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Full text of "Le seul bandit du village : vaudeville en un acte"

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Bernard,  Tristan 

Le  seul  bandit  du  village 


s  pièces  à  succès.  N"  16. 


Prix  NET  :  60  centimes. 


Un  acte 

;C  DOUZE  SIMILI-GRAVURES 


par  TRISTAN  BERNARD 


PM.  —  Ernest  FLAHHARION,  éditeur,  26,  me  Racine.  —  PARIS 


EN    VENTE  : 

1.  —  LUI!  un  acte  par  Oscar  Méténier Prix  net    60  cent. 

2.  —  LA     CINQUANTAINE,    un    acte   par   Georges 
Courteline Prix  net    60  cent. 

3.  —  LE   MÉNAGE   ROUSSEAU,  un  acte  par  Léo 
Trézenik Prix  net    60  cent. 

4.  —  EN  FAMILLE,  un  acte  par  Oscar  Méténier.  Prix  net    60  cent. 

5.  —  MON  TAILLEUR,  Comédie  de  Salon  en  un  acte 
d'Alfred  Capus Prix  net    60  cent. 

6.  —  MONSIEUR  ADOLPHE,  un  acte  d'Ernest  Vois 

et  Alin  Montjardin Prix  net    60  cent. 

7.  —  LA  CASSEROLE,  drame  en  un  acte,  par  Oscar 
Méténier Prix  net    60  cent. 

8.  —  SILVÉRIEOU  LES  FONDS  HOLLANDAIS, 

un  acte,  par  Alphonse  Allais  et  Tristan  Bernard.     Prix  net    60  cent. 

çetio.-LAREVANCHE  DE  DUPONT  L'ANGUILLE 

deux  actes  et  trois  tableaux,  par  Oscar  Méténier.     Prix  net     i  fr.  20 

11.  —  UNE  MANILLE,  un  acte  par  Ernest  Vois,    Prix  net    60  cent. 

12.  —  LE   SACREMENT    DE   JUDAS,  un   acte   par 

Louis  Tiercelin Prix  net    60  cent. 

i3.  —  LE  GENDARME  EST  SANS  PITIÉ; comédie 
de  salon  en  un  acte,  par  Georges  Courteline  et  Edouard 
Norès Prix  net    60  cent. 

14.  —  LES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES,  comédie  de 

salon  en  un  acte,  par  Jules  Lévy Prix  net    60  cent. 

Pour  paraître  prochainement  : 

i5.  —  CAILLETTE,  un    acte  par    Henry  de  Gorsse   et 

Charles  Meyreuil Prix  net    60  cent. 

16.  —  LE  SEUL   BANDIT  DU  VILLAGE,  un   acte, 

par  Tristan  Bernard Prix  net    60  cent. 

17.  —  PAROLES  EN   L'AIR,  un  acte  de  Pierre  Veber 

et  L.  Abric Prix  net    60  cent. 

Chaque  pièce  est  ornée  de  nombreuses  simili- gravures 


Le  seul  Bandit  du  Village 

VAUDEVILLE  EN  UN  ACTE 


Représenté  pour  la  première  fois  sur  la  scène  du  Théâtre  des  Capucines 
le  10  novembre  181)8 


OUVRAGES  DE  M.  TRISTAN  RERNARD 


ROMANS,  CONTES,  NOUVELLES 

Vous  m'en  direz  tant,  nouvelles  (avec  M.  Pierre  Veber). 

Contes  de  Pantruche  et  d'ailleurs,  nouvelles. 

Sous  toutes  réserves,  nouvelles. 

X***,  roman,  en  société  avec  MM.  George  Auriol,  Georges  Couk- 

teline,  Jules  Renard  et  Pierre  Veiser. 
Les  Mémoires  d'un  Jeune  homme  Rangé,  ruman. 


THEATRE 


Les  pieds  nickelés,  1  acte. 

Allez!  Messieurs  !  I   acte. 

Le  Fardeau  de  la  Liberté,   1   acte. 

Franches  lippées,  1  acte. 

Je  vais  m'en  aller,  1  acte. 

Le  vrai  courage,  1  acte. 

Le  retour  du  marin,  1  acte. 


Le  radeau  delà  «  Méduse  »,  1  acte. 

En  cambriolant,  1  acte. 

Visite  de  nuit.  1  acte. 

Le  coup  de  Cyrano,  2  actes. 

Une  aimable  lingère,  1  acte. 

L'Anglais  tel  qu'on  le  parle,  1  acte. 


EN  COLLABORATION  AVEC  M.  ALPHONSE  ALLAIS 


Silvérie,  ou  les  Fonds  Hollandais. 


59187.  —  Imprimerie  Lahure,  rue  de  Fleurus,  9,  à  Paris. 


TRISTAN  BERNARD 


Le  seul  Bandit 

du  Village 


VAUDEVILLE  EN  UN  ACTE 


PARIS 

ERNEST   FLAMMARION,    ÉDITEUR 

26,    RUE    RACINE,    26 


^RARy 

1974 


PERSONNAGES 


ARSÈNE MM.  Guyon  fils. 

LE  GENTLEMAN  FARMER Spark. 

LE  RARON Dayle. 

LE  COMMISSAIRE Goeury. 

LA  RARONNE ,    •    •    •  M""'  Rarklay. 

.JULIE,    FEMME   DE    CFIAMBRE GuiTTV. 


Les  simili-gravures  ont  été  reproduites  d'après  les  photographies 
de  MM.  Cautin  et  Berger. 


PQ 


Le  seul  Bandit 

du  Village 


La  scène  représente  une  chambre  à  coucher  dans  un  château.  On  aperçoit 
à  droite  ou  à  gauche,  deuxième  plan,  le  pied  dun  lit  enfonçant  dans 
une  sorte  d'alcôve.  Devant  le  lit  un  fauteuil.  Du  côté  du  lit.  premier 
plan,  la  porte  d'un  cabinet  à  robes.  Une  autre  porte  au  fond.  En  face 
du  lit,  une  fenêtre.  Mobiher  élégant. 


LA  BONNE,  puis  ARSÈNE. 
La  bonne  entre,  en  précédant  Arsène,  un  bougeoir  à  la  main. 

ARSÈNE,  vêtu  comme  un  vagabond,  de  vêtements  déchirés  et  rapiécés. 
Vous  êtes  sûre  que  personne  nous  a  vus? 

LA    BONNE 

Mais  non,  mais  non.  Attendez-moi  quelques  instants.  Je  remonte 
tout  de  suite.  Je  vais  voir  au  bas  de  l'escalier  si  j'ai  bien  refermé 
la  porte  de  service. 

(Elle  sort.) 

ARSÈNE,   à  lavant-scène. 

...Y  a  rien  d'aussi  ennuyant  que  de  s'introduire  pour  voler  chez 
des  gens  qu'on  ne  connaît  pas....  Et  puis,  c'est  bète,  c'est  mala- 
droit.... On  ne  devrait  jamais  voler  que  chez  des  gens  qu'on  con- 
naît.... Il  faut  voler  là  où  qu'on  a  coutume  de  fréquenter,  et  là  où 


6  LE   SEUL    BANDIT   DU    VILLAGE. 

votre  présence  n'a  rien  d'estraordinaire.  Quand  on  voit  un  mal 
vôtu  comme  moi  dans  une  aussi  belle  chambre,  on  pense  tout  de 
suite  que  sa  place  n'est  pas  ici....  Mais  quoi?  je  me  dis  toujours 
ces  choses-là  quand  c'est  trop  tard  pour  refuser....  Quand  on  me 
propose  une  alTaire,  je  ne  rélléchis  pas.  Je  vois  l'occasion,  je  dis  : 
laut  pas  la  manquer,  et  je  marche.... C'est  que  la  saison  est  telle- 
ment dure!  (S'asseyanl  sur  le  fauteuil,  et  consultant  un  i)Otit  calepin). 
Quand  je  pense  à  ce  que  j'ai  volé  depuis  un  mois  :  quatre... 
cinq...  six...  poules...  et  une  brouette  cassée.  Ma  plus  belle 
affaire  a  été  le  porte-monnaie  d'une  dame,  où  il  n'y  avait  qu'une 
pièce  de  quarante  sous  sans  couronne  et  un  bout  de  taffetas 
i^ommé.  Le  mois  dernier  avait  été  meilleur,  à  cause  de  l'incendie 
de  l'épicerie:  j'ai  sauvé  une  caisse  de  chocolat....  Sans  parler 
d'un  vieux  monsieur  que  j'ai  retiré  des  flammes  à  mon  second 
voyage.  Ce  qui  m'a  fait  une  petite  prime  de  quinze  francs — 
(Il  s'asseoit.)  Il  fait  bon  dans  ce  fauteuil.  Si  j'avais  un  fauteuil 
comme  ça.  et  du  pain  et  du  fromage  à  discrétion,  j'en  connais 
un  qui  se  retirei'ait  des  affaires. 

(On  entend  du  l)ruil.  Arsène  se  lève  iurcipilaniinenl.  lùitic  in  Itoniie.) 

LA  bonm: 

Voilà.  Pas  de  danger.  Madame  ne  sera  guère  ici  avant  une 
demi-heure.  Elle  est  allée  reconduire  monsieur  jusqu'au  tournant 
(lu  parc. 

AnSÈXE 

11  part  à  Paris,  votre  monsieur? 

LA    BONNE 

Mais  oui.  C'est  pour  ça  qu'il  fallait  profiter  de  cette  nuit-là. 
C'est  la  première  nuit  qu'il  s'absente.  Depuis  son  mariage,  il  n'a 
pas  découché. 

ARSÈNE 

C'est  un  vieux  monsieur? 


8  LE   SEUL    BANDIT   DU    VILLAGE. 

LA   BONNE 

Et  quinteux  !  et  grognon!  Ah!  le  sale  bonhomme I 

ARSÈNE 

Expliquez-moi  ce  qu'il  y  a  à  faire. 

LA   BONNE 

Ça  n'est  pas  sorcier.  Vous  allez  vous  installer  dans  ce  cabinet  à 
robes,  et  vous  attendrez  que  madame  soit  couchée.  Quand  vous 
jugerez  qu'elle  dormira,  vous  sortirez  à  pas  de  loup  et  vous  lui 
prendrez  ses  clefs  qu'elle  pose  toujours  sur  ce  petit  guéridon.  Puis, 
vous  irez  à  cette  porte  quelle  aura  fermée,  vous  rouvrirez  dou- 
cement, et  vous  me  donnerez  les  clefs.  Je  serai  dans  le  couloir. 
Je  n'aurai  plus  qu'à  descendre  au  salon  où  j'ouvrirai  le  coffre- 
fort.  Je  prendrai  les  papiers  que  veut  avoir  M.  Niquedan,  celui  qui 
se  présente  contre  notre  monsieur  à  la  députation.  Je  les  lui  por- 
terai dès  ce  soir.  Je  loucherai  la  somme  et  je  vous  remettrai 
trois  cents  francs.  On  m'a  donné  mon  compte  ici,  il  y  a  deux 
jours.  Je  ne  suis  pas  fâchée  de  leur  jouer  ce  petit  tour-là. 

ARSÈNE 

Mais  pourquoi  est-ce  que  vous  n'avez  pas  pris  ces  clefs  vous- 
même? 

LA    BONNE 

Parce  que  madame  s'enferme  toujours  le  soir,  après  m'avoir 
renvoyée. 

ARSÈNE,   qui  a  écouté  ce  récit  avec  abattement. 

Enfin!...  C'est  bien  compliqué  tout  ca!  11  faut  que  je  vous 
prévienne  d'une  chose.  Si  votre  madame  se  réveille,  je  ne  lui 
toucherai  pas  un  cheveu.  Je  n'ai  apporté  ni  instrument  conton- 
dant, ni  aucune  arme  à  feu.  En  fait  d'armes,  je  n'ai  sur  moi 
qu'un  crayon  anlimigraine. 


SI   J  AVAIS    UN    FAUTEUIL    COMME   CELUI-LA. 


iO  LE    SEUL   BANDIT   DU    VILLAGE. 

LA    BON.NE 

Elle  ne  se  réveillera  pas,  soyez  tranquille. 

ARSÈNE 

Moi,  vous  savez,  donner  des  coups  de  lingue,  c'est  pas  ma 
spécialité.  Une  fois,  je  me  suis  évanoui  dans  un  château  pour 
avoir  tué  un  traversin. 

LA    BO.NNE 

Un  traversin? 

ARSÈNE 

Oui,  c'était  chez  un  garde.  J'étais  venu  la  nuit,  j'avais  forcé  la 
porte.  Je  m'étais  rué  sur  le  lif.... Seulement  mon  garde  n'avait  pas 
couché  là.  Je  me  suis  aperçu  le  matin  que  j'avais  tapé  dans  un 
lit  vide.... 

LA   BONNE 

Mais  il  ne  s'agit  pas  de  toucher  à  madame.  Elle  a  toujours  été 
gentille  pour  moi,  elle.  C'est  une  brave  dame  tout  à  fait,  et  il  faut 
vraiment  que  ça  soye  mon  inlérèl,  pour  que  j'y  fasse  du  tort. 

ARSÈNE 

C'est  donc  bien  entendu  que,  si  elle  se  met  à  crier,  je  m'excuse. 
Je  veux  bien  voler  ce  que  vous  voudrez,  à  part  ça.  Y  a-t-il  ici 
qué'que  bibelot  qui  vous  fasse  plaisir?  Je  ne  sais  pas,  moi  :  voyez 
ce  qui  peut  faire  votre  affaire.  Parce  que,  dame,  Une  fois  que  je 
serai  sorti,  je  ne  rentrerai  pas....  Tout  de  même,  j'aimerais  mieux 
être  ailleurs,  qu'ici....  Ah!  Marguerite!  pourquoi  est-ce  que  vous 
m'avez  choisi? 

LA    BONNE 

Je  ne  m'appelle  pas  Marguerite. 


12  LE    SEUL    BANDIT   DU    VILLAGE. 

ARSÈNE 

C'est  possible....  Vous  n'avez  pas  vu  jouer  //;  Tour  de  XcaleJ 
Y  a  une  femme  qui  s'appelle  Marguerite.  Ah  !  Marguerite  !  pour- 
quoi est-ce  que  vous  m'avez  choisi? 

LA    BONNE 

Il  n'y  a  (lue  vous  de  voleur  dans  le  village. 

ARSÈNE 

C'est  vrai.  Il  faul  èlrc  un  piopre  à  rien  comme  moi  pour  venir 
travailler  dans  un  trou  pareil. 

LA    BONNE 

Voici  le  moment  de  vous  cacher.  Entrez  dans  ce  cabinet  à 
robes....  (Il  enlie  à  gauche.)  Je  vous  laisse  la  porte  entr'ouvei'te. 
Vous  guetterez  madame.  Quand  vous  verrez  qu'elle  dort,  vous 
sortirez  doucement.... 

ARSÈNE 

Ah!  ne  parlez  pas  de  ça,  vous  l'avez  déjà  dit.  Rien  que  d'y 
penser,  ça  me  fait  mal  au  cœur.  Parlez-moi  plutôt  de  mes  troi;^ 
cents  francs.  Dire  que.  le  mois  dernier,  j'ai  refusé  une  place  de 
professeur  de  bicyclette  dans  un  manège. 

LA    BONNE 

Il  fallait  accepter. 

ARSÈNE 

On  m'a  dit  que  c'était  fatigant —  Ecoutez,  ^larguerite. 

LA    BONNE 

Qu'est-ce  qu'elle  fait.  ]\Iarguerile? 


14  LE    SEUL    BANDIT   DU    VILLAGE. 

ARSÈNE 

Si  je  réussis  dans  mon  entreprise,  vous  m'avez  promis.... 

LA    DONNE 

Tout  ce  que  vous  voudrez. 

ARSÈNE 

Quoi?  Non,  simplement  ce  qui  est  convenu  :  trois  cents  francs 
(La  regardant  de  côté.)  Je  pense  pas  à  ça  pour  le  moment. 

LA    BONNE 

A  quoi? 

,  ARSÈNE 

A  rien. 

LA   BONNE 

Je  vais  chercher  madame.... 

AUSÈNE 

Prenez  votre  temps,  prenez  votre  temps. 
(Elle  sort.) 


Celui  qui  regarderait  ce  qui  se  passe  dans  moi,  on  ce  mo- 
ment—  Ah!  là  là  là  là!...  (Après  avoir  secoué  la  tète  comme  pour 
chasser  une  idée.)  Ou'esl-ce  que  je  vais  faire  avec  mes  trois  cents 
francs?...  Je  vais  commencer  par  m'acheter  une  bicyclette >' 
comme  ça,  je  pourrai  aller  travailler  dans  tout  l'arrondissement, 
excepté  toutefois  à. Marcigny...  parce  qu'il  y  a  une  côte  trop  dure^... 
Je  m'achèterai  un  vieux  clou  de  cinquante  francs,  et  je  l'échan- 
gerai contre  une  machine  beaucoup  plus  belle  quand  je  trouverai 
une  occasion.  On  en  trouve  comme  ça  de  très  bien  au  bord  du 
trottoir....  (Il  va  écouter  à   la  porte  du  fond  et  revient  à   ravant-scène.) 


16  LE    SEUL  BANDIT   DU    VILLAGE. 

El  puis,  qui  sait?  Je  retournerai  peut-être  à  Paris....  J'allais 
tous  les  dimanches  aux  courses....  J'étais  en  relations  avec 
les  gens  les  plus  chics...  à  la  sortie....  C'est  toujours  moi  qui 
demandais  le  cocher  Hubert  de  l'avenue  Kléber,  et  le  cocher 
Justin  de  l'avenue  d'Antin.  Ah!  c'était  le  bon  temps....  Zut!  j'en- 
tends monter  l'escalier....  Si  quelqu'un  voulait  ma  place,  je  la  lui 
céderais  dans  de  bonnes  conditions.  (Il  enlie  dans  lo  cabinet  à  robes 
(lonl  il  laisse  la  porte  enlr'ouverte.  On  l'apereoil  dans  lenlrebaillenient.  La 
baronne  et  sa  bonne  entrent  par  la  porte  du  fond.) 

I.A    BARONNE 

Julie,  vous  pouvez  aller  vous  coucher. 

.    L.\    BONNE 

Madame  se  déshabillera  seule? 

LA    BARONNE 

Oui. 

LA   BONNE 

Je  vais  lermer  les  volets. 

LA  BARONNE,   vivement. 

Non....  Je  laisserai  la  fenêtre  ouverte.  Il  fait  un  peu  chaud.... 
Allez.  (Exit  la  bonne.  La  baronne  jiendant  ce  qui  suit,  ôte  son  chapeau.) 

ARSiiNE,   aux  écoutes. 

Il  n'y  a  pas  à  dire,  ma  place  n'est  pas  ici.  La  place  d'un  vaga- 
bond est  partout,  excepté  dans  un  cabinet  à  robes,...  Je  suis  chez 
des  étrangers.  On  est  bien  dur  pour  les  voleurs.  Si  on  savait 
toutes  les  gènes  et  toutes  les  humiliations  qu'on  a  dans  ce 
métier-là!  Enfin,  t?ette  dame  ouvrirait  la  porte  et  me  demanderait 
ce  que  je  viens  faire  ici,  je  ne  serais  pas  à  mon  aise.   (Regardant  le 


JE    NE    FAr<.   OLE    l'A.SSER... 


18  LE    SEUL    BANDIT   DU    VILLAGE. 

jond  flu  cabinet.)  C'est  triste,  ici.  Il  y  a  des  robes  qui  doivent  sentir 
bon.  Mais  j'ai  le  nez  bouché....  (Regardant  la  porte.)  Heureusement 
qu'il  me  vient  un  peu  de  lumière.  Ça  m'égaie  un  peu.  Quand 
cette  lumière  s'éteindra,  je  verrai  que  la  baronne  est  couchée. 
(Pendant  cette  dernière  phrase,  la  baronne  s'est  approchée  du  cabinet  à 
robes.  Elle  en  ferme  la  porte.) 


L.\  BARONNE,  allant  jusqu'à  la  fenêtre  et  regardant  au  dehors. 

Personne  encore.  Le  fossé  est  sombre....  Le  champ  en  face  est 
faiblement  éclairé  par  la  lune....  Triste  décor  pour  une  première 
faute....  Dans  cinq  minutes  il  sera  ici....  (Descendant  à  lavant-scène.) 
C'est  curieux,  cet  événement  décisif  ne  produit  en  moi  qu'une 
impression  bien  faible....  Évidemment,  ça  me  fait  quelque  chose 
de  tromper  mon  mari.  Mais  quand  je  compare  cette  impression 
avec  ridée  que  je  me  faisais  de  la  première  faute!  La  première 
faute!  Comme  ces  mots  avaient  une  importance  dans  mes  rêves 
de  jeune  fille.  C'était  plus  grave  encore,  plus  imposant  que  la 
nuit  nuptiale....  Et  ça  va  être  encore  plus  toc,  j'en  ai  peur.... Mon 
mariage  au  moins  sélait  accompli  au  milieu  d'un  appareil 
solennel,  et  de  gens  qui  me  regardaient,  qui  m'enviaient.... 
L'adultère  manque  décidément  de  musique  et  de  spectateurs. 
Seul  à  seul,  dans  le  silence  d'une  chambre,  c'est  d'un  froid!... 
(Elle  va  à  la  fenêtre  et  revient  à  ravant-scène.) 

Quand,  cédant  aux  pressantes  sollicitations  de  ce  gentleman- 
fa  rmer,  je  lui  ai  permis  de  venir  ce  soir...  c'est  curieux  ce  que  j'y 
tenais  peu.  Seulement  mon  mari  s'absentait,  il  fallait  profiler  de 
l'occasion.  L'occasion!  C'est  bête!  Mais  les  raisonnements  les 
plus  sages  échouaient  contre  cette  idée  fixe  :  mon  mari  s'en 
allait,  il  fallait  le  tromper.  Le  tromper!  c'était  du  nouveau,  de 
l'inconnu.  Ah!  tous  les  raisonnements  ne  pèsent  pas  lourd,  quand 
ils  vous  conseillent  le  statu  quo.  (Elle  va  à  la  fenêtre  et  revient  à 
l'avani-scène.)  Ce  gentleraan-farmer  a  pour  lui  d'être  élégant  et 
distingué.  C'est  évidemment  ce  qu'il  y  a  de  mieux  dans  le  pays. 
Et  puis,  il  m'a  laissé  entendre  qu'il  m'aimait.  C'est  bien  difficile, 


20  LE   SEUL    BANDIT   DU    VILLAGE. 

quand  on  se  trouve  avec  un  genlleman-farmer  qui  vous  aime,  de 
ne  pas  l'aimer  soi-même,  un  petit  peu.... 

Il  est  onze  heures (Elle  regarde  la   ieiièlie,  puis   toiiine  la   lèle  du 

côté  opposé.)  J'entends  le  cri  de  la  hulotte.  C'est  lui....  Il  imite 
d'une  façon  parfaite  les  cris  de  tous  les  animaux  et  des  auto- 
mobiles. 11  est  con^enu  qu'il  doit  venir  avec  deux  serviteurs 
muets  et  une  grande  planche  que  ses  serviteurs  enverront  par- 
dessus le  fossé,  en  l'abaissant  comme  un  pont-levis  sur  l'appui  de 
la  fenêtre.  (On  voit  rextrémité  d'une  ])lan(he  qui  entre  par  la  fenêtre.) 
Je  n'ose  pas  regarder.  (Elle  se  retouine.  Le  gentleman  ai)iiarait  sur  la 
planche.  Il  saule  à  terre.) 

LE  GENTLKMAN-FAiiMKR,   posant  un  doigt  sur  SCS  lèvres. 

Je  ne  fais  que  passer.  Bonjour  (avec  recueillement  :)  ma  l)ien- 
aimée....  J'hésitais  à  venir;  mais  il  fallait  bien  vous  prévenir. 
^  otre  mari  a  des  sou[)(;ons.  \'ous  le  croyez  sur  la  route  de  Paris? 
Pas  du  tout!  11  est  allé  jusqu'à  la  première  station.  Il  revient  sur 
un  tricycle  à  pétrole,  en  ramenant  derrière  lui  dans  une  petite 
voiture  le  commissaire  de  police  de  la  ville  voisine. 

I.V    UMiONNE 

Dépôchez-vous  de  partir,  alors. 

Li:    GENTLEMAN-I  ARMKU 

J'ai  le  temps. 

LA    BARONNE 

C'est  très  courageux  d'être  venu,  rien  que  pour  me  prévenir. 

LE   GENTLEMAN 

Oui,...  c'est  même  imprudent.  Mais  j'ai  vingt-cinq  ans.  Si  je  ne 
fais  pas  de  ces  belles  imprudences  à  vingt-cinq  ans,  à  quel  âge 
donc  que  j'en  ferai?...  Ne  suis-je  pas  gentilhomme?  Et  ne  sied-il 
pas  qu'à  notre  époijue  de  veulerie  démocratique  les  gentils- 
hommes donnent  l'exemple  des  belles  témérités.  (Tristement.)  Du 


22 


LE   SEUL    BANDIT    DU    VILLAGE. 


panache....  Du  panache....  (D'un  ion  simple.)  Et  puis  la  planche 
était  achetée.  Les  hommes  étaient  commandés.  Il  fallait  en  pro- 
fiter. D'autant  plus  que  votre  mari  ne  se  doutera  jamais  que  j'aie 
pu  venir  par  ici....  N'entendez- vous  pas  de  bruit  à  la  porte  de  la 
cour? 


Si.  Sauvez-vous. 


Fuyons  ensemble. 


Vous  m'effrayez? 


L\    BARONNE 


LE    GENTLEM.\N 


L.V    B.MîONNE 


LE    GEMLE>L\N 


Je  n'insiste  pas....  Je  m'en  \ais...  Un  baiser....  (Il  romhrasse.î 
Adieu...  Tenez,  voici  une  pièce  de  vers  de  cent  cinquante  vers, 
que  j'ai  fait  faire  pour  vous,  par  mon  plus  jeune  frère....  Et  puis, 
\oici  mon  portrait....  Un  mouchoir  de  batiste  taché  de  mon 
sang....  Un  gant....  (Cherchant.;  ...  J'avais  aussi  une  fleur....  Je 
l'avais   mise   dans  celte  poche-là. 


L.V     BAKONNK 


Allez,  allez....  'Vous  me  la  donnerez  une  autre  fois...  J'entends 
des  pas  dans  l'escalier.... 


LE  GENTLEMAN,  le  picil  SUT  \c  rebord  de  la  fenêtre. 

La  première  fois  que  monsieur  votre  mari  s'absentera  pour  de 
bon,   ne   manquez  pas  de   me   prévenir.   J'imaginerai,   madame, 
(juelque  moyen  de  vousvenir  voir,  quisoitencore  plus  extraordi- 
nairecpieceiiiique  j'employaiaujourdhui.  Adieu...  mabien-aimée 
(Il  s'en  va  par  la  fenêtre  au  moment  où  l'on  frappe  à  la  porte.) 


24  LE   SEUL    BANDIT   DU    VILLAGE. 

LA  BARONNE,    à  la  fenêtre. 

Retirez  votre  planche. 

(On  voit  la  planche  disparaîti-e.) 

(la  baronne,  referme  la  fenêtre,  (ioups  prolongé.^  à  la  porte.) 
LA   BARONNE,    à  la  porte. 

Qui  est  là? 


Moi. 


Oui  ça,  vous? 


LE    BARON 


LA   BARONNE 


LE    BARON 


Moi,  Octave. 

LA  BARONNE,   ouvrant  la  porte. 
Comment,  vous  n'êtes  donc  pas  parti? 

LE     BARON 

Non,  et  vous  savez  pourquoi  je  suis  revenu. 

L\    BARONNE 

Non.,..  Je  ne  comprends  rien  à  ce  que  vous  voulez  dire. 

LE    BARON,   désignant  le  personnage  qui  l'accompagne. 

Monsieur  le  commissaire  de  police....  Écoutez,  madame,  ne 
perdons  pas  de  temps  en  dénégations  inutiles.  Un  homme  s"est 
introduit  ici  tout  à  l'heure.  (La  liaronnc  tressaille.)  Le  groom  a  vu 
Julie  introduire  un  homme  par  cette  porte.  (Il  montre  la  porte  du 
fond.  La  baronne  le  regarde  avec  ctonnement;  puis  elle  pousse  un  soupir 
de  soulagement.) 


26  LE    SEUL   BANDIT   DU    VILLAGE. 

LA  BARONNE,  le  prenant  de  haut. 

Ah!  il  est  entré  par  la  porte  de  cette  chambre.  Vous  êtes  bien 
renseigné,  monsieur.  Ils  vous  ont  donné  de  bonnes  indications. 
Ah!  vous  venez  me  surprendre.  Mais  commencez  vos  recherches, 
messieurs!  Ou'attendez-vous  donc?  Il  est  là,  mon  amant.  Il  est 
caché.  Il  est  dans  cet  appartement.  Oui,  j'ai  un  amant,  monsieur. 
Je  ne  suis  pas  fâché  de  vous  le  dire  devant  monsieur.  Il  est  jeune, 
il  est  beau,  il  est  cent  fois  plus  élégant  que  vous.  Il  a  de  la  race, 
il  a  de  l'allure.  Mais  cherchez-le  donc.  Où  peut-il  bien  être?  Ne 
serait-il  pas  sous  le  ht?  Non,  il  est  plutôt  dans  ce  cabinet  à  robes. 
Voilà  la  cachette  des  amants.  Allez-y  donc. 

LE    BAUON 

Voyons,  Ilermance,  me  serais-je  trompé?  M'aurait-on  trompé? 

LA    BAIiONNE 

Mais  non.  On  ne  vous  a  pas  trompé.  Puisque  je  vous  dis  qu'il 
est  là.  (Au  commissaire,  en  lui  désignant  la  porte  du  cabinet.)  Ouvrez 
cette  porte,  monsieur,  puisqu'on  vous  dit  qu'il  y  a  un  homme  là. 

LE  COMMisSAmE,   allant  au  cabinet  à  robes  et  ouvrant  la  porte. 
Eh  effet,  il  y  a  un  homme  là  ! 

LA  BARONNE,  frappée  de  stupeur. 
Il  y  a  un  homme  là  ! 

LE    BARON 

Ah!  femme  perfide!...  Sortez,  monsieur!  Sortez,  godelureau! 
gandin  musqué  ! 

(Arsène  sort  du  cabinet.  Stupéfaction  prolongée.) 


28  LE   SEUL    BANDIT   DU    VILLAGE. 

ARSÈNE,   à  ravant-scèiie,  à  lui-même. 

Je  ne  sais  pas  si,  d'après  la  loi,  le  fait  d'être  trouvé  dans  une 
maison  habitée,  la  nuit,  peut  entraîner  une  poursuite  pour  vol,  du 
moment  que  le  vol  n'est  pas  consommé.  Je  voudrais  bien  être 
renseigné  là-dessus. 

LE  BARON,   à  la  baronne,  avec  une  rage  sourde. 

Ainsi  donc,  c'est  avec  cet  homme...  Mais  ce  sont  des  mœurs  du 
t)as-empire!...  (La  baronne  recule  elTarée,  au  commissaire.)  Je  suis 
absolument  écrasé.  Mais  tout  de  môme,  j'aime  encore  mieux 
ça.  Le  fait  de  choisir  un  individu  pareil  correspond  évidemment 
à  un  état  morbide...  Je  ne  suis  pas  r(*poux  d'une  femme  coupable, 
mais  d'une  malade. 

LA  BARONNE,   entendant  ces  derniers  mots. 

Monsieur,  de  pareils  soupçons  sont  horribles,  sont  aiîreux.  Je 
ne  connais  pas  cet  homme.  (.Vu  commissaire.)  C'est  un  voleur  qui 
s'est  introduit  là. 

LE    COMMlSSAmE 

Oui,  c'est  là  votre  système  de  défense....  Je  pense  que  monsieur 
l'adoptera  également,  comme  la  galanterie  lui  en  fait  un  devoir. 
(A  Arsène  qui  s'est  tenu  à  l'écart.)  Vous  êtes  un  voleur,  paraît-il, 
monsieur  ? 

ARSÈNE,  vivement. 

Pas  du  tout,  monsieur.  Je  ne  suis  pas  un  voleur...  Les  appa- 
rences sont  contre  moi.  Mais  je  ne  suis  pas  un  voleur.  Si  je  me 
suis  introduit  ici....  (Illuminé  d'une  idée  subite.)  C'est  une  histoire 
de  femme  ! 

LE    BARON    ET    LE    COMMISSAIRE,    ensemble. 

Ah!  le  goujat! 


50  LE   SEUL    BANDIT    DU    VILLAGE. 


LE    BARON 

Voilà  ce  qui  arrive,  madame,  aux  lemmes  qui,  comme  vous, 
vont  chercher  leurs  amants  dans  les  bas-fonds  de  la  société.  Voilà 
les  délicatesses  qu'elles  y  trouvent.  (Au  commissaire.)  Laissez-moi 
châtier  cet  homme. 

LE    COMMISS.\IRE 

Non,  monsieur,  je  regrette,  mais  je  ne  peux  pas.  Ne  vous 
emballez  pas,  d'ailleurs..., Je  crois  que  vous  laites  fausse  route.... 
Cet  homme  doit  être  un  voleur,  puisqu'il  se  défend  d'en  être  un. 
S'il  était  autre  chose  qu'un  voleur,  il  dirait  qu'il  en  est  un.  C'est 
irréfutable... 

ARSiiNE,   à  lui-mC'ine. 

En  somme,  je  n'ai  rien  volé,  je  n'ai  encore  commis  aucun 
crime.  Ah!  si  j'avais  un  code  dans  la  main.  On  devrait  toujours 
avoir  un  petit  code  sur  soi.  Il  y  a  des  éditions  minces  comme  ça, 
du  Code  pénal,  qui  coûtent  soixante-quinze  centimes. 

LE  COMMisSAmE,  OU  baron. 

Voulez-vous  un  bon  conseil,  monsieur?  Faites  vos  excuses  à 
votre  dame....  Et  arrangez-vous  pour  que  nous  puissions  étouffer 
cette  affaire-là.  La  présence  de  cet  homme  chez  vous,  l'excuse 
qu'il  en  donnera,  tout  cela  ferait  courir  dans  le  village  des  fables 
ridicules. 

LE    BARON 

Tenez,  voilà  mille  francs.  Donnez-les  lui.  (Le  baron  va  à  la  baronne 
el  lui  tend  la  main.  Elle  la  lui  donne  après  une  hésitation.) 

LE  COMMiSSAmE,   à  Arsène. 
Ecoutez  ceci  :  Comment  vous  appelez-vous? 


LE   SEUL    BANDIT   DU    VILLAGE. 


ARSKNE 


Arsène,  c'est  mon  polit  nom. 


Et  votre  autre  nom? 


Aussi  Arsène. 


LE    COMMISSAIRE 


ARSENE 


LE    COMMISSAIRE 


Quels  sont  vos  moyens  d'e.xistence  ? 


ARSENE 


Marchand  de  confetti  d'occasion. 


LE    COMMISSAIRE 


Écoutez.  Il  y  a  un  train  à  minuit  trente  pour  Paris.  Je  vais  vous 
y  conduire.  Voici  mille  francs  que  vous  donne  monsieur,  ici  pré- 
sent, pour  quitter  le  pays  sans  retard.  Et  tûchez  que  je  ne  vous 
y  repince  pas;  sans  ça  je  vous  fais  coffrer. 


ARsiiNE,   au  baron- 


Merci,  monsieur....  Vous  êtes  bon.  Mais  je  ne  suis  pas  un  ingrat. 
Je  vais  vous  donner  un  conseil.  Ne  laissez  pas  dans  votre  coffre- 
fort  les  papiers  qui  s'y  trouvent.  Ils  ne  sont  pas  en  sûreté. 


LE    BARON 


Comment  savez-vous? 


■'<ç 


LE   FiEUL    BANDIT   DU    VILLAGE. 


ARSENE 

Ne  cherchez  pas  à  comprendre....  Il  se  passe  depuis  dix  minutes 
des  choses  où  je  ne  comprends  rien.  (Avec  stMiMiib'.)  Hé  bien!  vous 
voyez,  je  ne  cherche  pas  à  comprendre...  Vous  me  donnez  mille 
francs,  ça  me  suffit....  (Au  jiublic.)  (lest  très  moral  ce  qui  m'arrive 
là.  Si  j'avais  été  canaille,  j'aurais  louché  trois  cents  francs.  Je  reste 
honnête  (d'ailleurs,  malgré  moi!)  et  ça  me  rapporte  mille  francs. 
C'est  une  leçon  que  je  n'oublierai  pas  tant  que  durera...  ce  billet 
de  mille  francs....  (Allmii  vers  le  fond.)  Au  revoir,  monsieur;  au 
revoir,  madame.  J'ai  déchiré  mon  paletot  à  un  clou  dans  votre 
cabinet.  Mais  je  ne  vous  réclame  rien. 


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PONT-JEST  (R.  de).  .  Divorcée. 

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Manon  Lescaut. 

L'Epave. 

La    Grand'Mère. 

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Le  Coureur  de  Filles. 

Le  Faubourg  Saint-Antoine. 

Soémi.  La  Bataille  de  la  Booise. 

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RICHE  (d.) Amours  de  Mâle. 

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Le  Portrait  de  Berthe. 
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L'Aurore  boréale. 
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Une  Victime  de  Couvent. 
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SIEBECKER  (É.) .  .  .  .  Le  llaiser  d'Odile. 
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RAIMES   (GASTON    DE 
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REIBRACH    (jEAri)     .    , 
RENARD    (JULES)   .   .    , 
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RICHEPIN    (JEAN) 

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ROUSSEIL   (m"*)     .    . 
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Histoires  folâtres. 
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306. 
206. 
213. 
107. 

71. 
246. 

20. 

84. 

39. 

22. 
5. 

92. 
281. 

79. 
174. 
299. 
359. 
32f). 
327. 

83. 
212. 
'55.' 
109. 
302, 

99. 

23. 
166. 
237. 
341. 
269. 
2S0. 
113. 

33(;. 

88. 
49. 

100. 
350. 
273. 
273. 
183, 
3 
45, 
103, 
122. 
181, 
255 
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Bernard,  Tristan 

Le  seul  bandit  du  villag