo, dialogue m; etc.
P. 568, 1. II. Disait Cleomenes). Cf. Plutarque,
Les dicis notables des Lacedœmoniens ? « Cleomenes
souloit dire qu'Homère estoit le poète des Lacedae-
monicns, pour ce qu'il enseigne comme il fault faire
la guerre. » (F" 217 v°.)
P. 568, 1. 14. Au jugement de Plutarque). Id., Du
trop parler : « Entre les choses singulières que l'on
dit du prince des poètes, celle-là est tres-veritable,
qu'Homère est seul au monde qui n'a jamais saoulé
ny desgousté les hommes, se montrant aux lecteurs
toujours tout autre, & florissant toujours en nouvelle
grâce. » (v, f" 91 r".)
LIVRE II, CHAPITRE XXXVI.
3SI
P. 568, 1. 17. Ce piastre d' Akibiades) . Id., Les
dicts notables des anciens Roys, Princes & grands Capi-
taines : « (Alcibiade) entra en une eschole, où il
demanda au maistre l'Iliade d'Homère. Le maistre luy
dit, qu'il n'avoit rien des œuvres d'Homère : il luy
donna un soufflet, & passa oultre. » (F° 196 V.)
Cf. aussi Fie d'Alcibiade, m.
P. 568, 1. 20. Xenophanes). Id., 1m dicts notables des
anciens Roys, Princes & grands Capitaines : «Xeno-
phanes natif de Colophone se plaignoit un jour à luy,
[Hieron, tyran de Syracuse], de ce qu'il estoit si
pauvre qu'il n'avoit pas le moien d'entretenir deux
serviteurs, & il luy respondit : Et comment, Homère
que tu reprens & que tu blasmes ordinairement,
tout mort qu'il est, en nourrit plus de dix mille. »
(F° 189 v°.)
P. 568, 1. 24. A Pana-tius). Cf. Cicéron, Tiiscii-
lattes : « Homerum philosophorum. » (I, xxxii.)
Pansetius donne à Platon les noms de divin, très saint,
très sage, et c'est pour enchérir sur toutes ces appella-
tions, qu'il le déclare l'Homère des philosophes.
P. 569, 1. 3. Mahiimet, second de ce nom). Cf
Gentillet, Discours sur les moyens de bien gouverner :
« Le Turc disoit que c'estoyent les Juifs qui avoyent
a tort crucifié Jésus Christ. Et quant à luy, qu'il
n'estoit point descendu des Juifs, mais du sang des
Troyens, duquel les Italiens se disent aussi estre
descendus. Et que leur devoir seroit des uns & des
autres, de restaurer plustost Troye la grand' & venger
la mort de Hector leur ancestre sur les Grecs, que
de se faire la guerre, comme de sa part il estoit
après à le faire... » (III, i, f" 62 r°.) Le récit est
tiré de Monstrelet (III, lxviii); mais il est tout à
fait probable que Montaigne le doit à Gentillet.
P. 569, 1. 13. Smyrna). Smyrne, Rhodes, Colo-
phon, Salamine, Chio, Argos, Athènes. C'est la
traduction d'un vers grec cité par Aulu-Gelle {Nuits
attiques, III, xi). L'édition d' Aulu-Gelle de Lyon 1565
donne comme Montaigne le texte X{ï;, et non "Iî;
qu'on trouve dans la plupart des éditions. Voir aussi
Politien, poème intitulé Manto (éd. de Lyon 1545,
t. III, p. 232).
P. 569, 1. 14. Alexandre le Grand). Au sujet de
cet éloge d'Alexandre le Grand, cf. surtout, pour la
partie écrite en 1580, Plutarque, Vie d 'Alexandre, et
les deux traités intitulés De la fortune ou vertu
d'Alexandre; pour les additions de 1588, outre les
mêmes œuvres de Plutarque, Arrien de Nicomédie
et Quinte-Curce.
P. 569, 1. 21. LnpcUens). «Renversant tout ce
qui faisait obstacle à son ambition sans mesure et se
plaisant à s'ouvrir un chemin à travers les ruines. »
(Lucain, I, 149.)
P. 570, 1. 10. La rnync de Tbebcs). Cf. Quinte-
Curce, I, XI, etc.; Plut.irque, Vie d' Alexandre, iv,
f° 468 x".
P. 570, 1. II. Le meurtre de Menander). Cf. Plu-
tarque, Vie d'Alexandre, xviii, f° 485 v".
P. 570, 1. ir. Du Médecin). Ll., ibid., xxii,
f° 490 v^
P. 570, 1. 12. Prisonniers Persiens). Ll., ibid., xii,
f^ 478 v^
P. 570, 1. 12. Soldats Indiens). Id., ibid., xviii,
f'^ 486 v^
P. 570, 1. 13. Des Cosseïens). Id., ibid., xxii,
f'' 491 r°.
P. 570, 1. 17. Et a este). Cf. Quinte-Curce :
« Bona naturœ ejus fuisse, vitia fortunaï. » (X, v.)
Montaigne, qui ne semble pas lire Quinte-Curce
après 1588, a sans doute pris ceci dans l'ouvrage de
Hieronimo de Franchi Conestaggio, Unione del regno
di Portogallo alla corona di Castiglia, \\\. II, au passage
où il a fait de larges emprunts pour l'essai II, xxi.
P. 570, 1. 20. Quant à ses mangeoires). Cf. Plu-
tarque, Vie d'Alexandre, xix; Diodore de Sicile,
XVII, xcv; Quinte-Curce, IX, m; etc.
P. 570, 1. 21. Toutes ces cimes). Cf. Arrien :
« S'il se treuve d'adventure qu'il ait faict quelque
acte hautain ou cruel, il me semble qu'on n'y doit
pas avoir beaucoup d'esgard, si nous considérons la
fleur de jeunesse en laquelle il estoit encores : le
cours si heureusement continué de ses félicitez : et
les flatteurs qui se donnent tant de peine à des-
tourner les roys et princes de la cognoissance de la
vérité des choses, et de l'équité. » (Fin du livre VII,
p. 309.) Cf. aussi l'épître dédicatoire placée en tête
de l'édition de Quinte-Curce que possédait Mon-
taigne où ce passage d'Arrien est traduit en latin.
352
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 570, 1. 25. L'authorité d'Hannibal). Cf. Arrien,
préface de la traduction de Witard : « Estant prince
si accomply & si preux capitaine, que Hannibal
mesme luy donnoit la première place. » Allusion
à un passage de Tite-*Live, XXXV, xiv, et à un
Dialogue des morts de Lucien.
P. 571, 1. I. Qualis). «Tel brille Lucifer, l'astre
que chérit Vénus entre tous les feux célestes, lorsque,
sortant des flots, il vient de dresser sa face auguste
dans le ciel, et de dissiper les ténèbres de la nuit. »
(Virgile, Etiéide, VIII, 589.)
P. 571, 1. 6. Que ses médailles). Cf. Arrien, pré-
face de la traduction de Witard : « Estant prince . . .
si bien renommé que anciennement ceux estoient
plus asseurez contre tous périls & hazards qui por-
toient sur eux son pourtraict gravé en or ou en
argent. » Le fait est empranté par Witard à Trebel-
lius Pollio, Trigiuta tyranni, xiv.
P. 571, 1. 8. Plus de Koys). Id., ibid. : «Aussi y
a-t-il eu infinis hommes de sçavoir, tant Princes,
Capitaines, Philosophes, Poètes que autres, qui ont
escrit de luy. >>
P. 571, 1. 10. Les Mahiniictans). Cf. Guillaume
Postel, Histoire des Turcs (éd. de 1575, 2' partie,
p. 131; éd. de 1560, V partie, p. 36). Montaigne
fait encore allusion au même passage lorsque, plus
loin, il dit à la gloire d'Alexandre que les Turcs, qui
méprisent toutes les histoires, ne retiennent que la
sienne. Postel disait : « Ils laissent en petite estime les
histoires, et principalement les nostres et les estranges
pource qu'ils disent qu'on n'oseroit, vivant un prince
escrire de luy la vérité, qui ne fut tout en louange,
et après sa mort la mémoire s'en perdre : dont ce
qu'il y a d'histoires, ils les ont quasi pour fausses,
fors qu'ils en ont bien quelqu'unes traduittes de
Grec, qu'ils appellent Scander c'est à dire Alexandre,
et Chederelles ou Suggia c'est à dire saint Georges. »
P. 571, 1. 13. Mettre en double). Montaigne a déjà
comparé Caesar et Alexandre dans l'essai II, xxxiv,
549-
P. 571, 1. 19. Et velut). «Tels des feux allumés
sur divers points dans une forêt pleine de brous-
sailles et de lauriers, ou tels des torrents qui tombent
avec fracas du haut des montagnes et courent en
bouillonnant à la mer, après avoir tout ravagé sur
leur passage.» (Virgile, Enéide, XII, 521.)
P. 572, 1. I. C'est Epaniinondas). Montaigne confir-
mera ce jugement dans l'édition de 1588, essai III, i.
Bien que la Vie d' Epaniinondas que Plutarquc avait
écrite soit perdue, c'est surtout par Plutarque que
Montaigne connaît ce personnage : voir spécialement
la Vie de Pélopidas, et V Esprit familier de Socrate. Il est
probable aussi qu'il a étudié la Vie d'Epaininondas
écrite par Cornélius Képos, dans l'édition de Corné-
lius Népos publiée par Lambin (1569). S'il en a fait
usage, il a pu trouver de riches annotations où sont
réunis des témoignages très abondants de divers
historiens. Après 1588, Montaigne fait surtout des
emprunts à Diodore de Sicile.
P. 572, 1. 3. De la substance de la chose). Mon-
taigne a longuement développé cette idée au début
de l'essai II, xvi.
P. 572, 1. 12. Les Grecs Inv ont faict). Cf. Diodore
de Sicile, XV, xxiv; Pausanias, VIII, xi; etc.
P. 572, 1. 15. Jamais homme). Cf. Plutarque, De
}' esprit familier de Socrate : « Sphintharus Tarentin
ayant demouré assez long temps par deçà avec luy,
disoit qu'il n'avoit jamais parlé à homme qui sceust
tant, ne qui parlast moins que luy.» (xxiii, f° 645
v°.) Cf. aussi Comment il failli oiiir, m, f° 25 v°, oîi
le même jugement se retrouve à peu près dans les
mêmes termes et également attribué à Sphintharus.
P. 572, 1. 16. // estoit Pythagoriqiie). Cf. Diodore
de Sicile, XV, x, î° 192 r°; aussi Cicéron, De ojjiciis,
I, XLIV.
P. 573, 1. I. L'antieneté jugea). Cf. Diodore de
Sicile : « Qui voudra comparer les vertus de tous
ces capitaines (ils viennent d'être longuement énu-
mérés) avec les faits et la gloire d'Epaminondas, il
trouvera sa vertu plus claire, plus nette et plus
excellente que de nul des autres, pource qu'en tous
les autres on trouvera tousjours quelque vertu parti-
culière et quelque qualité spéciale plus dominante
que les autres, qui les a renduz illustres et glorieux :
mais en cestuy cy estoient joinctes ensemble toutes
les qualitez et vertus, que l'on sçauroit désirer en
un grand capitaine pour le rendre perfait et accomply
de tout poinct... » (X\', xxiv, f" 214 v".)
LIVRE ir, CHAPITRE XXXVI.
P. 573, 1. 8. Oiie son obslination). Cf. Plutarque, De
l'esprit faiJiilier de Sociate, xvii, f'' 641, r°. Montaigne
a parlé autrement de ce fait dans l'essai II, xi,
p. 121, 1. 23.
P. 573, 1. 14. La couple de vies). Rapprocher ce que,
avant 1588, Montaigne avait écrit dans l'essai III,
XIII, 216. Il effaça sur son exemplaire annoté cette
phrase qui supposait par erreur un parallèle entre
Scipion et Lélius, et écrivit celle que nous lisons
dans l'essai II, xxxvi, sur le parallèle perdu de
Scipion et d'Epaminondas. Au sujet de cette perte,
cf. Amyot, préface de la traduction des Vies.
P. 574, 1. 5. Le plus doux contentement). Cf. Plu-
tarque, Que l'on ne sçauroit vivre joyeusement selon la
doctrine d'Epicurus : « Epaminondas... asseuroit que
le plus doulx contentement qu'il eust eu en toute sa
vie, estoit que son père & sa mère vivans voj'oient le
trophée de la battaille de Leuctres, qu'il avoit gagnée
contre les Lacedemoniens. » (xiii, f" 285.) Voir
encore la Fie de Coriolan : « Lon dit que Epaminondas
advoua & confessa semblablement estre en luy,
reputant son principal & plus grand heur estre, que
son père & sa mère vivans avoient veu la victoire qu'il
gaigna en la plaine de Leuctres. » (m, f° 148 r".)
P. 574, 1. 9. // m pensoit pas). Id., De l'esprit
familier de Socrale : « Epaminondas qui a esté mieulx
instruit & nourry à la vertu que nul autre des
Bœotiens... fait du restif quand il est question
d'exécuter une si grande entreprise pour la délivrance
de son païs... Comment, dit Theocritus, il n'approu-
voit doncques pas la conspiration? Non pas, dis-je,
de faire mourir aucun des citoyens qu'ils ne fussent
premièrement condamnez par la Justice : Qu'ils dient
ce qu'ils voudront (dit Epaminondas)... & nous
l'environnants taschions à le persuader de vouloir
participer à l'entreprise. Il nous respondit... qu'il ne
feroit pas mourir un citoyen qui ne fust condamné
par la justice, si ce n'estoit que bien urgente nécessité
le pressast à ce faire... Nous trouvasmes bon son
advis. » (iv, f" ^37 r" et f'' 64e v°.)
P. 574, 1. 12. Il tenoit aussi). Id., ibid. : « Es bat-
tailles il se fault bien destourner de devant celuv
des ennemis dont on a receu quelque plaisir. » (xvii,
F' 641 r°.)
P. 572, 1. 15. Son humanité). Cf. Diodore de
Sicile : « En la battaille qui fut donnée auprès de
Corinthe aux remparts qu'avoient faits les Lacedemo-
niens, pour cuider en garde les Béotiens de pénétrer
au dedans de la Moree, Epaminondas ayant forcé
& rompu la garde des Lacedemoniens qui defendoient
ce rempart : & en ayant peu mettre à l'espee s'il
eust voulu un bien grand nombre, se contenta seule-
ment de ceste gloire d'avoir fait malgré eulx ce qu'il
avoit voulu, & ne chercha point de les endommager
d'avantage : ce qui fut cause que l'on eut grand
souspeçon & grande défiance de luy, comme ayant
voulontairement espargné les ennemys, à celle fin
que particulièrement ilz en sceussent gré à luy
seul : au moVen de quoy ceulx qui portoient envie
à sa gloire, ayans ceste occasion de le calumnier
avec quelque apparence, le chargèrent et accusèrent
de trahyson, tellement que le peuple irrité & mutiné
contre luy, le déposa de la charge de gouverneur
& capitaine : & le réduisant à Testât d'homme privé,
voulut qu'il allast comme les autres, à ce voyage de
Thessalie : mais quand l'on veit que par ses effets
il effaçoit toutes les calumnies que ses malveuillans
avoient mises en avant à l'encontre de luy, le peuple
adonc le remit en sa première dignité. » (XV, xix,
f- 207 r°.)
P. 574, 1. 23. La prospérité). Id., ibid. : «Il acquit
de son temps à son pays par force d'armes la prin-
cipaulté de la Grèce, et depuis sa mort ses citoyens
incontinent la perdirent, et allèrent tousjours decli-
nans de mal en pis... » (XV, xxiv, f*- 214.) Cf. aussi
Cornélius Népos, Vie d'Epaminondas, x.
Chronologie : Un emprunt à Bodin (p. 568, 1. 4)
et un emprunt à Gentillet (p. 569, 1. 3) prouvent
que cet essai est des environs de 1578.
Chapitre XXX\'II.
DE LA RESSEMBLANCE DES EXFANS AUX PERES.
P. 575, 1. 10. Un valet). Cf. l'essai II, ix, p. 98,
1. II (texte de 1588).
P. 576, 1. 20. Dcbikin). « Qu'on me rende man-
chot, goutteux, cul-de-jatte, qu'on m'arrache mes
dents branlantes, pour\-u que la vie me reste je suis
satisfait.» (Sénèque, épître loi.) Le texte est diffé-
rent de celui qu'on trouve dans l'édition de Sénèque
dont Montaigne semble faire habituellement usage.
(Bâle 1557). Il est conforme, au contraire, à celui
des éditions de Bâle 1529 et de Bâle 1539. Peut-être
en faut-il conclure que Montaigne a puisé cette
citation chez quelque auteur de seconde main.
P. 576, 1. 24. Coiivroit Taiiibiirlan). Cf. Chalcon-
dyle : « Il se trouva une grande multitude de Ladres
là auprès, que Temir fit tous mettre à mort : Car
tout autant qu'il s'en rencontroit devant luy, ils se
pouvoient bien asseurer de faire le saut, allegant
n'estre raisonnable, de laisser plus longuement régner
une telle peste, qui ne servoient que d'infecter les
autres, & vivoient avec cela en tant d'angoisse, & de
martyre. » (III, x, 192.)
P. 577, 1. I. £■/ Antisthenes). Cf. Diogènc Luërce,
Vie d'Antisthèm : « Aliquando item intraverat sicam
habens, ad quem ille cùm diceret, quis me doloribus
absolvet? ille ostensa sica hxc ait : & ille, doloribus
dixi, non vita. » (VI, xviii, 556.)
P. 577, 1. 17. J'en avais plus de pair). Pour la
même idée, voir l'essai II, vi, p. 52, 1. i, et la note.
P. 578, 1. 9. Suiniiiiim). « Ne craignez ni ne dési-
rez la mort. » (Martial, X, .\lvii, 13.) Pour la pensée
on peut rapprocher Sénèque, Épllres : « In utrumque
monendi ac firmandi sumus, et ne nimis amemus
vitam et ne nimis oderimus. » (Ep. 24.)
P. 578, texte de 1588. La peinture de la Poésie).
Pour la même idée, ci. l'essai II, 11, p. 19, 1. 18.
P. 578, te.xte de 1588. & se n'aflige). «Son afflic-
tion est telle qu'il se mord les mains, qu'il se mord
les lèvres, et que sa joue est sans cesse inondée de
pleurs. X
P. 579, 1. 18. Comme aucuns médecins). Cf. Laurent
Joubert, Erreurs populaires au faict de la médecine,
IV, IX.
P. 579, 1. 22. Epicur us ne permet pas). Cf. Diogène
Laërce, Vie d'Epicure : « Cum tamen cruciatur & in-
gemiscet & ejulabit. » (X, cxviii, 716.)
P. 580, 1. I. Pugiles etiam). «Les lutteurs aussi,
en frappant du ceste, gémissent, parce que sous
l'effort de la voix tout le corps se raidit, et le coup
est assené avec plus de vigueur. » (Cicéron, Tuscu-
lanes, II, xxni.) Cicéron écrit : ingemiscunt : non
quôd doleant, aninuk'e succumbant , sed quia...
P. 580, 1. 14. Ejulatu). « Qui crie, qui pleure, qui
gémit, qui frappe l'air de voix lamentables. » Vers
du Philoctcte d'Attius, cités par Cicéron, Definibus, II,
XXIX ; Tusculanes, II, xiv. Montaigne a pris ce texte
dans les Tusculanes. Voir son édition, p. 133; dans
le De finibus, il est un peu différent.
P. 580, 1. 22. Ce songeur de Cicero). De divinatione,
II, LXIX.
P. 581, 1. 6. Laborum). «Il n'y a plus pour moi
désormais de peines nouvelles et inattendues : j'ai
tout prévu, je suis préparé à tout. » (Virgile, Enéide,
VI, 103.) Le texte de l'édition de Montaigne e.st :
« Kon ulla laborum,
» O virgo, nova mi faciès inopinàve surgit. »
LIVRE II, CHAPITRE XXXVII.
35S
P. 582, 1. 6. One! monstre). Chez Ainbroise Paré
l'idée de l'atavisme est très nettement formulée.
Cf. le Traite des Monstres, xiii. Parmi les malades qui
transmettent le plus fréquemment leurs maux à leurs
enfants Paré cite les « Lapidaires » qui enj^endrent
des «enfans subjects à la pierre», et il poursuit :
«Il y a une infinité d'autres dispositions des pères
et mères ausquelles les enfans sont subjects, voire
mesmes qu'ils retiennent des mœurs, de la parole,
des mines et trongnes, contenances et gestes, jusques
au marcher et cracher de leurs pères et mères. » Sur
la complexité de la semence humaine, Montaigne a
eu chance de lire un long développement dans la
traduction d'Athénagore publiée par son compatriote
Arnaud du Ferrier. (Simon Millanges, Bordeaux
1577O
P. 582, 1. 13. En la famille de Lepidus). Cf. Pline,
Histoire naturelle : « In Lepidorum gente très, inter-
misso ordine, obducto membranâ oculo, genitos
accepimus. » (VII, xii.)
P. 582, 1. 15. A Thebcs). Cf. Plut;irque, Ponrquoy
la justice divine diffère quelquefois la punition des malé-
fices : «Comme ainsi fust que Ion tenoit pour certain,
que Python le Nisibien estoit extraict de la race
& lignée des Semez, qui ont esté les premiers sei-
gneurs & fondateurs de Thebes le dernier de ses
enfans qui mourut, il n'y a pas long temps, avoit
rapporté la figure de la lance en son corps, qui
estoit la marque naturelle de celle lignée la anciene-
ment estant après si long intervalle de temp ressourse
& revenue, comme du fond au dessus, celle simili-
tude de races. » (xix, f° 267 r°.)
P. 582, 1. 17. Aristote dict). C'est ce que raconte
Hérodote d'un peuple de Libye, IV, clxxx. Cf.
l'essai II, viii, p. 90, 1. 11.
P. 585, 1. 4. Suivant Epicur us). Cf. Cicéron, Tuscu-
lanes : « Itaque hac usurum compensatione sapientem,
ut voluptatem fugiat, si ea majorem dolorem effec-
tura sit, & dolorem suscipiat majorem eflicicntem
voluptatem. » (V, xxxiii; t. IV, p. 180); voir aussi
Diogène Laërce, Vie d'Epicure : « Soïpe plerasque
(voluptates) transgredimur, quando ex his major
molestia sequitur, doloresque nonnullos volupta-
tibus prœstare arbitramur, quandoquidem ex diutina
toleratione dolorum major nos voluptas sequitur. »
(X, cxxix, 722.)
P. 585, 1. 26. Disoit Salon). Cf. Plutarque, Le banc-
quet des sept Sages : « Lon prent la nourriture comme
une médecine pour guarir la faim. » (xix, f° 158 r°.)
P. 586, 1. 21. Tirent ils pas l'argument). Pour la
même idée, cf. l'essai II, xii, p. 210, 1. 24.
P. 587, 1. I. Eux mesmes nous font ils voir). La même
idée se retrouve chez Corneille Agrippa, De incerti-
tudine & vanitate scientiarum : « Multœ gentes olim
fuerunt & adhuc sunt absque medicis degentes, quas
videmus ultra decrepitam œtatem robustas & supra
centenarios annos vivere : contrario istos delicatiores
populos, qui medicorum promissis & opéra vivunt,
ut plurimum média œtate senescere & occumbere,
quin & ipsosmet medicos plus crtteris hominibus
& quasi semper a;grotare, ac immutatiore astate
decedere. » (lxxxiii.)
P. 587, 1. 9. Les Romains avoyent este). Pline,
XXIX, I, dit que les Romains furent six cents ans
sans médecins; et Joubert répète les affirmations de
Pline dans les Erreurs populaires, I, i ; mais loin de
prétendre que lorsqu'ils eurent pénétré dans la ville,
ce fut Caton qui les chassa, Pline déclare que leur
expulsion n'eut lieu que bien longtemps après la
mort de Caton. Cette seconde idée vient sans doute
de Corneille Agrippa, De incertitudine & vanitate scien-
tiarum : V Proinde Romani quondam sub Catone
Censorio medicos omnes & urbe Roma, & tota
Italia pepulerunt eorum funesta mendacia, crudeli-
tatemque aversati. » (lxxxiii.) Et Corneille Agrippa
donne une longue épître à son fils sur les médecins.
P. 587, 1. 16. Ce que dict Plutarque). Vie de Caton
le Censeur : « Il avoit fiiit un petit traitté de médecine
par lequel il guerissoit ceulx de sa maison quand
ilz estoient malades, & les entretenoit quand ilz
estoient en santé. Il ne leur defendoit jamais le
manger, mais il les nourrissoit de quelques herbes,
& de quelques chairs légères, comme de Canes, de
Palumbes & de Lièvres : car telles viandes, disoit il,
sont bonnes pour les malades & faciles à digérer,
excepté qu'elles font songer & resver ceulx qui en
mangent : & se vantoit qu'avec ce régime là & ceste
façon de mediciner, il s'estoit tousjours maintenu
336
ESSAIS DE MOXTAIGNE.
sain quant à luy, & avoir aussi gardé ses domestiques
en santé. » (xii, f" 244 v°.)
P. 587, 1. 17. Connue les Arcades). Cf. Corneille
Agrippa' De incertitndine & vanitate scientianiin :
« Olim... Archades non medicaminibus utebantur,
sed (quod narrât Plinius) verno lacté utebantur,
quoniam tune maxime succis herbaï turgerent, mede-
renturque uberiores pascua : eligebant autem prœ
csteris lac vaccinium, quia \\\x omnivore sunt in
herbis. » (lxxxiii.) Agrippa transcrit textuellement
Pline, Histoire naturelle, XX\', viii.
P. 587, I. 18. Dict Hérodote), u Quand leurs enfans
(des Libyens) sont parvenus en l'aage de quatre ans,
ils leur bruslent les veines du sommet de la teste,
aucuns celles des temples avec laine à tout le suif, afin
que les caterres ne leur nuisent tant qu'ils vivront.
Et dit-on que par ce moyen ils se trouvent beaucoup
plus sains. » (IV, clxxxvii; t. I, f° 309 i°.)
P. 588, 1. 5. C'est du grand Platon). Dans le
Ti?née : « Tertia commotionis species tune demum
cum summa cogit nécessitas, utilis, aliter vero nullo
modo sans mentis homini suscipienda. Medicorum
illa purgatio est, quœ pharmacis... fieri solet. Morbi
enim nisi periculosi.ssimi sint, pharmacis irritandi
non sunt. » (P. 89"; éd. de 1546, p. 732.)
P. 588, 1. 16. Bihore). Terme gascon, de «via
foras». Cotgrave dit que c'est un terme dont se
servent les charretiers pour hâter leurs chevaux.
P. 588, 1. 21. Il vieine). Cf. Sénèque, Épîtres :
« Ducunt volentem fita, nolentem trahunt. » (Ép. 107,
p. 258.) Et encore : « Puta te nolle sequi duceris. »
(Ép. 77, p. 179.)
P. 588, 1. 24. On demandoit à un Laccdemonien).
Cf. Corneille Agrippa, De incertitndine & vanitate
scientiarum : « Hinc ille Lacon cuidam dicenti, nihil
mali habes, respondit, quia non utor medico, illoque
iterum dicente, senex factus es, respondit, quia
nunquam usus sum medico. » (lxxxiii.)
P. 588, 1. 25. Adrian l'empereur). Id., ibid. : (dllud
etiam moribundi jam Adriani imperatoris dictum :
Medicorum turba principem perdit (^/c). » Agrippa a
pris ceci chez Xiphilin, Vie d'Adrien. Rapprocher
aussi cette épitaphe qu'on trouve dans Pline, Histoire
naturelle: «Turhâse Medicorum peris.sc.» (XXIX, i.)
P. 589, 1. I. Un mauvais luicteur). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Diogène : « Cùm vidisset ignavum
luctatorem medicinam profitentem, quid hoc, inquit,
num & eos qui te aliquando vicerunt, nunc ipse
dejicies?» (VI, lxii, 380.)
P. 589, 1. 4. Selon Nicocles). Le mot de Xicoclès
se trouve dans le chapitre cxlvi de la Collection des
moines Antonius et Maximus, imprimée à la suite de
Stobée. On ne trouve pas cette collection dans les
éditions de Stobée publiées au xvi= siècle; mais elle
a été imprimée à part en 1546 (Tiguri). Cf. cette
édition, p. 62. Peut-être Montaigne a-t-il pris cette
allégation dans quelque ouvrage de seconde main.
P. 589, 1. 5. Us ont une façon bien avantageuse).
Corneille Agrippa, De incertitudine & vanitate scien-
tiarum, a de longs développements sur ce thème :
« Si cegro quid maie cesserit, sive illum praeler spem
per insignem imperitiam occident, hic se aut per
catarri prœfocativum defluxum, aut aliquod aliud
simile subitaneum accidens, immedicabilémque casum
apparenter excusât, & œgri inobedientiam, aut custo-
dum negligentiam acriter excusât, aut incusat col-
legas, aut in pharmacopolam culpam protrudit : sic
enim efficit, ut nemo i\;grotus nisi propria culpa
periisse, nemo nisi medici beneficio restitutus videa-
tur. » (lxxxiii.)
P. 589, 1. 18. Rhedanim). «Le passage des chars
au détour étroit des rues. » (Juvénal, m, 236.)
P. 590, 1. 7. Platon disoil). Dans la République :
« Mendacium hominibus... pro medicamento est
utile, quare publicis medicis concedendum. » (III,
p. 389; éd. de 1546, p. 558.)
P. 590, 1. 10. Azsope). Fable XIII, Le Malade et
le Médecin. Sur le cas que Montaigne faisait des
faibles d'Esope, cf. l'essai II, x, p. 104, 1. 20.
P. 590, 1. 24. Il y avait en .Egypte). Cf. Corneille
Agrippa, De incertitndine & vanitate scientiarum : « Cui
traudi ut obviaretur apud iïïg}-ptios medici ante diem
tertium ;çgrotorum corpora eorum periculo curabant
post triduum autem suo. » (lxxxiii, à la fin.)
P. 390, 1. 27. yizsculapins). Cf. Pline, Histoire
naturelle : « Auxit (medicina) deinde famam etiam
crimine, ictum fulmine iïsculapium fobulata, quo-
niam Tyndareum revocavisset ad vitam. » (XXIX, i.)
LIVRE II, CHAPITRE X \ X V 1 1 .
357
Ce n'est pas Hélène, comme Montaigne l'avait écrit
en 1580, mais bien Hippolyte, comme il l'a mis
après 1588, qu'Esculape ramena des enfers. Corneille
Agrippa fait allusion au même fait dans le cha-
pitre Lxxxiii du De incertitudine & vanilalc scientiarum.
P. 590, 1. 29. Nam pater). « Car Jupiter, indigné
qu'un mortel ait été rappelé de la nuit infernale à la
lumière du jour, frappa de la foudre le fils d'Apollon,
l'inventeur de cet art audacieux, et le précipita sur
les bords du Styx. » (\'irgile, Énêide, VII, 770.)
P. 591, 1. 3. J/h médecin vanloit). Cf. la Collection
des moines Anionitis et Maximus, cxlvi; dans l'édition
de 1546, p. 202.
P. 591, 1. 8. C'estoit un bon coiiiniencemenl). Cf.
Pline, Histoire naturelle, XXIX, i.
P. 591, 1. 12. Ut si qiiis). « Comme si un médecin
ordonnait à un malade de prendre un enfant de la
terre, marchant dans l'herbe, portant sa maison sur
son dos et dépourvu de sang. » (Cicéron, De diviiia-
tione, II, Lxiv.) Cicéron ajoute : « Potius quàm
hominum more cochleam dicere » (t. IV, p. 282);
« Au lieu de dire comme tout le monde, un coli-
maçon. »
P. 591, 1. 15. La foy du patient). Rapprocher
Corneille Agrippa, De incertitudine & vanitate scien-
tiarum : « Avicenna, inquiens, fidem ac spem cTgri
erga medicum & medicinam stepe plus efficere, quam
ipsam cum medico medicinam. » (lxxxiii.)
P. 591, 1. 26. Le nombre imper). Sur les propriétés
du nombre impair en médecine on peut comparer
Guillaume Bouchet, I, x, f° 223 v°; voir aussi Lau-
rent Joubert, Erreurs populaires, I, xiv.
P. 592, 1. 6. // advient de cette faute). Cf. Pline,
Histoire naturelle : « Hinc \\\x circa a;gros miser.-ç
sententiarum concertationes, nullo idem censente,
ne videatur accessio alterius. » (XXIX, i.) On trou-
vera la même idée dans le chapitre lxxxiii de Cor-
neille Agrippa. Voir aussi une réflexion de Montaigne
dans son Journal de voyage : « Questo giorno avendo
certi medici a fare una consulta importante per un
signor giovane Signor Paulo de Cesis (nipote del
Cardinal de Cesis) ch' era in questi bagni; da parte
sua mi vennero a pregare, che mi piacesse d'inten-
dere le loro opinioni e controversie, perché lui era
risoluto di stare del tutto al giudizio mio. Me ne
rideva fni me stcsso. » (P. 362.)
P. 592, 1. II. Oui veid jamais médecin). Cf. Cor-
neille Agrippa, De incertitudine & vanitate scientiarum :
«Sic... omnes a se invicem dissentiunt, ut nuUus
reperiatur medicus, qui citra exceptionem, additio-
nem, vel permutationem prxscriptum ab alio phar-
macum comprobet », etc. (lxxxiii.) Aux bains de
la Villa, Montaigne remarque ; « Era cosa piacevole
di veder le diverse ordinazioni dei medici di diverse
parti d'Italia tanto contrari, e particolamente sul
fatto di questi bagni, e doccie : che di centi consulte
non ci erano due d'accordo, anzi accusavano, e dan-
navano l'una l'allra quasi tutte d'omicidio. » (Journal
de voyage, p. 351.)
P. 592, 1. 15. Celuy la de leurs docteurs). Cf. Cor-
neille Agrippa, De incertitudine & vanitate scientiarum :
« Hinc Rasis conscius profecto, cum sgrotantium
creduliE stultitix, tum medicorum contentiosa; insci-
tiae, utrique & sgro 6c medico non incaute consulens,
suadet in aphorismis suis, tantum unum medicum
fore eligendum : quia unius (inqult) error, magnam
infamiam non inducit : & unius utilitas, quam in
œgro efficit, collaudatur : qui autem quam plures
medicorum adhibuerit, is in errorem incidit pluri-
mum. » (lxxxiii.)
P. 592, 1. 28. Hierophilus). LL, ibid. : « De causis
... morborum originalibus agentes, Hippocrates illas
in flatu sine spiritu collocat, Hierophilus in humo-
ribus, Erasistratus in arteriarum sanguine, Ascle-
piades ex atomis per corporis invisibiles poros illapsis
illas rimatur, Alcmajon ex corporalium potentiarum
exuperantia vel inopia. Diodes ex ina;qualitate ele-
mentorum corporalium aerisque halitu, Strato ab
alimenti exuperantia cruditateque & ejus corruptione
omnes morbos fieri solummodo putat. » (lxxxii.)
P. 593, 1. 5. L'un de leurs amis). Cf. Pline, Histoire
naturelle : « Mirum & indignum protinùs subit, nullam
Artium Medicinâ inconstantiorem fuisse, & etiamnum
sœpius mutari quum sit fructuosior nulla. » (XXIX, i.)
Mais Pline entend « fructuosior » au sens de lucratif.
P. 593, 1. 13. Avant la guerre peloponesiaqiie) . Toute
cette histoire de la médecine est fidèlement résumée
de Pline, Histoire naturelle, XXIX, i.)
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 594, 1. 9. Nous ne nraviis pas), j'ignore à quel
médecin Montaigne fait ici allusion, mais les mêmes
idées sont développées chez Corneille Agrippa,
LXXXIII-LXXXIV.
p. 594, 1. 19. Paracelse). Cf. l'essai II, xii, p. 323,
1. 19, et la note.
P. 594, 1. 19. Fioravanli). Léonard Fioravanti, né
à Bologne, était assez célèbre en Italie. Il mourut
en 1588. Entre autres ouvrages il a écrit : Le trésor
de la vie humaine; V Abrégé des secrets rationnels concer-
nant la Médecine, la Chirurgie et l'Alchimie; le Miroir
de la science universelle; etc.
P. 594, I. 19. Argenlerius). Ou Jean Argentier,
de Quiers, 1513-1572.
P. 595, 1. 5. .'Esope faict). Fable 76, l'Elhiopien.
P. 595, 1. 17. Leurs autlmirs tiennent). Cf. Corneille
Agrippa, De incertitudine & vanitate scientiariun :
tt Galenus (inquiens) difficile posse reperiri medi-
camen, quod plurimum prosit, ac non simul in
aliquo obsit. » (lxxxiii.)
P. 59e, 1. 18. L'interprétation des urines). Id., ibid.,
Lxxxii; et aussi Laurent Joubert, Erreurs populaires
au faict de la nUdeciue, III, m.
P. 597, 1. 2. La chirurgie). Cf. Corneille Agrippa,
De incertitudine & • vanitate scientiarum : « Restât
chirurgia... cujus opéra manifesta & securiora sunt
remédia, nam reliquorum medicorum Cieca consilia
sunt. » (lxxxv.)
P. 597, 1. 10. Celtuy-cy). On trouve chez Corneille
Agrippa une critique analogue des médicaments
composés (lxxxiii et lxxxiv), mais la critique de
Montaigne sur ce point est plus précise que celle de
son devancier.
P. 597, 1. 23. Un autre officier). L'apothicaire, auquel
Agrippa consacre tout un chapitre, le chapitre lxxxv.
P. 598, 1. 3. Les ^giptiens). Cf. Hérodote, II,
lxxxiv; t. I, f" 130 r°.
P. 598, 1. 9. Ils me tunrent un aiiiy). Certainement
La Boétie qui mourut de la dysenterie en 1563.
P. 599, 1. 19. Il est plus salubre). Souvenir des
contradictions notées par Montaigne dans son Journal
de voyage entre deux médecins, Donati et Franciotti,
qui ont écrit sur les eaux de la Villa : « Je viens de
voir un médecin imprimé, parlant de ces eaus, nomé
Donati, qui dit qu'il conseille de peu disner, et mieus
souper : je croi que ma conjecture lui sert : son
compaignon Franciotti est au contrere come en
plusieurs autres choses. » (P. 326.)
P. 600, 1. 21. J'aye trouvé mal fonde:^). C'est sur
le même ton que Montaigne parle, dans son Journal
de voyage, des prétendus miracles opérés par les eaux :
« Ils diversifient l'opération de ses eaus qui refreche,
qui eschauffe, qui pour telle maladie, qui pour telle
autre, et là-dessus mille miracles; mais en somme,
il n'y a nulle sorte de mal qui n'y treuve sa gue-
rison. » (P. 319.)
P. éoi, 1. 10. Délia Villa). On voit en effet par
le Journal de voyage que Montaigne y a fait deux
saisons lors de son séjour en Italie, et il s'attarde
longuement à décrire les beautés du pays et les
agréments du lieu d'une manière qui semble confir-
mer les déclarations que nous trouvons ici : « Bein
délia Villa, seize milles. C'est un païs tout montueus.
Audavant du bein, le long de la rivière, il y a une
pleine de trois ou quatre çans pas, audessus de
laquele le bein est relevé le long de la cote d'une
montaigne médiocre, et relevé environ come la
fonteine de Banieres, où Ton boit près de la ville.
Le site où est le bein a quelque chose de plein, où
sont trante ou quarante maisons très-bien accom-
modées pour ce service, les chambres jolies, toutes
particulières, et libres qui veut, à-tout un retret, et
ont un' entrée pour s'entreatacher, et un' autre pour
se particulariser. Je les reconnus quasi toutes avant
que de faire marché, et m'aretai à la plus belle,
notammant pour le prospect qui regarde (au moins
la chambre que je choisis) tout ce petit fons, et la
rivière de la Lima, et les montaignes qui couvrent
ledict fons, toutes bien cultivées et vertes jusques
à la sime, peuplées de châtaigniers et oliviers, et
ailleurs de vignes qu'ils plantent autour des mon-
taignes, et les encerclent en forme de cercles et de
degrés. Le bon du degré vers le dehors un peu
relevé, c'est vigne; l'enfonceure de ce degré, c'est
bled. De ma chambre j'avois toute la nuit bien
doucement le bruit de cete rivière. Entre ces mai-
sons est une place à se proumener, ouverte d'un
costé en forme de terrasse, par laquelle vous regardés
LIVKK II, CHAPITRE XXXVII.
3S9
ce petit plein sous l'allée d'une treille publique, et
voies le long de la rivière dans ce petit plein, à deus
cens pas sous vous, un beau petit village qui sert
aussi à ces beins, quand il y a presse. La pluspart
des maisons neufves, un beau chemin pour y aler,
et une belle place audict village. » (P. 313.)
P. éoi, 1. 12. Chaque nation). Dans son Journal
de voyage, Montaigne prend plaisir à noter ces contra-
dictions entre les usages qu'il remarque dans les diffé-
rentes villes d'eaux qu'il traverse. Voyez en particulier,
p. 317, ce qu'il dit des douches aux bains de la Villa.
P. 602, 1. 6. Akoii). « Alcbn, hier, a touché la
statue de Jupiter; et, quoique de marbre, le dieu a
éprouvé la vertu du médecin. Voici qu'aujourd'hui on
le tire de son vieux temple, et on l'enterre, tout dieu
et pierre qu'il est. » (Ausone, Epigraniiues, lxxiv,
éd. de 15 17, f" 14; éd. de 1558, p. 77.)
P. 602, 1. 1 1. Lotus). « Hier, Andragoras s'est baigné
avec nous, il a soupe gaiement, et ce matin on l'a
trouvé mort. Voulez-vous savoir, Faustinus, quelle
est la cause d'une mort si soudaine? Il avait vu en
songe le médecin Hermocrate. » (Martial, VI, un.)
P. éo2, 1. 18. Lahontan). Sur ce passage on peut
lire un article de Louis Batcave dans la Revue lIcs Études
historiques, année 1901, p. 127 : « Commentaire
historique d'un passage de Montaigne. » Lahontan
est un village situé dans le canton de Salies, arron-
dissement d'Orthez. A l'occasion de leurs droits sur
le village de Lahontan, Montaigne et le baron de
Caupène étaient en procès vers 1570. D'après Lespy
(^Dictons du pays de Béarn, Pau, 1875, p. 175), «on
disait malicieusement en béarnais, notaire de Lahon-
tan, médecin de Lahontan, pour désigner ces notaires
et ces médecins dont les soins ou les actes sont de
nature à plus agréablement satisfaire leurs bourses
que leurs clients ». A Orthez Jeanne d'Albret venait
de fonder une Université florissante où la médecine
et la jurisprudence étaient enseignées; telle est pro-
bablement la cause de l'introduction de ces notaires
et médecins à Lahontan.
P. 603, 1. 27. Du sang de boue). Je rencontre la
même idée chez Laurent Joubert, Erreurs populaires au
faict de la nu'decine : « Nous usons bien heureusement
du sang de bouc à dissoudre et mettre en pièces le
calcul de l'homme. C'est quand on a nourri le bouc
âgé de trois à quatre ans durant les jours caniculiers
de toutes les herbes saxifrages (c'est-à-dire rompantes
la pierre) qu'on luy peut faire manger, l'abreuvant de
bon vin blanc, et le faisant tous les jours fort courir.
Son sang emprunte, acquiert et retient la vertu des
dites herbes, tout ainsi que le moust vineux qu'on
prépare à mesme effet. » (IP partie.)
P. 605, 1. 6. Suyvant le précepte). «Honora medi-
cum propter necessitatem. » {Eccles., xxxviii, i.)
Montaigne a trouvé cette sentence dans Laurent
Joubert, Erreurs populaires au faict de la médecine, I, i.
P. 605, 1. 7. Un autre du prophète). «Nec in infirmi-
tate sua quœsivit Dominum, sed magis in medicorum
arte confisus est.» {ParaJipoinènes, II, xvi, 12.) Ceci
est également rappelé par Laurent Joubert, I, i, et
aussi par Corneille Agrippa, lxxxiii.
P. 605, 1. 9. Beaucoup d'honnestes houimes). Peut-
être Montaigne veut-il donner la réplique aux criti-
ques un peu indiscrètes de Corneille Agrippa qui
reprochait aux médecins tous les vices imaginables.
P. 605, I. 28. Combien en voyons nous). Cf. essai II,
XXXVII, p. 106, 1. II, et aussi Corneille Agrippa, De
incertitudine & vanilatc scientiaruni : « Quas aliis escas
vel modeste delibare, prohibent, ipsimet tanquam
porci glandes dévorant : &: quas aliis vivendi leges
prirscribunt, ipsi omnium primi prœvaricantur, non
tam negligenter quam consulte. Nam si ipsi juxta
h;tc sua dietaria décréta vivere deberent, sanitatis
non modicam jacturam facerent. » (lxxxviii.)
P. éoé, 1. 17. Les Babiloniens). Cf. Hérodote :
« Ils portent leurs malades au milieu de la place,
& pour autant qu'ils ne se servent point de médecins,
chacun les vient aborder pour leur donner conseil
touchant leur maladie, si d'aventure ils ont esté, ou
bien ont veu autre personne attainte de semblable. »
(I, cxcvii; t. I, f° 90 v°.)
P. 606, 1. 23. J'accepterais plus volontiers). Des
idées semblables se rencontrent dans l'ouvrage de
Corneille Agrippa qui oppose sans cesse les herbes
et les simples des paysans et des bonnes femmes
aux médecines compliquées des prétendus savants.
P. éoé, 1. 25. Homère et Platon). Cf. Diogène
Laërce, Fie de Platon : « Quin & dixisse (Platonem)
360
ESSAIS DE MONTAIGNE.
juxta Homerum ^gj-ptios omnes medicos esse. »
(III, VII, 188.) Pour Homère voir Odyssée, IV, 231.
Plutarque, One les kstes brutes usent de la raison, vi,
exprime la même idée mais sans l'attribuer à Homère
ni à Platon.
P. 609, 1. 4. Madame de Duras). Marguerite d'Aure
de Gramont, veuve de Jean de Durfort, seigneur de
Duras, que le roi de Navarre envoya en 1573 vers
le pape Grégoire XIII, et qui fut tué près de Libourne
sans laisser de postérité.
P. 609, 1. 24. L'humeur de Tibère). Cf. Tacite,
Annales : « Quippe illi, non perinde curx, gratia
pra^sentium, quàm in posteros ambitio. » (VI, xlvi,
176.) Montaigne a parlé de la vanité de la gloire
dans l'essai II, xvi, et spécialement à la fin de cet
essai de la vanité de la gloire après la mort.
P. 611, 1. II. Pline se mocque). Histoire naturel le,
XXIX, I.
p. 611, 1. 25. Periclés). Cf. Plutarque, Vie de
Périclès : « Theophratus en ses morales, au lieu où
il dispute si les meurs des hommes se changent selon
leurs adventures, & si les passions & afflictions du
corps les peuvent tant altérer, qu'elles les facent issir
hors des lices & des bornes de la vertu, recite que
Pericles en ceste maladie monstra un jour à l'un de ses
amis, qui l'estoit allé visiter, ne sçay quel charme
préservatif, que les femmes luy avoient attaché
comme un carcan autour du col, pour luy donner
à entendre qu'il estoit fort mal, puis qu'il enduroit
qu'on luy appliquas! une telle folie. » (xxiv, f° 1 18 r°.)
p. 613, 1. 10. Deux opinions pareilles). Cf. Cicéron,
Académiques : « Stoicum est quidem, nec admodum
credibile, Nullum esse pilum omnibus rébus talem
qualis sit pilus alius, nullum granum. » (II, xxvi;
t. IV, p. 24.) Sur toutes ces idées, cf. le début de
l'essai III, xiii.
Chronologie : Trois témoignages prouvent avec
évidence que cet essai est au plus tôt de l'année 1579.
Montaigne déclare: 1° qu'il a quarante-six ans, «d'avoir
vescu quarante six ans pour ma part, n'est-ce pas
assez?» (Cf. ci-dessus p. 584, 1. 4); 2° qu'il a été
atteint de la maladie de la pierre à quarante-cinq ans
(p. 583, 1. 4), et que son premier accès date de
dix-huit mois (p. 576, 1. 13); 3° il dit encore qu'il
s'est «envieilly de sept ou huict ans >> (p. 575, I. 14),
depuis qu'il a commencé à écrire. De ces diverses
déclarations, et surtout de la première d'entre elles,
on peut conclure que cet essai a été écrit entre le
mois de mars 1579 et le mois de mars 1580. Je crois
qu'on peut préciser davantage. D'après l'emploi que
Montaigne nous donne de son temps (p. 599, texte
de 1580), quatorze à quinze mois se sont écoulés
depuis sa première saison aux eaux, jusqu'à l'époque
où il écrit cet essai. Or, nous trouvons Montaigne
chez lui (son exemplaire de César en fait foi),
depuis février 1578 jusqu'au 21 juillet de la même
année. Sa première saison d'eaux thermales ne peut
donc se placer que pendant l'automne de 1577 ou à
la fin de l'été de 1578. La première de ces deux dates
n'est guère recevable, car elle fixerait les débuts de
la maladie de Montaigne à l'été de 1577, ce qui ne
lui permettrait pas de dire qu'il a été atteint à l'âge
de quarante-cinq ans. Donc, c'est au plus tôt à la fin
de l'été de 1578 que Montaigne est allé aux Eaux-
Chaudes (Aigues-Caudes), et il écrit quinze mois
plus tard ou environ, c'est-à-dire au plus tôt au
début de l'hiver 1579 à 1580. La première saison a
pu se faire un peu plus tard (jusqu'en octobre 1578),
et le délai de quinze mois peut être un peu étendu.
En tous ca.s, je crois qu'on ne se tromperait pas en
disant que l'essai II, xxxvii, date de l'hiver 1579
à i 580.
FIN DU SKCOXD LIVRE.
LIVRE TROISIÈME.
Chapitre I.
DE l'vTILE & DE l'hONNESTE.
P. I, 1. 3. A'.T iste). «Bien sur cet homme va se
donner une grande peine pour me dire de grandes
sottises. » (Térence, Heaittonthiioroiimenos , III, v, 8,
ou W, I, S.) Le texte est : «Nit ista Hercle magno
jam conatu magnas nugas dixerit. »
P. I, L 10. On hi\ manda). Cf. Tacite, Annales,
II, LXXXIII.
P. 2, 1. 4. Il fit responce). Id., ibid. : «Non fraude,
neque occultis, sed palam et armatum, populum
romanum hostes suos ulcisci. » (II, LXXXiii.)
P. 2, 1. 21. Suave, mari magno). «Il est doux,
pendant la tempête, quand les vents bouleversent les
flots, d'assister du rivage aux rudes épreuves d'autrui.»
(Lucrèce, II, i.)
P. 3, 1. 17. Que j'ay eu à négocier). Peut-être
Montaigne fait-il allusion ici à des négociations entre
le duc de Guise et le roi de Navarre dont il fut
chargé vers 1572, au temps où Henri de Navarre
était à la cour du roi de France (voir ci-dessus le
passage des Mémoires de De Thou, cité p. 214,
col. 2, note de la page 14e, 1. 20); mais peut-être
s'agit-il aussi de négociations plus récentes qui lui
auraient été confiées vers 1584 ou 1585, au temps
où après la rupture de la paix de Fleix, les hostilités
venaient de reprendre entre la Ligue et le parti pro-
testant. Les biographes de Montaigne, A. Gmn et
M. Paul Bonnefon (^Montaigne, Vhomnie et l'œuvre,
p. 438), donnent la préférence à cette seconde hypo-
thèse. La correspondance que Montaigne entretenait
en 1585 avec le maréchal de Matignon, lieutenant
général du roi en Guyenne, est en effet de nature
à la rendre très vraisemblable. On sait que dans le
même temps Montaigne correspondait avec Duplessis-
Mornay, et que le roi de Navarre était venu le
visiter dans son château à la fin de l'année 1584.
P. 4, 1. 3. La responce de Hippcridcs). Cf. Plutarque,
Comment on pourra discerner le flatteur d'avec l'amy :
« Car ainsi comme Hyperides l'orateur disoit aux
Athéniens, qui se plaignoient de luy qu'il estoit trop
aspre & trop rude, qu'ils considérassent non seule-
ment s'il estoit aspre, mais s'il l'estoit sans rien
prendre. » (xxvi, f" 5 1 r°.)
P. 4, 1. 26. Jnsques au feu). Cf. Rabelais qui fut
dire à Panurge : «Je le maintiens jusques au feu
exclusivement. » (III, m.) 0n trouvera encore le
même mot chez Rabelais, III, vu, et dans les Prolo-
gues des livres II et IV. Sur sdn interprétation, voir
un article de G.-H. Monod, « La lâcheté de Mon-
taigne» (Revue de la Renaissance, 19 10, p. 87).
P. 5, 1. 4. Atticus). Cf. Cornélius Népos, Vie
d'Alticus, VI.
P. 5, 1. 13. Ea non média). «Cela, ce n'est pas
362
ESSAIS DE MONTAIGNE.
prendre un chemin mitoyen, c'est n'en prendre
aucun; c'est attendre l'événement pour passer du
côté de la fortune. » (Tite-Llve, XXXII, xxi.) Mon-
taigne généralise la pensée de Tite-Live et transforme
en conséquence la phrase que voici : « Ea non
média, sed nulla via est : etenim prœterquam quôd
aut accipienda, aut aspernanda vobis Romana societas
est : quid aliud quàm nusquam gratia stabili, velut
qui eventum expectaverimus, ut fortuna; applica-
remus nostra consilia ? »
P. 5. 1. 15. Gehn). Cf. Hérodote, VII, clxiii; t. II,
f" 107 v°.
P. é, 1. I. Sieitr de Morvilliers). Jean de Morvii-
liers, évêque d'Orléans, garde des sceaux en 1568,
évêque ambassadeur à Venise, né à Blois en 1506,
mort en 1577, prit part au traité de Cateau-Cam-
braisis et au concile de Trente. Catholique, il semble
avoir montré beaucoup de modération envers les
protestants. On peut voir ce que de Thou dit de
son caractère indécis (^Histoire de son temps, VI, 359).
P. G, 1. 8. Querelle particulière) Rapprocher ce que
Montaigne dit à ce sujet dans l'essai I, xxxix, p. 314.
P. 7, 1. 2. // vous lient). On trouve la même idée
chez Rabelais : « Posez que de la trahison les enne-
mis se servent à leur profit, si ont ilz tousjours les
meschants et traistres en abomination. » (I, xlvii.)
Elle est encore chez Plutarque, Vie de Romiilus, etc.
P. 7, 1. 16. Coiiie faict le vin). Cf. l'essai II, 11,
p. II, 1. 21, où Montaigne a insisté sur cet effet de
l'ivresse.
P. 7, 1. 18. Philippidcs). Cf. Plutarque, De la
curiosité : « Philippides le joueur de Comœdies res-
pondit un jour bien sagement au Roy Lysimachus
qui luy disoit, Que veulx-tu que je te communique
de mes biens, Philippides ? Ce qu'il vous plaira. Sire,
dit-il, prouveu que ce ne soit point de voz secrets. »
(iv, f" 64 v°.)
P. 8, 1. 3. De la raison). Rapprocher ce que Mon-
taigne dit dans l'essai I, xxvi, p. 201, 1. 15.
P. 8, 1. 15. Aucnnewent de mon (;ibier). Xo'w une
semblable déclaration dans l'essai III, ix.
P. 9, 1. II. Asne d'Esope). Cf. Esope; éd. de
Lyon 1554, p. 87; éd. de Florence 1809, ftble 293;
imitée par La Fontaine, IV, v.
P. 9, 1. 15. /(/ maxime qucnquc). « Ce qui nous sied
le mieux c'est ce qui nous est le plus naturel. »
(Cicéron, De officiis, I, xxxi.) Le texte est celui de
l'édition de Paris 1538.
P. 9, 1. 23. Veri juris geruianœquc). «Nous n'avons
point de modèle solide et positif d'un véritable droit et
d'une justice parfaite; nous n'en avons qu'une ombre,
qu'une image. » (Cicéron, De officiis, III, xvii.)
P. 9, 1. 25. Le sage Dandamys). Cf. Plutarque,
Vie d' Alexandre : « Dandamis luv respondit plus
gracieusement : & l'aïant ouy compter quelz hommes
avoient esté Socrates, Pythagoras & Diogenes, il dit
que ces personnages là luy sembloient avoir esté
bien nez & de bon entendement, mais qu'ilz avoient
trop révéré les loix en leur vie : toutefois les autres
escrivent que Dandamis ne dit autre chose, sinon
qu'il demanda pour quelle cause Alexandre avoit
fait un si long chemin, que d'estre venu jusques aux
Indes. » (xx, î" 488 v°.)
P. 10, 1. 2. Ex senatus-consultis). «Il est des crimes
autorisés par les sénatus-consultes et les plébiscites. »
(Sénèque, ép. 95.) Toutes les éditions que j'ai consul-
tées portent sœva au lieu de scelera.
P. 10, 1. 7. Deux pretendans). Rhescuporis et
Cotys : le premier frère de Rhaemétalcès, roi de
Thrace, l'autre son fils (Tacite, Annales, II, lxiv).
Ce fut Tibère qui les empêcha d'en venir aux armes
(W-, ihid., II, LXV).
P. 10, 1. 12. Emprisonner). Id., ibid. : « Rhescuporis
sanciendo, ut dictitabat, fœderi convivium adjicit,
tractaque in multam noctem Lïtitia per epulas ac
vinolentiam. incautum Cotyn et, postquam dolum
intellexerat, sacra regni, ejusdem familiœ deos et
hospitales mensas obtestantem catenis onerat. » (II,
LXV.) La mort de Cotys est rapportée au chapitre lxvi,
et la trahison de Pomponius Flaccus au chapitre lxvii.
P. 10, 1. 16. A (]uo\ se trouva propre). Id., ihid., II,
LXVII.
P. 10, 1. 21. La puisante expérience). J'ignore à quel
événement Montaigne fait allusion. Quelques-uns
des correspondants du docteur Payen ont proposé
Je voir dans ces paroles un souvenir de la mort
d'Henri de Guise, assassiné à Blois par l'ordre du
roi de France (23 décembre 1588), ou encore de la
LIVRE m, CHAPITRE I.
363
mort de Marie Stuart (février 1587). Mais, outre
qu'en ce qui concerne Henri de Guise les dates font
J-ificulté — car il est probable qu'en décembre 1588,
l'impression des Essais était terminée, — je ne vois
pas que la phrase de Montaigne puisse être inter-
prétée comme faisant allusion à aucun de ces deux
événements. Il parle en effet manifestement d'une
tentative de trahison, entreprise contre un traître et
qui a échoué au grand détriment des intérêts publics.
P. II, 1. 2. Les Laccdcinoiiiens). Cf. Plutarque,
Comment on pourra discerner h flatteur d'avec l'aniy :
« Tout ainsi doncques comme les Laceda^moniens
aians esté deffaicts en bataille par Antipater, & trait-
tans de paix avec luy, le prioient de leur commander
tant qu'il voudroit de charges dommageables, mais
de honteuses nulle. » (xxi, f° 49 r°.)
P. II, 1. 6. Chacun doit avoir). Id., Les dicts nota-
bles des anciens Roys : «Les roys d'./Egypte suivant
une anciene ordonnance de leur païs, faisoient jurer
les juges, quand ils les installoient en leurs offices,
que quand bien le Roy leur commanderoit de
juger injustement, ils ne le feroient pas pourtant. »
(F" 189 r°.)
P. II, 1. 20. La sentence de Fabritius). Entre autres,
cf. Plutarque, Les dicts notables des anciens Roys,
f° 201 v°.
P. II, 1. 25. Jaropcïc). Cf. Herburt Fulslin, Histoire
des roys de Pologne : «Jaropelc... désirant avoir sa
revanche sollicita un certain gentilhomme Hongre,
homme caut & fin, qui faignant s'enfuir à Boleslaus
pour avoir soustenu le party des enfans d'Estienne,
devoir adviser l'occasion ou de tuer Boleslaus, ou
de faire quelque notable dommage aux Polonois.
Cet Hongre feit si bien en peu de temps, par son
industrie, beau parler & feincts services, & gaigna
tellement l'amitié du duc assez facile de soy-mesme
& croyant de légier, qu'il estoit appelé aux conseils
des affaires d'Estat, & luy fut donné le gouverne-
ment de Vislicie. Iceluy voyant Boleslaus absent
du Royaume... trouvant cette opportunité propre
pour exécuter sa trahison : en advertit en diligence
Jaropelc & lui mande qu'il ne faille de se trouver
le VIII jour de Février devant Vislicie, avec gens
bien équipez. L'Hongre adverti de la venue des
Russiens, fait retirer dans la ville tous ceux qui
estoyent aux champs es environs avec leurs femmes,
enfants, & biens, tant la noblesse que menu peuple,
ce qu'ils fièrent volontiers pour estre plus a-ssurez.
Les Russiens ne faillirent pas de s'y trouver au
jour assigné : ils feurent reçeus de nuict, dans la
ville, mirent à mon tout ce qu'ils trouvèrent sans
espargner ni aage ni sexe & ayant mis le feu à la
ville s'en retournèrent avec le reste du butin, en
leurs maisons, emmenant prisonniers tous les plus
riches. Jaropelc fit coupner la langue & les parties
génitales, & crever les yeux au traistre pour toute
sa recompense : & ainsi fut ce traître desloyal
justement puni de sa trahison. » (F° 43 r°.)
P. 12, 1. 14. Antigonus persuada). Cf. Plutarque,
Vie d'Eunienes : « Antigonus feit responce, que non
seulement il rendroit les biens aux Argyraspides,
mais que encore en toute autre chose il les traitteroit
le plus gracieusement qu'il pourroit, moiennant
qu'ilz luy rendissent Eumenes entre ses mains :
& alors ces Argj'raspides prirent une très malheu-
reuse & meschante resolution de le livrer vif entre
les mains de ses mortelz ennemis... Quoy entendant
Antigonus, y envoya Nicanor pour le prendre d'entre
leurs mains, & le luy amener... Finablement quand
Antigonus eut arresté de le faire mourir, il ordonna
que Ion ne luy baillast plus à manger : & fut ainsi
deux ou trois jours que Ion le menoit à sa fin, en
luy ostant le boire & le manger : mais il survint
quelques nouvelles pour lesquelles il fallut que le
camp deslogeast soudainement, à l'occasion dequoy
avant que partir on envoya un homme qui l'acheva
de tuer... Ayant Eumenes finy ses jours en ceste
maniera, les Dieux n'establirent autres commissaires
pour venger la desloyaullé des Argyraspides & de
leurs capitaines qui l'avoient trahy, que Antigonus
mesme, lequel les abominant comme cruelz meur-
triers, desloyaux &. perjures aux hommes & aux
Dieux, les consigna à Ibyrtius gouverneur de la
province de Arachosie, luy donnant très exprès
mandement de les perdre & mettre tous à maie fin
en quelque manière que ce fust, tellement que nul
d'eulx ne retournas! jamais en la Macédoine, ny ne
veist la mer de la Grèce. » (ix, f° 416 v°.)
3 H
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 12, 1. 24. Ueschva). Cf. !"£/)// t)wr du XXVIMivre
de Tite-Live par Florus {Epilonie que Montaigne
trouvait certainement dans son édition de Tite-Live) :
« P. Sulpiciis quum in quadam villa lateret, indicio
servi sui retractus, & occisus est, servus, ut prce-
mium promissi indicii haberet, manumissus est,
& obscelus domini proditi de saxo dejectus est.» Le
même fait est relaté chez Valère Ma.xime, \I, \, 7,
mais certainement ce n'est pas par l'intermédiaire de
A'alère Maxime que Montaigne l'a connu.
P. 12, 1. 28. Makmiet second). Cf. Lavardin, His-
toire de Scanderherg : « Deux enfans se trouvèrent,
l'un appelé Tursines, aagé de dix-huict mois; l'autre
Calepin. Le premier fut par le Bassa Moïse suffoqué
à force d'eau, par l'exprès commandement de Maho-
met : lequel sans fléchir des yeux, assista à si exécrable
spectacle. Et ainsi que la mère de l'enfant, détestant
avec urlemens et cris horribles, entremeslez de conti-
nuelles pleurs, cest acte inhumain, donnoit mille
malédictions à l'autheur là présent : le Tyran, pour
appaiser sa belle mère, luy livra entre mains, en
expiation du parricide, celuy qui l'avoit commis :
auquel, de rage, elle transperça d'un couteau, le
cueur devant Mahomet, et luy fouillant dedans le
corps ouvert, le luy arracha, et le jetta aux chiens. »
(F° 253 v°.) Rapprocher aussi Chalcondyle : «Il fit
estouffer son frère avec de l'eau qu'on luy versa tout
à coup et en quantité dans la gorge. » (VH, xi, 495.)
P. 13, 1. 7. Nostre Roy Clms). Cf. Du Raillant^
Histoire des rois de France : « Ledit Cannacare, et ses
frères et enfiins furent livrez entre les mains de Clovis,
par trois de leurs scn-iteurs, qui luy avoient promis
de luy livrer Cannacare, et ses frères et enfans, à
la charge que Clovis leur donneroit à chacun un
corcellet d'or : ce que Clovis leur promit, mais ayant
receu le fruict de leur trahison, il leur envoya des
corcellets de cuivre ou d'airain un peu dorez. Eux se
plaignans de n'estre recompensez de leur juste sallaire,
Clovis les fit pendre, pour donner exemple à tous
autres de ne trahir leurs Princes... » (F" 42.)
P. i},\. 2^. La fiUe à Seyanus). Cf. Tacite, /^hha/m :
«Quia triumvirali supplicio affici virginem inauditum
habebatur, a carnifice, laqueum juxta, compressam.»
(V, IX.)
P. 14, 1. I. Onant le premier Amnraî). Cf. Chal-
condyle : « Il commanda aux pères des Grecs qui
s'estoient rebellez contre luy, & en défaut d'eux,
aux autres parens les plus proches, de les massacrer
en sa présence de leur propre main : à quoy ils
obtempérèrent tous, hormis deux tant seulement
lesquels abhominans l'horreur de ce parricide, eurent
plus cher mourir eux-mesmes, que de se souiller les
mains en leur propre sang; aussi furent ils sur le
champ mis à mort avec leurs enfans. » (I, x, 59.)
P. 14, 1. 9. On dict que Viiitolde). Coste indique
comme source de ce passage : Cromer, de Rebiis
Polon., lib. XVI; mais je ne crois pas que l'allusion
de Montaigne renvoie à cet ouvrage.
P. 14, 1. 20. Sed vident). «Mais qu'il se garde
bien de chercher des prétextes à son parjure. »
(Cicéron, De ojjiciis, III, xxix.)
P. 15, 1. 17. Tinioleon). Cf. une allusion au même
fait dans l'essai I, xxxviii, p. 308, 1. 25.
P. 15, I. 26. Il y députa). Cf. Diodore de Sicile :
« Le sénat fut d'advis d'envoyer Timoleon à Syracuse,
et... luy proposèrent de bien estranges et bien nou-
velles conditions : car ilz luv déclarèrent, que s'il
se portoit bien au gouvernement des S5Tacusains,
ilz prononceoient des Ihors par leur arrest qu'il
avoit tué un tyran : et au contraire s'il s'y portoit
avaricieusement, ilz le jugeoient et condamnoient
comme parricide ayant occis son propre frère. »
(XVI, XXIX, f" 245 r°.)
P. 16, 1. II. Certeines cites s'estoint). Cf. Cicéron,
De officiis : « Non igitur utilis illa L. Philippi Q. F.
sententia, quas civitates L. Sylla pecunia accepta
S. C. liberavisset, ut ère rursus vectigales essent :
neque his pecuniam, quam pro libeilate dederant,
redderemus ei Senatus est assensus turpe imperio. »
(III, xxii; t. IV, p. 388.) ■
P. 16, 1. 24. On a tort). C'est probablement
Cicéron que Montaigne critique ici. Voir deux pas-
sages du De officiis, I, x, et III, xxix, où il soutient
l'opinion contraire à celle de Montaigne. Il faut
rappeler en outre les théories de Machiavel sur ce
sujet {Le Prince, xviii), que Montaigne a déjà combat-
tues longuement dans l'essai II, xvii. Le concile de
Constance avait proclamé qu'on n'était pas tenu de
LIVRE III, CHAPITRE I.
36s
garder sa foi aux ennemis de la foi. La question est
discutée autour de Montaigne chez Gentillet, Discours
sur les tiloyens de bien gouverner, et surtout avec beau-
coup d'ampleur dans la République de Bodin, V, vi.
P. 17, 1. 8. Quasi vero). «Comme si la violence
pouvait rien sur un homme de cœur. » (Cicéron,
De officiis, III, xxx.)
P. 17, 1. 12. J'ay autrefois). Cf. l'essai II, xxxvi,
à la fin. Montaigne répète ici quelques-unes des
idées qu'il a déjà exprimées dans cet essai, idées
qu'il devait à Plutarque, De l'esprit fauiilier de Socrale.
P. 18, 1. 6. L'un dict aux Mauunertins). Cf. Plu-
tarque, Vie de Pompée : « Les Mamertins voulurent
décliner son tribunal & sa jurisdiction, alleguans
qu'ilz en avoient privilèges exprès & anciene ordon-
nance du peuple Romain, & il leur respondit en
choiera : Nous alléguerez vous meshuy les loix, à
nous qui avons les espees au costé ? » (m, f° 436 v°.)
P. 18, 1. 7. L'autre, au Tribun du peuple). Li.,
Vie de César : « Comme l'un des Tribuns du peuple,
Metellus, le voulust empescher de prendre de l'argent
es coifres du trésor & espargne publique, & luy
alleguast quelques loix qui le defendoient, il luy
respondit. Que le temps des armes & le temps des
loix estoient deux. » (xi, f° 504 v°.)
P. 18, 1. 9. Le tiers, que le bruit). Id., Vie de
Marins : « On compte que quelquefois comme il
eust donné droit de bourgeoisie Romaine à mille
hommes Camerins tout à un coup, pour ce qu'ilz
s'estoient fort bien & vaillamment portez en une
guerre, il y eut quelques uns qui l'en accusèrent,
disans que c'estoit chose faitte contre toutes les loix.
Il leur respondit, que pour le bruit des armes il
n'avoit pas peu ouir les loix. » (x, f° 295 v".)
P. 18, 1. II. De ses ennemis). Des Lacédémoniens.
Cf. Plutarque, Les dits notables des Lacédémoniens
(f° 216 v° et f° 226 v°.)
P. 18, 1. 15. Quelque chose illicite). Souvenir de
Sénèque qui dit de Fabricius dans les Épîtres : « Admi-
rati sumus ingentem virum, quem non régis, non
contra regem promissa flexissent, boni exempli tena-
cem, quod difficillimum est, in bello innocentem,
qui aliquod esse crederet etiam in iiostes nefas. »
(Ép. 120.)
P. 18, 1. 16. Manente nicmoria). «Le souvenir du
droit privé subsistant même au milieu des dissensions
publiques. » (Tite-Live, XX\', xviii.)
P. 18, 1. 18. & nulla potentia). «Nulle puissance
ne peut autoriser l'infraction des droits de l'amitié. »
(Ovide, De Ponto, I, vu, 37.)
P. 18, 1. 21. Non enim patria). «Car les devoirs
envers la patrie n'étouffent pas les autres devoirs,
et à elle-même il lui importe que les citoj^ens se
conduisent bien envers leurs parents. » (Cicéron,
De officiis, III, xxiii.) Le texte de Cicéron dont
Montaigne change sensiblement la portée est le sui-
vant : « Non igitur patria prœstat omnibus officiis.
Imo vero : sed ipsi patriœ conducit pios habere cives
in parentes. » (IV, p. 388.)
P. 19, 1. 7. De celle autre ame). De Jules César
auquel Lucain prête les vers suivants.
P. 19, 1. 8. Dum tela micant). «Tant que l'épée
brillera à vos yeux, chassez toute pitié de vos cœurs;
que la vue même de vos pères dans le camp opposé
ne vous arrête pas, frappez du fer ces têtes vénérables. »
(Lucain, VII, 320.)
P. 19, 1. 15. Un soldat de Ponipcius). Cf. Tacite,
Histoires : « Prcelio, quo apud Janiculum adversùm
Cinnam pugnatum est, Pompeianus miles fratrem
suum, dein, cognito facinore, seipsum interfecit. »
(III, Li, 445.) Les moralistes contemporains rappel-
lent volontiers les aventures des guerres civiles de
Rome pour les comparer aux cruautés des guerres
civiles du xvi" siècle. La Noue, par exemple, raconte
qu'un gentilhomme lui a rapporté qu'à Frezin, « il
y eut un soldat walon qui s'estant trouvé dedans
fut fait prisonnier, et comme le supérieur eust
commandé qu'on tuast tout, le propre frère dudit
soldat qui estoit au camp espagnol s'avança, et
monstrant une contenance cruelle dit, Il ne faut
point que ce meschant traistre à son roy meure
d'autres mains que les miennes : et son ire ne fut
point assouvie, qu'après luy avoir passé l'espée dans
les entrailles, encore que pitoyablement il se pros-
ternast devant luy... On lit qu'aux guerres civiles de
Sylla un soldat romain ayant tué en un cofribat son
ennemy, en le despouillant recognut que c'estoit son
frère qui tenoit le parti contraire. Ce que voyant il
3 66
ESSAIS DE MONTAIGNE.
fut saisi de telle douleur, et eut si grand despit contre
son ignorance infortunée, que luy-mesme se trans-
perça de son espée et tomba sur le corps de l'autre.
Et combien que le siècle d'alors fust fort corrompu,
toutes-fois plusieurs louèrent la furieuse piété de
ce pauvre payen, mais l'acte de nostre chrestien
moderne, que j'ay recité, si dissemblable de l'autre, et
qui devroit estre mis en oubly, n'eut par aventure pas
moins d'approbateurs». {Discours politiques, XIX.)
P. 19, 1. 18. Un soldat, pour avoir lue sou frère).
Tacite, Histoires : « Celeberrimos auctores habeo,
tantam victoribus adversus fas nefdsque irreverentiam
fuisse, ut gregarius eques, occisum à se proxima acie
fratrem professus, pn-emium à ducibus petierit. »
(III, LI, 444.)
P. 19, 1. 23. Omnia). «Toutes choses ne convien-
nent pas également à tous. » (Properce, III, i.\, 7.)
Chapitre II.
DV REPENTIR.
P. 21, 1. 3. CoiHine disoit Démodes). Cf. Plutarque,
Vie de Demosthene : « Demades, lequel se voulant
justifier de ce qu'il avoit tourné sa robbe en matière
de gouvernement de la chose publique, dit qu'il
s'estoit bien contredit à soymesme assez de fois selon
les occurences des affaires mais contre le bien de la
chose publique, jamais. « (m, f° 586.)
P. 21, 1. 8. Populaire & pi'ivàj. On retrouvera de
semblables déclarations dans l'essai III, xiii.
P. 23, 1. 2. Adjonstant tousjotirs). Rapprocher ce
ique dit Montaigne dans les essais I, lvi, et II, m.
P. 23, 1. 10. Par bestise et ignorance). Dans l'essai II,
XII, Montaigne dit de cette idée : « Si cela est vray,
cela est subject à une longue interprétation.» (P. 140.)
P. 2^, 1. II. La malice). Cf. Sénèque, Épitres :
' « Quemadmodum Attalus noster dicere solebat, ma-
litia ipsa maximam partem veneni sui bibit.» (Ép. 81,
p. 87.)
P. 23, 1. 12. Le vice laisse). Cf. Plutarque, De la
tranquillité de l'âme : «Le remords de la conscience...
laisse comme un ulcère en la chair, une repentance en
l'ame qui tousjours s'egrattigne & s'ensanglante elle
mesme : car la raison oste eiface les autffes tristesses
angoisses & douleurs, mais elle engendre celle de la
repentance, laquelle le mord avec honte, & le punit
elle mesme : car ainsi comme ceulx qui tremblent de
froid ou bruslent de chauld en fièvre, en sont plus
afiîigez & plus tourmentez que ceulx qui souffrent les
mesmes passions par causes extérieures de froideur
d'hyver, ou de chaleur d'esté : aussi les mesadventures
fortuites & casuelles apportent des douleurs plus
légères, comme venans du dehors. » (ix, f° 75 v°.)
P. 24, 1. 15. Oiix fuerant vitia). «Les vices
d'autrefois sont devenus les mœurs d'aujourd'hui. »
(Sénèque, ép. 39.)
P. 25, 1. 13. Tiw tibi). «C'est à votre jugement
que vous devez avoir recours. » (Cicéron, Tuscu-
lanes, I, xxiii.)
P. 25, 1. 14. Firttitis et vitiorum). « Le témoignage
intérieur que se rend le vice ou la vertu est d'un
grand poids. Otez cette conscience, il ne reste plus
rien. » (Cicéron, De natura deoriim, III, xxxv.)
P. 25, 1. 25. Onz tnens est hodie). «Que ne pen-
sais-je dans mon jeune temps ce que je pense
aujourd'hui ! ou pourquoi, avec mes sentiments
d'aujourd'hui, mes joues ne retrouvent-elles le duvet
de la jeunesse ! » (Horace, Odes, IV, x, 7.)
P. 26, 1. 7. Bias). Cf. Plutarque, Le bancqiiet des
sept sages : « Bias après : en laquelle (maison), dit-il,
le maistre est tel au dedans par luj- mesme, comme
il est au dehors par la crainte de la loy. » (xii,
f" 155 VO.)
P. 26, 1. 10. Jiiliiis Drnsiis). Id., Instruction pour
ceux qui manient affaires d'estat : « Pourtant à bon
droict fut grandement loué Julius Drusus, Sénateur
Romain, de ce qu'il respondit à quelques ouvriers,
qui luy promettoient de faire en sorte, s'il vouloit,
que ses voisins qui decouvroient & voioient en plu-
sieurs endroits de sa maison, n'auroiejit plus nulle-
ment de veuë sur luy, & ne luy cousteroit que trois
mille escus seulement : Mais je vous en donneray
six mille, dit-il, & fliittes en sorte que Ion voye
dedans ma maison de tous costez, à fin que tous
ceulx de la ville voyent & sçachent comment je vis :
car c'estoit un personnage grave, honeste Se sage. »
(iv, f° 162 v".)
368
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
P. 26, 1. 14. On remarque avec). Id., Vie d'A^c-
silas : « Quand il alloit seul avec son train par les
champs, il logeoit tousjours dedans les plus saincts
temples des Dieux, voulant que les Dieux mesmes
fussent tesmoings de ce qu'il faisoit en son privé. »
(v, {" 423 ro.)
P. 26, 1. 18. Peu d'hommes). Rapprocher Plutarque,
Vie de PéricUs : « Il est vray qu'en une vraye vertu
entière cela est toujours le plus beau qui est le plus
apparent, et il n'y a rien es gens de bien et d'hon-
neur que les estrangers trouvent si admirable comme
leurs domestiques qui sont tousjours à l'entour
d'eulx trouvent leur vie ordinaire. » (vu.) Cicéron
dit dans le De pclitione consolatns : « \'erior fama e
domesticis émanât. »
P. 26, 1. 20. Nul a este projeté). Souvenir de
saint Luc : « Amen, dico vobis, quia nemo propheta
acceptus est in patria sua. » (iv, verset 24.)
P. 27, 1. 17. Dict Arislole). Morale à Nicomaque,
X, vu.
P. 27, 1. 23. Je conçois aisément). \o\x essai III, xii.
P. 29, 1. 3. Sic nhi desuetœ). «Ainsi lorsque les
bêtes sauvages, déshabituées de leurs forêts, se sont
adoucies dans leur captivité, et que quittant leur mine
menaçante elles soilfFrent enfin l'empire de l'iiomme;
si une goutte de sang vient à toucher leurs lèvres
ardentes, leur rage et leur férocité aussitôt se réveille;
au goût du sang leur gosier se gonfle, elles brûlent
de s'assouvir, et c'est à peine si dans leur rage, elles
se retiennent de déchirer leur maître épouvanté. »
(Lucain, IV, 237.) Toutes les éditions.que j'ai consul-
tées présentent, au premier vers, la leçon «clauso^K
P. 29, 1. 10. Le langage latin m'est comme naturel).
Sur la manière dont Montaigne a appris le latin,
voyez la fin de l'essai I, xxvi. Pour Ici pensée, on
peut rapprocher la scène bien connue de l'écolier
limousin chez Rabelais, II, vi.
P. 32, 1. 3. Z.fl secte de Pythagoras). Cf. Séncquc :
«Pythagoras ait, alium animum fieri intrantibus tem-
plum, deorûmque simulacra ex vicino cerncntibus,
& alicujus oraculi operientibus vocem. » (Ép. 94,
p. 226.) Voir aussi Plutarque, Des oracles qui ont
cessé, v, {'• 338 r".
P. 34, 1. 7. Phocion). Cf. Plutarque, Les dicts
notables des anciens Roys, Princes & grands Capitaines :
« Phocion accomparoit ses propos (de Leosthenes)
aux C5'prés : Car ils sont, disoit il, beaux, droicts
& haults, mais ils ne portent point de fruict.
Et comme neantmoins les premiers rencontres en
eussent esté heureuses, & la ville en feist sacrifices
aux Dieux pour les bonnes nouvelles, quelqu'un
luy demanda : Et bien Phocion, es tu content que
cecy ait esté faict ? Bien suis-je content, dit il, que
cecy soit ainsi advenu, mais je ne me repens point
d'avoir conseillé cela. » (F° 197 v°.)
P. 35, 1. 13. Dans l'cncheineurc). A ce sujet voir
entre autres Cicéron, De fato, ix.
P. 35, 1. 17. Celuy qui disoit). Cf. Plutarque, Que
l'on ne scaiiroit vivre joyeusement selon la doctrine
d'Epicurus : « (Epicurus estoit) en cela bien loing
de la sentence du sage Sophocles, lequel disoit, qu'il
estoit bien aise d'estre eschappé des liens de l'amour
& de la volupté, comme du joug & de la chaîne
d'un maistre violent & furieux. » (ix, f*" 2S3 r'\)
et. aussi Cicéron, De senectute, xiv, où la même
opinion est attribuée à Sophocle. Sénèque l'exprime
aussi quelquefois pour son propre compte. Cf. par
exemple l'épître 12. Il est vrai qu'en d'autres endroits
(ép. 26 par exemple), il déclare, comme Montaigne,
qu'on ne doit pas compter pour progrès moral les
amendements que nous devons seulement à l'âge.
P. 55, 1. 20. Kec tam aversa). «Et on ne verra
jamais la Providence si ennemie de son œuvre que
la fiiblesse soit mise au rang des meilleures choses. »
(Quintilien, Institution oratoire, \, xii.)
P. 36, 1. 9. Elle s'est affoiblie et empiréc). Pour la
même idée', cf. l'essai II, xvii, pp. 77-78.
P. 37, 1. I. La santé m'advertit). Pour la même
idée, cf. l'essai III, ix.
P. 37, 1. 7. Conic disoit Aniistbencs). Cf. Diogène
Laërce, Vie d'Autisthcne : « Rogatus quidnam apud
homines esset beatissimum : Felicem, inquit, mori.»
(VI, V, 349.)
P. 38, 1. 24. J'oscrois croire). Xénophon exprime
le même avis dans son Apologie de Socrale.
Chapitre III.
DE TROIS COMMERCES.
P. 40, 1. 6. Huic versatile). « Il avait l'esprit si
souple à se plier également à toutes occupations que,
quelle que fût celle qu'il entreprît, on eût dit qu'il
était uniquement né pour celle-là. » (Tite-Live,
XXXIX, XL.)
P. 41, 1. 4. Vitin otij). «Il faut échapper par le
travail aux vices de l'oisiveté. » (Sénèque, ép. 56.)
Voici le texte de Sénèque : « Nihilque tam certum
est, quam ocii vitia negocio discuti. » (P. 139.)
P. 41, 1. 16. Onihns vivere). «Pour elles, vivre
c'est penser. » (Cicéron, Tusculanes, V, xxxviii.)
« Loquor de docte homine cui vivere est cogitare »,
dit Cicéron.
P. 41, I. 19. Dict Aristote). Dans la Morale à
Nicomaxjue, X, wii. Cf. aussi Cicéron, De fiuihiis, V,
IV, où il est dit qu'Aristote et Théophraste ont
préféré la méditation à toute autre occupation, la
méditation « quiv: quia deorum erat vitae simillima
sapiente visa est dignissima ».
P. 42, 1. II. Une lourde ignorance). Sur ce sujet
cf surtout l'essai II, xvii, 436.
P. 42, I. 21. Est loitte sapiance insipide). Cette idée
est fortement exprimée chez Sénèque, ép. 14, et
surtout ép. 103.
P. 43, 1. I. Selon qu'on peut). Cf. Xénophon,
Mémorables : « Quapropter illud quoque carmen
commendabat : secundum quod potes immortalibus
diis sacrificia offeras. Erga etiam amicos aut hospites,
casteramque vitam, optimam hanc admonitionem
esse aiebat : Secundum quod potes agas. » Rappelons
que sur plusieurs de ses volumes (Pétrarque, Hebreo)
Montaigne a écrit sous le titre : « Mentre si puo. »
P. 43, 1. 24. Comme disait cet antien). Cf. Plutarque,
De la pluralité d'amis: «L'amitié est bien par manière
de dire beste de comp.ignie, mais non pas de trouppe.»
(11, f° 103 v°.)
P. 43, 1. 25. Scrvile prudence). Pour le développe-
ment de ces idées, voir l'essai De l'amitié, I, xxviii.
P. 44, 1. 12. Le conseil de Platon). Dans les Lois :
« Alloquutlo omnis ad servos quodam modo impe-
rium sit, neque jocus ullus cum ipsis seu fteminis
sive masculis habeatur. » (vi, 777-778; éd. de 1546,
p. 818.)
P. 44, 1. 20. Narras). « Vous me contez la généa-
logie d'Eacus, et les combats livrés sous les murs sacrés
d'Ilion, mais vous ne me dites pas à quel prix sera le
vin de Chio, quel esclave chauffera mon bain, ni chez
quel hôte et à quelle heure je me mettrai à l'abri du
froid des Pélignes. » (Horace, Odes, III, xix, 3.)
P. 44, 1. 26. Comme la vaillance Lacedemonienne) .
Cf. Plutarque, Comment il fault refréner la cholere :
« C'est pourquoy les Lacedemoniens ostent avec le
son des flûste la cholere à leurs gens, quand ils vont
combattre. » (x, f" 59 v".)
P. 45, I. 8. Favcllar in punta di forchella). Parler
sur la pointe d'une fourchette (c'est-à-dire parler
d'une manière subtile et recherchée).
P. 45, 1. 10. D'y reserver l'ordre). C'est l'idée que
Montaigne développera longuement au début de
l'essai III, viii. Il y expliquera que l'ordre est le
secret de « l'art de conférer » .
P. 45, 1. 12. Les sçavans). Encore la critique du
pédantisme que Montaigne fait surtout dans les
essais I, xxv; I, xxvi; IH, viii.
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 45, 1. i8. Hoc serwonc pavent). «C'est dans ce
Style qu'elles expriment leur crainte, leur colère,
leur joie, leur chagrin, et jusqu'à leurs plus secrètes
pensées. Que dirai-je encore ? elles se pâment doc-
tement. » (Juvénal, vi, 189.) Le texte de Juvénal
est au dernier vers : « Concumhunt grœce. »
P. 45, 1. 28. De capsula totœ). « Elles ont l'air de
sortir d'une boîte.» D'après Sénèque, épître 115,
qui avait dit des petits maîtres du temps : « Nosti
complures juvenes barba et coma nitidos, de capsula
totos. »
P. 47, 1. 16. Trefve de cérémonie). Rapprocher la
fin de l'essai I, xiii, 57.
P. 48, 1. 5. Hyppomachiis). Cf. Plutarque, Vie de
Dion : « Un certain maistre de lucte & d'escrime,
nommé H3''ppomachus, disoit qu'il cognoissoit bien
de tout loing ceulx qui avoient appris ces exercices
du corps soubz luy, à les veoir tant seulement
revenir du marché apportans de la chair en leurs
mains. » (i, f° 669 v°.)
P. 48, 1. 19. Nain nos qitoque ocnlos). «Car, nous
aussi nous avons des yeux qui s'y connaissent. »
(Cicéron, Paradoxes, V, 11.)
P. 48. 1. 28. Oiiiciinqne Argolica). « Quiconque
de la flotte grecque s'est sauvé d'entre les rochers
de Capharée, détourne toujours ses voiles des eaux
de l'Eubée. » (Ovide, Tristes, I, i, 83.)
P. 49, 1. 27. Neqiie affectiii siio). « Incapables d'at-
tachement, insensibles à celui des autres. » (Tacite,
Annales, XIII, xlv.)
P. 50, 1. I. Suivant la persuasion de Lysias). Cf.
Platon au commencement du Phèdre. Socrate réfute
par la suite ces principes posés par Lysias.
P. 51, 1. 3. Par la difficulté). Cf. à ce sujet
l'essai II, xv, et spécialement la note p. 388, 1. 16.
P. 51, 1. 4. La façon de l'empereur Tibère). Cf.
Tacite, Annales : « In his modestam pueritiam, in
aliis imagines majorum, incitanientum cupidinis
habebat. » (VI, i, 154.)
P. 51, 1. 6. La courtisane Flora). C'est Antoine
de Guevara qui a vulgarisé cette histoire dans une
de ses Epttrcs doras où il parle longuement de trois
courtisanes anciennes : Lamis, Lais et Flora. (Cf.
éd. de 1565, f° 149 v°.) Je la retrouve dans les TfwtoVw
prodigieuses de Bouaystuau (éd. de 1567, f" 85 i-°),
qui copie textuellement Guevara; dans les Dames
galantes de Brantôme (t. IX, p. 300); etc.. D'après
ces auteurs, Flora avait placé à sa porte un écriteau
qui disait : « Roy, Prince, Dictateur, Consul, Cen-
seur, Pontife et Questeur, pourront heurter et entrer
céans. » (^Épîtres dorées, f° 149 v°.)
P. 51, 1. 20. Ches le grand seignur). Cf. Guillaume
Postel, Histoire des Turcs : « Ces jeunes gens icy,
ne sont de plus haut aage que de vingt ou vingt et
deux ans pour le plus, tous beaux jeunes hommes
esclaves... » (Ed. de 1560, 3'' partie, p. 3.)
P. 51, 1. 23. Les offices d'amitié). Dans l'essai I,
xxvin, Montaigne a déclaré qu'aucune femme ne
s'estait encore élevée à la vraie amitié.
P. 52, 1. 12. // a beau aller à pied). Rapprocher
Rabelais : « Les Philosophes disent soy pour mener
près la mer, et naviguer près la terre estre chose
moult seure et délectable : comme aller à pied, quand
l'on tient son cheval par la bride. » (FV', xxiii.)
P. 52, 1. 13. Nostre Jacques). Cf. Olivier de la Mar-
che, Mémoires : « Le Roy Jaques de Xaples, se tira, des
Italies, au pais de Bourgongne, au lieu de Besançon :
& me souvient que les gens d'église de la vile de
Pontarli, ensemble les nobles, les bourgeois, & mar-
chans, firent une congrégation & une assemblée,
par procession, pour aler au-devant du Roy Jaques
qui venoit en ladicte ville : &; y mena le maistre de
l'escole ses escoliers : duquel nombre j'estoye : & ay
bien mémoire que le Roy se faisoit porter, par
hommes, en une civière, en quoy l'on porte les
fiens & les ordures communément : & estoit le Roy
demy-couché, demy-levé, & appuyé à l'encontre
d'un pauvre méchant derompu oreillier de plume.
Il avoir vestu, pour toute parure, une longue robe
d'un gris de trespetit pris : & estoit ceint d'une corde
nouée, à façon de Cordelier : & en son chef avoit
un gros blanc bonnet (que l'on appelle une cale)
nouée par dessous le menton : &: de sa personne il
estoit grand Chevalier, moult beau, & moult bien
formé de tous membres. Il avoit le visage blond
& agréable : pouvoir avoir environ quarante ans
d'aage : & après luy venoyent quatre Cordeliers de
l'observance, que l'on disoit moult grans clercs,
LIVRE III, CHAPITRE III.
371
& de saincte vie : & iipres iccux, un peu sur le loing,
venoit son estât : ou il pouvoit avoir deux cens
chevaux : dont il y avoir litière, chariot couvert,
haquenees, mules & mulets, dorés &; enharnachés
honnorablement. Il avoit sommiers couverts de ses
armes, & nobles hommes & serviteurs trèshien
vestus & en bon poinct : & en celle pompe humble
& dévote ordonnance, entra le Roi Jaques en la
vile de Pontarli. » (P. 78.)
P. 54, 1. 5. Magna scrvitus est). «Une grande
fortune est une grande servitude, d (Sénèque, Conso-
latio ad Polybiiiiu, xxvi.)
Chapitre IV.
DE LA DIVERSION.
P. 56, TITRE. On remarquera combien la méthode
morale exposée dans cet essai en vue de purger les
passions diffère de celle que Montaigne semble s'être
d'abord proposée. Gf. les essais I, xiv, I, xx, etc.
En lisant les Tiisculancs, III, xxxi, et III, xxxii, on
verra que cette méthode est très voisine de celle
d'Epicure, et que Montaigne, en la prêchant, se
sépare non seulement de la méthode des stoïciens,
mais même de celle des péripatéticiens que préconise
Cicéron.
P. 56, 1. 3. Uherihus semper). «Une femme tient
toujours en réserve des larmes abondantes toujours
prêtes à couler, et -qui n'attendent qu'un signal de
sa part. » (Juvénal, vi, 272.)
P. 57, 1. 8. Corne Cleanthcs). Cf. Cicéron, Tiiscu-
lancs : « Sunt qui unum officium consolantis putent,
malum illud omnino non esse, ut Cleanthi placet.
Sunt qui non magnum malum, ut Peripatetici.
Sunt qui abducunt à malis ad bona, ut Epicurus.
Sunt qui satis putant ostendere nihil inopinati acci-
disse, nihil mali. Chr3'sippus autem caput esse censet
in consolando detrahere illam opinionem mœrenti,
se oflîcio fungi pulet justo atque debito. Sunt etiam
qui haec omnia gênera consolandi colligunt : alius
enim alio modo movetur, ut ferè nos omnia in
consolationem unam conjecimus. » (III, xxxi; t. W,
p. 152.)
P. 57, 1. 19. AiUeurs). Allusion à l'essai II, xxxiii.
Voir en particulier la fin de cet essai.
P. 57, 1. 20. L'usage des viiliteres). Il y a peut-être
ici chez Montaigne, qui ne semble pas lire Plutarque
entre 1588 et 1592, une réminiscence imprécise du
passage de la Vie de Pcn'clès que voici : « Et pourtant
Pericles relaschant encore plus alors la bride au
peuple, faisoit toutes choses pour luy aggreer & com-
plaire, donnant ordre qu'il y eust tousjours en la
ville quelques jeux, quelques festes, banquets &: passe-
temps publiques, pour entretenir la commune de
telz plaisirs honnestes : &; oultre cela, il envoyoit
tous les ans à la guerre une armée de soixante galè-
res, sur lesquelles y avoir bon nombre de pauvres
citoiens, qui neuf mois de l'an durant prenoient soude
du public, & quand & quand s'apprenoient & s'exer-
citoient à l'expérience de la marine. D'avantage il
envoya au pais de la Cherronese mille bourgeois
pour y habiter, & departer les terres entre eulx,
cinq cents en l'isle de Naxe, en celle d'Andros deux
cents cinquante, en la Thrace mille, pour habiter
avec les Bisaltes, & d'autres en Italie quand la cité
de Sybaris fut rebastie, qui depuis fut surnommée
la ville des Thuriens : ce qu'il faisoit pour descharger
la ville d'une multitude oisive, qui pour son oisiveté
estoit curieuse & désireuse de choses nouvelles,
& aussi pour prouveoir à la nécessité des pauvres
bourgeois qui n'avoient rien, avec ce que en logeant
ainsi des naturelz citoiens d'Athènes auprès de leurs
subjects ou alliez, ce leur estoit comme une garnison
qui les tenoit en bride, «Se les gardoit d'attenter
aucune nouvelleté. » (xxii, f" 108 r°.)
P. 57, 1. 23. Le Sieur de Hiinbercourl). Cf. Com-
mines. Mémoires, II, m.
P. 58, 1. 31. Obstupuil virgo). «La jeune fille est
saisie d'étonnement, et, séduite par le fruit brillant,
elle se détourne de sa course et ramasse l'or qui
LIVRE III, CHAPITRE IV
roule à ses pieds. » (Ovide, Mctaiiwrpboses, X, 666.')
C'est sans doute d'Ovide que Montaigne a pris tout
ce conte.
P. 59, I. 7. Ahdiicendus). «Il faut même parfois
détourner l'âme vers d'autres goûts, d'autres préoccu-
pations, d'autres soins, d'autres travaux; souvent
même on doit essayer de la guérir par le changement
de lieu, comme les malades qui ne sauraient autre-
ment recouvrer la santé. » (Cicéron, Tusculanes, IV,
XXXV.) Le texte est celui de l'édition de Paris 1538.
P. 59, 1. 18. Les disciples de Hegesias). Cf. Cicéron,
Tusculanes : « Hoc quidem à Cyrenaico Hegesia sic
copiose disputatur, ut is à Rege Ptolemœo prohibitus
esse dicatur illa in scholis dicere, quo multi his
auditis mortem sibiipsi consciscerent. » (I, xxxiv;
t. I\', p. 121.) Cf. aussi Valère Maxime, VIII, ix,
ext. 3.
P. éo, 1. 7. Siibrius Flavius). Cf. Tacite, Annales :
« Is proximo in agro scrobem eftbdi jussit, quem
Flavius ut humilem & angustum increpans, circum-
stantibus militibus : Ne hoc quidem, inquit, ex
disciplina; admonitus fortiter protenderc cervicem :
Utinam, ait, tu tam fortiter ferias. Et ille multuni
tremens, cùni vix duobus ictihus caput amputa-
visset... » (XV, Lxvii, 313.)
P. éo, 1. 25. Pour L. Syllanus). Id., ibid. : « A cen-
turione ad cxdem misso corripitur. Suadentique
venas abrumpere, animum quidem morti destinatum
ait, sed non permittere percussori gloriam ministerii.
At centurio quanivis inermem, prievalidum tamen
& ira; quàm timori propiorem cernens, premi à mili-
tibus jubet. Nec omisir Silanus obniti, <Sc intendere
ictus quantum manibus nudis valebat, donec à centu-
rione vulneribus adversis tanquam in pugna caderet.»
(XVI, IX, 321.)
P. 61, 1. 8. Spcro). «J'espère, pour moi, que, si
les dieux justes ont quelque pouvoir, tu trouveras
ton supplice parmi les écueils et qu'en expirant tu
invoqueras le nom de Didon... Je le saurai : le bruit
en viendra jusqu'à moi dans le séjour des mânes. »
(Virgile, Enéide, IV, 382, 387.)
P. éi, 1. 12. Xenophon). Cf. Diogène Laërce,
Vie de Xénoplion : « Porrô Grj-llus... dimicans (erat
autem ea pugna circa Mantineam) honesta morte
defungitur... Fertur Xenophon tune coronatus sacri-
ficasse, & cùm filium cormisse didicisset coronam
deposuisse : ubi verô acriter pugnantem oppetisse
comperit, eam rursus capiti imposuisse. » (II, liv,
129.) Cf. aussi Valère Maxime, IV, x, ext. 2; Stobée,
sermo 7, et sermo 106.
P. 61, 1. 16. Epicurus). Cf. Diogène Laërce, Vie
d'Epicurc, X, xxii, et Cicéron, De finibus, II, xxx.
En 1580, Montaigne avait cité d'après Cicéron la
lettre à Hermachus à laquelle il fait ici allusion.
Cf l'essai II, xvi.
P. éi, 1. 17. Oniues clari). «Tous les travaux
accompagnés de gloire et de réputation sont faciles
à supporter. » (Cicéron, Tusculanes, II, xxiv.)
P. 61, 1. 17. Et la inesme plaie). Id., ibid. : « Sem-
per Aphricanus Socraticum Xenophontem in manibus
habehat, cujus in primis laudabat illud quod diceret,
eosdem labores non esse ceque graves Imperatori
& militi, quod ipse honos laborem leviorem faceret
imperatorium. » (II, xxvi; t. IV, p. 138.)
P. 61, 1. 19. Epaniinondas). Id., ibid. : «Num tum
ingemuisse Epaminondam putas, cum una cum
sanguine vitam effluere sentiret? Imperantem enim
patriam Laceda;moniis relinquebat, quam acceperat
servientem. » (II, xxiv.)
P. éi, 1. 20. Hœc sunt solatia). «Voilà les consola-
tions, voilà les calmants des plus grandes douleurs. »
(Id. ibid., II, XXIV.)
P. 62, 1. I. Nul mal). Cf. Sénèque, Épîtres :
«Libet... ridere ineptias Graecas. Zeno noster hac
collectione utitur. Nullum malum gloriosum est,
mors autem gloriosa est, mors ergo non est malum.»
(Ép. 82, p. 188.)
P. 62, 1. 2. Nul ne fie). Id., ibid. : « Vult nos ab
ebrietate deterrere Zenon, vir maximus, hujus sectje
fortissimo ac sanctissima: conditor. Audi ergo quem-
admodum coUigit, virum bonum non futurum
ebrium. Ebrio secretum sermonem nemo committit,
viro autem bono committit : ergo vir bonus ebrius
non erit. » (Ép. 83, p. 192.)
P. 62, 1. 22. Cum niorosa). « Lorsque vous serez
tourmenté par les plus violents désirs. » (Perse,
Satires, vi, 73.)
P. 62, 1. 23. Ccnjicito). « Déchargez votre humeur
374
ESSAIS DE MONTAIGNE.
sur le premier objet qui se rencontre. » (Lucrèce, IV,
1062.) Le texte de Lucrèce est :
« Et jdcerc humorem conlectum in corpora quœque. »
P. 62, \. 26. Si non prima). « Si vous ne mêlez
à ses premiers coups de nouvelles blessures, et que
vous n'effaciez ses premières impressions, en laissant
errer vos caprices. » (Lucrèce, IV, 1063.)
P. 63, 1. 20. // n'attrihnoit). Cf. Cicéron, Tnscu-
laïu's : « Nam neque vetustate minui mala, nec fieri
prœmeditata leviora, stultàmque etiam esse medita-
tionem futuri mali, aut fortasse ne futur! quidem. »
(III, xv; t. IV, p. 144.)
P. 63, 1. 23. Alcibiadcs). Cf. Plutarque, Vie d'Alci-
biade : « Il avoit un chien beau & grand à merveilles,
qui luy avoit cousté 700 escus, il luy couppa la
cueuë, qui estoit la plus belle partie qu'il eust :
dequoy ses familiers le tenserent fort, disans qu'il
avoit donné à parler à tout le monde. & que chascun
le blasmoit fort d'avoir ainsi diffamé un si beau chien.
II ne s'en feit que rire & leur dit. C'est tout ce que
je demande : car je veux que les Athéniens aillent
cacquetant de cela, à fin qu'ilz ne dient rien pis de
moy. » (xiv, f" 133 r°.)
P. 64, 1. 12. FoHicuJos). «Comme ces enveloppes
légères dont les cigales se dépouillent en été. >>
(Lucrèce, V, 801.)
P. 64, 1. 14. Plutarque viesme). Dans la Consolation
envoyée à sa femme sur la mort de sa fille : « Oultre
l'amour paternelle que Ion a communément envers
ses petits enfans, encore y avoit il en elle une pointe
particulière qui me la faisoit plus chèrement aimer,
c'est qu'elle me donnoit du plaisir sans que j'aper-
ceusse jamais en elle aucune cholere, ny aucune
mignardise : car elle avoit une doulceur & bonté
naturelle merveilleuse : & ce qu'elle s'efforçoit de
monstrer qu'elle aimoit ceulx qui l'aimoient, & s'es-
tudioit de leur complaire, me donnoit du plaisir,
& ensemble cognoissance d'une grande debonnaireté
que nature avoit mise en elle : car elle prioit sa
nourrice de donner la mammelle non seulement aux
autres petits enfans qui jouoient avec elle, mais au.ssi
aux pouppees & autres jouets d'enfans, dont elle se
jouoit, comme faisant part de sa table par humanité,
& communiquant ce qu'elle avoit de plus agréable
à ceulx qui luy donnoient plaisir. » (i, f° 256 r°.)
P. 64, 1. 16. La robe de Ciesar). Cf. Plutarque,
Vie d'Antonins, iv, î" 634 v°.
P. 64, 1. 27. His se stimulis). « Par ces aiguillons
la douleur s'excite elle-même. » (Lucain, II, 42.)
P. 65, 1. 4. Ce bo}i empereur). Tibère. Cf. Suétone,
Vie de Tibère, lxii.
P. 65, 1. 20. Polenion). Cf. Diogène Laërce, Vie
de Polcmon : « Quin a cane rabioso impeditus dum
suram morsu discerperet, ne expalluit quidem... In
theatris quoque nulla miseratione movebatur. Nico-
strato enim, qui cognominabatur Clytemnestra, poëta
quiddam sibi Cratique recitante, illôque in afîectum
commiserationis translato, hic ita perseveravit, ac si
non audivisset. » (IV, xvii, 25e.)
P. 66, 1. 14. Monsieur de Gramoni). Philibert,
comte de Gramont et de Guiche, qui avait épousé
en 1567 la belle Corisande d'Andouins, à laquelle
Montaigne venait de dédier dans les Essais de 1580
(I, xxix) vingt-neuf sonnets de son ami La Boétie.
Le comte de Gramont blessé le 2 août d'une mous-
quetade mourut quatre jours plus tard.
P. 66, 1. 19. Ouintilian dict). Dans ['Institution
oratoire : « Yidi ego scepe histriones atque comœdos,
cùm ex aliquo graviore actu personam deposuissent,
flentes adhuc egredi... Quibus ipse, quantuscumque
su m, aut fui... fréquenter motus sum, ut me non
lacrj'maï solùm deprehenderint, sed pallor, & vero
similis dolor. » (VI, 11, à la fin.)
P. 66, 1. 24. Font le prestre martin). Expression
proverbiale fondée sur le conte d'un prêtre, nommé
Martin, qui faisait la fonction de prêtre et de clerc
en disant la messe. On lit dans Y Apologie pour Héro-
dote d'Henri Estienne, XXXIII, i : « Il n'avoit qu'a
respondre qu'alors ils estoyent prebstre Martin chan-
tans et respondans. » (Éd. de 1566, p. 477.) Cf.
encore Tabourot, Les Touches, 1, i"" pièce, etc.
P. 68, 1. I. Cambises). Cf. Hérodote, III, xxx, et
aussi Plutarque, De l'amitié fraternelle : « Cambyses
... pour un songe qu'il avoit songé, craignant que
son frère ne vint a estre roy de l'Asie, sans autre
raison ne preuve aucune le feit mourir. » (xviii,
f° 88 V".)
LIVRE ni, CHAPITRE IV.
375
P. 68, 1. 3. Aristodeinus). Cf. Plutarque, De la
superstition : « L'ancien roy Midas estant troublé
& fasché pour quelques songes qu'il avoit songez, à la
tîn se désespéra, tellement qu'il se feit volontairement
mourir, en beuvant du sang de taureau : & Aristo-
demus, Roy des Messeniens, estant advenu que les
chiens hurlèrent comme des loups, & qualentour
de son autel domestique il estoit creu de l'herbe qui
s'appelle chiendent, & que ses devins luy dirent qu'ils
redoubtoient fort ces signes là, il en conceut en son
cœur une si grande tristesse, & en entra en si grand
desespoir, qu'il se desfeit luy mesme.» (ix, f° 122 r°.)
P. 68, 1. II. 0 prima). «O première argile,
façonnée si malheureusement par Prométhée ! Qu'il
a apporté peu de sagesse à la confection de son
œuvre ! Il n'a vu que le corps dans son art, sans se
préoccuper de l'esprit; cependant c'est par l'esprit
qu'il aurait dû commencer. » (Properce, III, v, 7.)
Chapitre V.
SVR DES VERS DE VIRGILE.
P. 70, 1. II. Mens intenta suis). «De peur que
mon âme ne soit toujours occupée de ses maux. »
(Ovide, Tristes, IV, i, ^.) Il y a dans Ovide «ne
foret». Montaigne adapte la phrase au contexte en
changeant le temps du verbe.
P. 70, 1. lé. Animns quoi perdidit). « Uàme désire
ce qu'elle a perdu et se rejette tout entière en ima-
gination dans le passé. » (Pétrone, Satyricon, 128.)
P. 70, 1. 19. Le double visage de Janiis). Montaigne
trouve cette explication en particulier dans l'ouvrage
de Du Choul, Sur la religion des anciens. Janus est
un symbole de la prudence qui contemple à la fois
l'avenir et le passé'. Sur les diverses interprétations
de ce symbole, cf. saint Augustin, Cité de Dieu,
VII, VIII, et le Commentaire de Vives.
P. 70, 1. 24. Hoc est). « C'est vivre deux fois que de
pouvoir jouir de la vie passée. » (Martial, X, xxiii, 7.)
P. 71, I. I. Platon ordonne). Dans les Lois : «Nos
autem qui seniores sumus in his spectandis decenter
versari putamus, dum illorum ludis & celeritate
gaudemus, quandoquidem nos corporis levitas desti-
tuit, cujus desiderio, certamina his ponimus, qui
quam maxime queant xtatem illam juvenilem in
memoriam nobis revocare... Conveniens esse videtur,
ut eum qui quam plurimos, & quam maxime ad
gaudium provocet, pr^ecipue honoremus, &... victo-
rem esse dicamus. » (11, 657; éd. de 1546, p. 760.)
P. 71, 1. 15. J'aime mieux esire). Cf. Cicéron, De
sencclute : « Ego vero me minus diu senem esse
mallem, quam esse senem antequam essem.» (xix.)
Montaigne a cité ce passage en latin pour en critiquer
la cadence dans l'essai II, x, p. 113, I. 8 (1580).
P. 71, 1. 22. A natura disccdimus). «Nous nous
éloignons de la nature pour suivre le peuple qui n'est
en aucune chose un bon guide. » (Sénèque, ép. 99.)
P. 71, 1. 25. Non ponebat enirn). «Il ne mettait
pas les rumeurs du peuple au dessus du salut de
l'Etat. » (Ennius, chez Cicéron, De officiis, I, xxiv.)
P. 72, 1. 8. 5/7'/ arma). « A eux les armes, à eux
les chevaux, à eux les javelots, à eux la massue,
à eux la paume, à eux la nage et la course; à nous
vieillards, parmi tant de jeux, qu'ils nous laissent les
dés et les osselets. » (Cicéron, De senectutc, xvi.)
P. 72, 1. 10. Les loi.x inesnie). Rapprocher Cicéron,
De seucctute, xi.
P, 72, 1. 16. Misée stultitiam). « Mêle à ta sagesse
un grain de folie. » (Horace, Odes, IV, xii, 27.)
P. 72, 1. 19. In fragili corpore). «Dans un corps
débile, la moindre atteinte est insupportable. » (Cicé-
ron, De senectutc, x\-iii.)
P. 72, 1. 21. Mciisque pati). «Un esprit malade
ne peut rien souffrir de pénible. » (Ovide, De Ponto,
I, v, 18.)
P. 72, 1. 24, Et niininuv vires). « Le moindre eifort
suffit à briser ce qui est déjà fêlé. » (Ovide, Tristes,
III, XI, 22.)
P. 73, 1. 22. Nos maistres). Allusion à la théorie
des quatre espèces de fureurs qui est longuement
développée chez Platon, dans le Phèdre, pp. 244 et
suivantes.
P. 74, 1. 5. Ad nullam consurgit). «Il ne se tend
vers aucun but et languit avec le corps. » (Pseudo-
Gallus, I, 125.)
P. 74, 1. 10. Duiu licet). « Tant qu'elle le peut
LIVRE m, CHAPITRE V.
377
encore, que la vieillesse se déride. » (Horace, Épodes,
xiii, 7.) « Dum licet » est de Montaigne; le texte
d'Horace est « Et decet » .
I". 74, 1. II. Tetrica stint). «Il est bon d'égayer la
tristesse par des plaisanteries. » (Sidoine Apollinaire,
Épist., I, IX.)
P. 74, 1. 14. Tristemqtie viiltiis). «Et la tristesse
arrogante d'un visage renfrogné. » (Vers 3 1 du pro-
logue du Joannes Baptista, tragédie de Buchanan,
éd. de 1579, f° 40 v°.)
P. 74, 1. i^. Et bahet tristis). «Cette foule de gens
au maintien sévère a elle aussi ses débauchés. >>
(Martial, VII, lvii, 8.)
P. 74, 1. lé. Je crois Platon). Voir les Lois, VII,
p. 791'. Cette idée est en outre développée longue-
ment dans le Tintée, vers la fin.
P. 74, 1. 18. Sacrâtes eut). Cf. Cicéron, Tusculanes :
« Hinc est ille vultus semper idem quem dicitur
Xantippe prsdicare solita in viro suo fuisse Socrate :
eodem semper se vidisse exeuntem illum domo,
et revertentem. Nec vero ea frons erat qux M. Marcus
Crassi illius veteris quem semel ait in omni vita
risisse Lucilius. » (III, xv.) Pour Crassus, cf. en
outre Pline, Histoire naturelle, VII, xix; Crinitus,
De honesta disciplina, XXI, i; etc.
P. 75, 1. 2. Ses negotiations pretandues). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Platon, passim, et spécialement p. 201 et
suivantes. Stella est la traduction latine du grec ajTr,î.
P. 75, 1. 2. Non pndeat). « N'ayons pas honte de
dire ce que nous n'avons pas honte de penser. »
P. 75, 1. 5. Comme les mouches). Cf. Plutarque,
De la tranquillité de l'aine et repos de l'esprit :
« Comme les mousches ne se peuvent tenir contre
les endroicts des miroirs qui sont bien lissez, ains
glissent, & au contraire elles s'attachent bien à ceux
qui sont rabotteux & scabreux, & où il y a des
graveures, aussi les hommes glissans dessus les
aventures qu'ils ont eues guayes, joyeuses & pros-
pères, s'attachent à la rememorasion des adverses
& malplaisantes. » (xv, f" 73 v°.)
P. 75, 1. 7. Comme les vantouses). Id., ibid. :
« Comme les ventôses & cornets attirent ce qu'il y a
' Je dois cette référence à l'obligeance de Miss Grâce Norton.
de pire en la chair : aussi amasses-tu a l'encontre
de toy mesme ce qu'il y a de plus mauvais en toy. »
(viii, f° 71 r°.)
P. 75, 1. 22. Quare intia). « D'où vient qu'aucun
vicieux n'avoue ses vices? Parce qu'il en est encore
esclave. Il faut être éveillé pour raconter ses songes. »
(Sénèque, ép. 53.)
P. 75, 1. 23. Les maus du cors). Id., ibid. : « Pedes
dolent, articuli punctiunculas sentiunt : adhuc dissi-
mulamus, & aut talum extorsisse nos dicimus, aut
in exercitatione aliqua laborasse. Duhio & incipiente
morbo, quœritur nomen, qui ut talaria C£eperit inten-
dere, &: utrosque dextros pedes fecerit, necesse est
podagram fateri. Contra evenit in iis morbis, quibus
afficiuntur animi, quo quis pejus se habet, minus
sentit. » (Ep. 53, p. 136.)
P. 76, 1. 6. Si que j'rcite). Cf. les mêmes idées
dans l'essai III, i, 3.
P. 76, 1. II. Ccluy qui s'enquestoit). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Thaïes : « Percontanti adultero, an
juraret non commisisse se adulterium, non est, ait,
perjurium adulterio deterius. » (I, xxxvi, 35.) Mon-
taigne a mal pris le sens de Diogène, égaré peut-être
par la ponctuation de son édition, ou bien peut-être
encore par quelque auteur de seconde main auquel
il doit ce récit. Chez Diogène en effet la réponse de
Thaïes est interrogative et signifie : le parjure n'est-il
pas pire encore que l'adultère? Il ne faut donc pas
se parjurer pour dissimuler un adultère.
P. 76, 1. 20. Comme on fit Origene). Cf. Nicéphore
Calliste, Histoire ecclésiastique : « Or avoit-il attiré
près de luy un vilain & impudique paillard du pays
d'Ethiopie, duquel il le menaçoit, s'il ne vouloit
accorder à faire sacrifices à leurs dieux : Car il luy
dit que ce putier détestable le congnoistroit charnel-
lement, & souilleroit son corps par paillardise autant
abominable & exécrable par dessus toutes malédic-
tions, comme elle est contre nature. Telle fut la
menée que le juge luy brassa, meslée avec menaces.
Origenes donc, faisant élection de la chose qui estoit
pire, ayma mieux renoncer à la foy qu'au paravant
il avoit eu en Jesus-Christ, & souiller par ce moyen
son ame sans aucun profit, que de souffrir son corps
estre aucunement contaminé. » (V, xxxii.)
378
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 76, 1. 27. Ariston disait). Cf. Plutaïque, De la
curiosité : « Comme disoit Ariston, les vents que nous
haïssons le plus, ce sont ceulx qui nous rebrassent
noz habillements. » (m, f° 64 r°.)
P. 77, 1. 23. Archelaus). Id., Les dicts notables des
anciens Roys, Princes & grands Capitaines : « Comme
il (Archelaus) passoit par la rue, on respandit de l'eau
sur luy, à raison dequoy, ceulx qui se trouvèrent
auprès, Tirritans alencontre de celuy qui avoit versé
l'eau, disoient qu'il le devoit bien faire chastier: voire
mais, dit-il, il n'a pas versé ceste eau sur moy, mais
sur celuy qu'il pensoit que je fusse.» (F" 191 r°.)
P. 77, 1. 26. Sacrales). Cf. Diogène Laërce, Vie
de Socrate : « Dicenti cuidam, nonne tibi ille male-
dicit? Non, inquit, mihi enim ista non adsunt. »
(II, xxxvi, 118.)
p. 78, 1. 20. Nous prononçons hardiment). Pour la
pensée, rapprocher Cicéron, ÉpUres, IX, xxii. Voir
aussi dans les Erreurs populaires au fait de la médecine
de Laurent Joubert les préfaces de la seconde édition
qui s'étendent longuement sur ce sujet.
P. 79, 1. 6. Aristote qui dict). Dans la Morale à
Kicomaque, l\, ix.
P. 79, 1. II. Ceux qui). Cf. Plutarque, Qu'il fault
qu'un philosoplje converse avec les Princes & grands
seigneurs, v, f° 134 r".
P. 79, 1. 13. Tu, Dea). « Toi, déesse, toi seule, tu
gouvernes le monde; sans toi, rien ne s'élève aux
rivages célestes du jour; rien n'est gai, ni aimable.»
(Lucrèce, I, xxii.) Le début du premier vers est
imité de Lucrèce, I, vi : «Te, dea, te... »
P. 79, 1. 27. Agnosco). «Je reconnais les traces de
mon ancienne flamme. » (Virgile, Enéide, IV, xxiii.)
P. 80, 1.2. Nec mihi). « Et que cette chaleur me
reste dans l'hiver de ma vie. » (Jean Second, Elégies,
I, III, 29.)
P. 80, 1. 5. Quai l'alto). «Ainsi la mer Egée,
battue par l'Aquilon ou le Notus, ne s'apaise pas
subitement après la tempête; longtemps tourmentée,
elle s'agite et gronde encore. » (Torquaio Tasso,
Gerusalemme liberata, xii, 63.)
P. 80, I. 12. Et versus). « Et le vers a des doigts »
(pour chatouiller). (Juvénal, vi, 196.)
P. 80, 1. lé. Dixerat). «Elle dit; et, comme il
hésite, la déesse l'enlace mollement de ses bras blancs
comme la neige. Soudainement Vuicain se sent
envahi de la flamme accoutumée; une ardeur qu'il
connaît bien le pénètre jusqu'à la moelle et court
dans ses os frissonnants. Ainsi brille le sillon qui
s'ouvre avec le tonnerre et d'où s'échappent les feux
dont les nuages sont illuminés... Ayant dit ces mots,
Vuicain répondit aux embrassements de son épouse,
puis, couché sur son sein, il s'abandonna tout entier
aux charmes d'un doux sommeil. » (Virgile, Enéide,
VIII, 387 et 404.) Les trois derniers de ces vers
sont commentés dans les Nuits attiques d'Aulu-Gelle,
IX, x.
P. 81, 1. 13. Dict ailleurs). Cf. l'essai I, xxx.
P. 81, 1. 17. Les médecins). Peut-être souvenir de
ce que Plutarque dit de Dioclès, Opinions des philo-
sophes, y, IX.
p. 81, 1. 22. Quo rapiat sitiens). « Afin qu'elle
saisisse avec avidité les dons de Vénus et qu'elle les
recèle profondément.» (Virgile, Géorgiques, III, 137.)
P. 82, 1. 19. Antigonus). Cf. Plutarque, De la
mauvaise honte : « Et Antigonus un jeune homme
qui estoit fils d'un gentil centenier, mais luy estoit
lasche & couard, & neantmoins demandoit à estre
avancé en la place de son feu père : Jeune fils, dit-il,
je recompense la prouesse, & non pas la noblesse
de mes soudards. » (x, f° 80 r°.)
P. 82, 1. 23. Des officiers des Roys). Cf. Hérodote,
« Les Lacedemoniens conviennent aussi avec les
Eg}'ptiens en ce que les enfants des trompettes,
menestriers & cuisiniers des rois succèdent aux états
de leurs pères, tellement que cuisinier engendre
cuisinier, ménétrier ménétrier, et trompette trom-
pette; ni autres, pour excellents qu'ils soient en ces
arts, peuvent envier sur eux, mais sont entretenus
& continués es états de leurs pères.» (VI, Lx; t. II,
f° 20 v".)
P. 82, 1. 26. Cens de Calecul). Cf. Goulard, Histoire
du Portugal : « Il est défendu aux gentils-hommes de
se marier, afin que rien ne les empesche de s'exercer
continuellement aux armes. Mais un chacun a plu-
sieurs Damoiselles à son commandement : & estime-
on qu'ils ayent commis un crime horrible entre les
autres, s'ils ont la compagnie d'une femme qui ne
LIVRE III, CHAPITRE V
379
soit point Damoiselle. Ces Damoiselles ont aussi
autant de rufiens qu'il leur plait pourveu que ce
soyent Naires, c'est-à-dire Gentils-hommes. Les uns
ne sont point jaloux des autres... Si un Naire pail-
larde avec une roturière, ses compagnons le hachent
en pièces. Les femmes nobles aussi qui ont affaire
avec autres que Naires, sont traittées de mesme. Si
quelque roturier les touche, ils estiment que cela
souille leur noblesse : & ne trouvent meilleur expé-
dient de venger cette grande injure, que de tuer ces
misérables qui se sont approchez un peu trop près
d'eux. Voilà pourquo)' quand ceux qui ne sont pas
nobles marchent çà ou là, ils sont contraints de crier
à haute voix, comme pour dire qu'ils sont en chemin.
Quand les Naires entendent à ces cris que les autres
s'approchent, ils leur commandent de se tirer à
quartier, & par ce moyen les ignobles évitent la
mort, & les nobles l'ignominie perpétuelle. En ce
lieu la noblesse ne s'obscurcit pour méchanceté que
le noble commette, & ne faut pas qu'un roturier pense
jamais estre autre, fut-il le plus sage & vertueux de
tous les hommes du monde : il faut nécessairement
que chacun demeure en la condition en laquelle ont
esté ses prédécesseurs. Les mestiers sont tellement
distinguez, que ceux de l'un ne peuvent marier leurs
filles à ceux de l'autre. Comme par exemple les fils
d'un cousturier ne peuvent espouser les filles d'un
cordonnier, n'y apprendre autre mestier que celuy
de leur père : & font de mesme es autres mestiers
par une coustume obser\'ée entre eux de tout temps.»
(II, III, f" 34 r".)
P. 83, 1. 22. Optato quam). « Celle qui au flam-
beau de l'hymen a été unie à celui qu'elle aimait. «
(Catulle, Lxiv, 79.)
P. 84, 1. 10. Sacrâtes, eiiqitis). Cf. Diogène Laërce,
Vie de Socrate : « Interrogatus utrum melius esset,
uxorem ducere, necne : utrumvis horum, inquit,
egeris, pœnitentia duceris. » (II, xxxiii, 116.)
P. 84, 1. 13. Homo hoinini). « L'homme est à
l'homme ou un dieu, ou un loup. » La première
sentence, Homo homini deus, est du poète comique
Cecilius, qui avait dit au rapport de Symmaque, Ep. X,
104 : « Homo homini deus, si suum oflîcium sciât. »
L'autre proverbe, Homo homini lupus, se trouve dans
Plaute, Asinaria, acte II, scène iv, vers 88 : « Lupus
est homo homini, non homo quum, qualis sit non
novit. »
P. 84, 1. 19. Et mihi dttlce). «A moi aussi il m'est
plus agréable de vivre sans cette chaîne au cou. »
(Pseudo-Gallus, I, lxi.) Le texte porte Sed mihi au
lieu de Et mihi.
P. 85, 1. 28. Fatum est). «Il y a une fatalité atta-
chée à ces parties que cachent nos vêtements : car,
si les astres ne te protègent, il ne te ser\-ira de rien
d'avoir les plus belles apparences de virilité. » (Juvé-
nal, IX, 32.) Toutes les éditions que j'ai consultées
portent cessant (à l'indicatif).
P. 86, 1. 8. Jiippiter aveq sa famé). Cf. l'essai I,
XXX, p. 260, 1. 8, et la note.
P. 86, 1. 14. Isocrates disoit). Ce mot est rapporté
chez Elien, Histoires diverses, XII, lu; éd. grecque-
latine de 1556, p. 489; Breslay, Anthologie, I,
xxxix; etc.
P. 87, 1. 4. Lyciirous). Cf. l'essai II, xv, p. 382,
1. 4.
P. 87, 1. 5. Les femmes n'ont pas tort). On peut
voir sur cette idée un morceau intéressant de Gelli,
Circé, dialogue V (spécialement p. 151 de la traduc-
tion de Denys Sauvage, 1550). Il n'est pas impossible
que Montaigne s'en soit souvenu.
P. 87, 1. 15. Venus huic erat). «Il connaissait et
l'un et l'autre amour. » (^Ovide, Metamorplwscs, III,
323.) Il s'agit de Tirésias dont la métamorphose est
contée par Ovide.
P. 87, 1. 18. Luy despiicela). Proculus, qui s'en
glorifie lui-même dans une lettre à Metianus, en ces
termes : « Centum ex Sarmatia virgines cepi. Ex
his una nocte decem inivi. Omnes tamen, quod in
me erat, mulieres intra dies quindecim reddidi. »
Cf. Flavius Vopiscus, Vie de Proculus. Ce fait ainsi
que ceux qui suivent se retrouve dans plusieurs
écrits du XVI' siècle, cf. par exemple Crinitus, De
hoiusta disciplina, VIII, vu; du Verdier, Suite des
Diverses leçons, V, xxxiv, dans un chapitre intitulé :
« De ceulx qui ont esté les plus fœconds à engendrer
enfans, et de la lubricité desmesurée de l'empereur
Procul qui engrossa cent vierges de Sarmatie en
quinze jours »; etc.
38o
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 87, 1. 22. Adhiic nrdeiis). « Brûlante encore de
volupté, elle se retire épuisée, mais non pas assouvie.»
(Juvénal, Satires, vi, 128.) Ces vers sont cités exac-
tement dans le passage de Nicolas Bohier auquel
Montaigne semble emprunter le fait suivant.
P. 87, 1. 24. Sur le différent advenu). Cf. Nicolas
Bohier, Decisiones Burdegalenses : « Hieronymus Pau-
lus... retulit illum vidisse tempore suo honiinem
quemdam fuisse Cathaloni;e, tantum in re venerea
potentem, quod qualibet die uxorem suam X vicibus
cognoscebat, qu£e reginam Aragonias sécréta conquesta
fuit, vocatoque viro confessus est ita rem se habere.
Quare mandavit ei sub pœna capitis ne amplius
quam sexies in die uxorem suam cognosceret, ne
(ut ait) mortis periculum mulier incurreret. Unde
de potentia viri non tantum mirari oportet, quantum
de querela uxoris. Licet enim minus audeant feminaa
quam mares... tamen in turpibus obscenisque atque
venereis actibus sunt audaciuscuLx... » (Quxst. 316,
•n. 9; éd. de Lj'on 1567, p. 632; de L5'on 1579,
p. 563.) Il faut ajouter toutefois que ce récit avait
été déjà vulgarisé par des compilateurs dans des listes
d'exemples tout à fait analogues à celle que Mon-
taigne présente ici, ainsi par du Verdier dans sa
Suite aux Diverses leçons de Pierre de Messie, V, xxxiii,
et après lui par Bouchet dans la troisième de ses
Scrées (éd. de 1585, f" 57 r°), dans la neuvième des
Matinées de Nicolas de Cholières (1585). Il est
probable que Montaigne ne .se rencontre pas ici for-
tuitement avec du Verdier, mais que c'est du Verdier
qui lui suggère cet exemple. Cette hypothèse est
d'autant plus vraisemblable que, près de l'arrêt de
la reine d'Aragon nous retrouvons à la fois chez
du Verdier et chez Montaigne un même exemple pris
à l'histoire de l'empereur Procule, et que, d'autre
part, le livre de Nicolas Bohier ne semble fournir
aucun autre fait :iu\ Essais. Toutefois Montaigne a dû
connaître aussi le passage correspondant de Nicolas
Bohier : en effet, l'idée dont il accompagne son
exemple ressemble beaucoup plus à celle qu'on ren-
contre chez Bohier qu'à celle de du Verdier, et de
plus il insère ici une citation de Juvénal qui est en
toutes lettres chez Bohier et qui n'est que vaguement
indiquée chez du Verdier. Du Verdier, en marge.
donne la référence à Nicolas Bohier. Il n'est pas
improbable qu'en lisant la Leçon de du \'erdier,
Montaigne se soit, grâce à cette indication marginale,
reporté au livre de Bohier et qu'il ait ainsi complété
l'allégation. Bohier avait été Président du Parlement
de Bordeaux et il était mort dans cette charge peu
avant que Montaigne fût conseiller au même Parle-
ment, en 1553. Le récit du même fait qu'on trouve
chez Brantôme ( t. IX, p. 556 de l'édition Lalanne)
présente quelques divergences.
P. 88, 1. 15. Solon). Cf. Plutarque, De l'amour :
« Et juge Ion aussi que Solon a esté législateur bien
entendu en ce qui concerne le mariage, ordonnant
que le mar}- aille veoir sa femme pour le moins
trois fois le mois, non pour la volupté seullement :
mais ainsi comme les villes renouvellent par inter-
valles de temps les alliances qu'elles ont les unes
avec les autres, aussi vouloit il que Ion renouvellast
l'alliance des nopces, en manière de dire, par les
propos que l'on s'entretient en telle caresse & Visi-
tation. » (xxiii, f° 612 r°.)
P. 88, 1. 19. A laquelle nous voulons). Pour cette idée
on peut voir Castiglione, Il Corlegiano, III, xxxviii.
P. 89, 1. 10. Sit tandem pudor). « Aie enfin de la
pudeur ou allons en justice : j'ai acheté fort cher
ton membre viril, il n'est plus à toi, Bassus : tu me
l'as vendu. » (Martial, XII, xcix, vers 10, 7 et 11.)
P. 89, I. 13. Le philosophe Polenwn). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Polcnion : « Fugisseque judicium
Polemonem ab uxore nequitiœ insimulatum, quôd
adolescentibus congrederetur. » (IV, xvii, 255.)
P. 89, 1. 18. Clodia Lœta). Montaigne aurait dû
dire : «par Caracalla». Voir la Vie de Caracalla,
par Dion Cassius, ou l'abrégé de la même vie, par
Xiphilin. Clodia Lieta fut enterrée vive.
P. 89, 1. 24. Boleslaus & Kinge). Cf. Herburt
Fulstin, Histoire des rois de Pologne : « Or Boleslaus,
prince de Poloigne espousa Kinge ou Cunégonde...
Et combien qu'il fût bien heureux d'avoir telle
femme, toutesfois il ne la toucha point les premières
nuicts des nopces : dont ils ferent cnsemblement
vœu de perpétuelle continance qu'ils gardèrent tous-
jours : dequoy Boleslaus fut sunioninié le Chaste. »
(F°7or°.)
LIVRE III, CHAPITRK V.
38r
P. 89, I. 28. Nl'iis les dressons). Dans l'Apologie pour
Hérodote, Henri Estienne exprime lui aussi cette idée
que tout incite les femmes à l'impudicité. (XII, 11.)
P. 90, 1. 19. Motus doceri gaudet). «La vierge
nubile se plaît à apprendre des danses ioniennes
jusqu'à s'en courbaturer les membres; elle rêve dès
l'enfance à des amours impudiques. » (Horace, Odes,
III, VI, 21.)
P. 90, 1. 27. Ce que dict Platon). Dans le Timée,
p. 42; édition de 1546, p. 710. Cf. l'essai II, xii,
p. 300, 1. 15 et la note.
P. 91, 1. 8. Et menteni Venus). «Et \'énus elle-
même les a inspirées.» (Virgile, Géorgiques, III, 267.)
P. 91, 1. 12. Nec tanliim tiiveo). «Jamais la blanche
colombe, ou tel autre oiseau encore plus lascif que
vous pourriez nommer, n'a par de douces mor-
sures sollicité plus amoureusement les baisers que la
femme qui s'abandonne à sa passion.» (Catulle, lxvi,
125.)
P. 91, 1. 16. Oui n'eut tenu). Pour cette idée,
cf. Castiglione, // Cortegiano, III, xxxix; Rabelais,
III, xxxn.
P. 91, 1. 23. Nec non libelli). «Et ils sont dus
parfois à des stoïciens, ces petits livres qui traînent
volontiers sur les coussins de soie.» (Horace, Epodcs,
viii, 15.) Montaigne écrit nec non au lieu de quid
quod, et la pensée chez lui est toute différente de ce
qu'elle est chez Horace.
P. 91, 1. 25. Zenon). Cf. Plutarque, Questions de
table, III, VI, f" 584 r".
P. 91, 1. 26. Du philosophe Strato). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Strato : « Feruntur ejus de regno libri
très : ... De concubitu. » (V, lix, 325.)
P. 91, 1. 27. Theophraste) . Id., Vie de Théophraste :
« Reliquit autem & ipse ingenii sui complura monu-
menta... Sunt autem ista : ... Amatorius unum...
De amore unum. » (V, XLiii, 317.)
P. 92, 1. I. Aristippus). Cf. Diogène Laërce, Vie
d'Aristippe, II, lxxxiv.
P. 92, 1. 4. Deinetrius). Id., Vie de Dcniétrius :
« Sunt autem de legibus Atheniensium libri quinque
... Amatorius unum. » (V, lxxxi, 338.)
P. 92, 1. 4. Heraclides). Id., Vie d'Heradide :
« Dialogi, quorum quœ ad mores instîtuendos faciunt.
sunt hsc : ... Invitus amatorius, & Clinias unum. »
(V, Lxxxvii, 341.)
p. 92, 1. 5. Antisiheucs). Id., Vie d'Anlisihcne :
«Feruntur & ipsius scripta tomi X... In secundo
tomo : ... De procreatione filîorum, sive De nuptiis
amatorius ... In X. tomo : ... Dominus, sive Amans.»
(VI. XV, 355-356.)
p. 92, 1. 6. Aristo). Id., Vie de Zenon : « Feruntur
ejus (Aristonis) ista volumina : ... Amatori.-e exerci-
tationes. » (VII, CLXiii, 499.)
P. 92, 1. 7. Cleanlhes). Id., Vie de Cle'anthe : « Reli-
quit autem pulcherrimos libros qui sunt : ... Ars
amatoria... De amore.» (VII, clxxv, 506.)
P. 92, 1. 8. Sphœrus). Id., Vie de CUanthe : « Scrip-
sit autem ista volumina : ... Dialogos amatorios. »
(\1I, CLX.X.VI11, 508.)
P. 92, 1. 8. Chrysippus). Id., Vie de Chrysippe :
« In eo opère, quod de antiquis physiologicis scripsit,
fœda de Junone fingit ac Jove, ea dicens sexcentis
fere versibus quce nemo nisi illoto ore dixisset. »
(VII, CLXXXVii, 514.)
P. 92, 1. 9. Cinquante epistres). Cf. Diogène Laërce,
X, m. Montaigne, d'après Diogène, se fait ici l'écho
des ennemis de Chrj'sippe.
P. 92, 1. 12. S'est trouvé nation). J'ignore où Mon-
taigne a pris ce détail. On peut voir les différentes
références indiquées par Leclerc : Babylone (Hérodote,
I, 199; Strabon, XM, p. 108 1 ; Jérémie, apud Baruch,
VI, 42, 43). — Cypre (Hérodote, ihid. ; Athénée, XII,
p. 516). — Hélîopolis en Phénicie (Eusèbe, Vie de
Constantin, III, 58; Socrate, Histoire ecclésiastique, I,
18). — Sicca Veneria (\'alère Maxime, II, vi, 1 5); etc.
P. 92, 1. 16. Nimirnni propler). « C'est que l'incon-
tinence est nécessaire à la continence, que l'incendie
s'est éteint par le feu. »
P. 93, 1. 10. La statue de leur Dieu). Cf. Hérodote,
II, XLViii. Hérodote (traduction Saliat, f° 118) dit
seulement : « Grandes environ d'une coudée. » Mon-
taigne a sans doute puisé ceci ailleurs.
P. 93, 1. 16. Les plus sages viatrones). Allusion
probable à un passage de saint Augustin, Cité de
Dieu, VII, XXIV, qui est reproduit dans un ouvrage
de Giraldi que Montaigne possédait. De diis gentium,
svntagma VIII : « Augustinus in VII, ait a matrona
382
ESSAIS DE MONTAIGNE.
honestissima imponi illi coronam ad advertendum
fascinum frugibus... »
P. 93, 1. 17. Sur ses parties). Cf. saint Augustin,
Cité de Dieu, VI, ix, texte reproduit par Giraldi, De
diis gentium, sVntagma VIII : «Quid hoc dicam? Cum
ibi sit & Priapus, nimiuui masculus, super cujus
immanissimum & turpissimum fasconum sedere nova
nupta jubebatur, more honestissimo & religiosissimo
matronarum. » Il est probable que Montaigne prend
tous ces détails dans un ouvrage de seconde main
qui n'a pas encore été retrouvé.
P. 93, 1. 19. Pareille dez'olion). Rapprocher ce que
dit d'Aubigné dans la Confession du sieur de Sancy,
IP partie, chapitre 11.
P. 94, \. i. Ce bon homme). On a proposé de voir
ici une allusion à Calvin ou bien au pape Paul III
qui a régné de 1536 à 1549, ou encore au pape
Paul IV qui a régné de 1554 à 1559; mais les témoi-
gnages précis font défaut. Remarquons que l'expres-
sion bon homme n'a pas la valeur de familiarité que
nous y attachons aujourd'hui. Henri Estienne dans
V Apologie pour Hérodote, III, v, commente sa double
signification : homme de bien et vieillard.
P. 94, 1. 4. Flagitii priucipium). «C'est une cause
de dérèglement que" d'étaler en public des nudités. >>
(Ennius, chez Cicéron, Tusculanes, IV, xxxui.)
P. 94, I. 5. Aux misleres). Cf. Sénèque, ép. 97 ;
Plutarque, Vie de César, i° 495 r"; etc. Le texte de
Sénèque est reproduit par Giraldi, De diis gentium,
syntagma IV. Peut-être Montaigne a-t-il dans l'esprit
ces mots de Sénèque : « Sic submotis extra conspectum
omnibus viris, ut pictura: quoque masculorum ani-
ma lium contegerentur... »
P. 94, 1. 8. Omne adeo genus). « Car toutes les
espèces vivantes sur la terre, les hommes, les bêtes
sauvages, les poissons de la mer, les troupeaux, les
oiseaux aux mille couleurs, tout est sujet aux fureurs
de l'amour. » (Virgile, Gêorgiques, III, 242.)
P. 94, 1. II. i>i Dieux, dit Platon). Dans le Timk:
« Pudendorum naturje in viris insita vis, inobediens
atque imperiosa, & quasi animal non exaudiens
rationem furiosarum libidinum violentia subjiccre sibi
cuncta conatur. Vulva quoque matrixque in fœminis
eadem ratione animal avidum generandi, quando
procul a fœtu per xtatis florem, aut ultra diutius
detinetur, «egre fert moram ac plurimum indignatur :
passimque per corpus oberrans, meatus spiritus
intercludit, respirare non sinit, extremis vexât angu-
stiis, morbis denique omnibus premit, quousque
utrorumque cupido amorque quasi ex arboribus
fœtum fructumve producunt : ipsum deinde decer-
punt & in matricem velut agrum inspargunt, »
(P. 91; éd. de 1546, p. 733.)
P. 95, 1. 3. Que sçait on si Platon). Id., République :
« Quid in his maxime ridiculum cernis ? An quia
nudas fœminas conspecturus sis in paliestris cum
viris certantes, non modo juvenes, sed & vetulas,
quemadmodum senes vires in gymnasiis, quando
unâ exercentur, licet jam rugosi veternosique sint. »
(V, p. 452; éd. de 1546, p. 588.)
P. 95, 1. 6. Les Indiennes). Cette idée est parfois
exprimée dans les récits des voyageurs du xvi' siècle.
Voici par exemple ce que dit Lérj' à ce sujet :
« Toutefois avant que de clorre ce chapitre, ce lieu ci
requiert que je responde tant à ceux qui ont escrit
qu'à ceux qui pensent que la fréquentation entre
ces sauvages tout nuds et principalement parmi les
femmes incite à la lubricité et paillardise. Sur quoy
je diray en un mot qu'encore aultrement qu'en
apparence, il n'y ait que trop d'occasion d'estimer
qu'outre la deshonnesteté de voir des femmes nues,
cela ne semble aussi servir comme appât ordinaire
à la convoitise : toutes fois pour en parler selon ce
qui s'en est communément aperceu pour lors, cette
nudité aussi grossière en telles femmes est beaucoup
moins attrayante qu'on ne cuyderoit. Et partant je
maintiens que les attifets, fards, fausses perruques,
cheveux tortillez, grands collets fraisez, vertugales,
robbes sur robbes, et autres infinies bagatelles dont
les femmes et filles de par deçà se contrefont et
n'ont jamais assez, sont sans comparaison cause de
plus de maux que n'est la nudité ordinaire des
femmes sauvages : lesquelles cependant, quant au
naturel, ne doivent rien aux autres en beauté. »
(Édition Gaffarel, 1580, t. I, p. 140.)'
' l'assage cité par M. ('.liiiuirj. l.'cxollniie amiiiraiu iIivk In liltcia-
liiir Jnwfaise au XVI' siècle, p. i;6.
LIVRE III, CHAPITRE V.
383
P. 95, 1. 8. Oiioi que dient). Cf. Balbi, l'iaggio :
« Accio l'huomo sia più inclinato alla donna, detta
Regina ordino parimente, chele donne andassero
nude ne' bracci, & petti con una coscia coperta da
una falda come un fazzuolo, ma staccata di maniera,
che mentre ella camina, si sventola, & lascia vcdere
tutta la coscia : & cosi s'ossen-a fine al présente. »
(F" 126 V.)
P. 95, 1. 15. Disait Livia). Cf. Dion, Fie df Tibère;
Laurent Joubert, Erreurs populaires an faict de la méde-
cine (préface à Marguerite de Navarre, vers la tin) : « La
tresvertueuse princesse Livie, femme de l'empereur
Auguste, sauva la vie à des hommes qu'on alloit mettre
à mort par ce qu'ils s'estoient rencontrez devant elle
tout nuds, disant que pour le regard des femmes pudi-
ques ceux-là ne ditferoient en rien des statues. »
P. 95, 1. 19. Come dicl Platon). Dans la République :
« Nudandum igitur corpus erit mulieribus custodum,
quandoquidem pro vestibus virtutem induent. » (V,
p. 457; éd. de 1546, p. 590.) Mais Platon ne parle
pas des Lacédémoniennes.
P. 95, 1. 20. Des quels tesiiiouigiie S. Augustin).
Dans la Cité de Dieu, XXII, xvii.
P. 96, 1. 15. Naiu tu, qux). « Est-ce que toi, pour
toute la fortune d'Achémènes ou pour les richesses
de M5'gdon, roi de la fertile Phrygie, ou pour les
trésors de l'Arabie, tu voudrais donner un cheveu
de Licymnie, quand elle se penche vers tes baisers
embaumés, quand par une douce rigueur, elle les
riefuse, elle qui désire plus que toi se les laisser ravir,
quitte à te prévenir bientôt elle-même ? » (Horace,
Odes, \\, XII, 21.) J'ai traduit le texte : ^iNum tu,
■quc-e tenuit... » qui est le texte véritable. Navi est
probablement une faute d'impression.
P. 97, 1. 8. Diaboli virtus). « La vertu du diable
est aux rognons.» (Saint Jérôme, Contre Jovinioi, II;
t. II, p. 72. Édition de Bâle 1537.)
P. 98, 1. II. La difficulté). Rapprocher ce que
Montaigne a dit dans l'essai II, xv, p. 381, 1. 16.
P. 98, 1. 14. L'obligation du bie;:-faict). Cette idée
revient fréquemment dans le De beneficiis de Sénèque,
I, v; VI, 11; etc.
P. 98, 1. 28. Quelqu'un disait à Platon). Cf. Anto-
nius et Maximus, sermo 54.
P. 99, 1. 17. Quisvetat). « Empèche-t-on d'allumer
un flambeau à la lumière d'un autre flambeau? Elles
ont beau donner sans cesse, le fonds ne diminue
jamais. » (Ovide, De arte amandi, III, 93.) Le sens
du dernier vers est dans Ovide; quant aux termes,
Montaigne les a pris dans les Priapea {Divcrsorum
poetarum in Priapuni hisus, m, 2) :
« Obscure poterain tibi dicere : d.i mihi, quod tu
» Des licet adsidue : nil tamen inde périt. »
P. 99, 1. 23. Le pasteur Crastis). Cf. Elien, Histoire
des animau.x, VI, xui; éd. grecque-latine de 1556,
p. 133. L'anecdote a été reprise par divers compila-
teurs du xvi= siècle : Volaterran, Rhodigin, etc.
P. 99, 1. 28. Ense maritali). « Aucun adultère,
percé de l'épée d'un mari, n'a rougi de son sang les
eaux du Styx. » (Jean Second, Élégies, I, vu, 71.)
P. 100, 1. I. Luaillus). Cf. Plutarque, Vie de
Lucullus, xviii, f' 363 r°.
P. 100, 1. I. Cxsar). Id., Vie de César, m, f" 495 r".
P. 100, 1. I. Pompeius). Id., Vie de Pompée : 11,
f" 436 r°; mais Plutarque dit seulement qu'il répudia
sa femme.
P. 100, 1. I. Antonius). Id., Vie d'Antoine, xii.
Mais d'après Plutarque Antoine fit preuve envers
Dolabella d'une vive jalousie.
P. 100, 1. I. Caton). Id., Vie de Caton d'Utique,
VII, f> 534 v°.
P. 100, 1. 3. Un sot de Lepidus). Id., Vie de Pompée :
« Lepidus donques estant contraint d'abandonner
l'Italie s'enfouit en l'isle de Sardaigne, là ou il mourut
de maladie qui luy vint, non tant du regret de la
ruine de ses aff'aires, ainsi que Ion dit, comme de la
douleur qu'il receut d'une lettre qui tumba entre
ses mains, par laquelle il cogneut que sa femme
avoir forfait à son honneur. » (v, f° 439 r".) Dans
la liste de noms qui précède, il faut sans doute voir
des réminiscences de Plutarque.
P. 100, 1. 4. Ah! luin le niiserum). «Malheureux!
si ton mauvais destin veut que tu sois pris sur le
fait, on te traînera à la porte par les pieds, et tu
iras nourrir les muges ou faire pousser les raves. »
(Catulle, XV, 17.)
P. 100, 1. 9. Atque aliquis). « Et l'un des dieux,
384
ESSAIS DE MONTAIGNE.
non des plus austères, exprime le désir d"être exposé
à un pareil déshonneur. » (Ovide, Métamorphoses,
IV, 187.)
P. 100, 1. 14. Qtiici causas petis). « Pourquoi cher-
cher des raisons de si loin ? Qu'est devenue, déesse,
ta confiance en moi?» (Virgile, Enéide, MU, 395.)
P. 100, 1. 17. Arma rogo genitrix iiato). « C'est une
mère qui demande des armes pour son fils. » (W.,
ibid., 383.)
P. 100, 1. 20. Arma acri facienda). « Il s'agit de
fabriquer des armes pour un homme de valeur. »
(/J., ibid., 441.)
P. 100, 1. 23. Nec divis). « Aussi n'est-il pas juste
de comparer les hommes aux dieux. » (Catulle,
Lxviii, 141.)
P. 100, 1. 24. Les plus graves legislatiirs). Je crois
bien que Montaigne ne pense qu'à Platon et que ce
pluriel n'est qu'un artifice de style.
P. loi, 1. 4. S<rpe etiam Juno). « Souvent même,
Junon, la reine des dieux, s'est emportée à l'occasion
des fautes quotidiennes de son mari. » (Catulle,
Lxviii, 138.) Le texte est celui de la plupart des
éditions du xvi'^ siècle.
P. loi, 1. 14. Niilla' siint inimicitia-). «Il n'y a de
haines implacables que celles de l'amour. » (Properce,
II, VIII, 3.)
P. loi, 1. 19. D'un Octavius). Cf. Tacite, Annales,
XIII, xLiv, et surtout Histoires : « Octavius, Pon"
tiam Postumiam stupro cognitam & nuptias suas
abnuentem, impotensamorisinterfecerat.» (IV, xliv.)
P. loi, 1. 26. Notnmque). « Et l'on sait ce que peut
la fureur d'une femme. » (\"irgile, Enéide, V, vi.)
P. 102, 1. 13. Les femmes Scythes). Montaigne fait
ici une confusion qu'explique le texte suivant d'Hé-
rodote : « A cause de leur longue absence leurs
femmes s'estoyent adressées à leurs esclaves, ausquels
ils ont coustume de crever les yeux pour mieux s'en
servir au recouvrement de laict, qui leur est boisson,
& lequel ils tirent des jumens, en ceste manière.
Ils prennent canons d'os... A ceste fin ils crèvent les
yeux à tous leurs prisonniers de guerre, car ils ne se
meslent d'aucun labourage... » (IV, 11; 1. 1, f" 248 r°.)
P. 102, 1. 27. Parle Plutarqite). Voir son traité
De la mauvaise honte.
P. 102, 1. 29. Discrepance). \'oir le développement
de cette idée dans l'essai II, 1.
P. 103, 1. 5. Homère). Cf. Odyssée, XVII, 347.
Montaigne a pris ceci chez Platon qui cite cette
pensée d'Homère en deux endroits dans le Charmides,
p. 161; éd. de 1546, p. 281; et dans \e Lâchés, p. 201;
éd. de 1546, p. 300.
P. 103, 1. 18. Langiiidior). Cf. Catulle, lxvii, 21.
Le sens de ces deux vers, trop libres pour être traduits,
est que le gentilhomme n'avait jamais donné de
marques de virilité.
P. 103, 1. 24. De l'effort au contraire). Rapprocher
de cette idée le début de l'essai II, xi.
P. 104, 1. 13. Illiid sœpe). « Elle fait .souvent ce
qu'elle fait sans témoin. » (Martial, VII, lxi, vers 6.)
P. 104, 1. 16. Offendor). «Une impudique moins
raffinée me scandalise moins. » (Martial, VI, vu,
vers 6.)
P. 104, 1. 18. Ohsteirix). « Parfois une sage-femme,
en inspectant de la main si une jeune fille est vierge,
soit malice, soit maladresse, soit malheur, l'a dé-
florée. » (Saint Augustin, Cité de Dieu, I, xviii.) Le
texte est celui de l'édition de Lvon, 1570.
P. 105, 1. I. C'est Fatua). Cf. Lactance, De divina
institutione, I, xxii, où il est dit que non seulement
aucun homme ne la vit, mais encore qu'aucun
homme n'entendit prononcer son nom. Vives, dans
le Commentaire de la Cité de Dieu, XVIII, xv, répète
cette allégation de Lictance dont, comme Montaigne,
il reproduit seulement la première a.ssertion. Voir
aussi Giraldi, De diis gentium, .syntagma IV.
P. 105, 1. 2. La femme de Hieron). Cf. Plutftrque,
Comment on pourra recevoir utilité de ses ennemis : « Il
' y eut un des ennemis de Hieron, qui en querellant
luy reprocha, qu'il avoit l'halene puante : parquoy si
tost qu'il fut arrivé en son logis, il en tansa sa
femme, luy disant : Et comment, pourquoy ne m'en
avez vous adverty? Elle, qui estoit simple et chaste,
luy respondit. Je pensois que tous hommes sentissent
ainsi. » (vu, f° 1 1 1 r°.)
P. 105, 1. 7. En la volonté). Pour cette idée,
cf. saint Augustin, Cite de Dieu, I, xviii ; H. Estiennc,
Apologie pour Hérodote, XV, xxii; cf. aussi Plutarque,
I^s dicts notables des anciens Roys, f" 189 v°.
LIVRE III, CHAPITRE V.
385
P. 105, 1. 10. Telle, qui). Par exemple la femme
de Scosponius; cf. Appien, Guerre civile, lY, v.
P. 105, 1. 18. Ordonance). Brantôme fait allusion
à des faits analogues, t. V, p. 92.
P. 10), 1. 18. Phanlius l'Argien). Cf. Plutarque,
De l'aiiioiir : « (Phaulius) la conduisit (sa femme)
luy mesme en cest habit jusques au logis du roy,
comme si c'eust esté un page. » (xvi, f" 606 v".)
P. 105, 1. 19. Ce Galba). Id., ibîd. : «Comme
Ion recite d'un certain Galba Romain, lequel donnoit
à soupper à Mecœnas, & volant qu'il commançoit
à escrimer des yeux & de petits regards amoureux
avec sa femme, il laissa tout doulcement aller sa
teste sur le coussin, comme faisant semblant de
dormir, ce pendant il y eut quelqu'un des vallets
qui s'approcha de la table tout bellement, & essaya de
desrober du vin, ce que volant Galba, Malheureux,
dit il, ne vois tu pas que je ne dors que pour
Mecœnas? » (xvi, f° 606 v°.)
P. loé, 1. 2. Alix Indes orientales). Cf. Arrien :
« Il n'y a présent, si précieux soit-il, par lequel on
puisse corrompre la pudicité de leurs femmes qui
sont chastes, que d'un éléphant : ne tenans pour
chose deshonncste si une femme s'adonne au plaisir
d'aucun ayant receu de luy un éléphant en don.
Voire s'en glorifient elles, comme estant leur beauté
réputée digne d'un tel présent.» (VII, xvii, 331.)
P. 106, 1. 6. Phxdon le philosofe). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Phédon : « Phc'edon Eliensis nobili
familia, unà cùm patria captus coactus est intra
cellulam infami se quasstui addicere. » (II, cv, 159.)
Le témoignage d'Aulu-Gelle n'est pas plus conforme
que le te.xte de Diogène au récit de Montaigne :
« Phaidon Elidensis ex cohorte illa socratica fuit.
Socratique et Platoni perfuit familiaris... His Phs-
don servus fuit, forma atque ingenio liberali, et (ut
quidam scripserunt) a leone domino puer ad mceren-
dum coactus. » (^Niiits attiques, II, xviii.)
P. 106, 1. 8. Solon fut le premier). Cf. l'essai II,
XII, 343 (texte de 1588). Montaigne qui en 1580
avait inséré ce fait dans Y Apologie de Sehond l'a effacé
après 1588 pour le reporter ici. Il est fréquemment
répété par les auteurs du xvi"^ siècle. Cf. Corneille
Agrippa, De incertitudine et vanitate scientiaruin, Lxiii,
où Montaigne l'avait sans doute pris en 1580; Jean
des Caurres, Œuvres morales, II, ix; etc.
P. loé, 1. 10. Hérodote dict). Hérodote l'attribue
aux Lydiens, I, xciii; t. I, f" 46 r"; aux Babyloniens,
I, cxcvi; t. I, f'^ 90 V^; etc.
P. 106, 1. 15. Pone serani). «Mets-la sous clef,
donne-lui des gardiens. Mais qui gardera tes gardiens?
La femme est rusée, c'est par eux qu'elle commen-
cera. » (Juvénal, vi, 247.) Le texte cohibe est celui
de toutes les éditions du xvi= siècle.
P. 107, 1. 7. Et avoyent les Romains). Cf. Plutarque,
Les demandes des choses romaines : « Pourquoj- est-ce,
que quand ils retournent d'un voyage loingtain au pais,
ou seulement des champs à la ville, s'ils ont leurs
femmes à la maison ils envoient devant, pour leur faire
sçavoir leur arrivée? Est-ce point pour leur donner
asseurance qu'ils ne veulent rien faire finement ny
malicieusement envers elles? » (Question ix, f° 462 r°.)
P. 107, 1. 10. A introduit certaine nation). Cf. Go-
mara. Histoire générale des Indes : « Les prestres qu'ils
appellent Piates... dorment avec les femmes légitimes,
lesquelles on leur baille à despuceller suivant la
coustume, laquelle ils estiment honneste, & louable.
... L'espoux par ce moien oste tout le soupçon qu'il
pourroit avoir de sa femme s'il ne la trouvoit telle
qu'il penseroit. » (F° 252 r".)
P. 107, 1. 20. Tôt qui legionibus). «Jusqu'au
général, qui a commandé à tant de légions et qui
valait mieux que toi, misérable, à tant d'égards. »
Le second vers est pris de Lucrèce, III, 1039; le
premier est imité de Lucrèce, III, 1041 :
« ... inagiiis qui gentibus imperitarunt. »
Lucrèce, dans ce passage, parle de la mort.
P. 108, 1. 2. Fors eliaiii). « Le sort nous refuse
même des oreilles pour faire entendre nos plaintes. »
(Catulle, LXiv, 170.)
P. 108, 1. 21. Piltacus disait). Cf. Plutarque, De la
tranquillité de l'aine & repos de l'esprit : «Luy (Pit-
tacus) n'en feit autre chose que dire, I! n'y a celuy
de nous qui n'ait en soy quelque default, mais quant
à mov, je n'ay que ce seul poinct de la mauvaise
teste de ma femme, qui me garde d'estre autrement
en tout & par tout très-heureux. » (xi, f° 72 r°.)
386
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. io8, 1. 26. Le sénat de Marseille). Cf. Casti-
glione. Il Cortegiano, III, xxiv. Sur cette coutume
de Marseille, cf. la fin de l'essai II, m, et Valère
Maxime, H, vi, 7.
P. 109, 1. 4. Celuy la s'y entendait). Le roi
Alphonse V, d'Aragon. Ce mot lui est attribué chez
Domenichi, Delti e faiti; dans les Apophihegmes
d'Érasme : « Idem dicere solet ita demum matrimo-
nium tranquille citraque querimonias exigi posse, si
maritus surdus fiât, uxor cœca : innuens, opinor,
femineum genus obnoxium esse zelotypi^, atque
hinc oriri rixas et querimonias... » (Ed. de 1564,
p. 600.) -
P. 109, 1. 14. Coiiune disait l'hoste). Cf. Plutarque,
Les dicts notables des anciens Roys : « Il teint un tel
propos au conseil des Acheïens : qu'estant logé chez
un sien hoste en la ville de Chalcide qui luy donnoit
à soupper, il s'esmerveilla dont il pouvoit avoir
recouvré tant de diverses sortes de venaison, comme
il en voioit servir sur la table devant luy : & que
son hoste luy respondit, que c'estoit toute chair de
pourceau qui estoit seulement diversifiée de saulce
& de façon de l'accoustrer. » (F" 203 r°.) Voir aussi
Vie de Titus Ouintius Flaminius, x, f° 265 v°; et
aussi Tite-Live, XXXV, xlix; Vives, Commentaire
de-, la Cité de Dieu, X, xx.
P. 109, 1. 18. Materiam ciilpx). «Il cherche sans
cesse l'occasion de succomber. » (Ovide, Tristes, IV,
I, 34.) Le texte est celui des éditions du xvi'= siècle.
P. 109, 1. 21. La deffence les incite). Rapprocher
l'argumentation de Rondibilis chez Rabelais, III,
XXXIV, et surtout ce que dit Castiglione dans le
Cortegiano, III, XLii, où il commente le vers de
Térence qui suit.
P. 109, 1. 22. Ubi velis). « Voulez-vous, elles
refusent; refusez-vous, elles veulent. » (Térence,
Eunuque, acte IV, scène viii, vers 43.) Le texte de
Térence est : « Nolunt ubi velis; ubi nolis cupiunt
ultro. »
P. 109, 1. 23. Concessa piidet ire via). «C'est une
honte pour elles que de suivre la route permise. »
(Lucain, II, 446.)
P. 109, 1. 24. Au faict de Messalina). Tout ceci est
pris de Tacite; voir surtout Annales, XI, xxvi, xxvii.
P. iio, 1. 20. Irarumque aitincs). «Et lâche com-
plètement la bride à sa fureur. >> (Virgile, Enéide,
XII, 499.)
P. iio, 1. 21. Jusqucs à tel). Menester, comédien,
et Traulus Montanus, chevalier. (Tacite, Annales,
XI, xxxvi.)
P. 1 10, 1. 26. Bcllifera mœnera). « Souvent le redou-
table dieu des combats, Mars, atteint d'une éternelle
blessure d'amour, vient se réfugier dans ton sein...
Les yeux fixés sur toi, déesse, il repaît d'amour ses
regards avides, il est suspendu à tes lèvres. C'est alors,
ô déesse! que le tenant enlacé de ton corps sacré, tu
dois répandre sur lui tes douces plaintes. » (Lucrèce,
I, 33.) Le texte est celui de l'édition Lambin.
P. III, 1. 6. Rejicit). Tous ces mots que Montaigne
« rumine » se trouvent dans la citation de Lucrèce
qu'il vient de faire et dans la citation de Virgile
qu'on a trouvée plus haut, p. 80, 1. 16.
P. III, 1. 13. Contextus). «Leur discours tout
entier est d'une contexture virile, ils ne s'attardent
pas à des fioritures.» (Sénèque, ép. 33.) Le texte
de Sénèque est : « Non fuerunt circa flosculos occu-
pati; totus contextus illorum virilis est. »
P. III, 1. 20. Pettus est). «C'est le cœur (au
sens où nous dirions aujourd'hui c'est le cer\-eau,
l'entendement) qui fait l'éloquence. » (Quintilien,
Institution aratoire, X, vu, 15.)
P. III, 1. 29. Plutarque dit). Dans la Fie de Dé.
mosthène : « Mais moy qui suis habitant en une petite
ville, & qui m'y tiens vouluntiers, de peur qu'elle
ne soit encore plus petite, pendant que j'estoie en
Italie, & dedans Rome, n'ay pas eu le loisir d'estudier
& de m'exerciter en la langue Latine, tant pour
l'occupation des affaires que j'avoye lors en main,
que pour satisfaire à ceulx qui me hantoient pour
apprendre de moy la Philosophie : tellement que
bien tard, estant ja fort avant au decours de mon
aage, j'ai commencé à prendre en main les livres
Latins : en quoy il m'est advenu une chose estrange,
mais véritable neantmoins, c'est que je n'ay pas
tant appris ny tant entendu les choses par les paroles,
comme par quelque usage & cognoissance que
j'avoye des choses je suis venu à entendre aucune-
ment les paroles. » (i, f° 583 r'\)
LIVRE III, CHAPITRE V
387
P. 112, I. 9. Ils n'y aporicnt point). Rapprocher
ces idées des théories de h Pléiade qui a semblé
croire d'abord que l'essentiel était de multiplier les
mots. Ce passage de Montaigne écrit probablement
vers 1586 fait peut-être allusion aux oeuvres de
Du Bartas et de Du Monin, récemment publiées, où
les néologismes déconcertants sont répandus avec
tant de profusion. Dans les défauts des écrivains
de son siècle Montaigne voit la condamnation des
théories de 1550 et réagit contre l'abus qu'on en a
fait.
P. 112, 1. 22. Du jaif^on de nos chasses). On peut
voir dans Marty-Laveaux, La langue de la Pléiade,
combien les écrivains de l'école de Ronsard avaient
fait d'emprunts aux vocabulaires spéciaux de la
vénerie, de la fauconnerie et de la guerre. Pour
une étude semblable sur la langue de Rabelais voir
J. Plattard, « Le vocabulaire de la Fauconnerie dans
Rabelais» {Revue des Etudes Rabelaisiennes, 1912).
Dans la préface des Hypomncses et dans la Precelknce
dit langage françois (édition Huguet, p. 117 et sqq.),
Henri Estienne nous dit avec force détails tout le
prix qu'il attache à ces éléments du langage. Voir
aussi E. Pasquier, Lettres, II, xii. En 1564, le diction-
naire français-latin de Robert Estienne a reparu avec
une intéressante addition : Dictionnaire francoislatin,
Auquel les mots français, avec les manières duser diceulx
sont tourne:^ en latin, corrige et augmente par Jehan
Thierry. Plus y a à la fn un traicte d'aulcuns mots...
de la vénerie pris... de la Philologie de M. Budé. Aussi
y a Aucuns mots et manières de parler appartcnans à la
fauconnerie ou volerie... (Paris, J. Macé, 1564, in-f°.)
P. 113, 1. 10. Léon Hébreu). Léon Hébreo, ou de
Juda, Leone a Barbanel, est un rabbin portugais qui
vivait sous Ferdinand le Catholique, et qui a composé
des dialogues d'amour dans le goût platonicien.
Montaigne possédait un exemplaire italien de ces
dialogues (édition de Venise 1549) et sur cet exem-
plaire il a écrit : « Mentre puoi. » La première édition
de ces dialogues parut à Rome en 1535. Deux traduc-
tions françaises en furent données : l'une, attribuée
à Ponthus de Thyard, parut à L5'on en 1 5 5 1 ; l'autre,
de Denys Sauvage, fut également publiée à Lyon
en 1551. Ses réimpressions (Lj-on, 1559; Paris, 1577;
etc.), attestent la ftveur dont l'ouvrage d'Hebreo a
joui dans notre pays.
P. 113, 1. 10. Fînwj. Ficin(i433-i499), philosophe
platonicien, président de l'Académie platonicienne de
Florence, a traduit et commenté les œuvres de Platon
et de Plotin. C'est dans la traduction de Marsile
Ficin que Montaigne étudiait Platon. Il fait ici sans
doute allusion surtout au Commentaire du Banquet
où il est traité de questions d'amour et qui était
alors tort célèbre. Ce commentaire avait été traduit
en français par Simon Sylvius, dit J. De la Haye
(Poitiers, 1546), puis de nouveau par Guy le Lèvre
de la Boderie (Paris, 1578).
P. 113, 1. 16. Benibo). Le cardinal Pierre Bembo
(1470-1547), auteur de nombreux ouvrages célèbres.
Montaigne foit allusion ici à des dialogues d'amour
(G/î Asolani) qui parurent au début du xvi'^ siècle
(1505), et dont là traduction de J. Martin (Paris,
1545), fut plusieurs fois réimprimée (Paris, 1547;
Lyon, 1552; Paris, 1553; Paris, 1572; etc.). Dans le
Journal de voyage, p. 165, Montaigne remarque à
Padoue une statue de Bembo.
P. 113, 1. 16. Equicola). Parmi les ouvrages d'Equi-
cola (1460-1539), Montaigne fait allusion au traité
intitulé : Délia natnra d'amore, le plus célèbre de
tous. Il venait seulement d'être traduit en français
en 1584, par Gabriel Chapuis; mais l'ouvrage paru
en 1525 était depuis longtemps fameux.
P. 113, 1. 20. Le tour de ce peintre). Cf. Plutarque,
Comment on pourra discerner le Jlatteur d'avec l'amy :
« Il tait ne plus ne moins qu'un mauvais peintre,
qui avoir fort mal peint des coqs, car il commandoit
à son valet de chasser bien loing de .sa peinture les
coqs naturelles. « (xxii, î° 49 v".)
P. 113, 1. 24. Aniinonides). La forme véritable est
Antigenides ou mieux Antigenidas. Cf. Plutarque,
Vie de Démdtrius, i, qui dit Antigenidas, ainsi que
Aulu-Gelle, XV, xvii; Valère Maxime, III, vu,
ext. 2. Cf. aussi Paradin, Suite de l'histoire de notre
temps (dans la préface). Comme Montaigne a lu
l'ouvrage de Paradin après 1588, il est probable que
c'est chez Paradin qu'il a pris ce fait.
P. 113, 1. 27. De Plutarque). Dans l'édition de
1588 le nombre des emprunts à Plutarque n'est, en
ESSAIS DE MO\TAIG\E.
effet, guère moins considérable que dans l'édition
de 1580 (environ cent soixante-neuf, plus de deux
cents en 1580). C'est seulement après 1588 que
Montaigne cessera semble-t-il d'étudier attentivement
PI marque.
P. 114, 1. 4. Cuisse ou aisle). Rapprocher Bouays-
tuau, préface du Théâtre du inonde : « Je n'ay par-
donné à autheur quelconque... duquel je n'aye tiré
cuisse ou aesle. »
P. 114, 1. 27. Aucuns puent un peu a l'estratiger).
Sur l'impersonnalité des premiers essais, cf. mon
ouvrage sur Les Sources et l'Évolution des Essais, t. II,
3= partie, liv. I.
P. 115, 1. 4. Celle des singes). Cf. Diodore de Sicile:
« Il 5' a plusieurs espèces de singes plus grands aussi
qu'ilz ne sont ailleurs, & les prent on par un artifice
que eulx mesmes ont enseigné aux hommes : car
autrement de les prendre à force il seroit trop
malaisé, pource qu'ilz sont robustes de corps, fins
& malicieux : mais pource que c'est une beste, qui
de sa nature contrefait tout ce qu'elle veoit faire, les
chasseurs qui les prennent, aucunefois oignent les
paupières de leurs yeux avec du miel à la veue de
ces singes : les autres se chaussent des souliers : les
autres se mirent dedans des mirouers qu'ilz appro-
chent de leurs testes : & puis laissent les souliers
qu'ilz ont chaussez, et y attachent des liens : & au
lieu de miel y laissent de la glus : &; à ces mirouers
attachent des lacs courans : tellement que quand ces
bestes cuydent contrefaire ce qu'elles ont veu faire,
elles se treuvent empestrees, les unes ayans les pau-
pières engluées, les. autres les piedz liez, & les autres
tout le corps enferré. » (XVII, xx, f° 293 r°.) Cf.
aussi Elien, Histoire des animaux, XVII, xxv, et
Strabon, XV.
P. 115, 1. 17. Sacrales jurait). Montaigne s'en assure
par les dialogues de Platon qu'il lisait après 158S.
Marsile Ficin traduit « per canem ».
P. 115, 1. 17. Zenon). Cf. Diogènc Lacrce, Fie de
Zenon : «Per Capparim... jurabat.» (\''II, xxxii, 428.)
P. 115, 1. 18. Pythagoras). Id., Fie de Pytbagorc :
« Non per aërem quem spiro, non per aquam quam
bibo, non admittam liujus sermonis vituperationes. »
(VIII, VI, 526.)
P. 117, 1. 5. Pour Socrates). Cf. Platon, Banquet,
discours de Socrate, en particulier p. 206 et suivantes.
P. 117, 1. II. La suprême volupté). Cf. l'essai II,
XX, p. 464, 1. 15.
P. 117, 1. 12. Ce que dict Platon). Dans les Lois :
« Hominem vero... dei ludo esse fictum. » (VII,
p. 803; éd. de 1546, p. 830.)
P. 117, 1. 14. Ouœnani ista). «Cruelle manière
de se jouer. » (Claudien, In Eutropium, I, xxiv.)
P. 117, 1. 21. Les pieds du paon). Rapprocher
Duplessis-Mornay, De la vérité de la religion chrétienne :
« Le paon, dit-on, se mire en ses plumes et fait la
roue; mais quand il a bien estendu ses ailes, il
demeure court; et quand il vient à regarder ses pieds,
resserre son pennage de honte. » (xvi.)
P. 117, 1. 22. Ridentem). «Qu'est-ce qui empêche
de dire la vérité en riant?» (Horace, Satires, I, i, 24.)
P. 118, 1. II. Alexandre disait). Cf. Plutarque,
Comment on pourra discerner le flatteur d'avec l'amy :
« Le roy Alexandre souloit dire, que deux choses
principalement le destournoient d'adjouster foy à ceulx
qui le saluoient & l'appelloient Dieu : L'une estoit
le dormir, &; l'autre le jouïr d'une femme, comme
se sentant plus imparfait, & plus défectueux en ces
deux points là qu'en nuls autres.» (xxiii, f° 50 r°.)
P. 119, 1. 3. De quai parle Pline). Dans l'Histoire
naturelle, V, xvii. Ce fait a été rappelé à Montaigne
par une allusion de Du Haillant. Cf. la note à
l'essai II, xxix, p. 513, 1. i.
P. 119, 1. 7. Ils disent que Zenon). Cf. Diogène
Laërce, Fie de Zenon : « Pueris semel ferè aut bis
usus est, & ancillula quadam, ne sexum odisse vide-
retur. » (VII, xiii, 415.)
P. 119, 1. 14. Aristote dict). Cf. Plutarque, Les
demandes des choses romaines : « (Aristote) dit que
ce mot, faire bon, signifie tuer. » (Question 52,
t^ 469 r".)
P. 119, 1. 16. Les Athéniens). Cf. Diodore de
Sicile : « Suyvant un certain oracle... les Athéniens
purgèrent et mundifierent l'isle de Delos, sacrée à
Appollo... ils feirent une ordonnance, que de là en
avant il ne fust loysible ny d'entanter ny d'enterrer
homme dedans le pourpris de l'isle de Delos. » (XII,
XVII, f° 59 v°.) Voir aussi Thucydide, III, civ.
LIVRi; m, CHAPITRE V
389
P. 120, 1. I. Nostri v.osinel). «Nous avons honte
de nous-mêmes. » (Térence, Phonnioii, I, m, 20.)
P. 120, 1. 3. // V (T des nations). Cf. Jean Léon,
Hisloriale descriplioii de l'Afrique... mise en françois
par Jean Temporal et autres (Lyon, J. Temporal,
155 e). « Dans les Déserts de Libye, les Gentilshommes
du Païs portent en tète un linge noir avec partie
duquel ils se couvrent, cachant toutes les parties
d'icelle hormis les yeux; & vont ainsi acoutrez
journellement. Parquoi leur venant envie de manger,
toutes les fois qu'ils portent le morceau en la bouche,
ils la découvrent, puis soudainement la retournent
couvrir : allegans pour leur raison touchant cette
étrange nouveauté, que tout ainsi que c'est grand
vitupère à l'homme de jetter la viande hors du corps,
le semblable est de le mettre dedans, à la veuë d'un
chacun. » (P. 23.)
P. 120, 1. 9. En l'empire du Turc). Cf. Guillaume
Postel, Des histoires orientales et principalement des
Tnrkes : « Tous ceux icv sont tous balaffrés de grands
balaffres, tout à travers de l'estomach, tout du long
du bras, souvent en trois ou quatre lieux : et dient
faire cesdites balaffres et coupures pour l'amour du
Prophette... Quelqu'un jamais ne parle à honmie
ny à femme : l'autre ne mange qu'une fois la sep-
maine : les autres vous ne les voies jamais manger...»
(Éd. de 1575, pp. 228 et 229; éd. de 1560, i'" par-
tie, pp. 108 et 109.)
P. 120, 1. 18. Exilioqne). «Et pour l'exil ils
abandonnent leur demeure et un doux intérieur. »
Ç\"irgi\e, GéorgiqVes, II, 511.)
P. 120, 1. 20. 6- dommageables). Rapprocher ce
que Montaigne a dit à la fin de l'essai I, xxx.
P. 120, 1. 21. Plusieurs peuples). Bouaystuau dans
l'Histoire de Cbelidoniiis, viii, cite à ce propos les
Indiens, les Césiens, les Cossiens, les Gymnoso-
phistes, les Brachmanes et les Thraces, et allègue
comme autorités Hérodote, Valère Maxime, Pompo-
nius Mêla, Solin. Droit de Gaillard, dans sa Méthode
de l'histoire, xxix, reproduit le passage de Bouaystuau.
Au reste ce fait se retrouve chez un grand nombre
de compilateurs du xvi= siècle, et il passe parfois de
là dans les œuvres littéraires. Voyez par exemple
Marot dans la pièce qu'il a composée à l'occasion de
la naissance du troisième enfant de la duchesse de
Ferrare.
P. 120, 1. 22. On le soleil est abominé). On voit
bien chez Hérodote, IV, CLXXXiv; chez Pline, V,
vni, des peuples qui « abominent » le soleil, mais
. je ne vois point à quoi Montaigne fait allusion
lorsqu'il parle de peuples qui adorent les ténèbres.
P. 121, 1. I. O miseri). «Malheureux! qui s'im-
putent leurs joies à crimes. » (Pseudo-Gallus, I,
CLXXX.)
P. 121, 1. lé. Ces deux poètes). Virgile et Lucrèce.
P. 121, 1. 21. L'égyptien). Cf. Plutarque, De la
curiosité : « La response de r^ïg^r-ptien fut gentille et
bien à propos à celuy qui luy demandoit, que c'estoit
qu'il portoit enveloppé : c'est à fin que tu ne le
saches pas, qu'il est enveloppé. » (m, f° 64 r".)
P. 121, 1. 26. Et nudam). «Et toute nue je l'ai
pressée contre mon corps. » (Ovide, Amotirs, \,
V, 24.)
P. 122, 1. 7. Je ne sçay qui). Il s'agit de Philoxène.
Cf. Aristote, Ethique, III, x; Athénée, I, vi; Jelly,
La Circé (traduction de Denis Sauvage, éd. de 1550,
p. 207); Jean des Caurres, Œuvres morales, II, xxii.
P. 122. 1. 23. La chasse). Rapprocher l'essai II,
XII, p. 238, 1. 4.
P. 123, 1. 5. Postquam cupidiv). «Dès que le
caprice de notre passion est satisfait, les promesses ne
comptent plus, on ne se soucie plus des serments. »
(Catulle, LXiv, 147.)
P. 123, 1. 7. Thrasonidsx). Cf. Diogène Laërce,
Vie de Zenon : « Nam Thrasonidem, & quidem cùm
haberet in potestate amatam, abstinuisse ab ea, ne
in odium veniret. » (VII, cxxx, 480.)
P. 123, 1. 12. Particulière à nosire nation). Dans le
discours préliminaire de son Apologie pour Hérodote,
paragraphe 15, Henri Estienne relève la même
coutume pour montrer l'opposition qui existe entre
les coutumes de pays voisins. Il est à noter que
Martial y fait de fréquentes allusions : lire en parti-
culier l'épigramme XII, lix, « De importunis basia-
toribus ».
P. 123, 1. 13. Socrates dit). Cf. Xénophon, Mémo-
rables : « O miserum hominem : & quid effecturum
te arbitraris, si formosum osculatus fueris? An non
390
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Ut statim repuisa libertate in servitutis jugum te
tradas... » (I, m, ii.)
P. 123, 1. 17. Ctijtts livida). «A tel qui a un nez
de chien, d'où pendent des glaçons livides et la barbe
toute raide, j'aimerais mieux lui baiser le...» (Mar-
tial, VII, xcv, 10.) On trouve partout la forme
cnnniliugis et non ciililiiigis.
P. 124, 1. 7. Celle de ce geirçon). Cf. Valèrc
Maxime, VIII, xi, ext. 4.
P. 124, 1. 10. La loi, qui fut faicte). Cf Hérodote :
« Les femmes de maison allans de vie à trespas ne
sont soudain portées aus embaumeurs, ne celles qui
ont eu vogue & réputation de beauté, mais sont
gardées trois ou quatre jours avant que les transporter
de la maison, & le font afin que les embaumeurs ne
prennent la compagnie d'elles : car autrefois est venu
en notice qu'aucun s'estoit meslé avec le corps de
femme nouvellement morte, lequel fut décelé par
un sien compagnon. » (II, lxxxix, f° 131 v°.)
P. 124, 1. 14. Periaitder). M. : «Il avoit pris
la compagnie de Mélisse après qu'elle fut morte. »
(V, xcii, f° 353 V.) Le fait se retrouve chez Ravisius
Textor, Offidna, parmi les exemples d'amour conju-
gal ; chez Corras, Arrcst uieniorable du Parleuieiit de
Tolose, note 16.
P. 124, I. 18. L'aller enJoruiir). Cf. Cicéron, Tus-
culanes, I, xxxviii.
P. 124, 1. 28. Tanquam thiira merumque). « Aussi
impassibles que si elles préparaient le vin et l'encens
du sacrifice... Vous diriez qu'elle est absente, ou de
marbre.» (Martial, XI, cm (ou cv), 12, et XI, lix
(ou i.xi), 8.)
P. 125, 1. I. Oui ne se communiquent 1. Rapprocher
une épigramme de Martial dont la pensée est analogue.
P. 125, 1. 6. Tihi si datur uni). « Si elle se donne
à vous seul, si elle marque ce jour-là d'une pierre
blanche. » (Catulle, lxviii, 147.) Le texte est celui
des éditions du xvi' siècle, avec cette seule exception
qu'au début on y lit : « Si nobis id datur unis »,
texte que Montaigne a volontairement modifié.
P. 125, 1. 10. Tetenet, absentes). «C'est toi qu'elle
presse dans ses bras, mais ses soupirs sont pour un
autre qu'elle aiiue et qui n'est pas là. » (Tibulle, I,
^'h 35)
P. 125, 1. lé. Ils ont plus communément). C'est bien
ce que dit Montaigne dans son Journal de voyage :
« Quant à la beauté parfaite et rare, il n'en est, disoit-il,
non plus qu'en France, et sauf en trois ou quatre, il
n'}' trouvoit nulle excellence : mais communéemant
elles sont plus agréables, et ne s'en voit pas tant de
ledes qu'en France. La teste, elles l'ont sans compa-
reson plus avantageusement accommodée, et le bas
audessous de la ceinture. Le cors est mieus en France :
car icy elles ont l'endret de la ceinture trop lâche, et
le portent comme nos famés enceintes; leur conte-
nance a plus de majesté, de mollesse et de douceur. »
(P. 228.) Au premier abord le jugement de Mon-
taigne avait été moins favorable aux Italiennes :
« M. de Montaigne disoit, jusques lors n'avoir jamais
veu nation où il y eut si peu de bêles famés que
ritaliene. » (P. 190.)
P. 125, 1. 19. Des espris). Rapprocher ce que
Montaigne dit dans l'essai I, li, p. 395, 1. 3.
P. 126, 1. 4. Luxuria ipsis vinculis). «La luxure
qui, à la manière d'une bête féroce, après avoir été
irritée par ses fers, est ensuite lâchée. » (Tite-Live,
XXIV, IV.) Voici la phrase dij Tite-Live qui se
trouve dans le discours de Caton contre le luxe :
« Et luxuria non mota tolerabilior esset, quam erit
nunc, ipsis vinculis, sicut ferœ besti;i.- irritata, deinde
emissa. »
P. 126, 1. 7. Vidi ego nupcr). «J'ai vu naguère un
cheval rebelle au frein lutter de la bouche et s'élancer
comme la foudre. » (Ovide,^;K0;<r.j, III, iv, 13.) Le
texte est celui des éditions du xvi'^ siècle.
P. 126, 1. 25. C'est aus Sauromates). Cf. Hérodote :
« Il n'est loisible à fille se marier avant que de sa
main propre elle ait fait mourir un des ennemis du
Royaume. » (IV, cxvii; t. I, f" 285 r".)
P. 127, 1. 3. Le conte d'Aristippns). Cf. Diogène
Laërce, Vie d'Aristippe : « Ingressus aliquando mere-
tricis cubiculum, cùm erubesceret quidam ex his qui
cum co erant adolescentibus, non, inquit, ingredi turpe
est, sed egredi non posse turpe est. » (II, LXix, 138.)
P. 127, 1. 9. Platon montre). Voir en particulier
le Banquet, pp. 183, 184 et suivantes.
P. 127, 1. 16. Comme les Scythes). Cf. l'essai I, xii,
p. 52, 1. II et suivantes.
LIVRE III, CHAPITRE V
391
P. 127, 1. 20. Pâli natx). «Nées pour le rôle
passif. » (Sénèque, ép. 95.)
P. 128, 1. 3. Alexandre). Cf. Diodore de Sicile :
« En s'en retournant par le pays de Hyrcanie, la
Royne des Amazones qui avoit nom Thalestris, le
vint trouver. Elle estoit belle de visage et de taille,
et vigoureuse de sa personne à merveilles. Et ayant
laissé le fort de son armée es montagnes qui sont
sur les confins de l'Hyrcanie : s'en vint avec trois
cents amazones seulement, armées trouver Alexandre,
lequel de prime face s'esmer\eilla de veoir la façon
de faire et la contenance asseurée de ces femmes.
Si demanda à la royne Thalestris quelle occasion la
menoit là : elle luy respondit, qu'elle estoit venue
pour se faire engrossir par luy. Pourcc, dit-elle,
qu'à ouyr le bruit de tes faits, tu es le plus vaillant
homme qui soit aujourd'huy vivant au monde : et
je suis la plus forte et la plus vaillante femme. Si
est vraysemblable que ce qui naistra de nous deux
devra surmonter en vaillance et en prouesse tant
d'hommes qu'il v aura en tout le monde. Alexandre
fut fort joyeux de ceste response, et accepta l'offre
de sa compagnie. Et après avoir fait bonne chère
l'espace de treze jours avec elle, la renvoya en son
pays. » (XVII, XVI, f° 287 v°.) \o\x aussi Quinte-
Curce, VI, v.
P. 129, 1. 2. Si on ne livnve point). Montaigne
développera cette idée dans l'essai III, x.
P. 129, 1. 9. Qu'elles achètent chat). Cf. essai I,
XLii, p. 334, I. 10.
P. 129, 1. 9. Jane, Roine de Naples). Cf. Lavardin,
Histoire de Scanderberg : « Ceste jeune Princesse . . .
espousa André : avec lequel un jour se trouvant
à Averse, elle l'envoya de nuict prier de venir à
elle souz couleur de choses d'importance : lequel
s'acheminant, & jà à l'endroit d'une grille de fer,
fut empoigné, & pendu à ladite grille, avec un
laz d'or & de soye, tissu de la main de la Royne.
Le sujet de cest assassinat (comme plusieurs ont
voulu dire) fut, que ce Prince (quoy que jeune
&: dispos) ne bastoit aux corvées matrimoniales selon
l'appétit effréné d'elle : poulsée aussi de la conspira-
tion de ceux de son sang, aspirans à la souveraineté. »
(P 383 v.)
P. 129, 1. 16. Platon, a cette cause). Dans les Lois :
« Convenientiam vero a.'tatis ad nuptias & contra,
judex nudos omnino mares, nudas quoque ad puhcm
usque fœminas conspiciens judicet. » (XI, p. 925;
éd. de 1546, p. 887.)
P. 129, 1. 21. Experta latus). La pensée est : «Après
avoir emplové vainement toute son industrie à exciter
son époux, elle abandonne enfin une couche impuis-
sante. » (Martial, VII, lvii, 3.) Montaigne change
la personne du verbe : «deserit» au lieu de «deseris».
P. 129, 1. 26. Et quœrendiwi alinnde). «Il fallait
chercher ailleurs un époux plus capable de dénouer
la ceinture virginale. » (Catulle, Lxvii, 27.) Le texte
est celui des éditions du xvi"" siècle.
P. 130, 1. 3. Si hlando neqneat). « S'il ne peut venir
à bout de son doux labeur. » (Virgile, Géorgiqiies,
III, 127.) Le texte est : « Xc blando nequeat... »
P. 130, 1. 8. Ad iinum). «A peine capable d'une
seule besogne. » (Horace, Épodes, xii, 15.)
P. 130, 1. II. Fiige snspicari). «Ne craignez rien
d'un homme qui a, hélas! accompli son dixième
lustre. » (Horace, Odes, II, iv, 22.) Le texte d'Horace
est octavnm.
P. 131, 1. 3. Indum). « Comme un ivoire de l'Inde
teint de couleur de pourpre, ou comme des lis blancs
qui, mêlés à des roses, en reflètent les vives cou-
leurs. » (Virgile, Enéide, XII, 67.)
P. 131, 1. 8. Et taciti). «Et sans un mot, ses
regards ont accusé. » (Ovide, Amours, I, vu, 21.)
P. 131, 1. i). Si non longa). L'idée est «si elle
m'a mal pourvu». {Priapea, LXXX, i, ou Diverso-
ruin poetariun in Priapum litsus.) Le texte est dans
toutes les éditions contemporaines :
« .\t non longa s.itis, non stat bcnc mentula crassa. »
P. 131, 1. 16. Kiniintm). L'idée est : «Les matrones
elles-mêmes voient sans plaisir de maigres appa-
rences, et, sans doute, elles n'ont pas tort. » (Jbid.,
VIII, 4.) Le texte est :
« Kiminim sapiunt videntque magnam
» Matron.-e quoque mentulani libenter. »
P. 133, 1. 5. Esse iimiin). «Qu'un seul homme
s'accommode à cette grande variété de mœurs, de
392
ESSAIS DE MONTAIGNE.
discours et de volontés. » (Cicéion, De petitioiic
consulatiis, xi\'.) Le texte est celui de l'édition de
Paris 1538.
P. 133, 1. II. Ritiiiila). « Que je meure si ta fente
n'est pas légère.» (Th. de Bèzc,fuve>iilia. Epigramme
Ad quandam, édition de 1578, p. 88.) Cette pièce
ne se retrouve pas dans l'édition de 1569.
P. 133, 1. 12. Un vit). Saint-Gelais, Œuvres, édi-
tion de Lyon 1574, p. 99. Dans son Apologie pour
Hérodote, Henri Estienne a critiqué vertement les
vers licencieux de ce prélat. Voici le texte du ron-
deau auquel Montaigne fait allusion :
ROXDE.\U SUR L.\ DISPUTE DES ...
PAK aUATRE DAMES.
« La nuict p.issée une Dame discrette
» Ayant couché en part assez secrette
» A autre trois demanda par devis
» De quelle taille estovent les meilleurs ...
«Tous ... sont bons, repond une maigrette.
» Les longs, dit l'autre, aynient trop la retrailte,
» Un ... moyen faict bien meilleure traicte,
» Je le say bien, et je m'en assouvis
)) La nuict.
>> La tierce dit, ne faites point l'estroicte,
» Le grand et grps a l'atteinte plus droicte.
» Lors, dit la Dame, après tous vos devis,
» Quand la femme aime et n'a les sens ravis,
» Un ... d'ami la contente et bien traicte
» La nuict. >>
(Edition Blanchemain, t. I, p. 88.)
P. 133, 1. 20. Si fiirtiva). «Si, furtivement, dans
l'obscurité de la nuit, elle vous a accordé quelque
faveur. » (Catulle, lxvhi, 145.) Le texte est celui des
éditions du xvi' siècle; Montaigne change seulement
la première conjonction, écrivant si au lieu de sed.
P. 134, 1. 24. Faict caler). Rapprocher ce que
Montaigne a dit dans l'essai II, xi, p. 131, 1. 10.
P. 135, 1. 12. Me tabula). «Le tableau votif que
j'ai appendu au mur du temple de Neptune indique
à tous que j'ai consacré à ce dieu mes habits encore
mouillés du naufrage.» (Horace, Odes, I, v, 13.)
Montaigne veut dire qu'il est maintenant hors de la
tempête.
P. 135, 1. 20. Hœc si tu postules). «Prétendre
l'assujettir à des règles, c'est tout simplement s'efforcer
de déraisonner avec bon sens. » (Térence, Eunuque,
I, I, 16.)
P. 136, 1. 7. Xiiliiiin). «Il n'est pas de vice qui
soit renfermé en lui-même.» (Sénèque, ép. 95.) Le
texte de Sénèque est : « Nullum intra se manet
vitium. »
P. 136, 1. 16. Un jeune boiinne). Cf. Sénèque,
Epilres : « Eleganter mihi videtur Panastius respon-
disse adulescentulo cuidam qua;i'enti : An sapiens
amaturus esset. De saplente, inquit, videbimus; mihi
& tibi, qui adhuc à sapiente longe absumus, non est
committendum ut incidamus in rem commotam im-
potentem, alteri cmancipatam vilem sihi. » (Ép. iï6,
p. 276.)
P. 136, 1. 22. La parole d' Agesilaus). Cf. Plutarque,
Les dicts notables des Lacedœmoniens : « Agesilas en se
retournant dit, O qu'il est malaisé d'aimer & estre
sage tout ensemble. » (F" 210 v^\)
P. 137, 1. I. Duni nova canities). «Alors que je
n'en suis qu'aux premiers cheveux blancs, alors que
la vieillesse n'est qu'à ses débuts et se tient encore
droite, alors qu'il reste encore à la Parque Lachésis
de quoi filer, que j'ai encore l'usage de mes jambes
et que je n'ai pas besoin de bâton. » (Juvénal,
Satires, m, 26.
P. 137, 1. 5. Elle a rendu de jeunesse). Montaigne
fait sans doute allusion à certaines odes d'Anacréon
qu'il avait pu lire en particulier dans la traduction de
Belleau. Voir les Œuvres de Belleau, édition Gouver-
neur, t. I, p. 45, la pièce intitulée : De soymesme.
P. 137, 1. 6. Au sage Anacrcoii). Peut-être allusion
à l'ode LU d'Anacréon.
P. 137, 1. 7. M'estanI, dict-il). Cf. Xénophon,
Le Banquet : « Cum in codem libro conjunctis capi-
tibus aliquid ambo quxrerctis, & humerum nudum
humerum hxrentem. Et Socrates : Facesse, inquit,
hœc igitur, quasi a bestia morsus : & humerum
amplius quinque diebus fricuerunt, & in corde quasi
pruritum quendam habere videbar. » (Éd. de 1545,
IV, XXVII.)
P. 137, 1. 20. Elle diet que les appétits). LL, Ménui-
rablcs, I, m. Pour l'image, cf. aussi Plutarque, De la
curiosité : « Ainsi comme Socrates conseilloit de
LIVRE III, CHAPITRE V
39j
s'abstenii" des viandes qui provoquent les hommes à
manger quand ils n'ont point de faim, et des breu-
vages qui convient à boire encore que l'on n'ait point
de soif : aussi faut-il que nous fuyons & nous gar-
dions de voir n\- d'ouir chose quelle qu'elle soit qui
nous arreste ou retiene quand il n'en est point de
besoin. » (xii, f° 67 r°.) La même idée revient dans
le traité Du trop parler, xxii, f" 96 v°; Propos de table,
IV, I, f° 369 r°; etc.
P. 138, 1. 9. Piireiiient uy corporel). Cette idée sera
de nouveau longuement développée à la fin de
l'essai III, xiii.
P. 139, 1. 26. Cttjiis in indomito). « Dont la raideur
est plus grande que celle de l'arbre qui se dresse sur
la colline. » (Horace, Epodcs, xii, 19.)
P. 140, I. 2. Possiiit ut). « Pour que cette jeunesse
ardente rie aux éclats en voj-ant notre flambeau réduit
en cendres. » (Id., Odes, IV, xiii, 26.)
P. 140, 1. 8. Ce phiïosofe). Cf. Diogène Laërce,
Vie de Bion : « Cum sibi probro daretur, quôd ado-
lescentem non sibi vendicasset. Non enim, inquit,
possibile est mollem caseum hamo attrahere. » (IV,
XLVII, 278.)
p. 140, 1. 23. Fa te hen per z'oi). (Faites-moi quelque
bien pour vous-même.) Cf. Journal de voyage : « Le
nazioni libère non hanno la distinzione delli gradi
délie persone come le altre : e fino alli infimi hanno
non so che di signorile à lor modi. Domandando
l'elemosina mescolanci sempre qualche parola d'au-
torità. Datemi l'elemosina, voleté? Datemi l'elemo-
sina, sapete. Come dice, quest' altro in Roma : Fate
ben per vol. » (P. 373.)
p. 140, 1. 23. Cvriis enhortoit). Cf. Xénophon,
Cyropédie : «Qui... seipsum amat mecum pugnet. »
(VII, i; éd. de 1545, p. 119.)
P. 141, 1. I. Nolo). «Je ne veux pas arracher la
barbe à un lion mort. » (Martial, X, xc, 10.) Le
texte porte « noli >> au lieu de « nolo ».
P. 141, 1. 3. Xowphon emploie). Dans VAnahase,
II, VI, 15.
P. 141, 1. 8. L'Empereur Galba). Cf. Suétone, Vie
de Galba, xxii.
P. 141, 1. 10. O ego). « Oh ! fassent les dieux que
je puisse te voir telle que, dans mon exil, je me
représente ton image! que je puisse baiser tendre-
ment tes cheveux blanchis par le chagrin et presser
dans mes bras ton corps amaigri ! » (Ovide, Ex Ponlo,
I, IV, 49.)
P. 141, 1. 14. Enione:;^). Cf. Diogène Laërce, Vie
d'Arcésilas : «Emone quodam Chio, cùm esset defor-
mis, formosum se arbitrante, ac jugiter chlamydem
pretiosam induente ac rogantc, num illi sapiens
amaturus videretur, Maxime, ait, nisi ita quispiam
fuerit pulcher ut tu, & ita speciosè induatur. » (I\',
xxxiv, 268.)
P. 141, 1. 23. Quein si). «Un jeune homme qui,
introduit dans un chœur de jeunes filles, avec ses
cheveux flottants et ses traits indécis, pourrait trom-
per sur son sexe les j-eux les plus clair\-oyants des
personnes qui ne le connaissent point. » (Horace,
Odes, II, v, 21.)
P. 142, 1. 2. Platon niesme). Dans le Protagoras,
p. 309; éd. de 1546, p. 227.
P. 142, 1. 3. Le sophiste Dion). Cf. Plutarque, De
l'amour : « Le sophiste Dion disoit encore plus
cruement et plus brusquement, car il appelloit les
premiers poils de barbe des beaux jeunes fils Armo-
diens et Aristogitons, par ce que les amoureux
estoient délivrez de tyrannie par eulx incontinent
qu'ils commanceoient à poindre.» (xxxiv, f"' 613 r".)
P. 142, 1. 6. Importunus). « Car il n'arrête pas son vol
sur des chênes dénudés. » (Horace, Odes, IV, xui, 9.)
P. 142, 1. 8. Marguerite). « L'aage de trente ans,
où les femmes ont accoustumé de quitter le nom
de belles pour estre nommées sages. » (Quatrième
journée, nouvelle 35.)
P. 142, 1. 15. Amor ordiuem). «L'amour ne connaît
point l'ordre (la règle). » Ce passage est de saint
Jérôme. Vovez la fin de sa lettre à Chromatius, t. I,
p. 217; édition de Bàle, 1537.
P. 143, 1. I. Tout y sert). \'oyez les mêmes idées
dans l'essai III, m, p. 51.
P. 143, 1. 6. Noble barde Socratique). Cf. à ce sujet
le Banquet de Platon et les idées que Montaigne en
a résumées dans l'essai I, xxviii, p. 243, 1. 15.
P. 143, 1. 9. Platon ordone). Dans la République :
« Lcgi huic addendum existimo, ut quoad in ea expe-
ditione fuerint, nemini renucre liceat, quemcunque
394
ESSAIS DE MONTAIGNE.
osculari ipse desideraverit, ut si quis alicujus amore
captus fuerit vel maris vel fœminœ, acrior sit ad
victoriam consequendam. » (V, p. 468; éd. de 154e,
P- 595-)
P. 143, 1. 16. Nain si qiiando). « Car si parfois on
en vient au combat, vous diriez un grand feu de
paille, sans force, dont toute la fureur reste vaine. »
(Virgile, Géorgùjnes, III, 98. »
P. 143, 1. 22. Ut missiiin). « Ainsi une pomme,
don furtif de son amant, tombe du chaste sein d'une
jeune fille. La malheureuse a oublié qu'elle l'a cachée
sous son souple vêtement, et quand, à l'arrivée de
sa mère, elle se lève, la pomme tombe et roule à
ses pieds. La rougeur qui couvre subitement son
visage troublé révèle sa faute. » (Catulle, lxv, 19.)
P. 144, 1. I. Et! marne moule). Cf. l'essai II, xu,
p. 190, 1. 6, et la note.
P. 144, 1. 3. Platon apelle). En particulier dans la
RépiiMique, V, pp. 451-457.
P. 144, 1. 5. Le philosofe Aniisthene^). Cf. Diogène
Laërce, Vie d'Antisthàie : « Viri ac mulieris virtus
eadem. » (VI, xii, 353.)
Chapitre VI.
DES COCHES.
P. 145, 1. 8. Nainqiie iinam). « Ce n'est pas assez
de nommer une seule cause; il faut en dire plusieurs,
quoique parmi elles une seule soit la bonne. » (Lu-
crèce, VI, 704.)
P. 145, 1. 10. D'où vient cette coustiiiiie). Cf. Aristote,
ProbJemata, section xxxiii, qusest. 9. On peut voir ce
que dit du Verdier sur l'origine de cette coutume.
Suite des Diverses leçons, II, ix.
P. 145, 1. 17. // me semble avoir veii en Pliitarqiie).
Dans les Causes naturelles : « Pourquo}' est-ce que
ceulx qui naviguent sur la mer, ont plus de mal au
cœur que ceulx qui naviguent sur les rivières, encore
que ce soit par beau & doux temps? C'est pource
que ce qui plus cause &: excite le mal de cœur entre
les sentimens, c'est l'odorement, &: entre les passions
la peur : car si tost que l'appréhension du péril saisit
les hommes, ils tremblent de peur, leur poil se
hérisse & se dresse, & le ventre leur lasche, là où
il n'y a rien de tout cela qui trouble ny travaille
ceulx qui naviguent dessus une rivière, parce que
l'eau douce & bonne à boire, est familière & accous-
tumee à l'odorement, & la navigation est sans danger :
mais en la mer l'odeur de la marine estrange & non
accoustumee les offense, & sont toujours en peur,
quelque beau temps qu'il face, ne se fians point à ce
qu'ils voyent présent, parce qu'ils ne sçavent pas ce
qui leur doit advenir, & pourtant peu ou rien ne leur
sert le calme du dehors, estant leur ame en tourmente
au dedans, agitée de la peur & défiance, & tire le
corps en semblable perturbation. » (xi, f° 636 v°.)
P. 146, 1. 12. Pejus vexabar). «J'étais trop malade
pour songer au péril. » (Sénèque, ép. 53.) La leçon
vexabar est donnée en note de l'édition de Bàle 1557;
dans le texte on Vit ferebar.
P. 146, 1. 17. Faut-il du courage). Rapprocher
Plutarque au début de la comparaison de Thésée et
de Romulus : «Hardy de peur» (f" 25 v").
P. 146, 1. 23. Celle qu'Alcibiades recite). Cf. Platon,
Banquet : «Profligatis... nostris, ac fuga jam omnium
facta, Socrates unà & Lâches pedem referebant.
Atque ego cum in hos casu incidissem, bono animo
esse jussi, meque nunquam deserturum eos dixi.
Hic igitur eo melius aspicere potui Socratem quàm
apud Potidœam, quo ipse confisus equo, minus for-
midabam. Primam igitur intueri licebat, quanta
cautione ac pntsenti animo Lachem superaret. Deinde
mihi visus est... ibi non aliter quàm hic incedere,
superbus, «Se oculis quiète omnia circumlustrans, cau-
teque examinans singula. Hostes siquidem civesque
vicissim respiciehat, oculis & aspectu prœferens,
ostendensque vel remotioribus, si quis eum invadat,
non esse id impune facturuni. Itaque tute abibat
& ipse & aller. Fermé enim qui ita incedunt, nemo
eos invadit, sed eos qui effusa fuga deferuntur. »
(P. 221; éd. de 1546, p. 439.)
P. 147, 1. 9. Ouo timoris minus est). «D'ordinaire,
moins on a peur, moins on court de risques. »
(Tite-Live, XXII, x.)
P. 147, 1. 26. Epicurus dict). Cf. Diogène Laërce,
Vie d'Épicure : «Eum verô qui semel fuerit sapiens
in contrarium habitum transire non posse. » (X,
cxvii, 715.)
P. 148, 1. 12. Quand la voile). Rapprocher ce que
Montaigne dit dans son Journal de voyage : « Le
396
ESSAIS DE MONTAIGNE.
saniedy dousiesme de Novembre, nous en partîmes
au matin, et vinsmes à La Chaffousine, cinq milles,
où nous nous mimes homes et bagages, dans une
barque pour deus écus. Il a accoutumé creindre l'eau,
mais avant opinion que c'est le sul mouvemant qui
offence son estomac, voulant essaïer si le mouvemant
de cette rivière, qui est equable et uniforme, attendu
que des chevaus tirent ce bateau, l'offenseroit, il
l'essaïa et trouva qu'il n'y avoit eu nul mal.» (P. 170.)
Ailleurs (p. 273) Montaigne s'étonne d'avoir pu faire
sans en souffrir un long trajet en coche.
P. 148, 1. 26. En chectin y aiani). Cf. Chalcondyle :
« Sur chacun des coches y avoit un rondelier &: mos-
quettaire, pour\-eu de plusieurs grosses harquebouses
toutes prestes à tirer les unes après les autres, sans
perdre de temps à recharger, & estoient couverts là
dedans d'une pavesade, presque semblable à celle
d'une fuste ou galliotte. » (Vil, vu, 468.)
P. 149, 1. 10. Les Roys). Cf. Du Haillant, Histoire
des rois de France : «... Depuis Dagobert jusques à
Pépin, les Roys .sont seulement Roys de nom...
n'avant de Roy rien que la mine & l'accoustrement.
Ils se faisoient traîner par pays dedans un chariot
traîné par quatre bœufz, se montrant en ce beau
triomphe inutiles au gouvernement d'une grande
Monarchie. » (II, p. 105.)
P. 149, 1. 12. Mare Aiiloine). Cf. Crinltus, De
honesin disciplina : « Marcus Antonius primus, ut
inquit Plinins, jugatos leones ad currum junxit civili
bello post pugnam Pharsalicam & ab illis vectus est
cum Mima Cithrerœda. De Antonlno autem Helio-
gabalo, qui orbis terrarum... imperator fuit, sic a
Lampridio scriptum est : quaternos, inquit, canes ad
currum junxit, eoque modo vectatus est. Idem quo-
que junctis quatuor cervis in publlcum processit :
sed & leones conjunxit. Cybelen se appellans, junxit
& tygres Liberum patrem se vocans. Habuit gcm-
mata véhicula, & aurata : atque ut insaniam libidini
adliibcrct, junxit ctiam quaternas mulieres, nudusque
a nudls pervectus e.st. De Firmo Imperatorc, qui
robustlssimus est habitus, & illud ab Aurelio llberto
scriptum est, eum fuisse vectum ingentibus strutio-
nibus, adeo ut magis volare, quani gestari videretur :
Qua; rcs a ^'opisco etiam refertur. » (XVI, x.)
Pour Marc Antoine, voir Pline, VIII, xvi, et aussi
Plutarque, Fie d'Antoine, m; pour Héliogabale, cf.
Lampride, Héliogabale, xxvm-xxix; pour Firmus,
cf. \'opiscus. Fie de Firmus, vi.
P. 149, 1. 23. Par despences excessives). Pour cette
critique de la libéralité chez les princes on peut voir :
Castiglione, // Cortegiano, IV, xxxix; Bodin, Répu-
blique, V, IV, vers la fin; Guichardin, Piii consigli,
trad. française de A. Délavai (1576), 7'' maxime.
P. 150, 1. I. Le conseil qu'Isocrates). Dans le Dis-
cours à Nicoclès : « Ostenta magnificentiam nulla re
magni sumptus, statimque peritura : sed tum ils
rébus quas diximus, tum instrumenti atque supellec-
tilis ornatu, tum beneficentia in amicos. » (\'I, xix;
éd. de 1570, col. 26.)
P. 150, 1. 9. DeniosieniS coiid'at). Dans la IIP olyn-
thienne.
P. 150, 1. 13. D'accuser Tbeophrastus). Cf. Cicéron,
De officiis : « Miror, quid in mentem venerit Theo-
phrasto, in eo libro, quem de divitiis scripsit in quo
multa pn-Eclare; illud absurde est enim multus in
laudanda magnificentia, et apparalione popularium
munerum : taliiimquesumptuum facultatem, tructum
divitiarum putat. » (II, xvi; t. IV, p. 371.)
P. 150, 1. 15. Dicl Aristole). Id., ibid. : « Quanto
Aristoteles gravius &: verius nos reprehendit, qui bas
pecuniarum effusiones non admiremur quîe fiunt ad
multitudinem deliniendam... in his immanibus jac-
turis infinitisque sumptibus nihil nos magnopere
mirari, quum pra^sertim necessitati subveniatur,
neque dignitas augeatur : ipsâque illa delectatio
multitudinis ad brève tempus exiguûmque, edque à
lessivimo quoque, in quo tamen ipso unà cum
satictate memoria quoque moriatur voluptatis. » (II,
XV ; t. IV, p. 571.)
P. 150, 1. 20. Le pape Grégoire tresieiue). Cf. Journal
de voyage, à la date du 29 décembre 1580 : «Le
langage du Pape est italien, santant son ramage
Boulognois, qui est le pire idiome d'Italie; et puis de
sa nature il a la parole mal aysée. Au demourant
c'est un très beau vieillard, d'une moyenne taille et
droite, le visage plein de majesté, une longue barbe
blanche, eagé lors de plus de quatre-vins ans, le plus
sein pour cet cage, et vigoureus qu'il est possible de
LIVRE m, CHAPITRE VI.
397
désirer, sans goûte, sans colloque, sans mal d'esto-
mach, et sans aucune subjection : d'une nature douce
peu se passionant des affaires du monde, grand
batissur, et en cela il lairra à Rome et ailleurs un
singulier honneur à sa mémoire. » (P. 212.)
P. 151, 1. 5. L'Empereur Galba). Cf. Plutarque,
Vie de Galba : « Comme un Canus excellent joueur
de flusles, eust joué durant son souppcr, pource que
c'estoit une musique fort plaisante à ouyr, il la loua
& prisa beaucoup, puis commanda que Ion luy
apportast sa bougette, en laquelle il prit quelques
escus, & les luy donna de sa main, disant que ce
n'estoit point de l'argent public, ains du sien propre.»
(v, f° 724 v°.)
P. 151, I. 14. La jitrisdiction ne se doue). Tout ceci
est imité de Platon, République, I, p. 342.
P. 151, 1. 17. Nulla ars in se). «Nul art n'est
renfermé en lui-même.» (Cicéron, Definibns, V, vi.)
P. 152, 1. 1. Disait Je tyran Dionysius). Cf. Plutarque,
Les dicts notables des anciens Roys : « (Dionysius) leur
dit qu'ils faisoient mal d'oster le seul bien qu'il y a
es tyrannies, de pouvoir donner. » (F" 190 v".)
P. 152, 1. 4. T-ji -/E'.pi cv.rr.v.oi'.'i). Vers de Corinne
qu'on retrouve chez Plutarque dans le traité intitulé :
Si les Atlkiiiens ont été plus excellents en arnws qu'en
lettres, w; mais Amyot ne citant pas le texte grec,
ce n'est pas chez Plutarque que Montaigne l'a pris.
Il a pu le rencontrer dans un recueil d'élégiaques
grecs qu'il possédait, Carmina novem illustriuni feuii-
narum (AntverpicX-, 1568, p. 48); mais très proba-
blement il le doit à Juste Lipse, De amphilbealro,
vu, à la fin.
P. 152. 1. 17. Qiio in plures). « Plus on l'a déjà
exercée, moins on l'a exercée. Quelle folie de se
mettre dans l'impuissance de taire longtemps ce
qu'on fait avec plaisir! » (Cicéron, De officiis, II, xv.)
P. 153, 1. 9. Coulant assouvirait il). Cf. Sénèque,
Epîlres : « Quibus nunquam tam plene occurrere
ulla liberalitas potest, ut cupiditates illorum qure
crescunt dum implentur exatiet. Quisquis autem de
accipiendo cogitât, oblitus accepti est. Nec uUum
habet malum cupiditas majus, quàm quod ingrata
est.» (Ép. 73, p. 167.)
P. 133, 1. 17. Crœsus luy reprocijoit). Cf. Xénophon,
Cyropàiie : « Pulchrum etiam documentum Cyrus
dicltur Crœso demonstrasse, quando ab eo admone-
batur, fore ut in multa largitione pauper fieret, cum
liceret ei uni viro quamplurimos auri thesauros domi
reponere. Et Cyrum dicitur percunctatum : Et quot jam
mihi pecunias futuras fuisse arbitraris si aurum colle-
gissem... Crœsumque respondisse. Magnum quendam
numerum. Mitte virum unà cum hoc Hystaspa...
En verô Hystaspa circumadiens amicos, die eis me
auro egere ad opus quoddam : etenim verô egeo :
eisque jubé, mihi pntbeant pecunias quascunque
singuli queant : scriptam autem obsignatamque
epistolam dent ferendam Cn-esi fiimulo. Cum igitur
amicos circuisset Hystaspas, & Crœsi famulus epi-
stolas tulisset... Supputatis Crxsus pecuniis, multô
plures invenit quam Cyro dixerat futuras fuisse jam
in thesauris, si eas collegisset... Ego dum amicos
divites reddo, hos' mihi thesauros esse puto, & custo-
des simul tum mei ipsius, tum meorum bonorum
longe fidelioris, quam si priesidarios stipendiarios
prœfecissem... Ego enim Crœse... insatiabilis sum
pecuniarum quemadmodum alii. \'erum ego hoc
mihi videor multitudini prœstare... qui parare quam
plurimas potest & plurimis honeste uti, hune ego
felicissimum arbitror. » (Éd. de 1545, VIII, 11.)
P. 154, 1. 13. Pecuniarum translatio). «Enlever de
l'argent aux légitimes propriétaires pour le donner
à des étrangers ne doit pas être regardé comme une
libéralité. » (Cicéron, De officiis, I, xiv.)
P. 154, 1. 16. Philippus). Id., ibid. : « Prxclare
in epistola quadam Alexandrum filium Philippus
accusât, quôd largitione benevolentiam Macedonum
consectetur. Quod te malum, inquit, rationis in istam
spem induxit, ut eos tibi fidèles putares fore, quos
pecunia corrupisses? An tu id agis ut Macedones
non te regem suum sed ministrum & prasbitorem
putent? Quo quid sordidius régi?» (II, xv; t. IV,
P- 37I-)
P. 154, 1. 19. Pratique les). Imité de Cicéron, De
officiis : « Quanquam enim in utroque inest gratifi-
candi liberalis voluntas, tamen altéra ex arca, altéra
ex virtute depromitur. » (II, xv.)
P. 154, 1. 22. De gros arbres, tous branchus). Cf.
Crinitus, De bonesta disciplina : « Probus autem
398
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Imper, cuui de Germanis, Blemiis, ac Drungis, triuni-
phatums esset, venationem amplissimam Roma; in
eirco exliibuit, ita ut rom. popu. oninia passim diri-
peret, sed ascribam verba Flavii \'opisci, quibus hoc
totum, nec ineleganter prosequitur. Genus (inquit)
spectaculi ejusmodi fuit in triumpho Probi Impera-
toris. Arbores validœ per milites cum radicibus vulsœ,
Gonnexis late longeque trabibus affixae sunt, terra
dein superjecta, totusque circus ad silvK speciem
eonsitus gratiam nobis viroris obtulit. Immissi deinde
per omnes aditus structiones mille, mille Cer\i, mille
Apri, mille Dama;, libycs omnes ferœ, & estera
herbatica animalia, quanta vel ali potuerunt, vel
inveniri. Immissi deinde populares, rapuit quisque
quod volebat. Sequenti die adjecit in Amphitheatro
una missione centum jubatos leones qui rugitibus
suis tonitrua excitabant, qui omnes contis & sibinis
tnterempti sunt & mox occisi, prsterea multi sunt,
qui dirigere volebant sagittas, & immissi centum
leopardi libyci, centum deinde syriace, centum
dam.'e, & ursi simul trecenti, atque item sunt édita
gladiatorum paria CGC blemiis plaerisque pugnan-
tibus, qui per triumplium erant ducti cum Germanis,
Sarmatis, ac multis latronibus Sauris. » (XII, vu.)
P. 155, 1. 7. Bâltheiis). «Voici la ceinture du
théâtre ornée de pierres précieuses, voici le portique
tout reluisant d'or. » (Calpurnius, Egh\^ues, vu, 47.)
Citation prise chez Juste Lipse, De amphilhcatro, xiii.
P. 155, 1. ir. Exeat, inquit). «Qu'il s'en aille,
dit-il, par pudeur, et qu'il quitte les sièges destinés
aux chevaliers, lui qui ne paye pas le cens équestre
fixé par la loi. » (Juvénal, Satires, m, 153.) Citation
prise chez Juste Lipse, De amphitheatro, xiii.
P. 155, 1. 14. Cent mille hommes). Rapprocher
Juste Lipse, De amphitheatro : « Et de gradibus tan-
tùm intelligit, credo : in quorum polvillis sedisse
commode vult octoginta septem millia hominum. At
in ambitu illo superiore & circumjectis porticuum
Aulis, non minus item spectarunt quam dena aut
vicena potiùs millia : sive stante.s, sive in allatis ca-
thedris sedentes. » (vu.)
P. 153, 1. 16. Représentant lies antres). Cf. Juste
Lipse, De amphitlieatro : « Nec in solo solùm hase
variatio, sed in Caveis ipsis. Quarum loco invenerunt
antra qu.-edam coëuntia & dcëuntia, qux velut è terra
emitterent subito feras... Navim œdificare grandem
aliquam soient in ipsa Arenâ, quœ solutilis esset,
& subito luxata emitteret omne genus ferarum pro
arbitrio magistri temperantis... Nec naves solùm
ejusmodi induxère in Theatra, sed, quod magis
admirère, quodammodo mare ipsum. Reperii enim
qui hoc omne rotundum, per occultos quosdam
ductus & meatus, subito aquâ replerent : & pro ter-
restribus feris, monstra maris ostenderent, & classes,
& navalem pugnam... Aliquando, inquit (Dio), belluis
Interfectis & \'enatione exhibità, subito aquam in
Amphitheatrum induxit, & navale certamen ostendit.
Rursûmque eà eductà, Gladiatores in loco praîbuit.
Denique inductà iterùm, magni sumptus publicum
epulum... » (x.)
P. 155, 1. 24. Oiioties nosj. «Que de fois avons-
nous vu une partie de l'arène s'abaisser, & de l'abîme
entrouvert surgir des bètes féroces et toute une forêt
d'arbres d'or à Técorce de safran ! Non seulement j'ai
vu dans nos amphithéâtres les monstres des forêts,
mais aussi des phoques au milieu de combats d'ours
et le hideux troupeau des chevaux marins. » (Calpur-
nius, Eglogiies, vu, 64.) Montaigne a pris cette
citation dans Juste Lipse, De amphitheatro (x). On
remarquera qu'il n'adopte pas la conjecture de Juste
Lipse relativement au premier vers.
P. 156, 1. I. Une Imtite moutaigne). Cf. Juste
Lipse, De amphitheatro : « Erat, inquit (Apuleius),
mons ligneus... sublimi instructus tabula... eonsitus
viretis & vivis arboribus, summo cacumine aquas
eliquans. » (x.)
P. 156, 1. 4. Un grandi navire qui s'ouvroitj. Id.,
ibid. : « Navim quampiam in Amphitheatro conspi-
cientes ita factam ut sponte solveretur, & belluis
quibusdam emissis, rursus compingeretur & rediret
in priorem statum, visum iis huic similem iedificare.
Nec minus clarè in severo : Receptaculum autem
omnium ferarum in Amphitheatro exstructum erat
instar navis, quas capere simul & emittere posset ad
feras quadringentas. Eâ autem de subito occulté
soluta, exsiliebant ursi, leœ, panther:^... ita ut sep-
tingentas feras aut pecudes simul & currere liceret
cernere & occidi. » (x.)
LIVRE III, CHAPITRE VI.
399
P. 1)6, 1. 6. Du bas de cette place). LL, ihid. :
«In eo génère tubi sunt sive fistuLx : quiï in inio
& summo Amphitheatro dispositn;, eà arte & fine,
ut odoratum quemdam humorem ejacularentur levi-
ter, & inspergerent in sedentes. » (xv.)
P. 156, 1. 9. De Vnijnre du temps). Id., ibid. :
« Colorata varié vêla ista fuisse, ad ornatum, Lucre-
tius ostendit... Neve quid spectantium à sole infe-
staretur, vela super eos Serica, ut quidam tradunt,
extendit (Cœsar)... Jam Nero purpurea etiam vela
suspendit... Ad antennas autem subrectas, funes
transversim ligati & extensi; super quos ducta vela...
Suetonius in Caio : « Gladiatorio munere, reductis
» interdum flagrantissimo Sole velis, emitti quem-
» quam vetabat. » (xvii.)
P. 156, I. 14. Quaiiivis non niodico). «Bien qu'un
soleil brûlant calcine l'amphithéâtre, on retire les
voiles dès que paraît Hermogène. » (Martial, XII,
XXIX, 15.) Cette citation est prise chez Juste Lipse,
De Amphilbealro, xxu.
P. 15e, 1. 16. Les rets). Cf. Juste Lipse, De Amphi-
theatro : « Tanta, inquit (Plinius), copia succini in-
vecta, ut retia arcendis feris podium protegentia
succino nodarentur. Et Calpurnius... retia illa...
format & torquet ex auro. »
P. 156, 1. 18. Anro qiioqne). « Et les rets aussi
brillent de l'or dont ils sont tissus. » (Calpurnius,
Églogues, VII, 53.) Cette citation est prise chez Juste
Lipse, De Amphithéâtre, xii.
P. 15e, 1. 22. Combien ces siècles). Rapprocher ce
que Montaigne a dit à ce sujet dans l'essai I, xlix,
p. 384, 1. 7, et voir la note.
P. 156, 1. 26. Et toiirnoions). On peut rapprocher
Erasme, Adages, un développement sur ce thème :
« circulus res mortalium » (au titre : Y'ita hominis
misera et brevis).
P. 157, 1. 5. Fi.xere fortes). «Il y a eu bien des
héros avant Agamemnon, mais nous ne les pleurons
pas et une nuit profonde nous les cache. » (Horace,
Odes, IV, IX, 25.)
P. 157, 1. 9. Et supera). «Avant La guerre de
Troie et la ruine de cette ville beaucoup d'autres
poètes ont chanté d'autres exploits. » (Lucrèce, Y,
327.) C'est certainement par suite d'un lapsus que
l'édition de 1588 porte Trojauum au lieu de The-
banum. Le texte de Lucrèce est :
« Pixterea si nulla fuit genitalis oiigo
» Terrai, & coeli : .sempérquc a;torna fuere :
» Cur supara bellum Thebanuni. & funcra Troj;»:
» Non alias alii quoque rcs cecinere poct.c ? »
P. 157, 1. II. La narration de Soloni. Cf. Platon,
Timee, p. 22 (éd. de 1546, p. 702).
P. 157, 1. 14. Si interniinatam). «S'il nous était
donné de contempler l'immensité sans bornes de
l'espace et du temps, où, se plongeant et s'étendant
de toutes parts, l'esprit se promène en tous sens,
sans jamais rencontrer une limite qui arrête sa course,
dans cet infini nous découvririons un nombre incom-
mensurable de formes. » (Cicéron, De nat. deorum,
I, XX.) Voici le texte de Cicéron que Montaigne a
modifié d'une fiiçon originale : « Confugitis ad deum
cujus operam profecto non desj-deraretis, si immen-
sam & interminatam in omneis partes magnitudinem
regionum videretis, in quam se injiciens animus
& intendens, ita late longéque peregrinatur, ut nul-
lam tamen oram ultimi videat, in qua possit insis-
tere. » (IV, p. 191.)
P. 158, 1. 9. Jamqne adeo). «Tant, désormais,
notre âge n'a plus la même vigueur, ni la terre la
même fertilité.» (Lucrèce, II, 1136.) Le texte est
celui de l'édition Lambin, p. 186.
P. 158, 1. 13. Venim, nt opinor.) «A mon avis,
l'univers n'est pas ancien; le monde est d'origine
récente, et il n'y a pas longtemps qu'il a pris nais-
sance. C'est pourquoi certains arts se développent
encore aujourd'hui et se perfectionnent encore, c'est
pourquoi de nos jours l'art de la navigation a beau-
coup progressé.» (Lucrèce, \, 331.) Le texte est
celui de l'édition Lambin, p. 395.
P. 158, 1. 18. Oui nous respond). Le même doute
a déjà été exprimé par Montaigne au début de l'es-
sai I, XXXI, p. 264, 1.15.
P. 159, 1. 9. Le jardin de ce Roy). Cf. Lopez de
Gomara, Histoire générah des Lndes : « On dit en
outre, que les Rois Yngas avoient un jardin en une
isle... là où toutes les choses qu'on scauroit mettre
en un jardin estoient d'or et d'argent, comme herbes,
400
ESSAIS DE MON'TAIGXE.
iîeurs, et arbres... Il avoir en sa garderobbe des
statues d'or en bosse si grandes qu'elles ressembloient
à des geans, et les figures estoient tirées au vif. Il avoit
aussi de pareille grandeur toutes sortes d'animaux de
même matière, comme bestes terrestres, &: oiseaux.
Il avoit aussi les arbres & herbes que produisoit son
pays, & tous les poissons qui se procréoient, tant
en la mer qu'es eaux douces de son Roiaume. » (V,
XIII, p. 322 v°.)
P. 159, 1. 23. Le juste estoivieuicnt). Tout ceci est
inspiré de Lopez de Gomara (passim). Sur la frayeur
que les chevaux inspirent aux Indiens, voir ce que
Montaigne a dit dans l'essai I, xlviii, p. 376, 1. 16.
P. 160, 1. 19. Aucuns choisissans). Id., ihid : «Les
Indiens moururent en peu de temps de mélancholie,
& de faim, parce qu'ils ne vouloient en façon aucune
manger de ce que les Espagnols leur présentoient,
ains mangeoient plustost des chiens, des asnes,
& autres bestes mones qu'ils trouvoient le long des
murailles. » (II, vu, f'' 52 v°.)
P. 161, 1. 15. Oui mit jamais à tel pris). Quelques
auteurs contemporains s'indignent comme Montaigne
des atroces cruautés que les Espagnols exercèrent
en Amérique. On peut voir entre autres Juste Lipse,
dans le De constantia (1584); Coignet, Instruction aux
princes pour garder la foy promise, i, vu, xi. Jean Bodin
a protesté contre l'esclavage. Néanmoins, comme
l'a bien indiqué M. Gilbert' Chinard (cf. L'Exotisme
américain en France au xri' siècle, p. 212), dans
notre pays, à la date de 1588, la revendication si
vigoureuse de Montaigne était originale, et elle fait
grand honneur à Ses sentiments d'humanité. Nous
savons qu'il connaissait l'Histoire des Indes de Benzoni
lue par lui en 1579; peut-être avait-il eu l'occasion
— bien que nous n'en ayons aucune preuve — de
voir le pamphlet très particulièrement violent de
Barthélémy de Las Casas où la conduite des Espagnols
était stigmatisée, et dont une traduction française
avait été donnée par Migrode à Anvers (1579). Il est
intéressant d'opposer le point de vue de Montaigne
à celui de Sepulvida, l'adversaire de Barthélémy de
Las Casas, et à celui du dominicain \'ictoria, qui
l'un et l'autre avaient pris la défense des Espagnols.
11 n'est pas moins curieux de constater combien son
jugement diffère de celui de son informateur Gomara
qui sans doute blâme quelques crimes, mais ne con-
teste pas dans l'ensemble le droit dont se réclamaient
les conquérants.
P. 161, 1. 21. En costoyant la mer). Cf. Lopez de
Gomara, Histoire générale des Indes : «En l'an 1509
le docteur Enciso... meit ses gens en terre tant pour
faire quelques eschanges avecques les habitans, que
pour recognoistre leur langage, & emporter de là
quelque montre de la richesse du pays. Aussi il se
présenta grand nombre d'Indiens armez avecques
deux Capitaines, faisant contenance de vouloir com-
battre, mais le docteur Enciso leur feit signe de paix,
& par le moien d'un truchement que François
Pizarre avoit amené d'Uraba, leur feit remonstrer
comme lui, & ces compagnons estoient chrétiens
Espagnols, gens pacifiques, comme ils avoient lon-
guement floté sur la mer, & qu'ils avoient disette
de vivres, & d'or, que pour cette cause il les prioit
qu'ils lui en feissent part par eschange d'autres choses
de grands prix qu'ils n'avoient point encore veuz.
Ils respondirent qu'il pouvoit bien estre qu'ils estoient
gens de paix, mais qu'ils n'en avoient point la mine,
que ils se retirassent incontinent de leurs pays, parce
qu'ils ne pouvoient endurer d'estre moquez d'aucun,
& moins supporter les prières, & requestes, que
les estrangers ont accoustumé de faire avecques leurs
armes en pavs estrange. Enciso répliqua derechef
qu'il ne s'en pouvoit aller, si lui-mesme ne parloit
a eux. Ce que lui estant accordé, il leur feit un
long narré, lequel en somme ne tendoit qu'à leur
conversion, et à l'exaltation de nostre foy, & pour
leur faire recevoir le baptesme, leur donnant cognois-
sance, comme il n'y avoit qu'un Dieu seul créateur
du ciel, & de la terre, & des hommes : en fin il
leur recita comme le Pape, vicaire de Jésus-Christ
en tout le monde, à qui estoient absoluëment recom-
mandées les âmes & la religion, avoit donné ces
pays à un Puissant Roy d'Espagne son Seigneur,
& qu'il en estoit venu prendre possession, qu'il ne
les chasseroit point toutefois de là s'ils vouloient se
fliire chrestiens, & vassaux d'un Prince si puissant,
en paiant seulement quelque tribut d'or tous les ans :
ils feirent response en riant, qu'ils trouvoient bon
LIVRE III, CHAPITRE VI.
401
ce qu'il avoit dit toucliant un seul Dieu, mais toute-
fois qu'ils ne vouloient point laisser leur religion,
ni en disputer : que le Pape devoit estre moult
libéral de ce qui appartenoit a autrui, ou que c'estoit
une personne rioteuse qui ne demandoit que dissen-
sion, puisqu'il donnoit ce qui n'estoit pas sien, & que
le Roy estoit quelque pauvre homme puisqu'il
demandoit : & quant à lui qu'il estoit bien hardi,
puis qu'il menaçoit ceux qu'il ne congnoissoit point,
& que si lui et les siens s'approchoient pour envahir
leur pays, qu'ils mettroient leurs testes à un bois à
la semblance de plusieurs autres leurs ennemis, les-
quelles ils monstroient avec le doigt près de leur
ville. » (III, XIX, f" 234 v°, 235 r° & v°.) Le discours
de l'Indien est enrichi par Montaigne au moyen de
réminiscences de quelques idées qui se retrouvent
chez tous les historiens des Indes à cette époque.
P. 162, 1. 28. Celui du Pau). Id., ibid., V, vu.
Cette moit d'Attahalipa semble avoir frappé les
contemporains : cf. Jean Bodin, République, V, vi.
P. 163, 1. 18. L'autre, Roy de Mexico). Id., Histoire
de Corte:^ : « Nessuno Mexicano non diceva niente,
anchora que tutti dicevano come era grande il thesoro
delli Dei, & delli Re, per questa causa resolvattero
di dare tortura a Quahutimoc, & ad une altro caval-
liere, suo favorito. Il cavalliere fu tanto constante,
che anchora che morse nel tormento di fuoco non
confessé cosa niuna di quante gli domandano sopra
tal caso, o perché non lo sapeva, o perché guardando
constantissimamente il secreto che il suo signore gli
confida, quando lo abbruciavano, guardava molto nel
viso il Re perché havendo compassione di lui, gli
desse licentia, secondo dicono, di uianifestare quello
che sapeva, o veramente che lo dicesse lui, Quahu-
timoc lo guardô con grandissima ira, et lo trattô
vilissimamente come huomo mole et da poco :
dicendo se vedeva lui in qualche dilettatione overo
in qualche bagno. Cortes leva del tormento a Qua-
huttimoc parendogli cosa brutta et crudeltà, o forse
perché disse come haveva buttato nello lago, dieci
di innanzi délia sua prigionia, la pezze dell' artiglieria,
l'oro, & argento, le piètre, perle, ricchegiore che
haveva, per havergli detto il Diavolo che sarebbe
vinto. » (Pp. 211 v", 212.) A propos des divergences
qui séparent le récit de Montaigne de celui de
Gomara, cf. mon ouvrage sur les Livres d'Histoire
inoderue utilisés par Montaigne, pp. 232 et suivantes.
P. 164, 1. 16. A une autrefois). Li., Histoire géné-
rale des Indes : « Les Espagnols prinrent .soixante
Seigneurs qui avoient vassaux soubs eux, & quatre
cens autres hommes des principaux & plus riches du
pays... les quatre cens soixante prisonniers furent
exécutez, suivant l'arrest. » (II, Lxi, f" 133 r".)
P. 164, 1. 19. Nous tenons d'eux-nicsuws). En effet,
Gomara, auquel Montaigne emprunte ces renseigne-
ments, est Espagnol.
P. 165, 1. 2. Plusieurs des chefs). Notamment
Gonzalès Pizarre, que condamna à mort Pedro de
La Gasca, envoyé à cet effet avec des pouvoirs ex-
ceptionnels par Charles-Quint (1548). Les deux
Diego Alniagro, père et fils, ont été de même mis
à mort par les Pizarre, représentants de l'autorité
royale au Pérou, à Cuzco, en 1538 et en 1542.
P. 165, 1. 10. D'un prince). Philippe II, qui régnait
alors sur l'Espagne, et qui a mérité d'être appelé el
Discreto ou el Prudente.
P. 165, 1. 28. Ils croyoyent que l'estre.) Cf. Lopez
de Gomara, Histoire générale des Indes : « Par ces ans
ils contoient leurs cinq Soleils que nous dirions cinq
aages : & suivant leur calcul ils croient que depuis
la création du monde il y ait quatre Soleils passez
sans cestuy. Ils disent que le premier Soleil se perdit
par eau, durant lequel les hommes & toutes choses
créées se noïerent : que le second périt en tombant
le ciel sur la terre, par laquelle cheute tout le
peuple, & toute chose vivante fut assommée, disans
que durant cest aage vivoient les geans, amenans
pour tesmoignage de grands ossemens que nos Espa-
gnols trouvoient en terre la mesure et proportion
desquels monstroit évidemment la hauteur de ces
geans avoir été de vingt paulmes. Quant au tiers
Soleil, ils disent icelui avoir esté consommé par le
feu, ce monde bruslant par longues années, durant
lesquelles tout le genre humain, & tous les animaux
furent enfîambez : & que le quatriesme print fin par
l'air, estant le vent si fort et si violent, que tous les
édifices, arbres et rochers tombèrent par terre : mais
que les hommes ne moururent point, & qu'ils furent
4o:
ESSAIS DE MONTAIGNE.
seulement convertis en cinges. Quant au cinquicsme
Soleil, lequel a de présent son cours, ils ne comptent
point en quelles façons il doit périr, mais ils racomp-
tent que lors que le quatriesme Soleil print fin, tout
le monde fut obscurci, & demeura en telles ténèbres,
l'espace de vingt-cinq ans continuels, & qu'au cin-
quiesme d'iceux les Dieux formèrent un homme et
une femme, lesquels incontinent eurent des enfans,
& que dix ans après le Soleil apparut freschement créé
et formé le jour qu'en leur langue ils surnomment
du Connil. En mémoire dequoi ils commencent le
compte de leurs ans par ce jour. . Aussi disent-ils que
trois jours après que ce cinquiesme Soleil apparut, les
dieux qui estoient auparavant moururent, & que
depuis ceux lesquels présentement ils adoroient,
estoient nez. » (II, lxxv, f° 158 r°.)
P. 166, 1. 25. An chemin qui). Id., ihid. : «11 y a
en ce païs deux grands chemins royaux, depuis la
ville de Quito jusques à celle de Cuzco, qui est un
œuvre d'aussi grand coust comme il est remarquable.
L'un est par les montagnes, & l'autre par les plaines,
tous deux durent plus de 200 mil. Celuy qui est en
la campagne est revestu de murailles des deux costez,
& est large de vingt-cinq pieds : il a en dedans des
fossez, ou petits ruisseaux pleins d'eau coulante per-
pétuellement et dessus iceux ont esté plantez force
arbres, qu'ils appellent Molli. L'autre qui est en la
montagne, est de mesme largeur, entaillé par dedans
les rochers, & aux endroits où il y avoit des vallons
trop creux, pour esgaller le chemin on les remplissoit
de pierres massonnees avecques de la chaux. En
somme, c'est un œuvre, qui mesme au dire de
tous ceux qui ont veu l'un et l'autre surpasse les
Pyramides d'Egypte, & les grands chemins pavez des
anciens Romains, & tous les édifices anciens De
journée en journée on void de beaux grands palais
hastis, qu'ils appellent Tambos, où se logeoit la
cour, «Se les armées des Roys Yngas. Ils traînent
leurs pierres, ou les roulent à force de bras jusques
au lieu où ils veulent bastir : par ce qu'ils n'ont
point de bestes pour s'ayder d'elles à tels œuvres.
Les pierres sont de dix pieds en quarrés & encore
d'avantage : ils les asseoient avecques de la chaux,
(Se autre mortier. Or pour monter leurs pierres, ils
apportent de la terre contre le mur, & autant que
croist l'édifice, autant haussent-ils leur terre. Car ils
n'ont point d'autres engins à bastir, & ainsi sont
long temps devant qu'achever telles entreprises,
& leur faut une infinité de personnes. » (V, i.xxxvi,
f- 439 v° et 440 v°.)
P. 167, 1. 12. Rcloinhons à iws coches). Rapprocher
II, II, p. lé, I. 14, et voir la note.
P. 167, 1. 13. Ils se faisaient porter). Cf. Lopez de
Gomara, Histoire générale des Indes : « Attabalipa se
faisoit porter en une litière d'or, parée par dedans de
plumes de perroquets de diverses couleurs, & estoit
assis dedans une basse chaire toute d'or... Mais les
Espagnols ne pouvoient le toucher, parce qu'il estoit
élevé haut en sa litière et pour cette cause tuoient
ceux, qui la soustenoient à fin de le faire tomber.
Mais aussitost qu'il y avoit un de ces porteurs mort,
un autre prenoit sa place de peur que leur Seigneur
ne tombast à terre. Pizarre voyant cela le tira par sa
robe et le feit choir en terre, & par ce moyen print
fin ceste mesiée. » (V, vi, f"» 312-313.)
Chapitre VII.
DE L INCOMMODITE DE LA GRANDEUR.
P. léS, 1. 7. Descendre saris tomber). Rapprocher
Sénèque, De tranqiiiUitate animi : « Multi sunt qui-
bus necessario hcerendum sit in fastigio suo, ex quo
non possunt, nisi cadendo descendere. » (x, 382.)
P. 168, 1. 8. La resolution de ceux). Allusion à de
nombreux moralistes du xvi' siècle : on trouvera
chez Ravisius, Cornucopiœ libellus, une liste de con-
tempteurs de la grandeur. Montaigne pense tout par-
ticulièrement à Charles-Quint, dont l'abdication en
1556 avait beaucoup frappé les contemporains. Il pense
peut-être aussi à Dioclétien, qui abdiqua en 305.
Dans son Nicolle Gilles, au folio 58, à propos des
refus réitérés qu'oppose Charles d'Albret, comte de
Dreux, à l'offre qui lui est faite de la charge de
connétable, Montaigne écrit en marge, probablement
vers 1564, une note qui nous montre sa curiosité
tournée vers la question qu'il traite ici : « Ce sont
miracles pour nous; mais lors, ils se voient quelque
foës. Le Conétable de Fienes se santant sur l'eage
résigna volonterement sa charge. Bertrand du Gles-
quin la print après lui, mais après l'auoër lontans
refusée. Le Sire de Coucy la refusa tout a plat, lors
que celui de Clisson fut reculé; &, a son refus, on
la donna a Philippe d'Artoës. Et Froissart, chap. 68,
vol. 3, dit que Gui de la Trémouille l'auoët aussi
refusée, avant le sire de Coucy. » (Cf. Rei'ue d'Histoire
littéraire de la France, année 19 13, p. 137-)
P. 169, 1. 9. A l 'opposite de l'autre (de Jules César).
Cf. Plutarque, Fie de César : « Auquel voiage Ion
dit, qu'en traversant les monts des Alpes, il passa
par une petite villette de Barbares habitée de peu
d'hommes, pauvres & mal en poinct, là ou ses fami-
liers qui l'accompagnoient se prirent à demander,
en riant entre eulx, s'il y avoit point de brigues pour
les estats & offices de la chose publique en ceste
ville là, & s'il y avoit point de débats & d'envies entre
les principaux pour les honneurs d'icelle, &: Cœsar
parlant à certes, respondit : Je ne sçay pas cela, dit-il,
mais quant à moy j'aimerois mieux estre ici le pre-
mier, que le second à Rome. » (m, f" 426 r°.)
Cf. aussi Les dicts notables des anciens Roys, f° 208 r°.
P. 169, 1. 25. La vie de L. Thorius Balbus). Cf.
Cicéron {De finibus, II, xx), qui compare Thorius
Balbus à Régulus et qui donne hautement l'avantage
à ce dernier.
P. 170, 1. 8. Otane:;^, l'un des sept). Cf. Hérodote,
III, Lxxxiir; t. I, i" 216 \-'\
P. 171, 1. 4. Deu.v livres escossois). Le dialogue de
Buchanan intitulé De jure regni apud Scotos (1579)
et le pamphlet par lequel Blackwood répondit à cet
ouvrage, Adversus Georgii Buchani dialogum. De jure
regni apud Scotos, pro regibus apologia (1581).
P. 171, 1. 5. Le populaire (celui de Buchanan). Il
subordonne l'autorité des rois à celle de la loi. La
théorie est que la loi ne doit pas émaner du roi,
parce qu'un seul homme n'est pas capable de légi-
férer; plus que tout autre le roi est obligé par la loi
qui le dépasse, il doit donner l'exemple de l'obéis-
sance. S'il devient tyran, le tuer est un devoir
rigoureux. On retrouve ici les principales idées des
pamphlets protestants que la Saint-Barthélémy a
suscités; Buchanan se souvient des écrits de ses
404
ESSAIS DE MONTAIGNE.
coreligionnaires. Il se fait dire par son interlocuteur
surpris : « Nescio quibus angustis concludis reges,
et in legum prope dicam ergastula conjectis ne libe-
ram quidem orationem permittis. Me autem ex magnâ
spe dejecisti. Sperabam enim fore ut rem... inter
deos nominesque pulcherrimam vel tua sponte, vel
a me admonitus in orationis cursu, in suum splen-
dorem restitueres : quam lu omnibus ornamentis
spoliatam in ordinem redegisti : et qui primus in
orbe terrarum fuit magistratus, eum angustis cir-
cumseptu cancellis prope contemptibilem, nulli
certe sano reddidisti optandum. Quis enim sana;
mentis non in mediocri fortunâ subsistere privatus
malit, quam in perpetuis molestiis aliorum intentus
negotiis, su:e rei negligens totum \ixx cursum ad
aliénas rationes componere... Xon miror si ad hanc
formulam .spectentur reges, olim e pascuis, et ab
aratro petitos, qui pnçclarum istum lionorem acci-
perent. » (P. 20.)
P. 171,1. 5. Le luoiiarchiqne (celui de Blackwood).
Cet ouvrage compare sans cesse les rois avec la divi-
nité; il est rempli de formules comme celles-ci :
« Regnum divina res est, et reges divini... Quxque
agit princeps omnia, numinis instar agere censetur.
Qiium admodum in cœlis, nullo neque modo neque
fine conclusum numinis imperium est, idque ccelestes
animœ sine tergiversatione, sine mora capessunt :
sic in terris regnum sui eunda sunt imperia, qua;
sine sacrilegio detrectari non possunt, nec popula-
rium suorum judicio, voluntate, lege definiri. »
P. 171, 1. 26. Biisson). Cf. Plutarque, De la tran-
quillité de l'àiiie et repos de l'esprit : «Alexandre le
Grand... estant adverty que Brisson le coureur,
auquel il couroit en carrière à qui gaigneroit le pris
de vistesse, .s'estoit faint en sa course, il s'en cour-
roucea bien asprement à luy. » (xii, f" 72 v°.) Le
même personnage est appelé Crisson dans un autre
traité de Plutarque, Comment on pourra discerner le
flatteur d'avec l'amy, \\.
P. 171, 1. 28. Carneades disoil). Ll., Comment on
pourra discerner le flatteur d'avec l'amy : « Carneades
souloit dire, que les enfans des Roys & des riches
n'apprenoient rien adroit, qu'à piquer & manier les
chevaux, & rien autre chose, pource que le maistre
les flatte aux escholies en les louant, à l'exercice de
la lucte celuy qui lucte avec eulx se laisse volontai-
rement tomber dessoubs eulx : mais le cheval ne
cognoissant pas qui est le fils d'un homme privé,
ou d'un prince, qui est pauvre ou riche, jette par
terre ceulx qui ne sçavent pas bien tenir. » (xv,
f" 46 r".) Rapprocher La Chassaigne, seigneur de
Pressac (beau-frère de Montaigne) : « Quelqu'un
des anciens disoit que les Princes et grands Seigneurs
n'apprennent jamais à faire rien bien à droict, qu'à
estre à cheval, pour ce qu'en tous autres exercices
celuy qui les apprend les exalte, en les louant et
leur applaudissant mesme en ce qu'ils font mal à
propos et de mauvaise grâce : mais quand au cheval,
luy qui n'entend rien au mestier de flatterie, et qui
ne se donne pas grande peine de la faveur, met aussi
tost le prince par terre qu'il ouvre les genoux et
lasche la main, que le moindre de ses pages. »
(Éd. de 158e, f'- 210 v°.)
P. 172, 1. 2. Homère). Dans V Iliade, chant \'.
Plutarque a parlé de cette blessure de Vénus dans
les Propos de table, IX, quest. i\'.
P. 173, 1. 2. Le Sénat ordonna). Cf. Tacite, Annales,
II, Lxxxiv. Du moins je pense que c'est ce texte que
Montaigne a dans l'esprit, mais son souvenir est très
inexact.
P. 173, I. 8. Chacun des snyvans d 'Alexandre).
Cf Plutarque, Comment on pourra discerner h flatteur
d'avec l'amy : «Les familiers... du Roy Alexandre
(contrefai-soient) son ply du col... Les flatteurs de
Dionysius qui ne voioit presque goutte, s'entreheur-
toient les uns les autres, & foisoient tomber les plats
de dessus la table, pour dire qu'ils avoient mauvaise
veuë. » (viii, f°^ 42 v>' et 43 r".) Pour le premier
fiiit, cf. l'essai II, xii, p. 409, 1. i, et la note.
P. 173, 1. 14. Plutarque a vcu). Id., ihid. : « J'en ay
cogneu un qui répudia sa femme, pource que celuy
qu'il flattoit avoit fait divorce avec la siene, & fut
trouvé qu'il alloit secrettcment & envoioit devers
elle. ') (viii, f" 43 r".)
P. 173, 1. 19. Flateurs de Mithridales). Id., ihid. :
« Le rov Mithridates aimoit l'art de médecine, au
nioien dcquoy, il y eut quelques uns de ses f;tmi-
liers qui lui baillèrent de leurs membres à inciser.
LIVRE m, CHAPITRE VII.
405
& brasier avec des cautères, qui estoit le flatter de
faict, <S: non pas de parole. » (xiii, f*^ 45 v°.)
P. 173, 1. 23. Adiian V Empereur). Cf. Crinitus,
De honesta disciplina : « Cum Aelius Hadrianus Im-
perat. cum Favorino (ut fit) de litteris ageret, atque
illum in vocabuli usurpatione liberius reprelienderet,
amicis id arguentibus, quod iniquius Hadriano de
verbo bujusmodi concederet : quo idonei autores
uterentur : subridens Favorinus. Et maie, inquit,
mihi suadetls tamiliares : qui non illum me doc-
tiorem baberi ab omnibus squo anime feratis, qui
tringinta legionibus imperet... Pari exemplo et Pollio
Asinius cum Fescenninos in eum Octavius Augustus
scriberet : at, ego, inquit, taceo : non enim facile est
in eum scribere, qui potest proscribere. >> (XII, 11.)
Le premier fait vient de Spartien, Vie d'Adrien, xv;
le second de Macrobe, Saturnales, II, iv.
P. 173, 1. 30. Car Dionysius). Cf. Plutarque, De
la tranquillité de l'âme : « Dionysius l'aisné ne se
contentoit pas d'estre le plus grand et le plus puis-
sant tyran qui fust de son temps, mais pour autant
qu'il n'estoit pas meilleur poëte que Pbiloxenus,
& qu'il ne savoit pas si bien discourir comme Platon,
il s'en indigna & s'en irrita si aigrement qu'il en
jetta l'un dedans les carrières oîi l'on mettoit les
criminels & serfs de peine, & en envoya l'autre
comme esclave en l'isle d'iEgine. » (x, f° 72 v°.) Cf.
aussi Diodore de Sicile, XV, vi et vu, et Diogène
Laërce, III, xviii et xix.
Chapitre VIII.
DE L ART DE CONFERER.
P. 174, 1. 3. Coiiie dict Platon). Dans les Lois :
« Pœnis vero maligni vexantur, non quia peccave-
runt, nam quod factum est, infectum esse non potest :
sed ut posthac & peccatores ipsi, & hi qui puniri
iniquitates viderunt, injustitiam oderint, aut saltem
minus in simili vitio peccent. » (XI, p. 934; éd. de
1546, p. 891.) L'idée que Montaigne développe
ici se retrouve chez beaucoup d'auteurs. Cf. entre
autres Sénèque, De ira, I, vi; Plutarque, Que la
vertu se peult eiiseii^ner; Castiglione, // Cortegiaiio,
IV, XII ; etc.
P. 174, 1. 10. Nonne vides). « Ne vois-tu pas comme
le fils d'Albius vit ùial et comme Barrus est dans la
misère? Excellent exemple pour nous détourner de
dissiper notre patrimoine. » (Horace, Satires, I, i\',
109.)
P. 175, 1. 6. /,(? vieii.x Catou). Cf. Plutarque, Vie
de Caton le Censeur : « Il disoit aussi que les sages
apprenoient Se profitoient plus des folz, que ne fiti-
soient les fols des sages. » (i\', f° 237 v°.)
P. 176, 1. I. Les Italiens). Dans la Civil conversa-
tion de Stefano Guazzo, Montaigne a lu un long
éloge de ces Académies italiennes.
P. 17e, 1. 3. C'est un mouvement languissant). Sur
cette comparaison entre le plaisir de la conversation
et celui de la lecture, cf. l'e.ssai III, m.
P. 176, 1. 20. Une autre sorte de maladie). Cette
idée se trouve longuement développée dans la Civil
conversation de Guazzo, ouvrage dans lequel on ren-
contre beaucoup des idées que Montaigne expose dans
cet essai : critique de ceux qui ne savent .supporter
la contradiction en conversation ; subordination de la
science au jugement, et surtout à la souple adapta-
tion aux usages et aux opinions du temps, etc.
P. 176, I. 32. En la balance). Cette image est
suggérée à Montaigne par son emblème où était
figurée une balance dont les deux plateaux étaient
en équilibre.
P. 177, 1. 27. Keqne enini disptilari). « Car il n'y
a pas de discussion sans contradiction. >> (Cicéron,
De finihus, I, viii.)
P. 179, 1. 9. Antisthenes). Cf. Plutarque, De la
mauvaise honte : « Antisthenes surnommé Hercules...
commanda à ses enfans de ne sçavoir jamais gré ni
grâce à personne qui les louast. » (xii, f° 81 r°.)
P. 180, 1. II. Ainsi Platon, en sa republique).
«Oportere... moderatos & graves esse illos, qui ad
disputationis studium asciscuntur, neque communi-
candum esse id ineptis hominibus, &, ut nunc sit
omnibus quoscunque sors obtulerit. » (MI, p. 539;
éd. de 1546, p. 628.)
P. 181, 1. 8. Oui n'entre en deffiance des sciences).
Montaigne reprend ici la critique du pédantisme
qu'il a déjà présentée dans les essais I, xxv et I, xxvi,
mais il se place plus particulièrement dans cet essai
au point de vue de ses inconvénients dans la conver-
sation. Beaucoup d'Italiens les ont signalés avant lui :
cf. en particulier Guazzo, Civil conversation (j^^sûirî)',
Giovanni délia Casa, Il Galaleo (éd. de Lyon, 1575,
f- 41 v° et 44.)
P. 181, 1. 10. A7/;// sanantihus). «De ces lettres
qui ne guérissent de rien. » (Sénèque, ép. 59.)
P. 181, 1. II. Nec ad melius). «Ni à mieux vivre
ni à mieux raisonner. » (Cicéron, De finibus, I, xix).
LIVRE III, CHAPITRE VIII.
407
P. 181, 1. 25. Joueurs de passe-passe), ^'oil• une
image analogue dans l'épître XLV de Sénèque.
P. 182, 1. 7. Sub aliéna umhra). «Qui se ciichent
dans l'ombre d'autrui. » (Sénèque, ép. 33.)
P. 182, 1. 24. Eiiihydeiiius et Protagoras). Dans les
Dialogues qui portent les noms de ces deux philo-
sophes.
P. 183, 1. 3. Cciiiiiie disait Dcmccritns). Cf. Lac-
tance. Institution divine : « Democritus quasi in puteo
quodam... veritatem jacere demersam : nimirum
stulte ut cetera. Non enim lanquam in puteo demersa
est Veritas... sed tanquam in summo montis excelsi
vertice, vel potius in cœlo; quod est verissimum. »
(III, xxviii.) Cf. aussi Torquato Tasso dans le
dialogue intitulé « L'honesto piacere » : « La verità,
coma diceva Democrito, è sommersa nel profonde,
o piutosio è in cielo nascosta, nel grembo d'Iddio
ove naque. » (^Rinie e prose, éd. de 1581, p. 146.)
P. 184, 1. 14. Et ce plnlosophe du temps). Heraclite.
Cf. l'essai I, l, et la note.
P. 184, 1. 16. Myson). Cf. Diogène Laërce, Vie de
Myson : « Cùm ab eo rogaretur qui eum de impro-
viso deprehenderat, cur nemine présente rideret.
At ob hoc ipsum rideo, dixisse. » (I, cviii, 85.)
P. 184, 1. 27. Ce mot de Platon). Cf. Plutarque,
Comment il faut ouïr : « Et ne fault pas en tel endroit
oublier l'advertissement du sage Platon, quand on
a veu quelqu'un faillant, de descendre tousjours en
soy mesme, et dire à part soy : Ne suis-je point tel 1
Car tout ainsi que nous voyons noz yeux reluysans
dedans les prunelles de ceulx de noz prochains, aussi
fault il que en la manière de dire des autres nous
nous représentions la nostre à fin que nous ne soions
pas légers ny téméraires à reprendre les autres... »
(vi, f" 26 r°.) — Voir aussi Comment on pourra recevoir
utilité de ses ennemis : « Platon, toutes les fois qu'il
s'estoit trouvé présent à veoir faire à d'autres hommes
quelquechose de mal-honeste, en se retirant à part,
il souloit dire en soy mesme, ne ressemhle-je en
quelquechose à cela ? Aussi celuy qui a injurié et
blasmé la vie d'un autre, si tout aussi tost il s'en va
regarder et examiner la sienne propre, et la reformer
et raccoustrer en se redressant et retournant en
mieulx, il recevra quelque utilité de son injurier.
qui autrement semble estre et est véritablement vain
et inutile. » (v, f" iio v".)
P. 185, 1. 8. Stercus cuique suiim). « Chacun aime
Todeur de son fumier. » Cf. les Adages d'Erasme où
on lit : «Suus cuique crepitus bene olet. » (III, iv, 2.)
Tabourot des Accords a mis cet adage en vers dans
le premier livre de ses Touches.
P. 185, 1. 13. Encores hier). Au sujet de la vanité
nobiliaire, on peut voir l'essai I, xlvi.
P. 185, 1. 22. Age! si bœc non). « Courage! si elle
n'est pas assez folle d'elle-même, irrite encore sa
folie. » (Térence, Andrienne, IV, 11, 9.)
P. 186, 1. 9. Sacrâtes est d'avis). Cf. Platon, Gor-
gias : « Sive per nos, sive per alium quempiam nobis
charum inferatur injuria, sponte nostra judici nos
puniendos... offerre... isi quis judicet contra oportere
rhetorica uti, ad acçusandum videlicet : primo quidem
nosipsos, deinde domesticos familiaresque & alios :
si quis eorum qui nobis chari sunt, injurias perpe-
traverit : ne lateant eorum crimina, sed producantur,
unde pcenas illi persolvant, saniqùe évadant... Itaque
si verberihus digna commiserint, verberandos sese
tradant : si vinculis, vinciendos : si muleta, mulc-
tandos... si nece, necandos. » (P. 480; p. 351, éd.
de 154e.)
P. 186, 1. 22. Ceux qui nous ont voulu). Rappro-
cher l'essai II, xii, p. 243, 1. 19, et voir la note.
P. 188, 1. 4. Rarus enim fermé). «En effet, le sens
commun est rare dans cette haute fortune. » (Juvé-
nal, vin, 73.)
P. 188, 1. 20. DicI Socrate.<;). Ci. Fhton, République:
« Philosophiam vero tanquam cognatis orbatam, alii
quidam ea cette indigni aggredientes, dedecorant
ipsam nimium, eaque afficiunt infamia qua notari
ipsam a detractatoribus illis commemorabas. » (VI,
p. 495; éd. de 1546, p. 607.)
P. 188, 1. 23. Huniani qualis). «Tel ce singe, imi-
tateur de l'homme, qu'un enfant, pour se divertir, a
habillé d'une précieuse étoffe de soie, en lui laissant le
derrière à découvert, à la grande joie des convives. »
(Claudien, In Eutrop., I, 303.)
P. 189, 1. 5. Megabysus). Cf. Plutarque, Comment
on pourra discerner le flatteur d'avec l'amy : « Mega-
byzus un des plus grands seigneurs de la court du
4o8
ESSAIS DE MONTAIGNE.
Roy de Perse vint un jour visiter Apelles jusques en
sa bouttique, & s'estant assis auprès de \\iy à le
regarder besongner, commencea à vouloir discourir
de la ligne & des umbres. Apelles ne se peult tenir
de luy dire : « Voys tu, ces jeunes garçons qui
» brayent l'ochre, pendant que tu ne disois mot te
» regardoient fort attentifvement & s'esbahissoient de
» voir tes beaux habits de pourpre & tes chesnes
» & joyaux d'or, mais depuis que tu as commancé
» à parler, ils se sont pris à rire, en se mocquant de
» toy, d'autant que tu te mets à discourir des choses
» que tu n'as pas apprises. » (xiv, f° 45 v°.) ^'oir
aussi De la tranquillité de l'espi'it : « Megabysus un
grand seigneur de Perse alla un jour en la boutique
d' Apelles, là où il peignoit : & comme il s'entremeist
de parler de l'art de la peinture, Apelles luy ferma
la bouche dextrement en luy disant : « Tandis que
» tu as gardé silence, tu semblois estre quelque chose
» de grand, à cause de tes chaisnes & carquans d'or,
» & de ta robbe de pourpre : mais maintenant il
» n'est pas ces petits garçons là qui brayent l'ochre
» qui ne se mocquent de toy, voyant que tu ne sçais
» ce que tu dis. » (xii, f° 72 v°.)
P. 189, 1. 21. Priiuipis est virliis). « Pour un prince,
le premier mérite" est de connaître ses sujets. »
(Martial, VIII, w.) Cette citation a été prise dans
les Politiques de Juste Lipse, IV^, v.
P. 189, 1. 23. Pcrser nos poitrines). Rapprocher ce
que Montaigne écrivait en 1570 dans son épitre dédi-
catoire à Michel de THospital où il insistait sur cette
difficulté de donner les charges au mérite : « Xy
vos yeulx ne se peuvent estendre si loing, que de
choisir et trier parmi une si grande multitude et si
espandue, ny ne peuvent entrer jusques au fond des
cœurs pour y veoir les intentions et la conscience... »
P. 190, 1. 5. Qu'il ne faut pas). Rapprocher Ovide,
Héroi'des : « Careat successibus opto, quisquis ab
eventu facta notanda putat. » Pour la pensée, rappro-
cher l'essai I, xxiv tout entier et la tîn de I, xlvii.
P. 190, 1. 5. Les CartJiaginois). Cf. Tite-Live,
XXXVIII, XLViii. Mais Montaigne a pris ceci dans
les Politiques de Juste Lipse : « Carthaginienses Duces
bella pravo consilio gercntes, etiamsi prospéra fortuna
subsccuta esset, cruci tamen suffigebant quod benè
gesserant, deorum immortalium adjutorio; quod
malè commiserant, ipsomm culpœ imputantes. » (V,
XVI.) Juste Lipse renvoie à Valère Maxime, II, vu.
P. 190, 1. lé. Siranne:^ le Persicn). Cf. Plutarque,
Les dicts notables des anciens Roys : « Sirannez gentil-
homme Persien respondit à quelques uns qui s'es-
merveilloient comme ses entreprises ne succedoient
heureusement, veu que ses propos estoient si sages :
« c'est, dit il, pource que je suis seul maistre de
» mes propos, mais des effects, c'est la Fortune et
» le Roy. » (Prologue, f" 188 r".) Cf. aussi Amvot,
préface de la traduction des Fies : « Siramnes Persien
respondit a ceulx qui s'esbahissoyent dont venoit que
ses devis estoyent si sages, et ses effects si peu heu-
reux : « C'est pourantant, dit-il, que les devis sont
)) en ma pleine disposition, et les effects en celle de
» tortune et du rov. »
P. 190, 1. 22. Fata viani). « Les destins se frayent
leur voie. » (Virgile, En., III, 395.) Le texte de
^'irgile est : Fata viam invenient. (F° 41 v°.)
P. 191, 1. 12. Pennitte). «Abandonne le reste aux
dieux. » (Horace, Odes, I, ix, 9.)
P. 191, 1. 21. Xostrc sai^csse mcsine). Rapprocher
l'essai I, xlvii.
P. 191, 1. 26. l'erlnntnr). «Les dispositions de
l'àme sont en perpétuelle mutation : maintenant une
passion l'agite; que le vent vienne à balayer les
nuages, c'est une autre qui l'entraine. » (\'irgile,
Gàvg., I, 420.)
P. 192, 1. 5. Dict ThucididexJ. Dans la harangue
de Cléon, m, 37. Montaigne a pris cette allégation
dans les Politiques de Juste Lipse. Oî oxSi.i-.i^z: -m-i
x/6pw-(ov 1:::^ Tc-jç rivîTUTipî'j;, lo: à-'i tî tt/.e'.j'CV,
a\j.v:K-> i':/.-yjz\ -'xz r.ilv.z : Hebetiores, quàm acutiores,
ul plurimum, melius rempublicam administrant.
(IV, 3)
P. 192, 1. 8. Ul quisque). «C'est seulement à la
faveur Je la fortune qu'un homme .s'élève, et c'est
la pierre de touche par laquelle, tous, nous jugeons
de son habileté. » (Plante, Pscndolns, II, m, 15.) Cita-
tion prise dans les Politiques de Juste Lipse, IV, ix.
P. 193, 1. I. Melanlbiiis). Cf. Plutarque, Comment
il fault ouïr : « Melanthius interrogué qu'il luy sem-
bloit de la Tragédie de Dionysius : Je ne l'ay, dit il,
LIVRE ni, CHAPITRE VIII.
409
peu voir, tant elle estoit offusquée de langage. »
(vu, ê 26 v°).
P. 193, I. 6. Antislhcnes). Cf. Diogène Laërce,
Vie d'Autisthène : « Atheniensihus consulebat, asinos
ut equos diligerent. Quod cum illi ab aratione
alienum dicerent, at, inquit, apud vos duces emnt
qui nihil didicerunt, solùmque designati sunt. » (^'I,
VIII, 550.)
P. 193, 1. 16. Ceux de Mexico). Cf. Lopez de Go-
mara. Histoire générale des Indes : « Peu regardoient
le Roy au visage depuis son sacre... Le grand prestre
s'approchant de lui le conjuroit, & lui faisoit faire
serment qu'il garderoit la religion de leurs Dieux,
qu'il ohserveroit, & feroit observer les loix & ordon-
nances de ses prédécesseurs : qu'il maintiendroit par
justice qu'aucun de ses vassaux ou amis ne fui
outragé : qu'il se monstreroit vaillant à la guerre,
qu'il feroit que le Soleil tousjours chemineroit avec
sa clarté et lueur, qu'il feroit que les nues pleuve-
roient selon la nécessité, & qu'il feroit que la terre
fmctifieroit abondamment. » (II, lxxvii, f° 160 v°.)
P. 194, 1. 29. Ces jiigemens universels). Cf. PIu-
tarque. De l'esprit familier de Socrates : « J'ay souve-
nance, d'avoir ouy un propos qui n'est pas mauvais
d'un peintre qui faisoit comparaison de ceulx qui
venoient regarder les tableaux qu'il avoit peint : car
il disoit que les ignorants spectateurs, & qui n'en-
tendent rien en l'art de la peinture, ressembloient
à ceulx qui saluent en trouppe tout un peuple :
& que les sçavans & bien entendus en l'art, ressem-
bloient à ceulx qui saluent par nom & par surnom
chascun de ceub: qu'ils rencontrent : par ce que
ceulx là n'ont pas une cognoissance exquise, ains
superficielle & grossière des ouvrages, & au contraire
ceulx cy faisans jugement à part de chascune des
parties de l'œuvre l'une après l'autre, ne laissent rien
à considérer, à remarquer & nommer, de ce qui y
est bien ou mal fait. » (i, f° 636 r°.)
P. 195, 1. 12. Videnduin). «Il ne faut pas seule-
ment examiner les propos des hommes, mais encore
leurs opinions et même les fondements de ces opi-
nions. » (Cicéron, De officiis, I, XLi.)
P. 19e, 1. 4. Le dogme de Hegesias). Cf. Diogène
Laërce, Vie d'Aristippc : « Eorum peccata veniam
dicebant promereri, ... non odio quenquam habitu-
rum, sed potius eruditurum. » (II, xcv, 153.)
P. 196, 1. II. Ce que Cyriis respont). Cf. Xénophon,
Cyropédie : « At ignaris omnino virtutis mirarer
equideuT Chr^'santa si quid plus apposita oratio prod-
esset ad probitatem, quàm musicK indoctis pulclire
cantatum carmen ad musicam. » (III, m, éd. de 1545,
p. 58.)
P. 197, 1. 17. Corne il sambloit a Lycurgits). Cf.
Plutarque, Vie de Lycurgue, xv, f° 36 r°.
P. 198, 1. 6. Deux Princes). Montaigne fait peut-
être allusion à la mort du duc d'Enghien, tué dans
un jeu le 23 février 1546 à Laroche-Guyon (il fut
tué par un coffre lancé d'une fenêtre; cf. de Thou,
fin du livre II, traduction française de 173 1, tome I,
p. 153), et à la mort de Henri II qui fut mortelle-
ment blessé dans un tournoi (juillet 1559).
P. 198, 1. II. Ablatum mediis). «Cet ouvrage a
été arraché, encore imparfait, du métier. » (Ovide,
Tristes, I, vu, 29.) Le texte d'Ovide porte illnd au
lieu de istiid.
P. 199, 1. 9. Qu'il se faut bien garder). Cf. Com-
mines, III, xii. Commines ne s'attribue pas ce mot,
car il déclare «qu'il le tient de son maistre (Louis XI)
qui lui en allégua son auteur, et de qui il le tenait».
P. 199, 1. 12. Bénéficia). «Les bienfaits sont agréa-
bles tant qu'on sait pouvoir s'acquitter; mais s'ils
dépassent de beaucoup nos moyens de reconnais-
sance, ils nous deviennent odieux. » (Tacite, Annales,
IV, XVIII.)
P. 199, 1. 14. Kajn qui putal). «Car celui qui
trouve honteux de ne pas rendre voudrait ne trouver
personne à qui il fût obligé. » (Sénèque, ép. 81.)
Montaigne généralise le sens de la phrase en substi-
tuant qui à quia.
P. 199, 1. 16. Oui se non putat'). «Celui qui ne se
croit pas quitte envers vous ne saurait être votre
ami. » (Q. Cicéron, De petitione consulatus, ix.)
P. 200, 1. 2. Une heure de suite). Rapprocher II,
X, p. 109, 1. 27.
P. 200, 1. 8. Qu'il luy semble a Iny). Cf. Tacite,
Annales, XVI, xvi, et surtout ce passage de Jean
Bodin, Melhodus ad facilem historiaruni cognitioneni,
auquel Montaigne pense peut-être : « Libro quarto
410
ESSAIS DE MONTAIGNE.
profitetur (Tacitus) se nec bella, nec urbiuiii expu-
gnationes, nec fusos exercitus, nec certainina plebis
& optimatum narrare, suumque laborem inglorium
fore non tamen inutilem », etc. (P. 62.)
P. 200, 1. 20. Si plain de sentences). Bodin avait
signalé déjà ce caractère des ouvrages de Tacite dans
sa Methodtis ad facilem historiarum cognitionem, et
il avait donné comme exemple un certain nombre
de ces sentences. Montaigne même lui en avait em-
prunté une dans l'essai II, xx.
P. 201, 1. 7. L'advis des gens). Montaigne pense
surtout à César. Il a remarqué déjà la modération
avec laquelle cet auteur a parlé de son adversaire.
P. 201, 1. 8. L'avoir estime). Cf. Tacite, Histoires :
« Post quos (Marium et Syllam) Cn. Pompeius
occultior, non melior. » (II, xxxvni.)
P. 201, 1. 19. // n'a pas besoing d'excuse). Peut-être
souvenir de Jean Bodin qui, dans sa Methodus ad
facilem historiarum cognilionem, écrivait : « Budseus
acerbe Tacitum scriptorem omnium sceleratissimum
appellavit : quod non nihil adversus Christianos
scripsit, qua. ratio fecit, opinor, ut cum Tertullianus
mendacissimum, Orosius adulatiorem appellaret, sed
quemadmodum Marcellus I. C. meretricem turpiter
facere respondit, quôd sit meretrix; non tamen tur-
piter accipere cùm sit meretrix : ita quoque impie
fecit Tacitus quôd non fuerit Christianus : sed non
impie adversus nos scripsit, cùm gentili superstitione
obligaretur, ego verô impium judicarem nisi quam-
cunque religionem veram judicaret, non eam quoque
tueri & contrarias evertere conaretur. » (iv, 64.)
P. 201, 1. 24. Cies mots de la lettre). Cf. Tacite,
Annales : « Quid scribam vobis, P. C, aut quomodo
scribam, aut quid omnino non scribam hoc tempore,
Dii me Dea;que pejus perdant quam pcrire quotidie
sentio, si scio. Adeô facinora atque flagitia sua ipsi
quoque in supplicium verterant : — quippe Tibe-
rium non fortuna, non solitudines protegebant, quin
tormenta pectoris suasque ipse pœnas fateretur. »
(VI, VI, 156.) On peut consulter sur cette lettre
Suétone, Vie de Tibère, lxvii.
P. 202, 1. 2. // s'aille excusant). Id., ibid. : « (Do-
mitianus) edidit ludos Sccculares, iisque intentiùs
atfui sacerdotio Quindecim, virali prreditus, ac tum.
prretor, quod non jactantia refero », etc. (XI, xi,
184.)
P. 202, 1. 20. Un soldat portant). Id., ibid. : « An-
notatùsque miles, qui fascem lignorum gestabat, ita
prxriguisse manus, ut oneri adhœrentes, truncis bra-
chiis décidèrent. » (XIII, xxxv, 241.)
P. 202, 1. 24. Que Vespasian). Id. Histoires, IV,
Lxxxi. Il est bon de se rappeler que, dans le Contre-
un, La Boétie avait contesté l'autorité de Tacite,
précisément à cause des miracles qu'il prête à l'em-
pereur Vespasien (p. 41). Gentillet, dans les Discours
sur les moyens de bien gouverner (p. 189), dit que
Tacite et Suétone attribuent à Vespasien les miracles
qui ont été effectués par le Christ durant sa vie.
P. 203, 1. 4. Equidem plura). « A la vérité, j'en
rapporte plus que je n'en crois, car je ne puis ni
affirmer ce dont je doute, ni supprimer ce que m'a
transmis la tradition. » (Quinte-Curce, IX, i.)
P. 203, 1. 5. Hivc nequc). « ^'oi!à des choses qu'on
ne doit se mettre en peine ni d'affirmer ni de réfu-
ter... il faut s'en tenir à la renommée. » (Tite-Live,
I, Pra;fat., et VIII, vi.)
P. 203, 1. 8. // dict ne vouloir). « Cœterùm & mihi
vetustas res scribenti nescio quo pacto antiquus fit
animus : & quxdam religio tenet, quœ illi pruden-
tissimi viri publiée suscipienda censuerint, ea pro
dignis habere quK in meos annales referam. »
(XLIII, xiii-xv, 920.)
Chapitre IX.
DE LA VANITE.
P. 204, 1. 2. Si divinaiient exprimé). Cf. Ecclcsiaste :
« Vanitas vanitatum et omnia vanitas. » (I, 11.)
P. 204, 1. 16. Diomedes remplit). Cf. Jean Bodin,
Metbodits ad facikm historiariim cognitioium : « Dio-
medes de re grammatica sex millia librorum effudit. »
(Épître dédicatoire.) Il y a sans doute ici confusion
avec un certain Did3'me, grammairien dont parle
Sénèque dans l'épître 88, auteur non de six mille
mais de quatre mille volumes.
P. 205, 1. I. Ou acciisoit un Galba). C'est de l'em-
pereur Galba qu'il est ici question. Cf. Suétone, /7c
de Galba, ix.
P. 205, 1. 25. £"/ /c médecin Philofiniiis). Cf. Plu-
tarque. Comment il fatilt ouïr : « La response que
feit le médecin Philotimus à un, qui estant phtisique
& pourn,' dedans le corps, luy demandoit quelque
médecine pour guarir un petit ulcère qu'il avoit au
bout de l'ongle : car le médecin cognoissant bien
à sa couleur & à son haleine, qu'il estoit gasté au
dedans, luy respondit, mon amy tu n'es pas en
danger pour l'ulcère de ton ongle, il n'est pas temps
d'en parler maintenant. » (x, f" 27 V.) Cf. aussi
Comment on pourra discerner le flatteur d'avec l'amy :
« Le médecin Philotimus dit un jour .à quelqu'un
qui estoit suppuré et plein d'apostumes dedans le
corps, & luy monstroit un panaris qu'il avoit à la
racine de l'ongle d'un de ses doigts. Mon amy ton
mal n'est pas au bout de ton ongle. » (xxxi, f° 54 v°.)
P. 206, 1. 7. C'est à faire aux suis Spartiates).
Cf. Hérodote : « Leur coustume est toutes fois
& quantes qu'ils veulent hasarder leurs vies de se
peigner & testonncr la teste.» (VII, ccix; t. I,
f° 123 V.)
P. 206, 1. 23. L' précepte de Xeuophon). Cf. Plu-
tarque, De la tranquillité de l'âme : «Xenophon
admoneste que l'on se souvienne des dieux, et que
l'on les honore principalement lorsque l'on est en
prospérité, afin que, quand on sera en nécessité, on
les puisse réclamer avec plus d'asseurance, comme
estans de longue main propices et amis. » (i, f" 68 v°.)
Xenophon exprime cette idée dans la Cvropédie, I,
VI, 3.
P. 2oé, 1. 28. Corne si la boue fot'tuue.) Cf. Sénèque,
Épîtres : « Quasi ista inter se contraria sint, bona
fortuna, & mens bona, ita melius in malis sapimus,
secunda rectum auferunt. » (Ép. 94, p. 229.)
P. 207, I. 7. Ipsa dies). « Le jour lui-même ne
nous est agréable que parce que chaque heure change
de coursiers. » (Fragment de Pétrone.)
P. 207, 1. 15. Le désir de voyager). Montaigne a
peut-être présent à l'esprit en écrivant toute la pre-
mière partie de cet essai qui traite des voyages le
De constantia de Juste Lipse. Le but de Juste Lipse
dans cet ouvrage est d'arrêter son ami Langius qui
veut quitter son pays et voj'ager afin d'échapper aux
misères des guerres civiles. Montaigne semblera à
diverses reprises reprendre et discuter certaines des
idées qui sont exprimées dans le De constantia.
P. 207, 1. 23. Aut verherata.'). «Ou ce sont vos
vignes que la grêle a ravagées, ou c'est votre terre
qui trompe vos espérances : les arbres se plaignent
tantôt de pluies excessives, tantôt de sécheresses qui
412
ESSAIS DE MONTAIGNE.
brûlent tout, tantôt des rigueurs de l'hiver. » (Ho-
race, Odes, III, I, 29.)
P. 208, 1. 3. Aiit niiniis). « Ou les ardeurs exces-
sives du soleil brûlent les moissons, ou des pluies
soudaines et des gelées les détruisent, ou des tour-
billons de vent les ravagent. » (Lucrèce, V, 216.) Le
texte est celui de l'édition Lambin, p. 387.
P. 208, 1. 6. Le soulier neuf). Cf. Plutarque, Vie
de Paul Emile : « Un Romain ayant répudié sa
femme, ses amis l'en tenserent, en luy demandant,
Que trouves-tu à redire en elle ? n'est elle pas femme
de bien de son corps ? n'est elle pas belle ? ne porte
elle pas de beaux enfons ? Et luy estendant son pied,
leur monstra son soulier, & leur respondit : Ce sou-
lier n'est il pas beau ? n'est il pas bien fait ? n'est il
pas tout neuf? toutefois il n'y a personne de vous
qui sache ou il nie blece le pied. » (m, f° 164 r°.)
Cette anecdote est rapportée dans la République de
Bodin, I, m; chez Droit de Gaillard, Méllxâe de
l'histoire, xxiv. Leclerc estime, non sans quelque
vraisemblance, que, par cette allusion discrète, Mon-
taigne se plaint de sa femme; pourtant il n'est pas
certain qu'il faille lui donner une interprétation aussi
précise.
P. 209, 1. I. Non astiinnlione). «Ce n'est point
par les revenus de chacun, mais par ses besoins, qu'il
faut estimer sa fortune. » (Cicéron, Paradoxa, VI, m.)
P. 209, 1. 21. Selon l'cxaiiiple de Pbocion). Mon-
taigne fait allusion à la réponse que Phocion fit aux
envoyés de Philippe, qui, pour l'engager à accepter
les présents de ce roi, lui représentaient que ses
enfants étant pauvres ne pourraient pas soutenir
la gloire de leur père. « S'ils me ressemblent, dit-il,
mon petit bien de campagne doit suffire à leur for-
tune, comme il a suffi à la mienne; sinon je ne
veux pas, à mes dépens, nourrir et augmenter leur
dissolution. » (Cornélius Népos, Phociou, i.) Cf. aussi
Plutarque, Vie de Phocion : « Comme Menyllus lui
repliquast, que s'il n'en avoit besoin (d'argent) pour
soy, à tout le moins 'qu'il le prist pour son filz
Phocus, il respondit, Si mon filz Phocus changeant
de façon de vivre veult estre homme de bien, il
aura a.ssez pour vivre de ce que je luy laisseray :
mais s'il se veult tousjours gouverner comme il fait
de présent, il n"v a richesse qui luy peust suffire. »
(P 524 v°.)
P. 209, 1. 23. Craies). Cf. Diogène Lacrce, Vie de
Craies : « Demetrius Magnesius ait deposuisse illum
pecuniam apud trapezitam ea conditione, ut si
quidem filii idiotce essent, eam illis redderet : sin
autem philosophi, plehi distrihueret. » (VI, lxxxviii,
3970
P. 210, 1. 14. Comme les petites lettres). Cf. Plu-
tarque, Comment il fault refréner la cholcre : « Tout
ainsi comme les petites lettres offensent & peignent
plus les yeux, d'autant qu'elles les tendent plus,
aussi les petites affaires troublent plus la cholere. »
(xvi, f° 63 r°.)
P. 210, texte de 1588. Or nous monstre asse:^
Homère). Cf. Plutarque, De la tranquillité de l'dme :
« Le poète mesme Homère nous donne bien à en-
tendre quel est ce qui arrive contre toute attente
& espérance, quand il fait qu'Ulysses pleure pour la
mort de son chien & neantmoins estant assis auprès
de sa femme qui ploroit, il ne pleure point, d'autant
qu'il estoit là venu, aiant de longue main anticipé
& domté par le jugement de la raison son affection :
& au contraire il estoit tombé à l'improuveu soudai-
nement contre son attente en l'autre accident. »
(xvii, f'= 74 v°.)
P. 2X0, 1. 24. Kcmo eniin). « En effet on ne résiste
plus quand on a cédé à la première impulsion. »
(Sénèque, ép. 13.) Le texte est celui de l'édition de
Bàle 1557.
P. 211, 1. 4. StiUicidi casus). «L'eau qui tombe
goutte à goutte perce le rocher, n (Lucrèce, I, 314.)
P. 211, 1. 15. Tum vero in curas). «Alors mon
âme se partage entre mille soucis. » (Virgile, Enéide,
y, 120.)
p. 211, 1. 21. Diogcues respondit). Cf. Diogène
Laèrce, Vie de Diogène : « Rogatus cujusmodi vinum
libentius biberet, alienum, inquit. » (VI, Liv, 376.)
P. 213, 1. 3. Ouin tu aliquid). «Pourquoi ne pas
s'occuper plutôt à quelque chose d'utile ? à foire des
paniers d'osier ou des corbeilles de jonc. » (Virgile,
Églog., II, 71.)
P. 213, 1. 10. Sit mex sedes). « Puissé-je y passer
ma vieillesse 1 Fatigué de tant de voyages par mer et
LIVRE m, CHAPITRE IX.
413
par terre, de tant de combats, puissé-je y trouver le
repos. » (Horace, Odes, II, vi, 6.)
P. 213, 1. 20. Frticliis eniiii ingenii). «Nous ne
jouissons jamais mieux des fruits du génie, de la
vertu et de toute supériorité qu'en les partageant
avec ceux qui nous touchent de plus près. » (Cicéron,
De ainicilia, xix.)
P. 213, 1. 22. Je m'en despars). Rapprocher dans les
essais III, i, p. 8, 1. 15 : «Aussi ne sont aucunement
de mon gibier les occupations publiques... etc. »
P. 213, 1. 24. Platon, maistre ouvrier). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Platon : « Ad Remp. accedere quidem
noluit, quamvis maxime civilis esset, ut ex his constat
qu^e scribit. » (III, xxiii, 196.)
P. 214, 1. 15. MiiJti fallere). «Beaucoup de gens
ont enseigné à les tromper par leur crainte d'être
trompés, et ont par leur défiance autorisé des infi-
délités. » (Sénèque, ép. 3.) Le texte porte quidam
au lieu de initlti, et //// que Montaigne remplace par
aliis afin de généraliser la pensée.
P. 214, 1. 20. Foi plus volontiers). Rapprocher
essai II, xvii, p. 425, 1. 2, et la note.
P. 215, I. 22. Sernitns obedientia). «L'esclavage
est la sujétion d'un esprit lâche et faible, qui n'est
point maître de sa propre volonté. >> (Cicéron, Pa-
ra do.xa, V, I.)
P. 215, 1. 23. Craies fit pis). Cf. essai I, xiv, p. 75,
1. 13. et la note.
P. 2 lé, 1. 8. SensHs). « Les sens ! ô dieux ! les sens ! >>
P. 21 6, 1. 23. Et cantharlis). «Les plats et les
verres me renvoient ma propre image. » (Horace,
Epitres, I, v, 23.) Le texte d'Horace est : «Et can-
tharus et lanx ostendat tibi te. »
P. 217, 1. 9. Platon, qui estinw). Dans la lettre 9
à Archytas : «Quod... dulcissimum vita; genus sit
agere sua, prœsertiui si quis talia elegerit facienda,
qualia tu, omnibus fermé est manifestum. » (P. 357;
éd. de 1546, p. 948.)
P. 218, 1. 9. La disconvenance aux meurs). C'est
précisément la cause sur laquelle dans le De constantia
de Juste Lipse Langius insistait, celle aussi dont
l'auteur .s'attachait tout particulièrement à montrer
l'inanité. Il n'a pas convaincu Montaigne.
P. 218, 1. 12. Peioraqtie). « Ces temps, pires que
le siècle de fer, dans lesquels les noms manquent
aux crimes et que la nature ne peut plus désigner
par aucun métal. » (Juvénal, XIII, 28.)
P. 218, 1. 18. Qnippe ubi.) «Où le juste et l'in-
juste sont confondus. » (Virgile, Georg., I, 505.)
P. 218, 1. 20. Arviati). « On laboure la terre tout
armé, et sans cesse on ne pense qu'à faire de nou-
veaux brigandages et à vivre de rapines. » (/</., En.,
VII, 748.)
P. 218, 1. 27. Le roy Philippiis). Cf. Plutarque,
De la curiosité : « On lit que Philippus feit un amas
des plus meschans & plus incorrigibles hommes qui
fussent de son temps, lesquels il logea ensemble
dans une ville qu'il feist bastir, & l'appella Ponero-
polis, c'est à dire, la ville des meschans. » (x, f" 66 r".)
On peut voir aussi Pline, Hist. nat., IV, xi.
P. 219, 1. 22. Telle peinture). Sur ces idées con-
servatrices, voir en particulier essais I, xxiii en entier,
II, xii, p. 440 et suivantes. On peut rapprocher avec
profit les idées exprimées par Jean Bodin dans sa
République. (Voir surtout liv. IV, m et iv.) « Je
n'enten pas aussi mettre ceste question en avant pour
donner pied à ceux qui voudroient changer les loix,
jà receues, que les subjects doivent trouver belles
en chacune republique, ni pour désir d'altérer Testât
des républiques jà establies qui ont pris leur ply par
longue succession d'années. »
P. 219, 1. 28. On demandoit à Solon). Cf Plutarque,
Vie de Solon : « Solon respondit à un qui luy de-
manda, s'il avoit estably les meilleures loix qu'il
avoit peu aux Athéniens : Ouy bien, dit il, de telles
qu'ilz eussent receues. » (ix, f" 59 v°.)
P. 220, 1. I. Varro). Cf. saint Augustin, Cité de
Dieu : « Quod apertius alibi posuit... ex nature for-
mula se scripturum fuisse, si novam ipse conderet
civitatem : quia verô jam veterem invenerat, non se
potuisse nisi ejus consuetudinem sequi. » (VI, iv,
p. 346.)
P. 220, 1. II. Aime l'eslat). Cf. Pibrac. Les qua-
trains du Seigneur de Pibrac (contenant préceptes d
enseignements utiles pour la vie de l'homme, composeï à
l'imitation de Phocylides, d'Epicharmus, et autres anciens
poètes grecs. Ces vers ont été cités par Charondas le
Caron dans son traité De la tranquillité de l'esprit
414
ESSAIS DE MONTAIGNE.
(p. 103 de l'éd. de 1588). Charondas le Caron déve-
loppe des idées analogues à celles de Montaigne.
P. 220, 1. 15. Le bon monsieur de Pibrac). Gui du
Faur, seigneur de Pihrac, est mort le 27 mai 1584
à l'âge de cinquante-cinq ans.
P. 220, I. 17. Monsieur de Foix). Paul de Foix
(i 528-1 584) auquel Montaigne avait dédié, le i" sep-
tembre 1 570, les vers français de La Boétie. Conseiller
du roj' en son conseil privé, malgré sa tolérance
envers les protestants qui lui valut d'être enfermé
quelque temps à la Bastille, il fut envoyé comme
ambassadeur en Ecosse, en Angleterre, à \'enise,
enfin à Rome (mai 1581). Muret a composé son
oraison funèbre. Les lettres de Paul de Foix à
Henri III ont été publiées en 1628.
Une lettre d'Etienne Pasquier (IX, xiv), où sont
énumérées les morts de grands personnages surve-
nues pendant l'année 1584, mentionne avec grand
éloge Pibrac et Paul de Foix.
P. 221, 1. 5. Xon tant commutandarnm). « Désireux
moins de changer le gouvernement que de le
détruire. » (Cicéron, De officiis, II, i.)
P. 221, 1. 21. Pacuvius Calavius). Cf. Tite-Live :
« Citari singulos senatores jubebo, de quorum capite
vos consulam, quod de quoque censueritis, fiel. Sed
prius in ejus locum virum fortem ac strenuum no-
vum senatorem cooptabitis, quàm de noxio suppli-
cium sumatur. Inde consedit, & nominibus in urnam
conjectis, citari quod primum forte nomen excidit,
ipsûmque è curia produci jussit. Ubi auditum est
nomen, malum & improbum pro se quisque clamare,
& .supplicio dignulii. Tune Pacuvius : ^'ideo quîe
sententia de hoc sit data, ejicitur pro malo atque
improbo. Bonum senatorem & justum eligite. Primo
silentium erat, inopia potioris subjiciundi. Deinde
cîim aiiquis omissa verecundia quempiam nomi-
nasset, multô major extemplo clamor oriebatur,
cîim alii negarent nosse, alii nunc probra, nunc hu-
militatem sordidàmque inopiam, & pudendœ artis
aut qusstus genus objicerent. Hoc multo magis in
secundo ac tertio senatore factum est, ut ipsius
pœnitere homines appareret... Ita dilabi homines,
notissimum quodque malum maxime tollerabile di-
centes esse. » (XXIII, m, 386.)
P. 222, 1. 19. Eheu ! cicalricum). «Hélas! nos
cicatrices, nos crimes, nos guerres fratricides, nous
couvrent de honte! Enfants d'un siècle barbare, de-
vant quelle atrocité avons-nous reculé? oîi n'avons-
nous point porté nos attentats? Est-il une chose
sainte qu'ait respectée notre jeunesse, un autel qu'elle
n'ait point profané?» (Horace, Odes, I, xxxv, 33.)
P. 222, 1. 26. Ipsa si velit). « La déesse Salus elle-
même le voulût-elle, elle serait impuissante à sauver
cette famille. » (Térence, Adelphcs, acte IV, se. vu, 43.)
Le texte porte cupiat au lieu de velit.
P. 223, 1. I. Corne dict Platon). Dans la Républiijue :
« Difficile quidem est ita constitutam civitatem è suo
statu moveri. » (VIII, p. 546; éd. de 1546, p. 631.)
P. 223, 1. 9. C'est noslre vice). Cf. Sénèque, Epîlres :
«Adjice... quod nemo eorum qui in Republica ver-
santur, quos vincat, sed à quibus vincatur, aspicit :
et illis non tàm jucundum est multos post se videre,
quàm grave aliquem ante se. » (Ep. 73, p. 167.)
Pour le conseil que donne ici Montaigne, voir encore
l'épître 15 de Sénèque.
P. 223, 1. II. Oui dresseroit). Cf. Plutarque, Con-
solation à Apollonius : « Le propos de Socrates qui
vouloit dire, qu'il falloit que chascun apportast ses
malheurs & adversitez en commun, & que Ion les
departist tellement que chascun en eust son égale
portion, car alors il se verroit que la plus part de
ceux qui se plaignent seroient bien aises de se con-
tenter des leurs & s'en aller à tout. » (ix, f° 245.)
Après 1588 Montaigne a effacé le nom de Socrate
et l'a remplacé par celui de Solon, peut-être sur le
témoignage de Valère Maxime. (MI, 11, ext. 2.)
P. 223, 1. 15. Les dieux). On peut rapprocher une
phrase analogue de Calvin, Institution chrétienne :
« Comme si Dieu se jouait des hommes en les
démenant çà et là comme des pelotes. »
P. 223, 1. 17. Eniwuero Dij). « Les dieux se servent
des hommes comme de balles. » (Plante, prologue
des Captifs, v. 22.) Citation prise chez Juste Lipse,
Salunialium sermonum lihri, I, i.
P. 223, 1. 24. Je ne suis). On peut noter que
vers l'époque où il compose ce chapitre, Montaigne
souligne dans son Quinte-Curce (IV, xi, 8) la
phrase que voici : « Periculosum est pra;grave
LIVRE III, CHAPITRE IX.
4IS
imperium. » (Cf. les annotations du Quinte-Curce
de Montaigne dans la Ra'ue d'Histoire Htlcraire de la
France, année 1916, p. 427.)
P. 223, 1. 24. Isocrates). Dans le discours à Nicoclès :
« iEmulare non eos qui latissimè imperium propaga-
runt, sed qui id quod habent rectissimè administra-
runt. » (VIT, xxvi, éd. de 1570, col. 27.)
P. 224, 1. 9. Nec gentibus ullis). « Et la fortune
ne confie à aucune nation le soin de la venger d'un
peuple maître de la terre et de la mer. » (Lucain,
I, 82.)
P. 224, 1. 16. Ncc jaiii validis). «Il ne tient plus
à la terre que par de faibles racines; son poids seul
l'y attache encore.» (Lucain, I, 138.) Le texte de
toutes les éditions. que j'ai consultées donne /.va au
lieu de liita.
P. 224, 1. 25. Et sua siini illis). «Ils ont aussi
leurs infirmités, et une pareille tempête les menace
tous. » (Adaptation d'après Virgile, Enéide, XI, 422 :
« sunt illis sua funera, parque per omnes tempestas. »)
P. 225, 1. II. Deus hœc fartasse). «Peut-être un
Dieu par un retour favorable nous rendra-t-il notre
premier état. » (Horace, Epodes, xiii, 7.)
P. 225, 1. 26. Enregistrer une chose). De fait, nous
constatons qu'après 1588, à plusieurs reprises Mon-
taigne a supprimé telle allégation ou telle citation
pour éviter une redite. Au verso du titre de l'Exem-
plaire de Bordeaux, parmi les instructions qu'il donne
à son imprimeur, il écrit : « S'il (rimprimeur) treuue
une mesme chose en mesme sens deus fois, qu'il en
oste l'une ou il uerra qu'elle sert le moins. » Voir
la présente édition, t. I, p. 428.
P. 226, Lu. Pocula Lethœos). « Comme si, la gorge
ardente, j'eusse bu à longs traits les eaux narcotiques
du Léthé. » (Horace, Épodes, xiv, 3.)
P. 226, 1. 20. Lynceste:^, accusé). Cf. Quintc-
Curce : «Jussûsque dicere, quamquam toto, triennio
meditatus erat defensionem, tamen hassitans & tre-
pidus, pauca ex iis qus composuerat, protulit : ad
ulîimum non memoria solum, sed etiam mens eum
destituit. Nulli erat dubium, quin trepidatio con-
scientiie indicium esset, non memorix vicium. Itaque
ex iis qui proxime astiterant, obluctantcm adhuc
oblivioni, lanceis confoderunt. » (MI, i, 94.)
P. 227, 1. lé. On se met souvent). Cf. Castiglione,
Il cortegiano : « Je ne veulx faire comme celluy
lequel despouillé en pourpoinct saulte moins qu'il
n'avoit faict avecques la saye. » (I, xiii. Trad. Colin,
p. 15.)
P. 227, 1. 18. Nihil est bis). «Rien n'est plus
défavorable à qui veut plaire que de laisser beaucoup
attendre de soi. » (Cicéron, Académ., II, iv.)
P. 227, 1. 19. Ils ont laissé par escrit). Cf. Cicéron,
Brtilus, Lx.
P. 227, 1. 26. Simpliciora). « Il faut moins d'apprêts
à des soldats. » (Quintilien, Inst. orat., XI, i.)
P. 228, 1. 6. Je ne corrige pas). Voir la même
déclaration, accompagnée d'un utile commentaire, au
début de l'essai II, xxvu.
P. 229, 1. 8. Antiochus avait). Cf. Cicéron, Académ.,
II, XXII.
P. 230, 1. 5. Je .ne nie niesle). On trouvera cepen-
dant quelques indications au sujet de l'orthographe
au verso du titre de l'Exemplaire de Bordeaux. (Cf.
la présente édition, t. I, p. 427.)
P. 230, 1. 6. Suiuent l'ancienne). « Suives l'ortho-
grafe antiene », lit-on au verso du titre de l'Exem-
plaire de Bordeaux.
P. 230, 1. 25. Et en guain cessant). « Lucro ces-
sante, émergente damno. »
P. 250, 1. 29. Un outil de guerre). Après 1588
Montaigne expliquera longuement les raisons de sa
conduite à ce point de vue : cf. la fin de l'essai III, m.
P. 231, 1. 26. Licurgus Athénien). Cf. Plutarque,
Les vies des dix orateurs (Lycurgue) : « Et estoit sa
foy & conscience, tenue si bonne, que pour une
fois il s'est trouvé avoir entre ses mains jusques à la
somme de deux cents cinquante talents, de l'argent
des particuliers qui luy bailloient à garder. » (i,
fo 497 v°.)
P. 233, 1. I. Hoc ipsuni ita). «L'action la plus
juste n'est telle qu'autant qu'elle est volontaire. »
(Cicéron, De off., I, ix.)
P. 233, 1. 4. Quod me lus). «Je ne fais guère
volontairement les choses auxquelles m'oblige le
devoir. » (Térence, Adelphes, III, v, 44.) Il y a dans
Térence : « Quod vos jus cogit, vix voluntate im-
petret. »
4i6
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 253, 1. 5. Quia qnicqnid). «Parce que dans les
choses imposées, .on sait plus de gré à celui qui
commande qu'à celui qui obéit. » (Valère Maxime,
II, II, 6.)
P. 233, 1. 14. Prenant cette occasion). L'épître 61
de Sénèque traite la question de savoir dans quelle
mesure on est dispensé de la reconnaissance par une
offense ultérieure au bienfait.
P. 233, 1. 18. Est prudenlis). «Il est prudent de
retenir, comme dans une course on retient un cheval,
les élans trop fougueux de l'amitié. » (Cicéron, De
aniicilia, xvii.)
P. 234, 1. 10. Nec snnt). « Les présents des grands
me sont inconnus.» (Imité de Virgile, En., XII, 519 :
» Munera... »
« Nec nota potentum
(F» 192 v°.)
P. 234, 1. 12. Me font asse:^ de bien). Pour l'expres-
sion, rapprocher Guicciardini dans les Heures de
recréation : « Alcuni essere di tanto tyrannica natura
che par loro fare benefizio a cui essi non fanno maie. »
(Éd. de 1613, p. 44.) Il est intéressant de rapprocher
de cette déclaration ce que Montaigne écrira à
Henri IV le 2 septembre 1590 : «... le nay jamais
receu bien quelconque de la libéralité des Rois non
plus que demandé ny mérité et nay receu nul paye-
ment des pas que j'ay employés a leur seruice
desquels vostre majesté a heu en partie cognoissance
ce que j'ay faict pour ses predesseseurs je le feray
encores beaucoup plus volontiers pour elle je suis
Sire aussy riche q\,ie je me souhaite. Quand j'auray
espuise ma bourse auprès de vostre majesté a paris
je prendray la hardiesse de le luy dire et lors sy elle
mestime digne de me tenir plus long temps a sa
suitte elle en aura meilleur marche que du moindre
de ses officiers. » (Montaigne, éd. Courbet et Royer,
tome IV, p. 363.)
P. 234, 1. 22. In me). « C'est en moi que sont toutes
mes espérances. » (Imité de Tércnce, Adelphes, III,
v, 9 : « In te spes omnis, Hegio, nohis sita est. »
P. 235, 1. 6. Elens Hippias). Cf. Platon, Hippias
wiiior, p. 368; édit. de 1546, p. 271. Voir aussi
Cicéron, De oralore, III, xxxii.
P. 235, 1. 21. Refus que Paiaiel). Cf. Chalcondyle :
« Pajazet oyt as.sez patiemment tout le reste hormis
l'article de la robbe que Themir lui envoyoit, dont
il entra bien fort en collere, tellement qu'il leur
respondit tout sur le champ... Or quant à l'habille-
ment qu'il m'envoye, vous luy direz de ma part,
que désormais il ne se mette plus ces folies en la
teste, de vouloir faire de tels présents à celuy qui
est d'autre étoffe & calibre qu'il n'est, & qui le pré-
cède de tout poincts en noblesse, & ancienneté de
race, & en richesses & puissance avec. » (II, xii,
pp. 136-137.)
P. 235, 1. 23. De la part de l'empereur Soliman).
Cf. Goulard, Histoire du Portugal : « L'Ambassadeur
dit au Roy sans autre préface, Sire, le Bassa Solei-
man... vous salue affectueusement... je vous apporte
une longue robbe des chausses et un bonnet de drap
d'or. Alors le Roy changeant de contenance, &: d'un
regard félon luy respondit. Les Empereurs de Calecut
n'ont jamais reçeu ny ne recevront encore aucun
présent ains en donnent : & ne s'aident de forces
estrangeres pour accoustumé de restablir les autres
Roys en leurs Royaumes, Pourtant (dit-il aux Naires
qui Tenvironnoyent) empoignez-moi cet outrecuidé
cy... qu'on le serre en basse fosse. » (XIX, vi, f° 548.)
P. 236, 1. 5. Dict Aristok). Dans la Morale à
Nicomaque, l\', m. Le discours de Thétis auquel
Aristote fait allusion est dans Homère, Iliade, I, 503.
P. 237, 1. 3. Selon Aristote). Ihid., IX, 7.
P. 237, 1. 6. Ambitieux de me faire aymer). Rap-
procher l'essai II, viii, p. 80, 1. 12, et voir la note.
P. 2,7, I. 9. D'un très bon capitaine). De Xéno-
phon, dans la Cvropcdie : « Per Jovem, inquit Cyrus,
multo profecto mihi jucundius est humnnitatis opéra
demonstrare, quàm rei militaris. » (MU, iv, 4.)
P. 237, 1. II. Le premier Scipion). Cf. Tite-Live :
« Multas gentes populôsque in Hispania prius, deinde
in Africa in Hdem suam venisse (commemoravit) : in
omnibus se majora clementiœ benignitati.sque, quam
virtutis bellicre monimenta reliquisse. » (XXXVII,
VI, 752.)
P. 237, 1. 14. Qu'il a laissé aus eiiemis). LL, ibid :
u Lquidem pulsis Hispania Carthaginiensibus, nullum
locum in tota provincia, nullos homines credebam
LIVRE III, CHAPITRE IX.
417
esse, ubi vita invisa esset mea. Sic me non solum
adversus socios gesseram, sed etiam adversus hostes. »
(XXVIII, XXVII, 552.) Voir aussi XXXVII, xxv.
Montaigne a fait allusion au même fait dans sa lettre
à Henri IV datée du 18 janvier 1590 : «Un grand
conquerur du temps passé se vante d'avoir doué
autant d'occasion à ses enemis subjuguez de l'aimer
qu'à ses amis. »
P. 237, 1. 22. Iiiipins). «Un barbare soldat s'em-
parera donc de ces terres si bien cultivées. » (^'irgile,
Ei^log., I, 71.)
P. 238, 1. 7. Oiuiin iiiiscniiii). « Qu'il est triste
d'avoir besoin d'une porte et d'une muraille pour
protéger sa vie, et d'être à peine en sûreté dans sa
propre maison! » (0\ide, Tristes, IV, i, 69.) Le texte
est :
« Quam miserr.m est, porta vitani muroque tueii,
1) \'ixque sui tiituni viribus esse loci. »
P. 23S, 1. 13. Tiiin qnoque ciiiii). «Même en temps
de paix, nous sommes troublés par la peur de la
guerre. » (/i/., ih'ui., III, x, 67.) Le texte est celui
des éditions du xvi= siècle.
P. 238, 1. 14. Otiotics pacciu). « Chaque fois que
la fortune a rompu la paix, c'est ici le chemin de la
guerre. Fortune, tu aurais mieux fait de me fixer
en Orient ou de me donner des demeures errantes
sous l'Ourse glacée. » (Lucain, I, 256, 57; 251.) Au
premier vers Montaigne substitue paccni à Roi/iam.
P. 239, 1. 9. S'il aduemit). Cf. Plutarque, Comiiiciit
on pourra recevoir utilité de ses eiiiieinis : « Comme les
bons jardiniers ont opinion qu'ils rendent les roses
& les violettes meilleures en semant auprès des aulx
& des oignons pour ce que tout ce qu'il y peult
avoir de forte & puante odeur au suc dont elles sont
nourries se purge en ceulx là, aussi l'ennemy rece-
vant & tirant à soy toute l'envie & la malignité,
nous rendra plus traictables & plus gracieux envers
noz amis en leurs prosperitez. » (x, f'^ 112 v°.)
P. 240, 1. 3. Tain multx). «Tant le crime a pris
de formes (parmi nous)! » (Virgile, Géorg., I, 506.)
P. 240, 1. 24. Sacrâtes l'a dict). Cf. essai I, xxvi,
p. 204, 1. I.
P. 241, 1. 6. Nature nous a mis au monde). Cf.
Plutarque, Du haunissenient en de l'exil : «Car la
nature nous laisse aller par le monde tous libres
& desliez, mais nous mesmes nous lions, nous em-
prisonnons & emmurons, en nous estaignans & rc-
duisans à peu de petite & estroicte place. Et puis
nous nous mocquons des Roys de Perse, de ce qu'ils
ne boivent jamais autre eau que de celle de la rivière
de Choaspes, & par ceste manière de faire se rendent
toute la terre habitable au demeurant stérile d'eau
pour eulx. » (v, f" 125 v°.) Cf. aussi Pline, XXXI, ni.
P. 241, 1. II. D'estimer une santance). Cf. Platon,
Apologie, xxviii, pp. 37 et 38; éd. de 1546, p. 47S.
P. 241, 1. 18. N'aiioit gneres mis). Id., Crilou :
« Nec spectaculi gratia, urbe unquam egressus es,
nisi semel in Isthmum, nec alio usquam nisi in
militia, neque aliam fecisti peregrinationem unquam,
quemadmodum cœteri soient, neque alterius civitatis
te cepit cupiditas aliariimve legum. » (xiv, p. 52;
éd. de 1546, p. 485.) Cf. aussi Phèdre, v, p. 230;
éd. de 1546, p. 443; et encore Diogène Laërce, Fie
de Socrate.
P. 241, 1. 19. // pkignoit l'argent). Cf. Platon,
dans V Apologie, xxviii, p. 38; éd. de 1546, p. 478.
P. 241, 1. 20. Qu'il refusa). Id., Critou, au début.
P. 241, 1. 24. Surpassent la force). Rapprocher
l'essai I, xxx\n, tout entier.
P. 242, 1. I. Connue i'av dict souueni). \'oir en
particulier le plan d'éducation tracé par Montaigne
dans l'Essai I, xxvi.
P. 242, 1. 6. Je me lien à chenal). Rapprocher I,
XLViii, p. 371, 1. 7. Dans le Journal de voyage (éd.
Lautrey, p. 41), on constate que Montaigne, malgré
une crise de sa colique, fait une traite de dix heures.
P. 242, 1. 8. Vires ultra). « Plus que ne le com-
portent les forces et la santé de la vieillesse. » (Vir-
gile, Enéide, \\, 114.)
P. 242, 1. 10. Car les ombrelles). Rapprocher ce
que Montaigne dit dans le Journal de voyage : « A lui
vidi il primo di questi cappelli grandi fatti di piume
di pavone, coperti di tafetaso leggiero, il buso del
capo alto d'un gran palmo, e grosso : e là dentro
una scuffia di ermesino seconde la grandezza délia
testa accioch' il sole non penetri; e le aie intorno
d'un piede e mezzo di larghezza, in iscambio de
4i8
ESSAIS DE MONTAIGNE.
nostri parasoli che a la verità danno fastidio a por-
tarli a cavallo. » (P. 352.)
P. 242, 1. 13. Coiiie dicl Xenofon). Montaigne fait
peut-être allusion à un passage de la Cyropêdic :
« iEstate quideni non his satis sunt, neque arborum,
neque saxorum umhrie, sed in iiis umbras alias
homines molientes eis adstant. ') (Mil, viii; éd.
de 1545, p. 165.)
P. 242, 1. 28. La paresse à me h'uer). Cf. le Journal
de voyage : « Il disoit que c'estoit un bon pais pour
les paresseux, car on s'y levé fort tard. » (P. 204.)
P. 244, 1. 16. Oui estend seulement son doigt). Cf.
Plutarque, Des communes conceptions contre les Slonjues :
« Si un sage disent ils (les Stoïciens) estend son doigt
sagement, tous les sages qui sont sur la terre habi-
table en sentent aide. » (xviii, {" 579 v°.)
P. 244, 1. 18. La iouyssance & la possession). Rap-
procher Sénèque, ép. 55, à la fin : « amicus animo
possidendus est : Hic autem nunquam abest. » L'ad-
dition du manuscrit semble elle aussi inspirée par la
même épître de Sénèque.
P. 245, 1. 2. .dnte oculos errât). « Devant les yeux
j'ai sans cesse ma maison, j'ai sans cesse l'image des
lieux que j'ai quittés. » (Ovide, Tristes, III, iv, 57.)
Le texte des éditions contemporaines que j'ai con-
sultées porte «ante oculos errât domus, urbs et forma
locorum ».
P. 245, 1. 10. E.xcludat iurgia). «Dites un chiffre
pour éviter toute contestation, sinon j'use de la
latitude que vous me laissez, et, de même que j'ar-
rache crin à crin la queue d'un cheval, je retranche
une lieue, puis une autre, jusqu'à ce qu'il ne vous
en reste plus et que vous soyez vaincu par la force
de mon sorite. » (Horace, Épodes, II, i, 38 et 45.)
P. 245, 1. 19. Rerum natura). « La nature ne nous
a pas permis de connaître les bornes des choses. »
(Cicéron, Académiques, II, xxix.)
P. 245, 1. 25. Les ensorcelez, de Kareuli). Cf. Saxon
le grammairien, Danorum regum herounujue historiae :
« Siquidem mares in ea urbe cum feminis in concubi-
tum adscitis, canum exemplo, cohaerere solebant, nec
ab ipsis morando divelli poterant. Interdum utrique,
perticis e diverso appensi, inusitato nexu ridiculuni
populo spectaculum pra^buere. » (Liv. XIV.) Je n'ai
remarqué aucun autre emprunt fait par Montaigne
à l'ouvrage de Saxon le grammairien ; peut-être a-t-il
trouvé ce fait dans quelque ouvrage de seconde main.
P. 246, 1. 3. Vxor). «Tardez-vous à rentrer, votre
épouse s'imagine que vous aimez une autre femme,
ou que vous êtes aimé d'une autre femme, ou que
vous êtes en train de boire et de vous donner du
bon temps, enfin que vous êtes seul à vous amuser,
tandis qu'elle se donne beaucoup de peine. » (Térence,
Adelphes, I, i, 7.)
P. 246, I. 17. Il viuoit). De ce passage où Mon-
taigne parle de La Boétie sans le nommer, il faut
rapprocher l'essai De l'amitié, I, xxviii.
P. 246, 1. 30. Si prohibent les loi.x platoniques).
« Ei primum qui pauciores annos quàm quadraginta
natus est, nullo modo peregrinari liceat... Primo
spectator hujusmodi annos plures quam quinquaginta
natus sit... Is ultra sexagesimum annum non amplius
vagetur. » (XII, pp. 950 et 951 ; éd. de 1546, p. 900.)
P. 247, 1. 12. Si Cbrysippus). Cf. Plutarque, I^s
contredicts des philosophes stotques : «Mais qui est celuy
qui soit plus envieilly en telle vie oyseuse que Cbry-
sippus, que Cleanthes, que Diogenes, que Zenon
& Antipater? lesquels ont abandonné leur pais, encore
qu'ils n'eussent occasion quelconque de s'en plaindre,
ains seulement, à fin qu'ils passassent leur vie plus
doucement en repos, & sur le baudrier, comme
Ion dit, c'est à dire en plein loisir, à disputer & à
estudier. » (F° 561 r".) Voir aussi. De l'exil, xii,
f'^ 128 r°.
P. 248, 1. 28. Au rebours de la superstition). Rap-
procher Crinitus, De honesta disciplina : <i Quo no-
mine infœlices inquit Plutarchus eos vulgo solemus
vocitare : quorum oculos propter absentiam non
potuerint parentes obtegere. » (XVIII, xii.) Tout le
chapitre de Crinitus roule sur la coutume de fermer
les yeux aux morts chez les Romains; voilà sans
doute pourquoi Montaigne parle de superstitions
romaines. C'est peut-être d'après Crinitus que cette
allégation se retrouve chez divers écrivains du
xvi= siècle, en particulier chez Giraldi, De varia sepe-
liendi rilu (XII, Opéra, de Bàle, 1580; t. I, p. 648.)
P. 249, 1. 19. // faut estendrc). Voir Plutarque,
Consolation à Apollonius : « Une ancienne & sage
LIVRE III, CHAPITRE IX.
419
sentence qui nous admoneste d'estendre le plus que
nous pourrons les choses bonnes & restreindre les
mauvaises. » (xvi, f° 249 v°.)
P. 251. 1. 4. A!!lii;o)i le voiiloil). Cf. Diogène
Laërce, Fie de Bioii : « Cùni enim ille sciscitaretur,
ede tuum nomen patriam, genus, atque parentes
sentiens se vituperatum esse apud regem, atque ideo
sic locutum ad illum ait, Pater quidem meus libertus
fuit, cubito se tergens (significabat autem iliuni suc-
cidam & lardum vendere) Borysthenites génère, non
habens faciem, sed in facie scripturam acerbissimi
domini, mater autem ex lupanari, nimirum quam
hujusmodi ducere potuit. Deinde pater nescio quid
in rem publicanorum committens, cum tota domo
venundatus est : Me adolescentulum haud ingratum
orator quidam émit. Is moriens, mihi omnia reliquit.
Ego tabulas ipsius exurens, cunctasque conscindens,
Athenas concessi, ibique philosophatus sum. Hujus
me esse patris generis me glorior hujus. Ista habui
quœ d« me dicerem. Desinant igitur Persœus ac
Philonides ea historia; tradere, me autem ex me
ipso intuere. » (IV, xlvi-xlvii, pp. 277 et 278.)
P. 252, I. 4. Excuticnda daimts). «Nous livrons
à leur examen les plus secrets replis de notre âme. »
(Perse, v, 22.) La même citation se trouve dans
l'essai II, x, p. 100, où Montaigne l'a effacée après
1588 pour supprimer la répétition.
P. 252, 1. 8. Sentence, que l'vsage). Cf. Plutarque,
Comment on pourra discerner le flatteur d'avec l'aniy :
« Grâce & utilité accompaignent tousjours l'amitié,
suyvant l'ancien proverbe qui dit, que l'amy est plus
nécessaire que ne sont les éléments de l'eau & du
feu. » (v, f° 41 r°.) Voir aussi Cicéron, De amicitia,\i.
P. 252, 1. 15. Les Indois). Cf. Hérodote, III, xcix.
Rapprocher essai I, xxiii, p. 145, 1. 13.
P. 252, 1. lé. En une autre) Id., III, c. Les mêmes
faits se retrouvent chez les historiens du xvi' siècle
qui parlent de l'Inde, mais l'imparfait employé par
Montaigne indique qu'il se réfère à un historien ancien.
P. 255, 1. 4. Celuy qui faisoit csgorger). Le docteur
Payen incline à penser qu'il s'agit ici de Louis XI.
On lit dans Gaguin (Rernm Gallicariini Annales, X,
xxxiii) : « Humano sanguine, quem ex aliquot infan-
tibus sumptum hausit, salutem comparare vehementer
sperabat. » (Texte cité par Michelet, t. VI, p. 492.)
Michelet ajoute qu'on rapporte le même fait du pape
Innocent \'III, et il renvoie à ce sujet au Diario di
infessura.
P. 253, 1. 5. Ou cet autre). Allusion probable
à David (cf. le livre des Rois, chapitre I, au début).
P. 253, 1. 28. Je u'oserois h deslaier). Cf. essai I,
XX, p. 108, 1. 24.
P. 254, 1. 8. D'ici à cinquante ans). Beaucoup
d'écrivains du xvi= siècle sentent l'instabilité de notre
langue. Rapprocher Geoffroy Tory, Le champ flcury :
« S'il n'y est mis et ordonné on trouvera que de
cinquante ans en cinquante ans la langue françoise,
pour la plus grande part, sera changée et per\ertie.
Le langage daujourdhuy est changé en mille façons du
langage qui estoit il v a cinquante ans ou environ. »
(Préface.) Voir aussi Des autels : « Tu donnes licence
à nostre langue de changer de jour en jour sa pro-
nonciation avec son escriture : et ce temps me semble
oportun, pour obvier à cette peste, laquelle infecte
les plus saines parties de nostre parole : car pource
que nous laissons sans reigle, ... a bride avalée courir
nostre usage de parler : les plus ignorans ont l'au-
thorité de la gaster. — Voulons nous endurer ceste
tant démesurée licence, et ensemble espérer non pas
immortalité, mais seulement longue durée de noz
œuvres, tant soient elles bonnes? hastons nous,
hastons nous d'y mettre ordre. » (Rép. à Meigret,
pp. 20-21.) Voir Bmnot, Histoire de la langue fran-
çaise, t. II, p. 129.
P. 254, 1. 25. Fertiin animo). «Mais ces brèves
indications suffisent à un esprit pénétrant, et tu
pourras découvrir le reste par toi-même. » (Lucrèce,
I, 403.)
P. 255, 1. 4. On me l'eust deschire). Montaigne
fait allusion à la publication du Contre un, et à la
protestation qu'il a fait entendre à la fin de l'essai I,
xxviii.
P. 256, 1. 7. Comme les commourans). Cf. Plutarque,
Fie d'Antoine : «Il est vray qu'ilz abolirent celle
première bande, qu'ilz avoient nommée la bande de
la vie non imitable : mais ilz en remeirent sus une
autre qu'ilz appellerent Synapothanumenon, c'est-à-dire
la bande de ceulx qui veulent mourir ensemble.
420
ESSAIS DE moxtaignm:
laquelle en suuiptuosité, despense &; délices, ne cedoit
de rien à la première : car leurs amis se faisoient
enroller en cette bande des Commourants, &: par
ainsi ilz estoient tousjours à fiiire grand chère, pource
que chascun à son tour festoyoit la compagnie. »
(XV, f" 653 r^)
P. 256, 1. 10. Connue un Pelnmiiis). Cf. Tacite,
Annales. : v Xeque tamen (Petronius) prsceps vitam
expulit, sed incisas venas, ut libitum obligatas, aperire
rursum, & alloqtii amicos, non per séria, aut quibus
constantice gloriam peteret. Audiebdtque referentes,
niliil de immortalitate anima, & sapientium placitis,
sed levia carmina & faciles versus... Ne codicillis
quidem (quod plerique pereuntium) Neronem aut
Tigellinum,aut quem alium potentium adulatus est. »
(XVI, XIX, 325.)
P. 256, 1. 10. Et un TigiHinus). /</., Hisl., I,
LXXU.
P. 256, 1. 25. Vitam régit fort una). «Notre vie
dépend de la fortune, non de notre sagesse. » (Cicéron,
Tu se, \, IX.)
P. 257, 1. 12. En cette avnniodilii de logis). Rappro-
cher le Journal de voyage : « Nous en pusmes avoir
un à mesme pris que du nostre, au Vase d'or, assez
près de là, mublé de" drap d'or et de soie, corne celui
des rois; mais outre ce que les chambres y estoint
sujettes, M. de Montaigne estima que cette magni-
ficence estoit non sulement inutile, mais encore
pénible pour la consers-ation de ces meubles, chaque
lict étant du pris de quatre ou cinq çans escus. »
(P. 205.)
P. 257, 1. 15. Non aiuplittr). « Un repas où règne
non l'abondance, mais la propreté, où se trouve plus
d'entrain que de luxe. » La première partie se re-
trouve chez Juste Lipse, Saturnaliuni sermonuni libri
(I, vi), où Montaigne l'a probablement prise; elle
est citée par Nonius (XI, xix). La seconde partie est
de Cornélius Xépos, Vie d'Atlicus (xiii).
P. 257, 1. 26. Je ne trace aucune ligne). Rapprocher
le Journal de voyage : « Quand on se pleingnoit à luy
de ce que il conduisoit souvent la troupe par che-
mins divers et contrées, revenant souvent bien près
d'où il étoit party (ce qu'il faisoit, ou recevant l'ad-
vertissemant de quelque chose digne de voir, ou
chanjant d'avis selon les occasions), il respondoit,
qu'il n'aloit, quant à luy, en nul lieu que là où il se
trouvoit, et qu'il ne pouvoit faillir ny tordre sa voie,
n'aïant nul project que de se promener par des lieus
inconnus; et, pourveu qu'on ne le vit pas retumber
sur mesme voie, et revoir deus fois mesme lieu,
qu'il ne fai.soit nulle faute à son dessein. » (P. 154.)
P. 258, 1. 6. Cha<]ue usage). Rapprocher ce que
Montaigne a dit vers la fin de l'essai II, xii, pp. 337
et suivantes.
P. 258, 1. 7. Soyent des assietes). Rapprocher le
Journal de voyage : « M. de Montaigne, pour essayer
tout à faict la diversité des meurs et façons, se laissoit
partout servir à la mode de chaque païs, quelque
difiiculté qu'il y trouvât. Toutefois en Souisse il
disoit qu'il n'en soutTroit nulle, que de n'avoir à table
qu'un petit drapeau d'un demy pied pour serviette,
et le mesme drapeau les Souisses ne le déplient pas
sulemant en leur disner, et si ont force sauces et
plusieurs diversités de potages; mais ils servent tou-
jours autant de cueillieres de bois, manchées d'argent,
come il y a d'homes. Et jamais Souisse n'est .sans
Cousteau, duquel ils prennent toutes choses et ne
mettent guiere la main au plat. » (P. 90.) Voir aussi
ibid., p. 123 : « Il encourut le vice qu'il fuioit le plu.s,
de se rendre remercable par quelque façon ennemie
du goust de ceus qui le voioient; car entant qu'en
lui est, il se conforme et range aus modes du lieu
où il se treuve, et portoit à Auguste un bonnet
fourré par la ville. » Le conseil de s'accommoder des
mœurs et coutumes des pays où l'on est se retrouve
en particulier dans le Galateo de Giov. délia Casa, dans
le Cortegiano de Castiglione (II, xxii et passim), etc.
P. 258, 1. 9. Vieillissant, j'accuse). Au contraire
dans l'essai III, xiii, Montaigne se plaindra que l'âge
l'ait assujetti à certaines règles.
P. 258, 1. 19. Retrouuent ils un compatriote). Rap-
procher le Journal de voyage : « Nous y fusmes tout
le lendemein, et vismes les escoles d'escrime, du bal,
de monter à cheval, où il y avoit plus de çant Jan-
tilshomes François, ce que M. de Montaigne contoit
à grand incommodité pour les jeunes homes de
nostre pais qui y vont, d'autant que cete .société les
acoustume aus mœurs et langage de leur nation, et
LIVRE m, CHAPITRE IX.
421
leur otc le moïen d'acqucrir des connoissances étran-
gieres (p. 164)... M. de Montaigne se fiischoit d'y
trouver (à Rome) si grand nombre de François,
qu'il ne trouvoit en la rue quasi personne qui ne le
saluoit en sa langue (p. 206). »
P. 258, 1. 21. Potirqnoy non barbares). Rapprociier
le début de l'essai I, xxxi.
P. 259, 1. 23. Si ciiiii I.uic). « Si l'on me donnait
la sagesse, à condition de la tenir renfermée, sans la
communiquer à personne, je la refuserais. » (Sénèque,
ép. 6.)
P. 259, 1. 25. Si conligcrlt ca nila). «Supposez le
sage dans l'abondance de toutes choses, libre de con-
templer et d'étudier à loisir tout ce qui est digne
d'être connu, même dans ces conditions, s'il était
condamné à une solitude telle qu'il ne pût voir
personne, il quitterait la vie. » (Cicéron, De officiis,
I, XLiii.) Le texte est celui de l'édition de Paris 1538.
P. 260, 1. 3. L'opinion d'Architas). Ct. Cicéron,
De amicitia : « Signis in cœlum ascendisset, natu-
r.imque mundi & pulchritudinem syderum per-
spexisset, insuavem illam admirationem ei fore : qu.-E
jucundissima fuisset, nisi aliquem cui narraret, ha-
buisset. » (xxiii; t. IV, 405.) Voir aussi Guazzo,
Civil conversation, liv. I. Guazzo insiste sur cette idée
qu'il n'y a pas de plaisir possible sans compagnie.
P. 260, 1. 7. Aristippns). Cf. Xénophon, Mémo-
rables, II, I.
P. 260, !. 8. Me si fata nieis). «Quant à moi, si
le destin me permettait de passer ma vie à ma guise. »
(Virgile, Enéide, IV, 340.) Montaigne a rencontré
cette citation très légèrement modifiée dans le pam-
phlet de Blackwood, Apologia pro regibus (épître
dédicatoire à la reine d'Ecosse), mais il se réfère
directement au texte de Virgile.
P. 260, 1. II. Visere gestiens). « Heureux de visiter
les régions où les feux du soleil font rage, et celles
des nuages et des frimas. » (Horace, Od., III, m, 54).
P. 260, 1. 16. Pins d'une fois). Exactement deux
fois. On lit dans les éphémerides de Montaigne, sous
la date du 19 décembre 1584 : «Le roi de Navarre
me vint voir à Montaigne, où il n'avait jamais été,
et y fut deux jours servi de mes gens, sans aucun
de ses officiers. Il n'y souffrit ni essai ni couvert, et
dormit dans mon lit. Il avait avec lui MM. le prince
de Condé, de Rohan, de Turenne, de Rieux, de
Bethune et son frère, de La Boulaie, d'Esternay, de
Haraucourt, de Montmartin, de Montataire, de Le.s-
diguière, de Pouet, de Blacons, de Lusignan, de
Clervan, de Savignac, du Ruât, de Saliebceuf, de la
Rocque (Bénac), de la Roche, de Rous, d'Aucourt,
de Luns (de Lons), de Frontenac, de. Fabas, de Vi-
vans et son fils, La Burte, Forget, Bissouze (de
Viçoise), de Saint-Seurin, d'Auberville, le lieutenant
de la compagnie de Monsieur le Prince, son écuyer
et environ dix autres seigneurs couchèrent céans,
outre les valets de chambre, pages et soldats de sa
garde. Environ autant allèrent coucher aux villages.
Au partir de céans, je lui fis élancer un cerf en ma
forêt, qui le promena deux jours. » Henri de Navarre
visita de nouveau. Montaigne chez lui en 1587.
P. 260, 1. 20. Oiiœ te nunc coqual). « Qui attaché
à votre cœur vous consume et vous ronge. » (Ennius,
chez Cicéron, De senectute, i). Citation prise sans
doute chez Juste Lipse, De constantia, I, \iii. Mon-
taigne modifie d'ailleurs le texte qui est : « Qu;e
nunc te coquit et versât sub pectore fixa. »
P. 260, 1. 22. Nunquam simpUciter). « Les faveurs
de la fortune ne sont jamais sans mélange. » (Quinte-
Curce, IV, xiv.) L'ordre des mots chez Quinte-
Curce est un peu différent : « Fortuna numquam
simpliciter indulget »
P. 261, 1. 3. Nnlla placida). «Il n'y a de véritable
tranquillité que celle que nous devons à la raison. »
(Sénèque, ép. 56.)
P. 262, 1. 3. Aller reniiis). « Qu'une de mes rames
batte les flots, et l'autre le .sable du rivage. « (Pro-
perce, III, m, 23.) Montaigne substitue ;;(//;/ à libi.
Voir la même citation dans l'essai I, xvii, p. 427,
'■ "■
P. 262, 1. 6. Donrinus iiouit). «Le Seigneur connaît
que les pensées des sages ne sont que vanité. »
(Ps. 93, 11; et Corinth., I, m, 20.)
P. 262, 1. 12. Ouisqiie stios). «Chacun de nous
subit sa peine. » (Virgile, En., VI, 743.)
P. 262, 1. 13. Sic est faciendum). «Nous devons
agir de manière à ne jamais contrevenir aux lois
universelles de la nature; mais, ces lois sauvegardées,
422
ESSAIS DE MONTAIGNE.
nous devons nous conformer à notre nature indivi-
duelle. » (Cicéron, De offîciis, I, xxxi.) Le texte est
celui de l'édition de Paris 1538.
P. 262, 1. 24. Porcie. Fille de Caton d'Utique, qui
se donna la mort quand elle eut appris celle de
Brutus son mari, après la bataille de Philippes. Voir
Plutarque, Vie de Brutus (xiv, f° 702 v°).
P. 262, 1. 26. Uu galant homme). Probablement
Muret, qui (comme l'a remarqué M. Paul Bonnefon),
prononçait le 5 février 1552 un Discours sur l'excel-
lence de la théologie, et, à la fin de la même année,
publiait des Juvenilia passablement légères, puis,
en 1553, commentait les Amours de Ronsard. On a
pensé aussi qu'il s'agissait de Théodore de Bèze qui
publia à peu de distance ses Juvenilia et son apologie
du supplice de Ser\-et.
P. 265, 1. II. Ariston). Cf. Plutarque, Comment il
fauli ouïr : «Et... faut-il faire jugement & examen
de la lecture & harengue par soy-mesme & par la
disposition en laquelle on se treuve, en considérant
s'il y aura aucune des passions de l'âme qui en soit
devenue plus molle, ou si elle nous aura rendu
quelque ennuv plus léger, si le courage & l'asseu-
rance en est plus ferme, si Ion se sent plus enflammé
envers l'honnesteté & la vertu... Car comme dit
Ariston, N}' une estuve, ny un sermon ne sert de
rien, s'il ne nettoyé. » (viii, f° 27 r°.)
P. 263, 1. 14. Apres auoir aualé). M., ihid. : « La
grâce du stile... c'est... ce dequoj' le jeune homme
qui escoute se doit soucier le moins, au moins du
commencement : je ne dis pas que puis après il ne
s'y puisse bien arrester, ne plus ne moins que ceulx
qui boivent après qu'ils ont estanché leur soif, alors
ils tournent les couppes tout à l'entour, pour consi-
dérer & regarder l'ouvrage qui est dessus. » (ix,
fo27v».)
P. 263, 1. 18. Xenophon). Diogène Laërce dans la
Vie de Xenophon, II, XL\ni, 126, parle de l'amour de
Xenophon pour Clinias.
P. 263, 1. 25. Curenlur). «Que les malades en
danger fa.ssent appel aux plus grands médecins. »
(Juvénal, xiii, 12^.)
P. 263, 1. 26. Antisthenes). Cf. Diogène Laërce, Vie
d'Antisthènc : « Sapientem non secundum constitutas
leges victurum, sed juxta virtutis normam. » (VI,
XI, 352.)
P. 26-I, 1. i. Diogenes). Id., Vie de Diogène: «Aiebat
se objicere fortun.-e quidem confidentiam, naturam
legi, perturbationi rationem. » (\\, xxxvni, 367.)
P. 264, 1. 8. La courtisane Lays). Cf. Antoine de
Guevara, Épîtres dorées, l, 263, Histoire notable de
trois Dames amoureuses : « Un autre jour en présence
de Laj's Ion louoit les Philosophes d'Athènes, disant
qu'ils estoient fort honnestes & de grand sçavoir :
A quov Lays respondit, je ne sçaj^ quel grand sçavoir
ils ont, ne la science en laquelle ils estudient, ne quels
livres lisent voz Philosophes, pour ce que moy estant
femme, & sans avoir esté à Athènes, je les vois venir
icy, & de Philosophes deviennent amoureux. »
(F° 148 v°.) \'oir aussi Du Verdier, Suite des Diverses
leçons (II, vi), qui transcrit textuellement Guevara.
P. 264, 1. 13. Nemo satis). « Tout le monde se croit
en deçà des limites permises.» (Juvénal, xiv, 233.)
P. 264, 1. 21. Olle, quid ad te). «Que t'importe,
Ollus, comment tel ou telle dispose de sa personne?»
(Martial, VII, ix, i.)
P. 265, 1. 19. Hors de saison). Cicéron lui reproche
aussi quelquefois de parler comme .s'il opinait dans la
Rèptd'lique de Platon, et non dans la lie de Romulus :
« Dicit enim tanquam in Platonis zo/.'.-reia, non tan-
quam in Romuli fvece, sententiam. » (Epîtrc à Atticus,
II, i.)
P. 266, 1. I. .^ quelqu'un de nos Roys). Peut-être
s'agit-il de Charles Mil qui restitua le Roussillon
à Ferdinand de Castille sur les représentations de
son confesseur Maillard. Cette hypothèse est de
AL Lapeyre, l'un des correspondants du docteur
Payen. D'autres ont pensé que Montaigne fait allu-
sion à Henri II qui aurait cédé aux instances du
cardinal de Lorraine lorsqu'il persécuta les protes-
tants. Dans l'essai I, xxvii, Montaigne a employé
l'expression «nos annales» (p. 23.^, 1. 27) pour
désigner les Annales de Nicole Gilles. Je ne pense
pas qu'ici il fasse allusion au même ouvrage.
P. 266, 1. 4. Exeat aula). « Il faut quitter la cour
si l'on veut rester juste. » (Lucain, \'III, 493.)
P. 266, 1. 6. J'ay antresfois). Rapprocher e.s.sai III, 1,
pp. 1 5 1 et suivantes.
LIVRE III, CHAPITRE IX.
423
P. 266, 1. 17. Platon dici). Dans la Rcpiibliquc :
« Certo enim id scito, quisquis immaculatus & intea;er
ex hac constitutione rerum publicarum evaserit,
talem divino auxilio evasisse. » (M, p. 492; éd.
de 1546, p. éo6.)
P. 266, I. 18. Et dict aussi). Id., ibid. : « SeJ
earam quœ nunc extant rerum publicarum quam
potissimuQî philosophis convenire putas ? Nullaui
prorsus, atque idcirco conqueror, quia nullam video
ex his quc-E nunc extant rerum publicarum institu-
tionem ingenio pliilosophi dignum. Qiiamobrem
mutari hanc naturam ac verti necesse est. Utque
peregrinum semen in alienum solum jactum debili-
tatur, ac degenerans ad indigenam vertitur loci semi-
nisque naturam : ita & hoc genus propria nunc
amissa virtute, in alienam speciem permutatur. »
(VI, p. 497; éd. de 1546, p. 608.)
P. 267, 1. 4. At tu, Catulkd). « Mais toi, Catulle,
persévère dans ton obstination. » (Catulle, viii, 19.)
On lit habituellement :
c< .\t tQ, Catulle, destinatus obdura. »
La leçon que Montaigne adopte a été proposée par
Turnèbe dans ses Adversaria (XX, xxi). Je pense
que c'est là que Montaigne l'a prise, car elle n'a été,
à ma connaissance, adoptée dans aucune des éditions
de Catulle.
P. 267, 1. 19. One Sacrales ait). Cf. Platon, Gor-
gias : «Cum... oporteret me computare suffragia,
& ad consilium referre, concitavi risum, quia facere
id nescivi. » (xxix, p. 474; éd. de 1546, p. 348.)
P. 267, 1. 26. Saturninits). Cf. Crebellius Pollion,
Triginta tyranni : « Commilitones, bonum ducem
perdidistis, et malum principem fecistis. » (xxiii.)
P. 268, 1. 24. J'ayiiierois bien à voir). Montaigne
aurait pu l'y voir : car il est probable que l'auteur,
peut-être moderne, d'où il avait tiré ceci, voulait
parler de Cotys, roi de Paphlagonie, lequel n'ayant
pas voulu se fier au roi de Perse qui lui offrait son
amitié, alla, sans rien craindre, dans le camp d'Agé-
silas, sur sa parole. (Voir Xénophon, Agesilas, m
et IV.)
P. 269, 1. 9. Egregium). « Vois-je un homme
intègre et vertueux, c'est un monstre pour moi,
comme serait un enfant à deux tètes, des poissons
qu'un laboureur ébahi trouveroit sous le soc de la
charrue ou bien une mule féconde. » (Juvénal, xiii,
64.) Le texte est conforme à celui des éditions du
XVI' siècle.
P. 269, 1.25. Oitù diuersus). « Où vas-tu t'égarer? »
(Virgile, Enéide, V, léé.)
P. 270, 1. I. Tel dialogue de Platon). Le Phèdre.
P. 270, 1. 6. L'Aiidrie. Traduction du titre que
Térence donne à une de ses comédies Andria. Nous
disons aujourd'hui VAndrienne. — L'Ennitche (Eimn-
clms), est le titre d'une autre comédie de Térence.
P. 270, 1. 7. Sylla). Cf. Plutarque, Fie de Sylla :
« Il (le visage de Sylla) estoit fort coupperosé & semé
de taches blanches par endroits, dont on dit que le
nom de Sylla luy fut imposé à raison de sa couleur. »
(i, f° 316 V.) En note dans la marge Amyot ajoute :
« C'est pource que syl en latin signifie l'ochre qui
devient rouge quand elle est mise au feu : & pour-
tant, Syllaceus color, en ^'ictruve, signifie couleur
de pourpre. »
P. 270, 1. 7. Cicero). Id., Vie de Ciccron : « Bien
me semble il que le premier de celle race qui fut
surnommé Cicéron fut quelque personnage notable,
& que, pour l'amour de luy, ses descendans ne
rejetterent point ce surnom, ains furent bien aises
de le retenir, encore que plusieurs s'en mocquassent,
pource que Cicer en langage latin signifie un poy
chiche, & celuy là avoit au bout du nez, comme un
poireau, ou une verrue, qui sembloit proprement un
pov chiche, dont il fut pour cela surnommé Cicéron. »
(■/f" 592 v^)
P. 270, 1. 7. Torquatiis). Surnom de Manlius qui
vient du mot latin torquis (collier). Ce surnom lui
fut donné en souvenir d'un collier que dans un
combat singulier il enleva à un Gaulois. Cf. Tite-
Live, VII, x; Aulu-Gelle, IX, xiii.
P. 270, 1. 8. C'est un'art). Cf. Platon, VIon.
P. 270, 1. II. Dœmon de Sacrâtes). Titre d'un traité
des Œuvres morales.
P. 271, 1. 5. Dict Platon). Dans les Lois : « Poetani
quando in Mus;ç tripode sedet, non esse mentis
compotem, sed quasi fontem fluere, & qua:cumque
424
ESSAIS DE MOKTAIGNE.
influunt, prorsus effundere. Ciimque ars ejus imitatio
quaidam sit, & contrarios affectus hominum exprimat,
saepe cogi poetam sibi ipsi contraria dicere, neque
scire utrum hxc an illa vera sint. » (IV, p. 719;
p. 793, éd. de 1546.)
P. 271, 1. 9. Disent les sçaiians). Montaigne tait
sans doute allusion à ce que dit \'arron d'après la Cite
de Dieu de saint Augustin, VI, iv et suivants.
P. 271, 1. 16. Nihil est). « Il n'y a rien de si utile
qui puisse être utile en pa.ssant. » (Sénèque, ép. 2.)
Le texte est : « Niliil tam utile est quod... »
P. 271, 1. 22. Maiico malc). «Pas si mai! c'est
toujours autant de gagné. »
P. 272, 1. I. Ariitolc se vante). Cf. Aulu-Gelle,
XX, IV ; Plutarque, Vie d'Ah.xamire, 11, f° 466 v''.
Voir aussi essai II, xii, p. 296, 1. 11.
P. 272, 1. 20. Le tombeau de cette ville). Rapprocher
le Journal de voyage : « Il disoit qu'on ne voïoit rien
de Rome que le Ciel sous lequel elle avoir esté
assise et le plant de son gite; que cete science qu'il
en avoit estoit une science abstraite et contemplation,
de laquelle il n'y avoit rien qui tumbat sous les
sens; que ceus qui disoint qu'on y voyoit les ruines
de Rome, en disoint trop : car les ruines d'une si
espouvantable machine rapporteroint plus d'honneur
et de révérence a sa mémoire; ce n'estoit rien que
son sépulcre. Le monde ennemi de sa longue domi-
nation, avoit premièrement brisé et fracassé toutes
les pièces de ce corps admirable, et parce qu'encore
tout mort, ranversé, et desfiguré, il lui faisoit hor-
reur, il en avoit enseveli la ruine mesme. Que ces
petites montres de sa mine qui paressent encores au
dessus de la bière, c'étoit la fortune qui les avoit
conser\-ées pour le tesmoingnage de cete grandur
infinie que tant de siècles, tant de fus, la conjuration
du monde réitérée à tant de fois à sa ruine, n'avoint
peu universelemant esteindre. Mais qu'il estoit vrai-
semblable que ces mambres dcsvisagés qui en restoint,
c'estoint les moins dignes, et que la furie des ennemis
de cete gloire immortelle, les avoit portés, prcmic-
rcmant, à ruiner ce qu'il y avoit de plus beau et de
plus digne; que les bastimans de cete Rome bastarde
qu'on aloit asteure atachant à ces masures antiques,
quoi qu'ils eussent de quoi ravir en admiration nos
siècles prcsans, lui faisoint resouvenir propremant
des nids que les moineaus et les corneilles vont sus-
pendant en France aus voûtes et parois des églises
que les Huguenots viennent d'y démolir. Encore
creignoit-il à voir l'espace qu'occupe ce tumbeau,
qu'on ne le reconnut pas tout, et que la sépulture ne
fut elle-mesme pour la pluspart ensevelie. » (P. 220.)
P. 273, 1. 9. Arccsilaus). Cf. Plutarque, Comment
on pourra discerner Je flatteur d'avec l'amy : «Tel a esté
le philosophe Arccsilaus, tant en autres offices qu'en
cestuy cy qu'il feit à l'endroict d'un sien amy nommé
Appelles, natif de l'isle de Chio : un jour qu'il estoit
malade l'estant allé veoir, & ayant cogneu qu'il estoit
pauvre, il y retourna un peu après portant en sa
main vingt drachmes d'argent, qui sont environ
trois francs & demy, 6c se séant auprès de luy qui
estoit en son lict : Il n'y a rien icv, luv dit-il, sinon
les éléments d'EmpedocIes,
L'eau, & le feu. I.i terre &: l'air mobile,
& si tu n'es pas bien couché à ton aise : &: quant
& quant en luv remuant son aureiller, secrettement
il luv meit ce peu d'argent dessoubs. » (xx, f" 48 v°.)
Après 1588, Montaigne corrige d'après le texte de
Diogène, Vie d'Arcesilas : « Ingressus aliquando ad
Ctesibium œgrotum, vidensque eum inopia rerum
angustari, plénum nummis sacculum ciàm ejus pul-
vino subjecit. » (IV, xvii, 271.)
P. 273, 1. 25. Esi ce par nature). Cf. Cicéron,
De finilms : « Xaturdne nobis hoc... datum dicam,
an errore quodam ut quum ea loca videamus, in
quibus memoria dignos viros acceperimus multum
esse versatos, magis moveamur, quàm si aut eorum
ipsorum aut facta audiamus, aut scriptum aliquod
legamus. » (\', i; t. IV, 91.)
P. 274, 1. I. Tanla uis). « Tant est grande la puis-
sance d'évocation des lieux!... Et cette ville la pos-
sède à un degré éminent, car partout où l'on marche
on met le pied sur de l'iiistoire. » (/</., ibid., V, i et 11.)
La seconde phrase est, dans le texte de Cicéron :
« Quanquam id quidem infinitum est in hac urbe :
quacumque enim ingredimur, in aliquam historiam
vestigium ponimus. « (IV, p. 91.)
LIVRE m, CHAPITIU- [X.
H25
P. 274, 1. 5. Ego illos iicnci'or). «Je vénère ces
grands hommes et toujours je m'incline devant de
tels noms. » (Sénèque, ép. 64.)
P. 274, 1. 15. C'est la ville mctropoUlctine). Rappro-
cher le Journal de voyage : « Il se voit autant ou plus
d'étrangiers à Venise (car l'affluance d'étrangiers qui
se voit en France, ne vient pouint à cete compareson),
mais de resseans et domiciliés beaucoup moins. Le
menu peuple ne s'eftarouche non plus de notre foçon
de vetemans, ou Espaignole ou Tudesque, que de
la leur propre, et ne voit on guiere de belitre qui
ne nous demande Taumosne en nostre langue. »
(P. 266.)
P. 274, 1. 21. Liuidandis). «Plus précieuse par
ses ruines superbes.» (Sidoine Apollinaire, Canii.,
xxiii, 62.)
P. 274, 1. 22. Ul palam). « En sorte qu'il appert
manifestement qu'ici, d'une manière très particulière
la nature s'est plu dans son ouvrage. » (Pline, Hist.
uat., III, V.)
P. 275, 1. 3. Oiuvilo qiiisqiii'). « Plus nous nous
privons, plus les dieux nous accordent. Pauvre, je
ne m'en range pas moins au parti de ceux qui ne
désirent rien... A qui demande beaucoup, il manque
toujours beaucoup. » (Horace, Odes, III, xvt, 2 1
et 42.)
P. 275, I. 9. Kihil supra). «Je ne demande rien
de plus aux dieux. » Qd., ibid., II, xviii, 11.)
P. 275, 1. 14. Fortuiia'). «J'abandonne le reste à la
fortune. » (Ovide, Mctain., II, 140.)
P. 275, 1. 25. Bona iaui). «Il ne peut rien naitre
de bon, tant les germes sont corrompus. » (Tertul-
lien. Apologétique.')
P. 276, I. 9. Non pas aixordccs, mais offertes). Ce
n'est pas précisément ce qui apparaît par la lecture
du Journal de voyage où il est parlé de la bulle de
bourgeoisie octroyée à Montaigne le 13 mars 1581 :
« Je recherchai pourtant, et amploiai tous mes cinq
sans de nature pour obtenir le titre de Citoyen
Romein, ne fut-ce que pour l'antien honur, et reli-
gieuse mémoire de son authorité. J'y trouvai de la
difficulté; toutefois je la surmontai, n'y ayant amploïé
nulle faveur, voire ny la sciance sulemant d'aucun
François. L'authorité du Pape y fut amploïée, par
le moïen de Philippo Musotti, son Maggior-domo,
qui m'avoit pris en singulière amitié, et s'y pena
fort; et m'en fut dépêché lettres 3" Id. Martii 1581,
qui me furent randues le 5 d'Avril très autantiques,
en la mesme forme et faveur de paroles que les
avoir eues le Seigneur Jacomo Buon-Compagno,
duc de Sora, fils du Pape. C'est un titre vein; tant
y a que j'ai receu beaucoup de plesir de l'avoir
obtenu. » (P. 266.)
P. 276, 1. 24. Ouod Horatius Maxiuius). « Sur le
rapport fait au Sénat par Orazio Massimi, Marzo
Cecio, Alessandro Muti, Conservateurs de la ville de
Rome, touchant le droit de cité romaine à accorder
à l'illustrissime Michel de Montaigne, chevalier de
l'ordre de Saint-Michel et gentilhomme ordinaire
du Roi Très chrétien, le Sénat et le Peuple Romain
a décrété :
« Considérant que par un antique usage, ceux-là
» ont toujours été adoptés parmi nous avec ardeur et
» empressement qui, distingués en vertu et en no-
» blesse, avaient servi et honoré grandement notre
» République ou pouvaient le faire un jour; Nous,
» pleins de respect pour l'exemple et l'autorité de nos
» ancêtres, nous croj'ons devoir imiter et conserver
» cette belle coutume. A ces causes, l'illustrissime
» Michel de Montaigne, chevalier de l'ordre de Saint-
» Michel et gentilhomme ordinaire de la chambre
)' du Roi Très chrétien, fort zélé pour le nom Romain,
» étant, par le rang, par l'éclat de sa famille et par ses
» qualités per.sonnelles, très digne d'être admis au
» droit de cité romaine par le suprême jugement et
» les suffrages du Sénat et du Peuple Romain, il a plu
» au Sénat et au Peuple Romain que l'illustrissime
» Michel de Montaigne, orné de tous les genres de
» mérite et très cher à ce noble peuple, fût inscrit
» comme citoyen Romain, tant pour lui que pour
» sa postérité, et appelé à jouir de tous les honneurs
» et avantages réservés à ceux qui sont nés citoyens
» et patriciens de Rome ou le sont devenus au meil-
» leur titre. En quoi le Sénat et le Peuple Romain
» pense qu'il accorde moins un droit qu'il ne paie
» une dette, et que c'est moins un service qu'il rend
» qu'un service qu'il reçoit de celui qui, en acceptant
» ce droit de cité, honore et illustre la cité même.
42é
ESSAIS DE MONTAIGNE.
» Les Conservateurs ont fait transcrire ce sénatus-
» consulte par les secrétaires du Sénat et du Peuple
» Romain, pour être déposé dans les archives du
» Capitole, et en ont fait dresser cet acte muni du
» sceau ordinaire de la ville. L'an de la fondation de
» Rome 233 1 et de la naissance de Jésus-Christ 1 581,
» le 13 de mars. »
» Orazio Fosco,
» Secrétaire du Sacré Sénat et du Peuple Romain.
» Vincente Martoli,
» Secrétaire du Sacré Sénat et du Peuple Romain. »
P. 278, 1. 4. Un coinmandemenl paradoxe). On peut
rapprocher ce qu'écrit Plutarque à la fin du traité
intitulé : « Que signifioit ce mot Ei. » « Au demeu-
rant il semble que ce mot Eî est aucunement
contraire à ce précepte, Cognoy toy toy mesme,
& en quelque chose aussi accordant & convenable :
car l'un est parole d'admiration et d'adoration envers
Dieu, comme estant éternel, & tousjours en estre,
& l'autre est un advertissement & un records à
l'homme mortel de l'imbécillité & débilité de sa
nature. » (xiii, f° 358 r°.)
Chapitre X.
DE MESNAGER SA VOLONTE.
P. 279, 1. 9. le hriderois). Rapprocher III, ix,
p. 235.
P. 279, 1. 16. Et ordone Platon). Dans les Lois :
« Ego enim assentior mertC voluptatis merique doloris
vitam fugiendam omnibus esse, et mediam quandam
semper tenendam. » (VII, p. 793 ; édit. de 1 5 46, p. 826.)
P. 280, 1. 2. Ilsefautprester). Rapprocher Sénèque,
Épîtres : « Rébus non me trado sed commode. »
(Ep. 62, p. 147). L'épitre 62 de Sénèque tout entière
mérite d'être rapprochée des sentiments égoïstes dont
Montaigne fait ici profession.
P. 280, 1. 4. Je suis trop l-endre). Rapprocher III,
VI, toute la fin du chapitre.
P. 280, 1. 5. Ftigax rcrnm). «Ennemi des affaires
et né pour la sécurité du loisir. » (Ovide, Tristes,
III, II, 9.)
P. 280, 1. 26. Chex, eux). Pour la même image, rap-
procher la Théologie naturelle de Raymond Sebond,
traduction Montaigne : « Qu'il commence donc à se
cognoistre S03— mesme & sa nature, s'il veut vérifier
quelque chose de soy. Mais il est hors de soy,
eslogne de soy d'une extrême distance, absent de sa
maison propre qu'il ne vid onques, ignorant sa valeur,
mescognoissant soy-mesme, s'eschangeant pour chose
de néant, pour une courte joye, pour un léger
plaisir, pour un péché... Qu'il revienne à soy
& r'entre chez soy : & pour ce faire, veu qu'il a
oublié son domicile, il est nécessaire que par le
moyen d'autres choses on le ramené & reconduise
chez luy. » (I, p. 3.)
P. 281, 1. 3. In negotiis sunt). Montaigne traduit
ces mots après les avoir cités. (Sénèque, épitre 22.)
Le texte est dans les éditions du temps : « Nec in
negotiis erit, negotii causa. »
P. 281, 1. 5. Ce n'est pas). Rapprocher Sénèque,
Épîtres : « Non ille ire vult, sed non potest stare»
non aliter, quam in prœceps dejecta pondéra, quibus
eundi finis est jacuisse. » (Ep. 94, p. 228.)
P. 281, 1. 10. Personne ne distribue). Toute cette
période est empruntée de Sénèque, De Brevitate :
« Nemo invenitur qui pecuniam suam dividere velit,
vitam unusquisque quàm multis distribuit. Astricti
sunt in continendo patrimonio, simul ad temporis
jacturam ventum est, profusissimi in eo, cujus unius
honesta avaricia est. » (m, p. 397.)
P. 281, 1. 22. hicedis per ignés). «Tu marches sur
un feu couvert d'une cendre perfide. » (Horace,
Odes, II, I, 7-)
P. 281, 1. 24. Estant esbignê). Il était aux bains
della Villa près de Lucques. Son élection eut lieu
le I" août 1581. Voici comment il en parle dans le
Journal de voyage : « Quella istessa mattina mi diedero
nelle mani per la via di Roma lettere del signor du
Tausin scritte a Bordea al 2 d'Agosto, per le quali
m'avvisa ch'il giorno innanzi, d'un publico consen-
timento io era suto creato Governatore di quella
città : e mi confortava d'accettare questo carico per
l'amor di quella Patria. » (P. 437-)
P. 281, 1. 26. Le commandement du Roy). Nous
avons encore la lettre de Henri III à ce sujet. Publiée
par le docteur Payen, elle a pris place dans les
éditions de Montaigne.
428
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 282, 1. 10. Uterquc kmiis). « L'un et l'autre
également bons administrateurs et braves guerriers. »
(Virgile, Èih'ide, XI, 658.) Le texte de \'irgile est :
« ... quas...
» ... pacisque bonas belliqiie ministras. »
P. 282, 1. 12. Alexandre dcsdcignaj.Y o\r Plutarque,
Les trois formes de gouvernement (au début, f" 504 r°);
Sénèque, De beneficiis, I, xiii; Dudé, Préface de l'Ins-
titution du prince, etc. Mais aucun de ces textes ne
mentionne Bacchus, et Plutarque substitue les Méga-
riens aux Corinthiens. J'ignore la source de Mon-
taigne.
P. 282, 1. 27. // me soiiiienoit). C'est le i" août 1554
que le père de Montaigne, Pierre Eyquem, fut élu
pour deux ans maire de Bordeaux. Au sujet de cette
mairie, voir Paul Bonnefon, Montaigne, i'imnme et
l'nuvre, p. 23. \oir aussi Pierre Harlé, Registre du clerc
de ville de Bordeaux (Bordeaux, Gounouilhou, 19 12).
P. 283, 1. 19. hnperiti enim). «Ce sont des igno-
rants qui jugent, et il faut souvent les tromper,
pour les empêcher de tomber dans l'erreur. » (Quin-
tilien, Inst. orat., II, xvii.)
P. 283, 1. 24. Pour dresser un bois). Cf. Plutarque,
Comment on pourra discerner h flatteur d'avec l'aniy :
« Il y en a qui pour se justifier de n'estre point
superstitieux deviennent atheistes, & pour ne sembler
& estre tenus pour lourdaults, se rendent fins & ma-
licieux, faisant des meurs comme d'un bois courbé
d'un costé, à faulte de le sçavoir bien redresser, ils
le courbent de l'autre. » (xxiii, f° 50 v°.) La même
image se retrouve ' dans l'ouvrage de Castiglione,
// Cortegiano (IV, xl).
P. 284, 1. 16. Qui sihi amiciis est). « Sachez que
quand on est ami de soi-même on est ami de tout
le monde. » (Sénèque, ép. 6.) Le texte de Sénèque
est, dans l'édition de Baie 1557, ainsi que dans les
autres éditions du XYi"^ siècle : « Quaeris inquit, quid
profecerim ? Amicus esse mihi coepi. Multum profecit
qui nunquam erit .solus. Scito liunc amicus omnibus
esse. »
P. 284, 1. 26. No)i ipse). « Tout prêt moi-même
à mourir pour mes chers amis et pour ma patrie. »
(Horace, Odes, IV, ix, 51.)
P. 285, 1. 4. Car le corps). Rapprocher Plutarque,
Du hannisseiiient : « Car le corps est aggravé seulement
par la pesanteur du fardeau qu'on luy charge, mais
l'âme bien souvent d'elle mesme adjouste la pesanteur
aux affaires. » (i, f" 124 v°.)
P. 285, 1. 15. De la largeur d'une ongle). Expres-
sion latine «non latum unguem». La même expres-
sion se retrouve dans la traduction de la Cité de Dieu,
revue par Jentian Hervé (éd. de 1570, XI, xi, 322),
où elle traduit les mots latins ci-dessus indiqués.
P. 285, 1. 16. Me doncr a autruy). Rapprocher
Sénèque, Epitres : « Cum me amicis dedi, non tamen
mihi abduco. » (Ep. 62, 1. 147.)
P. 285, 1. 17. Cette aspreté). Id., De ira : « Omnis
fere cupiditas ipsa sibi in id, in quod propcrat, op-
ponitur. » (I, xii, 311.)
P. 285, 1. 22. Maie cuncta uiinistrat). « La passion
est toujours un mauvais guide. » (Stace, Thébaïde,
X, 704). Citation prise dans les Politiques de Juste
Lipse, III, VI.
P. 286, 1. 3. La philosophie veut). Cf. Sénèque,
De ira, I, xv, xvi. Voir aussi le début de l'essai II,
XXXI.
P. 28e, 1. 10. Festinalio tarda est). «La précipi-
tation est une cause de retard. » (Quinte-Curce. IX,
IX, 12.) Le texte de Quinte-Curce est : « Sed in
tumultu festinatio quoque tarda est. »
P. 286, I. II. Ipsa se uclocitas). «La précipitation
s'entrave elle-même. » (Sénèque, ép. 44.) Le texte
est : «Ipsa illos velocitas implicat. » (P. 126.)
P. 28e, 1. 18. Lequel inaistre). Probablement le roi
de Navarre, depuis Henri W.
P. 287, 1. 14. Apres que les sages). Cf. Sénèque,
Épi très : « Si ad naturam vives nunquam eris pauper;
si ad opinionem, nunquam dives. Exiguum natura
desiderat, opinio immensum » etc. (Ep. lé, p. 99.)
P. 287, 1. 18. Ceux desquels). Id., ibid. : « Natu-
ralia desideria finira sunt : ex falsa opinione nascentia,
ubi dcsinant, non habent... Cum voles scire quod
petes utrum naturalem habeat an caecam cupiditatem,
considéra, num possit alicubi consistere : si longe
progresse semper aliquid longius restât, scito id
naturale non esse.» (Ep. 16, p. 99.)
P. 287, 1. 19. La pauureté des biens). Ces termes
LIVRE 111, CHAPITRE X.
429
de pauvreté d'ànie et pauvreté des biens que Mon-
taigne oppose ici, se trouvent chez Plutarque, Œuvres
morales, f" 97 r".
P. 287, 1. 21. Kaiii si, qiiùd). « Car si rhomme se
contentait de ce qui lui suffit, je serais assez riche;
mais puisqu'il n'en est pas ainsi, comment supposer
que des richesses, quelque grandes qu'elles soient,
puissent jamais me satisfaire ? » (Lucilius, lib. Y,
apud Nonium Marcellum, v, 98.) J'ignore où Mon-
taigne a pris cette citation.
P. 287, 1. 24. Sacrales, voïant). Cf. Cicéron, Tiis-
ciilancs : « Quam multa non desidero. » (V, xxxii.)
P. 287, 1. 26. Metrodonts). Cf. Sénèque, ÉpiSres :
« Et quidem gloriatur (Epicurus) non toto asse se
pasci : Metrodorum, qui nondum tantum profecerit,
toto. » (Ép. 18.)
P. 287, 1. 27. Metroclex^). Cf. Plutarque, One k
vice seul est suffisant pcnir rendre l'homme malheureux :
« Metrocles... l'hyver dormoit parmy les moutons,
& l'esté dedans les cloistres & portiques des temples. »
(IV, f" 137 v°.)
P. 287, 1. 28. Siifficit ad id natiira). « La nature
pourvoit à ses exigences. » (Sénèque, ép. 90.)
P. 287, 1. 29. Cleaiithes uiuoit). Cf. Diogène Laérce :
Vie de Cleanthe : « Num solum haurio ? Nunquid
non fodio & rigo... Zeno enim illum ad id exercebat,
jubebatque obolum sibi ex labore afferre... dicens
Cleanthes quidem Cleanthum alium posset nutrire,
si vellet. » (\'\\, 169 et 170, pp. 502 et 503.)
P. 288, 1. 5. Qu'il eschappe la prise). Rapprocher
Sénèque, Épîtres : « Ad id se deduxisse quod eripere
nuUa fortun:t iniquitas possit. » (Ep. 18.)
P. 288, 1. 19. Ouo mihi foriuna). «A quoi bon la
fortune s'il ne m'est pas possible den jouir?» (Ho-
race, Epîtres, I, v, 12.)
P. 289, 1. 12. Des dix iours du pape). Grégoire XIII
qui, en 1582, fit réformer le calendrier par Louis
Lilio, Pierre Chacon, et surtout Christophe Clavius.
En France, on passa subitement du 9 au 20 de dé-
cembre 1582. Montaigne avait déjà parlé de cette
réforme avant 1588. (Cf. III, xi, p. 308, 1. i.)
P. 290, 1. 8. La carrière de nos désirs). Rapprocher
Sénèque, De tranquilUtate animi : «Non sunt... cupi-
ditates in longinquum mittendse, sed in vicinum
illis egredi pcrmiltamus, quoniam includi ex toto
non patiuntur. » (x, p. 282.)
P. 290, 1. 17. Mmtdus vniuersus). «Le monde entier
joue la comédie. » C'est un fragment de Pétrone,
conservé par Jean de Salisbur}-, Policratic, III, viii,
où on lit : Totus mundus exercer histrionem, ou
histrioniam. Montaigne a pris cette citation dans le
De ccnstanlia de Juste Lipse, I, vni, où elle présente
le même texte que dans les Essais. Peut-être le De
constaiitia a-t-il eu quelque influence sur cet essai.
L'idée principale de Juste Lipse est qu'il faut être
touché des maux publics, mais avec modération, en
évitant l'excès. On a tort de voir dans une extrême
sensibilité aux malheurs de la patrie une grande
vertu. (Cf. surtout I, viii, et I, xi.) C'est le point
de vue de Montaigne.
P. 290, 1. 28. Tantum se fortunœ). « Ils s'aban-
donnent à leur haute fortune au point d'en oublier
la nature. » (Quinte-Curce, III, 11, 18.) Le texte de
Quinte-Curce est : «Documentum eris posteris,
homines, cum se permisere foitunœ, etiam naturam
dediscere. »
P. 291, 1. 20. Keque e.xira). «Et, hors les néces-
sités de la guerre, je ne nourris aucune haine capitale.»
P. 291, 1. 22. Utatur t)wtu). « Que celui-là s'aban-
donne à la passion qui ne peut suivre la raison. »
(Cicéron, Tusc, IV, xxv.) Dans l'édition de 1595
et dans la vulgate, cette citation ne figure point à
cette place, mais dans l'essai III, i, après les mots
« leur debuoir par la raison simple » (p. 4, 1. 20
de notre édition). Les idées exprimées dans l'essai
III, I, pp. 4 à 6, sont à rapprocher de celles que
nous trouvons ici.
P. 292, 1. 2. No}i tain omnia). « Ils ne s'accordaient
pas tous à blâmer l'ensemble, mais chacun critiquait
les détails qui l'intéressaient personnellement. »
(Tite-Live. XXXIV, xxxvi.)
P. 292, 1. 8. Il admire la grâce). Du Vair également
unissait à la fidélité au roi une certaine admiration
pour le duc de Guise. Cf. Radouant {Du Vair, 1908,
p. 186); on retrouve les mêmes sentiments chez
Pasquier {Lettres, II, p. 807).
P. 292, 1. 12. Un hérétique). Théodore de Bèze.
(Cf. II, XVII, p. 448, 1. 18.) Dans le Journal de voyage
430
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
on constate qu'il lui fut reproché à Rome « d'avoir
nommé des Poètes hœretiques ». (P. 250.) Mon-
taigne répondit que « c'eioit son opinion, et que
c'etoit choses qu'il avoit mises, n'estimant que ce
fussent erreurs ». (P. 250.) Il n'effaça pas le nom de
de Bèze dans les éditions suivantes.
P. 292, 1. 19. // affecta depuis la Roxaiité). Cf. Tite-
Live, VI, XVIII, p. 191.
P. 294, 1. 12. Se moqua quelqu'vn). Cf. Plutarque,
Les dicts notables des Laeeda-iiumieiis : « Un autre Laco-
nien regardant Diogenes le philosophe Cynique au
cœur d'hiver qu'il geloit à pierres fendant, embrassant
tout nud une statue de bronze, luy demanda s'il
avoit pas grand froid, l'autre luy dit que non : quelle
grande merveille fais tu donc? » (F° 223 v".)
P. 294, 1. 23. Le Roy Cotys). Cf. Plutarque, Les
dicts notables des anciens Roys : « Et pourautant qu'il
estoit prompt à se courroucer, & aspre à punir ses
serviteurs domestiques, quand ils avoient faillv en
leurs services : comme un sien amy chez lequel il
estoit logé, lui eust fait présent de plusieurs vases
& vaisselles de terre fort tenues & aisez à rompre,
mais au demourant singulièrement bien ouvrez & la-
bourez, il donna bien de riches dons à celuy qui les
luy avoit présentez, -mais il les rompit & cassa tous
entièrement, de peur que par une soudaine cholere
il ne chastiast trop aigrement ses serviteurs qui
viendroient à les rompre. » (F" 189 r°.)
P. 295, I. 12. Melius non incipient). «Ils auront
moins de peine à ne pas commencer qu'à s'arrêter. »
(Sénèque, ép. 72.)
P. 295, 1. 19. Veliit riipes). «Tel un rocher qui
s'avance dans la haute mer; exposé à la fureur des
vents et des flots, il brave les menaces et les efforts
conjurés du ciel et de la terre, et reste lui-même
inébranlable.» (Virgile, En., X, 693.)
P. 296, 1. I. Zenon). Cf. Diogène Laërce, V-ie de
Zenon : « Cùm esset autem in amasium Chremo-
nidem affectus, ipso & Cleanthe assistentibus surrexit,
cùmque admiraretur Cleanthes, ait, & medicos audio
dicentes, praeclarum esse ad tumores quosque reme-
dium quietem. » (VII, xvii, 418.)
P. 296, 1. 4. Sociates ne dit point). Cf. Xénophon,
Mémorables : « O stulte... non existimas formosos
osculando quiddam inhgere... ! an nescis id animal
quod appellant pulchnim ac formosum... hoc verô
ne quidem tangens, si modo spectetur, infigat etiam
longo ex intervallo aliquid ejusmodi quod insanire
faciat?... Quamobrem... tibi consulo ut uhi formo-
sum videris, averso vultu fugias. » ( I, m, 13.)
P. 296, 1. 8. Son ban disciple). Xénophon, dans la
Cyropédie : « Hanc (Abradate uxorem)... Cyrus
tuendam jubebat Arasps, donec ipse eam reciperet...
Quoniam, ait (Cyrus), si nunc dum abste audio eam
esse pulchram, sententiam tuam sequens eam visurus
iero, cum neque satis mihi ocii sit, vereor ne longé
celerius illa persuadeat mihi item, ut se rursus spec-
taiurus accedam, & exhinc fortassis his neglectis quas
gerere me oportet, sedeam illam spectans. » (V,
I. P- 79-)
P. 296, 1. 12. Nenos indncas). «Ne nous induisez
pas en tentation. » (Saint Mathieu, VI, xiii.) Cette
phrase fait partie de l'Oraison dominicale.
P. 297, 1. 3. In tam diuersa). Montaigne a traduit
ces vers avant de les citer. On rapproche dans le
Franciscanus de Buchanan :
<- Quam venîi violensque .vstus canusque magister
» In diversa trahunt. »
(Vers 13 et 14). Édition des Epigrannnes de Théodore
de Bèze, Buchanan, etc., 1569, p. 3.
P. 297, 1. 12. Un quart d'once). Rapprocher Rabe-
lais, Prologue du quart livre, à la fin : « Attendez
encores un peu avec demie once de patience. »
P. 297, 1. 17. Qui n'arrête le partir). Rapprocher
Sénèque, Épîtres : « Facilius est initia illorum prohi-
bere, quam impetum regere. » (Ep. 85, p. 195.)
P. 297, 1. i8. Qui ne sçait leur jernier). Cf. Sénèque,
Épitres : « Excluditur facilius quam expellitur (vi-
tium)... Intrantihus resistamus, quia facilius, ut
dixi, non recipiuntur quàm exeunt... Non obtinebis
ut desinat, si incipere permiseris. » (Ep. 116, p. 27e.)
Rapprocher encore l'épître 85 : « Cum facilius sit
excludere, quam admissa comprimere. » (P. 196.)
P. 297, 1. 19. Qui ne peut uenir). Id., ibid. : «Cujus
démentis est credere^ quarum rerum extra nostrum
arbitrium posita principia sunt, earum nostri esse
arbitrii terminos ? Quomodo ad id finiendum satis
LIVRE m, CHAPITRE X.
431
valeo, ad quod prohibeiiduni parum valui ? « (Ép. 85,
p. 196.)
P. 297, 1. 21. Etcnim ipsx). «Car d'elles-mêmes
les passions se poussent quand une fois on s'est
écarté de la raison; la faiblesse humaine se fie en
elle-même, elle s'avance en pleine mer sans y penser,
et ne trouve plus de refuge où s'arrêter. » (Cicéron,
Tusctilanes, IV, xvm.)
P. 297, 1. 25. Animus). « L'àme, bien avant d'être
vaincue, sent venir l'attaque. »
P. 297, 1. 26. Ceii flamina). «Ainsi lorsque le vent,
faible encore, s'agite dans la forêt; il frémit, et ses
sourds mugissements annoncent au nautonier la
tempête prochaine. » (Virgile, En., X, 97.)
P. 298, 1. 4. Conuenit). « On doit, pour éviter les
procès, faire tout ce que l'on peut, et peut-être même
un peu davantage; car il est non seulement louable,
mais aussi quelquefois avantageux de se relâcher un
peu de ses droits. » (Cicéron, De officiis, II, xviii.)
Le texte est celui de l'édition de Paris 1538; Mon-
taigne change seulement le temps et le mode des
verbes.
P. 298, 1. 23. D'une charretée de peaux). Cf. Co-
mines, V, i. Peut-être Montaigne se souvient-il sur-
tout de la République de Bodin oii l'idée qu'il exprime
ici est longuement développée : « Quelquesfois de
la moindre occasion, coaime d'une estincelle, s'em-
brase un grand feu de guerres civiles : comme il
advint à Florence, pour le refus que fit un gentil-
homme de la maison de Bondelmonti d'espouser une
damoiselle, ayant donné la promesse... La guerre
entre le duc de Bourgogne & les Suisses print origine
pour un chariot de peaux de moutons qu'on print
à un Suisse. » (I\', i); pour la même idée, voir
encore IV, vu.
P. 298, 1. 23. L'engraueure d'vn cachet. Il s'agit
d'un cachet que Sylla fit graver à la mémoire des
succès qu'il avait remportés sur Jugurtha, cachet qui
excita la jalousie de Marius, et qui fut cause de leur
rivalité : « Luy mesme (Sylla) feit faire un anneau
qu'il portoit ordinairement, sur la pierre duquel il
avoit fait engraver, comme Bocchus luy delivroit
Jugurtha entre ses mains : & depuis il en feit tous-
jours son cachet pour faire despit à Marius, qui
estoit homme ambitieux, opiniastre, & qui ne pou-
voir endurer qu'on luy baillast un compagnon à la
gloire de ses faicts, & le faisoit Sylla principalement
à la suscitation des ennemis & malveillans de Marius,
lesquelz attribuoient le commencement & les prin-
cipaux exploits de ceste guerre à Metellus, & les
derniers avec la consummation finale à Sylla. »
(Plutarque, Vie de Marius, m, f° 288 r°.)
P. 299, K 12. Au rebours du roseau). Cf. Plutarque,
Comment on pourra aparcevoir si l'on amende et profite
en l'exercice de la vertu : «Tout ainsi comme la pre-
mière bouttee que fait le germe du rouseau aiant
force de poulser grande, produit une longue tige
droicte, égale & unie du commancement... et puis
après comme si elle se lassoit en hault par une
défaillance de courte haleine, elle est souvent retenue
par plusieurs noeuds, non gueres distans l'un de
l'autre, comme si l'esprit qui poulse contremont
trouvoit quelque empêchement qui le rabbatist & le
fist trembler. » (iv, f° 114 r°.)
P. 300, 1. 5. Comme Plutarque dict). De la mau-
vaise honte : « Aians eu honte de contredire à un
amy, qui leur demandoit de l'argent, bien tost après
ils sont contraincts de rougir à bon escient pour
estre convaincus de n'en avoir point... Et y en a
plusieurs que ceste honte aiant forcez de faire quelque
promesse desavantageuse du mariage ou de leur fille
ou de leur sœur, sont contraincts puis après de faillir
de promesse pour avoir changé d'advis. » (viii,
f''79r°.)
P. 300, 1. 12. Disoit Bias). Cf. Diogène Laërce,
Vie de Bias : « Si quid agere instituis, lente id aggre-
dere : cjeterum in eo quod elegeris, firmiter persiste.»
(I, Lxxxvn, 70.)
P. 301, 1. 12. Abscinduntur j'acilius). «Il est plus
fitcilc de les arracher de l'àme que de les tenir en
règle. »
P. 301, 1. 15. La moyenne région). Rapprocher
essai I, Liv, 403.
P. 301, 1. 19. Fxlix qui potuit). «Heureux qui
peut pénétrer les causes des choses, fouler aux pieds
toutes les craintes, la croj'ance à l'inexorable destin
et tout le bruit qu'on fixit autour de l'avare Achéron;
heureux aussi celui qui connaît les dieux champêtres.
432
ESSAIS DE MONTAIGNE.
et Pan, et le vieillard Sylvain, et les nymphes sœurs. »
(Virgile, Géorg., II, 490.)
P. 301, 1. 24. Les naissances sont foihks). Rappro-
cher U, .x.xxvi, p. 78, 1. 13.)
P. 302, 1. 3. Jure perlmmii). «C'est avec raison
que j'ai eu en horreur d'élever la tête et d'attirer de
loin les regards. » (Horace, Odes, III, xvi, 18.)
P. 302, 1. 12. Ciim setnper nattira). « De tout
temps calme par nature, et plus encore à présent,
par l'effet de l'âge. » (Q. Cicéron, De petitione consit-
latûs, chap. 11, à la fin.)
P. 303, 1. 22. Neqne siimmissaiu). « .\ussi éloigné
de la bassesse et de l'abjection que de l'orgueil. »
(Cicéron, De officiis, I, xxxiv.) Xo'ici le texte de
Cicéron : « Privatum oportet îequo et pari cum
civibus jure vivere, neque submissum et abjectum,
neque se efferentem. »
P. 303, 1. 30. Qui nous oigneni). Pour l'opposition
des mots oignez et poignez, Montaigne se souvient
sans doute du dicton populaire :
« Oignez vilain, il vous poindra;
» Peignez vilain, il vous oindra. »
P. 304, 1. 5. Ainsi faisoyent). Cf. Plutarque,
Comment on pourra discerner Je flatteur d'avec l'ami :
« Cela n'est pas fait en amy, mais en Sophiste, qui
ne quien que l'apparence, & veult chercher sa gloire
es faultes d'autruy, pour en faire ses monstres devant
les assistans : comme les chirurgiens qui font les
opérations de leur art en plein théâtre, pour avoir
plus de prattique. » (xxxii, f° 53 r".)
P. 304, 1. II. On disait à Alexandre). Id., Vie
d'Alexandre : « Toutes les fois qu'il venoit nouvelles
que son père avoit pris aucune ville de renom, ou
gaigné quelque grosse battaille, il n'estoit point fort
joyeux de l'entendre, ains disoit à ses egaulx en
aage : Mon père prendra tout, enfans, & ne me lais-
sera rien de beau ny de magnifique à faire & à con-
quérir avec vous. Car n'aimant point la volupté, ny
l'argent, ains la vertu & la gloire, il estimoit que
tant plus son père luy laisseroit de grandes & glo-
rieuses conquestcs, tant moins il luy demoureroit de
bien faire par luy mesmc, & pourtant voiant que
Testât de son père & son empire alloit croissant tous
les jours de plus en plus, il cuidoit que tout ce qu'il
avoit de beau à faire au monde se deust entièrement
consumer en luy, & aimoit mieulx recueuillir de luy
une seigneurie, ou il y eust occasions de grosses
guerres, de grandes battailles, & force matière de se
faire honneur, que non pas de grands trésors, des
délices, ny de grands moiens de vivre à son plaisir. »
(II, f° 465 v°.)
P. 304, 1. 15. Alcihiades, en Platon). Voir le Pre-
mier Alcihiade vers le début, où cette idée est longue-
ment développée par Socrate.
P. 304, 1. 24. Comme cet antien). Cf. Plutarque,
Comment on pourra aparcevoir si l'on amende et profite
en l'exercice de la vertu : « Comme celuy qui appelloit
sa chambrière en sa maison, & crioit tout hault,
Dyonysia, regarde comment je ne suis plus glorieux
ne superbe : aussi celuy qui a fait quelque chose
honeste & vertueuse, & puis la va conter & la porte
monstrer par tout, il est tout évident que celuy là
regarde encore dehors, & est tiré de la convoitise de
vaine gloire & n'a point encore veu à nud & au
vray la vertu. » (x, f" 116 r°.)
P. 305, 1. 3. Non nohis, Domine), a Ce n'est pas
à nous. Seigneur, ce n'est pas à nous, mais à ton
nom qu'il en faut rapporter la gloire. » (Psaume 113,
V. I.)
P. 305, 1. 8. Le marbre esleiiera). Montaigne re-
marque qu'à Vérone « ils n'ont pas faute d'inscrip-
tions; car il n'v a rabillage de petite goutiere, où ils
ne facent mettre, et en la ville et sur les chemins,
le nom du Podesta et de l'Artisan. » (P. léi.)
P. 305, 1. 1^. Selon les Stoïciens). Cf. Plutarque,
Des communes coiurptions contre les Stoïijues : « Si dit
encore Chn,-sippus au traitté qu'il a fait de Jupiter,
que c'est chose froide, maigre & impertinente de
louer de tels actes, encore qu'ils procèdent de la
vertu, comme de porter vaillamment la picqueure
d'une mousche guespe & s'abstenir chastement d'une
vieille tirant à la mort. » (F° 575 r°.)
P. 505, 1. 16. Que Pana'tius luy). Cf Cicéron,
De officiis : « Laudat .\phricanum Pananius, quôd
fuerit ab.stinens. Quidni laudet? Sed in illo alia majora,
laus enim abstinentiit non hominis est solum, sed
etiam temporum illorum. » (II, xxii; t. IV, p. 374.)
LIVRE III, CHAPITRE X.
433
P. 305, 1. 24. (2iur est ista). Ici., De finibiis :
« Quelle est cette i^loire qu'on peut trouver au
marché ? » (II, xv.)
P. 306, 1. 6. Mihi qnidciu). M., Titscidanes : « Pour
moi je trouve bien plus louable ce qui se fait sans
ostentation et loin des yeux du peuple. » (II, xxvi.)
P. 307, 1. 6. Mme huic confidere). « Moi ! que je
me fie à ce monstre ! Moi ! que je me fie à l'appa-
rence de la mer tranquille et des flots apaisés ! »
(\'irgile, Enéide, V, 849.) Montaigne intervertit
l'ordre des deux membres de phrase et supprime jubés
après ignorare.
Chapitre XL
DES BOYTEVX.
P. 308, 1. I. Qu'on acoiirsil l'an). C'est la réforme
du calendrier ordonnée par le pape Grégoire XIII,
eni 5 82, réforme qui en Italie fit succéder le 1 5 octobre
au 4 octobre, en France le 20 décembre au 9 dé-
cembre. (Cf. essai III, x, p. 289, 1. 12 et la note.)
P. 309, 1. é. Ce que dict Phttarque). Dans les
Demandes des choses Romaines : « Maintenant mesme
que la science des astres que Ion nomme Astrologie,
a pris si grand accroissement, l'inégalité du cours de
la Lune surpasse encore l'expérience des Mathéma-
ticiens, & ne la peuvent régler à certaine raison. »
(xxiv, f° 464 r°.)
P. 309, 1. 16. En auons l'nsagfj. Rapprocher
essai II, xii, p. 230, 1. 14.
P. 310, 1. 3. Dare pondus idonea). «Capable de
donner du corps à de la fumée. » (Perse, v, 20.)
Le texte est : « Dare pondus idonea fumo. »
P. 310, 1. 15. Ita finitima.) «Le faux et le vrai
sont si voisins l'un- de l'autre que le sage ne doit pas
se risquer dans un défilé aussi périlleux. » (Cicéron,
Acad., II, xxi.) Le texte est celui de l'Ed. Paris 1538.
P. 310, 1. 23. l'ay veu la naissance). « Des mons-
tres marins (écrit un membre du parlement) furent
vus sur l'eau et plusieurs voix ouïes en l'air. » Une
autre année il y eut en un seul jour « par deux fois,
montant en la rivière, sans qu'on eût pu reconnaître
aucun descendant au milieu de ces deux marées ».
Le 4 juillet 1589, de midi à trois heures, «une
couronne céleste fut vue environnant le soleil, pro-
nostic de nouvel empire». En 1577, trois soleils
furent vus à Bordeaux « par grand nombre de gens
de qualité ». (JuUian, Histoire de Bordeaux, éd. 1895,
p. 383.) Les chroniques du temps sont remplies
de prodiges analogues à ceux que mentionne ici
M. Jullian. Voir aussi le Journal de voyage de Mon-
taigne, pp. 124 et 128, et aussi ce qu'il dit de son
séjour à Lorette.
P. 311, 1. 3. Insita hominibus). «Par la tendance
innée qui porte les hommes à donner cours à des
bruits incertains. » (Tite-Live, XXMII, xxiv.) Le
texte est conforme à celui de l'éd. de 1568.
P. 311, 1. 5. L'errnr particulière). Cf. Sénèque,
Epitres : « Et quum singulorum error publicum
fecerit, singulorum errorem facit publicus. » (Ép. 8r,
p. 187.)
P. 311, 1. 7. Ainsi va tout ce). RapprQcher II, xii,
p. 278, 1. 20.
P. 312, 1. 2. Quasi uero). «Comme s'il y avait
rien de si commun que le manque de jugement. »
(Cicéron, De divinatione, II, xxxix.)
P. 312, 1. 4. Sanitatis). «Belle autorité pour la
sagesse qu'une multitude de fous ! » (Saint Augustin,
De civit. Dei, Yl, x.)
P. 312, 1. 23. Miraniur ex interuallo). «Nous
admirons les choses qui trompent par leur éloigne-
ment. » (Sénèque, ép. 118.) Le texte de Sénèque
est : « Major pars miratur ex intervalle fallentia. »
P. 312, 1. 25. Nunquam ad liquidum). «Jamais la
renommée ne s'en tient à la vérité. » (Quinte-Curce,
IX, II.) Le texte est celui de l'éd. de Montaigne.
P. 314, 1. 5. Le stile à Romme). Cf. Cicéron,
Académ., II, xlvii : « Quam rationem, majorum
LIVRE ni, CHAPITRE XI.
43$
etiam comprobat diligentia, qui primuui jurare ex
sui animi sententia quenque voluerunt. Deinde ita
teneri, si sciens falleret : quôd inscientia multa ver-
saretur in vita. Tijm qui testimonium diceret, ut
arbitrari se diceret, etiam quod ipse vidisset : qu;cque
jurati judices cognovissent, ut ea non ut esse facta,
sed ut videri pronuntiarentur. » (IV, p. 35.)
P. 314, 1. 17. Iris est fille). Cf. Platon, Thcctèk :
« Maxime philosophi hxc affectio est, qua; admiratio
dicitur. Neque enim aliud prœter hoc est philosophie'
principium. Et qui Irim Thaumantis, id est admira-
tionis filiam esse tradidit non absurde originem ejus
explicuit. » (xi, p. 155; éd. 1546, p. 141.)
P. 314, 1. 22. Corras, conseiller de Toulouse). Ou
plutôt Coras, savant jurisconsulte, né à Toulouse
en 15 13. (Voir Fleun,' Vindiy, Les Parlementaires
français au xri^ siècle, Tome II, p. 203.) Calviniste,
il fut assassiné à la conciergerie de Toulouse avec
trois cents autres prisonniers, le 4 octobre 1572, peu
de temps après la Saint-Barthélémy : on le revêtit
ensuite de sa robe de conseiller, avec deux de ses
collègues massacrés comme lui, et on les pendit à
l'orme du palais. Les œuvres de Jean Coras ont été
recueillies en deux vol. in-fol., Lyon, 1556 et 1558;
Wittenberg, 1603; et sa vie a été écrite en latin par
Jacques Coras le poète, qui était de la même famille.
La cause célèbre dont Montaigne parle ici est celle
de Duthil ou du faux Martin Guerre, sur laquelle
le jurisconsulte de Toulouse avait publié un commen-
taire imprimé à Paris en 1561 et 1565. En voici le
titre : « Arrest mémorable du Parlement de Tolose,
contenant une histoire prodigieuse, de nostre temps,
avec cent belles & doctes annotations de Monsieur
Jean de Coras, Conseiller en ladicte Cour, & Rap-
porteur du procès prononcé es Arrestz Generaulx
le XII septembre M D L X. » Coras explique par
la magie un certain nombre de sin^larités fort
étranges : c'est sans doute à ces explications que
Montaigne fait allusion.
P. 315, 1. 3. Les Areopagites). Cf. Valère Maxime,
VIII, i; Aulu-Gelle, xîl,' vu; Rabelais, III, xliv;
Du Verdier, Suite des Diverses Leçons, V, xix, etc.
P. 315, 1. 6. Les sorcières de mou voisinage). Sur le
sujet de la sorcellerie, que Montaigne aborde ici, il
convient de rappeler que beaucoup d'écrits avaient
déjà paru au xvi*^ siècle. C'était une question tout
à tait à l'ordre du jour, les malheurs des temps ayant
multiplié les procès de sorcellerie durant la seconde
moitié du siècle. Dans la littérature très abondante
qui en sortit, il convient de distinguer tout particu-
lièrement : l'ouvrage latin de Wier qui va presque
jusqu'à nier la sorcellerie comme Montaigne et qui
hit traduit en français par Jacques Grévin sous ce
titre : « Cinq livres d'histoires, discours et disputes
des illusions et impostures des diables : des enchan-
tements et sorcelleries : pris du latin de Jean Wier,
médecin du duc de Clèves, et faits françois par
Jacques Grévin, de Clermont en Reauvoisis, médecin
à Paris (Paris 1567). » (Rééd. en 1569, et avec un
sixième livre en 1579.) En regard de l'ouvrage de
Wier se place celui de Bodin, qui a été écrit pour le
réfuter : « La dcmouomanie des sorciers..., par J. Bodin,
angevin, Paris 1580» (ouvrage réimprimé à Paris
en 1582, 1587; à Anvers en 1586; en latin à Bàle
en 1581; en italien en 1587). Bodin croit fermement
aux sorciers et anathématise violemment ceux qui
refusent de se rendre à .ses raisons. Il 3' a de grandes
chances pour que Montaigne ait lu ces deux ouvrages
essentiels. Il a dû connaître encore un chapitre de
Tabourot des Accords publié en 1585 dans le qua-
trième livre de ses Bigarrures. Pour plus de détails
sur cette question, cf mon livre sur Les Sources et
l'Évolution des Essais, t. II, p. 344.
P. 315, 1. II. Il y faut autre engin). «C'est par
ces exemples que la divine parole nous donne » et
par l'autorité des saintes Écritures que Bodin, dans
sa Démonomanie, prétend confondre les incrédules.
P. 315, 1. 18. le suis lourd). Dans le fournal de
voyage, Montaigne se montre à la fois curieux des
événements merveilleux qu'on lui signale, et assez
peu crédule à leur endroit : « Le 1 6 Février, revenant
de la station, je rancontray, en une petite Chapele,
un Prêtre revêtu, ambesouigné à guérir un spiritato :
c'etoit un home melancholique et come transi.
On le tenoit à genous devant l'Autel, aïant au col
je ne sçai quel drap par où on le tenoit ataché. Le
Prêtre lisoit en sa presance force oresons et exor-
cismes, comandant au Diable de laisser ce cors, et
436
ESSAIS DE MONTAIGNE.
les lisoit dans son bréviaire. Apres cela il detournoit
son propos au parlant, tantost parlant à lui, tantost
parlant au Diable en sa personne, et lors l'injuriant,
le battant à grans coups de pouin, lui crachant au
visage. Le patiant repondoit .à ses demandes quelques
réponses ineptes : tantost pour soi, disant come il
santoit les mouvemans de son mal; tantost pour le
Diable, combien il creignoit Dieu, et combien ces
exorcismes agissoint contre lui. Apres cela qui dura
longtams, le Prêtre, pour son dernier effort, se retira
à l'Autel et print la Custode de la mein gauche, où
etoit le Corpus Domini; en l'autre mein tenant une
bougie alumée, la teste ranversée contre bas, si qu'il
la faisoit fondre et consomer, prononçant cependant
des oresons, et au bout des paroles de menasse et
de rigur contre le Diable, d'une vois la plus haute
et magistrale qu'il pouvoit. Come la première chan-
dele vint à défaillir près de ses doits, il en print
un' autre, et puis une seconde, et puis la tierce.
Cela fait, il remit sa Custode, c'est à dire le vesseau
transparant où etoit le Corpus Domini, et vint
retrouver le patiant, parlant lors à lui come à un
home, le fil détacher et le randit aus siens pour le
ramener au logis. Il nous dict que ce Diable là etoit
de la pire forme, opiniâtre, et qui couteroit bien
à chasser; et à dix ou douze Jantil'homes qui étions
là, fit plusieurs contes de cete sciance, et des expe-
riances ordineres qu'il en avoir, et notammant que
le jour avant il avoit deschargé une famé d'un gros
Diable, qui, en sortant, poussa hors cette famé par
la bouche, des clous, des épingles et une touffe de
son poil. Et parce qu'on lui respondit, qu'elle n'estoit
pas encores du tout rassise, il dit que c'etoit une
autre sorte d'esperit plus léger et moins malfaisant,
qui s'y eroir remis ce marin-là : mais que ce janre
(car il en sçair les noms, les divisions, er plus par-
ticulières distinctions) etoit aisé à csconjurer. Je n'en
vis que cela. Mon home ne faisoit autre mine que
de grinser les dans et tordre la bouche, quand on
lui presantoit le Corpus Domini, et remachoit par fois
ce mot, Si Jala volent; car il eroit Notere, et sçavoit
un peu de latin.» (P. 231.) «Je fus averty d'une
sottise que j'avois faite, ayant oblié à voir à dix
milles deçà Loïan, à deus milles du chemin, le haut
d'une monraigne, d'où en ramps pluvieus er orageus
er de nuir, on voir sonir de la flame d'une exrreme
hauteur; et disoit le rapporteur qu'à grandes secousses
il s'en regorge par fois des petites pièces de monnoie,
qui a quelque figure. Il eut fallu voir que c'étoit
que tout cela. » (P. i8é.)
P. 315, 1. 19. Maioran fidem). «Les hommes
ajoutent plus de foi à ce qu'ils n'entendent point. »
P. 315, 1. 20. Cupidinc hiimani). «Une tendance
naturelle porte l'esprit humain à ajouter foi de pré-
férence aux choses obscures.» (Tacite, Hisl., I, xxn.)
Montaigne substitue « creduntur » à « credendi ».
P. 315, 1. 21. & me deffend on). Montaigne fait
peut-être allusion dans ce passage au ton rrès dog-
marique er menaçant de Jean Bodin. Les textes sacrés
sont absolument formels, et Bodin n'a pas de peine
à accumuler une masse de citations qui, déclare-r-il,
ne permerrenr pas à un chrérien de dourer : « La
loy de Dieu qui ne peur menrir a déclaré er spécifié
par le menu les secrers des sorciers, er menacé d'ex-
rerminer les peuples qui ne feroienr punirion des
sorciers. Il faur donc s'arresrer là, er ne faur pas
dispurer contre Dieu des choses que nous ignorons. »
(DémoHomanie, préface.) Et ailleurs encore : « Il n'y
a gueres moins d'impiété de révoquer en doute s'il
est possible qu'il y ait des sorciers que révoquer en
doute s'il y a un dieu, celuy qui par sa loy a certifié
l'un a aussi certifié l'autre. » {Démonomanie, vers la
fin.) Et puisque nier la sorcellerie esr un crime aussi
grave que de nier l'exisrence de Dieu, rour naturel-
lemenr Bodin l'éclame les chàrimenrs les plus rigou-
reux pour ceux qui ne croient pas aux sorciers, il
veut leur réserver le même supplice qu'aux sorciers
eux-mêmes. Naudé n'est pas moins violent, il déclare
que c'est « être hérétique » que de se montrer incré-
dule sur ce point.
P. 315, 1. 26. Fideanlur sanej. «Qu'on propose
ces choses comme vraisemblables, mais qu'on ne les
affirme pas. » (Cicéron, Acad., II, xxvii.) L'édition
de Paris de 1538 porte ne au lieu de non.
P. 316, 1. I. Il faut vue clarté). Rapprocher Wier,
Cin(] livres des démons : « Il faut que les preuves
soyent plus cleres que le jour, principalement es
procès que l'on nomme criminels. » (\', vu, f" 400 v".)
LIVRE III, CHAPITRE XI.
437
P. 316, 1. 5. // ne faut pas toiisioiirs s'avresicr).
Sur la fausseté de la plupart des confessions des
sorciers on peut voir : Wier, le livre V presque tout
entier. Il écrit en particulier : « Le poinct gist en
cecy : a sçavoir si toute ceste confession est vraye.
J'espère avec l'aide de Dieu monstrer manifestement
que les principaux poincts d'icelle contrarient clere-
ment à la vérité : et que pour ceste cause elle est
non seulement erronée, mais aussi du tout fausse,
et qu'en icelle sont seulement déduictes les images
des choses songees et proposées par impostures au
lieu de la vérité d'icelles. Ainsi je confesse librement
qu'elle ne doit estre aucunement receue en un sain
conseil, mais plus tost jettee comme une fable d'un
endormi et cataleptique. » (V, xi.) Bodin au con-
traire s'appuie sans cesse sur les confessions des
sorciers et insiste sur cette idée que puisqu'ils con-
fessent leur crime, il faut être de mauvaise foi pour
ne pas y croire.
P. 31e, 1. 20. D'orient en occident). Bodin consacre
tout un chapitre de sa Déinononianie (II, iv) à nous
parler de sorciers ainsi transportés en un instant
à des distances considérables. Le titre de son chapitre
est : « De ceux qui renoncent à Dieu et à leur reli-
gion par convention expresse et s'ils sont transportez
en corps par les dxmons. » On y trouve beaucoup
d'exemples et d'autorités : « Nous lisons pareillement
en Philostrate, autheur grec, que Apollonius Thia-
naeus fut transporté en peu d'heures d'Ethiopie prez
la source du Nil jusques à Rome, qui ne sont pas
moins de deux mil cinq cens lieues à droicte ligne :
une autre fois de Rome en Corinthe, une autre fois
de Smyrne en Ephese. Et l'an MCCLXXI, lan Teu-
tonic prestre d'Halberstad, des plus fameus sorciers
de son aage, chanta trois messes à minuict, l'une
à Halberstad, l'autre à Mogonce, la troisiesme à
Coulongne. Ce qu'on recite aussi de Pythagoras,
qui fut transporté de Thurie en Metapont. ... Et si
le vraj' transport en corps ne se faisoit aux exemples
que nous avons dict, comment se pourroit il faire,
que celuy de Loches se fust trouvé de son lit aux
landes de Bordeaux, et celuy de Lion en Lorraine,
celuy de Plutarque de Grèce en Crotone près de
Naples, où il faut par nécessité passer plus de cent
lieues de Mer, et infinis autres en cas semblables?»
(F°* 89 r°, 90 r°.)
P. 3 1 6, 1. 23 . Eniwlésiir vu halay). C'est un détail qui
se retrouve souvent dans les cas de sorcellerie. On le
retrouve en particulier dans un procès jugé par Nicolas
Quatre-folz et dont Bodin inséra le récit dans sa Dénio-
nonianie (Ed. de 1 582). Deux hommes sont transportés
sur un balai le long du tuyau de la cheminée.
P. 316, 1. 29. L'adiiis de saiuct Augustin). «De
qulbusdam rébus quas neque sensu, neque ratione
percipimus, neque nobis per scripturam canonicam
claruerunt, nec per testes, quibus non crcdere absur-
dum est, in nostram notitiam pervenerunt, sine justa
reprehensione dubitamus. » {Cité de Dieu, XIX, xviii.)
Montaigne avait rencontré cette idée en 1579 dans
l'Histoire générale des Indes de Benzoni : « De ma part
je le tiens pour faux : et, comme dit saint Augustin,
il vaut mieux douter de ce que nous ne sçavons que
d'affermer obstinéement une chose que Ion ne peut
pas vérifier, et d'ont Ion n'est pas asseuré. » (P. 40,
note du traducteur Chauveton.)
P. 317, 1. 3. Par les terres d'vn prince). Dans les
mémoires de l'Académie de Nancy (année 1916-1917)
M. E. Duvernoy a tenté d'établir qu'il s'agit du prince
Charles III de Lorraine dont Montaigne avait traversé
les états, lors de son voyage de 1580. Ce n'est là
qu'une hypothèse qu'aucun fait précis ne confirme :
le Journal de voyage ne fait aucune mention ni d'une
semblable visite de sorciers en Lorraine, ni même
d'une rencontre de Montaigne avec le duc Charles;
et si les sorciers étaient nombreux en Lorraine à
cette époque ils ne l'étaient guère moins dans beau-
coup d'autres régions.
P. 317, 1. 13. Ordonné de l'ellébore). Rapprocher
Wier, Citiq livres des dénions : « Monsieur André
Alciat escrit que l'inquisiteur de la foy feit une telle
inquisition es vallées des Alpes contre des femmes
hérétiques que nous appelions sorcières qu'il en feit
brusler plus de cent... La plus part desquelles de-
voyent estre plus tost purgées par Helleborre que
par le feu. » (V, xvi.)
P. 317, 1. 13. Captisquc res inagis). « Leur cas me
sembla plus voisin de la folie que du crime. >> (Tite-
Live, VIIL xviii.)
43Î
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
P. 517, 1. 24. & Prcstaniiiis). Cf. saint Augustin,
Cité de Dieu : « Quidam nomine Prœstantius patri suo
contigisse indicabat, ut venenum illud per caseum
in domo sua sumeret, & jaceret in lecto suo quasi
dormiens, qui tamen nullo modo poterat excitari.
Post aliquot autem dies, eum velut evigilasse dicebat,
&: quasi somnia enarrasse qu;ç passus est, caballum
se scilicet tactum, annonam inter jumenta bajulasse
militibus, quœ dicitur retica, quoniam ad retia depor-
tatur. Quod ita ut narravit factum fuisse compertum
est : quit tamen ei sua somnia videbantur. « (XMII,
XVIII.)
P. 317, 1. 29. Ce que ie dis.) De semblables ré-
serves étaient nécessaires au xvi= siècle dans un
pareil sujet. Wier ne s'exprime pas avec moins de
précautions : « J'aj' adjousté ce qu'il me sembloit
que Ion devoit observer en la punition des sorcières
séduites par le Diable, comme estans tourmentées
de la maladie nommée melancholique, et non héré-
tiques, lesquelles n'ont pas l'esprit troublé mais opi-
niastre... Que les magistrats et les jurisconsultes ne
pensent que je leur vueille imposer la loi en cecy :
car je proteste devant Dieu que ce n'a point esté
mon intention. Mais au contraire je m'offre et sub-
mets que par charité cette mienne entreprise soit
seulement esplûchee et considérée d'un œil pur et
ouvert de l'esprit par les plus prudens et gens de
bien, plustost que par ceux qui seront studieux de
dépendre par affection et sans aucune considération
une opinion enracinée depuis longtemps. » Il est
peut-être juste d'ajouter que chez Montaigne au
moins il n'y a pas simplement là une question de
précautions à prendre, mais encore une prudence
intellectuelle et un sentiment de la réserve que doit
s'imposer un sujet du roi de France qui sont tout
à fait conformes à son caractère.
P. 318, 1. 3. le ne pleuuie). Rapprocher essai II, x,
p. 100, 1. 14.
P. 318, 1. 6. Nec vie pudet). « Et je n'ai pas honte
comme ces gens-là d'avouer que j'ignore ce que
j'ignore. » (Cicéron, Tusc, I, xxv.)
P. 318, 1. 25. ap'.î-a -/cas; cioîl). Cf. Érasme,
Adages : « Sive ut alias legitur h/n, id est, Optimè
claudus virum agit. Dici solitum ubi quispiam suam
sortem, vel parum egregiam, anteponit alienœ tametsi
prsstantiori. Ab Amazonum apophthegmate natrim
aiunt, tradunt morem Amazonibus fuisse quondam,
ut pueros masculos detorta tibia coxdve claudos
efficerent. Porro quum bellum esset illis adversus
Scythas, atque illi eas conarentur illicere ut ad sese
desciscerent, dicentes futurum ut posthac non cum
claudis ac mutilis, sed cum integris viris rem habe-
rent, Antianira Amazonum dux respondit ad hune
modum, à'pwTa /w/.iç cîiîï. (C/;/7., II, cent. 9,
adag. 49.) \o\ï aussi le scholiaste de Théocrite sur
ridylle IV, V, 62.
P. 319, 1. 5. La philosophie ancienne). Cf. Aristote,
Problèmes, section X, prob. 26.
P. 319, 1. 28. En la comparaison). Paragon dell'
Italia alla Francia : « I nobili Francesi in universal,
hanno le garbe assai sottili rispetto al rimanente del
corpo : ma di cio per avventura la cagione non si
deve riferire alla qualità del cielo, nia alla maniera
del esercizio; per cio che cavalcando quasi continua-
mente, esercitano poco le parti inferiori, si che la
natura non vi trasmette molto di nodrimento...
{Rime e Prose del sig. Torquato Tasso, éd. de Fer-
rare 1585, p. II.)
P. 320, 1. 4. Suétone tire). Dans la Vie de Caligiila :
« Forma; (Germanici) minus congruebat gracilitas
crurum, sed ea quoque paulatim repleta assiduâ equi
vectatlone post cibum. » (m.)
P. 320, 1. 7. Le soulier de Theramenei). Cf. Plu-
tarque, Lustrnction pour ceulx qui manient affaires
d'estat : « C'est là principalement, où il fault chausser
le brodequin de Theramenes qui servoit à l'un & à
l'autre pied, & parler à toutes les deux parties sans
se joindre ny aux uns ny aux autres. » (xxviii,
f" 177 v°.) ^'oir aussi Érasme, Adages :
« Cothurno veisatilior. »
Eùjj.=Ta5:À(L>-:îç:; -/.cOipvcj, id e.st, Versatilior co-
thurno, dictum est in hominem parum constantem,
lubricàque fide, quive incerta; & ancipitis esset fac-
tionis : slmilitudine ducta a calciamento quod Grasci
y.îOîpvsv, Latini mutata literula cothurnum vocant :
quo mos erat uti tragœdiarum actoribus. Erat autem
LIVRE III, CHAPITRE XI.
459
T£TpàYO)vcv ■/.%: à;j,i3T£p;2i;tov, hoc est quadrangulum,
&: utrilibet conveniens pedi, quodque vex dextro vel
sinistro pedi poterat accommodari. Suidas addit ejus-
modi fuisse, ut viris pariter ac mulierihus congrueret.
Quod ideni testatur illud Maronis,
«... alte suras vincire cothurno. »
Proverbium autem duobus effertur modis, per com-
parationem, £j[j.cT3i63/,ÛT£ps; /.sOîivîj : & per denotni-
nationem, ut hominem ipsum qui se diversis applicat
partibus, •/.îQspvcv appellemus. Sic enim vocatus est
Theramenes rhetor Atheniensis, Prodici Chii disci-
pulus : propterea quôd quasi duabus sederet sellis,
idem & populi & triginta virùm partibus sludens :
& nunc hujus, nunc illius factionis esse videretur,
vel potius utriusque. » {Chil., I, cent, i, adag. 94.)
P. 320, 1. 8. Donne moy vue dragnie). Cf. Plutarque,
De la mauvaise honte : « Comme un belistre philo-
sophe Cjmique lui demandast une drachme... Ce
n'est, dit-il, pas un don de Roy : & comme l'autre
luy repliquast, donne moy doncques un talent... il
luy respondit, Ce n'est pas un présent de Cynique. »
(vi, f° 78 V".) Voir aussi Sénèque, De Benef., II,
XVII.
P. 320, 1. 12. Seii pluies caloi). « Soit que cette
chaleur ouvre des chemins nouveaux et des pores
secrets par où monte le suc dans les herbes nou-
velles, soit qu'elle rende la terre plus rude et resserre
ses veines, et la protège ainsi contre les pluies fines,
contre les rudes ardeurs du soleil ou contre le froid
pénétrant de Borée. » (Virgile, Géorg., I, 89.)
P. 320, 1. 17. Ogni medaglia). «Toute médaille
a son revers. » (Proverbe italien.)
P. 320, 1. 17. Clitomachus disait). Cf. Cicéron,
Académiques : « Credo Clitomacho ita scribenti : Her-
culi quemdam laborem exant latum Carneade, quod
ut feram, & immanem beluam, sic ex animis nostris
assensionem, id est, opinationem & temeritatem ex-
traxisset. » (H, xxxiv; t. IV, p. 29.)
P. 320, 1. 23. On mit ^sope). Cf. Vie d'Esope,
par Planude.
P. 321, 1. 5. Les vus tiennent). On peut opposer
ce passage aux déclarations pirrhoniennes faites par
Montaigne avant 1580. Voir par exemple II, xii,
p. 231, 1. 22; II, XV, p. 381, 1. I.
Chapitre XII.
DE LA PHISION'OMIE.
P. 322, 1. 15. // n'a jamais en la bouche). Cf.
Platon, Banquet : « Asinos... fabrosque x-rarios, & su-
tores calceorum, coriariôsque semper habet in ore,
eadémque semper dicere de eisdem videtur, ut omnes
ferè qui minus experti peritive sint, verba iilius irri-
deant. » (XXXVII, p. 221; éd. de 1546, p. 439.)
P. 323, 1. 7. Seruare vwditm). «Régler ses actions,
observer le devoir, suivre la nature.» (Lucain, II, 381,
parlant de Caton.) Le texte est celui de toutes les
éditions contemporaines.
P. 323, 1. 9. Toiiioiirs vn & pareil). Yo'iT un juge-
ment analogue chez Cicéron, De officiis. (I, xxvi.)
Outre les sources ordinaires où Montaigne puise sa
connaissance de Socrate, peut-être y a-t-il lieu de
mentionner ici quelques vagues réminiscences du
De Irauqiiillilate de Sénèque (V, 11, m).
P. 323, 1. 16. Ccltiiy-cx ralle à terre). Rapprocher
essai II, xi, p. 125, 1. 14.
P. 324, 1. 5. C'est hiy gui ramena). Cicéron déve-
loppe la même idée dans les Académiques (I, iv).
P. 324, 1. 8. Plaider deiiant ses juges). Plutarque,
dans la Consolation à Apollonius, commente les opi-
nions de Socrate sur la mort et cite une partie de
son Apologie comme Montaigne va le faire ici.
P. 324, 1. 15. On nous dresse à l'emprunt!. Rap-
procher essai I, xxv, 177.
P. 324, 1. 23. Vt omnium rcrum). « Xous ne met-
tons pas plus de modération dans l'étude des lettres
que dans tout le reste. » (Sénèque, ép. 106.) Citation
prise dans les Politiques de Juste Lipse. I, x. Toutes
les éditions du xvr siècle écrivent quemadmodum au
lieu de ut qui est le texte à la fois de Montaigne et
de Juste Lipse.
P. 324, 1. 24. Et Tacitus). Dans la Vie d'Agricola :
« Ni prudentia matris incensum ac flagrantem animum
coercuisset. » (iv.) Ce souvenir est sans doute sug-
géré à Montaigne par les Politiques de Juste Lipse
où on lit, dans le chapitre même qui a fourni la cita-
tion précédente : « Imitare igitur Agricolam : qui
studio scientix flagrantem animum coërcuit, tenuit-
que, quod est diflîcillimum, ex sapientiâ modum. »
(I, X.)
P. 525, 1. 19. Paiicis opus est). « Il ne faut guère de
lettres à former une àme saine. » (Sénèque, ép. 106.)
Le texte de Sénèque est : « Paucis opus est ad men-
tem bonam uti litteris. »
P. 325, 1. 25. Auant qu'auoir ueu les Tusculaues).
Il faut se rappeler qu'à l'époque où Montaigne écri-
vait ceci après 1588, il a étudié de très près les Tus-
culaues et leur a fait de nombreux emprunts. Il en a
fait beaucoup en particulier à la première Tusculane
qui traite de la peur de la mort.
P. 326, 1. 15. Oux magis gustata). «Ce qui plaît
au goût plus qu'à l'estomac. » (Cicéron, Tusc, V, v.)
P. 326, 1. 16. Vhi non ingcnii). «Lorsqu'il s'agit
de l'âme et non de l'esprit. » (Sénèque, ép. 75.) Le
texte de Sénèque est : « alix' artes ad ingenium tota;
pertinent. Hic animi negotium agitur. »
P. 327, 1. 1. Maguusauimus). «Une grande àme s'ex-
prime avec plus de calme et de sérénité. » (Sénèque,
ép. 115.) Montaigne substitue non est à non potcst
esse.
LIVRE III, CHAPITRE XII.
441
P. 327, 1. I. Non est aliiis). «L'esprit n'a pas une
teinte et l'âme une autre. » (Jd., ép. 114.)
P. 328, 1. 4. Siinplex illa). «Cette vertu simple et
à la portée de tous a été changée en science obscure
et subtile.» (Id., ép. 95.)
P. 328, 1. 6. Cecy cnuiron le lenips). Probablement
en 1585. Sur les événements auxquels Montaigne fait
ici allusion, on lira avec profit A. de Roumejoux,
« Essais sur les guerres de religion en Perigord »,
dans le Bulletin de la Société- du Perigord, 1902.
P. 328, 1. 9. Non armis sed). «Ce n'est pas par
les armes que l'on combat, mais par les crimes. »
P. 328, 1. II. Hostis adest). «J'ai à droite et à
gauche un ennemi redoutable, et un danger immi-
nent me menace de chaque côté. » (Ovide, De Ponto,
I, III, 57.) Les éditions du xvi= siècle que j'ai con-
sultées présentent au second vers la leçon « vicinoque
metu » .
P. 328, 1. 23. Nostrc niai). J'ignore où Montaigne
a pris ces vers; on les retrouve dans une Sérée de
Guillaume Bouchet, mais suivant toute vraisemblance
c'est chez Montaigne que Bouchet l'a prise.
P. 329, 1. I. Exiiperat inagis). «Le mal s'empire
et s'aigrit par le remède. » (Virgile, Enéide, XII, 46.)
P. 329, 1. 2. Oninia fanda, nefanda). «Le juste et
l'injuste confondus par nos coupables fureurs, ont dé-
tourné de nous la juste volonté des dieux. » (Catulle,
Epithalanie de Thélis et de Pelée, 406.)
P. 329, 1. 25. Hnnc saltcnt euerso). «Du moins
n'empêchez pas ce jeune héros de venir au secours
d'une génération qui menace mine. » (Virgile, Gc'or-
giques, I, 500.) Virgile désignait Octave Auguste; il
est vraisemblable que Montaigne a entendu appliquer
le passage de Virgile au roi de Navarre, qui plus
tard, en effet, par son avènement au trône de France,
releva l'Etat de l'abîme où il se débattait depuis près
d'un demi-siècle.
P. 329, 1. 27. Cet antien prœcepte). Cf. Juste Lipse,
Politiques : « Clearchi vox fuit : A militibus Impera-
torem potiùs, quàm hostem metui debere. » (V, xiii.)
Tiré de Valère Maxime, II, vu. Montaigne à la
même époque a trouvé la même allégation rapportée
dans le Tbesoro politico. (Cf. l'édition de 1 61 1, p. 628.)
P. 330, 1. I. Un pomier s'estant trouué). Cf. Juste
Lipse, Politiques : « Apud veteres tam stricte hxc in
usu : ut mémorial tradiderit Scaurus, pomiferum
arborem, quam in pede castrorum fuerat complexa
metatio, postero die abeunte exercitu, intactis fruc-
tibus relictam. » (V, xiii.) Tiré de Frontin, Stratag.,
IV, III.)
P. 330, 1. 10. Les ojfàces ou larrecins). Cf. Guil-
laume Postel, Hist. des Turques : « Il seroit odieux
à nos insolents de deçà à ouir, qu'un euf prins sans
paier, fist donner cinquante coups de baston, s'il est
cogneu du Capitaine : le couple cent : avoir desrobé
chose qui ne sert à vivre, comme nos gens de deçà,
qui desrobent le cheval au bon homme, pour em-
porter ses mesmes biens, meubles, lits, robes, beson-
gnes, draps de lict, et autres choses icy acoustumées,
pour le moindre acte de tous on est pendu, empallé
ou décollé, sinon que vous les prenés sur les enne-
mis. » (P. 316.)
P. 330, 1. 15. Sid'iiigua l'jEgipte). Cf. Paul Jove,
Hislorix sui lemporis). « Ea erat in castris disciplina
severissimis acerrimi imperatoris legibus constituta,
ut quum milites nihil sibi ex ea victoria licere intel-
ligerent, in fertilissimo autumno horti sine custo-
dibis tuto relinquerentur. » (XLVI, f° 253 v°.)
P. 330, 1. 20. Disait Faonins). Cf. Plutarque, Vie
de Bnilus : « Faonius respondit qu'une guerre civile
estoit pire qu'une principaulté de monarchie usurpée
contre les loix. » (m, f° 689 r°.)
P. 330, 1. 21. Platon de niesnie). Dans l'épître 7,
Propinquis Dionis : « Hac eadem mente circa patriam
vir prudens esse débet : ut ita reprehendat civitates
errores, si neque frustra sit reprehensurus, neque
ob reprehensionis studium periturus, vim autem
patrie per reipub. mutationem afferet nunquam :
quando absque expulsione & cxde civium emendari
non possit. Sed quietem aget, votoque precabitur
optima & sibi & patriie. Hoc igitur pacto ego vobis
consulerem. Consulebam similiter Dionysio unâ cum
Dione : ea videlicet ratione quotidie vivere, qua
suiipsius compos maxime redderetur : amicôsque
& familiares fidos haberet : ne idem sibi quod
& patri accideret. » (P. 331; éd. de 1546, p. 936.)
P. 330, 1. 24. Suleniant de prier Dieu). Rapprocher
III, I, p. 15, 1. 8.
442
ESSAIS DE MONTAIGXE.
P. 331, 1. 21. Nihil in specia»). «Rien de plus
trompeur que la superstition, qui couvre ses crimes
de l'intérêt des dieux. » (Tite-Live, XXXIX, xvi.)
P. 331, 1. 22. L' extrême espèce d'iiiiiislice, selon
Platon). Dans la République. «Extrema... injustitia
est, justum videri eum qui non sit justus. » (II,
p. 361; éd. de 1546, p. 546.)
P. 331, 1. 26. Vndique totis). «Tant de toutes
pans les campagnes sont bouleversées. « (Virgile,
Bucol., I, II.)
P. 332, 1. 3. Qua- nequeuiit). « Ce qu'ils ne peuvent
emporter ou emmener, ils le détruisent, et leur
bande criminelle incendie d'innocentes chaumières. »
(Ovide, Trist., III, x, 65.) Les éditions du xvi= siècle
que j'ai consultées portent au second vers :
« Et creniat insontcs hostica turba casas. "
P. 332, 1. 5. Mûris riiilla Jides). «Nulle sécurité
derrière les murs des villes, et les campagnes sont
désolées par les pillages. » (Claudien, /;/ Etilrop.,
I, 244.)
P. 332, 1. 19. Perspicuitas). « Car la discussion affai-
blit l'évidence. » (Cicéron, De imlura dconini, III, iv.)
P. 333, 1. 5. Sit mihi). «Que je conserve seule-
ment ce qui m'appartient actuellement, même moins,
s'il le faut, et que je puisse vivre pour moi ce qui
me reste de jours, si les dieux veulent m'en accorder
encore. » (Horace, Épîtres, I, xviii, 107.)
P. 334, 1. 14. Potenlissimus est). «La véritable
puissance consiste à être maître de soi-même. »
(Sénèque, ép. 90.)
P. 335, 1. lé. Tantuni ex puhlicis). «Nous sentons
les maux publics seulement dans la mesure où ils
lèsent nos intérêts privés. » (Tite-Live, XXX, xi.iv.)
P. 336, 1. 12. le lui tends les mains). «Credo et
manus tollo. » (Cicéron, fragment de la Consolation,
conservé par Lactance, III, 28.)
P. 33e, 1. 22. Vue peste véhémente). Dans sa Chro-
nique bourdeloise, de Lurbes écrit : « 1 585. Puis !c moys
de Juing la contagion est si grande à BourJeaus iusqucs
au moys de Décembre, que 14000 & quelques per-
sonnes de compte fait en meurent. » (Éd. de 1594,
f» 49 v°.)
P. 336, 1. 28. Mista senuw). «Vieillards et jeunes
gens, pêle-mêle, s'entassent dans le tombeau; nulle
tête n'échappe à la cruelle Proserpine. » (Horace,
Odes, I, xxviii, 19.) Les éditions du xvi' siècle, en
particulier celle de Lyon 1545, présentent le même
texte que Montaigne, mais on v lit ac iuvenum au
lieu de et iuvenum.
P. 337, 1. 24. Vidcas). «Vous eussiez vu les domai-
nes des bergers déserts et les pâturages devenus une
vaste solitude. » (Virgile, Géorg., III, 47e.) Montaigne
substitue videas à videat.
P. 338, 1. 15. Les Keoritcs). Cf. Diodore de Sicile,
XVII, XXIII, f° 299 r°.
P. 338, 1. 18. Vu nianeuure des miens). On trouve
une anecdote analogue chez Bouaystuau, Théâtre du
monde. Un médecin, dit-il, raconte que pendant la
peste de 1546 en Provence, celui qui était surpris de
la peste « n'avoit autre espérance d'en guarir que par
l'assault de la mort, et estoient si résoluz en cela,
que soudain qu'ils se sentoient saisiz, eulx-mesmes
prenoient un linceul et se cousoient tout vifs dedans,
n'attendans autre chose, que le violent départ que
l'ame avoit à faire d'avec le corps, son mortel habi-
tacle. Ce qu'il dépose luy-mesme avoir veu et expé-
rimenté en plusieurs, et spécialement en une femme,
laquelle il appella par la fenestre, pour luy ordonner
quelque remède pour son mal, laquelle il aperceut
par ladicte fenestre où elle se cousoit elle-mesme
en son linceul. De sorte que ceulx qui enterroient
les pestiferez, estans entrez en sa maison quelque
heure après, la trouvèrent morte et couchée au milieu
de sa maison avec son suaire à demy cousu ». (Ed.
de 1559, f" 70 r".) Ce même récit est repris dans
les mêmes termes par Jean de Marcouville, Récit
d'aucuns cas merveilleux (vi). On trouve la même
histoire et d'autres analogues dans le Traité de la Peste
d'Ambroise Paré (ch. lv de l'édition de 1 568, ch. lu de
l'édition des œuvres de Paré de 1841, t. III, p. 460).
Tout ce chapitre de Paré qui traite « des incommo-
dités que la peste apporte entre les hommes... » est
à rapprocher de la description que nous lisons dans
cet Essai de Montaigne.
P. 338, 1. 21. Celle des soldais romans). Cf. Tite-
Live : « Inventi sunt quidam mersis in effossam terram
capitibus, quos sibi ipsos fecisse foveas, obruentésque
LIVRE III, CHAl'ITRU \11.
ora subjecta super humo injecta interclusisse spiritum
apparebai. » (XXII, li, p. 378.)
P. 339, 1. 15. En ont faict les honiincs). Cf. Plu-
tarque, De l'amour & charité des pères & iiieres envers
leurs enjans : « La nature retient & garde mieulx en
icelles bestes brustes ce qui luy est propre, simple
et entier sans le corrompre ny altérer d'aucune mcs-
lange estrangere : là où au contraire, il semble que
les hommes en ont fait comme les parfumiers font
de l'huile, par accoustumance & par le discours de
leur raison ils }• ont meslé tant d'opinions & tant
d'avis adjoustez du dehors quelle en est devenue
variable & particulière a chascun & n'a point retenu
ce qui luy estoit propre & peculier. » (1, f° 100 v°).
P. 359, 1. 27. Exilia, tornienla). Cf. Séncque,
Èpitres : « Méditez l'exil, les tourments, la guerre, les
maladies, les naufrages.» (Ep. 91.)
P. 339, 1. 28. Ut millo sis). Id., ibid. : « Afin que-
nul malheur ne vous trouve novice. » (Ep. 107.) Le
texte est conforme à celui de l'édition de Bàle, 1557.
P. 340, 1. 2. Parein passis). Id., ibid. : « L'appré-
hension de la douleur fait souftVir autant que la
douleur même. » (Ep. 74.)
P. 340, 1. 2. No7i siilciiiniit le coup). Id., ibid. :
« Non ad ictum tantum exagitamur, sed ad crepitum. »
(Ép. 74, p. 168.)
P. 340, 1. 9. An rebours). On peut opposer les
idées que Montaigne exprime ici à celles qu'on
trouve dans quelques-uns des premiers essais; voir
en particulier I, xiv, et I, xx.
P. 340, 1. 14. Dit un des inaistres). Sénèque dans
ses bpltres : « Etiamsi futurum est, quid juvat dolori
suo occurrere? Satis scito dolebit cum venerit, intérim
tibi meliora promitte... Et quoties incerta erunt
omnia, tibi fave, crede quod mavis... » (Ep. 13,
p. 96.) Il faut remarquer que Sénèque dans cette
épître déclare ne pas parler la « lingua stoica » et
dit qu'il a honte des arguments qu'il emploie. Il
reprendra cependant les mêmes idées dans les épî-
tres 24 et 98.
P. 340, 1. 16. Que te sert il). Id., ibid. : «Quid
enim necesse est mala accersere, ac satis cito patienda
cum venerint, prœsumere, ac prœsens tempus futuri
metu perdere ? Est sine dubio stultum, quia quan-
doque sis futurus miser, esse jam miserum. »
(Ép. 24, p. 108.)
P. 340, 1. 21. Curis acuens). «Aiguisant par des
soucis l'esprit des mortels. » (Virgile, Géorgiques,
I, 123.)
P. 341, 1. 5. Minus nfficil). «Nos sens sont moins
affectés par la souffrance physique que par l'imagi-
nation. » (Quintilien, Inst. orat., I, xii.)
P. 341, 1. 7. /.r sentiniant de la nwrt). Cf. Sénèque,
Epitres : « Mors... admota, etiam imperitis animum
dédit, non vitandi inevitabilia. Sic gladiator tota
pugna timidissimus jugulum adversario pra.\stat,
& errantem gladium sibi attemperat. At illa c\\ix in
propinquo est, utique ventura, desiderat lentam
animi firmitatem, quie est rarior, nec potest nisi a
sapiente pnrstari. » (Ep. 30, p. 116.) On remarquera
que Montaigne, pour mettre la phrase de Sénèque
d'accord avec sa propre pensée, efface les mots
a sapiente.
P. 341, 1. 16. Incertain frustra). «En vain, mortels,
vous cherchez à connaître l'heure incertaine de votre
mort et le chemin par où elle doit venir. » (Pro-
perce, II, xxvii, i.) Le mot frustra est une addition
de Montaigne. Le texte porte « At vos incertam... ».
P. 341, 1. 18. P,rna minor). «Il est moins pénible
de supporter un malheur soudain et sans incertitude,
que de souffrir longuement le supplice de la crainte. »
(Maximianus ou Pseudo-Gallus, Élégies, i, 277.)
P. 342, 1. 7. Tola pbilosoforû) . « La vie des philo-
sophes tout entière est une étude de la mort. »
(Cicéron, Tusc, I, xxx.) On peut voir au début de
l'essai I, xx, p. 100, le commentaire tout différent
que Montaigne donnait de cette pensée vers 1572.
P. 342, 1. 18. Ouo me cuuque). «Sur quelque
rivage que la tempête me jette, j'y aborde en hôte. »
(Horace, Épîlres, I, i, 15.)
P. 342, 1. 24. L'opinion de drsari. \'oir essai II,
xiii, p. 375, 1. 10, et la note.
P. 342, 1. 25. Plus dolet). «C'est .s'affliger plus
qu'il n'est nécessaire, que de s'affliger avant que ce
soit nécessaire. » (Sénèque, ép. 98.) L'édition de
Bâle 1557 écrit : «... qui ante dolet quam nece.sse
sil. »
P. 343, 1. 14. Fax peur). Tout ceci est emprunté
444
ESSAIS DE MONTAIGNE.
de Platon, Apologie de Socrate, mais très généralement
Montaigne résume le texte de Platon; surtout en 1588
il le paraphrase avec beaucoup de liberté.
P. 343, 1. 23. // est a croire pourtant). Cf. Platon,
Apologie : « Duorum enim alterum mors est. Nam
aut tanquam nihil omnino sit, scnsum nullum ullius
rei retinet is qui decessit è vita : aut quemadmodum
dicitur, permutatio qutedam & transmigratio animœ
ab hoc in alium locum. Sive ergo nullus remanet
sensus, sed tanquam somnus quidam est, in quo
quis somnium cernit nullum, admirabile lucrum
erit in morte. Reor equidem, siquem oporteat ad
eam noctem quam tanta transigit quicte, ut ne in-
somnium quidem uUum videret, alias noctes diesque
vitœ totius conferre, atque dicere quot ipse noctes
atque dies in vita nielius dulciusque peregerit : reor,
inquam, nedum privatum aliquem, sed nec magnum
quidem regem, aliquas numerare posse. Si ergo taie
quiddam est mors, lucrum esse equidem dico. Etenim
nihil plus hoc pacto totum tempus quam nox una
esse videtur. Sin autem mors est tanquam transmi-
gratio quaîdam hinc in alium locum, ac vera sunt
qu£e dicuntur, videlicet in alio seorsum a nobis loco
omnes defunctos esse, quidnam melius quam hoc
esse potest... Siquis ■enim illuc profectus liber ab iis
qui se profitentur judices esse, veros reperit judices
qui judicare illic perhibentur, Minoem, Radaman-
thum, ^acum, Triptolemum, aliosque quotcunque
semidei juste vixerunt. » (xxxii, p. 40; éd. de 1546,
P- 479-) ,
P. 344, 1. 3. Les choses que ie sça\). LL, ihid. :,
« Injurias autem inferre superiorique non obedire
vel deo vel homini, malum turpeque esse scio. Hœc
igitur qu;c nescio, utrum bona sint, nunquam magis
timebo, atque fugiani quam illa qu.-e mala esse
cognosco. » (xvii, p. 29; éd. de 1546, p. 474.)
P. 344, 1. 6. Si ie m'en iiois mourir). LL, ihid. :
« Sed jam hora est hinc abire, me quidem ut moriar,
vos autem ut vitam agatis. Utri vero nostrum in
melius eant, omnibus prsterquam deo est incertum. »
(xxxiii, p. 42; éd. de 1546, p. 480.)
P. 344, 1. 14. Vous ne pouués dubemanl). LL, ihid. :
« Quid igitur cum sim talis, à vobis reportare dignus
sum ? Bonum certe... si modo pro dignitate rêvera |
existimetis, ac taie quidem bonum quale mihi conve-
niat. Quid igitur convenit viro egeno beneficoque?...
Nullum certe est aliud prasmium... quod magis
virum talem deceat, quàm in Prj^taneo publico
sumptu nutriri, & multo quidem magis quàm siquis
vestmm equo aut bigis, aut quadrigis Olympia
vicerit. Nam ille quidem fecit ut felices videamini,
ego vero ut sitis. Prœterea ille nutritione non in-
diget, ego indigeo. » (xxvi, p. 36; éd. de 1546,
p. 478.)
P. 344, 1. 17. Ne prends pas a ohstination). Id.,
ihid. : « Forsan vestrum aliquis... graviter ferat,
quôd cum levioribus etiam in causis reus multis cum
lachrymis soleat deprecari, atque supplicare, ac filios
in judicium producere, ut commiserationem com-
moveant, & alios domesticorum amicorumque per-
multos : ego nihil horum faciam, quamvis in ex-
tremo, ut videtur, discrimine constitutus. His ergo
offensus aliquis contra me peninacius irritetur, atque
ipsa in ira sententiam contra me ferat. Siquis ergo
inter vos ejus mentis est, ego tamen non censeo
obsecrandum, .sed hac ratione potius œque me hune
allocuturum. Sunt & mihi... cognati quidam. Neque
enim, ut inquit Homerus, ex quercu vel petra, sed
ex hominibus natus sum. Itaque & cognatos habeo...
& filios très, quorum unus jam adolescit, duo autem
sunt parvuli. Nullum tamen eorum hue adducam,
supplicaturus eo pacto a vobis absolvi. Curnam igitur
nihil horum faciam ? Non pertinacia ulla, neque
contemptui... » (xxiii, p. 34; éd. de 1546, p. 475.)
P. 345, 1. 7. Ans guerres de mou pais). Idem., ihid.,
XVII.
P. 345, 1. 10. Ce n'est pas a nus prières). Id., ihid. :
« Ad existimationem... & mei & vestri & civitatis
totius non arbitror pertinere, ut ha.-c faciam hac a^tate,
& hoc nomine quod nactus sum, sive id verum sit,
sive f;ilsum... Non... ad hoc sedet judex, ut per
gratiam concédât, sed ut judicet secundum leges.
Atque id jurejurando promisit, non per gratiam
cuicunque libuerit condonare, sed judicare secundum
leges. Non igitur licet vel nobis assuefacere vos deje-
rarc, vel vobis assuefieri. Neutri enim nostrum reli-
gionem servarent. Nolite ergo... exigere talia me
apud vos agere, quœ neque honesta, neque justa.
LIVRE III, CHAPITRE XII.
445
neque sancta esse puto... Protecto si pcrgerem per-
suadere vobis, precandoque flectere cum juraveritis,
docerem utique vos non putare deos esse, ac rêvera
dum pro me defensionem paro, meipsum intérim
accusarem quasi deos nequaquam existimantem. Sed
multum abest ut ita se ras habeat : existimo namque
esse deos... magis quam quisquam meorum accusa-
torum, ac vobis deôque permitto de me judicare, ut
& mihi & vobis sit conducturum... » (xxiii et xxiv,
pp. 34, -y6; éd. de 154e, p. 477.)
P. 345, 1. 17. Lt's gens de bien). Id., ihid. : « Vos
quoque... bene de morte sperare debetis, idque
unum cogitare verum esse, viro videlicet bono nihil
mali accidere posse neque viventi neque defuncto,
neque res illius a diis negligi... » (xxxiii, p. 41; éd.
de 1546, p. 480.)
P. 345, 1. 22. Ce grand orateur Lysias). Cf. Diogène
Laërce : « Pbilosophus... cum illi Lysias quani pro
eo scripserat, apologiam recitasset : Bona, inquit,
& prieclara est oratio Lysire, mihi tamen minus
congruit. Erat eiiim illa judiciali instituto vicinior,
quàm ut philosopho convenire videretur. Percontanti
Lysia;, cur si bona esset, non sibi congrueret oratio :
Nonne inquit, & indumenta & calciamenta spe-
ciosa esse possent, neque tamen mihi convenire?
(II, XL et XLi, p. 121.) Voir aussi Cicéron, De oral.,
I, LIV.)
P. 546, 1. I. Une tenur). Cf. Sénèque, Epllres :
«Ténor vits per omnia consonans. » (Ep. 31.)
P. 346, 1. 8. Les Athéniens). Cf. Plutarque, De
l'envie & de la haine : « Les Athéniens eurent en
telle haine & abomination les malheureux, qui par
calomnie feirent mourir Socrates, qu'ils ne leur dai-
gnoient pas allumer du feu, nj' leur respondre quand
ils leur demandoient quelque chose, ny se laver aux
estuves quand & eulx, ains commandoient aux ser-
viteurs qui versoient l'eau de jetter toute celle où
ils s'estoient lavez, comme estans pollue & conta-
minée, de peur d'avoir rien commun avec eulx,
jusques à tant que ne pouvans plus supporter celle
grande haine publique qu'on leur portoit, ils se pen-
dirent et estranglerent eulx-mesmes. » (m, 1. 108 v".)
P. 347, 1. 3. Sic rertim suinma). «Ainsi se renou-
velle l'universalité des choses. » (Lucrèce, II, 74.)
P. 347, 1. 4). Mille animas tina). « Mille vies
naissent d'une mort. » (Ovide, Fastes, I, 380.)
P. 347, 1. lé. Il est Inen plus aisé). Voir la même
pensée dans l'e.ssai III, 11, p. 187, 1. 29.
P. 548, \. i. le m'en charge de plus fort). En etfet
après 1588 Montaigne a multiplié démesurément les
citations et les emprunts. Au sujet des emprunts de
Montaigne, rapprocher ce qu'il en dit encore au
début de l'essai I, xxvi, dans l'essai II, x, p. loi,
1. 3, et dans l'essai III, ix, p. 228.
P. 348, 1. 17. Que Socrates exagite). Dans YEuthy-
demiis.
P. 348, 1. 25. r« président se vantait). Sur l'abus
des citations anciennes, dan.s l'éloquence judiciaire de
la fin du wi' siècle, on peut voir Estienne Pasquier,
lettre à Monsieur Loisel (au MI' tome de sa corres-
pondance).
P. 350, 1. 6. l'eus parlé plus tost). Montaigne
semble avoir commencé à écrire vers l'âge de trente-
neuf ans.
P. 350, 1. 9. Telle faneur gratieuse). Montaigne
fait sans doute allusion aux sentiments que la lecture
des Essais inspira à Mademoiselle de Gournay.
P. 351, 1. 8. Jpsi aninii). «Il importe beaucoup à
l'âme d'être dans un corps disposé de telle ou telle
façon; car plusieurs qualités corporelles contribuent
à aiguiser l'esprit, et plusieurs autres à l'émousser. »
(Cicéron, Tusc. Ouaest., I, xxxiii.)
P. 352, 1. 3. Disait de la siene). Cf. Cicéron, Tusc.
Quacst., IV, xxxvii; Defato, v.
P. 352, 1. 8. fe ne puis). Montaigne a souligné
dans son Quinte Curce divers passages qui ont trait
à la beauté corporelle et à son importance dans le
commerce des hommes : voir en particulier Quinte
Curce, VII, ix, 19. (Cf. Revue d'histoire littéraire de la
France 1918, p. 603, annotation 92; voir aussi l'anno-
tation 89.)
P. 352, 1. 8. // l'appelloit). Cf. Diogène Laërce,
Vie d'Aristote : « Plerique Diogenem ita statuisse
assenant (pulchritudinem), ipsum autem donum
formae dixisse : Socratem verô modici temporis tyran-
nidem. » (V, p. 302.)
P. 352, 1. 8. Et Platon). Id., ibid. : « ... Plalonem
naturas privilegium. » (V, p. 302.)
44é
ESSAIS DE MONTAIGNE.
P. 352, 1. 12. Phrym' perdcit). Cf. Quintilien, Ins-
titution oratoire, II, xv, qui est probablement la source
de Montaigne; — Sextus Empiricus adversus Mathe-
maticos, II, lxv; — Athénée, au contraire (XIII),
fait honneur de ce stratagème à l'avocat lui-même,
l'orateur Hypéride.
P. 352, 1. 18. Vn niesme mot). Kx'i.zz v.x';x<i::.
P. 352, I. 21. Oiif Platon dict). Dans le Gorgias :
« Arbitror equidem te cantilenam illam qu.'e circum
in conviviis canitur audivisse, in qua cantores ita
connumerant : Optimam rem esse omnium prospe-
ram esse valetudinem. Secundo egregiam formam.
Tertio divitias. » (vu, p. 452; éd. de 1346, p. 339.)
P. 352, 1. 23. Aristote dict). Dans les Politiques,
I, III.
P. 353, 1. I. A celiiy qui lii\ deniandoil). Cf. Dio-
gène Laëfce, Vie d'Arislole : « Percontanti cur honesta
forma pn-estantibus diutius congredimur, cceci, inqult,
hujusce interrogatio est. » (V, xx, p. 303.)
P. 355, 1. 2. Oiiiddixi). « Qu'ai- je dit, j'ai? C'est
j'ai eu que je devais dire, Chrêmes! » (Térence,
Heaut., I, I, 42.)
P. 355, 1. 3. Hi-ii tantiiiii). « Hélas! vous ne vovez
plus en moi qu'un squelette décharné. » (Pseudo-
Gallus ou Maximiarius, I, 238.)
P. 357, 1. 10. Vnc autrefois). Une lettre de Mon-
taigne, datée du 16 février 1588, nous fait connaître
une mésaventure analogue qui lui advint lors d'un
voyage à Paris. Il écrit au maréchal de Matignon
que des ligueurs l'ont surpris dans la forêt de Ville-
bois et qu'ils ont pillé son bagage. « La tempête est
tombée sur moi, qui avois mon argent en ma boîte;
je n'en ai rien recouvert, et la plupart de mes papiers
et hardes leur sont demeurés. » On a pensé que
c'est à cette aventure de février 1588 que Montaigne
fait ici allusion (Cf. Paul Bonnefon, Montaigne,
l'homme et l'œuvre, p. 428); mais les divergences
qui séparent ces deux récits rendent une pareille
hypothèse tout à fait incertaine.
P. 357, 1. 23. Tiinc animis opus). «C'est alors
qu'il te fallut du courage, Enée, alors qu'il te fallut
un cœur ferme. » (Mrgile, bn., \\, 261.) Montaigne
substitue tune à niiuc.
P. 358, 1. 4. lain prece Pollucis). «Ayant déjà im-
ploré Castor et Pollux. » (Catulle, lxvi, 65.)
P. 359, 1. II. Ft magis peccari). «Je voudrais
qu'on n'eût pas commis de fautes; mais je n'ai pas
le courage de punir celles qui sont commises. »
(Tite-Live, XXIX, xxi.) Tite-Live écrit : « Natura
quibusdam insitum esse ut magis peccari nolint
quam... »
P. 359, 1. 12. On reprocliûit). Cf. Diogène Laërce,
Vie d' Aristote : « Cùm sibi probro daretur, quôd fla-
gitioso hom.ini misericorditer tulisset opem, non,
inquit, mores miscratus sum, sed hominem. » (V,
xvii, p. 301.)
P. 359, 1. 19. // ne scanroit estre bon). Cf. Plu-
tarque. De l'emne et de la haine : « On recite que
Charillus... Roy de Lacedsmone, estoit homme fort
doux & débonnaire : dequoy quelques uns le louans,
son compagnon en la royauté leur respondit. Et
comment seroit il bon, quand il n'est pas mauvais
aux meschants? » (m, f° io8 r°.)
P. 359, 1. 21. Diuersement & contrairement), ^'oir
essai II, xxxii, p. 528, 1. 6.
P. 359, 1. 22. Il faut bien). Cf. Plutarque, Vie de
Lxcurgue : « [Charillus] estoit homme de bonne
& doulce nature, comme tesmoigne ce que Archelaus,
qui estoit au mesme temps l'autre Roy de Lacedaï-
mone, respondit à quelques uns qui en sa présence
le louoient, disans que c'estoit une bonne personne :
Et comment ne seroit il bon, dit il, quand il ne sçau-
roit estre mauvais non pas aus meschans mesmes ? »
(iv, f° 29 r°.)
Chapitre XIII.
DE L EXl'KRIENCE.
P. 360, 1. 4. Per iiarios iisiis). « C'est par diffé-
rentes épreuves que l'expérience a produit l'art, en
s'instruisant de l'exemple. » (Manilius, I, Lix.) Cette
citation a été prise dans les Politiques de Juste Lipse
(I, VIII).
P. 360, 1. 12. Diiiersilé & variété). A propos de
cette idée, voir la fin de l'essai II, xxxvii, et aussi
les essais I, i, et II, 1.
P. 360, I. 14. // s'est troiiiii' des baiiniies). Cicéron
dit qu'il s'est trouvé à Delos plusieurs personnes
qui, nourrissant un grand nombre de poules pour
le profit, avaient accoutumé de dire, en voyant un
œuf, laquelle de ces poules l'avait pondu. {Acadéiii.,
II, XVIII.)
P. 361, 1. 6. La ressemblance). Cf. Plutarque, De
l'envie et de la haine : « Les similitudes ne font pas
tant un, comme les différences font autre el diffé-
rent. » (i, f" 107 v°.)
P. 361, 1. 7. Nature s'est obligée). Cf. Sénèque,
Épîtres : « Exegit [natura] à se ut qux alla crant,
& dissimilia essent & imparia. » (Ép. 115, p. 269.)
P. 361, 1. 18. Nous allons en France). On se plaint
beaucoup à la fin du xvi^ siècle de la confusion de
la législation en France et spécialement du trop grand
nombre de lois. Bodin dans sa République (VI, vi)
rappelle que Solon fit peu de lois, que Lycurgue en
fit moins encore et défendit de les écrire, il ordonna
qu'on s'en remît toujours à l'équité naturelle des
juges; et il ajoute : « Comme faisoit aussi Thomas
le More, chancelier d'Angleterre; laissant toutes les
peines à la discrétion des magistrats, hormis l'adul-
tère... qui est le moyen que plusieurs pensent le plus
seur pourveu que les offices de judicature ne soient
mis en vente : car il se cognoist à vue d'œil que plus
il y a de loix plus il y a de procès sur l'interprétation
d'icelles : cela se peut voir en ce royaume qui a plus
de loix et de coustumes que tous les peuples voisins,
et plus de procès que tout le reste de l'Europe, qui
sont provignés de plus en plus depuis que le roy
Charles VII et ses successeurs ont commencé à peu-
pler ce royaume de loix faictes à la mode de Justi-
nian avec une traisnée de raisons, contre la forme
des anciennes ordonnances des rois et sages légis-
lateurs. »
P. 361, 1. 20. Ut olim jlagitijs). «Autrefois c'était
des crimes que l'on souffrait, aujourd'hui c'est des
lois. » (Tacite, Annules, III, xxv.) Le texte de Tacite
est : « Utque antehac flagitiis, ita tune legibus labo-
rabatur. » Montaigne a rencontré cette citation dans
les Politiques de Juste Lipse (II, xi). Le chapitre
II, XI, des Politiques est d'ailleurs à rapprocher de ce
passage de Montaigne, car on y trouve longuement
développée cette idée que le grand nombre des lois
engendre les procès et beaucoup d'inconvénients.
P. 362, 1. ^.Envoylaqui). Cf Guillaume Bouchet,
Sérées : « Nous lisons que Ferdinand, roy d'Espagne,
envoyant Perdrarias gouverneur es Isles occidentales
nouvellement descouvertes, luy défendit de mener
ny jurisconsulte ny advocat, afin de ne porter la
semence de procès, où il n'en y avoit point. Car on
448
ESSAIS DE MOXTAIGXE.
dit qu'en ce monde nouveau où ils vivent sans lettres,
magistrats ne loy, qu'ils vivent plus légitimement et
droictement que nous. Encores en tout l'Orient y a
si peu de procès qu'en la province de Guzala la
populace crée, seulement aux jours de foire, un jus-
ticier pour asseurer le cours de la traffique : et aux
lisières du Royaume de Fez les habitants de la mon-
tagne Magnan arrestent les passans pour recevoir
iustice d'eux. » (Sérée ix.) Guillaume Bouchet a
copié la première phrase dans ht Rcpiihlique de Bodin
(y, i), la seconde dans les Discours philosophiques de
Pierre l'Hostal (Discours xv), édition de 1579, p. 263.
P. 362, 1. 19. lugeanl auec Plalou). Dans la Répu-
blique : « Malas & turpis disciplina; in civitate nullam
majorem potes conjecturam capere, quàm summis
judicibus ac medicis indigere, non modo abjectos
homines & mechanicos, sed eos etiam qui liberali
disciplina educatos esse se gloriantur. » (III, p. 405;
éd. de 1546, p. 566.)
P. 363, 1. I. Coufusiiin est). «Tout ce qui est
divisé jusqu'à n'être que poussière devient confus. »
(Sénèque, ép. 89.) Sénèque ne dit pas « confusum
est» mais bien « simile confuso est».
P. 363, 1. II. DifficuUatem facit). « C'est la science
qui crée les difficultés. » (Quintilien, Jnst. orat.,
X, m.
P. 363, 1. 22. Deux opinions semblables). Rappro-
cher la fin de l'essai II, xxxvii.
P. 363, 1. 28. Que les glosses). Depuis Budé, Rabe-
lais, Tiraqueau, Alciat (voir le De verborum siguifi-
catione), etc., la critique des glossateurs est devenue
un lieu commun dans notre littérature.
P. 364, 1. 14. Mus in pice). « Une souris dans de la
poix » (prov. latin). Cf. Érasme, Adages, II, m, 68.
P. 364, 1. 19. Au.\ chiens d'Esope). Cf. Plutarque,
Des communes conceptions contre les Stoïques : « Nous
ressemblons proprement à ces chiens la qu'Esope dit
qu'ils brilloient après certains cuyrs qu'ils voyoient
flotter sur l'eau, & pour les cuyder avoir, ils se
prirent à vouloir boire & avaller toute la mer, mais
crevèrent plus tost que de toucher à ces cuyrs la. »
(xix, fo 579 r°.)
P. 364, 1. 22. Ce qu 'un Crûtes). Cf. Diogène Laërce :
« Seleucus... grammaticus ait Crotoniatem quendam
in eo, quem Catacolymbitem inscripsit lihro, tra-
dere Cratem quendam hune librum primo Gn-ecis
invexisse, ac dixisse, librum ipsum Delio aliquo indi-
gere natatore, qui in illo non suffocaretur. » (IX, ix,
p. 585.) Diogène Laërce prête le même mot à Socrate.
Cf. Vie de Socrate, II, xxii, p. iio.
P. 365, 1. 6. Ce que decJaroit asse:;^ A(\)Uo). Rappro-
cher Plutarque, Pourquoi la prophctisse Pythie ne rend
plus ses oracles en vers, (xxvi, f° 63 5 r".)
P. 365, 1. II. Ainsi voit l'on). Cf. La Boëtie, pièce
à Marguerite de Carie. (P. 255.) On remarquera que
le texte donné ici par Montaigne diffère en quelques
points de celui de l'édition princeps que reproduit
l'édition Bonnefon. Montaigne cite de mémoire le
texte de son ami. Pourtant, au deuxième vers, le texte
qu'il donne, « roulant », est probablement le bon.
P. 366, 1. II. Suiuant Aristote). Dans la Morale
à Nicomaque, IV, xiii.
P. 366, 1. 16. l'ax vcu en Aîemagne). Cf. Journal
de voyage : « On tient qu'à la vérité il est peu de
villes qui n'ayent quelque chose de particulier en
leur créance ; et sous l'autorité de Martin qu'ils
reçoivent pour chef, ils dressent plusieurs disputes
sur l'interprétation du sens ez escrits de Martin. »
(P. 104.)
P. 366, 1. 18. Est verbale). Rapprocher l'essai II,
XII, p. 261. 1. 22.
P. 366, 1. 24. le sçay mieu.x que c'est). On trouve
la même idée dans le Ouod nihil scitnr de Sanchez
(au début). Voir aussi Corneille Agrippa, De inccr-
titudine et vanitate scientiaruvi, vu.
P. 367, 1. I. La teste de Hydra). Cette image se
retrouve chez divers auteurs contemporains : cf.
H. Estienne, Apologie pour Hérodote : « Pour une teste
qu'on aura couppée à un procès, on luy en fait res-
sortir autant pour le moins qu'anciennement au ser-
pent nommé hydra. » (XVII, vu.) Bodin, République :
« Ceux-là qui ont tant faict de loix... ont faict comme
Hercule, lequel couppant l'une des testes de Thydre,
il en voyoit renaistre sept. » (VI, vi.) ^'oir encore
Sanchez, Quod nihil scitnr, p. 52; De Belloy, Examen
du discours contre la loi salique (éd. de 1587 possédée
par Montaigne, p. 223); Montaigne, essai II, xx,
p. 467, 1. 2, et la note.
LIVRE III, CHAPITRE XIII.
4-19
P. 367, 1. I. Socyaics deiiiandoit). Cf. Plutarque,
De la pliiyahtc d'ninis : « Socrates demanda un jour
à Memnon... que c'estoit que vertu. L'autre lu\-
respondit audacieusement & promptement qu'il y
avoit vertu d'enfant & de vieillard, d'homme & de
femme, de magistrat & de privé & de maistre & de
valet. Voila qui va bien, répliqua Socrates, nous ne
te demandions qu'une vertu et tu nous en remues
tout un exaim comme d'abeilles. « (i, f" 103 v°.)
Voir aussi pour l'expression De la vertu morale :
« Chr)'sippus... introduit en la philosophie un exaim
comme disoit Platon et toute une ruchée par manière
de dire, de vertus.» (i, f° 31 r°.) Dans le premier
de ces deux passages, Plutarque se souvient du Menon
de Platon, m, pp. 71-72 (éd. de 1546, p. 15.).
P. 367, 1. 8, Si nos faces). Cf. saint Augustin,
Cite de Dieu : « Quis... consulta ratione non videat
in hominum innumerabili numerositate, &; tanta
naturas similitudine valde mirabiliter sic habere sin-
gulos singulas faciès, ut nisi inter se similes essent,
non discernerentur species eorum ab animalibus
cïeteris : & rursus nisi inter se dissimiles essent,
non discernerentur singuli ab hominibus creteris. »
(XXI, viii, p. 626.)
P. 368, !. 18. Philippus). Cf. Plutarque, Les dicts
notables des anciens Roys... : « Machetas quelquefois
plaidoit une cause devant lu}' qui sommeilloit, de
manière qu'à faulte d'avoir bien compris & entendu
le faict, il le condemna à tort : parquoy Machetas
se prit à crier tout hault, qu'il en appelloit. Philippus
indigné de cela, luy demanda incontinent, devant
qui il appelloit de luy : Devant toymesme. Sire,
respondit il, quand tu seras bien esveillé, & que tu
voudras plus attentivement comprendre mon faict.
Philippus picqué de ces paroles, se leva en pieds,
& pensant mieux à soy, cognent qu'il avoit fait tort
à Machetas par sa sentence, & neantmoins ne voulut
point révoquer ne casser son jugement, mais luy
mesme paya de son argent, autant comme pouvoit
valoir la chose dont il estoit question au procès. »
(F" 192 r".)
P. 368, 1. 29. Qu'il est forcé de faire tort). Cf.
Plutarque, Instruction pour ceulx qui manient affaires
d 'estât : « On recite & remarque une sentence de
Jason, celuy qui jadis fut tyran de la Thessalie,
laquelle il disoit & repetoit souvent, toutes & quantes
fois qu'il forceoit ou outrageoit quelques uns des
paiticuliers hahitans du païs. Qu'il est force de faire
injustice en petites choses, qui veult venir à chef de
faire justice es grandes : & qu'il est neces.saire de
faire tort en destail, qui veult faire droict en gros.
Mais quant à ceste sentence là, il est aisé à veoir de
prime face, que c'est une instruction propre pour un
qui se veult faire seigneur, & usurper la tyrannie. »
(xxi, f" 173 V".)
P. 369, 1. 2. Que l'huincine itislice). Id., Poiirquoy
la justice divine diffère souvent la punition des maléfices :
« Comme en la médecine, tout ce qui est utile est
aussi juste & honeste... autant meriteroit d'estre
inocqué & repris, celuy qui estimeroit qu'il y eust
es punitions autre chose de juste que ce qui pcult
guarir & curer le' vice. » (xvi, f° 265 r".)
P. 369, 1. 5. Les Cyrenaiques). Cf. Diogène Laërce,
Vie d'Aristippc : « Nihilque natura justum esse, aut
honestum vcl turpe, sed consuctudine ac Icge. »
(II, xciii, p. 151.)
P. 369, 1. 6. Et des Theodoriens). Id., ihid. : « Furto
quoque & adulterio, & sacrilegio, cùm tempestivum
erit daturum operam sapientem. » (II, xcix, p. 155.)
P. 369, 1. 9. Comme Alcihiades). Cf. Plutarque,
Vie d'Alcibiade : « Il y eut quelcun qui le recogneut
& luy dit. Comment, Alcibiades, ne te fies tu pas
à la justice de ton païs ? Ouy bien, dit il, s'il estoit
question de toute autre chose, mais de ma vie je ne
m'en fierois pas à ma propre mère, doubtant que
par mesgarde elle ne meist la febve noire en cuidant
mettre la blanche. » (xiii, f° 138 v".)
P. 369, I. 18. En la Chine). Cf. Gonçalès de Men-
doza, Histoire de la Chine : « Le prince despeche
secrettement d'an en an à chasquc Province des autres
juges et Visiteurs, nommez Leuchis, qui sont per-
sonnages de luise et ausquels il se fie beaucoup pour
la grande expérience qu'il a de leurs services, en-
semble de leur vie et mœurs, et bonne administration
de la justice. Ces Visiteurs vont s'enquestant de lieu en
lieu, et de ville à autre, sans se donner à cognoistre,
et s'informant secrettement des torts et griefs que
font les justiciers de la Province : obtenant du roy
450
ESSAIS DE MONTAIGNE.
pour cest effet tant de pouvoir et d'autorité par les
lettres de provision et commission à eux adressantes,
que sans recourir à luy, ils peuvent et leur loist, en
trouvant les juges en faute, les appréhender et punir,
ou les suspendre pour un temps, ou bien les priver
entièrement, et en somme faire tout ce que bon leur
.semblera, conformément à leur pouvoir et com-
mission...
» A celuy qui mérite d'estre puny ou repris, ia luy
fait oster premièrement les marques de juges... puis
fait exécuter incontinent la sentence qu'il a donnée
contre icelu)'. Et s'il y a suspension portée par icelle,
il prouvoit aussi tost d'autres juges au lieu et place
de ceux qui sont suspendus, admonestant les nou-
veaux promeus par la peine exemplaire des autres
de bien verser en l'Office où il les commet au nom
du roy. Ces Visiteurs ont pouvoir et puissance au-
cunefois de récompenser ceux qu'ils trouvent avoir
bien et deûement exercé leur charge voire jusques
à les pouvoir instîller aux places et charges plus
honorables. De manière qu'estant ainsi apparente et
manifeste la recompense qu'il y a pour les bons, et
la punition rigoureuse qui est asseurée pour les
mauvais : cela est cause que ce Royaume de la
Chine est l'un des mieux gouvernez qui soyent au
monde. » (Pp. 70 et 72.)
P. 370, 1. 19. Elles sont soiiiiàt fautes). Rapprocher
Platon, Gorgias, xliv, p. 489.
P. 371, 1. 13. Oiia Deiis bave). « Par quel art Dieu
gouverne le monde; par où s'élève la lune et par
où elle se retire, et comment réunissant son double
croissant, elle se retrouve chaque mois dans son
plein; d'où viennent les vents qui commandent la
mer et quelle est l'influence du vent du midi; par
quelles eaux sont formés incessamment les nuages;
s'il doit venir un jour qui détruise le monde... Clier-
chez, vous que tourmente le besoin d'approfondir ces
mystères. » (Properce, III, v, 26, pour les six pre-
miers vers, et Lucain, I, 417, pour le dernier.)
P. 372, 1. 23. C'est toiisiotirs). Rapprocher l'essai
III, II, p. 21, 1. 7.
P. 573, 1. 27. Fliieliis Jiti primo). « De même,
sous le premier souffle du vent, la mer blanchit, puis,
peu à peu, s'enfle, soulève ses ondes et bientôt se
dresse du fond de l'abime jusqu'aux astres. >> (\'ir-
gile, Enéide, VU, 528.)
P. 374, 1. 8. Ce Dieu de science). (Apollon). Cf.
Plutarque, Que siguijioit ce mot E:.
P. 374, 1. xo. Platon dict). Voir essai I, m, p. 14,
1. 14, et la note. Voir aussi le Clmrmide : « Fermé
namque hoc ipsum temperantiam esse arbitrer,
seipsum cognoscere, illique assentior qui prœceptum
hoc templo Apollinis ipsius inscripsit... "(xii, p. 164;
éd. de 1546, p. 283.)
P. 374, 1. II. Socmtes). Cf. Xénophon, Méinc-
rables, W , 11.
P. 374, 1. 15. Cette platonique subtilité). Cf. Platon,
Menon : « Nam si noscit, nulla inquisitione opus est,
sed neque quod nescit investigabit : non enim novit
quid querat. » (xiv, p. 80; éd. de 1546, p. 18.)
P. 374, 1. 21. Corne Sacrâtes). Cf. Xénophon,
Mémorables, W, 11, 24 et 29.
P. 375, 1. 2. AV/ hoc est turpius). « Rien n'est plus
honteux que de faire marcher l'assertion et la déci-
sion avant la perception et la connaissance. » (Cicéron,
Acad., I, XII.) Cicéron écrit : «Neque hoc quidquam
esse turpius... »
P- 375» 1- 5- Aristarclms). Cf. Plutarque, De l'a-
mitié fraternelle : « Aristarchus se mocquant du grand
nombre des Sophistes contrefaisans les Sages qui
estoient de son teuips, disoit, que anciennement
à peine y avoit eu sept Sages par le monde, mais
de nostre temps, disoit il, à peine pourroit on trouver
autant d'hommes ignorans comme nous avons de
Sophistes. » (i, f" 81 v°.)
P. 375, 1. 13. Cm;, cuni tetigere). « Q.ui, lorsqu'il
avait touché sa mère, sentait une nouvelle vigueur
dans ses membres. » (Lucain, I\', 599.) Il s'agit
d'Antée.
P. 37), 1. 20. Antisthenes). Cf. Diogène Laërce,
Vie d'Antistbène : « Postremô Socrati sese addixit,
tantûmque cum illo profecit, ut moneret discipulos,
ut sui sub Socrate e.ssent condiscipuli. » (VI, 11,
p. 34S.)
P. 375, 1. 22. Ce dogme de sa secte stoique). Id.,
ibid. : « Sufficere virtutem ad beatam vitam nullo
indigentem, nisi Socratis viribus. » (VI, xi, p. 352.)
Cf. I, XXXIX, p. 314, 1. 5.
LIVRE III, CHAPITRE XIII.
451
P. 376, 1. 10. Ce qu'il me faut Jiixr). Rapprocher
l'essai III, vin, p. 175, 1. 5.
P. 376, 1. 15. Sed neqite). «Mais il serait impos-
sible d'en énumérer toutes les espèces et d'en dire
tous les noms. » (Virgile, Géorg., II, 103.)
P. 376, 1. 24. Sola sapienlia). «Il n'v a que la
sagesse qui soit tout entière enfermée en elle-mcmc. >
fCicéron, De fin., III, vu.)
P. 377, I. r. le troiiiie mal-aisé). Rapprocher
l'essai II, i, tout entier. Voir spécialement p. 2.
P- 377) 1- S- ^" '"J '''' Macédoine Perseus). Cf.
Tite-Live : « NuUi fortun<-c adhœretat animus per
omnia gênera vit;e errans, uti nec sihi, nec aliis,
quinam homo esset satis constaret. « (XLI, xx, 877.)
P. 377, 1. 21. Platon ordone). Dans le Gorgias :
« Censeo... in eo qui alicujus probaturus sit animam,
utrum illa quidem recte instituta sit, nécne tria po-
tissimum requiri, quas in te sunt omnia : scientiam
primo : deinde opinionem, prudentis scilicet atque
benevoli : tertio audaciam. » (xlii, p. 487; éd. de 1546,
P- 354-)
P. 377, 1. 26. Diitn iiielior). « Quand un sang
meilleur me donnait des forces et quand la vieillesse
n'avait pas encore blanchi mes deux tempes. » (Vir-
gile, En., V, 415.)
P. 378, 1. 12. Ce serait vn office). L'idée de cet
office vient de l'antiquité. L'empereur Titus demande
à Apollonius des enseignements politiques; celui-ci
propose un de ses disciples qui se tiendra toujours
auprès de l'empereur et lui parlera avec une entière
franchise; Titus accepte. L'anecdote a été reprise
au XVI' siècle par Bouaystuau dans l'Histoire de Chc-
lidonius (prologue du translateur). — Machiavel,
dans le chapitre xxni du Prince, propose que le prince
fasse choix de quelques hommes sages et leur donne
la liberté entière de lui dire toute la vérité lorsqu'il
les interrogera. Il doit du reste les consulter sur
toute question, écouter leurs avis, leur témoigner
par sa conduite qu'ils lui agréent d'autant plus qu'ils
parlent avec plus de franchise.
P. 378, 1. 23. Qtwd sit). « Qui voulût être ce
qu'il est, et qui ne désirât rien de plus. » (Martial,
X, XLVii, 12.) Montaigne change la personne des
verbes.
P. 379, 1. 18. Rude & perilletis essay). Rapprocher
Tacite, Histoires : « Nam suadere principi quod opor-
teat, multi labores. » (I, xv, p. 340.)
P. 379, 1. 27. Tiherc disait). Id., Annales : « Soli-
tûsque eludere medicorum artes, atque eos qui post
tricesimum c-etatis annum ad internoscenda corpori
suo utilia vel noxia, alieni consilii indigerent. » (V'I,
XLVi, p. 176.) Voir aussi Suétone, Fie de Tibère, xxviii,
et Plutarque, Préceptes de santé, xxiii.
P. 380, 1. I. Apris de Sacrâtes). Cf. Xénophon,
Mémorables : « Monebat item suos auditores, ut mag-
nam haberent valetudinis curam... Qui enim ipsum
se ita observaret, difficile medicum quempiam reper-
tunmi, cui ea sint magis cognita. » (IV, vu, 9.)
P. 380, 1. 7. Platon auoit raison). Dans la Répu-
blique : « Medici quidem suflîcientissimi évadèrent,
si ab ineunte œtatc ultra discendœ artis studium
inter plurimos corpore maie affectos conversarentur,
ipsique omni morborum génère laborarent, naturaque
imbecilla essent. » (UI, p. 408; édition de 1546,
p. 567-)
P. 380, 1. 2 1. Tandem efficaci). « Entin, je salue une
science qui se traduit par des résultats. » (Horace,
Épcd., XVII, I.) Horace écrit jam jaiii, que Montaigne
remplace par tandem.
P. 381, 1. I. Qu'ils vendent des drogues). Rapprocher
Plutarque, Connnent on pourra apparcevoir que l'on
amende en l'exercice de la vertu : « Il ne faut non plus
estimer que ces manières de gens là facent actes de
philosophes, que ceulx qui vendent les drogues
médicinales & les simples, facent actes de médecins. »
(viii, f" 115 v°.)
P. 381, 1. 22. Fous faites malade vn Aleman).
Dans le Journal de voyage on lit cette phrase écrite
pendant le séjour de Montaigne en Allemagne :
« On n'a à son avis (selon l'avis de Montaigne : c'est
son valet qui écrit) à se plaindre que du coucher
pour les homes délicats; mais qui porteroit un mate-
ras qu'ils ne connoissent pas là, et un pavillon dans
ses coffres, il n'y trouveroit rien à dire. « (P. 105.)
P. 381, 1. 27. A Auguste). A Augsbourg (Augusta
^'indelicol■um)• Montaigne passa par cette \ille en
allant en Italie dans le mois d'octobre 1580 {Journal
de voyage, p. 118). Il ne parle point dans son Journal
4Î2
ESSAIS DE MONTAIGNE.
de cet entretien avec un Allemand sur les poêles et
les cheminées.
P. 381, 1. 2^. A condamner leurs poyks). Qi. Journal
de voyage : « Nous nous applicames incontinant à la
chaleur de leurs poiles, et est nul des nostres qui
s'en offençat. Car depuis qu'on a avalé une certene
odeur d'air qui vous frappe en entrant, le demurant
c'est une chaleur douce et eguale. M. de Montaigne,
qui couchoit dans un poile, s'en louoit fort, & de
santir toute la nuict une tiédeur d'air plaisante et
modérée. Au moins on ne s'y brusle ny le visage
ny les botes, et est on quitte des fumées de France.
Aussi là où nous prenons nos robes de chambre
chaudes et fourrées entrant au logis, eus au rebours
se mettent en pourpoint, et se tiennent la teste des-
couverte au poile; et s'habillent chaudement pour
se remettre à l'air. » (P. 92.)
P. 382, 1. II. En Seneqiie). Dans ses Epiires :
« Quœdam nostra demum prodisse memoria scimus
ut... impressos parietibus tubos, per quos circum-
funderetur calor, qui ima simul & summa foveret
aequaliter. » (Ep. 90, p. 214.)
P. 382, 1. 18. Si disait Encuus). Cf. Plutarque,
Questions platoniques : « Evenus souloit dire que le
feu estoit la meillei!ne saulce du monde. » (VIII,
{" 54e r".)
P. 383, 1. 19. Ce que dict Aris'ote). Cf. Diogènc
Laërce, Vie de Pyrrhon : « Andron item Argivus, ut
ait Aristoteles, per arida Liby;e loca absque potu,
iter agebat. » (IX, lxxxi, p. 631.)
P. 383, 1. 20. Vu gentil-homme). Il s'agit du mar-
quis de Pisany, Jean de Vivonne, qui a été ambas-
sadeur en Espagne, de 1572 à 1583, puis à Rome.
(D'après une note d'Antoine de Laval, citée par
Courbet dans la notice biographique de son édition
de Montaigne, p. 153.) Sur ce personnage on peut
consulter Guy de Brémond d'Ars, Jean de Vivonne,
sa vie et ses ambassades, Paris, 1884.
P. 384, 1. 3. JE/ Seneque). Dans l'épître 56, Sénèque
énumère tous les bruits qui l'assaillent dans .son
cabinet d'étude placé à proximité d'un établissement
de bains, et il déclare n'être pas incommodé : « Jam
me sic ad omnia ista duravi, ut audire vel pausarium
possim, voce acerbissima remigibus modos dantem.
Animum enim cogo sibi intentum esse, nec avocari
ad externa. Omnia licet foris resonent, dum intus
nihil tumultus sit, dum inter se non rixentur cupi-
ditas & timor, dum avaritia luxuriaque non dissi-
deant, nec altéra alteram vexet. » (P. 139.)
P. 384, 1. 9. Socrates respondoit). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Socrate : « Dicenti Alcibiadi non esse
tolerabilem Xanthippen adeô morosam, Atqui ait, ego
ita hisce jampridem assuetus sum, ac si jugiler
sonum trochlearum audiani. » (II, xxxvi, p. 119.)
P. 384, 1. 15. Seneque en sa iunesse). « Abstinere
animalibus cx'pi & anno peracto non tantum facilis
erat mihi consuetudo, sed dulcis... Quasris quomodo
desierim ? In Tiberii Cœsaris principatum juventae
tempus inciderat, alienigenarum sacra movebantur.
Sed inter argumenta superstitionis ponebatur, quo-
rundam animalium abstinentia. Pâtre itaque mec
rogante..., ad pristinam consuetudinem rediit. »
(Ep. 108, p. 261.)
P. 384, 1. 18. Il print qiiàd et quand). Id., ilnd. :
« Laudare solebat Attalus culcitram quœ resisteret
corpori. Tali utor etiam senex in qua vestigium
apparere non possit. » (Ep. 108, p. 262.)
P. 385, 1. 8. Disent les sages). Cf. Plutarque, Dif
bannissement ou de l'exil). « Ce beau précepte des
Pythagoriens seroit bien sage & bien utile à pratti-
quer en cest endroict, Choisy la voye qui est la
meilleure, Faccoustumance te la rendra aggreable
& plaisante. » (vu, f" 126 r°.)
P. 385, 1. 18. Ad prinium lapidem). «Veut-il faire
une promenade jusqu'à la première borne milliaire,
l'heure du départ est prise dans son livre d'astro-
logie; si pour se l'être frotté, il sent de la déman-
geaison au coin de l'œil, point de remède avant
d'avoir consulté son horoscope. » (Juvénal, vi, 57e.)
Dans les éditions du xvi= siècle que j'ai consultées,
on lit possit au lieu de qnaerit.
P. 385, 1. 21. Il se reiettera). Montaigne avait déjà
exposé ces idées dans l'essai I, xxvi, et, en 1580,
lors de son voyage, elles avaient été censurées à
Rome. (Cf. Journal de voyage, p. 250.)
P. 385, 1. 29. Comme disoit Philopa-men). Cf. Plu-
tarque, Vie de Philopœmen : « Là où il fault que
gens de guerre soient faicts et accoustumés à toute
LIVRE III, CHAPITRE XIH.
45?
diversité et à toute inégalité de vie. » (i, f" 250 r°.)
Ce n'est point Philopœmen qui parle ainsi; ce sont
des personnages qu'interroge Philopœmen.
P. 38e, 1. 14. Sans napc). Dans \q Journal de voyage
on voit Montaigne très préoccupé de remarquer
partout où il passe les usages variés qui concernent
la table, et en particulier l'emploi des nappes, des
serviettes, des assiettes qui tantôt sont de bois, tantôt
d'étain et tantôt de terre, etc. On peut voir entre
autres, pp. 81, ici, 136, 169, 191, 214, etc. Pour
ce qui est de l'usage des nappes, voir en particulier
p. 3 1 5 . Montaigne remarque curieusement aussi qu'en
certains endroits on ne met pas la main aux plats :
« De tout ce qui se sert à table, le Tranchant en
donne sur des assietes à cens qui sont assis en ce
rang-là, qui ne metent point la mein au plat, et ne
met-on guiere la main au plat du mestre. » (P. 215.)
En Suisse, il se plaint de l'insuffisance du nombre
des serviettes qu'on met à sa disposition. « Toutefois
en Souisse il disoit qu'il n'en souffroit nulle, que de
n'avoir à table qu'un petit drapeau d'un demy pied
pour serviette, et le mesme drapeau, les Souisses ne
le déplient pas sulemant en leur disner, et si ont
force sauces et plusieurs diversités de potages; mais ils
servent tousjours autant de cueillieres de bois, man-
chées d'argent, come il y a d'homes. Et jamais Souisse
n'est sans cousteau, duquel ils prennent toutes choses
et ne mettent guiere la main au plat. » (P. 90.) En
Italie, même remarque : « Perché quel ch' aveva pro-
messo per il servigio di tavola di toaillie, e serviette,
era troppo scarso (atteso ch' in Italia s' usa pochis-
simo di mutar serviette che quando si muta la toaillia;
e la toaillia, due volte la settimana), lasciavamo gli
ser\-itori far per loro le spese : noi ail' osteria a
4 julli ogni giorno. » (P. 393.)
P. 386, 1. lé. Foîirchcte). On sait qu'au xvi' siècle
l'usage de la fourchette est tout à fait exceptionnel
en France, et qu'il est une innovation toute récente ;
mais en Italie Montaigne l'avait trouvé très répandu
dans la bonne société. En iéo8 le voyageur anglais
Thomas Coryate déclare que la fourchette est incon-
nue cà Paris ; c'est en Italie qu'il la découvre et il dit
qu'elle y est tout à fait usuelle. En France on en fait
usage à la cour d'Henri IV, mais c'est seulement dans
la seconde moitié du xvir siècle que les grands sei-
gneurs cesseront de prendre les mets dans le plat et
de les manger avec leurs doigts.
P. 386, 1. 19. De ce laborieux soldat Marins). Cf.
Plutarque, Coiiiiiieiit il faiilt refréner la cbolere : « Et
se fault semblablement accoustumer à se servir de
tous vases & vaisselles indifféremment, & non pas
s'astraindre à user de cestuy-cy ou cestuy là sans
autre, comme font aucuns, encore qu'il y ait grande
compagnie, qui ont en particulière recommandation
un ctrtain gobelet ou une couppe ainsi que Ion escrit
du vieil Marins, & ne bevroient jamais en d'autre.»
(xiii, f-^ éi v°.)
P. 387, 1. 3. D'un long serain). Dans le Journal
de voyage nous voyons effectivement que le « serain »
incommode Montaigne : « Nous en partîmes len-
demein trois heures avant le jour, tant il avoit envie
de voir le pavé de Rome. Il trouva que le serein
donnoit autant de peine à son estomac le matin que
le soir, ou bien peu moins, et s'en trouva mal jus-
qu'au jour, quoyque la nuit fut sereine. » (P. 204.)
P. 387, 1. 24. Comme fit Cxsar). Cf. Plutarque,
Vie de César : « Et si tumboit quelque fois du mal
caduc, lequel luv prit la première fois, comme Ion
dit, à Cordube ville d'Hespagne : mais il ne se servit
pas de la foiblesse de son corps pour une couver-
ture de se traitter mollement & délicatement, ains
au contraire il prit les labeurs de la guerre comme
une médecine pour guarir l'indisposition de sa per-
sonne, combattant à l'encontre de sa maladie en
estant continuellement par chemin, en vivant sobre-
ment, & en couchant à l'air ordinairement : car la
plus part des nuicts, il dormoit dedans un chariot,
ou dedans une littiere, employant par ce moien
son repos à faire tousjours quelque chose, & de
jour en allant par païs visitant les villes, les places
fortes, ou les camps fortifiez. » (v, f° 497 v°.)
P. 388, 1. 9. Natura bonio). « Par nature l'homme
est un animal propre et délicat. » (Sénèque, ép. 92.)
P. 388, 1. 25. j4n viuere). «La vie est-elle d'un
si grand prix ? »
P. 388, 1. 26. Cogimnr a snelis). « On nous force
à renoncer à nos habitudes et nous cessons de vivre
pour prolonger notre existence... Je ne pense pas
454
ESSAIS DE MONTAIGNE.
qu'il faille mettre au nombre des vivants ceux à qui
on rend incommodes l'air qu'ils respirent et la lumière
qui les éclaire. » (Maximianus, I, 155, 247.)
P. 389, 1. II. Ne pense rien vlik). Rapprocher la
fin de l'essai I, xxx.
P. 389, 1. 22. Oiieui ciicumcursans). « Alors que
voltigeait sans cesse autour de moi le brillant Cupidon
tout resplendissant dans sa robe de pourpre. » (Ca-
tulle, Lxvi, 135.) Les éditions du xvi^ siècle que j'ai
consultées écrivent :
Ouaiii circumcursans hue illtic i-.-ïpe Cupido,
Fulgcb.1t crocino camlidus in tuiiica.
P. 389, 1. 26. Et inilitani). c Et j'ai combattu non
sans gloire. » (Horace, Od., III, xxvi, 2.)
P. 389, 1. 28. Sex vie vix). « A peine si je me
souviens d'y être allé jusqu'à six. » (Ovide, Amours,
III, vu, 26.) Le texte d'Ovide, que Montaigne
s'amuse à transformer, est dans les éditions du temps:
Et niemini numéros sustinuisse iioveni.
P. 390, 1. 4. Quartilla), qui dit dans Pétrone, xxv :
« Junonem mcam iratam habeam, si unquam me
meminerim virginem fuisse. »
P. 390, 1. 5. Inde iragiis). « Aussi eus-je de bonne
heure du poil sous l'aisselle, et ma barbe précoce
étonna ma mère. » (Martial, XI, xxii, 7.) Meœ est
ajouté par Montaigne.
P. 390, 1. 14. Defienda). « Que Dieu me défende
de moi-même. »
P. 390, 1. 21. Fiirncl). Médecin de Henri II, célèbre
praticien né en 1497, mort en 1558. Voir De Thou,
III, CCLXXXXVIU.
p. 390, 1. 21. L'Escale), ou le célèbre J.-C. Sca-
liger, de Padoue (1484-15 58), qui prétendait des-
cendre de la famille délia Scala.
P. 391, 1. 5. QueJqu'vn, en certaine eschole). Cf.
Plutarque, Du trop parler : « Carneades n'aiant pas
encore grand nom, disputoit un jour au lieu député
aux exercices, & pource qu'il ciyoit à pleine teste,
le maistre ou concierge du lieu luy envoya dire
qu'il moderast un peu sa voix, car il l'avoit haultaine
& forte. Carneades luy répliqua. Donne moy donc
le ton & la mesure que je doy tenir : & l'autre ne
rencontra pas mal luy respondant, le ton & la
mesure est l'ouye de celuy qui dispute avec toy. »
(xxi, f° 96 v°.) Voir aussi Diogène Laërce, Vie de
Caruéadc, IV, LXIll, 287.
P. 391, 1. 19. Est qitœdam). «Il y a une sorte de
voix adaptée à l'ouïe, non tant par son volume que
par sa propriété. » (Quintiiien, Inst. orat., XI, m.)
P. 391, 1. 22. Comme entre ceux qui iouent). Cf.
Plutarque, Comment il fault ouïr : « Tout ainsi
comme en jouant à la paulme, il fault que celuy
qui reçoit la balle se remue dextrement, au pris
qu'il voit remuer celuy qui luy renvoyé : Aussi au
parler y a il quelque convenance de mouvement
entre l'escoutant & le disant, si l'un & l'autre veult
observer ce qu'il doit. » (xiv, f° 29 r°.) La même
image se retrouve chez Sénèque, De beneftciis (II, xvii,
et II, xxxii); mais Sénèque l'applique aux rapports
non de deux personnes qui conversent, mais d'un
obligé vi.s-à-vis de son bienfaiteur. Voir encore
Guazzo, Civil conversation (trad. Chappuis, 1579,
p. 171).
P. 392, 1. I. Lfl constitution des maladies). Rappro-
cher Platon, Tiniée : « Omnis nanque morborum
constitutio animalium natura.- quodammodo similis
est. Sanè animalium compositio ab ipso generationis
exordio certis temporum curriculis terminatur : idque
& genus universum patitur, & animal unumquodque
ab ortu fatale vivendi spatium in seipso exceptis
necessariis passionibus, continet. Etenim trianguli, ab
ipso initio singulorum vim possidentes usque ad
certum tempus sufficienter ad usum vitas cohaerent,
ultra id vita nemini prorogatur. Idem quoque consti-
tutionis modus languoribus convenir. Quos siquis
citra fatalem temporis cursum pharmacis amputare
contenderit, ex parvis ingentes, ex paucis multi eva-
dere consuevenint. » (P. 89; éd. de 1546, p. 732.)
P. 392, 1. 4. le suis de l'auis de Cfantor). Rap-
procher Cicéron, Tusc, III, vi.
P. 392, 1. 20. Micraines). Rapprocher Journal de
voyage : « Cete matinée j'eus une pesantur de teste et
trouble de veue come de mes antienes migrenes, que
je n'avois santi il y avoit dix ans. » (P. 307.)
P. 393, 1. 2. Indignare, si quid). « Plains-toi, si
l'on t'impose à toi .seul une injuste loi. » (Sénèque,
LIVRE III, CHAPITRE XIII.
455
ép. 91.) Le texte est celui des éditions contempo-
raines.
P. 393, 1. 6. Stiilte, qtiid bar). «Insensé! à quoi
bon ces souhaits vains & ces vœux puérils ? » (Ovide,
Trist., III, VIII, II.)
P- 393> 1- 9- Pldioii lie croit pas). Dans sa Répu-
blique : « Corpora vero penitus interiori corruptione
morbosa nequaquam aggressum fuisse [^ïscuiapium],
diligentia victus 6c diuturna observantia in vita pro-
ducere, ita ut & œgre viverent homines, & valetu-
dinarios, quod inde sequitur, filios generarent. Neque
vero censuit curandum, qui non posset in constituto
& solito victu ac régula vivere, tanquani neque illi
ipsi, neque civitati conferret. » (III, p. 407; éd.
de 1546, p. 567.)
P. 393, 1. 16. Non seciis inslantcm). «Ainsi celui
qui veut soutenir un bâtiment, l'étaie dans les en-
droits où il menace ruine; mais enfin vient le jour
fatal où toute la charpente se désunit, et les étais
tombent avec l'édifice. » (Maximianus, i, 171.)
P. 393, 1. 21. Connue l'aniionie du monde). Cf.
Plutarque, De la traiiquillilé de l'âme et repos de l'es-
prit : « L'armonie du monde est composée de choses
contraires, ne plus ne moins que d'une lyre & d'un
arc : &; n'y a rien du tout es choses humaines qui
soit tout pur & net, ains comme en la Musique il y
a des voix & des sons agus, & d'autres graves
& n'est pas... musicien qui hait & fuit les unes,
& aime les autres : mais celuy qui se sçalt servir de
toutes, & les mesler ensemble selon son art : aussi
les affaires 6c occurrences humaines, aiants des con-
trequarres les unes avec les autres, d'autant que
comme dit Euripides, Jamais le bien n'est séparé du
mal, ains y a ne sçay quelle meslange pour faire
que tout aille bien, il ne fault pas se descourager,
ny se laisser aller par les unes, quand elles advien-
nent, ains fault fitire comme les Harmoniques & mu-
siciens en rebouchant tousjouis la pointe des adverses
par la recordation des prospères. Se embrassant tous-
jours les bonnes avec les mauvaises fortunes, faire
une composition de vie bien accordante & propre à
un chascun. » (xiv, f° 74 r°.)
P. 394, 1. 2. Ctesiphon). Cf. Plutarque, Coiniiieiit
il fault refréner la cbolere : « Xous voions que les
petits enfans, quand ils sont courroucez deschirent
tout, & s'aigrissent à l'encontre des femmes, & veu-
lent que Ion batte & chastie les chien.s, les chevaux
& les mulets, comme Ctesiphon l'escrimeur vouloic
faire à coups de pied, 6c regibber à l'encontre de sa
mule. » (viii, f° 58 v".)
P. 394, 1. 18. Vous en plaict-il). Les consolations
que son imagination prodigue ici à Montaigne rap-
pellent un peu celles que Sénèque donne à Lucilius
malade dans l'épître 78. Certains arguments se re-
trouvent de part et d'autre. Toutefois Sénèque pro-
pose surtout à son ami de laisser par sa patience un
grand exemple de vertu; Montaigne vise surtout
à vivre plus heureux.
P. 395, 1. 10. La crainte de ce mal). Rapprocher
l'essai II, xxxvii, p. 576.
P- 395. '•15- Quxvenit indigné). «C'est seulement
quand nous n'avons pas mérité le mal que nous avons
le droit de nous en plaindre. » (Ovide, Héroïd., V, 8.)
P. 396, 1. 12. Mais tu ne meurs pas). Cf. Sénèque,
Epitres : « Multorum mortem distulit morbus, et
saluti illis fuit, videri perire. Morieris non quia
a;grotas, sed quia vivis. » (Ep. 78.)
P. 397, 1. 18. A faute de mémoire). Cf. l'essai I, ix.
P. 397, 1. 19. lel'escris). Effectivement \e Journal
de voyage est rempli de notes sur la santé de Mon-
taigne.
P. 398, 1. II. La chaleur de mes reins). On trouvera
des explications physiologiques analogues dans Paré,
Traité des pierres.
P. 398, 1. 25. Les Sloycieiis disent). Cf. Plutarque,
Des communes conceptions des philosophes Stoiques : « Le
vice, dit il (Chrysippus), a son limite au regard des
autres accidents, car il est aussi luy aucunement
selon nature, &. à fin que je die ainsi, il n'est pas
du tout inutile, eu égard à l'univers, car autrement
le bien ne seroit pas. » (x, f" 577 v°.)
P. 398, 1. 29. Lors que Sacrâtes). Cf. Platon,
Phédon : « Socratem invenimus compedibus paulo
ante solutum... Socrates autem... contraxit ad se
crus, manuque perfricuit, atque inter fricandum sic
inquit : Quam mira videtur... hiEC res esse, quanft
nominant homines voluptatem, quamque miro natu-
raliter se habet modo ad dolorem ipsum, qui ejus
45é
ESSAIS DE MONTAIGNE.
contrarius videtur... Si quis prosequitur capitque
alterum, semper ferme alterum quoque accipere
cogitur. quasi ex eodem vertice sint ambo connexa.
Arbitrer equidem ^Esopum, si hîec animadvertisset,
fabulam fuisse facturuni. » (m, p. 60; éd. de 1546,
p. 491.) Cf. essai H, xx, p. 465, 1. 15, et voir la note.
P. 400, 1. 2. Il faict son ieti à part). Rapprocher
Journal de i-oyage : «Il sabbato 21 d' Ottobre alla
mattina mi si spinse fuora un' altra pietra, la quale
si fermo un pezzo nel canale, ma n' usci pure senza
dolore, e difficultà. Questa era più tosto tonda che
altramente, dura, e massiccia, aspera pure, e rozza,
bianca dentro, e rossa di sopra, assai più grande
ch' un grano. In quel mentre buttai tuttavia arenella.
Di qui si vede, che di se stessa la natura si scarica
alcune délie volte; e si sente corne un flusso di
questa roba. Ringraziato sia Iddio, ch' esce fuora
senza dolore d' importanza, e non disturba la mie
azioni. » (P. 470.)
P. 400, 1. 3. Dix heures à chenal). Rapprocher le
Journal de voyage : « Des le chemin il se pleignoit de
ses reins, qui fut cause, dict-il, qu'il alongea cete
trete, estimant estre plus soulagé à cheval, qu'il
n'eust esté ailleurs.» (P. 143.)
« Di là lasciando a man dritta Cremona a mede-
sima distanza che Piacenza, seguitando una bellis-
sima strada... mutando di posta in posta cavalli, i
quale due poste io menai al galoppo per sentir le
forze de i lombi : e non ci trovai né mal, né strac-
chezza : l'orina naturale. » (P. 481.) Rapprocher
aussi essai III, ix, p. 242, I. 6, et p. 260, 1. 10.
P. 400, 1. 27. Connue Cicero). Dans le De senectute,
ouvrage que Montaigne semble avoir lu à toutes
les époques.
P. 401, 1. 9. A sentir le mal). Rapprocher essai III,
XII, p. 340.
P. 402, I. 4. A mes repas). Rapprocher Journal de
voyage: « M. de Montaigne se louoit de leur cous-
tume de disner et de souper tard, selon son humeur,
car on n'y disne, aus bonnes maisons, qu'à deus
heures après midy, et soupe à neuf heures. » (P. 203.)
P. 402, 1. 9. Platon ueut). Cf. Diogène Laërce,
Vie de Platon, III, xxxix, et Platon lui-même. Lois,
VII, XIII, p. 808; éd. de 1546, p. 832.)
P. 402, 1. 13. On Irouuoit à redire au grand Scipion).
Cf. Plutarque, Instruction pour ceiilx qui manient
affaires d'estat : « Les Romains ne trouvans autre
chose à redire en Scipion, le blasmoyent de trop
dormir. » (iv.) La phrase manque dans Tédition
de 1572. \'oir aussi Qu'il est requis qu'un prince soit
sçavaiit : «On reprochoit... à Scipion qu'il aimoit
à dormir. » (vi, f° 137 r°.)
P. 403, 1. 15. Que Platon estime). Voir essai III,
v, p. 144, 1. 3.
P. 403, 1. 20. Pulchrumque). « Il vous vient à l'es-
prit qu'il est beau de mourir en combattant. » (Vir-
gile, En., II, 317.)
P. 404, 1. 6. Filière, mi Liicili). « Mvre, mon
Lucilius, c'est combattre. » (Sénèque, ép. 96.) Le
texte est celui des éditions contemporaines.
P. 404, 1. 21. Non hxc ampliiis). « Désormais mes
forces ne me permettent plus de braver les intem-
péries du ciel sur le seuil d'une maîtresse. » (Horace,
ode III, X, 19.)
P. 405, 1. 10. Necviliant artus). « Mon corps n'est
pas atteint par les troubles de mon esprit. » (Ovide,
Trist., III, VIII, 25.)
P. 405, 1. 22. Quis tuiuiduni guttur). « Qui s'étonne
de trouver des goitres dans les Alpes ? » (Juvénal,
XIII, 162.)
P. 405, 1. 23. Non plus que ie ne regrette). Rap-
procher essai III, 11, p. 195.
P. 406, 1. 2. Les songes sont). On trouvera une
grande confiance dans la divination par les songes
chez Corneille Agrippa, De occulta philosophia, I, Lix.
P. 406, 1. 4. Res qux in vita...). « Si les hommes
retrouvent en songe les choses qui les occupent dans
la vie, et qu'ils méditent, qu'ils voient, qu'ils font
lorsqu'ils sont éveillés, il n'y a pas lieu de s'en éton-
ner. » (Cicéron, De divinatione,l, xxii, vers tirés d'une
tragédie d'Attius, intitulée « Brutus ». Le texte est
celui de l'édition de Paris 1538.)
P. 40e, 1. 7. Platon dict). Dans le Time'e : « Pru-
dentis vero duntaxat officium est, quœ à fatidico
furentéque ingenio dormiendo vel vigilando pronun-
ciata sunt, intelligere : & qurecumque visa illuxerint,
ratiocinatione ita discernere, ut qua quidque ratione,
& cui futurum aliquid, vcl pr.xteritum, pntsénsve
LIVRE III, CHAPITRE XIII.
-157
bonum vel maluui portendere videatur explanct. »
(P. 71; éd. de 1546, p. 724.)
P. 40e, 1. 9. Sinon les wenidUeities cxperiances).
Cf. Cicéron, De diviiialuvie : « Est apud Platoiiem
Socrates, quum esset in custodia publica, dicens
Critoni suo familiari, sibi post tertium diem esse
moriendum, vidisse se in souiniis pulcliritudine
eximia fleminam, qus se nomine appcllans, diceret
Homericum quendam ejusmodi versum,
Tertium te Plitliix' tempestas Ixta locabit.
Quod Ut est dictum, sic scribitur contigisse. Xeno-
phon Socraticus (qui vir & quantus in ea militia
qua cum C3T0 minore peifunctus est !) sua scribit
somnia, quorum eventus mirabiles extiterunt... Quid
singulari vir ingenio Aristoteles & penè divino,
ipséne errât, an alios vult errore ? quum scribit
Eudemum Cyprium. » (I, xxv; t. IV, 249.)
P. 406, 1. 10. I^s histoires disent). Cf. Hérodote :
« Et dit-on qu'ils [les Atlantes] ne mangent jamais
cbose qui reçoyve mort, & ne songent jamais. »
(IV, 184; t. I, f 308 v°.)
P. 406, 1. 13. Car Pylhagoras). Cf. Cicéron, De
divinatione : « Pytliagoras, 6\' Plato locupletissimi
authores, quo in somnis certiora videamus, prœpa-
ratos quodam cuitu atque victu proficisci ad dor-
miendum jubent. » (II, lviii; t. IV, 280.)
P. 40e, 1. 17. Theon Je philosophe). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Pyrrhon : « Theon autem Titiioreus
Stoicus dormiens in somnis ambulabat, Periclisque
servus in summo tecto. » (IX, lxxxii, 632.)
P. 406, 1. 22. L'opinion de Faiiorinus). Cf. Aulu-
Gelle, Nuits attiqiies, XV, viii. Montaigne prête à
Favorinus l'opinion que, cliez Auiu-Gellc, ce philo-
sophe critique : «Verba... Pliavorini... hxc sunt :
Praefecti popin;e, atque luxuriœ negant cœnam lau-
tam esse, nisi cùm libentissimè edis, tum auferatur,
& alia esca melior atque amplior succenturietur. Is
nunc flos cœnœ habeatur inter istos, quibus sumptus
& fastidium pro facetiis procedit : Qui negant uliam
avem, prêter ficedulam, totam comesse oportcre :
CiEterarum avium atque altitium, nisi tantum appo-
natur, ut à cluniculis inferiori parte saturi fiant,
convivium putant inopia sordere. »
P. 407, 1. 17. Per qiur hixiiria). «Par lesquelles
le luxe voudrait échapper à l'ennui des richesses. »
(Sénèque, ép. 18.) Le texte de Sénèque porte : «per
quod luxuria... »
P. 407, 1. 20. Si niodica cœnare). « Si tu ne sais
pas te contenter d'un légume servi dans un modeste
plat pour ton dîner. » (Horace, Épitres, I, v, 2.)
P. 407, 1. 22. C'est tousioiirs vice). Rapprocher ce
que Montaigne a dit ci-dessus, p. 385 et suivantes.
P. 408, 1. I. F« pauvre village). D'après une tra-
dition qu'aucun texte n'autorise, c'est au village de
Papessus que Montaigne aurait été mis en nourrice.
P. 408, 1. 3. Magna pars). «C'est une grande
partie de la liberté qu'un ventre bien réglé. » (Sé-
nèque, ép. 123.)
P. 408, 1. 20. La l'clle humeur de Cijehnis). Cf.
Plutarque, Fie -d' Agis et de Clconiènes (x, f° 535 1°
et suivants).
P. 408, 1. 29. Apres l'exemple de Flaminiiis). Id.,
Fie de Flaminius : « Et pource qu'il estoit convoiteux
de gloire & d'honneur sur tout choses, quand il se
presentoit quelque bel & grand exploit à faire, il le
vouloit luymesme faire sans qu'autre v meist !a
main : & se trouvoit plus vouluntiers avec ceulx qui
avoient besoin de son aide que avec ceulx, qui luy
pouvoient aider & bien faire : pourautant qu'il esti-
moit les uns matière d'exercer sa vertu, & les autres
ses compétiteurs au prochas d'honneur & de gloire. »
(I, fo 258 ro.)
P. 409, 1. 2. A celity de Pyrrhus). Id., Fiede Pyrrhus :
« Il estoit homme qui scavoit fort bien s'humilier
envers les grands, dont il pouvoir tirer du profit,
& s'insinuer en leur bonne grâce, comme aussi estoit il
grand mcspriseur de ceulx qui estoient au dessoubs
de luy. » (i, f" 270 r°.)
P. 409, 1. 4. Les longues tables). En passant à Baie,
Montaigne écrit dans son Journal de voyage : « Les
moindres repas sont de trois ou quatre heures pour
la longueur de ces services; et à la vérité ils mangent
aussi beaucoup moins hâtivement que nous et plus
seinement. » (P. 83.)
P. 409, 1. 7. Sur la forme d'Auguste). Cf. Suétone,
Fie d'Auguste : « Convivia nonnunquam et serius
inibat, et maturius relinquebat cum conviv^e et
4)8
ESSAIS DE MONTAIGNE.
cœnare inciperent priusquam ille di.scumberet, et
permanerent digresso eo. » (lxxi.)
P. 410, \. 1. le les ayiuc peu mites). A Bâle, Mon-
taigne trouve qu'ails assechissent un peu trop leur
\4ande ». (^Journal de voyage, p. 83.)
P. 410, 1. 7. Bonnes iiisqiies à l'excelliiicc). Dans le
Journal de voyage, Montaigne se plaint d'une violente
rage de dents qui le surprit aux bains de Lucques.
Il est probable qu'il n'y était pas sujet. « La notte,
e la mattina del Lunedi 4, fui crudelmente travagliato
di dolor di denti : e continuai a dubitare non fusse
qualche dente guasto. Masticava mastice la niattina
senza pro veruno. Della alterazione che mi menava
questo cocentissimo niale, ne seguiva ancora la sti-
tichezza del corpo. Per la quale non ardi\a ripigliare
il beveraggio del bagno : et in questo modo faceva
pochissima cura. In su l'ora di desinare, c tre, o
quattro ore dopo desinare, mi diede pace. Sulle venti
mi si attaccô con tanta furia alla testa, et ambedue
le guancie, ch' io non mi poteva reggere in piedi.
Per la acutezza del dolore mi veniva voglia di vomi-
tare. Era quando tutto in sudore, quando raffredato.
Questo sentire, che m'assalisse d'ogni lato, mi dava
a credere, che non fosse il maie causato del vizio
d' un dente. Perché in questo ch' il lato manco fusse
assai più tormentato, nondimeno ambedue le tempie,
e il mémo, e fino aile spalle, et alla gola, d' ogni
verso sentiva aile volte grandissimo dolore : si che
trapassai la più crudele notte ch' io mi ricorda avère mai
passata. Era veramente rabbia, e furoie. » (P. 434.)
P. 410, 1. 24. Solon). Cf. Hérodote : « De sa part
j'assigne à l'homme- des ans soixante & dix, pour
l'accomplissement de sa vie. » (I, xxxii, f" 14 v°.)
P. 410, 1. 26. xpiz-i-/ [).i-zz-i). Voir Diogène Laërce :
«Cette excellente médiocrité, si recommandée autrefois,
et en particulier par Cléobule, un des sept sages de
la Grèce. » (I, xciii.)
P. 411, 1. 3. Omuia qiiiv secundiini). a 'i'out ce qui
arrive conformément à la nature doit être compté
au nombre des biens. » (Cicéron, De SenecUilc, xix.)
P. -III, 1. 4. Dicl Platon). «Mors quam morbi
li^ vuhiera intulerunt, violenta est atque molesta :
qua; vero senio paulatim ad finem deducente natu-
ralitcr surrepit, inter omnia mortis gênera levissima
est & cum voluptate potius quàm dolore contingit. »
(P. 81; éd. de 1546, p. 728.)
P. 411, 1. 7. Vilain adolescent ihiis). «La vie est
arrachée violemment aux jeunes gens. C'est la matu-
rité qui termine celle des vieillards. » (Cicéron, De
Senectiite, xix.)
P. 4t2, 1. 3. Mesler le poisson à la chair). Dans le
Journal de voyage, Montaigne remarque à Insprug
(Imisbruck) : « Partout où nous avons esté ils ont
cete coutume de servir du poisson parmi la cher,
mais non pourtant au contrere, aus jours de poisson,
mesler de la cher, au moins à nous. » (P. 137.)
P. 412, 1. 6. Epicnrns iensnoit). Cf. Sénèque,
ép. 18.
P. 412, 1. 16. Ce inanic Epicnrns). Id., ibid. :
« Ante, inquit (Epicurus), circumspiciendum est, cum
quibus edos et bibos, quam quid edas et bibas. »
(Ép. 19.)
P. 412, 1. 17. Chilon). Cf. Plutarque, Le banquet
des sept sages : « Il me semble que Chilon feit tres-
sagement, lequel estant hier convié à ce festin ne
voulut jamais promettre d'y venir que premièrement
il ne sceust qui estoient les conviez, l'un après
l'autre. « (m, i'" 151 r°.)
P. 413, 1. 7. Mes maux). Rapprocher essai I, xxxvi.
P. 413, 1. 30. Les limites d'Auguste). Cf. Suétone,
fie d'Auguste, lxxvii.
P. 414, 1. I. La reigle de Democritus). Cf. Érasme,
Adages : « Idem (Plinius) scribit ad hune modum,
Numerum quoque Quaternarium Democritus con-
dito volumine, & quare quaterni cyathi, sextariive
non essent potandi. Hue nimirum allusii Horatius
libro Odarum tertio. » (II, m, i.)
P. 414, 1. 3. Les pet i s verres). A Florence, Montaigne
remarque dans son Journal de voyage : « Le vice des
AUemans de se servir de verres grans outre mesure,
est icv au rebours de les avoir extraordinairemant
petits. » (P. 194.)
P. 414, 1. 8. On mesie cehiy). Rapprocher Guil-
laume Bouchet, Sérées : « Vinum lymphatum, cito
potatum, gignit lepram. Alors se trouva un de nostre
serée, qui accorda bien qu'il estoit bon à ceux qui
mcttoyent de l'eau en leur vin, de l'avoir meslée
long temps avant que de boire. » (I, i, 18.)
LIVRE III, CHAPITRK XIII.
439
P. 414, 1. 9. Ils ih'seitl que Cranaus). Selon Atliéiiée,
II, II, ce n'est pas Cranaus, mais Aniphictyon, son
successeur, qui fut l'inventeur de cet usage.
P. 414, 1. II. l'estime plus deceni). Rapprocher
l'essai II, 11, p. 17, 1. 11, et la note.
P. 414, 1. 14. Fn (ikinaii qui mil de l'eau). Rap-
procher Journal de voyage : « Leur service de table
est fort différent du nostre. Ils ne se servent jamais
d'eau à leur vin, et ont quasi raison : car leurs vins
sont si petits, que nos gentilshommes les trouvoint
encore plus foihles que ceu.\ de Guascongne fon
baptisés, et si ne laissent pas d'cstre bien délicats. »
(P. 81.)
P. 415, 1. 5. Sentir du trouble). Rapprocher /u//;;/rt/
de voyage : « Sentivami ancora tal volta abbagliar gli
occhi quando mi affaticava o a leggerc, o a fissarli
incontra a qualche objetto splendente e chiaro : e
n' era in gran travaglio d' animo sentendo conti-
nuarmi questo difetto dal giorno che mi pigliô la
migrena ultimamente presso a Firenze : cioè una
gravezza di testa sur la fronte senza dolore, un certo
annuvolar degli occhi che non mi curtava la vista,
ma non so come me la turbava aile volte. » (P. 364).
P. 415, 1. 21. La châbericre du philosofc). Cf. Dio-
gène Laërce, VII, clxxxiii.
P. 416, 1. 5. Par fois iiws doits). \o\v ci-dessus,
même essai, p. 386, 1. 16, et la note.
P. 416, 1. 5. Diogenes). Cf. Plutarque, One la Fertii
se peult enseigner & apprendre : « Diogenes voyant un
jeune garçon qui mangeoit gouluëment, donna un
soufflet à son paîdagogue. » (11, f° 39 r°.)
P. 416, 1. 6. // V auoit a Rome des gens). Cf. Sé-
nèque, Épîtres : « Quod si velis dein, quemadmodum
amhules, discere, admittte istos, quos nova artificia
docuit famés: erit qui gradus tuos temperet, et buccas
et dentés obsen-et. » (Ép. 15.)
P. 416, 1. 13. Par la raison que Platon). Dans le
Protagoras : « Videtur mihi disputatio de rébus poe-
ticis persimilis esse conviviis imperitorum plebeio-
riimque hominum. Qui cum propter inscitiam ne-
queant invicem propria voce suisque sermonibus ipsi
coUoqui, mercede exhibita, tihicinas introducunt,
& aliéna voce, hoc est tibiarum flatu, convivium
transigunt. Ubi autem boni ptc-eclarique & eruditi
viri conveniunt, neque tibicinas ibi, neque saltatrices,
neque cantatrices ullas videas, sed voce propria
remotis iis nugis jocisque convivium celebrare, & al-
ternis interrogationibus responsionibûsque modeste
disserere, etiam si vinuni abunde bibant. » (XXXII,
p. 347; éd. de 154e, p. 243.)
P. 416, 1. 16. Varro demande). Cf. Aulu-Gelle :
« Ipsum deinde convivium constat, inquit, ex rébus
quatuor, et tum denique omnibus suis numeris
absolutum est : si belli homunculi collecii sunt : si
lectus locus : si tempus lectum : si apparatus non
neglectus. » (XIII, xi.)
P. 417, 1. 2. Xerxes estoit un fat). Cf. Cicéron,
Tiisc. : « Xerxes — refertus omnibus pra:miis, do-
nisque fortune — pnïmium proposuit, qui invenisset
novani voluptatem. » (\', vu; t. IV, p. 170.)
P. 417, 1. I2-. Sincenim est nisi lias). « Si le vase
n'est pas net, tout ce que vous y versez .s'aigrit. »
(Horace, Épitres, I, n, 54.)
P. 417, 1. 19. La balance de Crilolaiis). Cf. Cicéron,
Tiisc. : « Quo loco quicro quam vim habeat libra
illa Critolai; qui quum in alteram lancem animi
bona imponat, in alteram corporis & externa tantum
propendere illam boni lancem putet, ut terram et
maria déprimât. » (V, xvii; t. IV, p. 174.)
P. 418, 1. 3. Les philosophes cyrenaiqties). Cf. Dio-
gène Laërce, Vie d'Aristippe : « Longe tamen esse
pnrstnntiores corporum quam animorum voluptates,
deteriorésque corporis quàm animi affectationcs, quo-
circa & his peccantes magis cruciari. » (II, xc, 150.)
P. 418, 1. 5. Come dict Aristote). Dans la Morale
il Xiivmaqiie, II, \'ii, et III, xi.
P. 418, 1. 7. Ne refusent la lumière). Rapprocher
Sénèque, Épitres : « Concupiscenti aut contemnenti
omnia prout magno aut parvo empta sunt, fastidio
est lumen gratuitum. » (Ep. 122.)
P. 418, 1. 14. Aristippus). Cf. Cicéron, Académi-
ques : « Aristippus, quasi animum nullum haheamus,
corpus solum tuetur : Zeno quasi corporis simus
expertes, animum solum complectitur. » (II, xlv;
t. IV, p. 34.) Cicéron critique l'attitude de ces deux
philosophes; il préfère suivre l'opinion moyenne de
Calliphon et de Carnéade.
P. 418, 1. 16. Pythagoras, disent ils). Cf. saint
4^0
ESSAIS DE MOXTAIGKE.
Augustin, Cité de Dieu : «Cùm stuJiuui sapientiœ
in actione & contemplatione versetur, unde una pars
ejus activa, altéra contemplativa dici potest. Quarum
activa ad agendam vitam, id est, ad mores consti-
tuendos pertinet, contemplativa auteai ad conspi-
ciendas naturaf causas, & syncerissimam veritatem.
Socrates in activa excelluisse memoratur : Pythagoras
verô magis contemplativ.'c quibus potuit intelligentas
viribus institisse. Proinde Plate utrunque jungendo
pliilosophiam perfecisse laudatur, quam in très partes
distribuit. » (VIII, iv.) Cf. aussi Marsile Ficin, dans
son Coiiiineiitaire des Lois de Platon : « Compertum...
habemus sapientiam quidem Pythagor.e magis in
contemplando, Socratis vero in agendo magis, Pla-
tonis denique in contemplando pariter atque agendo
consistere. » (I; éd. de 1546, p. 743.)
P. 420, 1. 2. Et Bniliis). Cf. Plutarque, Vie de
Bnttiis : « En ce camp là tout le long du jour, ex-
cepté le temps qu'il estoit avec Pompeius, il vacquoit
aux livres & à l'estude, non seulement tous les jours
précédents, mais aussi celuy mesme de devant la
grande battaille de Pliarsale. Il estoit au cueur d'esté
&: faisoit un fort grand cliault, avecques ce que Ion
avoit logé le camp près de lieux marescageux, & ceulx
qui portoient sa tente avoient beaucoup demouré à
venir : au moien dequoy tout las & travaillé qu'il
estoit, à peine se meit il sur le midy à manger un
morceau : puis au lieu que les autres dormoient, ou
bien pensoient & se soucioient de ce qui adviendroit
le lendemain, il estudia & escrivit tout le long du
jour jusques au soir, composant un sommaire de
Polybius. » (i, {" 687 r°.)
P. 420, 1. 7. O fortes). «Courageux guerriers, qui
avez souvent partagé avec moi de plus rudes épreuves,
aujourd'hui noyez vos soucis dans le vin; demain
nous nous embarquerons sur la vaste mer. » (Horace,
Odes, I, VII, 30.)
P. 420, I. 10. Fin théologal). Rapprocher Erasme,
Adages : Hac tempestate apud Parisios vujgari joco
vinum theologicum vocant quod sit validissimum. »
Voir aussi Henri Esiienne, Apologie pour Hérodote,
XXII. L'expression « vinum théologale » se rencontre
déjà dans les sermons d'Olivier Maillard.
P. 420, 1. 21. Ciii cor sapiat). «Avec un jugement
délicat qu'il ait encore un palais délicat. » (Cicéron,
De fin., II, ^■I1I.) Montaigne conserve en gros l'idée
de Cicéron qui dit : « Nec enim sequitur, ut cui cor
sapiat, ei non sapiat palatus. » (II, viii; t. IV, p. 51.)
Mais les contextes de part et d'autre diffèrent passa-
blement, car Cicéron stipule que le sage doit faire
peu de cas (« parvi ducere») des plaisirs que procurent
les sens.
P. 420, 1. 22. Le relâchement). Dans sa lettre à
Henri IV datée du 18 janvier 1590, Montaigne loue
tout particulièrement ce prince de savoir se démettre
aux petites affaires. « C'est estre audessus du pois
& de la foule de vos grans & importans affaires que
de vous sçavoir prester & desmettre aus petits à leur
tour suivant le devoir de vostre authorité royale qui
vous expose à toute heure à toute sorte & degré
d'homes & d'occupations... »
P. 420, 1. 23. Epaminondas). Cf. Cornélius Képos,
Vie d' Epaminondas : « Citharizare & cantare ad chor-
danmi sonum doctus est a Dionysio... Carmina
cantare tibiis ab Olympiodoro, saltare a Calliphrone.»
(11, p. 22.) Xépos insiste longuement sur ces parti-
cularités du caractère d'Epaminondas qui lui semblent
choquer l'idée que le Romain se fxit du héros. » Voir
aussi Cicéron, Tusc, I, 11.
P. 421, 1. 3. D'un' origine céleste). Cf. Tite-Live,
XXVI, XIX, 481. Voir aussi Aulu-Gelle, VII, i;
\'alère Maxime, I, m, dont les témoignages sont
rappelés dans les Annotationes ex variis doctorinn Iticii-
brationilms collecta: que Montaigne trouvait très pro-
bablement dans son édition de Tite-Live.
P. 421, 1. 5. Baguenaudant). C'est de Scipion
Emilien qu'il est ici question, comme Montaigne
l'avait fort bien indiqué en 1588, non du premier
Africain, auquel se rapporte toute l'addition de
l'exemplaire annoté. Montaigne a confondu les deux
personnages. Pour ces faits, cf. Cicéron, De oratore,
II, VI.
P. 421, 1. 7. Représenter par cscript). Rapprocher
l'essai I, xi., p. 324, 1. 6.
P. 421, 1. 10. Visitant les escMes). Montaigne
continue à confondre les deux Scipions : cette tois,
de nouveau, c'est du premier Africain qu'il s'agit.
Cf. Tite-Live, XIX, xix.
LIVRE III, CHAPITRE XIII.
461
P. 421. Texte de 1588 : Le plus beau couple). Plu-
tarque avait composé une vie de Scipion qu'il mettait
en parallèle avec Epaminondas. C'est ce qu'Amyot,
dans la préface de sa traduction des Fies, apprenait à
Montaigne. Rapprocher ce qu'il a écrit dans l'essai II,
XXXVI, p. 87, 1. lé.
P. 421, 1. 15. S'esl ven eu écluse). Cf. Platon,
Banquet : a Cum aliquando cogitatio quœdam inci-
disset, stetit cogitans eodem vestigio matutino tem-
pore : cumque explicare id quod cogitabat non dare-
tur, perstabat cogitans nec dimittebat... Socrates stetit
usque ad auroram sequentem, ac solis exortum. »
(xxxvi, p. 220; éd. de 1546, p. 458.)
P. 421, 1. 18. Au secours d'Alcihittdcs). Ici., ihid. :
« Nemo alius me servavit (dit Alcibiade dans le Ban-
quet) quam Socrates. Videns enim me graviter vul-
neratum, nequaquam deseruit, sed ante me prosiliens,
me ipsum atque arma mea protexit, ab hostibusque
servavit. » (xxxvi, p. 220; éd. de 1546, p. 439.)
P. 422, I. 2. Recherché par une beauté). Cf. Platon,
Banquet, xxxii, p. 215; éd. de 1546, p. 42e.
P. 422, 1. 3. En la bataille Deliene). Cf. Diogène
Laërce, Vie de Socrate :- « Praslio commisso circa
Delium, lapsum equo Xenophontem apprendit, atque
servavit. » (II, xxii, p. 110.)
P. 422, 1. 5. Marcher à la guerre). Cf. Platon,
Banquet : « Primum... laborum patientia non me
solum, sed alios omnes longe superabat : & siquo
in loco, ut accidere solet in bello, commeatus defi-
ceret, nuUi pares huic reperiebantur ad famem sitim-
que perferendam. Rursus vero in abundantia reiiim
& comessatione mensaque militari, solus hic frui
posse videbatur. Et quamvis bibere nollet, tamen si
cogebatur, omnes protinus bibendo longe vincebat :
& quod mirabile est, ebrium quisquam eum nun-
quam conspexit. Sed hoc mihi adhuc in posterum
redargui posse videtur. Adversus autem hyemes
& frigora, quae illis in locis asperrima sunt, mirabilia
faciehat. Quandoque enim gelu maximo intolerabili-
que facto, ita ut nulli exire de tabernaculis auderent,
& siqui exibant, non nisi suiîarcinati admodum,
pedésque et crura pellibus pannisque laneis diligenter
circumvoluti : Socrates per hoc ipsum tempus ita
exibat cum cccteris militibus, ut nihil ad eam vestem
adjungeret, quam primo ferre solitus erat. Nudis vero
pedibus per glacicm facilius incedebat, quam cum
calceis alii. » (xxxv, p. 219; éd. de 1546, p. 438.)
P. 422, 1. II. Estoit-il conuié). Cf. ci-dessus le texte
cité pour la p. 422, I. 5. A'oir aussi le Banquet, pp. 213
et 223.
P. 422, 1. 27. Elle tient pour grand). Ct. Sénèque,
Epltres : « Magni animi est magna contemnere, ac
mediocria malle quam nimia. » (Ép. 39.)
P. 423, 1. II. Eudoxus). Cf. Diogène Laërce, Vie
d'Eudoxiis : « Enim vero Nicomachus Aristotelis
filius illum ait voluptatem bonum dicere. » (VIII,
Lxxxviii, p. 576.)
P. 423, 1. 15. Eodeni enim uitio). «La dilatation
de l'âme dans la joie n'est pas moins blâmable que
sa contraction dans la douleur. » (Cicéron, Tnsc,
IV, XXXI.)
P. 423,1. 18. D'estendre l'autre). Rapprocher l'essai
III, IX, p. 249, 1. 19.)
P. 423, 1. 21. Platon les accouple). Voir essai II,
XX, p. 465, 1. 15 et la note. Outre le passage du
Phédou qui est cité en cet endroit, on peut voir
Platon, Philèbe, xiii, p. 27 ; République, v, p. 462; etc.
P. 423, 1. 22. L'office de la fortitude). Cf. Platon,
Lois : « Utrum ad timorés solum atque dolores forti-
tudini pugna est duntaxat? An etiam ad cupiditates
voluptatesque, ac véhémentes quasdam blanditias,
qucE eorum etiam qui honesti videntur, aninios
flectunt, & quasi caereos faciunt ? — Adversus hxc
omnia. » (I, p. 633; éd. de 1546, p. 750.)
P. 423, 1. 24. Ce sont deus font eines). Cf Platon,
Lois : « Duo namque hi fontes natura scaturiunt :
à quibus qui haurit, unde, quando, quantumque
oportet felix est, privatus scilicet & civitas omneque
animal. » (I, p. 6^6; éd. de 1546, p. 751.)
P. 424, 1. I. Ladolur). Cf. Platon, Lois : «Pri-
mum profecto puerorum sensum esse dico voluptatis
atque doloris... : Disciplinam appello virtutem qu3e
primo pueris advenit. Si voluptas & amor dolorque
& odium recte in animos influant antequam ratione
moveantur, & ratione deinde présente, rationi con-
sentiant propter superiorem bonorum morum con-
suetudinem, h.^c ipsa consentio universa quidem
virtus est. » (II, p. 653; éd. de 154e, p. 758.)
46:
ESSAIS DE MON'TAIGNE.
P. 424, 1. 15. Stiiiti tiita...). «La vie de l'insensé
est ingrate, elle est trouble; elle se porte tout entière
dans l'avenir.» (Sénèque, ép. 15.) Le texte est celui
des éditions contemporaines.
P. 42e, 1. 3. Morte obita qiiaks). « Semblables à
ces fantômes qui voltigent dit-on après la mort, ou
à ces songes qui trompent nos sens endormis. »
(Virgile, Enéide, X, 641.)
P. 426, 1. 6. Alexandre disoit). Cf. Arrien de Nico-
médie : « Quant à moy, je n'estime point qu'un
homme généreux et de bon cueur se propose d'autre
but de ses travaux mesmes, qui luy causent tout
honneur et réputation. » (V, xxvi, 220.)
P. 426, 1. 8. A7/ aclitni credens). « Crovant n'avoir
rien fait tant que quelque chose restait à faire. »
(Lucain, II, 637.)
P. 426, 1. 12. Sapiens diuiliarnni). «Le sage recher-
che avec avidité les richesses naturelles. » (Sénèque,
ép. 119.) Le texte «quœsitor» est indiqué en marge
dans l'édition de Bàle 1557.
P. 42e, 1. 14. Par laquelle Epimenides). Cf. Plu-
tarque, Banquet des sept sages, xi\-, f° 156 v°, où il est
longuement parlé de cette drogue d'Epiménide. Voir
aussi Diogène Laërce, Vie d'Epiménide, l, cxiv, 89.
P. 426, 1. 22. Om'nia qtiœ secitndiim). «Tout ce
qui est selon la nature est digne d'estime. » (Cicéron,
De finibiis, III, vi.) Le texte est tiré de deux phrases :
« .Estimabile esse dicitur... id quod aut ipsum secun-
dum naturam sit, aut taie quid cfficiat, ut selectione
dignum propterea sit, quod aliquod pondus habeat
dignum Kstimatione . . . Initiis igitur ita constitutis,
ut ea qu^ secundum naturam sunt, ipsa propter se
sumenda sint... » (III, vi; t. IV, p. 69.)
P. 427, 1. 6. Le raisonable aueq). Cf. Sénèque,
Épîlres : « Adjicimus raiionali irrationale, honesto
in honestum... Fortissim;e rei inertissima adstruitur;
severissim* parum séria. » (Ép. 92.)
P. 427, 1. 13. // prœfere celle de l'esprit). \o\r par
exemple la République, IX, p. 585.
P. 427, 1. 19. hitrandmn est). «Il faut pénétrer la
nature des choses et voir exactement ce qu'elle
exige. » (Cicéron, V, xvi.)
P. 427, 1. 20. Nous l'auons confondue). Rapprocher
l'essai III, xii.
P. 428, 1. 5. Atuq laquelle). Cf. Platon, Lois :
« Immo vero ad hoc ipsum respexisse videtur, qui
proverbio primus ita de deo est locutus, quod
nec deus unquam cum necessitate pugnabit. » (MI,
p. 818; éd. de 1546, p. 836.)
P. 428, 1. 9. Qui iielut). « Quiconque exalte l'àme
comme le souverain bien et condamne la chair
comme chose mauvaise, embrasse et chérit l'âme
charnellement et charnellement fuit la chair, parce
qu'il en juge par vanité humaine, non d'après la
vérité divine. » (Saint Augustin, Cité de Dieu, XIV,
V.) Notons que saint Augustin parle ainsi pour
combattre la doctrine des Manichéens.
P. 428, 1. 15. Conduire l'homme). Rapprocher
l'essai III, 11.
P. 428, 1. 18. Stullitix propriuni). « Peut-on nier
que ce soit le propre de la sottise de faire lâchement
et en maugréant ce qu'on est forcé de faire, de pousser
le corps d'un côté et l'âme de l'autre, de se partager
entre des mouvements si contraires?» (Sénèque.
ép. 74.) Montaigne écrit quiv facienda sunt au lieu
de quw facit, texte des éditions contemporaines.
P. 429, 1. 8. Archimedes). Allusion à l'enthousiasme
d'Archimède qui, sollicité par Hiéron de Syracuse
de vérifier si une couronne d'or était pure de tout
mélange d'argent, et ayant à cette occasion décou-
vert dans son bain un grand principe d'hydrostatique,
sortit tout nu dans la rue en s'écriant : «Eurêka!
Eurêka ! »
P. 429, 1. 21. Esope). Cf. Planude, Vie d'Esope.
P. 430, 1. 9. Ses fantasiesj. Voir Quinte Curce,
IV, VII, 29 et 30; et rapprocher Rnuie d'Histoire lit-
téraire de la France, année 1916, p. 419. ^'oir encore
dans Quinte Curce, VIII, v, 13 et 22. En marge de son
exemplaire, Montaigne écrit « déification d'Alexan-
dre » ; et plus loin, quand Quinte Curce raconte
que les Perses se prosternent devant lui, Montaigne
note: « adoration ». Rrcue d'Histoire littéraire de la
France, 19 18, p. 617.
P. 430, 1. 10. Philotas le mordit). Id., ibid. : « Hic,
cum scripsissem ei pro jure tam familiaris usus atque
amicitia;, qualis sors édita esset Jovis Hammonis
oraculo : sustinuit scribere mihi, se quidem gratu-
lari, quôd in numerum deorum receptus essem :
LI VRE III, I
casterum misereri eoruin, quitus vivendum esset sub
eo, qui modum hominis excederet. » (VI, ix, i8.)
P. 430, 1. 15. Diis te niinoretn). «C'est en te sou-
mettant aux dieux que tu règnes sur le monde. »
(Horace, Odes, III, vi, 5.) Cette citation se trouve
cliez Juste Lipse, Adversiis dialogisliiiii, i.
P. 430, 1. 16. La gentille inscription). Cf. Plutarque,
Vie de Pompée : « En sortant de la ville d'Athènes,
il leut deux escripteaux qui avoient e.sté faits en sa
louange, l'un au dedans de la porte, qui disoit,
« D'autant es tu dieu, comnii
» Tu te rtcognois homme. »
H.^PITRE XIII. 465
Et l'autre au dehors de la mesme porte, qui disoit,
« Nous t'attendions, nous te voions,
» Nous t'adorons, et convoj'ons. »
(vu, f- 443 r".)
P. 431, 1. 6. Fini paratis...). «Accorde-moi, fils
de Latone, de jouir des biens que j'ai acquis, avec une
santé robu.ste, et, je t'en prie, avec toutes mes facul-
tés intellectuelles; fais que ma vieillesse ne soit pas
abjecte et puisse encore toucher la lyre. » (Horace,
, Odes, I, XXXI, 17.)
FIN DU LIVRE •IKOISIE.VIE.
ADDITIONS ET CORRECTIONSO.
LIVRE PREMIER.
P. 4, I. 30. Lire : Passion vitieiisc). De cJcuientia,
II, V.
P. 6, 1. 24. Alexandre). L'expression semble em-
pruntée d'Amyot, à la fin du premier traité sur la
fortune d'Alexandre : «Qui fut oncques plus ennemy
de ceulx qui font injustice, ne plus gracieux aux
affligez? » (II, f° 311, r".) Voir Revue d'histoire litté-
raire de la France, année 1916, p. 415.
P. 12, 1. 20. Otiltre la feiiiine). Les trois premiers
de ces exemples sont chez Corneille Agrippa, De
philosophia occulta, I, lxiii, ouvrage que Montaigne a
certainement utilisé avant 1580.
P. 15, 1. 6. Celle icy me semble). Peut-être y a-t-il
là un souvenir \'ague d'un passage de Diodore de
Sicile, I, Lxxii.
P. 18, 1. 3. lean Vischa). Cf. Histoire des Rovs et
Princes de Poloigue..., par noble et magnifique sieur
Jean Herburt de Fulstin : « Ils suivovent en cela la
cruauté de leur capitaine Zisca, lequel non contant
d'avoir faict assez du fol en sa vie, ordonna par son
testament qu'il fut escorché et qu'on feit de sa peau
un tabourin, asseurant que au son d'iceluy leurs
ennemis s'enfuyroient tous effrayez.» (F" 150 v).
P. 41, 1. 13. Zm Pythagoriens). Cf. Aristote, Morale
à Nicomaque, II, vi, 14.
P. 56, TITRE. Une préoccupation du même genre
se fait jour dans une annotation manuscrite de
Montaigne en marge de son Nicole Gilles. (Voir
annotation 103, Revue d'histoire littéraire de la France,
année 1912, p. 137.)
P. 59, 1. 19. Receple à tous maux). Cf. l'essai II,
m, p. 24, 1. 2o.et la note.
P. 62, 1. 10. Le premier article). Lire : Diodore
de Sicile, XI, xxix.
P. 66, 1. 8. Lire : Cité de Dieu, I, xi.
P. 68, 1. 2. Memineris). Lire : ... de la vie qui
nous déplaît comme d'un théâtre.
P. 70, 1. 15. Un garçonnet). Le même exemple
reparaît dans l'essai II, xxxii.
P. 76, 1. 28. Tôt per). « A travers tant de mers
déchaînées. » (Catulle, iv, 18.)
P. 93, 1. 13. Pareille peur). A l'époque où il écrit
ceci, Montaigne souligne' dans son Quinte-Curce(IC,
XIII, 5, p. 48) la phrase suivante : « Vanis et inanibus
militem magis quam justis formidinis causis moveri. »
(Cf Revue d'histoire littéraire de la France, année 1916,
P- 43 5-)
P. 93, 1. 14. DeGermauicus). Lire : Tacite, Annales,
II, WII.
P. 93, 1. 21. Adeo pauor). Lire : Quinte-Curce,
m, XI.
p. 9
''épître 91
15. £■/ semble qiw la fortune). Voir surtout
« Quidquid longa séries multis laboribus
struxit, id unus dics spargit ac dissipât. »
(I) Quelques-unes des annotations qui vont suivre sont dues à .Miss Gr.ice Norton, dont on coiin.nit les crudités publications sur
Montaigne. C'est b. sa suggestion, eu particulier, que je me suis décide à multiplier les renvois d'essai à essai, qui apportent un notable secours
pour le commentaire. I.e commerce quotidien qu'elle entretient depuis plus de cinquante ans avec les Essais, le culte de cette .\mcncaiuc pour
notre Montaigne, sa rare compétence, sont des faits bien dignes de remarque. Je saisis avec plaisir celte occasion qiu m'est ofleite de remercier
Miss Grâce Norton de sa collaboration.
466
LIVRE I, CHAPITRES XX
P. 100, 1. I. Ciccio). Il est à propos de rappeler
que cette opinion platonicienne est développée dans
VÉlogi- de la Folie, vers la fin : « Proinde philosophiam
définit (Plato) esse mortis meditationem quod ea
uientem a rébus visibilibus, ac corporels abducat,
quod idem utique mors facit. »
P. loi, 1. 23. Sa qiiesie est scuhrciise). Rapprocher
l'essai I, xxvi, p. 209, 1. 6.
P. 102, 1. 17. Omiies eodem). Lire : « ... par la
barque de Caron dans la mort éternelle.» Le mot
aier-nuiii est coupé, comme chez Montaigne, dans les
éditions de Lambin, dont la première date de 1561;
la leçon exitium, au lieu de cxiliiiiii ou exiiliiim, est
indiquée comme autorisée par plusieurs manuscrits
dans les éditions de Lambin et de Pulmannus.
P. 105, 1. 9. Aiiiiiliiis Lepidiis). Lire : Pline, Hisl.
liât., VII, Liv.
P. III, 1. 23. Ce que dit César). Dans son exem-
plaire de César (p. 176) Montaigne a souligné ce
texte : « Omnia enim plerumque, qux absunt, vehe-
mentius liominum mentes perturbant. »
P. 116, 1. 24. Licet). Le texte «quod vis» est bien
celui de l'édition Lambin, 1563; mais Montaigne
remplace « condere seçla » par « vincere secla » qu'il
trouve ailleurs dans Lucrèce.
P. 117, 1. 21. 7>/ <7 uescit). Cette idée est longue-
ment développée dans l'épître 93 de Sénèque.
P. 118, 1. 17. Chiron). Cf. Lucien, Dialogues des
Morts, XXVI. Ce trait a été vulgarisé au xvr siècle
en particulier par YÉloge de la Folie d'Erasme (xxxi,
édition Frober 1522, p. 181).
P. 121, TITRE. Montaigne a utilisé pour ce chapitre
l'ouvrage de Corneille Agrippa, De occulta philosophia.
(Voir surtout les chapitres lxiii, lxiv et lxv du
livre I. Cf. à ce sujet, dans la Revue d'histoire litté-
raire de la France de 1912, notre article intitulé :
(' Une source inconnue d'un essai de Montaigne. »)
Qiiomodo passioiies aiiiiiii mutant corpus proprium
pennutiimlo acàdeiitia, et iiun'eiido spiritnni.
Passionum anim;v quando sensualcni apprehen-
sionem sequuntur, vim regitivam habet phantasia,
seu virtus imaginativa. Hxc enim de sua potentia
juxta passionum diversitatem primo diverso modo
altérât et transmutât corpus proprium transmutatione
sensibili, mutando accidentia in corpore, et movendo
spiritum sursum vel deorsum, ad extra vel ad intra,
et diversas qualitates producendo in membris...
Anxietas inducit siccitatem, et nigredinem, quantos
etiam colores cupido amoris concitet, in hepate et
in pulsus noscunl medici, eo judicio nonien amat*
in passione heroica deprehendentes. Sic Naustratus
cognovit Antiochum amore Stratonicse captum...
Quid etiam tristitia possit, omnibus notum est.
Scimus etiam canes nimia tristitia de morte domi-
norum suorum sxpe mortuos fuisse... Sic singultus,
febres, morbi comitiales quandoque sequuntur, quan-
doque vero recedunt, quandoque mirabiles quidam
efiectus proveniunt, ut in Crœsi filio, quem genitrix
mutum ediderat metus vehemens aviditasque vocem
excussit, quam natura diu negaverat. (Liber I,
caput Lxiii.)
Oiioiiiodo piissioin-i animi immutaiit corpus per iihnhini iiinto-
tiouis a siniililiidinc. Item de transformât loue ac transla-
tioiw homiuum, et quas vires vis imaginativa non sohini in
corpus, sed etiam in auimoiii ohliiieal.
Passiones supradictx' quandoque altérant corpus
per modum imit^tionis, propter virtutem quam habet
similitudo rei ad transmutandum, quam vehemens
movet imaginatio, sicut in stupore et congelatione
dentium ex visu vel auditu aliquo, vel quia videmus
vel imaginamur alium comedere res acres. Sic videns
alium oscitare etiam oscitai, et aliqui cum audiunt
acida nominare, lingua acescit. Molestia etiam tetri
alicujus spectaculi gustum inficit, et provocat nau-
seam. Qiiidam sanguinis humani aspectusyncopantur.
Nonnulli cum aliqui amarum cibum afFerri vident,
sentiunt in ore salivam amaram. Et narrai Giilielnuis
Parisiensis se vidisse Jmninem qui solo aspeclii medicinx
uiovebalirr qnoties opus erat moin expnrgationis, cum
tameu ncc suhstanlia medicina-, uec sapor nec odor ipsius
ad ipsuin penenis.'^el, sed sola similitudo apprehensa Hac
ratione sommantes se ardere, vel esse in igné, quandoque
cruciantur intolerabiliter, lanquam si vere ardeaui, cum
tamen veritas et suhstantia ignis apud eos non est, sed
LIVRE I, CHAPITRK XXI.
■167
sola simililudo per iinagiiialiotnin appiebeiisa. Nonnun-
quam etiam ipsa liumana corpora transformantur
transfiguranturque et traiisporlauliir, sivpe qiiidciit in
soiiuiiis, iwuniitKjiiain ctiaiii in vigilia. Sic Cvppiis qui
poska ekctits est rex Italix duiti taurontin piigimiii Vic-
tor iamque veheiiwntiiis adiiiirans incditatiir, in illa cura
obdonniens noctein, nianc corniger repertns est non aliiiiide
quant virtnte vegetativa vehenicnli iniaginalione stininlata,
corniferos huniores in capiit devante, et corniia prodn-
cente. Vehemens enim cogitatio, dum species vehe-
nienter movet, in illis rei cogitat.t figuraoi depingit,
quam illi in sanguine effingunt, ille nutritis a se
iniprimit niembris, cum propriis, tum aliquando
etiam alienis; sicut imaginatio pragnantis in fœtum
imprimit rei desiderat;E notam, et imaginatio morsi a
cane rahido in urinam imprimit imaginationescanum.
Sic multi subito canescunt; alius e puero, unius noctis
somnio, in virum perfectum excrevit. Hnc niulti etiam
Dagoherti régis cicatrices, et Francise! stigniata referre vo-
htnt, diini ille corruptionein vehenienter tiniet, alter Christi
vulnera vehementitis conleniplatnr. Sic nuilli etiam trans-
portantnr de loco ad locnni transennies flumina, et ignés,
et loca innaccessa, qitando videlicct vchementis alicnjus
concupiscentix, ont tinwris, vel audacia' species spiritihus
iinpressx, vaporibns perviixla- nioimt organnni tactiis in
sua origine, una cnni phantasia, qnœ motus localis prin-
cipium est. Unde concitantur membra et organa motus
ad motuni, moventurque sine errore ad locum ima-
ginatum, non quidem ex visu, sed ex phantasia
interiore. Tanta est vis anim;c in corpus, ut quor-
sum ipsa imaginatur et somniat, ipsum corpus simul
attollat atque traducat. Legimus alia pleraque exempla
quibus vis animœ in corpus cum admiratione expli-
catur, quale illud scribit Avicenna de quodam, qui
cum vellet, corpus suum paralysi ohlœdebat. Narratur
<ie Gallo Vibio, eut hoc accidit uni, ut in insaniain non
casn incideret, sed judicio pervenirel : tiaiit duin insaitos
iinitatur, diiin ingeitii lenociniuin ftirorein pittat, quant
adsiinulahat insaniam, ad veram redegit. Et Augustinus
refert quosdam qui aures pro arbitrio moverent, et
qui immoto capite verticem totam deponerent ad
frontem, revocarentque cum vellent : et alium quen-
dam solitum sudare ubi vellet. Notum quoque est
aliquos flere cum volunt, et ubertim laclirymas pro-
fundere : quosdam etiam repertos, qui eorum qu;v
déglutissent, varia paulatim tanquam de sacculo,
quod placuisset, proferrent. Et liodic adhuc videmus
plures, qui avium, pecorum, canum hominumque
quorunque voces sic imitantur exprimuntque, ut
disccrni omnino non possint. Jant vero et fœniinas in
mares mutatas fuisse, ntultis exeiuplis narrât Plinius;
similia et stto tenipore accidisse testatiir Pontaitus, de
qnadain muliercula Caietana, et altéra qtiadain Alinilia,
qux ctiin iitraque nupta, post plures aitnos in viros inii-
tatx sitnt. Quantum autem ipsa imaginatio possit in
animam, ncmo ignorât : est enim substantif animx'
vicinior quam sensus, quare etiam plus agit in ani-
mam quam sensus. Sic mulieres per introductas
certis magicis artificiis fortes imaginationes, somnia,
suggestiones, sœpissime ligantur in amorem alicujus
arctissimum. Sic perhibent Medeam ex solo somnio
exarsisse in amorem Jasonis. Sic anima nonnunqtiain
per vebeinentein itnaginatioitctn vel speculationeni a cor porc
omnino ahstrahitiir, qiiemadiitodum Celsus narrât de
quodam preshytero, qui quotics coUihuisset atiferebat se a
sensibtts, et jacebat sintilis mortiio, ut cum pungeretur
et ureretur, non sentiret iilliiin doloreni, jecebatque iin-
titotiis et sine anhelitu; hominuin tanten voces, si altius
inclamassent, tanquam ex longinqtw se audisse postea
referehat. \'erum de his abstractionibus latius in pos-
terioribus disseremus. (Liber I, caput i.xiv.)
Quoinodo pnssioiics auinii etiam opcraiitur extra
se iii corpus alieiiiiin.
Passioncs aniinx qux phantasiam scqitunlnr, qiiando
vebementissiinx sunt, non solunt possunt imniutare corpus
proprium, verutnetiam possunt transcendere ad operandmn
iit corpus alientiin, ita, qnod adinirabiks qiixdain ini-
pressiones inde producantur in elententis et rébus extrin-
secis, atque etiam ntorbos quosdam aniini sive corporls,
sic possent atiferre vel inferre : nam passiones anima.-
.sunt potissima causa temperamenti corporis proprii.
Sic anima forliter elevata et vehementi imagiitatioite ac-
ceitsa, imniittit sanitatent vel xgritiidinem, non soluin in
corpore proprio, sed etiam in corporibits alienis. Sic putat
Avicenna, quod ad imaginationem alicujus cadat
camelus. Sic qui morsus a cane rabido in rabiem
468
LIVRE I, CHAPITRE XXI.
incidit, apparent in urina ejus figunu canum. Sic
praïgnantis mulieris cupiditas in corpus alienum agit,
quando inficit fœtum in alvo, rei desideratîe nota.
Sic iiiiilla' iiionstroscc générât ioties prodeiml ex iiionslrosis
praguaniitim iiiiaginilms, ceii qiiakin refert Marais
Damasrenus aptid Petram sanctam, vppidum in Pisanis
conpnibiis sitiini, Carolo Boëmia: régi et Imperalori
oblatam puellam, tolo corpore ferœ instar birsutam et
villosam, quant mater religioso qnodam horrore, in inia-
ginem divi Joannis Baptista', qiur ad iectiilnni erat, dnni
aviciperet affecta, talent postea progeneravit . Atqiie id
non soliitn in hotninilms, sed etiani in brutis anintan-
libtis Jieri spectamiis. Sic legimns Jacobnin patriarchatn ,
lirgis in aqtiain projectis, discolorasse oi'es Laban. Sic
pavonum aliarumque volucrum cubantium imagi-
nariie vires, pennis colorem imprimunt : unde albos
producimus pavones, cubantium habitacula albis lin-
teis circumpendentes. Jamque iiis exemplis patet,
quomodo phantasiœ alfectus, ubi vehementius se
intenderint, non modo corpus proprium, sed et
alienum afficiunt. Sic etiaiit nialejiconiin iioccndi ciipi-
diias, fixis obttitibiis quant perniciosissinie honiines fasci-
nât. Assentiuntur istis Avicenna, Aristoteles, Algazel
et Galenus. Manifestum enim est corpus a vapore
alterius corporis morbidi facillime infici, quod in
peste et lepra palam videmus. Rursus in vaporibus
oculorum tanta vis est, quod possunt proximum
fascinare atque inficere, sicut regulus et catablepa
aspectu suo homines interimunt : et jœniina: qu.rdain
in Scythia, apiid Illyricos et Triballos, qiiein iratœ
aspexerant, interiniebant. Xemo ergo miretur, corpus
atque animam uniusj ab animo alterius posse simi-
liter affici, cum sit animus longe potentior, fortior,
ferventior, motuque valentior, quam vapores ex cor-
poribus exhalantes, nec etiam desunt média, per qus
operetur : neque praîterea minus subjicitur corpus
alieno animo, quam alieno corpori. Hoc modo ferunt
hominem solo atfectu atque habitu agere in alterum :
ideoque prxcipiunt pliilosophi, consortium malorum
atque infelicium hominum procul fugiendum, horum
siquidem anima noxiorum plena radiorum, calamitosa
contagione propinquos inficit : contra, bonorum ac i'eli-
cium consortia prîecipiunt appetenda, quoniam sua pro-
pinquitate multum nobis prosunt. (Lib. I, cap. lxv.)
P. 121, 1. 12. Simon Thomas). On trouvera une
idée semblable à celle de Simon Thomas chez Cor-
neille Agrippa, De occulta philosophia : « Dicunt phi-
losophi, quod individuum aliquod quod nunquam
passum sit xgritudinem, confert omni aegritudini :
ideo dicunt quod os hominis mortui qui nunquam
habuerit febres, suspensum supra patientem, libérât
a quartana ». (I, xix.)
P. 122, 1. 13. Itisq lies à en expirer). L'idée est chez
Corneille Agrippa, De occulta philosophia : « Mani-
festum pneterea est passiones ejusmodi quando vehe-
mentissima; sunt, posso mortem inferro et hoc apud
vulgus palam est, nimia hetitia, tristitia, amore, odio
interdum mori homines, sœpe etiam morbo levari. »
(I, LXIII.)
P. 125, 1. II. Fn compte). On trouve un récit
analogue chez Jean Wier qui a pu suggérer à Mon-
taigne ce remède. Il serait très hasardeux toutefois
de l'assurer : tous deux ont fon bien pu imaginer
séparément le même procédé. « J'ay souvenance,
dit-il, d'avoir ouï jurer à un gentilhomme qu'il estoit
lié et ensorcelé tellement qu'il ne pouvoit avoir com-
pagnie de femme : en quoy je lui voulus aider,
taschant, par divers arguments, de lui arracher cette
imagination. Or, vovant que je ne gagnais rien, je
fis semblant d'estre de son avis, et le confirmai en
montrant le livre de Cleopatra, De la beauté des fem-
mes, et y lisois une recette contenant que l'homme
lié serait guéri s'il faisait un unguent d'œuf de cor-
beau meslé avec de l'huile de navette, et qu'il s'en
frottât tout le corps. Lui, ayant entendu cela, se
confiant aux paroles du livre, fit l'expérience de l'un-
guent et recouvra l'envie d'habiter avec les femmes. »
Texte cité par M. H. Gelin, dans un article sur les
noueries d'aiguillettes en Poitou. (Rn-iie des Etudes
rabelaisiennes.^
P. 127, 1. ^ le suis eneiiii). Rapprocher l'essai I,
XXIII, p. 139, 1. 25.
P. 130, 1. 8. Les escnielles). La scrofule passait
pour être surtout fréquente en Espagne. On sait
d'autre part que d'après une croyance populaire le
Roi de France avait le pouvoir de guérir cette ma-
ladie; en 1609, Dulaurens, médecin d'Henri IV, écrira
son De inirabili strutnas sanandi vi, salis Gallix regibns
LIVRE I, CHAPITRES XXI A XXV
469
christianis diviiiiius concessa; et Louis XIV touchera
près de deux mille malades.
P. 135, TITRE. Peut-être y a-t-il dans cet essai
une réminiscence très v.igue d'un passage de ï Utopie
de Thomas Morus. « Quin, dum unius partis cunie
studes, aliarum vulnus exasperaveris, ita mutuo nas-
citur ex alterius medela alterius morhus, quando
uihil sic adjici cuiquam potest, ut non idem adimatur
alii. » (Livre I, vers la fin; éd. de 1555, p. 78.)
P. 137, 1. r6. La fille qu'Albert récite). Voir aussi
Corneille Agrippa, De occulta pbilosophia : « Refert
Albertus se in Agrippina Colonia vidisse puellam,
qux araneas in escam venabatur, eoque cibi génère
oblectata, insigniter aleretur. » (I, xix.)
P. 143, 1. II. Où la plus désirable sépulture). Dans
la citation de Plutarque rapportée ci-dessus (p. 57),
il faut lire « Bactrianiens», au lieu de «Satraniens».
P. 144, 1. 13. Ou les femmes). Au lieu de Id., ibid.,
lire : Cf. Hérodote.
P. 145, 1. 10. On peut homiestemeiit jiiirc des cnfans).
Voir encore Quinte-Curce, VIII, 11, 19. A ce passage
Montaigne a écrit en marge de son exemplaire (p. 118):
« Inceste avec les mères. »
P. 146, 1. 12. Celuy qu'on rencontra). Cf. Aristote,
Morale à Nicomaque, VIT, vi, 4.
P. 146, 1. 24. Chacun aïant en ueneration). Rap-
procher l'essai I, xlix, p. 380.
P. 147, 1. I. Ceux de Crète). Lire : VII, 11, ext. 18.
P. 150, 1. 28. Nos bonnets carre:^). D'après un texte
curieux de Florimont de Raymond (erreur populaire
de la papesse Jeanne, éd. de 1595, p. 124), ces bon-
nets carrez représentent « la croix laquelle nous
mettons sur nos testes pour monstrer et tesmoigner
notre submission », et leur institution remonte au
Concile général de Lvon.
P. 150, 1. 29. Vain nuMÎelh'). Rapprocher l'essai I,
XLiii, p. 347.
P. 162, 1. 13. Quand ie snij> malade). Rapprocher
l'essai II, xxxvii, p. 605, 1. 14.
P. 163, 1. 13. Oaant aux entreprinses militaires).
Dans son exemplaire de César (p. i 24) Montaigne
souligne les mots : « multum cum in omnibus rébus
tum in re militari fortuna potest. »
P. 165, 1. 8. Ce prince est le souucrain). Au sujet de
l'influence de la lecture de Quinte-Curce sur l'opinion
que Montaigne avait d'Alexandre, on peut voir la
Revue d'histoire littéraire de la France, année 191 6,
p. 422.
P. 166, 1. 9. Le plus deffiant). M. Dezeimeris estime
que Coste a fait erreur en voyant ici une allusion
à l'affaire de Péronne (Comincs, II, v); qu'il s'agit
plutôt de l'aftaire de Conflans (Comines, I, xii-xiii).
P. 168, 1. I. Vue montre). Il s'agit d'une revue
générale des habitants de Bordeaux en armes qui
avait lieu au mois de mai de chaque année. En 1585
on redoutait à Bordeaux une insurrection des li-
gueurs, et dans ces conditions une revue en armes
n'allait pas sans quelque péril.
P. 171, 1. 2. Pédante). Pour le pédant italien on
peut voir en particulier // pédante de Francesco
Belo (1529); voir aussi le théâtre de Bibbiena,
Aretino, Bruno, Boccalini, Parabosco, Dolce, Secchi,
Camillo Scrofa.
P. 175, 1. 8. Ce qu'Aristole recite). Cf. Morale à
Nicomaque, VI, v, 8.
P. 175, 1. 26. Mieux sçanant). Rapprocher aussi
cette sentence traduite d'Eschyle que Montaigne
trouvait dans son Stobée : « Qui utilia novit, non qui
multa novit sapiens. » (Sermo III.)
P. 176, 1. 24. Bouha). Lire dans la note ci-dessus :
qui n'est plus le verbe souffler, mais qui signifie « est
facile». En outre des références indiquées, voir le Bul-
letin de la Société des amis de Montaigne, année 1913,
pp. 46 et 54.
P. 179, 1. II. Comme on dict). A la même époque
on retrouve ce proverbe dans des vers, que, nous
dit Binet, Ronsard lui a dictés :
« Tels farouches esprits ont un coup de marteau
» Engravé de naissance au milieu du cerveau, n
(Binet, Discours de la vie de Pierre de Ronsard, édition
Laumonier, 1909, p- 40.
P. 179, 1. 23. Galimathias). Au sujet de ce mot
béarnais, que Montaigne a fait connaître, cf. Sénéan,
dans la Revue du xvi'' siècle, année 1914, p. 363.
P. 180., 1. 15. Regardent à sa reuerence). Dans la
note ci-dessus, lire : dans Guazzo, la Civil conver-
sât ione, que Montaigne avait lu...
470
LIVKK 1, CHAPITRE XXV
P. iSi, 1. I). Glaiiie). Voir aussi l'essai II, xvii,
p. 439, 1. I.
P. i86, 1. 8. Les exainples). Pour tout ce passage,
cf. Thesûro polilico, in cui si contengono trattati,
discorsi, relationi, ragguagli, instruttioni, di molta
importanza... 1589. «Et nondimeno e 1' huomo di
cosi brève durata, che non puô riuscire perfetto in
diverse scienze, ne rendersi habile alla cura di tante
cose diverse per rapportarne il frutto che ricerca,
et nondimeno si occupa ciascuno dietro à questa
scienza, et si vuole intromettere in ogni sorte d'arti,
et pratiche, non accorgendosi che in luogo d'andare
innanzi s" allontana dalla perfefta cognitione, che
sarebbe necessaria, restando poco fondato in una
sola professione. In contrario di ciô i Turchi impie-
gano tutti i loro dissegni nel fatto délia guerra, et
ogni loro pensiero, et studio nell' esercitio dell'armi,
non volendosi dare ad alcun altro mestiere, et com-
piacendosi solamente di quanto puô loro servire per
la guerra. Non è cosa più certa (et cosi lo vediamo
noi per l'Historié) che i Romani furono eccellentis-
simi guerrier!, ma principalmente prima che havessero
aperta la porta ail' arti et scienze che i Greci gli
apportarono, et si fossero dati aile delicatezze dell'
Oriente. La loro gra'ndezza martiale fù nel tempo
che i Consoli loro non si sdegnavano di condurre
l'aratro; che i Medici, i Cirurgici, et genti di simile
professione non haveano credito alcuno tra loro. Et
in etfetto troviamo, che se dipoi terminarono qualche
brava impresa, non fù per valore che fosse restato
tra loro, anzi par la riputatione, et gran possanza,
che per inanzi s' erano acquistata, che sia vero, con
occhi si vede, che cosi tosto ch' hebbero dato luogo
aile scienze forestière conseguentemente per la deli-
catezza dello studio ricevettero rotte notabili, et igno-
miniose perdite si per le mani di lugurta, di Mitri-
date, delli Cinebri, de' Xumantini, di Spartaco, de'
Parti, corne d'altri, per confermationc della quale
opinione, noi troviamo per le historié antiche che
i più bellicosi popoli, quali corne tali lianno termi-
nate le più memorabili imprese, sono stati i più
grossolani, rudi, et assuefatti alla fatica, et à gli in-
comniodi, et lontani anche da ogni civiltà, esenti da
delicatezza vitiosamente introdotta tra noi, et che
tra l'aitre cose non liaveano dottrina alcuna ne co-
.gnitione di scienza, o attione che potesse ammollirc,
ô in modo alcuno divertire le coraggiose delibera-
tioni, et martiali dissegni. Cosi composti furono già
et sono anche hoggidi gli Scithi, quali altre volte
hanno fatto sentire la bravura dei loro eserciti fin
nelle più lontane parti dell' Oriente, verso il Danubio,
et fin aile ripe del Xilo. Non è anche molto tempo
che questi condotti da Quingus loro Re trascorsero
tutto il Levante, saccheggiarono il paese, lasciandolo
pieno di miseria, et desolaiione. Tutta fresca è anciie
la memoria de' fotti notabili del gran Tamburlano,
il quale fin à quest' hora si puô solo vantare d' haver
disfatte in battaglia ordinata l'armi Turchesche, et
condotto il loro Signore prigione, del quale si ser\-iva
di scabello sotto i piedi. Nel nostro tempo i Mogari
popoli grossolani, et inesperti usciti della Scithia,
ô (per dir meglio) di Tartaria hanno fatti grandi
acquisti dalla banda dell' Indie. Ciascuno sa anche
che il gran Cane non meno rustico, et inesperto di
loro, è non di meno uno dei più potenti Rè del
Mondo, dominando sopra un popolo cosi poco civile
quanto se ne possa trovare.
» Xcl tempo che i Goti scorsero saciieggiando con
gran spavento et impeto la Grecia, et corne impe-
tuoso torrente si dilatarono per le fertili campagne
mettendo à sacco tante Città, et Terre opulenti. Tra
le moite prede cadete nelle mani loro gran numéro di
libri d 'ogni sorte di profession!. Quali non sapendo
che famé, voleano come cosa inutile abbrusciare,
s' uno tra loro non s'opponeva, il quale levandosi in
alto grido, che bisognava diligentemente conservarli,
et lasciare (diceva egli) questa peste tra i Greci, per-
cioche à poco à poco li privera del vigore martiale,
com' c solito fare a quelli che troppo si trattengono
nello studio di simili discipline, et scienze, ren-
dendogli totalmente molli, effeminati, et inetti al
mestiere dell' armi, in modo che inviliti di cuore
caderanno più facilmente in preda della nostra for-
tuna, et acquisto.
» Quando Carlo VIII Re di Francia traversô con
un essercito cosi picciolo 1" Italia, et senza sfodrare la
spada ô abbassare la lancia s' impatroni del Regno di
LIVRE I, CHAPITRES XXV A XXVI.
471
Xapoli, et délia maggior parte délia Toscana; dis-
correndo i Signori Francesi tra loio da che poteva
procédera una dapocagine cosi grande, che havevano
ritrovata tra i Priiicipi Italiani, tutti n'incolparono
lo studio délie buone lettere, che rendono i cuori
molli, et che in efîetto non essendo appropriaie che
alla pace rendono 1' huomo timido, et poco atto et
risoluto alla guerra. In ogni tempo, et anche hog-
gidi i Turchi hanno reputati, et stimano i Christiani
di poco valore nell' imprese martiali, per causa délia
diversità dell'arti, à quali ordinariamente sono incli-
nati, et attendono. »
(IV partie, chapitre 11.)
P. 186, 1. 12. le In-iiiic). Rapprocher l'essai II, xii,
p. 206, 1. 8.
P. 187. TiïRK. Pour ce chapitre, voir un article de
J. Dedieu, dans le Bulletin de littérature ecclésiastique,
janvier 1909, où l'auteur cherche à établir que Mon-
taigne a fait de très nombreux emprunts au De liheris
recte institueudis de Sadolet. Voir aussi la réponse
que nous avons faite à cet article dans le Bulletin
du Bibliophile, 1909. Pour se rendre compte des idées
qui avaient cours en Italie sur la matière, on con-
sultera avec grand profit l'ouvrage de Gerini, Gli
scrittori pedagogici italiani del secolo decimosesto (1897).
On constatera que les auteurs italiens dont parle
Gerini, traitent en général comme Montaigne de
l'éducation d'un gentilhomme; qu'ils reprennent les
enseignements de l'antiquité, et le souci de faire
passer l'enseignement moral avant l'instruction, se
prononcent contre la violence, font une grande place
aux jeux dans l'éducation, etc. Voir en particulier
ce qui est dit contre l'emploi de la violence a propos
de Lucio Vitruvio Roscio (p. 168) et à propos de
Silvio Antoniano (p. 457). On remarquera aussi
comme Silvio Antoniano critique l'enseignement de
la grammaire, qu'il voudrait enseigner les langues
anciennes à la manière de langues vivantes par une
méthode qui rappelle celle du père de Montaigne,
qu'il condamne l'éducation des collèges parce qu'on
ne saurait y tenir compte des tempéraments indivi-
duels, qu'il attache un grand prix au choix du gou-
verneur.
P. 187, 1. II. Rongé les ongles). Voir encore du
Bellay, Ls Regrets, .sonnet u. L'expression \ient
d'Horace, Satires, I, x, 71 :
« \'iv05 et roderet ungues » ;
et de Perse, i, 106.
P. 188, 1. 9. L'Histoire). Rapprocher l'essai II, x,
p. 113.
P. 188, 1. 14. Quant aux faculté:^). Rapprocher
l'essai II, x, p. 100, 1. 3.
P. 191, 1. 21. Ce sont icy). Rapprocher l'.lvis au
Lecteur.
P. 194, 1. 18, Socrates et depuis Archesilas). \o\x
surtout Cicéron, De natura dcorum, I, y.
P. 19e, 1. 16. Qu'il oublie hardiment). Dans la note
ci-dessus, après la citation latine, lire : (Sénèque,
épître 12.)
P. 196, 1. 20. Les abeilles). On trouvera d'autres
rapprochements encore dans Claude Binet, Discours
sur la vie de Pierre de Ronsard, édition Laumonier,
1909, p. 231.
P. 197, 1. 5. Epicharmus). ^'oir surtout De la for-
tune ou vertu d' Alexandre, traité second. « Car ainsi,
comme dit Epicharmus, l'entendement voit, l'enten-
dement oit, tout le reste est aveugle et sourd, aiant
faulte de la raison. Les sentiments ont bien leurs
propres et particulières functions, mais qu'il soit vray
que ce soit l'entendement qui approfitte tout, et qui
dispose tout en bon ordre, que ce soit l'entendement
qui surmonte, qui domine et qui règne, et que toutes
autres choses aveugles, sourdes, et sans ame, aggra-
vent et deshonorent ceulx qui les possèdent, si la
vertu n'y est joincte quant et quant, on le peult
clairement apparcevoir et vérifier par les exemples. »
(Chap. III, f° 313 v°.) Le passage cité dans la note
ci-dessus est au chapitre m du traité intitulé : Quels
animaux sont les plus advisc:;^. »
P. 197, 1. 20. Le Palucl ou Pompée). Pompco
Diobono, fameux maître de danse milanais, passa
les Alpes à la suite de Brissac en 1554; il fut comblé
d'honneurs à la cour de France où il occupa une
haute situation sous Henri II, François II, Charles IX
et Henri III. Ludovico Palvallo est également un
maître de dan.se de Milan qui, de même encore que
472
LIVRE I, CHAPITRES XXVI A XXXI.
Virgillio Bracesco vint de Milan à la cour de Henri II.
(\'oir Cesare Negri, Gratie d'Ainor; et Prunières,
Le Ballet de cour en France. 19 13, p. 52.)
P. 198, 1. 4. Visite des pays esirangers). Rapprocher
l'apologie des voyages dans l'essai III, ix.
P. 2X1, 1. 21. Vn enfant en est capable). Cette idée,
développée avec tant d'insistance par Montaigne, se
retrouve chez Erasme, dans la préface des Colloques.
P. 214, 1. 16. Et cruauté). Dans la note ci-dessus
(p. 81), lire : Cf. les mêmes idées dans l'essai II,
VIII, p. 75, 1. i.
P. 221, 1. 25. Le jand'on). On retrouve ce sophisme
plaisant chez Noël Du Fail : « Bœuf salé fait bien
boire; bien boire passe la soif; ergo bœuf salé passe
la soif. » (^Œuvres, tome II, p. 20.)
P. 226, 1. 4. C'est à la fin de 1554 que, succédant
à Peletier, Buchanan devint précepteur de Cossé-
Brissac. Il semble être resté en fonction jusqu'en 1560.
P. 228, I. 13. Quasi toute nostre noblesse). Sur le
mépris que, à la fin du xvi' siècle, la noblesse
avait souvent encore pour les livres, cf. une lettre
d'Agrippa d'Aubigné dans les œuvres de cet auteur,
éd. Réaume, t. I, p. 480.
P. 233, 1. II. La volonté de Dieu). Rapprocher
l'essai II, xxxii, p. 283, I. 12.
P. 234, 1. 24. Que le conte de Foix). Evidemment,
en marge de son Froissart, Montaigne avait à ce
passage mis une annotation, car en marge de son
Nicole Gilles (f° 107 v°), à l'occasion du fait allégué
dans le même essai un peu plus bas (p. 234, 1. 27), il
écrit : «Voyez à propos de tels contes mon Froissart,
volume III, chapitre xvii. » (Cf. annotation 25, Rnuie
d'histoire littéraire de la France, année 1909, p. 241.)
Il est à remarquer d'ailleurs que dans d'autres anno-
tations du Nicole Gilles, Montaigne manifeste moins
de dédain qu'ici pour Froissart. Il renvoie souvent
à cet auteur. Au tome II, f" 36, au sujet d'un récit
de Nicole Gilles, il écrit : « Je ne sai d'où il prant
st' histoëre, mais Froissart qui non seulement est
meilleur et plus diliiant chroniqueur et étoët de ce
tans la, mais ancore qui fut élevé et nourri aveq ste
princesse de Galles, n'an dit rien...» (Annotationioi;
cf. Rei'ue d'histoire littéraire de la France, année 1912,
P- I33-)
P. 238, 1. 9. Desinit in pisceni). Lire : Horace, Art
poétique, 4.
P. 239, 1. II. Les mémoires de La Boëtie sur
l'édit de janvier ont été récemment retrouvés à la
bibliothèque d'Aix par M. Paul Bonnefon qui les
a publiés dans la Rame d'histoire littéraire de la France
(année 1917).
P. 241, 1. 26. Keque eniin est dea). Lire : Citulle,
Epigr., Lxviii, 17.
P. 252, 1. 17. Quent sempcr accrhnm). Dans la note
ci-d€ssus (p. 91), lire : Virgile, Enéide, V, 49.
P. 260, 1. 3. Auec celles qui ont). Il est curieux de
retrouver la même interdiction chez Paré (début du
Traité des monstres') appuyée sur l'autorité de « Esdras
le prophète », sur celle de « Moïse lévitique » et sur
l'expérience des anciens.
P. 260, 1. 3. Zenobia). \ow en outre, de Cholières,
Les Matinées, ouvrage qui venait de paraître. « Soyez
au moins aussi sobre que ceste royne des Palmv-
réens, Zenobie, laquelle (au rapport de Jules Capi-
tolin) n'eût permis à son mary qu'il luy donna
double recharge, car, aiant receu les distillations de
l'alambic marital, pour laisser rasseoir la matière,
elle prenoit temps jusques au passage des rougets de
sa lune... ». (IX" matinée.)
P. 264, TITRE. Pour l'originalité de cette idéalisa-
tion de la vie des sauvages et de l'état de nature,
voir Gilbert Chinard, L'Exotisme américain dans la
littérature française au xn' siècle, chap. v. On verra
qu'en face d'une tradition qui ravale les sauvages
jusqu'à en faire des animaux à peine supérieurs, une
autre tradition, qui vient du moyen âge et qui a
influencé certaines relations écrites au xvi"= siècle sur
le Nouveau Monde, se plaît à projeter dans les paj's
lointains les rêves d'innocence et de vertu qui s'épa-
nouissent à la faveur de la satire sociale. Le thème
est indiqué autour de Montaigne chez Jodelle et
chez Ronsard. L'exemple de Tacite dans ses Mœurs
des Germains a eu, je crois, plus d'influence sur
Montaigne.
P. 265, 1. 3. Platon introduit Solon). Ainsi que l'a
montré M. Gilbert Chinard, Montaigne suit ici non
Gomara ni Thevct, mais Benzoni, dans la traduction
de Chauveton. Benzoni s'inspire d'ailleurs de Gomara :
LIVRE I, CHAPITRE XXXI.
473
« C'est Solon, l'un des sept sages de la Grèce, qui
raconte cela dans les Dialogues du Tiiiure et du Critias
où le philosophe Platon le fait parler; comme l'ayant
ouy dire aux Prestres de la ville de Sais en Egypte...
» C'est que jadis il y avoit une grande isle nom-
mée Atlantide, droict a la bouche de l'Estroit de
Gibraltar, qui tenoit plus de pays que la Libj^e et
l'Asie ne sont toutes deux ensemble. Et que la dedans
il y avoit de grands Royaumes et de fort puissans
Rois qui pour lors non seulement tenoyent toute
l'isle, mais mesme ayant ancré bien avant dans la
terre ferme, possedoyent de la largeur de l'Afrique
jusqu'en Egypte, et de la largeur de l'Europe jusqu'en
la Toscane. Si un jour prist envie a ces Rois... d'en-
jamber jusques sur l'Asie et mettre sous leur main
toutes les nations qui bordent la mer Méditerranée
jusqu'au Golfe de la mer Euxine ou Majour qu'on
appelle... Ils traversèrent les Hespagnes, les Gaules,
l'Italie sans trouver aucune résistance, passant presque
toujours sur leurs terres jusqu'à ce qu'ils fussent en
Grèce. Encore n'y eut-il la personne qui osast leur
faire teste : exceptez ceux d'Athènes (qui estoit desja
des lors une puissante Republique et la première
ville de la Grèce) sous les ailes desquels les aultres
Grecs s'allèrent jetter. Car les Athéniens soustindrenl
eux tous seuls ce gros orage de guerre et desfirent
en bataille rangée tous ces Rois d'outre mer... Mais
de malheur quelque tems après il survint subit
comme personne n'y pensoit de grans changemens
au monde et n'ait donné aux uns ce qu'il ostoit aux
aultres (comme quelques anciens auteurs l'ont laissé
par escrit), que la mer ha retranché la Sicile d'avec
l'Italie, Chippre d'avec la Sulie, l'isle de Négrepont
de la terre ferme de la Bœoce, et quelques autres;
et au contraire qu'elle a joint ailleurs quelques isles
a la terre ferme et comble le fosse d'entre deux,
toutes fois si n'y ha-il pas grande apparence, quoique
Gomara die qu'il n'en faille plus douter ny disputer,
qu'une isle qui touchait presque l'Hespagne, s'en
soit reculée douze cens lieues au loing, que l'on
conte depuis l'Espagne jusqu'en ce paj's la. Outre
ce que les navigations des modernes ont desja presque
descouvert que ce n'est point une isle : ains une
terre ferme et continente avec l'Indie Orientale d'un
coste : et avec les terres qui sont sous les deux Pôles
d'autre part; ou si elle en est séparée c'est de si
petit Estroit et intervalle, qu'elle ne mérite pas d'en
estre nommée isle pour cela.
» 11 se trouve encore aujourd'huy un petit livre
(entre les œuvres d'Aristote combien qu'aucuns pen-
sent que ce soit plustost quelqu'un des disciples
d'Aristote, que luy mesme qui en soit l'auteur) inti-
tulé Des Nouvelles merveilleuses, ou des choses est ranges
que l'on ha ouy dire. Quiconque en soit l'auteur il
raconte que certains Carthaginois s'estans jettez au
travers de la mer Atlantique, hors des Colones
d'Hercules (c'est l'Estroit de Gibraltar qu'on l'appelle)
et navigué longtemps, avoyent descouvert enfin une
grande isle fertile toute revestue de bois et arrousee
de grandes et profondes rivières, fort esloignee de
toutes terres fermes, et qu'eux et d'autres, depuis
attirez par la bonté et fertilité du terroir, s'y en
allèrent avec leurs femmes et enfans et commencèrent
a y peupler et s'y habituer. Les seigneurs de Carthage
voyans que leurs paj'-s se despeuploit peu a peu
firent défense sur peine de mort, que nul n'eust
plus a aller là et en chassèrent ces nouveaux habitans,
craignans (a ce qu'on dit) que par succession de tems
ils ne vinssent a multiplier tellement qu'ils ne les
supplantassent eux-mesmes et ruinassent leur Estât. »
P. 267, 1. 29. Sans m'enquerir de ce que tes cosmo-
graphes). Au contraire de ce que j'ai écrit dans la
note ci-dessus (p. 99) M. Gilbert Chinard a pensé
établir que Montaigne nous a trompés, et qu'il a
puisé des informations à tout le moins dans la rela-
tion de Jean de Léry. Voir à ce sujet Chinard,
L'Exotisme américain dans la littérature française au
xvi" siècle, pp. 195 et suivantes. Il me semble que
M. Chinard accuse Montaigne à tort. Voir mon
compte rendu de son ouvrage dans la Revue d'histoire
littéraire de la France, année 19 12, p. 207.
P. 270, 1. lé. Hos natura). Lire : Géorgiques, II, 20.
P. 274, 1. II. De freschc mémoire). Miss Grâce
Norton me propose de voir ici un souvenir d'un
massacre de huguenots qui eut Heu près de Tou-
louse en 1561, et au sujet duquel Montluc, dans ses
Commentaires (à la date du 15 novembre), rapporte
474
LIVRE I, CHAPITRES XXXII A XLIX.
qu'après avoir été inhumainement massacrés, les
réformés furent « fliicts cruellement dévorer aux
pourceaux ».
P. 2J9, 1. ij. fin a\ vif). Montaigne manifeste
le même goût pour ce genre de poésie dans l'essai I,
uv, p. 403, 1. 24.
P. 281, 1. 8. De haut de chausses). Pour la genèse de
l'expression, rapprocher l'essai I, xui, p. 336, 1. 9.
Dans la chronologie de l'essai Des cannibales (ci-
dessus p. 102) ajouter : «Le début de l'essai, étant pris
à la traduction de Benzoni par Chauveton, laquelle
date de 1579, est au plus tôt de 1579. Si nous rap-
prochons cet argument de ceux qui ont été donnés
ci-dessus, il }• a tout lieu de supposer que l'essai
tout entier est de 1579.
P. 283, 1. 25. Deux viûuldurcs). On retrouve la
même expression chez Rabelais, I, xi. Voir Leroux
de Lincy, Le livre des proverbes fiançais, 11, 264.
P. 295, 1. 28. De l'emperur Seneiiis). Rapprocher
Hérodien, III, vi.
P. 304, 1. 10. Victrix causa). Lire : cxvui.
P. 305, 1. 7. Le Comte de Montfori). Dans la marge
de son Nicole Gilles, t. II, f° 30 r°, Montaigne écrit :
« A ce que le lecteur jie si trompe, ce jan n'est
pas celui qui premier querela le duché de Bretaigne
contre Charles de Blois, eins son fils, de mêmes nom,
qui espousa l'une des filles d'Edouard, roë d'Angle-
terre, et qui etoët encore fort ieune lors de ste
défaite de son adversaire. » M. Dezeimeris remarque
{Revue d'histoire littéraire de la France, année 1912,
p. 128) que la jeunesse de Jean de Montfort, présente
à l'esprit de Montaigne, a pu le rendre sensible à la
fin d'un prince vaillant. Pour Froissart, voir l'édi-
tion de Tournes, I, ccxxviii; éd. Buchon, I, 11, 191.
P. 30e, 1. 3. Tutumque). Lire : Lucain, IX, 1037.
P. 309, 1. 3. Nous ne sommes pas ne:^). Pour l'ex-
pression, rapprocher Cicéron, De fmibus, I, xii.
P. 309, 1. 13. De mille). Lire : Ecch'siaste, au lieu
de : Ecclésiastique.
P. 309, 1. 14. Rari). Lire : Juvénal, xiii, 26. Cette
citation a peut-être été suggérée à Montaigne par
un ouvrage de Buchanan.
P. 310, 1. 9. Albuquerque) . Lire : Cf. Osorius,
Histoire du Porliii^al...
P. 314, 1. 17. Il apprendra). Rapprocher des idées
analogues dans V Eloge de la Folie, d'Erasme, ch. xlix,
et ch. IV.
P. 315, 1. 25. Sociales dict). Lire : ... qui est rap-
porté dans YAiitlxilogie de Stobée...
P. 316, 1. 22. Tuta et parvula). Lire : «Je loue
un tout petit avoir et sa sécurité, quand la fortune...
P. 318, 1. 6. Que Xeiiophon attribue à Cyrus). Lire :
Economiques, IV, xx.
P. 321. 1. 20. L'vn). Il s'agit d'Épicure; ci. l'épître 21
de Sénèque.
P. 326, 1. î). Non est oruamentunij. Lire : ép. 115.
P. 329, 1. 5. L'escris mes lettres). Au sujet de ce
que Montaigne dit ici de lui-même, on peut voir
l'article de M. Labande, «Correspondance de Mon-
taigne avec le maréchal de Matignon » (Revue du
xri' siècle, t. lY, année 1916, p. 9).
P. 333, 1. II. C'est merveille que). Lire : (Ép. 76,
P- I73-)
P. 339, 1. 4. Tolus lT" argeiito). Lire : (Tibulle, I,
II, 71.)
P. 344, 1. 28. Lire : Vie d'Atticus, 11.
P. 347, 1. II. Nous nous tenons descounerts). «La
coutume de se tenir teste nue devant les roys ne s'est
introduite que depuis Henri II, du temps duquel en
sa propre chambre nul ne se tenoit descouuert, et
s'il eust un quelqu'un descouuert, il lui eust enuoyé
demander ce qu'il vouloit, ainsi que ie l'ai appris de
feu Monsieur le connestable de Montmorency, mais
à présent la coutume est autre... anciennement, nos
rois estoient à table par les gentilshommes estant
couuerts et ne permettoient pas qu'en leur chambre
les princes, seigneurs ni gentishommes demeurassent
nue teste s'ils ne parloient au roy; mais quand le
feu Henri III revint de Pologne, il permit que ceste
liberté fust changée en l'imitation des princes estran-
gers qu'il avoit visités en son voyage. » {Recueil des
ordonnances et règlent, des conseils du roi (manuscrit),
Monteil, xvr siècle, station 66, note 88.) Texte cité
par Grùn, La vie publique de Michel de Montaigne,
page 152.
P. 351, 1. 4. /:// ceruelle). Cette expression, qui
est de 1595, est celle-là même que Montaigne em-
ploie dans la marge de son Quinte-Curce à propos
LIVRE 1, CHAPITRES I. A LI.
475
de ce même fait. Cf. IV, xiii, 15, 16; éd. de 1545,
p. 49. Cf. aussi les annotations du Nicole Gilles
publiées par M. Dezeimeris, Revue d'hisloirc Vitléraiic
de la France, année 1916, p. 438.
P. 351, 1. 22. Pline en alhoue). Parmi beaucoup
d'autres du même genre, une allégation de Pline est
rapportée dans la Philosophie occulte d'Agrippa (I,
Lviii), que Montaigne lisait sans doute vers l'époque
où il a écrit cet essai.
P. 357, 1. 16. Chacun, clierchant). On trouve un
mouvement analogue au chap. xlii de YÉlogc de la
Folie d'Erasme.
P. 361, 1. 2. Eri(.)v). Rapprocher l'essai II, \n,
p. 229, 1. 20.
P. 361, 1. 16. Ourir espérance). Pour la pensée,
rapprocher Plutarque, Les dicts notables des Lacedenio-
niens, i" 214 r°.
P. 376, 1. 10. Les armées Turquesques). Cf. l'ou-
vrage intitulé Tesoro politico, in cni si eonteiii^ono
traitât i, discorsi, relationi, ragguagli, instrultioni, di
vwlta iniportan:^a per gli nianeggi, intcrressi, pren-
tensioni, dipendcn^e e disegni de principi. « In oltre
la sobrietà, et parcimonia (familiari ai suoi soldati)
non fanno languire 1' acceleratione délie sue imprese,
contentandosi (come fanno) di bere acqua pura,
mangiare riso, et carne salata che riducono in polvere
et délia quale ne porta ciascuno la sua provisione
quasi per un mese : et quando il riso et carne salata
gli mancano, essi sanno vivere dei loro cavalli stessi,
quali salano, come fanno anche i Moscoviti, et i
Tartari. » (II, iv.)
P. 383, 1. 7. At tihi). Martial, XI, lviii, ii.
P. 3 83, 1. 19. Has vohis epulas). Lire : (Martial,
VII, XLVIII, 4.)
P. 388, 1. 22. Ingérai ie d'Alexandre). Rapprocher
Plutarque, Vie d'Alexandre : « Les plus grants et les
plus glorieux exploits ne sont pas toujours ceux qui
montrent mieulx le vice ou la vertu de l'honune;
ains bien souvent une légère chose, une parole ou
un jeu mettent plus clairement en évidence la nature
des personnes. >>
P. 396, 1. I. Attilius Regulns). Lire : Sénèque, De
coiisolatioiie ad Helviain...
P. 399, I. 17. Coniiiiuni). Cette sentence est sou-
lignée par Montaigne dans son exemplaire de César,
p. 251.
P. 401, 1. 17. Sancho). On peut voir à ce sujet
VHisloire de Navarre de Favyn qui renvoie notam-
ment au livre V de Rodericus de Tolède.
P. 402, 1. 15. 7/ y rt ignorance ahecedere). Rappro-
cher l'essai II, xii, p. 285, 1. 23.
P. 403, 1. 17. Le cul entre deus selles). Dans les
Adages d'Érasme (I, vu, 2) on trouve le proverbe
« duabus sedere sellis». C'est un proverbe ancien
en français : dans les Proverbes du vilain, « entre
deux arçouns chet cul à terre » ; dans les Proverbes de
France, « entre deux selles chet dos à terre » (Leroux
de Lincv, n, 389). L'expression se retrouve chez
Rabelais. Cf. la Revue des Études rabelaisiennes (N'II,
382), à laquelle nous empruntons ces indications.
P. 404, 1. 7. Esprits communs). Rapprocher l'essai II,
xvii, p. 442, 1. 20.
P. 418, I. 14. Clare cuni di.xit). Lire : (Horace,
Ép., I, XVI, 59.
LIVRE SECOND.
P. 3, 1. 28. Tiih's siiiit). La milnie citation se
retrouve dans l'essai II, xii, p. 314, L 10.
P. 8, 1. 5. Foltiplatein lonlciuiimit). Cf. Cicéron,
De officiis, I, .\xi.
P. 8, L 19. A qui n'a dressé). Lire : Ep. 94.
P. 16, L 4. Faire le tour). Pour le sens de cette
expression, voir le Bulletin îles Amis de Montaigne,
III, p. 28 et p. 42.
P. 17, 1. II. Platon defant). Lire : Lois, 11, (,66.
P. 17, 1. 16. Qiii redone). Id., ihid. : Cette phrase
est encore empruntée de Platon. Voir aussi pour la
phrase suivante la fin du livre I des Lois.
P. 18, 1. 3. Qiu- le vin). Id., ibid., 11, 672.
P. 18, 1. 4. Ces restriuctions). Id., ihid., 11, 674.
P. 18, 1. 20. Mettre en doubte). Rapprocher l'essai I,
XII, p. 34, 1. 20.
P. 18, 1. 23. Lucrèce). Rapprocher l'essai II, xii,
p. 293.
P. 21, 1. 22. Folie). Des idées analogues sont dé-
veloppées dans l'Eloge de la Folie, où la Folie déclare
en particulier que la vérité est le lot exclusivement
de l'ivresse, de l'enfance et de la folie. Elle allègue
également que Platon a compté parmi les plus grands
biens de la vie les transports des poètes. (Voir en
particulier chap. xxxvi et xx.wiii.)
P. 33, 1. 9. Suy liant h reigle du bon Marot). Voir
Marot, éd. Jannet, t. III, p. 29, épigr. lxviii.
P. 33, 1. 12. Liiciiis Arunlius). Lire : Annales, V,
XLVIII.
P. 76, 1. 2. Eslre d'Aristote). Cette opinion est
prêtée à Aristote dans les Apophîhegnies d'Erasme
(éd. 1533, p. 158).
P. 76, 1. 9. Les anciens Gaulois). En face du texte
cité dans la note ci-dessus (p. 198), dans son
exemplaire de César Montaigne écrit en marge :
« [Ils] ne se dépucellent [qu'] après vingt ans. »
P. 77, 1. 26. Solve senescentem). Lire : «... dételer
à temps ton cheval... au bout de la carrière... »
P. 85, 1. 2. -A ce que dit Cœsar). Dans son exem-
plaire de César, en face du passage cité dans la note
ci-dessus (p. 199), Montaigne écrit en marge : «Les
enfans ne [se] treuvent dev[ant] leurs pères que
[prêts] à porter [armes]. »
P. 103, 1. 24. Le Decaineron). \'oir aussi à ce sujet
le Journal de voyage de Montaigne, éd. Lautrey,
pp. 389 et 444.
P. 105, 1. 22. Ceu.x qui luy comparent). On trouve
un écho de leur opinion dans les vers de Daurat
que voici :
« Pctrarca haud cedct, culte Bibulle, tibi.
» Nec tu Virgilio concesseris ause furorein
» Orlandi Etrusca, Arioste, tuba. »
P. 106, 1. 2. Le premier itige des poètes Romeins).
Lire : Art poétique, 270.
P. 113, 1. II. Quant & quant l'home). Rapprocher
l'essai I, xxvi, p. 202, 1. 21.
P. 113, Texte de 1588. Je recherche). Rapprocher
l'essai II, xxxi, p. 519, 1. 13.
P. 114, 1. 6. Les humains ouurages). Cette expres-
sion lui est suggérée peut-être par un mot d'une
épître de Fulvio Orsini qu'il mit au début de son
exemplaire de César (Anvers 1570) : « Contigit enim
divinis Cïesaris scriptis... »
P. 114, 1. 9. Comme dit Cicero). Compléter ainsi
la note : Il trouvait dans cette édition non seulement
LIVRE II, CHAPITRES X A XII.
les jugements du Briitiu (p. 21), mais ceux du De
oratore (lib. III) et du De offuiis (lib. I); celui-ci
aussi, qui est rapporté par Suétone : <i Quid ora-
torum ? Quem huic antepones eorum qui niiiil aliud
egerunt ? Quis sententiis aut acutior, aut crebrior ?
quis verbis aut ornatior, aut elegantior ? » (p. 22).
P. 116, 1. 2. Les seules hones histoires). Rapprocher
un passage d'une épître (Manucii epistula) que Mon-
taigne trouvait dans son César, à la page 23 : «Rébus
gerendis non interiuit modo, verum etiam prœfuit :
quo factum ut usum quoque, qui valet in scribenda
historia multum, cum doctrina conjunxerit. »
P. 116, 1. 13. Asinius Pollio). Compléter ainsi la
note : ... dans son édition de César (Anvers 1570,
p. 23).
P. 119, 1. 7. La dctiiiction). Rapprocher I, xvii,
p. 81, 1. 24.
P. 131, 1. 10. le sçay). Rapprocher l'essai III, v,
p. 134, 1. 24.
P. 151, 1. 16. Abus). Cette idée est exprimée dans
y Éloge de la Folie d'Érasme : « Animadvertile pueros,
senes, mulieres, ac fatuos sacris ac religiosis rébus
prœter ceteros gaudere, eoque semper altaribus esse
proximos. » (lxvi, éd.. de 1522, p. 354.)
P. 154, 1. 17. Oj yâîj. Cette sentence figurait sur
les travées de la bibliothèque de Montaigne.
P. 157, 1. 20. Finit aller amores). Lire : ... Mani-
lius, IV, 79 et 118.
P. 158, 1. 22. Calamileiise et frai le). Rapprocher
l'essai II, xii, p. 207, 1. 22.
P. 158, Texte de 1588. Dict Pline). Rapprocher
l'essai II, xiv, p. 380,' 1. 9 et la note.
P. 160, 1. 3. Les cosiiwgraphes). Lire : Histoire natu-
relle, VI, XXXV.
P. léi, 1. 7. Qnoi des mains?). Tout ceci e.st pris
de très près de Quintilien, Institut, orat., livre XI,
LXXXVI.
P. léi, 1. 15. De la teste). Id., ihid., XI, lxxii.
P. 162, 1. 19. Les arondelles). Vague réminiscence
d'un passage de Plutarque, Quels sont les animaux
les plus advise^ : « Nous voions tous les jours les
provisions que font les hirondelles avant que faire
leurs petits, comment elles mettent dessoubs, pre-
mièrement les plus gros & plus durs festus pour
taire le fondement, & puis y entre-lassent d'autres
plus déliez : & s'ils voient que leur nid ait besoing
de limons gluant & collant, elles volent à fleur d'eau
sur les eaux des rivières ou de la mer, mouillant
un petit leurs aeles, tant qu'elles en soient seulement
un peu moittes, & non pas chargées d'humidité,
& puis prenants de la poulciere, elles en plastrent
& lient ce qui lasche en leurs nids, ou qui menasse
de mine : & quant à la forme & figure, elles ne les
font point à plusieurs faces ny à plusieurs encon-
gneures, ains également unys par tout, approchant
le plus qu'elles peuvent de la forme ronde, comme
est une boule, pour ce qu'est la plus propre pour
faire tenir fermement, & la plus capable au dedans,
& qui donne moins de prises aux autres bestes qui
leur voudroient courir sus du dehors.
» Et les ouvrages de l'aragnée, dont les femmes
ont pris le patron pour ourdir leurs toiles, & les
chasseurs pour brocher leurs pans de rets, sont gran-
dement a esmerveiller pour plusieurs raisons : pre-
mièrement pour la subtilité des filets, qui ne sont
point distincts l'un de l'autre, ny rangez tout du
long, comme a l'essaim a la tissure d'une toile, ains
l'entretienent, comme une taj'e toute unie, collée
avec je ne sça}' qu'elle humidité gluante, qui est
imperceptiblement meslée parmy & puis le taint
& la couleur qui fait paroir de loing que ce ne soit
qu'un air espais & obscur, a fin que moins on s'en
apparçoive. » (F° 512 r''.)
P. 163, 1. 26. Ces plaintes vulgaires). Rapprocher
l'essai I, xxxvi, p. 294, 1. 12.
P. 165, 1. 5. L'estomac). Rapprocher l'essai I, xxxvi,
p. 295, 1. 8.
P. 172, 1. 16. Les pons). Vers 1564, en lisant dans
son Nicole Gilles le récit de la mort du roi Henri V,
qui fut as.sailli par une armée de pous, Montaigne
avait inscrit dans la marge : « Plutarque, en la Vie
de Sylla, remerque quelques examples de mort
pareille. » (V'oir Rnnie d'histoire littéraire de la France,
année 191 1, p. 142.)
P. 176, 1. I. Les plus ieunes). Il semble bien que
Montaigne se rappelle ici un passage de Pline, His-
toire naturelle, X, xliii.
P. 181, 1. 20. Le poulpe). Montaigne lisait quelque
LIVRE II, CHAPITRE XII.
479
chose d'analogue au sujet du « larande » chez Rabe- j
lais, IV, II. Évidemment, d'ailleurs, c'est le texte de
Plutarque qu'il a présent à l'esprit en écrivant.
19S, 1. 13. Qii'ppe videhis). Lire : « .. et tendre
tous leurs muscles... »
P. 203, 1. 6. La Philosophie). Cette idée avait été
rencontrée par Montaigne en outre dans VÉIoge de
la Folie d'Érasme. « Rursum inter homines idiotas
multis partibus anteponit doctis ac magnis, et Gryllus
ille non paulo plus sapuit, quam -z\j\j:r-.:z Oîjsiî'j;
qui maluerit in ara grunire, quam cum illo tôt mi-
seris objici casibus. » (xxxv, éd. de Froben, 1522,
p. 195.) Il faut noter que dans tout ce passage
Erasme insiste sur cette idée, chère à Montaigne,
que quand on est sage et instruit on ne s'abandonne
pas assez à la nature; que pour le bonheur il faut
faire à l'art le moins de place possible.
P. 210, 1. 24, A la santé iiiesme). Rapprocher
Plutarque, Que l'on ne saurait vivre joyeusement selon
Epicurus : « De laquelle (la chair) les médecins
mesmes nous admonestent de craindre, voire de
réprimer et diminuer le suprême en-bon-point : car
c'est chose périlleuse, ce dit Hippocrates, que la
bonne disposition quand elle est arrivée a son der-
nier poinct. » (v, f" 280, v°.)
P. 213, 1. 4. Fouleivous vn homme sain). On trouve
ces mêmes idées développées chez Érasme, Eloge de
la Folie, xxxiii et seq.
P. 217, 1. 4. Aux théâtres). Dans YÉloge de la
Folie, Érasme avait déjà emplo}^é cet exemple aux
mêmes fins que Montaigne l'allègue ici : « Neque
perperam sensit Argivus ille, qui hactenus insaniebat,
ut totos dies solus desideret in theatro, ridens, plau-
dens, gaudens, quod crederet illic miras agi tra-
gœdias, cum nihil omnino ageretur, cum in cx-teris
vitaî officiis probe sese gereret, jucundus amicis,
comis in uxorem, posset qui ignoscere servis, et signo
lœsic non insanité lagenœ. Ilunc ubi cognatorum
opéra datis pharmacis morbo levasset, sibique jam
totus esset redditus, hune in modum cum amicis
expostulans, Pol, me occidistis amici, non servastis,
ait, qui sic extorta voluptas, et demptus per vim
mentis gratissimus error. » (xxxvn, éd. Froben, 1522,
p. 205.)
P. 222, 1. 22. Par les tesmoins). Voir aussi Y Éloge
de la Folie (lxv, éd. Froben, 1522, p. 351.)
P. 223, 1. 8. le destniiray). Ce texte est cité par
Érasme dans VÉloge de la Folie, au passage même
qui est signalé à la note précédente.
P. 223, 1. 29. Ce que Vclleius). Lire : De natura
deoruni, I, vu; t. IV, p. 186.
P. 245, 1. 26. Xenophanes). Cf. Diogène Laërce,
IX, XIX.
P. 246, 1. 10. Epicurus). \oiT :mssi De divinatione,
II, XVII.
P. 246, 1. 13. Ego dcûm). Supprimer « j'ai toujours
cru ».
P. 253, \. II. La nostre). Cf. César, De hello gal-
lico (\'I, xvi), passage à propos duquel Montaigne
écrit dans la marge de son exemplaire (p. 118) :
« [sac]rifices d'homes. »
P. 262, 1. 29. Faire cjue son corpsj. Les mêmes
idées sont développées poétiquement par Ronsard
au début de la Remonstrance au peuple de France. On
y retrouve aussi la dispute « grammairienne » sur le
« Hoc est corpus nieuni » . (Ronsard, Œuvres, édition
Blanchemain, t. VII, pp. 57-58.)
P. 265, 1. 26. Comme les enfans). Cf. Sénèque,
ép. 24.
P. 269, 1.-20. Ilaest). Lire : «C'est une habitude... »
P. 272, 1. .21. Cum veritatcm). On a justement
remarqué que Montaigne semble attribuer à Varron
une réflexion ironique de saint Augustin : « Pr^e-
clara religio que confugiat liberandus iniîrmus, et
cum veritatem qua liberetur inquirat, credatur ei
expedire quod fallitur. »
P. 275, 1. 13. Timon). Voir l'essai II, xvi, p. 404,
1. 16, et la note.
P. 283, 1. 3. Sanguineain). Lire : Enéide, IX, 349.
P. 290, 1. 7. Instillata). Lire : Horace, Odes, IV,
IV, 29.
P. 307, 1. 9. Monnoyes). Ajouter à la note ci-
dessus (p. 262) : voir aussi le Galateo de Giovanni
délia Casa, édition de Lyon, 1573, f° 18 v°.
P. 324, 1. II. laques Peletier). Peletier du Mans, qui,
arrivé à Bordeaux en 1572, semble y être resté jus-
qu'en 1579, s'est occupé à cette époque de la philo-
sophie pyrrhonienne et en a composé une réfutation.
480
LIVRE II, CHAPITRES XII A XX.
Voir Jacobi Peletarii tnedici et inalhaiiatici oratio Pictavli
habita in prxdectioms mathcmaticas (Pictavii 1579).
« Scripsi contra Pirrhoniorum opinionem, qui nihil
sciri neque sentiri, denique niliil esse in natura,
quod verani dici possit, contendebant. Quorum
sententiam quamvis Cicero scribat jampridem esse
explosam, eam tamen video hac nostra aetate a
quibusdam renovatam : adeo nihil est in omni gé-
nère disputationis tam absurdum, tam alienum, tam
falsum cui non reperiantur assertatores. Atque eadem
opéra scripsimus contra academicos qui pirrhoniis
proxinii verum quidem in natura esse non negant,
sed illud verum perpétue inquirunt. » {Rcinie de la
Renaissance, 1904, p. 286, texte édité par M. Lau-
monier.)
P. 326, 1. I. En la pins fameuse). Compléter ainsi
la note ci-dessus (p. 265) : On peut citer en parti-
culier : « Cum \\xc igitur deus ille qui semper est, de
aliquando futuro deo cogiiaret, lenem eum effecit...
corpusque ex corporibus totis et perfectis totum
atque perfectum. Animam autem in ejus medio col-
locavit, perque totum tetendit, atque ea corpus
ipsum etiam extrinsecus circuntexit, mundumque
huncunum & solum solitariumque & circularem
volvi in circulum siatuit, qui propter virtutem secum
ipse facile coercere possit, nullius alterius indigens,
satisque ipse sibi notus atque amicus. Itaque omnibus
his de causis mundum opifex ejus beatum deum
effecit... Postquam igitur secundum creatoris illius
mentem tota animœ constitutio absoluta fuit, mox
omne corporeum intra ipsam effinxit, mediumque
média; accommodans apto modulamine copulavit...
Et corpus quidem cœli spectabile factum est... ipsa
quoque opiima omnium qu£e genita sunt effecta...
Has ob causas nata sunt ea astra quœ pcr cœlum
meantia conversiones habent, ut hoc omne animal
quod videmus esset perfectissimo animali illi quod
mente percipitur, harmoniœ imitatione simillimum...
Horum vero deorum choreas, & inter ipsos concur-
siones, circulorumque ipsorum revolutioncs varias
& accessus, quales prœterea fiant conjuncti sibi invi-
cem vel oppositi, .sive ante inter se, sive rétro...
quidve ex illorum série nobis proveniat... haie...
absque diligent! simulachrorum, ipsorum inspectione
explicare velle, inanis est labor... Terras cœlique filii
Oceanus et Tethys fuisse traduntur. » (Pp. 34-40;
éd. de 1546, pp. 707-710.)
P. 332, 1. 20. Virga tua). Lire : «... consolé. »
P. 333, I. 20. Arislotc). Cf. Morale à Nicomaqiie,
IV, III.
P. 334, 1. 25. Trois et quatre fois). En 1534, date
à laquelle Henri Mil est proclamé chef de l'Église
d'Angleterre; à l'avènement de Marie Tudor (1553);
à l'avènement d'Elisabeth (1558).
P. 337, I. 22. Nihil itaque ainpliiis). Ce texte est
une déformation d'un passage du De finibus (V , xxi)
que voici : « Sed virtutem ipsam inchoavit : nihil
amplius. Itaque nostrum est (quod nostrum dico,
artis est) ad ea principia, qu£e accepimus, conse-
quentia exquirere, quoat sit id, quod volumus,
effectuin. » (Texte de l'édition de Paris, 1538.)
P. 361, 1. I. Nostre saline). Cette idée se retrouve
chez Pline, VII, 11, 7.
P. 367, 1. 15. Sauf le sul Parmenides). Cf. Platon,
Théêtète : « Et in hoc omnes per ordinem sapientes
excepte Parmenide consenserunt... Homerus in tra-
gœdia. Nam cum Oceano diceret deorum genera-
tionem et matrem Thetym, omnia ex fluxu motiique
genita predicavit. » (xxvii, 180; éi de 1546, p. 152.)
P. 394, 1. 7. Ressamblance de l'ombre). \'oir aussi
Sénèque, épître 79.
P. 423, 1. 7. Molliterj. Lire : « Le plaisir trompant
l'austérité du labeur. »
P. 423, 1. 21. Ce naturel puisant, paresseu.x & fay
néant). Rapprocher l'essai I, .\xvi, p. 228, 1. 19.
P. 426, 1. 4. l'ayme les malheurs). Montaigne avait
rencontré une idée analogue dans son Quinte-Curce
(IV, X, 263; éd. Froben, 1545, p. 44) : « Sa?pe cala-
mitatis solatium esse, nosse sortem suam. » {Reinie
d'histoire littéraire de la France, année 19 16, p. 426.)
P. 427, 1. 4. Spem pretio). Lire : III, 11, 11.
P. 435, 1. 2^. l'ay l'esprit tardif). Rapprocher
l'essai I, xxvi, p. 227, 1. 2.
P. 453, 1. 13. // m'a falu). Rapprocher l'essai II,
VI, p. 59, 1. 20.
P. 459, 1. 9. Iulian). Parmi les critiques que l'au-
torité religieuse adressa aux Essais, figure le reproche
d'avoir «excusé Julian ». ÇJournal de iv\age, p. 250.)
LIVRE II, CHAPITRES XXI A XXXVII.
481
P. 46^, 1. 5. Ministcr vctiili). Lire : (Catulle,
XXVII, I.)
P. 469, 1. I. L'Empereur Vespasieii). Lire : I, xx.
P. 470, 1. 6. l'en sçai un). Sur la vaillance de
Henri IV, on peut voir en particulier d'Aubi^né,
Histoire universelle, t. H, p. 225.
P. 473, 1. 6. ContiiiiiiVit libre). Rapprocher l'essai L
XX, p. 1 10, 1. 6.
P. 477, l. 19. Contre les Cartaginois). On retrouve
des idées analogues chez du Bellay, sonnet xxiii
des Antiquités de Rome.
P. 478, 1. I. // _v en a plusieurs). L'idée que la
guerre extérieure est un bon moyen pout assurer la
paix intérieure apparaît dans un document officiel,
la déclaration adressée aux parlements de France
en 1581 par François d'Anjou, le chef des politiques,
pour justifier l'expédition militaire qu'il entreprenait
contre les Pays-Bas : «De tous les moyens qui peu-
vent être pratiqués pour pacifier ce royaume, cettuy-
cy seul est resté, tous les autres a\'ans esté inutiles et
sans aucun effect, tellement qu'il nous faut résoudre
à une guerre civile perpétuellement ou la divertir
sur ceux qui, pour assouvir leurs ambitions, nous
ont jusqu'à présent entretenus en nos divisions, et
pestes publiques. » (^Mémoires de Nevers, Paris 1665,
p. 145.) Texte cité par M. Radouant, dans la Rei'ue
d'histoire littéraire de la France, année 1919, p. 25,
pour illustrer une idée qui était commune à tout le
parti des politiques.
P. 479, i. 12. laniais tourner). Miss Grâce Norton
me signale que ce passage paraît inspiré des Tuscu-
lanes, II, xvii. Voir la citation que, après 1588,
Montaigne insérera dans l'essai I, xiv, p. 71, 1. lé.
P. 479, 1. 14. // est aduenu). Rapprocher Cicéron,
Tusculanes, II, xvii.
P. 480, 1. 3. Nunc caput). Lire : «... se fait un
ennemi en pleine paix. »
P. 519, 1. 14. Que ie ne lecherche curieusement).
Rapprocher l'essai II, xx, p. 113.
P. 529, 1. 10. Cent autres tesnioins). Valère Maxime
(III, m, ext. I.) rapporte cela d'un jeune Macé-
donien.
P. 545, 1. 15. Son arnii'e). Le passage de Suétone
que Montaigne a dans l'esprit en écrivant ces lignes,
et qui est cité dans la note ci-des,sus (p. 342) est
rappelé dans son exemplaire de César (Anvers 1 570).
P. 547, I. 26. Il Jie s'arrcsie). Rapprocher l'essai I,
XVII, p. 88, 1. 13.
P. 553, 1. 22. Quand les anciens). On trouve ce
proverbe notamment chez Platon dans les Lois,
p. 689.
P. 567, 1. 17. Adde Heliconiadum). Lire : « ... Ho-
mère s'est élevé jusqu'aux astres. »
P. 570, 1. 14. Clytus). Cf. Quinte-Curcc, VIII, i.
P. 582, I. 17. Aristote dict). Voir les Politiques,
II, II, dans la traduction de Louis Le Roy : « Par la
ressemblance des enfans à leurs géniteurs, néces.sai-
rement Ion prend foy des uns aux autres. Come
quelqu'uns affirment advenir en certaines contrées
de la haulte Afrique, où les femmes .sont communes,
et que l'on y discerne les enfans par la ressemblance.»
P. 586, 1. 19. Ils rendent la santé malade). Rappro-
cher l'essai II, xii, p. 210, I. 19.
P. 595, 1. 13. L'un des plus jameux médecins). Je
n'ai pas retrouvé quel est ce médecin, mais, dans le
Traité de la peste (1568), Paré écrit au chapitre xxvi
intitulé : A sçavoir si la saignée et purgalion sont néces-
saires au commencement de la maladie pestilente : « Je te
veux bien advertir de ce que j'ai observé au voyage
de Bayonne que j'ay faict avec mon roy en l'an 1565.
C'est que je me suis enquis des médecins, chirur-
giens et barbiers de toutes les villes où nous avons
passé esquelles la peste avoit e.sté, comme il leur estoit
advenu d'avoir saigné les pestiférés : lesquels m'ont
attesté, que presque tous ceux qu'on avoit saignés
et grandement purgés estoicnt morts, et que ceux
qui n'avoient esté saignés ny purgés, eschappoient
presque tous à la mort. » Paré conclut que selon
les cas il convient d'user de la saignée ou de s'en
abstenir. »
P. éo2, !. II. Lotus). Lire : « Andragoras s'est
baigné hier gaiement et a .soupe avec nous... »
P. 605, 1. 14. /(' les appelle). Rapprocher l'essai I,
XXIV, p. 162, 1. 13.
LIVRE TROISIÈME.
P. 4, 1. 26. Le dessein de la vieille). On lit chez
Agrippa d'Aubigné, Barmi de Faeneste : « La bonne
femme qui, présentant une chandelle à sainct Michel
pour lui faire du bien, en présenta une autre au
diable pour ne lui point faire de mal. » (IV, xn.)
P. 27, 1. 21. La vertu d'Alexandre). Il est à noter
qu'après 1588 -^ après avoir lu Quinte-Curce —
Montaigne parle moins favorablement d'Alexandre
que dans les essais de 1580. On peut voir à ce sujet
ce que dit Dezeimeris dans la Rrciic d'histoire littéraire
de la France, année 1918, p. 607.
P. 34, 1. 18. le me sers rarement). Dans son exem-
plaire de Quinte-Curce (IV, xiii, 25), Montaigne
a souligné la phrase suivante : « Raro admodum
admonitu amicorum quum metus discriminis aderat
uti solebat. » Il s'agit là d'Alexandre. (Cf. Revue d'his-
toire littéraire de la France, année 1916, p. 439.)
P. 185, 1. 22. Age! si bœc non). Le texte est con-
forme à celui de 1538 avec cette unique différence
que Montaigne remplace hic par bar.
P. 279, 1. 5. Vespouse). Rapprocher Fessai I, xxxix,
p. 315, 1. II.
P. 310, 1. 3. Dare pondus idonea). «Capable de
donner du poids à la fumée. » (Perse, V, 20.)
P. 325, 1. 15. // ne nous faut gitiere de doctrine).
Certe idée se retrouve à diverses reprises dans Vhlogc
de la Folie d'Erasme; par exemple : « Longe felicissimi
sunt hi, quibusprorsuslicuitab omnium disciplinarum
commercio abstinere, solamque naturam ducem sequi,
qu«e nulla sui parte manca est, nisi forte mortalis
sortis pomeria transilire volimus... »
P. 336, 1. 22. Fne peste véhémente). GautlVeteau
écrit dans sa Chronique, à l'année 1585 : « En cette
année, la contagion fut si grande et maligne dans
la ville de Bourdeaus, ayant commencé environ les
festes de la Pentecoste jusques sur la fin du mois
de décembre que plus de quatorze mille personnes
moururent pendant ce peu de temps; ce qui faict
voir que cette contagion de cette année a esté
grande et malicieuse, consiste au nom qu'on luy a
donné, parce que le peuple l'a appelée la grande
contagion. »
P. 359, 1. 28. Ul nulh sis). Lire : L'édition de
Bàle, 1558, présente la leçon correcte : nnlli.
P. 383, 1. 20. Vn gentil-homme'). Cette particula-
rité paraît avoir frappé les contemporains. Dans son
Journal (Archives historiques de la Gironde, t. XIII,
p. 354) François de Syrueilh écrit de Pi,sani : « On
m'a dict que ce gentilhomme est fort sage et bien
advisé et entre aultres de ses complexions et façons
de vivre, il demeure les deux ou troys moys sans
boire auculnement et ne boit que de l'eaue. «
P. 41e, 1. 5. Mes doits). En passant à Baie, Mon-
taigne remarque dans son Journal de voyage : « Ils
mangent aussi beaucoup moins hâtivement que nous
et plus seinement. » (P. 83.)
P. 414, 1. 19. Ces espaisses poussières). Rapprocher
dans le Journal de voyage : « M. de Montaigne disoit
s'agréer fort en ce détroit, pour la diversité des
objects qui se presantoint, et n'y trouvions incom-
modité que de la plus espes.se et in.supportable pous-
sière que nous eussions jamais santy, qui nous
accompaigna en tout cet entredeus des montaignes. »
(Pp. 141-142.)
484
LIVRE III, CHAPITRE XIII.
P. 421, 1. 10. Fisilaiit les eschoJes). Lire : Cf. Tite-
Live, XXIX, xi.K.
P. 421, 1. 12. Tout vieil). Cf. Xénophon, le Baii-
quct, 11.
P. 421, 1. 21. A recourir Theraiiieiics). Cf. Diodore
de Sicile : « ... le .commun populaire auoit grande
douleur et grande compassion de le ueoir en telle
oppression, toutefois il n'y eut homme qui fust si
hardy qui de se mettre en devoir de le secourir,
excepté le philosophe Socrates & deux autres de ses
amj-s, qui accoururent & s'efforcèrent de le recourir
d'entre les mains des satellites qui l'emmenoient;
mais Theramenes luy mesme les pria de s'en déporter,
disant qu'il louoit grandement la bonne amytié qu'ilz
luy monstroient en son besoing, & la gentillesse
de leur cueur : mais qu'il reputeroit le plus grand
malheur qu'il luy peust aduenir, s'il escheoit qu'il
fust cause de la mort d'aucun de ceulx qu'il cognois-
soit si bien affectionnez en son endroict. Parquoy
Socrates & les deux autres qui estoient accouruz
pour le secourir, voyans qu'il n'y auoit nulz autres
qui s'entremeissent de les aider : & qu'au contraire,
l'émeute & le nombre des soudards alloit tousiours
croissant de plus en plus, se retirèrent : & ainsi les
satellites qui auoient commandement de ce faire,
menèrent à trauers la place Theramenes, tué par
force hors de la franchise des autelz, au lieu où ils
le feirent mourir. » (XIV, i, édition de 1554, p. 125»)
P. 427, 1. 19. Intranduin est). Lire : Cicéron, De
fmihus, V, XVI.
TABLE DES MATIÈRES
DU aCATRIEME VOLUME
Avant-propos v
Table des Auteurs cités :
Indications générales et explication des signes ix
Auteurs cités XI
Sources et Annotations :
Livre I i
Livre II iji
Livre III ^éi
Additions et Corrections :
Livre I ^65
Livre II ^-j-j
Livre III 483
Bordeaux. — Imprimerie Nouvelle F. Pech et C'', 7, rue de la Merci
ce
a 380 0 3 002 3^'90 3 3b
CE PQ 1641
•Al 1906 V4
COO MONTAIGNE, S
ACC# 1387343
LES ESSAIS