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Full text of "Les grandes inventions scientifiques et industrielles chez les anciens et les modernes"

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LES 



GRANDES INVENTIONS 



SCIIIinillllIlS IT IIIKSIIIEUKS 



CHKZ LBS ANCIENS ET LES MODERNE? 



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PARIS. — IMPRIMERIE DE CH. lAHURE ET (:»• 
Hues de Fleuras, 9, et de 1*00081, 21 



LES 



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GRANDES INVENTIONS 

m 

S(!|ENTIFI9UES KT INDUSTRIELLES 

CHEZ LES ANCIENS ET LES MODERNES 









PAR 

^LOUIS FIGUIER 



OUVRAGE DESTINÉ 



f A SERVIR 1>B LIVRE DE LECTURE DANS LES ÉCOLES PRIMAIRES 

ET DANS LES CLASSES D'ADDLTES 






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PARIS 

LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET C" 

BOR PtIBItK-SASHASIII, M* 14 

1859 

Droit d« traduoiioB tàvorti 



i -«v. 



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PUBUC UBRÂK» 



UTM, LtHOX WW 
TILA&N FOUNOATISM. 
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LES 



GRANDES INVENTIONS 



SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 



DES TEMPS ANCIENS ET MODEMJES. 



I 

L'IMPRIMERIE. 

Époque de la déeenverte de rimprlmerle. — L'im- 
primerie, c'ést-à-dire Fart de multiplier irapidement et 
h bon marché les copies d'un même livre , et de rendre 
ainsi accessibles à tout le monde les produits de Tintelli- 
jence et de la pensée , a été découverte et mise en pra- 
tique au milieu du xv* siècle. On ne saurait rap- 
porter à aucune époque antérieure l'origine de cette 
invention immortelle, car les Chinois et quelques autres 
peuples de l'Europe, auxquels on a voulu l'attribuer, n'ont 
jamais fait usage que des moyens de reproduction qui 
servent à obtenir les estampes, c'est-à-dire de tablettes 
de bois gravées en relief ou en creux, La mobilité et la 
fonte des caractères sont le fondement de l'imprimerie ; 
or, ce n'est qu'au milieu du xv» siècle, vers 1450, 
c'est-à-dire quarante années avant l'époque de la décou- 



2 L'IMPRIMERIB. 

verte derAmérique (1492), que les caractères mobiles el 
la foute de ces caractères out été imaginés par le génie 
de Gulenberg. 

Avant le xv* siècle, rimprimerie était inconnue; oïl ne 
se servait que de manuscrits, et voici comment ^exé- 
cutaient ces manoscrits qui, en très-petit nombre, Vx)m- 
posaient la bibliothèque des cloîtres et des cb&teaiBx. 

Le libraire qui était un homme instruit en toutes sciences ^ 
confiait au copiste le manuscrit à reproduire ; 

Le parcheminier préparait les peaux douces, relui- 
santes et polies sur lesquelles Yécrivain exécutait^on tra- 
vail ; 

U artiste rehaussait les pages du manuscrit de pein- 
tures et de dorures ; 

Le relieur réunissait les feuilles du livre, qui revenait 
dès lors, à Fétat d'achèvement, entre les mains du clerc- 
libraire. 

On comprend d'après les travaux multipliés que né- 
cessitait son exécution , qu'un livre constituât à cette 
époque un objet rare et précieux. On le serrait dans un 
coffre richement sculpté, ou bien on l'attachait, au moyen 
d'une chaîne , au pupitre de lecture. Beaucoup de ces 
manuscrits valaient plus de 600 francs de notre monnaie. 
Ils avaient pourtant fini par rendre peu de services, car 
les copistes multipliaient tellement les abréviationSi que 
es savants eux-mêmes avaient quelquefois de la peine 
à les lire. 

Impression tabeUsire. — Dans les premières années 
du xv<> siècle 9 le désir de s'instruire devenant de plms 
en plus général , et le prix élevé des manuscrits étant 
un obstacle presque insurmontable à la satisbction de ce 
désir, on eut l'idée de graver sur une {Manche de bois 
des cartes géographiques, des figures de dévotion, etc., 
que l'on accompagnait d'une courte légende explicative. 
On recouvrait ces planches d'encre grasse, et on y ap- 
puyait dessus des feuilles de parcb^oiin ou de papier, sur 
lesquelles on transportait, par cette pression, 1^ sôgnes 



L'IMP&IMEBIS. 3 

gvsifés sur le bois. Peu après, la longueur de la légende 
aincd gravée augmenta ; on finit par reproduire par ce 
moyen des pages entières. Une Bible des pauvres im- 
priml^e par ce procédé parut dans kfs premières aimées 
du XV*. sièjcle. 

Ce mode primitif d^impressùm tabeUairé fut, dit-on , 
connu 4es Chinois dès le xui* siècle de notre ère. Mais 
ces simples tables de bois sculpté ne sauraient être 
considéi^es conune les débuts de l'imprimerie qui a 
pour base essentielle la mobilité des caractères. 

Gutem^ef^. — Jean Gutenberg , le père de Timprime- 
rie, naquit à Mayence en 1409, d'une famille noble de 
cette cité allemaade. Il passa une partie de sa jeunesse 
dans la maison paternelle. Cette maispn était décorée de 
sculptures et d'oniements allégoriques, selon l'usage des 
iniagiers en pierre du moyen âge. Au-dessus de la porte 
d'entréq principale , était sculptée I4 tète d'un taureau 
colossal> avec cette inscription : « Rien ne me résiste. > 
Cette devise inscrite au front de la maison du taureau 
noir de Mayence, devint celle de Gutenberg; et n'est*elle 
pas aufôi celle de l'imprimerie ? 

A 1^ ans, Jean Gutenberg ayant perdu son père, qui 
ne hn laissait pour héritage qu'une petite rente , quitta 
Mayence,^ se rendit à Strasbourg. C'est là que lui vint, 
pour la première fois, la pensée de créer l'art nouveau 
de multiplier les manuscrits à l'aide d'un moule unique 
qui, recouvert d'encre grasse , permettait d'obtenir sur 
le papier un nombre indéfini de reproductions du texte. 
Pendant 10 ans, il travailla seul à Strasbourg, cherchant 
learand areane^ l'invention merveilleuse^ en un mot l'im* 
pnmerie. Béjà parvenu k d'importants résultats, mais 
obligé par ses recherches à beaucoup de dépenses , il 
associa à ses travaux trois bourgeois de la ville qui 
devaient fournir les fonds nécessaires à la continuation 
de r^itreprise. 

Ces dix ans de travaux avaient porté des fruits pré- 
cieux : Gutenberg était parvenu à graver facilement des 



4 l'imprimbrie. 

lettres métalliques mobiles ; mais il restait à obtenir un 
métal ou un alliage convenable pour la confection de ces 
lettres et pour l'usage auquel on les destinait. Le fer était 
trop dur : îl perçait le papier ; le plomb trop mou : il s'é- 
crasait sous l'effort; de la presse. Quant au bois, il'n'au- 
rait offert ni la force ni la durée nécessaire pour un tel 
emploi. Il fallait donc, au moyen de l'alliage de certains 
métaux, obtenir des caractères pourvus du degré de 
dureté convenable et susceptibles d'être coulés dans des 
moules. 

L'inventeur touchait au but ; mais les nombreuses 
dépenses occasionnées par tant de travaux et d'essais 
avaient ruiné ses courageux associés. Pour arriver à créer 
l'œuvre glorieuse qu'ils avaient entreprise, les associés 
de Gutenberg n'hésitèrent pas à vendre leurs meubles, 
leurs bijoux et môme leur patrimoine. Aucune plainte ne 
sortit jamais de leur bouche, tant il§ avaient conscience 
de la grandeur de l'œuvre et du génie de l'ouvrier qui la 
dirigeait. 

Tout ce qui touche à l'histoire de la découverte de 
l'imprimerie est d'unsi puissant intérêt, que nous inscri- 
rons ici les noms des trois hommes qui aidèrent Guten- 
berg de leur fortune ou de leur intelligence pour enfan- 
ter ce grand art : c'étaient Heilmann, André Dryzehn et 
Riff. 

Découragé par la mort de ses associés, arrivée sur ces 
entrefaites , poursuivi par ses créanciers , Gutenberg 
abandonna ses travaux et quitta Strasbourg. 

Faust et Sehœffferi mort de Gutenberg» — Revenu 

àMayenee, sa ville natale, et livré à ses propres forcqs, 
Gutenberg reprit le cours interrompu de ses travaux. Il 
dessine , grave , fond , essaye des alliages , fait de véri- 
tables essais d'impression. Mécontent de ses résultats , 
il recommence dans une direction nouvelle. Mais 
comme les ressources lui manquaient pour continuer 
son œuvre, il forma une nouvelle association avec Jean 
Faust 



l'imprimerie. 



Jean Faust était un riche orfèvre de Mayence. Rusé et 
retors, il prêta de l'argent à Gutenberg, mais après avoir 
pris ses précautions pour attirer à lui tous les bénéfices 
de TxBUvre future. Pierre SchœlBfer était un jeune clerc 
très-instruit, un copiste d'une adresse inimitable, que 
Faust choisit bientôt pour son gendre. 

On pense généralement que Gutenberg, ayant inventé 
les lettres mobiles en métal, n'était pas encore parvenu 
à combiner l'alliage nécessaire pour la perfection de son 
œuvre. Ce fut Pierre Schœffer qui réussit à produire, par 
l'union, faite en proportions convenables, du plomb et 
de Tantimoine, ce précieux alliage au moyen duquel on 
obtient des lettres aux fines arêtes , moins dures que 
celles de fer, mais d'une résistance suffisante à l'effort 
de la presse. Dès ce moment , l'imprimerie était créée. 

Mais dès ce moment aussi, la scène changea. L'inven- 
tion étant accomplie, et l'inventeur étant devenu désor- 
mais inutile, le perfide Faust ne songea plus qu'aux 
moyens de se débarrasser de Gutenberg. Créancier im- 
pitoyable, il force Gutenberg à abandonner les droits 
qui lui reviennent dans l'exploitation de sa découverte ; 
il l'arrache à ses fourneaux , à ses presses , à son im- 
primerie. Réduit à la misère par l'ingratitude de Faust, 
le père de l'imprimerie fut forcé de quitter Mayence. 

Après le départ de Gutenberg, Faust s'associe à son 
gendre Schœffer pour exploiter les produits de cet art 
nouveau. D fait travailler avec ardeur à l'impression de 
livres, qu'il vend, sans scrupule, comme des manuscrits. 
A ses ouvriers, défiants et mécontents de sa conduite 
envers « le maître, » il fait jurer sur la Bible de garder 
k secret de cette fabrication. Pour mieux s'assur^er leur 
silence, le vieil usurier leur fait souscrire des billets dont 
il retiendra le montant sur leur salaire en cas d'indis- 
crétion. Gomme dernière garantie de sûreté, il établit 
ses ateliers au fond de sonores caves, et y tient ses ou- 
vriers sous clef. Grâce à ces précautions, Faust put 
vendre à Paris un nombre considérable de livres que l'on 



L*iimminiB. 



prenait généralement pour des manuscrits. Mais air mi- 
lieu de ses sck^cès, la peste l'emporta. 

Son gendre Schœffer, devenu propriétaire de ITinpri- 
merie de Faust à Mayence, continuait à exploiter - Vin- 
Tention nouvelle, lorsque cette ville fut prise d'asaïut et 
livrée au pillage. Schœffer périt dans ce désastraî « et sa 
mort fut le signal de la dispersion de ses ouvriers. Ce- 
pendant, son fils Jean Schœffer reconstitua, l^juclque 
temps après, l'imprimerie de Mayence. ; 

Jean Schœffer n'imita pas la déloyauté de Faut envers 
le malheureux Gntenberg. Faustaurait peut-ét|*e réussi, 
par ses manœuvres perfides, à dépouiller 6uteiip[>erg aux 
yeux de la postérité de la gloire qui lui revient pour Fadmi- 
rable création de l'imprimerie, si Jean ScfaosSer, «m avait 
succédé à son père Pierre Schœffer, n'eût écrft ce qui 
suit en tète d'un livre imprimé en 1505 et 4édié à 
Pempereur Maximilien : « C'est à Mayence que l'art 
admirable de la typographie a été inventé par l'ingé- 
nieux Jean Gutenberg l'an 1460, et postérieiîrement 
amélioré et propagé pour la postérité par les travaux 
de Faust et de Schœffer. » 

Gutenberg survécut deux ans à son associé Faust. Après 
avoir quitté Mayence, il erra pendant dix ans en proie & 
la misère, et Fon ne peut savoir aujourd'hui cominent 
l'inventeur de l'imprimerie employa ces tristes aniiées. 
Tout ce que l'on sait, c'est qu'en 1465, il n'avait pas de 
pain. Vers la fin de ses jours, il fut recueilli, par l'ardie- 
véque de Mayence, qui le mit au nombre de ses gen- 
tilshommes et lui fit une pension. Grâce à cette géné- 
reuse, mais tardive protection, Gutenberg put consacrer 
les dernières années de sa vie à perfectionner les pr^ 
cédés d'impression. Il mourut le 14 février 1468. 

Dével^ppemeiit de l'Imprimerie. — Après la mort de 

l'inventeur de l'imprimerie, «les enfants de Gutenberg» 
comme on appelait les ouvriers imprimeurs, se disper- 
sèrent sur divers points de l'Europe, disciples nouveaux 
de la science et du progrès. Us allèrent s'établir à Cologne, 



lWeikirie. 



à AilgslKmrg, à Nuremberg, àBâIe, etc. L'Allemagne, Jâ 
Sqîsse et la France, virent bientôt s'ouvrir des imprime- 
ries plus ou moins importantes. 

If invention de l'imprimerie fut accueillie avec faveur 
par in plupart des souverains de cette époque, qui méri- 
tèrent bien de l'humanité en favorisant les progrès d'une 
invention destinée à ouvrir les yeux des peuples aux lu- 
mièreial de la vérité et de la raison. Louis XI accorda 
des lettres de naturalité aux typographes allemands. 
GharleaVIIl admit l'imprimerie et la librairie àparticiper 
aux prâiléges et prérogatives de l'Université. Louis XII 
confirmant ces privilèges , considère cette invention : 
comme phis divine qu'humaine, laquelle, grâce à Dieu, 
a été. inventée et trouvée de notre temps* » Fran- 
çois It exempta les imprimeurs-libraires de tout service 
militaire. 

Cependant cette ère d'encouragement pour l'imprime- 
rie naissante n*ait pas une longue durée, fin 1521, com- 
mença la censure des livres imprimés. Désormais au- 
cun ouvrage ne put être imprimé avant d'avoir été 
examiné préalablement et approuvé par les délégués du 
roi.li'autorisation donnée au libraire portait le nom de 
prilbilige. Un m trouve le texte à la fin de tous les anciens 
ouvrages. 

Ia même année, des lettres patentes constituèrent le 
syndicat de l'imprimerie. Ses officiers, qu'on appelait 
fforéksde t Université^ avaient mission de visiter les im- 
primeries, de s'assurer si les livres étaient imprimés cor«* 
yectemait, enbonscaractères, sur papier convenable, etc. 

Pendant la révolution de 1789, tous les privilèges éta- 
;btis dans les siècles antérieurs en faveur des corpora- 
tioiis professionnelles, comme en faveur des divers or- 
dres de rÉtat, ayant été détruits, chacun put imprimer 
comme chacun pouvait parler et écrire. Mais sous l'Em- 
pire^ la censure reparut et se montra très-rigoureuse. 

Imprimeries céiéiires. — L'imprimerie impériale de 
Paris a été fondée par Louis XIII, ou pour mieux dire 



8 L'iHPRnmiB.^ 

par son ministre le cardinal Richelien, qui Finstallà au 
rez-de-chaussée et à Tentre-sol de la grande galerii du 
Louvre. En 1809, elle fut transportée dans l'ancien bfttel 
deRohan, situé rue Vieille-du-Temple. C'est Timprime- 
rie la plus riche qui existe au monde pour la ijàriété 
des caractères. Elle possède une collection complète 
de caractères grecs, hébreux, arabes, chinois, etc. Elle 
est organisée pour employer des milliers d'ouvriers, qui 
travailleraient à Taise dans le vaste local qu'elle occupe 
et avec son admirable matériel. Cependant elle n'em- 
ploie ordinairement que 40 fondeurs, 200 comipbsiteurs, 
250 imprimeurs, 20 relieurs et 130 régleuses, brocheu- 
ses, etc. L'État y fait imprimer tous les ouvrages néces- 
saires aux services publics ; il y trouve des garanties de 
discrétion qui sont souvent d'une grande importance. 

L'imprimerie impériale de Vienne mérite d'être citée, 
comme s'étant particulièrement distinguée dan| notre 
siècle par l'adoption et la mise en pratique de tous les 
procédés propres à l'impression, qui sont isshs des 
applications des découvertes de la science modèle. La 
photographie et la galvanoplastie ont reçu dans l'injpri- 
merie impériale de Vienne de nombreuses applications, 
qui ont beaucoup ajouté aux ressources de l'art typogra^ 
phique. 

imprimears célèbres. — Del'année 1488 à 1580,floris- 
sait la famille des imprimeurs célèbres connus sous le 
nom des Âldes^ et dont le chef avait pour nom Aide Ma- 
nuce. Le chef de cette famille Aide Manuce^ dit YAncim^ 
fonda à Venise une imprimerie qui avait pour objet spé- 
cial de reproduire les chefs-d'œuvre de l'antiquité. Aide 
Manuee se plaça au premier rang .des imprimeurs. Ses 
éditions ont l'autorité des manuscrits. La marque de son 
imprimerie est un dauphin enlacé autour d'une ancre. 
Paul Manuee et Aide Manuee, dit le Jeune^ fils de Paul, 
continuèrent la gloire de leur père. Ils furent protégés par 
les papes et composèrent plusieursouvrages d'érudition. 

Les Elzévir, imprimeurs hollandais, florissaient aux 



l'imprimerie. 9 

\W et xYii* siècles. C'est à Bonaventure Elzévir, îm- 
prbneur à Ijeyde (1618-1653) et à Abraham son frère et 
son associé, qu'on doit les chefs-d'œuvre typographiques 
qui ont illustré leur nom et qui brillent par la beauté 
et la netteté des caractères. 

En France, les Didot ont beaucoup contribué aux pro- 
grès de l'imprimerie. François- Ambroise Didot, mort en 
1804, fondit d'admirables types de caractères et publia 
de très^remarquables éditions. Son âls, Firmin Didot« 
continua la gloire de sa maison. 

Citons encore Baskerville, célèbre imprimeur anglais, 
mort en 1776, qui fut lui-même le dessinateur, le gra- 
veur et le fondeur des caractères qu'il employait. 

Desèrlptloii des appareils et des moyens qui servent 

ft rimpression. — L'impression en caractères mobiles 
s'exécute au moyen de lettres isolées que l'on réunit de 
manière à en composer successivement des mots, des 
lignes et des pages. 

La itiatière des caractères d'imprimerie est un alliage 
de quatre-vingts parties de plomb et vingt parties d'anti- 
moine. Ce dernier métal, ajouté au plomb, lui donne toute 
la dureté nécessaire pour résister à Taction de la presse. 

On obtient les caractères d'imprimerie en coulant 
l'alliage fondu dans un moule qui forme une sorte de pè^ 
tit oanal allongé. Au fond de ce canal on a placé une mor 
trice qui reproduit avec fidélité la lettre gravée en creux 
fournie par le graveur de caractères qui a exécuté en acier 
le type primitif de cette lettre. Avec un seul de ces types 
d'acier, fourni par le graveur de caractères , on tire un 
grand nombre de matrices, et ces matrices elles-mêmes 
que l'on place au fond du moule peuvent donner au fon- 
deur de caractères un nombre très-considérable de lettres. 

La lettre préparée par le fondeur de caractères se 
compose de deux parties : l"" la lettre même; 2** une tige 
aplatie sur laquelle cette lettre est fixée, et qui doit 
permettre àl'ouvrier imprimeur de la manier facilement 
pendant le travail de la composition. 



1 ilO 



L IHPHIUEBIE. 



CaMr«MitiMi. — Les lettres fournies par le fondeur âe 
caraclères sontlivrées aux ouvriers imprimeurs, qui les 
rangent dans des eiuses, c'est-à-dire dans des boites divi- 
sées en plusieurs coiTi|tarlimcnts. 

Pour assembler les lettres destinées à former un mot, 
hi compositeur prend un petit iiistruoienl uommé com- 




pottevr [fîg 1], dans lequel d place succe^Eivemenl 
les lettres convemliles nom foi mer les mots qu'il lit 



l 




sur la copie. Cet iuslrumeut consiste en une règle 
mëlallique sur latiuelle glisse une sorte d'équcrre en 
rasant un de ses bords. Ce bord est percé de trou» 
également espacés, qui permettent de flxer l'équerre 
avec un |if lit bouton quand l'ouvrier a obtenu l'écarté- 



L'iMraiMBRIE. 1 1 

ment touIu ou la longueur de ligne qu'il désire. Quand 
la première ligne est composée, on applique sur elle une 
lame ou une interligne de cuivre poli contre laquelle on 
pos^ les lettres de la seconde ligne, etc. 

La figure 2 représente l'ouvrier compositeur occupé 
à son travaiï. 

Un compositeur peut lever dix mille lettres par jour, et 
Ton acakulé que pendant les 300 jours de Tannée la main 
droite de roufrier compositeur parcourt en moyenne 
ISOOiienes. 

Quaâd le «MMpeffeiir est rempli, on enlève les lignes 
en les: somnt catre te pouce et f index et on les met 







^ Fig. 3. 

t 

dans^ la galée (fig. 3), petite planchette carrée dont Tan- 
gie ^inférieur est muni d'un rebord en équerre. 

Quand il y a assez de lignes pour faire un paquet ou 
p4ge, on les léonit, on les lie avec des ficelles, et on place 
le paquet Mr une t£d>le de mariire. - 

"nim^e. — Les formes étant prèles, il reste à en 
faire le tirage sur papier. Depuis l'époque de l'in- 
yention de l'imprimerie jusqu'à notre siècle, le tirage 
s'est exduâyement pratiqué au moyen de presses à bras* 
Hais aujourd'hui, dans la plupart des imprimeries, le 
tirage s'opère à la mécanique, c'est-à-dire par des ma- 
chines appropriées. Parlons d'abord des anciennes près- 
ses à bras. 

La figure 4 représente la presse à bras qui est encore 
aujourd'hui en usage. 

Les formes étant placées sur la table plane P, l'ouvrier 
les recouvre d'encre à Taide d'un rouleau qu'il tient à la 
main. U abaisse ensuite le papier, préalablement mouillé 




(ie la presse N et la feuille est imprimée. 
i^ ligure 6 montre couimeul on enduit le rouleau 




l'imprimxaie. 13 

d'encre pour porter ensuite cette encre sur les formes. 
Une provision d'encre demi-fluide est placée dans 
une rainure qui termine la table- T. À l'aide de la ma- 
nivelle My l'ouvrier fait tourner le rouleau D, qui fait pas- 
ser ube certaine quantité d'i^ncre sur la surface plane 
de la table. L'ouvrier prenant ensuite le rouleau porta- 
tif R prend ainsi de l'encre qu'il transporte enfin sur la 
presse conune l'a montré la figure 4. 

Tirage A la presse mécanique. — La première presse 

mécanique a été inventée en 1790 par un mécanicien 
anglais, iiommé Nicholson. 

La ôgfTB 6 , qui représente un très-bon système de 
presse lùécanique , fera comprendre les moyens qui 
servent aujourd'hui à effectuer les tirages d'imprimerie 
avec une très-grande rapidité, et sans nécessiter l'assis- 
tance de plus de deux ouvriers. 

A, est une roue mise en mouvement par la vapeur. 
Une courroie B transmet le mouvement à la roue C. 
Gelle-d; engrène avec la grande roue dentée qui est au- 
dessus d'elle et celle-ci avec sa voisine. Ces deux roues 
et tous les cylindres auxquels elles sont fixées sont donc 
doués d'un mouvement de rotation. Une table D bien 
plane et bien dressée, qui porte les formes , c'est-à-dire 
les pages composées en caractères, reçoit de la roue G 
un mouvement horizontal de va-et-vient. Quand le com- 
mencement de la feuille de papier blanc M, poussée par 
l'ouvrier sur la pente de trois rouleaux tournants, E, F, G, 
qui l'entraînent sur le cylindre H, vient ensuite passer 
sur la table D, il reïicontre le commencement d'une 
forme encrée qui s'avance dans le même sens, en sorte 
que, parce contact et la pression, le papier se trouve en- 
tièrement imprimé. 

Mais il n'y a encore qu'un côté de la feuille imprimé. 
Voici comment se fait l'impression du second côté. 
Quand la feuille a été imprimée d'un côté, le côté im- 
primé de la feuille de papier s'enroule, à l'aide de quel- 
ques rubans convenablement disposéAsur son passage, 



L*IBfPRIVIRIK. 15 

sur la. surfece du cylindre I, le côté blanc en dehors; 
le côté blanc s'enroule ensuite sur la surface du rou- 
leau K, et le c6té imprimé est ainsi en dehors. Enfin ce 
côté imprimé s'enroule lui-même sur la surface du rou- 
leau L, et le côté blanc demeure en dehors pour recevoir 
Pimpression sur une seconde forme dont le va-et-vient 
est lié à la rotation du cylindre L. 

Un jeu ingénieux de rubans maintient comme nous 
Tarons (fit la feuille de papier enroulée sur les cylindres, 
et la fait passar de l'un à Tautre. Enfin, c'est la machine 
eUe-mèwe qui met l'encre sur les formes au moyen d'un 
mécanisme particulier produit par un système de rou- 
leaux qd*Gn apert(»t & l'extrémité gauche de la figure. 



II 

ÎA PODDRE A CMON. 

RIstortqme* ABciemieté des mélaiises inflammables 
employés dams les combats. — Uiie opinion presque 
universellement répandue attribue l'invention de la 
poudre à canon à un moine très-versé dans les connais- 
sances scientifiques, Roger Bacon , qui vivait au xiu* 
siècle. Cette opinion est pourtant inexacte. On ne peut 
rapporter dtine manière exclusive à aucun savant en 
particuner Finvention de notre poudre de guerre. Dès 
les temps les plus reculés, les mélanges inflammables 
ont été en usagecomme moyens d'attaque ou de défense, 
tant dans l'Occident que dans l'Orient. Mais c'est our- 
toot dans les contrées de l'Asie que, de temps immé- 
morial, on fit usage dans les combats de ces mélanges 
inflammables qui, perfectionnés de siècle en siècle, ont 
fini par constituer la poudre à canon actuelle. Nous 
dhms voir comment les mélanges inflammables primi- 



16 LA POUDBS ▲ CANON. 

tivement employés ea Orient se sont peu à peu modifiés, 
ont fini, en Europe , par acquérir la propriété de lan- 
cer des projectiles, et par quels moyens on a pu parvenir 
à créer l'artillerie moderne. ^^ 

Emploi des feux de guerre chez les Orientaux. — 

L'Asie produit en abondance divers combustibles natu- 
rels, entre autres le naphte, le bitume ou gisphalte, 
l'huile de pétrole , etc. En mêlant ces substances à du 
goudron et à des huiles grasses, les Chinois, les Indiens 
et les Mongols obtenaient des matières inflammables 
susceptibles de s'attacher aux objets contre lesquels 
on les lançait. Au vu* siècle, ces mélanges incen- 
diaires, dont l'invention première se perd dans la nuit 
des temps, furent introduits en Europe. Les Grecs du 
bas Empire durent la connaissance de ces mélanges, 
auxquels on donna dès lors le nom de feu grégeois^ à 
un architecte syrien nommé Gallinique. 

Le feu sréseois. — Le mélange des produits inflam- 
mables connu sous le nom de feu grégeois était loin de 
posséder ce degré extraordinaire d'activité de combus- 
tion que tant d'historiens se sont plu à lui accorder. 
C'était plutôt, pour les guerriers de l'Orient, un moyen 
de semer l'épouvante dans les rangs ennemis, qu'une 
arme offensive et redoutable. 

On connaît aujourd'hui, d'une manière exacte, auelle 
était la composition du feu grégeois. C'était un mélange 
d'huile de naphte , de goudron , de résine , d'huiles vé- 
gétales et de graisses , des sucs desséchés de certaines 
plantes, auxquels on joignait certains métaux combusti- 
bles réduits en poudre. Le salpêtre n'entrait pas encore 
dans la composition du feu grégeois aux premiers temps 
où l'on en fit usage. 

Comment faisait-on servir le feu grégeois aux usages 
de la guerre ? Dans les sièges, on le lançait au moyen de 
balistes ou d'arbalètes, pour incendier les tours en bois 
et les travaux de défense. Dans les batailles navales, des 
brûlots, remplis de cette matière enflammée et poussés 



LA POUBBS A CANON. 17 

par le vent, allaient porter et attacher le feu aux flancs 
des navires. Quelquefois on lançait le feu grégeois au 
moyen de tubes de cuivre ou d'airain é|^lis sur la proue 
des fiyfitiments. Dans les combats sur terre, le feu gré- 
geois était très-rarement employé ; il ne servait guère, 
comme nous l'avons déjà dit, que comme moyen d'éton- 
ner et de terrifier l'ennemi. 

£.e fea iprègeols Introduit chez les Arabes. — Le feu 

grégeois valut aux Grecs du bas Empire, beaucoup de 
victoires navales depuis le iv siècle jusqu'à la prise de 
Constantinople par les croisés en 1204. Après la prise 
de cette capitale, la connaissance du feu grégeois se 
répandit chez les peuples musulmans. 

A cette époque, c'est-à-dire au commencement du 
Xiu* siècle, la composition du feu grégois reçut un 
grand perfectionnement. On y introduisit le salpêtre, 
c'est-à-dire le produit qui porte vulgairement le nom 
de nitre et scientifiquement celui d'azotate de potasse 
ou de soude. Les Chinois avaient eu de bonne heure 
connaissance de ce sel qui fuse sur les charbons ar- 
dents, c'est-à-dire qui fait brûler* le charbon avec un 
vif éclat en activant singulièrement sa combustion. 
£n effet, ce sel se rencontre tout formé en Chine à 
la surface du sol, où il constitue des effiorescences. 
Il suffit de recueillir ces terres chargées de salpêtre, 
de les délayer dans l'eau chaude qui dissout ce sel, et de 
faire évaporer cette dissolution, pour obtenir du salpêtre, 
impur sans doute, mais capable néanmoins de fuser, 
c'est-à-dire d'activer énergiquement la combustion des 
matières inflammables, telles que le soufre, le charbon, 
les matières grasses ou résineuses. iBn ajoutant des pro-* 
portions convenables de ce salpêtre impur aux matières 
inflammables dont ils faisaient usage depuis longtemps 
comme moyen de guerre , les Chinois accrurent consi- 
dérableqient la combustibilité de ces mélanges. De cette 
manière le feu grégeois acquit entre leurs mains un 
degré nouveau de puissance. 



18 Lk POUDRB A CANON. 

Les Arabes emprantèrent aux Chinois l'idée d'ajouter 
au feu grégeois le salpêtre naturel, mais on ne saurait 
dire avec exactitude à quelle époque précise ils reçu- 
rent des Chinois cette importante application du salpêtre. 

Les Grecs du bas Empira n'avaient guère employé le 
feu grégeois que dans les combats maritimes. Les Arabes, 
au contraire, s'en servirent surtout dans les combats 
die terre et dans les sièges. Pour lancer le feu gré- 
geois, les Sarrasins possédaient des machines très-diver- 
ses et quelquefois très-perfectionnées. Dans les sièges, 
(m lançait le feu grégeois avec des balistes, det madrés 
à levier, des madiines à fix)nde contre les tours et les 
ouvrages de bois que l'on voulait incendier. Dans les 
combats corps à corps, on avait les arbalètes à tour^ les 
flèches à feu, les lances à feu : le nom de ces divers in- 
struments indique assez la manière dont on les employait. 
Dans leurs combats contre les chrétiens, les Sarrasins 
faisaient encore usage des massues à asperger qui, en se 
brisant sur l'ennemi, le couvraient de féu grégeois brû- 
lant. Des cavaliers portaient avec eux d^ flacons de 
verre remplis de ce mélange incendiaire; le bout du 
verre était enduit de soufre; à un moment donné, 
on mettait le feu au soufre, le flacon se brisait ea 
tombant, et le cheval et son cavalier, envelop^ de 
flammes , allaient répandre l'épouvante dans les rangs 
ennemis. 

Les croisés, qui ne savaient se battre qu'avec It fer, 
étaient saisis d'effroi quand ils voyaient leurs armes 
couvertes de feu par la massue à asperger ou les bmces 
à feu des infidèles, et l'historien Joinville, qui prit part 
lui-même aux guerres de la terre sainte , nous a \èesk 
des témoignages de l'impression profonde que fin* 
saient sur l'esprit des guerriers chrétiens ces annes 
étranges et inusitées. 

On a longtemps prétendu que le feu grégeois brûlait 
avec tant d'activité qu'il était impossible de l'éteindre, 
et que l'eau jetée pour arrêter ses ravages ne faisait, au 



Là POUDRri GiNOR. 19 

contraire^ que les aocrottre. Mais il est aujourd'hui bien 
reconnu que le feu grégois s'éteignait dans l'eau. 

iBTeBtioii de la p««dre A eaii«m. — Il paratt bien éta- 
bli qite ce sont les Arabes qui, en ajoutant du salpêtre aux 
matiètes qui entraient dans la composition du feu gré- 
geois, c'est-à-dire au soufire et au charbon , ont les pre- 
miers composé un mélange tout à fait analogue à notre 
poudre à canon actuelle. Au xiy* siècle, les connaissances 
chimiques étant déjà fortaTancées chez les Arabes, orf^ 
réussit ckez ces peuples à purifier le salpêtre' et à le dé- 
barrasser des produits étrangers qui retardaient sa défla- 
gration. Le salpêtre ainsi purifié, et par conséquent plus 
actif, étant ajouté au soufre et au charbon , donna un 
mélange dont la combustion pouvait se faire assez brus- 
quement pour que la subite expansion des gaz formés 
pendantcette combustion pût chasser un projectile. 

Cependant, le salpêtre préparé chez les Arabes était 
encore trop impur pourdonner àla poudre de guerre une 
grande force de projection. La poudre préparée au 
xiv*siècle n'aurait pu imprimer aux projectiles une vitesse 
assez considéraMe pour percer les armures massives des 
hommes d'armes de cette époque. Aussi, pendant le 
xiv^ siècle , la poudre ne servit guère qu'à laâcer de 
grosses pierres qui écrasaient sous leur poids les édifices 
et les remparts des villes assiégées. Ces premières bou- 
ches à feu portaient le nom de bombardes. 

H faut bien faire remarquer ici que la découverte de 
la poudre de guerre ne fit pas renoncer, dans les pre- 
miers temps, à l'usage du feu grégeois chez les musul- 
mans et diez les Européens eux-mêmes. En effet les pre- 
laières bombardes ne servaient pas seulement à lancer des 
pierres contre les remparts ourles défenses des villes 
assises ; elles servirent encore à lancer le feu grégeois. 

Ce dernier fait prouve suffisamment d'ailleurs, con- 
trairement à une opimon encore bien répandue, que 
le secret de la préparation du feu grégeois ne s*était ja- 
mais perdu en Eiorope. Les artificiers du moyen Age 



20 LA POUDRE À CANON. 

connaissaient parfaitement et savaient employer ce feu 
grégeois qui avait causé tant 4' épouvante à leurs an- 
cêtres dans les combats de la Palestine. Loin d'avoir été 
perdu , le feu grégeois était encore au xiv* siède . en 
usage dans les sièges, et on Tavait même appliqué à 
l'art des mines ; seulement, on Tabandonna de plus en 
plus à mesure que la préparation de la poudre à canon 
alla se perfectionnant. 

V^ Les canons employés pour la première fols A Flo- 

^ renceen f 3!2S.— En 1325, d'après un document authen- 
tique, le gonfalonier et les douze bons hommes (magistrats) 
de la viile de Florence, avaient la faculté d^ nommer 
deux officiers chargés de faire fabriquer des boulets 
de fer et des canons pour la défense des châteaux et 
des villages, appartenant à la République. C'est donc 
en Italie que l'on a fait la première fois usage du 
canon. 

On employa pour la première fois en France la poudre 
à canon au siège de Cambrai par Edouard III, en 1339. 
En 1345, on fabriquait des canons k Cahors et on emr 
ployait, dès cette époque, des boulets et des balles de 
plomb . 

Si les Anglais n'ont adopté la poudre à canon qu*après 
nous, ils furent les premiers de tous les peuples à s'en 
servir en rase campagne , et ce fut contre nos troupes. 
A la fatale journée de Crécy, le 26 août 1346, les Anglais 
tirèrent trois canons qui lançaient de petits bouletâ de 
fer. Notre désastre ayant été attribué à l'emploi des bou- 
ches à feu dans cette bataille, toutes les nations militaires 
de l'Europe adoptèrent^ bientôt l'usage de rarlillerie. 

li'oplnlon se prononce contre les armes à ffiMi. -—'Le 

canon qui jusqu'alors n'avait tonné que contre les murs 
^et les remparts des villes assiégées, se tourna bientôt 
contre les combattants eux-mêmes. Cependant l'emploi 
de l'artillerie paraissait une fél^îé aux hommes d'armes 
de ce temps. Il leur répugnait d'employer Jl la guerre des 
instruments avec lesquels uH lâche pouvait abattre deloifl 



LA POUDRE À aNON. 21 

et à couvert, un guerrier intrépide. Le concile de Latran 
défendit de diriger contre les hommes ces machines de 
guerre trop meurtrières et déplaisant à Dieu. Les ar- 
tilleurs allemands devaient jurer de ne s'en servir jamais 
pour la destruction des hommes. Mais depuis le succès 
des Anglais à la journée de Crécy, ces scrupules géné- 
reux s'effacèrent, l'usage des armes à feu se généralisa 
et se répandit dans toute l'Europe. 

En France, vers 1350, les communes avaient des ca- 
nons, des artillers, et un maître d'artillerie, pour ré- 
sister aux attaques de la féodalité. En 1376, les Anglais 
qui n'avaient eu que trois bouches à feu à la bataille de 
Crécy, attaquaient Saint-Malo avec 400 canons. 

En 1380, les canons apparurent pour la première 
fois à bord des navires. 

Berikold Sebwartz perfeetionne les bonehes ft ten. 

— On a souvent attribué à Berthold Schwartz, moine cor- 
delier de Fribourg, qui vivait vers 1350, l'invention de la 
poudre à canon. Cette opinion est très-mal fondée, comme 
le montrent suffisamment les détails historiques qui pré- 
cèdent, mais il est hors de doute que c'est à Berthold 
Schwartz que revient l'invention des bouches à feu cou-* 
lées au moyen d'un alliage de plomb et d'étain. 

Avant l'année 1378, un canon était composé de pièces 
de fer reliées entre elle^ par des liens circulaires. A 
cette époque, Berthold Schwartz fit connaître à la répu- 
blique de Venise, alors en guerre contre ses voisins, un 
alliage dur, élastique, très-résistant et propre à fabriquer 
d'excellentes bouches à feu. Les Vénitiens se servirent 
de ses canons au siège de Chiozza ; après leur victoire, ils 
jetèrent l'inventeur dans ^un cachot, en manière de ré- 
compense jf 

i;réatlon\t proches de l'artillerie. — Née en Italie et 

&n Allemagne, par suite du perfectionnement apporté par 
Berthold Schwartz à la fabrication des bouches à feu, 
l'artillerie reçut bientôt une organisation définitive dans 
les principales armées de l'Europe. C'est auxnombreuses 



22 LA PODDRB À CANON. 

bouches à feu qu'il tratnait à sa suite, que le roi de 
France Charles VIII dut sa prompte conquête du royaune 
de Naples. François I*', qui créa en France de nombreuses 
fonderies de canons , et beaucoup d'ateliers pour k fa- 
brication de la poudre» rendit la première ordonnance 
relative à rinstiUition de Fadministration des poudres et 
salpêtres. 

Résumé de l*histoire de la dée««Terte de la p^vdre 

à eamoB. — D'après le récit qui précède, on voit en dé- 
finitive que la découverte de la poudre de guerre ne 
saurait être rapportée, comme on l'a fait si souvent, 
à un inventeur isolé. La. poudre à canon est Toravre 
non d'un individu, mais des efforts des siècles réunis. 
Une longue série de perfectionnements successifs ap- 
portés, par les différents peuples de l'Asie et de l'Europe, 
à la préparation des màanges incendiaires qui étaient 
de temps immémorial employés dans les combats, a 
donné naissance, par le progrès naturel des choses, à ce 
terrible agent de destruction qui a exercé une si profonde 
influence sur la destinée des peuples modernes. 

Causes de TexplosloB de la poudre. -—La pOUdre est 

un mélange combustible qui doit sa puissance d'expan- 
sion et sa propriété de chasser au loin les projectiles à cette 
circonstance physique, savoir : la subite transformation 
de cette matière solide en gaz qui occupent un espace 
très-considérable, et dont le volume est encore aug- 
menté par la dilatation que la chaleur leur imprime. 

Le soufre, le charbon et le salpêtre sont des matières 
solides. Pendant la combustion qui est provoquée par 
l'oxygène que le charbon cède au salpêtre et au soufre» 
il se produit du gaz acide carbonique et du gaz azote, et 
la production de ces gaz est extrêmementVapide. De 
plus, comme toute combusMon développe de fa chaleur, 
cette chaleur développe considérablement les gaz qai 
proviennent de l'inflammation de la poudre. Aussi a- 
t-on reconnu qu'un litre de poudre en brûlant donne 
8000 litres de gaz. C'est, nous le répétons, cette subite 



Là POCIIU ▲ CAHON. 23 

transfarmation de la poudre en gaz occupant un volume 
conadérable qui produit les puissants effets mécaniques 
dont son explosion s'accompagne. 

FatarieatioB de la poiuirek — La poudre est un mé- 
lange <le soufre 9 de charbon et de salpêtre, matières so- 
lides ei très-combustibles. Deux moyens différents sont 
employés pour la fabriquer : 1"" le procédé des pilons ^ qui 
est le plus ancien et qui sert encore dans les poudreries 
de France pour la fabrication de la poudre de guerfe; 
â"" le procédé des meules^ qui donne la poudre de chasse. 
La différence entre ces deux procédés ne consiste que 
dans la manière d'opérer le mélange des substances en- 
trant dans la composition de la poudre. 




III 

ÏA BOUSSOLE. 

y 

'^ ^On donne le nom à' aimant naturel à un minéral com- 
posé de deux oxydes de fer combinés, que certains ter- 
rains recèlent en abondance et qui a la propriété d'attirer 
à soi le fer et quelques autres métaux, tels que le nickel 
et le cobalt. 

D'après une tradition extrêmement ancienne, un 
berger^ nommé Magnés^ étant à la recherche d'une 
de ses brebis égarée sur le mont Ida, sentit que sa 
chaussure ferrée et le bout ferré de son bâton adhé- 
raient fortement à un bloc noirâtre sur lequel il s'était 
reposé un nïbment : ce bloc était une pierre d'aimant. 
L'ancienneté de cette légende prouve que la pierre d'ai^ 
trumt a dû être connue dans les temps les plus reculés 
chez différents peuples. 

Aiguille aimaMtée*— Au TU* et auTUT siècle de notre 
ère, les commerçants chinois faisaient de longues courses 



24 Là BOUSSOLI. 

maritimes. On prétend que c'est l'usage de a guiUe ai- 
mantée qui assurait leur route à travers les n^ers, et quel- 
ques érudits ont avancé que les Chinois possédaient, dès 
l'année 121 après Jésus-Christ, ce moyen si précieux 
pour la navigation. Toutefois, le document le plus ancien 
que l'on trouve dans les ouvrages chinois relativement 
à cet objet, n'est que du xr siècle. 

La pierre d'aimamt ehez les RomalBs et les Ctrees. — 

Les Grecs et les Romains ont connu Y aimant^ qu'ils appe* 
laient la pierre^ c'est-à-dire la pierre par excellMce, mais 
ils se contentaient de l'admirer sans en tirer ie moindre 
parti. Ils savaient que l'aimant attire le fer, mais ils ont 
toujours ignoré sa vertu principale, c'est-à-dire la pro- 
priété dont il jouit de se diriger toujours vers le nord. 

La boussole eoBBue en Europe an XII* sièele*— C'est 

vers le xn* siècle que l'aiguille aimantée parait avoir 
été connue pour la première fois en Europe. Pen- 
dant les Croisades, les Européens s'étant trouvés en 
contact continuel avec les Arabes, obtinrent de ces 
peuples cette précieuse révélation. Les Arabes eux- 
mêmes avaient appris des Indiens l'usage de la bous- 
sole, car, grâce aux commerçants chinois, l'emploi de 
l'aiguille aimantée s'était répandu dans les mers de 
l'Inde. 

Un document, fourni par l'histoire littéraire de la 
France, établit avec une évidence complète la connais- 
sance de la boussole en Europe à la fin du xn* siècle 
Un poëte troubadour français , Guyot de Provins , ve 
Tannée 1180, décrit 

Une pierre laide et brunière 
Où 11 fer volontiers se joint. 

■ 

Ces deux vers constituent le tifre historique le plus an- 
cien et le plus authentique en faveur de la boussole eu- 
ropéenne. ])<. 

Ce n'est donc que vers le xu« siècle que la boussole flijj 
connue des navigateurs de l'Europe. Hugo Bertin, quij 

I 

t. 



LA BOUSSOLE. 25 

ait du t -^ips de saint Louis, à peu près en même 
ips que Giiyot de Provins, raconte comment on enfer- 
it Taiguille aimantée dans une fiole de verre à moitié 
iplie d'eau, et comment on la faisait flotter sur Feau 
moyen de deux petits fétus. Mais qui eut l'heureuse 
e d'enleveV la calamité (c'est ainsi qu'on appelait l'ai- 
lle aimantée) au fétu sur lequel elle flottait et au bo- 
qui la renfermait, pour la placer sur un pivot d'acier 
intu s'élevant du centre d'une boite, c'est-à-dire pour 
nposer la boussole ? 

jCS Italiens en ont revendiqué le mérite en faveur d'un 
)itaine ou pilote nommé Flavio Gioia, natif du royaume 
Naples; mais cet honneur leur est bien contesté, 
qu'on ne peut nier pourtant, c'est que les Italiens 
ient donné son nom à ce précieux instniment. 
iCS Anglais ont préjtendu, de leur côté, à la décen- 
te de la boussole, pour avoir attaché à l'aiguille ai- 
intée un carton circulaire divisé en trente-deux aires 
vents. Quoi qu'il en soit, la fleur de lis qui, chez 
tes les nations maritimes, désigne le nord sur le car- 
où est figurée la rose des vents, ne permet pas de 
iter que la boussole n'ait reçu des Français des per- 
tionnements notables. 

SxpUeatioB des phémomènes qne présente ralgnille 

lantée. — Le phénomène essentiel que nous présente 
çuille aimantée, c'est-à-dire sa propriété constante de 
diriger vers le nord et de revenir toujours vers ce 
me point quand on l'écarté de cette direction, s'ex- 
[ue facilement si l'on considère, avec les physiciens, 
:lobe terrestre lui-même comme un immense aimant 
arel. La terre, dans son action magnétique, nous prê- 
te, en effet, tous les phénomènes qui sont particuUers 
: aimants naturels et artificiels, 
i l'on roule dans d6 la limaille de fèr un aimant na- 
û de forme oblongue , ou simplement un barreau 
lanté, on remarque que la limaille^ de fer atth:ée par 
tion magnétique n'est pas également distribuée sur 

1 



l 




Ll BOUSSOLI. 

toute la longueur de raimaut ou du barreau aimaiM. 
On voit la limaille de fer se ûxer principalement aux 
deux extrëuiilés du barreau, et sa quantité décroître m* 
pidement à mesure qu'on s'éloigne de ces extrémités ; àta 
partie ipoyemic du barreau, l'attraction est nulle, au- 
cune parcelle de limaille ne s'y attache. On nomme 
pôles les extréoû- 
lés a 6 de l'ainttiit, 
I et ligne neutrt » t 
I la partie moyemie 
I du barreau oti la 
[ force magnétiqOG 
* Fip. ,. est presque nulle. 

Les deux pôles d'un aimant ou d'un barreau aimanté 
paraissent exercer une action identique quand on les 
présente à de la limaille de fer;' mais cette identité n'est 
qu'apparente. Les physiciens admettent, dans un aimant, 
l'existence de deux sortes de fluides agissant chacun par 
répulsion sur lui-oitoie 
et par attraction sur l'au- 
tre fluide, et dont les ri» 
suilantes d'action seraient 
situées aux extrémités oa 
pôles de l'aimant-'J^ 

Êneffet,fiironsnspend 
à un fll une petite aiguilla 
aimantée a b, et que, te- 
nant à la main une autn 
aiguille aimantée A, M 
approche successivemoit 
l'extrémité A de cette ib- 
guille des deux pôles a t 
de l'aiguille aimanté* 
suspendue, on voit qoï 
" ' l'aig^uille aimantée A a^ 

tire l'extrémité ou pôle b de l'aignUle suspendue, of 
repousse, au contraire, l'extrémité ou pôle a. 




Tous I^aimniiits Jouissent de cette propriété : ils se 
repoussent par leurs pôles respectif^ de même nom , et 
l'on a posé en physique la loi suivante sur l'action réci- 
proque des aimants : 

Lb$ pâles magnétiques de même nom se repoussât ^ et le$ 
pôles de nom contraire s'attirent. 

La terre peut être considérée comme un aimant de di- 
mensions colossales, car elle produit, en agissant sur les 
différents corps magnétiques, tous les phénomènes que 
Ton observe dans l'actionréciproque que les aimants exer- 
cent les uns sur les autres. Si une aiguille aimantée, libre- 
ment suspendue et mobile sur un pivot, se dirige eon-* 
stamment vers le nord , c'est'-^^dire subit de la part du 
globe terrestre une attraction dont le sens est toujours le 
même, cela tient à ee que le globe, agissant à la manière 
ordinaire des aimants , attira l'un des pôles de ce$te 
aiguiT^e vers son propre p<âe de nom contraire-fest 
aosomment (e cas de aeux aimants agissant Tun sur 
l'autre et s^attiran^ par leurs pôles de nom contraire : 
l'un de ces aimants, c'est la terre, l'autre, c'est l'ai- 
guille aimantée que nous considérons. 

Gomme tous les aimants naturels ou artificiels, la terre 
présente deux pôles jouissant de propriétés opposées et 
une ligne neutre. Comme on l'observe sur tous les autres 
aimants, l'attraction magnétique du globe est la plus 
puissante à ses deux extrémités ou à ses deux pôles, et 
presque nulle à son centre de figure, c'est-à-dire à Véguo' 
teur. En eSbt, l'action magnétique de la terre s'accroît à 
mesure que l'on s'approche de l'un ou de l'autre des pôles 
terrestres, et cette action est presque nulle à l'équa- 
teur. 

En résumé, les phénomènes que nous présente Taî- 
guille aimantée s'expliquent aisément, si l'on considère 
notre globe comme un aimant immense, dont les deux 
pôles seraient situés aux pôles terrestres, et dont la 
ligne neutre coïnciderait avec l'équateur . 
BMiMoie Marfaie. — Laboussole qui sert fc diriger les 



Sg * U B0C8S0LE. 

navigateurs traversant les mers , n'est autre chose que 
l'aiguille aimantée , qui, tenue en équilibre sur un 
pivot et pouvant prenne ainsi son mouvement en toute 
liberté , se dirige constamment vers le pôle nord de la 
terre , et signale par là aux navigateurs la direction da 
nord. 

Les premiers navigateurs n'osaient trop s'écarter des 
côtes, et s'ils gagnaient la grande mer, ils n'avaient pour 
guides que le soleil ou l'étoile polaire. Mais les nuages 
voilent souvent le soleil, et bien des nuits sont obscures. 
Comment alors gouverner le navire et ne pas rouler au 
hasard avec les vagues? C'est Taiguille aimantée, cette 
pierre laide et brunière^ qui assure aujourd'hui la route 
des navigateurs . En effet, une aig uiile aimantée, librement 
et horizontalement placée sur un pivot, prend et conserve 
toujours lamème direction, celle du nord au sudv^ . 
La figure suivante représente Télément essentiel de b 

-„ „ boussole,c'est-à-dire,d'une 

^-^««■■■■^■■■^ part,l'aiguiUeamiantéeA, 

d'autre part , le pi vot B muni 
d'une chape d'agate, sur 
lequel repose l'aiguille ai- 
B mantée, libre de se mou- 

voir dans le plan hori- 
zontal, 
lia boussole marine ou 
^**^* *' compas de route, se com- 

pose d'une aiguille aimantée en équilibre et très-mo- 
bile sur un pivot. On la place dams une boîte. Cette, 
boîte est en bois ou eu cuivre. Le fer doit être banni 
de sa construction, car ce métal changerait la direc- 
tion naturelle de l'aiguille en l'attirant. L'aiguille ai- 
mantée est disposée de manière à pouvoir se prêter à 
tous les mouvements du navire sans perdre son horizon- 
talité. A cet effet, on maintient la boîte qui la refnférme»^ 
par un système particulier de suspension, dans une di-^' 
rection constamment horizontale, quelle que soit rincU** 



A 




LA BOOSSOLE. 



20 



naison du vaisseau. Un carton circulaire est placé au- 
dessous de l'aiguille : son centre correspond, à la fois 
au milieu de la longueur de Taiguille et à la verticale 
du pivot. Ce disque accompagnant Taiguille dans tous 
ses mouvements, en modère les oscillations. 
La figure suivante représente la coupe d'une boussole 




Fig. 10. 

et donne une idée du mode de suspension de l'aiguille 
aimantée, c d représente la boîte dans l'intérieur de 
laquelle l'aiguille aimantée h est suspendue ; /; /, sont 
des ouvertarés transversales pour observer, sans ouvrir 
la boite, la situation de l'aiguille. 

On appelle rose un cercle tracé au-dessous de l'ai- 
guille de la boussole et dont le centre est placé dans la 
verticale du pivot. La circonférence de ce cercle porte 
trente-deux divisions égales, qu'on nomme rumbs ou 
aires de vents. Les quatre principales pointes de la rose 
désignent les quatre points cardinaux. On les nomme 
nord, sud, est et ouest. Ces quatre divisions princi- 
pales se subdivisent ensuite en quatre autres intermé- 
diaires, qui sont le nord-est, le sud-est, le sud-ouest et 
le nord-ouest : on les appelle aussi deminrumbs. Ceux-ci 
se divisent en quarts de rumb, et ces derniers en demi- 
quarts de rumb. 

La figure 1 1 représente la rose avec * ses divisions ; le 
milieu de l'aiguille en occupe le centre. 

La boussole sert à diriger la proue du navire, ou, comme 
QB dit, le cap, vers le lieu où l'on veut se rendre. On a 
tracé dans l'intérieur de la boite, qui est parfaitement 
ourrée» uu trait vertical t placé de manière que le rayon 




qui y aboutit «oit exactement paraUMe & l'axe loogitu- 
^al du taisseaU. En examinant )& situation de l'sî- 
guille sur le cadran de la boussole par raptimt à 
la botte, on sait dônedaos 
quelle direction la jnroM 
du navire s'avance, hds 
être obligé de regarder 
plus loin. Quand le ca- 
pitaine ordonne au ti- 
moniiier de gouvenieT 
selon tel ou tel rumb de 
vent, le timonnier main- 
tient le gonvemail de 
manière que le cap ré- 
ponde toujours au ramli 
"^' "' qui lui est prescrit, car la 

direcUon de la quille varie selon que le liait du caf 
correspond à tel ou te) rayon de la rose* 

Déellnalaon d« l'ftignille ftlUB«té«. — 'Pendant lol^* 

temps on a cru que l'aiguiJIe aimantëe se dirigeait par- 
tout exactement vers le nord. C'est Christophe Colomk 
qui s'aperçut le premier en t<i93, dans le célèbre voyagt 
où fut découvert le noUveaumonde, que l'aiguille déviait 
sensiblement du vrai nord. 

En 1599, les navigateurs hollandais dressèrent des 
tables pour constater cette variation dans différents liera 
de la terre. D'autres observateurs remarquèrent que 
□on-seolement la déviation de l'aiguille variait en passaat 
d'un lieu à un autre, mais encore qu'elle variait avec le 
temps dans le même tieu. Dès lors on distingua la dlreo- 
tion variable de l'aigruille de la direction constante di 
méridien astronomique, et par analogie on- lui donna le 
nom de méridien magnétigua. L'angle que font entre en 
les deux méridiens se nomme la déclinaison, et selon que 
la pointe du nord de l'aiguille se tient à l'est ouà l'ouMl 
de la méridienne, on dit que la déclinaison est orientait ou 
«cefdnrfaiA. Les marins appellent la déclinaison vtaiatkê. 



■ 



là BO090OLB. 81 

La déclinaison de Taiguille aimantée est très-*va* 
riable d*an lieu à un autre. EUe est occidentale en 
Borope, orientale en Amérique et dans le nord de 
TAdie. Mais dans un même lieu elle présente dé nom- 
breuses Tariations : les unes sont régulières, les autres 
irrégulières et se nomment perturbations. Les au- 
rores boréales, les éruptions volcaniques, les chutes de 
foudre, troublent accidentellement la déclinaison de 
Vaigoille aimantée. Quant aux variations régulières 
elles sont séculaires, annuelles, ou diurnes. Ainsi on a 
pu constater d'après des tables ti:ès-rigoureusement 
tenues, qu'à Paris, la déclinaison a varié de plus de 31* 
depuis 1580. EUe était alors de 11* W k l'est. En 1851 
elle était de 20^ 25' à l'ouest. On a remarqué que la dé- 
clinaison était nulle en 1663, c'est-à-dire que le méridien 
magnétique et le méridien terrestre se sont trouvés cette 
aimèe*confondus dans le même plan. 

lAélliiftlMB ée l*iilgHille nlmaatée. — JusqU*en 1576, 

on avait toujours supposé que l'aiguille aimantée devait 
être parfaitement horizontale. Quand on la voyait s'a- 
baisser plus d'un côté que d'un autre, on Tattribuait à ce 
que le centre de gravité de l'aiguille était mal déterminé. 
A cette époque, Robert Norman, fabricant d'instru- 
ments dans un des faubourgs de Londres , reconnut, 
par une expérience bien simple, qu'il y avait dans cette 
inclinaison de Taiguille une influence autre que celle 
de la pesanteur. S'étant avisé de mesurer le poids néces- 
saire pour rétablir l'horizontalité, complète d'une ai- 
guille aimantée, il trouva que ce poids n'était pas en 
rapport avec la différence de longueur des deux bran- 
ches de l'aiguille, et que , par conséquent , il y avait une 
autre cause que celle du poids inégal des deux côtés de 
l'aiguille qui provoquait cette inclinaison. 

Qu'on suspende une aiguille aimantée gg' de manière 
qu'elle se meuve librement autour de son centre de 
gravité dans le plan vertical du méridien, et qu'elle soit 
empêchée par un châssis de se mouvoir dans le sens 



borinmlal, od )a Ton ^indino- sur rbonion. Cest ce 
que montre la figure 11. Cette indinaison est d'autant 
plus grande qa'oD s'annce daianlage vers ron on l'aotre 
p61e de la terre, de sorte 
que dans b zone éqm- 
loriale, il y a une série de 
points où l'aignille se timt 
parfaitement horizontale, 
tandis que dans les ré- 
gions polaires il exîsle 
on point où l'aigniDe est 
parbilemenl ¥0*0016. 
Ip On a donné le nom d'en- 
elimaûtm h ces diverseE 
positions de l'aiguille par 
rapport à l'horizon. Les 
poiols dtoés \as ies p6- 
les où l'aiguille est verti- 
cale se nomment p6kt 
maçKétiq%es. La ligne de 
^ '^ la r^on éqnalorlale où 

l'aigoiOe demeure au conlraire horizontale, se nomme 
ïéquateur magnétiq<ie. 

niuii* de te k**as*ie. — Id boossole est pom* le 
navigatem- l'instniment le plus précieox; c'eâ gr&ce i 
ses indications qu'il peut toujours comialtre avec certitude 
la marche de son naTire. Cet instrument rend les mêmes 
services h. terre. Au sein d'une épaisse forêt, au fond 
d'une mine profonde, la boussole indique à l'obsem' 
teur la direction du nord ; elle lui permet par conséquent 
dereconnaltre le lieu qu'il occupe, et lui trace la marcbe 
qu'il doit suivre pour se rendre au lieu désiré. 




LE PÀPIIB. 38 



r 



IV 

LE PAPIER. 



HUiieriqve. — Les fibres végétales préparées de ma- 
nière à recevoir récriture sont d'une origine extrême- 
ment ancienne. Les Égyptiens en faisaient usage de temps 
immémorial , et transmirent aux Romains les procédés 
pratiques qui permettaient de transformer les fibres vé- 
gétales en surfaces brillantes, souples, polies et suscep- 
tibles d'une longue conservation. 

Le papyrus est une plante qui croissait autrefois avec 
abondance dans les marais de l'Egypte. C'est avec cette 
matière que les Égyptiens prépar^ent les premières 
feuilles propres à recevoir des caractères : on les désigna 
sous le nom de papyrus pour rappeler leur origine. 

Les plus beaux papyrus avaient reçu le nom de papy-- 
rus hiératique : les prêtres s'en servaient pour les écrits 
religieux et, de peur qu'on ne le consacrât à des ouvrages 
profanes, les lois de l'Egypte défendaient de le vendre 
aux étrangers. Aussi le papyrus demeura-t-il longtemps 
la propriété exclusive des prêtres égyptiens. 

Cependant, pour jouir à leur tour de ce précieux 
papyrus, quelques amateurs romains achetèrent en 
Egypte des livres religieux , et les lavèrent, pour pou- 
voir écrire à leur tour sur le même papier. Ce pa- 
pier lavé, très-estimé à Rome, se nommait papier 
Auguste. 

C'est en Orient que l'on a préparé pour la première 
fois le papier. Les Chinois le labriquaient au moyen de 
la soie, les Japonais avec le coton, le chanvre, l'écorce 
de mûrier et la paille de riz. 

Les procédés de fabrication du papier étaient de temps 



%« 



S4 UC PAFIEt. 

immémorial mis en pratique en Orient lorsque des manu- 
facturiers arabes allèrent, vers le xi* siècle, établir en Es- 
pagne des fabriques de papier de coton. Les procédés de 
cette fabrication une fois connus en Europe, on ne tarda 
pas aies appliquer, ce qui rendit bientôt général dans tout 
rOccident l'usage du papier. Les Arabçs aTaient étahli 
des manufactures de papier de coton à Septa (aujourdlmi 
Geuta) ainsi qu'à Xantia (aujourd'hui San-Felipe). Dans 
les manufactures dues aux Arabes, le papier se fabriquait 
avec du coton cru, et cotntne on ne connaissfait JMI 
encore les moulins à eau ni les divers procédés qui reft* 
dent le papier propre à recevoir récriture, ce pajA» 
était fort imparfait : il avait peu de corps et ae déchmdl 
à la moindre traction. 
Papier de lin. — PostérieUf au papier dé coton, te 

fmpîer de lin n'a pas été fabriqué avant l'an 1300. Ih» 
ettre adressée vers Tannée 1315 par l'historien Joinville 
au roi de France , Louis X dit le Hutin , est écrite MT 
du papier de lin. Dans les manufactures de TEorope, oA 
fut naturellement conduit à substituer le lin au coton 
cru, qui, dans les premiers temps, et d'après le procédé 
des Arabes, servait à la confection du papier. Seulement, 
au Heu d'employer la matière végétale crue, on fit usâgé 
de chiffons de toile. Ces chiffons hachés, bouil]iS dans 
l'eau et maintenus dans une sorte de fermentation, 
étaient ainsi amenés à former une pâlte propre à être 
convertie- en papier. Les chiffons de coton avaient, du 
reste, été consacrés à cet Usage , en Europe , dés que 
Ton fut parvenu à y établir des manufactures d'étoffes 
de cette matière. L*invention des moulins à bras, et 
bientôt celle dès moulins à martinet mus par l'eau, 
dont on se servit en Italie pour IsT première foii pour 
le papier de coton, donnèrent ensuite le moyen de per- 
fectionner la fabrication du papier. 

Les premiers papiers qui furent ftibrîqués en Europe 
étaient destinés à l'écriture ; aussi avaient-ils beaucoup 
de corps, et étaient-ilfi collés. Lefi premiers ouvrages 



LI PàPIBE. 3& 

imprimés furent exécutés sur des papiers collés, ce qui 
permettait d'ailleurs plus facilement de les recouvrir de 
peintures et d'ornements à la main pour les faire ressem- 
bler aux manuscrits. On ne commença qu'au xvi« siècle 
à imprimer les livres sur du papier sans colle ; aussi dès 
oc moment le prix du papier destiné à l'impression di- 
minua-t^il de moitié. ^, 

Au XVII* et au xvm* siècle la fabrication du papier prit 
en France et en Allemagne de grands développements. 
En 16SB, la France exportait déjà en Hollande et en An- 
gleterre pour plus de deux millions de livres tournois 
de papiers de toutes sortes. 

FmpicM de tenture. — La fabrication des papiers solides 
elàtrès*Ims prix qui servent à recouvrir les murs de nos 
appartements, est originaire de la Chine et du Japon. 
Vers l'année 1555, les Hollandais et les Espagnols intro- 
duisirent leur usage en Europe. 

Le papier de tenture remplaça ces tapisseries d'herbes 
.<m de jonc que l'on fabriquait à Pontoise, et ces ten- 
tures de cuir doré, si richement gaufrées qui, au moyen 
Age , décoraient les salons et couvraient les murs des 
châteaux. On en trouve encore çà et là de magnifiques 
débris chez les marchands antiquaires, ou dans le 
musée de Cluny à Paris. 

Ce n*est qu'en 1760 que l'on a trouvé le moyen d'appli- 
quer sur les papiers de tenture une couleur soÛde 
qui porte avec elle son vernis et n'a pas à redouter 
que la poussière s'y attache. 

iPipogrètf duBs la fabrieAtion d« pa]^ier« •-* Les per- 
fectionnements de l'industrie de la fabrication du papier 
ftarent lents ou peu sensibles pendant le xvu* et le 
rrin* siècle. Les procédés employés pendant ce long 
intervalle exigeaient un nombre considérable d'ouvriers, 
ear toutes les opérations s'exécutaient à la main* La dé- 
couverte de la fabrication du papier au moyen de ma- 
chines, c'est**dire du papier dit à la mécanique^ vint 
tmprimer à cette industrie une impulsion immense. 



36 u paphi. 

La gloire de cette invention capitale revient à on Fran- 
çais, nommé Louis Robert, employé à la papeterie d'Es- 
sonne. 

C'est en 1799 que Louis Robert imagina une série 
d'appareils mécaniques permettant de produire des 
feuilles de papier d'une longueur indéfinie sur une lar» 
geur déterminée. L'inventeur obtint, pour toute récom- 
pense du gouvernement français, une somme de 
8000 francs. 

Le système de Louis Robert avait besoin , pour ren- 
dre de grands services, d'être perfectionné. C'est ea 
Angleterre, en 1803, que la pensée féconde de Robert 
reçut définitivement son application pratique. M. Didot 
Saint-Léger, propriétaire de la papeterie d'Essonne, 
avait acheté de Louis Robert son brevet d'invention pour 
la fabrication du papier continu. N'ayant pas trouvé en 
France les secours ou les encouragements nécessaires 
pour perfectionner cette invention importante , il partit 
pour l'Angleterre espérant y trouver plus de ressources. 
Son espoir ne fut point trompé. C'est à sa persé^ 
rance et aux sommes immenses qui furent mises à 
sa disposition par plusieurs fabricants de Londres, 
que l'on doit la réussite définitive de l'admirable ma- 
chine qui sert aujourd'hui à la fabrication du papier 
continu. 

En 18t4, M. Didot Saint-Léger importa en France 
cette machine perfectionnée. Il établit chez H. Berthe, 
propriétaire de la papeterie de Sorel, près Anet, une 
machine qui avait été construite par M. Calla. Ainsi, ce 
nouveau mode de fabrication du papier fut imaginé en 
France; mais, négligé dans notre pays, il eut besoin 
d'aller chercher en Angleterre les encouragements né- 
cessaires pour le porter à sa perfection. Nous verrons 
plus tard le même fait se reproduire à propos de l'in- 
vention et de la mise en pratique de l'éclairage ]^ar le gaz. 

En 1827, il existait déjà en France quatre papeteries 
travaillant par les procédés mécaniques; il en existait 



LI PAPISR. 37 

douze en 1834; aujourd'hui on en compte plus de deux 
cent trente. Les efforts de MM. Chapelle, Ganson et Mont- 
goLSer ont été pour beaucoup dans le développement de 
cette importante industrie./ 

Procétléii employés poar la fabrication da papier. -^ 

Le papier se fabrique aujourd'hui par deux procédés 
distincts : la fabrication à la main et la fabrication par 
des appareils mécaniques. La fabrication du papier par 
des appareils mécaniques a presque entièrement rem- 
placé aujourd'hui la fabrication à la main. Limitée à 
un petit nombre de papiers spéciaux et de qualité géné- 
ralement supérieure, cette dernière méthode ne sert 
plus aujourd'hui qu'à satisfaire aux exigences de cer- 
taines consommations. La fabrication mécanique, au 
contraire, fournit l'immense généraUté des différents 
papiers versés dans l'industrie, et qui sont destinés soit 
à récriture manuscrite, soit à l'impression. 

Nous allons décrire successivement, et à part, ces 
deux procédés de fabrication. 

Fabrication da papier à la main. — Les chiffons ap- 
portés à la fabrique, et qui sont exclusivement formés 
de vieux débris d'étoffes de toile ou de coton, sont divi- 
sés en fragments de petit volume , humectés d'eau et 
entassés dans un lieu nommé pourrissoir. Cette masse 
organique, abandonnée à elle-même sous l'influence 
de l'air et de l'eau , commence , au bout d'un certain 
temps , à présenter le phénomène de la fermentation : 
les matières étrangères à la substance organique, qui 
porte le nom Ae ligneux, et qui constitue la substance 
pure du papier, subissent une décomposition, une alté- 
ration plus ou moins complète, tandis que le ligneux, 
beaucoup moins altérable, résiste à la décomposition 
putride. Le pourrissage des chiffons a donc pour effet de 
débarrasser la substance ligneuse, qui doit constituer le 
papier, de toutes les matières étrangères qui l'accom- 
pagnent dans les chiffons vieux , usés et salis, au moyen 
desquels on doit obtenir le papier. 



Il U FAPUOU 

Dam un espace de dix à ringt jours, selon h 
rature du lieu, Tespèce ou Tétat des chiffons et 1 
du papier à obtenir, cette fermentation est termi 
suite de la disparition des matières étrangères au 
cette masse s*est transformée en une sorte de pul 
Il faut alors la réduire en une pâte propre i 
le papier. A cet effet, on la transporte dans à 
remplies d'eau qui portent le nom de piles à 
Ces cuves sont garnies, chacune, de trois à c 
lets^pileurs, ferrés, placés de front et mis ei 
ment par un arbre horizontal armé de cames 
soulève et les laisse retomber en commençani 
des extrémités du rang et finissant par Tau 
succession de chutes déplace la matière , la poi 
stamment dans le même sens, et y détermine 
tement très-favorable à la destruction des tissi 
on le juge convenable, on arrête le mouvement 
lets, et on transporte la pAte dans une cuve sp 
elle subit sa dernière trituration, ou, comme 
elle est raffinée. 
\^ U s'agit maintenant de transformer ceUe pâ 
/^pier. Pour cela, on la transporte dans une 
on lui donne , selon les quantités d'eau qu*on 
un degré de fluidité qui servira à détermine) 
«eur de la feuille de papier. Un ouvrier, qu'oi 
Vouvreufy tient à la main im cadre ou fom 
posé d'un châssis de bois recouvert de fils d 
dont on aperçoit les traces ou vergures quan 
garde par transparence une feuille de pai 
façonnée. Ces fils sont soutenus, de distanc( 
tance, par d'autres fils plus gros placés en 
Le nom du fabricant qu'on lit aussi sur la 1 
figuré au moyen d'autres fils de cuivre. Ënl 
déterminer la longueur et la largeur de la l 
papier, |et aussi son épaisseur, conjointemeu 
degré de liquidité de la pâte, un autre cadn 
nommé frisquette y s'applique sur la forme. I 



E^ongô la forme re^ourerte de la frUqueUe dans la pftte, 
Vy maintient horizontalement, puis la retire dans la 
■fiême position. Il lui imprime alors divers mouvements 
■UScadéd et de balancement pour lier les filaments de la 
fête et en faire une distribution égale* IHaut à l'ouvrier 
%ne grande habitude pour opérer ici d'une manière con* 
^flMiable. Un ouvrier peut préparer 4800 feuilles par jour. 
VùHKD^r pousse ensuite la forme sur un plan incliné 
et teOre la frisquette. Un autre ouvrier prend cette 
DonMy la fait un peu égoutter, puis la renverse sur un 
IBoroeau de drap. La feuille de papier se détache de la 
Imiê, et on la recouvre d'un nouveau morceau de drap, 
qid recevra tout à Theure une nouvelle feuille. Par cet 
Miange successif entre les deux ouvriers d'une forme 

Eetee et d'une forme vide, les feuilles s'accumulent entre 
I morceaux de drap superposés. Quand il y en a un 
nombre suffisant, on porte le tout sous une presse pour 
m eiprlmâF l'eau. On sépare ensuite les feuilles, on les 
fidt 0écher, on les colle, si le papier doit servir à l'écri-* 
tare, dans une dissolution de gélatine obtenue avec de 
la peau de gants, on remet en presse pour faire pénétrer 
la coUe partout, on sèche de nouveau, enfin on met les 
feuilles en mains, puis en rames. 

FabtfleAtloii du papier â la Méeaiilqtte. «^ Gomme 
notis venons de le dire, le papier ne se fabrique à la main 
^tie très-rarement ; il faut même ajouter que l'opération 
lu pourrissage des chiffons et l'emploi Aes piles à maillets 
lont nous avons parlé ne sont plus employés aujom> 
l'hui que dans quelques anciennes fabriques. Le procédé 
le fabrication mécanique du papier représente donc la 
béthode presque universellement suivie aujourd'hui dans 
es usines de l'Europe. Aussi devons^nous entrer main^-» 
ienant dans l'exposé de diverses opérations prélimi-» 
laires antérieures à la mise en feuille de la pÀte du 
lapier, opérations que nous n'avons signalées qu'en 
luelques mots en parlant de la fabrication du papier 
I la main. 

/\ 



40 u PAPin. 

Triage* lessivage et lavage des elilffoMs.— Lesdûf- 

fons bruts arrivent à la fabrique grossièrement triés. 
Là, on les sépare en chifTons de lin, coton , soie,laûie, 
et Ton rejette les deux derniers qui sont impropres àli 
fabrication du papier. On les classe aussi en chiffons neii4 
ou usés, en chiffons blancs ou colorés. Pour arriver à ce 
résultat , il a fallu préalablement découdre , coupar ks 
chiffons, séparer ceux qui ne se ressemblent pas, mettre 
de côté les ourlets et les coutures, détacher les boutons 
et agrafes, etc. On doit avoir soin aussi de régulariser la 
dimension des chiffons en rognant ceux qui dépassent 
une longueur déterminée. Ce travail préparatoire oc- 
cupe un grand nombre d'ouvrières et demande beau- 
coup de soins. Après le triage des chiffons, on les les- 
sive à la soude qui détruit certaines couleurs, dissout 
quelques principes gras, et désagrège les autres ; on les 
lave ensuite à Teau pure. 

Défliage des ehiffons. — G*est à Cette Opération que 
commence la préparation proprement dite du papier. 
U s'agit ici de détruire les tissus, de désassocier les 
fibres textiles, de les nettoyer totalement, enfin de les 
mêler ensemble de manière à en faire une sorte de 
pâte. 

Le défilage des chiffons s'exécute dans une cuve, dans 
l'intérieur de laquelle est un cylindre métallique présen- 
tant deux plans inclinés formés de planches de bois. En 
regard de ce cylindre, est disposée une platine métal- 
lique portant plusieurs lames également de métal. C'est 
entre la surface de cette platine et celle du cylindre que 
s'effectue la division du chiffon. Grâce au moteur de l'u- 
sine, qui peut être une jchute d'eau ou une machine à 
vapeur, les chiffons repassent continuellement entre 
les espèces de dents qui résultent de la réunion des 
diverses parties de cet appareil , et continuellement bai- 
gnés par l'eau qui faciUte ces divers mouvements , ib 
finissent par se transformer en une véritable pâte. 

Ainsi préparée, la pâte reçoit un degré encore plus 



tE PAPIIft. 41 

avancé de division dans une cuve dite raffineuse^ qui ne 
diffère de la précédente qu'en ce que le cylindre est 
pourvu d'un plus grand nombre de lames et se meut au 
i sein du liquide avec une plus grande vitesse. \^ 
/* BianekiMMice de la p4te. — Après cette opération, la 
p&te conserve encore une couleur qui dépend de celle 
qu'avaient les chiffons : il s'agit de la blanchir. Pour 
cela on lui enlève par la compression une grande par- 
tie de ïeau qu'elle renferme. Ensuite on la place dans 
un réservoir bien fermé et on y fait affluer du chlore 
gazeux. 

On obtient ce gaz, qui jouit de propriétés décolorantes 
très-prononcées, en chauffant un mélange de sel marin, 
d'acide sulfurique et d'un composé très-fréquemment em- 
ployé dans les laboratoires de chimie et qu'on nomme 
. peroxyde de manganèse. Pour blanchir 500 kilogrammes 
de chMons défilés, il faut produire un dégagement d'en- 
viron 4 mètres cubes de chlore. On blanchit encore la 
çulpe du papier avec du chlorure de chaux ou du chlo- 
rure de soude. 

Quand la pâte est complètement décolorée, on la lave 
et on la fait repasser encore sous des cylindres pour en 
séparer le chlore et la diviser davantage. Elle est alors 
prête à être transformée en papier. 

Mise en feauies. — Nous aUons maintenant donner 
une idée de l'opération compUquée et rapide qui con- 
vertit la pâte eu. papier continu. 

Amenée, par les moyens qui viennent d'être exposés, 
à l'état de pâte parfaitement blanche, et maintenue dans 
l'eau à l'état de suspension , cette pâte est conduite, à 
l'aide d'une pompe, dans un bassin peu profond. Par l'ac- 
tion du mécanisme moteur, elle passe de là sur un cylindre 
tournant qui est recouvert d'une étoffe de flanelle, sur la- 
quelle elle s'attache et se fixe par une sorte d'aspiration 
qui résulte du mouvement rapide dont le cylindre est 
animé. Ainsi recouverte d'une couche de pâte de papier, 
cette flanelle s'enroule successivement autour d une se- 



rie de larges ronleaui métalliques^creux qai BontchàvAilf 
par la yapeur i lear partie interne. Par ce passage m^l^ 
cessif sur des rouleaux chauffés, la pftte sèche, dmijtpei |l 
à peu, et finit par acquérir la consistance d'une fetflk 
papier humide. Il se forme de cette manière une iMÉk 
de papier continue, que des ciseaux mus parla niacliiii^ 
découpent en feuilles de la dimension youlue. Gesfecdh 
sont placées une à une, entre des plaques de zinc fà 
Ton soumet à l'action de la* presse pour en exprfMer 
l'humidité . Enfin les feuilles sont séchées dans m 
étuve et sont alors propres à l'usage. 

FAtorle«ti€ni 4a e*rtoa« -^ Le carton ^obtient amiN 
Tieux papiers que Ton ramène, parle pourrissagei 
l'état de pâte. On broie cette pâte entre des menhs 
pierres, on met ensuite cette pâte en feuilles 
au moyen des formes, comme dans la fabricatîoa 
papier à la main. 



V 

LES H.OBLOGES ET LES MONTRES. 

• 

niflrtoH^He. -^ Les anciens partageaient en heures! 
temps qui s'écoule entre deux levers de soleil : ils 
tinguaient les heures du Jour de celles de la nuit, 
déterminait les premières par la hauteur du soleil 
dessus de l'horizon, et les secondes par la place qn' 
cupaient dans le firmament les étoiles les plus 
lantes. 

tM elepmfàt^ ém l'kovloge de* luieleus. *^ La pi 

mière horloge dont l'histoire fasse mention est la cl 
if/dre simple : c'est un rase plein d'eau et percé d't 
petit trou à sa partie inférieure. 
La clepsydre est fondée sur le principe suivant : dtf 



LIS H01L06IS IT LIS HOHTRIS. 4t 

luanfités égales de liquide s'écoulent d'un yase en des 
taap% ég'anx, quand on maintient constant le niveau de 
rom. D'après ce principe on peut mesurer le temps en 
KBcaeillant et mesurant le volume d'eau qui s'est écoulé 
d*un vase dans un intervalle de temps. 

La clepsydre simple que nous venons de décrire, ap* 
pareil insuffisant et grossier, fut employée longtemps 

Kles Grecs et les Romains sans aucune modification ^ 
un premier perfectionnement, on traça à l'extérieur 
da vase d'où l'eau s'écoulait, des divisions égales entre 
elles, cie qui donna, en fractions égales ^ la subdivision 
àoL temps. 

. Jhar un progrès nouveau, la clepsydre perdit son an- 
MqiHi simplicité. On la munit d'un cadran dont les ai^ 
galles marchaient par le mécanisme suivant : à la suiv 
ùate de l'eau , contenue dans le réservoir, nageait un 
jQMteor qui, en s'abaissant au fur et à mesure de 
fèGOUlement de l'eau, tirait verticalement un fil en* 
roulé sur l'axe d'une aiguille^ laquelle recevait ainsi 
Qû mouvement rotatoire autour du cadran. C'était là un 
progrès^ car si l'agent moteur de l'horloge était toujours 
grossiet , la manière de mesurer les fi'actions du temps 
avMt reçu un perfectionnement réel. 

Ce cadran indiquait les heures ; mais la période du 
temps ainsi mesuré était trop courte. On parvint à ré- 
isoudre le problème d'une plus longue durée de la marche 
Jta horloges, en faisant mouvoir les aiguilles du cadran 
;m moyen de deux roues dentées de diamètre différent, 
jidont l'une indiquait les heures et l'autre les mmutes. 
Gtésibius d'Alexandrie fit construire, 250 ans avant 
Msus^Ghrist, une clepsydre célèbre et très-compli* 

U parait que la clepsydre avait également reçu chez 
ici Orientaux d'importants perfectionnements, car, lors- 

1. On trouve dans les discours de Démosthène des allusions à la ma- 
lière de fixer la durée des discours au moyen de la clepsydre. Ainsi 
'ta disait « Votu empiétez sur mon eau. f 



44 us HOftLOGlS IT US MORTIRS. 

que, 62 ans avant Jésus-Christ, Pompée rentra à Rome 
triomphant de Tigrane, d'Ântiochus et de Hithridate, 
on admirait, comme le plus glorieux trophée de sa vio- 
toire, une clepsydre perfectionnée conquise sur un vd 
d*Asie. N^ 

i^e sainer. — Le sablier qui sert à la mesure du 
temps se compose de deux petites bouteilles dont les 
goulots très-étroits sont réunis. Une des petites bou- 
teilles contient du sable fin. L'intervalle que ce saUe 
met à s'écouler d'une bouteille dans Tautre sert à h 
mesure du temps. Le sablier fut employé en %ypte, 
dès les temps les plus anciens, comme moyen de me- 
surer le temps. Les Romains l'employaient concorrem- 
ment avec la clepsydre. Le sablier était encore en usage 
dans les assemblées de Sorbonne , en 1656. 

i^ cadran solaire. — Le cadran solaire est un in- 
strument dans lequel le temps est mesuré par le moufe- 
ment de l'ombre que projette, sur une surface plane, 
une tige éclairée par le soleil. 

Les indications du cadran solaire reposent sur les 
différentes positions du soleil et de rond)re aux diffi- 
rents moments du jour; c'est une des belles applications 
de la géométrie. On attribue son invention à recelé 
d'Alexandrie, c'est-à-dire aux savants grecs qui s'étaient 
établis dans cette vUle d'Egypte , où ils fondèrent une 
école justement renommée. 

Le cadran solaire était un instrument très-important 
sans doute, mais incomplet, puisque ses indications 
disparaissent la nuit et pendant l'absence des rayons da 
soleil. 

Imperfeetloa des procédés connus. an moyen âge 
pour la mesare du temps. Décoairerte des korloses i 

poids. — Du IV' au X' siècle de l'ère chrétienne , les 
sciences demeurèrent, en Europe, enveloppées des 
épaisses ténèbres de la barbarie. Le dépôt des sciences 
appartenait, à cette époque, aux races mahométanes, 
c'est-à-dire aux Arabes d'Afrique et aux Maures d"^ 



LIS HORLOGES ET LES MONTEES. 4S 

pagne. Au ix* siècle, un kalife d'Orient, Haroun-al- 
Raschid, étonnait la cour de Ghariemagne par l'envoi 
d'une clepsydre. Dans ces temps d'ignorance, l'Eu- 
rope avait oublié jusqu'à l'art de mesurer le temps, 
que les anciens lui avaient transmis. Les religieux 
«u moyen âge en étaient réduits à observer le ciel 
pour faire sonner les matines, et il est établi qu'en 
1108, dans la riche abbaye de Cluny, le sacristain con- 
sultait les astres quand il voulait savoir s'il était l'heure 
de réveiller les religieux pour les offices de la nuit. 
/ Au X* siècle, les moine& de plusieurs monastères alle- 
mands réglaient leurs offices d'après le chant du coq. 

La première mention des horloges se trouve dans les 
Usages de V ordre de CtteauXy compilés vers l'an 1120, 
livre où il est prescrit au sacristain de régler Vhorloge 
de l'abbaye de manière qu'elle sonne avant les ma- 
tines. 

En 1370, du temps de Charles V, parut en France 
une horloge très-remarquable. Elle avait été construite 
par un Arabe, Henri de Vie. Charles V, qui fit venir ce 
Savant à Paris pour y construire l'horloge du palais, 
lui assigna six sous parisis par jour pour ce travail. 

L'horloge de la tour du palais, renfermait les princi- 
paux éléments de précision des horloges actuelles. Elle 
avait pour agent moteur un poids, pour régulateur une 
pièce oscillante, et était pourvue d'un échappement. 

Ce n'était là pourtant que l'enfance de l'art de l'hor- 
logerie. Ces machines chronométriques étaient néces- 
sairement Iqurdes et incommodes ; le moteur de l'hor- 
loge du palais pesait cinq cents livres. 

C'est au XV* siècle que l'on commença à se servir des 
horloges dans les observations astronomiques , et l'on 
sait quels rapides progrès l'application de ces instru- 
ments imprima à l'astronomie. Le maître de Kepler, 
l'astronome danois Tycho-Brahé, possédait, en 1660, 
dans son magnifique observatoire d'Oranienbourg , une 
lk)rloge à minutes et à secondes^ 



46 



LIS HOftLOGIS IT LIS IKHITEII. 




Fig.13. 



\ JkiPplleatloB dH i^ndole aux horloges. -— La phf 

grande découverte qui ait été faite pour la constroctNl 
des instruments chronométriques, c'est remploi daps» 
dule pour régler l'égalité des mouvements d'une hodoge; 
. Qu'est-ce que le pendule? C'est une ^ 

métallique terminée par un corps pusàj 
en forme de lentille. Si on susp^ 
appareil par l'extrémité de sa tige , et qjtm 
le dérange de sa position verticale, fl Ikt 
crira à droite et à gatiche de cette poiÉki 
des allées et des venues qu'on nomme 
lations. Ces oscillations seronti toujours f < 
durée, c'est-à-dire isochrones selon le tanD6l 
consacré , si elles sont petites, bien que fud'j 
décrit par la lentille diminue de grandeur par 
suite de la résistance de l'air et du Urattei 
ment au pomt de suspension. 

La découverte de risoehronisme des osdl- 
lations du pendule est due à l'immortd GA 
lée. En 1582, Galilée, alors dans sa jeunesse, raoo» 
nut pour la première fois ce fait capital, en consMit 
l'uniformité complète des oscillations d'une lampersair 
pendue à la voûte de l'église métropolitaine de K». 
Ce n'est que plus de quarante ans après avoir fait 
observation fondamentale, que Galilée eut la peiuift, 
de construire une horloge d'après le principe des 
dilations isochrones du pendule. Mais Galilée n'exée 
point ce projet, il se borna à indiquer théorique 
la possibilité de tirer parti du pendule, pour donner 
égalité absolue aux impulsions du moteur des horlo( 
Cette magnifique application fut réalisée par un sav^ 
hollandais, Christian Huyghens de Zuf lichem, qui a} 
fixé sa résidence en France, gr&ce aux encouragenaei 
du ministre Colbert. 

Christian Huyghens, l'un des plus beaux génb 
du xvu* siècle, ne se borna pas à transporter dtftj 
la pratique l'idée de Galilée sur l'application du peBf 



LB6 HORLOGIS JET LES MOMTRIS. 47 

dule à la mesure du temps ; il fit une seconde dé- 
couverte d'une importance égale à la première, celle du 
ressort en spirale qui, par Teffort qu*U exerce en se dé- 
tendant, permet de'remplacer le poids dont on avait fait ex* 
dusivement usage jusque-là comme moteur des horloges. 

En 1657, Christian Huyghens envoya aux États de la 
HoUande la description d'une horloge destinée à mesurer 
avec une exactitude absolue les plus petites divisions du 
temps. Cet instrument renfermait les deux inventions 
capitales qui servent de base à rhorlogerie moderne : le 
ressort en spirale comme moteur, et le pendule servant à 
régulariser et à rendre isochrone Faction àR ce moteur* 
En effet, le ressort en spirale, le régulateur et Féchap- 
pement, résument à eux seuls les moyens mécaniquei 
qui sont le fondement de toute Thorlogerie. 

fluyghens avait compris dès le début toute la portée 
de ses découvertes. Voici ce qu'tt écrivait en 167J à 
Louis XIY en lui dédiant son horologium oscillatorimm 
{horloge oscillatoire) ; c Je ne perdrai pas le temps, gnmd 
roi, à vous en démontrer toute l'utilité, pm'sque mes au^ 
tomates^ introduits dans vos appartements , vous fr^* 
pent chaque jour, par la régularité de leurs indications 
et les conséquences qu'ils vous promettent poulies pro-* 
grès de l'astronomie et de la navigation. » 

DéeovT^rte 4es «t^ntres. -^ La découverte du ressort 
spiral qui produit, par sa force d'élasticité, l'effet du poids 
moteur des horloges, permit de faire des horloges porta- 
tives qui, plus tard, étant réduites à de plus petites dimen- 
sions, furent appelées montrés. On ne connaît nirépoque, 
ni l'auteur de la construction des premières montres. 

Quoique très-commodes, les premières montres qui 
furent construites Tfee pouvaient encore donner l'heure 
avec exactitude, parce qu'on n'avait pas fait à ces instru- 
ments l'appUcation de la fusée qui égalise et rend uni- 
forme la force motrice. 

L'inventeur de la fusée n'est pas connu, et la fusée est 
une des plus belles inventions de l'esprit humain. 



48 



LIS HOILOG» IT LIS HORTUS. 



Les montres à répétition furent inyentées en 
terre en 1676. Les horlogers Barlow, Quare, et T( 
s'en disputèrent la découverte : Louis XIV re 
Charles II les premières montres à répétition qi 
ait vues en France. 
Le xYiii" siècle, fécond en inventions nouirel] 
briller les noms des 
Pierre et Julien Le R< 
dinand Bcrthoud , L 
Harrisson , Bréguet 
alors qu'on fabriqua li 
très marines, instr 
admirables par leur pi 
et leur exactitude. 

Description des ho 
dea pcndalCB e( dei 

très. — L'art de l'hoi 
moderne, qui résulte 
Tentions successives 
nous venons de pr 
l'histoire abrégée, s'oo 
construire des horlog 

Sendnles, des montras 
es chronomètres, 
d'instruments destinés 
surer des fractions de 
avec la justesse la pi 
goureusc, et qui sont d'un mécanisn 
compliqué que celui des montres. 
nous bornerons à examiner ici ie, 
Tjb loges, les pendules d'appartement 

^Bj • montres. Notre but n'ai pas de d 
IH complètement ces appareils, nid'exp 
Up lejeu réciproque de tous leurs roi 
Fig. I*. nous essayerons seulement de faire 
prendre le jeu des pièces principales qui produis 
mouvement des aiguilles sur le cadran. 




r 



LSS HORLOGES ET LES MONTRES. 



iriagcB Sxes. — DdDS tes horJoges fixes, telles que 

,ndes horloges des édifices publics, l'agent moteur 

m poids P (fig. 13], suspendu à l'extrémitë d'une 

e qui fait un certain nombre de tours sur la surface 

cylindre horizontal A. Ce cylindre peut tourner au- 

4e son axe, et il reçoit un mouvement de rotation du 

qui tend constamment à descendre. Ce mouvement 

Qtation est transmis aux deux aiguilles du cadran au 

d'une roue dentée B, soudée au cylindre A et qui 

tourner par son pignon et par un engrenage inler- 

' are, une autre roue dentée GC et eniin le volant V. 

rouages de l'horloge, ainsi mis en mouvement par 

[oteur, tourneraient d'une manière coutlime, maie 

nniforme, c'est-à-dire que les aiguilles auxquelles le 

Vement est communiqué par l'action du poids mo- 

beparcourraientpas des espaces égaux, pendant des 

n ^aux, par suite de l'inégalité des frottements des 

rsronages. Il faut donc remédier à ce défaut d'unifor- 

dânsTaclion motrice. On y parvient au moyen d'une 

S qui oscille régulièrement et qui, à chaque oscilk' 

i'UTËte entièrement, et à des intervalles égaux, le 

^eaneat des rouages ; on obtient par cet artiOce un 

iveraenl inlermil tent périodiquement uniforme : cette 

lèce oscillante a reçu le nom de régulateur. - - . 

K«bbU(()w des horloges. — Pour les horloges fixes, 

régulateur, c'est le pendule des physiciens qui est 

ibituellement désigné dans ce cas sous le nom de èo- 

icier. En lui donnant une longueur bien rigoureuse- 

ent calculée, le pendule produit une oscillation par 

conde, et sert à indiquer ainsi sur le cadran cette 

action du temps. 

Les pièces par l'intermédiaire desquelles le pendule 

1 balancier arrête à chaque seconde le mouvement pro- 

iiit par le poids moteur, constituent ce qu'on nomms^ 

hkappemenC, L'échappement le plus employé est dit 

ancre. Nous allons le décrire rapidement. 

Une pièce g », en forme d'ancre de vaisseau disposée bi 



t 




5A LBB. ■OftUKW R 14» WWWHk 

r^trémité de ta course du pendule, reçoU de cdiùnân 
mouveiBeot d'oscîUaiÙMi autour d'un aie horizootal dt 
soapeusioo A. Entre ces deux extrémités g, a, se trooTB 
une roue d^tëe ^ m que le moteuj de l'horloge iuf 
tourner- Lee dents de cette roue s'appuient altmiatt* 

Ivement sur la Tace inférieuire â'uM ta 
extraites de l'ancre et sur lai faceiK> 
^ périeure de l'autre exlréoùtë,. e(iqfiH>< 
trémU^ sont ellesrméates taïBAw^ 
manière que pendant tout 1» Imyi 
1^, qa'uûe dent de la roue est airtêl»^ 

l'une des. exlrémilés de l'ancve,. cette 

deet reste immobile comme b roue 

^e-mâme. Le mouvement est: nada 

ialeroùtteot et égal, parce qa'il B'tst 

mis en action que poi; les oscillaboiu 

""jT isochrones du peedùle. 

'■ On voit donc que les aiguilles d^im 

H cadirao. ub marchent pas sur ce csdns 

^^^k d'une manière continue , mais par f»* 

/^l^^^ tites saccades. Comme lés aîgotllet K 

^^^^^B déplacetU à chaque saccade d'une &£»• 

^^^^Br faible quantité, oa les croit aninaéd 

^^^^^ d'uo mouvement continu; mais, si l'on 

^^ ohsarre avec attention les- Jf^piWfîs, on 

"*■ '*■ verra que leur mouvement, n'est pas 

continu , mais {H:ocède par impulsions régulières. 

r«»4«lMi d'MpfarteBdnfc.— Ce n!estque âans-le^bor- 
loges tixes que l'agent moteur est un sim]^ pcâds. Le 
moieur qui est ea usage dans les pendules d'apparte- 
ment, c'est-à-dire dans les horloges putatives, est H 
resswt fonné d'une lame d'acier mince et lon^, 
eoroulôe autour d'elle-mérae en spirale, comme It 
montre la figure 16. 

Supposooa qu'on lier r^bréimlé intérieure du ressort, 
celle qui occupe le cmtre de la spirale» ^ un axe qfà 
puisse tourner sur lui-mâme, l'extréimté extérieure A 

I 



LES HOBLUGBS B3 Lia MOniEISS. 



âl 




à UQ point immobilfiit qu'arriverort-il lors- 
tourner cet a^ce sur lui-ôiéine aa moyen d'une 
ireluera avec lui l'exLréniîlé intérieure du règ- 
les se serreront de plus en plus en s'appli- 
"uuU'e : le ressort sera alors tendu, selon 
l'expression ordinaire. 
Si l'on abandonne l'axe 
à lui-même, mainte- 
nant, que ferale ressort! 
Il reprendra sa position 
prijûitive, il se déten- 
Ws. "6. dra , c'est-à-dire que 

IS s'écarteront, mais en même Leutps, et par 
«a mouvement dû à son élasticité, il imprimera 
uqoeL il est attaché un mouvement de rotation» 
! mécanisme du. ressort en spirale (£ui Ml mar- 
pendules d'appartement. 
Snction du ressort est-elle congtanle, toujours égale 
I^ celle du poids motear des horloges? 11 n'en 
iafiirce d'un ressort va en diminuant saos cesse ' 
ilDoment oi!i il commence à agir en se détendant 
. moment oii il a repris sa forme prlmilive. Le 
spiral n'a donc pas cette action constante néces- 
l'harmonie du mécanisme. Voyons, comment 
arvenu à lui rendre cette qualité indispeo^l^. . 
et le baaiiiei. — On eureruiti le ressort dans 




iteboltfi circulaire A.enfoimedetainbour, nom- 
itftol. Sur la sinface extérieure de ce barillet; est 



52 LIS lOftLOGIS BT usMomis. 

enroulée une chaînette d'acier qoi, après avoir £ait un cer- 
tain nombre de tours sur cette surface, vient s'enrouler sur 
un tambour conique creusé d'une rainure disposée en 
spirale qui reçoit les divers tours de la chaînette : ce 
tambour conique F a reçu le nom de fusée. Quand le res- 
sort est complètement tendu, la chaîne est enroulée sur 
toute la surface de la fusée ; mais à mesure que le ressort 
se détend , il fait tourner le barillet auquel il est attaché, 
et en même temps la fusée par l'intermédiaire delachatoe. 
Celle-ci se déroule donc sur la fusée et s'enroule soi 
le barillet. Nous savons que la force de tension du ressort 
sur la chaîne va en diminuant depuis le moment où il 
commence à se détendre jusqu'à celui où il a repris sa 
forme primitive : mais, comme nous allons le voir, cette 
force, qui diminue d'une part, augmente d'une autre, 
de façon que les deux effets se compensant, l'actioD 
du ressort demeure égale et constante. 

Voici comment la force du ressort augmente par le jeu 
de la fusée, malgré la diminution de son intensité rMe. 
.A mesure que le ressort se détend et perd progressi- 
vement de sa force , il agit successivement sur de çlas 
grands rayons du cône de la fusée, et sa force en 
est augmentée de manière à rétablir l'équilibre. S'ï 
est vrai que le ressort au moment où il commence ï 
se détendre, a acquis une force telle qu'il pourrait 
entraîner le rouage avec une grande rapidité , il est 
vrai aussi qu'à ce moment il agit au sommet de la fiisée 
par les plus petits rayons , et que sa forôe s'en trouve 
sensiblement diminuée. La force compensatrice de cet 
appareil provient donc de ce que le ressort agit succes- 
sivement sur la fusée, à l'extrémité d'un plus grand bfls 
de levier à mesure qu'il est moins tendu. 

Le mouvement régulier ainsi obtenu est transmis à 
tout le mécanisme par l'intermédiaire de la roue queb 
fusée entraine en tournant. 

Montres. — Le moteur des montres est le même qw 
celui des pendules d'appartement, c'esl-à-dire un ressor 



LKS HOBLOGES BT LES MONTRBS. 53 

d'acier en spirale semblable à celui que représente la 
figure 16. On régularise, comme dans les pendules d'ap- 
partement, le jeu de ce ressort par l'emploi de la fusée et 
du barillet. 

Mais les montres ne pouvaient recevoir, en raison de 
leur mobilité, le même balancier qui, dans les horloges 
fixes et dans les pendules d'appartement , sert à régu- 
lariser le mouvement du moteur. Il fallait donc trouver 
\m mécanisme, autre que le pendule, qui rendit abso- 
lument isochrone l'impulsion du moteur, tout en s'ac- 
commodant à la mobilité de la montre. C'est Huyghens 
qui a imaginé le régulateur des montres qui a reçu le 
nom de balancier spiral. 

Cet appareil, que représente la figure 18, se com- 
pose d'une roue ou petit volant, dit balancier ^ mobile au- 
tour d'un axe vertical, et d'un ressort spiral semblable au 
grand ressort moteur de la montre, mais de dimensions 
beaucoup plus petites. Son extrémité intérieure est fixée 
à l'axe de la roue, et l'autre extrémité à une des pfe- 
tines de la montre. Lorsqu'on fait tourner le balan- 
cier en tendant le ressort spiral au moyen de la clef, 
ce spiral se trouve déformé ; mais, par son élasticité, ce 
ressort tend à reprendre sa figure primitive, et il en- 
traîne le balancier avec lui. Après avoir reçu cette 
impulsion, le balancier ne s'arrête pas à cette première 
position ; animé d'une certaine vitesse , il continue en- 
core à tourner dans le même sens , alors que le spiral 

a déjà repris sa figure d'équili- 
bre : alors le spiral se déforme 
en sens contraire, résiste de plus 
en plus au balancier et finit par 
l'arrêter : continuant à agir sur 
^^S' i9, lui, il ramène de nouveau le ba- 

lancier à sa position primitive, le balancier la dépasse de 
nouveau en vertu de sa vitesse acquise, et ainsi de suite. 
Ainsi le balancier oscille de part et d'autre de sa 
position primitive, comme le pendule oscille de part et 




54 us floiLOGis n lis ■ortkis. 

d*autre de la verticale. Il remplit dans la montre cet effet 
régnlatear ou d'ûocknmimte qae le pendule produit 
dans les horloges fixes : il régularise le waefayetaeM an 
moteur et rend isochrone son action. Dans le pendule 
des horlc^es fixes, c'est la force de la pesantear qui 
produit risochronisme ; avec le ressort spiral 4es 
très , c*est l'élasticité du ressort qui prodiik le 
isochronisme. 

Un échappement spécial met le régulateur dans ta 
horloges fixes ou portatives, comme dans les montrei, 
en communication avec un système de trois roues den- 
tées qui ont des dimensions convenables ^ur q«e tes 
aiguilles qui en reçoivent leur mcNivement indiqaeDt 
régulièrement sur le cadran les heures, les ininn^ et 
les secondes. 

8oBa«i4e. — Dans les hoiioges fixes et les yenUes 
d'appartement la sonnerie est produite par uni^eassitqfi 
met en action un petit marteau venant frapper -aa jb^ 
ment voulu un timbre métallique très-sonore. 



VI 

« 

LA P0IU3ELALNE ET LES POTERIES. 

Conyositten générale des poteries. — On dotme le 

nom d'arffileê à des mélanges naturels de silîoe et d'alu- 
mine. Les argiles qui forment des couches lior^onlales 
i^tuées à peu de profondeur dans le sol , ont beau- 
coup d'influence sur la disposition des eaux soutff^ 
raines. Les eaux souterraines s'arrêtent à leur surface; 
ainsi se forment les nappes d'eau que l'on renoonlre 
dans les régions profoztdes du sol , et que va chercher 
la tige de l'ouvrier foreur pour en faire jaillir les sources 
artéaieiiAes, 



U MKCEUINS ET U» WnBllS. R 

Les argiles se caractérisent par leur toncher gras et 
•onctueux, et leur propriété de former, quand on les pé- 
trit avec de Teau , mte pâte lianite et >ducâle qui peut 
être lissée, polie sous le tIcMgt, et prendre tontes les 
formes que l'on désire. Un autre caractère esseffitid de 
Fai^e, c'e^ que, quand on Texpose i l'action d'un feu 
tiolent , elle pet A toutes les propriétés que nous venons 
4*énumérer, devient impénétrable à l'eau et à tous les 
liquides, et acquiert une dureté si prononcée qu'elle 
peut fisure feu au briquet. 

L'emploi de l'argile pour la confeclioii des poteries 
repose sur cette modiâcation profonde que la ctudfxir 
lui fait «ubir. Toutes les poteries^ quelle que soit leur 
Talrar, depuis la porcedaine la plus précieuse jnsfv'anx 
plus infimes qualités des vases de terre employés dans 
les ateliers et dafns les -cui^nes>, sont pi^porfee^ ^ta 
^moyen d'one terre argileuse préalablement moulée par 
rintermédiaire de l'eau, et calcinée eftisuite à me faanble 
température. Geftie calcaniaticm les rend dures et impé- 
nétrables aux liquides, inatlaquaUes pair la filupart 
des agents clumiques. Les poteries si nombreuses ot si 
"variées, qui servent à tant d'usages dans les arts et dans 
l'économie domesëqoe, ne diffèfrent donc eiitre elles 
que par la pureté de l'argile employée à leur confection. 
Nous traiterons successivement des poteries comnmnes 
et de la porcelaine. 

Brt4««s. — Les promiers objets en terre cuite que 
l'homme ait su fabriquer, sont les briques qui servent 
aux oonstructtoQs. 

Les briques ^ préparent au moyen d'uvie argile gros- 
sière, telle qu'on la rencontre dans beaucoup de ter- 
rains. Après avoir fait, par l'inteiraiédiaGlre de l'eau, «ne 
pâte avec ces terres argileuses, on dcdme à cette pâte te, 
forme de briques et on l'^pose à la chaleur d'im ibur. 
On se contente quelquefois de sécher les briques à «n 
soleil ardent; niais efi^les ont alors très->peu de solidité 
Les iiriqoe& euiles doivent leur couleiir rooge 4 l'oxji 



56 tk POftCELAINB ET LES P0TIRIB8. 

de fer qu'elles contiennent. On les façonne à la main on 
dans des cadres rectangulaires saupoudrés de sable. 
Pour les cuire , on les met en tas en ménageant çà et là 
des intervalles où l'on brûle lé combustible* On les cuit 
aussi dans des fours, j 

Poteries eommiineB. — Les poteries communes se 
fabriquent avec des argiles impures qu'on laisse pourrir 
pendant plusieurs années dans des fosses afin de les 
rendre plus plastiques. Les pots à fleur, les formes i 
sucre, etc. , etc. , sont fabriqués sur le tour à potier. 

Tour à potier. — Le tour à potier est un des plus an- 
ciens instruments de l'industrie humaine. Il consiste en 
un grand disque de bois auquel le pied de l'ouvrier im- 
prime un mouvement de rotation. Un second disque 
plus petit, qui porte la pâte à travailler, est fixé sur 
l'extrémité supérieure de l'axe vertical auquel est fixé 
le grand disque inférieur. Assis sur un banc , l'oumer 
place au centre de ce plateau une certaine quantité de 
pâte humide et molle, et, faisant tourner le tour avec 
son pied, il façonne la pâte avec les deux mains, de 
manière à lui donner la forme voulue. Il n'y a pas de 
plus joli spectacle que de voir un potier habile donner 
à la pâte, avec une rapidité étonnante, les formes les 
plus variées. Il semble que, par miracle, le vase naisse^ 
se forme, se moule de lui-même entre les doigts indus- 
trieux de l'ouvrier. 

Vases étrusques. — Les poteries campaniennes, im- 
proprement désignées sous le nom de poteries étrusques^ 
et les poteries grecques anciennes , appartiennent à la 
classe des poteries tendres , lustrées, qu'on ne fabrique 
plus aujourd'hui. Les vases étrusques sont les modèles les 
plus remarquables de la poterie antique ; ils sont d'une 
forme pure, simple et élégante, qu'on s'efforce d'imiter 
de nos jours. La pâte de ces poteries est fine, homogène, 
recouverte d'un lustre ou enduit vitreux particulier, mince 
et résistant, rouge ou noir, formé de silice rendue fusible 
par un alcali. On les cuisait à une basse tempêratm^. 



LA PORCELÀINK ET LBS POTIRIIS. 57 

Faienees. Historique. — La faïence émailléBi a été 
connue des Perses et des Arabes avant de l'être des Eu- 
ropéens. On admet généralement que les ouTriers 
arabes ont introduit des îles Baléares , en Italie l'émail 
opaque stanifère. « L'introduction, dit M. Alexandre Bron- 
gnîart, aurait eu lieu vers 1415, à peu près à l'époque 
où Luca délia Robia, sculpteur de Florence, fît ses figures 
et bas-reliefs en terre cuite, et les empâta dans un émail 
d' étala. » Cette faïence s'appelait JUajolica dans toute 
ritalie, nom dérivé de majorica, Mayorque. La fabrica- 
tion de la majolica se fit d'abord à Gastel-Durante et à 
Florence, sous la direction des frères Fontana d'Urbin, 
Des manufactures s'établirent ensuite dans toutes les 
villes d'Italie, et entre autres à Faenza, qui aurait depuis 
donné son nom à cette espèce de poterie. Selon Mézerai, 
son nom viendrait plutôt de Faïence, petit bourg situé en 
Provence, « et renommé pour les vaisselles de terre qui 
s*y font, > dit cet historien. François I" fit établir me 
fabrique de faïence près de Paris ; celle de Nevers fut 
créée par Henri IV, en 1603.^ ■ 

Mais revenons sur nos pas. Les manufactures ita- 
liennes exécutaient des pièces de luxe pour les princes : 
c'étaient des faïences sculptées, recouvertes d'admirables 
peintures. Cependant, à partir de l'année 1560, hmajO' 
lica commença à tomber en décadence ; ce qui était un art 
devint un métier, les potiers remplacèrent les artistes. 
Le secret de la fabrication de la faïence finit même par 
se perdre en France, Ijjen qu'en 1530 un petit neveu de 
Luca délia Robbia fôt venu décorer en carreaux émail- 
lés le château du bois de Boulogne. 

C'est à Bernard de Palissy que l'on doit l'art de com- 
poser des émaux diversement colorés et de les appli- 
quer sur la faïence. 

Bernard Palissy. — Cet homme illustre était né 
dans l'Agénois vers 1500. D s'appliqua, dans sa jeu- 
nesse, à la peinture et à l'arpentage; mais son gi*and 
mérite fut d'être, comme il le dit lui-même, ouvrir de 



%% 



d6 Lk FOACSUINB fiT IMS MmiKS. 

terre. Après seize ans d'efforts, il réussit à fabriquer ces 
admirables faïences émaillées qui sont encore trèsHT»- 
chercfaées à cause de Téclat de leur émail et de la per- 
fection des objets qui les décorent Ce sont des rap- 
liles, des poissons, des coquilles, etc., d*<me venté 
saisissante. 

Bernard Palissy nous a laissé Thistoire de ^es dé- 
couvertes dans un Traité de la nature des eaux et fah 
taines^ des tnétemx, des terres, émcmx, etc. Le xédl ie 
ses recherches est du plus vif intérêt. On assiste A œ 
grand combat d'un homme anné d'ime idée eC d'une 
volonté fortes, qui lutte de toute l'énergie de «mime 
contre Tenvie, les refM-oches des petits esprits, laiiusère, 
le découragement et la douleur. <}aelqueifois il s*aftinB 
sous les coups de l'iofoitune ou se brise coDÉre Tiiisiiaès 
de ses expériences^ mais il se relèTe bient^ et dit A son 
Ame : c Qu'est-ce qui t'atUiste, puisque tu as trouvé te 
que tu cherchais ? Travaille, à présent, et tu rendras liOB- 
teux tes détracteurs. > Ailleurs, 11 est si malheoureaXf <t 
il raconte ses chagrins avec un style d'une boidK»i9B 
naïve et si poignante à la fois , que le lecteur a le 9SS& 
serré et pourtant le sourire sur les lèvres : 

« Toutes ces foutes, nous dit-il, m'ont cause tn lai la- 
beur et tristesse d'esprit , qu'auparavant que j'aye eu 
mes émaux fusibles à un même degré de feu^ j'aycnàdé 
entrer jnsques à la porte du sépulchre. Aussi, en me 
travaillant A tels afEst^res, je me suis trouvé l'espace de 
plus de dix ans si fort escoul^en ma personne» qu'il 
n'y avait aucune forme ny apparence de bosse aux 
bras ny aux jambes : ains estoient mes dites janAes 
toutes d'une venue ; de sorte que les liens de qooy j'at- 
tachois mes bas de chausses estoient, soudain que je 
cheminois, sur mes talons. . . . J'étois méprisé et moqué de 
tous.... L'espérance que j'avois me laîsoit pixicédar en 
mon affaire si viril^tnent , que plusieurs fois, popr ea« 
tret^r les personnes qui me venoyect voir, je CwMb 
mes efforts de rketCombieB que îiiténettremeal j« fiouK 



IX ■Mêo/ljokz m LIS poisiiis. M 

bien triste;... JTai été plusieurs années que, n'ayant rien 
de quoy faire couyrir mes fourneaux , j'étois toutes les 
nuits à la meîcy des pluyes et vents sans avoir aucun 
secours, aide, ny consolation, sinon des chats-huanits 
(fui chantoyent d'im costé et les chiens qui hurloyent de 
Tantre.... Me ^s trouvé plusieurs fois qu'ayant tout 
quitté, n'ayant rien de sec sur moy à cause des pluyes 
qui e^oient tombées , je m'en allois coucher à la mi- 
nuit on au point du jour, accoustré de telle sorte 
comme un homme que l'on auroit traîné par tous les 
bourbi^s de la ville ; et , m'en allant ainsi retirer, j'ai- 
lois brîcoUant sans chandelle, et tombant d'un costé 
et d^autre, comme un homme qui ^eroit ivre de vin, 

j^empli de grandes tristesses! » ');/ 

/ Bernard Palissy avait embrassé la' religion réformée, 
'^'il refusa d'abjurer. On le jeta daiis une prison où il 
mounit en 1689. 

Co«Cèetl«ft 40S p^erles de falenee^ — * Les faîeQCes 

s'obtiennent , comme toutes les poteries , en calcinant 
dans des fours la pâte argileuse préalablement nïoulée. 
lia pftte des faïences est mie argile qui reste blanche a^rès 
la cuisson , -quand elle est pure , et se colore en rouge 
ou en brun quand elle est impure. La faïence anglaise, 
ou faïence fine, est d'une pâle qui demeure blanche 
après la cuisson ; au contrah^ , les faïences communes 
de Frasice, que l'on désigne souvent sous le nom.de 
terré de pipe , donnent par la cuisson une pâte colorée. 
Toutes les faïences doivent être couvertes d'un vernis 
^i éoime à ia poterie* l'éclat et le poli nécessaires aux 
cisages «uxquels on la destine. Si la pâte est incolore 
après la osssson, telle qne la faïence fine anglaise, qui 
reçat de 1760 à f770 de grands perfectionnements 
centre les mains de Wedgvoed ^ et qui est caractérisée 
par nne pâte blanche, opaque, à texture fine, on la re- 
couvre d'un vernis trampiffent, que l'on obtient par im 
mélange de sable et d'oxyde de plomb. Par sa trandu^ 
«idiléy ce vernis laisse apercevoir à travers sa subgtano^ 



60 LÀ POECKLAINI BT LES POTIillS. 

la couleur blanche et mate de la poterie. Si, an contraire, 
la pâte de la faïence est d'une couleur rougeâtre , et td 
est le cas de nos faïences communes de France , il faut 
l'envelopper d'une couverte en vernis opaque , afin de 
masquer la couleur désagréable de la poterie. Ce vernis 
opaque est un émail, c'est-à-dire, une combinaison 
de silice avec de l'oxyde d'élain ou de plomb.. JÇ 

Voici comment en opère pour appliquer sur les fefcn- 
ces la couverte ou vernis. On pulvérise, de manière k 
la réduire à un état de grande division , la matière des- 
tinée à servir de couverte, et qui consiste , comme nous 
l'avons dit, en un émail ou verre à base d'oxyde d'é- 
tain ou de plomb. On délaye cette poudre dans de l'eau, 
que l'on agite de manière à la tenir en suspension, et 
l'on plonge dans ce liquide la pièce de poterie cuite et 
par conséquent poreuse et très-absorbante. Par cette im- 
mersion rapide , la pièce absorbe une certaine quantité 
d'eau qui pénètre à l'intérieur de sa substance, en lais- 
sant à sa surface une légère couche d'émail pulvéru- 
lent. En portant ensuite la pièce au four, l'eau s'évapore, 
rémail , matière très-fusible , fond par la chaleur, et 
forme à la surface de la pièce une enveloppe de vernis 
opaque ou translucide , selon la nature des matières em- 
ployées. 

Porcelaine. Historique. — La porcelaine est la pluS 

précieuse des poteries , parce qu'elle est obtenue avec 
une argile particulière nommée kaolin ^ qui est d'une 
pureté absolue. 

L'art de fabriquer la porcelaine a été connu et mis 
en pratique de temps immémorial en Chine et au Japon, 
où il existe de très-riches gisements de kaoUn. Ce n'est 
pourtant que dans les premières années du xvu* siècle, 
que des voyageurs revenant de l'Orient apportèrent eft 
Europe et firent connaître ce précieux produit céra- 
mique. On s'occupa tout aussitôt avec ardeur, en diffé- 
rentes parties de l'Europe , d'imiter et de reproduire 
cette poterie qui étonnait par sa pureté, son éclat, sa 



LA POKCKLÂmE ST LES POTKiISS. 61 

translucîdîlé et sa blancheur. Les souverains consacrè- 
rent des sommes considérables à provoquer cette dé- 
couverte qui aurait enrichi leurs États. 
^ C'est en 1707, que l'art d'imiter la porcelaine de Chine 
fat trouvé en' Saxe, par l'alchimiste Bôtticher, après de 
longues recherches faites pour le compte de l'électeur 
de Saxe. Un gisement de kaolin, trouvé près d'Aué, 
avait permis de réaliser cette remarquable découverte. 
En 1707, l'électeur de Saxe créait à Dresde la première 
manufacture de porcelaine que l'on ait vue en Europe. 
^ En France , les efforts faits pour arriver à imiter la 
porcelaine de la Chine et du Japon , finirent également 
par aboutir à d'heureux résultats. En 1727, on com- 
mença à fabriquer en France une poterie blanche, 
translucide, à couverte brillante, qui diffère beaucoup, 
par sa composition , de la porcelaine dure, et qu'on ap- 
pelle porcelaine à pâte tendre ou vieux Sèvres. Mais la 
fabrication de celte pâte très-coûteuse et très-difficile 
cessa dès qu'on eut découvert à Saint-Yrieix, près de Li- 
moges, un gisement d'une véritable terre à porcelaine. 
La manufacture royale de Sèvres fut fondée en 1766 
et, l'année suivante, l'impératrice Marie-Thérèse recevait 
de Louis XV un service de cette porcelaine. Depuis, un 
grand nombre de manufactures s'établirent en France 
et ailleurs. 

Préparatton de la poreelalBe. — Façonnage des 

pièees. — L'argile employée pour la fabrication de la 
porcelaine à la manufacture de Sèvres est le kaolin de 
Saint-Yrieix, matière ^anche et douce au toucher; on 
y mêle un peu de sable et de craie. 

On commence par chauffer ces matières au rouge 
et on les jette dans l'eau froide; on les réduit en 
poudre sous des meules , puis on les lave pour séparer 
les grains grossiers. Après les avoir mêlées et humec- 
tées en partie, on obtient une pâte plus solide, qu'un 
homme piétine en marchant dessus pieds nus. Toutes 
ces opérations doivent être faites avec grand soi^. on 



4t LA POftOSLAIlVB IT L» ffOnMES. 

abandonne ensuite la pâte pendant plusieurs aimèei 
dans 4es caves humides où elle pourrit^ c*est-^-dîre» 
que la petite quantité de matière organique qu'elle peat 
oontenir se détruit. Avant de procéder k la ooniectiDn 
des pièces, <m malaxe la pâte à la main, on «n tarwè 
des boules , qu'on lance avec force f(ur la table de tn^ 
vail pour (aire sortir les bulles de gaz qu'elle peut txm^ 
tenir après la pourriture. 

Le premier façonnage ou Vibauehage se fait snr k 
tour à potier que nous avons décrit plus haut*. "*>* jl 
pièce ainsi préparée ne saurait être soumise à la Om 
son : «Ue est trop imparfaite; on achève de hàisxiûsx 
fies formes dans une seconcte opération : le ^oimiis^ 
On laisse l'objet se dessécher un peu sur le tour, ptài 
l'ouvrier mettant le tour eo rotation, entame la pièce 
avec un instrument tranchant et lui donne répaissearet 
la pureté de contours nécessaires. 

M^Biagift. -^ Toutes les pièces ou parties de pièott4e 
porcelaine ne sont pas façonnées par l'ouvrier sur k 
tour. Beaucoup d'objets se façonnent par le mouUii^é 
même par le couU^e. 

Dans le moulage^ la pâte céramique est apgiliqaie 
dans un moule creux dont elle doit conserver b 
forme. Ce moule est ordînaîrement en plàtn. Pov 
les pièces rondes, comme les anses et les colonnes, 
on se sert de moules composés de deux parties égales 
exactement superposées. On moule une moitié de li 
pièce dans chacune de ces parties, et quand la pâte est 
encore molle, on rapproche les^eux moitiés du inoiik* 

Coviage. — Les lubes et les cornues de pnrrfliîift. 
les becs de théières et beaucoup d'autres pièces crenes 
se font par emUage. Si l'on verse dans un moute pereli 
^1 plâtre une bouillie liquide de pâte de porcelaîneifc 
moule absorbe beaucoup d'eau, et une cpucbe de pite 
adhère à la face intérieure du moule. On'latsse écoukr 



LA 'POECXLAIRI IT LIS POTBEHS. tS 

tat partie liqoîde qui reste et on remplit de nonvean le 
fiMMsIe, Iisef(Mrme une seconde couche de pâte ronconti» 
aoe ainsi jusqa'à ce qu'on ait obtenu répaissenr suffisante. 

Les pièces de porcelaine feçonnées par ces di- 
verses méthodes sont lentement desséchées, puis sou- 
mises à une première cuisson dans la partie supérieure 
d'un fDur à porcetsine. ËHes prennent ainsi une certaine 
consistance, mais elles sont très-poreuses et ne sauraient 
être «oBi^yées en cet état aux usages auquels sont des- 
tinées les poteries. 

CMnrerte •« «teiçme. — La couverte ou glaçurB^ qui 
VappMque après cette première cuisson de la pièce, a 
p0Qr efiet de s^opposer à l'absorption des liquides par 
te pâte de la poterie , et de lui donner un éclat et on 
poï agréables à ToeiL 

La matière qui constitue la couverte ou vernis de la 
poroeftaine, est le. feldipath^ roche naturelle qui a une 
grande analogie de txHuposition avec l'argîle qui sert à 
obtenir la poredaîne : die fond à une température infé- 
rieure à celle à laquelle le vase se déformerait. 

Tja couverte, réduite en poudre extrêmement fine , est 
mise en suspension dans l'eau. Un ouvrier plonge avec 
adresse la pièce à vernir dans le liquide : Feau est 
absorbée parla pâte poreuse, et la matière vitrescible 
se dépose à sa surface. Si on voulait vernir des pièces 
déjà cuites et non poreuses, il faudrait appliquer la cou- 
verte au pinceau ou par arrosement. 

CttiMMa. —-La cuisson de la porcelaine se fût, i la ma- 
BOfadure de Sèvres, dans des fours A trois étages. L'étage 
supérieur sert, comme nous l'avons dit, à donner i la 
pièce nne première cuisson, les deux autres servent à la 
cuisson définitive de la porcelaine. Chacun de ces étages 
est chauflé par quatre foyers extérieurs accolés au four; 
la flamme pénètre dans le four par des ouvertures late- 
ntes qui font^aiuM office de cheminées pour cc^ foyers. 

Pour cuire chaque pièce de porcelaine, on l'enferme 
dflwsun vase 4Kppelé •case^0 qui a une ibnne appropriée 



64 LB TSEEl. 

à In forme même de la pièce. Les eazettes sont fabriquées 
avec des argiles encore moins fusibles que la porcebine, 
afin qu'elles résistent à la violence de la chaleur. Quand 
le four est plein, on mure les portes avec des briques 
réfract/iires et on donne le feu. La cuisson est teroÂiée 
après lr(înte-sîx heures de feu. 

Pelntare et domre de la poreelalne. —Quand 011 

veut recouvrir la porcelaine de peinture ou de dorore, 
c'est-à-dire la décorer^ selon l'expression consacrée, on 
applique sur la pièce déjà cuite et recouverte de son 
vernis de l'or en poudre ou d'autres substances miné- 
rales diversement colorées qui servent à effectaer le 
dessin. Ces substances minérales colorées sont mêlées 
d'un fondant qui est ordinairement le borax. On porte 
au four les pièces ainsi décorées. Par l'action de la eha* 
leur, le borax fond et détermine par cette fusion l'idhé- 
rence des matières minérales colorées avec le vernis de i 
la porcelaine. Ces couleurs sont très-peu altérablesqinnl 1 
elles sont appliquées avec les soins voulus. ] 



VII 

LE VERRE.' 

Hlstoriqae. — Il est parlé du verre dans rÉcritore | 
sainte en deux endroits , dans le livre de Job et dans 
celui des Proverbes. 

Dès l'antiquité la plus reculée, les Égyptiens connai»- 
saienl l'art de fabriquer les verres blancs et colorCi, 
de les tailler et de les dorer ; c'est ce que démontient 
les ornements dont étaient parées plusieurs moimes 
trouvées dans les catacombes de Thèbes et de Memphis. 

L'an 370 avant Jésus-Christ, Théophraste cite des verre- 
ries phéniciennes, situées à l'embouchure du fleuve Béhs. 



LE YSRRS. 85 

. Les Romains ont connu le verre plus de deux siècles 
avant Jésus-Christ. Nous devons à Pline des détails 
curieux sur le mode de fabrication de ce produit dans 
les verreries antiques. De son temps , des verreries com- 
mençaient à s'établir en Gaule et en Espagne. 210 ans 
après Jésus-Christ, sous Alexandre Sévère, les verriers 
étaient si nombreux à Rome, qu*on les avait relégués 
dans un quartier séparé. 

Les notions qui précèdent, relatives à la connaissance 
du verre par les anciens, expliquent pourquoi Ton 
trouve si souvent en Egypte , en Italie , en Allemagne , 
en France, etc., beaucoup de vases et fioles de verres 
dans les tombeaux antiques. 

Les premières verreries de l'Europe , dans les temps 
modernes, furent établies à Venise, sous la direction 
d'ouvriers arabes, ce qui montre que ces peuples avaient 
conservé l'art de la fabrication du, verre que leur avaient 
transmis les anciens. jr 

Au xin* siècle, les Vénitiens avaient découvert le 
secret d'étamer les glaces, et répandaient dans toute 
l'Europe des glaces étamées sous le nom de glaces de 
Venise. Les anciens, en effet, n'ont point connu l'élamage 
des glaces; chez eux, les miroirs étaient composés d'une 
simple lame d'argent poli, ou d'un métal peu oxydable 
et k surface très-réfléchissante. 

L'art de graver , de tailler le verre et de le transformer 
ainsi en un objet d'ornement, a été, dit-on, découvert 
par un artiste allemand, Gaspard Lehmann , ^ qui l'em- 
pereur d'Allemagne, Rodolphe II, mort en 1612, ac- 
corda le titre de graveur sur verre de la cour d'Alle- 
magne. Cependant l'art de polir et de décorer le verre 
n'avait pas été complètement ignoré des anciens, car 
Pline parle de certains tours servant à graver le verre , 
qui: étaient employés de son temps. , 

Composition générale du Terre. — Quand on fond dans 

an creuset chauffé au rouge un mélange, fait en p^Q. 
portions convenables, de silice (sable pur) et d'uu oxyde 



46 Lt TIRlt. 

métallique alcalin on terreux (potasse, soade, chanx, 
alamine ou magnésie), la siliœ se combinant à l'oxyde 
métaUiqoe, donne naissance àxm mélange de sHcsta 
divers , c'est-à-dire à des silicates de potasse, de «nd»', 
de chaux , etc. Les silicates de soude , de petase, de 
chaux, d'alumine, purs ou mélangés, c'est-à-dife tefn- 
dnit résultant de la combinaison de la silice aiec k 
soude , la potasse , la chaux ou l'alumme , conitilMBt 
donc d'une manière générale le produit que l'on déâ|Qe 
sous le nom de verre. 

On peut distinguer les verres en verres ineobrm qm 
l'on emploie pour la gobeletterie , les vitres et k&^taM 
coulées , et en verres noirs ou colorés ^qai servent à h 
confection des bouteilles et <les objets de yerrerie gros- 
sière. Enfin , on désigne sous le nom de cristal imymt' 
excessivement pur et qui jouit de qualités optiifseï {}l^ 
ticulières. Nous allons passer en revue les prooéièiée 
fabrication de chacune de ces espèces de vente, 

Yenws laeofores. — Les verres incolores oordinrins 
que l'on emploie pour la gobetetterie, les vitresKta 
glaces , sont formés de silice unie à de la cha«s tl ï 
de la potasse ou de la soude. Les plss beaux vofts 
à baâe de potasse et de chaux sont ies yanw k 
Bohème. Le verre blanc de première qualité est talHÎqà 
à Paris avec du sable d'Ëtampes, de F<>ntai]i]e!bleaii A 
de la butte d'Aumont, de la craie blanche de Boa|^ d 
du carbonate de soude. 

Le four à verrerie se compose d'un loyer cenfnl » 
touré de deux compartiments latéraux^ dans lesqids 
on place les matières entrant dans la composition Ai 
verre, pour leur faire subir une calcination prttis- 
naire qu'on nomme ftitte. Ces matières étant ftîtléei, 
•c'est-à-dire chauffées à une certaine température^ oate 
place dans le foyer central, dans des creusets où e&K 
fondent et donnent le verre. €e prodoit vei^Aa liquide ' 
par la chaleur du foyer, est ensuite façonné en dift^ 
rentes formes par les moTens que nous aUons décria 






LE TERBB. 67 

La came^ outil principal de l'ouvrier verrier, est un 
tnbe de fer creux , muni d*un manche de bois. Nous 
lonnerons comme exemple de la manière dont Touvrier 
kQoniie les objets de verre nu moyen de cet outil, ht des- 
sription de la préparation 'à'un carreau de vitre. 

L'ouvrier plonge sa canne dans le creuset rouge con- 
tenant le verre liquide, puis en soufflant dans la canne, 
eA «n lui faisant subir divers mouvanents de rotation 
ou de balancement, il. d<j>nne peu à peu au verre la 
forme d'un cylindre '^aflongé. Avec des ciseaux il 
coupe rapidement le (iàme qui termine le cylindre de 
verre encore rsKmlli par la chaleur ; puis il détache de 
ht canne le -manchon de verre ainsi façonné, en plaçant 
une goutte d'eau sur la partie voisine de la canne et y ap- 
pliquant aussitôt un fil de fer rouge, ce qui provoque 
ime séparation nette et immédiate. U coupe ensuite le 
manchon suivant sa longueur au moyen d'une goutte 
û^eaxL et d'une tige de fer chauffée au rouge. On porte 
aiors au four d'étenâage le manchon de verre. Quand il 
est suffisamment ramoHi4)y la chaleur, l'ouvrier éiei^} 
éeurj armé^d'une régie ,%Rltsse à droite et à gauche les 
deux côtés du cylindre, puis, au ntoyen d'un fàb'c en 
b(HS qu'il &it glisser ranjd^menft à la surface du verre, 
il étend parfaitement ta plaqtie. On la pousse enfin dans 
le fcmr t recuire et on la laisse refroidir lentement. EHe 
constîtue alors un carreau de vitres. 

wevM 1 ibo«tc!ni«s« — Pomr la préparation du verre 
à bouteilles ou veire noir, on emploie des sables ocreux, 
parce que l'oxyde de fer qu'ils renferment donne de la 
fusibilité mu verre. On y ajoute de la soude brate, des 
cendres de bois et une grande quantité de morceaux de 
bouteilles. Les fours pour le verre à bouteille renferment 
ordinairement six grands creusets qu'on remplit du 
mélange et qu'on chauffe pendant sept à huit heures. "' ' 

Pour faire une bouteille, un aide plonge plusieurs fWs 
la canne dans le verre fondu, jusqu'à ce qu'il en ait retiré 
la quantité nécessaire au façoeni^ d'une bouteiU^ ^^ 4 






68 LE VERRE. 

chaque fois il la tourne constamment entre ses mains. Le 
$ouf fleur prend alors la canne, appuie 1^ verre sur une 
plaque de fonte en tournant la canne pour former le gou- 
lot de la bouteille, puis il souffle dans la canne et donne 
au yerre la forme d'un œuf. Il marque ensuite le col delà 
bouteille, réchauffe la pièce et la souffle de nouveau après 
ravoir introduite dans un moule de bronze qui lui donne 
la forme et les dimensions convenables. Pour faire lefMid 
de la bouteille, il appuie un des angles d'une péâte 
plaque de tôle rectangulaire, nommée molette^ an centre 
de la base de la bouteille, tout en tournant celle-d avec 
la canne. Il ne reste plus qu'à détacher la bouteille de 
la canne et à ajouter une petite corde de verre au 
sommet du goulot. On place ensuite les bouteilles dans 
le four à recuire, et on les laisse refroidir lentement. 

Cristal. — Le cristal diflfère du verre proprement dît 
en ce qu'il contient une certaine quantité d'oxyde de 
plomb, à l'état de silicate d'oxyde de plomb, que ne 
renferme pas le verre ordinaire. Ce silicate de plomb ' 
donne à la masse vitreuse une grande pesanteur spéci- 
fique et une limpidité parfaite. Les rayons luminenxqû 
le traversent y éprouvent une réfraction (c'est-à-dire 
une déviation ) beaucoup plus considérable que dans le 
verre commun. Enfin, le cristal se taille par le cisean 
avec la plus grande facilité , et peut recevoir aiusi toutes 
les formes propres à la décoration. C'est cet ensemble ^ 
de propriétés remarquables qui rendent le cristal si pré- ^ 
cieux pour un grand nombre d'usages , et font sa supé- 
riorité sur le verre proprement dit. 

Le minium, ou oxyde rouge de plomb, est le composé 
plombique qui sert à la préparation des difTérentes 
variétés de cristal. 

Le cristal le plus commun s'obtient en fondant ens&Sf 
ble dans un creuset du sable pur, du minium et du 
carbonate de potasse purifié. 

Une variété de cristal qui est très-dense , très-réfipin- 
^nt, et qui, sous l'influence de la taille, imite singuliè- 



LE YERRB. 69 

ment le diamant, porte le nom de strass. Si on le colore 
rec des oxycj^s métalliques, on obtient des pierres pré- 
euses artificieMes. 

Les verres employés pour former les lentilles qui en- 
ent dans les instruments d'optique, sont le crown-glass^ 
li présente une composition analogue à celle du verre 
5 JBohême , et Je flint-glass^ qui est un véritable cristal. 
sins le crown^glass entrent : sable blanc, carbonate de 
dtasse, carbonate de soude, craie, acide arsénieux. Le 
int-çkus est composé de sable blanc , de minium et de 
irbonate de potasse très-pur. 



VIII 

LES LUNETTES D'APPROCHE. 

■Uiferique. — On a prétendu que Finvention des 
mettes n'appartient pas aux modernes; mais toutes 
\s preuves que Ton a invoquées à cet égard sont tombées 
evant leur interprétation raisonnée. Il a été bien con- 
até seulement que, cbez les anciens , on examinait les 
jtres avec de longs tuyaux, de manière, dit Aristote, à 
^produire Tefifet d'un puits, du fond duquel on voit les 
toiles en plein jour. Mais un tel moyen n'avait rien de 
Dmmun avec les instruments d'optique dont nous avons 
nous occuper. i 

Frascator et Porta. — On lit, dans un ouvrage de 
tascator publié à Venise en 1638 : « Si on regarde à 
"avers deux verres oculaires placés l'un sur l'autre, 
a voit toutes choses plus grandes ou plus proches. » 
n lit encore dans la Magie naturelle, ouvrage publié 
1 1590 par un physicien napolitain, nonmié Porta, 
d'en réunissant une lentille convexe et une lentille 
mcave , on pourra voir les objets agrandis et distincts. 



70> LIS LUNSTIS& D*AfPROCfiS. 

Cependant aucun de ces physiciens n'a construit d'appi- 
reU d'optique réalisant la lunette d'appro^e. 

Jean Lippershey. — Il résulte de documents ttmvris 
dans les archives de la ville de la Haye que, le S oclifare 
1606, Jean Lipper^ey, opticien^ bourgeois de Wdd^ 
^ bourg et natif de We^ demandait aux Etats gb/àam 
^ de la Hollande un H^rde trente ans, pour koah 
struction privilégiée d'un instrument servant à fte 
voir les objets très-éloignés , comme cela a été prune è 
Messieurs les membres des États généroMX. Qualire JMR 
après, une commission nommée par ^es Etats giitan» 
décidait que l'instrument de Lippershey serait utile au 
pays, mais qu'il fallait le perfectionner, afin qu'on pût 
y voir des deux yeux. Le 15 décembre 1608, l'instra- 
ment reçut de l'inventeur cette modification. 

Le 17 octobre 1608, un savant hollandais, Jacques 
Metius, fabriquait un instrument qui, selon lui, ètsût 
tout aussi bon que celui du bourgeois de Middelbourg. 
Ajoutons qu'en 1609, l'immortel Galilée, en Italie, réus- 
sit à construire , par ses propres efforts, cettâ £aîaMse 
lunette hollandaise , dont U n'avait entendu parler' fK 
par le bruit public. 

Comment le bourgeois de Middelbourg, Jean Ifaippenh 
bey , était-il parvenu à construire \d lunette d'a^yroebe! 
Est-ce par la force de son génie, ou par un effirt dabar 
sard? « Je mettrais au^-dessus de tous les mortel^ dît te 
grand physicien Huyghens^ celui qui, par ses seules rt* 
flexions , et sans le concours du hasard y serait arrivé à 
l'inveption des lunettes. » Si on en croit la traditkmi 
Lippershey ne serait arrivé que par hasard à ccéer ees 
admirables instruments. La tradition rapporte» qu'a 
étranger ayant commandé à Lippershey des leutillii 
convexes et concaves, vint les chercher au jour o» 
venoi eii choisit deux» les mit devant son oui en kft 
éloignant et en les écartant tour k tour, paya» puis par- 
tit sans rien dire. Lippershey demeuré seul, imita , dit* 
on, les dispositions qu'il avait vues employer par L'a- 



tger, €t reconnisl ainsi le gros^ssanent. En fixant 
l!s les deux .verres aux deux extrémités d'un tube > il^ 
Ittmisit la première luneUe d'approcbe^ 
binant une antre version, les ràfants de lâppershey 
Dit rapproché par hasard et à la distaiiee voulue 
X lentilles, dont Tune était concave et l'autre con* 
!), poussèrent des cris de joie, en voyant de si près^ 
Mt du clocher de Middelbourg. Lippershejr, qai était 
MUfc» fixa les deux verres sur une planchette , puis, 
extrémités d'un tube, et coostiruisii ainsi, pour te. pce^ 
vetoiSi l'instruiaent merveilleux dont nous parlons. 
lelte que soit la manière dontLippershey soit arrivé- 
résultais , il semble bien démontré aujourd'hui que 
à cet artiste que revient Tlioimeur d'avoir cowtniit i. 
imcaièrt lunette d'approche.. / 

t^mÊimt lamette irmm à Wmdm^ — On Ut dans le /o«r- 
dm règne de Mmri IV par Pierre de L!£stoîle, à la 
i de 1A09: : c Le jeudi, 30 a^vril, ayant passé sur le 
dt marchand , je me suis arrêté chez un lunettier qui 
itrait à plusieurs personnes des lunettes d'une nour 
^ mientktt et usage. 6e& lunettes sont composées 
lu tuiyaia long d'environ un: pied : à chaque bout il y 
a Terre, maïs différent l'un de l'autre. BUes servent 
r voir di^ûijGtemjsnt les objets éloignés, qu'on ne- 
que tiès-confiisément. On approche cette lunette 
1 œil, on ferme l'autre : et regardant l'objet qu'on 
l Gonaattire ,. il parait s'approcher et on le voit dte- 
tement, en sorte qu'on reconnaît une personne d'une 
lii-lieiie. Osi m'a dit qu'un lunettier de Middelbourg 
Zélande en avait fait l'invention.... » Le pont mar- 
id» dont parle Pierre de L'Estoile, traversait la Seine 
> à côte avec le Pont*aa*Change , et» comme lui > il 
t couvert de maisons, 

^«tefte éM iiuMUB» a'»ppv0eiie. •*<* Ou réunit sous 
omii de lonettes d'approche : l"" la lunette astrono-^ 
uBf â« la lunette terrestre , 3"^ la lorgnette de specr 
s. 



^ UBB unosnss D'ânmcxaB. 



Toni{ kl thrtorir expliquant le jeu physique desk- 
iiNift> «Vannror.hr repose sur le phénomène connu sous 
L nnii. d( «Y/nirffVwi dr ^ lumière. Il est donc indispen- 
^hir. pair ]'int(^lli4?enrr de ces instrmnents, deluen 
ronipri"»n«1rc ce phAnonir-nc. 

l ni mft^st (ludconqnr- de lumière, un faisceau tnim- 
HMi\ n«: (^\o.nini( . nom (Mrf considéré conuuefonné 
H: 1; «^{"«nnior de pU)sip.urf lûmes lumineuses parallèles 
^nii\ rll/s 01. donne h' nom de rayons lumineuxi{X& 
\ifr\t> innnnHî^io> iv^ralliVics,^"S\ , 

'>-^î> wn( sul>>ianr.( lîjanlia^c uune constitotiaaimi- 
^^'^«Trt*■ ,l;^n> nnt r^wriu- lî'air. par exemple, oa une 
"•^nrh. i'fwu. h. lumu'în se meui en ligne droilcMais 
<^ï>.^n, r.î iMMM. d( lumière pai%sr obliquement d*im mi- 
•»i^» *Mî.-*ir,w,Mi. . dt '.'air. na: exemple, dans im autre 
«^*J*.î ou i\ ii:î> I; mi>mi densiif . comme Teaii on le 
vrir^ .. ^.,^^^ ^. T»^^^irîyù:pa=ii«. niuu en ligne diwte; , 
• ^ ' '"î^ . *r<'-r^ii^. tn.'i. st meu: dani- iesewmdmi- ( 
'•■*«: >5ï vo mv rt:n>rîiM ou. ni iornii pasleproloD- 
^ï^-» ^v -- vMvjnf'dr T-r.voT^ o\t(înfUK. c es- -à-dire qDÏI« 
- ••->?. -^ ^j* y Tkn«!»rioii OUI nitsseden; les rayons 

^•'" >. .^. ,T^.,,. fi. i.^r ro«t; àirtLCXi quand ils pas- 

^" ^' '-iJT^; ,,,j^,r;>dens;^^n>ui:niiiiexnjus dense, 
..V. v^xM.>5< î \^^ft^;r,»i^ùa. Aî> iennlieî. îesqndies con- 
vr»»N>, ,^ ij^, 'ii^uiAi- ^«în^«naiut:. lu /«Kttc fap" 

V im^ io i i i, -- 4*- b«tfilfc- "^==™nfin: d optique k pins 
xî*i^-ii. ^^M^ >^T!ftfe^)Hir yxoi iip]iiicaiioL ùt îa réfraÀ)n 
> j >%>«Mi^!^ nMft> ite mibeui. pius^ otoises que Tair. 
. . i >^i-.«^i>$K «iM^ sud^ ûf vfrrt , îrtvaiijee de numière 






_yj ^ «Urwticc du sciftil une lentille bi-cott- 
■*"*"^ aui reik.vuan?n: Il s^irfice de ceuelen- 

iit, ie rà!rac;ent ceux fois : en en- 



LBS LUNETTES D'APPROCHS. 



7$ 



trant dans le verre et en en sortant, tous s'inclinent l'un 
vers l'autre ; de l'autre côté de la lentille, ils se réunissent 
en cône ou, comme on dit, convergent tous de manière à 
se rassembler sur un point Irès-restreint, qu'on nomme 
foyer principal de la lentille^ ainsi que le montre la fi- 
gure 19. 




-^ 




Fig. 19. 

D*après cela, si on place un objet lumineux, ou éclairé 
AB (fig. 20), au delà dufoyer d'une lentille biconvexe, les 
rayons émanés de A convergeront en a, et les rayons 
émanés de B en 6 , a et ^ étant les foyers de tous les 
rayons lumineux émanés des points A et B. Il en sera de 

même de tous les 
rayons émanés des 
différents points de 
l'objet. 

L'image produite 
par la réunion des 
foyers correspon- 
dants à chacun des points de l'objet pourra être reçue 
sur un écran blanc, ou bien encore être vue par un œil 
placé sur la direction des rayons qui se propagent en 
divergeant après s'être croisés à leur foyer. C'est cette 
figure visible au foyer que l'on appelle Yimage réelle 
de la lentille. 

Plaçons maintenant un objet lumineux oa éclairé en- 
tre le foyer de la lentille biconvexe et cette même len- 
tille. Les rayons de lumière qui en émanent subissent 
en traversant la lentille des réfractions en quelque sorte 
imparfaites. Us ne convergent pas à la sortie ^ jjjj^jg 



Fig. 20. 



TES » 



' «î COL e^ r^îvïit a; rj^s^^ite de la lentille voit, da 
^ïAl m * :ti»ie::. sxk ia&p: > Z a^nudie de l'objet HL 
^^du i&» ou r^ÀL K fis: ivceTûir s^ur un écnm esH 

iise tirtmelie. 
^ Une lentille biconYexe 
• ^ riifc,"êe au-devant de Fœil 

rji^nie la ioMpe oo nn- 
^ zrz^czz'e simple. Cet in- 

^cisKst sert au natma- 

li^sc; i êoidier soil dusks 

jL=irL£sx, soit dans hs fé- 

*^ ■ f&sscx. de petits détails 

,-..- <--v:-r. :v->iirn.^ j ~ t1 nz X:u5 T leTieDdroiis 

vw> I mt «MMMMwmMi. — 1 jc^yse que noos venons 
A A\r.rv-> m ,r*'.>!^!;s!(!^P33if3£ if< f^ffcs par oBe IcDliZIe 
>5,-.'.v^T„ %,"..s-v..r:. et Bk-^ïs îtîSTîte'rr: f expliquer le jea 
'n^-v.v^-; t;.^ 7i\-^\>i .tu^ufL ;& j::::3ir:;f ces astroDûiDfiS 
^^ ^-v^v^^ir v^^^iv^vxikTZf: k^ fr-ois corps célestes 
«<v«^t V 'iai^nvrcsT AonÀî;* ç:;:: ji^ sc:.ir^ ie notre gfok. 
V.'t V«\*îv «54rv«ormi>43i* <^ .v.r-*7»::sc ei.e3eî delaréu- 
-Nx>* <v vvNRX V-ri:;.ii>t >'\vcr£ifs. f^acikissées lai 
Am\ o\"v^^u.> /'a:r, r.:N; r-ïiCOjwr, h roi est formé 
V *nNïW ♦»«* À"^v rvi^rïJk-^ TvciTir.: I'jldc djns i'aufire, 
^*** <««f" r^^îvfcX'^^îi.v^r rcisîSsi'' frcre v^er à volonlé la 

t t>K 4%«$K^)i»^MW< vW «m:\ }ex»il^ dans la lunette d'ap- 
rf^-w J^^ m^ îî^MU |v*s k^ uW^»;^ ; vvie «îiii est placée prts de 



>(^' ^i^Ht'^'eUo ^ui «"^^^ UHinuv eu cùtê de Tobjet i Ql)6e^ 

\s^«* \ou\Mis dV\pliqt;or tviîunoiit une seule lentille 

Ui^^wxo i^iN^^^t un objet. Sans entrer dans d'aiikes 

V\l4UMlHm!A luuu iK>u$ Umierons à dire que àasi 

\m »MUhUM<'s« diri^tS;^ vers le même objet, aifr- 

tt i^lHHav lo» diiuensioiis apparentes de cet ot^f 

mktmx c\u»idiSr»blettiatt et produisent par coft- 



( 



LIS ujubtus d' approche. 75 

sêguent reffet qne Ton recherche avec les lunettes d'ap^- 
proche. 

La lunette astronomique est donc fiorméè par la réu- 
nion de deux lentilles biconvexes» L'une des lentilles 
sert, à former l'image; la secondé l'amplifie considéra- 
Uieanent. 

l«HBe(«e tenwMre OU loaipae-Tae. — La lunette ter- 
restre OU la longue-Yue ne diffère de ]a lunette astrono- 
Biiqpeque parce que les imageasont redressées , et ce re- 
ds^Mment s'obtient à l'aide de deux lentilles biconvexes 
coBfrenablement disposées entre l'objectif et l'oculaire. 

IjMvpBette de 8f«euieie« — • La lorgnette de spectade 
n'est autre chose que la lunette astronomique réduite à 
de petites dimensions ; seulement la lentille oculaire est 
biconcave , afin de redresser Timage amplifiée par le 
jeu des deux lentiUesn. 

La lorgnette de speetatU porte quelquefois le nom de 
lunette de GalUée^ parce que la lunette astronomique qui 
servit à Galilée à faire pour la pranière fois l'observation 
des astres avait pour oculaire une lentille biconcave 
et pour objectif une lentille biconvexe. Notre lorgnette 
de spectacle n'est donc autre cbose que la hmette de Ga- 
lilée réduite à de petites proportions et rendue portative. 



IX 

LES TÉLESCOPES. 

Gomme la lunette astronomique, le télescope sert à 
l'observation des astres; mais le grossissement des obr 
jets est dû ici à un autre mécanisme physique. Dans la 
lunette astronomique c'est ^ comme nous venons de le 
iWf par un effet de réfraction à travers le verre que 
les objets sont amplifiés ; daas te télfiseofevte m^âai»- 



76 



LIS TiUtSGOPBS. 



ment a lieu par la réflexion des objets opérée sur il 
miroirs métalliques courbes. 

La première idée d'un instrument de ce genre tÙ 
émise, au milieu du xvir siècle, par le P. ZeneÉL 
Dans un ouvrage publié à Lyon, en 1652, ce mit 
nous dit qu'il lui vint la pensée , pendant Tannée 1111^ 
déployer des miroirs concaves de métal pour pnÉh 
le grossissement des objets lointains, afin d'obtenr,ii 
n^oyen d'un simple phénomène de réflexion , les fil* 
sants efi'ets de grossissement, que l'on n'avait eaan 
réalisés que par la réfraction des rayons lunÛDCBià 
travers deux lentilles. Mettant ce projet en pnfiqoei 
le P. Zeuccbi construisit un télescope à réflexion (â 
donnait les mêmes résultats que les lunettes d'ai^im 
découvertes sept années auparavant. 

Télescope de Grégory.— C'est en 1663 qu'a été d&ril 
sinon exécuté, le télescope de Grégory, que l'on dèsgDe 
souvent à tort sous le nom de télescope de Newttm» 

Le télescope de Grégory repose sur les phénonte 
de réflexion qu'éprouvent les rayons lumineux en fcfr 
bant sur une surface concave ; il sera donc nécesÉte, 
pour l'explication des effets de cet instrument, d'entiet 
dans quelques détails sur les réflexions qu'éprouFen^les 
rayons lumineux sur différentes surfaces. 







Fig. 22. 



Quand un faisceau de rayons de lumière tombe verti- 
calement sur une surface plane et polie, comme -sur une 



UCS TiLlSGOPIS. 77 

lame plane de fer-blanc, par exemple, ils reviennent sur 
eux-mêmes sans changer de direction. Mais s'ils tombent 
obliquement, ils se réfléchissent et sont repoussés dans 
un sens opposé à celui de leur première direction, mais 
en faisant le même angle avec la surface plane, comme 
le montre la figure géométrique 22, dans laquelle a c re- 
présente le rayon lumineux incident, et ôc le rayon ré- 
fléchi sur la surface plane au point c. 

Si des rayons parallèles tombent perpendiculairement 
sur un miroir oblique, ils se dévient de la même façon 

que s'ils tombaient 

obliquement sur un 

miroir plan. Or, un 

"~ miroir sphérique et 

> concave présente 

partout une surface 
^*^* ^^' oblique hormis au 

centre, et s'il est frappé par des rayons parallèles, ceux- 
ci se réfléchissent à sa surface, convergent les uns vers 
les autres, et finissent par se réunir en un même point 
de l'axe du miroir. Ce point, c'est le foyer principal P 
(fig. 23). 

Si un objet V T est placé en avant d'un muroir concave 
(fig. 24), les rayons partis de V viendront tous, après 




Fig. 2%. 

leur réflexion , passer sensiblement par le point v , qijù 
sera le foyer de tous les points lumineux émanas de V. 
n en sera de même pour le point T, et on aura ainsi 
une image renversée en v t. Ce miroir concave pourr» 



i 



78 

donc remplacer l'objectif des hinettes , c*est-à--dire fa^ 
mer à smi foyer ooe image de Tobjet éloigné. 

Il faat maintenant amplifier cette image awc mi Wh 
laire. Mais on doit nécessairement s'arranger de na* 
niëre que l'observateur, placé devant l'oculaire, ne 
s'interpose pas entre l'objet et le miroir , car les njooi 
lumineux seraient empêchés par cet obstacle d'anrinr 
au miroir. Voici l'ingénieuse disposition qui fot inagH 
née par Grégory pour parer à cette difficulté. 

Son télescope se composait d'un long tuyau àe aàm, 
AFun des bouts de ce tuyau est un miroir concave M percé 

M 



a' 


i 1- 

S a 


) 


► N 


k 


\l 




tf 






B 



Fig. 2S. 

à son centre d'une ouverture circulaire. En N est un se- 
cond miroir concave, un peu plus lai^e seulement fW 
l'ouverture centrale du premier miroir. Les rayonsânis 
par un astre se réfléchissent sur le grand fairbir M, elfor- 
ment une première image en a b. Celle-ci se trouve entre 
le centre et le foyer du petit miroir N, en sorte que les 
rayons, après s'être réfléchis une seconde fois sur le mi- 
Boir N, vont former en a! b' une image amplifiée et ren- 
versée de a bfeU par conséquent, droite par rapport à 
l'astre. On amplifie encore cette image au moyen de l'o- 
culaire qui est une lentille biconvexe et jouît, par 
conséquent, d'un effet amplificateur. 

En 1672, Newton fit présent à la Société royale de 
Londres d'un télescope à réflexion , qu'il avait exécuté 
de ses propres mains d'après le système de Grégory que 
nous venons d'exposer. C'est cette circonstance qui ex- 
plique Terreur assez commune qui a fait attribuer i 
Newton la découverte du télescope à miroir, qui , ea 
^^telité, appartient à Grégory. 



LBS TÉLBSGOPIS. 79 

TéiesMpe d'HerMiieii. — L'astroDome William Hers- 
chell, qui vivait alla fin du dernier siècle, a beaucoup 
contribué, par les gigantesques dimensions des téles- 
copes qu'il construisit, à répandre la connaissance de 
cet instrument dans le vulgaire, dont il frappait l'imagi- 
nation. Herschell n'était ni destiné ni préparé, par sa po- 
sition, à embrasser la carrière des travaux astrono- 
miques : c'était un simple musicien. Un télescope lui 
tomba par basard entre les mains. Ravi des merveilles 
que les cieux oSreA&oi à sa vue, grtce à cet instrument 
d'optique, il s'éprit d'un grand enthousiasme pour l'ob- 
servation céleste. Le télescope dont il se servait n'avait 
qu'une faible puissance de grossissement; il essaya de se 
procurer alors un télescope de plus grandes dimensions. 
Mais le prix du nouvel instrument était trop élevé pour 
la bourse d'un simple amateur. Cependant Herschell ne 
perd point courage : l'instrument qa'U ne peut acheter 
il le construira lui-môme. Le voili donc devenu mathé- 
maticien , ouvrier, opticien. En 1781« il avait iaçonné 
plus de quatre cents miroirs réflacteors pour les téles- 
copes. 

Les puissants télescopes dUerschell consistaient en un 
miroir métaliifve placé an fond d'un large tube de cuivre 
ou de bois légèrement Incliné, de manière à projeter l'i- 
mage très^amplifiée et très-lumineuse d'un astre au bord 
de rorificeéft lobe, où il l'examinait à Fiide d'une loupe, 
c'est-à-dire en supprimant le second miroir employé par 
Grégory, qui amène nécessairement une perte par cette 
seconde réflexion sur le petit miroir. 

Le plus grand télescope. dont Herschell se soit servi, 
était formé d'un miroir de 1"',47 de diamètre. Le tuyau 
avait 12 mètres, et l'observateur se plaçait à son extré- 
mité, une forte lentille à la main, pour regarder l'image. 
Le grossissement pouvait s'élever jusqu'à six mille fois le 
diamètre du corps observé. Afin de donner au télescope 
l'inclinaison convenable pour chaque observation, Hers* 
chell avait fait établir l'immense appareil de mits , àe 



LES TELESCOPES. 



cordages et de poulies que représente la figure »,' ' 
Toute la conâtruclion reposait sur de» roulettes, et onh 




faisait mouvoir tout d'une pièce pour l'orienter, à l'aide 
d'un treuil. L'observateur se plaçait sur une plate-forme 
suspendue à l'orifice du tube, comme les fauteuils ac- 
crochés à ces balançoires qui ont la forme de vastes roues ' 
et qu'on voit fonctionner aux Champs-Elysées. Du reste , 
Herschell ne se servait que rarement de cet immense 
télescope. Il n'y avait guère que cent heures dans l'an- 
née pendant lesquelles, sous le ciel brumeux de l'A 




iel'j^^ 



us TÉUSGOPES. 81 

terre, l'air fût assez calme et limpide pour employer cet 
instrument avec syiccës. 

De nos jours, lord Ross, en Angleterre, a construit un 
télescope encore plus puissant et plus énorme que celui 
d'Herschell. Le miroir du télescope de lord Ross pèse 
3809 kilogrammes, le tube 6604 kilogrammes. 

Nous dirons toutefois que, depuis les premières an- 
nées de notre siècle, on a abandonné en France Tusage 
du télescope comme moyen d'observation céleste. On 
ne se sert communément, pour observer les astres, que 
des instruments à réfraction , c'est-à-dire des lunettes 
d'approche. 



X 

LE MICROSCOPE. 

On appelle microscope l'instrument qui sert à ampli- 
fier considérablement les objets trop petits pour être 
aperçus à la vue simple. 

II importe de distinguer le microscope simple et le 
microscope composé ^ car ces deux instruments, quoique 
concourant au même but, difTèrent beaucoup, tant 
par leurs dispositions que par l'époque de leur décou- 
verte. ^ 

Hieroseope simple. — Le microscope simple n'est 
autre chose qu'une lentille biconvexe. On le désigne 
vulgairement sous le nom de loupe. Placée très-près de 
l'œU de l'observateur, cette lentille grossit l'objet que 
l'on considère à travers son épaisseur , d'après le méca- 
nisme physique que nous avons suffisamment exposé 
en parlant des lentilles (page 74, figurent). Nous n'avons 
donc rien à ajouter ici pour expliquer l'effet de grossisse- 
ment du microscope simple. 



82 Li nciiasGOPi. 

L'usage des leatilles grossissantes remonle àM.lg 

Iiaute antiquité. Ou reconnut ea efiGdt de très-èoBt 1^- 
heure )e phénomène de grossissement que prodmiat \\, 
les corps translucides terminés par des snr&ces i|l^ 
riques. Les ampoules de verre on d'autres matita 
diaphanes et réfringentes, étaient en usage chaki 
anciens pour grossir l'écriture et pour graver la» 
mées. Au xiv* siècle, on employa les loupes ou «n 
taillés en forme sphérique pour les travaojL de es- 
taines professions , telles que Thorlogerie , la §^ 
^iire, etc. C'est avec ces verres taillés que furent c» 
struits les premiers microscopes simples qui servM 
aux travaux des anatomistes, Leuvenhôek, Swamme^ 
dam et Lyonnet. 

La loupe sert aujourd'hui aux naturalistes pour obser- 
ver, avec un grossissement convenable, différentes pau^ . 
tics du corps des animaux ou des plantes. Les miDénr 
logistcs, les physiciens, les chhnistes l'emploient poor 
reconnaître la forme des cristaux trop petits pour être 
discernables à la vue simple. 

On a donné, pendant quelque temps, le noaie 
microscope de Raspetil au microscope simple , c'est4-iKi^ 
à une loupe ou lentille que l'on avait assujettie i ott 
tige munie elle-même d'un porte-objet , qui poEvait se 
fixer à différentes hauteurs sur cette tige à l'aide d'une 
vis. Ce n'était autre chose que le microscope dont 
s'étaient servis, comme nous venons de le dire, les pre- 
miers observateurs, tels que Leuvenhôek et Swash 
merdam. 

Le microscope simple, quelle que soit la poissance 
de réfraction de la lentille et son degré de courbiu^, ne 
peut amplifier des objets au delà de cûufqante fois 
leur diamètre. 

iiieros««pe eompoaé. *— Le microscope compofié 
est formé de la réunion de deux lentilles de dioiett- 
sions inégales, la plus petite est l'objectif et Ja pios 
grande l'oculaire. 



LB MTCROSGOPS. S3 

Hist«riq«e. — Le premier microscope composé , c'est- 
5i-dire formé de !a réunion de deux lentilles, fut con- 
struit, en 1590, par le HoUanduls Zacharie Zansz ou 
Jansen. D'autres en font honneur à Corneille Drebbel, 
alchimiste hollandais (! 572). Le microscope que Jansen 
présenta en 1590, à Charles- Albert, archiduc d'Autri- 
che, avait deux mèlres de long : il était donc d'un usage 
assez incommode. 

Cet instrument fut perfectionné depuis par Galilée 
et par Robert Hooke. Mais pour obtenir des grossis- 
sements considérables , il fallait employer des lentilles 
très-fortes, c'est-à-dire réfractant fortement la lumière. 
Quand les physiciens voulurent amplifier les objets 
plus de cent cinquante à deux cents fois en diamètre, 
ils furent arrêtés par un obstacle qui parut insur- 
montable , et qui retarda la science pendant plus de 
deux cents ans. Essayons de faire comprendre la nature 
de cet obstacle. 

En même temps que la lumière se réfracte en passant 
de l'air, par exemple, dans un morceau de verre, elle 
subit encore une modification plus profonde : elle se 
décompose en plusieurs espèces dé rayons différem- 
ment colorés. Dans la lumière blanche ou ordinaire, il 
y a sept couleurs : le violet, J'îndigo, le bleu, le vert, le 
jaune, l'orangé et le rouge. Tout le monde a vu ces cou- 
leurs quand l'arc-en-ciel jette un pont irisé d'un bout 
à l'autre de l'horizon céleste. On les voit encore sur nos 
tables, quand la lumière colore de mille nuances, en 
les traversant , nos vases de cristal. C'est encore cette 
même décomposition de la lumière, qui fait apparaître 
comme des diamants de toute couleur les gouttes d'eau 
que la rosée du matin a suspendues sur l'herbe des 
prairies. 

Par suite de cette décomposition de la lumière qui s'ef- 
fectuait à travers le verre des lentilles , plus les micro- 
scopes étaient puissants, c^est-à-dîre formés de plus fortes 
lentilles , plus les images produites Paient colorées ff 



84 



LE MlCROSœPB. 



confuses. Newton regarda comme impossible de remëffier 
à ce défaut. Selon lui, les lentilles qui ne donneraient pas 
d'images irisées ou, comme on dit, les lentilles ocArono- 
tiques^ étaient impossibles à obtenir. 

Cependant en 1757, un opticien de Londres nommé 
Dollond , réussit à construire des lentilles achromatiques. 
Il parvint à ce résultat en juxtaposant deux, lentflks, 
l'une biconvexe en crown-glass, l'autre concave-c» 
vexe en flint-glass. Mais ce n'est qu'en 1824, queea 
lentilles , appliquées depuis longtemps à d'autres instru- 
ments d'optique, furent utilisées dans la constroctÎMi 
du microscope, par M. Selligues. Dès lors, le poaToir 
amplifiant du microscope alla rapidement en angmeiH 
tant. On a fini par atteindre un grossissement de 1 200 ^ 
\jnètres. 

Théorie du mieroseope composé. — Il nous reste i 

expliquer le mécanisme physique au moyen duquel 
on parvient, avec deux morceaux de cristal come- 
nablement taillés, à découvrir aux yeux émerveillés 
de l'observateur tout un monde inconnu, et à dévoiler 
ainsi à l'homme une page admirable du livre dsli 
création que ses sens lui dérobaient et qu'a recon^ 
son génie. « 

Le ifiicroscope composé renferme un oculaire et on 
objectif, formés chacun d'une lentille biconvexe comme 
la lunette astronomique. C'est , en quelque sorte, la 
lunette astronomique , car il est aisé de compreiidre 



^ 



b' 



Oi 




Fig. 27. 



que, puisqu'il s'agit avec le microscope d'amplifler les 
objets très- petits, un mécanisme physique aqalogue 



LB MICROSCOPE. 



85 



ï celui de la lunette astronomique doit permettre 
l'obtenir ce résultat. 

Dans le microscope, l'objet AB (fig. 27) étant très-près 
de l'objectif 0, une image amplifiée a b va se former de 
l'autre côté de l'objectif. Ensuite, l'oculaire P jouant 
comme dans la lunette astronomique le rôle de loupe, on 
obtient, en avant de la première image ab, une nouvelle 
image a'ô' très-amplifiée et qui produit ainsi l'effet gros- 
sissant qui permet de reconnaître les objets que leur di* 
mension très-faible empêchait de discerner à la vue 
simple. 

Un microscope est donc un instrument au moyen du- 
quel on regarde à travers une loupe, non pas un objet, 
mais l'image de cet objet déjà amplifiée par une lentille 

biconvexe. 

Dans la figure du microscope que 
nous donnons, on voit en I l'oculaire 
et en C l'objectif; B est le porte- 
objet ; A est une vis avec laquelle on 
fait mouvoir un miroir propre à 
éclairer l'objet qu'on doit observer 
par transparence. En E est une cré- 
maillère qui sert à mettre l'image au 
foyer de l'œil de l'observateur. 

Applications du mioroseope.^- Ap- 
pliqué à une foule d'objets de la nature, 
cet admirable instrument charme 
nos yeux , étonne notre esprit, ravk 
notre imagination, devant les mer- 
veilles d'organisation et de structure 
qu'il nous révèle au sein des corps 
organisés et dans les milieux qu'ils 
habitent. Un petit fragment de l'herbe 
de nos prairies, l'œil le plus imper- 
ceptible d'un insecte, soumis à 
l'action de cet instrument, nous découvrent tout un 
monde nouveau où s'agitent l'activité et la vie. Une 




Fig. 28. 



^' 



86 LE MICH08G0PI. 

goatte d*eau empruntée à un ruissean charge de qneL" 
qucs immodices végétales, une matière organique en 
Yoie de décomposition , laissent apparaître, si on les 
observe au microscope, des myriades d*êtres vitants, 
d'animaux ayant chacun une organisation parfaite, et 
accomplissant leurs fonctions physiologiques comme les 
grandes espèces que nous connaissons. La réyélafitm de 
ce monde invisible que les anciens ont ignoré, est,ponr 
les générations modernes, un motif de plus d*adnBRr 
la toute-puissance du Créateur, d'apprécier et debWr 
les bienfaits que sa bonté nous prodigue. | 

Dans les sciences proprement dites , les applicatioDs 
du microscope sont nombreuses. Les chûnistes en- 
ploient cet instrument à découvrir les cristaux qui m* 
dent certains liquides opalins ou nacrés, à étudier leurs 
formes, à les différencier ainsi d'autres substances ana- 
logues. Entre les mains du médecin, il peut senrîr Ifiôre J 
reconnaître diverses maladies par la seule inspeetiondes T 
liquides vitaux : le sang, le lait, l'mne, la salivc^^etcUsert i 
encore à mettre en évidence les falsifications nontaeoses 1 
auxquelles sont soumis le fil , la soie , la laine, etc., et 
les matières alimentaires , telles que l'amidoB ci te 
farines. Il sert enlin à mesurer les corps les jIm ténTis. 
Ou a pu, de cette manière, reconnaître que la dteensioa 
des globules du sang n'est que de j^ de rnSnètrede 
diamètre. Nous occasionnerons âans nul dotte à nos 
lecteurs une vive surprise, et une haute adniiatîoD 
pour les procédés de la science actuelle, en leur appre- 
nant que, grâce à certaines machines à diviser^ on apo 
exécuter dans le faible intervalle que mesure un mffi- 
mètre, jusqu'à mille divisions égales. Quand on vegii's 
au microscope un millimètre ainsi divisé en wm»>» ft- 
ties égales on aperçoit très-nettement chacmw de ces 
divisions. 



Lg BllOMiTRK. 



87 




IPvftMipe d« bsroanèCre t la ipesBAtemr die l*air. — 

L*air est un gaz incolore et invisible, Fair est donc un 
^rps ; or tous les corps étant pesants, Tair est nècessai- 
remeaiït doué de pesanteur. 

Ce que le raisonnement indique, l'expérience le dé- 
montre avec certitude. 

Prenez, comme l'indique la figure suivante, un vase 
de verre de forme sphérique, pourvu d'une garniture mé- 
tallique et d'un 
robinet, de bal- 
lon étant plein 
d'air, par suite de 
son séjour dans 
l'atmosphère, at- 
tacbez-le, par le 
crochet qui le 
surmcnite, à un 
autre crochet fixé 
à la partie infé- 
rieure du plateau 
d'une balaiice,et, 
dans le plat^u 
opposé, de oette 
balance , placez 
des ppid^ en suf- 
£sanle quantité 
pour contrerbâlancer le poids, du ballon ptein d'air. 
L'équilibre de la balaiye éiant ain^ établi, détachez 
le laalIcMi; puis^ au moyen de la-jnachine coniûe 




Fi^. U9. 



8S U BAMMÈni. 

dans le» laboratoires de physiqae sous le nom de fnt- 
fàmt jmewmutime ci qui seii à faire le ifide, eiilpvezJ*air 
qui remplissait ce ballon. Fermez le robiiiat du ballon 
de manière à i^mpteber Tair de rentrer dans son inté;^ 
rieur, et suspendez de nouveau, par son crochet, le bal- 
lon à la partie inférieure du plateau de la balance. Vous 
reconnaîtrez alors que Féquilibre, qui existait kmc k 
ballon* plein d*air. n e3Ûste plus quand le ballon est ?ide 
d*sqr. I\>uc le rétablir, il &ut ajouter un certain nomhR 
de poids. Ces poids, nécessaires pour irétablir Téqiûfibte 
détruit, n^présentent évidemment le poids de Tair énkvé 
de Tiutérieur du baUon par la machine pneumatiqoe. 
Uair est donc pesant. 

On peut exécuter cette e3qpérience d*une manière in- 
Terse et arriver à la même conclusion. Ccounencez par 
foire le vide dans le ballon à Vaide de la machine pneo- 
matique« fermez le robinet du ballon pour empècto b. 
rentrée de Taîr dans son intérieur, attachez ce baDon 
ride d*air à la (virtie inférieure du plateau de la babmce; 
et mettez la balance en équilibre au moyen de poids 
convenables placés dans le plateau opposé. En cet état, 
ouvrez le robinet du ballon de manière à laisser re^emr 
dans son intérieur Tair du dehors f vous verrez ansâlH 
Téquilibre de la balance se détruire , et le pbteaa qm 
contient le robinet avec sa charge d*air, tomber, n*èteiiit 
plus tenu en équilibre par les poids de Fautre plateau. 
11 faudra» pour rétablir Téquilibre, ajouter de nou- 
veaux poids dans le plateau opposé à celui du ballon. Sib 
capacité de ce ballon est exactement d'un litre, le pcrids 
nécessaire pour rétablir Féquilibre sera de 1 granune,!; 
si sa capacité est de 10 litres» le poids à ajouter serai 
ISgramm^. Donc, Tair est pesant : il pèse Igranune^t 
par litre -^ \ 

Tair. — L'air étant pesant, il exerce nécessairement tf i 
tous les corps placés à la surface de la terre une cero 
taine pression. Le sol, les eaux, et en général tout ce | 



' 






LB BIROMÂTRE. 



89 




Fig. 30. 



qui existe sur la terre se trouvent pressés uniformément 
par la masse de Tair qui repose sur eux. Si Ton prend 
une cloche pleine d'air et qu'on place cette cloche sur la 
surface de l'eau contenue dans une cuve , l'air contenu 
dans l'intérieur de cette cloche 
presse l'eau recouverte par la clo- 
che, et les autres parties du liquide 
non recouvertes par la cloche 
sont soumises à la même pression. 
Mais si, par un artifice quel- 
conque, on vient à supprimer l'air 
qui existe à l'intérieur de la clo- 
che, si, par exemple, on épuise 
l'air de cette cloche par la succion 
ou mieux au moyen d'une ma- 
chine pneumatique (ce que l'on 
peut faire aisément en adaptant à une ouveriure placée à 
la partie supérieure de la cloche, un tuyau qui commu- 
nique avec la machine pneumatique) , l'air étant chassé 
de l'intérieur de cette cloche , aucune pression ne s'exer- 
cera plus sur la partie de l'eau recouverte par la cloche. 
Mais comme l'air extérieur comprime toujours le li- 
quide placé hors de la cloche, et comme la pression 
qu'il exerce se transmet au liquide dans tous les sens, 
il forcera l'eau de la cuve à s'élever dans l'intérieur de 
la cloche , puisque nulle résistance ne s'oppose à cette 
ascension. 

Si l'on remplace l'eau, dans l'expérience précédente , 
par un liquide plus pesant , le mercure , par exemple , 
et qu'au lieu de la cloche on prenne un tube de verre 
long d'un mètre ouvert à l'une de ses extrémités, et 
fermé à l'autre extrémité par un robinet assujetti dans 
une monture de cuivre , l'expérience donnera le même 
résultat. Le robinet étant d'abord ouvert de manière à 
laisser à l'air atmosphérique un libre accès à l'intérieur 
du tube , le mercure se maintiendra à la même hauteur 
à l'intérieur et à l'extérieur du tube, parce que la p^gg^ 



M 



LE BAMMkmS. 



i 



âoD exercée sur le liquide par l'air costem à 1 
du tube est la même qui presse, à rextérieur, la 
du reste du mercure. Hais si , à l'aide d'un tuju 

ble adapté au robinet B qui sumoi 
tube de verre, on met rextrémité 
rieure du tube de verre en 
tion avec une machine pneoroiâ^ 
que, faisant jouer cette machinerai 
l'air contenu dans l'intérieur du 
air étant enlevé, aucune presÉtd 
s'exerce plus i l'intérieur du làV* 
comme l'air extérieur contîmie di 
àans tous les sens la surface dittkii 
force , par cette pression qui n'<Mt 
balancée par rien , le mercure à 
à l'intérieur du tube. Dans ces 
le mercure s'élève et reste susflA^ 
une hauteur d'environ 76 cenÉnèlNiV 
moyenne, parce que la pression àtril 
la colonne d'air atmosphérique dVi || 
force exactement suffisante poftto 
équilibre à une colonne de merciitti|iA 
la même surface et une hauteur de 76 
timètres. On peut donc dire que l'iir 
sur tous les corps placés à la sintee 
la terre une pression qui est «x 
représentée par le poids d'une colonne ^ de 
ayant pour hauteur 76 centimètres et pour base la «É 
face du corps considéré. ^C^ 

Le petit appareil que nous venons de décrire, c'csM 
dire le tube de verre reposant sur une cuvette conteM 
du mercure et dans lequel on peut faire le vide à l'aï 
de la machine pneumatique ou par un autre moy« 
renferme tout le principe du baromètre, c'est-à-dire t 
l'instrument qui sert à traduire , par son effet , iBt à m 
surer exactement , la pression que l'air atmosphéri^ 
exerce à la surface de la terre et des eaux. Le bai 



Fig. 31. 



LE ayscnrinAS. 91 

l'^st autre cbose , «n effet, qu*Qn tube de verre 
à son extrémité sopéfrieure dont on a chassé 
t à rinlérîeur duquel le mercure Relève par 
de la pression atmosph^qœ. On verra plus 
mnaient, dans la prati<pie, on piovîent, par le 
mple des moyens , à chasser l'air de rintérleiEr 
e du baromètre. Mous &ous contentons ée 
ci le principe général sur lequel rinstrum^it 
lé. 

^M ée la déiNniverte «de Ui pesnoitcnup 4e Fair 
la eoAStraetieA du barMaètre. -— Les anciens 

ntv assez vaguenoent, au phénomène de la pe- 
' de Taiija, Il était assez difficile, en effet, de mettre 
su «bute en présence des puissants résultats mé* 
s prodmts par les mouvemenis de l'atmosphère : 
ts éa vent auraient suffi pour en établir Tévi- 
àristote admettait donc, avec ks> philosophes de 
aps, le fait de la pesanteur de Tair, mais il n'ai- 
ifdos loin et ne savait pas tirer de ce principe la 
fère déduction pour Texplicatioa des f^énomènes 

expliquer le fait de l'asceitsioa de l'eau dans 
a des pompes aspirantes, et cet autre fait, plus 
que TeaU s'élève dans l'intérieur d'un tube oa- 
ses deux extrémités quand on le plonge dans 
qu'on aspire par l'extrémité opposée, les anciens 
ient le principe de Y horreur du vide. Si l'eau, di- 
s'éiè?e à l'intérieur des tuyaux des pompes aspi- 
si elle monte dans un tube ouvert à ses deux bouts, 
nt dans l'eau par un de ses bouts, et à l'extrémité 
on aspire l'air avec la bouche, c'est que la nature 
ir de tout espace vide. Quand le jeu de la pompe 
te a soutiré l'air existant dans ce tuyau et pro- 
si le vide dans cette capacité, quand, par 1^ suc- 
1 a extrait l'air d'un tube plongeant dans l'eau, 
isait-on , se précipite aussitôt à Tintérieur de ce 
irce qu'il ne peut jamais exister sur la terre le 



02 LI BÂRMftTBS. 

moindre espace vide en vertu de la répulsion de la tiatare 
pour le vide et de son affection pour le plein. Ceci nooa L 
donne un exemple de la manière vicieuse dont les an- 
ciens , si remarquables pourtant dans le raisonneiDOi 
des choses abstraites, envisageaient les phénomèoes 
/ du monde physique, et des hypothèses erronées qa*ib 
mettaient en avant pour les expUquer, quand îb /o- 
geaient nécessaire de s'en occuper,- ce qui arrlnit nn- 
ment. 

La scolastique , c'est-à-dire la philosophie du mojea 
âge, continua de professer cette étrange maxime de l'ior- 
reur du vide empruntée aux anciens , qui demeura en 
honneur jusqu'au milieu du xvn* siècle. 

Opinion de GaUiée. — Dans le palais du grand-doc de 
Florence, des fontainiers avaient construit des pompes 
pour élever les eaux de YAmo. L'eau ne put s'ëefGtvd 
jusqu'à l'orifice de l'écoulement, parce que la hauteur 
de la colonne liquide élevée était de plus de 32 pieds. Ge 
phénomène était d'ailleurs connu des ouvriers fontaitaiens, 
qui n'ignoraient point que l'eau ne peut s'élever aa delà 
de 30 pieds dans le tuyau d'une pompe aspirante quia plus 
de 32 pieds de hauteur verticale. Témoin de ce fait, eUîant 
. cherché à l'expliquer, Galilée, malgré Isuprofondeur de 
son génie, ne put s'affranchir des entràvp^NÉe la théorie 
des anciens : il n'osa rejeter la maxime d^ l'horreur du 
vide et donna une explication presque aussi erronée de 
ce phénomène.'. ' , y^i^^' 

TorrieelU déeonTre la cause de l'ascension de Tcm 

dans le tuyau des pompes. ^— Torricelli, jeune matbi^ 
maticien romain , élève de Galilée , qui avait reçu, eoo- 
munication des idées de ce savant sur la cause de Tas- 
cension de l'eau dans le tuyau des pompes , fol j« 
satisfait de l'explication de son maître. Il cherdtft et 
découvrit la véritable cause de ce phénomène. Hïal* I 
tribua, avec juste raison, à la pression de l'air quii 
agissant sur l'eau, la force à s'élever dans le tujau 
plongeant, lorsque cet espace a été dépouillé de tout 



LE B4R0MÈTRE. * 93 

le jeu des soupapes et du piston de la pompe 

confirmer à ses propres yeux la vérité de cette 
3n, Torricelli fit une expérience capitale et qui 
►rigine de la construction du baromètre, 
^sicien romain pensa que si la pression de l'air 
était réellement la cause de l'ascension de l'eau 
tuyau vide d'air, la pression de l'air devrait élever 
liquide que l'eau, et plus pesant que l'eau elle- 
one hauteur moindre que l'eau. Le mercure étant 
fois plus pesant que l'eau, Torricelli espéra 
que la pression de l'air extérieur 
soutiendrait le mercure dans un 
tube à une hauteur quatorze fois 
r moindre, c'est-à-dire à 28 pouces 

.,.<-, seulement, n prit donc un tube de 
verre d'environ 30 pouces de long, le 
remplit de mercure, boucha avec le 
doigt le tube plein de mercure, et le 
renversant dans un bain de mercure, 
comme le montre la figure 32, il retira 
le doigt. Il ne vit pas alors sans une 
vive satisfaction le mercure se main- 
tenir dans le tube ainsi disposé, à la 
hauteur exacte de 28 pouces qu'indi- 
quait sa théorie. 

/ Cette expérience ne pouvait laisser 
aucun doute : l'ascension de l'eau dans 
un tube vide à une hauteur de 32 pieds 
était bien due à la pression de l'air, 
puisque, avec un autre liquide, la 
hauteur de la colonne maintenue en 
l'air par la pression de l'atmosphère, 
était en raison inverse de la densité 
•• ^*' de ce liquide. 

ieaees de Paseai.— L'immortel philosophe fran- 
56 Pascal eut la gloire démettre toutàfaiten évi- 




9k ' LK BàftOBÉm. 

dence le grand phénomène de la pesantenr de 
manifester à tous les yeux la pression que Fai 
sur les liqnides placés sur notre terre, et d'e 
ainsi une foule de phénomènes natorels de 
n*ayait encore permis de découTrir la cause. 

Ayant eu connaissance , en 1646^ de rexj 
de Torricelli» Pascal la répéta à Rouen sm 
ses amis, nonmié Petit, intendant des. forti 
de la ville. Ayant Tarie et étendu cette esf 
Pascal conunença à partager l'opinion du nÉ 
cien romain. Cependant, comme il trouvai 
rience de Torricelli trop indirecte comme pn 
la pesanteur de Falr, il conçut, par un trait de 
le projet d'une autre expérience complètement! 
à cet égard. 
Jk « J'ai imaginé, écrivait Pascal, le 1 5 novemlx 
à son beau-frère Périêr, une expérience qui 
seule sufBre pour nous donner la lumière (f 
cherchons , si elle peut être exécutée avec j 
C'est de faire l'expérience ordinaire du vuide p 
fois le inéme jour, dans un même tuyau, 
même vif-arg^it, tantôt au bas et tantôt au 
d'une montagne élevée pour le moins de cim 
cents toises, pour éprouver si la hauteur du i 
susp^adu dans le tuyau se trouvera pareille 
rente dans ces deux situations. Vous voyez àl 
doute» que cette expérience est décisive sur la 
et que s'il arrive que la hauteur du vif-ar 
moindre au haut qu'au bas de la montagne 
j'ai beaucoup de raisons pour le croire, quo 
ceux qui ont médité sur cette matière soi 
traires à ce sentiment), il s'ensuivra nécess 
que la pesanteur et pression de l'air est la se 
de cette suspension du vif-argent, et non p 
reur du vuide, puisqu'il est bien certain i 
beaucoup plus d'air qui pèse sur le pied de 
tfi^e que non pas sur le sommet; au lieu 



U HAEOMÈTRB. 16 



ne saurait dire que la nature abhorre le yuide au pied 
de la montagne plus que sur le sommet. *%. • 

Le Puy-de-Dôme, montagne Située à peu de. distance 
de Glermont en Auvergne, et haute ^e plus de 500 toi- 
ses, fiit choisie par Pascal pour yérifier le fait de la dé- 
crcMBsance de la colonne de mercure dans le tiibe de Tor- 
ricdli, selon la hauteur des lieux. 

Gel important essai fut e&écuté le 20 septembre 1648 
par Përier, et donna le résultat prévu par le génie de 
¥aflcal. Au bas du Puy-de-Dôme, la hauteur du mercure 
dans le tube de Torricelli était de 26 pouces 3 lignes et 
demie; au sommet du mont, cette hauteur n'était plcfô' 
que de 23 pouces 2 lignée; il y avait donc 3 pouces l ligne 
et demie de différence entre les hauteurs du mercure au 
bas et au sommet de la montagne. 

Cette magnifique expérience (ut répétée bientôt après 
àParis par J^ascal lui-môme, qui, ayant mesuré la hau- 
teur du mercure dans le tube de Torricelli au bas et au 
sommet de la tour Saint-Jacques la Boucherie, haute 
alors de 25 toises, trouva une différence de plus de deux 
lignes entre ces deux mesures. C'est pour rappeler le 
Souvenir de cette expérience célèbre que la ville de Pa- 
lis a fait placer, en 1856, la statue de Pascal au-dessous de 
ta tour Saint-Jacques la Boucherie, dans la rue de Rivoli. 

Ces expériences de Pascal établissaient avec une com- 
{ilète évidence le fait de la pression de l'air, et donnaient 
L'explication d'un grand nombre de phénomènes natu- 
tc\s : ïaseension de l'eau dans le tuyau des pompes, le 
fea dn siphon, celui du soufQet, de la seringue, etc. 

Le tube de Torricelli, que Pascal avait employé dans ses 
inamortelles expériences, fut conservé, à partir de cette 
époque et sans subir aucune modification dans sa forme, 
comme moyen de mesurer la pression de l'air atmo- 
qpliérique. Cet instrument, qui porte aujourd'hui le nom 
de barmnètre, ne diffère en rien par son principe de ce- 
lai dont se sont servis Torricelli et Pascal. L/ 

C«Mivaeil9B du Itovratétre. —On dOEj^ aujourd'hoi 



96 



LK BAROHÉTU. 






au baromètre deux dispositions différentes , qui ont été 
toutes deux employées par Pascal : on construit le toi- 
metxe à cuvette et le baromètre à siphon ^ qui est d'mi 
usa^e plus commode et plus facile à transporter. 

Baromètre à envette. — Oo prend un tube deiem 
d'environ 80 centimètres de longueur et de 5 à 6 mini- 
mètres de diamètre intérieur, fermé à Tune de ses extré- 
mités. On le remplit à peu près à moitié de meraire, et 
on place ce tube contenant le mercure sur uneg^ 
inclinée et chargée de charbons ardents. Le mercure 
entre en ébullition et laisse dégager, par cette ébolli- 
tion , la petite quantité d'air et d'humidité qu'il conte- 
nait. Quand le métal s'est refroidi, on achève de rempGr 
le tube de mercure, et on fait bouillir cette seconde cih 
lonne sans chauffer la partie qui a déjà bouiDi; 
on chasse ainsi tout l'air et toute rhumid^ 
adbérelits au mercure ou aux parqis da verre. 
Le tube étant ainsi rempli de mercure bien 
purgé d'air et d'humidité, on le renverse, J'on- 
verture en bas et en le tenant bouché an nwjcfl 
du doigt, dans une cuvette pleine de mffcore 
bien sec. L'air ayant été chassé du tube parle 
mercure qui le remplissait entièrement, Jeffle^ 
cure redescend en partie dans ce tube et s*] 
maintient à une certaine hauteur au-dessus de 
laquelle il n'existe plus d'air et qui est lia» de 
tout corps : c'est le vide barométriçtse. 

Le tube et la cuvette dans laquelle ce tobe 

repose sont alors dressés contre une plandielfe 

de bois verticale contenant une échelle divisa 1 

en millimètres et destinée à indiquer trèf* 1 

exactement la hauteur de la colonne liqnife I 

au-dessus du niveau du mercure de la cuirifc. 1 

Cette hauteur représente et mesure la prencA 

Fig. 88. exercée par l'air atmosphérique, car teUe estll 

seule fonction de cet appareil. Cette hauteur, qui varié 

selon les moments, est, en moyenne, de 76 centimètrei; 




LI BABOUÈTRB. 97 

elle peut varier ée 750 à 775 environ dans an même lieu 
et à une hauteur qui ne dépasse pas le niveau de la mer^ 
SaroBBétve à stphoB. — Les indkations du baromètre 
à cuvette ne sont pas d^uiie exactitude absolue quand 
cet instrumeni présente la forme qui vient d'être dé- 
crite. En effet, lorsque, par Taugmentation de la pres- 
sion de Tair, le mercure s'élève dans le tube, le niveau 
du mercure s'abaisse dans la cuvette, parce qu'il reçoit 
celle augmentation de la pression de l'air ^ par eonsé^>^ 
qeent le 0, ou le point de départ de l'échelle de mesure, 
n'est plus exact , il est au-dessus de la hauteur qu'il 
devrait occuper. Pour remédier à ce grave inconvénient, 
on donne au baromètre la forme dite à siphtm 
qui a été imaginée par Pascal. 

Le baromètre à siphon est formé d'un tube 
de verre à deux branches recourbées et iné- 
gales; la plus courte est ouverte et reçoit la 
pression de l'air; la plus longue est fermée, elle | 
est d'une hauteur d'environ 80 centnnètres. 

Pour comprendre cette forme du baromètfS7 
il faut se rappeler le principe de physique 
que Ton énonce en disant que deux fluides 
de densité inégale étant placés dans deux 
vases communiquant librement entre eux, les 
hauteurs occupées par chacun de ces fluides 
dans chaque vase sont en raison inverse de la 
densité de ces fluides. 

Le tube 6, a, <?, peut être considéré comme 
un vase contenant deux fluides de densité diffé- 
rente : le mercure dans la branche la plus 

Fifr8%. 1<^?^^ » ^t ^^ns la plus petite l'air atmosphé- 
rique , c'est-à«^ire te colonne d'air ayant pour 
hase la surface b et pour hauteur la hauteur de l'at- 
■losphère. Quand la densité, et par conséquent la 
pression de l'air, viendra à varier, la hauteur de la 
eolonne de mercure dans la grande branche variera 
également, et traduhra râisi la mesiffe de cette pressioD- 




08 U UBOHiTU. 

Dans le baromètre à siphon, l'échelle disposéei 
tube de verre n'indique pas directement la 
atmosphérique; il faut prendre la hauteur m ethi 
Gure dans la plus longue hranche, et la faauteiriii 
mercure dans la plus courte branche, et relrandffi ' 
dernière quantité de la premii^re : la différence dsj 
nombres représente la pression de l'air éralnée li 
limëtres. 

BaroMAtM ft cMrftB. — C'est un baromèlreli 
disposé de manière à représenter à l'extérieur, ui 
d'une aiguille mobile sur un cadran , la ~ 
ments du mercure correspondant aux varii 
pression de l'air. Sur le mercure de la courte 
flotte un cylindre de fer exactement équilîM. 
/~-jt\ poids; ce cylindre est aUiJikj 

fil qui se replie sur une ptA.' 
Ion que le mercure moiIt>«' 
cend, la poulie tourne dams' 
ou dans un autre, et une ail '' 
est attachée à cette poulie . 
la circonférence d'uncadrui 
Le baromètre et la poulie soM 
par le cadre; la figure Si» 
donc cet appareil \a pur dsoli 
Le baromètre à cadran a tt' 
giné par le physicien anglail 
Hoocke , dans la seconde nunttl 
xvu* siècle. 

On admet généralement q^ 

temps très-sec, une atmospn 

I [ j très-pure, c'est-à-dire le beau tenfl 

H ont pour résultat de faire éleverl 

l^ j colonne barométrique , et qae 

V y pluie ou un air chargé d'humîA 

ng. ïi. font baisser le baromètre. On tn» 

ces indications sur le baromètre d'appartement. C 
relations sont assez souvent vraies, car un air chu 



LE BAROMÈTRE. 99 

de vapeur d'eau diminue de densité , la vapeur d'eau 
étant plus légère que l'air *, et par conséquent exerce 
moins de pression sur le mercure contenu dans le ré- 
servoir, dès lors le mercure redescend en. partie dans le 
tube. Cependant, comme une foule d'autres influences, 
et surtout les vents, font varier la colonne barométrique, 
ces indications sont souvent trompeuses. y 

lisais dn baromètre* — Ce serait Une eiTOur de 
penser que l'usage essentiel du baromètre réside dans 
son emploi pour reconnaître d'avance les variations du 
temps, c'est-à-dire le beau temps ou la pluie. Ce n'est là 
qu'une application de bien peu d'importance et qui n*a 
rien de scientifique. Le véritable usage du baromètre, 
c'est d'apprécier la pression c'est-à-dire le poids de l'air, 
d'évaluer les modifications continuelles qui s'y pro- 
duisent. Ces variations sont indispensables à connaître, 
tant pour les expériences des physiciens occupés à me- 
surer des gaz, que pour la connaissance des phénomènes 
atmosphériques qui se produisent sur notre globe. 

Le baromètre sert encore à mesurer la hauteur des 
montagnes. En effet, plus on s'élève au-dessus de la terre, 
moins la colonne d'air dans laquelle on se trouve exerce 
4e pression puisque sa longueur a diminué. Dè^ lors le 
baromètre qui traduit la pression de l'air peut aussi ser- 
vir à déterminer l'altitude des lieux. C'est là un impor- 
tant usage de cet instrument. 

Par les mêmes motifs, le baromètre sert à l'aéronaute, 
flottant dans les airs avec son ballon, à reconnaître la 
liauteur où il se trouve dans l'atmosphère. Quand le bal- 
Jon s'éJève, le mercure du baromètre baisse , quand il 
descend, le baromètre s'élève ; en tenant les yeux fixés 
^ur la colonne mercurielle, l'aéronaute est donc averti 
du sens de son mouvement dans l'air. 

1. Nous avons tu que : 1 litre d*air pèse 1»» ,3 ; un litre de vapeur d'eau 
pèse seulement 0«%81 ; en d'autres termes 1,00 représentant la densité 
ou le poids spécifique de l'air, 0,62 représente la densité ou le poids j 

i^iécifique de la Tapeur d'eau. 1 



lOO LE 



xn 

LE THERMOMÈTRE. 

— Le AemKNBètre, on rînstrmiieÉlfî 
sert à mesurer la rfadAir, est «finTeiitîoD modoie^ 
car les principes sv lesquels reposent sa osnstoK- 
tioo et son usage appartiennent à la physi^e puni, 
science qoe les anciens ont complètement innovée. Ccst 
dans les premières années du xnr siècle, èpoqae tt' 
s'accomplit la véritable création des sciences pliyri^wi^; 
qoe fut construit le premier thermomètre. Conidta 
Drebbel, savant hollandais, mort en 1634, fdt naicn- 
leur de cet instrument dont on se servit pour la praiiièf&' 
fois en ADema^e, en 1011. -L'appareil de Drebbeiéfeit 
toutefois singulièrement imparfoit ; c'était phittt k m- 
diment du thermomètre que le thermomètre hàmtiBÊ. .. 
Il consistait en un simple tube de verre fecmè k m 
extrémité supérieure et contenant de Tair, qui ploageril 
verticalement dans un ïiquide par son extrémilA oafert& 
Par l'efTet des variations de température de Fnf exIJ- 1 
rieur, ce liquide s'élevait ou s'abaissait à rintèrienrdi 
tube. Une règle, portant des divisions égales, placéile 
long du tube , indiquait les degrés de FinstnunenL Itf 
indications du thermomètre de Drebbel n'avaient 110 
de scientifique, car sa graduKition, toute arbitraire^ ifc'élii 
fondée sur aucun principe rigoureux. 

li^Aemàénkïe del CHiMmîB pevffe«tloMfte la flManw^ 

tre de Drebbel. — Il existait au xTii* sièclc, è fkawfi I 
une association scientifique composée de physicieDS 
éminents, Y Académie del Cimenta^ Tune des prendiM 
compagnies savantes qui aient paru en Europe. Yen k 
wiUcu du xvn* siècle, divers membres de YAemUmkU 



u raiftifOiBrRE. 101 

nento perfectionnèrent rinstrument inventé par le 
llanddis Cornélius Drebbel. Le réservoir du liquide 
ïs iequel plongeait le tube de firebbel fut supprimé, 
ie liquide placé tout entier dans un tube de verre 
mé à ses deux bouts. De cette manière, le corps des- 
é à indiquer, par sa dilatation, les variations de la 
apérature , n'était plus l'air, comme dans le thermo- 
itre hollandais, mais bien un liquide, et cette substi- 
ioa offrait de nombreux avantages. 
Lelî^nide adopté par les académrcieifs i^/ Cim^^o était 
teod, que Ton colorait avec un peu de carmin. Pour 
riier rebelle du thermomètre, on avait adopté un point 
départ constant : c'était la hauteur à laquelle s'arrê* 
1 le liquide de l'instrument quand on le plaçait dans 
le cave. On divisait ensuite en cent parties égales la 
irtie du tube située au-dessus de ce point, et l'on divi- 
it également en cent degrés égaux la partie du tube 
tuée au-dessous de ce même point, ^^j^ 

iàâm§ihmm des points Ane» ponr la gradamiioM du 

enBMMètre. — Le thermomètre de l'Académie del 
nmiù fut employé par les physiciens pendant une 
Inde partie du xvu* siècle ; mais il présentait un vice 
ientiel : c'était sa graduation, dont le point de dé- 
t était purement arbitraire, car la température 
ne cave varie selon les locaUtés. Il résultait de 

que les instruments employés par les physi- 
16 des divers pays n'étaient nullement compara- 
\ entre eux^ c'est-à-dire n'auraient pas marqué 
Dtene degré pour une même température. Il fal- 

nécessairement découvrir et adopter, pour en faire 
base de l'échelle du thermomètre, un point &xe 
lé sur un phénomène naturel, facile, par consé- 
aU i produire en tous lieux. Un professeur de Padoue, 
jBé Renaldini, démontra le premier la nécessité de 
:er les points de départ arbitraires et variables dans 
«struction des thermomètres ; il proposa d'adopter 
9ainis fixée pour l'échelle de cet instrument. 



% 



102 LS THIRMOMÈTBI. 

Thermomètre de NewtoM. — Rcnaldini, qui avait pfr 
faitement posé le principe théorique de la nècesâlé ta 
points fixes , n'avait su qu'incomplètement réaliser dm 
la pratique cette importante idée. C'est le grand pliisif 
cicn Newton qui exécuta, en 1701, le premier tberiD- 
mètre à indications comparables ; et, depuis cette ëpofK, | 
cet instrument fut désigné sous le nom dft iktfjimÊi 
de Newton. 

Le thermomètre de Newton était un tube devenez 
tièrement purgé d'air, fermé à son extrémité supériOR' 
et terminé à sa partie inférieure par un réservoir qki- 
rique ou cylindrique. Ce tube contenait de rhnh k 
lin qui s'élevait à peu près jusqu'à la moitié datobe. 
Les points fixes de cet instrument étaient : pour le tenK 
supérieur, la température du corps humain, qmolKDr 
siblement constante à toutes les latitudes et dam tons 
les climats; et pour le terme inférieur, le point ob le 
liquide s'arrêtait quand on maintenait Tinstrument àaos 
de la neige. On divisait eu douze parties l'espace cOBteoa 
entre ces deux points fixes, et l'on prolongeait lesotoKS 
divisions au-dessus et au-dessous de ces deux pointe. 

Thermomètre d^Amontons: — Guillaume AmODlOlfii 

habile physicien français du xvu« siècle, et qui fit partiade 
l'ancienne Académie des sciences de Paris aux premiers 
temps de sa fondation par Golberl, proposa de sabsûtoct 
au thermomètre de Newton un thermomètre à air; ilTe- 
venait ainsi aux dispositions primitivement adoptées pit 
GorneUus Drebbel. Amontons adopta comme point 
fixe, pour le terme supérieur de son thermomètre, li 
température de l'eau bouillante qu'il avait le premifl 
reconnue comme un terme absolument constant 

Le thermomètre à gaz d' Amontons rendit de grani 
services aux physiciens. Seulement , comme les gaz i 
dilatent considérablement par la chaleur, les degrés d 
cet instrument occupaient un grand espace, ce qui obi 
geait à donner à l'appareil une longueur gênante. B 
outre, le point fixe inférieur n'avait pas la constaiû 



LI TBSaiIOlfÈTRE. 103 

exigée pour la précision et la comparabilité des indica- 
tions : c'était toujours le terme adopté par Newton, c'est- 
à-dire le degré de froid propre à la neige , et comme la 
neige, dans différentes conditions, varie dans sa tempé- 
rature, ce point de départ manquait d'exactitude.jjç^ 

Thermomètre de Fahrenheit. — Gabriel Fahreimeit, 

constructeur d'instruments, de Dantzig, modifia, avec le 
plus grand bonheur, le thermomètre de Newton en sub- 
stituant le mercure à l'huile employée par le physicien 
anglais, et en adoptant, pour point fixe, la température de 
l'ébullition de l'eau, terme d'une exactitude irréprocha- 
ble, emprunté au thermomètre à air d'Amontons. C'est 
en 1714 que Fahrenheit commença à construire ses ther- 
momètres. Dans les premiers instruments sortis de ses 
mains, l'artiste de Dantzig avait fait usage d'alcool conmie 
liquide thermométrique; mais, quelques années après, 
il adopta exclusivement le mercure , Uquide qui pré- 
sente des avantages inappréciables pour mesurer la cha-. 
leur, en raison de l'uniformité de sa dilatation, et parce 
qu'il n'entre en éhuUition qu'aune température très-éle- 
vée, ce qui permet de le consacrer à la mesure des tem- 
pératures les, plus hautes. ,. 

Le thermpmètre de Fahrenheit consistait donc en un 
tube de vôfre fermé à sa partie supérieure, terminé par 
un réservoir et contenant du mercure. Le point fixe su- 
périeur était le point où le mercure s'arrêtait quand on 
plaçait l'instrument dans la vapeur de l'eau bouillante ; 
le )ërme inférieur, le point où le mercure s'arrêtait 
quimd on laissait séjourner l'instrument au milieu d'un 
XDélange firigorifique particuUer formé de neige et de 
' sel ammoniac , mélange fait dans des proportions dont 
l'artiste allemand s'est toujours réservé le secret.^ L'in- 
tervalle entre ces deux points fixes était divisé en deux 
cent douze parties égales, qui représentaient les degrés 
du thermomètre.^ 

Le thermomètre de Fahrenheit est encore très en 
usage aujourd'hui en Allemagne et en Angleterre. 



TbenMBtMM d0 Bteumir. — Le point fixe isférieiir, 
ou le zéro du thermomètre de Fahrenheit, étant difficâe 
k retrouver par d'autres qoe far \e coi»trnctfiiir alle- 
mand, Réaumur, physideo et n&tur^iste firancais, 
membre de l'Académie royale des sciesces de Piris, 
proposa , vers 1730, d'adi^diar le tenae de la glaoe <qii- 
dante pour le zéro du thèriiMMnètre , et de diviser ai 
quatre-vingte parties égales la partie de cet instruneot 
comprise eotre ces deux points. lA partir de 17S0,le 
Qiermomètre de Aéaumur devint, en France, d'un ncagt 
général. 

ThevMMMèure aenticrkAe. — C'est un physidca d'Uy- 
sal, en Suède, Dommé Gelsins, qui proposa, en 17{ù, 
de diviser en cent parties égales, au lieu de quatre- 
vingts, l'échelle du tbermon^tre de Réaumur. Depoii 
cette époque, cet instrument n'a pas reçu de modiâca- 
tions qui touchent an principe de sa construction» 

le f iiMaliiili I le IhermoMétre. — On prCUi 

un tube d'un diamètre extrèmeoient £d, 
d'un;; diamètre dit capillaire , ou de l'é- 
paisseur d'un chevea. On commence par 
s'assurer, par des moyens convenables, 
que son canal intérieur est sensible- 
ment le même dans tous les points, afin 
que les degrés que l'on tracera plus tard 
sur ce tolw renframenl des volumes de 
mercure parfaitement les mêmes.] Quand 
on a reconnu que le tube choisi présente 
sensiblement la même capacité dans toutes 
■es parties, on soaffte en boule son ex- 
ti^mité à l'ude de la lampe d'émaiUear, 
ou bien l'on y soude an morcean de tnte 
eylindriqne d'on diamètre plus Tort, A 
\3 "\^. rinetPument a dès lors la forme représen- 
Fii;. 36. tée par l'une des deux figures ci-joigtet-. 
Il s'agit maintenant d'introduire dans ce tube le 11' 
qiûàe Uiermométrique. Cette opératioa présente ifuel- 



LS T»MIMiÉT]». 105 

illés , car Textrfcifte pëfitesee éta diamètre du 
ose à oe ^fa'cm puisse y verser ce liquide 
t, avec un entoniHMr par exemple; ce tube 
; que le mercure et Tair ne peuvent s'y mou- 
^me temps , le premier pour y entrer, le 
ir en sortir. Voici le moyen qui est em* 
' introduire le m«rcure dans le tube capil- 
qrmomètre.V^ 

îe sur une lampe ï«sprit-de*vin le réservoir 
'air qu'il contient, se dBatant considéraMe- 
action de la chaleur, s'échappe en partie du 
îmeure remplis à cette température, d'un air 
et par conséquent d'une faible tension. On 
•s la pointe ouverte du tube dans le mercure 
d'introduire , comme le représente la figure 
arle refroidissement, l'air contenu dans fin- 

térieur du tube a perdu 
son élasticité , ri n'est |âns 
capable de faire équilibre 
à la pre^ion atmosphé- 
rique extérieure qui , dès 
lors, agissant coffline dans 
le baromètre, force par sa 
pression le mercure à 
s'élever dans l'intérieur 
du tube thermométrique. 
En relevant le tube, on fait 
descendre sansdifficidtéle 
Hiercurc à l'intérieur du 
réservoir. On répète alors 
la n^me opération : on 
' fait bouiHir, k l'aide d'une 
lampe k alcool, le mer- 
cure qui occupe une partie 
Dir ; les vapeurs de [mercure provenant de 
i du litîuide chassent tout l'air àa tube et 
sa place ; si l'on plonge alors de nouveau la 




106 L£ TOAiOlOMËTAS. 

pointe ouverte du tube dans le bain de mercQTe,lB 
vapeurs du mercure, s'étant condensées par le r^ 
dissement à l'intérieur du tube , laissent le vide i l'in- 
térieur de cette capacité; dès lors la pression defair 
atmosphérique extérieur fait élever le mercure à Tià- 
térieur du tube qui se trouve ainsi entièrement rem^lL 
Il s'agit maintenant de fermer le tube sans y laisser 
aucune trace d'air, car sa présence gênerait les mome- 
ments du mercure. Pour cela, on chauffe, à l'aide d'ne 
lampe à alcool, le réservoir de l'instrument. Par ïeSA 
de la chaleur, le métal se dilate ; par cette augmenla- 
tion de volume, il remplit toute la capacité intérieure 
du tube et déborde même en partie à l'extérieur. C& ce 
moment, c'est-à-dire lorsque le tube est entiëraDOt 
occupé par le mercure dilaté, et par conséqu«itne 
contient pas trace d'air^ on dirige, à l'aide d'une taiope 
et d'un chalumeau pareil à celui des orfèvres, un dard 
de flamme sur l'extrémité du verre, qui fond et ferme 
ainsi l'orlûce du tube, toujours plein de mercure. Quand 
l'instrument s'est refroidi, le mercure, revenu parle 
refroidissement à son volume primitif, n'occupe plus 
qu'environ la moitié du tube, ce qui laisse une ccïtofc 
latitude aux variations de la colonne thermométrique 
pour les usages de l'instrument. L'espace libre au-des- 
sus de la colonne thermométrique étant entièrement 
vide, c'est-à-dire privé d'air, le métal ne doit rencontrer 
aucune résistance capable de gêner son mouvement de 
dilatation. 

Graduation dn thermomètre, on établissemeBt dei 

points fixes* — Sur le thermomètre construit comme 
nous venons de l'indiquer, on détermine le point fixe 
inférieur ou le zéro à Taide de la glace fondante. 

Dans un vase rempli de glace pilée et disposé, comme 
l'indique la figure 38, on place le thermomètre jusqu'à la 
moitié de la hauteur de sa tige; au bout d'un quart d'heure, 
on marque, à l'aide d'une pointe de diamant, le point où 
le mercure s'est arrêté et qui sera le zéro du thermomètre. 



L8 TBIRMOUËTIIX. 



107 




Le poÎQt lixe supérieur s'obtient en exposant le tube 
la température, non de l'eau bouillante elle-même, 
car les différentes couches 
d'eau bouillante n'ont point la 
même température (les plus 
inférieures sont plus chaudes 
que les supérieures) , mais en 
l'exposant à l'action de la va- 
peur d'eau bouillante dont la 
température est toujours la 
même quand on se place dans 
les conditions physiques vou- 
lues. _JL- 

La figure 39 représente l'é- 
tuve à vapeur qui sert à obte- 
nir le point fixe supérieur du 
thermomètre. On voit que, par 
un bouchqn qu'il transperce , 
^''' "■ l'instrument est soutenu au- 

lessus d'une espèce de botte métallique ÂB surmontée 
d'un tuyau CD. Une certaine 
quantité d'eau contenue dans 
la boite AB, que l'on place 
au-dessus d'un fourneau al- 
lumé , fournit de la vapeur qui 
vient remplir le tuyau CD, dans 
lequel le Ûiermomètre est sus- 
pendu. Au bout de dix minutes 
environ, la colonne du mer- 
^ cure étant devenue station- 
naire, on marque, avec une 
pointe de diamant, l'endroit 
où le mercure s'est arrêté, et 
Sb qii sera le centième degré de 
Fig. 3». l'échelle thermométrique. 

DlvUiom da tiienB*aiéire. — La denûêre opération 
:onsiste k diviser en cent parties égales l'intervaUe coip- 




108 Li 

pris entre les detix pomts fixes. Qoelqaefois, c(c*eàl 
le procédé le phis exact on exécute ces A^iâoiis n 
le verre même de la tige de rinstrumeat ; les thenno- 
mctrcs dont on fait nssge dans les laboratoires de ph|ft^ 
qne et de chimie ont lenr échelle ainsi graduée soi lé 
verre. Mais, pour les thermomètres d'appartement, ca 
se contente de fixer le tobe sur une petite plancbeè 
bois, de métal ou de porcdaine. On marque zéro en te 
du trait laissé par le diamant qui correspond à la gbft 
fondante, et cent d^rés au point qui correspond i h 
température de rébuUition de Teau. Ensuite, kTùk 
d*nnc machine à diviser, on partage l'entre-deiiK ea 
cent parties égales, qui représenteront les degrés dn 
thermomètre, et, s'il est nécessaire, on prolongeas 
mêmes divisions au-dessus et au-dessous de ces dem 
poiiits. 

The»«Hiètre à ric # rf . — On CODGtniit le theilDO- 

niétre à alcool à pen près comme le thermomètre k 
mercure, mais on ne saurait procéder de la mtoe 
manière pour diviser l'échelle de cet instrumeot & 
effet, Talcool ne jouit pas, CQmpie Je mercure, de la 
précieuse propriété de se dilater unifonnément entre 
Oct 100 degrés, c'est-à-dire d'augmenter le volume dans 
la proportion exacte de la chaleur qu'il reçoit. L'irrégu- 
larilé de la dilatation de l'alcool oblige de se servir ïvm 
bon thermomètre à mercure pour fixer sur le thermo- 
mètre à alcool en construction, un certain nombre de 
points, correspondant à des tem|iératures distantes 
entre elles de 8 à 10 degrés. On subdivise ensuite, 
en parties égales, l'intervalle compris entre les points 
de raccord qui ont été déterminés par le secours do 
thermomètre à mercure. 

On voit, par ces détails, que le thermomètre à alcool 
doit donner des indications moins rigoureuses que 
celles du thermomètre à mercure. C'est donc à ce 
dernier instrument qu'il faut toujours recourir pour la 
mesure exacte de la teropératui^ de6<;orps. Le thenno- 






mètre à alcool présente neanmoiiie une supériorité sur 
le thermomètre à mercure, quand Û s*agit d'é^uer des 
tempérdfture^ très-basses. En effet lé mercure se congèle 
à 39 degrés centigrades au-dessous de zéro, Y^icwA, au 
conftraire , ne se congèle jamais ; le thennomètre à al- 
cool eet donc le seul dont on doive fure usage pour ob- 
server des températures très-inférieures à zéro. 

VliCPraioiBètre tk air; ihenuMMnAtre aiétalitqBe. -^ 

G*«et wec des liquides, le mercure et l'alcool, que sont 
eoBflIniits, comme on vient de le voir, les thermomètres 
usuels. Gependaiït les physiciens font également usage 
de tliermomètres construits avec des gaz et des corps 
solides. Le thermomètre à air est assez souvent employé 
dans les recherches des physiciens; un thermomètre 
méteMique a été imaginé, bien qu'il soit peu employé. 
Nous devons nous borner à mentionner ici l'existence 
. de ces deux instruments, dont l'invention et l'ap- 
plicalion ont été faites par k6 ph^ysieiens de notre 
époque. 



)L 



XIÏI 

LES MACHINES A VAPEUE. 

Tous nos jeunes lecteurs ont été témoins des effets 
extoordinaires de la vapeur emptoyée ccHxime force 
ipotrice , et saiis nul doute , chacun d'esox a désiré se 
seDidre compte de son action. Quand on entre dans une 
usine mécanique, quand on assiste À ce spectacle éton«- 
oant d^UB meleur unique distribuant la fcMPce dans les 
diflëreates pièces d'un atelier, soulevant les Hu^deanx les 
phis lourds, Hiettant en mouvement des masses énormes 
ëL Irioaiphaiil de toutes les résistanoes qu'<m teû oppose ; 
— lorsque, embarqué sur un bateau à vapeur, on voit les 



110 LES MACHINES ▲ YâJPEUR. 

roues de ce bateau, tournant avec une rapidité excessive, 
fendre avec force les eaux d*un fleuve ou les flots de 
rOcéan, et, sans le secours des voiles, s'avancer . contre 
les courants et les vents contraires ; — lorsque, emporté 
sur les rails d*un chemin de fer, on voit une locomotive, 
lançant des torrents de vapeur sur son passage, traîner 
après elle, et connue en se jouant, de longs convoi 
pesamment chargés; — quand on voit, en un mot,Jes 
applications innombrables de la machine à vapeur, de- 
venue ragent indispensable et comme l'âme de l'indus- 
trie moderne, après le sentiment naturel de la recon- 
naissance envers Dieu qui accorde à l'homme la 
possession d'une telle puissance, il s'élève dans notre 
esprit rimpérieux désir de connaître exactement le mé- 
canisme physique qui donne les moyens d'accomplir 
toutes ces merveilles. C'est ce désir que nous allons 
essayer de satisfaire, en exposant les principes, les règles 
et les faits sur lesquels repose l'emploi mécanique 
de la vapeur dans la série infiniment variée de ses appli- 
cations. Nous rappellerons en môme temps les noms 
des hommes de génie qui , par leurs efforts successifs, 
ont doté l'humanité de cet inappréciable bienfait. 

Principe spénéral de Taetion méeaniqne de la vapeur. 
HacliiiieB & -vapeur à condensation et sans conden- 
sation* — L'emploi général de la vapeur d'eau comme 
force mécanique repose sur un principe simple et facile 
à comprendre. 

Les gaz et les vapeurs, quand on les tient enfermés 
dans un espace clos, pressent très-fortement contre les 
parois de l'enceinte qui les resserre. Gomme les vapeurs 
de tous les liquides, la vapeur d'eau maintenue dans un 
espace clos jouit d'une énorme force de pression. 

Si l'on fait bouillir de l'eau dans une marmite cxBidid- 
ment fermée par son couvercle, au bout de quelques 
minutes d'ébuUition, la vapeur d'eau qui se forme au 
sein du liquide bouillant, surmontant le poids du cou- 
vercle, le soulève et s'échappe dans l'air. 



LIS HACHEHES 1 VlPECl. 



111 



Si Ton enferme dans une bombe métallique creuse une 
petite quauLité d'eau, qu'on ferme exactement, k t'aide 
d'un bouchon à vis métallique , l'oririce de la bombe , 
et qu'on la place en cet ëlat au milieu d'un feu ardent, 
la Tapeur formée par l'ébuUition du liquide à l'intérieur 
de cet espace, ne trouvant aucune issue pour s'échapper 
au dehors, brise violemment l'enveloppe métallique et 
en projette au loin les édals avec une dangereuse et 
Itruyante explosion. 

Ga faits bien connus de tout le monde, établissent 
suffisamment la grande puissance mécanique dont 
jouit la vapeur d'eau resserrée dans un espace clos. Mais 
il est évident que l'on doit pouvoir tirer un parti utile 
de cette puissance, lorsque, 
sans atteindre la limite 
à laquelle elle produit ces 
effets de destruction, on 
la dirige par l'Intelligence 
et par l'art. Nous allons 
voir quels sont les moyens 
dont on fait usage pour 
tirer parti, dans les ma- 
chines dites à vapeur, de 
la force qui réside dans la 
Tapeur de l'eau bouillante. 
Si l'on adapte k une 
chaudière pleine d'eau 
que l'on peut porter à 
f l'ébullition à l'aide d'un 
fourneau F, un tube 1 
qui dirige la vapeur de la 
chaudière dans un cylin- 
dre métallique creux CC 
parcouru par un piston 
Fig M glissant à froltement dans 

son intérieur, il est évident que la vapeur arrivant par 
le tube Th à la partie inférieure du cylindre au- 




111 Ln rncBUOi A 

daacww àm fiston, fnreerm fv ta prwii» 
É'^lefer jusqu'au btut éa cjUaire. flt Vm 
ék&n Tanivée 4e la vapeur au-4eMoai da fiHUi 
qatt ouvrant le rolunet E, on permette à Impeui 
remplit cet espace de s'échapper dans Tair odè 
fu'eu même temps eu ewrrantun secondlubeli 
anifer de nouvelle vapeur au^iiettmê du pûlOB, 
8k>a de cette vapeur» s'ex^çant de hMt eu 1m, 
pitera le piston jusqu'au bas de sa < 
u'edstera phis, au-dessous de Iw, de r 
de contrarier l'effort de la vapeur. Si l'on 
eoalinuelIemeBt eette arrivée aUemalifc de k 
«u^essous et au-dessus du piston, en donnani 
fois issue à la vapeur contenue dans la parlie 
éa cylindre, le {liston, ainsi alternativement 
ses deux fetoes, exéeutera un mouvement 
d'élévation et d'abaînement dans l'intériear 

Ainsi, en dirigeant successiveoGient la vapc^^ 
duHidîère, tanlAl aunfessous, tantôt au-d^#^ 
piston, ou imprimera à ce piston un mouvem^^''^ 
nuel d'^évation et d'abaissement à l'intérieiff^^ 
lindre. 

U cçt facile de comprendre maintenant que siklC' 
attachée à ce piston par sa partie mférieure , estki^V^ 
sa partie supérieure à la manivelle de l'arbre W^ 
d'un atelier A, l'action continue de la vapeur aui&l^ 
résultat d'imprimer à cetarbrevu snouvement coi ' 
de rotation. Le mouvement de cet arbre poona e 
à l'aille de courroies et de pouUes, èti^ truMSi 
nombreuses madUnes ou outils dli^niNiés dass ks 
Itoentes pièces d'une usine. i 

Beaucoup de nu^iues à vapeur sont canstorifeili 
la simple application du principe général que atf 
venons d'exposer. On désigne ces machines à vaptf 
«MUS le nom deincK^Mnef d Acu^ireMiott. BUesseréi 
santànncylioàre métailî^ae dans leuuel la vapeur vit 




ïMB VÂtwm 1 yàF«7t. lis 

presser alternativement les deux faces opfK)8ées du 
piston et s'échapper eDsyite dams Tair. 

Il est cependant une seconde manière de tirer parti 
de la force élastique de la vapeur. Au lieu de rejeter la 
vapeur dans Tair après chaque oscillation du piston, 
comme nous venons de le montrer dans l'appareil pré- 
cédent, on condense la vapeur à l'intérieur de l'appareil, 
et Toici commefit cette condensation donne naissance à 
un €8et mécanique. 

Si au lieu de laisser perdre au dehors la vapeur d'une 
BMiehine quand elle a produit son effet, on la dirige au 
moyen d'un tube, dans un espace continuellement re- 
froidi par un courant d'eau, la vapeur, en arrivant dans 
cet espace, se condensera et repassera immédiatement 
à l'état liquide : par suite de cette condensation, le vide 
existera à Tintérieur du cylindre. N'éprouvant plus 
de résistance au-dessous de lui , le piston obéit faci- 
lement à la pression que la vapeur exerce sur sa face 
supérieure, et il descend jusqu'au bas du cylindre. Si 
l'on répète continuellement ce jeu alternatif : l'arrivée 
de la vapeur sous le piston, la condensation de cette 
vapeur dans im vase isolé, l'arrivée de nouvelle vapeur 
au-dessus du piston , la condensation de cette vapeur, 
ainsi de suite , on produit une élévation et un abaisse- 
ment continus du piston dans rintérieur du cylindre ; 
ces effets se transmettent ensuite comme à l'ordinaire, 
à l'irbre moteur par la tige du piston. €ette Seconde 
espèce de machines porte le nom de machine à conden^ 
9eur ou à basse pression. 

ClMMlllcatloii des maeiiiiies à irmpenr. — Les ma- 

cfaiiies à vapeur peuvent se diviser, si l'on considère 
leur service, en quatre classes : 

1» Les machines fixes, à l'usage des ateliers et des 
usines; 

2* Las machines de navigation ; 

3* (Les locomotives ; 



114 Lss Machines i viPEum» * 

4* Les locomobilés. 

Nous allons étudier successivement les machines à 
vapeur, au point de vue historique et descriptif, dans 
chacune de ces divisions. 



MACHINES ▲ VAPEUR. FIXES. * 

Historique. — Les anciens ont entièrement ignoré 
qu'il existât , dans la vapeur d'eau chauffée, une force 
élastique, capable d'être utilisée comme agent moteur. 
C'est à la science moderne qu'appartient exclusivement 
la création de ces machines puissantes. 

Nous avons vu, en parlant du baromètre, que c'est 
au xvïi» siècle, par les travaux d'Otto de Guericke et de 
Pascal , que fut découvert le grand phénomène de la 
pesanteur de l'air, et que l'on mit en évidence la pres- 
sion que l'atmosphère exerce sur tous les corps placés à 
la surface de la terre. C'est par une application du prin- 
cipe de la pression de l'air que fut imaginée la première 
machine à vapeur qui ait fonctionné dans l'industrie. 

L'illustre Huyghens avait eu la pensée de créer une 
machine motrice en faisant détoner de la poudre à 
canon sous un cylindre parcouru par un piston : l'air 
contenu dans ce cylindre, dilaté par la chaleur résultant 
de la combustion de la poudre, s'échappait au dehors 
au moyen d'une soupape; il se formait dès lors au-des- 
sous du piston, un vide partiel, c'est-à-dire de l'air con- 
sidérablement raréfié, et dès ce moment, la pression de 
l'air atmosphérique extérieur s'exerçant sur la partie 
supérieure du piston, et n'étant qu'imparfaitement 
contre-balancée par l'air raréfié existant au-dessous do 
piston, précipitait ce piston au bas du cylindre. Par 
conséquent, si l'on avait attaché à ce piston une chaîne 
ou une corde, venant s'enrouler autour d'une poulie, 
on pouvait élever des poids placés à l'extrémité de cette 
corde et produire ainsi un véritable effet mécanique. 



LIS MACHINES A TAFEdK. 115 

t ce que montre la figure 41, empruntée à un dessin 
eite époque. Dans cette figure, A représente la pe- 
tite coupe destinée à recevoir la poudre 
à canon; P, le piston qui doit être 
soulevé par l'effet d'expansion des gaz; 
SS les soupapes par lesquelles l'air di- 
laté se dégage au dehors; M, le poids 
soulevé grâce à la corde qui s'enroule 
sur la poulie. 

Soumis à l'expérience pratique, l'ap- 
pareil précédent n'avait pas donné de 
bons résultats en raison de la trop 
faible raréfaction de l'air contenu au- 
dessous du piston. C'est alors que se ■ 
présenta l'idée, pleine d'avenir, de 
remplacer la poudre à canon, comme 
moyen de produire le vide sous un pis* 
ton, par de la vapeur d'eau que l'on fai- 
' sait condenser dans cet espace même. 
On comprend en effet que si dans le 
cylindre A (fig. 42), parcouru par un 
piston bien dressé contre la surface in- 
térieure de ce cylindre , on îsàt arriver 
un courant de vapeur d'eau, la vapeur, 
par sa force élastique , obligera le 
'ig- *»• piston à s'élever jusqu'au haut du 
» de pompe. Maintenant, si, par un moyen quel- 
que, par exemple en faisant refroidir les parois 
irïeures du cylindre, on provoque la condensa- 
de la vapeur d'eau, quand cette vapeur sera con- 
sée, le vide existera dans ce cylindre, car l'air 
it été chassé de cet espace par la vapeur d'eau, et 
sqae cette vapeur disparaît à son tour en se liqué- 
it, il n'existe plus rien dans cet espace : c'est le vide. 
U pression de l'air extérieur pesantde toute sa masse 
la tête du piston, et cette pression n'étant contre- 
mcée par rien, puisque le vide existe au-dessous du 



116 



us lUCBUaS k TàFBUR. 



pûtOD dans llntérieur de ce cylindre, doit piétàpiiettit 
piston jusqu'au ba« de sa course. D'après c^, il soffin 
d'introduire et de condenser succesuvement de la th- 
peord'eau dans le cylindre A pour imprimer mu piston 
qui le parcourt un mouvement alleraatif d'élévatioD et 
d'abaissement; et si une 
tige B est fixée à ce piston, 
et qu'on mette cette t^ 
en communication aiee 
l'arbre moteur d'une ma- 
chine, oa pourra, grâce lu 
mourement contimid de 
cette tige , imprimer on 
ïnouTement de rotatira i 
l'arbre et produire mm 
toute sorte de travail méa- 
nique. 

L'appareil ipie non ve- 
nons de décrire esttepre- 
mîëre macliine à qpeor 
"«■ "■ qui ait été imaginée. Elle 

a été proposée, en 1690, par un savant traaçi&, ; 
l'immortel Denis Papin. 

Beaia Papin. — Né à Blois, le 22 aoùtl645, mortrers 
l'amiée 1714, DenisPapinnous offre un des plus tristes et 
des plus remarquables exemples du génie en proie i 
une adversité constante. Protestant, et fidèle à safei 
religieuse, il s'expatria à l'époque de la rêTOcaliao 
de l'édit de Nantes par Louis 'Kï\ , en 1685, et ce lot 
à l'étranger, en Angleterre, en Italie et ea Allema- 
goe , qu'il réalisa le plus grsn*^ nombre de ses îaren- 
tions, parmilesquellesûgure surtoutla machine à Tapeor. 
En 1707, Papin avait exécuté une machine à rapenr 
conçue sur un principe un peu différent de celle dont 
nous avons parlé plus haut, et il l'avait iostallée sur on 
bateau muni de roues. Il s'était embarqué à Gitssel sur 
la rivière Fulda, et était arrivé à Moadeu, ville deflft- 




us MAcmias x vapedi. 117 

Bovre, pour passer de là, a^ec son bateau, dajtts les eaux 
do fleure Wcser, el se rendre emSnt en Angleterre,, où il 
aorait fak connalti*e et expérimeBÉé sa machine à vapeur, 
liais les bateliers du Weser lui refusèrent l'entrée de ce 
fleuve, et, pour répondre à ses plaintes, ils eurent la 
barbarie de mettre en pièces son bateau. A partin de ce 
moment, le malheureux Papin, sans ressources et sans 
.asile, traîna une vie de privations et d'amertume; il 
languit dans la misère et l'abandon. Retiré à Londres, 
il y vécut à l'aide de faibles secours péniblement arra- 
chés à la Société rudoie de Londres^ dont il était membre, 
et qui l'employait à des travaux de faible importance. 
On ignore même l'année précise et le lieu de la mort 
de cet homme illustre autAnt que malheureux , et dont 
la France glorifiera étemellemenili mémoire. 

IVewcomeii etCawlejr. HachiiM <• Hiewconieii. — La 

machine à vapeur atmosphérique fie Papin avait fait 
connattre en 1690, fut réalisée et livrife à l'industrie par 
deux «rftans intelligents de la ville de Darmouth, en 
AngldBTe, parNevrcom'en et Cawley. En 1698, Thomas 
Savery, ancien ouvrier des mlBa^ devenu , grâce au 
travail et à l'étude , un habike imMcar, avait réussi à 
exécuter une machine de son invention qui avait pour 
principe la pression de la vapeur d'eau, et il avait appli- 
qué cette machine à l'élévation èes èMX dans les mines 
de houille. Mais la machine à vaficvr construite par 
Newcomen et Gawley, d'après les principes de Papin, 
avak une telle supériorité sur celle de Savery, qu'elle fit 
promptement abandonner l'usage de cette dernière. 
Vers le milieu du xvm* siècle, la machine de Newco- 
men était déjà très*répandue en Angleterre.. Une très* 
puissante machine de ce genre servait à la distribution 
des eaux dans la ville de Londres, et beaucoup dTaAitres 
machines semblables fonctionnaient dans les mines de 
bouille de l'Angleterre, pour l'épuifiement des eaux. 

La figure mivante représente les élénaents essentiels 
de la iMebne de Newannejiu P est le csUodr^ duos J 



118 



us NÂCHinS & TAPIUB. 



lequel le piston H s'élëTe par la pression de la vapa 
envoyée par la chaudière Â. Quand le piston est pana 
au sommet de sa 'course, on fait couler au moyen t 
tube D, un courant d'eau ^oide qui vient condenni I 
Tai>eur à l'iutÉrieur du cylindre, et produire ainâicti 




par suite de la condensation de la vapeur. D6s lors, 
Tide existant à l'intérieur du cylindre, le piston H, si 
le poids de l'air atmosphérique extérieur, descend di 
l'intérieur du cylindre. Au moyen de la chaîne S attad 
à la partie supérieure de ce piston et du contre-poids 
on peut produire un effort mécanique, élever des 1 
deaux, mettre en action des pompes pour l'épuiseni 



LES MACHINES A YAPEUB. 119 

des eaux, etc. On voit que la machine de Newcomen 
n*est autre chose que l'application pratique de l'appa- 
reil conçu en 1690 par notre compatriote Denis Papin. 

PerfeetioBBemeBt de la macliliie de NewcomeB. 
Trairanx de James ITITatt. — Le célèbre James Watt, 

qui s'est tant illustré par ses découvertes multipliées sur . 
le mode d'emploi de la vapeur, n'était qu'un pauvre 
ouvrier mécanicien de la ville de Greenock, en Ecosse. 
Par son application au travail, par sa persévérance et 
son génie, il devint un des hommes les plus importants 
de la Grande-Bretagne; .par ses découvertes sur la con- 
struction des machines à vapeur, il enrichit son pays et 
le monde entier. 

La première découverte de James Watt eut pour 
objet le perfectionnement de la machine de Newcomen, 
iDaiîs cette machine, alors très-répandue en Angleterre, 
il ,y avait un vice essentiel : c'était le mode de condensa- 
tion de la vapeur que l'on provoquait, comme nous 
l'avons déjà dit, par un courant d'eau froide injectée 
dans l'intérieur même du cylindre. Cette eau refroi- 
dissait le cylindre, et la vapeur, en arrivant dans cet 
espace refroidi, s'y condensait en partie, ce qui ame- 
nait une perte considérable de chaleur et augmentait 
l)eaucoup la dépense du combustible. Par une inven- 
tion capitale , James Watt réalisa dans cette machine 
une économie des trois quarts du combustible em- 
ployé. Au lieu de condenser la vapeur dans l'intérieur 
même du cylindre , il fit communiquer le cyUndre au 
moyen d'un tuyau , avec une caisse séparée parcourue 
par un courant d'eau continuel : la vapeur allait se liqué- 
fier dans cet espace qui reçut le nom de condenseur isolé. 

BéeonTerte de la maehiae à vapeur à double etteU — 

Dans la machine de Newcomen, perfectionnée par 
James Watt, la vapeur n'agissait que sur la face infé- 
rieure du piston, pour produire son oscillation ascen- 
dante. Par une autre invention capitale. Watt créa la 
machine à vapeur à double effet. Au lieu de faire agir la 



120 LIS MACHINBS À VikfBim. 

vapeur sur la face inférieure du piston seulement, i) h 
fit agir sur ses deux faces, de manière à produire par le 
seul effet de la force élastique de la vapeur, les moufe- 
menks d'élévation et d'abaissement du piston. Il bomit 
ainsi toute intervention de la pression de l'air de cette 
machine, qui reçut dès lors exdu^vemenl de la Ibiee 
élastique de la vapeur son principe d'action. 

Aaive ^vféeilMiBieiBeiit de la iMielilse ik -^mpiit'iar 

Wau. — Après avoir construit la machine à dovtble eM, 
Watt apporta encore des améliorations d'une iMle 
importance aux différents oiiganes de la machine & t»- 
peur. Sans entrer dans des détails qui noi» entnÉDe- 
raicnt trop loin, nous nous bornerons à dire que James 
Watt découvrit successivement : 1* le parallélogramme 
articulé qui sert à transmettre au balancier de la maébîBe 
les deux impulsions successives résultant de TélévatioB 
et de l'abaissement du piston; 2» la manivelle qui serti 
transformer en un mouvement de rotation le moQfe- 
ment de va et vient du piston ; 3* le régulateur à AmA» 
qui sert à régulariser i'entrée de la vapeur dazB W»- 
térieur du cylindre, en n'y admettant que laqoantiti 
de vapeur exactement nécessaire au jeu de la maclôBe. 
C'est par cet ensemble de perfectionnemente et èc 
découvertes dans les organes essentiels et secondûres de 
la machine à vapeur, que Watt parvînt à créer presque 
de toutes pièces la machine à vapeur moderne. Ayant 
reçu de cette manière les formes, les dispositions les 
plus avantageuses, tant pour Téconomie que poor 
la commodité pratique, cette importante machine 86 
répandit promplement en Europe, et dans les premières 
années de notre siècle, elle était devenue (f un nss^ 
général en Europe et en Amérique. 

Bé€MiTevte des maclilBMi & liaste i^ressieii. •«-« Ibe 

découverte d'iuie haute importance dans le mode d^esh 
ploi de la vapeur, a été faite au début de notre sièete : 
c'est l'emploi dsms les machines à vapeur, de la vapesT 
à haiiie;;pves8Mn* 



LES HACHINK A VIPKDK. ISI 

Que ftiut-il entendre {mr ce mot de vapeur à hamte 

Quand l'eau est en ébnllitiony si Ton envoie sa vapeur 
dans le cylindre, eHe y produit une puissante action 
mécanique. Mais cette action mécanique sera considé- 
rablement augmentée si, avant d'envoyer dans le cylin- 
di^ cette vapeur, on la chaoffe très^fortement en la 
maintenant dans la chaudière, sans ouvrir le robinet qui 
doit la faire passer dans le cylindre. Ainsi chaufTée, elle 
acquiert une puissance considérable ; et la tension de la 
vapeur (c'est là l'expression consacrée) est d'autant plus 
forte que la vapeur est chauffîe plus longtemps avant 
d'être dirigée dans le cylindre* 

C'est un mécanicien allemand, Leupold, qui avait le 
premier, vers 1725, émis l'idée de faire usage de la 
vapeur à haute tension dans les machines à vapeur.' Mais 
ce mode d'emploi de la vapeur ne fût pas adopté 
par James Watt. La construction des premières ma- 
chines à haute pression, appartient à un Américain, 
Oliver Evans, d'abord simple ouvrier à Philadelphie, 
plas tard constructeur d'appareils mécaniques dans 
la même ville. 

En 1895, les mécaniciens Trévithick et Vivian com- 
mencèrent à répandre, en Angleterre, l'usage des ma- 
chines à vapeur à haute pression d'Oliver Evans, qui 
jouirent bientôt d'une grande faveur. 

Perfec<ioBAeBieMt ée la maehlne & yrspemr depuis 

Watt. — Une fouie d'autres perfectionnements ont été 
appâtés de nos jours à la machine à vapeur. Gomme 
syst^es nouveaux destinés à remplacer la machine de 
Watt, nous citerons : l"" les machines à deux x^lindres^ ou 
machinée de Wolf, qui sont très-répandues dans les usi- 
nes françaises; 2** les wMLchines à cylindre fixe horizontal^ 
qui sont aujourd'hui très en faveur dans nos ateliers 
mécaniques; df" les machines à cylindre oscillant ^ qui 
offraient peu d'avantages et sont aujourd'hui aban- 
dimnées ; 4* les machines roiaUpeê » dont le système a 



Ii2 us MlCHmiS À TAFIOl. 

beaucoup d'avenir ; 5** les machines à vapeur d'éther^ 
lesquelles un liquide auxiliaire» Téther, vient aj 
la force élastique de sa vapeur à celle de la y; 
d'eau; 6* enfin les machines à air chaude dans lesqi 
on se propose de remplacer la vapeur d*eaa pai 
même masse d'air alternativement échauffée et reb 

DeseriptioA des BiaclilBeB & vapem ftxet. 

peut réduire à deux les systèmes des machines à^ 
qui sont en usage dans nos ateliers et nos xmom 

1* Les machines sans condenseur^ dans leifli 
vapeur s'échappe dans l'air après avoir exercé || 
sur les deux foces du piston ; j 

2"* Les machines à condenseur y dans lesquelleis 
d'eau, au lieu de se perdre au dehors, se liql 
un vase nommé condenseur, fi 

r 

Rien n'est plus facile à comprendre que le méb 
des machine sans condenseur y souvent désignée 
le nom de machines à haute pression^ parce queb 
sion s'y trouve employée à une tension de dettx 
sphères au moins et qui peut aller jusqu'à 10 à 11 
sphères. 

La figure 44 représente le mécanisme essâri 
la machine à vapeur sans condenseur. 

La vapeur arrive sous le piston et le ^ 
bas en haut. Quand le piston est parvenu au se 
de sa course , une soupape s'ouvre et fait arfi 
vapeur de la chaudière au-dessus ou sur la i 
piston. En même temps, une autre soupape 
à s'ouvrir, la vapeur du cylindre se précipite i 
hors. N'ayant à surmonter que la résistance i 
à sa partie inférieure, c'est-à-dire la résistance 
atmosphère, étant soumis à sa partie supérieure 
sa tête à la pression de la vapeur qui est de pi 
atmosphères, le piston s'abaisse nécessairemec 
l'intérieur du corps de pompe. A peine y est- 
venu que l'on fait échapper au dehors , la vape 



LBS B1ACH1ME3 X VAFECin. 123 

teait la partie supérieure du cylindre. Au même 
, une nouvelle vapeur arrive au-dessous du pis- 
ton et la repousse en haut 
par le lait de la pression de 
cette vapeur qui, portée à la 
tension de plusieurs atmo- 
sphères, n'a k surmonler que 
la pression d'une atmosphère 
de l'air extérieur. C'est en 
répétant la série de ces mou- 
vements , c'est-à-dire en fai- 
sant arriver altcrnalivement 
de la vapeur au-dessus et 
au-dessous du piston, et en 
lâchant ensuite celte vapeur 
dans l'air dès qu'elle a pro- 
duit son effort sur l'une des 
faces dn piston, que l'on pro- 
i maniÈre continuelle les mouvements d'élé- 
it d'abaissement de ce piston. Il est facile de com- 
i&qu'&raide de dispositions mécaniques parliculiè- 
n peut transmettre ce mouvement recUligne de la 
a pistou à l'arbre moteur d'an atelier mécanique. 
hlnes sans condenseur ont la disposition ro- 
B par la figure 45 : A est le cylindre à vapeur 



I placé horizontalement, T le tube qui rejette hors 
'jie la vapeur sortaut du cylindre. 
' transmettre h l'arbre moteur de l'usine le 



114 LIE MACHINEE 1 TArEUl 

mouvement de la tige du i>i&ton A, on ailai)leil 
met de celle Li$;e une articulation trés-mobile,fy' 
la lige 0, mobile aulour du poini ou do l'arlicul) 
et lui permet d'eiéculer ainsi un mouveineotiie tl 
4n bas. Ce mouvemeni se transmet ensaite à lalipfl 
et fait loumer l'arbre isoleur dont la section sci«i9 
point D. 

ÏM vtaeliine à condenseur diffère de la préttdciiï»] 




ce qu'on ne prr jette pas dms 1 m la sapeur sortai 
cylindre, mais qu on K dn ige dans une tiisse 
/«mplie d't:au Loide, à ImlLiicui de laquelle et 
Condense - 
Là figure 4i6 rc^éeeate Ja atachiue i coQ<iea«eur; 



LIS MACHINES A TAPEDll. tS5 

Filtrée de la Tapeur qui passe sucees6iT«mei>f, par le 

jeu da tiroir y au-dessus et au-dessous du piston, c, est 

le crlindre à vapeur, d la tige de ce cylindre qui Tient 

mettre en mouvement le tedancieree; g est la mani- 

Tdle du volant t; qui transmet à ce volant le mouvement 

du balancier, et change en un mouvement circulaire 

eontinu le mouvement alternatif de ce balancier. L*ap* 

pareil de condensation de la vapeur est placé dans Tin- 

térieur de la caisse qui supporte la machine, m esi le 

régulateur à boules ou à force centrifuge qui règle les 

quantités de vapeur admises dans le cylindre; i la tige 

de la pompe alimentaire qui introduit dans la chaudière 

de Teau pour remplacer celle qui disparaît à Tétai de 

vapeur ; ft» t ecml les ûges de pompes qui alimentent 

d'eau froide le eondensenr et extraient feaa édiaiifféc 

par la condensation de cette vapeur. 

Nous devons nous borner à énoncer cette disposition 
génénde, car k descriplioD spédale des différents orga- 
nes qui servent à eSectuer la eondensatiott de la vapeur, 
dans les nukcbines i basse pressioo, exigerait des 
détaib et des ccmsidérations que nous ne saurions 
aborder ici. 

Nofiis mettrons seulement sous les yeux du lecteur la 
figure de là chaudière qui, dans les machines fixes, sert 
Il produire la vapeur. 

G (fig. 47) est le corps de la chaudière ; H , l'un des 
deux bouilleurs, c'est-à-dire l'une des deux chaudières plus 
petites qui sont placées au-dessous du corps de la chau- 
dtèce principale. Les bouilleurs communiquent avec la 
chaadière principale par de gros tubes et ont pour 
jbBCtion d'augmenter la surface offerte à l'action de 
la chaleur. F, le flotteur qui fait connaître au chauffeur 
la hauteur que Feau occupe à l'intérieur de la chau- 
dière ; B est le niveau d'eau, c'est un tube de verre 
communiquant avec l'intérieur de la chaudière, et qui, 
se remplissant d'eau à la même hauteur que celle de la 
chaudière, laisse voir la hauteur de l'eau dans son in- 



ne 



LIS UACHI.NE3 A VIPEDI. 



lirieor. Ccsl le tube de sortie delà vapeur se le 
cjlindre de la machine. A, le tube donnant entrteklmu 
liquide envoyée par la pompe d'alimcntulionçooria 
placer celle qui disparaît sans cesse à l'ùlat de n 
T est le Irou tThotiime par lequel l'ouvrier s'intnMfOl 
visiter ou réparer l'intérieur delà chaudière. Ot lui 
sufCsammenl sur cette figure la marche de l'ùi â 




qui provient du foyer, et qui s'échappe dans le IbJM 
cheminée après avoir circulé autour des parois S 
rieures de la chaudière. S est la soupape de flM 
plaque mobile, organe qui, en raison de son imf 
tance, doit nous arrêter quelque temps. '• 

Cet organe essentiel qui est d'ailleurs en usage A 
toutes les machines à vapeur en général, consiste eu' 
bouchon métallique qui ferme la chaudière et qm 
trouve maintenu par un poids opissnnl àrcxtrémiléd' 



LES MACHINES 1 Y1PEI7B. 127 

levier horizontal RS. Le poids qui porte le bouchon 
métallique a été calculé de manière à être soulevé par 
l'effort de la vapeur, quand elle a acquis une puissance 
assez considérable pour inspirer des craintes sur la soli- 
dité de la chaudière. Si la température du foyer vient à 
s'élever trop, et que la vapeur vienne à acquérir ainsi 
une tension dangereuse, parla pression de celte vapeur, 
le bouchon métallique R est soulevé, parce que le poids 
situé à l'extrémité du levier horizontal RS ne peut sou- 
tenir cette pression ; dès lors, la chaudière étant ouverte 
en ce point, la vapeur se dégage librement dans l'air et 
aucune explosion n'est à craindre. Quand la vapeur a 
été ramenée par cet écoulement partiel à sa tension 
normale, la soupape retombe sous la pression du 
poids S, et la chaudière se trouve refermée. 

Cet organe si important pour la sécurité des machines 
à vapeur, c'est-à-dire la soupape à poids, fut imaginé 
par Denis Papin, en 1681, et appUqué par lui, en 1707, 
à une machine à vapeur comme moyen de prévenir 
l'explosion de la chaudière. 



MACHINES DE NAVIGATION. 

• 

Historique. — La machine à vapeur fixe une fois créée, 
l'industrie humaine à disposé d'un nouveau moyen de 
force, et elle n'a pas tardé à en tirer toutes les applications 
que peut recevoir un moteur mécanique. La machine 
à vapeur a été appliquée à la navigation, à la locomotion 
sur les routes ferrées , enfin aux travaux de l'agricul- 
ture. L'emploi de la machine à vapeur à la propulsion 
des bateaux est, dans l'ordre historique, la première 
de ces applications : c'est donc ce sujet qui nous occupera 
d'abord. 

L'emploi de la voile et des rames comme moyen de 
navigation, présente, dans une foule de circonstances, 
de graves inconvénients. La voile et les rames assujet- 



tissent les navires à une marche lente et somvnl pè« 
nible» retardée par les Yents oontraîres» arrêtée ptr te 
calme. Aussi a-t-on de tout temps désiré pouvoir db- 
poser à bord des naTires^ d'une force motrice propre, 
indépendante des éléments extérieurs ou du travait ha-^ 
main. Vers k milieu du siècle dernier, la découTerte 
de la machine à vapeur vint apporter à la navigation le 
moteur depuis si longtemps désiré. La madûne à ta* 
peur fixe était à peine créée; elle commençait à peinei 
fonctionner dans les usines, que, de tous les cdtès, oa 
cherchait à appliquer celte nouvelle force motrice à la 
navigation, afin de substituer à remploi de la rame oa 
des voiles le moteur puissant qui rendait déjà tant de 
services pour les travaux des ateliers. Cependant l'ap- 
propriation de la machine à vapeur à la propulsion des 
navires présentait dans la pratique beaucoup de diffi- 
cultés, de sorte qu'un temps considérable s'écoula avant 
que l'industrie des hommes parvînt à appliquer avec 
sécurité et économie la puissance de la vapeur au ser- 
vice de la navigation sur les fleuves et les mers. 

Denis Papin. — Papin fut le premier qui osa en- 
treprendre d'appliquer la force mécanique de la vapeur 
à la navigation. En 1707, nous l'avons déjà vu, il instal- 
lait sur un bateau qui navigua sur la Fulda, la première 
machine de navigation à vapeur, fruit du génie de 
l'homme. 

£n 1724, un mécanicien anglais, J. Dickens, en 
1737, Jonatham Hulis, proposaient d'appliquer à la na- 
vigation la machine à vapeur telle qu'elle. existait à 
cette époque. 

Le même projet était mis en avant en France en 1753, 
par Fabbé Gauthier, savant chanoine de Nancy. Peu de 
temps après, en 1760, un ecclésiastique du canton de 
Berne, nommé Genevois, insista sur les avantages que 
présenterait la machine de Newcomen, comme moyen 
de propulsion des bateaux. Cependant, la machine à 
vapeur telle qu'elle existait à la un du xvui* siècle» c'est- 



LK HACBINES ▲ ¥lPKnU 190 

àHlire la machine de Newcomen» étatt trop imparfitite 
pour poiiYoir servir à cet usage. 

IjO ■Hurqiiis de J%mÊbtoj% première tenCutive peur 
Ilipplleatlon de la vapear â la aaTigatloa. — En per- 

feetiannant la Boachiite à vapeur de Newcomen par l"m- 
Tention du condenseur isolé , James Watt avait donné 
bcamoop de chances de réussite à remploi de la ma- 
chine à vapeur dans la navigation. Le premier essai 
prttfeipze de k navigation au moyen de la vapeur, est 
dèî à uu. Français^ au marquis de Jouffroy, qui installa 
sur nu bateau une machine à vapeur à simple effet, 
ielfe que Watt l'avait perfectionnée. Après plusieurs- ten- 
tatives faites à Paris, en 1775, et continuées par lui, en 
1776, sur la rivière du Doubs , à Baume-les^Dames, le 
marquis de Jouffroy fit construire à Lyon, en 1780, un 
bateau à vapeur de 46 mètres de long. Le 15 juillet 1783^ 
ce bateau fit une expérience décisive sur les eaux de 
la Saône; il navigua avec succès sans les yeux de 
10000 spectateurs. Tooiefois cette importante tentative 
n'eut pas de suites sérieuses. Née en France, l'applica- 
tion de la vapeur à la navigation den^uca fort long- 
temps négligée dans notre pays^ 

En Amérique, deu^ constructeurs, Jbhn Fitch et 
James Rumsey, firent de nombreuses recherches pour 
employer la vapeur comme moyen de propulsion sur 
les fleuves. Mais leurs efforts n'aboutirent à aucun ré- 
sultat positif. Leurs travaux embrassèrent la période 
de 1781 à 1792. 

Bn Ecosse, Patrick Miller, James Taylor et Willram 
Symington s'efforcèrent, en 1787, d'atteindre le même 
buà, mais ils échouèrent aussi dans leurs tentatives. 

WiamoÊt Buitwm. — G'est à Robert Fulton, ii^énieur 
américain^ né dans le comté de Lancastre, dans rét»at 
de Pensylvanie, qu'appartiennent le mérite et la gloire 
d'avoir créé, dans ses conditions pratiques, la naviga-- 
tiott par la vapeur. 

Fils de pauvres émigrés irlandais, d'abord apprenti 



% % 



130 LIS llACBINSS A. TAPUm. 

chez un joaillier de Philadelphie, le jeune Fniton, doué 
de quelques talents pour la peinture et le dessin, avait 
tiré de son pinceau ses premiers moyens d'existence. 
A Tâge de 20 ans, il était peintre en miniature à Phila- 
delphie. En 1786, il partit pour TEurope, et se rendit 
en Angleterre, où son goût pour la mécanique se dé- 
veloppant de plus en plus, il abandonna sa profession 
de peintre pour devenir ingénieur. Pendant le séjour des 
quinze années qu'il fit en Europe, tant en Angleterre 
qu'en France, Fulton se distingua par un grand 
nombre d'inventions mécaniques d'un ordre varié. 
Mais le problème de la navigation par la vapeur, qu'il 
commença à aborder en 1786, fut le but principal de 
ses travaux. 

Par ses persévérantes recherches , par l'étude appro- 
fondie à laquelle il se livra des causes qui avaient em- 
pêché le succès des tentatives de ses nombreux devan- 
ciers, Fulton parvint à réussir là où tant d'autres avaient 
échoué. Au mois d'août 1803, un bateau à vapeur, con- 
struit par l'ingénieur américain, navigua sur la Seine, 
en plein Paris. Cependant, Fulton n'ayant pas trouvé 
en Europe les encouragements qu'aurait dû renconlrer 
son admirable invention, retourna en Amérique, après 
avoir pris toutes les dispositions nécessaires pour enri- 
chir son pays de sa grande découverte. 

La navigation à vapeur aux États-Unis. — Le 

10 août 1807, le Clermont^ grand bateau à vapeur, 
construit par Fulton, fut lancé sur la rivière de l'Est à 
New-York. Ce bateau, qui présentait la plupart des dis- 
positions mécaniques qui sont encore employées de nos 
jours, décida l'adoption de la navigation par la vapeor 
aux Etats-Unis. Dans les divers États de l'Union améri- 
caine, la marine à vapeur prit bientôt un grand déve- 
loppement, sous l'inspiration et grâce aux efforts con- 
tinuels de Fulton, qui mourut à New-York, en 1815, 
après avoir doté son pays de la cause la plus puissante 
du sa prospérité. 



LU MACHINES 1 TlPilTE. I3l 

lABATlgatloA ft vapeur em Europe. — L'Europe ne 

tarda pas à profiter de la découverte de Fultou. En 1812, 
un constructeur» nommé Henry Bell, établissait sur la 
Glyde, en Ecosse, le premier bateau à vapeur, qui ait 
fait un service régulier en Europe : c'était la Comète^ 
construite à Timitation du bateau de Fulton. 

De la Grande-Bretagne, la navigation par la vapeur 
ne tarda pas à se répandre dans le reste de TEurope. 
Vingt ans après ses modestes débuts en Ecosse, la marine 
à vapeur avait pris chez toutes les nations un développe- 
ment immense. Les fleuves et les rivières du continent 
se couvraient de bateaux à vapeur, et bientôt toutes les 
mers du globe en étaient sillonnées. Aujourd'hui, la 
marine à vapeur tend à faire disparaître la marine à 
voiles, par suite des avantages pratiques, de l'économie 
et de la rapidité qui sont propres à ce genre de moteur. 

Deserlptlon des maehlnes à vapeur qui servent à la 

naTigation. — Les machines à vapeur consacrées au 
service de la navigation varient dans leur système se- 
lon la nature du moyen de propulsion adopté. Il est 
donc nécessaire, avant de parler des systèmes de ma- 
chines à vapeur employées dans la navigation, de dire 
quelques mots des agents propulseurs. 

Moyens propulseurs t les roues ft aubes, l*héllee. -— 

Deux principaux moyens mécaniques sont employés 
pour la propulsion dès bateaux à vapeur : les roues à 
aubes ou à palettes^ et Y hé lice. 

L'emploi, dans la navigation, des ronesh aubes oujpa- 
Mtes remonte à une époque très-ancienne. On trouve 
dans quelques écrivains latins la description de roues à 
aubes, mues par des bœufs, et qui s'appliquaient à des 
radeaux ou à des navires. Papin, sur son bateau de 
1707, faisait usage de deux roues à aubes comme 
moyen propulseur. Le bateau à vapeur de Lyon, du 
marquis de Jouflroy, avançait au moyen de ces roues. 
Fulton adopta sur ses liateaux l'usage des roues motri- 
ces, et depuis on les a très-longtemps conservées d'une 



A' 



maaièce <aclusi¥e sur les batdii» «i iMBMmiii* 
peur 



est d'ane mveitfîM beftiiooii|i plw itali, 
Sa 1752, le matliémaUcien Daniel Sernovitti pnpMli 
premier, pour les nairires de mer, i» motew delm 
héliçoide. Ea l768,Pau€U>a. iogéîdear finmcM» pn|ft» 

sait de rempkcer par des héllcmle» raine» en irâtti 

Sa 1803 i ua mécaniciea nalif d'Andena , 4|9Mri| 
Dallerf , avait adapté deux liéUcea 4 ua petit haîawipl 
aurait commeucë à coostruire sur la Scâne • il Buk 
pour essayer de résoudre le proUème da la jmUffÊB 
par la vapeur. Mais les fond» lui manquàreit 
pousser plus loin cette tentative. 

▲près Daller y, beaucoup de mécanicîeaM, 
France qu'en Âjigleterre, se sont oocnpés die i 
l'hélice aux roues à aid>es dans, la ni^vigatîw W^h 
vapeur.* C'est un Français» le capiteinft riu,fl:<iiiaM<i 
qui a démontré avec le pÂus d'évidence, parodia W> 
sidérations théoriques, la supériorité de rJhéUcD Mrèl 
roues à palettes. 

En Angleterre, les constructeurs Smith jrrllBfimky 
fait les premières expériences heureuses, «^vee lailft' 
lice substituée aux roues à aubes. 

La disposition actuelle de l'hélice, c'es(-4Hlireiliiv 
simple à une seule révolution, a été essayée e4 lM|lrii 
par un constructeur de Boulogne, Frédéric Sump^ 
Malheureusement, notre compatriote ne put pirçÉ 
à exécuter ses essais sur une échcUe suttîsanliit 

Frédéric Sauvage est mort en I8ô7, à Paria, daasw 
maison d'aliénés» Détenu dans la prison pouri^dettei è 
Boulogne, il assistait de sa {enétre aux expérÂettcesfH 
disait dans ce port le commandant du Ruiiiâr^ nttÉl 
anglais, construit k Londres, i>Qur essayer le sysâàiV 
de l'hélice simple que Sauvage avait lui-même ini«igjMl' 
Ca spectacle, si déchirant pour un inventeur, éhrsAli# 
raison. ^ *< 

La premier bateau^ vapeur français à hélice a été co»" 



slmit au Baire, en 1M3, par M. Normand. Depuis oelte 
époque, l'emploî de Fhéliee n*a cessé de prendre fayeur 
dans notre marine. Aujourd'hui, chez toutes les na- 
tions maritimes du monde, l'hélice a presque entiè- 
femenl détrôné les roues motrices. Toutefois, dans les 
paquebots à vapeur qui font le service sur les: riTières 
eiks fleuves, on substituerait difficilement l'hélice aux 
roues à aubes, de telle sorte que l'on peut dire, pour 
résumer ce qui précède, que l'hélice est aujour- 
d'hui le moyen propulseur généralement employé pour 
la navigation maritime, et que les roues à palettes sont 
le moyen propulseur qui reste afl'ecté à la navigation à 
vapeur sur les fleuves et les rivières. 

Systèmes de machines à Tapear employées but les 

iwitoanm à roHMi. — Le type de machines à vapeur le 
plus souvent employé aujourd'hui pour mettre en ac- 
tion les bateaux à roues, c'est ta machine à conden- 
seur, telle à peu près que Watt l'a établie. Nous avons 
décrit, en parlant des machines fixes, la machine à 
condenseur ou machine de Watt. Nous n'entrerons en 
eonséquence dans aucun détail à cet égard, car la ma- 
c^ne à condfôiseur qui met en action les bâtiments à 
roues ressemble, dans toutes ses parties essentielles, à la 
Bdaehine à condenseur qui fonctionne dans nos ateliers 
fklttos usines. Elle n'en diffère que par quelques dispo* 
citions secondaires que Ton est forcé d'adopter pour 
ménager l'espace dans l'installation de ce mécanisme à 
bord d'un bateau. 

Sur les bateaux à roues en fait aussi assez souvent 
usage, au lieu de la machine àd Watt à cylindre verti- 
eal, delà machine à cylindre horizonialy dont le méca- 
nisme est plus simple pour œ qui concerne le renvoi 
du nroitvement. 

fiyaièiKes île lai^btnes à Tapear «mployée» swr les 

fcsf wjs; à hélice. -^ Quand l'agent pi*oputseur d'un 
navire à vapeur est l'hélice, la machine de Watt n'est 
pas employée parce qu'elle ne saurait fournir commo- 



•A 

dément l'énorme vitesse qu'il Gstnt imprinier à IDÊkt 
tournant au sein de l'eau. On bit alon mage de qi» 
tèmes particuliers de machines dans l e scpidles la km 
de la vapeur agit directement sur Tarlâre loumat de 
l'hélice. Sans entrer dans des détails qui nùosoiiat- 
neraient trop loin, nous nous bornerons à dire qieYon 
fait usage dans ce but : 1' de machines à ejBnte 
horizontal ; 2* de machines à deux cylindres hiHikt 
agissant sur le même arbre et conformes an tjpeéi 
locomotives. 



LOGOXOTIVIS. 

■totori^me. —C'est la découverte des machia»à 
peur à haute pression qui a rendu possible la 
tion des locomotives et leur emploi pour traîner kl 
vois les plus lourds sur des routes pourvues ds nii 
ferrés. Dès que la machine à vapeur fut en usage dMito 
ateliers et 1^ usines, on chercha à consacrer ceUelM 
mécanique à la traction des véhicules. On flt, k^tit 
époque, des essais pour construire des voitures à Hfcv 
roulant sur les routes ordinaires. 

En 1769, un officier suisse, nommé PianliiMA 
proposé d'appliquer la machine à vapeur à la Mte 
(les véhicules sur les routes ordinaires. Un ingtoiav 
français, né à Yoid en Lorraine, nommé JosnhAn 
gnot, poussa plus loin ce projet, car il constroist O 
chariot à vapeur qui fut expérimenté, en 1770, enpri- 
sence de M. de Ghoiseul, ministre de Louis XY, et à 
général Gribeauval, l'un des créateurs de l'artOM 
moderne. Mais la machine à vapeur, telle qu'elle eii^ 
taità cette époque, ne pouvait en aucune manière 8*9* 
pliquer à cet usage, car le poids de Feau que l'on pi' 
vait admettre sur le chariot étant très-peu considéitM 
il aurait fallu s'arrêter tous les quarts d'heure p^^p 
renouveler la provision d'eau de la chaudière; enfisto 



LIS MAGHINXS A YAPIOR. 1S6 

inégalités de la rouie aoraient opposé trop de résistance 
à la force motrice. 

Ces premiers essais ne pouvaient aboutir à un résultat 
utile que par le perfectionnement des machines à vapeur 
et la découverte des machines à vapeur à haute pres- 
sion. 

Oliver Evans. — En Amérique , Oliver Evans , l'in- 
venteur de la machine à vapeur à haute pression, s'oc- 
cupa, vers 1790, de construire des voilures à vapeur 
marchant sur les routes ordinaires, h l'aide d'une ma- 
chine à haute pression, mais il n'obtint aucun résul- 
tat pratique avantageux. 

TrévUhick et vivUiii. — C'est en Angleterre que l'on 
réussit pour la première fois à retirer quelques avan- 
tages de l'emploi de la vapeur dans la locomotion. 
Trévithick et Yivian, constructeurs dans le comté de 
Gomouailles, eurent le mérite de cetle première ten- 
tative. Ils obtinrent le succès qui avait manqué en 1790 
à Oliver Evans, parce que, après avoir échoué, 
comme leur prédécesseur, dans le projet de lancer les 
voitures à vapeur sur les routes ordinaires, ils eurent 
l'heureuse idée d'appliquer la même machine locomotive 
sur les diiemins à rails de fer qui étaient en usage dès 
cette époque dans plusieurs manufactures et mines de 
l'Angleterre. 

Origine des ciiemins de fer aelaels. — Sur les rOUtes 

ordinaires, beaucoup d'obstacles nuisent à la rapidité 
de la marche des voitures. LeS roues rencontrent 
une grande résistance par le frottement considérable 
qu'elles exercent contre le sol élastique qu'elles pres- 
sent. Le sol, sablonneux ou caillouteux, présente des 
inégalités de niveau qui font perdre une partie de la 
force motrice à surmonter ces petites pentes acciden- 
telles; enfin, les ornières du chemin opposent des dif- 
ficultés à la régularité de la marche. 

Pour diniinuer le plus possible la résistance que pré- 
sente le sol inégal des routes, les Romains avaient 



136 UB UCBINK L TAFHB. 

imaginé de paTer ea pierre trëfr^dne et peu élastiqM 
les parties des voies publiques les plus fréquentées. 
Mais ce pavage était dispendieux et ne fui employé chez 
les anciens que dans de rares circonstances. 

CheailMS à rails de bols da*s les nsiBes et les ms- 
Aufflsetnres de l'Angleterre. — Vers le XYII* Siècle, OB 

commença à foire usage, en Angleterre^ d*oriiÉ^!t& de 
bois disposées le long des routes, afin de diminuer le 
fh>tlement des roues contre le soL On posait sur le soi 
des madriers en ligne non interrompue formant une 
sorte d*ornière dans l'intérieur de laquelle drcutaienC 
des chariots, dont les roues étaient garnies d'iui rebord 
qui les maintenait constamment dans Tornièire de bois. 

Gomme la résistance du bois n'est pas. considénU^ 
ces ornières artificielles s'usaient assez promplemeut 
On prit donc le {mrli de les remplacer par des ornières 
de fonte. Plus tard, enfin, le fer fut substitué à lafoole; 
c'est vers l'année 1789 qu'eut lieu celte substitiitiao. 

Les chemins à amières de fer ainsi établis fitreat en 
usage à partir de cette époque dans beaucoup demmes 
et de manufactures de l'Angleterre. La tracÉm des 
chars ou wagons se faisait par des chevaux. 

C'est en 1804 que les constructeurs TrévtthidL et 
Vivian eui^eiit l'idée de remplacer les chevaux dans les 
chemins de fer des mines, parleur locomotive à vapeur. 
Quelques mines de houille adoptèrent ces premières 
locomotives sur leurs rail-ways, 

Béf ouverte de l'alkéresee des reises sm les vsili 

de fer. — Une découverte capitale fut faite en 1813 par 
un ingénieur anglais , M. Biacket , qui constata que , 
quand le poids d'une locomotive est considérable» ses 
roues ne glissent point sur la surface unie du rail. 
Cet ingénieur reconnut, par l'expérience, que, grâce 
aux aspérités qui existent toujours sur la surEsyce 
des rails, quelque polie qu'elle soit, les roues peuvenl 
7 prendre un point d'appui qui leur permet d^a- 
tancer. On avait pensé jusque-^là qye les surfiices de 



LIS MACHINES ▲ ▼ARVi. 1S7 

la roue et da rail étant extrèmeineiit polies toutes les 
deux , la roue devait tourner sur place ou du moins 
n'avancer sur le rail qu'en perdant par le glisse- 
ment ou le patinement une quantité énorme de force. 
Les expériences de M^ Blacket démontrèrent qu'en don- 
nant à la locomotive un poids de plusieurs tonnes, on 
jM>UYait triompher de ce glissement et ne perdre par 
le paimement de la roue qu'une très-petite quantité de 
force. 

Gette découverte eut pour résultat de donner de la 
faveur à l'emploi des locomotives sur les routes ferrées 
alors en usage dans les mines. En 1812, George Sté- 
pbenson construisit une locomotive qui fonctionna avec 
un certain avantage sur le chemin de fer des usines de 
Klllingwartb. 

IlécoavertQ des eliaadlèrMi tvMilalres. — Mais la 

découverte qui provoqua directement, on peut le dire, 
la création des chemins de fer actuels, est due à un 
ingénieur français, M. S^uinaîné,d'Ânnonay.£n 1829, 
M. Seguin construisit la première chaudière à tubes , 
forme particuUère de chaudière à vapeur, dans laquelle 
la surface de chauffe étant extraordinairement étendue, 
permet de produire dans un temps donné une quantité 
prodigieuse de vapeur. L'emploi des chaudières tubu- 
lures sur les locomotives accrut énormément la puis- 
sance de cet appareil moteur. 

Coaconrs d« locomotives ft LlTorpool. -—En 1830, 

eut lieu à Liverpool, en Angleterre, l'événement qui dé- 
termina la création des chemins de fer européens. Les 
directeurs du chemin de fer de Liverpool à Manchester 
ayant décidé d'adopter pour le senice de ce chemin, 
l'usage des locomotives , ouvrirent un concours public, 
où tous les constructeurs de l'Angleterre furent invi- 
tés à présenter des modèles de locomotives. Le prix 
fut décerné à la locomotive ia Fusée, de George et 
R(^rt Stépbenson. La supériorité que ceUe machine 
montra sur les autres locomotives figarant dans ce 



138 us maiiHis ▲ vAmm. 

concours , tenait à ce que le constmcteor avail adopté 
les chaudières à tubes de H. Seguin. 

Les locomotives destinées au chemin de fer de Man- 
chester à Liverpool, furent construites sur le modèle de 
la Fusée. Les avantages de ce système de locomotion se 
manifestèrent dès lors avec une telle évidence que ce 
chemin de fer, qui n'avait été construit que pom* trans-| 
porter les marchandises, fut bientôt consacré au service 
des voyageurs. 

Le rapide succès économique et financier du che- 
min de fer de Liverpool à Manchester, décida l'adop- 
tion générale du système des voies ferrées dans toute 
l'Europe. L'Angleterre, la Belgique, l'Aliemagne, enfin 
la France et les autres nations, se sont couvertes, 
dans l'espace de dix ans, de 1840 à 1850, d'une im- 
mense étendue de ces voies nouvelles, qui, dans tousles 
pays, ajoutent à la fortune publique, et procurent au 
commerce et à l'industrie des avantages incomparables. 
On a dit que les chemins de fer produiraient dans la 
société actuelle une révolution analogue à celle qu*a 
amenée au xv* siècle la découverte de l'imprimerie, et 
cette assertion n'a rien d'exagéré. 

Deserlptlon de la machine à irapeur dite loeometWe. 

— La locomotive est une machine à vapeur à haute 
pression, qui se traîne elle-même, et qui dispose de son 
excès de puissance pour remorquer outre sa charge 
d'eau et de combustible, un nombre plus ou moins 
considérable de véhicules composant un convoi. 

La figure suivante représente en coupe les éléments 
essentiels d'une machine locomotive. L'appareil moteur 
est représenté par le cylindre A, dont la tige b attachée 
au piston a, et pourvue d'une seconde tige ou bielle ar- 
ticulée ce , vient agir sur l'un des rayons de Tune des 
roues m pour pousser en avant cette roue sur les 
rails. Deux appareils moteurs du même genre sont dis- 
posés sur les deux côtés de la locomotive et viennent 
agir chacun sur chaque roue motrice; cette double 



140 LIS MAOnRIS ▲ TAVunu 



impokion déteroMii» la progression da Tâûcifle m 
les rails. 

Mais comment est disposé le mécanisme de rappinil 
à Tapeur, pour produire, dans Tespace si ressenédek 
locomoUye, rénotiK piiiMinrii nfinnHra 
traîner de loiurds coaroit «lee bb» ^iMhmi ai 
moit jusqu*à dis%«C Kenes par hepnf Cr«it.R.fS 
montre dans la mêmû Sgpan U amgm ^ nqipvrfi* 
Y^porisation de la locmnotiTe» ' 

La machine locomotive as! inia MMiiine àvapeari 
haute pression , c*est4rdire daaa lufarife la nfm 
n'est point condensée. Toid la maiàiR émA on ëifm 
sur cette machiBS Tapparci de -têfmimÊhn et l'ap- 
reil moteur ou les cylindres i mpear: 

Le foyer est placé en M; cet e^pMe est diMa 
deux parties par la grille verticale (gai nrt ê9Ugf^ 
au combustiUe; C est le eendrier» M I« Ibj B nnf W 
ment dit» où brûle le cole en la hoèdfe. 

La chaudière, qui occupe i elle seole presqoe fariB 
rétendue du véhicule» est de fiarme cylindrigm; A 
est traversée par un grand nombre de tubes kafeB- 
taux ; le nombre de ces tubes, sur nne Iocomo6a«- 
diuaire, est de plus de cent. Ces tobes, qui coniftKirt 
la cause de Ténorme puissance de vaporisation defcb»- 
dières des locomotives, servent à donner passageaflui 
et à la fumée qui se forment dans le fDfcr et à midâ^ 
considérablement les surfaces exposécai Tactionèîia- 

Après avoir travorsécea tubes, les gai FteHantdelMa' 
bustion s'échappent dans l'espace O^^est-A-direlnisk 

boiie à fuv%ie^ et se dégagent au debcHrs per la cheminéeP* 

Traversant ces tubes, avec la température très-élefh 

qu'ils ont prise dans le foyer, ces gaz échauffent très-rai»' 

dément l'eau de la chaudière qui remplit les intervaû 

qui les séparent ; la chaleur se trouve ainsi conumd^ 

quée sur mille points à la fois à l'eau qui entre en B^ 

lition avec une très-grande, rapidllé, et fournit, dans^T^ 

très-court espace de temps, une quantité de vapeur pitHfr 



un 1UCBINBS A vAnrau làl 

gieuse* Or» la forée d'iuie machine à tapeur étanl pn>* 
portioancÛe à la quantité de vapeur qui est diri^ dans 
un mèiae eapaœ <fe iemps daiis k cylindre, ceUe dr- 
conslonee, c'esM-dire la forme tubuiaire de la chau- 
dière , explique la puissance extraordinaire qui est 
propre aux machines locomotives. Une soupape de 
sûreté V surmonte la chaudière et sert à prévenir xme 
trop forte tension de la vapeur. 

C'est à l'extrémité du tube p, c'est-à-dire à une cer- 
taine distance au-dessus du niveau de l'eau de la 
chaudière, que se fait lapriw de vapeur. Cette partie 
du cylindre surmontant la dhaudière a reçu le nom de 
dôme de vapeur. C'est par Textrémité p du tube q s que 
la vapeur s'introduit dans le petit canal qui doit la con- 
duire dans les deux cylindres ^acés, comme nous 
l'avons dit, sur les deux c6tés de la locomotive. 

Après avoir agi à l'intérieur descylindres, c'est-à-dire 
après avoir mis en actkm le piston moteur qui joue à 
leur intérieur, la vapeur s'échappe au dehors, car la lo- 
comotive, il ne faut pas l'oublier, est une machine à va- 
peur à haute pres^on, dans laquelle par conséquent la 
vapeur n'estpoint condensée, mais est rejetéeà l'extérieur 
après avoà* exercé sur le piston son eflfort mécanique. 

Au lieu de rqeter purement et simplement dans l'air 
la vapeur qid s'échappe des cylindres, comme on 
le fait dans les machines fixes qui fonctionnent à 
haute pression, on dirige cette vapeur à l'intérieur 
du tuyau de la chaninée de la locomotive, par l'oriâce R 
du tube OR, et c'est par là qu'elle se trouve définitive- 
ment rejetée dans l'air, péle-méle avec les gaz et la 
fumée qui s'échappent du foyer. Chacun a yu, en effet» 
que c'est par le même tuyau, c'est-à-dire par le tuyau 
de la cheminée, que l'on voit s'échapper alternative- 
ment et simultanément la &uné§ du foyer et la vapem* 
de la'cbaudière. 

Ce n'est pas sans motif que l'on rejette ainsi la vapeur 
sortant des cylindres dans le tmau de la cheminée de U^ 



i 






locranolire. Ce moyen entre pour bcuMonp taril 
pulHaiice de Taporisation de U diai^ira,et,pirg» 
séqaeDt, dans la pnissance mtaw de la imàimUt 
iojecUon continnelle d'an conraiit de mpearnkiA 
Inyaa de cheminée a en ^iet ponr rtooltit AM 
extraordinairemenl le tirage de ta dmtiBte^tfd 
rant de rapeur entraîne , batoye i 




rig. M. 
lui l'air occupant le toyau de la cheminée; dès lors, 
l'antre extrémité , c'est-à-dire dans le foyer, de rnn 
vellca quantités d'air sont incessamment attirées c 
appelées; le tirage du foyer prend ainsi une éner; 
extraordinaire, le combustible brûle très-rapidema 
sous l'influence de ce courant d'air sans cesse enlr 
lenn; de telle sorte que le tuyau soufflant est une di 
causes les plus actives de la puissance des machines 1( 



LES MACHINES À TAPEUR. lUI 

comotives. Il aurait été difficile de provoquer un cou- 
rant d'air convenable pour entretenir la combustion 
du foyer à travers les cent petits tubes que la fumée 
doit franchir en s'échappant dans l'air, l'ingénieux arti- 
fice du tuyau soufflant a merveilleusement remédié à cet 
obstacle. 

La figure 49 montre la disposition du iut/au souf- 
flant placé à Tavant de la locomotive. On voit sur cette 
ligure la terminaison des tubes à fumée de la chau- 
dière, et la réunion des deux tubes qui, venant de 
chaque cylindre à vapeur, se réunissent en un seul pour 
former Yéchappement de vapeur ou le tuyau soufflant A 
qui débouche au bas de la cheminée P. 

On voit, en résumé, que la forme tubulaire donnée à 
la chaudière, c'est-à-dire les tubes à fumée, joints au 
tuyau soufflanty contiennent le secret de l'énorme puis- 
sance motrice qui est propre à la machine à vapeur 
locomotive. 



LOGOMOBILES. 

On donne le nom de locomobile ou de machine à vapeur 
locomobile à une machine à vapeur que l'on peut trans- 
porter d'un point à un autre, pour y exécuter sur place 
diflférents travaux mécaniques. On l'a appliquée particu- 
lièrement jusqu'ici aux travaux réclamés par l'agricul- 
ture , c'est ce qui lui a fait donner le nom de machine à 
vapeur agricole. 

Historique. — La machine à vapeur destinée à accom- 
plir les opérations mécaniques réclamées par l'agricul- 
ture, c'estrà-dire à battre les grains, à confectionner sur 
place les tuyaux de drainage, à exécuter les irrigations, 
à semer, à moissonner et même à labourer les champs, 
nous est venue d'Amérique. La rareté des bras, le prix 
élevé du travail manuel, ont conduit les agriculteurs des 
États-Unis à remplacer, pour le travail de la terre, les à 






14à 

bms d68 oafriien par un aiiparril mècaidtoe-^ 
chine à fapeor éteal te plus fNÛ88aflA4t k fto A^ 
^oe de tous les moteon actods, ks Amèàak^^ ^ 
ainsi ccmdiiîtB à créer ks premkrt k wmriln tm *^ 

L'Angleterre a adopté, après rAmériqQe, 
qui nous occupe, et ce pays n*a pÉi lurdé i 
résultats les plus atantagem: sous te rapport 
oife dans le travail agrîrak. 

Lliiposition uniTorselk de Londrea dt 1861- 9 7 
sentait dix-huît appareils de ce genre, de modbS^^ss ( 
fit oonnattre tes locomobites à rJBurope indoi»<^ 
France n'a pas tardé à profiter de cet ensefi^^^ 
et aujourd'hui, dans plusieurs de noa oootr^, 
locoinc^es sont devenues an utite auxiliaire V^k 
travaux mécaniques qui s'exécutait dans kf 
gnes. Leur rôle se borne encore parmi noos ai 
des grains et à la confection des tuyaux de . 
mais il serait de l'intérêt bien entendu des propriMi 
et des ouvriers eux-mêmes de voir leur usage pi^ 
plus d'extension. On n'a pas à redouter que VsSsM J 
tion des appareils mécaniques dans les tiravaox'B ^ 
champs ôte te travail aux ouvriers de chaque cMli^ 
car il est bien établi par les résultats de l'expéÂinA 
toutes les nations, que l'emploi des machines kft^ 
difiërentes industries, loin d'avoir diminué lé aNÉn i 
des ouvriers employés, a, au contraire, considtaM^ 
ment augn^enté ce nombre et amélioré leur sort. 

Deseription de la machine à Tapeur Itctti^MHtoi^ 

La locomobile étant une machine destinée à ètie aiV 
en œuvre jMur des personnes peu expérimentées* à M 
fonctionaer que par intervalles, et à être par conséqad 
souvent démontée, devait nécessairement piés^ÉM 
très-peu de complication dans sa structure. On a dos 
extrêmemeat simplifié la machine à vapeur pour ceM 
appUcaikm spéciale. On l'a réduite à ses éteoients t0l 
4 dEait indisf aasalsites» de telte sorte que la looooashi 



us lUCaUlflS A TAPfOR. 145 

n*€st, à proprement parler, qu'on radiment delà ma- 
chine à Tapewr. 

Dbbs une locomobile, la sapeur n'est jamais con- 
densée, car la machine est à haute pression. On se 
trouve ainsi débarrassé de& organes lourds et encom- 
brasls qui servent, dans ks Biacfaines à basse pression, 
à coodenser la vapeun Bédotte ainsi i un bible poids, 
cette machine montée sur fks roues et pourvue d'un 
brancard auquel s'attde ud cheval, peut tire aisé- 
ment transportée é*xm pont à un autre sur les routes 
étriiiles et acditeatécs qoi traversent les propriétés 
rurdes. 

Cmnme on le voit, |Mur h Sgore suivante, «te loco- 
mobile est une macUne à mpeur réduite à ses deux 
éléments essentiels: la cliriWrp et le cylindre. F, est le 
foyer de la machine, 6, le cendrier. La chaudière est 
tubuJaire comme celle des locomotives, mais réduite 
& un petit nombre de bdies, ce qui permet néan- 
moins de produire une ccileii i e quantité de vapcnr avec 
une quantité d'eau nsé^ocre. Le réservoir (Tean né- 
cessaire à l'alîmenfatiiMi de la cfaaofière consiste sim- 
plemenl en un sceau ou tonneau placé à tem, dans 
leqod la machine eUe-roème Tient puiser Fean à faide 
d'us tube R asi finret à mesure de ses besoins. GTest le 
moorement de fat niacbîue elle-mtee qui règle la 
quaMitè d^eau qak ^introduit dans la chaudière. 
' LTqppareîl moteur ou cjlinâre à ^apeiu* A, est établi 
au-dôses de la chaudière dans le sens horizontal. Au 
moyen d'une tige T et d'une manivelle M, le piston de ce 
cylindre imprime un mouvement rolatoire à un arbre 
horizontal placé en travers de la locomobile ; cet arbre 
fait tourner une large roue ou volant V qui s'y trouve fixé. 
Une courroie qui s'enroule autour de ce volant, permet 
d'exécuter toute espèce de travail mécanique. On peut 
donc, en adaptant cette courroie à la machine qu'on 
veut faire travailler, battre les grains, manœuvrer des 
pompes, exécuter enfin toute action qui demande l'em- 

1 



IM LtS HACfllfliiS 1. VAPBUK. 

pioi d'au moteur. C, est le luyau de la cheminée q« 
l'on a rendue mobile, au moyen d'une charoiiTe, 




pour que l'appareil occupe moins de place quand il 
est au repos. 



M 



L*ÉLECTRiaT£ STATIQCE. 147 



XIV 

L'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. 

Iji selenee de l'éleetrlelté dans l'antiquité et le 

moyen ^e. — La science de rélectricité est entièrement 
moderne. Tout ce que les anciens nous ont transmis à ce 
sujet, c*est la. connaissance de la propriété d'attraction 
pour les corps légers qui distingue Tambre jaune. Thaïes, 
chez les Grecs, six cents ans avant Jésus-Christ, Pline, 
chez les Romains, au premier siècle de Tère chrétienne, 
ne connaissaient rien de plus que ce fait vulgaire de 
rattraction des corps légers par 1 ambre et le jayet. C'est 
que la philosophie des anciens détachait ses yeux des 
objets terrestres , pour s'envoler vers les choses idéales 
et les contemplations abstraites. Les anciens, qui ont 
poussé si loin les sciences morales et philosophiques, 
n'ont eu aucune notion rigoureuse sur les sciences phy- 
siques. 

Approfondissant les mots au lieu d'approfondir les 
choses, la philosophie du moyen âge n'était pas mieux 
en mesure que l'antiquité de découvrir et de développer 
la partie de la science qui nous occupe. U faut attendre 
jusqu'à la fin du xvi* siècle pour voir naître l'étude 
de l'électricité en même temps que la méthode expéri- 
mentale. 

Gilbert et Otto de «nerieke. — Guillaume Gilbert de 
Colchester, médecin de la reine Elisabeth d'Angleterre, 
après avoir étudié le phénomène de l'attraction du fer 
par l'aimant, eut l'idée d'étudier le phénomène de l'at- 
traction des corps légers par l'ambre. Pour se livrer à 
ces expériences, il plaça une aiguille pareille à celle* de 
nos boussoles sur un pivot; comme la boussole, cette 



1%8 L*iLICTlICITi STATiQOI. 

ai;?uillc était excessivement mobile, la plus petite at- 
trarlion électrique la faisait tourner. 

Gilhcrt eut bientôt Tidée Je s*assurer si d'autres 
corps que Tambre et le jayet jouiraient de la propriété 
électrique. Il reconnut alors que le diamant, le saphir, 
le rubis, Topale, Tainélhyste, le cristal de roche, le verre, 
le soufre, la cire d^Espagne, h résine, etc., attiraient 
son aiguille après des frictions préalables. Gilbert ûi 
encore d*autres essais, mais sans pouvoir en tirer de 
conclusion générale. II lui manquait, en effet, un instm- 
nient pour faire des observations rigoureuses : il n'avait 
employé, dans le cours de ses expériences, qu'un tobe 
de la matière susceptible de s'électriser, qa*îl frottait avec 
un morceau de labie. 

C*est un bourgmestre de la ville de Magdebourg, 
Otto de Guericke qui, vers 1650, construisit lapremi^ 
machine électrique que les physiciens aient eue à leur (fis- 
position. Elle consistait en un globe de soufre qu^on faisvt 
tourner rapidement d*une main avec une manivelle, et 
que l'on frottait, de l'autre main, avec une pièce de drap. 

■•eftlae éleetriqve d*Havkskée. — Un phjsicifll 

anglais, Hauksbée, ayant remplacé le globe de soufre 
de la machine d'Otto de Guericke, par un globe de 
verre qu'on frottait au moyen de la main, obtnrt une 
machine électrique beaucoup plus puissante. IdioARi- 
reusement pour la science, cet instrument ne Ait pas 
adopté ; on en revint au tube de verre de Gilbert, q«*(m 
frottait avec une étoffe de laine. » 

Dé«oBverte da transport de l'éleetrlelté Ik tfstance. 

— En 1729, Grey et Wehler, physiciens anglais, firent 
une découverte capitale : celle du transport de Pélec- 
tricité le long de certains corps qu'ils nommèrent em- 
dueêeurs. Dans la suite de leurs belles expériences, ces 
deux physiciens furent amenés à diviser les corps 
en corps conducteurs et en corps non eot%dueteiÊrf de 
Félectricité, Grey et Wehler reconnurent que le verre, 
la résine, le soufre, le diamant, les huiles, etc., arr£- 



L*£LICTRIC1TÉ STATKKJV* 149 

Cent le transport du fluide électrique, tandis que les mé- 
taux, les liqueurs acides ou alcalines, Teau, le corps des 
animaux» etc^ lui laissent un libre passage. Grey et 
Webler avaient donc découvert le transport de Télectri- 
cité à dislance, et de plus divisé ies coit)s de la nature 
ea Héetriques et noiiékcirique$^c'e9trk'^\re en mauvais 
et eo bons conducteurs. C'étaient deux premiers pas, 
et deux pas immenses, àans la scJence alors nouvelle de 
rëlectricité. 

iNOhiy. — Jusqu*ici les faits acquis lia science étaient 
assez nombreux, mais extrêmement confus. Il fallait les 
relier entre eux, les expliquer, en un nu>t créer la 
théorie de rélectricité. Dufay, naturaliste et physicien 
français, membre de rAcadémie des sciences, et prédé- 
ces^ur deBuffondans Tintendance du jardin des plantes 
de Paris, eut le mérite de jeter les fondements de cette 
théorie. Le système d'explication des phénomènes élec- 
triques, imaginé par Dufay, a permis jusqu'à nos jours 
de se rendre compte d'une manière simple et commode 
de tous ces phénomènes. 

Grey avait divisé les corps en éleetrisabUê et non 
élecirisables i^r le frottement. Dufay prouva que tous 
les corps étaient électrisables à la condition d'être iscdés, 
c'est-à-dire tenus avec un manche de résine ou de verre. 
U fit voir aussi que les substances organiques doivent 
leur conductibilité à Teau qu'elles contiennent. Mak le 
vrai titre de gloire de Dutay consiste à avoii; étabU 
les deux principes théoriques suivants qu'il énonça en 
ces termes : 

« 1* Les corps électrisés attirent tous ceux qui ne le 
« sont pas, et les repoussent dès qu'ils sont devenusélec- 
« triques par le voisinage ou par le contact d'un corps 
« électrisé, 

c 2* Il y a deux sortes d'électricité différentes Tune de 
« l'autre : Télectricité vitrée et l'électricité résineuse. La 
«« première est celle du verre, des pierres précieuses, du 
« poil des animaux, de la laine, etc.; la seconde est celle 



150 L^ÉLicnicrrt statique. 

« de Tambre, de la soie, du fil, etc. Le caractère de ces 
c deux électricités est de se repousser elles-mêmes ét^ 
« s*attircr Tune Fautre. Ainsi, un corps animé de l'éleo- 
« tricité Titrée, repousse tous les autres corps qui pos- 
c sèdent l'électricité vitrée, et, au contraire, il attire tons 
« ceux de l'électricité résineuse. Les résineux pardlle- 
c ment repoussent les résineux. et attirent les vitrés. > 

Faisons remarquer que le dernier principe peut servir 
à reconnaître quelle espèce d'électricité possède uncorpi 
électrisé. En effet, étant donné un corps électrisé, onfeot 
connaître la nature de l'électricité qu'il renferme, c'est- 
à-dire si c'est du fluide vitré ou du fluide résineuL 
Approchez de ce corps un fll de soie électrisé résinena?- 
ment : si le fil est attiré c'est que le corps est ebirgé 
d'électricité vitrée; si le fil est repoussé c'est quekcnr^ 
est chargé d'électricité résineuse. C'est là le prindpe 
d'un appareil très-important qu'on nomme éleetrmètre, 
et qui sert à la fois à déterminer la présence, la natare 
et l'intensité de très-faibles quantités de fluide iteo* 
trique '. 

Le nom de Dufay devint populaire en France qoaiil 
il eut montré que le corps humain peut fournir des étiB- 
celles électriques. Il s'était placé sur une petite jUt' 
forme, soutenue par des cordons de soie* propretl /^ 
1er, et se faisait toucher avec un gros tube dbiQî^ 
frotté pour électriser son corps. Un jeune savant, tat 
plus tard le nom devint célèbre, l'abbé NoUet, fmU 
servait d'aide, tirait de vives étincelles quand il appo- 
chaît son doigt de la jambe de Dufay. 

■odificatipns snecesslves de la ■laehiiie élet? irf f< 

liisqa*à nos fovrs. — Nous avons dit plus haut qn'oB 
avait abandonné la machine électrique d'Haoksbi^ 
En 1733, un physicien allemand, nommé Boze, con- 
struisit une machine qui n'était autre chose que cdk 

1. Les physiciens modernes se serrent des mots positive et i*^' k 
tive pour désigner rélectricité vitrée et l'électricité résineuse. L^ 



l'électricité STilTIOUK. ^^fl 

idllauksbée, dans laquelle seulement un globe de verre 
remplaçait le globe de soufre. La machine de Bozp se 
Soniposait, en effet, d'un globe de verre creux, traversé 
Ir une tige de fer et qu'on faisait tourner à l'aide d'une 
lanivelle, pendant qu'une main bien sèche, appuvatit 
ir ce globe, y développait de l'électricité parle frotte- 
Lent. Un conducteur de fer-blanc, sur lequel s'accumu- 
ait et se conservait le fluide, élail porlé par un homme 
l^onté sur un gâteau de résine. 

Wolfius et Hausen modifièrent un peu la forme de 
leelle machine, en la munissant de gros conducteurs 
ïlés au moyen de cordons de soie suspendus au plafond 
i portés sur des pieds de verre. 
Bientôt après; Winckler, professeur de langues g 




que et latme à l'nniiersité de Leipsick, sub^itilua un 
f coussin & la maui de l'opéraleur Cette dernière modifi- 
F cation ne fut pas d'abord généralement goûlée Elle fui 
'l-epoussée en France, surtout par l'abbé Noilet, qui con- 
^h-uisit et fit adopter généralement la machine que re- 
nte la figure 51. 



152 L'KLICniGITt STàTIQUL 

On voit qae celte machine se compose d'un globe de 
verre A, que Ton fait tourner au moyen d'une roue Bpor- 
tant *dans uue gorge ou rainure une corde enroulée sur 
l*axe du globe de soufre. Un aide présentait la main aa 
globe en rotation ; par le frottement qui en résnllait, 
rélectridté qui se formait demeurait accumulée sur le 
globe de soufre. Cette machine fut pendant longtemps 
en usage. 

Maehlne électrique de RmMsdem» — Yers Tannée 

1768 « un opticien anglais, nommé Rauisden, substitoa 
au globe de verre de la machine de NoUet, un plateaa 
circulaire de la même substance. Le plateau îroUsH 
en tournant contre quatre coussins de peau rembouirà 
de crin; Télectrlcilé développée sur ce plateau de verre 
passait ensuite sur deux conducteurs isolés par désfkds 
de verre. En 1770, l'usage de cette machine était gé- 
néral. 

Machine éleetrlqvede RaauUleii modifiée. ^ La ma- 
chine électrique généralement employée aujourdlnùi I 
est celle de Ramsden modifiée en ce sens, qu'elle adeni 
conducteurs au lieu d'un. La figure 52 représente cette 
machine. Voici comment il faut expliquer le défdoppe- 
ment de rélectridté dans cette machine, et le puige 
de ce fluide sur les conducteurs qui doivent la ISP"^ 
et la conserver. ^} 

L'électricité positive développée sur le plal 
verne V par frottement, décompose par infl 
Suide naturel des conducteurs G, G. L'extrémité 
conducteurs est armée de pointes par rinflueoœ 
qodles le fluide naturel de ces conducteurs est déoriv* 
posé, le fluide négatif passe, en franchissant Tîntervalle 
d'air qui le sépare, sur le plateau, pour ramener à 
l'état naturel l'électricité positive répandue sur ce pla- 
teau, tandis que le fluide positif reste accumulé sur les 
mêmes conducteurs. Des tiges de verre T, T, supportent 
et isolent ces conducteurs. 

kouteiiie de i.eyde. — Les corps électrisés exposés 




LEliCrniUlTÉ SIATIOUK. 153 

liUiremeiil à l'air y pei-denl ra[udetiieiil leur élËClricité, 
WMree que l'air csl bon conidiicleiir du fluide électrique. 
P wi physicien de Leyde, Mussenbroek, s'occupail un jour 
■ é'dectriscr de l'eau dons une iioie de verre, espérant 
qu'en raison de la mauvaise conduclibitilé du verre, l'eau 




recevrai: une plus grande somme d'électricité et la con- 
serverait plus longtemps. L'expérience ne présentant 
rieu de particulier, un des opérateurs qui aidaient Mus- 
seœbroek , voulut retirer la fiole : il la saisit d'une main 
<t*jpCTBbft l'autre main du copducleur métallique qui 



154 L'ÉLASTICITB bTATIcUE. 

amenait dans l'eau réleclricitè de la machine. QaelsBe 
furent pas sa suq)rise et son effroi de se sentir fnaçifk 
d'un coup violent sur les bras et à la poitrine. Mossen- 
broek se crut mort, et il déclara qu'il ne s'exposeraitpas 
à une nouvelle décharge semblable quand on loi offii- 
rait la couronne de France. 

A Paris, l'abbé Nollet répéta sur lui-même cette expé- 
rience, qui réussit si bien, que la commotion lui II 
tomber des mains le vase plein d'eau qu'il tenait. Il li- 
péta la même expérience à Versailles , devant le roi et 
la cour. Il donna la commotion électrique à toute ime 
compagnie de gardes françaises, composée de deox 
cent quarante hommes, qui se tenaient par la rniiD. 
formant ce que l'on appela dès lors la chatmâet- 
triqxie, La commotion se fit sentir au même instant it 
tous les soldats qui se tenaient ainsi par la main. Qod- 
ques jours après, il soumit à la même épreuve lesrefi- 
gieux du couvent des Chartreux. La commotira U 
éprouvée simultanément de toutes les personnes qni 
composaient la chaîne. 

vitesse de transport de Téleetrleltë et de U CM- 

motion. — Tout le monde s'étonnait de la rapidité pro- 
digieuse avec laquelle le fluide électrique se tnîseportâ 
d'un point à un autre. On essaya de mesurer il vitesse 
de transport de ce fluide. En France, Lemonnier,inbT&- 
bre de l'Académie des sciences à Paris, fit, dau celle 
vue, un grand nombre d'expériences. Dans l'une de ees 
expériences, une personne placée à l'extrénnilé ffnn 
conducteur long de deux cent cinquante toises, rèW^ 
tait la commotion au moment précis où elle voyait brû- 
ler l'étincelle à l'autre extrémité de ce conducteur. 

En Angleterre, la commotion se fit sentir au méfflc 
instant à deux observateurs séparés par la Tamise, 
l'eau du fleuve formait une partie de la chaîne condoc- 
trice. On put même enflammer des liqueurs spiritneoses 
à Taide d'un courant électrique traversant le fleuve. On 
s'assura encore que la vitesse du passage du fliuVIe 



r l'blasticité statiode. lî^ 

électrique, dans un fll qui avait douze mille deux cent 
soixante-seize pieds de longueur, était instantanée. Ces 
belles expériences excitèrent l'enthousiasme de tous les 
"fcysiciens de l'Europe. 
f CoBSIrnellon définitive de In bonlellle de L«yde. — 
BFrance.NolIel modifie de plusieurs fa(;ons la fameuse 
ipérience de Leyde. Il montre que la forme de l'appa- 
' sntre pour rien dans le résultat. Mussenbroek 
lODnalt ensuite que l'expérience éclione quand les 
""'b extérieures de la bouteille sont humides. Watson, 
I Angleterre, montre que le choc est plus violent 
md le verre est plus mince, et que la force de la dé- 
■ge augmente proportionnellement avec l'étendue 
la surface du verre; son intensité étant indépen- 
nte de la force de la machine électrique qui la 
WToque. 

l*Un autre physicien anglais, Bévis, pensant que l'eau 
jlatenue dans la bouteille et la main qui la tenait, 
fosat seulement le rûle de conducteurs, substitua à 
I de la grenaille de plomb. Une feuille d'étain 
neloppant la bouteille jusqu'à une certaine hauteur 
Daplàca dès lors la main. On put ainsi placer la bou- 
teille sur un support en bois sans qu'il fût 
besoin d'une personne pour la tenir. 

C'est parcette série de découvertes succes- 
sives, et quand on eut substitué des feuilles 
d'or à la grenaille de plomb, que la bouteille 
de Leyde reçut la forme qu'on lui donne au- 
jourd'hui, et que représente la figure sui- 
vante. 

L représente l'armature extérieure de 

' iï' "■ la houleille que l'expérimentateur tient 

ins la main, et C, le crochet par lequel la bouteille est 

tpendue au conducteur d'une machine électrique. 

V^BalT*« pbyBlqne de In bontetlle de Leyde. — Tous 

p physiciens de l'Europe étaient resiés impuissants k 
fnner l'explication théorique de l'expérience de Le; de. 



ISS L' 

Cre«t à riUostre Fraidilio, philoasplie et savant Amé- 
ricain, que lamenoe doit ranalrae des effets de cet in- 
strument. Void oMnment ôd ae md eompte du ]^ 
nomène depuis les travaux de FraôUia. 

Qaand on met la bouteille de Leyda an c oa inn n ifati fm 
avec le conducteur d'une machine éleetrîqDe, fourmi- i 
sant par exemple du fluide positif» ce floidie passe daou 
les feaiUes d'or ou, comme on dît, dans la gsroitiiis Ik 
întérieBPe de la bouteille. Là, il agit par influence^ as | ^ 
travers du verre» sur la lame d'étain «pii reavekfpeil 
rextèriear, et il décompose son fluide nestffe. Le flddf 
positif repoussé, s'éôoule dans le ad. Le fluide néfrit 
au eontraire, est attiré ; mais le verre de la boalciltoiW 
mnnais condocteur, rarrèle et ne M permet paaiTilf 
former du fluide neutre avec le fluide positif quieMi 
rintérieur de là bouteille. C'est ainsi qu'une masseefllli'^ 
dérable d'électricité s'accumule entre les deù ganitsnSi 
la iiamitnre extérieure empruntant au soi avec ktgà 
elle la communique, autant d'électricité que la gsriilWf 
intérieqre de la bouteille peut en accumuler. Si 
saut oa fait communiquer les deux garnitures au 
d'un arc métallique pourvu d'un manche isolant Itt 
deux ëlectricités se précipitent au-devant l'une deFasAv 
et se combinent en formant une brillante étinadh^ 
l'on réunit les deux garnitures avec les mains, FtJ^- 
leur reçoit une vive secousse, parce que la jHWi- 
position des fluides se fait i Tintérienr même As W 
corps en provoquant un ébranlement physiqi 
dérsble. 



4 



LE PAJUTONKIilU. 157 



••T" 



XV 

i£ vmimmM. 

Hj^lskiii des «rneiens sur la natnre de la Cendre. — 

Torigioe des âodéiés, chez les peuples de Tan- 
âenne Asie, plus tard même en Europe, malgré la ciid- 
lisatiou avancée des aations de la Grèoe et de l'empire 
ronaain, le tonnerre fut toujours considéré comme 
une arme vengeresse aux mains de la divinité. La 
pensée d'attribuer à la foudre une origine divine, d'en 
faire une sorte de manifestation de la colère céleste, 
s'est maintenue chez les différents peuples du monde 
depuis l'antiquité, et de nos jours mlùae, il a été difficile 
de l'extirper des croyances du vulgaire. Cependant la 
science moderne a parfaitement étatrii la véritable na- 
ture du tonnerre. Elle a démontré que les éclairs, le 
tonnerre et la foudre ne sont dus qu'à la décharge, 
opérée au sein des airs, de plusieurs nuages diverse- 
ment électrisés. En découvrant la véritable origine de 
ce grand phénomène naturel, le génie de l'homme ^ 
rendu à la divixûté un hommage phis digne et plus sin- 
cère que ne le faisaient ceux qui entretenaient dans 
l'esprit du peuple, au sujet de ce météore, des craintes 
superstitienses et erronées. 

JÊtade selemtlfi^ae da yliéounaène de la fondre ea* 
tFcprtae daas lee t^nkfm ai^odenica. *— Pour soumettre 

à une étude fructueuse le phénomène de la foudre et 
des orages, il feUaii nécessairemeiU posséder un en** 
semhJe de notions scientifiques rigoureuses. Ce n'est 
donc qu'après le xvi' ^ècle» c'est-à-dire à l'époque de la 
cr^éatron des sciences physiques actuelles, que des re* 
cbericbes sérieuses purent ètpe entreprises pour Q%r 



158 U PAliTOMiaiRlI. 

pliquer la nnlure et Torigine de ce météore. Qaand les 
lumières de la science et de la raison eurent disâpé les 
ténèbres de la superstition des anciens âges, on osa 
soumettre à un examen réfléchi le grand phénomène 
([ui n'avait été jusque-là pour les hommes qa*an sujet 
d'épouvante ou de fausses notions. 

opinion de Deseartes et de B«erhaave m» la cmm 

da tonnerre. — Descartes, ce philosophe immortel 
qui a tant contribué à la création des sciences modernes» 
fut le premier qui essaya de découvrir la cause du ton- 
nerre. Il attribuait ce phénomène à la chaleur qui sewt 
résultée de la chute d'un nuage tombant sur un mire 
placé plus bas. Boerhaave, l'illustre médecin de leffe 
dont le nom jouissait en Europe d'une renommfeatf 
égale, proposa ensuite, pour expliquer la formatoia 
tonnerre, une théorie plus rigoureuse que celle de Dès- 
cartes. Ralliant toutes les opinions, la théorie de Boe^ 
haave fut unanimement professée en Europe jnsqifaB 
milieu du xvnr siècle. Boerhaave rapportait la caine 
du tonnerre à l'inflammation, se produisant an seÎB de 
l'an*, des difiérents gaz ou vapeurs émanés de h sor 
face de la terre. Tout inexacte qu'elle était, cette théorie 
fut admise d'une manière unanime , et elle eirfraF^ 
pendant longtemps la marche de la science len fex- 
plication rationnelle du phénomène qui nous oeco^* 

Déeonverte de ranaloffle de la fondre et de FélM* 

trieUé. — On a de tout temps observé, pendant les ora- 
ges, des flammes, des aigrettes ou des scintillations bril- 
lant au-dessus des mâts des vaisseaux, des clochers des 
églises, des piques ou des épées des soldats. Ces phé- 
nomènes n'excitèrent longtemps qu'une curiosité sté- 
rile. L'analogie des efiets de la foudre avec ceux de l'ékc- 
tricité ne se fit jour qu'au moment où l'on commençait 
à étudier les phénomènes électriques. A cette époque, 
le docteur Wall, physicien anglais , exprima l'idée de 
la ressemblance de l'étincelle électrique avec l'éclair, 
et de la singulière analogie du craquement de ceVe 



LE PARATONNSftU. 199 

étincelle avec le bruit du tonnerre. En 1735, le physi- 
cien Grey exprimait plus formellement la même analo- 
gie. En France, Tàbbé NoUet pensa qu^on pourrait c en 
c prenant rélectricité pour modèle , se former, tou- 
c chant le tonnerre et les éclairs, des idées plus saines 
« et plus vraisemblables que tout ce qu'on avait imaginé 
« jusqu'alors. » L'académie de Bordeaux, en 1750, cou- 
ronna un mémoire de Barberet, médecin de Dijon, qui 
admettait l'analogie de la foudre avec l'électricité, mais 
sans invoquer aucune expérience de physique et en se 
maintenant dans les termes d'une simple dissertation 
académique. 

Quelques jours à peine après la publication du mé- 
moire de Barberet, couronné par l'académie de Bor- 
deaux, un savant appartenant à la province de Guyenne, 
présentait à la même académie un mémoire dans le- 
quel il assurait, d'après les effets produits par la chute 
de la foudre sur un château situé près de Nérac, « que 
la foudre était analogue avec l'électricité. » Cet obser- 
vateur était M. de Romas, sur les travaux duquel nous 
aurons à revenir. ^ ?f_ c>v^v\ f \. a 

Frantcllii établit l^nalofl^le probable de la fovdire 

et de l'éieetrieUé. — Nous avons VU, en parlant delà 
bouteille de Leyde, que l'illustre Franklin avait eu le 
mérite d'expliquer les effets de la bouteilledeLey|e. Il 
rendit aux sciences un service tout aussi^fgïfSîeeh fai- 
sant ressortir l'extrême analogie que la foudre présente 
avec l'étincelle électrique, et en développant cette pensée 
beaucoup plus que ne l'avaient Tait ses prédécesseurs. 

Franklin n'était pas un physicien proprement dit , 
c'était un grnnd citoyen et un sage. En appliquant son 
bon sens naturel et l'allenlion d'un esprit libre et indé- 
pendant à l'étude des phénomènes électriques, il ac- 
complit ^es découvertes qui immortaliseront son nom 
comme savant, pendant qu'il exécutait, dans Tordre 
moral et politique, des travaux de la môme valeur. 

Fils .d'un pauvre fabricant de savon, Benjamin Fran- 






160 LB PARATONNERRE. 

klîD fut successivement apprenti dans une fabrl^e de 
chandelles, ouvrier imprimeur, chef d'une imprimaû 
importante à Philadelphie, député, et enfin présent 
de rassemblée des Ëtats de Pensylvanie. H eut une 
grande part à la déclaration de rindépeudance desËtate- 
Unis, et quand il vint en France pour y solliciter des 
secours en faveur de son pays insurgé contre la donû- 
nalion derAngleterre, il y fut regu avec un enthousiasme 
indicible. Franklin mourut en 1790, après avoir con- 
tribué au perfectionnement de ses concitoyens par une 
foule d'écrits populaires ; mais sa vie fut encore son plus 
bel enseignement. 

C'est entre les mains de ce grand homme (juelado^ 
trine de Tidentité de la foudre et de rélectricitëftfe 
plus de progrès. En même temps que Barberet et Bonus 
publiaient leurs travaux, Franklin exposait comme il 
suit, dans ses Lettres sur V électricité, les raisons de 
l'hypothèse, selon lui fort admissible, qui attribue à 
Télectricité la cause du tonnerre ; 

^ Les éclairs sont ondoyants et crochus comme Xir 
« tincelle électrique ; 

« Le tonnerre frappe de préférence les objets élerfeel 
« pointus ; de même, tous les corps pointus sont plosac- 
« cessibles à rélectricilé que les corps en forme arnMwfeî 

tt Le tonnerre suit toujours le meilleur conMssSi 
« et le plus à sa portée ; rélectricité en feil autant dans 
« la décharge de la bouteille de Leyde ; 

K Le tonnerre met le feu aux matières combustibles» 
« fond les métaux, déchire certains corps, tue les'ani- 
« maux; ainsi fait encore l'électricité. » 

Franklin alla plus loin. Il mit en avant cette hypothè» 
qu'une verge de fer pointue élevée dans les airs, com- 
muniquant avec un conducteur métallique en contad 
lui-môme avec le sol, pourrait peut-être enlever rélec- 
tricité aux nuages orageux et prévenir ainsi Texplosioa 
de la foudre. 

Remarquons cependant que Franklin ne parlait ^la 



LX PAR^TONNSUIK. 161 

paratonnerre ipie comme d*uae expérience à réaliser; 
ce moyen était subordonné à la réalllé de cette suppo- 
sition que la foudre était un phénomène électrique, 
car il n'avait fidt encore aucune expérience propre à 
déterminer Texistenoe de Télectricité dans Tair. Il 
avait seulement bien constaté la propriété remar- 
quable dont jouit un conductem* terminé en pointe, 
d'anéantir Télat électrique d'un corps placé à peu de 
distance. 

Pfcit pr^daft war les savmiuts de TEnrope wmw les 

Uéea de Frankxiiu— Les idées que nous venons de 
faire oonuaître, c'ftst-à-dire Thypothèse de la nature 
électrique de la foudre, et l'expérience proposée par 
Franklin consistant à annuler les eifels d'un nuage 
orageux par un conducteur aiétallique dressé verti- 
calement en l'air , furent exposées par ce physicien 
dans un petit ouvrage ayant pour titre Lettres sur 
l'éleetricité, qui parut à Londres, en 1751. Présenté 
à la Société royale des sciences de Londres, ce livre 
fut très-mal accueilli par la docte assemblée, qui trouva 
souverainenftent absurde le projet de détourner la foudre 
avec quelques barres métalliques élevées dans les airs. 
Cependant, malgré l'opinion défavorable de ce coips 
savant, les Lettres de Franklin obtinrent un grand suc- 
cès en Angleterre, et bientôt dans toute l'Europe sa- 
vante. La France, surtout, les accueillit avec enthou- 
siasme. Notre grand naturaliste Buffon chargea un de 
SCS amis, nommé Dalibard, de traduire l'ouvrage de 
Franklin, et il prit soin de revoir cette traduction. Il 
voulut, en outre , exécuter lui-même l'expérience pro- 
posée par le philosophe américain. 

MwMfis^MUiaa de la pi^éMnee de l'éleeârieicé dama 

rataMspMre. — Dans le but de vérifier la justesse des 
idées 4e Franklin et de mettre à exécution l'expérience 
proposée par le philosophe américaio, Buffon fit placer 
scur la tour de son château de Montbard une longue 
barre de fer poiAtue k son soounet et isolée à sa base 



162 Ll PâRATOHNBKMI. 

par de la résine. En même temps DaVibard dispot&l 
un appareil tout semblable dans le jar^ de sa nui* 
son de cami)agne située à Marlj. 

Le 10 mai 1752, un orage éclate sur Mariy. Dalibard 
se trouvait en ce moment à Paris, mais il avait Ussé 
pour le remplacer, le cas échéant, nn homme inlât 
gent, nommé Coiffier, à qui il avait donné ses instn»- 
tions. Coiffier approche de la barre de fer une pA 
tige de fer emmanchée dans une bouteille de lem 
afin d'isoler le métal et de préserver ropérateor; i 
en tire aussitôt deux étincelles. Il appelle aussitM « 
Voisins et fait venir le prieur de Marly, qui accourt u 
milieu d*unc pluie battante. Les étincelles eiàtta de 
la barre isolée ressemblaient à de petites -a^Ritai 
bleues, et produisaient 4n bruit pareil & celm ({f ta- 
raient fait entendre des coups de clef sur la barre. 

Quelques jours après, Dalibard lut sur ce siqet, k 
r Académie des sciences de Paris, un mémoire ^U 
reçu par les savants avec des transports de joie. 

Le 19 mai 1752, BufTon put à son tour tirer de k 
barre de fer élevée sur son château un grand nornbif 
d'étincelles électriques. 

Ces expériences se multiplièrent bientôt à Paris. Xe- 
monnier découvrit, en les répétant, la présence db/'éfee- 
tricité dans une atmosphère sereine : fait împortMX ^ 
nouveau, car on avait toujours cru jusque-là que la 
présence d'un nuage orageux était nécessaire à laç»- 
duction de rélectrîcité atmosphérique. 

A Nérac, de Romas varia ses moyens d'expérimffli' 
lation, et reconnut qu'une barre plus élevée qu'une 
autre donnait de plus fortes étincelles; il songea dès 
lors « à porter des conducteurs le plus haut possible 
« dans la région des nuages, afin d'augmenter le feuda 
« ciel. » Nous verrons bientôt comment il y réussit. 

Mort du physielen Richmann à Salnt-PéterskeVf* 

— Les expériences que nous venons de rapporter 
n'étaient pas sans danger; c'est ce que prouva bienW! 



i 



Ll PARATONNERaB. 163 

la triste fin du professeur Ricbmann, membre de TAca- 
démie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, qui 
périt frappé du tonnerre, en répétant Texpérience pré- 
cédemment exécutée par plusieurs autres physiciens. 

Ricbmann avait élevé sur le baut de sa maison un 
conducteur qui aboutissait dans Tintérieur de son ca- 
binet de pbysique, en passant à travers le toit. Ce con- 
ducteur avait été isolé avec le plus grand soin, de sorte 
que Félectricité atmosphérique soutirée par la pointe 
de la barre et accumulée dans le conducteur» ne trouvait 
aucune issue pour s'échapper dans le sol. 

Le 6 août 1753 , au milieu d'un violent orage qui 
tonnait sur Saint-Pétersbourg, Ricbmann, un électro- 
mètre à la main, et se disposant à mesurer au moyen 
de cet instrument l'intensité ^u fluide électrique, se 
tenait à une certaine dislance de la barre pour éviter 
les fortes étincelles qui en partaient. Son graveur, Solo- 
kov7, étant entré sur ces entrefaites, Ricbmann fit par 
mégarde quelques pas en avant, et comme il n'était 
plus qu'à un pied du conducteur, un globe de feu bleuâ- 
tre , gros comme le poing , le frappa au front et l'é- 
tendu mort. 

Lies eerfs-TolaBts éleetrlqves. — Les barres isotées 

qui servaient à aller puiser l'électricité au sein de l'air 
ne permettaient de recueillir ce fluide qu'à une hauteur 
médiocre dans Fatmosphère. Pour recueillir de l'élec- 
tricité dans des régions très-élevées de Tair, deux phy- 
siciens imaginèrent alors, chacun de son côté, le cerf- 
volant électrique. Ces deux physiciens étaient : en 
Amérique, Franklin ; en Europe, Romas, de Nérac. 

Au mois d'août 1752, Romas communiqua, sous 
le sceau du secret, à ses amis, le projet qu'il avait 
conçu, de lancer vers les nuages orageux un cerf- volant 
armé d'une pointe métallique. Il fit le 14 mai 1753, sa 
première expérience. Mais elle ne réussit pas, parce que 
la corde attachée au cerf-volant n'étant pas assez con- 
ductrice, elle n'avait pu amener le fluide jusqu'au sol- . 

i 



164k LB PAIAIKHSSBU. 

Pour remédier à ce défaut de condnrtihilîté, il enroola 
un 01 de cuivre autour de la corde sur ioule sa loogueur, 
qui était de 260 mètres. "j 

Le 7 juin 1753, par une journée ongeose, Romas fit 
une expérience magnifique. Il atladia à la partie ixâÈ- 
rieure de ia corde du cerf-volant un oord<mnet de soie, 
et ce cordonnet se rattachait à une pierre très-lourde 
placée sous l'auvent d'une maison, k la OMrde et en avant 
du cordonnet de soie on suspendit un cylindre de fer- 
blanc en communication avec le fil de cuivre et prc^rfi 
à tirer des étincelles s'il y avait lieu; on se servait pour 
cela d'un tube de fer-blanc fixé à un tube de verre. On 
tira d'abord de faillies étincelles, et les personnes qoi 
assistaient en grand nombre à cette expérience eilnor- 
dinaire jouaient, en riaal, avec le dangereux méléore. 
Mais bientôt l'orage devint plus violent, et Romas s'em- 
pressa d'écarter les curieux. La longueur et l'éclat des 
étincelles allaient en augmentant sans cesse. Bientôt, 
l'intrépide expérimentateur excita des lames de feu qui 
partaient à plus d'un pied de distance et dont on enten- 
dait le bruit à plus de deux cents pas. Un bruissement 
continu comparable à celui d'un soufflet de forge, une 
forte odeur sulfureuse émanée du conducteur, un cy- 
lindre lumineux de 3 à 4 pouces de diamètre enie/op- 
pant le conducteur : tels étaient les pbénomèBes ^^ 
Homas observait avec un calme et une fermeté extra- 
ordinaires. Il arriva un moment où il jugea prudent 
de ne plus tirer d'étincelles, et bientôt une violente ex- 
plosion qui était, comme un petit coup de tonnerre, fui 
entendue jusque dans le milieu de la ville. C'était Félec* 
tricité du conducteur qui se déchargeait sur le sol. 

En 1757, le physicien de Nérac, poursuivant ces dan- 
gereuses expériences, tirait de la corde d'un cerf-volant 
des lames de feu de neuf à dix pieds de longueur, dont 
l'explosion ressemblait à un coup de pistolet. De Romss 
faisait toutes ces expériences devant la foule stupéfaite 
de tant d'audace. 



L'èi^lftalité des belles expériences que bous ve- 
nons de rapporter, fut contestée de son vivant S 
leur auteur, et elle Ta été même josqu*^à nos jours. 
Ou a dit que Romas n^avait été que le copiste de 
Franklin qui, après le mois de septembre 1752, et 
ayant eu connaissance des expériences de Dalibard sur 
la barre isolée, avait lancé un cerf- volant dans les 
plaines de Philadelphie. C'est par des causes indépen- 
dantes de sa volonté que le phy«cien de Nérac ne put 
esêeuter qu'en 1753 une expérience. conçue et commu- 
niquée à ses amis, et même à Facadémie de Bordeaux 
en juillet î752. Il est aujourd'hui reconnu que Romas 
n*a rien emprunté à Franklin et que l'origînalilé de sa 
belle expérience ne saurait lui être contestée. 

— Au mois de septembre 175%, Franklin faisait dans la 
campagne, aux environs de Philadelphie, l'essai d'un 
cerf-volant électrique, et obtenait, avec une joie fecile 
à comprendre, de véritables manifestations électriqoes 
avec la corde de chanvre de son cerf-volant. Si l'expé- 
rience du physicien de Philadelphie est antérieure en 
date à cette du physicien de Nérac, elle fut bien infé- 
rieure à celle de notre compatriote sous le rapport de 
llntensité et de l'éclat des phénomènes électriques 
observés. 

Quoi qu'il en soit, toutes les expériences que nous ve- 
nons de rapporter démontraient suffisamment ta pré- 
sence de l'électricité VS»re dans l'atmosphère, la nature 
étectrique de la foodre et la possibilité de prévenir ses 
effets désastreux, au moyen de la barre pointue dres- 
sée en Tair proposée par Franklin , c'est-à-dire au 
moyoi du paratonnerre. 

l*e premier pat a l—a erre» — C'est eiï 1760- que Fran- 
klin fit construire le premier paratonnerre, qui fut 
élevé sur la maison d^m UKirehand de Phîlade^)hie. 
C'était une baguette de fer de neof pieds et itetni de 
long et de plus d'un demi-pouce de diamètre; eU<* 



186 u PABÀTommu* 

aUait en s'amincissant vers son extrémité supérieure. 
L'extrémité inférieure portait une seconde tige de fer 
dont le bas communiquait avec un long conducteur de 
fer pénétrant dans le sol jusqu'à une profondeur de 
quatre ou cinq pieds. A peine installé» ce paratonnerre 
fut frappé par le feu du cieU qui ne causa aucun dom- 
mage à la maison défendue par le nouvel instrument 
dû au génie de Franklin. 

4 Aeenell fait en Europe à l'iaventloM dn paratom- 

lierre. — L'Amérique avait accepté avec enthousiasme, 
et comme un bienfait public, Tinvention du paraton- 
nerre ; mais elle trouva en Europe une résistance sé- 
ricusCy qui se prolongea plusieurs années. En Angle- 
terre, par haine contre Franklin, l'un des auteurs prin- 
cipaux de l'émancipation des États-Unis, on repoussa 
la découverte américaine, ou du moins on prétendit 
y apporter des modifications de nature à annuler le 
mérite de Tinventeur. Le paratonnerre proposé par 
Franklin se terminait en pointe à son extrémité ; les 
physiciens anglais décidèrent que les paratonnerres à 
tige pointue étaient les plus dangereux des appareils, 
et qu'il fallait leur substituer des tiges terminées en 
boule, hérésie scientifique qui tomba sous le ridicule 
et déconsidéra les savants anglais, tristes Q^tteurs des 
rancunes d'un roi et d'un vain amour-propre national. 

En France, les débuts du paratonnerre ne furent pas 
beaucoup plus ' *^ureux. L'abbé Nollet s'était déclaré 
l'adversaire de Fianklin et de son invention; et comme 
l'abbé Nollet était l'oracle ''*' ♦emps en matière d'élec- 
t'Jté, l'adoption du paratoiii...re rencontrait parmi 
liBus de grandes difficultés. Jusqu'en 1782, la France 
repoussa l'introduction de cet appareil, considéré alors 
comme dangereux pour la sûreté publique. 

C'est dans les provinces du midi de la France que 
les premiers paratonnerres furent établis. Leur effica- 
cité ayant été promptement reconnue, on en établit de 
semblables à Paris. 



LI PÀIUTOMNIHU. 167 

En Angleterre 9 Tusage des paratonnerres ne corn- 
nença à s'établir qu'en 1788. Le grand-duc de Toscane 
d l'empereur d'Autriche adoptèrent cet appareil à ]a 
Quèine époque. Bientôt toutes les nations de l'Europe 
nirent à profit l'invention américaine, de sorte, dit 
Franklin, que « M. l'abbé Nollet vécut assez pour se voir 
ie dernier de son parti. » 

Principes et réfl^les pour la eonstrnetioii des para- 

toMiierres. — Un paratonnerre se compose d'une tige • 
de fer pointue élevée dans l'air, et d'un conducteur du 
même métal descendant de Textrémité inférieure de 
la tige et aboutissant dans une partie du sol occupée 
par une masse d'eau courante en communication elle- 
anëme avec une rivière ou un fort ruisseau. 

Voici les conditions auxquelles doit satisfaire un pa- 
ratonnerre pour être utile et ne devenir jamais dan- 
gereux : 

1* La pointe de la tige doit être sufûsamment aiguë 
et cependant assez résistante pour n'être pas fondue 
par un coup de foudre. 

• 2* Le conducteur doit communiquer parfaitement 
avec le sol. 

3* Depuis la pointe jusqu'à l'extrémité inférieure du 
conducteur, il ne doit exister aucune solution de con- 
tinuité« 

Indiquons maintenant les dispositions qu'il Uni don- 
ner à cet appareil pour répondre,. c'v^x conditions que 
nous venons d'énumérer. 

La tige d'un bon parajqpnerre a neuf mètres de lon- 

eeur et se compc .^i^v^ trois pièces ajoutées b'^;\t à 
ut : une barre de îfôr de 8°' 60, une baguette de laiton 
4e 0" 60» une aiguille de platine de 0°" 05. Le platine 
est un métal qui ne s'oxyde pas à l'air ; c'est pour cela 
^ çi'on l'a adopté pour en faire la pointe de l'instru- 
inent, car les oxydes métalliques sont mauvais conduc- 
^, teurs de Télectricité. L'effet d'un paratonnerre terminé 
par une pointe de fer oxydée, serait nul. 



tes 

Le eondoctenr da panitoniierre est une longue terre 
de fer à section carrée de 15 à SdBKUimètres de cAté, ré- 
sultant de ta réanion bout à bout d'un nondire sotskal 
de barres. Toute solution de continuité doit être soi- 
gneusement évitée; car die eiposerail l*édifice à one 
décharge électrique. On entoure chaque point de 
jonction des barres d'un bourrelet de soudars à f élsn, 
et elles sont maintenues en place par des support» en fer, 

Le conducteur ainsi fixé doit, eonmie noo» ïïïnm 
dit, aboutir à un cours d'eau. De la base intérieore do 
mur de Tédifice jusqu'à ce cours d*ean, il passe dus 
un petit canal en brique, rempli entièreonent de bnÉe 
de boulanger, substance qui conduit très-bien fékp- 
tricité, et l'aciHte par conséquent récoulement nfile 
do fluide; de plus elle défend le conducteur damfact 
de l'air. 



XVI 

LA PILE DE YOLTA. 

Travaax de Galvani préparant la déeouveflA te U 

ptie de Voie a. — Jusqu'à la fin du siècle dernier, les 
physiciens n'ont connu que Féleclricilé obtenue par les 
machines à frolteuient, ou, comme on le dit, IV&drWe 
statique. En 1791, Aloysius Galvani, professeur fana- 
tomîe à Bologne , publia un travail résultant de ome 
années d'expériences et dans lequel était révélée Tcxis- 
tence de réJeclrîcité sous la forme de courant con- 
tinu. L'électricité en mouvement ou Félectncîté dpnâ- 
mique fut ainsi révélée aux hommes pour la prem^ 
fois. C'était une branche de la physique, entièrenwBt 
nouvelle et qui devait être féconde en applications mer- 
veilleuses. Donnons une idée des travaux de Galvani. 



Lk PiLB bE VOLTA. 169 

X Un soir de Fannée 1780, Galvani posa par hasard sur la 
tablette de bois qui servait de support à la machine 
électrique de son laboratoire, une grenouille, dont on 
avait séparé, d'un coup de ciseau, les membres infé- 
rieurs , en conservant les deux nerfs de la cuisse qui 
maintenaient ces membres appendus au tronc. Galvani 
reconnut qu'en approchant la pointe de son scalpel 
tantôt de l'un, tantôt de l'autre des nerfs de la grenouille, 
au moment même où l'on tirait une étincelle de la ma- 
chine , des contractions violentes se manifestaient dans 
les muscles de l'animal. 

Que se passait -il donc? Quelle était la cause du 
phénomène qui émerveillait Galvani et ses amis? Le 
corps de la grenouille, placé dans le voisinage de la 
machine électrique, s'électrisait par influence; quand on 
enlevait tout à coup réleclriciié répandue sur le con- 
ducteur, en tirant une étincelle , l'influence cessant, 
le fluide neutre se reformait tout à coup dans le corps 
de l'animal et déterminait les contractions énergiques 
que l'on observait. 

Galvani se rendit fort bien compte, par l'explication 
môme que nous venons de donner, du curieux phéno- 
mène qu'il venait de provoquer chez la grenouille. Mais 
cette explication du fait ne l'arrêta pas dans ses recher- 
ches. Poursuivant son élude de l'action du fluide élec- 
trique sur les corps vivants , il expérimenta pendant six 
années consécutives pour observer la manière dont la 
décharge de la machine électrique provoque chez les 
animaux des contractions musculaires. Le hasard le 
conduisit enfin à son observation fondamentale, à celle 
qui devint le germe de la découverte de la pile de 
Volta. 

Le 20 septembre 1786, Galvani voulant étudier l'in- 
fluence de l'électricité atmosphérique sur les contrac- 
tions musculaires de la grenouiUe, passa uirfcrochet de 
cuivre au travers de la moelle épinière d'une grenouille 
préparée comme nous l'avons dit plus haut, et suspeu- 



1170 &â. HLB »» «WU. 

ditl^aniiiial-par oe:oroisiiet§ 1fer.BalatlBiiii.' à» finr A 
teirane dé sa iBuseiiâ.. II. s'obterv» nen éè taole k 
journée; mais le sotfy miuafê-àBiltmameëSf ilJratitii- 1 
▼emenl te crochet dodiivne eoiilye le.fier éaift Uv- 1 
Imde; pour rendre plu» oorafilet le? «ootMà dfis^te j 
métaux. U vit aussitôt les- menriures da^FaBûnaLflfrw- 1 
tracter,, et ces mouvemeiilsi se népétaieut ebupriÉ 1 
que: Fanneau d& cui^ne touduûit le^ fce dtt Inlfliiii M 
terrasse; Gependant. les inrtctmnenta^ de phjsiqiWBli' 
dîquaient pas. dans. Tair la. psésesce: do^ Viàstii^âÊkb 
coiitractiou était donc indépendante rtnir anwMii rtfl 
Heures : elle était propre à Tanioud. H y aniLdomBe 
âeelricité animale :coinme;Galirani;L'ayail.to: 
çonné. 

fialvani répéta cette expérienee daiiB: ao» 
Il plaça.sur un plateau de fèruse granoufflii 
ment préparée, et passa: taoL petit fiDaslieà de 
travers la: masse des nuiscle» lombairas'eli 
de la moelleépimère'..A chaque; oontoci dii.«iiiMi'€là 
fer, les contractions se reproduisaienk. Àiaà>wb^ 
métallique en contact, par lune de: ses- estréinidifvee 
les muscles de lagrenouilleetpair KautceasesESttiflft, 
excite des contractions violentes^ 

Ctalvani: crut poavoir poser en^ priacipr ^ 1^ 
muscle est une bouteille de Leyde oi^niqai^qpfe ^ 
nerf joue le rôle d'un simple eondutteur, qas fttfi- 
tricité positive circule de Tintérieur dw nciuacie wivsA 
et du nerfi au muscle,, à travers l'ara exoîtaliMt ^ 
observateurs modernes ont reconnu rexiétence S^ 
courant propre dans les animaux , et. le Mtf^ 
d'électricité indiqué par GaiVani dan» Ita nmidtf 
et les nerfs des animaux a été ainsi pleinement tf^ 
firme.. 

tes phyi^logistes: et on: grand mmilinc^ de 
adoptèrent les^ idées; dé (UikanL: iDaiseUat ùsaâvMfM 
«ni adversaire redoutable* dai» unr fbjmà»n' d9liiv<r 



LA rlLE DE VOLTA. 171 

dï^jà célèbre, mais qui allail le devenir bien davantage, 
Alexandre Volta. 

Prenant le contre-pied de la théorie de Galvaoi, Voila 
iaça. dans les métaux l'origine de l'électricité que Gai- 
[oi avait placée dans le corps de l'animal. Quand l'arc 
nétaUique qui unit les muscles lombaires anx nerfs 
I est formé de deux métaux, (lisait Voila, c'est 
î contact de ces deux métaux qui dégage de l'électri- 
■ ér et celle-ci, passant dans les organes de la gré- 
mille, y provoque des contractions. Quand l'arc exci- 
Bn; 3St formé d'un seul métal, c'est la différente 
tics humeurs qui mouillcnlles muscles et les nerfs 
idre de même de t'éleclricité. 
i défendit pendant six ans sa théorie contre les 
_ étions incessantes de Voila, Il y avait alors deux 
m^ opposés dans la science européenne: 1^ galsa- 
Jte st les voltaïstes. 
' V» savant italien, Fabroni, qui n'appartenait ni à l'un 
lîii iîautre des deux camps, attribua tous Ibs effets ob- 
fé&à une action chimique exercée piu^ ïa liquides 
keQnp& de l'animal sur le métal qui forme' Tare cxci- 
itaieui.tt^s sa théorie passa inaperçue dans te: choc des 
ideux psrtis. 

re((e. division et la lutte des deux doctiiaes continué- 
t parmi les physicieiio de l'Europe jtiBqa'en 1799. 
A cetteépoque, Volta, on peut le dire, foudsoya ses adver- 
5 par la. découverte de l'appareil qui porteson nom. 
».de vaiis. — Volta avait remarqué (gie deux dis- 
uee de zinc et d'argent isolés par une ^s-ds verre et 
lis en contact, puis séparés, se chargeMent d'une 
ntité d'èleotricilé faible, mais apffléGii^lfr. ffrest en 
fammblant plusieurs couples de ces disques métalli- 
«s que Voila construisit la pile. 
« lt'ai>parcil doiU je vous parle, écrivait Volta. le 20 
> mars 1860 au président de lu Société royale (le Londres, 
>a'est qu^un assemblage de bons conducteurs de diffé- 
■tfis espèces arrangés d!une:QeElame PUmière^ViDgl. 



m 



L* nu ni T«.iÂ. 



•I qnaniite, sotunle pièces de coiTre, on mieux Su- 

' gent, appliquées chacune k une pièce d'ëtain od, ce 

■ qm est l>eaucoup mieui, de diic, et un nombre^ 

- de eoucbes d'eau, on d'ean salée, de lessive, elc, « 
« desmorceaux de carionbien imbibés de ces hunai: 

- de telles couches iDterposées à chaque coupleoue» 

■ binaison des deux métaux diOËrents ; une telle «Jk 
• altemative et toi^jours dans 'le même oi^re de m 

■ trois espèces de conducteurs, voilà tout ce qui w^ 

■ tue mon nouvel instrument. > 

La figure suivante représente l'appareil prodoetarà 
courant électrique tel qo'il fat eon^ 
par Volta et employé par les phfÉÉB 
(lanslespremiëresani^esdenotnddt 
On voit, à part, les disques e, s (fel,tt 
cuivre , de zinc et de drap nuxdè^ 
constituent un élément ou eomph. L^ 
seinblage de ces couples snperpoiliti 
pUe, forme l'appareil qui a reçu, pov 
celle raison, le nom de pila de Tiit. 
L'ékclricité dégagée parla rénnidde 
tous ces éléments s'accumule aux dem 
extrémités de l'appareif, jui 
portent le nom de pila- 1'^ 
eclricîlé positlvesettomV»! 
pôle positif terminé par le 
iil conducteur jî,-J'éleclridtÈ 
négative au pâle aé^'ii, 
terminé par le fîl condu- 
' teurn, 

DéeompssliloM «« rcM 
par la pile. — Nicholson e[ 
Carlisle, expérimentateurs anglais , ont les premiers 
montré, par une découverte des plus brillantes, le rftte 
important que la pile de Volta était appelée i jouer 
dans la chimie. Nicholson et Carlisle réalisèrent l'expé- 
rience capitale qui servit de point de départ k looW 







LA PILE DK VOLU. 



17» 



les applications chimiques de la pile, c'est-à-dire la dé- 
composition de l'eau. 

Ayant pris un tube de verre, rempli d'eau de source 
et fermé par des bouchons de liège, Carlisle et Ni- 
ebolson firent passer à travers chacun des bouchons 
un fil de cuivre rouge. Après avoir placé le lube verti- 
calement, le fil de cuivre inférieur fut mis en commu- 
cation avec le disque d'argent qui formait la base (pâle) 
d'une petite pile i colonne construite par Carlisle, et le 
M supérieur avec te disque de zinc du sommet. Alors 
ils approchèrent à une petite distance l'une de Vautre 
les deux estrémilés des fils. •■ Aussitôt, dit Nicholson, 
• une longue traînée debulles excessivement fines s'éleva 
c de la pointe du fil de cuivre inférieur, tandis que la 
H pointe du fil de cuivre opposé devenait terne, puis jaune 
> orangé, puis noire. > 

L'eau avait été décomposée en ses deux éléments : le 
gaz hydrogène, qui s'était dégage en bulles au fil néga- 
fif, etroxygène, quis'était 
porté sur le fll supérieur 
attaché au pAle positif et 
l'avait oxjdè. Nicholson 
substitua hientdt aux fils 
de cuivre des fils de pla- 
tine ou d'or : ces métaux 
n'étant pas oxydables, on 
pouvait recueillir le gaz 
oxygène k l'état de liberté. 
On démontre aujour- 
d'hui la nature de l'eau 
au moyen de l'appareil 
de Nicholson légèrement 
modifié. On prend un 
verre à pied (fig. 65) con- 
Fig. ». tenaDldeTeau, et dontle 

fond renferme une masse de cire traversée par deux filâ 
de platine f, f\ L'extrémité de ces fils s'engage dans deux 




174 lA fîLE H ^0LT4. 

étroites doches de verre gradoSes ^ ffleiMB ^d^em; on 
les met en rapport avec les pôles dHine |31e. iTesn se 
décompose, et Ton recueille dans une-fles^iodies 4bu 
vohmies de gaz hydrogène» tandis qn'im vdNime'defai 
oxygène seulement s*est rénni dans -ranitre docflie. 

Les expériences de Nicbolson furent reprroduites p»- 
tont «n ADemagne. A la même époque, WilIiam^Cnâ»- 
lumk démontrait que le courant voltiâqne iqm'déooB- 
pose l'eau, pecft aussi décomposer Jes oxydes laMil- 
Uqoes çux-mémes dans les sels dont ces composés fort 
partie, en sorte que qud4uefois le métal "se déposa 
petits cristaux sur le pôle -négatif. 

BiÉite les appHeatiras Aela pile& l»'JWe«iiflp«ÉMtai 
éleeiv»-«MaKi4«e éem corps. Timvavm ^olÊ m m $. ^if* • 

pliquée h la chimie, la pile devait enrichir ^œiteiiVtt 
de faits nouveaux et perfectionner d'une inmiMiihii 
tendue ses procédés d'expérimentatioii. fiumfiMito} 
fit un fiiisc^o de tous les faits épars sur Taniiili- 
mique de la pile, cft par ses travaux et son géni^ kar 
donna l-unitë qui leur manquait. 

Davy montra que tous les corps composés peuvent se 
réduire en leurs éléments sous l'influence de la pile. Il 
découvrit la véritable nature des terres, c'est-à-dire de 
la diaux, de la baryte, de la magnésie et celle (tes al- 
calis, c'est-à-dire de la potasse et delà Boude. llsfeçan 
ces divers corps en deux éléments : un métal eldcFoiî- 
gène. A l'aide d/un appareil très-puissant, c'est-à-dire 
composé de six cents couples voltaïques <qii!il devait à 
une souscription nationale, Davy reconnut -que, si Ton 
termine les deux fils conduclcuBS de la pile par deux 
pointes de charbon et que l'on approche ces charbons à 
une petite distance l'un de l'autre, on voiljailUr entre eux 
une étincelle resplendissante dlé^t. En éloignant peu à 
peu les charbons l'un de l'autre, 'tefeidelumi^pe^feopait 
un arc lumineux de trois à quatre pouces de longueur et 
dont Téclat était comparable à celui de la 'lumière f^ 
laire. 'Qe *ph6nonifène lunnneux est purement xjftrjéqifi] 



LÀ PILE DE YOLTA. 1^1 

!!ôïygène de l'uii" n'y a point de pari, car i'espéiienee 
réussit aussi bien dans le vide que daBGl'oir. Ges-Fwiwr- 
qoablcB effets «ont te résultai delà chaleur développée 
I»r le courant de la pile. I>e nos jours, tel arc lumineux 
a été appliqué à l'éclairage, comme nous le verrons dans 
Je chapitre spécial de l'éclairage électrique. 

Wéconverle de !■ pUc ft u-agea. — AVCC la ptle à CO- 
tormes due h Voila, il était impossible d'oblenir des 
flffiïls proporlîonnés au nombre .des couples. En effel, 
Ift pression des disques supérieurs sur les rondelles de 
;ênip de la partie inférieure de la colonne, qui expri- 
Imnit les disques de drap, en faisait écouler le liquide, 
el dimiuuail ainsi l'action chimique exercée entre le 




Ljinc el le •iiiiuidc acide imprégnant les xondelles de 

jlrap. lues '|ih}Eiciens songèrent donc à madifier l'ins- 

'frumeul de ïolta. En 1802 , Cruiksliank ;ie iil très- 

teuGeiuemeat, en rendant cette pile liorizontale. Il 

IBBiplltça ks couples circulaires par des plaqBes reclan- 

gulaires de cuivre el de zinc placées en contact l'uneavec 

Kautre.ficellées au fond d'une boite de manière à former 

i^ipelites, auges, dims lesquelles on plaça le liquide Ce fut 

<l|i^iediteâau<7i°«que représenlela figure 56. Au moyen 

d'inslFumenls de ce geni-e, on put brûler des fils de fer 

de -platine, des ligee de plomb, d'argent, etc., pro- 

ire enfin divers elTels électro-chimiques irès-intenses. 

l'ormeHnauvellos donnËee il la pll« de Volta, — Od 

!Ht de voir que la pile à colonne -dont Voila avail lait 



â 



17S U riLE M VOLT*. 

usage, fut bientdt remplacée par la pUê à aufu cod- 

- %j Btrnite, en 1809, par GruauhaqL Cette 

B forme de la pile demeorapendanltrè^ 

T 



.....uv Mc ui |HH, UC1UDIU9 iwaouiiira- 

g longtemps en tiiage dans ki Uion. 
loires , et c'est avec la pile i Mogts 
qu'ont été accomplies les décomotes 
les pltia remarquables qoi aimt rigniU 
labranche importante de la Mâence wà 




l'eau étendue de dix t m 



nous occupe. Mus cette forme de k 
pile présentait divers inconvénients, db 
fut d'abord remplacée par la pifa A 
Wotlaitom, qoi rendît de grands seni» 
pour certains cas déterminés. 

En 1 836 et 1 839, les physiidêiu B^ 
Dauiell et GroTe firent subir A IMm- 
meni producteur de raeetricttJWBiMh 
Telles et protonde8~niodIflcaQiMib.jlooi 
ne décrirons pas id tes appavdbnn- 
stniils par ces savants. Noos padcnn 
seulement de la pii» d9 ttmHmm qui et 
Irès-énergique, et qui est aujonrAa' 
presque esclnsÎTement employée dus 
les ateliers pour la dorure, l'argenlore, 
ou le cuivrage des métaux , et dans 
les labor&tiHits de 
physique. 

Chaque conplede 
la pile de Bunsen 
se compose de qua- 
tre pièces qui reo- ' 
trent les unes dans 
les autres. Ces piè- 
ces sont (flg. 67) : 
1* un vase ie 
faïence on devem 
V contenant de 
■Is d'acide snl/briqne; 



LA PILE DB VOLTA. 177 

^yune lame de zinczniunie d'une lige de cuivre qui doit 
lervir de conducteur pour le fluide négalif ; 3° un vase de 
tcrreperméablepquipKUtse laisser traverser parles gaz et 
Eontient de l'acide azotique ; V un cylindre de charbon c 
ïiuni en haut d'un anneau de cuivre sur lequel est soudée 
"me lige de cuivre , qui est le conducteur du fluide po- 
sitif. Ces pièces sont placées les 

f ""Jt." ~ ""^^ ^^'^^ ^^^ autres, comme 

"' • ï^* le montre la figure 58, qui est 

une coupe d'un élément de la 
pile de Bunsen, et la figure 59 
qui représente l'appareil monté 
et prêt à agir. 

Dès que le zinc et le charbon 
communiquent par un con- 
ducteur, le couple devient actif, 
^^-^^^^^^^^^^^^,' <^' si l'on réunit entre eux un 
^k ^^^^^^■^^^ cortainnombredeceséléments, 
^F ^"^' *"' on obtient la pie de Bunsen. 

^k La pile de lîimsen se compose donc de la réunion 
Bf an certain nombre de couples qu'on fuit communi- 
^naer Von k l'autre, en mettant en rapport la lame mé- 
V'talliqoe fixée au cylindre de zinc avec celle du cylindre 
^"de charbon. 




K La figu 




figure 60 repréEenle une pile de Bunsen formée 



176 Là TILI DI TOLTl. 

de quctre. flémeiltB oa emipleB. Le plSIe 'poâflf-See^ 
pile te Iroure bd demier cyfinBie do cbBftKm^, elk 
pAle négatif au dernier cylînde Se âmtX. 

Thémwtn «e im #ii«. — L'idée tfaÉongue -fla tlén»- 
loppemeDt de réieclricité par le contact , c'eA-Mire 
hi tbéorie de Voila , a été reconnae inesacte. la 
•Ifaéoi'ie qui admet , au eontruire , que le. développe- 
Tnent de l'électricité par la pile est le résaltat de fac- 
iion chimique qui s'exerce entre les acidsaitles métaiu 
de la pile, est admise aujourd'hui mam imaestatioiL 
Ou explique très-bien les eOfels de aril.^;pvaâl et To- 
rigine de l'électricité qu'il produit, parlasetJleconadé- 
ration des effets chimiques , c'est-Mfae en zrappir 
tant ses effets à l'électricité qui prend ■Énsamie toBtes 
les Foî&lque s'accomplit une action chûâ^ie qnalcongiit. 
Voici comment on explique le ItTgiymii ni li tfc 
tricîté dans l'appareil qui est aujonid'Juii niiliiMiÉgii] 
en usage comme moyen de produire l'électricité, c'est- 
it'dire àans la pile de Bunsen. 

Quand l'instrument est mis en action, c'est-à-dire qiuit 
on charge les couples en plaçant l'acide suIturiqueBus 
le Tase extérieur , l'acide ibb- 
tique dans le vase inttiÏRir, 
et dès que les Ills conèttean 
sont mis en contact demaiûfeie 
•àidoniiarï'^oulcment au cou- 
vantiiéinttn^ne qui va se pco- 
doiip., «loici la réaction cbi- 
i^^ue qui ec passe et qui a 
yaur résultat de produire uae 
■ae cosBidémblcd'électricilÉ 
i prenâ alors la forme àe 
coiffant. 

Fig. j,. L'acide sulfurique élenda 

d'eau, qui remplit Icvaseeit^ i 
rieur V, attague la lame de zinc Z qui plonge dans 
ce ËquiSe ; "SOUS riuQuence deTacide suirariqcie, -l'eau 




kX «ILE «DE YOLTA. il7p 

«st décomposée en ses éléments, savoir Thydrogène et 
Toxygèue: Toxygène, se portant sur le: zinc, v forme de 
l'cxxyâe de sine qui, se combinant avec Tacide sulfu- 
rique, produit du sulfate de zinc, sel soluble dans l'eau 
et qui demeure dissous dans Teau du vase N. Cette 
première réaction, c'est-à-dire la décomposition de l'eau, 
produit un grand dégagement d'électricité , puisque 
tonte réaction chimique s'accompagne nécessairement 
d'un dégagement d'électricité. De là , une première 
wurce td'électricité dans l'instrument que nous consi- 
dérons. 

Mais il y a , dans le même appareil , une seconde 
soaroe d'électricité qui vient s'ajouter à la première. Le 
foz hydrogène provenant de la décomposition de l'eau 
par lennc, ne se dégage pas purement et simplement 
àrextérîeur; le vase intérieur D qui est fait en porce- 
lanie non-'vernîe, est perméable au gaz, il peut donner 
^ssage, à travers la porosité de sa substance, au gaz 
hydrogène formé dans le vase extérieur Y. Le gaz hy- 
difegène passe donc à travers l'épaisseurdu vase D, et 
parvenu à l'intérieur de ce vase, il se trouve en contact 
avec Vacide azotique qui le remplit. Il s'étoblit alors 
une Mfin chimique entre le gaz hydrogène et l'acide 
aJEDfJfoe : l'hydrogène se combinant à une partie de 
roxysgène de l'acide azotique forme de l'eau et ramène 
r«Mde azotique à l'état d'acide hypo-azotique ou de 
iiîosdude d'azote. Cette nouvelle action chimique entre 
rhydrogène et l'acide azotique a pour résultat néces- 
saire de produire un nouveau développement d'élcctri- 
dftéiqai prend la forme de courant, et s'ajoute à l'élec- 
faûtiié 'déjà «produite par la réaction qui s'est exercée 
.eBlre:l!aciée4iilfari^e «t'ie zinc dans le compartiment 
•eilériisuc. 'Les deux f courants électriques provenant de 
•colle véaction, ?ne «lannulent pasréoiproquement, mats 
•joulent leuFS effets, parce qutils marchisnt dans le 
'iHéiiie te ns,'<;!estfAtdipe vont du»vaae intérieur au-vasie 
(ttténmirr'àitMHnBrs âas liquides tek .la doison poreuse. 



180 LA PILI DB TOLTA. 

Le bloc (le cliurboii G, substance inaUaqoable par Ta- 
cide azolique et très-conductrice de rélectriciiè, reçmt 
l'électricité positive, qui s'écoule par le fil métaUiq[itt 
fixé sur cet élément ; le zinc Z reçoit rélectricitè D4^ 
tive et lui donne Técoulement par le fil métallique 
soudé à la lame de zinc et qui représente le ftk 
négatif. 

Quand on réunit entre eux, au moyen d'un fil métal- 
lique conducteur, le pôle négatif et le pdle positif le 
rinstrument, la pile entre en action, et il se former 
courant électrique continu, parce que les deux électri- 
cités positive et négative qui viennent se neutraliser et 
se détruire mutuellement au point de jonction des ta 
conducteurs interpolaires, se reforment sans cesse d 
constituent ainsi ce que Ton nomme un courani eut* 
trique. 

Effets de la plie. — Linstrument dëcouvert par ToHa 
est un des plus merveilleux qui soient sortis des mains 
des hommes, en raison de la diversité et du nombre des 
effets auxquels il donne naissance. On peut les divisar 
en trois catégories : V Effets physiques,^* effets €himifm^ 
3* effets physiologiques. 

Si Ton réunit les deux pôles d'une pile en activité par 
un fil de métal de faibles dimensions, ce fil s'édtfafi» 
rougit, fond et disparaît. Aucune matière ne pentréas- 
tcr à la puissante action calorifique de la pile de \o\\a*. 
les métaux les plus infusibles entrent en fusion et mêine 
se volatilisent quand on les place, sous la forme de fils 
fins, entre les deux pôles. 

Cet instrument, qui est une source de chaleur, est aussi 
une source de lumière. Si Ton termine les deux conduc- 
teurs d'une pile puissante par deux pointes de charbon, 
et qu'on les tienne éloignés seulement de quelques cen- 
timètres, on obtient une lumière d'un prodigieux éclat. 

Comme nous le verrons plus loin (à l'article ÉlectrO' 
magnétisme), la pile peut aussi devenir un instrument mé- 
canique, c'est-à-dire servira transformer des barres de 



LÀ PILE DE VOLTA. 181 

en puissants aimants qui attirent des masses de fer 
Il poids considérable, et produisent ainsi un véritable 
I mécanique. 

Production de chaleur et de lumière, force mécanique, 
sont donc les efTets physiques principaux de cet in* 
iment. 

la pile deVolta est encore un agent extrêmement puis- 
t de décompositions chimiques. Plongez dans la disso- 
on d'un sel, dans une dissolution de sulfate de soude 
^eiemple, les deux pôles d'nne pile, et vous verrez les 
□c éléments du sel se séparer sous l'inOuence décom- 
snte de Télectricité : Tacide sulfurique libre apparaî- 
au p6le positif, et la soude libre, c'est-à-dire la base 
sel, se portera au pôle négatif. Souvent même la base 
ce sel sera décomposée elle-même et elle se réduira 
ses deux éléments, oxygène et métal. Faites plonger 
is une dissolution de sulfate de cuivre les deux pôles 
ne pile en activité, Tacide sulfurique sera mis en li- 
rté et se portera au pôle positif, et l'oxyde de cuivre 
i s'ert porté au pôle négatif sera décomposé lui-même 
ses deux éléments, le cuivre et l'oxygène. L'oxygène 
dégagera à l'état de gaz au pôle positif avec l'acide 
Ifùrique et le métal, le cuivre se déposera au pôle nd- 
liL Cest sur ce fait, comme nous le verrons plus loin, 
e reposent les opérations de la galvanoplastie. 
La pfle est donc, au point de vue de ses effets chimi- 
es, tin agent puissant de décomposition, puisqu'au- 
De subs^nce composée ne peut résister à son ac- 
n. 

Quant à ses effets physiologiques, ils consistent dans 
i commotions que le courant de la pile fait éprouver 
X divers organes des animaux. 
Chaleur, lumière, force mécanique, décompositions 
imiqoes, action puissante sur les organes des êtres vi- 
tits, tels sont donc les effets que produit la pile de 
^Ita, et qui en font un instrument véritablement uni* 
rsel par la variété de ses attributs. 



LA nu DB VOUTA. 



flirtied , physicien danois , déeooirit «n M imÉ 
quable, qui fut la source d*une nouvelle knMkèt 
.flhj%\qxte^Yéleeir(Hmagnétimm. Bn rëunîcsnitfrafl 
métallique les deux pôles d*uBe pile, ^ «ppRÉaNe 
fil d'une aiguille aimantée, QErsted reconnut ^fB^H 
guiUe était écartéede sa direction'primiiive.i'MÉH 

en monvenient agissait donc sor ies corps nuguM 
1a flcienœ allait dès lors marcher TapiéeiiKÉÎi 
conquêtes nourelles, cqr Féle^ro-inagpétiaKMl 
IWigîne de la découverte ffune 7oule defrilMjri^ 
considérablement étendu le cercle de nos cftB SMi*^^ 
dans Télectricité, et qui ont reçu de nos J0on1v4r| 
cations les plus précieuses et les plus variées. ^. .|) 

Nous allons avoir Toccasion d'étudier, da^W* 
de cet ouvrage, les applications les plus rt ^j^jf 
ont > été faites de nos jouris de rélectro-4M|?|*fJ* 
en parlant de la télégraphie électrique, delà fri0tlf^ 
et de Yéelairaçe électrique. 



I 



XVII 

LE TÉLÉGRAPHE ÉLECTRIQUE. 

flUMoBiqne. — La pensée d'appliquer rél«*i** 

une correspondance télégraphique, c'est-à-dire j^l 

inaoïsmifision instantanée de signes ou de letifCB^ 

«lieu. à un autre, s'est naturellement présentée à* V 

des physiciens, dès qu'ils eurent connaissance *8|P'l 

^nomènes électriques, et surtout de ce fiait que4*l^' 

-cité se transmet d'un point à un autre dansîun^flJJ 

jde temps inappréciable. Après Famiée 1766, c?e8t4^ 

*afMièsiles travaux/de.Grey,'Dufa7, Mussenbroft, Uf? 

nier et Franklin, l'idée d'appliquer à la'télégrf#>>^ 



m TBLÉGKAPHE ÉLIECTRÎQOE. W6 

USB et mystérieuse force de l'électricité ne tarda 
^clore. 

ttiére «ennon dti "[télégraphe éleetriqne. — On 

dans le Scofs Magazine, recueil écossais, dans une 
ignée d'une^simple initiale, la description d'un télé- 
I «edrique déjà Tort bien conçu. Uauteur de cette 
Hcrite de Renfrew, le 1^ février 1758, li'est pas con- 
te idée attirad'ailleurs très-peu d'attciilion,carrap- 
Proposé par le savant anonyme ne fut pas exécuté. 

K® L.esiige eonstnilt le premier télégraplieéleo- 

— Il en fut autrement d'un appareil imaginé 
1 savant genevois, d'origine française, nommé 
ï^Louis Lesage. En 1760, Lesage, professeur de 
ïTSrtiques "à Genève, conçut le projet d'un télé- 
t électrique qu'il exécuta de ses mains en ^1774. 
Uniment se composait de vingt-quatre (ils métal- 
séparés les uns des autres et enfermés dan* une 
Dce non conductrice. Chaque fil aboutissait à une 
ïrtant une petite balle de sureau suspendue à im 
soie. Un des fils étant mis en contact a^ec une 
t d'éleclricité , la balle de sureau était repoussée , 
nouvemcnt désignait une lettre de l'alphabet. 

îrc projet de télégraphe électrique. — L'idée dc 

îervir le fluide électrique à là télégraphie se pré- 
'vers la même époque, en Allemagne, en Espagne 
France, à beaucoup de physiciens, qui firent con- 
avec plus ou moins de précision, des appareils fon- 
r €e principe. Lhomond, en France, en 1787;^ 
court, en Espagne, en 1787; Reiser, en Alle- 
i, *cn 1794; François Salva, médecin de Madrid, 
¥d, agirent ces idées en pratique par différentes 
liions. 

i-ces divers instrumeilts , qui foncliomiaieiit ou 
. de rékctricité statique fournie par la machine à 
1 de verre, n-étaient guère autre chose t}ae ides 
ités de cabinet, et n'auraient pu servir à une vé- 
t^orrcspondanee télégraphique. Bn effet, 3%le0- 



It4 U TlLiBÛPn faARTirQUE. 

tridU Statique développée par k frollemenl,neitiii« ^''''^^^ 
qn*4 la surface des corirâ, et tend toujours à émitm ""'^^4 
ses conducteurs par divenes causes, et cd parliniliK ,^tiK 
par l'action de l'air buoiide. ^^éc 

Les télégraphes électriques fondés surl'eiTipliiiilel'^ ^-a 
lectriùté statiqne De poavant rendre dansùt^i^ iip*"' 
aucun service sérieux, l'art de la télégraphie dut'g!^ j*»^^ 
car k faire usage de ces instruments. Sur ces ^^ [^ \ 
tes, un système parlait de télégraphie Bérïeo^j^fA ^Â 
été découvert par l'abbé Claude Ghappe, I^^^^^Xn^''^ 
aériens furent adoptés en France, à partie ^f \%\\?^ 
comme moyen de la télégraphie, et ce moy^* \b«.. 
pagea bientôt dans l'Europe entièie. trf^X"^' 

Lb dtfCABvrale de !• plie ae Voila fait ^'{li^ii^Xi 
IM OMBl* de «lésraphle «ectrique. — L.^:-'^^(pia*'^\ 

Statique ne pouvait, avons-nous dit, s'appli ^ * ç, C^* ' 
avantage & la correspondance télégraphiqu^^jVjtsii ^ 
découverte de la pile de Volta, qui fournï *i(,[nje # 
source constante d'éleclricité dynamique, r«*^ c-jctopft 
laquelle l'électricilé n'a aucune tendance à s^ ^eeild^ 
des corps qui la recèlent , vint changer la fac^ * j'.,,, 
question. A partir de ce momeni, on put satii,*^f 
manière positive à faire usage de l'électricit»^ itémÊS 
agent de télégraphie. 

TélécPBpbea de SDcmmerlag, Schlllliig «t ^hui-y 

d«r. — Dans les premiers temps de la découi- ^'^eélsj- 
pile de Volta, la décomposition de Veau pari -^cornlhi 
électrique avait particulièrement fixé ratle*^%ife/ "' 
physiciens. C'est ce phénomène de décompos»%ûitA 
mique qui servit de base au premier lélégrapAe ^Swf 
trique qui fut proposé pour tirer parti de la pile àe fi^l 
En 1811, Sœmmering, physicien de Munich, ''""«Ji/l^ 
dcscripliond'untélégraphe fondé sur ladécomposiliaifj^ 
l'eau que l'on produisait à distance dans dilTérenls m 
représentant les 24 lettres de l'alphabet el leslOeiiï 
de la numération. Mais ce procédi: présenlail iJeauM^ïi; 
de difficultés dans la pratique, tant par la complin^jli 



LB TÉLÉGRAPBX ÉLECTRIQUE. IM 

ait de remploi de plus de (rente fils conduc- 
e par llncertitude de la réaction chimique 
oquée à distance. Pour réussir, il fallait pou- 
ituer à l'action chimique de Feau une véritable 
canique. 

Tannée 1820, la science n'offrit aucun moyen 
juer au moyen de l'électricité, cette action 
e nécessaire pour créer un bon télégraphe 
. Ce moyen fut réalisé par la grande décou- 
)hysicien danois (Krsted. 
ayant découvert, en 1820, qu'un courant vol- 
culant autour d'une aiguille aimantée écarte 
lie de sa position naturelle, les physiciens son- 
ut aussitôt à appliquer cette découverte à la 
e. Ampère donna la description d'un appareil 
pondance télégraphique basé sur les dévia- 
itant d'aiguilles aimantées qu'il y a de lettres 
labet. 

$ effets étaient encore très-faibles; il fallait aug- 
îur intensité. Schweigger ayant enroulé sur 
le fil conducteur d'une pile en l'isolant par une 
s de soie, et ayant placé une aiguille aimantée 
! de ce système, remarqua que la déviation de 
ille augmentait avec le nombre des tours du fil 
ir. Grâce à ce nouveau principe, Schilling et 
• purent fonder un nouveau système de télé- 
ectrique. Mais leurs appareils étaient compli- 
. grand nombre de fils métalliques pour indi- 
leltres de l'alphabet, et leur emploi dans la 
était presque impossible^ Il fallut demander de 
ressources à la science. 

erte de raimantaclon temporaire par Arago. 

20 , Arago découvrit ce fait fondamental , que 
é circulant autour d'une lame de fer dottx^ 
'e très-pur, communique à cette lame les pro- 
3 l'aimant. Qu'on enroule autour d'une lame 
mx un fil de cuivre recouvert de soie, sub- 



166 



ÉLECTBIQCS. 



stance ieolanic, ci qu'on nielte les deux exteéa 
du£) en rapport avec les pôl^s de la pile, auasiU 
lane de fer doux devient un aimant et peut attire 
morceau de Ter placé à une certaine distance- Q 
interrompe le courant, c'est-à-dire la cammunicalio 
fer doux avec la. pile, aussilâl il perd ses propr 
d'aimant, revient à son état naturel, et le inorces 
Ter qu'il avait attiré, se détache de lui. En une aeta 




on peut tûnsi changer plusieurs lois un inorccai 
fer en nimant, puis Ini rendre ses propriétés r 
relies. Si on faitusnge d'une pile de quarante élém 
de Bunsen, et que l'on enroule le conducteur un gi 
nombre de fois autour d'une pièce de fer façonné 
fer à clieval, comme l'indique la figure suivante, 
peut obtenir un électro-aimant, ou aimant artifi 
capable de porter plos de StWkilogramniee. 



LB t^rïkTftiTFHE ÂLSCTRIQDB* 187 

eipe général trar teqirel -repose la ecni^traetlon 
{ les télégraphes électriques. L*aiinailtation 

aire du fer par le courant électrique, tel est le 
)rincipe sur lequel sotit fondés tous les appareils 
de télégraphie électrique. On va comprendre 
nt on peut produire à distance un effet mécaiii- 
. moyen de l'aimantation du fer par un courant 
ue. 

i Paris une pile en activilé. Le fil conducteur de 
.6 s'étend jusqu'à Calais, et là il est enroulé au- 
ine lame de fer doux, puis ramené à la pile «i- 
^aris.Le fluide électrique partant de Paris aimante 
de fer doux placée à Calais, et si devant cette lame 
ce un disque de fer mobile, ce disque sera aussitôt 
; s'appliquera sur noire aimant artificiel et lem- 
. Maintenant supprimons à Paris la commuriîca- 
fil conducteur avec la pile, la lame de fer doux 
rouveà Calais est désaimantée ; elle ne retient plus 
le de fer mobile , qui reprend alors sa position 
œ, et cela d'autant plus aisément qu'un ressort 
pourra favoriser son mouvement en arrière, 
comme on le voit dans la figure 63. 

Ainsi, en établissant et en interrompant 
successivement le courant ÏParis, on obtient 
à Calais un mouvement de va-et-vient du 
* disque de fer. Ce mouvement que Taimanta- 
lion temporaire permet d'exercer à distance 
est le fait fondamental sur lequel repose la 
»• construction du télégraphe électrique, 
construit de nos jours un nombre très-varié de 
lires électriques qui sont tous fondés sur le prin- 
l'aimantation temporaire du fer, mais qui diffè- 
tablement par le mécanisme qui sert à appliquer 
à la production des signaux. La diversité des 
s qui ont été mis en usage, selon les préférences 
hiie des mécaniciens des divers pays, pourlirer 
3 ce mouvement, a donné naissance aux ttèar 



188 Li TiLÉGBAPHi iucniQini. 

nombreux appareils de télégraphie électrique qui sont 
aajoard'hui adoptés. 

Pour ne pas s*égarer au milieu de la multiplicité des 
systèmes actuels de télégraphie électrique, on peut les 
r^nire wa\ suivants : 

1* L'appareil américain inventé par le professeur 
Morse, des États-Unis; 

i* L'appareil à deux fils et à deux aiguilles qui esf 
osilé en Angleterre ; 

3* L'appareil à cadran , qui sert principalement au- 
jourd'hui pour le service des chemins de fer ; 

V Enfin, l'appareil imprimant c'est-à-dire qui inscrit 
la dépèche en signes coloriés ou en caractères û^im- 
primerie. j 

Tél«|praphe élertriqve de ■•rse •« télécmf ke a»é- 

ricAiB. — Le professeur Samuel Morse, physicien des 
Etats-Unis, est généralement considéré comme le créa- 
teur de la télégraphie électrique. 11 imagina, dit-on, ce 
instrument le 19 octobre 1832 a bord du nayirefeSW/jf, 
en revenant de France en Amérique. Voici la dispo- 
sition du télégraphe de M. Morse, tel qu'il fonctionne au- 
jourd'hui dans les principaux États de l'Europe. (Test 
un télégraphe qui écrit lui-même, conune on vafoir, 
les dépèches qu'il envoie. 

A est un électro-aimant double : chaque âedco- 
aimant se compose d'un long fil de cuivre entouré de 
soie enroulé autour d'une lame de fer. Au-dessos et 
à peu de distance on voit la lame de fer B qui sera at- 
tirée par rélcctro-aimanl A. Cette lame est liée à on levier 
de métal CD. Quand on fait passer le courant, la plaque 
de fer B vient s'appliquer sur l'électro-aimant A. Cette 
plaque étant attachée à un levier coudé CD, et ce levier 
basculantautour du centre auquel il est lié, son extrémité 
C s'abaisse, et son extrémité libre D, qui porte un poinçon, 
s'élève et se met en contact avec une bande de papier, 
qui, à l'aide de rouages d'horlogerie H , marche con- 
tinuellement. Si l'on interrompt le courant , la lame B 



LB TÉLËGRAPHB ÉLECTRIQUE. 189 

pus attirée, et un ressort E a pour effet d'abaisser 
1er CD, et par conséquent de relever la pièce II 
D'elle n'est plus retenue par l'influence tcmpo- 
le l'électro-aimant. On voit que, par l'élablisse- 
H la rupture alternative du courant électrique, le 

■ est ainsi animé d'un mouvement alternatif d'é- 

■ et d'abaissement, et qu'il peut former une série 
leintes sur la bande de papier qui s'avance con- 
Binenl. On voit dans la mf inc fi^re le cylindre F 




rte un ruban mince et continu de papier dont 
dite passe sur la poulie G, et le mouvemcrit 
gerie H qui produit le mouvement de déroule- 
Onstanl de ce papier. 

aégraphe est placé à la station d'arrivée. La 
rinslrument qui sert à établir et à interrompre 
Ivement le courant sont à la station de départ. Ce 
tinslruraent se compose d'un petit bouton métalli- 
(6g. 6â), ûxé à l'extrémité d'une tige métallique 
Jtar son élasticité , celle tige métallique tend 



eoaMtfliDieiil k sa Fellmr*Sîi<Hiifie90i^,aa myfCAèi 
deiglv Ift beuton^Av ôit appl^uftct^bouion: conive; une 
petîâe ¥iiv^e métalUqaa qoL eommonkiae ^ aut mofa 
dJune lame c(mduotii(^ métalliqne^plafite ' 

plateau,, avec deux boutons G,. G». aii»{ael& aoBl attel 
le» deux fils condacteacs.da k ]iye*.AiBsi » eu pPMU/ 
le- cessort; et le laissant ensuilB:abaiiiiomé h soDjtt# 
oilé, oniétaidili et Yobl intecrûn^t suscetBÎwnieBiiciif- 




mi. 65. 

sage de rélectricSBS;cbn& rappaeeS télégraphique placé 
à Tautre statiom. 

Quand le ciccuit esH ouvert et ftnnEiÉipiâement, le 
poinçon de rappareàil tÉiégnii^ïmgtm^ âUUh i ISétf^ 
station, macq^de: atai!pfes.|moa»«vl»|aii^ 
Ion que le^ oausaiit est étsAU plbfr <m mcjÊm taig- 
tenqps^ oa aAtfoÉ As l§iHft Ahiiï iHipBMt fto ou 

nissent autant de combinaisons qu'il est nécessaire pour 
la correspondance. Les lettres représentées an plus par 
qaatse signaux aoni séparéesiks uass. des «liesipar 
des espaces blancs ei les mois pardesiotervaUisft «apoi 
plus grands.. Seloa la ducéa du; ccAtast db Qetta;a0Rta fc 
crayon métallique avec le papier», oe^ peut* ùmmut tii 
point eu une ligue d'une longueur plus QmmamkgngaAe. 
Sîi L'aimantaliofi a'aa dune qu'uni instaoÉ^ Im paiMcne 
csonsectvbquereniprante dfuapeiiirtUilaiaaUfaèQMÉMi 
9*«st probBsvgée;. le crayouv ^nxA de- fl«tidflMr^.».cftIe 
tenqHtds! Boarqnev sur le papier naaMlo' «a Inpiti dfvic 
eestaiar iMBgueur. Amsi,, en pintengeaÉ:|^iUi«i| nites 



Ik dorée dn'courant éfectriqnBi remployé delà station du 
départ peut, 4 cent lieues de distance, faire succédersur 
lepapier de son correspondant un point à un poinf, un 
traiïd'une longueur médiocre à un trait plus long, inter- 
caler un point entre deux traits, ou un trait entre deux 
points, etc. Delà combinaison de ces lignes et de ces points, 
résulte un alphabet de convention, C alphabet de Morse qui 
traduit en signes particuliers les caractères de l'écriture. 

Un point et une ligne (. — ) représentent la lettre A, 
une ligne et demtBâmtfr( — ..^ï ceiiEésentent la lettre B; 
trois points ( . . .)ir]Ai]itUi^C^vfitt&.O^peut imposer ainsi 
des mots et des nbnases. 

L'appareil qua ibous ven(»B db^ cféeiire, a été le pre- 
mier instrumentdfl&ce genres (|us aiii fbafitionné sur une 
ligne télégraphiiqpLaf* aux Bt&t)s4rB9i. 

C'est au miUB» dfe mai lâ^iftepe: fiit inaugurée aux 
États-Unis lait jiMiièra ligne tfiiJ^SEapImjue. Elle fut 
établie entfce? IJMifflgtDn^ eti BMfiiwnîc Imaginé par 
M. Morse, TllaBifte pi^eiei» ^pàat 1m gloire d'ima- 
giner les pinanavinstramenllb ofo cet ant nouveau, et 
de créer la pranSse ligne XfSk^faiffbSapK qui ait mis 
deux viUes fflg^cflBMmtnifaition^.gitt agtMmttn'a pas cessé, 
depuis cetfilirépKepie^ (?âxre «s wugit mm États-Unis. U 
est devenu, efegniffqpdicg»ss iimgmri,jftBB usage presque 
exclusif en EiunpK. kaRaRKr,.FiKII1smâgne, la Suisse, 
l'Espagne, l'IlalièRrat usage aujourd'hui du télégraphe 
de Morse. En Angleterre seulement on persiste à faire 
usage d'un autre instrument beaucoup moins certain 
dans son jeu et que nous allons décrire. 

— Itô télégraiiàe à. aiguéUes,, ^ui; est le plu^ simple de 
tauft'pa» soa mécanisme , laaist non le plus: fidèle,, a Uè 
hnagiué' par M. Wheatsione , pfaysici^ft distingués' à qui 
Kottj doit réta^fiemeni de; k. télég;r>phîe éieetiâqne 
en: Aagldeirre.. 

CiSî téléjçraplia se eomi^cise ds deux aÂgiaille» aimaaiée 
futs^âttineiU semoui^îr et &'arxète£ è vatoatéï par Ua^" ^ 



lOS u liiicuTD iucmooi. 

lion du coDrant ëlecirique établi oa inleirom^' 
met ces aiguilles en mouvement à l'aide de deoi) 
gnées qui laissent circuler le courant autour Si 
Sous l'influence du couranl électrique raigoSt 
déviée^de sa direction vers le Nord, et exécute nni^ 
cernent qui sert de signe télégraphique. En eSit,' 
aiguilles étant au nombre de deiix, on a pu fanM 




alphabetd'aprèslenombredecoups frappés pur l'i 
de droite, celle de gauche, ou toutes les deux simi 
ment. Ainsi, par exemple, la lettre E est représen 
un coup de l'aigiiille de gauche et deux de l'aigu 
droite, lalettreFparun coup deTaiguille de gauche 
de l'aiguille dedroite, etc. II faut nécessairement c( 
ici sur l'adresse.et l'habitude des employés pour su 
h l'insafBsance du mécanisme. On se sert d'enfoi 



LE TiLÉGRAPHB ÉLECTBIQUr. 193 

ont acquis une habileté prodigieuse, et qui font mouvoir 
les aiguilles avec la rapidité de la pensée. 

Si le télégraphe anglais a en sa faveur l'avantage de la 
simplicité, il n'a point celui de l'économie ni de l'exac- 
titude. Il exige, en effet, pour être mis en action, deux 
fils conducteurs et deux courants électriques, au heu 
d'un seul fil et d'un seul appareil voltaïque qui suffisent 
dans le système Morse. Cette circonstance double les dé- 
penses d'installation. Ce système présente en outre cet 
inconvénient, que nulle trace du message ne p'eut y être 
conservée. Tout dépend de la mémoire des employés, 
qui peut être en défaut, qui l'est quelquefois en effet, 
et c'est là ce qui exphque les erreurs assez fréquentes 
qui sont commises dans les dépèches sur les hgnes an- 
glaises. 

Télégraphe à cadran. — Le télégraphe électrique à 
cadran a été imaginé par M. Wheatstone en Angle- 
terre. 

Ce système assez compHqué, n'est point en usage pour 
le service de la correspondance télégraphique publique 
ou privée; il est spécialement affecté à l'usage des che- 
mins de ter. En raison de cette circonstance, qui ôte 
pour nous une partie de l'intérêt de cet instrument, 
nous nous contenterons de faire connaître le principe 
général sur lequel il est fondé, sans entrer dans les dé- 
tails de son mécanisme. Voici donc le principe général 
sur lequel repose le télégraphe à cadran : 

A la station de départ est disposé un cadran circulaire, 
sur lequel sont inscrits les vingt-quatre lettres de l'al- 
phabet et les dix chiffres de la numération. Le cadran est 
mis en relation par le fil de la pile, avec un autre cadran 
tout semblable placé à la station d'arrivée, et sur lequel 
se répètent exactement les mouvements exécutés sur le 
prenoier. Veut-on transmettre une dépèche? A la station 
de départ on amène successivement les diverses lettres 
qui composent les mots, devant un point d'arrêt du ca- 
dran, çt par l'établissement ou la rupture alternative 

9 




194 Ll TÎLBGRIPBE ftLFCniQOI. 

du conrant qui Mt mouToir l'aignille, ces mêmes lettra 
apparaissent, au niËme moment, sm- le cadran de h 
station d'arrivée, 
par l'cfTet de l'é- 
tablissement ou 
de l'interruplioii 
du courant vol- 
laîqucicetlesla- 
tion. La figure 67 
représente ce ca- 
■ dmn élecriquc. 
T«légrftphe 
iHiprimUDt. — 
On désigne, soi:s 
ce nom, un Ic- 
légraplic élec- 
trique qui.à l'aided'un mécanisme particulier, tracesur 
le papier, en caractères d'imprimerie ou autres, la dÉ- 
péche envoyée.jLe moyen qui permet d'atteindre «ré- 
sultat consiste à pousser, par la force électro-raagnétîqne 
engendiée par la pile, une lettre ou caractère d'impri- 
merie recoUTert d'encre, contre une bande de papier 
tournant continuellement d'un mouvemenl viiUome. 
Ce système n'est point en usage en Europe; il est 
employé seulement sur un petit nombre ôe Wpiw 1 
aux Étals-Unis. Le télégraphe de Morse, auioorâ'hni 
presque universellement adopté en Europe, remplit I 
d'une manière sulTisante l'olîice de télégraphe imvn- 
mant, puisqu'il marque sur le papier des traces suffi- 
samment visibles et qui, d'après leur signification con- 
venue, servent à composer des mois. 

Télégraphe «leclriqne Boas-marlH. — La Scienre 

a réalisé une des merveilles des temps modernes en 
continuant au delà des terres les communications té- 
légraphiques, au moyen de fils conducteurs déposés SDr 
Je Tond du bassin des mers. 
La télégraphie électrique sous-marine a présenté 



. LB TtLtGRAPHB ÉLIGTBIQUB. 195 

^longtemps des difficultés, par suite de Tinsuffisance et de 
la cherté des différentes matières dont on pouvait faire 
usagée pour obtenir Tisolement du fil au milieu de la 
masse, éminemment conductrice, des eaux de la mer. 
Ce n'est qu'en 1849 que la gutta^ercha, substance 
apportée de la Chine, et qui constitue un excellent iso- 
lateur du fil électrique, pennit de résoudre le problème 
de la télégraphie sous-marine. 

Le 13 novembre 1851, on inaugurait le télégraphe 
sous-marin entre Douvres et Calais. Le conducteur était 
un câble métallique, souple et solide à la fois. Quatre fils 
de cuivre , contenus dans une gaîne de gutta-percha, 
étaient entrelacés avec quatre cordes de chanvre, le 
tout étant réuni par un mélange de goudron et de suif : 
une corde de chanvre servait de fourreau au câble 
qui était fortement serré à l'extérieur avec des fils de 
fer. La gvticHpercha offrait un moyen parfait pour réta- 
blissement d'un fil télégraphique à travers les mers : 
car si les liquides conduisent bien l'électricité, la gutta- 
percha est une excellente substance isolante et, par 
conséquent, elle est très-propre à servir d'enveloppe 
pour un fil électrique sous-marin. 

Le système de communication sous-marine a fait en 
peu d'années de rapides progrès. Des télégraphes sous- 
marins réunissent aujourd'hui l'Angleterre avec l'Irlande, 
la Hollande, la Belgique. Les deux continents d'Europe et 
d'Afrique sont réunis par un télégraphe électrique partant 
du littoral de la France, aboutissant à la Corse, franchis- 
sant le détroit de Bonifacio qui sépare la Corse de la Sar- 
daigne, et plongeant alors dans les profondeurs de la 
Méditerranée, pour aller, sans aucune interruption, se 
rattacher à la côte d'Afrique, aux environs de Boue. 
En 1866, après l'entrée des armées alliées en Crimée, 
un câble électrique fut jeté à travers la mer Noire , 
entre Varna et Balaclava. C'est au moyen de ce câble, 
que les gouvernements anglais et français étaient in- 
formés instantanément, à Londres et à Paris, des moU' 



Tements des armées en présence. Adnrïnbles ci 
qui semblent les rëres d'une imagmalnn puis» 
I^a longueur du c&ble télégrapiiiqae de D» 
Calais est d'environ 30 kilomètres ; son diamètn 
ron 3 centimètres , et son poids total de 180< 
grammes. 11 est composé, comme le montre 
68, de quatre fils de cuivre entourés d'un 
isolante de gutt»-percha ; ces 
ensuite réunis et recouverts p£ 
velop|»e générale de même mai 
tont est solidement fixé au mo; 
}^08 fils de fer recouTerts de s 
bon de remarquer que ces ^ 
ne sont d'aucune utilité pool 
munication électrique ; ils sm 
ment pour protéger les fils co 
et leur enveloppe, ils donne 
semble une force suffisante piv 
aux causes extérieures de di 
La figure 69 représente la sec 
coupe, foite à l'inléneur du i 
graphique de Douvres à Calais. 

♦ milieu les quatre fils de cuin 
les conducteurs du courant éfci 
au pourtour les dix fils de ti 
protègent. 
Le c&ble sous-marîn d'Irlan 
rend de Holy-Head à Dublin, 
"■ ■ 130 kilomètres de mer, ne con 
seul fil de cuivre, tandis que sa cuirasse ext' 
composée de douze fils de fer assez minces ; i 
t-il i£x fois moins, à longueur égale, que le c 
de Douvres k Calais : son poids, par kilomètre, 
ment de 610 kilogrammes, et son poids total de 
logrammes environ. Un seul joura suffi pour li 
et l'étendre au fond de la mer. 
T4Uccmpfee tisaMiiftauioe. — Une tentai 




rg. M. 



LE TÉLiGEAPHS ÉLECTRIQUE. 107 

=diose a été faite en 1858 : c'est de relier par un câble 
sous-marin l'Europe et le continent américain. Ce câble 
avait 800 lieues de longueur ; il était formé de sept fils 
de cuivre, tordus ensemble et protégés par une enve- 
loppe de gutta^percha et de fils de fer. 

On a parfaitement réussi à jeter ce câble au fond de 
rOcéan entre l'Irlande et l'île de Terre-Neuve, en Amé- 
rique; mais il n'a pu transmettre que pendant quelques 
jours le courant électrique, et l'on a dû renvoyer à une 
autre année une nouvelle tentative. 
■ Un fait très-curieux se manifestera, lorsque le câble 
tél^aphique mettra les deux mondes en communica- 
tion instantanée : c'est la différence d'heure qui s'ob- 
servera aux deux bouts opposés du câble, c'est-à-dire 
en Europe et en Amérique. Les dépêches envoyées 
d'Europe dans l'Amérique du Nord y arriveront six 
heures environ avant l'heure à laquelle on les aura ex- 
pédiées de Paris ou de Londres. Un négociant français, 
par exemple, envoie une dépêche télégraphique à son 
correspondant aux États-Unis, à dix heures du matin : 
elle- arrivera en Amérique à quatre heures du matin 
du même jour. Ce fait résulte de la différence des 
temps solaires, qui est d'environ six heures entre Paris 
et la Nouvelle-Orléans, par exemple, en raison de la 
différence des longitudes. Pour chaque Heu situé à 
16 degrés de longitude à l'ouest, le soleil est en re- 
tard d'une heure ; il s'ensuit que pour la Nouvelle-Or- 
léanâ, qui est située à 90 degrés, c'est-à-dire à six fois 
15 degrés à l'ouest du méridien de Paris, le soleil se 
lève six heures plus tard que pour nous. 

On pourrait donc, en quelque sorte, dire que lorsque 
le câble transatlantique sera en fonction , les dépêches 
seront reçues en Amérique avant d'être parties d'Europe. 
Quels étranges résultats la science réalise autour de 
nous, et quel sujet continuel de surprise et d'admiration 
elle apporte à notre esprit 1 



198 LA GALYAROPUSTII. 



XVIII 

U GALVANOPLASTIE. 

La Galvanoplastie est une des applications les plus 
utiles qui aient été faites de la chimie aux opérations 
des arts. Elle permet d'obtenir par de simples dissolu- 
tions salines, et grâce à l'action de l'électricité, des é- 
jets métalliques en cuivre, argent et or, que foD 
n'avait pu produire jusqu'ici que par le travail du ciseau 
ou par la fonte de la matière métallique. 

galvanoplastie a pour but de réproduire un objet qui- 
conque , en cuivre , argent, or, ou tout autre métal. 
Pour obtenir cette reproduction, on opère sur un moule 
pris sur l'original à reproduire. Le dépôt de cuivre, d'or 
ou d'argent, s'obtient en décomposant, par le courant 
électrique d'une pile voltaïque, ime dissolution du sel 
contenant le métal à déposer : une dissoiutioD de sul- 
fate de cuivre, s'il s*agit de provoquer un dépbl d& cm- 
vre; une dissolution d'un sel d'argent ou d'un sd d'or, 
si l'on veut obtenir par la pile une reproduction en 
argent ou en or. Nous avons donc à considérer, ^ur 
décrire les opérations pratiques de la galvanoplastie : 
l*" la manière de préparer le moule; â*" la manière d'ef- 
fectuer dans ce moule la précipitation du méial par le 
courant électrique. 

Préparation eu Movie. — La matière qui sert au- 
jourd'hui presque exclusivemeiit pour obtenir le moule 
destiné à la reproduction de l'original, c'est la guUê^ 
percha. Cette substance offre les plus précieuses qua- 
lités pour servir à cette opération, car elle se ramol- 



I.A GALVANOPLASTIE. 199 

lit par la chaleur, et elle prend avec la plus grande 
facilité les formes d'un objet, quand, après l'avoir ra- 
mollie par la chaleur, on l'applique avec une légère 
pression contre le modèle à reproduire. Par cette 
pression, Ja gutta-percha^ matière éminemment plas- 
tique, pénètre dans tous les creux de Foriginal. Après 
le refroidissement, grâce à son élasticité, on l'ar- 
rache très -facilement du modèle, dont elle conserve, 
tous les détails avec une exquise fidélité. 

Mais la gutta-percha, qui forme le moule galvano- 
plastique, est une matière qui ne conduit point l'élec- 
tricité ; par conséquent, elle ne donnerait pas passage 
au courant de la {yle destiné à dëoon^oser le sulfate 
de cuivre. Il faut donc rendre sa surfiwîe intérieure 
conductrice de l' électricité. On y parvient en recouvrant, 
à l'aide d'un pineeaa, Vîntârieiir da maille^ ée plomba- 
gine réduite «i pondre, substance qoi ccmduit fort bien 
Vélcctrlcité et donne à la gntta-perdia, sur laquelle elle 
est appliquée, la conductibilité éiedrique qui est indis- 
pensable pour ropéraCion. 

Au lieu de gutta-^ercha, on se sert quelquefois d'autres 
matières plastiques, savoir: la gélatine appliquée à chaud 
et arrachée du moule après le refroidissement; le 
plâtre, qui prend très-hien les empreintes; enfin, la cire 
k cacheter. Toutes ces matières ne conduisant pas l'é- 
lectricité, il est toujours indispensable de recouvrir in- 
térieurement le moule qu'elles ont fourni, d'une légère 
couche de plombagine en poudre, qui rend conductrice 
sa surface intérieure. 

Xanlére d*effeetiier le 4ép6t métallique dans rinté- 

rlenp en moule. — Le moule étant ainsi préparé et rendu 
conducteur, il reste à provoquer dans son intérieur le 
dépôt du métal. A cet effet, on attache le moule au pôle 
négatif d'une pile de Bunsen, formée d'un ou, deux 
couples, selon le volume ou le nombre de pièces placées 
dans le môme bain, et on dépose ce moule dans une cuve 
de bois contenant une dissolution de sulfate de cui-r 



SCO LA GALViNOPUSTII. 

vre *, les fils conducteurs plongeant sènis dans le bun, 
comme le montre la figure 70. 

Par l'aclion décomposante du courant èlectriqae,k 
sel de cuivre est décomposé, son oxyde est réduit enn 
éléments cuivre et oxygène, l'oxygène se porte aD pNe 
positif et se dégnge dans l'air; le cuivre se porte ■ 
paie négatif et se précipite à l'état métallique, t^ommek 
mouledegulla-perciiaestattacliéau fil négatif de lapi^ 
c'est dans son intérieur que s'eSectue la précipilatioik 




métal, et les creux du moule se trouvent «oa, sa 
bout de quelques heures, remplis d'un dépôt de oÛTre. 
Ce dépôt augmentant sans cesse par l'action conlinnedu 
courant électrique qui décompose le sulfate de cuiTre,la 
capacité intérieure du moule se trouve bientôt occnpt* 
tout entière par un dépôt de métal, qui reproduit aiec 
une fidélité extraordinaire les détails les plus délifflU 
du moule. 



1, Comme cette dissolution unirait par s'épuiser, on & lapiécantiDii 
de placer au sein de la liqueur, un sac coatenant des crisUui de sul- 
fate de cuivre qui se dissolvent dans l'eau à mesure qu'uae partie du 
sel dissous est détruite parle courant, et qui, lie cette maniÈre entre- 
tiennent toujours le La^ii au même âlat de sati:ratiOD. 



LA (iALVA.NOrLAST[E. S4f * 

A.U boul de trois ou quatre jours, le moule étant 
ilièrement recouvert et le dépôt métallique ayant pris 
'■^e l'épaisseur que l'on a jugé nécessaire de lui 
iiner, on le retire du bain, on détache le dépôt du 
«le auquel il n'adhère que faiblement, et l'on ob- 
L ainsi une reproduction extrêmement fidèle de 
iriginal. 

Le cuivre n'est pas le seul métal qui puisse servir 
Etax reproductions galvanoplastiques. On peut, par des 
aérations toules semblables , obtenir des dépôts en 
B^ent et en or, en faisant agir le courant de la pile sur 
H^ dissolutions de sels d'argent ou d'or. 
^LxppUeallonB de la gai va no pi as t le. — La galvano- 
plastie a déjà reçu des applications fort étendues. Elle 
permet d'obtenir la reproduction des médailles, et de 
multiplier ainsi à peu de frais des types rares ou pré- 
cieux. On en fait une application plus importante en 
iiM>roduisant des statuettes, des bas-reliefs, diverges 
Hnorines d'art. On a essayé d'obtenir par ce moyen des 
Rmiies de grandes dimensions, en prenant à part la re- 
production de différentes parties de la statue, et réunis- 
sant ensuite ces parties pour en composer la statue 
entière. Cette application importante de la galvano- 
plastie a déjà donné de bons résultats, et elle est appelée, 
dans l'avenir, h. remplacer le mode actuel, cVst-à-dire 
la fusion du métal de la statue dans un moule de 
sable. 

Ajoutons que l'art de la typographie et celui de 
la gravure ont dùji reçu de très- importants services 
des procédés galvanoplastiques. La galvanoplastie vient 
aujourd'hui sérieusement en aide à l'art de l'impri- 
merie, en permettant de reproduire les matrices de 
caractères rares et épuisés. On peut aussi tirer par 
les mêmes moyens plusieurs types des gravures 
sur cuivre en relief, qui servent à imprimer les ligures 
par le tirage typographique dans le texte des livres inv- 
primés. 



L'art de b çravore tire an partiavaalifmK de la gdn 
Dopiastk, parce qa'ilestdefeiHi bcile, gràœ à ses procé- 
dés, d'obtenu- plosicBis reprodpctkH» scnUaUes Svêl 
pbncfae de cuivre çraiée. Une planche de cû\Te eiécvlie 
(AT le burÎD do graveor esl bore dfssage an bout d*in li- 
rage plus oa moins long: Mais la galvanoplastie domak 
moyen, arec cftte première plandie sortantdes maittle 
l'artiâte, de tirer plusieurs vq)nidiiclîoiis tooles senolb- 
bles au type primitif. De œtle manitee, od n'a plosi 
craindre l'usure de la planche, paîsqii*€m ne failpôi 
le tirage sur la planche elle*ii>Êine, mais sur des t]|B 
identiques fournis par cette planche, qui derienl en, 
pour ainsi dire, étemelle. Si Ton eût possédé la ph- 
iioplastie aux siècles derniers, on aurait pu couener 
les planches qui ont serri à tirer les belles graymà 
x¥u* et du xYiu* siède, ei qui n^eustent plus éa/à 
longtemps. 

•risiB« «• i« caiTMWFtestie. — La galfaBO|Mie 
doit son origine à Fétude chimique de la pile de Tatk 
Uès que Texpérience eut appris que les oouraaiiâac- 
triques ont la propriété de décomposer les sebdd'eD 
précipiter le métal, on songea à tirer parti de ce fui 
pour obtenir des dépôts métalliques à l'aide ffoD 
courant électrique. Bmgnatelli, physicien deJUow; 
élève de Voila, a le premier, en 18ù7, fait coBoatiR^ 
manière d*obtenir par la pile des dépôts d*or el ^^ 
gent. Mais la galvanoplastie n'a été créée que vers 18S7, 
par les travaux de MM. Spencer en Angleteire, et J^^^ 
en Russie. 



PORURE ET ARGENTURE ÉLECTRO-CHIMIQUES. 203 



XIX. 

LA DOaURE ET L'ARGENTURE 
ÉLECTRO-CHIMIQUES. 

'jUstorique. — La dorure et l'argenlDre des métaux 
B^JBbtenaient autrefois par Fintermédiaire du mercure. 
Pônr dorer ou argenter le cuivre , -le bronze, ou le 
rinc, on préparaît un amalgame d'or ou d'argent, 
c'est-à-dîre une combinaison de mercure et d'or pour 
la dorure, de mercure et d'argent pour l'argenture. 
Avec cet amalgame on barbouillait, au moyen d'un 
pinceati, la pièce à dorer ou à argenter ; on Tcxpo- 
saît ensuite au feu : la chaleur volatilisait le mercure 
tandis que l'or ou l'argent restaient appliqués sur la 

pièce. 

Ce procédé de dorure était une source de dangers 
pour les opérateurs. La vapeur de mercure se répan- 
dait dans les ateliers, et l'atmosphère chargée de va- 
peurs mercurielles étant respirée par les ouvriers, était 
pour eux la cause de graves maladies, en particulier de 
cette que l'on désigne sous le nom de tremblement mer- 
curiel. La découverte de la dorure et de f argenture par 
la pile a fait disparaître, au grand bénéfice de i'hn- 
manité, la meurtrière industrie de la dorurepar les amal- 
games. 

La dorure électro-chimique, qui a été imaginée en 1841 
par un chimiste français, M. de Ruolz, est une application 
des plus heureuses des procédés galvanoplastiques. La 
dorure et Targenlure électro-chimiques ne sont at»tre 
chose, en effet, qu'une opération de galvanoplastie, 
dans laquelle on emploie au lieu de moule le métal* à 



204 DOiUBB ET ÀRGEHTUaB ÊLECTlO-CHlIflQOIS. 

argcntcr ou à dorer. La pile, le bain, et tout ce qoe 
nous avons décrit en parlant de la galvanoplastie, seneot, 
sans aucune modification , pour les opérations de k 
dorure et de Targcnture électro-chimiques. La seak 
difficulté c*est le choix du sel d*or ou d'argent à em- 
ployer. 

Deserif^cioB die i*opéracioB. — Pour dorer par h 
pile un objet métallique en cuivre ou en bronze, on 
attache l'objet à dorer au pôle négatif d'une |nk 
de Bunsen , dans un appareil semblable a celui qn 
est représenté par la figure 70 (page 200). Le biii 
renferme du cyanure d'or dissous dans le cyannn 
de potassium. On met la pile en action, et, par En- 
iluence du courant , le cyanure d'or se décompose : k 
cyanogène se dégage au pôle positif, l'or se priogîte 
«iu pôle négatif, et vient recouvrir l'objet attaché an fil 
terminant ce pôle; l'objet est ainsi doré. L'opération tt 
dure que quelques minutes. Si on veut obtenir une 
dorure d'une certaine épaisseur, on prolonge la doriè 
du séjour de la pièce dans le bain. Après cet internOt, 
on retire du bain la pièce dorée , il ne reste, poor 
lui donner le brillant de la dorure, qu'à la ôrtmr, c*csl- 
à-dire à la frotter avec un morceau d'agathe ou d'un 
autre corps dur. 

Arsentnre par la pile. — En remplaçant le qWVWt^ 

d'or par du cyanure d argent, et dissolvant ce cjaiïure 
d'argent dans du cyanure de potassium, on obtient un 
bain qui, sous l'influence décomposante de Ja pile, ar- 
genté les métaux avec la plus grande facilité. On conduit 
l'opération comme pour la dorure, et l'on obtient à la 
surface des corps, placés dans le bain, un dépôt d'a^ 
gent qu'il suffit de brunir pour lui donner le plus bril- 
kint éclat. 

Dép6t de divers métaux les uns sur les avtres. — 

L'or et l'argent ne sont pas les seuls métaux que la 
galvanoplastie permette de déposer en mince couche sur j 
un autre métal. Au moyen de dissolutions saUnes conve* 



DORURE ET ARGENTORB iLKCTRO-CDIlflQUES. 205 

nables, on peut précipiter divers métaux les uns sur les 
autres. On peut obtenir de cette manière le dépôt du 
platine, du plomb, du cobalt, du nickel, etc., sur 
d'autres métaux. Ces applications n*ont pas été faites 
jusqu'ici sur une grande échelle, parce que l'utilité de 
ceplatinage^ zinguage^ plombage^ etc., ne s'est pas ma- 
nifestée dans les arts ou dans l'industrie. Mais la réa- 
lisation pratique de ces dépôts métalliques n'offrirait 
aucune difficulté. 

'Vaisselle arfi^entée et dorée par les procédés éleetro- 

eliimiqaes* — L'application la plus importante qui ait 
encore été faite de l'argenture et de la dorure électro- 
chimiques, consiste dans la préparation de la vaisselle ar- 
gentée ou dorée par la pile. Cette opération occupe une 
place considérable dans l'industrie moderne. Les couverts 
argentés par la voie galvanique sont d'un très-grand 
usage en Angleterre, en France et dans le reste de l'Eu- 
rope. Pour un prix modique, chacun peut se procurer 
aujourd'hui les avantages hygiéniques et l'agrément 
qui résultent de l'emploi de l'argent pour les besoins 
domestiques. Lorsque la couche d'argent a été enlevée 
par quelques années d'usage, on les fait recouvrir d'une 
nouvelle couche du môme métal par le courant voltaïque. 
C'est ainsi que les sciences remplissent une bienfaisante 
mission, en mettant à la portée du plus gi^and nombre 
les avantages et les jouissances utiles qui n'étaient jus- 
qu'à ces derniers temps que l'apanage privilégié des 
personnes favorisées de la fortune. 



- I 



i06 L'HOaLOGB iLECTRIQUE< 



XX. 

UHORLOGE ÉLECTRIQUE. 

C*cst une des plus belles merveilles scientifiqaes de 
noire époque, que l'invention qui a permis de ifla^ 
quer par réleclricité les divisions du temps , de fidre 
r^'péter au môme instant les indications d*une Ih»^ 
loge par un grand nombre de cadrans semblables, mr 
toutes les places d'une ville , dans toutes les salles Sm, 
édifice, dans toutes les chambres d'une maison on Ane 



moyen . ^ . r 

quer l'heure, la minute, la seconde en divers lieux sé- 
parés par de grandes distances. Les différents chinas, 
reliés entre eux par le fil conducteur d'une pk nrf- 
taïque partant de l'horloge directrice, réflédnsscnl, 
comme autant de miroirs, les mouvements des aiguilles 
de cette horloge. Dans une ville, par exempte, rbor- 
loge d'une église peut répéter son heure , sa miaute , 
sur cent cadrans séparés et distants entre eux. On 
peut, en un mot, pgir d'invisibles conduits, distribuer les 
indications de la mesure du temps comme, dans nos 
grandes villes, on distribue la lumière et l'eau par des 
canaux souterrains. 

Quels sont les moyens qui permettent de faire mar- 
cher, par l'action d'un courant électrique, les aiguilles 
d'un ou de plusieurs cadrans éloignés en leur faisant 
reproduire les mouvements d'une horloge unique ? C'est 
ce que nous allons essayer de faire comprendre. 

Gomme on l'a vu, dans le chapitre de cet ouvrage 
consacré à l'horlogerie, une horloge se réduit à deux élé- 



L'HORLOGI ÉLEGTaïQVK. 207 

meuts principaux : le ressort moteur ou spiral et le 6a- 
Icmeier ou pendule qui, par Tuniformité de ses mou- 
vements, est destiné à régulariser Faction du ressort 
moteur. Le principe sur lequel repose la construction 
de riiorloge électrique, c*est de transmettre à distance 
les divisions du temps en transportant à un point éloi- 
gné chaque oscillation du balancier. Mais comment 
faire répéter, à dislance, les battements du pendule 
d'une horloge î Voici l'artifice qui permet d'atteindre ce 
résultat. 

A chaque extrémité de la course circulaire du balan- 
cier ou pendule d'une horloge, on place deux petites 
lames métalliques que ce balancier vient toucher alter- 
nativement à chacime de ses oscillations périodiques. 
Chacune de ces petites lames est attachée à l'un des 
bouts du fil conducteur d'une pile voltaïque , de telle 
sorte que, quand on fait communiquer entre elles par 
un corps conducteur ces deux petites lames métalliques, 
le courant électrique s'établit et parcourt toute l'étendue 
du fil conducteur, en comprenant l'horloge elle-même 
dans son circuit 

Cette communication s'établit nécessairement toutes 
las fois que le balancier de l'horloge, qui est formé 
d'un métal, c'est-à-dire d'un excellent conducteur de 
l'électricité, vient se mettre en contact avec les petites 
lames métalliques disposées à l'extrémité de sa course, 
et qui communiquent elles-mêmes avec le fil con- 
ducteur de la pile. Établi de cette manière par 
le contact du balancier avec les petites lames mé- 
talliques, le courant est interrompu dès que le balan- 
cier quitte cette position dans chacune de ses oscilla- 
tions périodiques. On comprend donc qu'à chacune des 
oscillations du balancier, il y ayra successivement éta- 
blissement et rupture du courant voltaïque. Maintenant» 
si le fil conducteur de la pile qui part de l'horloge 
régulatrice, est mis en communication, à une distance 
quelconque, avec un simple cadran dépourvu de tout 



208 L*HOBLOGB ÉLICTRIQDE. 

mécanisme d'horlogerie et simplement réduit aux deux 
aiguilles du cadran, et que ce fil s'enroule derrière ce 
cadran autour d'un petit électro-aimant qui, en se char- 
geant d'électricité, peut attirer une petite lame de fer, 
c'est-à-dire une armature placée en face de lui, voici 
ce qui doit nécessairement arriver. Quand le balancier 
de l'horloge régulatrice, par ses oscillations succes- 
sives, établit le courant électrique et fait passer l'élec- 
tricité à travers ces deux cadrans compris dans le 
même circuit, l'électro-aimant du cadran placé à dis- 
tance, devenant actif, attire la petite armature, qui se 
trouve en face de lui. Cette armature étant ainfeî mise 
en mouvement, pousse, au moyen d'un petit méca- 
nisme nommé rocket^ la roue des aiguilles de ce ca- 
dran, et, par le mouvement de cette roue, fait avancer 
d'un pas l'aiguille de ce cadran. Mais la seconde oscil- 
lation du balancier de l'horloge régulatrice ayant in- 
terrompu le passage de l'électricité dans ce système, 
l'électro-aimant du cadran éloigné ne recevant plus de 
fluide électrique retombe dans l'inactivité, son arma- 
ture, repoussée par un faible ressort, reprend sa 
place primitive, et maintient immobile l'aiguille de son 
cadran, jusqu'à ce qu'une nouvelle oscillation de J'hor- 
loge-type, rétablissant de nouveau le courant, fieDue^ 
par le mécanisme expliqué plus haut , imprimer un 
nouveau mouvement à la roue des aiguilles et la faire 
avancer d'un second pas sur le cadran. Comme le 
balancier de l'horloge-type bat la seconde, c'est-à- 
dire exécute son oscillation dans l'intervalle d'une se- 
conde, on voit que le cadran éloigné répète et réfléchit 
à chaque seconde les mouvements de l'aiguille du 
cadran de l'horloge régulatrice et comme lui bat la se- 
conde. 

Nous avons supposé que l'horloge régulatrice est en 
communication avec un seul cadran ; mais il est évi- 
dent que ce qui vient d'être dit pour un seul cadran re- 
produisant les indications d'une horloge-lype , peut 



l'hôrlogb iLKcntiQui. 209 

s'appliquer à an nombre quelconque de cadrans sem- 
blables compris dans le même circuit voltalque, avec 
la seule précaution d'augmenter, dans une proportion 
convenable, Ténergie de la pile destinée à faire cir- 
culer Télectricité dans tout le système. 

On voit, en résumé, qu'avec une seule horloge-type, 
on peut faire marcher les aiguilles d'un certain nom- 
bre de cadrans placés à distance, qui tous fournissent 
des indications conformes entre elles et identiques à 
celles de Thorloge-type. 

Si l'on a bien compris les explications qui précèdent, 
on aura reconnu que l'horloge électrique n'est qu'une 
ingénieuse et belle application de la télégraphie élec- 
trique. Le même moyen physique qui sert à tracer des 
signes à distance avec *le télégraphe électrique améri- 
cain, permet aussi de télégraphier le temps, c'est-à- 
dire de marquer ses divisions. En effet, quand on fait 
fonctionner le télégraphe électrique de Morse *, c'est la 
main de l'opérateur qui, à l'une des stations, établis- 
sant et interrompant le courant électrique, met en ac- 
tion, malgré la distance, l'électro-aimant de la station 
opposée. Bans l'horloge électrique, le balancier d'une 
horloge remplace la main de l'employé du télégraphe, 
et, parses oscillations successives, établit et interromptle 
courant à intervalles égaux, de manière à transmettre 
à distance les divisions du temps, c'est-à-dire de faire 
battre la sconde. 

Cette belle appUcation du principe de la télégraphie 
électrique a été réalisée pour la première fois, en 1839, 
par un physicien de Munich, M. Steinheil. En 1840, 
M. Wheatstone, à qui l'on doit la création et rétablis- 
sement en Angleterre de la télégraphie électrique, con- 
struisit à Londres une horloge électrique fondée sur le 
principe qui vient d'être exposé. Au moyen d'une pen- 
dule-type , il faisait répéter en différents lieux éloi- 

1. Voy. page 190, flg. 65. 



i 



210 L'iOftLOOl iLBCTRIODI* 

^és les uns des autres Tbeure et la minute de ce\te 
horloge. 

Le premier essai pratique pour Tapplication de Vhor- 
logerie électrique dans une grande Tille, a été fût l 
Leipzig, en 1850, par un mécanicien, M. Siorer, le 
concert avec un horloger de la même Tille, M. Schdk 

L'horlogerie électrique commence à se répandre 
quelques villes de l'Europe, bien que Ton ne soit in 
encore parvenu à vaincre d'une manière sufQsanUla 
dinicultés que l'on rencontre quand on veut mullifiB 
les cadrans et les placer à une assez grande distaaoeki 
uns des autres. 

L'horlogerie électrique fonctionne depuis pinsiens 
années dans la vlHe de Gand, en Belgique ; les cadnB 
électriques, au nombre de plus* de cent, sontfbibb 
dans les lanternes à gaz. Ces horloges commu]W|iial 
entre elles par un fil conducteur du courant éleclriqBe, 
qui les relie toutes à l'horioge-type. En 1856, un ee^ 
tain nombre d'horloges électriques ont été placées, aiee 
les mêmes dispositions, dans la ville de Marseîlfe 

Dans l'intérieur des gares de plusieurs de nos che- 
mins de fer, des cadrans électriques distribuent ïbeore 
dans plusieurs salles séparées. Ce système existe cd 
particulier dans les gares des chemins de fer ittOwsi^ 
(lu Nord et du Midi. 

Quelques difficultés pratiques s'opposent encore à 
radoplion générale de 1 horlogerie électrique; mais de 
nouveaux perrectionncments apportés à son mécaiùsofi) 
permettront sans doute bientôt de transporter d'uus 
manière générale dans nos usages cette invention remif- 
quable. 



LES DIViaS IfOTSNS D^ÉCLAlftAGI. 2tl 



/ 



XXI 

LES DIVERS MOYENS D'ÉCLAIRAGE. 

Nous allons parcourir et décrire rapidement les di- 
vers moyens d'éclairage dont on a fait usage depuis les 
temps anciens jusqu'à nos jours. 



l'ÉCLIIRAGK chez les AKOEIfS. 

Des branches de différents bois résineux, c'est-à-dire 
des torches, furent le premier moyen dont les hommes 
firent usage pour s'éclairer. Aujourd'hui encore, chez 
différentes peuplades sauvages, la combustion des bois 
résineux est le seul moyen qui serve à se procurer de 
la Imuière. 

Bu» la civilisation ancienne, l'huile et la dre forent 
1^ premiers corps employés à l'éclairage. Les peufdes 
indiens, tous les habitants de la Haute-Asie, les Ëgyp- 
tiem et les Hébreux, ont fait usage, dès la plus ti^ute 
antiquité, de lampes servant à la combustion de Fhuile. 
On possède les modèles d'unno^obre considérable de 
formes variées de lampes ^o^SSSS^!ies j^ptiens , des 
Romains et des Grecs. Mais tous ces appareils étaient 
fondés sur le même principe : la combustion de l'huile 
au moyen d'une mèclie de coton plongeant dans ce 
Hquide , qui s'élevait le long de cette mèche par Tefifet 
de la force connue sous le nùmd^.cajpUiarité. 
^ . L'emploi dans l'éclairage, du^surf; c'est-à-dire de la 
«^pFâisse qui s'accumule^iutpur du tube intestinal chez le 
mouton, est bien po^eP^EjLfglui de l'huile et de la 
cire. Les cliandelles de ^êôfirtnitété employées pour la^ 



i 



21S us D1VKB8 M0TE1V8 D*ÉGLAIBAGB. 

première fois, en Angleterre, au xn«. siècle; ontfenfil 
usage en France qu'en 1370, sous Charles Y. 

ÉCLAIRAGE PAR LES HUILES. 
PerffeeUoBBomcBt de l*é«lalrage à l'halle àmm% In 

teaii^s BioderBes. — L'éclairage par les corps gra&fi- 
quides, c'est-à-dire au moyen des lampes, n'avait p 
fait le plus léger progrès depuis l'origine des socitt 
jusqu'à la fm du dernier siècle, lorsque, à cette époqv, 
un pliysicien de Genève, nqau^ Argand, inventa h 
cheminée de verre et les méfies circulaires de cofon. 
Par ces nouvelles dispositions , la combustion de l*hoile 
était parfaite è^ 4%V¥^ ^^ ^^^^ ^^^ éclat possiUe a 
raison de raY()u?( considérable d'air appelé autoo Afi 
la flamme. Cette invention mémorable porta tout f on 
coup presque à sa perfection l'art de l'éclairage aa 
moyen des lampes. Le quinqmty c'est-à-dire la lampe à 
réservoir d'huile supérieur au bec, fut le premier appa- 
reil d'éclairage qui reçut l'applicSation des cheminées* 
verre et des mèches circulaires imaginées par Argand. 

Déeoaverte de la lampe mécanique. Lampe CuceV . 

— Le quinquet et quelques autres appareils seinhUïte|/^ 
dans lesquels le réservoir d'huile était placé à rnm^ïï 
supérieur au bec où s'effectue la combustion, wife^ 
l'inconvénient de projeter une ombre p^^^efîS^W» ré- 
servoir placé latéralement. Divers essais furent entre- 
pris, au début de notre siècle, pour faire disparaître ce 
défaut. Le problème avait été jusque-là assez impar- 
faitement résolu, lorsque l'horloger Carcel inventa, 
en 1800, l'admirable lampe qui porte son nom. 

Pour éviter toute projection d'ombre, éclairer circu- 
lairement toutes les narUes d^un appartement, et en 
même temps pour alimèSte^'anuile d'une manière con- 
tinue la mèche où s'accomplit la combustion, Carcel 
plaça le réservoir d'huile à la partie inférieure de la 
lampe, et provoqua l'ascension de l'huile jusqu'à la 



A^' 



[ \\N ^ LES DIVERS MOYENS D*ÉGU1RAGK. %Û 

mèche , par un mécanisme d'horlogerie faisant mouvoh* 
une petite pompe foulante qui élevait Fhuile dans un 
tube vertical et la conduisait jusqu'au bec. Au moyen 
d'une clef, on tendaiUe ressort du mouvement d'hor- 
logerie. W»vA«v,^jrV. * 

La lampe Carcel est la plus parfaite de toutes les lam- 
pes mécaniques qui aient été construites. Elle est encore 
très en usage de nos jours et n'a reçu que des perfec- 
tionnements fort secondaires. Carcel est mort en 1812, 
sans avoir retiré de bénéfices de son importante création. 

Lampe à modératenr. — Cet appareil d'éclairage a 
été imaginé en 1836, par un mécanicien français, 
M. Pranchot. C'est une lampe plus économique que 
celle de Carcel, mais qui lui est inférieure sous le rap- 
port de la. perfection et de la durée du mécanisme. Dans 
cette lampe, devenue aujourd'hui d'un usage universel 
par son bas prix, le mouvement d'horlogerie d^la lampe 
Carcel est renjplacé par un simple ressort à Iroudin, que 
l'on tend au moyen d'une clef. Un piston est attaché à la 
partie supérieure du ressort à boudin ; par la détente 
de ce ressort, le piston exerce une pression sur l'huile 
et la force de s'élever dans l'intérieur d'un tube vertical 
plongeant dans le réservoir et aboutissant au bec où la 
combustion s'effectue. 

Le nom de lampe à modérateur a été donné & cet ap- 
pareil, parce qu'il existe dans l'intérieur du tube d'as- 
cension de l'huile une tige métallique qui suit les mou- 
vements du piston , et qui , selon la hauteur qu'elle 
occupe dans l'intérieur de ce tube d'ascension, sert à 
rendre toujours la même la quantité d'huile qui arrive 
jusqu'au bec. Cette tige a pour effet de régulariser et de 
rendre uniforme le mouvementaècgasfoM de l'huile 
pendant toute la durée de la œieSfiTuuî^ssort, dont le 
mouvement n'est pas uniforme, car il décroit d'intensité, 
comme celui de tous les ressorts, à mesure qu'il arrive à 
sa fin. La tige métallique ou modérateur est fixée au ^ 
piston> et par conséquent le suit dans tous ses mouve^ 



tt4 i^mrwnMMfim 



menti. An début, c'6st-lhdire imbAbdC IssfiKAdon tBn|i 
de la déiste du ressort, cette ItoeiienpIttpreBqM Mil 
la eapadtë Intérieure du tube SwsKSÊmàmk de rbnils,^ 
dés lors, oppose au passage du MqoMte m obslad&fd 
a pour résultat de diminuer la quantité d*huile poMM 
la médie. Mais à mesure que le pisten deseeoditfk 
tige, qui descend a^ec lui, laisse aa passage 4e Mk 
un espace qui devient prognseslvemeiil ptos giM^tt 
permet TarriTée d'une quantité d'huile de ph» ms^ 
considérable. Ainsi , l'abaissement progressif dA stte 
tige dans l'intérieur du tid)e d'osoeMieB , dmrt «IM- 
cupait d'abord presque toute la capadtA, a pour risÉi 
de compenser FafihiUissement quesabit la forcedaM* 
sort moteur à mesure qu'il se détend , puisque l^akskih 
ment de cette tige augmente le foloine da conMtfti 
donne accès à l'buile. dette tige mélalltqae porii igir;i 
juste titre, le nom de «omjMiiMâwr oia de medyhrftaiA 

.1 " 

ÉGLAIKAOK A0 0A2. 

■istori^vo. ~ C'est yers Tannée 1920 que ssripMi- 
dit et commença à se généraliser en France us'ifitee 
nouveau d'éclairage qui devait bientôt prodnirsswM- 
volution complète dans les habitudes du publîiv fAÎM* 
une importante économie dans l'emploi des eooitaQf^- 
blés éclairants, et ajouter au bien-être de tous enfij^ 
dant à profusion et à bon marché une lumière pm ^ 
éclatante. 

Quelques détails historiques sur l'origine et les profits 
de l'éclairage au gaz ne seront pas de trop ici. fiienqiR 
les débuts de l'éclairage au gaz rie datent, en FriiMfe, 
que de l'année 18S0, un grand nombre de fentalim 
avaient été faites avant cette époque dans la mIflM 
direction. Ce sont ces travaux préliminaires que neiB 
devons faire connaître. 

Philippe liOlioB isveflrte l*éelalnige an gas.' -^ 0D 

savait, dès la fia do ivm« siècle, que la houille ou elM^ 




LES BITBIIS MOYENS D*iCLÀlBAGI. 215 

bon de terre, quand on la soumet, dans un vase fermé, 
à Faction du calorique, laisse dégager un gaz suscepti- 
ble de s*enflammer« Mais, jusqu'à la fin du xyiu* siècle, 
on n'avait tiré aucun parti de cette obseryation. En 1786, 
un ingénieur français, Philippe Lebon, né vers 1765, à 
Brachet (Haute-Marne), eut l'idée de faire servir à l'éclai- 
rage les gaz provenant de la distillation du bois, grz 
inflammables et qui sont doués d'un certain pouvoir 
éclairant. 

En 1789, Philippe Lebon prit un brevet d'inventvDu 
pour un appareil nommé ihermolampe ou poêle qui chauffe 
et éclaire avec économie^ qu'il voulait faire adopter comme 
un meuble de ménage. Pour obtenir le gaz, il plaçait 
dans une grande caisse métallique des bûches de bois 
qu'il soumettait à une haute température. Le bois, en 
se décomposant, donnait naissance à des gaz inQam- 
mables, à des matières empyreumatiques, à du vinaigre 
et à de l'eau. La chaleur du fourneau devait servir à dé- 
composer le bois, et le gaz produit par cette décompo- 
sition du bois, à éclairer les appartements. C'est au 
Havre que Lebon tenta d'établir ses premiers thermo- 
kimpes. Mais le gaz qu'il préparait était peu édairant 
et répandait une odeur désagréable, parce qu'il n'était 
pas épuré. Aussi ses expériences eurent-elles peu de 
retentissement. Lebon revint à Paris. Pour donner au 
public un spécimen de ce nouveau mode d'éclairage, 
les jardins et ses appartements dans la rue Saint- 
Dominique furent éclairés par le gaz retiré de la houille. 
Mais ce gaz encore était impur, fétide, et sa combustion 
donnait naissance à des produits nuisibles. Lebon fut 
contraint d'abandonner une entreprise qui l'avait ruiné. 

]E«i»4«eh et i^Viaser. — En 1798, un ingénieur an- 
glais, Murdoch, qui connaissait les résultats obtenus à 
Paris par Philippe Lebon, éclaira au gaz retiré de la 
houille le bâtiment principal de la manufacture de James 
Watt. En 1805 seulement, la manufacture entière reçut ce 
mode d'éclairage ; mais le gaz était encore fort mal épuré. 



S16 UB 

OndqQe temps api^ vm Mlffimnil nammé Winsor 
fbnna, en Angleterre, une sodété mdDStrielle pour Tap- 
idicaiion da gaz à Fédainge puMîc. G*esl à rinâstanoe 
inùuigalile de Winsor que nous devons Fadoption de 
réclairage an gaz. En iSiS, il existait à Londres fdn- 
sieors compagnies riches et pnissanles, et celle de Win- 
sor. protcgéc*^ par le roi Geoiçes IH, avait posé à eDe 
senie cinquante licoes de tnyaux condnctenra sons k 
pnvr des rues. 

En asih. Winsor s'occi^ul d'introduire en France 
ccâiT magnifique industrie. Mais il eut à soutenir de Itf- 
rihies Juiies contre les intérte que menaçait c^te in- 
«onuon nouvelle. Il y snccomba et s e ru ina, 

ùrâcr à k proiecbon de Louis XVUI, Féclairage au 
gn7 fo: rffnri> à Paris quelques années après, et Tentie- 
Tiràr nr tarda pas à être coaronnée de snooès. 

On vnii. en rêsnmê. en ce qui conoerDe rinfentioa 
d^ J erJAiragr an gaz. que la France a eu la gloire de 
r.oncrvDJr ce qiir l'Angleterre a eu le mérite d'exécoter. 
L'inxienioxir de ce nouveau mode d'éclairage, Philippe 
LoUm. c^ mon à Paris en ISOi, panwre, presque in- 
comxAi ea sans avoir retire le nxùndne a^aiitage da ihût 
de SCS' lorur? efforis, 

e>wiiiiirti«dtaigM 4e rëitetace. — Ugude ré- 

^lairaé:^ ^ conapose essentieUement dli^droetea b\- 
cartK>né^ câz qui résulte de Tunion €ml eomme on 
le dit en chimie, de la combinaison, du diailKA avec 
rhydrogène, corps simple gazeux. Toutes les sob- 
slances qui renferment une notable quantité de charbon 
et d'hydrogène fourniraient, si on les rfiainf^nît tar- 
tement, des gaz inflammables doués d*un certaîn poo- 
Toir éclairant. Les matières organiques qui présentent 
cette composition, comme l'huile, la touiiie, la résme* 
les graisses , pourraient donc servir à iabriquer an 
gaz éclairant. Mais on se sert de préférence de b 
houille parce qu'elle laisse comme résidu, après sa 
combustion, une grande quantité d'un charbon très- 






-r:m7k 



LES DIVERS MOYENS D'SCLAIRAGI. 



sif^ 



raerchê, le coke, qui suffit à couvrir le prix d'achat 
a houille. 

tépBraiian du gaz. — Pour obtenir le gaz de la 
kle, on place celte matière dans des cylindres de 
s ou de terre nommés comwes, disposés au nombre 
bis ou de cinq dans un fourneau de briques, que .^ 
fliauffe très-fortement. Les éléments qui constituent ■* ' 
liille se séparent; il se forme du^udron, des huiles 
•eumatiques, des sels ammoniacaux et divers 
»anni ces gaz nous citerons : l'hydrogène pur, 
îioniaque , l'hydrogène bicarboué , l'hydrogène ' 
Ifuré.cegaz infect dont tout le monde connaît l'odeur 
qu'exhalent les œufs pourris et les fosses d'aisance ; 
ifin le gaz acide carbonique, ce composé gazeux qui 
»nne à l'eau de Sellz sa piquante saveur. 
Quand il est souillé par ces divers produits, le gazpro- , 
:nant de la distillatio];i de la houille est peu éclairant;^.'--f-; 
exerce une action dététerè sur nos organes ; il altère ; .' / 
couleur des étoffes ; il attaque les métaux et les peintures 
buse de plomb. Ces effets fâcheux sont dus à l'ammo- 
,aque, aux huiles empyreumaliques et surtout à l'hydro- 
&ne Bulîarè, qui en brûlant donne du gaz acide sulfu- 
■ux ; il importe donc de se débarrasser de ces derniers 
roduils, en ne conservant que l'hydrogène bicarboné, 
1 seul gaz qui soit d'un effet utile pour l'éclairage. 
Poury parvenir, on fait arriver tous les produits de la 
écoœposilion de la houille dans des tuyaux plongeant ^^ 
ansime boîte de fonte qui porte le nom de barillei, sous ^H 
ne couche d'eau de quelques centimètres. Les sels am- ^H 
loniacauxse dissolvent dans l'eau, en même temps que ^| 
■ goudron s'y condense. On dirige ensuite le gaz dans ■ 
;ii nouvel appareil apfelé dépuraieur, où il traverse des 
■unis chargés de chaux pulvérulente et humectée d'eau. 
'■rite substance enlève au gaz l'acide carbonique et l'hy- 
irogène sulfuré, dont il était si important de le dëbarra»* - 
fer. Néanmoins l'épuration n'est jamais complète et le gaï 
Unserve toujours une odeur un peu fétide. Purifia par les \ 



su ' us UTl 

noyensqae nous TeaoQsd'iodiqaer, il «t amené dADsini l 
réservoir destiné àleconleuîr et qu'on nomme gazmàn f 

fiMoM«t*e. — Cet ajpparcil se compose de deux pir- f 
lies : la cuve destioét; à recevoir l'eau, et la docbc t 
dans laquelle on emmag^asine le gaz. Les cuves iont I 
creosées dans le sol et revËluesd'un ciment queïett I 
ne peut pénétrer. La cloche, recouverte d'une d 
che épaisse de goudron, est Formée de plaques de tOl 1 
ta^S'forte. Une cbaloe adaptée à la cloche glisse s 
deux poulies, et porte, à son exlréoiité, des poids ^ \ 
font k peu près équilibre au gazomètre. Cette dermèn 1 
disposition permet à la cloche de mcmler et de descen- 
dre focilement dans la cuve. De cette manière, le g» 
n'est pas soumis à uae trop forte pression, qui aunil 
pu provoquer des fuites ou gêner ladécouiposilioa^^ 
houille jusque dans les cornues. 

La ligure suivante dODoe l'aperçu en raccourci des 




2 

appareds qui servent à préparer le gaa de la koHW 
F est le fourneau contenant les conuies ûè terre fitir" 
de houille soumiseà l'action delà cbaleor;Tettie1' 
qui aminé le. gaz provaiaQl. de la déeoaipoajitieB ita 



M 



L8S DIVERS HiaYSNS ^'ÉCLAIRAGE. 219 

; B le barillet où le gaz se dépouille du goudron el 
duits solubles dans l'eau; S une série de conduits 
I plongeant dans Teau par leur partie inférieure, 
int librement dans Fair, et qui ont pour objet de 
r le gaz qui est arrivé très-chaud des cornues; 
dépuratenr à chaux composé d'une série de trois 
eurs semblables que le gaz doit traverser suc- 
aent; G le gazomètre ou réservoir de ggz. 
sortie du gazomètre, un large tuyau amène le gaz 
iduits de distribution qui sont en fonte. Les tubes 
branchements et ceux qui introduisent le gaz 
ntérieur des maisons, sont en plomb. 
. — Par un petit tube conducteur qui s'embran- 
• le conduit principal, le gaz est amen^ dans un 
cylindre creux, aboutissant à ime petite cou- 
nétallique , percée ordinairement de vingt trous 
ment issue à 120 ou à 150 Htres de gaz par 
Telle est, en général, la forme des becs, dans 
^ur des maisons. Ceux qui servent à éclairer les 
ont formés d'un petit tube épais, percé d'une 
broîte. Le gaz qui sort par cette fente, s'étale en 
mé mince et produit une flamme qui ressemble 
d'un papillon. 

\é de Féclat da gaz de Téelalrage. — C'est ici le 

donner une explication du grand pouvoir éclai- 
opre au gaz de l'éclairage. 
az n'est jamais éclairant par lui-même, mais bien 
lépôt d'un corps solide qui se fait dans l'intérieur 
amme. Ainsi l'hydrogène pur, en brûlant, donne 
mme très-pâle et presque invisible , parce que sa 
stion ne donne lieu à aucun dépôt de matière 
la vapeur d'eau étant le seul produit qui résulte de 
bustion. Auicontraire, la flamme de l'hydrogène bi- 
é est très-vive, parce que l'hydrogène bi-carboné 
)n brûlant un petit dépôt de charbon, lequel re&- 
lelque temps contenu au sein de la flamme avant 
)rûlé, y devient luimneux à cause de sa haute tem- 



220 LES DIVERS MOYENS D'ÉGLAIRACB. 

pérature. Le gaz emprunte à ce corps étranger séjournant 
quelques instants dans la flamme, sa propriété lumineuse. 

C'est en vertu du même principe qu'on a pu employer 
pour l'éclairage la flam me naturellement très-pâle de Thy- 
drogène pur. II a suffi de placer aumilieu du gaz hydrogène 
en combustion un petit cylindre ou corhillon formé de fils 
de platine très fins. Ce cylindre, porté au rouge blanc, 
répand un éclat des plus viîs, et la flamme du gaz hydro- 
gène est ainsi rendue très-éclairante. 

L'hydrogène pur, consacré à l'éclairage, s'obtient en 
faisant passer de la vapeur d'eau sur du charbon incan- 
descent. L'eau se décompose et donne naissance à du 
gaz hydrogène pur et à de l'acide carbonique, que Ton 
absorbe otx moyen de la chaux pour ne laisser que /hy- 
drogène pur. Ce procédé est très-simple , mais le prix 
de revient du gaz hydrogène est trop élevé pour que l'on 
ait pu en adopter l'usage d'une manière générale. 

Gaz portatif. — On transporte quelquefois le gaz à do- 
micile dans d'immenses voitures de tôle mince, contenant 
des outres élastiques munies d'un robinet et d'un tuyau. 
Pour distribuer le gaz, on serre par un moyen quelcon- 
que, des courroies qui compriment cette outre et chassent 
le gaz dans le gazomètre ou réservoir du cousotomateur. 

LÀ BOUGIE STÉÀRIOUE. 

Vers l'année 1831, on a commencé à faire usage en 
France, et bientôt après dans les autres parties de TEu- 
rope, de l'éclairage au moyen delà bougie stéarique. Ima- 
ginée, dans l'origine, pour servir à l'éclairage de luxe el 
remplacer la dispendieuse bougie de cire dans l'éclairage 
des salons, ce nouveau produit, fabriqué à plus bas prix» 
n'a pas tardé à devenir d'un usage général dans les mé- 
nages. Il a remplacé à la fois la bougie de cire, que 
l'industrie ne fabrique plus aujourd'hui , et dans beau- 
coup de cas la chandelle même, dont l'usage est si dés- 
agréable et quesoii bas prix oblige seul à conserver encore. 



LBS DIVSES MOYENS D ECLAIRAOS. 221 

Composition de la boag^e stéarlqne. — La bougîe 

stéarique est ainsi nommée parce qu'elle est formée 
d'un acide gras qui porte le nom ^acide stéarique. Mais 
qu'est-ce que cet acide stéarique lui-môme? L'acide 
stéarique n'est autre chose que le suif qui compose Tan- 
cienne chandelle, mais débarrassé, par une opération 
chimique, d'un composé liquide qu'il renferme, l'acide 
oléique, auquel le suif employé en chandelle doit tous ses 
mconvénients, savoir : son extrême fusibilité, sa mollesse 
et sa mauvaise odeur. 

f Le suif peut être considéré comme la réunion de deux 
produits, l'un solide, l'acide stéarique, l'autre liquide, 
t acide oléique. L'opération que l'on fait subir au suif 
pour le transformer en acide stéarique ou bougie stéa- 
rique, se réduit à le débarrasser du produit liquide, 
c'est-à-dire l'acide oléique, pour le réduire à sa partie 
concrète, c'est-à-dire à l'acide stéarique. Ainsi débarrassé 
de la matière liquide qui l'accompagne dans le suif, l'acide 
stéarique constitue une matière sèche, peu fusible, suffi- 
samment éclairante, et qui, brûlée à l'aide d'une mèche 
qui n'a pas besoin d'être mouchée (car elle se mouche 
seule en s'infléchissant à l'extérieur de la flamme de ma- 
nière à s'y consumer entièrement), fournit un éclairage 
commode, propre, et, relativement peu dispendieux* 

Vréparafion de Taclde stéarique. — La préparation 

de l'acide stéarique destiné à être moulé en bougies, con- 
siste à décomposer le suif par la chaux ; on obtient ainsi 
un savon de chaux, c'est-à-dire un mélange d'oléate et 
de stéarate de chaux. Ce mélange de stéarate et d'oléate 
de chaux est ensuite décomposé par l'acide sulfurique 
étendu, qui forme du sulfate de chaux et met en hberté 
les acides stéarique et oléique. Pour séparer ces deux 
acides, se débarrasser de l'acide oléique liquide et ne 
conserver que l'acide stéarique soHde, on soumet ce mé- 
lange, enveloppé dans une étoffe de laine, à une pres- 
sion exercée d'abord à froid, ensuite à chaud, au moyen 
d'une presse hydraulique. Par cette pression, aidée de 



222 LES DIVERS MOTEIIS D*gGLAlRAGE. 

Il chaleur, ]*a(-ide olciqnê s*écoiile, et il ne reste ^m 
toure.iu d'acide stéariquc , sons la forme d'une mass 
blanche, sùcUc et friable. Coulée dans des moideSfi 
Tintérieur desquels on a tendu d'avance une mèdxde 1 \ 
coton nattée et tressée, cette matière constitue la toipe U 
sléarique. It^ 

Qael est l*liiTeiitear 4e la bo«|^e Btéarlqne!— ly li 

a eu deu\ phases différentes dans la série deUnor 
qui ont eu pour résultat de doter l'industrie et \\mt 
mie doincstique du produit qui nous occupe. Dans iafA* \ 
mière, ia science a dévoilé la véritable compositioades ' 
matières grasses, et par conséquent celle du suif,dë- 
montré la prt'sence dans tous les corps gras, de te 
matières diflérenles, l'une solide et l'autre liquide. Uns 
la seconde période, on a transporté dans la pn&<{oeclt | 
dans l'industrie celle découverte de la science*. onfa 
appliquée à la trdiu formation du suif en boug^ sèche. 

Un chimiste de Nancy, nommé Braconnot, aooifitaté 
le premier ce fait général, que tous les corps gras, sans 
exce|)tion, se composent de deux principes ioiniédiate, 
l'un solide elFaulre liquide dont la prédomînancereiati?8 
dans un corps gras quelconque, lui communique la 
consislance solide, demi-fluide ou liquide. Un aulrecin- 
mistc, Aï. Chevreul, a lait connailre ensuite /as iDodi/i- 
cations que les corps gras éprouvent par TacVioû A» al- 
calis, et prouvé que la formation des acides gras est une 
des conséquences de Taclion exercée par les alcatissor 
les matières grasses. C'est en 1813 que les acides slèa- 
rique et oloique ont été découverts par M. ChevreuL 

L'applioalion des acides gras à Téclairag-e et la pro- 
duclion manufacturière de la bougie sléarique sont does 
à M. de Mllly, qui commença en 1831 cette fabricatiofl 
et la propagea ensuite dans toute l'Europe. Le nom de ^ 
boufjie de r Étoile, par lequel on désigne encore quelque {, 
fois la bougie sléarique, provient de ce que lapremièw f^j 
usine de M. de Mllly était située à Paris, près de Ja l»^ .., 
rière de l'Étoile. 



LBB DIVSRS MOYENS D*iCLAIRAGE. SS3 



ÉCLAIRAGE PAR LES HTDBOGABBïïBES LIQUIDES. 

Le suif, les huiles Tégétales ou le gaz, pciivent être rem- 
placés, comme moyen d'édairage, par divers liquides que 
Ton trouve dans la nature avec une certaine abondance, et 
qui, formés de carbone et d'hydrogène comme le gaz de 
Téclairage, peuvent fournir un éclairage très-économique 
en raison de leur bas prix. L'huile essentielle qui pro- 
'rtwit de la distillation du bitume naturel connu sous le 
nom de schiste ou d'asphalte, c'est-à-dire Phuile de 
5cAt5^5,M'essence- de térébenthine, que l'on obtient en 
distillant la résine qui découle des pins, les huiles essen- 
tielles de naphte et de pétrole, etc., peuvent être accom- 
modées aux besoins de l'éclairage. Seulement, comme 
ces différents liquides, extrêmement riches en carbone 
et en hydrogène, ont besoin, pour brûler satas fumée 
et sans odeur, d'un courant d'air très-acfif, on a dû ima- 
giner des lampes d'une disposition partioulière dans 
lesquelles, par un tirage convenable, on fait affluer une 
grande quantité d'air dans le point où s'effectue la com- 
bustion du liquide éclairant. 

De tous les hydrocarbures liquides, l'huile de schiste 
est aujourd'hui le composé le plus employé, parce 
qu'il fournit un éclairage très-brillant et très-économi- 
que. Son usage est déjà très-répandu dans les fabriques 
et dans les ateliers. L'odeur, bien difficile à éviter, qui 
résuite de sa combustion, empêche d'adopter Thuile de 
schiste dans l'éclairage domestique. 

Il ne faut pas manquer défaire remarquer ici que rem- 
ploi de l'huile de schiste dans Féclairage n'est pas exemptde 
dangers, en raison de l'inflammabilité de ce produit. Les 
huiles végétales ne sont pas inflammables par elles-mê- 
ntes; elles ne peuvent brûler que par l'intermédiaire 
d'une mèche , c*est ce qui donne une sécurité absolue 
pour l'emploi et le maniement de ce liquide éclairant à 
l'iatérieur de nos maisons. Au contraire, l'huile de 



224 LBS DIYXRS MOTINS D'ICLAItAOI. 1 

schiste, Fessence de térébenthine mélangée d'alcooleleiA- 1 ^\v 
nue alors sous le nom de gazogène^ etc.» s^enflammenlfrl^v 
rectemcnt par l'approche d'un corps en combustion, 1iiA|^ 
qu'une allumette. Cette fâcheuse propriété commuA V^ 
beaucoup de précautions et de soins dans le maiûmat l 
de ces liquides consacrés à l'éclairage. Dans les aA» | 
et les fabriques éclairés à l'huile de schiste, on aliap \ ^ 
précaution de fixer, à demeure, les lampes contrelev» 1 [ 
ou de les suspendre invariablement au plafond, deib \t\ 
niére que Tappareil d'éclairage ne puisse jamais (IkR i 
changé de place, car il pourrait arriver des accidents pen- 
dant ce transport. 

L'application de l'huile de schiste à l'éclairage est doe 
à un fabricant français , nommé Selligue, qui étdBl la 
première usine consacrée à la distillation des «kBÉB&, 
et qui imagina la lampe aujourd'hui en usage pour k 
combustion des hydrocarbures liquides. 

ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE. 

Le dernier mode d'éclairage dont nous ayons à noos 
occuper, est d'une découverte récente : c'est l'édwnge 
électrique, c'est-à-dire l'application qui a été ilute de 
l'arc lumineux résultant de la décharge d'une ib/te pfle 
voltaïque, pour se procurer une source puîssan\fc$iSû- 
mination. 

On sait que le courant électrique s'établissant «itte 
les deux extrémités disjointes d'un fil conducteur, déve- 
loppe entre ces deux extrémités disjointes un arc d'un 
grand éclat lumineux, qui n'est autre chose que l'étin- 
celle électrique ayant pris un large développement par 
la grande masse d'électricité due à la pile très-puissanle 
dont on fait usage. 

Si l'on attache deux fils métalliques aux deux pôles 
d'une très-forte pile voltaïque en activité, et que, sans 
établir entre eux le contact, on maintienne l'extrémite 
de ces fils à une certaine distance, suffisante pour per- 



LES DIVERS MOYENS d'ÉCLAIRÀGS. 



225 



mettre la décharge électrique , c'est-à-dire la recom- 
position des deux électricités contraires qui parcou- 
rent les conducteurs, il se manifeste une étincelle, ou 
plutôt une incandescence entre les deux extrémités de 
ces conducteurs. Cet effet lumineux provient de la neu- 
tralisation des deux électricités contraires, dont la re- 
composition développe assez de chaleur pour qu'il en 
résulte une apparition de lumière. Quand on emploie 
quarante à cinquante couples de la pile de Bunsen, l'arc 
lumineux présente une intensité prodigieuse. 

L'élément essentiel de la Idunne photo-électrique ^ se 
compose de deux tiges de cuivre a , 6 , ( fig. 72 ) , 
placées en regard, et qui commuuiquen 
avec une pile de Bunsen en activité com- 
posée de quarante couples environ. C'est 
entre ces deux tiges de cuivre placées à 
l'extrémité des deux conducteurs, c'est-à- 
dire aux pôles de la pile, que s'élance l'arc 
lumineux <?, provenant de la recomposition 
des deux fluides. Seulement comme la cha- 
leur si intense qui se développe, et la 
présence de l'air, auraient pour résultat 
inévitable d'oxider promptement le métal 
terminant les conducteurs, on adapte aux 
deux tiges de cuivre deux ^baguettes d'un 
charbon très-peu combustible, connu sous 
le nom de charbon des cornues de gaz. Cette 
matière, qui ne brûle que très-lentement à 
l'air, est très-commode pour servir de conducteur ter- 
minal, et c'est entre les deux pointes de charbon que 
s'établit l'arc lumineux éclairant. 

La figure 73 représente la lampe photo-électrique avec 
tous ses accessoires. À un support isolant formé d'un 
tube de verre v sont attachées deux bagueUes métalliques 
a, 6, qui constituent les pôles de la pile. Deux pointes de 
charbon terminent les conducteurs. Comme les charbons 
finissent par s'user en brûlant à l'air, par suite de la 




Ftg. 72. 



226 



» • 



LES DIVERS U0TIM8 D £CLA1IÂGE. 



m 

Mi 



ci 




1 

\ 



durée de TexpérieDce, on fait descendre àraidedekpik- 1»^ 
gnéc de bois e la tige cd dans la coulisse d, et oqti(* 
proche ainsi les charbons Tun de l'autre & mesure qK 
la combustion, usant leur pointe, aurait pour rènU 
d'auj^menter leur écarlement et dès lors de dimimiffOQ 
d'arrêter le courant électrique. 

Kéclairage au moyen de k 
pile Yoltaïque, n'est pas eneon 
entré dans la pratique ; 1 ne 
sert que dans quelques a& 
spéciaux , ou comme moyen 
de produire de beaux eCGste de 
lumière dans les théâtres ou 
les fêtes publiques. 

La difticulté principal {oi 
empêche de consacrer\a\u&fe 
électrique aux usages hatitoeb 
de Téclairage privé, c'eitioii 
excès même de puisHOce. 
Pour obtenir la lumière élec- 
trique, il faut employer afl 
moins quarante couples de 
Bunsen, et Téucrme fojer lu- 
mineux que Ton prodoS éssi 
ne peut ensuite èirerédmi ni 
diminué. Pour tirer parti de celte lumière dans les couâi- 
tions habituelles de Téclairage, il faudrait pouvoir al&i- 
blir son intensité excessive et la réduire à ne fournir 
que le volume de lumière que donnent nos apparrik 
ordinaires d'éclairage; il faudrait pouvoir diviser ea 
jnille petits flambeaux l'arc élincelant produit par le 
courant électrique; il faudrait subdiviser en petites frac- 
tions, de manière à les distiibuer en différents poiflis, 
la puissante lumière qui jaillit entre les deux pôles qiWK' 
on met en action un nombre convenable de couples delà 
pile de Bunsen, en terminant les conducteurs par doux 
pointes de charbon placées en regard. Or, ce résultat fl'â 

\ 



Fig. 73. 



uss AlbiosnrATB. ffT 

pu être atteint jti«qu*îd. Cette circonstance est d'autant 
plus rc^ettabie, qise l'Maira^e électrique serait en- 
core plus économique que le gar, qt» constitue pourtant 
le plus éoonomi^yue de tous nos moyens actuels d'édaî- 
rage. 



XXII , 

LEB AÉROSTATS. 

ÏÏJtm frères Hmite^Mer In'veateat les %ftlk»iis A feu. 

— Les frères Etienne et Joseph Montgolfier, fabricants 
de papier dans la petite viUe ffAnnonay, en Vivarais, 
soiBt les inventeurs des 'ballons à feu, que Ton désigne 
souvent , en raison de cette circonstance , sous le nom 
de montgolfières. Considérant <|iiie tout gaz plus léger 
que l'air doit s'^ver dans ratmosphère, par suite de 
la différence de densité de ce gaz avec Taif environnant, 
les frères Mofytgolfier composèrent cu'tlficielleinent un 
gaz "Unès-léger par tin moyen fort simple, c'est-à-"dîre en 
diaulEuit un volume d'air contenu dans une enveloppe 
de fort papier . Après s'y être préparés par des essais conve- 
nables, ils rendirent leurs concitoyens témoins du résul- 
tat de leurs expériences. 

Le 43«in 1783, imefbiïle immense 'Se pressait sur une 
des places de la petite ville d'Annonay. La machine 
aérostatique, (faite de toile d'emtmllage et doublée de 
papier, portait à sa partie inférieure im rêebaud sur le- 
quel en brûk de la paitle et de la laSne , pour produire 
le goniement du ^Iton au moyen de Taîr chaud. Les ac- 
cla»BlioBsdes«peettfteurs salvfèrent la machine, qui s'é- 
leva -ea dix minutes à cinq t^eMte mètres de hauteur. 

Les eaembres des états «du \ivarais , «qui assistaient & 
cette expérience, adressèrcwt le prooès-verbal de celte 
i)€9lie .opération à l'Acadéane 4es «sciraces de Paris, qai 



228 LES AÉROSTATS. 

manda aussitôt Ëliennc Hontgolfier dans la capitale, el 
décida que l'expérience sérail répétée à ses frais. 

Le physiriea Charles. — Mais tout Paris était impft- 
tient de jouir de ce spectacle nouveau. On ouvrit une 
souscription publique qui produisit 10,000 francs en 
quelques jours. Charles, professeur de ptiysique d'm 
grand renom, se chargea de présider à la confection dn 
ballon, qui fut evécuté dans les ateliers des frères Mat, 
constructeurs d*apparcils de physique. 

Personne, à Paris, ne connaissait encore la nature ta 
gaz dont s'étaient ser\i, à Annonay, les frères Monlgol- 
fier : on savait seulement, d'après la relation transmise 
par les états du Yivarais, que ce gaz était « moitié moins 
pesant que l'air ordinaire. » Sans perdre son temps à 
rechercher quel était ce gaz , et sans savoir que l'air 
chaud avait été le moyen employé par les frères Monl- 
golficr, Charles résolut d'emplir son ballon avec le gaz 
hydrogène, corps qui n'était connu que depuis fort peu 
de temps dans les laboratoires de chimie, et qui pësequa- 
torze fois moins que l'air. 

Le 27 août 1783, ce ballon à gaz hydrogène, lancé lomi- 
lieu dujardin des Tuileries, parCharles etRobert,çaniiit, 
en moins de deux minutes, à mille mètres de hauteur. 
Les applaudissements elles cris d'enthousiasme itefroê 
cent mille spectateurs de cette belle ex périenoe, saluè- 
rent l'ascension du premier aérostat à gaz hydrogène. 

Hontgoifler à Paris. — Pour répondre au désir mani- 
festé par l'Académie des sciences , Etienne Montgolfier 
se rendit bientôt dans la capitale. Le 19 septembre 1783, 
il répéta l'expérience du ballon à feu , telle qu'il l'avait 
faite à Annonay. On avait enfermé dans une cage d'osier, 
suspendue à la partie inférieure du ballon, un mouton,ufl 
coq et un canard. Ces premiers navigateurs aériens firent 
un heureux voyage et, après s'être élevés à une assez 
grande hauteur, ils touchèrent la terre sans accident. 

Premier ballon à ffea portant des voyai^enra. — Le 

succès de ces belles expériences encouragea Montgolfier 



LES AEKOSTATâ- 



229 



râirè un ballon propre à recevoir des hommes. 
sa donc, autour delà partie extérieure de l'oriiîce 
m, une galerie circulaire faîte en osier, recou- 
î toiie, formant une sorte de balustrade à bauleur 
ae, et destinée à donner place aux aéronautes. 
le physicien , Pilàtre des Uosiers et un officier 
I, le marquis d'ArJandes, osèrent s'aventurer sur 
;ereus esquif. 
L octobre 1783, après de longues hésitations de 

de Montgolfier et du roi Louis XVI, qui con- 
t des craintes sur le sort des courageux aéro- 

Pilàlre des Rosiers et le marquis d'Arlandes 
arent dans tes airs, portés par un ballon à feu 
il par Etienne Montgolfier, Ils partirent du 
, de la Muette , situé au bois de Boulogne. Leur 
j^ voyage aérien fut très- 

'^^n^^^ heureux. On les reçut, à 

IJ^^J^^^^ leur descente, eu véri- 

BflNH|^^^^^^ tables triomphateiu's. 
^^^^^^^^^^^ La figure cmprun- 
^^^^l^^^^^^l tée à un dessin de cette 
^^^^^^^^^^^H représente la 

^^^^^^^^^^H em- 

^^^^^^^^^^H des Rosiers 

^^^^^^^^^^H et le 
^^^^^^^^^^V dans ce premier 

^^^^^^^^HpEL Fremtère 

^^^^^^^^fiit d'aa ballon gaz 
^^^^^^^MijJ\ drogèue partant des 

PHHJI^^U'^ voyageurs. — La hril- 

^^^^Hh lante expérience de Pilâ- 

■'i^™*'*^ Irc desKosiersTutbienlôt 

■'E ■-■ répétée avec im ballon & 

logène, qui présentait beaucoup plus de sécurité 
allon à feu pour un voyage aérien. Celle expé- 
titlieule 1" décembre 1783. Charles et Robcrtpar- 



< 



230 LES Aft&OSTATS. 

tirent du jardin des Tuileries, et descendirent, deinte' r ^ 
res après, à neuf lieues de Paris, dans la praiiie k 
Nesic. 

L'expérience que nous venons de rapporter a marqué 
une grande date dans Thistoire de i*art qui nous occofe, 
car c'est à cette occasion que le physicien Chartes crti 
tous les moyens qui ont été mis en usage depuis dans 
les voyages aériens, savoir : la soupape pour iure des- 
cendre l'aérostat, en donnant issue au gaz, — lai^oâle 
qui reçoit Taéronaute, — le lest pour modérer h Tïesae 
de la descente, — l'enduit de caoutdHmc applîqné sur le 
ballon de soie pour s'opposer à la déperditioa Aq ^ 
hydrogène ,— enfin l'usage du baromètre qm leÂpt, 
par les variations de hauteur de ia colonne de Bereore, 
si l'équipage aérien monte ou descend dans l'ataMiqhèR, 
etpoiu* mesurer au besoin la hauteur à laquelle se trouve 
le ballon. 

La figure 75 représente les fisposîfioiis qm forent 
prises par le physicien Gharles^pour i^mplir MaMon 
de gaz hydrogùne. Le gaz se fMnmait à TkàUmà 
plusieurs .tonneaux contenue de facide riiilfuiifir^in 
fer et de l'eau ; ces tonneaux ètsitaU munis d'uatAele 
métal qui conduisait rh;ilif)g<èse dans m tmmKi 
plus grand, à demi rempfi d'eao, pour le dffotÊkr 
des gaz étrangers solubles disis fcAis; ^eat iBOtlM.^ ce 
grandtanneau, le gaz hydrogièiM at «Bnig-eastp aiHij^ 
d'un tube de caoutchouc , dans Iiaiérie«ar du ^tabe de 
soie. 

Blanchard Tranchit en ballon le S^WB^aD-Galalit — 

Blanchard , aéronaule français, aprèsi^wear fait plusienrs 
brillantes ascensions, conçut un prcgBttd^uBB audace in- 
croyable pour une époque où la wicnee «ôrostatique 
étaït encore plleine d'hésitations et d'incertitudes. Il an- 
nonça qu'au premier vent propice, il passerait en ballon 
de Douvres à Calais, en franchissant le 'bras de mer gui 
sépare T Angleterre de la Frafnce. 
Le 7 janvier 1786, Blanchard s'éleva, en «efifet, avec m 



232 



LES iiaOSTlTS. 



voyaient déjà les c&tes de France , le ballon qui perdiil I 
du gaz, se mit & descendre avec rapidité. Us lancenUb 1 
mer leurs provisions de bouche , leurs agrès , et mèm I 
leurs Ttïlemenis, Mais le ballon continuait à descend». ' 
Enfin , après avoir couru plus d'une fois le danger de 
tomber à la mer , ils atteignirent la côte et descendiitot 
aux porlcs de Calais, où l'on fit aux intrépides loyageurs 
une réception splendide. Blanchard reçut dumairedes 
lettres qui lui accordaient le titre de citoyen de Cïlù,e( 
son ballon fut déposé, en commémoration de cet M- 
nement, dans la principale église de la ville. 

■«ri de F114trc des Xoalera. — Le phy&îcien PîlÂtre 

des Rosiers , qui avait déployé un talent et un zèle 
remarquables pour les progrès de l'aérostation, pitll 
peu de temps nprès, le 5 juin 1785, en voulaol imiter 
la tentative audacieuse de Blanchard. Il avait ima^ 
de combiner en un système unique les deux moyos 
dont on s'était servi jusque-U, c'est- 
à-dire , la montgolfière etl'^roslat 
à gaz hydrogène. II se propoau'lè 
franctiir ainsi la Manche el i'abot- 
dor en Angleterre en parlant de li 
côte de Boulogne. Mais quelques 
instants après le départ et srant 
môme qu'il ne fût parvenuaa-dcssus 
de l'Océan, l'étoiïe du ballon b, gai 
hydrogène s'élant déchirée pendinf 
que l'aéronaute lirait la soupape, 
l'aéioslat, vide de gaz, tomba sur la 
monlgolfière, cl par son poids préci- 
pita l'appareil sur la terre. PiUtre 
des Rosiers, qui périt dans cette 
circonslanco , était accompcigné 
d'un physicien de Boulogne noioinè 
i "B '0- Romain, qui partagea sa triste fin- 

La Ggure 76 représente, d'après une gravure de celle 
époque, /'orir<»-mon(i(o/^érfi, de Pilaire des Rosiers. 




LES AÉROSTATS. S3S 

I^es aérostats employés dans les gaerres de la Fépa- 

Miqae. — Les globes aérostatiques, maintenus captifs 
au moyen de cordes, à une hauteur convenable dans l'at- 
mosphère, pouvaient fournir des postes d'observation 
pour découvrir les forces et les manœuvres des troupes 
ennemies. On penia, en 1794, à mettre ce moyen aa ser- 
vice des armées françaises , et l'on créa à cet efifet quel- 
ques compagnies d'aérostiers. Un jeune physicien nommé 
Goutellc, reçut le commandement de la première compa- 
gnie d'aérostiers. Le ballon du capitaine Goutelle rendit 
de véritables services à la bataille de Fleuras. On se ser- 
vit encore des aérostats dans quelques campagnes de la 
république. Mais la carrière militaire des ballons ne fut 
pas de longue durée. Le premier consul Bonaparte, qui 
n'accordah point de confiance à l'emploi des ballons dans 
les armées, licencia les deux compagnies d'aérostiers et 
fit fermer l'école que l'on avait établie dans les jardins 
du château de Meudon pour étudier, sous la direction 
de Goutelle, les applications militaires des aérostats. 

Tojtigem aériens entrepris dans l'intérêt des seien- 

ees. — Ce n'est qu'en 1803, vingt ans après la décou- 
verte des ballons, que l'on commença à employer les 
aérostats comme moyen d'observation scientifique. La 
première ascension entreprise dans un but scientifique, 
fut exécutée à Hambourg le 18 juillet 1803, par un physi- 
cien flamand nommé Robertson, aidé de son compatriote 
l'Hoest. Parvenus à une grande hauteur, ils se livrèrent à 
diverses observations de physique. 

En France, MM. Biot et Gay-Lussac exécutèrent en 
1804, une très-belle ascension qui donna lieu à plusieurs 
observations très-importantes pour la science. Dans un 
second voyage, M . Gay-Lussac partit seul et s'éleva jusqu'à 
7016 mètres au-dessus du niveau de la mer. Dans ces 
régions élevées le baromètre était descendu de la hau- 
teur de 0",76, qu'il marquait à terre, à celle de 0"*,32. 
Le thermomètre qui marquait 27 degrés à terre, mar- 
quait dans le ballon parvenu à cette hauteur, 9 degrés 



s 



234 LIS ABiOSTATS. 

au-dessous de zéro. Dans ces hautes ridons, la sèche- \^ 
rcsse était extrême ; un parchemin se crispait eonniK | ? 
devant le feu; la respiration et la circulation dusasgée 
Tobservateur étaient accélérées à cause de la grande n- 
réfaclion de i'.ûr. 

En 1850, MM. Barrai et Bixio ont exécuté uneasc»- 
sion scientifique qui a donné peu de résultats utiles. 

Jusqu'ici on est loin d'avoir tiré des aérostats (oos te 
avantages qu'ils peuvent fournir pour rétude scienfifii|iie 
de l'atmosphère. 

Théorie de l'ascension des nérostmCs. — Lorsqu'on 

corps est plongé dans l'air, il est soumis à l'action de 
deux forces opposées : d'une part la pesanteur qai tend 
à l'abciisser, et d'autre part, une poussée de l'air en sms 
contraire qui tend à le soulever : cet effort de bas en 
haut est égal au poids môme de Tair déplace par le 
corps. Si donc le corps plongé dans l'air pèse moins que 
l'air qu'il déplace, c'est la poussée de celui-ci qui prédo- 
mine sur le poids du corps, et le corps prend un moD- 
vemcnt ascensionnel. La machine aérostatique desMres 
Montgolfier était remplie d'air chaude Or, l'air chand pe- 
sant moins que l'air froid , puisqu'il n'est que de Vair 
dilaté qui, sous le môme volume, contient inoins de 
matière, il arrivait que l'air chaud du ballon, augmenté 
du poids de l'appareil, pesait moins que le inômeNoVawe 
d'air extérieur; donc le ballon devait monter. MaisTair 
va en diminuant de densité à mesure qu'on s'élève '. 
l'appareil doit donc s'arrêter et demeurer en équilibre 
quand il rencontre une couche d'air telle que le volume 
qu'il en déplace pèse précisément autant que lui. 

L'explication que nous venons de donner de Tasccn- 
sion des montgolfières ou ballons à feu, rend nécessaire- 
ment compte de la cause del'asccnsion des aérostatsàg»z 
hydrogène. Un ballon rempli de gaz hydrogène déplaceun 
volume égal d'air atmosphérique; mais comme le gaz hy- 
drogène est beaucoup plus léger que Tair, il est nécessai- 
rement poussé de bas en haut par une force égale à b 



LE AÉROSTATS. 235 

différence qui existe entre la densité de l'air et celle du 
•gfa hydrogène. Le ballon doit donc s'élever dans l'atmo- 
sphère jusqu'à ce qu'il rencontre des couches d'une den- 
sité précisément égale à celle de sa propre densité, et, 
arrivé là, il doit rester en équilibre. Pour que l'aérostat 
redescende, il faut nécessairement remplacer une partie 
du gaz hydrogène qui le remplit par de l'air atmosphé- 
rique, et il ne peut toucher terre que lorsque le gaz hydro- 
gène a été expulsé et remplacé totalement par de l'air 
atmosphérique. 

opérations ft exéeater poa» rasoeiiBion d*an aéro- 

vfmt. — Dans ia plupart des ascensions aérostatiques qui 
s'opèrent dans les grandes villes, on se contente de rem- 
plir le ballon avec du gaz d'éclairage , c'est-à-dire avec 
Vhydrogène bicarboné provenant de la décomposition 
de la houille, qui est environ deux fois plus léger que 
Tair. Il suffit alors d'engager dans l'orifice inférieur du 
ballon, un tuyau de conduite recevant de l'usine le gaz 
d'édalrage. Mais la trop faible différence qui existe entre 
la densité de l'air et celle du gaz de l'éclairage oblige d'em- 
ployer des ballons d*un volume considérable quand on 
veut élever des personnes ou des objets un peu lourds. 

Les dimensions des ballons peuvent être extrême- 
ment réduites si l'on remplit le ballon avec du gaz hy- 
drogène pur, dont la densité est quatorze fois inférieure 
à celle de l'air K 

On prépare très-facilement le gaz hydrogène pur, en 
Gûsant réagir sur des fragments de zinc ou de fer de 
[eau et de l'acide sulfurique. On place ces substances 
dbois des tonneaux qui communiquent par des tuyaux 
te conduite avec un tonneau central défoncé à sa partie 
inifarieare , et plongeant dans une cuve pleine d'eau. 
En même temps que le gaz hydrogène se produit par la 
réaction de l'eau et de l'acide sulfurique sur le zinc ou 

1. La densité de l'air étant 1,00, la densité ou le poids spécifique du 
gu hydrogène pur est de 0,0C. 



S30 



LES AÉBOSTATS. 



le ter, il se /orme aussi du çaz acide sulfureux : c'est ce 
gaz îrrespiralile et irrilanl qui provient de la combustion 
du soufre à l'air et qui se produit quand on enflamnie 
une allumette. Le gaz hydrogène ainsi souillé d'acide 
sulfureux, se débarrasse de ce produit nuisible en 
traversant la cuve pleine d'eau , c'est-à-dire le tonneau 
central, et en s'y lavant parfaitement : l'acide sulfurem 
demeure dissous dans l'eau. Le gaz ainsi purifié se rend 
dansTaérostalparunlong tube en toile, fixé par un bout 1 
au tonneau central et par l'autre à l'aérostat. 

La figure 77 fait voir tous les détails du remplissage 
d'un aérostat par le gaz hydrogène pur préparé au moyffl 
de l'acide sulfuriquo et du fer. 



l 




On ne remplît jamais l'aérostat qu'à moitié ou aux trois 
quarts de sa capacité. Eu elTel, ii mesure que le balb 



a lebaU^^ 



LES AÉROSTATS. 237 

s*élèvera, il pénétrera dans des couches d'air de moins 
en moins denses qui le presseront ainsi de moins en 
moins : dès lors le gaz intérieur, sediiatantproportionnel- 
lement à la diminution de pression, gonflera progressive- 
ment le ballop, en sorte que si celui-ci eût été entièrement 
rempli au moment du départ, la dilatation du gaz n'au- 
rait pas manqué de faire éclater l'enveloppe. 

Il est presque inutile de faire ressortir l'immense supé- 
riorité des aérostats à gaz hydrogène sur les ballons à 
feu. Pour ces derniers, la grande quantité de combustible 
qu'il fallait emporter, la faible différence qui existe entre 
la densité de l'air échauffé et celle de l'air froid, la né- 
cessité d'alimenter, de surveiller sans cesse le feu dans 
la corbeille suspendue à la partie inférieure du ballon, 
étaient des obstacles et des dangers presque insur- 
montables. Aussi, ne se sert-on jamais de l'air chaud que 
pour lancer des ballons perdus, c'est-à-dire des mont- 
golfières. Pour élever des aérostats montés par des voya- 
geurs, on ne doit jamais employer que le gaz de l'éclai- 
rage ou le gaz hydrogène pur, 

l.» nacelle» la soupape» le lest. — La nacelle dans 

laquelle se place le voyageur aérien, est suspendue au- 
dessous du ballon, et soutenue par un filet en corde qui 
enveloppe le globe tout entier. La soupape qui a été ima- 
ginée par le physicien Ghmes, s'adapte à la partie supé- 
rieure du ballon, et l'aéronaute peut la manœuvrer 
comme il lé veut, à l'aide d'une longue corde. Quand il 
ouvre la soupape, une partie du gaz s'échappe, et comme 
ce gaz est remplacé par un même volume d'air, le 
poids de l'appareil augmente, et le ballon peut ainsi des- 
cendre lentement et graduellement. Mais si le ballon en 
descendant se dirige vers un édifice, une forêt, une 
rivière, et qu'il y ait quelque danger pour l'aéronaute 
et pour la conservation de son appareil, comment éviter 
ce danger? Le moyen est très-simple et a encore été 
indiqué par Charles. En partant, l'aéronaute a eu soin 
de placer dans sa nacelle des sacs pleins de sable : dans j 




a vàe BU de ces sa<s, et le 
aUgé faotant, sa force ascensiou- 
; 1 Vaèie cl |«M condoire r.iéroi)aute 
it ftH favonbfe paor y (wendre Icare. 
■e ^ae par fe Btaie rooreo on paisse 
■làr tarhMe f m aérostat 
t. ^ Od aaaHie fiani^jlirfr uo ap^mll 





qBÎ a éié imaginé, pour donner plïï; 

cenle aéroslalique. Si , par une cause quelconque, le 
ballon n'oflre plus les conditious de sécurité voulues, 
l'aéronanle, en se plaçant dans la nacelle du pan» 



tcb^^ 



us AÉIOSTATS. 239 

peut s'abandonner à l'air et arriver à terre sans accident. 
Faisons pourtant remarque^ que cet appareil n'a jamais 
été employé jusqu'ici comme moyen de sauvetage dans 
un voyage aérien; il n'a encore servi qu'aux aéronautes 
de profession, pour étonner le public par le saisissant 
spectacle d'un homme qui se précipite courageusement 
dans l'espace du plus haut des airs. 

Le parachute, que représente la figure 78, est une sorte 
de vaste parasol de cinq mètres de rayon, formé de trente- 
six fuseaux de tafiTetas cousus ensemble et réunis au 
sommet, à une rondelle de bois. Quatre cordes pailant 
de celte rondelle, soutiennent la nacelle destinée à rece- 
voir l'aéronaute. Au sommet de l'appareil se trouve pra- 
tiquée une ouverture qui permet à l'air comprimé de 
s'échapper. 

Le parachute modère la rapidité de la descente par la 
large surface qu'il présente à la résistance de l'air. 

Le parachute dont on se sert aujourd'hui est le même 
appareil que Jacques Gamerin, aéronaute français, a 
osé employer le premier. Le 22 octobre 1797, en pré- 
sence d'une foule étonnée de son courage, Jacques Garne- 
rin se précipita, protégé par le parachute, d'une hauteur 
de mille mètres. Ce spectacle a été depuis prodigué aux 
yeux avides des spectateurs, par sa nièce, Éiisa Game- 
rin, par madame Blanchard, et de nos jours par Godard 
et Poitevin. 

Direetfon d«s aérostats. — On se demande bien sou- 
vent s'il est possible de diriger à son gré les ballons 
flottants dans les airs. Les études approfondies, faîtes de 
nos jours parles géomètres et les physiciens, ont prouvé 
qu'il serait impossible d'obtenir la direction des ballons, 
parce que l'on ne possède aujourd'hui aucun appareil 
suffisant pour combattre Ténorme puissance des vents 
et des courants de l'atmosphère, et en même temps 
assez léger pour être enlevé dans les airs avec le ballon. 



240 PIJITS AlTiSlBHS. 






XXIII 

PUITS ARTÉSIENS. 

On nomme puits artésiens des trouJs de sonde ^cartkœ 
pratiqués dans le sol, et au moyen desquels les eaniâboto 
à une certaine profondeur remontent jusqu*à la sor- 
facedela terre,et jaillissent quelquefoisà de grandes bat- 
teurs. 

Historique. — L'usage de la sonde, pourlareGfaferâie 
des eaux artésiennes, remonte aux temps les plus reca- 
lés. La Syrie, TÉgypte, les oasis de Tancienne dialne 
Libyque, présentent un certain grand nombre de poiU 
obtenus à l'aide de ce procédé. Olympiodore, (joi i)r 
vait dans le vi" siècle à ALexandrie, dit que dans les oasis 
il existe des puits creusés à 300 et même à 500 aones 
(48 et 80 mètres), qui lancent des rivières à la sarfece 
du soL 

Depuis un temps immémorial, le forage des source 
jaillissantes est pratiqué par les Chinois, ce feupleextrà- 
ordinaire qui, dans le mystère et le silence de^xiÂsAe- 
ment, revendique une si grande part dans loutesle^ gran- 
des inventions de Tespril humain. Dans la province ïOvl- 
tong-kiao, sur une étendue de dix lieues de longueur 
et de quatre de large , on a compté plus de dix mille 
puits dont la profondeur pouvait atteindre quelquefws 
jusqu'à trois mille pieds. 

Pour creuser ces puits d'une si grande profondeur, 
les Chinois employaient un appareil à percussion, dont 
on ne connaît pas bien toutes les dispositions. On sait 
seulement que la pièce principale est un cylindre can- 
nelé en fonte pesant de un à trois quintaux, et soutenu 
par une corde attachée à un arbre horizoAtal dont le pied 



PUITS AKTÉSTIN6. S41 

est assujetti au soi. Cet instrument se nomme mouton. 
Des hommes le font danser au fond du puits, comme 
un pilon au fond d'un mortier , en faisant ployer sous 
leur poids, puis en laissant se redresser le grand arbre 
incliné auquel il est suspendu. 

1.68 puits artésiens en Enrdpe. — En Europe, dès 

le commencement des temps modernes, nous voyonsl'u- 
sage des puits artésiens répandu dans le nord de lltalie. 
Les armes de la yille de Modène sont deux tarières de 
fontainier avec cette épigraphe : Avia pervia. L* ou- 
vrage le plus ancien dans lequel on trouve quelques 
données certaines sur l'emploi de la sonde pour le per- 
cement des pilits, est celui que publia en 1691 Bemar- 
dini Ramazzini , professeur au lycée de médecine de 
Modène. 

Dominique Gassini , appelé d'Italie en France par 
Louis XIV, s'efforça d'y faire connaître les procédés dont 
il s'était servi,- dans sa première patrie, pour construire 
les puits forés. Mais les anciens puits forés de l'Artois, qui 
subsistent encore aujourd'hui, témoignent que l'usage 
de la sonde était depuis longtemps connu en France. Ce 
fut au temps de Louis le Gros, en 1126, que le premier 
puits artésien fut creusé dans le couvent des Chartreux 
de LiJlers, dans le département acluel du Pas-de-Calais. 
Cette fontaine, qui n'a pas cessé de donner de l'eau jus- 
qu'à nos jours, n'impose à la commune qu'une bien petite 
dépense, celle de remplacer tous les vingt-cinq ans le 
tubage en bois. 

Bernard Palissy , l'illustre auteur des Rustiques figu- 
rines^ dont nous avons cité les travaux et rappelé la des- 
tinée malheureuse en parlant des poteries, décrit un 
instrument qu'il avait conçu et qui est absolument l'ana- 
logue de notre sonde, ou mieux, qui en est le premier 
élément. « En plusieurs lieux , dit Bernard de Palissy, 
* « les pierres sont fort tendres, et singuUèrement quand 
« elles sont encore dans la terre ; pourquoi il me semble 
« qu'une torsière la percerait aisément, etaprèslatorsière 



S4S ram AKiisiim. 

c on pourrait mettre l'autre tarière et, par tel i»ft]%] 
« ou pourrait trouver du terrain de marne, ymi ilkw^ 
€ eaux» pour faire puits,' lesquelles bien squy^ }/m " 
« raient monter plus haut que le lieu où la pcâoteM 
« tarière les aura trouvées>et eela oe pourrafoire wpt 
« nant qu'elles viennent de i^us baut que k îoÀh 
c trou que tu auras lait. ^ \i^ 

Le premier puits artésien ereosé à Paris fet» £t-oii, 
celui que fit creuser Jaeques Leborgne » dam ïlpiApital 
des Enfants-Rouges , fondé par la duchesfie CAJeaçoa 
sœur de FrançoisI*'. Depuisle preniier quart daio* siède, 
le nombre des puits artésiens s'est coasidéfaUiHOiQat 
accru en France, en Allemagne , en Prusse, et daos ia 
plupart des pays de l'Europe. Sn 1S18, la Ssmààtm- 
couragement pour V Industrie nationale attira beuKiCRV^ 
Tattenlion sur ce système en proposant des prix pourte 
meilleurs outils et instruments de forage. M. Bèricart 
de Thury, M. Degousée, se sont particuUërement distin- 
gués par leurs travaux théoriques et pratiques dans fart 
du forage des puits. C'est grâce à leurs recherches fitf 
celle branche importante des arts mécaniques a i^> ii 
y a trente ans, un degré de perfectionjoement ieiaan|ia" 
l)lc. En 1844, le succès du forage entrepris par If. Mulot 
à Grenelle, a excité un vif intérêt en France» elâtàhiUâ^ 
vivement Tattention et l'admiration publiques. 

ConsidératloAs s^aérales sur les puits. artéftkMl* -* 

Les eaux artésiennes circulent généralement dans VBA 
couche de terrain perméable et entre deux couches iBape^ 
méables. La couche perméable est sablonneuse ou formée 
de calcaire désagrégé, ou même composée de rochescoab 
pactes, mais présentant desiissures profondes. LescoudMS • 
imperméables sont du granit, de l'argile, de la marne, deli jl 
craie, ou toute autre roche compacte sans fissures. BfA \ 
doncune cx)uche perméable a d, 6, comprise entre daox 
couches imperméables ; elle absorbera continuelleffl<^ 
les eaux pluviales par tout son pourtour, et se remplira 
dès lors entre les deuxcouches imperméables jusqu'&uflf 



EDtB) iBTismS. 349 

sertawe hsuleur, au niveau «4, par exemple. Si l'on vient 
ij0rs à percer loos les dépMs qui recourrent la coudie 
k^eûfère, l'eau BoaterralBe qui y est contenue jaillira par 
«trou de sonde et a'élèvcraau dehWFJusqu'aunireaucd 
qu'elle alleist dans eette espèce de t&Be naturel, que 
iorooela coucbeaqiiifèread,(ifr.L'eau s'élève doscihms 
tes trous de sonde^ en raison de la tendance qu'ont les 




lîilHides k se mettre en éqraiibre eu au même nhrean 
éûob les v(U£s communiquants. 

L'eseinple d'un bassin bien clos et demi-eirenlaire, 
«eNBue celai que nous yeoons de figurer, se rcoconire 
miauent dans la nalure. Le bassin, de forme plus on 
moîat iiTéguliëre, est souveal coupé, interrompu par 
mille accidents de t»rei», en sorte qu'une partie de la 
Uppe d'eau souterraine s'échappe par des fissures late- 
ntes ; il en résulte que l'eau ne peut pas s'élever exacte- 
acBl à le hauteur de son point de départ, ou à la hau- 
teur qu'elle occupe dans les branches du vase naturel 
|qui la ooQtieoit. Le Crottemoit que l'eau éprouve, avant 
Â'arriveran trou de sonde, dùrumia aussi la hauteur de 
la «oloime jaillissante: en ^t, ce» eaux se meuTent dans 
igi canaujc irré^uliers et eueooibréfl de détritus qui leur 
Opposent une grande résist^ic». 

■-Pour trouver des «avMLiaiUiaaMitw, ditM. Dégooaée, 



011 dena rechereher ces espaces phuoa màos 
gés dans des saillies dominantes, tenksqadhs 
ches de la plaine se relèroit qoelqnefois de 
présenter leur tranche. H résulte en effet de obM[ 
position qne les eaux extérieures, s'mfiltnurt '"^ 
coudies perméables, affleurent en Tenant 
les coteaux de bordure, et, suivant avec cesco*^ 
inflexions du fond , sont d'autant plus soscfi^^f^' 
remonter par les trous de sonde et de d<)Qi^^^]^'^ 
à des puits artésiens, que les points d'iDfiL*''|yi^ 
plus élevés et le»points de déperdition plB>^^^ 

Fmlts «rtésle» 4e CtecseUe. — Lës M^'^^S^ 




tent la magnifique source jaillissante de &^^^ 
portesde Paris, coulent du dessous d'une su^ ^ 
yiron soixante lieues de pays, et partant de C^;;;;^ 
yent à peu près la direction de Bar-sor-Seii:::^^^^^^^^^ 
IVoyes, Nogônt-sm>-Sèine , Provins. C'est 
qu'affleure une couche épaisse de sable vert 
ment perméable, située sous Paris et renfc^^ 
puissante nappe d'eau. Au-dessus de ces grè ^ 
ris, se trouvent des couches de craie et d'à 
méables , qui affleurent en Champagne à 
plus grande que celle de Paris. Le plateau (M^ 
est par&itement placé pour favoriser le jaîHte^sB^' 
eaux dont il est le point de départ, car son ûût^ 
dessus du niveau de la mer est de 473 mètres, ts0^ 
celle de Paris n'est que de 60 mètres. 

Ârago avait calculé d'une manière approxiinatit^< 
Paris l'épaisseur des couches à traverser pour att^^'' 
les sables verts, c'est-à-dire la couche aquifêre h P 
teau de Langres, était de 460 mètres. D'après ces* 
nées, M. Mulot commença le forage du puits deGren( 
le 3 novembre 1833. En 1836 on avait atteint uncp 
fondeur de 400 mètres par un travail très-régulier; fl 
alors, ime cuiller consistant en un cylindre d'un p( 
énorme, étant tombée au fond du puits, on ne put 
retirer que par morceaux, et ce travail opéré i 



PUITS ARTÉSI£NS. - 246 

7 les ciseaux et la lime à une aussi grande profondeur, 
L dura quatorze mois. Le 26 février 1841, le forage étant 
; irrivé à 548 mètres, un Yolume d*eau considérable en 
sortit. 

. Pendant près d'un an , le puits de Grenelle lança une 
énorme quantité de graviers provenant de la dégrada- 
tion de ses parois. Enfin, il se dévia de sa direction primi- 
tive perpendiculaire, et lança néanmoins, en 24 heures, 
4 500 000 litres d'une eau limpide dont la température 
s'élevait à 27''. Le jet de cette eau atteint aujourd'hui la 
hauteur de 96 pieds au-dessus du sol. 

M. Héricart de Thm^, dans son rapport du 8 avril 
1840, avait annoncé quels seraient le nombre et la na- 
ture des couches de terrain à traverser, et à quelle pro- 
iondeur on devait trouver l'eau. Il avait dit : l'eau jail- 
lira des grès verts à 675 mètres environ , et elle parut à 
548 mètres : elle donnera 4000 litres par minute, et elle 
donne 4000 litres par minute : elle aura une température 
-de 30*" degrés : elle sera douce, dissoudra parfaitement 
le savon et conviendra à tous les usages domestiques. 
Toutes ces prédictions de la science ont été confirmées. 
Ynits «ptésien de Passy. — Le puits qu'on exécute 
en ce moment dans les anciennes carrières de Passy, 
près de Paris, présente des proportions gigantesques. 
On compte atteindre la même nappe d'eau qu'à Grenelle ; 
mais comme le lieu est plus élevé, il faudra creuser plus 
profondément. Ce grand travail a été commencé par 
M. Kind, habile ingénieur Saxon. 
La méthode appliquée à Passy n'est pas la même que 
' celle qui fut employée à Grenelle. A Grenelle, l'instru- 
ment de forage était une sorte d'énorme tire-bouchon. A 
Passy, on se sert, pour creuser la terre, d'un ciseau outré- 
pan, armé de sept dents en acier fondu et pesant 1800 ki- 
logrammes. A Grenelle, l'instrument de forage était atta- 
ché à. une longue tige de fer. A Passy, le trépan est sup- 
porté par des tiges en bois de dix mètres de longueur 
vissées l'une à l'autre. L'ensemble de ces liges et du trépan 



est M^peMiu à l^one dn eiMflrillB dPttn halMrifti 
l'aolrt octrimité iaquel eet ■IfccMe «iftflge 
an fiiton dHm cylindre à tapear* laUi^qi 
Irépaa reçoit ainsi un mouTement alternatif 
Oaand ce trftpan a foré le^afts nr'une 
1 mètre à l-,60, on le détidio de restN»M«0M|> 
dir et en le remonte à l'iMe d^oi ««UeftaftMMlMl 
vm tregU, mis em m o uTcmo Bt^ar qa »w<imi<nimii 
fapeor* Les dètrims ssnt wiiMB «te- p^màlÊÊÊk 
nieBm*e qae Toatil entame la^ terre. Qêl fa» 
six heures, ensuite on procMe mi 
mêaftetemps. On em^efowr tem 
driqae en tAte, qn*oii descend an flMd Aa 

afoimliréle trépan« Le londdn aeaM eat 

clapets 8V)uvrant de dehors -eR deftade; SarU^dMli 
sera au fond du faits, les natièpea<bi mbmws «^lm» 
ses pén^rent dans son intAiteur tmi ^mwmÊlltÊfêÊf/Ê, 
qm se rsferraent ensuile wm le iMsids 4e «aMMs 
matières. Le terme des trataux du pviila :ftrt dslÉif 
n'est pas encore atteint. Un accident au f fenu «nlHK t 
retardé le moment de la rtossite déftniiiw. 




XXIV 

PONTS SUSPENDUS. 

composent de câbles ou de ctiatnes de fer» tendus^w 
rrre à l'autre d'un fleuve ou d'une ritières et s»ppoit0(t> 
ail moyen de tiges de suspension y un tabtier qui dusie 
passage aux piétons et aux Toitures. Les avantage! te 
plus spécaux de ces ponts sont leur positioii jnéip»' 
dante du Ut des fieuves et des lorrens impétorax att- 
dessas desquels on n'aurait pu 4lablir4es {nies depiUfif 



PONTS SUSPENDFS. SWn 

hr 'ftcilité , la protiiptilude et l'économie de leur con- 
atruction, enfin leur hardiesse, leur légèreté et leur 
élégance, Tanilis que dans les ponts fixes, la largeur 
des arches n'a jamais dépassé 60 mètres lorsque la voûte 
est en pierre, 73 mètres quand elle «st en fer, et 1 19niêtreË 
quMid on emploie seulement le bois [ces nombres étant 
àes limites maximum qu'il a été permis d'atteindre, 
mais en deçà desquelles on s'est presque toujours tenu), 
la portée des arches des ponts suspendus , au contraire , 
peut s'étendre jusqu'à 500 mètres. Ils l'ranchissent les 
raillées les ptus profondes et relient entre eux les faîtes 
les plus escarpés. D'autant plus solides et d'autant moins 
dangereuï que leur portée est plus grande, ils devien- 

t l'ornement architectural des abîmes par la grâce 

à légèreté de leurs courbes. 

é biBtoriqne. — C* esta l'Asie que revient l'hon- 

F des premiers essais de ponts suspendus. Le voya- 
STOT Turner, dans la relation de son ambassade au 
Thibet, parle d'un pont appelé Chouka-Cbazum, et 
composé d'un plancher en bambou, appuyé sur cinq 
chaînes de fer, La longueur de ce pont était de 146 mètres ; 
les haTtitaats lui attribuaient une origine fabuleuse. 

'L'Histoire générale des voyages parle de l'existence, en 
en Clime, de deux autres ponts du môme genre. 

Ces ponts, que les écrivains chinois ont pitloresque- 
ment appelés ponts votants, sont souvent tellement 
éiçvés qu'ils ne peuvent être traversés sans crainte. Un 
pont de cette espèce existe encore dans la Shenlse ; il 
s'étend d'une montagne à une autre, sur une longueur 
de 400 pieds dans le vide. De la surface des eaux dans 
le fond du précipice au tablier du pont , ii y a 500 pieds. 
La plupart de ces ponts volants sont assez larges pour 
que quatre hommes puissent y chevaucher de fronl; 
<Igs balustrades solides et élégantes sont placées de cha* 
que côté pour la sécurité des voyageurs. Il n'est pas 
impossible que les missionnaires chrétiens envoyés en 
Cbtae, n'aient connu ce fait il y a oent cinquante ans, et 



iU rOlITS SUSPENDUS. 

ce renseignement, communiqué aux ingènienTS eor^ 
péens» a pu être la cause première de rintroductum k 
ponts suspendus en Europe. 

Depuis assez longtemps, dans 1* Amérique duSod^des 
ponts suspendus relient entre eux les hauts sommets 
des Andes et des Cordillères. M. de Humboldt trawm, 
en 1812, la rivière de Chambo sur un pont sospendode 
40 mètres de longueur. Dans ces contrées, oA le fer e8( 
rare , les câbles sont construits avec des liane» , et In 
cordes, fournies par les fibres de Y Agave amerietm. 

En Europe, on trouve dans un recueil de madùm 
publié & Venise en 1617, deux planches repiaenlant 
des ponts suspendus, Tun en chaînes de fer, l'antre 
en cordes. En 1741, un pont fut construit surbLees, 
entre les comtés de Durham et d'York : un petit plancto 
de deux pieds de large, pour le passage des piétons, était 
établi sur deux chaînes en fer. Long de 70 pieds, il est 
muni seulement , d'un côté , d'une main courante; sas- 
pendu à plus de 60 pieds au-dessus d'un torrent, il 
éprouve un balancement considérable. Mais le premiff 
pont suspendu permanent pour le passage des voitures, 
établi d'après le système moderne , a été constniit par 
M. Findley en Amérique. 

Après rAmérique, l'Angleterre vit s^éleyer des ponts 
suspendus sur plusieurs points de son territoitft. 

Quant à la France, les guerres continuelles qmïèpTÙ- 
sèrent, au commencement de ce siècle, arrêtant ïcs- 
sor naturel de son industrie et l'isolant du mouvement 
des autres nations , retardèrent parmi nous la natu- 
ralisation des ponts suspendus. Le premier pont de ce 
genre fut établi dans la célèbre petite ville d'Annonay, 
par les frères Seguin , neveux des Montgolfier. Ce pont 
n'était destiné qu'aux piétons, mais les constructeurs eu- 
rent bientôt le mérite de jeter sur le Rhône, entre Tain 
et Tournon, le premier pont suspendu propre aux voi- 
tures qui ait été vu en France. Depuis cette époque, les 
ponts suspendus remplacèrent bientôt partout les bacs 



PONTS SUSPENDUS. 249 

Biôn se servait pour iraverser les rivières, et ia France 
h plus rien eu à envier, sous ce rapport, à l'Amérique 
y l'Angleterre. 

istmellon des pOBts sospendas. Les cAblea. — 

bc&blcs, qui doivent servir à supporter le tablier du 

" it, sont tendus d'un bord à l'autre du cours d'eau ou 
adépression qu'il s'agil de franchir, et supportent ce 

Uier au moyen de tiges de suspension. Ces câbles sont 
lés de fils de fer ayant tous la même longueur, non 
06 eosemblc, mais juxtaposés parallèlement, et re- 

i^de distance en distance à l'aide de lils recuits qu'on 
e ligatures. 
j doit donner aux câbles une dimension suffisante 
r qu'ils supportent, sans chance de rupture , le poids 

I &Tdeaux accidentels qui peuvent se présenter. Il 
1. tendre d'une manière égale tous les fils, de peur 

^, on petit nombre seulement supportant l'effort, ils 
a rompent et ne déterminent ainsi la chute du pont. 
i cette condition n'est pas rigoureusement réali- 
té. U faut avoir soin de faire bouillir les fils dans 

1 mélange d'huile et de litharge, et de les recou- 
vrir ensuite de plusieurs couches de peinture à l'huile 
lorsqu'ils sont réunis pour former le câble , aûn de les 

É élire à l'abri de l'oxidation. Les cables en fils de fer 
pt faciles à fabriquer et on les emploie Irès-générale- 
Bit en France. 
Chaînes. — Les chaînes, dont le rôle est le même que 
celui des câbles, sont formées de barres de fer forgé re- 
liées entre elles par des boulons. Le forgcage de ces 
pièces doit être fait avec le plus grand soin, car il suffit 
d'un grave défaut dans l'une d'elles pour que sa ru^ure 
entraîne la chute du pont. C'est là le grand inconvénient 
des chaînes. Quoi qu'il en soit, elles sont presque exclusi- 
vement usitées en Angleterre, et leur usage tend même 
à se substituer en France à celui des câbles, quandil ne 
s'agit pas seulement de passerelles, mais de ponts que 
doivent traverser des voitures lourdement cliargées. 



b 



YëMtar. — liS taUier sefntage «aoftcliMMitefMI h 
les waves et en deux traMsin filnoés éo dBqpRoi^ 1 
IK)qr le passage des piétons, n se composs de taMMl 1 
soqUmmbs am den bMis far iM4ien im mÊfmimu 1 
■lessoiitreUéesparlsaloogvcniiCBlinviMÉlel^^ | 
I* liaiion des tiwenes est trt»4raportBite,-dl^ 
b«ft d*éyiler les ondalalkiiis proànitas 
ifoilaiea en répartissaflt leur pé t àB < 
nombre de tiges. Le plancher de 1» ekaouBi 
de férts madriere fixés eor les Inwmea et 
perpenfienlaire ao leur, et de pitaWbee àk 

madriers en travers du pont. Le plancheT'dn 

formé de plandies clouées for le» 'longnriMHiMP 
trMifent a« bom -des traverses et sur càkSêqàÈmèKâ 
la chaussée. 

4MéeB. — Pios la coorhere dee dudnes e^Mif» 
par rapport anfRri, moins Peftirt qfiie k» rhiJnifsnlw 
câMes ont à sopporler est osMidéciUMe, Qisi jftm éfi 
qu'on élèw beaucoup les points d'appui 4» pndi M* 
petodos, afti de doimer aux chedoM-tat ptaB|nii 
comfmre possible. Les points d'appui mm des mmà 
en maçonnerie ou des colonnes de Ion te. In f/tataUf il 
y en « deux placés sur les mes, et qnelquefcîs sBiw- 
sième placé an milieu de la rivière et qui preaitewm 
de frilê. Au delà des poîntsd'appui fixés sur les AMLdm^ 
les chaînes s'infléchissent vers le sol, oùéiieesetMÉà 
des massift de maçonnerie appelés cuiéeB. CwMtiwÊm 
qui sedirigentdansnn sens innerse deceluîdapoat^ sHt 
dites ehatnês de tetmm, Grdce à oette inginieiise dis^ 
âfion, la résistance de toin les efforts transnris le leiBf de 
la ciUtne est dirigée dans le sens des points d'i^pui ^ 
tend non pas i 1^ renyerser, mais à les écraser» ce qà 
n'est pas focile. Les chaînes se figent définitrvaBeBtdssu 
des chambres souterraines. 

tprevira 4« IpMMt M0|MM««« --^ Lee ponts Sl^ 

sont jamais livrésàlatârcnhition sansanm* été seonmi 
une éprewiepréalaUei duas laquelle Hsdeimt «apporter 



me charge dépassant de beaucoup celle qu'ils supporte- 
«ieiit s'ils étaient couverts d'hommes se coudoyant les 
ms les autres. On exige en effet qu'un pont suspendu 
puisse supporter pendant vingt-quatre heures la charge 
le 200 kilogrammes par mètre de surface; or des hom- 
mes se coudoyant, n'y produiraient en moyenne qu'une 
charge de 70 kilogrammes, et l'ouragan le plus furieux ne 
produirait pas plus d'effet qu'une charge de 68 kilo- 
pummes. Cependant, afin de ne pas trop ébranler les 
nnttèriaux de construction , on permet pour six mois le 
jnâsage sûr le pont, après qu'il a subi une épreuve moi- 
tié momdre, dans laquelle le tabher est chargé seulement 
de IW kilogrammes par mètre carré. Mais après le 
délai fixé par cette autorisation provisoire, l'épreuve 
entière doit être faite. 

VoBtAi «nspendus les plas remarquables. — Le pont 

de Pribourç, jeté sur une profonde vallée, n*a qu'une 
seule travée de 265 mètres de longueur, et les chaînes 
sont aitiarrées dans le roc; celui de Menay en Angle- 
terre possède trois travées; il est élevé d'à peu près 
30 mètres au-dessus de la mer et les bâtiments à voiles 
peuvent passer dessous. Le pont de Cubzac, en France, 
a cinq travées et 500 mètres de longueur. Il est sup- 
porté par des colonnes de fonte et donne aussi passage 
auft navires. Le pont de RoiMi possède une arche en 
toÊtè f très-élevée et située au milieu de la Sdne; on 
laiwpchit à Paide d'un pout-lefte qn*on soulève lors du 
pJMige des narres, hes massife de imconiterie <pii 
sunNNlent eetle arche sont asset écartés l'on de l'autre 
pour livrer passage aux plus largas des Taiaseaux qai 
iroipMloiit ie poft* 



PONTS SCSPBRDCS. 



XXV 

lA PHOTOGRAPHIE. 

Ja«a|^ Kl«pce crée Ia pholoBTMplile. — CtA 

sepli NicépUore Niepce , ai à Gliâloii-sur-Saône ei 
que revient l'hoiincur de la découverte exlrao 
don! nous allons nous occuper. A 27 ans, Joseph Kiepcè' 
Taisait , comme lieutenant, une partie de la campagne 
d'Italie, el en 1794, il ôlait nommé adminislrsleurdu 
district de Nice. En 1802, il rentra duns sa ville natale. 
où il fut rejoint par son frère Claude Niepce. ReUrès 
dans une petite maison de campagne sur les bords de la 
Saône, aux environs de Cbàlon, les deux frères s'y occu- 
pèrent d'industrie et de science appliquée. Le dÉliut des 
recherches de Niepce remonte à l'année 1813, el sa 
premiers succès au commencement de Tannée 18J4. 

Le problème que Niepce poursuivait consistait ikfeet 
les images de lu chambre obscure. Cet înstrumealcoti- 




sisle en une boite, fermée de toutes paris, 
tion d'une petite ouverture par laquelle pénètrent là 
rayons lumineux. Ces rayons lumineux, en s'entre- 
croisant, vont former une image renversée et 



I wgg 



LA PHOTOGRAPHII. 253 

courcie des objets sur un écran placé au fond de la 
>oîte. 

La figure 80 met en évidence le phénomène d'op- 
tique qui se passe dans la chambre obscure, et qui a 
pour résultat de donner à l'inlérieur de cet instrument 
une image renversée des objets extérieurs. 

Ppr^a, physicien Napolitain, qui le premier fit connaî- 
'tre le phénomène auquel donne lieu la chambre ob- 
scure, imagina de placer une lentille biconvexe devant 
l'ouverture de cet instrument. L'image gagna beaucoup 
en éclat, en netteté et en coloris. 

C'est en 1824 que Niepce résolut le problèine qu'il s'é- 
tait proposé, qui consistait à fixer l'image de la chambre 
obscure. L'agent chimique impressionnable à la lu- 
mière donUl/it choix, fut le bitumé de Judée ^ matière 
noire qui** exposée à la lumière, se modifie chimi- 
quement eî perd sa solubilité dans les liqueurs spiri- * 
tueuses. Il appliquait une couche de bitume de Judée 
sur une lame de cuivre recouverte d'argent, et pla- 
çait cette lame au foyer de la chambre obscure. Après 
une action assez prolongée de la lumière, il retirait la 
plaque et la plongeait dans un mélange d'huile de pé- 
trole et d'essence de lavande. Les parties influentêes'par 
la lumière demeuraient intactes, les autres se dissol- 
vaient. Ainsi formé, l'enduit de bitume représentait les 
clair^ ; la plaque dénudée du métal représentait les om- 
bres ; les parties de l'enduit partiellement dissoutes, les 
demi-teintes. Malheureuseipent, il ne fallait pas moins 
de dix heures pour un dessin, à cause de la lenteur 
avec laquelle se modifie le bitume de Juilée sous l'in- 
fluence de la lumière. Pendant ce temps, le soleil pour- 
suivant sa route , déplaçait les ombres et les lumières. 
Par ce procédé, encore bien imparfait on le voit, 
Niepce parvint à former des planches à l'usage des 
graveurs, car tel était son but. En attaquant ces pla- 
ques par un acide faible, le métal se* creusait dans les 
parties que n'abritait pas l'enduit résineux, et l'on pou**. 



254 LA raoTOGtAmi. 

vait eiisaite se servir de celte planche pour tirer im V 
gravures sur papier. Niepce appelait ce nouveau proeèii \| 
de gn^vare kéliograpkie. 

•• ^ ■wpic. — Dans ce moment, un antre expèrimen^ 
tateur s'occupait à Paris des mêmes travaux; c'itûtk 
peintre Daguerre qui s'était fait nn certain renom pv 
l'invention du Diorama. Mais Daguerre n^avait WQ. 
obtenu aucun résultat satisfaisant de ses \ongmmlm 
veSy quand il appri t qu'au fond de sa province, unhwn 
était parvenu à résoudre le problème dont il i» 
cupait, c'est-à-dire & fixer les images de la chmbK 

Le peintre parisien ayant reos^à se mettre en np* 
port avec l'inventeur çhalonnaiSy Jui proposa de s'taaor 
cier à lui-pidur continuer dé po^rsuivre^ msnmn^li 
* ^solution ,du problème qu'ils avaient aM^M^icuB d» 
son côté, te 14 décembre 1S30, un traité fUcTà-cetcM, 
signé entre eux à Châlon. 

Niepce ayant communiqué à Daguerre le secret de ses 
procédés, Daguerre s'applique aussitôt à les perfisctioA- 
ner. Il remplace le bitume de Judée par la résine qu'on 
obtienten distillant Tessence; de lavande; il ne lave plus 
la pla^ftnfdans une liuile essentielle, iri'exposeà J'aclioD 
de là Vù^peul* fournie par cette essence à la iempératare 
ordinaire. Ciette va{)em- se condensait seulemeiiV^ÈNi\fiS 
parties restées dans Tombr^ét respectait les clai^ repré- 
sentés par la r^ine blanche. Les ombres étaient rep^ 
sentées par^ne sorte de verQÎa transpËHhent formé parte 
résine^dissoute dans l'huile essentielle. En même tempSi 
Daguerre change complètement les bases du procëdi j 
dont Niepce s'était servi. Tandis que Niepce ne£8âsaitdi 1 
la plaque qu'un moyen d'arriver & la gravure, c'est4r ? 
dire cherchait à obtenir, par l'action de la lumière, une T 
planche typographique propre à donner des épieavci , 
sur papier, Daguerre, au contraire , ve^ -que le desiin 
définitif demeure sur la plaqîQe. Ainsi l'image sera M' 
mée suc mé^al i|tt lieu d'être tirée sur^apîer, eocnnisla ' 



Lk PHOTOGRAVHIS. 3A5 

voulait Niqpce, le premier inventeur ; c'est le système de 
J)aguerre qui prévalut h/vc/^^-t^JuJU 

Les deiix associés venaient dejgttfostituer aux substences 
réâneuses l'iodé^ qm dpifkne une grande^ sensibilité aux 
plaques d'argent, lorsque Ntepce mourut à l'âge de 63 ans^ 
Après vingt ans de travaux, il mourut pauvre et ignoré ; 
la gloire ne devait^rayoniMT que plus lard autour du 
nom d^'homme^ui av^it* produit la plusxurieuse dé- 
couTOle de sbn siècle.- /' 

Continuant seajrecherches, .Daguerre eut bientôt le 
bonheur de découvrir la ^riîerveilleuselnfluence des va- 
peurs de mercure sur l'apparition de l'image photogra- 
phique. Il reconnut que l'image formée par l'action de 
la lumière sur une plaque revêtue d'îodure d'argent, 
est d'abord invisible, mais qu'elle apparaît subite- 
nnent si on expose cette plaque aux vapeurs mercu- 
rielles. 

C'est le 7 janvier 1839 qu'Arago annonça publique- 
ment à l'Académie des sciences de Paris, la découverte 
de Niepce et Daguerre. Le 19 août 1839, Arago rendit 
publics les procédés des inventeurs, qui jusqu'alors 
étaient demeurés secrets. Le gouvernement accorda 
une récompense nationale à Daguerre et au flls de 
Niepce. 

Bescriptioa an ^r«cé4é pkot^ipraphlqiie Ae Bai^iierÉpe. 

— Dans le procédé de Daguerre, c'est-à-dire dans le dch 
gnerréotype ou photographie sur métal, les images se 
ferment à la surface d'une lame de cuivre recouverte 
d'argent. On expose cette lame aux vapeurs que l'iode 
dégage spontanément : cet iode se combine avec l'aiv 
^gent, et il se forme ainsi une minée couche d'iodure d'tr* 
5^ent qui est excessivement sensible à l'action des rayons 
lumineux. On place la plaque iodurée au foyer de la 
chambue noire, et on ai3(iène sur cette plaque l'image 
formée par la lentille de l'instrument. La lunièrOt 
avons nous dit, a la propriété de décomposer Tiodure 
d'ai^ieot ; les iwrties de la plaque, vînunem édairèos^ 



?<wpee,'lefnaia 



oén 






JMbevttt-flBeMeto. 




plus ïigoureuXï 
,ics sVimalgaraaDt 3 
,1, le dessin devient [ 
.f^e peut dès lors rfr.i 1 
îiiorcure qui formait 
■lils el peu adtiÉrenls, 
iLic d'or qui adhère à 



I 




2M LA PHOTOGRÂPUI. 

subissent donc cette décomposition, tandis qu^ 
sont dans l'ombre demeurent intactesNC é 
Retirée de la chambre obscure , la pmqphie' 
d*iodure d'argent décomposé par la lumière , ne inré- 
sente encore aucune trace visible d'image. On la soumet 
alors , dans une botte fermée , aux vapeurs émises par 
le mercure, que l'on chauffe légèrement. Cette opéra- 
tion fait apparaître l'image. Eh effet, les vapeurs vienneot 
se condenser seulement sur les parties que la lumièn 
a frappées, c'est-à-dire sur les parties décomposées de 
la couche d'iodure d'argent. Un vernis éclatant de mer- 
cure accuse donc les parties éclairées, et les ombres sont 
représentées par la surface même de la plaque dans les 
parties non recouvertes par le mercure. Il ne reste plus 
qu'à débarrasser la plaque de l'iodure d'argent qui 
l'imprègne encore, car cet iodure d'argent noircirait sous 
rinlUience de la lumière et ferait ainsi disparaître le des- 
sin. Pour cela, on plonge la plaque dans une dissoMon 
d*h>po$uintc de soude, sel qui a la propriété de dis- 
soudi^e riodurc d'argent non impressionné par la lu- 
mière. 

Pc^rtoclloMiieineMls 4e la découverte 4e BÎlcpee H 

D«c«erre. — Dans le procédé que nous venons de dé- 
oriiv , il fallait pour obtenir une épreuve, exposer là 
plaquo pendant un quart d'heure à une ImmibTeVc^ 
vive, lios éprouves miroitaient désagréablement par 
TolTot du métal ; on ne pouvait reproduire les objete 
animés; le ton du dessin n'était pas harmonieux; on 
n'avait que la silhouette des masses vertes des arbres; 
entin l'image pouvait s'etTacer peu à peu par suite de 
la volatilisation lente du mercure. La plupart de ces 
défauls résultaient de la trop longue exposition de la 
plaque à la lumière» 

\a\ promière modification faite au procédé primitif 
do l'inventeur, porta sur la chambre obscure. H. Gharies 
tUievalier en y introduisant un double objectif achro- 
matique, put concentrer une plus grande quantité de 



Jd 



/•' j/^^^pOl. 



y •- 



f LÀ PHOTOGRAnilI. i57 

lumière sur la plaque, et réduire ainsi la durée de 
l'exposition lumineuse à deux ou trois minutes. Par 
ce moyen, le champ de vue était agrandi, et on pouvait 
faire varier à volonté les distances focales de la lentille. 

En 1841, M. Glaudet, artiste français, qui exploitait à 
Londres le procédé de Daguerre, découvrit que le chlo- 
rure d*iode appliqué sur la plaque préalablement iodée, 
augmente singulièrement la sensibilité lumineuse de la 
plaque. Le brome, le bromure d'iode, Tacide chloreux 
sont des substances accélératrices encore plus puissantes et 
découvertes postérieurement. Avec l'acide chloreux, on a 
obtenu des épreuves irréprochables en une demi seconde. 

La découverte des substances accélératrices permit de 
faire des portraits. Jusqu'alors, l'obligation pour le mo- 
dèle de se tenir longtemps en plein soleil, n'avait permis 
que d'obtenir des figures contractées et grimaçantes. 

Il restait encore un dernier perfectionnement à ajou- 
ter à la méthode de Daguerre. Les images miroitaient, 
comme nous l'avons déjà dit; de plus, le dessin man- 
quait- de fermeté, parce qu'il ne résultait que de l'oppo- 
sition des teintes du mercure et de l'argent ; le plus frêle 
attouchement suffisait pour effacer l'image. Tous ces 
inconvénients disparurent par la découverte, due à 
M. Fizeau, du procédé qui sert à fixer les épreuves. Si 
Von verse sur l'épreuve une dissolution de chlorure d'or 
mêlée à de l'hyposulfite de soude , et si on chaufiTe lé- 
gèrement la plaque, elle se recouvre d'une mince feuille 
d'or métallique. Dès lors l'argent ne miroite plus autant; 
en effet, il est bruni par la mince couche d'or qui se dé- 
pose & sa surface ; les noirs sont aussi plus vigoureux, 
et le mercure qui constitue les blancs s' amalgamant 
avec l'or et prenant un plus vif éclat, le dessin devient 
plus net et plus ferme. Enfin, Timage peut dès lors ré- 
sister au frottement, parce que le mercure qui formait 
le|dessin & l'état de globules très-petits et peu adhérents, 
est maintenant recouvert d'une lame d'or qui adhère à 
la plaque. 



\ 



iS9 LA raoTomnoE. 



i 



— Poor résumer ce qû 
précède, iit)as feroos conriftttre en pea de mots les 
moyens rii ïcnt employi^ anjocondliai pour obtenir une 
ênr^u^e «le ohotfljrnphîe sur mélïl, c*esl-à-dire me 
êpren^ an. 'laguerrifetfpe proprement dit. 

La lame de pL.iqaé <rdrsreat, préalablement polie afee 
des <<:ins minatienx. est exposée aux vapeurs d*iode pour 
provoquer In formati<?ii d'one mince cooche d'iodore 
d':irffwît: — on la soumet à l'action d«s vapeurs du 
brome, du ohîomre d'iode ou d'autres substances accé- ' 
Léntnees ; — ou place la plaque dans la chambre ob- 
scure, et <?n laisse arriver sur cette plaque les ravons 
lumineux: — ou la soumet aux vapeurs mercarieUes : 
pour faire apparaitre l'image ; — on lave Tépreuvc k , 
rhyposuUite de soude pour enlever Tiodnre d'argent non j 
attaqué ; — enfin, on trxe réprenve par le chlorure d'or. ' 

Pk«c«^v«pkle mmr papier. — La photographie SOT i 

pla«pie mèt:\l:îque a un inconvénient capital, c*estqne 
chaque opêr\tion ne fournit qu'un tjrpe unique. Comme 
inconvénients secondaires, on lui reproche , avec rai- 
son, le miroitasre métallique, qui est si choquant snr Ja 
plupart des épreuves, et qu'il est presque impossible (te 
bannir. En outre, le dessin ne reposant qu'à Ja sarface 
de la plaque , n'est qu'un mince voile qui ne ^tteSûVe 
pas la résistance nécessaire à un objet de durée. 

La photographie sur papier a apporté le comptèmenl 
le plus brillant à la découverte qui nous occupe, car die 
est exempte de tous les inconvénients qui sont inhé- 
rents à la daguerréotypie. Elle présente, en effet, cet im- 
mense avantage, qu'un premier dessin étant une fois 
obtenu, il peut fournir un nombre immense de rep^odu^ 
tions; cette condition est d'une importance essentielle. 
En second lieu , dans les photographies sur papier, l'image 
n'est pas formée seulement à la surface du papier, mais 
elle pénètre assez profondément dans sa substance, ce 
qui est une condition de résistance et de durée. 



LA PHOTOGRAfniE. SSf' " 

A photographie sur pnpier, celle modiflcation si né- 
SBire de la mélhode de Niepce et Dagiierrc, a été 
»uverte en 1839, piir M. PoxTfilbot,aiTinleur anglais, 
n'est pourtant qu'à partir de 1845, que cette nonvelle 
■^ode a élé connue et s'est répfindoe en Europe. 

iMorle et pratique de« opérations Ae la p^otogm" 
te «wr papier. — Ayant de faire connaître le procédé 
lique de la photographie sur papier, nous donn«- 
s «ne idée générale de l'opération. 
I Von expose i l'action de la lumière solaire les sels 
tgeat, lesquels sont naturellement incolores, ils noir- 
rart «a se déromposant. Si donc, on place an foyer 
be chambre ohscure une fenille de papier imprégné 
tire ou d'iodure d'argent, les parties vivement 
s de l'image noircissent la couche de chlorure 
^ent existant sur la feuille de papier, tandis qne 
inrHea obscures ne la modifient point. On a de cette 
ât/te un dessin dans lequel les parties claires appâ- 
tent en noir et les ombres en blanc : c'est ce qu'on 
efie nne iwiagr négative. Qu'on place maintenant 
eëtte image sur une feuille de papier imprégnée d'un 
sel d'argent et qu'on expose le tout au soleil, les par- 
ties blanches da dessin laisseront passer les rayons lu- 
mineux, les parties noires les arrêteront. Il en résultera 
donc sur le papier ainsi recouYerl par l'épreuve négative 
et imprégné du sel d'argent, une épreuve dite positive 
a laquelle les clairs et les ombres seront dans une 
jHition normale, 
►assons maintenant au procédé pratique, 
*our ohtenîr l'épreuve négative dans la chambre 
(Cure, on reçoit l'image sur une feuille de papier en' 
Ite d'iodure d'argent mélangé d'un peu d'acide acé- 
[ae, puis on l'expose au foyer de la chambre obscure, 
lit d'une demi-minute environ, l'action chimi- 
il produite. 

;ndant, quand on relire la feuille de papier de la 
i obscure, on n'y voit point d'image. T 



260 LA rHOTOGBAPHII. 

faire apparaître, on plonge Tépreuve dans une dissola- 
tion d*acide gallique, qui forme un sel noir, le galkU 
d'argent^ dans tous les points où il s'est formé de l'oxyde 
d'argent libre, c'est-à-dire dans tous les parties que Ja 
lumière a frappées. On enlève l'excès du sel d'argent non 
influencé, on lave l'épreuve dans une dissolution dliypo- 
sulfite fe soude, et on obtient ainsi l'épreuve négatire. 
Plaçant cette épreuve sur une feuille de papier imiikgnée 
de clilorure d'argent et exposant au soleil pendant 15 i 
20 minutes ou à la lumière, diffuse pendant un temps 
qui varie d'une demi-heure à quatre heures, on obtient 
l'image positive qu'il faut laver comme tout à l'heure et 
pour le même motif avec l'hyposulfite de soude. 

Ajoutons que l'on peut tirer un nombre très-considé- 
rable d'épreuves positive^ avec l'épreuve négative ou le, 
cliché. f^^ 

Photographie sur Terre» emploi du eouoéi#B. — , 

L'irrégularité de la p&te du papier empêche d'obtenir sur 
cette substance des épreuves à coiitburs nets et arrêtés. 
La découverte de la photograhie sur verre a remédié à 
cette imperfection en permettant d'obtenir des dessins 
dans lesquels le trait est doué de la plus rigoureuse pré- 
cision. Dû à M. Niepce de Saint-Victor, cet artifice con- 
siste à former l'image négative sur la surface, parfaite- 
ment égale ou polie, d'un morceau de verre ou4eg\ac,e, 
recouverte d'une matière transparente telle que Ya\bu- 
mine. On obtient ainsi une surface parfaitement plane et 
polie, presque égale, sous ce rapport, à la plaque du da- 
guerréotype, et sur laquelle le dessin photographique 
s'imprime en épreuve négative avec les contours les 
plus précis et les mieux arrêtés. Avec ce cliché négatif 
sur verre, on tire ensuite des épreuves positives sur 
papier. 

Voici maintenant les opérations pratiques qui senenl 
à obtenir une épreuve au moyen de la photographie sur 
verre. 

Sur une lame de glace on étale une légère couche 



B LA PHOTOGBAPniE. '< ^W 

d'albumine liquide, c'est-à-dire de blanc d'œuf dàs^ 
dans l'eau. On laisse séch^ celte couche, qui forme sur 
la lame de glace un enduîtlrânsparent el poli. A cette al- 
bumine, ou a eu d'avance la précaution d'ajouter une pe- 
tite quantité d'iodure de potassium. Quand on veut opé- 
rer, on semibilise l'albumine en plongeant la lame de 
verre recouverte de l'eiWflrt^lbuminc dans une dissolu- 
tion d'azotate d'argent ai^!lraèètt*flf^peu d'acide acétique. 
Tl se foriH'e, par l'action de l'iodure de potassium sur l'azo- 
tate d'argent, une certaine quantité d'iodure d'argent ; 
c'est là l'agent photographique, c'est-à-dire la matière 
qui doit-être Impressionnée par les rayons lumineux. 

Ainsi imprégnùe d'iodure d'argent, la plaque de verre 
est portée daîis la tbamhre ohscurç où elle reçoit l'action 
de la lumière qui doit former l'image négative. Au sortir 
de la chambre noire, on soumet cette épreuve aux opé- 
rations ordinaires qui servent à faire apparaître et à fixer 
les épreuves négatives sur papier, c'est-à-dire qu'on la 
traite par l'acide gallique pour faire apparaître l'image 
et par l'iiyposulflte de soude pour la fixer. 
Il ÀinBL obtenu, ce cliché négatif sur verre sert ensuite à 
Bïer, sur papier, des épreuves positives. 
^ Ou voit donc que le verre n'est employé que pour 
'obtenir l'épreuve négative destinée à servir de type) 
quant aux épreuves positives, ellesaQiit toujours tirées 
sar papier. Il faut être prïVftfîT'aec'elte circonstance, 
car le mot de photographie sur verre est susceptible d'in- 
duire en erreur, en faisant supposer, à tort, que les 
épreuves positives elles-mêmes sont tirées sur verre. --^ 

Depuis l'année 1861, on a substitué à l'albumine pour 
former l'enduit organique recouvrant la lame àe verre, 
une malière nouvelle, le collodion, qui n'est autre chose 
qu'une dissolution de colon-poudre dans l'alcool addi- 
tionné d'éther. Le collodion active à un degré prodigieux 
la sensibilité lumineuse de l'iodure d'argent. Grâce au 
collodion, on peut obtenir des épreuves négatives en huit 
à dix secondes. On peut même obtenir ainsi des images 



MB^ H mrromiffi 




ImkMbnéM, tftÉWà^dJrefcgr t la-fimae |ili«litÉ|i 
pUqoe te objeto Mîmii d*w «MMneiit ni|iM* 

tt>|Mjr des chgmtg. UK hrtem fHwtSht la^ ftiU^ whi 

Ia phologni|dM W Yorrs pimitfiite «» jMfVLli 
eoDodlMi, esl aqjourd-hiii !• «igm pvMqvevÉMHli» 
méat eiployé poar ohtem» toft6p>Marat iiluili pu 
fv^ais wr jMpte. GTetl! WatycD <pg—ttpiokt MÉifc 
photograplMft pèwt le» porlnilB. ki eoHodiin. ponMt 
es effel» dropérôr »vec une ripidiié yarodigiaw» 

lAplMÉegriphîe lur Tcnne a ètèfueppoetectt MI0;pr 
M. Niepce de Saint-^ielQK, neieit de Niréfkam MJf», 
le créalemr de la photographie^ i/ ap^ltea^ai dv«iB^ 
dieB am arb. phaleginâqiieB ool éom k Jt Ante^dk 
Uflaivesi, ei à IL Le GrejE^ de Paiûk ^ 



XXVI 

L^ÉTHÉRISÀTION. 

ToJci une des plus ourieuses conquêtes faîte V^ ^<^ 
science pour soulager les maux de l'hmnanité^ La ïroin? 
dence divine, qui a imposé à sa créatare le jeug de U 
douleur, a pourtant daigné permettre que l'iiojxune iM 
à sa disposition le moyen de suspendre pour quelqM 
instants sou aiguillon terrible. Nous allons pféeeDlerl^^ 
tableau rapide de la découverte de la môtbodA extraw* 
dinaire trouvée de nos jours» qui pemiet d'abolîr tempos 
rairement la douleur physique, et, qui est ad^yourd'lmi 
universellement en usage soua le nom de métho^ùorn^ 
ihésique ^ 



w 



L'ETBÉBlSATIOfi, 



■B^enB aBestbéslquea essayas ebea les anciens •( 

ih«B les modernes. — L'idée de supprimer ou de dirni- 
luer la douleur dans les opéralioas chirurgicalea, esl 
lussi vieille que la médeciDe elle-Diéuie; mais jus- 
lu'à notre époque, le succès n'avait couronné aocuiti^ 
les nombreuses recherches qui furent entreprises sar 
;etle question, depuis la naissance de la chirui'gie. Lç 
taforaltste Pline prétend que le marbre du Caire, ré» 
luit ea poudre et appliqué en Uniment avec du vinaigre, 
mdort les parties qu'on veut couper ou cautériser. 
Uoscoride assure que le suc épaissi des baies de la 
lantc nommée mandragore, était employé parles chi- 
iirg^us de son temps pour abolij- la douleur d'une opé- 
tlioD, lorsqu'il s'agissait de couper ou de caulériser un 
lecnlire.Onnevoit pas néanmoins que ces moyens aient 
mais été mis eu usage dans la chirurgie des anciens. 
■reav*£«s nareotiqnes nslIéB an moyen Age. — Il 
;t ceitain qu'an moyen Age on savait préparer des 
oissoDs narcotiques qui abolissaient la sensibilité. Les 
lalheureux soumis au supplice de la question pou- 
lient ainsi se soustraire à d'abominables tortures. 
ais ces moyens, uniquement connus du personnel des 
tchols, n'entrèrent jamais dans la pruUque de ta chi- 
irgie. 

Essnis faits dans les temps m»durne$ pour abolir 
t, donlcar dans les cas ehlrnpgleaux. — A partir de 
I renaissance de la cliirurgie, c'est-à-dire vers le mi- 
en du svi' siècle, on lit beaucoup de tentatives pour 
■OQverlc moyen d'abolir la douleur. On employa suc- 
jssivemeHl l'opium, agent toxique qui a l'inconvénient 
provoquer des congestions cérébrales ; — la corapresr- 
ion des membres qui ajoute une nouvelle douleur à 
elle qu'on n'atténue qu'^ peine; — l'appUcatioD de la 
ilace qui ne pouvait produire une insensibilité eom- 
liète ;— l'ivresse alcoolique, qui provoque l'imbécillité, 
'abrutissement et le dégofit, sans amener l'insensibilité 

Stpie; — le haschisch, qui donne desailes 4 l'imag;!- 
^ i 



I 



tGï L'iniiisAnoN. 

nation, en laissant le corps en proie à toutes les senti- 
tiens physiques. Mais aucun de ces moyens n'avait pi^ 
duit l'effet qu'on en avait espéré. 

Jusqu'en 1846, la science chirurgicale était donc de- 
meurée impuissante à vaincre la douleur; elle proda- 
mait» en se résignant, qu'éviter la douleur dans kiopè- 
raHons était une chimère qu'il n'était pas permis de 
poursuivre. Cependant cette chimère allait se léaber; 
l'homme allait bientôt pouvoir blraver « cette nùabikte 
boutique et magasin de cruauté du chirurgien, » comme 
l'appelait Ambroise Paré, et sourire sous le fer de l'opé- 
rateur. 

■uBipliry Davy déeonvre les propriétés ezUtauMUiCM 
et stapéflastes dm protoxyde d*asote. — En 1798^ le 

jeune Humphry Davy entrait comme chinûste dans l'in- 
stitution pneumatique du docteur Beddoês , à CliAon, / 
créée pour soumettre à une étude thérapeutique les gai 
que la chimie naissante venait de découvrir. FÎir un sin- 
gulier hasard, le premier gaz qu'il eut à examiner M 
le protoxyde d'azote, qui se trouva doué fies propriétés 
physiologiques les plus extraordinaires. Davy constala 
que le protoxyde d'azote jetait les personnes qui leres- 
piraient dans un état tout particulier à'exciiâtioB, 
de trouble et de plaisir. La sensibilité etles&caliés 
intellectuelles étaient exaltées au plus haut àegrfe, ^ 
quelquefois Tâme était si complètement arrachée àTim- 
pression des causes extérieures, que les organes âe 
l'individu soumis à l'influence de ce gaz devenaicçt 
insensibles à la douleur physique. Dans le mémoire 
où Davy consigna le résultat de ses expériences, on 
trouve ce passage important : « Le protoxyde d'axote 
« paraissant jouir entre autres propriétés, de celle de 
« détruire la douleur, on pourrait probablement V&Sk- 
« ployer avec avantage dans les opérations de chirurgie 
« que n'accompagne pas une grande effusion de sang. ■ 
Les expériences de Davy furent répétées dans plusieurs 
autres villes d'Angleterre, et bientôt après en France al 



L'ÉTUÈniSATION. 285 1 

Dn Allemagne. Elles ne donnèrent pas toutes les mêmes 
résultats ; les effets du gaz variaient selon les individus 
soumis aux expériences, et peut-être selon l'élat plus 
t moins grand de pureté du gaz. 

«■ In ■pirations d'éther employées comme moyen 
rapentiqne. — Lcs résultats physiologiques obtenus 
Evec le protoxyde d'azote donnèrent l'idée de faire usage 
en médecine de l'inspiralion des vapeurs d'un liquide 
extrêmement volatil, l'élher sulfurique. On ne saurait dire 
à quelle époque précise l'idée se présenta de substituer les 
Tapeurs d'élher au gaz protoxyde d'azote ; mais il est con- 
slant qu'en Anglelerre et en France, vers 1SI5, quelques 
médecins faisaient respirer à leurs malades, pour cer- 
taines afîections, les vapeurs d'éther au moyen d'un 
ilacon à deux tubulures. Bien plus , en Angleterre 
ït en Amérique, les élèves en chimie et en pharmacie 
demandaient aux vapeurs d'élher cette ivresse que pro- 
»rait le protoxyde d'azote. Seulement l'action de l'élher 
présentait des dangers. Un gentleman, rapporte M, Fa- 
raday, placé sous l'influence des vapeurs éthérées, tomba 
Jans une léthargie qui dura trente heures et dont il fail- 
it ne pas se réveiller, 

Horaee n'els essaye les Inspirations da protoxyde 
l'azofe comme agent anesthéslque. — En 18^4, UU 
3eo liste d'Arlford (Etats de Gonnecticul) en Amérique, es- 
saya le premier d'administrer le gaz protoxyde d'azote 
comme moyen d'aboUrlasensibihté. Il respira lui-même 
ce gaz, et se faisant arracher une dent, il ne ressentit 
lucune douleur. Il esécula alors cette même opération 
sur dix ou quinze personnes avec un succès complet. 

Horace Wels se rendit à Boston pour y répéter , pu- 
bliquement dans an hôpital, ses curieuses expériences. 
Ouand les élèves furent réunis, Horace Wels admi- 
nistra ie gaz à un individu souffrant de douleurs 
dentaires, et se mit en devoir de lui arracher la dent 
malade. Mais soit que le gaz îùl impur, ou que l'indi- 
ïidu fût réfractaire à son influence, il jeta des cris sous 



id 



966 L*ftTIRI1SiT101f. 

le conp de nnstrument; les filères se mirent à nffler le 
malhenreux opérateor, qm se retira ptein de eonfo- 
sion. 

Horace Wels, désespère, repartft pour Hartford. Après 
nne longue maladie que loi causa le tAiagriii de son 
échec public, il abaadonna ses recherches. Leprairier 
auteur des expériences sur Fanesthésie eut uae fin mi- 
sérable ; il termina sa carrière par le suicide, la 1847, 
quand la méthode anesthésique, nouTéHementhiaugarte, 
remplissait les deux mondes du brait de ses triomphes, 
il se donna la mort, ne voulant pas survivre sa regret 
qu'il éprouvait de n'avoir pu pousser jusqu'au bout me 
découverte dont d'autres recueillaient la gloire. 

JaekBan et Morton font les preamlers esMdt ée Tém 
ther e«DAMe agent anesthéÉlqive. — - Doc4eur en mUe- 

cine, chimiste et géologue distingué» €barles JadcMmit 
sur lui-même en 18<k2 des expéricDces qui raroeBèreot 
à reconnattre que Pinspiration des vapeurs d'élher sol- 
furique n'offrait point de dangers, et que Fivresse éthérie 
amenait une insensibilité générale du corps sans que cet 
état remarquable fût nuisible à la santé. Persuadé dès lors 
que Ton pourrait opérer un malade soumis à Vinûuencede 
l'éthcr sans qu'il ressentît la moindre donirtir, mais 
n'ayant pas toutefois assez de confiance dans te fait ptrar 
oser le véritîer lui-même sur l'homme vivant, ilcoMcBta 
à un dentiste de Boston, nommé William Morton, de 
faire cet essai sur un de ses clients. 

Le 1" septembre 1846, Willam Morton Ri pour la fre- 
miôre fois, sur un habitant de Boston, l'essai des vapeon 
d'éther pour une extraction de dent. Plongé dans l'ivresse 
éthérée, l'individu n'eut aucune conscience de Topéra- 
tion. 

Morton répéta plusieurs fois et avec le môme succfe 
cette expérience importante. Tout permettait dès lors 
d'essayer l'emploi de l'éther comme moyen anesthé- 
sique dans une opération chirurgicale proprement dite. 

A la prière de Morton, et à l'aide d'un appareil pré- k 



L*ÊTBÉft(ftàTlO!f. 287 

paré et apporté par lui, ledocteur Wareti procéda, dans 
rbâpitftl de Bo^on, le 14 octobre t848, à 'cette Yérific»- 
tion décishre. H enleva xmelifmeur «du con à un malade 
éâiéridé^qBi, pendant ropêration, ne manifesta aoctin 
signe de douleur, et dédlara, après avoir repris ses isem, 
n'ffvoîr rien senti pendant que le bistonri divisait sea 
chairs. A cette déclamation du malade, la salle reteriftH 
dKs applandtssements enthousiastes des spcctatem*s. Dès 
ce jora^, lune découverte d'une importance capitale étaift 
scqoàse à Vhumanîté. 

X*^tliéris»«i«» em Oarope. ^ Le Î9 décembre ¥946, 
réthérisatkm pénétrait en Angleterre; on essayait, à 
Londres, Fenipploi des vapeurs d'éther dans de grandes 
of)ânations chirurgicales, qui furent |nratiquées sans que 
les malades eussent aucun sentimenft de la douleur. 

En France, c'est M. Jobert (de Lamballe) qui con^tale 
premier l'action stupéfiante de l'éther. MM. Velpeau, Mal- 
j^igne, ftouxet Laugier, obtinrent, peu de jours après, 
les mêmes résultats. Le !•' février 1847, M. Velpeau 
communi^ai/t «oefte beiDe décraverte à rAcadémie des 
scî^Aoes de Paris^. 

Le bruit ides résultats extraordinaires obtenus, grâce 

aux vapeurs d'éther, dans les hôpitaux de Londres et de 

Padris, se répandît promptemenrt dans toute FEm'ope, et 

dans k courant de Tannée 1847, la ncmvelle méthode 

était connue et mise en pratique dans le monde entier» 

i^éeo«iT«rto ctos pro'priétés tmesthésIqiieB dn e1iIo« 

ff^RnpMM. — Les chirurgiens français perfectionnèrent 
la méthode aneslhésique, soit en construisant d'ingénieux 
appareils propres à administrer les vapeurs d'éther, soit 
en précisant les opérations chirurgicales qui appellent 
ou qui doivent faire rejeter rélhérisation, soit enfin en 
recherchant si d'autres substances ne jouiraient pas des 
merveKleuses propriétés de l'éther. 

Quelques-unes des différentes espèces qui composent 
la grande classe des éthers, l'essence de moutarde, ta 
créosote, le camphre, l'essence d'amandes amèreSf 



368 L*BrBÊBISi710N. 

^essence de lavande, etc., produisent en effet des phi- 
noinènes d'anesthésie chez Thomme ou les animauL 
Mais la substance qui donna les résultats les plus ex- 
UTiordinaires , sous ce rapport, fut le chloroforme, 
corps très-voisin des éthers par sa^composilion. Ccst 
un savant français, M. Flourens, qui a constaté le pre- 
mier les propriétés anesthésiques du chloroforme. 

Le 10 novembre 1847, M. Simpson, chirurgien dt- 
dimbourg, communiqua à la Société médiethchinrgi' 
cale de cette ville, un mémoire dans lequel il rendait 
compte d'un grand nombre d'observations qui sem- 
blaient devoir donner le premier rang au chloroforme 
comme agent anesthésique. En effet, il suffisait d'une 
minute d'inhalation des vapeurs de ce liquide pour 
provoquer une insensibilité absolue. 

Aujourd'hui, le chloroforme est à peu près le seul 
composé qui soit en usage dans les hôpitaux; la promp- 
titude extraordinaire de ses effets a amené presque tons 
les chirurgiens à le substituer à Téther. 

Haatère d'administrer le ehlorofforme •■ l'ëlAer 
pour abolir la doulenr dans les opératians ckirvff- 

eaies. — Quand on fait usage d'élher sulfurique, te ma- 
lade respire les vapeurs de ce liquide à l'aide d'un tube 
placé au-devant de sa bouche et qui ahoutU à an rase 
de verre contenant une éponge arrosée d'éther. Le ma- 
lade respire de cette manière un air qui se charge, en 
traversant le flacon, d'une certaine quantité de vapeurs 
d'éther. Introduit dans les poumons, et se trouvant ainsi 
mis en contact avec le sang à travers la faible épaisseur . 
des nombreux vaisseaux qui parcourent cet organe, ' 
l'éther est rapidement absorbé et ne tarde pas à pro- j 
duire sur l'économie l'action qui lui est propre. | 

Avec le cliloroformc , dont l'aclion anesthésique est ' 
plus rapide et plus profonde , on ne fait usage d'aucun ■ 
appareil d'inhalation. Le chirurgien se contente d'ar- • 
roser de chloroforme une compresse ou le creux d'un \ 
mouchoir ou d'une éponge disposée en entonnoir, que 



\ 



L ÉTflÉRISATION. 269 

• 

l'in place sous le nez du malade. Au bout d*une ou deux 
minutes 9 l'action se manifeste et le malade tombe dans 
rinsensibilité. 

PhékoBièAes de ranesthésie générale. — Quand on 

soumet une personne bien portante à l'inhalation régu- 
lière des vapeurs d'éther ou de chloroforme, voici la 
série des phénomènes qu'il est possible d'obsel^ver. 

Le chloroforme ayant été absorbé par les mille rami- 
fications vasculaires du poumon, la chaleur générale du 
corps s'élève, la face rougit, l'œil brille, la vue se trou- 
ble; des mouvements désordonnés, le rire ou les lar- 
mes, des cris ou des paroles incohérentes, annoncent* 
l'excitation et le trouble qui envahissent les facultés in- 
tellectuelles : le malade n'a plus dès lors conscience du 
monde extérieur, il rêve. Mais bientôt à cet état d'exci- 
tation succèdent une torpeuf f t un anéantissement com- 
plets; la face pâlit, les ]î^atipiêres se ferment, le cœur 
bat très-lentement. C'est alors que l'insensibilité est com- 
I plète et qu'on peut travailler la machine humaine sans 
que l'âme emportée dans la région des rêves en ait la 
moindre conscience : cet état peut durer de sept à huit 
minutes^ Au bout de ce temps , un réveil paisible vient 
ranimer ce mort vivant, qui ne garde qu'un vague sou- 
venir des impressions et des songes rapides qui l'ont 
bercé pendant ce sommeil extraordinaire. 

L'insensibilité dans laquelle est plongée l'économie 
pendant cet étrange état physiologique, est absolue : dé- 
chirez, tordez, broyez les chairs, la face du sujet ne 
présente pas le plus léger frémissement , l'oreille n'en- 
tend plus, l'œil ne voit plus, le cerveau ne sent plus. 

Quant à l'intelligence, elle est singulièrement exaltée 
sous l'empire des premiers effets du chloroforme ou de 
l'éther. Les idées se pressent si vite qu'il semble qu'on 
ait beaucoup vécu en peu de temps ; l'excitation morale 
provoque le rire, les larmes, tu le délire chez certains 
sujets. Mais bientôt cette excitation s'affaiblit et s'éteint 
en même temps que l'intelligence tombe dans un demi- 



170 l'étiâhsazioh. 

gounneil. G!est alors que ejktese- délieiiefise : te soifl» 
détaché dfis réalités de la fie» croit nager oitre dsk î I tt 
terre dans un état de ravissement InexpriioaMs. 1 1) 

A cet étal »icfiéde Ifi sooiiiimI» eacQctë: da nAwpm- 
que toujours en rapport avec l'âge , le gofti atiks^tubir | 
tudesdes personnes endormies. Ce» rèws^ promit Mft 
tristes ou gais; certains opérés couchés^auc la taJ»lftdfi 
torture se croyaient transportés en paradis^ et ae plai- 
gnaient, au rév^U, d^être encore sur cetie ten!e..l)!aBilBn, 
plongés dans les flammes de Tenfer, s'écriaient: cAhl 
« mon Dieu! je brûle^.je brûle! et- aana jainatsaroif 
« l'espérance d'en sortir! » 

Quand le sommeil est devenu plus profond, les riras 
mêmes di^araisseot et il ne reste de l'homme-i en 
apparence, que cette périssable argile dont DûhlI'^ 
pétciv 

VHUté il« te méthpékt Miesiliésiqn». ~ L'aboUliOD 

de la douleur dans les opérations, chiruifgicates, reod 
d'inestimables services. Il est bien reconnu qpe h 
douleur causée par une opération., les conséqaences 
d'une douleur excessive , et même sa seule apprélt^" 
sion de la part des malades, déterminent souvent 
les accidents les plus graves et ont même suffi pour 
amener la mort. En supprimant la douleur^ i'ânes- 
thésie conjure ces redoutables effets. Il a ttè çôTifîtotà 
de plus que la. mortalité, à la suite dbs giani^^ 
opérations, a notablement diminué depuis l'inlroduo- 
lion dans les hôpitaux de l'éther et du chloroforme, 
et que les suites des opérations présentent moins de 
gravité depuis l'emploi des moyens anestbésiques ; 
enfm on a reconnu que la. guérison. est plus rapide 
chez les maladiss amputés sous l'influence du chloro- 
forme que chez ceux qui ont été opérés sans son secours. 
Une certaine chance de danger accompaguâf quelque- 
fois Tadministralion du chloroforme. Mais cette chaacc 
est, numériquement, excessivement faible, car sur plus 
de cent mille malades soumis à l'action de Félher, il en 



L'ÂTH&aiSATION. 171 

est à ftkie: deux oa troi& qpi aient positivement suc- 
eonalié à FactioB de cette substajoce. Toutefois » ces faits 
doÎA(ent Mre pm êb eonsidévatiofl > et Von ne doiL se 
soosietlre à FacièDA de Véther et du cbJorojC(»rnie que 
peur des ofératiotts Traimeiit gia^es. 

Oa ¥oit» ea résusié, ^ue l'éibédrisaliou est une des 
pbas beUes décottyerte& des temps modernes^ un des 
bienfaits les plus précieux dont la science ait ennchi 
rbwnamté. 



XXVII 

LE D&MNAGE. 

DéftBiUa»» — Donner aux eaux stagnantes qui imbibent 
les terres un écoulement régulier, sans produire néan- 
moins une dessiccation complète» tel est le but de Fopé- 
pération connue sous le nom da drainage. Le mot drai- 
nage dérive du verbe anglais to drain qui signifie 
égoutUrj^ dessécher au moy,en de conduits souterrains. 

L'eau qui demeure en stagnation, soit à la sur£ace du 
iol^ soit en dessous de cette surface, nuit considérable- 
ment au développement des plantes utiles. Cest là un fait 
d'expérience. Le drainage, en donnant un écoulement à 
cette eau, doit donc produire un assainissement très- 
efficace du sol. 

Bans les quelques lignes que nous allons rapporter» un 
avocat de Bordeaux, M. Martinelli a fût comprendre d'une 
Hianière aussi simple qu'heureuse le but et l'utilité du 
drainage. M Prenez ce pot à fleurs, dit M. Martinelli; pour- 
« quoi ce petit trou au iondt Je vous demande cela parce 
« qu'il y a toute une révolution agricole dans ce petit 
« trou. Il permet le renouvellement de l'eau , en l'éva- 
« cuant k mesure. Et pourquoi renouveler l'eau? Parce 



i 



172 LK DRlOfAGI. 

« qu'elle donne la TÎe ou la mort : la vie, lorsqu'elle ne 
« fait que traverser la couche de terre, car d*8diK)rd elle 
c lui abandonne les principes fécondaiits qu'elle porte 
c avec elle, ensuite elle rend solubles les éléments desti- 
« nés à nourrir la plante : la mort, au. contraire, lors- 
« qu'elle séjourne dans le pot, car elle ne tarde pas à 
« corrompre et à pouiTir les racines, et puis elle empè- 
« che l'eau nouvelle d'y pénétrer. » • 

Par l'opération du drainage, on ménage dans cha- 
que champ ce petit trou du pot à fleurs. H esl re- { 
présenté par des tuyaux en poterie que l'on pl^ce dans 
les fossés, tranchées ou drains, creusés dans les tenes à 
assainir. Les tuyaux communiquent les uns avec les an- 
tres et débouchent à l'air libre au point le plus bas de 
chaque système de rigoles. L'eau qui Imprègne le sol 
arrive en s'infiltrant jusqu'aux tuyaux de terre cuite, s'j 
introduit à travers les joints qui existent entre leurs eitrè- 
mités, et s'écoule suivant la pente du sol, par l'extrémité 
la plus basse de la ligne des drains. 

Bons effets da drainai^e. — Il résulte , d'un drai- 
nage bien fait , que les eaux de pluie s'écoulent rapi- 
dement à travers le sol, et que le niveau des eaiu 
stagnantes s'abaisse : dès lors, une moindre évapora- 
lion se faisant à la surface de la terre , la chaleur da 
sol s'accroît, car l'eau, pour passer de l'étal Wcjvài^ ^ 
l'état de vapeur, a besoin d'une grande quaniUè de 
chaleur. — En outre , le sol drainé a moins de ten- 
dance à se fendre et se conserve frais pendant rété.— 
Les eaux de pluies rapidement absorbées ne peuvent 
plus dégrader la surface des terres et entraîner au 
loin les principes utiles des fumiers. — Les terres hu- 
mides drainées peuvent être labourées en presque 
toute saison. — L'époque de la maturité des récoltes 
est considérablement rapprochée. — Il se fait sans 
cesse autour des racines un renouvellement d'air et 
d'eau c'est-à-dire des principes les plus nécessaires 
à l'alimentation des végétaux ; en effet, l'eau qui im- 



LE DBIINAGI. S73 

bibe le sol et qiii s*écoule peu à peu dans les tuyaux, 
est immédiatement remplacée par de Fair atmosphéri- 
que, et celui-ci par de Teau, laquelle à son tour est 
remplacée par un volume égal d'air et ainsi de suite. 
— Ajoutons enfin que l'assainissement du climat est 
une conséquence du drainage. Les fièvres intermittentes 
épidémiques ont disparu dans plusieurs localités après 
l'exécution de grands travaux de drainage. On voit 
donc quel ensemble varié d'avantages procure cette 
opération agricole , dont la découverte est un véritable 
bienfait public. 

Résumé historique. — Ghcz les Romains, le premier 
auteur qui ait parlé des rigoles souterriines est Golu- 
melle, savant agronome qui vivait l'an 42 de Jésus-Christ 
et qui publia un traité en douze Uvrcs intitulé De re rus-- 
tica. « Si le sol est humide, dit Golumelle, il faudra faire 
« des fossés pour le dessécher et donner de l'écoulement 
«c aux\eaux. On fera pour les fossés cachés des tran- 
« chées de trois pieds de profondeur que Ton remplira 
« jusqu'à moitié de petites pierres ou de gravier pur et 
« on recouvrira le tout avec la terre tirée du fossé. » 
Palladius, agronome qui a écrit longtemps après Golu- 
melle, a donné aussi une description des fossés souter- 
rains. Le drainage pratiqué à l'aide de fossés couverts 
contenant des matériaux perméables n'est donc point 
une invention tout à fait moderne. 

Olivier de Serres, le père de Tagriculture française, 
dont le Théâtre de l'agriculture a été imprimé en 1600, 
va plus loin que Golumelle. Il donne une description 
complète du drainage,, tel à peu près qu'on l'exé- 
cute de nos jours, et recommande expressément son 
emploi. 

Le capitaine Walter Bligh, en Angleterre, a reproduit 
les principes exposés par Olivier de Serres, et «es com- 
patriotes ont voulu lui accorder l'honneur d'avoir le pre- 
mier eu ridée des tranchées profondes. Un autre anglais, 
Elkington, praticien éclairé et persévérant, employa ur 



•• 



17% UL dmaihagi. 

méthode qui ne diffère que bien peu* d)9 œDe d'OUfier 
de Serres. La méthode BlkingUm' consiste daus 1-amploi 
simultané des fossés couverts et des puits. 

Mais une invention d'une importance capitalèjetémi 
rhonncur revient à bon dt^ilà l'Angleterre, c-estÙLSob- 
stitution des tuiles, et ensuite des tuyaux, auxmstériaDQ[ 
qu'on employait anciennement pour remplir le fond des 
fossés d'assainissement. L'invention et l'emploi d'oadis 
convenables peut* ouvrir les tranchées, de machines pro* 
près à fabriquer les tuyaux, la rapidité et le peu defitus 
des opérations exécutées avec le secours de- ces machi- 
nes , ont rendu le dWiinage plus applicable , et par suite, 
plus général. Aujourd'hui on ne- pourrait prcsqnenidle 
pari fouiller le sol de la Grande-Bretagne sans y rencon- 
trer des tuyaux de drainage. 

A la Belgique revient l'honneur d'avoir introduit wr 
le continent le drainage perfectionné par les procédés 
imaginés en Angleterre. 

En France , des propriétaires éclairés , entre antres, 
M. le marquis de Bryas, ont fait de louables efforts pour 
populariser le drainage, et grâce à leur dévouement, au 
concours des sociétés savantes, à l'appui et aux enoou- 
ragemcnts du gouvernement, tout fait espérer que nous 
n'aurons bientôt plus rien à envier à l'Angleleme oa à 
la Belgique en ce qui concerne cette grande opfeWLÛwii 
dont les conséquences sont incalculables pour Paugmen- 
tation de la valeur des terres cultivées. 

Sols qu*il eoiiTient de drainer* — Les tomainS SUT 

lesquels le drainage s'applique avec utilité, sont lesierres 
froides, c'est-à-dire qui reposenl sur un sous-sol imper» 
méabic , et les terres fortes^ c'est-à-dire celles où Téié- 
ment argileux domine. 

tes terres ffvides sont dans, le cas d'un pot de fleurs 
dont le fond ne serait pas percé. Leur étal constant d'hu- 
midité est très-défiftvorable à la végétation-; les. ra- 
cines y pourrissent ; à la plus, légère gelée une< croûte de 
glace s'attache autour des jeunes plantes; une évaporation 



coosfantc refroidit teur sol; les plantes qui n'ont pas été 
détruites par la gelée végètent fcingmsBamm#nt, mûris- 
sent Dial,t:t les récolles peuvent être complétemenl com- 
promises dans les années plicvicuses. 

Les terres fortes ou. argileuses ne loisseut pas assez fa- 
cilement pénétrer l'eau pluviale qui tombe à leur snr- 
Ëace, et d'autre part, k retiennent li'Op fortement lors- 
qu'oUes en sont imprégnées. Les vents et le soleil les 
durcissent et arrèteul la végétadcHn. Les pluies acciden- 
t(d!les.ravii4enitlâur suuEacedicniraliietitlesengraisIe long 
des pentts; tes pluies continues les imbibent compléle- 
meni, l'eau y est fortenient rel^iue et les dommages 
cmsés par révHporation et les gelées s'y font cruellement 
sentir. Elles opposent, en oulce, de p-andes diffioullés 
k la cuilure. En résumé-,, tout t«rrain où l'eau séjourne 
soit à fleur de terre soit h un» petit* protbndout, demande 
à être assaini ou drainé, car ces deux expressions. signi- 
^Ht la marne cbose. 

Kpl(Bes,e&t4rleME»dH tieMin do dmlnagc. — i> ?ar- 
^f^, ditM. Barrai, où, quelques heures après une pluie, 
sn^aperçoit de Tenu qui séjourne dans les sIUouSt par- 
tout où la terre est forte, grasBe,' oii elle s'attache aux 
souliers, où le i)ied soit des hommes, soit des chevaux, 
laisse, après le passage, des cavités dans lesquelles l'eau 
demeure comme dans de petites citernes; parlouloùle 
béaiil ne peut pénélfer après un temps pluvieux sans 
enfoncer dans une sorte de boue; partout où. le 
soleil forme sur la terre une croûte dure, légèrement 
fendillée, resserrant comme dans un- étaulea racines des 
plantes; partout où l'on voit les dépressions du terrain, 
nolablciiient plus huiindos que le reste des piècus, trois 
ou quatre jours après les pluies; parU)ut où un bàlon 
enfoncé dans lo sol à une profondeur de 40 à 50 cen- 
timètres forma un trou: qui ressemble à une sorte de 
puits, au fond duquell'eau stagnante s'aperçoit, on peul 
affirmer que le drainage produiradc bons eûels. » 
L'aspect de la végétation- est aussi un excellent indice . 

L ^ 



276 Ll DRIUIÂGI. 

de la nécessité du drainage. Les bonnes plantes sonl 
chassées de ces terres inhospitalières, où ne croissent 
plus que les habitantes des marais que le sarclage ne 
saurait faire disparaître, mais que le drainage anéantira. 
Telles sont les prèles , les renouées , les menthes ou 
baumes sauvages, les Iris jaunes ou Glayeuls des marais, 
les laiches, les sdrpes, les joncs, les renoncules, k 
colchique d'automne, dont les feuilles ressemblent de 
loin à celles d*un gros poireau et doiil les fleurs pré- 
sentent un long entonnoir d*un lilas tendre et que les 
animaux ont la prudence de ne pas brouter, eic.^ etc. 
On a remarqué que, dans un pâturage humide, iln*| a 
que deux plantes que les animaux mangent avec plaisir, 
et que ces deux plantes sont dans une proportion insi- 
gnifiante par rapport aux auti*es espèces mauvaises qm 
étouffent ces pauvres nourrices : ces deux plantes sont 
la flouve odorante et le trèfle ordinaire. 

■anlére d'exéenter le drainage • — Nous allODS dé- 
crire rapidement la série d'opérations qu'il faut exécuter 
pour drainer un terrain. 

Sondage. — On commence par pratiquer des son- 
dages qui servent à faire connaître la nature du sous-sol, 
sa consistance, son degré de perméabilité, enfin l'épais- 
seur des couches de terrain et la manière don/ elles 
sont superposées. Pour sonder, on creuse, à la piocteou 
à la bêche, des fossés de 1 mètre 50 à l mètre 80 dans 
diverses parties du terrain à drainer. Cette opération 
préUmiqaire permet de saisir les difficultés plus ou moins 
grandes que nécessitera le creusement des tranchées, et 
de déterminer approximativement par avance les frais 
du travail d'assainissement. 

Tracé. — Quand ces premières études sont terminées, 
on dresse le plan du terrain , on cherche par le nivelle- 
ment son relief exact, de manière à pouvoir, sans se trom- 
per, placer les drains dans la direction des plus grandes 
pentes pour faciliter l'écoulement de l'eau. En effet, la 
pesanteur étant la seule force qui détermine l'écûule- 



LE DHaINAGE. 

toi de l'eau à travers les drains, rinclinaison des lig^ies 
l^tranchées doit favoriser cet écoulement. 
Un réseau de drainage se compose de fossés couverts 
5e diverses grandeurs; les plus petits de ces fossés sont 
appelés ped'fs draina; ceux qui reçoivent directement les 
eaux des petits drains sont nommés collecteurs du 
r ordre; ceux qui reçoivent les eaux des coUec- 
î de premier ordre sont les collecleurs de deuxième 
e, etc. 
»es petits drains doivent être dirigés suivant les lignes 
btus grande pente du terrain ; le nivellement fera con- 
tre les points où l'on devra amener les brandies des 
ins principaux. Ceux-ci sont établis à O^.Oii ou O^.OS 
^tus bas que les drains dont ils reçoivent les eaux, et ils 
doivent se raccorder à angle aigu avec eux. Ce raccor- 
dement s'effectue au moyen d'une ouverture circulaire, 
ralîquéc dans le plus gros tuyau et dans laquelle 
lètre le plus petit. Chaque drain doit former une 
De parfaitement droite, afin que l'eau ne rencon- 
I pas d'obstacles dans son cours souterrain, L'extré- 
ité des nialtres-drains , au point où ils débouchent 
1 les ruisseaux ou canaux de décharge à l'exté- 
, est garnie d'une grille en fer qui s'oppose à t'in- 
tduction des matières qui pourraient obstruer les 

jure 81 est le plan d'un champ de 4",^ drainé, 
petits drains débouchent dans les maîtres- drains 
EB, AB, qui communiquent en E et en B avec le canal 

décharge, quii leur donne dérmitivement issue au 

lors. 

CreKsnge el profoudeor des dralos. — On emploie 

ar le creusage des druins, la bëclie, la pioche, la 
le à puiser. 11 faut donner aux tranchées une pro- 
ideur telle qu'en enlevant toute l'eau surabondante, 
ta abaissent en inémc temps la hauteur de l'eau sla- 
ante, de manière que celte eau ne poisse remonter 
qu'aux racines; celle profondeur est comprise ealre 



I71 



Ll DUOUCI. 



0",90'et l",80.BIls iDfliiefliirla.larKeiiEdes-dnHDStCar 
plus ceux-ci sont pEO&mds, pins- il ^t de-pLsœ atixoit 
vriers pour les citeuso-. Quant àrécarteme&tdesdnùns, 
il variearec la natareda sol. 




ris. »i. 

Caaip«*iiioB dMtdvataBk —Dans les premîeis essaù 
(le dniinaf^e, on se borna & placer au fond desfosife 
(fua l'onavait oreuséSs une suite de pieux cmisés eu atic- 
valat 8ur lesquels on assujettissait de» fagots de menu 
bois- ou d'épines, el on recouTrait le tout de terre'- 

Ulanlât on exécuta ces drains au moyen de pierres. 
Pour drainer ainsi une terre, tantôt on place au fond.dfH 
tranchées, sur- une hauteur de 30t à, 40 centimètra», des 
pierrailles d'un faible volume, qullaissententoe ellesdei 
inlw^cos où l'eau s'introduit et peutB'écoulenau dehon 
ot on< reuouvre le tout' de geion et de terne; taoUll on 
emploie des pierres plbtes- disposées comme le montrt 
kl Hgure M, qui représente une coupo de l'un, de ces 



Ll DUMAGI. 



tn 




Le canal sstfbrané, coosmeomle toîIv aui moysa de 
piëires ptateg pour fomun la oondsite, et de pienniUe» 
pour recmtnàr e( protéger ce 
conduit: Ge- dernier- procâdd est 
bien préférable au précédent , 
mais il eiàt^ de lai'ges tranchées, 
il' aioeseite' on tempsoonsi'dérable 
et des soins qui le rendent très- 
dispendieux. Ainsi établis , les 
divins peuvent durer plusieurs 
siècles. Ajoutons que les brlq;ueg 
peuvent remplacer avec avantage 
les pierres plates, mais les con- 
duits ainsi construits sont encore 
trèsrcoùteux. 
On a enfin très-heureusement 
"*■*"■ remplacé' ces divers moyens de 

construire les condtiites d'éau en fabriquant à très-bas 
prix des tuyaux en poterie, qui l'emportent de beaucoup 
sur tous les moyens précédents , sous le rapport de la 
durée et dB l'économie. 

TajAVL. — Ces tuyaux sont cylihdUques : Ifeur lon- 
gueur varie de 0-,30 à 0",40 ; leur diamètre de 0",03 
à 0™,02'. Les avantages de la forme circulaire pour les 
tiiyaux sont nombreux et iinportants. Cette forme per- 
met d'obtenir, avecune quantité déterminée de matière, 
la plus grande surfEice d'écoulement: c'est celle qui op- 
pose au mouvement de l'eau le moins de r-ésislance, en 
sorte que le diamètre des tuyaux peut être réduit au mi- 
nimum : c'est encore celle qui résiste le mieux aux. chocs 
et aux pressions extérieures', en sorte que l'épaisseur 
des parois peut n'èlre que de O",©! pour les plus petits. 
Ainsi, les tuyaux cylindriques sont tout à la fois légers, 
et faciles à transporter ; ils occupent peu de place au fond 
des tranchées, s'obstruent difJicilement et coûtent fort 
peu. Enfin , s'ils sont de bonne terre, et si on les a po- 
sés avec soin , leur durée est , pour ainsi dire , iUimiléa 



Haoés simplement boat àbont dans le fond des drains, 
cet tayanx sont reliés oitre eox» comme le montre la fi- 
gure 8S , par des manchons on colliers dans lesquds 
leurs eitrânités sont emboîtées ; le diamètre descoUiers 




PIg. u. 

est tel que le tuyau puisse entrer fitdlemenl dans leed- 
Uer. C'est par ]c& joints de ces tuyaux que se fiiit^aÉime 
nous Pavons dit, là pénétration de Tenu qai ioiÙie le 
sous-sol. 

La pose de ces tuyaux doit être Ikite pai: un jboBfUB 
soigneux et expérimenté, car c'est de oâttè ofèçiàxi 
que dépend en grande partie le succès du dranuge. ^ 

■achlAM à ftibrf««er !«• («yawK. — Sans macUlMS 

à fabriquer les tuyaux, la propagation génénde dn dnh 
nage aurait été impossible. C'est en Angleterre qu'ont ta 
construites les premières machines de ce genre. Le 
principe commun des machines les plqis répandoesyicon- 
siste à faire avancer un piston dans rintérieur d'une 
boite de fer contenant de la bonne argile à tuiles. Lafiulede 
la boite opposée au piston est munie d'une filière. Pres- 
sée par le piston, la terre sort en se moulant ii travers 
la filière, et compose ainsi le tuyau. Au sortir du 
moule les tuyaux viennent se placer sur une table où ils 
sont coupés de la longueur voulue à l'aide d*un fil de 
cuivre. Des machines qui fonctionnent à la fois dans 
les deux sens à Taide d'une double botte et d'un don* 
ble piston, peuvent fabriquer par jour 12 000 de ces 
tuyaux. 



LE STEHÈOSCOPE. 



XXVIII 

LE STÉKÉOSCOPÏ. 



1 



Considérations préliminaires. — Les objets eslérieurs 

ment au fond de uotre œil une image semblable k 

He qu'on observe dans la chambre obscure ; mais nos 

: yeux ne sont pas placés exactement de la môme 

[nière par rapporl à l'objet que nous considérons ; 

aussi les images produites à l'Intérieur de chacun de ces 

organes, ne sont-elles pas exactement pareilles; l'une 

est plus étendue que l'autre; l'une est plus colorée que 

Ktre, etc. Nous recevons donc deux impressions dis- 
les, deux images différentes d'un même objet; et 
rtant tout le monde sait bien que ces deux percep- 
is se fondent, s'allient, en un jugement simple, c'est- 
à-dire que nous n'apercevons qu'un objet unique. C'est 
là un phénomène bien curieux et qui lient à diverses 
causes ; à l'éducation des yeux, à une habitude prise 
dès l'enfance, à un effort, sans doute réel, mais dont 
nous n'avons pas conscience , et qui , combinant entre 
elles les deux images dissemblables perçues par cha- 
cun de nos deux. yeux, les complète l'une par l'autre 
et en forme une seule confoi-me à l'objet considéré, 
c'est-à-dire présentant le relief qui existe dans la 
nature. 

Cet effort de notre intelligence, sourd en quelque 
sorte, nous donne le senlimenl du relief. 

Ce sentiment du relief s'efface quand on regarde avec 
les deux yeux des objets très-éioignés. Notre jugement 
devient alors incertain et même trompeur. Pourquoi? 
Parce que l'inlcrvalle qui sépare nos yeux est relative- 
ment si petit, que les deux images de l'objet situé 



i 



I 



ABâ 



— ta MteAfliCAf» 

à une grande distance ne présentent pins de ëSk- 
renoe entre elles, s*aocordent sans e£Eori sur nos don 
rétines et ne produisit plos dès lors la senmtion do 
relief. 

Ainsi la sensation du rdktfmoL corps tu parles deux 
yeux» résulte de la combinaison qae fiât notre intelli- 
gence des deux imayi dimf wMaWes de ce corps, for- 
mées. Tune sur la rétine de FœH droit, ranlre sur la 
léliMdtrosil gauche. 

teaJtttkcette proposîtieannAplyeetitagranaasiii- 
lenDe» M disant foe les posoyanealMiigMftde^^^ 
ewttâdentriteBiaHt, perçiMient ka^réliith apprieteUH 
dislancM et lea e&ts de penvcctivc,, à Dtt p&oapnt 
celles qnî joaîsscnt de leua deia ](cux* llw 
ciMptedaBs^ ce ca^âe-Vexeccice des «atcea sens, ^IjraK 
kagne iMbitnde. ILest«dAreste, aafim impprtantànih 
ter: e*est §iie, qaand nn individapmè d'un càiT^gal/t 
nn citijet éloîig^ , la diceeUon d« soit ragard» la pofiSta 
da. sa tête varient cantinnelkment sans qpiH en aHonir 
science ; U cherche iïistincii;waenl à obtenir ânr saré- 
tine uaicpue diverses iBoages destinées k suppléer aux 
deux images natiHrelles des deux rétines* « Ge mouffemeni, 
dit M. Tabbé Moigne, est d'alUeucs^ assez rapide pour 
fue la seconde ijuage se forma avant la disparitioû 
de la première^ et que de leur existence siQX\d\aiite 
résulte Testiination de. la distance avec la pereeptioii du 
relief. > 

■Sitafl^ne. -- EucUde et Galien connaissaient àé\k ce 
&it, que raccoupleuieot des deux images, dissemblables 
reçues sur les deux rétines, donne la sensation du 
reliefs 

Porta, physicien italien, Gassendi et plaa^ récenuuent 
Ht.. Harids^ et le docteux* SquUi, a.'vaient des. idées, assez 
précises sur le sujet q|uui nou& occupe. 

M,, de Haldat,, savant physicien de Nancy, qui s'est 
beattcoup occupé des phénomènes de la vision,, a. le pce^ 
miec étudié expérimentalament les efiSats de la visioa 



sîimltBné» dé dens objets de tosme et d«r cci!iileais.di8*- 
semblables; tt. de* Haldat n'wdit. plus qu'un pas-àfaîv^ 
pourconstruire le stéfféoseopQ^niai&ili sâ:ltU8sa deitaocar 
par un illustre' pbg^cieni augbib^ M.. Wbeatatoiie* . 

StéfeiéiMMMpe Ai iiilBotak,--^Le:SfrjlUa 183^, le^^^éo* 

9eopeà.mwm de ftLWbealstoiia faisait sa pcemièFe apr- 
paritkm au seia de la. Société rotjais: d0 iéimdres. Oans^ 
aeb instrument on; produisait! l'effet du relief en faisant 
coïncider deux images à. paît près semblables pac lemr 
muinellie néllexion sus im miroirs planft eonvenalile- 
Bunti placés; 

Le> sténéoscope» ds^ M.. Wbccitfi^ond: était complètement 
oublié' qiuaiut sir 0a9idi Brewster construisit le sien. 
Uni premier modèle de celi instrument fut fabriqué sous 
les yeux, de cepfaysieieav &. Dundee , en Ecosse. Mais les 
opticiens de Londres^ et dis Birmingham ne se prêtèrent 
pas. à Ib pnopager;. (i!e petit appareil serait peut-être 
retombé* dans ITbubliv. sans un voyage que le physicien 
écossais;fiX' à;Paris enHdôO. M. Tabbé Hoigno, frappé 
des délicîeuK effets duf stéréoscope de* Ht.. Bnewster,. le 
pria d*eni confier la construction à* UU: habile^ opticiea 
de Paris, M. lules^ Bubosqv. L'heure du succès avait 
sonné. Le stéréoscope devint populaire en France un an 

avant, d'avoir attiué TaUention en 
4«« Angleterre. Depuis L'Exposition 
I universelle de 19(Ht,^ on. a vendu 
/ \ I plus d'un demi-mUItoi de s^^r^os- 
\ j oopes de Brewsterr,, 

SMéréoseope- fMT «ÉAriaetloBi, oa 
BtéBénscope ^ÙÊhWmmmttst, Tlutorle 

-. Soient I^ «h ft (figure 84) deux 

images à peu près^ semblables d'un 

môme objet, et telles qu'elles sont 

^^' **• vues pour l'une de rœil droit, ot 

pouv l'autce dBîrofâligaufîbe..6onaidéiîon&deux points 

et G. de ces Images, et plaçons deux pri«n^* de v« 






IruMpHools PP nr le tnjet des rayons lamineax frà 
par CM points. Ces rayons,- en traTersant hé dem 
pciHMSiSe rétneUaA et arrlTent anx yenx de îtUntintr 
tenr soivant b dirodion KO. et K'O'. Hais alon Toâ croit 
les voir partir d'vn peint unique S, lieu d'inlenettimi 
des deox lignes OK et OK'. En sorte que û rmgte da 
deax wismei et lenr distance anx images Cet D ml 
bien détenninés, les deux images se rejoindront en I 
et nooB donnerout la sensation da relief. 

Poor répondre fc cette condition, les deux piioBoa 
duTent être rigonrensement égaux et dévier les raim 
de la même quantité. Sir David Brewatera xéMbld 
probUrae, ^ c'est peol-ête 
1& sa Traie part tf innadÎM 
dans la eonstmctii» h 
stéréoscope. H a sabittDt 
anx deux prismes les den 
moitiés HM' d'une mens 
n» u- lentille bîconTexe, daiisJa- 

quelles on taille deux nourelles lentmes LL' sjméiri- 
ques et qu'on ajuste aux extrémités de deux tubes. 
là,On voit (figure 86) le stéréoscope de Brewster. 
(Test une botte, & I une des parois de laquelle on 
a percé une ouverture fermée par la fenêtre looMe F- 
L'intérieur de la îcafeVie 
est recouvert de papier d'è- 
lain et constitue une sorte 
de réflecteur. On inlroduit 
dessins par la.coulùse 
AB. Les deux 'tubes U 
renferment les prismes Ie&- 
tilles : on peut les enfoncer 
ou les retirer, de manière 
«f- «■ à les approprier aux diflfr- 

renlesvaes. Les prismes lenticulaires, outre qu'ils dé- 
vient et superposent les images, ont encore la propriÉt* 
de les amplifier. C'est , comme on le voit, un nounl 




LK SliRftOSGOPB. 285 

avantage du stéréoscope de H. Brewster sur le stéréos- 
cope de M. Wheatstone. 

Images stéréoseopiqves. — Les images stéréoécopi- 
ques sont deux vues du même objet, qui ne diffèrent 
que très-peu Tune de l'autre. Elles représentent cet ob- 
jet comme l'observateur le verrait en regardant cet objet 
alternativement avec l'œil droit et avec l'œil gauche. 
Placées dans le stéréoscope, elles se réunissent en une 
image unique par l'effet des deux lentilles, et nous 
donnent ainsi la sensation du relief. 

Le daguerréotype permet de produire très-facilement 
deux images de bas-rêliefs , de statues, de portraits , sa- 
tisfaisant à cette condition. Pour cela , on prend succes- 
sivement de la même distance et sous des angles égaux 
de quelques degrés à droite et de quelques degrés à 
gauche, avec une même chambre obscure, deux images 
de l'objet qu'on a choisi. Des images photographiques, 
ainsi obtenues sur métal ou sur papier, produisent dans 
le stéréoscope des effets magiques et ont ouvert une ère 
nouvelle aux applications de la photographie. 



XXIX 

LE CAOUTCHOUC. • 

Origine et propriétés dv caoviciiove. —Le CaOUtchOUC 

est contenu dans le suc laiteux de plusieurs végétaux ; 
il s'y trouve sous la forme de petits globules en suspen- 
sion dans une liqueur aqueuse , absolument c0hne le 
sont les globules de graisse dans le lait. Si ofi aban- 
donne ce suc laiteux à lui-même, les globules de caout- 
chouc montent à la surface , comme la crème vient sur- 
nager le lait maintenu en repos. Mais dans le lait et 1' 
émulsions produites par les graisses, la matière qui 



9M UK c«mncBonc. 

rassemble à ht ««rfece de la liqueur aqaeuse, esl 
corps gras, tandis que les globules de oaofitchouc n 
rien ée eommoB avec une matièn grasse. C'est xm o 
parficiAîer dont nons alloos énomérer rapidemen 
cnrienses et utiles propriétés. 

Oqfiide Aans les «végétaux qui le contiennent, le ca 
cheve change de consistance quand il en est &ë| 
D*abord épais et mou, il prend biesntôt sous Viinfhiau 
Tair , la couleur, Taprparence et ia consistance 4\x 
Élastique à la températsre ordinaire, il devient r 
comme 4a bois k ane températore de qudqœs de 
an-dessovs de 0. Il se ramollit à 100^, .sans s*allère 
peut se sonder intimement à luinxièiKie. A IdCS 
cbaiQge en une matière visqueuse -qui, par le n 
dissement, ne reprend plus kfi propriétés pnmilivc 
caoutchouc. Mis en contact ayec Teau, le caouic 
aiisorbe le 4piart de son poids de ce liquide : il d< 
alors blanc et opaque comme de la porcelaine. L*étÈ 
sfulfare'de carbone, les carbures d'hydrogène liquii 
les corps gras, dissolvent une partie du caoutchon 
Ton soumet à leur action. Le caoutchouc forme a^ 
soufre un composé très-important sur lequel noi 
viendrons plus loin. 

Déeonirerte da caontchone. — Le Caou fchoUC < 

employé depuis très-longtemps par les naturels de 
gions tropicales de l'ancien et du nouveau mond 
n'est pourtant qu'à la fin du siècle dernier, qu'il 
connu en Europe. Le célèbre voyageur et natur 
LaCendamine composa en 1751 la première descri 
scientifique de cette substance, et c'est l'ingénieur 
neau tai découvrit, dans ia Guyane française, l'i 
qui lawoduit. 

Aux Indes orl-înlales, on retire le caoutchouc < 
guîer élastique {/icus elasHca)^ arbre très- répandu 
le royaunte d'Assam. On importe aussi de Jav 
grandes quantités de caoutchouc provenant du fici 
dula et de fieus prinoides. Au Brésil et à la Guyane 



LB CAOtTCHOUC, Slf 

Irait An siphonia eahwrha. C'est uiftine celle dernière 
•ce qui lui a donné son nom. Le caowEchouc du Bré- 
lïlre dans la consommaticm Européenne pour une 
|K)rlion plus que décuple de celle du caoutcbouc 
un retire des Indes orienln^s,. 
Cor se procurer le caontchouc, les Indiens font, de 
à seplemhre, et fous les huit jonrs, un certain 
Bbre d'incisions autour Ai ironc de l'arliire. Le «uc 
rs «n découle, et il est reçu dans des caleliasscB ou 
de grandes feuilles. Le commerce l'eçoit ce produit 
ids prismes groswers, qui ont été obtenus par les 
■els en faisant couler le snc dans des tranchées pra- 
es dans le sol où il se coagule. Les naturels cou- 
nnenl encore des moules en argile plastique repré- 
tit des masses pyriformes, des figures d'animaux ou 
pîeds d'homme. Ils trempent plusieurs f<MS ces 
1«8 grossiers dans le caonlcbouc un peu épaissi, et 
lifl le dépôt est assez abondant, ils le laissent 
pnis brisent le moule et font sorlrr l'argile 
Heure p»r le Roulot de la bouleille, soit au moyen 
•chocs répétés, sont an moyen d'un simple lavage à 
V. 

H arrire souvent que les masses pyriformes ou les 

tes de caoutchouc, ont leurs couches de soperpoà- 

mai soudées, qT3'«lles renfennent des impuretés, 

mne du snMe et des débris végélans provenant 4eE 

les employés par les naturels, et suHeut de leurs 

nœu-ïrea frauduleuses. Il est d^ néceseaire 4e p ari- 

■ le caoutchouc avant de rempilojer. Pour cela, on le 

Bnrt à l'action de cyHndres armés de dénis, tournant 

wcns inverse avec une vitesse inégale. En Faisant ar- 

dans ces appareils un petit frlel d'eau, les ma^^es 

igéres écrasées ^jar le lïmiinoir sor^ entraînées peu 

!u,et les morceaas decaoutcbouc pnrfiié se soudent les 

aux autres. Le caoutchouc ramolli constitue bienlôl 

masse homogÊne qu'on obtient sous la lorme de 

rectangulaires en la plaçant dans des moules et en 



J 



288 LI CAOUTCHOUC. 

la soumettant à une forte pression. On peut détacher de 
ces blocs, au moyen de couteaux mus d'un mouvement 
très-rapide, des feuilles aussi minces que Ton veut. Si 
celles-ci ont élé obtenues à un centimètre d'épaisseur 
et qu'elles soient ensuite divisées en parallélipipède», 
elles constituent ces petits carrés de gomme élastique 
employés par tous les dessinateurs. 

Appiieaiions. — En 1820, on parvint en Angleterre i 
ramollir le caoutchouc de manière à l'étendre en lames 
très-minces et à le faire servir à la fabrication de tissus 
imperméables. C'est à Makintosh de Glascow qu'on doit 
celte heureuse innovation. 

Pour obtenir les fils de caoutchouc employés i la 
fabrication des tissus élastiques, on divise cette sub- 
stance en lanières, puis en bandes très-étroites, an 
moyen de machines appropriées. En élevant légère- 
ment la température , on augmente l'élasticité du caout- 
chouc ; on distend ces bandes étroites en fils dix foB 
plus longs en les étirant et en les entourant sur des dé- 
vidoires chauffés par la vapeur d'eau. On les soufliet 
ensuite à une basse température et les fils perdantleor 
élasticité deviennent propres à être introduits dans te 
tissus. On peut les revêtir de soie, de coton, etc., avantûc 
les placer sur le métier à la Jacquard qui doit les tisser» 
Jusqu'ici le caoutchouc a conservé sa rigidité. Mais il 
reprendra son élasticité si on le cftaufie à 60 ou 70 degrés. 
Le tissu conserve alors une élasticité permanente. 

Caoateiaoïie vnlcaBisé. — Vulcaniser le caoutchouc, 
c'est le soumettre à l'action du soufre. On procède à 
cette opération de différentes manières; on peut im- 
merger les feuilles de caoutchouc dans un bain de soufit 
fonAu, ou les pétrir avec du soufre en poudre. On sul- 
fure encore le caoutchouc à l'aide du chlorure de soufid 
du bromure de soufre, ou du polysulfure de potassiuia 
Mais quelle que soit la méthode que l'on préfère, il est . ^ 
un point essentiel : c'est d'élever la température vers | j 
140 ou 150 degrés. Après la première opération, c'^ 



LE CAOUTCHOUC. 280 

It'dire, la sulfuration simple, le mélange conserve en- 
core toutes les propriétés du caoutchouc non altéré : la 
propriété de durcir par un abaissement de température, 
de se ramollir par la chaleur , de sa souder à lui- 
mèine quand les sections sont récemment faites, de se 
dissoudre dans Téther, Thuile de térébenthine, etc. Mais 
après la seconde opération, pendant laquelle on élève la 
température du caoutchouc sulfuré vers 150 degrés, cette 
jnatièse a pris des propriétés toutes nouvelles et qui 
sont précieuses pour une foule d'applications dans l'in- 
dustrie ot les arts. Elle ne »e dissout plus dans les 
liquides que nous venons de citer, mais seulement 
s'en emprègne et se gonfle par leur contact. Elle ne 
peut plus se souder avec elle-même et résiste sans s'al- 
térer à une température qui aurait changé en une sorte 
de poix le caoutchouc ordinaire : un abaissement sen- 
sible de température ne lui enlève pas son élasticité. 
^ M* Payen s'est assuré que le caoutchouc vulcanisé ne 
/Ognserve que 1/100 de soufre. 

.lia découverte de la vulcanisation du caoutchouc, qui 
.^t perdre h cette matière ses principaux inconvénients, 
"^ a. imprimé les plus rapides progrès à son emploi géné- 
ra* À partir de ce moment, ses applications se sont ex- 
trêmement multipliées. 

Quel est l'inventeur du caoutchouc vulcanisé î Dès l'an- 
, jOée 1842, M. Goodyear de New-Haven, dans l'État de Gon- 
, necticut , avait importé en Europe des chaussures de 
_ jcaoutchouc dont l'élasticité résistait aux plus grands 
jb'oids, et qui présentaient les autres propriétés propres 
- au caoutchouc que Ton connut plus tard sous le nom de 
" tmlcanisé. Mais M. Goodyear n'avait point pris de brevet 
^ et il tirait parti de sa découverte en tenant son procédé 
■ secret. M. Haucok, de Newington près de Londres, qui 
il s'occupait des mêmes recherches que M. Goodyear, décou- 
.Tirit la transformation opérée par le soufre dans le caout- 
chouc, l'appela vukanùation et obtint une patente avant 
.K. Goodyear« Ce dernier était cependsmt le premier in* 

13 





300 LB GAODTCHODC. 

venteur» et si rhonneur de la déconverte de la Tok» 
sation doit se partager entre deux noms, la plus Iai|t 
part doit peut-être appartenir à M. Goodyear. 
Les applications du caoutchouc vulcanisé 
menses : on en fait des tampons de machines 
tir les chocs, des rondelles pour les cylindres des màt 
nés à vapeur, des sou|(apes pour les divers systèmes è 
pompes, des chaussures, des gants, des bandes pow 
pendire le lit des malades dans les hôpitaux, des rdskp 
pour les machines à imprimer et à lithographier,iki 
appareils chirurgicaux, des fils, des ressorts, des baltes, 
des ballons qui font la joie des enfants, des tétés i^pr 
pées, des figures d'animaux, etc. 

En forçant la vulcanisation, M. Goodyear a créé on 
nouveau produit, dur comme de la pierre ou de l'ivoire. 
En augmentant successivement la proportion de soufre 
on obtient des composés dont la souplesse va insensible- 
ment en diminuant depuis le produit ordinaire jusqu'il | 
produit complètement rigide. A cdté du caoutd^pe |^, 
souple, on a donc du caoutchouc qui imite le b#) 
récaille, le fanon de baleine, etc. C'est ainsi queM.ÉtoJ- 
dyear a obtenu des manches de couteau sculptés, te 
crosses de fusil ornementées , des lorgnettes de théâtre, 
des instruments de musique, etc., etc. 

Nous ne quitterons pas le long chapitre des aççli- 
cations industrielles du caoutchouc sans dire un "sd 
des étoffes rendues imperméables à l'aide de celle sub- 
stance. Pour produire cette imperméabilité, onéteïii^ p 
la surface de l'étoffe une couche de caoutchouc ^'' Jj 
teux : on le rend tel en le traitant par le sulfure de car- 
bone, l'essence de térébenthine ou l'huile de houille 
rectifiée. On ajoute quelquefois à ces substances un pet 
d'alcool et d'éther. La couche de caoutchouc pâteux est 
égalisée avec une règle horizontale : on la laisse sécher; 
on étend une seconde couche, et ainsi de suite selon l'é- 
paisseur voulue. Sans laisser sécher la dernière couche, 
on y appUque un deuxième tissu et les couches de caout- 



^^ LA GUTTA-PBBCHi. 291 

ont ainsi comprises entre deux épaisseurs d'éloffe. 
t encore obtenir des étoffes imperméables en pla- 
elame de caoutchouc très-miuce et échauffée entre 
BUS, et faisant passer le tout au laminoir. C'est avec 
ffes ainsi rendues imperméables qu'on obtient 
îmenls conforlables et élégants , des bouées de 
ge, des bateaux insubmersibles, des appareils 
!S plongeurs, des lits hydrostatiques, des t 
, des cuvettes flexibles et porlatives, etc., etc. 



XXX 

LA GUTTA-PERCHA. 

»K et propriétés de la gnltk-pereha. — La 

îrcha, véritable suc végétal concret , qui rap- 
ar quelquGS-uns de ses caractères le caout- 

n'a été jusqu'ici retirée que d'un seul arbre, 
Bftt gulia. Cet arbre , d'un très-bel aspect , porte 
iuleur de 20 mètres sa tète chargée d'un fcuÙlage 
; touffu. Il est fort répandu dans les archipels de 
■isie (Océanie), et c'est presque exclusivement du 
! Singapore que vient toute la gutta-percha que 
oerce introduit en Europe. Les naturels n'exploi- 
s Visonandra par incisions régulières et conve- 
ent ménagées. Ils abattent l'arbre pour en 
r tout le suc qu'il contient , et qui peut s'élever 

18 kilogrammes. Trois cent mille pieds ont été 
iupés aux environs de Singapore , et par cette 
m barbare cette espèce végétale a un moment 
. A Bornéo et à Sumatra on mélange la vi'aie 
îpcha avec le suc d'autres essences analogues. 
itta-percha semble se composer de caoutchouc 
peu de résine. Elle diffère surtout du caoutchf 



WS LÀ corrà-moiu. 

par sa consistance, qui à la températare ordia 
analogue à celle des gros cuirs. Elle conserv 
souplesse même à 10^ au^essous de zéro. En 
de S6 à 48*, elle se ramollit et devient pâitev 
rayons solaires de Tété produisent le même ef 
surface, k W, elle est molle et plastique ; on i 
laminer en feuilles, l'étirer efi fils et reproduire 
pression tout le fini des moules. A 120^ elle fon< 
peut reprendre sa forme habituelle si on la ra 
sa température première. Par la vulcanisation If 
percha devient dure comme de la pierre ; elle e 
térable par la chaleur et propre à la refonte. 

On reçoit en Europe la gulta-percha sous la fc 
poires brunes ou blancb&tres dont le poids s'é 
1 à 4 kilogrammes. Comme les naturels introduise 
sa masse des pierres , de la terre et autres objeti 
souillent, il faut la purifier, et on le fait par des 
analogues à oeux qui servent à la purification 40 
diouo. 

iipplIeattMia te la c«ttm-pMPeka, — Matière 

légère, inaltérable par les agents chimiques, 
peu, pouvant prendre toutes les formes quand ei 
ramollie, prenant, par le refroidissement, une 
lance intennédiaire entre celle du cuir et oeUe t 
eu conservant une légère élasticité, la gutta-pente 
recevoir dans rindustrie de très - nombreuses 
cations* 

On Ta d'abord employée à remplacer enc 
eourroH^ de cuir qui, dans les machines . âa^ 
Ininsiuission des mouvements. On Tutillsa plu 
n^usemeni dans la confc^^n des clapets, des pi: 
des armatures des corps de piston des pompe: 
Ou la substitue au cuir avec beaucoup d^a^iantâ^ 
la ci^nfediûii des diaussunes ; dos sràieUes eiu 
gvna^perdia coûtent moins que les senîelles < 
téàsktM davwUge au 6x>ttemeolet se nâparon: ii 
iiKiiUcaâoaftimittiaâioçittdehnièiiie subsi^ 



LA OUTTA*PIACHA. 203 

la fMiiti6 usée par un long service. Ce genre de chaus- 
sure est très-hygiénique , car le pied étant présenré de 
toute humidité, conserve sa chaleur naturelle. 

Étendue en lames minces sur des murs salpêtres « 
la gatta-percha les empêche d*exhaler au dehors leur 
dangereuse humidité. En lames plus épaisses, elle 
commence à remplacer le plomb et Tétain c[ui reoou- 
i^rent les comptoirs des débitants de vin, de bière et 
de cidre. On double des vases de bois avec des la- 
mes de gutta-percha pour la conservation de Veau; 
^n fait des tuyaux de gutta-percha pour conduire ce 
môme liquide. Des cuvettes, des verres k boire, des 
encriers qu'on ne peut ni rompre ni bosseler, se . fa- 
briquent avec cette même substance. 

Dans le dernier voyage polaire entrepris à la recherche 
d*an navigateur anglais ^ sir John Franklin , un bateau 
de guUa-percha rendit de grands services dans des cir- 

mstanees où des bateaux de bois eussent été brisés par 
glaces, 
gutta-'percha résiste aussi à l'action de l'eau salée. 

m inaltérabilité par les acides , les alcalis , les disso- 
lutions salines diverses rend cette substance bien pré« 
eleuse dans le laboratoire du chimiste et dans la manu- 
Jhcture de l'industriel. Il y a en Angleterre des fabriques 
où l'on conserve l'acide chlorhydrique dans de grands 
,iféservoirs doublés en gutta-percha. On fait circuler cet 
iftcide dans des tuyaux, on l'élève au moyen de pompes, 
Wi le transporte dans des vases inaltérables, non fragiles 
pi légers : ces tuyaux , ces pompes , ces vases sont en 
gutta-percha. 

C'est à celte précieuse matière qu'on doit, comme 
BOUS l'avons dit dans un autre chapitre, la perfection et 
le bon marché des épreuves galvanoplastiques. Si l'on 
applique un bloc de guUa-percha chaude sur l'objet 
Iju'on veut reproduire, et qu'on le presse fortement 
fcontre cet objet, la gutta-percha pénètre peu à peu dans 
les détails les plus délicats du modèle. On l'enlève en- 




294 Là QuriA-mCÊk^ 

core moDe, et en deyenant rigide par le refiroidissfflieDt, 
elle garde remprunte qa'èUe a reçoe. On recouvre 
alors ce moole de ploml^gine pour y opérer le dépôt 
gahaniqne. 

En pressant dans des monks conrenablcs la gnlta* 
percha ramollie, on obtient des meubles et ces objets 
innombrables de fantaisie artistique, plateaux à serrir, 
porte -montres, corbeilles de tra^edl, statuettes, etc.^ dont 
les détails sont pleins de finesse et de correction, et qa*0B 
peut impunément manier et exposer à tons les chocs. 

La curieuse substance qui nous occupe jouit â*ime 
autre propriété singulière qu*on a immédiatement uti- 
lisée : elle conduit le son avec une grande perfection. 
On en fait de petits cornets acoustiques qui s*adapteDl 
d'eux-mêmes à l'oreille. Des porte-voix en gutta-percha 
ont été introduits dans l'intérieur des.offices, des usines, 
des magasins, et à bord des yaisseaux. 

Une dernière application de la gutta-percha, «et l'une' 
des plus importantes pour le progrès des relations dei 
hommes, c'est son emploi pour la télégraphie électriqiti 
sous-marine. La gutta-percha jouit de la double pro^ 
priété, qui manque au caoutchouc, d'être un isolait 
parfait du Quide électrique et de résister à l'action chi^ 
mique de l'eau de la mer. Cette double circonstance k 
déterminé son emploi dans la confection des c&bles de 
la télégraphie sous-marine. Gomme nous l'avons dit 
dans un autre chapitre , on enferme dans une gaine de 
gutta-percha les fils métalliques des câbles sous-marins 
destinés à la télégraphie électrique, qui se trouvent ainsi) 
garantis des déperditions électriques et de l'action cor- 
rosive de l'eau de la mer. La gutta-percha peut donc 
réclamer une large part dans la réalisation pratique de 
la télégraphie sous-marine, l'un des événements sociaux 
les plus importants des temps modernes. 



FIN. 



NOMS 



DES PRTNCIPATO AUTEURS CITÉS DANS CET OUVRAGE, 



A 

montons ;..... 102 

jnpère 185 

jrtgo 185 

ji^r..... 252 

jgand , -212 

B 

laoon (Roger) 15 

ttlow 48 

4, 2T5 

etBixio 234 

Lonrille 9 

(Henry) 131 

(Daniel) 132 

48 

leoart 183 

Mb. 155 

ioft et Gay-Iaissac 233 

tacket 136 

tanchard (Mme) 239 

ittrhaaYe 158 

^ttieher 61 

ice 150 

soonnot 222 

!^égaet. 48 

«aster ( David) 283 

ngnatelli'. 202 

Traa( de) 274 

(àfon 161 

ansen 176 

C 
»rcel 212 



Celsius 104 

Chappe 183 

Charles et Robert 228 

Chevalier ( Charles ) 256 

Chevreul 222 

Claudet 257 

Gûlumelle 273 

Coutelle 283 

Cmikshank 174 

Ctôsibius ( d'Alexandrie ) 43 

Cugnot 134 

D 

Daguerre .7^54 

Dalibard "161 

Dallery ( Charles ) 132 

Daniell 176 

Davy ( Humphry) 174, 264 

Degouisée 242 

Delisle 132 

Descartes 158 

Dickens (J.) 128 

Didot ( Firmin ) .9 

Didot ( François-Ambroise ) . . 9 

Dollond 84 

Drebbel( Corneille) 83, 100 

Dubosq ( Jules) 283 

Dufay 149 

H 

Elkington -. 273 

Elzévir ( Bonaventure ) 9 

Evans (Oliver) 121, 135 



Jonffiny (De) IS 



tTT 
103 



t 



■1 
13» 



FnuciiûC 

FfukËv f^. 15#, I«IL 

Fraseatorec Porta^ 



lia 



Ponurut «f Crtsin. 



6& 

2»: 

19 



Gtmée 46,70, 

GflKanî 






-; Ilnii 



V& 



La. Candsmine 

Lebaa ( Phili^e ) 

I*g«F- 

Ti^TTianT! (Gfispaid) 

Lanaaniisr 154, 



Le HoL ( Piecre et Jolisi } 



GtHendi 

Giotbier 138 

Gésfrfoift 138 

Gilbert 1&7 

Oîoia (Flario) 36 

Oré^ory 76 

GreyetWehler 148. 159 

Oribeauval 134 

Ofoire 179 

Gtineborg (Jean) 36 



Jl«Mat(De) 282 

mrr\n 282 

liâfrlMon 48 

jfiiikH/tn 148 

ffunri rio Vie 45 

îfArIcîart de Thury 242 

IfwMoliflU (William) 79 

ftookn ( HoWt ) 85r, 98 

KttllM (ionnthan) 128 

Hlirttlm]rlt(I)o) 248 

HuyKOni 46, 70, 114 



LeavcoÎLo^ 

LiMHOOCii , 

Ijfçeahej 

Lao9dcQa Robo., 
LiomieC. 




Makîatoah 



i 



Metins ( Jacques ) 

3imy(De) « 

Montgolfier ( les frères ). . 37, îîl 

Morse ( Samuel ) 188J 1^ 

Morton (William ) 261 

Mulot 24^ 

Mordoch 215 

Mussenbroek 153 



Newcomen et Gawley^ ...... lit. 

Newton 78, 84, 10! 

Nicholson et Garlisle. « . . 13, 172 

Niepce ( Claude > 24Î 

Niepce ( Joseph ) ^ Va 

Niepoe de Saint-Victor 260 

Nollet 150, 144, 159, 266 

Normand ( Robert )...,.. 31, 133 



4iinkNnn (Charles ) 266 

Hmh\ « 202 

JAninn ( /.Aooharie )* .t,.i,, 83 



Oersted 182, 185 

Oliîier de Serres 213 



OTiS DANS CET OUYHAGB. 



297 



le Guericke 114, 148 

P 

y (Bernard)... 67, 59, 241 

lius 273 

( Denis) 116, 127 

l 93, 114 

k Miller 129 

on 132 

• 94 

94 

e des Rosiers 229, 232 

i 134 

252, 282 



48 



ien 
lur 



152 

104 

183 

lini 101 

iann 163 

t( Louis) 36 

tson et L'Hoest 233 

»(De) 159, 163, 165 

in. 232 

81 

3y( James) 129 

(De). 203 



(François) 183 

je (Frédéric) 132 

r( Thomas) 117 

ng et Alexander 185 

fer ( Jean ) 6 



Schœffer ( Pierre ) 5 

Schwartz ( Berthold ) 21 

Schweigger , 185 

Seguin (aîné ) 137, 248 

Selligue 84, 224 

Simpson 268 

Smith 282 

Smith et Rémie 132 

Soemmering 184 

Spencer 202 

Steinheil 209 

Stéphenson 137 

Sully 48 

Swammerdam 82 

Symington ( William ) 129 

Taylor ( James ) 129 

Talbot(Fox) 259 

Thaïes 147 

Tompion 48 

Torricelli 92 

Trévithick et Vivian... 121, 135 

Tycho-Brahé 45 



Volta 



171 



^nr 



WaU , :.... 158 

Walter Bligh 273 

Watt (James) 119, 215 

Wedgwood 59 

Wéls ( Horace ) 266 

Wheatstone. . 191, 193, 209, 283 

Winckler 151 

Winsor 216 

Wolfius et Hausen 151 



TABIE DES CHAPITRES. 



L'iMPBiHEHiE. — Epoque de la découverte de l'Eniprinierie. — Im 
pression tabellaire. — Gutanberg.^- Faust et Scbislfer; morlda 
Gateolierg. — Développement de l'imprimerie. — Imprimefîes 
Eéllbres. — Imprimeurs célèbres. — Desariptions des appareils et 
des moyens qui servent S rimpression, — Composition. — Tirage. 

— Tirage à la presse mécanique i — 13 

La PounHE a. canon. —Historique. Ancienneté des mélanges ia- 
Dammables employés dans les combats. — Emploi des feui de 
guerre chez les Orientaux. — Le feu grégeois. — Le feu grégeois 

' introduit cbez les Arabes. — lUTeotlan de la poudre A canon. — 
Lm canons employés pont la première fois à Florence, en 1325. 

— L'opinion se prononce contre les armes h feu. — Barthald 
Schwartz perfectionne les bouches k feu. — Création et progrès 
de l'artilleriB. — Résumé de l'hisloi te de la découverte de la poudre 
i canon. — Causes de l'explosion de la poudre. — Fabrication de 

la poudre 15 à 23 

La bodseolg. — Aiguille aimantée. — La pierre d'aimant cbez 
les Romains et les Grecs. — La bonssolo connue en Europe au 
zn* siècle. — Explication des phénomènes que présente l'aiguille 
aimantée. — Boussole marine. — Déclinaison de Taiguille aimaa- 

Inclinaison de l'aiguille aimantée. — Utilité de la b 






23- 



Lb papier. — Historique. — Papier de lin. — Papiers de tenture. 

— Progrès dans la fabrication du papier. — Procédés employés 
pour la imbrication du papier. — Fabrication du papi 

— Fabrication du papier à la mécanique. — Triage, lessivase et 
lavage des chiffons. — DéQlage des cbilTons. — Blanchissage de 
la pâte. — Mise en feuilles. —Fabricalion du carton.,. 33 Ï41 





:^ "« *L •> — -Tfr iL-'r«Es. — Haorr--::^- — La clepsydre ou 
"' . ..-o .':^ il- -ur> — 1-- s:*iii»îr — Zjs airan solaire. — Im- 
- -f. ■.. r .t> *-.- Tir^^ïv .-.■.!iî'j£- HL larysc içe r-our la mesure 
■1 -!-.>* I=»-^•i•e^•î^ lw iLrujçîs i TCufi. — Application du 
«=«.•.■:*.- .L.-. .■.■■"..c-^ — I— .v'i-^n* û» 2i!:c-5re$. — Description 
■ï> •. •-..v^-». ."7"^ ■^T-'.-r^ « i!» nuoirîSk — Hrrioces fixes. — 
■.^- '.:•■ .ï> . . ■:• .>>«K ^ ?^!Miuef L-irçaraeC'izss. — La fusée 
i î o^ •-.:«.. - L.-.r*s ~ S-'iiawre . . 42—54 

-. VNï.iL.^'-r ;r -::s •* -i-^siss» — JjciaiBBicii c^néraîe des 

vi'ït-?». - fr iVMfi — inwm» wwnmniak. — 'ftc i poiie:.- 

."><> L:va<.*ir's. - *^iïir.-«» iisnTrtmiî. — aenari Paîîssv.- 

v:-x-..u .f^ ---.t^ïa- .t --lâxe*. — 7';ir:aîa«z.«î. HLsarlqJe.- 

lik.-. - :--...;iC!î. — *.u'5»i-t: nLCiarjz^ — Iir«eii- — PeïzMS 
t ,.;iv.> .^ I t.--:*i.irr . . 5è-w 

. u ; ■^* A- . u-s - ^ „-.":-i::'t ■ lu m ?gMHinmg> — ^ . - — . ij — '5 

'«*«. . . .. '•»-! 

w ■.■-■ tK^-ïfc-."**-. — lï^rr ■■«?:■.>? sî^iHii. •» XlisvnuaiK senucst.— 

*'^ itt:r«?».>îw. . "j|_fi 

.« • •i.v;---.; ^•."s ;ï - rïsisîu'ir œ jur jt m li -niseTi.'^;i 
.u .**.•■..:■■. r^. — ^"12. -^a :î -aiiIc»*. — rîmrsJi fesTr? J 

^^i^:**s iu jbu''^m»;Tr^. •■..... iC— ?^ 

T*Hriaoi»dm ie >K»uiiiixr. ^-^ riemfîintwrn -saafi^çrscc. — ï^ 

m$rr9, JM. itiiàî!:$$MHHnc ùs pouLs i»& ^-^ SrnaNXL lb& -..^^ 
9hn»^CF>». -> raerscindcr*» t iu:'J^à. — ri«3riK.^a« a u 
mer'jvuida^ anALiqtw ^ MC à ."^ ^- 



TABLli DES HATIEUBS. 301 

\ vuPEUR. — Principe général de l'&ciion méca- 

' nique de lu vapeur. Uachines à vspcur à condensation et sans ' 

. conilensatiûn. — Classification des machines à vapeur. — Ma- 

ehinvs à rapeur /Sste*. — Elstoriiioe. — Denis Papin. — Naweo- 

I mea et Cawley. MBchine de Newooman. ~ Perfectionnement da 

I la machine de Newcamen. Travaux de James Watt, — Uécou- 

B de la macbins à vapeur à double efTet. — Autre perTsction- 

f nement de la machine h vapeur par Watt. — Découverte des 

I inaciuoes k hftute pression.- — Perfectiannement de la machine à 

, . v^Mtir depuis Watt. — DesccipUon des machines à vapeur fîies. 

I Machines de navigation,. -~ Historique. — Denis Papin. — Le 

. parquis de JoulTroy; première tentative pour l'applicstion de la 

, Tapeur î la navigation. — Rohert Fulton, — La navigation à ts- 

peur aux Elals-Dnis. — La navigation à vapiWT en Etirope. — 

bescription des machines i vapeur qui serrent à la navigalioD. 

— Hoyens propulseurs; les roues à aube, l'hélice. — SjslSmei 
' de machines k vapeur employées sur les bateaux â nraes.— Sys- 

tliqes de machines â vapeur employées sur les bateaux K hélice. 
' -!■ [ocofliolii'w, — Historique. — Oliver Evans. — Tréyithiclt et 
Vivian. — Origine des chemins de fer actuels. — Chemins à rails 
, de bois dans les mines et les manufaeluns de l'Angleterre. — Dé- 
OouTerlB de l'adhérence des roues sur !ei rails de fer. — Décou- 
' TBrte des chaudières tuhulaires. — Concours de iocomotivea à Li- 
Terpool. — Description de ia machine i vapeur dite locomotive,— 
Lfêmtobilti. — Historique. — Detcripliou de la machine à vapeur 

leootD^le 109 — 144 

^ t/di-GCTiiiciTÉ ETiiTiQUG. —La soïencB de réleclrloité dans l'anli- 
I mité et le moyen âge. — Gilbert et Otlo de Guerîcke. — Machine 
' métrique d'Hauskbée. — Découverte du transport de l'électricité 

tk distance, ~- Dufay. — Modifications successives de la machine 
' fileotrique jusqu'il nos jours. — Machine électrique de RAmsden. 

— Hacbine électrique ds Kamsdau modifiâe. — La bouteille de 
^ Leyde. — Vitesse de transport de l'électricité et de la oommo- 

tion, — Construction déânitivD de la bouteille de Leyde. — Ana- 
î|rsfl physique de la bouteille de Leyde UT — 155 

r I)B FA.aATOKNEHaE, — Opinion des anciens sur la nature de la 
foudre. — £tude scientifique du phénomâne de la foudre eutre- 

f prise dans les temps modernes. — Opinion de Descartes et de 

(Boarbiave sur la cause du tonnerre. — Découverte de l'analogie 
de la foudre et de l'électricité. — Franklin établit l'analogie pro- 
. Jiable de h Icudre et de l'Électricité. — Effet produit sur les sa- 
L vanta de l'Europe par les idées de Franklin. — Démonstration de 
t, la présence de l'électricilé dans l'almosphSrB. — Mort du physi- 
L cien nichmann h. Sainl-Pétersbourg. — Les cerfs-volants élec- 
r ti'inaes. ~ Cerf-volant électrique de Franklin aux Etats-Unis. — 

^ L 



1 



«MU MES MàlliM». 



La praniv ptiiloiiim«« --- AMoeQ Mt en Snepe i Fini 
do pmtoiuMm. — Prino^ et ligbf poarlaooiistniction 
pÊi È tmu uim. 15t- 

XTI. Lk ruM n Yoma, — Tikmix da Galftal pr ép a r ant la dé 
▼erla de la pOa da Yalta.— IHaonarion «jBftraOalmii et Yolta.- 
PfledaTotta. ^Décompoiltiofade reaaparlapUe.^ Suite * 
i^pUcatioiu de la pile a la déaompodtloii ileetro-ehimiqne 
oofps. Ttaranz de Dcrr. -^ Déeoufetlé da la pfle à auges. 
Formai nomreDef danaief à la pOe do Tolla^ — Ibéode de! 
pile. — Kilrii de U ipOe. -^ Dteouverta da Vttectio-i 
liflBie.... •.... ••...... ^68 — 

XVn. la ituaoaAFHB ÉLiciiiQnB.-«Hiitori4iia.-«Premièiei&eiit 
da télégiiphe électrique. — Cieoige Laaaga oonatmit la pi 
téMfnqpha élactriqua. -> Autre prqjat de ttfégffipl» étoctrigae.* 
La décMiTarte de la pila de Voita ftât tapNodia laa aoKis de 
graphie âecAriqoe. -r Télégraphea de Sffwftnmrfaigy Sahilling 
' Alaiandar. — Béooaferte de rainumtatiaa teaaporaire peii 

— Principe général snr lequel reppie la coutaction de tous 
télégcaphea élactriquai. -r Téléçpi^a élairtrîgae de |Çone 
télégraphe amérieein. — Télégr^[>lie an^fria ou télégraphe âdec] 
aignnia». — Télégrqthe à cadran. — Téiégraphe imprimant - 
Tâégraphe étectr^pie sotu-marin. rr-' Télégraphe transailaii-j 
tique •••• 182— ir 

XYIU. La. GALYAROPJUUina. — Opérationa pratiquée de la galrai» 
plastic. — • Préparation du moule. — Manière d'effectuer le d^ 
métallique dans Pintérieur du moule. —Applications de la gaV- 
Tanoplastie.^ — Origine de la galvanoplastie 198 — ^ 

XIX. La DoauRB et l'àrgbnturb âLBCTRO-CHiMiQiiES. — Historique. — 
Description de PopératioB. — Argenture par la pile. — Précipi- 
tation de divers métaux les uns sur les autres. — Vaissâle argen- 
t6e et dorée par les procédés électro^^himiques. • • . 203 — 205 

XX. L'HORLOGE ÉLEGTBIQUE 206 

XXI. Les divers moyeivs d'éclairage. — Védairage éhe% les anciem, 

— Éclairage par les huiles, — • Perfectionnement de Féclairage 
à Phuile dans les temps modernes. — - Découverte de la lampe 
mécanique. Lampe Garcd. — Lampe à modérateur. — Éclairage 
au gaf* — Historique. — Philippe Lebon inventé Péclairage au 
gaz. — Mardoch et Winsor. — Composition du gaz de Péclairage. 
~ Préparation du gaz. — Gazomètre. — Becs. — Cause de Tédat 
du gaz à l'éclairage. — Gaz portatif. — La bougie stéarique. - 
Composition de la bougie stéarique. — Préparation de l'acide 
stéarique. — Quel est l'inventeur de la bougie stéarique? — 
Éclairage par les hydrocarbures liquides, — Éclairage éiec- 
trique , îll —224 



TÂSiA DBS MÀTliRBS. 803 

JUI. Les AiROSTÀTS. -* Les frères Montgolfier inTentent les ballons 
à feu. — Le physicien Charles. — Montgolfier à Paris. — Pre- 
mier ballon à feu portant des yoyageurs. — - Première ascension 
d'un ballon à gaz hydrogène portant des voyageurs. » Blan- 
chard franchit en ballon le Pas-de-Calais. — Mort de Pil&tre des 
Rosiers. — Les aérostats employés dans les guerres de la répu- 
blique. — Voyages aériens entrepris dans l'intérêt des sciences. 

— Théorie de Pascension des aérostats. — Opérations à exécuter 
pour Pascension d'un aérostat. — La nacelle, la soupape, le lest. 

— Le parachute. — Direction des aérostats 327 — 239 

XIII. Pdits artésiens. -~ Historique. — Les puits artésiens en Eu- 
rope. — Considérations générales sur les puits artésiens. — Puits 
artésien de Grenelle. — Puits urtésien de Passy,..de 240 à 245 

XIV. Ponts suspendus. » Considérations générales. » Résumé his- 
torique. »> Construction des ponts suspendus. — câbles. — 
Chaînes. — Tablier. — Culées. — SpreuTe du pont suspendu. 

— Ponts suspendus les plus remarquables 246 — 252 

XV. La photographie. — Joseph Niepce crée la photographie. — 
Daguerre. — Description du procédé photographique de Daguerre. 

— Perfectionnement de la découverte de Niepce et Daguerre. — 
Procédé actuellement suivi pour obtenir une épreuve de photo- 
graphie sur métal. — Photographie sur papier. •— Théorie et 
pratique des opérations de la photographie sur papier. — • Photo- 
graphie sur verre, emploi du coUodion 253 — 261 

KVI. L'ÉTHÉRisATiON. — Moyous anesthésiques essayés chez les an- 
ciens et chez les modernes. — Breuvages narcotiques usités 
au moyen &ge. — Essais faits dans les temps modernes pour 
abolir la doideur dans les cas chirurgicaux. — Humphry Davy 
découvre les propriétés exhilarantes et stupéfiantes du protoxyde 
d'azote. — Les inspirations d'éther employées comme moyen thé- 
rapeutique. — Horace Wels essaye les inspirations du protoxyde 
d'azote comme agent anesthésique. — Jac^n et Morton font les 
premiers essais de Téther comme agent anesthésique. — L'éthé- 
risation en Europe. — Découverte des propriétés anesthésiques 
du chloroforme. — Manière d'administrer le chbroforme ou 
l'étherpour abolir la douleur dans les opérations chirurgicales. * 
Phénomène de l'anesthésie générale. — Utilité de la méthode 
anesthésique , . 26S — 271 

.VII. Le drainage. — Définition. — Bons efi'ets du drainage. — 
Résumé historique. — Sols qu'il convient de drainer. — Signes 
extérieurs du besoin du drainage. — Manière d'exécuter le drai- 
nage. — Sondage. — Tracé.— Creusage et profondeur des drains. 
— Composition des drains. — Tuyaux. — Machines à fabriquer 
les tuyaux . ^; 27 2 — 28 1 



TAILI JIKS MàTtiftBS. 

JUnni. iM fTiwieiConi. — Goiifi(ièiaUou pFéliminaim. r~ His 
— fitéféôaeppt ptr tétntiUtta^ on atéiéoicope de Brei 
-^TMorw «t dsiDriptMtt dt pet butniment. —Images 
piqiiM.... m-\ 

XXIX. lA CAOUtCBODC. — Origise et propriétés da caoutchouc- 
Déeeufwte da cievIclMme. — Ses appUcatioiiB. ^ Gaoutch 
vi^nueé 287 

X^X. J^ GUTTÀ-nBCBÀ. ~ Origine et propriétés de la gutta-peichL- 
A^loations de U gutta-percha 292-8 

Nom* dM principaux auteurs cités dans cet ouvrage. 295-1 



m M u TAw n» «cAc*uft« 



Tfirii* — Imprimerie de Gb. Laliure el C^», rue de Pleurus , 9. 



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