Skip to main content

Full text of "Les flammes chantantes théorie des vibrations et considérations sur l ..."

See other formats


This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project 
to make the world's books discoverable online. 

It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject 
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books 
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that 's often difficult to discover. 

Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the 
publisher to a library and finally to y ou. 

Usage guidelines 

Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the 
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to 
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying. 

We also ask that y ou: 

+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for 
Personal, non-commercial purposes. 

+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine 
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the 
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help. 

+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find 
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. 

+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just 
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other 
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of 
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner 
any where in the world. Copyright infringement liability can be quite severe. 

About Google Book Search 

Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers 
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web 



at |http : //books . google . corn/ 



fi'iiii ' [ il 
ililillïilililUil 



* i 



1 






«••v 




'bsvs.z 




Digitized 



byLj| 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES 



THÉORIE 

DES VIBRATIONS 



ET 



CONSIDÊBATIONS SUR L'ÉLEGTBIOTÉ 



Digitized by VjOOQICJ 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES 



THÉORIE 



DES 



VIBRATIONS 



ET 



CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉLECTRICITÉ 



PAR 



FREDERIC KASTNER 



TROISIEME EDITION. 



<^ PARIS 



E. DENTU, ÉDITEUR, 
Palais-Royal. Galerie d'Orléans. 



Eag. LACROIX, EDITEUR, 
54, rue des Saints-Pères, 54, 



1876 



Digitized by VjOOQIC 



v^ 



-v^r^â™ t>^2' ■DA^' iq^t| 

'.mRVARB COlLEeE LIBRARV 



Digitized by VjOOQIC 



INTRODUCTION 



La plus célèbre et la plus antique Associa- 
tion d'Angleterre a The Royal Institution » 
(Llnstitution Royale), avait demandé à 
M. Frédéric Kastner de vouloir bien lui 
envoyer son nouvel instrument de physique 
et de musique, lePyrophone, afin de pouvoir 
le décrire et l'expérimenter dans une séance 
qui a eu lieu, à Londres, à la Rot/al Institu- 
tion Ae 13 janvier 1875, séance dans laquelle 
l'illustre professeur Tyndall faisait entendre 

sa voix autorisée. 

1 

Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 



Peu après, la Société des Arts d'Angle- 
terre, « The Society of Arts^ » émit le vœu 
qu'une Lecture spéciale ou conférence fût 
donnée dans son grand amphithéâtre d'Adel- 
phi, à Londres, et consacrée entièrement 
au Pyrophone de M. F. Kastner. 

Cette réunion eut lieu le 17 février 1875, 
sous la présidence de M. le colonel Strange, 
membre du Conseil de la Society of Arts^ 
M. Le Neve Poster étant secrétaire. 

En présence d'une foule de notabilités 
scientifiques et musicales de l'Angleterre 
eurent lieu les expériences les plus intéres- 
santes; et un appareil à treize branches à 
jets de flammes multiples, envoyé par M* F. 
Kastner, débuta en faisant entendre l'hymne 
national anglais 2 God save the Queen, 

Quelques extraits) de la traduction de 
cette conférence, donnée k]aSociety o/Arts^ 
feront le sujfet de notre Préface i 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES - 



Nous ajouterons qu'une nouvelle audition 
eut lieu à la Royal Institution^ le 26 février 
1875, et que l'invention de M. F. Kastner a 
éveillé les plus vives sympathies parmi les 
savants etla presse anglaise, de même qu'elle 
en avait déjà rencontré dans la presse 
française, ainsi qu'à l'Académie des Sciences 
de l'Institut de France. 

l'bditeub. 



Paris, Avril 1875* 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized bj VjOOQIC 



PREFACE 



« L'époque actuelle pourrait avec juste rai- 
son s'appeler : « les grands jours des arts et 
de l'industrie. » Aujourd'hui, les plus nobles 
produits de l'intelligence attestent partout 
le travail incessant de l'esprit humain. 

a Les applications les plus inattendues des 
lois scientifiques sont constamment le 
résultat des efforts laborieux des savants. 

a Notre siècle, qui a vu mettre en pratique 
les effets les plus remarquables des princi- 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 



pes de la physique, tels que ceux de la 
vapeur, ceux de la propagation rapide de 
l'électricité, ceux de Taction de la lumière 
sur les substances chimiques, assistera en- 
core à de nombreuses découvertes, suscep- 
tibles d'applications toujours utiles et inté- 
ressantes, et parfois fort originales. 

a C'est à la science pure, à la physique, aux 
lois de l'acoustique que nous devons nous 
adresser pour rechercher l'origine de la dé- 
couverte d'un des plus intéressants théo- 
rèmes d'acoustique qui était resté ignoré 
jusqu'à ce jour. 

« On savait depuis longtemps qu'une 
flamme traversant un tube sous une certaine 
pression rendait un son musical. 

K Sans compter les physiciens, comme 
Higgins, Scherer, Mussin-Puschkin,De Luc, 
Hermbstadt, Chladni qui, les premiers ont 
constaté ce phénomène, des savants fran- 
çais, anglais, allemands, suisses, autrichiens, 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 



italiens, notamment G. de La Rive, Helm- 
holtz, Martens, Zenneek, Brugnatelli,Bôtt- 
ger, Marx, Roger, Pisko, Sondhaus, Wheas- 
tone, Sehaffgotsch, Faraday, Tyndall et 
beaucoup d'autn^s, se sont aussi préoccupés, 
à notre époque, des flammes chantantes 
au point de vue de la physique. 

a Mais ce qui semble avoir entravé leurs 
eff^orts, c'est qu'ils se sont bornés à opérer 
sur une seule flamme, 

« Considérant les flammes isolément, ils 
ont placé chacune d'elles dans un tube, au 
lieu d'opérer, comme l'a fait l'inventeur du 
Pyrophone, au moyen de plusieurs flammes 
conjuguées et introduites à la même hau- 
teur, dans un même tube. 

<( L'éminent professeur Tyndall, pour le- 
quel la plupart des questions ardues de la phy- 
sique n'ont pas de secrets, avait étudié avec 
soin les flammes chantantes. Mais, on 
peut dire que celles-ci n'ont pénétré 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 



dans le domaine de Fart musical que par 
suite de la découverte faite par M. Frédéric 
Kastner, du principe qui permet de les 
accorder et de les faire chanter à volonté 
sur tous les tons de Téchelle musicale; d'en 
produire et d'en arrêter le son instantané- 
ment et mécaniquement, comme dans les 
instruments à clavier ; de régler ce son et 
de le modérer au besoin. 

« G'estainsi que le modeste harmonica chi- 
mique, le lumen philosophicum desij^hysiciens 
comme on disait autrefois, a atteint dans le 
pyrophone le caractère d'un véritable ins- 
trument de musique : résultat qu'il semblait 
difficile et même impossible d'obtenir avant 
les expériences de M. Frédéric Kastner. 

« Fort imparfait dans l'origine, rauque, 
beuglant ou détonant, le son des flammes 
chantantes ne s'est rapproché du son mu- 
sical proprement dit qu'après des tâton- 
nements réitérés. Encore le son de la flamme 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 



unique dans le tube, le lumen philosophicum^ 
ne pouvait-il se produire musicalement 
en toute circonstance. Il fallait user parfois 
de divers procédés, comme par exemple l'ap- 
peler, le provoquer de la voix par l'émission 
d'un son parent ^ en rapport harmonique avec 
la note qu'il devait faire entendre. 

« Le professeur Tyndall avait en effet re- 
connu que pour qu'une flamme rende un 
son musical, il faut que son volume soit tel 
qu'elle puisse faire explosion à l'unisson des 
ondulations du ton fondamental du tube ou 
de Tun de ses harmoniques. Il avait avancé 
en outre que, lorsque le volume de la flamme 
est trop grand, aucun son ne se produit; il 
le démontrait en augmentant l'écoulement 
du gaz, M. Tyndall avait aussi appelé l'atten- 
tion sur ce fait, que, pour qu'une flamme 
puisse chanter avec son maximum d'inten- 
sité, il faut qu'elle occupe une certaine posi- 
tion dans le tube. 11 le démontrait en faisant 

i. 

Digitized by VjOOQIC 



10 LÉS FLAMMES CHANTANTES. 

varier la hauteur du tube sur k flamme ; 
mais aucun physicien ne précisa les rapports 
de dimension qui doivent exister entre la 
flamme et le tube pour obtenir celte inten- 
sité maximum du son. 

c( Le mérite de M. Frédéric Kastner est d'a- 
voir démontré que, lorsque deux ou plusieurs 
flammes sont introduites dans un tube, elles 
vibrent à Tunisson et produisent un son mu- 
sical maximum lorsqu'on les place au tiers 
de la longueur du tube, et d'avoir démontré 
aussi qu'il suffit d'amener ces flammes au 
contact pour que toute vibration cesse 
aussitôt. M. F. Kastner prouve que ce phé- 
nomène est produit par l'interférence des 
flammes vibrantes. 

«Le 17 mars 1873, M, le baron Larrey, 
membre de l'Académie des Sciences deParis, 
présentai l'Institut de France, au nom de 
M. F. Kastner, un premier mémoire dans 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 11 

lequel le jeune physicien rendait compte des 
expériences qui Font conduit à l'invention 
du pyrophone et à la découverte du prin- 
cipe nouveau suivant : 

Si dans un tube de verre ou d autre matière^ 
on introduit deux ou plusieurs flammes de gran- 
deur convenable^ et qui on les 'place au tiers de 
la longueur du tube^ comptée àpartir de la base^ 
ces flammes vibrent à r unisson. Le phénomène 
continue de se produire tant que les flammes 
restent écartées^ mais le son cesse aussitôt que les 
flammes sont mises au contact . ». 

« M. F. Kastner fait observer dans son mé- 
moire: que l'interférence des flammes chan- 
tantes ne se produit que dans des conditions 
spéciales ; qu^il est important de mettre la 
largeur des tubes en harmonie avec le 
nombre des flammes; que la hauteur des 
flammes n'exerce qu'une action limitée sur 
ce phénomène; que la forme des becs joue 
également un rôle fort important. 



Digitized by VjOOQIC 



12 LES FLAMMES CHANTANTES. 

« Puis il ajoute: 

« V ensemble des expériences que f ai effec- 
tuées depuis deux ans m'a conduit^ comme ap- 
plication, à la construction dun instrument 
musical dun timbre entièrement nouveau^ se 
rapprochant de la voix humaine et auquel fai 
donné le nom de Pyrophone. Cetiiistrumentse 
compose de trois claviers s accouplant comme 
dans l orgue; chacune des touches du clavier est 
mise en communication, à l'aide dun mécanisme 
fort simple, avec les conduits adducteurs des 
ûammes dans- les tuyaux de verre. Lorsqu'on 
presse sur ces touches, les] flammes se séparent, 
et le son se produit aussitôt -y dès qu'on cesse 
dagir sur les touches, les flammes se rappro- 
chent et le son cesse immédiatement. 

« Un extrait du mémoire de M. Kastner 
contenant les principaux points énoncés ci- 
dessus fut inséré dans lea Comptes-rendus 
hebdomadaires de V Académie des Sciences 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 13 

tome Lxxvi, n* 11 (17 mars 1873), pages 
699 et 700. 

a La commission de T Académie des Sciences 
de Paris, nommée à la suite de cette commu- 
nication pour l'examen de cette remarquable 
invention, était comppsée de MM. Jamin, 
Regnault et Bertrand, trois membres dis- 
tingués de cette Académie, qui ont manifesté 
un vif intérêt pour cette découverte au point 
de vue scientifique, surtout après avoir en- 
tendu dans des séances particulières une ré- 
duction du grand pyrophone. 

« A ces séances se trouvaient également 
plusieurs autres membres de Tlnstitut, ainsi 
que des artistes qui, tous, furent unanimes à 
constater l'originalité de Tinvention au point 
de vue scientifique, de même que le charme 
particulier des sons du pyrophone. 

« On a observé avec raison que ces sons 
rappellent ceux de la voix humaine, et ceux 



Digitized by VjOOQIC 



14 LES FLAMMES CHANTANTES. 

de la harpe d'Eole. Ils sont à la fois doux, 
puissants, pleins d'attraction et incisifs. Ils 
ont beaucoup de rondeur et de plénitude. 
On y remarque comme un souffle humain 
et passionné. Ils ont de plus, en général, 
un caractère de mélancolie qui semble être 
le propre de toutes les harmonies natu- 
relles. Le père du jeune physicien, membre 
de rinstitut de France et auteur érudit, mort 
en 1867, traitant des harmonies cosmiques, 
insiste sur cette particularité : 

« Les harmonies de la nature, dit- il, qui, 
dans leur grandeur terrible aussi bien que 
dans leur tristesse ineffable, ont, de tout 
temps, charmé le philosophe, le poète et 
l'artiste, sont, le plus souvent, empreintes 
d'un caractère de vague mélancolie, à l'in- 
fluence duquel l'âme ne peut se soustraire. 
C'est surtout quand Les bruits mondains 
s'apaisent ou sont tout à fait écartés, que 
ces harmonies puissantes produisent leurs 
efiTets les plus enivrants et les plus poétiques. » 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 1 5 

a Ailleurs, il dit encore : 

« ...L'expression d'indéfinissable mélan- 
colie attachée aux harmonies cosmiques, 
semble le trait distincxif de tous les sons pro- 
duits sans le concours immédiat de l'homme. 
Elle caractérise, par exemple, les sons de 
l'écho, les sons dits harmonigties et beau- 
coup d'autres qui rentrent dans le domaine 
de l'espèce de musique définie plus loin 
sous le nom de musique chimique et sympa- 
thique. Enfin, ce sont surtout les sons 
éoliens qui nous en offrent l'exemple le plus 
remarquable. » 

C'est en traitant, en effet, plus loin, dans 
Touvrage où se trouvent les lignes repro- 
duites ci-dessus, que Georges Kastner est 
amené, par la nature de son sujet, à parler 
de l'harmonica chimique et des premières 
et vaines tentatives qu'on avait faites pour 
transporter cet appareil dans le domaine de 
l'art instrumental. Il ne se doutait pas 
qu'un jour son fils parviendrait à résoudre 



Digitized by VjOOQIC 



16 Les flammes chantantes. 

ce difficile problème, et réussirait à cour- 
ber, sous le joug de la discipline musicale, 
les flammes sonores, si hésitantes, si capri- 
cieuses et si rebelles, en général, aux mains 
des physiciens expérimentateurs, 

«Le pyrophone, admis en 1873 à l'Expo- 
sition de Vienne, y excita une vive curio- 
sité. « Un artiste, dit le Journal officiel de 
cette Exposition, peut en tirer des sons 
inconnus jusqu'à ce jour, imitant les voix 
humaines, avec un timbre mystique et sus- 
ceptible de produire, dans la musique reli- 
gieuse, les effets les plus merveilleux. » 

« Les journaux et les revues de tous les 
pays ont été unanimes pour mentionner 
avec éloge le nouvel instrument, tant sous 
le point de vue musical que sous le point 
de vue scientifique. M. Henri de Parville, 
dans les Causeries scientifiques^ accorda une 
large place à l'examen du phénomène des 
flammes chantantes, et constata que la mu- 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 17 

sique au gaz avait fait ses débuts à l'Exposi- 
tion devienne de 1873. La Nature^ revue des 
sciences, rédigée par M. Gaston Tissandier, 
présume que le nouvel appareil est destiné 
à produire les effets les plus remarquables, 
les plus inattendus, au milieu des orchestres 
des théâtres lyriques et des grands concerts, 

« Pour ses premières expériences, M. Kas- 
tner s'était servi de deux flammes prove- 
nant de la combustion du gaz hydrogène, 
s'échappant de becs convenablement con- 
struits ; mais, après de nouvelles recherches, 
il est parvenu à substituer le gaz d'éclairage 
ordinaire au gaz hydrogène pur dans le 
fonctionnement de son pyrophone. 

oM. le baron Larrey, son ami, voulut bien 
être encore l'interprète, à l'Académie des 
Sciences, de ce perfectionnement qui sim- 
plifie beaucoup l'emploi de l'instrument 
musical lumineux, ainsi que le démontre 
fort bien l'inventeur du pyrophone, dans le 



Digitized by VjOOQIC 



1 8 LES FLAMMES CHANTANTES. 

mémoire où il explique sa théorie, mémoire 
présenté à l'Institut de France le 7 dé- 
cembre 1874. 

« Lors d'une Lecture donnée à Londres, le 
13 janvier 1875, par le professeur Tyndall, 
à la Royal Insiiluiion^ des expériences ont 
été faites, conformément au nouveau prin- 
cipe, avec un appareil à neuf flammes 
conjuguées, qui a fonctionné durant la soirée 
dans des tubes de diverses grosseurs. Le 
célèbre physicien a mentionné avec éloge 
la découverte de M. Frédéric Kastner. 

(( Il est permis dépenser que le pyrophone, 
à la faveur des perfectionnements qu'il a 
déjà subis dans la disposition et le jeu de 
son mécanisme, en raison surtout de la 
substitution du gaz d'éclairage au gaz 
hydrogène pur, aura, à l'avenir, une mission 
poétique à remplir dans la musique de con- 
cert comme dans la musique de théâtre. 
Des compositeurs distingués ont déjà porté 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 19 

leur attention sur ce nouvel agent sonore. 
Gounod s'était proposé de Tintroduire dans 
une des scènes de sa Jeanne (T Arc ^ mais 
riiïventéur n'avait pas terminé à cette époque 
le pyrophone de grande dimension qu'il eût 
fallu livrer pour une salle de théâtre; d'un 
autre côté, il n'avait pas encore trouvé le 
moyen de remplacer le gaz hydrogène par 
le gaz d'éclairage. Aussi dut-il refuser. 

«On pourra, dans la suite, tirer un grand 
parti du pyrophone pour les.églises, car on 
peut donner à l'instrument toutes les dimen- 
sions, depuis une octave jusqu'aux portées 
les plus étendues. 

«Les rampes de théâtre elles-mêmes ser- 
vant à l'éclairage peuvent être converties 
en un immense instrument musical. 

a L'inventeur prépare un grand lustre 
chantant^ qui pourra être placé comme 
instrument de musique, comme orne- 
ment et comme moyen d'éclairage dans 
le salon le plus fastueux. Ce lustre sera mû 



Digitized by VjOOQIC 



20 LES FLAMMES CHANTANTES. 

au moyen de T électricité, et un artiste pourra 
jouer dans une salle voisine du salon où se 
trouvera le lustre, de sorte que Teffet sera, 
pour ainsi dire, magique. 

«Les becs chantants ont, dans cet instru- 
ment si nouveau, 5, 7, 9 et jusqu'à 12 
flammes afférentes à un seul bec. 

« L'avenir nous ménage d'autres surprises 
que le jeune savant tient encore en réserve.» 

EXTRAIT DU JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ DES 
ARTS D'ANGLETERRE. — LondreS, 19 /<?- 

vrier 1875. N* 1,161 ; vol. XXIII. — 
Tentli ordinary Meeting of the Society of 
Arts). 

l'Éditeur. 



Digitized by VjOOQIC 



PREMIÈRE PARTIE 



LES 



FLAMMES CHANTANTES 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 



PREMIERE PARTIE 



LES 



FLAMMES CHANTANTES 



Ol^ilO--*- 



Depuis leD'Higgins(l)qui,en 17tt, remar- 
qua le premier le son d'une flamme vibrante 
pendant qu'il étudiait, au moyen de la com- 
bustion d' un faible courant de gaz hydrogèn e , 
la formation de Teau dans un récipient de 

(l) Higgins. Voy. Nicolson. Jouni. of Nat» PliiL 
New Ser, I, p. -129; IV, p. 33. — Ann, de cliim.^ 
VIir,pi3G3. 



Digitized by VjOOQIC 



24 LES FLAM^JES CHANTANTES. 

verre, jusqu'à Chladni qui, dans les der- 
nières années du xviii® siècle, entreprit de 
défricher, comme il le dit lui-même, le champ 
jusque-là inculte de l'acoustique , l'étude 
des flammes chantantes fit peu de pro- 
grès. 

Cependant les travaux de quelques phy- 
siciens, tels que le genevois De Luc (1), 
Hermbstadt(2)lecomte Mussin Puschkin(3), 
avaient répandu la connaissance de ce fait 
en Allemagne et ailleurs. 

Mussin Puschkin expliquait le son qui se 
produit en pareil cas comme le résultat de 
petites explosions rapides. Il n'admettait pas 
que les petites parties des parois du tube 
vibrassent de concert, puisqu'on pouvait à 

(4) De Luc, dans ses Neuen Ideenueber Météorologie, 
I, p. 138, §. 200. 

(2) Hermbstadt dans CrelPs Cliem. AwUy 179.^ 
I, p. 355. 

(3) Mussin Puschkin. Voy. Taschenbuch fur 
Scheidekûnstler de Gottling, 1795, p. 18. 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 25 

volonté envelopper le tuyau et le couvrir 
avec un corps étranger sans faire varier 
l'intonation. 

Un autre physicien, Scherer, partageait 
son opinion sur le premier point; mais il 
était d'avis de ne point rejeter l'hypothèse de 
la co-vibration des petites parties du tube. 
Il s'appliqua du reste à varier l'expérience 
de la délimitation de la colonne d'air au- 
dessus de la flamme en se servant alterna- 
tivement de tuyaux ouverts aux deux bouts^ 
ainsi que de tuyaux fermés d'un côté, de cu- 
curbif es et de flacons de formes très-diverses. 

La hauteur du son obtenu à Taide de ces 
divers récipients ne varia point, qu'ils fussent 
enveloppés ou non. 

Scherer (1) admit dans la suite que la 
combustion du gaz a pour effet de produire 
un vide dans lequel Tair se précipite avec une 
grande force, ce qui détermine le son. 

(i) Scherer. Voy. Gren's Jounu, VIII, p. 375. — 
Gren's N, Jourtu, II, p. 506. 

Digitized by VjOOQIC 



26 LES FLAMMKS CHANTANTES. 

La méthode d'expérimentation, si ingé- 
nieuse et si sûre de Ghladni, devait jeter un 
jour nouveau sur ce problème. 

Dans la traduction française de son Traité 
(t acoustique (1), qu'il publia en 1809 et qu'il 
dédia à Tempereur Napoléon I*^, il posa en 
principe (§ 66) que le son produit par lacom^ 
bustion du gaz hydrogène dans un tuyau ne 
diffère pas du son des instruments à vent; 
puis il ajoute : « Le tuyau n'est pas le corps 
sonore, par les mêmes raisons qui font qu'un 
instrument à vent ne Test pas non plus. Pour 
produire un tel son, on fait développer du 
gaz hydrogène par des moyens assez connus, 
dans une bouteille bouchée, d'où le ga;2 peut 
sortir par un tube de thermomètre ou de 

(1) Chladni. Traité iVacoustique^ Paris, Courcierj 
1809. 1 vol. i-i"8«, Pi 85 et suiv. — Voy. aussi Hiu- 
deuburg, Archiv des reinen imd anijew. Mathem . , i 794, 
1, p. 126. — Neue Scimften der Gesellschaft d. Nat. 
Fr., Berlin, 1795, I, p. 125. — Die Ahuslik von 
Chladni. Leipzig, 1802, p. 91 à 92; p. 307. 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 27 

baromètre fixé dans le bouchon : on allume 
(avec les précautions nécessaires) le gaz sor- 
tant ; on tient alors sur cette flamme un 
tuyau de verre ou de métal bouché ou ou- 
vert, d'un diamètre et d'une longueur arbi- 
traire, ou une bouteille , une cornue ou un 
autre vase semblable, de manière que la 
flamme soit enfoncée jusqu'à une certaine 
distance de l'ouverture; le son est assez 
semblable à celui de l'harmonica, mais quel- 
quefois beaucoup plus fort. La flamme doit 
être petite et tranquille ; elle s'amincit sitôt 
que le son se fait entendre. Pour que la 
flamme soit ainsi disposée, et pour éviter 
que le tube par lequel le gaz sort ne se bou- 
che pas par des vapeurs aqueuses condensées, 
il sera convenable de se servir d'un tube de 
baromètre un peu large dont on a rétréci à 
la lampe l'ouverture supérieure. Les lois des 
vibrations sont les mêmes pour ces sons que 
pour ceux des tuyaux d'orgue ; le courant 
du gaz hydrogène, la flamme et peut-être 



Digitized by VjOOQIC 



28 LES FLAMMES CHANTANTES. 

aussi le courant d'air atmosphérique entrant 
de dessous, pour remplir le vide causé par 
l'absorption du gaz oxygène, tout cela con- 
tribue à produire dans l'air contenu dans 
le tuyau ou vase, des vibrations dans le sens 
de la longueur qui se font sentir assez 
fortement si Ton tient un doigt sous l'orifice 
inférieur du tuyau. Si l'extrémité supérieure 
du tuyau est bouchée, le son est d'une oc- 
tave plus grave que si le même tuyau est ou- 
vert aux deux extrémités : on peut donc 
hausser ou baisser le son en bouchant plus 
ou moins une des ouvertures par les doigts 
ou d'une autre manière. Le son est le même 
que si l'on souffle dans l'ouverture; il est en 
raison des longueurs renversées des tuyaux, 
mais il ne dépend pas du diamètre. J'ai 
réussi quelquefois à produire aussi le deu- 
xième son, et même le troisième dans un 
tuyau assez long et étroit, en enfonçant moins 
la flamme; la série possible des sons est 
alors, comme dans les tuyaux d'orgue, égale 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 29 

aux nombres impairs dans un tuyau bouché 
et aux nombres pairs dans un tuyau ou- 
vert. » 

Tel était, dans toute sa simplicité , du 
temps de Chladni, l'appareil des flammes ou 
plutôt de la flamme chantante qui, plus tard, 
s'est appelée harmonica chimique. 

La théorie qu'en a donnée ce grand phy- 
sicien a en partie servi de base aux explica- 
tions qui furent présentées ultérieurement 
sur les causes de ce phénomène. 

Chladni fit ses expériences avec des tuyaux 
de différentes longueurs et de différentes 
largeurs, comme aussi avec des tuyaux en- 
veloppés de différentes matières. Ni les ma- 
tières diverses servant d'enveloppe à ces 
tuyaux, ni leur différence de diamètre ne 
parurent influer sur la hauteur du son. 

Chladni donne encore dans son précieux 
traité (§ 67) les résultats de quelques expé- 
riences qu'il fit àVienne,aidé du professeur 
de Jacquin, sur les sons 4é* différentes espè- 

Digitized by VjOOQIC 



30 LES FLAMMKS CHANTANTES. 

ces de gaz dont le même tuyau d'orgue était 
rempli et environné. 

Ces expériences ne l'avaient pas entière- 
ment satisfait ; il les qualifie modestement 
d'imparfaites et parle de la nécessité de les 
répéter avec plus d'exactitude, ce que plu- 
sieurs ont tenté de nos jours. 

En 1808, G. de La Rive (1), pour expliquer 
le phénomène du chant de la flamme, avança 
que la vapeur formée par la combustion de 
l'hydrogène se condense sur les parois froi- 
des du tube. Quand cette condensation a eu 
lieu, l'air rentre brusquement par les extré- 
mités de ce tube pour être de nouveau re- 
foulé par la vapeur qui se reforme. Celle ci 
se condensant à son tour, le même effet se 
reproduit et le mouvement vibratoire qui 
en résulte o l'orifice du tube provoque le 
son^ 

(1) De La Rive. Yoy. Journ. defihys., LV, p. 105. 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 31 



Cette explication fut réfutée par Faraday, 
en 1818 (1). Il montra que le son se produit 
encore quandle tubeestportéà plusde 100**, 
c'est-à-dire à un degré où il ne peut plus être 
question de la condensation de la vapeur. 

A l'appui de cette remarque, Faraday fai- 
sait valoir le résultat d'une expérience où il 
avait produit des sons avec l'oxyde de car- 
bone qui brûle sans donner de vapeur d'eau. 

Il est vrai que G. de La Rive avait fait 
une autre expérience qu'il aurait pu citer 
également pour justifier son explication, 
c'est celle du- son dans les tubes à boule (2). 

Quand on fait chauffer dans la flamme 
d'une lampe à alcool une boule de verre 
soufflée à l'extrémité d'un tube capillaire, 
et contenant quelques gouttes d'eau, on en- 
tend un son musical semblable à celui de 
l'harmonica chimique. Plus la boule est 
grosse, le tuyau long et étroit, plus le ton 

{{) Faraday. Ann.dechim., VIII, p. 363. 
(2) Cf. Daguin. Physique, 2* éd., I, p. 45fi. 



Digitized by VjOOQIC 



32 LES FLAMMES CHANTANTES. 

est grave. La vapeur en s'échappant se con- 
dense sur les parois froides du tube, de ma- 
nière à laisser un vide dans lequel Tair exté- 
rieur se précipite avec violence. 

Chassé de nouveau par la vapeur qui s'est 
reformée, il opère sa brusque rentrée dès 
que la vapeur s'est encore une fois conden- 
sée, et ainsi de suite. A l'eau employée dans 
cette expérience on peut substituer Téther, 
l'alcool ou l'acide sulfurique concentré. Avec 
une grande quantité de liquide, il se pro- 
duit trop de vapeur. Le tuyau s'échauffe et 
le phénomène ne peut se produire. Quand 
tout le liquide est évaporé, le phénomène 
cesse, mais il se reproduit dès que la calé- 
faction recommence, alors que la vapeur 
condensée s'est écoulée après le refroidisse- 
ment dans la boule. 

A. Pinaud (1), a confirmé Texplication 
donnée par G. de La Rive, attendu qu'une 

(I) Au gust Pinaud, dans les Annales de Poggen- 
dorff, Pogg.Ann., 1837, XLII, p. 610 à 618. 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 33 

boule dont l'intérieur est bien sec ne donne 
aucun son. Marx (1) et Sondhaus (2) ont 
pourtant montré comme Faraday, que la 
présence de la vapeur n'est pas absolument 
nécessaire pour faire parler Tharmonica 
chimique. 

Le premier veut que le son résulte des 
secousses que Tair échauffé qui s'échappe 
exerce sur Tair extérieur, ce qui a beaucoup 
d'analogie avec ce qui se passe pour les 
trous de la Sirène. D'après Sondhaus, le phé- 
nomène dans ces boules et tuyaux chauffés 
doit être rapporté au mode de la génération 
du son dans les tuyaux fermés, avec cette dif- 
férence qu'ici l'air, au lieu d'être condensé, 
est raréfié. La présence de vapeurs denses 

(i) C. Marx, dans Erdmann, Journ. fur prakti 
Chemie, 4841, XXII, p. 129 à 135.— Marbach, 
Phijs. Lexik. 2 Aufl. III, p. 691 et 693. 

(2) G. Sondhaus, dans Po^^. Ann., 1850, LXXIX, 
p. 1 à 34. — Marbach. Phys, Lexik. 2 Aufl., III, 
p. 692 et 693. 



Digitized by VjOOQIC 



34 LES FLAMMES CHANTANTES. 

d'eau, d'esprit-de vin et dans un moindre 
degré d'éther, favorise la disposition de la 
flamme à chanter. Sondhaus a même obtenu 
un son au moyen des vapeurs de mercure. 
On peut toucher, ébranler le verre aux en- 
droits que Ton veut, sans que le son change. 
Les vibrations du verre ne sont donc pas la 
cçiuse efficiente du son. 

Emsmann (1) est arrivé aux mêmes ré- 
sultats que Marx et Sondhaus. Ces deux der- 
niers et Pinaud ont, en outre, cherché à éta- 
blir les conditions déterminantes de la hau- 
teur du son. 

Le D^ Pisko (2), dans son ouvrage sur 
les nouveaux appareils d'acoustique, ditqu'il 
s'est livré à des recherches analogues, en 
sorte qu'il a pu constater sous tous les rap- 

(l)Emsinann.Voy.Ann.dePoggendorff,Po5'//^??rf. 
Ann.iSM, LI,p.444. 

(2) Pisko (D"" Fr.-Jos,). Die neuei'en Apparate der 
Akustik. Wien, 1865, 1 vol. iii-8% p. 188 et suiv. ■ 



Digitized by VjOOQIC 



LKS FLAMMES CHANTANTES. 35 

ports l'exactitude des premières expériences 
de Chladni. 

« J'employai, dit-il, d^étroits tubes de verre 
courbés à leurs extrémités avec un petit 
élargissement en forme de boule (d'environ 
12 millimètres). 

« Quand, au moyen d'une allumette que 
j'avais introduite par Torifice supérieur 
d'un tuyau de verre d'environ 4 millimètres, 
j'avais faiblement mouillé cette partie à l'in- 
térieur, puis échauffé laboule du tuyau en le 
plaçant sur une flamme d'esprit-de-vin, un 
son très-fort se faisait entendre et se prolon- 
geait longtemps après que le tuyau avait été 
éloigné du foyer de la chaleur. Mais si l'on 
mouillait trop le tube intérieurement, soit 
dans sa paroi supérieure, soit à sa base, je 
n'obtenais aucun son des tuyaux. » 

t'araday ti^apporta pas moins de soin 
à ses expériences. 11 les varia de tnille façons, 
tfcint par rapport aux flammes que par rap- 



Digitized by VjOOQIC 



36 LES FLAMMES CHANTANTES. 

port aux tubes. II employa avec succès tous 
les gaz inflammables, aussi bien que les va- 
peurs d'alcool et d'éther. Il plaça tour à 
tour sur les flammes des vases de formes, 
de matières et de, grandeurs très-variées. Il 
constata que le son éclatait, dès que le cou- 
rant d'air pouvait se produire autour de la 
flamme. 

Il expliqua le phénomène par des explo- 
sions se succédant très-rapidement. Il re- 
marqua d'abord qu'il se produit un courant 
d'air ascendant qui rend la flamme plus 
étroite, et cela d'autant plus que le courant 
d'air est plus rapide. 

L'oxygène de ce courant se mêle avec 
l'hydrogène qui n'est pas encore entré en 
combustion. Ce mélange de force se renou- 
velle un instant après, et les, explosions suc- 
cessives sont assez rapprochées les unes des 
autres pour qu'il se produise un son. On 
peut obtenir le même résultat avec tous les 
gaz facilement combustibles, ainsi qu'avec 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 37 

les vapeurs, mais c'est l'hydrogène qui se 
présente sous les conditions les plus favo- 
râbles, parce qu'il donne le plusrde chaleur 
et qu'il s'éteint le plus difficilement sous 
l'action du courant d'air. 

Faraday rapproche l'espèce de roulement 
qui se manifeste quand on souffle à travers 
une flamme de celui qui se produit dans le 
discours parlé. On l'explique comme étant 
le résultat d'une suite de petites explosions 
très-rapides provenant de la détonation du 
mélange qui se forme entre le gaz non en- 
core brûlé et l'air lancé au milieu de la 
masse. Martens (i) croit que ce mélange dé- 
tonant se trouve dans le tube un peu au- 
dessus de la flamme. Si en effet, conformé- 
ment à une de ses expériences, on introduit 
dans le tube une toile métallique de Davy à 
cet endroit, de façon qu'elle ne soit pas à 
une distance de plus de deux millimètres 

(1) V. Daguiu, Physique; S'' Ed. I., p. 486. 

3 

Digitized by VjOOQ le 



38 LES FLAMMES CHANTANTES. 

de la flamme, le son ne se produit plus ; 
.tandis qu'il reparaît, d'abord faible, puis 
éclatant, dès qu'on soulève peu à peu le tube 
et que la toile s'éloigne. 

Davy (1) lui-même plongea une de ses 
lampes de sûreté dans un mélange gazeux 
explosif et il obtint ainsi un son produit par 
les détonations rapides des portions du mé- 
lange qui pénétraient dans la lampe à tra- 
vers la toile. 

Faraday introduisit une grande variété 
dans ses expériences et opéra, en général, 
avec tous les gaz inflammables, voire même 
avec les vapeurs d'éther etd^alcooL 

Avant Faraday, Zenneck (2) publia utl 
important travail sur Tharmonica chimique; 
il y joignit une table usuelle principalement 
relative aux dimensions des tuyaux et aux 
sons qui leur sont propres. 11 se servit aussi 

(1) Voy. Daguiu, Physique; 2« Ed. I., p. 4o. 

(2) Zennek. Voy. Schioeigger'sJotirn. XIV., p. 44. 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 39 

de tiîbes percés de Irous latéraux se fer- 
mant à volonté comme ceux de la flûte, et 
il obtint de la sorte une série d'intonations 
différentes. 

J'ai proposé une disposition analogue pour 
les tubes de mes flammes multiples dans la 
seconde note que j'ai eu Thonneur de pré- 
senter à rinstitut de France, sans savoir 
que cette disposition avait déjà été appliquée 
dans les recherches de Zenneck, ce fait 
n'étant venu à ma connaissance que lorsque 
je pris des notes pour tracer cet historique, 
c'est-à-dire tout récemment* 

Pour faire chanter l'harmonica chimique, 
Brugnatelli (1) y brûla aussi du phosphore, 
et Pictèt (2) étudia l'état vibratoire de la 
tnatjse d'air contenue dans le tube au moyen 
des mouvements de colonnes de fumée . 

. (I) Brugnatelli ap; Gehte¥s neu bearb.pfiyêik Leœ. 
Y.2Abth.p. 101 et 102. 
(2)Pictet. M., ibid. 



Digitized by VjOOQIC 



40 LES FLAMMES CHANTANTES. 

Wheastone fut le premier qui eut l'idée 
d'observer les diverses phases de Tétat de 
la flamme, mais, avant lui Tromsdorf avait 
déjà fait remarquer que celle-ci s'allonge 
et revêt la forme conique aussitôt qu elle 
commence à chanter. Ce fut en 1834, en cal- 
culant la vitesse de l'électricité dans un fil 
de cuivre, que Wheastone fit sa première 
analyse optique de la flamme vibrante. Il 
laissa tomber l'image d'une flamme de gaz 
hydrogène sur le miroir de son appareil 
pendant un vif mouvement de rotation im- 
primé à ce miroir, et il obtint ainsi un cer- 
cle lumineux. Mais à peine eut -il appliqué 
un tuyau sur la flamme et formé par là un 
harmonica chimique, qu'il observa dans le 
miroir en rotation des interruptions dans la 
période d'intensité de la flamme, lesquelles 
concordaient avec les vibrations. Dès Tan- 
née 1857, le célèbre professeur Tyndall tira 
un grand parti de ce fait, qui avait passé 
presque inaperçu, et ses belles expériences, . 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 41 

aujourd'hui mentionnées dans les princi- 
paux traités de physique, ont largement 
contribué à aug'menter l'intérêt de. cette 
branche particulière de l'étude des flammes 
chantantes. 

Il analysa tout d'abord l'image optique de 
la flamme et la compara à celle que donne 
Je scintillement d'une étoile fixe. 

« Les étoiles fixes, dit-il, surtout celles 
voisines de Thorizon, ont une lumière vacil- 
lante dont la couleur varie quelquefois dans 
l'acte de ce qu'on appelle leur scintillation. 

« J'ai souvent observé la nuit, sur les pla- 
teaux des Alpes, les éclairs alternatifs de 
rubis et d'émeraude qui jaillissaient des 
étoiles les plus brillantes et les moins éle- 
vées au-dessus de l'horizon^ Placez un mi- 
roir dans une position telle, que vous puissiez 
y voir l'image d'une de ces étoiles, et faites 
le tourner rapidement à droite et à gauche ; 
la ligne lumineuse formée par l'image de 
l'étoile ne sera pas continue; elle formera 

Digitized by VjOOQIC 



42 LES FLAMMES CHANTANTES. 

un ruban de grains de chapelet ou de perles 
colorées d'une extrême beauté. Vous obtien- 
drez le même effet si vous regardez Tétoile 
avec une lorgnette d'opéra que votre doigt 
anime d'un mouvement oscillatoire. Cette 
expérience nous apprend que, dansTacte de 
la scintillation, la lumière de Tétoile est 
éteinte par intervalles successifs, les espa- 
ces obscurs qui séparent les grains brillants 
correspondant aux périodes d'extinction. 
Or, nos flammes sonores sont aussi des 
flammes scintillantes. Lorsqu'elles com- 
mencent à chanter elles sont agitées, d'un 
frémissement sensible, qu'il est facile d'ana- 
lyser par le mouvement d'un miroir ou 
d'une lorgnette, comme dans le cas d'une 
étoile. 

a Je regarde, en effet, la flamme avec cette 
petite lorgnette, à laquelle j'imprime des 
oscillations telles que l'image décrive un 
cercle entier ; la bande lumineuse n'est pas 
continue comme elle devrait l'être si la 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 43 

flamme était parfaitement stable; elle se 
résout en une belle couronne de flammes 
distinctes, (J) » 

Il suffisait que le savant expérimentateur 
appliquât sa main contre Textrémité infé- 
rieure du tube, de manière à intercepter le 
courant d'air déterminant les vibrations 
de la flamme pour que les oscillations du 
miroir ne fissent plus naître qu'une bande 
lunçiineuse continue. 

En examinant attentivement avec Taide 
du miroir tournant une petite flamme chan- 
tante de gaz d'éclairage ou plutôt la série 
discontinue des images de la flamme pro- 
jetée sur l'écran, M. le professeur Tyndall 

(1) J. Tyndall. Le So7i. Cours expérimental fait à 
rinstitution Royale, traduit de l'anglais par Tabbé 
Moigno. Paris. Gauthier- Villars, 1869. 1 vol. in-8, 
p. 236-238. — Sound : a Course delivered at the Royal 
Institution of Great Britain. Seconde édition. Lon- 
don; Longmans, Green, and Go., 1869., in 8.Lect. 
VL Harmonie Sounds of fiâmes. 



Digitized by VjOOQIC 



44 LES FLAMMES CHANTANTES. 

constata que chacune d'elles se compose 
d'une pointe jaune portée par une base du 
bleu le plus riche. Dans ces images discon- 
tinues, les espaces entre les flammes étaient 
absolument obscurs pour l'œil. Cependant 
il ne tient pas cette obscurité pour réelle et ■ 
il la considère comme une très-faible fluo- 
rescence due à la lumière bleue de l'oxyde 
de carbone, tandis que, dans les phases d'ex- 
plosions successives, le carbone est entière- 
ment éliminé par le fait de l'activité de la 
combustion. 

Dans ses expériences si complètes et tou- 
jours décrites d'une façon si attachante par 
l'illustre physicien, aucun des phénomè- 
nes qui ont été reconnus susceptibles 
de modifier les images de la flamme, 
diversement impressionnée , sonore ou 
muette, vibrante ou au repos, n'a été oublié. 

Aussi le fait si curieux de l'influence d'un 
son ou d'un bruit extérieur sur l'harmonica 
chimique a-t-il vivement excité l'attention 

Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES, 45 

de Tyndall, comme celle du comte de Schaff- 
gotsch, et c'est presque simultanément que 
ces deux célèbres physiciens ont parcouru ce 
nouveau champ d'observation. 

Mais laissons parler le professeur Tyndall : 
« La première observation acoustique doni 
les flammes devinrent l'objet, dit-il, fut 
celle faite à Berlin par M. le comte Schaff- 
gotsçh. Il montra que lorsqu'une flamme 
de gaz ordinaire est surmontée d'un tube 
assez court, une forte voix de fausset, chan- 
tant à l'unisson de la note du tube ou de 
son octave supérieure, faisait trembler et vi- 
brer la flamme. Il arrivait même que la 
voix éteignait la flamme, lorsque le ton du 
. son rendu par le tube était assez élevé. 

« Au printemps de 1857, cette expérience 
vint à ma connaissance et je voulus aussitôt 
la répéter. Dans le compte-rendu très-som 
maire de Tobservation, publié dans les An- 
nales de Poggendorff^ on n'avait nullement 

3. 

Digitized by VjOOQIC 



46 LES FLAMMES CHANTANTES. 

indiqué la manière d'opérer ; mais en étu* 
diant attentivement les conditions de succès, 
je constatai un certain nombre d'effets sin- 
guliers qui captivèrent fortement mon atten- 
tion. M. le comte Schaffgotsch poursuivait, 
de son côté, ses recherches, et sans nous 
être concertés, tout à fait à Tinsu Tun de 
l'autre, nous marchions sur le même terrain. 
Je reconnais toutefois que la priorité de ce 
qu'il y a de commun dans les expériences 
que nous faisions alors simultanément ap- 
partient à M. le comte Schaffgotsch. » 

Le professeur Tyndall , répétant la première 
expérience du comte de Schafifgotsch, fit 
brûler un petit jet de gaz daas un tube dont 
le son avait été déterminé d'avance. 11 se 
tint, k quelque distance de la flamme, 
et fit entendre le son que pouvait rendre le 
tube. La flamme s'agita et chanta; il donna 
plus de force à sa voix et la flamme s'étei- 
gnit. Pour obtenir l'extinction de la flamme, 
le professeur Tyndall recommande de re- 

Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 47 

courir à un bec ou brûleur qui ne laisse pas- 
ser le gaz que par une ouverture très-étroite 
et sous une pression considérable. 

La même expérience peut avoir lieu avec 
la sirène dont on fait monter le son gra- 
duellement jusqu'à ce qu'il ait atteint le ton 
donné par le tube où s'agite aussi graduelle- 
ment, sous l'impression de cette émission, 
la flamme qu'on va faire chanter. Lors- 
que le son engendré par la sirène est près 
d'être à l'unisson de celui de la flamme, 
des battements se produisent et la flamme 
se met à danser synchroniquement avec ces 
battements. Ces soubresauts diminuent aux 
approches de l'unisson ; ils cessent totale- 
ment quand l'unisson devient parfait; à ce 
moment la flamme semble être dans un état 
de quiétude : elle ne bouge pas; mais dès 
que la sirène a dépassé l'unisson, les sauts 
de la flamme recommencent, et coïncident 
avec les battements. 

Dans le cours de ses expériences, le pro- 

Digitized by VjOOQIC 



48 LES FLAMMES CHANTANTES. 

fessear Tyndall dit qu'il eut un jour Tocca- 
sion de constater que lorsqu'il élevait con- 
venablement la voix, une flamme silen- 
cieuse jusqu'alors au sein de son tube com- 
mençait à chanter. Il interrompait son chant 
oii il émettait de nouveau la note sensible, 
plusieurs fois alternativement la flamme lui 
répondait toujours en chantant à Tunisson. 
Il ajoute que le même fait avait été observé 
peu de temps auparavant par M. le comte 
Schaffgotsch sans qu'il en eût eu connais- 
sance. Oserai-je dire, après avoir cité ces 
grands noms, qu'en agençant et en ac- 
cordant les tubes de mon pyrophone, j'ai 
eu assez souvent l'occasion de remarquer 
cet effet particulier. 

Bien mieux, il arriva qu'un jour un de 
mes amis qui se tenait accoudé à un pyro- 
phone dont les tubes lumineux étaient ac- 
cordés, mais au repos, fut étrangement sur- 
pris d'entendre une note pure et bien timbrée 
surgir tout à coup du sein des flammes 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 49 

sans que rien en apparence eût provoqué 
cette subite émission de sonorité. Il ne s'é- 
tait pas aperçu qu'en causant avec anima- 
tion, il avait un peu élevé la voix et qu'une 
de ses intonations avait rencontré celle d'un 
des tubes, en sorte que la flamme de ce 
tube, comme si elle avait été interrogée, 
avait répondu à l'unisson sans attendre 
qu'une pression de la touche destinée à lui 
accorder la parole, l'y eût invitée. 

Cette extrême sensibilité des flammes aux 
vibrations isochrones extérieures m'avait 
créé quelques difficultés dans les commen- 
cements. 

Suivant le professeur Tyndall, si l'on ins- 
tallait sur des flammes convenables une 
série de tubes propres à rendre tous les sons 
de la gamme, et si, placé à la distance de 
20 à 30 mètres, un musicien chantait la 
gamme, il appellerait successivement à 
Tcxistence chacun des sons des tubes, et la 
série entière des flammes finirait par chanter. 



Digitized by VjOOQIC 



50 LES FLAMMES CHANTAMTES. 

Lorsqu'on regarde dans un miroir tour- 
nant une flamme silencieuse capable d'être 
excitée, comme il vient d'être dit, on n'a- 
perçoit qu'une bande lumineuse continue. 
« On ne peut rien voir de plus beau, ajoute 
avec enthousiasme le grand physicien an- 
glais à qui j'emprunte ces lignes, que la 
transformation subite de ce ruban continu 
en un collier de perles très-lumineuses, à 
l'instant même où la voix entonne la note 
sensible. » 

Du reste, Tyndall, dans toutes ses expé- 
riences, a reconnu l'exactitude de la théorie 
de Chladni. Il constate que la hauteur du 
son de l'harmonica dépend, comme pour les 
tuyaux d'orgue ordinaires, de la longueur 
de ces tuyaux. Avec des tuyaux d'égale lon- 
gueur, ce sont les dimensions de la flamme 
et l'endroit où celle-ci est placée dans le 
tube qui déterminent l'apparition de la note 
fondamentale ou d'un de ses harmoniques 
supérieurs. Ceux-ci sont produits par le rac- 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 51 

courcissement ou le déplacement de la 
flamme dans le tube. 

Dans les expériences qu'il fit en 1843 et 
en 1857, le professeur Schrœtter, observa 
que la flamme d'hydrogène de son harmo- 
nica chimique était colorée de deux façons : 
à l'intérieur elle avait l'aspect d'une 
flamme bleue , laquelle était visible dans 
l'obscurité, et à l'extérieur c'était une 
flamme jaune. 11 fonda sur ce phénomène 
et sur la production du son qui l'accompa- 
gne une théorie particulière. Il pensa qu'il 
se forme dans l'harmonica, à cause de la 
chaleur produite par la flamme, un courant* 
d'air qui augmente la vitesse de Técoule- 
ment du gaz et qui provoque, dans une pé- 
riode d^'écoulement, une raréfaction du gaz. 
Il s'ensuit que l'air atmosphérique est as- 
piré, pompé contre l'embouchure et que la 
flamme brûle au-dedans. La recombustion 
semble constante; c'est comme un état vi- 
bratoire intérieur et un état vibratoire ex- 



Digitized by VjOOQIC 



52 LES FLAMMEè CHANTANTES. 

térieur de la flamme, mais, en raison de 
sa durée, ce phénomène produit sur la ré- 
tine l'effet d'une action continue et simulta- 
née de deux flammes distinctes, Tune bleue, 
l'autre jaune. L'hypothèse fondée sur le 
principe traumatique du choc ascension- 
nel de la flamme s'explique, d'après le pro- 
fesseur Schrœtter, par le rôle de la flamme 
bleue, sorte d'amorce, de pompe aspirante 
du gaz dans le récipient. En raison de la 
forte pression intérieure du gaz et de l'ac- 
tion du courant d'air extérieur, la flamme 
s'élève, et le jeu recommence. La flamme 
bleue se comporterait ici comme les pièces 
de l'embouchure des tuyaux d'orgue à l'effet 
de provoquer le son. 

D'après ce physicien, tout ce qui entrave 
la combustion de la flamme bleue empêche 
toute manifestation sonore. Il crut en avoir 
acquis unepreuve concluante par l'impossibi- 
lité où il se trouva de faire parler l'harmo- 
nica chimique au moyen du gaz sulfhydri- 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 53 

que (1). Cependant Sondhaus (2) obtint ces 
sons au moyen de ce gaz. Il est vrai que ce 
ne futpassanspeine. Lo professeur Schrœt- 
ter qui, dans la suite, renouvela sa tentative, 
réussit également à faire chanter le gaz suif- 
hydrique par un procédé particulier. 

En 1858, Grailich et Weiss considérèrent 
le fait précédent comme n'ayant aucune 
importance sur la production du son. A leur 
point de vue, il ne s'agit là que d'un phé- 
nomène secondaire, dépendant surtout de 
la grandeur de Torifice du tube sonore, 
comme aussi de l'intensité et de la hauteur 
du son. Dans leurs études sur les différents 
aspects des flammes chantantes, les deux 
physiciens obtinrent une série d'images de 
flammes déliées, qui semble les avoir con- 
firmés dans l'opinion émise par eux que la 

(1) Cf., Wien. acad. Ber., 1857, XXTV, 
pag. 18 à 22. — Ann. d. chim., 3, R. LUI, pag. 
240à24i.— Berl.Ber. fur 1857; XIII. pag. 180. 

(2) Ap. Pogg. Ann., 1860, CIX, pag. 445. 



Digitized by VjOOQIC 



54 LES FLAMMES CHANTANTES. 



flamme vibrante n'est point discontinue^ mais 
qu'elle procède sans interruption, dans ses 
différentes phases vibratoires, de manière 
à présenter dans son ensemble Timage d'un 
zigzag lumineux. Ils en ont tiré cette con- 
clusion que la cause des sons produits par 
l'harmonica chimique ne réside pas dans 
une suite d'explosions rapides, mais qu'il 
faut plutôt la chercher dans les changements 
importants et prolongés de volume qui se 
produisent pendant la combustion, attendu 
que les produits de la combustion du gaz 
sont plus denses que les gaz en liberté ; et 
ces différences de volume, aussi bien que 
des explosions successives, provoquent dans 
le tube sonore de l'harmonica une agitation 
qui détermine des mouvements vibratoires, 
lesquels se convertissent bientôt en périodes 
régulières de vibration. Ils ajoutent que le 
courant d'air n'est probablement pas étran- 
ger non plus à ce résultat (1). 
(I) Cf., Grailich et Weiss, Ap. Wien, acad. 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 55 

L^action vibratoire a été étudiée non-seu- 
lement par le moyen de colonnes de fumée, 

— comme Ta fait d'abord Pictet, ensuite le 
comte Schaffgostch qui se servit, à cet ef- 
fet, d'une pastille à brûler incandescente, 

— mais on a su rendre visibles les oscilla- 
tions de jets de gaz hydrogène en recourant 
h des brûleurs faits d'épongés de platine 
rougies comme dans le feu d'artifice de Do- 
berein. On constata, à cette occasion, que 
les seuls bruits qui firent impression sur 
l'harmonica furent ceux qui contenaient un 
ton parent du tube sonore. Enfin on expéri- 
menta encore par une autre méthode con- 
sistant à employer une seconde flamme plus 
petite que la première et mobile. On 
n'en saurait faire usage si le tube qui la porte 
n'est pas placé dans une position horizon- 
tale, car elle serait éteinte par la force du 

Ber. 1858, XXIX, p. 271 à 280. — Z. S. f. 
Naturw. XII, pag. 247 à 249. — Berl. Ber. fur 
1858, XIV, pag. 166 à 168. 



Digitized by VjOOQIC 



56 LES FLAMMES CHANTANTES. 

courant d'air. Pour provoquer rémission 
sonore, on a recours à une forte flamme de 
gaz hydrogène, tandis qu'on prend pour la 
petite flamme d'expérimentation du gaz d'é- 
clairage qu'on allume seulement quand on 
a trouvé le point convenable. Dans une ex- 
périence de Grailich et Weiss (1), cette pe- 
tite flamme était placée à la moitié de la 
longueur du tube. Aussitôt qu'on la chan- 
geait de place, elle s'éteignait. 

Dans une autre expérience due au comte 
de Schaffgotsch, une petite flamme brûlait 
sous une faible pression. Elle sortait d'un 
étroit orifice de O^^OOS. A une distance de 
de O^'OOS au-dessus, un courant, sous une 
forte pression, s'échappait d'un petit brû- 
leur. Celui-ci , dans les cas ordinaires, ne 
se serait pas allumé, mais aussitôt que la 
note donnée par le tuyau, —cette note était 

(I) Grailich et Weiss, Loc. cit. 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. O/ 

le ré^ — fut entonnée avec force, le courant 
supérieur vint s'allumer à la petite flamme 
au-dessous, qui s'amincit et s'allongea, puis 
s'éteignit subitement. 

Cette expérience conduisit le comte de 

Schafi^gotsch à imaginer un appareil spécial 
pour l'étude des divers phénomènes qui se 
rattachent aux flammes chantantes. 

Des expériences analogues furent faites 
la même année (1858) par Le Conte (1). Il 
expliqua le phénomène de la même ma- 
nière que Savart et Plateau ont expliqué 
l'influence des vibrations de l'air sur une 
veine liquide. Il voit là un exemple de la co- 
hésion des gaz et compare le chant des 

(1) Le Conta ip. The american Journal of science 
^ and arts, by Silliman (Silliman Jouni.), 2, série 
XXV, pag. 62 à 67. — Philos. Mag., série 4, XIV, 
pag. 23b h'^dd.— Institut, 4858, pag. Hoà 116. — 
Arch. phys., série 2, I, pag. 270 h 273. — BerL 
Ber. fur 1858, XIV, pag. 143 à 144. 



Digitized by VjOOQIC 



58 LES FLAMMES CHANTANTES. 

flammes aux tons observés par Favart pen- 
dantquedes fluides s'échappaient de tuyaux 
courts. Sondhaus (1) n'a pu se mettre d'ac- 
cord sur ce sujet avec Le Conte, Toutes ces 
expériences n'ont point paru concluantes. 
Le professeur Tyndall a répété celle du comte 
de Schafl'gotsch. Il a montré comment on 
peut amener de la sorte une première flamme 
à déterminer Tignition sonore d'une ae-- 
conde flamme et comment, toutes choses 
observées, une flamme peut^ d'une dis- 
tance considérable, adresser la parole à une 
autre flamme (2). 

C'est seulement dans le cas précédent que 
les physiciens ont examiné et placé dans le 
même appareil deux ou trois flammes sépa- 
rées pour en apprécier l'action réciproque ; 
encore l'une dé ces flammes, la plus petite, 

(1) Ap. Silliman Sourn., série 2, XXXI, pag; 416 
à 417. — BerL Ber. fur J861, XVII, pag. 168; 

(2) Tyudall, loc. cit. 



Pigitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 39 

n'intervient-elle ici que pour fournir la dé- 
monstration d'un principe de la loi de vi- 
bration au point de vue scientifique ; l'har- 
monica chimique, sous le rapport musical, 
ne gagne absolument rien à cette addition. 
C'est aussi au moyen de plusieurs becs de 
gaz superposés et de flammes nues et muet- 
tes adaptées à des orifices percés dans les 
parois* de tuyaux d'orgue que l'on a rendu 
parfaitement claires, intelligibles et frappan- 
tes pour les yeux, les lois de la production 
du son dans les tuyaux , telles que la for- 
mation des nœuds et des ventres, ainsi que 
les principes de l'interférence des ondes 
sonoreâ et le problème délicat de la compo- 
sition du timbre. Pour i*endi*e sensibles les 
différents modes de vibration^ M. ICœnig 
a iniaginé d^ngénieux appareils pourvus de 
flammes (|u'ii appelle manométriquesy et dont 
les images variées représentent les phases 
jjlus du mdins complii^uées des phénomènes 
sonores analysés par be inoyen, et jusqu'aux 



Digitized by VjOOQIC 



60 LES FLAMMES CHANTANTES. 

vibrations de la voix dans rémission des 
voyelles (1). 

Ces appareils, qui ont figuré à Texposition 
universelle de 1867, ont acquis, depuis cette 
époque, une grande notoriété scientifique. 

L'intérêt excité, parmi les physiciens, 
pour les expériences d'acoustique eÊFectuées 
avecle secoursde ces appareils munis debrû- 
lures à gaz, doit avoir contribué à rendre les 
savants attentifs à la grande' sensibilité mani- 
festéepar laflamme, — eu égard aux moindres 
bruits extérieurs, comme aussi à l'importance 
que celle-ci acquiert à l'état sonore , dans 
l'harmonica chimique. 

(1) Cosmos, 186-2, XXI, pag. 147 à 149, et 1864, 
XXIX, pag. 4i0. — Cimeiito, 1862, XII, pag. 5.— 
Pisko, VIII, Jahresbcr, der Wicdner Oberreal- 
Schule, Wien, 1863, pag. 32. — Berl. Ber. fur 
1862, XVIII, pag. 138. — Pogg. Ann. fur 1861, 
CXXII, pag. 243 et suiv. — Les Mondes, par Tabbé 
Moiguo, 1865, t. VII, pag. 646 et suiv. — Koiiig, 
Catalogue illustré des inslruments d'acoustique» 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 61 

Après avoir fait chanter la flamme d*un 
grand nombre de gaz, on a essayé d'étendre 
l'expérience aux bougies et aux mèches de 
lampe, mais, jusqu'ici, presque sans succès. 
Ces tentatives furent poursuivies, dès J858, 
par les physiciens Roger (1), Peterim et 
Weiss (2). Plusieurs recueils scientifiques 
de cette époque en ont rendu compte. 

On observa qu'en général, il était difficile 
d'obtenir de la flamme des mèches un son 
continu. 

Les mèches creuses s'y prêtaient mieux 
que les mèches compactes, surtout lorsqu'on 
avait soin de recourir à des tubes étroits. 

(1) W., B. Rogers, Ap. PhiL Mag., 4« sér., 1858, 
XV, pag. 261 à 263, et 40i à 403. — Arch. phys.^ 
2. II, p. 57 à 58. — Silliman Journ., 2^ Sér. XXVI, 
pag. 1 à 15. — EdiJib. Joxirn,, 2, Sér. VIII, pag. 
300 à 312. — BerL Ber. pour 1858, XIV, pag. 
144 à 150. 

(2; Ap. Wien. acad. Ber. 1858, XXXII, pag. 
68 à 75. — L'Instit., 1858, pag. 330 à 331. — 

BerL Ber. pour 1858, XIV, pag. 168 à 170. 

4 

Digitized by VjOOQIC 



62 LES FLAMMES CHANTANTES. 

On les faisait chanter au moyen de Talçool, 
de Téther sulfurique ou d'un mélange d'al- 
cool et d*huile de térébenthine. Cependant 
Peterim et Weiss semblent donner à enten- 
dre qu'un agrandissement de la flamme et 
de la mèche, et l'emploi de tubes plus larges 
ne nuiraient pas à l'expérience, surtout pour 
lesdifférentesespècesde bougies. On prétend 
qu'unebougiede stéarine doit être mince pour 
produire un son. On a encore observé qu'a- 
vec l'éther, rhuile de térébenthine et l'es- 
sence minérale, la sonorité de la flamme 
des mèches est, en général, irrégulière; 
qu'elle est préférable avec l'alcool et tout à 
fait bonne, avec l'huile à brûler. Cette der- 
nière opinion est justifiée par une observa- 
tion due à Reinisch qui, en 1861, entendit 
la flamme d*une lampe à huile, dite lampe 
d'Argand, rendr*e Un son dans son tube de 
Verre (1). 

0) ri. Hëinisch Àp., a. Jahrb. fur Pharmacie^ 



Digitized by LjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 63 

Bien que ces expériences n'aient produit 
que de médiocres résultats, elle n'en sont 
pas moins intéressantes, et si le champ de 
l'investigation s'agrandit dans cette voie, 
grâce à la persévérance des physiciens, peut- 
être auront- elles aussi des résultats utiles 
dans le domaine de la pratique. 

Une autre série d'explorations fort cu- 
rieuses et encore peu connues en France, est 
celle qui a été inaugurée à Leyde, par Rijke, 
en 1859. — Une flamme muette d'alcool ou 
d'hydrogène sert à chauffer au rouge un 
filet ou une toile métallique placée quelque 
peu au dessus de cette flamme, et retenu à 
la paroi du verre. 

L'expérience a été décrite comme suit: 
Par la base inférieure d'un tube de cristal et 
environ au quart de la longueur de ce tube, 
on plaça une toile métallique à mailles ser- 

XV, pag. 28. — Berl. Ber. pour 1861, XVII, 
pag. 169. 



Digitized by VjOOQIC 



64 LES FLAMMES CHANTANTES, 

rées, attachées par un ressort à la paroi du 
verre. Quand cette toile métallique eut été 
chauffée aii rouge au moyen d'une flamme 
d'alcool ou d'hydrogène, on entendit un son 
qui monta peu à peu et qui bientôt s'éleva 
plus haut que la note fondamentale du tube. 
Ce son ne dura que quelques secondes. 

Dans d'autres cas, on réussit à le pro- 
longer en faisant usage simultanément 
de plusieurs filets métalliques. Pour le rendre 
permanent, on a recommandé l'emploi d'une" 
batterie galvanique (d'au moins 30 éléments 
de Grove) entretenant l'incandescence du 
filet métallique à l'intérieur du tube (1). 

On explique ce fait par des changements 
alternatifs de volume, suivant une théorie 

(\), P. L. Rijke dans Pogg. ann. 1859, CVII, page 
339 à 343. — BerL Be9\ fur I8r.9, XV, pag. 165. — 
Cosmos, 1859, Z/F pap. 508 à 5 . 1 . — Philosoph. Mag. 
4' sér. XVII, pag. 4J9 à 422. — Arch. Phys. 2^ sér. 
F. pag. 361 à 362. — Cf. - J. Pisko, Die neueren 
apparate d. Bhysik, pag. 193. 194. 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 65 



analogue à celle qui a été proposée pour ex- 
pliquer le phénomène du chant des flammes. 
Le courant à l'air froid ascendant se dila- 
terait en rencontrant la toile métallique 
chauffée au rouge et se condenserait ensuite 
au-dessus. Ces périodes alternatives de raré- 
faction et de condensation produiraient le son . 
Dans l'expérience de Rijke, on avait remar- 
qué que si Ton bouchait avec lamainTorifice 
supérieure du tube, le son cessait aussitôt, 
mais qu'il renaissait avec une grande force, 
dès que, retirant la main, on laissait le 
tuyau ouvert. D'autres expérimentateurs, 
tels que Bosscha (J) et Riess (2j, n'ont 
pas obtenu ce résultat, et comme ils ont 
opéré par une méthode quelque peu diffé- 
rente de celle do Rijke, ils ont en général 

(I) Bosscha, dans Pogg. Ann. 1859, CVII, pag. 
342 et 343.— (2) P. Riess, dans Pogg. Ann. 1859 
CF7//,pag. 653 à 656. — Ann. i860, CIX, pag. 145 â 
147. - Berl. Ber. fur 1859, XV, pag. 165. — 1860, 
XYI, page 132. 



Digitized by VjOOQIC 



66 LES FLAMMES CHANTANTES. 

observé des faits qui sur de certains points 
contredisent et sur d'autres affirjpaent ou 
complètent ceux qui ont été révélés par le 
physicien de Leyde. 

Ici, la flamme n'étant introduite dans le 
tube que pour provoquer le son des toiles 
métalliques, et n'ayant par conséquent que 
le rôle d'auxiliaire, ce n'esl plus proprement 
à l'historique des flammes chantantes que 
se rapportent ces tentatives. Toutefois elles 
me semblent devoir être rattachées à celui 
de rharmonica chimique, puisque les toiles 
métalliques font ici l'office de flammes pour 
engendrer des sons musicaux susceptibles 
d'être variés et prolongés dans certains cas. 
Je pense qu'on serait tout aussi fondé à re- 
garder comme une espèce d'harmonica chi- 
mique, et à désigner sous le nom à' harmonica 
électrigue^ l'appareil dont mes expériences sur 
l'dpplication de l'électricité à des tubes so- 
nores m'ont suggéré l'idée tout récemment. 

Rien de plus simple à son origine que la 

Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 07 

construction de l'harmonica chimique. On 
sait que, du temps de Chladni,tout Tappa- 
reil consistait en une bouteille ou grand 
flacon bouché contenant du gaz hydrogène, 
d'où le gaz pouvait sortir par un tube ana- 
logue au tube d'un thermomètre ou d'un 
baromètre fixé dans un bouchon. 

Ce jet de gaz devait être allumé avec 
beaucoup de précaution. Berzelius conseil- 
lait de laisser échapper l'hydrogène pendant 
quelque temps avant d'en approcher un corps 
enflammé, afin d'éviter le danger d'une ex- 
plosion du mélange détonant. 

On plaçait sur le brûleur un autre tube, 
long d'environ un ou deux pieds, en cher- 
chant, par tâtonnement, le point où la 
flamme pourrait chanter. On trouvait ainsi 
la note fondamentale du tube, et même un 
ou deux de ses harmoniques. 

Au moment de la combustion, l'hydro- 
gène en se combinant avec l'oxygène, brûle 
d'une flamme chaude, mais peu brillante. 

Digitized by VjOOQIC 



68 LES FLAMMES CHANTANTES. 

C'est cette petite lumière que les anciens 
chimistes, qui s'occupaient surtout d'alchi- 
mie, c'est-à-dire de la recherche delà pierre 
philosophale^ ont désignée par le terme de 
lumen philosophicum. Si le modeste appareil 
dans lequel soufflait ce lumen philosophicum 
prit le nom d'harmonica chimique^ c'est 
que le son qui s'y produisait avait paru ofiFrir 
une certaine analogie de timbre avec celui 
de l'harmonica de verre perfectionné par 
Franklin. 

Bientôt on substitua aux tubes de thermo- 
mètre ou de baromètre, des tubes de verre 
et d'autres matières, voire de carton, comme 
ceux dontle D** Sondhaus fit usage, en 1860, 
pour ses expériences. La forme en était tan- 
tôt droite, tantôt courbe, tantôt élargie à 
l'une des extrémités, la longueur facultative 
suivant la nature et le but des expériences, 
le diamètre également très-varié. On se 
servait de tubes larges, ou de tubes minces 
et étroits; enfin au lieu d'opérer sur un seul 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 69 

de ces tubes à Ja fois, on eut l'idée d'en réu- 
nir un certain nombre de différentes dimen- 
sions, et l'on obtint ainsi comme une série 
d'harmonicas séparés ayant chacun pour 
note fondamentale une des sept notes de la 
gamme. Pour mettre ces tubes d'accord, on 
imagina de les envelopper à l'une de leurs 
extrémités, de petits rouleaux de papier ou 
de carton nommés curseurs^ qu'on peut faire 
monter ou descendre à volonté sur le tube. 
La rapide propagation de l'emploi du gaz 
d'éclairage, et l'établissement de grands 
récipients de gaz hydrogène dans les labo- 
ratoires importants, facilitèrent de plus en 
plus Tétude de l'harmonica chimique, ainsi 
que les expériences délicates qui se rat- 
tachent au phénomène de la vibration des 
flammes. 

Les physiciens qui se sont le plus occupés 
de cet objet ont imaginé des appareils 
propres à rendre leurs démonstrations par- 
faitement intelligibles. 



Digitized by VjOOQIC 



7ô LES FLAMMES CHANTANTES . 

Ceux de Sondhaus, de Schaffgotsch, de 
Tyndall et de Kœnig, sont particulièrement 
connus dans le monde savant. Combiné pour 
être alimenté, par d'importants récipients 
de gdiZ, le premier de ces appareils, désigné 
en Allemagne sous le nom de Tonflammen- 
Apparat àe Schaffgotsch, est, comme instru- 
ment de physique, très-complet et très-in- 
génieux. Il fut construit principalement en 
vue de Tétude optique des flammes chan- 
tantes et de la démonstration des divisions 
de la colonne d'air vibrant dans le tube, 
mais il peut se prêter à toutes les expé- 
riences relatives au chant des flammes. 

Il se compose de deux tuyaux de dimen- 
sions inégales, et d'un brûleur mobile, le 
tout réuni et fixé sur un châssis. A l'aide de 
cet appareil on peut faire parler simultané- 
ment deux tuyaux, mais ils sont à une 
certaine distance Tun de l'autre. 

Un mécnnicien de Vienne, M. Hauck,pour 
seconformerauprincipeposé par Roger, rela- 



^ DigitizedbyVjOOQlC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 



tivement à r observation des images projetées 
sur récran, a euTidée d'adapter une roue au, 
plus grand des tubes, afin de le faire tour- 
ner facilement et avec une grande rapidité 
sur son axe. Un appareil fabriqué d'après 
la méthode du comte SchaflPgotsch a été 
exposé à Londres par M. Kœnig. Celui du 
D'Sondhaus, qui peut être également appro- 
prié aux diverses analyses que comporte le 
phénomène dont il s'agit, est surtout recom- 
mandé pour r étude des S07is de combinaison. 
Enfin, les instruments à flammes manomé- 
triques construits à Paris par M. Kœnig, et 
dont presque tous les traités de physique 
publiés en France donnent les figures et la 
description, présentent un intérêt p articuler 
par rapport aux lois de l'interférence du son. 
Bien que les flammes en soient muettes et 
nues, ils peuvent être employés utilement 
dans l'analyse optique des flamtnes chan- 
tantes et dans celle des phases de Tétat 
vibratoire de ces flammes. 



Digitized by VjOOQIC 



72 LES FLAMMES CHANTANTES. 

Je n'ai pas besoin de dire que tous les 
^instruments dont il vient d'être fait mention 
n'ont chacun en soi rien de plus musical 
que la bouteille de gaz hydrogène au tube 
de baromètre ou de thermomètre, où chan- 
tait la petite flamme, le lumen philosophicum^ 
et qui, du temps de Chladni, constituait Thar- 
monica chimique. Cependant, on dut recon- 
naître, dès l'origine, que le son donné par 
cette petite flamme avait, par sa hauteur dé- 
terminée etparle caractère particulier deson 
timbre, quelque chose de vraiment musical. 
S'il était parfois rude, criard, déchirant et 
d'une intensité telle que l'oreille avait de la 
peine à le supporter, il se manifestait dans 
d'autre cas, avec tant de charme, de dou- 
ceur, de pureté, de plénitude, et qui plus est, 
avec une suavité mélancolique si étrange, 
que toute personne sensible aux harmonies 
cosmiques en était frappée. Il se trouva donc 
en Angleterre des esprits inventifs, qui cher- 
chèrent à tirer parti de Texpérienee où figu- 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 73 

raient une série de tubes ou d'harmonicas sépa- 
rés, donnant les différentes notes de la gamme 
et qui se flattèrent de créer sur ce plan un 
instrument de musique nouveau. Mais la dif- 
ficulté qu'ils paraissent avoir éprouvée à faire 
parler les tuyaux à volonté, à éviter l'espèce 
de hoquet marquant le passage d'une note 
à une autre, à modérer le son et à l'étein- 
dre instantanément tout en conservant la 
justesse d'intonation, tout cela semble avoir 
rendu ces essais infructueux. Je crois d'ail- 
leurs qu'ils ont été fort restreints. Je n'en ai 
eu connaissance que par les observations 
qui ont été présentées sur mon pyrophone, 
après la séance de la Society of A rts^ où 
mon invention a reçu un accueil si bienveil- 
lant et si flatteur. 

Il est plus que probable que si je ne m'étais 
pas frayé, sans le savoir, une voie nouvelle 
dans l'étude des flammes chantantes^ et si je 
n'avais pas découvert le principe dont j'ai 
fait l'application à mon pyrophone, principe 



Digitized by VjOOQIC 



74 LES FLAMMES CHANTANTES. 

que j'ai eu Thonneur de soumettre à 
r Académie des Sciences de Paris, ainsi qu'à 
la Royal Institution et à la Society of Arts de 
Londres, et que je vais exposer ci-après, je 
ne serais pas arrivé, malgré tous mes 
efforts, à des résultats plus pratiques que 
ceux de mes devanciers. 



Digitized by VjOOQIC 



DEUXIÈME PARTIE 



INTERFÉRENCE 

DES FLAMMES VIBRANTES 

LE PYROPHONE 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 



DEUXIÈME PARTIE 



INTERFÉRENCE 

DES FLAMMES VIBRANTES 

LE PYROPHONE 



Dans le courant de Tannée 1868, je m'oc- 
cupais très-activement d'expériences rela- 
tives aux phénomènes de l'électricité (1). 

(4) Ces expériences sur rélectricité me suggérè- 
, à cette époque, la pensée d'une combinaison 



Digitized by VjOOQIC 



78 LES FLAMMES CHANTANTES. 

C'est en étudiant les propriétés des dif- 
férents gaz et en entendant chanter la 

que je jugeais propre à fournir une application 
nouvelle de Télectricité comme force motrice. L'ap- 
pareil imaginé par moi fut breveté au commence- 
ment de 1870. J'avais motivé comme suit ma de- 
mande en autorisation de brevet : 

« Mon invention a pour objet d'obtenir, par Té- 
lectricité, une force constante, afin de l'appliquer 
industriellement comme moteur. Elle consiste à 
employer une série d'électro-aimants dont les arma- 
tures, quoique placées à l'état de repos, à des dis- 
tances inégales, se rapprochent successivement de 
leurs électro-aimants correspondants, en impri 
mant à une tige droite comme celle du piston d'un 
cylindre à vapeur, un mouvenient rectiligne qu'elle 
transmet à un arbre moteur au moyen de bielles, 
d'engrenages ou d'autres moyens mécaniques. 
L'attraction de toutes les armatures, parleurs élec- 
tro-aimants correspondants, a lieu simultanément; 
mais en outre, ce qui constitue ce que j'appelle la 
force constante, résulte de ce que le contact de 
chaque armature avec ses électro-aimants aide au 
rapprochement de l'armature et des électro-aimants 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMEIS CHANTANTES. 79 

flamme de Tharmonica chimique que je 
tentai de tirer parti de ce phénomène scien- 
tifique au profit de Tart musical. 

Quoique je ne connusse ce qui concernait 
alors les flammes chantantes que par le petit 
nombre d'ouvrages de physique servant à ren- 
seignement en France, ouvrages qui sont fort 
incomplets sur ce sujet, je cherchais, dès 
Tannée 1869, à tenter de rendre musicales 

qui leur sont juxtaposés, de sorte que rattraction 
qu'on pourrait appeler constante, s'opère toujours 
à la même distance et successivement l'une après 
l'autre. Il en résulte que la puissance de ces attrac- 
tions successives, augmentée de l'attraction simul- 
tanée de toutes les armatures, constitue la force 
motrice dont Tapplication peut se faire, ainsi qu'il 
vient d'être expliqué. » 

A la même date, je pris un certificat d'addition 
à ce brevet, lequel avait pour objet un appareil 
perfectionné, combiné et disposé de telle façon qu'on 
pouvait obtenir des interruptions de durée variables 
dans le courant transmis de la pile à mou moteur 
électrique. 



Digitized by VjOOQIC 



80 LES FLAMMES CHANTANTES. 

les manifestations sonores des flammes vi- 
brantes. 

Je n'ai pas à raconter ici toutes les diffi- 
cultés que j'ai dû vaincre, sans autres guides 
que ces traités de physique. 

J'ignorais alors les travaux spéciaux faits 
en Angleterre, en Autriche et en Allemagne, 
travaux que j'ai mentionnés dans la première 
partie de cet ouvrage, afin de rendre hom- 
mage aux savants éminents qui m'ont de- 
vancé dans cette voie. 

Le 17 mars 1873, M. le baron H. Larroy, 
membre de l'Institut, voulut bien lire en 
mon nom le mémoire qui va suivre, à l'Aca- 
démie des Sciences de Paris, réunie en séance 
ordinaire sous la présidence de M. de Qua- 
trefages. 

PRINCIPE. 

« Si, dans un tube de verre, ou d'autre 
matière, on introduit deux ou plusieurs 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 81 

flammes isolées de grandeur convenable, et 
qu'on les place au tiers de la longueur 
du tube, comptée à partir de la base in- 
férieure, ces flammes vibrent à Tunis- 
son. 

« Le phénomène continue de se produire 
tant que les flammes restent écartées ; mais 
le son cesse aussitôt que les flammes 
son mises au contact. 

De la démonstration de ce principe ré- 
sultent les expériences suivantes : 

PREMIÈRE EXPERIENCE. 

« J'ai pris un tube de verre de 0,55 c. de 
longueur, de 0,041 de diamètre extérieur, 
et de 0,0025 d'épaisseur. Deux flammes iso- 
lées provenant de la combustion du gaz hy- 
drogène, s'échappant de becs convenable- 
ment construits, et placées à 0,183 de la 
base, ont produit, lorsqu'elles étaient sépa- 
rées, le Fa naturel. 



Digitized by VjOOQIC 



82 LES FLAMMES CHANTANTES. 

c< Dès que ces flammes, à l'aide d'un mé- 
canisme très-simple, ont été rapprochées, 
le son a été brusquement interrompu. 

« Si on fait varier la position des flammes 
dans le tube, en les laissant toujours écar- 
tées, au-dessus du tiers de la longueur, le 
son diminue jusqu'à la moitié du tube, en- 
droit au delà duquel tout bruit cesse de 
se produire : au-dessous de ce même point 
le son augmente au contraire, jusqu'au 
quart de la longueur du tube. En cet endroit, 
si on rapproche les flammes, le son ne cesse 
pas immédiatement, les deux flammes pou- 
vant alors contiuuer de vibrer, comme une 
flamme unique. 

DEUXIÈME EXPÉRIENCE. 

<i En prenant un tube de verre de 0,65 de 
long, de 0,046 de diamètre extérieur et de 
0,002 d'épaisseur dans lequel deux flammes 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 83 

isolées, provenant de la combustion du gaz 
hydrogène et placées à 0,216 de la base, 
vibrent, on obtient le -fî^ d'après le diapason 
normal. Le son cesse dès que les deux flam- 
mes sont au contact. 

TROISIÈME EXPÉRIENCE. 

« Si on prend un tube de 0,97 de long, de 
0,037 de diamètre extérieur, de 0,002 d'é- 
paisseur, et que dans Tintérieur on fasse 
vibrer deux flammes isolées brûlant à 0,323 
de la base inférieure, on obtient, pour son 
fondamental, un Sol. Le rapprochement des 
deux flammes éteint immédiatement le 
son. 

QUATRIÈME EXPERIENCE. 

« En adoptant un tube de verre de 0,65 
de long, de 0,05 de diamètre extérieur, et de 



Digitized by VjOOQIC 



84 LES FLAMMES CHANTANTES. 



0,002 d'épaisseur dans lequel ont fait brûler 
deux flammes isolées, ont obtient T £// dièze. 
Dès que les flammes sont mises au contact, 
le son cesse immédiatement de se pro- 
duire. 

a Depuis deux anSj j'ai répété ces expé- 
riences sur des tuyaux de diverses dimen- 
sions, en longueur, diamètre extérieur et 
épaisseur. J'ai opéré sur des tuyaux ayant 
depuis0,10jusqu'à2"', 80, et constamment les 
résultats que je viens d'indiquer se sont vé- 
rifiés, 

« Néanmoins, il est important de mettre 
la longueur des tuyaux en harmonie avec le 
nombre des flammes. 

« Il est possible que tel tube de longueur 
trop grande, ou d'un diamètre trop grand, 
ne permette pas de vérifier la loi que j'ai 
énoncée, si on a recours à deux becs seule- 
ment. Ce phénomène de F interférence des 
Pammesipeiit alors ne pas se produire ; mais. 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 85 



qu'on augmente le nombre des becs, qu'au 
lieu de deux on le porte à trois, et au delà, 
alors r interférence se produira et le prin- 
cipe énoncé se vérifiera sans difficulté au- 
cune. 

c( La hauteur des flammes n'exerce qu'une 
action limitée sur ce phénomène. 11 est 
pourtant indispensable de régler lentement, 
et surtout de faire vibrer dans Tintérieur de 
chaque tube un nombre de flammes conve- 
nablement calculé, si on veut obtenir des 
sons musicaux, lesquels peuvent être d'ail- 
leurs d'un timbre remarquable. 

« L'interférence ne se produit, en effet, 
que dans des conditions spécial es qu'il m'a été 
permis d'étudier d'une manière complète. 

« La forme des becs joue ici un rôle im- 
portant. 

« Lorsque les flammes s'en échappent avec 
un jet libre, tendant à s'élever avec énergie 
des becs vers le haut, l'interférence se ma- 
nifeste, et un son harmonieux se fait enten- 



Digitized by VjOOQIC 



86 LES FLAMMES CHANTANTES. 

dre ; mais si au contraire les flammes ten- 
dent à s'abaisser, en enveloppant le bec, il 
n'y a plus que des vibrations discordantes, 
le phénomène de l'interférence n'a plus lieu, 
et on ne peut plus compter sur un son mu- 
sical. 

a L'ensemble de ces expériences m'a con- 
duit comme application à la construction 
d'un instrument musical, d'un timbre com- 
plètement nouveau, se rapprochant de la 
voix humaine et auquel j'ai donné le nom 
de Pyrophone. Cet instrument, qui figurera 
à VExpodtion universelle de Vienne^ se com- 
pose de trois claviers s'accouplant comme 
dans l'org-ue; chacune des touches du cla- 
vier est mise en communication, à l'aide 
d'un mécanisme fort simple, avec les con- 
duits adducteurs des flammes dans les 
tuyaux de verre; lorsqu'on presse sur ces 
touches, les flammes se séparent, et le son se 
.produit aussitôt; dès qu'on cesse d'agir sur 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES 87 

les touches, les flammes se rapprochent, et 
le son cesse immédiatement. 

a Telest le principe fondamental sur lequel 
repose le Pyrophone que j^ai fait breveter en 
France et dans les divers pays de TEu- 
rope. 

a Je me réserve de communiquer prochai- 
nement à r Académie une série d'expérien- 
ces sur les flammes chantantes : 

1® En donnant aux tubes diverses posi- 
tions ; 

2"" Sur les phénomènes de Tinterférence ; 

3"* Sur les rapports que j'ai cru reconnaî- 
tre à ce point de vue entre les mouvements 
vibratoires de la lumière et ceux provenant 
du son ; 

4** Sur le dégagement de Tozone ; 

5** Sur la production des harmoniques ^ùwv 
lesquels la loi énoncée se vérifie égale- 
ment. » 



Digitized by VjOOQIC 



88 Lfc:S FLAMMES CHANTANTES. 



L'Académie des Sciences chargea une 
commission spéciale, composée de trois de 
ses membres, Messieurs Regnault, Jamin et 
Bertrand , de Y examen de ma communication . 

J*eus rhonneur de soumettre un nouveau 
Mémoire à l'Académie dans la séance du 7 
décembre 1874, présidée par M. Frémy. 

Ce mémoire, présenté également à l'Aca- 
démie des Sciences par M. le baron H. Lar- 
rey, avait plus spécialement pour objet 
Tapplication du gaz d'éclairage à mon py- 
rophone. En le communiquant à l'Institut, 
M. le baron Làrrey s'exprima comme il suit : 

« J'ai eu l'honneur de présenter à l'Aca- 
démie, dans la séance da 17 mars 1873, an 
premier travail de M. Kastner sur fies ex- 
périences nouvelles, relatives aux flammes 
chantantes, notamment sur la découverte 
du principe nouveau de leur interférence, 
pour la production ou la cessation du son. 
M. Kastner a employé, à cet efi'et, deux ou 
plusieurs flammes, au lieu d'une seule, 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 89 



dans un tube de verre ou d'autre matière, 
et il a fait l'application de ce principe à un 
instrument de musique d'un timbre nou- 
veau imaginé par lui, et auquel il a donné 
le nom de Pyrophone. 

« M. F. Kastner soumet aujourd'hui au 
jugement de l'Académie le résultat des nou- 
velles recherches auxquelles il s'est livré 
depuis un an pour parvenir à substituer le 
gaz d'éclairage au gaz hydrogène dans le 
fonctionnement de son Pyrophone. » 

Après avoir reçu cette communication, 
l'Académie décida que la Note qu'on va lire 
serait imprimée in extenso dans le Compte- 
rendu de la séance. (Voir t. LXXIX, p. 1307 
à 1310, des Comptes-rendus hebdomadaires des 
séances de F Académie des Sciences par MM. les 
Secrétaires perpétuels^ 1874, deuxième se- 
mestre, n^ 23, 7 décembre 1874, — Paris, 
Gauthier- Villars, imprimeur- libraire des 
Comptes-rendus des séances de l'Académie 
des Sciences, 1874, in-4.) 



Digitized by VjOOQIC 



90 LES FLAMMES CHANTANTES. 



MEMOIRE 

SUR l'application du gaz d'éclairage au 

PYROPHONE. 

« Après avoir fait un très-grand nombre 
d'expériences sur les flammes chantantes 
en adoptant Thydrogène comme gaz com- 
bustible, j'ai démontré le principe d'acous- 
tique suivant : 

« Sî^ dans un tube de verre ou d'autre ma- 
tière^ on introduit deux ou plusieurs flammes 
isolées^ de grandeur convenable^ et qu'on les 
place au tiers de la longueur du tube^ comptée à 
partir de la base inférieure ^ ces flammes vibrent 
à r unisson. Le phénomène conti?iue de se pro- 
duire tant que les flammes restent écartées; 
mats le son cesse aussitôt que les flammes sont 3 
mises au contact. » 

« J'ai construit, comme application de ce 
principe de physique, un appareil musical 



1 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 91 

nouveau, auquel j'ai donné le nom de Pyro- 
phone. 

« L'exposé de ce principe et la descrip- 
tion du Pyrophone constituaient le sujet du 
Mémoire que j'ai eu Thonneur de présenter 
à l'Académie des Sciences dans la séance 
du 17 mars 1873, et dont M. le baron H. 
Larrey a bien voulu donner lecture. 

« La principale objection qui ait été faite 
au fonctionnement du Pyrophone était rem- 
ploi du gaz hydrogène. 

a Au point de vue pratique, ce gaz pré- 
sente, en effet, plusieurs inconvénients : 

« Il est difficile à préparer ; 

« Il nécessite Tusage de gazomètres dont 
les dimensions peuvent être considérables ; 

« Enfin ce gaz n'est pas sans présenter 
quelques dangers. 

« J'ai donc dû renoncer au gaz hydro- 
gène. J'ai recherché, depuis plus d'un an, 
les moyens d'appliquer au Pyrophone le gaz 



Digitized by VjOOQIC 



92 LES FLAMMES CHANTANTES. 



courant d'éclairage, qu'il est toujours facile 
de se procurer. 

« Dans les premières expériences que j'ai 
tentées, en introduisant deux flammes écar- 
tées, provenant de la combustion du gaz 
d'éclairage, dans un tube de verre, je n'ai 
pu obtenir aucun son ; cela provenait in- 
contestablement de la présence du car- 
bone dans ces flammes. Tandis que le son 
était produit d'une manière très-nette 
avec le gaz hydrogène pur, c'est-à-dire sans 
l'interposition d'aucun corps solide dans les 
flammes , il était impossible de faire vibrer 
le tube avec le gaz d'éclairage, tout en pla- 
çant les flammes dans des conditions iden- 
tiques. Il fallait donc, par un procédé quel- 
conque, éliminer le carbone, résultat auquel 
je suis parvenu par la série des condi- 
tions suivantes. 

« Lorqu'on examine une flamme dont le 
gaz combustible est celui de l'éclairage, et 
qu'on place cette flamme dans un tube de 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 93 



cristal ou de toute autre matière (métal, 
toile cirée, carton, etc.), cette flamme est 
ou éclairante ou sonore, 

« Lorsque cette flamme est seulement 
éclairante, c'est-à-dire dans le cas où Tair 
contenu dans le tube ne vibre pas, elle 
présente une forme allongée et pointue 
à l'extrémité supérieure. En outre, elle 
oflre un renfoncement vers le milieu, et 
elle est sans rigidité, obéissant au moindre 
courant d'air, qui la fait vaciller dans un 
sens ou dans l'autre. 

« A.U contraire, lorsque la flamme est ^o- 
wor^, c'est-à-dire lorsqu'elle détermine dans 
le tube les vibrations nécessaires à la pro- 
duction du son, sa forme est rétrécie, mince, 
en panache, avec un renflement au sommet. 
Pendant que l'air du tube vibre, elle oflre 
une très-grande rigidité; le carbone, en 
grande partie, est éliminé, comme de lui- 
même, par un procédé mécanique. 

« Les flammes sonores^ provenant du gaz 



Digitized by VjOOQIC 



94 LES FLAMMES CHANTANTES. 

d'éclairage, sont en effet enveloppées d'une 
photosphère qui n'existe pas lorsque la 
flamme est seulement lumineuse. Dans ce 
dernier cas, le carbone brûle dans la flamme 
et contribue pour une forte proportion au 
pouvoir éclairant de cette flamme. 

(( Mais lorsque les flammes sont sonores^ 
la photosphère qui enveloppe chacune d'elles 
contient un mélange détonnant d'hydrogène 
et d'oxgyène qui détermine les vibrations de 
Tair du tube. 

« Pour que le son se produise dans toute 
son intensité, il est nécessaire et suffisant 
que l'ensemble des détonations produites 
par les molécules d'oxygène et d'hydrogène, 
dans un temps donné, soient en accord avec 
le nombre de vibrations qui correspondent 
au son produit par le tube* 

« Pour mettre ces deux quantités eh aC- 
dord, j'ai songé à augmenter lé nombre des 
flammes, de manière à augmenter aussi 
le nombre des détonations du mélangé 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 95 

d'oxygène et d'hydrogène dans les photo- 
sphères et de déterminer ainsi la vibration 
de l'air du tube. Au lieu de deux flammes 
d'hydrogène pur, j'ai mis quatre, cinq, 
six, etc., becs de gaz d'éclairage dans le 
même tube. J'avais d'ailleurs observé que, 
plus une flamme est haute, et plus elle con- 
tient de carbone. J'ai donc tout d'abord dû 
diminuer la hauteur de ces flammes, et, par 
suite, en augmenter le nombre, afin d'obte- 
nir une surface totale des diverses photo- 
sphères, suffisante pour produire la vibra- 
tion de l'air du tube. 

« La somme du carbone contenu dans 
l'ensemble des petites flammes sera toujours 
beaucoup moindre que la quantité de car- 
bone qui correspondrait aux deux grandes 
flammes nécessaires pour produire le même 
son. Je suis parvenu ainsi, les flammes 
étant séparées, à obtenir des sons dont lé 
timbre est aussi net qu'avec le gaz hydro- 
gène. Dès que ces flammes^ ou mieux^ dès 



Digitized by VjOOQIC 



96 LES FLAMMES CHANTANTES. 

que les photosphères qui correspondent à 
ces flammes, sont mises au contact, le son 
cesse instantanément. 

« Le carbone du gaz d'éclairage, lorsque 
les flammes sont sonores^ est certainement 
éliminé presque en totalité. En eff'et, il se 
forme sur la surface intérieure du tube ré- 
sonnant, à la hauteur des flammes et au- 
dessous, un dépôt très-sensible de carbone 
dont la couche augmente pendant que Tair 
du tube vibre. 

« Je puis donc affirmer aujourd'hui que 
le pyrophone est en état de fonctionner 
tout aussi bien avec les gaz combustibles 
contenus dans le gaz d'éclairage, qu'avec 
r hydrogène pur. 

« Le phénomène de Tinterférence se pro- 
duit exactement dans les mêmes conditions 
pour ces deux gaz, les flammes occupant 
toujours la même position dans le tube. 
. soit aia tiers à partir de la base inférieure. 

« Indépendamment du phénomène de 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 97 

rinterférence, je crois devoir signaler un 
nouveau procédé à Taide duquel on pourra 
faire cesser le son produit par les flammes 
brûlant dans un tube. 

(( Supposons qu'une ou plusieurs flammes, 
placées dans un tube au tiers de la hauteur, 
à partir de la base inférieure, détermine la 
vibration de Tair contenu dans ce tube ; si 
Ton perce un trou au tiers du tube, compté 
à partir de la base supérieure, le son cesse. 
On pourrait, en appliquant cette observation, 
construire' un appareil musical qui serait 
une espèce de flûte fonctionnant avec les 
flammes chantantes. Un tel instrument, au 
point de vue musical, serait fort imparfait, 
parce que le son ne s'arrêterait pas aussi 
promptement et aussi nettement qu'en em- 
ployant dans ce but le phénomène de Tinter- 
férence. Si, au lieu d'ouvrir cet orifice au 
tiers, on le pratiquait au sixième, le son ne 
cesserait plus, mais il se produirait un dièze 
du son initial. 



Digitized by VjOOQIC 



98 LES FLAMMES CHANTANTES. 

« Dans toutes ces expériences, il m^a été 
facile de vérifier la formation d'ozone dès 
que les flammes faisaient vibrer Taîr con- 
tenu dans le tube. La présence de ce corps 
peut être en outre constatée par les réactifs 
chimiques que la science a fait connaître. » 

(Extrait des Comptes-rendus hebdomadaires 
de l'Académie des Sciences.) 

(Séance du 7 décembre 1874.) 

Je crois devoir compléter ce qui précède, 
par les observations suivantes : 

Tout corps solide dans l'intérieur d'utie 
flamme chantante est un obstacle à la pro- 
duction du son ; aussi les particules solides 
de carbone contenues dans le gaz ordinaire 
ôont-elles un obstacle réel et considérable à 
la formation des vibrations. 

G'estpourquoi on avait remarqué jusqu'ici 
qu'il était nécessaire de chanter ou de crier 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 99 



à peu près dans le son qu'on supposait de- 
voir être rendu par le tube, afin d'exciter la 
flamme à entrer en vibration. 

11 est facile de prouver combien le carbone 
est contraire à la production du son dans 
les flammes sonores par Texpérience sui- 
vante : 

On place un brûleur de gaz hydrogène 
pur, dans un tube, de manière qu'il pro- 
duise un son, ayant le plus d'intensité pos- 
sible. 

L'appareil ayant été disposé de manière 
qu'on puisse carburer petit à petit l'hydro- 
gène, celui-ci'passantalors dans de labenzine, 
on verra le son diminuer, et la flamme, de 
sonore^ devenir éclairante. 

La transformation du carbone en acide 
carbonique n'a pas toujours lieu dans une 
flamme sonore ; et, lorsque l'expérience est 



Digitized by VjOOQIC 



100 LES FLAMMES CHANTANTES. 

convenablement disposée on peut constater 
que la flamme élimine le carbone, le proje- 
tant contre les parois du tube lorsqu'elle 
ne peut le brûler entièrement. 

Il est donc préférable, d'après ce qui pré- 
cède, d'employer rhydrogène pur. 

Néanmoins, en remplaçant, par exemple, 
deuxflammes d'hydrogène pur par une quan- 
tité de flammes assez considérables et plus 
petites, formant dans leur ensemble environ 
le même volume que les deux flammes d'hy- 
drogène pur, on peut arriver à obtenir que 
ces flammes entrent assez rapidement en 
vibration, et d'une manière à peu près aussi 
rapide que celles d'hydrogène pur. 

La raison en est qu'une de ces petites flam- 
mes de gaz ordinaire contient, par rapport à 
sa surface enveloppante, une quantité moin- 
dre de carbone qu'une flamme plus grande 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. lOt 

de gaz ordinaire n'en contient par rapport 
à sa surface enveloppante. 

Les points de contact entre Tair environ- 
nant la flamme pénètrent plus aisément 
dans la sphère qui entoure la flamme^ et 
qui doit entrer en vibration. 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 



NOTE DE L'EDITEUR. 



Tous les journaux français et étrangers ont 
mentionné, avec éloges, l'invention de M. Fré- 
déric Kastner, ainsi que Taccueil favorable fait par 
TAcadémie des Sciences aux communications du 
17 mars 1873 et du 7 décembre 1874. 

M. Louis Figuier, dans V Année scientifique 
[iV année, 1873), commence son exposé annuel 
des travaux scientifiques, pour la Physique^ par un 
article sur lepyrophone qu'il termine comme suit: 

a Le Pyrophone est assurément un des instru- 
ments les plus originaux dont la science ait :n- 
core doté la musique instrumentale. » 

Le Journal des Débats du 27 mars 1873, dans sa 
Revue des sciences^ consacre un long article au py- 
rophone, dans lequel il rappelle les tentatives fai- 
tes antérieurement, sans aboutir au résultat obtenu 
aujourd'hui par M. Kastner, et il termine ainsi : 



Digitized by VjOOQIC 



104 LES FLAMMES CHANTANTES. 



« M. Kastner aura fait le premier, et c'est une 
initiative dont on ne saurait trop le féliciter, une 
application intéressante des flammes chantantes, à 
la construction d'un instrument musical d'un tim- 
bre entièrement nouveau et se rapprochant de la 
voix humaine. » 

Sous la plume autorisée du T)^ Chéron, le journal 
le Soir^ du 7 avril \ 873, dans sa Revue des Sciences, 
consacre à cette invention plusieurs paragra- 
phes, dont nous extrayons les lignes suivantes : 

«C'est à M. Frédéric Kastner, un jeune physicien 
plein de talent et d'avenir, fils du regretté Georges 
Kastner de TAcadémie des beaux-arts, que revient 
le mérite d'avoir déterminé le principe général qui 
a servi de base à la construction de l'instrument 
remarquable dont il est Pinventeur. 

« Voilà donc une question, naguère à peine 
ébauchée, dont M. Frédéric Kastner vient de pré- 
ciser les lois en même temps qu'il en faisait la plus 
remarquable application en créant le Pyrophone. » 

La Revue Brilannique (49° année, n. 4, avril ISIS) 
renferme, dans sa chronique scientifique, d'inté- 
ressantes considérations sur cette découverte. 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. i05 

M. le D*" Decaisne, dans le journal la Fraiice du 
28 mars 1873; le Constitutionnel du 19 du même 
mois, le Bien 'public du 26, le Temps du 31 font, 
connaître les très- curieuses expériences de M. Fré- 
déric Kastner sur les flammes chantantes, expé- 
riences que M. Jamin, membre de TAcadéaiie des 
sciences, a trouvées dignes du plus grand intérêt 
au point de vue scientifique, et qui nous réservent 
des surprises au point de vue artistique. 



Les articles les plus sympathiques furent insérés 
dans le Journal officiel du 20 et du 28 mars 1873, le 
Moniteur universel du i**" avril 1873, la Revue scien- 
tifique de la France et de V Etranger du 22 mars, le 
Français du 20, le XW Siècle du 20, la Patrie du 
26, la Liberté du 26, la Science pour tous du 29 du- 
dit mois, le National du l®"* avril, les Mondes {Revue 
hebdomadaire des sciences et de leur application 
aux arts et à V industrie) de M. Tabbé Moigno, 
t. XXX, n° 13, le Siècle dans sa revue scientifi- 
que du 30 mars et dans sa revue musicale du 
18 août i873, V Avenir national du 12 juillet, le Mo- 
niieur scientifique du D"* Quesneville, 17° année, 
3« série, t. III, 376* livraison. 



Digitized by VjOOQIC 



106 LES FLAMMES CHANTANTES. 

Ce qu'on remarque surtout dans cette invention, 
c'est le fait nouveau de l'interférence des flammes. 

« M. Frédéric Kastner, dit M. Albert Lévy (Jour- 
nal de la Jeunesse, n» 29; 21 juin 1873), a reconnu 
que si, au lieu d'une flamme d'hydrogène vibrant 
dans im tube, on en introduisait deux dans le 
même tube, il devenait possible de faire interférer 
ces flammes vibrantes à un instant donné et, par 
suite, de faire cesser le son au moment voulu. Le 
moyen indiqué par M. Kastner, pour arrêter brus- 
quement le son, consiste à réunir les deux flam- 
mes. Si donc nous considérons un orgue ordinaire 
composé de tuyaux dans l'intérieur de chacun des- 
quels sont placés deux becs de gaz, réunis quand 
Tinstrumont est au repos, on comprendra que ces 
deux flammes puissent se séparer au toucher d'une 
note, donner le son correspondant au tuyau et 
rentrer en contact quand la touche est abandon- 
née. 

« Le Pyrophone paraît posséder im timbre par- 
ticulier, très-doux, imitant la voix humaine, et 
par conséquent agréable à l'oreille. » 

Les Causeries scientifiques de M. de Parville 
(13« année 1873) donnent un dessin représentant le 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 107 

pyrophone et s'étendent longuement sur le mérite 
et Toriginalité de cet instrument. 

M. Gaston Tissandier, dans son journal scienti- 
fique la Nature {1 février 1874), explique par quelle 
série de considérations théoriques Tinventeur, « à 
la fois physicien et musicien», a été conduit à la 
découverte de ce système ingénieux : 

« Poussant ses recherches, pour les compléter, 
du côté des lois de Tinterférence, il a découvert un 
des plus intéressants théorèmes d'acoustique, qui, 
était resté ignoré jusqu'à ce jour. 

a Des savants allemands, anglais et français s'é- 
taient déjà beaucoup préoccupés des flammes chan- 
tantes. Mais aucun n'avait songé à étudier les 
effets produits par deux flammes conjuguées, 
conune Fa fait l'auteur du travail dont nous expo- 
sons les résultats. Un mémoire présenté à l'Acadé* 
mie des sciences par ce jeune savant, à la date 
du 17 mars i 873, et auquel nous renvoyons le 
lecteur, contient les expériences et les calculs à 
l'aide desquels M. F. Kastner a formulé sa nouvelle 
loi. 

de L'application de cette loi. à l'aide de combi-» 
liaisons délicates et de mécanismes ingénieux, a 
fait sortirle Pyrophone des mains de l'inventeur.. .» 



Digitized by VjOOQIC 



108 • LES FLAMMES CHANTANTES. 

Le Journal officiel de V Exposition de Vienne (no 26, 
13 septembre 1873) accorde quelques pages à la 
description du Pyrophone, les illustrant de plu- 
sieurs gravures : 

« M. Frédéric Kastner, fils du savant français, 
membre de l'Institut, a soumis à l'examen du jury 
de l'Exposition universelle de Vienne un nouvel 
instrument de musique qui n'a cessé d attirer la 
curiosité de tous les visiteurs. 

a Le Pyrophone pouvait être classé, soit parmi 
les instruments de physique, soit dans la section 
de musique. En effet, M. Frédéric Kastner a 
trouvé les éléments de son invention dans une 
série d'expériences nouvelles qu'il a entreprises 
sur les flammes chantantes. Il en a conclu un 
théorème important d'acoustique, dans un mé- 
moire à l'Académie des Sciences de Paris... 

« Mais ce qu'il y a de particulièrement remar- 
quable, c'est le timbre exceptionnel des sons qui 
sortent du. Pyrophone. Il a été utilisé dans des 
concerts et employé principalement à l'accompa- 
gnement des morceaux de plain-chant. 

a L'inventeur, unissant les connaissances scien- 
tifiques à son savoir musical, espère que bientôt 
il S3ra en mesure de substituer à l'hydrogène le 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMKS CIIAN TANTIiS. 109 



gaz d'éclairage, que Ton peut so procurer encore 
plus facilement. 

« Un grand nombre de compositeurs et de mu- 
siciens ont déjà admiré ce nouvel orgue fonction- 
nant par le chant des flammes, ou mieux, par les 
vibrations déterminées au moyen de la combustion 
de ces flammes, 

« Après avoir félicité M. Kastner sur l'impor- 
tance de sa découverte, ils lui ont fait entrevoir 
tout le parti qu'on pourrait tirer du Pyrophone 
dans les églises et dans les théâtres lyriques. 

« Bientôt, plusieurs applications intéressantes 
doivent être faites, et nous ne doutons pas que cet 
instrument, auquel on peut donner toutes les di" 
mensions, depuis un octave jusqu'aux portées les 
plus étendues, ne fasse partie de tous les orches- 
tres bien combinés, de même que nous pensons 
qu'il devra s'introduire dans les cabinets de physi 
que dont les instrumejits auront la prétention de 
reproduire, d'une manière sérieuse, les phénomè- 
nes si variés et si complexes de Tacoustique. » 

Tous les journaux musicaux déclarèrent être 
coùvaincus que le Pyrophone a une mission 
despîus poétiques ix remplir dans la musique dea 



Digitized by VjOOQIC 



dlO LES FLAMMES CHANTANTES. 



concerts, dans la musique d'église comme dans 
celle des théâtres. 

Les journaux étrangers ont témoigné également 
un vif intérêt pour la nouvelle invention. Il faut 
citer entre autres : le Guide Musical de la Belgique 
du 27 mars 1873, le journal autrichien le Danube^ 
devienne, du 26 août, le journal danois Illustreret 
Tidende^ de Copenhague, du 28 septembre, la Ga- 
zetta musicale di Milano du 28 septembre 1873, 
The Scientific American du 2 mai 1874, la Revue inte?*- 
nationale de physiologie de Bruxelles, du mois de 
janvier 1873, The Musical Standard^ de Londres, du 
4 octobre 1874, et beaucoup d'autres, qui consacrent 
de longs articles, tant au point do vue scientifique 
qu'au point de vue musical, au pyrophone de 
M. F. Kastner. 

Le Magasin pittoresque du mois de mai 1875, 
XLUI année, renferme un dessin du pyrophone 
avec plusieurs pages d'explications, dont nous ex- 
trayons les lignes suivantes : 

a Quand on enveloppe d'un cylindre de verre, 
ouvert aiix deux extrémités, une flamme de gaz 
hydrogène brûlant à Fextrémité d'un petit tube, on 
eutend un son plus ou moins aigu qui varie selon 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES 111 

le diamètre et la longueur du cylindre. Ce phéno- 
mène est dû à la combinaison de Thydrogène avec 
l'oxygène de Tair ; la flamme, ainsi entourée, s'a- 
nime d'un mouvement vibratoire qu'elle commu- 
nique au cylindre. 

a Ces notions élémentaires sont trop connues 
pour qu'il nous semble nécessaire d'y insister plus 
longuement ; mais il n'en est pas de même de l'ap- 
plication récente qui a été faite des flammes 
chantantes, par un jeune physicien, M. Frédéric 
Kastner. 

î( Grâce à de savantes considérations théoriques, 
à des expériences ingénieuses, ce physicien est ar- 
rivé à construire un appareil où les flammes chan- 
tantes, combinées entre elles, fournissent au musi- 
cien un instrument nouveau dont les effets sont 
tout à fait remarqpiables, et que son inventeur a 
appelé le pyrophone. 

a M. Kastner, dans les études qu'il a faites, a dé- 
Couvert un nouveau théorème d'acoustique, j) 

Après les Lectures^ Conférences et Exhibitions qui 
ont eu lieu en Angleterre, au commencement de 
l'année 1875, les journaux, les magazines anglais 
s'empressèrent du louer hautement la nouvelle 
invention. 



Digitized by VjOOQIC 



H2 LES FLAMMES CHANTANTES. 

Lo Morning Post du 20 janvier 1875 rend compte 
d*une séance qui a eu lieu le 15 du même mois 
à V Institut Royal de Londres, séance dans laquelle 
le professeur Tyndall a mentionné avec éloges et 
expliqué à ses auditeurs l'invention de M. Kastner. 
Nous en traduisons quelques lignes : 

« Le professeur Tyndall a fait, vendredi dernier, 
a l'Institut Royal {The Royal Institution)^ une lecture 
sur la chaleur, dans laquelle il a expliqué à son 
auditoire la merveilleuse invention de M. Frédéric 
Kastner. Il s'agit d'un instrument auquel son ingé- 
nieux inventeur a donné le nom de Pyrophone; ce 
nom indique que cjt instrumant produit des sons 
musicaux par le moyen de flammes rapprochées 
et disposées à cet eflet dans une série de tubes de 
verre. Les sons ainsi obtenus ressemblent d'une 
manière frappante à la voix humaine, à tel point 
que si l'instrument est caché aux regards, on est 
porté à croire que c'est une dame qui chante avec 
accompagnement; il produit des accords semblables 
à ceux d'une harpe éolienne, et peut aussi attein • 
dre lo diapason de l'orgue le plus grandiose. Ces 
effets, véritablement surprenants, sont déterminés 
par le simple mécanisme dés touches d'un piano 
ordinaire. 



Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMLS CHANTANTES. H3 



(( Le grand fait scientifique qui ressort de ce 
phénomène, c'est que les sons se produisent et se 
soutiennent tant que les flammes sont séparées, et 
qu'ils cessent de se faire entendre dès qu'on réunit 
les flammes au moyen de l'action des leviers, mus 
par des touches. 

« M. Kastner s'est d'abord servi du gaz hydro- 
gène ; mais, par la multiplication des flammes, il 
obtient maintenant les mêmes effets à l'aide du gaz 
d'éclairage ordinaire... » 

Le même journal, dans son numéro du 18 fé- 
vi'ier 1875, contient un long article intitulé the 
Pyrophone, où il est parlé de la réunion qui aeulieu 
à la Société des Arts {the Society ofArts), le mercredi 
17 février 1875, et qui fut entièrement consacrée 
au Pyrophone. On ne lira pas sans intérêt les dé- 
tails suivants : 

« Hier au soir, à la réunion de la Société des Arts 
{Society of Arts), présidée par le lieutenant-colonel 
Strange, Monsieur Le Neve Foster, secrétaire, a 
donné lecture de la description détaillée du Pyro- 
phone, nouvel instrument de musique inventé par 
M. Kastner. Un pyrophone, construit pour cette 
occasion, était exposé dans la salle. 



Digitized by VjOOQIC 



114 LES FLAMMES CHANTANTES. 



« Le mérite de M. Kastner est d'avoir démontré 
que, lorsqu'on introduit deux ou plusieurs flam- 
mes dans un tube, elles vibrent à l'unisson et pro- 
duisent le maximum musical du son quand elles 
atteignent le tiers de la longueur du tube ; que si 
ces flammes sont mises en contact , tout son cesse 
immédiatement. Ce phénomène est dû au mé- 
lange des flammes vibrantes. C'est là une ques- 
tion à laquelle on ne songeait pas auparavant, et 
dont M. Frédéric Kastner a déterminé les lois, en 
même temps qu'il en faisait une application extrê- 
mement remar(ïuable, par la création d'un instru- 
ment qui rappelle, à s'y méprendre, les sons de la 
voix humaine. 

« Une jeune dame a joué quelques morceaux 
sur cet instrument, puis on a fait une expérience 
avec accompagnement de voix. Dans l'un et l'autre 
cas, l'effet a été fort saisissant et entièrement nou- 
veau. 

« Une discussion relative à cette invention s'est 
engagée, d'où il résulte que cette dernière est du 
plus grand intérêt pour la science ainsi que pour 
l'art musical. » 

Les journaux anglais, le Pall Mail Gazette du 
18 février 1875, le Daily News de la même date/le 

Digitized by VjOOQIC 



LES FLAMMES CHANTANTES. 115 

Musical Standard du 27 et plusieurs autres encore, 
ont également rendu un compte très-favorable de 
la Conférence du 17 février. Celle-ci a été décrite 
dans tous ses détails par la Revue scientifique 
hebdomadaire que publie la Société des ir/5, sous 
ce titre : Journal of the Society of Arts (voir le nu- 
méro du 19 février 1875). Deux autres numéros de 
la même publication donnent des dessins représen- 
tant le Pyrophone : l'un [Journal of the Society of 
Arts, n« 1, 162, vol. XXIII, du 26 février 1875) 
renferme une vue d'ensemble de l'appareil; l'autre 
{Journal ofthe Society ofArts, nM, 164, vol. XXIII, 
du 12 mars 18751 contient la figure représentant les 
nouveaux becs brûleurs avec la description de leur 
mécanisme. 

Une publication illustrée, the Practical Maga- 
zine, de Londres, dans son numéro d'avril 1875, 
contient également un long article descriptif et 
analytique sur le pyrophone, et deux grandes 
planches représentant la coupe de l'instrument 
avec ses becs brûleurs multiples. 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 



TROISIÈME PARTIE 

THÉORIE DES VIBRATIONS 

CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉLECTRICITÉ 



( , 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 



TROISIÈME PARTIE 

THÉORIE 

DES 

VIBRATIONS 

CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉLECTRICITÉ 



THÉORIE. 

La nature procède d'un seul et unique 
principe : la vibration, ou infinie vie, ou 
mouvement infini, ou force infinie. 

Il existe, par rapport à nous ; 

1^ Des vibrations infiniment rapides ^ 

2° Des vibrations infiniment lentes. 



Digitized by VjOOQIC 



120 THÉORIE DES VIBRATIONS, 

Les vibrations infiniment rapides peu- 
vent être infiniment petites ou infiniment 
grandes; et réciproquement, les vibrations 
infiniment lentes peuvent être infiniment 
gravides ou infiniment petites . 

Ces -vibrations à Vin fini forment une 
cliaîne mie et infinie. 



Supposons une éclielle de ces vibrations 
échelle faite par rapport à nous : 

1^ Infini supmen?\ 

2^ Pensée, 

3^ Electricité^ 

4^ Lumière f 

5^ Chaleur^ 

6^ Son, 

7' Gaz, 

8° Liquides j 

9** Solides, 

10° Infi7ii inférieur. 



Digitized by VjOOQIC 



THÉORIE DES VIBRATIONS. 121 

Gomme conséquence de ces in Unis vi- 
brants, je pose le principe suivant : . 

Ces vibrations, en agissant les unes sur 
les autres^ les unes dans les autres^ et cela en . 
plus oti moins grand nombre far ra'pj^ort 
les %mes aux atitres^ peuvent former des 
associations àV infini^ qui, tout en étant as- 
sociations indépendantes^ 2)euve7it se subdi- 
viser à V infini^ et former des créations tom^ 
bant sous nos sens et dont nous pouvons 
nous rendre compte, n étant nous-mê?nes 
quîcne résultante de ces associations et créa- 
tions. 



Tout descend de l'infini supérieur vers 
l'infini inférieur par des vibrations rapides 
ou lentes, grandes ou petites. 



Tout remonte de l'infini inférieur vers 



Digitized by VjOOQIC 



122 THEORIE DES VIBRATIONS. 

rinfini supérieur par des vibrations rapides 
ou lentes^ grandes om petites. 



La vibration étant une, deux vibrations 
de même nature tendent à se confondre 
en se réunissant. Ceci résulte de la nature 
môme de la vibration : tout étant dans tout. 



Le résultat de formation des associations 
de vibrations, ou corps à nous rendus sen- 
sibles, est Tassociation momentanée de ces 
vibrations. 



Digitized by LjOOQIC 



THÉORIE DES VIBRATIONS. ' 123 



II. 

INTERFÉRENCE. 

Le résultat de la destruction de ces vibra- 
tions ^;^r rapjport à 7wus n'est que la désas- 
sociation de ces vibrations, qui donne pour 
résultat la destruction des formes à nous 
rendues sensibles. 

Cette destruction n'est qu'une nouvelle 
réassociation d'infinis supérieurs avec infé- 
rieurs; ou inférieurs avec supérieurs; ou 
supérieurs avec supérieurs; ou inférieurs 
avec inférieurs. 

La destruclion est V interférence : c'est-à- 
dire la destruction complète d'une associa- 
tion de vibrations par une autre association 
de vibrations ou par une autre vibration se 
heurtant à forces et à conditions égales; 
(deux forces égales et contraires s'annihi- 
lent). 



Digitized by VjOOQIC 



124 THÉORIE DES VIBRATIONS. 

La destruction réelle n'existe pas ; elle 
n'est qu'une cessation momentanée d'une 
association de vibrations ou d'une vibration, 
et n'est réelle que par rapport à ce qui 
existait précédemment : 

Linfinie vie, étant sans cesse le mouve- 
ment infini, la force infinie, la vibration. 



I 



Digitized by VjOOQIC 



THÉORIE DES VIBRATIONS. 125 



III. 



VIBRATION OU MOUVEMENT INFINI. 

Tout descend de rinfini supérieur vers 
rinfini inférieur par un mouvement unifor- 
mément varié. 

Tout remonte de l'infini inférieur vers 
rinfini supérieur par un moavement uni- 
formément varié. 

Le mouvement uniforme n'existe que par 
rapport à nous, de même que Tespace par- 
couru, le temps, la vitesse, et le mouvement 
fini. 

Infinis suioérieurs et infinis inférieurs. 

Tous les corps sont composés d'infinis su- 
périeurs et d'infinis inférieurs. 



Digitized by VjOOQIC 



126 THÉORIE DES VIBRATIONS. 



Interférence. 

Deux vibrations en tous points égales, 
mais dont Tune est partie une demi -ondula- 
tion plus tard, s'annihilent. 



Digitized by VjOOQIC 



THÉORIE DES VIBRATIONS. 127 



IV. 

MOUVEMENT FINI. 

Le mouvement fini^ qui procède du mou- 
vement infini, est le résultat d'une répul- 
sion ou d'une attraction, et ne peut être 
qu'une fraction de vibration. 

Le mouvement fini, par rapport à nous, 
est causé par Tinterférence. 

L'interférence a causé la répulsion, en 
faisant de cette répulsion un obstacle à 
Faltraction. 

Si deux vibrations rencontrent un obsta- 
cle, causé par l'interférence, l'attraction 
n'a lieu que si elles peuvent arriver à vain- 
cre cet obstacle. 

Il y a des mouvements finis à l'infini, 
par rapport à nous. 
De l'interférence dépend, far rapport 

Digitized by VjOOQIC 



128 THÉORIE DES VIBRATIONS. 

à noîcSj Tespace parcouru, la vitesse, le 
temps et le mouvement fini. 



Deux grandes causes viennent mettre fin 
au mouvement, la résista7iceei Yépimement. 

La résistance est l'opposition plus ou 
moins brusque. 

1/ épuisement est Topposition ou résistance 
uniformément surmontée. 



Dans le mouvement, Tinterférence est la 
destruction brusque de la force initiale par 
une opposition semblable en sens contraire, 
donnant pour résultat zéro. 



Si une vibration est partie^ par rapport à 
une autre, à moins ou plus d'une demi- 
ondulation, elle ne la détruit pas complète- 
meut mais elle la modifie. 

De là, tous les phénomènes complexes 
pour nous (mouvement fini, espace par- 
couru, vitesse, temps, diversité des corps.) 



Digitized by VjOOQIC 



TIIÉOIUE DES VIBRATIONS. 129 

CONSIDÉRATIONS. 

V. 

CORRÉLATION ENTRE LE SON ET LA LUMIERE. 

Comme exemple de ma théorie, je me 
bornerai à mentionner Tanalogîe qui existe 
entre les ondes lumineuses et les ondes so- 
nores, analogie qui semble frappante, la vi- 
tesse seule différant. 

Je pose donc en principe : 

a Que, lorsqu'un son cesse d'être perçu 
t< par l'organe auditif, si l'acuité de ce son 
« augmentait jusqu'à Tinfini ( < oo ) pat* 
« exemple, il pourrait devenir perceptible 
tt par l'organe visuel, » 

En supposant que l'on admette ce prin- 
cipe, si Ton désigne par X le moment où le 
son cesse d'être perçu par l'oreille^ et par Y 

Digitized by VjOOQIC 



130 THÉORIE DES VIBRATIONS. 



le moment où il est perçu par Torgane vi- 
suel, il existe évidemment un intervalle 
considérable, pendant lequel les vibrations 
vont en augmentant de vitesse de X à Y. 

Il serait fort curieux de rechercher un 
mode de perception de X à Y. 



Digitized by VjOOQIC 



THÉORIE DES VIBRATIONS. 131 



VI. 



CORRELATION ENTRE LE SON ET L ELECTRICITE. 

En acoustique, la cessation du son par le 
moynn de Tinterférence est la destruction 
brusque des vibrations sonores. 

La cause qui a produit ces vibrations («i 
par exemple ce sont deux flammes vibrantes) , 
est détruite momentanément : les deux 
flammes qui ont été momentanément rap- 
prochées pour produire le silence, possèdent 
toutes les qualités pour entrer en vibration 
dès qu'elles sont écartées, ces flammes 
étant placées dans les conditions voulues. 

Dans rinterférence magnétique des ai- 
guilles aimantées superposées, la cause est 
exactement pareille; seulement Tinterfé- 
rence a lieu par rapport à ce que Ton ap-^ 
pefle les pôles. Elle est rendue sensible 



Digitized by VjOOQIC 



132 THÉORIE DES VIBRATION^. 



par le raisonnement, et non directement, 
soit à nos organes auditifs ou visuels, comme 
le son ou la lumière. 

Supposez une oreille magnétique, c'est- 
à-dire supposez que l'homme possède un 
organe nouveau, capable d* entendre ou de 
voir les vibrations magnétiques, comme il 
entend ou comme il voit les vibrations so- 
nores ou lumineuses. Cet homme verra ou 
percevra d'une manière quelconque une 
aiguille aimantée, et cela tant que cette ai- 
guille restera aimantée. Si Ton produit l'in- 
terférence, comme je Tai indiqué précédem- 
ment, cette oreille ou ce nouvel organe, 
ne percevra momentanément plus aucune 
sensation. 

L'électricité est dans les mêmes condi- 
tions. 

On a même déjà comparé les ondulations 
de la lumière électrique dans le vide aux 
ondulations du son. 



Digitized by VjOOQIC 



THEORIE DES VIBRATIONS. 



183 



CONSIDÉRATIONS RELATIVES A L'ÉLECTRICITÉ 
Vil. 

ANALYSE DE l' ÉLECTRICITÉ. 

On analyse le son, la chaleur, la lumière; 
pourquoi n'analyserait-on pas rélectricité? 

Ne pourrait-on pas donner, comme défi- 
nition analytique de l'électricité, la définition 
suivante : 

L'électricité est un mouvement vibratoire 
décomposable. 

Comme spécimen, donnons les deux expé- 
riences suivantes, dont la seconde est nou- 
velle. 

Expériences. 

La machine de Holtz produit à volonté 
de rélectricité statique ou de l'électricité 
dynamique. N'est-ce point là une preuve que 

8 



Digitized by VjOOQIC 



134 THÉORIE DES VIBRATIOMS. 

rélectricite est un mouvement vibratoire 
décomposable, puisque la même machine 
peut en produire deux sortes. Dans ce cas-là, 
le réactif ou le prisme employé pour faire 
passer l'électricité de sa première manifes- 
tation à la seconde^ est simplement la bou- 
teille de Leyde. Remarquons également 
que l'électricité d'une machine électrique 
à plateau, passant dans un œuf électrique 
dans lequel on a fait le vide, se manifeste 
d'une manière qui se rapproche de Télec- 
tricité dynamique. 



Seconde expérience {nouvelle). 

On dispose sur une tablette de bois une 
succession plus ou moins nombreuse de 
vases en verre, hermétiquement fermés et 
contenant de l'oxygène pur. 

Dans chacun de ces vases sont disposés 
des fils de platine offrant des solutions de 
continuité d'environ 1 millimètre. 



Digitized by VjOOQIC 



THÉORIE DES VIBRATIONS, 135 

Ces vases sont reliés ensemble, extérieu- 
rement, par un autre fil de platine, commu- 
niquant avec les fils de platine, placés in- 
térieurement dans chaque vase. 

Lorsqu'on fait cette expérience, on place, 
dans chacun des vases, une bande de papier 
sensibilisé par Fiodure d'amidon, destinée 
à faire reconnaître, par sa nuance bleuâtre 
plus ou moins accentuée, la quantité d'ozone 
plus ou moins grande formée par le pas- 
sage de Tétincelle électrique. 

Si Ton fait passer à travers ces vases 
successifs le courant d'une bobine Ruhm- 
korff, ou les étincelles d'une machine 
électrique, on observe que les papiers 
contenus dans les vases les plus rapprochés 
de la machine bleuissent davantage que 
ceux qui sont au milieu, 

La raison doit en être que l'électricité 
abandonne sa propriété ozonificatrice dans 
les endroits les plus rapprochés de la bobine, 

Digitized by VjOOQIC 



136 THÉORIE DES VIBRATIONS. 



pour n'avoir plus au milieu, c est-à-dire à 
la place la plus éloignée, que des propriétés 
lumineuses, calorifiques, etc., etc. 

Le quelque chose qui a servi à ozonifier 
Toxygène a donc abandonné l'électricité ; 
et l'on ne peut pas dire que l'électricité 
a perdu de son intensité pour d'autres phé- 
nomènes, puisque elle est tout aussi puis- 
sante, dans les autres cas, dans les vases 
du milieu que dans les vases extrêmes. 
Elle a seulement perdu ce quelque chose ou 
pouvoir ozonificate}i7\ 

Donc l'électricité a perdu une propriété 
qui lui était inhérente, 

Conséquemment, il semblerait démontré 
qiîo l'électricité est un mouvement vibratoire 
(/éeomposable. 

Paris, juin 1875. 



Digitized by VjOOQIC 



TABLE DES MATIÈRES 



Introduction i 

Préface *> 

PREMIÈRE PARTIE. 

Les flammes chantantes 23 

SECONDE PARTIE, 

Interférence des flammes vibrantes, — • Le 

pyrophone . . , 77 

MÉMOIRE sur rapplication du gaz d'éclairage au 

Pyrophone 90 

Note de l'éditeur 103 

TROISIÈME PARTIE. 

Théorie des vibrations 119 

Interférence 123 

Vibration ou mouvement infini 125 

Mouvement fini 127 

Corrélation entre le son et la lumière 129 

Corrélation entre le son et l'électricité.... 131 

Analyse de l'électricité. • • 133 

Paris. - Typ. A. PARENT, ruo Monsienr-le-Prince, 29 et 3.. 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 



^ A 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 



Digitized by VjOOQIC 




Il 



II 







OI|]llM(||j||||||Jf||lj|j||l|||l||||.[|,l||l|j|;|;|[|^^ 

3 2044 041 077 025 




f 



•le